IHI txzT * ' i •i -»* L'ANNÉE BIOLOGIQUE A» TYPOGRAPHIE ÎIRMIN-DIDOT ET C'e. — MESNIL (EURE). L'ANNÉE BIOLOGIQUE COMPTES RENDUS ANNUELS DES TRAVAUX DE BIOLOGIE GÉNÉRALE PUBLIÉS SOUS LA DIRECTION DE YVES DELAGE PROFESSEUR A LA SORBONNE Avec la collaboration d'un Comité de Rédacteurs SECRÉTAIRE DE LA RÉDACTION GEORGES POIRAULT Directeur du Laboratoire d'enseignement supérieur de la villa Thuret, à Antibes. TROISIÈME ANNÉE 1897 PARIS LTBRAIRIE C. REINWALD SGHLEICHER FRÈRES, ÉDITEURS 15, RUE DES SAINTS-PÈRES. 15 , 1899 Tous droits réservés LISTE DES COLLABORATEURS BATAILLON. — Maître de conférences de Zoologie à la Faculté des Sciences de l'Université. Dijon. BEAUR EGARD (Dr HeiNri). — Professeur à l'École de Pharmacie. Paris. BEDOÏ (Dr). — Directeur du Musée d'Histoire naturelle. Genève. BÉRANECK. — Professeur à l'Académie. Neuchatel. BERTRAND (G.). — C fief de service à l'Institut Pasteur. Paris. BOUIN (M.). — Préparateur à la Faculté des Sciences. Nancy. BOUIN (P.). — Professeur agrégé à la Faculté de Médecine. Nancy. BOLJRQUELOT (E.). — Membre de f Académie de Médecine. Professeur r à l'Ecole de Pharmacie. Paris. BULLOT. — Docteur en Médecine. Bruxelles. CHABRIÉ (Dr). — Sous- directeur des travaux de chimie appliquée à la Faculté des Sciences de l'Université. Paris. GHARRIN (Dr A.). — Professeur remplaçant au Collège de France. Paris. COUTAGNE (G.). — Ingénieur au corps des Poudres et Salpêtres. licencié es sciences naturelles. Lyon. CLJENOT (L.). — Professeur à la Faculté des Sciences de ï Université. Nancy. DAVENPORT (C.-B.). — Instructor in Zoologij. Muséum of Comparative Zoologij, Harvard Collège. Cambridge (États-Unis). DEFRANGE (Dl* L.). — Agrégé es sciences naturelles. Professeur au lycée Voltaire. Paris. DEL AGE (Marcel). — Licencié es sciences. Préparateur à l'Ecole de Pharmacie. Paris. DEMOOR (Dr J.). — Assistant à l'Institut de Physiologie. Bruxelles. DENIKER (J.). — Docteur es sciences, Bibliothécaire du Muséum. Paris. EWART (A. J.). — Professeur de Botanique. Oxford. FLORENTIN (R.). — Préparateur à la Faculté des Sciences de l'Univer- sité. Nancy. GEORGEAYITCH (J.). — Professeur à l'Université. Belgrade. r\ LISTE DES COLLABORATEURS BATAILLON. — Maître de conférences de Zoologie à la Faculté des Sciences de l'Université. Dijon. t BEAUREGARD (Dr Henri). — Professeur à V Ecole de Pharmacie. Paris. BEDOT (Dr). — Directeur du Musée d'Histoire naturelle. Genève. BÉRANECK. — Professeur à l'Académie. Neuchatel. BERTRAND (G.). — Chef de service à V Institut Pasteur. Paris. BOUIN (M.). — Préparateur à la Faculté des Sciences. Nancy. BOUIN (P.). Professeur agrégé à la Faculté de Médecine. Nancy. BOURQUELOT (E.). — Membre de V Académie de Médecine. Professeur r à r Ecole de Pharmacie. Paris. BULLOT. — Docteur en Médecine. Bruxelles. CHABRIÉ (Drj. — Sous- directeur des travaux de chimie appliquée à la Faculté des Sciences de l'Université. Paris. GHARRIN (Dr A.). — Professeur remplaçant au Collège de France. Paris. COUTAGNE (G.). — Ingénieur au corps des Poudres et Salpêtres. Licencié es sciences naturelles. Lyon. CUENOT (L.). — Professeur à la Faculté des Sciences de r Université. Nancy. DAVENPORT (G.-B.). — Instructor in Zoology. Muséum of Comparative Zoology, Harvard Collège. Cambridge (États-Unis). DEFRANGE (D1' L.). — Agrégé es sciences naturelles. Professeur au Lycée Voltaire. Paris. DEL AGE (Marcel). — Licencié es sciences. Préparateur à l'Ecole de Pharmacie. Paris. DEMOOR (Dr J.). — Assistant à Ï Institut de Physiologie. Bruxelles. DENIKER (J.). — Docteur es sciences, Bibliothécaire du Muséum. Paris. EWART (A. J.). — Professeur de Botanique. Oxford. FLORENTIN (R.). — Préparateur à la Faculté des Sciences de l'Univer- sité. Nancy. GEORGEAYITCH (J.). — Professeur à l'Université. Belgrade. r\ VIII LISTE DES COLLABORATEURS. GOLDSMITH (M,lc Marie). — Licencié es sciences. Paris. GUIGNARD (L.). — Membre de V Institut, Professeur à l'École de Phar- macie. Paris. I1ECHT (Dr E.). — Docteur es sciences. Chef des travaux de Zoologie à la Faculté des Sciences de l'Université. Nancy. HENNEGUY (F.-L.). — Professeur remplaçant au Collège de France. Paris. HENRI (V.). — Docteur en philosophie. Paris. HÉROUARD (E.). — Docteur es sciences. Maître de conférences de Zoolo- gie à la Faculté des Sciences de V Université. Paris. JACGARD (Dr Paul). — Professeur agrégé à l'Université. Lausanne. LABRE (A.). — Docteur es sciences. Conservateur de la Collection Zoolo- gique à la Sorbonne. Paris. LAGUESSE (Dr E.). — Professeur agrégea la Faculté de Médecine de V Université. Lille. MALLÈVRE (A.). — Professeur de Zootechnie à V Institut national agro- nomique. Paris. MANN (G.). — Demonstrator of Physiology at the Physiological Labora- tory ofthe University. Oxford. MARGHAL (Dr P.). — Docteur es sciences. Chargé de cours à l'Institut national agronomique. Paris. MARILLIER (L.). — Maître de Conférences à l'École des Hautes- Etudes. Paris. MASSART (J.). — Professeur de Botanique à l'Université libre. Bruxelles. MENDELSSOHN (M.). — Professeur agrégé à l'Université. Saint-Péters- bourg. MÉNÉGAUX. — Docteur es sciences. Agrégé es sciences naturelles. Profes- seur au Lycée Lakanal. Bourg-la-Reine. METCHNIKOV (E.). — Chef de service à l'Institut Pasteur. Paris. PERGENS (Dr). — Docteur en Médecine, adjoint à l'Institut ophtalmolo- gique de Brabant. Bruxelles. PETTIT (A.). — Docteur en Médecine. Docteur es sciences. Paris. PHILIBERT (A.). — Licencié es sciences naturelles. Paris. PHISALIX (Dr). — Docteur es sciences. Assistant au Muséum. Paris. PORTIER (Dr P.). — Préparateur à la Faculté des Sciences de V Université. Paris. PRENANT (A.). — Professeur d'histologie à la Faculté de Médecine de l'Uni- versité. Nancy. PRUVOT (G.). — Professeur à l'Université de Grenoble. Sous-direcleur- chef des travaux des laboratoires de Zoologie pratique et appliquée à la Faculté des Sciences de V Université. Paris. RADAIS (M.). — Professeur agrégé à V Ecole de Pharmacie. Paris. SAINT-REM Y (G.). — Maître de conférences à la Faculté des Sciences de l' Université. Na ncy . LISTE DES COLLABORATEURS. IX SAUVAGEAU (C). — Professeur de Botanique à la Faculté des Sciences de V Université. Dijon. SIMON (Dr Charles). — Professeur à l'École de Médecine. Reims. SZCZAWINSKA (Mlle W.). — Docteur es sciences. Paris. TERRE. — Préparateur à la Faculté des Sciences de l'Université. Dijon. THOMSON (J. A.). — Lecturer on Zoologij in the School of Medicine. Edimbourg. VARIGNY (Henri de). — Docteur es sciences. Préparateur au Muséum. Paris. VASCH1DE (N.). — Attaché au laboratoire de Psychologie physiologique de la Sor bonne. Paris. VUILLEMIN (Dr P.). — Professeur à la Faculté de Médecine de l'Univer- sité. Nancy. TABLE DES CHAPITRES F. La cellule. a. Structure et constitution chimique de la cellule et de ses parties, a) Struc- ture, p) Constitution chimique. b. Physiologie de la cellule.— a) Sécrétion, excrétion. (3) Mouvements protoplas- miques. y) Tactismes et tropismes. ô) Assimilation, accroissement, e) Réac- tions de la cellule en présence des toxines , des sérums , des venins. c. Division cellulaire directe et indirecte. — a) Rôle de chaque partie de la cellule dans ces phénomènes; leur cause. P) Signification absolue et relative des deux modes de division. II. Les produits sexuels et la fécondation. a. Produits sexuels. — a) Origine embryogénique de ces produits. p) Phénomènes de leur maturation : réduction chromatique, modifications cytoplasmiques. y) Structure intime des produits mûrs. • b. Fécondation. — a) Fécondation normale. p) Fécondation partielle, pseudoga- mie. y) Polyspermie physiologique (pseudopolyspermie). III. La parthénogenèse. — a) Prédestination, structure, maturation de l'œuf par- thénogénétique. p) Conditions déterminantes du développement parthénogéné- tique. y) Alternance de la parthénogenèse et de l'amphimixie. Parthénogenèse exclusive. IV. La reproduction asexuelle. — a) Par division : schizogonie; autotomie repro- ductrice, disséminatrice, défensive, p) Par bourgeonnement, y) Par spores. V. L'ontogenèse. — a) Isotropie de l'œuf fécondé. P) Différenciation anatomique: différenciation histologique et processus généraux, y) Les facteurs de l'ontoge- nèse; tactismes et tropismes, excitation fonctionnelle, adaptation ontogénélique ; biomécanique. VI. La tératogénèse. a. Généralités ; lois et causes de la formation des monstres. h. Tératogénèse expérimentale : Soustraction d'une partie du matériel embryogénique : a) à l'œuf entier (ootomie); p) à l'œuf en segmentation ou à l'embryon (blastotomie). Inlluence tératogénique : y) des agents mécaniques et physiques (pression, se- cousses, traumatismes, température, électricité, etc.); o) des agents chimi- ques: s) des agents biologiques, consanguinité, parasites, etc. c. Tératogénèse naturelle. — a) Correction des altérations tératologiques par l'organisme. Régulation, p) Polyspermie tératologique. y) Monstres doubles. Hermaphroditisme tératologique. e) Cas tératologiques remarquables. xii TABLE DES CHAPITRES. VII. La régénération. VIII. La greffe. — a) Action du sujet sur la partie greffée, p) Hybrides de greffe. IX. Le sexe et les caractères sexuels secondaires; le polymorphisme ergatogénique '. X. Le polymorphisme métagénique ', la métamorphose et l'alternance dés générations. XI. Les caractères latents. XII. La corrélation. — a) Corrélation physiologique entre les organes en fonction. P) Corrélation entre les organes dans le développement. XIII. La mort. — L'immortalité. — Le plasma germinatif. XIV. Morphologie et physiologie générales. 1° Morphologie. — a) Symétrie. p) Homologies. y) Polymérisation. Individualité de l'organisme et de ses parties; colonies, 8) Feuillets. 2° Physiologie. a. Nutrition. — a) Osmose, p) Respiration, y) Assimilation et désassimilation. 8) sécrétions interne et externe, excrétion, e) Production d'énergie. 0 Pigments, ri) Hibernation, vie latente. b. Action des agents divers : a) Mécaniques (contact, pression, mouvement, etc.); p) physiques (chaleur, lumière, électricité, rayons cathodiques, etc.); y) chimiques et organiques (substances chimiques, diastases, sérums sucs d'organes, venins, toxines); agents infectieux. 8) Tactismes et tropis- mes. s) Phagocytose. XV. L'hérédité. a. Transmis sibilité des caractères de tout ordre. — a) Hérédité du sexe, pi Hérédité des caractères acquis, y) Hérédité de caractères divers : cas re- marquables. b. Transmission des caractères. — a) Hérédité dans la reproduction asexuelle, dans la parthénogenèse, dans l'amphimixie. p) Hérédité directe et collaté- rale, y) Hérédité dans les unions consanguines. 6) Hérédité dans le croise- ment; caractères des hybrides, s) Hérédité ancestrale ou atavisme. Ç) Té- légonie. ri) Xénie. XVI. La variation. a. Variation en général; ses lois. b. Ses formes : a) Lente, brusque, p) Adaptative, y) Cerminale. o) Embryon naire. e) De l'adulte. Ç) Atavique, régressive. rt) Corrélative. 8) Des instincts. i) Cas remarquables de variation. c. Ses causes : a) Spontanée ou de cause interne, irrégulière ou dirigée. Va- riation parallèle. Orthogénèse. p) Symbiose, Cominensalisme, parasitisme. y) Influence du milieu et du régime : accoutumance; acclimatement. 8) Mode de reproduction (reproduction asexuelle, consanguinité, croisement). Asiatic Society ofBengal; Part. II : Xatural Ilis- gal tory. Calcutta. Pr. 464. J. Bol. London The Journal of Botany, edited by J. Britten. London. Pr. 60. J. Bot. Paris Journal de Botanique (Morot). Paris. Pr. 85. LISTE DES PERIODIQUES. xxv /. Cincinnati Soc... Journal of the Cincinnati Society of Natural History. Cin- cinnati. /. Coll. Japan Journal of the Collège of Science , Impérial University Japan. Tokyo. Pr. 463. — 91.575. /. Comp. neur Journal of comparative neurology. Ithaca. 130.094. /. Elisha Mitehell Journal Elisha Mitchell Scientiiic Society. Raleigh. Soc ./. Inst. Jamaica . . . Journal of the Institute of Jamaica. Kingston. Pr. 531. ,/. int. Anal Journal International d'Anatomie et de Physiologie. Paris, Leipzig. Londres. Pr. 197. — 91.280. ,/. Lin n. Soc. Bot. . . Journal of the Linnean Society; Botany. London. Pr. 255. — 130.552. ./. Linn. Soc. Zool.. Journal of the Linnean Society, Zoology. London. Pr. 255. 130.552. Journal of the Marine Biological Association of the United ,/. Mar. Biol. Ass.. Kingdom. Plymouth. Pr. 294. J. Mar. Zool The Journal of Marine Zoology and Microscopy. Jersey. J. Ment. Sci Journal of Mental Science (Ellis). London. 90.540. ,/. Mie. Soc Journal of the Royal Microscopical Society. London. Pr. 232. ,/. Morphol Journal of Morphology. Boston. Pr. 169. J. N. Jersey. Soc. . Journal of the New-Jersey Natural History Society. Trenton. Pr. 521. J.X.-York.Micr.Soc. Journal of the New-York Microscopical Society. New- York. Johns Hopkins Univ. Johns Hopkins University Circulars. Baltimore. Pr. 598. Cire J. Omit h Journal fur Ornithologie. Deutsches Centralorgan fur die gesammte Ornithologie. Leipzig. Pr. 147. ,/. Phann.Chim.. .. Journal de Pharmacie et de Chimie. Paris. ,/. Physiol The Journal of Physiology, editecl by Foster and Langley. Cambridge. Pr. 204. — 91.047. J. Quekett Club The Journal of the Quekett Microscopical Club. London. Pr. 229. J. II. Soc. X. S. W. Journal and Proceedings of the Royal Society of New South Wales. Sydney. Pr. 469. — 90.495. ./. Sci. Lisb Jornal de Sciencias mathematicas physicas e naturaes pu- blicado sob os auspicios da Academia Real das Sciencias de Lisboa. Lisboa. Pr. 391. ,/. Trinidad Club.. . . Journal of the Trinidad Fielcl Naturalists Club. Port of Spain. Pr. 610. Jena. Zcitschv Jenaische Zeitschrift fur Naturwissenschaft, herausgegeben von der medicinisch-naturwissenschaftlichen Gesellschaft zu Jena. Jena. Pr. 234. — 90.798. Kansas Quart The Kansas University quarterly. Lawrence. Lance! Lancet (The). London. 90.51 13. Leopoldina Leopoldina. Amtliches Organ der K. Leopoldino-Carolinischen deutschen Akademie der Naturforscher. Halle. Pr. 340. Loto Lotos. Jahrbuch fur Naturwissenschaft im Auftrage des Ve- rmines « Lotos » herausgegeben von Lippich und Sig. Mayer- Wien. Pr. 355. Malak. Bl Malakozoologïsche Blatter. Cassel. Pr. 155. Malp Malpighia. Rassegna mensile di Botanica redattori Borzi e Penzigi. Messina. Pr. 102. XXVI LISTE DES PERIODIQUES. Math, naturw. lier. Mathematische und naturwissensehaftliche Berichte ans Yn- Ungarn gara. Berlin-Budapest. Pr. 301. Math, terni. Ertes. Mathematicai os termèszettudomanyi Ertesitô. Kiadja a Ma- Magyar Ak gyar Tudomanyos Akademia. Budapest. Math, tenu. Kozlem Mathematikaï es termèszettudomanyi Kozlemenyek et Kiadja Magyar Ak Magyar tudomanyos Akademia. Budapest. Meddel. Caris. Lab. Meddelelser fra Carlsberg Laboratoriet. Kjobenhavn.Pr.26. Medd. Soc. Faim. Meddelanden af Societas pro Fauna et Flora Fennica. Hel- Fenn singfors. Pr. 399. Med. Tira Médical Times and Gazette. London. 90.504. Mém. Ac. Belgique. Mémoires de l'Académie royale des Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts de Belgique. Bruxelles. Pr. 318. — 90.918. M cm. Ac. Bologna. Memorie délia R. Accademia di Scienze del Istituto di Bolo- gna. Memorie délia Sezione di Scienze naturali. Bologna. Pr. 349. Mem. Ace. Lincei... Atti délia R. Accademia dei Lincei. Memorie délia classe di Scienze fisiche, matematiche e naturali. Roma. Pr. 397. Mem. Ace. Modena. [Memorie délia Regia Accademia di Scienze, Lettere ed Arti in Modena. Modena. Mem. Ace. Torino.. Memorie délia Reale Accademia délie Scienze di Torino. To- rino. Pr. 350. Mém. Ac. France. .. Mémoires de l'Académie des Sciences de l'Institut de France. Paris. Pr. 389. — 90.199. Mem. Ac. Lisboa... Mcmorias da Academia real das Sciencias de Lisboa; classe das Sciencias mathematicas, physicas e naturaes. Lisboa. Pr. 391. — 91.140. Mém. Ac. Lyon Mémoires de l'Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Lyon. Lyon. Pr. 564. — 110.261. Mem. Ac. Madrid. . Memorias de la reale Academia de las Ciencias esactas, fisicas y naturales de Madrid. Pr. 347. Mém.Ac.Med.Paris. Mémoires de l'Académie de médecine. Paris. 91.011. Mém. Ac. Montpell. Académie des Sciences et Lettres de [Montpellier; Mémoires de la section des Sciences. Montpellier. Pr. 576. Mém. Ac. St-Pétersb. [Mémoires de l'Académie impériale des Sciences de St-Pé- tersbourg-. St-Pétersbourg. Pr. 362. — 90.909. Mém. Ac. Toulouse. Mémoires des Sciences de l'Académie de Toulouse. Toulouse. Pr. 589. — 90.359. Mem. Ac. Washlng- Memoirs of the National Academy of Sciences. Washington. ton Pr. 512. Mem. Amer. Ac Memoirs of the American Academy of Arts and Sciences. Cambridge. Pr. 501. Mem. Biol. Lab. Memoirs from the Biological Laboratory of the Jolms Ilopkins Johns Hopkins Lniversity. Baltimore. Pr. 598. Univ Mem. Boston. Soc... Memoirs of the Boston Society of Natural History. Boston. Pr. 254. Mem. Calif. Ac Memoirs of the California Academy of Sciences. San Fran- cisco. Mém. Cour. Ac Bel- [Mémoires couronnés et [Mémoires des savants étrangers pu- gique bliés par l'Académie Roy. des Sciences , des Lettres et des Beaux-Arts do Belgique. Bruxelles. Pr. 318. — 90.9Ï8. B. Mem.Geol.Surv.Ind. Memoirs of the Geological Survey of India. Calcutta. Pr. 126. LISTE DES PERIODIQUES. xxvn Mem. Geol. Surv. X. Memoirs of the Geological Survey of New South Wales. S. W Sydney. Pr. 491. Mém. Inst. Gen Mémoires de l'Institut national Genevois. Genève. Pr. 364. Mem. Ist.Lombardo. Memorie del Reale Istituto Lombardo di Scienze e Lettere. Classe matematica e naturale. Milano. Mem. ht. Veneto... Memorie del R. Istituto Yeneto di Scienze, Lettere edArti. Venezia. Mem.Manchest.Soc. Memoirs and Proceedings of the Manchester Literary and Philosophical Society. Manchester. Pr. 600. Mem. Mus. Harvard. Memoirs of the Muséum of Comparative Zoology at Harvard Collège. Cambridge (Mass.). Pr. 157. Mem. X. -York Mus. Memoirs of the New- York State Muséum. Albany. Pr. 510. Mém. prés. Ac. Mémoires présentés par divers savants à l'Académie des France Sciences de l'Institut. Paris. Pr. 389. Mem. Soc. Alzate... Memorias y revista de la Sociedad Cientifica Antonio Alzate Mexico. Mém. Soc. Anthrop. Mémoires de la Société d'Anthropologie de Paris. Paris. Pr. Paris 436. — 90.048. Mém. Soc. Biol Comptes rendus hebdomadaires des séances et mémoires de la Société de Biologie. Paris. Pr. 208. — 90.061. Mém. Soc. Bordeaux. Mémoires de la Société des Sciences physiques et naturelles de Bordeaux. Paris-Bordeaux. 90.401. Mem. Soc. bot. it... Memorie délia Società botanica italiana. (Yoy. aussi Nuovo Giornale Botanico.) Pr. 69. — 130.791. Mém. Soc. Can Mémoires et Comptes Rendus de la Société Royale du Canada. Montréal. (Yoy. aussi : Proceedings etc.) Pr. 505. Mém. Soc. Cher- Mémoires de la Société nationale des Sciences naturelles et bourg mathématiques de Cherbourg. Paris. Mem. Soc. Crit Memorie délia Società Crittogamologica italiana. Varese. Pr. 104. Mém. Soc. eut. Bel- Mémoiresde la Société entomologique de Belgique. Bruxelles. glque Pr. 187. Mém. Soc. Genève. . Mémoires de la Société de physique et d'histoire naturelle de Genève. Genève. Pr. 367. Mém. Soc. Géol. Mémoires de la Société géologique de France. Paléontologie. France Pal Paris. Pr. 134. Mém.Soc.Géol. Xord. Mémoires de la Société géologique du Nord. Lille. Pr. 555. Mém. Soc.Hainaut. Mémoires et publications de la Société des Sciences, des Arts et des Lettres du Hainaut. Mons. Mem. Soc. ital Memorie di matematica e di fisica délia Società italiana délie Scienze. Napoli. Mém. Soc. Liège Mémoires de la Société royale des Sciences de Liège. Bru- xelles-Liège. Pr. 319. Mém Soc. Lille Mémoires de la Société des Sciences, de l'Agriculture et des Arts de Lille. Lille. Pr. 582. Mém. Soc. Lin. Xord Mémoires de la Société Linnéenne du Nord de la France. France Amiens. Mém. Soc. Lin. Mémoires de la Société Linnéenne de Normandie. Caen. Pr. Normandie 588. Mém. Soc. Moscou.. Mémoires de la Société impériale des naturalistes de Moscou. Moscou. Pr. 363. Mém. Soc. Saône.. Mémoires de la Société des Sciences médicales et naturelles de Saône-et-Loire. Chalon-sur-Saône. Pr. 583. xwiii LISTE DES PERIODIQUES. Mém. Soc. Seine-el- Mémoires de la Société des Sciences naturelles et médicales de Oise Seine-et-Oise. Versailles. Pr. 551. Mém. Soc. Zool. Mémoires de la Société zoologique de France. Paris. Pr. 166. France Mind Mind ; a Quarterly Revue of Psychology and Philosophy. London. 130.539. Mon The Monist ; a quarterly Magazine. Chicago. J/o?î. Zool. ital Monitore Zoologico italiano. Firenze. Pr. 189. Morphol. Arbeit Morphologische Arbeiten, herausgegeben von Dr Gustav Schwalbe. Iena. Pr. 5.196. — 20.891. Morphol. Jahrb Morphologisches Jahrbuch; eine Zeitschrift fur Anatomie und Entwickelungsgeschichte. Leipzig. Pr. 192. — 90.004. .1//. Ak. Berlin Mathematische und naturwissenschaftliche Mittheilungen aus der Sitzungsberichten der K. preussischen Akademie der Wissenschaften zu Berlin. Berlin. Pr. 323. Mt. Ànthrop. Ges. Mittheilungen der Anthropologischen Gesellschaft in Wien. Wien Wien. Pr. 440. Mt.embr.Insi. Wien. Mittheilungen aus dem embryologischen Institute der K. K. Universitat in Wien. Wien. Pr. 210. — 90.834. Mt. Ges. Bern Mittheilungen der naturforschenden Gesellschaft in Bern. Berne. Pr. 240. Mt. Ges. Tokio Mittheilungen der deutschen Gesellschaft fur Natur und Yol- kerkunde Ostasiens in Tokio. Yokohama. Pr. 460. Mt. Schweiz. en t. Mittheilungen der Schweizerischen entomologischen Gesell- Ges schaft. (Bulletin de la Société entomologique Suisse.) Schaffhausen. Pr. 180. Mt. Slat. Xeapel — Mittheilungen aus der zoologischen Station zu Neapel. Ber- lin. Pr. 144. -91.148: M t. Ungar. Geol. Mittheilungen aus dem Jahrbuche der K. Ungarischen geolo- Anstalt gischen Anstalt. Budapest. Pr. 119. Mt. Ver. Sleiermark. Mittheilungen der naturwissenschaftlichen Yereins fur Steier- mark. Gratz. Pr. 317 Mt. Ver. Vorpomm. Mittheilungen aus dem naturwissenschaftlichen Vereine fur Neu-Yorpommern und Rugen in Greifwald. Berlin. Pr. 329. Nachrbl.deutsch.ma- Nachrichtsblatt der deutschen malakozoologischen Gesell- lak. Ges schaft. Frankfurt-a.-Main. Pr. 156. Nachr. Ges. Gôt- Nachrichten von der K. Gesellschaft der Wissenschaften und tingen der Georg Augustus Universitat zu Gôttingen. G-ottingen. Naturaleza Naturaleza (La), Periodico de la Sociedad Mexicana de Historia natural. Mexico. Pr. 514. Naturalist The Naturalist, a monthly Journal of natural History for the north of England. London. Naturaliste Le Naturaliste Paris. Pr. 263. Nat. Sti Natural Science; a Monthly Review of Scientific Progress. London-New-York. Pr. 275. Nature Nature ; a weekly illustrated Journal of Science. London. Pr. 310. Nature {La) La Nature. Revue des Sciences. Paris. Pr. 316. Naluurk. Tijdschr. Natuurkundig Tijdschrift voor Nedcrlandsch-Indie. Bata- Neclerl. Ind via. Pr. 467. Nat. Woeli Naturwissenschaftliche Wochenschrift. Berlin. Pr. 617. Nautilus Nautilus. Philadelphia. LISTE DES PERIODIQUES. xxix Ned. Kr. Arch Nederlandsch Kruidkundig Archief (Verslagen en Mededee- lingen der Nederlandschen Botanischen Vereeniging). Nij- megen. Pr. 90. Xeur. Centralbl Neurologisches Centralblatt. Berlin. Pr. 199. — 91. 150. Notar Notarisia. Commentarium Phyeologicum. Venezia. Pr. 109. Notes Leyden Mus... Notes from the Leyden Muséum. Leyden. Pr. 246. N. Gior. bot. ilal... Nuovo Giornale botanico italiano (nuova série). Firenze. Pr. 69. — 130.791. N. le. Salp Nouvelle Iconographie de la Salpètrière. Paris. 20.418. Nyt. Mag. Naturv.. Nyt Magazin for Naturvidenskaberne. Christiania. Oest. Bot. Zeitschr.. Oesterreichische botanische Zeitschrift. Wien. Pr. 61. Ofv.Ak.Forh Ofversigt af. K. Vetenskaps Akademiens Fôrhandlingar. Stockholm. Pr. 374. Ofv. Finska Fôrh.. Ofversigt af Finska Vetenskaps Societeten Fôrhandlingar. Helsingfors. Pr. 379. Op. Court Open Court. Chicago. Omis Omis International Zeitschrift fur den gesamm. Ornithologie. Braunschweig. Pr. 149. Ov. Danske Selsk. .. Oversigt over det K. Danske Yidenskabernes Sèlskabs For- handlinger. Kjôbenhavn. Pr. 326. P. Ac. Philad Proceedings of the Aeademy of Natural Sciences of Phila- delphia. Philadelphia. Pr. 203. P. Amer. Ac Proceedings of the American Aeademy of Arts and Sciences. Boston. Pr. 501. P. Avner. Ass Proceedings of the American Association for the advance- ment of Science. Salem. Pr. 503. P. Amer. Phil. Soc. Proceedings of the American Philosophical Society. Phila- delphia. Pr. 504. — 130.765. Pap. Boston Soc — Occasional papers of the Boston Society of Natural History. Boston. Pr. 254. Pap. Calif. Ac Occasional papers of the California Aeademy of Sciences. San-Francisco. P. A siat.Soc. Bengal. Proceedings of the Asiatic Society of Bengal. Calcutta.Pr.464. P. Biol. Soc. Wdr Proceedings of the Biological Society of Washington. Wa- shington shington. Pr. 543. P. Boston Soc Proceedings of the Boston Society of Natural History. Boston. Pr. 254. P. Calif . Ac Proceedings of the California Aeademy of Sciences. San- Francisco. Pr. 254. P. Cambridge Soc. Proceedings of the Philosophical Society of Cambridge. Cambridge. Pr. 360. P. Davenport. Ac. Proceedings of the Davenport Aeademy of natural Sciences. Davenport. P. Dublin Soc The Scientific Proceedings of the Royal Dublin Society. Du- blin. Pr. 359. — 91.236. P. eut. Soc London. The Proceedings of the entomological Society of Lonclon. London. Pr. 431. P.ent.Soc.Washing- Proceedings of the entomological Society of Washington. ton Washington. Phil. Mag Philosophical Magazine (The London, Edinburg & Dublin). London. Pr. 307. Phil. Rev The Philosophical Review, edited by Schurman and Creighton. Boston, New- York, Chicago. xxx LISTE DES PÉRIODIQUES. PMI. Stud Philosophische Studien. Wundt. Leipzig. Phil Trans Philosophical Transactions of tho Royal Society of London. London. Pr. 357. — 90.491. P. Irish. Ac Proceedings of the Royal Irish Academy. Dublin. Pr. 361. — 91.236. P. Linn. Soc. Lon- Proceedings of the Linnean Society of London. London. Pr. don 255. — 130.55^. P. Linn. Soc. N. S. Proceedings of the Linnean Society of New South Wales. Wales Sydney. Pr. 472. P. Liverp. Diol. Soc. Proceedings and Transactions of the Liverpool biological So- ciety. Liverpool. Pr. 299 bis. P. Malac. Soc. Lon- Proceedings of the Malacological Society of London. Lon- don don. Près, méd Presse médicale. Paris. 100.000. P. N. Scotia. Insl.. Proceedings and Transactions of the Nova Scotian Institute of Science. Halifax. Pr. 537. P. Rochester Acad.. Proceedings of the Rochester Academy of Science. Rochester. Pr. 534. Protok. Kazan U- Protokoly zasiédaniy obchtchestva éstestvoïspytateleï pri im- niv peratorskom Kazanskom Universitétiô. Kazan. Pr. 494. P. R. Soc. Edinb... Proceedings of the Royal Society of Edinburgh. Edinburgh. Pr. 35a P. R. Soc. London. . Proceedings of the Royal Society of London. London. Pr. 357. — 90.559. P. Soc. Queensland.. Proceedings of the Royal Society of Queensland. Bris- bane. P. Soc. Victoria Proceedings of the Royal Society of Victoria. Melbourne. Psych. Arb Psychologische Arbeiten, herausgegeben von Emil Krcepelin. Leipzig. Pr. 5.351. P. U. S. Mus Proceedings of the United States National Muséum. Wa- shington. Pr. 265. P. Zool. Soc. Lon- Proceedings of the Scientilic Meetings of the Zoological So- don ciety of London. London. Pr. 175. Quart. J. Geol. Soc. The Quarterly Journal of the Geological Society. London. Pr. 125. Quart. J. Micr. Sci. The Quarterly Journal of Microscopical Science. London. Pr. 233. — 90.506. Rec. Geol. Surv. In- Records of the Geological Survey of India. Calcutta. Pr. dia 126 Rec. Geol. Surv. N. Records of the geological Survey of New South Wales. Syd- .S'. Wales ney. Pr. 491. Rend. Ace. Lincei... Atti délia Reale Accademia dei Lincei. — Rendiconti. Roma. Pr. 397. Rend. Ace. Napoli.. Rendiconto dell' Academia délie Scienze lisiche e matematiche (Sezione délia Societa reale di Napoli). Napoli. Pr. 297. Rend.Ist.Lombardo. Reale istituto Lombardo délie Scienze e Lettere. Rendiconti. Milano. Hep. A ustralas. A ss. Report of thc Australasian Association for the Advancement of Science. Sydney. Pr. 493. Rep. Uril. Ass Report of the British Association of the Advancement of Science. London. Pr. 355. Rep. Geol. Surv. C'a- Geological and natural history Survey of Canada. Annual nada Report. Montréal. Pr. 511. LISTE DES PERIODIQUES. xxxi Rep. U. S. Fish. United States Commission of Fish and Fisheries. Report of Comm the Commissionner. Washington. Pr. 160. Rep.U.S.Geol.Surv. Annual Report of the United States Geological Survey to the Secr. of the Interior. Washington. Pr. 133. Rev. ent.Caen Revue d'Entomologie publiée par la Société française d'Ento- mologie. Caen. Pr. 287. Rev. gén. Bot Revue générale de Botanique. Paris. Pr. 112. Rev gén. Sci Revue générale des Sciences pures et appliquées. Paris. Pr. 309. —91.604. Rev. int. méd Revue internationale de médecine, chirurgie et hygiène pra- tiques. Paris-Beyrouth. Pr. 1.101. — 91.057. Revislo (Mus.LaPlata . Revista ciel Museo de La Plata. La Plata. Pr. 532. Rev. neur Revue neurologique (dir. par Brissaud et Marie). Paris 130.135. Rev. Obst Revue obstétricale et gynécologique. (Organe de la Société obstétricale de Paris.) Paris. 130.180. Rev. Ph Revue philosophique (dir. par Ribot). Paris. 130.110. Rev. Quest. Sci Revue des questions scientifiques. Bruxelles. Rev. Scient Revue scientifique (Revue rose). Paris. Pr. 324. — 90.172. Rev. Sci. nat. appl. Revue des Sciences naturelles appliquées. Bulletin bimensuel de la Société nationale d'acclimatation de France (publié à partir de 1896 sous le titre : Bulletin de la Société d'accli- matation de France). Paris. Pr. 256. — 130.106. Rev. Sci. Nat. Ouest. Revue des Sciences naturelles de l'Ouest de la France. Nan- tes. 110-074. Rev. Suisse Zool. . . Revue suisse de Zoologie et annales du Musée d'histoire natu- relle de Genève. Genève. Pr. 219. Rif. med Riforma medica (La). Giornale internazionale quotidiano di medicina, chirurgia etc. Napoli. 110.038. Riv. ital. sci. nat — Rivista italiana délie Scienze naturali e bolletino del Natura- lista collettore allevatore e coltivatore. Siena. Pr. 293. Riv. Pat. veg Rivista di Patologia végétale (Editore Berlese). Padova. Pr. 87. Riv. psicof., psi- Rivista quindicinale di psicologia, psichiatria, neuropatologia chiatr.,neuropatol. (Direttori : E. Sciamanna e G. Sergi). Roma. Riv. sper. Fren Rivista sperimentale di Freniatria e di medicina légale (Red. Tamburini). Reggio-d'Emilia. 91.478. Rosp. Ak. Krakow. Rozpravyi Sprawozdania z posiedow wydzialu matematyiczno- przyrodnego Akademi Umiejetnosci. Krakow. Pr. 476. S.-B. Ak. Berlin... Sitzungsberichte der K. preussischen Akademie cler Wissen- schaften zu Berlin. Berlin. Pr. 323. — 91.219. S.-B. Ak. Munchen. Sitzungsberichte der mathematisch physikalischen Classe der K. Akademie der Wissenschaften zu Munchen. Mun- chen. Pr. 322. S.-B. Ak. Wien (I, Sitzungsberichte der mathematisch-naturwissenschaftlicheii III) Classe der K. Akademie der Wissenschaften ; Abtheilungen I und III. Wien. Pr. 325. — 90.758. S.-B. Bôhmisch. Ges. Sitzungsberichte der K. bohmischen Gesellschaft der Wissen- schaften. Prag. Pr. 396. S.-B. Ges. Bonn Sitzungsberichte der niederrheinischen Gesellschaft fur Na- tur und Heilkunde. Bonn. Pr. 333. S.-B. Ges. Dorpat... Sitzungsberichte cler Naturforscher-Gesellschaft der Univer- sitat Dorpat. Dorpat-Youriev. Pr. 314. xxxn LISTE DES PERIODIQUES. S.-B. Qe$. Isis Sitzungsberichte ùnd Abhandlungeh der naiturwissenschaftli- chen Gesellschaft « Isis ». Dresden. Pr. 341. S.-B. Ges. Leipzig.. Sitzungsberichte der naturforschenden Gesellschaft zu Leip- zig. Leipzig. Pr. 334. — 90.831. S.-B. Ges. M a ne lien. Sitzungsberichte der Gesellschaft fur Morphologie und Phy- siologie in Miïnchen. Miinchen. Pr. 209. — 91.279. S.-B. (les. naturf. Sitzungsberichte der Gesellschaft naturforschender Freunde Berlin zu Berlin. Berlin. Pr. 308. S.-B. Ges. Wùrzburg. Sitzungsberichte der physikalisch-medicinischen Gesellschaft zn Wùrzburg. Wùrzburg. Pr. 200. — 90.705 A. Schr. Ges. Kônigs- Schriften der physikalisch-okonomischen Gesellschaft zu Ko- berg nigsberg in Preussen. Kiinigsberg. Pr. 305. Schr. Ges. Marburg. Schriften der Gesellschaft zur Beforderung der gesammten Na- turwissenchaften zu Marburg. Marburg-Cassel. Pr. 270. Schr. Ver. Schleswig- Schriften der natur}vissenschaftliehen Vereins fur Schleswig- Holst Holstein. Kiel. Pr. 304. Science Science; an Illustrated Journal. New- York. Pr. 506. Sci. Prog Science Progress. A monthly review of Current scientific In- vestigation. London. Pr. 283. Scr. Bot Scripta Botanica Horti Universitatis Imperialis Petropolitana3 [Botanitcheskiia Zapiski etc.], éd. par Beketof et Gobi. St- Pétersbourg. Sem. raéd Semaine médicale (La). Paris. 01.215. Sera, vêt Semaine vétérinaire (La). Paris. 91.623. Smithson. Collecl. . . Smithsonian Miscellaneous Collections. Washington. Pr.500. Smithson. Contr Smithsonian Contributions to Knowlegde. Washington. Pr. 500. Sm. Rep Smithsonian Report. Washington. Pr. 500. Skand. Arch. Phys. Skandinavisches Archiv fur Physiologie. Leipzig. Pr. 216. 91.659. Sper La Sperimentale. Giornalo medico. Firenze. 90.877. Stud. Johns Hop- Johns Hopkins University, Baltimore. Studies from the Biolo- kins Unie gical Laboratory. Baltimore. Pr. 598. — 91.596. Stud. Lab. Cambrid- Studies from the Morphological Laboratory in the University ge of Cambridge. Cambridge. (England) Stud. Lab. Owens Studies from the Biological Laboratory of the Owens Collège. Coït Manchester. 91.590. Stud. Lab. Utrecht.. Studies from the Zoological Laboratory of the University of Utrecht, Utrecht. Pr. 7. Stud. Mus. Dundee.. Studies from the Muséum of Zoology in the University Col- lège Dundee. Dundee. Svenska. Ak.Handl. Kongliga Swenska Vetenskaps Akademiens Handlingar. Stockholm. Pr. 374. Teratol Teratologia, Quarterly Contributions to antenatal Pathology (éd. Ballantyne). London. Termes. Fuzetek.... Természetrajzi Fûzetek kiadja a Magyar nemzeti Muzeum. Budapest. Tijdschr. Indische Tijdschrift voor IndischeTaal-Land-en Yolkenkunde. Batavia Volkenk en S'Gravenhaage. Pr. 471. Tijdschr. Xederland. Tijdschrift der Xederlandsche Dierkundige Yereeiniging. Dierk Leyden. Pr. 165. — 130.497. Tr. Ac. St-Louis... The Transactions of the Academy of Science of St-Louis. St-Louis Pr. 533. — 90. 527. LISTE DES PERIODIQUES. xxxiii Tr. Amer. phil. Soc. Transactions of the American philosophical Society. Phila- delphia. Pr. 504. — 90.594. Trav. Insl. Lille . . . Travaux et Mémoires des facultés de Lille. Lille. Trav. lab. histol. École pratique des Hautes Études. Laboratoire d'histologie du France Collège de France; Travaux de l'année. Paris. 31.092. Trav. Soc. Varsovie. Travaux de la Société des Naturalistes de Varsovie. Comptes rendus de la section biologique. Varsovie. Pr. 596 bis. — 110.238. Tr. Cambridge Soc. Transactions of the Cambridge philosophical Society. Cam- bridge. Pr. 360. Tr. Canad. Inst Transactions of the Canadian Institute. Toronto. Pr. 640 bis. Tr. Connect. Ac Transactions of the Connecticut Academy of Arts and Sciences. New-Haven. Pr. 538. Tr. Kansas Ac Transactions of the Kansas Academy of Science. Topeka. Pr. 530. Tr. Linn. Soc. Lon- The Transactions of the Linnean Society of London. Botany. don B London. Pr. 255. — 90.629. Tr. Linn. Soc. Lon- The Transactions of the Linnean Society of London. Zoology. don Z London. Pr. 255. — 90.629. Tr. Manchester Micr. Transactions and annual report of the Manchester Microsco- Soc pical Society. Manchester. Tr. N.-York Ac.Sci. Transactions of the New- York Academy of Sciences. New- York. Pr. 502. Tr. Phil. Soc. Ade- Transactions of the philosophical Society of South Australia. laide Adélaïde. Tr. Phil. Soc. Ar. S. Transactions of the Philosophical Society of New South Wales. Wales Sydney. Pr. 469. — 91.077. Tr. R. Soc. Edinb. . . Transactions of the Royal Society of Edinburgh. Edinburgh. 90.618. Tr. R. Soc. London. Transactions of the Royal Society of London. Tr. R. Soc. N. S. Transactions of the Royal Society of New South Wales. Syd- Wales ney. Pr. 469. Tr. R. Soc. S. Aus- Transactions of the Royal Society of South Australia. Ade- tral laïde. Pr. 358. Tr. S. African. Soc . Transactions of the South African Philosophical Society. Cape- Town. Pr. 619. Troud.Kharkov.Ob. Iroutly Kharkovskago Obchtchestva éstestvoïspytatéleï. Kharkov. Pr. 492. Trudui Kazan Troudy Obchtchestva éstestvoïspytatéleï pri Kazanskom Ou- niversitétié. Kazan. Pr. 494. Trudui. St-Petersb. Troudy S. Peterbourgskago obchtchestva éstestvoïspytatéleï. Obshch St-Pétersbourg. Pr. 289. Tr. Wagner. Inst. . . Transactions of the Wagner Free Institute of Science of Phila- delphia. Philadelphia. Pr. 522. Tr. Wisconsin Ac. Transactions of the Wisconsin Academy of Sciences, Arts and Letters. Madison. Tr. Zool. Soc. Lon- Transactions of the Zoological Society of London. London. don Pr. 175. Unt. Inst. Tubingen. Untersuchungen aus dem Botanischen Institute zu Tûbingen. Leipzig. Pr. 88. Unt. Nat Untersuchungen zur Naturlehre des Menschen und der Thiere (Gegrundet von Moleschott). Giessen. Pr. 201. — 91.334. l'année biologique, m. 1897. c XXXIV LISTE DES PERIODIQUES. Ver. Ak. Amsterdam. Verslagen der koninklijke Akademie van Wetenschappèn. Amsterdam. Pr. 348. Verh. Ak. Amster- Verhandelingen der Zittingen der K. Akademie van Wetens- dam chappen. Amsterdam. Pr. 348. Verh. Anat.Ges — Verhandlungen der anatomisehen Gesellschaft. (divers). Pr. 190 bis. — 91.311 bis. Verh. Berlin. Ges. Verhandlungen der Berliner Gesellschaft fur Anthropologie Anthrop Ethnologie und Urgeschichte. Berlin. Pr. 430. Verh. Brand Verhandlungen des Botanischen Vereins der Provinz Bran- denburg. Berlin. Pr. 71. Verh.deutschen Zool. Verhandlungen der deutschen zoologischen Gesellschaft. Ges Leipzig. Pr. 214. Verh. Ges. Basel Verhandlungen der naturforschenden Gesellschaft in Basel. Basel. Pr. 242. — 44.268. Verh. Ges. deulsch. Verhandlungen der Gesellschaft deutscher Naturforscher und Naturf. (I, II) Aerzte, lrc partie : allgemeine Sitzungen ; 2e partie : Abthei- lung-Sitziingen. Leipzig. Pr. 390. — 110.010. Verh. Ges. Wûrz- Verhandlungen der physikalisch-medicinischen Gesellschaft burg. zu Wûrzburg. Wurzburg. Pr. 20 . — 90.705. Verh. Sieb. Carp. .. Verhandlungen u. Mitteilungen des Siebenburgischen Karpa- thien Vereins. Hermanstadt. Verh. Ver. Heidel- Verhandlungen des naturhistorisch-medicinischen Vereins berg. zu Heidelberg. Heidelberg. Pr. 320. — 91.418. Verh.Ver.Rheinland. Verhandlungen des naturhistorischen Vereins der preussis- chen Rheinlande. Bonn. Pr. 333. Verh. Zool. Bot. Ges. Verhandlungen der zoologischdjotanischen Gesellschaft in Wien Wien. Wien. Pr, 252. Vid. Medd Videnskabelige Meddelelser fra den naturhistoriske Forening i Kjobenhavn. Kjobenhavn. Pr. 259. Vierteljahrschr.Ges. Vierteljahrschrift der naturforschenden Gesellschaft in Zu- Zurich rich. Zurich. Pr. 353. Vop. fil. Moscou... Voprosy filosophii i psychologii (Organe de la Société psy- chologique de Moscou) dirigé par Grott et Lopatine. Moscou. Wien. Eut. Z Wiener Entomologische Zeitung. Wien. Wien. med. Bl Wiener medizinische Blatter. "Wien. 91.381. Wiss. Meer Wissenschaftliche Meeresuntersuchungen, herausgegeben von der Kommission zur Wissenschaftlichen Untersuchungder deutschen Meere in Kiel und der Biologischen Anstalt in Helgoland. Kiel. Pr. 1.524. Zapiski Kiev. Obch. Zapiski Kievskago Obchtchestva éstestvoïspytatéléï. Kiew. Zapiski Xovoross. Zapiski Novorossiiskago Obchtchestva éstestvoïspytatéléï. Obch Odessa. Pr. 273. Z. Biol Zeitschrift fur Biologie. Munchen-Leipzig. Pr. 207. — 90.674. Z.Ethnol Zeitschrift fur Ethnologie. Organ der Berliner Gesellschaft fur Anthropologie, Ethnologie und Urgeschichte. Berlin. Pr. 430. Z.Xaturw Zeitschrift fur Natunvissenchaften. Organ des naturwissen- schaftlischen Vereins fur SiichsenundThûringen. Leipzig. Pr. 932. Z. Pflanz. Krank.. Zeitschrift fur Pflanzcnkrankheiten. Stuttgart. Pr. 107. Z. physiol. Chem... Zeitschrift fur physiologische Chemie, herausgegeben- von Iloppe-Seyler. Strasburg. Pr. 1. —90.833. LISTE DES PERIODIQUES. xxxv Z. Psych Zeitschrift fur Psychologie u Physiologie der Sinnesorgane. Hamburg-Leipzig. 130.029. Z. wiss. Mikr Zeitschrift fur wissenchaftlicheMikroskopie. Braunschweig. Pr. 227. - 91.424. Z. iviss. Zool Zeitschrift fur wissenschaftliche Zoologie. Leipzig. Pr. 140. — 90.655. Zool. Anz Zoologischer Anzeiger, zugleich Organ der cleutschen zoolo- gischen Gesellschaft. Leipzig. Pr. 159. — 91.043. Zool. Beitr Zoologische Beitrage, herausgegeben von Schneider. Bres- lau. Pr. 181. Zool. Centralbl Zoologisches Centralblatt. Leipzig. Pr. 281. Zool. Garten Der zoologische Garten. Francfurt-a.-Main. Pr. 184. Zool. Jahrb. Anat.. Zoologische Jahrbucher : Abtheilung fur Anatomie und On- togenie der Thiere. Jena. Pr. 179. Zool. Jahrb. Sy st.. Zoologische Jahrbucher : Abtheilung fur Systematik, Geo- graphie und Biologie der Thiere. Jena. Pr. 179. Zool. Jahresber Zoologischer Jahresbericht herausgegeben von der Zoologi- schen Station zu Neapel. Berlin. Pr. 141. Zoologist The Zoologist : a monthly Journal of Natural History. Lon- don. Pr. 161. Zool. Bull The Zoological Bulletin. Boston. Zool. Rec The Zoological Record. I General Subjects, by J. Arthur Thom- son. London. Zool. Vortr oologische Yortrage herausgeben von William Marshall. Leipzig. Pr. 5115. L'ANNÉE BIOLOGIQUE CHAPITRE PREMIER La cellule De toutes les recherches résumées par les analyses qu'on lira plus loin, les plus importantes sont celles relatives au centrosome. Depuis plusieurs années déjà, les cytologistes s'appliquent à l'étude de ces élé- ments et, si quelques auteurs (Carnoy et Lebrun, Bolles Lee) nient leur existence ou leur refusent toute autonomie morphologique (Eismond, Bùtschli, etc.), les considérant comme des portions de plasma plus con- densées, la plupart des observateurs estiment que ces corps sont des formations bien distinctes. Des derniers travaux sur ce sujet se dégage cette notion d'un intérêt considérable que le centrosome, qui semble manifestement diriger les mouvements intérieurs dont la cellule en division est le siège, doit également être considéré comme un centre énergétique pour les mouvements extérieurs. Si l'on admet avec Stras- burger qu'il existe dans le cytoplasma deux substances différentes, le trophoplasma ou plasma nutritif et le kinoplasma ou plasma moteur, on peut dire que les centrosomes sont des centres moteurs du kino- plasma, aussi bien pour ses manifestations externes que pour ses mani- festations internes. C'est ce qui résulte à la fois des travaux des zoolo- gistes et de ceux des botanistes. On a reconnu : 1°) que les centrosomes qu'on avait coutume de chercher au voisinage du noyau pouvaient s'en éloigner beaucoup et se trouver à la périphérie du corps cellulaire (K. V. Zimmermann, Moore, Heidenhain et Cohn (62); 2°) que les centrosomes étaient, dans les cellules douées de mouvements ciliaires, le point d'at- tache des filaments moteurs. C'est Meves (90) qui a fait cette con- statation dans les cellules séminales de différents Lépidoptères, où il a vu, en rapport avec des centrosomes périphériques, des filaments se terminant librement dans la cavité ampullaire. Les recherches de ce savant et celles d'Hermann (voir ch. II) nous ont appris que ce filament n'était autre chose que le filament axile de la queue du spermatozoïde. L'un de nous (Henneguy), qui avait déjà constaté l'existence d'une rela- l'année biologique, m. 1897. 1 L'ANNEE BIOLOGIQUE. tion entre la queue et le centrosome dans les cellules séminales de Bombyx mori, trouve dans les travaux antérieurs et dans ses propres ob- servations des raisons suffisantes pour assimiler à des centrosomes les granulations occupant la base des cils dans les cellules épithéliales vi- bratiles, et par conséquent pour admettre que, dans tous les cas, le centrosome est de relation avec l'organe moteur extra-cellulaire. D'autre part, comme nous le verrons au chapitre II, les observations de "Webber, d'ikeno et Hirase etdeBelajev nous montrent que, dans les Gymnospermes et les Cryptogames vasculaires, où le corps reproducteur mâle est un anthérozoïde, l'appareil ciliaire de ce corps est en relation génétique avec le centrosome de la cellule. Il est vrai que ce centrosome cilifère (à l'encontre de ce qu'on observe chez les Métazoaires, où l'on admet généralement que le centrosome du premier fuseau de segmen- tation a pour origine le spermocentre), ne joue aucun rôle dans la fé- condation, ce qui amènerait à douter de sa nature centrosomienne. Mais les raisons que nous pourrions donner pour et contre cette manière de voir devant s'appuyer en grande partie sur des travaux parus en 1898, nous remettrons au prochain volume cette discussion. La question de la colorabilitè vitale du protoplasma a été cette année l'objet de plusieurs travaux (Przesmycki (103), Prowazek (lui), Bie- looussov (8), Loisel (83)). On sait que, sur ce point, les avis des cytolo- gistes sont très partagés. Les uns, le plus grand nombre, nient la colo- rabilité du protoplasme vivant et admettent que, seul, le protoplasme mort ou tout au moins en voie de dépérissement peut fixer certaines matières colorantes. Les particules qui se colorent ne seraient que des inclusions (substances de réserve et produits d'excrétion). Pour d'autres au contraire, il peut se produire une véritable coloration intra vitam de la substance vivante elle-même. Il résulte des recherches des auteurs précités et de nos propres expériences que l'une et l'autre des assertions précédentes sont exactes : certaines couleurs basiques (Neutralroth, bleu de méthylène, brun de Bismarck, etc.) peuvent colorer dans le proto- plasme, soit des inclusions, — c'est de beaucoup le cas le plus fréquent, — soit la substance fondamentale. Le noyau lui-même peut se colorer; mais il semble bien que ces exemples de coloration soient beaucoup plus rares que les précédents et, en tous cas, la coloration est diffuse. Somme toute, le déterminisme de la coloration expérimentale intra vitam est loin d'être fixé et la question demande de nouvelles re- cherches. Signalons d'autre part les discussions qui se sont élevées à propos de la nature physique ou chimique du phénomène cle colora- tion d'éléments morts, et dont on trouvera un résumé dans les ana- yses des travaux de Schlater (1:16), de Mayer (86) et de Fischer (37). Sur la division nucléaire, nous n'avons rien de tant soit peu général ù signaler. Le lecteur trouvera dans les travaux d'Erlanger (30, 31, 33;, Osterhout (97), Swingle (122), de Meves (88), etc., de nom- breux et minutieux détails sur cette division. La question de ïori- (jine du fuseau achromatique est fort bien exposée par Meves (88); nous la résumerons brièvement ici en adoptant la terminologie pro- I. — CELLULE. 3 posée par Hexneguy dans son cours du Collège de France. On sait que le fuseau est, suivant les cas , d'origine nucléaire, protoplasmique ou mixte. Les fibres qui le constituent peuvent se ramener à deux types : les fibres continues allant d'un pôle à l'autre; les fibres discontinues qui ne dépassent pas l'équateur. Suivant que ces deux catégories de fibres sont ou non associées dans un même fuseau, on distingue les fuseaux en homogènes et hétérogènes. Les fuseaux homogènes à fibres disconti- nues sont ce qu'on appelle des demi-fuseaux. Dans les fuseaux hétéro- gènes le mode de distribution de ces deux sortes de fibres est fort va- riable : tantôt les fibres continues occupent la partie centrale , les fibres discontinues étant à la périphérie (Salamandre); tantôt au con- traire les fibres périphériques sont continues et les fibres centrales ne dépassent pas l'équateur (cellules séminales de la Paludine); tantôt en- fin, les deux variétés sont associées d'une façon quelconque (cellules séminales des Sélaciens d'après Moore). Il peut arriver qu'un fuseau d'abord homogène à fibres continues devienne plus tard hétérogène par l'adjonction de fibres discontinues. Les exemples sont fréquents chez les végétaux et c'est, d'après Sobotta, le cas chez YAmphioxus. — Sur la question délicate du mode de scission et de séparation des chro- mosomes, voir, au chapitre II, la revue de notre distingué collaborateur, M. le professeur Guignard, sur la réduction chromatique. Spexcer a depuis longtemps attiré l'attention sur ce fait que, lorsqu'une cellule s'accroît, sa surface croit comme le carré et son volume comme le cube de ses dimensions. L'assimilation est proportionnelle au vo- lume et, comme elle se fait par la surface, plus la cellule s'accroît, plus la nutrition devient difficile. C'est pour la faciliter qu'elle se divise. Cette raison téléologique n'est cependant pas .valable pour les cas nombreux où les divisions se succèdent sans périodes de croissance intermédiaire, comme c'est le cas dans la sporulation, la segmentation, etc. Hartog (58), qui s'est préoccupé de cette objection, remarque que, dans cette question, il faut distinguer le volume brut de la cellule (protoplasme et réserves) du volume protoplasmique absolu. Une cellule pourra très bien, sans augmenter son volume apparent, accroître notablement la masse de son protoplasme (c'est-à-dire de l'agent de son activité) par un mé- tabolisme transformant intérieurement ses substances de réserves. C'est effectivement ce qui se passe dans les divers cas mentionnés ci-dessus et Hartog s'est assuré par des recherches directes que cette transfor- mation des réserves en substances actives se faisait sous l'influence de diastases qu'il a pu mettre en évidence. Palla avait avancé, à la suite de recherches sur les végétaux, que le noyau n'était pas le facteur indispensable de la formation de la membrane cellulaire. Townsend (124) combat cette assertion et montre que cette formation n'intervient que si la masse qui s'entoure d'une membrane est rattachée à un noyau par des tractus protoplasmiques qui peuvent d'ailleurs être très ténus. — Yves Delage, F. Henneguy et G. Poirault. 4 L'ANNEE BIOLOGIQUE. Un précurseur. Les cellules factices d'Ascherson. Grâce à l'obligeance de M. le professeur de Lacaze-Duthiers, membre de l'Institut, nous avons pu avoir communication d'un Mémoire (' ), très peu connu, qui nous montre, en 1838, époque à laquelle le protoplasma et le noyau cellulaires venaient à peine d'être découverts, un jeune savant, Ascherson, essayant déjà, quarante ans avant Butsculi. de réa- liser par des émulsions artificielles les structures cellulaires. Nous allons donner une analyse détaillée de ce travail qui, par ses méthodes aussi bien que par ses résultats, ne laisse pas que d'avoir un réel intérêt rétrospectif. Le prélude est modeste : « En présentant ce mémoire à l'Académie, je sens que les préventions pourraient s'élever contre l'annonce d'une nouvelle théorie de la part d'un inconnu, mais j'espère que mon sujet parviendra à les neutraliser, et à me garantir d'avance cet examen impartial qui signale les arrêts de cet illustre aréopage. » Deux considérations ont guidé l'auteur. La première, c'est l'impor- tance dans l'économie de. la graisse, « une substance qui est toujours la fidèle compagne de l'inertie », et sa présence constante dans les œufs des animaux et des plantes. Chez de nombreux animaux (Crustacés in- férieurs, Daphnia, Cyclops, larves de Chironomus, tissu adipeux des In- sectes, etc.), dans tous les œufs, dans les spores de Champignons, se trouvent des réserves graisseuses, la plupart du temps à l'état d'émul- sions très fines. La deuxième,' c'est l'idée de la théorie cellulaire, qui venait d'être formulée par « M. Schwann, un jeune savant qui, de même que son ami M. Henle, va bientôt prendre son rang auprès des observa- teurs les plus distingués de cette science ». Cette idée que les « globules moléculaires » des œufs et de nom- breuses cellules ne sont que des gouttes de graisse ou d'huile, et que la formation de ces substances précède le développement des cellules, a poussé l'auteur aux expériences suivantes. Si on prend une goutte d'un liquide hétérogène, par exemple de l'huile entourée d'une substance coagulable (albumine liquide) , cette subs- tance se coagule superficiellement, et il se forme instantanément une membrane : on obtient ainsi une cellule, qui peut alors modifier son contenu par endosmose et exosmose (2). « Une coagulation membraneuse (1) Ascherson. — Mémoire sur l'usage physiologique des corps gras et sur une nouvelle théorie de la formation des cellules au moyen de ces corps, appuyée de plusieurs faits nou- veaux. (Mém. présenté à l'Académie des Sciences, 12 novembre 1838. MM. Chevreul, Bres- cliet et Pelouze, commissaires). Les conclusions du Mémoire ont seules été imprimées dans les C K. Ac. Se, 42 nov. 1838, sous la signature de M. de Humboldt. — Une traduction presque littérale a été publiée en allemand dans les Mùller's Archiv lur Anatom., p. 44-68, 18-40, sous le titre Ueber den physiologischen Nutzen der Fettstoffé und ûber eine neue aufderen Mitwir- kung begrûndete und durch mehrere neue Thatsachen unterstûtzte Théorie der Zellbîldung. ■i Dutrochet avait déjà publié; ses travaux sur l'osmose (1824). Notons, à propos de Du- trochet, que cet auteur avait eu l'idée [en 1824?] de soumettre à l'action de la pile des solu- I. — CELLULE. 5 est la conséquence immédiate et inévitable du contact de l'albumine et des corps gras. » Une goutte d'huile ou de graisse ne peut rester entourée d'albumine sans donner lieu à la formation d'une membrane vésiculaire ou d'une cellule. Ascherson nomme hyménogonie cette propriété de former des membranes, et la membrane née du contact est une mem- brane haptogène (arc-rouai, toucher). Si l'on place l'une près de l'autre sur une lame de verre une goutte de blanc d'œuf frais et une goutte d'huile d'olive, on voit l'huile revêtir l'albumine d'une couche et le résultat est une membrane fine et élas- tique. On obtient ainsi des cellules factices. Secouons quelques gouttes d'huile avec du blanc d'oeuf ou du sérum, et observons au microscope une goutte de cette émulsion. Pour plus d'évidence, colorons l'huile avec de l'orcanette (racines d'Anchusa tinc- torial) ou de henné \Lawsonia inermis). Nous verrons bientôt une mem- brane oléo-albumineuse, très tenace, élastique, pouvant se comprimer, et formée par la juxtaposition d'une infinité de petites particules que l'on peut observer plus facilement en ralentissant sa formation par certains procédés. Une telle cellule peut augmenter considérablement de volume, et pré- sente beaucoup d'analogie avec un globule du sang. En étirant la mem- brane, on peut obtenir un étranglement de la cellule qui se divise en deux, la membrane se reformant aussitôt. « // ny a aucun doute que V hyménogonie a lieu aussi bien sous l'influence des forces vitales que dans le laboratoire du chimiste. » Ce n'est pas seulement par leurs membranes que les cellules factices ressemblent aux cellules vraies. Nous avons déjà vu l'aspect de la mem- brane au microscope. Si l'on examine au microscope une goutte d'huile renfermant de nombreuses petites gouttes d'albumine, on est frappé de sa ressemblance avec unlnfusoire « polygastrique ». — « 77 me semble, » dit Ascherson, « que c'était ce mélange que M. Dujardina appelé glu ani- male (1), qu'il a trouvé dans la Douve et que f ai exprimé moi-même des corps de plusieurs crustacés. » L'hyménogonie semble avoir lieu entre tous les liquides hétérogènes, mais surtout avec l'albumine, l'huile et le baume du Pérou. « On met deux gouttes de ces liquides en contact avec une lame de verre et on essaye d'introduire avec la pointe d'une aiguille celui qui a le plus grand poids spécifique dans l'autre; si les liquides sont doués d'un haut degré d'hyménogonie, les petites gouttes introduites prennent une forme irrégulière, puis se séparent du reste du liquide et prennent une forme sphérique; c'est ce qui arrive si on opère avec l'huile et un mucilage par exemple une solution de gomme, donc l'hyménogonie n'est pas causée par une viscosité des fluides. » Le sérum du sang forme très vite avec l'huile des cellules et même des cellules irrégu- lières. tions d'albumine ou des émulsions de jaune d'œuf et avait vu des globules se former de cette façon. (Cité par Beaunis. Physiolog. hum., p. 234.) Il essayait d'expliquer ainsi, non la formation des cellules, mais la contraction musculaire. (1 Le sarcode ou glu animale avait clé vu et décrit par Dujardin en 1835. 6 L'ANNEE BIOLOGIQUE. Si on met au contact une goutte de sérum et une goutte d'huile d'amandes douces, on voit apparaître au microscope de petites parti- cules à peine visibles aux plus forts grossissements et semblables à celles qu'on a observées dans les œufs. Ces particules s'approchent et forment de petits amas irréguliers et granuleux qui se rapprochent les uns des autres et forment des lambeaux membraneux, granulés imperceptible- ment, « qui avaient une parfaite ressemblance avec cette substance gra- nulée que l'on trouve partout où des êtres organisés se décomposent et qu'un savant distingué a nommé l'ovaire primitif des Infusoires ». La membrane haptogène se formait par la coalescence de ces lambeaux. Les expériences de l'auteur sur les réactions chimiques de la mem- brane oléo-albumineuse lui permettent de conclure que « l'hyménogo- nie est une propriété physique, une espèce de condensation capillaire qui opère sur les surfaces des liquides hétérogènes qui se tou- chent... (*) ». En résumé, dans l'organisme, les cellules haptogènes se forment au contact de la graisse et de l'albumine. Ascherson nomme ces cellules cellules élémentaires, parce qu'il suppose que toutes les cellules qui com- posent les tissus ne sont que des métamorphoses de cellules sembla- bles. « Il n'y a aucune difficulté d'expliquer toutes les différences de forme des cellules observées à l'aide de la théorie et l'observation confirme tous les changements que la théorie peut prédire. « L'augmentation des cellules élémentaires de même que leur forma- tion n'exige qu'un instant. Tous les fluides du corps animal sont albu- mineux, donc une goutte d'huile n'y peut rester un seul moment sans se transformer en cellule ni se diviser en 2-10-100, sans donner lieu à la formation d'autant de nouvelles cellules élémentaires. » Ascherson suppose que les cellules élémentaires modifient leur con- tenu par endosmose et exosmose : ces modifications peuvent être obser- vées dans les cellules factices. Les cellules élémentaires sont douées de la faculté de grandir, comme tous les corps organiques, et elles n'ont pas besoin d'expulser l'huile pour faire place aux liquides albumineux, mais alors la goutte d'huile entourée d'un liquide albumineux s'entoure d'une deuxième membrane. « C'est évidemment cette deuxième cellule qui forme le noyau [sic] que M. Raspail a découvert dans les cellules de la cuticule et que M. Henie a trouvé dans les cellules qui constituent Tépithélium des membranes muqueuses, séreuses, etc. On conçoit que cette goutte d'huile peut se diviser en 2, 3, etc. , et former par là plu- sieurs noyaux. M. Henle a présumé déjà que ces noyaux se forment par les divisions d'un seul plus grand. » La vésicule germinative de Wagner est au début une simple cellule élémentaire (2). En résumé : toutes les gouttes de graisse ou d'huile que l'on trouve dans les plantes et dans les animaux sont enfermées dans des cellules (1) Il semble ici que l'auteur devine la tension superficielle. (2) Bien que Leuwenhock et Cavolinj aient vu le noyau dans les cellules animales, c'est cependant Fontana (1781) qui le premier a déerit ce corps dans les cellules épithéliales des Poissons. Le mot « noyau » ou « nucleus » est dû à R. Bhown (1831) qui l'a vu et décrit le premier dans les cellules épidermiques des végétaux. I. — CELLULE. 7 élémentaires; les tissus se composent de cellules qui ne sont qu'une métamorphose des cellules élémentaires. La conclusion de l'auteur est toute à l'appui de la théorie cellulaire de Schwann : « M. Schleiden vient de fixer l'attention sur un organe des plantes que M. R. Brown a découvert et nommé noyau des cellules t'nucleus of the cell)... Je suis parfaitement d'accord avec lui pour faire dériver l'ori- gine des cellules de ce petit corps. Il porte la plus grande ressemblance avec le noyau ou la cellule secondaire que l'on observe dans les cellules des animaux et me semble prouver que la théorie de la formation des cellules au moyen d'un fluide hétérogène, renferme un principe général qui peut être appliqué au développement de tous les corps or- ganisés. » Si l'on se reporte en 1838, époque à laquelle l'auteur a écrit ces li- gnes et fait ces expériences, si l'on songe que la glu animale, le sarcode de Dujardin, de même que le nucleus de Brown, étaient encore à peine connus, que « le jeune » Mr Schwann venait à peine de formuler les bases de sa théorie cellulaire, on ne peut s'empêcher de considérer Ascherson comme un véritable précurseur, ce qui du reste ne diminue en rien l'originalité des beaux travaux de Blïtschli. L'idée d'Ascherson, de reproduire par une émulsion de substances grasses mélangées à des substances albuminoïdes une structure cellu- laire, est tout à fait celle de Blïtschli. Sa théorie de la formation des membranes haptogènes a dû inspirer Traube (1). Ce dernier, qui du reste cite en deux lignes le travail d'Ascherson, ne l'a pas compris, car il croit qu'Ascherson dit que toutes les cellules animales sont formées d'une goutte de graisse entourée d'une membrane. Or ceci ne s'applique qu'aux cellules élémentaires d'Ascher- son, qui sont en réalité les alvéoles de Bûtschli, les sphérules de Kiïxs- tler. Ce sont ces cellules élémentaires qui par leur juxtaposition ou leur emboîtement constituent les cellules vraies. Cette idée des cellules élémentaires correspond peut-être mieux à la théorie de Kunstler, pour qui le protoplasma est formé de sphérules protéiques très petites à enveloppe dense et à contenu demi-fluide, qu'à celle de Bïtschli. En tous cas, Ascherson ayant fait des émulsions très voisines de celles de Bùtschli, a eu nécessairement des apparences ana- logues. Le principal intérêt de cette théorie est cette tendance à chercher des explications purement physiques ou mécaniques à des phénomènes bio- logiques, et c'est cette tendance qui fait d'Ascherson un vrai précurseur de la cytomécanique moderne. Avec ses émulsions, il a cherché à véri- fier non seulement la formation des membranes cellulaires et des structures sarcodiques, mais la formation du noyau, la division de la cellule, et même la division du noyau. Il a été jusqu'à soupçonner l'im- portance de la tension superficielle en physiologie cellulaire. (1) Traube. — Expérimente zur Théorie der Zellenbildung und Endosmose (Arch. f. Anat. 1807, X, 87). L'ANNEE BIOLOGIQUE. L'idée d'invoquer pour la matière vivante exclusivement des facteurs physico-chimiques n'est donc pas nouvelle. Ascherson a fait dès 1838 de la cytomécanique, et, si on peut lui reprocher d'avoir cherché une homologie absolue là où il n'y avait que des analogies, c'est un reproche que peuvent encourir les auteurs modernes aussi bien que leur devancier. A. Labbé. 1. Andrews (Gwendolen Foulke). — Some Spinhing activïties of Prolo- plasm in Starfish and Echinus eggs. (J. Morphol., XII, 367-389.) [53 2. — — The living substance as such, and as organism. (J. Morphol., XII, suppl.. 176 p.) , [Voir ch. XX 'A. Arthur (J. C). — The movement of protoplasm in cœnocytic hyphx. (Ann. Bot., XI, 491-507, 4 fîg. texte.) [56 4. Ballowitz (E.). — Ueber Sichtbarkeit und Aussehen der ungefârbten Centrosomen in ruhenéen Gewebszellen. (Zeitschr. wiss. mikr., XIV, 355-539.) [33 5. Bambeke (Ch. Van). — A propos de la délimitation cellulaire. (Bull. Soc. belge Micr., XXIII, 72-87.) [26 6. Barfurth (D.). — Ueber Zellbrùcken und Zellùcken bei Pflanzen und Thieren. (Arch. Ver. Mecklenb.. L. (S. B. XI et XII.) [* 7. 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II 30. — — Zur Kenntniss der Zell- und Kerntheilung . (Biol. Centralbl., XVII, 745-752, 4 fig.) [Voir ch. II 31. — — Ueber die Morphologie der Zelle und den Mechanismus der-Zellthei- lung. II. Ueber den Centrufkôrper. (Zool. Centralbl.. IV, 809-824.) [34 10 L'ANNEE BIOLOGIQUE. 32. — — Recherches sur l'origine^ le rôle et la structure du corpuscule cen- tral. (C. R. Soc. biol. Paris (10), IV, 372-373.) [34 33. — Ueber die Morphologie der Zet/e und d<>n Mechanismus der Zell theilung, I. Protoplasmastructur und Kernstructur. (Zool. Central bl., Jahrg. 1. 657-679.) [Revue des travaux relatifs à ces questions. Le cytoplasme et le caryoplasme ont une structure alvéolaire. 34. Erlanger (R. von) et Lauterborn (R.). — Ueber die ersten Entwicke- lungsvorgànge im parthenogenetischen und befruchteten Ràderthierei (As- pl (inclina priodonta). (Zool. Anz., XX. 452-456.) [Voir eh. III 35. Fairchild D. G.). — Ueber Kerntheilung und Befruchtung bei Basidio- bolus ranarum Eidam. (Jahrb. wiss. Bot.. 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Notes cytologiques. III. Cristalloïdes intranuclêaires des cellules nerveuses sympathiques chez les Mammifères. (Arch. Anat., Micr. I. 366-373, pi. XV, A.) [29 102. — — Formes cristallines (cristalloïdes ou cristaux?) des matières albu- minoïdes dans les tissus animaux. (Bull. Soc. Nancy, 1897, 4 p.) [29 103. Przesmycki (A. M.). — Ueber die intravitale Fàrbung des Kerns und des Protoplasmas. Vorlàuf. Mitteil. (Biol. Centralbl., XVII, 321-335; 353- 364.) [19 104. Prowazek (S.). — Vital fàrbung en mit Neutralroth an Protozoen. (Z. wiss. Zool., LXIII, 187-194.) [19 105. Amôbenstudien. (Biol. Centralbl., XVII, 878-885, 2 fig.) [53 106. Puriewitsch (K.). — Ueber die Wabenstructur der Pflunzlichen orga- nischen Korper. (Ber. deutsch. bot. Ges., XV, 239-247.) [19 106 bis. Quénu et Lanc'el. Etude d'un cancer du rectum à cellules muqueuses, évolution pathologique du mucus et théorie parasitaire. (Ann. micrograph., IX, 145-165, pi. MIL) [19 107. Querton (Louis). — Du mode de formation des membranes cellulaires. (Ann. Soc. Belge Micr., XXII, 61-74.) [27 108. Rabl (H.). — Untersuchungen ûber die menschliche Oberhaut und ihre Anhangsgebildc mit besondere Rûcksicht au f die Yerhomung. (Arch. Mikr. Anat., XLVIII, 430-495, pi. XIX-XXI.) [31 109. 1897. Zelle und Zellteilung. (Jahresber. Fortschr. Anat. Entwicke- lungsgesch., N. F., II Litt. 1896; 42-79.) [Cité à titre bibliographique. 14 L'ANNEE BIOLOGIQUE. 110. Rhumbler (L.). — Stemmen die Strahlen der Astrosphàre oder ziehen sief (Arch. Entw.-Mech., V, 659-730, pi. XXVIII et 27 fig. texte.) [43 111. Sacharov (N.). — Die Malaria-Parasiten der Hàmatoblasten und die Anwendung der Morphologie dieser Parasiten zur Entscheidung ewiger Problème des Blut-und Pigment- Bildung. (Centralbl. Bakter., XX, 1896. 12-22.) [49 112. Samassa (P.). — Die Furchung de,- Wintereier der Cladoceren. (Zool. Anz., XX, 51-55, 1 fig.) [Voir ch. V 113. Samassa. —Studien ûber den Einfluss des Dotters aufdie Gastrulation und die Bildung derprimâren Keimblàtter der Wirbelthiere. (Arch. Entw. Mech., III, 191-218, 2 pi.) [35 114. Schaffer (J.). — Bemepkungen Ûber die Histologie und Histogenèse des Knorpels der Cyclostomen. (Arch. mikr. Anat., L, 170-188.) [Voir ch. V 115. Schenk (S. L.). — Anomalien an denEiern von Echinodermen nach der Befruchtung. (S. B. Ak. Wien, CV, 168-185, 4 fig.) [54 116. Schlater (G.). — Zur Biologie der Bakterien. (Biol. Centralbl., XVII, 833-846, 1 fig.) [21 117. Schulze (E.). — Ueber den Umsatz der Eiweisstoffe in der lebenden Pflanze. (Z. physiol. Chemie, XXIV, 18-114.) [Voir ch. XIV 118. Ueber die Spaltungsproducte der ans Coniferensamen darstellba* ren Proteinstoffe. (Z. physiol. Chem., XXIV, 276-284.) [16 119. Strasburger (Eduard). — Ueber Cytoplasmastructuren, Kern- undZell- theilung. (Jahrb. wiss. Bot., XXX, 375-405, 2 fig. texte.) [Sera analysé dans le prochain volume. 120. Studnicka (F. K.). — Ueber das Vorhandensein von întercellularen Verbindungen im Chordagewebe. (Zool. Anz., XX, 286-288, 289-293. 2 fig.) [Existence de communications protoplasmiques. 121. — — Ueber die Structur der sog. Cuticula und die Bildung derselben aus den întercellularen Verbindungen in der Epidermis. (S. B. Bôhmisch. Ges., 1897 (II), n° LIX, 11,1 pi., 1 fig.) [28 122. Swingle (Walter T.). — Zur Kenntniss der Kem-und Zelltheilung bei den Sphacelariaceen. (Jahrb. wiss. Bot., XXX, 297-350,2 pi.) [Sera analysé dans le prochain volume. 123. Toison (J.). — Qu'est-ce que les histologistes entendent par metachromasie . — (Interm. Biol., I, 55.) [T. explique la metachromasie soit par une modification réelle de la matière colorante, soit par une dissociation de la solution colorante au contact de l'élément histologique. — M. Bouin. 124. Townsend (Ch. O.). - Der Einfluss des Zellkerns au f die Bildung der Zellhaut. (Jahrb. wiss. Bot., XXX, 367-397, 21 fig. texte.) [57 125. Trambusti. — D'un caractère différentiel entre leucoblastes et èrythro- blastes. Observations cytologiques. (Bull. Ac. Belgique, XXXIII, 333-341, 1 pi.) {Les leu- coblastes du Lapin présentent à tous les stades des granules cytoplasmi- ques colorables par Pinduline et l'éosine, tandis que le cytoplasme des érythroblastes est toujours homogène. Les amibocytes et les hématies appartiennent donc à deux lignées cellulaires différentes. — L. Cuénot. 126. Verworn (M.). — On the relation between the form und the metabolism of the cell. (Sci. progress, I, (N. S.). 370-378.) [51 127. Wager (H.). - - Nue/rus of Saccharomycetes. (Rep. brit. Ass., 1897; Na- ture LVI. 000.) [Le mémoire complet sera analysé dans le tome IV. I. — CELLULE. 15 128. Watase (S.). — Microsomes and their Relation to the Cenlrosome. (Science, N. S., V, 230-231.) [34 129. Webber (H. J.). The Development of Antherozoid of Zamia. (Bot. Gaz., XXIV, 16-22, fig. texte.) [Voir ch. II 130. Wilson (C. B.). — Experiments on the early development of the Amphi bian Embryo under the influence ofringer and sait solutions. (Arch. Entw.- Mech., V, 615-648, pi. X-XI.) [Voir ch. VI 131. Wroblevski (A.). — Zur Classification der Proteinstoffe. (Ber. deutsch. chem. Ges., XXX, 3045-3052.) [15 132. Zalevski (A.). — Ueber M. Schœnnetfs « Resinocyten ». (Bot. Cen- tralbl., LXX, 50-55, 1 fig. texte. [30 (Pour la cellule nerveuse, voir ch. XIX. 131. Wroblevski (A.). — Classification des substances protèiques. — L'au- teur propose un système de classification qui est celui de Dreciisel modifié et élargi. lre classe. — Substances albuminoïdes. — 1. Albumines : albumine de l'œuf, du sérum, du lait, des muscles, des plantes, etc.. 2. Globulines : globu- line de l'œuf, du sérum, du lait, des plantes; fibrinogène, myosine, vitel- line (?), etc.. 3. Albumines solubles dans l'alcool : se rencontrent principale- ment dans les plantes. 4. Albuminates. 5. Acidalbumines : syntonine, etc.. 6. Albumines coagvlables : fibrine, paracaséine, albumine coagulée par la chaleur. 2e classe. — Albuminoïdes composés. — 1. Glucoprotéides : mucine, mu- coïde. 2. Hémoglobine. 3. Nucléoalbumine. 4. Caséines : caséine du lait de Vache, caséine du lait de Femme. 5. Nucléines. 6. Amyloïde. 7. Histone (?). 3e classe. — Substances du genre des Albuminoïdes. — lre sous-classe. Substances qui servent à fabriquer les enveloppes de protection. 1. Kératine. 2. Elastine. 3. Collagène : Collagène, gélatine, etc.. — 2e sous-classe. Albu- moses et peptones. — 3e sous-classe. Enzymes. — 1. Enzymes protèoly tiques : pepsine, trypsine, papayotine, etc.. 2. Enzymes amylotiques : diastase, in- vertine, etc.. 3. Enzymes dédoublant les graisses : stéapsine, etc.. 4. En- zymes dédoublant les glucosides. 5. Enzymes dédoublant les amides : urase, etc. 6. Enzymes de la coagulation : enzyme du lab, etc.. Son système peut se résumer en quelques mots. Les substances protèiques sont des corps, dont la décomposition complète par les acides donne, comme produits finaux, de l'ammoniaque, des bases azotées organiques (lysine, his- tidine, arginine, etc..) et des acides amidés (leucine, acide glutamique, tyrosine, etc.). Lesprotamines ne fournissant pas d'acides amidés ne peuvent se ranger dans les substances protèiques, bien qu'elles en soient très voisines. Il en est de même des peptones. La première classe du système contient les corps les plus voisins de l'albumine de l'œuf, la seconde classe les substances protèiques formées d'une molécule albumineuse unie à une molécule non albumineuse. L'auteur donne un ensemble des principales propriétés com- parées de tous ces corps. — Marcel Delage. 73. Kossel (A.). — Sur les substances basiques du noyau. — Parmi les pro- duits de destruction des albuminoïdes, il s'en trouve dont la présence est 16 L'ANNEE BIOLOGIQUE. constante, d'autres qui ne se rencontrent pas toujours. Les premières pré- sentent naturellement une très grande importance pour la connaissance de la constitution des matières nucléaires. A ce groupe appartiennent la leu- cine, les bases de Drechsel, et surtout la protamine découverte en 1874 par Miescher dans les spermatozoïdes de Saumon. C'est une base forte, qui pré- cipite les sels des métaux lourds. Le produit de Miescher était impur. Son étude fut reprise par Piccard, puis par l'auteur qui a donné un nouveau pro- cédé de préparation : il détruit la laitance de Saumon du Rhin, préalablement dégraissée, par l'acide sulfurique à 1 %, à froid. Le sulfate de protamine pu- rifié répond à la formule C16H31Az903, H2S04. Le môme procédé appliqué au sperme d'Esturgeon a fourni une protamine un peu différente de celle du Saumon. Pour les distinguer, Kossel a appelé la première sturine et la se- conde salmine. Ces deux corps, bien que très voisins, présentent cependant des réactions nettement différentielles. La décomposition de la sturine par l'acide sulfurique concentré fournit une nouvelle base bien cristallisée, Phis- tidine C9H9Az302, que l'on précipite par le chlorure mercurique. Le chlorhy- drate de ce composé, régénéré par l'hydrogène sulfuré en solution acide, est également en beaux cristaux rhombiques, répondant à la formule C6H9Az302, H Cl + H20. Les produits de destruction de la sturine qui accompagnent l'his- tidine, renferment de l'arginine C6 Hu Az4 O2 (Hédin) et d'autres bases non encore étudiées, mais pas d'acides amidés, ce qui distingue la sturine des pep- tones. Ajoutons que , comme l'acide nucléique en milieu acide, l'histidine en milieu alcalin est capable de s'unir aux albumines pour donner des com- posés du genre de l'histone. — Marcel Delage. 74. Kossel (A.). — Sur la formation de thymine aux dépens du sperme de Pois- son. — L'acide thymique est un produit de décomposition de l'acide nucléi- que. Il fournit par destruction plus avancée, la thymine, corps neutre, bien cristallisé, de formule C5H6Az202. Schmiedeberg avait obtenu par le traite- ment direct du sperme de Poisson, une substance très semblable à la thy- mine de Kossel et Neumann et qu'il avait nommée nucléosine. L'auteur a démontré l'identité de la thymine et de la nucléosine. Ce nom ne doit donc plus être employé pour désigner la thymine, d'autant plus qu'il désigne déjà un autre produit de destruction de l'acide nucléique. — Marcel Delage. 117. Schulze (E.). — Sur les produits de décomposition des matières protèiques des (jraines de Conifères. — L'auteur continue ses recherches sur la physiologie végétale, par l'étude des produits de destruction des matières protèiques retirées des semences à'Abies exeelsa et d".4. peeti- nata. Ces substances, décomposées par une longue ébullition avec l'acide chlorhydrique, fournissent une quantité énorme d'arginine. Ce composé représente 10 % du poids de matière protéique mise en œuvre et les deux tiers de l'azote des bases azotées formées. On a pu, parmi les bases fournies par YAbies exeelsa, reconnaître aussi la tyrosine et la leucine. Ce rendement de 10 % est extraordinairement élevé, surtout si l'on considère qu'HÉDlN n'a jamais obtenu, en arginine, plus de 2,75 % des matériaux mis en œuvre par lui. Ces faits correspondent d'une façon assez satisfaisante à ce qu'indiquerait la théorie do Kossel sur la constitution des matières albuminoïdes. On sait que les protamines qui peuvent s'unir avec les albumines pour former des matières albuminoïdes, ne donnent par leur décomposition que des bases, l'arginine, la lysine et l'histidine. Kossel admet que la molécule d'albu- mine est constituée par un noyau de protamine autour duquel viennent se I, — CELLULE. 17 fixer des acides amidés, des complexes sulfurés, etc.. Les différences que l'on observe entre les diverses matières albuminoïdes proviendraient de l'ab- sence de certains de ces groupes ou de leur inégale répartition dans cer- taines de ces matières. D'après Kossel, l'hydrolyse de la protamine fournirait pour 3 molécules d'arginine, 1 molécule d'histidine et 1 molécule de lysine. Il en résulterait que les | de l'azote basique passeraient à l'état d'arginine. Or, c'est précisément le rapport trouvé plus haut pour les matières protéi- ques des semences de conifères. De plus, des bases autres que l'arginine peuvent se trouver dans les produits de décomposition de ces matières, car leur étude n'est pas terminée. — Marcel Delage. 75. Kossel (A.) et Neumann (A.). — Sur les acides nucléique et thymique. — Parmi les substances nucléiques, il faut distinguer deux groupes : 1° les nucléines proprement dites, dont la décomposition fournit des bases nucléi- ques; 2° les paranucléines ou pseudonucléines, qui n'en fournissent pas. Miescher découvrit dans les nucléines l'acide nucléique, composé phosphore, dont la combinaison avec les albumines donne les nucléines. Les bases nu- cléiques (adénine, guanine, xanthine, hypoxanthine), fournies par la des- truction des nucléines, proviennent de cet acide. Les substances désignées sous le nom de paranucléines ont une composition moins constante que les nucléines. On trouve bien parmi les paranucléines des corps qui fournissent un acide phosphore désigné sous le nom d'acide paranucléique , mais toutes ne se comportent pas ainsi. La décomposition de l'acide nucléique a fourni aux auteurs un produit, l'acide thymique, dont les propriétés sont celles de l'acide paranucléique des paranucléines; de nouvelles recherches ont dé- montré l'identité de ces deux corps. Cependant, on réservera le nom d'acide paranucléique au produit fourni par les paranucléines et celui d'acide thy- mique au composé provenant de la destruction de l'acide nucléique. L'acide thymique se forme quand on sépare de l'acide nucléique les bases nucléi- ques. La décomposition de l'acide nucléique du thymus s'effectue à froid par l'eau de baryte. Elle fournit, comme bases nucléiques, de l'adénine et de la cytosine, puis de l'acide thymique dont le sel barytique C16H23Az3P2012Ba est bien cristallisé. On a pu montrer que l'acide nucléique n'était pas une combinaison saline de l'acide thymique et des bases nucléiques, autrement dit. du thymate d'adénine et de cytosine. La combinaison est plus intime et de forme organique. — Marcel Delage. 85. Mathews (A.). — Chimie des spermatozoïdes. — Les recherches de Miescher ont montré que la tête des spermatozoïdes du Saumon était formée principalement d'une substance unique, relativement simple, bien définie, le nucléinate neutre de protamine. Kossel {Ann. biol., II, 14) a étendu cette notion. Il a indiqué que la protamine (sàlmine) se retrouve dans le sperme de tous les Salmonidés et aussi dans celui d'un Poisson appartenant à une autre famille, l'Esturgeon. En réalité, cette protamine n'est pas absolu- ment identique à la précédente. Kossel l'a nommée sturine. L'auteur a cherché si on pouvait trouver des combinaisons analogues chez d'autres animaux. Il s'est d'abord adressé au sperme d'une sorte d'Oursin, YArbacia. Il lui a appliqué le procédé qui avait réussi à Kossel pour l'extraction de la protamine. Il a obtenu, de cette façon, une substance présentant une partie des propriétés de la protamine, mais cependant nettement différente de celle-ci, surtout par sa teneur plus faible en azote ; il l'a nommée arbacine. D'autre part, le traitement de Kossel pour l'extraction de l'acide nucléique, appliqué aux spermatozoïdes de YArbacia, a fourni un corps absolument l'an>:ée biologique, m. 1897. 2 18 L'ANNEE BIOLOGIQUE. identique à l'acide nucléique déjà connu du sperme des Salmonidés et de l'Esturgeon. De plus, aucune portion de cet acide ne se trouve à l'état de liberté dans le sperme de VArbacia. On ne peut l'extraire qu'après sépara- tion de l'arbacine. On en conclut que les spermatozoïdes de l'Arbacia sont formés de nucléinate d'arbacine. On y a trouvé aussi de la lécithine, de la cholestérine et des graisses, mais on va voir, par comparaison avec le sperme de Hareng, que ces corps forment probablement la queue des spermatozoïdes et qu'il n'y en a pas du tout dans la tète. L'étude du sperme de Hareng a conduit à des résultats encore plus nets. L'auteur a commencé par effectuer la séparation des tètes et des queues des spermatozoïdes en centrifugeant 2 à 3 fois dans l'eau distillée, d'après le procédé de Miescher. La majeure partie des queues se dissout et peut repré- cipiter quand on acidulé légèrement la solution par l'acide acétique. Les queues se composent surtout, comme Miescher l'a montré pour le sperme de Saumon, de lécithine et de cholestérine. Les têtes séparées se présentent sous forme d'une poudre blanche, assez dense. Elles ne contiennent ni cho- lestérine, ni lécithine. Elles ne renferment pas de soufre et, partant, pas d'albumine. On a reconnu qu'elles étaient formées presque en totalité de nucléinate de protamine pur. Mais, cette protamine est encore différente des variétés déjà connues. Kossel Ta nommée dupé me et lui attribue la formule C30H37Az17O6, celle de l'acide nucléique étant Ci0H34AzuP4O27. La formule de la chroma- tine des spermatozoïdes de Hareng serait le total de ces deux formules. Il était intéressant de rapprocher de ces résultats positifs ceux que fourni- rait l'étude du sperme des Mammifères. Malheureusement, les auteurs qui se sont occupés de la question (Miescher et l'auteur) n'ont pas pu constater la présence de protamine, dans le sperme de Verrat et de Taureau. La faible teneur en azote des produits de ces animaux rend d'ailleurs cette présence peu probable. On n'y a pas non plus trouvé d'histone. Weismann admet que les propriétés de la chromatine des têtes de spermato- zoïdes dépendent de la molécule chimique qui les compose, et que la molé- cule de chromatine est la plus compliquée de toutes puisqu'elle est l'origine des molécules de toutes les autres substances de l'organisme. De plus, la chromatine d'un animal doit être d'autant plus complexe au point de vue chimique, que cet animal est plus élevé en organisation. — On voit que les faits d'ordre chimique ne confirment pas cette manière de voir, puisque la tête des spermatozoïdes d'un animal relativement élevé en organisation, un Poisson, a été trouvée formée d'une chromatine très simple. De plus, il n'est nullement prouvé que l'arbacine, provenant d'un animal (l'Oursin) inférieur aux Poissons, soit une substance plus simple au point de vue chimique que la protamine. En effet, celle-là contient un groupe aromatique qui manque à celle-ci (Réaction de Millon). — Marcel Delage. 63. Heine. — Microchimie de la mitose; critique de la méthode microchi- mique. — On sait que certains organes tels que le thymus du Veau, les sper- matozoïdes, permettent d'extraire facilement l'acide nucléinique, tandis que d'autres tissus riches en cellules tels que le pancréas, donnent des combinai- sons de cet acide avec l'albumine et qu'il est difficile de séparer ces deux com- posés. L'acide nucléinique pur possédant des propriétés spéciales qui dispa- raissent plus ou moins complètement dans ses combinaisons avec .l'albumine, il semble que la formation ou la décomposition de semblables combinaisons puisse avoir une assez grande importance en physiologie, relativement aux fonctions du noyau cellulaire. Les résultats que Lilienfeld a obtenus avec la I. — CELLULE. 19 coloration d'Ehrlich, montrent que, dans tous les cas où l'on constate une sé- paration morphologique dans le noyau de la cellule, il existe en même temps une dissociation chimique des éléments cellulaires, une séparation entre l'a- cide nucléinique et l'albumine. D'après Lilienfeld, l'acide nucléinique donne une coloration verte, l'albumine une coloration rouge, la nucléine ou les nu- cléoprotéides une coloration bleue avec ce réactif colorant; et cet auteur en conclut qu'on doit observer une coloration vert-bleu dans les noyaux en re- pos et une teinte verte, caractéristique de l'acide nucléinique libre, dans les transformations du noyau. Heine a examiné successivement les différents réactifs colorants et les dissolvants et a conclu de ses nombreuses détermina- tions qu'il n'y a actuellement aucune méthode d'examen qui permette de dis- tinguer microchimiquement entre elles les substances connues sous le nom général de nucléines et par suite d'émettre un avis sur leur localisation. Ces substances sont : les nucléoprotéides, les nucléines diverses, l'acide nucléi- nique, les acides paranucléiniques et leurs sels. Les réactifs colorants dont s'est servi Heine ont été : le réactif de Millon pour les albuminoïdes , la réaction à l'iode pour l'amidon, le violet de méthyle, le tournesol pour dif- férents cas. — C. Chabrié. r 106 bis. Quénu et Landel. — Etude d'un cancer du rectum à cellules niWjueu- ses; évolution pathologique du mucus et théorie parasitaire. — Dans certains cancers, la sécrétion du mucus n'est pas une fonction de l'activité cellulaire normale, mais un processus dégénératif. Il y a transformation dégénérative des cellules épidermiques en cellules muqueuses ; la disparition des ponts in- tercellulaires de la couche de Malpighi sont le premier symptôme de cette transformation. A l'intérieur de la cellule, le noyau subit une chromatolyse spéciale, dont le point important est la transformation de la chromatine en une substance voisine du mucus. (Les Sporozoaires décrits par Podwisozky et Sawtchenko ne sont que des mucus avec quelques graines de chromatine non encore altérée.) [On peut rapprocher ces faits de ceux qui ont été ob- servés chez les Hydraires, dans la production de l'œuf Y. Doflein, Année biologique, II, 1896, p. 93). La dégénérescence muqueuse des noyaux vitel- lins [Pseudo-zellen) est très comparable à ce qu'ont observé Q. et L. — A. Labbé. 106. Puriewitsch (K.). — Sur la structure alvéolaire. — P. conteste l'existence de la structure alvéolaire admise par Bùtschli pour les substances organisées y compris le protoplasma. Dans de nombreux cas, grains d'a- midon, d'arrow-root, fécule de Pomme de terre, Blé, fibres de Coton, fibres de Ne Hum oleander, cellules pierreuses de Podocarpus salicifolia, la struc- ture révélée par le microscope s'accorde bien plutôt avec la théorie micel- laire de Nâgeli qu'avec les théories alvéolaires de Bùtschli. D'après cette dernière la structure des membranes végétales devrait présenter des pro- priétés optiques différentes suivant qu'elles sont sèches ou humides, ce qui ne paraît pas être le cas. — A.-J. Ewart. 8. Bielooussov (N.). — Note sur la coloration vitale de la cellule. — Ana- lysé ci-dessous (I). 104. Prowazek (S.). — Expériences de coloration sur le vivant par le Xeutralroth chez les Protozoawes. — Analysé ci-dessous (II). 103. Przesmycki. — Sur la coloration vif/de. — Analysé ci dessous (III). 20 L'ANNEE BIOLOGIQUE. I. Les expériences de l'auteur ont porté sur les Noctiluques, les Podon, les larves des Crabes et des Crevettes, les jeunes de certains Poissons. Les animaux étaient placés dans des solutions de rouge neutre et d'extrait de Choux rouge; l'eau était aérée et les animaux recevant une nourriture appropriée pouvaient vivre dans ces conditions assez longtemps (jusqu'à plusieurs semaines). La coloration se montrait rapidement, au bout de 2 minutes à 1/4 d'heure, sui- vant la grosseur de l'animal. — Chez les Noctiluques les parties colorées étaient : la membrane cellulaire, le flagellum, le noyau et le protoplasma qui l'entoure immédiatement. La coloration produite différait suivant que la réaction de telle ou telle partie de la cellule est acide ou alcaline (acide dans les vacuoles, alcaline dans le noyau). L'examen microscopique a montré que ce sont les vacuoles et les granulations qui se colorent le plus fortement. — Chez les Podon de même que chez les larves des Crabes, l'auteur a observé une coloration très intense, notamment dans les muscles. Mais c'est surtout sur la coloration des jeunes Poissons qu'il insiste : il y a constaté une colora- tion des muscles du cœur, des cellules de la corde dorsale, des noyaux des car- tilages embryonnaires, des rayons branchiaux, puis de la bile, des cellules du foie, des cellules épithéliales de l'intestin (sans que cependant la coloration porte sur les noyaux de ces dernières). La substance colorante se trouve dans les cellules sous forme de très fines gouttelettes. — Pour répondre à une objection possible, l'auteur ajoute que la vitalité de ses sujets n'était au- cunement diminuée, qu'ils étaient bien vivants et se comportaient absolument comme des animaux placés dans les conditions normales ; dans certains cas même, les jeunes Poissons grandissaient sensiblement. La coloration obtenue était d'ailleurs toute différente de celle observée sur les tissus morts. — M. Goldsmith. IL Les expériences ont été faites principalement sur des Paramœcies. Le neutralroth jouit d'un pouvoir colorant très intense. Son action sur les Infu- soires vivants ne montre pas seulement certaines structures ergastiques du protoplasma, comme des inclusions ou des excréta en rapport avec la nutri- tion et l'assimilation ; elle met en évidence les nombreux courants protoplas- miques et facilite l'étude de la perméabilité des couches externes de la cellule vivante. Comme l'ont fait voir Marg, Traube, Mengarixi, les Infusoires non parasites doivent être entourés d'une couche imperméable, de sorte que l'os- mose ne peut se faire que par la bouche, mais il semble cependant qu'au moins dans certaines formes une osmose plus faible peut se produire en d'autres points. —G. Saint-Remv. III. Dans un travail très soigneusement fait, Przesmycki étudie, de son côté, cette intéressante question de la coloration vitale. Ses expériences ont porté 1° sur des Infusoires ciliés (Opalina, Stentor, Nyctotherus, Balantidium, etc.), 2 sur un Rhizopode (Actinosphœrium) , 3" sur un Rotifère et des vers (Caliidina, Trichina, Nephelis, Clepsine, etc.), 4° sur des Crustacés (Cyclops, Daphnia). Les couleurs d'aniline expérimentées — toujours en solutions très étendues — ont été : le rouge neutre, le sulfate et le chlorhydrate de bleu de Nil, le bleu de méthy- lène (diverses marques), le rouge Bordeaux. Elles ont montré que le noyau peut fixer pendant longtemps (5 jours) la matière colorante dans des conditions que l'on doit considérer — et c'est là le point important — comme tout à fait norma les. En effet : a) l'animal continue ses mouvements comme s'il se trouvait dans un milieu dépourvu de matière colorante; b) son noyau se divise et il est possible de suivre les différentes phases de cette division; c) le noyau reste I. — CELLULE. 21 coloré tant que l'animal présente des signes extérieurs de la vie et la mort est accompagnée de décoloration graduelle et complète. D'autre part, le fait d'avoir été coloré par les matières en question ne compromet pas la vie de l'organisme puisque si on le transporte, après coloration, dans de l'eau dé- pourvue de substance colorante, il se décolore entièrement tout en conservant son activité. La coloration est donc bien un phénomène vital et caractéris- tique de la vie. P. a fait toute une série d'expérience avec les couleurs sus- nommées en solution dans l'eau où vivaient les organismes en question. Par comparaison il a employé pour ses colorations les mêmes teintures addition- nées d'une petite quantité de chlorure de sodium, et constaté : 1° que la colo- ration n'était pas la même dans les deux cas; 2° qu'avec le chlorhydrate de bleu de Nil, par exemple, les animaux résistaient plus, longtemps dans ces bains légèrement salés. — Ces méthodes de coloration vitale peuvent, suivant l'auteur, rendre de grands services en histologie, en ce sens qu'elles permettent de dif- férencier dans la cellule des formations différentes, dans les organes des ré- gions n'ayant pas le même rôle physiologique. On voit, par exemple, que les di- verses granulations dont est rempli l'ectoplasme de certains Infusoires n'ont pas les mêmes réactions colorées, les plus grosses se colorant par le rouge neutre, en rose, tandis que les moyennes prennent une teinte violette et que les plus petites ne se teignent presque pas. [Il resterait à savoir si ces phénomènes de métachromasie tiennent réellement à des différences de constitution ou bien s'ils dépendent simplement, comme le prétend Alfred Fischer (37), de la taille de ces inclusions protoplasmiques.] D'autre part, cette technique permet de mettre en évidence certaines particularités de structure des organes qui par d'autres méthodes seraient d'une démonstration plus laborieuse. — G. POIRAULT. Sur le même sujet : Loisel (83). 86. Mayer (P.). — Le phénomène de coloration des noyaux cellulaires est-il ou non d'ordre chimique. — Mayer ne croit pas du tout que les colora- tions relèvent d'un phénomène purement physique; pour lui, il y a une véritable combinaison de la matière colorante avec la substance colorée. L'expérience de Fischer (37), et où cet auteur obtient, en précipitant une solution de peptone par la liqueur d'Hermann, des granules de taille dif- férente se colorant différemment, ne lui parait par exemple pas du tout démonstrative. Pour Mayer il est probable que les deux sortes de granules qui ont des réactions colorées différentes, diffèrent aussi par leur composi- tion chimique. Il rappelle à ce propos que, suivant le mode de précipitation d'un sel de magnésie par un carbonate alcalin, on peut obtenir des carbo- nates de magnésie qui diffèrent non seulement par leur teneur en eau mais aussi par la quantité de base qui entre dans leur constitution. [Il est d'ailleurs très vraisemblable que, l'albumose étant une substance mal définie, on pré- cipite, par le liquide d'Hermann, deux corps chimiquement différents et qu se colorent diversementparlamême substance colorante]. — J. Georgewitch. 110. Schlater. — Contribution à la biologie des Bactéries. — Schlater, par- tant de la théorie granulaire d'Altmann, cherche à établir des rapports précis entre les types cellulaires proprement dits et les formes bactériennes qui, au point de vue de la structure élémentaire, sont d'une grande simplicité. La cellule est aujourd'hui quelque chose de complexe et on ne l'analyse pas d'une façon satisfaisante avec des unités hypothétiques (unités physiologi- 22 L'ANNEE BIOLOGIQUE. ques de Spencer, gemmules de Darwin, idioblastes d'Hertwig, biophores de Weismann, pangènes de de Vries, biogènes de Verworn, etc.). La base morphologique existe : c'est le granule ou microsome. Et ce granule dans une cellule complète présente huit types distincts par leur forme et par leurs réactions microchimiques : trois pour le cytoplasme, cinq pour le noyau. Ces éléments sont réunis par une substance intermédiaire, sorte de ciment comparable à celui qui agrège les cellules d'un organisme élevé. Mais l'unité granulaire existe-t-elle à l'état libre? Schlater croit la retrouver chez les Bactéries. Les Bactéries ne sont pas, comme le prétend Butschli, des cellules sans protoplasme et réduites à un noyau. On n:y trouve en effet que trois sortes de granules au maximum et le ciment intergranulaire prend la matière colorante, ce qui ne s'observe pas dans le noyau. Les Cyanophycées, quoique plus élevées en organisation, ne sont qu'une ébauche cellulaire imparfaite avec le prototype d'un protoplasme et le prototype d'un noyau. Ici encore, on ne trouve que trois sortes de granules. A la base du groupe des Bacté- ries, l'auteur place les formes cocciennes uniformément colorables, micro- chimiquement sans structure. Ce sont des individus granulaires isolés : les autoblastes d'Altmann. Dans une seconde division, il range les formes cons- tituées par plusieurs autoblastes avec ciment intermédiaire colorable. Les granules ne sont que de deux sortes. Ce sont les Monères d'Altmann. La troisième division, qui comprend les Bactéries les plus élevées et les cyano- phycées, conduit à la cellule. Ce sont des types à trois sortes de granules, mais chez lesquels s'ébauche la différenciation protoplasmique et nucléaire : les Mètamonères d'Altmann. La division des êtres en monocellulaires et pluricellulaires se préciserait donc de la façon suivante. A la base, les autoblastes; puis les Protozoaires avec la série des Monères, Mètamonères et Cyanophycées conduisant à la cellule; enfin les Métazoaires. Si l'on se reporte au mémoire de Fischer (37), on verra comment ce problème morphologique est dominé par une double question de méthode et d'interprétation. Schlater attribue une valeur absolue aux réactions micro- chimiques; les partisans de la théorie physique des colorations établissent le contraire. Les réserves faites à propos des conclusions de Fischer s'ap- pliquent à la thèse inverse et il est inutile de les répéter. Les vues de Schlater, si séduisantes qu'elles soient, ne trouvent pas dans ces seules réac- tions délicates et discutées un appui suffisant pour entraîner la conviction. — Bataillon et Terre. .'57. Fischer (A.). — Recherches sur la structure des Cyanophycées et des Bactéries. — De ce long mémoire où la controverse et la bibliographie tien- nent une large place, on ne peut marquer que les grandes lignes. I. Le point de départ de Fischer est une critique de la théorie chimique des colorations contre laquelle il apporte de nouveaux arguments. A cette formule : deux éléments qui se colorent de la même façon sont constitués par les mêmes substances, il oppose encore la théorie physique avec les notions dr tension superficielle et d'absorption. Prenons une solution aqueuse d'albu- mine à :> % et une autre diluée au ' , 0 : sous l'influence de la liqueur d'Her- mann (acide platino-osmio-acétique) nous obtenons dans un cas de beaux granules et dans l'autre un précipité ténu de corps semblables à des coccus. Mêlons les deux précipités, et une préparation desséchée nous donnera des doubles colorations. La safranine-gentiane de Flemmirig colore les gros grains en rouge, les petits en violet. Si l'on applique d'abord le violet de gentiane, I. — CELLULE. 23 puis la safranine après la différenciation par l'alcool acidifié, on a le résultat inverse, les gros grains sont violets, les petits sont rouges. Le même corps se trouve donc à volonté safranophile ou gentianophile. Des doubles colorations s'obtiennent de même avec la méthode d'Altmann, l'hématoxyline de Dela- field. etc. Des solutions d'hémoglobine à 2 et 0,2 % précipitées de la même façon par l'alcool dominent des résultats analogues. Pour les mélanges de couleur intervient la question de diffusibilité avec le principe : la première matière qui pénètre est la première qui colore. Restent les phénomènes de métachromasie tels qu'on les obtient par exemple sur un sommet végétatif avec l'hématoxyline de Delafield; c'est le contact de l'eau qui bleuit la liqueur primitivement rouge. C'est l'eau qui produit la différenciation en enlevant aux parties les moins denses ce qui rougit la matière colorante : l'alun qui entre en quantité considérable dans la solution. Supprimons la liqueur de la préparation avec le papier à filtrer, séchons et montons au baume, nous aurons partout la teinte rouge uniforme. Le vert de méthyle, le violet d'aniline, qui fournissent également des métachromasies, sont sûrement des mélanges aux- quels s'appliquerait une explication analogue. Mais il y a les résultats obtenus par Babes et Cheviakov avec le bleu de méthylène. A supposer que ce bleu soit exempt de tout mélange de rouge, voici une explication : le ton noir rougeâtre (schwarz Rot) de Babes s'observe sur des grains qui ont absorbé énergiquement la matière colorante ; ces grains devenus opaques apparais- sent sous le microscope avec un effet de lumière réfléchie et non de lumière transmise, comme le bleu de méthylène à l'état solide. Il n'y a pas de substance nucléaire chromatique, au sens chimique. Cette substance tient, dit-on, son affinité pour les colorants de sa richesse en phosphore ; comment obtiendrait- on des élections pareilles avec l'albumine et l'hémoglobine qui ne contiennent pas de phosphore et s'éloignent du corps nucléaire par leur composition chimique? Dans les tissus eux-mêmes, une réaction comme celle de l'héma- toxyline n'a rien de spécifique; la membrane cellulaire des végétaux, les fibres animales, le corps de Nissl des cellules nerveuses se colorent comme la chromatine du noyau. La conclusion est que toutes les pjhilies des histoloyues n'impliquent rien en ce qui concerne la composition chimique des éléments, elles s'expliquent par des considérations pu rement physiques. Les colorations intenses ou méta-chro- matiques ne parlent ni pour telle nature chimique ni pour telle valeur morpho- logique d'un corps albumineux déterminé. II. C'est sur ces bases que Fischer engage la discussion avec Bùtschli (Voy. Ann. biol., II, 22-24) à propos de la valeur morphologique des éléments chez les Cyanophycées et les Bactéries. Cyanophycées. — L'auteur admet chez les végétaux la distinction en zone corti- cale et corps central. La zone corticale imprégnée de phycocyanine peut être isolée par l'acide azotique ou l'acide fluorhydrique. Mais le corps central n'a pas la valeur d'un noyau. Les expériences de digestion donnent une rétraction totale du contenu comme chez les Spirogyres et n'isolent pas le corps central. C'est simplement une zone plasmatique dans laquelle s'accumulent les réserves éla- borées par le chromatophore, son réseau est d'autant plus dense et retient d'au- tant mieux les matières colorantes que les réserves sont plus abondantes (Ex. Oscillaria tennis). En tenant compte des volumes respectifs du chromatophore et du corps central, on se rend compte des différences decolorabilité. En tout cas. l'augmentation de volume du corps central avec la taille de Ja cellule (Oscil- laria tenuis 1/2. Oscillaria princeps 9 10) n'a pas son analogue chez les noyaux vrais, par exemple chez les Spirogyres de diverse taille. Quant aux granules. ce sont vraisemblablement des réserves et des produits d'assimilation et, mal- 24 L'ANNEE BIOLOGIQUE. gré la coloration rouge par l'hématoxyline, on ne saurait les qualifier de grains chromatiques. Du reste, ni dans la division cellulaire, ni dans la formation des spores ils n'offrent de dispositions caractéristiques. Donc pas de noyau, pas de substance chromatique : un simple protoplaste dont la masse princi- pale est entourée par le c/iromatophore. mais dont Vextension en dehors de lui à une sorte d'utricule marginale est indiquée chez certaines formes par In j>/-':sence de granules. Sulfurages. — Fischer n'admet jms qu'on puisse rapprocher comme le fait Butschliles Sulfuraires des Cyanophycèes. Chez les Sulfuraires comme chez les autres Bactéries la distinction en zone corticale et corps central n'existe plus. Chez Chromatium par exemple, la substance colorante est uniformément ré- partie dans tout le contenu cellulaire ; si les grains de soufre font défaut il est impossible de distinguer deux zones, et seule l'accumulation de ces grains peut donner l'illusion d'un corps central en condensant la trame des alvéoles, trame qui fixe plusénergiquement les colorants. Quant aux grains colorables, Mitrophaxov, qui rejette l'idée d'un noyau, les qualifie ^'éléments nucléaires. Fischer les considère plutôt comme des matériaux de réserve : l'action plus énergique de l'hématoxyline n'indiquant rien, comme on l'a vu plus haut. Bactéries proprement dites . — Ici. le corps central admis par Bùtschline serait net qu'exceptionnellement (Bacteria lineola). En général, le corps protoplasmi- que très réduit ne serait représenté que par la membrane et les cils. Le début de sa différenciation autour du corps central se manifesterait chez divers types par l'apparition de zones claires aux extrémités. Or, remarque Fischer, toutes les préparations desséchées montrent ces extrémités claires avec des appa- rences de division : il n'y a là qu'un phénomène de plasmolyse, et des fixa- teurs appropriés (iode-alcoolique, vapeurs osmiques) ne montrent rien de semblable. On s'accorde à peu près à voir dans une Bactérie plus qu'un simple noyau. Mais il n'y a pas là de corps central analogue à celui des Cya- nophycèes. La division du travail indiquée par le chromatophore n'existe plus; du reste, l'acide fluorhydrique détruit le corps central et modifie à peine les Bactéries. Les grains, lorsqu'on n'en trouve qu'un par élément, peuvent donner l'illusion d'un noyau ; mais souvent on en rencontre davan- tage sans qu'il y ait rien de régulier. Fischer les considère encore comme des réserves. Une Bactérie avec sa membrane et son contenu cellulaire représente donc un système osmotique où Von ne trouve l'équivale ut ni d'un noyau ni d'un corps central : c'est un protoplaste. Les Bactéries proprement dites, comme les Sulfuraires, n'ont que des analogies superficielles avec les Cyanophycèes et ap- paraissent plutôt comme les précurseurs des Flagellâtes. [Les prémisses de ce travail, qui lui donnent un réel intérêt, s'appliquent d'une façon très heureuse à ces formes primitives. Elles permettent de soutenir que l'homologue du noyau n'existe ni chez les Cyanophycèes, ni chez les Bactéries. Mais pour ce qui est des grains que d'autres biologistes appellent chromatiques et que Fischer considère comme des réserves, les arguments décisifs font défaut et il faut revenir aux principes de la théorie phy- sique des colorations. Cette théorie, appliquée d'une façon générale, paraît évidemment trop absolue, tout aussi absolue que la théorie chimique sous la forme qui lui est donnée et que peu de biologistes accepteraient. Les méta- chromasies nucléaires, par exemple, ne sauraient être considérées comme une réaction fixe et exclusive de la substance chromatique, d'autant plus que les résultats varient avec les étapes mêmes de l'évolution cellulaire. Peut-être s'agit-il de degrés de condensation, et ici la théorie physique peut fournir de bonnes indications. D'autre part, quand la structure ordinaire fait défaut (Cyanophycèes et Bactéries), la coloration seule ne peut suffire à baser I. - CELLULE. 25 une homologie. Mais pour un vrai noyau, une morphologie stable dans un cycle de mouvements des plus réguliers suppose une composition spéciale qu'une différence de densité impliquerait à elle seule en modifiant les pro- cessus nutritifs. Les métachromasies peuvent correspondre à une composition chimique déterminée sans en être le critérium absolu]. — E. Bataillon. 79. 80. Kûnstler et Busquet. — Le corps central des Bactêriacées. Les grains rouges. — Le corps rentrai des Bactériacées n'est pas un noyau; tous les colorants, nucléaires ou non, le colorent de même façon. C'est simplement une masse sous-tégumentaire à propriétés plus chromophiles que la couche- tégumentaire. Les grains ronges [conformément à l'opinion de BuTSCHLietde Zacharias (Voir Ami. 2?iof., II, 23)] ne seraient pas formés de chro- matine mais de substances différentes sur la nature desquelles les auteurs ne se prononcent pas. Ils pensent que les formations désignées sous ce nom pourraient avoir pour lien commun un phénomène particulier de diffraction sans présenter aucune autre valeur morphologique commune. La coloration rouge que montrent ces granulations serait absolument indépendante de leur nature chimique et même de leur forme physique, et tiendrait seulement à des phénomènes optiques liés à des dimensions déterminées de ces granules. Même ces apparences pourraient se présenter, jusqu'à un certain point, dans l'examen de réseaux protoplasmiques à mailles d'un diamètre assez petit. Si Ton admet cette explication, les théories d'après lesquelles le corps des Bactéries serait essentiellement constitué par des noyaux auraient pour base une inter- prétation erronée de la nature chromatique de ces granules déduite de cette coloration rouge particulière. — A. Labbé. 92. Meyer (A.). — Études sur la morphologie et le développement des Bac- téries (Astasia asterospora, Bacillus tumescens Zopf). — C'est une étude dé- taillée de la structure d'une Bactérie (Astasia asterospora) que l'auteur a trouvée sur des Betteraves bouillies; elle se laisse facilement cultiver en li- quide et sur les milieux solides. Vers 28-30°, le développement est rapide. — Les spores sont entourées d'une double membrane dont l'externe porte dix côtes longitudinales. — Les bâtonnets unicellulaires, mobiles, possèdent une membrane très nette dont le protoplaste se sépare lors de la plasmolyse. Chaque cellule porte latéralement une ou deux touffes de cils très fins. Dans Taxe de la cellule, se trouvent des vacuoles; enfin, la cellule contient un ou deux petits noyaux. — La division cellulaire débute par un étranglement qui occupe le milieu du long bâtonnet; aussi longtemps que les deux cellules- filles ne sont pas isolées, elles restent en communication par un filament cytoplasmique qui traverse l'étranglement. — Après avoir nagé et s'être mul- tipliés pendant quelques heures, les bâtonnets se rassemblent en grumeaux et passent à l'état de repos. Ils forment alors de grandes quantités de mu- cilage. Sauf en ce qui concerne les cils, la structure de la cellule est la même que chez les individus mobiles. — D'une façon normale, certains bâtonnets immobiles meurent sans donner de spores. — Les autres se transforment en « sporanges ». En général, la spore naît dans la région moyenne, légèrement renflée. Parfois, elle occupe l'un des bouts du bâtonnet, ou bien il s'en forme deux. Le développement de la spore (X Astasia. présente beaucoup d'analogie avec celui des spores internes des Ascomycètes : le cytoplasme se condense autour d'un noyau et s'entoure finalement d'une membrane. [Le terme Asta- sia est mal choisi : il y a déjà un genre d'Euglénées qui porte ce nom]. — J. Massart. 20 L'ANNEE BIOLOGIQUE. 13. Bullot (G.). — Sur le volume des cellules. — Le volume limité des cel- lules dépend de facteurs multiples, mais est en corrélation avec l'oxydation du protoplasma. « Lorsqu'une cellule acquiert un volume beaucoup plus grand que celui de la cellule embryonnaire (type le plus répandu;, elle pos- sède presque toujours un ou plusieurs caractères qui facilitent l'oxydation du protoplasma central. La disparition de ces caractères entraîne la destruction de la cellule ou du moins lui fait perdre les dimensions qu'elle avait acquises (fragmentation). » L'auteur cherche à vérifier cette idée par l'étude de divers éléments anatomiques et d'organismes unicellulaires. Si certaines cellules ac- quièrent un développement considérable, c'est qu'elles présentent des carac- tères qui favorisent l'oxydation du protoplasma, ce qui empêche leur division en cellules plus petites ou leur dégénérescence. — A. Labbé. 58. Hartog- (M.). — La division multiple et la bipartition des cellules dans leurs rapports avec la loi de Spencer sur la limite d'accroissement. — H. Spencer a montré que, lorsqu'une cellule s'accroît sans changer de forme, sa surface diminue par rapport à sa masse et il a vu dans ce fait une explication suffisante de la division cellulaire qui aurait pour but, en augmentant la sur- face sans modifier la masse, de rétablir le rapport d'équilibre. Mais comment expliquer les cas des divisions successives se produisant sans accroissement intermédiaire comme cela a lieu dans la sporulation, la segmentation, etc., cas que l'on peut réunir dans la dénomination de division cellulaire multiple? Ces cas peuvent s'expliquer par l'apparition de deux conditions. 1° Si une cel- lule allongée vient de prendre une forme ronde, le rapport de sa surface à sa masse diminue considérablement et il faut une série de divisions suc- cessives pour le rétablir. 2" Quand une cellule accumule en elle des réserves, la masse de son protoplasma n'augmente pas. Sa surface augmente au con- traire. Il n'y a donc là aucune raison pour qu'elle se divise. Mais si elle vient à transformer ces substances de réserve en protoplasme, la masse de ce dernier augmente sans que le volume total soit modifié et la condition qui réclame une division cellulaire apparaît. Pour voir s'il en est réellement ainsi et se doutant, d'après ce qui se passe dans les plantes, que cette transfor- mation des réserves pourrait être déterminée par des zymases sécrétées par le protoplasme, l'auteur a étudié l'œuf de la Grenouille au moment où le bouchon blanc du blastopore est encore visible et l'œuf de la Poule après 24 heures d'incubation et plus tard dans le blastoderme extravasculaire. Dans tous ces cas il a pu extraire une zymase peptonisante et apporter ainsi à son hypothèse l'appui d'une vérification à posteriori. 11 est d'avis que, partout où des réserves intracellulaires sont utilisées, c'est par l'intermédiaire de zymases actives en solution neutres ou acides, sécrétées par le protoplasme, en sorte que la digestion est une fonction non directement protoplasmique mais qui a pour agents des ferments sécrétés par le protoplasme. — M. Hartog. 5. Bambeke (Van). — A propos de la délimitation cellulaire. — L'auteur expose les idées de Walbeyer, His, Fol, Max Schultze, Delage, etc., sur la membrane cellulaire. La couche limitante cellulaire peut être à simple ou à double contour, et on doit faire de nombreuses distinctions qui sont réunies dans le tableau suivant : I. — CELLULE. 27 ! Surface (Dujardin, 1848). 1 Membrane de contact (Ma\ Sclmltze, 1863). \ Pellicule ,. V - ' Membrane plasmique \ [Bautschicht, Hyaloplasmahautsche). contour ' (P^maJmut odér ! (Pringslieim et Pteffer). simule i P^smamembmne) I Parois ou membrane vacuolaire. simpie. j (Pfelfei% 1890)i (VacuolenhauL Vacuolenwand). (De vries et iMeffer). Délimitation | l Membrane protoplasmique ? (Delage. 1895). cellulaire , par k a. Molle, plastique. 1 Couche limitante ) ,.,, ■ ,fi_,., \ - enveloppante S (Fo1' 8 - B i limitante [Grenzschicht) | mi 1oQ7i Couche à Z(>ne limitante (Zona limitans) S double i. Résistante, inerte : contour j Membrane (Fol, 1879). cellulaire vraie (Waldeyer, 1895). Enveloppe morte iHis, 1897). Membrane cuticulaire (Delagc, 1895). A. Labbé. 107. Querton (L.)« — Du mode de formation des membranes cellulaires. — Deux théories sont en présence pour expliquer la formation des mem- branes cellulaires; la théorie de X apposition (Strasburger), d'après laquelle les produits sécrétés par la cellule se déposent à la surface de celle-ci; et la théorie de Yintussusception (Nàgeli), d'après laquelle la couche péri- phérique du protoplasme constitue , par diverses modifications, la mem- brane. En étudiant la formation des membranes cuticulaires chez les larves d'Insectes (Tenebrio molitor) et dans l'hypoderme des Crabes, après la mue, Fauteur conclut que la théorie de la sécrétion cellulaire peut seule rendre compte du mode de formation de la chitine ; rien ne permet d'admettre la transformation directe du protoplasme en chitine. — A. Labbé. 42. Gardiner (W.). — Structure histologique de la paroi cellulaire particu- lièrement au point de vue du mode d'union des cellules entre elles [chez tes végétaux]. — Analysé avec le suivant (I). 69. Kohi (F. G.). — Les communications protoplasmiques des cellules sto- màtiques et des feuilles de Mousses. — (II). I. D'après Gardiner, les filaments protoplasmiques qui traversent les ponctuations sont plus épais que ceux qui traversent la paroi elle-même, lorsque les deux formes de filaments se rencontrent dans la même cellule. Le reste du mémoire est un résumé des travaux de l'auteur. — A. J. Ewart. IL De ses recherches sur les communications protoplasmiques. Kienitz Gerloff (Botanische Zeitung 1891) avait cru pouvoir conclure à l'absence générale de semblables communications entre les cellules stomatiques et les cellules voisines. Cet auteur voyait une relation entre ce fait et celui signalé depuis longtemps par Sachs qu*à l'automne l'amidon persiste dans les cel- lules stomatiques alors qu'il disparaît des autres cellules de Tépiderme. Kohi, cherchant à vérifier ces assertions, constate d'une part que, dans un très grand nombre d'espèces de Phanérogames, à l'automne, l'amidon disparaît des cellules stomatiques et d'autre part que, dans le Viscum album, il est pos- sible de mettre en évidence les communications qui rattachent le contenu des cellules stomatiques à celui des cellules voisines. [J'ai montré en 1894 {Recherches anatomiques sur les Cryptogames vuscu/aires, Ann. Se. Nat., XVIII, p. 221) que, dans certains cas tout au moins (Marattia Brongniurtii, Angio* pteres Durvilleana, Asplenium cultrifolium), on pouvait voir la communication 28 L'ANNEE BIOLOGIQUE. dos cellules stomatiques avec leurs voisines]. — Les observations de Kienitz Gerloff sur l'existence des communications protoplasmiques chez les Mous- ses avaient donné des résultats douteux sauf pour la tige de Thuidium deli- catulum) ou même absolument négatifs. Kohi déclare qu'il a vu ces commu- nications chez Catharineà undulata. [Elles existent en réalité chez un très grand nombre de Mousses où elles sont dans beaucoup de cas extrêmement faciles à voir. Puisque j'en ai l'occasion, je signale un fait qui peut tromper les observateurs. Si on ne prend pas des précautions suffisantes dans le gon- flement des membranes de la feuille des Mousses par l'acide sulfurique on peut croire parfois mettre en évidence de très grosses communications in- tercellulaires. C'est une erreur : ces grosses communications résultant de la fusion artificielle de communications très fines et très rapprochées]. — G. POIRADLT. Sur le même sujet : Meyer (91). 121. Studnicka. — Structure de la cuticule et sa formation aux dépens des communications intercellulaires dans Vépiderme. — L'idée de Fauteur est que la plaque de couverture (Deckplatte) ou couche sous-cuticulaire des cellules a une structure intercellulaire, ou plutôt que les septa de cette « Deckplatte », les communications intercellulaires des cellules épidermiques et aussi en partie les cils sont des formations morphologiques semblables. — A. Labbé. 43. Garnier (Ch.). — Les « filaments basaux » des cellules glandulaires. — Reprenant les recherches de Solger et d'ERiK Mùller qui avaient déjà décrit dans la glande sous-maxillaire des formations filamenteuses, Ch. Gar- nier complète leurs observations et les étend à un grand nombre d'autres glandes. Dans les éléments constitutifs de ces différents organes il retrouve les mêmes filaments particuliers; il étudie leurs caractères morphologiques et les rapports qu'ils présentent avec les processus sécrétoires. — Dans la région basale de la cellule glandulaire, l'auteur a observé des filaments fléxueux qui se continuent au niveau de leurs extrémités effilées avec le ré- seau protoplasmique de la cellule. Ils peuvent s'agencer de différentes ma- nières, décrire de longues courbes et dessiner par leur juxtaposition un croissant qui embrasse le noyau dans sa concavité, ou bien se disposer en deux faisceaux situés de chaque côté du noyau, ou bien se ramifier abon- damment et former un réseau en s'anastomosant les uns avec les autres. Ils peuvent aussi augmenter considérablement de volume, s'isoler des travées cy- toplasmiques et figurer, à côté du noyau, des corps volumineux analogues aux Nehenkerne si souvent décrits par les auteurs dans les éléments glandulaires. Ils se colorent fortement, et c'est là un de leurs caractères essentiels, parles réactifs spécifiques de la chromatine, c'est-à-dire par les substances tincto- riales basiques. De plus, leur développement et leur basophilie varient avec les stades du cycle sécrétoire. Ils sont très nombreux et très basophiles dans les cellules en pleine période d'activité glandulaire, c'est-à-dire au moment où la cellule, vide de son produit de sécrétion, travaille activement à l'élabo- ration d'un nouveau matériel; ils sont peu nombreux et moins basophiles dans les éléments chargés de zymogène; ils sont presque indistincts et perdent toute affinité pour les colorants basiques dans les cellules bourrées de granula et qui ont, pour ainsi dire, épuisé tout leur potentiel sécrétoire. D'autre part, le noyau montre un certain degré de chromatolyse pendant la période de grande activité glandulaire. — De tous ces faits, l'auteur conclut I. — CELLULE. 29 que les filaments basaux représentent une partie différenciée du réticulum cytoplasmique, apte à se charger de substances basophiles probablement d'origine nucléaire; étant donnée l'évolution régulière qu'ils présentent au cours des processus sécrétoires, ils participent sans doute à l'élaboration chi- mique qui se réalise dans la cellule. A cause de la présence constante de ces formations dans les éléments glandulaires, l'auteur pense qu'ils représentent un véritable organe spécifique, un cytoplasme spécialement différencié au- quel il donne le nom d' « ergastoplasme » pour spécifier ainsi le rôle probable qu'ils jouent dans le mécanisme de la sécrétion. — P. Bouin. 39. Flemming. — Le nombre des chromosomes chez- V Homme. — On n'é- tait pas encore fixé sur le nombre de chromosomes des cellules somatiques de l'Homme. Suivant les auteurs il varierait entre 18, 24 et 40. Pour Bardele- ben il serait de 8 dans les spermatogonies et de 4 dans les spermatocytes. Flemming conclut de l'examen de coupes de cornée que le nombre serait de 24. — J. Georgewitch. 96. Murrich (J. Playfair Mej. — Epithèlium de l'intestin moyen des Isopodes terrestres. — Les cellules épithéliales de l'intestin du Cloporte sont unies entre elles par une couche protoplasmique appliquée contre la mem- brane basale et formant une sorte de syncytium à la surface duquel s'élèvent des mamelons de section rectangulaire, correspondant aux parties libres des cellules. L'intima recouvre chacun de ces mamelons et s'arrête au ni- veau de la couche syncytiale. Chez les animaux âgés, le cytoplasma devient granuleux, se creuse de vacuoles, et est traversé par des filaments de soutien, de nature chitineuse, qui relient l'intima à la membrane basale. Les noyaux des cellules sont doués de mouvements amiboïdes, et peuvent envoyer dans la couche syncytiale des prolongements qui se mettent souvent en con- tact avec des noyaux de cellules voisines. C'est ce phénomène que Ryder et Pennington ont considéré à tort comme une conjugaison de noyaux. — F. Henné guy. 99. Prenant (A.). — Notes cytologiques. — Cristallo'ides dans la glande thymique du Caméléon. — Analysé ci-dessous (I). 101. — Cristallo'ides intranuclêaires des cellules nerveuses sympathiques chez les Mammifères. — Analysé ci-dessous (II). 102. — Formes cristallines {cristallo'ides ou cristaux?) des matières albumi- noïdes dans les tissus animaux. — Analysé ci-dessous (III). I. Jusqu'à ces dernières années on n'avait guère signalé de cristalloïdes albuminoïdes que chez les végétaux ; peu nombreux ou sujets à caution étaient ceux qu'on avait observés chez les animaux. Récemment des formes cristallines (nous ne parlons que de celles dont la cristallisation est évi- dente) qu'on paraît pouvoir rapporter à des matières albuminoïdes ont été signalées dans divers organes d'animaux. De ce nombre sont les cristalloïdes de Reinke trouvés dans les cellules interstitielles du testicule de l'Homme i.4 /m. bioi, II, 35), les cristaux de Luberscii (Ann. biol., 1. c), dans les spermatogonies du testicule de l'Homme, des cristaux trouvés par Gùn- ther dans les alvéoles de la glande thyroïde chez l'Homme également. Prenant a constaté deux faits nouveaux du même ordre. D'une part, il a observé dans la glande thymique du Caméléon, au milieu de cellules dégé- nérées, des lacunes qui renferment chacune un cristal, régulier, en forme de 30 L'ANNÉE BIOLOGIQUE. prisme oblique à base rhombe, se colorant en rose intense par la safranine. Dans certaines lacunes on trouve, en outre du cristalloïde, des tractus proto- plasmatiques, des boules de dégénérescence, des noyaux mêmes, qui ré- pondent clairement à des vestiges d'une cellule disparue. L'auteur en infère que les cristalloïdes de la glande tliymique du Caméléon, d'une forme pour- tant régulièrement géométrique, peuvent être considérés comme résultant de la confluence et de la cristallisation vraie des masses albuminoïdes en voie de dégénérescence. Toutefois rien ne prouve péremptoirement, ajoute Prenant, qu'il s'agisse d'une dégénération. On pourrait avoir affaire ici à un processus de sécrétion; et le cristalloïde représenterait dans cette glande à sécrétion interne un produit sécrété très particulier. II. Le second fait signalé par Prenant a trait à des cristalloïdes siégeant dans le noyau des cellules nerveuses des ganglions sympathiques du Hérisson; il s'est rencontré à ce sujet avec Lenhossek. Tantôt ces cristalloïdes se pré- sentent comme des bâtonnets rectilignes ou légèrement flexueux, ténus et fort longs: tantôt ils sont courts et épais, ou très fins et flexueux, parfois in- curvés à angle droit ou même aigu. Il paraît exister entre eux d'assez grandes différences quant à l'affinité qu'ils montrent pour les matières colorantes. III. L'examen attentif des rapports des cristalloïdes avec les noyaux dans les- quels ils sont toujours contenus en entier a conduit l'auteur à penser que ces bâtonnets cristalloïdiens ne sont que des portions isolées, régularisées, diffé- renciées chimiquement de la surface du noyau, qui, grâce à ces transforma- tions, prennent l'aspect de cristalloïdes. Chez l'Homme, le Chien, le Chat et le Lapin, Prenant n'a pu rencontrer ces mêmes cristalloïdes dans les cellules nerveuses sympathiques. Faut-il expliquer cette singularité présentée par le Hérisson, en admettant que la production des bâtonnets est en rapport avec l'accumulation des réserves due à l'hibernation chez ce Mammifère? C'est une hypothèse. Quoi qu'il en soit, ces observations relatives aux cristalloïdes in- tranucléaires des cellules nerveuses du Hérisson se rapprochent sur un point de celles qui ont trait aux cristalloïdes de la glande thymique du Caméléon. Ici comme là, la forme cristalloïde est dérivée d'une forme organisée de la substance vivante. — H. Beauregard. Sur le même sujet : List (82). 132. Zalevsky (A.). — Les résinocystes. — Les résinocystes, déjà signalés par Schoennett dans un mémoire en polonais, sont des sacs divisés en al- véoles rayonnant à partir d'un pédicelle très court qui les fixe à la paroi de la cellule. Toute cette charpente est formée de cellulose; le contenu des alvéoles est de nature résineuse. Généralement deux cellules voisines ren- ferment des résinocystes partant d'un même point de la cloison mitoyenne. Leur première origine est inconnue : à l'état le plus jeune observé, le sac contient déjà de la résine et adhère à la membrane par son pédicelle. Les cellules à résinocystes seraient vides de protoplasme. L'auteur pense que leur contenu ne prend pas une part importante aux échanges nutritifs; elles servent de réservoirs à des produits éliminés. — P. Yuillemin. 78. Krause iR.). — Contribution à V élude de Vhistologie des glandes sa/i- vaires. Signification des croissants de Giannuzzi. — L'étude de K. sur les glandes salivaires est surtout une revue critique des différentes théories qui ont été émises à propos de la signification des croissants de Giannuzzi. D'après ses recherches personnelles sur la sous-maxillaire de la Mangouste, l'auteur confirme l'opinion des savants qui considèrent les cellules des croissants I. — CELLULE. 31 comme des éléments spécifiques ; parmi les éléments qui tapissent les acini de la glande sous-maxillaire, les uns seraient séreux et les autres muqueux; tous les organes qui offrent ces deux variétés de cellules sont donc des or- ganes mixtes, histologiquement; à côté du mucus ils sécrètent des substances albuminoïdes. — P. Bouin. 108. Rabl (H.). — Recherches sur V épidémie de V Homme et ses formations, avec une étude spéciale de la kératinisation. — La kératohyaline provient du noyau; ce n"est cependant pas de la chromatine ordinaire, ni vraisemblable- ment de la chromatine métamorphosée, mais le produit de transformation d'une partie constitutive du noyau encore mal connue. C'est pendant cette modification qu'elle se répand dans le corps cellulaire pour s'y solidifier, ou bien elle abandonne le noyau déjà sous sa forme définitive. — G. Salnt-Remy. 62. Heidenhain (M.) et Cohn (Th.). — Sur les microcentres dans les tissus deV embryon d'Oiseau, particulièrement sur les cellules cylindriques et leur Fig. \. Microcentres dans les cellules embryonnaires (d'après Heidenhain et Cohn). rapport avec la loi de tension. — En trouvant des microcentres dans les cel- lules de toutes sortes de tissus chez des embryons d'Oiseau de quatre jours et au-dessus, les auteurs ont donné une base de plus à la théorie de l'ubi- quité des corpuscules centraux, défendue par Heidenhain dans un travail antérieur. Quant à des formations comparables à des sphères attractives, ils n'en ont vu que dans les cellules mésenchymateuses et dans les cellules de l'endothelium vasculaire. K. W. Zlmmermaxx avait déjà fait une observation semblable (Verh. Anat. Ges., 1894) sur les cellules de l'utérus de l'Homme et sur les cellules rénales du Lapin. Les corpuscules centraux sont d'habi- tude tout à fait superficiels dans les cellules épithéliales cylindriques; ils siègent juste au-dessous de la surface libre de la cellule (fig. 1); mais ils peuvent aussi émigrer dans la profondeur de la cellule et se rapprocher du noyau (cellules des protovertèbres). Tel est le- fait, duquel part Heiden- hain pour développer les considérations théoriques suivantes. Il rappelle urre proposition contenue dans un de ses mémoires antérieurs : « Le milieu de la masse totale du corps cellulaire, le milieu du noyau, et le milieu du micro- centre sont situés en ligne droite. Cette ligne droite, je l'appelle F « axe cel- lulaire ». Les cellules épithéliales cylindriques, comme les leucocytes aupa- 32 L'ANNEE BIOLOGIQUE. ravant étudiés par Heidenhain, obéissent à cette loi générale; mais, tandis que dans les leucocytes le microcentre cherche à se rapprocher du centre de la cellule, il s'en éloigne dans les cellules cylindriques. Mais la migration excentrique du microcentre n'infirme pas la légitimité de la construction de l'axe cellulaire, et n'est pas plus contraire à la loi générale de tension (Span- nungsgesetz) formulée par l'auteur, que l'ascension d'un ballon ne contredit la loi de la pesanteur. Il faut seulement bien déterminer les circonstances secondaires qui ont produit ce déplacement périphérique et en rechercher le but physiologique spécial. Sur le mécanisme de ce déplacement périphé- rique, l'auteur ne s'explique guère , car ce n'est pas en traitant simplement d'hétérotypique la migration excentrique du microcentre qu'il pourra donner l'illusion d'une explication. Pour ce qui est du but physiologique spécial à atteindre, c'est, dit-il, la fixation du microcentre assurant sa permanence pendant le repos cellulaire ; et c'est aussi la nécessité de donner un point fixe à la structure cellulaire, lorsque la cellule épithéliale cylindrique se préparant à la mitose subit le changement de forme et de volume bien connu, s'arrondit et s'hypertrophie. [Remarquons que la situation superficielle que prend le microcentre dans la cellule épithéliale est au contraire des plus dé- favorables pour la permanence de ce microcentre. Car nombre de cellules glandulaires, qui, comme celles de l'épididyme, forment leur produit de sé- crétion en décapitant toute leur partie superficielle, perdront ainsi avec elle le précieux et impérissable microcentre. Il y a là de quoi mettre dans l'em- barras Heidenhain, et aussi v. Lenhossek, s'il eût tenu compte dans son ré- cent travail sur l'épididyme (Verh. Anat. Ges., 98) du court mémoire d'HENRY (Bibl. anatomique 97) ]. Heidenhain, qui se plaint que son but en fondant la théorie de la loi de tension n'ait pas été compris de Boveri, déclare qu'il a voulu d'abord par in- duction donner un schéma statique de la cellule au repos, et que, se fondant sur cette statique comme sur une base nécessaire, il a voulu ensuite passer par déduction à la dynamique de la cellule en division. Il croit, et avec raison, avoir fait œuvre utile en établissant l'état d'équilibre, la statique, de la cellule quiescente, dont personne jusqu'ici n'avait tenté de donner une idée. Passant, après cette déclaration de principes, à l'interprétation théorique de la dyna- mique des cellules épithéliales, il expose les considérations que voici. Le fu- seau de division, dans le cas le plus simple, doit être perpendiculaire à l'axe de la cellule-mère ; et, le noyau demeurant en place ou se déplaçant suivant l'axe de la cellule vers le centre du corps cellulaire, les deux centres-fils vien- dront occuper des points symétriques et opposés par rapport au noyau. La forme du mouvement intracellulaire qui a lieu alors peut être exprimée par le mouvement des axes des futures cellules-filles, c'est-à-dire parle mouve- ment des lignes en, ehin c'2n, czn, qui unissent le centre nucléaire à chacun des centres-fils à tout moment de leur déplacement. Si l'on désigne l'axe cellu- laire (de la future cellule-fille), mené à chaque instant de ce mouvement par le noyau et le microcentre, sous le nom de rayon vecteur, la loi qui régit le mouvement intracellulaire préparatoire à la mitose est très semblable à la pre- mière loi de Kepler. « Les centres se meuvent autour du noyau suivant des courbes planes ; leurs lignes d'union avec le noyau, leurs rayons vecteurs, dé- crivent dans le même temps des aires égales. » Au moment de l'anaphase, les axes des futures cellules-tilles sont encore dans la plupart des cas paratangentiels ; mais ces axes, dans la cellule par- venue au repos, ont effectué une rotation de 90°, puisque le centre est devenu superficiel et que l'axe cellulaire, qui unit le centre et le noyau, est devenu vertical. Ce résultat avait été prévu par l'auteur avant qu'il connût la situa- I. — CELLULE. 33 tion superficielle des microcentres dans les cellules épithéliales; il avait même considéré la rotation, qui se produit à la fin de la division, pendant la télophase, comme la condition nécessaire pour la formation d'un épithé- lium cylindrique à une seule couche: de l'absence de rotation doit au con- traire résulter l'accroissement de l'épithélium en épaisseur. Tel est le problème de Vangle de rotation régulière des centres et du contenu cellulaire entier, problème que l'auteur se contente de poser. Heidenhain rappelle ensuite que dans les leucocytes, cellules mobiles, il a montré la situation variable des centres par rapport au noyau. Donc l'axe de Flemming, c'est-à-dire la ligne menée par les deux corpuscules du micro- centre, n'a pas de valeur morphologique dans les leucocytes. Heidenhain avait au contraire supposé à priori que, dans des cellules fixes (telles que sont les cellules épithéliales), la situation des corpuscules du microcentre doit être fixe aussi. Or il se trouve, observations faites, que les deux corpuscules qui forment ensemble le microcentre d'une cellule épithéliale sont orientés l'un par rapport à l'autre d'une façon constante, la ligne qui les joint étant dirigée selon l'axe de la cellule, selon le rayon vecteur. Donc, dans les cellules fixes, la ligne menée par les deux corpuscules composants du microcentre (axe de Flemming, axe secondaire de la cellule) coïncide avec celle qui joint le microcentre et le milieu du noyau (axe principal d'Heidenhain, rayon vec- teur). Toute autre condition est une condition dérivée, secondaire. Lorsque plus tard deux nouveaux corpuscules centraux prendront naissance dans chaque cellule-fille par division du corpuscule polaire de la figure mitotique. ces deux corpuscules pourront se déplacer suivant une ligne (l'axe de Flem- ming) dont l'orientation sera quelconque , bien que cette ligne soit toujours contenue dans un plan perpendiculaire à l'axe du fuseau. Mais la division ne sera homœotypique que quand cette ligne de déplacement des nouveaux cor puscules centraux sera perpendiculaire à l'axe du fuseau; car alors seule- ment, cette ligne coïncidera avec l'axe cellulaire de Heidenhain et amènera les nouveaux corpuscules, le microcentre de la cellule-fille, à la surface inté- rieure de celle-ci. — A. Prenant. 4. Ballowitz. — Sur l'évidence et l'aspect des centrosomes non colorés dans des cellules de tissu au repos. — On s'est surtout attaché à étudier les centrosomes sur les préparations colorées. L'épithélium du manteau de la cavité pharyngienne et cloacale des Salpes est, pour l'observation des cen- trosomes, un excellent objet; car sur des préparations fixées mais non colo- rées, on peut déjà reconnaître ces centrosomes, à cause de leur grande réfrin- gence, comparable à celle des nucléoles. On voit ces centrosomes, au nombre de deux habituellement, dans une grosse tache claire arrondie, qui est la sphère, et qui est située dans la concavité du noyau incurvé en fer à cheval. — A. Prenant. 52. Guignard. — Les centrosomes chez les végétaux. — Farmer, Stras- burger et d'autres ayant mis en doute l'existence de centrosomes et de sphères attractives dans les cellules des plantes supérieures, Guignard a repris leur étude dans les cellules-mères polliniques de Xymphea, Nuphar et Limodo- rum. Le fuseau de division n'est pas tout d'abord bipolaire; il est souvent, sinon toujours, précédé d'une figure pluripolaire. Par des réactifs convenables, on peut déceler aux pointes du fuseau bipolaire un corpuscule colorable, et il semble bien que des radiations cytoplasmiques partent de ce point; dans le cas de figure pluripolaire, il paraît y avoir un corpuscule colorable au sommet de chacun des cônes qui la composent. Guignard admet donc, mais l'année biologique, m. 1897. 3 34 L'ANNÉE BIOLOGIQUE. non sans réticences et hésitations, que les plantes supérieures possèdent des éléments cinétiques différenciés, comme ceux des plantes inférieures et des animaux. — L. Cuéxot. 31-32. Erlanger (von). — Origine, rôle et structure du corpuscule central. — Dans les œufs des Nématodes, Echinodermes,Tardigrades, les corpuscules centraux du premier fuseau de segmentation proviennent du corpuscule cen- tral du segment intermédiaire du spermatozoïde. On ne peut admettre la théorie de Fol (quadrille des centres), pas plus que celle de Wheeler (cor- puscules centraux émanant du centrosome des ovocytes de premier ordre). La forme du centrosome du premier fuseau varie avec la forme du fuseau lui-même. Ainsi, chez les Nématodes, dont les fuseaux directeurs sont en ton- nelet, les centrosomes sont des disques aplatis perpendiculaires à l'axe du fuseau. Chez Y Ascaris megalocephala, après la pénétration du spermatozoïde, la tète de ce spermatozoïde se désintègre et forme un amas de granulations (zone de détritus) que Boveri a confondu avec la sphère attractive. Pendant un certain temps, le pronucleus mâle est à demi engagé dans une sorte de calotte (segment intermédiaire), puis le spermocentre s'en dégage, et s'éloi- gne du pronucleus mâle et de la zone de détritus pour se placer entre les deux pronucleiqui sont venus s'accoler. Il est d'abord nu, diminue beaucoup de volume et est toujours placé dans un espace libre entre les pronuclei ac- colés et la surface de l'œuf. Puis la division commence. — A. Labbé. 128. Watase (S.). — Les microsomes et leurs rapports avec les centrosomes. — La substance vivante se présente sous deux formes qui passent facile- ment de l'une à l'autre dans des conditions données : ou bien des micro- somes isolés, ou bien des filaments clairs, hyalins, pouvant constituer un ensemble filaire, réticulaire ou vésiculaire suivant les cas ; on peut observer ces changements dans l'ovule qui n'a pas quitté l'ovaire. — Dans plusieurs phé- nomènes cellulaires, karyokinèse, fécondation, mouvements des cellules mo biles, accroissement périodique suivi de diminution chez d'autres, c'est le pas- sage plus ou moins rapide de l'un de ces états à l'autre qui explique les principaux traits des modifications que l'on observe dans le cytoplasma, en particulier l'apparition des centrosomes dans ces divers cas. De plus, l'auteur a démontré dans un ouvrage sur l'œuf de V Ascaris, qui n'a pas encore paru, la disparition totale de l'ovocentre aune certaine période de son évolution. Tout cela est contraire à l'opinion qui fait du centrosome un organe permanent de la cellule. — L. Defrance. 60. Heidenhain (M.). — Sur les microcentres de cellules géantes multinu- clèêes et sur la question du corpuscule central en général. — Il s'agit, dans la partie descriptive de ce travail, de cellules géantes à noyaux multiples obser- vées dans une glande lymphatique du mésentère d'un jeune Lapin. Ces cel- lules, qui étaient altérées pathologiquement, n'offraient pour la plupart, au lieu d'un microcentre pluricorpusculaire, qu'un microcentre simple et indivis, situé exactement au centre de la cellule; ou bien le microcentre unique comprenait plusieurs corpuscules réunis par une substance intermé- diaire (fortement colorable par la rubine), qui représentait une centrodes- mose primaire, comme les sphérules chromatiques d'Altmann sont réunies dans une masse de linine fondamentale. Dans les cellules géantes de lapins grande taille, le microcentre prenait une forme irrégulière, s'allongeait par exemple en un bâtonnet. Assez souvent, la cellule présentait plusieurs micro- centres éloignés l'un de l'autre. Quant aux noyaux, ils avaient une situation T. — CELLULE. 35 absolument périphérique. Heidenhain ne cache pas son admiration pour la netteté avec laquelle la situation périphérique des noyaux opposée à la posi- tion centrale du microcentre exprime sa « loi de tension » : « c'est, dit-il, comme si la nature avait fait ces cellules, pour illustrer la loi de tension ». Cette courte description de faits est suivie d'une partie théorique considé- rable, dans laquelle Heidenhain se propose surtout de détruire les objections élevées par Boveri contre sa conception du corpuscule central et de la sta- tique intracellulaire. Il constate avec satisfaction que de jour en jour les par- tisans de la spécificité substantielle du corpuscule central, de l'ubiquité des corpuscules centraux deviennent plus nombreux. Il réfute : Farmer, Bolles Lee, dont les insuccès dans la mise en évidence des corpuscules cen- traux sont imputables à des fautes de technique ; Watase qui, en faisant dé- river ces corpuscules des cytomicrosomes, n'a pas su distinguer les uns des autres par des réactions de coloration; Rcckert qui, en nommant centro- somesdes amas de cytoplasme, a pris pourcentrosome, faute de mieux, ce qui se présentait à son observation; K. \Y. Zimmermann, dont le centrosome réti culé avait le tort de se colorer par un réactif qui ne colore jamais les vérita- bles corpuscules centraux; Boveri, qui a pris la sphère pour un centrosome, et n'a pas vu les véritables centrosomes ou corpuscules centraux. Il conclut: les formations centrales des cellules consistent, partout et à tout moment, en corpuscules centraux ; il n'y a qu'une forme de corpuscules centraux, unités morphologiques indivisibles, qui se groupent diversement en nombre varié, forment des unités dynamiques d'ordre supérieur, les microcentres; et encore : « les corpuscules centraux sont des granules nettement déli- mités, solides, de très petite taille (colorables entre autres par l'hématoxy- line ferrique spécifiquement) ; ils possèdent la propriété d'assimiler, de s'ac- croître et de se multiplier par des bourgeons; ils montrent à un haut degré la tendance à former des groupes, unis entre eux à l'intérieur de ce groupe par une substance qui s'étire lors de leur multiplication ; ils peuvent fournir, ou bien considérés isolément ou bien en tant qu'unis en groupe, les points d'origine des filaments d'un système centré ». — A. Prenant. 113. Samassa. — [Centrosomes libres dans les disques germinatifs pathologi- ques de Salmo irideus]. — L'auteur a fait des sections dans le disque germinatif et le périblaste d'œufs âgés de 2 à 3 jours qui sont le siège de manifestations pathologiques. Les blastomères sont souvent réunis en syncitium, mais le fait le plus intéressant c'est l'existence dans le périblaste, très éloigné du noyau, de centrosomes libres dans le protoplasme et entourés de radiations caractéristiques. Le nombre des centrosomes dépassait de beaucoup celui des noyaux. Ainsi que le fait justement remarquer Samassa, cette observation tendrait à prouver l'indépendance du centrosome par rapport au noyau. — C.-B. Davenport. 87. Mead (A. D.). — La vitesse de division des cellules et la fonction du centrosome. — Ce mémoire fait faire un progrès important à nos idées sur la nature de la fécondation et sur les causes de la division cellulaire. L'opinion qui tend à dominer est que le centrosome est la partie la plus nécessaire au mécanisme de la mitose et la cause immédiate de la division de l'œuf. L'acte de la fécondation aurait pour but, d'après quelques auteurs, d'introduire dans l'œuf un nouveau centrosome pour remplacer le centrosome dégénéré de celui-ci; les observations de Mead parlent hautement contre cette opinion. L'œuf de l'Annélide Chœtoplerus subit l'évolution conduisant à la formation du premier globule polaire, mais le fuseau de maturation ne dépasse pas 36 L'ANNEE BIOLOGIQUE l'anaphase et y reste pendant des heures, jusqu'à ce que la fécondation se produise. Il est donc évident qu'il attend le stimulus approprié. Mais quel est ce stimulus? Se rappelant le fait que, chez les Vertébrés, des solutions faibles de certains sels ont une action stimulante sur le muscle cardiaque, l'auteur a essayé l'effet de solutions de ce genre sur le fuseau quiescent. Effectivement, l'œuf au stade en question placé dans une solution de 1 4 à J/2 pour cent de K ( 1 dans l'eau de mer reprend immédiatement son activité mitosique : le premier globule polaire se forme, puis le second d'une façon tout à fait nor- male. Même, le lobe vitellin se forme mais se résorbe d'ordinaire dans l'œuf non divisé. Exceptionnellement, les œufs ont pu effectuer une première bipartition. L'effet du chlorure de potassium est celui d'un stimulus et non d'un poison, car, après que les œufs ont subi l'évolution en question sous l'influence d'une courte immersion dans le liquide salin, on peut, après les avoir fécondés hors de ce liquide, les y replacer et les voir y subir une évo- lution normale ; en outre, le stimulus est dû à une action spécifique du sel et non à un changement de densité, car le chlorure de sodium ne produit pas le même effet. Les phénomènes de division de la cellule et du noyau dans l'œuf non fécondé, sous l'action stimulante du sel, sont semblables à ceux que produit la fécondation, et sont cependant indépendants d'un spermocentre. — De cette similarité de faits on peut conclure que le spermatozoïde agit « en exerçant sur l'œuf une influence chimique et non en lui fournissant un organe spécial de division ». L'auteur attire l'attention sur la signification de ces expériences relativement aux vitesses diverses de division des blasto- mères dans un embryon, et conclut que la division plus ou moins rapide d'une cellule donnée ne dépend pas de sa position dans le système mais de sa nature spéciale et, plus particulièrement, de son aptitude à répondre à un stimulus. — C.-B. Davenport. 17. Child. — Centrosome et sphère dans les cellules du stroma ovarien des Mammifères. — Si l'on examine les cellules du stroma ovarien chez une Lapine ou une Chienne fécondée, on trouve contre le noyau une forte con- densation cytoplasmique, colorable par l'érythrosine, très confusément rayonnée, qui renferme un ou deux centrosomes mis en évidence par l'héma- toxyline ferrique. Il est tout à fait improbable que ces sphères [?] soient en rapport avec une division récente ou prochaine, car ces cellules ne présen- tent jamais de mitoses. — Ce qui est très particulier, c'est que ces structures, d'après Child, ne se rencontrent que dans les ovaires de femelles fécondées, soit pendant le part, soit pendant la lactation ; trois Lapines vierges n'en ont pas offert la moindre trace. D'autre part, le Rat blanc et le Chat, fécondés ou non, n'en possèdent pas non plus. Il semble d'ailleurs que les cellules qui forment le stroma ovarien chez la Lapine et la Chienne, s'hypertrophient lorsque la femelle est fécondée; l'apparition du centrosome et de la sphère a peut-être quelque rapport avec cette hypertrophie. — L. Cuénot. 49, 50. Godlevski />//?. (E.). — Sur la mitose multiple dans la spermatogénèse de l'Hélix pomatia. — De nombreux auteurs ont déjà constaté des sperma- tocytes de 2 et 4 noyaux et des mitoses pluripolaires dans ces cas. Pour Meves c'est une anomalie. Chez Hélix pomatia, au cours de la mitose habituelle, se produit au stade d'aster une perturbation du corps cellulaire vers la zone équatoriale de la cellule. Parfois même la division s'arrête. Mais dans ce cas il y a toujours formation d'une plaque intermédiaire typique. Il se forme donc des cellules à 2 noyaux, et même à 4 noyaux, par arrêt de la division cellulaire. Cet arrêt de la mitose peut survenir dans toute une génération I. — CELLULE. 37 de cellules séminales : dans ce cas, on a des spermatides à 2 noyaux, des spermatocytes de premier et de deuxième ordre à 2 noyaux, et des sperma- togonies à 2 noyaux. Les cellules séminales ainsi formées ne diffèrent des cellules normales mononucléées que par leurs plus grandes dimensions. Entre les 2 noyaux sont les centrosomes habituels. Lorsque ces noyaux entrent en division, ils fournissent 2 figures karyokynétiques à l'intérieur d'un même corps cellulaire. Il peut y avoir, pour les mêmes causes, des spermatides à 4 noyaux, à 8 et 6 noyaux. L'auteur n"a pas observé, comme Auerbach, des cellules à 3-5 noyaux. Dans les mitoses multiples bipolaires, les centres possèdent le même groupement de filaments et les mêmes forces que dans les mitoses simples normales. Le « système » de Heidenhain est aussi vrai pour les mitoses multiples que pour les mitoses simples. Quelle est la cause de ces divisions nucléaires sans divisions cellulaires? Galeotti, Norman, Driesch, Loeb, etc., ont fait voir l'influence des poisons ou des agents chimiques. Auerbach, pour la Paludine, avait invoqué l'action de la tempéra- ture. Pour l'Hélix, l'auteur n"a pu constater l'intervention d'aucune de ces causes. Quoi qu'il en soit, de telles spermatides aboutissent à la formation de spermatozoïdes simples, normaux, comme les spermatides normales. — A. Labbé. 24. Doflein (F.). — Caryocinèse du noyau spermatique. — Dans ce travail, l'auteur cherche à montrer que le centrosome du spermatozoïde d'Oursin est d'origine nucléaire et représente la substance achromatique du noyau. Il a élucidé cette question par la voie expérimentale en analysant les phénomènes cytologiques qui se passent dans les œufs d'Oursins fécondés dont il a empê- ché le développement normal à l'aide de substances narcotiques. Il a étudié surtout les espèces Sphserechinus granularis et Strongylocentrotus lividus, qu'il a traitées, quelques minutes après la fécondation, par une solution aqueuse d'hydrate de chloral à 0,2 r V-V-.V / - -y- Fig. 2. — Fuseau et radiation double produits par des centres de même charge et de polarités contraires (d'après Gallardo). hypothèses), il est naturel que ses alvéoles, grains ou fibres s'orientent selon les lignes de force du champ , de même que le fait la limaille de fer dans le fantôme magnétique. Mais quelle est l'essence intime de la force caryocinétique? Est-elle quel- qu'une des manifestations de la force étudiées en physique et en chimie, comme l'électricité, le magnétisme, la force chimiotactique, etc., ou bien une combinaison de ces forces? S'agit-il d'une manifestation spéciale de l'énergie chargée de présider à l'important phénomène vital de la division cellulaire"? Le raisonnement est incapable de trancher la question, qui ne pourra être résolue que par l'expérimentation. Mais peu importe la connaissance de la force même pour la vérité de l'interprétation que nous proposons ; quelle que soit la force active, il suffit qu'elle soit centrale, newtonienne, pour que la formation des fuseaux ou des spectres caryocinétiques réponde à la loi ma- thématique générale déduite pour toutes les forces newtoniennes. Il y a, toutefois, certaines raisons qui poussent à penser qu'il s'agit de manifes- tations électriques. Il y a certainement, dans l'intérieur de la cellule, déga- gement de forces électriques ; et des physiologistes, comme Sachs, l'ont montré par des expériences. Les transformations chimiques actives qui s'ef- fectuent dans la masse protoplasmatique doivent être une source d'électricité. Les études de chimie cellulaire ont montré que la chromatine, le nucléole, les substances achromatiques du noyau et les portions figurées du proto- plasma ont une réaction acide, tandis que le suc nucléaire et la partie homo- gène et transparente du protoplasma sont basiques. Cela autorise à croire I. — CELLULE. 47 que les uns sont électropositifs et le autres électronégatifs. On sait que Fol a été même beaucoup plus loin et a établi une théorie électrique du proto- plasma. 0. Hertwig avait comparé les « actions réciproques entre le protoplasma et le noyau » qui s'exercent pendant la division à celles qui se passent entre les particules de limaille soumises à un aimant. Ce qui pour Hertwig n'avait que la valeur d'une métaphore devient pour Gallardo l'expression même de la loi, puisque tous les champs de force aussi bien magnétiques que caryoci- nétiques sont régis par les mêmes lois, c'est-à-dire celles de toutes les forces centrales new toniennes , depuis la gravitation universelle qui régit le mou- vement des astres jusqu'aux énergies qui gouvernent la cellule ou le monde des molécules et des atomes. L'auteur est convaincu que son interprétation peut expliquer les particula- Fig. 3. — Orientation sous l'influence d'un courant électro-statique de cristaux de sulfate de quinine tenus en suspension dans l'essence de térébenthine (d'après Gallardo). rites des figures caryocinétiques dans la division cellulaire, dans la féconda- tion, etc.. en les faisant entrer clans une catégorie plus générale de phéno- mènes physio-mécaniques. [Certaines difficultés qu'on a suscitées à cette théorie ne nous paraissent pas insurmontables. — On a objecté la forme cur- viligne qu'affectent souvent les rayons de l'aster, forme qui peut être cependant celle des figures magnétiques, et qui peut s'exagérer jusqu'à donner naissance à une figure d'ensemble spiralée, à un véritable tourbillon, produit par la rotation du centre attractif ou de la masse même du champ. — On a reproché aussi à la théorie newtonienne le croisement des rayons observé quelquefois, tandis que tous les rayons devraient diverger sous des angles rigoureusement égaux; mais on oublie trop l'influence déformante possible de la préparation elle-même]. La division indirecte est expliquée ainsi dans l'hypothèse de Gallardo. i A un moment donné de la vie de la cellule, dit-il, une force que j'appelle- rai karyokinétique , pour ne pas préjuger de son essence, acquiert une cer- taine tension en se polarisant autour de deux points. Sous l'influence de la polarité générale, les centrosomes pourvus d'un aster se séparent suivant une courbe de force du champ général et se dirigent vers les pôles où ils at- teignent leur énergie maximum. A ce moment tous les microsomes du proto- plasma ambiant sont définitivement orientés sous l'influence des forces 48 L'ANNEE BIOLOGIQUE. attractives concentrées aux centrosomes et dessinent la figure achromatique que nous appellerons fantôme karyokinè tique. Cette énergie maximum dé- termine la séparation des anses jumelles, et leur marche vers les pôles, suivant les lignes de force du fuseau. Quand les groupes de segments arri- vent près des centrosomes. les forces attractives sont neutralisées par celles développées dans les chromosomes; en conséquence, la polarité disparaît, toutes les forces s'étant recomhinées; le champ de force s'évanouit en même temps que sa manifestation extérieure (fantôme karyokinétique). » Venant à l'interprétation du schéma qu'HEiDENHAiN a imaginé pour vérifier sa théorie mécanique de la karyokinèse, Gallardo dit que par là Heidenhain a cherche à démontrer empiriquement une loi de tension des systèmes cen- trés qui n'est en réalité que la loi même des champs de force, avec cette dif- férence que l'application des procédés mathématiques en permet une étude bien plus exacte et satisfaisante. Il suffit de se rappeler que, pour Faraday, les lignes de force ne sont pas une simple conception mathématique, mais qu'elles ont une existence réelle, répondant à un état particulier de l'espace qui en- vironne les pôles. Faraday se représente ce milieu comme tendu suivant les lignes de force, et volontiers il remplaçait celles-ci dans sa pensée par des fils élastiques ayant une tendance à se contracter en provoquant le rappro- chement des pôles voisins. Les bandes élastiques de Heidenhain sont la re- présentation matérielle et approchée des lignes de force ». Gallardo reproduit artificiellement les figures de division par l'expérience sui- vante de Faraday. Deux fils conducteurs (fig. 3) terminés chacun par une boule métallique aboutissent dans une cuve de cristal remplie d'essence de térében- thine, liquide mauvais conducteur de l'électricité, dans laquelle sont en suspen- sion de très fins cristaux de sulfate de quinine, substance semi-conductrice. En reliant les fils conducteurs aux pôles d'une machine électrostatique et char- geant le plateau, on voit les cristaux du sel de quinine s'orienter selon les lignes de force du champ électrique engendré et dessiner très nettement une radiation autour de chaque boule et un fuseau qui unit les deux boules. La figure ainsi obtenue est très semblable à la figure de division. On peut re- produire les figures multipolaires de la division en introduisant dans la cu- vette un conducteur qui communique avec la terre par le moyen de l'opéra- teur; on obtient ainsi un triaster. Si à l'équateur du fuseau du spectre bipolaire on suspend par des fils de soie des lames d'or, ces lames sont at- tirées vers les pôles, autour desquelles elles se groupent en simulant le che- minement des chromosomes. La supériorité du schéma de Gallardo sur le schéma magnétique de Ziegler et des autres auteurs, est qu'il n'est pas seulement une figure plane mais une figure dans l'espace. Il sera possible d'étudier mathématiquement les figures cinétiques de la cellule, puisqu'elles sont superposables à celles que produisent les forces newtoniennes. Divers cas peuvent se présenter. Dans celui d'un seul centre de force, les surfaces équipotentielles sont des sphères concentriques et les lignes de force sont des rayons; c'est le cas des centrosomes ou noyaux isolés pourvus d'un aster. Quand il y a deux centres de même charge et deux po- larités égales, les lignes de force divergent entre les deux centres et les équipotentielles ont une figure spéciale ; c'est le cas des spermocentres ob- servés par Mac Farland (Zool. Jahrb., X, 97) qui ne forment pas de fuseau pendant l'éloignement dû à Légalité de leurs polarités. Si les deux centres sont de la même charge et de polarités contraires, nous avons un fuseau et deux radiations: et nous sommes dans le cas général de la karvokinèse. Les triasters et polyasters correspondent parfaitement aux figures de force mul- I. — CELLULE. 49 tipolaires. Les formes spirales ou tourbillonnantes sont produites par la rota- tion du centre attractif ou de la masse protoplasmique. Les figures karyoki- nétiques anormales pourront recevoir par la théorie mathématique des forces newtoniennes une interprétation dynamique. Une reste plus à l'auteur qu'à renvoyer (comme il le fait d'ailleurs, donnant ainsi la note de son intéressant essai) pour les définitions, formules et constructions, aux traités de Maxwell. Daguin, Gérard, Jamin. — A. Prenant. 45, 46. Giglio-Tos. — La structure et l'évolution des corpuscules rouges du sang chez les Vertébrés. — Les hématies des Vertébrés renferment, au moins dans le courant de leur développement, une substance hémoglobinogène, soit sous la forme de granules browniens qui se déplacent dans la cavité de l'hé- matie (Lamproies adultes, embryons ou larves des autres Vertébrés), soit sous forme d"un amas périnucléaire liquide et incolore (Vertébrés adultes) ; cette substance ou érythrocitine (voir Ann. biol., II, 1890, p. 71) servirait à en- lever du sang une substance déterminée et. en s'unissant avec elle, à fabri- quer de Thémoglobine; l'érythrocitine dérive de la chromatine nucléaire, ce qui explique que. dans le courant de l'évolution du globule rouge, le noyau se rapetisse très visiblement; le processus atteint son maximum chez les Mam- mifères, en ce sens que toute la chromatine subit la transformation en subs- tance hémoglobinogène, de sorte que le noyau disparaît dans l'hématie adulte. G. admet que l'hémoglobine de l'hématie est renfermée à l'état dissous dans un espace annulaire, à paroi propre, très élastique; le centre de cet anneau est occupé par la substance hémoglobinogène centrale et le noyau, quand celui-ci persiste. La paroi élastique est une différenciation du cytoplasme et le tout est enveloppé de la membrane cellulaire. — L. Cuénot. Sur le même sujet ; Eisen (25) et Giglio-Tos (47). 111. Sacharov (N. ) . — Les parasites de la Malaria dans les hématoblastes et utilisation de la morphologie de ces parasites pour la solution de divers pro- blèmes d'hématogênèse et de pigmentation. — Dans les érythrocytes des Oiseaux, se trouvent des Sporozoaires, les Leucocytozoa de Danilevsky {Halteridium Labbé et Hemoproteus Labbé) qui sont karyophages et se nourrissent de la substance nucléaire. L'étude de ces parasites et des érythrocytes a conduit l'auteur aux résultats suivants. Dans la vacuolisation des érythrocytes se ren- contrent, en grande quantité, des corpuscules brillants qui ressemblent beau- coup aux sporozoïtes des parasites karyophages. Ces corpuscules très réfrin- gents munis de granules sombres en leur centre sont formés d'hématine et de plaquettes sanguines (Blutplàttchen) ; ils ne se dissolvent pas dans les acides concentrés et sont plutôt formés de mélanine : cette mélanine se retrouve dans les parasites par suite de la nutrition intracellulaire, les parasites ab- sorbant la paranucléine des nucléoles des hématoblastes ; l'auteur appelle cette substance nucléomélanine. Dans les noyaux des érythrocytes se trouve une substance qui, sous l'in- fluence de l'acide picrique, se transforme en hématine et en corps protéiques ; ces derniers par leurs propriétés sont identiques aux plaquettes sanguines. Les granulations éosinophiles, rondes ou en bâtonnets, sous l'action de l'acide picrique, se transforment également en corpuscules brillants avec granula- tions sombres et sont formées d'hématine : ce ne sont pas autre chose que les nucléoles des hématoblastes qui doivent jouer un rôle important dans la for- mation du sang. Il est, en effet, certain que l'hémoglobine se forme aux dé- pens de ces nucléoles émigrés du noyau dans le protoplasma : ces nucléoles ne sont point des produits hypothétiques et se voient bien dans les prépa- ie" année biologioue, m. 1897. 4 50 L'ANNEE BIOLOGIQl IE. rations colorées. Ils émigrent hors du noyau et consistent en hématine et en granules protéiques phosphores, puisse transforment en hémoglobine dans le protoplasma des hématoblastes. Les granules de mélanine des parasites karyophages ne sont autre chose que certains de ces nucléoles dégénérés. Ces nucléoles renferment du fer. La partie de la suhstance nucléinique qui a assimilé le fer prend les propriétés de la paranucléine, et les différences biologiques entre la nucléine et la paranucléine disparaissent dans ce cas. Tous ces nucléoles sont dépourvus de filaments chromatiques. La sortie de ces nucléoles hors du noyau, et leur rôle dans la formation de l'hémoglobine et des granulations éosinophiles, sont considérés par l'auteur comme démontrés. Dans l'hématoblaste des Mammifères, la partie du noyau qui renferme du fer se transforme par karyolyse en hémoglobine ; cette transformation a lieu non seulement dans les nucléoles émigrés, mais aussi dans la partie périphérique du noyau chromatique ; quant à la partie du noyau qui ne renferme pas de fer, elle ne se transforme pas en hémoglobine, et sort de la cellule. — A. Labbé. 55. Hammar. — Sur les phénomènes de sécrétion dans Vépididyme du Chien. — Dans ce travail, Hammar complète les recherches de Schaffer et van der Striciit sur les phénomènes de sécrétion que l'on observe dans l'épidi- dyme. Il s'est adressé au Chien et accessoirement au Renard. Chez le Chien, les phénomènes de sécrétion se présentent aussi bien dans les cônes efférents que dans les tubes épididymaires eux-mêmes. — Les cônes efférents sont tapissés par une seule rangée de cellules cylindriques, sans cellules de rem- jDlacement. En général, l'épithélium qui revêt les canaux d'un même cône présente partout la même disposition; cette disposition varie d'une manière notable si pon s'adresse à des canaux appartenant à des cônes voisins. Dans quelques cônes seulement, les cellules offrent les images que l'on représente d'ordinaire et possèdent l'aspect d'éléments cylindriques ou cubiques, à pro- toplasme homogène, munis de cils vibratiles. Partout ailleurs, elles offrent des différences de structure tellement considérables qu'on a tout de suite l'impression que chacune d'elles se trouve à un stade différent d'activité fonctionnelle. D'ailleurs, un examen attentif y fait constater les images mi- croscopiques qui caractérisent, dans les éléments glandulaires, les différentes phases de la sécrétion. Aussi, l'auteur considère-t-il que les cellules qui tapis- sent les vasa efferentia sont des éléments essentiellement glandulaires; ils parcourent un cycle sécrétoire dans lequel on peut distinguer 4 phases : 1°) une phase de repos où les cellules présentent les caractères indifférents des cellules ciliées ordinaires; 2°j une phase de sécrétion active pendant laquelle les cellules se chargent de granulations qui apparaissent dans les mailles du réticulum cytoplasmique, s'accroissent de plus en plus et rem- plissent peu à peu toute la cellule; 3") une phase d'excrétion pendant laquelle les cellules perdent leurs cils vibratiles, redeviennent claires et finement réticulées à la suite de l'élimination de leurs granula de sécrétion: 4°) une phase de reconstitution où les cellules recouvrent leur aspect ordinaire, reconstituent, à ce qu'il semble, leurs cils vibratiles, prennent la forme cubique et entrent dans la phase de repos. — Dans ie canal épididymaire, on constate (pie l'épithélium est constitué par des cellules cylindriques, étroitement serrées les unes contre les autres; au niveau de leur extrémité interne elles sont réunies par des « Schlussleisten ». Leur protoplasme nous montre une fine striation longitudinale et il semble que ces striations se continuent directement avec les cils vibratiles qui garnissent leur extrémité interne. Entre les pieds de r> L'ANNEE BIOLOGIQUE. les granulations se meuvent à travers un corps au inoins relativement struc- ture (granules et fibrilles se déplaçante Vintérieur des lamelles) ; c'est un .fait que l'on ne peut voir dans un fluide liquide. On peut encore mieux se rendre compte de ces faits, en observant, ce qui est facile, que les lamelles peuvent se contracter, et parfois se contractent plus d'un côté que de l'autre : dans ces cas, on observe une courbure très visible , et on peut observer fa- cilement que c'est probablement aux fibrilles des lamelles que sont dues ces contractions. — A. Lâbbe. 3. Arthur (J. G.). — ■ Les mouvements du protoplasma dans les hyphes à structure continue. — De nombreuses Mucorinées montrent des courants protoplasmiques qui, en général, sont dirigés vers la partie en voie de crois- sance. Le mouvement est irrégulier : à 28° C. la vitesse est environ 4 fois plus grande que celle des courants endoplasmiques du Nitella. Parfois, le sens du mouvement change et même peut se renverser complètement. Les mou- vements sont dus à un déplacement de l'eau dans le filament mycélien; le contenu du tube tend alors à s'écouler pour combler le vide résultant de cette perte d'eau. C'est donc un phénomène purement physique, le protoplasma n'étant entraîné que passivement. Lorsque le filament mycélien est en pleine turgescence, on peut déterminer un mouvement d'écoulement dans une direction quelconque. Il suffit de placer sur l'hyphe une substance très avide d'eau et traversant facilement la membrane pour voir se produire un retrait de liquide sur ce point et par suite un mouvement du proto- plasma. — A. J. Ewart. 64. Herrera (A. L.). — Les Infusoires artificiels . Explication du mouvement vibratile. — Si on dépose avec précaution à la surface de l'eau une particule de camphre, elle se meut sous l'influence d'une cause invisible ; les mouve- ments de ce fragment de camphre sont en tous points identiques à ceux que l'on observe chez les Infusoires. Pour l'auteur, ces deux phénomènes sont ab- solument comparables; les mouvements vibratiles sont dus à l'action des cou- rants osmotiques qui traversent les cils et à la réaction de ceux-ci à cause de leur élasticité. H. réfute les théories antérieures. Pour H.eckel, le mouvement ciliaire se- rait simplement une modification du mouvement amœboïde ou sarcodique du protoplasme. Contre cette théorie il invoque la rapidité des mouvements des cils vibratiles. Les solutions alcalines activent les mouvements des cils vibratiles et suspendent au contraire les mouvements du protoplasme. La théorie qui attribue ce phénomène à des échanges rapides et au pouvoir d'imbibition qui occasionne des modifications de volume, de position et de forme des cils (Hof- meister), n'a pas été démontrée et ne permet pas d'expliquer l'action de l'é- lectricité, la transmission des vibrations, etc. Quant à la présence de muscles à l'intérieur des cils, elle n'a pas été vérifiée, et comment expliquer alors le mouvement des zoopores? Les mouvements vibratiles sont donc bien dus à l'action des courants osmotiques qui traversent les cils. Pour modifier les con- ditions du mouvement vibratile, il suffit de modifier les conditions de l'os- mose ; ce n'est donc pas un mystère ni une propriété vitale, mais plutôt une manifestation particulière d'une propriété du « cosmos », le mouvement. — M. Bouin. 20. Dangeard et Armand. — Observations de biologie cellulaire. — Dans les racines d'Orchidées envahies par un Champignon qui les transforme en mycorhizes endotrophiques, les cellules corticales et leur parasite subissent I. — CELLULE. 57 des modifications corrélatives. Au début, la cellule hospitalière s'hypertrophie dans toutes ses parties; les filaments de Champignon se ramifient abondam- ment et se pelotonnent. Mais bientôt le cytoplasme s'épuise et le peloton pa- rasitaire dégénère en une masse zonée d'aspect gommeux. Les noyaux de l'Orchidée semblent survivre au protoplasme fondamental; ils se dégagent de la masse dégénérée du Champignon en y abandonnant des prolongements réticulés qui rappellent ceux des rhizopodes. Parfois, le noyau se fragmente et les morceaux, émergeant en divers points delà surface de la pelote gélifiée, restent reliés entre eux par les traînées qui la traversent de part en part. Dangeard et Armand pensent que le noyau vit quelque temps aux dé- pens du parasite vaincu, dont il digère la substance. — Outre les noyaux dont la forme seule est aberrante , les cellules envahies en offrent d'autres , dans lesquels la structure réticulée est remplacée par une masse dense, d'ap- parence homogène, mais en réalité formée de granules serrés les uns contre les autres. — P. Vdillemin. 70. Kohi (F. G.). — Contribution à la physiologie du noyau cellulaire — Kohi, examinant dans une solution d'asparagine des cellules marginales de la feuille cYElodea eanadensis ou des poils de feuilles de Tradescaritia virginica. a constaté des mouvements amœboïdes du noyau. Il les attribue à une suractivité des échanges entre le noyau et le protoplasma. L*asparagine a également pour effet d'accélérer les mouvements prôtoplasmiques. Ces mouvements sont intimement liés à la tension osmotique cellulaire. Toute cause ayant pour effet de diminuer cette tension doit accélérer, par cela même, les mouvements du protoplasma. C'est ainsi qu'agissent les substances plasmolysantes ; en absorbant l'eau des vacuoles, elles abaissent leur tension et précipitent les mouvements prôtoplasmiques. Pour Kohi, ce sont ces phénomènes de tension et d'échanges osmotiques qui déterminent les chan- gements de forme du noyau, et aussi (comme il le montrera ultérieure- ment) la position de cet élément dans la cellule. Par exemple, si le noyau, qui occupe dans la cellule une position pariétale, présente une face plate (celle qui est appliquée contre la paroi), cela tient à la pression unilatérale des vacuoles. Si la tension diminue dans celles-ci, le noyau prend une forme sphérique ou elliptique pour revenir à la forme plan convexe quand la tension aura diminué. — G. Poirault. 124. Townsend (Ch.). — Influence du noyau de la cellule sur la formation de la membrane. — T. montre que Palla est dans l'erreur en affirmant qu'une masse protoplasmique isolée et dépourvue de noyau est en état de former une membrane cellulaire, car, dans tous les cas examinés, cette formation n'est possible qu'autant que ladite masse est rattachée par des filaments prôtoplasmiques plus ou moins fins au noyau de la môme cellule ou d'une cellule voisine. Les expériences de T., très variées dans leur détail, ont porté sur des rhizoïdes et des feuilles de Mousses, sur des prothalles, des feuilles ou des poils de Phanérogames, des tubes polliniques, etc. L'influence du noyau peut s'exercer par l'intermédiaire des trabécules prôtoplasmiques à quelques millimètres de distance, peut-être même plus loin. Dans des tubes polliniques le noyau végétatif aussi bien que le noyau reproducteur sont capables de déterminer cette formation de membrane. — A. J. Ewart. CHAPITRE II Lo§ produits sexuels et la fécondât ion. 1° Réduction chromatique. — D'après Bolles Lee (20), il n'y aurait à aucun moment réduction des chromosomes dans la spermatogénèse de VHelix Pomatia. Cependant on pourrait admettre une division réduc- tionnelle dans le sens de Weismann (quantitative et qualitative), les chro- mosomes des spermatocytes de deuxième ordre se divisant transversa- lement sans avoir subi au préalable de division longitudinale. D'autre part, de ses études sur la spermatogénèse de Pentatoma, Montgomery (77) conclut que chacun des chromosomes du premier spermatocyte subit coup sur coup deux divisions transversales, et qu'à aucun stade il n'y aurait de division longitudinale. Pour la réduction chromatique chez les Phanérogames, voir plus loin la Revue de notre collaborateur Guignard. 2° OEuf et ovogénèse. — Van Bambeke (3) a vu dans l'oocyte de Pholcus p liai angioi des des formations qu'il croit pouvoir assimiler au corps vitellin de Balbiani et auxquelles il attribue un rôle indirect dans la formation du vitellus nutritif. [Il est à remarquer que ces prétendus corps vitellins diffèrent sensiblement par leur apparence des productions de même nom qu'on peut trouver dans l'œuf des Araignées]. Cunningham (35) retrouve pendant l'accroissement de l'œuf dans la vésicule ger- minative des Téléostéens les transformations si curieuses des chromo- somes décrites par Ruckert chez les Sélaciens et par Born et d'autres auteurs chez les Amphibiens. Par contre Carnoy et Lebrun (27 ), étudiant ces mêmes transformations chez les Amphibiens, arrivent à des conclu- sions absolument différentes de celles de leurs prédécesseurs. Pour eux, les nucléoles sont de véritables petits noyaux en miniature dont le contenu s'échappe dans la vésicule germinative sous cette apparence de filaments en écouvillon qui, d'après tous les autres auteurs, serait, à un certain stade de l'accroissement de l'œuf, celle des chromosomes dépourvues de leur chromatine. Nous devons attendre de nouvelles recherches avant de nous pro- noncer sur la valeur de ces résultats. Francotte (48) a publié sur la maturation, la fécondation et la segmen- tation de l'œuf des Polyclades un très beau et très important mémoire à l'analyse détaillée duquel nous renvoyons le lecteur. Mentionnons seule- ment ici les dimensions extraordinaires du premier globule polaire II. — PRODUITS SEXUELS. — FECONDATION. 59 expulsé de l'œuf de ces animaux et qui, dans certains cas, peut atteindre le quart du volume de l'œuf lui-même. On sait que Giard a émis le pre- mier l'opinion que les globules polaires n'étaient que des œufs abor- tifs. Francotte fournit la preuve expérimentale de l'exactitude de cette manière de voir en montrant que le premier globule peut être fécondé par un spermatozoïde et donner naissance à une gastrula. Ivanzov (64), cherchant à expliquer le rôle des processus de matura- tion, conclut de ses expériences sur l'œuf de Y Holothuria tubulosa qu'il doit exister dans le noyau des substances jouant un rôle prépondérant dans la digestion. L'élimination de ces substances lors de la maturation a pour effet de mettre l'œuf en état de recevoir le spermatozoïde sans l'exposer à être digéré et détruit. 3° Spermatogénèse. — Nous signalerons deux importants mémoires sur la spermatogénèse des Vertébrés : l'un d'Hermann (59) (Sélaciens), l'autre de Meves (75) (Salamandre). Ces deux auteurs montrent d'une manière irréfutable que le segment moyen [pièce intermédiaire, Mit- telstiick) dérive de l'un des centrosomes de la spermatide et que le fila- ment axile de la queue est d'origine extranucléaire et provient égale- ment du centrosome. Hermann montre en outre que les fibrilles de la queue et les filaments achromatiques des fuseaux de division se déve- loppent aux dépens delà même ébauche. — En résumé, à l'heure actuelle nous devons admettre que le spermatozoïde mûr contient tous les élé- ments d'une cellule complète : noyau, protoplasme, centrosome, sphère attractive. Le noyau forme la tête; le centrosome, le segment moyen et le filament axile ; le protoplasme, l'élément moteur fibrillaire de la queue. Quant à la sphère attractive, elle paraît constituer le bouton ou capuchon céphalique (Spitzenknopf). Chez beaucoup d'animaux la sper- matide renferme deux centrosomes qui peuvent prendre part tous deux à la constitution du segment moyen (Insectes, d'après Henneguy) ou rester indépendants, l'un devenant la partie principale du segment moyen, l'autre formant la partie postérieure de ce segment et s'allongeant en outre vers l'extrémité de la queue pour venir renforcer le filament axile. Godlewski (50, 51) chez Hélix pomatia a constaté également que le centrosome forme le filament axile. 11 croit en outre que la nucléole de la spermatide sort du noyau pour se loger à l'extrémité antérieure de la tête. Hofmeister avait avancé il y a bien longtemps que l'on devait trouver des anthérozoïdes chez les Gymnospermes; c'était également l'opinion de Pringsueim; mais, jusqu'à présent, les vues de ces deux éminents bota- nistes n'avaient pu être vérifiées. Plus heureux que leurs devanciers, Ikeno et Hirase (62) ont constaté que le tube pollinique du Gingko bi- loba et du Cycas revoluta est le siège de la formation d'anthérozoïdes et que ces éléments, loin d'être moins visibles que les éléments similaires des Cryptogames, sont au contraire beaucoup plus grands que tous ceux qu'on a décrits jusqu'ici. Dans le Gingko ils atteignent 82 u de longueur ou une largeur de 49 ja. Dans le Cycas ils sont plus grands encore. Le corps ovalaire forme à sa partie antérieure trois tours de spire ciliés et se ter- mine postérieurement par une sorte de queue pointue. De son côté, Webber (109, 110, 111) a constaté la présence des anthérozoïdes chez 00 L'ANNEE BIOLOGIQUE. Zamla integrifolia, et suivi le développement qui présente des particu- larités très remarquables. Cet auteur a reconnu que la bande ciliée qui vient s'enrouler en spirale autour de l'anthérozoïde pour constituer l'ap- pareil moteur provenait de la transformation de corps qui ont toutes les apparences de centrosomes ou de sphères attractives et qu'il nomme corps centrosomiens (centrosome-like bodies). Mais il est très remar- quable que ce corps centrosomien ne paraît pas jouer un rôle directeur dans la division du noyau de la cellule génératrice du tube polli- nique qui donnera naissance aux deux anthérozoïdes, et d'autre part, lorsque l'anthérozoïde pénètre dans l'archégone, il se débarrasse de sa couche protoplasmique et de sa bande ciliée, et son noyau seul se dirige vers celui de l'oosphère pour se fusionner avec lui. Le centro- some cilifère de l'anthérozoïde du Zamia ne se comporte donc pas comme celui du spermatozoïde des Métazoaires, puisqu'il ne joue aucun rôle dans les phénomènes intimes de la fécondation. Webber propose d'appeler blépharoplaste ce corps origine de l'appareil ciliaire. Belajev (12, 14) a décrit dans les cellules mêmes des anthérozoïdes desFilicinées et des Ëquisétinées une formation très semblable aux blépharoplastes du Zamia et du Gingko. Cette formation s'étend en une spirale héli- çoïde à la surface de laquelle se développent les cils des anthérozoïdes. Belajev pense que les cils ont la même origine dans les anthérozoïdes des Gharacées. Pour cet auteur (10), la queue des spermatozoïdes des ani- maux correspond aux cils des anthérozoïdes des végétaux, et le corps Co- lombie auquel s'insère le filament caudal, c'est-à-dire le segment moyen (Mittelstùck), représente la bande également chromatique qui porte les cils des anthérozoïdes. 4° Fécondation. — Nous sommes toujours en présence des mêmes ré- sultats contradictoires. Van der Strient (104), chez Thyzanozoon, admet l'existence dans l'œuf au moment de la fécondation de deux spermocen- tres et de deux ovocentres, formant le véritable Quadrille de Fol. Mais cet auteur n'a pu suivre la fusion des centres mâle et femelle et la consi- dère seulement comme vraisemblable. Erlanger (38), chez Ascaris megalo- cephala, a constaté l'existence du centrosome aux extrémités du fuseau de direction; mais, bien que les deux pronuclei soient pourvus chacun d'un centrosome, c'est le centrosome mâle seul dédoublé qui se retrouve dans le premier fuseau de segmentation. Il n'y avait donc pas de quadrille. Mac Farland (43), chez les Mollusques (Pleuropliijllidia et Diaulula) , a constaté également la persistance de centrosomes ovulaires dans les deux fuseaux de direction. Mais ces centrosomes disparaissent après la for- mation du second globule polaire. Bien qu'il n'ait pas pu suivre complè- tement la destinée du spermocentre, l'auteur admet que c'est de ce der- nier que proviennent les centrosomes du premier fuseau de segmentation. — Pour Sobotta (99), chez Y A mphioxus, les centrosomes de l'œuf fécondé proviennent également des spermocentres. D'autre part, Wheeler (113), dans un nouveau mémoire beaucoup plus étendu que le premier (voir Ann. biol.f I, 114), confirme ses résultats antérieurs. Ghez Mijzostoma te sper- matozoïde paraît dépourvu de segment moyen, c'est-à-dire de centro- some; l'œuf conserve son centrosome après l'émission des globules po- II. — PRODUITS SEXUELS. — FECONDATION. 61 laires et c'est ce centrosome qui, dans l'œuf fécondé, règle la division. Cette exception à la loi d'Hertwig que présente l'œuf de Myzostoma tiendrait « à une certaine maturité et à un conservatisme » de l'élément femelle au moment de la fécondation. Ces propriétés se traduisent par la réaction tardive à l'influence exercée par l'entrée du spermatozoïde, par la présence de la vésicule germinative au centre de l'œuf et la résistance de sa membrane à la pénétration des rayons des asters, par la non-divi- sion longitudinale anticipée des chromosomes pour la formation du se- cond globule polaire, par la remarquable persistance du nucléole et enfin par le grand développement des asters et des centrosomes dans les deux fuseaux de direction. Enfin une quatrième opinion est soutenue par une série d'auteurs pour lesquels les centrosomes n'ont aucune importance comme centres cinéti- ques et ne sont que le résultat d'une modification du reticulum protoplas- mique (Mead (73), Foot (45), Child (29)) ou des éléments sortant du noyau pour disparaître après chaque cinèse (Carnoy et Lebrun (27), Bolles Lee (20)). Carnoy et Lebrun (28 vont jusqu'à donner une nouvelle théorie de la fécondation. Pour eux, ce phénomène consiste « clans la fusion de deux individualités d'origine différente en une entité nouvelle de nature mixte. Mixte, non seulement dans ses chromosomes, comme le pensent les auteurs modernes, mais dans toutes ses parties, cytoplasme, caryo- plasme, centrosomes, élément nucléinien, tout y est à la fois et dans les mêmes proportions, paternel et maternel. L'œuf fécondé transmet les propriétés héréditaires de deux parents parce que ses éléments, à la fois d'origine paternelle et maternelle, fonctionnent tous en même temps comme êtres mixtes, pendant la segmentation et toute la durée du déve- loppement. » Yves Delage, F. Hexneguy, G. Poirallt. La réduction chromatique ( I. Réduction du nombre des chromosomes. — La fixité du nombre des chromosomes est le fait le plus capital qui paraisse résulter des obser- vations qui ont été faites depuis qu'on s'occupe de cette question. Il a été mis en évidence par les observations de Strasburger et de Gui- gnard. Ce dernier, dans un mémoire publié en (1891), donne un résumé de l'état de la question à cette époque, résumé auquel nous renvoyons pour ce qui est antérieur à cette date. La fixité du nombre des chromo- somes est généralement considérée comme absolue par les zoologistes et une interprétation quelque peu inexacte des résultats de Guignard a fait croire qu'il en était de même pour les plantes. Guignard a cependant bien spécifié qu'il n'avait donné le nombre des chromosomes comme (1) Cet article est, dans ses grandes lignes, emprunté aux considérations générales termi- nant un travail de M. Guignard sur le développement du pollen et la réduction chromatique de C. Naias major, travail inséré au tome II Archives d'anatomie microscopique. (Note de la Direction.) 62 L'ANNEE BIOLOGIQUE. constant que dans les cellules reproductrices ayant subi la réduction. Le nombre des chromosomes dans les autres cellules du sac embryonnaire et dans les cellules végétatives n'est pas forcément le double du nombre réduit des cellules reproductrices. Ainsi, dans le sac embryonnaire du Lis, les noyaux inférieurs, qui n'ont pas à intervenir dans la transmission des propriétés héréditaires, renferment un nombre de chromosomes variable et plus élevé que les noyaux supérieurs; de même, dans les cellules du prothalle du Pin, la fixité numérique ne s'observe, d'après Dixon ('), que jusqu'à la for- mation des archégones; lorsque ceux-ci sont différenciés, la variation se manifeste dans le même sens que dans le sac embryonnaire du Lis. La variation peut donc se produire en plus ou en moins par rapport au nombre normal, quand les cellules ne se trouvent plus dans l'état embryonnaire indifférent de l'ébauche germinative ou des points végé- tatifs, mais qu'elles sont entrées dans une voie évolutive spéciale. C'est ce que Strasburger a également fait ressortir (2). Il en résulte que ce qu'on nomme nombre typique ou normal de l'espèce n'est pas le nombre observé dans les cellules végétatives, mais plutôt le nombre réduit des cellules reproductrices. Ce nombre est. comme on sait, très variable suivant les espèces; il a été donné pour un certain nombre d'entre elles par des zoologistes. Chez les plantes, ce nombre est minimum chez le Naias (6); il est de 8 chez Allium, Alstrœ- meria, Ceratozamia, Pinus, 12 Lilium: Helleborus, etc., 16 chez Nup/iar, 32 chez Nymphœa, 40 environ chez Magnolia; dans les Cryptogames vas- culaires, il est de 12 chez Osmunda (3), 18 chez Psilotum, 60 environ chez P te ris, etc. Les exceptions signalées par divers auteurs, telles que celles de certains sacs polliniques de Chlorophyton , où Strasburger a compté 14 chromosomes au lieu de 12, où encore celles qu'on a pu remarquer ailleurs , n'infirment pas la règle générale. Ainsi chez le Naias, par exemple, dans les cellules de la paroi du sac pollinique, surtout vers la fin de leur période de multiplication, on (1) H. Dixon. Fertilization of Pinus sylvestris (Ann. Bol., t. VIII, n° xxix, 1894). Dans les tissus végétatifs du Lilium longiflorum, Dixon a trouvé 16, 20 ou 24 chromo- somes(0/« the Chromosomes of Lilium longiflorum, mProced. ofthe Royal IrishAcad.. 3eséi\, t. III, 1893). C'est ce que j'avais observé, comme on l'a vu, dans d'autres espèces. Mais la même anthère présenterait aussi, dans l'espèce en question, des cellules-mères polliniques dont les noyaux ont 8 ou 12 chromosomes, et il en serait de même dans les noyaux de la tétrade supérieure du sac embryonnaire, lue telle variation mériterait d'être soigneusement établie. Pour mon compte, je ne l'ai constatée dans aucune des espèces que j'ai examinées <]~ et L896). (2) E. Strasburger, Ueber periodische Reducktion der Chromosomenzahl (Biol. Centr.. p. 830). (3) Je donne ce nombre d'après Strasburger [Ueber periodische Réduction der Chromoso- menzahl... Biol. Centralbl., p. 827, 1894); mais je puis ajouter que, dans des observations récentes, j'ai tn-s souvent compté 22 chromosomes dans les cellules-mères des spores de YOsmunda regalis» II. - PRODUITS SEXUELS. — FÉCONDATION. 63 compte 12 chromosomes au lieu de 6. Mais la réduction numérique apparaît ici comme chez des autres plantes, à une phase ultérieure. Cette dernière constatation n'était pas superflue en présence des résul- tats contraires énoncés par Ishikawa dans son travail sur YAllium fistulosum. Dans les cellules épidermiques des pièces du bouton floral, cet obser- vateur trouve 16 chromosomes. C'est le nombre normal trouvé anté- rieurement dans les tissus végétatifs d'autres espèces d'Allium. Il y a longtemps déjà, j'avais compté 8 chromosomes dans les cellules-mères polliniques de VA. ursinum M et Strasburger avait retrouvé ensuite le même nombre réduit dans le noyau primaire du sac embryonnaire de Y A. fistulosum (2). Or, cette réduction de nombre apparaîtrait déjà, d'après Ishikawa, dans les cellules-mères primordiales, dont les noyaux présenteraient en outre le mode de division qualifié d'hétérotypique (3). Une telle exception à la règle générale existe-t-elle réellement? En étudiant à ce point de vue VA. Cepa, Mottier (4) n'a jamais ob- servé la réduction de nombre des chromosomes dans les cellules-mères primordiales; elle ne se manifeste qu'au moment de la première bipar- tition des cellules-mères définitives. En outre, la division des premières ne présente pas les caractères de la mitose hétérotypique. Après avoir trouvé dans l'A. siculum un objet d'étude plus favorable que les précédents, Guignard était arrivé, au moment où paraissait la note de Mottier, à la même conclusion que lui, en ce qui concerne l'absence de réduction numérique dans les cellules-mères primor- diales. L'étude du Naias (5) ne fait que confirmer ce résultat. IL Réduction quantitative de la chromatine. — La réduction numé- rique n'a pour effet que d'empêcher le nombre des chromosomes de devenir double à chaque fécondation; elle ne s'accompagne pas néces- sairement d'une diminution de la quantité de chromatine, et cependant il faut que la masse de chromatine subisse aussi une réduction quan- titative. Ce résultat est obtenu, chez les animaux, par la rapidité avec laquelle se produisent les deux divisions de maturation de la cellule- mère sexuelle, qui ne sont pas séparées par un stade de repos. Après la seconde division, la cellule spermatique ou l'œuf ne renferme plus que la moitié de la quantité de chromatine contenue dans un noyau ordinaire au sortir de la division mitosique. (I) Le Développement du pollen et la réduction chromatique dans le Naias major (Arch. anat. micr., II, 435-509, pi. XIX et XX). (•2) Recherches sur le noyau cellulaire, p. 34 et pi. 3, fig. 70, 1884, et Xouv. recherches, p. 353, pi. 18, fig. 17, 1885. (3) Ueber Kern- und Zelltheilung, p. 243, 1888. (4) Ainsi que G. Poirault l'a déjà fait remarquer (Année biologique, t. I, p. 48), on peut se demander pourquoi les botanistes, surtout à la suite de Fariner et Moore, assimilent à la di- vision hétérotypique de Flemming la division du noyau des cellules-mères polliniques ou du sac embryonnaire. On sait en effet que, dans la mitose hétérotypique, telle qu'elle a été dé- crite par Flemming, les chromosomes ne subissent une seconde scission longitudinale com- plète qu'en arrivant aux pôles. Que la division nucléaire, dans les cellules en question, dif- fère de la mitose ordinaire, c'est certain ; mais elle diffère aussi de la division hétérotypique dans le sens de Flemming. (5) D. Mottier, Ueber die Chromosomenzahl bei der Entwicklung der Pollenkôrner von Allium (Bericht. der deutscli. bot. Gesellsch., oct. 1897). 64 L'ANNÉE BIOLOGIQUE. Au premier abord, il paraît en être de même chez les plantes, dans la cellule-mère définitive du pollen, dont les deux divisions se succèdent également avec rapidité. Toutefois, les choses ne sont pas aussi compa- rables qu'on pourrait le supposer, en ce sens que les deux divisions ne terminent pas le développement, puisque chacune des quatre cellules polliniques doit encore former deux cellules génératrices. Or, la forma- tion de ces dernières est le plus souvent précédée d'une phase de repos, variable, il est vrai, suivant les plantes, mais en tout cas largement suf- fisante, surtout dans les végétaux autres que le Naias, pour permettre à la nutrition d'augmenter la masse chromatique du noyau. D'autre part, mes observations (') sur le sac embryonnaire du Lis mon- trent que les stades de repos qui s'écoulent entre les divisions successives du noyau primaire conduisant à la formation de la tétrade nucléaire su- périeure qui donnera l'appareil sexuel, sont sensiblement plus longs que l'intervalle de temps qui s'écoule entre les deux bipartitions de la cellule-mère du pollen. On peut constater, d'ailleurs, que les noyaux sexuels qui occupent le sommet du sac présentent tous les caractères des noyaux au repos entre leurs divisions successives ; ces intervalles de repos sont suffisants pour que les noyaux inférieurs du même sac arrivent, comme je l'ai montré, à doubler de volume et à présenter, au moment de leur division, un nombre de chromosomes variable, et presque toujours plus élevé que celui dont ils avaient hérité. La réduction quantitative ne peut donc s'expliquer ici par l'absence de stade de repos entre les divisions. Elle ne peut être rapportée qu'à une différence de nutrition, en relation avec le caractère propre à chacun des groupes nucléaires situés dans la même cellule. Le groupe inférieur, qui n'a aucun rôle à jouer dans la fécondation, ni dans la transmission des propriétés héréditaires, augmente seul sa teneur en chromatine. Quoi qu'il en soit, si la façon dont la réduction quantitative se trouve réalisée chez les plantes ne comporte pas une explication aussi simple que chez les animaux, elle n'en doit pas moins accompagner la réduction numérique. 111. Réduction qualitative. — A. Plantes. — 11 ne peut être question de réduction qualitative qu'autant que l'on suppose, ce qui n'est pas démontré objectivement, que les chromosomes diffèrent qualitativement les uns des autres et que chacun d'eux présente aussi des différences dans les divers points de sa longueur. Cette notion explique la raison d'être du dédoublement longitudinal. Les a idantes » de Weismann seraient représentés, comme on sait, par les chromosomes, et les « ides » parles granulations ou microsomes chromatiques. Ce savant entend par « division de réduction » une divi- sion nucléaire s'effectuant de telle façon que le nombre des « ides » qui existaient dans le noyau au repos est réduit de moitié dans les noyaux- fils. Ce résultat ne peut être atteint que par une division transversale des (1) Nouv. éludes sur la Fécondation, p. 18". II. — PRODUITS SEXUELS. — FÉCONDATION. 65 chromosomes, puisque le dédoublement longitudinal ne change pas le nombre des microsomes du filament nucléaire. La question est de savoir si une réduction qualitative de cette nature existe dans la formation des noyaux sexuels. On peut dire que, sur ce point, on est aussi peu d'accord pour les plantes que pour les animaux. Il a été démontré, d'abord par mes recherches sur le sac pollinique et sur le nucelle du Lis, ensuite par d'autres observations, que la réduction numérique s'effectue dans la cellule-mère définitive du pollen et dans celle du sac embryonnaire; le même fait a été constaté pour les cellules- mères des spores. Dans un travail paru en 1895 (*), Strasburger, reprenant les observa- tions publiées peu de temps auparavant par Belajev (2) sur le mode s 3 3' 4 4' 10 Fig. 4. de séparation des chromosomes au stade de la métakinèse dans le Larix et le Lilium, arrivait aux résultats suivants, que nous résumons en les ac- compagnant d'un schéma (fig. 4) qui les rendra plus faciles à comprendre. A la première division de la cellule-mère pollinique, le chromosome, au stade de la plaque nucléaire , comprend d'abord deux moitiés paral- lèles accolées et provenant, comme on l'avait souvent constaté antérieu- rement, d'une scission longitudinale effectuée dès les prophases de la division [i, 2, 2'). Dans chacune de ces moitiés, il apparaît, au stade de la métakinèse, une nouvelle scission longitudinale, qui se fait dans un plan perpendiculaire à celui de la première : il en résulte donc deux paires de bâtonnets parallèles. Cette seconde scission longitudinale se produit pendant que les deux moitiés du chromosome primitif s'i- (1) E. Strasburger, Karyokinetische Problème (Pringsh. Jalirb., t. XXVIII, p. 183, 1895). (2) W. Belajev, Zur Kenntniss der Karyokinese bei den P flan zen (Flora, Ergânzungsband zum Jalirgang 189*. p. 430). l'année biologique, m. 1897. 5 66 L'ANNEE BIOLOGIQUE. soient l'une de l'autre pour se diriger vers les pôles du fuseau, mais elle reste incomplète (3, 3'). Dans chaque moitié, elle commence à l'extrémité périphérique, pour s'avancer jusqu'à l'extrémité interne en contact avec les fils du fuseau; les deux bâtonnets qui en dérivent, restant soudés en- semble à l'extrémité interne, forment un Y à branches plus ou moins écartées (4, 4'). Il y a par conséquent deux paires de bâtonnets en forme de Y dont la pointe est tournée en sens inverse, et dont les branches, à un moment donné, ne sont plus en contact d'une paire à l'autre que par les extrémités périphériques : vu de face, l'ensemble de la figure présente alors la forme d'un rhombe (4). Puis les deux V se séparent l'un de l'autre et se transportent aux pôles du fuseau pour former les deux nou- veaux noyaux (5, 5'). Pendant la reconstitution de ces derniers, les chromosomes se soudent par leurs extrémités libres pour reformer un filament nucléaire. A la seconde division, le filament oriente ses replis de façon que leurs points de courbure se trouvent placés, les uns au voisinage des pôles, les autres à l'équateur du fuseau (g). La rupture s'effectue ensuite aux points de courbure voisins des pôles, tandis qu'elle n'a pas lieu à l'équa- teur (?) ; il en résulte des chromosomes à deux branches, dirigées paral- lèlement à l'axe du fuseau. Ces branches se rapprochent bientôt l'une de l'autre et présentent l'aspect d'un V (7), ce qui donne à penser que les chromosomes ne sont autre chose que ceux qui s'étaient rendus aux pôles pendant la première division. On n'observe pas, en effet, le dédou- blement longitudinal pendant les prophases de la seconde division : ce dédoublement serait représenté par la seconde scission longitudinale des chromosomes à la première division. Avant la métakinèse, les deux branches du Y se rabattent l'une sur l'autre (s, s'), puis elles se séparent l'une de l'autre par leurs extrémités internes, pour s'isoler ensuite aux extrémités périphériques et se rendre aux pôles du fuseau (p, o 10), En somme, dans cette opinion, les chromosomes destinés aux quatre noyaux issus de la seconde bipartition nucléaire seraient formés dès la première division. Cependant Strasburger arrivait bientôt à penser que les phénomènes ne se passent peut-être pas comme on vient de le voir dans la pre- mière division. L'aspect spécial des chromosomes du Larix , au stade de la plaque nucléaire, ainsi que l'examen de préparations faites par Mottier sur le Lilium, semblaient comporter une explication différente. D'autre part, dans un travail où leur attention se portait principalement sur la première division, Farmer et Moore ( r) avaient fait remarquer, sans y insister autrement, qu'il y a un dédoublement des chromosomes à la seconde division et que, par suite, cette division s'effectue comme dans les cellules végétatives. La question présentait des difficultés spé- ciales. Finalement, à la suite des observations de Mottier (2), Strasbur- ger (3) adopta l'explication suivante : il) On the essential Similarities existing between the heterotype nuclear divisions in Ani- mal and Plants [Anat. Anzeiger, t. XI, 4895). (2) David M. Mottier, Beitrage zur Kenntniss der Kerntheilung in den Pollenmutterzcl- leu, etc. (Cytologische Studien aus dem Bonner botanischen Institut, p. 32, février 1897). (3) Cytolog. Studien, p. 244. II. PRODUITS SEXUELS. FECONDATION. 67 Dans la première division (fîg. o, 1 à 6)9 les chromosomes se composent d'abord de deux moitiés formées par un dédoublement longitudinal, qui commence dans le filament nucléaire et s'achève après la séparation de ces chromosomes (1, 2). En même temps qu'ils se raccourcissent, ils se courbent en prenant la forme d'un U (s): puis leurs deux moitiés se soucient plus ou moins complètement et les branches elles-mêmes de cet U double se rapprochent davantage et se soudent à leur tour (ces soudures ne sont pas figurées dans le schéma). Si la soudure s'étend sur 11 / I \ I 12 13 Fia-. 5. toute la longueur des branches, le chromosome est droit, comme c'est le cas ordinaire pour le Lilium; si les deux extrémités des branches restent distinctes, il a la forme d'un Y, comme dans le Larix; si la sou- dure ne porte que sur les deux extrémités de l'U, on a une ellipse ou un anneau, comme on l'observe parfois dans le Lilium et souvent dans le Podophyllum. Les deux branches se tordent fréquemment l'une sur l'autre, ce qui complique la figure. Le chromosome est fixé sur les fils achromatiques du fuseau, de façon que l'une de ses moitiés se trouve d'un coté du plan équatorial et l'autre moitié de l'autre côté. Au mo- ment de la métakinèse, la séparation des deux U, qui forment ces deux moitiés, commence au niveau de la courbure (4, 5, 6). En somme, cette première division, que l'on a cru devoir comparer à la division hétéro- typique de Flemming, ressemble beaucoup, en réalité, à la division homotypique ordinaire. Dans la seconde division (fîg. 5, 7 à 13), et c'est le fait important, les chromosomes n'offrent pas de dédoublement longitudinal ('). Ils prennent (l) Dans le mémoire dont il est question ici, Strasburgek a eu l'amabilité de faire meu- 68 L'ANNEE BIOLOGIQUE. la forme de V, dont les branches se rabattent l'une sur l'autre au stade de la plaque nucléaire (7, s); à la métakinèse, ils se coupent en travers à la pointe du V, et les deux moitiés se dirigent en sens inverse vers les pôles [9, Wj 11,12, 13). lien résulte par conséquent une division réductrice au sens de Weismann, puisque chaque V ne représente qu'un seul chromosome dont les branches, séparées de cette façon, doivent possé- der, théoriquement du moins, des propriétés différentes. Pour expliquer la réduction numérique des chromosomes dans le noyau des cellules-mères sexuelles, Strasburger et d'autres auteurs avaient exprimé l'idée que chacun des chromosomes comprend deux chromosomes soudés bout à bout. Dans cette manière de voir, le schéma i:,,:;,:,:i;:::,iiiiiii;i 1 . :".■ :!":: '■tti 1 Fis. 6. précédent peut être remplacé par le suivant (fîg. 6), dans lequel les diagrammes l à 4 correspondent à la première division et les diagram- mes 5 à 8 à la seconde. Ces résultats, au point de vue de l'existence de la division réductrice qualitative, étaient en accord avec ceux qu'on avait publiés de divers côtés sur les deux divisions de maturation des cellules sexuelles chez les animaux. Mais il n'en est plus de même si on les compare aux divisions qui s'effectuent dans le sac embryonnaire du Lis. Ici, en effet, les divisions nous avaient toujours paru montrer le dé- doublement longitudinal des chromosomes. Mlle Sargant (1) était ar- rivée au même résultat, aussi bien pour le sac embryonnaire que pour les cellules-mères du pollen. Il est vrai que, pour diverses raisons, les phé- nomènes dont le sac embryonnaire est le siège ne sont pas tout à fait comparables à ceux qui se passent dans la cellule-mère pollinique, et Ton peut concevoir qu'il n'y ait pas similitude entre les divisions nu- cléaires. Plus récemment, Mottier (2), ayant repris l'étude du sac embryon- naire de cette plante, arrivait de même à constater que le dédoublement longitudinal existe à chaque division qui s'y produit. Dès lors, en l'ab- timi (p. 243) d'une lettre dans laquelle je l'informais <|ue de nouvelles recherches sur le Lis me permettaient de dire qu'il n'y a pas de dédoublement longitudinal des chromosomes à la seconde division de la cellule-mère pollinique. (1) The Formation of the Sexual Nuclei in Lilium Martagon, I. Oogenesis. II. Spermato- genesis (Ann. bot., x. n° 39, 18ï><; et t. XI, n° i-2; 1897). (2 D. Mottier , Ueber dos Verhalten der Iierne bei der Entwickelung des Embryosaks, etc. Pringsh. Jahrb.. 18î>7 . II. — PRODUITS SEXUELS. — FECONDATION 69 sence de toute division de réduction dans l'organe femelle, il se deman- dait si une telle division se rencontre réellement dans l'organe mâle. Ce fut là l'origine d'un nouveau travail publié sur le pollen peu de temps après le précédent, en collaboration avec Strasburger^). Les auteurs admettent d'abord que, dans la première division du noyau de la cellule-mère du pollen ou du sac embryonnaire, les chromosomes se comportent comme on Ta vu précédemment, c'est-à-dire que leurs deux moitiés, issues d'un dédoublement longitudinal précoce, se courbent sous la forme d'un U dont les branches se soudent, et qu'au moment de la métakinèse, ces moitiés se séparent sous forme de V dirigeant leur pointe vers les pôles (2). Mais, pour la seconde division , ils affirment maintenant que le filament chromatique du noyau présente déjà un dédoublement lon- gitudinal avant de se couper transversalement en chromosomes distincts i Fig. T. (fig. 7). Ce filament dispose ses replis dans la direction des fils achro- matiques du fuseau, en formant des courbures au niveau des pôles et au niveau de l'équateur, et c'est aux points de courbure qu'il se coupe, aussi bien au niveau des pôles qu'à l'équateur. Les chromosomes ainsi formés se fixent aux fils du fuseau par leur extrémité équatoriale. Leurs deux moitiés accolées ne représentent donc pas les deux branches d un U qui se seraient rapprochées, comme c'est le cas dans la première division. On saisit facilement la conséquence de cette différence : il n'y a pas de segmentation transversale à l'extrémité en contact avec les fils du fu- seau et, par conséquent, pas de division réductrice au sens de Weismann. Strasburger et Mottier sont amenés par là même à douter de l'exac- titude des faits énoncés par Calkins au sujet des Fougères. Les zoolo- gistes qui ont observé, chez divers animaux, les chromosomes en tétrades ou groupes quaternes, admettent, comme on sait, que cette forme est (1) Strasburger et Mottier, Ueberden zweiten Theil ungschritt in Polleyimutterzellcn {Ber. deutsch. bot. Ges., juin 1807). (2) Dans mes recherches parues en 1891, les réactifs employés pour fixer les éléments chromatiques étaient insuffisants et je n'ai pas reconnu le véritable mode de division des chromosomes. Bien (pie MUe Sauçant l'ait interprété depurs comme je l'avais fait, j'ai con- staté que l'aspect des chromosomes, au moment de la métakinèse, est bien celui que décri- vent Strasburger et Mottier. Mais je me sépare de ces observateurs en ce qui concerne la façon dont les chromosomes arrivent à donner cet aspect, que je rapporte, comme on le verra plus loin, à deux divisions longitudinales successives et non à une seule division suivie d'une courbure médiane du chromosome dédoublé. 70 L'ANNÉE BIOLOGIQUE. en rapport avec la réduction. Calkins ['), l'ayant retrouvé dans les cel- lules-mères des spores chez les Fougères, est également d'avis que dans ces plantes la seconde division doit recevoir la même interprétation que chez les animaux en question. Mais Stevens (2) vient tout récemment de combattre cette manière de voir, en étudiant à son tour les Fougères. A vrai dire, les figures de cet observateur ne sont pas plus démonstratives que celles de Calkins (3). Au moment où paraissait la note de Strasburger et Mottjer visant spécialement la seconde division de la cellule-mère pollinique, Mlle Sar- cant publiait de son coté un mémoire sur la formation des noyaux polli- niques du Lilium Martagon (-'•), clans lequel elle avait déjà étudié, quelque Fig. 8. temps auparavant, les divisions qui se produisent dans le sac embryon- naire (5). A la première division (fig. 8), l'auteur constate que les chromosomes nés par segmentation du filament nucléaire, sont formés chacun de deux moitiés accolées, plus ou moins tordues Tune sur l'autre, et provenant, comme on l'avait souvent observé, du dédoublement longitudinal précoce de ce filament. A un moment donné, chacune de ces moitiés offre deux séries de granules chromatiques, que la contraction progressive du chro- mosome rend bientôt indistinctes. M116Sargant rapporte cet aspect à une seconde scission longitudinale, mais elle n'en fait pas ressortir les con- séquences. La façon dont elle explique la séparation des moitiés consti- tutives de chaque chromosome au stade de la métakinèse, peut être in- diquée par le schéma suivant : A la seconde division , les chromosomes présentent la forme en Y qu'ils offraient au stade diaster de la première division ; ils subissent un dédou- blement longitudinal au stade de la métakinèse, et se dirigent avec la même forme aux pôles du fuseau. * (1) Gary N. Calkins. Chromatin-reduction and Tetr ad- formation in Pteridophytes (Con- trib. from the Dep. of Ilot, of Columbià Univers, n" 115, 1897). (2) William C. Stevens, Ueber Chromosomentheilung bei der Sporenbildung der Famé (Berichte der deutsch. bot. Gesellsch., nov. 1898). (3) Les chromosomes en tétrade, que j'ai signalés récemment dans les Nymphéacées, sont trop petits pour qu'on puisse savoir exactement comment ils dérivent du filament nucléaire primitif et de quelle; façon ils se répartissent entre les noyaux pendant les deux divisions nucléaires, l'ai indiqué simplement, à ce sujet, l'opinion qui m'a paru le mieux concorder avec les faits observés (Les rentres cinétiques chez les végétaux, p. 183 et suiv.). (4) Ethel Sargant, T/ie Formation of the Sexual Nuclei in Lilium Martagon :II. Sperma- togenesis (Ann. pf Iîot., t. II, juin 1X97). (*)) Même recueil, p. 4G-2, 18!»*;. II PRODUITS SEXUELS. FECONDATION. 71 Quelques semaines après que Strasburger et Mottier avaient fait connaître les résultats dont il a été question tout à l'heure, Belajev (1) publiait une note ayant pour but de montrer que la description qu'il avait donnée des chromosomes dans ses recherches antérieures n'avait pas été exactement interprétée par le premier de ces savants. Au com- mencement de cette année, il remettait en question, dans une nouvelle note (2j, les résultats de Strasburger et Mottier. Belajev pense que les contradictions dans la discussion actuelle pro- viennent de ce qu'on n'a pas suffisamment saisi les différences morpho- logiques présentées par les chromosomes pendant la division des noyaux végétatifs et pendant celle des noyaux sexuels. c a- ttt Lr *■ a' cl e' q> \ ! / / * Fis- 9- 1V Jl \f\ï Dans les noyaux végétatifs, les chromosomes se comportent en somme d'après le schéma bien connu de Rabl (3). Déjà dédoublés pendant la phase du peloton, ils sont formés de deux branches égales reliées par une courbure, qui s'appuie sur les fils achromatiques du fuseau, lesquels entraînent les deux moitiés de chaque chromosome en sens inverse vers les pôles. Dans les noyaux sexuels, la forme des chromosomes est toute diffé- rente. A la première division, ils offrent l'aspect d'un V, d'un Y, ou d'un X, ce qui prouverait, d'après Belajev, que chaque chromosome comprend en réalité deux chromosomes différents soudés ensemble : cette manière de voir concorde avec le fait que, dans cette division, qualifiée d'hétéro- typique en raison de ses caractères particuliers, le nombre des chromo- (1) W. J. Belajev, Einige Streitfragen in den Untersuchungen nber die Karyokinese (Ber. derdeutsch. bot. Gesellsch.. juillet 1897). (2) W. J. Belajev, Ueber die Reductionstheilung des Pflanzenkemes. — Vorlaufige Mit- theilung [Ber. der deulsch. bot. Gesellsch., mars 181)8). (3) A mon avis, ce schéma est loin d'être aussi général pour les noyaux végétatifs que le pense Belajev. Les chromosomes ont souvent une branche plus longue que l'autre ou même sont simplement courbés en crochet. Les noyaux végétatifs ou les cellules-mères primor- diales du Naias en fournissent précisément la preuve. 72 L'ANNEE BIOLOGIgi i;. somes est réduit à la moitié du nombre observé dans les noyaux végéta- tifs. Ces chromosomes subissent également le dédoublement longitudinal au stade du spirème. Pour rendre plus facilement compte de la façon dont ils se comportent, j'emprunte à Belajev les figures qu'il en donne, en y ajoutant des lettres (fig. 9). Quand les deux chromosomes se soudent tout à fait à l'une de leurs extrémités, la forme est celle d'un V (i, ef); quand la soudure a lieu à quelque distance de l'extrémité et s'étend sur une certaine longueur, c'est celle d'un X [1, cd) ; quand ils se croisent, c'est celle d'un Y (î, ab). Les fils achromatiques s'insèrent à l'endroit de la soudure. Au stade de la plaque nucléaire (2), l'orientation des chromosomes est telle que les deux branches du V, ou les trois branches de l'Y, ou les quatre branches de FX, se placent dans le plan équatorial (dans cette dernière forme, il y a deux branches courtes tournées vers le centre de figure, et deux branches longues dirigées vers l'extérieur). Au moment de la métakinèse, les chromosomes secondaires (2, abr et a'b') se séparent d'abord l'un de l'autre à l'endroit où les fils achro- matiques sont attachés sur eux, par conséquent au point de soudure des branches. En se dirigeant vers les pôles du fuseau , chacun d'eux, avec ses deux branches, conserve à peu près la forme du chromosome primitif [2, 3). Il résulte de là que les deux branches d'un chromosome secondaire représentent également, comme celles d'un chromosome primaire, deux chromosomes différents soudés ensemble (1). Comme les exemples étudiés jusqu'ici, tels que le Lilium, le Fritillaria, Larîx, ne se prêtent que fort mal à l'observation des phénomènes qui se passent à la seconde division, Belajev a cherché et trouvé dans Y Iris un objet plus favorable. lia vu alors les chromosomes réapparaître avec les formes mentionnées plus haut à la première division : ils comprennent donc encore deux branches soudées en Y, en Y ou en X, représentant deux chromosomes différents. Seulement, comme il n'y a pas ici de dé- doublement longitudinal au stade du peloton, ces branches, moitié moins épaisses que dans les chromosomes primaires, sont simples. Elles s'insèrent au niveau de leur point d'union sur les fils du fuseau; mais, au lieu d'être disposées, comme les branches des chromosomes primai- res, dans le plan équatorial, elles se placent l'une et l'autre suivant les méridiens du fuseau (4). Au moment de la métakinèse, elles se sépa- rent et s'éloignent l'une de l'autre sous forme de bâtonnets crochus à leur extrémité polaire (5, g). Les caractères de cette seconde division sont donc tout différents de ceux de la première : ils rappellent entièrement ceux delà division ré- ductrice, telle qu'elle est admise par les zoologistes partisans des idées de Weismann. i Le lecteur aura sans doute de la peine à comprendre comment les deux moitiés de chacun des bâtonnets c et d, qui constituent le chromosome primaire central en forme d'X dans le diagramme 1, peuvent se séparer l'une de l'autre, de façon à former deux chromo- somes secondaires comprenant chacun deux bâtonnets différents c' et d'. Le chromosome pri- maire résulte, en effet, d'après l'auteur, d'un croisement de deux bâtonnets doubles, c et '/. l'un sur l'autre (wenn sich zwei verbindende Segmente kreuzen, so entstehi eine X-fôrmige Figùr), et les fils achromatiques doivent s'insérer de chaque côté du point de soudure. II. — PRODUITS SEXUELS. — FÉCONDATION. 73 En effet, si l'on représente les chromosomes par les lettres a, b. c, d. e, /", etc., le schéma de la division végétative, avec le dédoublement longi- tudinal de ses chromosomes, sera, d'après Belajev., le suivant : abc de f, etc. a b c d e /', etc. Dans la première division de la cellule-mère pollinique, ou division hétérotypique, les chromosomes se soudent par paires et peuvent être représentés par a + &, c 4- d, e -f- /", etc., et leur division s'exprimera comme suit : a -f- à c -f- d e -f- f. etc. a-\-bc-\-de-\-f, etc. Enfin, la seconde division de la cellule-mère pollinique, dans laquelle les deux moitiés des chromosomes secondaires se séparent l'une de l'autre, sera représentée par le schéma : a c e, etc. b d f, etc. Quant à la question de savoir si le groupement des chromosomes correspond ou non à celui qui précède, c'est ce que l'on ne peut décider. En tout cas, les novaux formés à la suite de la division réductrice ne renferment pas des chromosomes identiques, ce qui peut fournir, dit Belajev, l'explication matérielle des différences présentées par les des- cendants d'un même générateur. Tel est, en résumé, l'état actuel de la question de la réduction chromatique chez les plantes. B. Animaux. — Les observations faites au même point de vue chez les animaux ne sont pas plus concordantes. Bien qu'un récent mémoire de Montgomery (1) sur la question en renferme un exposé suffisamment complet, je crois pourtant nécessaire d'en rappeler les principales. Boveri (2j et 0, Hertwig (3) ont reconnu que, chez Y Ascaris, la ré- duction chromatique a lieu de la même façon dans la spermatogénèse et Uovogénèse. L'essence du phénomène consiste en ce que, les deux divisions de maturation se succédant rapidement, sans phase de repos intermédiaire, les chromosomes qui proviennent de la première division se séparent, à la seconde division, sans avoir subi au préalable de dé- doublement longitudinal. Le nombre des chromosomes et en même temps la quantité de nucléine se trouvent réduits de moitié dans les noyaux après la seconde division. (1) Montgomery ^Th. H.), The Spermatogenesis iriPeatatoma up to the Formation of t/v Spermatid (Zool. Jahr., nov. 1898). (2) Boveri (Th.), Zellen-Studien (Jenaische Zeitschr.. 1887, 3888. — Befruchtung, in Ergeb- nisse der Anat. und Entwickelungsg., 1891). (3) Hertwig (O.), Vergleich der Et- und Samenbildung beiNematoden (Arch. f.mikr. Anat., 189-2,. 71 L'ANNEE IJIOLOGIQUK. Complétant ces observations, Brauer (') a décrit de la façon suivante les phénomènes constatés par lui au cours de la spermatogénèse dans 1 '. 1 scaris meyalocephala. Dans le type bivalent, dont les cellules somatiques possèdent, comme on sait, 4 chromosomes, les spermatogonies offrent d'abord, tout au début de la mitose, un filament unique, qui subit le dédoublement longi- tudinal et se coupe ensuite à deux reprises pour donner également 4 chromosomes; ceux-ci se comportent comme dans la division ordinaire des noyaux somatiques. La formation des spermatogonies est suivie d'une période de repos et d'accroissement, pendant laquelle Brauer n'admet pas la persistance des chromosomes en tant qu'individualités. Dans le spermatocyte de premier ordre, le filament nucléaire subit deux dédoublements longitudinaux, qui paraissent être presque simulta- nés. Il se coupe ensuite transversalement en deux chromosomes, lesquels, par suite delà contraction qu'ils subissent, présentent l'aspect de prismes à quatre faces, dont la longueur, au moment où ils se disposent en plaque nucléaire, est à peu près le double de la largeur. Leurs extrémi- tés,, vues de face, montrent quatre globules chromatiques distincts, Chaque chromosome comprend donc quatre bâtonnets chromatiques réunis par la linine du filament primitif. 0. Hertwig, qui n'avait pas vu les deux chromosomes se former par segmentation transversale du filament nucléaire, pensait que celui-ci fournissait directement 8 bâtonnets distincts, qui se rapprochaient ensuite en deux groupes de quatre. Il considérait chaque bâtonnet comme un chromosome, et, par suite, le nombre des chromosomes du spermato- cyte de premierordre se trouvait être le double du nombre normal, c'est- à-dire 8 au lieu de 4 dans le type bivalent. Mais Brauer rapporte à un état pathologique les faits observés par 0. Hertwig. Dans le type univalent, le filament nucléaire du spermatocyte subit aussi les deux mêmes scissions longitudinales dans toute sa longueur, mais il ne se coupe pas en travers et, par conséquent, il n'y a qu'un seul chromosome, composé également de quatre bâtonnets. Les phénomènes consécutifs à la formation des chromosomes se pas- sent essentiellement suivant la description de 0. Hertwig. Dans la pre- mière division du type bivalent, au stade de la plaque nucléaire, les bâ- tonnets, fortement raccourcis et disposés en tétrade dans chaque chro- mosome, se placent par paires de part et d'autre du plan équatorial du fuseau ; à la métakinèse, ces paires se séparent l'une de l'autre et se transportent aux pùles. Les nouveaux noyaux reçoivent donc chacun deux paires de bâtonnets. Dans la seconde division, qui succède à la pre- mière sans stade de repos intermédiaire, chaque paire de bâtonnets dis- pose l'un de ses éléments de part et d'autre du plan équatorial. Les noyaux reçoivent par conséquent chacun deux bâtonnets chromatiques seule- ment. Le schéma des divisions de maturation peut donc être représenté comme suit : (l) Brauer (A.), Zur Kenntniss der Spermatogénèse von Ascaris megalocephala (Arcli. f. mikr. Anat.. l8i>-2). II. — PRODUITS SEXUELS. — FÉCONDATION. 75 a aa aa a\a a — a aa aa aHi Les quatre éléments d'un chromosome sont équivalents par le fait même des deux scissions longitudinales; les divisions sont toutes deux équationnelles. Il n'y a pas ici de division réductrice au sens de Weis- mann, mais simplement réduction de la masse chromatique. La même conclusion se dégage des recherches de Boveri (1) sur d'autres animaux, tels que le Carinaria mediterranea, le Sagitta bipunc- tata, etc., et de celles de Moore (2) sur les Élasmobranches. Dans les ovocytes du Carinaria, par exemple, les chromosomes, au nombre de 16, sont également quadrivalents; chacun d'eux se compose de deux paires de bâtonnets chromatiques , souvent incurvées et rapprochées par leurs extrémités sous forme d'anneaux. Dans une espèce de Tiara, Boveri a vu de même, dans chacun des chromosomes, les quatre bâ- tonnets primitifs se transformer en sphérules et former une tétrade ou groupe quaterne. La répartition de ces éléments entre les noyaux suc- cessifs se fait de la même façon que dans Y Ascaris* Plus récemment, Meves (3) a observé dans les spermatocytes de Sa- lamandra maculosa des faits qui sont tout aussi peu favorables à l'hypo- thèse d'une division réductrice qualitative. La marche de la première division est hétérotypique, celle de la seconde homotypique, ainsi que Flemming l'avait découvert. A la première division, le filament nucléaire du spermatocyte, au stade pelotonné, subit le dédoublement longitudinal, puis se coupe en 12 seg- ments (au lieu de 24, comme dans la mitose des cellules somatiques); ces segments chromatiques ont la forme de cerceaux et sont fréquem- ment de longueur très inégale. Ils se placent parallèlement au fuseau et s'étirent en losange, de telle façon que chacune de leurs moitiés est tournée vers l'un des pôles et présente une forte courbure en son milieu ; les deux moitiés de chaque segment restent encore unies par leurs extré- mités équatoriales. La rupture de l'anneau se fait ensuite à l'équateur, et, quand les deux anses ainsi libérées arrivent aux pôles, elles subissent la seconde scission longitudinale constatée par Flemming. Au stade du dispirème, toute trace de celte scission longitudinale disparaît. La seconde division succédant sans stade de repos à la première , les 12 chromosomes laissent voir de nouveau le dédoublement longitudinal qui s'était manifesté, pour devenir ensuite indistinct, dans la division hétérot}rpique précédente. Pendant la formation du fuseau, les bâtonnets jumeaux restent accolés, puis ils se séparent l'un de l'autre; on en compte 24 dans la plaque nucléaire, et chaque noyau en reçoit 12. Les deux divisions de maturation sont donc équationnelles; dans l'une comme dans l'autre, des chromosomes équivalents, identiques, se (i) Th. Boveri, Zellen-Studien (Jenaische Zeitschr., 1890). (2) J. E. S. Moore. On the Essential Similarity of the Prozess of Chromosome Réduction in Animais and Plants (Ann. of Bot., t. 35, 1895). (3) Fr. Meves, Ueber die Entwickelung der mannlichen Geschlechtszellen von Salamandra maculosa (Arcli. f. mikr. Anat., t. 48). 76 L'ANNEE BIOLOGIQUE. rendent aux pôles. La réduction numérique ne s'accompagne que d'une réduction quantitative de la masse chromatique. Les recherches zoologiques pourraient encore fournir d'autres argu- ments plus ou moins probants en faveur de l'opinion qui précède; mais arrivons à celles qui ont conduit à une manière de voir toute différente. Elles sont dues surtout à vom Ratii, Ruckert et Hacker; il suffira d'en indiquer le résultat essentiel en prenant pour exemple le Canthocamptus staphylinus, chez lequel Hacker (1) a étudié avec soin la maturation de l'œuf. L'auteur constate d'abord que, contrairement à ce qui se passe d'ordi- naire, les noyaux des cellules-mères primordiales ou ovogonies, à la fin des divisions qui leur donnent naissance, présentent déjà les méta- morphoses que l'on remarque au début de la mitose des ovocytes. Ces noyaux, en effet, qui deviendront les vésicules embryonnaires, ne se reconstituent pas avec les caractères de l'état quiescent, mais demeurent à l'état de filament pelotonné offrant le dédoublement longitudinal, qui prépare les deux divisions de maturation. Ce dédoublement précoce serait une réminiscence phylogénétique des formes dans lesquelles l'ac- croissement et la production du vitellus de l'œuf étant beaucoup moin- dres, la division des cellules-mères primordiales et les deux divisions de maturation se succédaient sans interruption. Au moment où l'ovocyte entre en division, le filament chromatique dédoublé peut se comporter de deux façons différentes. Ou bien il se coupe d'abord en 12 paires de bâtonnets qui subissent ensuite une nouvelle segmentation, ce qui donne un groupement en tétrade, ayant pour formule ab. Les segments ne se transforment en sphérules que peu de temps avant la métakinèse. Ce premier mode de formation des tétrades est identique à celui que Ruckert avait décrit dans le Cyclops strenuus (2). Ou bien le filament se coupe en deux tronçons allongés, qui subissent ensuite des segmentations successives, conduisant finalement à la for- mation des tétrades. La formation de ces groupes quaternes offre des modifications inté- ressantes chez d'autres animaux. Par exemple, dans les spermatocytes du Gryllotalpa et d'un Copépode marin du genre Euchœta, étudié par vom Rate (3), et dans les ovocytes d'autres Copépodes du même groupe, Y Heterocope et le Diaptomus, observés par Ruckert (''), les deux bâton- nets parallèles de chaque segment s'écartent d'abord l'un de l'autre en se soudant à leurs extrémités de manière à former un anneau; puis ils se coupent chacun en deux, et les tétrades se différencient ensuite comme précédemment. Ailleurs, la production des tétrades a lieu par formation angulaire : (1) Hacker, Die Vorstadien der Eireifung (Arch. f. mikr. Anat., t. XLV, 18«)5). The Réduction ofthe Sexual Cells as described b>j Botanist : A Reply to Professor Strasburger (Ann. Bot., i. i\ . (2) J. Ruckert, Zur Eireifung bei Copepoden (Anat. Hefte, t. IV, 1894). (3) Vom Rath, Zur Kenntniss der Spermatogenese von Gryllotalpa vulgaris (Arch. f. mikr. Anat., t. 40, ls<)-2). ('*) Ruckert, Zur Eireifung bei Copepoden (Anat. Hefte, 1894). IL — PRODUITS SEXUELS. — FECONDATION. 77 les deux bâtonnets parallèles subissent une inflexion angulaire à l'endroit où ils se couperont plus tard transversalement; une rupture se fait ensuite au niveau de l'angle, et il en résulte quatre bâtonnets droits, réunis par paires en un seul faisceau, ou courbés et disposés de façon à figurer des formations pseudo-annulaires. C'est ce qu'on peut observer dans le Canthocamptus et le Carinaria. La destinée ultérieure des tétrades a b est commandée par la position qu'elles prennent à l'équateur du fuseau. Dans la première division, les deux groupes binaires ab se rendent en sens inverse vers les pùles. Dans la seconde division, chaque groupe binaire dispose l'un de ses éléments d'un côté du plan équatorial et l'autre de l'autre côté; puis a se sépare de b, et chaque unité se rend au pôle correspondant. Cette dernière division se fait donc sans dédoublement longitudinal et par simple sépa- ration transversale. On voit par conséquent que, dans ces exemples, les deux divisions de maturation ne sont pas préparées, comme chez Y Ascaris, par une double scission longitudinale, mais par une seule; la seconde division se fait de telle façon que deux éléments a et 6, situés bout à bout dans le filament chromatique initial, se distribuent chacun séparément aux deux noyaux- fils. Le nombre normal des chromosomes ou « idantes » qui se succèdent dans le filament nucléaire étant de 24, la formule sera, après le dédou- blement longitudinal précoce : abcd abcd Quand la première division du spermatocyte ou de l'ovocyte com- mence, le filament se coupant en 12 segments doubles, le schéma de- vient : ab cd t~j t*j etc. ab cd La réduction du nombre de chromosomes dans ces cellules germi- natives provient de ce que deux segments restent unis bout à bout, tandis que dans les cellules végétatives les 24 chromosomes deviennent libres. Il n'y a pas, en réalité, de réduction numérique véritable, mais une « réduction apparente » ou une « pseudo-réduction ». La disjonction des quatre éléments de chaque tétrade a lieu de la façon suivante : ab ( a î, 2e division ) j ab ( b lre division | , 2e division /' the Fertilized Egg of Allolobophora fœtida. (Biological Lectures. Marine Biol. Lab. of Woods Holl., 1896-1897.) 47. Centrosome and Arrhnjdasm. (Science, N. S., V, 231). [Résumé des conclusions du travail de l'auteur sur l'œuf d'Allolobophora. — L. Defrance. 48. Francotte (P.). — La Maturation, la Fécondation et la Segmentation chez l<-s Polyclades. (Mém. cour. Ac. Belgique, LV, 72 p., 3 pi.). [119 49. Giard (Alfred). — Sio- un point de Vhistoire des globules polaires. (C. R. Soc. biol. Paris, (2) IV, 549-551.) [Revendication de priorité à propos de l'équivalence morphologique des œufs et des globules polaires, IL — PRODUITS SEXUELS. — FÉCONDATION. 85 opinion que Francotte (48) attribue à Mark et Bùtschli. — A. Labbé. 50. Godlevski (E. jun.). — Ueber die Umwandlung der Spermatiden in Spermatozoen bei Hélix pomatiah. (Vorlâufige Mitteilung). (Bull. Ac. Cra- covie, 1897, 263-267, 3 fig.) [99 51. Weitere Untersuchungen ûber die Umwandlung sweise der Sperma- ' tiden in Spermatozoen bei Hélix Pomatia. (Bull. Ac. Cracovie, 1897, 335- 352.) [99 52. Griffin (B. B.). — The History of the Achromatic Structures in îhe Ma- turation and Fertilization of Thalassema. (Tr. New York Ac., XV, 163- 176.) [115 53. Gronberg (G.). — Beitràge zur Kenntniss der Gattung Tubularia. (Zool. Jahrb. Abth. Morph., XI, 61-76.) [90 54. Haecker (V.). — Der heutige Stand der Befruchtungslehre. (Jahresh. Ver. \Vurtemb., LUI. 1-12.) [Cité à titre bibliographique. 55. ■ Ueber cineneue Form der Geschlechlszellen Sonderung. (Ber. Ges. Freiburg, X, 15-19.) [Communication préliminaire du suivant. 56. Die Keimbahn von Cyclops. (Arch. mikr. Anat., XXXXIX, 35-91, 5%. texte, 2 pi.) [88 57. Ueber weitere Uebereinstimmungen zicischen den Fortpflanzungs rorgàngen der Thiere und Pflanzen. (Biol. Centralbl., XVII, 689-705. 721- 745, 36 fig.) [91 58. Heape (W.). — Artificial insémination of mammals and subséquent pos- sible fertilization or imprégnation of their ova. (P. R. Soc. London, LXI, 52-63.) [Voir ch. XV 59. Hermann (F.). — Beitràge zur Kenntnis der Spermatogenese. (Arch. mikr. Anat., L, 276-315, 1 pi.) [100 60. Urogenitalsystem : Struktur und Histiogenese der Spermatozoen. (Anat. Ergebn., XI, 140-170.) [Résumé des travaux sur la spermatogenese parus de 1892 au commencement de 1897. 61. Herrera (Alfonso L.). — La fécondation par attractions moléculaires. (Bull. Soc. Zool. France, XII, 235-236.) [140 62. Ikeno (S.) et Hirase (S.). — Spermatozoids in Gymnosperms. (Ann. Bot.. XI, 344-345.) [59 63. Ishikawa (C). — Studies of reproductive Eléments. III. Die Entwic- kelung der Pollenkorner von Allium fistulosum L., ein Beitrag zur Chromo somrn réduction im Pflanzenreiche. (J. Coll. Se. Tokyo, X, 195-223, 2 pi.) [63 64. Ivanzov (N.). — Ueber dit- physiologische Bedeutung des P)*ocesses der Eireifung. (Bull. Soc. Moscou, 1897 (paru en 1898), 355-367, 1 pi.) [139 65. Karsten (G.). — Untersuchungen uber Diatomeen. (Flora, LXXXIIL 33- 53, 203-222, 3 pi.) [Sera analysé dans le prochain volume. 66. Klinckovstrom (A. von). — Beitràge zur Kenntnis der Eireifung und Befruchtungbei Prosthecerxusviltatus. (Arch. mikr. Anat., XLVIII, 587-605, 2, pl.r 3 fig. texte.) [122 67. Kœrnicke (Max.). — Untersuchungen uber die Entstehung und Entwi- ckelung der Se.vualorgane von Triticum mit besonders Berilcksichtigung der Kerntheilungen. (S. B. Ges. Bonn, LUI, 149-185, 3 pi., 2 fig.) [* sr, L'ANNEE BIOLOGIQUE. 68. Kostanecki (K. von). — Ueber die Jlerkunft der Centrosomen def ersten Furchungs-Spindel bei Myzostoma glabrum, (Bull. Acad. Cracovie, 1897, 259-263.) [Les centrosomes du premier fuseau de segmentation proviennent du spermocentre. — G. Poirault. 69. Ueber die Gestalt der Centrosomen im befruchteten Seeigelei. (Anat. Hefte, VII, 215-238, 2 pi.) [Sera analysé dans le prochain volume. 70. Lenhossek (M. von). — Ueber die Spermatogenese bei Sàugethieren. (8V0. Tùbingen, 8 p.) [* 71. Loramen (C. P.). — Ein Fall von Copulation zweier Zygoten einer Si- progyra sp. (Arch. mikr. 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In-8", Iena, [Gustav Fischer], 212 p., 36 fig. texte.) [Voir ch. IV 79. Moore (J. E. S.). — The Facts of Chromosome-Rédaction versus the Pos- tulâtes of Weismann. (Nat. Se, X, 406-410, 8 fig.) [Exposé de la question. Définition de la division réductrice. Cette réduction n'existe pas chez les Elasmobranches ni, d'après Meves, chez les Amphibiens. La question est à reprendre pour les Arthropodes. — H. de Varigxv. 80. Mottier (David M.). — Beitràge zur Kennlniss der Kerntheilung in den Pollen m ut ter zellen einiger Dikotylen und Monocotylen. (Jahrb. wiss. Bot., XXX, 169-204, pi. III-V.) [66 81. Beitràge zur Kennlniss der Kerntheilung in den Pollenmutterzellen einiger Dikotylen- und Monokofylen. (Cytologische Studien, 15-47, pi. III-V.) [Identique au précédent. 82. — — Ueber die Chràmosomenzahl bei der Entwicklung der Pollenkôr- ner von Allium. (Ber. deutsch. bot. Ges., XV, 474-475.) [63 s:>- Ueber dus Verlialten der Kerne bei der Entwickelung des Embryo* sacks und die Vôrgànge bei der Befruchtung. (Jahrb. wiss. Bot., XXXI, 125-15S, 2 pi.) [68 84. Nussbaum (M.). — Zur Mechanik der Eiablage bei Rana fusca. 2. Mitt. Arch. mikr. Anat., XLVIII, 545-550, 1 pi.) [145 85. Oltmanns (Friedrich). — Ueber Scheincopulationen bei Ectocarpeen und anderen Algen. (Flora, LXXXIII, 398-414, 1 pl.; 4 fig. texte.) [136 II. — PRODUITS SEXUELS. — FECONDATION. 87 86. Plato (Julitis). — Zur Kennlnis der Anatomie und Physiologie der Ge- schlechtsorgane. (Arch. mikr. Anat., L, 640-685, 1 pi.) [113 87. Regaud (Cl.). — Les faux endothéliums de la surface des tubes se'mini- fères. (C. R. Soc. Biol., IV, 661 et 662.) [Le dessin endothéliforme que décèle l'impré- gnation au nitrate d'argent à la surface des tubes séminifères appartient aux cellules épithéliales de l'intérieur du tube séminifère. — A. LabbÉ. 88. Rollinat (R.) et Trouessart (E.). — Sur la reproduction des Chauves- Souris. (Mém. Soc. Zool. France, X, 114-138.) [141 89. Rondino. — Il centrosoma nelle uova non fecondate di alcuni mammifem. (Arch. di Ostetricia el Ginecol, IV, 705-712, résumé sous le même titre dans Monit. Zool. Ital., IX, 85-86.) [R. trouve dans l'œuf du chien et du Lapin, avant la maturation et la fécondation, un corpuscule identique à l'ovocentre des animaux inférieurs. — L. Cuénot. 90. Sabachnikov (M.). — Beitràge zur Kenntnis der Chromatinreducfton in der Ovogenese von Ascaris megalocephala bivalens. (Bull. Soc. Moscou, 82-112, 1 pî.. 1 fig.) [96 91. Sabatier (A.). — De la Spermatogénèse chez les Poissons sélaciens. (Travaux de l'Institut de Zoologie de l'université de Montpellier et de la station maritime de Cette, in-8°, 191 p., 9 pi.) [99 92. Sadones. — Zur Biologie (Befruchtung) der Hydatina senta. (Zool. Anz., XX, 515-517.) [140 93. Sargant (E.). — The formation ofthesexualnuclei in Lilium Martagon. (Ann. Bot., X, 445-479, pi. XXII-XXIII.) [62 94. The formation of 'the sexual nuclei in Lilium Martagon. II. Sperma- togenesis. (Ann. Bot. XI, 187-224, 2 pi.) [70 95. Sauvageau (C). — La copulation isogamique de VEclocarpus siliculo- sus est-elle apparente ou réelle? (Mém. Soc. Cherbourg, XXX, 293-304.) [136 96. Schaudinn (P.) et Siedlecki (A.). — Beitràge zur Kenntjiiss der Coc- cidien. (Verh. deutsch. Zool. Ges., 1897, 192-203, 20 fig.) [133 97. Simond (P. -H.). — V évolution des Sporozoaires du genre Coccidium. (Ann. Inst. Pasteur, XI, 545-585, 67 fig.) [132 98. Sobotta (J.). — Ueber die Bildung des Corpus luteum beim Kaninchen nebst einigen Bemerkungen liber den sprungreifen Follikel und die Rich- fungsspindeln des Kaninchens. (Anat. Hefte, VIII, 471-524, 7 pi., 1 fig.) [145 99. Die Reifung und Befruchtung des E les von Amphioxus lanceolatus. (Arch. mikr. Anat., L, 15-71, 4 pi.) ' [131 100. Strasburger (Eduard). — Ueber Befruchtung. (Jahrb. wiss. Bot. XXX. 406-422.) [Sera analysé dans le prochain volume, 101. Kerntheilung und Befruchtung bei Fucus. (Jahrb. wiss. Bot., XXX, 351-374, 2 pi. ) [Sera analysé dans le prochain volume. 102. Strasburger (Eduard) et Mottier (David M.). — Ueber den zweiten Theilungsschritt inPollenmutterzellen. (Ber. deutsch. bot. Ges., XV, 327-332, 1 pi.) [69 103. Strassmann (P.). — Beitràge zur Lehre von der Ovulation, Menstrua tion und Conception. (Arch. Gynakol., LU, 134-234, 6 pi., 10 fig.) [144 104. Stricht (O. van der). — La maturation et la fécondation de V œuf de Thysanozoon Brocchi. (C. R. Ass. Franc, 25 sess., 2me part., 484-489.) [115 L'ANNEE BIOLOGIQUE. » IoT). Tellyesniczky (K.). — Ueber . — Contributions towards a monograph of the Laboulbe- niacese. (Mém. Amer. Ac. Se, XII, 189-429, 26 pi.) [136 107. Valette St-George (vonLa). — ZufSamen-und Eibîldung beim Seidens- pinner Bombyx mori).[(A.rch. mikr. Anat., L, 751-766, pi. XXXVII I-XL.) [114 lus. Vernon (H. M.). — The causes of Variation. (Se. Progress., XI, 229.) [Voir ch. XVI 109. Webber Herbert J.). — Peculiar structures occurring in the pollen tube of Zamia. (Bot. Gaz., XXIII, 453-459, pi. XI. [59 110. The development of the antherozoids of Zamia. (Bot. Gaz., XXIV, 16-22. 5 fig. texte.) ' [59 111. Notes on the fecundation of Zamia and the pollen tube apparatus o/'Gingko. (Bot. Gaz., XXIV, 225-235, pi. X.) [59 1 12. Webster (J. G.). — The biological basis of menstruation. (Reprint from the Montréal Médical Journal, April 1897, 19 pp.) [* 113. Wheeler (W. M.). — The maturation, fecundation, ami early cleavage of Myzostoma glabrum Leuckart. (Arch. Biol, XV, 1-77, 3 pi.) [116 114. Whitman (G. O.). — The centrosome Problem and an expérimental Test. (Science, V, 235-236.) [Voir ch. XV 115. Wilcox (E. V.). — Chromatic Tetrads. (Anat. Anz., XIV, 194-198.) [L'auteur confirme ses résultats antérieurs. 116. Williams (J. Lloyd). — Mobility of antherozoids of Dictyota and Taonia. (J. Bot. London, XXXV, 361-362.) [Note préliminaire du suivant. 117. The antherozoids of Dictyota and Taonia. (Ann. Bot., XI, 545-553, 1 pi.) [Sera analysé dans le prochain volume. 56. Hacker (V.). — Origine des cellules sexuelles chez Cyclops. — L'hé- térotypie de la division et la double nature du noyau, due à la séparation de la substance nucléaire paternelle de la maternelle, sont la caractéristique, chez Cgclops brevicomis, des divisions des premiers blastomères; dans la suite, ils caractérisent les cellules sexuelles. A ces deux processus vient s'en ajouter un troisième que l'on peut observer pendant les premières divisions et pendant la formation des cellules génitales. Lors de la division, en effet. ;i la base de l'une des sphères, on aperçoit à la place où les filaments fuso- riaux pénètrent en elle, une agglomération de corpuscules de dimensions différentes, arrondis et qui, après fixation par le sublimé ou par l'acide osmique, sont érythrophiles (carmin et aniline), tandis que les chromosomes sont cyanophiles (hématoxyline, bleu de méthylène). L auteur les appelle corpuscules extra-nucléaires ou edosomes. Ces différenciations disparaissent pendant la phase de repos proprement dite. Les divisions suivantes, toujours hétérotypiques, montrent la réapparition des corpuscules extranucléaires, mais dans l'une des cellules et seulement aux alentours de l'une des sphères. - corpuscules seraient probablement des produits de la substance nucléo- laire. S'appuyant sur l'existence de ces granulations acides, l'auteur suit IL — PRODUITS SEXUELS. — FÉCONDATION. 89 Fig. 10. la genèse des cellules génitales germinatives. On peut en effet les observer pendant les premières divisions et pendant la formation des cellules géni- 90 L'ANNEE BIOLOGIQUE. taies: mais, à partir du stade à 16 cellules, c'est-à-dire après la quatrième division, les corpuscules extranucléaires ne sont que difficilement visibles; ils réapparaissent toutefois au moment de la division des cellules-souches et au moment de la genèse des cellules génitales germinatives. La disposition unilatérale des granulations doit être due à une influence inégale des centrosomes sur le cytoplasme et sur ses granulations. Dans le tableau que nous reproduisons ici (fig. 10), l'auteur représente gra- phiquement les diverses phases de la différenciation des cellules génitales germinatives. Dans la confection de ce graphique, on suppose que les divi- sions ont une durée d'environ une heure. Cela n'a lieu, naturellement, que pour une petite partie des éléments ectodermiques, représentés en petit nombre à la droite du tableau. Plus les éléments ectodermiques sont appa- rentés avec les cellules-mères des cellules génitales, plus la période de division dure longtemps, et celle-ci en général croit d'une façon continue de génération en génération. C'est surtout la durée du temps dans lequel s'opère la séparation entre les éléments endodermiques et les cellules sexuelles qui est bien mise en évidence par le graphique. Cette séparation a lieu à la 5e division. Mais, après la séparation des éléments endodermiques et des cellules sexuelles, la cellule-mère ne représente pas tout de suite une cellule progénitale, elle se divise de nouveau (formation des cellules A et B) et c'est seulement après la 7e division que se forment les deux cellules progénitales (Ag). Il est à remarquer qu'entre la division qui conduit à la formation de la cellule S et la division de la cellule 5 elle-même, il se fait une pause assez longue, mais par contre, à la division de la cellule S, succède rapidement celle de la cellule progénitale primaire (cellule A). La loi de l'accroissement progressif des phases de division n'a donc de valeur que jusqu'à la formation de la cellule £ elle-même, c'est-à-dire jus- qu'au commencement de la répartition proprement dite des tissus. A partir de là, on voit une irrégularité frappante; après une pause assez longue, se succèdent relativement vite deux divisions à la suite desquelles les cel- lules génitales germinatives subissent pour longtemps un arrêt complet. H. remarque qu'il y a un parallélisme frappant entre ce qui se passe dans l'œuf au moment de la maturation et ce qu'on observe dans la multi- plication des cellules sexuelles. La vésicule germinative est le siège de deux divisions se succédant rapidement pour donner les globules polaires. Après cette production, l'œuf passe par un stade de repos en attendant la féconda- tion. De même, il existe un temps de repos entre les 5e et 6e divisions, les deux divisions successives des cellules S et A, puis le stade de repos des cellules progénitales. Un point des plus intéressants de ces recherches est l'asymétrie frappante qui apparaît par suite de la présence des corpuscules extranucléaires au voisinage de l'une des sphères dès les premières divisions de l'œuf. Il est probable que l'on n'a pas affaire ici à une particularité du Cyclops, mais bien au contraire à une loi générale, et il est à présumer que d'autres œufs holoblastiques à division en apparence totale montrent égale- ment au moins des traces d'une semblable manière d'être. — M. Bouix. 53. Grônberg. — Contribution à l'étude du genre Tubularia. — On connait (Voir Dôflein, Ann. biol., II, 93) les diverses opinions des auteurs sur la for- mation de l'œuf chez Tubularia. Pour les uns, l'œuf absorbe les autres cel- lules du gonophore; pour d'autres, l'œuf est formé d'un syncytium de cellules équivalentes. — D'après Grônberg, l'œuf n'est pas un syncytium, fusion de cel- lules égales, dans lequel un noyau seul devient la vésicule germinative, mais II, — PRODUITS SEXUELS. — FÉCONDATION. 91 dès l'origine il y a différenciation en cellules ovulaires et cellules nourricières. L'œuf, probablement au début cellule unique, s'accroît et ensuite s'assimile les cellules vitellines (Xâhrzellen), dont le noyau subit une dégénérescence bien étudiée par Doflein, mais différente chez Tubularia coronala et T. larynx. [Va\ présence de toutes ces discussions on conçoit que le problème de la for- mation de l'œuf chez les Tubulaires ne soit pas encore tranché]. — A. Labbé. 57. Hacker (V.). — Etroite homologie entre les phénomènes de la repro- duction chez les animaux et les végétaux. — Les récents travaux sur les cel- lules-mères germinatives (ce terme désignant tous les éléments qui inter- viennent directement dans la reproduction) dévoilent dans les deux règnes, relativement à la division de ces cellules, des particularités qui les différen- cient profondément des cellules somatiques. Elles présentent ce que certains auteurs appellent la division hé ter oty pique. I. Période de croissance. — Durant cette période, le noyau se prépare de très bonne heure à la division, aussi bien dans les cellules-mères d'éléments spermatiques ou ovulaires que dans les cellules-mères de pollen, de sac embryonnaire ou de spores. La charpente chromatique ne se condense pas seulement en un filament pelotonné, mais la condensation est suivie d'une scission longitudinale précoce du filament chromatique. En outre, ce stade dure relativement très longtemps. Ensuite, le filament chromatique, déjà divisé longitudinalementmais non encore segmenté transversalement, paraît se condenser sur l'un des côtés de la cavité nucléaire, plus particulièrement autour du nucléole: c'est le stade que Hacker, après Moore, désigne du mot synapsis. Cette contraction est-elle naturelle ou est-elle due à l'action des réactifs? Les auteurs ne sont pas d'accord à ce sujet; à retenir seulement la généralité du phénomène. — Puis vient le stade de la diakinèse caractérisé par sa longue durée, la segmentation du filament chromatique en un certain nombre d'éléments, leur distribution irrégulière et leur tendance à une répartition pariétale. A noter la séparation précoce des moitiés longitudinales des chromosomes, séparation qui ne s'effectue dans les autres cellules que pendant la métakinèse. Toutefois cette séparation n'est jamais complète, d'où les figures en forme d'anneau, de huit, de tétrade, etc. Ultérieurement ces figures se condensent et se raccourcissent. — La similitude frappante entre le noyau et la chromatine des cellules germinatives des deux règnes se poursuit jusque dans les détails. Chez les animaux comme chez les végétaux, on trouve très généralement un nucléole principal très chromophile. Mais cet élément présente de grandes variations individuelles et spécifiques quant à ses dimensions et à l'époque de sa disparition. L'évanouissement du nucléole ne correspond pas à un stade déterminé de la division nucléaire, car il coexiste parfois avec les chromosomes et le fuseau; il ne saurait donc intervenir dans la formation de ces éléments. L'auteur, avec Wilson (Ann. biol., II, 89-93), le considère comme un produit de sécrétion de la substance chromatique. Ce serait un déchet chromatique non employé et éliminé. II. Période de maturation. — Chez les animaux, dans les premières phases de la division, les filaments achromatiques convergent, non pas à deux pôles uniques (centrosomes), mais à plusieurs corpuscules chromophiles (pseudo- somes, 6-8). Ces figures, regardées tout d'abord par Flemmixg comme des aberrations pathologiques, sont normales et constantes dans les cellules ger- minatives (Boveri, Sala, V. Erlanger). La disposition des corpuscules est variable : souvent ils sont dans des plans différents, ou bien ils sont tassés et constituent de véritables plaques terminales ; la figure achromatique rap- 92 L'ANNEE BIOLOGIQUE. pelle plutôt une gerbe ou un tonnelet qu'un fuseau. Les mêmes apparences se retrouvent dans la seconde division maturatrice; mais ici, on assiste àl'effi- lement des sommets, à la fusion et à la disparition des corpuscules pour arriver au fuseau bipolaire habituel. Ce passage graduel du tonnelet au fuseau con- duit à j >e user que les centrosomes dérivent de la fusion des corpuscules. La pluralité de la figure achromatique existe chez les Rhizopodes et les Héliozoaires (R. Hertwki et Cheviakov); on la trouve chez une Ento- mophtoracée dans les phénomènes préparatoires à la conjugaison (Fair- ciiild). Mêmes particularités dans la maturation des produits sexuels des Phanérogames et des Cryptogames. Mais chez ces derniers il n'est pas rare de rencontrer un fuseau tétrapolaire suivi d'une tétrapartition du noyau. I l'allavicinia). Quelle est la signification de cette pluripolarité? Hacker, partant du cas de Pallavicinia où la figure achromatique à quatre pôles entraine une tétrapartition simultanée, considère la pluripolarité des cellules germinatives comme une disposition primitive, la bipolarité n'étant qu'une modification secondairement acquise. Ce sont là des vues ingénieuses qui malheureusement ne constituent pas une explication. En ce qui concerne la plaque équatoriale, l'homologie entre les deux règnes paraît moins accen- tuée. Chez les animaux, ce stade a une longue durée, les éléments chroma- tiques sont condensés et raccourcis. Chez les végétaux, l'achèvement des phases métakinétiques demande aussi beaucoup de temps, mais les chromo- somes sont allongés en forme de W ou de double Q ou de croix, au lieu d"être ramassés comme ceux du type animal. Cependant, il n'y a rien de fixe, le type animal se retrouvant chez certains végétaux et inversement. Cette phase est suivie d'un étirement des chromosomes dans les deux groupes. En résumé, la première division maturatrice est caractérisée par la sépa- ration précoce des demi-chromosomes ; la formation de figures cruciformes, annulaires, quaternes; le raccourcissement et la condensation des chromo- somes avant C édification de la plaque équatoriale; enfin, la pluripolarité du fuseau. La réduction des chromosomes qu'on observe parfois dans la première division des cellules germinatives est-elle effective? Les figures que donnent certains animaux laissent l'impression que les groupes quaternes sont des chromosomes bivalents. Il en serait de même chez les végétaux supérieurs; on connaît d'ailleurs le fait signalé par Guignard que les éléments de la té- trade inférieure du sac embryonnaire renferment souvent le nombre normal de chromosomes. Enfin, chez certains types étudiés par Dixon et Ishikawa, u.nr bipartition des chromosomes a été constatée pendant leur migration vers les pôles. La même conclusion se dégage de l'examen des figures de Miss Sargant, bien que cet auteur n'admette pas l'hypothèse de la pseudo-réduc- tion. Il semble donc que, chez les végétaux, au moment de la première divi- sion maturatrice, le nombre normal des chromosomes est maintenu par suite d'une segmentation tardive des chromosomes, processus qu'Hacker désigne du nom de métalyse. I.vlativement à la seconde division réductrice, les faits sont moins précis; elle parait caractérisée par l'absence de scission longitudinale du filament chromatique, scission qui réapparaît dans les divisions ultérieures. En outre, chez divers animaux et chez llemerocallis (Juel) les chromosomes présentent une disposition en forme d'X, ou d'H, ou de double fer à cheval, tout à fait particulière. Cette étude comparée fait ressortir que la chromatine, la substance nucléo- laire, la ligure achromatique présentent dans les deux règnes des homologies IL — PRODUITS SEXUELS. FECONDATION. 93 très étroites pendant toute la période d'activité des cellules germinatives. La signification biologique de ces homologies ne pourra être élucidée que lorsqu'on connaîtra d'une façon plus complète les processus de la seconde division. Mais ce n'est pas avec les mots hétérotypie ou homolypie qu'on nous donnera une notion plus exacte de ces phénomènes. — L. Terre. 3. Bambeke (van). — Uoocyte de Pholcus phalangioides Fuessl. — Il 7 9 I F Jm , ; fn M m m km ( 1 ■ mm, " M - m m i Fig. H. Oocyte de Pholcus (d'après Van Bambeke). Voir le texte. existe dans l'oocyte jeune du Pholque une formation que l'auteur assimile au corps vitellin de Balbiani. C'est le plus souvent un corps en forme d'ovoïde ou de bâtonnet, logé dans une petite aire claire au voisinage de la vésicule germi- native, et safranophile comme la tache germinative (fig. 11. L). Le protoplasme ne renferme rien qui rappelle un centrosome et une sphère attractive. La tache germinative des oocytes jeunes est constamment vacuolée. Des cristal- loïdes, analogues à ceux décrits par Reixke dans les cellules interstitielles du testicule, s'observent dans le protoplasma, dans la vésicule ou même la tache germinative. Le corps vitellin se transforme dans des oocytes plus âgés en un corps en forme de croissant safranophile (2) ; ce croissant s'accroit beaucoup et arrive a entourer la vésicule germinative d'un anneau complet, qui demeure séparé de cette dernière par une mince zone de vitellus. Le corps vitellin, toujours safranophile, présente alors de nombreuses vacuoles. Dans un deuxième stade, le corps vitellin se désagrège en fragments sa- franophiles (.3) qui s'accumulent autour de la vésicule germinative. Un 94 L'ANNEE BIOLOGIQUE. tel morcellement du corps vitellin a du reste été observé par d'autres au- teurs sur d'autres ovules. Un troisième stide de révolution du corps vitellin est caractérisé par sa dé- sagrégation complète et la métamorphose graisseuse des fragments, qui ces- sent alors peu à peu de prendre la safranine et noircissent par l'osmium. Au quatrième stade . se produit la vacuolisation progressive du vitellus consécutive à la genèse des sphères vitellines. Les granulations graisseuses provenant de la transformation du corps vitellin demeurent dans les trabé- cules qui séparent les vacuoles (4). Comme la formation des sphères vi- tellines débute après la transformation graisseuse des restes du corps vitellin, on peut penser que cette formation est due à ce que le cytoplasme, enrichi de ces matériaux graisseux, est devenu plus actif. On peut donc dire que le corps vitellin intervient indirectement dans la formation du vitellus nutritif. Ce qui vient encore à l'appui de cette idée, c'est que. lorsque les sphères vitel- lines sont complètement formées, les éléments graisseux ont totalement dis- paru du vitellus. Les sphères vitellines représentent donc seules le véritable matériel nutritif de l'œuf. A ce stade , la vésicule germinative a perdu son contour et a émis de nombreuses expansions pseudopodiques (fig. 4), surtout abondantes et fortes vis-à-vis de l'endroit du vitellus où se trouve le plus grand amas de granules adipeux. Il y a donc eu augmentation de la surface de contact entre le cytoplasme et la vésicule germinative, dans un but phy- siologique certain, mais qui reste encore à déterminer. [Ce dernier fait esta rapprocher de ceux de Korsciielt, de ceux de Conklin et des miens, ces derniers sur les cellules de l'intestin et de l'hépato-pan- créas d'Oniscus]. — A. Prenant. 35. Cunningham (J. T.). — Sur l'histologie de V ovaire et des œufs ova- riens de certains Poissons marins. — Chez les Poissons à œufs pélagiques et à ponte annuelle, la formation du vitellus dans les œufs commence environ six mois avant la ponte. Le vitellus apparaît toujours près de la surface de l'œuf et s'étend vers l'intérieur. Dans les œufs qui renferment des globules huileux séparés, ceux-ci de petites dimensions apparaissent longtemps avant le commencement du développement du vitellus. Les œufs du Maquereau font exception à ce point de vue. Quand se forme le vitellus, les globules huileux sont situés dans une zone interne par rapport à lui. Tous les œufs ne sont pas évacués de l'ovaire au moment de la ponte; il en reste un certain nombre dans leurs follicules où ils sont résorbés. On trouve aussi des œufs morts, en voie de résorption, dans les ovaires immatures. Le noyau vitellin apparaît d'abord comme un corpuscule colorable en contact avec la vésicule germinative. Bien que l'auteur n'ait pas vu la mitose des ovules primordiaux, ii considère le noyau vitellin comme représentant très probablement un cen- trosome persistant dans l'œuf après sa division. Dans les œufs de Carrelet et de Flet le noyau vitellin, après avoir quitté la vésicule germinative, émigré vers la surface de l'œuf et se trouve plus tard sur le bord interne de la couche vitelline : il cesse d'être visible quand il est en- touré par le vitellus. Chez Syngnathus acus, il y a souvent dans un seul œuf deux ou plusieurs noyaux vitellins résultant probablement de la division d'un noyau unique. Si le noyau vitellin est un centrosome, sa disparition constitue une interruption dans sa persistance en tant que corps extra -nucléaire, car le fuseau de direction est pourvu de nouveaux centrosomes. La vésicule germinative des œufs de Téléostéens examinés par C. consiste d'abord en un gros nucléole unique et un réseau nucléaire entouré d'une membrane. A un stade plus avancé, la vésicule augmente de volume et ren- II. — PRODUITS SEXUELS. — FÉCONDATION. 95 ferme plusieurs nucléoles en contact avec la membrane. Dans des œufs plus volumineux, on observe dans la région centrale de la vésicule germinative des fibrilles plumeuses, comme celles décrites par Riïckert chez les Sélaciens. Après la formation du vitellus, la membrane commence à se plisser, les nucléoles émigrent vers l'intérieur et entourent la masse de chromosomes fibrillaires. L'auteur pense que la substance des nucléoles est absorbée par les chromosomes fibrillaires pour donner naissance aux chromosomes en bâ- tonnets des mitoses polaires, mais il n'a pu suivre la formation de ces chro- mosomes. — F. Henneguy. 27. Carnoy (J.-B) et Lebrun (H.). — Le vésicule germinative chez les Ba- traciens. — Dans l'introduction qui précède leur mémoire, les auteurs décla- rent que, relativement à la constitution du noyau et des nucléoles en général, ils n'ont rien à retrancher ni rien d'important à ajouter à l'exposé fait par Carnoy en 1884 dans sa Biologie cellulaire. Le centrosome des auteurs n'est que l'ancien corpuscule polaire ; c'est un corps autonome, sut generis, sans con- nexion organique avec le cytoplasma et d'une tout autre nature. Il est dans le protoplasma comme un corps étranger, morphologiquement parlant, et ne peut être considéré comme un organe permanent et essentiel de la cellule. « Les travaux de van Beneden et de Boveri sont de ces travaux couverts de fleurs, mais malheureux et contagieux, qui font rétrograder la science au lieu de la servir. Après un pénible détour de dix années, la cytologie se re- trouve tout ensanglantée au point où elle était en 1885. » [ « C'est triste!... »] C'est en partant de ces données que Carnoy et Lebrun ont étudié les trans- formations de la vésicule germinative pendant l'accroissement de l'œuf de divers Batraciens. Dans ce premier mémoire ils donnent les résultats aux- quels ils sont arrivés chez Salamandra maculosa et Pleurodeles Waltlii. Les œufs de Salamandre mettent trois ans à se développer avant d'être aptes à être fécondés, et l'on peut distinguer dans leur évolution trois périodes cor- respondant à chacune de ces années, durant lesquelles la même série de phénomènes se reproduit. Le noyau des très jeunes oocytes ne contient qu'un élément nucléinien fi- lamenteux qui paraît être continu; il n'y a pas de nucléoles plasmatiques. Les premiers nucléoles (nucléoles primaires) qui apparaissent proviennent d'une dislocation du réseau nucléinien. Ces nucléoles (taches germinatives) présentent tous les caractères microchimiques de la nucléine ; ce sont des noyaux en miniature, constitués par un appareil nucléinien filamenteux plongé dans un plasma entouré d'une mince membrane. Les nucléoles gros- sissent et. à un moment donné, ils lancent leur contenu dans le caryoplasma de la vésicule germinative sous forme de filaments présentant des figures très compliquées [figures de résolution) que les auteurs décrivent longue- ment et qu'ils rattachent à quatre types : type à résolution serpentine, type à résolution en boudin, type à résolution filamenteuse étoilée, type à résolution en plumeaux. Ces figures sont éphémères ; toutes leurs parties nucléi- niennes se transforment finalement en une infinité de granules ou de sphé- rules minuscules, qui émigrent vers la périphérie de la vésicule, pour s'y dissoudre ou former des nucléoles secondaires. Ceux-ci entrent à leur tour en résolution pour produire de nouveaux nucléoles dont un nombre considérable de générations se succèdent ainsi régulièrement. Durant ces divers stades, il peut se produire des nucléoles tertiaires, qui proviennent directement, dans l'intérieur de la vésicule, de fragments assez volumineux des figures de ré- solution. A la fin de la troisième période, un certain nombre de nucléoles se 96 L'ANNEE BIOLOGIQUE. résolvent en fragments plus courts qui seront les éléments nucléiniens du pre- mier fuseau de maturation. Les figures de résolution de Carnoy et Lebrun ressemblent à celles dé- crites et figurées par Rùckert, BoRxet Jordan ; mais, tandis que ces auteurs les considèrent comme des états successifs du réseau chromatique primitif de la vésicule germinative, pour Carnoy et Lebrun toutes ces figures provien- nent de générations nucléolaires différentes ; elles sont sans relation organique entre elles, et s'évanouissent aussitôt que nées. Certaines granulations pri- vilégiées de ces figures réorganisent, à l'aide du caryoplasma, un autre élé- ment sous la forme de nucléoles qui, en s'étalant, feront reparaître une forme filamenteuse nouvelle dans le noyau. La majeure partie de l'élément nucléinien est voué à une dissolution définitive et sert de nourriture à l'œuf. — F. Henneguy. 77. Montgomery (Th.). — Note préliminaire sur la réduction chromatique dans la spermatogènèse de Pentatoma. — La spermatogonie de Pentatoma présente quatorze chromosomes et passe par un stade synapsis. Durant la période de croissance, le noyau renferme deux nucléoles : l'un périphérique homologue du vrai nucléole des cellules somatiques, l'autre plus central se colorant énergiquement comme la chromatine. Dans la prophase du premier spermatocyte, la chromatine revêt la forme d'un filament unique, sinueux (spirème). caractérisé par l'absence de division longitudinale et sa segmen- tation en deux ou trois fragments de forme et de dimensions inégales; les segments annulaires sont rares. Ces fragments se divisent transversalement de façon à donner sept chromosomes allongés et étranglés en leur milieu. Ainsi s'effectue la réduction du nombre des chromosomes, à moins que ces éléments étranglés en leur milieu ne soient bivalents. Fréquemment, le fila- ment chromatique revêt avant sa segmentation un aspect moniliforme. A la fin du stade dyaster du premier spermatocyte et avant la séparation des noyaux-fils, on compte sept chromosomes en forme de biscuit dans chaque cellule-fille. Sans stade de repos, la cellule passe à la seconde et dernière division sper- matocytique. Ici encore : division transversale des sept chromosomes qui, au stade du dyaster, se fusionnent en un disque chromatique aplati. A noter la division du vrai nucléole au moment de la formation de la plaque équatoriale du premier spermatocyte. Donc, dans les deux divisions spermatocytiques, il y a d'abord sept chromosomes en forme de biscuit, orientés parallèlement à l'axe du fuseau achromatique, et le plan de division de ces chromosomes coïncide avec le plan de la plaque équatoriale, de sorte que chacun des chro- mosomes du premier spermatocyte subit successivement deux divisions trans- versales; à aucun stade il n'y a apparence de division longitudinale. C'est d'ailleurs ce qui doit exister chez un type très voisin, Pyrrochoris quoi qu'en dise Henking); mais chez Pyrrochoris les chromosomes annu- laires sont fréquents. — L. Terre. 00. Sabachnikov (M.). — Contribution à l'étude delaréduction chromatique dans l'oogènèse d'Ascaris megalocephala bivalens. — L'auteur s'est proposé de vérifier sur l'oogènèse de l'Ascaride mégalocéphale les conclusions que Brauer a tirées de la spermatogènèse du même animal. Ses préparations lui ont montré une grande ressemblance avec celles de Brauer et par conséquent une analogie complète entre les deux processus. Cependant, l'interprétation qu'il leur donne est différente et ramène à penser qu'il n'y a aucune diffé- rence essentielle entre la division réductrice chez V Ascaris et celle qui a II. — PRODUITS SEXUELS. — FECONDATION. 97 lieu chez la majorité d'autres animaux. Voici quels sont les résultats de ses observations. Les chromosomes ne possèdent aucune individualité propre ni aucune constance, et ne se rencontrent, pendant toute l'oogénèse, sous leur forme typique , que dans les oogonies. L'individualité n'appartient qu'aux microsomes dont les chromosomes ne sont que des formes de groupe- ment temporaires. La réduction n'est que l'élimination d'une certaine quantité de microsomes. Chez V Ascaris megul., elle se prépare dans la zone d'accroissement, mais s'accomplit définitivement dans celle de maturation. La marche du phénomène est la suivante : 1° le filament chromatique qui provient de la dernière division des oogonies se divise dans les oocytes de premier ordre en filaments qui à leur tour se désagrègent en microsomes sé- parés ; 2° ces derniers se groupent par quatre, formant les groupes quaternes provisoires et constituant ensemble un filament à quatre parties ; 3° en se divisant une fois transversalement, ces groupes donnent chacun deux grou- pes quaternes typiques; 4° dans la maturation, par deux divisions réduc- trices se trouvent éliminés trois membres de chaque groupe, c'est-à-dire les 3/4 de l'ensemble des microsomes. Les conclusions générales que l'auteur tire de ces observations sont les suivantes. Les unités chromatiques ont en général une tendance, dans les cellules sexuelles, à se grouper par quatre lorsqu'elles se préparent à la maturation. La seule différence que ce phénomène présente chez différents animaux porte sur le moment où ce groupement se produit. Quelquefois, quoique rarement, il a lieu de très bonne heure, immédiatement après la der- nière division des gonies. Dans la grande majorité des cas, cependant, cela a lieu après le fractionnement du filament chromatique en parties distinctes. Alors, les différents aspects chez les différents animaux dépendent du temps qui s'écoule entre ce fractionnement et la formation des groupes quaternes. Plus il est long, plus grand est le nombre de fragments du filament chro- matique et plus nombreuses sont les combinaisons possibles pour former les groupes quaternes. De là, deux types, suivant que cette formation a lieu avant la séparation des deux moitiés du chromosome (Arthropodes, Séla- ciens, etc.), ou après (Ascaris, Echinodermes, etc.). Mais cette différence n'est pas aussi essentielle qu'on le croit généralement et le type de Y Ascaris se trouve ramené au type général. L'auteur conclut en disant qu'il reste à ré- soudre la question de savoir lequel des deux est le type primordial, ques- tion dont la solution dépend du point de vue théorique général auquel on se place. — M. Goldsmith. 40. Erlanger (R. von). — Questions spermatogénctiques :I. Les cellules de Verson. — Verson avait décrit (Z. wiss. ZooL, vol. 58, 1894, p. 300-313) à l'ex- trémité du cul-de-sac testiculaire du Ver à soie, une grande cellule avec pro- longements nombreux, entre lesquels sont placées les spermatogonies, et qui (certainement de façon amitotique) est l'origine des spermatogonies. Mais K. Toyama (Bull. Imp. Univ., Tokio, 2, 1894, p. 125-157), de ses recherches sur Bombyx mon', conclut que les cellules de Verson ne sont que des cellules de soutien, sans autres relations directes avec les cellules germinales. Cho- lodkovsky (Zool. Anz., vol. 17, 1894, p. 302-304) se rallie au contraire à l'opinion de Verson et, retrouvant une ou plusieurs cellules de Verson à l'extrémité aveugle du follicule testiculaire chez de nombreux Lépidoptères, Hémiptères, Néyroptères, Diptères, pense que ces cellules sont beaucoup plus répandues chez les Insectes qu'on ne le croit. [Erlanger fait remarquer que Bùtschli a brièvement décrit, sans figures, les cellules de Verson dès 1871]. Cholodkovsky soutient que la grande cellule de Verson est bien une cellule l'année biologique, m. 1897. 7 98 L'ANNEE BIOLOGIQUE. sexuelle donnant des spermatogonies par division amitotique. — Donc tandis que pour Verson et Cholodkovsky les cellules de Verson sont les cellules- mères (par amitose) des spermatogonies, pour Toyama (et aussi pour vom Katii) ce ne sont pas des cellules génitales, mais des cellules de soutien, qui ne se reproduisent pas par karyokinèse, mais par amitose. Cette opinion est aussi celle d'Erlanger; celui-ci a observé, en effet, que dans la sperma- togénèse de Blatta germanica, il ne se produirait jamais de divisions ami- totiques ; Cholodkovsky n'a pas, du reste, observé directement la transfor- mation des cellules de Verson en spermatogonies. — A. Labbé. 20. Bolles Lee (A.). — Les cinèscs spermatogénétiques chez V Hélix poma- tia. — La cinèse des spermatogonies se distingue par une phase de peloton segmenté d'une régularité remarquable. Les anses chromatiques ont toutes leurs extrémités libres dirigées vers une même région périphérique du noyau, de telle sorte que l'ensemble de la figure chromatique représente une corolle de fleur. Puis les segments secondaires, résultant du dédoublement longitu- dinal des anses chromatiques, s'éparpillent sans ordre dans tout le noyau, avant de se disposer en plaque équatoriale, dans laquelle il serait impossible qu'ils se retrouvent réunis deux à deux. Il serait donc admissible que cette phase donne lieu à une division réductionnelle qualitative de Weismann. La cinèse des spermatocytes de premier ordre rappelle celle dite à bâton- nets droits de Carnoy et celle dite hètèroiypique de Flemming. Son trait essentiel consiste dans la fusion en un chromosome unique des segments issus de la scission longitudinale d'un segment chromatique primaire. Pen- dant la marche de ce processus de fusion, il se produit des figures en an- neaux ou des tétrades, mais ces formations ne sont jamais en réalité que bipartites et passagères, indiquant des étapes de la fusion des segments, qui se soudent finalement en un chromosome unique. Celui-ci, dans la plaque équatoriale, subit une segmentation transversale. Entre la cinèse des sper- matocytes de premier ordre et celle des spermatocytes de deuxième ordre, il y a une phase de repos, mais pendant laquelle les chromosomes paraissent conserver leur indépendance. La cinèse des spermatocytes de deuxième ordre se distingue surtout par la structure et le mode de dislocation de la couronne équatoriale. Cette cou- ronne renferme 24 bâtonnets recourbés, provenant de la précédente mitose, et n'ayant subi aucune scission longitudinale pendant les prophases. Ces bâton- nets, dirigés suivant l'axe du fuseau, subissent une segmentation transversale, et chacune des moitiés se rend au pôle du fuseau correspondant. Cette cinèse serait une division réductionnelle de Weismann qualitative et quantitative, mais non numérique en même temps. Il n'y aurait donc à aucun moment ré- duction numérique des chromosomes dans la spermatogénèse de Y Hélix po- matia. Le fuseau caryocinétique contient une portion axiale homogène, non différenciée en filaments et qui n'est pas en rapport avec les chromosomes ; elle a peut-être quelque rapport avec le fuseau central d'Hermann. Cet élément provient du noyau et paraît être formé à nouveau par lui au commencement de chaque cinèse. Le noyau, aussi bien que le cytoplasma, contient en nombre variable des corpuscules sidcrophiles (se colorant en noir par l'hématoxyfine au fer). Ces corpuscules paraissent être produits par le noyau et être expul- sés par lui pendant le repos et lors de la cinèse. Ils représentent les centro- somes des auteurs, mais ils ne constituent pas des centres et ne jouent aucun rôle mécanique, ni dans la cinèse ni dans l'économie cellulaire à aucun mo- ment. Le caryoplasma, comme le cytoplasma, a une structure réticulée. Le II. — PRODUITS SEXUELS. — FECONDATION. 99 eytoplasma n'est centré par rapport à aucun centrosome et ne possède ni rayons organiques;, ni sphères attractives. — F. Henneguy. 50. Godlevski jun. (E.). — Sur la transformation des spermatides en spermatozoïdes dans V Hélix pomatia. — Analysé avec le suivant. 51. Godlevski jun. (E.). — Nouvelles recherches sur la transformation des spermatides en spermatozoïdes dans V Hélix pomatia. — L'auteur a étudié chez Hélix pomatia la transformation de la spermatide en spermatozoïde. A la fin de la dernière mitose spermatique , la spermatide est une cellule ronde ou ovalaire, longuement étranglée ; la substance chromatique y est formée de chromosomes d'abord séparés, puis ensuite entourée d'une membrane nu- cléaire ; on voit encore dans les cellules des restes de la partie achromatique. Le centrosome est très visible. Le noyau se place sur les côtés de la cellule, du côté du centrosome, et là où est le commencement du filament axial. Du côté du centrosome, la membrane nucléaire se soulève , se séparant de la partie chromatique, et l'espace ainsi formé parait rempli de suc nucléaire. Cet espace augmente de plus en plus, et prend l'aspect d'une coupe. C'est là qu'est la « Kopfkappe » de la spermatide ; cette « Kopfkappe » s'allonge en pointe et forme la pointe de la tête (coiffe céphalique). Pendant ce temps, on voit à l'intérieur de la masse chromatique un petit corpuscule qui vient se placer dans l'espace clair entre la masse chromatique et la membrane nucléaire. L'auteur pense que ce corpuscule, qui doit jouer un rôle dans la formation de la pointe de la tète, est d'origine intra-nucléaire et répond au nucléole de la spermatide. Il se colore du reste de la même façon (Nebenkern des auteurs). Le segment intermédiaire prend la forme d'une pyramide dont la base est le noyau, et la pointe, le corpuscule central. Il a une structure fibrillaire. Quant au centrosome, facilement visible dans les spermatocytes, il se montre sous la forme d'un corpuscule central fortement colorable, qui prend bientôt l'as- pect d'un disque plat arrondi, et ensuite la forme d'un T. La branche verticale du T se continue par le filament axial. Ce filament axial naît du corpuscule central de la spermatide comme un épaississement fibrillaire de protoplasma. Quant à la couche de protoplasma périphérique au filament axial, ou bien la spermatide s'allonge, le noyau se rapproche de la périphérie et le pro- toplasma s'allonge suivant le filament axial : ou bien le filament axial reste à la surface de la cellule, et la différenciation du protoplasma est superfi- cielle. La théorie de Bardeleben qui veut que le noyau et la queue du spermatozoïde naissent de deux cellules différentes, n'a pas été vérifiée par l'auteur, pas plus que par les autres histologistes. — A. Laiîhé. 91. Sabatier. — La spermatogènèse chez les Poissons Sélaciens. — L'auteur expose le développement des spermatozoïdes chez un certain nombre de Sé- laciens, en particulier chez Scyllium catulus, et son opinion diffère en certains points de celle des auteurs précédents (Jensen, Swan et Masquelin, etc.). — Le cordon testiculaire primitif est plein, formé de « noyaux-germes primitifs » qui sont groupés en « nids ou groupes de germes » dans un plasmodium indivis. Ces noyaux-germes se reproduisent exclusivement par division directe. A leurs dépens se créent des ampoules testiculaires primitives, formées d'une cellule complète, d'une vacuole claire qui est entourée de noyaux- germes, et le tout englobé dans une gaine de tissu conjonctif. La cellule ci- clessus se divise mitotiquement « par mitose précoce » et donne des protosper- matoblastes. Il se forme ainsi 7 ou 8 couches successives concentriques de protospermatoblastes autour de la vacuole centrale. Les noyaux de ce 100 L'ANNÉE BIOLOGIQI'K. blastème ne s'entourent pas simplement de cytoplasme emprunté au proto- plasma indivis dans lequel ils se trouvent; mais ils produisent eux-mêmes [processus bien bizarre] la couche de protoplasma de leurs corps cellulaires : ce protoplasma, d'abord liquide, devient plus consistant et s'organise ensuite; Le protoplasma est donc une production [?]du noyau, tandis que le protoplasma indivis dégénère et devient « caduc ». Donc, autour de la vacuole centrale s'organisent des pyramides de protospermatoblastes. Par mitose, ceux-ci don- nent des deutospermatoblastes , puis il se forme des tritospermatoblastes qui évoluent directement en spermatozoïdes. Les noyaux-germes se divisent uni- quement par amitose;la mitose n'apparaît qu'aux stades ultérieurs; aussi, d'a- près l'auteur. « l'amitose est un processus peut-être inférieur à la division mi- totique en qualité et perfection, mais supérieur en quantité et rapidité; la division amitotique appartient plutôt aux éléments imparfaits, soit par jeu- nesse, soit par vieillesse ; la division mitotique appartient plutôt aux éléments développés et parfaits qui se trouvent dans la plénitude de l'organisation et de l'action vitale. » L'auteur étudie ensuite la formation du spermatozoïde aux dépens du tri tospermatoblaste. Le noyau perd sa structure réticulée, devient homogène, réfringent, et se transforme par « vésiculation de la nucléine » en granula- tions colorées placées bout à bout. Il devient un bâtonnet allongé, formé de nucléine condensée (tige nucléinienne) en forme d'hélice. Autour, se trouve un « manchon hyalin » adhérent par des tractus au bâtonnet; et une coiffe conique, incolore, formée de bâtonnets incolores. Quant au protoplasma du tritospermatoblaste, il s'allonge, accroît son volume, les mailles du réseau grandissent, les filaments s'agglutinent, puis se réduisent, se feutrent pour former le flagellum. La coiffe (à rencontre de Schweigger-Seidel) ne provient pas du proto- plasma et son indifférence aux colorants provient de ce que la nucléine du noyau est altérée. La nucléine du noyau des Sélaciens serait formée de 2 par- ties : une nucléine végétative destinée à s'altérer, se vésiculisant et formant le capuchon céphalique et le manchon; une nucléine reproductrice qui forme- rait la tète du spermatozoïde. Le segment moyen, avec un grain caudal [qui est peut-être le centrosome] et le filament caudal proviennent du cytoplasma. A côté des cellules d'évolution normale du spermatozoïde se trouvent des cellules basilaires (noyaux provenant de la membrane de l'ampoule testicu- laire et descendant des noyaux-germes) et des corps problématiques, vésicules claires avec noyaux tous chromatiques. Ils ont la valeur de germes de rempla- cement. L'auteur compare cette spermatogénèse chez les Sélaciens avec celle des Décapodes qu'il trouve identique. — [Il est regrettable qu'on ne puisse établir de conclusions à cet important travail, tant par suite des divergences nombreuses qu'il présente avec ceux des auteurs antérieurs, que pour son absence complète de données vraiment cytologiques [en particulier pour le Nebenkern et le centrosome]. — A. Labbé. 59. Hermann (P.). — Contributions à V étude de la spermatogénèse. a La maturation des spermatozoïdes des Sélaciens. — Laissant de côté l'étude des phases successives de la spermatogénèse et la question de la ré- duction chromatique chez les Sélaciens, l'auteur prend pour point de départ la dernière division des spermatocytes, qui produit les spermatides. A la fin du stade dyaster, le fuseau achromatique tout entier s'est invaginé en traver- sant le centre de l'étoile chromatique, le corpuscule polaire venant prendre à la face opposée du noyau futur une situation antipolaire; les fibres du man- teau ont été retournées comme l'est un parapluie par un coup de vent [?]. Se II. PRODUITS SEXUELS. — FECONDATION 101 retournant ainsi, le manteau a découvert le fuseau central, qui se présente maintenant à nu, tendu entre les deux centrosomes [?]. Les corpuscules de Kostanecki paraissent sur ce fuseau, soit sur, soit entre ses fibrilles, disposés en tout cas annulairement à la périphérie du fuseau central (Benda, Metz- ner, Heidenhain), et ne forment pas une plaque équatoriale complète le tra- versant suivant toute son épaisseur (Kostanecki). Les corpuscules, se rap- prochant, donnent l'image d'un anneau continu, qui se resserre de plus en plus, et réduit la largeur équatoriale du fuseau central. Celui-ci diminue aussi de longueur; il cesse d'être fibrillaire et devient un corps homogène. Par suite de son raccourcissement et du rapprochement des centrosomes qui en est la conséquence, les fibres du manteau, attachées aux chromosomes, ont disparu, rétractées peut-être vers la figure chromatique. Les deux cellules- filles, de plus en plus séparées l'une de l'autre, ne sont plus rattachées que par le fuseau central, jeté entre elles comme un pont (fig. 12, i). Fig. 1-2. — Spermatogénêse des Sélaciens, d'après Hermann. (Voir le texte.) Les faits trouvés par Hermann chez les Sélaciens sont confirmatifs des ré- sultats obtenus par Benda chez la Salamandre. Ils coïncident aussi avec ceux que Moore a obtenus sur les Sélaciens. Mais l'interprétation d'Hermann diffère considérablement de celle que Moore a donnée. D'après ce dernier, le fuseau central serait tout entier expulsé, avec 3 ou 6 corps chromatiques qui lui sont annexés et qui lui forment une bande équatoriale, vers la fin de l'avant-dernière division des spermatocytes ; le phénomène serait comparable au rejet de substance chromatique qui se fait chez l'Ascaris lors de la diffé- renciation des cellules en somatiques et germinatives (Boveri). Cette com- paraison est combattue par Hermann ; elle ne repose en effet que sur une conception trop large du terme chromatique, qu" Hermann se refuse d'ad- mettre : n'est pas chromatique toute substance qui se colore de la même façon que la véritable chromatine, la chromatique nucléaire. On a fait un abus de ce terme. Les spermatides récemment formées contiennent à côté du noyau un corps fusiforme, homogène, clair, nettement limité, offrant à ses deux pôles deux corpuscules colorables, de taille différente. Malgré l'absence des stades inter- médiaires, l'auteur n'hésite pas à passer directement de la figure i à la figure 2, et à admettre que le petit fuseau de chaque spermatide (fig. 2) est la moitié 100 L'ANNEE BIOLOGIQUE. (fig. i) du fuseau central . Bardleben (K. von). — Développement du filament axile des sperma- tozoïdes des Mammifrres. — L'auteur rectifie plusieurs de ses assertions pré- cédentes relativement à la provenance du filament axile des spermatozoïdes de l'Homme et d'autres Mammifères, notamment des Monotrèmes et des Mar- supiaux (Voir Ann. Mol., II, 82, 9.r> et Bardleben (4 et 5). D'après lui, les filaments axiles proviennent des mêmes cellules que la tête du sperma- tozoïde. Les centrosomes des spermatides s'enfoncent dans l'intérieur de la cellule jusqu'à arriver à toucher la membrane et même la chromatine du noyau. Les filaments axiles ne doivent pas être considérés comme des sper- matozoïdes secondaires. — J. Georgevitch. II. — PRODUITS SEXUELS. — FECONDATION. 113 16. Benda. — Spermatogénèse des Mammifères. — L'auteur rappelle que, dans ses travaux antérieurs qui ont été peu ou pas cités par les auteurs ul- térieurs (Fick, Niessing, Moore, etc.), il a le premier décrit la formation du spermatozoïde. L'archoplasme de laspermatidese transforme en une vacuole à contours nets, contenant un granule et une lunule qui entoure la vacuole, dans les parties distales de la cellule. Cette vacuole se place au pôle proximal du noyau de la spermatide, le granule à la surface du noyau. Ce dernier forme la tète du spermatozoïde, la vacuole se place après, et le bord de la vacuole forme la coiffe de la tête. L'auteur rappelle qu'il a décrit le pre- mier cette transformation chez les Mammifères, les Oiseaux, les Reptiles et les Batraciens. Niessing a décrit dans l'archoplasma des spermatides un centrosome et une structure radiée. Lenhossek a décrit 2 centrosomes. Benda, comme Moore n'y trouve que de l'archoplasma. Du reste, Niessing et Moore décrivent dans la spermatide la vacuole (corps réfringent de Niessing) et le granule de la tête, et beaucoup de formations différentes. Comme Lenhossek, l'auteur n'a vu qu'une seule vacuole avec un seul corpuscule, sauf chez le Rat, où il a pu trouver 2 vésicules avec 1 seul granule. Cette structure de la spermatide se retrouve aussi bien chez l'Homme que chez le Phalangiste. L'auteur réclame donc pour lui la priorité de la découverte de l'origine nucléaire de la tête du spermatozoïde (1890). Le noyau chromatique de la spermatide devient ellipsoïde, puis piriforme. A propos de la formation du flagellum et du filament axile, l'auteur pense, à rencontre de Ballowitz, que le filament axile n'est pas contractile; en tous cas, la contractilité du filament axile est une pure hypothèse. Quant au segment intermédiaire, il serait formé d'une partie du centrosome : c'est-à-dire que, dans la tête du spermatozoïde, l'archoplasme serait au pôle antérieur et les centrosomes au pôle postérieur. Le spermocentre serait donc dissocié. — A. Labbé. 86. Plato (J.). — Contribution à V étude de Vanatomie et de la physiologie des organes sexuels. — Dans ce travail, l'auteur cherche à élucider la signifi- cation morphologique et physiologique des cellules interstitielles du testicule. Il étudie tout d'abord leur genèse, pour trancher la question de savoir si ces éléments sont de nature épithéliale ou bien de nature conjonctive. En sui- vant leur développement chez des embryons de Chat et chez d'autres animaux jeunes, il a pu observer tous les stades de transition entre la cellule conjonc- tive typique et la cellule interstitielle. Le noyau de la cellule conjonctive se garnit d'un protoplasme granuleux de plus en plus abondant, lequel se déli- mite ensuite par une membrane d'enveloppe très nette. Mais ce qui ne tarde pas à caractériser ces éléments, c'est l'apparition dans leur cytoplasme d'une plus ou moins grande quantité de très fines granulations qui se colorent en noir par l'acide osmique ; ces granulations sont d'autant plus volumineuses et d'autant plus abondantes que l'on considère des cellules présentant des connexions plus étroites avec les capillaires sanguins. — Ces cellules inter- stitielles peuvent renfermer non seulement des substances analogues à de la graisse, mais de fines granulations pigmentaires, de coloration brun sombre, noircissant par l'acide osmique. L'auteur croit que ces deux substances, la graisse et le pigment, sont analogues; elles présentent des rapports génétiques étroits puisque l'une et l'autre sont les produits de l'activité spéciale des cel- lules interstitielles du testicule. Non seulement on peut trouver de semblables enclaves dans les espaces intertubulaires, mais, au cours du développement et dans l'organe en activité, on en rencontre à l'intérieur des espaces intratubulaires, surtout contre la face interne de la membrane d'enveloppe. Elles sont alors réparties selon l'année biologique, ni. 1897. 8 114 L'ANNEE BIOLOGIQUE. trois types : dans un 1er type, on observe une grande quantité de graisse dans les tubes séminifères et très peu dégraisse entre ces tubes (par exemple chez la Souris). Dans un 2° type, il existe beaucoup de graisse entre les ca- nalicules, et peu de graisse à l'intérieur de ces mêmes canalicules (par exemple chez le Chat). Dans un 3e type, on rencontre du pigment entre les tubes et de la graisse dans la lumière de ceux-ci (par exemple chez le Che- val). On voit donc qu'il existe un rapport inverse entre la quantité de graisse intertubulaire et la quantité de graisse intratubulaire. — La question qui se pose est de savoir comment ces enclaves arrivent à pénétrer dans l'intérieur des canalicules. A ce sujet, l'auteur confirme les résultats de ses premières re- cherches et conclut que les granulations graisseuses émigrent dans les cana- licules grâce à l'existence de pores qui, de distance en distance, perforent la membrane propre. Après avoir traversé ces stomates, les granulations che- minent dans le protoplasme des cellules de Sertoli, depuis la base de ces éléments jusqu'au sommetdes digitations protoplasmiques sur lesquelles vien- nent s'insérer les spermatozoïdes pendant leur formation. L'auteur pense également, comme Lenhossek, que la graisse peut diffuser au travers de la membrane propre à l'état de dissolution. En tous cas, ces matériaux servent évidemment à la nutrition des spermatozoïdes; aussi doit-on considérer les cellules interstitielles qui les élaborent comme représentant, dans leur en- semble, un organe trophique. D'ailleurs, on constate de semblables phéno- mènes dans l'ovaire où certaines cellules granuleuses de la couche interne delà théca paraissent jouer un rôle analogue à ceiui des cellules interstitielles du testicule. Ces cellules fabriquent des substances semblables à de la graisse et à du pigment, lesquelles se localisent de préférence soit à l'intérieur du follicule dans les cellules épithéliales périphériques, soit à l'extérieur du fol- licule dans les cellules de la theca. Etant donnée cette distribution du maté- riel de nutrition, on peut distinguer plusieurs types d'ovaires : 1° des organes avec localisation et sans doute formation épithéliale du produit de nutrition; 2° des organes avec élaboration de ce même produit dans les cellules de la théca. Ce groupe se subdivise lui-même en deux sous-groupes; dans le pre- mier on peut ranger les organes qui fabriquent directement les granulations graisseuses; dans le deuxième on peut ranger les follicules où l'on observe tout d'abord la formation de pigment destiné à se transformer dans la suite en granulations graisseuses. En outre, Plato a rencontré parmi les cellules interstitielles du testicule humain des cristalloïdes analogues à ceux que Reinke avait déjà décrits chez l'homme (Voir Ann. biol.t II, 35). Il fait remarquer qu'on les observe aussi bien dans les organes actifs que dans les organes inactifs des individus épuisés par une longue maladie. Il croit que leur grande abondance indique qu'il existe un rapport inverse entre l'arrivée des matériaux nutritifs et l'uti- lisation de ces matériaux par la glande génitale. Aussi sont-ils particulière- ment nombreux pendant la période qui précède la mort. — P. Bouin. 107. La Valette St-Georges (von). — Spermatogenêse et ovogénèse chez le Ver à soie {Bombyx mort). — L'auteur étudie surtout l'origine et la signification de la cellule de Verson chez Bombyx et Gastropacha. Dans les culs-de-sac des tubes testiculaires des jeunes individus, il a vu se développer aux dépens des spermatogonies des éléments volumineux constitués par une masse pro- toplasmique indivise à la base de laquelle se trouvent un ou plusieurs noyaux; ultérieurement ces noyaux ne montrent jamais de figures caryoci- nétiques. De semblables éléments ne sont autre chose que les cellules de Verson et serviraient d'organes de soutien et d'organes de nutrition pour leurs IL — PRODUITS SEXUELS. — FECONDATION. 115 cellules-sœurs pendant leurs métamorphoses. Elles représentent donc, aussi bien dans l'ovaire d'ailleurs que dans le testicule, des oogonies ou des sper- matogonies complètement transformées et adaptées à d'autres fonctions. — P. Bouin. 52. Griffin (E. E.). — Les figures achromatiques de la maturation et de la fécondation du Thalassema. — Ce mémoire est surtout intéressant par l'étude de la série complète des phénomènes mitosiques dans les premiers stades de la segmentation et par la démonstration de ce fait que, chez Tanimal étudié, le centrosome est un organe permanent de la cellule. En ce qui concerne la fécondation, l'auteur, d'accord avec laplupart des cytologistes, montre que le premier centrosome de segmentation dérive du seul spermo- centre; il n'y a pas ici de vrai fuseau central. Dans la maturation, après la formation du second globule polaire, l'ovocentre se divise en deux comme pour préparer une nouvelle division nucléaire; celle-ci n'a pas lieu cependant et les deux centrosomes dans leurs astrosphères disparaissent tout à fait. — C. B. Davenport. 45. Foot (Cath.). — Origine du centrosome de segmentation. — D'après ses observations sur l'œuf de Y Allolobophora fœtida, l'auteur pense que le cône d'attraction qui se manifeste au moment de l'entrée de la tête du spermato- zoïde dans l'œuf, et la sphère attractive qui apparaît plus tard près du seg- ment moyen, sont des phénomènes du même ordre, et résultent d'une dispo- sition du protoplasma ovulaire sous l'influence de la tête ou du segment moyen du spermatozoïde. Les centrosomes sont des centres mécaniques, qui sont l'expression plutôt que la cause de l'activité cellulaire. Ils se différen- cient par leur coloration du segment moyen, et ont une origine cytoplasmique. L'aster et le centrosome du pôle interne du second fuseau directeur dispa- raissent au moment de la formation du pronucleus femelle ; il en est de même du centrosome et de l'aster mâle, quand la tête du spermatozoïde se transforme en pronucleus mâle; il se forme de nouveaux centrosomes et asters lors de la conjugaison des deux noyaux spermatique et ovulaire. — F. Henneguy. 73. Mead (A. D.). — Origine des centrosomes de l'œuf. — Dans l'œuf du Chœtopterus pergamentaceus, il existe avant la maturation de nombreux sys- tèmes étoiles qui se fusionnent peu à peu pour se réduire à deux asters, de manière à constituer un fuseau bipolaire typique. Les centrosomes et les sphères attractives ne seraient que le résultat d'une modification du reticu- lum cytoplasmique, comme Reinke l'a admis pour les cellules des larves de Salamandre. — F. Henneguy. 104. Stricht (van der). — Les ovocentres et les spermocentres de V ovule de Thysanozoon Brocchii. — Dans ces recherches, qui font suite à celles qui ont été exposées l'an dernier au congrès de Carthage, l'auteur a retrouvé dans l'ovule fécondé de Thysanozoon le spermocentre qui lui avait d'abord échappé. Il coexiste dans l'œuf avec un ovocentre situé au voisinage de la membrane du pronucleus femelle, et il a essentiellement la même constitution, c'est- à-dire qu'il est formé d'un corpuscule central entouré d'une zone médullaire de laquelle irradie une zone astéroïde. A l'intérieur de chacun des centres, ovocentre comme spermocentre, il se fait une division du centrosome en deux corpuscules-fils entre lesquels se développe un petit fuseau central. Cette division ne présente aucun caractère de dégénérescence, comme v. Erlan- 116 L'ANNEE BIOLOGIQUE. t.er l'a prétendu pour le corpuscule central ovulaire d'Ascaris et d'Echino derme {C. r. Soc. Biol, 1897). L*ovocentre dérive, bien entendu, du centre ovulaire demeuré dans l'œuf après expulsion des globules polaires. Le spermocentre a pour origine, comme le trouve van der Strient, d'accord en cela avec la plupart des observateurs récents, la pièce intercalaire du spermatozoïde; cette pièce s'éloigne de plus en plus de la tête du spermatozoïde, se transforme en une vésicule qui a les mêmes caractères que la zone médullaire de l'ovocentre, et dans laquelle sont inclus un ou deux corpuscules centraux; autour de cet amas apparaissent des filaments radiés qui se développent de plus en plus; et enfin, entre les deux corpuscules, se forme un fuseau central. A un moment donné de la fécondation, les spermocentres, d'abord éloi- gnés des ovocentres, s'en rapprochent de plus en plus, et il se forme un véri- table « quadrille des centres », composé de quatre sphères attractives et de quatre centrosomes, deux ovulaires, deux spermatiques. Quant à savoir si, comme le voulait Fol, les centrosomes mâles se fusionnent avec les cen- trosomes femelles, cela est vraisemblable ; mais la preuve directe de cette fusion n'a pu être donnée par v. der Stricht, car elle est très difficile à four- nir pour la raison suivante. C'est que les asters mâles et femelles ne tardent pas à se confondre en une masse dense unique, qu'on pourrait nommer « sphère attractive de la cellule-œuf », au sein de laquelle il est impossible de distinguer les composants spermatiques et ovulaires. Cette masse corres- pond à un stade déterminé, au stade-repos , de la sphère attractive, qu'on retrouve dans toute sphère en évolution. Plus tard, dans la masse confuse, apparaissent deux centrosomes entourés chacun d'un aster et reliés par un fuseau central; c'est la première figure de segmentation, dont il est impos- sible, à cause de l'obscurité qui entoure la phase précédente, de préciser l'ori- gine. — A. Prenant. 113. Wheeler (W. M,). — Maturation, fécondation et premiers stades de la segmentation du Myzostoma glabrum. — Ce mémoire est le développement de la note publiée en 1895 (Voy. Ann. biol., I, p. 114), et renferme un certain nombre de faits nouveaux. Le spermatozoïde du Myzostoma a une tête allongée en forme de poinçon et une queue très longue et très grêle, qui n'a pas été vue par les précédents observateurs. La tète contractile est seule le siège des mouvements locomo- teurs et la queue rigide ne prend pas part à la locomotion ; cette dernière peut être rudimentaire ou manquer complètement sans que les fonctions du spermatozoïde soient altérées. La tête du spermatozoïde vivant est formée de disques alternativement très réfringents et peu réfringents; les disques réfringents se colorent comme la chromatine et sont au nombre de 24 dans la tête du spermatozoïde du M. glabrum; il y en a plus de 60 dans la tête, beaucoup plus longue, de celui du M. cirriferum. Le nombre 24 est le double de celui des chromosomes entiers de la vésicule germinative et le même que celui des demi-chromosomes de cette même vésicule chez M. glabrum. L'au- teur n'a pu observer la vésicule germinative de M. cirriferum. Il n'y a pas de segment moyen tout au moins visible, par suite probablement de la réduction de la queue au point de vue fonctionnel. — L'œuf de M. glabrum, à cause de son opacité, ne peut être bien étudié que sur des coupes. Au pôle infé- rieur, en contact avec la vésicule germinative, se trouve un amas de proto- plasma finement granuleux (noyau vitellin de Beard), duquel part un réseau protoplasmique dans les mailles duquel sont les éléments vitellins, globules huileux, etc. La couche périphérique de l'œuf renferme des granulations co- II. — PRODUITS SEXUELS. — FÉCONDATION. 117 lorables, disposées par paires. Ces granulations proviendraient, d après Wheeler, du noyau des deux cellules nourricières qui accompagnent chaque ovule, lorsqu'il est mis en liberté dans la cavité du corps, et qui sont absorbées par le cytoplasma ovulaire pendant l'accroissement de l'œuf. Le réseau de la vésicule germinative contient 12 petits chromosomes, constitués chacun par deux bâtonnets en forme d'haltères, de telle sorte que les chromosomes ont l'apparence de tétrades. Le nucléole est volumineux et renferme une ou plusieurs vacuoles. L'œuf est manifestement bipolaire, mais, à l'inverse des autres œufs bipolaires, la plus grande masse de proto- plasma occupe le pôle inférieur ou végétatif. L'auteur rapproche cette inver- sion de celle du spermatozoïde dont la tête est mobile , tandis que la queue est dépourvue de mouvement. La direction des plans de segmentation n'est pas influencée par l'action de la pesanteur, et ne paraît être déterminée que par des conditions intra-ovulaires. Wheeler critique en passant l'observation deHERRiCK (Voy. Ann. biol., 1,20) relativement à l'action de la pesanteur sur le nucléole des œufs ovariens du Homard; il n'a rien vu de semblable chez Myzostoma. Le spermatozoïde pénètre dans l'œuf par le pôle végétatif en exécutant de vigoureux mouvements ondulatoires, et en déterminant la saillie à la surface de l'œuf d'un cône d'attraction. Après son entrée, la tête subit une rotation de 90° et se place parallèlement à la surface de l'œuf. Wheeler n'a pu voir ce que devient la queue du spermatozoïde. Les jeunes ovules non encore arrivés à maturité s'entourent de nombreux spermatozoïdes et paraissent par conséquent exercer sur les éléments mâles une attraction beaucoup plus grande que les œufs mûrs. On ne peut invoquer, pour expliquer ce fait, le stéréotropisme de Loeb, puisque la surface de l'œuf immature, plus petite que celle de l'œuf mûr, devrait exercer une action attractive moindre. Il est difficile également d'admettre que les jeunes ovules sécrètent plus de substance chémotropique que les œufs mûrs. Wheeler pense que le chémotropisme s'exerce dans les jeunes ovules sur toute la sur- face du cytoplasma encore dépourvu de membrane, tandis que dans les œufs mûrs la présence de la membrane ne permet au chémotropisme d'entrer en action qu'au pôle végétatif, où cette membrane est plus mince et même n'existe pas. Peu de temps après l'entrée du spermatozoïde, dans le voisinage de la vési- cule germinative qui occupe encore à peu près le centre de l'œuf, apparaît une petite masse de cytoplasma renfermant deux centrosomes réunis par un petit pont achromatique (centrodesmose). La masse protoplasmique se dé- double, et, pendant que la membrane de la vésicule germinative disparait, il se forme un fuseau central d'Hermann et bientôt le premier fuseau de di- rection est constitué. Celui-ci est dirigé suivant le grand axe de l'œuf et se rend au pôle animal. La séparation des deux globules polaires ne présente rien de particulier, si ce n'est que, pendant la division du premier et du se- cond fuseau, les centrosomes se dédoublent de bonne heure et persistent à leur extrémité interne, de telle sorte que le pronucleus femelle est accompagné de deux centrosomes entourés chacun d'un aster. Le premier globule polaire, plus petit que le second, et renfermant aussi deux centrosomes, se divise quelquefois par mitose. Le nucléole de la vési- cule germinative, mis en liberté au moment de la disparition de la mem- brane, persiste dans l'œuf sans prendre aucune part à la formation des fuseaux et reste très longtemps visible, même après la segmentation. Pen- dant l'émission des globules polaires, la tête du spermatozoïde demeure au pôle végétatif, perd sa segmentation et se transforme en pronucleus mâli*., Ils L'ANNEE BIOLOGIQUE. renfermant, comme le pronucleus femelle, un réseau chromatique dans le- quel on peut distinguer 12 petits chromosomes en forme de Diplocoque. Les deux pronucleus se rapprochent l'un de l'autre, et augmentent de volume; le pronucleus femelle est accompagné de ses deux asters; le pronucleus mâle en est dépourvu. Ils arrivent en contact sans se fusionner et leur division est simultanée comme Ed. van Beneden Ta décrite chez Ascaris. Les chromo- somes mâles et les chromosomes femelles restent séparés dans la plaque équatoriale. Le premier fuseau de segmentation est perpendiculaire au grand axe de l'œuf, contrairement à la loi de Hertwig. Au moment de la segmenta- tion, le protoplasma granuleux qui occupait le centre de l'œuf, se condense au pôle végétatif et tend à se séparer par une constriction de la partie supé- rieure contenant les deux premiers noyaux et constituée par du protoplasma vacuolaire. L'apparition du premier sillon de segmentation au pôle animal donne à l'œuf un aspect trilobé caractéristique. Mais bientôt la masse de pro- toplasma granuleux se fusionne avec l'un des blastomères, qui devient plus volumineux que l'autre. Le second plan de segmentation est méridien comme le premier et divise l'œuf en quatre blastomères, dont trois petits et un gros. Le stade VI II est déterminé par un plan équatorial. "Wheeler a observé un certain nombre d'anomalies : 1° séparation précoce des centrosomes de L'un des asters du premier fuseau de direction, amenant la formation d'une figure tripolaire ; 2° pronucleus femelle constitué par une agglomération de vésicules contenant chacune un ou deux chromosomes; 3° division nucléaire non suivie de division de l'œuf. L'auteur a tiré de ses recherches les considérations suivantes : La polarité de l'œuf est déterminée de très bonne heure chez Myzostoma. Des deux cellules nourricières qui accompagnent l'oocyte et qui se fusionnent avec lui, l'une prend part à la formation du cytoplasma vacuolaire du pôle animal, l'autre à celle du cytoplasma granuleux du pôle végétatif; elles occupent les extrémités du grand axe de l'œuf. Cette polarité résiste aux pressions que l'œuf peut subir et se retrouve accusée dans l'œuf mûr par la formation des globules polaires et l'apparition du premier sillon de segmen- tation au pôle animal. Une polarité semblable existe probablement dans les œufs de tous les Métazoaires, et si l'on ne peut la mettre en évidence, cela tient à ce que dans les œufs sphériques et homolécithes on manque de points de repère pour la déterminer. La persistance du nucléole de la vésicule ger- minative après la transformation de celle-ci en globules polaires et en pronu- cleus femelle et le fait que les nucléoles des pronucleus ne prennent aucune part à la formation du premier fuseau de segmentation viennent à l'appui de la manière de voir cL'Hacker qui considère' le nucléole comme un organe sécré- teur ne jouant aucun rôle dans la mitose. Les globules polaires sont des œufs abortifs et constituent avec l'œuf quatre (trois seulement quand le premier globule polaire ne se divise pas) cellules sœurs des ootides, comparables aux quatre spermatozoïdes résultant de la di- vision successive d'un spermatocyte. Il ne paraît pas se produire de réduction chromatique pendant la formation des globules polaires, mais W. pense qu'il peut y avoir réduction quantita- tive pendant la prophase du premier noyau de segmentation. Chaque pronu- cleus contient, en effet, 12 chromosomes en forme de Diplococcus; un des granules de chacun de ces chromosomes devient un chromosome définitif et entre dans la constitution de la plaque équatoriale du premier fuseau, tandis que l'autre granule est expulsé dans le cytoplasma comme un nucléole. L'œuf du Myzostoma. à l'inverse de la plupart des autres œufs, est carac- térisé au moment de la fécondation par « une certaine immaturité et un cer- IL — PRODUITS SEXUELS. — FECONDATION. 119 tain conservatisme » se traduisant par la réaction tardive à l'influence exercée par l'entrée du spermatozoïde, par la présence de la vésicule germinative au centre de l'œuf et la résistance de sa membrane à la pénétration des rayons des asters, par la non-division longitudinale anticipée des chromosomes pour la formation du second globule polaire , par la remarquable persistance du nucléole et enfin par le grand développement des asters et des centrosomes dans les deux fuseaux de direction. D'un autre côté, le spermatozoïde, par sa queue dépourvue de mouvement et par l'absence de segment moyen, présente des caractères de dégénérescence. Aussi, le pronucleus mâle est passif et n'est entouré d'aucune radiation, tandis que le pronucleus femelle pourvu de ses deux asters exerce sur lui une forte attraction. — Le centrosome de l'œuf fécondé peut donc provenir du spermatozoïde comme cela a été vu par un grand nombre d'observateurs, ou de l'œuf (Myzostoma). Le quadrille des centres est peu probable, et Wheeler se range à l'opinion de Brauer et de Korschelt, pour lesquels le centrosome ne joue dans la fécondation d'autre rôle que celui d'organe de division cellulaire, et ne peut être considéré comme facteur des substances héréditaires. — F. Henneguy. 48. Francotte (P.). — Recherches sur la maturation, la fécondation et la segmentation chez les Polyclades. — Dans ce travail important, fruit de plu- sieurs années d'études, l'auteur expose ses observations sur la maturation, la fécondation et la segmentation dans l'œuf de diverses Polyclades et plus particulièrement de la Trémellaire {Leptoplana tremellaris). Les œufs ont été étudiés vivants ou à l'aide des procédés d'une bonne technique histologique. Observé vivant, l'œuf montre des sphérules disposées suivant des rayons par- tant du centre de la figure cinétique. Ces sphérules sont supportées par des radiations plus sombres et partant du même centre : on peut voir bour- geonner les globules polaires. A la suite de la fixation, le réseau cytoplas- mique devient plus clair ; des travées principales partent des anastomoses avec renflements nodaux; les filaments sont moniliformes, car ils sont formés de la juxtaposition de grains; on peut les poursuivre jusqu'au corpuscule central sur lequel ils s'insèrent. L'auteur confirme donc les observations de v. Beneden qui pense que les fibrilles astériennes ne sont que des fila- ments du réseau cytoplasmique. Enfin, Fauteur distingue dans l'œuf deux pôles, l'un végétatif où s'accumulent les granulations deutoplasmiques, l'autre correspondant au point d'issue des globules polaires et qui est le pôle d'ex- pulsion. Les observations relatives aux corpuscules centraux portent sur divers points. — Moment d'apparition : l'auteur n'a jamais pu les voir que sur des œufs assez avancés pour présenter une vésicule germinative munie d'un filament chromatique au stade spiréme. Avant cette époque, le corpuscule est trop semblable aux granulations deutoplasmiques pour en être distingué avec certitude. Il semble que les deux corpuscules centraux apparaissent simul- tanément. — Multiplication : dans des ovules non mûrs Fauteur les a vus s'al- longer, se fendiller et donner ainsi deux nouveaux corpuscules. — Appa- rence : ils paraissent homogènes. — Relations avec le réseau cytoplasmique : ce dernier vient s'insérer sur le corpuscule et, au point de réunion, on observe de petits épaississements nodaux qui, sans un examen attentif, en impose- raient pour une constitution granuleuse du corpuscule. — Réactions de colora- tion : le corpuscule est toujours enfermé dans une sphère attractive; il se co- lore en noir par la laque d'hématoxyline, tandis que l'aster prend une teinte gris bleuâtre, vert sombre par le réactif de v. Beneden (vert de malachite et vésuvine), bleu foncé par la thionine; le corpuscule ne se colore pas de 120 L'ANNEE BIOLOGIQUE. mémo façon que les segments nucléaires. — Siège du corpuscule : au début, il est toujours situé au voisinage de la membrane nucléaire. Sur le vivant et dans la portion initiale de l'utérus, la vésicule germinative est claire, volumineuse, mesurant en moyenne 30 [j. dont 9 pour le nu- cléole. La charpente filamenteuse avec renflements nodaux est bien visible ainsi que la membrane nucléaire sur laquelle elle s'insère. Dans la consti- tution de ce réseau, la linine paraît prédominer, car la coloration est peu intense : le nucléole seul prend vivement la matière colorante. Plus tard, apparait dans la vésicule germinative un filament chromatique enroulé en peloton ; il est moniliforme, car il est constitué par des grains séparés les uns des autres par de petites lames de linine. Un peu plus tard, ce filament est disposé en forme d'anses tournées vers l'un des pôles, c'est le champ polaire de Rabl. Les mêmes faits ont déjà été observés par van Beneden dans l'œuf d'Ascaris megalocephala. Le nucléole, qui tout à l'heure présentait tant d'affi- nité pour la matière colorante, perd peu à peu sa colorabilité et tend à dispa- raître : on peut cependant en apercevoir encore des traces au voisinage de. la place occupée par la membrane nucléaire quand celle-ci a disparu. Im- médiatement avant ce dernier phénomène, la vésicule germinative est bos- selée : le segment chromatique se divise en 8 fragments dont la forme est généralement sphérique, mais souvent aussi allongée en bâtonnets, quelque- fois mamelonnée : il peut aussi arriver que la forme soit celle de perles creuses à enfiler. Plus bas dans l'utérus, les segments chromatiques présen- tent l'aspect d'anneaux circulaires ou elliptiques. Plus tard enfin, ils sont formés par quatre petites sphérules unies les unes aux autres par de minces connectifs, d'où il résulte des losanges ou des quadrilatères dont les angles sont formés par les sphérules : les connectifs peuvent au contraire être très courts et les sphérules devenir tangentes. Ces apparences rappellent donc les figures décrites sous le nom de groupes quaternes par Boveri, vom Ratii, Hacker et Rùckert. Cela posé, l'auteur passe à la constitution de la figure cinétique du pre- mier globule polaire. Le fuseau périphérique (cônes principaux de van Be- neden) est formé par le réseau cytoplasmique dont les fibres pénètrent de très bonne heure dans la vésicule germinative, alors que celle-ci possède en» core sa membrane nucléaire. Le fuseau central s'organise dans l'intérieur même de la vésicule. Il paraît constitué surtout par de la linine et s'étend entre les deux corpuscules centraux situés eux-mêmes contre la membrane nucléaire. La figure cinétique primitivement centrale se dirige dans la suite vers le pôle d'expulsion. L'auteur décrit alors les phénomènes de la division et ceux de l'expulsion du premier corpuscule polaire qui ne présentent ici rien de spécial à faire ressortir. A signaler cependant une théorie explicative du mécanisme de l'expulsion. L'auteur fait remarquer qu'immédiatement avant ce phénomène, il n'y a pas équilibre de tension dans l'œuf. Au niveau du pôle végétatif, le réseau astérien, lâche et formé de filaments peu épais, ne peut opposer qu'une faible résistance aux contractions des filaments de l'am- phiaster opposé dont les fibres sont au contraire énormes, insérées par plu- sieurs points de leur étendue à la membrane nucléaire et plus particulière- ment au niveau d'un cône antipode semblable en tout à celui qui a été dé- crit par van Beneden chez Ascaris megalocephala. Grâce à ces faits, il est donc facile de comprendre que la figure de division soit entraînée du côté du cône antipode, les contractions fibrillaires étant plus fortes dans cette direction ([lie dans le sens opposé. Les processus d'expulsion du globule polaire sont plus difficiles à expliquer. L'auteur les explique par le mode d'insertion des II. - PRODUITS SEXUELS. — FECONDATION. 121 radiations astériennes qui se font, non sur un point, mais selon une circon- férence qui se transforme en un sillon circulaire sous les contractions fi- brillaires. Il en résulte que la surface limitée par ce sillon constitue un point de moindre résistance, tandis que les pressions produites par les contractions tendront à chasser le corpuscule polaire vers ce même point. L'auteur admet en outre que la progression vers le pôle d'expulsion du deuxième corpuscule polaire peut aussi contribuer à l'issue du premier. La formation et la chute du second corpuscule ne présentent rien de particulier à signaler. L'étude de ces phénomènes est d'ailleurs considérablement gênée par l'abondance de granulations deutoplasmiques. Le pronucleus femelle est, au repos, sphérique et vésiculeux : il possède une membrane nucléaire, une charpente fine paraissant riche surtout en linine, un gros nucléole: il mesure en moyenne 23 [j. de diamètre et le nucléole 4 à 5. Le pronucleus mâle formé aux dépens de la tète du spermato- zoïde présente une constitution analogue. Comme son homologue, il est ac- compagné de son corpuscule central et de sa sphère attractive. L'auteur a pu suivre les deux corpuscules jusqu'à la fusion des deux pronucleus, mais non plus au delà, de telle sorte qu'il ne peut ni confirmer ni infirmer la manière de voir de Bovepj , Kostanecki, Wilsox pour qui le spermocentre persiste et dirige la segmentation. Sous le nom d'anomalies, l'auteur décrit enfin plusieurs faits intéressants, tels par exemple que les dimensions extraordinaires du premier globule po- laire qui peut en volume atteindre le quart de l'œuf lui-même. Il a pu ob- server aussi des phénomènes de cinèse de ce globule polaire. La quantité de chromatine emportée par le premier phénomène de maturation est égale à celle qui reste dans l'œuf. Bien plus, ce premier globule polaire peut être fécondé et donner ainsi naissance à une gastrula, ce qui montre bien que les globules polaires ne sont que des œufs avortés (Mark, Bùtschli, Boveri). Lors des phénomènes de maturation enfin, l'œuf peut présenter des figures po- lycentriques : cela tient non à une polyspermie, mais à des dispositions anor- males des figures de direction. Lors de la segmentation, il peut y avoir aussi semblables figures; il est possible que, dans ces derniers cas, il y ait eu poly- spermie. Dans la deuxième partie de cet important travail, l'auteur développe ses observations, à propos de diverses espèces qu'il a étudiées : de nombreux photogrammes très réussis complètent cette description. — Ch. Simon. 29. Child (C. N.). — Maturation et fécondation de Vœuf d'Arenicola ma rina. — C'est une note préliminaire. La première indication de l'approche de la caryocinèse préliminaire des divisions de maturation est, dans le noyau, l'augmentation de la chromatine et la disparition du nucléole. La membrane nucléaire se résout dans le réseau plasmatique alvéolaire [?] et alors se mon- trent deux centrosomes avec leurs asters. Des variations de taille du centro- some et de son aster et de leur invisibilité à certain moment, l'auteur conclut que le centrosome n'est pas permanent, au moins sous sa forme ordinaire. Il n'est pas possible d'affirmer que le centrosome qui apparaît dans l'aster mâle ne dérive pas du cytoplasme ovulaire et ne soit pas le résultat de quelque sti- mulus fourni par le spermatozoïde. L'auteur considère comme démontré par l'observation de l'œuf que les rayons des asters et les fibres du fuseau ne sont que des états temporaires du cytoplasme apparaissant ou disparaissant dans la cellule suivant certaines conditions. Ce ne seraient que des expressions de l'activité du cytoplasme. Il montre que des structures identiques aux rayons îoo L'ANNEE BIOLOGIQUE. des asters peuvent se développer sous l'influence de processus absolument étrangers à la caryocinèse. — C. B. Davenport. G6. Klinckovstrôm (A.). — Contribution à V étude de la maturation et, de la fécondation chez Prostheceneus vittatus. — Chez Pro&thecerœus vitta- lus, K. étudie tout d'abord la manière d'être des figures de division qui pré- cèdent l'expulsion des globules polaires. Avant la formation du premier fuseau de direction, on observe dans le noyau de l'œuf ovarique des mouve- ments remarquables; le nucléole se résout en granulations qui se rassem- blent en six amas chromatiques irréguliers. En même temps, le noyau expulse deux corpuscules polaires qui s'entourent d'une sphère archoplas- mique et d'une irradiation puissante. Après la ponte des œufs, on observe l'expulsion successive de deux globules polaires; l'auteur a constaté l'exis- tence de centrosomes très nets aux sommets du fuseau de la première divi- sion de maturation; au sommet du fuseau de la deuxième se trouvent des corpuscules centraux beaucoup moins visibles; ils sont issus de la division du centrosome demeuré dans le vitellus après l'expulsion du premier. Au cours de ces divisions les chromosomes présentent des dispositions variables; pendant la première, ils possèdent une forme lancéolée particulière; pen- dant la deuxième, ils offrent deux manières d'être différentes : les uns res- semblent aux chromosomes de la division précédente, les autres se dispo- sent en groupes de quatre en forme de croix. Après l'expulsion des globules polaires on observe la reconstitution du noyau de l'œuf; à son intérieur apparaissent des vésicules de suc nucléaire et deux à quatre nucléoles. La fécondation a lieu après la sortie de l'œuf hors de l'utérus. La pièce intermédiaire donne naissance à un centrosome qui s'entoure bientôt d'une irradiation polaire; mais ce centrosome et cette irradiation disparaissent bientôt complètement, au moment où la tête du spermatozoïde se transforme en un pronucleus mâle. Après la fusion des deux pronuclei se réalise la première division de segmentation dans laquelle on remarque la présence de deux corpuscules centraux au sommet du fu- seau. D'où proviennent ces centrosomes? l'auteur ne veut pas se prononcer à ce sujet, mais il est amené à croire qu'ils prennent naissance aux dépens de la substance même de ce fuseau de segmentation. — P. Bouin. 38. Erlanger (R. von). — Contributions à l'étude de la structure du pro- toplasma, du fuseau caryocinètique et du centrosome. I. Sur la fécondation et la première division de Vœuf d'Ascaris. — Cet important mémoire devait former la première partie d'une étude d'ensemble qu'il n'a pas été donné au regretté cytologiste de pouvoir achever. Le mémoire se compose d'une partie spéciale, descriptive, et d'une partie générale, théorique. Partie spéciale. — Elle débute par une Description des produits sexuels de r Ascaride du Cheval. L'étude de la genèse et de la structure définitive du spermatozoïde permet d'établir les homologies suivantes entre les diverses parties du spermatozoïde d'Ascaris et celles des zoospermes d'autres animaux : le prolongement qui se forme aux dépens de la spermatide et qui contient le « corps réfringent » est une queue, comparable à celle du spermatozoïde des Oxyures; le « corps réfringent » lui-même a la valeur d'un Nebenkern vrai (au sens attaché par l'auteur à cette appellation), c'est-à-dire qu'il pro- vient du reste du fuseau de la dernière division de maturation, et représente le filament axile dos autres formes; la ligne arquée, fortement colorable, qui sépare la tète arrondie et le prolongement caudal, équivaut au Mittelstùck; le globule, très chromatophile, situé au milieu de cette ligne, est un centro- II. — PRODUITS SEXUELS. — FECONDATION. 123 some, comme le montre, sinon son origine (que l'auteur n'a pu élucider), du moins sa destinée ultérieure. Dans l'oocytede premier ordre, qui vient de se détacher du rachis, le noyau renferme deux chromosomes, composés chacun de quatre filaments réunis, de structure alvéolaire; chaque chromosome a ainsi la valeur d'un groupe quaterne. Les tractus protoplasmatiques qui séparent les unes des autres les vacuoles du cytoplasma ont une structure alvéolaire. Formation des globules polaires. — La forme des fuseaux directeurs est variable : bipolaire et fusiforme ou en tonneau, tripolaire, quadripolaire. Dans le cas de forme en tonneau, les corpuscules centraux sont représentés aux pôles tronqués du fuseau par plusieurs corpuscules qui ont la forme de bâtonnets sur les vues de profil de la figure de division, et qui sont disposés les uns à côté des autres parallèlement à la plaque équatoriale. La séparation du deuxième globule polaire s'accompagne, comme il a déjà été constaté, de la formation d'une plaque cellulaire ou corpuscule intermédiaire. Formation des pronucleus. — Les points suivants sont spécialement à noter. En se désagrégeant dans la région centrale, dense, du cytoplasme ovulaire, la partie cé- phalique du spermatozoïde y laisse les grains colorables des points nodaux de ses alvéoles ; le semis de ces grains donne à la région cen- trale de l'œuf un aspect caractéristique, que l'auteur traduit par l'expression de « zone à détritus ». Le pronucleus mâle, sitôt formé par gonflement du noyau chromatique du spermatozoïde , quitte la zone à détritus et va au-devant du pronucleus femelle. Le centro- some mâle s'éloigne aussi de cette zone; c'est un centrosome nu. Quant au centrosome fe- melle, formé par le corpuscule polaire inté- rieur du second fuseau directeur, v. Erlanger ne l'a aperçu que dans quelques cas. Conjugaison des pronucleus. — Quand les pronucleus ont atteint leur taille définitive, et ont acquis un diamètre qui est à peu près le tiers de celui de l'œuf, ils cheminent l'un vers l'autre en parcourant à peu près la moitié de la longueur d'un rayon de l'œuf, mais ne progressent cependant pas en suivant le même rayon. Laissant de côté les transformations structurales que subissent les pronucleus, on doit cependant noter qu'au stade de peloton lâche, par lequel débutent ces transformations, le réseau achromatique devient distinct, présentant les grains chromatiques en ses points nodaux; les filaments lininiens de ce réseau ont une structure manifestement alvéolaire. La conjugaison consiste dans un rapprochement plus ou moins étroit, rare- ment dans une fusion des pronucleus. On peut distinguer dans l'œuf plusieurs plans, qui permettent de préciser la situation des corpuscules centraux du premier fuseau. Le plan qui contient le centre de l'œuf et qui passe par le milieu des deux pronucleus est le plan équatorial; toute coupe qui lui est parallèle est une coupe transversale. Le plan mené par le centre de l'œuf et le point de tangence des deux pronucleus est an plan médian sagittal, perpendiculaire au précédent; sera dite sagit- tale toute coupe parallèle à ce plan. Enfin, le plan frontal est celui qui, per- pendiculaire au plan équatorial, passe par les centres des deux pronucleus; une coupe qui lui est parallèle est une coupe frontale (Voir la figure 15 pour se représenter l'orientation de ces plans). Fig.lo, Vue latérale de l'œuf et des deux pronucleus en conjugaison. Déplacement des deux centro- somes-fils jusqu'à l'axe de l'œuf. 124 L'ANNEE BIOLOGIQUE. Le centrosome mâle, quittant la zone à détritus, se divise; il vient alors se placer habituellement entre les deux pronuclei rapprochés, dans le plan équatorial, et se montre entouré d'une zone de protoplasma finement alvéo- laire (centroplasma de l'auteur), qui est souvent disposée en strates concen- triques, mais jamais irradiée. La division du centrosome se fait d'ailleurs dans un plan quelconque de l'œuf. Cette division rappelle absolument le phénomène de la division nucléaire directe de beaucoup de Protozoaires : un filament s'étire entre les deux centrosomes-fils ; puis il se rompt, et ses deux moitiés se rétractent ensuite dans les centrosomes-fils définitivement séparés. Quant à la division du centroplasma, elle ne se produit d'habitude qu'après celle du centrosome. Formation du premier fuseau de segmentation. — Quelle que soit l'orienta- tion première du plan de division des centrosomes-fils, ceux-ci prennent de plus ou moins bonne heure une position déterminée; ils se placent en effet de telle sorte que la ligne qui les relierait serait normale au plan équatorial de l'œuf et normale aussi à une perpendiculaire abaissée du centre de l'œuf sur la ligne qui joint les centres des deux pronucleus. Ce n'est habituellement qu'après séparation complète des deux centrosomes que se différencie autour de chacun d'eux un centroplasma de forme sphérique. Quant à l'irradiation qui part de la surface de la sphère centroplasmique, elle n'apparaît que plus tard. Cette irradiation s'étend ensuite peu à peu; finalement, les deux centrosomes sont réunis par un système de tractus alvéolaires qu'on peut considérer comme représentant le jeune fuseau central. Ce fuseau est d'abord tout à fait extra-nucléaire, situé en dehors des pronucleus, qui ont conservé leur membrane. Mais il se complète plus tard par le réseau achromatique nucléaire. L'éloignement des centrosomes, l'écartement des pôles se fait alors peu à peu. Il s'accompagne dd la migration des centrosomes vers l'axe de l'œuf, c'est-à-dire vers la ligne menée perpendiculairement au plan équa- torial, par le centre de l'œuf; l'axe du fuseau finit par coïncider avec celui de l'œuf. A mesure qu'ils s'écartent l'un de l'autre, les corpuscules centraux de- viennent plus gros et l'irradiation qui en part augmente de puissance. Ils finissent par devenir très volumineux et par offrir une structure compliquée; ce sont alors de véritables centrosomes (au sens vrai de ce mot), de structure aréolaire, qui renferment chacun un centriole. Autour d'eux, le protoplasma alvéolaire s'est ordonné en strates concentriques, puis en travées radiées. La plaque équatoriale s'est constituée pendant ce temps, avec deux paires de fila- ments chromatiques, provenant chacun de la fissuration longitudinale d'un filament primitivement simple que renfermait le pronucleus en prophase. Première division. — L'œuf ne change de forme et ne s'allonge que lorsque déjà a débuté la scission longitudinale des filaments chromatiques de la plaque équatoriale, ou même lorsque se fait déjà l'ascension polaire des moitiés ainsi séparées. Alors les centrosomes changent de forme, s'aplatissent, deviennent lenticulaires. Des filaments connectifs paraissent entre les anses chromati- ques jumelles qui se sont écartées; ils proviennent sans doute de la partie équatoriale, d'origine nucléaire, du fuseau [?]. La plaque cellulaire qui se forme entre les cellules-filles est due à l'adossement des couches alvéolaires les plus superficielles des deux cellules en contact; puis elle se fissure, et paraît à son niveau l'espace ou « corps lenticulaire », « lentille équatoriale », dans lequel se montre le corpuscule intermédiaire, comme déjà Hekla l'a décrit. Partie générale. — Plusieurs importantes questions y sont traitées avec un grand luxe d'indications bibliographiques, qui rendent cette partie d'une IL — PRODUITS SEXUELS. — FECONDATION. 125 lecture très instructive. Mais comme ces questions ont été, dans ces derniers temps, maintes fois exposées et discutées, nous ne donnerons pas au résumé de cette partie générale tout le développement qu'il comporterait. Protoplasma. — La structure de toutes les parties qui entrent dans la con- stitution de l'œuf et du spermatozoïde d'Ascaris est alvéolaire. A tous les stades du développement de l'œuf, la substance cellulaire est composée d'alvéoles, et l'arrangement des alvéoles suffit pour expliquer toutes les images variées qu'offre la division nucléaire et cellulaire. L'auteur rappelle que des recher- ches comparatives faites sur d'autres objets (Amœba proteus, cellules du disque germinatif des Céphalopodes, leucocytes de Salamandre, œufs de Tar- digrades, cellules testiculaires de Blatte, cellules épithéliales des branchies des larves de Salamandre, cellules ganglionnaires spinales du Lapin, cellules- mères du pollen) l'ont conduit au même résultat. A l'appui de la théorie al- véolaire, il rapporte un certain nombre d'observations (de Schàfer, E. B. Wilson etc.), bien que ces auteurs aient parlé non pas de système d'alvéoles mais de trame réticulée; faute d'alvéoles, il se contente d'un réseau. 11 emploie même indifféremment le terme réticulé et le terme alvéolaire, sans paraître se douter de leur valeur réelle; et il conclut d'ailleurs (ce qui montre bien qu'il n'est pas très fixé sur la réalité de la structure alvéolaire) que la théorie al- véolaire, issue de la théorie réticulaire, n'en diffère que par l'interprétation de l'image microscopique. [Il est certain que des images microscopiques aussi confuses que celles des photogrammes annexés au travail d'Erlanger pourraient prêter à toutes les interprétations. Mais on en peut dire autant des figures re- marquablement nettes qui illustrent le travail principal (Unters. ûber mikr. Schaùme und das Protoplasma) du fondateur de la théorie alvéolaire; c'est affaire de goût que d'y voir une structure alvéolaire plutôt que réticulaire, comme l'a avoué franchement plus haut le disciple de Butschli, v. Erlanger]. Noyau. — Le noyau de l'œuf et des cellules de segmentation de l'Ascaris offre une structure alvéolaire, que divers auteurs ont constatée sur différents objets, notamment chez les Protozoaires. L'auteur explique, sur son exemple particulier de l'œuf d'Ascaris, comment les changements cinétiques que su- bissent les pronucleus doivent être en dernière analyse rapportés à des modi- fications de la structure alvéolaire de ces pronucleus. Il répond par là à une objection qu'O. Hertwig avait faite à la théorie alvéolaire de la structure proto- plasmique, en prétendant qu'avec elle demeuraient inexplicables les change- ments intra-nucléaires tels que la formation des fibres du fuseau et des anses chromatiques. Fuseau. — Dans ce paragraphe sont exposées les diverses manières de voir relatives à l'origine du fuseau. Celle d'Erlanger est que le fuseau a une double origine, cytoplasmique et nucléaire. D'une part, en effet, il a vu un petit fuseau extra-nucléaire se constituer entre les deux centrosomes. D'autre part, des fibres arquées se forment d'un centrosome à l'autre à travers le noyau (les pronucleus). La partie équatoriale de ce second système est sans doute d'origine nucléaire et se forme aux dépens des alvéoles du réseau de linine régularisés en tractus longitudinaux, à peu près comme Wilson l'a indiqué pour l'œuf d'Oursin. Les parties polaires, qui se raccordent avec la précédente, sont d'origine cytoplasmique. Quand la membrane nucléaire a disparu et que le stade de la plaque équatoriale est atteint, les deux systèmes ne peuvent plus être distingués l'un de l'autre. Asters polaires et sphères. — L'aster polaire est formé d'un grand nombre de rayons ou tractus de structure alvéolaire, qui irradient du corpuscule po- laire ou de son voisinage et se perdent peu à peu dans le protoplasma. La « zone médullaire » (van Beneden) de la sphère du centroplasma d"Er- 126 L'ANNEE BIOLOGIQUE. langer est une production artificielle due à la rétraction de la substance du centroplasma sous l'influence des réactifs. Quant à la « zone corticale » ou irradiée (astrosphère) de la sphère du centroplasma, elle se continue sans démarcation avec la zone centrale ou sphère proprement dite, comme le pré- tend aussi Boveri; mais elle n'est pas simplement, comme le soutient ce der- nier, un autre aspect de la même substance ; elle a une structure différente ; elle est purement radiée, tandis que la zone centrale est formée à la fois par des tractus radiés et par des strates concentriques de protoplasme alvéolaire, ces dernières donnant lieu au « phénomène des cercles concentriques ». Sur la question de savoir si la sphère ou centroplasma est un organe cellulaire permanent, Fauteur se prononce négativement. Il peut y avoir, il est vrai, dans la cellule au repos et au pôle de la figure de division, autour du cen- trosome, une zone de protoplasma de structure particulière, à laquelle on peut donner un nom distinct. Mais ce n'est pas la substance de cette zone, mais seulement sa structure qui est spécifique. L'astrosphère, la sphère ou zone centrale de celle-ci, le fuseau lui-même ne sont dus qu'à un réarrange- ment du protoplasme alvéolaire en couches concentriques ou en tractus ra- diés. Centrosome. — Erlanger traite les principales questions relatives au cen- trosome; celle de la forme et de l'aspect, de la nature, de l'origine, de la per- manence, de l'ubiquité, la question de l'existence du centrosome chez les Protozoaires, de la comparaison du noyau des Métazoaires avec le micronu- cleus, du noyau vitellin et du centrosome avec le macronucleus. Pour ce qui est de la nature du centrosome, il réfute les opinions de ceux qui nient son caractère spécifique; [il combat aussi la mienne, qu'il ne connaît d'ailleurs que par une analyse, et qu'il n'a pour cette raison nullement comprise]. Il ne paraît pas s'être fait une idée plus exacte de ce qu'est la question de la permanence du centrosome ; car il reproche à ceux qui ont nié cette perma- nence, d'avoir considéré (ce qu'ils n'ont jamais fait) le centrosome comme un produit artificiel, et leur oppose qu'on peut voir le centrosome même sur des cellules vivantes et y suivre son évolution pendant un certain temps [ce qu'ils n'ont jamais nié et ce qui ne prouve pas la permanence]. Il se prononce enfin pour l'ubiquité du centrosome, qu'on trouvera plus tard dans toutes les cellu- les, comme on y trouve maintenant le noyau. Rôle du fuseau. — On trouvera ici une réfutation des théories fîbrillaires du rôle du fuseau dans la mitose, soit de celles (van Beneden, Boveri, Hei- deniiain etc.) qui attribuent aux fibrilles du fuseau la propriété de se con- tracter (théories de la contraction de Meves), soit de celles (Drùner, Meves) qui accordent à ces mêmes fibrilles une propriété d'expansion, de répulsion (théories de l'expansion de Meves). Pour Erlanger, ni l'une ni l'autre de ces explications mécaniques n'est satisfaisante. Les efforts qu'ont faits nombre d'auteurs pour produire artificiellement un fuseau caryocinétique, ne sont nullement de simples jeux et de simples diagrammes de la division; mais ce sont de véritables représentations des forces qui agissent dans la division nu- cléaire et cellulaire. Il serait évidemment téméraire de conclure de la res- semblance entre les images artificielles et les images naturelles à l'identité des forces desquelles résulte la figure artificielle ou naturelle; mais il est très vraisemblable que dans l'un et l'autre cas il s'agit d'une figure de lignes de forces. [Cette opinion est tout à fait la nôtre]. Maturation. — La nature cellulaire des globules polaires, qui sont des œufs abortifs, esl aujourd'hui établie. La forme particulière des fuseaux directeurs qui donnent naissance à ces globules, n'est pas un obstacle à cette manière de voir; car cette forme se retrouve dans d'autres divisions directrices (cita- II. — PRODUITS SEXUELS. — FECONDATION. 127 tions). On avait cru que la division de maturation n'était pas une division cellulaire véritable, parce qu'elle manquait des corpuscules centraux carac- téristiques; mais on sait aujourd'hui qu'ils ne lui font pas défaut et lui sont fournis par le corpuscule central de l'œuf (citations nombreuses). Le fait de la segmentation ultérieure des globules polaires, notamment du premier glo- bule (citations), vient achever d'entrainer la conviction en faveur de leur na- ture véritablement cellulaire. Fécondation. — Dans ce paragraphe sont examinées plusieurs questions. Il n'y a aucun rapport entre la formation des globules polaires et la péné- tration du spermatozoïde. La partie protoplasmatique du spermatozoïde ne joue aucun rôle dans la fécondation. La conjugaison des pronucleus se fait suivant un type très différent, plus ou moins complète suivant les cas. Les deux pronucleus sont, selon les animaux, de taille plus ou moins inégale. Les pôles du premier fuseau sont fournis exclusivement par le centrosome mâle, bien que les deux pronucleus soient pourvus chacun de leur centrosome ; il n'y a donc pas de quadrille des centres. Une attention toute spéciale est accordée par Erlanger à la question de l'essence même du processus de la fé- condation. Les deux cellules sexuelles sont des éléments cellulaires équiva- lents et complets. Par conséquent, il n'y a pas lieu de considérer les pronucleus comme des demi-noyaux; cette manière de voir, purement hypothétique, est née de l'opposition qu'on a voulu établir entre les cellules sexuelles et les cel- lules somatiques. Elle n'est nullement appuyée par les recherches faites sur la question tant controversée de la réduction chromatique. On ne sait encore si et quand la réduction se fait; et nombre de faits parlent contre le schéma qu'on a voulu donner du phénomène de réduction , tel qu'il se passe dans Fovogénèse et la spermatogénèse. Il n'est nullement prouvé qu'il n'y ait tou- jours que deux générations de spermatocytes ; il peut s'en former trois ; il peut ne s'en produire qu'une. Le nombre des globules polaires et des cellules, filles auxquelles ces globules peuvent ultérieurement donner naissance est très variable. Il n'y a donc aucune fixité dans le nombre des spermatozoïdes issus d'un spermatocyte de premier ordre, dans celui des produits (globules polaires et l'œuf) descendus d'un ovocyte de premier ordre. [L'auteur semble par là vouloir prouver que l'effet constant qu'on pense être produit par la réduction chromatique sur les cellules sexuelles mûries, ne peut qu'être va- riable, à cause de la variation dans le nombre des cellules formées]. Enfin, est examinée la question de savoir à quel moment on pourra considérer l'œuf comme fécondé, et quel sera le critérium de la fécondation. Ce sera seulement quand les deux cellules sexuelles, œuf et spermatozoïde, auront, dans toutes leurs parties constitutives, perdu leur individualité, c'est-à-dire quand les noyaux se seront confondus dans la plaque équatoriale du premier fuseau de segmentation. [Toutes ces diverses propositions sont appuyées, outre les observations personnelles de l'auteur, par de nombreuses citations]. — A. Prenant. 41. Von Erlanger. — Observations sur la fécondation et les deux premières divisions des œufs vivants de petits nématodes. (Analysé avec le suivant.) 39. Von Erlanger. — Contribution à Vètudede la division cellulaire et nu- cléaire. — I. De ces deux mémoires, le premier tire un intérêt particulier du fait que les observations portent sur des matériaux vivants. Il s'agit spéciale- ment d'œufs de Rhabdilis (R.pellio, R. dolichura.R. teres) qui se prêtent à l'exa- men direct. La pénétration du spermatozoïde n'est pas facile à saisir. Mais on le retrouve bientôt dansl'élément femelleàl'état de pronucleus. Il reste au pôle L»s L'ANNEE BIOLOGIQUE. tourné vers le réceptacle séminal {pôle externe) ; au pôle opposé s'effectue ré- mission des globules polaires [pôle interne). Cette extrémité de l'œuf, quand le pronucleus femelle est revenu au centre, présente des mouvements pseudopo- diques particuliers. Un pseudosillon étrangle la masse en deux portions iné- gales, le segment interne est plus petit, comme du reste le pronucleus femelle correspondant. La centrosphère dérive toujours du pronucleus mâle. Elle se divise, et quand les deux noyaux sont en contact avec la forme de vésicules aplaties, le fuseau central apparaît dans le plan de séparation. Il peut parfois ne se produire qu'après la fusion. A ce stade, la cliromatine est invisible sur le vivant. Mais ses grains portés par la charpente des alvéoles vont se con- denser en chromosomes. Le couple des pronuclei orienté suivant l'axe de l'œuf qui perd progressivement son pseudosillon s'étirera suivant la longueur, et. à l'intérieur de la membrane encore intacte, apparaîtront nettement les filaments du fuseau et une traînée opaque dessinant la plaque équatoriale. L'irradiation polaire se développe en même temps que la membrane dispa- raît et, chez Rhabditis pellio, le fuseau normal montre sur le frais ses chro- mosomes typiques. Nous avons relevé des faits importants tels que V origine nucléaire du fu- seau (ce fuseau apparaît à l'intérieur de la membrane et cela s'observe à la seconde division comme à la première). La structure alvéolaire générale et les courants protoplasmiques en rapport avec les centrosphères rendent, compte du cheminement des chromosomes. De même que des courants aboutissant à Véqua- teur ont condensé les chromosomes à ce niveau, allégeant la charpente vers les pôles, et dessinent les stries du fuseau, de même des courants inverses détermi- neront le cheminement des éléments chromatiques et le phénomène physique s'accusera nettement par V augmentation rapide du volume des centrosphères. La condensation des alvéoles au point d'étranglement des deux blastomè- res produit la plaque cellulaire de Carnoy. L'inéquivalence des pôles accu- sée dès le début par des phénomènes différents et l'apparition d'un pseudo- sillon déterminera deux blastomères inégaux. Un point doit être signalé encore parce qu'il paraît assez fréquent et peut suggérer diverses interprétations (Voy. Hacker (57). Le centrosome paraît souvent composé de plusieurs grains qui ultérieurement se fusionnent. II. Une structure alvéolaire générale des courants suivant lesquels les alvéoles s'orientent; le fuseau et les asters plastiques, fluides : telles sont les bases sur lesquelles s'appuie Erlanger, et son second mémoire aboutissant aux mêmes conclusions, nous en réduirons l'examen aux points principaux. Dans les cellules blastodermiques des Céphalopodes, où la structure alvéolaire est aussi nette pour le noyau que pour le protoplasma, deux centrosomes orientent chaque figure de division avant la formation du fuseau. La subs- tance chromatique se tasse graduellement à l'équateur comme nous l'avons vu déjà, elle donne des chromosomes typiques. La membrane nucléaire existe encore et pourtant les fibres du fuseau sont bien marquées à son intérieur avec leur structure alvéolaire persistante. Ici, pas de fuseau central extra- nucléaire par suite de la différenciation précoce des deux centrosphères. Cette formation, véritable figure de division du centrosome, est-elle transitoire chez les Nématodes? On ne saurait le dire. Mais les fibres du fuseau intranu- cléaire ne pouvant avoir traversé la membrane, vu sa faible perméabilité, l'au- teur admet leur différenciation sur place aux dépens de la substance achroma- tique du noyau. Quant au cheminement des chromosomes, après avoir rejeté et la théorie d'IIeidenhain ayant pour base la tension des systèmes centrés et l'explication mécanique de Kostanecki, il en revient à l'attraction physique ou chimique exercée par les centrosomes sur le cytoplasme et le karyoplasme. IL — PRODUITS SEXUELS. — FÉCONDATION. 129 Les conclusions générales qui émergent de ces deux mémoires peuvent se formuler brièvement : 1° Le noyau joue un rôle capital dans la formation du fuseau. 2° Les phénomènes osmotiques dont les centrosomes sont le siège provoquent V orientation en file des alvéoles et le cheminement des chromosomes. Nous en avons la preuve dans le fait qu'en passant de Vétat de repos à Y état d'activité ou inversement, les volumes respectifs de la centrosphère et du noyau se modi- fient en sens contraire. — Bataillon et Terre. 28. Carnoy (G. B.) et Lebrun (H.). — La, fécondation chez l'Ascaris mega- locephala. — Les auteurs ont repris l'étude de la fécondation chez V Ascaris et sont arrivés à des résultats très différents de ceux de leurs prédécesseurs. A la dernière division des oogonies, le centrosome (corpuscule polaire) dispa- raît comme après toute division ; il n'y en a plus trace dans le cytoplasma, mais il se forme aussitôt de nouveaux centrosomes dans le noyau, où ils restent jusqu'à la formation des globules polaires. Les deux fuseaux de direction sont pourvus de centrosomes et d'asters , mais il est probable que ces cen- trosomes disparaissent après la formation du premier globule polaire et qu'il s'en forme de nouveaux pour le second fuseau. Après l'expulsion du se- cond globule, le cytoplasma ovulaire est dépourvu de centrosomes et d'as- ters. Il n'y a donc pas d'ovocentre, L'archoplasma de Boveri est une simple partie du cytoplasma, différenciée, produite avec le concours et sous l'in- fluence du corps du spermatozoïde; le prétendu centrosome qu'il renferme n'est qu'une « sphérule d'enchyième nucléo-albuminifère du corps sperma- tique laquelle se dissout dans l'œuf » . Il n'y a donc pas non plus de spermo- centre. Les irradiations du soi-disant archoplasma se répandent dans tout le cytoplasma ovulaire, à l'effet de le remanier, de modifier profondément sa structure et d'en faire une entité nouvelle de nature mixte. Elles ne pro- duisent jamais de sphères archoplasmiques. Avant la segmentation, il n'y a dans le cytoplasma ovulaire ni sphères, ni centrosome; rien que les deux noyaux sexuels. De chacun de ceux-ci sort, au début de la division, au stade de peloton de l'élément nucléinien, un nucléole plasmatique. Ces deux nu- cléoles sont les corpuscules polaires du premier fuseau de division. Le noyau femelle contribue donc autant que le noyau mâle à la segmentation et au dé- veloppement subséquent. La segmentation est une œuvre commune ou mixte. Les corpuscules polaires déterminent dans le cytoplasma la formation des asters et, sous leur influence, le réticulum caryoplasmatique s'irradie de son côté pour former le fuseau qui est toujours d'origine nucléaire. Après la cinèse, les corpuscules disparaissent totalement ainsi que les asters. Ils ne se di- visent donc pas pour former les corpuscules de la cinèse subséquente, ni ne rentrent dans le noyau, comme l'ont prétendu certains observateurs. « Le fuseau central de Hermann ne peut donc exister [!] et, loin d'être des éléments permanents de la cellule . les corpuscules et les asters , ou sphères attrac- tives et autres, sont des productions transitoires au même titre que le fu- seau. » Au stade des couronnes polaires (dyasters) de nouveaux corpuscules polaires naissent aux dépens de l'élément nucléinien, deux dans chaque cou- ronne. Chez Ascaris m. univalens, l'un provient de l'anse paternelle, l'autre de l'anse maternelle; ils ont donc, comme à la première cinèse, une origine différente. Les anses des premières couronnes polaires se scindent transver- salement en deux moitiés. Il en résulte que les nouveaux noyaux possèdent un nombre double de bâtonnets. Ceux-ci sont disposés par paires dans des protubérances du noyau, et chaque paire renferme un bâtonnet mâle et un bâtonnet femelle. Pendant la période de repos qui suit, les bâtonnets de l'année biologique, m. 1897. 9 130 L'ANNEE BIOLOGIQUE. chaque groupe binaire s'unissent, de telle sorte que les anses qui concourent à la seconde cinèse sont mixtes; tandis que celles de la première cinèse étaient exclusivement paternelles et maternelles. Contrairement à ce qu'ont soutenu van Beneden et Boveri, lorsque le noyau se reconstitue, la nouvelle membrane enrobe comme caryoplasma une portion notable de protoplasma mixte. Le corpuscule polaire étant le primum movens de la formation des asters et du fuseau , il s'ensuit que la division cellulaire est sous la dépen- dance du noyau qui produit ce corpuscule, et nullement sous la dépendance des prétendues sphères ou du cytoplasma. « La théorie de la fécondation émise par Boveri ne peut plus se soutenir; elle pèche par la base et est con- traire aux faits. Car le spermocentre qui doit venir compléter l'œuf et le rendre apte au développement n'existe pas. S'il existait, il disparaîtrait à la première cinèse et ne pourrait se perpétuer par division répétée à travers toutes les cinèses suivantes. La fécondation est un acte très compliqué et très intime. Il consiste dans la fusion de deux individualités d'origine diffé- rente en une entité nouvelle de nature mixte. Mixte non seulement dans ses chromosomes, comme le pensent les auteurs modernes, mais dans toutes ses parties : cytoplasma, caryoplasma, centrosomes, élément nucléinien, tout y est, à la fois et dans les mêmes proportions, paternel et maternel. L'œuf fécondé transmet les propriétés héréditaires des deux parents, parce que les éléments, à la fois d'origine paternelle et maternelle, fonctionnent tous en même temps comme êtres mixtes pendant la segmentation et toute la durée du développement. » — F. Henneguy. r 43. Mac-Farland. — Etudes cellulaires sur des œufs de Mollusques. I. La fécondation de l'œuf de Pleurophyllidia californîca. Le plus jeune stade observé par l'auteur est le début de la formation du second globule polaire; le premier globule, déjà rejeté, est un peu amiboïde et se divise en deux par une mitose typique, phénomène qui n'est pas rare chez les Opisthobranches. — Dans le cytoplasme de l'œuf, se trouvent lepro- nucleus mâle et, à son voisinage, Pastrosphère qu'il a introduite dans l'œuf; celle-ci renferme un petit centrosome. Cette astrosphère se divise en deux moitiés, renfermant chacune un centrosome, qui s'écartent Tune de l'autre, sans être reliées par des fibrilles, et tout à fait indépendantes du noyau mâle. Les centrosomes de l'œuf sont bien visibles au stade aster de la mitose qui doit donner naissance au second globule polaire; mais lorsque la figure de division devient périphérique, ils dégénèrent, se résolvent en fines granula- tions et s'évanouissent totalement. Les chromosomes du pronucleus femelle se transforment en vésicules et le noyau devient volumineux; le même fait se produit pour le pronucleus mâle, si bien qu'il est impossible de le différencier du premier; les deux pro- nucleus se rapprochent et s'accolent. Pendant la formation du second globule polaire, les deux astrosphères mâles ont complètement disparu; il est difficile de savoir s'il en est de même des centrosomes, car aucune couleur différentielle ne peut mettre en évidence les centrosomes dépourvus de rayons. Pendant la période de croissance des deux pronucleus, il apparaît à leur voisinage deux nouvelles astrosphères complètement séparées l'une de l'au- tre, renfermant chacune un centrosome. Ces deux astrosphères se rappro- chent, leurs rayons forment un fuseau central en se fusionnant; ce sera le fuseau de la première segmentation de l'œuf. Mac-Farland pense que les centrosomes de ce fuseau sont bien ceux qui proviennent de la division du centrosome unique apporté par le spermatozoïde, bien que, pendant un cer- II. — PRODUITS SEXUELS. — FECONDATION. 131 tain temps, il ait été impossible de les mettre en évidence à l'intérieur de l'œuf; en tous cas ils ne proviennent sûrement pas des ovocentres. IL Les centrosomes lors de la formation des globules polaires dans l'œuf de Diaulula sandiegensis. La figure mitotique qui doit donner naissance au premier globule polaire porte à ses deux pôles une sphère compliquée : les rayons convergent en un amas foncé, mal limité (manteau attractif), qui renferme un corps sphérique homogène (centrosome) , qui renferme à son tour un petit grain central; entre les deux pôles, s'étend un fuseau composé de fibres allant de pôle à pôle (fuseau central) et de fibres extérieures sur lesquelles les chromosomes sont groupés en un rang. Le premier globule polaire est rejeté : l'astrosphère restant dans l'œuf éprouve une série de modifications: ses rayons persistent tels quels; le cen- trosome s'allonge et devient ellipsoïde, le grain central se divise en deux grains, qui se portent aux deux bouts de l'ellipsoïde, où ils s'entourent d'une zone foncée, tandis que le centre de l'ellipsoïde devient plus clair. Les extré- mités foncées sont des centrosomes-fils, chacun avec grain central, et la partie intermédiaire devient le fuseau central de la mitose prochaine. Il apparaît dans cette région des fibrilles d'abord irrégulières et anastomosées, qui de- viennent ensuite rectilignes et s'étendent d'un pôle à l'autre. Ce fuseau cen- tral grandit et, lorsqu'il a acquis sa taille définitive , il apparaît des fibres extérieures sur lesquelles se placent les chromosomes. En somme, le fuseau central et les deux centrosomes-fils de la seconde division polaire proviennent de l'accroissement et de la différenciation du centrosome resté dans l'œuf après la première division. — L. Cuénot. 99. Sobotta (J.). — La maturation et la fécondation de V œuf dWmphioxus lanceolatus. [VI c rf\ — Le commencement de la maturation se fait dans l'o- vaire (expulsion du premier globule polaire, formation du deuxième fuseau) ; le nombre des chromosomes du premier fuseau paraît être de 12 et il en est de même pour le deuxième; après la sortie du premier globule, la membrane ovulaire s'étrangle autour de lui et il est complètement séparé de l'œuf. La ponte des œufs a toujours lieu dans une eau chargée de sperme ou du moins au moment où un mâle en émet : la ponte dans une eau non encore impré- gnée paraît produire une prédisposition à la polyspermie. En arrivant dans l'eau, l'œuf acquiert sa membrane principale par transformation de sa zone corticale; l'entrée du spermatozoïde qui se produit en même temps a pour résultat le soulèvement de cette membrane, mais c'est le contact de l'eau qui détermine sa formation, car elle commence déjà dans les œufs attardés dans la cavité péribranchiale. Il s'agit essentiellement de la condensation de la zone corticale homogène de l'œuf ovarien et de sa séparation qui se produit avec une très grande rapidité. — L'œuf pondu possède donc deux mem- branes, une interne plus épaisse et une externe plus mince, déjà formée dans l'ovaire ; au point de vue de sa structure générale, sa constitution présente quelques modifications qui lui donnent un autre aspect (augmentation du nombre des granulations vitellines). — Les spermatozoïdes traversent suc- cessivement les deux membranes qui n'opposent aucune résistance à ce mo- ment : dès qu'il en est arrivé un dans le protoplasma ovulaire, celui-ci se sépare rapidement de la membrane interne, ce qui contribue à le protéger contre la polyspermie. Quand les œufs sont pondus dans l'eau non encore imprégnée, la membrane interne se forme, mais reste accolée au proto- plasma, et l'écartement après la fécondation ne se produit que très lentement, ce qui permet souvent la polyspermie. — Aussitôt après son entrée dans le 132 L'ANNEE BIOLOGIQUE. protoplasma, le spermatozoïde se gonfle énormément en forme de ruban. Les phénomènes essentiels de la fécondation sont les mêmes que chez les autres animaux; les centrosomes de l'œuf fécondé sont exclusivement d'origine mâle, la chromatine d'origine mâle pour une moitié, femelle pour l'autre; on ne constate pas de quadrille des centres ou de processus analogue. Les cen- trosomes grossissent énormément dans les figures de division en perdant leur puissance élective de coloration, au moment où apparaissent les radia- tions protoplasmiques; ils redeviennent ensuite plus petits quand celles-ci régressent. Les œufs non fécondés ne se développent pas. — Dans les cas de poly- spermie, les phénomènes sont variables suivant la façon dont elle s'est pro- duite. Si plusieurs spermatozoïdes pénètrent en même temps, ils s'unissent tous au noyau femelle et donnent un fuseau de segmentation pluripolaire : l'œuf se détruit. Lorsqu'un des spermatozoïdes est entré plus tôt que les autres, il se fusionne seul avec le noyau, tandis que les autres s'arrêtent for- cément dans leurs transformations : l'œuf présente des aspects variés. Le cas le plus fréquent est celui où l'on trouve dans l'œuf un grand nombre de figures de toutes sortes : il s'explique le plus facilement en admettant qu'une première imprégnation polyspermique a été suivie de l'entrée de nouveaux spermatozoïdes. Ces faits sont intéressants parce qu'ils se rattachent d'un côté aux phénomènes polyspermiques nuisibles des œufs de beaucoup d'In- vertébrés, et qu'ils conduisent d'autre part aux processus sans inconvénients de la polyspermie physiologique (?) de beaucoup d'œufs de Vertébrés. — G. Saint-Rem y. 97. Simond (P. L.). [X] — L'évolution des Sporozoaires du genre Cocci- dium. — L'évolution des Sporozoaires, malgré l'abondance des documents iso- lés, reste un problème des plus obscurs. Aussi un mémoire qui apporte des données synthétiques basées sur l'étude consciencieuse de plusieurs formes mérite toute l'attention des biologistes. La théorie du dimorphisme des Coccidies, émise par Pfeiffer, est appuyée, dans ce travail, d'expériences rigoureuses portant sur Coccidium oviforme. Coccidhnn Salamandrœ , Coccidium proprium. Les deux reproductions, spo- ndée et asporulée, étaient déjà connues pour Coccidium oviforme. Simond les rattache expérimentalement en soumettant à l'infection par des kystes mûrs un jeune Lapin isolé à la naissance el soumis au régime du lait stérilisé. L'autopsie permet de découvrir dans l'intestin, à côté des kystes, les formes asporulées décrites par Pfeiffer {Pfeifferia) : quatre témoins ne montraient ni formes endogènes, ni formes enkystées. Pour Coccidium Scdamandrœ, la forme sporulée restait à découvrir: les corps asporulés en forme d'orange pelée, si fragiles qu'on ne les trouve jamais dans le contenu rectal, ne pou- vaient être considérés comme une forme de résistance et de dissémination. L'auteur suit dans l'eau en goutte suspendue le développement exogène de kystes tirés de la cavité intestinale. La sphère granuleuse se segmente en quatre sporoblastes dont chacun fournit deux germes vermiculaires (sporozoï- tes), obtus à l'un des bouts, effilés à l'autre, embrassant un reliquat. Tous les stades de cette évolution s'observent dans les noyaux épithéliaux. Du reste, pour ce type comme pour Coccidium proprium, les deux cycles -<>nt encore reliés l'un à l'autre par des expériences inattaquables. Mais les Coccidies nous présentent plus que le dimorphisme. La plasticité du cycle asporulé, l'existence dans les trois cas étudiés d'un stade à pseudo flagelles rappelant les corps à flagelles de Laveran et les Polgmitus de Danilevsky, semblent indiquer un polymorphisme évolutif assez étendu. L'interprétation IL — PRODUITS SEXUELS. — FÉCONDATION. 133 de certains faits exigeait une étude attentive des deux cycles. Notons seule- ment les points fondamentaux relevés sur Côccidium oviforme. Cycle sporulé. — Le début du cycle sporulé est caractérisé par la présence d'un nucléole secondaire en croissant dans le noyau de la jeune Coccidie. Le parasite s'accroît, refoulant à la périphérie le noyau de la cellule hôte. Cette cellule apparaît sur les préparations comme une bague avec son chaton et à la fin ce n'est plus qu'une enveloppe distendue prête à se rompre. La forma- tion des parois du kyste, son évolution exogène jusqu'au sporozoïte, sont connues dans les grandes lignes. Retenons seulement l'existence d'un corps chromatique en croissant qui parait se fusionner avec le noyau avant l'enkys- tement. Cycle asporulé. — Ce cycle diffère du précédent dès le début par la divi- sion répétée du nucléole primitif. Tantôt le nombre des granules nucléolaires est restreint (8 à 50), tantôt il est beaucoup plus considérable. Dans le pre- mier cas, chacun des éléments entraine une portion sphérique du proto- plasma; puis chaque sphérule s'étire en un mérozoïte vermiculaire courbé en arc et muni d'un noyau. Dans le cas où l'émiettement va plus loin , le parasite prend une taille énorme. Les nucléoles en forme de coccus se portent à la périphérie où ils s'allongent jusqu'à ressembler à des cils émergeant de la masse plasmatique. Cette forme a été retrouvée sur Côccidium proprium et sur Côccidium Sala- mandre; elle mérite une attention spéciale. Sur le frais on voit ces flagelles mobiles faire tourbillonner les granules du plasma ambiant. A la fin ils se détachent et peuvent être mis en liberté par rupture de la paroi nucléaire ou cellulaire. La masse plasmatique qui leur sert de substratum est un corps résiduel sans valeur précise. En cherchant la signification de ces flagelles qu'il appelle chromatozoïtes, Simond pose la question d'une conjugaison chez les Coccidies. Contrairement à la plupart de ses devanciers, il fait entrer le stade à chromatozoïtes dans le cycle asporulé; la marche de l'évolution, l'absence d'enveloppes kystiques parlent dans ce sens. Les mérozoïtes et les chromatozoïtes seraient donc deux modalités d'un même processus. Nous avons vu chez Côccidium oviforme un nucléole secondaire en croissant vers le noyau au début du cycle sporulé. Or. chez les Tritons et les Salamandres, on rencontre fréquemment, à la surface ou à l'intérieur des cellules de l'in- testin, des mérozoïtes devenus sphériques, de jeunes Coccidies portant un élément semblable. C'est un filament chromatique superficiel ou inclus dans le plasma : il rappelle assez bien un chromalozoile. Si l'on considère la réaction chromatique et l'agilité extrême des flagelles, on songe naturellement aux éléments sexuels mâles qui sont caractérisés de la même manière. D'autre part, la présence de corps semblables inclus dans les mérozoïtes modifiés au début du cycle sporulé, leur fusion probable avec le nucléole initial, suggèrent l'idée de deux gamètes, formes de reproduction asporulée, dont la conjugaison commencerait un nouveau cycle : le chroma- tozoïle serait un gamète nulle. Ainsi, la conjugaison avec fusion de deux éléments nucléaires, établie par Wolters chez Monocystis, par Labbé chez Drepanidium de la Grenouille et Homogregarina du Lézard, apparaîtrait comme un fait général chez les Spo- rozoaires. Le polymorphisme évolutif de ces êtres se trouve singulièrement éclairé si l'on rapproche les générations cusporulées des longs phénomènes de scissiparité qui s'observent chez tes Ciliés entre deux conjugaisons. — E. Ba- taillon. %. Schaudinn et Siedlecki. — Études sur les Coccidies. — Ces auteurs 134 L'ANNEE BIOLOGIQUE. ont étudié deux Coccidies, Adelea ovata Schn. et Eimeria Schneideri Bùtschli, chez lesquelles ils ont découvert la. fécondation. Chez Adelea, il se produit séparément des macrogamètes [macrosporozoïtes de Labbé] et des microga- métes [microsporozoïtes de Labbé]. Le microgamète vient coiffer comme d'une calotte le macrogamète (fig. a). Dans ce microgamète, le peloton nucléaire, karyosomes et membrane nucléaire sont détruits , il se forme de nombreux chromosomes qui s'or- donnent en plaque équatoriale (c'est ce que les auteurs appellent primi- tive Karyokinese) et il se forme ainsi quatre noyaux (b, <•). Dans le macroga- mète, le noyau donne un globule polaire par simple rupture de la membrane, puis la membrane nucléaire se ferme, le noyau se porte à proximité du mi- crogamète. Un seul des 4 petits noyaux du microgain ète se fusionnera avec le noyau du macrogamète (d). Le nouveau noyau de fécondation se divise alors par karyokinèse primitive pour donner les noyaux des archispores. Chez Eimeria [Eimeria Schneideri + Coccidium], la fécondation est diffé- rente et se rapproche davantage de celle des Âlétazoaires (fig. e). Ici, le microgamète entier pénètre dans la Coccidie issue du microgamète ; aussitôt se forme une membrane à double contour et la sporulation commence. Le >*>=* Fig. 16. — Fécondation des Coccidies (d'après Schaudinn et Siedlecki). . noyau jdu microgamète perd sa membrane et envoie des prolongements in- tervacuolaires, puis le noyau du microgamète se fusionne avec lui et forme un peloton chromatique avec noyau compact. Ici il n'y a pas de réduction chromatique [?]. [J'ai décrit chez les Coccidies, de 1892 à 1896, le dimorphisme des microsporozoïtes et des macrosporozoïtes; j'ai indiqué la probabilité d'une fécondation et décrit la réduction chromatique; aussi puis-je regretter que les auteurs, qui ont vu seulement le fait de la fécondation, intéressant mais prévu, n'aient môme pas cité mes travaux antérieurs]. — A. Labbé. » 33. Cuénot. — Evolution des Grègarines cœîomiques du Grillon domes- tique. — Analysé avec le suivant. 34. Cuénot. — L'épuration nucléaire au début de Vontogènèse. — Dans le cœlome des Grillons domestiques, vivent deux espèces de Grègarines (Di- plocystis major et D. minor) dont l'évolution présente des particularités très curieuses : les jeunes Grègarines, après avoir traversé la paroi intes- tinale, tombent dans le cœlome, puis, attirées par un cytotropisme positif, se rapprochent et s'accolent deux à deux, de façon à former des associa- tions de deux individus, qui ne se sépareront plus pendant toute leur vie (quatre mois environ). — Chacun des associés a un gros noyau, dont toute la nucléine est condensée au centre en un gros karyosome vacuolaire. Ce gros noyau ne prend aucune part [?] à la constitution des spores ; à l'appro- che de la sporulation, on voit apparaître dans le cytoplasme, au voisinage du noyau, un petit granule chromatique entouré d'une zone claire, qui res- semble d'une façon frappante à une sphère attractive avec centrosome ; c'est ce II. — PRODUITS SEXUELS. - FECONDATION. 135 granule qui va se diviser un grand nombre de fois pour donner les noyaux des innombrables spores. Pendant ce temps, le gros noyau perd sa mem- brane: son suc nucléaire diffuse dans le cytoplasme, et le karyosome cen- tral se dissout lentement ; on le retrouve encore lorsque le kyste est à moitié rempli de spores développées. — On ne voit aucun processus de féconda- tion, et il est du reste difficile qu'elle ait lieu, les deux associés étant séparés nettement par une double membrane. L'évolution de Diplocystis est donc très différente de celle des autres Grégarines connues et des Coccidies. Il y a une certaine analogie entre le macronucleus et le micronucleus des Infusoires et les deux noyaux de Diplocystis ; le premier dégénère au bout d'un cer- tain temps comme le gros noyau de cette Grégarine, et il est remplacé dans les deux cas par un appareil nucléaire rajeuni provenant du petit granule chromatique. On connaît aussi dans divers œufs {Myzostoma, He- mopis, JEquorea) une inaptitude du nucléole (tout à fait comparable au karyosome des Diplocystis) à prendre part à la maturation, à la féconda- tion et au développement subséquent; il dégénère lentement dans le cyto- plasme, comme chez la Grégarine. On peut établir un lien entre ces diffé- rents faits en supposant qu'une partie de la nucléine cellulaire est modifiée par sa participation au travail cytoplasmique, de telle façon qu'elle est inca- pable de rentrer en activité et de prendre part aux phénomènes mitotiques. L'élimination de cette nucléine usée, au début de l'ontogenèse, constituerait une épuration nucléaire. Le noyau actif, capable de mitose, serait constitué par de la nucléine restée intacte, et de provenance variable suivant les cas (micronucleus des Infusoires et de Diplocystis, chromatine extra-nucléolaire des œufs cités plus haut). — L. Cuénot. 44. Farmer (J. B.) et Williams (J. L..). — La fécondation et la seg- mentation de la spore dans les Fucus. — I. Développement des oosphères. — Les auteurs qui n'ont pu voir la première division du noyau dans l'oogone, ont vérifié les observations de Oltmanns sur Ascophyllum, c'est dire qu'il se fait S noyaux dont 4 avortent ultérieurement. Dans certains cas, 3 noyaux seule- ment avortent et il se développe une cinquième oosphère, plus petite il est vrai, mais ne se distinguant pas de ses sœurs plus grandes dans Faction qu'elle exerce sur les anthérozoïdes. — Les filaments des figures achroma- tiques extranucléaires sont en continuité avec le système protoplasmique al- véolaire dont ils ne représentent qu'un mode particulier de différenciation. Aucune substance spéciale n'est donc affectée à cette formation du fuseau. La caryocinèse est caractérisée par l'existence d'un fuseau central d'origine intranucléaire dont les filaments n'occupent que la partie centrale du noyau allongé. La membrane du noyau persiste pendant les premiers stades de la division et ne disparaît qu'àl'anaphase. Le nombre des chromosomes, qui est de 10 dans les oosphères, est de 20 dans les oospores, mais rien n'indique que les chromosomes <3 et 9 aient conservé leur individualité. Les auteurs pensent que ce fait tient au temps très long qui sépare l'imprégnation de l'oosphère par l'anthérozoïde de la première division du noyau. Il se peut que dans ce long espace de temps la fusion des chromosomes parents ait pu se faire plus complètement que dans les cas ordinaires. F. et W. ont constaté que les an- thérozoïdes pénètrent très rapidement dans l'oosphère, si rapidement qu'ils n'ont pu suivre exactement le phénomène. Il est remarquable que le noyau (5 n'est accompagné d'aucun aster. Dès que ce noyau a atteint le noyau de l'oosphère, il s'applique à sa surface le coiffant d'une sorte de calotte, les deux noyaux deviennent granuleux et, au bout de quelques minutes, sont complètement fusionnés. L'oosphère ne se divise que 24 heures après. Les 136 L'ANNEE BIOLOGIQUE. chromosomes se maintiennent au nombre de 20 pendant toutes les divisions végétatives du thalle; la réduction chromatique est liée à la différenciation de l'oogone. Le thalle de Fucus correspond donc au sporophyte, les cellules sexuelles représentant le gamétophyte. — H. Beauregare. 85. Oltmanns (Fr.). — Les apparences de copulation chez- les Ectocarpus el autres Algues. — Analysé avec le suivant. 19. Berthold (G.). — Remarques sw le travail précèdent. — Id. 95. Sauvageau (C). — La copulation isogamique de V Ectocarpus silicu- losus est-elle apparente ou réelle? [Les observations publiées en 1881 par Berthold sur la copulation isogami- que des zoospores sortant des sporanges pluriloculaires de Y Ectocarpus sili- culosus et du Scytosiphon sont devenues classiques. On en a même considé- rablement exagéré la portée, puisque certains auteurs, s'appuyant sur elles, ont appelé d'une manière générale « gamétanges » les sporanges plurilocu- laires de toutes les Phéosporées. Cependant, malgré les efforts de plusieurs algologues, ces observations n'avaient pu être vérifiées jusqu'à ce que j'aie moi-même, en 1890, assisté au phénomène chez YE. siliculosus {})]. 1. — D'après Oltmanns, cette copulation ne serait qu'une apparence, et la zoospore considérée comme femelle serait un Protiste Flagellé. L'auteur a vu en effet, dans ses cultures, des Protistes ingérer des zoospores (V Ectocarpus. Le Protiste est incolore, mais s'il s'est emparé peu auparavant d'une zoospore, le chromatophore de celle-ci est encore très net, et le Protiste ressemble lui- même à une zoospore, de sorte que l'ingestion d'une seconde zoospore simu- lera une copulation. C'est ainsi que Berthold, puis Sauvageau, auraient été le jouet d'une illusion. 2. — Mais Berthold nie avoir eu affaire à des Protistes; d'ailleurs le nombre considérable de copulations qu'il a suivies à Naples rendait toute erreur im- possible. Il profite de l'occasion (pie lui fournit Oltmanns pour publier les résultats d'observations faites aussi à Naples en 1881 et encore inédites. La sexualité de YE. siliculosus est très inégale pour les différents individus. Certains ont à peine le caractère sexuel; chez d'autres, au contraire, les zoo- spores sont nettement mâles ou nettement femelles, de vrais gamètes. 3. — Sauvageau démontre que, si Oltmanns a vu d'aussi nombreux Pro- tistes dans ses cultures, c'est que celles-ci étaient trop vieilles et défec- tueuses. La sexualité des éléments contenus dans les organes pluriloculaires de YE. siliculosus est certainement soumise à l'influence de conditions exté- rieures, température, saison... etc., encore bien mal déterminées, puisqu'ils peuvent se comporter tantôt comme zoospores, tantôt comme gamètes. A Guéthary, le caractère sexuel est toujours très peu accusé, si l'on en juge d'après le nombre des zygotes formés dans les cultures. Les bizarreries de la sexualité sont d'ailleurs fréquentes chez les Phéosporées, et ne savons- nous pas, par exemple, que Thuret n'a jamais vu à Saint-Vaast que des ger- minations parthénogénétiques du Cutleria multifida, tandis que. d'après Falkenberg, les oosphères fécondées de la même plante peuvent seules germer à Naples. — C. Sauvageau. 106. Thaxter (Roland). — Monographie des Laboulbéniacées. [XVII d] — Les Laboulbéniacées sont de minuscules Champignons de quelques dixièmes (1) [Depuis, Kuckuck a conûrmé L'existence de la copulation chez le Scytosiphon]. II — PRODUITS SEXUELS. FECONDATION. 137 de millimètres de longueur, qui vivent en parasites sur certains Insectes, des Coléoptères en particulier; leur base pénètre dans l'épaisseur de la chitine, et parfois même envoie des suçoirs dans le corps de l'animal, mais sans que ce- lui-ci paraisse en souffrir. C'est en 1853 que Montagne et Cn. Robin décri- virent le genre Laboùlbenia, qui depuis a donné son nom à la famille, et le classèrent parmi les Pyrénomycètes. Mais, pendant longtemps, on ne s'oc- cupa qu'incidemment de ces petites plantes ; beaucoup de botanistes igno- raient leur existence, et la plupart des Traités n'en font même pas mention. Les recherches de Thaxter leur donnent au contraire un importance consi- dérable. Les Laboulbéniacées sont en effet beaucoup plus nombreuses qu'on ne le supposait, car Thaxter en compte 160 espèces, la plupart américaines ; C — a m ik* PUW i f^-vl ■ Fig. 17. — Reproduction sexuelle d'une Laboulbéniacée Stigmatomyces Bœri, espèce mo- noïque parasite sur la Mouche commune dans l'Europe moyenne (d'après R. Thaxter). A, plante à anthéridies a, a, a...; les deux cellules f, /"donneront l'appareil femelle par déve- loppement ultérieur. B, Deux anthéridies, beaucoup plus grossies, montrant l'origine et la sortie des anthérozoïdes. C, Individu plus âgé que A; a, a, a, anthéridies; t, cellule supérieure ou trichogyne; m, cellule moyenne ou trichophorique; i, cellule inférieure ou carpogène; p, l'une des cellules périphériques qui produiront le périthéce. Le trichogyne est couvert d'anthérozoïdes adhérents. mais elles sont surtout intéressantes par leur reproduction sexuée, qui n"a d'é- quivalent chez aucun autre Champignon, et ne peut être comparée qu'à celle des Algues Floridées. Leur appareil végétatif est des plus simples; cepen- dant leurs organes de reproduction les placent parmi les Champignons les plus élevés dans la classification. Les spores, presque toujours allongées et bicellulaires , naissent par 4 ou par 8 dans des asques d'où elles sortent par paires, et germent côte à côte, ce qui est un avantage incontestable pour les espèces dioïques. La cellule inférieure de la spore germe en un pied fixa- teur et nourricier. La cellule supérieure donne la plante proprement dite, que Thaxter nomme « réceptacle » et qui produit les organes mâles ou fe- melles ou les deux sortes à la fois. Les organes mâles ou anthéridies (fig. 17, A) donnent des anthérozoïdes, [38 L'ANNEE BIOLOGIQUE. exogènes dans deux genres, endogènes dans tous les autres. Dans les cas les plus simples, l'anthéridie (B) est une cellule composée d'un ventre et d'un goulot rétréci à sa base. Le contenu protoplasmique du ventre s'accroît et s'introduit dans le goulot; un court cylindre protoplasmique, sans doute muni d'un noyau, se sépare à la base de celui-ci, s'avance dans le goulot et en sort sous forme d'un globule arrondi, nu et non motilc. Puis, le phénomène re- commence, et une anthéridie peut donner des centaines d'anthérozoïdes suc- cessifs. Par suite d'une série de cloisonnements dans une cellule-mère, l'appareil femelle, tout à fait comparable à un procarpe de Floridée, se com- pose d'un trichogyne supérieur, uni- ou pluricellulaire, d'une cellule tricho- phorique moyenne et d'une cellule carpogène inférieure, entourée de cellules pariétales qui formeront le périthèce. Les anthérozoïdes adhèrent au tricho- gyne (C) et la fécondation a lieu avec une très grande rapidité. La cellule carpo- gène s'accroît alors, puis se divise en trois cellules superposées, la cellule moyenne ou ascogone étant seule susceptible d'un accroissement ultérieur. L'ascogone se divise à son tour en cellules ascogènes qui bourgeonnent en asques. Les cellules qui, dans le procarpe, entouraient la cellule carpogène, suivent son accroissement, continuent à entourer les cellules ascogènes et de- viennent ainsi la paroi du périthèce. Malgré l'origine si inattendue de leurs sporanges, les Laboulbéniacées sont des Ascomycètes, ou tout au moins, c'est des Ascomycètes qu'elles se rapprochent le plus. Or, on sait que le caractère sexué ou asexué des Ascomycètes divise les botanistes en deux écoles. La théorie de De Barv, admettant leur sexualité, réelle ou apogame, avait perdu beau- coup de terrain dans ces derniers temps ; les observations de Harper sur le Sphxrotheca (Voir Ann. Mol., I, p. 125), celles de Thaxter sur les Laboulbé- niacées lui donnent au contraire un renouveau d'actualité. La ressemblance entre les phénomènes de la reproduction chez les Laboul- béniacées et chez les Floridées est évidente, mais il serait aussi prématuré qu'inutile, pour le moment, de discuter si cette ressemblance indique une affinité réelle entre les deux groupes, ou un développement parallèle entre les Algues et les Champignons. — C. Sauvageau. 3(3. Dangeard. — Second mémoire sur la reproduction sexuelle des Asco- mycètes. — Cet intéressant Mémoire est destiné à fournir une nouvelle preuve à l'appui de la thèse soutenue par l'auteur depuis 1894, à savoir que l'asque des Champignons est un sporocarpe provenant d'une véritable fécondation. Chez le Sphœrotheca Caslagnei, la formation du périthèce débute par le rap- prochement de deux filaments de calibre inégal, qui semblent appartenir à deux thalles différents. Au point de contact, le gros filament émet un rameau court et renflé, d'où procédera le fruit, le filament étroit un rameau arqué, appliqué contre le précédent. De Barv pensait que le premier est un élément femelle (ascogone). que le second détache à son sommet une anthéridie. Har- per a même cru voir le noyau anthéridien passer dans l'ascogone; mais l'au- teur n'a pu distinguer de communication entre les prétendus organes sexuels. Le noyau anthéridien dégénère; les deux noyaux observés dans l'ascogone proviennent d'une première bipartition de son noyau primitif. Cette division, il est vrai, n'a pas été suivie; divers aspects plaident en faveur d'une divi- sion directe, tandis que la mitose s'observe assez nettement aux autres stades de la vie du Champignon. L'auteur ne peut admettre qu'un de ces noyaux provienne de la branche antliéridienne, attendu qu'il a constaté parfois la coexistence de deux noyaux dans l'ascogone et d'une masse ressemblant à un noyau dégénéré dans le prétendu organe mâle. Il y a plus tard 3 ou 1 noyaux dans l'ascogone. Une ou deux cloisons apparaissent à des périodes II. - PRODUITS SEXUELS. — FECONDATION. 139 indéterminées. Finalement, il existe une cellule munie de deux noyaux qui se fusionnent. Se basant sur des analogies et des probabilités, Dangeard admet que ces deux noyaux sont d'origine différente et que leur fusion con- stitue la fécondation. On aurait donc tort de chercher ailleurs un phénomène physiologique de même ordre. La cellule dont les deux noyaux se sont fu- sionnés devient l'asque; cet œuf donne naissance à huit embryons qui sont les ascospores. — P. Vuillemin. 37. Dangeard. — A propos d'un Mémoire de G. Massée, intitulé : A Mono- graph of the Geoglossex. — Massée a décrit dans les cystides du Coprinus atra- mentarius, ainsi que dans les poils de certains périthèces, des fusions nu- cléaires comme dans les asques. Il en conclut que les phénomènes considérés par Dangeard comme un acte sexuel chez les Ascomycètes peuvent produire une structure purement végétative. — Dangeard ne pense pas que cette remarque porte atteinte à sa théorie, attendu que les cystides ou les poils ne sont pas le berceau d'un embryon. La fusion des noyaux est en dehors de la reproduc- tion sexuelle. En d'autres termes, la fécondation ne suffit pas à caractériser l'acte sexuel ;iln'yapasactesexuel,s"iln*yapas reproduction. — P. Vuillemin. Voir, au chapitre XIV, le travail de Lommen (239) sur la copulation de Zygotes de Spirogyra. 64. Ivanzov (N.). — Sur la signification physiologique du processus de la maturation de Vœuf. — Dans ce travail, l'auteur s'est proposé de rechercher quelle est la modification physiologique apportée à l'œuf par la maturation, c'est-à-dire pourquoi les œufs qui ont perdu une certaine quantité de leur substance nucléaire sont seuls aptes à être fécondés , tandis que ceux qui possèdent leur noyau tout entier sont privés de cette faculté. Pour répondre à ces questions il a entrepris d'étudier comment se comportent envers les spermatozoïdes les œufs non encore mûrs. Ses expériences ont porté sur des œufs d' Holothuria tubulosa pris à un moment où l'ovaire ne renferme encore aucun œuf mûr. Voici les résultats de ces expériences. L'œuf non mûr a sur le spermatozoïde une action chimiotropique énergique : les spermatozoïdes se dirigent vers l'œuf et s'enfoncent dans sa zone radiée ; le corps cellulaire de l'œuf émet à leur rencontre des pseudopodes qui les en- globent et les attirent vers l'intérieur. Plus l'œuf est jeune — jusqu'à une certaine limite cependant, — plus grand est le nombre de spermatozoïdes qu'il attire et plus intense est la formation des pseudopodes. Quand ils ont pénétré dans le corps de la cellule , les spermatozoïdes se fusionnent par groupes et restent quelque temps sans subir aucune autre modification. Par- fois la cellule tout entière est ainsi bourrée de spermatozoïdes. Au bout de quelque temps, ils pénètrent dans le noyau, et là commence leur transfor- mation. Ils se désagrègent d'abord en granulations de plus en plus petites qui. en même temps que celles du noyau, se groupent autour du nucléole. Puis ils se distribuent le long du réseau nucléaire, de sorte qu'il devient à la fin impossible de les distinguer des granulations de ces derniers. C'est la fin du processus qui dure en général près de 48 heures et n'est autre chose que le processus de la préhension et de la digestion des aliments, qui, dans ce cas spécial, se trouvent être des spermatozoïdes. Quelques expériences ont été poussées plus loin et l'auteur a pu observer le sort ultérieur des œufs. Certains, parmi eux, commençaient à se segmenter. Cette segmentation était très irrégulière et, dans quelques cas seulement, allait jusqu'au commence- ment de la gastrulation. La larve présentait une forme irrégulière et nageait 140 L'ANNEE BIOLOGIQUE. dans l'eau à l'aide de cils vibratiles. A côté de ces œufs, d'autres, placés dans les mêmes conditions, mais non nourris de spermatozoïdes, subissaient aussi quelquefois un commencement de segmentation, mais ces cas étaient beau- coup plus rares. L'auteur en conclut que les œufs d'Holothurie, non mûrs et non fécondés, possèdent en général la faculté de se diviser, mais que cette faculté est considérablement accrue lorsque les œufs sont nourris de sperma- tozoïdes. Ces faits peuvent servir à expliquer le rôle physiologique de la ma- turation. Elle empêcherait les spermatozoïdes d'être digérés par l'œuf, et ce résultat est atteint par l'élimination d'une partie considérable du noyau dont l'influence dans la digestion est prépondérante. Ce qui reste du noyau dans l'œuf mûr n'est suffisant que pour la conservation de la vie, mais non pour l'exercice de la fonction digestive. Entre le processus de la fécondation et celui de l'absorption et de la digestion de la nourriture existe ainsi un lien étroit. Le chimiotropisme de la cellule-œuf envers le spermatozoïde est celui du protoplasma envers sa nourriture; de même du côté du spermatozoïde. L'œuf qui possède une quantité de substance nucléaire trop petite relative- ment à sa masse, recherche pour sa nourriture des substances nucléaires; les spermatozoïdes qui possèdent presque exclusivement des substances nu- cléaires, recherchent, au contraire, le protoplasma du corps cellulaire de l'œ uf. Cela n'est nullement contredit par le fait qu'un œuf jeune , où la dis- proportion entre le corps cellulaire et le noyau est moins grande, absorbe les spermatozoïdes plus activement qu'un œuf plus développé ou l'œuf mûr. Cela tient, en effet, à ce que, dans l'œuf plus jeune, le protoplasma en voie de croissance possède une vitalité et une activité plus grande, de sorte que, pour satisfaire son chimiotropisme envers les spermatozoïdes, il faut un nombre plus considérable de ces derniers. Au contraire , dans l'œuf qui a subi la maturation la vitalité est diminuée, et il se trouve saturé par un seul sperma- tozoïde. A ce moment ni l'œuf ni le spermatozoïde n'ont de prépondérance l'un sur l'autre. C'est là, ajoute l'auteur, que réside la cause de la possibilité, pour un descendant, d'hériter des propriétés des deux parents. — M. Goldsmith. Gl. Herrera (Alfonso L.). — La fécondation par attractions moléculaires. — Relation d'expériences tentées pour expliquer les phénomènes de la fécon- dation observés chez les Echinodermes par Fol, et basées sur les modifica- tions de formes que l'attraction moléculaire peut imprimer, dans des circon- stances convenablement choisies. — Sur une assiette remplie d'eau on verse une mince couche d'huile et, au centre, une goutte de jaune d'œuf : à l'ap- proche d'un corps pointu ce jaune forme une ampoule semblable au cône d'attraction observé par Fol avant la pénétration du spermatozoïde dans le vitellus, parfois même il émet des pseudopodes. Si, au lieu d'un corps pointu, on approche, à une distance de quelques millimètres, un petit spermatozoïde artificiel, flottant (en liège), il pénètre lentement jusqu'au centre, attiré par le jaune. L'huile, le liquide le moins dense, représente l'albumen, et le jaune la sphère vitelline. L'auteur en conclut qu'il y a de grandes relations entre la mécanique céleste et le fait fondamental de la fécondation, et il signale tous les faits qu'il y aurait lieu de rattacher à ses expériences : 1° mouve- ments du protoplasma en général; 2° relations des cellules nerveuses; 3° pha- gocytose et la chimiotaxie, 4° mouvements amiboïdes et émission des pseu- dopodes ; 5° formation de petites colonnes de globules rouges ressemblant ;i des pièces de monnaie empilées; 0° conjugaison en général; mouvements réciproques des pronucleus. — E. Hecht. 92. Sadones. — Contri/mlion à la biologie d'Hydatina senta (Féconda- II. - PRODUITS SEXUELS. — FECONDATION. 141 tion). — C'est un cas de fécondation dans lequel le spermatozoïde traverse complètement une membrane avant d'arriver à l'œuf; aucun fait analogue n'avait été signalé jusqu'ici. L'observation a été faite sur le vivant. Les spermatozoïdes pénètrent et traversent la membrane qui entoure l'ovaire et le vitellogène, cette traversée dure huit ou dix minutes: bien que l'enveloppe de l'appareil sexuel femelle soit très mince, il ne fut pas possible de suivre le spermatozoïde dans l'ovaire, par suite d'un changement de position de l'animal. Cette observation permettra peut-être d'expliquer pourquoi chez Hydatina senta l'accouplement n'est pas toujours suivi de fécondation. Seules, les femelles très jeunes sont fécondables, d'après Maupas. D'autre part, selon Nussbaum, les femelles qui se sont accouplées avant la maturité sexuelle pondent des œufs femelles non fécondés. Cette inefficacité de l'accouplement dépend-elle de l'imperméabilité de la membrane de l'ovaire ou d'une pro- priété de l'œuf? C'est un point qui nécessite de nouvelles recherches. — L. Terre. 88. Rollinat (R.) et Trouessart (E.). — Sur la reproduction des Chauves- Souris. — II. Les Rhinolophes. — Observations se rapportant au Rhinolophe grand fer à cheval, Rhinolophus ferrum equinum Schreber, dont les deux autres espèces citées ne diffèrent, sur le chapitre de la reproduction, que par des points de détail. Le Rhinolophe grand fer à cheval s'accouple au début de l'automne et jamais au printemps. Les mâles ne seraient en parfait état de s'accoupler qu'au troisième automne qui suit leur naissance, cette époque serait avancée d'une année pour beaucoup de jeunes femelles. Peu après l'accouplement, les parois du vagin sécrètent un mucus abondant, qui se solidifie en un bouchon oblitérant parfaitement la lumière de ce canal. Ce bouchon ne se forme jamais en hiver chez les femelles encore vierges. Dans l'urèthre de beaucoup de mâles adultes, on trouve, au niveau de la glande uréthrale, un bouchon mou, épais et blanchâtre, qui pourtant n'empêcherait pas la miction. D'après les auteurs, c'est ce bouchon qui, projeté avec le sperme de l'éjaculation dans le vagin de la femelle, formerait le noyau du bouchon vaginal. Peut-être même ce produit de la glande uréthrale aurait-il sur le mucus sécrété par le vagin de la femelle, le pouvoir coagulant que L. Camus et E. Gley ont reconnu au liquide prostatique sur le contenu des vésicules séminales; pouvoir coagulant auquel ils attribuent la formation du bouchon vaginal des Rongeurs. Le sommeil des Rhinolophes est très variable : à la même époque on peut trouver des sujets parfaitement engourdis et d'autres encore en pleine activité. Peu après la fécondation qui, on le sait, a lieu en avril après que les sperma- tozoïdes sont restés pendant tout l'hiver emmagasinés dans les organes de la femelle, le bouchon vaginal tombe, non sans causer une légère déchirure à la vulve. Toutes les femelles ne reprennent pas simultanément leur activité; on observe donc des différences dans le début de la gestation et par suite de la parturition. — Les femelles portent leur petit, toujours unique, fixé par la bouche à l'un des faux tétons du pubis et cramponné à leur corps à l'aide de ses membres. Dans cette position, la queue du jeune est dirigée vers le cou de la mère, et comme celle-ci se suspend toujours la tête en bas, ce jeune a toujours la tête en haut. Ce fait est particulier aux Rhinolophes. — E. Hecht. 7. Beard (J.)_. — La durée de la gestation et la cause de la naissance. [X] — Pour l'auteur, l'embryologie s'occupe trop exclusivement de la formation des 142 L'ANNEE BIOLOGIQUE. tissus et des organes, considérés séparément, tandis qu'elle néglige presque complètement l'histoire de l'organisme, pris dans son ensemble durant ses premières périodes. Après avoir traité fort sévèrement la théorie de la réca- pitulation embryogénique, il rappelle le principe de sa conception d'une géné- ration alternante « antithétique » dans le développement des Vertébrés : celle-ci a fait l'objet principal d'un ouvrage paru et analysé Tannée der- nière (J). [XVII d] Le mot d'antithétique n'a pas été compris de tous : il indique simplement la différence considérable d'organisation entre les deux formes alternantes, le phorozoon asexué ou premier état, qui n'est qu'une gastrula plus ou moins compliquée, et le second, celui où Y embryon (forme sexuelle) commence à présenter les caractères qui se trouveront dans l'adulte. Le passage de l'une à l'autre constitue la phase critique : il semble que, chez la plupart des Mammifères, elle a une durée supérieure à celle des autres phases qu'on peut reconnaître dans le développement : en prenant au hasard des utérus gravides à l'abattoir, on trouve ordinairement chez le Mouton ou le Porc deux à trois embryons arrivés à cette période sur une douzaine ; cette durée cor- respond d'ailleurs chez ces mêmes animaux à un accroissement moyen de 2 millimètres en longueur. Le premier état est facile à reconnaître chez les Vers, où il constitue la larve, mais non chez les Vertébrés, surtout chez les ovipares à vitellus abondant, et c'est pourquoi il est généralement méconnu. Le type primitif de ce dernier œuf se rattache au cocon ovigère de beaucoup de Vers, et se retrouve encore chez les Sélaciens (capsule ovigère des Squales) : le blanc y constitue une masse semi-fluide qui sert à protéger l'œuf à l'inté- rieur de la capsule et n'a pas encore de rôle nutritif; le vitellus représente le produit de la fusion des deux œufs qui remplissaient le cocon primitif du Ver et dont un seul, ici, est destiné à se développer. Chez les Mammifères, la nutrition est assurée par la vésicule vitelline jus- qu'à la phase critique. Celle-ci marque le moment même de la naissance, s'il n'y a pas de placenta allantoïdien : c'est le cas des Métathériens ou Marsu- piaux, sauf une exception récemment découverte, celle du Perameles obesula. L'ovulation étant impossible durant la gestation, elle ne peut avoir lieu, au plus tôt, qu'un peu après chaque naissance. Il y a d'ailleurs avantage à ce qu'il en soit ainsi, pour produire le plus de jeunes possible, le nombre de ceux-ci étant limité dans chaque gestation utérine. On acquiert ainsi la no- tion de Vunité d'ovulation, ou laps de temps qui sépare deux ovulations con- sécutives, qui est toujours un peu plus longue que l'unité critique. Le phé- nomène de la naissance est dû à l'approche de cette ovulation : il résulte donc d'une action réflexe ayant pour point de départ l'ovaire. Lorsque la prolongation de la gestation fut assurée par l'établissement d'un placenta allantoïdien (Euthériens), il se maintint un rapport simple entre les deux unités. Le plus simple est représenté par une période d'ovulation double de la période critique, la naissance étant toujours déterminée par l'approche d'une ovulation nouvelle. C'est le cas de beaucoup de mammifères inférieurs (Souris, Lapin, etc.). — Il y a d'ailleurs avantage à prolonger encore la gesta- tion, et c'est ce qui est arrivé chez d'autres, où le rapport des deux unités s'élève à3 (Cobaye), 4 (Porc), 5 (Brebis), G (Homme), 7 (Bœuf), 8 (Cheval). Plus la gestation est longue, plus les jeunes sont avancés en développement à leur naissance; mais il n'y a nullement proportionnalité entre ces deux ordres de faits; car le temps nécessaire pour atteindre un stade de développement COin- Cl) Beard (J.) : On certain problcms o/' verlcbrile cmbn/oloyy. (Année biologique, 1896, ]). 261.) IL — PRODUITS SEXUELS. — FECONDATION. 143 parable (l'état critique, par exemple) est lui-même fort inégal : 8 jours chez la Sarigue, 15 chez le Lapin, 22 chez le Cobaye, 42 chez le Cheval. Cela con- duit à admettre que déjà chez les formes inférieures, l'unité critique et l'unité d'ovulation sont toutes deux doubles ou triples des unités primitives (celles que Ton observe dans le cas de la Sarigue) . Chez les Ongulés et chez l'Homme, le même changement a lieu, mais pour l'unité critique seule : celle-ci, au lieu de correspondre à peu près à l'unité d'ovulation, approche plus ou moins du double de cette dernière, de sorte que la durée de la gestation arrive à dou- bler, sans changer le degré du développement relatif acquis à la naissance ; ceci paraît être en rapport avec l'accroissement de taille du type durant l'évolution de l'espèce. La menstruation dans l'espèce humaine doit être interprétée comme une sorte d'avortement précédant, suivant la règle énoncée ci-dessus, chaque ovulation nouvelle : c"est l'avortement d'une caduque préparée pour l'œuf de l'ovulation précédente, lequel n'a pas été fertilisé. Il correspond non à l'unité critique actuelle, mais à une unité critique antérieure, avant qu'elle fût dou- blée. Pour l'auteur, la période d'ovulation chez l'Homme est seulement de 22 jours 1/2 à 23 1/2, représentant ainsi la moitié de l'unité critique, qu'il évalue à 45-47 jours; il ne compte pas la durée du flux mensuel ou phase de destruction (5 jours). C'est à la fin, et non au début de la menstruation, que se produit la rupture du follicule ovarien, ce qui est d'accord avec les résul- tats donnés par presque tous les auteurs, excepté His. Beard, pour justifier sa manière de calculer, montre combien la durée du flux mensuel est va- riable. Il admet qu'elle a dû être autrefois très courte, et ne s'est élevée que progressivement à 5 jours. Ce phénomène n'existant plus durant la grossesse, il n'y a plus lieu d'en tenir compte, comme on le fait en évaluant la durée de celle-ci à 10 périodes de 27 jours. On doit considérer 12 périodes de 23 jours 1/2, et ce calcul s'accorde d'une manière frappante avec les cas où certaines circonstances permettent de donner des chiffres précis, notamment ceux qui ont permis à l'auteur de fixer la durée de la période critique chez l'homme. Enfin la lactation est encore soumise à une loi rythmique semblable; cette dernière ne devait pas avoir primitivement d'effet sur une gestation nou- velle, et il en est encore ainsi chez les types inférieurs (Souris, Lapin). Chez ceux-ci, où la délivrance est immédiatement suivie d'une nouvelle fertilisation, la lactation a une durée un peu moindre que la nouvelle gestation, et cesse un jour ou deux avant la fin de celle-ci. Chez d'autres (Chat, Chien) la période de lactation est double de celle de gestation. — Tous ces phénomènes sont donc liés par une loi rythmique d'une simplicité remarquable, qui ne se ré- vèle que quand on possède la notion de la période critique. [Ce travail est une mine d'idées originales et de résultats tout récents, qui pro- mettent des conséquences plus intéressantes encore : il représente une somme de recherches considérable. L'auteur indique les nombreux obstacles qu'il a rencontrés, et les causes d'erreur auxquelles on est exposé à chaque pas dans ce genre de recherches : une des plus graves résulte de l'incertitude où l'on est sur la date de la fécondation, qui est loin de coïncider toujours avec celle de la copulation. Il est souvent difficile de fixer la longueur de l'unité critique, comme on le voit par le cas du Mouton et du Porc, etc. — On trouve à la fin du volume des détails sur les principaux points sujets à discussion, sous forme de notes développées ou appendices]. — L. Defrance. 9. Beard (J.). — La période de la naissance de Trichosurus vulpecula. [X] — Confirmation par l'étude de deux embryons de ce Marsupial, bien choisis, 144 L'ANNEE BIOLOGIQUE. de la théorie de l'auteur exposée dans son travail intitulé On certain problems of vertebrate embrynlogy (Voir Ann. Biol., II, 201) sur la coïncidence du stade critique du développement embryonnaire (quand les rudiments de tons lesorganes de l'adulte sont formés, etc.), avec la période qui précède et suit immédiatement la naissance chez les Marsupiaux en général. Le nouveau-né du Trichosurus est au même stade de développement que le fœtus du Sci/f- liurn canicula au moment où le vitellus de ce dernier entre dans la valvule spirale. — J. Deniker. 103. Strassmann (P.). — Contributions à V étude de V ovulation, de la mens- truation et de la conception. — On trouve dans ce mémoire, antérieur aux ré- cents travaux de Beard analysés ci-dessus, le résumé des faits et des princi- pales hypothèses concernant les rapports physiologiques entre l'ovaire, l'utérus et les autres appareils de l'organisme, avec un index bibliographique détaillé jusqu'à Tannée 1896. Les recherches expérimentales qui en constituent la partie originale ont porté sur les relations entre la muqueuse utérine et l'ovaire, et ont démontré que les modifications de cette muqueuse, gonflement, augmen- tation de tension vasculaire, etc., semblables à celles qui ont lieu à l'époque menstruelle dans l'espèce humaine, sont dues à l'élévation de la pression dans l'ovaire : on obtient cette dernière par des injections dans les vaisseaux de l'ovaire, et on observe aussitôt les phénomènes consécutifs du côté de l'utérus. Les conclusions de l'auteur sur les rapports entre les trois ordres de phé- nomènes sont les suivantes : l'activité de l'appareil reproducteur femelle présente un caractère rythmique qui se retrouve au fond dans beaucoup d'autres phénomènes biologiques. A l'approche de la maturation de chaque œuf, il se constitue une sorte de caduque antemenstruelle, destinée à le re- cevoir : ces modifications utérines sont en rapport étroit avec la tension vas- culaire dans l'ovaire, probablement par l'intermédiaire du système nerveux vaso-moteur. La rupture du follicule a lieu au moment où cette tension at- teint son maximum. S'il y a fécondation, la muqueuse se transforme en ca- duque proprement dite, et la menstruation qui allait suivre n'a pas lieu. S'il n'y a pas fécondation, l'augmentation de pression dans les vaisseaux de la muqueuse aboutit à l'hémorrhagie, suivie de la rétrocession de la muqueuse modifiée : c'est la menstruation. — L'auteur est donc de ceux qui considè- rent l'ovulation comme précédant la menstruation à laquelle elle est liée. L'ovule fécondé est celui qui appartient au premier cycle dont la menstrua- tion fait défaut. La menstruation n'est ni un phénomène indépendant de l'ovulation, ni la cause d'une ovulation qui la suivrait : elle est la conséquence d'une ovulation qui vient de se faire et n'a pas été suivie de conception. C'est la thèse de Lowenhardt, Reichert, Gusserow, etc. Strassmann indique, comme Beard, les énormes difficultés inhérentes au sujet, et qui expliquent qu'on arrive à des conclusions si différentes suivant les auteurs : l'une des plus grandes a toujours été l'incertitude sur la date de la fécondation, qui dépend de deux facteurs mal connus, la survivance de l'ovule et celle du spermatozoïde dans l'appareil génital femelle. Pour lui, il accepte de préférence les conclusions de His, fondées sur l'examen de 16 embryons résultant d'un coït unique, dont 12 indiquent comme époque probable de la conception une date voisine de la première menstruation manquante, 4 seulement la date de la dernière menstruation constatée. Les statistiques fondées sur les renseignements dus à la mère donnent d'ailleurs le résultat inverse. [Ce dernier est d'autre^ part conforme aux conclusions des études de Beard sur divers animaux]. — L. Defrance. IL — PRODUITS SEXUELS. — FECONDATION. 145 24. Brandes (G.). — Sur V accouplement des Décapodes. — Brandes, après avoir décrit l'accouplement chez certains Décapodes (Galathea strigosa, Pagurus Prideauxi) chez lesquels les pinces du mâle jouent un rôle impor- tant comme appareil de contention, se demande si l'asymétrie particulière- ment nette chez des types comme le Bernard l'Ermite ne serait pas, au moins dans une certaine mesure, liée à ce rôle sexuel. Cette asymétrie est très répandue et Herrick Ta signalée comme constante chez toute une géné- ration d'Alpheus. L'auteur envisage ensuite quelle voie suit le spermatozoïde pour arriver à l'œuf : il présume qu'au contact de la coque, il s'effile et pénètre cette enveloppe peu résistante au moment de la ponte. — L. Terre. 84. Nussbaum M.). — Sur le mécanisme de la ponte chez Rana fusca. 2e Communication. — L'auteur a fait quelques expériences pour montrer que la Grenouille rousse peut frayer en l'absence du mâle, quoique la pré- sence de celui-ci accélère la ponte des œufs ; cette espèce donc ne fait aucu- nement exception à la règle générale. La ponte, comme la maturation des œufs, sont par conséquent des fonctions qui appartiennent en propre à l'or- ganisme femelle. — A. Prenant. 98. Sobotta (J.). — Sur la formation du corps jaune chez le Lapin, etc. — Les résultats consignés dans ce travail sont trop semblables à ceux que l'auteur a déjà obtenus antérieurement chez la Souris (Voir Ann. biol., II, p. 95), pour qu'il soit intéressant à un point de vue biologique général de les reproduire ici. Rappelons seulement la donnée fondamentale qui se dégage de ce travail : les cellules folliculaires, après s'être multipliées dans une première période, s'hypertrophient considérablement et deviennent glandulaires dans une seconde, sans plus se multiplier désormais, pour donner les éléments du corps jaune. [Ce serait là un nouvel exemple de la séparation dans le temps entre les phénomènes de la multiplication cellulaire et ceux de la différencia- tion, ces deux actes se distinguant nettement, s'opposant même l"un à l'autre. Il n'est pas prouvé cependant que les cellules du corps jaune, une fois carac- térisées et en possession de leur pouvoir sécréteur, ne se divisent plus; P. Bouin a en effet constaté nettement leur division chez le Cobaye]. L'étude du développement du corps jaune est précédée d'un examen mi- nutieux de l'état du follicule mur et prêt à se rompre {sprungreif). Voici ce qu'on peut relever dans la description de cet état. Un follicule mur renferme un œuf dont le noyau se prépare déjà à la division de réduction, ou même s'est transformé en un fuseau de direction. Tout follicule dont l'œuf ne se trouve pas en cet état n'est pas à maturité. D'autre part, tout follicule dont l'œuf contient un fuseau directeur n'est pas prêt à se rompre, car il peut être atrétique. Chez le Lapin comme chez la Souris, ce n'est qu'après la féconda- tion que l'œuf commence à élaborer des matériaux vitellins. Le fuseau direc- teur i dépourvu de centrosomes), qu'on peut trouver dans l'œuf du follicule mûr, est identique, d'après Sobotta, par tous ses caractères, à celui qui, chez la Souris, donne le globule polaire unique (que Sobotta a antérieurement déter- miné comme 2e globule polaire) et lui serait équivalent. Chez le Lapin il ne se forme d'ailleurs souvent qu'un seul globule polaire; il serait donc, comme chez la Souris, le représentant du deuxième élément polaire des œufs à deux globules. — A. Prenant. l'année biologique, m. 1897. 10 CHAPITRE III Lia Parthénogenèse. Relativement à cette question de la parthénogenèse, nous avons à si- gnaler deux mémoires contenant l'un et l'autre nombre de faits intéres- sants au point de vue des rapports de la parthénogenèse avec la repro- duction sexuée. Dans le premier, celui de Mrazek (3), est constaté un fait dont l'intérêt n'a pas été suffisamment mis en lumière par l'auteur, savoir que, chez un même animal, le Rotifère Asplanchna, l'œuf parthé- nogénétique se forme d'une autre façon que l'œuf fécondable et possède un autre matériel vitellin. Cette observation semble de nature à faire faire un pas en avant à la question de la parthénogenèse. Dans le second, celui d'Erlanger et Lauterborn (2), les auteurs montrent que, chez le même animal, tandis que les œufs parthénogénétiques femelles ont, sui- vant la règle, un seul globule polaire, les œufs parthénogénétiques mâles en émettent deux dont le second ne paraît pas se refusionner, comme cela arrive quelquefois, avec le noyau de l'œuf. Dans ce cas, le nombre des chromosomes diminue-t-il, comme on devrait s'y attendre, ou est-il maintenu par quelque processus spécial? Les auteurs ne nous renseignent pas à ce sujet. En ce qui concerne les végétaux, Shaw (6) signale l'existence de la parthénogenèse chez une plante vasculaire, la Marsilia Drummondi;ei le phénomène serait fréquent, puisqu'on observeraitjusqu'à 53 ^ d'embryons parthénogénétiques. S'agit-il vraiment de parthénogenèse ou ne serait-ce pas de l'apogamie, dont on connaît tant d'exemples chez les Fougères? C'est ce qu'il est assez difficile de décider d'après la note de l'auteur. Si on admet l'interprétation de Shaw, cette observation est intéressante, la par- thénogenèse étant rare chez les plantes, surtout chez les formes élevées en organisation. Chez des végétaux plus inférieurs, chaque année on en signale quelques cas nouveaux. En 1896, Klebs a fait connaître des exemples de germination de gamètes isolés chez certaines Algues, Ulo- thrix, Protosiphon, Spirogyra; la même année Davis a décrit des cas de développement parthénogénétique chez les Balrachospermum et les Pilota. Dans son travail sur la fécondation des Ectocarpus (voir ch. II), Sauvageau (5) rappelle une observation déjà ancienne de Tnu- ret d'où il résulterait que, pour certaines Algues (Cutlerid) , le fait de donner naissance à des gamètes parthénogénétiques ou à des gamètes fécondés pourrait dépendre des conditions climatériques et de parti- III. — LA PARTHENOGENESE. 147 cularités locale? mal définies, la même espèce pouvant, à Saint-Vaast et à Naples, se développer suivant un mode ou l'autre. Yves Delage et G. Poirault. 1. Bolivar (L.). — La partonegenesis en los Qrtôpteros. (Ac. Soc. Espan., 1897, 242-244.) [150 2. Erlanger (R. v.) et Lauterborn (R.). — Ueber die ersten Entwicke- lungsvorgànge îm parthenogenetischen und befruchteten Ràderthierei. [As- planchna priodonta.) (Zool. Anz., XX, 452-456.) [148 3. Mrazek (Al.). — Zur Embryonalentwickelung des Gattung Asplanchna. (Jahresb. bôhm. Ges., 1897, vol. II, 1-11, pi. I.) [147 4. Rossi (U.). — Contributo allô studio ddla oqIîsî negli Anfibi urodeli. Parte la. Sut cambiamenti ehe accadono nelle uova infecondate di Sala- mandria perspicîllata Sav., con particolare riguardo aile questioni rela- tive alla formazione del pronucleo femminile, al cammino dei pronuclei entra Vuovo e alla considetta segmentazione partenogenetica. (Arch. Entw.- Mech., V, 595-014. 1 pi., 6 fig.) ' [149 5. Sauvageau (G.). — La copulation isogamique de VEctocarpus siliculosus est-elle apparente ou réelle? (Mem. Soc. Cherbourg, XXX., 293-304.) [Voir ch. II 6. Shaw (Walter R.). — Parthenogenesis in Marsilia. (Bot. Gaz., XXIV, 114-117.) [146 3. Mrazek (Al.). — Développement embryonnaire dans le genre Asplan- chna. — Chez Y Asplanchna, il y a des œufs de trois sortes, qui se distin- guent au premier abord : des œufs parthénogénétiques mâles, des œufs parthénogénétiques femelles, et des œufs femelles fécondés, qui sont ceux appelés improprement œufs durables. Le développement des œufs parthénogénétiques se fait tout entier dans Tintérieur du corps. L'auteur se trouve ici en opposition avec Erlanger et Lauterborn (2) : pour ce dernier, les femelles qui produisent des œufs par- thénogénétiques femelles n'en produisent que de cette espèce, tandis que les femelles qui produisent des œufs parthénogénétiques mâles, donnent aussi des œufs fécondés. Pour Mrazek, au contraire, un Asplanchna peut pro- duire aussi bien des œufs parthénogénétiques mâles que des œufs parthé- nogénétiques femelles, c'est-à-dire des œufs fécondés. Lauterborn expliquait ainsi qu'on trouve des femelles de différentes tailles. Mrazek dit au contraire que les femelles pondeuses d'oeufs fécondés sont plus petites et différentes des autres femelles pour d'autres raisons: chez A. Herricki, on trouve sou- vent des femelles avec des œufs parthénogénétiques qui sont des pygmées proportionnellement aux femelles pondeuses d "œufs durables; mais cela tient uniquement au nombre et â la grandeur des œufs : certaines femelles con- tiennent 1-3 œufs seulement, d'autres jusqu'à 20 œufs à tous les stades du développement. 148 L'ANNEE BIOLOGIQUE. La production des œufs parthénogénétiques ne dépasse pas celle des œufs durables; mais ia production des œufs durables ne va pas sans quelques différenciations de la gonade, c'est-à-dire d'une partie du sac vitellin. Ces différenciations sont fort intéressantes. Au début du développement des œufs durables., il se produit des divisions dégénératives dans les œufs parthéno- génétiques qui sont déjà développés. A côté du noyau, il commence à se former dans l'œuf parthénogénétique des formations analogues à des noyaux, formations qui sont presque entièrement formées de chromatine, en même temps que la masse de l'œuf se résout en nombreuses petites balles protoplas- miques, avec vacuoles et éléments colorables. Ces balles ont donc une struc- ture vacuolaire. L'auteur pense que cette dégénérescence est due à ce que ces œufs n'ont aucun matériel ni nutritif, ni vitellin. Le sac vitellin, comme le sac germinatif, est formé d'un syncytium incolore avec noyaux nucléoles (12-18 noyaux) et dont le plasma a un caractère vacuolaire, et c'est là toute la structure du sac vitellin au moment de la production des œufs parthéno- génétiques. Lorsque au contraire il va se former des œufs durables, le sac vi- tellin prend une tout autre coloration, il devient bleu clair, se charge de gouttelettes de graisse rougeâtre et de petits corpuscules chromatiques, qui deviennent les noyaux des jeunes oocytes. Il n'y a pas encore de centrosome à ce stade. Chaque noyau d'oocyte s'entoure d'un peu de cytoplasme, et cette quantité de cytoplasme s'accroît rapidement. [On ne saurait trop faire remarquer l'intérêt de ce mémoire, que l'auteur du reste n'a pas suffisam- ment mis en relief. Le fait que l'œuf parthénogénétique, chez le même ani- mal, se forme d'une autre façon que l'œuf fécondable, et possède un autre matériel vitellin, semble de nature à faire faire un pas en avant au problème de la parthénogenèse]. — A Labbé. 2. Erlanger (R. von) et Lauterborn (R.). — Les premiers processus du développement dans Vœuf parthénogénétique et dans Vœu/' fécondé chez les Rôti f ères. — L'objectif des auteurs était de chercher des différences entre ces deux sortes d'œufs au point de vue du centrosome. Le type étudié (Asplan- chna priodonta) est exceptionnellement favorable puisqu'il fournit, comme l'a établi Lauterborn : 1° des œufs parthénogénétiques donnant naissance à des femelles, 2° des œufs parthénogénétiques donnant naissance à des mâles, 3° des œufs d'hiver fécondés. L'étude porte spécialement sur la première et la troisième forme. I. L'œuf parthénogénétique femelle n'émet qu'un globule polaire qui ne se divise pas. La vésicule germinative s'approche de la surface et son filament chromatique se segmente. A son contact et au pôle tourné vers le centre de l'œuf, apparaît une centrosphère munie d'un centrosome. Cette formation développe des rayons, mais, comme elle ne se divise pas, comme d'autre part la membrane nucléaire persiste, la caryokinèse débute non par un fuseau directeur mais par ce que les auteurs appellent un cône directeur. Du som- met du cône représenté par la eentrosplière, les filaments achromatiques divergents semblent traverser la vésicule germinative. La plaque équatoriale s'organise et se divise normalement sans que la membrane nucléaire cesse d'être visible. Un étranglement se produit qui rejette sous la membrane de l'œuf l'un des noyaux-fils, l'autre revenant vers le centre avec la centrosphère et le centrosome qui s'est dédoublé. Le centrosome a-t-il son origine dans la vésicule réfringente que présentent à un moment donné toutes les vésicules germinatives? La question n'est que posée. Toujours est-il qu'après une période de repos les deux moitiés du corpuscule vont orienter la première figure de segmentation. Deux cônes rayonnants, au lieu du cône unique décrit tout à III. — LA PARTHÉNOGENÈSE. 149 l'heure, enverront leurs fibres à travers la membrane nucléaire qui reste encore intacte (les portions caryoplasmatiques paraissent continues avec les portions cytoplasmatiques). La plaque équatoriale intranucléaire se divise encore normalement, puis l'étranglement de la masse protoplasmique se communiquant au noyau qui s"étire en son milieu, on a, dans une certaine mesure, l'apparence d'une division nucléaire directe. Les deux premiers blastomères sont inégaux. A partir de là, on observe avec le centrosome simple ou double un fuseau directeur extra-nucléaire. [I, c] II. Les femelles qui fournissent à la fois les œufs parthénogénétiques mâles et les œufs d'hiver sont fécondées. Elles sont plus petites que les autres et ne fournissent qu'un œuf d'hiver. Cet œuf, qui ne diffère pas sensiblement des autres, fournit, à la pénétration du spermatozoïde, un fuseau directeur dérivé de la vésicule germinative, avec des pôles arrondis, dépourvus d'aster et de centrosome. Le premier globule polaire éliminé est susceptible de division ultérieure. Un deuxième globule est rejeté de la même façon, il peut se diviser également. En même temps, le segment intermédiaire du sperma- tozoïde se détache de la tète, etle noyau, dégagé lui-même de la gaine cépha- lique (membrane cellulaire et cytoplasme), prend la forme vésiculaire. Le centrosome, déjà divisé, dérive du segment intermédiaire. La conjugaison s'effectue comme dans l'œuf à! Ascaris. Les deux moitiés de la centrosphère se séparent, orientant le fuseau perpendiculairement à la ligne de conjugai- son des pronuclei. Von Erlanger et Lauterborn n'ont pas vu chez Asplanchna cette absorption de noyaux vitellins qu'ont décrite Huxley et Gosse chez d'autres types. Les noyaux auxquels on pourrait attribuer cette signification dans le développement de l'œuf d'hiver appartiennent à l'endoderme. [II h a] [Cette étude vient donc à l'appui de l'opinion de Vejdovsky, Boveri et Fick. Ici encore, c'est le spermocentre qui fournit les deux pôles du premier fuseau de segmentation. Erlanger croit cependant — et sur ce point, il se sépare de Boveri — à l'existence du centrosome ou d'une formation ana- logue dans l'oocyte et dans l'œuf mûr. Il y aurait donc, chez beaucoup de Métazoaires, substitution du spermocentre à l'ovocentre dans l'acte de la fécondation. [II b a] [Un fait curieux à relever dans ce travail, c'est que les œufs parthénogé- nétiques mâles, à l'inverse de ceux fournissant des femelles, émettent deux globules polaires dont le premier est susceptible de division. Erlanger et Lauterborn éliminent toute idée d'une conjugaison du second élément avec l'œuf mûr, cet élément s'observant ultérieurement à la surface. D'un autre côté le nombre des chromosomes n'a pu être établi. Mais ces études qui sont poursuivies apporteront certainement des éléments nouveaux au problème de la parthénogenèse]. — E. Bataillon. 4. Rossi (U.). — Contribution à V étude de l'oolyse chez (es Amphibiens uro- dèles. — L'auteur présente la première partie de ses recherches, celle qui concerne l'œuf non fécondé et pondu normalement de Salamandrina perspi- cillata Sav. Dans l'œuf non fécondé, le pronucleus femelle n'arrive pas à se former aux dépens du reste du fuseau de direction. A la suite d'une série de modifications très lentes et de l'expulsion des globules polaires, le reste de ce fuseau disparaît à l'endroit même où il s'est primitivement formé. A pro- pos de la question de la segmentation parthénogénétique des œufs des Verté- brés, Rossi soutient l'opinion qu'il s'agit simplement de modifications anor- males des œufs. Chez les Urodèles, les spermatozoïdes ont une grande vita- lité et s'avancent très loin dans l'oviducte. Les prétendus cas de segmenta- tion parthénogénétique chez les Amphibiens se rapportent probablement à 150 L'ANNEE BIOLOGIQUE. des œufs fécondés avant leur maturité complète, ou par des spermatozoïdes dont la vitalité n'était plus suffisante. Les cas décrits chez les Vertébrés su- périeurs sont dus probablement, ainsi que l'admettent plusieurs auteurs [Henneguy et autres (Voir Ami. biol., I. 134; II, 128)], à un phénomène de fragmentation n'ayant rien de commun avec la segmentation, opinion d'au- tant plus admissible que les produits de cette fragmentation ne contiennent pas de noyaux. — M. Bedot. 1. Bolivar. — La parthénogenèse des Orthoptères. — Après avoir cité le travail de Dominique sur ce sujet {Bull. Soc. Se. nat- Ouest de la France. VII) et les observations de Krauss, B. communique celles de Pautel relatives à Lejj- tynia Hispanica Bol. des environs de Madrid. Ce naturaliste a vu 3 individus, sur 10 pris à l'état larvaire et isolés, pondre des œufs ; mais il ne sait pas encore si ces œufs sont féconds. La parthénogenèse chez les Leptynia comme chez les Bacilles s'explique par la pénurie des mâles. — J. Deniker. CHAPITRE IV Lia reproduction asexuellc. Von Bock (1) étudie avec détail, chez Chœtogaster diaphanus, la mul- tiplication, qui tient à la fois de la division et du bourgeonnement et dont on trouve des exemples chez diverses autres Annélides. Il donne de nou- velles preuves de ce fait, surabondamment démontré, que le bourgeonne- ment ne répète l'ontogenèse que lorsqu'il n'a aucune raison pour ne pas faire autrement. Mais ce qui est surtout intéressant, c'est qu'il nous montre les causes mécaniques de cette déviation du bourgeonnement par rap- port à l'ontogenèse. Ainsi, dans cette chaîne de Chœtogaster unis les uns aux autres, tête à queue, la bouche qui devrait se former par une inva- gination ventrale médiane ne peut faire ainsi, empêchée qu'elle en est par le cordon nerveux ventral. Aussi, la voit-on naître par deux invaginations latérales symétriques, qui ne se fusionnent qu'après quelamise en liberté du bourgeon a rompu la continuité de la chaîne nerveuse. Ce qui montre bien que la présence d'un obstacle médian est la vraie cause de la dé- viation du processus, c'est que, si l'on sectionne le Ver au point où devra se constituer la tête, la bouche se forme par une invagination médiane. 11 serait difficile de trouver un exemple plus frappant de l'influence des conditions mécaniques sur l'ontogenèse. Giard (12) rappelle l'existence, déjà signalée antérieurement par lui, d'une autotomie parasitaire, dans laquelle l'animal élimine la portion de son corps infectée par le parasite, et la rapproche de Y autotomie gonophorique dans laquelle l'animal détache la partie de son corps con- tenant les cellules sexuelles. Le seul point commun entre ces deux sortes d'autotomie réside dans la similitude des effets de deux stimulus de na- ture d'ailleurs essentiellement distincte. Hescheler (14) étudie la distribution de la faculté régénératrice et de l'autotomie dans le corps des Vers de terre et montre que ces distributions sont sensiblement concordantes sans l'être toutefois absolument. Les Vers n'autotomisent que la partie qu'ils peuvent remplacer aisément. Dans la partie postérieure du corps, autotomie et régénération sont également faci- les, de sorte que la première se présente comme un phénomène d'adapta- tion. En avant au contraire, la régénération est difficile et le Ver n'auto- tomise point spontanément cette partie. En ce qui concerne les végétaux, nous signalerons une intéressante 152 L'ANNEE BIOLOCIgl'E. note de V. H. Lang (17). Ce botaniste a constaté l'apparition sur des pro- thalles de Fougères de sporanges bien conformés. En général, cette for- mation est en rapport avec l'ébauche d'un bourgeon apogame arrêté de très bonne heure dans son développement. Nous ne faisons que signaler le fait, nous réservant d'y revenir dans le tome IV à propos du mémoire détaillé de Fauteur. Yves Delage et G. Poirault. 1. Bock (M. von). — Ueber die Knospung von Chxtogaster diaphanus Gruith. (Iena. Zeitschr., XXXI, 105-152, 3 pi.) [153 2. Bordage Ed.). — Phénomènes d'autotomie observés chez les nymphes de Monandroptera inuncans Serv. et de Rhaphiderus scabiosus Serv. (C. R. Ac. Sci., CXXIV, 210-212.) [156 3. Phénomènes d'autotomie chez des Phasmides appartenant aux genres Monandroptera et Rhaphiderus . (C. R. Ac. Sci., CXXIV, 378-381.) [156 4. Sur la régénération têtramèrique dit torse des Phasmides. (C. R. Ac. Sri., CXXIV, 1536-1538.) ' [156 5. Brown A.). — Fragmentation in Linnxus f/esserensis-. (P. R. Soc. London, LXI, 28-29.) [156 6. Caullery (M.). — Sur la morphologie de la larve composée d'une Synasci- die {Diplosomoides Lacazei Giard). (C. R. Ac. Sci., CXXV, 54-57.) [Bourgeon thoracique divisé en deux moitiés complémentaires par suite de la présence d'un vitellus abondant qui s'in- terpose entre les deux tubes épicardiques droit et gauche. — L. Cuénot. 7. Correns (C). — Vorlàufige Uebersicht ùber die Vermehrungsweise der Laubmoose durch Brut organe. (Ber. deutsch. bot. Ges., XV, 374-384.) [159 S. Cuénot (L.). — Sur la saignée réflexe et les moyens de défense de quelques insectes. (Arch. Zool. expér., 3e Ser., IV, 655-680, 4 fig.) [156 9. Dangeard (P. -A.). — Du rôle de l'histologie dans la classification des spores chez les Champignons. (Bot., 5e Ser., 314-317.) [158 10. Darbishire (O. V.). — Die deutschen Pertusariaceen mit besonderer Be- rùcksichtigung ihrer Soredienbildung. (Bot. Jahrb., XXII, 593-671, 37 fig. texte.) [159 11. Familier (J.). Ueber die ungeschlechtliche Vermehrung von Campy- lopus flexuosus (L.) Brid. (Flora, LXXXIV, 174-175, 2 fig. texte.) [159 12. Giard (A.). —Sur Vautotomie parasitaire et ses rapports arec Vautoto- mie gonophorique et la schizogonie. (C R. Soc. Biol., IV, 380-382.) [154 13. Hegelmaier (F.). — Zur Kenntniss der Polyembryonie von Allium odo- rum L. (Bot. Zeit., LV, 133-140, 1 pi.) [158 14. Hescheler (K.). — We itère Beobachtungen ùber Régénération und Selbst- amputation bei Regenwùrmern. (Vierteljahrschr. Ges. Zurich, XLII, 54- 64.) [155 15. Ichikawa (C). — Ueber ci ne neue in Misaki vorkommende Ephelota und Uber ihre Sporenbildung . (J. Coll. Japan, X, 119-132. pi. XII.) [156 IV. — LA REPRODUCTION ASEXUELLE. 153 16. Joest quel que soit l'irritant employé; à part cela, l'endroit de l'amputation n'est pas dé- terminé comme il l'est chez les Arthropodes par exemple ; il est seulement toujours intersegmentaire. Si par exemple sur un L. herculeus on fait, à partir de l'extrémité posté- rieure du corps, une incision médiane , portant sur 20 segments environ , au bout de quelques secondes, le corps se rompt un peu au-dessus de l'extré mité antérieure de la blessure, avec une violence telle que le contenu de l'intestin peut être projeté. Une incision oblique produit le même résultat. Une incision transversale ne détermine aucune amputation. On peut, une fois le segment tombé, recommencer sur le reste la même opération, et ainsi deux ou trois fois de suite, l'affaiblissement de l'animal produit par les muti- lations successives mettant seul fin à l'expérience. On peut ainsi provoquer l'amputation de toute la moitié postérieure du corps. Au contraire, la moitié antérieure est une zone réfractaire à l'amputation spontanée. Quant à la limite des deux zones d'autotomie et de non-autotomie , elle est impossible à déterminer exactement. Dans chaque segment autotomisé, le pouvoir de mutilation persiste et ce segment peut continuer à se découper. Il y a des différences spécifiques et même individuelles, quant à la facilité avec laquelle se produit l'amputation, et quant à la nature des excitants qui la provoquent. Allolobophora foetidu réagit très peu à l'incision et à la piqûre, mais est au contraire très sensible à la pression des pinces. L'étude de la régénération chez le Ver de terre rend compte de ce que l'au- totomie est, chez lui, limitée à la région postérieure du corps. En avant, une entaille à direction oblique détermine la régénération; la même blessure produit, en arrière, l'amputation suivie de la reproduction d'une extrémité postérieure nouvelle semblable à l'extrémité postérieure normale. Mais l'extré- 150 L'ANNEE BIOLOGIQUE. mité antérieure ne se régénère en général que difficilement et dans une faible proportion. Au contraire, l'extrémité postérieure se régénère facilement et complètement. Les vers n'amputent donc que la partie qu'ils peuvent remplacer aisément. Les conditions du phénomène sont d'ailleurs différentes chez les divers animaux, comme le montre la comparaison des Lombricides avec Nephthys (Hesciieleri et avec Chastopterus (Joyeux-Laffuie , Arch. Zool. exp., 1890). L'autotomie est un phénomène d'adaptation ; et, chez les Oligochètes, le développement du pouvoir mutilant est parallèle à celui de la faculté régé- nératrice. On peut, sous ce rapport, grouper les Oligochètes en une série, dont le terme le plus parfait serait donné par les formes douées d'une repro- duction asexuelle par scissiparité. L'autotomie, encore très limitée chez Lumbricus et Allolobophora, se généralise chez Allurus, plus encore chez Criodrilus, et atteint enfin son maximum d'importance chez Lumbriculus, où elle se confond avec la scissiparité reproductrice. — A. Prenant. 5. Brown. — Fragmentation de Lineus gesserensis. — La schizogonie, chez Lineus gesserensis, a lieu par le mécanisme suivant. Dans le plan de scission transversal, apparaît d'abord un sillon à la face interne de l'intes- tin, puis un autre à la surface de la peau ; les tissus intermédiaires, comprimés entre les deux sillons, se désagrègent; l'intestin, notamment, se fend circulai- rement le long du sillon indiqué, par atrophie des cellules culminantes, et son epithélium, évaginé, change de caractère; la peau se rompt, de la même façon, et la plaie annulaire est fermée à la fois par la prolifération de l'épithe- lium intestinal et par celle du tissu conjonctif dont les cellules se sont multi- pliées à ce niveau dès le début du processus. — A. Philibert. 15. Ichikawa (C). — Sur un Ephelota observé à Misaki et sur son mode de sporulation. — La structure compliquée de cet Acinétien (Ephelota bùtsch- liana) montre en particulier une couronne de fibres circulaires entre les tentacules et, outre le noyau, un nombre considérable de petits noyaux (micro- nuclei). Il y a deux espèces de bourgeons : les uns privés de tentacules (même quand ils sont sortis du parent), les autres ayant l'aspect du parent et pourvus de tentacules (même à l'intérieur du parent). — A. Labre. 2, 3, 4. Bordage. — Phénomènes d" autotomie observés chez les nymphes deMo- nandroptera inuncanset de Rhaphiderusscabriosus. — Phénomènes d' autotomie chez- les Phasmides appartenant aux genres Monandr optera et Rhaphiderus. — Sur la régénération tétramërique du tarse des Pliasmides. — L'autotomie se produit facilement pour toutes les pattes chez les jeunes larves; elle devient de plus en plus irrégulière et capricieuse à mesure que l'on s'approche de l'état adulte. Chez les adultes, il est très difficile de provoquer expérimentalement l'autotomie par brûlure ou section des pattes, bien que les morsures de Fourmis, dans les membranes articulaires des pattes, aient presque toujours ce résultat. Chez les très jeunes larves, il s'écoule jusqu'à 3 ou 4 secondes entre l'excitation du nerf et la rupture du membre; ce temps s'accroît à mesure que l'animal avance en âge, et peut atteindre jusqu'à dix minutes chez les adultes. — Chez les larves, les membres autotomisés se régénèrent dans des mues successives, comme d'habitude; mais les membres régénérés ont toujours quatre articles au tarse, au lieu de cinq, chiffre normal. — L. Cuénot. 8. Cuénot. — Sur la saignée réflexe et les moyens de défense de quelques IV. — LA REPRODUCTION ASEXUELLE. 157 Insectes. — Un certain nombre d'Insectes, Timarcha, Galeruca, Megalopus, Coccinellides et Vésicants parmi les Coléoptères, Êugaster et Ephippiger parmi les Orthoptères, présentent le phénomène de la saignée réflexe : lors- qu'ils sont inquiétés, ils font le mort et rejettent des gouttes de sang soit par la bouche, soit» par les articulations fémoro-tibiales des pattes, soit par le point d'attache des élytres. Le processus de la saignée paraît être toujours le même : l'excitation amène par réflexe la contraction des muscles abdomi- naux ; le sang, fortement comprimé, fait céder les points de moindre résis- tance de la cuticule et s'échappe au dehors. Chez toutes les espèces qui présentent ce phénomène, le sang tient en dis- solution des produits toxiques, caustiques ou répulsifs, dont le plus connu est la cantharidine des Vésicants. Ce rejet de sang est un moyen de défense très efficace contre les Lézards et les Batraciens ; il est d'ailleurs accompagné d'autres moyens de défense, cuirasse chitineuse dure et polie des Timarches et Coccinelles, odeur désagréable des Coccinelles et Vésicants, mort appa- rente, etc. La saignée réflexe est sujette à variation : elle peut se produire à une place différente dans une même espèce {Timarcha) ou peut manquer totalement chez certains individus. Quant à son origine première , il est certain qu'elle a été acquise séparément par les ancêtres des diverses familles ou genres qui la présentent. Beaucoup d'Insectes, en particulier les Chrysoméliens , pré- sentent une tendance curieuse à la saignée , mais une tendance seulement : lorsqu'on les chloroforme lentement , il sort souvent du sang par la bouche , durant la période d'excitation; que cette tendance se régularise, et que la saignée suive les excitations émotives, on aura le cas actuel; cette saignée aura une signification défensive si le liquide cœlomique renferme une sécré- tion interne venimeuse ou caustique, fait qui ne doit pas être rare chez les Insectes, qui sont si richement pourvus de glandes de toutes sortes. — L. Cuénot. 18. Môbius (M.). — Contribution à la théorie de la reproduction chez les végétaux. — Ce livre est un ouvrage de vulgarisation qui s'adresse plutôt aux curieux de la nature qu'aux savants. Il a été déjà partiellement publié sous forme de mémoires parus dans le Biologisches Centralblatt (1891, 1892, 189G). L'analyse du dernier de ces mémoires qui a été donnée dans le volume précédent de ce recueil (Ann. Mol., II, 120- 124) nous permettra d'être bref. Môbius se livre tout d'abord à des considérations générales sur la conser- vation de l'espèce et de l'individu, la multiplication par germes et par bour- geons, les limites de l'individualité et la durée de l'individu, et il arrive à la conclusion que la sexualité a moins d'importance dans le règne végétal que dans le règne animal. — Les prétendus inconvénients qui résulteraient de la multiplication asexuelle sont discutés. Un grand nombre de végétaux sau- vages ou cultivés se multiplient constamment par la voie végétative sans pa- raître en souffrir. Les maladies épidémiques que certains botanistes auraient voulu attribuer à une sénilité résultant d'une reproduction asexuée répétée relèvent dans tous les cas de facteurs externes, le plus souvent de parasites. Ces parasites s'attaquent aussi bien, pour une même espèce, aux plants issus de graines qu'à ceux régénérés par bourgeonnement; il ne saurait donc être question ni de sénilité, ni même d'une prédisposition causée par l'absence de reproduction sexuée. Môbius étudie ensuite la biologie de l'appareil repro- ducteur et il montre comment la floraison dépend des facteurs externes (lu- mière, chaleur, humidité, nature du sol, nutrition, climat, etc.), indépendam- ment des propriétés propres de l'individu. Chez les plantes sauvages, comme 158 L'ANNEE BIOLOGIQUE. chez les plantes cultivées, la reproduction sexuée, troublée ou supprimée par suite de conditions défavorables, est suppléée par la multiplication. Ce dernier mode, tout au moins en ce qui concerne les Phanérogames, semble donc ré- sulter de la stérilité provoquée du végétal : c'est d'ailleurs la conclusion à laquelle était arrivé Darwin. Que ce fait se répète fréquemment et la multi- plication végétative prendra un rôle prépondérant, elle se substituera à la reproduction sexuée et un antagonisme s'établira entre les deux modes. — Enfin, l'auteur nous fait assister, chez les végétaux inférieurs, au passage de la reproduction asexuée à la reproduction sexuée, qui selon lui serait un avantage mais non une nécessité, avantage double, car par le croisement dans une même espèce le type spécifique est conservé, et du croisement entre espèces différentes résultent de nouvelles espèces. — L. Terre. 13. Hegelmaier. — Polyembryonie de V Allium odorum. — Ce travail con- firme les résultats de Tretiakoff (voir Ann. biol. , I, 139) relatifs à la for- mation d'embryons multiples dans le sac embryonnaire (ï Allium odorum. Ces embryons peuvent provenir soit des synergides, soit des antipodes , soit de cellules de la paroi ovulaire adjacente au sac , à titre d'embryons adven- tifs. Pour ces derniers, l'auteur ne peut affirmer qu'ils proviennent d'une cellule unique. — A. J. Ewart. 9. Dangeard. — Du rôle de V histologie dans la classification des spores chez les Champignons. — On sait que toutes les conidies qui forment un cha- pelet chez un Pénicillium ou un Sp/uvrotheca naissent successivement aux dépens d'une même cellule basilaire, par bourgeonnement dans le premier cas, par segmentation dans le second. A cette individualisation de cellules en progression basipète s'oppose la fragmentation d'un thalle en articles. Pour Dangeard, ces morceaux de filaments, nus ou enkystés, sont des spores au même titre que les conidies; mais ils forment une variété particulière de spores, parce que la fragmentation dont ils proviennent n'exige pas nécessai- rement le concours d'une division de noyaux. Il propose de les nommer o'idies. [Ce nom a déjà été employé dans le même sens, mais s'il n'a pas été unanimement adopté, c'est qu'il prête à confusion et la définition proposée par l'auteur ne semble pas avoir la précision requise pour faire face à des difficultés réelles. Le nom d'Oïdium a été appliqué à la fois à des conidies naissant en chapelets basipètes (Oïdium Tuckeri), à des chaînes de bourgeons basifuges (Oïdium albicans), à des fragments formés par désarticulation si- multanée d'un filament (Oïdium lactis). En dehors des types définis auxquels l'auteur attribue une origine sexuelle, les spores des Champignons sont des portions du thalle adaptées à la dispersion ou à la conservation. La limite entre ces corps reproducteurs et l'appareil végétatif est affaire de convention. Leur classification n'a d'autre raison d'être que de simplifier le langage en basant les catégories sur des caractères évidents. Si l'on réserve le nom de conidies aux chapelets basipètes et aux cellules qui se détachent isolément après s'être nettement différenciées de leur support, les termes vulgaires de bourgeons et de fragments suffiront pour désigner respectivement les séries basifuges et les éléments isolés sans ordre déterminé. En y ajoutant les quali- ficatifs nu et enkysté, on répond aux besoins les plus urgents de la nomencla- ture. Je ne crois pas avantageux de confondre avec les conidies les bourgeons des Saccharomyces, comme le fait l'auteur. En tout cas, il est clair que toute division de noyau ne donne pas naissance à une spore et cette donnée n'é- claire pas certains cas douteux. D'autre part il ressort de l'exposé de M. Dan- IV. - LA REPRODUCTION ASEXUELLE. 159 geard que la fragmentation n'exclut pas nécessairement le concours d'une division de noyaux]. — P. Vuillemin. 20. Sauvageau (C.) — Sur hj Nostoc puncti forme. — Le N. punctiforme se multiplie, comme la plupart des autres espèces du genre, par hormogonies et par kystes , mais il présente en outre un troisième mode de propagation que Sauvageau fait connaître. Il peut se segmenter en cellules isolées ou « cocci ». d'un gris brunâtre, qui possèdent encore à cet état la propriété de se diviser, la dissociation suivant aussitôt la division. Les cocci peuvent aussi passer à l'état de vie ralentie et ils germent ensuite d'une façon un peu différente des kystes. [On ne connaissait pas jusqu'à présent de Nostocacée fila- menteuse capable de végéter normalement à l'état de cellules isolées. Ce fait rend plus intéressant encore le parallélisme souvent tracé entre le groupe des Algues bleues ou Myxophycées et les Bactériacées]. — G. Poirault. Pour la formation des propagules des Mousses, voir Correns (7), Famil- ier (11) et Mûller (19). Pour la formation des sorédies des Lichens, voir Darbishire (10i et Wainio (21). Voir en particulier, dans ce dernier travail, très intéressant dans son ensemble mais impossible à analyser ici en raison de son caractère trop spécial, ce qui est relatif à l'origine, à la signification et aux conditions du développement des sorédies des Cladonia {l. c, p. 32, 126). CHAPITRE V L'ontogenèse. Child (11;, par l'étude comparée de la segmentation de l'œuf chez Arenicola et quelques autres Annélides, montre qu'il n'y a aucune rela- tion fixe entre les organes de l'adulte et les blastomères homologues par leur nature et leur position dans l'œuf, et secondement, qu'il n'y a pas non plus de relation constante entre les feuillets et la proportion de vitellus entrant dans les cellules qui les constituent. Ces conclusions sont en opposition avec la théorie mosaïque et aussi avec la loi si générale de répartition des vitellus dans les blastomères suivant leur nature endo- dermique, mésodermique ou ectodermique. D'autre part, les observa- tions de Samassa (50) mettent en défaut une autre opinion très géné- ralement acceptée, savoir que le fait, pour une segmentation, d'être partielle ou totale dépend uniquement de l'abondance et de la répartition du vitellus dans l'œuf. Il n'est pas à nier que ces facteurs ne soient de première importance, mais ils ne sont pas les seuls ni toujours les plus forts. Car, chez Moina paradoxa, l'œuf d'hiver riche en vitellus a une seg- mentation totale, tandis que l'œuf d'été, pauvre en cette substance, se segmente partiellement. Par contre, la théorie qui fait dépendre la forme de la segmentation de l'abondance et de la répartition du vitellus reçoit un fort appui des curieuses expériences réussies par Hertwig (30). La Grenouille, on le sait, a un vitellus assez abondant et réparti d'une façon quelque peu iné- gale, mais pas à tel point que la segmentation ne puisse être encore totale. En centrifugant les œufs chez ces animaux, Hertwig opère une sépara- tion plus complète du vitellus et du protoplasme, et obtient comme con- séquence une segmentation incomplète. La suite du développement se poursuit même comme chez les animaux chez lesquels la segmentation est normalement incomplète. — Tout cela prouve, en somme, quel'abon- dance et la répartition du vitellus a une influence capitale sur la forme de la segmentation, sans être cependant le seul facteur de ce processus. Conklin (13 et 14) donne une très nette est très consciencieuse étude du développement du Gastéropode pectinibranche Crcpidula, en se pla- çant surtout au point de vue des lignées cellulaires, et part de là pour développer ses idées sur les divers types de segmentation, leurs rapports avec la théorie de la mosaïque, l'influence relative des facteurs internes V. —ONTOGENESE. 161 et des facteurs externes dans l'ontogenèse, etc. Bien qu'il penche vers une conclusion inverse, il semble résulter de son travail que les organes ne sont pas divisés dans l'œuf avant la segmentation comme le vou- drait la théorie mosaïque, car les massifs cellulaires représentant les rudiments des organes ne correspondent pas aux premières divisions de la segmentation. Tout en admettant l'existence de facteurs mécani- ques dans l'ontogenèse, il déclare que nombre de phénomènes ontogé- nétiques ne sauraient s'expliquer par eux et il en cite toute une série. Pour lui, l'ontogenèse est absolument prospective, c'est-à-dire que chacun de ses pas est dirigé vers le but [opinion très contestable à notre avis et infirmée par nombre d'observations positives]. Chiarugi et Livini (10) montrent que l'influence déjà connue de la lumière sur le développement n'est pas uniforme et générale, produisant des effets différents selon les espèces et selon le moment du développe- ment. Ainsi, chez la Salamandre, la présence ou l'absence de lumière est sans influence sur le développement de la larve et de l'embryon, tandis que, au stade précis de la gouttière médullaire, son absence entraîne un retard considérable dans le développement. Quajat il I obtient un effet bien plus considérable encore des efflu- ves statiques sur l'évolution des Vers à soie, dont le développement est notablement accéléré; et le fait est d'autant plus intéressant à noter que, jusqu'à présent, les espérances qu'on avait pu fonder sur l'action de l'électricité en embryogénie avaient été quelque peu déçues. Verworn (57) est d'avis que les phénomènes métaboliques dont les éléments de l'embryon sont le siège exercent une influence considérable sur la forme propre de ces éléments et sur leurs relations mutuelles, et que, par suite, ils influent sur la forme totale et sur la structure de l'em- bryon et prennent ainsi rang au nombre des facteurs de l'ontogenèse. II en donne entre autres preuves, cet exemple remarquable, que, chez des Amibes, les formes des pseudopodes considérées comme caractéristi- ques des espèces ou même des genres peuvent être modifiées et trans- formées les unes dans les autres par l'application d'agents convenables agissant sur le métabolisme. Ainsi, Amœba Umax qui n'a qu'un gros pseudopode unique, dans un liquide rendu légèrement alcalin par l'ad- dition d'un peu de potasse, se garnit de fins pseudopodes rayonnants et reproduit la forme Amœba radiosa. Cet exemple n'est pas isolé. Herlitzka (29), recherchant les causes de la différenciation cellulaire dans l'ontogenèse, conclut de son étude sur l'endoderme des larves de Triton que le métabolisme est le facteur principal de cette différencia- tion . On trouvera, à l'analyse de cet important mémoire, les arguments que l'auteur apporte à l'appui de son opinion et aussi les raisons qui font trouvera notre collaboraleur Béranek cette théorie trop exclusive. — On connaît depuis longtemps les faits d'influence des nerfs sur les cellules, et de dégénérescence consécutive à la section des premiers, sur les- quels a été édifiée la notion des nerfs trophiques. Semi Meyer (37) montre l'existence d'une relation bien autrement intéressante entre des cellules et leurs nerfs. Lorsque l'on coupe le glosso-pharyngien du Lapin, on voit les cellules gustatives caliciformes, non pas dégénérer, mais l'année biologique, m. 1897. 11 162 L'ANNEE BIOLOGIQUE. reprendre le caractère d'un épithélium banal, ce qui montre l'influence de certaines excitations nerveuses sur la différenciation cellulaire. — D'autre part, Hickson (31) a montré, il y a plusieurs années déjà, que les Mé- duses représentant la forme sexuée des Millepores provenaient de la différenciation d'individus nullement prédestinés , sous l'influence de l'arrivée dans leurs tissus de produits sexuels nés hors d'eux dans la co- lonie. L'un de nous, à l'occasion de la critique de ce travail, trouve là une nouvelle et remarquable preuve de ce fait que la réaction des élé- ments de l'organisme les uns sur les autres sont un facteur important de la différenciation ontogénétique. — Schaffer (51) prouve que les idées anciennes relatives à la possibilité de transformation en cartilage de cellules déjà différenciées ne sont pas exactes chez la Myxine. Le nouveau cartilage se forme aux dépens de cellules embryonnaires qui avaient passé inaperçues. Par contre Klaatsch (33) montre la formation de cartilages aux dépens du tissu cordai chez les Amphibiens. D'autre part Schaffer (52) montre, chez l'Homme, des cellules épithéliales que rien ne distingue de leurs voisines, transformées en cellules caliciformes par le seul fait de leur migration dans les couches profondes. Retterer (46) d'une part, pour les organes lymphoïdes, et Unna (56) d'autre part, pour les nœvi, montrent que ces organes, malgré leur apparence et leur situation, sont formés de cellules ectodermiques enfoncées dans la profondeur. Ces observations auraient quelque intérêt relativement à la théorie du cancer par immigration d'éléments embryonnaires dans la profondeur des tissus, en montrant la réalité de cette immigration, dans des conditions d'ailleurs différentes. — Maurer (35) donne un exemple intéressant dans la manière dont une fonction peut créer un organe qui, à son tour, s'adapte à une fonction nouvelle. L'auteur montre que des capillaires intra-épithéliaux se rencontrent très généralement dans la muqueuse buccale des Amphibiens. Ces capillaires sont, pour lui, l'exagération des voies suivies par les amœbocytes et destinées primi- tivement à la nutrition de l'épithélium. Puis ils sont devenus assez ri- ches et assez nombreux pour pouvoir, en raison de leur situation, per- mettre une respiration, non pas cutanée, mais muqueuse. Cuénot (15) cite, en réponse à Le Dantec (17), quelques exemples prou vant que les conditions de fonctionnement des organes ne sont pas nécessairement liées à des conditions de variation de leur masse (cœur de l'adulte, cellules nerveuses de l'embryon. Yves Delage et G. Poirault. 1. Bataillon (E.). — Nouvelles recherches sut- les mécanismes de l'évolu- tion. Les 'premiers stades du développement chez les poissons et les amphi- biens. (Arch. Zool. exp., 3e série, Y, 282-317.) [166 2. Beard (J.). — The Span of gestation and the Cause of birth. A Study of V. — ONTOGENESE. 163 the critical period and its effects in Mammalia. (In-8, Jena [Fischer], xi -f 132 p.) [Voir ch. II 3. The birth period of Trichosurus Vulpecula. (Zool. Jahrb. Anat., XI, 77-96, 1 pi.) [Voir ch. II 4. Brauer (A.). — Beitràge zur Kenntniss der Entwicklungsgeschichte und der Anatomie der Gymnophionen. (Zool. Jahrb. Anat.. X, 380-472. 4 pi., 26 fig.) [Gastrulation. Discussion sur la formation des feuillets, 455-463. 5. Bellati et Quajat. — Sullo Schiudimento estemporaneo délie uova del filugello. (Boll. mens, di Bachicoltura, série III, Anno II. 1896, 13-34, 51-62.) [Développement des œufs de Bombyx mon* considérablement accéléré par des actions externes (bros- sage, action de l'électricité, d'une température élevée, etc.). — L. Cuénot. 6. Berent (W.). — Zur Zenntnis des Parablastes und der Keimblâtter- differenzirung im Ei der Knochenfische. (Zurich, 8°, 62 p., 3 pi.) 7. Bock (M. voni. — Ueber die Knospung von Chaetogaster diaphanus Gruith. (Jena Zeitschr., XXXI, 105-152, 3 pi.) [Voir ch. IV 8. Butschinsky (P.). — Die Furchunq des Eies und die Blastodermbildung der Nebalia. (Zool. Anz.. XX, 219-220, 1 fig.) [172 9. Caullery (M.) et Mesnil iF.). — Etudes sur la morphologie comparée et la phylogénie des espèces chez les Spirorbes. (Bail. Se. France-Belgique. XXX, 185-231. 4 pi.) [176 10. Chiarugi (G.) et Livini (F.). — Délia influenza délia luce sullo sviluppo délie uova degli Anfibii. (Monit. Zool. ital., VIII, 90-96, 105-110, 2 pi.) [174 11. Child'G. M.). — A preliminary account of the cleavage of Arenicola cristata, with remarks on the mosaic theory. (Zool. Bull., I, 71-85.) [167 12. Claypole (Agnes M.j. — Some points on cleavage among Arthropods. (Tr. Am. mie. Soc, XIX. 1 fig.) [La segmentation d'Anurida mur lima est in- termédiaire entre les types holoblastique et centrolécithe. — G. Poirault. 13. Conklin (Edwin Grant . — The Embryology of Crepidula. A Contribu- tion to the Cell Lineaqe und early Development of some Marine Gastero- pods. (J. Morphol., XIII, 1-226, 9 pi., 13 fig. texte.) [169 14. — — Cleavage and Differentiation. (Biological Lectures Marine Biol. Lab. of Woods Holl. 1896-1897.) [170 15. Cuénot (L.). — Sur le mécanisme de V adaptation fonctionnelle. Réponse à M. Le Dantec. (Bull. Se. France-Belgique, XXX, 273-276.) [184 16. Cunningham (J. T.). — Récapitulation. (Sci. progr. I (N. S.), 483-510.) [Voir ch. XVII 17. Dantec (F. Le). — Le fonctionnement des tissus. (Bull. Se. France-Bel- gique, XXX, 177-189.) [184 18. Driesch (H.). — Einige Wôrte der Erlauterung. (Arch. Entw.-Mech., IV, 731-737.) [Polémique (contre Roux). — C. B. Davenport. 19. Neuere Beitràge zur exacten Morphologie in englischer Sprache. III, 1896. (Arch. Entw.-Mech., V. 143-167.) ' [Résumé de tra- vaux dont la plupart ont été analysés dans le tome II de ï Année biologique. 20. Studien ûber dus Regulationsvermôgen der Organismen. (Arch. Entw.- Mecli., V, 389-418, 14 fig. texte.) [Voir ch. VII 164 L'ANNEE BIOLOGIQUE. 21. Fabre Domergue et Biétrix. — Recherches biologiques applicables à la pisciculture maritime sur les œufs et les larves de poissons de mer et sur le Turbot. (Ann. Se. Nat. (Zool., IV, 151-220, 18 fig. [180 22. Fischel (A.). — Experimentelle Untersuchùngen am Ctenophorenei. I. Von der Entwickelung isolirter Eitheile. (Arch. Entw.-Mech., VI, 109-130, pi. VI.) [168 23. Franz (K.). — Ueber diè Entwickelung von Hypochorda und Ligamentum longitudinale ventrale bei Teleostiern. (Morph. Jalirb., XXV, 143-155. 2 fig.) ' [178 24. Gardner (M.). — Zur Frage ûber die Histogenèse des elastischen Gewe bes. (Biol. Centralbl., XVII, 394-410, 4 fig.) [178 25. Gilson. — Cellules musculo-glandulaires et paroi du corps des Annë- lides. (Verh. Anal Ges., II Vers., 62-65.) [179 26. Gôppert (E.). - - Bemerkungen zur Auff'assung der Morphologie der Rip- pen in RabVs Théorie des Mesoderms. (Morphol. Jalirb., XXV, 244-249.) [185 27. Heider (K.). — Ueber die Bedeutung der Furchung gepresster Eier. (Arch. Entw.-Mech., V, 373-377, 6 fig. texte.) [Voir en. VI 28. Herbst (Curt). — Ueber die zur Entwickelung der Seeigellarven noth- wendigen anorganischen Stoffe ihre Rolle und îhre Vertretbarkeit. (Arch. Entw.-Mech., V, 649-793, 3 pi.) [Voir cli. XIV 29. Herlitzka fAmedeo). — Ricerche sulla differenzione cellulare nellosvi- luppo embrionale. (Arch. Entw.-Mech., VI, 45-103, 1 pi., 12 fig.) [181 30. Hertwig (O.). — Ueber einige am befruchteten Froschei durch Centrifu- galkraft hervorgerufene Mechanomorphosen. (S.-B. Ak. Berlin, 1897, 14-18, 1 fig-) [173 31. Hickson (S. J.). — The Medusœ of Millepora Murrayi and the gono- phores of Allopora and Distichopora. (Quart. Journ. micr. Sci. (n. s.). XXXII, 1891, 33 p., pi. XX1X-XXX. ) [181 32. Houssay (Fréd.). — Le rappel ontogènèlique dune métamorphose chez les vertébrés. (Anat. Anz.. XIII, 34-39.) [186 33. Klaatsch (H.). — Ueber die Chorda und die Chordascheiden der Amphi- bien. (Verh. Anat. Ges., 11 vers., 82-90. Discussion de Schaffer, ibid., 91.) [177 34. Lillie (Fr.) et Knowlton (F. P.). ■ - On the effect of température on the development of animais. (Zool. Bull., I, 179-193.) [Voir ch. XIV 35. Maurer (F.). — Blutge fasse im Epithel. (Morphol. Jalirb., XXV, 190-201, lpl.) [178 36. Mehnert (Ernest). — Die Kainogenese als Ausdruck differenter phylo- genetischer Ènergien. (Morphol. Arbeit., VII, 1-156, 21 fig. texte, 3 pi.) [Sera analysé dans le prochain volume. .37. Meyer (Semi). — DurschneidungsversucJie am Nervus GlossopJiarun- geus. (Arch. mikr. Anat., XLVIII, 143-145.) [180 38. Morgan (C. Lloyd). On modification and variation. (Science, IV, 7:!3-740.) [Voirch. XVII 39. Nishikava (T.). ■ - On a Mode of the Passage of the Eye in a Flat-fish. (Aiinot. zool. Japon, 1, 73-76, 2 fig.) [185 40. Quajat (E.). • - Immersione délia uova in acido carbonico durante la incubazione. (Boll. mensile di Bachicoltura, série III, Anno 1895, Padova, 22-29.) V. — ONTOGENÈSE. 165 [Des œufs de Bombyx mori peuvent séjourner deux jours sans dommage dans l'acide carbonique; au delà de ce temps, les œufs qui résistent ont une durée d'incubation plus longue. — L. CuÉNOT. 41. Quajat (E). Recherches sur les produits de respiration des œufs du ver à soie. (Arch. Ital. Biol., XXVII, 376-388.) [175 42. Regnault (Félix). — Mécanisme de la formation dessillons osseux pour lepassagedes tendons. (Bull. Suc. anat. Paris, XI, 231-234, 2 fig.) [175 43. — — Des variations morphologiques des apophyses épineuses dans les déviations vertébrales. (Bull. Soc. anat. Paris, 72 (5), XI, 181-184, 3 fig.) [176 44. — — Des variations des empreintes intracrâniennes. (Bull. Soc. anat. Paris, II, 234-235.1 [176 45. Reinhard (W. . — La signification du pèriblaste et de la vésicule de Kupffer dans le développement des poissons osseux [en russe]. (Troud- Kharkoff Ob., XXXI, 243-272, pi. V. i [Cité à titre bibliographique. 46. Retterer Ed.). — Histogenèse du tissu réticulé aux dépens de Vèpithé- lium. Discussion. (V. anat. Ges. (XI Vers.), 1807, Anat. Anz., XII, Erg- Heft., 25-36.) [176 47. Ribbert. — Ueber Verànderungen transplantirter Gewebe. (Arch. Entw.- Mech., VI, 131-147.) [Voir ch. VIII 48. Rossi (Umberto . — Sulla formazione e sul destina del Blastoporo negli Anfibi urodeli. la nota preliminare. La doccia dorsale e la sutura dorsale nella gastrula di Salamandrina perspicillata Sav. (Arch. Entw.- Mech., V, 587-590.) [Description du sillon dorsal et de la suture dorsale chez les embryons d'Urodèles. — M. Bedot. 49. Roux (W.). — Fur unser Programm und seine Verwirklichung. (Arch. Entw.-Mech., 219-342, 1-80.) [Voir ch. XX 50. Samassa Paul). — Die Furchung der Wintereier der Cladoeeren. (Zool. Anz., XX, 51-55, 1 fig.) [172 51. Schaffer (Josef . — Bemerkungen ûber die Histologie und Histogenèse des Knorpels der Cyclostomen. (Arch. mikr. Anat., L, 170-188.) [177 52. — — Beitràge zur Histologie menschlicher Organe. 4. Zunge. — 5. Mund- hôhle. Schlundkopf. — 6. ŒsophagUs. — 7. Cardia. (Stzb. Ak. Wien. Math. Xaturw., CVI, 175-182, 2 fig.) * [179 53. Schultze (O.). — Neue Untersuchungen zur F rage von der Nothwendîg- keit der Schwerkraft fur die Entwickelung . (Verh. anat. Ges., XI, 109-116; Disc. Bonnet, p. 116. i [175 54. Stohr (Ph.). — Ueber die Entwickelung der Darmlympknôtchen. Discus- sion. (V. anat. Ges., XI Vers., 1897, Anat. Anz., Erg. Heft, 47-52.) [176 55. Treadwell (A. L.). — Thecell lineage of Podarke obscur a. Preliminary communication. (Zool. Bull., I, 195-203.) [171 56. Unna. — Die epitheliale Natur der Nœvuszellen. (V. anat. Ges., XI Vers., 57-60, Anat. Anz., Erg. Heft.) [176 57. Verworn 4M.). — On the relation between the for m and the metabolism ofthe cell. (Sci. Progress, I (N. S.), 370-378.) [Voir ch. I 166 L'ANNEE BIOLOGIQUE. 1. Bataillon CE.). — Nouvelles recherches sur le mécanisme de révolution. Les premiers staaes du développement chez les Poissons et les Amphibiens. — L'auteur a cherché à modifier expérimentalement l'orientation des sillons de segmentation et leur succession, pour vérifier l'isotropie originelle de l'œuf: il a cherché à déterminer l'axe embryonnaire, et à montrer les relations entre l'extension du germe à la surface du vitellus et la fonction respiratoire. [Dans ces recherches, Fauteur avoue lui-même avoir été devancé par de nom- breux expérimentateurs , et la partie absolument originale du mémoire est celle qui a trait à l'influence des échanges gazeux sur le développement em- bryonnaire, théorie qui a éclairé si puissamment l'histoire évolutive du têtard des Anoures]. 1" Segmentation de Vœuf et orientation de V embryon. — Chez les Amphi- biens, il y a isotropie de l'œuf à l'origine. De plus, l'orientation du premier sillon est à la merci de l'expérimentateur, aussi bien que celle des sillons suivants. Mais il faut préciser que l'embryon a; quand même , des rapports fixes avec le premier sillon. — Si on soumet les œufs de Grenouille à la com- pression, les sillons se succèdent suivant les lois d'Hertwig, mais il n'y a pas parallélisme entre l'axe futur et le premier plan de division comme le dit Pflùger. Roux et Born ont du reste vu le même fait. Tantôt ces deux axes con- cordent, tantôt ils sont à angle droit. Mais il y a une relation constante entre le déplacement du deuxième sillon et la situation de l'axe. Lorsqu'on com- prime suffisamment les œufs entre deux lames pour que le deuxième sillon soit horizontal, on obtient, après décompression, un embryon perpendicu- laire au premier plan de division. Les rapports sont changés parce que le deuxième sillon apparaît au lieu et place du troisième. Du reste , dans un œuf à segmentation totale , il y a une loi suivant laquelle apparaissent les plans de division : « chacun d'eux coupe perpendiculairement les précédents d'ordre pair s'il est lui-même d'ordre impair, les précédents d'ordre impair s'il est d'ordre pair ». — Si on soumet les œufs de Grenouille au brassage con- tinu, la segmentation est retardée ; le brassage soumettant successivement à la force centrifuge divers points de l'œuf, il se fait un tassement lent et quel- conque des éléments vitellins. En résumé : l'œuf d'Amphibien est isotrope. La segmentation peut appa- raître en un point quelconque des deux hémisphères si on contre-balance les forces qui accumulent normalement les matériaux nutritifs au pôle clair. Les lois de la pesanteur et de l'hydrostatique interviennent dans le triage des éléments vitellins, triage qui s'effectue plus rapidement dans les œufs au repos que dans les œufs fécondés. Les lois cTHertwig règlent rigoureusement la segmentation. Il y a deux rapports fixes entre le premier plan de division et l'axe embryonnaire : normalement parallèle au premier plan de division, l'embryon s'oriente perpendiculairement à lui si la marche de la segmenta- tion est troublée mécaniquement. Ces conditions mécaniques sont la cause du changement et non pas le fait que le deuxième sillon apparaît le premier. L'auteur a vérifié également ces faits chez quelques Poissons téléostéens. La première segmentation de l'œuf détermine ici un axe primitif perpendicu- laire au sillon. La compression ne peut changer l'orientation de l'axe em- bryonnaire qui reste parallèle à l'axe primitif. Ici encore, la position de l'œuf est réglée par les lois de la pesanteur, et de l'hydrostatique. Le premier sillon est toujours vertical. Quant à l'ébauche embryonnaire, elle peut oc- cuper toutes les positions, mais dans un rapport déterminé avec le premier sillon. En somme, chez les Poissons comme chez les Amphibiens, l'œuf est iso- trope. 11 y a toujours un rapport entre le premier sillon et l'axe embryon naire, rapport « qui représente quelque chose de fatal ». Les lois d'Hertwig V. — ONTOGENESE. 107 sont toujours rigoureusement applicables. On doit admettre le principe suivant : « Chez les œufs sphériques à segmentation totale qui ont les deux premiers sillons verticaux et le troisième horizontal, le premier plan de division passe par le plan de symétrie du futur embryon. — Chez les œufs à segmentation partielle et discoïdale , qui n'ont pas le troisième sillon perpendiculaire aux 2 premiers, le premier plan de division est perpendi- culaire au plan de symétrie du futur embryon. » L'auteur n'admet ni les théories préformationistes, ni la mosaïque, et ad- met des relations élémentaires plutôt que des « développements atypiques » compliqués de « postgénérations » . 2° Blastoderme et parablaste. — En ce qui concerne l'individualisation des éléments blastodermiques, l'auteur a pu suivre l'élaboration dans le vitellus de granules à réactions chromatiques dont il a pu voir l'incorporation aux noyaux. Dans le parablaste se produisent des divisions actives, véritable- ment mitosiques, à fuseaux entourés de plasma éosinophile. 3° Evolution de la fonction respiratoire. — Les œufs de Poissons évoluent normalement à l'air humide, et n'empruntent pas à l'eau de matériaux so- lides. Les gaz de la respiration sont donc le principal, peut-être l'unique déchet éliminé. Dans ce cas une courbe respiratoire doit marquer les oscil- lations de l'activité vitale. On peut facilement débarrasser l'air humide de l'acide carbonique éliminé par des tubes de Petenkofer à baryte. Si on étudie la courbe d'élimination de CO2, on constate une baisse à un stade qui précède l'extension du blastoderme à la surface des réserves vitel- lines, et une deuxième baisse après l'occlusion du trou vitellin. La courbe s'élève pendant la segmentation. De même l'extension du revêtement ecto- dermique est accompagnée d'un relèvement de la courbe. Le ralentissement des échanges respiratoires est produit par un changement complet dans les allures du parablaste , par l'arrêt de la segmentation qui se localise sur les bords. En un mot, V extension du blastoderme à la surface du vitellus est fatale et liée aux conditions nutritives. L'ensemble de ces phénomènes, qui, avec les faits d'histolyse, de phagocy- tose, de diapédèse , avec toutes les conditions anatomiques qui diminuent les échanges et accumulent CO2 à l'intérieur de l'organisme, constitue une vé- ritable théorie des métamorphoses par l'asphyxie, montre toute l'impor- tance des échanges gazeux qui sont le critérium (mais peut-être pas le seul) de l'activité intérieure. [X] — A. Labbé. 11. Child. — Note préliminaire sur la segmentation de Vœuf d' Arenicola cristata, avec remarques sur la, théorie de la mosaïque. — Child étudie la segmentation de l'œuf chez Arenicola, Amphitrite et Stemaspis, et compare ses résultats avec ceux de Wilson chez Xereis; les quelques différences remar- quées peuvent se résumer en ceci : 1° des organes homologues des larves (paratroque) peuvent se former aux dépens de générations différentes de cellules, par exemple chez Arenicola et Amphitrite; 2° des cellules homologues et qui auront la même destinée peuvent avoir une teneur vitelline très diffé- rente : ainsi le vitellus chez Arenicola est uniformément distribué dans les ectomères, le mésoblaste et le somatoblaste, tandis que les entomères restent très petits ; c'est le contraire chez Stemaspis. où les entomères sont énormes et retiennent tout le vitellus, tandis que les ectomères et le mésoblaste restent de petites cellules; 3° des cellules homologues par leur position et leur ori- gine peuvent donner un organe chez une espèce et rien du tout chez une autre : ainsi, il se forme chez Stemaspis 16 cellules qui correspondent aux 168 L'ANNEE BIOLOGIQUE. trochoblastes primaires d'Arenicolà, et qui cependant ne donnent que de lVctoderme banal, Sternaspis n'ayant pas de prototroque; chez Arenicola, il apparaît de petites cellules correspondant exactement aux cellules du rein céphalique de Nereis; cependant Y Arenicola n'a pas de rein céphalique, et les petites cellules en question deviennent simplement de l'ectoderme. Child critique les vues de Wilson sur la mosaïque et spécialement le travail de Crampton (Voir Ami. BioL, 18%. p. 187 et 188) : la segmentation de l'œuf n"est pas la construction d'une mosaïque, répartissant les substances pour les différentes portions du corps de l'adulte ; Crampton dit avoir obtenu, il est vrai, (-liez Illyanassa des fragments de larves, en isolant des moitiés, quarts ou hui- tièmes d'œufs; mais cela n'est pas très certain; il semble bien, d'après les figures mêmes de Crampton, que dans quelques cas ses larves n'étaient pas des demi ou des quarts de larves, mais étaient devenues plus ou moins com- plètes, ce que Wilson passe sous silence dans l'apologie de ses vues. L'orga- nisme, depuis l'œuf non segmenté jusqu'à l'adulte, est une unité, et agit comme tel à tous les stades de son existence ; il y a souvent une organisa- tion visible dans l'œuf non segmenté, mais qui ne correspond aucunement à l'organisation de l'adulte; l'œuf se segmente suivant un certain mode, voulu par sa constitution intime ; la différenciation cellulaire n'est pas causée par la répartition de substances spéciales dans chaque cellule, mais est le résultat de processus agissant sur l'œuf entier [en somme, cela revient à dire que la différenciation est fonction du lieu] ; en effet, il est impossible de considérer chaque blastomère comme une unité indépendante des autres cellules; il y a un lien physiologique entre les segments de l'œuf en voie de développe- ment. — L. Cuénot. 22. Fischel. — Recherches expérimentales sur Vœufdes Cténophores. I. Dé- veloppement d'ootomats (I). — Ce travail est relatif aux débats entre préforma- tionistes et épigénistes. A vrai dire, il ne contient point de preuves nouvelles ou de valeur décisive. On sait que Chun a décrit des demi-larves de Cténophores qu'il rapporte à des embryons qui se seraient divisés en deux à un stade très jeune, et voit dans le fait que l'un des deux premiers blastomères produit une demi-larve, un argument en faveur de la préformation. Driesch et Morgan (Ann. biol., I, 220) trouvèrent chez d'autres animaux qu'un blastomère isolé au stade 2 donne un demi-embryon ayant seulement la moitié du nombre normal des bandes ciliées. Sous un certain rapport cependant, c'é- tait plus qu'une demi-larve, car il avait trois poches endodermiques au lieu de quatre qui est le nombre normal. Des expériences multipliées ont montré à Fischel qu'une fraction quelconque de l'ensemble des blastomères à un stade jeune de la segmentation donne une fraction d'embryon juste correspondante, en comptant d'après le nombre de bandes ciliées qu'elle possède en place des 8 normales. Un blastomère isolé de Beroe au stade 1, 2, 3, donne 4, 3, ou 1 des huit bandes. En ce qui concerne les trois bandes endodermiques dans un demi-embryon, F. en trouve la cause dans la position oblique que l'axe de la gastrula est obligé de prendre dans le demi-embryon. En consé- quence, le blastomère de droite au stade 2 ne doit pas donner naissance seu- lement à la masse correspondant au côté droit du corps, mais aussi (en raison du l'ait que le fond du cœcum archentérique est dévié vers le côté droit) à une partie de la substance du côté gauche. C'est dans cette partie apparte- (1) Rappelons que nous avons donné le nom tfootomie à l'opération qui a pour effet de frac- tionner un œuf non segmenté et celui ù'ootomat au fragment d'œuf non segmenté. — Y. D. et G. P.' V. — ONTOGENÈSE. 169 nant au côté gauche qu'apparaît le troisième canal. F. incline à penser que Beroe offre un bon exemple de préformation. [Il faut ajouter cependant que l'inclinaison anormale de l'archentéron est le résultat d'un effort de régula- tion tendant à rétablir la condition normale et plaide ici pour l'interprétation de Driesch et de Morgan]. — C. B. Davenport. 13. Conklin E. G.). — Développement de Crepidula : contribution à V étude des lignées cellulaires et du premier développement de quelques Gastéropodes marins. — Conklin a suivi avec une extrême minutie de détails le dévelop- pement du Gastéropode pectinibranclie Crepiduda, en prenant principalement pour objectif d'établir les lignées cellulaires depuis l'œuf jusqu'à la constitu- tion des rudiments des organes. Nous ne pouvons songer à le suivre dans ses développements, très intéressants mais seulement au point de vue de l'onto- génie spéciale, et nous devons nous borner à indiquer les conclusions auxquelles il arrive relativement à quelques-uns des problèmes généraux de l'ontogenèse. Le 1er plan sépare les moitiés antérieure et postérieure : il est donc trans- versal ; c'est le second qui sépare les moitiés droite et gauche suivant le mé- ridien sagital. Ces 4 blastomères, A, B, C, D, détachent d'eux des groupes successifs de 4 micromères ectodermiques que l'auteur appelle les quartettes et restent eux- mêmes comme micromères. Au stade à 16 cellules, il y a donc 4 macromères et 3 lots ectodermiques de 4 micromères formés successivement, qui sont les 3 pre- mières quartettes : le 1er de ceux-ci forme l'hémisphère supérieur (ombrelle ou vésicule céphalique) de la larve avec le cerveau, l'organe sensitif apical et une portion du vélum; le second forme la majeure partie du vélum, la glande coquillière et au moins une partie du pied; le troisième n'a pu être suivi d'une manière aussi précise : il ne prend pas part à la confection de l'aire du vélum et forme une partie considérable de l'hémisphère inférieur. [Tout cela, on l'avouera, n'est guère en faveur de la mosaïque vers laquelle penche l'auteur. Pour que celle-ci fût vérifiée, il faudrait que chaque groupe cellulaire provenant d'un blastomère donné, correspondît à un organe donné ou à un groupe d'organes ; il faudrait que les plans de segmentation séparassent, en même temps que les blastomères, les organes principaux de l'adulte. Or il n'en est rien, les masses cellulaires qui forment les organes ne correspondent pas du tout aux blastomères des stades jeunes; les surfaces de réparations des organes ne correspondent nullement aux plans de segmentation : le vélum, par exemple, emprunte ses éléments partie au 1er quartette, partie au second ; le pied provient partie du premier, partie du second, et ainsi des autres], La segmentation affecte un caractère spiral remarquable et, suivant l'au- teur, beaucoup plus général qu'on ne croirait. Elle est alternativement dexio- trope et Jèiotrope : le 1er plan est dexiotrope (oblique à droite), le second léiotrope (oblique à gauche), et cela détermine la direction alternativement dexiotrope et léiotrope des divisions suivantes, sans qu'il soit besoin de faire intervenir d'autre facteur causal que celui, inconnu d'ailleurs, qui a agi pour la première division. Cette cause inconnue parait être d'origine interne, non mécanique, et dépendre du cytoplasme plus que du noyau, car le caractère spiral est moins accusé pour la division nucléaire que pour la division con- sécutive du corps cellulaire. [I c a] Dans la segmentation et même durant toute l'ontogenèse, le processus suivi accuse une tendance prospective et non rétrospective, c'est-à-dire une constante orientation vers le but final à atteindre, et cette orientation est dé- terminée non par des conditions mécaniques, mais par des forces ontogéné- 170 L'ANNÉE BIOLOGIQUE. tiques que, dans notre ignorance de leur nature, nous appelons forces coordi- natrices, tendances héréditaires. [Cette proposition, que Fauteur souligne, résume une des principales conclu- sions philosophiques qu'il ait tirées de son étude. Elle nous semble, quant à nous, un peu hasardée. D'abord, parce qu'elle comporte une forte part d'impressions personnelles non susceptibles de démonstration ni même d'appréciation rigou- reuse : ainsi je demanderai à l'auteur où est le purposefullness delà formation de ses 3 quartettes, qui ne correspondent nullement à trois organes/ ou groupes d'organes ou régions naturelles de l'animal futur. Ensuite, la proposition fût- elle vraie pour Crepidula, qu'elle ne serait encore que bien hasardée, quand elle est infirmée par l'ontogenèse de tant d'autres animaux. Quant à nous, nous avons retiré de nos études une impression exactement inverse et il nous semble que pour arriver à ses fins, la nature suit le plus souvent les voies les plus détournées, les plus indirectes, gaspillant le temps et les efforts, précisément parce qu'elle obéit à chaque instant donné à des forces diffé- rentes et nullement à une force unique de direction constante. Nous compa- rerions volontiers, tout en reconnaissant ce qu'il y a de fort exagéré dans cette comparaison, la marche de l'ontogenèse à celle d'une boule sur un billard, qui n'arrive à sa position d'arrêt qu'après avoir suivi une trajectoire compliquée due aux réactions des bandes et des boules qu'elle a rencontrées]. La gastrula est d'abord entièrement symétrique. C'est seulement au moment de la formation du 5e quartette, lorsque les 3 premiers quartettes ont déjà donné de très nombreuses cellules, que l'asymétrie typique du Gastéropode turbiné se montre par le fait que, les micromères fournis par lés macromères antérieurs A et B étant égaux entre eux comme tous ceux des stades précé- dents, ceux des macromères postérieurs B et C sont inégaux, celui de droite étant plus grand ou moins ventral, en sorte que le côté gauche de la gastrula est, à partir de ce moment, plus court que le droit; et c'est là le point de dé- part de l'asymétrie future de l'animal. L'auteur indique comment elle se poursuit, mais ce sujet, malgré tout l'intérêt qu'il présente en lui-même, sort de notre programme. Dans ses conclusions générales l'auteur revient sur la signification des formes de la segmentation et, sans nier l'existence des facteurs mécaniques (tension superficielle, compression, etc.), déclare que la plupart des phénomènes qu'elle comporte sont dus à des causes internes, ce qui est certainement fort juste. Comme phénomènes inexplicables autrement que par des forces internes, il cite : la direction dexiotrope et léiotrope de deux premiers plans avec l'alternance régulière qu'elle entraîne juqu'à un stade avancé du dévelop- pement, correspondant à une structure primitive radiaire ; la substitution à un moment donné d'une structure bilatérale par renversement du sens de la division ; la division inégale de cellules homogènes; le fait que certains blas- tomères croissent beaucoup et se divisent peu, tandis que d'autres font l'in- verse; enfin, la formation de l'ectoderme par 3 quartettes et la formation du mésoderme par le 4e quartette. Il reconnaît lui-même que la distinction dos facteurs mécaniques et des facteurs internes par leurs effets est difficile à établir. Il nous semble que son mémoire en est la preuve, ce qui ne l'empêche pas d'ailleurs d'être tout à fait remarquable par d'incontestables qualités. — Yves Del âge. 14. Conklin (E. G.). — Segmentation et différenciation. —Ce mémoire est une critique pénétrante des relations de la segmentation avec le développement basée sur l'étude du développement normal. C. admetdeux types de segmen- tation réunis d'ailleurs par des intermédiaires. Le premier est le type mosaïque V. — ONTOGENESE. 171 vrai, dans lequel les plans de clivage suivent les lignes de séparation des or- ganes; le second est celui dans lequel les plans de clivage n'ont point de re- lations fixes ou importantes avec des intervalles des organes futurs même quand les parties de l'embryon ont déjà leur place déterminée dans l'œuf, ou dans lequel il n'y a pas de relations nécessaires entre les blastomères et les futurs organes, chacun des blastomères étant alors totipotent. Le premier type peut être appelé segmentation déterminée, le second segmentation indé- terminée. Les cas dans lesquels l'expérience montre une absence de préfor- mation dans le germe, sont principalement ceux des œufs de type indéter- miné. Le type déterminé est représenté par des Mollusques. Là, de bonne heure, à chaque blastomère correspond un lot d'organes spécifiques qu'il devra former sans pouvoir s'écarter de l'évolution qu'il a à subir. La con- stance avec laquelle des cellules déterminées donnent naissance à des feuillets, régions, ou organes déterminés est le caractère fondamental de ce type de segmentation. « La raison pour laquelle un blastomère donné apparaît en un certain point, se développe suivant une ligne définie et finalement donne naissance à une partie déterminée, est au fond la même que celleApour laquelle l'œuf d'un animal donné subit une évolution définie pour engendrer un orga- nisme déterminé. En ce qui concerne la loi de l'homologie cellulaire dans la segmentation déterminée, l'auteur reconnaît aux faits une conformité plus ou moins stricte avec cette loi. Chez les diverses espèces du genre Crepidula, les œufs sont de taille très différente, et néanmoins le nombre et les relations des blastomères sont identiques jusqu'au stade à 52 cellules. Il y a de même entre les divers Polyclades, Annélides et Gastéropodes une étroite et re- marquable ressemblance, dans la segmentation; par contre, chez des espèces voisines, chez les Crustacés par exemple, se rencontrent des modes de segmen- tation profondément différents. Ainsi, il existe une homologie des blastomères, mais elle n'est pas générale. Lorsqu'elle existe, les premiers stades de la segmen- tation ont plus d'importance à titre d'indication phylogénétique que lors- qu'il en est autrement. — C. B. Davenport. 55. Treadwell. — La segmentation de l'œuf de Podarke obscura. — Tread- well décrit la segmentation égale de l'œuf de divers Annélides, Podarke, Le- donotus, Sthenolais et Hydroides , et la compare avec les segmentations inégales étudiées chez Arenicola, Amphitrite, etc. Il semble ressortir de cette comparaison que les conditions mécaniques ne jouent qu'un très faible rôle dans la régulation des divisions cellulaires : certaine cellule (x l--) apparaît exactement de la même façon dans les deux cas, bien que dans les œufs à segmentation inégale, il y ait de grandes cellules mésodermiques et entoder- miques qui doivent exercer une pression considérable sur celles qui les entou- rent, tandis que dans les œufs à segmentation égale c'est au pôle animal que se trouvent les plus grandes cellules de l'embryon. Dans les deux cas on trouve aussi une cellule D, qui sera l'origine du tissu mésodermique, et qui est très grande dans le type inégal, très petite chez Podarke; Treadwell pense que cette différence est due à ce que chez Podarke, la larve Trochophore est petite, à parois minces ne renfermant que très peu de conjonctif, tandis que chez les autres, il y a un conjonctif abondant à développement rapide ; la cellule D, dans ce dernier cas, renfermerait une quantité considérable de la subs- tance caractéristique du tissu conjonctif (ne différant pas d'ailleurs qualitati- vement de la cellule D de Podarke), et sa grande taille serait due à l'accu- mulation de ce matériel. [Bien que Treadwell ne le dise pas formellement, il parait partisan de l'existence d'une différenciation complexe dans le cytoplasme de l'œuf, avant 172 L'ANNEE BIOLOGIQUE. la segmentation, et de la répartition des substances caractéristiques dans les différents blastomères]. — L. Cuénot. 50. Samassa (P.). — La segmentation des œufs d'hiver des Cladocêres. — D'après Weismann et Ishikawa, la segmentation des œufs d'hiver des Daph- nides suit le même type que celle des œufs d'été, jusqu'au stade à seize élé- ments, la segmentation du noyau s'effectue dans la profondeur. Selon Hacker, la segmentation des œufsd'hiver de Moi nu serait superficielle, déterminant un blastoderme continu. Samassa étudie une riche série d'œufs d'hiver de Moina paradoxa fixés à tous les stades de révolution et arrive à la conclu- sion surprenante que : la segmentation des œufs d'hiver de Moina n'est pas superficielle mais totale. Au stade à deux éléments, les limites des cellules sont assez difficiles à distinguer; au stade à quatre blastomères, elles sont très nettes à la périphérie, moins nettes au centre ; aux stades suivants elles sont frappantes de netteté. Jusqu'au stade à trente-deux éléments les divisions sont radiaires, à partir de là elles sont à la fois radiaires et tangentielles, finale- ment, on a une couche épithéliale entourant une masse de cellules centrales ; les cellules épithéliales se divisent plus rapidement que les centrales. Les coupes transversales montrent que les éléments périphériques sont cylindriques, allongés, pourvus de granulations vitellines comme les éléments centraux mais en moins grande abondance; les cellules du centre sont grandes, arrondies et très riches en vitellus, ce sont de véritables cellules vitellines. Il est à remarquer que les œufs desséchés fixés tels quels montrent diffici- lement les limites des blastomères ou même pas du tout; de plus, ils ont une forme fréquemment anormale : allongée, naviculaire; ce sont, sans doute, de semblables œufs qui ont fourni à Hacker les figures qu'il décrit. La même structure se retrouve chez les œufs d'hiver de Daphnia pulex qui se prêtent mieux à l'étude des derniers stades du développement. La marche de ces derniers stades est analogue à celle des œufs d'été. Les cellules vitellines ne contribuent pas à la formation de l'intestin; elles subissent le même sort que celles des œufs d'été, une partie donne le corps adipeux, l'autre est résorbée. L'auteur a pu reconnaître au cours du développement un feuillet interne dépendant de l'ectoderme, sans différenciation évidente en endoderme et mésoderme. La segmentation totale des œufs d'hiver des Cladocêres. qui rappelle celle des Branchiopodes, apparaît comme un processus palingénétique si on la com- pare à la segmentation cœnogénétique superficielle des œufs d'été. Jusqu'à quel point la formation des éléments vitellins eux-mêmes est-elle palingéné- tique? Il est difficile de préciser tant que nous n'aurons pas une connaissance plus ample du développement des Branchiopodes. Quoi qu'il en soit, ce cas montre que la segmentation totale ou partielle ne dépend pas que de la richesse en vitellus, car les œufs d'hiver de Moina, volumineux et riches en vitellus, se segmentent totalement, tandis que les œufs d'été, petits et oligolécilhes, se seg- mentent superficiellement. [I, c] — L. Terre. 8. Butschinsky (P.). — La segmentation de l'œuf et la formation du blastoderme de Nebalia. — Les œufs de Nebalia, très riches en vitellus, se di- visent d'abord selon le mode centrolécithe, puis tous les noyaux gagnent la périphérie, se localisent à l'un des pôles de l'œuf et forment, lorsqu'ils ont atteint la couche protoplasmique superficielle, de grandes cellules granu- leuses pourvues d'un volumineux noyau. Il est fréquent, en outre, de trouver, disséminées à la surface, deux ou trois petites cellules éloignées de la ré- gion polaire. Le vitellus nutritif ne se segmente pas et ne renferme pas de V. — ONTOGENESE. 173 noyau. Les blastomères, par une multiplication active, forment une calotte qui recouvre progressivement l'œuf. A la fin de l'extension du blastoderme, les petites cellules isolées se divisent également et prennent ainsi part à la for- mation de ce feuillet. Finalement l'œuf est constitué par une assise périphé- rique de blastomères et une masse vitelline centrale. Chez les Crustacés, c'est un type intermédiaire entre la segmentation totale et la segmentation superficielle. — L. Terre. 30. Hertwig (O.). — Sur quelques mëcanomorphoses produites pur la force centrifuge sur des œufs de Grenouilles fécondés. — On peut désigner sous les noms de mécano-, thermo-, chimiomorphoses, les modifications subies par l'embryon sous l'influence d'actions mécaniques, thermiques, chimiques. — On sait que l'œuf de Grenouille est formé de diverses substances de densités différentes : protoplasma, noyau, plaquettes vitellines. Celles-ci sont les plus denses, le noyau est la partie la plus légère. Dans l'œuf normal ces éléments constitutifs sont répartis de telle sorte que l'œuf présente une différenciation polaire : on y distingue un pôle animal, tourné en haut, surtout protoplas- mique et renfermant le noyau, et un pôle végétatif riche en vitellus, dirigé en bas. Les expériences ont été instituées dans le but de voir si l'on pouvait accentuer encore cette polarité sous l'influence de la force centrifuge, sans pour cela empêcher le développement, — en somme, amener l'œuf à un état analogue à celui des œufs des Poissons, des Reptiles et des Oiseaux, où le protoplasma avec le noyau ne forme plus qu'un petit disque au pôle animal (œufs méroblastiques, à segmentation partielle). L'auteur a réussi à faire passer dans une certaine mesure l'œuf holoblastique de Grenouille au type méroblastique, en soumettant des œufs, qui venaient d'être fécondés, à l'ac- tion d'une force centrifuge assez forte. Dans les expériences sur des œufs de Rana esculenta. l'appareil marchant à 145 tours par minute, les œufs conte- nus dans un tube placé à environ 17 cm. de l'axe se développaient réguliè- rement, ceux places à 39 cm. étaient troublés au point de ne pas donner de divisions cellulaires, mais ceux situés à 24 et 32 cm. se développaient en présentant des modifications intéressantes : ils se comportaient comme des œufs méroblastiques et la segmentation, au lieu d'être totale, n'intéressait plus que la moitié animale de la sphère, l'autre moitié (ou le tiers) restait in- divise. Après 24 heures de rotation, on a des œufs au stade de blastula qui se présentent tout autrement que les œufs développés normalement. Sur une coupe médiane, on observe deux parties bien distinctes, souvent nettement sé- parées par une ligne régulière : undisque formé de nombreuses petites cellules au pôle animal, et au-dessous une masse vitelline indivise; au milieu du disque germinatif se trouve le blastocœle, sous forme d'une petite cavité dont le toit est formé d'une seule assise de cellules aplaties, tandis que normale- ment il y en aurait deux ou trois. Bien plus, au-dessous du disque germinatif on trouve une mince couche de vitellus nutritif avec quelques gros noyaux lobés, bien différents de ceux des cellules embryonnaires, en un mot une couche à mérocytes analogue à celle qui se développe dans les œufs méro- blastiques. La ressemblance est poussée jusqu'aux détails, et les œufs préparés montrent aussi une aire pellucide et une aire opaque. — L'explication de ces modifications est donnée par l'étude des préparations qui montrent toutes les grosses plaquettes vitellines, les plus lourdes, accumulées au pôle végétatif; la teneur du protoplasma en vitellus a dû diminuer au pôle animal et il est vraisemblable que le noyau fécondé, partie la plus légère, a dû se trouver plus près de ce pôle : la moitié végétative, privée de noyau, n'a pu se diviser en cellules. 174 L'ANNEE BIOLOGIQUE. Malgré ces modifications profondes, les œufs n'ont pas perdu la faculté de se développer. Si on les laisse dans le centrifugeur, ils meurent au bout de quelques jours, sans dépasser beaucoup le stade de blastula, en montrant un commencement de gastrulation. Mais si on les retire au bout de 24 heures ou même de 2 jours, ils se transforment en gastrula et donnent des embryons • liez lesquels les monstruosités ne sont pas rares, en particulier le spina bi- fhlti. qui apparaît dans les œufs de Grenouille sous les influences nuisibles les plus différentes. — Ces expériences ont donné lieu à d'autres observations secondaires, entre autres à celle-ci, que sous l'influence de la force centrifuge les cellules embryonnaires s'allongent et s'ordonnent en séries incurvées, décrivant des courbes d'autant plus accusées qu'elles sont plus écartées de l'axe de l'œuf (observation fréquente sur l'œuf de Rana fusca). — Ct. Saint- Remv. 10. Chiarugi et Livini. — De l'influence de la lumière sur le développe- ment des œufs de Batraciens. [XIV b p] — Les auteurs ont expérimenté avec des œufs à divers stades de Salamandrina perspicillata , en prenant bien soin de maintenir les témoins et les œufs en expérience dans une eau à même température, afin de ne faire varier que le facteur lumière. Dans 14 expé- riences, des œufs plus ou moins avancés ont été placés les uns à l'obscurité, les autres à la lumière; dans douze cas, il n'y a pas eu de différence bien nota- ble ; les œufs tenus à l'obscurité se sont développés généralement un peu moins vite que les autres, mais cela n'était même pas constant; par contre, dans deux expériences où les embryons plus avancés étaient au stade de la gouttière médullaire, il y a eu une différence considérable : au bout de sept jours, les œufs éclairés avaient donné des larves de 9mm, tandis que les larves de l'autre lot avaient au plus 3 mm, et un certain nombre de ces der- nières présentaient des anomalies du canal médullaire. Il semble donc que l'absence du stimulant lumière ralentit et trouble le développement, au moins chez les larves à un certain stade critique; lorsque les larves ont une lon- gueur de lcm, l'obscurité n'a plus d'effet sur elles. Des œufs et embryons élevés à la lumière violette comparativement avec des lots tenus à l'obscurité évoluent irrégulièrement, mais bien plus vite et plus complètement que ceux-ci ; des œufs élevés à la lumière violette compa- rativement avec la lumière ordinaire se développent un peu moins vite que les autres , la lumière violette étant pour ses effets intermédiaire entre la lumière ordinaire et l'obscurité. Les auteurs ont ensuite examiné l'influence de l'obscurité sur la pigmen- tation des embryons. On sait que les œufs normaux ont une coloration diffuse plus ou moins foncée au pôle supérieur; quand l'œuf se développe, la colo- ration s'atténue progressivement; puis apparaissent (larves de 8mm ) des chro- matophores noirs, d'abord isolés, qui se multiplient de plus en plus. En gé- néral , les larves éclairées sont notablement plus pigmentées que les larves tenues à l'obscurité, les taches noires des premières étant à la fois plus grandes, plus foncées et plus nombreuses. Le phénomène est très net lors- qu'on transporte à la lumière des larves tenues jusque-là à l'obscurité, ou vice versa : au bout de quelques jours, un effet visible est produit, l'obscurité amenant à la fois une rétraction des prolongements des chromatophores et une réduction de leur nombre et de la quantité de pigment. La lumière violette paraît aussi exercer une action décolorante notable, tandis que la rouge n'a aucune influence. Si on confronte ces résultats avec ceux des auteurs précédents, Hermann et Flemmin». Ann. biol., II, 1896, p. 391), on constate qu'il y a très sou- V. — ONTOGENESE. 175 vent désaccord ; chez Rana temporaria . la lumière violette agit comme la lumière ordinaire , la rouge comme l'obscurité, tandis que cette espèce se comporte comme Salamandrina au point de vue de l'influence respective de la lumière et de l'obscurité. Les larves de Salamandra maculosa restent noires à une obscurité relative et se décolorent à la lumière blanche. Il est possible que ces différences doivent être attribuées à la différence des espèces mises en expérience , qui peuvent très bien réagir d'une façon spéciale à un même excitant. — L. Cuéxot. 41. Quajat. — Recherches sur les produits de respiration des œufs du Ver à soie. [XIV 2 b 3] — Les œufs du Ver à soie sont annuels, comme on sait; pondus au début de l'été, ils éclosent au printemps suivant, après avoir hiverné. La durée du développement peut être considérablement abrégée quand on les soumet à la pluie électrique, pendant un temps variable ne dé- passant pas un quart d'heure. Les œufs sont placés sur un plateau métallique isolé, en communication avec l'un des pôles d'une machine électrique de Holtz; on passe et on repasse au-dessus d'eux, à courte distance, un petit pin- ceau métallique en communication avec l'autre pôle. Les œufs ainsi électrisés donnent des éclosions complètes et régulières au bout de 9 à 10 jours, suivant la température ambiante (de 24 à 29° C), de sorte qu'avec cette méthode, on peut exécuter dans l'année deux et même trois élevages de la même race. En connexion avec cette évolution organogénique d'une si grande rapidité, on peut noter une augmentation considérable de la vapeur d'eau et de l'acide carbonique rejetés par les œufs électrisés, comparativement aux œufs nor- maux. — L. Cuénot. 53. Schultze (O.j. — Xonvelles recherches surla nécessité du rôle de la pesan- teur dans le développement. — W. Roux a mis autrefois des œufs de Grenouille sur un clinostat: il les a fait tourner autour d'un axe horizontal, avec une durée de révolution de 1 à 2 minutes, et un rayon de 1 à 8 centimètres. Les axes des œufs dirigés à l'origine en une position quelconque se seraient re- trouvés après l'expérience en des directions aussi variées. Il en conclurait que la pesanteur n'agit pas sur le développement. 0. Schultze avait constaté dans ses expériences de retournement de l'œuf, que toutes les fois que la pesanteur agissait non normalement, c'est-à-dire que Taxe faisait un angle avec la verticale, le développement était troublé. L'embryon mourait ou était anormal. Il a donc repris l'expérience de Roux dans des conditions où il pou- vait observer les œufs sans arrêter le mouvement de l'appareil, avec une durée de révolution de 2 à 3 minutes et un rayon de 5 centimètres. Il a remarqué qu'au bout de 2 heures environ, quand le tube contenant les œufs se trouve au bas de sa course, tous les axes sont dirigés selon la verticale, et que, pen- dant la rotation, ils conservent le pôle clair plus pesant en bas, en corrigeant sans cesse le changement de position par une rotation de leur axe. L'action de la pesanteur sur l'œuf de Grenouille est donc évidente, et il est nécessaire pour que le développement ne soit pas troublé que cette action continue à s'exercer normalement. — Dans la discussion qui suit la communication, M. Bonnet fait observer que cela n'est vraisemblablement applicable qu'aux œufs plus ou moins riches en vitellus, se développant dans l'eau, et non aux petits ovules des Mammifères. — E. Laguesse. 42. Regnault (Félix). — Mécanisme de la formation des sillons osseux pour le passage des tendons . — Observation sur le péroné et sur le tibia du Dr Pouble, médecin de Voltaire. Ces os ont leurs gouttières des péroniers latéraux beaucoup plus profondes que d'ordinaire. Cause : ostéoporose sénile qui a rendu l'os moins résistant à la pression des tendons des muscles péroniers latéraux. — J. Deniker. 43. Regnault ^Félix). — Des varia/ions morphologiques des apophyses épineuses dans les déviations vertébrales. — Confirmation par quelques obser- vations nouvelles de ce fait que : quand les courbures de la colonne vertébrale s'exagèrent sous une influence pathologique (mal de Pott. rachitisme etc.), la forme des vertèbres et notamment des apophyses épineuses se modifie par action mécanique, en dehors de toute altération pathologique. — J. Deniker. 44. Regnault (Félix). — Variations des empreintes intr a- crâniennes. — Quelques exemples de modifications pathologiques de la boîte crânienne par reflet de l'influence des organes qu'elle contient (cerveau, artères, sinus veineux etc.) sur l'intensité des empreintes. L'attitude vicieuse contribue à augmenter les empreintes du côté vers lequel penche la tête. — J. Deniker. (J. Caullery et Mesnil. — Études sur la morphologie comparée et la pliylogênie des espèces chez les Spirorbes. — Les Spirorbes sécrètent des tubes enroulés en spirale, soit dextres. soit sénestres, dans lesquels l'animal est placé de telle façon que ses deux côtés correspondent aux côtés concave et convexe de la spire. L'animal lui-même est asymétrique comme les Gas- téropodes et les Pagures : les parapodes situés du côté concave sont plus dé- veloppés et plus nombreux que ceux du côté convexe; les viscères (tube digestif et ovaire) sont rejetés du côté convexe. Caullery et Mesnil attribuent cette asymétrie à une adaptation (au sens lamarckien du mot) à l'habitat spiral. — L. Cuénot. 46. Retterer (Ed.). — Histogenèse du tissu réticulé aux dépens de Vépithé- lium. — Discussion. — Analysé avec le suivant. 54. Stohr (Ph.). — Sur le développement des follicules lymphatiques intes- tinaux. — Discussion. — D'après Retterer, les follicules clos apparaissent à l'état d'ébauches épithéliales, qui passent bientôt à l'état de tissu réticulé sans intervention d'éléments étrangers : il n'y a pas d'immigration de glo- bules blancs. A toutes les périodes de la vie, le tissu épithélial peut se trans- former en tissu réticulé et fournir à l'organisme des leucocytes et du plasma résultant de la fonte d'une portion du protoplasma des cellules épithéliales. — Cette opinion sur la non-intervention des globules blancs extérieurs est combattue par divers histologistes dans la discussion qui suit cette commu- nication, et surtout par Stôhr. — G. Saint-Remy. 50. Unna. — La nature épithéliale des cellules nœviennes. — Discussion. — Les cellules meviennes constituent une enclave épithéliale dans le tissu conjonctif. Ce.s cellules se présentent rarement isolées, en général en masses variables, au sein d'un tissu conjonctif ordinaire, dont elles ne sont pas séparées. Ces groupes offrent deux caractères épithéliaux : la forme vêsicu- leuse des cellules et le volume du noyau, puis l'absence de fibres conjonc- tives entre elles;, mais d'autre part, ils se distinguent de l'épithélium qu'on observe sur les mêmes coupes par le défaut de coloration du protoplasma et par l'absence complète de fibres épithéliales. La preuve de leur origine épi- théliale est fournie par l'étude des tumeurs sur les nouveau-nés et les jeunes enfants, où l'on peut suivre le processus de séparation : bourgeonnement V. — ONTOGENÈSE. 177 épithélial, métaplasie de l'épithélium , c'est-à-dire molification intime du protoplasma épithélial, enfin pénétration clans le tissu conjonctif de la peau , qui, lui, reste entièrement passif. Les cellules ngeviennes de l'adulte se développent aussi en partie aux dépens de la matrice de 1'épiderme. Cette théorie est toute différente de la théorie épithéliale des follicules lymphoïdes, car les cellules neeviennes restent toujours épithéliales, et, dans le cas de formation de tumeurs malignes aux dépens des naïvi, elles se comportent absolument comme les cellules épithéliales cancéreuses. — G. Saint-Remy. 51. Schaffer (J.). — Remarques sur V histologie et V histogenèse du cartilage des C 'y clos tomes. — Certaines de ces remarques, qui portent sur un précé- dent travail de l'auteur (Zeitschr. f. wiss. Zool. lxi, 1896) et sur un mémoire de Studnicka (Arch. f. mikr. Anat. xlviii, 1896), sont d'un intérêt général, et méritent de trouver place ici. — Les cellules formatrices du cartilage, outre une faculté productrice qui leur permet de sécréter de la substance cartilagineuse, ont une propriété assimilatrice, grâce à laquelle elles peuvent assimiler le tissu qui leur est interposé et le transformer en substance fondamentale chondrogène. [I b] D'accord avec Studnicka, Schaffer dit que la capsule cartilagineuse même peut subir cette transformation. De telles régressions jouent un grand rôle dans l'édification du cartilage définitif, chez la Myxine par exemple. Relativement aux rapports génétiques du tissu cartilagineux avec les subs- tances conjonctives de soutien, Schaffer est d'un avis diamétralement opposé à celui de Studnicka. Ce dernier prétend que diverses formes, déjà très dif- férenciées, de tissus de soutien peuvent se transformer en cartilage. Schaffer au contraire montre que, lors par exemple de la métamorphose de l'Ammo- cète, le nouveau cartilage qui se forme au sein de différents tissus ne naît jamais par transformation directe, par métaplasie, du tissu larvaire, mais qu'il se fait en ces points une néoformation ou une immigration de petites cellules protoplasmatiques, qui sont des éléments chondroblastiques spéciaux : les anciens tissus ne servent que de substratum à la production cartilagi- neuse nouvelle. A signaler encore le sort des éléments fibreux, dans la chondrincation qui s'opère alors. Les fibres élastiques se transforment totalement en substance cimentante amorphe. Quant aux fibres conjonctives, sans subir de modifi- cations chimiques essentielles, elles se fondent dans cette même matière cimentante; cela explique dans le cartilage définitif des Vertébrés supérieurs la fibrillation de la substance fondamentale cartilagineuse et la présence de vraies fibres conjonctives dans son épaisseur. — A. Prenant. 33. Klaatsch (H.). — Sur la corde et les gaines cordales des Amphilnens. — C'est un fait intéressant à un point de vue général que celui de la mutation d'une forme de tissu dans une autre, surtout lorsqu'il s'agit de tissus qui sont t^ès éloignés l'un de l'autre morphologiquement et par leur origine. Or c'est précisément ce que Klaatsch a constaté en étudiant l'évolution de la corde dorsale chez les larves des Amphibiens et celles spécialement de Sa- lamandra atra. Il a vu qu'il se produit dans le tissu cordai, au niveau du milieu du corps vertébral, des îlots épars de cartilage et aussi un bourrelet annulaire partant de la périphérie : ce dernier, s'unissant aux îlots, forme un septum cartilagineux qui occupe toute l'épaisseur du corps vertébral. Les cellules cartilagineuses se forment surtout aux dépens de cellules cordales encore indifférentes, mais elles peuvent aussi dériver de cellules déjà vacuo- L' ANNÉE BIOLOGIQUE, III. 1897. 12 178 L'ANNEE BIOLOGIQUE. lisées et différenciées. Les cellules cordales non transformées sont compri- mées et étouffées par les foyers cartilagineux formés. L'auteur insiste sur l'intérêt de ces faits histogénétiques. Il rappelle que V. Ebner a vu que la gaine cordale tibrillaire est exactement semblable à la substance fondamentale du tissu conjonctif, que v. Sciimidt a constaté chez les Vertébrés supérieurs que l'extrémité postérieure de la corde est un foyer de prolifération et une source du tissu de soutien, que v. Ebner a observé dans le crâne la transformation directe de la corde en cartilage. [Saint-Reuy, que Fauteur ne cite pas. a constaté les mêmes faits à l'extrémité antérieure de la corde]. Il fait remarquer que chez l'Amphioxus la corde dorsale est le seul représentant du tissu de soutien primitif. L'aptitude de la corde dorsale à se différencier dans divers sens, remarquée déjà de v. Ebner, donne à penser que cet organe joue dans l'édification du squelette un rôle plus con- sidérable qu'on ne Lavait supposé; l'endoderme, par l'intermédiaire de la corde, interviendrait largement dans la production des tissus de soutien. Dans la discussion qui suit l'exposé de Klaatsch, Schaffer révoque en doute une partie des faits avancés par Klaatsch: pour lui, par exemple, il n'y a que les cellules indifférentes de l'épi thélium cordai qui puissent se transformer en cellules cartilagineuses. — A. Prenant. 24. Gardner. — Contribution à la question de l'histogenèse du tissu élas- tique. — Au sujet de cette question si controversée, deux théories sont en présence; l'une attribue au tissu élastique une origine cellulaire directe, l'autre le fait dériver de la substance fondamentale ou intermédiaire. — Pour la résoudre, Gardner s'adresse à un matériel de choix : les enveloppes fœ- tales de divers Mammifères (Porc, Brebis, Lapin, Cobaye) qui, par leur évolu- tion rapide et dilatée, permettent de suivre la différenciation de l'élastine dans ses détails. Les éléments des enveloppes, d'abord séparés par une masse de substance intermédiaire, s'anastomosent entre eux, leur cytoplasme élabore la substance élastique sous forme de granulations généralement sphériques ; ni le noyau ni la substance intermédiaire ne participent à cette formation. Les granulations élastiques s'alignent ensuite en files grêles à l'intérieur de la cellule et de ses prolongements anastomotiques. Puis les cellules régressent et les fibres élastiques dérivant de cellules voisines s'unissent en une fibre épaisse à la- quelle s'accolent de distance en distance d'autres fibres composées. La sec- tion de la volumineuse fibre définitive est égale à la somme des sections des composantes. En aucun cas on n'observe de croissance active des fibres dans la substance extraprotoplasmique. En un mot, le tissu élastique est d'origine intracellulaire et purement protoplasmique. — L. Terre. 23. Franz (K.). — Sur le développement de Vhypocorde et du ligament longitudinal ventral chez les Téléostêens. — On pensait avoir dans la forma- tion du ligament longitudinal ventral aux dépens de l'hypocorde. admise par Salensky, Klaatsch et v. Kupffer, un exemple remarquable de tissu fibreux (ce ligament), dérivé très directement de l'épithélium endodermique (l'hypocorde, elle-même, étant produite par la paroi intestinale). D'après les recherches de Franz, l'origine de ce tissu fibreux n'est pas endodermique mais mésenchymateuse, l'hypocorde n'ayant aucune relation avec la forma- tion du ligament ventral longitudinal. — A. Prenant. 35. Maurer. — Vaisseaux sanguins dans Vépithélium. — Chez plusieurs Amphibiens (Rana, Bufo, Hyla, Salamandra, Triton), l'épithélium buccal, V. — ONTOGENESE. 17(J et particulièrement l'épithélium palatin, qui est stratifié, et formé de cellules superficielles ciliées entre lesquelles sont enclavées des cellules muqueuses, renferme un grand nombre de capillaires, qui sont absolument intraépithé- liaux et proviennent d'un réseau sous-épithélial très développé. Il est digne de remarque que la vascularisation sous et intra-épithéliale est strictement limitée à la partie muqueuse et ciliée du revêtement buccal et s'arrête net à Tépiderme qui revêt les bords des maxillaires. Tel est le fait, qui sert à Maurer de substratum à plusieurs considérations intéressantes. Au point de vue histologique. la vascularisation de l'épithé- lium est l'exagération des voies intercellulaires dans lesquelles s'engagent si souvent les cellules lymphatiques et pigmentaires; un épithélium ainsi pourvu de vaisseaux et remanié par eux n'est plus un simple épithélium , mais un tissu d'un ordre plus élevé. Au point de vue anatomo-comparatif et au point de vue physiologique, la constatation du fait énoncé ci-dessus a suggéré à Maurer l'idée d'un curieux phénomène de transfert de fonction. On sait qu'il existe des formes d'Amphibiens (Desmognathus, Plectodon, di- verses Salamandrinesj qui sont dépourvues de poumons (Wilder, Camerano, LonnBerg), et chez qui la respiration serait cutanée et intestinale. La régres- sion de ces poumons n'a pu évidemment se faire que lorsque ces organes sont devenus inutiles, la fonction respiratoire étant prise par d'autres. Or on a toujours admis que chez la Grenouille la respiration est en partie cutanée: on a constaté chez elle l'existence d'un réseau capillaire sous-épithélial très développé, et chez Ichthyophys les Sarasin admettent la vascularisation de l'épiderme; ici enfin, dans la région buccale des Amphibiens, l'épithélium se montre vascularisé. Il est très vraisemblable que ces diverses disposi- tions sont en rapport avec la fonction respiratoire, et il serait très intéres- sant d'examiner l'épithélium buccal des Amphibiens non nulmonés. [XVII] L'apparition de capillaires intraépithéliaux n'a pas été provoquée par le besoin respiratoire. Il s'est formé d'abord un puissant réseau sous-épithé- lial, dans le but d'assurer la nutrition de l'épithélium; et îa pénétration des capillaires dans l'épithélium a été la conséquence de cette première dispo- sition. Puis, le contact plus direct du sang avec le milieu ambiant a donné lieu secondairement à des échanges respiratoires actifs, qui ont été encore favorisés par la ciliation de l'épithélium et le brassage du milieu respirable effectué par les cils. [XVII] — A. Prenant. 25. Gilson. — Cellules musculo-glandulaires et structure de la paroi du corps chez les Annèlides. — La paroi du corps d'Owenia fusiformis ne possède pas de fibres musculaires circulaires, sauf dans les somites antérieurs. Elle est dépourvue d'épithélium cœlomique distinct. Elle est formée d'une masse syn- cytiale, présentant deux différenciations bien distinctes : du côté externe, des fuseaux musculaires; du côté interne, des noyaux et du protoplasma of- frant tous les signes d'une activité sécrétoire , formant par exemple des gra- nules brunâtres analogues à ceux des cellules chloragogènes. Les deux zones musculaire et glandulaire se relient par un réticulum qui serpente entre les fuseaux musculaires et représente un reste du protoplasme non employé à l'édification de ces derniers. Il s'agit donc ici d'éléments musculo-glandu- laires, à double différenciation. Cette donnée est en harmonie avec les faits embryologiques que Fraipont (Fauna u. Flora des Golfes v. Neapel, 1887) a avancés pour le Polygordvus. — A. Prenant. 52. Schaffer (J.). — Contribution à l'histologie humaine. — 4° Lan- gue. — 5° Bouche, pharynx. — 6° Œsophage. — 7° Cardia. — Nous extrayons 180 L'ANNEE BIOLOGIQUE. de cette étude quelques faits intéressant la spécificité cellulaire et les causes de la formation des glandes. Chez un enfant de huit ans, dans une glandule muqueuse de la langue, Schaffer trouve le conduit excréteur dilaté ampulli- forme. A ce niveau, tout Fépithélium est transformé en cellules muqueuses claires. De plus on y remarque des enfoncements ou glandules intraépithé- liales, tapissées de grosses cellules muqueuses. Schaffer a déjà signalé des glandules intraépithéliales de ce genre dans la tête de i'épididyme. Il les re- trouve encore dans le conduit dilaté d'une glande œsophagienne chez un autre sujet. Mêmes enfoncements vésiculeux dans l'épithélium cylindrique cilié de la face supérieure du voile du palais de plusieurs individus, avec cette différence que parmi les cellules muqueuses on retrouve quelques cellules ciliées. Le besoin d'une augmentation de la surface sécrétante aurait vrai- semblablement conduit à la constitution de ces vésicules que l'on doit consi- dérer comme une forme glandulaire primitive. [Dans le cas des canaux dila- tés ce besoin pouvait être dû à la présence d'un calcul salivaire ou à quelque obstacle analogue]. Mais Schaffer signale un cas plus rare encore, car il ne s'agit plus d'un canal tapissé d'épithélium cylindrique. Dans un gros conduit de la sublinguale, il a trouvé et figuré dans l'épaisseur même de l'épithélium, ici pavimenteux stratifié, des amas de grosses cellules caliciformes rangées autour d'une lu- mière communiquant avec la surface. Il est extrêmement curieux, de re- trouver jusque chez l'Homme ces formes glandulaires primitives, rappelant celles décrites par Raxvier dans la muqueuse palatine de la Tortue, etc. Ce sont moins des curiosités morphologiques de hasard que des échos de dis- positions primitives. Elles seraient intéressantes à étudier pourdiscuter le mé- canisme de la formation des glandes. [Elles plaident en même temps contre la spécificité cellulaire comprise d'une façon trop absolue. La figure de Schaffer est très démonstrative. Voici des cellules qui étaient nées pour subir les transformations morphologiques et chimiques de la cellule épithéliale pavimenteuse. Arrivées dans les couches moyennes de l'épithélium, elles ont, sous l'influence probable d'un besoin lo- cal, complètement dévié, et subi non pas une transformation muqueuse ba- nale, mais une métamorphose en une espèce cellulaire absolument différente chez l'adulte : la cellule caliciforme typique]. — E. Laguesse. 37. Semi Meyer. — Expériences de section du nerf glosso-pharyngien. — Les auteurs ne sont pas d'accord sur la façon dont se comportent les neu- roépithéliums après la section des nerfs. Sur la papille foliée du Lapin, qui est exclusivement innervée par le nerf glosso-pharyngien, les anciens obser- vateurs et récemment Sandmeyer ont admis que les bourgeons du goût dis- paraissent après la section nerveuse, tandis que Baginsky met ce résultat en question. S. Meyer a constaté que, dès 30 heures après la section du nerf, de pro- fonds changements se produisent qui permettent de distinguer la papille gustative atteinte de la papille normale ; les altérations vont s'accentuant les jours suivants. Elles consistent essentiellement en ceci : les cellules proli- fèrent activement au pied des bourgeons, la limite latérale de ceux-ci dispa- rait, l'épithélium plat venu de la profondeur des sillons s'étale par-dessus les bourgeons gustatifs : tous phénomènes qui concourent à rendre méconnaissa- bles et à effacer les bourgeons du goût, dont au septième jour il ne reste plus que de rares vestiges. Ainsi, dans ces expériences, les cellules gusta- tives n'ont pas offert de phénomènes de dégénérescence; mais elles se trans- forment peu à peu en épithélium stratifié à cellules plates, qui, d'abord très V. — ONTOGENESE. 181 irrégulier, se régularise ensuite et prend les caractères ordinaires de l'épi- thélium buccal ; en même temps, les sillons entre les papilles gustatives se comblent par des cellules néoformées qui viennent de leur fond, d'où les papilles deviennent indistinctes. Voici maintenant l'interprétation biologique de ces résultats. Le fait capital, c'est que, privées de l'action trophique qui s'exerce sur elles par l'intermé- diaire du nerf glosso-pharyngien, les cellules gustatives, au lieu de dégénérer, redeviennent cellules épithéliales ordinaires. Or, Szymonowicz (Année biolo- gique, II, 165) a montré que les neuroépithéliums se différencient dans la masse des cellules épithéliales, au contact et sous l'influence des nerfs sensi- bles. Si l'influence des nerfs, qui a déterminé la fonction et par suite la forme des cellules, vient à disparaître, on comprend que se perde de nouveau la différenciation morphologique, et que la cellule redevienne ce qu'elle était sans l'influence nerveuse. — A. Prenant. 31. Hickson (S. J.). — Méduses et Millepores. —La découverte que relate cette analyse remonte à quelques années, mais elle a trop d'intérêt pour que je ne profite pas de l'occasion qui me l'a fait remarquer pour la présenter aux lecteurs de l'Année biologique. Hickson a découvert que les Millepores (Hydraires de la tribu des Hydroco- rallines, pourvus d'un polypier poreux, comme les Coralliaires en compagnie desquels ils vivent et avec lesquels ils contribuent à édifier les récifs) donnent naissance, comme la plupart des autres Hydraires, à des Méduses libres char- gées de disséminer les produits sexuels (*). Mais, tandis que, chez les Hydraires ordinaires, les Méduses naissent à des places déterminées, de bourgeons destinés à cette évolution dès leur pre- mière apparition, ici ce sont des individus ordinaires de la colonie, Hydran- thes nourriciers (gastrozoïdes) ou défenseurs (dactylozoïdes), qui se trans- forment en Méduses, alors que rien en eux n'était prédestiné en vue de cette évolution. Les spermatoblastes se développent à distance des polypes dans les canaux du cœnosarque et, de là, cheminent dans les couches épithéliales par des mouvements amœboïdes. Ils arrivent ainsi jusque dans la paroi du corps d'un hydranthe quelconque, déjà complètement différencié, adulte et que rien ne distingue des autres, et, sous l'influence de la présence dans les tissus de ces éléments germinaux, ces hydranthes subissent une transformation complète : ils perdent leurs tentacules, développent une ombrelle et un manubrium et deviennent libres à la manière de Méduses normales dont ils ne diffèrent que par une structure plus simple (absence de vélum, de tenta- cules et d'organes sensitifs. Ainsi, voilà un exemple indiscutable de cette influence de certaines cellules sur certaines autres, sur laquelle est fondée la théorie évolutionniste , et que j'ai appelée la Théorie des causes actuelles. — Y. Delage. 29. Herlitzka (A.). — Recherclies sur la différenciation cellulaire pendant le développement embryonnaire. — Dans ce travail, Herlitzka s'est proposé de déterminer les facteurs internes qui actionnent la différenciation cellulaire pendant l'ontogenèse. Les recherches de ce savant ont porté exclusivement sur les cellules endodermiques des larves de Triton cristatus avant l'éclosion. Dans les premiers stades, la couche endodermique qui donnera naissance à la paroi intestinale, comprend un réseau cytoplasmique à mailles larges ne pa- (1) Dans ce mémoire, c'est seulement pour le mâle que la chose a été vue ; mais ultérieure- ment (1898), l'auteur a découvert la même chose pour les femelles. 182 L'ANNEE BIOLOGIQUE. raissant pas se résoudre en cellules. Ce réseau renferme cle nombreux grains vitellins et des noyaux, plutôt clairsemés, dont la chromatine peu abondante se colore mal parles réactifs usuels. Chaque noyau contient un nucléole; la karyokinèse est rare, par contre la division directe est fréquente. Sur des coupes d'un embryon de 13 jours, les mensurations, s'étendant à 100 noyaux endodermiques, donnent comme valeurs extrêmes de l'aire nucléaire 24 à 78 micromillimètres carrés et comme valeur courante 36 à 55 micromillimètres carrés. Les noyaux, de forme variable, ne sont pas sphériques; les deux dia- mètres répondant à leur plan de section sont donc inégaux. Représentons le diamètre longitudinal par 100, le diamètre transversal oscillera entre 50 et 94 % du diamètre longitudinal. Herlitzka attribue une grande importance à la détermination du rapport géométrique de ces deux diamètres. Les ca- ractères cytologiques de la couche endodermique demeurent constants pen- dant plusieurs jours. Ils se modifient seulement lorsque la provision de grains vitellins accumulée au début dans l'endoderme commence à diminuer. A ce stade, la paroi intestinale se dessine davantage. Le réseau cytoplasmique ne semble pas encore se résoudre en cellules. Les noyaux sont plutôt volumi- neux et la chromatine se colore mieux. Ces noyaux se présentent sous deux formes. Les uns sont allongés, pourvus chacun de deux nucléoles, et le dia- mètre transversal oscille entre 40 et 58 % du diamètre longitudinal. Les autres, qui possèdent un seul nucléole, sont polygonaux ou plus ou moins sphériques et se disposent en chaînes. Le diamètre transversal oscille entre 60 et 100 ° o du diamètre longitudinal. Les caractères de ces deux formes de noyaux vont en s'accusant davantage cependant que la résorption du vi- tellus suit son cours, et, dans un stade précédant de peu l'éclosion, se consti- tuent deux types de cellules intestinales : les cellules de revêtement et les cellules glandulaires. A ce stade, la résolution du réseau cytoplasmique en cellules est un fait accompli. Aux cellules de revêtement, de forme allongée, répondent les noyaux allongés, moins riches en chromatine et pourvus cha- cun de deux nucléoles. Aux cellules glandulaires, de forme trapézoïde, ré- pondent les noyaux plus ou moins sphériques ou polygonaux, plus riches en chromatine et munis chacun d"un nucléole. L'aire des cellules de revêtement est sensiblement la même que celle des cellules glandulaires, tandis que l'aire des noyaux de revêtement est plus grande que celle des noyaux glan- dulaires. Telles sont les phases par lesquelles passe la différenciation cellulaire de l'endoderme jusqu'au moment de l'éclosion de la larve. Cette différenciation ne se produit pas en même temps sur toute l'étendue du tube intestinal. Elle débute à l'extrémité de ce tube pour s'étendre peu à peu à l'extrémité cau- dale de ce dernier. Il en résulte que, dans un embryon de 26 à 28 jours, nous retrouvons, en allant de la région anale de l'intestin à sa région buccale, toutes les phases de la différenciation cellulaire que nous venons de décrire. De plus, dans les larves de Triton cristatus issues de blastomères isolés, les phases de la différenciation des cellules endodermiques sont calquées sur celles des larves issues d'œufs entiers, et les aires nucléaires ou cellulaires ainsi que les rapports géométriques des diamètres se montrent identiques dans les deux cas. Cette remarquable concordance prouve que les variations géométriques ac- compagnant la différenciation cellulaire sont constantes et qu'elles sont indé- pendantes soit de l'âge de V embryon, soit de son origine, normale [œuf entier) ou anormale (blastomère isolé). — A quelle cause rapporter ces variations géomé- triques qui déterminent la différenciation cellulaire? Herlitzka y voit l'action du métabolisme, c'est-à-dire des échanges nutritifs qui s'accomplissent dans V. — ONTOGENESE. 183 le cytoplasme et dans le nucléoplasme. Lorsque la provision de vitellus accu mulée dans le réseau cytoplasmique initial s'épuise par une lente et conti- nuelle résorption, les conditions de nutrition de ce réseau et des noyaux y con- tenus se modifient. Par suite, ces modifications du métabolisme se répercutent sur le cytoplasme et sur le nucléoplasme, produisant des modifications géomé- triques et structurales correspondantes, lesquelles aboutissent à une différen- ciation cellulaire. Partant de cette donnée physiologique très simple, Herlitzka s'élève à une interprétation rationnelle de l'ontogenèse en général. Il passe en revue les principales théories qui ont été formulées en vue d'expliquer l'évolution em- bryonnaire et trouve que les plus conformes à l'ensemble des faits connus sont celles d'HERTWio et de Del âge. Tout en admettant les principes géné- raux des théories de ces deux savants, Herlitzka se propose de les compléter en déterminant avec plus de précision les facteurs du processus ontogénétique. Ces facteurs, au nombre de cinq, peuvent être rapportés à des modifications survenant respectivement dans le nombre, le volume, la forme, la position et la structure des cellules. Herlitzka étudie ces différents facteurs et montre que chacun d'eux dépend, en dernière analyse, du métabolisme de la cellule et de son^ioyau. Il est in- contestable que les quatre premiers facteurs se rattachent étroitement aux phénomènes d'intégration (anabolisme) et de désintégration (catabolisme) dont les cellules sont le siège. Cette relation est plus difficile à établir en ce qui concerne le cinquième facteur, car les variations structurales de la cel- . Iule ont leur point de départ aussi bien dans la composition chimique du pro- toplasme que dans le métabolisme même de ce dernier. Cette difficulté n'a pas échappé à Herlitzka. Il la tourne en admettant que le métabolisme à lui seul peut déterminer des modifications dans la composition chimique du protoplasme. La constitution chimique de la cellule n'est pas simplement le produit du métabolisme, mais cette constitution exerce elle-même une influence notable sur les échanges nutritifs s"accomplissant dans la cellule. Chaque protoplasma a son métabolisme spécial en rapport avec sa composition chi- mique particulière, c'est pourquoi les ovules, qui sont des cellules morpho- logiquement équivalentes, donnent naissance à des individus spécifiquement différents bien qu'évoluant sous l'influence des mêmes facteurs ontogéné- tiques. [Les cinq facteurs indiqués par Herlitzka me semblent insuffisants à expli- quer le processus de l'évolution embryonnaire et les différenciations cellu- laires qui s'y rattachent. Les recherches de ce savant ont établi comment se différenciaient les cellules endodermiques de larves de Triton, mais elles ne prouvent pas que le métabolisme soit la cause exclusive de ces différencia- tions. Les noyaux sont disséminés dans un réseau cytoplasmique initial riche en granulations vitellines et sont par conséquent soumis aux mêmes conditions nutritives. Plus tard, ces granulations se résorbent peu à peu, et se dissolvent dans le réseau cytoplasmique et, là encore, les noyaux d'une même région intestinale se trouvent plongés dans un milieu nutritif identique. Si ces noyaux ont, à l'origine, comme l'admet Herlitzka, une composition chimique semblable, le passage d'un milieu nutritif plus dense (granulations vitellines) à un milieu nutritif moins dense (dissolution des granulations) devrait exercer une action différenciatrice semblable sur tous les noyaux d'une région intes- tinale déterminée. Agissant sur un protoplasme identique, un métabolisme variable, mais dont chaque variation se représente en même temps sur un certain ensemble de cellules, doit produire des modifications morphologiques identiques. Comment expliquer alors que de deux cellules voisines, l'une 184 ANNEE BIOLOGIQUE. devienne une cellule de revêtement, l'autre une cellule glandulaire? On ré- pondra qu'il existe de petites différences dans les conditions de nutrition de ces cellules et que ces différences suffisent à expliquer le déterminisme particu- lier des modifications histologiques. Cet argument ne résout pas la difficulté, car il importe que ces différences ne soient pas seulement quantitatives mais qualitatives. Des variations quantitatives du métabolisme aboutiront à des changements dans la forme et dans le volume des cellules, mais non à des modifications structurales et fonctionnelles de ces cellules. Dans une forêt de sapins par exemple, les arbres dont les conditions de métabolisme ne sont pas identiques diffèrent les uns des autres par leur taille, par leur forme ; ils n'en conservent pas moins tous leurs caractères spécifiques. [Les facteurs ontogénétiques indiqués par Herlitzka ne permettent pas, à eux seuls, d'expliquer l'adaptation morphologique et fonctionnelle des groupes cellulaires constituant l'individu en voie d'évolution. On sait que les stimulants externes peuvent modifier la structure des cellules et leur imprimer une activité fonctionnelle spéciale. C'est le cas de la lumière sous l'influence di- recte de laquelle les organes visuels se sont différenciés. Voilà un exemple bien typique de l'action manifeste que les stimulants externes exercent sur la composition chimique des cellules et par suite sur leur métabolisme. Si, dans la phyllogénèse, l'action de la lumière a été nécessaire pour provoquer la formation de cellules visuelles spéciales, il n'en est plus de même dans l'ontogenèse. Dans la série des Vertébrés, la différenciation des cellules vi- suelles de la rétine commence à se produire relativement tôt durant le déve- loppement embryonnaire. Cette différenciation suit, dans les classes de cet embranchement, une marche semblable, et cela en l'absence d'une action stimulante de la lumière et malgré les conditions très diverses dans lesquelles les embryons des Vertébrés sont placés. Le métabolisme ne suffit pas à rendre compte de ces transformations histologiques se produisant pendant l'ontoge- nèse sans le secours du stimulant externe qui les a fait naître dans les formes ancestrales. Attribuer au métabolisme seul les différenciations cellulaires reviendrait à admettre cette proposition paradoxale que des conditions de nutrition dissemblables déterminent chez ces derniers des modifications structurales à peu près identiques. Entraîné par des conditions théoriques, Herlitzka nous paraît avoir exagéré l'importance du métabolisme comme cause de l'évolution embryonnaire et avoir trop sacrifié à ce principe physiologique les déterminants chimiques de cette évolution]. — Ed. Béraneck. Sur le même sujet : Verworn (57). 17. Le Dantec. — Le fonctionnement des tissus. — Analysé avec le suivant. 15. Cuénot. — Sur le mécanisme de V adaptation fonctionnelle. Rêj>onse à M. Le Dantec. — On sait que tout organe a un taux de fonctionnement qu'on peut considérer comme normal , et que, lorsque le fonctionnement dépasse ce taux, l'organe augmente notablement de volume et par suite de puissance (hy- pertrophie du cœur, grossissement des muscles exercés, hypertrophie du rein dans le cas d'extirpation de l'autre rein) ; de même un organe qui n'atteint pas son taux normal s'atrophie (muscles immobilisés). Le Dantec explique cette adaptation fonctionnelle en admettant que la production du travail coïn- cide avec une augmentation forcée et proportionnelle de la quantité de cyto- plasme et de noyau dans la cellule qui travaille; au contraire, pendant le repos, ce gain disparait en réagissant pour donner des réserves ou des dé- chets. Cela admis, on comprend très bien l'importance morphogène de l'usage V. — ONTOGENÈSE. 185 et de la désuétude , et l'auto-régulation qui s'établit entre le travail et la puissance de l'organe qui l'accomplit. Cuénot n'est pas persuadé que les choses se passent aussi simplement, et il cite des exemples de cellules produisant un travail considérable et continu, qui ne s'accroissent pas indéfiniment (muscle cardiaque, cellules vibratiles, etc.), ainsi que des cellules au repos complet qui grossissent sans discontinuer (muscles et neurones des embryons). Le mécanisme intime de l'adaptation fonctionnelle n'est donc pas suffisamment expliqué par l'hypothèse de Le Dantec. — L. Cuénot. 39. Nishikava. — Sur un processus de migration de Vœil chez un Poisson plat. — On sait, depuis Agassiz , qu'il y a deux procédés différents pour la Fig. 18. — Migration de l'œil chez un poisson plat (d'après Nishikava). migration de l'œil chez les Poissons plats : chez la plupart d'entre eux, l'œil qui appartient au côté inférieur ou aveugle de l'adulte, voyage le long de la surface dorsale de la tête jusqu'à ce qu'il atteigne sa position finale, et c'est seulement après cette rotation que la nageoire dorsale croît en avant jusqu'au niveau des yeux ; chez Plagusia, au contraire, la nageoire dorsale s'est avancée jusqu'au bout du museau, avant que l'œil droit ait quitté sa position primi- tive ; ce dernier commence à émigrer et lorsqu'il approche de la nageoire, il passe entre elle et le frontal et arrive sur le côté gauche, ayant en appa- rence passé à travers la tête; l'orbite originelle droite s'atrophie et il se forme une nouvelle orbite sur le côté gauche pour l'œil voyageur. Dans le Poisson plat décrit par Nishikava [Plagusia?), le processus est intermédiaire entre les deux modes décrits plus haut; au début de la métamorphose, la nageoire dorsale s'étendait jusqu'au bout du museau (fig. 18), mais en laissant entre elle et la tète un large orifice, dû à leur incomplète coalescence ; l'œil droit émigré le long de la surface céphalique dorsale et passe avec son orbite dans le trou ci-dessus mentionné ; une fois sa place définitive atteinte sur Je côté gauche, la nageoire dorsale se fusionne absolument avec la tête et le trou de passage disparaît. En somme c'est le second mode d'Agassiz, à cela près que, dans les Poissons observés par lui, le trou n'existait pas et l'œil devait se creuser à nouveau un passage, en apparence en plein tissu; cependant, dans ce cas, la résorption de l'ancienne orbite et la création d'une nouvelle indiquent un processus plus compliqué. — L. Cuénot. 26. Goppert (E.). — Remarques sur la façon dont Raid comprend la Mor- phologie des côtes dans sa « Théorie du mèsoderme ». — Rabl prétend que l'é- bauche des côtes chez les Sélaciens est indépendante de la vertèbre qui leur sert de base. G: ppert continue à soutenir que les deux ébauches sont dès l'origine en continuité, et renvoie à ses planches. Il a représenté un stade plus précoce que celui figuré par Rabl. Si la tige costale est amincie près de 186 L'ANNÉE BIOLOGIQUE. son insertion, c'est qu'elle est comprimée en ce point entre les nerfs spinaux et les vaisseaux très développés. — E. Lagijesse. 32. Houssay (F.). — Le rappel ontogènètique d'une métamorphose ehez les Vertébrés. [X] — On connaît la théorie de Beard (Voy. Ann. bioL, I, 308; II. 263) qui, pensant voir dans l'ontogénie des Vertébrés un stade larvaire avec système nerveux provisoire, considère l'ontogénie, non plus comme une succession de formes d'un même organisme, mais comme une série de subs- titutions d'organismes à d'autres organismes. L'auteur développe cette idée de Beard, en la modifiant quelque peu par celles de Bataillon. Pour lui, Beard a eu tort d'éveiller dans l'évolution l'idée d'alternances de génération. Il faut distinguer alternance de générations et métamorphoses. Si on prend le mot individu au sens des botanistes (van Tieghem), c'est-à-dire l'individu spé- cifique allant de l'œuf à l'œuf, l'alternance de générations est une simple fragmentation de l'individu, fragmentation due à un surcroit de vitalité ou de dépenses .^Cœlentérés, Tuniciers, etc.). Au contraire, la métamorphose (ou mieux mètabolie) a pour cause une moindre vie et est toujours accompagnée de nécrobiose ou de phagocytose. « C'est un véritable changement de forme précédé d'un ralentissement de vie, accompagné d'histolyse, et marquant dans l'évolution ontogènètique une véritable discontinuité. C'est une demi- mort avec régénération et réparation des tissus. » L'asphyxie (Cf. les travaux de Bataillon) est donc la cause du ralentissement de vie et par suite de la métamorphose. La métamorphose existe donc chez les Vertébrés (Beard), comme le montrent à un certain stade le système nerveux transitoire, la présence transitoire du pronephros, la métamérisation des myotomes, etc. Les métamorphoses ou métabolies viennent arrêter, ou entraver, ou compliquer le cours de l'évolu- tion par feuillet, et ont par conséquent une très grande importance au point de vue de l'ontogenèse. — A. Labbé. 21. Fabre-Domergue et Biétrix (E.). — Recherches biologiques appli- cables à la pisciculture maritime sur les œufs et les larves des Poissons de mer et sur le Turbot. — Fabre-Domergue et Biétrix apportent leur contingent à un problème d'ontogenèse d'une portée pratique considérable : c'est la grosse question de la pisciculture marine. Ici, les procédés de la pisciculture d'eau douce sont mis en échec. La fécondation artificielle est difficilement appli- cable à des types chez lesquels la maturation et l'expulsion des produits sexuels sont progressives ; et d'autre part, les reproducteurs tenus en captivité passent par une longue période d'acclimatement pendant laquelle les œufs sont résorbés dans l'ovaire. — A cette difficulté de recueillir les matériaux se joint celle, plus grande encore, défaire franchir aux alevins une période cri- tique plus ou moins rapprochée de la résorption vitelline. Or des larves fra- giles et mal organisées, jetées à la mer après une courte phase de vie libre, sont exposées à de tels dangers que le résultat paraît bien aléatoire. L'étude expérimentale a porté sur divers types : Cottus bubalis, Atherina presbyter, Alosa sardina, etc. Guidés par l'examen du contenu intestinal des alevins recueillis dans les pêches pélagiques, les auteurs ont fourni à leurs élevages un plankton approprié ou des Algues ; mais si certaines formes comme Atherina presbyter, s'emparent de petites proies vivantes, elles n'é chappent pas à loi générale, elles meurent comme les autres après un délai qui n'a jamais dépassé vingt-deux jours (Cottus bubalis). Un élément artifi- ciel comme le jaune d'œuf cuit et pulvérisé ne donne pas un résultat meilleur. — L'étude des agents extérieurs secondaires n'a fourni aucun 5 V. — ONTOGENESE. 187 moyen d'enrayer la mortalité. L'action de la lumière n'est manifeste que chez les alevins à pigment oculaire bien développé (Cottus bubalis) : ces alevins recherchent la lumière et parmi les radiations du spectre affectionnent les plus brillantes (jaune et vert). Ces faits d'actinotropisme ne s'observent plus sur les larves anémiées ou non pigmentées (Sardine). Mais la lumière d'un foyer électrique dispersée dans les eaux de la mer n'exerce pas d'action à distance sur les alevins et ne permet pas de les grouper en vue d'une récolte abondante. [XIV 2 a Ç; b 0] Quant à la composition du fond, les imitations de la nature ne conviennent pas mieux que les vases d'élevage simples. Reste la qualité de l'eau. Si les résultats obtenus ne fournissent que des indications, aucune condition n'ayant permis de franchir la période critique, quelques points sont importants à retenir, entre autres l'influence de l'aéra- tion. On constate une survie chez les alevins dans une eau aérée par la trompe, ou offrant, à égalité de volume, une surface d'oxygénation plus considérable. On peut rapprocher de ce fait la tolérance assez large de certaines larves (Cotte) aux dilutions d'eau de mer et d'eau douce (l'eau de mer contenant moins d'oxygène dissous). On comprend qu'il soit difficile de réaliser dans un milieu restreint V équilibre de Veau de mer au point de vue respiratoire. Des traces de produits toxiques résultant des excrétions peuvent apporter leur contingent. L'état de maturité des produits fécondés intervient aussi dans les tentatives de fécondation artificielle. En pareil cas, les éclosions sont extrê- mement irrégulières ; pour Atherina presbyter, on a noté un retard de dix-huit jours sur une durée totale d'incubation de trente-quatre jours; et les sujets les premiers éclos sont précisément ceux qui ont résisté le plus longtemps. Tous ces facteurs combinés invoqués par Fabre-Domergue et Biétrix rendent mieux compte de la période critique que le simple défaut d'alimen- tation. L'anémie et le dépérissement se manifestent d'ailleurs avant la dis- parition du sac vitellin ; et il est difficile d'attribuer la mort à telle ou telle condition non réalisée, puisque des larves àWtherina, recueillies en mer à un âge très voisin de celui auquel elles périclitent quand elles proviennent d'une fécondation artificielle, absorbent immédiatement le plankton et se dévelop- pent en captivité. Il est donc vraisemblable que l'alevin ne meurt pas d'inanition mais d'une misère physiologique entraînant l'incapacité alimentaire. C'est la répercussion de toutes les influences nocives agissant à partir de l'incubation. Si ces in- fluences sont difficiles à préciser, on constate au moins que leurs effets s'ad- ditionnent. Plus la vie de captivité a été longue pour les œufs, moins les ale- vins sont résistants : c'est le fait acquis avec des pontes de Cotte recueillies en mer à divers états de développement. Le problème étant ainsi posé, la solution n'apparaît pas prochaine. La technique de la pisciculture maritime n'existe pas; elle ne peut sortir que d'essais nombreux et scientifiquement conduits. — E. Bataillon. CHAPITRE Yl I^a Téraloaenèse. Herlitzka (30) montre que, chez le Triton [il est nécessaire de spécifier le genre, car on sait combien les choses diffèrent selon les animaux], un hlastomère du stade 2 se développe en une larve entière, plus petite qu'une larve normale, mais plus grosse que la moitié de cette dernière. Il con- state ce fait intéressant que la diminution de volume porte, non sur la corde ni sur le système nerveux, mais seulement sur le tube digestif et les myotomes, par réduction de nombre et non de la taille de leurs cellules. Ce fait doit tenir, non comme le pense l'auteur, aux exigences des condi- tions géométriques, exigences qui n'apparaissent point clairement, mais sans doute, comme le suggère très heureusement Béraneck, au fait que la diminution porte sur les organes qui se forment tardivement au moment où les réserves nutritives, moins abondantes, sont épuisées. — Tor- nier (42-43) est arrivé à provoquer à coup sûr la polydactilie chez le Triton en agissant mécaniquement sur la surface de section. Si, après avoir sectionné une patte, on applique sur le moignon un fil coupant la surface en deux moitiés, il se régénère deux extrémités. — Il résulte des expériences comparatives de Heider (28) sur les premiers phénomènes du développement des œufs de Grenouille, libres et diversement com- primés, que les modifications de la segmentation produites par la pression portent seulement sur l'ordre d'apparition des plans de segmentation et non sur la manière dont le matériel ovulaire est distribué entre les blas- tomères, en sorte que l'on n'est pas autorisé à conclure du fait que le développement est normal malgré les modifications de la segmentation à l'isotropie du noyau. Le travail de Wilson (45) met en évidence que les solutions salines ont sur le développement des Amphibiens une ac- tion d'autant plus accusée que le développement est plus lent, lenteur en rapport avec l'uniformité de répartition du vitellus. Les œufs sont capables d'une sorte d'acclimatement à la vie dans les solutions salines tératogènes. — Féré (25) a réalisé sur l'œuf de Poule d'intéressantes expé- riences consistant à faire développer des œufs débarrassés de leur co- quille et versés dans un verre stérilisé. Ce procédé permet l'observation constante de l'embryon en voie de développement. Le produit est d'ail- leurs toujours tératologique. Yves Delage et G. Poirault. VI. — LA TERATOGENESE. 189 1. AmmoniO.). — L'infantilisme et le féminisme au conseil de révision. (Anthropologie, VII, 285-308.) [Voir ch. XII 2. Anonyme. — Polydactylie bei der Gemse. (Zool. Garten, XXXVIII, 220. Extrait de Verh. Zool. Bot. Ges. Wien, XXXXVI, 451-456.) [199 3. Balbiani(E.-G.). — Monstruosités chez les Protozoaires. (Interm. Biol., I, 58.) [B. renvoie à son travail sur la mérotomie des Infusoires. — M. Bouin. 4. Baraldi (G.). — Considerazioni zootecniche intorno ad uncaso di pseude- ermafroditismo per androginia nel Gallus domesticus Auct. (Gabinetto di zootecnia délia r. Univ. di Pisa.) Pisa, 8°, 17 p. [* 5. Benda(C). — Hermaphroditismus und Missbildung mit Vermischung 'les Geschlechtscharakters. (Ergebn. allgem. Pathol. u. pathol. Anat., Jahrg. 2 f. 1895, I, 627-641.) [Cité cà titre bibliographique. 6. Bigot. — Origine de Vœil cyclope. (Mem. Soc. Lin. Normandie, 1897, 85- 87.) [192 7. Caullery (M.) et Mesnil (P.). — Sur un cas de ramification chez une An- nélide {Dodecaceria Concharum). (Zool An z., XX, 430-440.) [Voir ch. VII 8. Charrin. — Monstre double expérimente/. (Sem. médic. 1897, 282.) [198 9. — — Influences exercées sur les états pathologiques des générateurs sur la constitution des descendants. (Gaz. Hôpitaux, Paris, LXX, 863-865.) [199 10. Chobaut (A.). — Un œuf de Poule monstrueux. (Feuille jeun. Natur. (3), Année 27, 215.) [Œuf enfermé dans un autre œuf ne renfermant que de l'albumine. — L. Cuénot. 11. Cligny. — Variation homœotique unilatérale chez l'Orvet. (Anat. Anz., XIV. 198-200, 1 fig.) [Vertè- bre présacrée qui a du côté gauche l'aspect normal et porte un long pro- cessus transverse, tandis que du côté droit anormal elle a une courte apophyse sur laquelle s'articule une côte supplémentaire. — L. Cuénot. 12. Crémazy (A.). — De la polydactylie. (Thèse, Toulouse, 8°, 54 p., 1 pi.) [* 13. Driesch (H.). — Studien ùber das Regulationsvermogen der Organis- men. 1. Von den regulativen Waçhsthums- and Differenzirungsfâhigkeiten iler Tubularia. (Arch. Entw.-Mech., V, 287-418, 6 fig. texte.) [Voir ch. VII 14. Fischel (Alfred). — Experimentelle Untersuchunyen am Ctenophorenei. I. Von der Entwickelung isolirter Eitheile. (Arch. Entw.-Mech., VI, 104- 147, pi. VI.) [Voir ch. V 15. Féré (Ch.). — Note sur des changements déposition et de forme du jauni' dans l'œuf de Poule pendant l'incubation. (C. R. Soc. Biol., (10), IV, 75- 77.) [Sera analysé, s'il y a lieu, dans le prochain volume. 16. — — Note sur l'incubation de l'œuf de Poule dans la position verticale. (C. R. Soc. Biol., 10e sér., IV, 175-178.) [L'embryon tend à gagner la partie supérieure. 17. — — Note sur l'influence d'injections préalables d'acide cyanhydrique dans l'albumen de l'œuf de Poule sur l'évolution de l'embryon. Remarques sur la genèse de l'hêtérotaxie. (C. R.'Soc. Biol. (10), IV, 246-248.) [195 18. — — Note sur la suspension de l'évolution de l'embryon de Poulet sous l'influence du chloroforme. (C. R. Soc. Biol. Paris, (10), IV, 390-392.) [195 190 L'ANNEE BIOLOGIQUE. 19. Féré (Ch.). — Note sur l'influence d'injections préalables de sulfate d'a- tropine dans l'albumen de Vceuf de Poule sur l'évolution de l'embryon. (C. R. Soc. Biol., (10), IV, 512-515.) [196 20. — — Accoutumance du blastoderme à un milieu toxique. (C. R. Soc. Biol., IV, 594-597.) [196 21. — — Note sur l'influence des injections préalables de solutions de chlor- hydrate de cocaïne dans V albumen de Vœuf de Poule, sur révolution de l'embryon. (C, R. Soc. Biol., IV, 597-599.) [196 22. Accoutumance de V embryon à un milieu toxique. (C. R. Soc. Biol., IV, 627-630.) [196 23. — — Note sur l'Influence des injections de sulfate de strychnine dans r albu- men de Vœuf sur Vembryon de Poulet. (C. R. Soc. Biol., IV, 856-858). [196 24. — — Note sur le développement et sur la position de Vembryon du Pou- let dans les œufs à deux jaunes. (C.R. Soc. Biol. Paris, 10e sér., IV, 858- 860.) [Lorsque les deux jaunes sont mobiles et libres, le développement peut être normal; quand ils sont adhérents, il en résulte une gêne de développement et par suite une monstruosité. — A. Labbé. 25. Note sur la résistance de Vembryon de Poulet aux traùmatismes de Vœuf. (J. Anat. Physiol. Paris, XXXIII, 259-266.) [194 26. — — Note sur la production expérimentale de tératomes. (Arch. Anat. micr. Paris, I, 193-204, 3 fig.) [Sera analysé, s'il y a lieu, dans le prochain volume. 27. Giard (A.). — Sur Vautotomie parasitaire et ses rapports avec Vauto- tomie gonophorique et la Schizogonie. (C. R. Soc. Biol., IV, 380-382.) [Voir ch. IV 28. Heider (K.). — Ueber die Bedeutung der Furchung gepresster Eier. (Briefliche Mittheilung an den Herausgeber). (Arch. Entw.-Mech., V, 373- 377, 6 fig. texte.) [197 29. Herbst (C). — Ueber die zur Entwickelung der Seeigellarven nothwen- digen anorganischen Stoffe ihre Rolle und ihre Vertretbarkeit. I. Die zur Entwickelung nothwendigen anorganischen Stoffe. (Arch. Entw.-Mech., V, 649-793, pi. XII-XIV.) [Voir ch. XIV 30. Herlitzka (A.). — Sullo sviluppo di embrioni complet i dà blastomeri isolati di uova di tritone (Molge cristata). (Arch. Entw.-Mech., IV, 624-658, 5 fig. texte, 1 pi.) [193 31. Kopsch (Fr.). — Ueber eine Doppel-Gastrula bel Lacerta agilis. (S. B. Ak. Berlin, 1897, 646-650, 1 fig.) [193 32. Lillie iFr. R.) et Knowlton (F. P.). — On the effect of température on the development of animais. (Zool. Bull., I, 179-193.) [Voir ch. XIV 33. Loyez (Marie). — Sur un Têtard de Rana tempor aria bicéphale. (Bull. Soc. zool. France, XXII, 146-148, 4 fig.) [199 34. Mitrophanov (Paul). — TeratogenetiscJie Studien. IL Expérimental- Beobachtungen ûber die erste Anlage der Primitivrinne derVogel. (Vorlàn- fige Mittheilung aus dem Zootomischen Institut der Universitàt War- schau.) (Arch. Entw.-Mech., VI, 104-108, pi. V.) [199 35. Morgan (Thomas Huntj. — The Development of the Frog's Egg. An VI. — LA TERATOGEXESE. 191 * Introduction lo Expérimental Embryology. (New-York, London [The Mac- millan C°], 8°, xi + 192 p., 51 fig.) [Étude du développement de la Grenouille, principa- lement au point de vue de la tératogénèse expérimentale. — G. Poirault. 36. Nâgeli (O.). — Ueber eine neue mit Cyclopie verknùpfte Missbildung des Centralnervensystems. (Arch. Entw.-Mech., V, 168-218.) [191 37. Rollinat (R. i. — Observation sur quelques reptiles du département de l'Indre. Mœurs et reproduction de V Orvet fragile. (Mém. Soc. zool. France, X, 88-89.) [Voir ch. IX 38. Roux (W.). — Bemerkungen zu O. Schultzé's neuen Botationsversuchen an Froscheiern. (Arch. Entw.-Mech., V, 387-388.) [197 39. Saint-Remy (G.). — Notes tératologiques. Ebauches épiphysaires et pa- raphysaires paires chez- un embryon de Poulet monstrueux. (Bibliogr. Anat., V, 152-156, 2 fig.) [200 40. — — Xotes tératologiques. II. Malformation de Vextrèmitè antérieure de la corde dorsale chez un embryon de Poulet. (Bibliogr. Anat., V, 181- 183, 1 fig.) [200 41. Sobotta (I.). — Die Reifung und Befruchtung des Eies von Amphioxus lanceolatus. (Arch. mikr. Anat., XI, 15-70, pi. II-V.) [Voir ch. II 42. Tornier (G.). — Ueber experimentell erzeugte dreischwànzige Eidechsen und Doppelgliedmassen an Molchen. (Zool. Anz., XX, 356-361, 6 fig.) [196 43. — — Ueber Opéra t i onsmethoden, welche sicher Hyperdactylie erzeugen, mit Bemerkungen ûber Hyperdactylie und Hyperpedie, ( Vorlàuftge Mit- teilung.) (Zool. Anz., XX, 362 365, 3 fig.) [196 44. Werner (J.). — Ueber Polydactylie beim Schweine. (S. B. Ges. Nat. Freunde, Berlin, 1897, 47-48.) [Dans trois cas, au pied antérieur du Cochon, une ébauche de doigt sur- numéraire en forme d'excroissance surmontée d'un sabot. — A. Philibert. 45. Wilson Ch. B.). — Experiments on the Early Development of t/œ Amphibian Embryo under the influence of Binger and sait solutions. (Arch. Entw.-Mech., V, 615-648, pi. X-XI.) [198 36. Nâgeli (O.). — Sur une malformation du système nerveux central en relation avec la cyclopie. — La structure interne du cerveau des cyclopes est à peu près inconnue. Nâgeli a eu l'occasion d'en étudier un cas et en donne une description anatomique et histologique très détaillée. Dans une orbite commune se trouvent deux bulbes fusionnés. L'œil donne naissance à un nerf optique impair qui, arrivé au tuber cinereum, se divise en deux bandelettes optiques. Le cerveau antérieur forme une vésicule im- paire ayant subi un arrêt de développement. Dans le cerveau intermédiaire le sillon longitudinal n'est pas complet. Relativement au développement du cerveau, c'est donc d'une cyclopie d'un degré moyen qu'il s'agit ici, car 192 L'ANNEE BIOLOGIQUE. l'œil présente encore deux cornées distinctes. A la cyclopie, viennent s'ajou- ter, dans ce cas, d'autres monstruosités intéressantes. La base du crâne est soudée avec une grande partie de la colonne vertébrale, correspondant pro- bablement à toute la région cervicale et à la plus grande partie de la région dorsale. Cette disposition a entraîné un refoulement de toute la moelle cer- vicale et d'une grande partie de la moelle dorsale dans la cavité du crâne. Le tube médullaire est replié normalement de manière à présenter deux coudes h angle aigu. La moelle allongée et les hémisphères cérébelleux sont divisés, par une fente médiane, en deux parties séparées. Dans la ré- gion extracrànienne, on observe, en outre, un dédoublement de la moelle en deux cordons qui se réunissent de nouveau vers leur extrémité. L'auteur arrive à la conclusion que les nombreuses anomalies réunies dans ce cas, sont dues à des causes très diverses. Mais la détermination de ces causes ne peut donner lieu qu'à des suppositions, et Nageli reconnaît lui-même (pie son travail a pour principal but d'entraîner une discussion sur la pa- thogénese des malformations de cette nature. Il se demande si l'étude de la cyclopie peut fournir des documents inté- ressants pour la phylogénie. Chez les Vertébrés, on peut distinguer, dans le cerveau, des parties qui, au point de vue phylogénétique, sont anciennes et représentent un type fon- damental, tandis que d'autres sont nouvelles et ne prennent de l'importance que chez les Mammifères supérieurs et l'Homme. L'ontogénie montre un développement semblable. En s'appuyant sur le parallélisme, Nageli cherche à démontrer que la cyclopie pourrait peut-être représenter un stade d'arrêt dans le développement, stade dont les représentants actuels du règne animal seraient assez éloignés. Le cerveau des cyclopes, dont la partie antérieure reste impaire et à un état de développement précoce, pourrait peut-être être comparé à celui des Raies. L'auteur fait remarquer, à l'appui de cette opinion, que chez le cyclope dont il a fait l'étude les formations de date récente au point de vue phylogénétique font défaut, tandis que les autres sont bien développées. [XVII, d] Un autre point sur lequel Nageli attire l'attention est le développement considérable du thalamus, comparativement à l'état rudimentaire du cer- veau antérieur. Il en tire la conclusion que chez l'embryon , lorsque les faisceaux ne peuvent pas atteindre leur but, ils forment des réunions anor- males, plutôt que de tomber en dégénérescence. La dégénérescence apparaît seulement lorsqu'un complexe nerveux est complètement formé, mais n'a pas d'utilité fonctionnelle. Cela confirmerait les idées de Roux qui distingue dans le développement une période de formation de l'organe dans laquelle les excitations fonctionnelles ne sont pas nécessaires, mais où les parties se forment et croissent sous l'action de forces internes ou externes, et, après cela, une période de développement fonctionnel ou de conservation, dans laquelle le fonctionnement est nécessaire à la formation et à la conser- vation des parties. — M. Bedot. 6. Bigot. — Su?- Vorigine de Vœil cyclope. — Pour Merckel et Geoffroy Saint-Hilaire, les yeux naissent d'abord latéralement, puis convergent vers la ligne médiane; si le bourgeon nasal est atrophié, les bourgeons latéraux se rejoignent et se fusionnent. Pour l'auteur, la cyclopie ne résulte pas de l'atrophie du bourgeon nasal, mais c'est au contraire la cyclopie qui occa- sionnerait l'atrophie du bourgeon nasal. La cyclopie ne représenterait donc pas un « état initial persistant ». L'œil unique est le résultat de la fusion VI. — LA TERATOGENESE. 193 de 2 parties distinctes, nées chacune sur une des lames primitives, soudées prématurément. — A. Labbé. 31. Kopsch (Fr.). — Sur une gastrula double chez Lacerta agilis. — Un œuf de dimensions normales, dont le blastoderme couvrait à peu près la moitié du vitellus, présentait deux blastopores peu éloignés l'un de l'autre, les axes des deux ébauches embryonnaires convergeant en arrière sous un angle d'environ 15°; ces ébauches offraient un développement très légère- ment inégal. Les relations montraient que, dans le cours du développement, les deux blastopores se seraient rapprochés de plus en plus, et ce cas tend à appuyer l'opinion d'O. Hertwig que les monstruosités multiples ont pour origine plusieurs invaginations gastrulaires. L'idée que l'ébauche em- bryonnaire serait marginale chez les Sauropsidés n'a pas été confirmée par les recherches récentes : elle paraissait nécessaire à Rauber et à 0. Hertwig pour expliquer la concrescence, mais il faut chercher une autre explication. On trouve cette explication dans le rapprochement des cellules situées pri- mitivement de chaque côté de la ligne médiane de l'embryon, rapprochement dont il faut tenir compte pour chaque invagination gastrulaire : dans le cas de deux invaginations voisines, les déplacements des cellules aboutiront à la fusion en un corps unique. La confirmation de cette manière de voir est fournie par les observations faites par l'auteur sur diverses sortes d'embryons doubles de Ranci fusca obtenus artificiellement : on constate que les dépla- cements des cellules dans chaque invagination rapprochent les blastopores . et aboutissent à une duplicité antérieure. Chez les Reptiles, par suite de la faible étendue du champ endodermique plaque primitive de Will) et du peu d'importance de l'invagination, les deux points invagin es sont très rapprochés: d'où la réunion des blastopores, la fusion des axes et la constitution d'une extrémité postérieure simple, tandis qu'avec un écartement primitif plus grand, on aura deux embryons distincts. Ainsi s'explique la rareté des du- plicités antérieures (anadidymes) chez les Sauropsidés, tandis qu'elles con- stituent les monstruosités les plus fréquentes chez les Poissons, en raison de la part importante que l'anneau marginal prend chez eux à la formation de l'embrvon. — G. Saint-Remy. 30. Herlitzka (Amedeo). — Sur le développement d'embryons entiers aux dépens de blastomères isolés cVœufs de triton. — Herlitzka s'est proposé d'étu- dier le développement des deux premiers blastomères d'œufs de Triton. A cet effet, il féconde artificiellement ces œufs. Lorsque le premier sillon de seg- mentation s'est dessiné, soit 8 à 12 heures après la fécondation, Herlitzka sépare, à l'aide d'un cheveu, les deux blastomères ainsi formés. Les blasto- mères immergés dans une eau convenablement aérée dont la température est d'environ 15° C. donnent naissance à des larves normalement constituées. Tôt après leur séparation, la segmentation des blastomères paraît accélérée, puis on observe un sensible ralentissement de l'évolution ultérieure. La taille des larves issues de blastomères isolés est assez variable. Elle est approxi- mativement comprise entre 7mm 18 et 9mm 23 et dépasse toujours la moitié de la taille des larves issues de l'œuf entier. En mesurant les diamètres de coupes transversales menées au niveau des régions branchiales et lombaires, Herlitzka a constaté que le corps d'une larve issue de blastomères a un vo- lume inférieur à celui du corps d'une larve ordinaire. D'où vient cette diffé- rence de volume? Pour s'en rendre compte, il suffit de mesurer sur des coupes transversales des deux catégories de larves, les diamètres des or- ganes les plus importants. On constate alors que les diamètres du tube neu- L ANNÉE BIOLOGIQUE, III. 1897. 13 104 L'ANNEE BIOLOGIQUE. rai et de la corde dorsale sontà peu de chose près les mêmes dans les deux catégories de larves. 11 n'en est plus ainsi en ce qui concerne l'intestin et surtout les myotomes, ces organes étant plus développés dans les larves is- sues d'oeufs entiers. Théoriquement, ce fait s'explique soit par une différence de taille des cellules constituant ces organes, soit par une différence dans le nombre de ces cellules. Comme la limite du protoplasme cellulaire est en général difficile à saisir, Herlitzka a substitué à la mensuration directe de la cellule, la mensuration du nucleus dont le contour est mieux défini. Ce sa- vant a reconnu que les variations de taille des nuclei du tube neural et des myotomes par exemple sont sensiblement les mêmes dans les deux catégo- ries de larves. Le tube neural des larves issues de blastomères et celui des larves issues d'œufs entiers contiennent le même nombre de cellules consti- tutives. Par contre, les myotomes des larves issues d'œufs entiers comptent deux fois plus de cellules. Ainsi la différence de volume signalée plus haut est simplement due à une différence dans le nombre des cellules constituant cer- tains organes. Herlitzka explique ce fait en disant que la corde dorsale et le tube neural qui se forment par plissement d'une couche cellulaire donnée doivent comprendre, pour que leur développement soit possible, un nombre déterminé de cellules. Ce nombre est pour ainsi dire défini par des condi- tions de géométrie embryonnaire en dehors desquelles l'ontogenèse ne sau- rait se produire. Il en est autrement de l'intestin et des myotomes qui n'exigent pas, pour se constituer, un nombre déterminé de cellules. [Cette explication ne me satisfait pas. J'ai peine à comprendre que les conditions géométriques qui se plient à la constitution d'un tube intestinal et de myotomes normaux mais de moindre volume ne se prêtent pas aussi à la for- mation d'un tube neural normal mais de plus petite dimension. Herlitzka aurait dû, ce me semble, tenir compte d'un facteur important : la plus ou moins grande précocité d'apparition des organes. Le tube neural, la corde dorsale se forment tôt dans l'ontogenèse, tandis que les myotomes qui dérivent du mésodermë apparaissent assez tardivement. Ces derniers or- ganes vont plus petits dans les larves issues de blastomères, parce que la réserve nutritive est moindre et que cette réserve es1 en grande partie épui- sée au moment de leur formation]. Herlitzka tire de ses recherches la conclusion (pie les deux premiers blas- tomères d'un nMif de triton possèdent une capacité évolutive identique puis- qu'ils évoluentehacun en une larve normalement constituée. Cette conclusion déjà formulée par Driesch est pleinement justifiée par l'étude des faits. Les expériences bien connues de Roux paraissent se concilier difficilement avec cette manière de voir. Si l'on sépare les deux premiers blastomères d'un œuf de Grenouille, chacun d'eux donnera naissance aune larve normale. Mais si. laissant en contact les deux premiers blastomères, on se contente d'en tuer un, l'autre blastomère évoluera en une demi-larve. Herlitzka explique ce fait paradoxal en supposant que les deux blastomères exercent l'un sur l'autre une action réciproque qu'il compare à une sorte d'interférence se ma- nifestant durant l'évolution larvaire. Le blastomère tué accolé au blastomère en voie de développement produirait sur ce dernier une inhibition se tra- duisant par l'éclosion d'une demi-larve. — E. Béraneck. 2.ô. Ch. Feré. — Note sur la résistance de l'embryon de Poulet au.r trauma- tismes de Vœuf. — Après avoir montré que La trépidation exerce réellement sur les œufs une influence retardatrice et tératogénique, d'autant plus grande qu'on la fait intervenir à une époque plus rapprochée du début du dévelop- pement, l'auteur reprend les observations faites autrefois sur l'incubation des VI. — LA TERATOGENESE. 1' œufs ouverts, et expérimente trois procédés. L'ouverture de la face su] rieure de l'œuf avec obturation par un verre de montre stérile lié au silicate de potasse, détermine une faible proportion de monstres, mais une • - grande mortalité. L"ouverture par la grosse extrémité de l'œuf tenu de- bout, avec obturation par un fragment de coquille stérilis méthode de Bé- guelin). détermine relativement peu d'anomalies et permet une survie de plusieurs jours, dans une forte proportion. L'incubation in vitro, l'œuf étant versé en totalité dans un récipient stérilisé verre à ventouses), qu'on re- couvre d'une lame, donne des résultats intéressants l procédé détermine des décès et quelques anomalies. Cependant à la condition que l'embryon o- cupe la surface libre, et que la membrane vitelline ne soit pas déchirée dans l'aire blastodermique. l'embryon peut se développer pendant un certain temps, jusqu'à 6 jours. En général il subit un retard notable, portant princi- palement sur l'aire vasculaire qui est presque toujours peu étendue relative- ment au volume de l'embryon : il arrive cependant qu'elle se développe sur toute la surface libre, mais elle s'arrête là. Il faut noter que le germe ver- dans le verre ne peut gagner la partie supérieure, comme cela se passe dans la coquille, que dans les premiers temps : cela ne se produit guère lorsque l'opération a lieu au 3e jour de l'incubation. Tous ces faits montrent que la résistance aux traumatismes est a-- _ ande. mais cependant pas as>ez pour qu'on puisse utiliser ces moyens pour l'étude de la production artificielle des monstruosités, car on ne peut -~:nguer les effets d'une intervention volon- taire de ceux produits par l'ouverture même et ses suites. Cela fait naitre des doutes sur l'interprétation des expériences de Ful et Warynski. qui attribuent à la compression locale, momentanément exercée par eux. de> cas de duplicité du cœur, d'omphalocéphalie. L'influence des traumatismes locaux ne pour- rait être démontrée que par la production fréquente d'anomalies unilatérale-. — La possibilité du développement à découvert pourra permettre de suivre directement l'évolution de certaines malformations, par exemple à l'aide du microscope Frémont. — A noter que l'aseptie était suffisante pour qu'il ne - Lt - produit de moisissures. — G. Saint-Rkmy. 17. Féré Ch. . — Note sur V influence £ injections préalables d'acide cyan- hydrique dans l albumen de l'œuf de Poule sur révolution de V embryon. Re- marques sur la genèse de Vhétérotaxie. — En injectant de l'acide cyanhydrique dans l'albumen d'œufs de Poule, on obtient des développements anormaux en nombre d'autant plus considérable que la quantité de substance toxique est plus grande; mais la diminution du nombre des développements normaux n'est pas proportionnelle à l'augmentation de la quantité de substance toxique. Parmi les œufs témoins, l'auteur observe deux cas d'hétérotaxie avec un arrêt de développement de l'aire vasculaire du côté où l'on avait fait l'injection aqueuse. Cet arrêt est donc dû à l'action tra lunatique. L'hétérotaxie elle-même serait peut-être due à une action traumatique, bien que les causes en elles-mêmes de l'hétérotaxie soient encore obscures. — A. Labbé. 18. Féré Ch. . — Xote sur la suspension de révolution de V embryon de Poulet sous l'influence du chloroforme. — Cl. Bernard avait déjà constaté ce fait que le développement d'embryons ex] ses aux vapeurs d'éther et de chloroforme était arrêté par la mort de ces embryons. L'auteur, reprenant ces expérience- C. H. Soc. Biol.. 1893, p. 349 et p. 849). avait déjà pu observer non la mort, mais un retard important avec nombreux développements anor- maux. En faisant agir plus ou moins longtemps les vapeurs de chloroforme 190 L'ANNÉE BIOLOGIQUE. sur des œufs de Poule et en comparant les résultats, il observe que les chances de réveil et la normale du développement sont d'autant plus certaines que l'exposition aux vapeurs a été moins prolongée. — A. LabbÉ. 19, 21, 23. Féré (Ch.). — Note sur l 'influence d'injections préalables de sulfate d'atropine, de sulfate de strychnine et de chlorhydrate de cocaïne dans l'albumen de Vœuf de Poule sur révolution de V embryon. (Trois notes analysées ensemble). — Il y a avec l'atropine comme avec les autres alca- loïdes (strychnine, cocaïne) et les alcools un rapport remarquable entre la toxicité et le pouvoir tératogène. La proportion d'embryons normaux décroît progressivement à mesure que la quantité de substance toxique injectée augmente. — A. Labbé. 20, 22. Féré (Ch.). — Accoutumance du blastoderme et de Vembryon à un milieu toxique. (Deux notes analysées ensemble). — Les blastodermes peu- vent-ils s'accoutumer à l'absorption de doses croissantes de substances toxi- ques? L'auteur se sert d'alcool éthylique qu'il injecte dans l'albumen d'œufs de Poule. Ses expériences semblent concluantes, puisque des injections dosées et répétées produisent un nombre moins grand de développements anormaux. — A. Labbé. 42. Tornier (G.). — Lézards à trois queues obtenus expérimentalement et Tritons à membres doubles. (Analysé avec le suivant.) 43. Tornier (G.). — Sur les méthodes opératoires qui déterminent sûre- ment V hyper dactylie avec remarques sur V hyper dactylie et Vhyperpédie. — Si l'on pratique sur la queue d'un Lézard une incision triangulaire lésant profondément une vertèbre, il se produit une hypernutrition qui entraîne le développement d'une queue surnuméraire. En lésant ainsi deux ou trois vertèbres, on peut obtenir des formations doubles ou triples qui peu- vent être plus ou moins voilées par un revêtement cutané commun si elles sont rapprochées, mais que les rayons Rëntgen mettent nettement en évidence. — Il est possible d'obtenir des membres doubles par divers procédés. Si l'on sectionne une patte de Triton et si l'on applique sur le moignon un fil vertical coupant la surface en deux moitiés, il se régé- nère deux extrémités. D'autre part, une lésion osseuse analogue à celle indiquée pour les vertèbres peut donner à l'extrémité du fémur, par exemple, un membre surnuméraire. Cette méthode des incisions osseuses permet de réaliser à volonté l'hyperdactylie et l'hyperpédie. Amputons obliquement les doigts latéraux d'un Triton en respectant le médian de façon à atteindre profondément le tarse et même les extrémités du tibia et du péroné; au lieu de deux, nous aurons trois ou quatre doigts régénérés. Un point à noter, cest que ces régénérations doubles sont toujours dissymétriques par rapport aux parties supprimées: une extrémité ainsi modifiée paraît donc constituée par une moitié d'extrémité droite et une moitié d'extrémité gauche. — Partant de diverses observations, en particulier de celle d'un pied de Porc sur lequel on peut suivre en quelque sorte la marche du phéno- mène, Tornier fait intervenir l'action mécanique des plis de l'amnios pour expliquer chez les Mammifères les cas tératologiques analogues. L'enveloppe amniotique au niveau de l'ébauche des membres antérieurs par exemple représente un cercle élastique perpendiculaire au plan et à l'axe de symétrie. Une force quelconque agissant en un point de ce cercle, de bas en haut et dans le plan de symétrie, déterminera sur chaque ébauche une compres- VI. — LA TÉRATOGENESE. 197 sion linéaire comme celle réalisée par le fil tendu sur un moignon dans l'expérience indiquée tout à l'heure. Ainsi s'expliqueraient l'hyperdactylie, l'hyperpédie avec une ceinture double ou même deux ceintures indépen- dantes. [VII] [Si l'on peut soulever des objections contre l'explication simple de Tornier pour des anomalies souvent bien localisées et parfaitement limitées, il y a là un élément qui, avec d'autres, doit entrer en ligne de compte. Au reste, ses expériences rapportent les faits de régénération à -des conditions physio- logiques, elles sont à ce point de vue d'un grand intérêt. C'est une voie ouverte, car les faits restent à analyser]. — E. Bataillon. 38. Roux. — Remarques sur les nouvelles expériences de Schultze relatives au développement dœufs de Grenouille sur un clinostat. — Roux s'élève contre l'interprétation donnée par Schultze au résultat des expériences dans lesquelles il a montré que des œufs de Grenouille placés sur un clinostat, de manière à supprimer l'action de la pesanteur sans introduire celle de la force centrifuge, se développent normalement. Schultze prétend que, dans ces conditions, l'axe de l'œuf se déplace d'un mouvement continu de manière à rester toujours vertical malgré la rotation. Roux a constaté que des œufs développés dans ces conditions ont en réalité leurs axes dans des directions quelconques. Il appelle aussi l'attention sur ses expériences dans lesquelles des œufs de Grenouille isolés dans un tube à essai moitié plein d'eau et soumis à la rotation de manière à être ballottés dans tous les sens se développent normalement. L'action de la pesanteur n'est donc pas nécessaire au développement normal de l'œuf de Grenouille. — C. B. Da- VENPORT. 28. Heider (K.). — Sur la signification de ta segmentation dans les œufs Fig. 49. — Segmentation des œufs comprimés (d'après Heider). 198 L'ANNEE BIOLOGIQUE. comprimés. [V a] — Ce mémoire est une critique de la conclusion qu'on a tirée des expériences dans lesquelles des œufs comprimés ont, malgré une segmentation irrégulière, produit des embryons normaux. Cette conclusion est que sous l'influence de la pression la répartition des substances dans l'em- bryon est anormale, certaines parties du cytoplasme recevant dans la division du noyau de !a substance nucléaire qui ne lui appartient pas normalement. Puisque néanmoins cette partie du cytoplasme produit un organe normal, on se croit en droit d'affirmer que ce n'est pas l'action spécifique du noyau qui détermine le résultat. A ce raisonnement Heider objecte qu'il n'est nullement prouvé que dans ces expériences une part du cytoplasme reçoive de la subs- tance nucléaire à laquelle il n'ait pas droit. Ce qui se produit est plutôt un empècbement à la succession chronologique normale des divisions cellulaires. Les figures ci-jointes montrent bien l'idée de Heider sur les effets possibles de la compression de l'œuf de Grenouille. Les figures de la rangée supé- rieure représentent la segmentation normale, la rangée du milieu montre l'effet de la pression entre deux lames horizontales et celle du bas cet effet entre deux lames verticales. La distribution finale du matériel nucléaire dans les différentes sortes de compression est la même que dans l'œuf normal, et la seule différence est qu'on arrive au même résultat par des voies di- verses. — C. B. Davenport. 45. Wilson (C B.). • — Expériences sur le premier développement de l'em- bryon des Amphibiens sous l'influence des solutions salines. [XVI c 8] — Les ex- périences ont porté sur A mb lys t orna punctatum, Rana temporaria et Chorophilus triseriatus. Les œufs d'Amblystomes, qui sont les plus grands et ont leur proto- toplasme le plus uniformément distribué, se développent très lentement, exi- geant 60 heures pour arriver à la gastrulation. Ceux de Chorophilus, qui sont les plus petits et ont le plus de différence dans la distribution du protoplasme aux deux pôles, se développent le plus vite, arrivant à la gastrulation en 11 heu- res. En plaçant ces œufs dans une même solution saline, on observe chez ceux d'Amblystome, le retard maximum dans l'évolution, et chez ceux de Chorophilus le retard minimum; c'est l'œuf à segmentation rapide qui est le moins retardé. Sur la larve, l'effet est juste inverse : celle tVAmblystome re- couvre son activité et se développe normalement, tandis que Chorophilus, par suite de la différence d'effet de la solution aux deux pôles différemment constitués, donne des larves anormales. Le développement est moins troublé lorsque les œufs ont été soumis de bonne heure à l'influence des solutions. Pour éprouver les effets de l'acclimatation, des œufs furent placés dans une solution à 0,05 0;O dont la teneur en sel fut de jour en jour augmentée de 0,005 "/o. Finalement, les embryons se développèrent dans une solution à 8 °/o qui, dans les conditions ordinaires, leur est fatale. Dans le liquide salin, la caryocnèse, ainsi que Loeb et Normann l'ont déjà vu (Ann. Biol., I, 20; II, 80), se montre souvent sans division cellulaire correspondante. — C. B. D.v- VENPORT. 8. Charrin. — Monstre double expérimental. — Une femelle de Cobaye soumise à des injections de toxine a fourni un monstre double ainsi qu'un individu, appartenant à la même portée, pourvu de doigts supplémentaires. L'auteur a déjà constaté précédemment de nombreuses anomalies chez les femelles soumises à des injections de toxines, mais, en raison de la trop faible fréquence de ces monstres , il ne croit pas pouvoir conclure d'une façon certaine aune relation de cause à effet. — E. Hérouard. VI. — LA TÉRATOGEXESE-. 199 9. Charrin. — Influences exercées par les états pathologiques des géné- rateurs sur la constitution des descendants. — Charrin a observé un certain nombre d'enfants issus de mères atteintes, pendant les derniers mois de leur grossesse, de différentes infections ( syphilis, tuberculose, influenza, pneumonie, érysipèle, rhumatisme aigu, etc.). Souvent il y a eu avortements ou morls prématurées; les anomalies, becs-de-lièvre, pieds bots, etc., sont plus fréquentes que chez les enfants de femmes saines; d'une manière générale, les enfants des femmes infectées ont un poids inférieur au poids moyen de rejetons sains, la croissance est moins rapide, les urines sont ordinairement plus toxiques. Quand les sujets anormaux succombent, on réussit souvent à trouver des lésions du foie et des reins, lésions qui ne peuvent reconnaître qu'une origine lointaine et maternelle. Charrin attribue ces désordres à deux causes pos- sibles : 1° il se peut que les toxines maternelles, résultant de la maladie infectieuse, aient modifié les cellules sexuelles, et que l'embryon, né d'un œuf ainsi modifié, ait évolué d'une façon anormale; 2° ces toxines ont pu agir diversement sur l'embryon développé, en passant à travers le placenta. En tous cas, le fonctionnement cellulaire, chez ces enfants de mères infectées, est certainement anormal; on en trouve la preuve dans' la toxicité urinaire augmentée. — L. Cuénot. 34. Mitrophanov (P.). — Études ter atogéné tiques. II. Observations et expériences sur le premier rudiment de la ligne primitive chez les Oiseaux. — Dans ce travail, qui est surtout embryologique, Fauteur combat l'idée géné- ralement admise que la ligne primitive des Sauropsidés soit dérivée du sillon en croissant qui représente une portion du blastopore : il croit que la ligne primitive et le sillon en croissant sont des formations indépendantes qui n'ont d'autre point commun qu'une origine simultanée. Pour le démontrer, il retarde la formation du sillon en croissant en vernissant la coquille à son niveau et voit la ligne primitive se développer à quelque distance en avant du sillon en croissant. — C. B. Davenport. 33. Loyez (Marie). — Sur un têtard de Rana temporaria bicéphale. — Les monstruosités de la partie antérieure du corps sont relativement rares chez les Batraciens, qui, par contre, présentent souvent des anomalies des membres et surtout des membres postérieurs. Il est donc bon de signaler un Têtard à deux tètes, divergentes, bien con- formées et parfaitement égales, tout au moins sitôt après la naissance, car bientôt la tête gauche , se développant davantage , montra une certaine ten- dance à se placer dans l'axe du corps. L'animal ne s'est jamais servi de ses quatre ventouses , qui du reste se sont bientôt atrophiées. Il a vécu trois se- maines, et au début de son existence a pu nager avec une certaine rapidité ; il est toujours resté plus petit que les autres Têtards de la même ponte. — E. Hecht. 2. Anonyme. — Pohjdactyliechez le Chamois.— La polydactylie s'observe assez fréquemment chez les animaux domestiques, plus rarement chez les animaux sauvages, et n'avait pas encore été signalée chez le Chamois. Kônig a relevé deux cas chez cet animal. Dans le premier, sur chaque patte postérieure il existait en plus des deux doigts et sabots postérieurs, un doigt surnuméraire médian, muni d'un fort sabot, situé un peu plus haut que les deux doigts normaux, et faisant suite à un métatarse à peu près bien distinct jusqu'au milieu du canon. Dans le second cas, fort analo- gue au précédent, le métatarse du doigt surnuméraire conservait son indé- 200 • L'ANNEE BIOLOGIQUE. pendance jusqu'à l'origine du tarse, bien que dans son tiers supérieur il fût il j;i Milidement soudé au canon. L'auteur dans ces deux cas ne croit pas à un fait d'atavisme, mais à un dédoublement incomplet des extrémités, ainsi à une schistodactylie. — E. Heciit. 39. Saint-Remy (G.). — Notes tératologiques. I. Ébauches épiphysaires et paraphysaires paires chez un embryon de Poulet monstrueux. — Cette observation, faite sur un embryon anencéphale correspondant au troisième jour, parait prouver que le mode de développement actuel de l'épiphyse et de la paraphyse chez les Oiseaux, aux dépens d'une ébauche impaire, a été précédé d'un mode de développement aux dépens d'ébauches paires, analo- gue à celui qu'on a observé chez certains Poissons. C'est d'autant moins surprenant que la formation d'organes par des ébauches impaires est relati- vement rare. — G. Saint-Rem y. 40. Saint-Remy (G.). — ■ Notes tératologiques. II. Malformation de Vexlré- mité antérieure de la corde dorsale chez un embryon de Poulet. — Cette observation tend à prouver que l'accroissement de volume des vaisseaux dans une région embryonnaire peut avoir deux résultats bien différents : leur extension peut nuire à celle des organes voisins qui sont comprimés par eux; cependant, si l'élasticité des tissus neutralise en partie leur action compressive, ils peuvent aussi suractiver la croissance d'un organe en lui apportant des matériaux nutritifs plus abondants. — G. Saint-Remy . CHAPITRE VIF La Régénération. La question si controversée de la régénération des centres nerveux semble décidément se trancher dans le sens de l'affirmative. Vitzou (46), continuant les recherches déjà résumées en partie dans le tome Iei de ce re- cueil (p. 256), a constaté chez un Singe la réformation des lobes occipitaux avec retour de la vue qui avait disparu après l'opération. Dans les tissus régénérés, il reconnaît la présence des cellules nerveuses avec dendrileset fibres nerveuses. — Stefani (42) constate l'impossibilité de faire souder ensemble les bouts centraux de deux nerfs sectionnés, ce qui se conçoit si vraiment, clans les nerfs rapprochés par suture d'un bout central à un bout périphérique, la réunion se fait par la pousse des fibres cen- trales dans le segment périphérique servant de conducteur. [Les chirur- giens ont cependant signalé des cas où la sensibilité périphérique avait reparu si vite qu'elle ne pouvait être attribuée qu'à une soudure immé- diate des fibres.] — A signaler une discussion sur la cause de la régéné- ration tétramérique des pattes pentamériques des Blattides, observée par Brindley (5) et par Bordage (4). Giard (10) veut y voir un fait d'ata- visme et donne des exemples en faveur de son idée. Nous avons placé au chapitre IV (voir p. 155) l'analyse d'un travail de Hescheler (14) où cet expérimentateur, dans une étude des rapports entre Pautotomie et la régénération, examine entre autres la répartition du pou- voir régénérateur le long du corps du Ver de terre. Dans Je même ordre d'idées, Florence Peebles (31) compare, au point de vue de la puissance régénératrice, les différentes parties du corps de l'Hydre et constate que si le pied, comme on pouvait s'y attendre, est moins apte à régénérer des tentacules que le reste du corps, la partie inférieure ou blastogène du tronc est, chose singulière, aussi apte à cette fonction que la région supérieure génito-buccale. Divers auteurs se sont préoccupés de déterminer le minimum de taille d'un fragment d'animal susceptible de régénération. On connaît le résul- tat des recherches de Lillie sur le Stentor (voir A nn. bioL, II, 150) venant après celle de Lceb (voir Ann. bioL, I, 223) sur des fragments de blasto- mères. Cette année, Florence Peebles (31) se pose la même question pour l'Hydre et trouve que la régénération est d'autant plus incomplète que le fragment est plus petit. Elle constate que un fragment de ^ de 202 L'ANNEE BIOLOGIQUE. millimètre cube, soit -^ de volume total, est suffisant pour reproduire au moins un tentacule. [Au lieu de se borner à mesurer le volume absolu du morceau ou de la fraclion de la masse totale du corps qu'il représente, il serait mieux d'envisager aussi sa taille par rapport à celle des cellules con- stitutives des tissus et par conséquent le nombre total des cellules que ce fragment contient. Ce rapport doit certainement intervenir comme fac- teur des résultats obtenus]. — En ce qui concerne cette même question de la limite de taille des fragments aptes à régénérer et aussi celle de la polarité de la régénération, Th. Morgan (28) publie un certain nombre d'expériences très suggestives dont nous ne pourrions donner idée ici qu'en transcrivant en entier l'analyse très substantielle qui en est donnée plus loin, et à laquelle nous renvoyons le lecteur. Les nombreuses observations qui sont venues montrer le non-paral- lélisme de la régénération et de l'ontogenèse ont si fortement frappé l'es- prit des biologistes que ce non-parallélisme tend à devenir aujourd'hui la croyance la plus générale. Il ne faut pas oublier cependant que le parallélisme se vérifie dans nombre de cas paraissant bien positifs. — Wagner (47), rectifiant les conclusions d'un de ses travaux antérieurs, déclare aujourd'hui que la régénération de la première portion du tube digestif des Oligochètes doit être rayée de la liste des cas où il n'y aurait pas concordance avec l'évolution ontogénétique. Hepke (13), continuant les études sur les Naïdes, dont nous avons rendu compte dans le précédent volume (p. 215), montre que les organes régénérés proviennent, non pas directement des organes différenciés si- milaires, mais bien d'éléments embryonnaires ayant ces organes pour ori- gine; en somme, par un processus qui ramène les ébauches au stade de développement des trois feuillets primitifs. Dans la régénération l'organisme tend moins à réparer une partie perdue qu'à restaurer la forme normale qui correspond pour lui à un état d'équilibre. Dans la plupart des cas, il ne peut y arriver qu'en repro- duisant la partie coupée, par exemple lorsqu'il s'agit de reformer un appendice. Mais s'il peut y parvenir par un moyen plus économique, sans reformer la partie excisée, il le fait de préférence. C'est ce que montrent bien les expériences de Hargitt (12) qui, ayant coupé une Mé- duse, soit enlongsagittalement, soit perpendiculairement à son axe, voit celle-ci se reconstituer par simple rapprochement des bords de la plaie en rétablissant d'emblée sa forme typique. Par divers procédés, Driesch (9) agit sur l'intensité du processus ré- génératif : il le retarde en lui imposant un travail plus lourd, il l'accélère en lui faisant refaire une besogne déjà faite, nous dirions presque déjà apprise ; mais dans l'un ou l'autre cas, il déclare que le pouvoir régulateur reste prépondérant. Cette régulation conduit l'organisme vers son but, la reproduction de la forme normale, but qui devrait être dépassé dans le second cas et incomplètement atteint chez les premiers. Cela n'a rien d'absolu d'ailleurs, car d'autres expériences montrent 1 existence d'une tératogénèse par régénération, comme par exemple lors- que Vuli'iax, en coupant le bout des pattes à des Axolotls, leur fait régé- nérer un nombre de doigts supérieur à la normale. D'ailleurs, l'histoire VII. — RÉGÉNÉRATION. 203 tout entière de l'hetéromorphose est la preuve que le pouvoir régulateur est loin d'être tout-puissant. Joest(lo) constate l'absence de régénération des organes sexuels chez les Vers de terre formés par soudure d'une partie céphalique avec une partie caudale, avec suppression de la partie moyenne contenant les glandes génitales, ce qui vient à l'appui de l'idée de la localisation d'un plasma germinatif au sens de Weismann. Quand, au niveau de la soudure d'un segment greffe, se régénère une tête, elle apparaît du côté ventral où se trouve le cordon nerveux. Yves Delage et G. Poirallt. 1. Ballet (G.) et Dutil (A.). — Sur quelques lésions expérimentales de la cellule nerveuse. (Sem. médic, 1897, 346.) [Voir ch. XIX 2. Barfurth (D.). Régénération und Involution. (Anat. Ergebn., VI, 391-438.) [Résumé des travaux parus sur ces sujets en 189(3 et une partie de 1897. 3. Behrens (J.). — Ueber Régénération beiden Selaginellen. (Flora, LXXXIV, 149-166.) [216 4. Bordage iEd.). — Sur la régénération tètramérique du tarse des Phas- mides. (C. R. Ac. ScL, CXXIV, 1536-1538.) [Voirch. IV 5. Brindley (H. H.). — On the régénération of the legs in the Blattidœ. (P. Zool. Soc. London, 1897, 903-916.) [210 6. Buguet (Abel). — Lesrayons X en histoire naturelle. (La Nature, XXV. 400, 2 fig.) [217 7. Caullery (M. et Mesnil (F.). — Sur un ces de ramification chez un Annélide (Dodecaceria Concharum). (Zool. Anz., XX, 430-440 1. [207 8. Le Dantec (P.). — La régénération du mieronuclens chez quelques infu- soires ciliés. (C. R. Ac. ScL, CXXV, 51.) [Voir ch. I 9. Driesch Hans). — Studien iiber das Regulationsvermôgen der Organis- men. 1. Vondenregulativen Wachstums- und Differenzirungsfâhigkeiten der Tubularia. (Arch. Entw.-Mech., V, 389-418, 14 fig.) [214 10. Giard (A.). — Sur les régénérations hypotypiques. (C. R. Soc. BioL, IV, 315-317.) [210 11. — — Sur Vautotomie parasitaire et les rapports avec Vautotomie gono- phorique et laschizogonie. (C. R. Soc. BioL, IV. 380-382.) [Voir ch. IV 12. Hargitt (Ch. W.). — Récent expérimenta on régénération. (Zool. Bull., I, 27-34.) [213 13. Hepke (P.). — Ueber histo-und organogenetische Vorgânge bei den Rege- nerationsprocessen der Naïden. (Z. wiss. Zool., LXIII, 263-291, pi. XIV-XV.) [212 14. Hescheler (K.). — Weitere Beobachtungen ûber Régénération und Selbst- amputation bei Regenwûrmern. (Viert. Ges., Zurich, XLII, 54-64.) [Voir ch. IV. 204 L'ANNEE BIOLOGIQUE. ir>. Joest(E). — Transplantationsversuche an Lumbriciden. Morphologie luitl Physiologie der Transplantationen. (Arch. Entw.-Mech., V, 419-569, 18 lia-, texte, pi. VI-VII.) [Voir ch. VIII 16. Kennedy (Robert). — On the Régénération of Nerves (Abstr.). (Proc. R. Soe. London. LX, 472-477.) [Sera analysé dans le tome IV . 17. Kochs (W.). — Versuche ûber die Régénéra lion von Organen bei Amphi- bien. (Arch. mikr. Anat., XLIX, 441-461^ lpL, 3 fig.) [206 18. Koller(H.). — Ist dus Periost bindegewebig vorgebildeter Knochen im Stande Knorpel zu bilden ? Experimentelle Untersuchung ùber dot Ein- flussdurch einen âusseren Eingriff gesetzter Redingungen auf die Entstehung eines bestimmten an der betreffenden Stel/e neuen Gewebes auf der Basis latent vorhandener Anlage. Zurich, 8°, 37 p., 1 pi. [Voir Ann. biol., II, 218. 19. Korolew (E. E.). — Ueber den Ursprung und die Bedeutung der Gan- glienzellen bei der Régénération verletzter Nerven. (Centralbl. med. Wiss.. 1897, 113-117, 129-132.) [Sera analysé, s'il y a lieu, dans le prochain volume. 20. Labbé (A.). — Uhêtéromorphose en zoologie. (Rev. gén. Se, VIII, 589-593. ) [213 21. Langley (J. N.). — On the régénération of preganglionic and of post- ganglionic viscéral nerve fibres. (Journ. PhysioL, XXII, 215-230.) [209 22. Léger (Louis). — Mutilation pathologique et régénération chez le Pro- toplère. (C. R. Soc. Biol., IV, 544-545.) [206 23. Lillie (F. R.) et Knowlton (F. P.). — On the effect of température on the development of animais. (Zool. Bull., I, 179-193.) [Voir ch. XIV 24. Lopriore (G.). - - Ueber die Régénération gespaltener Wurzeln.(Nov. Act. Leop. Carol. Acad., LVI, 211-236, pi. XIII-XX.) [Dans les racines fendues, tous les tissus (assise pilifère, écorce, système vasculaire) peuvent être régénérés par croissance formatrice apicale; une couche de tissu de cicatrisation se forme sur la surface de section. — A. J. Ewart. 25. Michel (Aug.). — Recherches sur la régénération chez les Annélides. I. Régénération caudale (C, R. Soc. Biol., IV, 283-285, 313-314). - - II. Régénéra- tion cêphalique (Biol., /. c, 336-338; 353-355). — III. Scissiparité artificielle. — IV. Vitesse de régénération (l. c, 385-387). [Voir au n° 27 26. — — De la formation de Vanus dans la régénération caudale chez les Annélides. (C. R. Soc. Biol., IV, 681-683.) [Voir au n° 27 27. — Sur V origine ectodermique du bourgeon de régénération caudale des Annélides. (C. R. Soc. Biol., IV, 730-733.) [Ces différentes notes se- ront analysées ultérieurement en même temps qu'un mémoire plus étendu. 28. Morgan T. H.), — Régénération in Allolobophora fœtida. (Arch. Entw.- Mech., V, 579-586, pi. VIII.) [211 29. Ollier. — Démonstration par les rayons de Rôntgen de la régénération osseuse chez Vhomme à la suite des opérations chirurgicales. (C. R. Ac. Sri.. CXXIV. 1070.) [Cité à titre bibliographique. 30. Pace Domenico). — Su/la dégénéra zione e rigenerazione délie fibre nervose midollari periferiche. Ricerche sperimentali e microscopiche. (Boll. Soc. Natur. Napoli, X, 1896. 114-178, 1 pi.) [209 31. Peebles (Florence). — Expérimental Studies on Hydra. (Arch. Entw.- Mech., Y. 794-819, 34 fig. texte.) [209 VII. — REGENERATION. 205 32. Randolph (H.). — Observations and Experiments on Régénération in Plana rions. (Arch. Entw.-Mech., V, 352-37*2, 19 fig. texte.) [211 33. Ranvier (L.). — Sur Je mécanisme histologique fie fa cicatrisation cl sur des fibres nouvelles, « fibres synoptiques ». (C. R. Ac. Sciv CXXIV, 444-448.) [207 34. — — Du rôle physiologique des leucocyte*, à propos des plaies île la cor- née. (C. R. Ac. Sci., CXXIV, 386-391.) [Les amibocytes émigrent dans les régions irritées et s'y décomposent plus ou moins pour apporter aux épithéliums en réparation la nourriture dont ils ont besoin. — L. Cuénot. 35. — — Une théorie nouvelle sur la cicatrisation et le rôle de Vépithélium antérieur de lu cornée dans la guérison des plaies de cette membrane. (C. R. Ac. Sci., CXXIII, p. 1228-1233.) [Voir Ann. Mol., II, 211. 36. Rengel (C). — Ueber die periodische Abstossung und Neubildung des gesammten Mitteldarmepithels bei Hydrophilus, Hydrous und Hydrobius. (Z. wiss. Zool., LXIII, 440-455, pi, XXIII.) [206 37. Richards Herbert Maule). — The évolution of heat by wounded plants. (Ann. Bot., XI, 29-63.) [Voir ch. XIV. 38. Rollinat R.). — Observations sur quelques reptiles du département de l'Indre. Mœurs cl reproduction de Vorvet fragile. (Mem. Soc. Zool, France. X, 88-89.) [Voir ch. IX. 39. Sacerdotti (C). — Ueber die Régénération des Schleimepithels des Ma- gendarmkanales bei den Amphibien. (Arch. Mikr. Anal, XLVIII, 359-368. pi. XV.) [206 40. Schaffer (Jï). — Ueber die Fâhigkeit des Périostes Knorpel zu bilden. (Arch. Entw.-Mech., V, 343-351, pi. V.) [211 41. Soulié (A.). — Sur les variations physiologiques que subissent dans leur forme et dans leurs dimensions les cellules endothéliales de Vèpicarde et de la plèvre pulmonaire. (C. R. Soc. Biol.. IV. 145-146.) [207 42. Stefani A.). — Delhi propriété délie fibre nervose dimantenere isolati i loro monconi centrait. (Atti R. Istit. Veneta, Se. Lett. Arch. (7), VII, 658-668.) [Labor. di Fisiol. di Padova]. [208 42 bis. — — Sur la propriété qu'ont les fibres nerveuses de maintenir isolés leurs moignons centra u.c. (Arch. ital. Biol., XXVII, 305-313.) [208 r 43. Tchouproff (Olga). — Etude sur les causes qui déterminent le fraction- nement du bois axial chez Mendocia Schomburgkiana Nées et sur l'origine et le développement des tissus cicatrisants. (Bull, herbier Boissier. V, 326- 365, 22 fig. texte.) [216 44. Tittmann (H.). — Beobachtungen ùber Bildung und Régénération de* Periderms, des Epiderms, des Wachsuberzuges und der Cuticula einiger Gewàchse. (Jahrb. wiss. Bot., XXX, 116-154.) [215 45. Tornier (G.). — Ueber experimentelle erzeuglc dreischwanzige Eidech- sen und Doppelgliedmassen von Molchen. Ueber Operationsmethoden welche sicher Hyperdactylie erzeugen mit Bemerkungen uber Hyperdactylie und Hyperpedie. (Zool. Anz., XX, 356-365, 9 fig.) [Voir ch. XI 46. Vitzou (Alex.-N.). — La néoformation des cellules nerveuses dans le cerveau du singe consécutive à V ablation des lobes occipitaux. (Arch. Phy- siol. norm. path., 1897, 29-43, n" 1, 1 fig. texte, 1 pi.) [207 206 L'ANNÉE BIOLOGIQUE. 47. "Wagner (Fr.). — Zwei Worte zur Kenntnis der Régénération . Rengel (G.). — Sur la chute périodique et la régénération de Vèpi- thélium de l'intestin dit moyen d'Hydrophilus, Hydrous et Hydrobius. — L'épithélium de l'intestin moyen subit périodiquement une chute suivie de sa reconstitution à l'aide d'éléments nouveaux formés dans des culs-de-sac. La séparation de l'ancien épithélium et l'expulsion des nouvelles cellules hors des culs-de-sac paraissent se faire grâce à l'action de la musculature de l'intestin, spécialement des muscles longitudinaux. De pareils phénomènes semblent exister aussi chez d'autres Coléoptères. — G. Saint-Remy. 22. Léger (L.). — Mutilation pathologique et régénération chez le Proto- ptère. [XIV 2ai\\ — Deux Protopterus annectens, enfermés dans leur motte de terre creuse, en état de vie ralentie, sont trouvés, le corps parsemé de taches blanchâtres avec destruction de la peau, et même des appendices (queue, mem- bres postérieurs) ; chez l'un d'eux, les membres antérieurs sont détruits, l'œil désorganisé par ces taches. Celles-ci, au microscope, se montrent composées de Bactéries en forme de grain d'orge, groupées en Diplocoques, le couple mesurant 2,7 à 3 p. Cette Bactérie est l'agent essentiel probable des mutila- tions. Mis dans l'eau douce, les animaux régénèrent toutes les parties dé- truites, voire même l'œil, en trois mois. Donc, en état de vie ralentie, ces animaux ont une diminution de la résistance vis-à-vis des Microbes, par dimi- nution de l'activité phagocytaire; la résistance augmente par le retour à la vie active; enfin les Protoptères possèdent donc un haut pouvoir de régéné- ration, comme les Amphibiens, tandis que les autres Poissons sont, comme on sait, très mal doués à ce point de vue. — A. Philibert. 17. Kochs. — Expériences sur la régénération des organes chez les Am- phibiens. — Si l'on extirpe complètement un œil à des têtards àeRana, il ne se fait aucune régénération de l'organe enlevé, quel que soit le temps écoulé ; ce qui peut rester du bulbe oculaire, pigment et muscles, dégénère rapide- ment et la peau recouvre complètement la région opérée. Si l'on enlève seulement le cristallin, il peut y avoir régénération, comme cela est mainte- nant certain pour les Tritons et les Salamandres ; il semble que le cristallin soit reformé par les cellules de l'iris, ainsi que Colucci, \Yolff et Erik Mùller l'ont constaté chez les Urodèles. L'œil opéré diminue de volume et reste plus petit que l'œil sain. — Kochs donne des photographies de Triton et de larves de Salamandra auxquels il a amputé les membres ou la queue : il en ressort un certain nombre de faits intéressants qui confirment ou pré- cisent ce que l'on sait : les membres amputés se régénèrent très lentement, peut-être pas du tout, chez les vieux Tritons; la régénération n'est jamais une reslitutio in inlegrum, la partie régénérée étant toujours plus petite que la normale; les Tritons empêchés dans leurs mouvements par l'amputation des pattes antérieures présentent une hypertrophie très notable de la queue et des pattes postérieures. — L. Cuénot. 39. Sacerdotti (G.). — Sur la régénération de Vépithélium muqueux de VIL — REGENERATION. 207 l'estomac chez les Amphibiens. — Chez les Amphibiens les cellules muqueuses du tube digestif (œsophage et estomac de la Grenouille, intestin du Triton) proviennent d'éléments qui ont déjà rempli la même fonction de sécrétion, et le centre de formation, comme celui de l'épithélium non muqueux, se trouve dans les couches profondes, d*où les cellules néoformées gagnent la surface libre; cette progression est obtenue d'une part par la desquamation de l'épi- thélium superficiel vieux , d'autre part par ce fait que les jeunes éléments sont poussés par d'autres plus jeunes. Ces observations confirment donc à nouveau les points fondamentaux établis par Bizzozero, que les cellules mu- queuses du tube gastro-intestinal sont des éléments réellement spécifiques et que, dans la règle, les épithéliums intestinaux ne se développent pas là où nous les trouvons complètement formés. — G. Saint-Remy. 7. Caullery et Mesnil. — Sur un cas de ramification chez un Annélide (Do- decaceria concharum Oerst). [VI a : c s] — Caullery et Mesnil ont rencontré, parmi plusieurs centaines d'individus de Dodecaceria, un exemplaire bifur- qué : cet individu était formé d'une région moyenne large et courte (les 4 seg- ments sétigères 12-15) portant trois prolongements moins larges : l'un anté- rieur de 11 segments, terminé par une tète, l'autre postérieur de 31 segments et enfin un troisième de 32 segments, ayant aussi la valeur d'une extrémité caudale, et inséré sur le même anneau que l'extrémité céphalique et à peu près perpendiculairement à celle-ci. Les auteurs interprètent cette anomalie de la façon suivante : le morceau large serait un fragment isolé par traumatisme et qui aurait régénéré tout le reste de l'animal (cas très fréquent chez les Cirratuliens) ; à l'extrémité antérieure, coupée obliquement, il aurait donné à la fois une extrémité céphalique et une extrémité caudale (hétéromor- phose), et, à l'extrémité inférieure, il aurait donné seulement une extrémité caudale. — L. Cuénot. 33. Ranvier. — Sur le mécanisme histologique de la cicatrisation et sur des fibres nouvelles, « fibres synaptiques ». — Une plaie entamant à la fois 1'épi- derme et le derme se comble tout d'abord par un coagulum de fibrine; puis le revêtement épidermique se reconstitue très vite. La fente du derme est traversée au bout de quelque temps par des fibres synaptiques, différentes du réseau fibrineux qui l'occupait tout d'abord. Ranvier explique comme suit la formation de ces fibres : les cellules conjonctives des lèvres de la plaie en- voient des prolongements cytoplasmiques qui s'accolent aux filaments de fi- brine ; les fibres synaptiques naissent du conflit ["?] des filaments fibrineux et des prolongements cellulaires. Elles présentent la propriété curieuse de re- venir sur elles-mêmes, de se rétracter, en entraînant leurs points d'attache. — L Cuénot. 41. Soulié (A.). — Sur les variations physiologiques que subissent dans leur forme et dans leurs dimensions les cellules endothéliales de Vèpicarde et de la plèvre pulmonaire . — Les cellules changent de forme pendant les mouve- ments du cœur et du poumon. Mais il existe, à la surface des séreuses viscé- rales, des dépressions où les cellules particulières conservent toujours les mêmes dimensions. Ce seraient des centres de régénération pour l'endothé- lium lésé. — A. Philibert. 46. Vitzou (A.). — La néoformation des cellules nerveuses dans le cerveau du Singe, consécutives à V ablation des lobes occipitaux. — Quelques faits parlent en faveur de la possibilité de la régénération des centres nerveux. •j(is L'ANNÉE BIOLOGIQUE. Voit, après avoir enlevé à un jeune Pigeon les deux hémisphères cérébraux, le vit reprendre peu à peu ses fonctions cérébrales presque au complet. L'ayant alors tué. il trouva la cavité crânienne remplie d'une masse blanche d'aspect et de consistance semblables à ceux de la substance cérébrale. L'examen his- tologique décela dans cette masse nouvellement formée des fibres nerveuses et des cellules ganglionnaires manifestes. Une observation de Demme semble prouver que semblables phénomènes pourraient se produire aussi dans le cerveau humain. Quelques faits anatomo-pathologiques sont à rapprocher des précédents : prolifération des cellules nerveuses dans la démence paralytique JiGGES); à la limite d'un foyer de ramollissement consécutif aune embolie sylvienne (Meynert), dans la paralysie progressive (Lubinoff) ; enfin, à la suite de lésions expérimentales pratiquées sur le cerveau des Chiens ou des Lapins (Ceccherelli, Popoff). En opposition avec les faits précédents, il faut citer les résultats négatifs observés par Cœn, Mondino, Sanarelli, Falchi, Baquis, Cattani, v. Kahlden, Ziegler, Marinesco, Strqebe. La plupart de ces auteurs ont bien observé des figures caryokinétiques dans diverses cellules des centres nerveux (cellules ganglionnaires, cellules de Purkinje, cellules multipolaires de la rétine, cel- lules sympathiques), mais jamais la néoformation de tissus nerveux carac- térisés par la présence de fibres ou de nouvelles cellules. L'auteur fait l'ablation totale des deux lobes occipitaux chez un jeune Singe (M a eu eus sinicus). La conséquence immédiate fut une cécité absolue. A partir du quatrième mois après l'opération on constate une légère réapparition du sens delà vue. Dix-sept mois après l'opération, l'animal reconnaît le personnel du laboratoire et évite les obstacles qu'intentionnellement on place sur son passage. Deux ans et deux mois après la première opération et après une restauration presque complète de la vue, on pratique une nouvelle ouverture du crâne. Tout l'espace laissé vide par la première est occupé par une masse nouvellement formée qui est enlevée de nouveau pour être soumise à un examen histologique. L'opération terminée, on constate que l'animal est de nouveau aveugle. L'examen histologique pratiqué sur le tissu de néo-formation a montré que ce tissu renfermait des cellules pyramidales typiques de grande et de moyenne taille et des fibres nerveuses. Les cellules sont pourvues de den- drites latéraux et basilaires et d'un axone. Les fibres nerveuses sont consti- tuées essentiellement par un cylindre-axe formé lui-même soit par une fibrille unique, soit par la réunion de plusieurs filaments semblables. En résumé, ces éléments considérés en eux-mêmes sont semblables aux éléments normaux. Aussi l'auteur pose-t-il comme conclusion que, chez le jeune Singe. le cerveau possède le pouvoir de reproduire la perte de substance opérée dans son tissu et de récupérer par là une partie de ses propriétés anatomiques et physiologiques. — Ch. Simon. 42 bis. Stefani. — Sur la propriété qu'ont les fibres nerveuses de maintenir isolés leurs moignons centraux. — Si l'on sectionne les nerfs médian et cu- bital d'un Chien, et qu'on unisse ensuite les deux moignons centraux, de façon à ce qu'ils entrent en contact mutuel, on constate que ces deux moi- gnons centraux ne se pénètrent jamais l'un l'autre; chacun d'eux se termine par une massue cicatricielle, et aucune fibre nerveuse ne passe d'une massue dans la voisine. Cette expérience confirme l'opinion admise par la majorité des physiologistes, à savoir que la régénération d'un nerf sectionné doit être attribuée, non pas à une soudure effective des fibres, mais à la poussée et à VII. — REGENERATION. 209 la pénétration dans le moignon périphérique des fibres reliées aux centres. — L. Cuénot. 21. Langley (J.). — Sur la régénération des fibres nerveuses sympathiques. — Si Ton sectionne les fibres nerveuses qui aboutissent au ganglion cervical supérieur ou les fibres qui en partent, le sympathique cervical récupère ses fonctions au bout d'un certain temps. La plupart des fibres du premier groupe se remettent en contact avec les mêmes cellules ganglionnaires que les anciennes, peut-être par chimiotactisme. Quant aux fibres qui émanent du ganglion, une petite partie d'entre elles innervent après leur régénération d'autres appareils terminaux que primitivement. On peut en conclure que les cellules sympathiques qui régissent différents tissus ne sont pas spécifique- ment distinctes et que c'est simplement la direction de croissance de leur cylindre-axe qui fait qu'elles innervent tel ou tel appareil. — G. Bullot. 30. Pace (Dominico). — Sur la dégénérescence et la régénération (le la fibre nerveuse à myéline périphérique. — Après écrasement ou section d'un nerf périphérique (le sciatique généralement), chez la Grenouille et le Lapin, il n'y a jamais de réunion par première intention. L'auteur distingue deux sortes de dégénération, l'une traumatique, qui frappe les parties lésées directement, l'autre secondaire, qui s'étend un peu au bout central, et totale- ment au bout périphérique. Elle se produit de la façon suivante : le cylindre- axe se renfle en massue, devient granuleux, puis se divise en petits morceaux; en même temps, chez le Lapin, un peu plus tard chez la Grenouille, la myéline se divise en petites masses cylindriques, puis sphériques. Secon- dairement, les cellules de la gaine de Schwann prolifèrent et, prenant les caractères de phagocytes, englobent et résorbent les particules dégénérées; 12 à 17 jours après la lésion, de nouveaux cylindre-axes apparaissent, émergeant de la portion saine du bout central ; il y en a parfois plusieurs à l'intérieur d'une même gaine de Schwann. Ils croissent distalement, en repoussant les cellules proliférées devenues fusiformes contre la paroi de la gaine de Schwann où elles reprennent leurs caractères primitifs. Les jeunes fibres, pourvues de myéline, parvenues au niveau de la lésion, se divisent en deux groupes, dont l'un continue la direction originelle, tandis que l'autre s'en écarte et s'approprie les cellules conjonctives ambiantes, jouant pour elles le même rôle que les cellules de la gaine de Schwann. Toutes ces fibres, finale- ment, atteignent le bout périphérique réduit à un paquet conjonctif; elles s'insinuent pour la plupart entre ses éléments; d'autres s'accolent à lui. Ce bout périphérique ne participe en aucune façon à la régénération des cylindre- axes. Au 45e jour environ, on distingue dans les plus jeunes les incisures de Schmidt-Lautherman et, au 119e, les anneaux de Ranvier. — André Philibert. 31. Peebles (Florence). — Etudes expérimentales sur V Hydre. — Ce mé- moire jette du jour sur deux questions : 1° le minimum de taille du fragment d'Hydre capable de régénération ; 2° l'aptitude relative des différentes parties du corps à produire des tentacules. 1° On coupe les tentacules à une Hydre de grande taille, puis on sectionne son corps en morceaux aussi petits que possible. Le plus petit fragment ca- pable de s'arrondir en sphère parfaite et de former une bouche ou un tenta- cule a été de 1/432 de millimètre cube, soit 1 /200 de volume total de l'Hydre. Plus le fragment est petit, moins grand est le nombre de tentacules auquel il peut donner naissance. Les fragments de 1 5 de millimètre ont formé un ou deux tentacules. Ceux de 1/3 de millimètre forment deux ou trois tentacules dont la l'année biologique, ni. 1897. 14 •;>K» L'ANNEE BIOLOGIQUE. formation peul exiger s-10 semaines. {UHydra viridis a normalement de 6-8 tentacules.) Ces expériences montrent que la faculté de s'accroître a une limite dépendante de facteurs plutôt internes qu'externes. 2° Au-dessous des tentacules, le corps comprend trois zones : la zone M'xuelle, la zone blastogénique et le pied. En isolant ces zones, on constate que les deux premières sont aptes à peu près dans la même proportion (33- 75 °/o de réussites) à régénérer une Hydre complète et qu'elles forment dans le même temps (3-5 jours) le même nombre de tentacules (1-2). D'autre part, le pied régénère lentement et ne forme de testicules que dans un petit nombre de cas (10 %). Un fragment de bourgeon régénère plus rapidement qu'un fragment de même taille d'une Hydre adulte et chez les bourgeons le pôle apical régénère plus rapidement que les portions basilaires. Un tentacule ne peut régénérer une Hydre entière que s'il porte une partie de l'hypostome, et cela même si le fragment est de grande taille; même, plusieurs tentacules joints ensemble se détruisent sans régénérer. Mais s'il y a à la base même d'un seul tentacule un fragment de corps, celui-ci vit etrégénère.Dans ce cas. le tentacule peut, par l'effet de la croissance des parties voisines, se retrouver rejeté vers le pied. Il peut alors grandir et devenir une partie du tronc. [Il y a là un point douteux, il se pourrait que le tronc s'accrût et résorbât le ten- tacule à sa base]. — G. B. Davenport. 5. Brindley. — Régénération des pattes chez les Blattides. [VI b y] — On trouve souvent, dans la nature, des Blattes possédant 4 articles au tarse au lieu du nombre normal, 5. L'auteur, dans des individus nouveau-nés, rencontre toujours un tarse pentamérique ; chez les animaux très jeunes, les tarses té- tramériques sont rares. Brindley prive expérimentalement une Blatte, Stylo- pyga orientalis, de la portion distale de plusieurs pattes. Les expériences, portant sur 833 individus, ont donné lieu, dans 5 12 des cas, à une régénéra- tion des parties détruites, même lorsque la patte était arrachée à la jonction femoro-trochantérienne. Le tarse régénéré possédait presque toujours 4 ar- ticles, quelquefois 3. Cette tétramérie est donc d'origine régénérative, nulle- ment congénitale, et, selon l'auteur, due probablement à une adaptation nouvelle. Il note encore que la 3° paire de pattes régénère plus facilement, par accoutumance sans doute, ces appendices étant plus exposés que les au- tres aux mutilations accidentelles. Lorsque le segment de membre a été sec- tionné en partie seulement (tarse, tibia) , la portion proximale incomplète se détache par autotomie. Ce phénomène se produit encore, chez les Blattes, lors de violentes excitations, la séparation siégeant soit à l'articulation tarso- tibiale, soit à la femoro-trochantérienne. Il nécessite l'emploi du chloroforme pour les expériences. — André Philibert. Sur le même sujet rBordage (4). 10. Giard. — Sur les régénérations hypoty piques. [XV b e] — L'auteur pense que la présence d'un tarse tétramère régénéré au lieu d'un tarse pentamère normal, chez les Ulattidx et les Phasmidx, indique, non pas une adaptation nouvelle, une variation discontinue comme le veulent Bateson et Brindley, mais le rapport d'une disposition ancestrale. Il rappelle, pour asseoir cette hypothèse, les faits suivants. Les Lepismides, qui représentent actuellement les Orthoptères ancestraux, ont un tarse tétramère; les Locustides, à tarse tel ramère, le régénèrent tétramériquement ; les Lézards régénèrent leur queue semblable souvent à celle du type ancestral; Téthys leporina reproduit des appendices dorsaux ramifiés comme ceux des Tritoniadés, dont Tethys des- VII. — REGENERATION. 211 cend; la polydactylie provoquée chez l'Axolotl et chez Pleurodeles Walt H est un retour atavique; chez Obelia, on observe souvent des tubes pluriannulés, disposition ancestrale, au lieu de tubes pauciannelés normaux; enfin, parmi les végétaux, chez Biota orientait*, les rameaux, dépouillés par une Chenille, Octeria dispar, donnent ensuite des feuilles aciculaires analogues à celles de Retinospora , ancêtre non fascié des Thuyas. La régénération, reproduisant un type ancestral, soit par défaut de matériaux, soit pour abréger le proces- sus, s'arrête à une disposition qui représente l'état d'équilibre le plus stable immédiatement antérieur à celui de l'époque actuelle; l'auteur l'appelle, dans ce cas, régénération hypotypique. — A. Philibert. 40. SchafFer (J.). — Sur la propriété ostéigène du périoste. — L'auteur attire l'attention sur ce fait que les observations de Koller (Ann. biol., II, 118), touchant la formation d'un cartilage à la place d'un os de membrane (apo- physe coronoïde du maxillaire inférieur),. ne sont nullement nouvelles et donne quelques nouveaux exemples observés par lui, d'autres os dans les- quels une modification semblable s'est produite. — C. B. Davenport. 28. Morgan (Th.). — Régénération chez Alfolobophora fœtida. — Des ex- périences antérieures ont montré que la régénération est quelquefois limitée par la taille du fragment qui doit régénérer ce qui manque, et qu'il y a dans la régénération une polarité. C'est à l'étude de ces deux faits que se rap- portent les expériences de M. — Chez le Ver de terre, un fragment antérieur contenant moins de 13 segments est rarement capable de régénérer une queue; de même, un fragment antérieur très petit ne peut régénérer une tête. Ce résultat n'est pas seulement une conséquence de la petite taille du fragment, car : 1° si à ce fragment antérieur trop court pour régénérer une queue, on coupe la tête, il la reforme ; de même pour le fragment postérieur, qui, trop petit pour faire une tête, reforme cependant une queue; 2° une extrémité antérieure intacte régénère plus vite une queue que ne fait une extrémité antérieure dont on a coupé le bout céphalique; 3° enfin, un frag- ment de la partie moyenne du Ver, de taille égale à celle des fragments an- térieur et postérieur précédents, qui étaient incapables de se compléter, peut régénérer à la fois une tête et une queue. L'obstacle à la régénération réside plutôt dans la position de la surface de section par rapport au Ver; quand la régénération a lieu, elle se fait lentement, comme si la substance nécessaire manquait dans les cellules en régénération. — En ce qui concerne la polarité, M. constate que, si les extrémités postérieures de deux Vers sont cousues ensemble, lorsqu'on vient à couper une extrémité de l'animal com- posite ainsi formé, c'est une queue et non une tête qui se régénère. — C. B. Davenport. 32. Randolph (H.). — Observations et expériences sur la régénération chez les Planaires. — Van Duvne, Johnson, Dalyell et autres ont montré la grande capacité de régénération des Planaires; cependant, une étude systéma- tique du sujet à un point de vue modernee st encore un desideratum. C'est cette lacune que Miss Rudolph vient de combler, partiellement, par son étude de Planaria maculata, espèce d'eau douce. L'animal coupé en travers, même en huit morceaux, a régénéré toutes ses parties; après une section lon- gitudinale parallèle au plan sagittal, il se régénère encore. Si le morceau ad- mis à régénérer a au moins la moitié du volume de l'animal, celui-ci se régénère sous sa taille normale. Si le morceau est moindre qu'une moitié, il régénère seulement une partie égale à lui. 21-2 L'ANNEE BIOLOGIQUE. Si la queue de ranimai est coupée en long el que l'on empêche les moitiés de -'■ ressouder, il se forme deux queues distinctes; il en est de même quand on fond l'extrémité céphalique. Le stimulus déterminé par une section sur un côté du corps peut avoir pour résultat la formation d'un œil surnuméraire, entre les yeux normaux, chez l'adulte. L'animal, étant entier, peut se diviser spontanément en travers. Des bandes de l'animal détachées en long ont la même capacité. Le résultat le plus remarquable de ces expériences est que la régénération semble avoir plus de tendance à rétablir la forme complète qu'à maintenir la taille totale. Il esta remarquer aussi qu*un fragment quel- conque tend à reproduire la forme normale de l'espèce. La production de tête ou de queue double après section longitudinale soulève la question de savoir si ces organes ne disparaîtraient pas plus tard par suite d'un proces- sus de régulation. — C. B. Davenport. 47. Wagner (Fr.). — Deux mots sur la régénération de l'intestin antérieur chez Lumbriculus. — C'est encore la question si controversée du parallélisme entre les processus ontogénétiques et ceux de régénération. Les recherches de 1896 (Voy. Ann. biol., I, 206) concluaient généralement à la négative. L'opi- nion de Wagner sur un point particulier est d'autant plus intéressante à retenir qu'il rectifie aujourd'hui sa conclusion de 1893. Pour lui, la régéné- ration de l'intestin antérieur chez Lumbriculus doit être rayée de la liste des cas où if n'y aurait pas concordance avec révolution onto gêné tique. L'ouver- ture initiale au contact de l'ectoderme et du segment intestinal endoder- mique régénéré n'a qu'une signification provisoire. Quand le lobe céphalique se dessine, un nivellement se produit à ce niveau où les deux feuillets se soudent ; suit une véritable invagination de l'ectoderme qui fournit un sto- modeum. Les deux formations contiguës sont nettement reconnaissables à l'allure de leurs éléments. — E. Bataillon. 13. Hepke (P.). — Sur les phénomènes histo- et organogénêtiques dans les jirocessus de régénération chez les Naïdes. — Dans la régénération de l'une ou l'autre extrémité du corps, le nouvel ectoderme se développe aux dépens des anciennes cellules épidermiques, au point où les bords de la blessure se trouvent un peu rapprochés après la section : il comprend d'abord une seule, puis plusieurs couches, constituant une sorte de coiffe, de la face interne de laquelle toutes les parties à régénérer tirent leur origine. — Le nouveau tube digestif se constitue aux dépens de l'ectoderme sous forme d'un bour- geon qui s'allonge en un cordon plein dans la direction de l'ancien intestin; celui-ci de son côté a produit quelques cellules nouvelles. La soudure s'opère et une cavité se creuse et se met en communication avec le dehors, en même temps que la paroi se différencie. — Tout le système nerveux régénéré pro- vient de l'ectoderme, et se met en relation avec la chaîne primitive sans que celle-ci produise aucune cellule nouvelle. Dans l'extrémité céphalique l'ébauche se sépare complètement de l'ectoderme, tandis qu'à l'extrémité caudale elle reste reliée à lui, à sa terminaison postérieure, comme cela a lieu dans la queue normale en voie d'accroissement. Les fibres musculaires circulaires proviennent également de l'ectoderme, après la séparation de l'ébauche nerveuse : quelques cellules détachées de l'ectoderme pénètrent dans la cavité générale, .se fixent à la paroi interne et s'accroissent sous forme de longues cellules musculaires transversalement à l'axe longitudinal . Les cellules ectodermiques qui sécrètent les soies pénètrent dans les ébauches des bulbes sétigères. Le mésoderme nouveau se forme aux dépens de cellules qui se détachent VIL — REGENERATION. 213 de l'ectoderme des deux côtés de l'ébauche digestive et pénètrent dans la cavité générale. La majeure partie de ces cellules forme de chaque côté une plaque allongée dont la face externe convexe s'adosse à la paroi du corps. Dans ces plaques mésodermiques apparaît de bonne heure une division : en quatre segments successifs à peu près égaux, à l'extrémité céphalique, et à l'extrémité caudale, en un nombre indéterminé de segments de plus en plus petits d"avant en arrière, comme dans la queue normale en accroissement. Un fait caractéristique, c'est que cette segmentation s'établit plus tôt que celle des ébauches nerveuses. C'est aux dépens de ces plaques mésodermiques que se forment d'abord les plaques musculaires longitudinales, puis les bulbes sétigères, les organes segmentaires, les lignes latérales (en partie seulement), les cloisons, les cellules hépatiques et les vaisseaux sanguins. Le développement de ces organes débute par l'apparition de quelques groupes cellulaires à l'intérieur de ces plaques, exactement comme dans la queue en voie d'accroissement normal, mais avec cette différence qu'à l'extrémité céphalique, ce processus de régénération est limité à la constitution de quatre segments. — On voit donc que les éléments des organes régénérés ne sont pas fournis directement par les organes différenciés, et que la nature est obligée de recourir en quelque sorte aux processus embryonnaires et de ramener le processus de régénération au stade de développement des trois feuillets primitifs. [Il est intéressant de remarquer que, d'après Hepke, les intestins antérieurs et postérieurs se reconstituent aux dépens de l'ectoderme, comme dans le développement embryonnaire, tandis que pour d'autres auteurs (Rievel, par exemple), ils se régénèrent aux dépens de l'endoderme. Il est curieux de voir le mésoderme provenir de l'ectoderme]. — G. Saint-Remy. 12. Hargitt. — Expériences sur la régénération. — Hargitt a étudié le pouvoir de régénération d'une Hydroméduse, le Gonionemus vertens ; l'excision de fragments de l'ombrelle, de tentacules, du manubrium, est suivie d'une prompte régénération; le manubrium excisé vit encore quelques jours, se meut en rampant, mais ne montre pas de tendance à la redintégration. Si le corps tout entier est sectionné par un plan vertical en deux moitiés, la restau- ration s'opère par un procédé particulier : lorsque l'animal est remis du choc opératoire, il y a un effort manifeste de chaque demi-méduse à reprendre sa forme normale par une contraction du corps qui amène en contact les parois coupées de la cloche: au bout de 3 à 5 jours, les demi-méduses ont repris la forme normale, mais leur taille est naturellement la moitié de celle d'une Mé- duse ordinaire; il ne semble pas y avoir formation des canaux radiaires néces- saires pour compléter la symétrie ; le nombre de ceux-ci varie d'ailleurs chez les individus normaux (de 3 à 5 ou 6). — Si on coupe entièrement le corps par un plan horizontal, de façon à isoler d'une part l'ombrelle, d'autre partie vélum avec les tentacules, on obtient encore deux Méduses entières; l'om- brelle reforme un canal marginal et des tentacules ; quant au vélum, les parois latérales se contractent, de sorte que la coupure supérieure s'efface graduellement et qu'il se forme un nouveau dôme. Il n'y a pas accroisse- ment de substances, ce qui serait du reste impossible, en l'absence de bouche et de cavité gastrique . mais le morceau de Méduse , de même que les demi- méduses de l'expérience précédente, tend à reprendre la forme spécifique et y arrive complètement. — L. Cuénot. 20. Labbé (A.). — Lhêtéromorphose en zoologie. — Lorsque l'organe régénéré diffère de l'organe enlevé par l'origine, la position, la structure et 214 L'ANNEE BIOLOGIQUE. le rôle physiologique, il n'y a plus régénération vraie, mais hétéromorphosé. L'auteur distingue des hétëromorphoses d'origine, où l'organe régénéré est semblable à l'organe disparu, mais se trouve formé par un matériel em- bryonnaire différent Ex. : régénération de Lumbriculus, Microstoma, Pla- naria, etc. ; du cristallin du Triton, etc.); et des hétëromorphoses de résultat, qui sont les vraies hétéromorphoses. L'auteur relate divers cas d'hétéromorphoses : les cas' de P. Cerfox- rAiNE 1), de Lûeh, d*E. Bickford, de Vax Duyxes chez les Hydroméduses, les Ascidies, les Planaires, la formation d'un organe antenniforme à la place d'un pédoncule oculaire chez les Crustacés Podophthalmes (Milxe Edwards, Hofer, Herbst) et les nombreux cas intermédiaires qui établissent le passage, entre les régénérations vraies et l'hétéromorphose. Il cherche ensuite les causes de l'hétéromorphose. Cerfoxtaixe, Trautzsch, Nussbaum pensent qu'il n'y a pas régénération, mais bourgeonnement d'un nouveau Polype. Cette interprétation ne parait pas exacte, car toutes les cellules basales prennent part à la néoformation et cette néoformation ne se produit pas s'il n'y a pas des cellules ectodermiques, des cellules de la couche intermédiaire et des cellules endodermiques. Lœb a déterminé (Voy. Ann. biol., I, 263) les con- ditions qui peuvent favoriser ces modifications (héliotropisme , composition du milieu, influence des sels, turgidité de l'animal), et surtout influences stéréotropiques (c'est-à-dire du substratum solide), et géotropiques. Lœb admet la théorie de la polarité d'ALTMANN, combinée avec celle des subs- tances spécifiques de Sachs, vues qui en somme sont bien spéculatives. Labbé admet (pie les cellules de la région moyenne de l'Hydraire, par exemple, par le seul fait qu'un traumatisme les a séparées des cellules voi- sines, se trouvent clans le cas de régénérer normalement, une tète au pôle oral, un pied au pôle aboral. Mais, se trouvant brusquement mises en contact avec les agents extérieurs, elles peuvent retourner à un certain état instable d'indifférence qui, sous l'action de certains facteurs biomécaniques, leur permet de régénérer une tête, par exemple, au pôle aboral. « Lorsqu'un organe a été enlevé, les cellules de la section se trouvent, dans le cas normal, déjà différenciées, de façon à régénérer le même organe ; mais dans d'autres cas, ces cellules se trouvent dans des conditions d'indifférence histologique telles que, suivant les causes biomécaniques agissantes, il puisse se former tel organe ou tel autre : l'hétéromorphose ne semble donc pas être une régénération pure et simple, mais une néoformation, une différenciation complexe, dont les influences biomécaniques, ainsi que l'excitation fonc- tionnelle, sont les déterminants. » — G. Poirault. 9. Driesch. — Le pouvoir régulateur envisagé dans le développement des organismes. — Le terme de « régulation » dans le sens où il est employé par Driesch, exprime la possibilité qu'a un organisme de compenser, au cours de son développement, les effets des influences fâcheuses auxquelles il a pu être exposé, de telle sorte que, malgré la mutilation dont il a été l'objet, il prend «(•pendant sa forme normale. Après une série d'études antérieures sur le développement des œufs, D., dans ce travail, examine quelques cas de régé- nération. Comme Miss Bickford l'a fait voir, les tiges de Tubulaires, en voie de régénération, engendrent de nouveaux tentacules, non par prolifération (1) P. Cerfontaine (et non pas Lœb) [in Bull. Ac. Belg., XXII, 141, 1890) est Le premier qui ait (ail des expériences d'hctéromorphose. Si on coupe transversalement le polypier d'As- troides calycularis, la partie basale, implantée dans la muraille calcaire, régénère une bouche, un disque huerai, une couronne de tentaculaires, et l'on obtient des Polypes ayant un seul tronc el deus têtes opposées. VII. — REGENERATION. 213 des lèvres de la section, mais plutôt par transformation des anciens tissus de la tige situés juste au-dessous de cette section. Le tissu ancien s'épaissit suivant un certain nombre de zones longitudinales représentant les futurs tentacules qui seront bientôt complètement formés. Driesch appelle répara- tion ce phénomène de différenciation sur place, et il se demande : en admet- tant que l'on fende, dans la longueur, la tige en voie de réparation, de ma- nière à former une double tête, la régulation parviendra-t-elle à assurer à chacune de ces demi-têtes le nombre normal de tentacules? L'expérience a montré que ce nombre se reforme intégralement ou à fort peu de chose près. D'autre part, si Ton vient à couper à nouveau une tête déjà une fois régéné- rée, le temps exigé par la reconstitution parfaite sera-t-il plus court après la seconde section qu'après la première ? L'expérience a montré que si la régé- nération demande cinq jours et demi après la première section, dans les mêmes conditions elle n'en exige que trois après la seconde. La répétition du stimulus hâte la réponse à l'excitant. Si l'on sectionne un fragment de tige de Tubulaire à ses deux extrémités, celles-ci, l'orale et l'aborale, se régénèrent Tune après l'autre. Supposant main- tenant que l'on bouche avec de la cire l'extrémité orale de façon qu'elle ne puisse pas croître, et qu'on laisse l'autre libre, la régénération de la tète abo- rale exigera-t-elle le même laps de temps dans les deux cas? L'expérience a prouvé que la régénération de la tête aborale ne prend, dans tous les cas, que sept jours quand il n'y a qu'une tête qui se reforme, tandis qu'elle en exige plus de douze quand les deux têtes se reforment simultanément. La régé- nération est donc moins énergique quand la puissance formative se porte sur deux points. Chez lesTubulaires, les tentacules entourant l'extrémité orale sont disposés à deux niveaux différents. Il s'ensuit qu'après une décapitation, la répara- tion des tentacules a lieu suivant deux couronnes, l'une distale [supérieure], l'autre proximale [inférieure]. Qu'arrivera-t-il si, après que la réparation a commencé dans les deux couronnes, on coupe la couronne supérieure, va-t-il se développer une tète munie d'une seule couronne de tentacules? C'est ici que le phénomène de la régulation s'affirme dans toute sa force. Le nombre normal de couronnes réapparaît, et cela, d'après l'un des quatre procédés suivants qui du reste produisent tous le même résultat final : la restauration de la forme parfaite de l'adulte. Voici ces quatre procédés. 1° Par régénéra- tion : l'extrémité sectionnée s'accroît, et sur cette portion régénérée la cou- ronne de tentacules supérieure se forme par réparation. 2° Par dissolution : la couronne inférieure demeurée en place se dissout, et à sa place apparaît le dispositif normal des deux couronnes. 3° Par remplacement : la couronne supérieure ayant été enlevée de manière à laisser le maximum possible d'espace libre au-dessus de la couronne inférieure, une nouvelle série de tentacules se dresse quelquefois dans cet espace libre, sans gêner en rien la couronne inférieure. 4° Par division : les tentacules de la couronne inférieure se désagrègent en leur milieu et forment les deux couronnes caractéristiques du développement normal. — C. B. Davenport. 44. Tittmann (H.). — Observations sur la formation et la régénération de V épidémie, du revêtement cireux et de la cuticule de quelques végétaux. — 1 . Dans les conditions normales, la plupart des plantes perdent de bonne heure l'épi- derme de la tige, et la protection des tissus internes est alors assurée par le périderme (couches de liège dérivant d'un phellogène). L'auteur recherche d'abord si le périderme se produit encore *dans les tiges dont la croissance en épaisseur est arrêtée artificiellement. Des rameaux très jeunes, n'ayant pas 216 L'ANNEE BIOLOGIQUE. encore de liège, sont entourés d'un manchon de plâtre qui les empêche de s'épaissir : ils forment néanmoins du liège. Même résultat avec des rameaux de deux à quatre ans qu'il entoure de plâtre après les avoir privés de leurs assises subéreuses. — Dans l'écorce mise à nu après enlèvement du périderme, un nouveau phellogène prend naissance en dessous des cellules qui se sont desséchées. Quand de tels rameaux sont placés dans une atmosphère très humide, les cellules parenchymateuses s'agrandissent beaucoup ; elles forment un cal dans lequel naît le phellogène. — 2. Jamais l'auteur n'a observé de ré- génération de l'épiderme. — 3. Quant à l'efflorescence cireuse qui recouvre la cuticule de certaines plantes, elle peut se reformer chez quelques espèces, surtout sur les portions jeunes du végétal, tandis que d'autres espèces ne la régénèrent pas. Chez les plantes qui ont la faculté de reconstituer leur vête- ment cireux, la lumière n'a aucune action sur cette régénération ; l'humi- dité, au contraire, retarde le phénomène sans l'empêcher tout à fait. — 4. Quelques plantes peuvent reformer la cuticule sur les cellules épider- miques qui en ont été privées artificiellement. La régénération est moins ac- tive dans l'air humide que dans l'air sec. — Chez beaucoup de plantes aqua- tiques submergées, il a été impossible de forcer le végétal à épaissir sa cuticule. Aussi ces espèces meurent-elles rapidement dans l'air, même s'il est saturé de vapeur d'eau. Il en est tout autrement pour certaines plantes ma- récageuses ou aquatiques, qui peuvent vivre aussi bien sous l'eau que dans l'air. Sous l'eau la cuticule est très mince; dans l'air elle devient épaisse. — 5. Enfin, la « cuticule interne » qui tapisse les grandes lacunes inter- cellulaires de beaucoup de plantes s'épaissit également, quand on active la transpiration des cellules qui limitent la cavité. — J. Massart. 3. Behrens (J.). — Régénération des Sélaginelles. — L'auteur n'a jamais obtenu dans ses expériences, qui ont porté surtout sur les boutures de Seîagi- nella inxqualifolia, la formation de bourgeons adventifs. La régénération des rameaux feuilles se faisait aux dépens de points végétatifs préexistants, mais non encore développés. Quand on emploie comme bouture une bifurcation, c'est-à-dire la région voisine d'une fausse dichotomie, on obtient une trans- formation totale du point végétatif des porte-racines (Wurzeltrâger, organes sur lesquels naissent les racines) : au lieu de donner des porte-racines, organes orthotropes, ces points végétatifs, à condition qu'ils n'aient pas encore fonc- tionné, produisent maintenant des rameaux feuilles, plagiotropes. Quand on bouture de jeunes épis sporangifères, leur point végétatif terminal subit éga- lement une métamorphose : il ne continue pas à produire un épi orthotrope, à feuilles toutes semblables; mais il se développe en un rameau végétatif à structure normale, c'est-à-dire plagiotrope, avec des feuilles dissemblables. Les boutures meurent sans régénération lorsqu'elles sont faites avec des rameaux sans points végétatifs, soit avec les régions comprises entre deux bifurcations, soit avec des bifurcations dont les porte-racines sont déjà for- més ; dans ce dernier cas, les points végétatifs des racines ne peuvent pas se transformer en points végétatifs de rameaux. — J. Massart. 43. Tchouproff (Olga;. — Fractionnement du bois axial. — L'auteur passe en revue les travaux de Schenk, Gilg et Warburg, concernant le fractionne- ment du bois axial dans les Lianes, et discute les deux théories en présence : la première théorie de Schenk dite de la « dé lignification » d'après laquelle, sous l'influence de l'accroissement des tissus médullaires et de la tension qui en résulte, l'anneau ligneux éprouverait une délignification de ses cel- lules suivant des lignes radiales. Les cellules ainsi délignifiées, en reprenant VII. — REGENERATION. 217 leur vie active, donneraient naissance aux bandes de « parenchyme de dila- tation ». Pour Gilg et Warburg, ce parenchyme de dilatation ne se forme pas sur place mais résulte de la pénétration d'un tissu mou provenant du cambium normal et agissant comme un coin pour faire éclater l'anneau ligneux. D'a- près l'auteur, Gilg appuie sa théorie sur des faits mal observés et mal inter- prétés. Une nouvelle étude de la question faite par Schenk l'engagea à aban- donner sa première théorie, pour en donner une autre, dans laquelle il considère le fractionnement comme étant déterminé par la pression du tissu médullaire en voie d'accroissement, tandis que le parenchyme de dilatation proviendrait de la pénétration du tissu médullaire dans la rupture. C'est en somme la théorie à laquelle se rattache l'auteur en la complétant sur cer- tains points. En ce qui concerne le bois axial de Mendoncia schomburgkiana , objet de son étude, 0. Tchouproff conclut : 1° que le parenchyme de dilatation ne se forme pas surplace, mais provient, soit de la moelle, soit de la périphérie ; 2° que le fractionnement primaire du bois axial résulte non seulement de la formation de faisceaux médullaires, mais encore de la poussée intense du tissu vivant s' exerçant de chaque côté de Vanneau ligneux. Le tissu mou du paren- chyme de dilatation doit être considéré comme un véritable cal, fonction- nant comme un tissu de cicatrisation. — P. Jaccard. 6. Buguet Abel). — Les rayons X en histoire naturelle. [XIV 2 6 rf\ — La radiographie appliquée à l'étude de la régénération des membres peut être utile dans certains cas ; le squelette des parties régénérées se distinguerait en effet de celui des parties primitives par une structure plus accessible aux rayons X. Ainsi, tandis que la queue originelle d'un Lézard, vue aux rayons X, présente la succession normale des vertèbres (très sombres munies de leurs apophyses transverses et séparées par des interstices transparents, les queues régénérées présentent, après la calcification (qui du reste est très lente), l'aspect d'un étui presque continu (très clair) sans apophyses transverses. — Appliquant ces données à l'étude d'un Lézard monstrueux, à deux queues égales, signalé par Gervais, l'auteur a pu démontrer que ces deux appendices, qui à première vue paraissaient primitifs, étaient tout simplement apparus par régénération à l'extrémité d'un tronçon primitif de 2 centimètres de lon- gueur. — E. Hecht. CHAPITRE VIII L.a Greffe. Daniel (4), par un procédé particulier de greffe, a obtenu un passage très accentué des caractères du sujet au greffon : la modification a porté sur la couleur des fleurs, les caractères des inflorescences et des fruits, mais non sur la graine qui est restée pure. Dans une autre expérience (o) il a réussi à obtenir des modifications dans la forme des feuilles du gref- fon et le passage, cbez le sujet, de l'état de plante vivace à celui de plante annuelle, par suite de ce fait que le greffon ne lui fournissait pas les réserves dont il avait besoin pour fournir aux frais d'une seconde végé- tation. Étant donnée l'intensité de l'action morphogène des sécrétions internes, on pourrait penser que chez les animaux, qui ont, plus que les végétaux, un milieu intérieur, l'influence du sujet sur le greffon devrait être très manifeste. Or il n'en est rien et, dans toutes les expériences que nous allons relater, les auteurs ont constaté que les pièces ou fragments d'une espèce animale greffée sur une autre gardent toujours leurs caractères spécifiques. Born (1) le constate dans ses greffes de larves d'Amphibiens, où ces monstres ont pu vivre jusqu'à quatre semaines quand ils étaient formés d'espèces différentes et trois semaines quand ils provenaient de larves d'Amphibiens de genres différents (Triton et Grenouille). Ces sou- dures réussissent admirablement, grâce à ce fait que la cicatrisation s'o- père par écoulement des cellules voisines dans la plaie sans qu'il y ait besoin d'attendre une multiplication cellulaire et grâce à ce que le vi- tellus, tant qu'il n'est pas épuisé, fournit aux frais de la réparation. Born a pu obtenir les soudures les plus bizarres, à condition d'opérer sur des tissus homologues. Quand les organes non homologues sont rapprochés, ils se soudent, mais par leurs tissus homologues. Seulement, un fait à noter, c'est que la différence de couleur est un obstacle presque aussi sérieux que la différence d'espèce. — Joest (10) a réussi, sur les Vers de terre, grâce à une technique habile, des expériences de greffe qui avaient jusqu'ici échoué entre les mains des autres expérimentateurs en raison de la tendance que présente l'animal à s'autotomiser. Il a pu greffer ces animaux ou leurs fragments dans les rapports les plus bizarres. Mais ses résultats ne nous ont rien appris de bien neuf sur la greffe ni sur la ré- génération. Les points les plus remarquables à signaler sont les suivants. La soudure peut se faire entre fragments réajustés après torsion autour VIII. — GREFFE. 219 del'axe demanièreà joindre des parties non homologues et les connexions nerveuses peuvent même se rétablir. L'animal se tord de manière à ra- mener, autant que possible, ses soies locomotrices vers le sol. Les greffes destinées à fournir un Ver surallongé ne réussissent pas, tandis que celles donnant naissance à un Ver raccourci sont relativement faciles. Conformément à ce qui a été obtenu dans toutes les autres expériences similaires, lorsque l'on greffe des parties d'espèces différentes, elles gar- dent leurs caractères spécifiques. — Signalons encore les curieuses expériences de Crampton (2) sur des pupes de Lépidoptères, expériences qui auraient pu paraître impossibles. Crampton soude, dans les positions les plus diverses, des parties de pupes de divers Lépidoptères et obtient l'éclosion des imagos mixtes formés de portions d'une même espèce ou d'espèces différentes. Mais le résultat a été presque tout de curiosité, car il n'a pas fourni de conclusions bien remarquables : en général, chaque fragment conserve son caractère spécifique et si quelque chose est par- fois modifié, c'est seulement la couleur, par suite' sans doute du mélange des hémolymphes. Ribbert (13) a examiné le sort de parties greffées sur un individu de même espèce, mais en un lieu très aberrant, où les conditions ambiantes soient très différentes des conditions normales pour le transplant (pièces diverses insérées dans des parenchymes). Dans ces conditions, la pièce dégénère, malgré les facilités de nutrition qui lui sont fournies, par suite de l'absence d'excitation fonctionnelle. D'autre part, Féré (7) a obtenu des tumeurs assez persistantes sur les flancs et les caroncules d'un Coq, en y greffant des portions de blastoderme de Poulet. Yves Delage et G. Poirault. 1. Born (G.). — Ueber Verwachsungsversuche mit Amphibienlarven. (Arch. Entw.-Mech.. IV, 349-465; 517-623, pi. XVI-XXVI.) [223 2. Crampton H. E. Jr. . — Coalescence Experiments upon the Lepido- ptera. (Biol. Lectures Woods Holl., 1896-1897.) [221 3. Daniel pL.). — Un nouveau procédé de greffage. (Rev. gén. Bot., IX, 213-219, 12 tig. texte.) [220 4. La greffe mixte. (C. R. Ac. Sci., CXXV, 661-664.) [220 5. — — Sur la greffe de VHelianthus annuus et de VHelianthus Ixtiflorus. (C. R. Ac. Sci., CXXIV. 866.) [220 6. — — La greffe depuis l'antiquité jusqu'à nos jours. (Monde des Plantes, VI, 91-94.) [Cité à titre bibliographique. 7. Féré (Ch.). — De la production de tumeurs consécutives à des greffes de blastoderme. (Sem. médic, 1897, 86.) [226 8. — — Note sur les greffes sous-cutanées d'yeux d 'embryons de Poulet . (C. R. Soc. Biol . IV. 626-627.) [226 220 L'ANNEE BIOLOGIQUE. 9. — — Note sur la réaction des poulets aux greffes d'embryons. (G. R. Soc. Biol.. [V, 988-990.) [226 10. Joest (Ernst>. — Transplantationsversuche au Lumbriciden. Morpho- logie und Physiologie der Transplantât ionen. lArch. Entw.-Mech., V. 419- 569, pi. VI-VII, 18 fig. texte.) [221 11. Loeb tLeo). — Ueber Transplantation von weisser Haut auf einen Defekt in schwarzer Haut und umgekehri am Ohr des Meerschweinchens. (Arch. Entw.-Mech., VI, 1-44, pi. Mil, 2 fig. texte.) [226 12. Poisson (J.). - La Tomate Pomme de terre. (La Nature, XXX, 368-369, 1 fig.) [221 13. Ribbert. — Ueber Verânderungen transplantirter Gewebe. (Arch. Entw.- Mech., VI, 131-147.) [226 14. Rivière (G.) et Bailhache (A..). ■ — Contribution à la physiologie de la greffe. Influence du porte-greffe sur le greffon. (G. R. Ac. Se, CXXIV, 477.) [Différences entre la quantité de sucre et le poids des fruits d'un même poirier greffé sur poirier franc ou sur cognassier. — L. Cuénot. 3. Daniel. — Un nouveau procède de greffage. (Analysé avec le suivant.) 4. Daniel. — La greffe mixte. — I. La greffe en « flûte-ajyproche » com- bine les avantages de deux procédés, en assurant le secours du porte-greffe pendant la phase critique de l'union provisoire et en supprimant les dangers du sevrage, qui s'effectue pour ainsi dire spontanément. II. La greffe mixte consiste à conserver des branches feuillées du sujet avec celles du greffon. Elle favorise la réussite des greffes entre plantes présentant des différences physiologiques marquées; elle offre un haut in- térêt biologique, car certains caractères particuliers de la variété-sujet se mélangent à ceux du greffon. Ainsi un Haricot noir nain de Belgique, en greffe mixte sur le gros Haricot de Soissons, a donné des fleurs panachées aux couleurs des deux associés, des inflorescences et des fruits à caractères mixtes; toutefois les graines étaient du type pur. Daniel conclut que la greffe mixte n'est pas propice au maintien d'une variété pure, mais qu'elle l'emporte sur la greffe ordinaire pour conférer au greffon ou à sa postérité certains caractères d'un sujet donné. — P. Vuillemin. 5. Daniel. — Sur la greffe de VHelianthus annuus et de VHelianthus lœtiflorus. — Daniel greffe l'un sur l'autre, de façon réciproque, deux He- lianthus, l"un (annuus) annuel, pauciflore, à feuilles cordiformes, le second (lœtiflorus) à rhizomes vivaces, à inuline, multiflores, à feuilles lancéolées. Quand //. Uetiflorus est porte-greffe, son greffon, incapable de fabriquer de 1 inuline, ne lui a pas passé de réserves, aussi, le sujet, réduit au rôle passif d*appareil absorbant, n'a point donné de rhizomes de remplacement; il est devenu annuel comme le greffon. Ce dernier est modifié assez fortement, il est devenu multiflore et les feuilles supérieures sont lancéolées, les inférieures restant cordiformes. — Quand H. annuus est porte-greffe, il se lignifie, ce qui prolonge son existence et tend à le rendre vivace (il n'y a pas tuberculi- sation, car Finuline formée par le greffon n'a pas pu passer dans le porte- VIII. - GREFFE. 221 greffe, mais elle est remplacée physiologiquement par la lignification). Il y a donc, chez les Helianthus, influence réciproque entre le sujet et le greffon. — L. Cuenot. 12. Poisson (J.). — La Tomate Pomme de terre. — Poisson signale et figure une expérience de Baltet qui a réussi à greffer des rameaux de To- mate sur des tiges de Pomme de terre, et a obtenu ainsi simultanément une double récolte. Elle montre d'une façon frappante la possibilité de greffer avec complet succès des végétaux d'une existence très éphémère dans notre région; ces deux Solanées ne végètent en effet que pendant quelques mois, de mai à octobre. — E. Hecht. 2. Crampton (H. E. Fr.). — Expériences de soudure artificielle. — Les ex- périences de greffe rapportées dans ce mémoire peuvent compter parmi celles qui ont été les mieux conçues et les plus heureusement conduites relativement à ce sujet dans tout le règne animal. Leur but était de déterminer l'aptitude à se greffer chez les Lépidoptères et les effets du mélange des hémolymphes sur la coloration des ailes. Des groupes de divers Saturnides ont été coupés en deux et les moitiés de deux individus différents jointes par les surfaces de section. Les deux parties étaient maintenues en rapport par un anneau de paraffine fondue. Les imagos devaient être retirés artificiellement de leur coque; en outre, par suite de la perte d'hémolymphe, les ailes étaient d'ordi- naire incomplètement étendues. Les soudures de moitiés longitudinales ne réussissent pas. En soudant deux moitiés , l'une céphalique, Fautre anale, l'auteur a obtenu 4 imagos vivants sur 61 expériences. Les meilleurs résul- tats ont été obtenus en greffant des parties d'une même espèce. Dans un seul cas, a réussi la greffe entre espèces différentes : extrémité céphalique d'un Cynthia avec la partie abdominale d'un Promethea. Dans ce cas l'ab- domen du Promethea n'eut pas sa couleur rouge normale mais la couleur chamois de Cynthia. Deux pupes de Cynthia furent greffés en tandem, l'une antérieure à qui l'on n'avait enlevé qu'une partie de son extrémité abdo- minale, l'autre postérieure à qui il ne manquait qu'une partie de son extré- mité céphalique, l'expérience a réussi une fois sur 5 tentatives. Entre Cynthia et Promethea 2 succès sur 16 expériences, mais les ailes ne purent s'étaler. Dans un de ces cas se montra sur les ailes une coloration légère- ment anormale, mais cela était dû peut-être à la gravité de l'opération plutôt qu'au mélange des hémolymphes. Dans une dernière série d'expériences, les deux pupes étaient soudées presque entières l'une à l'autre de diffé- rentes manières. L'auteur a réussi à les joindre par leurs têtes, par le bout de l'abdomen, dos à dos ou par les ailes. Dans ces sortes d'hybrides arti- ficiels le résultat relativement à la couleur fut décevant, car il ne présenta pas de modification de la coloration normale. — C. B. Davenport. 10. Joest (E.). — Greffes de Lombriciens. — Ces recherches sont une très importante contribution à nos connaissances sur les lois de la greffe chez les animaux inférieurs, sujet qui est longtemps resté dans un état d'infériorité fâcheux par rapport à la greffe végétale. Le succès de Joest est dû à l'ex- cellence de ses méthodes. Allolobophora terrestris Sav. est l'espèce la plus robuste, mais Lumbricus rubellus cicatrise ses plaies et régénère ses tissus plus rapidement. J. prend des individus de taille petite ou moyenne, les soumet au jeune pour vider leur tube digestif, les stupéfie par de l'eau chloroformée à 0, 7 °/0, fait les sections avec des ciseaux, réunit les surfaces par des sutures chirurgicales à la soie, et maintient les sujets cousus entre 222 L'ANNEE BIOLOGIQUE. des feuilles de papier-filtre mouillé et finalement dans de l'humus. Ces expé- riences ont été rendues possibles par la grande résistance des animaux qui ont pu quelquefois être conservés une année entière sans nourriture avec de l'eau renouvelée. Par contre, le succès de l'expérience était souvent con- trarié par l'autotomie. — Voici, classés dans l'ordre de l'auteur, les résultats de ses expériences. A.) Union des parties du corps capables d'existence indépen- dante et de régénération. 1° Union départies non homologues : a) en position normale : greffe autoplastique, homoplastique et hétéroplastique de Giard; b) après rotation autour de Taxe longitudinal de quelques degrés à 180; c) après réduction de manière à former un animal raccourci; d) de manière à former un animal surallongé (4 3); e) de manière à former un anneau. 2° Union de parties homologues : a) deux queues ; b) deux têtes ;c) deux queues réunies en anneau. 3° Soudure d'une queue ou d'une tête perpendiculairement sur un second individu. 4° Soudure de deux individus en long. — B. (Greffe d'une partie de corps trop petite pour être capable d'existence indépendante sur un indi- vidu entier. Dans toutes ces expériences il a été fait grande attention aux réactions et à la morphologie externe des individus greffés. A 1, a. Ces expériences sont les plus faciles de toutes. Les extrémités réunies d'un individu ou de deux individus d'une même espèce se soudent rapidement. Tout d'abord les contractions ondulatoires parties de la tète sont arrêtées par la suture, mais d'autres contractions semblables partent de la suture en retard sur celles venant de la tête. Plus tard, quand les connexions nerveuses et vasculaires se furent établies, des contractions ondulatoires par- coururent le corps d'un bout à l'autre. Un nouvel individu physiologique était donc formé et le seul indice de sa double origine consistait en une irré- gularité au niveau de la suture. Les morceaux appartenant à des individus d'espèces différentes s'unissent aussi assez facilement, k l'exception tYAUolo- bophora fœtida et A. chlorotica qui ne se soudent avec aucune autre es- pèce. Chez les individus composites, les caractères spécifiques restent intacts presque dans les plus menus détails. [VII] A 1, b. Quand la rotation n'est pas trop forte, les connexions nerveuses et vasculaires s'établissent facilement ; dans le cas contraire , les insuccès sont nombreux et, quand la greffe réussit, il est rare que les connexions nerveuses s'établissent entre les deux segments. Quand l'animal marche, il se tord de manière à ramener vers le sol les soies locomotrices que l'opération en a écartées. Il peut y avoir aussi une légère torsion compensatrice au niveau de la soudure. Parfois, la fusion est incomplète et on voit alors se développer au niveau de la soudure une tête, mais seulement du côté neural, caria col- laboration du système nerveux semble indispensable à sa régénération. A 1, c. Réussit difficilement lorsque la région génitale manque aux segments et dans ce cas, même après 10 mois, il n'y a aucune régénération d'organes génitaux. Il ne se forme pas non plus de nouveau clitellum. D'ail- leurs les animaux ont refusé de se nourrir pendant les 5 mois qu'a duré l'expérience. [VII] A 1, d. Les deux segments comprenant chacun 2/3 de Ver refusent de se souder et se séparent en général par autotomie. Même quand on peut éviter celle-ci, il se produit une hernie intestinale qui entraîne la mort. Dans les rans circonstances où l'expérience réussit, les parties gardent leurs carac- tères individuels. A 1, c. On coud en anneau un Ver auquel on a coupé la tête et la queue. L'animal lait des efforts pour marcher, se roule, se contracte. D'ordinaire, il s'autotomise. Dans un cas l'anneau, ayant persisté pendant trois semaines, fut sectionné en un point diamétralement opposé à la couture. Le Ver put VIII. — GREFFE. 223 alors marcher et régénéra une queue, mais, quand il mourut, 85 jours après l'opération, il n'avait point encore régénéré de tète. [VII] A 2. a. La greffe de deux queues réussit. Les deux demi-Vers marchent côte à côte, le disque de suture en avant. Dans la région de la suture apparaît fréquemment un processus régénérateur par suite duquel se forment des segments intercalaires, ou bien une tête ou même deux. Toujours les têtes bourgeonnent du côté neural. Si l'on coupe alors le bout d'une queue, elles régénèrent une queue, jamais une tête. A 2, b. C'est l'expérience la plus difficile de toutes, il n'y a que 2 °/0 de réus- sites. Les contractions ondulatoires partant des têtes ne dépassent pas la soudure. L'animal ne s'alimente pas et vit au plus 9 mois. A 2, c. L'opération est encore plus difficile que A 1, a, à cause de l'auto- tomie. Dans un seul cas elle réussit. Quand on plaçait le Ver sur le dos, il se tordait autour de son axe vertical jusqu'à reprendre sa position normale, preuve évidente d'une sensibilité thigmotropique. L'anneau sectionné au ni- veau du milieu d'un des deux segments consiste en un Ver formé de trois portions unies par leurs points homologues. A 3. Le résultat est un monstre en Y. Dans une première série d'expé- riences, c'est une queue qui est greffée latéralement sur un Ver auquel on a excisé une petite partie de la peau en intéressant ou non l'intestin. Dans les deux cas. la soudure se fait. Dans le premier, il s'établit une continuité fonc- tionnelle dans le tube digestif composite. La greffe réussit aussi bien au côté dorsal ou au côté ventral. Dans le cas de la greffe d'une tête sur un animal entier, la survie ne dépasse pas deux mois. Une plaie [accidentelle?] s'étant formée au niveau de la soudure, il se constitua en ce point une nouvelle queue. L'auteur en conclut que les Annélides bifides que l'on a rencontrés quelquefois doivent sans doute leur origine à des accidents de cette nature. A 4. L'opération réussit. B. Les expériences de cette sorte sont toutes fort difficiles à réussir. Quand on intercale entre la tête et la queue d'un individu sectionné transversale- ment un fragment de 1-4 segments, toujours les deux moitiés se séparent Mais si l'on forme un Ver surallongé et que le segment céphalique se sépare par autotomie immédiatement en avant de la suture, les 1-2 segments situés entre la suture et le plan d'autotomie restent attachés à la queue et le tout continue à vivre. Subséquemment les anneaux en avant de la suture régé- nèrent une tête et, dans le cas où ces anneaux appartiennent à une espèce autre que la queue, la tête régénérée conserve tous ses caractères spécifiques. Même un simple fragment de la paroi du corps d'un Ver de taille insuffisante pour vivre isolé et intercalé dans une solution de continuité de forme corres- pondante chez un Ver d'une autre espèce se soude bien et garde tous ses ca- ractères spécifiques. — C. B. Davenport. 1. Born (G.). — Soudure de larves d'Amphibiens. — Les larves de beau- coup d'anoures (Bombinator igneus , Rana esculenta, Pelobates fuscus) au stade où le sillon dorsal vient juste de se fermer et où la queue a commencé à se différencier, montre une aptitude marquée à la guérison des blessures résultant d'une excision d'une partie de la peau. La blessure se ferme par en- vahissement de l'épiderme dont les cellules avancent non en se divisant, mais en se poussant les unes les autres vers le lieu dénudé. La conséquence est que la réparation d'une solution de continuité, qu'un fragment excisé quel- conque peut se guérir, vivre et croître tant qu'il reste des vitellus. Ledit fragment se développe de la même manière que s'il était resté en relation vers le reste du corps, ce qui est un cas très accusé d'indifférenciation person- 224 L'ANNEE BIOLOGIQUE. nelle. Aussi, le développement des parties isolées plaide en faveur de la théorie mosaïque. Parmi les particularités de ce développement doit être mentionné le fait que les organes tubuleux, comme le corps de Wolf et le tube digestif, ne se ferment pas et restent ouverts à leur extrémité postérieure. La nageoire dorsale et les organes axiaux s'accroissent vers la tète ou vers la queue suivant le cas. Si l'on enlève un cristallin, il s'en reforme deux. Si deux morceaux de larve d'une même espèce ou deux larves dont on a enlevé une tranche latérale sont réunis, ou si un fragment d'une larve d'Anoure est joint à une blessure de forme correspondante d'un autre individu, il suffit de maintenir les parties légèrement pressées l'une contre l'autre pour obtenir leur soudure. La fusion des parties peut être complète en un jour, mais il faut plus de temps s'il s'agit d'espèces de .différentes couleurs. Elle est si parfaite qu'on ne peut reconnaître sa place. L'union des cellules semble ne faire qu'une sorte de cy- totropisme. Si deux tissus de nature dissemblable sont ainsi rapprochés, la soudure ne s'effectue pas. Les larves ou fragments de larves soudés restent organiquement fusionnés, croissent et différencient leurs tissus ensemble aussi longtemps que le vitellus leur fournit de la substance. S'il y a un cœur et un tube digestif, l'animal peut arriver à effectuer sa métamorphose. Mais, en raison du trouble apporté à la nutrition, le pourcentage des réussites est peu élevé. Dans les monstres doubles constitués par ce procédé, la difficulté de locomotion est un obstacle à une alimentation régulière. L'expérience ne réussit pleinement que lorsque les composants sont de même espèce. S'ils sont d'espèce différente, le monstre composite ne vit pas au delà de quatre semaines. S'ils sont de genre différent, il meurt avant trois semaines; s'ils sont enfin de famille différente (Rana etTriton), il meurt au bout de un jour ou deux. Quand la soudure rapproche des organes homologues, ceux-ci se soudent par leurs tissus correspondants et croissent comme un organe unique. Quand ce sont des organes différents, ils se soudent seulement par leurs tissus conjonctifs. Si ce sont des organes creux, leur parois et leurs cavités s'ajustent. Toutes ces règles sont valables lorsqu'il s'agit d'espèces différentes. Il n'est pas nécessaire pour la réussite que les organes fusionnés soient exactement identiques. Différents points du tube digestif ou de la moelle épinière s'unissent fort bien. Les pé- ritoines deviennent continus, ainsi que la peau, la moelle épinière, le tube digestif, le foie et les organes des sens. Les muscles se soudent sans grande difficulté, le canal segmentaire se soude bien à la condition que les deux bouts soient exactement en rapport. Il en est de même pour la corde dorsale. Par exception à la règle qui exige une similarité des tissus, la corde peut se sou- der au tube digestif. Les organes qui, au moment de l'opération, sont encore à l'état d'ébauche peuvent s'unir pendant leur développement; il en est ainsi pour le système vasculaire qui se constitue en un système continu, même si les composants sont d'espèce différente. Dans plusieurs cas, des organes correspondants se soudèrent, bien que leurs surfaces de section ne fussent pas directement en rapport, parfois par l'intermédiaire d'une pièce de réunion coudée. Il faut qu'un processus chimiotactique ou chimiotropique soit intervenu pour les faire joindre. — Jamais l'adaptation opératoire ne peut être parfaite et cepen- dant, après la soudure, la continuité est le plus souvent idéale. — Diverses conditions anormales, dans ces larves composites, éclairent la question de la régulation dans l'organisme. Dans un cas, le canal de Wolff s'unit à l'intestin; dans un autre, une tête ou une queue ayant été surajoutée à titre de pièce secondaire au côté ventral d'un jeune Têtard jouant le rôle d'individu principal, le tube digestif de la pièce secondaire non seulement se fusionna avec celui de l'individu principal, mais arriva à former une part imposante du tube di- VIII. — GREFFE. 225 gestif total. — L'union des parties se fait en n'importe quelle direction, et aucune condition de polarité n'intervient : ainsi, deux extrémités céphaliques ou deux extrémités caudales peuvent se souder l'une à l'autre. L'union des parties n'est pas seulement anatomique : elle est aussi, dans beaucoup de cas, plus ou moins physiologique, c'est-à-dire fonctionnelle. La chose est évidente pour le système vasculaire. — Si la pièce secondaire n'a pas de cœur, elle se développe sur l'individu principal à la manière d'une tumeur sur le corps qui lui est uni par des connexions vasculaires aussi développées que s'il s'agissait d'une partie normale. Si au contraire la pièce secondaire a un cœur, les connexions sont beaucoup plus maigres et la pièce se développe d'une manière plus indé- pendante. — Si un segment caudal post-anal est greffé au ventre d'un Têtard, il s'accroît aussi longtemps que les matériaux nutritifs sont suffisants, mais quand ils ne le sont plus, il est résorbé. Pourquoi? Born pense que cela tient au fait que c'est seulement dans son jeune âge que la queue possède une tendance personnelle à se développer, tandis que plus tard elle ne peut se maintenir qu'au moyen d'une activité fonctionnelle. C'est un cas remar- quable de développement sous l'influence d'excitation fonctionnelle. Si la pièce secondaire consiste en une queue coupée en deçà des pattes pos- térieures, la queue dégénère, mais le reste de la pièce secondaire se développe bien, sans toutefois atteindre une taille normale. Quand deux individus sont unis par la tête , de telle sorte que le système circulatoire de chacun soit complet, l'union se fait seulement par quelques vaisseaux intermédiaires, les deux composants, bien qu'étant de taille très différente, atteignent juste en- semble le même stade de développement et se métamorphosent synchroni- quement ; l'échange de sang qui a lieu entre eux suffit à déterminer ce pa- rallélisme évolutif, ce qui montre que le sang doit contenir des substances servant de stimuli à la différenciation des divers organes. Les êtres composites ainsi obtenus peuvent l'être à divers degrés. Le degré le plus faible est celui de l'union d'un fragment caudal au côté ventral de l'autre individu ; l'union de deux individus par la tête est un degré plus avancé : les cerveaux peuvent dans ce cas s'unir en un viscère unique. Plus intime encore est la relation entre deux individus unis par le ventre de manière à avoir un tube digestif commun. Le plus haut degré est celui dans lequel une tête et une queue différentes sont unies en un seul individu. On peut obtenir par ce moyen des individus surallongés qui, après la métamorphose, donnent une Grenouille de forme longue. On peut même obtenir des Têtards dou- bles avec deux cœurs et deux paires de pattes antérieures. Ainsi, on peut ob tenir un individu physiologiquement complet ne provenant pas d'un seul œuf. Ces expériences nous montrent qu'une pièce greffée se développe norma- lement et sans être influencée d'une manière notable par les relations anor- males de son voisinage. La conclusion est que le développement consiste, du moins à partir du point où l'expérimentation a été faite, principalement en une différenciation indépendante de parties séparées. Il n'y a pas d'influence cor- rélative exercée par les parties voisines : le développement est à cette période conforme à la théorie mosaïque. Les expériences de Born consistent, ainsi que l'auteur l'établit, en transplantations semblables à celles des chirurgiens, à cette différence près qu'elles portent sur des embryons en voie de développe- ment. Elles diffèrent des expériences sur les Vers de terre en ce que celles-ci semblent dépendre non point directement de la fusion des pièces mises en présence, mais plutôt de la formation de tissus nouveaux entre ces pièces; elles ressemblent davantage aux expériences de Morgan et de Zoja unissant des parties de blastula. Elle sont frappantes en ce qu'elles démontrent la pos- l'année biologique, ni. 1897. 15 226 L'ANNEE BIOLOGIQUE. sibilité de l'union de tisssus appartenant à des espèces et h des genres diffé- rents. — C. B. Davenport. 13 Ribbert (C). — Modifications observées dans les tissus transplantés. [V y] — L'auteur s'est proposé, non de déterminer la possibilité de greffer diverses parties sur des organes différents, mais plutôt de préciser dans quelle mesure les différents organes d'un Mammifère conservent leur fonction et leur struc- ture normale après avoir été greffés en un point du même animal où ils sont soumis à des conditions d'ambiance différentes. R. insère à l'intérieur des différentes glandes des morceaux de divers tissus. A l'exception de celles faites sur le foie et le rein où il y eut quelques insuccès, la plaie opératoire se guérit. Les tissus transplantés ne sont pas le siège d'un accroissement appréciable. Tout au contraire, par suite du changement de conditions (apports nutritifs, connexions nerveuses, défaut d'activité fonctionnelle et spécialement défaut d'usage), ils subissent une évolution régressive. Leur sort final est variable. Pour la plupart des tissus (glandes, os, muscles) il y a atrophie et résorption consécutive en quelques mois. Pour certains tissus tels que le testicule, la résorption se fait en quelques semaines. D'autres au contraire, tels que l'épithélium cutané et conjectival, résistent plus longtemps ou même persistent. Les changements qui sur- viennent dans les transplants sont comparables à ceux que déterminent des conditions pathologiques. Dans les deux cas ils proviennent de la réduction ou de la perte de la fonction. — C. B. Davenport. 11. Loeb (lu). — Transplantation d'un fragment de peau blanche sur de i a peau noire et inversement à ï oreille du Cochon d'Inde. — Comme dans les expériences de Carnot et Deflaxdre (Ann. Biol., II, 227), de la peau blanche est transplantée dans une région à peau noire et inversement. Dans le pre- mier cas, la soudure se fait, la greffe réussit pendant quelques jours, mais le fragment finit par être expulsé, souvent par suite de la régénération de l'épi- thélium noir au-dessous de lui. Dans le cas inverse le fragment de peau noire greffée dans une région blanche est persistant, même des cellules pigmen- taires peuvent envahir, dans une certaine étendue, la région blanche voisine. [A comparer avec les faits que les tissus verts et bruns d'Hydra et de certaines espèces de Lumbricus Joest 1892 ne peuvent se greffer ensemble]. — C. B. Davenport. 7. Féré. — De la production de tumeurs consécutives à des greffes de blastoderme. — Les greffes de blastoderme forment des tumeurs qui d'ordi- naire se résorbent. Féré a observé de ces tumeurs persistant depuis plus d'un an, sur les flancs et sur les caroncules d'un coq. — E. Hérouari». 8. Féré (Ch.). — Note sur des greffes sous-cutanées d'yeux d'embryons de l'oulet. (Analysé avec le suivant.) '•>. — Note sur la réaction des Poulets aux greffes d'embryons. — Quand on greffe plusieurs yeux d'embryons sous la peau d'un Poulet adulte, ceux-ci se soudent et continuent à se développer; le pigment choroïdien apparaît dans les premiers jours, mais disparaît ensuite dans tous les cas. Le greffon (œil ou embryon entier) est quelquefois résorbé; quand il se développe, il constitue ce que l'auteur appelle un tératome; dans la cavité péritonéale, le tératome s'enveloppa d'une coque fibreuse; sous la peau, il détermine parfois la gan- grène de celle-ci, et même, avec des embryons de 1G jours, la mort de l'ani- mal. — A. Philibert. CHAPITRE IX JLe Sexe. Maupas, dans des recherches datant de 1891, avait établi que la nature des femelles d' Hydatina, en tant que pondeuses d'œufs parthéno- génétiques mâles, d'œufs parthénogénétiques femelles ou d'œufs fécon- dables, dépendait de la température au moment où l'œuf d'où nait cha- que pondeuse se forme dans l'ovaire de sa mère. Nussbaum (16) con- firme le fait, mais en modifie l'interprétation. Ce n'est pas la tempéra- ture qui est le facteur déterminant du sexe : elle n'intervient qu'en retentissant sur l'abondance de la nourriture de l'animal et favorisant ou retardant la multiplication des Euglènes qu'il dévore. Les pon- deuses de femelles proviennent de mères bien nourries, les pondeuses de mâles de mères en état de pénurie alimentaire; les pondeuses d'œufs fécondables sont intermédiaires aux pondeuses parthénogénéti- ques mâles et femelles : ce sont des pondeuses parthénogénétiques mâles ayant subi un accouplement très précoce, dès leur sortie de l'œuf; une pondeuse parthénogénétique femelle, accouplée dans ces mêmes conditions, persiste à donner des œufs parthénogénétiques femelles. Brocadello (3) constate que, chez certains Lépidoptères, les chenilles les plus grosses à l'éclosion donnent une grande majorité de femelles et que les œufs les plus lourds donnent aussi une grande majorité de fe- melles, en sorte qu'avec une expérience suffisante, on pourrait garantir dès l'œuf le sexe de l'imago. Ces observations ont une très grande im- portance, non seulement comme indice d'une détermination précoce du sexe, mais parce qu'elles semblent faire dépendre le sexe d'un ca- ractère indépendant du mâle. Il ne semble pas, en effet, que la féconda- tion puisse intéresser en quoi que ce soitla grosseur des œufs. — Giard (9). Molliard (15) obtient par la culture en pot, et par conséquent au moyen d'une nourriture plus abondante, une détermination mâle du sexe chez le Chanvre, contrairement à ce qui a lieu d'ordinaire, où c'est le sexe femelle qui est déterminé par des conditions de cette nature. Chez les Mouches, Cuénot (6) constate que le sexe est sûrement dé- terminé avant la phase larvaire, car rien ne peut, à partir de ce stade, faire varier la proportion des femelles et des mâles. Marchai (1 4) attire l'attention sur un mode particulier de castration alimentaire chez les Hyménoptères sociaux : c'est la castration nutri- 228 L'ANNEE BIOLOGIQUE. ciale , se produisant chez les femelles obligées de s'employer comme nourrices d'une abondante quantité de larves. Cette castration a dû intervenir comme facteur dans la formation de la caste ouvrière. — Bou lenger (2), Biologie des Batraciens d'Europe. Yves Delage et G. Poirault. 1. Ammon (O.). — U infantilisme et le féminisme an conseil de révision. (Anthropologie, VII. 285-308.) [Voir ch. XII 2. Boulenger. — The tailless Batrachians of Europe. (2 vol. in-8, London [Ray Society], 376 p., 24 pi., 124 fig. texte.) [232 3. Brocadello (A.). — 77 sesso nelle uova. (Bolletino mensile di Bachicol- tura. Padova, 1896, série III, Anno 2, 100-104.) [230 4. — — Del sesso net doppioni. (Bolletino mensile di Bachicoltura. Padova, série III, Anno 1, 1895, 109-111). [230 5. Cuénot (L.)- — La détermination du sexe. (Bibliog. Anal, IV, 14-15.) [État actuel de la question. 6. — — Le déterminisme dit sexe chez les Insectes et eu particulier chez les Mouches. (Bibliogr. Anat., V, 45-48.) [231 7. Eschwege (von). — Beitrag zum Geschlechtsverhàltnis der erlegten Ha- se. (Deutsche Jag. Zeit., XXVIII, 792-794.) [232 8. Gabelli (L.). — Considération sur la /loraison des jeunes plantules nées de graines des Ailanthus glandulosa Desf. (Feuille jeunes Naturalistes, IIIe série, 27e année, 100-169.) [Apparition de fleurs sur de jeunes plantules d'Ailanthe, encore munies de leurs cotylédons et placées dans de mauvaises conditions. — L. Cuénot. 9. Giard (A.). — Le sexe des Colombins. (Interm. Biol., I, 38.) [231 10. Grochowski (Mieczysl). — Ueber die Ursachen der Enstehung secun- dàre Geschlechtscharactere bel dee Thieren. (Kosmos, XXII, 129-143.) [* 11. Jourdain (M. -S.). — Sur l'accouplement pseudo-larvaire de quelques Sarcoptides pfumicoles. '(C. R. Ac. ScL, CXXIV, 209-210.) [232 12. K. — Zur Gèschlechtsverhâltnisse der Hasen. (Deutsch. Jiig. Zeit., XXX, 294-295.) [232 13. Lanov (P.). — Das Geschlecht. Eiue biologische Skizze. (Die Natur. Jahrg., XLVI, 223-224.) [* 14. Marchai (Paul). — La castration nutriciale chez les Hyménoptères so- ciaux. (C. R. Soc. Biol., IV, 556-557.) [232 15. Molliard. — Sur la détermination du sexe chez le Chanvre. (C. R. Ac. Sri., CXXV, 792-794.) [231 16. Nussbaum (M.). — Ueber \ersuehe, das Geschlecht an einem Ràder- tiere. {Hydatina senta) willkûrlich zu bestimmen. (S.-B. Ges. Bonn, 1891», 40-41.) • [229 IX. - LE SEXE. 220 17. Rollinat. — Observations sur quelques reptiles du département de Vln- dre, mœurs et reproduction de V Orvet fragile. (Mém. Soc. Zool. France. X. 88-89.) [233 16. Nussbaum. — Le déterminisme du sexe chez Hydatina senta. — Chez FHydatine, il y a trois sortes de femelles : les unes pondent des œufs parthé- nogénétiques, d'où sortent de nouvelles femelles ; d'autres pondent des œufs également parthénogénétiques, généralement moins riches en vitellus et plus petits que les premiers, d'où sortent des mâles; enfin la troisième sorte pro- duit des œufs durables, fécondés, d'où sortent des femelles. Il y a donc pon- deuse d'œufs femelles, pondeuse d'œufs mâles, pondeuse d'œufs durables (femelles), et chacune d'elles, quelles que soient les conditions où on la place, ne pond jamais que la même sorte d'œufs durant toute sa vie (Leydig, Cohn, Maupas, Nussbaum). On voit donc que chez l'Hydatine, le sexe des mâles et femelles est déterminé excessivement tôt, alors que les œufs qui leur donne- ront naissance sont encore à peine différenciés dans l'ovaire de la mère pon- deuse. — Maupas avait cherché (1891) quelles étaient les conditions détermi- nantes et avait conclu de ses expériences que le sexe d'un individu était dé- terminé non pas seulement dans l'ovaire de sa mère, mais dans celui de sa grand'mère; il avait admis que l'état de pondeuse d'œufs femelles ou de pondeuse d'œufs mâles se fixait d'une façon définitive au moment où l'œuf qui devait donner naissance à cette pondeuse se différenciait dans l'ovaire, en commençant son développement. C'était la température qui était la con- dition déterminante; si on l'abaissait, les jeunes œufs qui vont se former re- vêtaient l'état de pondeuses d'œufs femelles; si on l'élevait, au contraire, c'était l'état de pondeuses d'œufs mâles qui se développait. — Nussbaum a repris les expériences de Maupas et arrive à des conclusions différentes : c'est la nourriture absorbée pendant une certaine phase du développement qui détermine le sexe de la ponte entière d'une jeune femelle; si celle-ci, depuis son éclosion jusqu'à la maturation de son premier œuf, est bien nourrie, elle pondra uniquement des œufs qui évolueront en femelles; si elle est maigre- ment nourrie durant cette période, elle ne pondra que des œufs de mâles. Avant et après cette période, la nourriture n'a plus aucune influence sur le sexe de la ponte, pas plus qu'une température haute ou basse; l'ovaire de la mère pondeuse est orienté dans un certain sens, et rien ne peut l'en faire dévier. — Dans les aquariums de Maupas où il élevait à la fois beaucoup d'Hydatines, la température plus chaude favorisait la production de pondeuses d'œufs mâles, parce que les animaux dévoraient plus vite les Euglènes données comme nourriture, et ne tardaient pas à être affamés ; au contraire, dans les aquariums plus froids, la température basse retardait la multiplication des Hydatines, favorisait celle des Euglènes, et les jeunes femelles trouvaient des conditions de nutrition bien meilleures que dans le premier cas, d'où leur détermination comme pondeuses d'œufs femelles. — Quant au déterminisme des œufs durables, également femelles, on sait que certaines jeunes pon- deuses, accouplées avec le mâle très peu de temps après leur sortie de l'œuf, au lieu de donner des œufs parthénogénétiques, forment des œufs durables qui sont fécondés par les spermatozoïdes déversés dans le cœlome. D'après les expériences de Nussbaum, une femelle qui a subi un accouplement pré- coce et qui a été bien nourrie durant son jeune âge pond des œufs parthéno- 230 L'ANNEE BIOLOGIQUE. génétiques femelles ; mais si la même femelle a été mal nourrie pendant la même période, elle pondra des œufs durables, fécondés. Le travail de Nûss- baum renferme un certain nombre de renseignements biologiques sur les effets produits par la nourriture, la température, sur les adultes et les œufs, sur la durée de vie des Hydatines, etc. — L. Cuénot. 3. Brocadello. — Le sexe des œufs. [XV a a] — Dans une même ponte de Ver à soie, appartenant à une race donnée, on rencontre des œufs de deux tailles différentes, les uns petits, les autres grands, qui présentent également une différence de poids. Ainsi, pour la race Vartansi di Chorassan, tandis que le poids de 100 œufs pris au hasard est de milligr. 83, 3, le poids de 100 petits œufs est de milligr. 71, 8 et le poids de 100 grands œufs est de milligr. 93, 4; la moyenne entre ces deux derniers poids correspond bien au poids des œufs pris au hasard. Cette différence physique est en rapport avec le sexe : en effet, si l'on élève séparément les petits œufs et les grands, on obtient dans le premier cas une énorme majorité de Papillons mâles (de 88 à 95 p. %), dans le second cas une énorme majorité de Papillons femelles (88 à 92 p. %). Broca- dello pense même qu'avec de l'expérience on arriverait à séparer à coup sûr les œufs mâles des femelles et à obtenir 100 p. 100 de chaque sexe. Comme on peut s'y attendre, il est possible de reconnaître une différence de taille chez les très jeunes Chenilles au moment où elles sortent de l'œuf; si on élève à part les grandes Chenilles et les petites, sortant des œufs de taille correspondante, on obtient encore la prédominance de femelles et de mâles, signalée dans l'expérience précédente : 100 Chenilles grandes, iso- lées au sortir de l'œuf, donnent 86 p. % de femelles; 100 Chenilles petites donnent 89 p. % de mâles. Les deux sexes ne présentent par ailleurs aucune différence dans le nombre des mues et la durée du développement. [Il est à peine besoin de faire remarquer que ce travail de quelques pages, paru dans un recueil assez ignoré, est la plus importante contribution qu'il y ait eu depuis longtemps à la question du déterminisme du sexe : dans le cas du Ver à soie, il est à peu près indéniable que l'œuf est déterminé avant la fécondation, sans aucune influence du mâle, sans doute dans l'ovaire même de la femelle ; car il est évident que le fait d'avoir des œufs gros et petits est uniquement en rapport avec les conditions rencontrées par l'organisme femelle. On avait déjà dit quelque chose de semblable pour Liparis dispar, mais le fait était discutable; enfin, dans mes études sur les Muscides (voir Ann. BioL, III, 1897, p. 231), je suis aussi arrivé à cette conclusion du déter- minisme très précoce des œufs]. — L. Cuénot. 4. Brocadello. — Le sexe dans les cocons doubles. — Quelques observa- teurs prétendent que des cocons doubles tissés en commun par deux che- nilles de Bombyx mori, il sort toujours un mâle et une femelle ; les recherches faites par Brocadello, sur 970 cocons doubles rencontrés durant un an à la station de Padoue, montrent que cette manière de voir est trop absolue : il y a 80 % de cocons qui donnent mâle et femelle, et, dans les cocons unisexués, un nombre à peu près égal (10 % de chaque) de cocons avec 2 femelles ou avec 2 mâles. [Brocadello ne connaît pas les recherches antérieures de Maurice Gi- rard, Fallou, Riley, R. Blanchard, Grouvelle sur le même sujet (voir Bul- letin Soc. Entomol. de France, 1889), recherches qui arrivent à une conclu- sion analogue. Il résulte de ces travaux que le groupement de mâle et femelle est particulièrement fréquent ; étant donné qu'il y a autant de mâles que de femelles chez Bombyx mori, il devrait y avoir, d'après les probabilités, 50 % IX. - LE SEXE. 231 de cocons doubles renfermant les deux sexes , 25 % renfermant deux mâles et 25 o/o renfermant deux femelles. Il y a donc une raison soit mécanique, soit plus vraisemblablement une attraction sexuelle précoce qui rassemble fréquemment les deux sexes sous une même enveloppe]. — L. Cuénot. 9. Giard (A.). — Le sexe des Colombins. — Ordinairement, mais ce n'est pas une règle absolue, des deux œufs de chaque couvée de Pigeon domestique l'un donne un mâle, l'autre une femelle. A rencontre de ce qu'on observerait chez les Colombins sauvages où l'accouplement entre frère et sœur serait le cas le plus habituel, un mâle et une femelle d'un même nid s'unissent rare- ment. Ce serait l'inverse chez les représentants exotiques de ce groupe d'Oi- seaux où ces unions de frère et sœur sont fréquentes et doivent être d'ailleurs évitées, car elles sont d'ordinaire stériles. On observe que les mâles importés sont plus ardents; par contre les femelles nées en France sont plus prolifi- ques. — M. Bouin. 15. Molliard. — Sur la détermination du sexe chez le Chanvre. — On admet généralement pour le Chanvre (dioïque, comme on sait) que le sexe est définitivement déterminé dans la graine, et que les conditions extérieures ne peuvent plus changer la proportion des mâles et des femelles dans un même lot de graines. Molliard, au contraire, obtient facilement un change- ment de proportion très net, en cultivant les graines en pot, dans des condi- tions par conséquent défectueuses. Le lot de graines germant dans des condi- tions normales donne toujours de 72à 164 pieds femelles pour lOOpieds mâles, tandis que des graines du même lot, développées en pots, donnent au contraire une proportion de 425 pieds femelles pour 100 mâles, et encore ces derniers ne sont pas franchement mâles, et portent des fleurs plus ou moins transfor- mées différant à peine des fleurs femelles. Il y a donc une tendance manifeste, dans les conditions sus-indiquées, à la disparition des étamines et à leur trans- formation en carpelles. Molliard fait remarquer que les pieds de Chanvre en question étaient très peu développés (à peine 0m,20 de haut), peu ou point ramifiés, et mouraient peu après la floraison; ce qui ne s'accorde guère avec la théorie actuellement dominante qui admet qu'une nutrition sura- bondante favorise la production d'individus femelles. — L. Cuénot. 6. Cuénot (L.). — Le déterminisme du sexe chez les Insectes et en particu- lier chez les Mouches. — Les conditions déterminantes du sexe chez les In- sectes non parthénogénétiques ont été l'objet de nombreuses recherches, à résultats contradictoires. Tandis que Landois, Mary Treat et Gentry attri- buent à la nourriture des chenilles une influence déterminante sur le sexe des adultes (les mal nourries donnant des mâles, les bien nourries des fe- melles), Riley et d'autres auteurs n'arrivent pas à modifier dans un sens constant les sexes des Papillons sur lesquels ils expérimentent. D'autre part, il résulte d'observations embryologiques que le sexe est reconnaissable très tôt, soit chez les chenilles sortant de l'œuf (Heruld, Bessels, Brocadello, etc.), soit même chez des embryons non éclos (divers Orthoptères d'après Hey- mons et Wheeler). Les Mouches (Calliphora, Lucilia, Sarcophaga) consti- tuent un sujet d'expérience très favorable ; à l'état normal, il paraît y avoir égalité numérique entre les deux sexes, avec peut-être une légère prédomi- nance des femelles. Or, si l'on élève des larves dans les conditions les plus variées, les unes très abondamment nourries, les autres aussi mal que pos- sible, avec des aliments différents (viande, matière cérébrale), à des tempé- ratures variées, au commencement ou à la fin de la saison de ponte, etc., 232 L'ANNEE BIOLOGIQUE. on obtient toujours les mêmes résultats : toutes les éducations donnent approximativement un nombre égal de mâles et de femelles, comme à l'état normal. Puisque des changements profonds dans le milieu extérieur ne peuvent modifier la proportion sexuelle, c'est que le sexe des Mouches est irrévocable- ment déterminé lorsque les jeunes larves sortent de l'œuf; il est tout à fait probable que la détermination coïncide avec la fécondation ou est antérieure à celle-ci, conclusion qui s'accorde du reste avec les opinions citées plus haut au sujet des Lépidoptères et des Orthoptères. — L. Cuénot. 14. Marchai. — La castration nutriciale chez les Hyménoptères sociaux. [X] — On sait que chez les Hyménoptères sociaux c'est surtout lapauvreté de la nour- riture {castration alimentaire de Spencer) qui produit la stérilité des ouvrières. Un deuxième facteur réside dans les fonctions de nourrice exercées par les adultes. Chez les Guêpes, la disparition de la Reine et par suite du couvain, détermine la fécondité des ouvrières (la moitié) surtout chez les plus jeunes. Et alors la cause de la stérilité réside ici dans ce fait que les ouvrières doi- vent exercer les fonctions de nourrices vis-à-vis d'une colonie larvaire nom- breuse, ce qui entraine la régression des œufs : c'est ce que l'auteur appelle castration nutriciale. Elle est d'autant plus manifeste que le type social est moins élevé ; elle a donc présidé à la différenciation des castes , comme les Polistes nous le montrent. Chez les Abeilles, la castration alimentaire a suffi pour déterminer la stérilité. — A. Ménégaux. 7, 12. Eschwege (von), K. [et autres]. — De la proportionnalité des sexes chez le Lièvre. — D*une série de notes et de statistiques parues dans un journal de chasse et établies d'ailleurs dans un esprit plus cynégétique que zoologique, il semble que l'on puisse conclure que le nombre des Liè- vres mâles est toujours un peu plus faible que celui des Lièvres femelles. Mais, comme ces statistiques sont établies d'après le nombre des animaux tués dans des battues, et qu'il semble que dans les chasses de ce genre ils se comportent très différemment suivant le sexe, il ne convient d'accepter cette disproportion qu'avec réserves. — E. Hecht. 11. Jourdain (S.). — Sur V accouplement pseudo-larvaire de quelques Sar- coptides plumicoles. [II b] — Chez quelques Sarcoptides plumicoles (Pterolichus falciger Mégnin, Dermoleichus asterialis Mégnin, Pterophagus strictus Mé- gnin), le mâle s'accouple non avec une femelle, mais avec une larve octopode asexuée et présentant seulement une fente cloacale. Au cours de l'union sexuelle, se constitue, sous les téguments de la larve octopode, une véritable femelle, et c'est cette femelle qui est fécondée à l'intérieur de la larve : cette larve joue simplement le rôle de coque larvaire. — A. Labbé. 2. Boulenger.— Les Batraciens anoures d'Europe. — Dans cette admirable monographie, dont on ne saurait trop louer la méthode, l'illustration et la sûreté des renseignements, Boulenger donne un grand nombre de détails biologiques sur les 20 espèces de Batraciens Anoures connus en Europe (mœurs, époque de ponte et durée de vie, époque de maturité sexuelle, va- riations, distribution géographique, hybridation, etc). [XVI, XVIII] .Nous en extrairons les renseignements suivants. Pigmentation. — On sait que les couleurs des Batraciens sont dues à la réunion de chromatophores noirs, jaunes, rouges, blancs et de teinte mé- tallique , qui se trouvent dans l'épaisseur de la peau et dont les combinai- IX. - LE SEXE. 233 sons produisent une gamme assez étendue et mobile. Tornier a supposé que les pigments rouges et jaunes étaient dérivés de la mélanine noire; Bou- lenger n'est pas de cet avis, vu Faction très différente de l'alcool sur les dif- férentes couleurs, le jaune étant très soluble dans ce liquide, au contraire des autres. Il ne paraît pas non plus, à rencontre de Tornier, que les larves de Batraciens qui se développent à la pleine lumière soient spécialement de couleur sombre ou noire ; il n'y a en effet que les têtards de Bufo et de Rana temporaria qui soient d'un noir plus ou moins foncé, les autres étant jau- nâtres ou faiblement pigmentés. Boulenger cite quelques cas de mélanisme et d'albinisme (flavisme) chez divers Anoures. [XIV 2 a '(] Proportion des sexes. — On suppose que, dans le genre Rana, il y a à l'état normal soit égalité des sexes (Born et Yung), soit un plus grand nombre de femelles (Pflùger) ; Boulenger fait remarquer que c'est le contraire dans les genres Pelodytes, Pelotâtes et Bufo : il y a toujours un excès considérable de mâles, aussi bien au moment de l'accouplement que durant l'hiver, où de nombreux individus hivernent ensemble dans des trous; il serait intéressant de voir si la même hyperandrie se rencontre chez les larves. Asyngamie de deux races. — La variété ridibunda de Rana esculenta pond dans l'Europe centrale au commencement ou au milieu de mai, tandis que la variété typica pond un peu plus tard, en juin ou même au commencement de juillet. Cette différence dans l'époque de la ponte est le facteur qui permet l'existence dans une même localité de ces deux formes, très intimement alliées d'ailleurs, et fécondes entre elles quand on les croise, comme Pflùger l'a reconnu; à l'état naturel, il est certain que les occasions d'appariage doivent être relativement rares. [XVII b p] — L. Cuénot. 17. Rollinat (Raymond). — Observations sur quelques Reptiles du dépar- tement de V Indre. Mœurs et reproduction de V Orvet fragile. — D'une étude comparative, il résulte que, par certaines particularités biologiques, l'Orvet, Anguis fragilis Duméril, sur ce point spécial de la reproduction comme sur bien d'autres, tient à la fois des Sauriens et des Ophidiens. Sa mue a lieu suivant un procédé intermédiaire entre ceux que l'on observe dans ces deux classes. L'épiderme se détache par lambeaux sur la tête et la portion anté- rieure du corps (= Lézards), en une seule pièce sur le reste du corps et la queue (= Ophidiens). La régénération de la queue se réduit toujours à la for- mation d'un petit cône très court et de couleur très foncée. Chez les Ophidiens de France et en particulier chez nos Couleuvres, les mâles sont en général plus petits que les femelles; chez les Lacertidés c'est l'inverse; chez l'Orvet les deux sexes ont à peu près la même taille. L'Orvet femelle ne s'accouple pas avant la quatrième année; dans le département de l'Indre l'accouplement a lieu en mai ; toutefois le premier accouplement des femelles encore vierges est un peu plus tardif, et n'a lieu qu'en juin; les mâles pourraient déjà s'ac- coupler à l'âge de trois ans. On n'observe jamais d'accouplement automnal. Il peut arriver qu'un ou deux œufs s'arrêtent dans leur développement et ne quittent pas l'ovaire; grâce à leur coloration jaune on les distingue facilement des œufs blancs en réserve pour les années suivantes. Dans d'autres cas, on peut trouver dans les oviductes des œufs non fécondés, qui seront pondus en même temps que les œufs renfermant les petits. Le chiffre des œufs pondus oscille entre 7 et 19. Le jeune Orvet possède, comme le Lézard , une dent caduque, mais au lieu d'être comme chez ce dernier tranchante et de dépasser le museau, cette dent est rudimentaire et ne lui est d'aucune utilité pour rompre la coque de son œuf, très mince et très peu résistante. Cette dent plate, plantée horizontalement sur lïntermaxillaire, serait, d'après l'auteur, l'indice 234 L'ANNEE BIOLOGIQUE. indéniable d'un passé franchement ovipare. Chez Lace ri a vivipara où elle est devenue presque inutile, cette dent est plus réduite que chez tous les autres Lézards. [VII] L'auteur signale : 1° une anomalie chez un mâle dont les deux testicules soudés en partie à leur sommet n'en formaient pour ainsi dire qu'un seul bifurqué; 2° un sujet hermaphrodite dont la coloration tenait à la fois de celles du mâle et de la femelle, et qui présentait simultanément deux verges, deux testicules dont le droit très volumineux, et deux oviductes très bien formés. [VI c z] — E. Heciit. CHAPITRE X l^e polymorphisme méfagénétique, la métamorphose et l'alternance des générations. Nous n'avons à signaler cette année aucun travail ayant quelque portée générale relativement à l'explication des phénomènes de la métamor- phose. Citons seulement quelques mémoires relatifs à des points par- ticuliers. Dugès(5) a réussi à maintenir à l'état branchifère un jeune Amblystome ayant déjà tous les caractères de l'adulte, sauf les branchies. — Simond (15), Schaudinn et Siedlecki (14 démontrent par l'observation et par des expériences le bien fondé de la théorie du dimorphisme des Coccidies émise par Pfeiffer en 1892: il y a lieu de considérer chez les Sporozoaires un cycle sporulé ou exogène et un cycle asporulé ou endogène; dans ce dernier cycle, il se produit deux sortes de corps reproducteurs, les microgamètes ou chromotozoïtes mobiles et les microgamètes ou mérozoïtes immobiles; la conjugaison d'un microgamète avec un macrogamète est le début du cycle sporulé. — Grassi (7) a constaté que la larve de l'Anguille commune est le Leptocephalus brevirostris. Rappelons que l'un de nous (*) a suivi dans les bacs du laboratoire de RoscofT la transformation d'un Lep- tocéphale indéterminé en Conger vulgaris. — Karavaiev(9) assure avoir constaté dans les phénomènes histologiques qui accompagnent la méta- morphose d'une Fourmi (Lasius flavius) l'absence complète de phago- cytose. Mais notre collaborateur Metehnikov déclare que cette assertion repose sur une interprétation erronée des préparations microscopiques. Yves Delage et G. Poirault. 1. Aurivillius CChr.). — Ueber Zwischeiiformen zwischen socialen und soli- tàren Bienen. (Festschr. Lilljeborg, 1896,69-77.) [Sera analysé dans le prochain volume. 2. Bataillon (E. ). — Nouvelles recherches sur le mécanisme de l'évolution. Les premiers stades du développement des poissons et des amphibiens. (Arch. Zool. exp., 3e sér., V, 282-317.) [Voir ch. V (+) Yves Delage : C R. Ac. Sci. Paris, 18 octobre 1886. 230 L'AXXEE BIOLOGIQUE. 3. Beard (J.). — The S pan of Gestation and the Cause of Birlh. A Study of the Criticalperiod and its effects in Mammalia. (In-8°, Jenà, [G. Fischer], xi, 132 p.) [Voir ch. II 4. Beijerinck (M. W.). — Sur la cécidiogénêse et la génération alternante chez le Cynips calicis. Observations sur la galle de VAndricus circulant. (Arch. Neerland., XXX, 387-444, 3 pi.) [237 5. Dugès (A.). — Influencia del meclio ambiente sobre la readaptaeiou. (Mem. Soc. Antonio Alzate, X, 341-342.) [236 6. Facciola (L.). — Sut' micrococchi délia malaria. (Atti Soc. Toscana, XV, 220-299, pi. III.) [Voir ch. XVI 7. Grassi (G. B.). — The Reproduction and Metamorphosis of the conunon Eel [Anguilla vulgaris). (Proc. R. Soc. London, LX, 200-271.) [230 8. Houssay (Fred.). — Le rappel ontogénëtique L'ANNÉE BIOLOGIQUE. Henneguy (/. c, p. 34) pense « ... que chez les Mammifères les cellules migratrices n'interviennent qu'au dernier stade de l'atrophie de l'œuf, et souvent même ne pénètrent pas du tout dans son intérieur ». « Si quel- ques cellules de la granulosa pénètrent dans les ovules des Mammifères, cette pénétration n'a lieu que clans les derniers stades de la dégénéres- cence; elles jouent alors très probablement le rôle de phagocytes et accélèrent la disparition du vitellus. Dans la dégénérescence fragmen- taire, les cellules de la granulosa finissent également par s'introduire au milieu des fragments du vitellus et se transforment en phago- cytes (p. 32). » Il y aurait donc une grande différence entre l'alrophie de l'œuf chez les Mammifères et chez tous les autres Vertébrés. Mais il est incon- testable que le dernier mot dans cette question n'est pas encore dit. D'après les figures ajoutées au mémoire cité d'HENNEGUY, ainsi que d'après celles publiées dans le travail plus récent de Janosik (24), on doit conclure que les phénomènes phagocytaires dans l'atrésie des Mammifères sont au moins aussi précoces que chez les autres Verté- brés. Henneguy mentionne dès le début de cette dégénérescence la for- mation de plasmodes autour de l'ovule, ce qui indique le développe- ment de phagocytes géants dans cet endroit. Janosik dessine aussi (pi. IX, fig. 3, 6, 7) des masses plasmiques avec des noyaux tout autour de l'ovule dans les premières phases de l'atrésie. Voilà donc un exemple d'atrophie qui se présente dans le jeune âge. comme dans la vieillesse, à une période de vascularisation suffisante pour la nutrition des tissus. Il est beaucoup plus probable qu'on doit l'attribuer à la lutte intime des éléments cellulaires, des ovules d'une part et des cellules de la granulosa de l'autre. L'œuf, devenu impropre pour se défendre, est attaqué par les cellules environnantes qui le dévo- rent et se transforment sur place en tissu conjonctif. Les annexes des organes génitaux femelles subissent dans la vieillesse une atrophie qui se rattache au type général. Schnapper (25) a étudié tout récemment la dégénérescence sénile des trompes et a constaté que les trois couches qui les composent s'imprègnent tellement de tissu con- jonctif que leurs limites deviennent invisibles. La muqueuse présente un fort développement de tissu conjonctif jeune qui pousse des prolonge- ments d'un tissu granuleux réunissant des plis voisins. La couche mus- culaire est aussi envahie par le tissu conjonctif, qui se constitue en îlots séparant les muscles annulaires en plusieurs fragments. Les testicules séniles s'atrophient beaucoup moins que les ovaires et la dégénérescence ne s'étend que sur quelques parties de la glande. Le revêtement épithélial des canalicules séminifères subit des dégéné- rescences diverses (pigmentaire, hyaline, etc.), et, autour de ces par- ties atrophiées, on trouve toujours du tissu conjonctif néoformé. Pavlov (26), dans sa thèse sur l'atrophie sénile des testicules, insiste sur ce fait que le tissu conjonctif, dans ces cas, est riche en cellules de formes variées et souvent disposées en longues traînées. Mais à cùté de ces portions atrophiées qui revêtent le type général de la substitution du tissu spécifique par du tissu conjonctif, on en observe d'autres MORT, IMMORTALITE, PLASMA GERMINATIF. 259 qui ne se distinguent pas sensiblement de l'état normal. Chez un vieillard de soixante et onze ans, Pavlov a trouvé même un assez grand nombre de cellules épithéliales en voie de division karvokinétique et beaucoup de spermatozoïdes. Du reste il a été constaté depuis longtemps que les vieillards sont capables de produire les zoospermes quelquefois même en grande quantilé. Chez un vieillard de quatre-vingt-quatorze ans Pavlov a vu, à côté des canalicules plus ou moins atrophiés, d'autres qui se trouvaient en état d'activité et qui renfermaient un assez grand nombre de spermatozoïdes. En ce qui concerne les autres parties de l'appareil sexuel mâle on a surtout étudié la dégénérescence sénile du membre viril, dont Chouri- guine (27) a publié récemment une monographie assez complète. Par- tout, dans les vaisseaux, les nerfs, les espaces caverneux, il signale toujours le même phénomène prédominant, le développement du tissu conjonctif aux dépens des autres éléments. Les corpuscules génitaux avec les terminaisons nerveuses subissent une atrophie analogue. Souvent l'auteur que je viens de citer a vu ces corpuscules remplis de cellules de dimensions et de formes variées, entre lesquelles il pouvait distin- guer des résidus de plaquettes et des leucocytes. « Gomme dans les cor- puscules génitaux normaux, dit Chouriguine, je n'ai jamais rencontré une si grande quantité de cellules endothéliales, je puis exprimer la sup- position que toute cette masse cellulaire, dans quelques cas au moins, résulte d'une prolifération ou peut-être même d'une émigration des leucocytes (p. 43). » Les phénomènes de sclérose dans le foie et les reins séniles sont géné- ralement connus et se rattachent toujours au même type de dévelop- pement du tissu conjonctif aux dépens des épithéliums glandulaires (Y. Démange, /. c). Dans le système nerveux, on trouve une atrophie analogue ; seulement, ici, c'est lanévroglie qui étouffe les éléments nobles. Le fait de l'abondance de la névroglie dans le cerveau des vieillards a été démontré par Golgi et plus tard confirmé par Weigert (28). Chouriguine mentionne aussi l'épaississement de la névroglie dans le renflement lombaire de la moelle épinière des vieillards {Le, p. 46). Récemment Pugnat (29) a signalé l'intervention des leucocytes dans l'atrophie sénile du cerveau. « Quand l'élément nerveux, devenu sénile, présente une moins grande force de résistance, il offre une proie facile aux leucocytes qui s'emparent de lui, le rongent, le désagrègent, et en font disparaître jusqu'à la plus faible trace. Les leucocytes et les cellules conjonctives jouent donc, conclut Pugnat, un rôle important dans les processus de la mort physiologique du tissu nerveux. » Gomme les rides de la peau constituent un des signes des plus mar- qués et souvent des plus précoces dans la vieillesse, on s'est beaucoup occupé de leur structure microscopique, ainsi que de la peau sénile en général. Mais, il faut bien le dire, les résultats de ces recherches ne sont pas encore suffisamment nets. On est unanime à déclarer que le caractère le plus constant de la peau des vieillards consiste en une modi- fication particulière des fibres élastiques de la couche superficielle du derme. Ces fibres s'épaississent, s'entre-croisent entre elles et subissent 260 L'ANNEE BIOLOGIQUE. souvent une dégénérescence colloïde. Le tissu élastique des couches pro- fondes du derme présente au contraire sa structure normale. Le tissu conionctif accuse certains signes d'atrophie; il devient plus mince que dans la jeunesse. On le trouve souvent rempli d'amas de cellules rondes et allongées. Tandis que plusieurs auteurs, avec Unna (30) en tête, con- sidèrent cet envahissement par des cellules comme un caractère parti- culier de la peau sénile, d'autres observateurs, comme Orbante (31) nui a publié une monographie sur la peau des vieillards, affirment le contraire. En tout cas, ni le rôle de ces cellules, ni l'origine des modifi- cations des fibres élastiques superficielles ne sont encore suffisamment élucidés. L'épiderme et les autres parties de la peau (fibres musculaires lisses ""landes sudoriques et sébacées, etc.) ne présentent pas de chan- gements notables dans la vieillesse. Des modifications des fibres élastiques, analogues à celles du derme, ont élé observées également dans les poumons des vieillards, notamment dans le tissu pulmonaire des vieux asthmatiques (32). Dans tous les organes dont nous avons passé en revue les altérations «éniles on observe aussi les modifications des vaisseaux. Plusieurs ob- servateurs insistent surtout sur le rùle prépondérant de l'artériosclérose dans la dégénérescence sénile et Démange, dans sa monographie de la vieillesse, plaide cette cause avec beaucoup de conviction. Pour lui, « l'endopériartérite chronique progressive est constante dans les lésions de la sénilité; elle semble être le procédé naturel qui entraîne la déchéance des organes et le ralentissement des fonctions ; elle produit l'atrophie des organes, l'athérome des vaisseaux; elle est C agent princi- pal de la sénilité (p. 93). » L'étiolo°ie de l'artériosclérose est loin d'être élucidée, mais on tend de plus en plus à l'attribuer à l'influence qu'exercent sur les vaisseaux des agents nuisibles qui passent dans la circulation. Depuis que Porcuet et Desoubry (33) ont prouvé la pénétration facile des Microbes dans la circulation chez des animaux normaux, il est devenu évident que les vais- seaux doivent se trouver constamment aux prises avec ces organismes. D'un autre cùté, on s'est assuré dans ces derniers temps que, même dans des maladies qui revêtent un caractère local, les Microbes pathogènes passent beaucoup plus souvent dans la circulation qu'on ne le suppo- sait autrefois. De plus, en dehors des Microbes, les vaisseaux subissent constamment l'influence de produits toxiques d'origines diverses. Il est tout naturel que, dans ces conditions, se produisent des inflam- mations aiguës et chroniques, d'abord dans l'intima, pour se répandre ensuite dans les autres couches des artères. De là, dégénérescence et atrophie qui amènent le rétrécissement de la lumière des artères et le manque de nutrition des organes. On aurait tort cependant d'exagérer, comme le fait Démange, cette influence, et, sans se rallier aux quelques savants qui la nient entièrement, on ne peut que souscrire à l'affirma- tion de Klebs (34) « qu'une diminution très considérable de l'afflux san- guin peut n'amener aucun phénomène d'atrophie. Tout dépend ici, aioute-t-il, de l'activité des tissus qui, comme les plantes, peuvent puiser une nourriture suffisante dans un sol appauvri ». MORT, IMMORTALITÉ. PLASMA GERMINATIF. 261 Dans la dégénérescence sénile des vaisseaux, comme dans celle des autres organes, on finit toujours par trouver une prolifération abon- dante du tissu conjonctif. En présence de cette prépondérance dans la vieillesse des éléments niésoblastiques, on aurait le droit de supposer que les organes qui les produisent ne devraient pas être atteints de dégénérescence. Quoique sur ce chapitre aussi nos connaissances actuelles soient bien imparfaites, il semble cependant, d'après l'affirmation de certains observateurs, qu'il n'en est point ainsi. La rate sénile, comme le confirme Pilliet (35) dans son travail sur ce sujet, manifeste une atrophie incontestable qui s'étend surtout aux cor- puscules de Malpighi, mais embrasse à un moindre degré aussi la pulpe. Il distingue deux variétés de rate chez les vieillards : une rate molle, avec pulpe dilatée, et une rate rigide, entourée d'une capsule épaissie et indurée. Cette variabilité suffit à prouver que la dégénérescence de la rate des vieillards doit avoir pour cause d'autres facteurs encore que la sénilité. Les ganglions lymphatiques subissent également une atrophie plus ou moins marquée dans la vieillesse. D'après Sacharov (36) qui a fait en 1891 une thèse sur ce sujet, la dégénérescence sénile des ganglions lym- phatiques présente, dans certains cas, une transformation en tissus adi- peux et conjonctif. Malgré l'atrophie incontestable de ces organes, la production des lymphocytes dans les ganglions se fait même dans l'âge le plus avancé, quoique en moindre proportion que pendant la jeunesse. Il faut penser que cette production des cellules lymphoïdes est cepen- dant encore assez considérable pour suffire à l'infiltration de tant de tissus séniles en voie d'atrophie. Des recherches ultérieures devront éclaircir cette anomalie apparente d'une prolifération si abondante du tissu conjonctif, précédée d'invasion lymphocytaire et associée à l'atro- phie des organes qui produisent les globules blancs. IV De tout ce qui précède, il n'y a qu'une conclusion certaine à tirer, c'est l'insuffisance des connaissances actuelles sur la dégénérescence sénile. Il est vraiment étonnant qu'on ait réuni si peu de faits précis dans un chapitre de biologie d'une si grande importance. On est presque tenté de faire, avec Brunetière, des reproches à la science d'avoir négligé la question : « Où allons-nous? » Seulement, au lieu d'admettre que la science n'aborde pas ce problème parce qu'elle en est incapable, il faut avouer que, malgré sa compétence dans cette matière, elle ne s'est pas donné assez de peine pour éclaircir la question. Nous pensons que la science a beaucoup à gagner à se mettre à l'étudier et que si, pour le moment, il n'y a pas encore de conclusions définitives à formuler, il y a lieu au moins d'exposer certaines hypothèses, pouvant servir à la pre- mière orientation dans un domaine si important et en même temps si complexe. 202 L'ANNEE BIOLOGIQUE. Les faits exposés dans le chapitre précédent ne plaident pas en faveur de la théorie de l'épuisement, dans la vieillesse, de la faculté repro- ductrice des cellules. D'abord, parce que nous voyons à chaque pas la prolifération du tissu conjonctif; ensuite, parce que nous rencontrons parfois même un luxe inutile dans la reproduction des cellules sémi- nales chez le vieillard. Mais c'est surtout la fréquence dans la vieillesse, même la plus avancée, des néoplasies qui plaide contre l'admission d'un épuisement fondamental de la propriété reproductrice des cellules. La théorie de l'artériosclérose comme cause dominante de la dégé- nérescence sénile ne peut être non plus acceptée, parce que l'atrophie est beaucoup plus générale que l'altération des vaisseaux. Ainsi nous avons cité des faits d'atrésie des ovules longtemps avant la moindre dégénérescence des artères et des phénomènes d'atrophie facilités même par un développement particulier des vaisseaux. 11 faut ajouter encore l'atrophie précoce de certains organes, comme le thymus. Il y a plutôt lieu de supposer que l'atrophie sénile est le résultat des phénomènes cellulaires intimes, d'une lutte entre les éléments des tissus, qui devient de plus en plus accentuée avec l'âge. Nous avons vu -- et c'est le fait prédominant de la vieillesse — que, dans la dégénérescence sénile, il se produit une atrophie de toutes sortes de cellules qui sont remplacées par des éléments conjonctifs hypertrophiés. Dans cette lutte, les macrophages, c'est-à-dire les cellules granuleuses qui se transforment en tissu conjonctif, prennent le dessus sur les éléments plus nobles de l'organisme. Les phénomènes intimes de cette victoire sont loin d'être suffisamment élucidés, mais les quelques exemples analysés dans le chapitre précédent indiquent que c'est la phagocytose qui y est en jeu. II est possible de prévoir qu'avec les progrès de la science, l'acte pha- gocytaire dans cette lutte sera encore mieux mis en lumière. Sous ce rapport, le chapitre des dégénérescences séniles rappelle beaucoup l'état de nos connaissances sur la métamorphose des animaux, avant l'inter- vention de la théorie des phagocytes. La base fondamentale de la lutte pour l'existence entre les cellules, c'est la grande inégalité entre elles. Tous les maux qui agissent sur l'organisme impressionnent d'une façon bien différente les divers éléments des tissus. De toutes les cellules, ce sont les ovules qui sont les plus sensibles. D'a- bord ces ovules sont très peu soigneux dans le choix des substances à absorber. Lorsqu'on injecte de la toxine tétanique à une Poule, on con- state bientôt que, tandis que la majorité des cellules refusent d'absorber ce liquide dangereux, les ovules en consomment une grande quantité. De leur voracité dépend probablement la facile déchéance des cellules ovariennes. D'après Hexle (37), un ovaire d'une femme de 18 ans ren- ferme 36.000 ovules, dont à peine 1/200 réussissent à quitter cet organe. Tout le reste subit l'atrophie, c'est-à-dire est dévoré par les phagocytes dans l'ovaire. On se figure l'extension de cette dégénérescence des ovules qui se fait surtout à une période de la vie où il ne peut être question d'une artériosclérose amenant le manque de nutrition. La grande sen- sibilité des ovules est attestée encore par la facilité avec laquelle la stérilité suit souvent les moindres changements de conditions extérieures. MORT, IMMORTALITÉ, PLASMA GERMINATIF. 263 On sait que les animaux tenus en captivité, malgré leur bonne nutrition, se montrent très fréquemment inaptes à se reproduire. Mingazzini (38) a trouvé que chez ces animaux les follicules dégénères sont plus nom- breux que chez les animaux vivant en liberté et examinés à la même époque de l'année. Après les ovules, ce sont les cellules nerveuses qui se distinguent par leur sensibilité pour les poisons. On sait, d'après les recherches de Roux et Borrel (39), que, pour tuer un animal, il suffit de lui injecter dans le cerveau une dose de poison beaucoup plus petite que celle qui est nécessaire pour amener la mort, en injectant dans n'importe quel autre endroit de l'organisme. Besredka (40) a appliqué ces résultats à la recherche des composés arsenicaux et a constaté ce fait que l'arsenic est beaucoup plus toxique si on l'injecte directement dans le cerveau que si on l'introduit dans le péritoine ou dans le sang. Il a établi aussi que les phagocytes sont au contraire très peu sensibles à l'action de ce poison et peuvent même, en l'absorbant, protéger l'organisme contre l'intoxication mortelle. Il y a donc dans l'organisme des cellules très sensibles pour les poi- sons et d'autres qui se distinguent par une grande tolérance. Ces der- nières sont précisément ces phagocytes qui luttent dans l'organisme et qui, dans la dégénérescence sénile, attaquent toutes sortes d'éléments nobles, les remplaçant par du tissu conjonctif. Lorsqu'on voudra se représenter la quantité des poisons qui traversent l'organisme pendant une longue vie, partant du tube digestif où ils sont produits par des Microbes innombrables, ou venant des autres sources, on comprendra facilement que les éléments plus sensibles se- ront plus touchés que les phagocytes indifférents. L'équilibre qui s'établit entre ces cellules et les autres éléments sera donc nécessairement rompu. Les cellules nobles s'affaibliront les premières, les phagocytes résiste- ront plus longtemps. Il en résultera la victoire des phagocytes qui dé- voreront et étoufferont leurs adversaires. Gomme dans la résorption des tissus ce sont les macrophages qui agissent exclusivement, ce sont eux qui prendront le dessus et qui se transformeront en tissu conjonctif, ce qui constitue leur particularité fondamentale. La dégénérescense sénile se réduit donc en premier lieu à un macro- phagisme qui amène la destruction des éléments nobles, incapables de se défendre. Il est inutile de discuter ici longuement si les cellules englobées par les phagocytes peuvent être vivantes. Il a été démontré depuis mon premier travail sur la phagocytose, en 1883, que les éléments phagocytés présentent souvent tous les signes de cellules vivantes. Cela a été no- tamment constaté pour les globules rouges nucléés et les spermato- zoïdes. On trouve un nouvel argument en faveur de cette proposition dans les recherches nombreuses qui ont prouvé définitivement que les Microbes et autres parasites (Coccidies, Grégarines, Nématodes) peuvent être dévorés par les phagocytes, à l'état bien vivant. Une autre question est de savoir si les cellules vivantes , pour être phagocytées, doivent subir préalablement un affaiblissement notable. 264 L'ANNEE BIOLOGIQUE. D'après tout ce qui a été communiqué plus haut, il est très probable que les divers éléments de l'organisme deviennent la proie des phago- cytes, dès qu'ils perdent leur substance protectrice. Il peut se trouver aussi dans quelques cas que les phagocytes, renforcés ou stimulés par une cause quelconque, attaquent des cellules en pleine vigueur. Mais, pour ce qui concerne les atrophies séniles qui nous intéressent surtout pour le moment, il faut admettre d'abord, comme premier acte, un af- faiblissement des cellules et en second lieu l'englobement et l'étouffe- ment par les phagocytes. Si l'hypothèse que je viens de formuler se trouve confirmée par l'ob- servation et l'expérience, faudra-t-il s'arrêter devant cette constatation? Ne pourrait-on pas songer à utiliser les découvertes faites pour inter- venir dans la lutte entre les cellules de notre corps? Ne pourrait-on pas, par des moyens artificiels, renforcer un des partis combattants ou affai- blir l'autre? Il est incontestable que l'organothérapie a déjà donné quelques résul- tats encourageants dans le sens du renforcement de l'organisme. Il y aurait lieu d'étudier par la méthode expérimentale, chez de vieux animaux, l'influence de ces diverses matières sur la grande lutte intrin- sèque des éléments cellulaires. Peut-être, parmi les substances extraites des organes, y en a-t-il quelques-unes qui augmentent la défense des cel- lules nobles dans leur résistance contre les phagocytes? Comme ce sont surtout les tissus très jeunes qui se défendent le mieux (nous rappelons ici l'exemple cité des disques imaginaux), on de- vrait chercher les substances protectrices dans les organes embryon- naires. Et cela d'autant plus que, d'après les recherches nombreuses de Férè (41), ces organes, implantés à des animaux adultes, résistent long- temps à la résorption et peuvent même manifester un certain dévelop- pement. Mais si, pour la défense des cellules nobles, les projets qu'on peut for- muler pour le moment ne peuvent être que bien vagues, l'intervention dans le but d'affaiblir les phagocytes voraces repose sur une base mieux établie. Comme je l'ai dit dans le second chapitre, il existe un moyen pour détruire les globules rouges du sang. C'est le sérum des animaux ayant reçu à plusieurs reprises du sang d'autres espèces animales. Ainsi, le sérum sanguin des Cobayes qui avaient subi des injections de sang d'Oie, quoique incapable de dissoudre les hématies nucléées de ce vola- tile, les détruit et leur retire en peu de temps toute leur hémoglobine. Ce qui s'applique aux globules rouges doit être applicable aussi à d'autres éléments et il est facile de prévoir la préparation de sérums contre toutes sortes de cellules et entre autres contre les macrophages, ces des- tructeurs des éléments nobles dans l'atrophie sénile. Comme on lutte déjà avec efficacité contre diverses maladies provoquées par des Mi- crobes, à l'aide de sérums, préparés sous l'influence de ces parasites, on luttera peut-être un jour contre les maladies atrophiques et hyper- trophiques à l'aide de sérums préparés avec des cellules correspon- dantes (macrophages contre les atrophies, épitheliums contre les tu- meurs épithéliales, etc.). Il y a lieu de rappeler ici que les macrophages MORT, IMMORTALITE. PLASMA GERMINATIF. 265 jouent rarement un rùle important clans la défense de l'organisme contre les microbes. Cette tache est presque toujours remplie par les leucocytes polynucléaires, ces phagocytes qui manifestent une répu- gnance naturelle très marquée pour les tissus de l'organisme. Si on pouvait rétablir l'équilibre rompu entre les éléments cellulaires, on amènerait par là l'arrêt ou au moins une atténuation de l'atrophie sénile. La vieillesse deviendrait alors plus supportable et cet instinct de la mort naturelle qui dans l'état actuel fait défaut presque toujours, pourrait peut-être se développer librement. Dans ce cas, la crainte de la vieillesse ne serait plus aussi aiguë qu'elle Test actuellement et la crainte de la mort naturelle perdrait aussi beau- coup de son intensité. Les conséquences de cette crainte que nous avons exposées plus haut, avec la foi dans l'immortalité de l'âme et la déné- gation de la science qui en découle presque inévitablement, ne se feraient plus sentir. Arrivés à la fin de cet aperçu, nous devons revenir à l'idée que nous avons exprimée au commencement. Nous avons signalé la désharmonie dans la nature comme la source de tant de maux. Victime de cette dés- harmonie, la Coccinelle, dans ses tentatives pour se nourrir avec le nectar des fleurs, ne peut compter que sur la sélection naturelle qui, en accumulant pendant des temps infinis des variations utiles, pourra enfin adapter l'organisation de ce Coléoptère au but à atteindre. L'homme a d'autres ressources que la sélection naturelle et, encouragé par ce fait que l'art humain a déjà surpassé la nature dans l'harmonie des sons, il tâche d'appliquer la science pour établir l'harmonie des fonctions, que la nature n'a pas su lui donner. Élie Metchnikov. Bibliographie. I. 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[Voir ch. XVII 4. Kuhn (C. H.). — Bas Sterben der Individuen als Auslese-Vorgang. Rede, geh. beimAntritt des Rektorats der Universitàt Amsterdam. Vom Yerfasser durch gesehene Uebersetzung . (Xat. Wochenschr., XII, 193-200.) 5. Stôhr (A.). — Letzte Lebensein heiten und ihr Verband in einem Keim- plasma. Von philosophisehen Standpunkte aus besprochen. 8°, Leipzig et Wien, 208 p. [* 2. Emery (C). — Homologie et atavisme au point de vue de la théorie du plasma gerniinatif. [XII; XIV 1 [3; XV 6 e] — H y a dans les théories de Weismann des principes généraux qui se retrouvent chez d'autres et qui sont indépendants de ses conceptions particulières sur la constitution intime du germe. Les deux principaux sont la continuité du plasma gerniinatif, et l'hé- térogénéité des particules dont il est composé ; l'auteur les accepte complè- tement pour sa part; ils permettent de définir avec bien plus de précision, au double point de vue théorique etpratique, les notions d'homologie et d'atavisme. Celle d'homologie n'a acquis quelque netteté que par la théorie de l'évo- lution ; elle repose sur ce fait que des parties, identiques à l'origine, ont conservé des traits morphologiques qui leur sont communs, mais dont l'identité est plus ou moins masquée par suite des changements survenus au cours de l'évolution, ceux-ci étant liés à ceux qu'a présentés le plasma gerniinatif. Or on retrouve partout deux catégories de variations : celles qui portent sur des séries entières d'organes, et celles qui ne sont que des différenciations parti- culières d'organes isolés ou groupés; par exemple, tous les cheveux d'un in- dividu ont en général des caractères communs, qui les distinguent de ceux d'un autre individu, et d'autre part, certains groupes de ces cheveux peuvent offrir des caractères qui les distinguent des voisins. — Cela posé, si on con- state une relation déterminée entre les anomalies de deux dispositions orga- niques, dont l'homologie n'est pas encore suffisamment établie, ce sera une forte présomption en faveur de cette homologie; exemple, le système pileux et Tappareil dentaire, dérivant tous deux du revêtement des Vertébrés pri- mitifs. Cette considération des corrélations dans le plasma gerniinatif peut être fort utile pour expliquer bien des phénomènes oljservés dans l'évolution, comme la réduction simultanée des doigts aux membres antérieurs et posté- rieurs chez les Ongulés : ceux-ci dérivent d'un type de nageoires ancestrales, provenant d'une ébauche germinale commune pour les deux paires de mem- bres, et ont subi ultérieurement des changements identiques dans le cours de la phylogénèse. Pour l'atavisme, Weismann a déjà montré combien on doit être exigeant en fait de preuves, quand il s'agit d'expliquer des anomalies par ce facteur dont on a tant abusé. Au point de vue théorique, une variation se rattache à 268 L'ANNEE BIOLOGIQUE. cette catégorie quand elle est due au développement de particules germi- nales qui existent chez tous les individus de l'espèce, mais dont l'action ne se manifeste pas, du moins d'une manière durable, au cours de l'ontogenèse individuelle : toutefois une observation attentive permettra de retrouver sou- vent les preuves de l'intervention de ces éléments méconnus dans le dévelop- pement normal. L'auteur en cite des exemples remarquables, étudiés de près par lui : coloration bleue de l'iris chez l'enfant, provenant du père, et rem- placée par la coloration brune, provenant de la mère; teinte rouge des che- veux apparaissant à titre temporaire chez des enfants dans une famille qui a contenu à intervalles éloignés des représentants à chevelure rouge, etc. — En principe, il ne faut considérer un organe anormal comme étant d'origine atavique que si on retrouve des traces de son apparition dans l'ontogenèse normale. Ces traces, souvent difficiles à reconnaître, permettent seules de conclure qu'il y a des particularités correspondantes du plasma germinatif : on doit donc étudier aussi minutieusement que possible tout le cours de l'on- togenèse, quand des raisons d'un autre ordre semblent indiquer que l'ata- visme est en jeu. L'auteur applique ce principe à plusieurs cas étudiés par lui. Les exemples d'anomalies attribuables à l'hérédité, et qui ne se révèlent nullement dans l'ontogenèse normale, ne doivent être acceptés dans cette question de l'atavisme qu'avec la plus extrême réserve. Il faut d'ailleurs mettre à part les cas où cette réapparition de dispositions anciennes est pro- voquée par une modification qui rapproche les conditions du milieu de celles qui entouraient la forme ancestrale. C'est ce qu'on voit dans certaines ex- périences sur l'action de la température sur la coloration dans l'évolution des Lépidoptères : la disparition complète de tout vestige de la disposition ancestrale dans les conditions normales a tenu ici à la rapidité de la méta- morphose. Ces mêmes considérations conduisent à une interprétation nouvelle de la « loi ontogénétique fondamentale » (loi de récapitulation). Il n'y a en réalité pas de récapitulation, pas de palingénèse ni de cœnogénèse : ce sont autant de termes impropres. L'ordre de succession et l'importance relative des di- vers stades ontogénétiques dépendent de deux causes : 1° des conditions physico-chimiques, qui peuvent provoquer l'apparition de dispositions plus ou moins semblables à des dispositions ancestrales, constituées autrefois sous l'influence de conditions semblables ; 2° de la lutte intra-germinale dont parle Weismann : les formes représentées dans ce plasma par des éléments en voie de régression céderont le pas à celles qui sont favorisées dans la lutte ; elles se trouveront rejetées à un stade ultérieur, ou n'apparaîtront que pour disparaître plus ou moins rapidement. — D'ailleurs, si l'ontogenèse indivi- duelle ne nous donne pas plus le tableau des ancêtres de l'espèce que ne le fait l'anatomie, son étude comparative dans les diverses espèces est des plus fécondes, plus encore que celle de l'anatomie comparée : la simplicité plus grandedesstadesembryonnairespermetde mieux reconnaître leshomologies, et c'est seulement dans cette partie de l'ontogenèse qu'on retrouve, à l'état tran- sitoire, quantité de formes qui ont existé chez les ancêtres. L'auteur a eu pour but d'attirer l'attention sur cette manière d'envisager la question, qui peut être féconde en résultats. Bien des confusions disparaîtront pour faire place à des idées précises, quand on distinguera dans chaque cas, par une étude attentive, ce qui a été transmis réellement par le plasma germinatif (atavisme réel) de ce qui est dû seulement au renouvellement de circon- stances extérieures identiques (atavisme apparent). — L. Defrance. CHAPITRE XIV Morphologie et Physiologie générales = 1° Morphologie générale. a) Symétrie. — G. A. Guldberg 177) constate dans les os et les mus- cles une dissymétrie croisée (le côté droit l'emportant sur le gauche au membre inférieur, tandis que c'est l'inverse pour le membre in- férieur) qui serait intéressante, en particulier au point de vue de la locomotion circulaire, si les différences ne portaient sur des valeurs peu ou point supérieures à celle des erreurs d'observation. — Lataste (221). ,3) Homologies. — Emery (123), Goodrich (167), van Tieghem (330). y) Polymérisation. Individualité de l'organisme et de ses parties; colo- nies. — Perrier (273), Hammar (180; (nouvel exemple de fusion syncytiale des blastomères conformément à la théorie de Sedgwick), Kôlliker (206). S) Feuillets. — Heider (185), dans un article critique, met au point la théorie des feuillets, discute la valeur des arguments pour et contre cette conception et conclut que les exceptions, empruntées surtout aux développements atypiques (nétéromorphose, etc.), ont moins d'impor- tance qu'on n'est parfois tenté de le croire, en sorte que la théorie des feuillets peut être conservée, en la restreignant au développement ty- pique de l'œuf normal. Cependant, dans ces développements typiques eux-mêmes, il reste des cas dont l'importance ne saurait être méconnue, comme ceux des Orthoptères signalés par Heymons, chez lesquels l'intestin moyen se forme aux dépens de l'ectoderme. Lécaillon 224) vient précisément de montrer que, chez certains Coléoptères, l'origine de l'intestin moyen est également ectodermique. Faut-il dire pour cela que l'intestin de ces Coléoptères n'est pas homologue de celui des genres chez lesquels il est d'origine endodermique? = 2° Physiologie générale. Généralités. — Laumonnier 222). Loeb (231) s'efforce de montrer qu'il y a exagération à limiter, comme on tend à le faire, la physiologie géné- rale à la physiologie cellulaire. Pfeffer (275). Davenport (109), ou- vrage didactique, riche en instructions théoriques, en renseignements pratiques sur la morphologie expérimentale et en particulier sur l'ac- tion du milieu sur l'organisme adulte. 270 L'ANNEE BIOLOGIQUE. := a. Nutrition. a) Osmose. Les phénomènes de l'osmose continuent à préoccuper, et à juste titre, les physiologistes. Le plus important travail dans celte voie est un mémoire où Lœb (233) étudie l'influence osmotique des diverses substances dissoutes dans l'eau, en se plaçant au point de vue de la théorie des ions. Il arrive à vérifier à posteriori celte Ihéorie ou du moins à montrer qu'elle concorde avec les phénomènes de l'osmose cellulaire. Il montre que, dans les variations d'intensité du pouvoir osmotique, pour diverses substances minérales, les ions H influencent seuls l'absorption d'eau. Pour les substances organiques, les ions OH sont plus actifs que les ions H. La toxicité des ions métalliques est fonction de leur labililé et non de leur poids atomique. Hedin (184) a entrepris, sur la manière dont se comportent les hématies en présence de diverses substances sa- lines et autres, des expériences qui, si leur résultat pouvait s'étendre aux diverses cellules de l'organisme, seraient d'un grand intérêt au point de vue de l'action de ces substances sur l'organisme. Il détermine en effet quelles sont les substances qui sont absorbées, et dans quelle propor- tion, par les globules, en provoquant une sortie de l'hémoglobine et une destruction plasmolytique de l'élément proportionnelle à leur absorption, et quelles sont celles qui ne pénètrent pas. A la catégorie des premières ap- partiennent les substances les plus actives sur l'ensemble de l'organisme. Botazzi ( 36) montre que le liquide sanguin, à peu près isotomique à l'eau de mer chez les animaux marins inférieurs jusqu'aux Élasmobranches inclus, prend, chez les formes plus élevées en organisation à partir des Téléostéens inclus, une pression de plus en plus indépendante de celle de ce liquide ambiant. — Botazzi (37), Coppeland (86). y) Assimilation et désassimilation. — L'augmentation de l'urée ne peut pas servir, comme le montre Bouchard (38), à mesurer l'inten- sité de l'assimilation. En effet, la matière albuminoïde subit deux phases de destruction. La première phase est une hydrolyse (Gautier) qui la décompose en matériaux azotés et matériaux non azotés. Les matériaux azotés passent dans les urines, les matériaux non azotés sont brûlés dans une seconde phase d'oxydation et servent à produire l'énergie nécessaire à l'organisme. La première phase a toujours lieu, la seconde se fait au prorata des besoins d'énergie. Pour étudier l'activité d'assimilation et de désassimilation , il faut tenir compte du poids d'albumine active du corps, de la taille et de la surface du corps par où se fait le refroidisse- ment. 11 est nécessaire, pour apprécier la désassimilation, de déterminer la surface du corps et le poids d'albumine fixe. Pour cela, Bouchard (39) représente le corps de l'Homme, en volume, hauteur et surface, par un cylindre cannelé, de hauteur H, de volume ou de poids P et de surface de base P/H. Il considère le cylindre représentant le corps, comme formé de H segments de base P/H et de hauteur 1. Gomme P/H est le facteur qui lui sert à apprécier la corpulence, il s'ensuit que tous les individus de même type de corpulence ont le même segment anthropo- métrique. Ce segment, chez l'Homme normal, a la composition normale. La comparaison des segments anthropométriques permet d'apprécier l'intensité de la nutrition. XIV. — MORPHOLOGIE ET PHYSIOLOGIE GENERALES. 271 Prôscher (283) trouve que la vitesse de croissance du nourrisson montre une certaine proportionnalité avec la teneur du lait de l'espèce en matières sèches (albumine, chaux , acide phosphorique). Cette loi semble être indépendante de la grosseur de l'animal et de la durée de sa vie. Il remarque également que le lait des espèces méridionales est riche en sucre et pauvre en graisses. C'est le contraire pour les espèces septentrionales. La composition du lait fait de l'Homme une espèce mé- ridionale. — Davenport (110) montre que le rùle de l'eau dans le dé- veloppement n'est pas, chez les animaux, où il avait été peu étudié, moindre que chez les plantes. Chez la Grenouille, pendant la segmenta- tion, l'organisme n'absorbe ni eau ni autres substances. Pendant les deux semaines qui suivent son achèvement, tandis que se forment les rudiments des organes et que se dessine la forme générale, le gain en matières sèches est nul et c'est seulement par apport d'eau que se fait l'accroissement. Plus tard enfin, l'animal commence à absorber des matières sèches, mais l'eau joue encore un rùle prépondérant dans son accroissement. — Preyer (282), Lapicque (220). — Nencki f258, 259) montre l'analogie de la phylloporphyrine retirée de la chlorophylle et de l'hématoporphyrine retirée de l'hématine. Ces deux corps semblent être deux degrés d'oxydation d'une même substance mère. Il s'ensuit une analogie très grande entre la chlorophylle et l'hémoglobine. L'hé- matoporphyrine semble être identique au protéin-chromogène que fournit la destruction pancréatique des albumines animales. Il est naturel d'admettre que la phylloporphyrine résulte d'une hydrolyse analogue des albumines végétales. Ces faits sont d'une grande importance dans la question de la synthèse de la chlorophylle et de l'hémoglobine. On a, du reste, de nombreux exemples parmi les organismes inférieurs de trans- formation de CO2 en matière organique sans chlorophylle et d'oxydation de ces matières sans hémoglobine. Les premiers organismes apparus sur notre globe devaient être de cette sorte et c'est la complication phyllogénétique qui a nécessité l'intervention de substances spéciales pour remplir ces fonctions. Les observations de l'auteur rendent très vraisemblable la dérivation de l'hémoglobine en partant de la chloro- phylle. — Etard (127), Palladine 271), Kny (203), Ewart 133, 131), Zaleski (354), Leclerc du Sablon 225, 226), Regnard et Schlœsing (289), Gerber (156, 157, 158), Rosenfeld (296), Heinricher (186), Wettstein (345, 346). — Bokorny (30, 31, 32) montre que les plantes sont capables d'absorber par les racines des substances au moyen des- quelles elles peuvent constituer les produits ternaires dont elles ont besoin et suppléer par là, même complètement, la fonction chloro- phyllienne. Il serait même possible qu'elles formassent ces produits aux dépens de substances protéiques, se montrant alors, sous le rapport du mode de nutrition, entièrement comparables aux animaux. — Herbst (190) a refait à peu près pour l'Oursin ce que Raulin avait fait pour V Asperyillus en étudiant les substances inorganiques nécessaires à son développement. Il constate que l'Oursin réclame deux substances de plus que les végétaux : le chlore et le sodium ; on est en droit de penser que ces résultats sont applicables aux autres animaux. 272 L'ANNEE BIOLOGIQUE. D'après Godlevski (164) qui étudie la transformation des nitrates en albuminoïdes dans les plantes, les embryons de Froment élevés dans une solution contenant des nitrates, les absorbent à l'ombre comme à la lumière. La formation des matières albuminoïdes à partir des nitrates, n'est pas sous la dépendance immédiate de l'assimilation du gaz carbo- nique. Cette formation nécessite la lumière. Les matières albuminoïdes ne se forment pas immédiatement à partir des nitrates. Il se forme d'a- bord des matières non proléiques, qui se transforment ultérieurement en substances proléiques. Ces matières non proléiques peuvent se former à l'ombre, leur transformation ultérieure nécessitant seule la lumière. — Hansteen (183) constate que Lemna minor, cultivé à l'ombre et stérile- ment, absorbe séparément l'asparagine et les sucres (glucoses, saccha- rose). Ces derniers donnent lieu à la formation de quantités énormes d'amidon. Lorsqu'on fait absorber simultanément asparagine et glucose, il y a formation d'albumine, et, pour certaines proportions des deux corps absorbés, il ne se forme plus du tout d'amidon. Cette action est élec- tive, car asparagine et saccharose ne donnent rien. L'urée donne de l'al- bumine avec les deux sucres. Le glycocolle va avec le saccharose et pas avec le glucose. Parmi les autres amides ou acides amidés, l'acide as- partique et la tyrosine agissent comme des poisons faibles, la leucine, la créatine, l'alanine sont absorbées, mais ne donnent pas trace d'albumine. Les sels ammoniacaux sont très actifs avec les deux sucres, les nitrates ne peuvent les remplacer. — Schulze (313) résume de la façon suivante ses propres travaux et ceux des savants (Hansteen en particulier), qui se sont occupés de la question de la transformation des matières albuminoïdes dans les plantes. Les matières protéiques des réserves des semences sont décomposées lors de la germination par une hydrolyse semblable à celles que l'on peut réaliser in vitro. Les principaux produits azotés so- lubles dont se compose le mélange provenant de la destruction sont la tyrosine, la leucine, la phénylalanine, l'acide phénylamidopropionique, l'arginine, la vernine, l'acide amidovalérianique, l'allantoïne et la gua- nidine. Le processus de décomposition semble être identique dans toutes les espèces de plantes et les différences que Ton observe dans la compo- sition du mélange des bases sont dues à des réactions ultérieures. L'as- paragine et la glutamine, si répandues dans le règne végétal, semblent, en effet, devoir leur formation à une synthèse secondaire utilisant les produits de destruction plus avancés des substances que nous venons d'énumérer. Le but de cette transformation serait de transformer en ma- tières utilisables des matériaux inutilisables pour la régénération des albumines. Les travaux d'Hansteen ont en effet montré que l'aspa- ragine (et probablement la glutamine qui lui ressemble beaucoup), absorbée par une plante simultanément avec du glucose, donnait lieu très facilement à la formation d'albumine. Cette albumine régénérée servirait à la croissance de la plante dans les parties où celle-ci s'ef- fectue. — On sait que les albumines peuvent se former par l'union des bases xanthiniques avec l'acide thymique. Burian et Schur 61) se sont posé la question de savoir si les bases xanthiniques nécessaires à cette synthèse devaient être apportées en ature par les aliments ou XIV. - MORPHOLOGIE ET PHYSIOLOGIE GÉNÉRALES. 273 pouvaient être formées de toutes pièces par l'organisme aux dépens des matières albuminoïdes des aliments. C'est ce dernier cas qui se réalise. Ils ont étudié pour cela des animaux en allaitement et constaté que la quantité de bases xanthiniques nécessaires à leur accroissement était de beaucoup supérieure à la quantité de ces bases contenues dans le lait, qui en renferme très peu. Pour ce qui est du mode de formation de ces bases xanthiniques aux dépens des albumines des aliments, les auteurs admettent que l'acide nucléique de ce processus d'assimilation des albu- minoïdes, prend à ces corps des groupements atomiques qui viennent figurer en bloc comme partie constituante des bases xanthiniques dans la nucléine en voie de formation. — Kultchitsky (212) trouve dans l'épithé- lium intestinal et dans celui des glandes de Lieberkiihn des cellules spé- ciales qui absorberaient les peptones et les transformeraient à leur inté- rieur en granules acidophiles que les leucocytes transporteraient ensuite dans le chvlifère voisin. B) Sécrétions internes et externes. Excrétion. — A. Graf (170) donne une intéressante étude de la physiologie de l'excrétion chez la Sangsue. Des cellules spéciales, les excrétophores accumulent en elles les excréta sous forme de grains et, mues par des tactismes divers, se dirigent, les uns vers les orifices néphridiens pour être évacuées, les autres vers la peau où elles sont désintégrées et mettent en liberté leurs granules qui se transforment en pigment. — Chimie de V excrétion : Horbaczewski (193), Kruger et Salomon (211), Sundwick (326), Nolf (263), Fischer (139), Schulze et Winterstein (315). — Glandes génitales : Keiffer (200), Schede (305), Pôhl (280). — Thyroïde : Oswald (269), Wormser (351 i, de Cyon (96-97), Jacques (195), Exner (134), Schondorff i 312), Gley 162j, Reichel (290). — Corps pituitaire : Stoppato (325). —Thy- mus : Schiff (310). — Capsules surrénales : Langlois (218) (important mémoire résumant et complétant les recherches de l'auteur sur ce su- jet), Biedl (24), Vincent (339), Fûrth (149), Wybauw (353).— Trans- piration chez les végétaux. Glandes et appareils aquifères : Giltay (161), Haberlandt (179 . C) Production d'énergie. — Travail mécanique : Zuntz (357) main- tient contre Chauveau que 1/3 seulement de Pénergie dépensée par le muscle est transformé en travail utile, la transformation totale indiquée par Chauveau ne s'appliquant qu'à des conditions exceptionnelles. — Chauveau (80-81). — Bottazzi (35) donne de bonnes raisons de croire qu'il y a dans la contraction des fibres lisses et des fibres cardiaques, in- dépendamment de la contraction clonique de la substance anisotrope, une faible contraction mais de longue durée à caractère tonique et ayant son siège dans lesarcoplasme. — Chaleur : Richards (293) signale l'existence d'une réaction de température, véritable fièvre traumatique chez les plan- tes blessées. Au point de vue général, il n'y a rien de surprenant à ce qu'une réaction de température accompagne une augmentation d'activité des processus vitaux mis en œuvre pour la réparation du dommage; mais le fait est remarquable en l'absence de système nerveux et chez des êtres dont la température normale est peu supérieure à celle du milieu. — Lu- mière: Giesbrecht (100), Watanabe 342). — Electricité :Ballowitz(14). l'année isiOLOGinuE, m. 1897. 13 o74 L'ANNEE BIOLOGIQUE. : pigments. — Rosenstadt(297), comme conclusions d'études micro- chimiques comparatives, combat énergiquement l'origine hématogène du pigment, si généralement acceptée. H pense que certaines cellules épidermiques et conjonctives élaborent le pigment à titre de différencia- tion de leur cytoplasme. Des expériences comparatives de Flemming 1 iO, 141) montrent que la lumière n'est pas le seul agent physique qui influence la pigmentation. La chaleur agit aussi et est contraire à la pro- duction ou à la conservation du pigment. Chiarugi et Livini (83), New- bigin 261 , Rywosch (299), Lubarsch (241). — Thiry (329 , Ewart 130, 128 . Keeble (199) publie une étude sur l'anlhocyane. D'après lui, cette substance ne sert pas d'écran ni de moyen de coloration prémo- nitrice : elle agit, dans les pays tempérés, en absorbant la chaleur, et sous les tropiques, en stimulant la transpiration. Ewart (129) pense au contraire que l'une au moins des fonctions du pigment rouge dans la feuille est de protéger la plante contre l'action trop vive de la lu- mière. y)) Hibernation, vie latente. — Dubois (118) publie un important tra- vail dans lequel il étudie les variations de certaines fonctions physio- logiques à l'état de veille et pendant le sommeil hibernal. A noter, entre autres résultats, l'abaissement considérable de la température, qui peut descendre au-dessous de 5°, sous l'influence de l'accumu- lation d'acide carbonique dans le sang, et le fait que le cœur extirpé de l'animal pendant le sommeil continue à battre pendant 3 heures, au lieu qu'il s'arrête au bout de quelques instants quand on Ta extrait de l'animal éveillé. — Escombe (126) donne un intéressant résumé des expériences faites pour éprouver la résistance des graines au temps et aux divers agents. La conclusion qui se dégage des relations des observateurs, soumises à une critique un peu sévère, c'est que les faits de germination après des siècles (Blé des pyramides d'Egypte) sont apocryphes ; que la résistance au froid, à la chaleur, aux agents chi- miques, évidemment variables avec les espèces, est considérable ( — 100°, + 170° en chaleur sèche, vide, gaz divers, etc.); enfin, que la graine est dans un état qui n'est ni la vie, même latente (il n'y a pas trace de respiration), ni la mort vraie, mais une condition inter- médiaire qu'il propose d'appeler hypnose. — c. Influence des agents divers. a) Agents mécaniques. — Lœwy (A.), Lœwy (j.) et Zuntz (227), Vergara (333), Schaumann et Rosenqvist (304), Heller, Magger et Schrotter (187). S) Agents physiques. — Chaleur : Lillie et Knowlton (228), Bizzozero et Sacerdotti (27), Vernon (334). — Lumière : Stameroff (322), Ewart (129), Kohi (204, 205), Beck et Schultz (18), Lohmann (238), Camus 07, 68), Kronecker et Marti (210). — Bayons cathodiques : Atkinson (12), etc. — Électricité : Kinney (201), Lœb (232), Heller (188), Friedenthal (147), Gottstein (168), Charrin (74). yj Agents chimiques et organiques. — Ferments. — Le nombre tou- jours croissant des recherches publiées sur les ferments solubles montre L'intérêt qui s'attache de plus en plus à la connaissance de ces XIV. - MORPHOLOGIE ET PHYSIOLOGIE GENERALES. 275 corps. Parmi ces travaux, quelques-uns ont une importance qu'il nous faut mettre en relief. Ce sont d'abord ceux d'Ed. Buchner (55, 56) sur le ferment soluble alcoolique. Les diastases qui dissolvent l'ami- don ou transforment les polysaccharides en glucose opèrent suivant un même processus chimique : elles dissocient ces corps en molécules plus simples en fixant sur eux une certaine quantité d'eau. Il en est de môme pour celles qui dédoublent les glucosides, saponifient les ma- tières grasses ou digèrent lesalbuminoïdes; de sorte que, il y a quelques années, on devait croire qu'il n'y a d'autres ferments solubles que ceux qui produisent des hydrolyses. La découverte de lalaccase et de la tyrosi- nase a montré que des cellules vivantes peuvent opérer d'autres réactions à l'aide des ferments solubles, qu'il y a aussi des oxijdases ou ferments so- lubles d'oxydation. Les recherches de Ed. Buchner complètent cette no- tion. En étudiant le liquide obtenu par expression des cellules de Levure, cet auteur a constaté que l'action de la Levure s'exerçait par l'intermé- diaire d'un ferment soluble sécrété par elle, ce qui tend à faire disparaître la différence, considérée comme si capitale, entre les ferments solubles et les ferments préparés ; et il a reconnu l'existence d'un nouveau type des ferments solubles qui, sans rien ajouter au sucre, disloque profondément sa molécule et le transforme en un mélange d'alcool et d'acide car- bonique. Buchner l'appelle une zymase. Notre collaborateur, G. Bertrand, nous propose d'employer le terme de clasfxises pour ces ferments solubles qui déterminent la dislocation pure et simple de la molécule chimique sans aucune addition ni soustraction. La somme des éléments C, H, 0, Az, etc., est la même dans la molécule primitive et dans les molécules plus simples qui en dérivent. Le type de ces ferments serait la zymase alcoolique de Buchner; ce ferment en effet disloque la molécule du sucre suivant l'équation : C°H12Oc = 2C02 + 2C2HC 0. Les ferments oxydants portant déjà le nom d'oxydases, on pourrait, pour unifier la terminologie, appeler hydrolases des ferments hydrolysants. Wroblewski (352) s'est livré à une étude approfondie de la diastase de l'orge. Il a réussi à décomposer cette diastase très pure en deux substances : un hydrate de carbone qui est identique à l'arabane et une substance protéique à pouvoir diastatique très considérable et que ses propriétés rapprochent des albumoses. Pugliese (284) constate que les effets des diastases sont notablement influencés par les facteurs ambiants : concentration, milieu acide ou alcalin, présence de sels d'albumine, etc. Oxydnses. — Les recherches de G. Bertrand (21, 22) nous éclairent sur la constitution chimique et le mode d'action des oxydases. Ces ferments, tout au moins quelques-uns d'entre eux, seraient des combi- naisons spéciales de manganèse dans lesquelles le métal aurait le rùle actif, fonctionnant à la fois comme activeur et comme convoveur de l'oxygène, tandis que le radical acide, de nalure protéique, apporterait des autres caractères ceux qui se manifestent par l'analyse élémentaire, Faction des réactifs et celle des agents physiques. Ce radical joue le rôle d'un acide faible ayant pour le métal juste assez d'affinité pour le main- 276 L'ANNEE BIOLOGIQUE. tenir en dissolution : tout sel de manganèse à acide très faible se com- porte comme un oxydase, notion qui simplifie d'une manière remar- quable la conception des ferments de cette nature. Ces recherches, qu'il faut rapprocher de celles publiées par G. Bertrand et Mallèvue (Ann. biol., I, 457-158) sur le rôle du calcium et la transformation dia- stasique de la pectine en acide pectique, sont de nature à modifier nos idées sur les ferments solubles, en montrant que, dans beaucoup de cas, l'action commune d'une substance organique et d'une substance mi- nérale est nécessaire, qu'à côté du ferment, il y a ce que l'auteur ap- pelle un co-ferment. Les travaux de Moraczewski (254) et ceux de Spitzer i320) apportent des arguments en faveur de cette manière de voir. Spitzer détermine le pouvoir oxydant des différents tissus et trouve que les composés oxydants qui peuvent être enlevés aux tissus par lavage ne sont pas des enzymes, mais des nucléo-albumines, d'origine cellu- laire et dont les propriétés oxydantes en présence de l'air peuvent être constatées in vitro. L'auteur admet que ces substances oxydantes agissent en transformant l'oxygène moléculaire en oxygène atomique et que cette propriété est liée à la présence du fer dans la molécule. Spiro et Ellinger (319) résument leurs propres travaux et ceux des auteurs qui se sont occupés de la question de Faction sur l'organisme d'une injection de peptone ou d'extrait de Sangsue. Ces deux corps rendent le sang incoagulable. Sous l'influence de la peptone, le foie surtout et la masse intestinale fabriquent une substance anticoagulante qui passe de la lymphe dans le sang. Mais, au bout d'un certain temps, il se forme à côté de la substance anticoagulante une substance coa- gulante (analogie avec les antitoxines) qui immunise l'animal contre l'action d'une nouvelle injection de peptone. L'extrait de Sangsue est lui-même le corps anticoagulant: il agit in vitro et ne provoque pas la formation d'antitoxine. La substance coagulante ne semble pas se former aux dépens de la substance anticoagulante, mais à côté d'elle : au- trement dit, l'antitoxine n'est pas ici un dérivé de la toxine. Venins. — Sur la question des venins, Phisalix (276) fait l'observation intéressante d'une vaccination produite par une substance chimique définie, la cholestérine, et par les sels biliaires de la Vipère contre le venin de ce même animal. Calmette (66). Toxines. — Metchnikov (248), étudiant l'action des divers organismes végétaux et animaux sur les toxines, constate que si dans certains cas les végétaux (Champignons, Bactéries) détruisent les toxines, ils ne pro- duisent jamais d'antitoxines. Cette production a, dans le règne animal, une évolution beaucoup moins ancienne que la réaction phagocytaire, et commence seulement à se montrer chez les Sauropsidés à sang froid. Chez la Poule, elle apparaît nettement localisée dans le sang. Les ovules auraient pour cette substance une puissance d'absorption exceptionnelle. 8 iactismes et tropismes. — Czapek (98) constate que l'excitation géotropique détermine dans la racine des changements chimiques im- portants, en particulier l'augmentation de la proportion d'oxydase. De sorte que la première réponse à l'excitation n'est pas la courbure, la- XIV. — MORPHOLOGIE ET PHYSIOLOGIE GENERALES. 277 quelle est précédée d'une modification très notable des réactions cellu- laires. — Dans une série d'expériences où Jennings (197) fait une étude des réactions d'un Infusoire, la Paramécie, à divers tactismes, cet expérimentateur constate une fois de plus l'existence chez un animal d'un chimiotactisme négatif pour le milieu vers lequel il vit et positif pour une substance, C01!, qu'il élimine et qui par conséquent est un poison pour lui; cela seul suffirait à battre en brèche toute tentative d'explication finaliste des tactismes. — Davenport et Cannon (H 1), Lœb 234 , Loeb et Budgett 23G). — Lœb (235), d'accord avec Danilevsky, déduit de ses expériences antérieures sur le galvanotropisme que la contraction musculaire sous l'influence des ondes électriques n'est pas due aux variations électriques périodiques résultant du passage des ondes, mais à une action sur les ions déterminant des phénomènes chi- miques qui sont la cause immédiate de l'excitation du muscle. Citons, pour terminer, un curieux cas de cytolactisme observé par Lommen (239) sur deux types adjacents d'un filament de Spirogyre dont la cloison de séparation se trouvait rompue et qui se sont fusionnés en un seul. [H est regrettable que l'auteur ne donne pas plus de détails sur cet intéressant phénomène]. Ç) Pliagocytose. — Les travaux relatifs à la phagocytose analysés dans le présent volume sont en petit nombre, notre excellent colla- borateur Cantacuzène, spécialement chargé de la question de la pha- gocytose, ayant malheureusement été empêché de nous apporter son appoint, que nous renvoyons au prochain volume. Mais le lecteur qu'intéressent ces questions, devra lire, au chapitre XIII, la Revue sur la sénescence où Metcunikov montre que la phagocytose joue un rôle con- sidérable dans ce phénomène. Nous ne citerons que les travaux de Rengel et de Karavaiev. Rengel et Karavaiev (voir ch. X) constatent l'absence complète de phagocytose dans l'histolyse de Tenebrio molitor et des larves de Fourmis. A propos de cette analyse de leur mémoire, Bataillon fait remarquer qu'il a nettement établi que, dans la régression de la queue du Têtard, l'histolyse précède la phagocytose, qui n'intervient que comme phénomène secondaire. D'autre part, on verra dans l'article de notre collaborateur Metchnikov que ce dernier n'accepte pas les conclusions de Rengel et Karavaiev et assure avoir constaté, sur les figures mêmes de leur mémoire, l'existence d'une phagocytose qu'ils ont méconnue. Yves Delage et G. Poirault. Les canalicules urinaires chez les vertébrés ('). Ranvier [87] disait dans ses leçons professées au Collège de France : « L'étude du mécanisme de la sécrétion repose sur des données histolo- giques, c'est-à-dire sur une analyse minutieuse de la structure des glandes à l'état de repos et à l'état d'activité. » lit plus loin : « Le rein (I) Dans cette revue le chiffre gras entre crochets, indique la date de publication du mé- moire. 278 L'ANNEE BIOLOGIQUE. est une glande mérocrine. » Or le mécanisme de la sécrétion dans le rein, et même le lieu de telle ou telle sécrétion ou de telle ou telle résorption sont encore mal connus. La biologie du canalicule rénal, c'est-à-dire le rapport très étroit qui existe sûrement entre la forme de cet organe élémentaire et sa fonction, est généralement passée sous silence dans les travaux des physiologistes, trop pressés de calculer les pressions os- motiques (*) : et cependant on ne peut établir ni la composition du liquide qui circule dans le canalicule en s'y modifiant, ni la composition des sucs élaborés par les épithéliums successivement mis en contact avec le flux glomérulaire. Quant à ces épithéliums, les divergences les plus pro- fondes régnent sur leur structure et leur rôle. Il y a bien des façons, pour une glande, d'être mérocrine! Sait-on nettement comment se com- porte le plateau cellulaire, dont il a été dit, avec insistance, que son destin était d'être crevé, disloqué, entraîné, dès que la cellule sécré- tait? Pour la structure du cytoplasme, au repos ou en activité, mêmes obscurités. D'autre part, quelques-uns des résultats des injections phy- siologiques destinées à préciser le rôle respectif du glomérule et des canalicules, ne paraissent pas assez connus. Telles sont les principales questions qui seront abordées dans cet article, uniquement historique et critique. I. — MORPHOLOGIE DU CAXALICULE URINAIRE. On sait que, dans le cours du développement des Vertébrés, il apparaît successivement trois organes rénaux, le pronephros, le mésonephros et le métanephros. Chez les Anamniotes, le pronephros est l'organe em- bryonnaire fonctionnel, le mésonephros l'organe définitif. Chez les Am- niotes, le pronephros n'est que transitoire et cède la place comme organe embryonnaire au mésonephros ou corps de Wolff. Celui-ci disparaît tou- jours chez l'adulte; il fonctionne encore cependant dans le cours de la première année chez les Reptiles. Le rein définitif des Amniotes est le métanephros, qui bourgeonne comme un organe indépendant à la base du canal commun au pronephros et au mésonephros. Le rein adulte est formé par un groupement de canalicules urinaires de plus en plus con- densés à mesure qu'on remonte la série des Vertébrés. Le canalicule est, à son origine anatomique, en relation avec un appareil chargé de sécré- ter un liquide enlevé directement au sang artériel, et il se termine dans un canal collecteur. — Composition du liquide au début du canalicule, modi- fications qu'il subit en le parcourant : tels sont les problèmes que cher- che à résoudre la physiologie du rein. Je me place ici en dehors des diverses théories édifiées à ce sujet et je les suppose connues. Le canalicule du pronephros puise directement le liquide en question dans le cœlôme, où il s'ouvre par un entonnoir cilié, le nephrostome. Vis-à-vis des nephrostomes, la paroi du cœlôme présente à cet effet une ou plusieurs pelotes artérielles en saillie, les ylomérules. Le cœlôme fait (1) Voir notamment : Lang [91]; Chabrié [92]; Tamman [95], travaux d'ailleurs pleins d'intérêt. XIV. — MORPHOLOGIE ET PHYSIOLOGIE GÉNÉRALES. 279 alors partie intégrante de l'appareil excréteur et fonctionne comme une grande capsule de Bowmann, commune aux divers canalicules et glo- c<^ * A Fig. 20. — Pn, deux types de caualicules de pronephros. Mn, deux types de canalicules de mésonephros. Cœ, cœlôme;cp, canal du pronephros; ne, m. nephrostomes externe ou interne ;gl, glomérule cb, capsule de Bowmann. (Schématisé d'après Semon.) mérules du pronephros. Cet ensemble est Batraciens anoures. Dans d'autres ordres pour Ylchthijopis glutinosus, de l'ordre des Amphibiens apodes, et [96] pour la Myxine), outre ces nephrostomes dits internes, il y a des nephrostomes exter- nes s'ouvrant dans une autre partie du ccelome, le péricarde (fig. 20, Pn). — Le canalicule du mésonephros, déjà chez certains Anamniens adultes (beaucoup de Poissons; les Batraciens anoures), n'a plus de rapports avec le cœlùme, qui devient partie intégrante de l'appa- reil lymphatique. Dans ce cas, c'est l'extrémité aveugle, dilatée, du canali- cule, la capsule de Bowmann, qui coiffe directement le glomérule. L'ensemble est un corpuscule de Malpighi. Chez d'au- tres Anamniens, tels que les Batraciens urodèles (voir J. w. Spengel [76]), il persiste des nephrostomes externes (*). L'origine du canalicule dans la capsule de Bowmann peut être alors considérée comme un nephrostome interne (fig. 20 le glomus. C'est tout pour les ou classes (voir Semon [92 ] n_ Fig. 24.— Rapports du pronephros et du mésonephros des Anoures. Schématisé d'après Selenka lembryon d'Hylodes de 3 mm. de long.). (1) C'est sans doute le cas, parmi les Poissons, pour divers Ganoïdes : Lepidosteus, Balfour et Parker [82], Calamoichthys, Lebedinsky [94] peut-être des Dipnoi? (nous sommes ici dans L'inconnu). 5S0 L'ANNEE BIOLOGIQl'E. /vu J.IA l Mn). Les canalicules du mésonephros débouchent dans le canal col- lecteur qui a déjà servi au pronephros (fig. 21). — Chez les Amniotes inférieurs, il y a des nephrostomes, non ciliés, au pronephros ; mais le mé- sonephros et surtout le rein définitif ne contractent pas de rapports avec le cœlùme. Voir pour toutes ces questions, que je ne peux qu'indiquer, Wiedersheim T86]. A ma connaissance, deux groupes, les Sélaciens parmi les Poissons (il yen a peut-être d'autres), et les Batraciens anou- res, conservent à l'état adulte leurs nephrosto- mes; mais sans rapports avec l'appareil urinaire : — Sélaciens. Depuis le travail classique de Semper [75] ils étaient mis à ce point de vue à côté des Urodèles, avec cette variante que le ne- phrostome devait déboucher dans la capsule de Bowmann elle-même. Fr. Meyer [75] ne fut pas entendu quand il affirma que les entonnoirs seg- mentaires visibles à la surface du péritoine croi- saient le canal de Wolffsans contracter de rap- ports avec lui, puis se terminaient en cul-de-sac dans un organe lymphoïde (voir Meyer, p.. 39). Il avait eu recours à des injections au bleu de Prusse. Fr. Guitel [97] ne s'occupa que des en- tonnoirs eux-mêmes et de la manière de les met- tre rapidement en évidence en arrosant le péri- toine de liqueur de Flemming ou de sublimé. G. Schneider [97], en cherchant à faire phago- cyter par quelque portion des canalicules uri- n aires de Squatina angélus de l'encre de Chine introduite dans le cœlùme, refit involontairement la découverte de Meyer, qu'il paraît ne pas con- naître. Pour Schneider, ce sont les corpuscules geius $ et organes piiago- ^e Malpighi primaires du mésonephros, à dispo- cvtaires bourrés d encre ... . ■ • • %-a » m A^\ de chine; n, nephrosto- sitionsegmentaire, quisontainsimoaines(iig. 22). mes; cp, canal de woiff; Chez le mâle, les plus céphaliques n'ont pas subi ^/n™ganesdphSocTtai- celte transformation et se retrouvent dans des res. (D'après (i.scimeider.) vésicules placées sur le trajet des canaux eiïé- rents du testicule. — Batraciens anoures. Les nephrostomes de l'adulte répartis au nombre d'environ 200 sur la face ventrale du rein ont été découverts en même temps par Spengel [75] sur l'organe frais de l'animal encore jeune, ou après traitement à l'acide chromique, et par Meyer [75] après traitement au nitrate d'argent. Spengel crut pouvoir conclure, d'après une seule coupe heureuse, que les entonnoirs débouchaient dans la quatrième section des canalicules, section ventrale. Meyer, ne voyant rien de net, jugea, par analogie avec les Sélaciens, qu'ils se terminaient dans des lacunes lymphatiques. C'est Nussbaum 80] qui, après une première conclusion erronée, montra que, dans le cours du développement, les entonnoirs perdaient leur con- nection normale avec le col de la capsule, pour déboucher dans des ra- r Fig. 22. — Entonnoirs seg mentaivesùe Syuatina an XIV. - MORPHOLOGIE ET PHYSIOLOGIE GENERALES. 281 meaux de la veine-porte rénale qui rampent sur les canalicules. Il faut introduire de la poudre de carmin dans la cavité générale d'une Grenouille dont la circulation est ralentie par la narcose et, de suite, sans perte de sang, fixer l'animal ouvert dans le liquide de Millier. 11 est probable que chez l'adulte, même chez les Anamniens, à chaque canalicule correspond toujours une capsule de Bowmann aveugle, coif- fant un seul glomérule. Il en est ainsi chez les Myxines. (Voir J. Miïller [42], W. Mûller [75], etc.. Il est vrai que chez la Lamproie où le rein est très condensé, tout en présentant une série columnaire de glomérules pourvus chacun d'une artère rénale directe, Fr. Meyer [76], puis Hortolès [81] avaient décrit pour tous ces glomérules une capsule uni- que, d'où partaient les canalicules successifs; mais A. Schneider [79J, puis Vialleton [90] découvrirent les cloisons qui séparent cette chambre capsulaire en autant de capsules de Bowmann. — Ouant à décrire des canalicules entièrement privés d'un appareil analogue au nephrostome ou au glomérule, je crois qu'on ne l'a pas fait avant Huot [97] qui, dans une note préliminaire, indique le fait chez les Poissons lophobranches. La morphologie du canalicule urinaire proprement dit a été étudiée péniblement chez les Mammifères et les autres Vertébrés à reins condensés, tandis qu'elle se laisse apercevoir facilement chez les Amphibiens apodes et urodèles, tout au moins chez le jeune et dans la partie supérieure, génitale, du rein, où chaque canalicule forme un peloton indépendant (voir Spengel [76] ('). Il en est de même chez les Myxines (j. Millier et W. Millier) ; mais ici le canalicule est si court et si peu différencié qu'il semble que ce soit l'uretère qui se substitue à lui pour remplir ses fonc- tions. (Voir plus bas, partie histologique.) La fi g. 23 donne une vue comparative du canalicule dans les différentes classes. Les schémas qui se rapportent aux Cyprinoïdes, à la Grenouille, à la Tortue, à l'Oiseau sont reproduits librement d'après Hùfner [66] qui a eu recours, comme ses devanciers, à des macérations et à des injections. On voit que chez les Vertébrés supérieurs, où la distinction entre une zone corticale et une zone médullaire est nettement réalisée, la partie moyenne du cana- licule est comprise dans la zone médullaire et v figure l'anse de Henle. Il doit en être déjà ainsi chez les Crocodiles (voir Solger [82 et 85]). Mais il est très important de noter que la différenciation du canalicule en 5 sections successives est indépendante de cette disposition et déjà aussi marquée chez les Amphibiens que chez les Mammifères. La deuxième constitue le canalicule contourné de premier ordre. Les quatrième et cin- quième celui de deuxième ordre. Entre elles, la troisième est une partie rétrécie qui parait constante chez ranimai développé. Je ne sais trop ce qu'il en est à l'état embryonnaire. Nous ne distinguerons guère la cin- quième section de la quatrième. Chez les Vertébrés supérieurs la cinquième est la « pièce intermédiaire ». Chez certains Reptiles, les Ophidiens et les Lézards (?) suivant Heidenhain [74], elle est le siège d'une diffé- renciation inexpliquée : formation brusque de cellules géantes sans élargissement de la lumière du canal. (I) Voir ce même mémoire pour le parcours des canalicules clans le rein massif de la Gre- nouille. Ecker [82] reproduit cette description. 282 L'ANNÉE BIOLOGIQUE. Toute théorie de la formation de l'urine devrait tenir compte de la suc- cession de ces diverses sections — s'il est vrai surtout qu'au rétrécisse- ment apparent du canalicule dans sa troisième section corresponde un Fi g. 23. A. 2 canalicules de Myxine (d'après .1. Millier). B. Canalicule d'un Poisson tèléostéen (Cyprinoide) (d'après Hùfner). C. id. de Siphonops (d'après Spengel). 1). id. de Grenouille (d'après Hùfner). E. id. de Tortue ( id. ). F. '6° section des Ophidiens et Lézards (d'après Heidenhain). <.. Canalicule d'un Oiseau (d'après Hùfner). H. id. d'un Mammifère, d'après le schéma classique. i... 5. Les diverses sections des canalicules; c, canaux collecteurs de divers ordres; u, uretère. rétrécissement à peu près analogue de la lumière. — N'y aurait-il même là qu'une brusque interposition de cellules épithéliales beaucoup plus pla- tes, que ce fait devrait à lui seul être expliqué. Mais les données de la science sur le diamètre successif des diverses sections sont très confuses, à cause du trouble que les méthodes techniques apportent aux dimen- XIV. — MORPHOLOGIE ET PHYSIOLOGIE GÉNÉRALES. 283 sions des cellules : Altmann [94J est amené à prétendre que chez les Mam- mifères, dans les parties contournées, les canalicules ont une lumière tout à fait linéaire. Voici, sur ce point de la biologie du rein, l'interprétation de Hûfner qui est élève de Ludwig et par suite admet une résorption de l'eau dans les canalicules : Le canalicule est long et le rétrécissement de la troisième section accentué quand l'animal perd beaucoup d'eau par la peau. Il faut alors qu'il en résorbe beaucoup dans la section qui, pré- cédant le rétrécissement, est disposée pour accomplir cette fonction. Ex. Amphibiens. Au contraire, le canalicule est court et le rétrécissement peu marqué chez les Poissons, dont la pression artérielle est faible et qui vivent dans l'eau. Mais comment cette théorie s'applique-t-elle aux Tortues, qui ne perdent pas d'eau par la peau ? Elles ont, il est vrai, des canalicules courts ; mais en même temps un rétrécissement considérable. Chez les Mammi- fères, le rétrécissement apparent est de I/o. Dans l'ignorance où l'on est du diamètre intérieur vrai, la loi biologique n'est pas encore dégagée. Golgi [89] indique une méthode parfaite, selon lui, pour la macé- ration durein (solution alcoolique d'acide arséniqne), et en même temps modifie sur un point inté- ressant le schéma du canalicule des Mammifères. La fig. 24 montre comment, dans l'allongement du bourgeon qui formera le cana- licule entier, un point de la quatrième section reste toujours en con- tact avec la capsule. L'auteur, qui n'a pas étudié Fanatomie com- parée du canalicule, semble indiquer que le rétrécissement de l'anse de Henle provient simplement de son extension dans la région médul- laire. Cette opinion doit être assez répandue, et conduit à méconnaître l'importance du rôle physiologique de la section rétrécie. En outre, il dit que c'est tantôt la branche montante, tantôt la descendante qui sont étroites; mais ceci ne changerait rien au fait lui-même de l'inter- calation d'une section étroite entre deux sections larges et contournées. Fig. 24. — Développement du canalicule et du corpuscule de Malpighi des Mammifères (d'a- près Golgi). Le pôle du glomérule est en con- tact constant avec le même point du canalicule (4me section). IL — Histologie du canalicule dans ses différentes sections. A) Corpuscule de Malpighi. (Glomérule et capsule.) — Le glomérule est un peloton formé par la division en plusieurs branches d'une arté- riole afférente. Les rameaux nés de cette division, en se réunissant à la sortie, forment l'artériole efférente, plus étroite que la première et munie à son origine d'un petit sphincter. L'artériole efférente perd ses carac- 284 L'ANNEE BIOLOGIQUE. tères d'artère et se répand en capillaires sur le canalicule, en passant, suivant Golgi, sur le point de soudure dont j'ai parlé. On sait que dans le glomérule, la pression est forte et le cours du sang ralenti, et que dans les capillaires du canalicule la pression est faible. Les parois du glomé- rule, quoique très amincies, doivent cependant sécréter activement le flux glomérulaire. Cette paroi était épaisse au contraire chez l'embryon, par le fait du haut épithélium capsulaire. Voir Schweigger-Seydel 65], Von Seng [71], Ribbert [79] (fig. 25) et Golgi [89]. Il semble qu'elle doive rester composée de deux couches de cellules séparées par deux ba- sâtes soudées, après disparition des tuniques artérielles. Cette structure n'a jamais pu être mise bien en évidence. Laissons de côté des observa- tions anciennes (isaacs)qui montrent à la surface du glomérule un épi- thélium élevé (Voir encore Landois, trad. fr. [92], p. 462, fig. 130 II). — Heidenhain [74], par des coupes d'un matériel durci à l'alcool, ou par des dissociations dans le chromate neutre d'ammoniaque, voit à peu près tout ce qu'on verraplus tard: une couche endothéliale nucléée, non divisée en cellules, forme la paroi des anses vasculaires. Exté- rieurement règne une couche pro- toplasmique discontinue, portant des noyaux saillants dans la cap- sule. Cette couche paraît s'insinuer entre les anses vasculaires. — Hor- tolès[81], sur les conseils de Re- naut de Lyon, a recours à l'imprégnation argentique précédée d'un lavage au sérum, et suivie d'une injection d'alcool absolu; après quoi il lie l'ure- tère etles vaisseaux du rein et suspend l'organe entier dans l'alcool absolu. De la sorte, le peloton sera aussi distendu que possible. L'injection colore laparoi glomérulaire en brun, et y décèle les noyaux internes et externes, rien de plus. Elle imprègne l'épithélium capsulaire et le début des canali- cules, où elle dessine sur la basale les limites en jeu de patience des cel- lules épithéliales. Pour Hortolès, les noyaux internes sont ceux d'un en- dolhélium « maintenu dans des conditions embryonnaires », les noyaux externes sont ceux, non pan de l'épithélium capsulaire, mais d'un ré- seau connectif périvasculaire (périthélium d'Eberth). Cette interpréta- tion résulte de vues théoriques, mais aussi d'observations directes sur la Lamproie, où les glomérules (multipolaires et anastomosés) seraient enveloppés d'un tissu connectif indiscutable, en couches concentriques, sans épithélium capsulaire. — Nussbaum [86], chez la Grenouille, pense avoir réussi, par la même méthode qu'Hortolès, à déceler des limites cellulaires à l'endothélium. (Voir sa fig. li, pi. 22.) — Hedinger [88], élève d'Heidenhain, n'obtient pas ce résultat. Les méthodes les plus va- riées : étude sur le vivant chez le Triton; dissociation dans l'eau salée, ce qui donne quelques lambeaux de la couche périphérique ; action des va- peurs osmiques; fixation au sublimé et coloration à Thématoxyline , ne lui donnent rien de plus qu'à Heidenhain ou à Hortolès fig. 26). 11 Fig. 93. — Formation du corpuscule de Malpighi, d'après Ribbert; à droite, la coupe passe en avant du col de la capsule. XIV. — MORPHOLOGIE ET PHYSIOLOGIE GÉNÉRALES. 285 fait justice des observations de Drasch [77], qui annonçait avoir détaché comme une enveloppe toute la couche périphérique par la simple fric- tion du couvre-objet. Drasch dis- tinguait aussi deux sortes de glo- caf a Fig. 26. — Corpuscule de Malpiglii (d'après Hedinger). Capill., coupe des capillaires, où se montrent les noyaux endothéliaux. N. jyér., noyaux capsulaires en saillie sur un protoplasma discontinu. mérules dans chaque rein : pour les plus petits ladite enveloppe n'é- tait pas nucléée.) — Rùhle [971. étudiant après Mail [91], et parla même méthode, les basales du rein, décrit aussi la paroi glomérulaire, La méthode consiste à fixer par les réactifs chromiques et colorer au picro-carmin, ou, ce qui, paraît-il, revient au même pour la basale, à faire digérer les épithéliums dans le suc pancréatique. Le protoplasma disparait ainsi que les noyaux, et la basale des canalicules, que tous décrivaient homogène et hyaline, se résout en fibres entre-croisées. « Il n'y a plus de basale. » Les cellules qui sont accolées sur ce réseau de fibres ne sont donc séparées des sinus lymphatiques par aucune mem- brane. Les fibres, qui gagnent en force en s'approchant de la papille rénale, passent là d'un canal sur un autre, ou sur un capillaire voisin. Or, après ce traitement, le glomérule dont les noyaux ont été digérés, montre encore une lame mince poreuse, où les fibres, sans doute trop étalées, ne se distinguent pas. Cette couche connective séparait donc, avant la digestion, la couche nucléée endothéliale de la couche péri- phérique également nucléée. — Au lieu d'accorder àRûhle qu'il n'y a pas de basale, ne lui objecterons-nous pas que, s'il a mis en évidence un tissu fibreux dans la basale, il a dû ou pu détruire un ciment inter- médiaire (*) ? B) Canalicule proprement dit. — Chez les Mammifères, Tépithé- lium du canalicule est constitué : dans la section 3, d'une couche de cel- lules claires, très basses; dans les sections 2, 4, 5, d'une couche de cellules cylindriques (fig. 27). Celles-ci sont pourvues du plateau strié si- gnalé dans un si grand nombre de cellules épithéliales, glandulaires ou non, et que j'appellerai avec Tornier la bordure en brosse. Leur cyto- plasme présente ces stries, d'interprétation difficile, qu'Heidenhain appelait les bâtonnets, et qu'il a signalées dans beaucoup de glandes, tout en reconnaissant qu'elles manquent dans des glandes tout à fait analogues. Ainsi chez les Vertébrés autres que les Mammifères, elles manquent aux unes ou aux autres des sections susnommées du rein. Certains auteurs les ont confondues avec la brosse (voir Gilson [90]). — Bâtonnets. — C'est Roth [64] qui, le premier, mentionna la striation (1) Reinke [93] annonce aussi avoir mis en évidence par le lysol des fibres dans la basale des canalicules. Les bâtonnets sont obtenus isolés par ce réactif, comme par ceux de Hei- denhain. 280 L'ANNEE BIOLOGIQUE. Fig.27. — Cellules rénales complètes, avec la bor- dure en brosse Bb, les bâtonnets d'Heidenhain BH. de l'épithélium dans la ime section du rein de la Grenouille. — Pfluger [66] vit, relativement à ces striations, dans les canaux excréteurs de la glande sous-maxillaire du Chien, tout ce que décrivit Heidenhain [74] pour le rein. Il figura même quelque chose de plus, puisqu'il lui parut que les fibrilles nerveuses traversaient la basale de ces cellules, formaient un plexus à la face opposée et enfin se terminaient dans les striations (rùle sécréteur). Pour ces deux auteurs la striation se voit sur des coupes fines du tissu frais, mieux même qu'après coloration, à cause de différences de ré- frangibilité. Les gouttelettes de graisse peuvent la masquer. Elle se distingue aussi sur des reins fixés au chromate neutre d'ammoniaque. Ce réactif, si on l'emploie pour des dissociations, décompose le protoplasma en fibrilles ou bâtonnets qui divergent contre la basale comme les poils d'un pinceau pressé; ils laissent autour du noyau, ainsi que près de la surface supérieure de la cellule, une zone non différenciée (fîg. 28). La dissocia- tion dans la lessive de soude au tiers, ou dans le molybdate d'ammoniaque à 2-5 %, produit le même effet. Les bâtonnets auraient une existence ob- jective : telle est l'opinion de ces premiers auteurs. Avant eux l'épithé- lium des canalicules correspondants était simplement considéré comme trouble et granuleux, par opposition à l'épithélium clair de la 3me section. Sauf pour Kolliker [68], il n'y avait pas de cellules caractérisées, leurs limites ne se distinguant pas. A la suite de Pflûger, Heidenhain aurait voulu que la striation fût en rapport avec une propriété sécrétante; mais, si beaucoup d'épithéliums sécréteurs sont en effet striés, par ex. les canalicules de la glande rénale des Crustacés, beaucoup d'autres ne le sont pas. La glande sous-maxillaire a des bâtonnets, et la sub-linguale n'en a pas. Pas davantage les glandes lacrymales. Sans quitter les canalicules du rein, on peut voir par le tableau suivant, établi d'après le travail d'Heidenhain, combien les bâtonnets sont en apparence arbi- trairement répartis, sans rapport, notamment, avec la concentration de l'urine (Oiseaux et Reptiles). Les cellules géantes des Serpents et Lézards sont pour Heiden- hain remplies de globules non graisseux, fortement réfringents, que la moindre pression chasse dans le canal. Je ne les ai vues mentionnées, et encore moins interprétées, dans aucun travail ultérieur. Heidenhain ne parle pas des concrétions d'urates vues en telle abondance dans les cellules par Von Wittich [56]. (Voir, plus bas, le paragraphe qui leur est consacré. ; — Pour les Poissons, je ne connais pas de travail complet don- nant l'histologie comparée des diverses sections. Les bâtonnets ont été Fig. 28. — Cellules à bâtonnets après dis- sociation, d'après Heidenhain; a, b, chez le Chien; b. est vu de face; c, chez le Triton. XIV. — MORPHOLOGIE ET PHYSIOLOGIE GENERALES. 287 _jme Sections. Mammifères. Oiseaux. Ampiiibiens. Serpents. LÉZARDS. 1 re Col très court non cilir. Col plus long à grands cils vibratiles. •)me Ep. cyl. à bâtonnets. Pas de bâtonnets. ;>!,.,. Ep. cubique clair non cilir. Grands cils. Pas de cils. Ep. cylindrique à bâtonnets. Ep. cubique clair. (id. chez Tortues.) Ep. cyl. à bâtonnets. Cellules géantes. souvent signalés sans autres renseignements. (Voir Hortolès [ 81] pour la Lamproie, Solger [82] pour divers Téléostéens, Vialleton [90] pour l'Ammocète.) Pigmentation. — Il y aurait tout un chapitre à écrire sur la pigmenta- tion des cellules du rein. Ce chapitre, en ce qu'il serait en grande partie pathologique, ne rentre pas dans le cadre de cette étude. Je dirai simplement que beaucoup de reins de Vertébrés sont pigmentés, ou colo- rés par des gouttelettes jaunâtres. Ces pigments sont d'autant plus diffi- ciles à étudier, qu'ils disparaissent instantanément dansles réactifs. Hei- denhain en a signalé fréquemment. Hortolès [81] a vu une magnifique coloration vert émeraude chez la Lamproie. Solger [82] [85] se sert d'un microtome à congélation pour cette étude qui est son objet principal. Le pigment lui paraît localisé dans les sections considérées comme sécré- tantes, par ex. dansla2me de la Grenouille. Mais son élude n'est pas assez précise, et ne tient pas assez compte des conditions de nutrition pour donner des résultats interprétables. L'histologie du rein de la Myxine mérite une mention spéciale. (Voir W. Mùller [75], Solger [82], Semon, [96] Spengel [97].) Le canalicule, représenté fig. 29, n'est Je siège d'aucune différenciation histologique, et est pauvrement irrigué par le vaisseau efférent du glomérule (w. Mûllerj. Au contraire, c'est le canal du pronephros, qui partout ailleurs est un simple canal vecteur, qui est richement vascularisé, et pourvu de l'épithélium strié. Vialleton signale aussi, sans y insister, i'épithélium strié du canal du pronephros de l'ammocète. Serait-ce ce canal qui rem- plirait ici les fonctions des canalicules mieux différenciés des autres Ver- tébrés (Solger [82])? Bordure en brosse. — Nussbaum [78] (voir note, p. 581) découvrit la bordure en brosse dans le pronephros et dans le mésonephros des Am- phibiens et des Poissons. Soit dans le rein génital du Triton vivant, soit sur des coupes du rein frais de la Grenouille, il affirme avoir vu vibrer les poils raides et courts qui la composent (longueur : 2 à 5 :>rganismen durch die Nù vrcb. exper. Pathol. u. 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Cuéxot. 104. Action des sels minéraux sur la forme et la structure du Lupin. (C. R. Ac. Se, CXXV, 794.) [Différences histologiques entre les Lu- pins germes dans l'eau distillée et dans une solution saline. — L. Cuéxot. 314 L'ANNEE BIOLOGIQUE. 107). Action des sels sur la forme et la structure des végétaux. (Rev. gen. Bot., VIII, 2cS4-294, 324-336, 4 fig. texte, pi. X-XIII.) [Voir le suivant. 10G. Influence des sels minéraux sur la forme et la structure des végé- taux. (Rev. gén. Bot., X, 1898, 19, 59, 102, 161, 193, 238, 289, 335, 370, pi. V-XIV et Thèse Sorbonnc.) [359 107. Dastre (A.) et Floresco (N.). — Sur quelques effets généraux des fer- ments solubles sur le sang et sur l'organisme. (C. R. Suc. Biol., 10e sér., IV, 847.) [415 108. Contribution à l'étude de la bilirubine et de sa transformation en biliverdine. (Arch. Physiol. Paris, XXIX, 475-486.) [Cette transformation est due à l'oxydase hépatique. — G. Poirault. 109. Davenport (C. B.). — Expérimental Morphology. 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[Cité à titre bibliographique. 115. — — Recherches sur la coagulation du sang chez les oiseaux. Premier mémoire. (Arch. Physiol. Paris, XXIX, 333-340.) [Les tissus ont une action anti-coagulante; elle doit être considérée comme une fonction de défense. 116. — — Recherches sur la, coagulation du sang chez les oiseaux. Deuxième mémoire. Préparation d'un plasma pur et stable par centrifugation du sang d'oiseau. (Arch. Physiol. Paris, XXIX, 347-352.) [Le plasma obtenu par centrifu- gation ne se coagule que s'il a été insuffisament débarrassé de leucocytes. 117. Rôle du foie dans l'action anticoagulante des extraits d'organes. (C. R. Soc. Biol. Paris., IV, 228-229.) [Les extraits d'organes en injection intraveineuse déterminent la formation par le foie d'une substance anticoagulante douée de propriétés spécifiques. 118. Dubois (R.). — Étude sur le mécanisme de la thermogénêse. Physiologie comparée de ta Marmotte. (Ann. Univ. Lyon, 268 p., 125 pi., 119 fig.) [398 119. Dumont (J.). — Sur la dialyse des humâtes alcalins. (C. R. Ac. Se, CXX1V, 1051-1053.) [343 120. Dunlop (J.), Paton (D. N.), Stockman (R.), Maccadam (I.). — On the influence of muscular Exercise, Sweating and Massage on the Metabo- lism. (J. Physiol. London, XXII, 67-91.) [406 121. Dzijegovrsky. — De V antitoxine contenue dans le sang et les organes des chevaux immunisés contre lu diphtérie. (Arch. Se. biol. Pétersbourg, V, 163.) [443 XIV. — MORPHOLOGIE ET PHYSIOLOGIE GENERALES. 313 122. Elfstrand (M.). — Ueber giftige Eiwei&se, welche Blutkôrperchen verkle- ben. (Upsala; Berlin [Friedlander], 8°, 192 p.) [429 123. Emery (G.). — Der Begriff des Organs und die allegemeine Anatomie nach J. P. Durand (de Gros). [., Essais de physiologie philosophique ", Pa- ris, 1866]. (Anat. Anz., XIII, 27-32.) [328 124. Emmerling (O.). — Ceber Schimmelpilzgàhrung. (Ber. deutseh. Chem. Ges., XXX, 454.) [Mucor raeemosus produit, aux dépens de 100 gr. de sucre, une très grande quantité de CO2 et 1,46 % d'alcool éthylique. — A. J. Ewart. 125. Engel (R.) et Moitessier (J.). — Traité élémentaire de chimie biolo- gique, pathologique et clinique. (Paris. 8°, VII, 615 p., 102 fig., 2 pi.) [Cité à titre bibliographique. 126. Escombe (F.). — Germination ofSeeds. I. The vilality of dormant and germinating seeds. (Science Progress, nouv. sér., I, 585-608.) [400 127. Etard (A.). — Dédoublement de la bande fondamentale des chlorophyl- les. (C R. Ac, Se, CXXIV, 1351-1354.) [351 128. Ewart (A. J.). — On the évolution of oxygen from coloured Bacteria. (J. Linn. Soc, XXXIII, 123-155.) [393 129. The effects of tropical insolation. (Ann. Bot., XI. 439-480.) [410 130. Bacteria with assimila tory pigments fourni in the tropics. (Ann. Bot., XI, 486-487.) [393 131. Assimilatory Inhibition, [h Linn. Soc. Bot., XXXI, 554-576.) [352 132. — — The résistance of plants to dessication. (Tr. Liverpool. biol. Soc, XI, 151-159.) [406 133. The relations of chloroplastid and cytoplasma. (Bot. Centralbl., LXXII, 288-296.) [352 134. Exner (Alfred). — Kehlkopfnerven und die Functionen der Thyreoidea. (Arch. ges. Physiol., LXVIII, 100-109.) [378 135. Fabre Domergue et Biétrix. — Recherches biologiques applicables à la pisciculture maritime sur les œufs et les larves de jjoissons de mer et sur le Turbot. (Ann. Se Nat., Zool., IV, 151-220.) [Voir ch. V 136. Ferrio et Bosio. — Alterazioni renali nell occlusione intestinale. (Lo Sperimentale, LI, 171.) [443 137. Figdor (W.). — Ueber die Ursachen der Anisophyllie. (Ber. deutseh. bot. Ges., XV, 70-79.) [Voir ch. XVI 138. Findeisen-Robitz (H.). — Sans titre. [De quelques causes d'insuccès en acclimatation]. (Deutsche Jag. Zeit., XXIX, 120.) [406 139. Fischer (E.). — Synthèses dans la série urique. Nous réunissons sous ce titre 12 mémoires parus sur ce sujet et sous des titres différents, dans Ber. deutseh. Chem. Ges., XXX. [375 140. Flemming (W.). — Einfluss von Licht und Temperatur auf die Fàr- bung der Salamanderlarve. (Physiol. Ver. Kiel.) (Mùnchen. med. Wo- chenschr., Jahrg. 44, 184.) [Analysé avec le suivant. 141. Weitere Bemerkungen iiber den Einfluss von Licht und Tempera- tur auf die Tdrbung der Salamanderlarve. (Arch. mikr. Anat., XLVIII. 690-692.) [389 142. Florentin (R.). — Quelques expériences sur les pigments. (Bull. Sci. France Belgique, XXX, 234-239.) [Les pigments té- 316 L'ANNEE BIOLOGIQUE. gumentaires des Carabes et le pigment mélanique f animais t<> the poisonous action of venom introduced into the stomach. (Brit. med. Journ., 1897. 125-127.) [Sera analysé dans le prochain volume. 146. Immunisation against serpents' venom and the treatment of snake- bite irith antivenene. (P. R. Inst. Brit., XV, 107-132.) [Sera analysé dans le prochain volume. 147. Friedenthal (H.). — Ueber den Einfluss der electrischen Stromes auf Bakterien. (Centralbl. Bakter., XIX, 319.) [Historique. Le courant électrique ne paraît pas avoir d'action ; en tous cas il ne saurait remplacer la chaleur et les antiseptiques. — A. Labbé. 148. Die Funktion der weissen Blutkôrperchen. (Biol. Centralbl.. XVII. 705-719.) [Revue d'ensemble des fonctions diverses des leucocytes. — L. Defrance. 149. Fùrth (O. von). — Zur Kentniss der brenzcatechinànlichen Substanz in den Nebennieren. (Z. physiol. Chem.,XXIV, 142-158.) [381 150. Garnier (M.). — Recherches sur la destruction des microbes (Vibrion cholérique et Bacille typhique) dans la cavité përitonëale des cobayes immu- nisés. (Ann. Inst. Pasteur, XI, 767-776, 5 fig.) [450 151. Gautier (A.). — Leçons de chimie biologique normale et pathologique. (Deuxième éd. Paris [Masson et Cie], 8°, 842 p.) [Cité à titre bibliographique. 152. Sur le rôle que jouent les matières humiques dans la fertilité des sols. (C. R. Ac. Se, CXXIV, 1205-1206.) [343 153. — — Die Chemie der lebenden Zelle. Autorisierle Uebersetzung . (Wien, 8°. 130 p., 11 fig.) [Cité à titre bibliographique. 154. Gérard (E.). — Surunelipase végétale extraite du Pénicillium qlaucum. (C. R. Ac. Se, CXXIV, 370-371, et Bull. Soc. Myc. France, XIII, *1 82-183.) [422 155. Gérard (E.) et Darexy (P.). — Recherches sur la matière grasse de la levure de bière. (Bull. Soc. Myc. France, XII 1. 183-187.) [Sera analysé dans le prochain volume. 156. Gerber (C). — Etude de la transformation des matières sucrées en huile dans les olives. (('. R. Ac. Se, CXXV, 658-661.) [353 157. Recherches sur la formation des réserves oléagineuses des graines et des fruits. (C. R. Ac. Se. CXXV, 732-735.) [353 158. — — Recherches sur la maturation des fruits charnus. (Thèse, lac. sciences Paris, 1897, in Ann. Se Nat. Bot., 1-279 p., pi. MI.) [Études des quotients respiratoires. — G. Bertrand. 159. Gidon. Les venins et faux venins des Batraciens. (Mem. Soc. Linn. Normandie. ls7. Jennings (H. S.). — Studies on reactions to stimuli in unicellular or- ganisms. J. Reactions to chemical osmotic and mechanical stimuli in the ci- Mate In fusoria. (Journ. Physiol. , XXI, 258-312, 22 fig. texte.) [444 I9S. Jost (Ludwig). — Ueber die periodischen Bewegungen der Blàtter von Mimosa pudica im dunkeln Raume. (Bot. Zeit, LV, 17-48.) [384 XIV. — MORPHOLOGIE ET PHYSIOLOGIE GENERALES. 319 190. Keeble (F. w.). — The red pigment of flowering plants. (Science Pro- gress, nouv. ser., 1,406-423.) [395 200. Keiffer. — Essai de physiologie sexuelle générale. (C. R. Soc. Biol. Paris (10), IV, 22-24.) [376 9 201. Kinney(A.). — Electro-Germination. (Bull. Hatch. exper. Station, Mass. agric. Coll. Amherst. 1897, 32 p., 3 8g.) [412 202. Knorr. — Untersuchungen ûber XIV. — MORPHOLOGIE ET PHYSIOLOGIE GENERALES. 321 240. London (E. S.). — De V influence de certains agents pathologiques sur les propriétés bactéricides du sang. Première Communication. Desproprié- tés bactéricides du sang dans les conditions normales (Arch. Se. biol. St-Pé- tersb., V, 88-122). Deuxième Communication. Des propriétés bactéricides du sang dans l'excitation, et dans les troubles respiratoires (ibidv 197-221). [442 241. Lubarsch (O.). — Zur F rage der Pigmentbildung. Entgegnung aufdie Berichtigung A. Fischel's. (Anat. Anz.,XIII, 88-90.) [392 242. Lutz (L.). — Sur la présence et la localisation dans les graines de FE- riobotrya japonica des principes fournissant l'acide cyanhydrique. (Bull. Soc. Bot. France, 3e sér., IV, 263-265.) [Sera analysé dans le prochain volume. 243. Malvoz (E.). — Recherches sur V agglutination du Bacillus typhosus par dijs substances chimiques. (Ann. Inst. Pasteur, XI, 582-590.) [429 244. Manassein (Marie von). — Zur Frage von der alkoolischm Gàhrung ohne lebende Ilefezellen. (Ber. deutsch. Chem. Ges., XXX, 3061.) [422 245. Marshall (C. R.) et Heath (H.). — The Pharmacology of the chlor- hydrins : a contribution to the sludy of the relation between chemical con- stitution and physiological action. (J. Physiol. London, XXII, 38-60, 8 fig. texte.) [373 246. Matrot (A.). — Sur la transformation de la sorbite en sorbose par le Mycodermavini. (C. R. Ac. Sc.,CXXV, 874-876.) [426 247. Mazé (M.). — Fixation de l'azote libre par le bacille des nodosités des Légumineuses. (Ann. Inst. Pasteur, XI, 44-54.) [353 248. Metchnikov (E.). — Recherchas sur l'influence de l'organisme sur les toxines. (Ann. Inst. Pasteur, XI, 801-809.) [440 249. Minck (F.). — Zur Frage ûber die Einwirkung der Rôntgen'schen Strah- lenaufBakterien und ihre éventuelle therapeutische Yerivendbarkeit. (Miïnch. med. Woch., 1896, 101-102, 202.) [Résultats peu nets. L*étude serait à reprendre avec une durée d'exposition plus longue. — A. Labbé. 250. Miyoshi Manabu. — Studien ûber die Schwefelrasenbildung und die Scluve felbacterien der Thermen von Yumoto bei Xikko. (J. Coll. Japan., X, 141-170. pi. XIV.) [448 251. Molisch Hans). — Der Einfluss des Bodens auf die Dluthenfarbe der Ilortensien. (Bot. Zeit., LV, 49-61.) [398 252. — — Untersuchungen ûber dus Erfrieren der Pflanzen. (in-8, 73 p., 11 fig. texte, Iena [G. Fischer]). [Sera analysé dans la prochain volume. 253. Monari. — Ricerche batteriologichc sut sangue di animait sperimental- mente urinemici. (Lo Sperimentale, LI, 259.) [443 254. Moraczewski (W.). — Ueber die Enzyme. (Arch. ges. Physiol., LXIX, 32-75.) [414 255. Mûller (O.). — Die Ortsbewegung der Bacillariaceen. (Biol. Centralbl., XVII, 289-305.) [384 256. Nalepa (Emil. A.). — Elektrisce Fisc/te. (Mitth. Sect. Nat. osterreich. Tourist.-Club. Jahrg. IX, 61-66.) [* 257. Navarro (R.)- — Evolucion de los piymentos en la economia humana. (Bol. Col. prov. méd. Valladolid., III, 11-15; 4-7.) [* l'année biologique, III. 1897. 21 322 L'ANNEE BIOLOGIQUE. 258. Nencki (M.). — Sur les rapport* biologiques odre la matière colorante des feuilles et celle du sang. (Àrch. Se. biol. St-Pétersbourg, Y, 254-200.) [Analysé avec le suivant. 259. — — Ueber die biologischen Beziehungen des Blatt- und Blutfarbstofjfes. (Ber. deutsch. Chem. Ces.. XXIX, 2877-2883.) [349 260. Neumeister (RA — Bemerkungen zur Eduard Buchner's Mittheilun- gen liber Zymase. (Ber. deutsch. Chem. Ges., XXX, 2963.) [42V 261. Newbigin M. J.). — The pigments of the Decapoa Crustacea. (J. Phy- siol. London, XXI, 237-257. [390 202. Nilsson N. Hermann . — Beobachtungen ûber den Einfluss derdunklen Wârmestrahlen im Sonnenlicht auf die Organisation (1er Pflanzen. Bot. Centralbl., LXXII, 21-29.) [400 203. Nolf (P.). — Veher den Nachweis der Carbaminsaûre. (Z. physiol. Chem., XXIII, 505-520.) ' ' [375 204. Nussbaum (M.). — Vom Ueberleben lufttrocken gehaltener encys- tierter Infusorien. (Zool. Anz., XX, 354-350.) [400 205. Oliver (G.I. — The action of animal extracts on the peripheral vessels. (J. Physiol. London, XXI, 22-23.) [438 200. Oltmanns (Friedrich). — Ueber positiven und negativen Heliotropis- mus. Flora. LXXXIII, 1-32.) [447 207. Omeliansky (V.). — Sur un ferment de la cellulose. (C. R. Ac. Se, CXXV, 970-973.) [Analysé avec le suivant. 268. Sur la fermentation cellulpsique. (C. R. Ac. Se., CXXV, 1131- 1133.) [Sous l'influence d'un ferment anaérobie spécial isolé par l'auteur, la cellulose pure est lentement Transformée en acides gras volatils 7(1 0/o environ), en gaz carbonique et en hydrogène. Ce ferment diffère chimiquement et morphologiquement de celui qui produit la fermentation forménique. — G. Bertrand. 269. Oswald (A.). — Ueber den Jodgehalt der Schilddrûsen. (Zeitschr. physiol. Chem.. XXIII. 205-310.) [377 270. Pagano. — // potere antitossico délia linfa e del Sangue animali im- munizatti contro la difterite. (Settim. med., 1S97 005-017.) [442 271. Palladine W.). — Influence de diverses substances et influence de Voxygène sur la formation de la chlorophylle. (C. R. Ac. Se, CXXV. 827- 829.) [351 272. Pawlewski (B.h — Ueber die Unsicherheit der Guajak-Beaction auf Wirksame Diastase. (Ber. deutsch. chem. Ges., XXX, 1313). [414 273. Perrier Edmond). — Le mécanisme de la complication organique chez les animaux. (Rev. gen. Sci., VIII, 327-338.) [330 274. Pfeffer 'W.). — Diastase Formation. (Ber. Sàchs. Ges. Wiss., Leipzig, 1897, 513-518.) [415 27.5. Pflanzenphysiologie. Ein Handbuchder Lehre rom Stoffwechsel und Kraftwechsel in der Pflanze. (2e édit. 1er vol. Stoffwechsel. In-8, X, 620, 70 fig. texte.) — Leipzig, [Wilh. Engelman]. [Sera analysé dans letomeVà propos de l'édition française de cet ouvrage. 27»'». Phisalix (C). — La Choleste'rine et les sels biliaires vaccins chimiques •lu. venin de Vipère. (C. R. Ac. Se, CXXV, 1053.) [439 XIV. — MORPHOLOGIE ET PHYSIOLOGIE GENERALES. 323 277. Venins et animaux venimeux 'fans la, série animale. CRev. Scient., VIII. 97-104, 105-201, 329-335). [État actuel de la question. — G. Poirailt. 278. Action physiologique 'la venin de Salamandre du Japon (Sieboldia maxima). Atténuation par la chaleur et vaccination 'le la grenouille contre ce venin. (C. R. Ac. Se, CXXV. 121.) [Ce venin, chauffé à 00', devient un vaccin; injecté à une Grenouille, il l'immunise contre les effets du venin normal. — L. CuÉnot. 279. Pierallini G. . — Sur la phagolyse dans la cavité pêritonéale. Ami. Inst. Pasteur. XI. 308-314.) [449 280. Poehl A.,. — Effets physiologiques et thérapeutiques de la spermine. C. R. Ac. Se. (XXV, 959-901.) 377 281. Portier (P.). — Les oxydases dans la série animale. Leur rôle physio- logique. (Thèse Méd. Paris, [Steinheil], 114 p. [Sera analysé dans le prochain volume. 282. Preyer W.). — Ueber dei Synthèse der Hemoglobin. Ber. deutsch. Chem. Ges., XXX. 190-191.) :;48 283. Proscher (F.). — Die Beziehungen der Wachstumsgeschwindigkeit der Saûglings zur Zusammensetzung der Milch bel verschiedenen Saûgethie- ren. (Z. physiol. Chem., XXIV, 285-302.) [340 284. Pugliese 'A. . — Ueber den Einfluss der Erwârmung auf diastatische Fermente. (Arch. Ges. 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Wettstein (R. v.). — Zur Kenntniss der Ernàhrungsverhàltnisse von Euphrasia-Arten. (Oest. Bot. Zeitschr., XLVII, 319-324.) [354 346. Bemerkungen zur Abhandlung E. Heinricher's « Die griinen Halb- schmarotzer. I. Odontites, Euphrasia und Orthantha ». (Jalirb. wiss. Bot., XXXI, 197-206.) [354 347. Wiesner (J.). — Ueber die photometrische Bestimmung heliotropischer Constanten. (Bot. Centralbl., LXIX, 306-309.) [446 348. Die Buheperiode und Keimungsbedingungen der Samen von Vis- cum album. (Ber. deutsch. Bot. Ges., XV, 503-516.) [Ces graines ne germent qu'après un repos de 6 mois. Elles sont ombro- phobes tandis que les Yiscum tropicaux sont ombrophiles. — A. J. Ewart. 349. Untersuchungen iiber die mechanische Wirkung des Regens au f die Pflanze, nebst Beobachtungen und Bemerkungen iiber secundâce Begenwir- kungen. (Ann. Jard. Buitenzorg, XXIV, 277-353.) [406 350. Wittlin (J.). — Haben die Rôntgensychen Strahlen irgendwelche Ein- wirkung auf Bàkterien? (Centralbl. 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On peut la retrouver aussi dans les organes terminaux (fleurs, fruits etc.). 3° Enfin la symétrie sphérique ou polyédrique ne se rencontre que chez les êtres très petits ou dans les éléments de l'orga- nisme dépourvus de mouvements propres, plongés dans une masse fluide ou suffisamment élastique et de densité peu différente de la leur. — J. Deniker. 177. Guldberg (G. A.). — Études sur la dyssymétrie morphologique et fonc- tionnelle chez V Homme et les Vertébrés supérieurs. — Le point de départ de ces recherches est dans les études du frère de l'auteur, F. 0. Guldberg, sur la locomotion circulaire physiologique et biologique (voir Ann. biol., II, 680, et ce volume , p. 68). La raison de ces phénomènes devait être cherchée dans la dyssymétrie des organes locomoteurs des deux côtés du corps, déjà connue par la prédominance ordinaire du membre supérieur droit sur le gauche chez l'Homme. La question a été étudiée à deux points de vue : le fait de la dyssymétrie morphologique et fonctionnelle des organes locomo- teurs chez les organismes bilatéraux (il a fallu se borner à des Vertébrés), et les rapports de cette dyssymétrie avec le mouvement circulaire physiolo- gique : la trajectoire décrite devra subir une inflexion du côté prédominant vers l'autre, et c'est bien ce que vérifie l'expérience. — Pour la démonstra- tion de la dyssymétrie morphologique en elle-même, l'auteur a considéré séparément les os et les muscles : les os ont été comparés au point de vue de la longueur, puis du poids , à l'état sec ; les muscles ont été soumis à des pesées faites immédiatement après la dissection des deux muscles symétri- ques en laissant s'écouler le moins de temps possible entre les deux opéra- tions. L'étude directe de la dyssymétrie fonctionnelle au moyen du dynamo- mètre ne peut guère se faire que chez l'Homme. Toutes ces recherches sont extrêmement délicates, portant sur des quantités très petites, et renferment en elles-mêmes de nombreuses causes d'erreur. Pour les animaux de petite taille il a souvent fallu renoncer à démontrer la dyssymétrie morphologique des extrémités par les pesées. Chez l'Homme, les recherches de l'auteur confirment en général les résultats déjà obtenus précédemment et qu'on trouve résumés ici. On constate, pour la longueur des os , au membre supérieur, la prédominance du côté droit dans 9/10 des cas; quant au membre inférieur, Rollet avait ^conclu à la prédomi- nance tantôt de l'un, tantôt de l'autre sur celui du côté opposé, à peu près dans les mêmes proportions : l'inégalité compensée y est de plus fréquente entre os différents, de sorte que les membres inférieurs, dans leur ensemble, arrivent à différer assez peu. Des recherches encore plus récentes sont en faveur de la prédominance du côté gauche pour les membres inférieurs , et les études personnelles de l'auteur parlent dans le même sens (60 % contre 35 °/0 où le côté droit l'emporte, et 5 ° 0 où il y a égalité). Il trouve donc, dans plus de moitié des cas, la dyssymétrie croisée déjà signalée auparavant. Les pesées des muscles en donnent encore de meilleurs exemples, et d'ailleurs l'allon- gement des os est un effet secondaire, dû à l'augmentation de l'action des muscles. — La dyssymétrie est peu marquée chez les enfants. Les travaux personnels de l'auteur ont surtout porté sur les Mammifères 328 L'ANNEE BIOLOGIQUE. autres que l'Homme, non étudiés avant lui. Les chiffres obtenus sont très nombreux. Ils concernent la plupart des ordres de Mammifères, quelques Oiseaux, ettrois Reptiles et Batraciens; ils démontrent en général la fréquence de la dyssymétrie croisée, ou compensée d'un os à l'autre, ce qui indique une tendance au rétablissement de la symétrie générale. Le grand intérêt est dans la comparaison avec les expériences de locomotion circulaire physiolo- gique (faites surtout sur le Chien) : les résultats ont été tels qu'on devait les prévoir d'après les différences, constatées surtout par la méthode de la pesée des muscles de même nom, et confirment complètement l'idée qui fut le point de départ de ces recherches. — L. Defrance. 25. Biervliet ( J. J. van). — L asymétrie sensorielle. — Les principaux résul- tats de ses patientes recherches sont renfermés par l'auteur dans les proposi- tions suivantes : « De l'ensemble de nos recherches comportant 8,000 séries, nous croyons pouvoir tirer les conclusions suivantes : I. Il existe une asy- métrie qui paraît s'étendre à tous les organes des sens. Le côté droit chez la majorité des sujets, le côté gauche chez la minorité est plus sensible de 1/9 environ que le côté opposé. Nous avons pu l'établir pour le sens mus- culaire, la vision, l'audition et le toucher. — II. Il semble que la proportion gé- néralement admise (2 gauchers et 98 droitiers sur 100) soit loin d'être exacte. J'ai trouvé, sans chercher, 22 gauchers sur 100 sujets. Je me propose de continuer à enregistrer la proportion des gauchers que je rencontrerai parmi mes divers sujets, jusqu'à ce que je puisse déterminer la proportion sur mille: le crois que la constance des rapports révélés par nos expériences montre à l'évidence que la raison qui fait que nous sommes droitiers ou gauchers est, non pas une raison physiologique, comme je le pensais au dé- but de mon travail, mais une raison anatomique, qu'il reste à déterminer. » — N. Vaschide. 123. Emery (C). — La notion d'organe et Vanatomie générale. — L'auteur s'est proposé d'appeler l'attention sur les idées émises, il y a déjà plus de trente ans, par J.-P. Durand (de Gros) et trop oubliées depuis. Il montre surtout combien on a eu tort de négliger la notion d'organe entier primaire, due à ce biologiste. Cette notion est à la fois d'ordre morphologique et physiologique. Pour prendre un exemple, la fibre musculaire avec son neurone (comme on dit aujourd'hui) , constitue un de ces organes primaires, qui sont immédia- tement supérieurs à la cellule : ils ne peuvent être décomposés en leurs éléments sans perdre leur capacité fonctionnelle; dans ce cas, une fibre musculaire isolée n'est plus qu'un élément histologique. Tous les ensembles d'ordre supérieur, organes complexes, systèmes, appareils, ne sont que des agrégats d'organes primaires. — Il renvoie d'ailleurs aux ouvrages de cet au teur, qui renferment nombre d'autres idées fécondes (J). — L. Defrance. 167. Goodrich. — Sur la relation de la tête de l'Arthropode avec le prosto- nt ium de V Annélide. — Le travail de Goodrich est une de ces études de morpho- logie pure, qui semblent actuellement un peu démodées et artificielles, sur les correspondances qui peuvent exister entre la tête d'un Annélide et celle d'un Arthropode; il est basé sur cette supposition discutable que les Arthropodes dérivent d'un ancêtre annélidien. Chez l' Annélide, la tête est terminée par un prostomium ou lobe céphalique, qui renferme tout ou partie du cerveau (ar- (1) Cf. Année biologique, I, ]>. 338-342, et II, p. "G". XIV. — MORPHOLOGIE ET PHYSIOLOGIE GENERALES 329 chicerebrum) et porte souvent des organes des sens (yeux, tentacules dor- saux et palpes) ; ce prostomium ne peut en aucune manière être homologué à un métamère, ce dernier étant caractérisé par la présence de poches cœ- lomiques, d'une paire de reins, etc. ; le premier métamère de l'Annélide est le segment péristomial ou buccal qui renferme la bouche. — Chez tous les Arthropodes connus, le cerveau est un syncerebrum formé par la fusion de deux ou trois paires de ganglions qui correspondent à autant de métamères, porteurs ou non d'appendices, développés primitivement en arrière de la bouche et devenant préoraux dans le cours de l'ontogenèse. Le premier mé tanière (lobes procéphaliques renfermant le protocerebron) porte les yeux et les antennes chez Iulus et Peripalus, les yeux seulement chez les autres Arthropodes ; le deuxième métamère renfermant le deutocerebron porte les chélicères des Arachnides, les antennes des Insectes, les antennulesdes Crus- tacés; le troisième segment, renfermant le triiocerebron, ne porte que des appendices transitoires chez les Insectes, et les antennes chez les Crustacés. Il en résulte qu'on ne trouve pas chez l'Arthropode quelque chose qui corres- ponde évidemment au prostomium de l'Annélide, à moins que celui-ci ne soit représenté par l'œil médian et les petits processus frontaux du Nauplius, rarchicerebrum étant fusionné avec la partie tout à fait antérieure du proto- cerebron. [Je ferai remarquer que Goodrich ne parait pas connaître les re- cherches de Saint-Remy (Arch. Zool. exp., t. V bis, 1887) qui ont montré l'ho- mologie certaine des antennes des Myriapodes et des Insectes, correspondant bien probablement aux antennules des Crustacés; de plus, les ganglions du premier métamère post-buccal de Peripalus, que Goodrich considère comme un deutocerebron, ne peuvent pas, en bonne morphologie, recevoir ce nom; la partie antérieure du cerveau de Peripalus, qui donne des nerfs antennai- res, optiques, tégumentaires et viscéraux, correspond à elle seule à toute la masse cérébrale (proto, deuto et tritocerebron?) des autres Arthropodes]. — L. Cuénot. 330. Tieghem Ph. van). — Morphologie de V embryon et de la plantule chez les Graminées et les Cypéracées. — Les plus médiocres observateurs rangent l'herbe des prés dans plusieurs familles distinctes. Jusqu'ici, les plus fins taxinomistes n'étaient pas allés plus loin : tous admettaient une étroite affinité entre les Graminées et les Cypéracées, car les différences de l'organisation florale qui servent à les caractériser ne leur ont pas paru plus profondes que celles qui séparent, par exemple, une Chicorée d'une Campanule. L'étude approfondie du fruit et de l'embryon amène Van Tieghem à séparer les Gra- minées, non seulement des Cypéracées, mais même de toutes les Monocoty- lédones. Cette opinion est fondée sur deux arguments essentiels : lu les Graminées n'ont pas de graine ; 2° le lobule parenchymateux opposé au coty- lédon actif, chez la majorité des Graminées, représente un second cotylédon. Nous ne saurions accepter sans discussion ces deux assertions qui tendent à bouleverser toute la taxinomie végétale. 11 est admis, par définition, qu'une graine comprend une amande et un tégument séminal. A la maturité, le fruit des Graminées ne renferme, dans son péricarpe lui-même réduit, qu'une amande sans tégument propre : c'est dans ce sens que les Graminées sont inséminées. Mais l'amande nue des Graminées , comme là graine des Cypéracées et de toutes les Monocotylé- dones, procède d'un ovule bitegminé. C'est affaire de pure convention que d'établir une démarcation entre l'ovule fécondé et la graine mûre comme entre des organes absolument indépendants et de décider que la graine n'existe pas au début de la maturation, alors que la résorption du double 330 L'ANNEE BIOLOGIQUE. tégument n'est pas encore consommée. Même cette convention admise, le classificateur soucieux des liens de filiation n'en placera pas moins les carac- tères de l'ovule avant les caractères de la graine; il subordonnera les diffé- rences dérivées aux différences radicales. Pour lui , les groupes définis par la présence ou l'absence d'une graine ne pourront être que des subdivisions des groupes caractérisés par des ovules uniformément tegminés. Van Tieghem s'est placé à un point de vue différent. On se méprendrait sur la portée de sa classification , si l'on voulait y chercher une expression de l'ordre naturel. Loin de chercher des liens de filiation entre les plantes, il se préoccupe de renforcer, par de nouveaux signes conventionnels bien nets, les barrières qui séparent les groupes végétaux. Ce point de vue est légitime et sa valeur didactique incontestable. Qui pourrait méconnaître les services rendus par les législateurs de la botanique qui ont ordonné en cha- pitres le livre de la nature ! Van Tieghem vise à construire un système arti- ficiel plus complexe que les précédents. S'il applique les mêmes principes que Tournefort, c'est avec une puissance d'analyse dont il a seul le secret. Nous retrouvons les mêmes tendances dans l'appréciation du lobule. Il fut un temps où l'auteur croyait trouver dans la structure intime, notamment dans la disposition des faisceaux, le critérium essentiel à la définition des membres. Il reconnaît aujourd'hui que la simple apparence extérieure est d'une application plus pratique. L'excroissance amorphe opposée au cotylédon s'appellera aussi cotylédon. Les Graminées diffèrent « à la fois des Dicotylé- dones par l'existence d'un seul cotylédon bien développé, pourvu de méris- tèle, et des Monocotylédones vraies, par l'existence, réelle ou virtuelle, d'un second cotylédon rudimentaire en face du premier. Intermédiaire en quelque sorte entre ces deux classes, formé de plantes soit primitivement dicotylées, devenues monocotylées par avortement d'un des deux cotylédons, soit primi- tivement monocotylées devenues dicotylées par acquisition d'un second cotylédon devenu rudimentaire , ce groupe peut être désigné sous le nom de Anisocotylées. » Il serait intéressant de savoir pourquoi la première feuille se trouve dans le plan des cotylédons comme chez les Monocotylédones. Peut-être trouve- rait-on le nœud de tout le problème dans les conditions spéciales créées à la nutrition de l'embryon par la réduction des fleurettes associées en épillet. Mais il est superflu de discuter la valeur théorique de cette classification , tant que nous ne posséderons pas de jalon sur le chemin qui mène du lobule au cotylédon, ou du cotylédon au lobule, tant que nous manquerons de preuve d'une transformation dans un sens ou dans l'autre ou même d'un rapport quel- conque entre le lobule et un vrai cotylédon. Jusque-là nous n'avons pas de rai- son sérieuse de séparer les Graminées des Monocotylédones. — P. Vuillemin. = y) Polymérisation. Individualité. 273. Perrier (Edmond). — Le mécanisme de la complication organique chez les animaux. — En présence du désarroi où se trouvent les sciences na- turelles, l'auteur cherche à expliquer les faits de la complication organique chez les animaux en suivant une méthode rigoureuse que la Biomécanique , dit-il. ne peut donner. Une première propriété fondamentale de la substance vivante élémentaire, c'est de n'exister que sous des dimensions faibles et limi- tées: ainsi se sont formés les plastides uni- ou plurinucléés. Une deuxième propriété qui résume toute l'histologie est que tous les organismes sont des colonies de plastides. La division du noyau et du « cytosarque » chez tous les organismes supérieurs sont deux phénomènes synehroniques : le résultat de cette division est la multiplication des plastides qui se groupent XIV. — MORPHOLOGIE ET PHYSIOLOGIE GÉiNERALES. 331 pour former les tissus et les organes. Tous les faits et les expériences qui semblent opposés à cette manière de voir sont de peu d'importance, car tout se passe aujourd'hui comme si ces procédés avaient été seuls et con- stamment employés, et comme si les êtres vivants s'étaient constitués par l'association de plastides uninucléés. Ce sont là, dit l'auteur, les seules bases sérieuses de la morphologie actuelle ; celle-ci repose sur ce fait que les or- ganismes vivants se construisent pièce par pièce par additions successives de plastides nouveaux , et non, comme le veulent d'autres auteurs [voir Delage, Ann. Biol., II, 356 et Labbé. ibid., p. 355], par différenciations successives d'un même plastide. L'organisme est donc une colonie de plas- tides, quoi qu'en disent les adversaires de la théorie cellulaire. Voyons maintenant comment se différencient les organismes. Prenons les Polypes qui se différencient comme les végétaux. « La ressemblance avec ce qui se passe chez les végétaux est telle que les Méduses sont pour les ar- brisseaux formés par des Hydres, de véritables fleurs... fleurs animales for- mées d'un bouquet d'Hydres, comme les fleurs végétales d'un bouquet de feuilles. » L'Hydre est un organisme irréductible, un mêride : une association d'hydres est un zoïde; une association d'Hydres et de Méduses, est un dème. L'Insecte est un dème de trois zoïdes: chaque segment est un méride. L'Hy- drodème est un organisme, et la question de savoir si c'est ou si ce n'est pas un individu est oiseuse. Il faut se placer pour en juger au seul point de vue statistique. Tous les organismes complexes, dont le corps n'est pas ramifié, sont ac- tuellement métamérides ou descendent d'ancêtres qui l'étaient. Quelles sont les causes du métamérisme? On a invoqué les nécessités de la nutrition, les conséquences de la locomotion, la disposition des organes génitaux. Ces causes sont insuffisantes , d'autant plus que la segmentation est toujours précoce. Donc ces hypothèses reposent sur un « rêve ». Si on précise les faits, on voit que « les mérides constitutifs d'un zoïde ou d'un dème grandissent en demeurant géométriquement semblables à eux-mêmes jusqu'à une certaine limite ; puis leur croissance se localise et ils donnent naissance à un ou plu- sieurs bourgeons dont chacun se transforme en un méride nouveau ». Ces mérides nouveaux peuvent être identiques au méride primitif ou devenir différents par des processus tachygénétiques. Il y a deux grandes séries d'organismes : les formes ramifiées, les formes segmentées. Ces formes ont pris naissance par suite des différences dans le poids ou le volume des mérides et dans leur faculté de bourgeonnement pos- térieur ou latéral: c'est ce que montre le développement des Vers et des Crustacés inférieurs. Un Nauplius, avant que son telson se soit différencié, représente morphologiquement la tête du Crustacé adulte, et cette tête a bourgeonné le reste du corps. Les mérides d'un animal segmenté peuvent conserver leur indépendance physiologique, mais perdent rapidement leur faculté de dissociation. C'est là la condition du progrès organique. Ainsi ont pu se produire le polymorphisme, la division du travail physiologique, la so- lidarité des parties et le développement de la présence organique. [Pour la critique de la théorie coloniale, voir Delage, Ann. BioL, II, 356 et Labbé, ibid., p. 355]. 180. Hammar (J. A.). — - Sur une union protoplasmique primaire existant d'une façon générale entre les blastomères. [I c a] — Ces recherches étendent à d'autres groupes les faits observés par l'auteur sur l'œuf des Echinodermes. L'étude des œufs de divers Cœlentérés, Vers, Mollusques, Arthropodes, Tu- niciers et Vertébrés, montre que d'une façon générale, dans la segmentation 332 L'ANNEE BIOLOGIQUE. normale il persiste une union protoplasmique entre les cellules divisées. Le premier sillon ne divise pas complètement l'œuf et respecte toujours la couche limitante, c'est-à-dire qu'il est intra-protoplasmique ; il en est de même dans les autres divisions, et la couche limitante de l'œuf reste continue, même dans certains cas pendant la formation des feuillets, de telle sorte qu'au stade blastula on peut dire qu'on est en présence d'une masse proto- plasmique continue creusée d'une cavité intra-protoplasmique également continue. Cette manière de voir parait réclamer un nouvel examen de plu- sieurs processus embryonnaires, comme la délamination, l'immigration, la formation du mésenchyme, etc., et pourrait bien retentir sur la théorie des feuillets et notre façon actuelle de les homologuer dans les différents groupes. Au point de vue mécanique, cette union périphérique des cellules de segmen- tation doit constituer un facteur important dans leurs actions réciproques et leurs changements de forme : elle peut expliquer, par exemple, la tension superficielle qui joue un si grand rôle dans les transformations des blasto- mères. La blastula s'explique facilement par cette réunion des cellules à leur surface externe, qui peut déterminer la formation d'une cavité. Cette union matérielle n'est pas seulement une phase mécanique du développement de l'organisme : elle est due à la continuité du protoplasma cellulaire, et c'est un facteur plus spécialement vital. Elle est intéressante à rapprocher des idées sur les relations des cellules de l'adulte : l'opinion de Sedgwick , que le corps des Métazoaires est un syncytium, est une exagération, mais elle est acceptable pour le tissu épithélial pour lequel on en trouve chaque jour de nouvelles preuves. — G. Saint-Remy. 206 Kôlliker. — Sur les èner gicles de Sachs. — Kôlliker discute la valeur des termes ènergide, organes alloplasmatiques et ergastiques récem- ment introduits dans la science par les botanistes Sachs et A. Meyer, et cherche à les appliquer aux éléments des tissus animaux. Une fibre mus- culaire, dont les noyaux et le sarcoplasme sont des descendants d'une èner- gide musculaire uninucléée, lui parait représenter, par ces noyaux multiples et ce sarcoplasme, une somme d'énergides, tandis que par ses fibrilles mus- culaires elle a la valeur d'organes alloplasmatiques. Dans la cellule nerveuse, il est difficile de faire la part de ce qui revient en propre à l'énergide et de ce qui estalloplasmatique, à cause de l'imperfection de nos connaissances physio- logiques à ce sujet; toutefois, comme la cellule nerveuse ne possède la faculté de se diviser que lorsqu'elle n'a pas encore développé de fibres nerveuses, les fibrilles qui constituent la partie essentielle de ces dernières, étant secon- daires, peuvent être considérées comme des formations alloplasmatiques ; quant aux corps de Nissl, à la myéline, ce sont certainement des produits ergastiques de l'énergide nerveuse. Les substances intercellulaires doivent- elles être considérées comme des formations ergastiques? Il paraît très vrai- semblable qu'elles sont des produits de sécrétion fournis par les énergides. Il est certain que les substances intercellulaires des tissus animaux ne sont pas inorganisées et ne s'accroissent pas que par apposition, comme le veulent Sachs et Meyer pour les plantes; il s'y fait sûrement un échange nutritif qui a pour base une organisation déterminée. A la suite de cette communication, Van Beneden fait observer que l'ex- pression nouvelle « ènergide » employée par Sachs coïncide avec celle de « cellule » dans l'acception usuelle de ce dernier mot. Van Bambeke et Schaffer acceptent la dénomination d'énergide pour les territoires protoplas- miques nucléés, pour les territoires cellulaires dont se compose un syn- cytium. — A. Prenant. XIV. — MORPHOLOGIE ET PHYSIOLOGIE GENERALES. 333 185 Heider (K). — La théorie des feuillets est-elle ébranlée? — Depuis les travaux de Kovalevsky, on accepte comme un axiome la théorie des feuil- lets, c'est-à-dire que, dans les divers groupes de Métazoaires, les feuillets ger- minatifs (ou tout au moins les deux feuillets primaires) sont des formations homologues d'où dérivent typiquement des organes déterminés. Ainsi, le sys- tème nerveux dérive de l'ectoderme, l'intestin moyen de l'endoderme; peu à peu, les exceptions apparentes sont rentrées dans la règle générale. Par exemple le système nerveux des Céphalopodes, autrefois attribué au méso- derme, a été reconnu dériver de l'ectoderme (Korschelt). Brâm a exposé très clairement les divers points de vue sous lesquels on peut envisager cette homologie : ou bien les feuillets sont de pures conceptions topographiques et doivent être envisagés d'après leurs places relatives; ou bien les feuillets sont homologues et répondent à un concept général; ou bien les feuillets ne sont que des formatfons analogues et comparables au seul point de vue phy- siologique, n'ayant, suivant l'expression de Driesch, qu'une valeur prospective. Heider introduit une quatrième manière de voir, en disant que l'homologie des feuillets repose non seulement sur leur manière d'être, mais aussi sur les organes qu'ils vont former. Voici les Hydroïdes chez lesquels la place initiale de l'endoderme est extrêmement diverse. Tantôt c'est une migration polaire des cellules endodermiques provenant du pôle végétatif de la blastula (^Equo- rea, d'après Claus), tantôt une migration multipolaire des cellules endodermi- ques (Hydra, d'après Brauer), tantôt c'est lagastrula par délamination (Geryo- nides d'après Fol). Chez les Scyphoméduses, il en est de même, et il y a, comme chez les Hydroïdes, plusieurs types distincts de formation de l'endo- derme qui ne se laissent pas ramener l'un à l'autre, puisque nous ne con- naissons aucun mode de formation de l'endoderme qui soit intermédiaire entre la gastrula d'invagination et celle de délamination. Nous pouvons seule- ment dire que, phylogénétiquement, les Hydroïdes descendent probablement d'une même forme primitive chez laquelle l'endoderme se produisait d'une façon qui nous est inconnue. Les expériences d'HERBST sur les larves d'Échinodermes au lithium ont montré la possibilité de faire varier un développement larvaire, comme les observations de E. B. Wilson sur Renilla et Amphioxus ont montré des va- riations considérables dans la segmentation de l'œuf d'une même espèce. Dans les larves d'Herbst, la zone de la blastula qui donne les cellules en- dodermiques s'élargit considérablement, tandis que dans les larves normales, c'est seulement une aire restreinte du pôle végétatif qui donne les cellules endodermiques. Herbst a obtenu ainsi des larves à très grand pôle endo- dermique, et même, dans des cas extrêmes, des larves « Holoentoblastix », c'est-à-dire ne renfermant que de l'endoderme. On conçoit, d'après ces expériences, ce qu'il semble advenir de la théorie des feuillets. Il est vrai que pour Roux et son école, si les modes de forma- tion sont variables, le résultat final est assez constant. Grâce à un mécanisme régulateur, la nature prend un matériel comme les feuillets, pour former des organes, et, si les feuillets varient, les organes ne varient pas. Paraissant s'op- poser encore à la théorie des feuillets, sont les cas de régénération atypique. La régénération de la queue des Lézards; celle du cristallin du Triton; la régénération chez les Vers. Mais dans le cas du cristallin du Triton, il semble qu'il puisse persister des restes du cristallin après extirpation ; quant aux in- testins antérieur et postérieur des Microstoma et Lumbriculus, qui se régéné- reraient aux dépens du parenchyme mésodermique, il semble bien, d'après les derniers travaux (Ott, von Wagner), que l'épithélium pharyngien provienne de cellules ectodermiques, qu'en tous cas la régénération observée par von 334 L'ANNEE BIOLOGIQUE. Wagner et Rievei. n'est que provisoire et enfin que la régénération défini- tive du pharynx soitproduite aux dépens des mêmes matériaux que dans l'onto- genèse (')• Ajoutons à ces faits : la postgénération de Roux (voir Ann. Biol., I. 104), par laquelle les parties manquantes des demi-embryons se reconstituent aux dé- pens d'un matériel cellulaire indifférent; les recherches de Barfdrth, qui ont montré que les feuillets et même de plus grands complexes se régénèrent spé- cifiquement ; celles de Driesch sur les Échinodermes (ce dernier a pu faire des larves purement ectodermiques, mais ces larves ont perdu la possibilité de produire une invagination archentérique, bien qu'elles vivent longtemps et qu'elles possèdent une bouche bien conformée). — A rencontre delà théorie des feuillets, vont aussi les faits de bourgeonnement des Hydroïdes, des Bryo- zoaires et desTuniciers. On a avancé que, chez les Hydroïdes, les 2 feuillets du bourgeon proviendraient parfois d'un seul feuillet maternel : mais le fait n'est pas exact. Cependant, chez Rathkea, Chun a montré des bourgeons provenant del'ectoderme exclusivement, ce qui amène cet auteur à dire que les feuillets n'ont aucune prédestination histologique, ni organogénique, et qu'on ne peut 1rs homologuer que d'après leurs situations respectives. Des faits semblables ont été observés chez les Bryozoaires et chez les Tuniciers; chez ces derniers, les organes du bourgeon, sauf le système nerveux, peuvent avoir toutes les origines possibles. En réalité, il y a beaucoup de difficultés, dans cette théorie des feuillets, mais beaucoup d'erreurs ont été faites et réfutées, de sorte qu'il reste en somme peu d'objections. Outre la question de l'endoderme chez les Hydroï- des, il y a encore l'origine de l'intestin moyen des Orthoptères, qui, d'après Hevmons, serait ectodermique. Mais c'est là une exception, de l'aveu même d'Heymons, puisque chez tous les autres Insectes l'intestin moyen est bien endodermique. Quant au rôle important que joueraient les cellules folliculaires dans le développement des Salpes, Heider lui-même, à rencontre de la plupart des auteurs, a montré que c'était une idée erronée. Si, de prime abord, on établit une distinction, comme le fait Roux (voir Ann. Biol., I, 162), entre les développements embryonnaires typiques ou di- rects et les développements atypiques ou indirects, on voit que presque toutes les exceptions appartiennent à la seconde catégorie. Bornons donc la valeur de la théorie des feuillets au seul développement de l'œuf, ce qu'ont fait les pre- miers embryologistes. — A. Labbé. 224. Lécaillon. — Sur les feuillets germinatifs des Coléoptères. — Hevmons a montré que l'intestin moyen des Insectes n'a pas toujours la même origine embryologique : tantôt (Lépisme) son épithélium est formé des cellules vitellines, tantôt (Orthoptères) il résulte de proliférations ectodermiques provenant du stomodeum et du proctodeum. Lécaillon constate chez un cer- tain nombre de Coléoptères que les phénomènes sont tout à fait semblables à ceux décrits pour les Orthoptères : les cellules vitellines ou endodermiques restent disséminées dans le vitellus, qu'elles digèrent, et ne prennent pas part à la constitution de l'intestin moyen ; l'épithélium de ce dernier se forme relativement très tard aux dépens de bandes cellulaires partant du stomo- deum et du proctodeum. Il en résulte que, chez les Insectes, un même organe peut se constituer par deux processus tout à fait différents. — L. CuÉNOT. (1) [Ce sont ces divers faits que j'ai appelés hétéromorphoses d'origine : ce sont les cas dans lesquels l'organe régénéré ressemble à l'organe disparu, mais a été formé aux dépens d'un autre matériel embryonnaire que celui dont il provient dans l'ontogenèse (v. Labbé. en. Vll)|. XIV. — MORPHOLOGIE ET PHYSIOLOGIE GENERALES. 335 = 2. Physiologie générale. Généralités. 222. Laumonier (J.). — La physiologie générale. — L'idée directrice qu"on peut suivre dans tout l'ouvrage est celle de la nature chimique des phénomènes vitaux élémentaires : la physiologie générale doit être avant tout l'étude de la propriété d'assimilation, de synthèse, seule caractéristique essentielle de la matière vivante, et de ses conditions. Il faut entièrement rejeter l'idée si répandue de l'unité de la vie et lui substituer la notion de matières vi- vantes nombreuses et variées, constituant une grande classe de substances chimiques. — L'ouvrage diffère de YAllgemeine Physiologie de Verworn, dont il est en partie inspiré, en ce que ce dernier a tout subordonné à la physiologie cellulaire, tandis que le titre adopté est ici interprété dans un sens plus étendu : une place importante est accordée aux principaux faits de la physiologie des organismes animaux et végétaux, surtout à ceux qui offrent un intérêt général. L'auteur a cru devoir grouper ces faits positifs autour d'un noyau d'idées spéculatives aussi modernes que possible, puisqu'elles venaient seulement de voir le jour au moment où il a écrit lui-même son ouvrage : ce sont celles de la Théorie nouvelle de la vie, de Le Dantec (voir Ann. biol., 1, 778-781). En l'annonçant dès le début, il reconnaît la valeur manifestement provisoire de toutes les explications théoriques, mais il n'établit pas entre elles une distinction qui est cependant bien nécessaire. Certaines théories, adoptées déjà par un grand nombre de biologistes, peuvent en effet, malgré les attaques dirigées contre elles, être présentées comme constituant tout au moins des moyens de classer les faits et des points de départ pour de nou- veaux travaux, à la condition d'avoir subi déjà l'épreuve de l'usage depuis un temps suffisant. D'autres, au contraire, sont loin d'être universellement répandues et surtout acceptées ; il semble dès lors prématuré d'en faire la base d'un ouvrage d'enseignement : telles sont celles de V assimilation fonc- tionnelle et des plastides imparfaits, qui occupent une place prépondérante dans le livre III et dominent au fond dans tout l'ouvrage. On peut, dira-t-on, les considérer en dernière analyse comme un simple mode d'exposition; mais elles entraînent, à propos de bien des faits , des conséquences qui deman- dent à être mûrement vérifiées avant d'être présentées comme acquises à titre définitif; c'est ce qu'on reconnaît dans plusieurs questions, celles des sécrétions, du vieillissement des organismes (chap. IX), de l'irritabilité (chap. X), etc. — Un autre inconvénient dérivant du premier, c'est l'emploi de la terminologie toute spéciale du même auteur; ce sera là une cause de gène appréciable pour beaucoup de lecteurs , qui ne sont pas encore habi- tués à une langue biologique entièrement nouvelle. L'ouvrage est divisé en quatre livres. — Le premier traite de la chimie interne des êtres vivants, et constitue un très bon tableau résumé de la chi- mie cellulaire. — Le livre II (conditions chimiques externes de la vie) traite de la respiration (milieu atmosphérique), du rôle de l'eau (milieu liquide), et des aliments, dans les deux règnes. — Le livre III (métabolisme) est formé de trois chapitres particulièrement importants : celui de l'assimilation , outre la question de la synthèse assimilatrice. comprend un résumé, très substan- tiel et nourri de faits, des questions de la digestion, de la circulation et des réserves considérées encore dans les deux règnes; celui de la génération (croissance, division cellulaire, régénération et reproduction) est conforme dans l'ensemble à l'exposé de ces mêmes questions dans l'ouvrage de Delage : enfin le dernier (catabolisme) s'inspire surtout des idées développées récem- ment par Le Dantec sur les sécrétions, la vieillesse et la mort des êtres vi- vants. — Le livre IV (synergie) comprend un chapitre de biodynamique 336 L'ANNEE BIOLOGIQUE. (irritabilité musculaire et transformations de l'énergie dans l'organisme), et un autre sur le système nerveux, où l'on trouve tous les détails anatomiques essentiels connus par les recherches récentes sur ce sujet, qui a été si fé- cond en révélations nouvelles dans ces dernières années. — L. Defrance. = a. Nutrition. — a) Osmose. 231. Loeb (J.). — Quelques remai-ques sur la définition, l'histoire et la biblio- graphie de la physiologie générale. — Dans ce travail, Loeb étudie ce que doit être la physiologie générale et critique avec beaucoup de sévérité [et à notre avis injustement] la tendance actuelle qui prétend, dit-il, confondre la phy- siologie générale avec la physiologie cellulaire. La physiologie générale doit être la science des transformations de l'énergie s'accomplissant dans les êtres vivants. Ses livres sont et resteront les travaux de Mayer et de Helm- holtz. Il est erroné de vouloir la rattacher à l'histologie et de la ramener à l'examen des fonctions cellulaires : la coïncidence des données morpholo- giques et des actions énergétiques est loin d'être constante; la structure cellulaire est une particularité des organismes vivants, au même titre que leur propriété oxydante, que le processus fermentatif dont ils sont le siège, que l'irritabilité qu'ils présentent, etc.; et il est aussi absurde de vouloir transformer la physiologie générale en une physiologie cellulaire que de la vouloir changer en une physiologie de l'oxydation, etc. Pour se convaincre de l'erreur de la tendance actuelle de la physiologie générale cellulaire, il suffit de parcourir les livres inspirés par ce principe. Loeb fait ici la critique du livre de Verworn, dans lequel il relève les défauts de méthode, les erreurs et les omissions. Le père de la physiologie générale est Tiedemanx et non Jean Mueler. Après les travaux de Mayer et de Helmiioltz le premier livre de physiologie générale qui ait paru est celui de Ce. Bernard. A cet auteur nous devons l'exacte limitation de la science nouvelle. Loeb résume les prin- cipales études qu'il a faites dans le domaine de la physiologie générale, sur l'héliotropisme et géotropisme des animaux, sur l'hétéromorphose; il attire l'attention sur les travaux de Berthoed, Quincke, Boveri, Born, Driesch, Hertwig, Pflïger, Roux, et constate avec plaisir que ces recherches, qui n'entrent point dans le cadre de la physiologie cellulaire, correspondent bien au programme énoncé par Cl. Bernard. Les livres de physiologie générale que l'on peut signaler sont le 1er volume de la chimie physiologique de Hoi'pe Seyler, les leçons de botanique de Klebs, le traité de physiologie végétale de Pfeffer, celui de G. Jàger et la mécanique du protoplasma de Berthold. L'auteur, au cours de l'article, se plaint de ce que ses travaux ne sont pas signalés dans l'ouvrage de Tigentedt et soient volontairement mis com- plètement de côté dans celui de Verworn. — J. Demoor. 109. Davenport (C. B.). — Morphologie expérimentale. — Sous ce titre, D. étudie un certain nombre de questions de biomécanique. Quelles sont les différences entre les formes animales adultes? Quelles sont et comment se produisent les variations entre ces formes? Quels sont les facteurs de la différenciation? Tel est le programme que veut résoudre la morphologie expérimentale. Les causes déterminant le cours de l'ontogenèse sont nom- breuses. Il y en a d'internes, tenant aux qualités spéciales du protoplasma. Il y en a d'externes : ce sont les conditions chimiques et physiques du milieu où l'organisme se développe. D. se propose d'étudier successivement les causes agissant, 1" sur le protoplasma vivant, 2° sur l'évolution, 3° sur la division cellulaire, et 4° sur la différenciation. Le volume que nous analy- XIV. _ MORPHOLOGIE ET PHYSIOLOGIE GENERALES. 337 sons n'est relatif qu'aux premières de ces questions, c'est-à-dire à l'action du milieu sur l'organisme adulte. Un premier chapitre est consacré à Faction des agents chimiques sur le protoplasma. Le protoplasma vivant, substance complexe, instable, subit constamment des modifications de substance. C'est là qu'il faut chercher les réactions éprouvées par l'organisme vis à-vis de l'oxygène, [de l'hydrogène, des divers gaz et oxydes, des poisons. D. analyse les divers travaux faits dans cet ordre d'idées par Kuhx, Exgelmaxn, Demoor, et surtout Lcew. Voici les poisons catalytiques, composés instables de carbone associé avec une subs- tance acide indifférente ou basique, qui ont peu d'énergie chimique, mais qui font subir à l'albumine instable du protoplasma des transformations violentes et sont, par conséquent, des substances très dangereuses ; il y a une relation entre les poids moléculaires de ces corps et l'énergie de leur action. Jusqu'à un certain point, on peut dire qu'ils sont d'autant plus nocifs que leur teneur en C est plus grande (CH4, Ci He, Cs Hs etc.). Voici les alcools dont plusieurs auteurs, Tsukamoto entre autres, ont étudié l'action sur les Infusoires, les petits Crustacés d'eau douce, etc., chez lesquels le pouvoir nocif va en progression décroissante, depuis l'alcool allylique (nocif à 0.005 %) jusqu'à l'alcool méthylique (3 %). — Voici les poisons de substitution (Lœw), les alcaloïdes (nicotine, morphine, cocaïne, strychine, etc.j. La diversité des actions chimiques de ces corps tient aux différences de constitution des protoplasmas, et par suite aux résistances spécifiques différentes, autant qu'à la constitution chimique du réactif agissant (Poisons oxydants, de subs- titution, catalytiques de Loew). Nous ne pouvons insister sur l'étude très complète faite par l'auteur sur ce sujet, h' acclimatation aux agents chimi- ques fait l'objet d'une longue analyse (voy. les travaux de Davenport et Neal, sur ce sujet, Ann. biol. 1896, p. 490). Enfin, les études nombreuses de chi- miotactisme (Lœb, Verworn, Massart, Pfeffer, etc.) montrent les relations entre la force de l'excitation et celle de la réponse à l'excitation. Les mouve- ments du protoplasma sont modifiés par les agents chimiques. L'oxygène accélère ces mouvements. Les anesthésiques et paralysants, après une courte excitation de début, occasionnent la disparition des mouvements. L'auteur déduit de cette longue étude qu'une constitution chimique altérée peut être transmise par la division cellulaire et la reproduction. Dans un deuxième chapitre, D. étudie les effets de la variation de la teneur en eau sur l'organisme. Chez la plupart des animaux l'eau entre pour 80, à 90 0/0 dans la constitution des tissus. Aussi, la dessiccation produit-elle des effets de rigidité, aboutissant soit à la mort, soit à la vie latente lorsque l'organisme s'est acclimaté à la dessiccation (cas de reviviscence des Tardi- grades, Rotifères, Anguillules, etc.. des spores et des graines; des œufs et des Protozoaires). L'eau a d'ailleurs une action sur la division des mouve- ments (hydrotactisme). Cela nous conduit à l'étude de l'influence de la den- sité du milieu (chap. III), c'est-à-dire des rapports existant entre la structure du protoplasma et les actions physiques des solutions salines; aux coefficients isotomiques de Vries; aux effets produits par des solutions salines de densi- tés variées sur la structure et les fonctions générales du protoplasma (Sachs, Kuhxe, Exgelmaxn, Gogorza, Plateau, de Varigxy, etc.); à la résistance des animaux marins à des eaux salées de concentration supérieure ou infé- rieure, ou à l'eau douce; à la résistance des animaux d'eau douce à l'eau salée, etc.; enfin aux directions de locomotion déterminées par des change- ments de densité (tonotactisme de Stahl, Massart, Pfeffer, etc.). Un court chapitre (chap. IV) sur l'effet des explosifs, sur les modifications des mouve- ments par excitation mécanique (Verworn), sur le tigmotactisme et le rhéo- l'année biologique, m. 1897. 22 33* L'ANNEE BIOLOGIQUE. tactnme nous conduit aux effets de la pesanteur (chap. V). L'auteur y relate les méthodes employées (clinostats), montre les effets de la pesanteur sur la structure du protoplasma (Herrick, voy. Ann. BioL, 1, 20) et sur la locomotion [géotactisme), notant à ce dernier point de vue les théories de Lœb, de Jens- sex, de Miss Past, etc.). Le chapitre VI est consacré à l'action de Y électricité. Ce sont d'abord les mé- thodes techniques (Verworn, Ostwald, etc.), puis les effets généraux sur la structure et les fonctions du protoplasma, avec les expériences de Kùhne, En- gelmann, Verworn, etc.; Vëlectrotactisme. L'électricité produit deux effets, l'un de contraction, l'autre d'orientation, et il y a deux types principaux de contraction et d'orientation, l'un vers l'anode, l'autre vers la cathode. L'élec- tricité est un stimulant du protoplasma. La lumière (chap. VII) est un agent actif. Après l'examen des méthodes de photométrie, la description des appa- reils de Reinke (pour obtenir une lumière monochromatique par le spectre), des spectrophotomètres de Vierordt et de Glan pour déterminer l'intensité de la lumière colorée, l'auteur étudie les actions chimiques de la lumière sur le protoplasma non vivant. Il y a des effets synthétiques, analytiques, de subs- titution, d'isomérie et de polymérie , de fermentation. L'action des rayons Rôntgen paraît nulle (Axenfeld). La lumière a des effets sur les fonctions générales de l'organisme, sur le métabolisme (fonction chlorophyllienne sur les mouvements du protoplasma (phototonus, contraction, etc.). L'auteur étudie les limites vitales de cette action de la lumière , les effets d'une variation dans l'intensité lumineuse. Il étudie ensuite les effets de la lumière sur la loco- motion; le phototaetisme, c'est-à-dire le déplacement de l'organisme sous l'in- fluence de la lumière, la direction étant déterminée par des différences d'in- tensité lumineuse à ses deux extrémités. De nombreux cas ont été étudiés par Engelmann, Staiil, Verworn, etc. Chez les Protozoaires, les Myxomycètes, les Zoospores, les Algues inférieures, etc. Intéressants sont les déplacements des grains de chlorophylle dans les cellules végétales, du pigment dans les cellules animales. Chez les Métazoaires, les expériences de Loeb et d'autres ont montré que le sens de la réponse est déterminé par les conditions chi- miques du milieu, les conditions de concentration du milieu et les conditions de température. Les effets de la lumière sont de nature quantitative et qua- litative : la qualité, c'est l'intensité et la nature de la lumière employée. Les réactions lumineuses ont certainement un caractère chimique, et sont en corrélation avec des conditions synthétiques, analytiques, de substitution, des productions d'isomères et de polymères et de fermentation. Elles produisent des modifications dans le métabolisme et les mouvements, et peuvent amener la mort. La chaleur (chap. VIII) a des effets sur les fonctions générales de l'or- ganisme et le métabolisme (phosphorescence, excrétion, etc.), sur le mouve- ment et l'irritabilité. Une partie intéressante de ce chapitre est consacrée aux limites de température que l'organisme peut supporter. Des Conferves vivent dans les sources chaudes d'Ischia (à 81°-85°) et d'Islande (par 98°, Flourens). Les expériences de Dallinger et Mendelssoiin montrent que l'organisme peut lentement s'adapter à la chaleur et au froid. Le thermotactisme est une di- rection de locomotion occasionnée par la chaleur. En résumé, l'action des agents chimiques et physiques varie en raison de la structure et de la constitution du protoplasma et des conditions de limite du métabolisme (conditions de structure et conditions dynamiques). Les mou- vements protoplasmiques et le métabolisme sont sous la dépendance des excitants externes. Il en est de même de la direction de la locomotion. [Le rapide programme que nous venons de tracer ici ne peut donner qu'une médiocre idée de cet excellent livre. Chaque chapitre est un exposé XIV. — MORPHOLOGIE ET PHYSIOLOGIE GENERALES. 339 critique très sérieux et très documenté de l'état de nos connaissances dans cet ordre d'idées. Ce livre est donc surtout une mise au point, critique et claire, d'expériences et de théories qui, prises isolément, sembleraient confuses ou contradictoires. Une bibliographie très complète est jointe à chaque chapitre. A ce titre il rendra de grands services, car il sera le vade- mecum de tous ceux qui voudront faire des recherches de biomécanique. Nous attendrons avec impatience les trois autres parties de l'ouvrage]. — A. Labbé. 233. Loeb (J.). — Observations physiologiques sur V influence des ions. — L'auteur a recherché, dans ce travail, si les phénomènes organiques qui se produisent dans les éléments cellulaires au contact des solutions salines ne dépendent pas des ions existant dans les solutions. Les expériences ont été faites sur les muscles gastro-cnémiens de la Grenouille. Les muscles sont pris, autant que possible, égaux en volume sur des animaux soumis antérieu- rement, au moins pendant 24 heures, à des conditions identiques d'exis- tence. Le gastro-cnémien plongé pendant une heure dans une solution de Na Cl à 0,7 % ne change pas de volume. La pression osmotique de cette solution est donc égale à la pression existant dans le tissu musculaire grâce aux ions et aux molécules en solution. Si à cette solution saline indif- férente on ajoute des substances diverses, le poids du muscle plongé dans le liquide ne restera pas invariable. Quelles sont les lois de ces variations? A la solution de NaCl, l'auteur ajoute des quantités minimes de H Cl, Az03H, SOvH2, S04KH, SO;NaH et telles que le même nombre de H-ions existent dans les divers liquides. Les muscles plongés dans ces solutions ont aug- menté en poids (par absorption d'eau). Le phénomène est quantitativement le même dans les divers cas. Il en résulte donc que, dans ces solutions, au point de vue de l'augmentation en poids du muscle, les ions H sont seuls actifs et que le rôle des ions Cl, AzO3, SOv est nul. Les expériences faites avec les acides acétique, lactique, oxalique et malique prouvent que les ions H ne sont pas seuls actifs dans les solutions de ces corps mais que les autres ions ont également une certaine influence. En ce qui concerne les bases LiHO, NaHO, KHO, Sr(OH)2, Ba(OH)2, les expériences sont extrê- mement nettes. Elles démontrent que l'augmentation du poids musculaire survenant à la suite de l'addition de ces diverses bases à la solution chloru- rée est constante si le nombre d'ions OH existant dans l'unité de volume est le même. Des recherches comparatives faites en vue de déterminer les actions respectives des ions H et OH sur le phénomène de l'augmentation du poids musculaire prouvent que l'ion OH est plus actif que l'ion H, mais que, par contre, l'ion H est plus toxique que l'ion OH. — Des expériences de contrôle prouvent que la variation du poids du muscle n'est pas la con- séquence de l'absorption de la base ou de l'acide introduit dans le liquide ni du changement de la valeur de la pression osmotique de la solution pri- mitive. Elles prouvent que le changement est dû à une absorption d'eau par les éléments du tissu musculaire. Cette absorption d'eau par le muscle n'est d'ailleurs pas proportionnelle aux différences existant entre la pression des solutions et celle du muscle lui-même (celle-ci étant admise comme égale à 4-5 atmosphères). Pour les so- lutions hypoisotoniques à concentrations décroissantes, les chiffres exprimant l'augmentation en poids croissent plus rapidement que ceux représentant le degré de dilution des solutions. Pour les solutions hyperisotoniques la diminution en poids est moins rapide que celle qui, à première vue, devrait résulter de l'accroissement de la concentration. Il semble ainsi que l'entrée 340 L'ANNEE BIOLOGIQUE. et la sortie de l'eau de la cellule se font toujours de manière à augmenter le nombre des molécules qui sont en solution dans le muscle, c'est-à-dire à exagérer la pression cellulaire. Los expériences de Loeh apportent encore un argument en faveur de la théorie do Yan't Hoff sur la pres>ion osmotique: elles montrent que dans les solutions de LiCl, KC1, RbCl, CsCl, MgCl2, CaCl2, SrCl2 et BaCl2 ayant une même pression osmotique égale à celle de la solution de NaCl, la variation du poids musculaire est toujours la même. On doit en conclure ({lie la dissociation de ces sels dans les solutions se fait comme Ta annoncé le savant professeur de Berlin. — Dans le groupe des ions Li, Na. K,' Rb, Cs, et des ions Bc, Ca, Sr, et Ca, la toxicité des ions n'est pas une fonction de leur poids atomique mais bien de leur labilité. — Ce travail de Loeb attire l'attention sur des phénomènes essentiels de physiologie cellulaire. Nul doute que, dans cette voie, bien des recherches pourront être faites encore et des résultats intéressants et nouveaux seront obtenus. Le mémoire de Krônig et Th. Paul (Zeits. f. Hyg. u. Infections Krankh., 1897, t. 25, p. 1) prouve suffisamment l'importance des travaux de ce genre. — J. Demuor. 184. Hedin (S. G.). — Sur la perméabilité des globules du sang. — Dans la première partie de son étude, Hedin résume les théories physico-chimiques actuelles sur les solutions, les ions, la pression osmotique, etc. Il attire ensuite l'attention sur les recherches faites en botanique en vue de déterminer la valeur de la pression cellulaire, et poursuivies par Hamburger, en ce qui concerne les hématies, pour calculer la pression osmotique des cellules ani- males. Hedin se sert, dans la détermination de la pression cellulaire, d'une méthode très différente de celle de Hamburger. Cette méthode, qui se rap- proche de celle de la plasmolyse en usage en botanique, consiste à recher- cher la solution saline dans laquelle les hématies ne subissent aucune mo- dification de volume. A cet effet, le sang mélangé à la solution est soumis à la centrifugation et le volume du dépôt obtenu est comparé à celui donné par le sang mélangé à des solutions plus ou moins concentrées. La solution dans laquelle le volume globulaire n'a point changé est celle qui n'a occa- sionné aucun changement dans la quantité d'eau contenue dans les globules rouges, c'est donc la solution isotonique. Cette explication de la variation du volume des globules par l'entrée ou par la sortie de l'eau, doit être con- firmée expérimentalement. Si cette thèse est. exacte il faut que, dans une certaine mesure, les hématies soient imperméables aux solutions salines. Or Hamburger a prouvé le contraire. Grijns, de son côté, ayant démontré que certaines recherches de Hamburger sont erronées, a absolument abandonné la théorie de Hamburger, et a affirmé l'imperméabilité des globules rouges, sans avoir d'ailleurs des preuves expérimentales suffisantes pour le faire. Hedin, par la méthode exposée plus haut, aborde le même problème. Il étudie un grand nombre de substances diverses, et par des recherches longues et minutieuses arrive ainsi à une série de conclusions extrêmement intéres- santes pour la physiologie. Le caractère de cette revue nous empêche d'entrer dans le détail de ces résultats, nous ne voulons attirer l'attention que sur les faits généraux qui découlent de ces recherches et sur leur portée au point de vue de la connaissance de la vie. La perméabilité des globules rouges pour les différentes substances est loin d'être générale; tel corps peut pénétrer à l'intérieur des hématies et tel autre pas. Ce qui est intéressant à constater, c'est que les globules rouges dans ces conditions ne restent pas passifs. Ainsi, par exemple, l'auteur démontre que les globules rouges absorbent très mal les substances salines du plasma XIV. — MORPHOLOGIE ET PHYSIOLOGIE GENERALES. 341 (Xa Cl.K Cl, Az03K,Az03Na,KBr.S04K2). L'arrivée de ces sels dans le plasma augmente la pression osmotique de celui-ci, aussi, pour rétablir l'équilibre de pression, les hématies se contractent, en éliminant de l'eau, jusqu'à ce que la concentration de leur milieu interne soit équivalente à la pression extérieure. Hedin étudie au même point de vue un grand nombre de subs- tances salines et autres et détermine pour chacune d'elles le degré de per- méabilité des hématies. Certaines ne pénètrent pas dans le globule rouge, d'autres y entrent faiblement, d'autres se distribuent en égale quantité dans les hématies et dans le plasma et d'autres enfin se localisent principalement dans les cellules. Chaque substance chimique a une influence, pour ainsi dire spécifique, sur le volume globulaire. Cependant une relation étroite existe entre la structure des corps et leur pouvoir de pénétration dans le globule rouge. Ainsi, par exemple, la présence d'un ion métallique dans un sel diminue le pouvoir de pénétration de celui-ci: il en est de même du radical sulfuré du sulfate d'ammoniaque, du groupement amide dans les amides acides, du groupement OH dans les alcools. Plus un alcool renferme de groupements OH, moins son entrée dans le globule rouge est considé- rable. Les variations volumétriques des globules rouges ne sont pas exclu- sivement régies par les phénomènes osmotiques. S'il en était ainsi, un paral- lélisme complet devrait exister entre l'absorption ou l'élimination de l'eau des globules d'un côté, et le gonflement ou la rétraction de ces éléments de l'autre. Or ce parallélisme n'existe pas. Dès que les substances pénètrent aisément dans la cellule, elles y déter- minent des variations échappant totalement aux lois dont il est parlé plus haut. Ces substances sont destructives des hématies et amènent la diffusion de la matière colorante du sang. Hedin confirme ainsi, en le précisant, le principe émis par Grijns, savoir : une substance pénètre ou ne pénètre pas dans le globule rouge suivant qu'elle provoque ou ne provoque pas la sortie de l'hémoglobine. Overton, pour les cellules végétales, était arrivé d'ailleurs à une conclusion semblable : une substance ne pénètre pas ou pénètre suivant qu'elle plasmolyse ou ne plasmolyse pas la cellule. Quelle est la signification des divers résultats obtenus par Hedin, au point de vue de la physiologie des êtres? Les échanges nutritifs dépendent, en somme, de l'activité des cellules. S'il était permis d'homologuer les cellules du corps aux globules rouges, nous arriverions à cette conclusion que les substances qui sont le mieux absorbées par les cellules du sang, sont aussi celles qui seront les plus actives au point de vue du chimisme général. Celte généralisa- tion est-elle possible? L'auteur pose la question. Il ajoute que les faits déjà connus ne la renversent d'ailleurs pas. En effet, les substances suivantes, pour lesquelles l'absorption par les hématies est considérable, antipyrine, uréthane, alcool, aldéhyde, éther, sont des corps agissant fortement sur l'en- semble de l'être. Les corps qui ne pénètrent pas dans les globules rouges, mais qui les plas- molysent au contraire, agissent par la soustraction d'eau qu'ils déterminent aux tissus, ils sont les vrais lymphagogues de Heidenhain. Or, Heidenhain signale comme lymphagogues les sels, les sucres, l'urée. Les expériences de Heidenhain ne sont pas démonstratives de l'action lymphagogue de l'u- rée, dit Hedin, et cette propriété de l'urée lui paraît très douteuse parce que l'urée ne plasmolyse pas les globules rouges, ce que font très bien les sels et les sucres. — J. Demoor. 36. Botazzi (F.). — La pression osmotique du sang des animaux marins. — L'auteur a entrepris l'étude de la pression osmotique du sang des animaux :142 L'ANNEE BIOLOGIQIT.. marins pour trois raisons : la première résulte de l'utilité de connaître cette pression pour pouvoir préparer un liquide isotonique autre que l'eau de mer afin de conserver les organes extirpés du corps des animaux marins; la seconde tient à ce que. parmi les Vertébrés, les différences relatives à la con- stitution morphologique et chimique du sang ne sont pas aussi accentuées qu'entre les Invertébrés: la troisième est liée à l'intérêt qu'il y a à recher- cher l'influence du milieu externe sur le milieu interne et à voir quels sont les mécanismes par lesquels les animaux se rendent en partie indépendants du milieu externe. — La détermination des pressions osmotiques a été faite en déterminant le point cryocospique des milieux étudiés. Les conclusions ont été les suivantes : 1° Le sang des Invertébrés marins, depuis les plus bas (Cœlentérés) jus- qu'aux plus élevés (Céphalopodes), présente une pression osmotique approxi- mativement égale et constante (à 7 ° 0 près environ) et isotonique avec une solution de Na Cl à 3,783 °/0. 5° La pression osmotique de ces liquides oscille donc peu autour de celle de l'eau de mer, qui aurait, d'après l'auteur, exacte- ment la même valeur que la moyenne des déterminations extrêmes qu'il a faites sur le sang des Invertébrés. 3° L'auteur attache une importance parti- culière à la constatation que la constitution morphologique et le contenu protéique n'exercent aucune influence sur la pression osmotique du sang ou du liquide de la cavité du corps des animaux étudiés. 4° Chez les Invertébrés marins, il existe une correspondance parfaite entre les pressions osmotiques des liquides internes des animaux et du liquide dans lequel ils sont plongés. Dans une seconde partie, consacrée à l'étude du sang des Vertébrés, l'au- teur rappelle l'opinion de Cl, Bernard qui a écrit que le milieu organique se spécifie et s'isole de plus en plus du milieu ambiant en devenant plus par- fait. Il signale aussi celle de FrÉdÉRICQ relative à l'indépendance de la pression osmotique du sang des Vertébrés marins par rapport au milieu extérieur. D'après ses expériences, Bottazzi pose les conclusions suivantes : 1° que parmi les Vertébrés marins, les Poissons cartilagineux présentent une pression osmotique égale à celle de l'eau de mer (contrairement à l'affirma- tion de Frédéricq); 2° (pie les Vertébrés supérieurs jouissant d'une respira- tion aérienne, quoique vivant dans l'eau de mer, présentent une pression osmotique du sang tout à fait indépendante de l'eau de mer et très voisine de celle des Vertébrés terrestres; 4° que chez les Téléostéens commence à apparaître cette indépendance, puisque leur pression osmotique est égale à la moitié de celle de l'eau de mer et est comprise entre celle-ci et celle des Vertébrés supérieurs terrestres. B. a remarqué que le liquide de Mûller est hypotonique pour le cerveau des >claciens qui s'y gonfle et y éclate. Il conseille avec raison pour conserver ces cerveaux de prendre une solution de bichromate isotonique à une solution de 3,89 °/0 de Na Cl. [Le travail de B. me parait d'un grand intérêt parce qu'il est de ceux qui apportent des bases solides aux théories que l'on cherche à établir pour ex- pliquer les échanges cellulaires entre les tissus et les liquides nourriciers d'une part et entre les tissus et le milieu extérieur de l'autre. Sa conclusion géné- rale, qui confirme les vues de Cl. Bernard sur la différence d'actions réci- proques entre les organismes inférieurs et supérieurs et le milieu extérieur, n'est pas pour nous surprendre, mais elle me paraît une nouvelle base pour l'explication des origines de la chaleur animale. Relativement au peu d'in- fluence des matières protéiques sur la pression osmotique, je ferai l'observa- tion que cela était à prévoir, car on sait qu'à poids égal de matière dissoute les composés de grands poids moléculaire influent beaucoup moins sur la Xiv. _ MORPHOLOGIE ET PHYSIOLOGIE GÉNÉRALES. 343 pression osmotique que ceux de petit volume, l'effet produit étant proportionnel au nombre des molécules dissoutes et non à leur grandeur], — C. Chabreé. .'j7. Botazzi (F.). — Sur la pression osmotique de quelques sécrétions glan- dulaires d? Invertébrés marins. — On sait que Winteb a établi le principe de Véquimolécularité des divers liquides de l'organisme pour les Mammifère-. c'est-à-dire qu'il a démontré L'égalité de la pression osmotique de ces liqui- des. Botazzi a cherché s'il en serait de même des sécrétions des Invertébrés, Il a étudié a ce point de vue : la -écrétion violette des glandes du manteau de YAplysia limacina, la sécrétion lactigineuse du manteau de YAplysia de pil ans, le contenu du jabot et du premier estomac de ces animaux, la salive de YOctopus macropus, un liquide contenu dans une vessie située dans h- voisinage des reins de ce même animal et correspondant peut-être à l'urine d'autr-s animaux, et enfin le noir de la Sepia officinalis. D'après déterminations, l'équimolécularité des liquide- de -écrétion des Inverté- brés marins est évidente. Tous ce> liquides ont une pression osmotique égale à celle du sang des mêmes animaux, quelle que soit leur constitution phy- sique et chimique. [D'après un travail précédent du même auteur, nous avons vu que les animaux inférieurs se différenciaient des animaux supérieurs en ce que leur milieu nourricier intérieur était plus isotonique avec le milieu extérieur; c'était une différence importante à noter. Dans le présent travail nous voyons au contraire que le principe de l'équimolécularité semble les rappro- cher les uns des autres; mais il est probable que ce principe tient à une condition fondamentale de l'existence de- cellules vivantes, que c'est une propriété de la cellule et non d'un organisme]. — C. Chabreé. 110. Dumont (J.j. — Dialyse 'les humâtes alcalins. — (Anal, avec le suivant.) 152. Gautier fArm. . — Sur le rôle que jouent les matières humiques '/ans In fertilité du sol. — I. Les humâtes alcalins, malgré leur caractère do subs- tances colloïdales, peuvent, d'après Dumont. traverser les membranes parche- minées : d'où, probablement aussi . les membranes cellulaires de- racin Il suffit, pour constater cette dialyse, d'opérer sous une légère pression : une petite quantité d'humate passe alors en même temps que les sels. L'auteur pense que cette expérience est favorable à l'hypothèse d'une assimilation des matières organiques du sol par les plarr II. Observation de Gautier, au sujet de la note précédente. S'il est impos- sible de nier a priori que quelques-unes des matières humiques du sol ne puissent être directement assimilées par les plantes, il est plus probable que le mécanisme principal par lequel les matières humiques fertilisent le - . est le développement qu'elles permettent de prendre aux Algues et Bactéries fixatrices d'azote. — G. Bertrand. 86. Coppeland E. B.;. — Les sels nutritifs et la turgescence. — Les expé- riences ont porté sur Phaseolus, Pisum, Sinapis, Polygonum et Zea. Elles ont montré que l'introduction de sels de potasse par osmose dans les racines de 1h plante amène dans les cellules de la racine et de la tige une turgescence supérieure à celle déterminée par une augmentation équivalente de sels de sodium. C. insiste sur ce que la potasse est un facteur important de la tur- gescence et, d'après lui, aucun sel minéral n'a sur cette dernière une action aussi énergique. [Remarquons toutefois que les résultats directs du travail de l'auteur n'autorisent pas une conclusion aussi absolue]. — A. J. Ewart. 344 L'ANNEE BIOLOGIQUE. -, Respiration. 28. Bohr C). — Absorption de l'azote et de Vhydrogène par le sany. — Le sang en circulation contient plus d'azote que n'en absorberait l'eau à la même température. Ce fait est lié à la présence de l'hémoglobine et de l'oxygène, le sérum se comportant comme de l'eau pure. L'hémoglobine cristallisée et redissoute dans un liquide quelconque jouit en effet de la propriété d'absorber l'azote en présence d'oxygène. On n'a pas réussi à démontrer la présence de composés oxygénés de l'azote. — Marcel Delage. y) Assimilation et désassimilation. 38. Bouchard (C.)« — Considérations sur l'état statique du corps. — On a cru pendant longtemps que plus on prend d'aliments, plus on en digère, et plus on en digère, plus on en détruit. Cette notion est fausse, et c'est l'augmentation de l'urée et des matériaux azotés, à la suite d'une forte in- gestion de viande, qui a fait illusion. En effet, une partie de la matière azotée absorbée ne s'assimile pas ; elle ne devient pas substance constitutive des cellules et se borne à subir des transformations destructives qui ne sont pas désassimilatrices, car la matière n'a pas fait partie delà cellule. L'autre partie qui s'assimile, qui devient substance vivants, ne paraît pas subir de grandes variations, sauf dans le cas d'inanition ou de maladie. La destruction de la molécule albumineuse se fait d'abord sans oxydation, plutôt avec réduction, en tout cas par hydratation. On sait que Gautier admet qu'une molécule d'albumine s'unit à vingt molécules d'eau et se décompose en deux groupes de substances : 1° substances azotées : sept molécules d'urée, trois de glyco- colle, une de taurine; 2° substances non azotées : cinq molécules de glyco- gène, une de cholestérine, six d'hydrogène. Ce n'est pas dans cette phase, mais bien dans la suivante, qui est une oxydation, que se dégage l'énergie contenue dans la molécule albumineuse. Cette vraie destruction constitue un second stade du dédoublement, pendant lequel il y a absorption d'oxy- gène, dégagement d'eau et de gaz carbonique et apparition d'énergie. Cette seconde destruction porte exclusivement sur les produits non azotés du dé- doublement, hydrogène, glycogène transformé en glucose par hydratation, et cholestérine. Les produits azotés ne subissent pas ces oxydations ou ne les subissent qu'accessoirement. Comme la première phase peut avoir lieu sans la seconde, on voit que la quantité d'urée excrétée mesure la quantité d'al bumine absorbée, mais nullement la quantité brûlée et utilisée. La destruc- tion des graisses, du glycogène ou du sucre ne dépend en effet que des besoins d'énergie de l'organisme, et elle sera plus grande s'il y a action que s'il y a repos, ce sucre ou cette graisse pouvant provenir des albumines ou être introduits par les aliments dans l'organisme. Les repas copieux n'aug- mentent donc pas les combustions ou le dégagement de chaleur, ou s'ils les augmentent un peu, ce n'est que d'une façon indirecte, par suite du travail nécessité par la digestion. La destruction de la matière par oxydation n'est commandée que par la seule circonstance du besoin d'énergie créé par le fonctionnement ou par le travail. En résumé, si on mange beaucoup et qu'on n'agisse pas, on emmagasine et on excrète beaucoup d'urée mais peu de gaz carbonique ; si on mange peu et qu'on agisse beaucoup, on élimine de l'urée, mais en même temps beaucoup de gaz carbonique. Nous venons de voir que la quantité des aliments ingérés ne peut pas ser- vir à mesurer l'intensité de la combustion. La quantité de travail musculaire elle-même ne peut pas servir exclusivement de mesure. Il faut tenir compte XIV. — MORPHOLOGIE ET PHYSIOLOGIE GENERALES. 345 du poids, de la taille, de la proportion des substances constitutives et de la surface du corps par où se fait la perte de calorique. Un homme moyen, nor- mal, pour un poids donné, contenant un poids déterminé d'albumine fixe active, a une surface d'émission bien déterminée. A chaque kilogramme de sa substance, correspond un certain nombre de décimètres carrés. Chez un homme obèse, la surface correspondant à chaque kilogramme diminue, mais la proportion d'albumine fixe diminue beaucoup aussi, l'augmentation de poids n"étant due qu'à la graisse. Chez un homme maigre, la surface corres- pondante à chaque kilogramme augmente, et de plus l'albumine totale dimi- nue comme les autres éléments. La perte de calorique, c'est-à-dire le besoin d'énergie, est proportionnelle à la surface d'émission. Il s'ensuit que les besoins de l'obèse sont plus grands au total que ceux de l'homme sain, mais moins grands par kilogramme d'in- dividu. L'homme maigre a moins besoin d'aliments au total que l'homme nor- mal, mais il lui en faut plus par unité de poids. Si on calcule dans les trois cas la surface d'émission de 1 kilogramme d'albumine active, on constate que la destruction est moins active chez l'homme sain que chez l'obèse et le maigre. La nature lutte donc pour les obèses et contre les maigres. Il est une surface dont il faut tenir compte aussi dans l'évaluation de la surface de refroidissement, c'est la surface pulmonaire. Malheureusement, l'estima- tion des calories qui se perdent par cette voie est très difficile à faire et ne peut recevoir qu'une solution très approximative. Ces faits démontrent que chez l'obèse on devra s'efforcer d'activer les combustions, par la réfrigéra- tion par exemple, tandis que chez le maigre ou l'inanitié, on les réduira au minimum, car l'action combinée de l'abstinence et de l'augmentation rela- tive de surface augmente d'une façon énorme la quantité relative d'éner- gie que doit fournir l'unité de poids d'albumine active. La fièvre agit d'une façon analogue. — Marcel Delage. 39. Bouchard (C). — Détermination de la surface, de la corpulence et de la composition chimique du corps de V Homme. — Dans un organisme vivant, nous devons considérer deux modes très différents de destruction de la ma- tière organique. L'albumine fixe, vivante, qui compose nos cellules, parle fait même qu'elle vit, est en état de constante rénovation. Elle se détruit et se répare. Cette action est constante et indépendante des besoins d'énergie de l'organisme : c'est la désassimilation. D'autre part, cette albumine fixe, vi- vante, est l'agent de la destruction de la matière organique circulante, non vivante, provenant du corps ou des aliments. Cette destruction sert à faire apparaître l'énergie nécessaire aux besoins de l'organisme et ne dépend absolument que de ces besoins. C'est la consommation, qui est réglée par la perte de calorique subie par l'économie et par le travail effectué. Si on prend un individu au repos, la consommation ne dépend que de la déperdition de chaleur, c'est-à-dire de la surface. Il s'ensuit que la désassimilation est pro- portionnelle au poids de l'albumine fixe du corps; la consommation, propor- tionnelle à la surface du corps, dépend également du poids d'albumine fixe, puisque le dégagement de chaleur provient de la destruction des deux genres d'albumine, fixe et circulante. D'où la nécessité de pouvoir apprécier ces deux facteurs, surface du corps et poids d'albumine fixe. Pour mesurer la surface totale du corps, la mesure directe étant trop longue et trop compliquée, l'auteur tient compte de trois facteurs, le volume du corps égal numériquement au poids P, la taille H et le tour de taille C. En associant ces trois facteurs deux à deux, il calcule trois cylindres, puis il compare à la surface réelle du corps la surface de chacun de ces cylindres 346 L'ANNEE BIOLOGIQUE. et la corrige au moyen d'un multiplicateur qui varie avec le type de corpu- lence de l'individu auquel on a affaire. (Un tableau donne les multiplications pour chaque type de corpulence et pour chaque sexe et indique la surface en fonction des trois mesures C, H, P.) Il fait enfin la moyenne des trois sur- faces ainsi corrigées et obtient un cylindre dont la surface est celle du corps de l'Homme, mais qui n'a ni le môme volume, ni la même hauteur. L'auteur fixe une notion exacte de la corpulence en la mesurant par le rapport P II du poids à la taille. Tous les individus qui ont le môme P/H ont donc le même type de corpulence (pour l'homme normal moyen, P H =4,2; pour la femme normale moyenne, P H = 3,9). Considérons maintenant un autre cylindre ayant même volume P et même hauteur H que le corps de l'Homme. Sa sur- face sera plus petite que la surface du corps représentée par la surface du cylindre, calculée en faisant la moyenne des trois cylindres primitifs. Pour que le cylindre de volume P et de hauteur H représente aussi le corps en surface, nous allons être obligé, pour augmenter celle-ci et la rendre égale à celle du premier cylindre, de canneler la surface latérale en remplaçant le cercle de base par une sorte de sinusoïde ayant pour axe la circonférence de ce cercle, ce qui ne changera pas la surface de base et par suite le volume. Le corps de l'homme sera alors exactement représenté en volume, en hauteur et en sur- face, par une colonne cannelée d'autant moins profondément que l'individu est plus obèse et d'autant plus qu'il est plus maigre. Cette manière de faire donne à la corpulence P H une signification géométrique utilisable pour l'étude de l'assimilation et H de la désassimilation. Le cylindre de hauteur H et de volume P H a en effet P comme surface de base. Si nous partageons le cylindre cannelé total en H tranches de 1 décimètre de hauteur (toutes les mesures étant comptées en décimètres), chaque segment ou tranche aura P comme volume et aussi PH comme surface de base. Tous les individus de même type de corpulence auront donc un segment identique comme volume et comme composition, et ne différeront que par le nombre H des segments dont la su- perposition constituera le cylindre cannelé total. Ce segment de cylindre a reçu le nom de set/ment anthropométrique. Ce segment, chez l'Homme nor- mal, a la composition normale. Si 1 kilog. d'Homme normal moyen se com- pose de 160 gr. d'albumine (151 gr., 5 d'albumine fixe et 8 gr., 5 d'albumine circulante;, 130 gr. de graisse, 660 gr. d'eau et 50 gr. de cendres, on voit que le segment anthropométrique de l'Homme normal moyen dont le type de corpulence est 4,2, pèsera 4200 gr. et renfermera 636 gr. d'albumine fixe. 36 gr. d'albumine circulante, 546 gr. de graisse, 2772 gr. d'eau et 210 gr. de cendres. Chez un obèse, chez lequel P/H = 8 par exemple, le segment anthro- pométrique pèsera 8000 gr., renfermera la même quantité d'albumine, d'eau et de cendres, mais 4346 gr. de graisse au lieu de 546 gr., ce qui donne une composition très différente pour le kilogramme de cet individu. La comparaison des segments anthropométriques est donc beaucoup plus rationnelle que la comparaison de 1 kilog. de divers individus, car elle fait intervenir la quantité d'albumine fixe qui seule est active au point de vue de la nutrition, de la dénutrition et de la production calorifique, et la surface par laquelle se fait la déperdition de calorique. Cette notion nouvelle permet donc d'apprécier l'intensité de la nutrition. — Marcel Delage. 383. Prôscher (F.). — Les rapports entre la vitesse de croissance du nour- risson ei la composition du lait chez différents Mammifères.— L'auteur trouve que la vitesse de croissance du nourrisson est en relation très étroite avec la teneur en albumine du lait de l'espèce. Plus le lait est riche en albumine. XIV. — MORPHOLOGIE ET PHYSIOLOGIE GENERALES. 347 plus la vitesse de croissance est grande, comme le montrent les chiffres donnés par Fauteur. Temps en jours nécessaire Albumine du lait au doublement du poid- 0 0 Homme 180 i,8G Cheval (iO -2,30 Bœuf 47 4,00 Cochon 18 0,89 Mouton 40 7,00 Chien 8 8,28 Chat .% 9,53 La loi s'applique aussi à la teneur du lait en chaux et en acide phosphori- que. Elle est vraie également pour le développement individuel, car, dans les premiers jours qui suivent la naissance, le lait est beaucoup plus riche en substances solides qu'au bout d'un certain temps. (Ainsi, dans le lait de Femme, il y a 8,6 % d'albumine pendant les 2 premiers jours, 3,4 au bout de 3 à 7 jours, 2,5 au bout de 8 à 15 jours, 1,6 après 6 mois.) Or, on sait que la croissance est d'autant plus active que l'enfant est plus jeune. [Les nombres cités plus haut montrent que la vitesse de croissance semble bien ne dépendre que de la teneur du lait en matière sèche, et non de la grosseur de l'animal et de la durée de sa vie. En effet, le Bœuf et le Cheval d'une part, le Cochon, le Mouton et le Chien d'autre part, sont assez compa- rables et l'examen des nombres qui se rapportent à eux fait bien ressortir la loi qui a été indiquée. Les faits relatifs au développement individuel sont moins convaincants, et le développement plus rapide du nourrisson pen- dant les premiers jours qui suivent la naissance pourrait être dû uniquement à l'étendue plus considérable de la surface d'absorption de son tube diges- tif par rapport à sa masse totale, car on sait que lorsque les dimensions d'un être s'accroissent, sa masse augmente comme le cube des dimensions, sa surface comme le carré seulement. Néanmoins , il semble très probable que la teneur plus élevée du lait en albumine est aussi un facteur de cette crois- sance d'autant plus rapide que l'être est plus jeune]. L'auteur a fait l'analyse du lait d'un très grand nombre d'espèces de Mam- mifères. De leur comparaison, il ressort que le lait des animaux habitant les pays chauds est riche en sucre et pauvre en graisses. C'est le contraire pour les espèces septentrionales. La composition du lait de Femme envisagé à ce point de vue semble faire de l'Homme une race primitivement méridionale. Si on compare enfin la nourriture du nourrisson à celle de l'adulte, on voit que le premier a besoin relativement de plus d'albumine que le second pour former ses tissus, et de plus de graisse, car sa surface de refroidissement est plus considérable par rapport à sa masse. L'adulte absorbe au contraire plus d'hydrates de carbone à cause du travail qu'il doit fournir. — Marcel Delage. 110. Davenport (C). — Rôle de Veau dans la croissance. — Le rôle de l'eau dans l'accroissement des plantes a été fort bien reconnu, mais il n'en est pas de même en ce qui concerne les animaux. Pour le mettre en évi- dence, D. a déterminé la teneur en eau chez la Grenouille depuis l'œuf jus- qu'à un stade larvaire avancé. Tandis que l'œuf contient seulement 50 si différents que les plantes et les animaux, car elle montre que la matière colorante des feuilles et celle du sang, qui doivent remplir des foliotions si différentes, sont dos corps voisins au point do vue chimique. Les recherches de Vinogradskv ont fait connaître que les Bactéries nitri- fiantes dépourvues de chlorophylle produisent dos composés organiques croissant et se multipliant en absorbant seulement du gaz carbonique, de l'ammoniaque et des sels inorganiques. 11 y a là réduction et l'analogie avec les plantes vertes saute aux yeux. La seule différence est celle-ci : l'oxygène, au lieu de se dégager en nature, sert à oxyder l'ammoniaque et à le trans- former en acide nitreux. D'autres Champignons se nourrissent de sels ammonia- caux et d'acides organiques : d'autres enfin, à l'instar des organismes animaux, assimilent des complexes albumineux en prenant l'oxygène nécessaire à l'oxydation, soit à l'air, soit aux aliments. De tels organismes dépourvus de chlorophylle et d'hémoglobine présentent la plus grande diversité dans leurs modes d'action et réalisent tous les intermédiaires entre le type plante et le type animal. La composition chimique de la substance de ces organismes est très diffé- rente, non seulement d'une espèce à l'autre, mais aussi pour une même es- pèce, quand les conditions de vie changent. Aussi, dans aucune classe d'ê- tres organisés, la variation des formes n'est-elle aussi grande (pie chez ces êtres inférieurs. Ce mode de vie. qui permet de fabriquer la matière organique au moyen de substances inorganiques très simples, était certainement celui des premiers habitants de notre globe. Lorsque les organismes se sont com- pliqués, ils ont eu besoin de substances spéciales pour accomplir ces fonctions, qui étaient autrefois une propriété de la cellule. La chlorophylle des plantes est un de ces intermédiaires. Il ne semble pas douteux que c'est de cette chlorophylle que s'est formée, à mesure que les organismes simples ont évo- lué vers le type des animaux supérieurs, l'hémoglobine du sang, dont la fonction, devenue très limitée, consiste à servir de support à l'oxygène né- — aire aux cellules. La chlorophylle n'est en effet pas propre aux seules plantes. Un grand nombre de Protozoaires et d'animaux inférieurs en ren- ferment. Chez beaucoup d'entre eux. Brandt a montré que cette chlorophylle ■ si contenue sous forme d'Algues monoceilulaires constituées en organismes propres, absolument i ndépendante s, morphologiquement et physiologiquement, de leur bote. On nomme ces Algues ZoochloreUes Brandt). Elles nourrissent leur hôte en faisant, au moyen de corps inorganiques, la synthèse de substances organiques que celui-ci utilise. Ces amas chlorophylliens ne diffèrent donc que XIV. — MORPHOLOGIE ET PHYSIOLOGIE GÉNÉRALE- 351 morphologiquement de ceux des plantes. Au point de vue physiologique, il y a identité dans les deux cas. [XVII d]. D'autre part, Engelmann a trouvé des Vorticelles dont la couche cuticulaire st colorée en vert diffus par de la chlorophylle qui semble intimement liée au protoplasma. Ces Vorticelles, qui sont des animaux, assimilent l'acide carbo- nique à la lumière et rejettent de l'oxygène, comme les plantes. Les Bactér: - purpurines se comportent de même et le développement de c - S ivzomy- cète- est absolument lié à l'intervention delà lumière Engelmann). [Il existe beaucoup d'autres exemples de ce genre : un des plus remarquables est le Gé- phyrien Bonellia]. Dans le sang de certains animaux à sang froid, on a trouvé des substances du genre de l'hémoglobine et qui semblent jouer un rôle dans la respiration (hérnocyanine. chlorocruorine. etc.), mais beaucoup n'en ont pa- La conclusion à tirer de ce qui vient d'être exposé, c'est que dans le monde organisé, on rencontre de nombreux exemples de réduction de CO- en ma- tière organique, sans hémoglobine. De plus, dans les représentants les plus éloignés des deux règnes organisés, les plantes vertes et les animaux à >anu rouge, on trouve les substances qui sont la caractéristique principale de ces règnes, la chlorophylle et l'hémoglobine, formées d'une seule et même substance mère. — Marcel Delage. 127. Etard (A.). — Dédoublement de la bonde fondamentale des chloro- phylle*. — Le nombre des bandes chlorophylliennes et la longueur d'onde de leur axe moyen peuvent, par la méthode des dilutions limites, être compi exactement et servir à caractériser l'espèce chimique. La diversité des chlorophylles se démontre par la longueur d'onde des axes de leurs band- - préexistantes ou provoquées par l'action des réactifs. Enfin, ce que l'on nomme « la bande fondamentale de la chlorophylle » d'après Chautabd, n'est pas toujours uniformément obscure : elle peut être double ou triple. — G. Bertrand. 271. Palladine W. . — Influence de diverses substances et influence de V oxygène sur la formation de la chlorophylle. — En plaçant des feuill» ss étiolées et privées d'hydrates de carbone sur des solutions diverses et en exposant le tout à la lumière, on observe que certaines substances (saccharose, glucose, glycérine, etc. favorisent la réapparition de la chlorophylle, tandis que d'autres l'empêchent plus ou moins imannite. asparagine. urée. etc. . L'oxygène est d'ailleurs nécessaire pour que la chlorophylle se forme dans les conditions ci-dessus indiquées. — G. Bertrand. 203. Kny L. . — Fonction chlorophyllienne et ehromatophores. — Kny ne croit pas que les corps chlorophylliens isolés soient capables d'assimiler CO- ; il montre que des cellules plus ou moins atteintes dans leur vitalité peuvent continuer à dégager de l'oxygène sous l'influence de la lumière, même lorsque leur corps protoplasmique est rétracté et leur noyau désorganisé. Les cellule- vertes soumises à de forts courants induits peuvent assimiler CO2 avec une énergie encore plus grande. [Ewart a montré que ces résultats de Kny sont entachés dans leur principe, étant donné que K. a opéré sur des cultures im- pures contenant des Bactéries anaérobies et a négligé d'enlever tout l'oxygène externe. Dans ces conditions une cellule en voie de dépérissement peut sem- bler dégager de l'oxygène quelque temps encore après la mort. La méthode des Bactéries ne peut donner de résultats qu'en cultures pures et avec de grandes précautions]. — A. J. Ewart. 352 L'ANNEE BIOLOGIQUE. 133. Ewart (Alfred J.). — Les corps chloropliyllicns et le cytoplasma. — Contrairement à ce que prétendent Kny et Kolkwitz, l'auteur maintient ses conclusions antérieures : les chloroplastes isolés sont capables de décom- poser l'anhydride carbonique. Il appelle l'attention sur les causes d'erreur qui ont conduit ses contradicteurs à des résultats opposés. — Jean Massart. 131. Ewart (A. J.). — Inhibition assimilât rice. — E. a montré que des corps chlorophylliens étiolés peuvent décomposer l'acide carbonique sous l'in- fluence de la lumière. Par conséquent l'assimilation peut se produire en l'ab- sence de chlorophylle. Ce pouvoir assimilateur ne se manifeste pas quand les feuilles sont très jeunes et disparaît quand elles ont été longtemps maintenues à l'obscurité, même alors que ces feuilles verdissent en l'absence de lumière. Les feuilles étiolées exposées à la lumière dans une atmosphère absolument dépourvue de CO2 verdissent et peuvent acquérir un pouvoir d'assimilation actif. Mais ce pouvoir ne se maintient pas et, dans la plupart des cas, disparaît rapidement. Des fragments de Char a dans lesquels presque toutes les cel- lules chlorophylliennes s'étaient décolorées à la suite d'une insolation directe sont restées vivantes pendant un an sans pouvoir toutefois reconstituer leur chlorophylle. — A. J. Ewart. 354. Zaleski (J.). — Sur la non-présence de V argon dans la matière colo- rante du sang. — Kellas (!) compare la teneur en argon de l'air inspiré et expiré. L'azote de l'air expiré contient 1,210 o/0 d'argon, l'azote de l'air in- spiré, 1.186 o/0. Regnard et Schlœsing (*) ont mesuré la quantité d'argon des gaz du sang et ont trouvé 0,4 cmc. d'argon par litre, quantité double de celle qui correspondrait à la solubilité de l'argon dans l'eau. L'auteur a cherché à constater si l'argon ne forme pas de combinaison instable avec la matière colorante du sang. Il a constaté que celle-ci ne renferme pas d'argon dans sa molécule. — Marcel Delage. 289. Regnard (P.) et Schlœsing (Th.). — L'argon et Vazote dans le sang. — Les auteurs ont dosé l'argon et l'azote contenus dans le sang du Cheval, ils ont déterminé en même temps la solubilité de ces deux gaz dans l'eau pure et dans le sang. Il résulte de leurs déterminations que le sang contient environ deux fois plus d'argon et d'azote qu'il n'en peut dissoudre par simple saturation, in vitro. Comme ces gaz sont chimiquement presque inertes, les auteurs attribuent cet excès plutôt à une intervention de la membrane pul- monaire qu'à des combinaisons avec le sang. — G. Bertrand. 225. Leclerc du Sablon. — Sur la formation des réserves non azotées de la noix et de Vamande. — Les acides gras et le glucose semblent être des produits de transition servant à l'élaboration des réserves définitives, con- stituées surtout par des huiles et graisses neutres, du saccharose et des amy- loses (dextrine, amidon, etc.). — Marcel Delage. 226. Leclerc du Sablon (M.). — Sur les tubercules des Orchidées. — Leclerc du Sablon a dosé les quantités d'amylose, de saccharose et de glycose que contiennent les tubercules des Orchidées indigènes aux différentes époques de l'année et consigné les résultats dans un tableau. A la simple inspection des chiffres, on voit que, pendant la période de formation du tubercule, de (1) Chem. News. 71, p. <>2. (-2) C. R. Ac. SC, CXXIV, 302. XIV. — MORPHOLOGIE ET PHYSIOLOGIE GENERALES. 353 février à juin, la proportion de matières amylacées va constamment en augmentant; les sucres au contraire, qui étaient d'abord en proportion notable, disparaissent à peu près complètement. Il semble, conclut l'auteur, que l'amidon soit formé aux dépens des sucres. Cette déduction, dont l'intérêt physiologique n'échappera à personne, ne me paraît pas ressortir de ce tableau. Par exemple, du 27 avril au 1er juin, l'augmentation des amyloses est de l^r,050, tandis que la diminution des sucres est de 0gr,014. Le gain en amyloses est donc 75 fois plus considérable que la perte en sucres. Si les sucres ont contribué à la formation des amyloses, c'est dans une proportion bien minime et, assurément, d'une façon indirecte. — P. Vuille.min. 156. Gerber (G.). — Etude de la transformation des matières sucrées en huile dans les olives. — (Analysé avec le suivant.) 157. Gerber (G.). — Recherches sur la formation des réserves oléagineuses des graines et des fruits. — L'auteur, au moyen de l'étude des quotients respi- ratoires aux différents âges de la graine, admet que, dans les olives, l'huile se forme aux dépens de la mannite. Les autres matières sucrées peuvent donner naissance aux corps gras des graines et semences. — Marcel Delage. Voir aussi Gerber, 158. 247. Mazé (M.). — Fixation de V azote libre par le Bacille des nodosités des Légumineuses. — Les cultures du bacille des nodosités n'ont démontré jus- qu'ici qu'une fixation d'azote libre extrêmement minime; comme explication du phénomène chez les Légumineuses, on s'est rabattu sur l'influence indé- terminée de la symbiose de la plante et de la Bactérie. Mazé remarque que, généralement , on n'a fourni l'azote aux cultures qu'à l'état gazeux ou bien sous la forme d'asparagine et de sels ammoniacaux, alors que dans la symbiose normale le Bacille se trouve en présence d'une matière albuminoïde toute faite. De plus, la fixation doit être accompagnée, suivant l'idée de Duclaux, d'une destruction de matières hydrocarbonées. Enfin l'oxygène doit être fourni aux cultures puisque les germes le trouvent normalement dans le sol. Au lieu de résoudre le problème par un mot, il faut donc lui donner une forme concrète et le ramener à ceci : fournissons à la Bactérie tout ce que la plante lui donne, et elle se comportera en milieu arti- ficiel comme sur la plante. L'auteur utilise des infusions de Haricots blancs soit à l'état liquide, soit solidifiées par la gélose, en ajoutant 2 °/0 de saccha- rose et 1 °/o de sel marin. Ces milieux répartis en couche mince, stérilisés et ensemencés, sont exposés pendant tout le développement à un courant d'air atmosphérique purgé de toute trace d'azote combiné. A la fin des opérations qui durent quinze jours, on trouve comme rapport de l'azote gagné à l'azote initial deux tiers environ en milieu solide, 1,04 en milieu liquide. Le sucre est totalement consommé et le rapport de l'azote gagné au sucre initial oscille autour de 1 %. La dose d'hydrate de carbone ne peut guère tomber au-des- sous de 2 9^, car avec 1 % les expérimentateurs n'obtenaient pas une fixation sensible d'azote. Ainsi, quand on rapproche le plus possible les conditions de culture des conditions naturelles, le Bacille des nodosités se développe merveilleusement et remplit sa fonction : la fixation de l'azote libre. Reste une difficulté que l'auteur cherche à mettre au point par une comparaison avec ce qui se passe chez la Betterave : c'est la quantité considérable d'hydrate de carbone qui se- rait nécessaire à la fixation, puisque, d'après l 'expérience, la plante devrait l'année biologique, m. 1897. 23 354 L'ANNEE BIOLOGIQUE. fournir au Bacille 100 gr. d'amidon pour fixer 1 gr. d'azote. — E. Bataillon. Sur l'influence de l'argon sur la végétation. Voir Schlœsing fils (311). 206. Rosenfeld. — Existe-t-il une dégénérescence graisseuse? — L'auteur n'admet pas la formation de la graisse aux dépens de l'albumine du proto- plasma; suivant lui, la graisse animale introduite dans l'économie par l'ali- mentation, se dépose presque sans modification dans le tissu cellulaire et garde les caractères de celle de l'animal dont elle provient. Dans le cas d'em- poisonnement par le phosphore, la soi-disant dégénérescence graisseuse du foie résulterait simplement d'un apport en nature des éléments du tissu adi- peux charriés par le torrent sanguin. — E. Hérouard. 186. Heinricher (E.). — Les hémiparasites verts. — D'une étude sur quel- ques Scrophularinées hémiparasites l'auteur conclut que les graines de ces plantes peuvent germer sans aucun stimulant chimique provenant soit de la plante hospitalière, soit d'une graine voisine, tandis que la formation des suçoirs est déterminée par une excitation chimique émanant d'une substance nutri- tive. Semées très près les unes des autres, les plantes peuvent affecter des rapports de parasitisme mutuel et former des suçoirs; un petit nombre d'entre elles, les plus robustes, peuvent aller jusqu'à former leurs fleurs sans recevoir aucune nourriture de leur hôte habituel. Dans ces conditions, de nombreux individus d'Odontites peuvent se développer, ce qui montre que le parasitisme n'est pas très développé chez ces végétaux. On trouve tous les degrés de parasitisme, mais en tous les cas la plante attachée à un hôte est plus vigoureuse. Les graines d'Odontites et &' Euphrasia peuvent conserver pen- dant au moins trois ans leur pouvoir germinatif, bien que le nombre de graines germant diminue constamment avec le temps. H. fait remarquer que sur plu- sieurs points les observations de Wettstein sont inexactes. — A. J. Ewart. 345. Wettstein (R. v.). — Régime nutritif desEuphr aises. — (Analysé avec le suivant.) 346. Wettstein (R. v.). — Remarques sur le travail de E. Heinricher (186) : Les hémiparasites à chlorophylle. — 1. Adontites, Euphrasia et Or- bantha. — I. Les Euphrasia sont des Rhinanthées qui vivent en parasites, non seulement sur les Graminacées et Cypéracées, leurs hôtes habituels, mais encore sur beaucoup d'autres plantes. Jusqu'à quel point le parasitisme est-il nécessaire? L'auteur montre que Y Euphrasia Rostkoviana peut se développer tout seul ; les exemplaires restent chétifs, mais sont néanmoins capables de produire des fleurs et des fruits. II. Dans sa deuxième note l'auteur montre que ses résultats sont exactement d'accord avec ceux de son contradicteur. — J. Massart. 32. Bokorny (Th.). — Limite de dilution active des substances nutritives chez les Algues et les Champignons. — (Analysé avec le suivant.) 31. Bokorny (Th.). — Sur la nutrition organique des plantes et sa signifi- cation dmis lu nature. — Le mode de nutrition spécial que présentent les plantes vertes est bien digne d'attirer l'attention : aux dépens de matières inor- ganique : acide carbonique, eau, divers nitrates et sels ammoniacaux, elles effectuent la synthèse de substances très complexes, celle des hydrates de car- bone et de l'albumine en particulier. Quelles sont les transformations que subit XIV. — MORPHOLOGIE ET PHYSIOLOGIE GENERALES. 355 l'acide carbonique avant d'être converti en amidon? Quels sont les intermé- diaires qui rattachent ces deux corps ? Ce sont là des questions dont la solution serait du plus grand intérêt. Les matières organiques résultant de la décom- position des animaux et des végétaux sont très répandues dans les eaux et le s\. La plus grande partie est détruite par les Champignons et les Bactéries ; mais n'interviennent-elles pas dans la nutrition des plantes vertes? A côté du mode inorganique de nutrition des végétaux n'existe-t-il pas un mode organique? Longtemps contestée, cette nutrition organique est aujourd'hui admise grâce aux importants travaux de NÀGELi, Loew, Meyer , Laurent et BOKORNY. Ce dernier arrive aux conclusions suivantes. Certaines substances ne se comportent comme aliment vis-à-vis d'un vé- gétal vert qu'en présence de la lumière ; dans tous les cas, l'influence de cet agent est favorable. Les différentes espèces de sucres à constitution stéréo- chimique voisine de celle de l'amidon sont plus facilement assimilées en pré- sence de la lumière. Certaines Algues f Spirogyres, Zygnema, Conferves) nourries de sucre et placées à l'obscurité ne produisent pas d'amidon; cepen- dant la synthèse amylacée a été observée dans les mêmes conditions avec des plants de Pomme de terre. D'ailleurs, le défaut de synthèse amylacée ne permet pas de conclure à l'absence de nutrition, car la première ne s'ef- fectue que lorsqu'il existe un excédent d'hydrates de carbone, excédent qui est plus ou moins rapidement atteint. Les Spirogyres, les Pommes de terre accumulent très facilement des réserves amylacées, tandis que les Liliacées, par exemple, sont parfois gorgées d'hydrates de carbone sans qu'il y ait formation d'amidon : toutes particularités dont il faut tenir compte dans ces recherches. La concentration de la solution nutritive employée est d'une grande importance puisque sa toxicité ou sa non-toxicité en dépend. Rele- vons en passant que certaines substances alibiles sont encore absorbées à un degré de dilution extrême. Les acides libres étant toujours nocifs, il faut préalablement saturer la réaction acide par une base; de même, il faut sa- turer les bases par un acide. A noter que la résistance des organismes aux acides est très variable et que les Champignons sont les plus résistants. La valeur nutritive des acides gras (formique. acétique, etc.) croît à mesure qu'on s'élève dans la série; l'acide formique est antiseptique, l'acide acétique est inerte; au contraire, les acides propionique, butyrique, valérianique, etc., en solution à 0,1 %• neutralisée par la potasse, sont assimilés et donnent de l'amidon. Les acides polybasiques sont bien supérieurs aux acides gras : il semble que la valeur nutritive croisse avec la richesse de l'acide en radicaux oxhydryles (OH). Ainsi, chez des Spirogyres placées sur des solutions d'acides [lactique, succinique, aspartique, tartrique, malique) à 0,1 % neutralisées, solutions privées d'acide carbonique, on constate une abondante formation d'amidon. Les alcools peuvent être assimilés par les plantes vertes à condition qu'ils soient très dilués. A l'inverse des acides, ils sont d'autant plus nutritifs qu'ils sont moins riches en car- bone; l'alcool méthylique à 0,1 % est transformé en amidon, au contraire les alcools isopropylique , butylique, isobutylique, le triméthylcarbinol sont plus ou moins inertes. Les alcools pluriatomiques sont beaucoup plus assi- milables que les alcools monoatomiques correspondants. Par exemple, l'alcool propylique CH3 — CH2 — CH2OH est un poison faible, tandis que l'alcool triatomique correspondant : la glycérine CH2 OH — CHOH — CH2 OH est un excellent aliment qui fournit du carbone. Il paraît que l'introduction du ra- dical oxhydryle entraîne la disparition de la toxicité et la remplace par une propriété nutritive. Ainsi que cela est connu depuis longtemps, les hydrates 356 L'ANNEE BIOLOGIQUE. de carbone sont facilement assimilés par les plantes à chlorophylle. Des frag- ments de feuilles adultes ou de tout autre appareil végétatif de Pomme de terre forment très rapidement de l'amidon dans une solution sucrée, à l'abri de la lumière. Cette expérience fournit une conclusion : la décomposition de la molécule de sucre en acide carbonique et eau suivie de synthèse amylacée est inadmissible, l'assimilation de l'acide carbonique n'ayant pas lieu à l'obscurité. Il est donc probable que la molécule de sucre donne directement de l'amidon. Cette nutrition aux dépens des hydrates de carbone est nor- male, d'ailleurs, chez les végétaux à réserves amylacées. L'amidon n'étant pas transportable sous sa forme figurée, il est d'abord transformé en glucose soluble et c'est sous cette forme qu'il est distribué. Les cellules chargées d'emmagasiner les réserves les reçoivent donc à l'état dissous et c'est ensuite seulement que la glucose repasse à l'état d'amidon ou de cellulose. Les plantes vertes peuvent également se nourrir aux dépens des matières orga- niques azotées (aminés, amides, etc.). Ces matières, qui abondent dans les produits de putréfaction, semblent apporter au végétal le carbone et l'azote tout à la fois. L'éthylamine, la triméthylamine ne sont pas toxiques mais inertes , au contraire l'hydroxylamine est un véritable poison violent, même diluée à 1/100 000. L'asparagine est un excellent aliment; même à l'obscu- rité, elle est transformée en albumine. D'après Bâssler, les plantes de maïs végètent beaucoup mieux lorsqu'on leur offre l'azote sous forme d'asparagine que sous forme de salpêtre. La leucine, la tyrosine, l'urée sont des sources de carbone pour les Spirogyres et vraisemblablement d'azote aussi. Les solu- tions faibles de peptone sont très nutritives. L'auteur ne s'est pas borné à des recherches qualitatives, mais il a encore déterminé les quantités absorbées par un poids donné de substances vertes et l'augmentation en poids sec correspondante. Les expériences faites avec des Spirogyres placées dans des solutions titrées de glycérine ou d'oxymé- thylsulfonate de sodium — sel qui jouit de la propriété de se scinder par hydratation en aldéhyde formique et sulfate acide de sodium, — montrent qu'il y a concordance très sensible entre le poids d'aliment détruit et celui (le réserves formées. Dix grammes de Spirogyres détruisent dans l'espace de dix jours 168 milligrammes de glycérine. Il est probable que la nutrition organique des plantes vertes est plus active à l'état libre que dans des essais de laboratoire où les conditions sont mauvaises. Tels qu'ils sont, ces chiffres suffisent à montrer l'importance de ce mode de nutrition , un simple calcul établissant que 100 kilogr. de plantes vertes peuvent décomposer cent grammes de matière organique par jour; c'est une proportion bien inférieure à celle qu'on trouve pour les Champignons, mais chez ces végétaux c'est là un mode de nutrition exclusif. Il est donc nettement établi que, parallèlement à l'assimilation chlorophyl- lienne, peut coexister un autre mode de nutrition carbonée, ayant pour base l'utilisation de substances organiques venant de l'extérieur. Le premier mode, suffisant et de beaucoup le plus important, peut avantageusement être suppléé par le second. Les végétaux soumis expérimentalement à ce double régime ont plus belle apparence, leurs cellules sont plus riches en amidon. Ce n'est pas seulement le carbone que les matières organiques apportent à la plante, mais encore l'azote, ainsi que le prouve la préférence du Maïs pour l'asparagine lorsque cet élément lui est offert sous la forme nitrate ou aspa- ragine. — L'existence de la nutrition organique était à prévoir, car elle existe normalement même chez les végétaux à chlorophylle, chez lesquels toutes les cellules dépourvues de cette substance sont incapables d'assimiler l'acide carbonique et doivent avoir recours aux matières azotées et aux hydrates de XIV. — MORPHOLOGIE ET PHYSIOLOGIE GÉNÉRALES. 357 carbone solubles, élaborés par le protoplasma vert. L'exubérance de la flore des mares riches en produits de décomposition, la pauvreté de celles des eaux pures démontrent que ce mode est très commun. De diverses expé- riences de Klebs et de Fauteur, il résulte que la nutrition organique peut suppléer totalement la fonction chlorophyllienne. — On saisit l'importance de ces phénomènes pour la destruction des produits putrides du sol ou des eaux, pour l'autopurification des fleuves ; à eux seuls, les champignons et les bactéries seraient incapables d'opérer cette purification d'une façon com- plète. Quels sont les processus intimes du chimisme de la cellule végétale? Bayer admet que l'assimilation du carbone consiste dans une réduction de l'acide carbonique C03H2 en COH2. Il y aurait donc formation de formaldéhyde qui se condenserait ensuite en molécule de glucose, cette réduction et cette con- densation ne pouvant s'effectuer qu'en présence des radiations lumineuses par l'intermédiaire de la chlorophylle. Il est possible de vérifier partielle- ment cette hypothèse. On nourrit des plantes avec de la formaldéhyde ou plutôt des substances génératrices de formaldéhyde, car cette dernière même très diluée est nocive. Aux dépens du méthylal ou de l'oxyméthyl-sulfonate de sodium — (facile- ment décomposables en formaldéhyde) — les végétaux forment de l'amidon. Il est donc admissible que les plantes vertes transforment la formaldéhyde en amidon. On pourrait objecter qu'étant donnés l'activité de la fonction chlorophyl- lienne et le pouvoir oxydant considérable de la cellule vivante, il se pourrait que les substances nutritives soient préalablement oxydées et que par leur conversion en acide carbonique , la nutrition organique des végétaux se ra- mène au processus habituel : assimilation de l'acide carbonique et synthèse amylacée. Il suffit pour réfuter cette objection de considérer les Champi- gnons incapables d'assimiler l'acide carbonique en aucun cas, ils se nourris- sent exclusivement de substances organiques; d'autre part, à partir du sucre ou de la glycérine, la synthèse amylacée s'observe chez certains végétaux à l'obscurité et les rayons lumineux sont nécessaires pour que la fonction chlo- rophyllienne s'effectue. L'acide carbonique n'intervient donc pas comme in- termédiaire dans la nutrition organique. Comment des composés si différents donnent-ils naissance aux mêmes produits finaux : amidon et albumine? La question ainsi posée se ramène à celle de la nutrition des Champignons. Loew, Nageli ont émis à ce sujet des théories différentes mais qui concordent en ce sens que toutes deux admettent la formation préalable d'un radical élémentaire, duquel dériveraient les mul- tiples composés de l'activité végétale : amidon et albumine en première ligne. Pour Loew, ce radical élémentaire serait CHOH, qui n'est autre que la formaldéhyde. Pour Nageli ce serait un radical à deux ou trois atomes de carbone. L'hypothèse de Loew, étant la plus simple, peut être prise pour base des études sur les processus chimiques de l'assimilation. Aux dépens de toutes les substances organiques sources de carbone, comme à partir de l'acide car- bonique C03H2, le radical CHOH serait d'abord élaboré par décomposition , oxydation ou réduction; ensuite par combinaison avec l'ammoniaque, il don- nerait l'albumine ou par condensation simple les hydrates de carbone. Peut- être l'albumine est-elle élaborée d'abord? Les hydrates de carbone en dérive- raient ensuite. [C'est là une question posée qui attend que de nouvelles investigations viennent la résoudre. Il serait intéressant que la dernière hypothèse — for- L'ANNEE BIOLOGIQUE. mation d'amidon à partir de l'albumine — soit vérifiée: ce serait une ho- mologie de pins entre le règne végétal et le règne animal, chez lequel la -lvcogénèse a lieu fréquemment, sinon toujours, aux dépens de substances protéiques. Mais on sait déjà, à la suite des travaux de Bei.zmnv., que durant la germination de la graine les réserves albuminoïdes forment de l'amidon d'o- rigine essentiellement protéique et sans rapport avec la fonction chlorophyl- lienne et qu'il en est de même chez certains Champignons]. — L. Terre. 30. Bokorny (Th.). — Nutrition des Bactéries par divers composés orga- niques. — L'auteur, complétant par des expériences faites à l'aide de nouvelles substances organiques les données fournies par Nàgeli et par Lœw sur la valeur nutritive des composés organiques pour les Bactéries, arrive aux mêmes conclusions que ces derniers. Pour être assimilées parles Bactéries, les subs- tances organiques doivent contenir le radical CH2 ou CH. Et dans ce dernier cas. il faut peut-être qu'il y ait union immédiate de plusieurs des atomes de C en rapport avec H. Les substances le plus facilement assimilées sont celles qui contiennent déjà un groupement atomique entrant dans la constitution du corps à former. Plus la molécule se scinde facilement, plus l'assimilation est aisée. A cause de la stabilité de leur molécule, les corps de la série aro- matique sont peu assimilables. Mais une trop grande instabilité donne au corps des propriétés toxiques. — G. Bullot. Sur le même sujet voir Bokorny (29). 215. Laborde (J.). — Recherches physiologiques sur une moisissure nou- velle (Eurotiopsis Gayoni). — Eurotiopsis Gayoni est un Ascomycète (genre nouveau) récemment décrit par Costantin et dont Laborde étudie les phéno- mènes de nutrition. I. Les cultures sur liquide Raulin légèrement modifié donnent un rende- ment voisin de celui d'Aspergillus niger. Ce rendement varie du reste avec la forme de l'aliment azoté ou hydrocarboné. L'azote peut être servi à la plante sous la forme inorganique ou sous la forme organique. Les meilleurs résultats ont été obtenus pour l'une et l'autre catégorie avec le nitrate d'am- moniaque d'une part, l'eau de levure d'autre part. Quant aux modifications introduites dans l'aliment hydrocarboné, l'auteur pose en principe que le poids de plante formé est d'autant plus élevé que la combustion complète à poids égal exige plus d'oxygène. Les rendements les plus considérables sont obtenus avec les sucres directement assimilables, les plus inférieurs étant le lactose, le galactose; viennent ensuite : alcool, sucres indirectement assimilables, acides organiques, amidon, dextrine, glycérine. Un point qui doit être relevé dans cette étude de l'aliment parce qu'il est établi pour la première fois avec certitude, c'est le dédoublement préalable du lactose en glucose et galactose par unediastase qui le rend ainsi assimilable. II. Ces divers mo4es d'alimentation impliquent une fonction diastasique complexe, production d'amylase, lactase, tréhalase, etc.. On retrouve en effet ces diverses substances à la fin du développement dans les liquides de culture et dans les cellules de la moisissure. Pour un aliment donné comme la mannite, la production d'amylase varie avec l'état de la culture. Le maximum apparaît quelque temps après l'épuisement de la mannite, avec la destruction des réserves sous l'influence de l'inanition. Une étude spéciale de l'action diastasique sur l'amidon et le maltose amène Laborde à recon- naître dans sa moisissure un ferment différent de l'amylase de malt, trans- formant l'empois d'amidon en dextrine et en glucose sans l'intermédiaire du XIV. — MORPHOLOGIE ET PHYSIOLOGIE GENERALES. 37>9 maltose. Cette amylomaltase se retrouverait sous des types un peu différents dans les cultures d'Aspergillus niger et de Penicilium glaucum. III. Malgré les propriétés diastasiques de son liquide cellulaire et de son protoplasma, Eurotiopsis emmagasine des réserves qui sont attaquées seu- lement quand le milieu s'épuise. Ces réserves seraient représentées par du glycogène comme pour la levure de bière (Errera et Laurent). Enfin dans un milieu spécial, on a constaté après un an et demi des altérations cellu- laires curieuses rappelant la dégénérescence grasse signalée par Duclat'x pour la levure : la matière grasse représentait jusqu'à 29.8 °/0 du poids de la moisissure sèche. IV. Mais le fait biologique le plus remarquable, c'est l'action d' Eurotiopsis sur les sucres fermentescibles. Soustrait à l'action de l'oxygène libre, il ne donne pas comme Aspergillus niger de l'acide oxalique comme produit in- térimaire de combustion, mais il détermine la fermentation alcoolique. Tou- tefois, le phénomène ne saurait se produire avec un manque d'air aussi complet que pour les levures. La fermentation est plus ou moins active suivant qu'on emploie le lévu- lose, le glucose, le galactose, etc., et avec des variations de quantité, ses pro- duits sont identiques à ceux indiqués par Pasteur pour la levure de bière : alcool, acide carbonique, glycérine, acide succinique. Eurotiopsis occuperait donc, au point de vue physiologique, une position intermédiaire entre les moisissures qui sont de purs agents de combustion et les levures, dont le rôle principal est la fermentation alcoolique du sucre. — E. Bataillon. 106. Dassonville. — Influence des sels minéraux sur la forme et la struc- ture des végétaux. — « Pour comparer les gaz entre eux au point de vue de leur densité, ne doit-on pas les prendre tous à 0° et a 760mm? — De même les recherches anatomiques devraient porter sur des plantes ayant vécu dans le même milieu, mêmes conditions de lumière, chaleur, etc. L'expérimentation est donc nécessaire si l'on veut obtenir toute l'exactitude dont Tanatomie a besoin pour les comparaisons et les classifications. ». Cette conclusion, qui termine le mémoire de Dassonville, en dégage exac- tement l'esprit. Frappé de la complexité des phénomènes biologiques et de la somme de travail qu'exige l'étude des êtres vivants pour fournir des résultats souvent provisoires, souvent incertains, l'auteur songea envisager les végétaux comme de simples réactifs chimiques. C'est un mérite de proposer un moyen de simplifier leur étude et d'en tirer rapidement des conclusions positives ; mais c'est en même temps une faute de réduire un vaste problème à une seule desesdonnéesetdetirerdesconclusions d'ensemble d'une étudetrès restreinte. Assurément c l'anatomie des végétaux de la flore naturelle peut être très différente chez une même espèce, même dans des contrées très rapprochées, puisque le sol dans lequel croissent ces végétaux peut être riche en chaux en silice, en magnésie, en potasse, etc., ou, au contraire, être presque com- plètement dépourvu de ces éléments ». Mais la géographie botanique nous enseigne que les plantes dont la struc- ture est particulièrement sensible à l'un de ces éléments ne prospèrent pas en dehors des stations qui le contiennent en proportion convenable. Nous connaissons des plantes calcicoles , des plantes calcifuges ; la flore de la do- lomie n'est pas celle des roches siliceuses. Que si l'une de ces espèces s'égare dans un terrain défavorable, elle n'y donnera pas la mesure de sa puissance végétative, si même elle ne succombe pas de bonne heure à la concurrence des mieux adaptées. L'histoire naturelle étudie les êtres dans 360 L'ANNEE BIOLOGIQUE. leurs stations naturelles; elle prend pour types ceux qui sont bien venus et leur subordonne les formes malingres, avortées ou dégénérées. Soumettre toutes les plantes à un même régime, surtout à un régime arti- ficiel qui convient mal aux plus accommodantes, ce n'est pas un moyen d'avancer la marche générale de l'histoire naturelle et de la taxinomie. Mais ce procédé a son intérêt, car il nous montre dans quelle mesure chaque espèce peut modifier ses caractères habituels dans une direction donnée sous des influences déterminées. Nous n'avons pas à indiquer le parti que la pratique agricole tirera des expériences de Dassonville. Nous n'insisterons pas davantage sur les modifi- cations histologiques provoquées par les agents insolites. Ce sujet est à peine effleuré, car, dans les cellules, l'auteur n'envisage que les membranes et, s'il se hasarde à parler du contenu, c'est pour confondre les laticifères avec les canaux sécréteurs ou pour disserter sur la composition des mâcles cris- tallines, comme si leur nature était inconnue et impossible à préciser par des méthodes rigoureuses. Le mémoire de Dassonville abonde en renseignements touchant la phy- siologie de la nutrition. Diverses plantes ont poussé sur l'eau distillée; elles ont donc emprunté tous leurs aliments à l'atmosphère et aux réserves de la graine. Quelques analyses de cendres n'étaient pas superflues pour nous assurer qu'elles ne s'étaient pas procuré l'azote, le soufre, le phosphore, etc. que l'expérimentateur n'avait pas mis dans le sol. Les cultures dans l'eau étaient petites, les racines étaient réduites à des moignons; la plante, élabo- rant plus d'hydrates de carbone que de protoplasme, était vouée à une sclé- rose prématurée. Les qualités physiques du support ne sont pas prises en considération. Notons seulement que le Seigle semé sur de la pierre ponce arrosée d'eau distillée a présenté des racines normales, aux dimensions près, tandis que toutes les autres plantes, semées sur l'eau, avaient des racines avortées. L'au- teur ne s'est pas plus préoccupé des lois des mélanges, des conséquences de l'ionisation, qui ont si profondément modifié la conception de l'action des sels sur les végétaux. Nous pensons donc que les conclusions biologiques de ce travail ne sont pas définitives. Cela n'empêche pas le mémoire de Dassonville d'être riche en documents qui méritent d'être consultés, mais qui ne se prêtent ni à un résumé ni aune analyse. — P. Vdillemin. 190. Herbst (Curt.). — Substances (inorganiques nécessaires au développe- ment. — Les recherches de Raulin, N.kgeli et autres nous ont fait connaître les matières inorganiques nécessaires à la croissance des plantes. Ce travail de H. nous fournit des renseignements similaires pour les animaux infé- rieurs. C'est sur les embryons d'Oursin qu'ont porté ces études. Ces embryons furent placés dans diverses solutions isotoniques à l'eau de mer, mais privées de phosphore, de soufre, de chlore, de potassium, de magnésium, de calcium ou de fer. — 1° Phosphore. L'absence de phosphore est un obstacle presque absolu au développement qui ne dépasse pas le stade à 8 et à 1G cellules. Si l'on vient à ajouter PO4 11 Ca, la segmentation reprend et le développement continue normalement. L'absence du phosphore a moins d'action sur la division nucléaire que sur celle de la cellule, car dans ces blastomères qui cessent de se diviser on trouve plusieurs noyaux. Les blastulas normales placées dans une solution dépourvue de phosphore meurent bientôt. Pour les embryons ftAstcrias le résultat est semblable; les œufs d'Ascidies peuvent subir toute leur segmentation en l'absence du phosphore, mais l'organogé- XIV. — MORPHOLOGIE ET PHYSIOLOGIE GENERALES. 361 nèse est empêchée. Cela indique que l'œuf d'Ascidie contient une certaine quantité de phosphore. Les œufs de Poissons dont le vitellus contient une forte proportion de phosphore peuvent former leur embryon dans une eau dépour- vue de cet élément. Dans une eau sans phosphore les larves d'Astérie, d'Acalè- phes et les Polyclades adultes meurent ou subissent des malformations tandis que Tubularia peut même fournir aux frais d'une régénération. — 2° Soufre. En l'absence de soufre, les œufs d'Echinides se divisent mais ne dépassent pas le stade gastrula (fig. 38). Au 5e jour les larves commencent à dégénérer sans avoir fait de nouveaux progrès. De jeunes gastrulas placés dans la solu- tion sans soufre ne peuvent former leur tube digestif. Les embryons d'Astérie meurent de même rapidement en l'absence de soufre ; ce corps est essentiel o S dcgs Nu S S days Fig. 38. Influence du soufre sur le développement de l'Oursin. Larves de trois jours, a, l'eau ne contient pas de soufre, b, eau de mer normale (d'après Herbst). à leur vie et à leur développement. — 3" Chlore. Dans une eau privée de chlore les embryons d'Oursin ne dépassent pas le stade à 2-12 cellules. Leur développement se poursuit de plus en plus loin à mesure qu'on ajoute au liquide de petites quantités d'un chlorure. Le chlore semble protéger l'embryon contre la désagrégation. Cet élément est nécessaire non seulement à l'œuf d'Oursin pour atteindre le stade Pluteus. mais au Pluteus pour vivre. — 4° So- dium. Le sodium est également essentiel : les œufs d'Oursin se développent plus longtemps en présence du sodium que lorsque ce corps est absent ou en quantité trop faible. — 5° Potassium, Magnésium, Calcium. En l'absence de potassium les œufs d'Oursin ne dépassent pas les premiers stades de la seg- mentation. L'absence du magnésium laisse le tube digestif se former et se divi- ser, mais les spicules restent rudimentaires ou sont anormaux. Les larves déjà formées vivent plus longtemps dans la solution magnésienne que sans ce sel. Le calcium sous la forme de carbonate est nécessaire à la formation du sque- lette. Son sulfate et divers autres sels solubles sont également nécessaires. — 8° Fer. Il est difficile de constituer une solution dépourvue de fer, car tous les 362 L'ANNEE BIOLOGIQUE. autres produits en contiennent toujours des traces. L'auteur a employé des sels très purs (Merck). Dans les solutions normales, au bout de 4 jours les larves étaient bien vivantes, avaient un intestin divisé en trois segments et les bras typiques du pluteus. Dans la solution sans fer, au bout du même temps la plupart des embryons étaient encore au stade blastula, les quelques gastrulas présentaient de fortes anomalies de la forme générale et du tube digestif. [En comparant avec les plantes, on voit que les animaux réclament deux substances de plus que les végétaux : le chlore et le sodium. Ces élé- ments sont nécessaires à leur croissance et à la formation de leurs organes]. — C. B. Davenport. 41. Bouilhac (Raoul). — Sur la culture du Nostoc punctiforme en présence du glucose. — Le Nostoc punctiforme produit de la matière organique à laide de l'acide carbonique de l'air et de l'azote libre, lorsqu'il est ensemencé dans une solution nutritive additionnée de Microbes fixateurs d'azote, mais à la condition d'être régulièrement éclairé. Il n'en produit plus s'il est privé de radiations lumineuses suffisamment intenses. Avec une lumière insuffisante, il peut encore végéter s'il trouve dans la solution minérale une certaine quantité de glucose (pas plus de 1 °/0). Enfin, soustrait complètement à l'influence des radiations lumineuses, il fabrique encore de la chlorophylle. — G. Bertrand. (J5. Curtius et Reinke. — Assimilation de V acide carbonique. — Le pre- mier produit de l'assimilation de CO'2 dans les cellules chlorophylliennes est une substance réductrice volatile du groupe des aldéhydes dont la formule serait C7 H11 OC HO ou parfois C7 H9 0 CHO. Les auteurs donnent des détails sur les propriétés de cette substance chimique. [Mais à notre avis rien ne prouve que le premier produit de l'assimilation soit une aldéhyde]. — A. J. Ewart. 164. Godlewski (E.). — Sur la formation des matières albuminoïdes au moyen des nitrates dans les plantes. [I b] — Les opinions sont partagées sur la question de l'assimilation des nitrates par les plantes. Les uns pensent que la lumière n'est pas indispensable à l'élaboration de l'albumine; pour d'au- tres cette élaboration est intimement liée à l'action chlorophyllienne ; c'est ainsi que Sachs et Hansteen admettent que les matières azotées organiques prennent naissance surtout dans les feuilles. Hornberger et Emmerling ar- rivent à la même conclusion à la suite d'un grand nombre d'analyses. Schimper a observé qu'on trouve des nitrates en grande quantité dans les feuilles. Si on expose ces plantes à la lumière, les nitrates disparaissent ra- pidement. Si on les maintient à l'ombre , ils ne diminuent pas. Le même auteur a montré également que, chez les végétaux à feuilles panachées, les nitrates ne disparaissent à la lumière que dans les parties vertes de la feuille et pas dans les panachures, ce qui semblerait indiquer que la présence de la chlorophylle est nécessaire à la transformation. (Schimper reconnaissait la présence de la chlorophylle au moyen de la réaction de la diphénylamine. ) I es recherches de Schimper, pour très intéressantes qu'elles soient, ne sont pas absolument décisives et laissent plusieurs points obscurs. L'auteur s'est efforcé de combler ces lacunes. Il s'est adressé à une plante de composition connue, pauvre en substances protéiques et riche en hydrates de carbone, et l'a cultivée partie à la lumière, partie à l'ombre, dans une dissolution de nitrates. On analysait ensuite les plantes afin de savoir si la quantité des composés azotés protéiques et non protéiques avait augmenté ou non. Dans XIV. — MORPHOLOGIE ET PHYSIOLOGIE GÉNÉRALES. 363 ces expériences , on s'est adressé au Froment en germination. Des grains de composition bien connue par une analyse préalable, étaient placés dans un germoir. On leur donnait d'abord de l'eau distillée, puis des solutions nutri- tives azotées ou non. Les grains étaient recouverts d'une cloche et l'air qui entrait ou sortait passait sur de la potasse, pour se débarrasser de gaz carbo- nique. On faisait certaines expériences à l'ombre, d'autres à la lumière. On cultivait les embryons environ trois semaines . délai nécessaire à l'absorption des réserves, et au bout de ce temps on les analysait et on déterminait la perte ou l'augmentation de poids après dessiccation, ainsi que la teneur en azote sous ses diverses formes. Tous les essais étant faits en se mettant à l'abri de l'assimilation du gaz carbonique, et l'embryon vivant sur ses réserves, il est clair que le poids de la plante , après les trois semaines de culture, doit être plus faible que celui des semences: de plus, les résultats obtenus ont montré que la diminution de poids est plus forte pour les plantes élevées à la lumière que pour les plantes élevées à l'ombre. Cela tient à ce que la perte de poids par respira- tion est plus grande dans le premier cas que dans le second et que l'augmen- tation de poids dû à l'absorption des solutions nutritives ne suffit pas à cou- vrir cette perte. Il faut ajouter que, pour les plantes élevées dans les solutions de nitrates, on trouve une certaine quantité de ces nitrates non transformée, quantité qui nécessite une correction lorsqu'on détermine l'azote fixé. L'examen comparé des résultats des essais montre tout d'abord que, seules, les plantes qui ont respiré ont formé des substances protéiques. Les plantes élevées dans les solutions de nitrates les absorbent en grande quantité et la concentration de leurs sucs est beaucoup plus grande que celle des so- lutions primitives. Ces nitrates, bien que l'on ait exclu complètement l'assi- milation de l'acide carbonique, sont transformés par le végétal en d'autres composés azotés et cette transformation peut s'effectuer à l'ombre, bien qu'elle soit beaucoup plus énergique à la lumière. L'étude attentive de la formation et de la nature de ces composés azotés conduit aux résultats sui- vants: les plantes élevées à la lumière et dans une solution nutritive azotée, fabriquent beaucoup de substances protéiques aux dépens des nitrates et des réserves non azotées. Cette formation n'est pas liée à l'assimilation de l'acide carbonique, puisqu'on a écarté ce dernier. Au contraire, les plantes cultivées à l'ombre dans une solution contenant des nitrates ne forment que peu ou pas de matières protéiques, et on en retrouve moins que dans les semences, car une partie a été consommée pour l'entretien de la vie de l'embryon. La quantité consommée ainsi est cependant moindre dans ce cas que dans celui des plantes que l'on a mises à végéter dans des solutions dépourvues d'azote, ce qui est dû probablement à ce qu'à l'obscurité , s'il ne se forme pas de protéines, il se fait des amides qui diminuent la destruction des albumines, fait observé plusieurs fois chez les animaux et chez les végétaux. En effet, on trouve dans les plantules auxquelles on a fourni des nitrates , aussi bien chez celles qui ont été élevées à la lumière que chez celles qui ont poussé à l'obscurité, des quantités importantes de corps azotés non protéiques. Ces composés, probablement des amides, sont un des termes de la formation des albuminoïdes, qui peut être atteint en l'absence de lumière. Dès lors, dans la formation des protéines par les plantes, il y aurait deux phases, 1° formation d'amides pouvant s'effectuer à l'ombre, 2° transformation des amides en matières albuminoïdes, nécessitant l'intervention de la lumière. Ces conclu- sions semblent n'être pas d'accord avec les expériences de Hansteen sur Lemna minor (Ann. biol., II, 383 et Hansteen (183). On pourrait peut-être expliquer cette discordance apparente entre les expériences de Hansteen et 364 L'ANNEE BIOLOGIQUE. celles de Godlewski en admettant que dans les embryons de Blé étiolé, il ne se trouve pas d'hydrate do carbone propre à transformer en albumine les amides formés au moyen des nitrates absorbés, ou bien que ces amides ne sont pas de nature à pouvoir se transformera l'ombre. [Ajoutons que d'après llansteen, les nitrates sont incapables de former de l'albumine en présence des hydrates de carbone à l'obscurité. Seuls les sels ammoniacaux se mon- trent actifs]. — La nature de ces substances non protéiques devra être dé- terminée par de nouvelles recherches. L'auteur rapproche ses propres re- cherches de celles de Laurent, Marchai, et Garpiaux (voir Ann. biol., II, 377) qui ont conduit ces deux savants à des conclusions presque identiques aux siennes. En résumé : les embryons de Froment élevés dans une solution nutritive contenant des nitrates, absorbent ces nitrates à la lumière comme à l'om- bre. La formation des matières albuminoïdes au moyen des nitrates n'est pas sous la dépendance immédiate du processus d'assimilation du gaz car- bonique. Cette formation, dans les conditions ordinaires, est impossible sans l'intervention de la lumière. Enfin, les matières protéiques ne se forment pas immédiatement à partir des nitrates. Il se forme d'abord des matières non protéiques qui se transforment ultérieurement en substances protéi- ques; ces matières azotées non protéiques peuvent se former à l'ombre, leur transformation ultérieure nécessitant seule l'intervention de la lumière. — Marcel Delage. 183. Hansteen (B.). — Contribution à la connaissance delà formation des albuminoïdes et conditions de réalisation de ce processus dans les plantes pha- nérogames. — D'après Pfeffer, l'asparagine serait un produit de dédouble- ment des albumines des cotylédons des Légumineuses. Ce corps, montant dans les organes en développement, régénérerait l'albumine par combinaison avec les hydrates de carbone élaborés par les parties vertes de la plante. Schtjlze est d'un avis diamétralement opposé. D'après lui, la présence con- stante et simultanée dans tous les organes de la plante d'asparagine et d'hy- drates de carbone serait la preuve que cette présence est sans importance. Borodin chercha à lever cette objection en admettant que le glucose seul peut servir à régénérer l'albumine aux dépens de l'asparagine. Suivant Oscar MÙller, la combinaison de l'asparagine ne pourrait avoir lieu qu'avec les hydrates de carbone à l'état naissant, autrement dit, elle ne pourrait se faire que dans les parties vertes de la plante et sous l'influence de la lumière so- laire. Déjà Kinoshita a démontré l'inexactitude de cette proposition, car il a réussi à faire fabriquer de l'albumine à des plantules étiolées de haricots ri- ches en asparagine et privés de leurs cotylédons pour empêcher tout apport d'amidon, en les plaçant à l'ombre dans une solution d'alcool méthylique et de glycérine. L'autour a entrepris une série d'expériences pour trancher le différend entre Pfeffer et Schulze, et ses résultats non seulement donnent raison au premier, mais encore élargissent et précisent singulièrement la question. Afin d'éviter les désordres que pourrait apporter l'absorption de solutions organiques à des plantes dont les racines plongent normalement dans la terre et ne sont en contact qu'avec des substances inorganiques, il s'est servi d'une plante verte aquatique, Lemna minor qui, en raison de sa petitesse, peut se cultiver in vitro dans des conditions de stérilisation parfaite. Les Lemna, choisis aussi semblables que possible et tenus 3 à 4 jours à l'obscu- rité pour les débarrasser de leur amidon, étaient cultivés dans des verres cylindriques hauts de 10 centimètres et larges de 3 centimètres; toutes les XIV. - MORPHOLOGIE ET PHYSIOLOGIE GÉNÉRALES. 365 cultures étaient placées à l'obscurité. Le liquide employé était de l'eau de source très pure, mais très riche en substances inorganiques, dans laquelle on dissolvait les substances que l'on désirait expérimenter, prises chimique- ment pures. On opérait en général à une température de 20 °. Au bout de 24 à 48 heures, les plants de Lemna placés dans une solution relativement faible de glucose et de sucre de canne, se chargent de quantités énormes d'amidon, preuve que ces substances sont absorbées. Dans une solution con- tenant seulement de l'asparagine, les plantes absorbent de telles quantités de cette substance, qu'on peut la déceler microchimiquement dans les cel- lules. Enfin lorsqu'on vient à placer des Lemna dans une solution contenant à la fois du glucose et de l'asparagine, on observe qu'il ne se forme presque plus d'amidon, mais qu'en revanche il se fait de grandes quantités d'albu- mine. Lorsque la solution contient poids égaux de glucose et d'asparagine, il ne se fait plus que des traces d'amidon. L'examen des cellules permet d'y constater toujours la présence du glucose, mais il n'y a jamais que très peu d'asparagine, celle-ci étant employée au fur et à mesure de son arrivée. Il est donc bien prouvé que les vues de Pfeffer étaient exactes, et que l'aspara- gine en s'unissant au glucose peut régénérer l'albumine, et cela à l'ombre. — Si on remplace le glucose par le sucre de canne en présence de l'aspara- gine, on constate que les deux corps sont absorbés, mais qu'il ne se forme pas du tout d'albumine. Le sucre de canne se transforme en amidon et l'aspara- gine se retrouve en nature dans les cellules (on sait qu'on trouve associés l'as- paragine et le sucre de canne dans les jeunes plantulesde pommes de terre. — L'urée s'est montrée très propre, plus encore que l'asparagine, à la régénéra- tion de l'albumine, et cela aussi bien avec le glucose qu'avec le sucre de canne. Les autres amides ou acides amidés se comportent de diverses façons ; ainsi, le glycocolle ou acide amido-acétique n'agit pas en présence de glucose et agit avec le sucre de canne. L'acide aspartique et la tyrosine se sont mon- trés nuisibles à Lemna, même aux plus faibles concentrations. La leucine, la créatine, l'alanine sont absorbées , mais ne donnent pas trace d'albumine. Les sels ammoniacaux (sulfate et chlorhydrate) se sont montrés aussi ca- pables de former de l'albumine avec les sucres, que l'urée ou l'asparagine elles-mêmes. [Il est à peine nécessaire de faire ressortir l'importance capitale de ce fait au point de vue de la question de la nutrition et de l'assimilation des plantes élevées en organisation]. Les nitrates ne peuvent nullement rem- placer les sels ammoniacaux. Les mêmes expériences peuvent être répétées avec des plantes bourrées d'amidon par un passage préalable dans une solu- tion sucrée et placées ensuite dans des solutions ne contenant que des subs- tances amidées ou des sels ammoniacaux. L'albumine se forme alors aux dé- pens de l'amidon accumulé. On a par là un moyen d'apprécier la vitesse de formation de l'albumine avec les divers corps azotés, en étudiant la vitesse avec laquelle l'amidon disparaît. — Les corps qui se sont montrés les plus favorables à la production de l'albumine sont l'urée, le chlorhydrate d'am- moniaque et le sulfate d'ammoniaque en présence du glucose. Comme tous ces essais ont été faits à l'obscurité, on voit que la lumière a une action, sinon nulle, du moins très limitée sur la formation de l'albumine, contrairement à ce que pensait Miller. — L'auteur a enfin avec la. même Lemna, Vicia faba, Pisum sativum, étudié le rôle des chlorures alcalins (KC1 et NaCl) sur la formation de l'albumine. On a remarqué depuis longtemps que NaCl agit différemment sur les di- verses plantes, et que son action se traduit en général par des irrégularités (retard de croissance, formation de tissus anormaux, changement dans les quantités d'amidon formées, etc.). La nature et la cause de cette action ne 366 L'ANNEE BIOLOGIQUE. sont pas connues, mais les essais ont montré que ces chlorures alcalins in- fluencent la formation des albumines par les amides et les hydrates de car- bone, ce qui engendre des irrégularités. Cette action pourrait être favorable à la production d'albumine et par suite défavorable à la formation d'ami- don, ou au contraire défavorable à l'albumine et favorable à l'amidon. En fait, c'est cette dernière hypothèse qui se réalise chez Lemna minor et Vicia faba. A 0.4 % de NaCl pour Lemna, le sucre de canne apporté du dehors ou bien l'amidon des cellules sont tellement défendus contre l'action de l'asparagine et de l'urée, qu'il ne se fait plus du tout d'albumine. Avec "21,7) o/0 KG pour Vicia faba, on retrouve le glucose et l'asparagine dans les cellules de la plante. Ajoutons que certaines plantes élevées en organisa- tion et qui prennent jusqu'à 0,075 % NaCl dans leur nourriture normale se sont montrées insensibles aux chlorures. Bien plus, ceux-ci semblent jouer, dans ce cas, le rôle de régulateur de la formation d'albumine. — Marcel De- LAGE. 313. Schulze (E.). — Transformation des matières albuminoïdes dans 1rs [liantes. — Dans ce mémoire sont exposées de nouvelles recherches sur les ma- tières albuminoïdes des plantes et sur leurs produits de destruction. Mais les résultats anciennement obtenus y sont également rappelés et juxtaposés avec les nouveaux, de sorte que l'auteur nous présente une sorte d'état de la ques- tion au moment actuel. — L'asparagine a été découverte chez les végétaux par Pfeffer. Quelques années plus tard, Gorup-Bézanez a trouvé la leucine. Les recherches de Schulze ont fait connaître quatre nouvelles substances azotées, la glutamine, la phénylalanine ou acide phénylamidopropionique-a, l'arginine et la vernine. Dans les plantes à vie très active, il a pu déceler la présence de quatre autres bases ou acides amidés, la tyrosine, l'acide ami- dovalérianique, l'allantoïne et la guanidine. Les recherches à la fois qualita- tives et quantitatives de l'auteur ont eu pour objet de savoir si les substances azotées cristallisées dont il vient d'être parlé sont ou non des produits pri- maires de destruction des albuminoïdes dans la plante et ce que deviennent ces substances après leur élaboration. On verra que les résultats qu'il a ob- tenus, comparés aux conclusions d'autres savants, en particulier de Hansteen, ont permis de pénétrer plus avant dans cette branche de la physiologie vé- gétale. — Schulze s'est aussi préoccupé de ce que devient le soufre lorsque les matières albuminoïdes se détruisent. Il a vu que, pendant la germination, il y a une augmentation considérable de la teneur en sulfates. Le soufre des albuminoïdes, séparé d'abord à l'état de groupe sulfuré, est ensuite peu à peu oxydé et s'élimine à l'état de sulfates. La première question qui se pose est de savoir si les matières azotées cris- tallisables trouvées dans les plantes sont ou non des produits de destruction primaire des albuminoïdes. Il semble que Ton doive répondre par l'affirma- tive en ce qui concerne la tyrosine, la phénylalanine, la leucine, l'arginine et l'acide amidovalérianique. Ces produits se retrouvent en effet dans le mélange qui résulte de l'hydrolyse des matières protéiques. Mais l'asparagine et la glutamine n'ont jamais été obtenues ainsi et on verra par ce qui suit qu'elles semblent bien être le produit d'une synthèse secondaire. On ne rencontre jamais dans le mélange indiqué plus haut, que leurs produits de destruction immédiats, l'ammoniaque et l'acide aspartique ou l'acide glutamique. Au reste le processus de destruction vital semble être le même que le processus chimique d donne probablement les mêmes produits. — L'auteur a étudié les plantes les plus diverses à différents stades de croissance, mais princi- palement au moment de la germination. lia toujours identifié les bases après XIV. — MORPHOLOGIE ET PHYSIOLOGIE GÉNÉRALES. 367 séparation en nature, lorsque cela était possible. Un très bon moyen de puri- fication consiste à les précipiter par le nitrate de mercure. Les réactions mi- crochimiques se sont toujours montrées d'une application restreinte et peu certaine. Pour les recherches quantitatives, on dosait l'azote. Les graines non germées ne contiennent guère que des substances pro- téiques. Pendant la germination, il y a destruction et formation de substances azotées cristallisables, surtout à l'ombre. D'ailleurs, entre les plantes étiolées et les plantes normales, des différences existent, il est vrai, mais elles ne sont pas essentielles. Parmi ces bases azotées l'asparagine est la plus ré- pandue et la plus abondante. Sa teneur atteint 28 % chez certaines Légumi- neuses. Chez d'autres plantes elle existe à côté de la glutamine, chez d'autres encore on ne trouve que cette dernière, mais il n'y en a jamais plus de 2 1/2%:; Chez Abies pectinata et A. excelsa, ces deux bases sont remplacées par l'arginine qui se rencontre encore chez quelques autres espèces végétales. On a enfin trouvé de petites quantités de tyrosine, de phénylalanine, de leucine et d"acide amidovalérianique. Les produits de décomposition des albumines dans les plantes varient beaucoup, qualitativement et quantitativement, quand on passe d'une espèce à une autre. Deux hypothèses peuvent être proposées pour expliquer ces diffé- rences. Ou bien le mode de décomposition des albumines varie essentielle- ment d'une plante à l'autre, ou bien le mode de destruction est constant, mais des décompositions et des synthèses partielles ultérieures modifient profon- dément la composition du mélange provenant de la décomposition primaire. L'étude attentive des faits démontre que seule cette dernière hypothèse est la vraie. Par exemple, dans les cotylédons de 6 jours chez Lupinus luteus étiolé, il n'y a presque exclusivement que delà leucine; au bout de 8 jours, il s'y trouve un mélange de leucine et de tyrosine avec un peu de phénylalanine ; enfin, dans les plantules de 2 à 3 semaines il ne reste plus que de la phény- lalanine avec des traces d'acide amidovalérianique. Lupinus angustifolius et Ricinus communis fournissent des résultats analogues. De plus, les di- verses parties de la plante renferment des produits différents et des quantités variables de la même substance. On a vu que l'asparagine et la glutamine ne se forment pas dans l'hydrolyse directe de l'albumine. Or, elles sont très répandues dans les plantes. Comment expliquer ce fait? L'hypothèse la plus vraisemblable et qui d'ailleurs est confirmée par l'expérience, consiste à ad- mettre que les produits primaires de destruction subissent une décomposition plus avancée encore et que les restes azotés (peut-être l'ammoniaque), mis ainsi en liberté, servent à reconstituer de l'asparagine et de la glutamine dont l'accumulation serait ainsi expliquée et qui prendraient naissance, au moins en grande partie, par une synthèse partielle secondaire. Les expériences en- treprises sur Lupinus angustifolius, L. luteus. Ricinus communis, ont nette- ment démontré cette formation d'asparagine ou de glutamine aux dépens des autres substances azotées non protéiques et non peptoniques. Pour ce qui est de la manière dont ces bases se forment et quels sont exac- tement les corps qui peuvent leur donner naissance, la question est loin d'être entièrement résolue. Les recherches deKixosniTA {Bulletin of impérial University Collège of agriculture, Tokio, IL 409, 1897) et de Stjzuri ont ce- pendant montré que l'asparagine pouvait se former aux dépens d'ammo- niaque et de substances non azotées. Or, la destruction des bases et des acides amidés de la plante aboutit certainement à la formation d'ammoniaque. La présence de sels ammoniacaux a d'ailleurs été constatée chez les végétaux. Maintenant, de quelle utilité est pour la plante la transformation de cer- taines substances azotées en d'autres du même genre, notamment en aspara- 368 L'ANNEE BIOLOGIQUE. gine et glutamine? Les récentes recherclies de Hansteen 1 183) nous permet- tent de répondre à cette question. Hansteen a constaté que chez Lemna minor, si on fait absorber simultanément du glucose et de l'asparagine, il se forme des quantités considérables d'albumine. Le sucre de canne ne peut pas remplacer le glucose. L'urée ou un sel ammoniacal effectuent la même réac- tion avec les deux sucres. D'autres amides ou corps azotés se conduisent dune façon très différente. Le glycocolle n"agit pas en présence de glucose, la créatine et la leucine se sont toujours montrées inactives. La régénération de l'albumine par les sucres et les substances azotées a donc une allure très spécifique, et la transformation en asparagine et glutamine des produits de destruction des albumines serait une phase nécessaire du processus de régé- nération des albumines, car elle aurait pour but de transformer en maté- riaux utilisables d'autres matériaux inutilisables. Cette décomposition des protéines des réserves a donc pour but de produire des substances capables de régénérer des matières albuminoïdes dans les parties de la plante où elles sont utilisées à la croissance. Cette destruction semble se faire par l'inter- médiaire de ferments peptiques. C'est une simple hydrolyse analogue à celle que l'on peut réaliser in vitro. Les produits primaires de destruction sont oxydés comme chez les animaux, mais chez la plante, les produits de cette oxydation sont remployés à la formation de matières directement utilisables. Tous les essais dont nous venons de parler ont été effectués sur des plantes en germination ; ajoutons que Ton rencontre les mêmes produits chez la plante adulte, dans les parties en voie d'accroissement. Ces produits se trou- vent encore dans les parties souterraines, racines et tubercules, et, chose curieuse, la teneur en composés azotés solubles des racines est la même que celle des mêmes plantes en germination. La seule manière d'ex- pliquer ce fait, consiste à admettre que l'azote pris au sol sous forme inor- ganique est employé dans les racines à la synthèse d'amides (asparagine, glutamine, etc..) et aussi de matières albuminoïdes. Une partie de ces der- nières se détruirait ultérieurement en donnant les mêmes produits de dé- composition que dans les plantes en germination. Cette hypothèse, qui cor- respond aux faits, est d'autant plus admissible qu'on sait que les plantes peu- vent fabriquer des albuminoïdes à l'ombre (Miller Thurgau, Hansteen, etc.). La lumière ne fait qu'accroître la rapidité de formation. On a remarqué depuis longtemps que la présence de réserves non azotées dans un végétal ne défend point les albumines de la destruction. Les résul- tats que nous venons d'exposer expliquent ce fait. Le processus d'utilisation des réserves lors de la germination nous apparaît dès maintenant complet et peut se résumer de la façon suivante : la décomposition des albumines, puis la synthèse secondaire ultérieure fournit de l'asparagine et de la gluta- mine. La destruction des réserves non azotées fournit des hydrates de car- bone et particulièrement la forme physiologiquement active, le glucose. Ces produits solubles concourent à la croissance de la plante, car parleur réunion ils sont capables de régénérer les albuminoïdes. La rapidité de la croissance est liée à l'abondance des réserves et à la rapidité de leur transformation. Mais, lorsque les substances non azotées manquent complètement, on n'en- trevoit plus la cause de la destruction des protéines et de la formation d'as- paragine. Peut-être pourrait-on trouver une explication à ce fait dans l'hypo- thèse suivante. Pfeffer a montré que, d'après le calcul, la destruction de l'albumine en asparagine ou glutamine doit laisser un reste hydrocarboné. Peut- être ce reste jouerait-il un rôle dans la régénération des albuminoïdes. Cette hypothèse n'est pas invraisemblable, mais il faut bien cependant reconnaître que ce raisonnement cesse peut-être d'être admissible depuis qu'on sait qu'à XIV. — MORPHOLOGIE ET PHYSIOLOGIE GÉNÉRALES. 369 côté de l'asparagine et de la glutamine, il se forme dans la destruction de l'albumine bien d'autres produits moins riches en azote, et que ce sont ces produits qui donnent lieu à la formation de la plus grande masse d'aspara- gine ou de glutamine mises en œuvre. — Marcel Délace. 355. Zalewski. — Formation des albuminoïdes dans les plantes. — D'expé- riences effectuées sur des plantes vertes, Z. conclut (conformément aux vues de Pfeffer) que la synthèse des substances protéiques aux dépens de nitrates et d'hydrates de carbone n'exige pas nécessairement le secours de la lumière et peut se produire à l'obscurité. Cette formation utilise une grande quantité d'hydrates de carbone solubles qui sont probablement transformés en amides. — A. J. Ewart. 327. Suzuri. — Formation de substanc'es protéiques dans les feuilles. — D'observations suivies sur des plantes différentes, S. conclut que la grande diminution qu'on observe pendant la nuit dans la quantité de sucre et autres hydrates de carbone contenus dans les feuilles est accompagnée d'une dimi- nution des substances protéiques. Celle-ci tient sans doute à ce que les albuminoïdes formés dans la feuille pendant le jour sont entraînés pendant la nuit dans d'autres parties de la plante. — A. J. Ewart. 99. Czapek. — Voies de conduction des substances organiques plastiques dans des végétaux supérieurs. — (Analysé avec le suivant.) 100. Czapek — Contribution à la physiologie du liber des Angiospermes. — I. De diverses expériences l'auteur conclut que c'est le leptome qui est la voie de conduction des hydrates de carbone de la feuille à la tige et à la ra- cine et non pas les parenchymes du pétiole. Les éléments conducteurs de leptome sont les tubes criblés et les cellules cambiformes. Le parenchyme libérien et les rayons médullaires servent à la mise en réserve des substances nutritives ; ils servent également d'intermédiaire entre ces réserves et les éléments conducteurs qui les distribuent dans les plantes où, suivant les points, elles sont immédiatement utilisées ou de nouveau mises en réserve. On trouve dans les tubes criblés différentes formes des sucres. Ni les courants protoplasmiques, ni les communications intercellulaires ne jouent un rôle essentiel dans ce transport des substances nutritives, ces substances étant susceptibles de diffuser à travers les membranes. II. L'auteur distingue dans le leptome très différencié des Angiospermes trois systèmes de tissus : 1° un servant au transport des produits (tubes criblés et cellules cambiformes) ; 2° un système d'absorption (cellules com- pagnes) servant d'intermédiaire entre les tubes criblés et les tissus de réser- ves; 3° le système parenchymateux des rayons médullaires. Les substances azotées et non azotées sont, les unes et les autres, transportées par le leptome , le transport des hydrates de carbone et de l'huile s'effectuant uniquement par les tubes criblés et les cellules cambiformes. — A. J. Ewart. 26. Bififen (R. H.). — Le latex et ses fondions. — Le contenu des latici fères est ordinairement très riche en amidon, substances protéiques et sucre, et B. montre que la teneur en sucre du latex dépend de l'activité de l'assi- milation de CO2. Il en conclut que les laticifères dont les dernières ramifica- tions sont en connexion avec la parenchyme palissadique constituent un système destiné au transport des substances de réserve dans les diverses parties des plantes. — A. J. Ewart. l'année biologique, m. 1897. 2 4 370 L'ANNÉE BIOLOGIQUE. 62. Burian iR. ) et Schur (H.). — Sur la formation des nucléines dans l'or- ganisme des Mammifères. [I a, H] — On admet généralement que les nu- cléines des aliments ne sont pas la source unique des nucléines de l'orga- nisme. Cette opinion repose sur deux ordres de faits, les uns chimiques, les autres physiologiques. Dans la première catégorie, on doit placer les recher- ches d'Ai.TMANN. Cet auteur a obtenu, en précipitant par l'acide nucléique des solutions acides de diverses albumines, des substances, sinon identiques, du moins très semblables aux nucléines naturelles. C'est une synthèse par- tielle des nucléines. Les faits d'ordre physiologique sont plus nombreux et s'interprètent facilement en admettant la transformation dans l'organisme de divers matériaux albumineux en nucléines. C'est ainsi que Miescher a remar- qué que le Saumon, au moment du frai, ne s'alimente plus, et doit par con- séquent emprunter à sa propre substance musculaire l'énorme quantité de substance nucléaire qui passe dans ses ovaires. (Ici cependant, la synthèse pourrait être d'un ordre très élémentaire, car les muscles sont riches d'une part en bases xanthiniques et d'autre part en nucléone, corps dont la simple réunion peut constituer des nucléines.) Tchimiroff et Kossel ont indiqué que chez les animaux dont les œufs ont un développement extra-utérin, l'em- bryon est beaucoup plus riche en nucléines que le vitellus de l'œuf. L'étude de la synthèse des nucléines dans l'organisme doit être précédée de la connaissance de leurs produits de décomposition. On sait que Kossel et Neumann ont montré que l'hydrolyse des nucléines du thymus donne uniquement d'une part de l'acide thymique, d'autre part des bases (adénine, guanine, cytosine, etc.). De plus, l'acide thymique est probablement iden- tique à l'acide paranucléique des paranucléines. Les nucléines sont donc formées par l'union de l'acide thymique avec les bases xanthiniques, de l'eau étant éliminée. La question de la synthèse des nucléines dans l'orga- nisme se réduit dès lors aux trois propositions suivantes : 1° Les bases xanthiniques et l'acide thymique peuvent-ils se combiner dans l'organisme pour former de la nucléine, ou bien celle-ci doit-elle être introduite toute formée dans l'organisme? 2° Les bases xanthiniques nécessaires à la syn- thèse peuvent-elles être formées dans l'organisme, ou doivent-elles être intro- duites de toutes pièces? 3° En est-il de même de l'acide thymique? La première question semble résolue dans le sens de la première alterna- tive par les faits indiqués au commencement de cette note, et par bien d'autres encore. Les auteurs se sont proposé, dans la présente communi- cation, de répondre à la seconde proposition. (Ils se réservent de s'occuper de la troisième dans un mémoire ultérieur.) Ils se sont adressés pour cela à l'étude de la teneur en bases nucléiques des animaux en allaitement. D'une part, l'augmentation de la masse des nucléines est manifeste pendant la croissance, d'autre part, les aliments lactés passent pour très pauvres en bases xanthiniques. Les auteurs ont vérifié cette assertion, et signalent dans ce liquide la présence d'hypoxanthine et peut-être de xanthine, mais leur quantité est extrêmement faible et elles ne peuvent jouer qu'un rôle très peu important dans la formation des nucléines du nourrisson. Pour déterminer l'augmentation des nucléines pendant l'allaitement, les auteurs ont fait plusieurs séries d'essais sur des Chiens et des Lapins. On choisissait dans une même portée un certain nombre de jeunes animaux aussi semblables que possible; on en tuait une moitié aussitôt après la naissance, et l'autre moitié au bout d'un certain nombre de jours d'allaite- ment. On déterminait dans les deux cas la teneur de l'animal en bases xanthiniques. au moyen de la méthode de Kossel (Zeitschrift fur physiol. Chem.j Vol. VI, p. 422), qui consiste à séparer ces bases et à titrer l'azote XIV. — MORPHOLOGIE ET PHYSIOLOGIE GENERALES. 371 dans le mélange. (Par exemple, dans une première série d'essais, l'azote des bases nucléiques a augmenté pendant 18 jours d'allaitement, dans le rapport de 1 à 4,5 dans un cas (Ogr., 09 d'Az) et de 1 à 6,2 dans un autre cas (Ogr., 14 d'Az). Si on admet que le lait de Lapine a la même teneur en bases nucléiques que le lait de Vache (soit 5 milligr. d'Az nucléique par litre), il aurait fallu 20 litres de lait à chacun des jeunes Lapins pour trouver la quantité d'azote fixée par eux, sans compter les bases éliminées par les urines et les fèces. Dans une autre série d'expériences, de jeunes Chiens, pendant 21 jours d'allaitement, ont fixé Ogr., 3 d'azote nucléique en moyenne. A raison de 100 cm3 de lait par jour et par tête, l'allaitement n'aurait fourni pendant 20 jours que 0 gr., 015 d'azote nucléique, etc.) Il résulte très nettement de ces recherches quantitatives, que le lait ne fournit aux jeunes animaux en allaitement qu'une très faible partie des matériaux nécessaires à la formation de leurs nucléines , et que la majeure partie des bases xan- thiniques a une autre provenance que le lait. Les auteurs ont également comparé l'accroissement de l'azote des bases nucléiques avec celui du phosphore nucléique (acide thymique et analogues). Ce dernier a été déterminé par la méthode de Kossel. Ils ont constaté une proportionnalité presque complète entre les quantités d'Az et de Pli fixées. Il est donc bien prouvé que les bases nucléiques peuvent se former dans l'organisme, en vue de la formation des nucléines, au moyen de matériaux inconnus. Pour ce qui est du processus de formation, nous en sommes ré- duits aux hypothèses. Deux surtout méritent d'-ètre prises en considération : Ou bien les bases xanthiniques représentent un échelon de la décompo- sition des albuminoïdes, et les bases formées sont assimilées de nouveau, là où il se forme des nucléines. Ou bien l'acide nucléique, dans le processus de l'assimilation des albuminoïdes, leur prend peut-être un groupement atomique qui vient figurer en elles comme partie constituante des bases xanthiniques de la molécule nucléique. La première hypothèse semble peu vraisemblable. Les plantes seules, en effet, sont capables de ces synthèses éloignées. L'organisme animal n'est pas capable de reformer de la substance vivante avec des produits d'aussi faible énergie que les bases xanthiniques issues de la décomposition des albuminoïdes. La seconde hypothèse est plus probable. Le passage en bloc d'un groupe de la molécule albumineuse dans la molécule nucléique est en effet relativement simple. Cette manière de voir sera vérifiée, s'il est possible, par des expériences ultérieures. [Nous ferons remarquer que cette dernière partie du mémoire répond dans une certaine mesure à une question que l'on peut poser sous une forme humo- ristique en se demandant comment la viande de Mouton devient viande de Loup]. — Marcel Delaue. 308. Schenk (S. L.). — Sur V absorption du vitellus nutritif pendant la vie embryonnaire. — L'absorption du matériel nutritif pendant la vie embryon- naire a lieu de différentes manières, suivant le stade et suivant l'espèce à laquelle appartient l'animal. Ce phénomène n'est pas le même lorsqu'il s'agit d'une simple augmentation de cellules semblables (premières phases du dé- veloppement) ou lorsque les cellules de l'embryon sont déjà différenciées en tissus distincts. Après avoir passé en revue les idées des auteurs qui se sont occupés de cette question, Schenk donne le résultat de ses propres recher- ches sur les embryons de Pigeons. On remarque des différences dans l'aspect des éléments du vitellus jaune. Vers le centre de l'œuf, les corpuscules qui remplissent ces éléments vitellins sont plus gros et plus rapprochés. A la pé- riphérie, dans la région qui avoisine le germe, les corpuscules sont plus petits 372 L'ANNÉE BIOLOGIQUE, et espacés. Chez les embryons de Pigeons âgés de 2-3 jours, l'intestin anté- rieur est déjà refermé, l'intestin moyen eneoiv largement en communication avec le sac vitellin et l'intestin terminal commence à se former. A cette épo- que, les éléments du vitellus jaune se rencontrent aussi bien dans l'intestin moyen que dans la partie fermée de l'intestin antérieur. Ce dernier se trouve au-dessus du cœur. Il est terminé en cul-de-sac à son extrémité antérieure et son diamètre varie de grandeur. L'ouverture par laquelle il communique avec l'intestin moyen est relativement petite. Malgré cela, on trouve toujours, dans l'intestin antérieur, non seulement des éléments intacts du vitellus, mais encore des corpuscules isolés disposés en groupes irréguliers et souvent attachés aux exsudats albuminoïdes qui se rencontrent dans toutes les cavités du corps des embryons de Vertébrés. — S. recherche comment ces éléments vitellins peuvent pénétrer dans l'intestin antérieur. On observe, pendant les premiers jours du développement des embryons d'Oiseaux, que la région du vitellus nutritif qui se trouve contiguë à l'ébauche embryonnaire, est plus fluide que la région profonde. Les éléments vitellins, qui se trouvent à la surface et suspendus dans ce liquide, sont facilement isolés. Ils peuvent donc pénétrer dans l'intestin moyen et, lorsque celui-ci est suffisamment rempli, dans l'intestin antérieur. — Les mouvements du cœur d'un embryon d'Oiseau commencent de très bonne heure et sont visibles avant que le sang contienne ses corpuscules rouges caractéristiques. Les contractions sont si puissantes qu'elles se répercutent sur les vésicules cérébrales. A cette épo- que, le cœur se trouve du côté ventral de l'intestin antérieur auquel il est relié — comme par un mésentère — au moyen d'une partie du feuillet splanchnique du mésoderme. Les contractions du cœur peuvent donc se répercuter également sur l'intestin antérieur dont le lumen sera élargi et rétréci par les mouvements de systole et de diastole. C'est ainsi que les éléments vitellins pourront pénétrer dans l'intestin antérieur et y seront maintenus en mouvement. S. trouve une nouvelle preuve en faveur de cette opinion dans les dispositions réciproques des parois de l'intestin antérieur et d'une petite cavité avoisinante. sur les différentes coupes qu'il a examinées. Malheureusement, il n'en donne pas de dessin. Les corpuscules des éléments vitellins, après avoir été isolés, subissent en- core de nouvelles modifications. Ils se liquéfient et leur contenu est absorbé par l'embryon. On voit donc qu'à une époque où le cœur ne contient pas encore de sang, ses contractions semblent servir seulement, d'après les inté- ressantes observations de Schenk, à l'absorption du vitellus et à sa transfor- mation. — M. Bedot. 212. Kultchitzky. — Sur la structure de l'intestin. — Dans ce travail, K. étudie particulièrement les caractères des cellules cylindriques de la mu- queuse intestinale. Parmi ces cellules, il distingue des éléments qui ren- ferment des grains acidophiles surtout nombreux dans leur partie périphé- rique. Ces grains se colorent par le mélange Ehrlich-Biondi en orange1 après 24 heures d'immersion dans le réactif et en rouge vif après une immersion de plusieurs jours. Quand les cellules sont bourrées de granules de sécrétion^ elles déversent leur contenu dans les espaces lymphatiques des villosités in- testinales. Dans ces espaces on trouve des leucocytes dont le cytoplasme renferme des grains qui offrent les mêmes réactions colorantes particulières. Il est vraisemblable que ces leucocytes se chargent des produits d'élaboration des cellules acidophiles et les transportent dans le chylifère central. — L'au- teur est tenté de croire que ces grains représentent les matières albuminoïdes pendant leur passage au travers de la muqueuse intestinale. Les peptones XIV. — MORPHOLOGIE ET PHYSIOLOGIE GÉNÉRALES. 373 seraient absorbées par le fait de l'activité particulière de certaines cellules cylindriques, puis transformées dans ces cellules en albuminoïdes qui pren- draient la forme de grains à réaction acidophile. — De plus, ces cellules existent non seulement dans le revêtement épithélial des villosités, mais en- core dans les glandes de Lieberkûhn entre Les éléments glandulaires ordi- naires ; ce fait tendrait à montrer que les glandes de Lieberkûhn sont tout à la fois des organes d'absorption et des organes de sécrétion. — P. Bouin. 192. Hopkins (F.) et Brook (F.). [I a, rf\ — Sur les dérivés halogènes des substances protéiques. — On s'est déjà occupé de la production artificielle de combinaisons des matières albuminoïdes avec les corps halogènes. Les auteurs constatent que le Cl, le Br et l'I précipitent les matières albuminoïdes de leurs solutions sous forme de combinaisons dans lesquelles ils se trouvent en proportions définies. C'est ainsi qu'elles renferment respectivement, 1,9 °/o de Cl, de 3,9 de Br et 0,3 d'I , chiffres qui sont entre eux comme les poids atomiques de ces corps. — G. Bullot. 214. Kutscher (F.). — Connaissance des premiers produits de la digestion de l'albumine de l'œuf. — L'auteur a constaté que des solutions dans le car- bonate de soude de globuline, myosine, syntonine des muscles, précipitent par les albumoses. L'albumine de l'œuf et celle du sang ne présentent pas cette réaction. Cette réaction est analogue à celle que donne l'acide thymique ; dans les mêmes conditions, il se précipite des nucléines insolubles. Comme les albumoses sont des produits de la digestion peptique des albumines, cette nouvelle réaction semble propre à jeter quelque lumière sur le pro- cessus de l'assimilation des albumoses dans l'organisme. — Marcel Delage. 245. Marshall (C.) et Heath (H.). — Contribution à V étude des rapports existant entre la constitution chimique et faction physiologique. — Les au- teurs confirment les données des travaux antérieurs sur les propriétés narcotiques et toxiques que confèrent aux corps organiques les atomes de chlore qui entrent en combinaison avec leur molécule. Plus le nombre d'a- tomes de chlore est grand, plus ces propriétés s'accentuent. — G. Bullot. o) Sécrétions interne et externe. Excrétion. — Généralités. 170. Graf (Arnold). — Physiologie de l'excrétion. — Cemémoire est relatif à la physiologie cellulaire des excrétophores amceboïdes de la Sangsue. On désigne sous ce nom des cellules migratrices circulant dans la cavité géné- rale et même dans les tissus, qui accumulent en elles les grains d'excrétion et se désintègrent, soit après avoir émigré vers la surface dorsale de l'animal pour y former du pigment, soit après avoir atteint les néphrostomes pour décharger leur contenu dans l'entonnoir qui les évacue. Les excrétophores commencent par sécréter du liquide autour des grains saisis par eux; c'est l'acte d'isolation. Ce liquide est de nature plus ou moins graisseuse et Graf admet que son excrétion dépense une certaine quantité de l'oxygène du pro- toplasma; celui-ci prend donc un chimiotactisme positif pour l'oxygène et est attiré vers la surface de la Sangsue. La désintégration des chromatophores dans la peau s'explique par une désagrégation mécanique de la cellule amœboïde dans son voyage à travers le- réseau des tissus sous-dermiques. Parmi ces fragments, ceux qui sont dépourvus de noyau subissent une désin- tégration chimique. Le fait que les granules ingérés par les excrétophores sont l'origine du pigment superficiel est démontré au moyen des injections 374 L'ANNEE BIOLOGIQUE. de carmin dont on peut retrouver les granules dans la peau. Le mouvement des excrétophores vers les entonnoirs néphridiens est probablement dû aussi à un chimiotactisme. En arrivant à l'entonnoir, l'excrétophore se désagrège et ses particules sont entraînées dans le néphridium. Incidemment l'auteur discute avec clarté différents points, en particulier une théorie du mouvement ciliaire, une explication des transformations chi- miques au niveau de l'entonnoir et une description des modifications nu- cléaires dans les cellules néphridiennes. — C. B. Davenport. 209. Krause (R.). — Contribution à l'étude de V histologie des glandes sa- livaires. Simplification des croissants de Giannuzzi. — L'étude de K. est sur- tout une revue critique des différentes théories qui ont été émises à propos de la signification des croissants de Giannuzzi. D'après ses recheiches per- sonnelles sur la sous-maxillaire de la Mangouste, l'auteur confirme l'opinion des savants qui considèrent les cellules des croissants comme des éléments spécifiques; des éléments qui tapissent les acini de la glande sous-maxillaire, les uns seraient séreux et les autres muqueux: tous les organes qui offrent ces deux variétés de cellules sont donc des organes mixtes histologiquement ; à côté du mucus ils sécrètent des substances albuminoïdes. — P. Bouin. 189. Henriques (V.). — Sur les substances réductrices du sang. — Les deux principales substances réductrices que l'on ait signalées dans le sang sont, d'abord un sucre que l'on s'accorde à considérer comme du glucose, puis une substance phosphorée et sulfurée, lajécorine, qui existe non seulement dans le sang, mais dans beaucoup d'organes, en particulier dans le foie. Drechsel avait admis que cette jécorine est un composé de lécithine et de glucose. Aujourd'hui, on pense que c'est une substance plus complexe (elle contient du soufre) ou un mélange. Quoi qu'il en soit, elle donne par hydro- lyse du glucose (Jacobsen et Manasse). Elle fermente, et après fermentation elle ne réduit plus. Les auteurs ont fait des déterminations comparées de jécorine et de sucre dans le sang. Ils ont trouvé que dans presque tous les cas, le glucose préformé est en quantité minime auprès de celui qui est formé par lajécorine. Les rapports varient entre 1/2 et 1 6 et la moyenne est 1/5. La majeure partie du sucre du sang provient donc de la jécorine. Quand un animal a subi d'importantes pertes de sang, ce liquide devient plus réduc- teur, mais ne doit cette augmentation de la réduction qu'à la jécorine qui augmente. Le glucose diminue plutôt. Ces recherches ont pour résultat de rendre fausses les déterminations de sucre dans le foie et les autres organes. Les nombres trouvés sont trop élevés, parce qu'on n'a pas tenu compte de la jécorine. Ils devront être révisés. — Marcel Delage. Chimie de V excrétion. 103. Horbaczewski (J.i. — Sur fa guanineet la xanthine cristallisées. — L'auteur a pu obtenir cristallisées la xanthine et la guanine décrites jusqu'ici comme des poudres amorphes. [Ces corps présentent un grand intérêt en raison de leur présence constante dans l'organisme]. — Marcel Delage. 211. Krûger (M.) et Salomon (G.). — Les bases alloxuriques de l'urine. — On a trouvé dans l'urine la paraxanthine, l'hypoxanthine, la xanthine, deux méthylxanthines, l'adénine et l'épiguanine. [La connaissance des faits purement descriptifs de ce genre intéresse la biologie générale, car toute théorie proposée pour l'explication du sort des matières albuminoïdes dans l'organisme doit en tenir compte]. — Marcel Delage. XIV. — MORPHOLOGIE ET PHYSIOLOGIE GÉNÉRALES. 373 326. Sundwick (E.). — Substances xanthiques et acide urique. — Les rapports étroits qui existent entre les substances xanthiques et l'acide urique permettent de penser que ces corps peuvent se transformer réciproquement les uns en les autres, dans l'organisme. Strecker a annoncé avoir réussi à transformer l'acide urique en hypoxanthine par l'action de l'amalgame de sodium en solution acide. L"auteur n'a jamais pu reproduire cette expé- rience, mais, en soumettant l'acide urique en vase clos à Faction de l'hy- drogène naissant dégagé par l'acide formique provenant de la réaction d'un alcali sur le chloroforme, il a pu préparer deux corps qu'il a identifiés avec la xanthine et l'hypoxanthine. — Marcel Delage. 263. Nolf (P.). — Sur la reconnaissance de V acide carbamique. — ■ Les phy- siologistes admettent la présence des sels de l'acide carbamique dans beau- coup de liquides animaux et végétaux à l'état normal ; il y en a des quan- tités importantes dans l'urine, après une alimentation riche en calcaire (Abel et Muirhead). Nencki a attribué à la non transformation du carbamate d'am- monium dans l'organisme, l'empoisonnement des Chiens porteurs d'une fistule de Ecke, par suite du trouble apporté dans la circulation du foie, etc.. Cet acide emprunte son intérêt à ce fait qu'on a obtenu son sel ammoniacal par oxydation des acides amidés en solution alcaline. Ces acides amidés étant des constituants très importants de l'albumine, Drechsel admet que le carbamate d'ammonium est un échelon de la transformation des matières albuminoïdes en urée. On a réussi en effet à préparer de l'urée en soumet- tant le sel ammoniacal de l'acide carbamique à un courant électrique. Cette réaction peut s'expliquer par une oxydation suivie d'une réduction : H4AzO — CO — AzH2 + 0 = H2AzO — CO — AzH2 + H20 carbonate d'ammonium H2AzO — CO — AzH2 — H2 = H2Az - CO — AzH2 + H20 urée Les deux principaux sels de l'acide carbonique sont le sel calcique et le sel ammoniacal. Ces deux sels sont très instables. L'auteur étudie les transfor- mations réciproques du carbonate d'ammonium et du carbamate d'ammonium, puis celle de la formation de carbonate de chaux à partir du carbamate de chaux, et enfin se livre à un examen critique des divers procédés qui servent à reconnaître les sels de l'acide carbamique dans les liquides de l'organisme. — Marcel Delage. 13(J. Fischer (EJ. — [Synthèses dans la série urique}. — [Nous réunissons sous ce titre un grand nombre de mémoires parus sur cette question , et dont nous allons résumer les résultats principaux intéressant la biologie par la connaissance des bases xanthiniques dont Kossel, Schdlze, etc., ont montré l'extrême importance dans l'organisme , comme parties con- stituantes des albuminoïdes]. Fischer a réalisé la synthèse de l'acide urique en partant de l'urée et de l'acide malonique. La malonylurée traitée par l'acide nitreux donne l'acide violurique qui par réduction fournit l'uramile. Cette dernière mise en présence de cyanate de potassium se transforme en acide pseudo-urique dont la déshydratation par HCL fournit l'acide urique. C'est là une méthode très générale, et on peut préparer un grand nombre de corps de cette série, en faisant d'abord leur dérivé pseudo à chaîne ouverte, puis en fermant la chaîne par enlèvement d'une molécule d'eau. Ces réactions sont très nettes , fournissent des corps purs et en général 376 L'ANNEE BIOLOGIQUE. avec des rendements très élevés. Fischer a établi ensuite la grande ana- logie de constitution entre les corps de la série de l'urique et les corps de la série de la xanthine, dont les constitutions étaient considérées autrefois comme différentes. C'est ainsi que l'hydroxycaféine, par exemple, est iden- tique à un des acides triméthyluriques. Le passage d'une série à l'autre se fait facilement dans les deux sens, circonstance dont l'importance saute aux yeux, si l'on pense que l'acide urique est un produit d'excrétion et les bases xanthiniques, des produits de destruction des albuminoïdes. Enfin, il a réalisé la synthèse d'un très grand nombre de bases xanthiniques que l'on retrouve dans l'organisme animal ou végétal. Nous citerons les synthèses de la caféine, de la théobromine, de la xanthine, hypoxanthine, hétéroxanthine, paraxanthine, de la guanine, de l'adénine, etc Pour représenter et nommer ces corps, Fischer isole dans tous ces dérivés un noyau hypothétique, la puri)ie, dont la formule Az = CH de constitution est la suivante : I 1 et auquel viennent se fixer divers groupes substi- m m ("II tuants. Avec cette manière de voir, on distingue Az — C — kz^z- nettement les rapports de tous ces corps entre eux. Ainsi : hypoxanthine = oxypurine; acide urique = trioxypurine ; caféine = triméthyldioxypurine; guanine = amino-oxypurine ; adénine = aminopurine. — Marcel Delage. 315. Schulze (E.) et Winterstein (E.). — Sur un produit de décomposi- tion de Varginine. — Schulze et Lilienkern avaient déjà montré que la des- truction de l'arginine par l'eau de baryte à chaud donnait de l'urée. Les au- teurs ont trouvé parmi les produits de décomposition, de l'acide ornithurique C19H20Az2O4, lequel n'est autre chose qu'un composé dibenzoïlé de l'ornithine ou acide diamidovalérianique C5H12Az202 (Jaffé). Ces faits permettent d'at- tribuer à l'arginine une formule qui en fait un corps voisin de la glycocya- nine et de la créatine. La constitution de l'arginine présente un grand inté- rêt au point de vue biologique, si on songe que ce corps est le principal produit de destruction de la protamine qui joue un si grand rôle dans la constitution des produits nucléaires, et qu'on le rencontre en abondance dans les produits de décomposition des albumines des plantes. — Marcel Delage. 40 Bougault (J.). — Sur la présence de la tyrosine dans divers produits d'origine animale. — L'auteur a mis à profit, dans ses recherches , la pro- priété que possède la substance oxydante des Champignons, d'oxyder la ty- rosine en donnant un composé noir. Il s'est appuyé, en outre, sur ce que la réaction, toujours identique dans son résultat final, présente des phases différentes suivant qu'on opère en milieu acide ou alcalin : la coloration •'■tant, dans le premier cas, rose au début, et, dans le second, immédiate- ment noire. Il a employé, comme réactif, une macération de Lactarius velu- tinus Bert. dans la glycérine et décelé la tyrosine dans les produits suivants : pepsine, pancréàtine, présures, peptones, fromages. — Em. Bourquelot. Glandes génitales. 200. Keiffer. — Essai de physiologie sexuelle générale. — Les éléments reproducteurs, possédant à la fois l'activité nutritive et l'activité reproduc- trice, transmettent probablement ces activités à tous les éléments cellulaires de l'organisme né d'eux. Il en résulte que chaque tissu ou organe possède, en outre de sa fonction spéciale, une fonction générale, qui détermine l'activité fonctionnelle de l'appareil génital; ces deux fonctions, d'ordre chimique, XIV. — MORPHOLOGIE ET PHYSIOLOGIE GÉNÉRALES. 377 donneraient naissance à une sécrétion spécifique caractérisant chaque organe et à une sécrétion génésique intéressant tout l'organisme, mais principalement l'organe reproducteur. Le liquide menstruel et le liquide prostatique seraient l'expression ultime de la sécrétion d'une substance génésique interne. Cette idée découle non seulement des homologies embryogéniques et anato- miques des organes mâles et femelles, de la périodicité de leur fonction physiologique, ou des phénomènes d'excitation générale, mais aussi de l'ac- tion trophique exercée par la castration ovarienne et testiculaire. Les subs- tances cataméniale et prostatique, comme le prouvent les phénomènes d'in- toxication générale et spéciale qui accompagnent l'excrétion menstruelle, et les troubles nutritifs des castrats, sont des sérums toxiques. En résumé, tous les tissus collaboreraient à une sécrétion génésique interne déterminant, suivant un certain mode chimique, l'activité spéciale delà glande sexuelle. — A. Labbé. 305. Schede. — [Sans titre]. — L'auteur, ayant observé de la mélancolie typique chez un malade auquel il avait extirpé les canaux déférents sans que celui-ci connût la nature de l'intervention, a obtenu la guérison par des injections de suc testiculaire. [XII a, XIX d] — E. Hérouard. Sur les sécrétions interne des poumons, voir Brunet (52). 230. Poehl (A.). — Effets physiologiques et thérapeutiques de la spermine. — La spermine, C3 Hu Az2, se rencontre dans presque tous les tissus, mais principalement dans le testicule, l'ovaire, le corps thyroïde, le pancréas sur- tout, le thymus, la moelle, le sang normal, la lymphe. Cette base agit, même à très faibles doses, en accélérant les oxydations organiques ou minérales, à la façon d'un ferment. C'est un des principes qui président à l'oxydation des tissus. Introduite dans l'économie, elle montre un effet favorable dans toutes les maladies caractérisées par une réduction des oxydations dans les tissus, un ralentissement de l'assimilation, une diminution de l'alcalinité du sang. Elle favorise l'élimination des produits de déchet et détruit les toxines orga- niques ou microbiennes. — Marcel Del âge. Thyroïde. 269 Oswald (A.). — Sur la teneur en iode des glandes thyroïdes. — Les au- teurs ont fait une étude comparée de la teneur en iode de glandes thyroïdes et des goitres d'Hommes et d'animaux pris dans des localités différentes. Ils sont arrivés aux conclusions suivantes : en Suisse, les rapports trouvés entre l'existence des goitres et la faible teneur des glandes thyroïdes en iode n"ont pu être démontrés comme Badmann (4) l'a fait pour l'Allemagne. Les recher- ches ont montré que la plus haute teneur en iode des glandes thyroïdes s'est montrée là où le goitre sévit avec la plus grande intensité à l'état endémique. De plus, tout goitre (à l'exception de ceux qui ont subi une dégénérescence conjonctive) contient plus d'iode que la glande thyroïde normale. Pour les animaux (Moutons, Cochons, Veaux, etc.), les conditions trouvées pour les glandes thyroïdes de l'Homme restent les mêmes. Pour celui-ci comme pour ceux-là, la teneur en iode des glandes thyroïdes est directement proportion- nelle à la quantité de matière colloïdale qu'elles contiennent. — MarcelDELAGE. Sur le même sujet : Gley (161). (t) Baumann .- Ueber der normale Verkommea des Jod.es im Thierkôrper. III. Mitt. — Der Jod.gehalt der Schildrdùsen vonMenschea und Thieren (Zeit. f. phys. Cliem., XXII, p. J). :;7s L'ANNÉE BIOLOGIQUE. 351. Wormser (E.). — Contribution expérimentale à lu physiologie de la glande thyroïde. — L'auteur trouve avec Gottlieb qu'aucune des substances isolées jusqu'à présent de la glande thyroïde, iodothyrine , matières albu- minoïdes, corps basiques, n'est à elle seule capable de les remplacer et qu'il faut que toutes agissent ensemble pour être efficaces. — G. Billot. (.'<>, 97. Cyon (E. de). — Sur les rapports de la glande thyroïde et du cœur. — La fonction de la glande thyroïde consiste dans la production d'une subs- tance, Tiodothyrine, qui sert en premier lieu à renforcer l'action de l'appareil nerveux régulateur du cœur. De plus, en fixant dans une combinaison orga- nique les sels iodés du sang, la glande thyroïde débarrasse l'organisme de substances qui ont une action nuisible sur cet appareil. — G. Billot. 195. Jacques (P.). — De V innervation secrétaire de la glande thyroïde. — Les résultats de l'imprégnation chromo-argentique semblent prouver que les fibres sécrétoires n'entrent en relation de contiguïté avec les cellules de l'épithélium sécréteur qu'au niveau de la base d'implantation de celles-ci. L'excitation nerveuse peut n'être pas immédiate pour beaucoup d'éléments qui paraissent n'être en contact avec aucune fibrille. — G. Saint-Remv. 134. Exner (A.). — Les nerfs laryngés et les fonctions de la glande thyroïde. — Pour certains physiologistes (Hale, White), les nerfs laryngés auraient une action trophique sur la glande thyroïde ; pour d'autres, ils n'auraient pas d'ac- tion. L'auteur enlève à des Chiens et à des Chats une moitié du corps thyroïde, opération sans effet comme on sait, puis il sectionne les deux nerfs de l'autre côté et constate au bout de quelques jours l'apparition d'une forme légère de tétanos. En sectionnant les nerfs des deux côtés sans toucher à la glande thyroïde, il voit survenir des phénomènes tétaniques légers. L'iodothyrine de Baumann, qui jouerait un rôle dans les phénomènes tétaniques, ne diminue ni n'augmente dans la glande thyroïde après la section des nerfs. — G. Bullot. 312. Schondorff i'B.). — De T influence de la glande thyroïde sur les échan- ges nutritifs. — L'absorption de préparations de glande thyroïde augmente- t-elle l'oxydation des matières albuminoïdes? Les expériences qui ont fait croire certains physiologistes à une forte augmentation de l'oxydation ne sont pas d'assez longue durée pour qu'on ne puisse attribuer l'augmentation constatée à une élimination plus grande de l'urée et des matières extractives contenues préalablement dans l'organisme. L'auteur se sert d'un Chien qu'il soumet pendant plusieurs mois à des alternatives d'alimentation avec et sans préparations de glande thyroïde et il constate ainsi que l'administration de préparations de corps thyroïde détermine une augmentation considérable des échanges nutritifs. Mais elle n'a d'abord aucune influence sur les ma- tières albuminoïdes, car la plus forte proportion d'azote qu'on trouve pendant les premiers jours dans l'urine est due à une élimination plus grande de l'urée et des matières extractives accumulées préalablement dans l'orga- nisme. Puis apparaît une période de quelques jours pendant Laquelle la quan- tité d'azote de l'urine redevient normale. Lutin l'augmentation de la quantité d'Az excrétée devient définitive et dure jusqu'à ce qu'on cesse d'administrer la glande thyroïde. Cette apparition tardive de l'augmentation des processus de désassimilation des matières albuminoïdes tient à ce que l'exagération des oxydations se fait d'abord aux dépens de la graisse, et ce n'est que lorsque celle-ci est réduite à une quantité minima que l'albumine est attaquée. Tout se passe donc comme dans l'inanition. — G. Bullot. Xiv. — MORPHOLOGIE ET PHYSIOLOGIE GENERALES. 379 162. Gley. — Du myxœdème. — L'auteur émet l'idée que l'iodothyrine dé- couverte par Bat mann, tout en exerçant sur les échanges une action spécifique, joue peut-être le rôle d'antidote à l'égard d'une toxine hypothétique qui don- nerait le myxœdème. — E. Hérouard. 290. Reichel. — Sur un cas de nanisme. [XII] — Reichel cite un cas de na- nisme chez une fille de dix-huit ans (taille 116 centimètres, poids 27 kilog.) présentant un corps thyroïde normal et dépourvue de myxœdème. Kassowitz estime que, malgré l'absence de myxœdème, il doit exister probablement une anomalie de la glande thyroïde. — E. Hérouard. Thymus. 325. Stoppato (N.t. — Le thymus dans le traitement de Vathrepsie infan- tile. — Le thymus de Veau administré à des enfants athrepsiques de 1 à 2 ans, à la dose initiale de 2 grammes et porté progressivement à 20 et 40 grammes par jour, suivant l'âge du sujet, améliore considérablement leur état général et favorise leur développement physique. Ce traitement est nul ou presque sans effet sur le rachitisme. — E. Hérouard. Corps pituitaire. 227. Lévy (M.). — De Vacromégalie. [XII] — Chez une acromégalique de 40 ans présentant, comme dans la maladie de Basedow, des sueurs abondan- tes, une exagération de l'appétit, de la polyurieet de la glycosurie alimentaire, l'autopsie a révélé une tumeur maligne du corps pituitaire. — E. Hérouard. 310. Schiff (A.). — Influence des préparations de glande pituitaire et de corps thyroïde sur les échanges organiques. — L'administration de glande pi- tuitaire aux acromégaliques détermine généralement, et parfois en quantité considérable, une élimination d'acide phosphorique; l'élimination de l'azote n'est pas sensiblement modifiée. C'est le résultat d'une dissociation de tissus riches en phosphore et pauvres en azote, probablement du tissu osseux. La thvroïodine détermine de même une augmentation considérable dans l'éli- mination de l'acide phosphorique, d'autre part elle augmente la diurèse et détermine une diminution du poids. Les sujets chez lesquels l'administration de glande pituitaire reste sans effet, sont également insensibles à l'action de l'iodothyrine. — E. Hérouard. Capsules surrénales. 218. Langlois P.). — Sur les fonctions des ca/jsules surrénales. — Dans ce très important mémoire, Langlois coordonne et complète les résultats obtenus antérieurement par lui, soit seul, soit avec la collaboration d'ABELOis, ( il \rrin et Grasseyant. On peut résumer de la façon suivante les conclusions les plus importantes qui se dégagent de ces recherches. I. Expériences sur la Grenouille. — La destruction d'une seule capsule ne détermine aucun trouble ; mais la destruction complète des deux organes entraîne fatalement la mort. Immédiatement après l'opération, les animaux ne présentent aucun trouble; ce n'est qu'au bout d'un certain laps de temps, variable suivant la saison, qu'ils meurent. Lorsqu'on a détruit com- plètement une capsule et la majeure partie de l'autre, les symptômes varient suivant la quantité de parenchyme laissé en place. :mi L'ANNEE BIOLOGIQUE. Les premiers symptômes observés chez les Grenouilles acapsulées consis- tent en une sorte d'apathie", de paresse à se mouvoir; ensuite, les membres postérieurs se paralysent, la respiration devient plus lente, les contractions cardiaques s'affaiblissent et l'animal meurt. A la suite de la greffe des cap- sules surrénales dans le sac lymphatique, on ne voit pas se produire chez les animaux acapsulés les phénomènes signalés précédemment. Si on injecte le sang d'une Grenouille acapsulée, prête à mourir, dans le système circulatoire d'une autre grenouille saine, cette dernière se paralyse rapidement et succombe à son tour. La mort, consécutive à la destruction des capsules, est donc due à une intoxication; pour en déterminer le mécanisme, Langlois a répété sur des Grenouilles acapsulées l'expérience de Claude Bernard sur le curare et a pu constater que dans ces conditions, les muscles de la patte liée continuent à réagir lorsqu'on excite le sciatique. Cette observation montre qu'il existe une certaine analogie entre Faction du curare et celle de la substance toxique qui se produit dans l'organisme à la suite de la destruction des capsules. II. Expériences sur le Cobaye, le Lapin et le Chien. — La destruction com- plète d'une seule capsule, la destruction partielle des deux organes sont compatibles avec la vie. La destruction complète des deux capsules entraîne fatalement et rapide- ment la mort. Immédiatement après l'opération, les animaux s'affaiblissent graduelle- ment, ils s'engourdissent progressivement et, un peu avant la mort, on voit survenir une parésie qui ne tarde pas à se transformer en une paralysie com- plète des membres postérieurs. L'amplitude des mouvements thoraciques s'affaiblit et les animaux meurent par paralysie des muscles respiratoires. Les principaux symptômes observés chez les Grenouilles se retrouvent d'ail- leurs chez les Cobayes, Lapins et Chiens. Le sang provenant des Lapins, Co- bayes et Chiens acapsulés, est toxique (paralysant) pour la Grenouille nor- male, ainsi que pour les Mammifères. III. Action antitoxique. — Si on laisse macérer des fragments de foie, rate capsules surrénales, etc. dans une solution de nicotine, et qu'on injecte ensuite ce liquide à des Cobayes, on constate que le tissu surrénal possède 191 vitro, vis-à-vis des alcaloïdes, une action antitoxique à peu près égale à celle du foie. IV. Toxicité. — En outre de son action antitoxique, la capsule surrénale a la propriété de déverser continuellement dans le sang un principe actif : il suffit d'injecter à un animal récemment acapsulé quelques centimètres cubes de macération de tissu surrénal frais et normal pour que la mort survienne en quelques heures. De plus, l'injection dans une veine de l'extrait en question détermine une élévation de pression et le ralentissement du pouls. — A . Pettit. 24. Biedl (A.). — Contribution à la physiologie des capsules surrénales. — L'excitation des nerfs des capsules surrénales diminue la tendance que les corpuscules sécrétés par les capsules surrénales ont à se mettre en tas dans le sang et détermine une rétention considérable des globules blancs dans l'or- gane. Elle ne modifie pas la quantité de substance active contenue dans le sang veineux qui sort des capsules. — G. Bullot. 338. Vincent (S.). — Quelques faits sur la physiologie comparée des cap- sules surrénale*. — L'extrait des corps surrénaux segmentés des Elasmo- branches agit comme celui de la moelle des capsules surrénales des Mam- mifères. L'extrait du corps interrénal n'a par contre qu'une très faible XIV. _ MORPHOLOGIE ET PHYSIOLOGIE GENERALES. 381 action. La capsule surrénale des Mammifères correspond donc à deux espèces de glandes des Elasmobranches, le corps interrénal représentant la subs- tance corticale inactive des Mammifères. Les Téléostéens paraissent n'avoir que des glandes analogues à l'écorce. De là l'inactivité constatée de l'ex- trait des glandes de ces animaux. Ils pourraient donc se passer d'un organe qui est d'une importance capitale pour les Mammifères. — G. Bullot. 140 Fûrth (O. von). — Connaissance du produit des capsules surrénales, ressemblant à la pyrocatéchine. — On a reconnu depuis longtemps dans les capsules surrénales la présence d'une substance présentant les réactions colorées de la pyrocatéchine. Plusieurs savants admettaient l'identité des deux substances. L'auteur montre que la nouvelle substance est très voisine de la pyrocatéchine, mais ne lui est pas identique. — Marcel Delage. 353. Wybauw (A.). — Contribution à Vêtude E bel. Groom retrouve dans la feuille de Pediculariespalustris, Rhinanthus criêta-galli et Odontites rubra les mêmes -landes aquifères; elles sont parti- culièrement abondantes dans la première de ces plantes. — A. J. Ewart. XIV. — MORPHOLOGIE ET PHYSIOLOGIE GENERALES. 383 166. Goebe-1 (K.). — Remarques morphologiques et biologiques. Sur .la signification biologique des cavités foliaires chez Tozzia et Lathrxa — Les feuilles souterraines de certaines Rhinanthées, entre autres les Lathrsea et le Tozzia alpina, ont une structure singulière : les bords se replient en dessous, de façon à circonscrire une cavité qui est limitée par la face inférieure de la feuille. De nombreuses glandes, de deux formes différentes, tapissent cette cavité. L'auteur, reprenant l'étude de ces glandes, arrive à la conclusion que les grandes glandes sessiles servent à l'élimination de l'eau : leur cuticule est percée d'un petit orifice qui serait un pore excréteur. Il ne se prononce pas sur la fonction des glandes capitées. — J. Massart. z) Production d'énergie. Travail mécanique. 357. Zuntz. — Sur la vérification de la loi de la conservation de l'énergie dans le corps animal. — L'auteur avait établi antérieurement que, chez le Cheval, un tiers seulement de l'énergie dépensée par le muscle est transformé en travail utile. Chauveau, par contre, conclut de ses expériences que, si on fait abstraction de l'augmentation du travail respiratoire et cardiaque qui sur- vient pendant les périodes d'activité, toute l'énergie dépensée est transformée en travail utile. D'après l'auteur ces résultats ne s'obtiennent que dans le cas particulier où Chauveau s'est placé (travail nécessaire pour empêcher la chute dans une forte descente de montagne), et l'on ne peut généraliser. Après vérification sur différents animaux, il maintient le chiffre qu'il avait trouvé. — G. Bullot. Sur le même sujet : Chauveau (80, 81). 307. SchenckFr.). — Elude critique et expérimentale sur le mouvement et. la contraction protoplasmique. — Cet article est une étude critique du travail de Verworn [discussion d'ailleurs souvent beaucoup trop acerbe et trop peu justifiée]. L'auteur discute les résultats des recherches de Verworn et de différents autres expérimentateurs, il décrit quelques nouvelles expé- riences personnelles faites sur des organismes inférieurs variés, et il conclut en disant que jusqu'ici on n'a découvert aucun fait qui puisse diminuer la si- gnification de haute généralité de la loi de Pfluger sur l'excitation polaire. — J. Demoor. 13. Baker (F. C). — Pulsations du cœur des Mollusques. — L'auteur a étudié les pulsations du cœur chez 39 Lamellibranches ou Gastéropodes. Celles- ci présentent suivant les espèces des caractères différents, réguliers, inter- mittents, alternativement lents et rapides. Voici quelques chiffres relatifs au nombre de pulsations par minutes : Unio undulatus, 11; U. gibbosus, 20; Vitrea arbonas, 160; Limnea desidiosa, 155; L. stagrudis, 37-48. — C B. Davenport. 35. Botazzi. — Les oscillations du tonus auriculaire du cœur des Batra- ciens. Théorie sur les fonctions du sarcoplasme dans le tissu musculaire. — Le phénomène des oscillations du tonus auriculaire découvert par Fano chez la Tortue se constate sur les tracés sous forme de larges ondulations qui supportent les sinuosités beaucoup plus serrées des contractions auriculaires fondamentales. L'auteur, ayant retrouvé le même phénomène dans l'oreillette de divers Amphibiens ainsi que sur l'œsophage de la Grenouille et de l'em- bryon de Poulet, conclut qu'il est général pour le tissu musculaire lisse et le tissu cardiaque. Il serait dû à la contractilité du sarcoplasme de leurs cel- M L'ANNÉE BIOLOGIQUE. Iules, alors - ontractions fondamentales sont produit s, nmme on sait, par la - stance anisotrope. Plusieurs arguments viennent à l'appui de cette hy- ' se : d'une part, la lenteur de la contraction qui rappelle les mouve- ts d'un pseudopode: d'autre pan. la présence dans charnue des oscilla- tions de deux mouvements opposes, un de contraction qui s'élève au-dessus de la ligne des abscisses et un d'expansion qui descend au-dessous, comme on le constate dans le cytoplasme des organismes intérieurs; d'autre part enfin, le rapport qui existe entre l'intensité des scillations du tonus et la quantité de sarcoplasme présent dans la cellule, la fibre striée très pauvre en sarcoplasme ne présentant plus le phénomène et la fibre auriculaire de la Tortue rie sarcoplasme le montrant d'une façon très nette. Comme le- wttti ' os du sarcoplasme supportent, à cause de leur longue durée, les contractions - èes le la substance anisotrope, l'auteur explique ainsi ' us les phénomènes d'addition et de superposition de la physiologie mus- culaire. — G. Billot. •Jlv. Mûller. — Mouvements de Diatomées. — M. critique certaines as- sertions de Lauterb >rn voir Afin, biol., 11. 51 et fait connaître son opinion personnelle sur la question. D'après lui. le mouvement des Diatomées n'esl - dû à des filaments mucilagineux sortant par le raphé, mais bien à l'émis - n par le raphé d'un liquide visqueux, probablement d'origine protoplasmi- que. Ce liqui niant sur la surface externe, déterminerait ainsi un mou- vement réactionne] dans une directi »n opposée à celle de la sortie du li- quide. M. a étudié en détail ce problème et conclut que ce mécanisme suffit pour produire les déplacements lents qu'on observe chez ces végétaux. — A. J. Ewart. 316. Schwendener S.V — Renflement* moteurs de la Sensitive. — S. donne une descri] "aillée de la structure du renflement moteur principal. Dans l'écorce externe les méats sont petits, mais dans les couches plus pro- fondes ils sont grands et remplis d'air. Dans la moitié sensible inférieure du c<. ss t les parois cellulaires sont plus minces que dans la partie supérieure. Les renflements moteurs secondaires ont une structure anatomique absolu- ment semblable e* la seule particularité notable du renflement tertiaire est la présence de stomates à la face inférieure. Dans le renflement primaire le faisceau central est circulaire, mais dans le renflement secondaire il est aplati et à cette différence correspond dans les deux cas un mode de cour- bure différent. Après une série d'expériences infructueuses. Schwendener esl arrivé à enlever une moitié du renflement sans que le pouvoir réactionne] du renflement fut sérieusement affecté, et une série d'expériences ont montré que les moi: iéss upérieure et inférieure du pulvinule ont des réactions différentes aux changements d'intensité dans la lumière. A mesure que la lumière dimi- nue, la turg - e .ce des cellules actives de la partie supérieure du renflement déerc ' ' disque celle des cellules de la partie inférieure du même renfle- ment augmente et vice versa. Par us» quent. une diminution de l'intensité lumineuse doit avoir pour résultat un redressement des folioles. S. étudie ce - ment au point de vue de l'analyse mathématique. — A. J. Ewart. 198. Jost. — Mouvements périodiques des feuilles de Mimosa à Cobscurité. — Des plan*- M - nltivés à l'obscurité s'étiolent mais vivent pendant s en manifestant des mouvements périodiques, mais ces mouve- ments - de corrélation directe avec ceux qu'on observe sur les planl - 3 dëvei - la lumière. Les mouvements des plantes étiole - - m- XIV. — MORPHQLOGIE ET PHYSIOLOGIE GENERALES blent dépendre entièi Le l'influence de la température, l'effet pi étant le contraire de ce qu'on o: : une tion de tem- pérature amenant les feuilles à la p I '.tropique, tandis qu'un réf. - sèment f *der les folioles. L'action des changements le r-ature sur les plantes veri = à l'obscurité est fi rnblable, qu'un :iaufï'ernent fait folioles à la position de sommeil, tandis qu'un abaissement de température leur fait prendre la position de veille. — Les périences de J nt très ingénie vmplaceront avec- avantage ceux plus compliqués adoptés ju- pour - ire de recherc: — A. J. Ewart. Chaleur. 293. Richards H. M. . — La température de* plantes blessées. — que la température des tissus végétaux es: supérieure à celle -de l'air. Dans les organes blessés la formation de chaleur est encore accrue. C'est ai - chez la Pomme de terre les parties lésées ont une température qui est en - néral I] élevée que les parties saines: chez l'Ognon Fei ttl même 3 .3. Cette température « fébrile » : manifeste pas immédiatement : elle est à son maximum "24 heures après le traumatisme. L'état normal revi lentement, et vers le cinquième jour toute trace de fièvre a disparu. L de chaleur est accompagné d'un excè3 correspondant de la respiration. Dans i — 3SU8 massifs l'action est plus localisée qne dans les feuille-. — J. Massart. 160. Giesbrecht. — Sur V origine de fa lumière dans les pholospl Euphausides. — Les Euphausides possèdent sur le corps des organes phos- phorescents photosphères», formés de trois parties : un réflecteur, un faisc de bâtonnets corps strié) et une lentille, sans qu'on sache exactement quelle est la partie qui émet la lumière: pour Yallentin et Cunmngbam. c'est le ré- flecteur: pourSAR- el . 'est le corps strié. Giesbrecht examine les pho- tosphères situ sur les pédoncules oculaire- les larves et constate qu'elles sont formées uniquement d'un : . i de bâtonnets parallèles, renfermant quelques cellules centrales et enveloppé d'un manteau de cellules aplav - n'y a pas de réflecteur: ce n'est donc pas lui qui peut être la source de lu- mière chez les adultes. Dans une étude antérieure Mitth. ZooL St. Xeapei, vol. 11 . Giesbrecht a été conduit à croire que le processus chimique ou phy- sique de production de lumière ne se passe pas dans le cytoplasme vivant, m a seulement dans des produits de sécrétion émanés de cellules vivar.* i hez . - Euphausides. la source de lumière ne serait donc pas les cellules centrales ou périphériques du corps strié, mais bien le produit de - rétion, c'est- à-dire le faisceau de bâtonnets, comme l'avaient admis Sars et Chen. — L. Cuév: 342. Watanabe H.. — Phosphore* t t /pridi/iaH>!gertdorfii'$[rilU: — Le liquide phosphorescent esl - rétépai s g es inicellulair- ~ âl ées sur les 1 -.Tes inférieures le l'Ostraeode en question. Le phénomène n'a que quand la sécrétion est en contact avec l'eau. Comme les organes phospho- res ents les Métazoaires sont des glandes modifiées, il est fort probable que leurs fonctions sont semblables à celles qui dans les glandes ont pour but la production des pigments. La phosphorescence n'est qu'un phénomène colla- il dû au contact du pigment avec l'eau. (Test en -énéral un moyen de protection contre les ennemis. — J. Deniker. L'AIDÉE EIûLOGK'CE. III. 1S "25 :N'. L'ANNEE BIOLOGIQUE. Sur la phosphorescence du bois pourri due à un Champignon, voir Kut- scher (213). Électricité. 14. Ballowitz. — Sur la fine structure de l'organe électrique de la Raie commune {Raja clavata). — Avant de rapporter ici les considérations géné- rales intéressantes contenues dans ce travail, voici d'abord, pour orienter le lecteur, sinon le résumé de la description, tout au moins la légende Fig. 39. — Orj (Voir le texte.; explicative des ligures qui sont reproduites ci-contre. La figure 39, î repré- sente une coupe verticale d'un élément, d'une plaque électrique de l'organe caudal de la Raie; il se compose d'une écorce et d'une partie centrale; l'écorce peut être distinguée en couche corticale antérieure c o a et cou- che corticale postérieure c o p, la première lisse, la deuxième irrégu- lièrement bourgeonnante; la partie centrale est la substance lamellaire /, bien connue et caractéristique de l'organe électrique. Sur la face ex- terne de la couche corticale antérieure est appliqué un plexus nerveux, dont les fibres se voient en coupe en m. Tout l'élément est contenu dans une loge qui lui est propre et qui est coussinée par du tissu gélatineux g. La figure 40, 2 montre une portion de la ramification nerveuse n qui vient s'étaler contre la couche corticale antérieure en un réseau nerveux m; ce réseau est vu à plat par sa face postérieure, contiguë à la couche corti- cale antérieure; on reconnaît que les travées du réseau sont hérissées de piquants ou bâtonnets électriques. Dans la figure 40, 3 on voit ces bâton- nets 6 dans leur rapport avec la couche corticale antérieure, sur une portion de coupe de la figure 39 examinée à un fort grossissement; ils des- sinent une striation nette dans la zone antérieure de la couche corticale, contre les libres du réseau nerveux rn. La figure 40, -± enfin, qui représente une partie de la substance lamellaire très fortement grossie, montre qu'entre les lamelles /, /, /, régnent des bandes qui , vues en coupe verticale (dans XIV. — MORPHOLOGIE ET PHYSIOLOGIE GÉNÉRALES. 387 la partie supérieure de la figure), se montrent comme une succession de points et, sectionnées obliquement (dans la partie inférieure du dessin), figurent un réticulum r, r, r, que l'auteur croit être de nature nerveuse. Par ces caractères, l'organe électrique de la Raie ne diffère pas essentiel- lement de celui de la Torpille, précédemment étudié par Ballowitz (Arch. mikr. Anat., XLII, 1893). Seulement, il représente un état plus primitif, plus voisin de la forme musculaire primordiale. On sait en effet, depuis Babu- chin, que les plaques électriques naissent, chez la Torpille comme chez la Raie, de fibres musculaires striées, transformées, que Ballowitz désigne, par f I flN4. Bucholtz. — Sur le développement des Tubéracëes. — Le Tuber exca- vatum et YHymenogaster decorus sont deux Champignons hypogés apparte- tenant, le premier aux Ascomycètes, le second aux Basidiomycètes. Chez l'un comme chez l'autre, les tissus du fruit renferment des tubes assez volu- mineux, à contenu transparent, engaînés dans une substance incrustante variant d'épaisseur suivant le calibre des méats dans lesquels elle se moule. La substance incrustante bleuit par les réactifs iodés; elle disparaît ou du moins cesse de se colorer quand les spores mûrissent. L'auteur pense qu'il s'agit, non pas d'amidon ou de lichénine, mais d'une gomme ou d'une résine sécrétée par les tubes et consommée au profit des organes reproducteurs. La membrane incrustée se colore en bleu plus pâle que son revêtement. Bucholtz rapproche ces filaments incrustés des hyphes résinifères décrits par van Bambecke chez plusieurs Basidiomycètes. On ne connaissait pas encore d'éléments analogues chez les Ascomycètes. Cette haute différencia- tion permet de poursuivre, sur le terrain de la structure intime, le parallèle établi par Fischer entre les Tubéracëes et les Gastromycètes, qui sont con- sidérés comme les plus parfaits des Champignons basidiés. [Il est remar- quable que les progrès de l'anatomie tendent à reconstituer l'unité du groupe des Champignons hypogés, basée jadis sur la forme extérieure, rompue depuis parla découverte des asques chez les uns, des basides chez les autres. Avons-nous affaire à une adaptation convergente, ou bien attribuons-nous une importance exagérée au caractère de l'élément sporifère? Cette der- nière hypothèse mériterait d'être examinée, car il existe entre l'asque et la baside des liens génétiques que j'ai depuis longtemps signalés]. L'auteur démontre en outre que le Tuber excavatum est originellement gymnocarpe; ce n'est qu'au cours du déveveloppement que l'hyménium est enfermé. L'auteur voit dans cette évolution une preuve de l'affinité des Truffes et des Helvelles. [il trouverait certainement des contacts plus étroits entre des termes moins évolués de la série aérienne et de la série souter- raine des Ascomycètes]. — P. Vuillemin. 341. Vuillemin (P.). — Le bois verdi. — UHelotium œruginascens, l'un des Champignons qui colorent le bois mort en vert, présente, dans le tissu de ses apothèces, des filaments incrustés, semblables aux éléments spéciaux dé- crits par Bucholtz (54) chez les Hypogés. Seulement la substance incrustante, au lieu d'être un produit bleuissant par l'iode, est un pigment naturellement vert, la xylindéine, qui serait mieux appelée mycochlorine. Les éléments en- gaînés se retrouvent dans le mycélium qui infiltre le bois et lui communique son brillant coloris. La théorie de la sécrétion, admise par Bucholtz pour la matière bleuis- sante, est rigoureusement démontrée pour la xylindéine. Dans les éléments jeunes, le pigment est contenu à l'intérieur des filaments et fixé sur de petits leucites, sphériques ou elliptiques, semblables à des Micrococcus et se divi- XIV. — MORPHOLOGIE ET PHYSIOLOGIE GÉNÉRALES. 395 sant par étranglement. Plus tard il est exsudé et les incrustations vertes se montrent seulement quand l'activité des filaments touche à son déclin. Les membranes elles-mêmes sont incolores, sauf les jeunes cloisons transver- sales qui se teignent en vert pendant une courte période au voisinage du pore médian, et les asques. dans lesquels la xylindéine se substitue assez rarement à l'anneau bleuissant par l'iode, qui entoure le pore éjaculateur. La matière verte sécrétée par YHelotium ne disparaît jamais totalement. Son rôle comme réserve nutritive est peu considérable. La matière verte qui colore le bois provient uniquement du Champignon. Même dans les portions où l'on ne distingue pas de filaments, les amas ou les plaques incrustantes de xylindéine sont des débris du thalle de YHelotium qui a vécu dans la profondeur des éléments ligneux. Il n'existe pas, à pro- prement parler, de verdissement du bois, moins encore de pourriture verte. Le bois paraît vert, quand ses éléments propres sont traversés par le thalle coloré de YHelotium œruginascens ou de Champignons analogues. — P.Vuil- LEMIN. 199. Keeble (F. W.). — Le pigment rouge des fleurs de phanérogames. — Si les plantes sont en grande majorité vertes, il en est de rouges aussi. Pourquoi? Car si l'utilité de la coloration verte, due à la chlorophylle, laquelle joue un rôle important dans la nutrition, est bien connu, celle de la colora- tion rouge due à la présence d'un pigment [érythrophylle, ou anthocyane) dissous dans les sucs cellulaires, n'a pas été élucidée de façon satisfaisante. Quelles sont donc les propriétés de ce pigment rouge? Sa composition chimique est inconnue ; ses relations avec les pigments bleus par exemple, indécises aussi : car pour les uns, c'est la même substance qui se colore différemment selon que le milieu est acide ou alcalin ; pour d'autres, ce sont des substances différentes. Sur son origine on en sait un peu plus long. Il ne dérive certainement pas de la chlorophylle, car il existe sou- vent avant que celle-ci fasse son apparition. Il se rattache donc sans doute à quelque substance chromogène qui développerait la coloration rouge pour certaines influences. Mais lesquelles? La lumière, la chaleur, l'air? On ne sait au juste. Quant à la composition de cette substance, elle échappe aussi : mais il semble y avoir quelque connexité entre elle et le tannin. La coloration rouge chez les plantes se développe en des circonstances et dans des par- ties variées. A. Coloration rouge temporaire. — 1" Jeunes pousses en croissance : cas fréquent dans les régions tempérées, très caractéristique des arbres des régions montagneuses des tropiques ; 2° feuilles automnales ; 3° feuilles vertes adultes durant le froid, au printemps et à l'automne (coloration se dévelop- pant du côté exposé à la lumière). B. Coloration temporaire ou permanente . — 4° Tige , pétiole, nervure médiane devenant rouges dans les places exposées au soleil, pas à l'ombre. 5° Parties blessées ou faibles des feuilles et des fruits (le tissu avoisinant, sain, étant souvent rouge). 6° Plantes alpines. 7° Plantes de couleur foncée (sur- tout sous les tropiques). C. Coloration permanente. — 8° Se produisant comme sport, ou variation. Cette variété des conditions fait qu'il est difficile d'expliquer le fait par une seule et même raison, et on en vient volontiers à l'explication téléolo- gique de l'adaptation. C'est le parti qu'a pris Kerner, et de la sorte il trouve toujours à expliquer la présence de Fanthocyane. A la face inférieure des feuilles, dans les feuilles à l'ombre comme dans les parties non chlorophyl- liennes des plantes alpines, Fanthocyane sert à convertir la lumière en cha- 396 L'ANNEE BIOLOGlUl'E. leur, ce qui accroît le métabolisme de la plante. Chez les jeunes plantes au printemps, ou chez les adultes par temps froid, Fanthocyane sert à faciliter le transport des hydrocarbones en arrêtant la lumière, qui serait défavorable à cette opération. Dans Pépiderme des plantes alpines, le pigment, qui est d'autant plus développé que la lumière est plus intense, servirait d'écran protecteur à la chlorophylle. Voilà des fonctions variées. Pour appuyer ses vues sur la fonction-écran. Kerner invoque quelques observations intéressantes, faites dans le Tyrol. Ainsi Sature ja hortensis est encore prospère à 2195 mètres — en raison de son anthocyane, — tandis que le Lin, qui vit bien à 17)00 mètres, jaunit et meurt à 2195, « parce qu'il n'a pas d'anthocyane », dit Kerner. Que vaut l'explication? Pringsheim a bien montré que la lumière artificielle intense détruit la chlorophylle, et même le protoplasme, et Wiesner, Joiiow, Stahl même, à des degrés différents, ad- mettent cette action destructive de la lumière solaire ou artificielle sur la chlorophylle. Mais ceci ne suffit pas. Pringsheim et Marshall Ward, en effet, ont montré que Faction destructive se fait par la région bleue, verte et sur- tout violette du spectre. Or Fanthocyane de Satureja arrête-t-elle principa- lement ces rayons toxiques? On ne sait, et Fanthocyane ordinaire intercepte bien plus les rayons de Fextrémité rouge que ceux de l'extrémité violette. La fonction-écran est donc bien hypothétique. Et Stahl fait observer que l'on s'est peut-être trop préoccupé de Faction de la lumière sans s'occuper assez de celle de la chaleur. Tout cela est à revoir de près, d'autant qu'en fait, ce qu'on sait de l'action de Fanthocyane n'est guère favorable à l'idée de Kerner. Le spectre d'absorption de celle-ci est, en pratique, le réciproque ou le complément du spectre d'absorption de la chlorophylle, d'après Engel- MANN qui a vu la chlorophylle vivre très bien derrière des écrans rouges qui absorbaient de 1/3 à 1/2 de la lumière totale. Pick confirme ces faits et y ajoute ceci, que Fanthocyane a pour fonction de faciliter le transfert des hydrocarbonés, sans interrompre l'activité de la chlorophylle. Cette fonction pourrait être très importante, Sachs et d'autres ayant montré que souvent la quantité d'hydrocarbonés fabriquée durant le jour dans la feuille excède la quantité de sucre qui passe de la feuille dans le reste du végétal. Et alors ces hydrocarbonés seraient emmagasinés sous forme d'amidon dans la feuille, d'où, de suite, ils passeraient dans la plante, sous forme de sucre, après transformation sous l'influence d'une diastase. Là où il fait froid, la nuit, ce travail nocturne pourrait être dangereux ou inutile (dangereux parce que les organes actifs sont plus susceptibles que les organes en repos; inutile parce que, par le froid, le transfert se fait plus lentement), et alors on comprend que Fanthocyane peut jouer un rôle important si, comme le dit Pick, en vertu de ses propriétés absorbantes, elle permet la réalisation d'un travail qui, sans elle ne pourrait se faire. Les expériences sur lesquelles Pick fait reposer ses vues ont consisté à étudier la formation de l'amidon d'assimilation chez les feuilles de Ricin abritées derrière des écrans de cou- leurs variées. 11 a placé, quatre heures par jour, différents lobes d'une môme feuille derrière un verre rouge, un verre orangé, une solution de suc de betterave rouge, un dernier lobe étant exposé à l'insolation directe. Et il a vu de la sorte que le lobe exposé au soleil contenait beaucoup d'amidon dans le parenchyme spongieux, mais plus encore dans les cellules palissadiques; il y en avait beaucoup dans le parenchyme et peu dans les palissades, sous la solution de suc de Betteraves: beaucoup dans le tissu spongieux, et presque pas dans les palissades, sous le verre rouge. Cela montrerait que derrière le verre rouge et le suc de betterave, l'assimilation a été aussi bonne et le transfert meilleur qu'à la lumière blanche. D'où la conclusion que Fantho- XIV. — MORPHOLOGIE ET PHYSIOLOGIE GÉNÉRALES. 397 cyane rend des services importants. Mais Wortmann critique fortement cette conclusion, et ses objections ne sont pas sans valeur. Il faudrait voir, dit-il, si réellement les rayons absorbés par l'anthocyane sont capables d'accroître l'activité de la diastase. Or Detmer a vu que la lumière est sans influence sur la fermentation. Et les résultats de Pick pourraient s'interpréter autrement : comme l'a dit Stahl, le tissu spongieux pourrait être une adaptation à la lumière faible, le tissu palissadique une adaptation à la lumière noire, et alors, à la lumière noire, c'est ce dernier qui assimile le mieux, d'où apparition d'amidon, tandis qu'à la lumière faible c'est le tissu spongieux qui devient le plus riche en amidon. La question reste donc en suspens tant que les objections de Wortmaxx n'auront pas été réfutées. Stahl a toutefois apporté quelques faits de nature à fortifier la position de Kerxer. La présence de l'anthocyane, dit-il, confère des propriétés uniques spé- ciales démontrées par Kxy : la température de l'eau où baignent des feuilles rouges s'élève plus haut que celle de l'eau contenant des feuilles vertes. Il- y a — de par ce fait et d'autres encore — une absorption de chaleur par l'anthocyane, et celle-ci peut se mesurer ou démontrer encore par l'emploi des piles thermo-électriques. Un cube de Leslie — qui ne donne que de la chaleur noire — échauffe plus les taches rouges que le fond vert des feuilles tachées de rouge. Et alors cela explique quelques-uns des faits de Kerxer et de Pick. Satureja et les plantes similaires sont plus prospères que d'autres parce que l'anthocyane leur permet de mieux utiliser la chaleur solaire, d'en absorber plus : la feuille s'échauffe davantage, et le métabolisme général est favorisé. Il est vrai que si elles s'échauffent davantage, elles rayonnent plus aussi, et par le rayonnement se refroidissent plus vite, et alors, si la plante profite plus de jour, elle doit gagner moins de nuit. Il y a là une difficulté sérieuse : pourtant le fait essentiel demeure : calorifica- tion plus grande de jour, et nutrition plus active, ce qui permet d'expliquer une partie des faits de Pick et de Kerxer. Mais l'anthocyane se trouve souvent dans des parties où l'on n'en comprend guère l'utilité : nectaires, extrémité de poils glandulaires, etc. Pourtant elle peut y jouer le même rôle qu'ailleurs, peut-être aussi sert-elle de signal d'attraction à certains Insectes. Mais en tout cela, il n'y a que des peut-être... En les admettant toutefois, l'histoire entière serait à peu près celle que voici. Les tannins sont abondants chez les plantes à métabolisme intense, et les tannins donnent naissance à des pigments dont les propriétés thermiques sont utiles à la plante, sous l'influence des conditions extérieures de lumière et de température. Mais ces points ne sont pas tous établis, tant s'en faut. On nous dit que chez beaucoup de fleurs où certaines parties sont colorées en rouge — divers arbres forestiers à floraison précoce — la présence de l'anthocyane rend des services en accélérant l'arrivée du boyau pollinique auprès de l'ovule. C'est possible, mais la preuve manque. On dit encore que chez les plantes alpines, comme certaines graminées (Poa annua), l'antho- cyane, qui transforme en quelque sorte la lumière en chaleur, favorise l'épa- nouissement des fleurs au moment favorable; c'est possible, mais non certain. Cela dit sur l'usage de l'anthocyane chez les plantes des régions tempérées, où elle servirait ou bien à absorber les rayons lumineux pour les convertir en chaleur, ou bien à absorber directement la chaleur (Kerxer dans le pre- mier cas, Stahl dans le second), voyons à quoi elle servirait chez les plantes des régions tropicales. Elle se trouve, chez celles-ci, principalement à l'épiderme inférieur ou dans le parenchyme spongieux des feuilles. Sert-elle à échauffer la plante? 398 L'ANNÉE BIOLOGIQUE. Le besoin ne s'en fait pas sentir et Stahl en donne une tout autre interpré- tation. Les feuilles rouges, d'après l'expérience, transpirent plus que les vertes, surtout à L'ombre, et surtout à la chaleur humide : conditions que la forêt tropicale remplit en tous points. Et dans ces conditions, la chaleur est certainement très utile à la plante. Cette influence de l'anthocyane se montre de façons variées : chez des feuilles à taches rouges, dont le pétiole plonge dans une solution d'éosine, l'éosine monte plus vite aux taches rouges, ce qui indique que la transpiration y est plus abondante. L'antho- cyane jouerait là un rôle très important, car là sous les tropiques la trans- piration est souvent difficile. Au total, donc, l'anthocyane ne sert point d'écran, ni de moyen de colora- tion prémonitrice (d'après des expériences trop peu détaillées) : elle est utile par sa propriété d'absorber la chaleur : dans les pays tempérés cette chaleur est employée à stimuler le métabolisme, sous les tropiques à faciliter la transpiration. Ce sont là des vues intéressantes et qui méritent d'être approfondies, et mises à l'épreuve. — H. de Varigny. Voir aussi Ewart (129). 251. Molisch (H.). — Coloration des fleurs d'Hortensia. — L'auteur montre que la coloratiun en bleu des fleurs d'Hortensia (naturellement roses) est due à la présence dans le sol de sulfate d'alumine ou de sulfate de fer. D'après lui, la couleur bleue est le résultat d'une combinaison chimique de ces sels avec l'anthocyane qui donne aux fleurs la teinte rose que Ton connaît. — A. J. Ewart. 118. Dubois (Raphaël). — Etudes sur le mécanisme de la thermogênèse. — Physiologie comparée de la Marmotte. — La Marmotte tombe en sommeil hivernal dès que la température s'abaisse au-dessous de 10°, mais, contraire- ment aux vrais hivernants (Batraciens, Reptiles, etc.), une température infé- rieure à 5° provoque le réveil de ce Rongeur. Le sommeil hivernal est coupé par des phases de réveil fréquentes au début et à la fin de l'hibernation, rares pendant la période d'état. Ces réveils sont accompagnés d'évacuations d'urines et d'excréments. — La quantité d'urée et de phosphates de l'urine, peu considérable lorsque le sommeil de l'animal est calme, augmente notable- ment lorsque le sommeil a été troublé. A l'état sauvage, les marmottes ne prennent aucune nourriture pendant toute la durée de l'hibernation. Circulation. — Respiration. — Pendant le sommeil, la circulation est très ralentie, les pulsations sont extrêmement diminuées et dans leur fréquence et dans leur amplitude; la pression artérielle subit aussi une baisse considé- rable; le sang a abandonné les vaisseaux de la périphérie pour s'accumuler dans le cœur et les gros vaisseaux du thorax, qui sont exceptionnellement dé- veloppés chez la Marmotte. Au moment du réveil, les battements du cœur atteignent une fréquence et la pression artérielle une valeur supérieures même à celles qui existent chez l'animal éveillé. Les mouvements inspiratoires subissent parallèlement des oscillations de même sens. — Pendant la torpeur, une excitation incapable de provoquer le réveil de l'animal produit une augmentation très appréciable dans le nombre et l'amplitude des mouve- ments cardiaques et respiratoires. Le cœur de la Marmotte tuée pendant le sommeil continue à battre trois heures et plus après la mort de l'animal, tandis qu'il s'arrête très rapidement après la mort chez les Marmottes tuées en état de veille. Les tissus de la Marmotte, animal homéotherme, ont pris les pro- priétés de ceux d'un pœcilotherme sous l'influence du sommeil hivernal. La circulation lymphatique est interrompue. La cavité péritonéale contient une XIV. — MORPHOLOGIE ET PHYSIOLOGIE GENERALES. 399 grande quantité de lymphe, riche en leucocytes et spontanément coagulable. Échanges respiratoires pendant le sommeil. — La consommation d'oxygène est 30 à 40 fois plus faible qu'à l'état de veille. Au début du réveil, la consom- mation d'oxygène augmente et atteint même une valeur qu'elle ne conservera pas pendant la période de veille. Il y a donc une exaltation remarquable de toutes les fonctions de nutrition au début du réveil. Pendant la torpeur, le quotient respiratoire CO2/O=0,5. Cette faible valeur ne tient pas à une accumu- lation de l'oxygène dans les tissus, mais à ce que l'animal consomme ses réserves graisseuses et produit une notable quantité d'eau. Au moment du réveil, le quotient respiratoire augmente et atteint l'unité, valeur qu'il conserve sensi- blement à l'état de veille, l'animal consommant alors surtout des hydrates de carbone. Variations dans la composition du sang dans la veille et le sommeil. — Pen- dant l'hibernation, il n'y a pas accumulation d'oxygène dans le sang comme l'avaient prétendu certains auteurs. Au contraire, l'acide carbonique, déjà plus abondant à l'état normal dans le sang de la Marmotte que dans celui des autres animaux, augmente encore pendant le sommeil hivernal (41 % à l'état de veille, 73 à 76 % pendant le sommeil pour le sang artériel). — Les leuco- cytes qui, pendant le sommeil, ont émigré dans la cavité péritonéale, regagnent la circulation par le canal thoracique au moment du réveil. Réserves physiologiques. — Le glycogène, très peu abondant dans le foie de la Marmotte, tout au moins éveillée depuis peu de temps, augmente notable- ment et progressivement pendant le sommeil. La proportion de sucre suit une marche exactement inverse. La quantité de sucre du sang, à peu près égale à celle des autres animaux, pendant la veille, diminue pendant le sommeil jusqu'à tomber à zéro pendant la complète torpeur. [C'est là, à notre avis, un des résultats les plus impor- tants des recherches de l'auteur]. Au moment du réveil, la quantité de sucre du sang atteint une valeur maximum, traduisant ainsi la suractivité fonction- nelle déjà notée à propos d'autres fonctions. Excrétions. Variations du poids. — L'urine de la Marmotte, alcaline à l'état de veille, ainsi qu'il arrive chez les herbivores, devient acide pendant le som- meil, traduisant ainsi l'état d'autophagie de l'animal. — Pendant le jeûne hi- vernal, la Marmotte perd environ un quart de son poids, et cela surtout aux dépens de ses réserves graisseuses. Cette perte de poids n'est pas continue ; il arrive même qu'à certains moments l'animal plongé dans le sommeil com- plet et ne prenant aucune nourriture augmente de poids, phénomène dû à une fixation d'oxygène sur certains éléments, fixation à laquelle ne corres- pond pas, tout au moins immédiatement, une élimination d'acide carbonique ou d'eau. Pendant 160 jours d'hibernation, la Marmotte ne consomme pas plus que pendant 12 jours de veille. Température. — La température normale, qui est de 37°,5, peut'tomber pen- dant le sommeil à 4°, 6. Le réchauffement commence par le foie, il y quelque- fois une différence de plus de 10 degrés entre l'organe hépatique et les parties continues de la masse abdominale. Rôle du système nerveux dans la tliermogénèse. — Les hémisphères ne jouent qu'un rôle très secondaire dans les phénomènes d'hypothermie et de réchauf- fement. Le cerveau moyen a une influence beaucoup plus considérable sur ces phénomènes. La section du bulbe au-dessus du nœud vital empêche le réchauffement et le réveil de la Marmotte. Mêmes effets à la suite de la sec- tion de la moelle entre l'occipital et l'atlas ou entre la 2me et la 3me vertèbre cervicale. A la suite de la section au niveau de la 4me vertèbre cervicale la Marmotte reste en état de torpeur et d'hypothermie. L'excitation du bout in- 398 L'ANNÉE BIOLOGIQUE. Le besoin ne s'en fait pas sentir et Stahl en donne une tout autre interpré- tation. Les feuilles rouges, d'après l'expérience, transpirent plus que les vertes, surtout à l'ombre, et surtout à la chaleur humide : conditions que la forêt tropicale remplit en tous points. Et dans ces conditions, la chaleur est certainement très utile à la plante. Cette influence de l'anthocyane se montre de façons variées : chez des feuilles à taches rouges, dont le pétiole plonge dans une solution d'éosine, Téosine monte plus vite aux taches rouges, ce qui indique que la transpiration y est plus abondante. L'antho- cyane jouerait là un rôle très important, car là sous les tropiques la trans- piration est souvent difficile. Au total, donc, l'anthocyane ne sert point d'écran, ni de moyen de colora- tion prémonitrice (d'après des expériences trop peu détaillées) : elle est utile par sa propriété d'absorber la chaleur : dans les pays tempérés cette chaleur est employée à stimuler le métabolisme, sous les tropiques à faciliter la transpiration. Ce sont là des vues intéressantes et qui méritent d'être approfondies, et mises à l'épreuve. — H. de Varigny. Voir aussi Ewart (129). 251. Molisch (H.). — Coloration des fleurs iV Hortensia. — L'auteur montre que la coloratinn en bleu des fleurs à: Hortensia (naturellement roses) est due à la présence dans le sol de sulfate d'alumine ou de sulfate de fer. D'après lui, la couleur bleue est le résultat d'une combinaison chimique de ces sels avec l'anthocyane qui donne aux fleurs la teinte rose que l'on connaît. — A. J. Ewart. 118. Dubois (Raphaël). — Etudes sur le mécanisme de la thermogénèse. — Physiologie comparée de la Marmotte. — La Marmotte tombe en sommeil hivernal dès que la température s'abaisse au-dessous de 10°, mais, contraire- ment aux vrais hivernants (Batraciens, Reptiles, etc.), une température infé- rieure à 5° provoque le réveil de ce Rongeur. Le sommeil hivernal est coupé par des phases de réveil fréquentes au début et à la fin de l'hibernation, rares pendant la période d'état. Ces réveils sont accompagnés d'évacuations d'urines et d'excréments. — La quantité d'urée et de phosphates de l'urine, peu considérable lorsque le sommeil de l'animal est calme, augmente notable- ment lorsque le sommeil a été troublé. A l'état sauvage, les marmottes ne prennent aucune nourriture pendant toute la durée de l'hibernation. Circulation. — Respiration. — Pendant le sommeil, la circulation est très ralentie, les pulsations sont extrêmement diminuées et dans leur fréquence et dans leur amplitude; la pression artérielle subit aussi une baisse considé- rable ; le sang a abandonné les vaisseaux de la périphérie pour s'accumuler dans le cœur et les gros vaisseaux du thorax, qui sont exceptionnellement dé- veloppés chez la Marmotte. Au moment du réveil, les battements du cœur atteignent une fréquence et la pression artérielle une valeur supérieures même à celles qui existent chez l'animal éveillé. Les mouvements inspiratoires subissent parallèlement des oscillations de même sens. — Pendant la torpeur, une excitation incapable de provoquer le réveil de l'animal produit une augmentation très appréciable dans le nombre et l'amplitude des mouve- ments cardiaques et respiratoires. Le cœur de la Marmotte tuée pendant le sommeil continue à battre trois heures et plus après la mort de l'animal, tandis qu'il s'arrête très rapidement après la mort chez les Marmottes tuées en état de veille. Les tissus de la Marmotte, animal homéotherme, ont pris les pro- priétés de ceux d'un pœcilotherme sous l'influence du sommeil hivernal. La circulation lymphatique est interrompue. La cavité péritonéale contient une XIV. — MORPHOLOGIE ET PHYSIOLOGIE GENERALES. 399 grande quantité de lymphe, riche en leucocytes et spontanément coagulable. Echanges respiratoires pendant le sommeil. — La consommation d'oxygène est 30 à 40 fois plus faible qu'à l'état de veille. Au début du réveil, la consom- mation d'oxygène augmente et atteint même une valeur qu'elle ne conservera pas pendant la période de veille. Il y a donc une exaltation remarquable de toutes les fonctions de nutrition au début du réveil. Pendant la torpeur, le quotient respiratoire CO2/O=0,5. Cette faible valeur ne tient pas à une accumu- lation de l'oxygène dans les tissus, mais à ce que l'animal consomme ses réserves graisseuses et produit une notable quantité d'eau. Au moment du réveil, le quotient respiratoire augmente et atteint l'unité, valeur qu'il conserve sensi- blement à l'état de veille, l'animal consommant alors surtout des hydrates de carbone. Variations dans la composition du sang dans la veille et le sommeil. — Pen- dant l'hibernation, il n'y a pas accumulation d'oxygène dans le sang comme l'avaient prétendu certains auteurs. Au contraire, l'acide carbonique, déjà plus abondant à l'état normal dans le sang de la Marmotte que dans celui des autres animaux, augmente encore pendant le sommeil hivernal (41 % à l'état de veille, 73 à 76 % pendant le sommeil pour le sang artériel). — Les leuco- cytes qui, pendant le sommeil, ont émigré dans la cavité péritonéale, regagnent la circulation par le canal thoracique au moment du réveil. Réserves physiologiques. — Le glycogène, très peu abondant dans le foie de la Marmotte, tout au moins éveillée depuis peu de temps, augmente notable- ment et progressivement pendant le sommeil. La proportion de sucre suit une marche exactement inverse. La quantité de sucre du sang, à peu près égale à celle des autres animaux, pendant la veille, diminue pendant le sommeil jusqu'à tomber à zéro pendant la complète torpeur. [C'est là, à notre avis, un des résultats les plus impor- tants des recherches de l'auteur]. Au moment du réveil, la quantité de sucre du sang atteint une valeur maximum, traduisant ainsi la suractivité fonction- nelle déjà notée à propos d'autres fonctions. Excrétions. Variations du poids. — L'urine de la Marmotte, alcaline à l'état de veille, ainsi qu'il arrive chez les herbivores, devient acide pendant le som- meil, traduisant ainsi l'état d'autophagie de l'animal. — Pendant le jeûne hi- vernal, la Marmotte perd environ un quart de son poids, et cela surtout aux dépens de ses réserves graisseuses. Cette perte de poids n'est pas continue; il arrive même qu'à certains moments l'animal plongé dans le sommeil com- plet et ne prenant aucune nourriture augmente de poids, phénomène dû à une fixation d'oxygène sur certains éléments, fixation à laquelle ne corres- pond pas, tout au moins immédiatement, une élimination d'acide carbonique ou d'eau. Pendant 160 jours d'hibernation, la Marmotte ne consomme pas plus que pendant 12 jours de veille. Température. — La température normale, qui est de 37°,5, peut'tomber pen- dant le sommeil à 4°, 6. Le réchauffement commence par le foie, il y quelque- fois une différence de plus de 10 degrés entre l'organe hépatique et les parties continues de la masse abdominale. Rôle du système nerveux dans la thermogénèse. — Les hémisphères ne jouent qu'un rôle très secondaire dans les phénomènes d'hypothermie et de réchauf- fement. Le cerveau moyen a une influence beaucoup plus considérable sur ces phénomènes. La section du bulbe au-dessus du nœud vital empêche le réchauffement et le réveil de la Marmotte. Mêmes effets à la suite de la sec- tion de la moelle entre l'occipital et l'atlas ou entre la 2me et la 3me vertèbre cervicale. A la suite de la section au niveau de la 4me vertèbre cervicale la Marmotte reste en état de torpeur et d'hypothermie. L'excitation du bout in- 4U0 L'ANNEE BIOLOGIQUE. férieur de la moelle provoque une élévation rapide de température buccale et rectale, ce que ne peuvent produire ni l'excitation du sciatique ou de la vessie ni la respiration artificielle. Les communications entre le cerveau moyen et la moelle, nécessaires à la calorification, se font par l'axe gris. De là. l'influx nerveux prend la voie des nerfs des muscles thoraciques et de filets sympathiques qui traversent les ganglions cervicaux inférieurs et premiers thoraciques. Circulation dans ses rapports avec ht calorification générale. — La ligature de la plupart des vaisseaux n'a pas d'action évidente sur le phénomène du réchauffement. Au contraire, l'intégrité de la circulation porte est indispen- sable à l'accomplissement de ce phénomène. Ainsi est établi le rôle du foie dans le réchauffement et la calorification générale. Narcose et autonarcose carbonique. — Nous avons vu que l'acide carbo- nique déjà abondant à l'état de veille dans le sang de la Marmotte augmentait encore en proportion sensible pendant le sommeil. L'auteur, par de nom- breux arguments et des expériences, établit que cette accumulation d'acide carbonique est la cause de l'hypothermie et du sommeil. En faisant respirer à des Marmottes éveillées des mélanges en proportions variables d'acide car- bonique et d'air ou d'oxygène, il a pu provoquer chez ces animaux le som- meil accompagné d'une hypothermie manifeste. Une surcharge plus grande du sang en acide carbonique amène le réveil. Nous n'avons cité que les principales conclusions de l'important travail de R. Dubois qu'accompagnent de très nombreux documents (graphiques et ta- bleaux). — P. Portier. 217. Langendorff. — Recherches sur le cœur des Mammifères après extir- pation. — Le cœur du Chat extirpé et nourri artificiellement ne cessant de battre qu'au-dessous de 6°, il est inutile d'admettre une adaptation spéciale du cœur des animaux hibernants pour expliquer son fonctionnement pendant leur sommeil et alors que leur température intérieure descend à 10° environ. — G. Bullot. 63. Busse (Otto). — Sur. la survie de parties détachées de tissus. — L'au- teur constate que les cellules ciliées de l'épithélium des polypes ou tumeurs extirpés des fosses nasales et maintenus dans un milieu aseptique, conser- vent leur mouvement ciliaire jusqu'à 18 jours après l'extirpation (myxofi- brome), les leucocytes et les érythrocytes leur vitalité pendant 11 et 14 jours. — A. Philibert. 264. Nussbaum (M.). — De la survie cVInfusoires enkystés conservés dans l'air sec. — Des kystes de Gastrostyla vorax conservés douze ans à l'air sec et réhydratés au bout de ce temps n'étaient plus capables de revivre, le pro- toplasme avait subi une dégénérescence très nette. Les processus vitaux dans l'anhydrobiose conduisent donc à une lente déchéance et au bout d'un cer- tain temps de vie ralentie survient fatalement la mort. — L. Terre. 126. Escombe (M. P.). — Germination desgraines. La vitalité des graines au repos et en germination. — Etude analytique sur les faits connus relatifs à la résistance des graines, au point de vue delà vitalité, de. l'aptitude à ger- mer à différents facteurs. Comme le travail est long, détaillé, je résumerai de la façon la plus concise, en sacrifiant le moins possible aux exigences de la forme. Résistance au temps. — La plupart des cas qu'on a cités de la « longévité » XIV. — MORPHOLOGIE ET PHYSIOLOGIE GENERALES. 401 des graines ne résistent pas à la critique : ils sont apocryphes, recueillis dans des conditions qui leur enlèvent toute valeur. Les grains de blé des Pyramides? Ils ne germent pas quand ils sont au- thentiques, et quand on est assuré de leur authenticité. Les Arabes en ven- dent pour anciens qui sont modernes. Unger a opéré avec des graines au- thentiques de ïhèbes, des Hordeum hexaslichon : pas un n'a germé. Des grains de blé extraits de tuiles faites avec de la boue du Nil et de la paille (Pyramide de Dahur, près du Caire) n'ont pas germé non plus. Il se pourrait que des grains aussi vieux pussent germer, mais ils ne l'ont pas fait jusqu'ici : et peut-être les grains étaient-ils tués (par des antiseptiques?) avant d'être placés dans les sarcophages (De Candolle). Autre fait qui a été cité sérieuse- ment : on creuse un puits dans le lias de Shipston onStone; l'année d'après, Glaucium luteum se montre sur la terre retirée du puits. On en conclut que les graines datant du lias... C'est beaucoup. Au mont Laurium, en Attique, on déblaye un amas de terre extraite de la mine : un Glaucium y pousse que Von Heldreich considère comme une espèce nouvelle (G. Serpieri) et le Silène juvenalis jusque-là inconnu dans cette localité. Peut-être les graines ont- elles été enfouies il y a quinze cents ans, époque où la terre extraite de la mine fut jetée à la surface du sol. Cela déjà est plus vraisemblable; mais il faudrait savoir si ces deux espèces n'existent pas à quelque distance. A. P. de Candolle a fait germer des graines de Mimosa pudiea de soixante ans; Girardix. des Haricots contenus depuis cent ans dans l'herbier de Tourne- fort: Browx. en 1850, des graines [quelle espèce?] placées depuis cent cinquante ans dans la collection de Sir Hans Sloane. Ces cas semblent authen- tiques ; pourtant il peut y avoir eu des substitutions de graines que les expéri- mentateurs ont ignorées. Souvent, quand on remue le sol, on voit apparaître des plantes qui jusque- là n'avaient pas été observées. Les graines ont donc pu vivre, en vie la- tente, dans le sol, pour germer une fois des conditions favorables présentes? [J'ai observé assez souvent ce phénomène à Montmorency, sur la Digitale. Celle-ci disparaît, une fois le taillis assez grand; quand on coupe le bois après dix ou quinze ans, la digitale reparait]. Mais alors il doit y avoir des graines dansle sol? Peter les cherche, et soumet à l'épreuve de nombreux échantillons du sol, dans des localités où la flore est très connue, et où l'on sait quelle vé- gétation garnissait le sol. Le résultat, c'est qu'en prenant de la terre mainte- nant détournée de son usage ancien (terre de prairie devenue sol à forêt, par exemple) on obtient des plantes qui se rattachent à la flore ancienne. Dans ces conditions, Peter peut conclure avec assez de certitude [il faut tenir compte de la possibilité du transport de graines lointaines parle vent, les oiseaux] que les graines restent aptes à germer, dans ou sur le sol, pendant de vingt à quarante ou cinquante ans. Mais, assurément, les différentes espèces ont une vitalité intrinsèque très différente. Sur des graines d'Orge, Seigle, Blé et Avoine, de un à dix ans, Burgesteix constate que l'Orge conserve le mieux sa vitalité, puis viennent en ordre décroissant. l'Avoine, le Blé, le Seigle. Chez le Blé, l'Avoine et l'Orge, il germe de soixante-dix à quatre-vingt-dix graines °/0 au bout de dix ans ; mais 2 ° 0 chez le Seigle. Actox n'a pas eu de germination avec du Blé de trente ans. Mais peut-être avait-il été conservé dans des conditions défavora- bles? La graine est un organisme vivant : et certaines conditions extérieures peuvent la tuer. Arthur dit avoir vu germer Pyrus coronaria après vingt-trois ans. La preuve Une grange fut élevée en 1859, avec fondations de calcaire. En 1882, elle fut abattue, et les fondations retirées 22 jours après. Quand on retira une des l'année biologique, m. 1897. 26 402 L'ANNEE BIOLOGIQUE. pierres au contact du sol, on trouva près du centre deux petits plants de Pyrus. Les graines auraient été protégées par le bâtiment, et après enlève- ment de la charpente, l'eau et la chaleur ayant accès, elles auraient germé. C'est possible : mais non probant. Sur dix Pois de dix ans, d'après Jodin, quatre ont germé : deux normale- ment, et deux anormalement. En 1886 Meehan avait quelques Lysimachia atropurpurea dans son jardin. 11 couvrit la plantation avec de la boue, à la hauteur de plusieurs pieds, y planta des Conifères dans celle-ci. En 1896, on enleva un arbre : une Lysimaquc poussa dans le fond du trou. La graine avait vécu dix ans dans le sol. En 1884, il avait des Antirrhinum ghoidulostim, il les fit couvrir par de la terre assez épaisse. En 1894, le sol fut retourné : un plant d' Antirrhinum se montra. Même conclusion, assez vraisemblable. Mais il faudrait de la préci- sion , et seules des expériences ad hoc la pourraient fournir. Résistance à Veau. — Beaucoup de graines résistent à une immersion pro- longée dans Peau salée. On connaît les expériences de Darwin à cet égard, et aussi celles de Berkeley. Quatre-vingt-sept espèces furent soumises à l'é- preuve d'une immersion qui dura un mois : vingt-trois succombèrent, la plus résistante fut le Capsicum (trente germinations sur cinquante-six graines après 137 jours d'immersion) ; chez YApium lagermination n'était que de 6°/0. Plusieurs .4 riplex germaient après 100 jours d'immersion : les Haricots et Hibiscus périrent en 11 jours. Les autres graines eurent une vitalité inter- médiaire. Martin opéra sur 98 espèces, pendant 45 jours. Résultat : 41 espèces pour- ries ; sur les 57 autres, 35 germèrent. De ces dernières plusieurs étaient essentiellement littorales. Des graines fraîches de ces 35 espèces subirent une immersion de 93 jours : 9 seulement germèrent. Thuret employa une immersion de 13 mois : 10 espèces [sur combien?] germèrent, quelques- unes mieux que les graines non immergées. A citer ici une observation intéressante de Salter. En 1843 on creusa les chenaux de Poole Harbour, la boue draguée étant accumulée sur la berge sur plusieurs centaines de mètres carrés. Au printemps suivant, une végéta- tion abondante et particulière couvrit cette boue : des plantes tout à fait distinctes de celles du voisinage, dont on ne trouvait des exemplaires qu'à distance assez grande : dont une espèce, même, n'existe probablement pas en Angleterre. Sans doute ces plantes venaient de graines tombées dans la rivière qui se jette là et ces graines s'étaient conservées dans la boue. En ce cas, elles ont pu subir une immersion prolongée. [Il eût été bon de recueil- lir de la boue et de la garder à l'abri de toute pollution possible]. Mais rien n'est certain. Les observations de Write confirment toutefois celles de Salter. De la boue fut draguée dans le lit de l'A von et le fond des bassins de Bristol ; elle fut vidée dans une carrière abandonnée sur l'espace d'un quart d'hectare environ, à la profondeur de trois ou six mètres. Au printemps qui survint, apparition d'une végétation variée et abondante : nombre d'espèces étant indigènes sur les bords de l'A von en amont et en aval de Bristol , mais n'ayant pas jusque-là été observées dans le voisinage. Il y avait aussi des es- pèces de la vallée de l'A von, mais qui étaient devenues très rares, ou avaient disparu; d'autres n'avaient jamais été vues dans la région, et certaines ont leur habitat normal dans des régions éloignées du globe. White conclut que les graines ont vécu un temps indéterminé dans la boue, apportées par la rivière ou par des vaisseaux en provenance de l'étranger. Mais la durée de l'immersion? Il est impossible de la connaître avec certitude. Les observations XIV. — MORPHOLOGIE ET PHYSIOLOGIE GENERALES. 403 de Guppy ont de l'intérêt. Il a vu que les graines de Sparganium ramosum germent après 12 mois d'immersion dans l'eau de mer : celle de Lemna ne résistent pas à une immersion de quelques jours. L'immersion du Pois pendant 5 jours réduit la proportion des graines qui germent à 60 %; après 14 jours, celle-ci tombe à zéro. Le Haricot ne ré- siste pas à plus de 10 jours d'immersion; le Blé, l'Orge, le Lin, à plus de 3 semaines; le Chanvre germe encore après 4 semaines. Il est des cas où l'eau, aidée de la chaleur, facilite la germination. \Yer- nicke a traité des graines d' Acacia molissima et de Lathyrus sylvestris à l'eau chaude. Voici les résultats : Durée de l'immersion Température de l'eau Germinations pour 100 6 heures 50° 60 % 3 heures 80° 72 1 heure 95-100° 92 Résistance à la chaleur, au froid et au dessèchement . — Sur l'action des grands froids il a été fait peu de chose. Edwards et Colin, autrefois, ont sou- mis des graines de Céréales à la température de — 40° pendant quelques minutes. Elles ont germé. Mais les graines ont-elles pris elles-mêmes la température de — 40°? Puis Wartmànn a expérimenté sur neuf espèces. Les graines étaient réparties en trois lots : un témoin ; un lot mis en tube de verre mince, scellé, refroidi pendant une demi-heure à — 57°, puis laissé 15 jours dans un mélange de neige et de glace, au dehors, en hiver; le troi- sième lot exposé à — 78°, puis à — 110° pendant vingt minutes environ. Toutes les graines ont germé. Mais ici encore, le temps a été court : rien ne prouve que les graines aient présenté la température de — 78" ou de — 110°. Autre expérience: des Marrons d'Inde sont restés deux heures dans un récipient d'étain exposé à — 110°. Ils ont germé. Même objection. De Candolle et Pictet ont employé des temps plus longs, en exposant des graines à — 39°, puis — 56° pendant six heures (trois espèces) : il y a eu germination. Autre expé- rience des mêmes auteurs : deux heures de durée à — 40° et — 86° (une au moins à — 80°) : germination. Mais voici qui vaut mieux : durée de 4 jours avec température de — 100°. Les graines germent encore; et dans ce cas. certainement les graines ont dû réellement descendre à — 100°. Plus récemment, Pictet aurait obtenu les mêmes résultats avec des graines exposées à — 200°, pendant un temps qui n'est pas indiqué, malheureusement. Puis de Candolle a opéré pendant 118 jours à une température moyenne de — 41-93, sur le Blé, l'Avoine, le Fe- nouil, la Sensitive et une Lobélie. Pendant dix-huit ou vingt heures par jour la réfrigération était maintenue (maximum — 37-78, minimum — 53-89); pen- dant les quatre autres heures, la température remontait : mais il ne semble pas qu'elle ait jamais atteint zéro. Trois espèces germèrent normalement ; sur 60 graines de mimosa, 13 seulement germèrent, et 10 Lobélies. Cette expérience est la plus longue qui ait été faite, semble-t-il. Dans les régions polaires on voit encore germer les graines. Des graines de blé abandonnées dans la baie de Polaris durant l'expédition Hall, durant 4 ans, ont germé plus tard sans difficulté. De même des Pois et Haricots qui avaient été exposés sur le pont à — 71° F. Les graines conservées à Iakoutsk et Werschojansk en Sibérie où le thermomètre tombe toujours à — 40° et souvent à — 60°, germent aussi. Les graines incluses dans la glace pendant l'hiver anglais normal, germent aussi, d'après Gappy. 404 L'ANNEE BIOLOGIQUE. Voilà pour le froid, et maintenant considérons les faits relatifs à la chaleur. D'après Jist, les graines de Trèfle résistent à + 120°, si elles ont été bien desséchées d'abord, et si la chaleur est sèche. Il est bon que les graines ne soient pas exposées d'emblée à l'action de la chaleur. Mais au-dessus de 100, il va des troubles. Avec des graines très bien desséchées, portées graduelle- ment à 100°, peu de graines mortes: à 110°, il y en a plus; à 122° pendant 30 minutes 99 °/0, des graines d'orge périssent : celles d'avoine résistent à un échauffement de 3 heures. Au-dessus de 122, toutes les graines périssent. Mais l'influence de l'état d'hydratation des graines est considérable. Haberlandt a vu des graines séchées résister 48 heures à + 100°. Van Tieghem contredit quelques-unes de ces conclusions. Si l'on dessèche des graines à 100° jusqu'à ce quelles ne perdent plus de poids, elles meurent. Mais peut-être n'étaient-elles pas desséchées au préalable? Au reste, la résis- tance varie selon l'espèce et selon l'individu, selon le traitement antérieur. En ce qui concerne la dessiccation de la graine germée, on a quelques expériences de Goff et d'EvcK. Le premier a vu que le Blé et le Maïs peu- vent germer 5 ou 6 fois après avoir été 4 ou 5 fois desséchés pendant 7 jours. Van Eyck a confirmé et étendu ces résultats. Résistance aux agents chimiques. — Cornevin a étudié l'action des alcaloïdes sur les plantes. En ce qui concerne l'action d'un poison sur la graine de l'espèce qui fournit le poison (saponine sur Agrostemma githago, etc., cyti- sine sur Cytise) il a vu qu'elle est nulle; mais quand il s'agit de l'action d'un poison qui n'existe pas dans la graine et ne se forme que plus tard, le résul- tat est autre : la nicotine retarde la germination des graines de Tabac; par contre, l'opium stimule celle des graines de Pavot. La narcotine, la codéine, la narcissine stimulent; la thébaïne et la morphine semblent ne pas agir; la papavérine retarde. En ce qui concerne l'action d'un poison sur des graines d'espèce autre que celle qui fournit la substance toxique, l'oléandrine et la médotoxine sont inoffensives le plus souvent; la colchicine et la cytisine nuisent au Haricot, graine qui semble d'ailleurs être très sensible à l'action des agents toxiques. Romanes a étudié l'influence des gaz sur les graines. Les unes sont restées vides en tubes scellés 15 mois; d'autres, 3 mois au vide, puis 12 mois dans un gaz quelconque, à pression normale. Ni le vide, ni les gaz (acide carbonique, oxyde de carbone, oxygène, hydrogène, azote, sulfure d'hydrogène), n'ont affecté l'aptitude germinatrice. Il en faudrait conclure que les graines en vie latente ne respirent pas [?]. De Candolle a vu que les graines gardées sous le mercure restent vivantes; Jodin a vu que chez des graines gardées 4 ans 7 mois dans un cas, 4 ans 7 mois dans l'autre, dans la même éprouvette retournée sur le mercure, la germination se fait bien; l'air n'a pas changé de composition. Autre expé- rience : 20 pois sont gardés dans le mercure. Après 4 ans et demi, 8 pois sur 10 germent; après 10 ans 3 mois, 4 germent, dont 2 de façon anormale. A noter qu'il n'y avait aucun gaz dans l'éprouvette avant, pendant ou après. Il est vrai que de Candolle et Bonnier ont obtenu des résultats discordants. Ils firent trois lots de graine : l'un fut placé dans un carton à l'air libre; le second dans un tube plein d'air, bien bouché ; le troisième dans une éprou- vette pleine d'acide carbonique. L'expérience a duré 2 ans. Les graines à l'air libre avaient augmenté de poids; celles à l'air confiné, très peu; celles à l'acide carbonique, pas du tout. Pouvoir germinateur bon chez les premières, médiocre chez les secondes, nul chez les dernières. Mais que vaut l'interpré- tation de la question de poids, dont l'accroissement est attribué au métabo- lisme? C'est là le point délicat. XIV. — MORPHOLOGIE ET PHYSIOLOGIE GENERALES. 405 D'après les mêmes auteurs, les vapeurs d'éther, de chloroforme, d'alcool, d'acide acétique retardent bientôt la germination, et après quelques jours la détruisent. Par contre (de Bary) la graine de Cresson alénois résiste à une immersion de 4 semaines dans l'alcool éthylique absolu, — pas à une immersion de 5 semaines toutefois (Ewart). Les Pois résistent de 7 à 9 semaines, mais pas plus de 8 semaines. Cannabis indien est tué en 1 jour; le Lin en 5 semai- nes, comme le Blé; l'Orge en 7 semaines. L'alcool à 50 °/0 est plus nuisible que l'alcool absolu, de façon sensible. Le sublimé tue les mêmes graines en un jour ; les Pois le supportent de 3 à 6 semaines, mais en solution alcoolique. Ewart a voulu voir si, comme les expériences de Van Tieghem semblent l'indiquer, les graines respirent : il a fait passer de l'air privé d'acide carbo- nique sur des Pois, puis sur de la baryte pendant 10 ou 15 jours; il ne s'est pas formé trace de carbonate. Bruttini a vu que différents sels, en solution aqueuse, agissant à 1 ou 2 % pendant 24 heures, retardent la germination de façon très variée. Monoce constate que les alcaloïdes accélèrent ou ralen- tissent la germination selon le degré de concentration. Au total, la graine résiste à des froids de — 100 ou — 200°; et elle résiste aussi à la totale absence d'échanges respiratoires pendant des années. Quelle est donc leur condition"? Vivantes? Pas au sens où Spencer prend ce mot : « état d'adaptation continue des relations internes aux relations externes ». Mortes alors? Pas au sens où l'entend Weismann : « état de perte définitive de la vie ». Alors ce n'est ni la vie, ni la mort. Et Escombe propose un nom nouveau pour désigner cette condition : c'est le nom d'hypnose. Il y a donc trois états de la matière vivante : biose, hypnose et nécrose. Cette hypnose est de durée très variable; Giglioli se demande même si elle peut être illimitée, chez la graine parfaitement desséchée. Mais c'est une question à laquelle nul ne peut répondre, et pour cause. [Le travail d'Escombe aura une suite : il en sera question au tome IV de Y Année biologique]. — H. de Varigny. Sur la persistance du pouvoir germinatif des spores des Champignons : Hansen (182). 51. Brown et Escombe. — Influence de la température basse sur le pou- voir germinatif des graines. — Les auteurs ont soumis de nombreuses graines de diverses Phanérogames à des températures de — 183° à — 192° C, pendant 110 heures consécutives. Ces graines étaient desséchées et ne ren- fermaient que de 10 à 12 % d'eau. On a constaté que leur pouvoir germi- natif n'était pas sensiblement modifié par l'exposition à ce froid intense, à la condition que le passage de ces températures très basses à la température ordinaire fût très lent. L'expérience n'est possible que pour des graines sus- ceptibles d'être desséchées très fortement, car au-dessous de — 10 à — 12°, lorsque la respiration cesse, l'action du froid sur les plantes devient pure- ment physique, se traduisant en somme par le passage de l'eau liquide à l'état solide. [Il serait intéressant de déterminer avec précision le degré de froid que peuvent supporter des graines de Pop ul us, Salix, Cannabis, etc., auxquelles la sécheresse fait perdre rapidement le pouvoir germinatif]. — A. J. Ewart. 332. Vandervelde. — Influence des agents chimiques et de la lumière sur la germination des graines. — Les expériences ont porté sur un grand nombre de graines qui, après un séjour de 24 heures dans différentes solutions, ont été mises en germination. Les graines germent plus vite après un séjour préa- lable dans l'eau, tandis que les solutions faibles de différents sels ont un effet 400 L'ANNEE BIOLOGIQUE. nocif inarqué. Dans les solutions concentrées, l'absorption étant moindre, l'effet produit est plus faible. Les nitrates sont plus toxiques que les chlo- rures ; les sulfates moins dangereux que les deux précédents. Les sels de baryum et de strontium ont une action moins marquée que les sels de calcium correspondants. Le chromateet le bichromate de potassium, le sulfate de cuivre et le sulfate de fer sont très toxiques. Ordinairement, la lumière diffuse du jour n*a pas d'effet perceptible sur la germination des graines. — A. J. Ewart. Sur l'influence de la lumière sur les graines de Gui : Wiesner (347). 132. Ewart (A. J.). — Résistance des plantes à la sécheresse. — L'auteur remarque que les graines des Phanérogames et les Mousses qui peuvent ré- sister à la dessiccation contiennent encore 1-2 °/o d'eau et qu'on ne saurait enlever ces dernières traces d'eau sans porter irrémédiablement atteinte à la vitalité de la plante. Cette eau peut se trouver à l'état de combinaison chimique aisément dissociable ou bien être retenue par une attraction d'ordre physique i capillarité ou imbibition). Les Mousses qui résistent à la dessicca- tion peuvent recommencer à respirer et à assimiler dès qu'on les imbibe à nouveau. Toutefois, après une dessiccation longue et complète, la vitalité peut ne réapparaître qu'au bout d'un certain temps. — A. J. Ewart. = b. Influence des agents divers, a) Agents mécaniques. 120. Dunlop M.), Paton (N.), Stockman (M.) et Maccadam (I.). — De V influence de V exercice musculaire, de la transpiration et du massage sur les échanges nutritifs. — On sait que les corps non azotés fournissent la plus grande somme d'énergie à l'organisme, mais que, si le travail devient exces- sif, les composés azotés sont décomposés en partie. Or, dans ce dernier cas, d'après les auteurs, ce sont les matières albuminoïdes du muscle qui sont con- sommées et non celles des autres tissus (substances nucléoprotéiques riches en phosphore), à moins que l'organisme ne soit en état d'entraînement : il y a alors en même temps dépense des matières albuminoïdes des autres tissus, car la quantité du [phosphore présent dans l'urine augmente. La transpira- tion et le massage sont sans effet sur les échanges nutritifs. — G. Bullot. 138. Findeisen-Robitz (H.). — De quelques causes d'insuccès en acclima- tation. — Dans bien des cas ce n'est pas la rareté de la nourriture qui influe sur la santé du gibier, mais bien au contraire sa trop grande abondance. En dispensant les animaux de toute recherche, elle entraine un inconvénient grave : le manque d'exercice, très nuisible aux animaux sauvages [et je voudrais ajouter à tous les animaux élevés en captivité dans des Jardins zoologiques]. On vérifie aisément le fait dans les chasses gardées où pendant les hivers très neigeux, les animaux viennent se nourrir aux emplacements qu'on leur prépare, s'y gavent et ne s'éloignent ensuite que de quelques mètres [XVI, c 8]. La Perdrix femelle, quand elle quitte ses petits à l'approche d'un danger, s'éloigne d'un vol lourd et maladroit pour entraîner plus facile- ment l'ennemi à sa suite; certains auteurs ont voulu expliquer ce vol spécial en prétendant que l'( )iseau est affaibli et aurait perdu l'habitude de voler, cela n'est pas, car l'ennemi écarté, elle regagne son nid à tire d'aile. — E. Heciit. 3 1(.>. Wiesner (J.). — Action de la pluie sur les plantes. — D'après les obser- vations de Wiesner sous les tropiques, les plus grosses gouttes de pluie ne dé- passent pas 10 grammes et en général elles ont un poids de 6 à 8 grammes. XIV. — MORPHOLOGIE ET PHYSIOLOGIE GÉNÉRALES. 407 En Autriche, le poids des plus grosses gouttes est de 12 à 13 grammes. Ces gouttes tombent avec une vitesse constante de 7 mètres à la seconde après les premiers vingt mètres ; par conséquent les gouttes de pluie les plus lourdes représentent un travail de 0,0005 kilogrammètre. L'élasticité des pétioles permet aux feuilles de s'incliner sans rupture. Mais si les feuilles reposent sur le sol ou si leur base est maintenue rigide, le poids d'un objet ne repré- sentant qu'une fraction de poids de ces grosses gouttes a un effet destructif très marqué. Tant que les feuilles occupent leur position normale sur la tige, elles n'ont rien à redouter des pluies les plus violentes, même dans le cas du Mimosa pudica. W. n'a jamais observé de fentes ou de déchirure des feuilles ou des pétales quand, bien entendu, la pluie n'était pas accompa- gnée d'un vent violent. Les seules feuilles que la pluie arrache sont les feuilles mourantes où prêtes à tomber. L'action secondaire de la pluie peut amener l'arrachement des fleurs et des feuilles, soit par suite d'une augmentation de turgescence de la partie corti- cale de la base des pétioles, soit par suite de la formation de couches de liège. Ainsi un plant tVAzalea indica privé d'eau pendant un certain temps a perdu en quelques heures ses feuilles à la suite d'un arrosage. — W. men- tionne d'autres cas où une pluie continue produit sur les feuilles des effets mécaniques destructeurs très marqués. — A. J. Ewart. 237.L.œwy (A.), Lœwy(J.) etZuntz (L.). — Sur l'influence de Vair raréfié et de l'air des hautes montagnes sur V Homme. — L'air des hautes montagnes n'agit pas de même que l'air raréfié des cloches pneumatiques sur l'orga- nisme humain. La raréfaction de l'air ne modifie que peu ou pas le taux des échanges nutritifs. L'air des montagnes augmente considérablement ces échanges. Il agit donc sur eux comme un véritable excitant. Ces résultats sont contraires à ceux que Mosso avait obtenus. Le séjour sur les hautes montagnes n'augmente pas le nombre des globules rouges et l'on n'observe aucun symptôme de prolifération de ceux-ci. — G. Bullot. 333. Vergara Lope (Daniel). — De la tension du sang dans ses rapports avec la pression atmosphérique. — A la suite de nombreuses expériences, l'auteur arrive à formuler la loi suivante : à égalité des autres circonstances, les variations de tension vasculaire sont en raison directe des variations de pression barométrique. L'auteur donne ensuite un aperçu des applications pratiques. Une pression moindre de l'air sur tout le corps empêchera les tissus de se comprimer et de comprimer aussi les vaisseaux. Par suite, le flux du sang est rendu plus facile. Le sang arrivera aux vaisseaux avec une pression moindre , il est vrai , mais en revanche , comme la voie est moins obstruée , la circulation deviendra au contraire plus active : le sang plus concentré, plus riche en principe nutritif, le parcourra un plus grand nombre de fois par minute; l'irrigation sera donc plus complète et par suite plus vivifiante. — M. Bouin. 304. Schauman (O.) et Rosenqvist (E.). — L'augmentation des globules rouges, sur les hautes montagnes, est-elle réelle ou apparente? — L'auteur main- tient des animaux pendant plusieurs semaines dans une atmosphère raréfiée et il constate qu'au bout de ce temps l'augmentation des globules rouges est réelle. Mais le plus souvent elle est précédée d'une phase de diminution. Le sang présente les mêmes caractères qu'après une hémorrhagie abon- dante : les globules rouges sont plus grands, il y a des érythrocytes nucléés 4(js L'ANNEE BIOLOGIQUE. et. chez le Pigeon, on voit des mitoses. Les mêmes résultats s'obtiennent sur l'Homme qui séjourne sur les hautes montagnes. — G. Bullot. 187. Heller (R.). Mager (W.) et Schrotter (H.). — Recherches expérimen- tales sur V action de changements rapides de la pression atmosphérique sur Vorganisme. — Deux théories expliquent les phénomènes dus à l'action de variations brusques de la pression atmosphérique sur l'organisme. D'après Lune, ils résultent d'une répartition anormale du sang donnant lieu à des congestions (Smith. Clark); d'après l'autre, ils sont déterminés par des em- bolies formées par les bulles gazeuses qui se dégagent du sang après décom- pression (Hoppe Seyler, P. Bert). Les expériences des auteurs confirment les résultats obtenus par P. Bert. Ils trouvent de nombreuses bulles gazeuses dans le sang des animaux qui ont été maintenus pendant un certain temps dans de l'air comprimé. — G. Bullot. 228. Lillie (F. R.) et Knowlton (F. P.). — De l'effet de la température sur le développement des animaux. — Les expériences ont été faites sur la régé- nération de Planaria torva, la division des œufs (TAmblystoma tigrinum et de Rana virescens, et sur le développement des têtards de Grenouille (Rana virescens) et de Crapaud [Bufo lentiginosus). Des observations suffisamment étendues ont permis aux auteurs de construire des courbes, indiquant soit la durée du développement d'un organe, soit un accroissement de longueur, sous l'influence d'une température normale croissante. Pour chaque espèce étudiée, on y reconnaît un minimum de température au-dessous duquel le développement est incomplet, une température optimum où le développe- ment est le plus rapide ou le plus considérable, et enfin une température maximum au-dessus de laquelle le développement n'est plus normal. Le développement des têtards de Grenouille commence à une température plus basse que celle nécessaire aux têtards de Crapaud, et ceux-ci continuent à croître à une température bien supérieure à celle qui arrête le développe- ment des premiers [V y: VI />, y: VII]. De semblables études ont été entreprises jusqu'ici en plus grand nombre- sur les plantes. La loi générale du développement est la même que chez les animaux, mais les résultats sont un peu différents pour la portion de courbe comprise entre l'optimum et le maximum. Cette portion est assez étendue chez les plantes, tandis qu'elle est insignifiante et souvent même nulle chez les animaux. Les plantes sont donc capables, contrairement aux animaux, de se développer normalement à des températures bien supérieures à l'op- timum. — R. Florentin. 27. Bizzozero et Sacerdotti. — Influence de la température et de V af- flux sanguin sur V activité productive des éléments. — Pour déterminer l'in- fluence de la température sur des tissus en voie de croissance, on place les membres postérieurs d'un Lapin vivant dans deux thermostats, l'un à une température de 37-3S0, l'autre environ à 12°. Les deux pattes ont été soigneuse- ment rasées. Au bout de quelques semaines, on arrête l'expérience : on constate que les poils qui se sont reproduits sur la patte chauffée sont notablement plus longs que ceux de la patte refroidie; la première est aussi beaucoup plus volumineuse, ce qui est dû surtout à une augmentation de volume des muscles. — L. Cuénot. 334. Vernon (H.). • — Sur le rapport entre les échanges respiratoires des animaux à sang froid et la température. — Quand on échauffe ou qu'on re- XIV. — MORPHOLOGIE ET PHYSIOLOGIE GENERALES. 409 froidit graduellement la Grenouille rousse on voit que, de 6° à 17°, la tempé- rature est sans effet sur les échanges nutritifs , mais qu'au delà et jusqu'à 30° ils augmentent considérablement avec elle. On observe le même fait mais avec des différences dans l'étendue de la période neutre chez l'Escargot, l'Anguille , le Ver de terre et d'autres. Chez Periplaneta orientalis seul , les échanges augmentent régulièrement avec la température. Ce phénomène est dû à l'action des centres nerveux bulbaires. En paralysant les extrémités du sys- tème nerveux périphérique par le curare, on n'arrive au même résultat qu'avec des quantités énormes de poison. Une dose suffisante pour annihiler l'action des fibres motrices n'influence que très peu L'action des nerfs sur les échanges nutritifs. Ces nerfs doivent donc être distincts des nerfs moteurs. — G. Bullot. 262. Nilsson. — Influence des rayons calorifiques obscurs sur les végétaux. — L'auteur a cultivé des plantes en les éclairant à travers des solutions d'a- lun de façon à éliminer autant que possible les rayons calorifiques obscurs et a constaté des différences avec ce qu'on observe avec la lumière normale. Les cellules épidermiques s'allongent tangentiellement ; leurs contours sont moins accusés, les parois extérieures et radiales s'amincissent légèrement. Le nombre des stomates diminue dans la plupart des cas (et alors l'ouverture est plus large) ; dans quelques cas le nombre de ces stomates augmente, mais alors ils sont plus petits. — Les poils sont moins développés que dans les plantes normales. Les cellules en palissades sont moins larges et les espaces intercellulaires du parenchyme palissadique plus développés. Le collen- chyme et le liber sont moins abondants: les faisceaux vasculaires contiennent plus de parenchyme et sont, par conséquent, plus grands qu'à l'état normal. Certaines des plantes examinées paraissent susceptibles de s'adapter spontané- ment aux changements de conditions ; Vicia et Sonchus ne possèdent pas cette propriété et présentent bientôt des signes d"étiolement (feuilles plus pe- tites, stomates plus petits, parenchyme palissadique et parenchyme spongieux moins développés). N. annonce de nouvelles recherches sur l'influence delà transpiration sur la croissance. Il se propose de faire connaître les raisons qui empêchent certaines plantes de se développer à l'ombre. — A. J. Ewart. Lumière. 322. Stamerov. — Influence de la lumière sur la croissance des plantes. — Les expériences ont été faites avec la lumière du jour et une lumière artificielle d'intensité constante. Etant donné que l'intensité de l'éclairement était en bien des cas relativement faible, S. a obtenu des résultats ne concordant pas avec ceux généralement acceptés. C'est ainsi qu'il trouve que la lumière n'exerce aucun effet sur la croissance des hyphes végétatifs de Mucor et Sa- prolegnia et des tubes polliniques de Colutea arborescens et Robinia pseuda cacia. Cela tient probablement au fait que ces plantes sont moins sensibles à la lumière que ne le sont les filaments sporangifères de Mucor ou les rhizoïdes de Marchantia, sur la croissance desquels S. a constaté l'influence retardatrice de la lumière. Ewart (On the growth ofthe pollen-tube. Trans. Liverpool Biol. Soc, 1894) avait déjà montré que les tubes polliniques exposés à une lumière suffisamment intense éprouvaient des retards de croissance. [Dans ces expé- riences Stamerov arrête les rayons calorifiques par une couche d'eau froide, mais ce procédé, tout en étant efficace, n'enlève pas toutes les radiations chau- des. L'augmentation de croissance qu'il a observée dans certains cas peut très bien tenir à l'effet de la chaleur sur les plantes en expérience]. — A. J. Ewart. 410 L'ANNEE BIOLOGIQUE. 129. Ewart (A. J.). — Les effets de V insolation tropicale. — Ce travail est divisé en trois parties. Dans la première, l'auteur continue ses expériences sur les effets d'une exposition prolongée des plantes vertes à une lumière solaire intense. Dans la majorité des cas examinés, les feuilles des plantes tropicales adultes et vigoureuses ne sont pas sensiblement affectées par l'action d'une forte lumière solaire tombant perpendiculairement sur elles. Cependant, lorsque certaines feuilles sont restées pendant un jour entier dans ces conditions et que d'autre part on éclaire avec un miroir leur face inférieure, les effets de cette insolation sont très sensibles. Les feuilles sont plus ou moins décolorées et perdent plus ou moins complètement leur faculté d'assimilation, qu'elles peuvent toutefois recouvrer plus ou moins rapidement quand elles sont re- placées dans des conditions normales. En une seule journée d'exposition à la lumière, les feuilles de Pisonia alla et de Sehiginella peuvent devenir tout à fait blanches, la couleur verte ne revenant qu'après une exposition de plu- sieurs jours à la lumière faible. Dans la seconde partie de son travail, Fauteur étudie les mouvements ayant pour résultat de protéger les plantes et distingue les mouvements actifs et les mouvements passifs. En ce qui concerne les mouvements des folioles d'un grand nombre de Légumineuses, Oltmanns a déjà montré, pour Robinia pseud- acacia que c'est le coussinet foliaire qui est influencé directement par tout changement dans l'intensité de l'éclairement. E. étend ces résultats aux au- tres Légumineuses. La réponse à l'excitation lumineuse est plus ou moins rapide suivant les cas. Dans le Bauhinia le reploiement des deux folioles s'ef- fectue en 15 à 30 minutes. — E. conclut de la distribution des stomates et de la position des folioles que la position parahéliotropique ne constitue pas une disposition protectrice contre l'excès de transpiration, mais contre les dangers d'une action photo-chimique résultant d'une lumière trop vive. La troisième partie est consacrée à l'étude du pigment rouge très généra- lement répandu dans les feuilles. E. combat la conclusion de Staiil pour le- quel la fonction du pigment rouge est de favoriser la transpiration sous les tropiques et d'élever la température interne des jeunes feuilles dans les cli- mats tempérés. Dans presque tous les cas où le pigment rouge joue un rôle important, il semble agir en protégeant la plante contre une intensité lumi- neuse trop forte. Des expériences directes ont mis en évidence le rôle pro- tecteur de la couleur rouge. — A. J. Ewart. 204. Kohi (G. P.). — Sur V assimilation des rayons bleus et violets du spec- tre. — (Analysé avec le suivant.) 205. Kohi (G. F.). — L'énergie assimilatrice de la lumière bleue. — K.n'a employé ni la méthode eudiométrique, ni celle des Bactéries (TEngelmann, mais un procédé spécial consistant à compter les bulles gazeuzes. L'expérience portait sur une seule feuille; non seulement on comptait le nombre de bulles dégagées, mais on mesurait leur diamètre. K. a constaté ainsi que l'énergie assimilatrice des rayons rouges était environ la moitié de celle de la lumière solaire normale et que les rayons bleus sont un peu moins actifs, mais la différence est faible ; puis viennent les rayons jaunes et enfin , les der- niers dans l'ordre d'activité, les rayons violets. [Ce résultat concorde donc avec la •?. Wroblewski (A.). — Sur la nature chimique de la diastase et sur la XIV. _ MORPHOLOGIE ET PHYSIOLOGIE GÉNÉRALES. 413 détermination de son activité par l'emploi de l'amidon soluble. Présence de l'a rabane dans les préparations dediastase. — On sait que les enzymes jouent dans les phénomènes vitaux un rôle prépondérant et dont l'importance appa- raît tous les jours plus grande. Bien qu'ils aient été l'objet d'un grand nombre de recherches, on est peu d'accord sur leurs propriétés et surtout sur leur nature. Certains auteurs vont même jusqu'à dire que les enzymes ne sont pas des substances mais des propriétés de substances. Comme exemple de cette manière de voir, nous citerons ici quelques lignes de Maurice Arthus (Nature des Enzymes, Paris, 189G. p. 61) : « Le parallèle peut être fait de tous points entre les enzymes et les forces physiques : la solubilité dans l'eau, la précipitabilité par l'alcool, etc., ne prouvent pas la matérialité des enzymes, car on peut trouver pour les forces physiques des phénomènes analogues... Nous proposons donc de considérer les enzymes, non comme des substances matérielles, mais comme des propriétés de substances maté- rielles. » Les nouvelles recherches de l'auteur ont montré que la diastase est une substance protéique, ou du moins, si l'on n'admet pas la matérialité des enzymes, que la substance protéique qui constitue la partie active de la diastase, est le substratum de la force enzymotique. On va voir en effet que la diastase du malt préparé à un état de pureté aussi grand que possible a pu être dédoublée en un hydrate de carbone, l'arabane d'une part, et une substance protéique semblable aux albumoses d'autre part. [Nous ferons remarquer que dans le fait d'attribuer ou non une matérialité aux enzymes, il n'y a guère qu'une question de mots. Il est en effet assez indifférent d'appeler enzyme la propriété qu'ont certains corps d'effectuer des actions spéciales, ou de nommer ainsi un ensemble de corps plus ou moins différents, mais qui ont pour trait commun de jouir de la propriété enzymotique]. Les corps désignés généralement sous le nom d'enzymes ont un assez grand nombre de propriétés communes et dont quelques-unes sont caracté- ristiques. Sans parler des actions oxydantes ou hydrolysantes qui leur donnent une allure spéciale, on peut citer leur solubilité dans l'eau, et l'al- cool faible, leur insolubilité dans l'alcool fort, le fait de donner des solu- tions opalines, de ne pas traverser la porcelaine dégourdie ni les membranes des dialyseurs, de ne pas se coaguler par la chaleur, de précipiter par cer- tains réactifs comme le sulfate de magnésium, de ne pas être attaqués par les alcalis et les acides faibles, etc. Enfin, ils jouissent de la propriété d'être entraînés par certains précipités, le phosphate de chaux par exemple. Parmi les enzymes, la diastase de l'Orge germé est la moins mal connue et la plus facile à se procurer. C'est à elle que l'auteur s'est adressé. Une étude critique des travaux des savants qui se sont occupés de cette question montre que les résultats obtenus ne s'accordent pas plus au sujet (les pro- priétés qu'au sujet de la nature de la diastase. Ce résultat peu satisfaisant est dû à ce que les produits que ces savants avaient entre les mains prove- naient de modes de préparations très différents et représentaient à coup sûr des mélanges. Il est donc nécessaire d'indiquer en quelques mots la façon dont l'auteur a obtenu le produit qu'il a étudié. Il épuise le malt par l'alcool à 45 %, précipite par l'alcool à 70 %, redissout dans l'eau, sépare la diastase de sa solution aqueuse par un nouveau procédé qui consiste à ajouter du sul- fate de magnésium, redissout le précipité dans l'eau, dialyse, redissout dans l'éther et évapore dans le vide. Il obtient ainsi une poudre blanche très active. Le rendement est très faible (3 k. de malt fournissent 2 gr. 82 de substance sèche). Ce produit n'est pas encore parfaitement défini, car ses propriétés varient un peu avec la provenance. Ajoutons qu'après la dialyse, 414 L'ANNEE BIOLOGIQUE il a perdu presque entièrement la propriété de précipiter par Ualcool fort. Ce produit se dissout dans l'eau en un liquide opalin. Après chauffage avec H Cl, il réduit le réactif cupropotassique. Il donne une grande partie des réactions des matières protéiques et son pouvoir diastasique est très considérable. Ce pouvoir, l'auteur le mesure au moyen d'un amidon soluble très pur. préparé par lui et dont il a bien étudié les propriétés. 11 fait agir sur un poids connu d'amidon en excès un poids connu de diastase, pendant un temps donné (8 heures) et à température bien fixe (40°). puis il ajoute du réactif cupropotassique et pèse le poids de cuivre réduit par le maltose formé. Il prend la précaution de détruire préalablement par l'ébullition la diastase restante. L'étude attentive des propriétés de la diastase a fait penser que ce corps devait être un mélange d'un hydrate de carbone et d'une substance protéique. On a vu plus haut que l'auteur avait réussi à isoler deux corps de ce genre dans la diastase. Le procédé employé par lui est celui de Brùcke et Kùi.z. Voici en quoi il consiste. On dissout la diastase dans l'eau et on y ajoute goutte à goutte de l'acide chlorhydrique dilué et de l'iodomercurate de potas- sium jusqu'à ce qu'il ne se forme plus de précipité, mais sans ajouter un excès de réactif. Le précipité contient la matière protéique et l'eau mère renferme un hydrate de carbone du genre des dextrines. Cet hydrate de carbone purifié par plusieurs précipitations à l'alcool et à l'éther est une poudre blanche hygroscopique si elle n'a pas été bien séchée. Elle est so- luble dans l'eau et l'alcool faible, ne se colore pas par l'iode et réduit le réac- tif cupropotassique après chauffage avec H Cl. Elle est fortement lévogyre (aD= — 210°). C'est une pentosane et plus particulièrement une arabane, car elle fournit de l'arabinose par interversion. La substance protéique régénérée par le carbonate d'argent du précipité iodomercurique, est soluble dans l'eau et saccharitie énergiquement l'amidon soluble. Elle présente les réactions des matières protéiques. Le contact de l'alcool diminue beaucoup sa solubilité dans l'eau. Sa teneur en azote est de 15 à 16 %. Sa destruction par H Cl donne de l'arginine, de la leucine et de la tyrosine. En sa qualité de matière protéique il était intéressant de la soumettre à l'action des ferments digestifs. Elle est fortement attaquée par la pepsine en solution alcaline. La papayotine n'agit pas sur elle. La dia- stase brute se comporte de même. Bien que ce corps soit encore mal étudié à cause des difficultés que présente son obtention, il semble dès mainte- nant se rapprocher beaucoup des albumoses. — Marcel Del âge. 254. Moraczewski (W.). — Sur les enzymes. — Annihile-t-on l'action des ferments en précipitant la chaux qu'ils contiennent, comme cela est démontré pour le lab et le ferment du sang? Les expériences de l'auteur montrent qu'en général il n'en est rien. Elles lui font croire que les moyens qui, en précipitant la chaux, arrêtent la fermentation, agissent sur la chaux du pro- duit que doit décomposer l'enzyme et non sur l'enzyme lui-même. Pour la ptyaline, la diastase et l'invertine la précipitation de la chaux sous forme d'oxalate diminue l'action fermentative. L'action des enzymes est peut-être en rapport avec la présence des sels de chaux, mais la preuve nous manque. — G. Bullot. 272. Pawlewski (B.). — Sur l'insécurité de la réaction du gaiac pour les diastases actives. — Lintner avait annoncé, il y a 10 ans, que la solution alcoolique de résine de Gaïac mélangée à quelques gouttes d'eau oxygénée donne avec les diastases actives une coloration bleue momentanée et que lïnver- XIV. — MORPHOLOGIE ET PHYSIOLOGIE GÉNÉRALES. 415 tine, la pepsine et d'autres ferments analogues ne donnent pas cette réaction. Cette réaction n'est nullement spécifique et ne doit pas être employée. En effet, beaucoup d'autres corps que les diastases donnent cette coloration, par exemple, la peptone, la gélatine, l'albumine, etc.. Il y a plus, l"eau oxygénée seule, au bout de quelque temps, donne la réaction, même à chaud. Il en est de même d'un assez grand nombre d'oxydants. La réaction du gaïac n'est bonne que pour reconnaître les nitrites. Elle est pour cela très sensible. — Marcel Delage. « 274. Pfeffer (W.). — Formation des diastases. — Sous ce titre l'auteur ré- sume un certain nombre d'expériences entreprises avec le Pénicillium glau- cum, Y Aspergillus niger et le Bacterium megatherium dans le but de déter- miner les conditions de formation des diastases. Une augmentation de la teneur en sucre du milieu de culture est toujours accompagnée d'une dimi- nution dans la production des diastases; ce n'est plus le cas quand le sucre est remplacé par un autre hydrate de carbone, par la glycérine ou par l'acide tartrique. Il ne s'agit là ni d'un phénomène chimique ni d'une action chi- mique, mais bien d'un phénomène d'irritabilité, la concentration de la solu- tion de sucre ayant une action inhibitrice sur la formation de la diastase. — À. J. Ewart. 107. Dastre (A.) et Floresco (N.). — Sur quelques effets généraux des ferments solubles sur le sang et V organisme. — L'introduction dans le sang de ferments solubles (sous forme de solution aqueuse additionnée de 7 à 8 p. 1000 de chlorure de sodium) détermine des effets divers que l'on peut ranger en trois groupes en ce qui concerne la trypsine, le fib ri n- ferment (plasmase), le lab-ferment (présure), la laccase et Yinvertine. 1° La coagulabilitê du sang se trouve changée. Avec la présure, la trypsine et la plasmase, le sang est rendu beaucoup plus rapidement coagulable. Avec l'invertine, le résultat est in- verse. 2° La pression sanguine est immédiatement abaissée. L'effet est général ; il ressort nettement lorsqu'on injecte seulement, et dans les mêmes condi- tions de rapidité, le véhicule (solution physiologique). On a alors une éléva- tion de pression. 3° Les différents ferments passent dans les sécrétions, dans la salive et dans Vurine. — Em. Bourquelot. 284. Pugliese (A.). — De l'influence de la chaleur sur les ferments diasta- siques. — Les expériences de l'auteur confirment les résultats antérieurement obtenus d'après lesquels l'action d'un ferment et en particulier sa manière d'être par rapport à la température sont notablement influencées par les fac- teurs ambiants (concentration, réaction, présence de sels, d'albumine). Par conséquent, bien qu'il soit possible que les diastases représentent diverses substances chimiques, les différences dans leur manière d'être vis-à-vis de la température ne démontrent pas les différences de leur constitution. Pour élucider la question, il faudrait qu'on pût isoler les ferments à l'état de pu- reté. — G. Bullot. 70. Camus (L.) et Gley (E.). — Persistance d'activité de la présure à des • températures basses ou élevées. — Le ferment qui provoque la coagulation du lait , la présure , passe pour être détruit vers 66° et être inactif au-dessous de 20°. Les auteurs montrent que le ferment peut agir à des températures très basses, même à 0°, si on laisse le lait mélangé à la présure, au repos pen- dant 12 heure, puis ajoutant 3 à 4 gouttes d'une solution au 1 10 d'acide lac- tique , quantité absolument insuffisante pour produire par elle-même la ca- 116 L'ANNEE BIOLCKilglK. séification. L'acide ne peut être considéré comme renforçant simplement l'action du ferment, car si l'on ajoute en même temps au lait la présure et l'acide, le précipité ne se forme qu'au bout d'un temps très long. D'autre part, la présure préalablement desséchée peut être portée à 130°-140°, et est encore active après redissolution. Mais, en solution aqueuse, elle est facile- ment détruite à des températures moyennes, surtout si la solution n'est pas acide. Une solution neutre de présure se détruit même à 40° (température optima de la présure en solution acide) sous la simple action de l'eau. — Marcel DELAGE. 171. Green J. R.). — Action de la lumière sur les diastases. — 11 résulte des recherches de Green qu'une partie au moins des diastases que peuvent contenir les feuilles se trouve à l'état de composés zymogènes. Ce zymogène peut être extrait de la feuille et, sous l'influence de la lumière (les rayons infra- rouges, rouges, orangés ou bleus semblent tous actifs en pareil cas , le zymo- gène passe à l'état de diastase active. D'autre part, les rayons violets et ultra- violets détruisent la diastase ou tout au moins modifient ses molécules qui deviennent incapables d'effectuer l'hydrolyse de l'amidon. L'enzyme ou le zymogène, comme cela peut être le cas, ne parait pas formé dans le corps chlorophyllien mais dans le plasma de la cellule. G. en conclut que la plante peut être capable d'utiliser directement la lumière par des moyens variés et parfois dans une très large mesure, sans l'intervention de la chlorophylle; il pense (pie divers changements chimiques très importants dans l'économie de la plante peuvent être directement produits par la lumière. On ne saurait cependant inférer de l'action de la lumière sur les substances extraites du protoplasme à l'action de cette même lumière sur les substances de la cel- lule vivante ou qui font partie intégrante du protoplasma. La lumière peut, tout en détruisant un enzyme dans la cellule, provoquer dans le protoplasma la formation d'un autre enzyme. La théorie de l'auteur, suivant laquelle le pigment rouge répandu dans les feuilles d'un grand nombre de plantes peut faciliter chez ces plantes le transport de l'amidon en arrêtant dans une cer- taine mesure les rayons qui détruisent les diastases, est passible de la même objection. Un ne voit pas bien comment le pigment rouge pourrait être par- ticulièrement utile ici, car ce pigment absorbe surtout les rayons verts et jaunes. C'est Pick qui a suggéré il y a longtemps déjà cette explication du rôle du pigment rouge, mais il est bien peu probable que ce pigment rouge intervienne dans le transport de l'amidon. — A. J. Ewart. 55-50. Bûchner (E.). — Fermentation alcoolique sans cellules de levure. — (Analysé avec le suivant.) 07. Bûchner (E.) etRappfR.). — Même sujet. — (Analysé avec le précédent). Pasteur considérait la transformation du sucre en alcool et acide carbonique, comme un acte physiologique intimement lié à la vie de la cellule. C'est encore l'opinion généralement admise. Quelques savants cependant, Berthe- lot, Traube, Liehig, Hoppe Sevler, etc.. croyaient au contraire que la le- vure fabriquait une substance particulière, un ferment soluble, auquel était due la décomposition du sucre. D'ailleurs, les deux manières de voir ne repo- saimi pas plus l'une que l'autre sur des faits expérimentaux. E. Bûchner est venu tout récemment apporter à la dernière opinion la preuve expérimen- tale qui lui manquait. Les faits découverts par Bûchner présentent un tel in- térêt qu'ils méritent d'être exposés avec quelque détail. La partie opéra- loir.' est d'ailleurs faite avec une rigueur suffisante, pour entraîner jusqu'à nouvel ordre notre conviction, bien que plusieurs savants se soient élevés XIV. - MORPHOLOGIE ET PHYSIOLOGIE GENERALES. 417 contre l'explication proposée et que d'autres aient annoncé n'avoir pu répéter les expériences décrites. — D"après Bùchner, il est possible d'extraire par expression de la levure de bière un suc dépourvu d'éléments figurés et capable de faire fermenter les matières sucrées. Le procédé le plus récent indiqué par les auteurs pour se procurer le suc exprimé de levure est le suivant : 1 kilogramme de levure pressée (prove- nant d'une brasserie de Munich) est débarrassé d*eau par une pression de 50 atmosphères. On la mélange avec 1 kil. de sable quartzeux et 200 grammes de sable siliceux formé de carapaces de Diatomées, puis on passe à travers un tamis pour que le mélange soit intime. La masse qui se présente sous la forme d'une poussière sèche est mise, par portions de 100 grammes, dans un mortier dont le pilon est actionné par un moteur à gaz de 1 cheval. La poudre prend peu à peu une consistance pâteuse, puis se réunit en boule. L'opération dure 2 heures pour 1 kil. de levure. La pâte est ensuite enfermée dans un double nouet et portée à la presse hydraulique. On augmente peu à peu la pression jusqu'à 500 atmosphères. Au bout de 2 heures environ, on a obtenu 320 cm3 de suc. Le tourteau est émietté, remis dans la capsule du broyeur avec 140 cm3 d'eau et soumis de nouveau pendant 2 heures à la pression de 500 atmosphères, ce qui fournit encore ISO cm3 de suc. Le rende- ment total est donc de 500 cm3 de suc exprimé pour 1 kilogr. de levure. Le suc est filtré au papier 2 à 3 fois et reçu dans un récipient placé dans la glace. (Dans ces conditions, le dernier tourteau examiné au microscope contenait environ 60 % de membranes cellulaires vides et 25 % d'altérées, le reste étant plus ou moins modifié.) Le suc exprimé de levure ainsi obtenu est un liquide jaune, légèrement opalin, à parfum agréable de levure. Il contient environ 10 % de substance sèche. Si on le chauffe, il se forme des flocons insolubles dès 35° à 40° ; si on élève encore la température, il y a une abondante séparation de coagulum, de sorte que le liquide se solidifie presque complètement. La propriété la plus intéressante de ce suc de levure consiste en ce qu'il peut faire fermenter les hydrates de carbone. Par mélange avec un égal vo- lume d'une solution concentrée de sucre de canne, il y a, déjà au bout d'une heure, un dégagement régulier d'acide carbonique qui dure une journée entière. Les sucres qui fermentent dans ces conditions sont les mêmes que fait fermenter la levure de bière. La fermentation n'est pas entravée par l'addition de chloroforme, d'arsé- nite de soude, pas plus d'ailleurs que par la fîltration préalable à travers un filtre stérilisé de kieselgùhr ou à travers une bougie Chamberland éprouvée. Le suc exprimé de levure s'altère rapidement. Conservé un jour à la tempé- rature ordinaire, il ne possède plus le pouvoir de faire fermenter. Dans la glace, il ne se conserve pas plus de deux jours. L'absence ou la présence de l'air est sans influence. La disparition de l'activité coïncide avec la dispa- rition de l'abumine coagulable. Bùchner attribue cette disparition d'activité à la présence dans le suc d'enzymes peptiques. En effet, si on ajoute du suc de levure de la trypsine ou de la papayotine, le pouvoir de faire fermen- ter diminue d'une façon extrêmement rapide, et a disparu depuis longtemps alors qu'un témoin, conservé sans addition dans les mêmes conditions, possède encore une activité très notable. L'addition de sucre au suc de le- vure retarde au contraire beaucoup l'altération (il a pu être ainsi conservé actif deux semaines dans la glace). Le sucre empêche probablement l'action nuisible des enzymes peptiques sur l'agent qui produit la fermentation. Bùchner a expliqué ces faits en admettant que la propriété que possède le suc exprimé de levure est liée à la présence, dans ce liquide, d'une subs- L* ANNÉE BIOLOGIQUE, III. 1897. 27 118 L'ANNEE BIOLOGIQUE. tance spéciale, non figurée, comparable aux ferments solubles et qu'il considère comme une zymase. De nouveaux faits sont venus appuyer cette manière de voir. On a tenté d'isoler la zymase. On n"est pas, bien évidemment, arrivé à isoler un produit pur, maison a obtenu une matière solide, de nature albuininoïde, contenant, à côté de la substance active, d'autres albumines et ferments solubles (inver- tine, ferments peptiques, etc.). Cette zymase, comme on va le voir par les expériences que nous allons décrire, s'est montrée assez résistante à l'action de la chaleur et de la dessiccation. Elle semble se conserver fort longtemps lorsqu'elle est desséchée. On a déjà vu que si on chauffe le suc de levure à 40°-50°, il y a séparation d'un coagulum albumineux. Le liquide filtré ne possède plus aucune activité. Si on introduit 20 centimètres cubes de suc de Levure dans un volume triple d'alcool absolu, si on recueille le précipité et qu'on le sèche dans le vide sur SO^H2, on obtient 2 grammes de substance sèche dont une petite partie seulement se redissout par digestion avec 10 cen- timètres cubes d'eau. Le liquide filtré est d'ailleurs sans action sur le sucre de canne. Il semble qu'il y ait là transformation de la substance active en une modification insoluble dans l'eau. L'expérience suivante a conduit à un résultat un peu différent : si on verse goutte à goutte le suc exprimé dans 12 fois son volume d'alcool absolu, qu'on filtre à la trompe et qu'on sèche rapidement le précipité obtenu, on obtient une poudre blanche (3 gr.2 pour 50 centimètres cubes de suc), qui est mise à digérer à 30° avec 20 centimètres cubes d'eau; il reste un résidu in- soluble très abondant et un liquide qui montre encore une action visible sur le sucre de canne. Le suc pressé de levure, étendu en couche mince, est évaporé complètement dans l'espace de six heures dans le vide sec à 30°-35°. On obtient une masse cassante, jaunâtre, ressemblant à du blanc d'oeuf sec et représentant 10 o/0 environ du poids du suc. Ce corps se redissout à 30° dans cinq fois son poids d'eau, à l'exception d'un léger résidu. Le liquide filtré possède encore le pouvoir de faire fermenter le sucre de canne. Yn échantillon ainsi desséché et conservé dans un tube vide d'air s'est montré encore actif au bout de cinq mois. L'expérience que nous allons rapporter maintenant a trait à la résistance de la zymase à l'action de la chaleur. On sèche à l'air de la levure de bière (1 à 2 jours à 37°). La poudre jaunâtre ainsi obtenue est chauffée à 100° pen- dant six heures. Dans ces conditions la levure est tuée comme le montrent des cultures sur plaques et des ensemencements dans du moût stérile. Cependant, le produit obtenu mélangé à une solution sucrée montre au bout de quelques heures un abondant dégagement d'acide carbonique. Dans un autre essai la levure ayant été chauffée une heure à 145", la zymase fut détruite. Cette zymase se place donc, comme résistance à l'action de la chaleur, entre le protoplasma vivant de la cellule, et l'invertine qui persiste encore dans la levure chauffée pendant une heure à 145°. Plusieurs objections ont été faites à l'explication proposée par l'auteur des faits que nous venons de rapporter. Il semble d'ailleurs y avoir répondu vic- torieusement jusqu'ici. On a avancé que le pouvoir du suc de levure de faire fermenter était dû à des microorganismes, à des cellules ou débris de cellules persistant dans le Liquide. Nous avons vu que la filtration à travers une bougie Chamberland essayée à l'avance, ne diminue pas l'activité. Il y a plus, l'addition d'anti- septiques, chloroforme, arsénite de soude, benzine, etc., qui entravent le développement de la levure vivante, est sans action sur les propriétés du suc exprimé. D'ailleurs, il est à remarquer que, si la fermentation était due à des XIV. — MORPHOLOGIE ET PHYSIOLOGIE GENERALES. 419 organismes vivants, la conservation du suc. en leur permettant de se multi- plier, devrait augmenter l'activité ; on a vu que c'est précisément le contraire qui a lieu. Du reste, l'addition d'une petite quantité de levure fraîche à du suc devenu inactif par conservation fournit un liquide qui n'agit presque pas sur le sucre de canne. Le suc stérile ou additionné d'arsénite de soude, four- nit dans les mêmes conditions un rapide dégagement d'acide carbonique. Bùchner a également montré par de nombreux ensemencements que le suc était le plus souvent stérile et ne fournissait jamais qu'un nombre absolu- ment insignifiant de colonies. Il faut signaler cependant que certaines levures (levures pressées de céréales par exemple) n'ont pas fourni à Bùchner de suc actif. Il n'a pas donné de ce fait d'explication satisfaisante et il convient d'attendre à ce sujet le résultat de nouvelles expériences. La zymase ne semble pas être présente à la fois en grandes quantités dans la levure, comme le montre la comparaison des quantités de CO2 dégagées par la levure et par une quantité correspondante de suc. La cellule semble fabriquer la zymase au fur et à mesure des besoins. Les faits que nous venons de rapporter modifient donc complètement l'an- cienne idée que l'on se faisait du processus de la fermentation alcoolique. La transformation du sucre en alcool et acide carbonique était considérée comme un acte physiologique dépendant essentiellement de la vie de la cellule. Au- jourd'hui, il nous apparaît que la seule partie physiologique de l'acte est l'é- laboration par la cellule d'une zymase. La transformation du sucre en alcool et acide carbonique serait une simple action chimique n'ayant plus rien de physiologique et provenant de l'action de la zymase sur le sucre de canne. Il convient cependant de remarquer que nous ne sommes pas encore ar- rivés à réussir par des procédés purement chimiques la transformation du sucre telle que la réalise la levure. Rien ne dit d'ailleurs que nous n'y arri- verons pas et ce ne serait pas le premier exemple de la réalisation in vitro d'une réaction pour laquelle on croyait indispensable l'intervention de corps vivants ou ayant vécu. — Marcel Del âge. 58. Bùchner (H.). — La signification des produits cellulaires actifs solu- bles, au point de vue de la chimie de la cellule. — Le mécanisme intime des actions spécifiques effectuées par les cellules vivantes, qui nous était, il y a quelques années seulement, complètement inconnu, commence, grâce à la découverte de nouveaux faits, à s'éclairer quelque peu. Il importe donc de commencer par une courte exposition des documents expérimentaux sur les- quels reposent les idées théoriques que nous exposerons tout à l'heure. — Parmi les plus importants, il faut citer les travaux d'Edouard Bùchner sur la levure de bière analysés ci-dessus (56). Bùchner a remarqué que si on y ajoute du sucre, sa conservation est prolongée de beaucoup. On verra plus loin l'explication que l'auteur donne de ce fait. Le suc de levure n'est pas le seul produit cellulaire dont on ait étudié l'action spécifique. Des recherches sont en cours sur les liquides extraits par des procédés analogues à celui de E. Bùchner, des cellules bactériennes. Ces produits semblent devoir constituer des vaccins contre l'action du microbe dont ils proviennent. D'ailleurs, le fait que les toxalbumines sont des produits cellulaires des Bactéries et non pas le résultat d'une sorte de fer- mentation produite par ces organismes, a été démontré en 1893 par l'auteur pour le bacille tétanique et par Kossel pour le poison de la diphtérie. Enfin, on a découvert dans le sang une substance qui possède la propriété d'oxyder le glucose en présence de l'hémoglobine du sang et dont l'action dans ce sens est absolument spécifique; il existe aussi dans ce liquide une 420 L'ANNÉE BIOLOGIQUE. diastase nettement caractérisée. Mais, dans cet ordre d'idées, les produits dont l'action sur L'organisme apparaît la plus importante et la plus répandue, ce sont les alexines, qui existent dans le sérum des animaux à sang chaud. Les travaux de H. Bochner, deSCHUSTER, de Schàttenfroh, etc., ont montré que ces alexines, qui se distinguent nettement par leur action bactéricide et destructive des globules, sont un produit cellulaire des leucocytes. Par la comparaison de ces faits, il apparaît nettement que l'idée que Ton se faisait autrefois du mode d'action des cellules doit être considérablement modifié et simplifié. La zymase et les produits analogues représentent évi- demment une portion de la cellule. Cependant, ce sont des liquides (et par liquides, l'auteur n'entend pas parler de solutions moléculaires, mais plu- tôt de solutions micellaires au sens de Nàgeli, contenant, non pas des mo- lécules isolées d'albumine, mais bien des complexes cristallins juxtaposés les uns aux autres); par conséquent, ils sont dépourvus d'organisation. On sait que Kupffer distinguait dans les cellules les énergides et les paraplastides, (Kupffer : Ueber Energiden uni paraplastische Bildungen. (Discours d'in- stallation de Rectorat, 28 novembre 1896 [Voir Ann. Mol., II, p. 362].)— C'est à ces dernières qu'appartient la zymase. Cette zymase et les produits du même ordre ne sont donc pas vivants au sens propre du mot. On voit dès maintenant qu'il convient de distinguer dans la cellule deux genres d'action : les actions liées immédiatement à la vie de la cellule et les actions exercées par des produits sécrétés parcelle-ci, produits de nature purement chimique, à action médiate et toujours séparables de la cellule qui leur a donné naissance et dont la composition est étroitement liée à la nature de cette dernière. C'est ainsi que la levure de bière agirait par l'intermédiaire de la zymase qu'elle fabrique, zymase qui, par un processus chimique ultérieur, effectue- rait la décomposition de la molécule de sucre en alcool et gaz carbonique. Si l'on admet la classification de Kupffer, ces deux modes pourraient se nom- mer action des énergides et action des paraplastides. — Le nombre des phéno- mènes qui ont passé de la première catégorie dans la seconde est très consi- dérable et s'accroît tous les jours. Il ne reste plus guère dans la première catégorie, que les fonctions fondamentales de la cellule, c'est-à-dire l'assimi- lation, la croissance, la désassimilation et la multiplication par division cellulaire, qui rentrent toutes dans la définition des énergides. — Aux actions paraplastiques appartiennent au contraire maints faits rangés autrefois dans la première série, par exemple l'action fermentatrice, l'action des enzymes et autres substances actives. — Le mode d'action de ces produits peut d'ail- leurs être extrêmement variable. Si l'hémoglobine reste enfermée dans un appareil organisé, la zymase semble au contraire exsuder de la cellule de levure et agir sur le sucre placé à la périphérie. On sait en effet qu'une agi- tation mécanique gêne considérablement l'action de la levure de bière, pro- bablement en diluant rapidement dans tout le liquide la zymase qui s'échappe par la membrane cellulaire. L'auteur termine sa note par des considérations sur les échanges d'énergie de la cellule un peu hasardées, mais néanmoins fort originales. On a vu que l'activité du suc de levure qui, môme à basse température, décroît rapidement, était fort prolongée par l'addition de sucre de canne ou plus généralement de tout sucre capable de fermenter. Plus la quantité de sucre ajoutée est grande, plus la conservation est longue. Or, ce n'est ni l'acide carbonique, ni 1 alcool qui sont les agents de cette conservation. Nàgeli explique ce fait en disant que le processus même de la fermentation est le propre excita- teur de ce phénomène. En fait, on sait que des soixante et onze calories que dégage la transformation en gaz carbonique et alcool d'une molécule XIV. — MORPHOLOGIE ET PHYSIOLOGIE GENERALES. 421 (IsO grammes) de sucre de canne, une faible partie seulement apparaît sous forme de chaleur libre mesurable. La majeure partie disparaît, et on a tout lieu de croire qu'elle est employée à la réfection de l'activité de la zymase. Si on pouvait faire la preuve de cette opinion, cela élargirait singulièrement nos anciennes idées. Nous avons vu tout à l'heure que l'activité des albumi- noïdes est empruntée uniquement aux énergides. Nous entrevoyons aujour- d'hui la possibilité d'une restitution partielle aux paraplastides de cette partie de l'énergie dont le dégagement sous forme de chaleur est une consé- quence inéluctable, de par les principes de la mécanique, de la mise en œuvre des substances créées, chaleur qui apparaît au moment où l'action chi- mique se produit. C'est une récupération partielle de la chaleur perdue (s'il s'agissait d'une machine à vapeur, nous dirions de la chaleur qui passe au condensateur). — Cette restitution d'activité peut se faire par d'autres pro- cédés. Ainsi les alexines deviennent inactives si on enlève les sels alcalins du sérum. L'activité réapparaît avec la restitution de ces sels, même au bout de 24 heures. Il existe pour les organismes facultativement aérobies et anaérobies, deux genres de conditions de vie. Si la cellule reçoit un large apport d'oxygène, toute l'énergie cellulaire passe dans une multiplication rapide ; les actions secondaires comme la fermentation ne se font que peu ou pas. Si au contraire l'oxygène manque, la croissance et la multiplication sont arrêtées. La cel- lule, se trouvant dans des conditions de vie peu favorables, commence, sui- vant un phénomène général, à expulser certaines parties de son contenu (on sait que la vapeur de chloroforme met en bouillie la levure de bière, et cela en provoquant l'évacuation de ses parties fluides). Dès lors, les actions secon- daires, la fermentation par exemple, se produisent par le fait même que la cellule évacue la substance spécifique. D'après l'auteur, ce phénomène qui originairement était un processus maladif, et c'est encore le cas pour les champignons mycéliens, est devenu pour les saccharomycètes fermenta- teurs, par adaptation phylogénétique, un acte avantageux. Tant que les ucre reste présent dans le liquide ambiant, la fermentation se produit, action qui, nous l'avons vu, produit un excès d'énergie qui réactive la zymase. En d'au- tres termes, l'excès d'énergie sert à influencer la cellule dans le sens d'une prolongation de l'accomplissement d'une de ses fonctions. Il s'ensuit que les énergides de cette cellule sont influencés également dans un sens qui tend à leur augmentation. C'est pourquoi Nâgeli disait que le processus de la fer- mentation est un excitateur à cette fermentation. [Nous avouons ne pas très bien saisir la filiation des conséquences présen- tées par l'auteur dans cette dernière partie. Comment la phylogénèse de la cellule peut-elle être influencée par un processus, la fermentation , qui se passe en dehors d'elle, à son insu, dirions-nous presque. La cellule de levure, dont le rôle se borne à évacuer la zymase, est aussi indépendante de la dé- composition du sucre , qu'un mammifère par exemple de l'action que peut exercer autour de lui l'acide carbonique qu'il exhale. Serait-il prouvé que les produits de cette fermentation aient une action en retour sur la cellule, il faudrait montrer comment cette action favoriserait la production de zymase. Ceci démontré , il faudrait alors indiquer comment cette production pourrait retentir sur les énergides de la cellule dans le sens d'une adaptation phylo- génétique. Il ne suffit pas en effet qu'une action soit avantageuse , pour qu'elle se fasse. Mais, de plus, tout ce que nous savons semble indiquer que loin d'être avantageuse, la fermentation, au moins par ses produits, est nuisible à la cellule, l'alcool étant un poison pour celle-ci. Le seul avantage qui 422 L'ANNEE BIOLOGIQUE. semble ressortir de la destruction de la molécule sucrée est cette partielle ré- cupération d'énergie qui permettrait à la cellule de moins dépenser pour la même production de zymase. Mais, cette restitution n'étant que partielle, il semble que l'adaptation phylogénétique aurait eu bien plus d'avantage à s'exercer dans le sens d'une suppression complète de la sécrétion, car enfin, le but de la cellule de levure comme celui de tous organismes est la multi- plication, et non pas la production d"alcool et de gaz carbonique]. — Marcel Del âge. 323. Stavenhagen (A.). — Sur les phénomènes de fermentation. — (Ana- lysé avec le suivant.) :»24. Stavenhagen (A.). — Même sujet. — (Id.) 2G0. Neumeister (R.). — Remarque sur les communications d'E. Buchner au sujet de la zymase. — {Id.) 244. Manassein (Marie de). — Question de la fermentation alcoolique sans cellules vivantes de Levure. — Ces mémoires sont des polémiques ou des ré- flexions au sujet du travail de E. Buchner sur la fermentation alcoolique sans cellules de levure. Stavenhagen et Neumeister annoncent n'avoir jamais pu répéter les expériences de Buchner en suivant ses indications. Neumeister préfère admettre que l'activité du suc de levure est due, non pas à une seule, mais à plusieurs substances. Il n'admet pas l'explication de Buchner, que la destruction de l'activité de la zymase est due cà l'action de ferments peptiques. Mme Marie de Manassein revendique pour elle la priorité de l'idée que la fermentation alcoolique est due à un enzyme séparable de la cellule de levure, idée qui n'était d'ailleurs pas étayée par des expériences précises. — Marcel Delage. 181. Hanriot (M.). — Sur la non-identité des lipases d'origines différentes. — L'auteur montre la non-identité de la lipase (ou ferment soluble agissant sur les graisses) du sang et de la lipase du pancréas , dont les propriétés sont nettement différentes. La lipase du sang n'est donc pas d'origine pan- créatique. Le sérum d'Anguille est le plus riche de tous en ferment. L'acti- vité de la lipase est beaucoup augmentée par l'alcalinité du milieu. — Marcel Delage. 69. Camus (L.). — Production de lipase par le « Pénicillium glaucum ». — L'auteur a constaté que lorsqu'on introduit de la monobutyrine dans un liquide de Raulin recouvert d'une culture de Pénicillium glaucum, cette ma- tière grasse se dédouble, ce qui est indiqué par une augmentation d'acidité. Ce travail a été présenté à l'Institut en même temps que celui de Gérard. — Em. BOCRQUELOT. 154. Gérard (E.). — Sur une lipase végétale extraite du « Pénicillium glau- cum ». — Gérard ayant essayé sur la monobutyrine le mélange de fer- ments que Ton retire par extraction du Pénicillium glaucum, a constaté très nettemenl son action saponifiante sur l'éthergras. Il s'ensuit que ce mélange renferme de la lipase. — Em. Bourquelot. 292. Reinitzer (P.). — Sur l'enzyme dissolvant la paroi cellulaire de VOrge. — Les auteurs ont reconnu qu'il n'existait pas dans l'Orge germé d'autre XIV. — MORPHOLOGIE ET PHYSIOLOGIE GENERALES. 423 enzyme que la diastase, capable de dissoudre les celluloses ou les hemicel- luloses. C'est à tort que Brown et Morris ont admis dans l'Orge germé l'existence d'un autre enzyme, la cytase. Cette diastase dissout les hémi- celluloses facilement hydroîisables, très répandues dans les plantes. Les hémicelluloses de ce genre forment les parois cellulaires des granules farineux de l'orge, les lamelles du parenchyme des Pommes de terre et des Carottes et les membranes cellulaires des jeunes cellules parenchymateuses du Maïs germé. Il existe aussi des hémicelluloses non attaquables; il y en a par exemple dans les parois des couches glutineuses de l'Orge. — Les semences dans lesquelles des hémicelluloses du dernier genre sont déposées sous forme de substances de réserve, dans des épaississements des parois cellulaires, contiennent vraisemblablement lors de la germination un enzyme différent de la diastase du malt et qui doit être la cytase. — Marcel Delagk. Sur la fermentation de la cellulose : Omelianski (267, 268). 173. Grùss (J.). — Sur les produits de sécrétion de Vécusson. — (Analysé avec le suivant.) 174. Grûss (J.). — Etudes sur la cellulose derèserve. — I. On peut recon- naître la présence de la diastase par la teinture de gaïac et l'eau oxygénée et, pendant la germination de la graine du Dattier, on constate qu'une diastase passe de la cavité cellulaire dans la membrane épaisse, principalement dans les cellules avoisinant le scutellum. La cellulose est alors partiellement hy- drolysée. Un des produits de ce dédoublement est la galactane, ce qui amène sur la paroi cellulaire l'apparition d'une zone marginale hyaline. La mannane produite en même temps est transformée en mannosek dont il peut y avoir plusieurs variétés. Si on traite par la liqueur de Fehling, on voit la réduction s'effectuer dans la zone de cellules corrodées, ce qui atteste la présence de sucres réducteurs. La cellulose semble formée au moins de deux substances inégalement solubles, la galactane et la mannane; la première est séparée par ce qu'on peut appeler une hydrolyse fractionnelle ; la seconde n'est dis- soute qu" après une série de réactions intermédiaires. G. donne l'indication des réactions microchimiques légitimant cette conclusion. II. Dans un second mémoire G. confirme ces résultats à la suite de l'étude de la germination du Maïs. Il montre que le scutellum est le siège de la sé- crétion d'une diastase transformant l'amidon en sucre. Par des expériences en milieu stérile, il s'est assuré que la formation du sucre n'était pas due au développement d'une Bactérie et que ce sucre n'est pas excrété par l'embryon lui-même. — A. J. Ewart. 285. Purievitsch (K.). — La disparition des réserves [chez les végétaux]. — En cultivant des endospermes (principalement de Graminées) à l'abri des microorganismes, P. a constaté ce fait intéressant que l'amidon disparait, et que par conséquent les cellules de l'endosperme peuvent former des diastases et que la digestion des substances de réserve n'exige pas l'intervention de l'embryon ou de l'écusson. Des expériences sur des cotylédons, des bulbes, des racines et des rhizomes ont donné des résultats analogues et prouvé que ces organes laissent diffuser des substances produisant la fermentation. Une faible élévation de température favorise la disparition de la réserve nutritive tandis que la lumière n'a aucune action sur le phénomène, sauf dans le cas des or- ganes verts. La composition exacte des produits d'exosmose des endospermes est difficile à déterminer en raison de la faible quantité de substances for- mées, mais il semble que différents sucres y dominent. — A. J. Ewart. lv l L'ANNEE BIOLOGIQUE. 7'.». chassevant A.) et Richet Ch.). — Des ferments solubles uropoïeti- ques du foie. — Ch. Richet a montré antérieurement que l'urée que pro- duit le foie se fait au moyen d'un ferment soluble. Les auteurs établissent, dans ce nouveau travail, que l'urée ainsi formée ne provient ni de sels am- moniacaux, ni de matières albuminoïdes (au moins directement), mais do certaines matières azotées cristallisables et, entre autres, de l'acide urique. — Em. Bourquelot. 318. Slosse (D'A.). — De l'utilisation du glycogène dans le foie soumis à la vie résiduelle. [I l>, a, o] — Le travail de Slosse aborde une des questions les plus complexes de la physiologie générale, celle du mécanisme chimique in- time de la vie cellulaire. On sait combien est grande l'influence de la présence ou de l'absence de l'oxygène sur certaines cellules-ferment, et combien les conditions différentes de vie déterminent des changements dans le chimisme de ces cellules. Des modifications analogues peuvent-elles être démontrées pour les cellules constitutives des tissus des animaux supérieurs, et les con- clusions s'appliquant au mécanisme vital des cellules-ferment peuvent-elles être généralisées? Slosse examine, à ce point de vue, le foie. Après avoir étudié cet organe à l'état normal, il l'étudié quand il a été soustrait à la cir- culation par la ligature des artères cœliaques et mésentériques supérieures et inférieures. Dans ces conditions, l'accès de l'oxygène et des éléments de nutrition est supprimé; de plus, les cellules maintenues à une température très voisine de leur optimum se vident de leur contenu, élaborent leurs ré- serves : aucune réaction secondaire ne se produit et la vie résiduelle apparaît pure de toute réaction étrangère. Dans le foie à l'état de vie résiduelle, Slosse constate la réduction très ra- pide de la proportion "de glycogène qui existe dans l'organe, et la diminution de la proportion du sucre. A l'état normal, la disparition du glycogène cor- respond à une apparition de sucre. La vie résiduelle modifie donc l'utilisation du glycogène. L'auteur trouve que. dans le foie ligaturé, la production des acides gras est rapide et considérable et il démontre que cette graisse a été formée aux dépens des hydrates de carbone présents dans l'organe au moment de la ligature. — L'analogie entre les processus que nous venons de signaler et ceux que présentent les cellules-ferment dépourvues d'oxygène est mani- feste. La cellule-ferment privée d'O externe, emprunte son oxygène aux molécules de sucre qu'elle disloque, et fabrique des substances de réserve (alcool, gly- cérine, graisses) qui toutes renferment proportionnellement plus d'atomes de C et d'H et moins d'O que la substance originelle. — Dans le foie ligaturé il en est de même. Les cellules consomment le sucre et forment des graisses, dont la richesse en carbone et en H et la pauvreté en O sont les principaux caractères. Dans ce foie, les phénomènes d'oxydation sont amoindris comme le montrent les dosages de CO2 faits par l'auteur. De plus, si on fournit di- rectementl'O nécessaire à la vie des cellules hépatiques déviées de leur phy- siologie normale par les ligatures signalées, on constate que le pouvoir sac- charifiant des éléments persiste et que le retour au fonctionnement primitif si' fait facilement. D'après Slosse, qui se rallie ainsi à la belle conception de Hoi'i'i. Seyler, la cellule hépatique ligaturée transforme le glycogène en sucre, mais l'absence d'O permet bientôt l'intervention d'un processus secondaire, la fermentation lactique. Comme les produits de cette fermentation ne peuvent être éliminés du foie vivant de sa vie résiduelle, une action fermentative du protoplasma s'installe, analogue à la fermentation butyrique, et a pour ré- sultat la constitution d'acides gras supérieurs. — L'auteur résume sa pensée XIV. — MORPHOLOGIE ET PHYSIOLOGIE GENERALES. 425 dans les termes suivants : « ... La dualité du fonctionnement cellulaire, ou du moins la dualité du fonctionnement de la cellule du foie privée d'oxygène, nous parait plus apparente que réelle. Le chimisme cellulaire nous apparaît constitué de deux phases successives et connexes : l'une, anaérobique, qui élabore la matière et la prépare pour l'oxydation, qui perdure dans les con- ditions les plus précaires de la vie de la cellule; l'autre, aérobique, qui achève l'élaboration et par son accomplissement protège les cellules, les débarrasse de leurs déchets et entrave l'installation de processus fermentatifs secondaires. » — Jean Demoor. 340. Vines (S. H.). — Enzyme protèoly 'tique des Nepenthes. — Gcebel a montré récemment que la digestion dans les urnes des Nepenthes n'est pas uniquement due à des Bactéries comme l'avaient cru Dubois et Tischutkix. Vines confirme les vues de Gœbel par des expériences nouvelles. Au lieu de prendre, comme dans les expériences de Dubois, de petits cubes d'albumine d'œuf coagulée pour mettre en évidence la présence du ferment digestif, V. a suivi la digestion de la fibrine glycérinée. Il a constaté que la digestion se poursuit en présence de 1 % d'acide cyanhydrique, ce qui prouve qu'on ne saurait invoquer l'intervention des Bactéries. Ladiastase est remarquablement stable et agit comme antiseptique. La protéide résultant de la digestion paraît être une deutero-albumose. Dans quelques espèces le liquide des urnes a une réaction nettement acide. — A. J. Ewart. 42. Boullanger (E.). — Action des levures de bière sur le lait. — Boullan- ger part du double fait, que certaines levures liquéfient à la longue la géla- tine et que, d'autre part, elles peuvent en présence du lait attaquer plus fortement la caséine que le lactose. Il cherche, dans l'étude comparée de di- vers types, s'il n'y aurait pas un rapport entre la. digestion de la caséine, sa transformation en caséine soluble et le pouvoir liquéfiant vis-à-vis de la gé- latine.Parmi les échantillons employés, les levures Frohberg et Meurant, qui liquéfient le plus rapidement, sont aussi celles qui fournissent le plus de ca- séine soluble. Cette caséine intervient dans la nutrition; mais si l'on cherche à apprécier l'action nutritive par les déchets ammoniacaux, on constate qu'il n'y a de rapport ni entre la caséine solubilisée et l'ammoniaque totale, ni entre l'ammoniaque produite et la caséine détruite. Ces transformations sont très complexes, mais, question d'intensité mise à part, semblent de même ordre que celles engendrées par certains Microbes, actifs producteurs de caséine. — E. Bataillon. 302. Sanguineti (J.). — Contribution à Vétude de V Amylomyces Rouxii, de la levure chinoise et des moisissures ferments de l'amidon — Cette étude porte spécialement sur trois moisissures ayant, comme Eurotiopsis Gayoni (Laborde), le double pouvoir de saccharifier et de faire fermenter l'amidon : Asperyillus orizw, Mucor alternans et Amylomyces Rouxii. Cette dernière, employée par les Annamites, les Cambodgiens et les Chinois à la fabrication des vins et alcools de riz, fut décrite par Calmette en 1892 et déterminée au point de vue botanique par Costantix. Elle présente un intérêt particulier par sa puissance saccharifiante et fermentative sur des milieux même très pauvres en azote. A l'inverse de YAspergillus orizœ, Mucor alternans et Amylomyces ne sécrètent pas de sucrase et ne font pas fermenter le saccharose. Mais l'étude comparée sur l'eau de levure amidonnée ou dextrinée, sur 126 L'ANNÉE BIOLOGIQUE. [es moûts de distillerie de grains, sur la vinasse des distilleries de grains, met en évidence* des faits importants : VAmylomyces l'emporte au point de vue du pouvoir fermentatif. Doué de propriétés comburantes beaucoup plus faibles, il ne détruit pas l'alcool en milieu très pauvre au fur et à mesure de sa production comme Aspergillus orizœ (à moins toutefois que l'opération ne soit poussée trop loin <-t que l'épuisement du milieu n'oblige la moisissure à consommer l'alcool et les acides organiques produits). VAmylomyces laisse plus d'azote que les deux autres formes. Par consé- quent cette moisissure pourrait être, sinon employée à la fabrication des alcools de grains, au moins utilisée à l'exploitation des vinasses de distillerie. Elle permettrait en effet de récupérer les hydrates de carbone non trans- formés par la levure, en conservant aux résidus presque toute leur valeur alimentaire. — E. Bataillon. Sur un sujet analogue : Emmerling (124). 165. Godlewski (E.) et Polzeniusz (F.). — Formation d'alcool dans la respiration intramoléculaire des plantes supérieures. — Les auteurs montrent qu'il se produit de l'alcool dans la respiration intramoléculaire de Pisum et (pie ce processus est absolument identique à ce qu'on observe dans la fer- mentation par la Levure, les différences étant seulement quantitatives et non qualitatives. Des Pois en germination peuvent absorber le glucose et le dé- doubler en alcool et acide carbonique. La quantité d'alcool produite dans ces conditions par ce processus de respiration intramoléculaire peut atteindre 40 % du poids sec du pisum. — A. J. Ewart. 104. Jacquemin (G.). — Développement de principes aromatiques par fer- mentation alcoolique en présence de certaines feuilles. — On sait que les feuilles élaborent des principes utilisés par les fruits. D'autre part, les feuilles des végétaux dont les fruits ont une saveur et une odeur particulière, ne présentent pas le plus souvent cette odeur ou cette saveur. L'auteur a pensé que ces feuilles pourraient bien contenir ces principes odorants sous une forme où leurs propriétés sont masquées, par exemple à l'état de glucosides qu'on pourrait peut-être dédoubler artificiellement. Il est arrivé à montrer le bien fondé de cette hypothèse en ajoutant à une solution sucrée pure, des feuilles de pommier ou de vigne, par exemple, puis additionnant de levure pure. Après fermentation, le liquide rappelle très nettement au goût et à l'odorat le bou- quet du cidre ou du vin. La distillation de ces produits donne une eau-de-vie conservant encore le bouquet caractéristique. Le développement du principe aromatique est d'autant plus intense que les feuilles sont cueillies plus près du moment de la maturation du fruit. — Marcel Delage. 336. Vincent et Delachanal. — Préparai ion biologique du lévulose au moyen de la mannite. — Obtension du lévulose par oxydation de la mannite au moyen d'une Bactérie. — Marcel Delage. 240. Matrot (A.). — Sur la transformation de la sorbite en sorbose par le Mycoderma vini. — L'auteur avait annoncé avoir transformé en sorbose la sorbite du jus de sorbes, par l'intermédiaire du Mycoderma vini. [Cette interprétation a été reconnue inexacte. L'intervention de la Bactérie de G. Bertrand semble indispensable]. — Marcel Dela<;e. 91. Cramer. — Sur la soi-disant thrombosine de Lilienfcld. — D'après XIV. — MORPHOLOGIE ET PHYSIOLOGIE GENERALES. 427 Lilienfeld, lors de la coagulation du sang, il se fait à partir du fibrinogène une nouvelle substance, la thrombosine, qui, combinée à la chaux, forme la fibrine. Schâfer avait émis l'opinion que cette thrombosine n'était peut-être pas autre chose que du fibrinogène. Les auteurs ont étudié la question et sont arrivés à faire la preuve ce cette opinion. Le précipité calcique a été faussement identifié avec la fibrine. — Marcel Delage. 319. Spiro (K.) et Ellinger (A.). — Antagonisme des substances coagulante et anticoagulante dans le sang et immunité produite par la peptone. — Les auteurs ont fait une étude comparée des actions exercées sur l'organisme par des injections de peptone et d'extrait de sangsue. On sait que ces deux subs- tances communiquent au sang la propriété de ne plus se coaguler, mais leur action est, comme on va le voir, très différente. Les phénomènes que nous allons décrire présentent les plus grandes analogies avec ceux provoqués par les toxines microbiennes. Elles sont donc très propres à jeter une certaine lumière sur la question de l'immunité. On sait que pour que la coagulation du sang ait lieu, il faut qu'il y ait en présence du fibrinogène, du fibrine-ferment et une certaine quantité de sels. Le fibrine-ferment ou thrombine se forme par l'action de certaines substances dites zymoplastiques (Schmidt), sur une substance mère inactive, la prothrom- bine de Schmidt. Le sang normal retiré des veines se coagule en quelques minutes. Le sang, après injection de peptone, ne se coagule qu'au bout d'un temps très long (une heure et plus;. L'extrait de sangsue diffère de la peptone en ce qu'il empêche, non seulement dans l'organisme, mais aussi in vitro, la coagulation du sang. Ajoutons que l'addition de fibrine-ferment au sang rendu incoagu- lable par les deux procédés, provoque, lorsqu'il est en quantité suffisante, la coagulation. D'ailleurs, l'addition de substances zymoplastiques (extrait alcoo- lique de leucocytes filtré, séché et redissous) aboutit au même résultat. Ce n'est pas la peptone elle-même qui est la cause de l'action anti-coagulante, car elle a disparu au bout de quelques minutes du torrent ciculatoire, et d'ail- leurs elle est inactive in vitro. Sous son influence, il se forme dans le corps de l^animal une substance anti-coagulante. Les organes qui sont le siège de cette formation sont la masse intestinale et surtout le foie (Spiro et Ellinger, Glev, Contejeax). Mais ce n'est pas tout. Si on fait à un Chien une injection de peptone, puis qu'on lui en fasse une seconde quelque temps après, on remarque que cette seconde injection n'a plus aucune action sur lui. Il est immunisé contre l'action delà peptone. Faxo a tenté d'expliquer ce fait en admettant que l'organisme ayant fabriqué de la substance anti-coagulante à la suite de la première injection, était épuisé et n'était plus capable d'en fabriquer de nouvelles quantités. Chez les animaux réfractaires à l'action de la peptone, comme le Lapin, l'organisme ne jouirait pas de la faculté de fabriquer cette substance anti-coagulante. Cette théorie a été démontrée fausse par de nombreuses recherches. Par exemple, à un chien A, on a préalablement fait une injection de peptone. mais en si faible quantité que son sang n'est pas devenu incoagulable. On transfuse son sang à un Chien B. Quelques heures après la transfusion, le sang de B est immunisé contre la peptone. Ces faits ne peuvent s'expliquer qu'en admettant qu'à la suite de l'injection de peptone, il se fait dans le sang une substance anti-coagulante, puis ensuite une substance coagulante, c'est la théorie des antagonistes. Ces substances agissent en première ligne sur le fibrine-ferment à partir de la prothrombine. La substance anti-coagulante semble empêcher la transformation de la prothrombine en fibrine-ferment. 128 L'ANNÉE BIOLOGIQUE. Pour l'extrait de sangsue, L'action est très différente. La substance est elle- même le corps anti-coagulant. Quand elle a disparu, probablement détruite par l'organisme, elle ne laisse pas de traces de son passade et ne provoque pas la formation de substance anti-coagulante. Le corps anti-coagulant qui se forme lors de l'injection de peptone semble être versé par le foie dans le courant lymphatique, d'où il passe dans le sang. En effet, le Chien peptonisé porteur d'une fistule lymphatique par où sa lymphe s'écoule continuellement présente une sensibilité beaucoup moins marquée à Faction de la peptone. De plus, la lymphe normale présente des propriétés très fortement coagulantes. La lymphe d'un Chien peptonisé est inactive ou même anti-coagulante. La substance coagulante passe peu à peu de la lymphe dans le sang. Il se forme ensuite dans ce liquide, quelque temps après l'injection, une substance antagoniste, coagulante, qui est la cause de l'immunité contre l'action d'une seconde injection de peptone. Cette immunité ne se montre qu'au bout d'un certain temps, lorsque le corps anti- coagulant formé le premier est détruit ou éloigné. On peut rapprocher la formation des deux antagonistes de la destruction des leucocytes qui suit l'injection de peptone. En effet, Schmidt et Lilienfeld . Bourquelot (Em.). — Sur la présence générale, dans les Champignons, d'un ferment oxydant agissant sur la tyrosine; mécanisme de la coloration du chapeau de ces végétaux. — Les faits exposés dans la première partie de cette note ont déjà été résumés dans le tome II de Y Année biologique. p. 439. La seconde partie est consacrée à l'étude des causes de la coloration variée du chapeau des grands Champignons. L'auteur relate plusieurs expé- riences tendant à montrer que cette coloration est due à l'action, sur des chromogènes particuliers, de ou des ferments oxydants que renferment ces Cryptogames. Si, par exemple, on triture le Lactarius deliciosus avec de l'eau chloroformée et du sable, et si on filtre aussitôt, on obtient un liquide incolore. Mais ce liquide, abandonné à lui-même, se colore peu à peu en jaune aurore, prenant ainsi une teinte qui rappelle en plus faible celle de l'ensemble du Champignon. Le Clitocybe inversa, traité de même, donne un liquide qui devient jaune brunâtre, c'est-à-dire d'une couleur se rapprochant de celle du chapeau. Or ces Champignons sont riches en substances oxydan- tes ; il est donc tout naturel de rapporter la production de la matière colo- rante à l'action de ces substances. L'oxydation s'effectuerait dans l'épiderme ou dans les parties immédiatement sous-jacentes et le pigment formé se trouverait localisé. — Em. Bourquelot. 49. Bourquelot (Em.). — Nouvelles recherches sur le ferment oxydant des Champignons. — IV. Son action sur les aminés aromatiques. — Dans ces recherches, comme dans celles qu'il a déjà publiées sur des sujets analo- gues, l'auteur s'est servi de solutions oxydantes préparées avec le Russula delica, sauf pour quelques cas où il a employé des solutions préparées avec le Lactarius velutinus Bert. Un très grand nombre d'aminés sont oxydées, aniline, méthylaniline , éthylaniline et diéthylaniline , toluidines , xylidines , naphtylamines , vera- trylamines. L'oxydation se traduit par absorption d'oxygène, par des colo- rations intenses et, souvent aussi, par la formation de précipités colorés. En opérant dans des conditions convenables on peut obtenir des matières colo- rantes analogues à celle que fournit l'industrie. C'est ainsi que si on fait laisser un courant d'air dans une dissolution d'aniline pour rouge (mélange d'aniline et de toluidines) additionnée de macération oxydante, on obtient une sorte de fuchsine presque insoluble dans l'eau, maissoluble dans l'alcool qu'elle colore en rouge groseille. La macération oxydante agit même sur le sulfate d'aniline dissous dans l'eau en donnant naissance à un précipité noirâtre susceptible de se fixer directement sur le coton. Si l'on trempe dans le mélange un tissu de coton et si l'on fait passer lentement un courant d'air à travers ce mélange, le XIV. — MORPHOLOGIE ET PHYSIOLOGIE GÉNÉRALES. 433 tissu se colore en gris perle. La couleur résiste à l'action de l'eau bouillante. — Em. Bourquelot. 43. Bourquelot (Em.). — Sur la durée de V activité des ferments oxydants des Champignons en solution dans la glycérine. — En triturant 1 partie d'un champignon riche en substances oxydantes {Lactarius velutinus) avec trois parties de glycérine, et attendant 1 heure avant de filtrer, on obtient un li- quide limpide pouvant encore agir comme oxydant au bout de sept à huit mois, et cela aussi bien sur la teinture de résine, de gaïac qu'il colore en bleu, que sur la solution de tyrosine qu'il colore en noir. — Em. Bourquelot. 44. Bourquelot (Em.). — Sur quelques propriétés du carmin d'indigo qui le rapprochent des ferments oxydants naturels. — Si on met dans un flacon de 150 ce, 50 ce. d'eau saturée d'hydrogène sulfuré, puis 1 ce. de solution de carmin d'indigo, on voit le mélange se décolorer dans l'espace de deux ou trois minutes. L'indigo bleu cède de l'oxygène à l'hydrogène sulfuré et se transforme en indigo blanc. L'hydrogène sulfuré s'oxyde en donnant de l'eau et du soufre qui se dépose. Agite-t-on le mélange, il reprend sa couleur bleue primitive, l'indigo blanc prenant de l'oxygène à l'air pour redevenir bleu. Laisse-ton reposer une deuxième fois, le mélange se décolore de nouveau, et ainsi de suite, jusqu'à ce que tout l'hydrogène sulfuré soit détruit. L'auteur insiste sur l'analogie que révèle cette expérience entre le carmin d'indigo et un vrai ferment oxydant. — Em. Bourquelot. 50. Bourquelot (Em.) et Bougault (J.). — Sur quelques nouvelles réac- tions de l'acide cyanhydrique : influence de cet acide et de la chaleur sur fac- tion oxydante du sulfate de cuivre. — On sait que lorsqu'on ajoute à un liquide renfermant des traces d'acide cyanhydrique de la teinture de gaïac, puis un peu d'une solution étendue de sulfate de cuivre (1 p. 5 000), le mé- lange se colore fortement en bleu. Cette réaction très sensible est le résultat de l'oxydation de l'acide gaïaconique du gaïac. Les auteurs ont constaté que d'autres réactifs, qui ont cela de commun avec la teinture de gaïac , qu'ils s'oxydent en présence de l'air sous l'influence des ferments oxydants, sont également oxydés lorsqu'on les ajoute à des solutions de sulfate de cuivre étendues additionnées de traces d'acide cyanhydrique. C'est ainsi que le gaïacol donne une coloration rouge grenat, l'a-naphtol une coloration bleu mauve, la vératrylamine une coloration violette, etc. L'oxygène qui détermine ces oxy- dations provient du sulfate de cuivre tandis que l'acide cyanhydrique est seulement un adjuvant de l'oxydation. Cet acide n'est pas d'ailleurs le seul agent qui puisse aider l'oxydation. Une simple augmentation de température suffit pour amener la coloration de la solution étendue de sulfate de cuivre additionnée de teinture de gaïac. C'est ce qu'on remarque avec une solu- tion très étendue de sulfate (1 p. 500.000) que l'on porte à une température voisine de 80 degrés. D'après Bourquelot et Bougault, le sulfate de cuivre agirait ici à la façon des ferments oxydants cédant de l'oxygène à la teinture et en reprenant à l'air. Ils en induisent que les faibles quantités de cuivre que l'on trouve dans la plupart des êtres vivants (en particulier dans le sang des céphalopodes) doivent intervenir dans les oxydations organiques. — Em. Bourquelot. 45. Bourquelot (Em.). — Remarques sur les matières oxydantes que Von peut rencontrer chez les êtres vivants (deux notes). — Il existe dans les tissus animaux et végétaux des matières diverses susceptibles de provo- l'ansée biologique, m. 1897. 28 ,:;1 L'ANNÉE BIOLOGIQUE. quer l'oxydation d'un grand nombre de composés. Bien qu'elles jouissent de quelques propriétés communes, comme celle de bleuir la teinture de résine de gaïac, ces matières ne doivent cependant pas être confondues les unes avec les autres, car elles n'agissent pas de la môme façon. L'auteur les divise en quatre groupes, l'ozone constituant à lui seul un de ces groupes : 1° L'ozone, qui est le type des substances oxydantes. L*on sail depuis long- temps, en effet, que l'air ozonisé bleuit la teinture de résine de gaïac, par suite de l'oxydation de l'acide gaïaconique qui entre dans la composition de cette résine. L'ozone peut se rencontrer dans les liquides organiques, puisque, comme l'a montré Schcenbein, certains d'entre eux possèdent la propriété de retenir ce corps pendant un certain temps. Les liquides organiques ainsi chargés d'ozone bleuissent également la teinture de gaïac; mais ils perdent cette propriété lorsqu'on les porte à l'ébullition, l'ozone étant détruit. 2° Les ozonides. Ce sont des corps oxygénés définis, susceptibles de céder une partie de leur oxygène à d'autres corps. Schcenbein les a appelés ozonides ou jjorte- ozone, parce que, dans sa pensée, l'oxy- gène qu'ils peuvent céder ainsi, se trouve dans ces corps, à l'é- 0 tat d'ozone, ce qui expli- que son activité chimique. C'est ainsi C6H4 < - que la quinone ordinaire est un ozonide. En solution aqueuse il donne, avec la teinture de gaïac, une coloration bleue; avec le gaïacol, une coloration rouge grenat, etc., toutes réactions qui témoignent de ses propriétés oxy- dantes. D'après Bourquelot, si l'on ajoute de la solution aqueuse de quinone à certains liquides organiques (lait, sérum, urine, solution d'albumine, macé- ration de graines), le mélange que l'on obtient peut provoquer, avec les réactifs, les mêmes réactions colorées que celles qui viennent d'être men- tionnées. Mais si l'on porte ces mélanges à l'ébullition, leurs propriétés oxy- dantes disparaissent immédiatement et entièrement. 3° Les ferments oxydants directs^ qui possèdent, eux, la propriété de communiquer une certaine acti- vité chimique à l'oxygène de l'air, ce qui leur a valu le nom de « matières excitatrices de l'oxygène, Sauerstofferreger », que leur a donné Schcenbein - L'oxygène ainsi rendu actif se fixe au fur et à mesure sur les corps oxyda- bles voisins. [Le pouvoir excitateur des substances oxydantes en question étant considérable, et la source d'oxygène inépuisable, le processus se conti- nue jusque ce que l'oxydation des corps oxydables soit terminée. Ces subs- tances sont donc des ferments puisqu'il y a disproportion entre leur poids et celui des matières dont elles amènent l'oxydation. Si celles-ci sont de la teinture de gaïac, du gaïacol, etc., on voit se produire des colorations bleue, rouge grenat, etc., de telle sorte qu'on pourrait confondre et qu'on a con- fondu les véritables ferments oxydants avec les ozonides. On les distinguera en se souvenant que leur action s'accompagne toujours d'une absorption d'oxygène. 4° Les ferments oxydants indirects, qui décomposent l'eau oxygénée et d'autres composés analogues, de telle sorte qu'une partie de l'oxygène qui se dégage est susceptible de se fixer sur certains corps oxydables. Ces substances se rencontrent dans presque toutes les graines et dans nombre de liquides animaux (sang, lait, etc.). Lorsque à un liquide qui renferme une de ces substances on ajoute, d'abord quelques gouttes d'eau oxygénée, puis de la teinture de gaïac par exemple, on voit se produire la coloration bleue ca- ractéristique de l'oxydation de l'acide gaïaconique. Elles perdent d'ailleurs leurs propriétés à l'ébullition. Le pouvoir décomposant de l'eau oxygénée qu'elles possèdent étant considérable par rapport à leur masse, on peut donc, aussi, les considérer comme des ferments. Or, la teinture de gaïac et plu- sieurs des réactifs dont on se sert pour la recherche des vrais ferments oxydants, renferment toujours, lorsqu'ils ne sont pas récemment préparés, ZIV. — MORPHOLOGIE ET PHYSIOLOGIE GENERALES. 435 de l'eau osygënée ou un peroxyde analogue qui, comme on l'a démontré, se forme en même temps que s'oxydent spontanément certains composés du gaïac. Il suit de là qu'en ajoutant simplement à un liquide, comme le sérum sanguin, de la teinture de gaïac en voie d'oxydation, il se produira une co- loration bleue identique à celle que l'on obtient avec l'ozone, les ozonides et les ferments oxydants directs. Il pourrait donc encore y avoir là et il y a eu déjà des confusions. — Em. Bourquelot. 47. Bourquelot Em.). — Sur Vorigine de la coloration de certaines gommes. — (Analysé avec le suivant.) 48. Bourquelot (Em.). — Sur la présence de ferments oxydants dans quelques substances médicamenteuses . — Diverses gommes et gommes-résines renferment un ferment oxydant qui détermine en présence du tamis la coloration brune de certains morceaux. L'auteur a étudié également l'action du ferment oxydant des champignons sur certains médicaments colorés en vert par la chlorophylle, et a constaté qu'il détruit rapidement cette matière colorante. Il en conclut que le ferment oxydant des Champignons intervient dans la disparition ou la modification de la couleur verte des feuilles enva- hies par ces végétaux. — Em. Bourquelot. 216. Lagatu (H.). —Sur la casse des vins; interprétation nouvelle. basée sur le râle du fer. — » Un sel ferrique ajouté en vase clos au vin, ou un sel ferreux ajouté à l'air, le fait casser. Le phénomène est absolument identique à celui de la casse naturelle et peut être combattu dans les deux cas par l'addition d'acide sulfureux. De plus, lorsqu'un vin casse naturellement, la presque totalité du fer que contenait le vin passe dans le précipité. La casse naturelle des vins est due, comme on le sait, à une oxydase. Celle-ci transfor- merait le fer ferreux du vin cassable en fer ferrique qui serait précipité par les tannins en même temps que la matière colorante. — Marcel Delage. 2. Abelous (J. E.) et Biarnès (G.). — Oxydase des Mammifères. — Il existe chez les Mammifères, surtout chez le Chien, un ferment soluble oxy- dant, inégalement réparti dans l'organisme et présentant les réactions carac- téristiques des oxydases. Chez le Chien, que les auteurs ont plus spéciale- ment étudié à ce point de vue, le tissu de la rate, le parenchyme pulmonaire, la fibrine obtenue par battage du sang colorent nettement en bleu la teinture de gaïac. Le foie, les muscles, le pancréas, le cerveau ne donnent aucune réaction nette. Les macérés aqueux des organes actifs colorent aussi la tein- ture; ils ne la colorent plus après avoir été portés à l'ébullition. Lorsqu'on traite à l'étuve à 40° la fibrine de Veau, ou la rate de Veau broyée, par une solution de nitrate de potasse à 8 % ou de chlorure de sodium à 10 %, on ob tient un liquide qui, filtré et limpide, donne les réactions du ferment oxydant avec la teinture de gaïac et le réactif de Rohmann et Spitzer. Si l'on soumet ensuite le liquide salin à la dialyse de façon à éliminer le sel, il se fait dans le dialyseur un précipité blanc qui, recueilli et traité directement par la teinture de gaïac, se colore énergiquement en bleu. D'après son mode de préparation, ce produit bleu doit être une globuline, et les auteurs sont d'avis, en effet, que la substance oxydante des tissus examinés est une globuline. — Em. Bourquelot. 1. Abelous (J. E.) et Biarnès (G.). — Sur V existence chez les Mammi- fères de globulines possédant les propriétés des ferments solubles oxydants. — 436 L'ANNEE BIOLOGIQUE. Les auteurs apportent de nouveaux faits tendant à démontrer l'existence, chez les .Mammifères, de globulines oxydantes. On peut obtenir ces globu- lines en traitant les tissus ou la fibrine par diverses solutions salines. Ainsi, la fibrine de Veau ou de Porc, par exemple, mise à macérer à 40° pendant trois ou quatre jours dans NaCl à 10 %, SOv Na2 à 10 %, Na FI à 2 °/o, Az 03Kà 8, 12 et 15 °/0, fournit un liquide qui oxyde nettement la teinture de gaïac. On sait que ces solutions salines, dans de telles conditions, se chargent de globu- lines au contact de la fibrine. Les auteurs annoncent, d'ailleurs, qu'ils publie- ront très prochainement les résultats de leurs expériences sur les propriétés générales de ces ferments, notamment sur l'absorption d'oxygène qui se pro- duit dans leur action. — Em. Bourquelot. 3. Abelous (J. E.) et Biarnès (G.). — Oxydase des Crustacés. — Il existe chez l'Écrevisse et la Langouste dans l'hémolymphe, le foie, les branchies, les muscles, et inégalement réparti, un ferment présentant les réactions carac- téristiques des oxydases : coloration en bleu de la teinture de gaïac, en violet de la paraphénylène-diamine ; coloration lente à se produire du gaïacol, de l'hydroquénone et du pyrogallol. Les auteurs ont constaté avec ce dernier réactif que l'action oxydante s'accompagne d'une absorption d'oxygène et d'une production d'acide carbonique. L'oxydase des Crustacés en solution perd ses propriétés à 109°. De faibles doses d'acides ne gênent pas son action (1 gramme de solution décinormale pour 1 centimètre cube). A doses plus élevées les acides, surtout les acides minéraux, peuvent arrêter la réaction. — Em. Bourquelot. Sèrums. 303. Savtchenko. — Contribution à V étude de V immunité. — Y a-t-il, comme le voudraient Gruber et Durham, relation directe entre les propriétés préven- tives d'un sérum et les pouvoirs agglutinatif et bactéricide, ou bien les cas signalés correspondent-ils à une simple coexistence fortuite? Telle est la ques- tion que l'auteur se pose. Il utilise le charbon et comme sujet d'expérience le Rat, dont le sérum jouit d'un pouvoir bactéricide intense. I. On sait que le Rat n'est pas toujours réfractaire au charbon. Les sujets employés succombaient au premier et au second vaccin , leur sérum étant néanmoins très bactéricide. In vitro, ce sérum tue la Bactéridie, il gonfle sa membrane, dissout la substance chromatique, puis la membrane elle-même. On s'assure par la méthode des dilutions qu'il y a un rapport entre la quan- tité de germes empAoyée et celle des substances bactéricides nécessaire pour les tuer : cette substance est consommée. L'expérimentation in vitro, comme sur l'animal, prouve que la bactéridie s'adapte. On comprend donc que le Rat, malgré les propriétés de son sérum, puisse succomber au charbon. Cette adaptation défensive de la bactéridie se manifeste par l'apparition d'une capsule. C'est la confirmation de l'opinion émise par Metchnikov à propos de cette enveloppe. Mais la substance bactéricide existe bien dans l'organisme. Si elle ne transfuse pas à travers les parois vasculaires au point de donner au liquide d'œdème des qualités appréciables, on la retrouve dans le plasma sanguin, qu'il contienne ou non des leucocytes. L'afflux des élé- ments polynucléaires dans la cavité péritonéale provoqué expérimentale- ment ne donne pas cette substance. Si l'on veut faire intervenir les cellules il faut s'adresser au type mononucléaire qui subit dans la cavité générale une phagolyse naturelle. II. Quant aux rapports entre les produits bactéricides et l'immunité, Vex përience prouve qu'ils sont très discutables. L'auteur a rendu des Rats réfrac- XIV. — MORPHOLOGIE ET PHYSIOLOGIE GENERALES. 437 taires au charbon. Après inoculation, l'exsudat sous-cutané est aussi inactif que celui des témoins. Le sérum devient préventif ; il détermine une leiïcocy- tose et une phagocytose intense, mais sans que les propriétés bactéricides augmentent. En admettant l'accumulation des substances bactéricides dans l'immunisation, le sérum de chien ou de cheval immunisé devrait avoir une action directe. Or voici les faits : ces deux sérums sont préventifs , celui de Chien ne donne pas l'agglutination in vitro, celui de Cheval la produit, mais le sérum du Cheval non immunisé la produit également. Conclusion : Le sérum préventif qui provoque la phagocytose n'a pas besoin de contenir des substances agissant directement sur les germes soit dans l'or- ganisme, soit in vitro. U accumulation des substances bactéricides dans le sérum ri est pas la condition indispensable de la propriété préventive. — E. Batail- lon. 328. Taurelli-Salimbeni (A.). — Recherches sur V immunité dans le choléra. Premier mémoire sur l agglutination. — Pour expliquer le mécanisme de l'agglutination, Gruber et Durham ont invoqué le rôle de certaines substances spécifiques, les agglutinines, qui se rencontreraient dans le sérum des ani- maux vaccinés. Les agglutinines modifient les membranes bactériennes en les rendant perméables aux alexines, seuls agents destructeurs. Cette théorie des agglutinines suppose que la réaction observée in vitro se produit aussi dans l'organisme vacciné. Or, d'après les recherches de Salimbeni, l'aggluti- nation, tout au moins pour le Vibrion cholérique, se produit exclusivement en dehors de l'organisme. On ne l'observe ni sous la peau, ni dans le péritoine des animaux activement ou passivement immunisés. L'auteur cherche à pénétrer le mécanisme du changement in vitro. En mélangeant, dans le vide, de faibles doses de sérum à une émulsion de vi- brions, il n'obtient pas l'agglutination. Mais d'autre part, pour des doses su- périeures, les flocons apparaissent et le liquide s'éclaircit comme dans les tubes témoins exposés à l'air. Quoi qu'il en soit, l'indication a son importance et Salimbeni poursuit ses expériences sur ce point délicat. — E. Bataillon. 295. Roger et Josué. — Action de certains sérums sur la moelle des os. — L'injection sous-cutanée de sérum normal détermine une prolifération de toutes les variétés de cellules de la moelle osseuse, et cette prolifération in- téresse particulièrement les lymphocytes et s'observe surtout à la périphérie ; les globules rouges nucléés se rencontrent en assez grande quantité et on remarque vers la zone corticale une accumulation de globules rouges. Le sérum antitétanique produit des effets analogues. Avec le sérum antidiphté- ritique les mêmes phénomènes s'observent, mais le nombre des cellules est beaucoup plus considérable., et ces dernières sont uniformément réparties. — E. HÉROUARD. 344. Weiss (O.). — Supplément aux recherches sur faction d'injections de sérum sanguin dans le sang. — L'auteur a déjà montré que l'injection de sé- rum d'une espèce dans le sang d'une autre espèce engendre constamment de l'albuminurie. Cette albuminurie est due à l'élimination des matières albu- minoïdes injectées et c'est la présence de ces matières dans le sérum qui est nuisible. Or le sexe a la même influence que l'espèce, et sur le Chien, le Chat et le Lapin, on voit que l'injection de sérum du mâle à la femelle ou inverse- ment provoque de l'albuminurie. — Les variations individuelles sont sans in- 438 L'ANNEE BIOLOGIQUE. fluence. car l'injection de sérum de Lapin albinos sur un Lapin non albinos du même sexe est sans effet. [IX] — G. Bullot. 3 I. Bosc iF. J.) et Vidal (V.). - - Des injections intraveineuses massives de la solution salée simple dans le traitement de l'infection coli bacillaire expé- rimentale. — Après avoir créé artificiellement l'infection colibacillaire chez des Chiens, ces auteurs ont obtenu l'amélioration ou la guérison par des injec- tions massives intraveineuses de XaCl à 7 °.00. Ils ont constaté que ce sérum possède une propriété atténuante d'autant plus marquée que l'injection a été plus précoce. Powexpliquer le mécanisme de cette action, les auteurs font appel à des faits antérieurement acquis tels qu'une hyperactivité des échanges nutritifs: l'action curatrice du NaCl sur les globules rouges altérés par l'in- fection; une action directe sur l'agent infectieux assez intense pour faire dis- paraître le pouvoir globulicide du sérum, pathologiquement altéré. Ils pen- sent enfin que le NaCl agit en facilitant l'élimination des produits toxiques, en excitant directement la cellule rénale; en injectant en effet NaCl dans le sang, ils ont pu provoquer la diurèse sans pour cela modifier la pression san- guine. — Ch. Simon. 294. Richet. — Du mécanisme de faction antitoxique du sérum de Chien immunisé au moyen du sérum d' Anguillle. — Richet a constaté précédemment que le sérum d'Anguille au dixième est toxique pour le Lapin, mais que cette toxicité disparaît si on a préalablement injecté au Lapin du sérum de Chien immunisé. Cette action pouvait provenir soit d'antitoxines formées dans l'or- ganisme du Chien et dont la formation aurait été déterminée par la présence du sérum d'Anguille dans celui du Chien. Richet, en mélangeant in vitro du sérumid' Anguille et du sérum de Chien, a constaté que le mélange ne fait plus périr le Lapin et admet par suite qu'il y a neutralisation. — E. Hérouard. Sucs d'organes. 26.j. Oliver (G.). — Action des extraits animaux sur les vaisseaux périphé- riques. — Les extraits de foie, rein, cerveau, pancréas sont sans action sur les vaisseaux. Les extraits de rate, testicule, corps pituitaire ont peut-être une action constrictrice. L'extrait des capsules surrénales seul contracte énergiquement les vaisseaux. — G. Bullot. ;i:>9. Vincent (S.). — Sur les effets physiologiques généraux de l'extrait des capsules surrénales. — L'auteur trouve, au sujet de cette question contro- versée, que l'administration de doses suffisantes d'extrait de capsules sur- rénales est suivie de phénomènes de parésie et finalement de paralysie ainsi que d'hémorrhagies. — G. Bullot. — (Voir au paragraphe 2 a ô.) s^. Van den Corput. — Nouvelles recherches sur les arrêts de croissance de V infantilisme. [XII] — Van den Corput rend compte du travail d'HERTOGHE sur l'influence physiologique du suc thyroïdien. Ce dernier auteur a montré que tous les arrêts de croissance (c'est-à-dire ceux dépendant non seulement du myxœdème, mais encore du rachitisme, de l'hyperazoturie, de la syphilis congénitale, de l'onanisme, etc..) dépendent primitivement d'une altération thyroïdienne. Les arrêts de croissance d'origine toxique (tabac, alcool) sont justiciables de la même cause. Déplus, le développement des organes géni- taux au moment de la puberté est toujours précédé d'une hypertrophie de la glande thyroïde. — E. Hérouard. XIV. — MORPHOLOGIE ET PHYSIOLOGIE GÉNÉRALES. 439 Venins. 159. Gidon. — Les venins et faux-venins des Batraciens. — Les Batraciens sécrètent plusieurs venins : 1. Un venin primitif (venin de dos), produit com- plexe sécrété par les téguments dorsaux pustuleux ou non. Ce venin est irri- tant, caustique, émétique, souvent odorant (odeur alliacée) ; c'est un véritable venin défensif, provoquant des vomissements et des accidents cardiaques ou convulsifs. 2. Un venin secondaire (venin de ventre) provoquant la paralysie, la stupeur, des troubles respiratoires. 3. Enfin les Batraciens sont remarqua- bles par une toxicité générale des humeurs, surtout due au venin de ventre ou à la fois aux venins de dos et de ventre (Crapaud). — A. Labbé. 276. Phisalix. — La cholestérine et les sels biliaires vaccins chimiques du venin de Vipère. — La bile de Vipère a une propriété vaccinante contre le venin du même animal ; un Cobaye inoculé de bile à la cuisse peut, au bout de 36 heures, recevoir dans l'autre cuisse une dose mortelle de venin sans être incommodé. C'est sans doute à cette propriété de la bile qu'il faut attri- buer la neutralisation des venins qui passent dans le tube digestif. Cette propriété vaccinante est due au glycocholate et au taurocholate de soude, et à la cholestérine de la bile: un chauffage à 120° la fait disparaître. La cholestérine, en surplus, est manifestement antitoxique, et injectée 5 à 10 minutes après l'inoculation du venin, peut en arrêter les effets, malgré sa faible solubilité. C'est le premier exemple connu d'un composé chimique défini qui agisse comme un vaccin. — L. Cuénot. 66. Calmette (A.). — Sur le venin des Serpents et sur remploi du sérum antivenimeux dans la thérapeutique des morsures venimeuses chez V Homme et chez les animaux. — Nous laissons de côté dans ce mémoire les expériences de vaccination et de traitement après morsure, si importantes au point de vue thérapeutique, et dont les résultats ont été consacrés par le procès- verbal d'une commission anglaise en juillet 1896. Mais voici des faits biologiques qui méritent d'être relevés. La durée de l'immunité conférée par les sérums, quelle que soit la quantité injectée, n'est jamais comparable à celle produite par l'accoutumance à des doses croissantes de venin. Le Lapin la garde plus longtempsque le Cobaye, mais on n'a pu dépasser 20 ou 25 jours. Dans les cas d'hypervaccination par le venin, on a vu les femelles transmettre l'immunité à leur progéniture pour une durée d'environ 2 mois. Les mâles vaccinés ne communiquent pas leur état réfractaire à leur descendance (à rapprocher des résultats obtenus par Vaillard. Voy. Ann. Mol. 1896, 454-455). On sait que le sérum antiveni- meux est actif contre les piqûres de Scorpion, bien que le venin des Ara- chnides, au point de vue des réactions et des propriétés physiologiques, soit différent de celui des Serpents. Le fait qu'un animal immunisé contre le venin de Cobra devient réfractaire à d'autres (Vipère, Péliade de France ou Cérastes d'Egypte) a soulevé la question de l'identité des divers venins de Serpents. Les hémorragies rénales constatées à la suite d'injections de venin de Pseu- dechis ou de Crotale et qui ne s'observent jamais avec celui des Colubridés indiquaient des actions physiologiques différentes. L'auteur chauffant à 70° pendant quinze minutes des venins de Pseuclechis ou de Crotale, constate qu'ils perdent leurs propriétés hémorragiques tout en conservant leur toxicité. 11 n'y aurait donc là qu'une propriété spéciale aux Vipéridés. propriété sura- joutée et facile à supprimer par le chauffage. Ce fait est en parfaite concor- dance avec les conclusions récentes de C. J. Martin relatives au Pseudechis 440 L'ANNEE BIOLOGIQUE. d'Australie (voy. Ann. biol. 1896, 409-410). Ce venin contiendrait en effet 2 albumoses toxiques : l'une, non dialysable et précipitant par la chaleur à 82°, entraine la destruction des hématies et les hémorragies; l'autre, dialy- sable et non précipitable par la chaleur, est un poison des cellules nerveuses. Cahnette isole la substance toxique dialysable et la trouve active sur le Lapin à la dose de 0 millig. 01 alors qu'il faut pour entraîner la mort 0 millig. fi du venin sec normal. Au contraire, le coagulum d'albumine isolé d'un gramme de produit brut par le chauffage se montre absolument inactif. Le venin dé- salbuminé ne s'atténue pas sous les courants à haute fréquence, ainsi que l'a établi Marmier. (Voy. Ann. biol. 1896, p. 41G.) Il n'est pas modifié par la fil- tration à la bougie Chamberland. Si Phisalix a obtenu un résultat différent, c'est vraisemblablement que l'albumine de ses liquides bruts , non séparée au préalable par la chaleur, constituait à la surface de la porcelaine une véri- table membrane dialysante. On ne peut pas admettre davantage avec Phisalix et Bertrand un mélange de substances toxiques que la chaleur supprimerait et de substances vaccinantes respectées par le chauffage. La résistance à la chaleur varie avec les types. Les venins les plus résistants sont les plus éner- giques. Mais le chauffage ne les transforme pas en vaccins. Il diminue gra- duellement leur toxicité, qui persiste, comme on le constate en forçant la dose employée. A faible dose le venin chauffé vaccine au même titre que les doses non mortelles du produit normal. — E. Bataillon. 343. Wehrmann (G.). — Recherches sur les propriétés toxiques et antitoxi- ques du sang et de la bile des Anguilles et des Vipères. — L'étude des produits organiques toxiques de la Vipère et de V Anguille fournit des arguments nou- veaux et importants contre la notion de spécificité des toxines et sérums anti- toxiques. — Le sérum d'Anguille chauffé ou dilué à faible dose confère l'immunité à l'égard du venin de Serpent, et pourtant il n'a ni action neutra- lisante in vitro, ni action curative. Le sérum antidiphtéritique est préventif et actif par mélange in vitro sans être curatif à l'égard du sérum d'An- guille. Le sérum de Lapin immunisé contre le sérum d'Anguille est préventif et curatif à l'égard du venin, du sérum d'Anguille et du sérum de Vipère. Des actions réciproques également curieuses sont signalées pour le sérum de Vipère, pour la bile de Vipère et d'Anguille. La bile de ces deux types agit principalement par mélange in vitro en neutralisant les produits toxi- ques. Il semble y avoir là une action digestive, puisque la bile de Bœuf produit le même effet. . Ces phénomènes d'action réciproque, préventive, neutralisante in vitro et curative, constituent des arguments en faveur de la théorie cellulaire de l'immunité. Ces liquides organiques peuvent renfermer des substances assez analogues pour déterminer une immunité réciproque. L'analogie serait par- ticulièrement curieuse entre le sérum antidiphtérique du Cheval et le sérum d'Anguille. — E. Bataillon. Sur ces sujets : Delezsnne (114 à 117). Toxines. 24s. Metchnikov (E.;. — Recherches sur T influence de V organisme sur les toxines. — La destruction des microbes pathogènes par les cellules amœ- boïdes d'un organisme indemne échappe à toutes les objections. Mais quel est le sort des toxines animales ou végétales dans l'économie? On sait que certaines d'entre elles déterminent la production d'antitoxines : par quel mé- canisme? Ces problèmes suggèrent une étude comparée de l'influence de XIV. — MORPHOLOGIE ET PHYSIOLOGIE GENERALES. 441 l'organisme sur les toxines. Les Bactéries et les Champignons inférieurs peuvent évoluer dans des bouillons contenant diverses toxines bactériennes : diphté- rique, tétanique, cholérique, tuberculeuse. La toxine, au bout d'un certain temps, pourra être renforcée, affaiblie, ou même détruite. En tète des agents destructeurs des toxines, l'auteur signale un Bacille à pigment noir expéri- menté par Mme Metchnikov sur l'abrine et par Calmette sur le venin de Ser- pents. Quoiqu'il en soi!, crée ces organismes inférieurs on relève l'absence com- plète de production antitoxique. Les Invertébrés ne donnent pas de meilleurs résultats. Des types capables de vivre longtemps au-dessus de 32° (Scorpio occitanus, larves d'Oryctes nasicornis) éliminent très lentement la toxine té- tanique sans acquérir la propriété antitoxique. Parmi les Vertébrés à sang froid, les Poissons, les Amphibiens, les Chélo- niens même, conservent longtemps la toxine à température basse. A 30° et au- dessous on obtient un tétanos mortel chez la Grenouille et l'Axolotl, tandis que les Tortues résistent. Mais il faut arriver aux Crocodiliens, pour constater la production antitoxique. Les sujets doivent être maintenus au-dessus de 30° et dans ces conditions ils fournissent très nettement antitoxine tétanique et an- titoxine cholérique sans réaction thermique. Chez la Poule réfractaire à la toxine tétanique, le produit se retrouve dans le sang, il parait se fixer de préférence sur certains éléments : cellules sexuelles jeunes et leucocytes ; vient ensuite une période neutre, puis apparaît le pouvoir antitoxique et, fait curieux, cette propriété nouvelle paraît localisée dans les mêmes éléments. — E. Bataillon. 17G. Guinard (L.) et Teissier (J.). — Influence de la diète et de l'inanition sur les effets de certaines toxines microbiennes. — L'inanition et l'abstinence mettent les animaux dans des conditions de résistance très grandes aux effets des toxines du Pneumobacille et du Microbe de la diphtérie. Cette influence est considérable. La cause de ce fait semble due à ce que les toxines n'agiraient pas ou agiraient plus lentement, parce que l'organisme inanitié manquerait des éléments sur lesquels s'exerce leur activité fermentative, pour arriver à la production des poisons immédiatement actifs. — Marcel Delage. 76. Charrin (A.) et Bardier (E.). — Influence des toxines sur le cœur. — L'intoxication pyocanique ou diphtérique détermine des troubles consistant en ralentissement et arythmie. Ces mêmes symptômes se rencontrent chez l'Homme dans certaines affections qui, en clinique, se traduisent par des dédoublements des bruits du cœur ou certains bruits de galop. — Ch. Simon. Voir aussi : Charrin et de Nittis (77). Agents infectieux. 301. Salmon (P.). — Recherches sur l'infection dans la vaccine et la va- riole. — Comme le fait remarquer Salmon, l'étude des boutons de vaccine fournit un chapitre tout particulier à l'histoire de l'inflammation. Guarnieri a trouvé dans la cornée un véritable réactif pour la vaccine et la variole. 11 a pu suivre d'heure en heure l'évolution d'une tumeur épithéliale infectieuse inoculable en série, et suivre pas à pas dans leur développement des formes parasitaires ["?] bizarres dont on a fait des Protozoaires. Dans l'intérieur des éléments épithéliaux, ce sont des corps entourés d'une auréole, généralement sphériques ou ovalaires, souvent irréguliers, contournés, quelquefois en forme de sablier ou de raquette. Ils fixent énergiquement les couleurs d'aniline. Guarnieri leur attribue trois modes de reproduction : pour lui et ses parti- sans c'est le parasite de la vaccine. Salmon montre que l'allure irrégulière 442 L'ANNÉE BIOLOGIQUE. de ces corps et leur petit nombre ne cadrent pas avec cette manière de voir. Il remarque de plus que les réactions du prétendu parasite sont exactement celles des leucocytes polynucléaires. Il ne s'agit pas d'un parasite, mais d'une boule de chromatine plus ou moins gonflée et de forme quelconque. Et ces blocs ne résultent pas. comme l'ont pensé Ferroni et Massarf, d'une karyolyse propre aux éléments épithéliaux. Là, les noyaux demeurent intacts et indé- pendants des corpuscules en question. Reste une seule explication : l'origine extra-cellulaire dans les éléments migrateurs. L'envahissement de l'épithé- lium par les leucocytes a pu être suivi et les noyaux de ces éléments avec leurs masses irrégulières attestent l'identité complète avec les grains de vaccine. Ces leucocytes peuvent se retrouver dans les cellules épithéliales avec tous leurs caractères, mais la chromatolyse parait généralement si rapide qu'on ne peut saisir les étapes du passage. En tout cas l'origine leucocytaire explique toutes les apparences décrites. Reste donc un simple problème de réaction cellulaire. Au début, réaction épithéliale avec facteurs phagocytaires numériquement faibles. Deuxième phrase, caractérisée par l'émiettement des cellules migratrices et l'inclusion des débris dans l'épithélium (pseudo- parasites). Troisième phrase de vésiculation, terminée par la chute de l'épi- thélium. La question de l'agent virulent reste entière. — E. Bataillon. 270. Pagano. — Le pouvoir antitoxique de la lymphe et du sang chez les animaux immunisés contre la diphtérie. — Le pouvoir microbicide des hu- meurs n'est pas la seule défense des plasmas; on trouve encore des attributs antitoxiques, nuisibles aux produits des Bactéries, comme les états germicides sont défavorables à ces Bactéries elles-mêmes; la vaccination développe ces qualités. Or, suivant les milieux, ces attributs sont plus ou moins marqués : au point de vue antitoxique spécialement, la lymphe est 3 ou 4 fois moins active que le sans1. — A. Charrin. 240. London. — Influence des excitations douloureuses, de V inanition, des troubles respiratoires sur l'état bactéricide. — Ce savant a vu en particulier le pouvoir microbicide des humeurs fléchir sous l'influence de l'inanition, des désordres asphyxiques, plus encore des excitations douloureuses, des irritations du sciatique. (ette constatation est grosse de conséquences; elle éclaire le rôle des réflexes, des névralgies, etc. — A. Charrin. 77. Charrin (A.) et Lefèvre (A.). — Action des sucs digestifs sur les toxines. — Il existe des défenses bien différentes du pouvoir microbicide, celles qui, par exemple, consistent dans' la digestion des toxines par le suc gastri- que. Cette digestion en milieu acide atténue sensiblement l'activité de la toxine diphtérique. — On conçoit la portée de telles constatations ; si les glandes sécrètent d'une façon insuffisante, dans les inflammations chroniques, la résistance s'abaisse notablement, d'autant que ces toxines agissent par elles- mêmes et en déprimant l'économie. — A. Charrin. 7. Amato (d"). — Influence du glyco gène hépatique dans V action protectrice du foie contre le charbon. — Au lieu d'abaissement de la résistance, il s'agit là d'un procédé capable de l'augmenter; ce procédé, qui consiste à ac- croître le glycogène du foie, revient à activer le fonctionnement de cet organe si important, à rendre les réactions cellulaires plus énergiques. — A. ( Jharrin. 230. Lode A. . — Sur Vinfluence des dispositions individuelles dans les XIV. — MORPHOLOGIE ET PHYSIOLOGIE GENERALES. 443 maladies infectieuses produites par le froid. — Dans cette étude, Lode met en évidence des conditions défavorables à la résistance. — Si on soumet à des courants d'air des animaux privés de poils, le froid les rend plus vulné- rables en partie en provoquant la destruction des leucocytes chargés de la phagocytose. — A. Charrin. 89. Courmont et Doyon. — Sur VoHgine de la toxine tétanique. — (Ana- lysé avec le suivant.) 90. Courmont. Doyon et Paviot. — Même sujet. — Pour ces auteurs les désordres dépendent non de la toxine elle-même, mais d'un produit engendré par les cellules réagissant au contact de cette toxine; c'est l'organisme qui intervient. Dans ces conditions, il ne faut pas rapporter les contractures, œuvre de cette nouvelle substance, à des lésions médullaires qu'ils consi- dèrent comme banales, que beaucoup d'auteurs tiennent, au contraire, pour capitales : ces contractures sont l'œuvre de cette nouvelle substance et ne tiennent pas aux altérations de la moelle, qui d'après C., D. et P. n'ont pas l'importance que beaucoup leur attribuent — A. Charrin. 17. Baumgarten. — Uétiologie des membranes diphtériques. — Pour Baumgarten les réactions cellulaires qui aboutissent à la formation des fausses membranes diphtériques sont sous la dépendance non du Bacille de Lôffler, comme on l'admet généralement, mais du Streptocoque si souvent uni à ce Bacille. De fait, on observe quelquefois ces fausses membranes là où se voit ce Streptocoque à l'état isolé. — A. Charrin*. 202. Knorr. — Recherches sur la teneur du sang en antitoxine. — L'auteur mesure, pour ainsi dire, le temps pendant lequel l'antitoxine injectée sous la peau ou dans le sang persiste dans la circulation. — A cet égard la réaction de l'organisme varie suivant la porte d'entrée choisie, suivant aussi l'espèce animale: c'est ainsi que la disparition est plus prompte, quand on a déposé ces principes dans les capillaires ou lorsqu'on s'adresse au Cheval au lieu du Cobaye ou du Lapin. — A. Charrin. 121. Dzijergovrsky. — De V 'antitoxine contenue dans le sang elles organes des Chevaux immunisés contre la diphtérie. — D'après cet expérimentateur, la disparition des toxines se réalise grâce à une transformation en anti- toxine par un processus d'oxydation. D'ailleurs l'antitoxine elle-même, par suite des réactions cellulaires, ne tarde pas à disparaître des plasmas. — A. Charrin. 298. Rovighi. — Sur les hépatites provenant des auto-intoxications intesti- nales. — (Analysé avec le suivant.) Ramond. — Pathogénie des cirrhoses. — {Ici) 136. Ferrio et Bosio. — Lésions rénales dans l'occlusion intestinale. — (Id.) 25.3. Monari. — Recherches bactériologiques sur le sang des animaux dans l'urémie expérimentale. — Les produits désignés sous le nom d'aromatiques semblent avoir la propriété de faire réagir les cellules du foie, de provoquer la dilatation vaso-motrice, la congestion ou encore, si on injecte progressi- vement de l'indol et du phénol, des altérations de protoplasma. Comme ces corps aromatiques dérivent fréquemment, dans l'intestin, de l'évolution des 444 L'ANNEE BIOLOGIQUE. germes, on se trouve en face de modifications imposées aux tissus par les principes microbiens. La démonstration de telles influences est mise en lumière dans le travail de Ramond sur la pathogénie des cirrhoses; néanmoins, il y ;i lieu de remar- quer ({lie. si on veut obtenir dos cirrhoses vraies, il faut, si la muqueuse de l'iléon est saine, prolonger l'administration de ces toxines pendant des mois. Du reste, ces réactions cellulaires s'observent dans d'autres viscères, tels que le rein : c'est ce que nous montre le travail de Ferrio et Bosio. Les lésions engendrées portent de préférence sur les épithéliums des tubes contournés; elles sont attribuables, du moins en partie, aux toxines fabri- quées dans le canal alimentaire : il s'agit donc encore de réactions anatomiques en présence des sécrétions bactériennes. Ces lésions, ces réactions cellulaires ont, d'ailleurs, une sorte de choc en retour, en ce sens que, si les substances bactériennes déterminent des modi- fications de structure, ces modifications à leur tour exercent une influence directe ou indirecte sur les microbes : Monari a pu, dans quelques cas, noter le passage des infiniment petits dans le sang, lorsqu'on a fait naître l'urémie expérimentale. — A. Ciiarrin. £) Tac Usines et Trojiismes. 112. Davenport (C. B.)et Perkins (H.). — Contribution à Vêtude du géo- la ctisme chez les animaux supérieurs. — Les auteurs se sont proposé d'élu- cider les trois questions suivantes : a) Quelle relation y a-t-il entre les variations de la force de la pesanteur et les réactions d'orientation de l'ani- mal? p) Quelle est la pression minima capable d'amener une réaction géo- tactique? y) Quelle est la cause déterminant la position du segment anté- rieur de l'animal lors de ses réactions? Les expériences faites sur Limax maximus conduisent les auteurs aux conclusions suivantes. L'intensité de l'excitant (valeur de la composante de la pesanteur agissant dans les expé- riences sur l'animal) n'a pas d'effet, du moins dans de très larges limites, sur la rapidité avec laquelle l'animal réagit. — La précision de l'orienta- tion de l'animal est directement proportionnelle à la valeur de la compo- sante efficace de la pesanteur. La pression minima capable d'amener un mouvement géotactique est inférieure à 0,13 gr. La Limace manifeste tantôt un géotactisme -f- et tantôt un géotactisme — . Cette variabilité est due à des causes internes, peu définies et d'ailleurs très instables. — J. Demoor. 1)8. Gzapek (F.). — Fait nouveau relatif à l'excitation géotropique des ra- cines. — C. constate que l'excitation géotropique amène un changement dans la réaction des cellules du méristème apical de la racine. Ainsi, on trouve constamment dans ces cellules, surtout celles de l'écorce, une substance ré- duisant le nitrate d'argent ammoniacal et dont la quantité augmente très vite sous l'influence d'une excitation géotropique (30-00 minutes), par consé- quent bien avant que la courbure géotropique se soit manifestée. En même temps, la quantité d'oxydases diminue, comme l'indique l'affaiblissement de la coloration bleue que donne le point végétatif avec la teinture de gaïac. Ces changements paraissent tenir à une augmentation de l'activité respira- toire consécutive de l'excitation. Les deux substances peuvent être séparées par l'alcool, la substance réductrice restant en dissolution. Cette dernière semble être identique au chromogène découvert pas Pfeffeb dans la racine de Fève. — A. J. Ewart. Vèl. Jennings (S.). — Etudes sur les réactions d'organismes unicellulaires XIV. — MORPHOLOGIE ET PHYSIOLOGIE GÉNÉRALES. 445 aux excitations extérieures. I. Réactions des Infusoires ciliés à des excitants chimiques, tonotactiques et mécaniques. — Le but de l'auteur est de déterminer pour un Infusoire, le Paramœcium aurelia, quels sont les différents modes de l'irritabilité et quelles sont les réactions produites dans l'économie par l'action combinée des différents excitants. Jennings se propose donc de donner une idée générale de la sensibilité de lTnfusoire. — Il étudie d'abord le chimio- taxisme. Paramœcium n'est pas sensible au sucre, à la glycérine et à l'urée; il est négativement chimiotaxique pour certaines substances organiques pour certains sels neutres, pour tous les liquides alcalins (l'eau dans laquelle il vit étant alcaline a une action négative sur lui) et pour toutes les solutions acides fortes, même pour CO2. Il est, au contraire, attiré par les solutions d'acides faibles et surtout par CO2. — Le tonotaxisme du Paramœcium n'a pas une grande importance au point de vue de la vie de cet Infusoire. L'être est, en effet, renseigné par sa sensibilité aux substances chimiques bien longtemps avant que les changements de pression osmotique aient pu l'influencer. Le thig- motactisme ou sensibilité au contact est bien développé. Paramœcium s'ap- plique sur les corps solides et l'auteur étudie, en détail, quelle est, dans ces conditions, la mécanique spéciale des cils. On sait aussi que le Paramœcium présente nettement du thermotactisme positif, du géotactisme négatif, et que le galvanotactisme se manifeste chez lui par la localisation rapide de tous les individus autour de la cathode quand on fait passer le courant, par leur émigration vers le côté opposé de la préparation quand on renverse le cou- rant, et par leur distribution uniforme dans toute la préparation quand on cesse de faire passer l'excitant. — Telles sont donc les modalités diverses de l'irritabilité de Paramœcium. L'auteur définit et discute en détail chacune de ces manifestations, après avoir donné d'ailleurs une série d'expériences très ingénieuses en vue de bien démontrer les phénomènes. Quelles sont les « interférences » qui peuvent se manifester quand deux causes excitantes agissent simultanément sur lTnfusoire. Si les Paramécies sont réunies dans une goutte de substance attirante introduite dans le milieu indifférent pour lTnfusoire, on constate que, lors du passage du courant à travers toute la préparation, les organismes se déplacent vers la cathode jusqu'à ce qu'ils parviennent au bord de la goutte du liquide pour lequel ils sont chimiotaxiques. Ils ne dépassent point cette limite, à moins que le cou- rant soit très intense et longtemps continué. — Si le Paramœcium est fixé à un corps solide grâce à sa sensibilité au contact, il ne nagera pas vers la cathode au moment du passage du courant. Il restera indifférent à l'excitant nouveau. Dans ce cas encore la mécanique des cils est assez curieuse et l'au- teur l'étudié en détail. Dans l'activité ordinaire du Paramœcium, trois stimulants principaux agissent. Grâce au géotactisme négatif, l'infusoire se tient à la partie supé- rieure de l'eau. Par leur tliigmotactisme, les individus se localisent sur les corps solides qui flottent sur l'eau, et s'attachent ainsi aux tissus végétaux en décomposition qui se trouvent dans les régions supérieures du liquide. L'ac- tion des cils chez les individus fixés grâce à leur sensibilité au contact a pour résultat d'amener les matériaux alimentaires vers la région de la bouche. La sensibilité des Paramécies à CO a pour effet de grouper les Infusoires en masses : les organismes sécrétant de l'anhydride carbonique ont une ac- tion attirante les uns sur les autres. C'est aussi l'affinité à CO'2 qui explique le séjour de ces animaux, non pas à la surface de l'eau, mais dans une région immédiatement en dessous de la surface, là où CO2, produit par l'activité des cellules, ne se dégage pas immédiatement dans l'air. L'action attirante de CO2 explique aussi l'accumulation des Infusoires autour des ma- 446 L'ANNEE BIOLOGIQUE. tières organiques en décomposition. L'auteur attire l'attention, à la fin de son travail, sur la considération suivante, Paramœcium est négativement chimio- taxique au liquide dans lequel il vit, il est fortement attiré par CO2, c'est-à-dire par une substance de déchet qu'il élimine de son être; ce double l'ait prouve que nous ne devons pas conclure à l'efficacité ou à la nocivité d'un excitant, parce qu'il détermine un tactisme positif ou négatif chez l'être observé. — Jean Demoor. 111. Davenport (C. B.) et Cannon (W. B.). — De la détermination de la direction des mouvements et de la valeur des réactions héliotropiques des orga- nismes. — Un grand nombre d'organismes sont sensibles à la lumière. La réaction héliotropique est-elle la conséquence d'une sensibilité aux différences existant dans l'intensité de l'éclairage des différentes régions du champ, ou bien est-elle due à une sensibilité à la direction du rayon lu- mineux? On sait que Strasburger est le défenseur de la deuxième thèse et que nombre d'observateurs, et parmi eux Loeb, ont accepté cette manière de voir. Oltmans et Verworn admettent, au contraire, la première théorie. Des expériences faites sur les Daphnies, les auteurs du présent travail dé- duisent que ces animaux, positivement phototaxiques, se dirigent pourtant vers les régions obscures du champ, quand la direction du rayon lumineux est dans ce sens. Il faut donc admettre la thèse de Strasburger pour expli- quer les réactions des Daphnies à la lumière. Les auteurs pensent que le désaccord actuel résulte de ce que, sous le nom de héliotropisme, on con- fond deux sensibilités distinctes : le phototactisme (sensibilité à la direction delà lumière) et \& photopathie, « photopath;/ » (sensibilité à la lumière). Dans une seconde série d'expériences, les auteurs étudient l'influence de l'intensité lumineuse sur la rapidité des réactions de la Daphnie. La di- minution de l'éclairage augmente la lenteur de la réaction. Le fait paraît être dû à ce que les animaux faiblement éclairés hésitent au point de vue de leur orientation et manifestent par conséquent un retard très grand dans leurs mouvements. — J. Demoor. 234. Lœb (J.). — Contribution à la théorie de V action physiologique delà lumière et de la pesanteur. — Parmi les considérations émises par l'auteur sur diverses questions de physiologie telles que l'analogie entre l'action du courant constant et celle de la lumière, l'explication de quelques phéno- mènes nerveux par l'action tonique de la lumière (phénomènes de Romberg, Y. Delage, Ewald), le mécanisme des mouvements géotropiques , le méca- nisme des courbures, le prétendu sens lumineux des animaux dépourvus d'yeux, signalons celles qui sont relatives au mécanisme des courbures. La distinction qu'on établit entre les tactismes et les tropismes n'est qu'appa- rente. 11 s'agit toujours, dans le mécanisme de ces phénomènes, d'une diffé- rence de tonicité du protoplasme des deux côtés symétriques de l'être vivant tant animal que végétal. Dans les tactismes des animaux et des végétaux et dans les tropismes des Vers, elle détermine un mouvement d'orientation sans croissance; dans la majorité des tropismes des végétaux et des Polypes, elle produit une différence dans la résistance que la couche protoplasmique oppose à la croissance, d'où résulte une croissance inégale des deux côtés. Les tro- pismes et les tactismes peuvent donc tous se rapporter à une différence d'ac- tion des forces extérieures sur la tonicité du protoplasme des deux côtés de l'organisme. — G. Bullot. :!17. Wiesner. — Sur la détermination photométrique des constantes hélio- tropiques. — L'influence de l'intensité de la lumière sur l'héliotropisme, XIV. — MORPHOLOGIE ET PHYSIOLOGIE GENERALES. 447 diversement appréciée par les auteurs, est soumise à la loi de l'optimum entre des limites maxima et minima. Les rayons jaunes ne provoquent pas l'héliotropisme, quel qu'en soit l'éclat, tandis que la chaleur obscure peut le faire naître. L'héliotropisme est provoqué par les mêmes rayons que la dé- composition du chlorure d'argent. Quelle que soit la source lumineuse : gaz, bec Auer, lampe à arc, lampe à incandescence, lumière du jour directe ou diffuse, on peut calculer son action sur l'héliotropisme par les méthodes photochimiques. Les mêmes rayons agissent avec une grande puissance sur les organes très prédisposés, avec une faible énergie sur les autres. En pre- nant pour base la photométrie, Wiesner a calculé qu'une fraction de millio- nième d'unité de Bunsen-Roscoe suffisait pour mettre en jeu l'héliotropisme d'une tige étiolée de Vicia saliva. — P. Vuillemin. 200. Oltmanns (Fr.). — Héliotropisme positif et négatif. — L'auteur con- firme ses données précédentes, savoir qu'il y a un optimum d'intensité lumineuse auquel correspond la courbure héliotropique et que cette intensité varie suivant la plante expérimentée. Lorsque la lumière est très faible il peut ne se produire aucune courbure, et lorsqu'elle est trop forte la courbure peut se faire à l'opposé de la lumière. A mesure que l'éclairement augmente dépassant l'optimum, on observe une période durant laquelle il n'y a pas de courbure ; puis pour une intensité plus forte la courbure héliotropique est négative. Ainsi pour les filaments sporangifères du Phycomyces la courbure est négative, indifférente, ou positive, suivant la valeur de l'éclairement : né- gative si la source lumineuse est rapprochée, positive si elle est éloignée. Des germinations vertes d'Orge ont donné des mêmes résultats et se sont montrées plus sensibles à la lumière que les mêmes germinations étiolées, probablement parce que ces dernières, maintenues trop longtemps à l'obscu- rité, étaient peu vigoureuses. Oltmanns croit en outre que la position horizon- tale de beaucoup de tiges et stolons aériens est due à leur géotropisme seul et non à l'action de la lumière. Dans ces expériences on s'est servi, comme source lumineuse constante, d'une lampe électrique à arc. — A. J. Ewart. 182. Hansen (Em. Chr.). — Observations biologiques sur tes Champignons jimicoles. — Les fructifications du Coprinus stercorarius et de quelques espèces voisines sortent généralement d'un sclérote. Cet intermédiaire entre le thalle et le fruit peut être supprimé, soit par appauvrissement du terrain, soit par modification de la graine. On réalise ce dernier facteur en soumettant les spores à l'action desséchante de l'air. — La formation des fruits aux dé- pens des sclérotes est plus rapide à la lumière diffuse qu'au soleil. Si l'éclai- rage est unilatéral, le stipe jeune s'incline vers la source lumineuse. Bien qu'il se redresse à la maturité, l'héliotropisme laisse un effet persistant, qui se traduit par la projection des spores du côté opposé à la lumière. Les spores sont lancées avec force jusqu'à douze centimètres d'un fruit qui n'a que huit centimètres de hauteur et couvrent un espace triangulaire dont le sommet correspond au stipe lui-même. La déhiscence a lieu le plus souvent la nuit, mais elle peut s'achever dans la matinée. La direction n'est pas changée, si l'on couvre d'une cloche noire le fruit près de s'épanouir. La lumière a donc imprimé au fruit en croissance une modification durable. Cette conséquence éloignée de l'action antérieure de la lumière sur la pro- jection des spores nous laisse entrevoir la complexité des phénomènes dont l'héliotropisme est la manifestation banale et dont la nature intime est assez mal connue. Dans le même mémoire, Hansen signale un fait remarquable de longévité des spores de moisissures. L'Anixiopsis stercoraria, conservé 448 L'ANNÉE BIOLOGIQUE. en herbier depuis vingt et un ans, a pu germer et fructifier sur divers milieux de culture. — P. Vdillemin. 85. Clifford J. B). — Sur quelques propriétés physiologiques d'un plas- mode de Myxomycète. — Le plasmode de Fuligo varions est doué d'un rhéo- tropisme et d'un thermotropisme positifs. Mais par une légère augmentation de l'intensité du courant, ce rhéotropisme change de sens et devient négatif; un courant énergique a pour effet de l'éloigner entièrement de l'eau. Quant au thermotropisme, conformément aux expériences de Wortmann. de positif qu'il était, il devient négatif au-dessus de 34°. — A. J. Ewart. 250. Miyoshi iManabu). — Etudes sur les dépôts de soufre et les Bactéries sulfureuses des sources chaudes de Yumoto. — L'auteur a trouvé des Bacté- ries dans les sources thermales de Yumoto (Xikko) et de Schibu /51u à 70° C). Les unes sont incolores, les autres rouges. Il a réalisé sur ces Bactéries des expériences de chimiotaxie par la méthode capillaire de Pfeffer. H2 S, en particulier, attire fortement ces organismes, ainsi que les tartrates d'am- moniaque, les nitrates de potasse, les phosphates d'ammoniaque, mais une forte concentration de ces substances tue les Bactéries. — A. Labbé. Sur Vaérotropisme : Celakovsky (72). 236. Lœb (J.) et Budgett (S.). — Théorie du galvanotropisme (4e commu- nication). La mise en liberté d'ions électropositifs à la surface du eorj>s protoplasmique dirigée vers l'anode, engendre des exceptions à la loi d'excita- bilité de Pflûger. — La loi d'excitabilité électrique des muscles et des nerfs trouvée par Pflûger n'est pas une loi générale d'excitabilité de la substance vivante. Kùhne l'a montré pour Aclinosphxrium Eic/thornii. qui se contracte non pas à la cathode lors de la fermeture du courant, mais bien à l'anode, Verworn pour beaucoup d'autres Protozoaires, et Lœb pour Amblystoma dont les glandes cutanées sécrètent seulement à l'anode. Or les auteurs n'attri- buent l'action du courant qu'aux ions qu'il met en liberté d'une part dans le milieu ambiant ou électrolyte extérieur et d'autre part dans l'intérieur du protoplasme. Et comme dans le muscle et le nerf, où la loi de Pfliiger est constante, l'électrolyse interne seule peut entrer en jeu à cause de l'épaisse gaine de sarcolemme qui isole la substance contractile du milieu extérieur, ils expliquent les exceptions à cette loi constatées chez les Protozoaires par des variations survenant dans l'électrolyse du milieu externe. A l'appui de leur hypothèse, les auteurs font valoir que le contact unilaté- ral d'une solution diluée de NaOH, corps formé à l'anode, produit chez Am- blystoma une sécrétion des glandes cutanées analogue à celle qui se fait à l'anode du courant, tandis qu'une solution diluée de H Cl (corps formé à la cathode) ne provoque aucune sécrétion. Us obtiennent des résultats analo- gues pour Paramœcium qui forme au contact de NaOH le même appendice protoplasmique que celui qui apparaît à l'anode. — G. Bullot. 235. Loeb (J.). — Contribution à la théorie du galvanotropisme (5e communi- cation). Action d'influences. — Les radiations électriques ont-elles une influence physiologique comparable à celles des rayons lumineux? Loeb fait, à ce sujet, un grand nombre d'expériences sur les contractions du muscle de Gre- nouille se produisant quand le muscle et le nerf, mis à nu, sont placés dans le champ d'une machine électrique Toepler-Holtz. A première vue, il semble résulter de ces recherches que les ondes électriques excitent, comme telles. la substance vivante. Mais une analyse plus approfondie des phénomènes XIV. — MORPHOLOGIE ET PHYSIOLOGIE GENERALES. 449 montre bientôt que les contractions observées sont provoquées par des actions d'influence, soit donc par des excitations électriques ordinaires. Les excita- tions provoquées à distance par la machine de Holtz sont donc la conséquence d'actions d'influence et non d'actions d'ondes électriques. Cette conclusion ra- mène Loeb à la thèse qu'il défendait dans son 4e mémoire sur le Galvanotro- pisme, à savoir que toutes les actions galvaniques sur les êtres vivants sont indirectes et n'agissent que par les actions chimiques qu'elles provoquent. Loeb reprend cette thèse ici et la généralise en disant : toutes les actions électriques sont probablement secondaires et dépendent des phénomènes chimiques et moléculaires dus aux ions, formés ou associés parla force élec- trique. — J. Demoor. Voir ici : Lœb (232), Schenck 449). 239 Lômmen (C. P.). — Un cas de copulation de deux zygotes d'un Spiro- gyra. — Il s'agit de l'observation d'un cas singulier de cytotactisme : la fusion de deux zygotes voisins d'un même filament de Spirogyre dont la cloison se trouvait rompue. [XIV 2 h o] — G. Saint-Remv. 279. Pierallini (G.). — Sur la phagolyse dans la cavité pèritonèale. — Metchnikov a donné le nom de phagolyse à la disparition des leucocytes du liquide péritonéal après injection d'une émulsion de vibrion cholérique ad- ditionnée de sérum préventif. Pour lui, une partie des leucocytes se dissou- drait dans le liquide, les autres s'accoleraient aux parois, enveloppés par une couche glaireuse. Durham n'admet pas cette destruction. On a simplement dépôt des cellules sur la paroi, et ces cellules se comportent comme des substances inertes (encre de Chine, etc.). Il donne au phénomène le nom de ïeucopénie. [Les résultats de Pierallini apportent à l'hypothèse de la phagolyse des ar- guments indirects : allure particulière de certains leucocytes, dépôt de fibrine enveloppant les éléments d'une sorte de réseau au contact des surfaces péri- tonéales. Les numérations ne peuvent donner des indications précises. Au reste, les faits principaux signalés par Durham sont confirmés]. L'afflux consécutif des leucocytes polynucléaires et des cellules éosinophiles amène l'auteur à rechercher le meilleur moyen de produire cet appel si ingénieusement utilisé par Issaeff contre les infections péritonéales. Il in- dique une solution de sel marin à 0,05 % dans l'eau distillée stérilisée. Sur des sujets préparés par cette injection, il reprend ses expériences de phago- lyse. L'altération des leucocytes parait moindre, le dépôt fibrineux diminue d'importance et la résistance organique s'accuse par une phagocytose extra- ordinaire. — E. Bataillon. Sur les fonctions diverses des leucocytes : Friedenthal (148). 92. Cuénot. — Études physiologiques sur les Oligochètes. — Les globules du liquide cœlomique comprennent des stades jeunes, se multipliant par de rares mitoses, puis par des amitoses répétées, des stades à granules acido- philes et enfin des cellules dégénérées, qui sont phagocytées et digérées par les jeunes amibocytes. Quelques Allolobophora présentent en outre des élé- ments singuliers, éléocytes et mucocytes (Rosa), non amiboïdes, qui parais- sent être en rapport avec la fonction lubrifiante des pores dorsaux; lorsque le liquide cœlomique est rejeté au dehors par ces orifices, en réponse à des excitations de l'animal, les éléocytes et mucocytes se déforment et revêtent la peau d'une couche protectrice. — La phagocytose a une importance consi- l'année biologique, m. 1807. 29 1t-~-s ;• _ .:_ f - ■•.■■.-;: . i lit- ~ . : ■ - ~f •; : Tf _;> ~ '- 102. j^à&c. I T.; ,' -~ 2. — ILf — T f- - - - 12" '-.'. - i",r:: Lr' - .J— ■ F" ~ " - - - - fX -"^L _ - . . - - - ~- Lr - — _ ~" "' ' "~^- _".. . - I - " — ~ " - "— "._.! - "... - "_' Z r ~— -• '..- ,'.r _- - . " "*• " L.'. _-_ " . . ' Z ~ ". _ - - . - • nrirr ffiwmir - _ " :. ~ . l;~- . - . " . - - - : "__ - - Z LiLZrtfZ - - . - " - . : ..r -A~:r: : i'~ -■ ..i - - - : — ~^. - 11- - - 7 1 . 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Chez les bipèdes comme chez les quadrupèdes il y aurait donc synchronisme entre les contractions des muscles scapulo-huméraux et pelvi-cruraux, et Dupré voit dans ce fait «ne preuve de l'origine atavique du mouvement des bras de l'Homme. Yves Delage et G. Poirault. 1. Abbado (Michèle). — Vibridismo net vegetali. Studio bibliografico. (N. Gior. bot. ital., nouv. série, V, 76-105.) [* 2. Andrews (G. F.). — The living substance as such : and as qrganism. (J. Morphol., XII, SuppL, 176 p.) [Voir eh. XX 3. Anonyme. — Telegony again. (Nat. Science, X, 80-81.) [* 4. Baillet. — Sur la métissage dans les races d'animaux domestiques (Mem. Ac. Toulouse, VII, 1896, 62-79.) [463 5. Baillet. — Sur les hybridations considérées dans leur rapport avec la zootechnie (Mem. Ac. Toulouse, IX, 45-85.) [Discussions relatives à l'existence problématique de quelques hybrides. — A. Mallèvre. 6. Blanc. — Les pendeloques et le canal du soyon. (Journ. Anat. Phys. Paris, 33e année, 283-302, 5 fig.) [463 7. Brocadello. — Il sesso nelle uooa. (Boll. mens. Bacliicoltura Padova, ser. III, 1896, 100-104.) [Voirch. IX S. Cattaneo (Giacomo). — / fattori délia evoluzione biologica. Discorso letto il 5 Novembre 1896 per Vinaugurazione degh studi nelV Université di Genova. Genova [Pietro Martini], 64 p. [454 9. Celesia (Paolo). — Hicherche sperimentali sulla crédita progressiva : nota preliminare. (Atti. Soc. Ligustica di scienze naturali, VII, 23 p.) [456 10. Charrin (A.) et Riche (A.). — Hérédité et tuberculose. Modifications héréditaires de Vorganisme. (C. R. Soc. Biol., IV, 355-357.) [458 11. Debierre (C). — L'hérédité normale et pathologique. (Monograph. Clin. N° 4. Paris, [Masson], 40 p.) [454 12. Demoor (J.), Massart (J.) et Vandervelde. — L'évolution régressive en Biologie et Sociologie. Paris, [Alcan], 8°, 324 p., 83 fig.) [Voir ch. XVI 13. Dupré (E.). — Origine ancestrale et signification quadrupède du mouve- ment des bras dans la marche humaine. (Sem. médic, 1807, 354-355.) [463 14. Emery (C). — Gedanken zur Descendenz und Vererbungstheorie. VIII. XV. — HEREDITE. 453 Homologie und Atavismus in Lichte der Keimplasmatheorie. (Biol. Cen tralbl., XVI. 344-352.) [Voir ch. XIII 15. Farmer (J. B.). — On the structur of a hybrid fern. (Ann. Bot., XI, 533- 545.) [Sera analysé, s'il y a lieu, dans le prochain volume. 16. Giard (A.). — Sur les régénérations hypotypiques (C. R. Soc. Biol., IV, 315-317.) [Voir ch. VU 17. Hartog (Marcus). — The fondamental Principles of Heredity. (Nat. Se, XI, 233 239, 305-310.) [454 18. Heape iW.). — The artificial Insémination of Mammals and subséquent possible Fertilisation or imprégnation oftheir Ova. (Proc. R. Soc. London, LXI. 52-03). [460 19. Henslow (G.). — Does natural sélection any part in the or ig in of spe- cies among plants? (Nat. Se, XI, 166-180.) [Voir ch. XVII 20. Kohlbrugge (J. H. F.). — Der Atavismus. 1) Der Atavismus und die Des- cendenzlehre. 2) Der Atavismus und die Morphologie des Menschen. (Utrecht, [G. J. C. 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[458 454 L'ANNEE BIOLOGIQUE. = ('l/'itt'T'^ L, A.li^ljlj UJULiLHIHVLIj, Considérant la 3e catégorie en elle-même, on peut y admettre trois genres de phénomènes : a) apparitions passagères, fugitives, de formes embryon- naires et formations des organes rudimentaires ; b) arrêts de développement; formations ataviques proprement dites. On ne peut pas considérer comme produits par l'atavisme les organes passagers qui se forment au cours du développement ou les organes rudimentaires qui persistent après la naissance, car leur apparition est constante. Ce n'est pas un c retour » acci- dentel, propre aux phénomènes de l'atavisme, ni une variation anormale. Les arrêts de développement (même réduits aux formes palingénétiques de Hackel) peuvent s'expliquer par les causes mécaniques qui troublent la marche normale du processus, beaucoup plus aisément que par une force rétrogres- sive mystique parée du nom d'atavisme (J). Quant aux formations atavi- ques proprement dites, elles se réduisent à des cas d'apparition immédiate (sans continuité; de caractères semblables à ceux des organismes inférieurs. Leur apparition serait due à l'action de quelque force rétrogressive latente qui se réveillerait soudain. Pour parler comme Weismann, on devrait recon- naître l'existence « d'ides » spéciaux [ides ataviques) qui peuvent sous l'in- fluence de causes inconnues se réveiller de leur état de somnolence. Mais c'est précisément ce qui est combattu par le plus ardent défenseur de l'ata- visme. C. E.merv. qui n'admet comme ataviques que les formations dont une indication est donnée dans le courant de la vie embryonnaire, l'héritage des parcelles latentes étant inacceptable suivant lui. Les productions qui ap- paraissent ainsi sont des formes semblables à celles des ancêtres mais non héritées de ces ancêtres. Cette dernière série de phénomènes ne tient donc pas à l'atavisme. K. arrive ainsi, par exclusion successive de tous les faits que l'on croyait venir à l'appui de l'atavisme, à cette conclusion : « la doc- trine de Vatavisme ne repose pas sur des faits ». Le terme même ne devrait être conservé que pour indiquer les cas de retour à la race sauvage dans la production des races artificielles (et que l'on peut considérer comme patho- logiques) des animaux domestiques ou des plantes cultivées. Pour K. « toutes les anomalies soit-disant ataviques ne sont autre chose que des déviations neutres (par rapport aux types des races actuelles ou futures) produites soit par la variabilité, soit par l'arrêt de développement. Ce dernier est causé par des troubles accidentels, pour la plupart encore inconnus, qui se mani- festent surtout par la distribution irrégulière de l'énergie de la croissance. Les déviations tournent toujours autour d'une forme moyenne et c'est pour cela qu'elles affectent des directions de développement tantôt progressives, tantôt régressives ». IL L'atavisme et la morphologie humaine. Cette deuxième note est l'appli- cation des considérations générales qui viennent d'être résumées à un cas particulier, celui des anomalies morphologiques chez l'Homme, expliquées or- dinairement par l'atavisme. K. passe en revue les cas d'hypertrichosis, de po- li/ t/tastie, d'appendice caudal, etc., et trouve qu'on peut les expliquer tous soit par l'arrêt de développement (par exemple l'hypertrichosis, qui est l'exa- gération du duvet embryonnaire), soit par la transposition partielle des tissus (dans les cas des mammelles supplémentaires sur le dos ou sur les flancs) (2). K. a d'ailleurs développé ces idées, dans des travaux spéciaux sur la forma- tion de l'appendice caudal et sur les anomalies dans la colonne vertébrale et dans les muscles chez les Primates. Loin de ramener toutes les varia- (1) Bartels 'eu 1880) et K. lui-môme (en 1896) ont prouvé la vérité de cette assertion par leurs recherches sur la queue chez l'Homme. (2 /h gli r [Beitr. zur pathol. Anat., IV) admet la môme explication pour la formation des excroissance oiseuses aux endroits qui en sont d'ordinaire dépourvus. XV. — HEREDITE. 463 tions musculaires à l'atavisme, il les considère comme les résultats d'un arrêt [ou d'un excès, ajouterions-nous] de développement d'une forme em- bryonnaire, la même pour un grand nombre de classes, ordres ou familles. — J. Deniker. 6. Blanc L.). — Les pendeloques et le canal du soyon. — Les pendelo- ques qui sont appendues à la région cervicale de la Chèvre et du Bouc, qu'on a rencontrées aussi chez le Mouton et le Porc, qu'on a signalées chez la Vache, chez le Sanglier et la Biche, et qui peuvent même exister chez le Chien et chez l'Homme à un état plus rudimentaire, sont des formations encore mal connues anatomiquement et dont la signification n'est pas déter- minée. Il en est de même du canal du soyon qui s'observe souvent au bas de la région parotidienne du Porc. Pour Blanc, les pendeloques et les verrues plus ou moins développées qui les représentent chez d'autres animaux que la Chèvre sont des sortes de pavillons rudimentaires développés au niveau de l'orifice de la seconde fente bronchiale : ces rudiments sont munis d'un axe cartilagineux propre et de muscles spéciaux. L'invagination secondaire de ces organes vestigiaux produirait chez le Porc le canal du soyon. Il est difficile de voir dans l'apparition de ces organes un fait d'atavisme. C'est un caractère accidentel, d'origine tératologique, mais très héréditaire. La persistance de cette disposition tératologique à travers plusieurs généra- tions s'explique parce que les espèces où on l'observe communément (Chè- vre, Porc, Mouton) vivent par troupeaux isolés où un reproducteur mâle féconde ses propres descendants; la reproduction en consanguinité entretient donc l'anomalie. — A. Prenant. 13. Dupré (E.). — Origine ancestrale et signification quadrupède du mou- vement des bras dans la marche humaine. — Les mouvements des membres supérieurs dans la marche bipède ne sont pas dus seulement à la transmis- sion mécanique des mouvements du tronc, mais à des contractions actives des muscles du bras et particulièrement des scapulo-huméraux. Ces contractions musculaires actives sont dues à l'origine quadrupède ancestrale, car on con- state chez le bipède qu'il y a le même synchronisme entre les contractions des muscles scapulo-huméraux et pelvi-cruraux, que chez les quadrupèdes. — E. HÉROUARD. 4. Baillet. — Sur le métissage dans les races d'animaux domestiques. — Quand on fait reproduire entre eux des animaux domestiques appartenant à deux races différentes, on fait ce qu'on appelle en zootechnie du croisement. Si les produits obtenus ainsi, auxquels on donne le nom de métis, sont ac- couplés entre eux, l'opération prend le nom de métissage. Baillet, d'accord en cela avec le plus grand nombre des zootechnistes, attribue l'emploi peu fréquent du métissage dans la pratique à des phénomènes d'atavisme, aux coups en arrière, que l'on ne manque pas d'observer dans la descendance lorsqu'on a recours à cette méthode de reproduction. — A. Mallèvre. CHAPITRE XVI La variation. =z a. Variation en général, ses lois. — Bateson (2). ss b. Formes de la variation. — e) Variation régressive. — Demoor, Massartet Vandervelde (23), étudiant la régression dans révolution bio- logique et dans celle des sociétés, montrent, par des exemples, quelques- uns nouveaux etfrappants, tous bien choisis, bien coordonnés, clairement exposés, que la régression n'a pas la signification d'un retour vers un état antérieur; qu'elle est partout le résultat de la lutte des parties et la con- dition du développement ultérieur; qu'elle n'obéit nulle part à des lois fixes, mais se produit partout selon les besoins et les circonstances. Ils sont d'avis qu'on a fort abusé des comparaisons entre les organismes et les sociétés. Nous ne pouvons que souscrire à cette déclaration et nous allons même plus loin en disant que toutes les tentatives dans ce sens sont vaines et pèchent par la base. Ces comparaisons, pour justes qu'elles puissent paraître dans quelques cas, ne sont jamais que des comparai- sons, toujours permises, parfois utiles pour faire comprendre, mais absolument dépourvues de toute valeur démonstrative, incapables de fournir des renseignements quelconques sur ce qu'il convient de faire pour le progrès des sociétés. Il n'y a aucun enseignement à tirer de l'é- volution biologique pour la direction des sociétés humaines : l'évolution biologique est l'histoire d'une matière vivante plus ou moins plastique, se développant suivant la résultante des tendances internes gisant dans sa structure et des conditions ambiantes, tandis que dans l'évolution des sociétés intervient un facteur nouveau, l'intelligence humaine, qui a tout à gagner à diriger cette évolution suivant sa prévision des résultats et tout à perdre à copier une évolution aveugle où le bien ne s'est ac- quis que par des moyens lents, détournés et que presque toujours la morale réprouverait. r,) Variation corrélative. — Signalons une étude par Brewster (11) de la variabilité des caractères comparativement chez les individus d'une même espèce et chez les espèces d'un même genre. L'auteur arrive à la conclusion qu'ilexiste une corrélation spéciale entre ces deux variabilités. Notre distingué collaborateur Coutagne montre ce qu'il faut voir sous cettr prétendue loi de corrélation qui n'est que l'expression compliquée d'un l'ait simple. La critique dépasse de beaucoup l'étendue de l'analyse, XVI. - VARIATION. 465 chose qui nous sera peut-être reprochée, mais que nous approuvons au contraire entièrement, à condition qu elle reste exceptionnelle, car elle montre bien le caractère de notre publication. Sur le même sujet, voir au chapitre XII des intéressants travaux de Pearson, Pearson et Lee, Filon et Pearson, Galton, si intimement liés à la catégorie dont il est question ici qu'on aurait presque pu les classer dans ce chapitre. t) Cas remarquables de variation. — Dans cette catégorie, le fait suivant mérite d'être spécialement signalé. Aux îles Sandwich, dans des vallées successives séparées les unes des autres par une distance de quelques kilomètres seulement, les Mollusques terrestres et d'eau douce montrent des variétés successives très faibles en elles-mêmes, mais constantes et s'accroissant au fur et à mesure que les vallées sont plus éloignées. Gulick, dans des recherches rapportés par Romanes (74) (recherches témoignant de qualités d'observateur remarquables, et qui ont été pour- suivies pendant un quart de siècle), a prouvé que ces variations étaient dues au seul fait de la ségrégation et non à des différences climatériques qui existeraient dans ces vallées. Romanes (voir ch. XVII) a montré comment la ségrégation à elle seule suffisait à engendrer ce résultat. = c. Causes de la variation. — a) Variation parallèle. Orthogénèse. — Dans le travail de Milne-Edwards et Bouvier (57) est cité un cas de variation parallèle de deux espèces voisines. Ces cas ont un certain intérêt, soit que l'on cherche à rattacher la variation à des états d'équilibre, soit qu'on la rapporte à des actions du milieu. — Sumner (82), Maria von Linden (48). S) Symbiose. Commensalisme. Parasitisme. — Harrington (37), Ma- laquin (52), Pantel (64), Marchai (54), Fockeu (32), Zopf (93). Y) Influence du milieu et du régime. — Vernon (86) revient sur les ex- périences, dont il a donné le détail en 1895 et que nous avons analysées dans ce périodique (Ann. biol., I, p. 512). Il a étudié l'influence de divers facteurs (température, salinité de Feau,- présence de déchets or- ganiques) sur la taille des Pluieus d'Oursins, pour en tirer des conclu- sions sur les causes de la variation à l'état de nature où ces conditions diverses du milieu peuvent se rencontrer. Les résultats auxquels il est arrivé sont très remarquables. En ce qui concerne la température, en deçà et au delà d'un optimum compris entre 15 et 20° centigr., un écart de quelques degrés fait diminuer la taille de 2 à 5 %. C'est surtout le moment précis de la fécondation qui est critique, car le résultat est en- tièrement obtenu par une action de quelques minutes de la température expérimentée, au moment où les produits sexuels viennent d'être mis en présence. En ce qui concerne l'action des sels, il est curieux de consta- ter que la salinité normale ne constitue pas un optimum : l'addition de 5 % d'eau douce augmente la taille de 15 %\ mais une trop forte addi- tion la diminue. Enfin, il est à retenir que la présence d'une quantité minime de déchets organiques (1/7000), acide urique ou urée, est favo- rable à l'accroissement de la taille des larves. Vernon voit là une origine possible à la formation de nouvelles espèces par l'intermédiaire de la sélection; mais ici son raisonnement semble un peu risqué, car les dif- férences obtenues, même celles portant sur la variation delà variabilité, ne sont sans doute pas en état de se maintenir si les conditions du l'année biologique, m. 1897. 30 [ùi\ L'ANNEE BIOLOGIQUE. mil. eu qui les ont produites sont supprimées, car rien n'indique qu'elles aient atteint le plasma germinatif. Bumpus (12, 13) donne une intéressante étude des variations subies par l'œuf du Moineau anglais à la suite de son introduction en Amé- rique. Il donne les résultats de ses comparaisons, montre qu'il y a eu variation et augmentation de la variabilité et conclut, mais peut-être avec une rigueur insuffisante, que ces effets ne sauraient être produits parla sélection. Costantin (21, 22), Urech (85), Seurat (81), Yasuda(90), Hargitt (36), Ray (70), Schostakovitch (78), Matruchot (55). S) Influence du mode de reproduction. — Rien de notable à signaler. — d. Effets de la variation. — a) Polymorphisme œcogénique. — Rap- pelons ici que nous désignons sous ce nom, ainsi que cela a été expliqué dans la note amenée à la table des chapitres, le polymorphisme dû à l'influence du milieu naturel comme cause de variation. Eriksson (29) constatant que la Rouille apparaît sur les céréales, même lorsque l'on a interdit tout accès de germes vers l'hôte depuis l'état de graine, conclut que le parasite se trouve dans la graine même, représenté par un pro- toplasme intimement uni à celui de la graine et, de là, à l'existence d'une forme de parasitisme particulièrement intime qu'il appelle myco- plosmasymbiose. [On sait qu'un parasitisme non moins intime a été con- staté de la part de Microbes et de Sporozoaires infectant les œufs]. — Magnus (51). — Vuillemin (87) confirme par l'observation l'existence de ce mode de parasitisme chez une Ghytridinée de la Betterave. — Roze (76), Prunet (68). o) Dichogènie. — Rien de notable à signaler. Yves Delage et G. Poirault. 1. Baldwin (J. M.). — Organische Selektion. (Biol. Centralbl. , XVII, 385- 387.) [Voir ch. XVII 2 Bateson (W.). — Onprogress in the study of variation. (Sci. Progress, II, 53-68.) ' ' [472 3. Baur (G.). — Remarks on (lie question of intercalai ion of vertebrœ. (Zool. Bull., 1,41-55.) [487 4. Bavay (A.). — Au sujet d'une couleuvre vipérine (Tropidonotus viperinus), (Bull. Soc. Zool. France, XII, 108-109.) [Présentation d'un sujet âgé de 20 ans. L'âge et la captivité paraissent accentuer les caractères vipérins. — E. Hecht. 5. Beauverie (J.). — Contribution à V étude de V influence des conditions ex- térieures sur la morphologie et Vanatomie des végétaux. — Etude sur les modifications morphologiques et anatomiques des thalles de Marchantia et oissons percoïdes américains dans les Étangs et rivières d'Europe. (Interm. Biol., I, 80.) [499 92. Zinsser (O.). — Ueber dus Verhalten Kmllchenbacterien in lebenden pflanzhchen Geweben. (Jahrb. wiss. Bot., XXX, 423-402.) [492 47? L'ANNEE BIOLOGIQUE. 93. Zopf (W.). — Ueber Nebensymbiose [Parasymbiosé], (lier, deutsch. bot. Ges., XV, 90-92.) [492 = a. Variation en général. Ses lois. 2. Bateson (W.). — Sur les progrès dans V étude de la variation. [XVII a] — Bateson, dans un ouvrage important et bien connu (Materials for the studyof variation), a déjà soutenu cette idée très raisonnable que les variations dis- continues peuvent jouer un rôle important et même prépondérant dans la constitution d'espèces nouvelles, puisque, au point de vue du caractère spécial résultant de la variation, les individus qui la présentent diffèrent autant de leurs congénères qu'une espèce diffère d"une autre. Mais beaucoup ont ob- jecté que la variation discontinue est une exception, une rareté, que les sports sont si rares qu'on les peut négliger. Cette objection vient surtout de ce que l'on ne comprend généralement pas de façon exacte le sens du terme « va- riation discontinue ». On en fait le plus souvent un synonyme de « sport », ce qui est une erreur. Car si les « sports » sont en effet des cas de variation discontinue, il y a des variations discontinues qui ne sont pas des sports. Le sport est une variation souvent forte, qui n'est guère reliée à la normale par des variations de même sens, mais plus faibles et intermédiaires. Dans la va- riation discontinue, ces intermédiaires existent le plus souvent : mais elle est d'autant plus discontinue que les intermédiaires sont plus rares : il y a des degrés dans la discontinuité. Une variation est discontinue si, quand tous les individus se mélangent librement, il n'y a pas simple régression vers une même forme moyenne, mais prépondérance sensible de la variété sur les formes intermédiaires. Si l'on classe toute cette population en séries, d'après le caractère qui varie, selon la méthode de Fulton, on a, non pas une seule ascension delà courbe, mais deux faîtes au moins, si ce n'est plus. Le type et la variété coexistent, et la variété n'est pas submergée par et dans le type. Le mot sport désigne une variation rare et monstrueuse : le terme variation dis- continue n'exprime rien de tel. Une variation marquée chez une espèce con- stante et relativement invariable, porte le nom de sport, comme l'existence de six rayons chez les Sarsia. Mais chez quelques Méduses la même variation est chose si fréquente qu'on ne dit plus qu'il y ait là sport : c'est un fait commun, et elle porte le nom de variation discontinue. Un Argynnis adippe qui en Angleterre manquerait de taches argentées à la face inférieure des ailes postérieures constituerait un sport : dans les habi- tats alpins, le fait est si fréquent que l'absence de taches ne constitue qu'une variation discontinue. Et les exemples sont nombreux de ce fait que telle va- riation est rare en telle localité et abondante en telle autre. Mais, de façon générale, on connaît assez peu le degré de la discontinuité. Chez Callimor pha liera, les ailes postérieures sontgénéralement rouges, mais une variété les a jaunes, et entre les deux il y a des formes de passage : mais la fréquence relative de celles-ci échappe encore. Chez Thaïs medusicaste il va une variété honoratii, avec discontinuité certaine, mais les formes in- termédiaires sont rares. Il faudrait mieux connaître le degré de continuité, et de discontinuité de la variation, et, à ce point de vue, les naturalistes pra- tiquants, les naturalistes qui collectionnent les animaux dans les champs, peuvent rendre des services par les observations quïils sont, plus que leurs XVI. - VARIATION. 473 confrères de laboratoire, à môme de faire. Il est temps que les deux groupes de naturalistes se rapprochent et s'aident mutuellement. Ce que Bateson, en tant que naturaliste spéculatif, en tant que « philosophe de la nature », pour reprendre une expression vieillie, demande aux col- lectionneurs, lesquels d'habitude s'intéressent peu aux problèmes biologiques qui préoccupent le philosophe, c'est de systématiser leurs observations, c'est de s'attacher à recueillir et à observer un petit nombre d'espèces variables, au lieu de consacrer leur temps à la recherche des exceptions et des raretés. Au fond, l'étude est facile : elle ne demande pas de connaissances spéciales, en dehors de celles que possèdent ou peuvent sans peine acquérir les collec- tionneurs : il suffit de recueillir et d'observer, en prenant note de ses obser- vations, et de savoir élever les animaux afin d'étudier le rôle de l'hérédité. L'élevage des Insectes en général est chose très aisée et ne demande ni une science approfondie, ni des installations matérielles exceptionnelles. Quelques exemples montreront de quoi il est besoin, et comment il faut s'y prendre. Deux cas se peuvent présenter. Le premier est celui où la variété se trouve dans le même habitat que la forme type, mélangée à celle-ci, et se reproduisant avec elle probable- ment; le second est celui où la variété a un habitat totalement ou en partie différent de celui du type. C'est à l'égard du second que le collectionneur peut rendre le plus de services; mais voyons d'abord comment il peut se rendre utile dans le premier. Voici par exemple un Papillon, Amphidasys betularia, dont il existe une va- riation connue, la double dayaria. Le type a toute la surface supérieure des ailes de couleur blanche, tachetée de façon presque uniforme, de points noirs. Pas de différence entre les deux sexes. La variété, elle, a les ailes d'une même couleur unie, toute noires; et elle est assez répandue dans le nord et le centre de l'Angleterre. Cette variété offre ceci de particulier qu'elle s'est constituée et développée depuis une époque relativement récente, et son histoire est assez ancienne et exceptionnelle pour qu'il y ait lieu de s'y arrêter. De cette variété double dayaria noire, les entomologistes n'ont point fait mention jusque vers 1845 ou 1850, époque à laquelle ils commen- cèrent à la rencontrer dans le nord de l'Angleterre. C'était d'ailleurs une ra- reté, et on la rencontrait de façon exceptionnelle. Elle fut donc reconnue et nommée vers 1850. Elle vivait et vit encore sur les plantes alimen- taires que fréquente le type. En 1865. des femelles ayant été exposées, pour attirer des mâles, à Manchester, la plupart des mâles qui vinrent apparte- naient à la variété nouvelle. La variation s'accroissait numériquement, et en même temps elle étendait son habitat : elle gagnait vers le sud, se ren- contrant dans la région centrale de l'Angleterre. En 1870, on constatait qu'à Newport, dans le Monmouthshire (sur la Severn), la variété noire était aussi répandue que la forme type, et, quelques années plus tard, cette dernière avait pour ainsi dire disparu dans cet habitat : on ne rencontrait plus que la forme noire. A Chester, depuis quelques années aussi, on ne rencontre plus que cette dernière : le type a disparu. Et la variété noire gagne encore du terrain : on la prend occasionnellement jusque dans le Berkshire sous la latitude de Londres. Cette variété noire a du reste franchi les limites de l'Angleterre : elle a passé la Manche récemment, et, dès 1886, on la prenait en Belgique, où elle n'était pas tout à fait aussi noire qu'en Angleterre. De- puis ce moment, elle s'est multipliée en Belgique et, durant ces dix dernières années, elle s'est étendue; on la trouve dans une grande partie de l'Allema- gne, jusqu'en Silésie, et à Dresde. 474 L'ANNEE BIOLOGIQUE. Voilà donc une variété naturelle qui s'est constituée sous les yeux de l'homme, en un temps fort court, et qui a pris une extension considérable. Il est possible d'en reconstituer l'histoire : mais combien ne serait-elle pas plus claire et parlante si tel collectionneur du Lancashire par exemple avait, chaque année, pris une centaine de ces Papillons et les avait conservés ? Car chaque année on eût vu décroître la proportion du type et s'accroître colle de la variété : on aurait des chiffres précis sur les gains de cette der- nière. Et on verrait aussi comment la chose s'est faite. Est-ce par passage graduel du blanc au noir, par le gris? C'est peu probable : il est môme cer- tain que les choses ne se sont pas passées de la sorte. Il y a eu production d'emblée d'individus noirs, lesquels, pour une raison qui nous échappe, ont mieux réussi que les autres et ont pu se multiplier mieux, d'où la multipli- cation numérique de la race. Pourtant, il y a eu, et il y a encore des formes intermédiaires, en Angleterre; il y en a en Belgique, et sur le Rhin, à côté des individus noirs qui toutefois sont les plus nombreux. Il est certain ce- pendant que dès le début il y a eu la forme toute noire à côté de la normale, comme cela a lieu aujourd'hui. Et il n'est pas probable que les formes inter- médiaires soient dues à un croisement entre le type et la variété, car Stei- nert. ayant élevé la progéniture d'un double-dayaria sauvage, a obtenu 75 6e- lularia et 90 double-dayaria dont deux seulement étaient en quelque sorte intermédiaires. Maintenant encore il serait temps de faire des observations précises sur cette espèce, en Allemagne, et peut-être dans le nord de la France : en tout cas, il est d'autres espèces qui présenteraient actuellement le phénomène de dédoublement dont il vient d'être question. Mais comment faire? Si nous prenons le cas de betularia, la chose est fort simple. Il faut s'attacher à récolter des betularia de régions différentes, — et celles-ci peuvent être assez voisines, — en prenant soin de s'imposer l'obli- gation de les capturer au hasard, sans sélection. Mettons qu'on en prenne une centaine, par exemple, dans chaque région. Une fois capturées, on les classera en cinq classes, par exemple : betularia normal, type; formes de passage claires, moyennes et foncées; double-dayaria typique. Pour être sur de faire bonne récolte il serait utile d'avoir chaque année quelques femelles fraîches (obtenues par élevage) qui serviraient à attirer les mâles des en- virons. Le chiffre de cent échantillons chaque année serait très suffisant, et au bout de quelques années on verrait sans peine s'il est des formes qui de- viennent plus rares ou plus fréquentes. Ce serait une façon de tâter le pouls à l'espèce au point de vue de la variabilité. Il faudrait aussi des expériences d'élevage, et surtout des expériences suivies. En effet, l'élevage avec des femelles dont le passé est inconnu donne des résultats très variables. On le voit par les résultats obtenus par Burck- hardt sur le croisement des variétés de Spilosoma lubricipeda dont il existe à Héligoland une variété noire, zatima. Cette variété, en l'absence de croise- ment, se reproduit exactement, mais quand elle est croisée avec le type elle peut donner ou bien le type, ou bien zatima, ou bien des formes plus claires que cette dernière, nommées intermedia. Mais entre le type et intermedia. jamais on n'observe de formes intermédiaires. Ce n'est pas que celles-ci ne puissent exister : on les a obtenues en Angleterre. Là, on a créé une race noire de lu- bricipeda, par sélection, en partant d'échantillons foncés, naturellement, et cette race, nommée radiata, se rapproche beaucoup de zatima, mais on y trouve des formes quisonttout à fait intermédiaires entre intermedia et lubri- cipeda. Les formes intermédiaires s'obtiennent donc, mais pas toujours du premier coup, et la chose n'est pas toujours aisée. XVI. - VARIATION 475 Au reste les botanistes peuvent collaborer à l'œuvre proposée par M. Bate- son. Voici par exemple Biscutella lœvigata qui présente deux formes, Tune glabre, l'autre pilifère. C'est une espèce alpine, assez répandue. Elle peut être ou glabre ou pilifère : ces deux formes coexistent souvent dans le même habitat, côte à côte. La forme pilifère semble être plus commune; dans le val d'Anniviers, par exemple, c'est la seule que l'on rencontre. Mais dans le val Formazza, près des plantes velues, on en trouve qui sont glabres, qui ont la tige et les feuilles nues; chez la majorité toutefois, il y a des poils sur les bords des feuilles, sur les dentelures et souvent sur la nervure mé- diane : les surfaces sont tout à fait glabres. Mais entre ces deux formes glabres et velues, il y a des intermédiaires, des formes de passage; et malgré cela, on peut, pour l'immense majorité des échantillons, les attribuer sans hésitation à l'un ou l'autre groupe, malgré leur caractère mixte. Ceux pour lesquels on peut hésiter sont très rares. [Il serait bon de dire plus explicite- ment pourquoi l'hésitation est rare? Car cela est affaire d'appréciation : là où M. Bateson n'hésite pas. quelque autre hésiterait peut-être? Quel est le crité- rium?] Et alors, on peut se demander, en voyant coexister ces deux variétés côte à côte, comment, malgré les Insectes qui les croisent sans cesse, elles restent telles, sans se fondre comme formes moyennes. Mlle Sadnders, pour répondre à cette question, a pratiqué de nombreux croisements artificiels à Cambridge. Les hybrides, au début, avaient les uns les feuilles glabres, et les autres les feuilles velues, mais le reste des plants — la majorité — pré- sente un type intermédiaire. Mais à mesure que les plants devenaient plus âgés, on vit que les plants pilifères ne produisaient que des feuilles pilifères, et les glabres, des feuilles glabres ; les pieds intermédiaires produisaient aussi des feuilles glabres, de sorte qu'ils finissaient par devenir glabres. Cette discontinuité est donc le signe extérieur du fait que, dans l'hérédité, les deux caractères (pilosité et glabréité) ne se fondent pas complètement : les formes restent distinctes au lieu de se fondre. Quelle est la forme originelle? On l'ignore. En tout cas, la forme glabre souffre plus que la pilifère des atta- ques des Limaces. Il faudrait voir si, là où les deux variétés coexistent, tel en- nemi fait défaut qui, ailleurs, où l'on ne trouve que la pilifère, extermine les glabres à mesure qu'elles se produisent. Voilà deux exemples du genre de travail à faire : les entomologistes et bo- tanistes en trouveront sans peine d'autres sur lesquels ils pourront s'exercer. Voici, en abrégé, la besogne qui leur est proposée. S'attacher à une espèce animale ou végétale, dans une région donnée, et récolter cette espèce dans plusieurs localités plus ou moins distantes, sans mêler les échantillons. Il faut que cette espèce présente au moins une va- riété, existant dans les mêmes localités, et on récoltera l'espèce et la variété, au hasard, comme elles se présentent, « atout venant ». Pour chaque localité, on s'astreindra, autant que possible, à récolter le même nombre total d'échan- tillons. Et alors on notera, année après année, de préférence : 1° La rareté ou l'abondance relative de l'une ou de l'autre forme; la coexis- tence exacte ou imparfaite des deux : 2° L'absence ou la présence des formes intermédiaires entre le type et la variété: leur proportion s'il en existe; 3° S'il existe- des intermédiaires, on s'efforcera de les trier et classer; on verra s'il en est qui se rattachent nettement à la variété, ou bien à l'espèce, et s'il en est à tel point « formes de passage » qu'il soit impossible de les grou- per autrement qu'ensemble, en un groupe distinct des deux formes extrêmes, reconnues ; 4° Ce travail se fera de façon distincte, pour chaque localité distincte, 176 L'ANNEE BIOLOGIQUE. autant de fois qu'il y a de localités. A l'égard du 3e point, on procédera au moyen de mensurations et de méthodes de comparaison précises, autant que taire se peut : à défaut déchiffres, toutefois, les « impressions » rendront des services. Voilà qui est assez détaillé, nous semble-t-il, et, si les naturalistes français veulent travailler à l'œuvre proposée par le naturaliste anglais, il est à peine besoin de dire qu'ils rendront service à la science, laquelle n'a pas de natio- nalité. Et cela leur sera facile. [Il va de soi que les résultats d'une seule année ont déjà beaucoup d'intérêt. 11 va de soi aussi que plusieurs naturalistes qui, en des régions éloignées, du nord au midi, et de l'ouest à Test de la France, par exemple, s'entendraient pour faire les mêmes recherches sur une même espèce, en se réunissant en- suite, pour porter un jugement collectif, pourraient produire une enquête plus étendue et plus profitable. Enfin, j'ajouterai que les naturalistes qui voudraient se livrer à des travaux de ce genre pourront m'adresser leurs résultats : je les ferai publier et transmettre à M. Bateson]. — H. de Varigny. 7>0. Ludwig (F.). — Remarques complémentaires sur les multiples des nombres de Fibonacei et la relation qu'ils présentent avec les oscillations des courbes de variations chez les plantes. — Les courbes des variatiations orga- niques présentent parfois, à côté du sommet principal, des sommets secon- daires, placés symétriquement de chaque côté. L'auteur compare ces sommets secondaires avec ceux que présentent les courbes des ondes sonores où, à côté des sommets principaux fournis par les sons fondamentaux, il y a des sommets secondaires correspondant aux harmoniques. Ces sommets sont dé- terminés par les nombres de la série de Fibonacei. Ludwig fait observer que dans certains cas les sommets secondaires dans les courbes de variation con- cernant le nombre des fleurs d'une inflorescence par exemple, coïncident sensiblement avec le double, le triple ou même avec des multiples plus élevés des nombres de la série de Fibonacei. — Paul Jaccard. =z b. Formes de la variation. — (3) liégt^ession, atavisme. 23. Demoor J.i, Massart (J.) et Vandervelde (E,). — L'évolution ré- gressive. — Bien que la biologie occupe une place considérable dans ce tra- vail, la première idée provient d'études de sociologie. On a singulièrement abusé depuis quelque temps des assimilations entre les organismes et les sociétés : le caractère contestable de beaucoup de ces tentatives prématurées provient de ce fait que nombre de sociologues n'ont que des connaissances superficielles en biologie, tandis que bien des naturalistes sont peu docu- mentés sur les questions sociales : aussi les auteurs se sont-ils associés au nombre de trois, deux naturalistes et un sociologue. — Les analogies résul- tent de ce que l'évolution dans les deux domaines a pour bases les mêmes principes, ceux de la ressemblance et de Xadaplation : ils sont représentés en biologie par l'hérédité et la variation ; en sociologie la ressemblance pro- vient de l'imitation, l'adaptation de l'invention. Mais il y a des différences fondamentales : dans les agrégats organiques, on trouve la continuité physio- logique entre les unités composantes ; dans les agrégats sociaux, l'union consiste uniquement en relations d'ordre psychique, et c'est commettre une erreur grave que d'assimiler à des liens physiologiques les moyens de com- munication. d'échange, etc., entre individus et groupes sociaux. On doit encore moins identifier, comme on le fait trop souvent, les colonies animales et végétales avec des sociétés. Parmi ces dernières, seules les communautés XVI. — VARIATION. 477 [Gemeinschaften . où tous les individus descendent de parents communs ex. les Abeilles, les Fourmis, et certains groupes humains fondés sur l'asso- ciation familiale , se rapprochent du type des agrégats organiques; mais les autres [Ge&ellschafun) sont purement contractuelles. On a voulu aussi consi- dérer ces colonies comme un état intermédiaire entre l'individu et la société : or, s'il existe toutes les transitions possibles entre la colonie et l'individu, il n'y en a aucune entre la colonie et une société proprement dite. — De nom- breuses différences résultent de cette distinction essentielle : les plus im- portantes portent sur les méthodes à employer. La sociologie a recours presque constamment à la méthode historique ; la biologie doit y renoncer, sauf quelques cas (sélection artificielle, par exemple), et dans les questions de phylogénie, qui semblent se rapprocher du domaine historique, elle utilise surtout la méthode de comparaison morphologie comparée, paléonto- logie, embryogénie, tératogénie), qui n'apparait qu'à titre accessoire dans la sociologie morphologie sociale comparée, archéologie». Cette introduction, très concise mais très substantielle, nous montre avec quelle réserve on doit procéder dans cette étude des analogies entre les phé- nomènes sociologiques et biologiques, qui a été l'occasion de tant d'assimila- tions hasardeuses ou parfaitement erronées, et cela aussi bien parmi les partisans que parmi les adversaires de l'évolutionisme. Il y a plus : un cer- tain nombre de « lois biologiques » invoquées par les sociologues dans leurs comparaisons n'existent pas dans la réalité : telle est la fameuse loi de la ré- gression en sens inverse dont on a tant abusé et qui ne constitue qu'une grave erreur. — Les auteurs se sont limités à l'exposé de l'une des questions les plus mal comprises, celle de l'évolution régressive. Dans l'analyse qui suit, nous nous attacherons de préférence à la partie biologique. Le progrès et la régression semblent, à première vue, s'exclure réciproque- ment. En réalité, dans toute évolution , ils constituent pour ainsi dire les deux faces d'un même phénomène : toute transformation, même progressive, est accompagnée de régression. On peut le démontrer d'abord pour les or- ganes, puis pour les organismes (en sociologie pour les institutions, puis pour les sociétés). Ce qui concerne les organes est borné ici à la question de leur transfor- mation phylogénique. telle qu'on peut la suivre par la méthode de compa- raison, en laissant de côté les premiers degrés de leur formation chez les ancêtres éloignés, et leur développement chez l'individu, qui est souvent loin de reproduire fidèlement les diverses phases parcourues au cours de l'évo- lution: de même, l'évolution des fonctions, consistant surtout dans une spé- cialisation croissante du travail, ne permet que rarement de retrouver les phénomènes de régression; enfin on laisse de côté les adaptations indivi- duelles, où il s'agit soit de formation d'organes nouveaux, soit de conserva- tion d'organes qui, tout en se modifiant, n'ont pas perdu leur caractère pri- mitif: tous ces cas ne se rapportent pas directement au sujet, la transforma- tion d'un organe. — Ceci posé, les meilleurs exemples de transformation avec régression sont ceux que fournissent les organes homodynames nom- breux chez un même individu, p. ex. les appendices des crustacés, étudiés ici en détail chez l'Ecrevisse: puis les organes homologues chez desindividus d'espèce différente, p. ex. les membres dans la série des Vertébrés, sujet présenté ici avec les détails les plus intéressants. Pour les végétaux, ils sont empruntés aux feuilles : d'abord comparaison des feuilles apicales et basi- laires avec les feuilles moyennes de la même plante dans Rosa rugosa, Sa- gittaria, etc., puis comparaison des feuilles moyennes chez des plantes diffé- l> L'ANNEE BIOLOGIQUE, rentes dans des cas d'adaptations diverses. Tous ces exemples sont exposés sous une forme succincte, mais suffisamment développés pour bien faire ressortir les preuves de régression partielle qui s'y retrouvent à chaque ins- tant. Le chapitre de sociologie correspondant comprend deux études qui mènent à des conclusions analogues : les principaux types d'organisation financière dans l'Europe actuelle (transformations d'institutions similaires dans un même groupe social), et l'évolution de la propriété foncière chez divers peuples (transformations d'institutions similaires dans des groupes sociaux différents). Passons aux organismes : leur évolution est toujours caractérisée par la ré- gression de certains organes. On peut le constater de deux manières : ou ils persistent dans les êtres actuels, à l'état réduit; ou on les retrouve chez d'au- tres êtres, disparus aujourd'hui, qu'on regarde comme leurs ancêtres : ce second genre de considérations donne évidemment des résultats moins cer- tains que le premier. Tous les systèmes et appareils de l'Homme nous pré- sentent des organes réduits et souvent en grand nombre, surtout le squelette, les muscles, les organes de reproduction. Les auteurs rappellent d'abord des faits bien connus : glande pinéale et ftlum terminale dans le système nerveux, appendice vermiforme etcœcumdans l'appareil digestif, etc. Après une revue rapide de divers exemples empruntés aux principaux embranchements, des développements spéciaux sont consacrés aux nombreux organes réduits qui figurent dans l'appareil génito-urinaire des Vertébrés, et aux cas de régres- sion présentés par les diverses régions de la colonne vertébrale. Chez les vé- gétaux, ils sont beaucoup plus rares, l'élimination des parties non fonction- nelles étant généralement complète : on en trouvera cependant encore un certain nombre de cas, à propos de l'appareil végétatif : quelques-uns sont peu connus : atrophie des cotylédons chez certaines espèces d'Anémones, de la radicule chez des Nymphéacées. De leur côté, les sociétés présentent quelque chose de comparable aux organes réduits : ce sont les survivances de coutumes ou d'institutions; les auteurs se sont attachés seulement à montrer l'existence de ces survivances dans les sociétés où elle pouvait être mise en doute, les plus modernes (États-Unis) ou les plus simples (Australiens, Fué- giens), et, d'autre part, la persistance des formes antérieures d'une institu- tion à côté de ses formes actuelles : l'exemple choisi est celui du mariage et de la famille dans l'Europe moderne, où l'on découvre les survivances les plus inattendues. La nécessité universelle de la régression partielle, comme condition indispensable du progrès lui-même, dans toute transformation or- ganique ou sociale, est ainsi démontrée à tous les degrés et dans tous les domaines. Le fait étant établi, il faut étudier l'ordre de la régression. Ici on se trouve en présence d'une idée fausse, mais très répandue, et invoquée souvent comme une des lois fondamentales de la biologie, pour l'appliquer aux ques- tions psychologiques et sociologiques : la régression suivrait dans le temps une marche inverse de celle qu'a suivie l'évolution progressive de l'organisme. Les partisans de cette loi s'appuient sur des exemples tirés d'atrophies indi- viduelles; mais l'erreur apparaît lorsqu'il s'agit de comparer l'ordre de ré- gression individuelle ou spécifique des organes à celui de leur formation phylogénique. On peut le prouver, soit par la morphologie, en considérant la réduction d'organes homologues chez des espèces dérivant d'un type com- mun, soit par l'embryologie, en appliquant le principe de récapitulation de F. Mdller; des réserves formelles doivent être faites d'ailleurs sur ce prin- cipe, qui ne peut être accepté que dans un sens très large. Il faut de plus XVI. — VARIATION. 479 distinguer les organes atrophiés après développement, et les organes rudi- mentaires, qui doivent leur état à un arrêt de développement, ce qui a été souvent oublié. Un premier exemple, celui de l"œil pinéal chez divers Lacertiliens, s'ac- corde à peu près avec la prétendue loi; mais celui des organes visuels chez les divers Crustacés abyssaux la contredit absolument. De même quand on considère l'atrophie d'un organe dans un individu (les vaisseaux de l'appareil branchial chez un Mammifère, les dernières vertèbres dans le rachis de l'Homme, etc.). — Quant aux végétaux, on connaît d'abord l'extrême rareté des faits de récapitulation dans ce règne : ceux qu'on peut citer ne remontent jamais bien loin ; et, de ceux qui sont fournis par la mor- phologie, aucun ne témoigne en faveur de la régression en sens inverse. [A remarquer ici la curieuse étude des fleurs atrophiées de l'inflorescence du Chou-fleur]. On en peut conclure que, si dans certaines atrophies individuelles, surtout pathologiques et observées seulement dans le règne animal, les ac- quisitions les plus récentes sont les premières à dégénérer, cela tient simple- ment à ce qu'elles offrent, dans des cas particuliers, moins de résistance aux causes de dissolution; il est impossible d'en tirer une loi générale. Certains exemples, comme celui de l'œil pinéal des Lacertiliens, s'expliquent en ad- mettant que les dispositions les plus récentes, étant souvent les plus com- plexes, sont sujettes à des variations plus nombreuses. Mais, en général, toutes les variations tendant à la disparition d'un organe inutile sont favo- risées par la sélection, et aucun ordre de succession ne leur est imposé d'avance. — En sociologie, on trouve réellement quelques exemples de ré- gression en sens inverse, mais ce sont plutôt des exceptions; et, ici encore, quoi qu'on en ait dit, les institutions les plus récentes ne sont pas toujours les premières à disparaître. Une autre loi généralement admise, et celle-là incontestable, c'est que l'évolution n'est pas réversible. Les exceptions à cette règle sont rares et la plupart prêtent à des interprétations différentes. — Tout d'abord, pour les organes disparus, il est douteux qu'ils puissent reparaître réellement dans la nature : la présence des trois étamines du second cycle, ordinairement absentes chez certains Pelargonium, est un effet de la sélection artificielle, les horticulteurs ayant cherché à rétablir la symétrie de la corolle, et entraîné par suite celle de l'androcée. L'apparition d'une ou deux étamines exception- nelles chez le Ligustrum vulgare peut s'expliquer en admettant que la réduc- tion à deux étamines n'est pas encore un caractère complètement fixé. Les exemples empruntés à la tératologie chez les animaux (polydactylie. aug- mentation du nombre des mamelles, etc.) ne sont pas non plus démonstratifs, et toutes ces questions où l'on invoque le facteur trop commode de l'atavisme demandent à être examinées avec la plus grande méfiance. Ce n'est guère que dans le développement larvaire de certaines espèces qu'on voit renaître des organes qui semblaient disparus (larves*erychthoïdes des Stomatopodes, et Phyllosomes de certains Décapodes). — En sociologie, la renaissance d'une institution disparue n'est ordinairement qu'une pure apparence : par exem- ple, les institutions gréco-romaines à l'époque de notre révolution. D'autres s'expliquent par des phénomènes de convergence, dus à l'identité des condi- tions : ex. le mariage des esclaves à Cuba, analogue au contubernium ro- main. Un organe réduit peut quelquefois reprendre sa fonction primitive, mais seulement lorsque cette réduction a été relativement peu accentuée. On en trouve quelques cas remarquables dans le règne végétal : épines de Pommier sauvage, d'Aubépine, revenant à l'état de rameaux normaux, développe Mi L'ANNEE BIOLOGIQUE. ment des feuilles réduites de Sempervivum, Veronica, etc. — En sociologie, il semble d'abord que le phénomène soit fréquent; mais, là encore, il n'y a que l'apparence, des noms identiques servant à désigner des choses profon- dément différentes (corporations anciennes et modernes, collectivisme pri- mitif et collectivisme actuel, etc.). Une institution ou un organe réduits peuvent-ils se développer à nouveau et servir à une fonction qu'ils n'exerçaient pas antérieurement? On a inter- prété bien des faits dans ce sens, mais aucun n'est à l'abri d'objections (ca- vités branchiales transformées on appareils pulmonaires chez certains Crabes, staminode à fonction spéciale du Penstemon, etc.). La conclusion générale, c'est que la régression, malgré la signification éty- mologique du mot. ne constitue pas un retour à l'état primitif : certains or- ganes, qui n'existaient pas encore au début, ont disparu plus tard dans l'évo- lution régressive, et c'est ce qui crée une ressemblance apparente entre l'état initial et l'état final; mais ces deux termes n'en diffèrent pas moins profon- dément. Les causes de l'évolution régressive peuvent se ramener à une seule, la li- mitation des moyens de subsistance; de là, la lutte pour l'existence entre les organismes (ou les sociétés), et entre leurs parties composantes. — En biolo- gie, le principe qui domine toute la question est celui de la lutte entre les parties, de Roux; les deux facteurs essentiels sont toujours, comme l'a dé- montré Weismann, la variabilité et la sélection, qui président à la lutte entre les organes. Certains exemples sont très démonstratifs : perte de la colora- tion constante de l'espèce chez les animaux domestiques , perte des épines chez les plantes des îles océaniques, histoire des plantes messicoles, etc. [On remarquera que les auteurs n'abordent pas la question de la panmixie]. — Les conditions de la sociologie sont, sous ce nouveau rapport, assez différentes de celles de la biologie, et tendent à faciliter beaucoup plus l'élimination des dispositions inutiles : l'absence de l'hérédité, le rôle considérable qu'y joue la sélection artificielle, enfin la transmission des modifications par le méca- nisme de l'imitation. L'accommodation directe peut se réaliser ainsi rapide- ment, tandis que l'adaptation biologique est lente et indirecte, sauf des excep- tions curieuses (autotomie chez les Crabes, perte brusque et remplacement des feuilles chez certains végétaux changés de milieu). La réduction peut porter d'abord, soit sur la structure (ex. atrophie d'un or- gane par défaut de place), soit sur la fonction (disparition ou transfert à un autre organe), soit sur l'apport des éléments nutritifs. — Le premier cas est rare : on peut citer l'évolution des molaires dans les races humaines civili- sées, l'atrophie de la glume supérieure chez les Graminées, d'une étamine chez les Labiées. Le second est plus fréquent : atrophie accidentelle des mus- cles immobilisés, atrophie normale individuelle de l'épicotyle et de la feuille primaire des Nymphpèce autonome. Cela est à peu près incontestable et personne ne doute du mode de formation de ces espèces géographiques ou représentatives, comme on voudra les appeler, qui sont forcément en état d'amixie, étant séparées par une barrière matérielle infranchissable. [Mais je ferai remarquer que ce n'est là qu'un côté, et le plus abordable, du problème de l'origine des espèces: ce qui est difficile, ce n'est pas d'ex- pliquer les espèces géographiques, qui ont aussi bien la valeur de races que d'espèces, suivant qu'on connaît ou non leur forme originelle, mais c'est de rendre compte de la formation des espèces qui ne changent pas de milieu et XVI. - VARIATION. 499 se maintiennent côte à côte, comme Anagaïlis arvensis et cœrulea parmi les plantes, Melasoma tremulœ et populi parmi les Insectes, etc.]. — L. Cuénot. 22. Costantin (J.). — Les végétaux et les milieux cosmiques. {Adaptation. Évolution.) — Un très petit nombre d'ouvrages didactiques français traitent de la biologie végétale. Costantin a tenté d'exposer la partie la plus ardue, mais aussi la plus suggestive de l'histoire des plantes, l'évolution et l'adaptation. Ce livre serait un traité complet de physiologie végétale si l'auteur, en limi- tant le choix de ses emprunts, n'en avait, à dessein sans doute, restreint le cadre. Partisan résolu du transformisme, Costantin voit dans les idées de Gôthe, convenablement interprétées, le guide sûr devant conduire à la so- lution des difficiles problèmes de l'évolution chez les végétaux. La chaleur, la lumière, la pesanteur, le milieu aquatique sont, dans notremilieu cosmique, autant de facteurs puissants qui exercent sur l'individu leur action modifica- trice. C'est par l'apparition de caractères nouveaux que se traduit cette in- fluence ; l'hérédité les fixe et de ce double mécanisme biologique procèdent les variétés, les races et même les espèces nouvelles. L'auteur appuie ses déductions de faits empruntés au domaine de l'expérience. Les exemples choisis ne sont pas tous également probants et certains d'entre eux mérite- raient confirmation avant de prendre place parmi les conquêtes définitives de la biologie ; on comprend pourtant que l'auteur n'en puisse assumer la responsabilité. [Costantin a passé sous silence ce qui a trait à l'influence de l'aliment sur la variation du végétal. Seule, la question de la nutrition chlorophyllienne est enclavée dans le chapitre relatif à la lumière et limitée au mode d'action spécial de cet agent sur le pigment. L'ampleur du titre justifiait pourtant l'appréciation du rôle que joue, vis-à-vis de la plante, l'aliment d'origine tel- lurique. En comblant plus tard cette lacune, l'auteur accroîtra considérable- ment l'intérêt qui s'attache à un livre qu'on peut considérer comme un utile appoint à l'enseignement classique de la biologie végétale. Il a le mérite ac- tuel de réunir, avec méthode et clarté, un grand nombre de faits épars dont la portée et le lien philosophiques échapperaient à l'esprit de l'élève. — M. Radais. 49. Lindet. — Sur des Vignes japonaises et chi noises acclimatées à Damigny [Orne,. — Le département de l'Orne est situé au delà de la limite extrême de notre territoire viticole, et son climat a été considéré jusqu'ici comme im- propre à la culture de la vigne et à la maturation du raisin. Depuis quelques années, on a réussi à y acclimater parfaitement quelques variétés de Vignes, provenant des régions froides, humides et montagneuses de la Chine et du Japon; quelques-unes de ces vignes sont remarquables par leur précocité (raisins mûrs du 15 au 20 septembre). — L. Cuénot. 47. Léger. — Acclimatation des Poissons percoïdes américains dans les étangs et rivières d'Europe. — (Analysé avec le suivant.) 91. Yung (E.). — Même sujet. Id. 88. Wattel. Id. Id. 15. Canu (E.). Id. Id. Le Sun ftsh (Centrarchus, Bryttus, Pomotis) est acclimaté dans la Loire; les essais d'acclimatation ont pleinement réussi à Genève. Depuis près de vingt ans, les Perches américaines vivent en Angleterre dans des eaux fer- mées ou courantes. La reproduction de ces Percoïdes est également couram- ment obtenue en Allemagne. — M. Bouin. 85. Urech. — Action du froid et de la chaleur sur les cocons de Vanessa. 500 L'ANNEE BIOLOGIQUE "XIV 2 a Ç] — L'auteur a étudié l'action du froid et de la chaleur sur les co- cons de Vanessa Io. A 4- 40°, on obtient certaines aberrations caractérisées par trois taches noires sur les ailes ( Vanessa Io calore nigrum mandata Ur.) Des chrysalides soumises pendant 2à3 heures à — 5° G. donnent lieu aussi à une série de variations [Vanessa Io aberr. Antigone)] une température aussi froide peut d'ailleurs être observée dans la nature, par exemple « si* la grêle tombait en quantité suffisante sur un sol recouvert de carbonate de potasse, comme cela se voit après un incendiede bois ou de buissons ». Si onserredes chrysalides jeunes et encore tendres de Vanessa urticœ à l'aide d'un fil, de façon à exercer une pression sur les ailes, l'éclosion est normale, mais les par- tics comprimées ont peu ou point d'écaillés. Au delà de la zone comprimée, se produit une coloration aberrante, formée d'un pigment insoluble dans l'eau et qui se rapproche par ses propriétés du pigment de la, face inférieure desailes. Donc, les pigments doivent se former au voisinage de la racine irri- guée par le sang, et c'est là, ainsi que l'a déjà dit Tu. Eimek, que doivent com- mencer les nouveaux dessins en couleur dans la différenciation des espèces. La question reste à résoudre de savoir s'il y a formation d'un pigment nouveau ou modification du pigment normal. — A. Labbé. 84. Urech (F.). — Observations sur les phénomènes de compensation dans la coloration de quelques variétés et sous-espèces de Vanessa, dans les cas où cette coloration a été influencée par la température. Quelques considérations à ce propos et à propos de la récapitulation phylétique de la distribution des cou- leurs dans V ontogenèse. — Expériences très compliquées et discussion de plu- sieurs sujets importants, qu'il est difficile d'analyser en quelques lignes. Les thèses principales soutenues par l'auteur sont les suivantes : l°la chaleur agit dans le développement ontogénique d'une façon corrélative en ce qui con- cerne les modifications dans la matière colorante et dans l'interférence des couleurs modificatives, qui donnent pour résultat final soit la décoloration, soit l'accentuation de la couleur; 2° dans le développement phylogénique, la cha- leur peut agir d'une façon sensible en augmentant la matière colorante et en la rendant plus foncée, tandis que le froid agit d'une manière contraire, en diminuant la matière colorante et en la rendant plus pâle. — J. Dexikek. 4ô. Kellicott (D. S.). — Nymphes odonates des sources thermales. — Ces nymphes proviennent de geysers de Lassen (Californie) dont la température varie de celle de l'eau presque bouillante à celle du sang. Les individus provenant des parties les plus chaudes mouraient aussitôt que l'eau qui les contenait s'était refroidie. 11 y a là un exemple d'adaptation à une tempéra- ture très élevée. — C. B. Davenport. 71. Rein. — Sur la présence d'Algues dans les sources thermales à tempé- rature élevée. — L'auteur a trouvé des Algues vertes, voisines des Confervos. dans une source chaude du Mont Hakone (Yokohama) à 59° G. 11 cite une autre source dans le Yun-nan, à onze kilomètres de la ville chinoise de Nan- tin, où les pierres sont couvertes d'un enduit vert gélatineux bien que la température soit d'environ 1)0° G. La limite de température supérieure pour certaines Algues d'eau douce est donc peu éloignée du point d'ébullition do l'eau. — A. Labbé. 81. Seurat (L.-G.). — Note sur la résistance à la sécheresse de quelques ani- ma us des fossés de Mexico. — Dans de petites mares, presque complètement desséchées, Seurat a rencontré de petits Cyprins; leur bouche, légèrement XVI. — VARIATION. 501 dorsale, leur permet d'absorber la partie superficielle de l'eau, plus riche en oxygène. Il a vu de ces Poissons parfaitement vivants dans une mare profonde de 1 à 2 millimètres. C'est grâce à la disposition spéciale de leur bouche, qu'ils peuvent se conserver et même prospérer là où la vie serait impossible pour d'autres animaux de ce groupe. Il a rencontré des Hirudinées qui ici se sont adaptés à la vie terricole des Vers de terre. Il signale aussi la résistance très grande des Lymnées, Planorbes, etc. — M. Bouin. 90. Yasuda. — Sur V accommodation de quelques Infusoires aux solutions de certaines substances de concentrations variées. — Yasuda étudie les chan- gements qui se passent dans divers Infusoires et Flagellés transportés brusque- ment dans des solutions de sucre de canne, sucre de lait, glycérine et chlorure de sodium. Les animaux se contractent d'abord dans les solutions, puis reviennent à leur aspect normal, après quelques heures; souvent ils prennent une forme plus arrondie et leurs vacuoles augmentent graduelle- ment de volume à mesure que le milieu devient plus concentré (Colpidium et Paramœcium dans une solution 5 % de sucre de canne). Des solutions iso- toniques des corps ci-dessus mentionnés ne produisent pas des effets corres- pondants sur les Infusoires, ce qui montre que leur action dépend plus de leur nature chimique que de la concentration. — L. Cuénot. 36. Hargitt. — Notes sur Cordylophora lacustris. — Cette espèce d'Hy- draire, qui se trouve aussi bien dans l'eau saumàtre que dans l'eau salée, est particulièrement résistante aux changements de milieu. Une colonie vivant dans de l'eau saumàtre avec des Balanes, est soumise accidentellement d'abord à la gelée, l'eau étant prise en masse solide, et ensuite à une dimi- nution de salure considérable et brusque, une partie de l'eau saumàtre étant remplacée à plusieurs reprises par de l'eau douce, de sorte que l'eau ne con- tient plus actuellement (dix mois après) qu'une trace de sels. Des colonies de Cordylophora, filles de la première, sont bien portantes et se nourrissent activement d'Ostracodes; les Balanes remuent leurs cirres comme d'habitude, mais semblent plutôt sur leur déclin. — L. Cuénot. 70. Ray J.). — Variations des Champignons inférieurs sous V influence du milieu. [XVII] — Le problème que pose le titre de ce travail n'a été abordé par l'auteur que pour quelques cas particuliers. Les expériences ont porté sur 7 espèces de Champignons réparties dans les trois genres Sterigmatocystis Cramer, Aspergillus Mich. et Pénicillium Lk. — Ray se propose tout d'abord d'observer, au moyen de cultures artificielles, l'influence du milieu sur la va- riabilité des caractères; par l'ordre des variations, l'auteur déduit ensuite l'importance relative des caractères dans la phylogénie des formes et leur clas- sification naturelle; l'étude de quelques conditions extérieures spéciales et en particulier des cultures en milieu agité complètent le travail. Technique des recherches. — La Carotte, la Pomme de terre, le Riz, la géla- tine nutritive [?], la Canne à sucre, l'empois d'amidon, le jus de Carotte, des solutions de glucose, de lévulose, de saccharose, de sels minéraux (azotates et phosphates de potasse et d'ammoniaque) ont été les milieux nutritifs mis en expérience. Les conditions extérieures sont définies par la forme et la capacité des vases à cultures (tubes à essais bouchés au coton, ballons, etc.), l'aération libre du milieu ou le maintien en atmosphère confinée, l'état de repos ou d'agitation des liquides, etc. [L'auteur omet de nous renseigner sur le mode de préparation d'un certain nombre de ses milieux nutritifs. Or., on sait que, pour les réserves végétales employées en nature, la composition chi- 502 L'ANNEE BIOLOGIQUE. inique varie suivant l'âge et d'un échantillon à l'autre. C'est ainsi que la réserve sucrée de la Carotte peut être de la mannite ou du saccharose sui- vantl'époque de la récolte: des différences dans la température et dans la du- rée de la stérilisation changent les proportions relatives des sucres en pré- sence, etc. La précision de ces détails, superflue en tout autre cas, devenait rigoureusement nécessaire au début de recherches qui ont précisément pour objet l'étude de l'influence du milieu sur la végétation]. Variabilité des caractères. — Pour chacune des 7 moisissures étudiées, les spores [conidies], semées sur chaque milieu, ont produit une forme diffé- rente. Ces transformations n'ont pas été immédiates; il s'est produit, par les repiquages successifs des spores sur un même milieu renouvelé, des formes d'adaptation qui, s'éloignant peu à peu de la forme type originelle, tendent vers une autre forme, fixe désormais pour le milieu nutritif choisi. C'est ainsi que. pour le Sterigmatocystis alita Y '. T. cultivé dans une solution de glucose au cinquantième, la forme stable correspondante apparaît dès le sixième ou le huitième passage. Cette stabilité est toutefois essentiellement liée au milieu, car, dans tous les cas, on peut obtenir, plus ou moins rapidement, le retour à la forme primitive en reportant les spores de la nouvelle forme sur le milieu nutritif originel. Quant à ce qui est des relations de parenté de ces divers produits d'adaptation (que l'auteur regarde comme fixés désormais), chacun d'eux représenterait une altération du type originel assez considé- rable pour équivaloir à l'ensemble des caractères dont les mycologues se ser- vent pour distinguer les espèces et même parfois les genres. Dans la solution d'azotate d'ammoniaque au vingt-cinquième, par exemple, les têtes sporifères du Sterigmatocyslis alla se réduisent àdes hyphes simples portant des spores en chapelet. [Remarquons d'abord que les altérations de l'appareil conidien des moisissures par insuffisance de nutrition sont des faits d'observation an- cienne; la variation la plus considérable qu'ait pu observer Ray a déjà été figurée dans les traités classiques pour ce même genre (W. Zopf, Die Pilze, Breslau, 1884, p. 313, fig. 29. Sterigmatocystis sulfurea Fres.). Si l'on admet, avec l'auteur, que la variation est fixe pour le milieu considéré, son retour possible au type primitif doit nous mettre en garde contre une désignation spécifique trop hâtive. L'espèce fongique offre, on lésait, un polymorphisme fréquent et étendu. Si, pour les Champignons inférieurs, les mycologues des- cripteurs usent des rubriques genre et espèce, créées d'ailleurs pour désigner des groupements biotiques mieux connus, c'est dans le but pratique d'en dresser un catalogue provisoire où ces expressions n'ont d'autre valeur que leur commodité pour le classement. Aussi est-il d'usage ancien et constant en mycologie d'indiquer, pour chaque désignation spécifique nouvelle, le substratum nutritif où fut recueilli l'échantillon décrit. Les expériences de Ray sur la variation des caractères ne font donc que confirmer une fois de plus le bien fondé de cette règle ancienne et prudente]. Phj/logénie des formes. — De l'ordre de variabilité des différentes parties du thalle et surtout de l'appareil reproducteur, l'auteur tire des conclusions relatives à la phylogénie des formes. Par leur appareil conidien, les genres Sterigmatocystis, Aspergîllus, Pénicillium, peuvent se montrer, dans certaines conditions, sous une même forme schématique (verticille terminal de ra- meaux sporifères) que l'on peut considérer, au point de vue de révolution. comme leur commune origine ancestrale. L'hypothèse peut même être pous- sée plus loin et, de la réduction ultime des têtes sporifères complexes du Sterigmatocystis à une hyphe simple portant un chapelet de spores et surtout des conditions régressives d'apparition de cette variation, Ray déduit que les premières moisissures apparues dans le temps auraient eu un appareil coni- XVI. - VARIATION. 503 dien constitué de même par un filament simple portant des spores en cha- pelet. [XVII d] Influence de certaines conditions spéciales. — L'auteur consacre un impor- tant chapitre à l'étude des cultures de Champignons en milieu liquide agité mécaniquement, avec ou sans obstacle fixe dans le vase d'expérience. Voici les résultats principaux consignés par l'auteur. 1° Un Champignon est susceptible de se développer dans un liquide en mouvement. [Cette propriété est connue depuis longtemps et provoque même de fâcheux accidents lorsqu'elle s'exerce à l'intérieur de nos conduites d'eau qui peuvent ainsi être obstruées par le développement exagéré de di- verses Saprolegniées]. 2° Au sein d'un liquide homogène agité dans un vase, sans obstacle fixe surajouté, le thalle prend la forme sphérique. L'auteur compare ce thalle à celui des Cladophora (section Mgagropila). [La forme sphérique du thalle partant de la spore semée dans un liquide nutritif ho- mogène est normale et s'observe de même dans un liquide au repos. Quant à la mise en cause des Cladophora en boules, elle se justifie d'autant moins que ces curieuses Algues, qui doivent leur port à un mode particulier de ra- mification, se fixent de préférence sur les fonds tranquilles des eaux]. L'in- troduction d'un obstacle fixe, un fragment de bois par exemple, dans le vase agité, modifie le port de la plante dont le thalle se fixe sur le support rugueux et se développe en panaches souples et résistants. Ray compare cet aspect à celui des Ectocarpus. « Nous ne croyons pas, dit-il, que jamais un Champignon ait présenté les caractères que nous venons de décrire. Ce sont tout à fait des caractères d'Algues. » [L'auteur oublie sans doute que, dans le groupe des Phycomycètes, un certains nombre de Champignons ont un port tout semblable. Diverses Saprolegniées et en particulier la laine des égouts des féculeries. papeteries, etc. (Saprolegnia lactea Pringsh.) sont, à cet égard, absolument typiques]. 3° Dans un liquide agité, l'appareil reproducteur ap- paraît tardivement: il est mal formé, peu abondant. [Cette réduction ne doit pas nous étonner puisqu'il s'agit d'un appareil conidifère essentiellement aérien; par contre, son apparition, même réduite, au sein d'un liquide, est un phénomène inattendu]. 4° Une forme de conservation résistante appa- raît de bonne heure. Les membranes s'épaississent, les cloisons se multi- plient et la ramification devient plus dense : enfin des sclérotes prennent naissance aux dépens du thalle sphérique. 5° L'agitation accélère momenta- nément la croissance; plus tard, les cultures fixes prennent l'avance sur les cultures agitées. Il y aurait là un phénomène à expliquer. C'est aussi par une accélération de la croissance que se traduit la suppression constante de l'action de la pesanteur. En résumé, l'œuvre de Ray apporte à l'histoire biologique des Cham- pignons un petit nombre de données nouvelles mais de contrôle difficile. La partie iconographique n'est pas non plus sans soulever quelques critiques. Les six planches qui documentent le travail sont d'un dessin sobre et clair ; on s'étonne toutefois d'une non-coïncidence fréquente entre les dimensions figurées des organes et leurs dimensions micrométriques exprimées dans la légende et dans les diagnoses]. — M. Radais. 78. Schostakowitch (W.). — Quelques expériences touchant Vinfluence du milieu extérieur sur le Mucor proli férus. — Le Mue or proliferus est un Cham- pignon qui a été découvert par l'auteur en Sibérie. Il se développe sur le pain et sur le fumier de cheval, à la température de 12° à 18°. Le filament sporangifère, cloisonné, est ramifié en grappe; les sporanges latéraux sont plus petits que le sporange terminal ; leurs spores sont également un peu plus 504 L'ANNEE BIOLOGIQUE. petites que celles du sporange principal. Souvent la columelle prolifère après que la paroi du sporange s'est liquéfiée pour la mise en liberté des spores et un nouveau sporange nait sm' ce filament. Les articles du filament aérien peuvent aussi proliférer : l'une des cloisons de l'article est poussée en avant dans un article voisin, et ce dernier se remplit d'une masse de filaments mycéliens qui finissent par s'en échapper pour produire des sporanges. Quand on fait varier la composition des milieux de culture on constate que plusieurs d'entre eux ne conviennent guère : le Mucor reste petit et la différence entre le sporange terminal et les sporanges latéraux s'efface. Dans un liquide contenant à la fois de la glycérine, de l'asparagine et des sels minéraux, les spores germent déjà dans le sporange. Cette viviparie est déterminée par la glycérine. Chez le Champignon cultivé sur oignon, les spores varient beaucoup quant à leur forme et à leurs dimensions : tandis (pie les spores normales sont ellipsoïdales, larges de 7, 5 \x et longues de 17. 5 ;j.. celles des individus cultivés sur oignon peuverTt s'allonger jusqu'à at- teindre une longueur de 65 fi., ou bien devenir globuleuses et toutes petites (3 |i). Sur jus de pruneaux, le filament sporangifère se renfle sous le spo- range, et prend l'aspect d'un filament de Pilobolus. La température exerce une influence considérable. L'optimum est vers 25°. A 30°, il se forme encore quelques spores; mais la plupart des sporanges pro- lifèrent directement avant la naissance des spores; les filaments aériens res- tent alors très courts et se ramifient abondamment. La paroi des sporanges fertiles ne se liquéfie pas. A 32°, l'aspect est le même, mais aucun spore ne se produit. A cette température, le Mucor peut encore se développer, mais il est incapable de donner des spores. L'addition au milieu de substances qui agissent uniquement en augmen- tant la concentration, modifie aussi le Mucor. Pour la saccharose et la glycose, le maximum est à 70 % : à cette concentration les spores sont glo- buleuses. Dans une solution qui contient 12, 5 % de nitrate de potassium, aucun développement n'a lieu. A la concentration de 6, 2 % de Az03K, le mycélium reste stérile. Si la concentration n'est que de 3 %, les spores qui se forment sont globuleuses. Ainsi qu'on le voit, l'aspect et la structure de ce Champignon peuvent être modifiés au gré de l'expérimentateur. — Jean Massart. 7. Boulanger (E.). — Développement et polymorphisme du Volute lia sco- pula. — Le Volutella scopula est un Champignon appartenant au groupe des Tuberculariées, caractérisé par un tubercule portant des conidies. Si on le cultive dans des milieux solides très nutritifs, le mycélium porte directement des tubes conidiophores, sans se feutrer en massif tuberculeux. Plongé dans les liquides, il ne donne plus de conidies adaptées à la dispersion par le vent, mais des kystes irréguliers ou chlamydospores. — P. Vuillemin. ')'). Matruchot (J.). — Recherches biologiques sur les Champignons. I.Pleu- rotus ostreatus. — En cultivant le Plcurotus ostreatus dans des milieux stéri- lisés, en tube, Matruchot a constaté que les hautes températures, propices à la végétation du thalle, empêchent la formation des fruits. Le chapeau est circulaire au début. La dissymétrie et l'orientation géotropique, qui distin- guent les Pleurotes parmi les Agarics, se montrent secondairement et parais- sent être la conséquence d'un développement intercalaire inégal. Comme van Tieghem l'a signalé pour le Collybia relut ipes, l'influence d'une humi- dité constante favorise la ramification du fruit. Le Pleurotus forme parfois des ramifications compliquées, en chou-fleur ou en corail. — L'hyménium - XVI. — VARIATION. 505 est d'autant moins développé que le fruit reste plus symétrique. Dans les fruits symétriques, le nombre des cystides- devient très considérable et des formes intermédiaires les relient aux basides. L'auteur en conclut à l'homo- logie des basides et des cystides. Il va plus loin : ayant remarqué des formes de transition entre les cystides surmontés d'un bouton et certains éléments du fruit ou du mycélium qui portent une sorte de bourgeon pédicellé, simu- lant une conidie, mais stérile, il en conclut que ces pseudo-conidies, les cys- tides, les basides normales sont des différenciations d'un seul et même élé- ment type, qui évolue différemment selon la situation qu'il occupe dans l'architecture de la plante. [Nous voilà bien loin des théories qui considèrent l'hyménium comme un tissu spécifique et les basides comme un organe sexuel. L'auteur tranche un peu vite un problème dont il néglige une donnée essen- tielle. On peut discuter l'opinion de Dangeard sur la signification des fusions nucléaires dans la baside; mais on ne saurait faire abstraction du fait qui sert de base à ses interprétations. Matruchot n'en tient pas compte et c'est pour cela que ses conclusions dépassent la portée de ses observations histolo- giques], — P. Vuillemin. 30. Facciola (L.). — Sur les micrococcus de la Malaria. — Laissant de côté les faits d'ordre purement bactériologique et surtout ceux qui ont un intérêt clinique, on peut retenir de ce mémoire les deux données suivantes, relatives : Tune à la réaction de la substance vivante vis-à-vis de l'irritant chimique, l'autre au polymorphisme des Bactéries. Dans deux notes préli- minaires {Alti /?. Ace. Pelor.. an. VII, 1892 et Morgagni, an. XXXV, mars 1S93), l'auteur a décrit des Micrococcus propres au sang des paludéens, vi- vant dans le plasma, moins souvent dans les globules rouges. Ces Coccus sont nus quand ils se trouvent dans leur milieu normal ; mais après administra- tion de la quinine, ils s'enveloppent d'une capsule gélatineuse, de forme sphérique, ovale, ou en huit de chiffre, selon que les Microbes y contenus sont des Monocoques, des Diplocoques, ou des Coques séparées, en forme de plaque irrégulière enfin quand les parasites sont unis en une zooglée. Cette capsule est un moyen de défense du parasite contre l'antidote employé. Relativement au polymorphisme de ces microorganismes, l'auteur montre comment ils peuvent, en se sériant en chaînettes dont les articles se confon- dent ensuite, donner lieu à des formes bacillaires, et sous quelles influences ce changement de forme a lieu. — A. Prenant. o) Influence du mode de reproduction. 25. Dyck (W. T. van). — Variations de couleur chez les Canards et les Pigeons. — Expériences faites à Beyrouth. Progéniture d'un Canard de couleur ordinaire et de 4 canes, dont une blanche, une noire tachetée de blanc et deux de couleur ordinaire. Résultat : 36 canetons, dont 12 ou 13, tous femel- les, d'une coloration particulière, brunâtre sur le dos, jaune sur le ventre. 5 de ces derniers, plus 8 canes normales, se sont accouplés avec 4 Canards ordinaires (dont 3 pris parmi les 36 canetons en question) ; ils ont donné une progéniture de 64 canetons, dont 19 de la coloration particulière jaune brunâtre, déjà citée, et que v. D. n'a jamais observée dans le pays qu'il habite depuis 25 ans. Les expériences sur les Pigeons sont moins décisives. — J. Deniker. 61. Mûller Rien.). — De V abâtardissement du Chevreuil. — L'abâtar- dissement du gibier et en particulier du Chevreuil a été constaté depuis plusieurs années en Allemagne : sa taille et ses bois diminuent. Mûller a 506 L'ANNEE BIOLOGIQUE. vérifié le t'ait sur différents territoires de chasse offrant pourtant à tous les points de vue d'excellentes conditions d'alimentation, d'aération, etc. Il at- tribue cet affaiblissement progressif du gibier (plus sensible du reste dans les chasses gardées que dans celles où les animaux sont plus exposés) à de fâcheuses disproportions numériques des deux sexes, et au peu de soin que l'on prend à régler la proportion des représentants mâles et femelles. De même, les hivers un peu rigoureux seraient bien plus favorables à la santé du gibier. Pour ce qui est du Chevreuil, il est préférable de conserver des chevrettes âgées, plus aptes à la reproduction et qui mettent bas deux ou trois faons, qu'elles savent mieux protéger, plutôt que les jeunes chèvres, qui d'ordinaire n"ont qu'un petit. Enfin le nombre des mâles est générale- mont trop faible par rapport à celui des femelles. — E. Heciit. = (/. Effets de la variation. — a) Polymorphisme œcogénique. 27. Eriksson. — Etat actuel de la question de la Rouille des céréales. — On admet généralement que la Rouille des céréales suit de près la germination desPuccinia et que l'intensité de l'éruption est en rapport avec le nombre des spores dispersées dans le champ par le vent. Cette opinion soulève plusieurs objections. Sur dix formes de Rouille répandues sur les céréales, il n'en est que deux qui se montrent également sur les herbes sauvages. Les autres, spécialisées à une seule espèce de Graminées, éclatent à époques détermi- nées, sans que l'on puisse invoquer la présence de foyers infectieux dans le voisinage. — Quelle que soit l'époque des semailles, la Rouille jaune se montre régulièrement sur telle sorte de Blé 30 à 38 jours, sur telle sorte d'Orge un mois après les semailles. Or des expériences d'infestation ont prouvé qu'il ne fallait que 10 jours pour voir apparaître les symptômes de la maladie. — Dans un champ situé à la lisière d'un bois, une sorte de Blé d'hiver, très su- jette à la Rouille, fut fortement atteinte six semaines après les semailles dans les parcelles ensoleillées, tandis que la portion ombragée était presque saine. Or dans cette dernière, |l'humidité favorisait la germination des spores; la structure plus tendre des feuilles, décelée par l'aspect élancé de la plante entière, était favorable à la pénétration des germes. Lors même que l'on constate un foyer infectieux dans le voisinage des champs, la maladie ne s'étend pas régulièrement à partir des plantes aux- quelles on voulait attribuer une action contagionnante. Il ne faut pas en con- clure que certaines espèces, certaines races, certains individus opposent une résistance spéciale à la germination des spores. En favorisant le pouvoir ger- minatif par la réfrigération, Eriksson a pu provoquer une Rouille aussi in- tense chez le Blé de Squarehead, généralement épargné dans la campagne, que sur le Blé d'Horsford, l'une des sortes les plus maltraitées. Ces observations suggèrent à l'auteur l'idée que la Rouille peut se produire sans apport de germes extérieurs et que les choses ne se passent pas né- cessairement dans la nature comme dans les expériences d'infestation arti- ficielle. Pour vérifier cette hypothèse, il protège les pieds de Blé contre toute con- tamination extérieure, en les entourant d'un manchon de verre bouché aux deux extrémités par des tampons de coton et protégé contre la pluie par un capuchon de fer-blanc La rouille se montre sur les chaumes séquestrés en même temps que dans le reste du champ. L'isolement fut réalisé d'une façon plus complète en semant le blé et l'orge dans de la terre stérilisée. Les pots qui la contenaient étaient renfermés dans des caisses vitrées, fermées en haut et en bas avec du coton et ne présentant d'autre orifice qu'un tube per- XVI. — VARIATION. 507 mettant d'arroser les pots avec de l'eau distillée. Bien que le développement des céréales fût peu normal dans ce milieu confiné, la Rouille apparut une fois sur l'Orge sept semaines après l'ensemencement. En conséquence, Eriksson croit à une sorte de parasitisme congénital. On trouve assez souvent des spores à la surface des grains; mais le mycélium a été vainement cherché dans le germe ou dans les plantules. Ce n'est que 4 à 8 semaines après les semailles, quand apparaissent les pustules de rouille, et dans leur voisinage immédiat, qu'on réussit à le déceler. Avant de prendre les formes connues des mycologues, le parasite est resté invisible, durant des semaines, des mois, peut-être des années. L'auteur sup- pose que , pendant cette période de vie cachée , le Champignon était repré- senté uniquement par un protoplasme intimement mélangé à celui de la plante hospitalière. On pourrait appeler cette vie cachée le stade mycoplas- matique du Champignon et la considérer, sous le nom de mijcoplasmasym- biose, comme une sorte de symbiose peut-être plus intime que dans aucun autre des cas connus jusqu'ici. A un certain stade du développement du chaume des céréales et sous l'in- fluence probable de divers agents extérieurs, les deux symbiotes se disso- cient. Le Champignon s'individualiserait d'abord sous forme de corpuscules plasmatiques, isolés ou groupés dans l'intérieur de la cellule hospitalière. Les corpuscules s'allongent, perforent la paroi et donnent naissance à des fila- ments intercellulaires. Le Champignon est entré dans le stade mycélien pour les quelques semaines nécessaires à la formation des spores^ L'auteur croit pouvoir identifier les corpuscules plasmatiques avec les su- çoirs : en sorte que le mycélium procéderait des suçoirs. [D'après les obser- vations antérieures, il me semble démontré que les suçoirs naissent au con- traire, du moins en majorité, du mycélium]. Les rapports des corpuscules plasmatiques avec le mycélium ne sont pas clairement démontrés; leurs rap- ports avec le mycoplasma sont à trouver; le mycoplasma lui-même nous est inconnu et il est peut-être prématuré de lui donner un nom avant de l'avoir défini par quelque caractère objectif. Les remarquables recherches d'Eriksson rendent probable l'existence d'une phase inconnue, antérieure à l'individualisation du mycélium sporifère. Mais on pourrait supposer qu'il existe un mycélium très fugace, analogue à celui qui est attribué aux Ustilaginées. Il n'est pas au-dessus des res- sources de la technique histologique de distinguer le Champignon dans la cellule qui l'abrite, fût-il dépourvu de toute membrane ferme. Il est probable qu'il a une structure propre et qu'il possède des noyaux bien différents de ceux de la feuille des Graminées. Des recherches dans cette direction pro- mettent d'importantes découvertes. — P. Vuillemin. 29. Eriksson. — Vie latente et plasmatique de certaines Urèdinêes. — Tra- duction résumée du Mémoire que nous venons d'analyser. Nous ferons une simple remarque au sujet de l'emploi impropre du terme de vie latente pour indiquer la condition du champignon qui se développerait à l'état plasma- tique dans l'intérieur des cellules hospitalières. Le terme vie cachée rendrait mieux la pensée de l'auteur, qui entend assigner au champignon une activité combinée à celle de son hôte et non une activité ralentie ou suspendue. — P. Vuillemin. 28. Eriksson (J.). — Remarques sur la Rouille à Balai de sorcière des Berberis. — L'auteur maintient son point de vue et pense que Magnus ne :>(>s L'ANNEE BIOLOGIQUE. s'est pas placé dans les conditions favorables à l'observation de la forme spéciale revêtue par le parasite dans le cambium. Contrairement à Magnus. il pense que le mycélium n'est pas toujours muni de suçoirs et qu'il doit présenter des caractères différents, selon qu'il procède des diverses spores. L'auteur ne connaît pas l'importante découverte de Sappin-Trouffy sur la différence des noyaux au stade qui précède et au stade qui suit la téleutospore. Il croit avoir découvert une autre différence dans le temps de l'incubation: mais les données qu'il a réunies à ce sujet ne sont pas concordantes. — P. Yuillemin. 51. Magnus (P.). — Sur le Mycélium de VJEcidium magellanicum. — Dans ses anciennes recherches, l'auteur n'avait pas trouvé le mycélium de l'écidie dans la tige qui porte le Balai de sorcière, mais seulement dans le pétiole des feuilles infectées jusqu'à leur point d'insertion sur latine. Eriksson croit l'y avoir découvert sous forme de cordons plasmatiques dans le cambium. En reprenant l'étude de matériaux conservés dans l'alcool, Magnus signale un véritable mycélium intercellulaire muni de suçoirs, mais seulement dans le parenchyme cortical et non dans le cambium. Il décrit avec soin ce mycélium et son action sur les tissus hospitaliers. L'épaississement collenchymateux des parois peut gêner l'observation des filaments ; les suçoirs donnent par- fois l'illusion de formations isolées dans la cavité des cellules. — P. Yuil- lemin. 87. Vuillemin (P.). — Sur l'appareil nourricier du Cladochytrium puU posum. — Ce que Eriksson (27, 29) a soupçonné chez les Graminées atteintes de Rouille, l'auteur l'a vu chez la Betterave lépreuse, grâce à la haute diffé- renciation de l'état plasmatique d'un autre parasite. Les tumeurs lépreuses de la Betterave renferment une Chytridinée, le Cladochytrium leproides considéré par l'auteur comme une forme du Cl. pulposum. On connaissait seulement les kystes ou chronispores, reliés par des vésicules collectrices à un appareil filamenteux que sa structure éloigne passablement du mycélium des Champignons. Ces filaments partent, non pas de la zoospore, mais d'une houle d'origine qui , chez la Betterave, est en général éloignée de la surface de la tumeur et n'est reliée à l'extérieur par aucun appareil filamenteux. Dans les boules d'origine, sphériques ou elliptiques, on reconnaîtra sans peine les corpuscules spéciaux, plasmatiques, d'Eriksson. — A quelque distance des cellules hypertrophiées où mûrissent les kystes, les éléments allongés du liber de la Betterave contiennent un protoplasme organisé en longs faisceaux de fibrilles striées transversalement. Dans les cellules paren- chymateuses, les fibrilles sont orientées dans diverses directions, tout en gardant leurs disques sombres alternant avec des disques clairs. Ces élé- ments ont les réactions microchimiques du tissu musculaire. Outre le grand noyau de la cellule hospitalière, on distingue plusieurs petits noyaux au contact des éléments fibrillaires. Au voisinage des sacs sporifères, les disques sombres se dispersent et se résolvent en granulations; c'est le plus souvent dans les cellules où les éléments musculiformes ne sont plus représentés que par quelques grains alignés, que l'on trouve les boules d'origine. L'ap- parition des fructifications est parfois plus précoce et l'on voit de gros sacs où les kystes mûrs sont enveloppés de fibrilles striées des plus nettes. La répartition de ce protoplasme si singulièrement différencié permet de le considérer comme l'appareil nourricier intermédiaire entre les zoospores et les boules d'origine du Cladochytrium et comme l'équivalent de l'état plas- matique admis par Eriksson chez les Puccinies. XVI. — VARIATION. 509 On ignore si le protoplasme strié est doué d'une contractilité spéciale et s'il se déplace au travers des tissus de la Betterave en prenant des points d'appui sur les membranes rigides. On ne saurait affirmer qu'il fonctionne comme les muscles dont il présente l'image. — P. Vuille.min. 7G. Roze (E.). — Sur le Pseudocommis vitis Debray et sur de nouvelles preuves de Vexistence de ce Myxomycète. [Nous résumons ici 9 notes publiées par l'auteur sur cette question et dont les sources bibliographiques sont in- diquées à l'index bibliographique du chapitre]. Roze a consacré de nombreux articles à la description de formations gru- meleuses qui remplissent les tissus malades des plantes les plus diverses. Il les considère comme le plasmode d'un Myxomycète, le Pseudocommis vitis Debray. Si l'on songe à l'imperfection de nos connaissances sur l'histologie pathologique des végétaux, on conviendra qu'il est bien difficile de distinguer un plasmode informe du contenu cellulaire altéré. Le principal intérêt des patientes recherches de Roze nous parait être d'appeler l'attention des bio- logistes sur les modifications du protoplasme végétal et de ses inclusions sous l'action des divers agents extérieurs cosmiques ou vivants. Si l'on par- vient à démontrer que le Pseudocommis représente bien un élément para- sitaire, il restera à en préciser les caractères morphologiques et histologi- ques. Les données actuelles ne sont pas suffisantes pour le rattacher à une espèce unique du groupe des Myxomycètes. Les travaux d"Eriksson (27) laissent supposer que des parasites plus élevés d'espèces variées pourraient présenter des apparences analogues. — P. Vuillemin. (38. Prunet. — Les formes du parasite du black-rot de l'automne au prin- temps. — Le parasite du black-rot se conserve pendant l'hiver à l'aide de sclérotes, dont la transformation en appareils sporifères (périthèces, pycnides, spermogonies) fournissant les spores d'invasion peut, suivant les conditions climatériques locales ou temporaires, s'effectuer à des époques variables de- puis l'automne jusqu'au printemps. La proportion relative et l'ordre d'appa- rition des périthèces et des pycnides ne paraissent présenter aucune régula- rité. L'évolution des sclérotes commence dès le 9 novembre; dans les hivers très doux ou du moins humides, le Champignon s'épuise en pure perte, par suite du défaut de parallélisme entre son évolution et celle de la Vigne qui lui sert d'hôte. — P. Vuillemin. p) Dichogênie. 31. Figdor (W.). — Les causes de Vanisophyllie. — F. conclut que l'ani- sophyllie résulte de l'action de la lumière. A mesure que le développement se poursuit, la croissance des feuilles est arrêtée et le phénomène peut, sous l'influence de la lumière, changer de sens : les feuilles dorsales d'abord petites s'agrandissent et les rudiments de feuilles qui, dans les conditions normales, auraient évolué en feuilles grandes (ventrales), restent petites. — A. J.Ewart. 5. Beauverie (J.). — Etude de modifications morphologiques et anato- miques des thalles de Marchantia et de Lunularia obtenues expérimentalement. — Lorsque les plantes de Marchantia et de Lunularia ne reçoivent qu'une faible lumière, les parties jeunes du thalle, au lieu de rester appliquées contre le sol, se relèvent verticalement. Si, dans les mêmes conditions d'éclai- rement faible, le thalle est retourné avec la face inférieure vers le bas, les por- 510 L'ANNEE BIOLOGIQUE. tions jeunes se dressent également vers le haut. Dans le premier cas, c'est la lace supérieure qui se courbe ; dans le second cas, c'est naturellement la face inférieure. La courbure est déterminée par le géotropisme négatif. — Dans les deux expériences, les branches dressées sont beaucoup plus étroites que les branches normales. Leur structure diffère notablement de celle du thalle ordinaire. La différenciation interne si remarquable de ces Hépatiques disparait presque en entier : les « amphigastres » (écailles de la face infé- rieure) s'atrophient très souvent; il n'y a plus de rhizoïdes lisses; les sto- mates, les chambres à air et les poils chlorophylliens qui en tapissent le plancher sont à peine indiqués; enfin, toute l'épaisse couche des cellules sous- j;i rentes qui sont normalement hyalines et dont la paroi porte des bandes de renforcement, est maintenant constituée par des cellules à parois lisses, garnies de nombreux grains de chlorophylle. La dissemblance entre les deux faces est donc fortement atténuée, mais elles restent néanmoins différentes, puisque la face inférieure ne forme jamais de stomates, ni la face supérieure des rhizoïdes. — J. Massart. 14. Burnett. — Influence de la lumière sur les organes dorsiventraux. — D'expériences faites sur le Salix alba il résulte que le tissu palissadique une fois formé est permanent, mais que le parenchyme spongieux de la face inférieure peut prendre certains des caractères des cellules en palissades quand il est exposé un temps suffisamment long à un éclairage direct. — A. J. Ewart. CHAPITRE XVII I/origine des espèces. Généralités. — Romanes (08) présente au public dans trois volumes, dont deux posthumes ont été achevés et publiés par Lloyd Morgan, un exposé complet du problème de l'évolution. Cet exposé ne constitue en aucune façon une théorie nouvelle, mais il se recommande néanmoins très fortement aux biologistes par le fait que son auteur s'est appliqué avec succès à préciser les questions et à apporter des définitions claires là où les discussions, auxquelles ont pris part tant de personnes inégalement compétentes, avaient introduit une confusion regrettable. Comme exem- ple, et nous pourrions en citer bien d'autres, signalons la distinction que Romanes établit entre le problème de l'origine des espèces et celui de l'adaptation, qui sont presque toujours confondus. Sans doute, quelques- uns des biologistes qui se sont mêlés à ces discussions avaient, aussi bien que Romanes, des idées nettes et précises sur tous ces points et, dans des écrits disséminés, avaient cherché à dissiper le vague que des auteurs insuffisamment préparés avaient introduit dans la question. Mais il n'en est pas moins très heureux que nous ayons enfin un ouvrage qui puisse être considéré comme un exposé parfaitement net de l'état présent de la question. Il est cependant une partie de cet ouvrage où Romanes a fait plus qu'une œuvre de mise à point et où il apporte à la solution du pro- blème des vues originales : c'est en ce qui concerne le rôle de la ségréga- tion. 11 montre que ce facteur a une signification bien plus large que celle qu'on lui attribuait. Dans toute sa généralité, il peut se définir : l'im- possibilité de se mélanger sexuellement. Il y a donc, outre la ségrégation topographique que chacun connaît, une ségrégation physiologique qui est l'incompatibilité sexuelle. Dans la ségrégation topographique, il faut distinguer deux cas : l'un où les individus séparés de la souche pré- sentent tousla même particularitédifîerencielle, c' est Y homog amie: l'autre où ces individus sont quelconques, c'est Yapogatnie. Dans la nature, la forme apogamique de la ségrégation topographique est bien rare; l'Homme au contraire la pratique largement, et la sélection méthodique, par laquelle il a créé tant de races, n'est rien autre chose. Rien ne s'op- pose au contraire à ce que la ségrégation physiologique soit apoga- mique, même à l'état de nature. On oppose à cela que les races domes- tiques créées par l'Homme sont fécondes entre elles. S'il n'en est souvent pas de même pour les variétés naturelles, c'est que celles-ci, / 512 L'ANNEE BIOLOGIQUE. lorsqu'elles ne sont pas maintenues par la ségrégation, sont aussitôt dé- truites par la panmixie, en sorte qu'en l'absence de ségrégation topogra- phique, les seules variétés naissantes qui puissent se conserver sont celles qui sont protégées par une incompatibilité sexuelle par rapport à l'es- pèce souche ; et si la présence de cette incompatibilité est la règle dans les variétés, c'est que celles-là seules qui le présentaient se sont maintenues. — Il semblerait au premier abord que la ségrégation topographique apo- gamique ne puisse conduire à la production de formes nouvelles. Il n'en est rien cependant, car, si le groupe d'individus séparésde la souche n'est pas trop considérable, il ne représente pas la moyenne vraie des carac- tères de l'espèce. Sa moyenne à lui est quelque peu différente de celle de la souche mère et par conséquent, même en l'absence de différence dans le milieu ambiant où le groupe se trouve isolé, il peut conduire à la formation d'un type plus ou moins différent de celui de la souche. C'est ici qu'interviennent, pour donner à cesidées théoriques la sanctionde l'ob- servation, les longues recherches de Gulick sur lesquelles nous appelons l'attention dansl'article général du ch. XVI (voy. p. 405). Ainsi, des formes nouvelles peuvent naître sous la seule influence de la ségrégation, sans in- tervention de la sélection naturelle, et celle-ci elle-même n'est autre chose qu'un cas particulier de la ségrégation dans lequel les individus les moins aptes sont empêchés de se mélanger par le fait qu'ils sont supprimés par la mort. — Hutton (44) insiste sur les mêmes idées que Romanes relative- ment à l'importance de la ségrégation et va même presque jusqu'à décla- rer que ce facteur est le seul qui soit capable de conserveries variations produites d'une manière ou d'une autre. Lloyd Morgan (57) cherche une solution à la question toujours in- soluble de l'existence d'une adaptation phylogénétique en l'absence de l'hérédité des caractères acquis. 11 pense la trouver dans une conception modifiée du mode d'action de la sélection germinale de Weismann. Les variations blastogènes sont, cela est reconnu, insuffisantes pour donner prise à la sélection avant d'avoir subi un certain degré de majoration; mais il n'en est pas de même des modifications (c'est le terme spéciale- ment appliqué par l'auteur à ce genre de variation) que l'organisme s'imprime en quelque sorte à lui-même, en s adaptant aux exigences du milieu. Celles-ci protègent effectivement l'individu et protègent plus particulièrement ceux qui ont un appoint de variation blastogène dans le même sens. Cette dernière étant héréditaire, un petit pas est fait dans le sens de la protection d'un caractère héréditaire utile, mais encore insuf- fisamment développé pour se protéger lui-même à l'aide de la sélec- tion. La chose continuant ainsi, toujours avec l'aide de l'adaptation on- togénétique, peut aller jusqu'à la formation d'une espèce nouvelle. A notre avis, la solution du problème est encore bien frêle. L'adapta- tion ontogénétique joue un rôle considérable, sur lequel l'un de nous a déjà fortement insisté (Del AGE, 1891, L'hérédité, 4e partie). Mais l'ap- point fourni par la variation blastogène est très faible et on ne voit pas pourquoi il serait suffisant pour donner un avantage sérieux à ceux qui le possèdent, quand seul il était insuffisant pour le faire. La sélec- tion n'agit pas sur des grandeurs absolues, mais sur des différences, XVII. — ORIGINE DES ESPECES. 513 et la différence resle, dans la théorie de Morgan, ce qu'elle était dans celle de Darwin. Dans une nouvelle et intéressante étude sur la variation, Bateson (8) signale, à titre d'exemple, la formation d'une variété naturelle, sous les yeux de l'Homme. Le cas est à relever, car on en est encore à cher- cher la preuve indubitable d'une espèce (ou, à son défaut, d'une variété, ce qui revient à peu près au même) qui se soit formée et soit apte à se maintenir sans le secours de l'Homme. Ce cas est-il au moins à l'abri de toute critique? Nous ne pouvons refuser d'admettre qu'un adversaire exigeant pourrait en faire une assez légitime. Il s'agit ici d'une variété noire d'un Papillon, Amphidisys betularia, qu'on n'a commencé à rencontrer en Angleterre qu'à partir de 1845 ou 1850 et qui maintenant supplante à peu près partout le type à ailes tachetées. Est-on bien sûr qu'elle n'exis- tait pas auparavant ici ou là, qu'elle n'a pas immigré, ou qu'elle n'est pas longtemps restée si rare, qu'elle n'ait pas été rencontrée par quel- qu'un qui l'ait signalée? = a. Fixations des variations. Adaptation phylogènétique. — Hamann (39), Viré (82), Chun (22), Mastermann(52), Gœbel (36). Henslow (42), plaidoyer en faveur de la formation des espèces par action directe du milieu sans intervention de la sélection, soutenu au moyen d'exemples botaniques sans rien de bien neuf. = b. Facteurs de la formation des espèces. — a) Sélection. — Fritz Mûller (58) signale, en opposition avec une théorie émise jadis par Weis- mann, un cas, peut-être discutable, de variation fixée par la sélection, s'étant produit sur une plante qui se multiplie exclusivement par voie asexuelle. — Emery (30) publie un exposé d'idées personnelles touchant les rôles relatifs des sélections naturelle et germinale, sans rien de bien original. Voir aussi Baldwin (4,5), Osborn (61), Marchai (51). p) Ségrégation. — Hutton (45). — Malgré son désir d'approfondir complètement la question de la ségrégation, Romanes n'est pas arrivé à découvrir toutes les formes que peut revêtir ce facteur, car Vernon (78) vient de décrire, sous le nom de divergence reproductrice, un facteur nouveau qui n'est autre qu'une forme de la ségrégation physiolo- gique. Ce facteur, dont le nom n'indique qu'assez mal la signification, consiste en ce que, dans chaque espèce, les individus les plus semblables entre eux seraient plus féconds entre eux que ceux qui présentent quelque différence par rapport l'un à l'autre. Un calcul assez simple montre que, dans ce cas, les formes extrêmes doivent se développer plus que les formes moyennes ; car celles-ci proviennent pour une plus grande part de la combinaison de formes extrêmes à caractères différents que de la transmission héréditaire de formes à caractères moyens. Vernon a réuni un certain nombre d'exemples en faveur du fait même sur lequel il s'ap- puie. Ces exemples sont sans doute vrais; mais il est peut-être permis de douter qu'ils aient une généralité suffisante, car ils vont à rencontre de la notion bien établie par Darwin de la supériorité de force des produits d'u- nion croisée. Jordan (48) concède à Vernon l'existence d'une corrélation L'ANNÉE BIOLOGIQUE, III. 1897. 33 r>U L'ANNEE BIOLOGIQUE. entre les caractères morphologique et la fécondité, mais il conteste la va- lidité des calculs par lesquels Vernon cherche à montrer que l'augmen- tation de la fécondité corrélative à un certain caractère aura pour résul- tat une divergence des formes extrêmes par rapport à ce caractère, et par suite la formation de races nouvelles. 11 montre, en manipulant d'une autre manière les données numériques, que les individus à caractères extrê- mes, loin d'augmenter de nombre relativement aux formes moyennes, diminueront au contraire et finiront par disparaître. Vernon (79) re- pousse à son tour cette objection et s'efforce de montrer que son inter- prétation est corroborée par les données de la statistique. = c. Mimétisme. — Verrill (81) attire l'attention sur les relations des couleurs mimétiques avec les mœurs nocturnes de certains animaux, des proies qu'ils poursuivent, ou des ennemis qu'ils cherchent à éviter. Jus- qu'ici, on n'a guère examiné que les effets de ces couleurs à la lumière. Il est nécessaire de tenir compte de ces effets la nuit et au clair de lune pour les apprécier sûrement. Dans un autre mémoire, ce même Verrill 80) donne quelques exemples frappants à l'appui de sa thèse, en mon- trant les variations, des couleurs mimétiques pendant le sommeil. Ainsi un Poisson, S. Chrysops, qui, de jour, est argenté avec des couleurs iri- sées, devient sombre avec des bandes bronzées pendant son sommeil. Si l'on approche brusquement une lumière, il reprend aussitôt sa cou- leur argentée. Sur le même sujet, voir Mayer (53). — Finn (34) confirme l'existence d'une saveur désagréable pour les Oiseaux chez les Papillons pourvus de couleurs prémonitrices. =: d. Phylogénie. — Cunningham (26) soutient, en s'appuyant sur un grand nombre d'exemples discutés avec un esprit critique remarquable, une thèse que nous ne pouvons manquer de trouver très juste, puisqu'elle concorde entièrement avec les opinions que l'un de nous a toujours sou- tenues dans son enseignement et dans ses écrits. Il n'est pas à nier que l'ontogénie ne tende à récapituler la phylogénie et que peut-être elle en serait une image fidèle si aucune force disturbante n'intervenait. Mais ces forces disturbantes ne peuvent pas faire défaut, puisque ce sont préci- sément celles qui font marcher l'ontogenèse. Elles ne la poussent pas seulement en avant, elles la dirigent et il s'ensuit qu'elles ne lui laissent la direction parallèle à la phylogénèe que lorsque cela ne gêne pas leur action, c'est-à-dire dans des cas bien plus rares qu'on ne serait tenté de le penser. C'est sous l'influence de la variation des conditions du milieu que s'est déroulée la phylogénèse et il est bien rare que ces conditions se retrouvent semblables autour de l'être actuel en voie de développe- ment. — Dans les théories phylogénétiques où l'on fait dériver les Ver- tébrés des Annélides, on sait que le principal obstacle est, non pas la si- tuation générale du cordon nerveux longitudinal, puisqu'il suffit de re- tourner l'animal pour faire disparaître la difficulté, mais le fait qu'il reste chez l'Annélide retourné un collier nerveux péricesophagien entourant l'origine du tube digestif qui, chez le Vertébré, est tout entier du même coté du système nerveux. On sait les nombreuses hypothèses qui ont été XVII. - ORIGINE DES ESPECES. 515 faites pour supprimer cette difficulté, et nous avons exposé dans le pré- cédent volume la plus récente et peut-être la plus extraordinaire, celle de Gaskell. Minot (56) en propose aujourd'hui une nouvelle, qui con- siste à admettre que la masse cérébroïde de l'Annélide n'est pas une formation médiane, mais résulte de la soudure des deux ganglions op- tiques symétriques qui se sont réunis du côté du pharynx opposé à celui qui correspond à la chaîne nerveuse. Supposons que ces ganglions opti- ques ne se fusionnent pas, supposons qu'ils soient ramenés vers la masse sous-œsophagienne par raccourcissement des pédoncules optiques et que, finalement, ils se fusionnent à elle sous la forme d'une paire de gros lobes saillants sur ses côtés, et nous aurons une structure fondamentalement identique à celle des Vertébrés (4). — Mumford (59) interprète certains mouvements ou attitudes des membres chez l'enfant comme reproduisant des mouvements et des attitudes utiles chez les divers ancêtres animaux de l'Homme et en rapport avec la biologie de ces ancêtres (natation, mœurs arboricoles, etc.). Certains d'entre eux continuent chez l'adulte. — Nencki (voir p. 350) montre que le mode de nutrition de certains Champignons est plus simple que celui de tous les autres êtres, ces plantes pouvant vivre aux dépens de simples solutions salines (sels ammoniacaux et acides organiques). La formation de la chlorophylle chez la plupart des plantes et chez quelques animaux représente un stade plus avancé du perfectionnement, la fonction assimilatrice. Le dernier stade est la for- mation de l'hémoglobine des animaux, chimiquement de même nature que la chlorophylle et qui a dû dériver d'elle. Cette succession nous donne une idée de ce qu'a pu être celle des êtres vivants sur le globe. Yves Delage et G. Poirault. 1. Allen (Harrisson). — On the Effects of IHsease and Senîlity as illus- trated in the Bones and Teeth ofMammals. (Science, V, 289-294.) [559 2. Anonyme. — Organic sélection. (Science, VI, 583-587.) [Discussion entre Osborx et Poulton à Y American Association. Se retrouve dans l'article de Osborn (61), The limits of organic sélection. — L. Defraxce. 3. Argyll (Duke of). — M. Herbert Spencer and Lord Salisbury on évolu- tion. (Xineteenth Cent., XLI, 387-404, 569-587.) [531 4. Baldwin (J. Mark). — Organic Sélection. (Science, V, 634-636.) [543 5. — — Organische Selektion. {Uebersetzt von Arnold Ortmann.) (Biol. Centralbl., XVII, 385-387.) [Voir le précédent. 6. Bath (Harcourt). — On the subordinate influence of climatal conditions in deciding the morphological characters with spécial références to the Rhopalocera. (The Entomologist, XXX, 97-102.) [536 7. The probable causes of the décadence of british Rhopalocera. (The Entomologist, XXX, 55-58.) [535 (i) Ceux que ces questions intéressent les trouveront exposées et critiquées avec plus de détails dans 4e Traité de zoologie concrète de Delage et Hérouard, t. vin, Origine des Verté- brés, p. 345-358. 516 L'ANNEE BIOLOGIQUE. B. Bateson (W.). — On progress in the study of variation. (Sci. Progr., II, 53-68. [Voir ch. XVI et p. 513 9. Beard (J.). — The span of gestation and the cause of birth. A study of the critical pcriod and its e /frets in mammalia. (8°, Jena, [G. Fischer], ix- 132.) [Voirch. II K). Blandford (W. F. H.). — On Mimicry. (Nature, LV1, 197.) [Sera analysé, s'il y a lieu, dans le prochain volume. 11. Boulenger. — The taille s s Batràchians of Europe. London, [Ray Soc], in-8°, 376 p., 24. pi., 77 fig. texte. [Voir ch. IX 12. Bower (F. O.). — Studios in the Morphology of Spore producing Mem- hers. II. Ophioglossacw. In-4°, 87 p., 9 pi. London [Dulau]. Analysé avec le suivant. [503 13. Studies in the Morphology of spore producing Members. III. Marat- tiacëes. (Phil. Trans., CLXXXIX, 35-81, pi. MI-XI.) [563 14. Brandt (A.). — Ueber die sogenannten Handemenscheiu beziehungsiceise îiber Hypertrichosis universalis. (Biol. Centralbl., XVII, 161-179.) [Voir ch. XII 15. Ueber den Bar t der Mannweiber (Viragines).' (Biol. Centralbl., XVII, 226-239.) [Voir ch. XII 16. Brumpt (E.). — Quelques faits relatifs à V histoire du Phascolion strombi (Montagu). (Arch. Zool. exp., 3e série, V, 483-496.) [Commensalisme du Syllidien et du Phascolion. — L. CuÉNOT. 17. Bumpus (H. C). — The variations and mutations of the introduced Sparrow. (Biol. Lectures Woods Holl, 1896-97.) [Voirch. XVI 18. — — The resuit of the suspension of natural sélection as illustrated by the introduced english sparrow. (Science, V, 423-424.) [Voir ch. XVI 19. De Candolle (C). — Remarques sur la tératologie végétale. (Arch. Se. Nat., III, 197.) [Cité à titre bibliographique. 20. Capys. — Criticisms on Dai'win's \Y allace* s H àcheV s évolution théories. In-8°,40p., London. [* 21. Chatin (Ad.). — Signification de V existence et de la symétrie des appen- dices dans la mesure de la gradation des espèces végétales. (C. R. Ac. Se, CXXIV, 1061-1068.) [564 22. Chun (C). — Untersuchungen an den Facetten-Augen von Tiefsee-Crus- taceen. (Verh. Ges. deutsch. Nat. Aerzte, 68 Vers. Frankfurt a. M., 187- 188.) [533 23. Conquest (G. Harold). — The probable causes of the décadence of bri- lish Hhopalocera. (The Entomologist, XXX, 102-104.) [535 24. Costantin (J.). — Accommodation des plantes aux climats froid et chaud. (Bull. Se. France Belgique, XXXI, 489-511.) [Voir ch. XVI 25. Coste (P. H. Perry . — Jluman Evolution. — I. According to Mr. II. G. Wells (Nat. Se, X, 184-187); II. SS. Buckman. According toMr.G. Arch- dall Reid (1. c, 187-191) ; III. Mr. Wells replies (1. c, 242-244) ; IV. Mr Arch- dall Reid (1. c, 305-308); V. Common. according to Nietzsche (1. c, 393- 394). 26. Cunningham (J. T.). — Récapitulation. (Sci. Progress,! (N. S.), 483- 510.) [55.") XVII. - ORIGINE DES ESPECES. 517 27. Demoor (J.), Massart (J.) et Vandervelde (E.). — L'évolution régres- sive en biologie et en sociologie. Paris, [AlcanJ, 324 p., 83 fig. [Voir ch. XVI 28. Earle (Charles). — The Lemurs as Anceslors of the Apes. (Nat. Se, X, 309-313.) [561 29. Eimer (Theod.). — On Species-Formation, or the Ségrégation of the Chain of living Organismus into Species. Transi, bg T.J.Mc. Cormack. (The Monist., VIII, 97-122.) [Voir la communica- tion de l'auteur au congrès de Leyde mentionnée dans le tome II de YAnn. Biol., p. 501, et l'article analysé dans le tome I? p. 539. — L. Defrance. 30. Emery(C). — Gedankenzur Descendenz- and Yererbungstheorie. (Forts.) IX. Variationsrïchtungen und Germinalselection. (Biol. Centralhl., XVII. 142-146.) [542 31. Escherich (K.). — Anpassung eines Kdfers an gémisse Blûlhen. (Zool. Garten, XXXVIII. 190.) [554 32. Einiges iiber die Hautungshaare der Insekien nach ihrem Func- tionswechsel. (Biol. Centralhl., XVII, 542-545.; [534 33. Finn (F.). — Contributions to the theory of warning colours and mimi- cry. N° III. Experiments irith a Tupaia and a Frog. (J. Asiat. Soc. Bén- irai., LXVI, 52S-533.) [Cité à titre bibliographique à propos du suivant. 34. Contributions to the theory of warning colours and mimicry. N°IV. Ex 'périment 's icith varions birds. Summary and Conclusions. (J. Asiat. Soc. Bengale, LXVII, 613-668.) [552 35. Gaskell (W. H.). — Ueber den Ursprung der Wirbeltiere. [Autoreferat, eingeleitet und iibersetzt von Bans Gadow]. (Anat. Anz., XIII, 503-512.) [Voir Ann. biol., II, 550 36. Gôbel (K.). — Morphologische und biologische Bemerkungen. 5. Crypto- coryne. eine « lebendig gebàrende » Aroidee. (Flora, LXXXIII, 426-435, 12%. texte.) [535 37. Goeldi (C. A.). — Merkwûrdiger Mimetismus bei einer brasilianischen Kreuzspinne aus der Gattung Cyclosa. (Zool. Jahrb., X, 563-568, 1 pi.) [554 38. Graham (D.). — Is natural sélection the creator of species? (In 8°, Lon- don, 322 p.) [' 39. Hamann (O.). — Mitllieilungen zur Kenntniss der Hohlenfauna. (Zool. Anz., XX, 521-524.) [533 40. Hebbing. — From Buffon to Darwin. (Zoologist., I, 312-324.) [* 41. Henneguy (F.). — Organes génitaux des Lépidoptères femelles. (Interm. Biol., I, 33.) [Il doit exister chez l'embryon des Lépidoptères une ébauche double paire des conduits génitaux. Ce serait une réminiscence phylogénétique de l'état hermaphro- dite primitif des embryons des Orthoptères et de la disposition métamérique des organes génitaux qui s'observe chez le Thysanoure. — M. Boum. 42. Henslow (Georges). — Does Xatural Sélection play any part in the Origin of Species among Plants? (Nat. Se, XI, 166-180.) [537 43. Hepburn (David). — Note on Dr. Harris H. Wilder's Paper „On the Disposition of the. epidermic Folds upon the Palms and Soles of Prima- tes ". (Anat. Anz., XIII, 435-437.) [559 44. Hutton (F. W.).— The problem of utility . (J. Linn. Soc. (Zool.). XXVI, 330-334.) [540 * :.is L'ANNEE BIOLOGIQUE. 45. Hutton (F. W.). — The place of isolation in organic évolution. (Nat. Se, XI, 240-240.) [544 46. Hyatt (Alpheus). — Cycle in the Lifeofthe Individual (Ontogeny) and in the Evolution of ils own Group (Phi/fo'/em/j.^roc. Amer. Acad. Arts, Se, XXXII, 209-224.) [558 47. Jordan (K.). — On mimicry. (Nature, LVI, 153.) [Sera analysé, s'il y a lieu, dans le prochain volume. 48. Reproductive Divergence: A Factor in Evolution? (Nat. Se., XI. 3 17-320.) [548 49. Kohlwey (H.). — Arten und liassenbildung. Eine Einfûhrung in das Gebiet der Thierzucht. Leipzig, [W. Engelmann], in-8°, vm -\- 72 p. [Voir ch. XV 50. Labbé (A.). — Le grand serpent de mer. (Tour du Monde, nouv. sér., 3e année, 185-188.) [Etat de nos connaissances sur la question d'après Oudemans, The Great Sea serpent. Leyde, 1892. Le serpent de mer serait un pinnipède {Megophias). Ces pinnipèdes descendraient des propinnipèdes et se rattacheraient aux grands reptiles tertiaires. — G. Poirault. 51. Marchai (P.). — L'équilibre numérique des espèces et ses relations avec les parasites chez les insectes. (C. R. Soc. Biol., 129 et 130.) [543 52. Mastermann (A. T.). — Some effects ofpelagic spawning liabit on the life historiés of Teleostean fishes. (Nat. Sci., X, 382-392.) [534 53. Mayer (A. G.). — On the color and color-patterns of molhs and butter- flies. (P. Boston Soc, XXVII, 243-330, 10 pi.) [553 54. Maurer F.). — Blutgefdsseim Epithel. (Morphol. Jahrb., XXV, 190-201, 1 pi.). [Voir ch. V 55. Meehan (Th.). — Honey glands in Plants (in Contribution to the Life historiés of plants, n° XII). (P. Ac, Philadelphia, 1897, 179-181.) [541 56. Minot (C.-S.). — Contribution à la détermination des ancêtres des verté- brés. (Arch. Zool. exp., V, 417-436.) [Traduction du mémoire lu devant The assoc. f. advanc. of. se. à Toronto, 1897. [560 57. Morgan (C. Lloyd). — On modification and variation. (Science, IV, 733- 740.) [532 58. Mùller (Fritz). — Ein Fall von Naturauslese bei ungeschlechtlicher Fortpflanzung. (Flora, LXXXIV, 96-99.) [541 59. Mumford (A. A.). — Survival movements of human infancy. (Brain, XX, 290-307, H fig.) [562 60. Nichols (H.). — The Biologie Originof Mental Variety II. (Amer. Natu- ral, XXXI, 3-15.) [Sera analysé, s'il y a lieu, dans le prochain volume. 61. Osborn (Henry Fairfield). — The Limits of organic Sélection. (Amer. Xatur., XXXI, 944-951.) [543 62. Pearson (K.). — The Chances of death and other Sludies in évolution. 2 vol., in-8°, London, [E. Arnold], xn + 388 p., iv -f 460 p. [Voir ch. XX '»:'>. Poulton (E. B.). — Théories of mimicry as illustrated by African butter- flies, Rep. Brit. Ass., 67th Meeting, 689-691.) 64. Protective mimicry as évidence for the validily of the theory of na- turel sélection. (Rep. Brit. Ass., 67th Meeting, 692-694.) [Ces deux notes seront analysées, s'il y a lieu, dans le prochain volume. XVII. - ORIGINE DES ESPECES. 519 65. Poulton (E. B.). — A remarkable anticipation of modem views on évolu- tion. (Se. Progr., N. S., I, 278-296.) [Voir ch. XX 66. Mimicry in butter flies of the genus Hypolimnas and its bearing on olderand more récent théories of mimicry. (Science, VI, 516-518.) [Sera analysé dans le prochain volume. 67. Reh (L.). — Ueber Neolamarckismus tend die BHndheit der im Dunkeln lebenden Tiere. Eine Erwiderung an Rerm Prof. Dr. von Lendenfeld. (Die Natur, Jahrg. 46, 460-462.) [* 68. Romanes (G. J.). — Darwin and after Darwin : an exposition of the Darwinian theorij, and a Discussion on Post-Darwinian questions (London, [Longmans Green], in-8°. Part. I, 1892, The Darwinian Theory, vin +460 p. (avec portrait de Darwin). Part IL 1895, Post Darwinian questions : He- redity and utility,x +344 p. (avec portrait de Romanes). Part III. Isolation and Phi/siological sélection, vin + 192 p. (avec portrait de Gulick, 1897). [520 69. Rôrig (Ad.). — Ueber Schutzfàrbung bei den Cerviden. (Zool. Garten, XXXVIII, 13-16.) [552 70. Schiller (F. C. S.). — Darwinism and design. (Contemp. Rev., LXXI, 867-883.) [* 71. Smith (G. W.). — Melanism and climatal conditions. (The Entomologist, XXX, 127-128.) [536 72. Thilo (O.). — Die Umbildungen an den Gliedmassen der Fische. (Biol. Centralbl., XVII, 20-29.) [Voir Ann. Biol, II, 56. Cet article est une analyse du mémoire par l'auteur lui-même. — L. Defrance. 73. Thomas (Fr.). — Mimicry bei Eichenblatt-Gallen. (S. B. Ges. naturf. Berlin, 1897, 45-47.) [T. signale la ressemblance mimétique des galles (ÏOstreus (Cynips [Neurotus] ostreus Hrt.) avec des Coccinelles, et celles des galles de Dryophanta longiventris Hrt. (Galle en bouton d'émail de Réaumur) avec une Hélix. — A. Labbé. 74. Tutt (G. W.). — Some thoughts suggested by M. Harcourt Batïïs Paper [The Entomologist 157-161]. (The Entomologist, XXX, 184-187.) [536 75. Ule (IL). — Symbiose zwischen Asclej>ias curassavica und einem Schmet- terling nebst Beitràg zu derjenigen zwischen Ameisen und Cecropia. (Ber. deutsch. bot. Ges., XV, 385-388.) [Voir ch. XVI 76. Verhoeff (Cari.). — Die Yerbreitung des schwarzen Pigment bei u Tracheaten. (Ent. Nachr., XXIII, 230-236.) [537 77. Vernon (H. M.). — The Causes of variation. (Se. Progr., XI, 229.) [Voir ch. XVI 78. Reproductive Diverqence : An Additional Factor in Evolution. (Nat. Se, XI, 181-189.) [545 79. Reproductive divergence. A rejoinder. (Xat. Se, XI, 404-407.) [548 80. Verrill (A. E.). — Nocturnal and diurnal changes in the colours of cer- tain fishes and of the squid (Loligo) with notes on their sleeping habits. (Amer. J. Sci., III, 135 et 136; Nature, LV, 451.) [551 81. Nocturnal protective coloration of Mammats, Birds, Fishes, Insects. etc., as developed by natural sélection. (Amer. Journ. Sci., III, 132-134; Amer. Natur., XXXI, 99-103; Ann. Nat. Hist., XIX, 354-356.) [550 82. Viré (Armand). — Remarques sur les organes des sens du Sphœromides 520 L'ANNEE BIOLOGIQUE. Raymondi n. s., du Stenasellus Virein. s. et de quelques Asellides. (C. R. A. s. Se, CXXV, 130-131.) [533 83. wilder H. H.). — On the disposition ofthe epidermic folds upon tluj palms and soles of Primates. (Anat. Anz., XIII, 230-25G, 7 fig.) [5j9 = Généralités. 68. Romanes (G. J.). — Darwin et les successeurs de Darwin. [XV: XVI; XVIII] — Cet ouvrage a paru en trois volumes, séparés par quelques années d'intervalle : le premier, qui date de 1892, résume les doctrines de Darwin et les modifications qu'il y apporta lui-même jusqu'à sa mort. Le second contient la discussion des théories spéciales aux néo-darwinistes, et notamment de celles de Wallace. Enfin le troisième est un exposé de la grande question de l'isolement, de son rôle dans l'origine des espèces, et surtout de la sélection physiologique. Dans les deux derniers, certains cha- pitres ont été rédigés par L. Morgan, d'après les notes et les manuscrits laissés par Romanes : d'autres avaient été déjà mis sous leur forme définitive par l'auteur, et ont été publiés sans changements. Il a fallu attendre l'appa- rition du troisième volume, le plus important, pour éviter de scinder l'ana- lyse de cette œuvre. L'introduction du premier volume débute par une protestation éloquente et persuasive contre les tendances de ceux qui veulent tout sacrifier à l'étude du fait brut, et rejeter les vues d'ensemble, c'est-à-dire l'âme même de la science. Ce qu'il faut, c'est appuyer des théories uniquement sur des faits connus, et vérifier à chaque pas si les conséquences sont d'accord avec les résultats de l'observation : c'est là le caractère constant de tous les travaux de Darwin. Il est nécessaire de séparer tout d'abord deux questions trop souvent con- fondues : le fait même de l'évolution, et le processus qui a présidé à cette évolution. Le fait était pressenti bien avant Darwin, comme le prouve l'ana- lyse des idées émises par beaucoup de naturalistes d'autrefois, même parmi ceux qu'on ne considère pas comme ses précurseurs;, et celle de leurs notions sur la continuité des formes organiques. — A propos des classifications et des rapports des groupes entre eux, l'auteur montre comment, en s'en tenant à ce seul ordre d'idées, on peut prouver qu'il est nécessaire d'admettre la descen- dance des espèces pour expliquer les affinités. Il développe à cette occasion certaines considérations des plus remarquables sur les problèmes généraux de la classification, par exemple la distinction absolue entre la valeur phy- siologique d'un caractère et son importance taxonomique, déjà signalée par de Candolle (elle repose précisément sur les deux principes de l'hérédité et de la variation, les détails d'organisation les plus importants pour la vie de l'individu étant les plus sujets à varier). Une autre question intéressante est celle du nombre des caractères communs à deux groupes dans la recherche de leurs affinités naturelles, celles-ci étant mieux révélées en général par un ensemble de particularités communes que par une seule. Dans les chapitres suivants, qui traitent des sujets les plus connus, preuves de l'évolution tirées de la morphologie (adaptations, organes rudimentaires), de l'embryo- logie et de la paléontologie, on trouve des aperçus nouveaux qui échappent à la banalité presque inévitable dans un domaine si souvent rebattu. Le plus développé est celui qui a trait à la distribution géographique des espèces et XVII. — ORIGINE DES ESPECES 521 en expose les principales lois dans leur rapport avec le problème de l'évolu- tion. On remarque avant tout la continuité de distribution d'une espèce dans une région donnée et l'explication des exceptions à cette règle (ex. le Lièvre de montagne). L'auteur insiste sur la loi fondamentale : toute espèce a toujours apparu dans une région occupée par une espèce voisine qui l'a précédée. De plus, on trouve dans chaque région biologique un certain nom- bre d'espèces alliées : presque jamais, au contraire, deux espèces alliées n'occupent des régions biologiques bien séparées l'une de l'autre et depuis longtemps, bien que celles-ci puissent présenter des conditions identiques. [Les exceptions apparentes, telles que le cas de la Panthère et du Jaguar, sont très rares et faciles à expliquer. Tout cet ordre de questions indique déjà la préoccupation principale de l'auteur, l'idée de l'isolement, beaucoup moins nette chez Darwin]. Comment s'est effectuée l'évolution? C'est la seconde question, si intime- ment liée à la première que les hypothèses et les recherches à ce sujet ont en fait précédé la démonstration de la réalité même de l'évolution, ce qui n'a pas été sans lui nuire dans une certaine mesure. — Les idées de Lamarck sont souvent mal comprises; si on le lit avec attention, on y retrouve la croyance à un principe transcendental tendant à produire des améliorations graduelles suivant certaines directions déterminées. L'explication de l'adap- tation par l'action des circonstances extérieures et l'hérédité des caractères acquis, ce que l'on appelle le lamarckisme, est plutôt représentée par les théories d'H. Spencer; elle est d'ailleurs certainement insuffisante; elle échoue complètement, par exemple, lorsqu'il s'agit de comprendre l'origine des détails d'organisation destinés à un rôle purement passif. [On reconnaît ici un des arguments favoris de Weismann; c'est l'un des points par lesquels Romanes se rapproche des néo-darwinistes, qu'il combat si souvent]. La conception particulière due à Darwin, celle qui doit être examinée spécialement dans ce volume, est la sélection naturelle. On trouve ici, outre l'histoire bien connue des travaux simultanés de Wallace et de Darwin, et de leur publication en 1859, celle de divers précurseurs, entre autres le cas très curieux de Whewell (1846), qui en indiqua sommairement, mais très nettement, l'idée fondamentale, mais pour la rejeter aussitôt comme absurde. Romanes précise avec soin la notion d'utilité, souvent si mal comprise : les variations dites utiles et protégées par la sélection naturelle, sont celles qui tendent à assurer la survie de l'individu ; mais la conservation de l'individu est subordonnée à la conservation de l'espèce : de là une quantité de dis- positions ou d'instincts qui sont en désaccord avec l'intérêt personnel de celui-ci. La lutte pour la vie représente ainsi un effort des êtres, pris col- lectivement, pour maintenir leur type spécifique, et ce qui décide de la victoire, c'est l'aptitude du groupe (tribal fitness). De là une réfutation facile des philosophes et moralistes, les uns ennemis de l'évolution, les autres évolutionnistes, qui veulent voir dans la théorie de Darwin le point de départ d'une morale férocement égoïste : une quantité d'ouvrages sur cette question reposent sur un pur contre-sens, que l'étude des œuvres du maître aurait suffi à détruire. — Tout en détendant le principe de la sélection naturelle, il faut signaler les abus qu'on en a fait. Par exemple, la théorie des récognition marks de Wallace (l), considérées comme créées par la sélec- tion naturelle pour permettre aux animaux de reconnaître leurs congénères et assurer ainsi la propagation de l'espèce, est une idée purement téléolo- gique : jamais la survivance du plus apte ne sert à assurer des variations (1) Cf. Année Biologique. 1896, p. 510. 522 L'ANNEE BIOLOGIQUE. pour un usage prévu à l'avance; ce malentendu est, il est vrai, fréquent, mais on doit le dissiper dès qu'il apparaît. Il en est de même de l'illusion qui attribue à la sélection naturelle l'origine de tous les caractères spécifiques. La sélection naturelle est une théorie qui explique les adaptations ; c'est seulement en tant que ces caractères provenant de l'adaptation se trouvent être des caractères taxonomiques, que la sélection se lie au problème de la formation des espèces. Au fond, cette opinion était bien celle de Darwin lui-même. [Ce sujet se relie au livre II]. Les preuves de fait en faveur de la sélection naturelle, déjà présentées bien souvent, sont exposées rapidement : l'auteur insiste sur une d'entre elles , dont Darwin avait déjà fait ressortir la signification et qui fut négligée après lui : c'est cette règle que, parmi tant d'adaptations organiques et psycholo- giques (instincts), aucune n'a été constituée exclusivement pour le bénéfice d'une autre espèce : il examine les exceptions qu'on a voulu y trouver (cas des galles, etc.). Des pages très curieuses sont consacrées au mimétisme. — La conclusion générale est l'importance capitale, mais non exclusive, de la sélection dans la transformation des espèces. C'est bien, suivant les expres- sions mêmes du fondateur de la théorie, qu'on semble si souvent oublier, the mean, but not the exclusive mean of modification. Quelques objections présentées en Angleterre, notamment par le duc d'ARGYLL et Mivart, sont réfutées rapidement; certaines reposent sur des équivoques dues à l'emploi du mot sélection (*), mine inépuisable pour les adversaires du darwinisme. [Elles reparaissent encore cette année, dans un article du duc d'Argyll (3)]. Une autre, moins connue, et qui porte sur la réalité même de l'évolution, est fondée sur l'homologie de l'œil des Cépha- lopodes avec celui des Vertébrés; si l'on trouvait, en effet, réalisées dans deux branches de l'arbre organique tout à fait étrangères l'une à l'autre, deux dispositions réellement homologues dans leurs détails essentiels, ce serait une difficulté grave soulevée contre la théorie de la descendance. Dans le cas actuel, cité par Mivart, on sait aujourd'hui qu'il n'y a là qu'une analogie des deux organes, explicable par des phénomènes de convergence. — Toute- fois il reste trois objections particulièrement graves : 1° La plupart des carac- tères taxonomiques sont sans utilité dans la lutte pour la vie. 2° Le plus général des caractères de l'espèce, l'incompatibilité sexuelle entre espèces différentes, ne provient pas de la sélection naturelle (c'est Darwin lui-même qui l'a démontré). 3° Le libre croisement rend inconcevable la formation d'espèces divergentes sorties d'une même souche, par l'action de la sélection naturelle seule. — A celles-ci, aucune réponse satisfaisante n'a été faite, et ne peut être faite, si l'on n'admet, à côté de la sélection, un autre facteur de l'évolution. [Ces réserves sont l'indication des questions traitées dans les deux volumes suivants]. — Enfin un chapitre est consacré à la sélection sexuelle, que l'auteur défend contre Wallace. [Ce premier volume est un exposé remarquablement suggestif des concep- tions de Darwin, souvent difficiles à suivre dans les œuvres du maître lui- même. La marque personnelle de l'auteur s'y fait d'ailleurs sentir à chaque pas et lui imprime un caractère qui a manqué à beaucoup des nombreux résumés du darwinisme, parus depuis quarante ans. Sa lecture dissipe nombre de confusions et d'idées fausses sur les doctrines personnelles du fondateur de la théorie, si fréquentes parmi ceux qui l'attaquent et même parmi ceux qui la défendent : certains d'entre eux l'ont d'ailleurs reconnu n' comment]. (1) Année biologique, 1896, p. 517. XVII. — ORIGINE DES ESPECES. 523 Le volume II a paru en 1895, après la mort de Fauteur, par les soins de Lloyd Morgan; une grande partie était déjà rédigée complètement. Cepen- dant certains chapitres (V et VI) sont restés à l'état de plan détaillé. — Le premier Ç1) est un exposé général de divergences qu'on remarque entre les opinions personnelles de Darwin, si souvent méconnues, et celles des évolu- tionnistes qui l'ont suivi, notamment ceux qui se réclament de lui. On a voulu lui attribuer l'idée que la sélection naturelle devait être regardée comme la seule cause de révolution progressive; or c'est là l'opinion de Wallace et non celle de Darwin, comme le prouvent de nombreuses citations de ce dernier : il ne cessa de protester contre ce malentendu, particulièrement dans la conclusion de la dernière édition de l'Origine des espèces. Wallace rejette tout autre facteur, notamment la sélection sexuelle et les facteurs « la- marckiens » . Darwin les invoquait dès ses premières publications et leur a fait une place de plus en plus large dans les dernières. Il avait recours à l'hérédité des effets de l'usage et de la désuétude pour expliquer certaines adaptations (mais non les modifications sans utilité pour l'individu) ; pour ces dernières, il admettait l'action directe des conditions externes , et certaines variations qu'il qualifiait de spontanées, faute de connaître leurs causes. Enfin il n'a jamais attribué à la sélection naturelle ni l'origine de l'incompatibilité sexuelle entre espèces différentes, ni l'établissement et la fixation de tous les carac- tères spécifiques, comme le fait Wallace. [Ce dernier a reconnu récem- ment (-) qu'il s'écartait sur ce point de l'enseignement de Darwin, ce qu'il avait longtemps contesté]. Romanes proteste contre letitre de Néo-lamar •chiens . donné à ceux qui admettent l'hérédité des caractères acquis par l'usage : il est d'ailleurs fort sévère dans ses appréciations sur Lamarck auquel il reproche ses tendances spéculatives, et affirme que jamais Darwin ne lui a rapporté, comme on l'a dit, tout l'honneur d'opinions qui étaient les siennes et qui résultaient de ses travaux comme la sélection naturelle elle-même. D'autre part, l'école américaine qui a pris son nom a poussé à l'extrême la part de ces facteurs : ceux qui sont restés le plus près de l'enseignement de Darwin, du véritable darwinisme, sont des évolutionnistes français et alle- mands, également éloignés des exagérations de Cope et du « néo-darwinisme » de Wallace et Weismann. — Quant à l'école de la Self-adaptation (Henslow, Sachs, etc.), on peut lui reprocher, comme à l'école américaine d'ailleurs, d'offrir de simples constatations de faits, déguisées en explications par des ar- tifices de style. — Enfin cette introduction se termine par une critique des opinions particulières de Wallace, exposées dans son ouvrage Darwinism, et surtout de ses considérations sur les limites de la sélection appliquée à l'évolution de l'homme, dont la dernière partie est si surprenante par ses affirmations téléologiques. Le volume lui-même se divise en deux moitiés : la première traite de l'hérédité des caractères acquis, la seconde de l'origine utilitaire des carac- tères d'ordre spécifique. Dans la critique des théories de la continuité de Galton et Weismann, Romanes reconnaît les grands services rendus à la cause de l'évolution par celui-ci, en précisant bien des détails mal compris dans ce problème des caractères acquis, si fertile aujourd'hui en malentendus, surtout du côté des partisans de la transmission; mais il ne peut accepter la négation absolue de cette transmission, telle que le naturaliste allemand l'a posée en principe. Il (1) C'est ce chapitre qui a été publié sous le titre The Darwinism of Darwin and the post- Darwinian schools, dans The Monist, 1895, t. VI, pp. 1-27. ■2 X. Année biologique, 1890, p. 509. :,jl L'ANNEE BIOLOGIQUE. est d'ailleurs impossible de résoudre la difficulté tant que la question est présenté;1 telle qu'elle l'est par les néo-darwiniens : pour tous les caractères d'origine adaptative, on pourra toujours invoquer la sélection naturelle; or les néo-darwiniens refusent d'en reconnaître d'autres. D'autre part, il leur est impossible de rejeter à priori la possibilité de l'intervention des facteurs lamarckiens. Pour décider par l'expérience, il faudrait observer durant un certain nombre de générations des animaux domestiques mis à l'abri de la sé- lection naturelle, mais soumis aux facteurs en question : on comprend toutes les difficultés de ce genre de recherches; mais il y a là une voie à explorer. Les chapitres suivants (III-IV), dont les deux derniers sont restés incom- plets, renferment la discussion rapide des diverses questions qui se ratta- chent à l'hérédité des caractères acquis, et qui ont été si souvent agitées durant ces dernières années : celle de la coexistence dans un môme orga- nisme, soit de plusieurs dispositions anatomiques d'un caractère adaptatif et d'origine différente, soit de réflexes compliqués, celle de la formation des instincts, en particulier dans les colonies qui renferment des neutres. Il y a d'ailleurs des instincts, et même des plus complexes, dus à la sélection naturelle; mais l'erreur a été de vouloir les y rapporter tous. — Quant aux effets de l'usage et de la désuétude, ils ont été certainement exagérés par Darwin, et les recherches de ce dernier, basées sur l'augmentation de poids de certains os chez des animaux domestiques, prêtent à beaucoup d'objections. Ce qui est surtout douteux, c'est l'action de la désuétude dans la disparition d'un organe , et l'auteur n'hésite pas à déclarer ici qu'il est presque de l'avis de Weismann ; la véritable cause est \&panmixie, qu'il avait indiquée lui-même sous le nom de cessation de sélection; cette solution était d'ailleurs adoptée par Darwin dans ses dernières années, après la dernière édition de Y Origine des espèces. Romanes était allé encore plus loin à cette époque, et s'était presque rangé parmi les adversaires de l'hérédité des caractères acquis ; mais, cette fois, le maître refusa de le suivre, et ce sont précisément les arguments émis par lui qui empêchèrent cette conversion de son disciple. En somme, il faut renoncer à démontrer par l'observation la nécessité des facteurs lamarckiens dans les conditions de la nature. Reste l'expérimentation, qui donne des résultats plus probants, mais en petit nombre : on trouve ici, outre la discussion des expériences de Brown-Sequard sur le Cobaye et de Luciani sur le Chien, des indications moins connues de transmission héré- ditaire chez des plantes modifiées par l'exposition dans des milieux différents de leur milieu normal. Chez les animaux, il faut reconnaître que les échecs expérimentaux sont très nombreux, mais ils ne démontrent rien (expériences de transfusion de Galton, entreprises à l'occasion de ses travaux sur les gemmules, développement d'œufs fertilisés d'une Lapine dans la trompe d'une lapine d'une autre race, etc.). — La conclusion, c'est qu'il faut ad- mettre la continuité très accentuée, comme l'entend Galton, et la séparation relative du soma et du germen, mais non absolue comme on a voulu l'imposer. Nombre de faits sont en faveur de l'hérédité des caractères acquis; mais en général cette hérédité n'est manifeste que dans les cas où les organismes ont été soumis aux mêmes causes modificatrices depuis une longue série de gé- nérations : il semble que des modifications somatiques puissent passer au germen, mais seulement après avoir été répétées bien des fois. [Ce fait indé- niable, mais inexplicable au premier abord, se comprend si l'on a recours à la théorie récente de la sélection organique de Lloyd Morgan et Baldwin, qui n'était pas encore émise quand l'ouvrage actuel a été édité]. [XV a pj La seconde partie du livre II est occupée par la réfutation d'une conception XVII. — ORIGINE DES ESPECES. 525 de Wallace, l'une de celles que ce dernier a défendues avec le plus d'ardeur; pour lui non seulement la formation de toutes les espèces est due à la sélec- tion naturelle, comme le voulait déjà Huxley, mais tous les caractères de chaque espèce ont cette même origine : tous sont ou ont été utiles dans la lutte pour la vie. Un exemple bien établi du contraire ne conduirait à rien moins qu'à la destruction complète du darwinisme entier. — Il y a là une illusion reposant sur le titre même du grand ouvrage du maître: Y Origine des espèces, mais jamais celui-ci n'a soutenu cette doctrine. [Wallace Ta depuis reconnu dans une communication à la Linnean Society ('), où il a discuté précisé- ment toute cette question, sans arriver d'ailleurs à réfuter les considérations présentées par Romanes]. Il est impossible de démontrer complètement l'erreur de ceux qui font de cette conception un dogme. Tout caractère indifférent sera considéré par eux comme un caractère dont l'utilité est méconnue, ou bien comme corrélatif d'une particularité utile (2), et il faut pratiquement renoncer à faire dans chaque cas la preuve du contraire. Mais on peut montrer au moins combien est énorme la proportion des caractères de valeur spécifique qui ne présen- tent aucun indice d'utilité reconnaissable. Ch. Dixon (3), en étudiant le genre Kanguroo, en a relevé 470 pour 25 espèces : pour tous ceux-là, l'affirmation de Wallace est purement gratuite. — L'argument auquel il a recours de pré- férence, c'est qu'aucune autre cause que la sélection ne peut établir des ca- ractères constants : or il suffit, comme l'a indiqué Darwin lui-même, de causes qui soient elle-mêmes constantes dans leur essence et leur mode d'action. Ces causes sont le climat, la nourriture, facteur morphologique moins connu, mais fort important, la sélection sexuelle, enfin le seul fait de l'isolement, qui peut conserver des variations absolument indifférentes au point de vue de la lutte pour la vie, provenant des lois internes de l'organisme (laios of growth). Les deux premières sont examinées avec détail, et leur ac- tion est démontrée par un certain nombre d'exemples remarquables. [La seule réponse de Wallace dans sa communication, c'est que, pour les admettre, il faut croire à l'hérédité des caractères acquis, devenue bien douteuse aujour- d'hui. Or, si la transmission directe de ces derniers après une seule généra- tion est des plus contestables, leur acquisition définitive au bout d'un certain nombre de générations, soumises aux mêmes causes de modification, ne l'est pas. L'explication prête seule à la discussion. Y a-t-il là hérédité véritable, ou plutôt fixation de variations coïncidentes (voir Sélection organique), ou encore processus indirects dont la sélection germinale est un type hypothé- tique? On peut ne pas être d'accord; mais le fait est incontestable [voir plus haut]. Un chapitre entier est occupé par une discussion complète des diverses définitions de l'espèce. Voici celle que préfère Romanes : l'espèce est un groupe d'individus qui, tout en présentant un grand nombre de caractères communs avec d'autres individus, se ressemblent par un ou plusieurs carac- tères particuliers et héréditaires, suffisamment distincts. — Dans la pratique, la condition physiologique de l'incompatibilité sexuelle, que beaucoup d'au- teurs réclament comme essentielle, n'est presque jamais vérifiée et ne peut l'être. L'interprétation du mot caractères héréditaires prête elle-même à une discussion, qui est développée ici avec des détails fort intéressants au point (1) Wallace (A. R.) : The problem ofutility (J. Linn. Soc, XXV, 481-496). Analysé dans Y An- née biologique, 1896, p. 509-512. (2) C'est ce qui est arrivé en elfet dans cette discussion, l'année suivante. V. Année bio- logique, 1896, p. 512. (3) Dixon ;Ch.) : Evolution without natural sélection, 1885. 526 L'ANNEE BIOLOGIQUE. de vue de la zoologie générale; en réalité cette condition importante est, elle aussi, ordinairement négligée, de sorte qu'on a en général recours, pour dé- finir l'espèce, à une simple notion morphologique. C'est le reproche que de QuatrefaGES a tant adressé aux darwinistes. mais qui retombe en réalité sur tous les naturalistes. Le troisième volume traite du rôle de l'isolement dans l'évolution organi- que; c'est pour l'auteur la question qui domine toutes les autres. On retrouve ici un lait semblable à la conception simultanée de la sélection naturelle par Darwin et Wallace, travaillant indépendamment aux deux extrémités du monde : tandis que Romanes élaborait sa théorie, un missionnaire des îles Sandwich, J. T. Gulick (l), arrivait à des conclusions identiques par l'étude drs Mollusques terrestres et d'eau douce de ces îles. Ses publications sont pos- térieures à celle de la Physioloyical Sélection de Romanes; mais celui-ci a reconnu avec une impartialité parfaite l'indépendance de ses recherches, et déclare qu'elles ont pour lui plus de valeur que tout ce qui a été publié depuis la mort de Darwin ; il insiste seulement sur le caractère particulier de sa théorie personnelle de la sélection physiologique, tandis que Gulick s'est occupé de tous les modes dïsolement. — Dès le début de l'introduction -). le principe de l'isolement est présenté comme d'un intérêt encore bien plus général que celui de la sélection naturelle, qu'on a voulu à tort considérer comme prépondérant. Les deux principes de l'hérédité et de la variation ont seuls une importance comparable, et constituent avec lui la triple base sur laquelle repose toute l'évolution organique. — Dans son sens le plus gé- néral, l'isolement consiste dans le fait qu'il ne peut y avoir de croisement entre certains individus et le reste de l'espèce; c'est ce qu'on voit déjà dans la sélection artificielle des éleveurs. A l'état de nature l'hérédité n'agira en faveur de l'évolution, de la transformation du type, que si la reproduction est permise exclusivement entre formes ayant subi des modifications sem- blables ; ses effets dans le cas contraire tendront à maintenir l'uniformité du type et à effacer les variations. Il faut distinguer avant tout diverses formes d'isolement et c'est ce qu'on n'a en général pas su faire ; un des grands mérites de Gulick a été précisé- ment de bien rétablir ces distinctions. — La forme la plus connue est l'iso- lement géographique, dû à des barrières physiques et qui a été le sujet des travaux de M. Wagner : il a parfaitement démontré son importance, contrai- rement à l'opinion de Wallace qui attribue exclusivement les effets produits, non au fait de la séparation en lui-même, mais à ce que les portions de l'es- pèce ainsi séparées se trouvent dans des conditions différentes, qui néces- sitent de nouvelles adaptations et amènent ainsi l'entrée en jeu de la sélec- tion naturelle. Son tort fut de ne pas reconnaître d'autre mode d'isolement que celui-là, et il en est de même dans l'essai de Weismann sur la même question. Les nombreuses critiques qui furent adressées justement à cette conception trop étroite pèsent encore aujourd'hui à tort sur toutes les théories de l'isolement : ce furent celles qui détournèrent Darwin de cette mine si féconde, après le premier accueil très favorable qu'il avait fait aux idées de Wagner. [On retrouve encore ces critiques dans la réponse de Wallace au second volume de Romanes, l'année dernière (■)]. (1) Gulick [J. T.) : Divergent évolution through cumulative ségrégation (J.Linn. Soc, XX, 189- 274) el Intensive Ségrégation (XXIII, 312-380). (2) Cette introduction a paru sous le titre : Isolation in organic évolution, dans le journal TheMonist, VIII, pp. 19-39 (octobre 1897). 3 Cf. A unir biologique. 1896, p. 510. XVII. - ORIGINE DES ESPECES. 527 Si les évolutionnistes n'ont pas saisi en général toute l'importance de l'iso- lement, c'est faute d'avoir distingué les deux grandes classes que Gulick a le premier opposées Tune à l'autre, en les qualifiant de segregate breeding et separate breeding. Dans le premier cas. tous les membres du groupe présen- tent lors de la séparation un caractère commun (homogamie de Romanes) ; par exemple, un berger réunit tous ses Moutons noirs en un troupeau, tous ses Moutons blancs en un autre. Dans le second (apogamie), la groupe au début est absolument hétérogène : exemple, une portion d'espèce isolée à la suite d'une catastrophe physique. Ceci posé, on peut dire que toute évolution or- ganique, tout changement de type est basé sur l'homogamie et ses rapports avec la variation et l'hérédité. L'établissement d'un caractère nouveau exige toujours, non seulement l'union des individus qui le possèdent, mais l'exclu- sion de ceux qui ne le possèdent pas; tant qu'il y a croisement libre, les effets de l'hérédité tendent au contraire à assurer la fixité du type. — Les formes de l'homogamie peuvent être fort différentes : un groupe peut adopter de nouvelles habitudes de vie qui ont pour effet de le séparer du reste de l'espèce; dans d'autres cas, des modifications de formes et de couleurs en- traînent des préférences d'ordre psychologique (sélection sexuelle) ; chez les plantes, il faut tenir compte de différences dans la date de la floraison, dans les habitudes des Insectes qui les visitent, etc. Mais deux de ces formes l'em- portent beaucoup sur les autres, et jouent le rôle capital. La première est l 'incompatibilité sexuelle, partielle ou absolue, qui se manifeste entre les in- dividus des groupes taxonomiques différents : si on la supposait supprimée, tout prouve que les formes voisines ne tarderaient pas à se fondre complè- tement , et ce sont les nombreuses observations d'infertilité entre variétés d'une même espèce qui permettent de comprendre comment les variétés ont pu être le point de départ d'espèces nouvelles. La stérilité des croisements entre individus, apparaissant ainsi dans un groupe, à titre de phénomène pri- mitif, est l'agent de séparation auquel l'auteur attribue le rôle essentiel : c'est la Physiological isolation, base delà Physiological sélection. Quant à la seconde forme, ce n'est autre chose que la sélection naturelle, qui est présentée ainsi comme entrant dans le grand cadre de l'homogamie : elle consiste en effet dans l'isolement des plus aptes par exclusion des moins aptes, et c'était bien la conception de Darwin, quand il la comparait à la sélection artificielle, ce type de l'homogamie intentionnelle et raisonnée. La sélection naturelle, dont on a voulu faire un principe d'explication universelle, n'est donc qu'une partie d'un grand tout : le principe de l'isolement homogamique. L'apogamie, au contraire, semble d'abord ne pouvoir contribuer à la fixa- tion d'un caractère nouveau, le groupe qu'elle constitue étant disparate par définition même : mais ce serait une erreur de le croire. A moins que la por- tion d'espèce isolée ne soit considérable, il s'y dessinera, tôt ou tard, un caractère nouveau, résultant de ce que la moyenne des caractères de cette portion dès l'origine n'est pas celle de l'ensemble de l'espèce considérée avant la séparation : en partant de ces différences initiales, l'action des conditions ambiantes assurera une divergence de plus en plus grande (Gulick). C'est le principe de la variabilité indépendante : il se rapproche beaucoup de Yamixie de Weismann. [L'auteur l'identifie d'autre part avec la loi mathématique de Delboeuf, qui soulève, on le sait, de graves objections]. Il faut observer d'ail- leurs que le temps nécessaire pour créer la divergence de type variera con- sidérablement suivant l'espèce dont il s'agit, certaines étant beaucoup plus stables que d'autres. — La meilleure démonstration de cette action de l'iso- lement brut ou apogamie est donnée par les études poursuivies pendant quinze ans par Gulick sur les Mollusques terrestres et d'eau douce des îles L'ANNEE BIOLOGIQUE. Sandwich, et dont Romanes a pu vérifier lui-même les résultats sur les col- If. -lions envoyées par lui en Angleterre. Le nombre des variétés appartenant à certaines des espèces qui y figurent est immense, et chacune est restreinte non seulement à une île, mais à telle ou telle vallée particulière. Il y a plus : une variation indiquée dans les habitants de la vallée 2, comparés à ceux de la vallée 1, est plus accentuée dans ceux de la vallée 3, encore plus dans ceux de la vallée 4, et cela avec une graduation presque rigoureuse, de sorte qu'on peut évaluer avec une approximation suffisante, d'après le degré de divergence entre les formes qui habitent deux vallées données, la distance en milles qui les sépare. D'ailleurs, les conditions ambiantes sont aussi sem- blables que possible dans ces diverses vallées, contrairement à l'opinion de Wallace : celui-ci, dans sa critique du travail de Gulick, affirme à priori qu'il doit y avoir des différences de milieu et que c'est là la cause des va- riations observées; mais comment expliquer par cette affirmation, d'ailleurs toute gratuite, la progression régulière des modifications de vallée en vallée? On sait, d'autre part, qu'une espèce soumise à des conditions différentes dans les différentes parties de sa sphère de distribution géographique n'est pas représentée par des formes divergentes, pourvu qu'il n'y ait pas d'obstacle au croisement, comme on le voit pour les oiseaux. — En résumé, tout iso- lement aboutit tôt ou tard à l'homogamie, et devient ainsi le prélude de la création d'un type nouveau. L'auteur insiste sur plusieurs lois remarquables que révèle l'étude de l'iso- lement. — Dans le cas où il y a d'abord apogamie, la différence avec le type primitif s'accentue d'autant plus vite que le nombre des individus isolés en un groupe est plus petit, loi déjà indiquée par Weismann à propos de l'iso- lement par barrières géographiques; en effet, plus ils seront nombreux, plus leur caractère moyen sera voisin de celui de l'ensemble ; mais ceci n'est plus exact quand il y a homogamie dès le début, le nombre des individus n'ayant alors plus d'importance. — Il peut y avoir autant de directions différentes d'évolution qu'il y a de sections isolées les unes des autres : l'isolement est ainsi le principe de l'évolution poly typique, ou formation de plusieurs espèces nouvelles à partir d'une espèce préexistante. Une seule forme d'isolement ne mène qu'à une évolution monotypique, c'est-à dire à une modification de plus en plus prononcée du type dans un même sens : c'est précisément la sélection naturelle, qui agit dans chaque cas par la destruction des individus non compris dans la section qu'elle protège. Il est certainement possible que plusieurs directions d'évolution bien différentes, indiquées dans la descen- dance d'un même animal, soient favorisées par la sélection naturelle, parce que l'une est en rapport avec une particularité utile, l'autre avec une autre ; mais elles disparaîtront toutes rapidement par le croisement, s'il n'y a pas une autre forme d'isolement qui fonctionne en même temps que la sélection. [C'est, on le voit, l'objection fondamentale qu'on retrouve chez tous les adver- saires du darwinisme : leur erreur consiste à ne pas voir qu'elle ne s'applique qu'au problème de l'évolution polytypique]. Au contraire, la sélection natu- relle, à elle seule, suffit parfaitement à l'évolution monotypique : c'est elle qui opère l'extinction de la forme primitive et des formes intermédiaires pour leur substituer le type nouveau. Wallace l'a parfaitement démontré, et son seul tort a été d'étendre ses conclusions aux deux formes d'évolution, sans établir entre elles la distinction nécessaire. Romanes regarde celle-ci comme capitale et y revient souvent; il reconnaît d'ailleurs que, sous ce rapport, il se sépare, avec Gulick, de Darwin : celui-ci croyait que la sélection natu- relle, agissant seule, pouvait faire dériver plusieurs espèces d'une même souche. XVII. — ORIGINE DES ESPECES. 529 La plus grande partie du volume est consacrée à la forme d'isolement la plus importante aux yeux de l'auteur, la. sélection physiologique, qui constitue sa théorie personnelle : dans cette hypothèse, c'est précisément la stérilité, apparaissant entre individus de la même espèce, qui constitue le phénomène primitif; c'est elle qui permet les divergences ultérieures et par là la forma- ion de nouvelles espèces (évolution polytypique). Romanes reconnaît que cette idée avait été énoncée avant lui par Catchpool (l) (1884) qui en avait même clairement mis en lumière les traits essentiels : il l'ignorait lorsque fut publiée sa Physiological Sélection (1885). Il a de plus retrouvé depuis une indication de la même conception chez Belt (1874). Enfin les travaux de Gulick sont encore antérieurs, puisque leur début remonte à 1872 : mais celui-ci ne commença à les publier qu'en 1886. — Les nombreuses critiques adressées à cette théorie prouvent surtout combien elle a été mal comprise. Il ne s'agit pas d'une ap- parition brusque et inexplicable de la stérilité invoquée comme un deus ex machina : les variations de l'appareil reproducteur qui aboutissent à ce résultat ont dû revêtir un caractère progressif. Il importe de remarquer que, par leur nature même, ces variations n'ont pas besoin d'être utiles pour être conser- vées : on sort bien ici du problème de l'adaptation pour aborder celui de l'origine des espèces. D'autre part, ces variations ne sont pas supposées spora- diques; dans les cas où elles ont amené la constitution de types nouveaux, i( faut admettre au contraire qu'elles ont porté sur un certain nombre d'indi- vidus simultanément. [On retrouve donc encore ici le principe de la variation, collective]. — Enfin, jamais il n'a été question d'en faire une explication uni- verselle et exclusive de la formation des espèces nouvelles, comme on l'a tenté pour la sélection naturelle; mais elle s'impose quand on veut com- prendre l'apparition de types divergents en l'absence de barrières matérielles {polytypic évolution on common areas). Les preuves de fait à invoquer sont surtout représentées par les études de Gulick. qui constituent une immense série d'observations poursuivies pendant 25 ans. [Au fond, comme il arrive toujours dans ces questions, ces preuves sont de nature indirecte, au même titre que toutes les autres. Ce qu'on peut dire, c'est que l'hypothèse en question offre la seule explication concevable des faits observés : mais n'en est-il pas ainsi à propos de l'évolution elle-même?] L'auteur montre surtout comment elle permet de résoudre des objections graves oppo- sées à Darwin, et auxquelles il n'a jamais été fait de réponse satisfaisante. Une d'entre elles a constitué le fond de l'argumentation très sérieuse (et trop ou- bliée) de Quatkefages : c'est le contraste entre le cas de races domestiques, chez lesquelles des divergences considérables dans la forme et l'organisation laissent persister la fertilité de croisement, et celui des espèces sauvages, où la sté- rilité absolue se manifeste entre des organismes qui sont cependant bien moins différents entre eux. Cela tient à ce que, dans la création des races domestiques, l'homme ne s'est jamais préoccupé de développer les variations dans le sens de l'infertilité ■ il s'est borné à l'isolement artificiel des variations et a obtenu ainsi toutes les modifications morphologiques possibles. Mais, dans la nature, l'isolement artificiel n'existe pas, et seuls, les changements morphologiques associés avec un certain degré d'incompatibilité sexuelle peuvent se conserver. Il est d'ailleurs impossible d'expliquer ce fait autre- ment, et notamment de voir, comme Wallace, dans cette stérilité entre espèces une conséquence de la sélection naturelle. — Wallace avait encore invoqué contre l'idée de l'isolement une loi de distribution géographique, qui est en effet un excellent argument contre l'hypothèse de M. Wagner, mais (1) Voir Nature. XXXI, p. 4. l'année biologique, m. 1897. 34 530 L'ANNEE BIOLOGIQUE. contre elle seulement : une espèce nouvelle a apparu en général dans une région occupée par une espèce très voisine qui Ta précédée. [C'est encore à elle qu'il a eu recours récemment dans sa communication sur l'utilité des ca- ractères spécifiques (*)]. Ici encore, la sélection physiologique donne la seule solution logique du problème. Il en est de même dans plusieurs questions de distribution îles espèces animales et végétales dont la discussion occupe les chapitre IV et V : on y remarque notamment les objections tirées des expériences de N.kgeli, et qui lui servaient d'arguments contre la sélection naturelle; les plus contestables reposent sur la cause d'erreur presque gé- nérale, qui consiste à ne pas distinguer l'évolution monotypique et l'évolution polytypique. A côté de ces considérations sur les espèces, il existe une question peut- être plus décisive encore : celle de la stérilité entre variétés naturelle*. Dans son ouvrage Physiological sélection, il y a douze ans, l'auteur avait indiqué une méthode permettant de vérifier l'hypothèse fondamentale de sa théorie, l'apparition de l'incompatibilité sexuelle antérieurement à la différenciation spécifique et non consécutivement, comme on l'admet d'ordinaire : il fau- drait étudier à ce point de vue un certain nombre de variétés d'une même espèce, vivant côte à côte, et soumises en conséquence aux mêmes conditions de milieu. Or cette démonstration était déjà faite à son insu depuis plusieurs années par les recherches d'un botaniste lyonnais, A. Jordan (2), que Ro- manes ne connut qu'ultérieurement. Il s'agit d'observations poursuivies pendant trente ans, et portant sur beaucoup d'espèces communes, appartenant à des familles fort différentes : ces espèces sont représentées dans une même région par un nombre plus ou moins grand de variétés parfaitement constantes, et en association intime au point de vue de la distribution topographique ; les différences morphologiques sont très faibles et exigent une attention minutieuse, mais se transmettent en général dans la reproduction par graines. Or, les nombreux essais de croisements entre ces variétés ont donné, à côté de résultats positifs, plu- sieurs centaines de résultats négatifs. Romanes montre comment ces travaux constituent une confirmation expérimentale complète de sa théorie. On saisit ici sur le fait le changement physiologique précédant la différenciation mor- phologique. Pour Jordan, ses études étaient uniquement des arguments contre le darwinisme. On peut même chez les plantes retrouver les premiers stades de la diffé- renciation physiologique, les débuts du processus qui aboutit à l'incompati- bilité sexuelle. Darwin avait déjà appelé l'attention sur le pouvoir électif du pistil à l'égard du pollen de la même variété {prepotency) : ce pollen s'y déve- loppe dans des conditions plus favorables, au point d'opérer la fécondation avant tout autre pollen d'une variété voisine, lors même que ce dernier avait été déposé plusieurs heures avant lui. L'étude de ce curieux phénomène, poursuivie dans le détail, révèle tous les degrés possibles de l'infertilité relative entre variétés voisines, jusqu'à l'infertilité absolue; on voit comment, chez les plantes, la sélection physiologique est capable de créer seule la dif- férenciation de plusieurs types spécifiques : chez les animaux, la question est compliquée par l'intervention d'autres formes d'homogamie (isolement "graphique, sélection sexuelle, etc.), ce qui rend la démonstration moins claire. (1) Cf. Année biologique, 189G, p. 511. (2) Jordan (Al.) Remarques sur le fait de l'existence associée à l'état sauvage d'espèces affines^ et autres faits relatifs à la question de l'espèce. Congrès de l'Assoc. IV. pour l'avance- ment îles sciences. Lyon, 28 août 1873. XVII. - ORIGINE DES ESPECES. 531 Un long exposé, où l'on trouve des répétitions de questions déjà discutées antérieurement, résume les opinions des divers évolutionnistes sur l'isole- ment, à commencer par Darwin qui en avait méconnu l'importance, mais non aussi complètement qu'on l'a dit. On y trouve surtout la réfutation des objections de Wall ace, considérées encore comme décisives par beaucoup de naturalistes. Un appendice contient les réponses de Gulick au même auteur, réponses qui coïncident dans leurs grands traits avec celles de Romanes. [Cet ouvrage, demeuré malheureusement incomplet, est certainement l'un des plus importants qui aient été écrits sur l'évolution depuis la mort de Darwin. Il établit nettement la séparation des deux problèmes, celui de l'origine des espèces et celui de l'origine des adaptations, si obstinément confondus par beaucoup d'auteurs, au grand détriment de l'étude dç tous deux. Il met en lumière le rôle universel et capital du facteur isolement dans le premier, et la complexité de cette question, souvent mal comprise faute d'avoir distingué les diverses espèces d'isolement. La sélection artificielle et la sélection naturelle elle-même ne sont au fond que des variétés de ce pro- cessus fondamental. Quant à la sélection physiologique, l'hypothèse person- nelle de l'auteur, considérée en général comme une conception ingénieuse, mais sans preuves à l'appui, il apporte en sa faveur des résultats d'observa- tions et d'expériences, qui ne sont pas encore bien nombreux ni absolument décisifs, mais qui ouvrent une voie féconde à des recherches nouvelles. L'ou- vrage a été accueilli avec quelque froideur en Angleterre, où l'école néo- darwiniste est actuellement prédominante; mais on peut affirmer que son influence se manifestera puissamment dans l'étude ultérieure des questions d'évolution]. — L. Defrance. 3. Argyll (Le duc d'j. — La controverse (TH. Spencer et Lord Salisbury sur révolution. — La polémique soulevée par l'étrange discours de Lord Salisbury (voir Ann. Mol., I, p. 531) trouve encore un écho dans cet article du duc D'Argyll : d'ailleurs celui-ci n'entreprend pas la défense des idées sou- tenues par son collègue de la chambre des Lords, et s'il en parle en passant, c'est pour rappeler d'un mot, non sans quelque malice, la phrase malheu- reuse sur la généalogie qui va « de la Méduse à l'Homme ». — L'argumenta- tion est surtout dirigée contre H. Spencer : on y retrouve la plupart des sophismes et des malentendus, si souvent réfutés et sans cesse renaissants, qui ont fait le fond des objections contre l'évolution dans les journaux et revues d'Angleterre , il y a vingt à trente ans. Suivant l'usage, le premier repose sur l'emploi du mot impropre de sélection. L'auteur insiste aussi avec prédilection sur l'expression « fortuitous » , appliquée à l'origine des varia- tions, ce qui lui permet de triompher facilement en faisant ressortir qu'ac- tuellement on tend de plus en plus à abandonner ce terme. [Mais ceux qui affirment qu'on peut retrouver dans l'évolution des lignes de direction déter- minées ne reviennent pas pour cela aux causes finales : ils expliquent les modifications par des facteurs physiques, et la confusion que l'auteur cherche à amener entre « fortuity » et « mechanical necessity » ne peut faire illusion un instant]. D'ailleurs, ce qu'il reproche d'une manière générale à tous les naturalistes modernes, c'est leur croyance dogmatique à la nécessité absolue des causes mécaniques et physiques pour expliquer tous les phénomènes du monde organique. [La réponse est bien simple : cette tendance est à la base de toutes les sciences de la nature, parce que c'est la raison même de leur existence. Tant qu'on n'arrive pas, sur un point en discussion, à une explica- tion puisée dans le domaine des sciences positives , on doit regarder la ques- L'ANNEE BIOLOGIQUE. tion comme appelant de nouveaux travaux, et non la transporter sur un ter- rain inaccessible, en faisant appel à l'inconnaissable]. L'auteur reconnaît que les reproches qu'il adresse aux sélectionnistes ne s'appliquent guère à Spencer. Mais le principe de la survivance duplus apte, que celui-ci substitue à la sélection, est évident par lui-même : c'est donc une pure tautologie qui ne nous apprend rien. [On ne peut comprendre comment cela a pu être écrit; c'est simplement méconnaître toute la ques- tion ; il en est d'ailleurs de même d'un passage antérieur où l'on trouve rééditée la vieille et ridicule comparaison avec des lettres jetées en l'air, et reconsti- tuant l'Iliade en tombant sur le sol !] — Il est inutile d'insister sur ce qui suit: une tentative timide de plaidoirie en faveur de l'idée des créations séparées, dont on cherche à démontrer la nécessité, tout en admettant la descendance de types différents les uns des autres; la réédition de cette hypothèse, bien des fois réfutée, que certains organes dits rudimentaires pourraient être des organes « prophétiques », et non des reliquats de dispositions ancestra- les, etc. Enfin le reproche le plus étrange fait aux évolutionnistes est celui d'employer constamment le langage téléologique , sans vouloir reconnaître les conceptions fondamentales qu'il implique; c'est-à-dire de ne pas met Ire leurs idées d'accord avec un langage parfaitement déplorable, .dont il est malheureusement difficile de se délivrer. Rien ne serait plus propre à jus- tifier ceux qui tentent en ce moment de créer toute une langue nouvelle et de l'imposer en biologie, quelque peu attrayants que soient les résultats de ces tentatives. Les dernières pages sont occupées par des condoléances à l'occasion de l'achèvement du monument philosophique élevé par H. Spencer, et qui parait à l'auteur une tentative de synthèse entièrement manquée. Il semble cepen- dant ({lie l'immense majorité des philosophes et des naturalistes est d'un avis exactement opposé, et a plus d'une fois manifesté son admiration pour l'œuvre gigantesque d'un des plus puissants esprits des temps modernes. — L. Defrance. =: a. F ira lion des variations. — 7) Adaptation phylo génétique. 57. Morgan (C. Lloyd). — Modification et variation. — Cet article est la reproduction du dernier chapitre de l'ouvrage Habit and instinct où l'au- teur, laissant de côté les questions psychologiques de la première partie, résume la conception nouvelle qui lui est commune avec Baldwin et qui a reçu de ce dernier le nom de sélection organique. — C'est à Ll. Morgan qu'est dû le terme de modifications pour désigner les changements indivi- duels causés par l'action des milieux, les vrais caractères acquis, ceux dont la transmission est niée par les néo-danvinistes; il réserve le nom de varia- tions aux variations congénitales (ou blastogéniques). Le trait essentiel de la théorie est le suivant : on considère les modifica- tions ontogénétiques de nature adaptative, répétées sous l'action des mêmes causes durant un grand nombre de générations, comme assurant de préfé- rence la survivance et la reproduction des individus qui présentent des variations congénitales de même sens, c'est-à-dire propres à faciliter l'adap- tation {variations coïncidentes de l'auteur). Celles-ci, étant d'origine germi- nale. seront transmises aux descendants. Elles diffèrent, bien entendu, beau- coup, au début, des résultats obtenus par l'accommodation individuelle; mais le processus va continuer. Parmi les descendants, il se présentera de nou- velles variations congénitales : celles qui se trouveront orientées dans la direction utile seront de nouveau une cause de survivance pour ceux qui XVII. - ORIGINE DES ESPECES. 533 les posséderont; au contraire, celles qui sont un obstacle à l'adaptation constituent une cause d'élimination, et l'espèce tend de plus en plus à être représentée exclusivement par des individus porteurs de ces variations avantageuses, fixées par degrés successifs sous l'action de la sélection. Ces variations étant aussi de plus en plus semblables aux modifications adapta- tives de l'ontogenèse, l'individu arrive à présenter dès la naissance des caractères de valeur adaptative, plus ou moins identiques à ceux qui ne pouvaient être produits autrefois que par l'action des milieux durant l'on- togenèse; c'est l'hérédité apparente des caractères acquis. Il y a là une dépendance indirecte entre la variation germinale et l'adaptation ontogéné- tique, au lieu de la dépendance directe admise par les Lamarckistes. — C'est d'ailleurs la sélection qui aura été ainsi la cause principale de la direction donnée à l'évolution. [V y; XV a p] L'auteur rappelle qu'une idée semblable a déjà été indiquée par \Yeis- mann, il y a trois ans, dans sa leçon sur Les influences extérieures considérées comme causes déterminantes dans le développement (*), et c'est là, au fond, la base de sa théorie de la sélection germinale (2). [Mais, en entrant dans les détails, celui-ci a fait usage de ses hypothèses personnelles sur le plasma germinatif qui ne sont pas admises par tous, tandis que la conception de Ll. Morgan et Baldwix évite cet écueil en n'abordant pas l'étude des processus qui entrent en jeu : il est vrai qu'elle reste par là même à l'état d'indication; mais elle n'en offre pas moins une solution intelligible pour un de ces problèmes qui paraissent au premier abord constituer la plus insoluble des énigmes]. — L. Defrance. 39. Hamann (0.). — Contribution à V étude de la faune des cavernes. [XVI b] — Dormitzer et Joseph à sa suite, ont signalé une Crevette des cavernes : Troglocaris Schmidtii, qui serait complètement aveugle et dont les jeunes seraient cependant pourvus d'yeux normaux. Hamann donne une description de l'adulte qui est presque complètement transparent. Il précise l'histologie du pédoncule oculaire et il confirme qu'il n'y a pas d'œil propre- ment dit. Le pédoncule ne porte ni rétinule, ni pigment, ni corps réfringent. Si l'auteur vérifie l'existence de l'œil chez les jeunes, il aura entre les mains un type de choix pour étudier l'influence de la lumière et de l'obscurité sur l'évolution de l'appareil visuel. — L. Terre. 82. Viré. — Sur les organes des sens de quelques Asellides. [XVI U] — Viré indique des gradations dans le développement des organes des sens chez les Aselles des lieux obscurs; chez VAsellus aquaticus des ruisseaux, les poils olfactifs de l'antennule ont à peu près la moitié de la longueur d'un des segments de l'antennule; ils atteignent ou dépassent la longueur du seg- ment chez les mêmes Asellus des conduites d'eau souterraines ou des cata- combes; enfin chez Stenasellus Virex (cavernicole), ils ont une fois et demie la longueur du segment. Les yeux présentent une série contraire : ils sont un peu plus pâles que d'ordinaire chez les Aselles des conduites d'eau; chez VAsellus des catacombes, il n'y a à leur place que des points rouges; enfin il n'y en a plus trace chez Stenasellus des cavernes. — L. Cuénot. 22. Chun(C). — Observation sur les yeux à facettes des Crustacés des mers profondes. — Dans certains genres (Baetis), les yeux à facettes des mâles (i) Weismann (A.) : Aassere Einflusse aïs Enfwicklungsreize (Jena, 1£9j). (2) Cf. Année biologique, I, 189», p. 484-485, et II, 1896, p. 5-23-529. 534 L'ANNEE BIOLOGIQUE. s'allongent et tendent à prendre la forme plus allongée des yeux frontaux des Chloe et genres voisins qui sont encore presque inconnus tant au point de vue de leur structure interne que de leur physiologie. Il y a dimorphisme dans la structure do yeux frontaux et latéraux des mâles de Crustacés des grands fonds. Les yeux frontaux, avec leur pigment rouge rétinien peu concentré et leurs facettes allongées, montrent une apparence de superposition (Exner) et servent à la perception des femelles suspendues pendant la copulation au- dessus des mâles, pendant que les yeux latéraux montrent une apparence d'opposition et un pigment noir concentré entre les facettes. — A. Labbé. 32. Escherich (K.). — Les « poils de la mue » chez les Insectes. — On peut donner ce nom aux productions articulaires variées qui se forment sous l'ancienne peau, destinée à tomber, pour préparer sa chute. La mue termi- née, elles peuvent jouer un autre rôle, comme Se.mper l'avait déjà montré pour des formations analogues chez les Reptiles, et l'on assiste ainsi à un changement de fonction des plus remarquables. Sur la peau des flancs et des régions intersegmentaires chez certains Méloïdes, on les trouve sous forme de lignes saillantes Unes qui courent parallèlement à l'axe du corps dans les espaces pleuraux, transversalement entre les segments successifs. Aux points de rencontre, elles se décomposent en petites plaquettes groupées en îlots. Ces saillies jouent un rôle de protection et de renforcement à l'é- gard de la peau délicate qui les porte et qui serait facilement lésée par les chocs; il s'agit en effet d'animaux à élytres très courts, qui ont tout l'abdomen à découvert. D'ailleurs leur disposition "est la mieux appropriée pour con- server à cette peau toute son extensibilité et sa facilité à se plier, fait très important pour des Insectes qui doivent porter une quantité d'œufs consi- dérable lors de la reproduction. — L. Defraxce. 52. Mastermann (A. J.). — Les Poissons Télëostéens et la ponte pélagique. — Les œufs de tous les Poissons n'évoluent pas dans les mêmes conditions de milieu : les uns sont flottants, comme ceux des Gadoïdeset des Pleuronectides par exemple; d'autres se développent dans la profondeur des eaux, fixés aux roches et autres corps étrangers , comme ceux des petits Poissons Acan- thoptères. Voilà donc deux types d'œufs et d'évolution ; lequel est le plus pri- mitif? Le type d'évolution le plus ancien est sans doute celui des œufs péla- giques : l'habitude de fixer les œufs au fond est relativement récente, et les modifications qu'entraîne ce changement dans les conditions biologiques sont secondaires. Les raisons de ce croire sont les suivantes. 1° Les Poissons à œufs pélagiques sont de beaucoup les plus prolifiques; leur fécondité est extrême. 2° La fécondation est plus primitive : il n'y a pas de dimorphisme sexuel; les œufs et spermatozoïdes sont simplement expulsés sans aucune formalité qui ressemble au rapprochement des sexes. 3° Les méthodes de reproduction sont primitives aussi : la période de matu- ration est prolongée; les parents ne prennent aucun soin des œufs comme le font les Poissons qui fixent leurs œufs au fond (Epinoches, Blennies, Gobies). 4" L'ontogenèse chez les types des profondeurs est plus protégée; l'éclosion se fait plus tard que pour les pélagiques; la larve naît plus avancée. 5° Il n'y a aucun avantage à l'adoption du type pélagique : il y en a à l'adoption du type profond. Ces différents -irguments se tiennent et forment un faisceau qui a son importance. Le fait que les Poissons à œufs pélagiques produisent beaucoup d'œufs indique que ceux-ci sont soumis à des causes de destruction nom- breuses. Il faut qu'il s'en ponde beaucoup pour qu'il y ait assez d'éclosions XVII. - ORIGINE DES ESPECES. 535 et de survies pour assurer la permanence de l'espèce; et assurément les œufs pélagiques sont soumis à des causes de destruction auxquelles échappent les œufs profonds. Pour que les larves des œufs pélagiques se développent, il faut quelles puissent gagner les eaux peu profondes du voisinage des côtes ; or les cou- rants peuvent fort bien en entraîner beaucoup là où il ne faut pas. Et on remarquera qu'il doit arriver souvent que les œufs, s'ils sont entraînés là où il faudrait, y parviennent tantôt trop tôt , tantôt trop tard pour pouvoir en profiter, eu égard à la phase d'évolution où ils sont parvenus au moment où ils arrivent à destination. De là une mortalité qui peut être énorme. En outre, la température de la surface varie fort, d'où des accélérations ou retards dans le développement, qui, en connexion avec les courants, peu- vent être très nuisibles. Il y a enfin les différences de salure, et les courants qui, portant les œufs vers la région qui serait favorable aux autres points de vue, peuvent les entraîner à la mort en les poussant vers des eaux douces ou saumâtres où ils coulent trop tôt. Il faut tenir compte encore du fait qu'une masse énorme d'œufs doit échap- per à la fécondation; ou bien ils peuvent être fécondés par des spermato- zoïdes d'espèce différente et ne pas se développer. Tout indique donc que les espèces pélagiques sont exposées à de telles et si nombreuses causes de destruction de leurs œufs qu'elles ne peuvent se conserver que par une fécondité démesurée. Et quand on regarde de plus près l'évolution des différentes espèces, on aperçoit à la fois, combien leurs exigences sont nombreuses et combien les causes de destruction sont par suite multiples. (Ces faits sont encore mal connus, mais il importe de s'en rendre compte pour la pratique de la pisci- culture marine où assurément ils jouent un rôle considérable). Il est inté- ressant de voir qu'il y a toute une série de formes de passage entre la forme de reproduction pélagique et la forme profonde. Prenons un ancêtre idéal des Poissons. Parti des eaux pélagiques lointaines, il vient près des côtes, pour un temps, retournant se reproduire au loin. Les œufs font comme lui : l'ontogénie répète la phylogénie. Le cas se complique avec certains Poissons plats qui vivent en partie à l'eau douce; plus encore avec l'Anguille. Chez le Hareng, à œufs profonds, les migrations des œufs sont nulles; celles des lar- ves faibles. Chez le Hareng en outre, le séjour dans les eaux pélagiques in- combe à la forme post-larvaire; chez le Saumon, à la forme adolescente ; ailleurs, il n'est plus une nécessité. — H. de Varigxy. 36. Gôbel (K.). — Remarques morphologiques et biologiques. — 5. Cryp- tocoryne, Aro'idée vivipare. — Les Cryptocorynes sont des Aracées maré- cageuses de l'Asie équatoriale. Leur principal intérêt réside dans leur vivi- parie : comme chez.beaucoup de plantes de la mangrove, l'embryon germe déjà dans la graine. Le cotylédon devient un suçoir qui absorbe complète- ment l'albumen tandis que l'hypocotyle, la tigelle, la radicule et de nom- breuses feuilles primaires quittent le sac embryonnaire pour pouvoir se dé- velopper à leur aise. Tout l'embryon reste recouvert par le tégument externe qui, grâce à sa structure spongieuse, se laisse facilement déprimer. — J. Massart. 7. Harcourt Bath. — Les causes probables de la disparition progressive des RItopalocera en Angleterre. — (Analysé avec le suivant.) 23. Conquest G. Harold). — Même titre. — (Id.) 536 L'ANNEE BIOLOGIQUE. 6. Harcourt Bath. — L influence secondaire des conditions climatériques dans la détermination des caractères morphologiques. Exemples particuliers empruntés aux Ilhopalocères. — (Id.) 74 Tutt (G. W.). — A propos de l'article de Harcourt JJat/i. En Angleterre, un grand nombre d'espèces de Papillons diurnes sont en Toie de décroissance et certaines sont menacées d'une extinction prochaine. — Les influences climatériques ne paraissent avoir qu'une action secondaire dans ce phénomène. L'isolement dans une île et l'amixie qui en résulte seraient, d'après Harcourt Bath, les principaux facteurs dont il y aurait à tenir compte. — L'abondance des animaux insectivores et en particulier des Oiseaux, qui en Angleterre sont plus protégés que sur le continent, serait aussi une des causes de la diminution signalée parmi les Rhopalocères britanniques. D'après Harold Conquest, les opérations diverses de l'agriculture doivent être incriminées bien plus que les facteurs invoqués par Harcourt Bath; l'auteur énumère un certain nombre de Papillons tels que Papilio machaon, A pâtura iris, Thecla pruni, Lyciena arion, dont la diminution progressive doit être attribuée certainement aux progrès de l'agriculture. [Le fait ne paraît pas douteux, et à côté de ce facteur, l'influence de l'amixie nous paraît plus que problématique. Il convient toutefois de faire observer que la diminution rapide de certaines espèces ne peut guère s'expliquer par l'in- tervention de l'agriculture, et il est véritablement bien remarquable qu'une espèce aussi commune que le Porthesia Chrysorhxa, tellement abondante et nuisible en France qu'elle a été spécialement visée par l'ancienne loi sur l'é- chenillage, soit maintenant devenue rare en Angleterre et que, mise à l'in- dex autrefois par les agriculteurs, elle se trouve maintenant protégée par le comité qui s'est formé à la Société entomologique de Londres pour la pro- tection des Lépidoptères en voie de disparition dans les îles Britanniques! Il serait très intéressant de rechercher quels sont les facteurs qui président à la décadence de certaines espèces dans des pays déterminés. Peut-être, du reste, n'y a-t-il là dans beaucoup de cas que des décroissances momentanées dues à des influences climatériques qui peuvent d'autant mieux se produire dans une île que tous les représentants d'une espèce donnée s'y trouvent soumis aux mêmes influences]. — P. Marchal. Le second article d'Harcourt Bath sur la même question n'est guère qu'une discussion théorique reposant sur des arguments très vagues. Pour l'auteur, le mélanisme et l'ocellation seraient acquis par la sélection naturelle. G. W. Tutt déclare qu'il a essayé de comprendre ces divers articles de Harcourt Bath sans avoir pu y parvenir. [Cet aveu console le lecteur, qui sans plus de succès s'est livré aux mêmes efforts intellectuels que G. W. Tutt]. — P. Marchal. 71. Smith (G. W.). — Mélanisme et conditions climatériques. — En faisant allusion à l'article de Harcourt Bath, l'auteur rappelle qu'une des causes de mélanisme paraissant le mieux établies réside dans l'influence de l'humidité. L'acquisition du pigment peut être dans ce cas considérée comme utile pour mieux utiliser la chaleur du soleil ne se montrant que par intervalles irré- guliers; de là, la fréquence du mélanisme dans les montagnes et dans les ré- gions brumeuses. Un fait remarquable et concordant avec les précédents, c'est enfin la fréquence du mélanisme aux environs des villes manufactu- rières. L'auteur renvoie à la grande discussion sur le mélanisme qui a eu lieu en 1893 et qui a été résumée dans le British Naturalist for 1803, pp. 61-71. — P. Marchal. t XVII. — ORIGINE DES ESPECES. 537 76. Verhoeff (Cari.). — La distribution du pigment noir chez les Insectes. — L'auteur apporte une nouvelle contribution aux travaux de Esciierich (*) sur la phylogénie des pigments chez les Insectes. Les lois cTEimer se trou- vent confirmées par l'étude ontogénétiqueetphylogénétiquede la pigmentation des Insectes, et en particulier des élytres des Coléoptères. Verhoeff pense que la pigmentation noire due à un pigment déposé dans l'épaisseur de la chitine estphylogénétiquement plus jeune que les autres. [Nous ne croyons pas devoir suivre l'auteur dans ses considérations hypothétiques, et nous avouons ne pas comprendre comment on peut soutenir qu'une teinte, qui du reste ne ré- sulte que de l'épaisseur plus ou moins grande sur laquelle on voit un pig- ment donné, peut être plus ou moins jeune qu'une autre]. — P. Marchal. = b. Facteurs de la formation des espèces. — a) Sélections. 42. Henslow (G.). — La sélection naturelle joue-t-elle un rôle dans l'ori- gine des espèces chez les végétaux? — La sélection naturelle a-t-elle quelque part à la production des espèces chez les plantes? demande Henslow. Et il entreprend de démontrer que non, et de battre en brèche la conception Darwinienne, qui d'ailleurs n'était pas celle de Darwin, et qui perd du terrain plus qu'elle n'en gagne. Darwin lui-même l'a nettement dit : la sélection n'a rien à voir avec l'ori- gine des variations. Et d'ailleurs, la sélection n'est pas un agent; c'est un fait, et un fait négatif, puisque c'est une destruction des individus — races, variétés, espèces même — qui ne se trouvent point adaptées au milieu où elles vivent. Et Henslow veut non seulement montrer que la sélection ne peut rien sur la production d'espèces, mais encore faire voir que les variations d'où naissent les variétés sont le résultat d'une action du milieu. C'est dire qu'il n'y a pas de variations indéfinies sur lesquelles la sélection trouve à s'exercer. Suivons Henslow dans la division même des matières qu'il aborde. Définition de l'Espèce. — Qu'est-ce qu'une Espèce? La réponse générale est : un groupe présentant une collection de caractères, considérés comme constants, qui sont tirés d'une ou de plusieurs des parties de la plante. Sont spécifiques les caractères qui n'appartiennent qu'à ce groupe ; ceux qui appar- tiennent à plusieurs groupes ne le sont point. Caractères inutiles. — Parmi ces caractères spécifiques, il en est bon nombre dont on ne peut dire qu'ils présentent une utilité quelconque. Que peut-il servir à Gentiana campestris d'avoir le calice quadripartite au lieu de l'avoir quinquilobé comme G. amarella? D'autant que chez ces espèces, et tant d'autres, des variations autrement importantes se produisent souvent : d'où la multiplicité des caractères spécifiques qu'on peut à bon droit considérer comme n'ayant point d'utilité pour l'organisme qui les présente. Darwin du reste avait reconnu leur inutilité, et le fait que la sélection naturelle n'est pour rien dans leur production et ne les a pas intensifiés et fixés. Étant inutiles, ils échappent à l'action de la sélection, doù une variabilité assez grande. Pourtant, chez les plantes beaucoup d'organes avortés, rudimen- taires, présentent une grande constance, ce qui permet de les utiliser dans la diagnose spécifique. Caractères nuisibles. — Il y a même des caractères nuisibles parmi les ca- ractères spécifiques des plantes, dit Henslow. Tels sont tous ceux qui, de façon variée, mettent obstacle à l'auto-fertilisation : la dichogamie, la protan- (1) Deutsch. eut. Zeitschr., 1892. 538 L'ANNÉE BIOLOGIQUE. drie, le polymorphisme, les adaptations destinées à favoriser la fécondation par les Insectes. Darwin avait conclu de ses recherches que l'auto-fécondation est nuisible, que la nature abhorre celle-ci, et cherche tous les moyens de faire féconder L'ovule de la plante a par le pollen de b ou de toute autre plante que a. Or c'est un fait, dit Henslow qui a beaucoup étudié cette question, que les plantes autogames sont les plus prolifiques, les plus saines, les plus abondantes, et possédant l'habitat le plus étendu. Les adaptations qui assu- rent l'autogamie sont aussi nombreuses et parfaites que celles qui assurent la fécondation croisée. Or ces dernières peuvent certainement être très nuisi- bles, au point d'être mortelles, puisqu'une espèce adaptée à la fécondation croisée mourra fatalement si les êtres ou les circonstances dont dépend la fécondation viennent à manquer. [XVI c Ç] Il suffit de signaler ce point sans y insister. Nous arrivons ici à la question de la sélection, de la survivance, etc., et le point dont il s'agit est tout autre : il s'agit de l'origine des variations de structure où la sélection ne peut rien. Différences individuelles. — Darwin et \Yallace ont considéré les variations individuelles comme étant la matière sur laquelle agit la sélection naturelle. Henslow estime qu'il y a là erreur [voir son plaidoyer, Année Biologique, t. I, p. 536] : les variations individuelles ne sont pas capables, d'après lui, de donner naissance à des caractères de variété dont un systématiste tien- drait compte. Et à ce propos, Henslow7 critique les conclusions tirées par A. R. Wallace dans son Darwinisme où il prétend faire voir que, parmi les variations les plus simples que puisse présenter l'individu, tout organe qui présente des dimensions excessives par rapport à la moyenne, est éliminé par la sélection naturelle, de sorte que, à travers les temps, chaque espèce conserve les mêmes proportions constantes. Mais il ne montre pas quel degré d'hypertrophie ou d'atrophie serait nuisible. Et d'autre part le gigantisme et le nanisme sont communs chez les plantes, sans être nuisibles. L'argument tombe donc. Conditions supposées requises pour que la sélection forme des variétés nou- velles. — Une de ces conditions, c'est l'existence d'une population nombreuse. Il faut que l'espèce comprenne beaucoup d'individus dispersés dans un habitat étendu et présentant un degré élevé de variation. Mais Henslow fait observer que les espèces les plus ubiquistes sont peut-être celles qui varient îe moins : telles Ranunculus pearia, Caltha jtalustris, Lychnis diuma, Erica cinerea, Bellis perennis, l'Ortie dioïque, la Scille, Pteris aqui- linia, Galium verum, Lernna minor. D'autre part, Polygonum aviculare , plante assez abondante mais qui n'est nullement aussi sociale que les précé- dentes, varie considérablement : on en connaît des variétés bien caractérisées, littorale, maritimum, agrtstinum, arenastrum, ruri vagum, etc.; ces variétés sont locales en ce sens qu'elles se localisent dans des habitats spéciaux, comme l'indiquent les noms, d'où la conclusion qu'elles varient peu sous l'influence du milieu. La seconde condition, c'est un changement dans les conditions d'existence : modification du climat, des conditions alimentaires. Ces changements sont-ils soudains, de la nature des catastrophes? Darwin a semblé le croire. Mais il n'est pas besoin de cataclysmes : sous nos yeux, par exemple, Arabis anachoretica a des feuilles de consistance spéciale dans son habitat, dans le creux des rochers; et ses graines en bonne terre donnent Arabis alpina. Il est donc peu probable que la montagne vient à Mahomet : c'est Mahomet qui va a la montagne, c'est la plante qui, répandue en des habitats tant soit peu différents par mille moyens de dispersion, y trouve des conditions nouvelles. XVII. - ORIGINE DES ESPECES. 539 Et la culture agit comme la migration. En réalité, les variétés se produisent dans des habitats altérés, différents, non dans le même milieu. L'hérédité des caractères acquis chez les plantes. — Wallace déclare que le changement de milieu produit certainement des modifications chez l'individu. Mais rien ne prouve qu'elles sont héréditaires, ajoute-t-il. Elles le sont, dit Henslow : nos légumes cultivés, dérivés de plantes sauvages, donnent des graines qui reproduisent l'espèce cultivée. [Elles la reproduisent si les condi- tions restent les mêmes]. Le Panais « Student » a été constitué en 5 ans, de 1847 à 1S52, par J. Buckman, qui était parti de la graine de l'espèce sauvage, et voici 50 ans que la race existe, sans qu'elle ait perdu ses caractères acquis [à la condition d'être cultivée dans certaines conditions, il ne faut pas l'ou- blier, et cela diminue la valeur du fait]. [XV a ,3] Rôle essentiel de la migration. — Contrairement aux vues de Darwin, les variétés nouvelles se sont produites non pas au milieu des parents types, mais à distance. Hooker observait que « en règle générale les variétés les mieux marquées se manifestent sur les confins de l'aire géographique qu'ha- bite une espèce ». De Candolle notait aussi que les plantes qui ont un habitat très étendu présentent généralement des variétés, et on pouvait s'y attendre, ajoute-t-il, parce qu'elles sont exposées à des conditions physiques diverses. C'est donc qu'il y a eu migration et changement de milieu. Et de fait, comme Wallace et Darwin eux-mêmes l'ont noté, on rencontre rarement dans le même habitat des espèces très voisines du même genre : elles se répartissent plutôt dans des habitats distincts, où les conditions de vie sont différentes; et cela vient encore en faveur de l'action du milieu, de l'adapta- tion. Mais encore que devient la sélection en tant que facteur? Car nous voyons les variétés se produire, non pas au centre de l'habitat de l'espèce, où pourtant la sélection doit être la plus active, mais sur sa périphérie et dans les îlots isolés qu'elle peut former çà et là; et dès lors les variétés ne se pro- duisent-elles pas là où la lutte pour l'existence présente le moins d'intensité? C'est exactement l'opposé de la conclusion de Darwin et de Wallace. Agents qui sont supposés venir en aide à la sélection naturelle. — Il ne suffit pas que des variations individuelles se présentent, dit Darwin, pour que la sélection puisse assurer la survivance d'une variété qui se produit au milieu de l'espèce. Il y faut encore deux facteurs. Il y faut un certain degré de stérilité entre le type et la variété naissante, mais rien ne prouve qu'elle existe. Et quand on veut, en horticulture, fixer une variété nouvelle, on a soin de l'élever loin des formes types, afin d'éviter les croisements. Il est donc probable que cette stérilité n'existe pas. On a bien expliqué comment elle pourrait se produire, combien elle serait utile; on n'a pas démontré qu'elle existe. L'argument est donc sans force. Il y faut encore une marche rapide dans l'adaptation. Celle-ci existe; les exemples d'adaptation très prompte à des habitats nouveaux sont fréquents : les observations sur les changements des plantes transportées de la plaine à la montagne, ou réciproquement, par exemple, sont là pour en faire foi. Persistance ou perte des nouveaux caractères. — La sélection, dit Wallace, ne peut produire que des caractères utiles, ou, autrement dit, « les caractères utiles, strictement limités, sont les résultats nécessaires et logiques de la modification par la survivance des plus aptes ». Que de caractères inutiles, cependant, chez beaucoup de plantes. Les variations indéfinies rf existent pas . — Darwin et Romanes supposent que toute la progéniture varie de façon indéfinie, et en tous sens, quand le pro- géniteur est placé dans des conditions d'existence nouvelles. Cela n'est pas ; 10 L'ANNEE BIOLOGIQUE. exact. In semis de graines dans des conditions anormales donne des plants dont tous ceux qui varient présentent la même variation. Cultivez la Carotte ou le Panais sauvage : ce sont les mêmes caractères nouveaux qui se pro- duisent chez tous les individus qui présenteront la tendance à varier. Toutes les graines du Bauunculus lieterophyllus donneront, plantées en terre, des individus exactement semblables entre eux, et pareillement dissemblables de la forme submergée. WALLACE hésite à admettre ces faits, parce que, selon lui, les conditions extérieures ne peuvent produire les mêmes effets que si elles agissent sur la même matière première dans les mêmes conditions : et deux plantes, dit-il, ne sont jamais exactement semblables. C'est possible, mais le fait est là, le même milieu fait varier dans le même sens les individus môme s'ils ne sont pas exactement parents. Et cela est si vrai que le même faciès est commun non pas seulement aux individus d'une variété ou d'une espèce, mais à des espèces très différentes, très éloignées les unes des autres, de familles différentes. D'autre part, il y a certainement des espèces très plas- tiques, et d'autres qui le sont très peu. Et ces caractères qui se montrent sous l'influence du milieu peuvent être inutiles et se fixer tout aussi bien que les plus utiles. [Est-ce certain?] Il n*y a pas de règle générale à l'égard de la fixation des caractères. Le Darwinisme est une déduction invérifiée et invérifiable. — Le Darwinisme n'est qu'une déduction, une hypothèse. Il repose sur deux postulats : le fait que les différences individuelles peuvent fournir à la sélection un champ d'action, le fait que dans des conditions nouvelles la variation est indéfinie, désordonnée. Or ces postulats ne se trouvent pas être exacts. Les espèces ne se produisent pas comme l'a cru Darwin : il n'est pas besoin de sélection ; les variations se produisent très vite sans autre cause que l'action du milieu. La tige aérienne qu'on fait croître sous terre prend les caractères du rhizome, les feuilles normales submergées ont les caractères que prennent assez vite les feuilles des plantes aériennes qu'on force à venir sous l'eau; les plantes nées de graines de plantes alpines prennent un faciès autre dans les plaines : et les graines de plantes de plaine, semées en montagne, donnent des plantes qui prennent immédiatement le faciès alpin. Les espèces se produisent par adaptation, par réponse à l'action de condi- tions de milieu nouvelles. — Cette variation des plantes par adaptation au mi- lieu a été nettement établie, et c'est grâce à la migration (au changement de milieu) et à la séparation dans le type que se forment les espèces : c'est grâce aussi au pouvoir d'adaptation et de modification de la matière vivante. De là des variations en harmonie avec le milieu nouveau. Et la sélection? Elle détermine la sélection des plantes. Il faut remarquer que Darwin ne considérait pas la sélection comme étant le seul facteur pos- sible; il admettait que le milieu agit et peut agir suffisamment sans le con- cours de la sélection. Et Spencer ne disait pas autre chose en 18.">2, sept ans avant Y Origine des Espèces. Toute espèce varie plus ou moins dans un habitat nouveau — du moment où celui-ci est habitable — et, par l'adaptation qui se fait aux conditions nouvelles, il se fait des variétés sans que la sélection naturelle joue un rôle quelconque autre que de détruire les individus non adaptés. — H. de Varigny. 44. Hutton (F. W.). — Le problème de l'utilité. [XII] — Wallace avait fait sous le même titre, l'année dernière, une conférence à la Lin- nean Society, qui fut suivie de longues discussions (Ann. biol., II, p. 50(J- 512). Le présent article est encore une réponse à Wallace. — L'auteur croit peu aux caractères liés par corrélation à des caractères utiles, sans XVII. — ORIGINE DES ESPECES. 541 qu'on puisse trouver le lien ; il y a là simplement une affirmation a priori qu'il est impossible de démontrer. Quant à la théorie des récognition marks, il existe bien des caractères spécifiques auxquels on ne saurait l'appliquer : couleurs et stries fines sur les coquilles des Lamellibranches, chez lesquels le sens de la vue est rudimentaire. dents de la radula des Gastéropodes, nervures des ailes des Lépidoptères, dissimulées sous des écailles et des poils, etc. D'autre part, le caractère utilitaire direct de ces dispositions est bien peu concevable; enfin on retrouve de nombreuses espèces voisines possédant des caractères différents et cependant sou- mises aux mêmes conditions vis-à-vis de la sélection naturelle. L'auteur insiste sur le genre Ptilopus; ce sont des Pigeons d'Océanie, dont treize es- pèces vivent absolument isolées chacune sur son île ou son groupe d'îles, toutes ces îles voisines ayant la même flore, la même faune, etc. Or ces espèces ont des caractères distinctifs de coloration bien tranchés. — Si Wallace avait parlé de beaucoup de caractères spécifiques comme dus à la sélection naturelle, on ne saurait que l'approuver; mais il ne peut être ques- tion de tous. Il y a plus : des caractères, même de valeur adaptative, ont dû souvent les débuts de leur formation à des causes étrangères à la sélection, et n'ont offert de prise à celle-ci qu'au bout d'un certain temps, leurs progrès devenant d'ailleurs beaucoup plus rapides à partir de là. Des recherches à ce sujet seraient très intéressantes. — L. Defrance. 58. Millier (Fritz). — Un cas de sélection naturelle dans la reproduction asexuée. [XVI c£] — L'auteur a observé, il y a une quarantaine d'années, près de Desterro, dans Pile de Sainte-Catherine (Brésil), une espèce de Marica (Iri- dacée) dont les fleurs n'étaient pas capables d'être fécondées par du pollen provenant du même individu. La plante se multiplie par la ramification du rhizome; en outre, les pédoncules se penchent jusqu'à terre après la floraison et à leur extrémité naît un bourgeon qui ne tarde pas à s'enraciner. Une dizaine d'années plus tard, il rencontra dans l'île de Sainte-Catherine des colonies isolées de ce même Marica. Les plantes différaient notablement du type : 1° les grains de pollen sont tout à fait déformés; 2° les pédoncules ont une longueur double de la longueur normale; 3° les pédoncules se pen- chent vers la terre déjà avant la floraison. Chaque colonie, très éloignée des autres, provient manifestement, dit l'au- teur, d'un individu unique, issu d'une graine qui a été amenée jusque-là d'une façon accidentelle. Cet ancêtre n'a donc pas pu se reproduire par voie sexuelle. Néanmoins ses descendants se sont modifiés et leur évolution est conforme à celle que déterminerait la sélection naturelle : 1° Les grains de pollen se sont atrophiés, à cause de l'inutilité de la fonction. 2° Les pédon- cules se sont allongés, ce qui permet aux jeunes plantes de s'éloigner da- vantage de la plante mère. 3° Les pédoncules se couchent hâtivement, puis- qu'ils n'ont plus aucun intérêt à dresser les fleurs pour appeler les Insectes fécondateurs, et qu'il est avantageux, au contraire, que les jeunes plantes s'enracinent le plus tôt possible. L'auteur fait remarquer que ces observa- tions contredisent formellement les idées de Weismann. [L'argumentation de Fritz Millier repose tout entière sur le fait que chaque colonie dérive d'un ancêtre unique; ce point mériterait d'être dé- montré d'une façon incontestable] . — J. Massart. 55. Meehan (T.). — Glandes nectarifères chez les végétaux. — L'auteur décrit les nectaires d'une Orchidée du Népaul, Cymbidium aloefolium, dans laquelle l'exsudation de la substance sucrée semble être inutile à la plante. Il 542 L'ANNEE BIOLOGIQUE. fait remarquer que. à&nsle Phlox paniculat a, rémission la plus abondante du nectar se produit longtemps après la pollinisation et que l'autofécondation semble être la règle. — A. J. EWART. :\0. Emery(C). — Directions de variation et sélection germinale. [XVI c a] — La nouvelle théorie de Weismann a une portée bien plus considérable que celle qu'a indiquée son auteur. Ce qui en constitue le trait essentiel, c'est d'a- voir reconnu la nécessité de directions définies des variations, qu'il avait jusque-là combattue; l'idée originale est de tenter de les expliquer par la sé- lection. Le seul tort est d'avoir cherché à y faire jouer encore un rôle trop prépondérant à la sélection darwinienne, à la lutte pour la vie entre indi- vidus. Supposons une tache noire apparaissant pour la première fois sur l'aile d'un Papillon et traduisant ainsi une variation dans le plasma germinatif. Elle peut disparaître; c'est que l'élément nouveau qui lui correspond aura été vaincu dans la lutte intra-germinale. Elle peut aussi s'accroître, et amener ainsi un changement plus accentué dans le dessin de l'aile : il y aura dès lors une direction de variât ion nouvelle constituée, et cela sans intervention de la sélection darwinienne. Une seule condition est nécessaire, c'est la trans- mission aux descendants, qui dépend des conditions ambiantes et surtout de V isolement. — Tant que la variation est faible, elle est indifférente au point de vue de la survie de celui qui la possède : elle n'a pas de valeur sélec- tive. C'est plus tard, quand elle sera accentuée dans la direction indiquée dès le début, qu'elle donnera prise à la sélection darwinienne : alors seule- ment commence le rôle de celle-ci, qui a été nul dans la création de la di- rection en question. D'ailleurs la nouvelle variation peut rester encore plus ou moins tard indifférente, comme au début; elle présentera des alternatives de progrès et de régression inégales, ou demeurera stationnaire, suivant les changements qui auront lieu dans le plasma germinatif, sans que la sélection y prenne aucune part ; la sélection germinale peut donc, à elle seule, amener ['apparition de nouvelles formes. Enfin il y a plus : une particularité nou- velle peut, après avoir été utile dans la lutte pour la vie. devenir nuisible au delà d'un certain développement; il y aura alors conflit entre la sélection germinale et la sélection darwinienne, celle-ci devant d'ailleurs finalement triompher : beaucoup d'espèces ont dû certainement leur disparition à cet ordre de causes, dans le cours des périodes géologiques. L'auteur avait déjà indiqué, il y a quatre ans, cette interprétation du rôle de la sélection natu- relle, limité au pouvoir de choisir entre des directions de variation créées en dehors d'elle. — D'autre part, il se refuse à accepter deux affirmations de Weismann : celle du caractère d'adaptation parfaite qu'offriraient sans exception toutes les dispositions des organismes (1). et cette autre, que les variations utiles à l'adaptation n'ont jamais fait défaut quand l'occasion pouvait les favoriser. D'abord, beaucoup de caractères spécifiques n'ont aucune valeur utilitaire pour l'individu, et s'expliquent par la sélection ger- minale seule, ou par l'action des circonstances extérieures. La seconde as- sertion est contredite par les nombreuses disparitions d'espèces , de genres et d'ordres entiers, dues à des changements dans les conditions ambiantes, ou même, comme on vient de le dire, à la direction imprimée dès le début par la sélection germinale. — Il faut bien décidément renoncer au rêve de l'expli- cation universelle de l'évolution par la sélection darwinienne seule ou par la sélection sous la triple forme que propose Weismann : des variations indiffé- rentes peuvent logiquement constituer des caractères d'un organisme et, (\) Cf. Delage: L'hérédité, p. 828-830. XVII. — ORIGINE DES ESPECES. 543 en fait , ce doit être le cas de la plupart des variétés dites climatériques : il y a encore beaucoup à faire en dehors de l'explication purement sélection- niste, surtout dans l'étude des conditions extérieures. — L. Defraxce. 4. Baldwin. — Sélection organique. — Baldwin expose dans cette note le résumé de ses travaux antérieurs, déjà analysés dans ce recueil (II, 774-775), et conclut en souhaitant qu'une terminologie précise vienne faciliter la dis- cussion du problème de l'évolution et propose la suivante : Variation. Cette expression devrait être limitée à la variation blastogène ou innée. — Accommodation . Adaptation fonctionnelle de l'individu à son mi- lieu. L'expression prise dans ce sens se rapproche beaucoup de celle em- ployée par les psychologues et les physiologistes. — Modification (Lloyd Morgan). Changement de structure ou de fonction causé par l'accommoda- tion. Elle embrasse la variation ontogénétique (Osborn), c'est-à-dire tous les changements provoqués par les causes qui agissent pendant l'ontogenèse. — Variation convergente (Lloyd Morgan). Variations qui coïncident avec la di- rection des modifications ou s'en rapprochent. — Sélection organique (Baldwin) . La continuation et le développement répété de variations contingentes par suite de l'accommodation. — Orthoplasie (Baldwin). L'influence directrice ou déterminante de la sélection organique dans le développement. — Influences or^oyy/rt.b^z'^i^s (Baldwin). Tous les facteurs de l'accommodation (plasticité, imi- tation, intelligence, etc.) qui, par sélection organique, impriment une direction déterminée au cours du développement. — Tradition (Lloyd Morgan). La transmission d'habitudes acquises de génération à génération indépendam- ment de l'hérédité physique. — Hérédité sociale (Baldwin). Le processus par lequel des individus de chaque génération s'approprient les traditions et s'habituent aux us et coutumes de leur espèce. [XVI b] — L. Terre. 61. Osborn (H. F.). — Les limites de la sélection organique. — L'auteur rappelle comment, en établissant la distinction entre les variations onto- génétiques {modifications de L. Morgan) et les variations phylogénétiques , il a été l'un des premiers à ouvrir la voie à la nouvelle théorie de la sélection organique. Il insiste sur le trait principal qui distingue celle-ci : le rôle prédominant accordé dans l'évolution à l'ontogenèse, l'adaptation individuelle permettant seule l'accumulation des variations coïncidantes qui constituent les caractères dits improprement caractères acquis ; c'est elle qui trace les lignes que suivra l'évolution. L'adaptation ontogénétique passe ainsi au pre- mier rang, et la variation fortuite au second, contrairement à ce qu'affir- maient les néo-darwinistes. Les principaux d'entre eux se sont cependant ralliés à cette nouvelle interprétation des faits : WEiSMANNa été un de ceux qui ont indiqué les premiers quelque chose d'analogue, et Wallace vient de s'y rattacher formellement (l). Mais ce dernier la considère comme le triomphe définitif de l'explication universelle de l'évolution par la sélection naturelle. De plus, Lloyd Morgan, Baldwin et Poulton voient dans la faculté de mo- dification plastique durant l'ontogenèse un autre résultat de la sélection na- turelle acquis progressivement. Osborn proteste contre cette manière de voir. La plasticité de l'organisme est pour lui un résultat de la nature même du protoplasma et il y a encore bien des problèmes de l'évolution que la sélection organique ne permet pas de résoudre. — L. Defrance. 51. Marchai. — L'équilibre des espèces et ses relations avec les parasites (l) Wallace: The problem of instinct, Nat. Se. X, 461. (Compte rendu de l'ouvrage de Ll. Morgan.) 544 L'ANNÉE BIOLOGIQUE. chez les Insectes. — L'équilibre est obtenu par les réactions du milieu exté- rieur et des autres êtres, que les espèces soient indigènes ou d'acclimatation récente dans un pays. Quelquefois nous remarquons dans le développement de l'espèce des oscillations brusques produites par une cause destructive. C'est généralement du à un Insecte parasite dont le développement suit une courbe parallèle ascendante , puis cette courbe tombe brusquement quand la nourriture manque au parasite. Pourtant, l'espèce de l'hôte ne peut être dé- truite complètement par le parasite, à cause de son pouvoir de variabilité dans la durée nécessaire au développement de l'individu. L'action destruc- tive du parasite ne peut se porter sur les individus en retard ou en avance, car il n'attaque son hôte qu'à des époques définies de son évolution annuelle, et alors beaucoup peuvent mourir sans postérité, puisque les conditions de ponte ne sont pas réunies pour le plus grand nombre. Donc, malgré sa ten- dance à une multiplication en progression géométrique, l'espèce parasite retombe à ses conditions numériques initiales. — A. MÉNÉGAUX. £) Ségrégation. 47). Hutton (F. W.). — Le rôle de V isolement dans révolution organique. [XVI c a, o, Ç] — L'auteur est un partisan des idées de Romanes sur le rôle de l'isolement dans les espèces, dont cet article constitue en partie un exposé ; on y trouve aussi des conceptions personnelles, et entre autres une excellente ré- ponse aux confusions incessantes qu'on cherche à entretenir sur la notion de la sélection. — Il fait remarquer d'abord combien on a négligé ce facteur capital de l'isolement : sous ce rapport, Cope a été aussi injuste que Wallace. La cause de cette erreur est, encore ici, dans une confusion entre deux ques- tions : 1° l'origine des variations, qui doit être cherchée dans Famphimixie, l'action des circonstances extérieures, etc., etc.; 2° la préservation de ces va- riations, dont l'agent essentiel est l'isolement : on en a invoqué d'autres, proba- blement réels, tendances internes, action continue du milieu ambiant, kinéto- génèse de Cope, mais l'isolement est le seul indiscutable, si l'on s'en tient à la préservation des variations. — La sélection artificielle et la sélection naturelle sont des modes d'isolement, comme l'a démontré Romanes. Il faut, à propos de celle-ci, distinguer deux choses différentes qu'on a confondues sous ce titre. L'isolement par sélection, au sens propre du mot, implique un agent exté- rieur au profit duquel se fait cette sélection : exemples, les Pucerons et les Coléoptères qui sont élevés par les Fourmis, les corolles de certaines fleurs dont l'évolution est due à la préférence que manifestent pour elles les Insectes. Ce facteur pourra assurer la conservation de variations indifférentes ou même nuisibles à l'espèce ou à l'individu, l'intérêt étant ici celui d'un organisme étranger. L'isolement par élimination (sélection naturelle de Darwin) est esentiellement fondé sur la destruction des moins aptes, « élimination of the least fil » (Lloyd Morgan). Le titre qu'on lui a donné est simplement une expression malheureuse. De plus, on la limite souvent à la lutte pour la nour- riture entre un grand nombre d'individus et on l'identifie avec la loi de Malthus : or ce n'est qu'un côté de la question : il y a à considérer la pro- tection contre les ennemis, la lutte pour la perpétuation de l'espèce, etc. — Quant à l'origine des espèces, elle s'explique par deux autres modes d'isole- ment, l'isolement par barrières géographiques et surtout l'isolement physiolo- gique. A propos du premier, l'auteur fait remarquer, une fois de plus, les résultats extraordinaires, au point de vue de la rapidité dans la multiplication, qui ont été obtenus par l'importation de quelques individus de diverses espèces, Mammifères, Oiseaux et Insectes, introduits en très petit nombre XVII. — ORIGINE DES ESPECES. 545 d'Angleterre en Nouvelle-Zélande. Le rôle du second a été mis en pleine lumière par Romanes, et on peut y rattacher la sélection sexuelle ; lors même qu'on adopte les vues de Wallace sur l'origine des variations de cette ca- tégorie, il faut encore avoir recours à l'isolement pour expliquer leur pré- servation. — La sélection naturelle a eu d'ailleurs une grande importance dans l'évolution des divers types dont la divergence a été causée d"abord par ces autres modes d'isolement, mais elle n'a pu intervenir qu'après eux. — L. Defrance. 78. Vernon (H. M.). — La divergence reproductrice : un nouveau facteur de révolution. — J. G. Romanes, il y a quelque dix ans, proposait la théorie de la sélection physiologique, d'après laquelle la constitution d"une variété, et même d'une espèce nouvelle à l'intérieur de l'habitat normal d'une espèce, était possible par le fait d'une stérilité absolue des unions entre les individus normaux de l'espèce et les individus de la variété naissante. L'hy- pothèse était ingénieuse. Bien que Wallace eût montré qu'elle ne tenait guère sur ses pieds, elle avait le mérite de montrer l'importance que peuvent avoir les variations du pouvoir reproducteur comme facteur de l'évolution. La théorie de Vernon est différente, quoiqu'elle repose aussi sur la base prise par Romanes. En voici la formule : « Si Ton admet que, parmi les membres d'une même espèce quelconque, les individus qui se ressemblent davantage, par n'importe quelle caractéristique, comme la couleur, la forme ou les dimensions, sont un peu plus féconds inter se que ne le sont les indi- vidus qui se ressemblent moins, il s'ensuit nécessairement que, dans le cours des générations successives, les membres de cette espèce divergeront de plus en plus en ce qui concerne la caractéristique en question, et par là, en fin de compte, l'espèce originelle pourra être coupée en deux ou plusieurs es- pèces nouvelles. » La base de cette théorie, c'est la divergence reproductrice. Prenons un exemple concret, celui d'un Insecte de la vallée de l'Amazone, Ylthania urolina. Il en est de grands et de petits, naturellement. Suppo- sons que les petits soient un peu plus fertiles avec les petits qu'avec les gros. Le résultat sera que les moyens disparaîtront peu à peu, et il restera une variété grande et une variété petite. La divergence s'accentuera et les choses iront jusqu'à la stérilité complète entre les deux groupes. Et si la dif- férence de stérilité est corrélative de différences légères, de couleur par exemple, il y aura entre les deux groupes différence de dimensions et de couleur à la fois, en même temps que de fertilité. Il y a, en fait, quatre varié- tés de l'espèce considérée, mais assurément rien ne prouve qu'elles se soient constituées de la façon imaginée par Vernon. Il y a deux parts dans cette doctrine : Tune qui ne peut se vérifier que par l'expérience, l'autre qui est susceptible d'une démonstration mathématique. Soit une espèce comprenant 1800 individus, 900 mâles et 900 femelles, for- mant trois groupes au point de vue des dimensions : 300 petits, 300 moyens, 300 grands, mâles, et autant de femelles dans chaque groupe. Admettons que tout accouplement donne la même quantité de progéniture, et que ces trois groupes se reproduisent librement. Il y aura, de par les proportions : (désignant par P. M. G. les mâles petits, moyens et grands, et p, m, g les femelles petites, moyennes et grandes) : HJO P unis à 100 p d'où 100 couples Pp 100 P - 100 m - - 100 — Pm 100 P — 100 g - - 100 — Pg 100 M — 100 m - - 100 — Mm 100 M — 100 p - - 100 — Mp l'année BIOLOGIQUE, III. 1897. 35 .Vif, L'ANNEE BIOLOGIQUE. L00 M - K»0 g — Il III — Mg Km» G UN» g — liKJ . — Gg Il H! G LOO m — 1(MI — • .m 100 G UNI ]) — Il III — Gp Admettant que les progénitures de Pgetde Gp soient égales en diniensions à celles de Mm, et que celles de Pm et de Gm soient égales en dimensions à celles de Mp et de Mg- Voici le résultat théorique des accouplements : 100 Pp. 200 Pm. 300 Mm, 200 Mg, 100 Gg. [Cela suppose que dans les croisements la progéniture reste intermédiaire : on sait qu'elle est souvent autre, tenant beaucoup d'un des parents et très peu de l'autre]. Supposons maintenant un léger changement de la fécondité comparée des individus de taille différente, de sorte que le principe de la divergence reproductrice entre en jeu. Mettons que 100 individus appariés avec leurs semblables (M et m, P et p, G et g) donnent 120 de progéniture, au lieu de 100, tandis que les individus appariés avec leurs dissemblables les moins divergents (M ou m avec P ou p ou avec G ou g) donnent 95 de progéniture, les unions entre individus les plus dissemblables (Pet g, G et p) ne donnant que 80. Alors le résultat sera tout autre. Nous aurons : 120 Pp, 190 Pm, 280 Mm, 190 Mg, 120 Gg. Les progénitures grandes et petites seront accrues de 20 % ; les moyennes diminuées de 7 °/0 , les intermédiaires de 5 %. Par la suite des générations, le même phénomène continuera à se pro- duire : les individus moyens et intermédiaires diminueront en nombre et la proportion des individus extrêmes, grands et petits, augmentera. Et en même temps, la différence des dimensions s'accroîtra, les petits seront en moyenne plus petits et les grands plus grands, et le degré de stérilité entre les groupes augmentera sans cesse, finissant par devenir absolu. Voilà pour la partie théorique. Il faut voir si les faits d'expérimentation ou d'observation sont favorables à l'hypothèse, si les individus dissemblables de même espèce sont moins féconds entre eux que les individus très simi- laires. Diverses observations indiquent que cette différence de fécondité existe. Gartner a vu que le Maïs nain jaune est très peu fécond avec le Maïs rouge grand : et pourtant ces deux variétés sont très fertiles quand il n'y a pas croisement. Il a remarqué encore, chez les Verbascum lychnitis et blattaria, que les croisements entre variétés à fleurs de couleur différente donnent moins de graines que les unions entre fleurs de même couleur : et ce fait a été confirmé par Scott. De même Giron de Buzareingues a vu que, chez la Courge, la fécondité entre variétés diminue d'autant plus que les différences sont plus grandes. Les variétés rouge et bleue de la Pimprenelle sont tout à fait stériles entre elles, d'après Gartner : et pourtant les botanistes en font bien des variétés, non des espèces distinctes. Il y a relativement peu de faits à prendre au règne animal. Youatt, toutefois, déclare que les croise- ments entre bétail à cornes courtes et bétail à cornes longues sont peu fer- tiles. 11 semble y avoir quelque diminution de fécondité dans les unions entre races humaines différentes, d'après Broca. En Allemagne, de 1875 à 1890, il paraîtrait que les mariages entre individus de même religion [mais on peut n'avoir pas la même religion et être de même race] donnent en moyenne, comme enfants. 4.35 chez les protestants, 5,24 chez les catholiques, et 4,21 chez les Juifs. En cas de mariage mixte juif avec protestant ou catholique, les chiffres sont 1,58 et 1,38; Juive avec protestant ou catho- XVII. — ORIGINE DES ESPECES. 547 lique, 1,78 et 1,66. Le croisement chrétien-israélite serait beaucoup moins fécond que les unions sans croisements, qu'elles soient purement catho- liques, protestantes ou juives. En Hongrie, à Buda-Pesth, d'après Korosi, qui a étudié les statistiques de mariage de 81 000 couples, on voit que les parents d âge similaire sont plus fertiles inter se que les parents dïige dis- semblable. Vernon a aussi fait quelques observations et expériences sur les animaux inférieurs, en croisant entre elles différentes variétés de Sphxrechinus gra- nularis et de Strongylocentrotus lividus, variétés caractérisées par des dis- semblances de couleur, et il a vu que, pour un nombre donné d'œufs, le nombre des blastulas et le nombre des larves produites est nettement infé- rieur, quand il y a croisement entre variétés de couleurs différentes, à ce qu'il est quand il n'y a pas croisement. En outre, en cas de croisement les larves sont de 5 °/0 plus petites. Au reste, il n'est pas nécessaire pour la théorie qu'il y ait stérilité partielle entre variétés dans tous les cas. Il suffit qu'elle existe dans quelques cas, et que là les individus diffèrent de plus en plus par un ou plusieurs caractères : la stérilité apparaîtra ultérieurement, tout à coup, à l'occasion d'un changement de milieu par exemple; elle reste quelque temps à l'état latent avant de se montrer. On sait d'ailleurs depuis Darwin que le changement de milieu agit beaucoup sur la fécondité des animaux et des plantes. Il faut montrer maintenant, dit Vernon, comment la théorie de la diver- gence reproductrice peut expliquer quelques-unes des principales objections qu'on a faites à la théorie de la sélection naturelle. Darwin a reconnu que la stérilité générale des croisements entre espèces différentes, et celle de leurs hybrides, avec la fécondité des croisements entre variétés et celle de leurs produits, constitue une objection puissante. Sans doute, maintenant, la dis- tinction entre espèces et variétés a moins de force qu'autrefois, mais la diffi- culté reste grande. La divergence reproductrice l'explique toutefois. Car la divergence peut opérer son action en même temps qu'agit la sélection, et par là les caractères nouveaux ou modifiés produits peuvent, s'ils sont utiles à l'espèce, se renforcer et s'adapter mieux au milieu. Il n'est évidemment pas possible de dire si la stérilité générale qui existe entre espèces est due ou non à la divergence reproductrice, et l'expérience seule pourra nous renseigner à cet égard. Si elle nous montre que ce facteur existe chez les espèces en voie de disjonction, il sera permis de conclure qu'il a joué un rôle important dans la stérilité des croisements entre espèces. On remarquera l'importance de la divergence reproductrice en tant qu'agent s'opposant à la submersion des variétés naissantes. Si celles-ci sont parfaitement fécondes avec l'espèce mère, on ne voit pas comment elles ont pu se développer, à part le cas où elles ont été abselument séparées de celle- ci, dès le début de la variation. Elle a de l'importance aussi, au point de vue de l'existence des caractères spécifiques inutiles. Car il en est de nécessairement tels, et on n'a pas réussi à les expliquer. Darwin a invoqué la corrélation des organes, les lois de la croissance, les variations, etc. Mais leur persistance indique des raisons d'être plus profondes. La divergence reproductrice les explique. Par l'action de cette divergence il se crée des caractéristiques nouvelles, sans que la sélection ait rien à y voir, sans qu'elles offrent d'utilité, par conséquent. Bateson a donné un exemple concret qu'il y a lieu de citer ici : c'est celui des Coccinelles decempuactata et septempimctata, la première petite, la seconde grande. La première est très variable comme couleur et comme dessins ; la grande 548 L'ANNEE BIOLOGIQUE. ësl absolument constante. Toutes deux ont peut-être eu un ancêtre commun riiez qui le dessin et les dimensions ont été en quelque mesure en corrélation avec la puissance reproductrice. De là, les deux variétés, ou espèces, mais Tune de celles-ci a pu continuer à présenter une variabilité qui aboutira peut-être à une nouvelle scission. Il est bien certain que, dans le même milieu, et à plus forte raison dans des milieux différents, deux espèces pré- sentent de très différents degrés de constance ou de variabilité. [11 y a bien quelque objection à faire à la théorie. Le fait que le croisement (Mitre variétés donne des individus plus vigoureux et mieux adaptés que les parents en est une; mais il n'est pas toujours exact, et l'on attribue sans doute à une différence morphologique faible ce qui doit être en réalité attribué à une différence physiologique. C'est la reproduction in and in qui est nuisible, et non le croisement qui est avantageux. Et encore Vin and in n'est-il pas toujours nuisible : les Lapins de Porto Santo sont là pour le montrer. L'idée de Yernon est intéressante : mais elle a besoin d'être développée, et soumise au contrôle de l'expérimentation]. — H. de Yarigny. 48. Jordan (K.). — La divergence reproductrice, un nouveau facteur de V évolution? — (Analysé avec le suivant.) 79. Vernon (H. M.). — Réponse à la note précédente. [XII] — D'après Jordan, il y a deux points dans la théorie proposée par Vernon. C'est d'abord une certaine corrélation entre les caractères morphologiques et la fécondité. Ceci est très admissible. On peut très bien admettre en effet que chez les Insectes par exemple, les organes copulateurs peuvent varier en corrélation avec les dimensions des individus comme les cornes ou tels autres appen- dices du corps ou de la tête : et dès lors on conçoit très bien que, si quelques mâles et quelques femelles présentent la même variation, en plus ou en moins, des organes copulateurs et des dimensions générales, ces quelques individus réussiront mieux à se reproduire entre eux qu'avec des individus restés normaux, d'où la formation facile d'une variété peu susceptible de se croiser avec la masse de l'espèce. [XII] Le second point de la théorie de Vernon est discutable, et par là il diffère beaucoup du premier. Le second point c'est que, étant donné le fait qui pré- cède, on aura certainement « de façon mathématique » deux ou plusieurs nouvelles variétés ou espèces. Reprenons l'argumentation de Vernon, reprenons les 1 800 individus qu'il suppose, dont les dimensions varient de 64 à 73 [il s'agit de pouces ; mais l'unité importe peu : ce qui importe, c'est la comparaison, c'est la différence des unités], et supposons-les formant 3 groupes dont la notation a été indiquée : nous avons comme progéniture, à supposer les unions faites comme l'admet Vernon : (I) 100 Pp; 200 Pm; 300 Mm; 200 Mg; 100 Gg. Mais si la fécondité comparée des individus change avec leurs dimensions, de sorte que pour les unions entre individus pareils il y aura 120 de progé- niture, et 95 et 80 seulement pour unions entre individus assez et très diffé- rents, le résultat sera : (II) 120 Pp; 190 Pm; 280 Mm; 190 Mg; 120 Gg. Et en comparant (II) à (I), Vernon conclut que les limites de variabilité, XVII..— ORIGINE DES ESPECES. 549 d'abord de 64-73, passeront à 62,5-74,5, et que les individus intermédiaires diminueront peu à peu pour ne laisser subsister que les individus petits et grands, plus nombreux. Mais rien ne prouve que les formes petites et grandes deviendront telles de façon plus prononcée : elles seront au contraire éliminées, et il ne restera que les movens. Considérons la progéniture de 300 G + 300 m -f 300 P. Le nombre des individus moyens, petits et grands dans la première gé- nération de progéniture variera en raison des dimensions des jeunes de chaque couple : ils peuvent être aussi grands, mais aussi plus ou moins grands que leurs parents. Prenons deux cas entre plusieurs. 1° Chaque groupe (les 300 moyens, les300 grands, les 300 petits) produit en moyenne nombre égal de moyens, de grands et de petits. Résultat : la propor- tion des individus de différentes dimensions restera la même : la variabilité de l'espèce ne changera pas. 2° Les 100 P unis aux 100 p produiront 100 Pp seulement; pas de grands ni de moyens (même fait pour les Gg et Mm) : c'est l'hypothèse de Vernon. [Elle ne peut être acceptée : mais admettons- la pour un moment]. Il arrivera alors que, de 120 Pp de la première généra- tion, 24 copuleront avec de petites femelles, et 24 avec chacune des quatre autres séries : il n'y aura donc que 29 Pp, qui auront à copuler avec 9 séries, et ainsi de suite. De même pour G g. Ou encore, de façon générale, si À est le nombre des séries, x la fécondité en excès, et n le nombre des générations, on aura, avec le raisonnement de Vernon : /10)-f^\n A S11 = V 100 J (a(a-l)2 + 1) ((a-l)s + 1) .... ((a-l)n + 1) Ce qui donne pour les P des générations successives : 120, 29. 4 et 0,3 (Ire, 2e, 3e et 4e générations). C'est-à-dire qu'après les 4 générations, les petits et les grands auront été éliminés. Le facteur invoqué par Vernon ne donne point les résultats admis par lui. Il y a pourtant des cas où il agit : on connaît des espèces où deux va- riétés différentes se croisent sans donner plus qu'une très petite proportion d'individus intermédiaires et la progéniture appartient toute, ou presque toute, à l'un ou l'autre type. Vernon répond que Jordan se méprend sur la manière de faire les calculs. Tout dépend de la manière de tirer parti des chiffres, et Vernon lui-même craint de ne pas la posséder autant qu'il le faudrait pour engen- drer la conviction. Il invoque un exemple non plus imaginaire mais réel, d'après les recherches de Galton, qui donne la stature de 205 parents de chaque sexe, et de leur progéniture adulte. Les parents moyens sont divisés en 3 groupes à peu près égaux : stature inférieure à 67,8 (pouces): stature de 67,8 à 69,2; stature de plus de 69,2. Puis on voit le nombre d'enfants, de chaque stature, produits par ces grou- pes de parents de taille moyenne. En prenant ensuite la moyenne des enfants grands produits par les parents grands et des enfants petits de parents petits , et aussi les proportions des enfants petits de parents grands aux enfants grands de parents petits, on arrive aux chiffres que voici : E nfants 100 parents petits ont 100 moyens 100 — grands petits movens grands 54 31 15 31 38 31 15 31 54 lOu 100 100 550 L'ANNÉE BIOLOGIQUE. Pour compléter ces données il faut savoir aussi la proportion des statures dans les cas de mariage entre parents de stature inégale. On a [par induction : je ne vois pas que ce soit par observation de la réalité] les résultats que voici : Enfants : petits moyens grands 100 parents petits et moyens ont 42,5 34,5 23 100 moyens et grands — 23 34,5 42,5 Cela posé, si nous prenons 900 parents des deux sexes et les divisons en 3 groupes de 300 petits, 300 moyens, 300 grands, leurmariage, sans sélection spéciale, donnera : 293 petits; 314 moyens; 293 grands. Maintenant, si les mariages se font sélectivement (grand etgrande, petit et petite, etc.) et si la fécondité, qui est de 100 pour la panmixie, est de 120 dans le cas d*appareillement selon les statures, et de 80 seulement en cas de non- appareillement (grand et petite, et petit et grande) tandis qu'il reste à 100 pour les unions entre moyens et petits ou grands, on a 293 petits, 314 moyen s, 293 grands au lieu de 300,6 318,8 300,6 qu'on aurait si la panmixie avait régné. Donc il y a augmentation des grands et petits de 2.59 %} et des moyens de 1,52 °/0 seulement. Les tailles extrêmes deviennent plus nombreuses, et la différence s'accroît à mesure que les gé- nérations se succèdent. La race se diviserait toujours plus en deux groupes distincts, d'autant moins féconds entre eux que plus dissemblables. La théorie de Vernon comporte un appareil mathématique avec lequel les biologistes ne sont pas d'habitude familiarisés. Pourtant l'auteur fait re- marquer qu'elle doit être intelligible sans le secours de celui-ci. Il semble en effet évident que si les unions entre individus sont d'autant plus fécondes qu'ils sont plus similaires, et d'autant moins fécondes qu'ils sont plus dissemblables, les unions entre parents appareillés (Pp, Gg) doivent donner plus de progé- niture que celles entre parents non appareillés : le nombre des individus doit s'accroître, tandis que diminue celui des moyens : deux races extrêmes se forment, de grands et de petits. — H. de Varigny. = c. Mimétisme. 81. Verrill (A. E.j. — Coloration nocturne protectrice chez les Mammifères, les Oiseaux, les Poissons, les Insectes, etc développée par la sélection natu- relle. — On a beaucoup écrit sur les colorations imitatives et protectrices vues pendant le jour. On a attaché moins d'importance à ces colorations exa- minées pendant le crépuscule, le clair de lune ou à la clarté des étoiles, quoique beaucoup d'espèces aient plus besoin de protection pendant la nuit que pendant le jour. C'est le cas des animaux par exemple qui cherchent leur proie la nuit et ont besoin de n'être point vus, aussi voyons-nous des Ours, des Poissons de couleur noire ou presque noire; on peut appliquer les mêmes remarques à des Oiseaux, à des Poissons, à des Insectes actifs la nuit et cachés durant le jour dans des trous ou des herbages épais. De plus, des animaux actifs pendant le jour demeurent la nuit dans des situations où ils sont exposés au danger d'être détruits par les animaux noctambules. C'est sur tous ces cas et d'autres analogues que l'auteur veut appeler l'attention. Dans XVII. — ORIGINE DES ESPECES. 551 beaucoup de cas. les mêmes couleurs sont protectrices pendant le jour et pen- dant la nuit. C'est ce qui arrive pour des couleurs vertes des animaux qui vivent dans le feuillage et c'est ce qu'on observe pour les couleurs blanches des animaux polaires. Au contraire, les colorations très foncées ou noires ne sont protectrices que pendant la nuit à cause des ombres très prononcées et très noires que donne le clair de lune, qui dissimule bien les animaux de teinte sombre. Ces animaux sont souvent mieux dissimulés encore par le contraste de raies ou de taches blanches ou jaunes qui servent à rompre la ligne du contour de l'animal et qui font l'effet de rayons lunaires tombant dans une ombre épaisse. Les raies sombres des Poissons vivant au milieu des herbes marines font un effet protecteur du même ordre. Beaucoup d'animaux nocturnes sont d'une teinte gris-noir ou gris-brun qui sont bonnes pour la nuit mais très visibles pendant le jour au milieu de l'herbe verte dans laquelle ils se tien- nent et dont beaucoup d'entre eux se nourrissent; d'ailleurs ils se cachent presque tous dans des trous. Certains animaux ont des couleurs qui les exposent à être reconnus. Ainsi des Papillons brillent de telle sorte qu'ils attirent l'attention, durant le jour, des animaux environnants. Aussi, ont-ils une vivacité qui leur permet d'é- chapper à leurs ennemis. La nuit, ils seraient avec leurs vives couleurs assez visibles, mais leurs ailes se ferment et les teintes de la face de ces ailes opposée à celle qui est plus apparente pendant leur vol imitent parfaitement les couleurs des fleurs sur lesquelles ils se posent. C'est le cas de beaucoup d'espèces à'Argynnis. L'auteur cite d'autres exemples et conclut que les colo- rations capables de protéger la nuit les animaux ont été acquises par la sé- lection naturelle. — C. Chabrié. 80. Verrill (A. E.). — Changements nocturnes et diurnes dans les couleurs de certains Poissons et du Calmar (Loligo) et remarques sur leurs habitudes de sommeil. — Les observations ont été faites très tard, entre minuit et deux heures du matin, dans le plus grand silence et dans une demi-obscurité per- mettant tout juste de distinguer la forme et la couleur des animaux dont le sommeil est d'ailleurs fort léger. Bien souvent le changement de couleur consiste simplement dans l'accroissement de l'intensité des teintes. Il en est ainsi pour les Carrelets et pour d'autres Poissons (Fundulus, Menticirrus nebulosus, Serranus furvus, Prionotus palmipes et Prionotus evolans) qui deviennent plus foncés. Plusieurs espèces de Truites {Salvelnius fontina- lis, etc.) deviennent plus noires, mais l'auteur n'est pas certain qu'elles dormaient réellement. On sait que tous ces animaux marins sont capables de changer de couleur pour la rendre plus concordante avec celle des corps environnants. La transformation en nuances plus foncées la nuit ne prouve donc pas que ce soit un effet du sommeil; mais il est à noter que ce change- ment est protecteur pendant le sommeil. In changement beaucoup plus remarquable est celui dont le caractère protecteur est évident chez le Stenotornus chrusops. Pendant le jour il est d'une couleur argentée avec des teintes irisées. La nuit, lorsqu'il dort, il est de la couleur du sol et bronzé avec six bandes noires en travers du corps. Si l'on vient à l'éveiller en allumant subitement un bec de gaz, il reprend tout de suite des belles couleurs brillantes du jour. L'expérience répétée plusieurs fois et sur des individus différents, donna toujours les mêmes résultats. Ce Poisson vit dans les herbes marines. Un Poisson commun (Monacanthus), qui vit dans les rochers et les algues marines, est coloré pendant le jour, en brun et en vert-olive foncé, et les barbes de sa queue sont un peu plus foncées que or>2 L'ANNEE BIOLOGIQUE. sur son corps. Lorsqu'il dort, la nuit, son corps devient d'un gris pâle presque blanc et les barbes de sa queue sont alors noires. L'auteur pense que cette transformation est avantageuse pour l'animal. Le Tautof/a onitis demeure ordinairement couché sur un côté, à moitié caché dans le sable. Verrill pense (pie cette position, chez les ancêtres de ce Poisson, était celle du sommeil, mais que, vu ses avantages protecteurs, elle a été adoptée par cet animal, ce qui est d'accord avec la coloration du Poisson sur un seul côté par suite des lois de l'évolution. Ennn, le Calmar [Loligo Pealei) est plus foncé et ses taches sont moins distinctes lorsqu'il dort, grâce à l'effet de ses chromatophores bruns et pourpres. — C. Chabrié. 33, 34. Finn (F.). — Contribution à la théorie des couleurs protectrices dans Je mimétisme. — A la suite de nombreuses expériences faites sur un Lé- zard (l), sur un Mammifère (le Toupaya), sur le Crateropus canorus (2) et sur plusieurs autres Oiseaux, F. est arrivé aux conclusions suivantes (qui ne s'appliquent strictement qu'aux Oiseaux, le nombre des représentants des autres classes étant insignifiant): 1. Les Oiseaux insectivores en cap- tivité mangent volontiers les Papillons, quoique, à l'état sauvage, ils les attaquent rarement. 2. Un grand nombre d'espèces de ces Oiseaux, pro- bablement la plupart, éprouvent du dégoût, sinon d'une façon absolue, du moins quand il y a un choix à faire, à manger les Papillons protégés par leur odeur ou par leur couleur comme les Danainés, YAcrsea violx, le Délias eucharis et le Papilio aristolochise ; ce dernier est celui qui leur répugne le plus, tandis que les Danainés sont les moins dédaignés. 3. Il faut donc croire que, dans le cas des Danainés, le mimétisme n'est pas dirigé contre l'organe du goût. 4. Chaque Oiseau doit acquérir pour son compte personnel l'expérience en ce qui concerne le mimétisme et se souvenir de ce qu'il a appris. En effet, les jeunes récemment éclos se jetaient sur les Pa- pillons protégés par le mimétisme, mais, après en avoir goûté une première fois, n'y revenaient plus, ayant appris, par expérience probablement, le mauvais goût de ceux-ci. [XIX 2 c p] En somme, l'importance du rôle que font jouer au mimétisme Wallace et Bâtes est confirmée par ce travail. — J. Deniker. 69. Rorig (Ad.). — De la coloration protectrice chez les Cervidés. — L'auteur considère la coloration du pelage comme un des plus puissants moyens de défense de la grande famille des Cervidés. Tous les jeunes, dans cette famille, ont une couleur différente de celle des adultes, en règle géné- rale moins foncée ; le corps et les cuisses sont couverts de nombreuses taches claires qui servent à leur protection. En effet, les taches claires sur fond brun sombre du peîage des jeunes Cerfs et des jeunes Chevreuils, offrent tout à fait le même aspect que les taches rondes que projette le soleil sur les fonds de feuilles mortes, quand il luit au printemps à travers les branches d'une jeune futaie de Hêtres. A chaque saison, la coloration du pelage des Rennes est en rapport avec celle du sol ; au printemps le pelage d'hiver des adultes est remplacé par un autre moins fourni, qui a absolument la couleur de la neige sale fondante, et les jeunes naissent avec cette même livrée. Les Cervidés qui fréquentent les marais de la zone arctique ont des jeunes au (1) Journ. As. Soc. Bengal (1896), IIe partie, p. 42. I) M., LXIV(1893 . IIe partie, p. 344. XVII. — ORIGINE DES ESPÈCES. r>53 pelage uniforme bien adapté à la couleur du sol, au contraire ceux qui vivent dans les forêts marécageuses du Brésil, où le soleil reprend ses droits, ont leurs jeunes couverts de petites taches brillantes. — E. Hecht. 53. Mayer (A. G.). — Sur la couleur et les types de coloration des Papil- lons de jour et des Papillons de nuit. — Ce travail considérable, si plein de faits suggestifs, ne peut être mieux résumé qu'en employant le sommaire de l'auteur. Parmi les couleurs (rouge, jaune, vert, etc.) des Lépidoptères, le plus grand nombre contient une proportion surprenante de noir. Elles ne sont point monochromatiqu.es et occupent au contraire un large espace dans le spectre. Les pigments des écailles des ailes dérivent du sang ou de l'hémo- lymphe de la pulpe par l'intermédiaire des processus chimiques variés. Chez les Saturnides, ce sang de la pulpe est une substance protéique contenant de l'albumine d'œuf, de la globuline, de la fibrine, de laxanthophylle, de l'acide orthophosphorique, du fer, du potassium et du sodium. Le stade de dévelop pement où les ailes sont blanches correspond à une condition dans laquelle les écailles sont parfaitement formées mais sont encore dépourvues de pig- ments. Les couleurs ocreuses et grisâtres sont phylogénétiquement les plus anciennes. Les plus brillantes, le jaune, le rouge, le vert, dérivant de pro- cessus chimiques complexes, sont d'apparition récente. Tandis que le nombre des espèces de Papillons est 9 fois plus grand dans l'Amérique du sud que dans l'Amérique du nord, le nombre de couleurs revêtues par ces Papillons est seulement double. Néanmoins, le nombre plus grand de couleurs que montrent les formes tropicales peut être dû simplement au nombre des es- pèces, sans intervention d'une influence climatérique. Les lois du type de coloration du type des Papillons sont les suivantes : 1° toute tache trouvée sur l'aile du Papillon de jour ou de nuit tend à être, aussi bien pour la forme que pour la couleur, bilatérale et symétrique par rapport à une ligne passant par le centre du champ dans lequel se trouve la tache et parallèle aux nervures longitudinales ; 2° les taches tendent à appa- raître non dans un champ unique, mais aux places homologues dans une suc- cession des champs adjacents; 3" des bandes de couleur sont souvent for- mées par la fusion d'une file de taches adjacentes, et inversement des files de taches proviennent souvent de la reproduction d'une bande ; 4° quand elles sont en voie de disparition, les bandes commencent d'ordinaire à se ré- duire à partir d'une extrémité ; 5° dans une série de taches, celles des extré- mités sont plus variables que celles du milieu (cela n'est qu'un cas spécial de la loi de Bateson) ; 6° la position des taches situées près du bord extérieur des ailes est fortement influencée par le plissement de la région. Les écailles des Lépidoptères ne renforcent pas l'aile et ne sont d'aucune utilité pour le vol. Elles ne sont en grande majorité que des supports de la couleur qui se sont développés sous l'influence de la sélection naturelle. L'ap- parition des écailles sur les ailes des ancêtres des Lépidoptères qui en étaient dépourvues n'ayant accru en rien l'efficacité de ces organes pour le vol, il est probable que cette efficacité avait atteint son optimum avant l'apparition des écailles. [L'étude des marques caractéristiques des ailes des Héliconides, (Danaéides et Acégidesj montre que, phylogénétiquement, les couleurs rousse, jaune et blanche sont étroitement alliées et que la noire est tout à fait diffé- rente, étant la moins variable de toutes]. Chez ces mêmes animaux, toute mo- dification de couleurs portant sur la partie proximale de l'aile antérieure se reproduit toujours sur le champ homologue de l'aile postérieure. Les taches jaunes des ailes des Héliconides sont plus sujettes à des variations de cou- leurs que leurs grandes taches, résultat en accord avec la théorie du mimé- 554 L'ANNEE BIOLOGIQUE. tisme, car. les grandes taches étant les plus visibles, il est plus important qu'elles restent inaltérées. Cependant les taches noires de l'aile font exception à cette règle. Les chances mathématiques contre l'apparition indépendante des couleurs semblables chez les cinq espèces du genre Melinxa est de , 8 :j J 0 „ 0 . Les cinq espèces des Melinsea chez lesquels la couleur noire interne affecte la forme d'une double tache descendent donc probablement d'un ancêtre unique. Les taches marginales de l'aile antérieure des Héliconides Danaéides montrent une tendance marquée à apparaître au nombre soit de 2-3 soit de 0-7. Pour l'aile inférieure, la tendance est pour les nombres 4-5. Les200 espèces de Pa- pillons d'Amérique du Sud montrent 3G couleurs distinctes tandis que 450 espèces d'Héliconides Danaéides en montrent seulement 5. Le nombre des espèces et la couleur sont donc en rapport inverse dans les deux groupes. Ce qui peut s'expliquer par le fait que ces derniers se miment les uns les autres, ce que ne font pas les premiers. Les couleurs sont bien voyantes sur les portions de l'aile postérieure re- couvertes par l'aile antérieure. La variabilité individuelle n'est pas absente chez les diverses espèces d'Héliconides Danaéides, et cependant leurs nombreuses espèces, sous le rap- port du mode de coloration, diffèrent peu de deux grands types représentés par Melinxa et Ithomia. Mayer est forcé de faire appel à la théorie du mimé- tisme de Fritz Mùller pour expliquer ce fait remarquable. — C. B. Daven- port. 37. Goeldi. — Cas remarquable de mimétisme chez une Araignée (Cyclosa) du Brésil. — Dans cette note, l'auteur cite un cas nouveau de mimétisme chez une espèce d'Aranéide appartenant au genre Cyclosa. Le nid, de gran- deur moyenne, suspendu à un buisson formé par une Mélastomacée, présen- tait tous les caractères d'un nid d'Epeiridée; mais il portait en plus un tube transversal paraissant formé par des restes de nourriture. L'auteur voulant l'enlever, constata qu'une partie se mit à se mouvoir et se sépara des deux extrémités du tube; c'était la propriétaire du nid qu'il croyait absente. Après examen, il remarqua que l'Araignée s'oriente longïtudinalement dans le tube, que la portion manquante est bien la place de l'animal, que celui-ci possède des dessins dorsaux et latéraux qui peuvent se confondre avec les fines parti- cules détritiques du tube, et que le tube a donc été construit intentionnelle- ment par l'Araignée pour en retirer profit. Goeldi put vérifier ce cas plusieurs centaines de fois dans l'État de Rio de Janeiro et sur une espèce voisine à l'em- bouchure de l'Amazone, dans les haies du Muséum de Para. — A. Méxégaux. 31. Escherich (K.). — De l'adaptation d'un Coléoptère à des plantes déter- minées. — Glaphyrus festivus Fald., du groupe des Cétoines, est très abondant en Asie Mineure, aux environs d'Angora, et présente des couleurs magnifiques et très variées : on en voit de bleus, de bleus verdâtres, de cuivrés, etc. ; le plus souvent, les élytres n'offrent que des traces de striation longitudinale. Cet Insecte échappe d'une façon bizarre à ses ennemis. S'aidant de sa tête, il s'enfonce si profondément dans le cœur des fleurs fanées de Chardon, que seul son pygidium émerge encore; mais comme celui-ci est très velu et que la couleur de ses poils concorde parfaitement avec celle des fleurs fanées, il devient très difficile d'apercevoir l'Insecte. Il est très curieux de voir que dans ce cas une seule petite portion du corps est adaptée à la coloration du milieu ambiant: c'est là une nouvelle preuve de l'importance qu'il y aàn'ob- XVII. — ORIGINE DES ESPECES. bbo server les animaux qu'en pleine nature, sous peine d'interpréter faussement leur adaptation ou leurs moyens de protection. — E. Heoiit. = d. Phylogënie. 26. Cunningham (J. T.). — Récapitulation ontogénétique de la phylogé- nèse. — Von Baer a dit que les animaux se ressemblent d'autant plus qu'on les considère à une phase plus précoce de leur développement. Hàckel a renchéri là-dessus en disant que le développement individuel est une réca- pitulation du développement ancestral; que chaque espèce, au cours de son développement embryonnaire, montre quels furent ses ancêtres; que l'ontogenèse révèle la phylogénèse. C'est là la loi biogénétique du natura- liste d'Iéna. La formule de Hâckel est séduisante, mais manifestement inexacte. Le développement d'un animal quelconque ne donne que des in- dications incomplètes sur les formes ancestrales de celui-ci : l'ontogenèse ne fournit que des aperçus occasionnels sur la phylogénèse. Balfour disait en effet que des phases ancestrales peuvent très bien ne pas se présenter dans le développement embryonnaire, et que même des caractères nouveaux dans le développement peuvent prendre leur place. Il y a plusieurs années déjà que l'on a pris l'habitude de distinguer les caractères ontogénétiques qui sont probablement des caractères ancestraux. sous le nom de palingénétiques; et l'on appelle csenogénétiques les caractères qui sont de date récente et représentent des innovations. Plus récemment Sedgwick a voulu expliquer pourquoi certains carac- tères persistent et d'autres disparaissent. Là où il y a persistance d'une con- dition ancestrale, dit-il, cette condition était autrefois une condition larvaire : c'était une phase larvaire de l'individu après que celui-ci eut acquis un ca- ractère d'adulte nouveau. Plus tard, cette condition larvaire libre cessa d'exis- ter, l'animal poursuivant son évolution dans un œuf ou un utérus; mais les signes en persistent encore. D'autre part, quand un changement s'effec- tue dans l'évolution d'un animal qui n'a pas de phase larvaire, quand une nouvelle adaptation se produit, qui est en rapport avec des conditions exis- tant durant toute la vie indépendante de l'organisme, cette variation ou mo- dification affecte tout l'organisme et exerce une influence rétrospective sur le développement embryonnaire , et se produit sans relation avec la condition qui a dû la précéder dans la ligne de descendance. Deux exemples explique- ront mieux ce dont il s'agit. C'est d'abord l'existence d'arcs et de fentes bran- chiales chez les embryons de tous les vertébrés à respiration aérienne; et c'est l'absence de toute trace des membres antérieurs au cours du dévelop- pement des Ophidiens. Mais, comme le fait observer E. W. Mac Bride, il faut bien remarquer que ni telle ou telle phase embryonnaire, ni telle condition larvaire ne sont néces- sairement la reproduction d'une condition qui a été celle d'un ancêtre adulte. Les phases larvaires qui persistent nettement sont celles qui se rapportent à des conditions de vie qui diffèrent de celles auxquelles est soumis l'adulte, et, comme les conditions de vie successives ont pu être très différentes, il en résulte une variété de souvenirs ancestraux souvent embarrassante. Tous les Vertébrés terrestres, Sauropsidés et Mammifères, possédant à cer- taine phase embryonnaire des fentes branchiales, on explique ceci par ce fait qu'ils descendent d'ancêtres qui ont passé par une phase larvaire aquatique, comme le font les Amphibiens aujourd'hui. Il n'en résulte pas que les Am- niotes descendent d'ancêtres qui étaient aquatiques et pourvus de branchies. Nous voyons en effet que. chez la Salamandre, les jeunes restent dans l'utérus L'ANNEE BIOLOGIQUE. durant la phase branchifère, et ne naissent qu'après achèvement de la métamorphose. — Il n'est toutefois pas probable que la transition des an- eètres amphibiformes aux Amniotes ne se soit point faite de cette manière : la viviparité doit être une acquisition plus récente, même chez les Mammifères, et la modification a dû se produire par le développement d'une eoquille pro- tectrice qui entourait l'œuf. Chez aucun Amphibien, toutefois, il n'y a de ten- dance à former une coquille. Mais il n'est peut-être pas nécessaire que les choses aient été jusque-là; en effet elles ont pu se passer autrement. On peut admettre que chez les ancêtres des Amniotes, la larve aquatique libre avait une nageoire médiane, membraneuse. Il n'en reste pas trace chez les Am- niotes, mais la disparition de celle-ci indique que la condition larvaire an- cestrale peut subir des modifications considérables lorsqu'elle passe à la con- dition d'embryon. Le simple fait qu'il était originellement fonctionnel dans une condition larvaire libre ne suffit pas à expliquer le système complet des fentes ef arcs branchiaux chez l'embryon amniote. Plus important est ce fait qu'ils donneront le système vasculaire, etc. Les organes larvaires qui ne ser- viront à rien chez l'adulte disparaissent, tandis que ceux qui se métamorpho- seront en tel ou tel système ou organe persistent, bien qu'inutiles, sous la forme larvaire. Si la condition larvaire aquatique ajamais été une condition ancestrale adulte, elle a dû l'être chez l'ancêtre des Amphibiens et, par eux seulement, chez celui des Amniotes. Et alors, il faut voir jusqu'où la larve d'Amphibien ressemble aux ancêtres adultesdece groupe. — Les Amphibiens descendent évidemment des Poissons : mais la condition larvaire de l'Amphibien ne représente la condition adulte d'aucun Poisson connu; aucun Poisson ne présente les ca- ractères d'être privés de rayons de nageoires, et d'écaillés, à la fois. Les Dipnoï, qui se rapprochent le plus des Amphibiens. datent du Dévonien; ceux-ci seraient donc nés. à une époque très reculée, d'ancêtres possédant une na- geoire continue, avec rayons, une paire de membres, et des écailles ou osselets dermiques. Il est plus probable que la larve amphibienne a perdu ses mem- bres et ses rayons depuis l'époque où la forme adulte a atteint son développe- ment, qu'il ne l'est que l'ancêtre adulte n'a jamais possédé de membres, et que les membres pentadactyles ont pris naissance indépendamment des nageoires paires des Dipnoï. La larve a aussi perdu toute trace de squelette dermique, bien que certaines formes, passées ou actuelles, en aient eu, ou en aient en- core (Labyrinthodontes, Cécilies). Il résulte de là que la larve de la Grenouille, au lieu de « récapituler » la condition ancestrale, a perdu à peu près tout ce qui caractérise le Poisson, sauf les branchies pharyngiennes qu'elle ne pou- vait perdre sans cesser d'être une larve aquatique. Ce qui domine chez elle, c'est l'adaptation, non la récapitulation. Mais il est des larves qui présentent des caractères plus ancestraux que ne le fait la Grenouille. Le têtard de Xenopus présente un squelette eéphalique qui rappelle celui des Chimères, comme l'a dit Parker. Mais Eeddard fait ob- server que la bouche terminale, sans suçoirs sur le menton, et le développe- ment des membres antérieurs ailleurs (pie sous le repli operculaire consti- tuent des caractères spéciaux, différents de ceux des ancêtres, et différents de ceux des autres larves, de sorte qu'il faut y voir encore des adaptations. — La larve de l'Amphibien actuel ne rappelle l'ancêtre qu'autant que les condi- tions d'existence de celle-ci rappellent celles de ce dernier : plus l'écart est grand entre la condition, plus il est grand aussi entre les organismes. Il ne faut pas parler de sélection ici : on ne voit guère comment elle pourrait pro- duire une race qui tour à tour est apode et pourvue de pattes, et est adaptée tour à tour à deux modes de vie incompatibles — mais de Lamarckisme; les XVII. — ORIGINE DES ESPECES. 557 variations organiques sont déterminées par les conditions d'existence. — On ne saurait douter que le changement de conditions puisse déterminer des changements organiques qui disparaissent une fois les conditions modifiées. On peut imaginer que l'ancêtre Dipné des Amphi biens pouvait respirer par sa vessie natatoire. Habitant des lieux humides, où l'eau était pourtant rare, au moins en nappes étendues, il a perdu peu à peu ses branchies. Sa progé- niture, dans de petites mares d'eau, encombrées, a cessé d'employer ses nageoires paires et dorsales, et a dû dégénérer à ce point de vue tandis qu'elle a présenté un développement plus considérable à une période ultérieure de la vie, quand les membres sont devenus utiles. Considérons maintenant le cas de la queue des Poissons. Celle-ci est primitivement symétrique, la membrane de la nageoire se continuant autour du bout de la notocorde, est supportée par des rayons cartilagineux. Cette forme est celle qui existait chez les premiers Elasmo- branches comme le Pleuracanthus. Mais chez les Sélaciens, depuis le carbo- nifère, bien que le squelette de la queue n*ait pas changé, la nageoire a changé de forme ; la portion ventrale s'en est élargie et forme un lobe qui ne ressemble pas à la partie dorsale. Chez les Poissons osseux (Téléostéens, Ganoïdes et Dipnoï) le squelette s'est modifié : il y a des rayons osseux formés par des calcifications dermi- ques unies aux fibres cornées. La queue reste symétrique, ou diphycerque chez différents Ganoïdes anciens et le Pohjpterus moderne et chez les Dipnoï; chez l'Esturgeon et divers Ganoïdes. il y a hétérocercie par hypertrophie du lobe ventral. Enfin, chez les Téléostéens, le lobe supérieur est atrophié, et le lobe ventral hypertrophié se redresse et acquiert une symétrie secondaire. Dans les différents cas le degré de récapitulation varie beaucoup. Chez les Téléostéens homocerques — Hareng, Saumon, etc. — la larve a d'abord une queue membraneuse symétrique sans rayons, ou des fibres radiées se mon- trent, qui correspondent aux fibres cornées des Elasmobranches et Ganoïdes. Les rayons cartilagineux y sont peu développés, mais leur base est là, qui forme bientôt les cartilages épinal et hypural, remplacés ensuite par du tissu osseux. La queue est d'abord diphycerque, puis hétérocerque et enfin homo- cerque (avec symétrie secondaire). Or quels avantages présentent ces différentes formes, au point de vue du Poisson? Plusieurs auteurs ont formulé à cet égard des vues différentes; mais aucun ne montre comment, au point de vue lamarckien, les différentes formes ont pu prendre naissance. Cunningham essaye de combler cette lacune. La queue hétérocerque est surtout utile au Poisson qui vit sur le fond par le fait que l'animal la rejette vers le haut, pour tenir la tête le plus près possible du sol où il cherche sa nourriture; la plupart des Poissons hétéro- cerques ont une sorte de mufle qui s'étend en avant de la bouche pour fouiller le sol ou la vase. Il y a pourtant des exceptions : Y Acanthias culga- ris poursuit sa proie dans l'eau, et non sur le sol. Mais c'est un fait certain que les Sélaciens les plus anciens ont la bouche terminale et la queue diphycerque ou presque homocerque. Il en résulte que peut-être on a tort d'attribuer autant d'importance à la position chronologique dans l'interpré- tation de l'évolution des formes animales. Et dès lors le temps, peut-être, fait-il moins à l'affaire qu'on le croyait. Ce n'est pas le temps qui a amené les modifications, ce sont les changements dans le milieu extérieur. Assu- rément l'hétérocercie dérive de la diphycercie; mais celle-ci est presque aussi répandue aujourd'hui qu'à l'époque paléozoïque. Et l'hétérocercie a pu et dû se développer à une époque reculée, là où les conditions de milieu L'ANNEE BIOLOGIQUE. rendaient la transformation avantageuse. Celle-ci existe en effet à l'époque présente et, à l'époque paléozoïque, elle existait aussi, chez les Téléostomes. Les Actinoptérygiens actuels sont caractérisés par leur queue hétérocerque et la structure de leurs nageoires paires, et ils sont en relation certaine avec les Téléostéens à queue homocerque. Mais ces Actinoptérygiens cher- chaient-ils leur vie en fouillant le fond des eaux? C'est probable, les formes fossiles semblables à l'Esturgeon sont très anciennes. — La façon de vivre a donc pu développer l'hétérocercie. Mais comment s'est produite l'hypertro- phie des rayons de la nageoire ventrale? Par leur activité même, répond Cunningham, par l'action des muscles qui s'insèrent sur eux, et qui les font mouvoir. La queue diphycerque est donc devenue hétérocerque par l'exercice fréquent des rayons de la nageoire ventrale employés à redresser la queue tandis que la tète s'abaisse. Au total, la récapitulation, telle qu'elle se présente dans le développement de la queue de beaucoup de Téléostéens, ne prouve aucunement que les conditions larvaires, chez eux, représentent la condition d'un ancêtre adulte. Les écailles ne passent pas par une phase Elasmobranche, puis par une phase Ganoïde. Et les anomalies apparentes qu'on observe sont plus facile- ment explicables par les idées lamarckiennes que par la sélection. On a souvent invoqué le cas des Poissons plats à l'appui de la thèse de la récapitulation. Mais on y trouve bien des faits qui indiquent que la récapi- tulation des modifications de structure dépend moins de l'hérédité que de la récapitulation des changements de conditions. La larve pélagique de la Sole, du Carrelet, etc., ressemble beaucoup à celle des Gades et Acanthoptérygiens. Leur condition symétrique représente la condition de l'ancêtre, et n'a pas changé parce que la larve n'a pas changé de manière de vivre: l'adulte diffère parce qu'il a pris d'autres habitudes. Et encore y a-t-il des degrés dans la différenciation des adultes : le Turbot, par exemple, l'acquiert plus tard que d'autres Poissons plats. Mais dans tous les cas, les modifications sont dues à une modification, à une spécialisation dans le genre de vie. — On connaît les changements qui caractérisent les Poissons plats. La région orbitaire est tordue de telle façon que les deux yeux se trouvent du même côté; il y a des changements dans les nageoires dor- sale et ventrale qui, toutes deux, s'étendent sur la tête: la peau du côté inférieur du corps perd son pigment, en l'absence de l'action excitante de la lumière. Une influence similaire s'exerce chez les animaux qui habitent les cavernes obscures. Et ici l'action du milieu est évidente. Troglocaris Schmidtii, Crustacé des cavernes d'Europe, est tout à fait aveugle à l'âge adulte : l'em- bryon a des yeux. Le Protée des cavernes d'Adelsberg a les yeux atrophiés couverts de peau : embryon, il est mieux pourvu. Et ainsi de suite. Mais, on ne peut dire qu'il y ait de véritable récapitulation : les yeux des larves sont un peu plus développés que ceux des adultes, voilà tout. Il n'y a de récapitulation véritable que là où les conditions extérieures auxquelles la forme ancestrale était adaptée continuent de se présenter pendant la première période de la vie. On voit que Cunningham plaide énergiquement en faveur de la grande importance du milieu, des conditions de vie, de l'adaptation, et il applique cette notion non sans succès à l'étude du problème délicat de la comparai- son de la phylogénèse et de l'ontogenèse, problème qui a pu paraître assez -impie autrefois, mais qui se montre de plus en plus complexe quand on en connaît mieux les détails. — H. ]>e Varigxy. 16. Hyatt (A.). — Forme cyclique du développement '/ans la phylogc'nie XVII. — ORIGINE DES ESPÈCES. 559 comme de l'ontogenèse. — Cette note est une vulgarisation de l'idée bien connue de Fauteur que la correspondance entre l'ontogénie et la phylogénie ne se restreint pas au développement progressif mais s'étend à certains stades de régression. De même que le vieillard tombe en enfance, ainsi la , après avoir atteint son ilifié, qui est pour elle la y clique. De même que ment au début, de même dans la phylogénie les races nouvelles progressent plus rapidement à leur début. Aux premiers âges de la terre l'évolution marchait plus rapidement qu'aujourd'hui. — C. B. Davexport. 1. Allen H.). — Les effets delà maladie et de la sénilité sur les os et les dents des Mammifères. [XVI b X] — Dans cette conférence, faite à l' Université de Pennsylvanie, l'auteur passe en revue un certain nombre de faits observés par lui et qui peuvent être le point de départ de considérations intéressantes. Il fait remarquer combien sont vagues les termes de sénilité et de maladie ; beau- coup de processus sont communs à ces deux états : dégénérescence graisseuse, atrophie, calcification ; d'ailleurs, ils se retrouvent dans les états dits normaux, mais moins accentués. Quant aux faits, voici les principaux. — Réversion à des types inférieurs; par exemple, la tendance à la disparition du septum orbito-temporal, caractéristique des Primates, dans la vieillesse. — Accentua- tion marquée d'apophyses, ou même apparition d'apophyses nouvelles sur certains points où elles manquaient chez l'adulte, tandis qu'elles étaient re- présentées dans des espèces voisines; ex. : le tubercule sur l'os lacrymal des vieux Chats, qui manque aux individus plus jeunes, et qui existe chez la plu- part des espèces du genre Felis : il y a encore ici retour à un type primitif, mais non pas atrophie. — Ressemblance des formes séniles d'une espèce avec les formes normales d'une espèce alliée, au point d'avoir provoqué des dis- cussions entre taxonomistes ; ex. : Glossophaga oricina vieux, et G. Truei. — Dans l'ontogenèse, une forme sénile d'une production sujette à un renouvel- lement annuel peut ressembler à la forme chez le jeune et rappeler les formes antérieures dans la série phylogénétique (ex. bois du Cervus canadensis). — Enfin, une question fort intéressante est celle des types en voie de dégénéres- cence :on observe là, notamment, des variations brusques dans les formes des dents, et celles-ci simulent les modifications séniles qui apparaissent dans les espèces moins spécialisées. Un cas particulier promet d'être extrêmement intéressant sous ce rapport : c'est celui du troupeau des Aurochs de Bielovicza, qui a déjà fourni des documents des plus précieux. — L'auteur fait re- marquer en terminant la grande difficulté qu'on éprouve à se procurer des sujets d'étude sur la sénilité chez les animaux. Il y a là cependant une quantité d'observations de la plus grande importance à faire. [La voie ainsi ouverte à de nouvelles recherches est en effet riche en promesses. Mais il faut une grande prudence dans l'interprétation des résultats obtenus : on sait à quelles objections prêtent ces questions de réversion, de retour à un type ancestral ou d'analogies avec un type collatéral (*)]. — L. Defraxce. 83. Wilder (Harris H.). — La disposition des plis épidermiques sur tes mains et les pieds des Primates. — (Analysé avec le suivant.) 43. Hepburn (D.). — Note sur le travail précèdent. I. L'étude des lignes papillaires tactiles sur la paume de la main et sur la (1) Cf. Demoor, Massant et Vandervelde, L'évolutionrégressive, voir dans ce volume, p. 47G. 560 L'ANNEE BIOLOGIQUE. plante du pied chez plusieurs Macaques a conduit l'auteur à considérer les éminences portant les lignes papillaires concentriques, comme des homologues des pelotes dermiques des Mammifères digitigrades, pentadactyles. Ainsi la pe- lote plantaire du Chat adulte, située à la base des doigts, est trilobée par suite de la coalescence de trois pelotes que Ton constate chez l'embryon et qui corres- pondent aux trois centres de convergence de lignes papillaires situées sur des éminences assez fortes chez le Macaque, assez faibles chez l'Homme. L'auteur suppose que les Mammifères primitifs avaient des lignes papil- laires parallèles sans disposition autour des centres papillaires ; mais que la pression produite par la marche sur certains points de contact de la plante du pied avec le sol a eu pour résultat la formation des éminences sur la surface jusqu'alors plane de la face plantaire; et que de plus, les papilles durent s'y disposer en lignes concentriques, tandis que dans les intervalles des éminences ils se dirigeaient en lignes divergentes. Chez les marcheurs ces éminences sont devenues, par hypertrophie, des pelotes dermiques, cal- leuses, tandis que chez les arboricoles elles sont restées à ce stade d'évolution et ont été transmises des Primates à l'Homme. II. Hepburn réclame, avec raison, la priorité de la description des lignes papillaires sur la plante du pied chez l'Homme et sur les pieds et les mains chez les Primates. (Voy. son travail : The Papillary liidges, etc. Transac. Roy. Dubl. Soc, 1895, 4 pi.) Rappelons que Hepburn émet dans son travail l'idée suivante : Les lignes papillaires, en dehors de celles qui for- ment des dessins concentriques sur les proéminences, sont disposées en lignes parallèles à l'axe des objets plus ou moins cylindriques que la main ou le pied des primates ont l'habitude de saisir. Quant au dessin concen- trique même formé par les papilles, il varie suivant la différence dans la forme des éminences; c'est dire que ses variations sont accidentelles. — J. Deniker. 56. Minot. — Contribution à la détermination des ancêtres, des Vertébrés. — On sait que Y Amphioxus a des affinités à la fois avec les Tuniciers et avec les Vertébrés; l'auteur considère Y Amphioxus comme plus intimement lié aux Tuniciers qu'aux Vertébrés, et il établit un groupe des Âtriozoa, qui comprend Y Amphioxus et les Tuniciers. Passant sous silence les théories d'ADAM Sedgwick et d'HuBRECHT sur l'ori- gine des Vertébrés, il discute cinq autres théories, celles de Gaskell, de Pat- ten, de Bateson, enfin les théories qui font descendre les Vertébrés, soit des Appendiculaires, soit des Annélides. Minot n'accorde de réelle valeur qu'aux deux dernières. La théorie des Appendiculaires donne une importance capi- tale à la notocorde et au pharynx branchial et une importance secondaire au métamérisme; tandis que c'est l'inverse dans la théorie des Annélides, où le métamérisme est mis au premier plan. Cette dernière théorie, établie par Doiirn et parSEMPER, n'a encore subi aucune critique directe; Minot l'adopte, en lui ajoutant quelques modifications. Il passe en revue trois sortes d'organes qui, chez YAmjihioxus, offrent des particularités morphologiques spéciales : les segments, les organes sexuels et les organes excréteurs, en les comparant aux mêmes formations des Ver- tébrés et des Annélides. Il résulte de cette étude que Y Amphioxus montre une affinité plus grande avec les Annélides qu'avec les Vertébrés. D'où la con- clusion : Y Amphioxus est un Chordé très voisin des Tuniciers, plus distant des Vertébrés, et montrant une proche parenté avec les Annélides. On doit donc regarder les Annélides comme le type ancestral de tous les Chordata; VAppendicularia serait alors un type secondaire. XVII. — ORIGINE DES ESPECES. 561 Minot envisage enfin l'origine possible des principaux caractères anatomi- ques des Vertébrés, l'arrangement général du mésoderme, le canal du proné- phros et la tête. 1° VAmphioxus semble fournir la transition entre les Annélides et les Ver- tébrés, au point de vue du mésoderme. 2° Le canal du pronéphros, ou canal de Wolff, présente beaucoup d'analogie chez les mêmes animaux. 3° Quant aux homologies de la tète, on a dit que la bouche de l'Invertébré a disparu, que l'anneau œsophagien, avec le ganglion voisin, a formé le cer- veau du Vertébré, et qu'une nouvelle bouche s'est développée par fusion de deux fentes branchiales sur la ligne médiane ventrale. Minot présente sur ce point une théorie différente : il admet que les yeux des Articulés et des Vertébrés sont phylogénétiquement homologues, et il est amené par certaines considérations à supposer que les yeux et les nerfs optiques des Vertébrés représentent les yeux principaux, le ganglion supra-œsophagien et les com- missures œsophagiennes des Articulés. Pour assimiler les yeux divergents d'un Vertébré à un anneau nerveux œsophagien, il fait remarquer que, chez les Invertébrés, l'anneau et le ganglion supra-œsophagien ne se développent pas sur la ligne médiane, mais par deux ébauches symétriques ne se ren- contrant que plus tard sur cette même ligne médiane. Chez les Vertébrés, la séparation s'est maintenue, à cause de la croissance d'un cerveau énorme et précoce. Il homologue, bien entendu, le cerveau avec le ganglion sous-œsophagien, uni à quelques ganglions de la chaîne ventrale, les derniers ganglions de cette chaîne devenant homologues de la moelle épinière. La bouche des Annélides est assimilée à l'invagination naso-hypophysaire des Vertébrés; en effet, chez les Myxinoïdes, cette invagination s'ouvre encore dans lepharynx à travers l'endoderme. Quant à la bouche actuelle des Ver- tébrés, elle estime acquisition nouvelle, et résulte d'une invagination séparée de l'invagination hypophysaire par un pli, qui devient la mâchoire supérieure chez les Cyclostomes, et qui se retrouve actuellement dans les embryons de tous les Vertébrés. Comme conclusion, l'auteur présente le tableau phylogénétique suivant : Atriozoa^ ^unicata ^— -^ \. Appendiculana Annelida-Protochorda <^ \mnhioxus ^** Vertebrata R. Florentin. 28. Earle (Ch.). — Les Lémuriens ancêtres des Singes. — Les récentes re- cherches d'HuBRECHT et de Lèche sur le Tarsier de l'archipel indo-malais, ont remis en question la place que doit occuper ce singulier animal dans la systématique. Est-il Singe, est-il Lémurien, est-ce quelque chose d'autre? Hubrecht, tenant compte du fait qu'il y a union placentaire entre l'embryon et la mère, tient pour la première solution : Lèche, d'après les dents, fait du Tarsier un incontestable Lémurien. Earle est plus enclin à prendre une posi- tion moyenne et à voir dans le Tarsier un ancêtre commun des Lémuriens et des Primates, un type synthétique. A la vérité, par sa structure c'est une forme généralisée, peu spécialisée, et qui conserve beaucoup des traits que présentent ses ancêtres del'Éocène. Le crâne rappelle beaucoup celui de YA- naptomorphus de l'Eocène américain, et celui du Microchœrus des Phospho- l'aknée biologique, m. 1897, 36 b62 L'ANNEE BIOLOGK >l E. rites du Tertiaire inférieur de France : tête large, courte, à orbites de di- mensions considérables, avec apophyses auditives ('nonnes. Pourtant, chezles deux genres éteints, le rebord inférieur de l'orbite est incomplet, alors que chez le Tarsier il est presque complet, caractère qui manque aux Lémuriens. Les dent- sont très primitives, comme cela a lieu chez les fossiles : il n'y a que trois tubercules à la couronne des dents postérieures en haut; les mo- laires inférieures ont trois pointes en triangle, avec talon bas par derrière. Les dents de devant sont plutôt celles d'un Insectivore. Il est toutefois difficile de raisonner sur la dentition. On connaît mal encore celle de VAnaptomor- phus; et d'autre part, les molaires sont d'un type généralisé. Le squelette est essentiellement lémurien : le quatrième doigt du pied est plus long que les autres; l'index et le médius du pied sont pourvus de griffes, une de plus que chez les Lémurs. Pour plusieurs raisons, on ne peut rattacher les Lémurs aux Condylarthra (Phcnticodus par exemple) de Cope : c'est chez les Insectivores évidemment qu'il faut chercher l'ancêtre des Primates. La placentation rapproche le Tarsier des Insectivores, et l'éloigné des Lémuriens. Évidemment, le Tarsier est un animal à caractères mixtes. Il doit descendre du type ancestral d'où sont nés les Lémurs et les Primates à la fois. — H. de Varigny. !">'.>. Mumford (A. A.). — Survivance des mouvements infantiles. — M. s'attache dans ce mémoire à déterminer l'origine : a) des mouvements impul- sifs ou spontanés de l'enfant, qui sont graduellement éliminés et remplacés, en partie du moins, par des mouvements intentionnels (ceux qui survivent survivent sous une forme modifiée et s'adaptent à des usages spéciaux, tels, par exemple, que l'expression des émotions) ; b) de ses mouvements réflexes et instinctifs. Il considère ces deux groupes de mouvements , le premier surtout, comme des survivances des réactions organiques qu'avaient dé- terminées chez les ancêtres humains et animaux des hommes actuels , leurs conditions d'existence : ce sont des survivances fonctionnelles comme la glande pinéale ou l'appendice vermiforme sont des survivances anatomiques. M. s'est limité dans ce mémoire à l'étude des mouvements de la main. La main par sa structure et sa forme est apparentée plus étroitement que le membre antérieur d'aucun autre Mammifère au membre antérieur en forme de rame des amphibies : or l'analyse des premiers mouvements de la main de l'enfant, l'attitude qu'elle prend lorsqu'il est au repos, le rythme tout particulier et très lent des flexions et des extensions alternatives de ses doigts, l'extrême pronation où la main se trouve placée et qui élève son bord ulnaire, tandis que Lavant-bras est en extension sur le bras, tout indique qu'il y a là une survivance de mouvements de natation, d'une adaptation ancienne à la vie aquatique ou semi-aquatique , et cette vue est confirmée par le fait que les mouvements des deux mains sont souvent synchroniques et non pas alternatifs et qu'ils se produisent dans un plan oblique et non pas antéro-pos- térieur. C'est à des survivances d'un autre ordre, à des ressouvenirs organi- que- de la vie arboricole de nos ancêtres que M. rattache les mouvements instinctifs de préhension avec les doigts et les orteils que l'on retrouve chez les enfants, et ces autres mouvements d'exploration des trous et des fentes avec un doigt. Il analyse en assez grand détail le processus par lequel se fait l'apprentissage de l'usage du pouce et de son opposition aux autres doigts, mouvement qui ne s'accomplit aisément que vers la vingt-huitième semaine e1 qu'il considère comme étant, en une large mesure, acquis par des efforts intentionnels. — Ce mémoire est illustré de nombreuses figures, dessinées XVII. — ORIGINE DES ESPÈCES. 5G3 d'après nature par l'auteur, et qui montrent la position des membres de l'enfant dans les divers mouvements qu'il exécute. — L. Marillier. 12, 13. Bower (F. O.). — Études morphologiques sur les membres spo- rogènes. — I. Ophioglossées. — II. Marattinées. — I. Dans ce mémoire, Bower se propose d'établir les affinités des Lycopodiacées et des Ophioglossées qui peuvent ressortir de l'étude comparative de leurs organes producteurs de spores. C'est surtout un travail d'anatomie et de morphologie qui ne con- viendrait peut-être qu'imparfaitement à cette Revue si une idée fondamentale développée très largement par l'auteur au cours de ses recherches n'inté- ressait très réellement la biologie proprement dite. La conclusion est que la similitude de positionne structure, de développement des organes pro- ducteurs de spores ne permet pas de nier les relations étroites qui unis- sent les Lycopodiacées et les Ophioglossées, en considérant comme forme intermédiaire le groupe desPsilotacées; on ne saurait se laisser arrêter par le fait du cloisonnement des sporanges qui prend un grand développement chez les Ophioglossées, car, et c'est là l'idée mère du travail de Bower, ce cloisonnement résulte de la stérilisation partielle du tissu sporogène; les élé- ments qui forment les cloisons étant, au point de vue de leur origine, des cellules sœurs de celles qui forment les spores et, pendant les premiers stades, ne pouvant s'en distinguer d'aucune manière. — Que des cloisonne- ments reconnaissant une telle origine puissent se produire, même là où le sporange est simple primitivement ou moins compliqué, cela n'est pas dou- teux et l'auteur en trouve des exemples dans les anthères de nombreuses plantes phanérogames chez lesquelles des cloisons additionnelles peuvent se produire qui multiplient le nombre des loges. Chez les Onagrariées, par exemple, certains genres (Epilobiam, Œnothera, Godetia) ont normalement 4 sacs polliniques simples, tandis que d'autres (Clarkia, Gaura, Eucharidium) ont 4 rangées de sacs polliniques en nombre variable ; or, de l'étude de la structure des cloisons qui limitent ces sacs transversalement, il résulte qu'elles proviennent d'une stérilisation partielle du tissu en puissance de production de spores (archesporium potential). Il en est de même chez certaines Mimo- sées, chez diverses espèces du genre Loranthus, voire chez quelques Orchi- dées. Donc, le cloisonnement des sporanges, là où il n'existait pas auparavant, peut se présenter et se présente même souvent dans les formes les plus élevées en organisation, et il emprunte pour se faire au tissu sporogène lui- même. Il n'y a donc pas lieu de s'étonner si le même phénomène s'observe chez les Cryptogames vasculaires. Et ce qu'il faut noter, c'est que, aussi bien dans les formes élevées que dans les formes inférieures, c'est toujours le même processus qui intervient dans le cloisonnement, c'est-à-dire la stérili- sation d'une partie du tissu sporogène qui cesse d'être fertile pour se consacrer à la formation des cloisons. Telle est la théorie que Bower oppose à celle de la coalescence ou soudure des sporanges primitivement libres. Dans l'épi des Ophioglossées, Bower démontre, par une attentive étude de son développement, qu'il en est bien ainsi. Il établit d'après O. valgatum, O. pendulum et O. reticulatum, que les sporanges dérivent d'un cordon de tissu spécial, différant du tissu voisin dans son mode de segmentation. Ce cordon, qu'il désigne sous le nom de sporangiogenic band , consiste en 2 rangées de cellules qui, par des divisions successives, forment 2 rangées de groupes cellulaires. C'est de ces groupes de cellules, non différenciées tout d'abord, que naîtront successivement les archéspores, les cloisons stériles qui s'interposent entre elles, enfin les parois extérieures des sporanges. Les groupes de cellules qui donnent naissance aux archéspores et aux cloisons 564 L'ANNEE BIOLOGIQUE. sont donc des groupes de cellules sœurs qui ont commune origine et mêmes caractères; mais c'est par stérilisation partielle que certaines développeront des cloisons au lieu de produire des spores. C'est donc un cas comparable à celui des anthères des Angiospermes et on ne saurait, par suite, voir dans le cloisonnement de l'épi des Ophioglossées un obstacle à sa comparaison avec le sporange des Lycopodiacées , puisque dans les deux cas ce sont mêmes éléments qui entrent en jeu. Il est à retenir, au point de vue biologique général, que les Marattiacées nous offrent un nouvel exemple d'un état encore mal défini du tissu sporo- gène. Dans Danssa, en effet, chaque groupe sporogène dérive ordinairement d'une seule cellule-mère et forme une masse cellulaire bien définie ; mais occasionnellement il arrive qu'un groupe de cellules voisines de cette masse acquiert les propriétés du tissu sporogène; par contre, certaines cellules de la masse sporogène devennent stériles. — H. Beauregard. 21. Chatin (A.). — Signification de V existence et de la symétrie des ap- pendices dans la mesure de la gradation des espèces végétales. — La disposi- tion verticillée des appendices marque une supériorité sur la disposition spiralée. En général les feuilles opposées ne se montrent que chez les végé- taux supérieurs. Les fleurs, adaptées à la reproduction, fonction plus élevée que la végétation, offrent fréquemment la disposition verticillée, mais la réa- lisent plus parfaitement dans les groupes les plus parfaits. Telle est la thèse que le savant académicien appuie sur une statistique détaillée. [Il est clair que le caractère apprécié dans cette note ne peut donner qu'une indication générale sur la gradation des espèces; cette indication même gagnerait en précision par l'examen critique de certaines exceptions. Nous souhaiterions une explication sur le type verticillé des Prêles, des Gnétacées, des Casuarinées, qu'il est difficile de classer au-dessus des Orchidées. Il serait bon aussi de tenir compte de la valeur individuelle de la feuille : les feuilles composées des Ombellifères, par exemple, malgré leur disposition alterne, sont supérieures aux pièces de l'involucre ombellaire. Le type com- pliqué des feuilles alternes semble, dans ce cas, dériver par concrescence du type rudimentaire des verticilles de l'inflorescence. Chez le haricot, les feuilles trifoliolées disposées en spirale réalisent un progrès sur les feuilles unifoliolées et opposées qui suivent les cotylédons. En s'en tenant aux seuls caractères de la forme extérieure et de l'ordre du développement, il reste donc à glaner dans le champ exploré par Chatin. Un supplément d'informa- tion ne modifiera peut-être pas les conclusions essentielles, surtout en ce qui concerne la symétrie florale, car il sera toujours permis de mesurer la gradation des espèces végétales d'après les caractères les plus faciles à saisir au premier coup d'œil. Cette base d'appréciation a son intérêt incontestable pour faciliter la détermination des plantes, sinon pour préciser leurs affi- nités. Je ne pense pas qu'il faille imputer à M. Chatin la pensée que la dis- position verticillée dérive généalogiquement de la disposition alterne. — P. Vuillemin. CHAPITRE XYIIÏ Distribution gcogranliiciiDC Cette année n'a pas vu paraître de découvertes ni de théories impor- tantes capables de modifier profondément les idées reçues. C'est encore le plancton, soit marin, soit d'eau douce, qui a donné lieu au plus grand nombre des publications, dont peu, du reste, ont une portée générale ou une valeur explicative. En ce qui concerne les conditions générales d'existence, Knudsen (30) a montré que la proportion des gaz dissous dans l'eau de mer est déterminée surtout par la quantité et la nature animale ou végétale du plancton, notion importante, quoique d'une portée surtout négative, car elle frappe de suspicion les conclusions prématurées qu'on a pu tirer des mensurations antérieures, quand l'analyse des gaz n'a pas été ac- compagnée d'un dosage du plancton. Brandt (7) établit que la diminu- tion de la salinité, très accentuée dans la mer Baltique, du fond vers la surface et de l'Ouest à l'Est, exerce sur la population une double ac- tion, action sélective, qui ferme à la plupart des types marins l'accès des régions à salinité moindre que 11 °/00, et action modificatrice, qui se traduit par la diminution de taille et par un véritable arrêt dans le dé- veloppement individuel des formes qui réussissent à s'acclimater dans les eaux saumâtres des golfes de Bothnie et de Finlande. L'idée de la répartition uniforme du plancton dans les eaux continue à perdre du terrain. Murray (40) constate que les dépouilles des Fora- minifères pélagiques sont en plus grande abondance sur le fond dans toutes les régions où se rencontrent des courants de température diffé- rente; Steuer 08) trouve également dans la mer Ronge des accumula- tions locales de plancton, commandées là aussi par les courants, et Gran (19) montre dans la mer Arctique, par endroits, des amas de Dia- tomées presque toutes méroplanctoniques, assez considérables en cer- tains points pour communiquer à la mer une couleur brune particulière, amas qu'il explique par le transport de leurs spores d'hiver au moyen des glaces flottantes jusqu'aux points où les conditions de température et autres permettent leur multiplication rapide; elles disparaissent aussi brusquement quand les conditions deviennent défavorables. La théorie de la bipolarité de Pfeffer et de Murray continue également à être com- battue. H. Von Jhering (28) montre que la plus grande partie de la faune malacologique actuelle de la Patagonie provient directement de la faune tertiaire de la région; le reste est formé d'immigrants venus 566 L'ANNEE BIOLOGIQUE. des régions antarctiques. Parmi ces derniers, certaines espèces habitent gaiement la région arctique; mais toutes sont des espèces à large dis- tribution, elles ont pu passer d'une région polaire à l'autre à travers les ean\ froides abyssales des Tropiques et n'apportent aucun appui à la théorie de la bipolarité, à laquelle tous les faits positivement connus sont défavorables. Chun (9), à son tour, reconnaît entre les faunes péla- giques arctique et antarctique une ressemblance aussi étroite que celle qui a déjà été mentionnée entre les faunes benthiques bipolaires; mais il en trouve l'explication non dans un développement indépendant et parallèle sous l'action de conditions d'existence semblables, mais clans une connexion génétique réelle, rendue possible encore aujourd'hui, mal- gré la différenciation des climats, par la communication des eaux des deux océans polaires au moyen des eaux tropicales profondes à basse température. Sclater (52) trace à grands traits la distribution des Mammifères marins ; il base sur elle la division des mers en six régions dont les li- mites sont sensiblement les mêmes que celles des six régions terrestres établies par lui antérieurement, et il trouve dans la distribution des gen- res Manatus et Monaclius (formes littorales se rencontrant des deux côtés de l'Atlantique), Otaria et Macrorhinm (d'origine antarctique, re- montant dans les eaux septentrionales du Pacifique,, mais non de l'At- lantique), une nouvelle preuve de l'existence antérieure d'un continent transatlantique, qui rattachait l'Afrique à l'Amérique du Sud. Pour les eaux douces, les importantes recherches de Birge (3 et 4) sur les Crustacés du lac Mendoha précisent et éclairent dans une large mesure la question des variations périodiques du plancton, l'amplitude et les causes de ses oscillations verticales qui sont en rapport avec la lumière, la température, la quantité de nourriture, l'âge des individus, de môme que la formation des maxima et des minima annuels qui sont liés étroitement au cycle évolutif des Algues flottantes. lin ce qui concerne les faunes terrestres, Simroth (56) trouve dans la biologie, la structure du tégument et l'organisation d'un certain nombre d'espèces la preuve que la vie animale a dû prendre naissance sur le rivage, à la limite entre l'eau et la terre ferme, et que tous les progrès importants dans la complication des organismes seraient dus à l'in- fluence d'une existence alternativement aquatique et terrestre. Scharff (49) établit que l'époque glaciaire n'a pas été marquée, comme on le croyait volontiers, par l'extinction des faunes antérieures dans les pays qui ont été soumis au régime glaciaire, car la faune actuelle de l'Ir- lande, qui se compose d'un élément arctique et d'un élément méridio- nal de provenance asiatique introduits à des époques différentes mais antérieurement à la fin du pliocène, a incontestablement une origine préglaciaire. Lydekker (35) cherche dans la paléontologie l'explication des grandes divisions faunistiques de la surface terrestre. Il admet que la patrie originelle des Mammifères se trouve dans les régions septen- trionales voisines du pùle, d'où ils se sont répandus par poussées suc- cessives vers le sud. Les plus anciens se sont avancés le plus loin et, dès qu'un type primitif a eu atteint la région qui lui offrait les conditions XVIII. — DISTRIBUTION GEOGRAPHIQUE. 567 les plus favorables à son développement, il s'est multiplié, a évolué sur place, et a rayonné secondairement autour de ce « centre d'évolution ». Les centres d'évolution qui ne se sont établis que depuis le commence- ment de la période tertiaire, à la suite de la séparation des continents qui les constituent, forment les divisions zoogéographiques de premier ordre, qu'il faut réduire à trois, le royaume notogéique (Australie, centre d'évolution des Marsupiaux), le royaume néoyéique (Amérique du Sud. centre d'évolution des Édentés) et le royaume arctogêique (tout le reste du globe, centre d'évolution des Mammifères placentaires). Il est impossible en considérant la faune mammalogique de séparer la portion septentrio- nale de l'Amérique du nord de la région euro-asiatique; elles doivent former ensemble la région holarctique, proposée déjà par Heilprin, et Kobelt (31) arrive à la même conclusion pour les Mollusques terrestres et d'eau douce. L'intluence de l'Homme, grâce à la multiplicité croissante des échan- ges commerciaux, tend à prédominer de plus en plus pour la dispersion des espèces terrestres sur les facteurs naturels qui agissaient à peu près seuls jusqu'au siècle dernier. L'Europe est le grand centre d'exporta- tion. Les espèces nuisibles européennes s'établissent et se propagent beaucoup mieux dans les autres pays, notamment en Amérique, que celles de ces pays en Europe, comme le montre Howard (26 et 27), et il donne pour explication de ce fait que les formes européennes sont les mieux armées dans la lutte pour l'existence, par suite de l'âpre concur- rence à laquelle elles ont été soumises dans leur patrie d'origine en conséquence du nombre considérable de leurs représentants, du mor- cellement et de l'alternance des cultures. G. Pruvot. Les conditions d'existence et les divisions bionomiques des eaux douces. A l'inverse du domaine maritime qui couvre uniformément d'im- menses espaces d'un seul tenant, et qui est partout en continuité directe avec lui-même, le domaine des eaux douces a pour caractère le plus frappant son extrême morcellement. Divisé en un nombre immense de bassins indépendants et simplement juxtaposés sur toute la surface du globe, séparés à leur origine 'source des rivières) par des bandes déterre ferme, les crêtes de partage des eaux, et à leurs points terminus par les étendues de mer interposées entre les embouchures des fleuves, il montre encore partout une prédominance manifeste de la longueur sur la largeur et la profondeur ; la ligne des rivages y a un développement énorme par rapport à la surface, et la surface du sol immergé y est considérable aussi par rapport au volume total des eaux. 11 en résulte qu'il subit beaucoup plus l'influence de la terre ferme, et que la variation des facteurs bionomiques, commandée par le climat général, l'altitude, les saisons, les perturbations accidentelles, etc., y atteint un bien plus 568 L'ANNEE BIOLOGIQUE. haut degré que dans les eaux marines. C'est cette variabilité extrême, plus que le défaut de salure des eaux, qui fait qu'un grand nombre de groupes marins importants n'ont pas de représentants dans les eaux douces, et que celles-ci sont, en général, beaucoup moins peuplées que les eaux de la mer. C'est le taux moindre delà variation dans les régions tropicales qui fait que la vie y est plus abondante que dans les régions tempérées. Mais ces caractères n'affectent pas également toutes les eaux douces. Au point de vue biogéographique, comme au point de vue physique, elles doivent être divisées en deux sections : les fleuves et les lacs, ou en termes plus généraux les eaux courantes et les eaux stagnantes. La première division est caractérisée par le courant qui entraîne toute la masse des eaux dans un sens toujours le même et avec une vitesse sen- siblement uniforme en un lieu donné, et, en outre, parla faible étendue transversale et le peu de profondeur qui met toute leur masse sous la dépendance immédiate de la terre ferme. La seconde participe au con- traire, dans une certaine mesure, à l'indépendance et à la diversité des conditions que présentent les eaux marines. LES FOXDS DES LACS. La surface totale des lacs terrestres couvre deux millions et demi de kilom. carrés, soit 1,8 % seulement de la surface de la terre ferme iPenck) (1); mais dans certaines régions où le régime glaciaire a laissé des traces particulièrement importantes de son passage, comme en Fin- lande, par exemple, le rapport peut s'élever jusqu'à 13 % (Supan) (2). Le plus vaste des lacs, mais qui mérite d'être mis à part, est la mer Caspienne, qui couvre 438.090 kil carrés; puis le Lac Supérieur, dans l'Amérique du Nord (81.380 kil. carrés). Viennent ensuite les lacs Vic- toria Nyanza, Aral, Michigan, Huron, dépassant chacune 60.000 kil. carrés, suivis de loin par le lac Tanganyika (35.130 kil. carrés). La profondeur n'est pas en rapport avec l'étendue. A la vérité, la mer Caspienne atteint 1.098 m. ; mais elle est dépassée par le lac Baïkal qui, quoique douze fois plus petit (34.93:2 kill carrés), atteint 1.373 m.; c'est le lac le plus profond du globe. Aucun autre n'atteint 1.000 m. Les lacs les plus profonds d'Europe paraissent être le Horningdalsvand f 180 m.) (3) et le lac Mjosen (-') (451 m.), tous deux en Norvège. Le lac le plus profond des Alpes est le lac de Corne, avec 414 m. ; quant au lac Léman, le mieux connu de beaucoup, grâce surtout aux remarquables travaux de A. Forel, il ne dépasse pas 309 m. Mais à coté de la profondeur maxima il faut faire place pour la ca- ractéristique d'un lac à la notion beaucoup plus importante de sa pro- fondeur moyenne; on entend par là le rapport du volume total des eaux (1) A. Penck : Morphologie des Erdober (lâche. Stuttgart, 1894. (-2) Supan : Grundzuge . .';;ï8. I A. Helland : On tin- fjords, hikes and cirques in Norway and Grceland. — QuarL •loin II. fjeOlOg. SOC, 1X70, 169. i » E. Reclus : Géographie universelle, X. 103. XVIII. — DISTRIBUTION GEOGRAPHIQUE. 569 à leur superficie. Ainsi, le volume des eaux du lac Léman étant 88.920 kil. cubes, et sa surface 58,236 kil. carrés, sa profondeur moyenne est 153,7 m. (M. Ce sont les petits lacs de montagne qui ont en général la profondeur moyenne la plus élevée; elle est, par contre, à son minimum dans les lacs ou étangs littoraux où, malgré la grande étendue qu'ils peuvent occuper parfois, elle est souvent inférieure à un mètre. On distingue encore la profondeur relative, qui est le rapport de la profondeur maxima à la racine carrée de la surface; c'est encore dans les petits lacs de montagne à bords abrupts et sans plaine centrale qu'elle esta son maximum. Le fond d'un lac, c'est-à-dire le sol immergé, présente un profil (fig. 4i ) Fig. 41. — Profil schématique d'un lac. qui est toujours le même dans ses grandes lignes et ne varie guère que suivant les dimensions relatives ou la déclivité plus ou moins grande des différentes sections qui le composent. Ces parties sont : 1° La grève Inondée, MG, continuation directe sous les eaux de la grève exondée BM. L'une et l'autre sont le résultat de l'érosion produite par l'action des vagues qui ont entaillé la ligne primitive du rivage AD. La grève a une inclinaison assez forte, ordinairement 10 à 20 % , et est recouverte par les éléments les plus grossiers, cailloux, graviers, sables, arrachés au rivage et étalés à sa surface parles eaux. 2° La beine, CE, surface plane presque horizontale dans laquelle on distingue, mais seulement théoriquement, la beine d'érosion CD et la beine (Talluvion DE. Celle-ci, qui constitue la plus grande partie de cette plate-forme littorale, est formée par les matériaux les plus fins entraînés par le courant de retour des vagues qui les laissent tomber sur le fond et s'entasser au point où leur action cesse de se faire sen- tir. La beine manque le long de ce qu'on appelle les côtes dalluvion, qui ne se présentent guère, du reste, qu'au voisinage de l'embouchure des affluents riches en matières en suspension. Là, le dépôt continu de celles-ci à l'arrivée dans le lac forme soit un cône de déjection, soit un (1) A. Forel : Le Léman, monographie limnologique. Lausanne, 1892, I, 26. 570 L'ANNEE BIOLOGIQUE. dclla. et ne laisse pas au mouvement des eaux le temps de les façonner en terrasses. 3° Le mont ('), EF, qui n'est que le talus d'éboulement de la beine, et présente, en conséquence, une inclinaison très accentuée, allant jus- qu'à 60 #, d'autant plus forte que le sable qui le constitue est plus grossier, et descendant d'autant plus profondément que la déclivité du profil primitif est plus forte. V Le talus général du lac, FG, qui le raccorde insensiblement à 5° La plaine centrale, ou le plafond du lac, GH, étendue plus ou moins vaste et plus ou moins centrale, parfois divisée en deux ou plusieurs aires séparées par des rehauts du fond, mais remarquablement plate et uniforme, ce qui tient à ce que les inégalités primitives du fond ont été peu à peu effacées par le dépôt des sédiments. De la sorte, le sol d'un lac représente, mais dans des proportions infi- niment plus réduites, comme en miniature, une superposition de zones Fii4. 42. — Coupe théorique d'un lac montrant les différentes sortes d'alluvions. comparables à celles que montre le fond des mers. La grève, la beine et le mont sont l'équivalent du plateau continental, montrant d'abord, contre le rivage, tantôt la roche en place, tantôt un revêtement de menus blocs, graviers ou sables grossiers, suivant les conditions locales, et ensuite, de là jusqu'au bord du mont, un dépôt de plus en plus fin et uniforme, sableux ou vaseux. Au delà, le fond est en général recouvert partout de sédiments très fins, se déposant avec une extrême lenteur, et que Forel (2) oppose sous le nom d'alluvion impalpable à Yalluvion grossière de la région précédente. La figure 42 montre en A l'alluvion lacustre grossière formant une beine, et en B l'alluvion fluviatile grossière formant un delta ou un cône de déjection. L'alluvion impalpable est aussi de deux sortes : 1° L'alluvion lacustre impalpable, formée des matériaux les plus fins arrachés aux rives ou amenés continuellement . par les affluents, main- (1) Les termes beine et mont, expressions locales employées par les riverains du lac de Genève, ont été introduits dans la nomenclature scientifique par A. Forel et sont générale- ment admis maintenant. La Peine est aussi appelée parfois blanc-fond, parce que, quand on regarde le lac d'une station élevée, la faible épaisseur d'eau qui la recouvre la lait paraître < ■ < • 1 1 1 1 n e une bande d'un vert clair qui tranche sur le bleu foncé du reste du lac. (•>) A. Forel : Le Léman, I, ion. XVIII. — DISTRIBUTION GÉOGRAPHIQUE. 571 tenus longtemps en suspension à cause de leur ténuité. Brassés et ré- pandus dans toute la masse des eaux par les courants, ils finissent par se déposer uniformément sur tout le fond du lac, et forment sur les talus une mince couche G qui en voile le modelé sans l'effacer. 2° L'alluvion fluviatile impalpable, amenée par les affluents d'une ma- nière périodique ou accidentelle. Les eaux des rivières glaciaires au moment de la fonte des neiges ou les torrents de plaine débordés à la suite de fortes pluies amènent au lac une eau trouble et assez alourdie pour descendre au fond, suivant la ligne de plus grande pente, sans se mêler aux eaux ambiantes. Soustraite alors à toute agitation, elle dépose ses sédiments dans les parties les plus profondes qu'elle finit par niveler complètement, donnant ainsi naissance à la plaine centrale D. On conçoit qu'en raison de leur différence d'origine ces deux sortes de sédiments puissent avoir dans bien des cas une composition chimique et minéralogique bien différente et concourir à l'établissement d'une subdivision dans la région profonde. Mais dans le lac Léman l'alluvion impalpable a partout les mêmes caractères physiques. C'est une vase d'une densité de 2,68, brun-jaunâtre à la surface où le fer contenu est à l'état de peroxyde, et bleuâtre dans ses couches profondes où, par suite de la destruction des matières organiques, le fer est ramené à l'état de protoxyde. Les particules minérales qui composent cette vase ne dé- passent pas 1 à 2 a. Au point de vue chimique elle est plus variable, renfermant une proportion qui varie de 40 à 75 % de silice et de silicates, de 18 à 52 % de carbonates de chaux et de magnésie, et de 2 à 6 % d'a- lumine et d'oxyde de fer (Forel). En outre de ces matériaux détritiques provenant tous directement des parois du bassin d'alimentation, il se forme dans certains lacs (lac de Zurich par exemple), par précipitation chimique du carbonate de chaux en dissolution dans l'eau du lac, une véritable craie lacustre [Seekreide) blanchâtre qui peut recouvrir tout le fond sur une épaisseur parfois considérable, surtout dans les étangs tourbeux (Kaufmann) (*). Si on veut comparer les dépôts lacustres aux dépôts sous-marins, les alluvions grossières correspondront aux dépôts littoraux de Murray, et les alluvions impalpables aux dépôts terrigènes. Mais, quelles que soient les dimensions ou la profondeur d'un lac, on n'y rencontre jamais de sédiments pouvant rentrer dans la catégorie des dépôts dy abîmes. LES EAUX DES LACS. Température. — La température est le plus important des facteurs bionomiques. D'une part, sa valeur générale moyenne et ses valeurs extrêmes, qui sont sous la dépendance des conditions extrinsèques de climat, d'altitude, d'orientation générale, excluent ou favorisent dans un lac donné l'établissement de tels ou tels organismes; et, d'autre part, ses variations périodiques ou accidentelles exercent sur les orga- nismes mobiles, et particulièrement sur le plancton, une action assez (1) F. J. Kaufmann : Beitr. z.geolog. Karle d. Schweiz, Berne, 1872, XI, 3,";j. 572 L'ANNEE BIOLOGIQUE. forte pour qu'un relèvement ou un abaissement de quelques degrés à peine change «lu tout au tout l'abondance et la composition de la faune en un même point. Le point de départ de toutes les variations thermométriques est à la surface, car les seules causes capables d'amener dans les eaux des modi- fications appréciables sont : la chaleur solaire reçue directement, le con- tact avec l'atmosphère réchauffée ou refroidie, le rayonnement dans l'es- pace, et l'apport par les affluents d'eaux plus chaudes ou plus froides, mais qui sont, en tous cas, déversées d'abord à la surface. Puis, le gain ou la perte de chaleur de la surface se propage de proche en proche dans les couches profondes et la température tend à s'unifor- miser dans toute l'épaisseur des eaux, soit par conduction, c'est-à-dire par propagation de la chaleur d'une couche à une autre, sans déplace- ment de la masse des eaux, soit par confection, quand les eaux plus lourdes descendent en masse jusqu'à ce qu'elles rencontrent une couche de densité égale à la leur. Quand ce transport et ce mélange des eaux est dû seulement à l'augmentation de densité par suite du refroidisse- ment, il est désigné sous le nom de convection thermique, pour le distin- guer de la convection mécanique, qui est produite par les courants, et de la convection hydrostatique, qui provient de l'alourdissement des eaux par les alluvions en suspension (Forel) {*). Mais le maximum de densité de l'eau étant à 4° (2), et, d'autre part, les eaux pour être en état d'équilibre devant toujours être rangées par ordre de densité croissante de la surface vers le fond, il suit de là que dans un lac ce sont toujours les eaux du fond qui sont au point le plus voisin de 4°, et que de là vers la surface elles se superposent en couches à température de plus en plus élevée si la température de la surface est supérieure à 4°, et en couches à température de plus en plus basse si celle de la surface est inférieure à 4°. C'est ce qu'on appelle la stratification thermique, elle est dite directe dans le premier cas, inverse dans le second. La stratification thermique se modifie suivant les variations de la température superficielle, variation journalière et variation annuelle. Quant aux variations cycliques, dépendant des oscillations à longue pé- riode du climat général, elles exigeraient pour être bien connues de très longues séries d'observations que nous ne possédons encore pour aucun lac, et, du reste, elles n'ont guère pour effet que d'augmenter ou de diminuer dans une certaine mesure l'amplitude des variations an- nuelles. Celles-ci sont dues à l'alternance des saisons. Pour la grande majorité au moins des lacs de nos régions tempérées la température de la sur- face s'accroît régulièrement pendant le printemps et l'été, et décroît ensuite de même pendant l'automne et l'hiver. Elle a son maximum en août et son minimum en février, retardant ainsi d'un mois environ sur (1) A. Forel : Lo Léman, II, 29t) et 2! >3. (•2) Cela o'esl rigoureusement exact que pour l'eau distillée- Mais, à raison de la faible sa- linitr des eaux (Innées, l'écart e>t pratiquement négligeable, sa valeur ne déliassant pas ■i à 3 dixièmes de degré pour les lacs d'eau douce dont la composition a été étudiée. XVIII. — DISTRIBUTION GEOGRAPHIQUE, 573 les valeurs correspondantes de la température atmosphérique. Si on suppose un lac assez profond pour que les variations saisonnières de la température n'aient pas le temps de se propager jusqu'au fond ('), et dont les eaux de surface varient de l'hiver à l'été de 0° à 10°, son régime thermique aura l'allure représentée sur la figure 43. Les eaux à 4° occu- pent toujours tout le fond de la cuvette, mais elles remontent jusqu'à la HIV. PRIW. ETE AUT. HIV. PRIN . ETE A K\\ 1 II III IM V VI VII VIII IX X XI XII i h III IV V VI VII VIII lOn, \ f\ o'I W \1 \ ,^ foe I Ci V 1 A i\ \\ \ !»• 2o A \ l v * \ 1 II \ a\ 1 \\ \ \ -u JO- &'■ ""'' k J II V 3:\ l \ J llfl» V" A \ \ * — / I l i\ s \ J 1o~ k - — > j 1 \ s k 6ûf ^ ^j 1 Jr *zr c a ]0- RECHMflT. REFR01DLSS. RECHAUFT. Fig. U3. — Régime thermique d'un lac tempéré. surface deux fois par an, au printemps et à l'automne; alors toute la masse des eaux est à une température uniforme. Entre ces points l'iso- therme de 4° décrit une courbe qui descend plus bas en été qu'en hiver, et au-dessus d'elle les eaux s'étagent en stratification directe (de 4° à 10°,' traits pleins) pendant la période estivale, en stratification inverse au contraire (de 4° à 0, traits pointillés), pendant la période hivernale. Pendant la période de réchauffement, dès que les eaux de surface ont atteint 4°, c'est-à-dire de B en G et de F en G, le changement de tempé- rature n'a d'autre effet que d'accentuer la légèreté relative des eaux superficielles et de rendre la stratification pius nette et plus stable. Il en est de même pendant la période de refroidissement, tant que les eaux superficielles sont au-dessous de 4°, c'est-à-dire de D en E. C'est ce que Forel appelle le processus de stratification. Mais, au contraire, quand les (1) La variation annuelle se fait sentir dans le lac Léman, suivant les années, jusqu'à 100 ou 120 mètres (Forel). 574 L'ANNEE BIOLOGIQUE. eaux au-dessus de 4° sont en voie de refroidissement (de C en D), ou quand les eaux au-dessous de 4° sont en voie de réchauffement (de A en B et de E en F), les eaux superficielles rendues plus denses descendent se mélanger avec les couches sous-jacentes et la température tend à s'égaliser rapidement. C'est le processus d uniformisation, qui se traduit sur la figure par la quasi-verticalité de la portion ascendante des courbes isothermes. Mais suivant le climat général du pa}rs, la situation en latitude et en altitude du lac considéré, suivant sa profondeur même, l'amplitude des oscillations thermométriques peut être plus ou moins considérable, et il y a à diviser à ce point de vue les lacs en trois grands groupes : 1° Lacs de type tropical, ceux dont la température ne descend jamais au-dessous du maximum de densité de l'eau, 4°. La stratification ther- mique y est toujours directe : elle se perfectionne depuis la fin de l'hi- ver jusqu'à la fin de l'été; le processus d'uniformisation s'établit, au contraire, depuis la fin de l'été jusqu'à la fin de l'hiver. Ces lacs ne gèlent jamais. 2° Lacs de type polaire, ceux dont les eaux ne s'élèvent jamais au- dessus de 4°. A l'inverse des précédents, ils sont gelés pendant une grande partie de l'année. La stratification thermique y est toujours inverse, elle s'établit et se perfectionne de la fin de l'été à la fin de l'hiver, tandis que l'uniformisation se produit de la fin de l'hiver à la fin de l'été. 3° Les lacs de type tempéré, dont les eaux peuvent osciller au-dessus et au-dessous de 4°. C'est un lac de cette sorte qui, en raison de son régime plus complexe, a été pris pour type général dans la figure 43. Ils peuvent geler pendant la période de refroidissement, à partir du mo- ment où l'isotherme de 4° a atteint la surface. La stratification y est alternativement directe et inverse, elle se développe deux fois par an, une fois pendant l'été et une autre fois pendant l'hiver, et l'uniformi- sation se produit deux fois également, au printemps et en automne (Forel). Il faut éviter d'attribuer à ces désignations leur sens géographique habituel. Ainsi, le lac Léman, en dépit de sa situation, est un lac tropi- cal, puisque sa température abyssale ne varie que de 5°, 3 à 4°,0, ce der- nier chiffre, le plus bas observé, n'ayant même été trouvé qu'une seule fois, le 2i janvier 1891, pendant un hiver exceptionnellement rigou- reux ('). Et, d'un autre côté, le lac Doménon d'Amont, situé à 2.400 mètres d'altitude dans le massif de Belledonne, dont la température de surface a été trouvée seulement de 3°, 6, le 9 juillet 1893, par Delebecque (2), doit être pour cette raison rangé, selon toute probabilité, parmi les lacs polaires, de sorte que les trois types peuvent se rencontrer dans nos Alpes, sur une étendue relativement restreinte. La variation journalière est le résultat de réchauffement des eaux pendant le jour et de leur refroidissement pendant la nuit. En été au moins, quand le lac est en stratification thermique directe bien établie et l A. Forel : Le D'man, II, 344. {-2j A. Delebecque : Notes géographiques dans le Tour du monde, 1894, 3.*>. XVIII. — DISTRIBUTION GEOGRAPHIQUE. 575 stable, les alternatives d'échauffement diurne (processus de stratification) et de refroidissement nocturne (processus d'uniformisation) se succé- dant à de courts intervalles ont pour résultat d'établir dans la couche des eaux de surface soumises à leur action une température élevée presque uniforme, avec stratification peu accentuée. L'amplitude de la variation journalière dans le lac Léman, par exemple, ne dépasse guère 2°; son influence se fait sentir suivant les circonstances jusqu'à 5, 10 ou 20 mètres de profondeur. Au-dessous de cette couche à laquelle doit être exclusivement réservée l'expression d' « eaux superficielles », les eaux, soustraites à cette cause de perturbation et de mélange, ont une température franchement plus basse et décroissant régulièrement vers la profondeur. Il en résulte une ligne de séparation bien tranchée, la « couche du saut thermique » Sprungschicht), de part et d'autre de la- quelle la température change brusquement. Cette différence peut atteindre 6° et plus pour un mètre de différence verticale. Le 5 septembre 1890, Riciiter (') a trouvé dans le Worthersee 19°, 2 à 10 mètres de profondeur et seulement 12°, 5 à 11 mètres. De même, Forel a trouvé que le 21 juil- let 1881, la température du lac Léman était partout entre la surface et 10 mètres de 20° environ, et à partir de 12 mètres descendait brusque- ment à 12°, soit pour 2 mètres d'épaisseur un abaissement de plus de 7°. La position de la couche du saut est ordinairement comprise entre 10 et 20 mètres (ce dernier chiffre a été trouvé par Forel le 23 septem- bre 1884). Cette ligne est le plus accentuée au moment où le réchauffe- ment diurne est le plus intense, c'est-à-dire vers la fin d'août, puis elle s'atténue en automne, pour disparaître à peu près complètement en hiver, quand l'écart entre le jour et la nuit est à son minimum. Ainsi, l'eau de surface forme une couche nettement séparée des eaux sous-jacentes, au moins en été, par sa densité beaucoup plus faible. Elle n'a pas l'homogénéité de ces dernières : les eaux légères des affluents y demeurent localisées, avec leur composition chimique particulière et variable ; la pluie s'y accumule et la dilue considérablement pendant les saisons humides; pendant les saisons sèches c'est elle seule encore qui s'évapore et se concentre. Tous ces phénomènes d'origine thermique, en particulier l'établissement et les allures de la couche du saut, fournissent l'explication d'un grand nombre de particularités dans la répartition quantitative et qualitative du plancton des lacs aux diverses saisons. Il doit en être tenu grand compte pour l'établissement de zones lacustres naturelles. Considérée dans le sens horizontal, la température est sensiblement la même pour une même couche dans les lacs de peu d'étendue, du moins à une certaine distance du rivage et de l'embouchure des affluents (De- lebecque). Mais elle est susceptible de varier dans les bassins plus éten- dus. La cause principale de ces variations est le vent, qui a pour effet de déterminer un courant superficiel de même sens que lui et un contre- (1) Richter : Die Temperaturverhaltnisse der Alpenseeri, Verhancll. d. IX. Geographentages in Wien, 1891, 193. 570 L'ANNEE BIOLOGIQUE. courant profond de sens inverse. De cette façon, les eaux superficielles chaudes sont chassées et accumulées contre la cùtesous le vent et rem- placées contre la côte au vent par les eaux profondes froides qui remon- tent pour combler le déficit. Ainsi Delebecque a trouvé sur le lac Léman, le 6 août 1895, à la suite d'un vent violent du S.-O. qui soufflait depuis quatre jours, 7°, G seulement à la surface en amont de Genève (côte au vent), et 18°, 7 au large de Vevey (côte sous le vent), soit un écart de 11°, 1 {*). Gomme conséquence, l'orientation générale d'un lac intervient indirectement dans son régime thermique et, partant, dans seg condi- tions bionomiques, puisque l'action des vents dominants, quand elie se fait sentir dans le sens de la longueur du bassin, a pour effet le mélange des eaux superficielles et profondes et l'uniformisation de la tempéra- ture dans toute la masse des eaux. En dehors de toute perturbation, la température des eaux superfi- Fig. 44. — Barre thermique littorale. cielles près du rivage est aussi le plus souvent différente de celles du large, et, en particulier, la « barre thermique littorale » (Forel) peut servir à préciser la limite entre la région littorale et la région pélagique ou limmiale. Quand on considère le Léman, par exemple, comme un lac de type tropical, il ne s'agit que de sa portion centrale profonde. Dans la région littorale, et particulièrement au fond des golfes, la profon- deur est assez faible pour que le refroidissement hivernal se fasse sentir jusqu'au fond. Dès qu'il a abaissé contre le fond la température au-des- sous de 4°, la stratification inverse s'établit, et, si le refroidissement continue, les eaux de surface peuvent descendre jusqu'à 0 et se congeler. Mais du côté du large, où la profondeur est plus grande, la stratifica- tion reste directe, et la température de surface ne s'abaisse pas au-des- sous de 5°, 5 à 6°. Des eaux à 0 et à G0 peuvent donc rester juxtaposées à la surface, malgré leur densité différente, parce qu'entre elles existe une véritable muraille de séparation, la barre thermique d'eau à 4° dans toute son épaisseur (fig. 44), qui s'écroule continuellement par sa base en vertu de sa densité plus forte, mais qui se reforme continuellement au sommet, par le mélange au point de contact des eaux voisines qui (1) A. Delebecque : Les lacs français, Paris, 1897, 154. XVIII. — DISTRIBUTION GEOGRAPHIQUE. 577 sont l'une un peu au-dessus, l'autre un peu au-dessous de 4°. L'écoule- ment des eaux de la barre thermique le long des pentes vers le fond du lac est une des causes les plus actives du refroidissement des eaux pro- fondes. Les eaux profondes peuvent encore voir leur température varier avec Tapport des affluents. Des affluents sous-lacustres ont été reconnus dans un grand nombre de lacs, réchauffant ou refroidissant suivant leur température propre le fond du lac où ils aboutissent directement. Quant aux affluents superficiels, ils incorporent d'ordinaire leurs eaux aux eaux de la surface; mais s'il s'agit de rivières glaciaires, en été, au moment de la fonte des neiges, leurs eaux, alourdies par la charge d'al- luvions qu'elles entraînent, plongent sous les eaux du lac et tombent jus- qu'au fond, malgré leur température relativement élevée. C'est cette disparition brusque des eaux jaunes ou grises au milieu des eaux bleues du lac, accompagnée de remous et de tourbillons violents, quand il s'a- git d'une masse imposante comme celle du Rhône à son entrée dans le Léman (390 à 500 m. cubes par seconde), qui a reçu le nom « balaillière », la bataille des eaux. Elles se mélangent alors aux eaux froides du fond qu'elles réchauffent, et ainsi se trouve vérifiée cette assertion d'appa- parence paradoxale de Forel : « Le Rhône, fleuve glaciaire, réchauffe le Léman ». Lumière. — La transparence des eaux des lacs est beaucoup moin- dre que celle de la mer au large. Cela tient à ce que les affluents y déversent une eau toujours chargée en quantité appréciable de ma- tières en suspension qui, en raison des dimensions relativement faibles des lacs, sont répandues par les courants dans toute la masse. On con- çoit donc que la transparence est d'autant plus faible que le lac est moins profond, et qu'il est alimenté par des affluents plus chargés de troubles, par des eaux torrentielles ou des eaux glaciaires particulière- ment. La transparence se mesure ordinairement, de même que dans la mer, par la profondeur où cesse d'être visible le disque de Secciii. La com- mission genevoise instituée pour étudier les questions relatives à la pénétration de la lumière du lac Léman l'a déterminée (1) également par la distance où disparaît à la vue un corps éclairant immergé, soit verticalement, soit horizontalement, la lumière étant dans ce dernier cas observée à l'aide d'un miroir incliné à 45°. Les chiffres concordent à peu près exactement, en tenant compte que dans la méthode du disque il faut doubler la distance, puisque pour revenir à notre œil le rayon lumineux a fait un trajet double dans l'eau. Ainsi, la limite de visibilité observée le 15 mars 188G dans le lac Léman était 18m,30 pour le disque de Seccoi, 36m,7i pour une lampe Edison de sept bougies plongée verticalement, et 39,75 pour la même lampe observée horizontalement. La limite augmente un peu avec l'intensité de la source lumineuse, mais pas proportionnellement à cette intensité. (1) Recherches sur la transparence des eaux du lac Léman, etc. — Mém. Soc. phvs. et hist. nat. de Genève, XXIX, n° il, 1887. l'année biologique, m. 1897. 37 578 L'ANNÉE BIOLOGIQUE. Des observa lions suivies n'ont été faites encore que sur un petit nom- bre de lacs. Les extrêmes clans la transparence, mesurée à l'aide du disque et toujours au-dessus de la plaine centrale, sont pour le lac du Bourget 5m,70 et 10m,50, pour le lac d'Annecy 6m,30 et 13m (<), pour le lac Léman im et 21 mètres (2). Quoique ce dernier soit un des lacs les plus transparents d'Europe, si on excepte quelques lacs de haute mon- tagne, son maximum n'est encore que la moitié à peine de la transpa- rence des eaux de la Méditerranée au large. A l'inverse de ce qui a été reconnu pour les eaux marines (3), la limite de visibilité du disque dans les lacs n'est pas influencée par la hauteur du soleil au-dessus de l'horizon, par l'état clair ou couvert du temps, par l'observation faite à l'ombre ou au soleil. C'est qu'ici la disparition de l'objet n'est pas causée seulement par l'absorption des rayons lumi- neux, comme dans une eau pure, mais aussi et surtout par l'écran formé par les matières en suspension, au moment où cet écran devient continu par suite de la projection en plan horizontal des particules les unes sur les autres. C'est ce que prouve la disparition alors brusque et presque soudaine du disque, tandis qu'en eau pure, au contraire, son extinction est graduelle et insensible. La transparence est très variable suivant les saisons. Elle a dans le Léman son maximum en hiver (janvier et février) et son minimum en été (juillet), à l'époque où l'abondance des alluvions du Rhône est la plus grande, par suite de la fonte des neiges (Forel). La couleur des eaux exerce aussi une certaine influence, et la trans- parence est, en général, d'autant plus grande que le lac est plus bleu. Les lacs jaunes du Jura comptent parmi les moins transparents (Dele- becque). Mais le degré de transparence ne peut pas servir, dans l'état actuel de nos connaissances, à apprécier la profondeur à laquelle s'arrêtent les rayons lumineux dans l'eau. Il y a certainement une relation entre ces deux phénomènes, mais nous sommes encore hors d'état de l'éva- luer numériquement. C'est cette donnée pourtant qui a la plus grande importance au point de vue bionomique, car c'est sur elle qu'est bas*ée la séparation entre la région abyssale aphotique et la région superfi- cielle éclairée. Elle n'a été mesurée directement encore avec des plaques photographiques suffisamment sensibles que dans le lac Léman par Fol et Sarasin ('*). La profondeur maxima à laquelle une plaque à l'iodo- bromure d'argent a été impressionnée a été trouvée comprise entre 192 mètres et 235 m., soit 200 m. environ, c'est-à-dire la moitié de ce que les mêmes auteurs ont trouvé dans la Méditerranée. Le rapport est le même que pour la limite de visibilité du disque. (1) A. Delebecque : Les lacs français, p. 170. '-> F. A. Forel : Le Léman, II, p. 423. -ii mu [in : A. Cialdi. sul moto ondoso del mare, Rome, 18GG) a dcjù reconnu que si le <)i~, 85 pour l'oxygène, 14c,c-, 96 pour l'azote et2c,c-, 85 pour l'acide carbonique. L'eau de surface est donc largement saturée en oxygène et en azote et montre un excès considérable d'acide carbonique (Forel). Cette proportion parait augmenter un peu dans les couches intermé- diaires, celles de 60 à 150 mètres de profondeur, et diminuer un peu de là jusqu'au fond, ou Walther (') a trouvé, le 30 novembre 1880, par 300 mètres de profondeur et une température de 4°, 6 les quantités suivantes : 0 = 7, 08, Az = 15,94, 602 =5,28. Les eaux profondes renferment donc les mêmes gaz, et en quan- tités sensiblement égales, que celles de la surface; ce sont des eaux simplement aérées. Elles seraient saturées de gaz à la pression atmos- phérique ordinaire, mais elles sont loin d'être saturées à la pression qui règne dans les couches d'où elles proviennent. Leur faible teneur en oxygène et en azote est due à ce qu'elles proviennent toujours de la surface, par descente des eaux lourdes des affluents ou par descente des eaux de surface refroidies pendant l'hiver. Elles ne peuvent livrer au fond plus d'azote et d'oxygène qu'elles n'ont pu en acquérir pendant leur séjour à la surface. Mais si ces deux gaz proviennent à peu près uniquement de l'atmosphère il en est autrement pour l'acide carbonique. Il est en quantité plus considérable près du fond qu'à la surface (5,3 à 300 mètres contre 2,9 à la surface). C'es^ qu'il est produit en majeure partie par voie chimique, par les oxydations dues aux fermentations et à la respiration des êtres vivants. Sa quantité peut donc s'accroître et il est empêché de remonter dans les couches supérieures par diffusion, puisque les eaux, sous leur pression in situ, n'en sont pas saturées. On manque encore de données précises pour comparer les différents lacs et surtout pour apprécier, ce qui en serait plus important, les va- riations, périodiques ou non, dans un même bassin. Mouvement des eaux. — Les plus fortes vagues observées sur le lac (1) In : Forel, Faune profonde des lacs Suisses, Bàle, 1885, 4i. 584 l/ANNEE BIOLOGIQUE. Léman ont montré une hauteur de lm,73, une longueur de 35 mètres, et une vitesse de 7m,30 («). Les rides de fond (Ripple-marks, Wellenfûrchen) causées par le mouve- ment alternatif des vagues sur un fond de sable permettent d'apprécier jusqu'à quelle profondeur les vagues superficielles font sentir leur ac- tion. Cette profondeur est en rapport avec l'étendue du bassin. Tandis que dans la mer la limite n'a été trouvée qu'à 188 mètres (ob- servation de Siav dans l'océan Atlantique), elle ne dépasse pas 10 mètres dans le lac Léman (Forel). L'action des vagues n'est donc capable d'at- teindre le fond et de l'influencer que dans la région littorale. Les courants dont un lac est le siège sont des courants verticaux et des courants horizontaux. Les courants verticaux reconnaissent pour cause principale la con- fection thermique, par laquelle, quand la température des eaux super- ficielles se rapproche de 4° par refroidissement ou par échauffement, ces eaux descendent jusqu'à ce qu'elles rencontrent une couche de den- sité égale à la leur. Ils ont leur contre-partie dans des courants ascen- dants qui s'établissent sur le pourtour du courant descendant, puis dans un mouvement horizontal vers le centre de celui-ci des eaux ainsi ra- menées à la surface. Ces courants, trop faibles pour être mesurés direc- tement, n'en ont pas moins un rôle important; ils déterminent, à cer- taines saisons, le brassage, le mélange intime des diverses couches d'eau et de leur faune flottante. Leur champ d'action s'arrête inférieurement au niveau où cesse la variation annuelle de la température. Des courants horizontaux se produisent à l'entrée des affluents et à la sortie de l'émissaire. Les uns et les autres sont d'ordinaire superficiels, purement locaux, et s'éteignent à peu de distance dans le lac. Mais quand un affluent apporte à certaines époques des eaux fortement chargées d'alluvion, ces eaux alourdies plongent brusquement, puis coulent sur le fond suivant la pente, et le courant de ce fleuve sous-lacustre est parfois assez fort pour déterminer sur son trajet un ravin. Les eaux plus ralenties, par suite du frottement contre les eaux immobiles du lac, le long des bords qu'en son milieu, laissent déposer plus vite leur li- mon qui forme une berge de chaque côté. Une telle disposition, qui se rencontre dans un assez grand nombre de lacs et qui se continue par- fois sur une étendue considérable (le ravin sous-lacustre du Rhône est reconnaissabJe dans le Léman jusqu'à 10 kil. de son embouchure), a pour effet de reproduire d'une manière inattendue dans une région profonde les conditions bionomiques, mouvement, variation de tempé- rature et de composition de l'eau, de la zone superficielle ou litto- rale. Mais les courants les plus intenses et les plus importants sont ceux qui sont déterminés directement par le vent. L'action de celui-ci à la surface du lac chasse et accumule les eaux de la côte au vent vers la côte i La hauteur est la distance verticale entre la crête et le tond du ravin de la vague. i a longueur esl la distance horizontale entre deux points homologues, les den\ crêtes, par exemple, de deux vagues consécutives. La vîtesi >■ de translation est l'espace parcouru en une seconde par la crête de la vague. i XVIII. — DISTRIBUTION GEOGRAPHIQUE. 585 sous le vent, assez pour occasionner parfois une dénivellation très marquée. Mais cette dénivellation a une limite. Si le vent continue, les eaux chassées, après avoir buté à faible distance du rivage sous le vent contre les eaux riveraines immobiles, plongent, puis subissent un courant de retour de sens inverse , et remontent appelées à la surface contre la cùte au vent. Il y a donc un courant superficiel dans le sens du vent et contre-courant profond en sens inverse. Mais, malgré tout, ces courants sont relativement faibles; la vitesse maxima observée sur le Léman a été de 18 mètres à la minute, soit 1 kilomètre seulement à l'heure (Forel) ('). Les courants de retour ne s'établissent pas dans ce lac à plus de 20 ou 30 mètres de profondeur en été; mais en automne et en hiver, quand la température s'est presque uniformisée dans toute la masse, ils descendent jusqu'à 40 et 60 mètres. Quoi qu'il en soit, tous les mouvements des eaux s'accomplissent dans une zone superficielle relativement peu épaisse, au-dessous de laquelle, comme dans la mer, et même à partir d'une profondeur bien moindre, les eaux sont dans un état d'uniformité et de repos presque absolu. Et la limite, variable avec les saisons, à laquelle s'arrêtent les variations de la température, la pénétration de la lumière et les. mouvements de la surface, prouve qu'ici aussi la notion de profondeur est insuffisante pour établir des divisions bionomiques naturelles, c'est-à-dire les cadres dans lesquels il faut faire entrer l'étude objective des faunes. Ces caractères physiques des fonds et des eaux permettent de distin- guer dans tout lac suffisamment étendu et suffisamment profond des divisions bionomiques semblables à celles de la mer, caractérisées à peu près de la même manière, mais ayant une extension moins considérable. Ce sont : 1. — La région littorale, qui occupe tout le fond du lac à partir du rivage jusqu'au point où la lumière du jour cesse de pénétrer. C'est dans cette région que sont localisées les variations saisonnières de la tempé- rature et aussi les courants qui composent la circulation du lac. Elle se divise en : 1° La zone littorale proprement dite, qui s'arrête inférieurement au point où cesse l'agitation des vagues et les variations journalières de la température. Elle embrasse la grève et la beine, et les fonds y sont va- riés, roche en place, cailloutis, sable ou vase. La végétation lacustre est riche et variée, la nourriture abondante. 2° La zone littorale profonde, qui occupe, au-dessous, tous les talus du lac uniformément revêtus d'un manteau de sédiments fins, jusqu'à la limite inférieure de pénétration de la lumière. La végétation est déjà absente ou du moins très réduite; dans les lacs du massif alpin elle ne renferme qu'un Pleurococcus, quelques Oscillariées, des Diatomées et des Palmellacées (2). L'absence de végétaux fixés au sol est due surtout à la nature meuble des sédiments du fond et non à l'obscurité qui n'est pas encore absolue; on peut rencontrer parfois dans cette zone une végéta- (1 ) F. A. Forel : Le Léman, II, 285. (2 F. A. Forel : Les faunes lacustres de la région subalpine, 8e Congr. Ass. franc, avanc. des Sciences, Montpellier, Tii. 586 L'ANNEE BIOLOGIQUE. tion relativement développée mais formée toujours de végétaux infé- rieurs, et seulement dans des conditions exceptionnelles qui se rencon- trent rarement. C'est le cas, par exemple, dans le lac Léman, en face d'Yvoire, où on rencontre une moraine sous-lacustre à nu, sans vase, lavée par des sources profondes qui se font jour à sa surface, par des fonds de 55 à 70 mètres (i). Les pierres recueillies sont presque toujours re- couvertes d'une mousse abondante, en puissante végétation, et qui estime variété de Tliamunium alopecuriwi, étudiée par le professeur Schnetzler, de Lausanne. Gomme la végétation lacustre s'arrête en général à une faible profondeur, la présence de cette mousse dans des fonds de 70 m. fait supposer l'arrivée d'une eau étrangère (Delebecque) (2). II. — La région abyssale, qui embrasse tous les grands fonds, caracté- risée par l'obscurité complète, le repos absolu des eaux et la température presque invariablement constante à 4°. La nourriture des habitants n'est plus fournie que par les cadavres des organismes, particulièrement des Entomostracés pélagiques qui tombent sur le fond. III. — La région limniale, c'est-à-dire toute la masse des eaux à partir d'une certaine distance du rivage et du fond. On est conduit par l'étude des variations du plancton à y distinguer au moins une zone d'eaux super- ficielles agitées, de composition et de température variables, et une zone cV eaux prof oncles , à caractères beaucoup plus constants. La limite entre les deux est tracée par la couche du saut thermique. On ne peut pas exprimer ces divisions par des cotes de profondeur. Non seulement leurs limites varient d'un lac à l'autre, mais encore elles sont susceptibles de se déplacer dans un même lac avec les saisons. Disons que dans le lac Léman, en été, en ce qui concerne la faune benthique, la zone littorale proprement dite descend jusqu'à 10 ou 15 mè- tres, et la zone littorale profonde s'étend jusque vers 100 mètres; dans la région limniale la séparation de la zone superficielle et de la zone pro- fonde est vers 15 mètres également. C'est autour de ces chiffres qu'os- cillent les limites dans les lacs de nos régions tempérées ; mais elles ont besoin d'être déterminées directement pour chaque bassin. Les données précédentes tirées de l'étude physique des fonds et des eaux sont valables pour les bassins vastes, mais localisés sur un terri- toire restreint et à climat homogène, que sont les lacs. Elles sont moins capables de fournir des éléments d'appréciation pour la seconde caté- gorie des eaux douces, les eaux courantes. A considérer un fleuve en lui-même, indépendant de la région du globe qu'il parcourt, on lui trouve comme caractères essentiels, relativement à un lac : 1° La vitesse du courant. L'importance bionomique de ce caractère est prouvée, par exemple, parce fait que les eaux rapides ont une faune pauvre en Invertébrés, et d'où sont absentes les formes fixées. La répartition des Mollusques d'eau douce est aussi frappante. Les Lamellibranches sont ceux qui présentent le plus petit nombre de genres, mais le plus grand nombre d'espèces, ceux qui sont par consé- i A. Delebecque : Les lacs français. 108. XVIII. - DISTRIBUTION GEOGRAPHIQUE. 587 quent le plus polymorphes. C'est que, tandis que les Gastéropodes aqua- tiques vivent tous seulement dans les eaux tranquilles, les Lamelli- branches fréquentent volontiers, au contraire, les grands cours d'eau à courant rapide et ont là une cause de plus de varialion dans Faction directe de l'eau courante elle-même, et aussi dans le transport des jeunes dans des conditions de milieu bien différentes, de la source à l'embouchure du fleuve. Ainsi, YUnio rhomboideus, commune dans tous nos cours d'eau, transportée dans les eaux calmes du lac du Bourget ou du lac d'Annecy a donné YUnio rathymvs, et dans les petits ruisseaux torrentueux des Hautes-Pyrénées, YUnio bigorriensis ; dans d'autres mi- lieux encore sa taille s'est réduite, et elle a donné les Unio astierianus , rotundatus, Pacomei ('). 2° La variabilité considérable des conditions biologiques, qui est com- mandée par la différence de climat des régions que le fleuve traverse, par l'origine de ses eaux, la nature du sol où il coule, le tribut varié de ses affluents. Aussi doit-on chercher les éléments de l'histoire bionomique d'un fleuve surtout dans ses conditions extrinsèques, dans l'allure et la com- position des terrains qu'il traverse, dans les étapes et le résultat du con- flit qu'il a engagé contre eux pour conquérir son droit à l'existence, c'est-à-dire dans l'histoire de son évolution. t Evolution des fleuves. — Un fleuve, un lac, ont, comme un organisme vivant, une évolution parfaitement déterminée. Ils ont une enfance, une jeunesse, une période de maturité, puis de vieillesse. Les conditions qu'ils présentent sont naturellement variables avec chacune de ces pé- riodes et influent différemment sur leurs faunes. De plus, tous les bassins d'eau douce ne sont pas actuellement au même stade de leur évolution, d'où résulte une variété parfois considérable des conditions de la vie dans des territoires même voisins. La jeunesse d'un fleuve est la période pendant laquelle il creuse et régularise son lit. Le profil vertical de son cours dessine une courbe parabolique, tangente à l'horizontale en son point le plus bas, l'embou- chure, que l'on appelle le niveau de base. Par suite du creusement, la courbe recule progressivement, surtout dans la partie haute du cours. En même temps, par suite de l'érosion fluviale et du ruissellement des eaux de pluie, les versants s'éboulent, et les déblais sont entraînés, puis déposés plus bas sous forme d'alluvions qui marquent le lit majeur du fleuve, jusqu'à ce que la vallée s'élargissant et la force vive des eaux diminuant toujours, le fleuve devienne incapable d'entraîner ses aliu- vions. De torrent il est devenu rivière divagante, se bornant à étaler les alluvions de son lit majeur et à exagérer ses sinuosités primitives en portant les matériaux des bords concaves vers les bords convexes. Les cours d'eau torrentiels, c'est-à-dire ceux qui sont capables d'effets de creusement et de transport notables, sont caractérisés par une pente su- périeure à 2 pour 1000; les rivières divagantes, c'est-à-dire celles qui (1) Arnould Locard : L'influence des milieux sur le développement des Mollusques. Mém. Soc. Agrio. Hist. nat. Lyon, 1892, :.ij. :,ss L'ANNÉE BIOLOGIQUE. déplacent assez souvent leurs alluvions pour n'êlre pas navigables, ont leur pente comprise entre 1 et 2 pour 1000 ('). Pendant toule la période de jeunesse le fleuve présente des eaux éta- lées et peu profondes, mais agitées et tumultueuses, à crues violentes et brusques, roulant toujours sur dessables ou des cailloutis peu propres à l'établissement de la végétation et des animaux sédentaires. Les affluents ont leur niveau de base au point où ils débouchent dans le fleuve principal, et ils se comportent à tous égards exactement comme ce dernier. Parmi les phénomènes dont ils peuvent être le siège, un des plus importants au point de vue de la migration et de la distribution p'1! >graphique des êtres est la capture d'un cours d'eau par un autre. Quand deux fleuves coulent dans une même région à des altitudes dif- férentes, un des affluents du fleuve le moins élevé poussant toujours son lit vers Famont pourra atteindre en un point l'autre fleuve plus élevé, et détourner à son profit toute la partie supérieure de son cours, avec sa faune propre qui pourra alors s'étendre dans le domaine du cours d'eau inférieur auquel elle était peut-être étrangère jusque-là, tandis que le cours d'eau le plus élevé, décapité et s'afl'aiblissant de plus en plus en raison de son alimentation insuffisante, finira par se trouver dans des conditions telles que tout ou partie de sa propre faune initiale ne puisse plus s'y maintenir et s'y éteigne. Les deux fleuves peuvent avoir parfois leur embouchure et le point de départ de leur population dans des mers éloignées. Ainsi, au commencement du quaternaire le lac ^'innipeg se déversait dans le Mississipi par la Rivière Rouge et le Min- nesota. Ultérieurement cette communication a été rompue, l'émissaire du lac s'est mis en rapport avec un fleuve de la baie d'Hudson, et il a dû en résulter l'introduction de types méridionaux dans un bassin tribu- taire aujourd'hui de l'océan Arctique. La maturité du fleuve est atteinte quand il est en équilibre stable, c'est- à-dire quand la force vive de l'eau courante est exactement équilibrée par le frottement contre le lit et les parois, lors du débit moyen. Il est alors incapable de déplacer ses alluvions. Le profil vertical dessine une courbe très tendue. Dans le cas hypothétique d'un territoire incliné, formé de matériaux meubles homogènes et recevant une hauteur d'eau annuelle de 1 mètre, cet état serait atteint, la longueur totale du fleuve étant exprimée par 1000, quand la différence du niveau serait 6 pour les 10 premiers millièmes du cours, 1 pour les 90 millièmes suivants et -j-jj^ seulement pour les 900 millièmes restant (2). Dans la réalité, les rivières stables ont une pente comprise entre o et 1 pour 10000, ce der- nier chiffre étant la pente de la Seine à Paris. Leurs eaux nullement agi- tées, à courant lent, coulent sur un lit de dépots fins tendant sans cesse à s'exhausser, et cette stabilité permet le développement de la vé- gétation et des formes amies du repos. Enfin, par l'aplatissement continu des versants sous l'influence des pluies, tout le bassin du fleuve se transforme en une plaine uniforme sil- (1) A. de Lapparent : Ij-rons de Géographie physique, Pnris, 1893, 7!>. (2) Penk : I> <* Endziel 89 lonnée de nombreux cours d'eau très ramifiés. La vieillesse du fleuve se produit quand, le relief étant complètement aplani, et les vents n'étant plus forcés de perdre leur humidité en s'élevant, la quantité de pluie di- minue. Alors les petits affluents s'atrophient, le courant principal, sans force (les pentes sont comprises, d'ordinaire, entre 5 et 3 pour 100000), obéit aux plus légers obstacles. Des parties d'anciens lits se transforment en lacs; le delta s'accroît, les branches se multiplient et se déplacent, jusqu'à ce qu'au terme ultime de la décrépitude la communication avec la mer finisse par se fermer. Des exemples remarquables de grands fleuves vieillis sont le cours inférieur du Mississipi, comme aussi les af- fluents du versant méridional de l'Amazone. Le déplacement de l'embouchure d'un fleuve est parfois important et pourrait amener dans les eaux de son bassin des apports faunistiques recueillis successivement par lui à des distances considérables. Ainsi leHoang-Ho, qui jusqu'au treizième siècle avait son embouchure dans le golfe de Petchili, au delà du 39° lat., l'a reportée depuis cette époque jusqu'à ]85i sous le 34° lat. Et ses oscillations du nord au sud ont forcé en 1889 le gouvernement chinois à exécuter des travaux con- sidérables qui lui ont fait réintégrer son lit primitif. Parfois, sous l'influence des divagations et des obstacles accidentels le fleuve se bifurque. Une branche peut aller rejoindre un autre fleuve appartenant à un territoire très différent, et permettre le mélange des deux faunes, reproduisant pendant la vieillesse un mode de fusion des faunes aquatiques analogue à celui produit par les captures de cours d'eau pendant la jeunesse du fleuve. C'est le cas, par exemple, pour le Cassiquiare, bras de TOrénoque qui va rejoindre l'Amazone par le Rio Negro. Puisque toutes les conditions offertes à la vie organique par les eaux et les fonds sont différentes aux différentes périodes de la vie du fleuve, ce sont elles qu'il convient de prendre pour base des divisions bionomi- ques naturelles en ce qui concerne le domaine fluvial. Mais un fleuve ou un bassin fluvial est rarement à la même étape de son évolution dans toutes ses parties, à cause surtout de la résistance dif- férente à l'érosion qu'offrent les terrains traversés. Le plus souvent ce que l'on entend par la maturité du cours d'eau n'est que la maturité de sa portion moyenne, alors que le cours supérieur encore torrentiel n'a pas dépassé la période de jeunesse et que le cours inférieur montre déjà des signes de vieillesse. Les affluents se comportant comme le fleuve principal, on peut mar- quer sur chaque rivière d'un bassin les limites de ces trois sections, et en les réunissant par un trait continu on obtient deux courbes concen- triques autour de l'embouchure du fleuve, ne concordant pas nécessai- rement avec les courbes de niveau, et séparant dans chaque bassin trois grandes zones. 1° Zone torrentielle, ou du cours supérieur. 2° Zone des rivières, ou du cours moyen. 3° Zone fluviale, ou du cours inférieur. Le plus souvent, dans notre Europe occidentale au moins, ces deux 590 • L'ANNEE BIOLOGIQUE. dernières pourraient être fusionnées sans inconvénient. En tout cas, leurs conditions bionomiques ne montrent jamais entre elles de diffé- rences aussi profondes que celles qui les séparent de la première. A me- sure que le fleuve avance en âge, les courbes s'élargissent et remontent de plus en plus, réduisant de plus en plus et finissant par faire dispa- raître la zone torrentielle. Mais, en outre, les processus généraux qui doivent aboutir à l'état d'équilibre, puisa la dégénérescence des cours d'eau, sont influencés par la nature du sol où ils agissent. Et celle-ci détermine dans chaque zone des faciès différents, qu'on peut, à notre point de vue purement biono- mique, ramener à trois principaux, suivant que les terrains traversés sont : 1° Stratifiés calcaires. — Alors le ruissellement superficiel est presque nul, l'eau s'infiltrant d'emblée dans des fissures et se concentrant en ruis- seaux souterrains. Les rivières sont espacées, mais volumineuses, à dé- bit constant; les eaux sont limpides, pauvres' en matières en suspension, mais riches en sels de chaux dissous. 2° Massifs granitiques. — Ce sont des terrains compacts, dont la fis- suration et l'altération n'intéressent que la surface. Aussi le ruisselle- ment est-il abondant, d'où résultent de nombreux filets d'eau, limpi- des, favorables à la végétation et à la production de la tourbe. Les eaux sont peu chargées de substance minérales, mais sont colorées fré- quemment par la grande abondance des matières organiques dissoutes (acide ulmique). 3° Dépôts glaciaires. — ■ Formés du mélange de boue et de blocs ro- cheux qui constituent les moraines, ils ont la surface irrégulièrement mamelonnée et imperméable, d'où abondance des eaux stagnantes, lacs et mares à contours irréguliers, dont l'écoulement et la régularisation ne se produisent qu'à la longue et seulement dans les régions où le ré- gime des pluies est assez abondant pour provoquer le débordement. Les eaux sont froides, mal aérées, pauvres en substances minérales, peu propres au développement de la vie animale. Ce faciès occupe de vastes étendues dans les plaines de la Finlande et delà Russie du nord- ouest. Comme un vaste territoire est rarement homogène, les différents types d'eaux courantes et stagnantes se rencontrent souvent côte à côte mélangés dans un même bassin, souvent sur le trajet d'un même cours d'eau. Ainsi sont variées de ce chef les conditions d'habitat, et par con- séquent la population. Ce qu'on appelle d'ordinaire la faune aquatique d'une région ou d'un pays est, en somme, une notion assez confuse et peu naturelle; c'est la somme des faunes de tous les types de ses eaux. Evolution des lacs. — Les phases de la vie d'un lac sont plus simples que celles des eaux courantes. Son enfance est la période tourmentée pendant laquelle, quelle que soit son origine, il se remplit ; puis il atteint sa maturité quand il y a équilibre de l'apport et de l'emport, puis sa vieillesse à partir du moment où la masse des eaux commence à dimi- nuer. XVIII. — DISTRIBUTION GEOGRAPHIQUE. 591 Tout lac est condamné à une existence purement temporaire : dès que les causes qui lui ont donné naissance cessent d'agir, il tend à dis- paraître. Sa période de maturité n'est qu'un point, le sommet de la courbe entre la jeunesse, pendant laquelle la population n'était pas en- core établie à demeure, et la vieillesse; son histoire biologique n'est donc que celle de sa vieillesse. Les eaux se décantent à leur arrivée dans le lac, et les alluvions ten- dent à le combler, d'autant plus vite quand ses affluents sont des ri- vières glaciaires. Le Rhône, par exemple, dépose dans Je lac Léman 2 millions de mètres cubes d'alluvions par an, et amènerait à lui seul son comblement en 45 000 ans environ (Forel) ('). D'un autre côté, l'émis- saire du lac creuse son lit, avec plus ou moins de rapidité suivant la position de son niveau de base et la nature de la roche qui forme le seuil , mais d'une façon continue jusqu'à ce qu'il ait atteint le niveau du fond du lac; celui-ci sera à ce moment complètement vidé. Le lac Léman a déjà perdu de ce fait une trentaine de mètres depuis la fin de la période glaciaire (Delebecque) (2). Enfin, d'une part, l'évaporation restant la même ou augmentant par suite de l'augmentation de surface relative produite par le dépôt des alluvions, et, d'autre part, la quantité d'eau apportée, quia toujours la pluie pour origine première, diminuant par suite du nivellement de la région, le lac baisse peu à peu, perd sa communication avec la mer si l'abaissement de la surface marche plus vite que l'approfondissement de l'émissaire, concentre la salinité de ses eaux et finit par se dessécher (3). Il se divise, se morcelle en lacs, puis en étangs isolés de plus en plus réduits, puis se dessèche purement et simplement dans le cas où les mouvements des eaux, courants, va- gues, sont énergiques et affectent toute la masse jusqu'au fond, ou quand les bords du lac sont en talus escarpés, comme c'est le cas pour beaucoup de lacs de montagne. Mais le plus souvent la dernière étape de l'évolution du lac avant sa disparition complète est la transformation en marais. Pour des causes diverses, beaucoup de lacs ont évolué et disparu depuis les temps historiques ; en comparant les anciennes cartes d'HuBER et d'ANiCH avec les cartes récentes du Tyrol, on constate que dans cette seule région 118 lacs ont disparu dans l'espace d'un siècle ou se sont transformés en marais. Cela se produit surtout dans les lacs où les courants des affluents vers l'émissaire s'effectuent seulement dans les couches superficielles et dans ceux qui sont orientés de façon à être à l'abri du vent; le vent, en effet, en soulevant les vagues, gêne beau- coup le dévelopement de la végétation, et c'est la végétation qui joue le rôle capital dans cette phase ultime de la vie du lac. A ce point de vue il y a, d'après les études de Senft (''), deux cas à (1) F. A. Forel : Le Léman, I, 377. (2) A. Delebecque : Les lacs français. 352. (3) Pour ce qui est de la rapidité avec laquelle les phénomènes de dessèchement s'accom- plissent parfois, Venckoff (C. R. Acad. Se. Paris, 1886, CIII, 1045) nous apprend que, d'après les études de Nicolsky, le niveau du lac Balkach (Asie centrale) perd annuellement par l'évaporation sur les 19.000 kil. carrés de sa surface 13.000 millions de mètres cubes d'eau et que son niveau s'abaisse de 1 mètre tous les 14 ou 15 ans. (4) In : Supan, Grundz d.xjhysischcn Erdkunde, 546. 592 L'ANNEE BIOLOGIQUE. distinguer suivant que les eaux du lac sont riches en silice et silicate: et pauvres en carbonate de chaux, ou inversement : Dans le premier cas, qui est celui des lacs situés dans un bassin massif pauvre en calcaires, la transformation se fait de haut en bas, de li surface vers le fond. Le processus commence près du rivage, dans le llaques humides où s'établissent d'abord les Sphagnum qui non seule ment entretiennent l'humidité du fond, mais encore attirent à eux le vapeurs atmosphériques, de sorte que le rivage et son pourtour immé diat s'étendent de plus en plus en marais. Les Sphagnum, qui croissent ei épaisses couches feutrées, meurent dans leurs parties profondes tandi qu'elles continuent à végéter par leur portion superficielle ; puis elle s'étendent du côté du large comme du côté de la terre et recouvren la surface de l'eau d'un manteau de plus en plus épais. Les conferve et autres algues, puis les herbes et les bruyères des tourbières s'éta blissent à la surface et accroissent le poids du revêtement qui s'enfonc de plus en plus, de nouvelles plantes se développant à la surface jus qu'à ce que la couche végétale atteigne le fond du lac, ce qui marqu la fin de la transformation. Dans le second cas, le zone basse et vaseuse le long du rivage déve loppe d'abord des algues et des plantes aquatiques à feuilles flottantes puis des joncs, dont les débris concourent à élever le fond, et quand j est assez élevé pour n'être plus inondé que de temps en temps, les plante terrestres s'y établissent à leur tour. Ces dépôts gagnent de plus e plus vers le large, envahissent le lac concentriquement et le transfor ment enfin en une plaine marécageuse. Dans l'un et l'autre cas, mais de préférence dans le premier, la mass végétale accumulée ainsi sous les eaux, à l'abri du contact de l'air, s transforme en tourbe par une lente carbonisation. La production de 1 tourbe n'a guère lieu que dans les régions tempérées ou froides; le températures élevées activent trop la décomposition des matières 01 ganiques, et dans la zone tropicale la tourbe ne se produit guère qu dans des conditions très spéciales d'altitude ou de climat. Des marais peuvent aussi se former même là où il n'y avait pas d lac préexistant, près des rives plates d'un grand fleuve ou dans de faible dépressions des plaines dans lesquelles s'accumulent les eaux de plui( marais temporaires, qui unissent parfois les bassins de plusieurs cour d'eau clans les régions tropicales, pendant la saison des pluies, ou mi rais permanents, susceptibles d'acquérir une faune fixe, qui se produ: sent surtout dans les régions tempérées où la chute des pluies est ré partie plus uniformément sur toute l'année. Classification générale des lacs. — Le mode d'origine et de formatio: des lacs qui sert de base à leur classification au point de vue de la géo graphie physique (lacs dans la roche en place, lacs de barrage, etc.. a moins d'importance pour la biogéographie que les régions et les con ditions de milieu où ils ont pris naissance. A ce point de vue on peu les répartir de la manière suivante : I. — Lacs continentaux. — Ce sont ceux qui sont situés dans l'inté rieur des continents, ou du moins assez loin de la mer pour ne pas subi XVIII. — DISTRIBUTION GÉOGRAPHIQUE. 593 actuellement l'influence directe de son voisinage. Ils se subdivisent en : A, lacs pourvus d'un émissaire qui assure leur communication directe avec la mer, et B, les lacs sans écoulement vers la mer. Dans la pre- mière section, A, il faut distinguer les catégories suivantes : 1° Les lacs de montagne (Gebirgseen) qui sont généralement petits, à profondeur relative considérable, à talus en pente raide, sans plaine centrale; leurs eaux sont froides, peu aérées, pauvres en sels; la végé- tation et la faune y sont toujours peu développées, la plupart même sont inhabités. La plupart de ces lacs sont en même temps des lacs glaciaires ou mo- ramiques, c'est-à-dire alimentés par le ruissellement qui résulte directe- ment de la fonte des neiges ou des glaces voisines, maintenus par le barrage de la moraine d'un glacier actuel ou ancien, et ayant pour émissaires un ou plusieurs torrents qui se font jour à travers la moraine. Sous les hautes latitudes, de tels lacs peuvent se rencontrer même dans des plaines peu élevées au-dessus de la mer. Les lacs de la Russie septen- trionale appartiennent à ce type. Les lacs de montagne sont surtout concentrés dans une zone bien déterminée. Dans les Alpes orientales seulement, on en compte 2.460, et '.».v>.'!. plus du tiers, sont compris entre 2.000 et 2.500 mètres d'altitude (1). Cette zone de prédominance des phénomènes lacustres s'abaisse de l'é- quateur vers les pôles, parallèlement à la limite de neiges permanentes; comprise entre 4.300 et 4.600 mètres dans les Andes du Pérou, elle est entre 4.000 et 5.000 mètres dans l'Himalava, entre 2.900 et 3.200 dans la Sierra Nevada (Espagne), pour tomber entre 1.000 et 1.600 mètres en Norvège. Au-dessous de cette zone vient, dans les Alpes du moins, une autre zone où les lacs sont rares ou absents, puis la zone des lacs en bordure. 2" Les lacs en bordure (Randseen) des massifs montagneux ont une étendue généralement plus grande, mais une profondeur relative moindre que les précédents; leur faune est plus variée et plus riche. Le lac Léman appartient à cette catégorie. Dans les lacs de montagne et les lacs en bordure, la faune est d'origine récente, postérieure à la fusion du glacier qui en couvrait antérieure- ment remplacement. 3" Les lacs de plaine, simplement interposés sur le cours moyen ou inférieur d'une rivière ou d'un fleuve. Les éléments de leur faune actuelle ont pu y être introduits à toutes les époques. I.i M'.-lion B, lacs sans écoulement vers la mer, ne comprend que: i° Les lacs terminaux [Mundungseen . Quand par suite des mouve- ment- du sol, ell'ondrement de la région ou relèvement du seuil, un b.issin est coupé de sa communication avec la mer, les eaux s'accumu- lent dans la partie la plus déclive formant un lac sans émissaire. Il y a alors deux ca^ à considérer donnant naissance a deux subdivisions. Si l'apport des pluies est équivalent à la quantité d'eau enlevée par l'éva- poration. la composition de l'eau n'est pas sensiblement modiûée ; ainsi, (1 Bohm : Dû Bochseen der Ostalpen, W'ien. geogr. Ces. Mitthcil.. 189 î. l'wmi. biologique, in. 1897. 38 594 L'ANNEE BIOLOGIQUE. le lac Tchad renferme de l'eau douce, quoique dépourvu d'écoulement, car son émissaire, ou plutôt son prolongement, le Bahr-el-Gazal, se perd dans le désert sans atteindre un fleuve capable de porter ses eaux à la mer. Si, au contraire, Tévaporation l'emporte sur l'apport des pluies, les matières en dissolution se concentrent de plus en plus ('), on a des lacs salés, peu profonds, à eaux fortement imprégnées de sels, jusqu'au point de devenir tout à fait impropres à l'entretien de la vie. Le lac salé de l'Utah, dernier reste de l'ancien lac Bonneville des géolo- gues, n'a plus que 12 mètres de profondeur et renferme 20 % de sels. Mais auparavant, tant que la salure n'est pas devenue excessive, la faune aquatique peut y séjourner et y évoluer. Seulement elle ne peut être composée que des types qui, vivant antérieurement dans le lac d'eau douce, se sont acclimatés au changement progressif des eaux, et de ceux qui y sont nés sur place, sous l'influence de ces mêmes change- ments. La migration actuelle n'intervient pas, les animaux transportés par hasard étant incapables de résister à un changement aussi subit dans les conditions du milieu. La faune de ces lacs est un témoin du passé. 2° Les étangs et les inarais, sans étendue et sans profondeur, alimentés parles eaux de pluie, sans rivières d'apport et sans émissaire permanent. Leurs conditions bionomiques particulières résultent de leurs petites dimensions, de l'abondance delà végétation et des détritus organiques, de la variation considérable de leur niveau, de la puissance avec la- quelle retentissent sur eux les variations climatériques. II. — Lacs littoraux. — Ce sont les lacs séparés récemment delà mer, sur les cotes basses, par la formation du cordon littoral. Saumàtres, en communication facile, permanente ou temporaire avec la mer voisine, ils sont, au point de vue des conditions bionomiques, intermédiaires entre le domaine maritime et le domaine lacustre. Tous les degrés de salinité se rencontrent dans leurs eaux. Certains, à la suite de mouvements du sol, ont été plus complètement séparés de la mer; leur salure originelle dé- croît sous l'influence des pluies, et de leur faune primitivement marine ne persistent que les formes qui peuvent s'adapter à des eaux de moins en moins salées. On peut s'étonner de ne pas voir figurer dans cette énumération les lacs résiduels {Beliktenseen), qui sont d'anciennes portions de mer isolées par les dénivellations du sol au milieu des continents actuels. C'est que le mode d'origine tectonique d'un lac n'entraîne pas pour lui ipso facto des conditions d'habitat spéciales. Au point de vue strictement biono- mique où nous nous plaçons, il y a des faunes résiduelles, caractérisées (1) Il ne faudrait pas croire que ces actions sont toujours très faibles et très lentes, de na- ture à intéresser seulement les géologues. Pour les quatre stations météorologiques instal- lées dans la grande dépression aralo-caspienne, on a constaté qu'à Astrakhan si la quantité d'eau apportée parles pluies représente annuellement une colonne de lut* millimètres, la colonne d'eau enlevée par évaporation est de 744 millimètres. A Akmolinsk, l'apport est de 23.'> millimètres et la quantité évaporée de 1035 millimètres. A Nukus, ces chiffres deviennent 7i millimètres et 1931 millimètres et enfui, à Pelro-Alexandrowsk, l'apport des pluies n'est plus que e'c. 1896. (Trans. Wisconsin Acad. Se, XI, 274448.) [608 4. — — Tlie vertical distribution of the limnetic Crustacea of Lake Mendota. (Biol. Centralbl., XVII, 371-374.) [609 5. 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Pinnipèdes. — Les Otaries qui se trouvent en abondance dans les eaux po- laires de l'hémisphère sud et qui sont d'origine antarctique ne remontent pas dans l'Atlantique au delà de l'embouchure de la Plata sur la côte améri- caine, et du cap de Bonne-Espérance sur la côte africaine. Les Albatros, du reste, se comportent de même. Mais ils s'étendent dans tout le Pacifique jus- qu'aux régions arctiques. Les Morses sont absolument confinés dans les mers arctiques. Parmi les Phoques, qui ont en général une distribution plus éten- due et plus variée, l'Eléphant de mer {Macrorhinus), presque éteint mainte- nant, est essentiellement antarctique, mais remonte ou remontait récemment encore le long de la côte ouest d'Amérique jusqu'à la Californie. Les autres Phoques abondent dans les eaux polaires des deux hémisphères, mais sont génériquement différents dans les eaux arctiques et antarctiques. En revan- che, ils ne sont que faiblement représentés dans la portion moyenne de l'At- lantique, par le genre Monachus seulement. Siréniens. — Ces animaux absolument côtiers sont tous confinés aujour- d'hui dans les régions tropicales. Les Lamantins (Manatus) habitent les ri- vages et les estuaires des deux côtés de l'Atlantique moyen, le M. ameri- canus sur la côte sud-américaine, le M. inunguis dans les eaux douces de l'Amazone, et le M. senegalensis sur la côte d'Afrique. Le Dugong {Hali- choré), au contraire, habite le bassin du Pacifique, la côte orientale d'Afrique et l'océan Indien jusqu'au nord de l'Australie. La Rhytina Stelleri, éteinte aujourd'hui, était cantonnée dans le nord du Pacifique. Cétacés. — Les genres de Mysticètes sont cosmopolites (Balxna, Megaptera et Balsenoptera), à l'exception de Rachianectes qui fréquente seulement le nord du Pacifique et de Neobalœna, limitée à l'océan polaire Antarctique. Parmi les Odontocètes, la plupart des Cachalots sont aussi cosmopolites [Phy- seter, Cogia, Ziphius, Mesoplodon), sauf Hyperoodon qui est du Nord-Atlan- tique et Berardius qui est antarctique. Les Platanistes sont aujourd'hui can- tonnés dans les eaux douces, Platanista dans le Gange et l'Indus, Inia dans l'Amazone et Pontoporia dans la rivière de la Plata. La plupart des Delphi- nidés sont également cosmopolites; mais la distinction des genres et des es- pèces n'est pas assez bien établie pour qu'on puisse tracer avec certitude leur aire de distribution. Toutefois, le Narwal et le Béluga sont entièrement en- fermés dans la partie arctique de l'océan Atlantique. D'après ces faits, Sclater propose six régions qui correspondent jusqu'à un certain point aux six régions terrestres qu'il a établies en 1874 : 1° Arctat- lantiSj ou région nord-atlantique, c'est-à-dire l'Atlantique septentrional jus- qu'au 4(>J lat. N. — 2° Mesatlantis, ou région atlantique moyenne, descen- dant de là jusqu'au tropique du Capricorne. — 3° Indopelagia, ou région indienne, comprenant l'océan Indien jusqu'au même tropique et s'étendant horizontalement de la côte d'Afrique à la côte ouest d'Australie. — 4° Arctirenia, ou région nord-pacifique, portion septentrionale du Pacifique jusqu'au tro- pique du Cancer. — 5° Mesirenia, ou région Pacifique moyenne, comprenant tout le Pacifique intertropical. — 6° Notopelagia, ou région méridionale, em- brassant tout l'océan polaire Antarctique. Les types notopélagiques Otaria et Macrorhinus, remontant très haut dans le Pacifique alors qu'ils n'existent pas dans l'Atlantique, prouvent l'existence antérieure d'une barrière dans ce dernier océan, barrière que nous ne pou- vons nous représenter autrement que comme une terre transversale unissant l'Afrique à l'Amérique du sud; et l'hypothèse de cette terre explique en même temps la présence à la fois sur les côtes africaine et américaine des Laman- r,00 L'ANNEE BIOLOGIQUE. tins, animaux littoraux, incapables de traverser une large étendue de terre comme l'Atlantique actuel et ne pouvant se propager que de rivage en rivage et de proche en proche. .Même chose pour le genre Monachus dont une espèce vit dans la Méditerranée et sur la côte septentrionale d'Afrique, et l'autre aux Indes occidentales. La grande extension en latitude des Mammifères aquatiques à travers le Pacifique prouve que cet océan n'a jamais été inter- rompu par une semblable barrière. D'un autre côté, tandis que l'océan po- laire du sud montre une remarquable continuité, l'océan Arctique, au contraire, est divisé en deux grandes régions distinctes par des terres interposées. En somme, la différenciation et la répartition actuelle des Mammifères marins qui ont exigé un très long espace de temps pour s'établir telles qu'elles sont aujourd'hui prouvent qu'à l'exception de la barrière atlantique les masses principales des terres et des eaux ont toujours été réparties, au moins depuis l'apparition des mammifères aquatiques, à peu près telles que nous les voyons maintenant. — G. Pruvot. 20. Grevé (K.). — La distribution géographique des Pinnipèdes. — Ce travail fait suite à l'ouvrage du môme auteur sur la distribution géogra- phique des Carnassiers. Il est conçu sur le même plan ; toutes les espèces sont passées en revue l'une après l'autre, avec leur synonymie, leurs noms vul- gaires et les régions où elles ont été rencontrées; les divisions géographiques adoptées sont celles proposés par Môbius (Die Tiergebiete der Erde, Arch. f. Naturg., 1891). Des tableaux synoptiques pour chaque famille et 4 cartes d'ensemble indiquent très clairement l'extension actuelle et ancienne de tous les types, de même que les régions où ils sont exterminés par l'Homme. Mais l'auteur ne tire de son travail aucune conclusion générale. — G. Pruvot. 7. Brandt (K.). — La ['aune de la Baltique et spécialement de Ja baie de Kiel. — C'est surtout un résumé des connaissances acquises à la suite des nombreuses investigations dont la Baltique a été l'objet. Depuis son origine vers la fin des temps glaciaires, cette mer a passé par quatre périodes suc- cessives, période arctique, puis périodes de YAncyle, de la Lit tari ne et de la Limnée ('). Sa faune actuelle a conservé comme survivants de la période arc- tique, pendant laquelle la Baltique communiquait probablement avec la mer Blanche par le lac Ladoga, seulement les questions suivantes : Idotea ento- mon, Mysis oculata (var. relieta), Pontoporeia a/finis, Limnocalanus ma- crurus, Stickœus islandicus, Halicryptus spinulosus, Harmothoe Sarsi, Cot- tus quadricornis, Liparis vulgaris. Abstraction faite de ces formes résiduelles, les animaux marins qui peuplent les eaux actuelles ont tous leur patrie dans l'Atlantique nord. Très peu d'espèces sont spéciales à la Baltique, et c'est une nouvelle preuve de son peuplement récent. La faune des eaux profondes y est très amoindrie ; au-dessous de 80 mètres on ne rencontre plus que 17 es- pèces, 8 seulement à partir de 100 mètres, une seule [Harmothoe Sarsi) descend au-dessous de 150 mètres, et à partir de 200 mètres les eaux sont com- plètement azoïques. Le trait le plus saillant de la Baltique est la diminution considérable de la salinité de l'ouest vers l'est, et les océanographes la divisent en trois régions : 1° la Baltique occidentale (Beltsee), y compris le Cattegat, 2° la Baltique pro- prement dite (O&tseebecken), y compris le golfe de Finlande, et 3° le golfe de Bothnie. La salinité des eaux de surface est influencée surtout par le vent (\) Voir, entre autres, s. Aumvillics, le plancton de la Baltique, analysé dans l'Année biologique, II, 602. XVIII. — DISTRIBUTION GÉOGRAPHIQUE. 601 (plus élevée par fort vent d'ouest) et par les saisons (minimum au commen- cement de l'été, maximum au commencement de l'hiver). Dans les eaux profondes elle est liée surtout à la profondeur, le seuil (Darsser Schwellè) qui sépare les deuxpremières régions, et qui n'est pas recouvert de plusde 18 mètres d'eau, empêche les eaux de salinité supérieure à 11 96 de passer dans la partie orientale. La diminution de la salinité exerce sur la population animale de la Baltique une double action : 1° influence sélective, qui se traduit par la diminution progressive du nombre des espèces, du Cattegat vers le golfe de Bothnie, les Ascidies, Pycnogonides, Actinies, Eponges marines, manquant entièrement à Test de Darsser Schwellè, les Cirrhipèdes, Bryozoaires et Hydraires n'y étant représentés chacun que par une seule espèce, et trois formes résiduelles seu- lement;, Pontoporeia affinis, Idoteaentomon,Mysisrelictaf étant capables de supporter une salinité réduite à 1,5 ou2^; 2° influence jm)dk7?ca£nce, qui se tra- duit par une diminution détaille des animaux, particulièrement des Poissons; tous ont la taille plus petite, le tronc plus élevé proportionnellement, les piquants et autres formations contraires moins développés, de sorte qu'on peut dire qu'ils atteignent leur maturité sexuelle à un stade moins avancé que les habitants des eaux plus salées. BrandtcowcYvX de ses expériences et de ses observations sur les larves dans le Kaiser Wilhelm Canal que cette décroissance de la taille en rapport avec une salinité amoindrie n'est pas une dégénérescence de l'es- pèce, mais seulement un arrêt de développement individuel. Le plancton mon- tre, en rapport avec la salinité et la température, les mêmes variations dans le nombre des espèces et la taille des individus que les Invertébrés benthi ques, les Poissons et les plantes de rivage. Au point de vue quantitatif, il pré- sente un maximum de printemps (du milieu de mars au commencement de mai) dû à la prolifération active des Diatomées, Chxtoceros surtout, et un deuxième maximum en août ou en septembre, produit par le développement des Ceratium. Les minima sont l'un en février ou mars et l'autre en mai ou juin, c'est-à-dire avant et après la période d'activité reproductrice des Diato- mées. — G. Pruvot. 28. Jhering (H. von). — Sur l'histoire de la faune marine de la Pata gonie. — Dans ce mémoire qui est le résumé d'un travail plus étendu publié en portugais dans le t. II de la Bevista do Museu Paulista, l'auteur énumère d'abord les résultats de ses recherches sur les Mollusques tertiaires recueillis par C. Ameghino dans la Patagonie et dans la République Argentine. Il y a là deux formations d'âge différent, la formation patagonienne et la formation de Santa-Cruz, la première étant la plus ancienne et appartenant probable- ment à l'éocène supérieur, la seconde à l'oligocène. De la comparaison des types fossiles avec la faune patagonienne actuelle il résulte qu'une bonne partie de cette faune est constituée par les descendants directs des Mollus- ques patagoniens tertiaires (Voluia, Trophon, Turritella, Xatica, Venus, Cytherea, Dosinia, Pecten, etc.). Mais beaucoup d'autres genres ont disparu de la contrée et ont été remplacés depuis lors par des immigrants venus des régions antarctiques. De ceux-ci un certain nombre se trouve également dans les mers arctiques (Saxicava arctica, Lasœa rubra, Punciurella noachina, Mytilus rdulis, Pecten vitrens). Ils ont pu passer d'une région polaire à l'autre à travers les eaux froides abyssales, car il s'agit uniquement d'espèces à distribution presque universelle. Tout ce qu'on sait de positif est défavorable à l'idée qu'il existe des espèces et même des genres strictement bipolaires. L'étude des Mollus- ques montre de plus que la limite entre la zone tropicale et la zone méridio- nale en Amérique doit être placée non pas à l'embouchure de la Plata, 602 L'ANNEE BIOLOGIQUE. comme on le fait ordinairement, mais pins au sud, au Rio Negro. — G. PRUVOT. 60. Sturany (R.). — Rapport sur les Mollusques recueillis dans les expédi- tions de la*Pola ». — Les grandes profondeurs de la Méditerranée, regardées autrefois comme complètement azoïques, ont fourni récemment aux expédi- tions du Porcupine (1870), du Travailleur (1880) et du Washington (1881) dans la Méditerranée occidentale un certain nombre de Mollusques abyssaux qui non seulement se rencontrent à l'état vivant dans les profondeurs de l'At- lantique, mais se trouvent aussi à l'état fossile dans les terrains tertiaires de Sicile et d'Italie. Ces formes ont été introduites à l'époque où, par suite d'une plus large communication avec l'Atlantique, les couches profondes de la Méditerranée avaient une température plus basse qu'actuellement; et après l'isolement du bassin méditerranéen ces types se sont adaptés pro- gressivement à la température constante et élevée qui y règne aujourd'hui. L'uniformisation de la température a amené l'uniformisation de la faune des Mollusques, au moins entre 445 mètres et 2.600 mètres. La diminution du nombre des espèces des couches supérieures vers le fond et l'existence de vraies formes abyssales ne sont pas niables ; mais ces formes abyssales sont en petit nombre et tellement mélangées à celles des couches supérieures qu'on ne peut parler d'une faune profonde distincte. Cette assertion émise d'abord par Fischer pour les Mollusques, étendue d'ailleurs par Marexzeller aux Echinodermes, est confirmée par les Mollusques recueillis par la Pola. En effet, si on répartit les espèces de Mollusques (Gastéropodes, So- lénoconques, Lamellibranches) en les trois zones qu'a admises Marenzeller, zone littorale, de 0 à 300 mètres, zone continentale, de 300 à 1.000 mètres, et zone abyssale, au-dessous de 1.000 mètres, on trouve 83 espèces pour la première, 88 pour la seconde et 20 seulement pour la troisième; et parmi ces dernières 7 seulement sont exclusivement abyssales (2 Gastéropodes, nouveaux tous les deux, et 5 Lamellibranches, dont trois espèces nouvelles) ; Il ne peut donc être question d'une véritable faune abyssale. A cette con- clusion, il faut ajouter que les grands fonds de la Méditerranée orientale et de l'Adriatique sont beaucoup plus pauvres, à profondeur égale, que ceux de la Méditerranée occidentale. — G. Pruvot. 42. Ortmann A. F.). — La distribution géographique des Trapeziidx. — Les Décapodes qui forment la famille des Trapeziidx sont adaptés étroite- ment à un faciès particulier de la zone littorale tropicale : ils ne vivent que sur les coraux rivants des récifs madréporiques. Leur centre d'origine est la région indo -pacifique; certaines formes l'ont franchie et ont atteint la région ouest-américaine, mais aucune ne se rencontre à l'est de l'isthme de Panama, sur l'Atlantique. Comme ils sont incapables de remonter le long des rivages septentrionaux du Pacifique, à cause de l'absence des Coraux, leur extension ne peut s'être produite que par la traversée du Pacifique par leurs larves pélagiques. L'ab- sence complète de Trapeziidx sur la côte américaine atlantique, où pourtant les récifs de coraux sont abondants, montre que l'origine de cette famille est relativement récente, postérieure à l'époque miocène pendant laquelle s'est formée la barrière de l'isthme de Panama. A un point de vue général, l'extension des formes tropicales dans les trois grands océans n'a pu s'effectuer que par une communication antérieure établie dans la zone tropicale même. L'opinion de Simuotii, que les organismes pélagiques peuvent passer d'un océan à l'autre en contournant la pointe nié- XVIII. — DISTRIBUTION GÉOGRAPHIQUE. G03 ridionale de l'Afrique, ne repose sur aucune observation positive et se heurte à la difficulté reconnue pour des êtres purement tropicaux de franchir les eaux froides du sud de l'Afrique. Les affinités de la faune est-américaine, plus étroites avec la faune indo-pacifique qu'avec celle de l'Afrique occiden- tale, s'expliquent suffisamment par les ressemblances et les différences de fa- ciès. L'absence de récifs de Coraux sur la côte ouest d'Afrique est une preuve de la différence des conditions bionomiques et montre, en particulier, pour- quoi la faune corallienne de la région est-américaine a ses alliés les plus pro- ches dans la faune indo-pacifique, avec laquelle elle a, du reste, une origine commune. — G. Pruvot. 22. Hansen (H. J.). — Sur les Crustacés du genre Sergestes. — Les Ser- g estes, très largement répandus dans l'Atlantique, l'océan Indien et la partie occidentale du Pacifique, sont tous des formes des mers tropicales et sub- tropicales, à l'exception d'une espèce qui atteint le sud du Groenland, mais qui paraît comme les autres avoir son centre de distribution dans la région tropicale. Les larves font partie pour la plupart du plancton de surface, mais les adultes appartiennent pour les deux tiers au moins des espèces à la faune abyssale. Deux espèces seulement (S. cornutus et 5. Edwardsi) n'ont été capturées que près de la surface. Il reste à déterminer si elles représen- tent les formes primitives d'où sont dérivées les formes profondes, ou si elles appartiennent, elles aussi, à des types d'eau profonde dont quelques individus seraient remontés ou se seraient maintenus accidentellement dans les eaux superficielles après avoir atteint leur pleine croissance. — G. Pruvot. 17. Garbowski (T.). — Les Scinidés de la Méditerranée. — Ces Amphi- podes paraissent appartenir au plancton abyssal; mais ils ne sont pas habitants exclusifs des eaux profondes, et on les rencontre parfois jusqu'à la surface, sans que la profondeur à laquelle on les trouve paraisse être en rapport avec les phases de développement ou avec les saisons. Les Scinidés rencontrés à la surface appartenaient aux deux sexes, étaient à divers états de développement, et ont été trouvés hiver comme été. On voit donc qu'ils ne se soumettent pas aux lois établies par Chun pour les animaux pélagi- ques. Chun a déclaré que c'est la variation de la température qui permet aux animaux d'eau profonde de remonter à la surface pendant l'hiver alors qu'en revanche ils s'enfoncent pendant l'été. Les Scinidés ne montrent rien de semblable. Ils n'appartiennent ni à la catégorie des animaux qui parais- sent à la surface pendant l'hiver et le printemps, puis regagnent les profon- deurs au commencement de l'été, ni à celle des animaux qui se tiennent à la surface pendant l'été et qui ne descendent jamais dans les profondeurs. Trois espèces de Scinidés habitent la Méditerranée ; il est remarquable que la Scina Edwardsi à laquelle appartient le plus grand nombre des individus péchés dans la moitié orientale de cette mer, quoique très cosmopolite et répandue en particulier dans tout l'Atlantique, semble manquer dans la portion occidentale de la Méditerranée ou elle est peut-être représentée par la petite Se. rnarginata. — G. Pruvot. 34. Ludwig (H.). — Les Astérides de la faune u à feuillaison dépendant de la saison pluvieuse; 5° zone australe des arbres à tiges ramifiées et à feuilles persistantes ou caduques et des steppes desséchées en été; 6° zone antarctique des buissons et des plantes herba- cées à végétation périodique. Mais ce ne sont pas seulement les conditions extérieures actuelles qui déterminent les aires occupées par les plantes. Qu'une plante n'occupe pas toujours à la surface du globe tous les points où les conditions actuelles du milieu lui permettraient de vivre, c'est ce que démontrent surabondamment les naturalisations de jour en jour plus nom- breuses d'espèces étrangères. Chaque plante a tendance à s'étendre autour de son habitat primitif, en vertu de ses adaptations spéciales et de son pou- voir migrateur plus ou moins développé, et ses limites d'extension, ce qu'on XVIII. — DISTRIBUTION GÉOGRAPHIQUE. 621 appelle les lignes de végétation d'une espèce, ou sont d'ordre géographique ou résultent de l'action combinée des conditions d'existence (climat nou- veau, changement dans la nature du sol ou concurrence vitale des autres organismes). Mais ces diverses considérations, tirées de l'état présent des choses, sont insuffisantes à rendre compte de tous les faits de la distribution géographique actuelle. Ceux-ci ont leur origine dans le passé. La géologie doit donc intervenir dans leur explication, en étudiant d'une part les trans- formations du monde organique d'une période à l'autre (apparition de types nouveaux au milieu de ceux existants) et, d'autre part, la transformation des conditions de migration et de distribution (changements survenus dans les limites ou la constitution des continents), aussi bien que des conditions biolo- giques (changements de climat). On voit par là que les zones de végétation se sont constituées graduelle- ment, et à chaque période de la vie du globe c'est la séparation des climats qui a entraîné la séparation des régions de végétation. Mais jamais l'analogie de climat n'a suffi pour produire le développement de formes semblables dans des régions éloignées et sans rapports entre elles, l'isolement d'une région a toujours amené le développement d'une flore spéciale et de plus en plus distincte avec le temps. Les formes qui s'y étaient introduites avant la séparation ont évolué sur place, ont acquis des caractères nou- veaux, et sont devenues les formes endémiques caractéristiques de la ré- gion isolée. Elles sont particulièrement abondantes et constituent des flores endémiques spéciales dans les îles, dans les hautes montagnes, dans les grands déserts subtropicaux. Cette notion nouvelle est d'ordre systématique. De plus, là où l'extension n'a pour obstacle que de faibles différences climatériques, les mêmes végétaux se développent uniformé- ment sur de vastes étendues, par exemple, dans les régions arctiques et les régions septentrionales adjacentes. Mais partout ailleurs, en raison des obstacles géographiques, orographiques et climatiques, le développement floral s'est morcelé. Certaines espèces ont disparu, d'autres ont particulière- ment prospéré. Il faut donc admettre en géographie botanique une nouvelle catégorie de divisions, différentes des zones de végétation en ce qu'elles re- posent sur la répartition des groupes systématiques, classes, familles, espè- ces : ce sont les régions florales, caractérisées par la présence de genres spé- ciaux, et les domaines floraux, divisions de second ordre établies d'après les espèces. Il existait déjà quatre grandes régions florales nettement consti- tuées à l'époque tertiaire. Aujourd'hui Drude en reconnaît 14, qu'on peut répartir en 5 groupes: 1° groupe floral du nord; 2° groupe subtropical et tropical de l'Afrique et de l'Asie occidentale ; 3° groupe subtropical et tropi- cal du sud-est de l'Asie; 4° groupe subtropical et tropical américain: 5° groupe antarctique. Il faut y ajouter, comme sixième groupe, la région florale océanique qui comprend les rivages et les mers peu profondes habi- tés par des Algues. Le reste de l'ouvrage est l'application des principes qui ont été exposés dans ces deux premières parties. Comme exemple du rôle que jouent les différents groupes systématiques dans les diverses régions florales du globe, l'auteur étudie en détail, dans la troisième partie de son livre, la réparti- tion de sept familles choisies parmi les plus importantes, les Palmiers, les Conifères, les Cupulifères, les Érieacées. les Myrtacées, les Protéacées et les Liliacées. Puis, la quatrième partie considère les végétaux au point de vue de leurs associations qui donnent à des contrées parfois éloignées et com- plètement séparées les unes des autres un faciès commun, et qui constituent ce que Grisebacii a appelé les formations végétales. Elles sont indépendantes 622 L'ANNEE BIOLOGIQUE. de la classification systématique et ne dépendent que de la forme extérieure -1rs plantes, car le rôle joué par une plante dans la formation du tapis vé- gétal ne dépend que de sa fréquence et de sa taille, et, d'autre part, les plantes les plus diverses peuvent s'associer en une même formation si elles recherchent les mêmes conditions d'habitat ou si elles sont sous la dépen- dance biologique les unes des autres. On distingue à ce point de vue les formations forestières, qui donnent lieu à de nombreuses subdivisions sui- vant le climat et le régime végétatif des arbres qui entrent dans leur compo- sition, les formations de buissons et de broussailles (maquis, etc...), les for- mations de Graminées (prairies, savanes, etc.), les formations de Mousses et de Lichens des régions froides (toundras, etc.), les formations de steppes (steppes sahariennes, steppes salées, etc.), les formations des eaux douces et les formations océaniques. Chacun de ces types est étudié en détail dans sa physionomie, sa composition, ses relations avec les agents extérieurs. Enfin, la cinquième partie, qui occupe presque la moitié du volume, envi- sage le côté spécialement géographique. L'unité est ici la région de végéta- tion; il faut entendre par région de végétation une contrée où la population végétale est sensiblement homogène au double point de vue de la flore sys- tématique et des formes de végétation. Nous ne pouvons qu'indiquer l'im- portance de cette partie du livre en disant que l'auteur énumère et caracté- rise environ 130 régions de végétation distinctes, qu'il groupe en 21 grandes régions géographiques entre lesquelles se répartit toute la surface du globe. On voit, d'après cette rapide analyse, que l'ouvrage renferme peu de théo- rie. L'auteur n'a pas prétendu construire l'édifice de la géographie botanique; il s'est préeccupé plutôt d'établir le plan rationnel du monument à venir et de dresser le cahier des charges. Son livre trace avec sûreté le programme suivant lequel doivent être poursuivies les investigations dans cette branche de la géographie physique, l'appui que peuvent lui prêter les autres branches des sciences physiques et naturelles, et les cadres (régions florales, forma- tions végétales, zones et régions de végétation du globe) dans lesquels peu- vent être rangés tous les faits dont la science a pour but d'interpréter la si- gnification et de rechercher les causes. — G. Pruvot. CHAPITRE XIX Système nerveux et fonctions mentales. = 1° Structure et fonctions de la cellule nerveuse, des organes nerveux et des organes des sens. a. Cellule nerveuse. — a) Structure. — Relativement à la structure du cytoplasme nerveux, les recherches de cette année n'ont apporté qu'un faible contingent de données nouvelles (Voir Ann. biol., II, 612). Signa- lons cependant un travail où Lugaro (132) décrit à l'intérieur des cellules ganglionnaires du Lapin l'existence de longues fibrilles onduleuses ana- stomosées constituant des sortes de faisceaux. Ces fibrilles, surtout dis- tinctes à la périphérie de la cellule, en raison de ce fait qu'elles y sont plus espacées, se retrouvent en réalité dans tout le corps cellulaire jusqu'au voisinage du noyau, mais dans la région périnucléaire elles sont très serrées. Les branches anastomotiques, très obtuses dans les fibres péri- phériques, partent au contraire sous un angle très aigu des fibrilles périnu- cléaires. Cette structure fîbrillaire se retrouve dans l'unique prolongement cellulaire et est surtout distincte dans le cône à la naissance du cylindre- axe, où l'on voit ces fibrilles d'une part s'irradier pour venir entourer le noyau, d'autre part s'étaler à la surface du corps cellulaire. Il est remar- quable que Lugaro n'ait pas retrouvé cette structure dans les cellules cen- trales (corne antérieure de la moelle). Un travail de Dogiel (55) sur les cellules ganglionnaires des Mammifères mentionne aussi une structure fîbrillaire de la cellule nerveuse. Mais, d'après cet auteur, on observerait deux systèmes de fibrilles passant tous deux dans le cylindre-axe : les unes périphériques, épaisses, les autres centrales, plus grêles. Les premières occupent le centre du cylindre-axe, tandis que les secondes ( celles qui sont centrales dans la cellule) deviennent périphériques dans le prolongement cylindraxile. Presque tous les auteurs qui se sont occupés de la structure des cellules ganglionnaires (Dogiel, Lugaro, Flemming, Lenhossek) s'accordent à reconnaître la structure fîbrillaire du cylindre-axe. Le dernier de ces auteurs, qui avait si longtemps soutenu l'existence d'un plasma amorphe dans les cellules centrales, en vient à l'opinion de ses contradicteurs. Pugnat (172 j retrouve dans les cellules ganglionnaires lobulées des Reptiles la même structure fîbrillaire, c'est également le ré- sultat auquel arrive Levi (127) à la suite de ses recherches comparatives 624 L'ANNEE BIOLOGIQUE. sur la structure des cellules nerveuses dans divers groupes de Vertébrés. Sur la structure du noyau nous n'avons rien de particulier à signaler. V«»ir Levi (1^7,, Ruzicka (184). P) Physiologie, pathologie de la cellule nerveuse. — Sur le rôle respectif des substances chromatiques et achromatiques, nous avons, dans le pré- cédent volume (p. G13) , signalé les opinions en présence. Van Gehuchten (82), dans son travail sur la cellule nerveuse aussi bien que dans son re- marquable livre sur l'anatomie du système nerveux de l'Homme (84), et Lugaro 134) considèrent la substance achromatique comme spécialement active dans la fonction nerveuse. C'est elle qui constituerait la voie de pro- pagation de l'influx nerveux, la substance chromatique n'étant qu'une subs- tance de réserve (van Gehuchten) ou jouant le rôle d'isolateur (Lugaro). Dans le domaine de la pathologie cellulaire nous signalerons surtout deux ordres d'expériences : \°) Lésions prirniliops pratiquées au moyen d'agents destructifs divers (agents chimiques, toxines); 2°) Section d'un nerf périphérique ayant pour conséquence les lésions secondaires des cellules nerveuses. Les lésions primitives sont caractérisées par la destruction des deux éléments constitutifs de la cellule nerveuse; aussi ont-elles pour consé- quence fatale la mort du neurone. Elles sont accompagnées de chroma- tolyse débutant à la périphérie et se propageant graduellement vers le centre de la cellule. La dégénérescence de la substance achromatique suit bientôt la chromatolyse. Le noyau est rejeté vers la périphérie de la cellule. Quelquefois, cette migration du noyau va jusqu'à l'expulsion de cet élément (?). Les lésions secondaires sont toujours consécutives à la section du nerf : elles se traduisent seulement par la chromatolyse, la substance chroma- tique étant d'ailleurs susceptible de régénération ultérieure. Sur ce dernier point, suivant les auteurs, les cellules sensitives et les cellules motrices se comporteraient différemment. Van Gehuchten soutient que, dans les cellules centrales, la section du nerf périphérique est d'abord suivie de chromatolyse, puis que, la substance chromatique étant recon- stituée, la cellule reprend son activité. Si les cellules centrales disparais- sent, ce n'est qu'à la suite de l'expulsion du noyau. Pour les cellules sensitives le processus serait différent : comme dans les cas des cellules centrales motrices, les corps de Nissl se désagrègent, mais ne se recon- stituent jamais, et peu à peu la cellule subit une destruction complète. Van Gehuchten explique ces différences dans la réaction des cellules nerveuses aux lésions périphériques par la différence des modes d'exci- tation trophique de ces cellules. La cellule centrale recevant les excita- tions trophiques par la voie réflexe peut, sans préjudice grave, voir rompue sa communication avec l'extérieur, puisque ce n'est pas de l'ex- térieur que lui vient l'excitation trophique. Par contre, la cellule gan- glionnaire, qui reçoit du dehors l'excitation trophique, doit, pour sub- sister, conserver ses connexions avec l'extérieur. La section ou la lésion XIX. — FONCTIONS MENTALES. 625 de son nerf périphérique doit donc fatalement amener sa mort. Van Gehuchten voit une confirmation de son opinion dans une expérience de Lugaro, où cet auteur coupe successivement le bout central et le bout périphérique d'une cellule ganglionnaire. Cette cellule résiste à la rec- tion du bout central, tandis qu'elle s'altère et peut mourir quand le bout périphérique est coupé. Toutefois Lugaro (132) n'admet pas cette ex- plication et croit que les deux sortes de cellules ont le même mode de réaction. Pour lui, la suppression de la fonction se traduit dans l'une et l'autre catégorie de cellules par la chromatolyse, laquelle peut con- duire dans les deux cas à la mort ou être suivie de régénération. Si la fonction de la cellule sensitive est de recueillir les excitations extérieu- res par son nerf périphérique, celle de la cellule motrice est de trans- mettre au muscle la décharge nerveuse également par son nerf périphérique. Il n'y a pas entre les deux cellules cette antinomie que pré- tend van Gehuchten. [En un mot la cellule est entretenue par excitation fonctionnelle, et le fait de ne pouvoir remplir sa fonction, doit amener sa dégénérescence, alors même qu'elle reçoit l'excitation trophique]. Dogiel (55) décrit dans le ganglion nerveux des Mammifères une structure absolument remarquable, non encore signalée jusqu'ici. 11 s'agit de cellules ganglionnaires dont l'unique prolongement subit une série de bifurcations qui arrivent à constituer un lacis de ramifications ter- minales enveloppant les cellules ganglionnaires ordinaires (cellules du premier type de l'auteur). Dogiel n'émet aucune opinion sur le rôle physiologique de ces éléments. On connaît depuis Aronson (1886) l'exis- tence de terminaisons nerveuses à la surface des cellules ganglionnaires. Cette particularité de structure a été signalée dans un certain nombre de cas par divers auteurs : Ramon y Cajal, en particulier. Held (95), chez les Mammifères, retrouve cette structure dans toutes les cellules du système nerveux central. Mais, tandis que les autres au- teurs croient à l'indépendance de ces prolongements et des autres cel- lules, Held affirme qu'il y a continuité de ces fibrilles avec le réseau protoplasmique des cellules ainsi entourées. L'auteur a d'ailleurs sur la structure du protoplasme nerveux des idées très particulières. Il ne croit pas à structure filaire du cytoplasme, mais affirme que ce cyto- plasme est vacuolaire (Neurocytospongium) ; entre les vacuoles se voient des granulations qui ne sont autre chose que les terminaisons intracel- lulaires des cylindre-axes émanés de cellules voisines. Cet élat n'est pas primilif, il n'apparaît qu'à un certain stade, le feutrage péricellulaire de cylindre-axes est d'abord indépendant du contenu cellulaire et ce n'est que plus tard que ce feutrage se transforme en un réseau qui contracte des rapports intimes avec le protoplasme de la cellule enveloppée et envoie à son intérieur des branches terminales (neurosomes de l'au- teur). [Ainsi, après la théorie de la continuité de la substance nerveuse émise par Deiters, après celle de la contiguïté de Ramon y Cajal, nous sommes en présence d'une troisième théorie relative aux rapports mu- tuels des éléments nerveux : c'est la théorie de la concrescence qui concilie les deux conceptions antérieures]. Apathy (3) et Bethe (10) apportent chacun de leur côté une contri- L ANNÉE BIOLOGIQUE, III. 1897. 40 L'ANNEE BIOLOGIQUE. bution de la plus haute importance à la connaissance des rapports entre les éléments nerveux. Les principes de la théorie à laquelle Apathya été conduit par ses recherches ont déjà été exposés dans leurs traits généraux dans le précédent volume (p. (H 6). Nous n'y revien- drons pas et renverrons seulement, pour les points particuliers, à l'analyse détaillée de ce mémoire que l'on trouvera plus loin. Le travail de Bethe n'est pour ainsi dire qu'une suite physiologique au mémoire d'Apathy, étant donné qu'au point de vue morphologique les deux au- teurs s'accordent entièrement. Ces recherches éclairent singulièrement le mécanisme du réflexe élémentaire et du rôle des cellules nerveuses dans ce réflexe. Bethe montre expérimentalement : que les cellules gan- glionnaires ne sont pas nécessaires à la production des réflexes; que l'axe réflexe ne passe pas nécessairement par ces cellules, qu'il n'y passe peut-être pas du tout ; que le tonus des muscles est indépendant des cellules ganglionnaires; que l'influence permanente que le système nerveux exerce sur les muscles n'est pas produite dans ces cellules. D'après Stefanowska (207), les renflements qui rendent moniliformes les prolongements des cellules nerveuses ne sont pas produits par les réactifs, ni de nature pathologique. Ils résultent du retrait des épines qui les hérissent et qui sont les organes d'association entre les neurones voisins; leur production correspond à l'isolement du neurone. [On revient ainsi par une voie détournée à l'idée de Duval sur l'amce- boïsme des prolongements]. Le travail du Schaper (190) tend à modifier les idées reçues sur la mode de différenciation des éléments nerveux. D'après cet auteur, les Keimzellen de His ne correspondent nullement à une forme particu- lière de différenciation. Elles ne sont autres que les cellules épithéliales ordinaires du tube nerveux à sa période de division. Les descendantes de ces cellules donnent naissance à des cellules indifférentes dont les cellules-filles peuvent évoluer dans deux directions, les unes donnant les spongioblastes, les autres les neuroblastes de His. Schafer indique les particularités caractéristiques de cette différenciation dans les di- vers groupes des Vertébrés. On tendait à admettre que les dendrites sont les conducteurs de l'influx nerveux au même titre que les prolongements protoplasmiques. La seule différence consisterait dans le sens de cette conduction : dans les dendrites le courant étant cellulipète, tandis qu'il est cellulifuge dans le prolongement protoplasmique. Schaffer (188) soutient, confor- mément à la manière de voir de Golgi, que, seuls, les axones et leurs collatérales conduisent l'influx nerveux, les dendrites ne jouant qu'un rôle nutritif. L'excitation amenée par les collatérales quitte la cellule par l'axone. Les collatérales joueraient donc le rôle de récepteur. = l i. Centres nerveux et nerfs. — p) Physiologie. Localisations céré- brales. Broca et Richet (33) ont constaté que, lorsqu'on soumet un centre ner- veux à une série d'excitations rapides, les excitations ajoutent leurs effets XIX. — FONCTIONS MENTALES. G27 lorsqu'elles sont ou très rapides ou relativement lentes; mais entre ces deux cas, il y a une vitesse intermédiaire pour laquelle les excitations s'annihilent ou tout au moins se retranchent comme si elles interféraient. Cette notion les a conduits à une intéressante hypothèse que viennent confirmer a posteriori diverses observations. L'excitation nerveuse aurait une forme pendulaire, étant soumises à des oscillations alternatives en sens contraires, les unes positives ou d'aller, ayant une action sur le muscle, les autres négatives ou de retour sans action sur cet organe, mais capables d'interférer avec toute excitation nouvelle de sens contraire à elle. La durée de l'oscillation pendulaire nerveuse serait de l/10e de seconde, fait qui concorde avec le résultat des expériences antérieures, d'après lequel les excitations nerveuses ne peuvent être distinctes que si elles sont au plus au nombre de 10 par seconde. Le même phénomène produit des excitations centripètes allant des organes sensitifs aux centres nerveux. Tout en reconnaissant le vifintérêt de cette interprétation des phénomènes, nous ne pouvons nous empêcher de faire remarquer que la théorie qui en découle attend une confirmation qui la fortifierait singu- lièrement. Il faudrait prouver l'existence de l'interférence non seulement pour la première phase négative, mais pour des phases suivantes corres- pondant à des temps 2, 3, 4... etc. fois plus grands. Waller (224, 225) montre que les divers agents qui influencent les cen- tres nerveux ont aussi une action directe sur la conductibilité du nerf isolé de ses centres. Maxwell (147) publie une très intéressante étude des fonctions des ganglions supra et infra-œsophagiens chez plusieurs Vers : nous renvoyons le lecteur à l'analyse de son mémoire. = le. Organes des sens. — a) structure. Contrairement à l'opinion de vom Rath qui considère que dans les Ar- thropodes, à l'exception des yeux, les poils sont le siège exclusif des terminaisons sensitives. Duboscq (59) conclut de son étude sur les Chilo- podes que le poil n'est pas une nécessité morphologique pour la termi- naison sensorielle, mais un simple perfectionnement, et qu'on trouve des terminaisons nerveuses, sensitives, cutanées ailleurs que dans les poils. p) Physiologie. De l'étude des modifications produites sur la rétine de Leuciscus par une lumière absolument monochromatique, Pergens (165) conclut qu'il n'est pas possible d'attribuer aux bâtonnets et aux cônes rétiniens des fonctions différentes. Kries (119-123) montre par des expériences bien conduites que la sensibilité de l'œil aux diverses couleurs varie sui- vant les points de la rétine et, pour les points extérieurs à la macula, sui- vant l'état d'adaptation de l'œil à l'obscurité. Combinant ces notions avec la distribution relative des bâtonnets et des cônes dans la rétine, K. arrive à cette conclusion que les bâtonnets, absents, comme on sait, dans la macula, servent aux impressions d'intensité lumineuse, tandis que les cônes, d'autant plus nombreux que l'on est plus près de la macula, servent aux sensations de couleur. — Bickel (13) a fait l'expérience très intéres- 628 L'ANNÉE BIOLOGIQUE. santé que voici : il sectionne les racines postérieures chez un Chien et constate des troubles graves de la motilité, bien explicables parla dispa- rition de la sensibilité et, par suite, du contrôle tactile des mouvements. Au bout de quelque temps, l'animal se remet et rapprend à marcher. Quel organe a remplacé la sensibilité tactile définitivement disparue? C'est le labyrinthe, car si on l'enlève, les troubles de la motilité reparaissent, différents d'ailleurs des précédents, mais très graves, consistant dans un défaut de mesure dans l'intensité des contractions musculaires. Cela prouve, à notre avis, que le labyrinthe [et en particulier l'utricule et les canaux demi-circulaires] servent à nous renseigner sur les mouvements imprimés à notre corps, en sorte qu'en l'absence des renseignements fournis par eux, se produit une ataxie : la sensibilité cutanée fournit de son côté des renseignements d'un autre ordre, et une suppléance plus ou moins parfaite peut s'établir entre ces deux ordres de sensations. Les phé- nomènes produits par la suppression du labyrinthe viennent confirmer les conclusions que l'un de nous (Y. Delage. Sur les illusions statiques et dynamiques de direction, etc. Arch. zool. exp., 2, IV, J88G, p. 635-G24) avait tirées d'expériences d'un tout autre ordre. = 2. Processus pstj chiques. — a. Sensations. — a) Leurs caractères. — Il résulte de l'étude de van Biervliet (14) qu'il n'y a pas d'images motrices et d'images sensitives au sens exclusif. Toutes les images sont, à la fois et plus ou moins, motrices et sensitives. Les expériences de Parrish (162) entreprises dans le dessein de déterminer le rôle des images mentales vi- suelles dans la localisation des perceptions tactiles ont montré la grande importance de ces images. Les expériences de Stratton, rapportées dans notre précédent volume, sur l'harmonisation des images tactiles avec les images visuelles renversées par des lunettes appropriées, ont suscité divers travaux importants sur l'intéressante question de la vision droite. Goblot (87) donne un excellent résumé des opinions diverses et conclut avec raison : qu'il n'y a renversement de l'image rétinienne ni avant ni après la perception; que nous ignorons sa direction sur la rétine ; enfin, que le sentiment de la vision droite n'est autre chose que l'établissement d'une relation entre les images tactiles et les images visuelles. Les expé- riences de Stratton (208, 200), renouvelées cette année, prouvent nettement que l'on peut arriver au sentiment de la vision droite avec les images rétiniennes redressées par des lunettes et que, par conséquent, le renver- sement des images rétiniennes n'est ni une condition nécessaire de la vi- sion droite (comme l'impliquent la théorie de la projection des images et celle du redressement par les mouvements oculaires), ni le résultat d'une condition organique innée. La plus grave objection à l'idée soutenue par Goblot (et qui n'est pas nouvelle d'ailleurs), c'est le fait que les aveugles nés voient les objets droits après qu'on leur a rendu la vue par une opé- ration, fait invoqué par les partisans de l'innéité du redressement des images. Mais les aveugles ne voient pas immédiatement les objets droits : ils commencent par ne pas les reconnaître et, dès qu'ils les reconnaissent par le toucher ou en dirigeant la main vers eux, ils établissent une rela- tion entre la sensation visuelle et la sensation tactile, relation rapide, XIX. — FONCTIONS MENTALES. 629 mais secondaire néanmoins. "D'ailleurs, il est à prévoir que, si on plaçait devant les yeux del'aveugle-né opéré les lunettes de Stratton au moment même où on lui enlève le bandeau pour les lui laisser ensuite indéfini- ment, il ne traverserait aucune période de désarroi et répondrait et agi- rait exactement de la même manière que lorsqu'on le laisse voir sans modifier le renversement de ses images rétiniennes, ce qui montre qu'il n'y a rien ni de nécessaire ni d'inné dans ce renversement. L'expérience n'a pas été faite, mais celles de Stratton permettent d'en prévoir le résul- tat]. — Bourdon (30) montre que, dans l'appréciation du déplacement d'une image lumineuse, les données fournies par le sens musculaire de l'appareil oculo-moteur sont beaucoup moins délicates que cellesfournies par la sensibilité rétinienne appréciant le déplacement de l'image sur le fond de l'œil. Il va même jusqu'à nier la nécessité des sensations oculo- motrices dans l'appréciation de la profondeur, mais il n'en donne aucune démonstration suffisante. — Kirschmann (114) montrequ'aux autres élé- ments habituellement considérés de l'impression visuelle, le ton et V in- tensité ^ il faut en ajouter un troisième, la saturation, dépendant de la quantité de couleur qui, à intensité lumineuse égale, couvre la surface considérée. — Par d'ingénieuses expériences, Judd (112) montre que les conditions de la vision binoculaire et les illusions de cette vision s'expli- quent par les variations externes de la perception (convergence, accom- modation) combinées avec les résultats de l'éducation de nos sens, sans qu'il soit besoin, comme avait cru le démontrer Hyslop, de faire intervenir des processus ayant leur siège dans les centres psychiques. Les expé- riences de Sanctis et Vespa (187) montrent une fois de plus l'action en apparence contradictoire d'une sensation concomitante sur la perception d'une sensation de nature différente. Tantôt celle-ci estaugmentée, tantôt elle est diminuée. Dans ce dernier cas, le fait s'explique par une distrac- tion de l'attention, dans le premier il résulterait de ce que l'attention est excitée d'une quantité plus grande que celle qui est dérivée pour la percep- tion de la sensation concomitante. [Cette explication a un caractère gra- tuit évident en l'absence de toute constatation de ces variations de l'at- tention et il se pourrait bien que ces effets qui n'ont pas une grande constance soient dus à des déplacements et des variations de l'attention tels qu'il s'en produit dans les conditions ordinaires]. P) Leur mesure. — Mac Créa et Pritchard (44) ont cherché à ap- pliquer la loi psycho-physique de Weber à l'estimation de la grandeur des surfaces et constatent que cette loi s'applique assez exactement. 8) Leur mode de formation. — D'un exposé méthodique et critique de Claparède (40) sur la théorie du sens musculaire et des arguments fournis en leur faveur, il résulte que deux éléments interviennent clans la connaissance de la situation de nos membres : un élément centrifuge, la conscience de l'influx nerveux envoyé des centres aux muscles pour opérer le déplacement voulu ; un élément centripète, les sensations tactiles produites par le déplacement et qui sont de nature très variées (pres- sion, frottement de la peau des muscles, des tendons, des ligaments arti- 630 L'ANNÉE BIOLOGIQUE. culaires, etc.). D'ailleurs, nous n'avons une connaissance actuelle que des déplacements, et la notion de la fonction d'un membre immobile n'est que le souvenir des déplacements antérieurs. [Ce dernier point est inexact. Cela n'est vrai que lorsque les sensations tactiles venues de nos membres sont nulles ou uniformément réparties comme le matin, au lit, au réveil. Mais on sent très bien par exemple la position croisée de nos jambes sous la table même en l'absence de tout souvenir du mouvement par lequel on les a croisées et qui souvent a été inconscient, ayant été ac- compli pendant que l'esprit était occupé au travail]. b. Emotions. — a) Leurs caractères. — Hall (G. Stanley) (92) dans une étude statistique sur la peur sous différentes formes et dans ses rapports avec l'âge et le sexe. Nous ne retiendrons qu'un seul point original, c'est l'idée de rechercher dans les émotions de l'homme préhistorique l'origine de certaines peurs instinctives. Notre collaborateur Marillier réduit cette hypothèse à sa juste valeur. Mais il est un autre facteur dont G. S. Hall ne tient pas compte et qui est, à notre avis, bien plus important que l'hérédité à laquelle on attribue trop souvent ce qui ne lui appartient pas. Nous voulons parler de l'incitation ou de la commu- nication de la peur par ceux qui l'éprouvent à ceux qui, d'eux-mêmes, n'y auraient pas songé. y) Leur expression. — Binet et Courtier (18-21) ont étudié les effets des émotions diverses sur la circulation et la respiration. Le principal résultat de leur étude, intéressant autant à titre de contrôle de la théorie de Lange James Sergi, est : qu'une même excitation (peur, surprise, etc.) produit toujours les mêmes effets, au moins sur un même individu; que les ef- fets des émotions opposées ne sont pas toujours inverses et peuvent même être identiques; enfin, que l'intensité de l'excitation a une in- fluence au moins égale à sa qualité. = c. Actes psychiques. — a) Réflexes. — Hofbauer (102) constate les faits suivants. Lorsqu'un muscle se contracte sous Faction soit d'une ex- citation directe, soit de la volonté, une excitation additionnelle portant, non sur le muscle (auquel cas elle a évidemment le même effet ampli- ficateur, mais cela se comprend aisément et n'a pas d'intérêt spécial), mais en un point quelconque du corps augmente la puissance de la con- traction : il y a production d'un réflexe dont la décharge est dirigée sur le muscle et s'ajoute à l'excitant préalable de celui-ci pour augmen- ter sa contraction. Cependant, quand la contraction musculaire est dé- terminée par la volonté, il faut que l'excitant additionnel intervienne avant l'entrée en action de la volonté : elle permet alors aux centres nerveux une décharge plus forte; car, si elle intervient au moment où la volonté entre en action, elle inhibe celle-ci, probablement en dis- trayant l'attention, et empêche la contraction. [Ces intéressantes recher- ches éclairent la physiologie du coup de fouet : elles montrent com- ment, léger ou modéré, il peut être dynamogène pour le cheval qui tire; XIX. — FONCTIONS MENTALES. 631 on voit d'autre part que, s'il est violent et douloureux, il est hyposthé- nisant, à moins peut-être qu'il n'agisse d'une manière détournée en pro- duisant des efforts de fuite]. = c. Actes intellectuels. — S) Instinct. Criminalité. — Wasmann (227) rapporte à l'instinct les actes de prétendue intelligence des animaux et attribue à l'Homme seul l'intelligence vraie, c'est-à-dire le pouvoir d'abstraire et de conclure. Nous ne saurions nous associer aux pro- testations de notre collaborateur Ménégaux au sujet de cette thèse à la- quelle nos observations personnelles nous portent à nous rallier, avec cette différence que nous croyons à l'existence chez les animaux d'un très faible rudiment de l'intelligence vraie qui chez l'Homme prend brusquement le très haut développement que nous lui connaissons. Wasmann (228) explique par un instinct dont l'origine n'a rien de commun avec la sélection l'existence de ces parasites des Fourmis et des Termites [Lomechusa, Atemeles, Claviger) qui sont protégés par leurs hôtes bien qu'ils leur nuisent fort. Cela prouve combien il est imprudent de déclarer avec certains Darwinistes qu'il suffit de découvrir l'utilité d'un caractère et de s'en rapporter à la sélection pour le reste, sans chercher comment il a pu se développer. Finn (73) constate qu'un instinct inné n'intervient pas chez les Oiseaux pour leur faire savoir que les Papillons pourvus de couleurs prémoni- trices ne sont pas bons à manger. Chaque Oiseau doit l'apprendre à ses dépens en essayant une première fois de manger ces espèces à saveur désagréable, A signaler un très conciencieux travail de Bethe (12) sur les préten- dues fonctions psychiques des Abeilles et des Fourmis, plein d'obser- vations, dont l'auteur tire cette conclusion que ces êtres n'ont point de vraies fonctions psychiques, au sens de ces mots chez les animaux supé- rieurs, que tous leurs actes sont le résultat d'impressions sensitives et d'instincts innés, à peine supérieurs aux réflexes. En ce qui concerne la question de l'orientation chez les Abeilles, il croit à une force dirigeante sui generis dont l'agent nous est inconnu. Butler (37) signale un retour d'instinct, depuis longtemps perdu, sous l'influence de la réapparition des conditions dans lesquelles il s'exerçait normalement. Il s'agit de certains Bengalis, domestiqués depuis des siècles au Japon et qui ont perdu la notion de la nidification normale de leur espèce sauvage. Mis dans un espace plus vaste où ils avaient les illusions de la vie libre et en présence des Graminées nécessaires, ils ont aussitôt édifié un nid type. Cela montre que l'imitation n'est pas un facteur indispensable. L'intéressante question de savoir comment se dirigent les Oiseaux dans leurs migrations a été l'objet de discussions qui n'ont guère avancé sa solution. L'étude de ces migrations elles-mêmes, en dehors de la préoc- cupation de savoir par quel procédé les Oiseaux arrivent à trouver leur route, a fourni, par contre, quelques indications qui ne sont pas dépourvues d'intérêt. C'est ainsi qu'Hoffbauer (103), dans un intéressant résumé des 632 L'ANNÉE BIOLOGIQUE. observations de N. Gâtiœ, fait remarquer que les Oiseaux migrateurs voyagent le plus souvent la nuit et à des hauteurs considérables, de 3 à 5 kilomètres, où la vue ne saurait leur être d'une grande utilité. Cela semble éliminer la théorie d'après laquelle les Oiseaux se retrouvent par des repères visuels. Le fait qu'ils se retrouvent lâchés à 500 kilom. en mer et que, emportés la nuit en chemin de fer, ils parcourent en sens inverse pour se retrouver les sinuosités de leur voyage est invoqué aussi par Reynaud (176) contre la théorie des repères visuels et en fa- veur de celle d'une fonction spéciale des canaux demi-circulaires. D'autre part Knauer (115) fait remarquer que les jeunes partent parfois pour leur migration avant les vieux, ce qui élimine la théorie, déjà combattue par l'observation, que les vieux, guidés par leur mémoire, conduisentles jeunes. On tend à faire intervenir une fonction spéciale des canaux demi-cir- culaires, sans expliquer comment cet organe pourrait fournir des notions suffisantes. Car, même en admettant une mémoire absolue des déplace- ments rotatoires et par conséquent des directions successives de la tra- jection , encore faudrait-il une indication sur la longueur de chaque segment de la trajectoire et les Pigeons voyageurs, emportés la nuit en chemin de fer, ne peuvent avoir aucuns renseignements sur ce point. Rappelons les théories de Haacke qui voudrait rapporter à un tac- tisme vers la lumière la direction suivie par les Oiseaux migrateurs [?!] et celle de Guldberg (90) qui voudrait l'expliquer par le mouvement circulaire dû à la symétrie du corps, sur lequel lui et son frère ont attiré l'attention. Spina 204) constate par des mesures un affaiblissement de la sensibi- lité à la douleur tactile et thermique et aux excitations électriques chez les délinquants, hommes et femmes, et chez les prostituées. Cet affaiblisse- ment est moindre chez les prostituées que chez les délinquants, plus grand chez les délinquants ayant commis des crimes contre les personnes que chez ceux ayant commis des délits d'un autre ordre. Le sens des diffé- rences entre les délinquants hommes et femme est variable selon la na- ture de l'excitant. Tout cela plaide en faveur de l'existence d'un type criminel défini. La prostitution semblerait se caractériser comme un de- gré inférieur de la criminalité. y) Intelligence. — Singer (193) arrive à démontrer, par une combinaison ingénieuse d'expériences, que lorsque l'on compare des sensations peu dif- férentes, on perçoit l'existence d'une différence entre elles plus tôt qu'on ne perçoit lanature de cette différence; disons même, pour mieux préciser, qu'on perçoit la première pour une valeur de la différence trop faible pour que sa nature puisse être perçue. L'auteur conclut à l'existence de juge- ments généraux de différence, indépendants des jugements spécifiques de dif- férences. La démonstration n'est cependant pas rigoureuse et l'on peut dire seulement que tout se passe comme si ces jugements généraux existaient. Cron et Krâpelin (45), au cours d'expériences sur les conditions de la mémoire et de la perception, ont trouvé un moyen simple et ingénieux XIX. — FONCTIONS MENTALES. 633 de déterminer la part de l'imagination dans le caractère, en montrant quel rùle elle joue dans les souvenirs incomplets que laisse une percep- tion insuffisante. Dans une série de notes ou de lettres qui passent ra- pidement sous les yeux et que l'on doit chercher à retenir, certains sujets ne disent que ce qu'ils se rappellent, tandis que d'autres croient se rap- peler des parties de mots qu'ils n'ont pas lus, et que leur imagination leur a suggérés pour compléter le sens de ce qu'ils se rappellent effecti- vement. S) Le caractère. — A signaler un fort curieux travail de Binet (17), in- téressant par la nature des conclusions qu'il permet de tirer d'expériences très simples, sur la tournure générale de l'esprit, sur la mentalité des sujets expérimentés. L'auteur fait décrire de visu ou de mémoire un objet quelconque, un tableau, une cigarette, et juge le sujet d'après la na- ture de sa description. Il trouve ainsi divers types de mentalité : des- cripteur, observateur, émotif, etc. Un pédagogue intelligent pourrait tirer d'expériences de cette nature, relativement à la mentalité de ses élèves, des indications précieuses et plus précises que celles que pourrait fournir l'observation banale en un temps beaucoup plus long. s) Le sommeil et les rêves. — Vold (222) serait arrivé à suggérer pen- dant la veille des rêves relatifs à un objet déterminé par l'examen de cet objet immédiatement avant le sommeil. On sait que les tentatives de ce genre ont jusqu'ici presque toujours échoué. On admet généralement que les rêves se produisent avec une ra- pidité extrême. Pour certains cas, cela a été démontré formellement. Mais il serait imprudent de généraliser, car Clavière (41) décrit un rêve où le temps nécessaire pour accomplir les actes rêvés s'est trouvé à peu près égal à la durée du rêve qu'une condition particulière avait permis de nommer exactement. y,) Formation des idées. — Philippe (166, 167) démontre par des expé- riences un fait important et qui nous frappe d'autant plus qu'il est con- forme au résultat (d'ailleurs inédit) auquel l'un de nous (Y. Dela.ce) était arrivé par une longue et patiente introspection. Ce fait c'est que nos images mentales des objets sont d'autant plus concrètes et'définies qu'elles résultent d'un moindre nombre d'impressions et que, à mesure qu'un plus grand nombre d'impressions nouvelles se superposent pour les former, elles prennent un caractère de plus en plus schématique [parfois même symbolique], et c'est ceschème [ce symbole] qui constitue désormais dans notre pensée l'image de l'objet en question. Ces faits sont d'un haut in- térêt au point de vue du problème de la formation des idées. d. Relation des fonctions nerveuses et mentales enlise elles et avec les autres 'phénomènes biologiques. J. Soury (203) passe en revue les travaux des auteurs qui se sont oc- cupés de la thermométrie cérébrale. Le point important est de savoir 634 L'ANNEE BIOLOGIQUE. si le cerveau, dans la formation de la pensée, obéit, comme le muscle dans la production du mouvement, à la loi physique de la con- servation de l'énergie, d'après laquelle l'activité spécifique doit s'accom- pagner d'un refroidissement au moins au début, lorsque le phénomène n'est pas encore troublé par des modifications métaboliques, consé- quences de cette activité. De l'examen auquel se livre J. Soury il ne ré- sulte pas que le refroidissement ait été constaté avec certitude. Dans ses recherches expérimentales sur l'excitation et la dépression mentales, Dumas (62) constate, précédant le phénomène, une vaso-dilatation ou une vaso-dépression, de la même manière que dans la théorie de 'Lange Sergi des modifications analogues précèdent les états émotifs. Ces va- riations vaso-motrices déterminent une variation apparente dans le nombre des hématies (qui sont seulement retenues ou rendues libres) de sens contraire à la variation réelle que produirait la continuation de ces mêmes états psychiques : augmentation dans l'excitation, dimi- nution dans la dépression. Yves Delage et W. Szczawinska. 1. Alrutz (S.). — On the tempera ture-Senses. Expérimental contributions towards our Knowledge of the cold and wann-spots of the Skin. (Mind, 1897. 445-448.) [691 2. Andrews (G. F.). — The liviny substance as such : and as organism. (J. Morphol.. XII, suppl., 176 p.) [Voir ch. XX '.). Apàthy (S.). — D(ts leitende Elément des Nervensystems und seine topo- grafischen Beziehunyen zu den Zellen. Erste Mitteihmg. (Mitteil. d. zool. Stat. zu Xeapel., 1897. XII, 495-748.) [651 4. Baldwin (J. M.). — Social and Ethical Interprétations in Mental De- velopment. New-York and London, [Macmillan], 1897, xiv-574 p.) [Sera analysé dans le prochain volume. 5. The P sy choh >rjjj of Social Organization. (Psyehol. Rev., IV, 481-515.) [Cet article est reproduit en termes à peu près identiques dans l'ouvrage précédent (ch. XII et XIII i. La conclusion se retrouve au ch. XV in fine. — L. Marillier. 6. Ballet (G.) et Dutil (A. . — Sur quelques lésions expérimentales d>j la cellule nerveuse. (Sein, médic, 1897, 346.) [657 7. Baquis (Elia). — Esiste una imagine visiva cérébrale? (Considerazioni ed appunti sopra un récente lavoro di ottica fisiologica). (Ann. Ottalmol., XXVI. 257-274.) [* 8. Batelli (Fed. . — Di alcune illusioni ottiche. Nota. (Riv. venetaSc. med., XXVI. 369-380.) [* 9. Berkeley H. J. i. — Studies on the lésions produced by the action of certain poisons on the cortical nerve-cell. (Johns Hopkins Hosp. Rep., VI, 1-108. 10 pi.) [ * XIX. — FONCTIONS MENTALES. 635 10. Bethe Albrecht). — Dos Nervensystem vonCarcinus Maenas. Ein ana- tomisch-physiologischer Versuch. I. Teil. 2. Mitt. (Arch. mikr. Anat.. L, 589-639, 1 pi.) [678 11. — — Vergleichende Untersuchungen ûber die Functionen des Central nervensystems der Arthropoden. (Arch. ges. Physiol.. LXVIII, 449-545. 1 pi.) [678 12. Dûrfen voir Ameisen und Bienen psychische Qualitaeten zuschrei- ben? (Arch. Physiol., LXX, 15-100.) [740 13. Bickel (Ad.). — Leber den Einfluss der sensibelen Nerven und der Laby- rinthe auf die Bewegungen der Thiere. (Arch. ges. Physiol., LXVII, 299- 344.) [675 14. Biervliet | J. J. van). — Images sensitives et images motrices. (Rev. phil., XLIV, 113-128.) [686 15. Bigelow (J.). — The mystery of Sleep. (New- York. [Harper et Bros], in-12, 147 p.) [* 16. Binet (A.). — Réflexions sur le paradoxe de Diderot. (Ann. psych., III. 279-295; Rev. d. Revues, XXI, 214-227.) [735 17. Psychologie individuelle. — La description d'un objet. (Ann. psych., III, 296-335.) [766 18. Binet (A.) et Courtier (J.). — Les effets du travail musculaire sur la circulation capillaire. (Ann. psych., 3e année, 30-41.) [Analysé avec le suivant. 19. Effets du travail intellectuel sur la circulation capillaire. (Ann. psych., 3e année. 42-64.) [782 20. Les changements de forme du pouls capillaire aux différentes heures de la journée. (Ann. psych., 3e année, 10-29.) [783 21. Influence de la vie émotionnelle sur le cœur, la respiration et la cir- culation capillaire. Ann. psych., III. 65-102.) [724 22. Binet iA.) et Vaschide (N.). — Influence du travail intellectuel des émotions et du travail physique sur la jjression du sang. (Ann. psvch., III. 127-183.) [782 23. The influence of intellectual Work on the blood pressure in Man. (Psych. Rev., IV, 54-66.) [Cité à titre bibliographique. 24. — — Influence des différents processus psychiques sur la pression du sang chez l'homme. (C. R. Ac. Se, CXXIV, 44-46.) [Une douleur forte, des excitations sensorielles pénibles, un calcul men- tal difficile, des émotions spontanées, un effort musculaire fatigant pro- voquent une forte augmentation de la pression sanguine. — L. Chénot. 25. Birch L. G.). — .4 study of certain methods of distracting the atten- tion; distraction by odors. (Amer. Journ. Psych., IX, 45-55). [Sera analysé, s"il y a lieu, dans le tome IV. 26. Bonnier. — Le sens de V orientation. (C R. Soc. Biol., IV. 1051 1054.) [678 27. Boruttau (H.). — Der Electrotonus und die phasischen Aktionsstrôme am marklosen Cephalopodennerven. «Arch. ges. Physiol., LXVI, 285-307. 1 fig. texte.) [664 28. Borzi (A.). — Contribuzioni alla conoscenza dei fenomeni di sensibilità délie plante. (Palermo, 1897.) [* L'ANNEE BIOLOGIQUE. Ru dit*- TOSi> nelle piante. .Arch. Psich.. Se. p Antroj . SYIII, Kr Bourdon B — Ls temsibiiitë musculaire des yeux. Rev. phi. - XLIV. 4. 31. •>!«* la perception risuclle de la profondeur . Rev. phiK.XLIII. 2 Brener Joseph — Ueber Bogengànge und Raumsinn. Arc: - - LXVIII. 33. Br:.; A Bichet Ch . — Pério*ie réfractaire dans les centres ner- veux. Arch. Ptm " 5»54- SS - 34. 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Van Gehuchten. — Vanatomie fine de la cellule nerveuse. — La partie achromatique du protoplasme des cellules nerveuses est le véritable protoplasme de ces cellules, car comme tout protoplasme elle est formée par une partie organisée, la masse filaire de Flemming, le reticulum plasti- nien de Carnoy et une partie non organisée, la masse interfilaire de Flem- ming, Venchylême de Carnoy. Les deux parties de la substance achromatique entrent également dans la constitution de deux espèces des prolongements des cellules nerveuses. Seulement, dans le prolongement cylindre-axile la substance filaire forme des fibrilles nettement différenciées. — La partie chromatique présente un dépôt sur la substance filaire du cytoplasme ner- veux. Ce dépôt tantôt se fait sur les points nodaux du réseau achromatique, tantôt imprègne aussi les trabécules de la substance filaire, d'autres fois encore, les points nodaux et les trabécules étant incrustés de substance chro- mophile, cette dernière revêt l'aspect réticulaire. En un mot, Fauteur admet la structure des corps chromophiles donnée par Ramox y Cajal (voir Ann. biol., II, chapitre xix, p. 630) et il explique la présence des vacuoles dans ces corps par une incrustation inégale des éléments du réseau formant des mailles de forme et de grandeur différentes. Partageant l'idée de Nissl, que la disposition des corps chromophiles dans les cellules nerveuses est dif- férente suivant la fonction qu'elles ont à remplir, ayant constaté d'autre part que la répartition de la substance chromophile dépend de la forme et de la disposition du réseau achromatique, Fauteur conclut que la structure du dernier est en connexion étroite avec la fonction du neurone. La valeur réciproque des substances chromatique et achromatique des cellules ner- veuses se déduit de ce qui vient d'être dit : la substance achromatique est l'élément principal de la cellule nerveuse et ne manque jamais, ce qui n'est pas le cas pour la substance chromatique : cette substance manque totalement dans certaines cellules, elle manque aussi dans le prolongement cylindre-axile et dans son cône d'origine; elle n'est donc pas indispensable à la vie du neurone. La substance chromatique, dit l'auteur, est la substance de réserve qui s'accumule dans le protoplasme cellulaire pendant l'état de repos du neurone, qui diminue pendant son activité fonctionnelle, qui se dé- sagrège et se dissout dès que le neurone est lésé dans son intégrité anato- mique ou fonctionnelle. Le noyau des cellules nerveuses possède une mem- brane et un nucléole volumineux qui répond au nucléose nucléinien de Carnoy. Quant à la question relative aux changements que subissent les cellules nerveuses suivant qu'elles sont au repos ou en pleine activité physiologique, l'auteur n'accorde pas grande foi aux opinions des auteurs qui, pour leurs expériences, se sont servis des excitations faradiques. Ainsi, les expériences de Mann, Lugaro et Vas n'ont qu'une importance relative; elles sont intéres- santes parce qu'elles montrent qu'une excitation électrique, portée sur un nerf, réagit au loin sur les cellules d'origine des fibres qui le constituent et y amènent des modifications profondes visibles au microscope. Au contraire, les expériences de Hodge, Mann, Demoor et Pergens, expériences exécutées dans les conditions physiologiques, les animaux étant soumis à une activité exagérée ou à un repos absolu (Mann : cellules pyramidales de l'écorce cérébrale et cellules radiculaires de la moelle lombaire; Pergens : action de la lumière et de l'obscurité sur les éléments de la rétine), renseignent mieux sur l'activité normale des cellules nerveuses. Ce sont les résultats de ces expériences qu'admet l'auteur, savoir : (jue Vétat d'activité dune cellule XIX. - FONCTIONS MENTALES. 647 nerveuse se caractérise par une augmentation de volume de son corps proto- plasmique, accompagnée d'une diminution de sa partie chromatique. L'auteur émet des idées intéressantes sur la chromatolyse des cellules ner- veuses déterminée par la solution de continuité des nerfs périphériques. Tout en admettant avec ses prédécesseurs que la dissolution de la substance chromatique est une manière spéciale par laquelle la cellule nerveuse réagit vis-à-vis d'une lésion périphérique, l'auteur met en évidence un fait nouveau, à savoir que la chromatolyse évolue différemment dans les cellules nerveuses centrales et dans les cellules ganglionnaires. Dans les premières, la section d'un nerf périphérique amène d'abord la dissolution de la substance chro- matique, — c'est la première phase des modifications survenues dans les cel- lules, c'est la chromatolyse des auteurs, phase suivie d'une seconde, — la réformation des éléments chromophiles. La chromatolyse, débutant par le centre de la cellule (contrairement à l'assertion de Marinesco), entraîne la turgescence de la cellule nerveuse et, par cela même, l'augmentation de son volume, cause de la propulsion passive du noyau si les cellules meurent dans les couches périphériques. Débutant à peu près 40 heures après la sec- tion du nerf, elle dure 15 à 20 jours, pour faire place à la reconstitution, qui dure bien plus longtemps (92 jours après la section). Pour |es cellules d'ori- gine des nerfs sensitifs, les choses se passent un peu autrement : la première phase des modifications survenues à la suite de la section du nerf périphé- rique est la même que pour les cellules motrices. Mais cette phase n'est ja- mais suivie de la reconstitution des éléments chromatophiles; au contraire, la chromatolyse des cellules ganglionnaires conduit fatalement à la destruc- tion, à la dégénérescence de ces cellules. Yan Gehuchten trouve une seule cause possible pouvant déterminer la façon différente dont réagissent les cellules sensitives et motrices aux lésions des nerfs auxquels elles donnent naissance : cette cause réside dans l'action trophique qu'exercent sur ces cellules les excitations qui leur sont trans- mises. La cellule motrice se régénère malgré la section de son nerf, parce qu'elle reçoit les excitations trophiques d'autres cellules nerveuses avec les- quelles elle se trouve en rapport. La cellule sensitive disparaît au contraire parce qu'elle ne reçoit plus d'excitations trophiques, car ses excitations ne lui viennent que du dehors. La preuve qu'il en est ainsi, l'auteur la trouve dans l'expérience de Lugaro qui, ayant sectionné le prolongement central des cel- lules ganglionnaires, a provoqué une chromatolyse suivie, quelques jours après, de la reconstitution des éléments chromatophiles; ici, les cellules gan- glionnaires se sont trouvées dans ce cas des cellules motrices auxquelles on a sectionné le nerf périphérique. — W. Szczawixska. 133. Lugaro. — Sur tes altérations des éléments nerveux 'produites par V empoisonnement par l'arsenic et le plomb. — Les altérations que produit l'action de l'arsenic et du plomb sur les cellules nerveuses sont de même ordre que celles produites par tous les agents destructifs directs : le mal débute par la chromatolyse périphérique qui gagne peu à peu le corps tout entier ; la substance achromatique est aussi en danger. Les prolongements cellulaires sont atteints après le corps cellulaire. Le noyau est touché le dernier. L'action destructive du plomb sur les cellules nerveuses a permis à Lugaro de révéler les particularités très intéressantes sur la structure de la substance achromatique dans les cellules ganglionnaires. Lorsque la chromatolyse n'est que périphérique, on voit apparaître les fibrilles longues disposées concen- triquement. Ces fibrilles ont un parcours onduleux et s'anastomosent entre 648 L'ANNEE BIOLOGIQUE. elles. Au fur et à mesure que la chromatolyse avance, apparaissent peu à peu les fibrilles centrales, ayant le même parcours et la môme direction que les précédentes, avec cette différence qu'elles sont plus serrées et qu'elles s'anastomosent entre elles sous un angle plus aigu. Et, lorsque la chromatolyse permet de voir les fibrilles au voisinage du noyau, les fibrilles périphériques se trouvent à l'état de destruction granuleuse. Le cylindre-axe a aussi la structure fibrillaire, les fibrilles entrées dans l'élargissement conique pénè- trent dans la cellule en se recourbant en partie vers la périphérie de celle- ci, en partie s'irradiant vers son centre, autour du noyau. Les fibrilles n'ontpas le même aspect partout et varient avec le type cellulaire. Dans le type des cellules grandes et claires à corps chromophiles, les fibrilles sont fines et courtes ; dans celui des cellules grandes et claires à corps chromo- philes longs, disposés concentriquement, les fibrilles sont longues et épais- ses; dans les petites cellules, les fibrilles sont courtes et disposées irrégulière- ment. Les altérations des cellules de la moelle épinière ne montrent pas la structure fibrillaire. — W. Szczawinska. 126. Lenhossek. — Sur la structure des cellules des ganglions spinaux de V Homme. — L'auteur appelle « sigroïdes » les corps chromophiles des cellules nerveuses. Ces corps, chez l'Homme, dans les cellules ganglionnaires, n'ont pas la disposition concentrique. Ils manquent à la périphérie du noyau et à la périphérie de la cellule. La structure des « sigroïdes » est ici telle que l'au- teur Ta décrite déjà ailleurs (voir Ann. biol., II, 640). La substance fonda- mentale du corps cellulaire a une structure granuleuse et il est difficile de distinguer les granulations de cette substance des fines granulations sigroïdes. Le cylindre-axe a une structure fibrillaire, surtout visible à la naissance du prolongement. — W. Szczawinska. 55. Dogiel. — Histologie et cytologie des ganglions spinaux des Mammi- fères. — L'auteur distingue deux types de cellules ganglionnaires; les cel- lules appartenant au premier type sont les cellules ganglionnaires connues de tout le monde : leur prolongement principal forme tôt ou tard deux pro- longements dont l'un est périphérique, l'autre central. Les cellules du se- cond type sont tout à fait particulières, elles ne répondent en rien à ce que nous savons jusqu'à présent à ce sujet. L'auteur a cependant examiné les cellules ganglionnaires des ganglions rachidiens des animaux étudiés par les autres auteurs, à savoir Chien, Chat, Cobaye, Lapin. Ces cellules répondaient au type des cellules centrales de Golgi, leur prolongement ne sort jamais du ganglion et il se divise et subdi- vise à l'intérieur du ganglion. Primitivement, il sort de la cellule comme le fait le prolongement des cellules du premier type, il se bifurque, quelque- fois donne naissance à 3 ou 4 prolongements à la fois, dont chacun de son côté va donner naissance aux nouveaux prolongements et ainsi de suite. Le sort ultime de ces prolongements est différent; quelques-uns se rendent à la périphérie du ganglion, en formant un treillis au-dessous de l'enveloppe du ganglion. Dans bien des cas, à l'endroit de l'étranglement de Ranvier, ces prolongements favorisent des collatérales dépourvues d'enveloppe myéli- nique. D'autres forment autour des cellules du premier type des espèces d'enveloppes à la surface de la membrane de leur corps. Les dernières ramifications de prolongements dépourvus de myéline traversent la membrane cellulaire et forment à la surface des cellules un treillis compact de prolongements XIX. — FONCTIONS MENTALES. 049 terminaux, munis d'épaississements. La présence des fibrilles périphéri- ques à la surface des cellules ganglionnaires a été démontrée pour la pre- mière fois par Aronson (1886), puis par Ramon yCajal, seulement leur pro venance était méconnue. L'auteur décrit en outre les cellules ganglionnaires multipolaires, seulement ces cellules ne ressemblent en rien aux cellules multipolaires des autres auteurs, décrites chez les embryons; les multi- ples prolongements de cellules multipolaires de Dogiel absorbent tous la myéline et sont tous des prolongements cylindre-axiles. (Comparer Van Gehuchten (82). Quant à la structure intime du cytoplasma des cellules ganglionnaires, Fauteur y trouve la substance chromophile formée des grains qui prennent une disposition filamenteuse et les fibrilles formant deux systèmes : un système périphérique de fibrilles plus épaisses à direction circulaire et un autre central de fibrilles plus fines. Flemming a décrit aussi dans les pro- longements des cellules ganglionnaires deux espèces de fibrilles : les fibrilles centrales et les fibrilles périphériques. L'auteur confirme leur existence et ajoute que les fibrilles centrales des prolongements appartiennent au sys- tème périphérique du corps cellulaire et les fibrilles périphériques de celui- là au système central de celui-ci. — \Y. Szczawinska. 172, Pugnat. — Recherches sur la structure des cellules des ganglions spi- naux de quelques Reptiles. — Ce qui caractérise avant tout les cellules gan- glionnaires des Reptiles, c'est la présence de lobules (2 à 3 chez Testudo grxca). Ils expliquent, suivant Fauteur, la lenteur avec laquelle s'effectue la trans- mission des courants nerveux de ce Reptile. Le courant nerveux, ayant un plus long trajet à effectuer, subit un retard notable. — Dans le cytoplasme nerveux, P. décrit les fibrilles formant des faisceaux faciles à voir surtout à la périphérie. Dans le voisinage du noyau, les nombreux granules chro- mophiles empêchent de bien déceler la structure fibrillaire. Il semble ce- pendant que ces fibrilles forment un réseau dans lequel naissent les fibrilles du prolongement cylindraxile. Dans les lobules, les fibrilles sont libres. Cette structure existe dans les grandes cellules. Les petites ont une structure presque homogène, elles envoient probablement leurs prolongements aux ganglions sympathiques par les rameaux communicants. — W. Szczawinska. 148. Me Clure. — La cellule nerveuse des invertébrés. I. Gastéropodes. — Chez Hélix, Arion, Limax la substance chromophile se présente sous forme de granulations. Dans la substance fondamentale on distingue encore des fibrilles dont la disposition est très variable (alternance de cercles concentriques de fibrilles et de granulations; fibrilles contournées comme Flemming en a décrit dans les ganglioses rachidiens des Mammifères. Les granulations sont inter- fibrillaires. — Il y aurait des centrosomes et des sphères attractives. — M. GOLDSMITH. 6) Physiologie et pathologie de la cellule nerveuse. 185. Sabrazès. — Anatomie fine de la cellule nerveuse. — L'auteur estime que, dans l'étude de la cellule nerveuse, on délaisse trop le noyau pour ne s'occuper que du protoplasma, car l'intégrité du noyau est la condition sine qua non de la vitalité normale des cellules. Il pense que c'est plutôt dans la texture intime du noyau que dans la chromatolyse et dans l'état de la subs- tance achromatique, qu'il faut chercher les causes d'une altération irré- médiable de la cellule. Il cite à ce sujet un travail de Cabannes qui a étudié 650 L'ANNEE BIOLOGIQUE. l'état des cellules nerveuses médullaires dans la rage chez l'Homme, et qui a montré qu'à côté de la chromatolyse du protoplasma, le noyau est souvent rejeté à la périphérie, qu'il est turgescent, que le nucléole est fragmenté, que la membrane nucléaire et le réseau de linine s'effacent, et qu'on voit souvent des bâtonnets de chromatine et même un véritable peloton chromatique dans le corps nucléaire. La cellule lutte d'abord contre l'irritant pathologique en consommant ses éléments chromatiques, puis elle tente un dernier effort en cherchant à se diviser, mais sans pouvoir y aboutir. — E. Hérouard. 184. Rûzicka. [I a] — Contribution à la technique et à Vhistologie des nu- cléoles des cellules nerveuses centrales. — L'auteur signale, dans le nucléole des cellules de la moelle épinière des Mammifères, un ou plusieurs corpuscules très petits, très colorables, de forme habituellement sphérique, quelquefois cependant irrégulière et dentelée [nucléoles?]; ce ne sont ni des bulles d'air, ni des produits de décomposition de la substance des nucléoles, mais des formations caractéristiques et normales dans le nucléole des cellules ner- veuses centrales. — A. Prenant. 95. Held (Hans). — Recherches histologiques sur les cellules nerveuses et leurs prolo?igements. — Dans les travaux de l'auteur il y a deux questions différentes à distinguer : 1° la question de la structure du cytoplasme ner- veux, 2° la question du rapport mutuel entre les cellules nerveuses. Seule- ment, comme il suit des recherches de l'auteur que ces deux questions se trouvent intimement liées, nous allons les analyser ensemble. Pour le cy- toplasma nerveux l'auteur admet la structure suivante : la partie fonda- mentale est composée du spongioplasme, neurocytospongium, qui n'est autre chose que l'image des coupes des vacuoles. Ainsi, la structure du cytoplasma nerveux est essentiellement vacuolaire. La grandeur et la disposition des mailles du spongioplasme diffèrent d'une cellule à l'autre, elles diffèren dans la même cellule : ainsi, le spongioplasme du prolongement cylindraxile. axospongium, a les mailles allongées, simulant des fibrilles parallèles ; dans le corps cellulaire et dans les prolongements protoplasmiques, les mailles sont polygonales, elles sont plus serrées dans le corps que dans les prolongements, c'est le cgtospongium. Dans le neurocytospongium sont incluses les granula- tions que l'auteur appelle neurosomes et qui, comme nous allons voir plus loin, constituent les terminaisons cylindraxiles, d'autres cellules. Les neuro- somes et le neurocytospongium sont donc deux parties essentielles, invariables, du cytoplasme nerveux. C'est sur la forme, la disposition et le rapport mu- tuel de ces deux parties que l'auteur établit la classification des cellules ner- veuses, classification n'ayant rien de commun avec celle créée par Nissl. En dehors de ces parties essentielles dans les cellules nerveuses traitées par les réactifs, on trouve les corps de Nissl. Ceux-ci n'existent pas dans les cellules vivantes ou fraîchement extirpées, ils n'apparaissent qu'environ une demi-heure après la mort de l'animal, d'où l'auteur conclut qu'ils sont les produits post mortem. [Flemming, dans l'aperçu critique des travaux parus sur la cellule en 18%, Ergebnisse der Anatomie etc., vol. VI, fait cette re- marque judicieuse que certains éléments sont biophanes dans certains cas, qu'ils sont abiophanes dans d'autres. L'auteur entend par là que certains de ces éléments sont visibles sur le vivant (biophanes) tandis que les autres ne le sont pas (abiophanes). Les corps chromophiles des cellules nerveuses des Mammifères sont abiophanes}. Pour la question des rapports mutuels entre les cellules nerveuses, l'au- teur substitue à la théorie du contact celle de la continuité de substance (Con- XIX. - FONCTIONS MENTALES. 651 crescenz). Seulement, cette continuité n*est pas primitive, elle est secondaire, et elle n'apparaît que comme dernier terme du développement des éléments nerveux. Les recherches antérieures de Ramon y Cajal ont montré la présence des ramifications cylindraxiles terminales à la surface des cellules nerveuses suivantes : des cellules de Purkinje, des cellules trapézoïdes, des grandes cellules du noyau de Deiters, des cellules de la corne postérieure de la moelle, et Dogiel a trouvé les mêmes terminaisons à la surface des cellules spi- nales des Mammifères. L'auteur élargit ces données et conclut : que les ter- minaisons cylindraxiles péricellulaires constituent un fait général; que toute cellule nerveuse est située dans une enveloppe formée par les ramifications terminales des prolongements cylindraxiles ou de leurs collatérales d'un ou de plusieurs cylindraxes; enfin que ces mêmes terminaisons pénètrent dans l'intérieur du cytoplasme des mêmes cellules, formant un dépôt gra- nuleux (névrosomes) dans leur protoplasma vacuolaire. Et, tandis qu'à l'état embryonnaire les terminaisons nerveuses péricellulaires terminales forment un feutrage autour des cellules comme le décrit Ramon y Cajal, ce feutrage se change déjà chez des animaux jeunes en un vrai réseau, qui con- tracte des rapports intimes avec le protoplasme même des cellules qu'il en- toure. [Ainsi, après l'ancienne théorie de continuité de la substance nerveuse créée par Deiters, théorie qui compte à l'heure actuelle encore quelques adhérents, après la théorie nouvelle de la contiguïté, nous sommes en présence de la troisième théorie concernant les rapports mutuels entre les éléments ner- veux, théorie de la concrescence qui c«ncilie les deux théories précédentes]. — W. Szczawinska. 3. Apàthy (Stefan). — Sur l'élément conducteur du système nerveux et sur sa distribution topo graphique dans les cellules. — [Nous avons donné, Tannée dernière, le résumé (Voir Ann. biol., II, 616) delà conception de l'au- teur sur la structure du système nerveux telle qu'il l'a exposée au congrès de Leyde. Rappelons brièvement en quoi elle consiste. L'élément nerveux essen- tiel, c'est la fibrille nerveuse, elle est l'élément conducteur et est produite par la cellule nerveuse. Outre l'élément conducteur, le système nerveux possède encore l'élément générateur et modificateur des influx nerveux, ce sont les cellules ganglionnaires. Ces cellules ne produisent jamais des fibrilles nerveuses, qui ne font que les traverser et y subissent des modifications dans leur arrangement topographique, comme nous allons le voir plus loin. Les recherches de l'auteur portent surtout sur les Invertébrés ; les Vertébrés n'ont pas été laissés de côté. La principale méthode qui lui a permis de poursuivre la distribution des fibrilles dans le système nerveux , c'est la co- loration des éléments nerveux parle chlorure d'or; il a vérifié les résultats obtenus par deux autres méthodes (coloration au bleu de méthylène en in- jection vitale et coloration par l'hématéine]. Les fibrilles telles qu'on les voit par la méthode au chlorure d'or dans les cy- lindres-axes des nerfs périphériques et dans les cellules sont dites par l'auteur fibrilles primitives. Elles peuvent être d'épaisseurs différentes; celles des nerfs moteurs sont d'habitude plus fortes que ne sont les fibrilles des nerfs sensi- tifs, la même différence existant entre les fibrilles des cellules ganglionnaires sensitives et celles des cellules motrices. Les fibrilles primitives émettent des prolongements et, au fur et à mesure que le nombre de leurs prolongements augmente, elles diminuent d'épaisseur. Cela tient à ce qu'elles se compo- sent elles-mêmes de fibrilles que l'auteur appelle élémentaires, et dans chaque 652 L'ANNEE BIOLOGIQUE. prolongement, la fibrille primitive abandonne une partie de ces fibrilles élé- mentaires. Les fibrilles élémentaires sont réunies entre elles dans la fibrille primitive au moyen d'une substance unissante interfibrillaire. Les varico- sitésque Ton rencontre à la surface des fibrilles et auxquelles certains auteurs attribuaient une haute fonction physiologique sont des productions de deux or- dres : 1" tantôt elles résultent d'un épaississement de la substance unissante produit par lé réactif; 2° tantôt elles proviennent de l'écartement local des fibrilles élémentaires. Une fibrille élémentaire conductrice peut être dans toute sa longueur, de- puis la cellule sensorielle à travers une série de cellules ganglionnaires, jusqu'à sa terminaison dans le muscle, le produit d'une seule cellule nerveuse. Cela est possible chez les petits animaux inférieurs dans le système nerveux entier et chez les supérieurs dans le système sympathique seulement. Chez ces derniers, dans le système central, plusieurs cellules nerveuses se rangent les unes derrière les autres sur le parcours de la fibrille primitive, tantôt dans la partie sensitive, tantôt dans la partie motrice de l'arc réflexe. Les fibrilles primitives de la cellule nerveuse, arrivées au centre, se séparent les unes des autres, se réunissent avec les fibrilles d'autres cellules pour se rendre dans les cellules ganglionnaires. Certaines fibrilles primitives arrivent aux cellules ganglionnaires directement, les autres se décomposent dans la masse fibrillaire centrale en de fines fibrilles, fibrilles élémentaires qui forment avec les autres fibrilles élémentaires qui s'y trouvent un vrai réseau, appelé par l'auteur réseau élémentaire diffus, et non pas seulement un entre-croise- ment de fibrilles. De ce réseau partent des fibrilles primitives qui deviennent de plus en plus épaisses au fur et à mesure que d'autres fibrilles primitives viennent s'ajouter à elles. Les fibrilles ayant pris naissance dans le réseau diffus se rendent aux cellules ganglionnaires. Ainsi les recherches d'Apàthy nous ramènent à la fibrille nerveuse de Schultze et à l'ancien schéma du ré- seau nerveux diffus de Gerlacii et sont en complète contradiction avec les nouvelles acquisitions au sujet des rapports entre les éléments nerveux, no- tamment avec la théorie du neurone. Comment se comportent maintenant les fibrilles primitives dans les cellules ganglionnaires, quelle est leur structure? Les grandes cellules ganglionnaires des Invertébrés, Hirudoipa.r exemple, laissent voir des zones allant de dehors en dedans : la plus externe, c'est la zone névroglique, qui se compose de deux parties : externe et interne, la dernière envoyant des fibrilles dans le corps cellulaire proprement dit. Le corps cellulaire proprement dit commence avec la zone dite alvéolaire, difficilement visible dans les cellules non ratatinées : elle est remplie du protoplasme clair à structure alvéolaire. Au-dessous se trouve la zone chromatique externe, remplie de fines granu- lations chromatiques. A cette zone succède la zone alvéolaire interne, remplie de vacuoles disposées en plusieurs rangées; enfin la dernière zone est la zone chromatique interne, à structure pareille à la zone chromatique externe. Au- tour du noyau, se trouve un espace dépourvu de grains chromatiques et rempli de vacuoles. C'est dans cette zone périnucléaire que l'auteur trouvait les centrosomes. Le prolongement des cellules est composé de fibrilles plongées dans une substance très finement granuleuse. Au point de vue de la distribution de la substance conductrice dans les cellules nerveuses l'auteur distingue deux espèces de cellules : le type G. et le type K. Le premier type est représenté par les grandes cellules sensitives, le type A' par les cellules de volume moyen et petit appartenant aux cellules motrices. Dans le premier type le réseau fibrillaire nerveux est réduit à une zone, la zone chromatique externe. Ce réseau est composé de très fines XIX. — FONCTIONS MENTALES. 653 fibrilles dont on pourrait comparer la distribution à la façon dont se com- porte le réseau artériel dans le glomérule de Malpighi. Seulement, le réseau nerveux n'est ici que périphérique. Dans les cellules A"., il y a double cou- ronne de réseau nerveux : la couronne externe se trouve entre la zone alvéo- laire externe et la zone chromatique externe. Elle se compose de fines fibrilles qui, par des tractus radiai.res, s'en vont dans la couronne interne pour former ici une zone de fibrilles bien plus épaisses, qui sortent de la cellule par son unique prolongement et à son centre, sous forme d'une grosse fibrille primitive. Ainsi, dans chaque prolongement des cellules ganglionnaires, il y a à la fois les fibrilles cellulipètes et les fibrilles cellulifuges. Seulement, dans les cellules sensitives, les deux espèces de fibrilles sont pareilles dans les cellules motrices, les fibrilles périphériques fines sont cellulipètes et une grande fibrille centrale est cellulifuge. Les éléments conducteurs abordent la cellule sensorielle sous forme d'une forte fibrille primitive, mais, après avoir formé autour de son noyau un réseau périnucléaire , la plupart de ces élé- ments quittent la cellule pour se terminer dans les espaces intercellulaires. La distribution de l'élément conducteur dans les muscles est semblable à celle que l'auteur a décrite pour Ascaris. — W. Szczawixska. 190. Schaper (Alfred). — Sur les premiers stades de différenciation du système nerveux central. — L'auteur résume les données acquises par ses re- cherches antérieures sur la différenciation des éléments constitutifs du sys- tème nerveux central et, d'accord avec Kôlliker et Vignal, modifie les idées classiques établies par His sur l'origine distincte des éléments nerveux et des éléments névrogliques. Depuis le travail remarquable de His sur « les Neu- rohlustes et leur origine embryonnaire dans la moelle », 1889, on admet dans les stades les plus précoces de développement du tube médullaire deux es- pèces d'éléments morphologiquement distincts : les cellules épithéliales et les cellules germinatives (Keimzellex de His). Les premières sont les cellules ordinaires ectodermiques du tube nerveux embryonnaire ; elles vont former les sjjonf/ioblastes qui donneront naissance à la néoroglie. Les secondes se trouvent de place en place entre les premières, mais elles ont une struc- ture tout à fait particulière. Au lieu d'avoir la forme cylindrique caractéris- tique des cellules épithéliales, elles sont rondes, leur noyau est grand et très riche en substance chromatique. Elles sont le siège d'une prolifération très active. Ce sont elles qui vont donner naissance aux neuroblastes, cellules- mères des éléments nerveux proprement dits. Schaper nous donne pour le mode de formation des neuroblastes et des spongioblastes les détails plus circonstanciés qui complètent heureusement les descriptions de His ; il montre que les deux éléments en question ont une origine commune, et procèdent des cellules épithéliales. En effet, l'auteur a observé dans la moelle de l'embryon de la Truite des cellules qui, par leur forme et l'aspect de leur noyau, présentaient un état intermédiaire entre les cellules épithéliales et les cellules germinatives de His. Allongées comme les premières, elles avaient un grand noyau en différents stades de division indirecte. Ainsi, l'auteur désigne sous le nom de cellules germinatives des éléments différents de ceux que His a distingués sous ce terme : ce sont les cellules épithéliales de la couche ectodermique du tube nerveux ; elles repré- sentent un stade de leur développement caractérisé par une prolifération active. Si ces cellules, au moment de leur division, se distinguent des autres cellules épithéliales, leurs caractères n'ont cependant rien de particulier; ils sont semblables à ceux de toutes les cellules en voie de division, quelle que soit leur origine. Les nouvelles générations de ces cellules donnent nais- 654 L'ANNEE BIOLOGIQUE. sance à dos cellules indifférentes, dont les cellules-tilles peuvent évoluer dans deux directions, engendrant les unes les spongioblastes, les autres les neuroblastes. Les neuroblastes ou cellules-mères des cléments nerveux sont d'habitude unipolaires, comme His l'avait indiqué ; l'unique prolongement primitif est le prolongement cylindre-axile. — Cette évolution des spongio- blastes el des neuroblastes par l'intermédiaire des cellules indifférentes ne se l'ait pas de la même façon dans toutes les classes des Vertébrés. Ainsi, les cellules indifférentes manquent totalement chez l'Amphioxus, chez lequel les cellules épendymaires et les cellules nerveuses procèdent directement d<>* cellules épithéliales ectodermiques du tube médullaire. Chez Petro- myzon. la névroglie n'existant pas, les cellules épithéliales primitives donnent naissance à l'épendyme et aux cellules germinatives, lesquelles par leurs divisions successives fournissent également les cellules épendymaires. mais leur troisième génération va former les cellules de transition qui constitueront uniquement les cellules nerveuses. Ce n'est que chez les Vertébrés supérieurs qu'apparaît dans toute sa plénitude le cycle évolutif complet des cellules ger- minatives par l'intermédiaire des cellules indifférentes aboutissant à la for- mation des spongioblastes et des neuroblastes. — W. Szczawinska. 134. Lugaro. — Sur la valeur respective de la partie chromatique et de la partie achromatique du cytoplasme des cellules nerveuses. — La substance achromatique est l'élément conducteur des influx nerveux, la substance chromatique joue le rôle isolateur, elle occupe passivement les interstices entre les fibrilles de la substance achromatique; autrement dit, la substance achromatique est constituée par la masse filaire au sens de Flemming, et la substance chromatique représente la masse interfilaire. La façon dont se dispose la substance chromatique dans les cellules nerveuses adultes montre son excessive plasticité et prouve que cette disposition dépend des facteurs mécaniques. — W. Szczawinska. 136. Lugaro (E.). — A propos de quelques variations à la formule de « po- larisation dynamique ». — L'auteur combat les opinions de van Geiiuciiten et de Ramon y Cajal concernant la polarisation dynamique dans les cas exceptionnels, quoique assez fréquents, où le prolongement nerveux et quel- ques dendrites prennent leur origine sur un tronc commun. Pour admettre dans ce cas une polarisation dynamique, Ramon y Cajal admet un passage direct du tronc protoplasmique à l'axone, tandis que van Gehuçhten considère les gros tractus protoplasmiques comme faisant partie du corps cellulaire, de façon que les fins dendrites seraient cellulipètes et l'axone cellulifuge. L'au- teur croit que, sans avoir recours à ces hypothèses, on peut parfaitement ad- mettre une double conduction dans un tronc fibrillaire mixte, qui, comme toute cellule, ne conduit pas, mais modifie l'onde nerveuse. Dans le cas donné la conduction dans les deux sens dans le tronc cellulaire se ferait par l'in- termédiaire des fibrilles qui proviennent de l'axone et du dendrite. — M. Men- DELSSOHN. 131, 132. Lugaro (E.). — Sur les altérations des cellules nerveuses des gan- glions spinaux consécutives à la section de la branche centrale et de la branche périphérique de leur prolongement. — Les cellules ganglionnaires se compor- tent différemment suivant (pie l'on sectionne leur prolongement périphérique ou leur prolongement central. Dans le premier cas, la cellule subit des alté- rations qui peuvent conduire à sa destruction; dans le second, elle conserve XIX. — FONCTIONS MENTALES. 655 sa structure normale. L'altération des cellules ganglionnaires après la section du nerf périphérique survient à la suite des désordres que provoque cette section dans les conditions dynamiques habituelles nécessaires pour l'accom- plissement normal de ses fonctions organiques. C'est donc une explication différente de celle donnée par van Gehuchten (82) sur la cause de mêmes altérations. Et, tandis que le même auteur voit une grande différence dans la façon dont se comportent les cellules ganglionnaires et les cellules mo- trices vis-à-vis de la solution de continuité de leur nerf périphérique, Lugaro admet au contraire une parfaite analogie : les cellules centrales s'altèrent aussi après la section de leur nerf périphérique, parce que cette section sup prime la possibilité de la charge motrice, qui pour ces cellules est une condition dynamique de leur existence, comme les excitations périphériques constituent une condition de même ordre pour les cellules ganglionnaires. — W. SZCZAWINSKA. 125. Lamy (H.). — Lésions médullaires expérimentales produites par les embolies aseptiques. — L'auteur étudie les processus nécrobiotiques qui se produisent dans la substance blanche et dans la substance grise de la moelle épinière à la suite de la suppression de la circulation artérielle. Les cellules nerveuses sont frappées de très bonne heure et leurs aspects de dégénéres- cence paraissent très variables. Les unes sont pâles, comme boursouflées, et ont perdu la netteté de leurs contours; d'autres au contraire, voisines, sont ratatinées et se colorent mieux que les précédentes; d'autres, enfin, ne sont plus que des blocs informes, uniformément colorés. Quel que soit d'ailleurs l'aspect qu'elles offrent, toutes ces cellules se ressemblent en ce qu'elles ont perdu en totalité ou en partie leur réseau chromatique. Dans les éléments particulièrement atteints de nécrobiose, la rupture des prolongements et la séparation de ceux-ci et du corps cellulaire a paru un fait assez constant. Après Marinesco, l'auteur a vu aussi la migration nucléaire vers la périphérie et l'intégrité de la zone périnucléaire, mais d'une façon moins constante. Après cet examen des lésions tout à fait initiales, l'auteur décrit la phase hémorrhagique à laquelle succède la période de ramollissement, puis il expose ses observations sur les lésions de la substance blanche, mais n'in- dique pas les processus nécrobiotiques des tubes nerveux. — Ch. Simon. 150. Morat. — Troubles trophiques consécutifs à la section des racines postérieures médullaires. — L'auteur admet la possibilité de l'existence des nerfs spéciaux de l'épithélium de revêtement qui auraient la même signifi- cation pour les cellules épithéliales que les nerfs moteurs glandulaires sur les cellules glandulaires. — W. Szczawinska. 189. Schaffer. — Sur les modifications des cellules nerveuses dans l'inanition. — L'auteur a observé des Lapins soumis à l'inanition complète et à l'inanition incomplète, l'animal ne recevant que de l'eau {Inanition bel Wassergenuss). Dans le dernier cas, les lésions sont très faibles, à peine les corps chromo- philes se dissolvent-ils. Les lésions de l'inanition complète sont caractérisées par la chromatolyse, par les altérations du noyau et par l'apparition des nombreuses vacuoles dans le corps cellulaire. Les altérations du noyau con- sistent dans une colorabilité très intense qui égale celle du nucléole, qu'il est par suite difficile de distinguer. — W. Szczawinska. 106. Jacobson, — Sur l'aspect des cellules nerveuses motrices dans la corne antérieure de la moelle dans le repos et dans l'inanition. — L'auteur arrive à 656 L'ANNEE BIOLOGIQUE. une conclusion contraire à celle de Schaffer (189). Il affirme ne pou- voir constater aucune différence dans l'aspect des cellules nerveuses d'un animal sain et d'un animal soumis à L'inanition. — W. Szczawinska. lsC). Sabrazès et Cabannes. — Note sur les lésions des cellules nerveuses de la moelle dans la rage humaine. — C'est une étude des modifications de la structure des cellules de la moelle cervicale chez un Homme traité à l'Ins- titut Pasteur. Les plus sensibles à l'action de l'aspect morbide sont les cellules de la corne postérieure et les cellules postéro-internes de la corne antérieure. Les cellules présentent presque tous les degrés d'une lésion qui consiste en une chromatolyse procédant de dehors en dedans; il y a des cellules dont la substance achromatique est aussi altérée; enfin le noyau peut se désagréger en se fragmentant. — W. Szczawinska. 57. Dovetti. — Les altérations du système nerveux central après Vablalion des capsules surrénales. — L'ablation des capsules surrénales agit sur le sys- tème nerveux en provoquant la myélite disséminée et pseudo-systématisée. Les cellules nerveuses subissent des modifications caractéristiques dans les lésions primitives : altération de la substance chromatique et achromatique du protoplasme conduisant à la destruction de la cellule. — W. Szczawinska. 156. Neppi. — Sur les altérations cadavériques de la cellule nerveuse révé- lées parla méthode de Nissl. — Six heures après la mort, les cellules nerveuses (corne antérieure du Chien) ne subissent aucune modification. Il en estde même après 24 heures. Ce n'est que 48 heures après la mort que commencent les altérations; elles consistent après ce délai de temps en une coloration diffuse du protoplasme et en une raréfaction des éléments chromophiles dans les pro- longements protoplasmiques. Ces éléments sont normaux dans le corps cellu- laire. Le noyau subit aussi des modifications : il perd ses contours, et son caryoplasme prend une coloration bleuâtre par la thionine. Ces altérations s'accusent de plus en plus au fur et à mesure que l'on s'éloigne de l'heure de la mort : la cellule se ratatine, les éléments chromophiles pâlissent, le noyau s'atrophie. — W. Szczawinska. 143. Marinesco. — Pathologie générale de la cellule nerveuse, lésions secon- daires et primitives. — Les lésions primitives des cellules nerveuses survien- nent à la suite de l'action directe sur la cellule des agents nocifs. Ce qui ca- ractérise ces lésions, c'est la chromatolyse, seulement cette chromatolyse peut revêtir des formes très diverses : elle peut être périphérique dans l'anémie, la rage, le botulisme, l'urémie; périnucléaire dans l'intoxication par l'arsenic, la paralysie de Landry; la chromatolyse diffuse se rencontre dans les deux cas précédents. Les lésions de la substance chromophile sont accompagnées des lésions de la substance achromatique qui conduisent fatalement à la mort de la cellule nerveuse. Les lésions secondaires ont lieu toutes les fois que l'on produit une solution de continuité entre la fibre nerveuse et la cellule qui lui donne naissance. Ces lésions sont caractérisées aussi par la chromatolyse, qui débute ici au voisinage du cylindre-axe et se propage peu cà peu aux autres parties du corps cellulaire. Le noyau prend une position périphérique. Ce qui distingue ces lésions des lésions primitives, c'est la parfaite intégrité de la substance achromatique; c'est pourquoi ces lésions sont d'ordinaire suivies de la réparation de la substance chromatique et de la guérison de la cellule. Ainsi, l'auteur distingue dans les lésions secondaires trois phases : une phase de réaction, une phase de réparation et enfin une phase de dégénérescence, car les cellules peuvent aussi dégénérer. — W. Szczawinska. XIX.. — FONCTIONS MENTALES. 657 144. Marinesco. — Nouvelles recherches sur la structure fine de la cellule nerveuse et sur les lésions produites par certaines intoxications. — Étude physiologique et morphologique des cellules nerveuses. Pour la première, l'auteur emploie diverses substances toxiques qu'il injecte aux animaux en expérience : arsenic, alcool, virus de la rage. Les résultats sont concordants avec ceux obtenus par ses devanciers. Les modifications qui surviennent après les expériences dans la structure des cellules nerveuses permettent à Fauteur certaines conclusions sur la structure de la substance achromatique de ces cellules. Mais il n'apporte rien de neuf et retrouve ce qui a été constaté déjà par ses devanciers, par Lugaro en particulier. — W. Szczawinska. 130. Lugaro. — Altération des cellules nerveuses dans la peste bubonique expérimentale. — Aux stades peu avancés, chromatolyse périphérique; plus tard, à côté de la chromatolyse diffuse, altération de la substance fondamen- tale (cellules de la moelle épinière et des ganglions spinaux). — W. Szcza- winska. 137. Lugaro et Chiozzi. — Altération des éléments nerveux dans V inani- tion. — Certaines cellules sont plus résistantes que les autres; les cellules de la corne antérieure possèdent une résistance particulière ; au contraire les cellules des ganglions spinaux, celles de l'écorce, la cellule de Purkinje sont exceptionnellement sensibles. En règle générale, ces cellules nerveuses résistent longtemps à l'influence destructive de l'inanition, les altérations surviennent peu de temps avant la mort. Elles débutent par la chromatolyse, et gagnent peu à peu la partie achromatique. — W. Szczawinska. 6. Ballet (G.) et Dutil (A.). — Sur quelques lésions expérimentales de la cellule nerveuse. — En provoquant chez le Cobaye une anémie expérimentale plus ou moins répétée et de durée plus ou moins longue, les auteurs sont arrivés à déduire que la substance chromatophile ne constitue pas l'agent nécessaire de la fonction excito-motrice. Ils ont en outre constaté que, en ce qui concerne les modifications de structure de beaucoup de cellules, il y a une analogie étroite entre celles qui sont déterminées par l'anémie et celles que provoque la section des nerfs périphériques. La chromatolyse est le premier effet appréciable de la souffrance de la cellule, mais son état pri- mitif peut se reconstituer, car elle irimplique pas une altération définitive de l'élément. — E. Hérouard. 85. Van Gehuchten. — Chromatolyse centrale et chromatolyse périphé- rique. — Les modifications cellulaires consécutives à la section expérimentale d'un nerf périphérique consistent dans la chromatolyse, c'est-à-dire la disso- lution plus ou moins rapide des éléments chromatophiles. Cette chromato- lyse est centrale; elle débute au sein même du protoplasme cellulaire pour envahir ensuite les couches périphériques. Outre cette chromatolyse, il y a un gonflement du corps cellulaire qui serait provoqué par la turgescence du cytoplasme, conséquence de la dissolution de la substance chromatique. La turgescence plus ou moins rapide du corps cellulaire provoquerait la propul- sion du noyau vers la périphérie, propulsion qui, par cela même, serait un phénomène purement passif (contrairement à l'opinion de Marinesco). On voit survenir de semblables modifications cellulaires même quand l'agent nocif agit directement sur le corps cellulaire même de la cellule nerveuse (modifications cellulaires primitives). Pour Marinesco, dans ce dernier cas, l'année biologique, ni. 1897. 42 658 L'ANNEE BIOLOGIQUE. la chromatolyse serait toujours périphérique. L'auteur, passant en revue les résultats contradictoires obtenus, arrive à conclure avec Ballet et Dutil(6), que les modifications primitives et les modifications secondaires des cellules nerveuses ne sont pas toujours aussi faciles à distinguer les unes des autres que Mabinesco parait disposé à l'admettre, et que, dans certains cas, les lé- sions primitives et les lésions secondaires des cellules nerveuses peuvent se présenter avec le même aspect. — M. Bouin. 207. Stefanovska (M.). — Les appendices terminaux des dendrites céré- braux et leurs différents états physiologiques. — Les prolongements des diffé- rentes espèces de neurones cérébraux sont garnis d'éléments que les histolo- gistes ont nommés grains, varicosités, épines, gemmules, etc., et que l'au- teur appelle appendices piriformes. Ces productions, qui ne manquent que sur le cylindraxe et sur le corps cellulaire, n'atteignent leur complet développement qu'un certain nombre de jours après la naissance. Elles se- raient les véritables organes d'association entre les divers neurones. Elles sont d'ailleurs extrêmement variables, car;, par une série d'expériences, Mlle Stefanovska démontre que, lorsque les neurones réagissent aux exci- tations qui leur parviennent, ils prennent l'état moniliforme et modifient ou perdent leurs appendices. Les différentes excitations n'agissent d'ailleurs pas uniformément sur les cellules corticales : l'intensité et la généralisation de la réaction varient beaucoup suivant la cause déterminante ; chaque excitation amène pour ainsi dire un état réactionnel cérébral spécifique. Rapprochant ses recherches de toutes les études faites antérieurement dans le même domaine, Fauteur arrive à cette conclusion que les cellules cérébrales ont une très grande plasticité et qu'elles se modifient aisément au contact des excitations, sans que les variations qu'elles subissent ainsi aient le moindre caractère pathologique. L'état moniliforme des prolongements et la disparition des épines ont pour conséquence la dissociation des contacts réalisés entre les neurones, et par conséquent la disparition des moyens par lesquels les activités des diverses cellules peuvent s'additionner et réagir les unes sur les autres. — J. De- mu or. 188. SchafFer (K.). — Sur la fine structure de Vécorce cérébrale et sur la signification fonctionnelle des prolongements des cellules nerveuses. A. L'auteur décrit dans la couche moléculaire de l'écorce cérébrale chez le Chien nouveau-né les éléments nerveux, situés au-dessous de l'assise des cellules pluripolaires de Cajal et précédant immédiatement la couche des petites pyramides. Ces éléments, qu'il appelle « cellules nerveuses polymor- phes superficielles », et qui sont identiques aux « cellules fusiformes et ver- ticales » de Cajal, se distinguent surtout par leur axone et ses collatérales. L'axone, qui est descendant, est plus ou moins long mais ne s'étend pas au delà de l'écorce. Les collatérales, qui sont constantes, suivent un trajet ré- current et remontent plus ou moins haut vers la surface de l'écorce. D'après ces caractères, ces éléments sont des cellules d'association au sens de Cajal; ils unissent entre eux les différents étages de l'écorce. B. Telle est la partie descriptive de ce mémoire. Il s'y ajoute une partie générale, dans laquelle l'auteur défend les deux propositions suivantes : 1° L'excitation nerveuse n'est conduite que par l'axone et ses collatérales; les dendrites ne sont que des organes nutritifs des cellules nerveuses. 2° L'excitation quitte la cellule par l'axone, lui est amenée par les collaté- XIX. — FONCTIONS MENTALES. 659 raies, par celles du moins qui, grâce à leurs rapports de contact, peuvent fonc- tionner comme organes de réception. Schaffer fait le procès de la théorie, devenue classique, d'après laquelle les dendrites conduisent l'influx nerveux, tout comme l'axone et ses ramifica- tions, et réhabilite la théorie de Golgi qui n'accorde aux dendrites qu'un rôle nutritif. Les dendrites en effet ont la structure du corps cellulaire: ils en sont des expansions destinées à accroître sa surface ; l'axone au contraire est une formation particulière de la cellule nerveuse. Les recherches expéri- mentales et anatomo-pathologiques de ces derniers temps ont appris que les dendrites ressentent en même temps et de la même façon que le corps cel- lulaire (méthode de Nissl) les perturbations apportées à la nutrition ; la réac- tion pathologique est la même dans les dendrites et dans le corps cellulaire (faits de Nissl, K. Schaffer, Sarbo, Pandi, Vas, Friedmaxx, Quervaix, Lu- garo, Juliusburger, Monti [et Marixesco]). Mais si les auteurs sont d'accord pour attribuer aux dendrites une fonction nutritive, ils diffèrent en ce que la plupart d'entre eux leur accordent un rôle de conducteurs cellulipètes,, ou même (Bechterev) cellulifuges. Schaffer ne connaît qu'un fait certain en faveur de ce rôle conducteur dans le sens cellulipète : c'est celui des glomé- rules olfactifs. Encore n'est-il pas à l'abri de toute critique: car Golgi et Moxti ont montré que la structure des glomérules ne se réduit pas à une ramification de fibrilles olfactives et de dendrites de cellules mitrales; on y trouve encore (ce que Schaffer a pu vérifier) les terminaisons de fibres cen- tripètes et les collatérales récurrentes des axones des petites cellules en pinceau , d'où possibilité d'une transmission nerveuse ne *e faisant pas par les dendrites des cellules mitrales. D'ailleurs, si les dendrites devaient servir à la conduction cellulipète, pourquoi, en outre des dendrites glomérulaires des cellules mitrales, en outre des dendrites apicaux des cellules pyrami- dales, tout ce luxe de prolongements basaux et latéraux? Si toutes les ramifica- tions dendritiques servaient à la conduction nerveuse, il ne pourrait y avoir que confusion dans les voies de cette conduction (Kôlliker, Waldeyer). Les collatérales de l'axone et leurs fibrilles terminales sont si abondamment ra- mifiées déjà qu'elles suffisent amplement à toutes les complications de la voie nerveuse. Leur disposition, par exemple dans les diverses cellules de récorce cérébrale, est telle qu'elles ne peuvent que servir à conduire l'incitation ner- veuse à la cellule; en effet l'axone des cellules pyramidales émet des colla- térales dont le trajet est horizontal, avec une tendance à remonter vers la surface cérébrale; dans les cellules de Martinotti, dont l'axone est ascendant, les collatérales sont récurrentes et descendantes; dans les cellules superfi- cielles polymorphes de l'auteur, l'axone est au contraire descendant, et ses collatérales récurrentes et ascendantes. Dans la moelle, Lexiiossek a montré comment au bord antérieur de la corne antérieure se forme un plexus nerveux auquel prennent part, à la fois, des fibres collatérales de l'axone des cellules radiculaires et des collatérales des fibres radiculaires postérieures; l'influx nerveux amené par celles-ci est transmis évidemment à la voie motrice par les premières, qui fonctionnent comme fibres réceptrices dans l'arc réflexe ainsi réalisé. D'après ces différents faits, on peut considérer les collatérales récurrentes de l'axone comme pouvant servir à la conduction cellulipète de l'influx nerveux. Elles peuvent aussi cependant, comme l'ont prétendu Cajal et Kôlliker, assurer la conduction cellulifuge. Dans chaque cas particulier, ce sont en somme les rapports locaux de ces collatérales qui décident du sens cellulipète ou cellulifuge suivant lequel elles sont traversées. Partant de là, l'auteur interprète le prolongement périphérique de la cellule en T des gan- glions spinaux non comme un dendrite gigantesque mais comme une branche 660 L'ANNEE BIOLOGIQUE. collatérale d'un développement exceptionnel, qui conduit l'excitation de la périphérie vers la cellule. [Et le cas des cellules bipolaires?] Sur cette base aussi. Schaffer construit un schéma nouveau du mécanisme de la trans- mission nerveuse à travers les neurones intra-corticaux du cerveau. L"influx nerveux peut suivre deux voies, l'une directe, l'autre indirecte. La voie di- recte est composée des fibres sensibles centripètes, et des fibres centri- fuges des cellules pyramidales. La voie indirecte passerait des fibres sensibles aux collatérales récurrentes et descendantes des cellules de Martinotti, et de là à l'axone ascendant de ces mêmes cellules dont les ramifications s'étendent dans la couche moléculaire du cerveau: là, le courant nerveux serait repris par les collatérales récurrentes et ascendantes des cellules polymorphes su- perficielles, puis par l'axone descendant de ces mêmes cellules jusque dans la région des cellules pyramidales : il serait ensuite recueilli par les collaté- rales de ces dernières et gagnerait l'axone des cellules pyramidales par le moyen duquel il quitte le cerveau. — A. Prenant. = b. Centres nerveux. — a) Structure. 175. Reinke (Fr.). — Contributions à l'histologie de l'Homme. 2e Série. Sur la névroglie clans la substance blanche de la moelle épinière de V Homme adulte. — On sait que la méthode de Golgi montre la névroglie sous la forme de cellules étoilées (astrocytes). D'autre part, Weigert, par une méthode spé- ciale, a fait voir qu'elle se compose, ainsi que Ranvier l'admettait déjà, de cellules et de fibres, celles-ci différenciées chimiquement des prolongements de l'astrocyte et en quelque sorte « émancipées ». Reinke arrive à cette con- clusion que les deux descriptions sont vraies ; car la névroglie est constituée : 1" par des astrocytes, mis en évidence avec tous leurs prolongements par le procédé de Golgi; 2° par des fibres spéciales, névrogliques, que seule la mé- thode de Weigert peut montrer, et dont le trajet devient chez l'adulte abso- lument indépendant de celui des prolongements cellulaires. Le tissu de sou- tien du système nerveux central ne se comporte donc pas autrement que le tissu conjonetif ; comme celui-ci, il se compose de cellules productrices, seules présentes chez l'embryon, et de fibres produites, caractéristiques de l'état adulte, qui ont perdu toute relation régulière avec les cellules. — A. Pre- nant. 83. Van Gehuchten. — Contribution à V élude de la moelle épinière chez les Vertébrés. — Ce travail est une étude détaillée de la structure de lamoelle épi- nière d'un très jeune embryon de Tropidonotus natrix au moyen de la méthode Golgi-Ramon. Nous ne relèverons ici que quelques points ayant une portée générale. C'est un fait établi que les cellules des ganglions spinaux sont faites sur le type des cellules bipolaires ou en T de Ranvier, les dernières procédant des premières. Depuis Disse (1893), on décrit, en dehors de ces cellules-types, d'autres cellules multipolaires, ayant 4 à 6 prolongements. Parmi ces derniers, deux répondent aux deux prolongements (un central, l'autre périphérique) des cellules-types. Les autres prolongements surnuméraires sont considérés par la plupart des auteurs (Disse, Lenhossek Retsius) comme des prolonge- ments protoplasmiques courts et ne s'étendant jamais au delà du ganglion. Van Gehuchten partage l'avis général, sauf qu'il n'assigne pas une si- gnification spéciale à ces prolongements, qui n'ont qu'une existence tem- poraire. En effet, on ne les retrouve pas chez les adultes. Ces cellules. faites mu- l<- type des cellules nerveuses centrales, seraient, d'après l'auteur, le témoin de l'origine commune des neuroblastes et des (janglioblastes aux XIX. — FONCTIONS MENTALES. 661 dépens des mêmes éléments constitutifs de la gouttière médullaire primi- tive, des cellules germinatives de His. Elles sont en quelque sorte des cellules qui ont fait fausse route et qui se rattrapent en devenant défini- tivement les cellules bipolaires. Mais les cellules multipolaires à deux pro- longements cylindraxiles et plusieurs dendrites ne sont pas les seules qui s'écartent de la structure-type des cellules ganglionnaires. Van Gehuchten décrit d'autres cellules à 3 prolongements cylindraxiles, dont 2 sont péri- phériques et un central, et entin une cellule ayant, comme la précédente, trois prolongements cylindraxiles et un prolongement protoplasmique se bifur- quant et se terminant dans le ganglion lui-même. [Ces faits sont très sug- gestifs, ils montrent que la cellule ganglionnaire peut évoluer dans plu- sieurs sens, que la formation de deux prolongements définitifs n'est pas fatale et que, si la majorité des cellules ganglionnaires prend la forme bipolaire, cette forme n'est pas primitive, mais est la conséquence de processus évo- lutifs dont les causes nous échappent encore dans la plupart des cas]. L'auteur touche à la question toujours non résolue de l'indépendance des neurones et il se déclare fervent partisan de cette indépendance. Il a pu ob- server le développement des collatérales dans le cerveau de Tropidonotus et constater que ce développement suit le même chemin que celui des prolon- gements cylindraxiles eux-mêmes. L'accroissement des collatérales procède par le cône d'accroissement constaté par Ramon y Cajal dans le cylindre-axe. Ce cône s'efface au fur et à mesure que les collatérales s'allongent et que les branches auxquelles elles donnent naissance acquièrent de l'importance. L'au- teur a toujours constaté l'indépendance parfaite des collatérales en voie de développement. Quant à la question des anastomoses qui peuvent se déve- lopper ultérieurement, l'auteur doute de leur existence malgré l'impuissance des méthodes actuelles à trancher définitivement cette question. Aussi met-il en doute la description du plexus nerveux donnée par Demoor et Heymans pour le cœur de la Grenouille et de la Souris, ces auteurs se basant, pour l'in- terprétation de leur préparation, uniquement sur le fait que les branches la- térales qu'émettent les fibres nerveuses sont aussi grandes que les fibres qui leur donnent naissance. Ces branches latérales, les auteurs les considèrent comme branches anastomotiques. — W. Szczawixska. 135. Lugaro (E.). — Sur la genèse des circonvolutions cérébrales et céré- belleuses. — La genèse des circonvolutions est sous la dépendance de plu- sieurs facteurs. L'extension de la surface de l'écorce est déterminée par la situation respective que tendent à prendre les éléments nerveux, disposi- tion nécessaire à leur fonctionnement, et en second lieu par les besoins de l'irrigation sanguine. Les différences d'étendue de l'écorce sont déterminées par l'influence de la grandeur et de la forme du corps (par l'intermédiaire des faisceaux de projection) et par celle de l'élévation psychique, qui explique la richesse et la complexité des voies d'association. La disposition des circon- volutions représente la conciliation de l'extension nécessaire de l'écorce avec la multitude des voies d'association et de projection qui en dépendent. La direction des sillons dépend de l'extension et de la forme de l'écorce, qui a été déterminée par les besoins de l'organisme, de la disposition des voies de projection et d'association, et, pour une faible part, des modifications de la forme du crâne déterminées par des causes extrinsèques. Dans le développe- ment phylogénétique de la forme corticale, on voit l'écorce s'adapter, depuis le commencement de son développement, aux besoins fonctionnels. Dans le développement individuel entre en jeu, en première ligne, l'activité prolifé- rative dans diverses directions, qui cesse du côté de la substance blanche 662 L'ANNEE BIOLOGIQUE. dans le sens déterminé par la plus forte tension. Pour le cervelet, organe plus circonvolutionné, entre aussi enjeu la localisation de l'activité prolifé- rative dans la couche superficielle où naissent les granules. — N, Vaschide. Physiologie des centres nerveux et des nerfs. — Localisations cérébrales. 33. Broca | André) etRichet (Charles). — Période ré fractaire dans les cen- tres nerveux. — Les auteurs ont pu établir l'existence dans les centres nerveux d'un phénomène qu'ils appellent période réfractai re et qui ressemble, à cer- tains égards, à celui décrit par Marey en 181K) et d'après lequel le cœur des Grenouilles était inexcitable à certains moments de la systole. Les expé- riences de Broca et Richet ont été faites seulement sur le Chien, mais les au- teurs sont portés à croire que le phénomène est général; leur constatation se réduit au fait d'avoir observé et enregistré dans l'appareil cérébral une période ré fractaire. presque analogue aux phases d'inexcitabilité du cœur de la Grenouille. L'expérience a été faite sur environ 60 Chiens et les au- teurs ont observé que, pour réussir à enregistrer nettement ces périodes réfractaires, il faut prendre l'animal dans « une zone maniable de l'intoxi- cation chloralosique, limitée d'une part par l'aptitude à l'épilepsie, de l'autre par l'inexcitabilité ». Cette zone était d'autant plus accessible que la tempé- rature de l'animal était plus basse. Les auteurs ont étudié, en outre, métho- diquement l'excitabilité du cerveau « en fonction du temps qui sépare l'exci- tation électrique d'une autre excitation antérieure ». Ce n'est qu'accidentellement qu'ils sont arrivés à découvrir cette période réfractaire des centres nerveux; en essayant l'effet des excitations électriques sur un Chien chloréique, ils ont été très gênés par des mouvements continus, rythmiques, qui s'enregistraient, d'où l'idée leur vint de donner aussi des secousses électriques rythmées. Les recherches de ces auteurs leur ont fait observer que des excitations successives très rapprochées, par exemple de un centième de seconde, s'additionnent. Si l'intervalle des deux excitations devient plus grand (un dixième de seconde), la seconde excitation électrique reste inefficace : c'est Y inexcitabilité réfractaire. Enfin, si cet intervalle entre les deux excitations électriques est plus grand encore, la seconde se produit aussi forte que la secousse normale. C'est la période de réparation. Il y a en somme dans l'excitabilité trois périodes bien distinctes : d'addition . réfractaire et de réparation. — Pour expliquer ces phénomènes assez cu- rieux, les auteurs ont proposé une explication purement mécanique, d'ail- leurs fort ingénieuse. Après avoir critiqué la théorie, ou plutôt l'explication chimique de ces phénomènes, d'après laquelle le tout se réduirait à un épuisement provoqué par la première excitation cérébrale, qui empêcherait la seconde d'avoir lieu, ou d'être plus ou moins efficace, jusqu'à ce que les matériaux nécessaires au fonctionnement de la cellule soient reconstitués, ils proposent la suivante. La contraction musculaire ne se produit que « si la force due à l'influx nerveux a un certain sens, que nous appelons positif. Dans ces conditions, si nous supposons une excitation produite au moment où, pour le retour à l'équilibre après une première excitation, se produirait une force de sens négatif qui n'aura, elle, aucune influence sur le muscle, il y aura interférence de deux forces. Il n'y aura, par conséquent, pas de contraction musculaire, si la deuxième excitation n'est pas très grande ». Cette théorie, en somme, n'est que la généralisation d'un principe admis en physique sur la conservation et le transport de l'énergie, vérifié sur la matière brute plusieurs fois et dune manière rigoureuse par Maxwell. Hertz el Trescul. Broca et Richet ont ingénieusement cherché à appliquer aux lois XIX. — FONCTIONS MENTALES. 663 physiologiques, des lois et conceptions bien connues et admises en physique et en mécanique d'après lesquelles une perturbation mécanique brusque produite dans un champ de force détermine un phénomène de forme pendu- laire jusqu'au retour à l'équilibre ; la perturbation brusque nerveuse, une secousse musculaire par exemple, suivrait, d'après les auteurs, pour retour à l'équilibre, les oscillations pendulaires. Quand les excitations électriques ont lieu, la seconde excitation est très rapprochée et se produit dans la phase positive, son effet donc s'ajoute à celui dé la première excitation : il y a par conséquent addition. Au contraire, quand la seconde excitation est pro- voquée plus tard, pendant la phase négative, où l'oscillation du pendule est de sens contraire, elle reste inefficace ou en tout cas très faible. La vibration de cette période dure chez le Chien un dixième de seconde (période réfrac- taire). Cette vibration nerveuse élémentaire durant un dixième de seconde, les auteurs pensent qu'il s'ensuit qu'un phénomène mental exigera, pour être « nettement discontinu, au moins un dixième de seconde ». Les observations paraissent justifier cette hypothèse si hardie et si ingénieusement conçue. Les contractions musculaires volontaires ne peuvent atteindre que 10 ou au plus 12 par seconde (Sciiaffer, Kries, Horsley, le nombre des secousses du frisson et des différents tremblements de cause pathologique ne dépasse pas 12 (Cn. Richet, Griffiths, Kerringham); le nombre maximum des syl- labes pensées par seconde et le nombre des articulations verbales, d'autre part, est en moyenne de 10, avec des écarts relativement faibles; enfin, les temps de réaction sont toujours en moyenne dans le voisinage de 10. Le minimum de durée d'un acte psychologique est environ 1 10e de seconde et ce temps, qui mesure la durée de l'acte cérébral le plus rapide que nous puissions exécuter, est appelé par les auteurs Y unité psychologique de la conscience, « Il ne nous est pas possible d'avoir plus de 10 volitions, ajoutent ces auteurs, par seconde, plus de 10 pensées ou images motrices disconti- nues. » Les recherches de ces auteurs les ont amenés à une conception nouvelle sur la nature des phénomènes d'innervation qu'ils résument ainsi qu'il suit. « La cellule nerveuse répond à l'excitation par une vibration, vibration qui a une phase positive et une phase négative de retour à l'équilibre. Cette phase négative, c'est la période réfractaire, de même que la phase positive est la période d'addition. Cette vibration (double) a une durée totale d'en- viron 0",1. Il s'ensuit que les actes cérébraux discontinus (volition ou per- ception) ne peuvent dépasser le nombre 10 par seconde. Cela ne présume d'ailleurs rien sur la nature de l'énergie mise en jeu dans les phénomènes nerveux et, entre autres, n'explique pas, malgré les assimilations que nous avons faites pour fixer les idées, qu'ils soient de nature électrique, nous ne pouvons même dire s'ils se produisent par l'intermédiaire de la matière même du nerf ou par celui del'éther lumineux. Nos expériences s'expliquent par la seule existence d'un champ de force nerveux, sans rien indiquer sur sa nature. — M. Yaschide. 224. Waller (A. D.). — Effets de divers agents sur l'excitabilité électrique des nerfs isolés. — (Analysé avec le suivant.) 225. Waller (A. D.) — Action des anesthésiques.des sédatifs et des narco- tiques sur les nerfs isolés. — Le but des recherches de W. était de déterminer l'action exercée par les divers agents chimiques sur l'excitabilité des fibres nerveuses conductrices (cylindraxes) et d'isoler cette action de celle qu'ils 564 L'ANNÉE BIOLOGIQUE. exercent soit sur les cellules des centres médullaires ou encéphaliques, soit sur les organes terminaux périphériques. Le nerf sur lequel ont porté les expériences est le sciatique de la Grenouille. Le procédé auquel W. a eu recours pour étudier ces modifications de l'excitabilité des cylindraxes, a consisté à mesurer l'intensité de la variation négative sous l'influence de ces divers gaz et de ces diverses substances solubles. Les variations néga- tives ont été mesurées par les déviations d'un galvanomètre en rapport avec les électrodes en contact avec le nerf isolé de ses connexions anatomi- ques; ces déviations ont été enregistrées photographiquement. 1° W. a con- staté ainsi que les vapeurs d'éther (éther ordinaire [oxyde d'éthyle], chlorure, bromure et iodure d'éthyle), déterminent une abolition plus ou moins pro- longée de l'excitabilité du nerf, qui est suivie du rétablissement intégral de ses fonctions. Le chloroforme (et d'autres chlorométhanes et chloroétha- nes) produisent une abolition de la sensibilité plus prolongée encore et sou- vent définitive. En très petite quantité, l'éther et le chloroforme augmentent temporairement l'excitabilité. L'oxygène, l'oxyde de carbone, l'hydrogène, l'azote, le protoxyde d'azote ont une action faible ou nulle. L'eau oxygénée, le méthane, l'ammoniaque et le chlore à faible dose déterminent un accrois- sement; l'acide cyanhydrique, l'hydrogène sulfuré, l'ammoniaque et le chlore à hautes doses, une disparition de l'excitabilité. L'acide carbonique, à faible dose, détermine une augmentation d'emblée de la sensibilité; à dose élevée, une abolition ou une diminution, suivies d'accroissement; il accroît l'effet anesthésique du chloroforme et combat son action toxique. Les vapeurs d'alcool et la fumée de tabac à faible dose augmentent, à haute dose affaiblissent ou suppriment l'excitabilité de la fibre nerveuse. 2° Il a étudié ensuite l'action des réactifs solubles. (Le nerf était placé pendant une minute dans une solution plus ou moins diluée du réactif, puis replacé sur les électrodes.) Les solutions acides diluées déterminent une augmenta- tion de l'excitabilité, suivie d'une diminution graduelle; les solutions con- centrées, la diminution de l'excitabilité, puis son abolition. Il résulte d'une série d'expériences faites sur les sels haloïdes de potassium, de sodium, d'ammonium et de strontium que dans l'action totale exercée sur le nerf et qui est due à la molécule entière, prédomine cependant l'influence de la base. Il y a antagonisme entre l'action du chlorure de potassium qui abaisse l'excitabilité du nerf et celle des sels de calcium et de strontium qui l'accroît. W. passe ensuite en revue tous les cas d'antagonisme successif et simultané entre les divers sels au point de vue de leur action sur le nerf isolé. Parmi les alcaloïdes, ceux dont l'action déprimante est le mieux mar- quée sont la cocaïne, l'aconitine et la physostigmine ; l'extrait d'opium, la curarine, la gelsemine, la vératrine abaissent aussi l'excitabilité de la fibre nerveuse comme l'hydrate de chloral et l'hydrate de butylchloral. La morphine, la strychnine, l'atropine, la muscarine, l'aconitine sont très peu actives. Les mémoires de Waller ne contiennent que des recherches prélimi- naires qu'il compte compléter et présenter par la suite sous une forme plus systématique. La conclusion pratique qu'il tire de ses expériences, c'est que médicalement, il est à désirer (pie, toutes les fois que les circonstances le permettent, on ait recours à l'éther de préférence au chloroforme pour pro- duire l'anesthésie. — L. Marillier. 27. Boruttau (H.). — L'rlectro tonus et la conductibilité des nerfs amyèli- niques des Céphalopodes. — Dans les nerfs amyéliniques étudiés par l'auteur (Céphalopodes, Aplysies) les manifestations électriques sont qualitativement les mêmes que celles observées dans les nerfs myéliniques des animaux su- XIX. — FONCTIONS MENTALES. 665 périeurs. Les différences quantitatives sont assez notables. Dans les nerfs sans myéline, les effets électriques extrapolaires sont plus faibles, les diffé- rences entre ces manifestations du côté de l'anode et celles du côté de la ca- thode sont plus considérables, la rapidité de la conduction est moins forte, et ladurée des courants est plus grande que dans les nerfs pourvus de myéline. Après avoir attiré l'attention sur ces différences, B. signale les nombreuses variations morphologiques et chimiques des parties accessoires de la fibre ner- veuse. D'après lui, cependant, les causes de l'électricité propre du nerf et des manifestations électriques réactionnelles de ce conducteur ne doivent pas être recherchées dans les parties annexes de la fibre mais bien dans la structure du conducteur lui-même, c'est-à-dire du cylindre-axe. B. annonce la publica- tion prochaine d'une étude générale sur cette question. — J. Demoor. 147. Maxwell (Samuel Steen). — Contribution à la physiologie comparée du cerveau des Annêlides. — Nous résumons ici les conclusions de ce travail parce que les données qu'il renferme sont très intéressantes au point de vue de la physiologie comparée du système nerveux. L'enlèvement du ganglion supra-œsophagien, chez Xereis, ne détermine aucune paralysie des pièces buccales. Les animaux, ayant subi cette opération, n'ont plus aucune réac- tion caractéristique et spéciale quand ils sont en présence de nourriture. Le ganglion supra-œsophagien semble donc être le centre des réactions provo- quées par les excitations chimiques dues à la présence des aliments , ou du moins être un organe essentiel de la transmission de ces excitations. Ce même organe est aussi le centre ou la voie de conduction des réactions amenant les mouvements de fouissement de la tête. Les animaux sans gan- glion supra-œsophagien ne sont jamais au repos. Leurs mouvements en avant ont le caractère d'irrésistibilité signalé par Schràder et par Goltz chez les Grenouilles et chez les Chiens auxquels on a enlevé les masses cérébrales. Chez le Lombric, l'enlèvement du ganglion infra-œsophagien n'est pas suivi de symptômes bien nets. Les animaux opérés mangent et fouillent comme les normaux. — L'enlèvement du ganglion infra-œsophagien amène chez Xereis, a) le repos avec absence totale de mouvements spontanés, b) la paralysie com- plète de la bouche, c) l'impossibilité d'enfouir le corps par paralysie de la tète. Il résulte donc de ces faits que, chez Xereis, les impulsions motrices pour la prise et la déglutition des aliments dépendent du ganglion infra-œsopha- gien. Les réflexes de la mastication et de l'enfouissement, nés dans le gan- glion supra-œsophagien, ont comme centre moteur le ganglion infra-œsopha- gien. Chez Hirudo , le ganglion infra-œsophagien n'est point différencié, au point de vue fonctionnel, des autres ganglions de la chaîne ventrale. Le Lom- bric auquel on a enlevé le ganglion infra-œsophagien ne mange plus, il fouille irrégulièrement le sol, mais la tendance à s'enterrer n'en persiste pas moins chez lui. Chez Xereis, Lombric et Hirudo chacun des ganglions de la chaîne est un centre local de mouvements. Chez Xereis chaque appen- dice mobile du corps possède un centre réflexe indépendant. Les ganglions des parapodes sont les centres des mouvements réflexes de ces appendices. Les ganglions de la commissure œsophagienne et des nerfs accessoires sont les centres des mouvements réflexes des appendices sensoriels. — J. Demoor. 146. Masoin. — Sur la vitesse de propagation du courant nerveux. — L'au- teur rend compte d'un travail de Cousot : d'après ce dernier, l'influx nerveux moteur a une vitesse d'autant plus grande qu'il vient d'un segment plus élevé du nerf. Contrairement à ce que pensent certains auteurs, le courant 666 L'ANNEE BIOLOGIQUE. sensitif n'est pas plus rapide que le courant moteur, il ne parcourt que huit mètres par seconde et circule d'une façon uniforme. — E. Hérouard. 48. Déjerine (J.) et Sérieux (P.) — Un ras de sii/- iT> o t^ «a A NJ -^9 T RisJ ~7 -LEZ B "M~l ; vv »•» -* 1 ' \ J V , r--L X S ' > , -' x -• \ Jv • X C N .*> 1 ' " i \ \' ■a V ..(•- K w- > ■ i \ A \ / •- / \ D S ->j ' ■^ Fig. 4G. Action de la lumière sur la rétine (d'après Pergens). a. Descente du pigment par quantité (minimum au rougej. b. Diminution de la nucléine (maximum au rouge), c. Colorabilité du protoplasme par les cou- leurs basiques (minimum au rouge), d. Contraction des cônes (minimum dans le bleu), 1. Rouge. 2. Orange. 3. Jaune. 4. Jaune vert. .*>. Vert. 6. Bleu. 7. Violet. 8. Ultra violet (jusqu'à M). 165. Pergens (Ed.). — Ac- tion de la lumière colorée sur la rétine. — Dans ce travail, Fau- teur décrit les modifications subies par la rétine du Lcuciscns rutilus Z,., soumis pendant un temps déterminé à l'action d'une lumière colorée, abso- G70 L'ANNEE BIOLOGIQUE. lument monochromatique. Il attire l'attention sur la migration du pigment, sur la contraction des cônes et des bâtonnets, sur la diminution de la chro- matine et sur l'état du protoplasma. Le tableau ci-joint résume ses résultats. Pergens conclut qu'il n'est pas possible 'd'attribuer une fonction spéciale et isolée à l'un des deux ordres d'éléments constitutifs de la rétine : cônes et bâtonnets; et aussi que « dans l'état actuel de nos connaissances, la sen- sation rétinienne de couleur est un acte complexe, dont la migration du pig- ment, les changements de l'erythropsine, la contraction des cônes et des bâtonnets, la diminution de la chromatine et les modifications du proto- plasma semblent être les phénomènes les plus facilement démontrables ». — J. Demoor. 154. Mûller (G. E.). — La psychophysique des sensations visuelles. — Étude théorique très complète de tous les phénomènes de la vision des cou- leurs. L'auteur propose une théorie ressemblant beaucoup à celle de Hering, qui embrasse tous les faits connus et qui a l'avantage de permettre de pré- voir d'avance certains faits. La rétine serait le siège de trois processus chimiques dont chacun peut se produire dans deux sens différents et qui correspondent aux trois paires de couleurs : blanc-noir, rouge-vert, jaune- bleu. L'auteur s'appuie sur les faits constatés par les chimistes relativement aux phénomènes photochimiques; il invoque la loi des masses, ce qui permet de prévoir dans les cas de mélange de deux ou plusieurs couleurs la couleur résultante; il examine ensuite les différents faits relatifs aux images consé- cutives, au contraste des couleurs, aux cécités partielles et totales, aux in- fluences de l'adaptation, etc., etc., et montre comment tous ces faits s'accor- dent avec sa théorie. — V. Henri. 153. Mûller (G. E.). — Sur les sensations visuelles produites par te cou- rant électrique. — Etude expérimentale des sensations visuelles provoquées par le passage d'un courant électrique par les rétines. L'une des électrodes en forme de lunettes formées d'épongés entoure les orbites, l'autre est placée à la nuque; on fait passer un courant plus ou moins fort, et on remarque que l'on a des sensations visuelles très nettes ; ce sont des lueurs ayant une couleur bien déterminée pour chaque sujet, mais variant un peu d'un sujet à l'autre. Si on change le sens du courant, la couleur change et devient complémentaire de la précédente. Ainsi, pour un courant d'un certain sens on a une sensation de bleu avec clarté; pour la direction contraire, celle de jaune très sombre. Ces faits sont importants au point de vue de la théorie de Mûller qu'ils confirment. — Y. Henri. 124. Kries (J. v.) et Nagel. — Influence de Vint ensilé lumineuse et de l'adaptation sur la vision des dicliromates. — (Analysé avec le suivant.) 119 à 122. Kries (J. v.). — Sur les systèmes de vision des couleur*. — Sur les systèmes dichromates de vision des couleurs. Cécité partielle pour les couleurs. Id. — Sur la vision de la zone de la rétine douée d'une récité totale pour les couleurs. Id. — Sur la cécité pour les couleurs de la périphérie de la rétine. — (Analysé avec le suivant.) 123. Kries (J. v.). — Sur la sensibilité absolue de différentes parties de la rétine pour un œil adapté à Vobsi'urité. Ler les canaux il fait dissoudre des cristaux de chlorhydrate de cocaïne directement dans la périlymphe; comme celle-ci ne se déplace pas vers le vestibule, mais s'épanche en partie plutôt au dehors, la cocaïne dissoute dans la périlymphe qui reste localise ses effets aux canaux. Les symptômes ob- servés après la eocaïnisation sont absolument identiques à ceux qui sont pro- duits parla section ou l'ablation des canaux. On observe des mouvements de XIX. - FONCTIONS MENTALES. 675 rotation de la tète et du corps dans le plan des canaux atteints, du nystagmus et delà perte d'équilibre. D'après l'auteur, et en cela il se rallie à l'opinion de Crum Brown, Y. Delage et d'autres, les canaux semi-circulaires sont l'organe du sens de rotation et nous renseignent sur tous les mouvements actifs de rotation soit de la tête seule, soit du corps entraînant la tête. Mais ils ne nous renseigneraient pas sur les mouvements passifs de rotation. Ils sont aussi in- directement l'organe de Vëquilibre, puisqu'ils nous renseignent sur tous les mouvements que nous accomplissons en totalité. Par le souvenir du mouve- ment accompli, ils nous renseignent sur la position de notre tête par rap- port à notre corps et sur celle de notre corps par rapport aux objets exté- rieurs. Les canaux de chaque côté sont plus sensibles aux mouvements de rota- tion effectués du même côté que du côté opposé. L'irritation des canaux semi- circulaires produit, ainsi que leur anesthésie. une abolition de la fonction de ces canaux. K. se prononce catégoriquement contre le siège de l'organe de l'espace dans les canaux semi-circulaires et combat la théorie de Cyox sur le « sens de l'espace idéal ». Contrairement à ce qui a été constaté par ce dernier, K. prétend n'avoir jamais vu que les Pigeons opérés cherchent à se soustraire au désaccord entre l'espace vu et l'espace formé par les sen- sations dues aux canaux semi-circulaires. Au contraire, dans les expériences de l'auteur les Pigeons opérés placés dans une armoire, dont un des battants était ouvert, restaient toujours dans la partie éclairée avec la tète tournée vers le jour; ils compensent par la vue la perte de leurs labyrinthes. Ce qui engage surtout l'auteur à rejeter la théorie de Cyox, c'est que les animaux auxquels on coupe les nerfs auditifs ou auxquels on enlève les canaux mem- braneux arrivent au bout de quelque temps à se tenir debout et à marcher. Cette objection fut déjà adressée par Y. Delage à la théorie du sens de l'espace. Pour expliquer le mode de fonctionnement des canaux semi-circulaires l'auteur admet que l'endolymphe, par une certaine tendance au recul dans le canal, entraine les cils des crêtes acoustiques et produit un léger frottement sur l'endothélium. La sensibilité des canaux, développée en nous avec l'âge et par instinct, est attribuée aune sensation de rotation. — M. Mendels-ohx. 129. Lugaro E.\ — Sur la /'onction des canaux semi-circulaires. — L'au- teur, se basant sur des données anatomiques, reprend l'ancienne hypothèse qui faisait des canaux semi-circulaires l'organe de l'orientation auditive et rejette l'idée d'un appareil spécial d'équilibration pour la tète ou d'un organe pour le sens de l'espace. Les canaux semi-circulaires sont avant tout un ap- pareil auditif ; ils produisent par voie réflexe des mouvements des yeux, de la tête et du tronc. Les tensions musculaires qui résultent de ces mouvements fournissent la représentation des attitudes et, par là même, donnent la notion de la direction du son. — M. Mexdelssohx. 13. Bickel (Ad.). — Sur l'influence des nerfs sensitifs et du labyrinthe sur les mouvements des animaux. — Ce travail étudie l'importante question du rôle de la sensibilité générale dans la genèse des mouvements combinés, et examine aussi une série de problèmes essentiels au point de vue de la doc- trine des localisations cérébrales. Les animaux chez lesquels on sectionne les racines postérieures des nerfs rachidiens , manifestent des troubles mo- teurs sérieux. L'appareil sensitif intervient donc constamment dans la ge- nèse de nos mouvements en renseignant les centres des activités déjà ac- complies par le muscle. Cet appareil de contrôle n'est point nécessaire à certaines associations musculaires devenues essentiellement réflexes, devenues 676 L'ANNEE BIOLOGIQUE. par conséquent complètement médullaires (mouvements faits par la patte pos- térieure de la Grenouille pour enlever une goutte d'acide irritant l'autre mem- bre). Les conséquences de la section des racines postérieures ne sont d'ailleurs pas les mêmes chez tous les animaux. Chez le Chien, les troubles sont plus in- tenses (pie chez la Grenouille. Le Chien opéré n'est plus capable de marcher, il doit réapprendre la marche; mais la rééducation fait disparaître chez l'animal tous les effets de la lésion. La Grenouille peut marcher, sauter et nager aussitôt après l'opération; mais ses mouvements sont irréguliers et le trouble fonctionnel ainsi produit est permanent. [Des conclusions extrêmement intéressantes pourraient être déduites des différences observées dans la symptomatologie des deux espèces d'animaux]. La section des racines pos- térieures a pour conséquence aussi l'apparition dans les muscles d'un état tétanique qui peut d'ailleurs se présenter sous des aspects très divers. Or, on constate que l'enlèvement du labyrinthe chez les animaux aux racines postérieures coupées, fait disparaître l'état musculaire spécial. — Chez les animaux sains, chez ceux aux racines coupées mais étant revenus au fonc- tionnement physiologique normal, l'enlèvement des labyrinthes provoque des troubles moteurs des extrémités, très différents de ceux produits par la section des racines. Ils consistent, en effet, dans une inexacte mesure de l'intensité des contractions musculaires ; ils sont d'ailleurs permanents. Le la- byrinthe règle donc la tonicité musculaire dans la moitié correspondante du corps. Il met le muscle dans une situation physiologique telle que les con- tractions ultérieures soient exactement adaptées aux nécessités. — Nous voyons donc que les facteurs essentiels de l'équilibre et de l'allure normale des animaux sont au nombre de deux : la sensibilité intervient pour adapter exactement les mouvements aux excitations reçues; les labyrinthes, comme organes spéciaux, agissent en dosant les contractions musculaires qui doi- vent être produites. — Jean Demoor. 138. Mach (E.) — Sur les sensations d'orientation. — M. fait dans cette con- férence l'historique de ses propres recherches et de celles de Goltz, Y. Delaoe, Aubert, Breuer, Ewald, Crum Brown, W. James, Kiîeidl, etc. sur les sensa- tions d'orientation; il indique quel est le rôle qui revient, d'après lui, aux canaux semi-circulaires dans la perception des sensations de rotation ou d'accélération angulaire et au vestibule, en particulier au saccule, en rai- son des otolithes qu'il contient, dans la perception des sensations de mouve- ment en avant ou en arrière et de déplacement en hauteur. Il décrit les ap- pareils dont il s'est servi pour faire les expériences qui lui ont permis d'éta- blir rigoureusement l'exactitude des propositions qu'une série d'inférences l'avait amené à formuler sur le mécanisme psycho-physiologique des sensa- tions de rotation. Il indique dans quelles mesures les sensations musculaires et tactiles peuvent suppléer aux sensations mêmes de déplacement, qui ont leurs organes spéciaux dans l'oreille, et il réduit à n'être que des organes des- tinés à la perception des sensations d'orientation les organes auditifs des Poissons. — L. Marillier. (.>0. 91. Guldberg (F. O.). [XIV 1 a] — Le mouvement circulaire considéré comme le type fondamental du mouvement chez les animaux; sa cause, ses ma- nifestations et son interprétation. — L'auteur avait fait précéder cette publi- cation d'une note préliminaire dans le Biologisches Centralblatti1), note qui a été analysée dans V Année biologique i'2). Nous exposerons ici seulement quel- (1) Biologisches Centralblatt, XVI, 77M-7KÎ. (2) Année biologique, 1896, 680-681. XIX. — FONCTIONS MENTALES. 677 ques parties plus développées dans le travail actuel. — Le point de départ est dans les observations faites par l'auteur à la chasse : lorsque les jeunes ont été séparés des parents, il y a souvent réunion ultérieure, et celle-ci se fait en général dans le voisinage du lieu témoin de la dispersion ; mais, tandis que les parents se guident dans leur recherche par Laide des sens, les jeunes ne font que décrire des séries de cercles qui les ramènent sans cesse autour de l'origine. Ce même mouvement circulaire physiologique peut être obtenu en s'adressant à des animaux des classes les plus différentes, si on leur enlève artificiellement le secours de leurs sens ; il sera surtout bien net si on arrive à supprimer complètement tous les renseignements de cet ordre, même ceux du sens du toucher, en plaçant l'animal dans un milieu auquel il n'est pas habitué : par exemple, un Chien privé temporairement de l'usage de la vue et de l'ouïe, puis jeté en pleine eau. De nombreuses expériences faites à ce sujet par l'auteur et son frère G. A. Guldberg seront publiées ultérieurement. La cause en est attribuée par eux à la dissymétrie entre les organes locomoteurs des deux côtés du corps (Cf. le travail de G. A. Guld- berg, analysé ci-dessous). — Dans la nature, en général, ce genre de mou- vements ne se retrouve pas avec des caractères aussi précis, l'animal s'efforcant, autant que possible, de recourir aux renseignements qui lui sont fournis par ses divers sens, dont l'usage ne lui est que partiellement enlevé, exemples : animaux englobés dans une tourmente, gibier poursuivi par des Chiens. La résultante de ces deux causes est la locomotion circulaire biolo- gique, dont le tracé se rapproche plus ou moins d'un cercle, et consiste en séries de polygones irréguliers à bords curvilignes, ou encore d'arcs hélicoï- daux. On lira à ce sujet un certain nombre d'observations empruntées soit à des chasses au Lièvre, soit à des cas de Chevaux ou d'Hommes égarés sur la glace ou sur l'eau durant une tempête de neige, etc. L'auteur indique en terminant l'importance de cette loi pour la protection des jeunes dans les premiers temps de leur existence, époque où a lieu le maximum de destruc- tion, et par conséquent pour la conservation de l'espèce; elle se relie aussi à la question de migrations animales, si obscure aujourd'hui. Les études de ce genre seront du plus grand secours pour la connaissance des fonctions des divers organes des sens, surtout dans les groupes inférieurs. Enfin, elles promettent d'ouvrir à la science un champ de recherches encore plus vaste qu'on ne peut le prévoir actuellement, en partant de la considération de ce mouvement circulaire physiologique chez les êtres les plus simples, où il est probablement la seule cause de déplacement autre que les actions et réac- tions d'ordre mécanique. — L. Defrance. 176. Reynaud. — Théorie de V instinct (V orientation des animaux. — Com- ment le Pigeon parvient-il à retrouver sa demeure, lorsqu'il en est séparé par une énorme distance, jusqu'à 600 kilomètres? Ce n'est pas la vue qui le guide, car des Pigeons, transportés dans un pays où ils n'ont jamais été (par exemple Pigeons lâchés en mer. à 500 kilomètres de la côte), reviennent généralement à leur gîte ; il est inadmissible, dans ce cas, que la vue puisse leur servir en quoi que ce soit. L'animal reprend exactement le contrepied du chemin plus ou moins sinueux qu'il a parcouru en chemin de fer, et lors- qu'il a atteint de la sorte un point de la zone connue, il se dirige à la vue droit sur son toit. La connaissance locale n'est même pas indispensable pour assurer le retour: des Pigeons élevés en habitation nomade (voiture aménagée en colombier) et lâchés plus ou moins loin de celle-ci, reviennent très bien à leur voiture, bien qu'ils n'en connaissent pas les abords. Reynaud place 678 L'ANNEE BIOLOGIQUE. cette faculté d'orientation dans les canaux semi-circulaires de l'oreille in- terne. — L. CUÉNOT. 26. Bonnier. — Le sens de V orientation. — D'après VlGUlER, il y aurait un sixième sons ayant pour organe les canaux semi-circulaires de l'oreille et pour excitant physiologique le magnétisme terrestre. Cette opinion n'est nullement démontrée. Pour Bonnier, les canaux semi-circulaires et aussi les otocystes et formations otolithiques sont les organes du sens de V orientation ou de direction : c'est à eux qu'est due la faculté qui permet aux animaux, principalement aux espèces migratrices (Pigeon), de se diriger à des distances plus ou moins grandes vers des points pour lesquels les autres sens ne peu- vent fournir de données objectives. C'est un sens qui semble faire partie de la morphologie de chaque espèce, et qui semble une mémoire congénitale (Bonnier) ou une habitude héréditaire (Yiguier). — A. Labre. 206. Stahr (H.). — Fonctions des organes de la ligne latérale. — L*auteur a étudié les jeux très remarquables auxquels se livrent le mâle et la femelle chez les Macropodes de Chine; il y voit la preuve d'excitations tactiles trans- mises à distance par le milieu liquide, et ayant pour organes de réception les terminaisons nerveuses qu'on trouve dans la ligne latérale : il s'agit là d'ailleurs d'impressions assez spéciales et liées à la nature du milieu qui les transmet, le mot tactiles devant être pris dans un sens très large. C'est d'ail- leurs une confirmation de l'opinion la plus répandue au sujet du rôle de ces organes. — L. Defraxce. 11. Bethe (A.). — Sur la physiologie comparée des centres nerveux des Ar- thropodes. [XIV 2 6 5] — Parmi les résultats obtenus par l'auteur sur cette question abordée en dernier lieu par Faivre et Demooor, on voit que la sec- tion médiane et longitudinale du cerveau fait disparaître le phototactisme négatif des animaux qui le possèdent, tandis que les autres réflexes lumineux sont conservés. — G. Bullot. 10. Bethe. — Le système nerveux de Carcinus mxnas. Essai anatomo-physio- logique. — Les nombreux documents consignés dans cet important mémoire (de plus de 200 pages) sont d'ordre anatomique, histologique et physiologique. On y trouve une description minutieuse, faite à l'aide des méthodes d'Ehrlich- Apàthy, des dispositions anatomiques du système nerveux chez le Crabe. Lue foule d'expériences physiologiques variées forment une contribution d'une importance exceptionnelle à la connaissance du fonctionnement du système nerveux. Enfin, à la suite d'APATHY, l'auteur, se fondant sur les résultats obtenus à l'aide d'un procédé qui lui appartient en propre, est amené à comprendre tout autrement que le veut la théorie classique du neurone, les rapports histologiques des éléments nerveux. [Le travail a été publié en trois fois. Bien que la dernière partie publiée date de l!^(.>8, il sera avantageux de l'analyser ici en même temps que les deux premières, dont elle est la continuation directe]. I. De la description anatomique (en réalité anatomo-microscopique) du système nerveux il ne sera rien dit dans cette analyse. L'auteur y passe en revue successivement les éléments des différentes parties du système ner- veux, examine leurs connexions, les répartit d'après cela en types distincts. 11. La partie physiologique proprement dite débute par des considérations générales et des définitions. La sensation est la conscience d'une excitation extérieure. Mais on a trop souvent conclu à la sensibilité pour avoir simple- XIX. — FONCTIONS MENTALES. 079 ment vu la réaction vis-à-vis de l'excitant. On en arrive dans cette voie à accorder, avec Hackel , sensations, conscience et volonté aux atomes mêmes. Mais alors, demandera-t-on avec Du Bois-Reymond, si les atomes sentent, pourquoi y a-t-il en plus des organes des sens? Noll a accordé à la plante la sensibilité. Wundt avait placé chez les Protozoaires les rudiments de la con- science, de la sensibilité et de la volonté. Wundt s'est contenté, pour en faire la caractéristique objective des actes volontaires, du rapport entre le mouve- ment et l'impulsion de l'animal vers la nourriture et la reproduction sexuelle. Est-il donc impossible, demande Bethe, d'expliquer mécaniquement toutes les actions d'une Amibe? On peut cependant bien se représenter une machine construite de telle sorte qu'elle puisse faire elle-même du charbon et de l'eau. et seulement quand elle en a besoin. On ne dira cependant pas que cette machine est consciente, qu'elle agit volontairement, et, quand elle prend de l'eau, qu'elle ressent la soif. Il est impossible de résumer ici les nombreuses expériences physiologiques faites par Bethe. La physiologie de l'animal normal est d'abord étudiée au point de vue des réflexes de la tète (mouvement des yeux), de la marche, de l'autotomie, de la natation, de la préhension des aliments, de la copulation, etc. Puis viennent des expériences : noircissement de la cornée, section des deux premières antennes, extirpation des deux statocystes, d'un seul statocyste; section des commissures pharyngiennes, ablation des deux ganglions pharyn- giens, section médiane du cerveau, section de l'oculomoteur ; résultats de l'excitation électrique ; et surtout résultats de l'extirpation complète des cel- lules ganglionnaires d'un organe nerveux, et manière dont se comportent les neurones après cette opération. On le voit, par cette énumération encore incomplète des essais de l'auteur, jamais peut-être la physiologie d'un animal inférieur n'avait donné lieu à un travail d'ensemble aussi important et n'avait été appuyée sur des bases anatomiques aussi solides. III. Dans la partie histologique et histophysiologique de son travail, Bethe adopte essentiellement les vues nouvelles (I'Apathy sur la constitution fibril- laire des éléments nerveux et sur les rapports de ces éléments entre eux. . Constitution fibrillaire des éléments nerveux, relations de ces éléments. Selon Bethe, comme d'après Apathy, le neurone n'est pas une unité anatomique; il se compose d'un très grand nombre de fibrilles, que plusieurs procé- dés, entre autres celui de l'auteur, permettent de montrer; ces fibrilles sont absolument individualisées; elles ne sont pas formées de granules alignés. Chaque fibre nerveuse et chaque branche de cette fibre contient au moins une fibrille primitive. Les fibrilles sont ininterrompues dans les voies nerveuses, jusqu'à leur extrémité toute périphérique (Lombric, Sangsues). Là où les fibrilles primitives d'une fibre nerveuse sont enfouies dans une subs- tance homogène, faiblement colorable. la substance périfibrillaire, entourée par une gaine, la « gaine gliale » d'ÀPATHV, est plus ou moins filamen- teuse et colorable. Tandis que, dans le nerf contracté aussi bien qu'étendu, la gaine demeure rectiligne, les fibrilles ne sont droites que dans la seconde condition du nerf. D'après Apathy, il y a des différences entre les fibres motrices et les fibres réceptrices (sensibles) quant à leur constitution fibril- laire. Les premières ne contiennent jamais qu'une seule forte fibrille, qui se ramifie dans le muscle et qu'on peut suivre directement dans les centres jusqu'à la cellule ganglionnaire. Les fibres sensibles ou réceptrices contien- nent toujours nombre de fibrilles fines, qui, venues des cellules sensorielles sous-épithéliales , se rassemblent ensuite en faisceaux , pénètrent dans le système nerveux central où elles se ramifient, et se décomposent là en fibrilles 680 L'ANNÉE BIOLOGIQUE. élémentaires. Ces fibrilles élémentaires, qui, selon Apathy, constituent d'ail- leurs toute fibrille primitive, venues des cellules sensorielles, se continuent dans les centres avec la masse filamenteuse (substance ponctuée de Leydig, neuropilème de His, en formant une trame réticulée, par laquelle elles s'ana- stomosent et qu' Apathy nomme « réseau élémentaire diffus ». Du réseau élémentaire diffus proviennent de nouveau des fibrilles plus fortes, qui pénètrent dans le corps cellulaire des cellules ganglionnaires par leur pédoncule. Là elles forment toutes, en se dissociant en fibrilles plus fines, un réseau, qui entoure le noyau, sans cependant entrer en rapport avec lui. Il y a des cellules ganglionnaires, dans lesquelles le réseau de fibrilles n'occupe que la périphérie de la cellule; le pédoncule de ces fibrilles ne con- tient que des fibrilles fines; aussi Apathy considère-t-il ces cellules comme sensibles. Dans d'autres cellules les fibrilles venues du réseau élémentaire forment aussi un réseau à la périphérie de la cellule, mais de ce réseau péri- phérique partent des fibres radiaires qui s'enfoncent dans l'intérieur de la cellule et se relient à un deuxième réseau, profond, formé de fibrilles plus fortes qui s'unissent ensuite toutes en une forte fibrille primitive. Celle-ci quitte la cellule en passant dans le pédoncule cellulaire, dont elle occupe Taxe, environnée par les fibrilles fines centripètes, et peut être suivie dans un muscle ou dans un connectif. Apathy considère ces cellules comme motrices, et admet que les fines fibrilles qui forment le réseau superficiel cellulaire et qui émanent du réseau élémentaire diffus sont centripètes; la forte fibrille au contraire, qui provient du réseau cellulaire profond, est cen- trifuge. [L'existence et les connexions des deux réseaux cellulaires de fibres, superficiel et profond, ont été indiquées par d'autres auteurs qu'APATHY, par exemple par Ch. Simon, Journ. intern. dan. et de phys., 1896, Bd XII]. Telles sont les données d'ApATHY, que Bethe accepte dans leur ensemble, ne diffé- rant de lui que sur un certain nombre de points secondaires. L'état perlé des fibres nerveuses, que montrent les préparations faites par la méthode du bleu de méthylène, est expliqué ainsi par Fauteur. On peut assis- ter àlaformation des perles, comme déjà Allen l'a pu (Quart. Journ. ofmicr. Se, XXXVI, 94). On voit des fibres ou leurs branches, primitivement cylin- driques, se rétrécir en certains points, et la substance périfibrillaire, qui est liquide, s'amasser en des perles entre ces points rétrécis, qui deviennent des filaments grêles. L'état perlé est un phénomène cadavérique, se produisant même, comme l'a vu Allen, avant toute coloration des fibres. On ne peut donc, même dans des préparations par le procédé de Golgi, lui attribuer aucune importance physiologique. La différence qu'ApATiiv a cru reconnaître entre les fibrilles primitives des fibres motrices et réceptrices chez les Hirudinées, n'existe pas chez le Crabe. Les fibres réceptrices en effet peuvent renfermer des fibrilles primitives très grosses, ou même une seule de ces fibrilles, tandis que les fibres motrices peuvent contenir des faisceaux de fibrilles très fines. C'est ce que l'auteur a pu constater sur les coupes transversales du nerf tégumentaire qui, d'après ses expériences physiologiques, est purement récepteur. — Bethe a constaté, non pas chez le Crabe mais chez la Sangsue, que le rapport de continuité entre les neurones est bien tel qu'APATHY l'admet, c'est-à-dire qu'il est établi par les fibrilles nerveuses élémentaires, anastomosées en un réseau élémen- taire; mais Bethe ne croit pas que ce réseau soit diffus. Les cellules ganglionnaires du Crabe renferment des corps de Nissl répartis en une « zone chromatique » dans les travées d'une sorte de réseau alvéolaire. En fait de fibrilles primitives, l'auteur n'a vu que ce qu'il représente dans les figures 11 et 15, c'est-à-dire des fibrilles pénétrant par le cylindre-axe XIX. — FONCTIONS MENTALES. 681 dans la cellule et «'anastomosant en réseau, ainsi que des tronçons de fibrilles dans l'intérieur de la cellule. On ne voit pas ici les puissants réseaux fibril- laires qu'on constate chez la Sangsue. Rôle des fibrilles primitives dans les processus nerveux. Du fait que toutes les fibres nerveuses contiennent des fibrilles primitives individualisées, que ces fibrilles entrent dans des cellules sensibles, qu'elles forment dans les cellules ganglionnaires des réseaux caractéristiques, qu'elles se ramifient dans les muscles et dans d'autres cellules qu'elles innervent, Apatiiy tire cette conclusion que les éléments fibrillaires sont conducteurs du courant nerveux. La manière dont les fibrilles se comportent vis-à-vis de la cellule ganglionnaire lui permet d'autre part d'adopter la théorie aujour- d'hui en faveur, qui accorde à la cellule ganglionnaire les qualités d'un centre, qui place en elle le sommet de l'arc réflexe, qui en fait le foyer de production du courant nerveux. Selon lui, la cellule ganglionnaire est un dépôt de forces, placé sur le trajet des conducteurs, des fibres nerveuses, comme les éléments d'une batterie électrique sur le trajet ininterrompu des fils télégraphiques. La cellule, dit Apatiiy. produit ce qui doit être conduit. L'auteur souscrit à la première thèse cL'Apathy, et croit volontiers que les fibrilles primitives sont réellement l'élément conducteur dans le système nerveux, bien que les faits anatomiques sur lesquels s'appuie Apatiiy ne lui paraissent pas à eux seuls permettre de conclure à cette fonction, car en général, aucune constatation anatomique ne peut faire accorder à un organe telle fonction, mais seulement la faire supposer: et l'expérimentation seule est capable de décider si un organe fonctionne de telle ou telle façon. Quant à la seconde thèse d'APATHY, Bethe se refuse à l'admettre, s'appuyant sur ses recherches expérimentales. Il relate entre autres l'expérience suivante. Si l'on coupe le nerf de la 2e antenne à sa sortie du cerveau, l'antenne est com- plètement paralysée, retombe flasque et ne peut plus être mise en mouve- ment par aucun excitant normal. Si l'on purifie chez un animal le neuropi- lème de la 2e antenne de toutes les cellules ganglionnaires qui lui sont accolées, et qu'on le sépare du reste du système nerveux par une incision circulaire et par la section de la commissure pharyngienne, de telle sorte que le nerf de la 2e antenne ne soit plus en connexion qu'avec ses terminaisons et qu'il n'ait plus de relation avec aucune cellule ganglionnaire, la 2e antenne con- serve son tonus et son excitabilité réflexe. Cette expérience montre que les cellules ganglionnaires ne sont pas nécessaires à la production des réflexes, que l'arc réflexe ne passe pas nécessairement par les cellules, qu'il n'y passe peut-être pas du tout, que le tonus des muscles est indépendant des cellules ganglionnaires, que l'influence permanente que le système nerveux exerce sur la musculature n'est pas produite dans les cellules ganglionnaires. Le deuxième nerf antennaire renferme des fibres centripétales ou réceptrices et des fibres centrifugales ou motrices. Comme, dans l'expérience précitée, les cellules nerveuses ont été enlevées, il faut admettre que l'excitation, apportée au neuropilème par les fibres réceptrices, a été transmise directe- ment aux fibres centrifugales motrices sans passer par des cellules ganglion- naires. Comme il y a des fibrilles primitives qui du neuropilème passent directement aux fibres motrices centrifuges sans traverser les cellules ner- veuses, il est vraisemblable que ce sont ces fibrilles qui sont l'élément con- ducteur du système nerveux. Ce ne peut être la substance périfibrillaire de la fibre ; car cette substance cesse là où les fibrilles primitives passent dans le neuropilème pour y former le réseau élémentaire (consulter pour ces relations la fig. 3, pi. XVII). D'après cela, la notion de la cellule ganglionnaire, en tant que centre 682 L'ANNEE BIOLOGIQUE. producteur du courant nerveux, doit être abandonnée. L'idée du neurone en tant qu'unité nerveuse isolée, tombe en même temps. L'hypothèse du neurone a été émise parée qu'avec la méthode de Golgi, les larges ponts protoplasmatiques, qu'on admettait jadis exister entre les prolongements nerveux, n'existent pas. Mais cette méthode ne donne que des images in- complètes; elle ne montre que les enveloppes de la substance conductrice et non cette substance elle-même. La méthode employée par Apathy et par Bethe étend et corrige les résultats obtenus par le procédé de Golgi. L'auteur conserve cependant l'expression de neurone, parce qu'il faut avoir une déno- mination pour désigner ce (pii est en connexion évidente avec une cellule gan- glionnaire. Pour ce qui est du cylindre-axe et des plus gros dendrites. on peut bien reconnaître à quelle cellule ils appartiennent. Mais quand on suit les plus fine* ramifications de deux cellules nerveuses, on ne sait plus quelle partie de ces ramifications appartient à la première cellule, quelle partie à la deuxième: on ne sait où commence, où finit le neurone. Il existe donc entre les deux neurones une région neutre, intermédiaire, qui est le réseau élémentaire. Ce réseau n'est certainement pas diffus, comme le voudrait Apatiiy. Car s'il l'était, il serait impossible d'expliquer les processus nerveux, et la con- duction isolée des courants nerveux vers l'organe central et hors de cet organe serait inutile, si dans cet organe central tout devait être diffus et mélangé. Ce n'est du reste qu'à partir d'un certain point que commence le réseau élémentaire, et les fibrilles abordent ce réseau en conservant leur individualité. Sur la production du réflexe élémentaire et sur révolution phylogènètique du système nerveux. [XVII d] On s'est représenté autrefois la production des réflexes, en admettant simplement que l'excitation, apportée de la périphérie à l'organe central par les fibres centripétales, passe dans la substance centrale par de larges voies continues et aborde les éléments moteurs, d'où elle est conduite au muscle et y produit le mouvement réflexe. Ce n'est que plus tard que prit naissance l'idée que la cellule ganglionnaire est l'endroit où l'excitation afférente change de nature pour produire ensuite l'impulsion motrice. Quelques auteurs seu- lement, comme Schiff [et Morat] ont nié jusque dans ces derniers temps la fonction centrale des cellules ganglionnaires. Les nouvelles méthodes, de Golgi et d'Ehrlich, ont permis de construire l'arc réflexe avec des neurones indépendants, entrant en contact par des boutons terminaux. Apatiiy. Hoi.m- grex, Bethe au contraire ont montré l'existence de réseaux à mailles lâches unissant entre elles les cellules nerveuses. Bethe passe en revue l'évolution phylogènètique de la forme du système nerveux et se la représente de la façon suivante. La forme la plus ancienne phylogénétiquement est celle des réseaux nerveux, tels qu'ils existent chez les Cténophores . Méduses, Actinies (Hertwig . dans l'intestin de la Ponto- bdelle (Apathy) et dans la peau de Sagitta (Hertwig), dans la peau des Crus- tacés Bethe), dans celle des Chenilles (Holmgren), dans la peau et les vaisseaux des Vertébrés (Dogiel, Bethe, Timofeew). Là, les cellules ganglion- naires sont pluripolaires, unies par de larges ponts protoplasmatiques, manquant presque de branches latérales. Dans le réseau arrivent sans doute comme Bethe l'a constaté pour la membrane palatine de la Grenouille) toutes les fibres réceptrices, taudis que les fibres motrices quittent le réseau. — Le réseau nerveux de l'intestin de la Pontobdelle, connu par les recher- ches d'ApATHY, s'écarte déjà de ce type primitif; il est plus différencié, le passage des fibres réceptrices aux fibres motrices se fait dans les cellules XIX. - FONCTIONS MENTALES. 683 mêmes, dans le réseau périnucléaire de ces cellules ; ce sont ces cellules ou plus précisément leurs réseaux périnucléaires qui forment le nœud réflexe. Les cellules correspondent ici à la fois aux cellules ganglionnaires et au neuropilème des animaux plus élevés: tout ce qui chez ces derniers se passe dans la cellule ganglionnaire et dans le neuropilème doit avoir ici pour théâtre le réseau périnucléaire. — Chez les Vers, la masse du neuropilème est très réduite dans le système nerveux central par rapport à celle des cellules ganglionnaires. Ces cellules contiennent de puissants réseaux fibril- laires et presque toutes les fibrilles motrices proviennent de réseaux cellu- laires (comme Apathy et Bethe l'ont constaté sur Pontobdella, Lumbricws^ Hirudo). — Chez les Crustacés au contraire, la masse des cellules ganglion- naires le cède beaucoup à celle du neuropilème qui s'est puissamment dé- veloppé. Le réseau élémentaire est très serré: peu de fibrilles réceptrices pénètrent les cellules; la plupart des fibrilles motrices et aussi les fibrilles commissurales sont des émanations du réseau élémentaire et n'ont pas de rapport avec les cellules. — La masse du neuropilème comparée à celle des éléments ganglionnaires est encore plus grande chez les Vertébrés. Ici les dispositions sont autres que chez les animaux précédents, en ce que les cellules ganglionnaires, qui sont multipolaires, sont situées^ au milieu du neuropilème et sont le plus souvent sur le chemin des fibrilles primitives, auxquelles elles servent de point de traversée. Les cellules ganglionnaires des Vertébrés (les cellules ganglionnaires motrices et les cellules de l'écorce cérébrale tout au moins) n'ont pas montré jusqu'à présent de réseaux péri- nucléaires. (D'après cela l'expérience qui consiste à enlever la partie nucléée de la cellule devrait produire chez les Hirudinées et chez les Vertébrés une paralysie complète : chez les Hirudinées. parce que la plupart des fibrilles primitives s'unissent à cette portion nucléée de la cellule; chez les Vertébrés, parce que la cellule ganglionnaire est le point de traversée de presque toutes ces fibrilles.) Le Crabe est à un rang assez élevé dans l'échelle phylogénétique de l'évo- lution du système nerveux; il a conservé les réseaux fibrillaires périnu- cléaires et a acquis le réseau élémentaire. De ses expériences physiologiques, que l'auteur résume à un point de vue général, il conclut que chez le Crabe presque toutes les fonctions que le système nerveux exerce sur l'appareil musculaire sont possibles sans le concours de la partie nucléée du neurone et sans celui du réseau fibrillaire intracellulaire. D'une façon générale, les cellules ne sont pas nécessaires pour changer la qualité de l'influx nerveux, de sensible en motrice. Ne sait-on pas que de minimes actions peuvent stimuler des forces puissantes, qu'un petit élément galvanique peut produire l'explosion d'une quantité considérable de dyna- mite? Pourquoi de même une faible excitation périphérique ne pourrait-elle développer dans le muscle une énergie considérable? L'auteur admet donc que l'influx nerveux, sans se modifier qualitativement, sans devenir une force nouvelle au niveau du réseau élémentaire, parvient tel quel aux muscles, et là seulement développe la grande énergie de la contraction musculaire. Après cette étude du réflexe simple, et après l'analyse de quelques réflexes particuliers que présente le Crabe. Bethe étudie les réflexes compliqués. Il termine en examinant l'action contraréflexe du cerveau, déjà étudiée par lui chez plusieurs Arthropodes Pfluger's Arch.. 1897). Il conclut en refusant au cerveau du Crabe toute qualité psychique. — A. Prenant. = 2. Processus psychique. — a. Sensation, — ai L^urs caractères. 113. Kerschner (L.). — Contributions à la théorie des sensations d'inner- 684 L'ANNEE BIOLOGIQUE. vation. — L'auteur croit que c'est à la morphologie qu'appartient la solution desgrands problèmes physiologiques et psychologiques. Aussi s'efforce-t-il de construire une nouvelle théorie du mécanisme des sensations de l'innerva- tion, basée sur des données anatomiques. C'est dans les terminaisons ner- veuses dans le muscle que l'on trouve des appareils qui nous l'enseignent sur le degré de l'impulsion nerveuse transmise au muscle qui entre en mouvement. L'auteur pense qu'au moment de la contraction du muscle, la variation négative du courant musculaire excite les terminaisons des nerfs sensitifs et produit une onde d'excitation, laquelle par les voies centripètes est transmise au cerveau et y l'ait naître une sensation d'innervation. Telle est l'idée principale de cet opuscule, qui se prête mal à une analyse détaillée et dont nous n'avons résumé que les traits généraux. — M. Mendelssoiin. 13'.'. Major D. R.i. — Sur le ton affectif des impressions simples. — Le grand intérêt et le grand mérite de ce travail de Major est d'être à certains égards une tentative pour étudier par la méthode expérimentale le sentiment esthétique qui n'a été jusqu'à présent l'objet que d'un trop petit nombre de recherches de ce genre : on ne saurait dire que les résultats auxquels il est arrivé aient une grande valeur, étant donné surtout le petit nombre de sujets sur lesquels il a opéré (trois en tout). Ses recherches étaient commencées longtemps avant la publication de celles de J. Cohn {Experimen- tel/e Untersuchungen iîber die Gefûhlsbetonung der Farben, Helligkeiten und ihrer Combinat ionem. Philosoph. Stud.. X. p. 502-604. Voir aussi Année psy- chologique. I, p. 438-443), mais il a différé de les faire paraître pour établir entre les deux séries d'expériences un ensemble systématique de comparai- sons. Son but a été du reste bien plus encore d'éprouver la valeur d'une mé- thode que d'atteindre en ces études préliminaires des résultats positifs. La méthode dont il s'est attaché à établir l'exactitude et l'adaptation aisée à ce genre de recherches est celle des séries de couleurs ou de sons, préconisée par Witmer et par Kùlpe : une série de couleurs ou de sons musicaux est offerte au sujet, qui doit choisir entre ces sensations et indiquer la nature et le degré du sentiment que lui fait éprouver chacune d'elle. Cohx a fait plu sieurs objections à l'application de ce procédé à l'étude des sentiments pro voqués par les couleurs; les deux principales sont : 1° l'influence du contraste, 2° le fait que les couleurs séparées n'agissent pas sur le sujet comme les membres d'une série continue, mais comme des qualités indépendantes. M. a cru pouvoir obvier à la première difficulté, en présentant aux sujets les couleurs isolément, les unes après les autres. Et d'autre part, il pense avoir réussi à ce que leur action ne soit pas cependant celle de qualités indépendantes et non sériées; pour arriver à ce but, on commençait la série de présentations à un point quelconque du spectre et on continuait toujours dans le même sens, en suivant de droite à gauche la série spectrale, et pour chaque couleur, on présentait aussi en un ordre régulier tous ses degrés de saturation, en commençant parla couleur contenant, mêlée à lateinte spectrale, la plus forte proportion de blanc ou de noir, et allant ainsi de la nuance la plus claire à la plus foncée ou inversement. Mais Colin adresse à la méthode des séries un reproche plus grave encore : il estime qu'elle implique une erreur fondamentale, qu'il exprime ainsi : « Sie kann nur einen oder den andern Hauptpunkt der Curve nicht «lie Curve sebst feststellen. » Pour parer à cette difficulté et se mettre à l'abri de cette cause d'erreur, M. a construit une échelle arbitraire des valeurs affectives des sensations d'après laquelle les sujets devaient estimer l'impression produite sur eux; elle allait de 1 à 7. 1 exprimait l'impression la plus agréable. 7 la plus désagréable. Si on prend XIX. — FONCTIONS MENTALES. 685 4 comme abscisse de la courbe affective, il est clair que 1, 2 et 3 peuvent en être regardées comme les ordonnées positives, 5, 6 et 7 comme les ordonnées négatives. M. n'attribue à la courbe ainsi obtenue rien qui ressemble à une valeur absolue, mais il croit que remploi de son échelle enlève à l'objection de Cohn une grande partie de son autorité. La question du ton affectif des couleurs semble être dans son ensemble l'une des plus difficiles à résoudre, et cela est dû en partie au fait que le ju- gement qu'on demande au sujet de porter est pour lui un jugement inaccou- tumé : la plupart des couleurs n'étaient point jugées comme en elles-mêmes agréables ou pénibles, mais comme belles ou laides par exemple, — en partie au fait que les états psychiques d'origine centrale qui entrent en combinai- naison avec l'impression périphérique et qui sont très intenses, diffèrent souvent d'un instant à l'autre chez le même sujet et viennent modifier son jugement. Les expériences ont porté sur un trop petit nombre de sujets pour que les résultats moyens aient un réel intérêt : ils donnent lieu cepen- dant à quelques remarques utiles. Tout d'abord, chacun des sujets est resté pendant toute la durée des expériences fidèle à ses préférences personnelles. Les résultats obtenus par M. ne confirment pas la règle posée par Cohn que les couleurs sont d'autant plus agréables qu'elles sont plus saturées : il y a à cet égard beaucoup.de différences individuelles. Ils né confirment pas non plus le fait que le jaune serait déplaisant pour la majorité des personnes. Les fonds (back grounds) blancs ou noirs n'ont aucune valeur affective con- stante. En ce qui concerne les couleurs claires et foncées, les sujets peuvent se répartir en deux groupes : l'un qui préfère les premières, l'autre qui n'a pas de préférence. Les expériences sur la valeur affective de l'éclat des cou- leurs faites avec une échelle de gris allant du blanc au noir, ont semblé indi- quer que toutes les nuances étaient ou faiblement agréables ou indifférentes : la préférence pour le blanc par rapport au gris, mentionnée par Cohn, n'a pas été constatée; il n'est pas établi que le contraste du blanc et du noir, noir sur fond blanc, soit préféré aux autres. M. a fait aussi quelques expériences sur la valeur affective des sons au moyen des diapasons de Kônig. Elles ont révélé la persistance régulière des mêmes préférences chez chaque individu, mais en même temps l'existence de différences considérables dans les pré- férences des divers individus. La méthode en ce cas du reste avait perdu tout à fait son caractère sériel, et les expériences n'ont pas été conti nuées parce que le jugement affectif de chaque individu semblait avoir quelque chose d'artificiel et de voulu. L'auteur a cherché aussi à examiner par les mêmes procédés le ton affectif des diverses sensations données par le toucher actif. Les sujets ont eu à palper une série de 51 étoffes. La mé- thode n'a pas eu ici non plus un caractère vraiment sériel, les étoffes n'ayant pu être rigoureusement classées, mais les résultats ont été beaucoup plus constants; il semble que les éléments psychiques d'origine centrale inter- viennent ici beaucoup moins activement dans le jugement et y jouent un rôle beaucoup moins considérable. Les sujets ont du reste trouvé beaucoup plus naturelle l'application des épithètes « agréable ou désagréable » aux sensations tactiles qu'aux couleurs et aux sons. Le contraste n'a paru exer- cer aucune influence. D'une manière générale, les étoffes rudes, raides et rêchesont été trouvées désagréables; la mollesse et la douceur ont été jugées agréables. La finesse, l'épaisseur et la minceur ont été appréciées de façon variable. [Nous avons analysé avec quelque détail ce mémoire, en dépit des maigres résultats qu'il apporte, parce qu'il n'est peut-être pas, pour la psychologie gé- nérale et pour la psychologie en particulier de l'attention, de plus importante GSG L'ANNÉE BIOLOGIQUE. question que de déterminer le ton affectif de chaque sensation simple, indé- pendamment des associations émotionnelles, et que c'est là aussi la base de toute esthétique rationnelle]. — L. Marillier. 14. Biervliet (J. J. van). — Images sensitives et images motrices. — La question que se pose v. B., c'est s'il existe une différence de nature ou de fonc- tion entre l'image sensitive (il entend par là la sensation elle-même, le souvenir et l'hallucination) et l'image motrice, c'est-à-dire l'image musculo-tactile qui est l'antécédent normal et immédiat d'un mouvement. Il établit d'abord, en se fondant sur les données fournies par l'introspection et par des expériences systématiques, d'une part, qu'il y a identité de nature entre l'image motrice normale et toutes les autres images, d'autre part que toutes les images sont à quelque degré motrices. Il trouve à sa thèse une confirmation dans l'ana- lyse du contenu de notre conscience lorsque nous nous appliquons à faire un mouvement, que nous apprenons à l'exécuter, et dans l'étude de l'imita- tion chez l'enfant : imiter, c'est travailler à rendre identique l'image anticipée du mouvement et la perception du mouvement accompli; cette identité, nous parvenons à la réaliser en étant de plus en plus attentifs à l'image qui nous sert de modèle et jusqu'au moment où nous avons appris l'acte que nous devons exécuter; c'est cette image, importée du dehors, qui joue le rôle d'image motrice. La reproduction involontaire et inconsciente des mouve- ments que l'on voit faire à autrui, les phénomènes de « cumberlandisme », la puissance dynamogénique des sensations et des images fournissent à v. B. autant d'arguments en faveur de la seconde partie de sa thèse. Mais si la conscience et l'expérience nous révèlent que toutes nos images sont à la fois sensitives et motrices, ce que nous savons de la structure des centres céré- braux dépose, d'après v. B., exactement dans le même sens. Il adopte la théorie de Flechsig qui rejette la distinction des diverses zones de l'écorce en zones sensitives et zones motrices et considère tous les centres corticaux de projection comme à la fois sensitifs et moteurs, et en rapport avec des centres d'association, véritable siège des phénomènes proprement intellec- tuels. Etant donnée cette disposition aaatomique des hémisphères, voici comment il convient, selon v. B., de se représenter les choses : les courants sensitifs ne sont que la conversion des mouvements du milieu où est placé l'organisme en d'autres modes de mouvements, fonctions à la fois du milieu nouveau qu'ils traversent et de la forme qu'ils affectaient antérieurement. Tous les courants ascendants n'arrivent pas jusqu'à l'écorce. Ceux qui sont trop faibles pour parcourir les voies longues ou du moins arriver à leur terme avec une intensité appréciable réagissent sur un centre gris inférieur, redescendent par des voies courtes aux muscles, et le mouvement initial est restitué au milieu extérieur sous forme de contraction musculaire. Si le mouvement est plus intense, il se propage à la fois par les voies courtes et les voies longues, et détermine simultanément une contraction musculaire et, par l'excitation d'un centre de projection, une sensation. Arrivé dans ce centre de projection, il s'écoule en partie par les voies descendantes longues, déterminant ainsi un réflexe d'ordre supérieur (réflexe psychique), et en partie par les voies ascendantes vers les centres d'association ; la quan- tité de mouvement qui se propagera dans l'une ou l'autre direction dépend de la perméabilité relative des deux groupes de voies, et cette perméabilité dépend elle-même du nombre plus ou moins grand de fois qu'elles ont été traversées par un courant identique ou analogue. Le courant redescendra plus tard des centres d'association par les voies descendantes dans un centre de projection, celui même dont il est parti ou tout autre. En résumé, toute XIX. — FONCTIONS MENTALES. 687 image est sensitive, puisque les images mêmes qui représentent des mouve- ments, les représentent comme accomplis, c'est-à-dire vus, entendus ou sentis ; mais toute image est aussi motrice , puisque physiologiquement elle est constituée par une certaine quantité de mouvement qui, introduite du dehors dans l'organisme, doit être restituée au milieu extérieur sous forme de contraction musculaire. [On sait la réserve où les critiques de Déjerine commandent de se tenir à l'égard de la conception que se fait Flechsig des relations des divers centres de l'écorce. Mais il convient de remarquer qu'il n'y a pas entre les idées de v. B. sur la nature des images motrices et cette conception anatomique de lien nécessaire]. — L. Marillier. 195. Solomons (Léon M.). — Sensibilité cutanée discrimina tive, — On sait cpie la sensibilité cutanée discriminative s'affine par la pratique et que l'on arrive au bout de quelque temps à percevoir comme distinctes deux pointes à un écartement où elles donnaient au début l'impression d'un con- tact unique. Le but des expériences de S. a été de déterminer comment se fait ce perfectionnement de la sensibilité tactile : est-il directement attribuable à l'action de l'exercice et la sensibilité de la peau s'accroît-elle en raison de cette suractivité fonctionnelle comme s'accroît la vigueur d'un muscle qui travaille habituellement, ou bien au contraire s'agit-il d'un phénomène purement psychique, d'une sorte d'éducation de notre aptitude à interpréter nos perceptions? C'est la seconde hypothèse qui a été vérifiée par les expé- riences entreprises par S. On a exercé régulièrement pendant quelques se- maines deux sujets, S. et G., à percevoir et à distinguer les contacts des pointes mousses d'un compas sur la région charnue de l'avant-bras, mais tandis qu'on disait chaque fois au premier s'il avait jugé exactement ou non qu'il était touché par deux pointes ou par une seule, on laissait G. dans l'ignorance complète des résultats obtenus. Au début les deux sujets percevaient les deux pointes comme distinctes, lorsqu'elles étaient à un écartement d'un pouce et demi environ, mais au. bout de quelque temps, cette distance était tombée à un quart de pouce pour S., tandis que pour G. elle était demeurée la même. On procéda alors pour G. comme on avait procédé pour S. et l'on constata chez lui les mêmes progrès. Les sujets avaient toujours été touchés avec une seule pointe aussi souvent qu'avec deux et on avait pris grand soin d'éviter toute régularité d'alternance. [Nous ferons cependant remarquer que, au cours de recherches sur la sensibilité cutanée dont nous nous occupons actuellement, nous avons constaté que chez la plupart des sujets, il se produisait un réel affinement de la sensibilité discriminative, et cela sans que puisse intervenir l'élément dont Solomons signale ici le rôle; il ne s'agissait en effet pas de comparer des contacts simples et des contacts doubles, et dans tous les cas les deux pointes de l'esthésiomètre touchaient la peau. Aucun renseignement n'était donné aux sujets, qui d'ailleurs étaient pour la plupart de très médiocre culture et tout à fait étrangers aux recherches psychologiques. Ils avaient seulement à répondre : une pointe ou deux pointes ; au bout de quelques séances, ils percevaient deux contacts à un écartement beaucoup plus faible que celui où, au début, ils n'en percevaient qu'un seul. Il convient d'ajouter, et cela semble déposer dans le sens de l'hypothèse de Solomons, que l'éducation d'une région de la peau semblait profiter à tout le corps, et qu'après une série de mesures prises sur les cuisses et l'abdomen par exemple, la sensibilité des épaules ou du dos se trouvait beaucoup plus fine que ne l'avaient révélé quelques expériences isolées, faites au début]. S. a cherché ensuite à savoir quelle est la qualité de la sensation qui la fait considérer comme simple ou double. Tout d'abord cette perception de la G88 L'ANNEE BIOLOGIQUE. dualité du contact semble être indépendante du jugement que nous portons sur retendue de la surface impressionnée, car souvent une sensation que nous rapportons à une pointe unique semble occuper un espace plus consi- dérable que nous rapportons à deux pointes distinctes; elle n'est pas liée non plus à notre habileté plus ou moins grande à localiser un point sur la surface de notre peau : les erreurs de localisation sont d'ordinaire mesurées par des distances très supérieures à la longueur de l'intervalle nécessaire pour que les deux pointes apparaissent comme distinctes: nous ne jugeons donc pas qu'il y a deux pointes parce que nous les percevons en des positions différentes ou si Ton veut avec des signes locaux différents. Yn sujet non encore exercé, touché en un point, puis dans deux autres, pouvait discerner la longueur re- lative des distances de ces deux points au premier, alors qu'elles étaient in- férieures à l'écartement nécessaire pour la discrimination de deux contacts simultanés. Il en résulte que la perception de la distance entre deux points et la distinction entre deux contacts ne sauraient se ramener l'une à l'autre. S. a ensuite montré que l'action de l'attention expectante sur le jugement discriminatif était très marquée. Si l'on annonce à un sujet qu'il percevra deux pointes, on le touche avec le compas à un écartement tel que dans d'autres conditions les deux contacts seraient perçus comme un seul, les deux pointes seront distinguées par lui Tune de l'autre. Si on annonce à un sujet qu'on va le toucher avec les deux pointes, mais en ajoutant que peut- être cependant on lui tend un piège, et que c'est avec une seule qu'on le touchera, il en sent deux cependant, et même lorsqu'il n'y a qu'un seul con- tact. Et l'expérience inverse vérifie la même loi. Si on touche le bras en un autre point, alors que les deux contacts sont perçus comme un seul, il arri- vera souvent qu'ils sojent distingués l'un de l'autre : de même lorsqu'on insère une pointe de crayon émoussée entre les deux pointes du compas. Il s'agit ici d'une suggestion indirecte : ce contact additionnel, sans être lui-même clairement perçu et localisé, suggère un jugement de dualité. [Nous ferons remarquer qu'en ce qui concerne le second cas une autre interprétation peut être proposée: il résulte en effet d'expériences que nous poursuivons en col- laboration avec J. Philippe que, comme W. James l'avait déjà signalé, deux pointes de forme ou de nature différente sont perçues comme distinctes à un plus faible écartement que deux pointes identiques]. Cette indépendance de la sensibilité discriminative par rapport aux diverses formes de sensibilité localisatrice de la peau, l'action très nette exercée sur elle par la suggestion, ont conduit S. à la ramener à un processus d'associa- tion. « Nous apprenons qu'une certaine espèce de sensation signifie deux points, comme nous apprenons qu'un certain signe signifie la lettre H, qu'un autre groupe de sensations signifie livre.... » Si l'hypothèse est vraie, on doit pou- voir substituer artificiellement à l'association normale une association tout op- posée, c'est ce que S. a tenté de réaliser et, semble-t-il, avec succès, au moyen d'une expérience très ingénieuse. Il appliquait sur une région déterminée du bras deux pointes assez écartées pour (pie le sujet les distinguât facilement, «•t toujours il les appliquait par un coup brusque; il se faisait alors une as- sociation entre laperception des deux pointes comme distinctes et la brusquerie de la sensation; cette association se consolidait par des exercices répétés où l'on rapprochait graduellement les deux pointes Tune de l'autre, de telle sorte que la sensibilité discriminative ne lut point trop aidée par des juge- ments localisateurs et (pie le caractère de l'éloignement des deux pointes n'eût plus dans la sensation totale une valeur aussi considérable. Sur une autre partie du bras, voisine de la première, on avait appliqué une pointe mousse en l'appuyant avec une pression lente: cette pression graduelle s'associe peu XIX. - FONCTIONS MENTALES. 689 à peu dans la conscience du sujet, par des exercices répétés à la sensation d'une pointe unique. A ce moment, on renverse les procédés. La première ré- gion, on ne la touche plus qu'avec une seule pointe, mais appliquée d'un coup brusque : la seconde avec les deux pointes, mais appliquées avec une pres- sion graduelle et lente. Le jugement discriminatif est alors renversé lui aussi : le double contact est perçu comme unique, le contact unique comme double. « Les particularités de la sensation, dues à la manière dont elle est provoquée, l'ont emporté sur le nombre réel des pointes pour déterminer le jugement. » S. conclut que toute sensation cutanée peut donner naissance à la percep- tion d'un double contact. « Grâce à l'expérience passée, se sont établies des associations qui nous inclinent à former ce jugement. Si nous jugeons correc- tement, cela tient aux conditions où nous nous trouvons placés. Mis en un milieu artificiel, nous aurions pu recevoir à cet égard une éducation inverse. » [Il semble que S. force le sens de ses expériences: de ce qu'il a pu, dans des conditions artificielles, créer des illusions discriminatives, il ne s'ensuit pas que le mécanisme qu'il a mis en évidence joue toujours dans les cas nor- maux, ni surtout qu'il joue seul. D'ailleurs, dès que l'écartement des pointes est plus considérable, l'illusion devient impossible; il est vrai qu'ici inter- viennent des jugements localisateurs, mais pour certaines régions dont nous n'avons pas de représentations visuelles habituelles, ils n'ont pas une extrême précision]. S. va d'ailleurs plus loin et étend sa théorie à presque toutes nos percep- tions cutanées spatiales ; il termine en disant , mais sans indiquer aucune preuve à l'appui de son dire, que « puisque toute sensation cutanée peut être jugée double, si les associations appropriées sont établies, notre perception du double contact, bien que résultant de sensations tactiles seulement, doit envelopper d'autres éléments. Les éléments numéraux et spatiaux qui entrent dans la perception, prise en son entier, doivent être d'origine non cutanée, c'est-à-dire en connexion avec l'activité d'une région du cerveau différente de celle qui est en relation immédiate avec les nerfs de la peau ». S. promet de publier d'autres expériences qui viendront donner à sa théorie une base solide. Attendons-les. — L. Marillier. 169. Pillsbury |W. B.i. — Sur quelques questions de sensibilité cutanée. — Compte rendu d'une série d'expériences se rapportant à la localisation des sensations tactiles. Leur objet propre est de déterminer quelle est l'influence exercée par les représentations visuelles sur cette localisation. Elles ont été faites par la méthode tactile de Weber 'cf. Ann. biol., II, p. 665). Trois séries d'expériences ont été faites : 1° Le sujet étant assis, les yeux fermés, le bras appuyé sur une table, on touche avec une pointe fine de charbon un point de l'un de ses avant-bras : il doit, sans rou- vrir les yeux, toucher avec une pointe semblable qu'il tient de l'autre main, le point où il croit avoir été touché: il est invité à reporter pendant toute l'expérience son attention sur la sensation tactile, et à s'efforcer d'écar- ter de son esprit les représentations visuelles de son avant-bras. On note alors l'étendue et la direction de l'erreur. 2° Même dispositif, mais le sujet doit s'efforcer de se représenter avec autant de clarté que possible la région de son avant-bras où il a été touché. 3 Même expérience, à cette diffé- rence près que le sujet doit conserver les yeux ouverts pendant qu'on touche son avant-bras avec la pointe de charbon, et regarder attentivement l'en- droit touché: c'est alors seulement qu'il ferme les yeux. Les résultats obtenus montrent que la localisation est plus précise dans la troisième série d'expé- riences que dans la seconde, et chez un des sujets beaucoup plus précise l'année BIOI.OGIQl E, III. 1897. 44 090 L'ANNÉE BIOLOGIQUE. dans la seconde que dans la première. Ils montrent donc le rôle très impor- tant joué par les images visuelles dans les localisations tactiles. Si les deux premières séries donnent des erreurs moyennes de même étendue pour quatre des sujets, cela tient à l'incapacité où ils se sont trouvés d'écarter de leur esprit la représentation visuelle de l'avant-bras. Dans la partie supérieure de la région explorée (s'étendant d'un point situé à 9 centimètres au-dessous du coude jusqu'aux plis de la peau à la base de la main) les erreurs dans le sens longitudinal l'emportent en étendue sur celles dans le sens transversal, vers le bas de cette région la proportion tend à se renver- ser; l'erreur moyenne décroît du reste à mesure qu'on s'approche du poi- gnet. Le changement de direction de l'erreur semble être en relation avec la direction différente dans les deux régions des points de repère cutanés, saillies ou dépressions, qui nous servent à localiser les sensations tactiles mais surtout à les localiser visuellement. L'erreur commise dans le sens longitudinal tend à rapprocher du poignet le point à localiser; P. explique ce fait par une surestimation de l'étendue des mouvements d'extension du bras comparée à celle des mouvements de flexion. P. a aussi repris en collaboration avec Titchener les expériences où le sujet doit localiser le point impressionné sur une photographie de la région étudiée, qu'avait instituées V. Henri, il y a quelques années, et dont il avait publié les premiers résultats dans les Archives de physiologie (1893, p. 619-627). Les erreurs ont été beaucoup plus marquées que dans les cas précédents et leur accroissement d'étendue, cà mesure qu'on s'éloignait du poignet, beaucoup plus accusé. Cette majoration des erreurs est due d'après P. à l'absence, en ce type d'expérience, de la correction apportée aux fausses localisations par la perception du signe local tactile dans la recherche faite avec la pointe pour retrouver le point impressionné; si l'erreur est moin- dre vers le poignet, c'est que les plis de la peau y fournissent des points de repère meilleurs. Le rôle des images visuelles dans la localisation est ici bien plus considérable. P. estime que cette méthode est inférieure à celle de Weber. — L. Marillier. 162. Parrish (C. S.). — Localisation d'impression cutanée résultant du mou- vement du bras non accompagné de pression sur la peau. — Cet article con- tient les résultats d'une série d'expériences entreprises par l'auteur pour contrôler et compléter les recherches faites par B. Pillsbury (Some questions of the cutaneous sensibility. Americ. journ. of. Psych., VII) et par MUe Mar- garet Washburn (Ueber den Einfluss von Gesichtsassociationen au f die Raum wahrnemungen der Haut. Philos. Studien, VI, 2) sur les sensations tactiles. L'objet des expériences de Parrish était double; il voulait : 1° déterminer avec autant de précision que possible le degré d'exactitude de la localisation des sensations cutanées opérée par le seul mouvement du bras sans qu'aucune pression soit exercée sur la peau, 2° rechercher quelle était à ce point de vue l'influence de l'image visuelle que P. et W. ont signalée comme constituant un important facteur de nos jugements spatiaux cutanés. La méthode em- ployée est très analogue à celle dont s'est servi Pillsbury (méth. de Weber, V. Ann. biol., II, p. 665 et Année psychologique, t. IV, p. 528 et seq.); mais elle en diffère en un point important : une impression étant faite sur la peau du bras, le sujet devait indiquer aussi exactement que possible le point où il avait été touché à l'aide d'une pointe qu'il tenait dans l'autre main, mais sans la porter au contact du bras impressionné. Pillsbury au con- traire laissait le sujet toucher avec la pointe la peau du bras, et recher- cher même de cette façon le point impressionné jusqu'à ce qu'il crût l'avoir XIX. — FONCTIONS MENTALES. 691 trouvé. Voici le dispositif des expériences : l'un des bras du sujet repose sur la table, la face interne de l'avant-bras tournée en haut; l'autre main pend librement ou est posée sur le genou. L'expérimentateur touche un point de l'avant-bras : le sujet doit, les yeux fermés, l'indiquer avec la pointe qu'il tient de son autre main, mais il doit l'indiquer sans le toucher, c'est-à-dire qu'il doit placer la pointe au-dessus de l'endroit précis qu'il estime avoir été touché. Quatre séries d'expériences ont été faites sur quatre sujets : dans la première (série normale), le sujet devait localiser le point aussi exacte- ment que possible, de la façon qui lui était la plus naturelle, et n'était point invité à porter plus spécialement son attention sur une catégorie particu- lière d'images ; dans la seconde, il devait s'efforcer de se faire une image vi- suelle aussi nette que possible de son bras et de localiser le point au moyen de cette représentation; dans la troisième, il devait écarter de son esprit l'i- mage visuelle et reporter toute son attention sur les sensations tactilo-motrices ; dans la quatrième enfin, il regardait l'avant-bras pendant que l'expérimenta- teur le touchait, puis fermait les yeux, et procédait, comme dans le pre- mier cas, à la localisation du point impressionné. Chez tous les sujets la localisation est d'autant plus exacte que le rôle joué par les images visuelles est plus important; elle est donc meilleure dans la der- nière série que dans la seconde, meilleure dans la seconde que dans la pre- mière; la troisième série fournit les erreurs les plus étendues. Parrish a constaté que les erreurs les plus considérables se font dans le sens longi- tudinal et qu'elles tendent le plus souvent à rapprocher du poignet le point impressionné. Pillsbury avait observé le même fait. L'explication qu'ils en donnent tous deux, c'est qu'il y a surestimation des mouvements de flexion du bras et sous- estimation des mouvements d'extension. — Les erreurs de localisation sont beaucoup plus grandes lorsqu'on emploie cette méthode que lorsqu'on a re- cours à la méthode tactile où le sujet peut lui-même toucher le point qu'il suppose avoir été touché par l'expérimentateur. Les écarts entre les résultats des diverses séries sont d'autant plus grands que les sujets d'une part ont des images visuelles plus fortes et d'autre part qu'ils arrivent à en faire plus complètement abstraction. Dans les mouvements qui ne sont pas simultanés, pour des distances estimées égales, le bras droit tend à effectuer des mou- vements de flexion plus étendus que le bras gauche. [V. Henri, Année Psych., IV, p. 531, fait à Parrish cette critique d'avoir limité ses expériences à une seule région de la peau; telles qu'elles sont, elles semblent cependant mettre clairement en lumière le rôle essentiel des images visuelles dans la locali- sation des sensations cutanées]. — L. Marillier. 1. Alrutz (S.). — Sur les sensations thermiques. — Après un bref histo- rique des recherches faites sur les sensations thermiques par Magnus Blix (Upsala Làkarefôrenings Forhandlingar, 1883, Zeitschrift fur Biologie, XX, p. 140, 1884), recherches dont les résultats ont été confirmés par Doxaldson ( On the temperature-sense, Mind, juillet 1885), Goldscheider ( « Neue Thatsachen uber die Haulsinnesnerven », Du Bois-Reymond's, Arch.f. Physiologie, 1885, supplément), Eulenburg (Zur Methodik d. Sensibilitàtsprufungen , etc., Zeit- schrif fur klin. Medic., 1885, p. 174) et plusieurs autres, et très vivement at- taqués par Dessoir ( « Ueber den Hautsinn », Du Bois-Reymond's, Arch. f. Physiol., 1892), etKiEsov( « Untersuchungen uber Témperatur empfindungen », Philosoph. Stud., 1895), A. expose les conclusions auxquelles l'ont conduit les expériences qu'il a lui-même instituées. En se servant d'excitations thermi- ques appropriées, il a vérifié les faits constatés par Blix : il considère comme 692 L'ANNEE BIOLOGIQUE. réelle sa découverte de points de la peau sensibles seulement au chaud et d'autres points sensibles au froid, séparés les uns des autres par des intervalles cutanés insensibles aux excitations thermiques. Il attribue à la négligence des deux règles posées par Blix lui-même (1° ne pas employer d'excitations trop fortes qui impressionnent en même temps que le point de la peau que Ton étudie, les régions voisines ; 2° se servir de tiges métalliques très minces, sans quoi on est exposé à toucher à la fois un point sensible à la chaleur et un point de froid) les résultats obtenus par Kiesov et par Dessoir, résultats sur lesquels ils se sont fondés pour critiquer la légitimité des conclusions de Blix. Les points thermiques diffèrent les uns des autres par leur sensibilité ; non seulement la valeur du seuil n'est pas la même pour tous, mais des pointes de métal à la même température donnent, suivant le point impres- sionné, des sensations d'intensité très inégale. A. a vérifié l'observation, faite par Goldscheider, Donaldson et Kiesov, que l'excitation mécanique des points thermiques détermine l'apparition de sen- sations de chaud ou de froid. L'excitation électrique par les courants induits a des résultats analogues. La sensation habituelle de picotement disparaît pour faire place à une sensa- tion thermique pure, sensation de froid ou de chaud, selon le point touché; la sensation de froid est la plus facilement éveillée. On peut de même pro- duire une sensation de martelage en plaçant l'électrode sur un point sensible à la pression, une impression fortement douloureuse en le plaçant sur un point sensible à la douleur. Avec les courants continus, il faut qu'ils atteignent une intensité assez grande pour que des effets électrolytiques soient produits dans la peau, pour qu'une sensation thermique soit perçue, et encore est-elle accompagnée de douleurs si vives qu'elle n'est pas aisément reconnaissable. A. a constaté que, comme v. Frey l'avait déjà signalé {Beitràge z. Sinnes- physiologie d. Haut. Berichte d. math. phys. Klasse d. K. Sachs. Gesellseh. d. Wissensch. zu Leipzig, III, Mittheil., p. 172), l'excitation d'un point de froid avec une pointe métallique chaude donne une sensation de froid. Plus la température de la pointe s'élève, plus la sensation de froid devient intense. En concentrant avec une petite lentille des rayons solaires sur un point de froid, on obtient le même résultat. A. n'a pas réussi à déterminer de sensations paradoxales de chaleur en exci- tant avec des pointes métalliques froides les points sensibles au chaud. Les excitants chimiques (acides et alcalis), portés aux points appropriés, déterminent aussi l'apparition des sensations spécifiques. Les points thermiques de la peau sont relativement peu sensibles à la pression et moins sensibles encore, dans la plupart des cas, à la douleur. Les résultats obtenus viennent donc fournir une preuve de plus de la gé- néralité de la loi de l'énergie spécifique des nerfs. — L. Marillier. 87. Goblot (E.). — La vision droite. — (Analysé avec le suivant.) 105. Hyslop (J. H.). — La vision droite. — (Id.) 208, 201». Stratton (G. M.). — La vision sans renversement de V image réti- nienne. — La vision droite et F image rétinienne. — Les expériences de Strat- ton dont il a été rendu compte dans le t. II de Y Année biologique (p. 677-78) ont donné un regain de nouveauté aux discussions dès longtemps enga- gées autour de cette question de la vision droite, objet classique des contro- verses entre les psychologues et les physiologistes des diverses écoles. Goblot XIX. — FONCTIONS MENTALES. (393 s'est donné pour tâche d'établir par une critique méthodique des théories rivales le bien fondé de l'interprétation que Berkeley, Jean Mûller, Volk- mann et Helmholtz lui-même ont formulée du phénomène de la vision droite. Il répartit en deux groupes les théories qu'il entreprend de réfuter : elles ont toutes un trait commun, c'est qu'elles admettent qu'un redressement de l'image rétinienne intervient nécessairement pour nous permettre de voir les objets dans leur position et leur orientation véritables, telles que nous les révèle le toucher. Mais elles diffèrent en ceci que celles du premier groupe placent le redressement de l'image avant la perception même ; de sorte que les objets sont, dès le commencement, perçus dans la position droite, tandis que celles du premier groupe supposent que la perception vi- suelle est d'abord renversée comme l'image , puis redressée par une opéra- tion psychologique. Les théories du premier groupe sont au nombre de deux : la théorie de la projection et celle des mouvements de l'œil. La théorie de la projection, qui remonte à Kepler, a été adoptée par Rouget, par Mathias Duval, par Beaunis, comme autrefois par R. Smith, Porterfield, Brewster et Laxdois : elle consiste à dire qu'en raison même de la structure de la rétine, grâce à un mécanisme physiologique particulier ou par un acte psychique spécial, tous les points de l'image sont extériorisés dans la direction que les rayons lumineux ont dû suivre pour venir impressionner telle ou telle partie de la membrane sensible. Et l'argument sur lequel on insiste le plus, c'est que les images entoptiques, qui ne sont pas renversées, sont projetées, elles aussi, dans une direction normale à la surface de la rétine et sont en con- séquence perçues renversées. Mais cet argument est sans valeur : l'inter- prétation qui vaudra pour les perceptions visuelles normales vaudra aussi pour les images entoptiques, dont les lois de formation sont exactement symétriques de celles des images normales et en droite corrélation avec elles; nous les jugeons et interprétons par analogie. Pour G. le grand défaut de la théorie de la projection, c'est d'être en réalité une pure tautologie. « Le rayon visuel n'a pas de réalité physique: le rayon lumineux est bien un phénomène physique, mais le rayon visuel est un phénomène psychique, c'est un rayon qui ne se réfléchit ni ne se réfracte, c'est la direction dans laquelle nous voyons. Dire que le redressement des images est produit par la marche en sens inverse des rayons lumineux et des rayons visuels, c'est répondre à la question par la question, c'est expliquer la direction dans laquelle nous voyons par la direction dans laquelle nous voyons, c'est dire que l'image est redressée parce qu'elle est redressée. » La théorie des mouvements de l'œil dont on attribue d'ordinaire à Lamé la première expression, ne semble pas à G. plus acceptable. D'après cette théorie en effet, nous n'arrivons à connaître les situations des objets qu'en les parcourant de l'œil : il ne s'agit pas d'une correction des sensations vi- suelles par le toucher ou le sens musculaire, mais de l'acquisition même de la notion de la position des objets. Dès lors le renversement des images réti- niennes est nécessaire à la vision droite. Les mouvements du globe oculaire sont des mouvements de rotation : lever les yeux, c'est les faire tourner autour d'un axe transversal, en sorte que le fond de l'œil s'abaisse quand la cornée s'élève. Pour que l'image d'un point plus élevé vienne se faire sur la tache jaune, il faut qu'elle s'abaisse. « Si l'image n'était pas renversée, il faudrait lever les yeux pour voir en bas, les diriger à gauche pour voir à droite et réciproquement. » Mais s'il est vrai que nous ne voyons distincte- ment à la fois qu'une petite partie d'un objet, il est certain que l'œil immo- bile perçoit avec une certaine netteté relative une étendue assez considérable 694 L'ANNÉE BIOLOGIQUE. dans laquelle ces objets sont distribués : il y a, en un mot, un champ visuel dont les divers points occupent à un instant donné une situation déterminée et connue par rapport les uns aux autres. D'ailleurs ces deux théories impliquent en commun que le renversement des images rétiniennes est nécessaire à la vision droite. Or, d'après Goblot, les expériences dont G. M. Stratton a publié les résultats en 1896 (The Psycho- logical Review, t. III, p. 611-617) établissent que même avec des images « droites » nous percevons des objets « droits », lorsque s'est établie une asso- ciation ferme entre les signes locaux tactiles et ces nouveaux signes locaux visuels. Goblot n'admet donc pas qu'il existe un redressement de l'image antérieur à la perception, mais les théories qui, comme celle de Le Cat, assi- gnent comme cause à la vision droite une correction d'abord consciente, puis, en raison de l'habitude, instinctive , de la perception visuelle par les sensa- tions tactiles, ne lui paraissent pas plus satisfaisantes. La grosse difficulté en effet, c'est que les aveugles-nés opérés de la cataracte voient les objets droits comme nous les voyons nous-mêmes. [On a invoqué ici l'action de l'hérédité, mais comment se fait-il alors que la perception du relief et de la distance ne soit point, elle aussi héréditaire, et qu'il faille pour l'acquérir un long exercice?] D'ailleurs si l'éducation d'un sens peut nous permettre d'associer si étroitement un signe à la sensation qu'il signifie, qu'elle nous apparaisse immédiatement lorqu'il nous est donné et que, par exemple, nous inférions immédiatement de la perspective, du clair-obscur, de l'imparfaite coïncidence des deux images rétiniennes le relief d'un objet, elle ne saurait nous amener à percevoir le contraire de ce qui nous est donné. Quelle issue demeure donc ouverte, sinon de conclure, comme Berkeley et comme Volkmann, qu'il n'y a de redressement des images ni avant ni après la perception? Rien n'est droit ni renversé dans le champ visuel pris tout en- tier et tout seul. Les situations relatives de tous les objets sont conservées dans l'image rétinienne et cela seul est important pour nous. L'image rétinienne est renversée par rapport à l'objet, elle ne l'est pas pour nous qui ne la perce- vons pas à part de l'objet. Si dans ses expériences Stratton était d'abord dérouté par l'aspect sous lequel lui apparaissaient les objets, c'est en raison du contraste que formait cet aspect avec ses perceptions antérieures des mêmes objets, perceptions harmonisées dès longtemps avec ses sensations tactiles. Il n'y a aucune analogie naturelle entre les perceptions visuelles et les per- ceptions tactiles. Seules des associations habituelles peuvent nous permettre de passer des unes aux autres. L'aveugle-né qui vient d'être opéré de la cata- racte ne reconnaît pas par la vue les objets qui lui sont tactilement le plus familiers. L'éducation des yeux n'a donc pas pour effet de redresser les images rétiniennes, mais de leur donner un sens en associant les perceptions visuelles des directions et situations relatives aux perceptions tactiles des mêmes directions et situations relatives. « Un point qui pour le toucher est en haut, c'est-à-dire qui est touché dans la direction où nous touchons notre tête, dans la direction selon laquelle nous résistons à la pesanteur, sera reconnu être le même que nous voyons dans le voisinage de notre tète ou de celle des autres, dans le voisinage du ciel, de la cime des arbres ou du faîte des maisons, dans la direction opposée à celle où nous voyons tomber les corps. Et peu nous importe pour cela que l'image de ce point se peigne sur la partie inférieure de la rétine, puisque aussi bien nous n'en savons rien. » James H. Hyslop ne se rangerait pas aux conclusions de Goblot; il a attaqué en effet et avec une extrême vivacité celles que Stratton avait cru devoir tirer de ses expériences publiées en 1896, et que corroborent encore à ses yeux les résultats de celles qu'il a faites depuis lors. Dans la note pré- XIX. — FONCTIONS MENTALES. 695 liminaire qu'il a publiée sur cette question dans le numéro de janvier de la Psyehological Review et dans l'article plus développé qu'il a fait paraître dans le numéro de mars, il s'efforce de montrer en effet que non seulement Str. n'a pas réussi à établir expérimentalement le bien fondé de la thèse qu'il défend, mais encore qu'il n'a pas clairement compris comment le problème devait se poser. Il ne s'agissait pas en effet, d'après lui, de rechercher comment, dans les conditions où s'était placé Str., se fait la réadaptation des perceptions visuelles et des sensations tactiles et musculaires ni quelle action exercent, sur notre sentiment de la direction et de la position des objets que nous percevons visuellement, les souvenirs visuels. La relation de l'image rétinienne et de l'objet apparent demeurent invariables : elles sont les mêmes dans le cas artificiel qu'il a réalisé que dans les cas normaux; tout ce qu'il a donc réussi à établir, c'est que l'inversion de l'image n'est pas nécessaire pour que se fasse une adaptation des sensations visuelles et des sensations tactiles et musculaires, et que les nouveaux jugements de direction, qui doi- vent guider les mouvements, se formulent. La question de la vision droite n'a pas été réellement traitée par lui. La double erreur qui a vicié la position du problème;, d'après Hyslop, c'est d'une part qu'on a considéré comme une relation anormale les rapports inverses de l'image et de l'objet, tout simplement parce que l'on mesure toutes les sensations à la mesure fournie par le toucher et que l'impression tactile et l'excitant mécanique sont symé- triques, d'autre part que l'on rapporte la notion de droit et de renversé à la direction de la pesanteur. Il faut écarter de notre esprit ces façons de penser, et il apparaîtra clairement dès lors que le problème à résoudre c'est de montrer comment, abstraction faite de toute notion de verticalité et de toute relation entre le monde tactile et le monde visuel, notre représentation d'un objet n'est pas troublée par le fait de la relation inverse qui existe entre cet objet et son image rétinienne. L'adaptation des « tacta » aux « visa » est œuvre de l'expérience, mais non le processus visuel lui-même. Il ne faut pas faire intervenir le tact dans la correction de l'inversion : la vue seule pour- rait ici corriger la vue. Mais en fait, les objets n'apparaissent jamais ren- versés, il n'y a pas ici d'illusion corrigée, et si la physique ne nous l'avait appris, nous ignorerions parfaitement l'inversion de l'image rétinienne. Il semble donc que la vision droite soit innée et que le renversement de l'image en soit une condition. Comment expliquer ce fait? La théorie des mouve- ments de l'œil ne semble point satisfaisante à H. parce que nous ne connais- sons vraiment la direction des mouvements oculaires que par des change- ments dans le champ visuel et non pas par des sensations musculaires. Il s'élève contre la forme habituelle donnée à la théorie de la projection et qui semble impliquer une distinction entre les objets en tant que connus dans l'espace et les impressions, que nous n'avons aucun droit de statuer. Et cette façon de voir est encore moins acceptable lorsqu'on fait intervenir une activité centrale, psychique ou cérébrale, qui opère cette sorte de redresse- ment dans l'espace de l'image rétinienne. D'après H., il ne faut pas consi- dérer l'espace comme un datum indépendant dans lequel sont projetées les impressions sensorielles et il ne faut pas davantage dire que les impressions rétiniennes sont extériorisées selon la direction du rayon lumineux. La percep- tion de l'espace est enveloppée dans la sensation visuelle totale et l'impres- sion visuelle est reportée selon une ligne normale à la surface de la rétine. Cette ligne coïncide en fait avec le ravon lumineux, mais elle est distincte et indépendante de lui. Dans le cas des phosphènes ou de l'expérience de Purkinje la loi se vérifie comme dans le cas de la vision normale. Cette loi de l'extériorisation des impressions suivant la normale s'applique aux 696 L'ANNEE BIOLOGIQUE. autres sens, au toucher tout d'abord; et elle doit nécessairement, étant données les lois de la réfraction, produire la perception droite de l'image invertie. La vision droite est ainsi une fonction naturelle et native de l'œil. Stratton n'aurait garde de s'élever contre cette dernière conclusion : pour lui aussi, il n'y a pas redressement de l'image, mais c'est parce qu'à son jugement comme à celui de M. Goblot, les mots de droit et de renversé ne prennent un sens que pour exprimer les relations qui unissent les per- ceptions visuelles aux perceptions tactiles. Lui aussi constate et proclame que le problème qu'il s'est attaché à résoudre n'est pas celui que pose llyslop, mais il considère ce dernier problème comme factice et illusoire. L'image rétinienne en tant que nous la connaissons est partie de notre expé- rience visuelle, et les relations qu'elle soutient avec les autres parties de notre monde visuel sont affaire d'optique et de morphologie animale et non de psychologie, la position que notre connaissance de l'optique nous fait assigner à l'image visuelle ne signifie point que notre expérience visuelle prise dans sa totalité soutienne avec quelque chose d'extérieur à elle un rapport d'inversion, comme H. paraît le penser. Ce rapport n'est en aucun sens un rapport entre deux termes hétérogènes, dont l'un consiste en un système d'expériences visuelles et dont l'autre constitue une contre-partie invertie de ces expériences et d'autre nature. Puisque notre seul moyen de comparer l'image rétinienne à nos perceptions visuelles , c'est de se la re- présenter en relation avec la position qu'elles occupent et comme partie du système plus étendu qu'elles constituent, cette relation qu'elle soutient avec elles ne nous donne aucune indication sur la relation de tout le système des perceptions visuelles ou du processus visuel en tant que tel avec quelque chose de distinct de lui. Nous n'avons aucune raison d'admettre que les objets vus soient projetés dans l'espace en une direction ou un ordre diffé- rents de ceux où ils nous sont donnés immédiatement dans l'impression rétinienne. L'interrelation des objets et non leur position absolue est la seule chose que nous puissions connaître, la seule aussi que nous ayons intérêt à connaître, et il en est à cet égard du toucher comme de la vue. Or notre vision nous donne les objets unis par les mêmes interrelations qui unissent leurs images sur la rétine. Les choses nous apparaissent dans les mêmes rapports avec notre corps où sont leurs images avec l'image de notre corps sur la rétine. Ultérieurement la réflexion nous fait ajouter à notre monde visuel des objets qui ne nous sont pas donnés dans la vision et parmi eux un petit objet qui ne figure pas parmi ceux qui se peignent sur la rétine, à savoir l'image rétinienne elle-même. Mais « le fait que je me représente parmi les objets de ma vision une image retournée de quelques-uns d'entre eux ne prouve pas mieux que ne le ferait la présence d'une chaise renversée parmi mes objets visuels la réalité d'une transposition ou d'un renversement dans le processus visuel lui-même ». La vision en elle-même et considérée comme un tout n'est ni droite ni retournée. Des objets visuels peuvent être consi- dérés comme droits ou retournés par rapport les uns aux autres, mais ce sont là des expressions vides de sens, si on les applique au système tout entier constitué par la totalité des objets visuels. Aussi il n'existe pas de problème purement visuel de la vision étroite, et puisque les expériences visuelles ne peuvent être comparées ni aux choses elles-mêmes, ni par conséquent à l'image rétinienne pure en elle-même, la vision droite ne peut signifier autre chose que la vision d'objets que nous jugeons droits par rapports à des perceptions non visuelles prises comme critère de la direction. Elle n'est donc en der- nière analyse que la mise en harmonie des données visuelles avec les sen- sations tactiles et motrices, et l'unique problème qu'elle soulève, c'est celui XIX. — FONCTIONS MENTALES. 697 de la détermination des conditions requises pour que cette concordance s'établisse. Or les théories en vogue, celle de la projection par exemple, semblent faire reposer cet accord sur un renversement de l'image rétinienne renversée; elles rendent donc nécessaire à l'harmonie de nos perceptions l'inversion de l'image, puisque si cette image était droite, elle apparaîtrait renversée et par là en désaccord permanent avec nos expériences motrices et tactiles. Or les expériences de Stratton établissent précisément, d'après lui, qu'au bout de quelque temps l'accord des perceptions s'établit en ces conditions anormales et artificielles comme dans les conditions naturelles. Ces expériences, il les a poursuivies en la seconde série pendant un temps beaucoup plus long que pendant la première : 87 heures au lieu de 21 (nous ne parlons ici que du nombre d'heures pendant lesquelles les lunettes qui déterminaient le redressement de l'image rétinienne ont été effectivement placées devant ses yeux, déduction faite des heures de nuit pendant les- quelles il avait les yeux bandés). Au lieu de rester enfermé dans sa maison, comme lors de ses expériences antérieures, il s'est promené dans son jardin, y est resté assis de longues heures, il a même à plusieurs reprises fait des promenades dans les rues de la ville. S. donne un procès-verbal détaillé, jour par jour, de tout ce qu'il a éprouvé durant la période où il s'est astreint au port de ces lunettes : le dispositif expérimental, à quelques légères va- riations près, a été le même que celui qu'il avait précédemment adopté. Il s'est spécialement attaché à élucider certaines questions particulières, la manière par exemple dont on réussit à localiser les sons, la façon dont se fait la reconnaissance de la droite et de la gauche dans ces nouvelles et anor- males conditions, la distinction entre les processus psychiques qui apparais- sent spontanément et ceux qui nécessitent l'intervention de la réflexion et de la volonté, etc. Il semble que le sentiment de « renversement » résulte es- sentiellement du contraste existant entre les sensations et les souvenirs visuels qui soutiennent avec les sensations et les images tactiles et muscu- laires des rapports inverses, et par conséquent du contraste entre les parties vues et les parties imaginées, à un même moment de l'ensemble de nos « visa » : parmi les parties imaginées, celles qui jouent le rôle essentiel, ce sont les régions de notre corps qui ne tombent pas à ce moment sous nos regards. Souvent les deux représentations du corps pré- et post-expérimen- tales, au début tout au moins de l'expérience, ont coexisté et se sont trouvées en lutte l'une contre l'autre. A mesure que l'expérience se poursuivait, le sentiment de désarroi , de gêne , de malaise , qui en avait marqué les pre- mières phases s'affaiblissait , parce que la réadaptation s'opérait des sensa- tions tactiles et musculaires et des sensations visuelles. La localisation des sons se fit d'après les anciennes représentations visuelles dans la plupart des cas jusqu'au sixième jour. Les images conformes aux nouvelles perceptions devinrent graduellement plus nombreuses, et le cinquième jour, les yeux bandés, S. pouvait se faire une représentation de ce qui l'entourait qui re- produisait assez fidèlement ses récentes expériences, mais il avait à cet égard de très notables oscillations d'un jour à l'autre. Le mouvement dont les objets semblaient d'abord animés, lorsque la tête se déplaçait ou les yeux, se ralentis- sait et disparaissait peu à peu, et les diverses actions qui nécessitent l'emploi des mains s'accomplissaient plus aisément et plus exactement sous le contrôle des nouvelles impressions visuelles : la réadaptation s'est faite plus aisément pour les membres inférieurs que pour les membres supérieurs. La correc- tion des erreurs de direction était presque faite au septième jour, mais l'é- tendue des mouvements était encore mal calculée et souvent l'objet à atteindre n'était, pour cette raison, pas touché. Lorsque à la fin réapparais- L'ANNEE BIOLOGIQUE. - :it les iir. _ - nielles pré-expérimentales, c'étaient celles seulement du corps qui avaiei ssez de netteté pour remporter sur les images rivales d'ori- tell - ri [ue S. avait l'impression de regarder la scène qui l'entourait la tète en ba<. Lorsque les lunettes enlevées, le huitième r, S. r _ la autour de lui. il fut pris du même sentiment de vertige et de - |u'au début de l'expérience et les objets lui parurent se déplacer de la même manière. Il fallut un certain temps pour que la réadaptation se fit en ce qui concernait la distinction de la droite et de la gancfa Le résuit I - -lierai, c'est qu'il y a substitution d'un système de perceptions risnelles un autre système bien plutôt que correction du premier. Il y avait un désaccord persistant entre les directions visuelles que donnaient lf s sensations rétiniennes et les dir ~ os isnell< - que suggéraient les sensa- - ■ tUes. Dans l"expérie:\ sensible une fois organi- . en effet, une perception dans un dom; sensoriel déterminé, non seulement a un signe local ». qui lui est propre, mais suggère aussi dans d'autres domaines sensoriels des images dont les signes I a :x sont étroitement associés au sien propre. Chaque signe I visuel a ainsi son corrélatif musculo-tactile qui lui est intimement associé : cette corrélation ne résulte d'aucune identité ou similitude entre eux au point de vue qualitatif ou spatial . mais simplement de ce qu'ils signifient la même chose. Jusqu'au moment où l'association d'un nouveau si^ne local visuel à l'ancien si^ne local tactile >e sera faite, et aura triomphé de l'ancienne ss :iation. il y aura confusion dans nos perceptions et en conséquence un sentiment de renversement et de désharmonie : le travail à opérer pour l'esprit, c'est donc une nouvelle traduction visuelle du vieux langage tactile. Deux points à noter : c'est que la réharmonisaUon des données tactiles et Hess faisait beaucoup aisément lorsque les membres étaient en mou- vement, et que la persistance des localisations latérales pré-expérimentales du corps propre tient vraisemblablement à la persistance prolongée de la localisation des sons d'après les anciennes perceptions visuelle- Il est à peine besoin d- signaler la valeur et l'importance de ce groupe de travaux, qui comptent parmi les plus utiles qui aient paru depuis quelques années dans le I ..aine psyché _. ne. En dépit - i-ritiques habilement itées de Hys . il --^mble que la thèse - :>utenue par Stratton et Dlot ait maintenant eau- s gnée. — L. Marillier. 31. Bourdon B. . — Ex] laper nvùtuelle de la profondeur. — Le- expériences de B. portent ss< ..tiellement sur les deux questions sui- vantes : le rôle de la vision monoculaire et celui de la convergence des deux yeux dans la perception de la profondeur. Il a subsidiairement cherché à déterminer la limite de la profondeur perceptible et examiné les causes qui imposent à cette limite, que notre perception donne à l'espace, la forme sphérique. Le- expériences sur la vision monoculaire ont été faites dans un couloir des caves de la Faculté de- - iences de Rennes, lon^ de plus de :nètre> et large de 1 m. 20. Les objets lumineux choisis étaient d^ux petites lanternes, munies de diaphragmes quadrangulaires. L'obscurité était complète dans le couloir : l'intensité lumineuse des lanternes était ass faible pour ne rendre visible aucun des objets qui les entouraient: elles apparaissaient comme des points lumineux sa:.- r yonnement. Elles étaient pla s sm :pport> qui permettaient de les disposer exactement à la hauteur d eux de l'observateur. Le- observations ont été fai* - e os au- cun mouvement de la tète, les mouvements de l'œil étaient permis, 1 qui ne pas aux observations était bandé. Les expériences ont porté XIX. — FONCTIONS MENTALES. sur 5 personnes : elles ont consisté principalement à faire déterminer la- quelle des deux lanternes, situées Tune à 1 mètre aviron et l'autre à une vingtaine de mètres plu- loin, était la plus rapprochée. E es conditi. nulle distinction assurée n'est faite entre les deux distances: à des lon- gueurs de 30 mètres e: d< - sont confondues l'une avec l'a I et ce n'est qu'entre des objets dont le plus rapprocha est -itué à 0,50 environ que la différence des distan. - st perçue, en raison de la netteté plus grande de la sensation qu'il fournit. B croit pouvoir en conclure que la visa n mono- culaire ne nous donne par elle-même aucune » is tion de profondeur et il trouve dans un certain nombre de faits d'expérience journalière erreurs commises lorsqu'on veut placer deux lames de ri ..uelqv. nti- mètres l'une au-c ssus de l'autre dans un plan perpendiculaire au plan médian de la tête, grande maladresse que montrent les onvri re borgnes quand par un temps gris où font : t les Gfets - lumie: ils veulent dresser une route ou la terre d'un jardin, position du soleil qui nous apparaît tout proche, lorsque nous le regardons ajrec un seul œil à tra- un verre noirci, et Ces i sultats infirment la théorie de K 3C n Dit Parallaxe des indirecten Sehens. PI .. Si * -X qui sourient que la sion monoculaire peut nous renseigner ssez ex "ment sur la profondeur en raison de notre perception de l'ir. _:uence entre l'ai - visuel I .'angle de rotation de l'œil. Ils ne sont point en contradiction réelle en revanche avec les conclusions que l'on peut tîrei 1 - ex] ri< aces de Hulebran: l Vt 'hàltniss von Accommodation end K \z sur Tief Zeitsch. f. Psych. u. Phys. d. S t VII. p. 95-151 e: de Drxos On the i i of acco/n crgcnce to Miiid. 1895, p. 195-210 . Les distances auxquelles étaient placés les objets étaient au maximum d'un mètre : les expériences ont cousis^ :.nepa:' : faire reculer ou avancer l'objet lumineux avec une vïtess penne* l'accommodation de se faire pour tou:es ces positions, d'autre part à substituer rapidement au premier objet un autre objet situé plus loin ou plus près: dans le premier cas le sujet ne pouvait pe: suret si 1 :»jet s'éloignait ou se rapprochait, dans le second il percevait nettement une différence de profondeur; mais il semble que la pi ifondenr ai* été infi et jugée plutôt que sentie et que ce jugement résulte d'une impulsi .on- taire déterminant à l'avance une accommodation pour une certain-? nce qui fait, suivant qu'elle - bien »e ou oon, apparaitre l'objet ne* confus, et de plus en plus, de l'aisance et de la rapidité de I mmodati qui diffèrent pour des distances lifférentes et enfin g or les métropes différences de grandeur des images de difinsi a. La -ion monocu- laire de la profondeur au delà d'un mè*: a deux ne résulte pins [ne de la per>pective, de la répartition de l'om : et de la Iran etc. Quant à la vision bin . v.'.aire. elle pi Init la» sa1 a le pi fondeur raison d'une part de la convergence des axe- ires et atre part de fusion stéréoscopiqut les fa es ie forme di: te fou: s par les deux nés. Les expériences de B ont eu pour bu: s in de l'au*. ses deux facteurs et de déterminer la part qui revient cun d'eux. Elles ont consisté à détermine: | : sonverg . ■ tait le plus rapproché de d: points lumineux, à estimer par convergence la distance absolue d'un point lumineux et cà comparer deux profondeur- situées l'une derrière l'autre. :i quel en était le dispositif. 1 Le- deux ;. nts lumineux, obtenus par le même procédé que dans les expériences sur la vision monocoia taient placés dans deux couloirs perpendiculaires Ton sui L'antre s distances ignorées du su a'esl ce de- - list : nsi :vables 700 L'ANNEE BIOLOGIQUE. (6-25 m. par ex), que les sujets ont réussi à apprécier correctement lequel des deux points était le plus éloigné. 2° Le même dispositif a servi pour l'estimation de la distance absolue d'un point lumineux. Il résulte des chiffres obtenus que la convergence à elle seule ne nous permet que d'une manière très imparfaite l'appréciation des distances. 3° Dans la comparaison de deux profondeurs, situées l'une derrière l'autre, intervient déjà la fusion des images bi-rétiniennes, mais comme la première distance n'est connue que par convergence, là encore les résultats obtenus sont très imparfaits. Ces expériences sur la convergence ont mis Bourdon à même de constater que la perception des mouvements des yeux, de la position des yeux et de la direction du regard par rapport à la tête et au corps est très imparfaite. Aussi pense-t-il qu'il y a lieu de n'accepter qu'avec d'extrêmes réserves, ou même de rejeter complètement les théories qui attribuent à l'appareil musculaire de l'œil une grande sensibilité et veulent lui faire jouer un rôle prépondérant dans la formation de ces perceptions d'espace. B. conclut que la perception délicate de la profondeur n'est possible que par la vision birétinienne, et distinguant Tune de l'autre la profondeur birétinienne et la profondeur de convergence, il s'exprime ainsi : « Si l'on remarque que la première est beaucoup plus délicatement divisible que la seconde, que la convergence ne peut avoir lieu qu'à la condition qu'il y ait objet visible bien défini, que dans la nuit, lorsque tout objet visible limité manque, il n'y a pas de profondeur, on peut conclure que la profondeur irréductible est probablement la profondeur bi-rétinienne... et que par conséquent l'es- pace normal est, au sens le plus strict du mot, un phénomène visuel. Les mouvements des yeux, de la tête, du corps ne nous aident vraisemblablement à percevoir l'espace que de la même manière qu'ils nous aident à percevoir les couleurs, c'est-à-dire qu'ils ne produisent pas plus la sensation d'espace que celle de couleur. » [L'argumentation de B. est très intéressante, mais elle aboutit en définitive à statuer une sorte d'innéité de la perception vi- suelle de l'espace ou plus précisément du relief et de la distance. Or c'est ce que viennent réfuter et de plus en plus nettement les observations sur les aveugles-nés, récemment opérés de la cataracte. Il semble bien qu'il faille apprendre à interpréter les signes que nous fournit du relief et de la distance la vision stéréoscopique ou bi-rétinienne pour que la sensation de la profondeur devienne partie intégrante de nos perceptions visuelles]. Les deux dernières questions que B. s'est proposé de résoudre, ce sont celles de la limite et de la forme de l'espace perceptible : elles sont à ses yeux in- séparables. Il faut bien préciser qu'il n'entend pas parler ici de l'espace imaginé ou induit, grâce aux signes tirés des variations de l'intensité lumi- neuse, de la perspective aérienne, mais uniquement de la profondeur telle qu'elle est réellement perçue au moyen de la fusion des deux images réti- niennes. Pour calculer cette limite, il suffit de partir de ce principe que la comparaison rétinienne des images des deux yeux, pour la vision stéréo- scopique, se fait avec la même exactitude que l'appréciation des plus petites distances dans un seul et même œil. Si nous prenons alors comme angle minimum d'acuité monoculaire 1', et si d'autre part nous estimons en moyenne la distance des deux yeux à 0 m. 0G5, nous trouvons que la limite de la profondeur bi-rétinienne est d'environ 220 m. La forme et la grandeur de l'espace bi-rétinien se déduisent aisément de sa limite. Si nous n'avions devant nous que des objets très éloignés, il aurait la forme d'une sphère de 220 m. de rayon dont nous occuperions le centre. « Mais notre regard n'a devant lui dans la réalité des objets 1res éloignés que lorsque nous nous trouvons en plaine ou sur mer, et en outre le sol sous nos pieds ou vers XIX. — FONCTIONS MENTALES. 701 l'horizon nous présente des objets rapprochés ou de forme généralement connue. La forme sphérique ne peut donc se manifester que vers le zénith. Or là elle se produit en effet et donne l'illusion d'une voûte. La limite de l'espace s'accroît considérablement vers l'horizon où la profondeur induite s'ajoute à la profondeur perçue. Le résultat, c'est que le ciel au lieu de nous apparaître comme une voûte sphérique nous apparaît comme une voûte surbaissée. La grandeur de l'espace rétinien perceptible est en relation avec l'acuité visuelle, aussi toute diminution de l'acuité visuelle altère-t-elle la sensation de la profondeur et l'affaiblissement de l'éclairage peut-il en amener la presque complète disparition. L'acuité visuelle d'autre part diminue également bien vite lorsqu'on passe de la vision directe à la vision indirecte ; aussi lorsque le regard va de l'horizon vers le zénith le rayon de la voûte céleste subit-il très rapidement un raccourcissement. Les objets qui se trouvent sur le sol deviennent en effet mal discernables dès que le re- gard forme avec l'horizon un angle de quelques degrés. De là l'illusion, qui détermine l'agrandissement apparent du soleil et de la lune à l'horizon. Lorsque l'espace est dépourvu de points susceptibles de fixer le regard (le ciel nocturne sans étoiles, le ciel embrumé d'un brouillard uniforme), la sensation de profondeur s'atténue et disparaît presque et l'illusion de la voûte cesse de se produire. Elle disparaît aisément aussi pour la vision monoculaire. — L. Marillier. 30. Bourdon (B.). — La sensibilité musculaire des yeux. — B. a institué une série de recherches expérimentales destinées à déterminer le degré de sensibilité que possèdent les muscles oculaires.^ Les sujets ont été au nombre de deux, B. et l'un de ses élèves. Les expériences ont consisté a apprécier l'amplitude des mouvements des yeux, soit des mouvements de môme sens, soit des mouvements de convergence, par l'estimation soit de la position rela- tive de deux points lumineux, soit du déplacement d'un seul point. Elles ont été faites binoculairement. Elles avaient lieu dans l'obscurité, la tête était immobilisée, les deux points avaient la même intensité lumineuse appa- rente. Pour éviter l'action des images consécutives, l'expérimentateur fai- sait apparaître les deux points à deux ou trois secondes d'intervalle. Entre l'apparition du premier point et celle du second, le sujet devait imprimer à ses yeux quelques mouvements irréguliers, de sorte qu'au moment de percevoir le second les yeux ne se trouvassent pas dans la position où ils étaient quand le premier avait été perçu. L'attention devait se porter (comme il est du reste normal) sur les positions des points et non sur les sensations muscu- laires elles-mêmes. Les résultats de ces expériences ont permis de conclure : 1° que la sensibilité des muscles des yeux est notablement inférieure à celle de la rétine pour la perception de la position d'un point; 2° que la sensibilité des muscles oculaires est plus grande pour les mouvements de convergence que pour les mouvements de même sens. B. estime que ces recherches four- nissent des données qui sont défavorables à l'hypothèse d'après laquelle la sensibilité musculaire des yeux a une part prépondérante dans la genèse des sensations d'espace. Les mouvements des yeux jouent un rôle essentiel dans l'acquisition de ces sensations, mais seulement en nous permettant de va- rier nos sensations rétiniennes. B. va jusqu'à dire que si les muscles oculaires perdaient entièrement leur sensibilité, les perceptions visuelles, laperception même de la profondeur, n'en seraient pas altérées. [B. n'a peut-être pas établi aussi sûrement qu'il le croit le bien fondé de sa thèse. Des sensations « sub- conscientes » peuvent tenir dans une perception une place importante. Notre conscience n'est pas analytique et ne nous fait saisir que bien imparfaitement 702 L'ANNEE BIOLOGIQUE. les éléments qui entrent en composition dans nos synthèses sensorielles], L. Màrillier. 114. Hirschmann (A.). — La saturation des couleurs et les relations quan- titatives. — K. se propose essentiellement d'établir la légitimité et la nécessité d'introduire, à la suite de plusieurs psycho-physiologistes et physiciens, parmi lesquels Helmiioltz et Wundt, un troisième élément, à côté du ton et deïin- tensitë , dans l'appréciation des sensations lumineuses, ou, si l'on veut, une troisième variable ; cette variable , c'est la sa- turation. Il la définit « la force ou l'intensité avec laquelle est perçu un ton coloré donné, abstraction faite de son intensité lumineuse » ; on pourrait la définir plus brièvement , « l'in- tensité de coloration ». Il montre qu'entre chaque ton tel quïl est donné dans le spectre et la lumière incolore, il y a une série de termes de transition , qui ne diffèrent précisément entre eux que par la saturation et établit que toute figure par la- quelle on tente de représenter toutes les sen- sations possibles de couleur, doit être néces- sairement une figure à trois dimensions, comme la pyramide des couleurs de Lambert, la double pyramide et la sphère de Ruxge, le cône ou le double cône de Wundt. Il montre les imperfections de ces différen- tes représentations et en propose une nou- velle qui a la forme de deux cônes opposés par leurs bases (fig. 47). Dans ce double cône, le cercle qui sert de base commune doit être oblique à l'axe et faire avec lui un angle assez marqué ; sur ce cercle sont disposés les divers tons, de telle manière que les tons les plus lumineux, jaune et jaune-vert, se trouvent placés au point de cette figure (A) le plus rappro- ché de l'extrémité de l'axe qui correspond au maximum d'intensité lumi- neuse (oo), les tons les plus sombres au point opposé (Z). Le double cône ainsi modifié nous permet de représenter les trois variables des sensations lumineuses et leurs relations Tune avec l'autre. D'un apex à l'autre et pa- rallèlement à cette direction, nous avons tous les degrés possibles d'intensité lumineuse ; sur la circonférence de la base du cône sont disposés tous les tons colorés et de cette surface à l'axe, nous trouvons tous les degrés pos- sibles de saturation. Toute section plane passant par l'axe 0 oo , représente une surface qui contient toutes les intensités et tous les degrés de saturation pour une couleur donnée; toute section (AX, YZ, etc.) perpendiculaire à l'axe re- présente une surface qui contient les divers tons colorés à leurs diverses saturations, mais à intensité lumineuse égale. Les sections cylindriques enfin [p q r S) dont les axes coïncident avec celui du cône représentent des surfaces d'égale saturation, mais qui correspondent à des couleurs et ;ï des intensités lumineuses différentes. Dans cette ligure est exprimé le fait que le changement de couleur n'est qu'en de certaines limites, la saturation étant constante, indépendante de l'intensité; qu'on ne peut par exemple Fis. 47. XIX. — FONCTIONS MENTALES. 703 passer d'un jaune complètement saturé à un rouge d'égale saturation sans abaisser l'intensité. Le violet de même saturation que le jaune saturé est d'intensité lumineuse inférieure, et si un violet égale en intensité le jaune saturé , il est nécessairement d'une moins complète saturation. Les seules couleurs complémentaires qui aient leur maximum de saturation à des in- tensités égales sont situées aux extrémités de ce diamètre de la base qui est à angle droit avec l'axe : ce sont le bleu vert et le rouge. Dans le cône des couleurs se trouve aussi représenté le phénomène de Purkinje, i. e. l'interdépendance du ton et de l'intensité lumineuse. Toutes les couleurs, lorsque leur intensité lumineuse est très élevée, tendent vers l'orangé ou le jaune, tandis qu'un très grand abaissement de cette intensité les fait virer vers le bleu ou le violet bleu. Lorsque l'éclairage décroit, le bleu et le violet gardent le plus longtemps leur coloration spéciale ; lorsqu'il croît, c'est le jaune et l'orangé. Mais cette relation qui unit l'intensité lumi- neuse à la coloration n'explique pas toutes les nuances des sensations vi- suelles, et, comme on l'a théoriquement et expérimentalement établi, il faut faire intervenir la saturation. — K. cherche à le démontrer au moyen d'une expérience nouvelle. Elle consiste à construire une surface telle qu'elle présente dans toutes ses parties un même ton coloré et une même intensité lumineuse et ne donne cependant pas la même impression dans toute son étendue. La couleur est produite par la superposition d'ondes de longueurs différentes et sa saturation est d'autant plus complète que les différences de longueur entre les ondes superposées sont plus petites ; pour la diminuer, le moyen le plus simple est de mêler de lumière incolore la lumière réfléchie par un pigment coloré. On y parvient aisément au moyen de disques rotatifs et on peut les construire de telle sorte qu'ils nous fournissent, pour un même ton et une même intensité, tous les degrés de saturation (1). On constate que lorsqu'ils sont en mouvement les deux (1) Dans un cercle de la dimension du disque que l'on veut construire, on trace un grand nombre de cercles concentriques de rayon croissant à égale distance les uns des autres (fig. 48). On mène alors du centre, à des dis- tances angulaires égales, autant de rayons qu'il y a de cercles concentriques. Si on réunit par une courbe les points où chaque rayon ren- contre son cercle respectif et si on trace une courbe symétrique, on obtientune sorte de cœur parei 1 à celui qui est figuré en A. Les courbes ainsi déterminées divisent les cercles de telle sorte que la partie de chaque cercle qui demeure en dehors de la figure engendrée est toujours pro- portionnelle à la distance de ce cercle au cercle le plus interne. Les arcs compris dans le cœur A décroissent donc du centre à la périphérie en progression arithmétique, tandis que les arcs laissés en dehors d'elle croissent dans le même sens et suivant la même progression. Si maintenant on découpe le cœur A dans la feuille de papier de couleur et qu'on le colle sur un disque noir, gris ou blanc, on obtiendra par la rotation du disque un ton uniforme dont la saturation décroîtra régulièrement du centre à la périphérie. Si on avait fait la construc- tion inverse, on aurait obtenu la saturation maxima à la périphérie, et au centre le mini- mum de saturation : entre les deux, tous les degrés en progression arithmétique décrois- sante. Mais avec cette méthode on n'obtient pas l'uniformité d'intensité. Pour réaliser cette uniformité, il faut mêler à chaque point du disque la couleur avec la teinte de gris qui a exactement la môme intensité qu'elle-même. Si, après avoir déterminé alors par diverses 1- ig. 48. ;,,! L'ANNÉE BIOLOGIQUE. autres variables demeurent constantes, mais la saturation décroît du centre à la circonférence du disque. Elle peut être calculée mathématiquement pour chaque point. — L. Marillier. 1 12. Judd (Charles H.). — Quelques faits relatifs à la vision binoculaire. — En dépit du titre très modeste de son mémoire, ce n'est point la simple descrip- tion de quelques expériences d'optique psycho-physiologique que nous donne Judd : c'est un ensemble de recherches entreprises en vue de contrôler les conclusions que Hyslop avait cru pouvoir tirer des expériences sur la vision binoculaire qu'il avait instituées avec Yexn, il y a quelques années (voir Mind., XIII, p. 499; XIV, p. 251 et 303; Psycholog. Rev., vol. I, p. 247 et 281); elles ont pour la théorie de la perception visuelle une réelle importance, non pas qu'elles obligent à substituer aux interprétations généralement admises des interprétations nouvelles, mais précisément en raison de l'appui qu'elles apportent aux conceptions généralement admises, dont Hyslop avait cru réussir à montrer l'inexactitude. Il avait cherché à construire une théorie de notre perception de la grandeur et de la distance des objets où les pro- cessus centraux jouaient le premier rôle ; J. s'efforce d'établir, et à notre sens avec succès, que ce sont des variations des facteurs périphériques, des sensa- tions rétiniennes et des sensations fournies par les muscles de l'œil qui expliquent les phénomènes qui semblaient à H. justiciables d'une autre inter- prétation. Voici les expériences sur lesquelles il s'appuie. L'appareil employé consiste en deux miroirs plans juxtaposés, qui sont disposés de telle sorte qu'on peut les placer l'un par rapport à l'autre en des positions angulaires variées. Si l'on faittombersur ce miroir double, tenu aune certaine distance des yeux de l'observateur, un faisceau lumineux, provenant d'une source de lumière placée de telle sorte que les rayons qui arrivent à l'œil droit viennent du miroir situé à droite et les rayons qui ar- rivent à l'œil gauche du miroir situé à gauche, les points lumineux aperçus seront reportés derrière les miroirs à une distance égale à celle qui les sépare de la source lumineuse. Si maintenant on fait faire aux deux miroirs, qui étaient en prolongement, un léger angle dont l'ouverture soit tournée vers l'observateur, et bien que l'effet de ce mouvement sur la distance ap- parente du point soit négligeable, comme on peut s'en assurer en regardant avec un seul œil, il paraîtra tout au contraire dans la vision binoculaire se rapprocher très sensiblement. L'angle de convergence des yeux a changé et le point de fixation est maintenant beaucoup plus près des miroirs. Si on fait faire aux deux miroirs un angle dont le sommet soit tourné vers l'obser- vateur, le phénomène inverse se produit et le point lumineux s'éloigne. L'explication du phénomène, c'est que les objets qui nécessitent pour être vus distinctement une convergence plus grande, sont, d'après l'expé- rience habituelle, jugés plus voisins, et ceux qui exigent une convergence moindre sont jugés plus éloignés. II faut noter que ces jugements de posi- tion n'ont une réelle certitude que pendant les mouvements des miroirs; méthodes plmtométriques que la couleur do A a une intensité lumineuse égale à celle d'un gris de x° de blanc et 360 — x° de noir, on divise les arcs extérieurs à la fig. A suivant la x proportion , en deux parties C et B, dont la première est blanche, la seconde 360 — x noircie. Si. au lieu de quinze cercles concentriques, on avait tracé tous les cercles possibles entre le bord du disque et le point à partir duquel nous désirons faire partir les change- ments de saturation, les courbes qui limitent le cœur et la partie blanche du disque se- raient des spirales d'Archimcde qui sont aux coordonnées polaires ce qu'est la ligne droite aux coord'iunres rectangulaires. XIX. — FONCTIONS MENTALES. 705 dès qu'ils sont immobiles, le point lumineux semble être situé aune distance indéfinie, il en est de lui un peu comme d'une étoile. Si au point lumineux on substitue un objet, et que l'on renouvelle l'expé- rience, on constatera que lorsqu'il semble se rapprocher de l'observateur, il devient en même temps plus petit , que lorsque au contraire il semble s'éloigner de lui, il devient plus grand. Il est évident que les variations de dimension de l'image rétinienne ne jouent dans le phénomène aucun rôle. Elles sont en effet insignifiantes et d'ailleurs inverses de ce qu'elles devraient être pour fournir des faits observés une explication valable. Les notions communes de perspective nous fourniront du reste cette explication. Lorsque deux objets inégalement distants nous donnent une image rétinienne de même grandeur, l'objet le plus distant est normalement aussi le plus grand et toute une série d'expériences nous a enseigné à mettre nos jugements d'accord avec ce fait. Dans les conditions habituelles, lorsqu'un objet se rapproche d'un observateur, la convergence augmente et en même temps l'image rétinienne grandit. Mais, dans les conditions expérimentales réalisées ici, la grandeur de l'image rétinienne demeure constante et en même temps la convergence aug- mente. Le seul fait objectif qui puisse correspondre àcette combinaison anor- male des variations de la convergence et de l'invariabilité de l'image réti- nienne, c'est en apparence la décroissance rapide de grandeur d'un objet qui se rapprocherait de l'œil. Et c'est en effet le jugement que nous portons spon- tanément en ce cas. Il n'est pas besoin de dire que pour le cas inverse, c'est l'explication symétrique de celle-là qui s'impose. La perception du rappro- chement ou de l'éloignement de l'objet est très nette aux moments où se produisent les variations de convergence : mais lorsque l'œil devient immo- bile, l'objet paraît situé à une distance mal définie. Les dimensions, ampli- fiées ou réduites, demeurent en revanche pareilles. Aussi est-on fondé à conclure que la grandeur apparente des objets est due à la combinaison des images rétiniennes et des sensations de convergence, combinaison qui est soumise à cette loi générale que de deux objets dont la vision exige des degrés de convergence différents et qui fournissent des images rétiniennes de même grandeur, celui qui nécessite la plus grande convergence paraîtra le plus petit. Il paraîtra aussi le plus rapproché, à moins que des images associées provenant de l'expérience passée ne viennent altérer cette localisa- tion. Ces facteurs accessoires ne peuvent modifier le jugement que nous portons, tant que les sensations de convergence sont des sensations de mou- vement et par conséquent des sensations fortes, mais ils y réussissent dès que ces sensations fortes font place à de simples sensations de position, beaucoup moins intenses. Une modification de l'appareil employé par J. permet de réaliser de nou- velles expériences, qui nécessitent que l'observateur puisse dissocier les deux processus, normalement connexes, de convergence et d'accommoda- tion. Les deux miroirs sont disposés de telle sorte que l'angle qu'ils for- ment et dont l'ouverture est tournée vers l'observateur soit assez inférieur à deux droits, et les yeux sont ainsi placés que le seul rayon émanant d'un point lumineux qui soit visible pour l'œil gauche est réfléchi par le miroir de droite , le seul rayon qui soit visible pour l'œil droit est réfléchi par le miroir de gauche. Le seul moyen pour que les deux images se fondent en une image unique, c'est de faire converger les deux yeux de telle sorte que leurs axes optiques se coupent au point où se coupent les deux faisceaux lumineux. Cette image unique n'est pas située en ce cas à une distance définie. Elle semble se trouver derrière un troisième miroir placé entre les deux miroirs réels que permet de percevoir la vision indirecte. En ces con- l'année biologique, ni. 1897. 45 706 L'ANNEE BIOLOGIQUE ditions, si l'angle formé par les deux miroirs diminue, le point lumineux semble se rapprocher de l'observateur, et inversement. Cette variation dans l'appréciation de la distance du point résulte du changement des degrés de convergence, conséquence lui-môme du changement de grandeur de l'angle formé par les miroirs. Mais quand la distance absolue doit être appréciée et non plus le rapprochement ou l'éloignement d'un point, d'autres facteurs interviennent qui font reporter très au delà du point de fixation réel la posi- tion attribuée à l'objet. Cette fausse localisation est due probablement à l'imparfaite réflexion des miroirs qui fournit des données sensorielles acces- x tires et aux sensations d'accommodation qui sont en conflit avec les sensa- tions de convergence. Ce conflit apparaît plus nettement lorsque au lieu d'un point lumineux on fait usage dans l'expérience d'un objet ayant des dimen- sions déterminées: dans les conditions normales, lorsque les yeux convergent do telle sorte que les rayons visuels se rencontrent en un certain point x, les cristallins s'accommodent pour un objet situé en ce point. Mais pour permettre la vision distincte d'un objet qui émet des rayons lumineux moins divergents que s'il était situé au point x, ce qui est le cas de l'image ré- fléchie dans le miroir, il faut que l'œil s'accommode pour un objet situé à une distance plus grande que celle du point de fixation. Il faut donc que la convergence et l'accommodation deviennent indépendantes, puisque pour la perception d'un même objet dans ces conditions artificielles , le point de fixation ne se confond pas avec le point de la vision distincte. Lorsque les miroirs occupent leur position initiale, l'objet paraît sensiblement plus petit que son image regardée monoculairement dans le miroir plan. Si on diminue la grandeur de l'angle formé par les miroirs, l'image devient beaucoup plus petite encore et se rapproche très nettement. Dès que le mouvement des miroirs s'arrête, l'objet n'est plus situé avec la même précision et il semble être à la même distance que précédemment ou même à une distance plus grande. Le fait que la distance semble être environ la même quand les miroirs sont immobiles, quelles que soient les dimensions de l'objet, indique que les sensations d'accommodation, bien qu'elles n'aient pour l'estimation de la profondeur qu'une importance secondaire, jouent cependant un rôle dans ce jugement spatial. C'est en s'appuyant sur les résultats de ces expériences que J. a pu faire la critique de celles qui avaient été instituées par le professeur Hyslop et des conclusions qu'il en avait tirées. Voici en quelques mots en quoi con- viaient les expériences dont il s'agit : on trace deux cercles à quelques pouces de distance l'un de l'autre et on fait converger les yeux de façon à ce que les deux images se fusionnent, mais soit en un point situé en deçà, soil en un point situé au delà du plan du papier. (Pour avoir des deux cer- cles une image nette, il faut nécessairement que l'accommodation et la con- vergence soient dissociées.) L'image obtenue dans le premier cas, dans la vision indirecte, est plus petite et plus voisine de l'œil de l'observateur, que les cercles tracés sur le papier : les deux cercles, tels qu'ils apparaissent dans la vision indirecte, sont plus grands que l'image fusionnée, mais plus petits que les cercles originaux et plus éloignés de l'observateur. La distance d'autre part entre les deux cercles aperçus dans la vision indirecte est double à peu près de la distance réelle. Puisque l'image demeure nette, le cris- tallin doit être accommodé comme il serait dans la vision monoculaire, il ne peut donc y avoir de changements dans l'image dus à l'accommodation, et IL se trompe en cherchant dans des variations de dimension de l'image ré- unionne l'explication du phénomène. L'interprétation véritable es1 exacte- ment la même que celle que nous avons donnée plus haut et qui s'applique XIX. — FONCTIONS MENTALES. 707 au cas des miroirs. L'accroissement apparent de la distance entre les deux cercles est dû à une illusion qui nous fait prendre la distance en perspec- tive pour la distance horizontale. Il résulte du caractère indistinct de la vision indirecte et disparaît quand l'attention se porte sur la perspective. Les différences de dimension des cercles vus dans le champ de la vision in- directe et des cercles réels s'expliquent dans une large mesure par l'influence exercée sur la perception monoculaire par les sensations binoculaires conco- mitantes. Une autre expérience encore qui oppose , d'après Hyslop , d'insurmon- tables obstacles à la théorie habituelle de la vision, semble à J. pouvoir s'ex- pliquer assez aisément par les mêmes principes. Voici brièvement indiqué le dispositif de l'expérience : si deux ligures stéréoscopiques , construites avec des cercles disposés de manière à engendrer un tronc de cône par leur fusion, obtenue grâce à l'entre-croisement des rayons visuels, ont été tracées sur des morceaux de papier séparés, de telle sorte qu'on puisse faire varier la distance qui les sépare, lorsqu'on les rapproche l'une de l'autre, le tronc de cône s'allonge et sa grandeur augmente, lorsqu'on les éloigne au contraire il se raccourcit et sa grandeur diminue. La variation du point de fixation explique pleinement, d'après J., les changements de grandeur apparente du tronc de cône. Quant aux modifications que subit la longueur du tronc de cône , il en faut rechercher la raison dans le rôle joué par la parallaxe bino- culaire : quand les cercles sont concentriques , il ne se produit aucun effet stéréoscopique et la parallaxe binoculaire est égale à zéro ; quand les centres des deux cercles intérieurs sont plus éloignés du plan médian que les centres des deux cercles externes . la parallaxe binoculaire est positive , et un tronc de cône est engendré, orienté de telle sorte que le cercle de plus petit rayon est le plus proche de l'observateur. Dans le cas où les cercles dessinés sur le papier ont une disposition inverse , la parallaxe binoculaire est négative et le phénomène inverse se produit. Lorsque cette parallaxe grandit, la longueur du tronc de cône s'accroît, or elle grandit précisément lorsque les deux figures se rapprochent du plan médian et elle diminue lorsqu'elles s'en éloignent. Lorsque l'objet s'éloigne en profondeur, la parallaxe binoculaire décroît à mesure que la distance de l'œil à l'objet s'accroît, mais comme on peut le démontrer mathématiquement de deux variations égales, celle qui se produit dans la direction latérale a la plus grande action sur la parallaxe binoculaire. — Ces résultats peuvent servir à expliquer une autre série de faits qu'a décrite Hyslop: si les deux figures stéréoscopiques sont tracées à une distance donnée l'une de l'autre et qu'on les fasse mouvoir d'avant en arrière et d'arrière en avant, on constatera que la grandeur relative des cercles demeure constante, mais que le tronc de cône s'allonge lorsque les figures s'éloignent et se raccourcit lorsqu'elles se rapprochent. Si la grandeur relative des cercles ne varie pas, c'est que la dimension de l'image , lors- qu'une fois la fusion s'est faite, résulte de la relation entre le degré de con- vergence et la grandeur de l'image rétinienne. Lorsque les figures s'éloi- gnent, la convergence de l'image rétinienne varie exactement comme si s'éloignait un objet réel placé au point de fixation : ces grandeurs relatives doivent donc ne pas changer. Mais il en va autrement pour la parallaxe binoculaire : les figures sont à une distance fixe et à mesure qu'elles s'éloi- gnent, elles se rapprochent relativement du plan médian , et ce rapproche ment fait que la parallaxe ne subit pas la décroissance qu'elle subit quand im objet s'éloigne de l'œil dans les conditions normales. Aussi en concluons-nous que l'objet s'allonge. Tous ces résultats expérimentaux tendent à établir, d'après J.. que la théorie qui fait dériver la notion de l'espace visuel de 708 L'ANNEE BIOLOGIQUE. sensations motrices et d'associations est mieux fondée que celle que lui oppose Hyslop. Dans tous les cas les données sensorielles sont interprétées d'après \e^ expériences passées. Lorsque des sensations sont combinées de telle sorte qu'elles donnent naissance à une perception qui ne correspond à aucune ex- périence passée, l'explication de cette discordance est spontanément cherchée dans une modification de l'objet même, un changement de dimension ou une variation dans la disposition en profondeur de ses parties. La relation créée par les expériences accumulées entre les diverses données sensibles est assez stable pour qu'une perception particulière ne la puisse altérer: aussi, bien que nous sachions que la grandeur d'un objet est demeurée constante, admet- tons-nous qu'elle a changé, plutôt que de reconnaître qu'une variation s'est introduite dans des rapports antérieurement conçus comme permanents. [Toute cette discussion, qui jette sur la question de la genèse de l'espace visuel une grande clarté, a, au point de vue méthodologique, une réelle va- leur; il ne faut recourir en effet à d'autres interprétations, que lorsqu'il est démontré qu'un phénomène sensoriel ne se peut expliquer par des variations dans les facteurs périphériques de la perception]. — L. Marillier. 187. Sanctis (S. de) et Vespa (B.). — Modifications de la perception vi- suelle soas V influence de sensations gustatives simultanées. — De S. et Y. ont étudié dans cet important mémoire l'action exercée sur l'amplitude du champ visuel par la perception simultanée de saveurs simples (acides, salées, su- crées et amères); leurs expériences ont porté sur deux adultes normaux, huit enfants normaux des deux sexes, un dégénéré, un paralytique général en rémission et un ancien mélancolique, atteint de débilité mentale. L'ampli- tude du champ visuel était normale chez tous les sujets à l'exception du der- nier chez lequel il présentait un rétrécissement régulier concentrique. La sen- sibilité gustative était normale chez tous et Ton avait pour chacun d'eux dé- terminé par des essais préliminaires le seuil de leurs sensations de goût. Lors de chaque examen l'amplitude du champ visuel pour le blanc était tout d'abord mesurée, puis une nouvelle mesure était prise pendant que le sujet éprouvait une sensation gustative. Entre chaque essai gustatif le su- jet se rinçait la bouche avec de l'eau. Les expériences étaient faites sur un même œil, et l'on s'était assuré qu'il ne se produisait pas de fatigue oculaire qui eût pu intervenir pour en troubler les résultats. Le sujet, au lieu d'être invité à être attentif aux deux perceptions , visuelle et gustative , comme dans les expériences destinées à mesurer la capacité de l'attention à se dis- tribuer entre plusieurs représentations, n'était astreint à être attentif qu'à l'examen visuel : il recevait la sensation gustative, passivement, pour ainsi dire. Pour l'examen du champ visuel les deux expérimentateurs se sont servis du périmètre de Priestley-Smith; cet examen a été limité à 12 méri- diens. On n'a tenu compte dans les variations d'amplitude entre les champs visuels, avant et après l'application des excitants gustatifs, que de celles qui dépassaient 20°, — les variations inférieures à ce chiffre se produisant spontanément, c'est-à-dire pour des causes inconnues, chez tous les sujets. Les résultats obtenus sont loin d'être constants. Les sujets ne réagissent pas de la même manière ni avec la même intensité ni dans le même sens aux diverses excitations. Urbantschitsch avait du reste déjà constaté ces iné- galités et ces irrégularités de réaction. Il semble indubitable toutefois que la perception des diverses saveurs exerce dans la grande majorité des cas une action sur l'amplitude du champ visuel; la plupart du temps, elle en dé- termine le rétrécissement, en un petit nombre de cas l'accroissement. Cette va- riation de l'amplitude du champ visuel est d'autant plus accusée que l'on a affaire XIX. — FONCTIONS MENTALES. 709 à des sujets moins intelligents : elle était maxima chez le débile mental. On ne peut affirmer en toute assurance qu'il y ait certaines saveurs (amères, salées etc.) qui exercent chez les adultes une action dynamogénique sur les perceptions visuelles et l'on ne peut non plus affirmer que les saveurs agréables aient pour eux à ce point de vue une valeur dynamogénique supérieure à celle des saveurs désagréables. Les résultats obtenus par les expériences faites sur les enfants sont plus uniformes; chez eux les variations d'amplitude du champ visuel sont presque toujours des variations en moins, des rétrécissements . le cas inverse est extrêmement rare. Bien moins encore que pour les adultes, on peut admettre, en ce qui concerne les enfants, l'existence d'une action dy- namogénique des saveurs agréables sur les perceptions visuelles. Les au- teurs ne croient pas que leurs expériences les autorisent à nier que les sa- veurs et en particulier les saveurs agréables puissent exercer quelquefois sur les perceptions visuelles une influence favorable, mais il constate qu'il est étrange que cette influence, on ne l'observe presque jamais chez les en- fants. Il est indéniable en revanche que, dans la plupart des cas chez l'adulte et presque toujours chez l'enfant, les saveurs, agréables ou désagréables, ont eu , au cours de leurs expériences, une action inhibitrice sur les perceptions visuelles. De S. et V. proposent une interprétation des faits qu'ils ont constatés qui pourrait d'ailleurs s'appliquer aux résultats de plusieurs autres séries de recherches analogues aux leurs. Il ne s'agit pas pour eux d'une action exercée par une sensation sur une sensation, mais d'une influence exercée par la sensation additionnelle sur l'état de l'attention. Lorsque, sous l'action d'une saveur agréable, le champ visuel s'agrandit, c'est parce que des pro- cessus moteurs sont engendrés par l'énergie qu'elle développe, qui rendent plus facile et plus complète l'attention visuelle. Il conviendrait d'interpréter de cette manière aussi les cas étudiés par Mûnsterberg où une excitation, qu'on était préparé à recevoir et à laquelle on se rendait cependant attentif, apparais- sait plus faible qu'une excitation dont l'attention était distraite; la distraction était en effet provoquée au moyen de l'action simultanée d'un autre stimulus, et il semble qu'elle ne réussissait pas à la déterminer, mais qu'elle produisait un surcroit d'innervation motrice qui était utilisé pour rendre l'attention plus complète ; on aurait ici un parallèle exact aux expériences de Féré sur l'ac- croissement de la force dynamométrique par les excitations sensorielles. — Dans le cas le plus général, c'est-à-dire dans celui où les saveurs inhibent partiellement les sensations visuelles, c'est encore, d'après De S. et V.,à une explication analogue qu'il faut recourir : il est inutile de faire intervenir ici 1 hypothèse d'une inhibition des sensations optiques. Ce qui est arrêté, en- travé par la sensation gustative, c'est la capacité d'attention visuelle du sujet, qui a dans l'étendue du champ une excellente mesure. On comprend dès lors pourquoi cette influence inhibitrice est surtout marquée chez les enfants, chez lesquels l'attention est beaucoup plus aisée à troubler que chez l'adulte. La capacité de distribuer leur attention entre plusieurs objets est encore chez eux faiblement développée et, en outre, la perception visuelle n'a pour eux, en ces expériences, qu'un faible intérêt, une faible valeur affective; il fau- drait, pour que l'on obtînt d'autres résultats, que l'énergie volontaire fût chez eux à son plein développement, or c'est de toutes les fonctions, celle qui est la plus lente à s'organiser. — L. Mauilliek. 158. Normann W.). — Les réactions des organismes inférieurs doivent-elles nous faire conclure à la présence de sensations douloureuses chez eux? — Pour Loeb, la conscience est le résultat d'associations d'activités cellulaires isolées, 710 L'ANNEE BIOLOGIQUE. et il ne suffit pas, pour conclure à l'existence de phénomènes psychiques chez les animaux inférieurs, de constater chez eux des mouvements analo- gues à ceux que l'ont les animaux supérieurs quand ils souffrent. L'auteur appuie cette manière de voir, en montrant que, si après avoir coupe un Ver de terre en deux on répète sur les morceaux résultant de cette première section des sections analogues un certain nombre de fois de suite, c'est toujours la moitié postérieure du morceau qui vient d'être recoupé qui réagit par des mouvements de torsion qui paraissent dus à la douleur tandis que la moitié antérieure ne les exécute pas. Il faudrait donc que toutes ces moitiés postérieures soient sensibles, ce qui n'est guère admissible. — G. Bullot. := 2. — Processus psychiques. — a. Sensations, — (î) Leur mesure. 44. Créa (J. Mc) et Pritchard (H. G.). — La loi de Weber et V esti- mation de la grandeur des surfaces. — Mac Créa et Pritchard se sont donné pour tâche de rechercher si la loi psycho-physique (loi de Weber) se vérifiait dans l'estimation de la grandeur des surfaces. Ils se sont servis pour leurs expériences d'un appareil, construit sous la direction du professeur Kirsch- mann, et semblable en ses traits essentiels à celui qu'avait employé J. 0. QiANTZ dans ses recherches sur l'influence exercée par la coloration des surfaces sur les grandeurs que nous leur attribuons (Amer. J. Psych., VII, p. 26-41). Voici les résultats auxquels ils sont parvenus. Nos esti- mations visuelles des grandeurs superficielles sont d'une exactitude sur- prenante : pour des angles visuels de 1° et de moins de 1° la variation moyenne était toujours inférieure à 1', et pour des angles allant jusqu'à 1°45' elle ne dépassait jamais l'20". Bien que les chiffres obtenus ne soient pas entièrement conformes à ce qu'exigerait la loi psycho-physique, ils la véri- fient cependant avec une certaine approximation. Si l'on compare visuelle ment à un objet fixe un autre objet qui se meut vers l'œil ou qui s'éloigne de lui, on constate que sa grandeur est sur-évaluée lorsqu'il est à une plus grande distance de l'œil que l'objet immobile, sous-évaluée lorsqu'il est à une distance moindre. Ces résultats sont en désaccord avec ceux des expé- riences de Gœtz Martius (Philos. Stud., V., p. 001 sq.). Mais il convient de faire remarquer que dans ces expériences les objets étaient vus successi- vement au lieu d'être vus simultanément, qu'elles avaient pour but la mesure de grandeurs linéaires et non superficielles et qu'enfin les observations étaient faites binoculairement et non pas monoculairement comme dans les recherches instituées par Mac Créa et Pritchard. — L. Marillier. 214. Tawney (G. A.) et Hodge (C. W.). — Quelques expériences sur le seuil du double-contact successif. — On sait depuis longtemps que le seuil de la sensibilité tactile discriminative est abaissé, lorsque au lieu de toucher simul- tanément deux points de la peau avec les pointes d'un compas, on les touche successivement. Judd, à la suite de Czermak, a de plus établi par des recher- ches méthodiques, que l'on perçoit qu'on est touché en deux points différents avec un écartement des pointes du compas inférieur à celui qui est néces- saire pour que l'on reconnaisse quelle situation occupent ces deux points par rapport l'un à l'autre : il a constaté en d'autres termes que le seuil de direc- timi est plus élevé (pie le seuil de différence (Ueber Raumwahrnemuny im Ge- liete des Tastsinnes, Phil. Stud., XII, p. 40(J-4o3). Le but des expériences de Tawney et Hodge était de contrôler les résultats obtenus par Judd, de déter- miner avec précision la différence de valeur des deux seuils, de rechercher XIX. — FONCTIONS MENTALES. 711 l'influence exercée sur rabaissement du seuil de la sensibilité discriminative par la longueur de l'intervalle qui sépare les deux contacts successifs et d'analyser les processus psychiques (suggestions, associations d'idées, etc.) qui interviennent dans nos jugements tactiles discriminatifs et localisateurs. Elles ont porté sur quatre sujets; les deux points étaient touchés à des intervalles de 2 à 15 secondes; la pression exercée par ces contacts était de 50 grammes; ils ont été pratiqués sur l'avant-bras, face dorsale. Les huit di- rections choisies ont été les quatre directions axiales et les quatre diagonales intermédiaires. Comme le point sur lequel portait la première des deux excitations était toujours le même pendant toute la durée d'une série, on diminuait graduellement la pression sur ce point, afin que la sensation qui y était rapportée gardât constamment la même valeur qualitative , demeu- rât affectivement indifférente ; autrement les deux points successivement im- pressionnés auraient pu être distingués l'un de l'autre en raison de la qualité affective de la sensation produite au point où portait la première excita- tion sans qu'intervînt aucune discrimination spatiale. Les déterminations du seuil ont été faites par la méthode des variations minima. Le sujet de- vait indiquer d'abord si le point où était exercé le second contact coïncidait avec celui où avait été exercé le premier ou s'il en était différent, puis il de- vait ensuite dire la direction où le second point lui paraissait être par rap- port au premier. Les résultats obtenus en ce qui concerne la différence entre les seuils de la sensibilité discriminative pour les contacts simultanés et les contacts successifs ont été très nets. Ils confirment entièrement les résultats auxquels étaient parvenus les expérimentateurs antérieurs. T. et H. ont établi que la durée de l'intervalle mis entre ces deux contacts n'exerçait pas d'influence appréciable sur l'abaissement du seuil. Si elle dépasse 15 se- condes, ou même au voisinage de ce chiffre, le seuil tendrait plutôt à s'éle- ver. Le plus petit intervalle a été de 2 secondes. La question la plus intéressante que ces deux auteurs aient étudiée, est celle des relations du seuil de différence et du seuil de direction. Ici encore les résultats sont d'une parfaite netteté, le seuil de direction est toujours le plus élevé des deux. C'est à des facteurs psychiques qu'il faut exclusivement recourir, d'après T. et H., pour l'interprétation de ce phénomène. Très souvent d'une part le sujet, qui s'attend à être touché en deux endroits différents, accuse dans ses sensations tactiles une différence spatiale, alors qu'il a été touché deux fois de suite au même endroit : ce qui diminue certainement la valeur du seuil de différence. D'autre part, des auto-suggestions lui font commettre de per- pétuelles erreurs sur la direction où est situé le point. Il faut que la diffé- rence entre deux sensations soit très grande pour que les images mentales soient impuissantes à masquer cette différence ou à en faire varier la nature et le sens. C'est d'ailleurs ce que l'on observe aussi dans les expériences sur les contacts simultanés, ainsi que Tawney Tamis en évidence dans un précé- dent travail sur les illusions tactiles expérimentales {Ueber dieWahrnehmung zweier Punkte mittelst des Tastsinnes mit Riïcksicht auf die Fvage der Ue- buncj und die Enstehung der Vexirfehler, Philos. Stud., XIII, p. 163-222). Cette action de la suggestion devient d'autant plus intelligible, si l'on admet, avec Tawney, que le signe local n'est pas une qualité simple des sensations tac- tiles qu'on peut éveiller en ce point, mais une relation associative entre les divers éléments visuels, tactiles et moteurs qui entrent dans la composition de l'image et de la perception de ce point. [L'analyse détaillée de l'état mental des sujets, des processus psychiques de localisation par expérience et de l'influence exercée sur les sensations ac- 712 L'ANNEE BIOLOGIQli:. tuelles par les sensations antécédentes, et l'étude précise et rigoureuse des causes d'erreurs, donnent à ce mémoire, sans cela assez maigre en résultats nouveaux, une très réelle valeur]. — L. Marillier. y) Aberrations. Illusions. 192. Sergi G.) — Processus physiologiques de la perception. — S. a dès 1881 distingué nettement entre la sensation et la perception, sensation objectivée, et dans sa Teoria /isiologica délie percezione , il reliait cette extériorisation de la sensation à un processus nerveux centrifuge allant du territoire corti- cal impressionné à l'organe périphérique, point de départ de la sensation : la perception résulterait donc d'un double courant nerveux, de la périphérie au centre et du centre à la périphérie, tandis que la sensation non objec- tivée n'impliquerait que le premier de ces processus physiologiques. Il a cru trouver une preuve de sa théorie dans le fait suivant : si après avoir regardé un objet coloré avec un seul œil pendant un certain temps, on fixe son regard sur un écran blanc, on voit s'y projeter une image négative de l'objet, mais si on le regarde avec l'autre œil au contraire, en fermant l'œil impressionné par la lumière, on perçoit de cet objet une image positive et de même teinte, projetée sur l'écran. Cette image, S. la considère comme une image réti- nienne. Le professeur Boccr, qui avait fait indépendamment les mêmes expé- riences, la regarde au contraire comme une image purement mentale (L'immagine visiva cérébrale. Contributo alï ottica fisïologica, 1897). Mais S. maintient son interprétation, et les conclusions de Ugo Vram sont conformes aux siennes. — L. Marillier. 96. Henri (V.). — Nouvelles expériences sur la localisation des sensations tactiles. L'expérience dWristote. — Au cours de ses recherches sur les sensa- tions tactiles, H. a constaté les faits suivants, qui résument les résultats de plus de 1500 expériences, faites sur 7 sujets différents dont 2 aveugles. Lorsqu'on touche deux points a et b, les doigts étant dans leur position nor- male (un écran empêche le sujet de voir sa main), puis les deux mêmes points, les doigts étant croisés, ils apparaissent au sujet à une distance à peu près égale dans les deux cas et dans une position relative semblable, bien qu'en réalité distance et position soient souvent fort différentes pour les deux poses de la main. C'est un phénomène analogue à celui qui est connu sous le nom d'illusion d'Aristote; il a été énoncé déjà par Rivers sous une forme plus générale (Mind., 1894, p. 583) et H. exprime ainsi la loi qui se dégage de ses expériences : si on touche les pulpes des deux doigts croisés avec deux pointes d'un compas, plus les pointes seront écartées, c'est-à-dire plus les points touchés seront éloignés l'un de l'autre, plus ils paraîtront rap- prochés. Le fait se peut observer chez les aveugles comme chez les individus normaux. Si on prie le sujet de se représenter aussi bien que possible la position des doigts, de penser aux points touchés sur les doigts et même de les indiquer sur un dessin schématique des doigts, les résultats précédents sont obtenus avec la même netteté, et de plus le point touché sur le médius est indiqué, lorsque les doigts sont croisés à l'endroit correspondant de l'annulaire et le point de l'annulaire à l'endroit correspondant du médius. Enfin, si on touche un point de la pulpe de l'annulaire, le sujet indique le point correspondant du médius et réciproquement. La loi se vérifie également chez les aveugles. H. rapporte les laits sans tenter d'en donner une interprétation : il indique seulement que dans l'explication deces faits, dont ni la théorie physiologique, qui attribue XIX. — FONCTIONS MENTALES. 713 une structure spéciale à chaque libre nerveuse tactile, ni la théorie des signes locaux, ni la théorie associationiste de Bain ne peuvent rendre compte, l'un des facteurs essentiels qui doivent intervenir est le caractère inaccoutumé de la perception. La position croisée n'est pas une position habituelle et l'on n'a pas eu l'occasion de contrôler par d'autres sens les sensations tactiles que l'on obtient en croisant les doigts. Les sensations kinesthésiques indi- quent bien au sujet que ses doigts sont croisés, mais elles ne déterminent pas de croisement dans les sensations tactiles : « le point qui était à gauche dans la position normale semble aussi être à gauche dans la position croisée, bien qu'en réalité il soit maintenant à droite ». Le dédoublement de l'objet qui constitue l'illusion d'Aristote se produit d'ailleurs toutes les fois que l'on touche avec une seule pointe deux parties du corps mises artificiellement en contact l'une avec l'autre (le nez par exemple et la lèvre supérieure que l'on en a rapprochée jusqu'à les faire se toucher). — L. Marillier. 205. Spindler (F. N.). — Images tactiles consécutives. — Le travail de Sp. est consacré à l'étude expérimentale., jusqu'ici assez négligée, des images tactiles consécutives : c'est aux sensations de pression passive qu'il s'est spécialement attaché. Les recherches ont surtout mis en lumière l'étendue des variations individuelles en ce domaine. Voici cependant les conclusions générales qu'il a cru pouvoir formuler : le temps minimum d'excitation nécessaire, en moyenne, pour déterminer l'apparition d'une image tactile consécutive, est d'environ 5 secondes pour une pression de 150 gr. La rela- tion entre la durée de l'excitation et la longueur de l'intervalle qui sépare le moment où cesse l'excitation de celui où apparaît l'image consécutive est très irrégulière. Il semble que ces intervalles s'accroissent avec la durée des excitations, pour les excitations d'une durée inférieure à 3 minutes, et qu'à partir de ce point ils décroissent. La durée de l'image consécutive s'ac- croît avec celle de l'excitation, mais sans qu'il y ait entre elles de propor- tionnalité rigoureuse : peut-être y a-t-il une limite à cet accroissement de la durée de l'image, mais Sp. n'a pas fait sur cette partie du sujet des re- cherches complètes. La durée maxima de l'image consécutive est obtenue par les pressions de 150 à 500 gr. Au-dessus et au-dessous de ces limites, elle décroît. La qualité de ces images consécutives est très variable : elle n'est pas en corrélation exacte avec la qualité de la sensation, aussi semble- t-il qu'il vaut mieux se départir de l'usage courant et les appeler, comme l'auteur : sensations consécutives. Sp. n'éprouvait dans ces expériences qu'une impression persistante de contraction de la peau, pareille à celle que fait ressentir un badigeonnage au collodion. Chez d'autres sujets, on constate la présence de sensations douloureuses, de sensations thermiques, etc. qui coïncident avec celle des sensations tactiles et apparaissent par ondes, par poussées successives. Les expériences ont été faites avec des poids de 25 à 1000 gr., placés sur un petit support de laiton de 7 8 de pouce de diamètre qui était recouvert de papier pour éviter l'action de la différence de tempé- rature entre la peau et le métal. La région choisie par Sp. pour ces re- cherches a été le dos de la main. La grande difficulté, c'est de faire le départ entre les sensations consécutives et les sensations subjectives que l'attention portée avec continuité sur tel ou tel point de la peau ne tarde pas à y faire apparaître. L'état général du sujet a la plus grande influence sur la durée et la netteté des images consécutives. Dans la fatigue et la dépression mentale ou émotionnelle, c'est à peine si elles apparaissent. [Il y aurait lieu, ce semble, de distinguer entre les sensations tactiles persistantes, qui sont de 7J4 L'ANNEE BIOLOGIQUE. véritables imagos consécutives, et les sensations de température et de dou- leur provoquées par la compression des tissus]. — L. Marillier. 79. Franklin (C. L.). — Perceptions hallucinatoires de couleurs ui<;s. — D'après les observations de Pitres, ces illusions seraient dues, contrairement àia théorie qui considère l'illusion comme purement intellectuelle, à l'irritation, à l'état (les nerfs qui existent dans la cicatrice du moignon, conditions aux- quelles, en tous cas, elle est étroitement liée. Nous transcrirons textuellement la conclusion de l'auteur, à cause de son importance. « Les sensations dos amputés sont dues à des excitations partant des filets nerveux de la cicatrice et donnant lieu à des perceptions faussement interprétées par la conscience. Elles peuvent être influencées, dans une certaine mesure, par desphénomènes d'ordre psychique. La fixation de l'attention leur donne plus de netteté. Cer- taines associations d'idées ou de sensations les rendent plus précises. Mais elles ne sont jamais créées de toutes pièces par le cerveau. L'amputé ne loca- lise des impressions sur un point quelconque des membres absents que s"il a, au préalable, la notion illusoire de l'existence de ces membres, et cette notion est toujours d'origine périphérique — N. Vasciiide. o) Leur mode de formation. 10. Claparède (B.). — l)u sens museulaire à propos de quelques cas d'hê- miataxie //<>st/t<:miplégiquc. — C'est au cours de recherches cliniques sur les troubles de la motilité, consécutifs à certaines hémiplégies, qu'Ed. Cla- parède, que ses travaux sur l'audition colorée avaient déjà fait connaître des psychologues, a été amené à s'occuper du sens musculaire. Ce sont ses alté- rations en effet et ses modalités diverses qui fournissent d'après lui quelques- XIX. — FONCTIONS MENTALES. 715 uns des meilleurs éléments pour les diagnostics différentiels qu'il s'agit de porter entre les multiples accidents moteurs qui résultent d'une lésion encé- phalique unilatérale. Nulle question n'a été plus controversée que celle du sens musculaire, ni plus obscurcie par l'intrusion de conceptions théoriques et d'idées métaphysiques ou à demi métaphysiques dans l'interprétation de faits trop rapidement et partiellement observés, qui n'ont été l'objet que d'a- nalyses incomplètes et parfois superficielles. Cl. a été conduit à mettre dans cet amas de théories et d'opinions contradictoires un peu d'ordre et de lu- mière par la nécessité d'y voir plus clair dans les phénomènes pathologiques dont il avait à démêler le sens et la portée, et cette clarté qu'il s'est ainsi procurée à lui-même, il en a fait bénéficier les autres, en rédigeant cette brève dissertation de 80 pages, où le sujet est mis au point et où sont nette- ment posées les questions, qu'elles soient susceptibles ou non de recevoir en l'état actuel de nos connaissances une solution ferme. L'expression de « sens musculaire » a au moins deux significations : ou bien elle signifie l'ensemble de sensations qui proviennent de nos membres (de notre peau, de nos muscles, de nos tendons, de nos articulations) et nous renseignent sur leur position et les mouvements qu'ils effectuent, ou bien elle signifie une certaine conscience que nous aurions du mouvement de nos membres avant qu'il soit effectué et qui serait lié au courant nerveux centrifuge, à la décharge motrice. D'après la première théorie, le sens mus- culaire se réduirait donc à des sensations en tout comparables aux autres sensations, aux sensations tactiles en particulier, avec lesquelles elles se- confondraient partiellement, d'après certains auteurs, et qui comme elles se raient afférentes ; d'après la seconde, le sens musculaire ne se laisserait pas décomposer en sensations, ce serait une sorte de pré-notion du mouvement, une sorte de conscience « efférente » de notre activité. Parmi les adeptes du premier groupe de théories, il convient de ranger tout d'abord, avec Ed. Cla- parède, celui qui le premier attira l'attention sur les sensations musculaires et qui constitua en une catégorie distincte et cohérente de phénomènes psy- chiques les sensations kinesthésiques, le grand anatomiste Charles Bell. Il reconnaissait à ces phénomènes une spécificité véritable, il localisait dans les muscles mêmes les excitations qu'ils traduisent dans la conscience et les séparait nettement des sensations tactiles. Gerdy, Landry, et à cer- tains égards Divhenxe (de Boulogne), l'ont suivi dans cette voie, mais il semble bien que Duchenne admette la coexistence avec la sensibilité des muscles (sentiment d'activité musculaire) d'une conscience musculaire, dont l'intensité serait la condition même de l'exécution sûre et coordonnée des divers mouvements, et qui, bien qu'ayant son siège dans les muscles, ne serait pas un phénomène afférent, exactement comparable aux sensations cutanées, par exemple ; elle précéderait en effet et ne suivrait pas la con- traction musculaire, elle l'annoncerait et la guiderait au lieu d'être provo- quée par elle. Les expériences de Claude Bernard (expérience de la gre- nouille, de l'épervier, etc.), les découvertes anatomiques et histologiques de Sachs (nerfs sensitifs des muscles) et de Golgi (corpuscules fusiformes termi- naux) semblent avoir établi nettement la réalité d'une sensibilité musculaire : Richet, Ribot, Brissaud, avec plus ou moins de décision et de fermeté, ont attribué dans la conscience que nous avons de la position de nos membres, de leurs mouvements et de la résistance que leur opposent les objets exté rieurs, une part prépondérante, voire même exclusive aux sensations de ce groupe. Schiff au contraire, et alors que la découverte de Sachs n'était pas venue donner à l'opinion adverse une base positive, prétendait réduire essen- tiellement à des sensations cutanées l'ensemble des notions que Ch. Bell 716 L'ANNEE BIOLOGIQUE. comprenait sous le nom de sens musculaire; Vulpian et à certains égards Trousseau ont partagé la même manière de voir. Parmi les physiologistes et les psychologues les plus récents enfin (Rauber, Bastian. \Y. James, Mùns- TERBERG, Goldscheider, Delabarre, Zieiien, etc.), il y a une tendance mar- quée à attribuer aux sensations articulaires le rôle essentiel dans l'acquisi- tion de nos notions de position et de mouvement, en admettant toutefois (pie les sensations qui nous viennent de la peau et des tendons y ont aussi une part importante; pour certains d'entre eux enfin les sensations musculaires proprement dites entrent également comme éléments composants dans le complexus psychologique. En opposition partielle avec la théorie de l'origine périphérique du sens musculaire s'est développée la théorie de sa nature efférente, dont on peut faire remonter la première indication à J. MùLLER et qui a trouvé en W. H.\- milton, Bain. Hugiilings Jackson, Helmholtz et jusqu'à ces dernières années en Wundt, ses représentants les plus autorisés. La notion du mouvement passif reçoit dans cette thèse la même explication que nous indiquons plus haut, mais la conscience du mouvement actif et de l'effort est liée, d'après les partisans de cette théorie, soit à l'activité du nerf moteur lui-même, soit à l'activité des centres moteurs encéphaliques; c'est aux éléments qui con- stituent cette conscience motrice, que Wundt a donné le nom de « sensa- tions d'innervation ». Cl. énumère alors les arguments que Wundt, Weir Mitchell, Bernhardt, Sternberg, etc., ont invoqués à l'appui de cette thèse (sensation de l'effort chez le paralytique qui cherche à remuer sa jambe paralysée, illusions visuelles qui se produisent dans la paralysie du muscle droit externe de l'œil, absence de parallélisme entre l'intensité de la sensation etl'étendue de la contraction chez les paralytiques, illusion des amputés, différence qualitative du mouvement actif et du mouvement passif, etc.) et il en montre la faible valeur. Mais il ne croit point qu'on puisse donner de la question une solution d'ensemble avant d'avoir soumis à une analyse plus précise et plus approfondie la notion mul- tiple et complexe que l'on enferme sous ce vocable unique de sens muscu- laire. Quatre notions distinctes concourent à former ce complexus : la notion de la position de notre corps et de ses diverses parties, soit par rapport au corps lui-même, soit par rapport aux objets extérieurs, la notion de mouvement passif, celle de mouvement actif, celle enfin d'effort, de résistance et de force. Les psychologues qui se sont occupés le plus récemment de la ques- tion (Goldscheider) s'accordent à reconnaître qu'il y a là quatre ordres de per- ceptions distincts et dont chacun exige l'intervention d'éléments et de pro- cessus différents. Claparède les passe en revue l'un après l'autre et s'applique à analyser avec méthode et précision les démarches mentales qu'ils impli- quent et à déterminer quelles sont les sensations qui les constituent. La no- tion de position n'a point à sa base, d'après lui, un ensemble de sensations spéciales, sui gène ris; c'est un jugement « ayant pour fondement d'une part une série de sensations organiques locales, de l'autre un système d'idées as- sociées acquis par l'expérience ». Elle résulte des associations empiriques qui se sont établies cuire certaines sensations tactiles et articulaires dont les signes locaux diffèrent et certaines images visuelles. [On pourrait valable- ment objecter à cette manière de voir que les aveugles-nés ont tout aussi bien que les sujets normaux le sentiment de la position de leurs membres. Ajoutons (pie si les localisations de sensations tactiles où interviennent les images visuelles ont une précision supérieure, comme l'ont montré par exem- ple Pillsbury, puis Parrish, nous pouvons cependant localiser une sensation XIX. — FONCTIONS MENTALES. 717 douloureuse ou thermique, avec seulement des repères tactiles ou articulaires et sans que nous ayons à évoquer devant nous une représentation visuelle de la région]. Ce qui semble en revanche très exact dans la thèse défendue par Cl., c'est que cette notion de la position de nos membres, nous ne la possédons avec quelque netteté que lorsqu'ils effectuent des mouvements et dans la mesure où ils en effectuent; nous connaissons plutôt à vrai dire leurs changements de position que leur position à un contact donné, et la connais- sance de leur situation, lorsqu'ils sont immobiles, est, en réalité, un souvenir beaucoup plus qu'une perception. Ce rôle essentiel joué par le déplacement, des membres et des parties mobiles du corps, les expériences précises de Cn. Féré et de Bloch l'ont du reste mis en lumière. La notion de mouvement passif est, elle, non plus un jugement, mais un complexus de sensation. Elle est indépendante de la notion de position et a pour éléments constituants, d'abord et en première ligne, les impressions qui résultent du frottement, si léger soit-il, des surfaces articulaires et de la tension ou du relâchement des capsules et des ligaments articulaires (Gold- scheider), puis celles qui proviennent de l'extension ou du plissement de la peau, des tissus mous, des muscles et de leurs tendons et en particulier de la tension de certains muscles et du relâchement de leurs antagonistes (Schà- fer). Ces sensations ne sont point du reste perçues à part les unes des autres et chacune pour soi : ce que nous éprouvons, c'est un sentiment de mouve- ment localisé dans le membre qui sent. Les impressions qui proviennent des articulations et des muscles ne se sont jamais élevées au rang de sensa- tions autonomes, elles sont toujours restées intimement unies aux sensations tactiles et visuelles et fondues en un complexus très malaisé à analyser subjectivement et qu'en fait la conscience spontanée n'analyse pas. C'est sur la notion du mouvement actif que s'est engagée la lutte entre les partisans des deux théories rivales. Pour son compte, Cl. incline à penser qu'il n'y a pas de sensations d'innervation et que la vraie différence qui existe a entre notre sentiment du mouvement passif et celui que nous avons du mouvement actif, c'est que dans ce dernier cas le complexus de sensations dont nous parlions plus haut est précédé par l'image anticipée du déplace- ment qui va s'effectuer de l'un de nos membres et de la position nouvelle qu'il va occuper et si étroitement associée à cette image qu'il ne forme à vrai dire avec elle qu'un seul et même état de conscience. [Les objections faites à la théorie du sens musculaire que Wundt après Helmholtz a long- temps défendue sont irréfutables, et le résumé qu'en présente Cl. donne l'impression nette que dans sa forme ancienne la thèse de la sensibilité effé- rente n'est pas soutenable. Les expériences faites en collaboration avec E. Gley, dont j'ai moi-même publié les résultats en 1887, établissent, parmi bien d'autres, que chez les sujets anesthésiques, lorsque Tanesthésie porte sur les tissus profonds comme sur la peau, il y a disparition du sentiment de l'effort effectué, perte de la notion du mouvement actif, ignorance totale de la position des membres. Mais il faudrait s'entendre sur l'expression de sentiments d'innervation. Nous ne savons que par voie centripète si oui ou non un mouvement a été ou non effectué, mais il n'est pas démontré que l'acti- vité des centres moteurs de l'écorce, si tant est qu'ils soient anatomiquement et fonctionnellement distincts des centres sensitifs, ne s'accompagne pas d'un certain degré de conscience]. Cl., par une analyse pénétrante et précise des conditions où elles se produisent, montre que d'ailleurs les sensations mus- culaires et articulaires qu'engendre le mouvement actif ne sont pas identi- ques à celles qui accompagnent le mouvement passif; la tension des tendons, la pression des surfaces articulaires l'une contre l'autre et des masses mus- 718 L'ANNEE BIOLOGIQUE. culaires contre la peau Schiff), le jeu inverse des ligaments et des muscles dans les deux types de mouvement, voilà quelques-uns des éléments essen- tiels qui différencient du déplacement passif de nos membres les change- ments de position que nous leur imprimons par notre activité volontaire ( l'est encore à des qualités particulières do nos sensations que se réfère Cl. pour expliquer la genèse de la notion de résistance et de celle d'effort qui lui est liée; ce qui caractérise la lutte contre la résistance opposée par une force antagonique de la nature, c'est la présence en nous de sensations mus- culaires et articulaires d'une intensité inusitée et non en rapport avec le mouvement exécuté, et d'autre part une tension musculaire d'une intensité inusitée et non en rapport avec la contraction effectuée. « La notion de résis- tance repose donc sur un désaccord, une désharmonie dans les associations habituelles ». Quant au sentiment de l'effort, il a pour fondement la percep- tion d'une résistance sur laquelle viennent se greffer diverses sensations accessoires, provenant des muscles respiratoires, de la glotte, de certains muscles du visage, etc. [Cette analyse est très exacte et Cl., qui a suivi \Y. Ja- mes, dans la théorie qu'il donne du sentiment de l'effort, ne pouvait prendre un meilleur guide. Mais bien que James ait fourni la preuve que dans toute perception d'effort actif et de résistance interviennent d'une façon prépondé- rante des éléments sensationnels d'origine périphérique, il n'a point établi qu'il ne s'y mêle point un obscur sentiment de l'activité entravée de nos (•(Mitres moteurs, comme l'a soutenu Bealnis, traduisant en langage physio- logique la thèse défendue par Maine de Biran. La question reste ouverte, et encore que l'opinion de William James ait pour elle plus que des vraisemblan- ces, on ne saurait encore écarter comme définitivement insoutenables les théo- ries biraniennes, amendées au reste, rectifiées et restreintes en leur portée]. Dans son troisième chapitre, Cl. fait une étude rapide des divers types d'actes et de mouvements : réflexe, instinctif, volontaire, automatique, pour marquer quelle est la place qui appartient au sens musculaire dans la genèse et l'évolution de notre activité motrice. Il montre que le rôle des sensations kinesthésiques est essentiellement un rôle coordonateur et régulateur, que les impressions périphériques, inutiles chez les sujets normaux à la produc- tion des mouvements, à laquelle suffisent les images mentales, sont néces- saires à leur harmonisation; si elles font défaut, il y a ataxie, et si les sensa- tions visuelles ne les viennent suppléer, impotence motrice par incoordination totale des mouvements. (Il s'agit, bien entendu, de coordination successive, la coordination simultanée étant assurée automatiquement par la structure même des centres excito-moteurs.) Si d'ailleurs la perte du sens musculaire entraîne l'ataxie, la réciproque n'est pas vraie. L'incoordination des mouve- ments reconnaît d'autres causes, elle peut coexister avec la conservation inté- grale du sens musculaire; elle résulte alors soit de paralysies limitées à certains muscles, soit de l'inégale tonicité des muscles, soit du retard des exeitations centripètes, etc. De même pour le signe de Romberg : un sujet que ses sensations kinesthésiques ne renseignent plus sur la position de ses membres, tombe lorsqu'il a les yeux fermés, mais le passage brusque de la lumière à l'obscurité détermine la chute des tabétiques alors même . Emotions, a) Leurs caractères. 92. Hall ! G. Stanley). — Étude sur la peur. — S. Hall a institué sur les diverses formes du sentiment de la peur une enquête méthodique qui lui a donné les plus intéressants résultats. Elle a porté spécialement sur les enfants et a été faite au moyen d'un questionnaire détaillé qui a été envoyé à 748 per- sonnes et qui était rédigé de manière à ce que le sens des réponses ne fût pas suggéré par la manière dont les questions étaient posées. Le nombre total des réponses a été de 1701 : ces données ont été recueillies par des méthodes sans grande uniformité, parfois on a omis d'indiquer l'âge ou même le sexe du sujet ; il s'en faut que tous les renseignements aient la môme valeur. Aussi doit-on faire, comme St. Hall lui-même, de très nettes réserves sur la valeur des résultats statistiques auxquels on est parvenu. Il semble cependant qu'il y ait lieu de les accepter en gros, et, d'autre part, il faut être reconnaissant à Stanley Hall et à ses collaborateurs d'avoir réuni et classé ce vaste ensemble de documents qui sont du plus haut prix pour la psychologie descriptive des émotions. De toutes les formes de la peur, celle qui semble la plus répandue, c'est celle de telle ou telle espèce d'animaux (1486 cas), et dans ce groupe vient au premier rang la peur des divers reptiles et surtout des serpents (483). Mais il est une autre peur plus habituelle encore que celle-là, c'est la peur du tonnerre et de l'éclair (603). Viennent ensuite la peur des personnes étrangères (436), de l'obscurité (432), du feu (365), de la mort et des morts (299), des maladies (241), de l'eau (205). des revenants (203), des voleurs (153), du grand vent (143). Il faut re- marquer que, parmi les animaux, ceux qui après les reptiles sont le plus redoutés sont les animaux domestiques, bœufs, vaches, moutons, chè- vres, chevaux, etc. (268); la crainte des insectes (203) et celle des rats et des souris (196) est aussi extrêmement répandue surtout parmi les fillettes et les jeunes filles. D'une façon générale, les petites filles et les femmes se montrent plus craintives que les jeunes garçons et les hommes, mais la différence entre les deux sexes n'est pas à cet égard aussi grande qu'on aurait pu le supposer. Ainsi par exemple : sur 500 jeunes filles il y en a 230 qui craignent le ton- nerre, sur 500 jeunes garçons 155; 190 qui ont peur des étrangers, sur 500 jeunes garçons 129; 180 qui ont peur des serpents, sur 500 jeunes garçons 123; 171 qui ont peur de l'obscurité, sur 500 jeunes garçons 130. En quelques cas cependant l'écart est énorme : la peur des rats et des souris se retrouve chez 75 filles et chez 13 a-arcons seulement; la crainte de la fin du monde chez 53 filles et 11 garçons; la crainte d'être enterré vivant chez 32 filles et 5 garçons; la peur du sang chez 44 filles et 14 garçons. La crainte de l'eau, la peur des lieux élevés, la timidité se trouvent un peu plus mar- quées chez les garçons. Chez les garçons, la tendance à la peur, un peu plus accentuée au-dessous de 4 ans que de 4 à 7 ans, suit à partir de cet âge une progression régulière jusque vers 15 ans pour décroître ensuite avec des oscillations; chez les filles, elle est très marquée au-dessous de 4 ans, puis subit un brusque fléchissement, reprend vers 7 ans sa marche ascendante et atteint son maximum entre 15 et 18 ans, elle suit alors une marche régressive et, dans la période de 18 à 26 ans, tombe à peu près au point où elle se trouvait entre 7 et 11 ans. Il semble que certaines craintes diminuent 720 L'ANNEE BIOLOGIQUE avec l'âge tendis que d'autres croissentde fréquence et d'intensité : c'est ainsi qu'à mesure que Ton s'avance vers la maturité, on craint moins les nuages, le sang, les météores, les fées, les étrangers, on redoute moins de perdre son chemin, d'être enlevé, de voir le monde finir, tandis que la crainte augmente du tonnerre, des reptiles, des voleurs, des machines, de sa propre conscience. 11 va un groupe de peurs, qui, particulièrement intenses au moment de la pu- berté, deviennent ensuite moins intenses : la peur du vent par exemple, celle de l'obscurité, de l'eau, des animaux domestiques, des insectes, des spectres, de la maladie et de la mort. [Il semble que cette exacerbation de la tendance à la frayeur soit due aux troubles organiques qu'entraîne avec lui l'avènement de la vie sexuelle, surtout chez la femme]. Stanley Hall présente ensuite les cas de peurs les plus caractéristiques et les plus intéressants que lui a fournis son enquête groupés sous les chefs suivants : 1° Crainte des lieux élevés et peur de tomber. 2° Crainte de perdre son chemin ou son orientation. 3° Crainte d'être enfermé (Fear ofelosaieas). 4° Crainte de l'eau. 5° Crainte du vent. 6° Crainte des corps célestes et des phénomènes astronomiques et météorologiques. 7° Crainte du feu. 8° Crainte de l'obscurité. 9° Craintes éprouvées dans les rêves et peur de rêver. 10° Frayeurs soudaines, perturbations qu'elles déterminent {Shock). 1 1° Crainte du tonnerre. 12° Crainte des animaux. 13° Peur des yeux. 14° Peur des dents. 1.")° Peur du contact de la fourrure. 16° Peur des plumes. 17" Crainte de cer- taines personnes particulières. 18° Crainte de la solitude. 19° Peur de la mort. 20" Peur des maladies. 21° Craintes morales et religieuses. 22° Crainte de la fin du monde. 23° Peur des revenants. 24° Craintes pathologiques. 25° Craintes nées à l'école ou développées à l'école. 26° Craintes réprimées et domptées. St. Hall voit dans un grand nombre de ces frayeurs, dont l'intensité est parfois tout à fait disproportionnée soit avec le danger réel, soit avec la con- naissance que peut en avoir le sujet, la survivance chez l'homme actuel de sentiments qui se sont formés, à des périodes fort anciennes, chez ses ancêtres humains ou même chez ses ancêtres animaux. Il croit que l'étude analytique de ces émotions instinctives jette sur le passé de notre race une lumière très abondante et nous permet d'atteindre ainsi des phénomènes par toute autre méthode inaccessibles. [Il nous semble que l'explication proposée par le pro- fesseur Hall a un caractère beaucoup trop aventureux et conjectural pour qu'il soit légitime d'y recourir avant d'avoir tiré des autres principes d'interpré- tation tout ce qu'ils peuvent nous fournir de clarté. Un très grand nombre des cas qu'il a réunis ont, d'après nous, une signification pathologique; ils ma- nifestent à l'état faible des tendances émotives toute pareilles à celles qui apparaissent en leur plein développement dans les diverses phobies des dé- générés et les répulsions invincibles, caractéristiques de certaines névroses et en particulier de l'hystérie. Elles accusent un état de déséquilibre mental qui existe très fréquemment à quelque degré pendant la période de l'évolution individuelle où s'organisent en un ensemble défini et stable les instincts, les sentiments, les images, les idées dont l'assemblage et la liaison donneront naissance à un caractère, et qui s'exagère, chez la femme surtout, à ce mo- ment décisif de la puberté où les impulsions et les émotions sexuelles prennent leur place dans la vie psychique. Beaucoup d'autres d'entre ces peurs s'expliquent très naturellement par l'influence des conditions spéciales de milieu ou d'éducation, par l'action contagieuse de la peur d'autrui, par la prédominance de certaines formes d'imagination; un certain nombre se rat- tachent étroitement comme à leur cause initiale à une frayeur subite, à une impression violente produite par un phénomène ou un être déterminé en des circonstances particulières. Il est indéniable enfin (pie l'hérédité joue dans la XIX. — FONCTIONS MENTALES. 721 genèse de ces diverses espèces de peurs un rôle considérable, mais c'est dans l'hérédité prochaine, dans l'hérédité parentale ou familiale, qu'il faut, nous semble-t-il, aller chercher, tout d'abord, aux phénomènes que l'on décrit des antécédents qui les conditionnent. Il convient de ne faire entrer en scène qu'en dernière analyse et alors que tout autre principe d'explication reste impuissant, cette hérédité atavique qui ferait renaître en nous des sentiments dont l'origine remonterait à des périodes géologiques abolies depuis bien des milliers et des dizaines de milliers d'années. Du reste, l'invraisemblance est plus ou moins grande, d'après les cas dont il s'agit; il paraît inutile de rechercher dans un sentiment ancestral de terreur demi-superstitieuse la cause de cette extrême diffusion de la peur du tonnerre : la commotion nerveuse produite par le bruit de la foudre et l'illumination du ciel, l'excitation déterminée par la tension électrique de l'atmosphère, le danger connu et contre lequel on sait que nul effort ne vous peut protéger suffisent à rendre raison de l'état d'an- goisse où l'orage place un grand nombre de personnes. Mais, s'il paraît sin- gulier d'assigner comme cause à cet attrait du vide qui nous pousse à nous précipiter des lieux élevés et qui entraîne avec lui une frayeur irraisonnée de la chute ou à la fascination exercée par l'eau et qui s'associe à pareille crainte d'y tomber, le genre de vie de nos lointains ancêtres qui, animaux marins, ont vécu bercés par les vagues des océans sans que leurs corps eussent d'ordinaire nul solide point d'appui, on peut accepter plus aisément que la terreur que ressentent beaucoup d'enfants de perdre leur chemin ait pour première origine le besoin impérieux qu'ont éprouvé les hommes de ne se point égarer au cours de leurs longues migrations des âges préhistoriques, à travers les forêts et les marécages. L'idée très ingénieuse de Stanley Hall, c'est de rechercher dans les états émotionnels, liés à nos mouvements dans les diverses directions de l'espace, la matière même dont sont faites nos perceptions spatiales. [Quelle que soit la valeur de ses spéculations sur leur origine , il y a dans cette conception du rôle joué par les sentiments de plaisir et de peine dans la genèse de l'idée d'espace une très intéressante indication de méthode : c'est un aspect nou- veau de la question qu'il est l'un des premiers à mettre en lumière]. St. Hall insiste avec grande raison sur Faction modificatrice souvent très considérable des frayeurs soudaines et intenses; ces « chocs cérébraux » peuvent déterminer des changements profonds de structure psychique dont, comme l'auteur le fait remarquer justement, les nouvelles conceptions sur la structure intime des centres cérébraux nous permettent de mieux comprendre le mécanisme. Il termine en signalant les causes d'erreur inhérentes à la méthode employée, en indiquant le rôle essentiel de la peur et des sentiments connexes dans l'évolution psychique et, sociale et en montrant comment l'analyse des sentiments et des instincts peut et doit fournir à la psycho- logie génétique des documents plus abondants et plus aisés à interpréter que l'étude des éléments purement intellectuels de l'esprit. — L. Marillier. 191. Scott (C. A..). — La vieillesse et la mort. [XIII 2 b a, [3; c Ç] — Ce long travail de Scott sur la vieillesse et la mort semble au premier abord composé de plusieurs mémoires distincts dont il est malaisé de saisir le lien. Dans une première partie (p. 67-73), il passe en revue quelques-unes des di- verses théories biologiques qui ont été émises sur les causes de la sénes- cence et de la mort des organismes uni- et multicellulaires (Weismann, Guette, Geddes, Maupas, Minot, Marshall, Bùtschli, Lendl, Delboeuf, Le Dantec, Delage, Spencer, Rouxetc);la seconde partie (p. 73-70) est consacrée à l'examen des rapports de la longévité avec la sélection naturelle : la pro- l'annéis biologique, m. 1897. 46 790 L'ANNÉE BIOLOGIQUE. longation de la durée de la vie des individus est avantageuse à la fois pour les familles et pour les groupes sociaux plus étendus, tribus, nations etc. Et c'est cette utilité sociale qui explique cette prolongation moyenne de la vie humaine très au delà du temps nécessaire pour l'élevage des jeunes. Un processus de sélection a favorisé et conservé les groupes où, par une sorte de sympathie irraisonnée, on entourait les vieillards de soins et on leur assurait une ali- mentation supérieure. La longévité est plus habituelle parmi les mieux doués cérébralement, elle est plus fréquente parmi les travailleurs de l'esprit que les travailleurs des bras. Se. voit encore dans ce fait une conséquence probable d'un processus de sélection. C'est en effet la conservation des « intellectuels » et d'eux seuls jusqu'à un âge avancé qui importe à la prospérité du corps so- cial. La troisième partie (p. 76-85) traite de l'involution sénile : il examine les diverses théories proposées, insiste sur le rôle joué par les troubles circula- toires et la dégénérescence des tissus de la paroi des vaisseaux, sous la dépen- dance eux-mêmes des altérations des ganglions du sympathique. Le cerveau semble être l'organe le plus résistant et le plus tard atteint, les troubles psy- chiques que présentent les vieillards sont des troubles secondaires et dérivés et c'est l'intégrité du cerveau, organe régulateur, qui assure le fonctionnement de la machine avec un minimum de déperdition de forces. Il s'élève contre la conception de Ribot, de Ross, de Mercier qui représentent l'involutiori sé- nile comme une évolution à rebours « récapitulant » en sens inverse le dé- veloppement phylogénique : il montre qu'on a tiré de fausses conséquences du fait exact que chez les vieillards les souvenirs anciens sont plus nets, plus vifs et plus persistants que les souvenirs d'événements récents. Il indique que c'est dans la vieillesse que, le développement phylogénique terminé et la vie « spécifique » achevée, les particularités du caractère individuel se manifestent le plus nettement. Dans la quatrième partie, la plus longue (p. 85-109) et de beaucoup la plus importante, Se. expose les résultats d'une enquête faite par voie de ques- tionnaires sur les pensées et les sentiments relatifs à la vieillesse, à la maladie et à la mort les plus communément répandus. Il a été obtenu sur les divers points indiqués dans le questionnaire des réponses de 226 per- sonnes (60 % environ proviennent de femmes); l'enquête a spécialement porté sur les sentiments et les conceptions des enfants sur la mort et la vieillesse. Voici les principales rubriques sous lesquelles les réponses ont été classées. 1° Idées que se font les enfants des pensées et des sentiments des vieilles gens. 2° Ce qu'aiment les enfants dans les vieilles gens. 3° Ce qui déplait aux enfants chez les vieilles gens. 4° A quel âge est-on pour un en- fant un vieillard. 5° Jusqu'à quel âge les enfants désirent-ils vivre. 6° Même question en ce qui concerne les adultes, 7° les vieillards. 8° Genre de mort préféré (adultes). 9° Les premières impressions produites par la mort, le ca- davre, la tombe, le cercueil, le linceul, le char mortuaire, les funérailles etc. (11 semble que lorsque cette première impression a eu lieu à un âge très tendre, elle a été très rarement une impression d'effroi ou d'horreur, mais bien plutôt un sentiment de sympathique curiosité; c'est plus tard que la mort s'accompagne de son cortège d'émotions pénibles.) 10° Conceptions que se font les enfants de la vie des morts dans la tombe. [Elles ressemblent de très près à celle des non-civilisés], 11° Place de l'idée du suicide et de la mort dans l'esprit des adolescents et des jeunes gens (c'est un ordre d'idées fort habituel chez un grand nombre d'entre eux, au début surtout de l'ado- lfscence au moment où s'éveillent les sentiments sexuels et se renforcent les sentiments altruistes). 12° Opinions des adultes sur le suicide et sa légi- timité. 13° Sentiments suscités chez les adultes par la pensée de la brièveté de XIX. — FONCTIONS MENTALES. 723 la vie. 14° Maladies redoutées par les enfants, motifs de la crainte éprouvée. 15° £tat mental provoqué par l'approche imminente de la mort (par accident ou maladie). 16° Notions des enfants sur l'âme (leur frappante analogie avec celles que s'en forment les non-civilisés). La cinquième partie (p. 109-1 18) consiste en une brève étude psychologique et historique de la notion de l'immortalité, telle qu'elle se retrouve chez les adultes, et dont la fonction essentielle est de réconcilier notre sensibilité avec la pensée de la mort. Se. y traite aussi du rôle des cérémonies funéraires qui, célébrées en l'honneur du mort et dans son intérêt, sont surtout utiles aux survivants, en permettant aux émotions dont leurs âmes sont emplies de trouver une voie de décharge et de ne pas s'accumuler pathologiquement. Il essaie d'interpréter à ce point de vue un certain nombre de coutumes funé- raires en usage chez les non-civilisés et les peuples de l'antiquité, et qui s'expliquent beaucoup plus aisément par le désir de se débarrasser des im- puretés rituelles, contractées au contact du cadavre, et de se mettre à l'abri des retours offensifs du mort. La sixième partie enfin (p. 119-122) est con- sacrée à l'étude des relations qui unissent l'idée de la mort aux sentiments altruistes et sexuels. Notre attachement à la vie dérive surtout, d'après Se, du développement en nous de ces deux ordres d'émotions et de tendances. [On trouvera de très précieux renseignements dans les réponses faites aux questionnaires lancés par Scott. Ses conclusions ne doivent être acceptées que sous les plus grandes réserves et son mémoire aurait gagné à ce qu'il traitât à part les unes des autres des questions qui n'ont pas entre elles d'étroites connexions]. — L. Marillier. 177. Ribot (Th.). — L abstraction des animaux. — « Quand on parle d'abs- traction ou de généralisation, il est toujours entendu, dit Ribot, implicite- ment qu'il s'agit d'une opération de l'esprit qui s'applique aux données des sens, qui reste dans l'ordre intellectuel. » Le problème que Ribot se pose, et qu'il résout affirmativement, c'est si les états affectifs, « les émotions en tant qu'émotions — la joie, la tristesse, la peur, la colère, l'amour, etc., pour citer les plus communes — peuvent, elles aussi, servir de matière à un travail ana- logue de l'esprit, et dans quelles limites ». Ribot étudie d'une manière plus précise l'émotion abstraite dans certaines œuvres esthétiques, notamment chez les littérateurs contemporains connus sous le nom de symbolistes. C'est dans ce milieu littéraire que Ribot puise ses documents psychologiques; « les symbolistes étant, il est vrai, d'intention et de fait, des traducteurs subtils de la subjectivité de l'émotion, leur subtilité même et leur raffinement les prédisposent à l'abstraction ». Leur manière de sentir s'exprimant par des mots, l'abstraction intellectuelle et émotive peut être plus facilement établie. Les symbolistes veulent exprimer avant tout leur état intime d'âme, l'émotion elle-même ; de là, Ribot étudie leur état intime, leur état d'âme et, en se- cond lieu, le rôle du mot comme moyen d'expression, qui par conséquent ne traduisant pas les idées et les images, mais le sentiment, devait avoir une nou- velle adaptation. Cette adaptation consiste soit dans l'emploi des mots nouvaux ou tombés en désuétude, soit en changeant l'acception ordinaire, en modifiant leur sens précis et ayant une signification effacée, floue, mystérieuse, vague. Cette étude de Ribot, qui n'est qu'un complément aux études antérieures du même auteur sur la mémoire affective (*), conclut à la possibilité de cer- tains hommes, et même de beaucoup, d'avoir une mémoire affective vraie, « c'est-à-dire un souvenir de l'émotion elle-même ». Chez ces hommes, il y a (1) Revue philosophique, octobre 1894, et Psychologie des sentiments, partie I, ch. xi. 724 L'ANNÉE BIOLOGIQUE. les matériaux d'une abstraction émotionnelle ».Les émotions laissent des ré- sidus capables d'être ravivés comme des souvenirs, et à leur tour ces sou- venirs particuliers peuvent se fusionner en un état de conscience. « La mé- moire affective, dit Ribot en concluant, par sa nature même, est un pre- mier pas vers l'abstraction, parce que l'image affective, comme Limage sen- sorielle, renaît presque toujours appauvrie, partielle, réduite à ses caractères principaux. » — N. Vaschide. b. Émotions. — y) Leur expression. 21. Binet (A.) et Courtier (J.). — Influence de la vie émotionnelle sur le cœur, la respiration et la circulation capillaire. — Ce mémoire est la suite naturelle des recherches de B. et C. sur les effets du travail physique et du travail intellectuel. Il semble néanmoins que le choix de ce sujet leur ait été en partie suggéré par le désir de soumettre à un contrôle expérimental les théories de W. James et de Lange sur les conditions physiologiques de l'ap- parition des émotions et leur nature intime. Après un bref historique où ils passent rapidement en revue les travaux de G. Dumas, de Fleury, d'AN- GELL et Mac Lennan, de Mentz, de Patrizzi, de Lehmann et de Shields, ils présentent une description détaillée des expériences qu'ils ont faites et indi- quent les résultats généraux auxquels ils sont parvenus. Le mémoire se divise entre trois parties : la première est consacrée à l'examen des réactions vasculaires, cardiaques et respiratoires produites par des émotions de divers types chez un certain nombre d'adultes et d'enfants; la seconde contient une sorte de monographie émotionnelle d'un sujet dont les diverses manifestations affectives ont été, au point de vue physiologique, étudiées en grand détail; la troisième enfin se rapporte à l'action des émotions musicales sur ce même sujet. Tout d'abord, il convient de remarquer que les émotions persistantes et durables, telles que la joie ou la tristesse, sont nécessairement demeurées presque entièrement en dehors du cadre que s'étaient tracé B. et C. et aussi certaines émotions violentes, telles que la colère, l'effroi, etc. Ils n'ont enre- gistré que des réactions courtes à des excitations brusques, et qui, si intenses qu'aient pu apparaître relativement certaines d'entre elles, sont restées, au demeurant, modérées. La surprise est l'un des états émotionnels les plus faciles à provoquer : c'est un des premiers à l'étude desquels B. et C. se soient attachés. Ils ont constaté que le phénomène somatique qui les accom- pagne le plus généralement, c'est la vaso-constriction, mais c'est une réaction organique banale, et qui semble être d'une manière générale « le signe de la mise en activité du système nerveux ». La, peur les a tout particulièrement retenus et surtout, semble-t-il, parce que c'est l'une des émotions les plus fa- ciles à provoquer artificiellement: ils l'ont étudiée chez l'enfant et chez l'adulte. On a usé des moyens les plus divers pour la faire apparaître (annonce men- songère d'un incendie au voisinage du laboratoire, avis qu'on va pratiquer sur le sujet une expérience douloureuse, objet dégoûtant placé sur la main, inquiétude morale relative à une affaire disciplinaire, présence suggérée d'un serpent, attente inspirée d'une sensation pénible, auditive ou olfactive). Les résultats dans ces divers cas ont toujours été les mêmes : il s'est con- stamment produit de la vaso-constriction; « elle a seulement varié d'intensité : légère en certains cas, elle a été souvent assez forte pour effacer complète- ment le pouls; dans d'autres circonstances, le tracé a beaucoup ondulé et la pulsation, en reprenant son amplitude, a eu un dicrotisme amolli. Le cœur, dans la grande majorité des cas, a subi une accélération, qui parfois même a été très considérable, surtout quand l'anxiété ressentie a été intense ». La XIX. — FONCTIONS MENTALES. 725 respiration augmente de rapidité et de profondeur, la pause inspiratoire et respiratoire est supprimée. Cet ensemble de caractères semble faire de la peur une émotion excitante, et où n'apparaissent pas les phénomènes dépres- sifs qui la constituent, d'après la théorie la plus habituellement admise. [Mais il convient de remarquer qu'il ne s'agit, après tout, ici, que de peurs légères, et que B. a lui-même signalé dans ses recherches sur la peur chez les enfants, les effets paralysants et inhibiteurs de la terreur; l'action dépressive de la crainte continue semble de même indéniable]. Une autre série d'expériences a été faite sur la douleur physique : les au- teurs ont constaté que l'accélération du cœur est moindre et moins constante que dans la peur, il est même possible que l'accélération, là où elle a été en- registrée, soit liée à la crainte dont se mêle la douleur. La vaso-constriction, elle aussi, est moins marquée que dans la peur; le niveau du tracé ne s'a- baisse pas et il y a parfois une légère ascension de la ligne. On ne saurait donc soutenir que la peur est une douleur anticipée et atténuée. [On pourrait objecter que les douleurs « de laboratoire » ne peuvent jamais être très in- tenses et que de plus la certitude où est le sujet de leur courte durée exerce une action inhibitrice sur les réactions émotionnelles qui apparaîtraient en dehors de ces conditions artificielles. La douleur très vive provoque, on a pu l'observer sur soi, une accélération du cœur et une véritable exaltation motrice ; plus intense encore, l'arythmie cardiaque et un ralentissement con- sidérable. Des expériences faites sur un sujet en proie à une crise aiguë de névralgie donneraient à cet égard des résultats intéressants]. Les recherches sur les sensations et les émotions agréables ont porté sur quatre enfants : le plaisir a semblé se caractériser par un agrandissement du pouls, succédant à une petite vaso-constriction initiale. Des tracés ont également été pris chez des personnes auxquelles une mé- moire affective bien développée permettait la reviviscence volontaire d'é- motions anciennes, agréables ou pénibles. Ils ont permis de constater qu'il y a pour un individu donné un rapport constant entre son état émotionnel et l'état de ses vaisseaux, mais que ce rapport n'est pas le même pour tous les sujets. D'une manière générale, les émotions agréables ou pénibles provoquées au cours de ces expériences, ont agi indépendamment de leur qualité, comme des excitants du système nerveux, provoquant des vaso-constrictions, accélérant la respiration et le cœur. — Si l'on compare les caractères de la respiration à ceux qu'elle manifeste dans le travail intellectuel, on constate que dans le premier cas elle devient plus profonde, dans le second plus superficielle. Dans son ensemble, cette conclusion n'est point infirmée par les résultats des recherches détaillées entreprises sur le sujet N. ; il semble cependant que les phénomènes dépressifs tiennent une place plus considérable dans ses réactions organiques. Voici le résumé de leurs observations donné par les auteurs eux-mêmes : «Excitation auditive forte : accélération du cœur et de la respiration; vaso-constriction forte, renforcement du dicrotisme. — Surprise : mêmes phénomènes. Gaieté et joie : accélération du cœur et de la respiration. Léger renforcement du dicrotisme. Douleur à la pression : phéno- mènes inconstants de vaso-constriction, d'excitation ou de ralentissement de la respiration ; effets variables sur le dicrotisme du pouls. Amertume : très légère atténuation du dicrotisme, excitation de la respiration. Dégoût : ac- célération de la respiration, forte atténuation du dicrotisme. Odeur de l'es- sence de lavande en dissolution dans l'ammoniaque : ralentissement du cœur. Tristesse : ralentissement de la respiration et du cœur; atténuation du dicrotisme. » [C'est donc encore essentiellement comme des excitations de 726 L'ANNEE BIOLOGIQUE. l'organisme que se caractérisent les émotions chez M. N., mais des excep- tions apparaissent à la règle générale et déjà dans ce cadre restreint des émotions « de laboratoire » se manifestent des états psychiques dépressifs dont les accompagnements somatiques impliquent une diminution et un ra- lentissement des fonctions vitales]. Le principal intérêt de cette monographie émotionnelle deM. N., c'est, pour B. et C, d'avoir mis en lumière les relations étroites qui existent pour un individu donné entre un certain état affectif et une réaction physiologique déterminée : le retour de telle ou telle émotion entraîne toujours celui de telle ou telle forme de pulsation capillaire. B. et C. estiment qu'on pourrait se baser sur les particularités du tracé capillaire correspondant à chaque état affectif pour donner une classification vraiment physiologique des émotions. [Peut-être est-ce un peu oublier ce qu'ils ont pris soin de proclamer eux-mêmes : le caractère essentiellement individuel d'un grand nombre de ces réactions somatiques, l'absence par conséquent de signification générale qu'on est amené à leur attribuer]. Cn. Féré et J. de Tarchanoff ont cru pouvoir affirmer que les mélodies gaies produisent une vaso-dilatation ; les mélodies tristes, une vaso-constric- tion. Les expériences de Patrizzi (cf. Ann. Mol., II, p. 730-731) sont ruineuses pour cette manière de voir : elles semblent établir que les mélodies, quelle que soit leur qualité, et d'une façon générale tous les sons musicaux déter- minent une augmentation du volume du cerveau. Dans un récent travail d'autre part, Mentz (Die Wirkung aku&ticher Sinnesreize auf Puis undAthmung. Philos. Stud., XI) a montré que lorsqu'on écoute des sons avec attention, le pouls s'accélère, que lorsque l'attention au contraire n'accompagne pas les perceptions sonores, le pouls se ralentit; il est arrivé en outre à cette conclu- sion que le plaisir auditif amène un ralentissement du pouls et le sentiment inverse une accélération. MM. B. et C. ont jugé utile de reprendre la question dans son ensemble : leurs expériences ont porté sur un seul sujet, M. N. Ils ont étudié d'une part les modifications physiologiques produites par les ex- citations musicales « purement sensorielles » (notes isolées, accords etc.), d'autre part celles qu'engendre l'audition de mélodies de qualités émotion- nelles diverses. Ils sont parvenus aux conclusions suivantes : 1° les sons mu- sicaux, « les accords, et d'une manière générale, la musique en tant qu'exci- tation sensorielle, indépendamment de toute idée et de tout sentiment sug- gérés, ne troublent pas la régularité de la respiration et n'en augmentent pas l'amplitude, ils provoquent seulement une accélération de la respiration, accélération d'autant plus grande que le mouvement est plus vif (le mode majeur a un effet plus excitant que le mode mineur et les sons discordants un effet aussi excitant que les sons concordants). 2° La qualité de l'émo- tion musicale a quelque influence sur la fonction respiratoire; les mélodies excitantes (marches militaires, etc.) déterminent généralement une accéléra- tion respiratoire plus forte que les mélodies tristes, mais l'intensité de l'exci- tation a un effet au moins aussi grand que sa qualité; les émotions intenses, quelle que soit leur nature, produisent à la fois un accroissement d'amplitude et de rapidité des respirations. 3° Toutes les excitations musicales accélèrent le cœur, les excitations purement sensorielles au minimum, les émotions en raison non de leur qualité, mais de leur intensité. 4° Les excitations sen- sorielles simples, les excitations musicales agréables, d'un mouvement vif, les accords faux (excitations désagréables) et les excitations émotionnelles vives tendent à rapetisser la pulsation capillaire et à renforcer son dicrotisme. Les excitations sensorielles du mode mineur et les excitations émotionnelles tristes et pénibles ne produisent pas ces réactions ou ne les produisent qu'à un bien moindre degré. XIX. — FONCTIONS MENTALES. 727 La conclusion d'ensemble qui, d'après les auteurs, se dégage de leurs ex- périences sur l'action physiologique des sensations et émotions musicales, c'est que la musique se comporte en presque tous les cas comme un agent excitateur du système nerveux et que l'intensité de l'émotion joue, au point de vue des réactions somatiques qui sont engendrées par elle, un rôle bien plus important que sa qualité. [On voit que les résultats obtenus par B. et C. confirment en une large mesure ceux auxquels était arrivé Patrizzi. Mais il convient de répéter que les expériences n'ont porté que sur un sujet et que l'état mental d'une personne qui participe à des expériences de psychologie n'est pas le même que celui d'un artiste qui écoute une œuvre musicale à un concert ou qui se joue à lui-même une mélodie]. — L. Marillier. — Actes intellectuels. — a) Réflexes. 182. Rosenthal (J.) et Mendelssohn (M.). — Sur les voies de transmission des réflexes dans la moelle épinière et sur V endroit où la transmission des ré- flexes a lieu. — D'après les recherches des auteurs les réflexes normaux, c'est- à-dire les réflexes provoqués par une irritation minimum, passent par la partie supérieure de la moelle cervicale un peu au-dessous du calamus scriptorius. C'est dans cette région, que les auteurs désignent sous le nom de « région bulbo-cervicale » et qu'il est difficile de limiter anatomiquement, que la moelle épinière présente le plus grand pouvoir réflectigène. Ce n'est que lorsque le chemin est barré dans cette région à la suite d'une lésion expé- rimentale ou pathologique que les réflexes prennent un autre chemin plus court, ce qui nécessite toujours l'augmentation de l'intensité de l'excitant. — Les auteurs ont pu déterminer l'ordre dans lequel les réflexes se propagent dans la moelle et qui diffère un peu de la loi de Pflùger généralement ad- mise pour l'irradiation des réflexes dans l'axe spinal. Si l'on irrite, chez la Grenouille, la peau de l'extrémité inférieure droite et si l'on augmente graduellement l'intensité de l'irritant afin de provoquer des réflexes dans les 4 extrémités, on constate, d'après les auteurs, que le premier réflexe apparaît dans la patte excitée, le second dans la patte supérieure (antérieure) du même côté, le 3me et le 4me dans les deux extrémités du côté opposé. Les ré- flexes provoqués par des irritations minima ont toujours une tendance à passer par la partie supérieure de la moelle, qui est une vraie région ré- flexe et qui présente au passage des excitations réflectigènes le minimum de résistance. Il faut donc admettre que les réflexes normaux sont des ré- flexes à long trajet et que les voies courtes de la moelle présentent une plus grande résistance à la transmission des réflexes que les trajets longs. Il est probable que ces derniers sont plus franchissables à la suite de leur plus grande activité, puisqu'ils transmettent continuellement les impulsions cen- tripètes de la périphérie aux centres. Les nombreuses ramifications des tra- jets courts contribuent peut-être aussi à augmenter la résistance de ces der- niers au passage d'excitation réflexe. — G. Poirault. 220. Verworn (M.). — Réflexes toniques. — Lorsqu'on enlève les hémi- sphères cérébraux à une Grenouille rousse (Rana temporaria) et qu'après un ou deux jours de repos on exerce un léger frottement à l'aide du pouce et de l'index des deux côtés de la colonne vertébrale, l'animal quitte sa position accroupie habituelle et commence à se dresser sur ses quatre pattes en coassant, tandis que son dos se courbe à la manière de celui des Chats qui font le dos rond. Le coassement se répète souvent un assez grand nombre de fois, puis l'animal se tient immobile dans sa position anormale, grâce à 728 L'ANNEE BIOLOGIQUE. une contraction tonique réflexe étendue à toute une série de muscles. Il reste ainsi en moyenne de dix à vingt minutes. Le retour à la position ordi- naire se fait de diverses façons. Tout d'abord on peut le provoquer, car les excitants qui sont propres à faire exécuter un mouvement à l'animal sont susceptibles également de faire disparaître le tonus. Mais si l'on n'intervient pas. ou bien le tonus cesse brusquement et l'animal reprend d'emblée sa position ordinaire, ou bien il diminue graduellement et le corps s'affaisse de manière que les genoux, le menton, la poitrine et le ventre touchent le sol. Il reste ainsi parfois pendant plusieurs heures, puis revient brusquement à sa position habituelle. Lorsque le tonus a cessé, on peut, par le même moyen, le faire réapparaître un grand nombre de fois de suite, mais la fati- gue se faisant de plus en plus sentir, le réflexe est de plus courte durée et moins intense. Un mois et demi après l'extirpation des hémisphères céré- braux, alors que la plaie est complètement cicatrisée, il se produit encore. Ce réflexe tonique est dû à l'excitation mécanique de la peau, et seule l'exci- tation mécanique est capable de le produire : en effet, une Grenouille dépouillée ne répond pas et l'on n'obtient aucun résultat non plus avec les excitants chimiques, thermique et électrique. La Grenouille rousse présente le même phénomène à l'état normal mais d'une façon plus fugace et beaucoup moins constante à cause des actions intercurrentes venant des hémisphères cérébraux. Chez la Grenouille verte (Rana esculenta) le phénomène est peu marqué, si bien que, même quand elle est dépourvue de ses hémisphères, il n'apparaît que très faiblement. Comment se comporte l'excitabilité réflexe pendant la contraction tonique? Les réflexes sont les mêmes qu'à l'état normal : si l'on met sur le dos une Grenouille chez laquelle on vient de provoquer le réflexe tonique, elle fait des efforts pour se retourner. D'habitude elle parvient à reprendre sa posi- tion habituelle après quelques tentatives. Mais souvent aussi, les premiers elforts échouant, elle se tient tranquille et peut alors rester pendant plus d'une heure couchée sur le dos, les membres antérieurs tendus en l'air. Par quelle voie les éléments moteurs de la moelle sont-ils excités? Les neurones de la base du cerveau moyen interviennent ici, car s'il est vrai que l'enlèvement du cerveau intermédiaire et de la partie antérieure du cerveau moyen (lobes optiques) n'abolit pas ce réflexe, l'ablation de la partie postérieure du cerveau moyen le fait disparaître. Mais, comme d'une part ces neurones sont exclusivement sensibles, et comme d'autre part l'excitation des centres moteurs de la moelle allongée détermine une contraction éner- gique de tous les muscles du corps, les centres moteurs de la moelle allongée doivent intervenir également. L'arc réflexe complet comprendrait donc : les nerfs sensibles, les ganglions sensibles de la moelle, les éléments sensibles de la base du cerveau moyen, les centres moteurs de la moelle allongée, les fibres motrices descendantes de la moelle, les ganglions moteurs de la moelle et les nerfs moteurs spinaux. — G. Bullot. 102. Hofbauer (L.). — Interférence de d i (]'érentes excitations dans le système nerveux central. — Cette étude ergographique présente un grand intérêt pour la psycho-physiologie et pour la physiologie nerveuse générale. — Bien des auteurs avaient constaté déjà que, lorsque dans les recherches ergogra- phiques le muscle, après avoir donné par la suite de ses contractions dé- croissantes lacourbede la fatigue, n'est plus capable de se contracter, il suffit d'électriser son nerf pour obtenir une nouvelle série de contractions four- nissant une seconde ligne d'épuisement. Des déductions nombreuses, et souvent sujettes à caution, avaient été tirées de ce fait. — Hofbauer. XIX. .- FONCTIONS MENTALES. 729 après avoir étudié le même phénomène, signale que lorsque la courbe de la fatigue est déjà nettement accentuée, il suffit de donner une excitation brus- que quelconque à la personne qui est en expérience, pour voir apparaître aussitôt, en réponse à cette excitation, une contraction exagérée qui interrompt la courbe descendante. Le muscle, dans ces conditions, a fourni un travail supérieur à celui qu'il accomplit sous l'action de la volonté seule. Les re- cherches comparatives démontrent que la valeur de ces contractions réflexes {Tuschzuckungen) est d'autant plus grande (toutes choses égales d'ailleurs) que la fatigue est plus forte. Cette constatation est à rapprocher de phéno- mènes nombreux observés par les pathologistes : les réflexes sont exagérés chez les fatigués et chez les affaiblis : phtysiques, typhiques, etc. Le phénomène que nous venons de signaler est le fait capital sur lequel se base constam- ment l'auteur dans ses autres expériences et dans ses conclusions. [Il est essentiel, nous paraît-il, car, d'après nous, il est démonstratif de cette notion de l'activité musculaire existant par elle-même et s'extériorisant, dans la contraction de la fibre, grâce à l'intervention du système nerveux qui agit comme élément d'émission et non comme producteur de Vénergië], Les excitations sensorielles qui arrivent au cerveau n'ont pas ce seul effet d'exagérer les réactions motrices, elles déterminent aussi dans le système nerveux un état spécial dont Hofbauer tâche d'étudier les conséquences au point de vue des manifestations propres de la volonté. Si l'état d'attention existe au moment où l'excitation capable de provoquer la réaction motrice spéciale atteint le cerveau, la réaction musculaire volon- taire suivante est plus forte. Cette exagération atteint son maximum quand l'excitation précède la contraction volontaire de quelques dizièmes de seconde. Il faut mettre le fait en rapport avec la durée d'élaboration de l'acte volon- taire dont la valeur doit donc être aussi de quelques dixièmes de seconde. — Si l'excitation précède d'un trop petit nombre de dixièmes de seconde la con- traction volontaire, elle diminue et même annihile la réaction motrice volon- taire. Dans le cas d'inhibition complète, il n'y a pas manque de contraction par fatigue du muscle, mais il y a impossibilité pour la volonté de s'extériori- ser et cela à cause d'un état cérébral particulier provoqué par la sensation. L'auteur démontre aussi que, si deux ou plusieurs contractions réflexes se succèdent, il y a phénomène de summation : la seconde contraction est plus forte que la première et la contraction volontaire qui lui succède est d'ailleurs plus intense que les précédentes. La rapidité avec laquelle les con- tractions réflexes se succèdent, leur concomitance ou non avec les actes volontaires influencent fortement l'intensité du phénomène de l'accumula- tion. Hofbauer termine son travail par quelques conclusions sur lesquelles nous devons insister. Les contractions réflexes que l'organisme manifeste, et qu'il n'est pas en notre pouvoir d'éliminer, influencent fortement notre activité générale. Car, en somme, toutes nos manifestations motrices [les autres aussi probablement] dépendent : 1IJ de l'action centrale mise en jeu par l'irritant spécial qui détermine cet acte, et 2° de l'état général des centres provoqué par les excitations périphériques diverses, autres que l'irritation particulière du moment. Il est inutile, croyons-nous, d'insister sur l'importance de cette conclusion qui vient confirmer l'idée sur laquelle nous attirons plus haut l'attention et qui est celle aussi exprimée, il y a quelques années déjà, par Féré, quand il écrivait : « Lorsque le cerveau pense, c'est tout l'être qui entre en activité. » — J. Demoor. 730 L'ANNEE BIOLOGIQUE. 47. Dearborn (G. V.) et Spindler (F. V.). — Réactions motrices involon- taires aux excitations agréables et désagréables. — Les expériences de D. et S. ont été entreprises pour éprouver la validité de l'assertion de Mùnstek- berg que les excitations agréables déterminent des mouvements d'extension et les excitations désagréables des mouvements de flexion, réactions qui peu- vent être comparées aux mouvements de contraction et d'expansion par les- quels se manifeste la conscience affective diffuse des organismes inférieurs. Cette double tendance se trouve nécessairement chez les animaux supé- rieurs et surtout chez l'Homme en conflit avec des tendances antagoniques : l'avantageux et l'agréable, le nuisible et le désagréable coïncident d'une ma- nière d'autant moins rigoureuse qu'on s'élève davantage dans l'échelle zoolo- gique. Néanmoins, elle doit prédominer encore très nettement, même dans l'espèce humaine, sur les tendances adverses et surtout chez les êtres qui n'ont pas encore appris à inhiber leurs réactions émotionnelles, et qui sont plus directement et plus immédiatement soumis à l'action des excitations pé- riphériques, chez les enfants, et, ajoutent les auteurs, peut-être à tort selon nous, chez les sauvages. C'est cette vue de l'esprit qu'ils ont soumise à un contrôle expérimental rigoureux, et bien que leurs sujets fussent des adultes et qu'ils appartinssent tous à une classe très cultivée, ils ont en une certaine mesure vu se vérifier la loi formulée par Munsterberg. Chez un grand nombre toutefois des personnes sur lesquelles ils ont expérimenté (c'étaient des étudiants de Harvard University), les impressions agréables ou pé- nibles ne s'accompagnaient d'aucunes réactions motrices, d'aucunes réactions appréciables tout au moins : l'habitude s'est si bien prise chez beaucoup d'hommes de supprimer ou d'atténuer, du moins, les signes extérieurs de leurs sentiments que cette suppression ou cette atténuation persiste alors que n'intervient pas le concours actif de la volonté. Les excitants employés ont été d'ordinaire des odeurs, mais parfois aussi et avec certains sujets des cou- leurs, des sons et des bruits. Les mouvements enregistrés étaient ceux des deux mains et les mouvements de la tête dans le sens antéro-postérieur. Des fils attachés à un bonnet de carton soigneusement adapté à la tête, et à un anneau de laiton passé aux doigts de la main droite, étaient en rapport avec les leviers de tambours de Marey, et une poire mince de caoutchouc conte- nant une éponge fine évidée, était placée dans la main gauche et mise direc- tement en relation avec un autre tambour de même type. Les tracés pris sur le cylindre enregistreur permettaient de déterminer le sens et l'amplitude des mouvements. Voici maintenant les résultats obtenus. Excitations agréables. 500 expériences : dans la moitié environ des cas, on note des mouvements d'extension des mains et le mouvement corrélatif de la tête d'avant en arrière, dans 134 cas aucune réaction motrice ne s'est produite, dans 118 cas (53 %) la réaction inverse a été observée. Excitations désagréables. 450 expériences : les mouvements de flexion des mains et la flexion de la tête en avant sont relevés dans 53 % des cas, les mouvements inverses dans 26 %, l'absence de toute réaction dans 20 %. Excitations affectivement indifférentes. Dans 35 96 des cas, aucune réaction ne s'est produite, dans 32,9 % des mouvements d'extension, dans 31,7 °/0 des mouvements de flexion ont apparu. Déduction faite des cas où il n'y a pas eu de réaction, on voit qu'il y a une quasi-égalité entre les chiffres qui expriment le nombre des deux types de mouvements, lorsque l'excitation appli- quée n'a pas de valeur affective. D. et S. ont noté que le nombre et l'amplitude des réactions était plus considérable pour la main gauche que pour la tête et pour la tête que pour la main droite, la « main civilisée ». Les résultats divergents s'expliquent en partie par l'intervention de tendances antagoni- ques, «pli déterminent par exemple la flexion de la tête vers un objet XIX.,— FONCTIONS MENTALES. 731 agréable, le rejet de la tête en arrière pour éviter une odeur pénible, des mouvements d'adaptation à tel ou tel excitant, etc. Enfin il y a des différences individuelles que mettent en lumière les expériences faites avec des excita- tions indifférentes : certains sujets font de préférence des mouvements de flexion, d'autres des mouvements d'extension, par d'autres enfin les deux types de mouvements sont produits à peu près en égale proportion. La conclusion d'ensemble à tirer de ces recherches expérimentales , c'est que la loi formulée par Mùnsterberg est une loi réelle, mais que d'autres ten- dances agissent en même temps que celles dont il a mis en lumière l'exis- tence et modifient souvent le sens de la réaction totale. — L. Marillier. 49. Delabarre (C. B.), Logan (R. R.) et Reed (A. Z.). — La force et la rapidité des mouvements réactionnels. — Delabarre et ses assistants ont entrepris de mesurer, non plus seulement la durée totale du temps de réac- tion simple ou du temps d'association, mais la rapidité et la force des mou- vements réactionnels eux-mêmes du sujet. D. a imaginé un appareil, sorte de dynamomètre modifié, où les oscillations d'une colonne de mercure donnent en kilogrammes et en fractions de kilogrammes la pression exercée soit par la main tout entière, soit par le pouce et l'index, sur deux mors métalliques quïl faut rapprocher l'un de l'autre. La durée du mouvement réactionnel est inscrite sur un cylindre au moyen d'un contact électrique qui se produit au moment où le mors mobile commence à s'élever et qui persiste tant qu'il s'élève. Les expériences ont porté sur 15 sujets. Elles se divisent en deux séries, la première comprend des réactions simples, la seconde des réactions a des associations. Les résultats numériques obtenus sont donnés in extenso sous forme de tables. Voici les conclusions générales que D.. qui ne considère du reste ses expériences que comme des expériences prélimi- naires, a cru pouvoir formuler : 1° Le quotient du chiffre de la pression par celui de la durée du mouvement demeure pour le même individu et la même série à peu près constant. 2° Les différences de rapidité sont considérables d'un individu à l'autre et pour un même individu d'une série à l'autre : les individus diffèrent à la fois en rapidité et en régularité ; pour les uns la vitesse du mouvement est presque toujours la même, pour d'autres elle est très variable. 3° La durée du mouvement est plus grande dans la seconde série que dans la première. 4° Les variations de la pression sont plus étendues pour un même individu que les variations de la rapidité. Le degré de pression et ses variations sont caractéristiques de chaque individu. 5° La pression moyenne est pour chaque individu plus élevée dans la série II que dans la série I. — L. Marillier. 218. Tucker(M. A.) — Observations comparatives sur les mouvements invo- lontaires des adultes et des enfants. — T. a repris pour en contrôler les ré- sultats par une détermination plus rigoureuse des conditions expérimentales, les recherches instituées par Jastrow sur les mouvements involontaires {Amer. Journ. of Psychol., IV, p. 398 sq., et V, p. 223 sq.). Il s'est servi du même instrument que lui, l'automatographe, qui est très analogue à la planchette en usage dans les réunions spirites : c'est une petite tablette montée sur trois roues mobiles, sur lesquelles elle pivote, et armée d'un crayon, qui inscrit sur une feuille de papier, placée au-dessous, tous les mouvements qu'im- priment à l'appareil les contractions involontaires et inconscientes déter- minées dans les muscles des doigts du sujet, qui sont étendus sur la plan- 732 L'ANNEE BIOLOGIQUE chette, par les diverses influences physiques et psychiques qui se peuvent exercer sur lui. Les résultats obtenus par T. vérifient dans leur ensemble les conclusions auxquelles avaient abouti Leiimann et FÉRÉ et contredisent sur certains points les propositions formulées par Jastrow : il avait cru pou- voir affirmer : 1° que les mains sont animées de mouvements involontaires synergiques à ceux des yeux, etontune tendance à suivre le déplacement du re- gard le long d*une série de points ou de taches colorées ; 2° que les mains tendent à se mouvoir vers les objets, même immobiles, vers lesquels se di- rige l'attention; 3° que les mouvements d'arrière en avant et les mouvements d'adduction sont plus marqués que les mouvements inverses; 4° (pie les deux mains ont une tendance à se mouvoir synergiquement aux mouvements rythmiques; 5° que ces phénomènes présentent des variations notables, d'après les individus d'une part et d'autre part l'organe sensoriel intéressé. La critique qu'on peut adresser aux expériences de Jastrow c'est de n'avoir pas cherché à déterminer tout d'abord si, en l'absence d'excitations exté- rieures définies, on ne constate pas l'existence de mouvements des mains et des doigts, analogues à ceux qu'il a rattachés à l'action de certaines percep- tions visuelles et dirigés dans le même sens. Ce sont ces expériences prélimi- naires que T. a commencé par faire : elles ont porté sur 18 adultes et 13 en- fants. Le sujet avait les mains appuyées sur la planchette, et conjuguait dos verbes français, récitait la table de multiplication, fredonnait des chansons ou comptait à haute voix. Les mêmes expériences ont été refaites en priant le sujet de fixer son attention sur certains objets qu'on lui désignait; il n'était prévenu en aucun cas de la signification et de la portée de l'expérience ; 13 adultes et 25 enfants ont participé aux recherches de ce second groupe. La comparaison des résultats des deux séries d'expérience a révélé que le nombre des mouvements inconscients, toujours très considérable, n'était point sensiblement accru dans le second cas; que, d'une façon générale, les mouve- ments des mains, placées en avant des corps, tendent à les rapprocher de la ligne médiane, et qu'il n'y a pas de tendance marquée des mains à se diriger vers l'objet immobile sur lequel se fixe l'attention. D'autres expériences ont été instituées où l'attention du sujet était dirigée vers un objet en mouvement : elles ont porté sur 24 adultes et 24 enfants ; elles ont établi que les mouvements inconscients deviennent alors la règle et qu'ils se produisent dans le même sens (pie les mouvements de l'objet. La représentation Imaginative de l'objet en mouvement, si elle est intense, a le même effet que sa perception. Cette impulsion motrice est un peu moins accusée chez les enfants que chez les adultes. Elle semble chez les enfants n'être pas soumise à l'influence du sexe, ni dans une limite très étroite à celle de l'âge. T. indique la pa- renté des phénomènes étudiés, avec ceux de l'écriture automatique, et avec ces mouvements inconscients que les expériences de « cumberlandisme » ont mis en lumière. Il montre la part que le corps tout entier prend ainsi con- stamment à l'activité cérébrale. — L. Marii.lier. 35. Bryan (W. L.) et Harter (N.). — Étude de psycho-physiologie sur le langage télégraphique. — Cette curieuse et originale étude, dont l'un des au- teurs, actuellement étudiant à l'Université d'Indiana, a lui-même 21 ans de pratique télégraphique, contient de très utiles renseignements sur la façon dont se font l'apprentissage d'un exercice musculaire délicat et l'adaptation progressive des appareils sensoriels et de l'esprit à l'intelligence rapide d'un nouveau système de signes et sur le rôle essentiel que joue dans cette acqui- sition de nouvelles aptitudes motrices et discriminatives l'effort actif et vo- XIX. — FONCTIONS MENTALES. 733 lontaire, souvent poussé jusqu'au point où il devient pénible et presque dou- loureux. — Le mémoire comprend deux parties : l'une consacrée à l'exposé des résultats d'une enquête préliminaire faite auprès de trente-sept télégra- phistes, parvenus à divers degrés d'habileté professionnelle, l'autre à celui de recherches expérimentales instituées par le professeur Bryan et M. Harter pour élucider certains points spéciaux. Le système télégraphique dont il s'agit dans ce travail est le système Morse, dont l'alphabet, on le sait, rem- place chaque lettre de l'alphabet ordinaire par des combinaisons de traits et de points. Le télégraphiste a deux choses à apprendre : d'une part à envoyer des dépêches, c'est-à-dire à traduire mentalement lettre à lettre les mots du message en signes de l'alphabet Morse et à adapter sa main à l'exécution automatique des mouvements nécessaires pour la transmission de chaque signe, et de l'autre à recevoir des dépêches, c'est-à-dire à traduire en lettres et en mots des signes de l'alphabet Morse qu'il perçoit aux bruits plus ou moins longs qui résultent des contacts électriques plus ou moins prolongés. Les sons se succèdent souvent si rapidement que le télégraphiste récepteur ne pourrait compter les points et les traits dont le groupement forme les lettres, et les mots eux-mêmes se pressent à tel point qu'ils semblent se confondre; aussi, après une assez longue pratique, en arrive-t-il à ne plus percevoir ni les signes élémentaires, ni les lettres isolément, mais à lire les mots sans épeler et souvent à saisir la phrase entière comme un tout ; une lettre qui se présente dans un ensemble connu est traduite correctement, alors qu'elle ne sera pas comprise si, à rapidité égale, elle apparaît dans un ensemble in- connu. Les télégraphistes se spécialisent souvent et ceux qui transmettent avec une extrême aisance une certaine classe de mots perdent une grande partie de leur habileté technique en passant à un autre service. La rapidité de réception varie beaucoup : la vitesse normale dans le service des chemins de fer est de vingt à vingt-cinq mots de quatre lettres par minute. La vitesse maxima d'expédition est de quarante-cinq mots à la minute. Au début, on envoie plus rapidement les messages qu'on ne les reçoit, c'est l'inverse pour les télégraphistes expérimentés. Les erreurs commises sont très peu com- munes, et sur les gens qui ont une grande pratique, les causes de distrac- tion extérieures ou subjectives (les émotions) n'exercent qu'une action très faible. Les fautes de transmission sont rectifiées aisément par les récep- teurs habiles et cependant ils saisissent très rarement le sens d'ensemble d'une dépêche, ils la lisent sans la penser [le même fait se vérifie pour les correcteurs d'imprimerie]. L'apprentissage se fait d'autant mieux qu'on l'a commencé plus jeune; l'habileté se perd très vite, si on cesse de pratiquer. L'usage du tabac et de l'alcool empêche d'atteindre la rapidité nécessaire. — Les deux questions spéciales qui ont été étudiées expérimentalement sont les suivantes : 1° Les auteurs ont cherché à déterminer s'il est vrai, comme le prétendent les télégraphistes, qu'on peut reconnaître quelqu'un à sa manière de télégraphier comme on le reconnaît à son écriture, la seconde d'établir avec précision comment se fait l'apprentissage du métier, et quels proces- sus psychologiques il implique. Pour étudier le premier point, B et H. ont fait envoyer un même message choisi parmi les plus difficiles par 60 télé- graphistes ; le fil transmetteur était en relation avec un signal de Deprez, qui inscrivait les signes sur un cylindre de Marey. Un chronographe de Marey, introduit dans le circuit avec un interrupteur de Kroneker, per- mettait de contrôler les temps. On pouvait donc déterminer exactement ainsi la durée de chaque lettre et de chaque élément de lettre en mesurant avec précision la longueur de chaque trait et de chaque intervalle inscrits. Mais il aurait fallu plusieurs années, à l'estimation des auteurs, pour utiliser tous 7:54 L'ANNEE BIOLOGIQUE. les matériaux accumulés, aussi s'est-on contenté de soumettre à cette ana- lyse seize de ces messages. 11 faut rappeler que dans le système Morse le point est l'unité de temps, le trait compte pour trois, l'espace entre les élé- ments d'une lettre pour un, dans les lettres espacées pour deux, l'espace entre deux lettres pour trois, l'espace entre deux mots pour trois. C'est le « code idéal y> auquel chaque agent doit s'efforcer de demeurer fidèle. Or le résultat de ces recherches expérimentales est de démontrer qu'il y a à cet égard de grandes variations individuelles, que personne ne peut maintenir rigoureu- sement entre les divers éléments leurs relations théoriques de durée, et d'établir d'autre part que les variations pour un même individu sont con- stantes, ce qui permet à l'agent récepteur de savoir quel est celui de ses cor- respondants qui lui envoie un message. — Les auteurs ont exprimé en des courbes schématiques, dont les unes traduisent les résultats d'enquêtes orales et écrites et les autres résument des expériences précises, les conclusions auxquelles les ont amenés leurs recherches sur la rapidité et les modalités diverses de l'apprentissage du télégraphiste. Les faits suivants ont été con- statés : 1° La courbe d'envoi (courbe motrice) s'élève plus rapidement et plus uniformément que la courbe de réception depuis le début de l'apprentissage jusqu'à l'habileté maxima dont le sujet est susceptible. Mais au bout de trente à cinquante semaines la courbe de réception rejoint la courbe d'envoi et la dépasse. Pour la courbe motrice le progrès réalisé est surtout sen- sible au début, puis il devient plus lent, et il vient un moment où le sujet a atteint sa limite, et où sa rapidité à transmettre les messages ne s'accroît plus. L'apprentissage de la réception est beaucoup plus long; en voici, semble-t-il. les raisons : 1° le langage qui arrive à l'oreille du télégra- phiste est pour lui beaucoup plus complexe et moins clair que celui qu'il doit transmettre: 2° il a beaucoup moins d'occasions pour recevoir à une vi- tesse modérée que pour envoyer à cette même vitesse et faire ainsi l'ap- prentissage de ses oreilles comme de ses doigts (les sons produits par ses propres messages n'ont pour lui qu'une valeur éducative médiocres); 3° il éprouve un plaisir à envoyer les messages, une réelle fatigue, parfois pres- que douloureuse, à les recevoir. La courbe présente des plateaux dont on peut rendre compte de la manière suivante : le fait de recevoir pendant des années des dépêches à des vitesses moyennes ne porte pas un homme à son maximum d'habileté. Une fois arrivé à un certain degré d'aptitude discrimi- native, il y demeure, à moins que son passage à un autre poste ne le con- traigne à de nouveaux progrès. Ce n'est pas l'habitude seule, c'est V effort intense qui fait l'éducation de l'oreille. Chaque pas en avant coûte autant, si- non plus que le pas précédent. Aussi la plupart des télégraphistes ne font- ils pas l'effort nécessaire pour se placer au premier rang. Le progrès se fait par soubresauts : après le gain rapide des premières semaines , l'élève s'aperçoit qu'il demeure stationnaire et il est désespéré de ne plus avancer, puis brusquement les sons se démêlent et lui deviennent intelligibles, même en succession rapide. Nouvel arrêt, et c'est au prix d'efforts nouveaux que brusquement encore ils deviennent distincts même s'ils se succèdent avec- une vitesse encore accrue. On observe dans l'apprentissage d'une langue étrangère des phénomènes très analogues. On commence par ne distinguer aucun mot dans la confusion des sons, puis, après bien des efforts, un jour, la lumière se fait, presque soudainement, et on peut suivre à peu près ce qui se dit autour de soi ; mais si • m ne travaille pas activement et énergiquement à réaliser de nouveaux pro- grès, on en reste là. Si au contraire on persévère, un temps très long s'é- coule, sans qu'aucun bénéfice nouveau vous soit acquis de votre travail, puis XIX. — FONCTIONS MENTALES. 735 un nouveau pas est franchi et Ton se sent chez soi dans une langue qui est devenue vôtre et dont on est maître. [Il est à peine besoin d'insister sur le grand intérêt de ce travail pour la psychologie de la volonté et de l'habitude et sur l'importance surtout des conséquences pédagogiques qui en découlent. Il constitue un argument de premier ordre, fondé sur des faits biologiques, en faveur de l'emploi en édu- cation des méthodes actives]. — L. Marillier. 16. Binet (A.). — Réflexion sur le paradoxe de Diderot. — Dans ce travail l'auteur rend compte des observations qu'il a pu recueillir dans des conver- sations qu'il a eues avec les sociétaires du Théâtre-Français, sur la vérité psy- chologique de l'opuscule de Diderot, intitulé « Le Paradoxe sur le comédien ». Diderot soutient qu'un grand acteur n'éprouve pas et ne doit pas éprouver les émotions qu'il exprime : « c'est l'extrême sensibilité qui fait les acteurs médiocres; c'est le manque absolu de la sensibilité qui prépare les acteurs sublimes ». Les arguments de Diderot, quoique assez vivement critiqués par Binet, nous paraissent avoir plus de valeur que cet auteur ne leur en donne et, malgré leur forme littéraire, croyons-nous, respirent beaucoup d'obser- vation et de pénétration. Binet a fait à ce sujet une enquête, très lentement, pendant trois ans; sur une dizaine de sociétaires du Français : Mmc Bartet, MM. Got, Mounet-Sully, Paul Monnet, Le Bargy, Worms. Coquelin, Truffîer et de Féraudy. Le résultat de cette enquête est que le paradoxe de Diderot est faux. « On ne peut pas affirmer, conclut M. Binet, qu'un acteur joue sans croire; certes, une fois qu'il est rentré dans sa loge, qu'il a essuyé son fard et repris son sang-froid, il ne croit plus au personnage, bien qu'il puisse en garder quelque chose ; mais en scène, dans le feu de l'action, il peut s'émou- voir pour le compte de ce personnage artificiel. L'émotion artistique de l'ac- teur existe, ce n'est pas une invention; elle manque chez les uns, tandis qu'elle arrive chez les autres au paroxysme. » — N. Vaschide. fi) Instincts. Impulsions. Criminalité. 228. Wasmann (Erich). — Instinct et intelligence chez les animaux. - Wasmann comprend sous le nom d'instinct, non seulement le penchant aveugle, inné, que possède l'animal sans que l'expérience intervienne, mais encore la possibilité d'accomplir des actes déterminés en vue d'un but grâce à l'expérience, à la mémoire et à l'association d'images sensorielles. Ces actes se distinguent des actes intelligents en ce qu'ils reposent uniquement sur les données des sens, qu'ils sont inconscients, sans prévision du résultat, et ils se séparent des actes réflexes parce que, tout en répondant aux besoins des organes des sens, ils sont accompagnés d'une impression senso- rielle, donc d'un élément psychique. Quant à Y intelligence . elle n'existe que là où il faut des idées générales, où il y a un pouvoir d'abstraction. L'Homme seul peut abstraire, en tout cas on ne connaît pas d'actes d'ani- maux qui ne puissent être expliqués sans cela. L'homme possède lui-même l'instinct et agit instinctivement lorsque son activité mentale se limite à l'association d'images sensorielles. — Ce qui généralement est regardé comme intelligence chez les animaux est considéré par Wasmann, d'après sa défi- nition, comme une forme particulière d'instinct qui se distingue du pen- chant inné parce qu'il repose sur l'expérience et par conséquent a été acquis par l'animal en tant qu'individu. Si un jeune Veau s'effraye la pre- mière fois qu'il aperçoit une Guêpe et n'ose plus brouter : c'est de l'instinct, car la vue de la guêpe éveille immédiatement la peur dans le cerveau du 736 L'ANNEE BIOLOGIQUE. Veau grâce à une loi d'association héréditaire, et sans l'intervention d'une expérience désagréable. Supposons maintenant que ce Veau, dans son ar- deur, n'ait pas brouté avec assez d'attention , qu'il ait pris la Guêpe et qu'il ait été piqué: la deuxième fois, il y mettra plus d'attention et évitera la Guêpe; c'est de l'intelligence pour la psychologie moderne, tandis que l'auteur ne voit là qu'un abus du mot intelligence. Pour lui, la vue de la deuxième Guêpe, d'après les lois innées de représentation, amène immédia- tement la représentation de douleur, puis la peur. Les combinaisons psy- chiques sont les actes de mémoire sensorielle et non d'intelligence. Il en est de même pour un jeune Chien qui ronge un os pour la première fois, et pour celui qui ronge pour la deuxième fois. — Par conséquent la différence entre l'Homme et l'animal consiste en ce que ce dernier possède des instincts innés et d'autres acquis reposant sur des associations d'images sensorielles tandis que le premier possède en outre la faculté de généraliser et de tirer des conclusions. Pour l'auteur les animaux n'apprennent jamais à penser, à comparer des représentations matérielles entre elles et à en tirer des con- clusions, c'est-à-dire à raisonner. Jamais les animaux n'ont d'intelligence, ni de vie mentale. L'auteur revient donc aux vues de la philosophie scolas- tique du moyen âge (dérivées de celles de saint Thomas d'Aquin) qui s'har- monisent difficilement avec les progrès de la biologie moderne. Il rejette donc, comme insoutenable, la définition actuelle de l'intelligence d'après laquelle sont intelligents tous les actes de l'animal reposant sur l'expérience individuelle des sens, et il admet que seules sont intelligentes au sens propre du mot les manifestations psychiques dans lesquelles on peut prouver une connaissance subjective du but ou un pouvoir formel de conclure. En sorte que la vie intellectuelle commence seulement chez l'homme; elle est en rapports étroits avec la vie des sens qu'il possède comme les animaux supé- rieurs, mais elle en diffère par essence et se trouve placée bien au-dessus. C'est ce que montre parfaitement le langage qui est l'expression de l'activité de la raison. La parole est ce qui extérieurement différencie la vie psy- chique de l'homme et celle des animaux, ceux-ci n'ayant, dit-il, rien de comparable dans leurs relations entre eux et avec le monde extérieur. Quant au langage des animaux, il est bien l'analogue du langage humain, mais il en diffère par son essence même, car il ne repose que sur les lois de la vie instinctive des sens. C'est l'intelligence qui seule fait de l'Homme un homme, lequel fut créé par Dieu à son image. [Comme on le voit, ces idées, si peu différentes de celles des vieux ail- leurs français, sont loin d'être celles qui ont cours dans la psychologie mo- derne des animaux; celles qui sont défendues par Emery, Forel, Romanes; celles qui ont été si magistralement développées et étendues par notre maître Ed. Perrier et par Milne-Edwards, dont malheureusement l'auteur ne connait ni les idées, ni les ouvrages, et dont il ne cite même pas les noms. — Je n'ai pas le loisir de discuter ici les opinions de Wasmann, mais qu'il me soit permis pourtant d'ajouter que, sans aller jusqu'à l'extrême opposé, c'est-à-dire jusqu'à l'humanisation arbitraire de l'animal, il est possible de concevoir des états intermédiaires. Peut-il y avoir un hiatus si grand entre l'Homme et les animaux supérieurs, entre des êtres chez les- quels les fonctions matérielles sont dévolues aux mêmes tissus et sont soumises aux mêmes lois? Pourquoi le protoplasma nerveux aurait-il des réactions si différentes dans des cerveaux si voisins anatomiquement? 11 nous semble que cette identité élémentaire doit amener une identité fonda- mentale des phénomènes psychiques. Pour nous dispenser de faire appel à XIX. — FONCTIONS MENTALES. 737 un principe nouveau, l'intelligence, qui vient se surajouter exclusivement au cerveau de l'Homme, il suffit de rappeler la remarquable gradation de processus mentaux que l'on observe dans chaque groupe du règne animal, et qui, des groupes inférieurs aux plus élevés, s'acheminent vers les opéra- tions intellectuelles compliquées accomplies par l'encéphale humain]. — A. Me n ; égaux. 227. Wasmann (Erich). — Etude sur Je développement des Instincts. — Après avoir résumé les théories sur l'instinct de Darwin, Eimer, Haacke et Weismann et exposé ses objections, l'auteur avoue qu'il ne veut pas nier l'hérédité des qualités acquises ni leur refuser toute importance comme facteur de développement. 11 ramène les variations germinales en vue d'un but en dernier ressort aux lois internes du développement qui donnent à la variabilité des limites précises et une direction déterminée. En sorte que la sélection naturelle n'exerçant qu'une sorte de contrôle ne serait qu'une cause secondaire. En outre il n'admet la première apparition des variations dé- terminées, qui peuvent être si utiles pour la conservation de l'espèce, que comme réaction de l'organisme vis-à-vis des causes extérieures. C'est ce que lui a prouvé l'étude des rapports instinctifs d'échange qui existent entre les Fourmis, les Termites et leurs hôtes naturels (Coléoptères), c'est-à-dire l'étude de la symphilie avec ses caractères d'adaptation variés, les formations pi- leuses (trichomatiques) spéciales, les formes multiples des antennes, des pièces buccales, les mimétismes passif et actif. Se réservant d'étudier lon- guement ce sujet dans un grand ouvrage, il veut se limiter ici à vérifier l'emploi du principe de la sélection sur quelques-uns des faits cités. Les commensaux naturels des Fourmis et Termites offrent de belles preuves de la toute-puissance de la sélection. Rarement leurs caractères sont indiffé- rents biologiquement : témoin la famille des Rhysopaussldes. Le groupe des Lomechusa {Lomechusa, Atemeles, Claviger) nous montre de même les rapports étroits existait entre la morphologie et la physiologie. Les caractères des genres et des espèces s'expliquent biologiquement : ces animaux sont adaptés à leurs hôtes (Lomechusa, un hôte, Formica; Atemeles, deux hôtes, Myr- mica et Formica). De même, les formes des mimétismes passif et actif qu'on rencontre dans les Myrmécophiles et les Termitophiles sont en apparence très avantageuses pour la théorie de la sélection, car la similitude trompeuse qui existe entre le commensal et l'hôte appartenant à des ordres différents, ne peut s'ex- pliquer par un « développement parallèle » (Eimer; comme cela arrive dans des cas de faux mimétisme observés chez les papillons pour des colorations et des dessins. Les caractères d'adaptation qui sont en relation étroite avec la symphilie et complètement indépendants des rapports de parenté des symphiles, sont les faisceaux de poils jaunes ou rougeâtres situés sur les parties du corps les plus diverses. Ces trichomes sécrètent une essence léchée avec délices par les fourmis. On les rencontre dans les Staphilinidés, Clavigéridés. Gnostidés, Paussidés, Histéridés, Thorictidés, Scarabaéidés, Curculionidés et Endomychidés. Se produisant dans les familles les plus diverses, et seulement dans les genres et espèces qui vivent chez les Fourmis, leur apparition ne peut s'expliquer par des parentés phylogénétiques pas plus que par des lois spécifiques de croissance. Ce sont des caractères d'adaptation dans le sens strict du mot, ce qui ne donne pas leur explication causale, mais indique seulement leur but dans la symbiose. La sélection pouvait s'emparer de ces formations trichomatiques et les développer, mais on peut admettre l'année biologique, ni. 1897. 47 738 L'ANNÉE BIOLOGIQUE. avec raison que l'apparition de formations homologues chez des Coléoptères de familles si différentes n'est pas due au hasard, qu'elle est due à une seule et unique cause : l'excitation externe produite par le léchage fréquent des commensaux par les hôtes (Het&rius), Seulement, il est difficile de préciser comment le léchage de Coléoptères recouverts d'un squelette dur de chitine peut amener le développement de ces trichomes, puisque les larves à'Ate- meles et de Lomechusa, qui sont léchées avidement, n'en possèdent pas. Cette énigme est encore plus difficile à résoudre si on s'adresse seulement à la sélection, car des trichomes semblables n'apparaissent que chez les symphiles. Des formations trichomatiques analogues et non homologues se rencontrent chez beaucoup d'Insectes, principalement dans les faisceaux de pollinisation de certains Coléoptères anthophiles. Même dans quelques espèces des genres Julodis Buprestidés), Trichostetha (Cétonidés), Eurhamphus (Curculionidés), le dos ou les côtés sont recouverts de faisceaux plus ou moins gros, qui ne peuvent évidemment servir qu'à la pollinisation chez les plantes visitées par ces Insectes. Comment la sélection a-t-elle pu produire ces trichomes qui ne sont utiles qu'à la plante et sontbiologiquement indiffé- rents au Coléoptère? Il est non moins difficile de décider comment le frot- tement de certaines parties du corps de l'Insecte contre les fleurs a pu pro- voquer ces formations. La question « cui bono », qu'il est bon de se poser dans tous les problèmes de la sélection, a des conséquences plus grandes encore pour la symphilie et les caractères d'adaptation. S'il y a chez certains animaux des instincts bien développés dont l'utilité est uniquement en faveur d'autres animaux pendant qu'ils produisent un dommage réel à leurs possesseurs, la sélection naturelle (personnelle ou germinale) ne peut avoir eu aucune part à leur développement, car elle aurait dû agir en sens inverse. A qui profite la symphilie? Elle est utile au commensal qui trouve soins et nourriture, mais pas à l'hôte qui n'y trouve qu'un léchage agréable. Ces para- sites sont les ennemis les plus dangereux des Fourmis. Les Hftterinii et le Paussus se nourrissent des larves des hôtes; les Claviger dévorent les grosses larves femelles; les larves d'Atemeles et de Lomechusa dévorent des centaines d'œufs etde larves et par dégénérescence amènent l'apparition depseudogynes. Puisqu'ils sont franchement nuisibles, si la sélection a développé les instincts des Fourmis pour les soins et l'élevage des Lomechusa, elle a fait justement le contraire de ce que la sélection naturelle aurait dû faire. On peut donc conclure qu'elle n'a pris aucune part au développement de la symphilie vis-à-vis de l'hôte. Elle aurait dû réagir, au moyen de modifications dans le genre femelle, contre l'inclination que les fourmis ont pour leurs commen- saux et même parasites et, pour être utile aux hôtes, développer chez ceux-ci une aversion qui les porte à se débarrasser d'eux : cela eût été facile chez les Clavigéridés, Paussidés et le groupe des Lomechusa, qui n'ont pas de formes défensives. Et la sélection a laissé se développer ces instincts, malgré le dommage qui en résulte pour l'hôte, car les colonies qui n'ont pas de para- sites ont un grand avantage dans la lutte pour la vie. Cette conclusion ne peut être infirmée, continue l'auteur, quand même le dommage sera très faible et quand même on admettra une utilité inconnue, car nous ne pouvons tirer des arguments de notre ignorance. L'exemple du Coucou est tout autre : les Oiseaux qui soignent ses œufs et ses petits manifestent une certaine aversion pour lui, les rapports sont donc 1res différents de ceux de la symphilie. Wasmann conclut ainsi que les instincts des Fourmis sont unis psycholo- giquement avec le penchant d'adoption si répandu dans le règne animal, XIX. — FONCTIONS MENTALES. 739 mais qu'ils se sont développés dans des directions propres, et de plus que les commensaux naturels des Fourmis et des Termites sont avec leurs carac- tères d'adaptation des produits de sélection des hôtes. A côté de la sélection naturelle, il admet une sélection instinctive de la part de l'hôte. Certains caractères d'adaptation sont explicables par la pre- mière, parce qu'ils augmentent la résistivité passive par rapport au traitement quelquefois rude de l'hôte. Mais ils sont secondaires comparés à l'attraction instinctive qu'exerce le parasite sur l'hôte, grâce aux trichomes, aux organes sécréteurs, aux antennes, au mimétisme, etc. Au point de vue phylogéné- tique, ces caractères acquièrent encore une importance plus grande, et on peut les considérer comme un produit véritable de sélection dû à l'instinct de symphilie de l'hôte, et les comparer aux formes diverses de crêtes, chez les Coqs et les Pigeons, obtenues par sélectionnement artificiel. Ces produits sont donc dus à la sélection dirigée par un instinct nuisible à l'animal. Ceci amène Wasmann à conclure qu'il est loin d'être persuadé de la toute -puissance de la sélection naturelle et qu'il préfère soumettre à la critique les spéculations phylogénétiques plutôt que de les accepter comme article de foi. En admettant comme probable un développement graduel des espèces et des instincts, il fait ses réserves sur les limites et les causes de ce développement. — A. Menegaux. 93. Hamlin (Alice J.). — Essai sur la psychologie de l'instinct. — Revue critique des principales théories sur la genèse des instincts et le mécanisme des actes instinctifs. Mllc H. montre qu'il convient de distinguer dans l'étude de l'instinct trois points de vue différents : le point de vue du biologiste qui ne s'attache qu'aux questions d'origine et de développement, celui du physiolo- giste qui se préoccupe essentiellement de rechercher dans la structure et le mode d'activité fonctionnelle des divers appareils d'un organisme la raison d'être des diverses manifestations de son activité instinctive, celui enfin du psychologue qui a pour but unique de déterminer quelle est la nature de l'instinct en tant que processus mental et de quels éléments psychiques il est constitué. La question préliminaire à résoudre pour lui, c'est donc celle de savoir s'il entre dans la composition de l'activité instinctive des éléments de conscience. Mlle H. a volontairement limité son examen critique des diverses théories de l'instinct en tâchant de se placer sur un terrain exclusivement psychologique, mais les nécessités mêmes de l'exposition l'ont contrainte de se départir parfois de l'attitude qu'elle avait adoptée. Les cinq chefs principaux sous lesquels se viennent ranger, d'après elle, les diverses questions que soulève l'étude des actes instinctifs (autant qu'il semble, c'est surtout des actes instinctifs des animaux que MlleH. a voulu parler) sont les suivants. 1° L'instinct est-il un processus conscient? Ressemblances et différences des actes instinctifs et des actes réflexes. 2° Relations de l'instinct avec les « stimuli » périphériques et organiques. 3° Relations de l'instinct et de l'intelligence. 4° Relations de l'activité instinctive et de l'activité volontaire. 5° Rôle joué par l'élément émotionnel dans la constitution et le fonctionne- ment des instincts. Mlle H. expose brièvement les opinions émises par les psychologues les plus autorisés sur ces divers points : avec Romanes et Wunbt, elle repousse la théorie de Spencer sur le caractère inconscient des actes instinctifs, et indique la difficulté de tracer entre les actes réflexes et les actes instinctifs une frontière nettement définie; elle expose à cette occasion les théories de Lloyd Morgan et de Hôffding. Elle montre qu'il ré- sulte des recherches concordantes de tous les psychologues, que les actes instinctifs sont sous la dépendance des stimuli externes, mais à un beaucoup 7 10 L'ANNÉE BIOLOGIQUE. moindre degré que les réflexes, et qu'ils sont particulièrement déterminés par des incitations internes d'origine organique. La conception qu'on doit se faire de l'instinct semble être celle d'une activité dirigée vers un but ignoré de l'agent, d'un caractère plus complexe que l'activité réflexe, en corrélation moins immédiate avec les excitants externes, et qui implique une certaine forme de conscience. .Mais quelle est cette forme de conscience, c'est là la question dont la solution importe le plus au psychologue. Rejetant avec Wundt la théorie de Spalding, qui considère les actes instinctifs comme la manifestation d'idées transmises par hérédité des ascendants aux descendants, M,lc H. examine l'hypothèse classique delà « lapsed intelligence », où Lehmann et Lewes ont cru trouver une explication pour toutes les formes d'instinct, et l'opinion de Volkmann qui nie l'existence de tout élément représentatif à l'origine des déterminations instinctives; elle se range à l'opinion moyenne que représentent Wundt, Baldwin, Romanes, Lloyd Morgan, James Sully. Sergi, etc.. et qui admet que les instincts sont engendrés à la fois par d'an- ciennes habitudes intelligentes devenues automatiques et par le mécanisme de la sélection naturelle. A ses yeux, dans un instinct constitué, les éléments intellectuels ne jouent qu'un rôle très subordonné, et le mécanisme le plus compliqué qui intervienne est celui de l'association des idées : encore ne s'agit-il que d'associations très peu complexes. La plus délicate de toutes les questions est peut-être celle des relations de l'instinct et de la volonté, mais les contradictions multiples qui apparaissent entre les divers auteurs sont pour une bonne part des contradictions verbales, et qui dépendent des définitions données des mots « impulsion » et « volonté ». Sur un point, il y a accord, tous les auteurs reconnaissant la présence dans l'instinct d'un élément actif, qu'il s'agisse d'une activité .spontanée ou volontaire, ou d'une décharge motrice de telle ou telle espèce ; les différences entre ces définitions qui attribuent à l'impulsion les unes un caractère volontaire, les autres un caractère involontaire, sont plus apparentes que réelles. Les opi- nions et les théories de Wundt, de Hôffding, de Bain, de J. Sully, de Volkmann, de Baldwin et de Lehmann sont rapidement passées en revue. Sur l'importance prépondérante de l'élément émotionnel, Mlle H. semble être d'accord avec Lehmann et Schneider; Wundt d'ailleurs et Bain lui font aussi parmi les facteurs de l'acte instinctif une place considérable que seuls Car- penter et Romanes ont paru lui contester. Pour conclure, M,le H. donne cette définition de l'instinct : c'est « pour le psychologue un complexus d'états de conscience où les éléments représentatifs sont plus ou moins rejetés au second plan par l'intensité des états émotionnels et des tendances à des actes que l'animal accomplit sans connaissance de leur but et au moyen d'un mécanisme préétabli dans sa structure organique ». Elle estime que de tous les travaux publiés sur l'instinct, ce sont ceux de Wundt qui sont à la fois et de beaucoup les plus approfondis et les plus exacts. [L'article de Mlle H. ne contient ni faits nouveaux, ni idées bien originales, ni critiques très personnelles à des théories acceptées., mais c'est une bonne mise au point des opinions qui ont su acquérir le plus de crédit sur la question du mécanisme psychologique des actes instinctifs]. — L. Marillier. 12. Bethe (A.). — Devons-nous attribuer aux Fourmis et aux Abeille* des fonctions psychiques? — A la question : devons-nous attribuer aux Fourmis et aux Abeilles des fonctions psychiques? l'auteur répond négativement. Cette question en effet est loin d'être résolue; certains auteurs attribuent à ces animaux une vie psychique supérieure, d'autres au contraire les considèrent avec Descartes comme des automates. A. Bethe est un des auteurs peu nom- XIX. — FONCTIONS MENTALES. 741 breux qui ont faitdes observations minutieuses sur les Fourmis et les Abeilles. Il a fait à ce sujet des recherches méthodiques consistant à élucider divers points, notamment la question de savoir si les Fourmis et les Abeilles se con- naissent entre elles, si elles peuvent trouver leur chemin et retrouver leurs nids et si elles peuvent communiquer entre elles. A la première question, Bethe conclut affirmativement et invoque l'inter- vention d'un simple réflexe qu'il appelle « chimioréflexe ». Cette reconnais- sance serait due à un dégagement volatil qui affecterait le sens olfactif; une substance chimique particulière, spécifique, caractériserait chaque nid, chaque ruche ou chaque espèce de Fourmis ou d'Abeilles et même chaque individu. Ainsi une étrangère est reconnue tout de suite, grâce à son odeur. Cette* par- ticularité chimique serait due à des échanges organiques. Une fourmi, Myr- mica, après avoir été soumise à un bain rapide d'alcool de 30 à 50°, peut être introduite dans un nid de Tetramorium, sans être attaquée ou sans que les fourmis s'en aperçoivent, quoique Myrmica soit d'une couleur rouge brun et de beaucoup plus grande que Tetramorium. L'alcool aurait par conséquent détruit les acides gras du corps et détruit, au moins pour le moment, des substances chimiques volatiles, qui constituaient en quelque sorte l'indivi- dualité reconnaissable de Myrmica. A la seconde question Bethe répond que les Fourmis s'orientent et retrou- vent leur chemin d'après les émanations volatiles du nid et de leurs conci- toyennes; la présence ou l'absence de cette substance volatile serait le seul guide qui les orienterait pour retrouver leur chemin et fournirait des points de repère. Quant aux Abeilles, l'auteur trouve la solution plus difficile; chaque ruche attire les Abeilles par une qualité spéciale de la matière volatile qui émane à distance et le chimiotropisme expliquerait, au moins pour quel- ques-uns, l'orientation des Abeilles. Mais ces Insectes sont en continuel mou- vement, ils sont aériens, ce qui complique le problème. Les Abeilles se dirigeraient, d'après Bethe, par quelque chose qui n'appartient pas à la ruche elle-même, car ce quelque chose ne les ramène pas seulement à la ruche elle- même, mais, quand celle-ci a été enlevée, à la place où elle se trouvait d'a- bord et où elle ne se trouve plus. Après beaucoup de discussions et de critiques, l'auteur, ne pouvant s'expliquer la nature de ce quid ignotum, admet que les Abeilles sont ramenées à la ruche ou au point dans l'espace d'où elles sont parties par « une force à nous tout h fait inconnue, mais que, selon toute apparence, il n'y a là aucun processus psychique ». Les Abeilles obéissent à cette force inconnue, qui serait comme un aimant, dont la force d'action s'é- tendrait à peu près à trois kilomètres. Bethe répond encore négativement à la dernière question, à savoir si les Fourmis et les Abeilles communiquent entre elles. Le nombre d'observations recueillies à cet effet est trop minime pour pouvoir tirer des conclusions précises. Le travail de Bethe est des plus consciencieux et nous regrettons beau- coup de ne pouvoir insister sur un grand nombre de ses considérations gé- nérales, notamment sur l'acte réflexe. Bethe pose de nouveaux problèmes et ses recherches constituent une des plus belles et intéressantes monographies sur la psychologie des Fourmis et des Abeilles. Contrairement à Labbak, Forel, Romanes, etc., qui attribuent à ces Insectes une vie psychique, Bethe n'admet pas même la moindre trace d'un processus psychique. Parlant des observations de Wasmann i 1 ), le père jésuite dont les travaux (1) "Wasmann : De zusammengesetzten Nesler und gemischten Colonial der Ameisen. Mïms- ler, 1891. Instinct und Intelligenz im Thierreich. Freiburg i. Br. 18!)~. Vergl. Studien ûber das Sceleben der Ameisen und hôheren Thiere. Freiburg. i. Br., 1897. 742 L'ANNÉE BIOLOGIQUE. sur les Fourmis sont bien connus. Betho s'exclame : « Comment Wasmann peut-il sérieusemenl soutenir qu'il n'existe point de différence entre les ac- tivités biologiques de la vie de relation des Fourmis, des Abeilles, etc. et celles des Mammifères supérieurs et des Oiseaux? Voilà qui me passe entière- ment. La Fourmi apporte au monde avec elle, comme inné, tout ce qu'elle l'ait dans la vie: le Chien et le Singe doivent d'abord tout apprendre, exac- tement comme l'Homme: ils apprennent à marcher, ils apprennent à manger, et. sous la direction de l'Homme, ils apprennent encore les actions les plus compliquées. Et, ce qui estplus important, d'eux-mêmes ils peuvent modifier leurs actes sans l'avoir appris d'expériences certaines et assurées. Et voilà ce que Wasmann voudrait prouver des Fourmis! Il n'y réussira jamais. » — N. Vaschide. 151. Mortillet (G. de). — Instinct et raisonnement. — Observations per- sonnelles pour prouver le « raisonnement » chez les animaux. Le bé- tail fuit au sifflet de la locomotive au moment de l'installation du chemin de fer. mais, avec le temps, n'y fait plus attention. A Vérone, au moment de l'occupation autrichienne, l'auteur a constaté que les Oiseaux se tenaient plus nombreux qu'ailleurs dans les limites de la zone militaire (large de 1 kilom.) où il était défendu de tirer un coup de fusil. Ils entendaient cependant les coups de fusil et de canon venant de la forteresse où les exercices militaires allaient leur train: mais. « sachant » par raisonnement qu'il n'y avait rien cà craindre de ce côté, ils ne s'envolaient pas de la zone militaire. L'auteur a vu aussi les Corbeaux s'envoler dès qu'ils apercevaient un chasseur, fusil à la main, et laisser s'approcher les hommes sans armes. — J. Demker. 'M . Butler A. G.). — Habitacles héréditaires chez les Oiseaux. [XV b] — Cette petite note, parue dans les Xotes and Queries du journal The Zooloyist. relate un fait très curieux observé par un amateur d'oiseaux. Il s'agit d'un couple de ces Bengalis japonais, élevés en domesticité depuis des siècles au Japon, et dont l'origine même est douteuse : on les regarde comme pro- venant du croisement de VAmadina acuticauda ou de VA striata (Dominos de nos marchands) avec VA. malabarica (ou Bec de plomb). Ces Oiseaux, placés dans une cage, cherchaient à construire un nid, et n'obtenaient, comme leurs pareils, que de très médiocres résultats. Placés dans la volière, beaucoup plus vaste, et mis en présence de Graminées en floraison qu'on y avait apportées en abondance, ils s'emparèrent de celles-ci et con- struisirent rapidement un nid de « Domino » typique. Il est à regretter que l'observateur ne donne pas plus de détails. — L. Defrance. 115. Knauer (Fr.). — Pourquoi les Oiseaux ëmigrent-ils chaque année et quels sont leurs guides ? [XVIII] — Court procès en quelques lignes des argu- ments invoqués par les auteurs pour tenter d'expliquer les causes des migra tions et leur régularité. Ce ne sont ni le manque de nourriture, ni l'attache- ment à leur patrie qui peuvent provoquer les migrations des Oiseaux, car ils migrent souvent bien avant que la nourriture ne leur fasse défaut, et ils pas- sent plus de temps dans les pays du sud que dans leur vraie patrie. — Les oiseaux, dans leurs trajets si réguliers, ne peuvent se guider d'après des points de repère terrestres (comme on prétend quelquefois que c'est le cas pour le Pigeon voyageur), car beaucoup voyagent la nuit, d'autres volent trop haut, d'autres trop vite, enfin et surtout la chose est absolument inadmissible pour les jeunes de Tannée, qui souvent émigrent les premiers et accomplis- sent seuls leur voyage pour la première fois. Les influences magnétiques ne XIX. — FONCTIONS MENTALES. 743 peuvent être invoquées que pour les migrateurs de l'un des continents. Enfin la direction des vagues ne peut être utile à l'orientation des Oiseaux que dans certaines régions très calmes de l'océan Pacifique. L'hypothèse de Haacke, qui fait intervenir la théorie des tactismes, est la seule qui séduise l'auteur. Les Oiseaux seraient doués d'un tactisme positif pour la lumière, et il n'y aurait rien d'impossible à ce que leurs migrations fussent subordonnées à des questions de lumière : qu'il s'agisse aussi bien de la position du soleil, que de la lumière émise par les constellations. — E. Hecijt. 10:». Hoffbauer. — Des migrations et de lâchasse aux Oiseaux dans Vile de Helgoland. [XVIII] — Résumé d'un travail de G.ktke (Heinrich). — La petite île de Helgoland, dans la mer du Nord, sur les côtes du Holstein, serait une station privilégiée pour l'observation des migrations des Oiseaux. Elles ont lieu suivant deux grandes directions : l'une nord-sud, la moins importante, l'autre est-ouest. Les passages en automne sont toujours plus considérables qu'au printemps ; en effet les Oiseaux dans leurs migrations vers leurs quar- tiers d'hiver sont moins pressés et, pour peu que le temps soit encore favo- rable, s'arrêtent volontiers en route. Au printemps au contraire, impé- rieusement poussés par le besoin de la reproduction, ils accomplissent leur voyage avec une rapidité incroyable et souvent sans aucun arrêt ou seulement avec des arrêts très courts. Ainsi, par exemple, Sylvia sueccica, qui niche tout à fait au nord de l'ancien continent, est fréquemment signalée en automne dans l'île d"Helgoland, en Angleterre et en Italie, tandis qu'elle ne fait que de très rares apparitions au printemps dans ces deux dernières contrées. Tout fait croire que dans sa migration du printemps, c'est dans l'île de Helgoland qu'elle s'arrête pour la première fois, ayant accompli ainsi en neuf heures la distance énorme de 400 milles géographiques qui sépare les contrées du Nil de la petite ile de la mer du Nord. Elle se met sans doute en route, comme la majorité des Oiseaux migrateurs, au crépuscule, pour arriver à Helgoland au lever du soleil. La Corneille offre aussi un exemple très saisissant des différences qui existent entre le mode de t migration au printemps et en automne. C'est un des rares Oiseaux, avec l'Étourneau et l'Alouette, qui volent très bas, souvent presque au ras de l'eau. Sa direction est ouest-est au printemps, est-ouest en automne. Les premiers vols n'apparaissent pas dans l'île avant 8 heures du matin, mais tandis qu'en automne on n'en voit plus après 2 heures de l'après-midi, au printemps le passage continue jusqu'au coucher du soleil. Cela tient à ce que la Corneille, en automne, reste de préférence, sitôt l'après- midi arrivé, sur les côtes du Holstein, de crainte d'atteindre la côte anglaise pendant la nuit. Si au printemps au contraire le passage se prolonge plus tard dans l'après-midi, c'est que les Corneilles sont certaines de franchir avant la nuit la courte distance qui sépare Helgoland de la côte du Holstein. Tout prouve que les Corneilles émigrent de l'est à l'ouest (ou réciproquement) suivant un vaste front à direction nord-sud, passent au-dessus de Helgoland, franchissent la mer du Nord, puis, arrivées en Angleterre sans même at- teindre les côtes occidentales (où on n'en voit que de très rares représentants), pointent franchement au sud pour gagner la France, leur point terminus. Ainsi tombent, du moins pour certaines espèces, les vieilles théories d'après lesquelles les Oiseaux suivent de préférence le cours des fleuves et les côtes, évitant autant que possible de franchir la mer. En automne, on trouve souvent le long des fleuves à direction nord-sud des Oiseaux dont la direction de migration est ouest-est; plutôt que d'en conclure qu'ils suivent à ce moment la direction nord-sud du fleuve, il est -,4 L'ANNÉE BIOLOGIQUE. _ ue d'admettre que. faisant pa: m énorme front de bataille ce parallèlement a - le longitude. Os» î arrr s ! meilleurs moments pour les ob- : mis B _ Mand ■îts s, caln — .illard, av el uniformément -nt du sud-sud-ouest, faible m: - - itenu. Daprés l'ai la plupart de- b . dans leurs migrât: «leraient à des hauteurs pro- - 10 à 15.000 j tant ainsi les perturbations atmosphé: air de - trieurs avec une rapidité incroyable et d'ap: - des modes divers s les En général, ils n'abordent pas lile aussi ex* - qu'on pourrait le croire, surtout âpre- l< yagi lu printem: - ox moyens i.tationde- -eaux, l'auteur reconnaît aussi notre i leur sujet II est bien établi que ce ne sont pas le s iseaux itles ;eunes. cardans bien des : s i la migration d'automne, les jeu: - - gnent leurs quartiers d'hiver six et huit semaines avant leurs pa- sts; tandis qu'au printemps ce sont les vieux mâles qui migrent les p: - miers (observation déjà faite à Londres en - Le Coucou est le seul - u qui sitôt ses eufs dép .Lestlibr -:pourqu: au p — ~e d'automne, on observe les adultes avant les jeun-- — E. Hecht. C us: aie: E — ipturc en mer de divers Oiseaux appa ne continent aïe. XV III — A propes le u is is aux. un Martin-pêcheur yle alcyon et deux Fau Serins, race américaine. Faucon des Can? ippartenant à la faune continentale, et capturés en h 1 milles au moins de ~ ~ t ferre, Ousi : - île de nombre cas ana. - tant pins intéressants qu'il se borne aux Oiseaux franche ment continents o is les erren * mais te ours raillance- ans leur lu* ntre les ments. qui jet- : seaux hors de leur route. Ta: s'est la force du vent qui. au moment c - is les entraine m - uxplus loin que leur b •nt des sautes de vent bru - îes q passant rapidement par trois ssives nord- test, nest, -ud-ouest. les e .ent pour ai: -ur le- tes et les rejettent en mer. Ces captur en même temps qu'elles nous renseignent sur l'amplitude et la direction des migrati t expliquer certaines particularités de la -tribution des - aux à la surface du globe. Les iseaux, :omme U portés par les vents sur des te: -olées au milieu de l'o trouver une nouvelle né implanter leur race qu. ~ rvel d liti us d'existenei — E. Becbt. 17^ Raspail Xavier . — . * chez la Tourterelle d\ inc\ i de tr — î, rare du reste ch -eaux monogame- . qu'il se produise quelque hez la Perd: - S ima i deux mâles Tourterelle vulgaire Turtur auritus) ch it èrentdans e rnme conséquence la femelle bé* :eux : in nid. y déj* - - quelle couva tre- abandonna sa co . montra que les Es él ûent *~, meui Téfutable que les deux mâles s'étaient nui réciproque- ment. L'auteur fait remarquer que da deux cas la femelle abandonr. a la même date, le 18 ur, et il en ît qu'elle a eu Inutilité de poursuivre plus longtemps l'incubation, ce qui ntuitk s qu'il faut — ivant exactement 18 jours, la deux nom infirme l'hypc la dur- XIX. — FONCTIONS MENTAL: - 74Ô nécessaire à i'éclosion des œufs de Turtur au ri tus. et permet de supposer que cette durée est la même pour tous le- C I ::ibidés. — E. He<:ht. 75. Flamel. — Les Oiseaux polyphones. — L'imitation a une grande in- fluence sur le chant des Oiseaux: les parents sont presque toujours les édu- cateurs artistiques des jeunes. Dans certaine- es - plus impressionnables, les sujets adultes arrivent à imiter le chant d'autres espèces. Le rôle de l'imitation est bien mis en lumière par les exemples déjeune- iseanx mi. n'ayant jamais entendu le chant caractéristique de leurs parents . n'appren- nent et ne savent que le chant d'une autre espèce. L'auteur rappelle un travail de L. Mingaup consacré à cette question. Il cite le cas de deux jeunes Linots qui. séparés de leurs parents et élevés au voisina. - rempli de 1 - signols, n'apprirent que le chant de cet Oiseau. Un jeune Moineau élevé pendant quelque temps avec un Chardonneret se mit à irazouiller comme lui. Enfin, il rappelle encore que la phrase du chant des Pinsons peut être très variée, que le même Oiseau peut avoir deux ou trois phrases, et que ces phrases sont rigoureusement localisée-: . -t-à-dire que. dans une même ré- gion, tous les représentants de l'espèce répètent en chantant 4a ou les mêmes phrases. [D'après Brehm. le chant du Pinson comporterait jusqu'à vil - phrases légèrement différentes entre elles". — E. He<:ht. s0. Kerville Henri Gadeau de . — Deux elle* V extension de la huppe, des ailes et de la queue comme moyen de défi d'attaque chez les Oiseaux. — Le Cac t :- de Leadbeater. Ca I - Inca. quand on l'effraye à l'approche de la nuit, prend une attitude défen- spéciale : d'instant en instant il pousse un cri perçant, relève brusquement sa huppe, étend ses ailes et développe sa queue. Dans cette position, t: s grandes surfaces de plumes rougi - - à l'état de repo- sous les ai g deviennent visibles sur le fond blanc du plumage, et il serait int ss ant de savoir quel rôle elles jouent, et si elles *ribuent d'une façon quelconque à perfectionner ce singulier moyen de défense. Beaucoup d s n le . font étalage de leur parure en l'absence de femelles de leur e- e, ou même de toute autre femelle. L'auteur reconnaît que cet étalage peut être déterminé par une impulsion sexuelle provenant du mâle lui-même: ma d'après ses observations personnelles chez le Paon mâle, cet étalage de - parure parait être un moyen très efficace d'attaque I il pen. — Sur la psychologie de l'infanticide chez les animaux. — Tentative d'explication du fait bien connu que chez plusieurs espèces d'ani- maux, les mères tuent leurs petits, lorsqu'ils ont été touchés ou dérangés dans leur nid. Pour F. la cause véritable de ces actes c'est la peur éprouvée par Tanimal; il « réagit à la douleur » et frappe l'être ou l'objet qui attire alors le plus fortement son attention; la représentation du danger réel ou supposé détermine des mouvements de défense et d'agression, qui ne sont expressément dirigés d'avance contre aucun être en particulier et atteignent celui dont l'image saisit de la prise la plus forte l'intelligence de l'animal effrayé. La peur est souvent suivie d'ailleurs, même chez l'Homme, de ces manifestations d'un état sthénique secondaire ; il n'est pas rare qu'une mère qui vient d'assister terrifiée à un accident dont son enfant a failli être vic- time, lui inflige une très sévère correction, et cela sans calcul, sans intention presque, en raison d'une réaction émotionnelle immédiate. [Il faudrait, pour que cette explication fût valable, établir dans un grand nombre de cas la réalité de cette peur violente de l'animal dont on a touché les petits ou dérangé le nid; il faudrait aussi que lorsqu'on l'effraye directe- ment et qu'il est au voisinage de son nid, il réagisse de la même façon, ce qui ne semble pas être le cas. Le parallélisme entre le cas de la mère qui bat son enfant et celui de la Poule qui tue son poussin, parce qu'on l'a tou- ché ou regardé de trop près, ne nous semble pas rigoureux, ni scientifique- ment exact]. — L. Marillier. 181. Rorig (G.). — Recherches sur V alimentation des Corneilles durant l'hiver. — Le fait que les Oiseaux avalent de petites pierres et les transportent ainsi à de grandes distances, où. après la mort de ceux-ci, elles subsistent avec le squelette, a son importance en paléontologie ; il peut et doit être invoqué dans les cas où il s'agit d'expliquer dans certaines cavernes l'accumulation de petites pierres de provenances très diverses et souvent aussi d'os. L'exa- men du contenu de cent quatre-vingt-dix-huit estomacs de Corneilles a donné un poids total de 356 grammes de petites pierres, soit 3 grammes 5 par Oiseau. On admet que ces pierres sont avalées pour faciliter la tritura- tion des graines dures, mais peut-être aussi, quand il s'agit d'aliments très mous d'origine animale, dans le but de fournir un point d'appui aux parois résistantes de l'estomac. Comme confirmation de sa manière devoir, l'auteur rapporte qu'une Corneille nourrie en captivité à titre d'expérience avec des aliments d'abord végétaux, puis animaux, et ayant à sa disposition un poids connu de petits cailloux, n'avala de ces derniers que tant qu'elle fut nourrie de viande. On ne sait encore si les Oiseaux renouvellent sans cesse leur pro- vision de pierres ou conservent longtemps les mêmes; il y a lieu de croire qu'ils les rejettent, car autrement il y aurait bientôt accumulation, et dans certains cas on ne s'expliquerait pas l'absence absolue de pierres. Les statistiques prouveraient que les Corneilles avalent indifféremment des pierres, quelle que soit leur dureté et leur forme. Le rapport du poids des pierres au poids total du contenu de l'estomac est de 15 °/o pour Ccrvus cor- nix. 21,7 % pour Corvus corone, enfin de 31 % pour Corvas frugilegus. — E. Hecht. 204. Spina (R.). — La sensibilité générale des délinquants et des prostituées. — Les recherches de S. ont porté sur 05 délinquants ou criminels (70 hom- mes, 25 femmes) et sur 25 prostituées. Les délinquants étaient choisis parmi les condamnés à de longues peines et les récidivistes ; ils appartenaient en très grande majorité à la classe ouvrière et étaient pour la plupart d'âge 7i- L'ANNEE BIOLOGIQUE. moyen. La sensibilité esthésiométrique a été étudiée au moyen de l'esthé- siomètre de Sievéking, la sensibilité à la douleur au moyen de l'algomètre à ])iqùi'e de Iiolloni, la sensibilité à l'excitation électrique au moyen d'un chariot de Du Bois-Reymond ; la sensibilité thermique au point de vue de sa finesse a été explorée au moyen du thermoesthésiomètre d'Eulenburg, au point de vue du maximum de chaleur tolérable à l'aide d'un appareil qui se compose essentiellement d'un tube où circule de l'air chaud et qui a été con- struit sur les indications du professeur Sciamanna. S. a constaté : 1° un abaisse- ment de la sensibilité esthésiométrique chez les délinquants, plus marqué chez les femmes; cet affaiblissement est au contraire beaucoup moindre chez les prostituées qui se rapprochent de la normale; 2° chez les femmes normales et criminelles une résistance à la douleur plus grande que celle que présen- tent les hommes, soit normaux, soit criminels; chez les prostituées un degré de résistance à la douleur plus voisin de celui des femmes normales que de celui des criminelles ; d'une manière générale chez les délinquants des deux sexes une certaine hypoalgésie, et quelque degré de mancinisme sensoriel; (Tobtusité à la douleur n"est pas beaucoup plus grande chez les femmes que chez les hommes parmi les criminels et le minimum de douleur perceptible est à peu près le même pour les deux sexes, Tobtusité est plus marquée chez les criminels qui ont commis des violences contre les personnes); 3° une sen- sibilité au courant électrique moins forte chez les délinquants des deux sexes que chez les prostituées, moins forte surtout chez les femmes; 4° une sensibilité thermique plus fine chez les femmes que chez les homme?, et surtout chez les prostituées (en conséquence, le maximum de chaleur to- lérable est plus élevé pour les hommes que pour les femmes). En résumé, l'hypoalgésie est fréquente chez les criminels et les prosti- tuées et elle va parfois jusqu'à l'analgésie. Dans la majorité des cas, il existe du mancinisme. L'obtusité sensitive est plus marquée chez les condamnés qui ont commis des crimes contre les personnes. Ces résultats confirment, d'après l'auteur, ceux auxquels sont parvenus Lombroso et ses élèves. S. ne tire pas explicitement de conclusions des faits qu'il a recueillis, mais il ressort de l'ensemble de son article qu'ils lui pa- raissent déposer en faveur de l'existence d'un type criminel défini. — L. Marillier. 157. Niceforo (A.). — Notes de psychologie criminelle. — L'examen d'un certain nombre de détenus, condamnés pour divers délits tels que vols, ou- trages, rébellion, etc., a permis à N. de déterminer dans ce groupe les ca- ractères psychologiques et sociaux suivants : 1° absence totale ou partielle de remords; 2° affaiblissement ou absence totale du sens moral; 3° faiblesse de la sensibilité affective. — [Mais sont-ce là des caractères typiques? ne sont-ils pas liés d autre part, dans les cas cités par N., à une certaine faiblesse d'intel- ligence et à une absence presque complète d'éducation morale ? Ont-ils dès lors une signification biologique et tendent-ils à prouver une existence réelle du « criminel » comme type distinct?]. — L. Marillier. y) Intelligence. 97 . Henri V.). — Etude sur le travail psychique et physique. — Le mémoire de Y. H. contient deux parties distinctes et presque indépendantes : une étude critique des méthodes employées et à employer pour l'analyse et la mesure des facteurs psycho-physiologiques qui entrent en jeu dans tout tra- vail physique ou psychique et une revue générale où sont exposés les résul- XIX. — FONCTIONS MENTALES. 749 tats qui ont été obtenus en ces dernières années par l'application de ces méthodes. Vn index bibliographique qui comprend 44 numéros est annexé à cette revue générale. Les deux facteurs essentiels de tout travail mental (et tout travail, même physique, implique un travail mental) sont pour H. l'effort volontaire et l'attention. Les méthodes auxquelles on aura recours devront donc tout d'abord permettre d'évaluer les variations de ces deux processus psychiques sous l'action de conditions différentes, et aussi de me- surer la capacité d'un individu déterminé à ces deux points de vue. H. con- state que les procédés dont on dispose actuellement pour l'étude expérimen- tale de l'effort volontaire ne permettent pas d'isoler des autres cet élément essentiel de tout travail soutenu ; aussi, la plus large partie de son mémoire est-elle consacrée à l'exposé des méthodes en usage pour la mesure de l'at- tention. — Deux questions principales sont à résoudre : celle de la détermi- nation du pouvoir maximum d'attention d'un individu donné et celle de la mesure des variations de l'attention ..^ms l'influence de diverses conditions subjectives et objectives. C'est surtov^ l'étude de la seconde question que se sont attachés la plupart des expérimentateurs. H. énumèreles divers procédés qui peuvent être employés : méthode des métronomes (on fait battre simulta nément deux métronomes à des vitesses un peu différentes et on cherche la vitesse maxima pour laquelle le sujet est encore capable de compter les batte- ments^ calcul mental, séries de chiffres à apprendre par cœur, mesure de la sensibilité cutanée, copie d'un texte écrit dans une langue qu'on ne com- prend pas, soulignement de certaines lettres dans un texte imprimé en une langue que l'on connaît. H. insiste sur la nécessité de recourir à l'emploi de tests multiples ; autrement on ne pourrait savoir si l'action de la cause pertur- batrice . qui a fait baisser la qualité du travail et dont on veut étudier l'in- fluence, s'est exercée sur le pouvoir d'attention ou sur tel ou tel autre fac- teur du processus psychique dont on mesure les variations. C'est jusqu'à présent les variations delà sensibilité cutanée qui ont été l'objet des recherches les plus systématiques et les plus précises. Dans les épreuves de calcul mental et dans celles qui consistent à apprendre par cœur des séries de chiffres, il est très difficile de décider si c'est la force de concentration de l'attention, la mémoire des chiffres ou les processus d'association qui jouent le rôle prépondérant. — Un autre élément qui doit également être étudié, c'est la durée et la constance du pouvoir d'attention et ses variations dans des conditions diverses. Les changements d'attention liés à la durée du travail ont été étudiés par plusieurs auteurs et spécialement chez les enfants des écoles; ce sont des recherches qui se relient surtout aux recherches sur la fatigue. Les premières expériences de ce genre sont celles de Sikorskv : il s'est servi de la méthode des dictées, Hopfner et Friedrich ont repris les mêmes expériences; Burgestein, Laser, Holmes ont choisi comme épreuve le calcul mental, et, plus récemment. Kr.epelin et ses élèves, en particulier OEiirx, ont étudié d'une manière plus systématique les changements de la qualité de certains travaux continus liés à la durée du travail. H. préconise pour cet ordre de recherches l'emploi simultané des quatre méthodes sui- vantes : 1° Méthode des réactions, 2° Calcul mental, 3° Méthode des dictées, 4° Mémorisation des chiffres. — 11 examine ensuite les procédés qui permettent d'analyser et de mesurer les processus psycho-physiologiques spéciaux qui interviennent dans les diverses espèces de travaux. Il insiste surtout sur les travaux manuels, qui dépendent essentiellement de l'habileté motrice et de la puissance musculaire, et expose les méthodes ergographiques. qui sont en usage pour l'étude des variations de la force musculaire et des modalités diverses delà fatigue. — Pour l'analyse des facultés mentales qui était en jeu 750 L'ANNEE BIOLOGIQUE. dans les divers travaux intellectuels, il renvoie à un mémoire qu'il a publié sur La psychologie individuelle dans le tome II de l'Année psychologique en collaboration avec A. Binet. 11 indique comme les deux pouvoirs essentiels de l'esprit qu'il conviendrait d'étudier à côté de l'attention, la mémoire et l'ima- gination. [Il signale en passant un fait indéniable dont il nous semble donner une interprétation inexacte : la mémoire des idées, dit-il, prédomine sur celle des sensations, et en effet, il est plus facile d'apprendre des vers latins si on les comprend que si on ne les comprend pas, il est plus facile de retenir des noms historiques si on sait les faits qui se rapportent à ces noms que si on les ignore. L'auteur nous parait ici ne tenir compte ni du rôle joué par les processus d'association et d'assimilation ni de l'influence considérable dos facteurs émotionnels, l'ne notion abstraite isolée ne serait pas retenue plus aisément qu'une perception sensorielle; elle est retenue aisément parce qu'elle est reliée à d'autres états de conscience et intégrée par eux]. Dans la seconde partie de son mémoire, H. expose avec détails les résul- tats des recherches faites sur le sujet qui est l'objet de son article, d'une part dans les laboratoires, d'autre part sur les élèves des diverses écoles. La seconde série de recherches a porté spécialement sur l'action de la durée du travail sur l'attention. Les expériences de laboratoire ont eu pour objet, ou bien comme celles de Mosso et de Bettmann de déterminer l'action réciproque du travail muscu- laire et du travail intellectuel, ou bien l'influence des intervalles de repos sur le pouvoir psychique : il faut citer surtout les mémoires d'ÀMBERG (Ueber der Einfluss der Arbeitspausen auf die geistige Leistungsfâhigkeit. Psych. Arb. I, p. 300-378) et de Rivers et Kr/epelin {Ueber Ermiïdung und Erholung. Ibid., p. 627-679). Amberg s'est proposé essentiellement de mettre en lumière l'action antagonique dans le calcul mental, de l'exercice et de la atigue. A ces deux facteurs, il a indiqué qu'il fallait en joindre un autre, Y entraînement, c'est l'excitation momentanée produite par le travail et qui s'oppose à l'exercice, enregistrement et consolidation par l'habitude de tendances acquises. Rivers et Kr/epelin ont signalé l'intervention d'un quatrième facteur, Y entrain (Antrieb)] il semble que ce soit un facteur émotionnel : son action se fait sentir au commencement et à la fin des séries. L'épreuve habituelle a été d'effectuer des additions de nombres de un chiffre. Les résultats obtenus prê- tent à la critique, d'après H.; ils peuvent être considérés comme probables, mais non comme sûrs. Pour établir leur certitude, il aurait fallu calculer dans tous les cas les valeurs des erreurs probables et constater que les écarts obtenus les dépassent : les différences sont trop faibles et le nombre d'expé- riences trop petit pour qu'on puisse rien affirmer. — L. Marillier. r 170. Pillsbury (W. B.). — Etude sur Vaperception. — L'étude approfon- die que P. consacre à l'aperception n'entre qu'à demi dans le cadre de Y Année biologique : elle a trait en effet à ces processus psychiques complexes (pli. en leurs combinaisons diverses, se retrouvent au fond de toutes les opé- rations logiques de l'esprit et dont les corrélatifs organiques nous sont jusqu'à présent mal connus. Elle a cependant droit à être mentionnée et même briè- vement analysée dans ce recueil et cela pour une double raison : la première, c'est qu'elle est une très curieuse, et on peut ajouter heureuse, tentative pour appliquer à un ordre de questions, qui jusqu'à une époque récente sem- blaient justiciables de l'introspection seule, les procédés de la méthode expé- rimentale, qui permettent d'introduire dans le problème des données quan- titatives de nature à en rendre plus aisée la solution partielle; la seconde, ' que, ces processus complexes, ce n'est point dans le domaine propre- XIX. — FONCTIONS MENTALES. 751 ment logique, dans la sphère de la connaissance abstraite, qu'il en a abordé l'étude analytique, mais, comme il y était presque nécessairement conduit par la méthode qu'il avait choisie, dans le domaine de la perception senso- rielle et, pour préciser, dans le domaine de la perception visuelle des signes. Le problème particulier que s'est posé P. c'est de déterminer la part rela- tive qui revient dans la perception d'un système de signes, liés les uns aux autres, tel qu'un mot par exemple, aux données immédiates de la sensation d'une part et d'autre part aux états psychiques auxquels cette sensation est incorporée par un processus d'assimilation. Sur le premier problème s'en vient greffer un autre plus difficile encore à résoudre et que P. s'est attaché tout particulièrement à poser en termes clairs, c'est, dans ce tout complexe, que constituent les éléments pré-perceptifs de toute perception (images, idées, sentiments déjà acquis), de faire le départ entre les associations immé- diates de la sensation ou de ses éléments et ces éléments psychiques plus généraux, puisqu'ils trouvent leur application en un grand nombre d'opé- rations analogues, et en même temps plus individualisés, plus caractéristi- ques de la forme et du contenu particuliers de telle conscience individuelle. C'est cette « masse » d'états psychiques, propres à tel ou tel-individu déter- miné, qui attire à elle les données incomplètes et fragmentaires de la sensa- tion, les unifie et en fait un ensemble défini, pourvu d'un sens clair pour le sujet percevant : à cette fonction mentale d'assimilation et de synthèse, P., comme Wundt, assigne le nom d'aperception. La première partie de l'article de P. est consacrée à un très substantiel et très clair résumé de la théorie de Wundt sur l'aperception (p. 317-339). Ment ensuite l'exposé des expériences. Elles ont eu pour but précis de dé- terminer l'étendue des changements qu'on peut faire subir à un objet qui nous apparaît d'ordinaire sous un certain aspect et est assimilé d'une certaine manière stable à d'autres images antérieures, que nous possédons de lui en notre souvenir, sans que la perception que nous en avons soit altérée, et, pour prendre comme exemple la classe même de faits qui a servi de matière à ses recherches, le nombre, la nature et la gravité des fautes d'impression qui peuvent être introduites dans un mot imprimé qu'on projette devant le sujet sur un écran, sans qu'il cesse de percevoir le mot comme s'il était cor- rectement écrit. Le mot a été choisi de préférence à tout autre système d'ex- périences visuelles, parce qu'il est composé d'unités relativement indépen- dantes, les lettres, qu'on peut plus facilement faire varier isolément et dans une proportion plus aisément mesurable. — Le fait qui ressort d'une ma- nière générale de cet ensemble d'expériences, c'est que le rôle joué dans la perception par ce que P. appelle les « facteurs subjectifs » , c'est-à-dire par l'expérience antérieure accumulée, est tout à fait prépondérant. — L'auteur, d'autre part, a réussi à mettre en pleine lumière cette loi psychologique déjà bien connue, mais à laquelle ses recherches expérimentales donnent une valeur plus haute, que c'est la perception vague du tout qui conditionne celle des parties, la perception de l'ensemble du mot qui nous permet de déchiffrer et même de voir les lettres. Il arrive même souvent que le mot soit lu sans que nulle conscience distincte ne soit présente des lettres qui le composent. Enfin, il a réussi a montrer que, parmi les facteurs subjectifs qui peuvent nous faire prendre un mot pour un autre, les plus importants ne sont pas les associations immédiates et par contiguïté d'une lettre avec les lettres avoisinantes d'un autre mot, mais les liaisons associatives et aper- ceptives qui existent entre le mot considéré comme un tout et le contenu de la conscience du sujet. Parmi les conditions qui peuvent agir le plus active- 752 L'ANNEE BIOLOGIQUE. ment, il énumère le souvenir d'un mot prononcé juste à l'instant qui précède celui où esl montré au sujet le mot qu'il doit lire, l'influence du mot précé- dent de la série ou d'un mot que le sujet a prononcé ou voulu prononcer immédiatemenl avant l'expérience, les événements intéressants de la journée précédente, le travail auquel le sujet s'est livré pendant l'heure précédente, les dispositions générales et le caractère du sujet (son état émotionnel, ses préoccupations habituelles, etc.), le fait que le sujet sait ou ne sait pas que le mot qu'il doit lire contient des fautes d'impressions. En ce qui concerne l'influence des conditions objectives, P. a montré que le facteur essentiel, rotait la longueur et la forme du mot, d'où il résulte que l'omission d'une lettre le] défigure plus pour l'esprit que la substitution d'une lettre à une autre et plus encore que le simple effacement de la lettre par une surcharge ; l'influence de la première lettre apparaît comme capitale. Tel est très brièvement résumé cet important mémoire dont les conclusions d'ensemble sous la forme précise que leur a donnée l'auteur peuvent être contestées, mais dont on ne saurait trop recommander la lecture, en raison de la méthode rigoureuse et sûre qui y est appliquée, et des abondants résultats de détail qui y sont consignés. La conception d'ailleurs que se fait P. de la perception est entièrement conforme à ce que les données les plus récentes de la psy- chologie nous permettent d'inférer, et elle acquerrait une clarté et une exactitude plus grandes encore, si on substituait à la notion imprécise d'aperception, celles beaucoup plus nettes d'assimilation et de synthèse. — L. Marillier. 193, Singer ;E. A.). — Étude sur la sensation et le jugement — Cet ar- ticle reproduit partiellement et sous forme sommaire un cours professé par Singer à Harvard University en 1896. Un certain nombre d'expériences per- sonnelles , expériences qui pour la plupart ont un caractère explicatif et ne consistent pas seulement en la constatation brutale de faits dont la valeur et la portée demeurent indéterminées, sont rapportés dans ces courtes pages et méritent qu'on y insiste quelque peu. La première partie du mémoire est consacrée à l'étude des sensations tactiles , douloureuses et thermiques ; la seconde au compte rendu d'expériences relatives à l'influence exercée sur l'appréciation des différences d'intensité entre les sensations par la percep- tion des réactions motrices qu'elles déterminent; la troisième à l'étude théo- rique et expérimentale des jugements de différences généraux et spécifiques. I. — S. a vérifié les résultats obtenus par Goldscheider, von Frey, Nagel, Dessoir et autres et est arrivé aux conclusions suivantes : 1° Les divers points de la peau en une même région sont inégalement sensibles a) au con- tact, b) à la douleur, et ces différences de sensibilité sont assez marquées pour pouvoir être mises aisément en évidence ; en d'autres termes, la valeur du seuil diffère dans une assez large mesure d'un point à l'autre. 2° La lo- calisation des points de sensibilité maxima et minima n'est pas la même pour le tact et pour la douleur. 3° La sensibilité à la douleur et la sensibilité tactile peuvent varier indépendamment et même inversement l'une de l'autre. Ainsi, la finesse de la peau qui accroît l'algésie, élève le seuil de la sensibilité tactile : on met le fait en évidence au moyen de la comparaison • le deux séries d'expériences faites avant et après un lavage prolongé à l'eau chaude, au savon et à la glycérine. 4° Les points sensibles à la douleur sont situés en majeure partie dans les sillons de la peau et, semble-t-il, les points sensibles au tact sur les crêtes cutanées. 4° La qualité de la douleur est différente pour les divers points. 5° La douleur est précédée par un cha- touillement ou une démangeaison que ne produit pas l'excitation des points XIX. — FONCTIONS MENTALES. 753 sensibles au tact. Relativement aux sensations thermiques les résultats des recherches de S. confirment ceux des recherches de Goldscheider en ce qui concerne la répartition différente des aires sensibles au chaud et au froid et la présence dans ces aires thermiques de points analgésiques. IL Voici en quoi consiste l'expérience imaginée pour déterminer la part qui revient à la perception des réactions motrices, engendrées par elle dans l'appréciation de l'intensité d'une sensation : on frappe sur le tendon rotulien d'un sujet avec une intensité donnée et mesurable, et on mesure ensuite l'amplitude du mouvement réflexe d'extension de la jambe qu'on a ainsi provoqué, puis on frappe une seconde fois le même tendon avec une intensité plus faible ou plus forte et on mesure comme la première fois l'amplitude du réflexe : on prie alors le sujet d'indiquer celle des deux sensations qui lui a paru la plus intense. Trois cents expériences ont été faites sur trois sujets : elles ont donné les résultats suivants : parmi les jugements vrais, c'est-à-dire ceux où la différence d'intensité entre les excitants était correctement appré- ciée, il y en eut 71 % où le rapport des excitants et celui des réflexes étaient les mêmes, 29 % où ils étaient différents; parmi les jugements faux, dans les cas où les relations des réflexes étaient en désaccord avec celles des ex- citants, il y en eut 93 ° 0 qui affirmèrent l'existence d'une différence de même sens que celle qui existait entre les deux réflexes, 7 ° 0 une différence de sens contraire. On peut conclure de laque la concordance entre les rapports des excitants et les rapports des réflexes accroît le nombre des jugements vrais et que lorsqu'il y a discordance entre ces deux espèces de relations quantitatives, le jugement est déterminé bien plutôt par les relations des ré- flexes que par celles des excitants. Trois hypothèses peuvent rendre compte de ces faits : ou bien les conditions physiologiques qui favorisent l'accroisse- ment de l'amplitude des réflexes accroissent aussi la sensibilité, ou bien le jugement résulte d'une association antérieurement établie entre un excitant plus intense et une réaction plus marquée, ou bien enfin notre concept d'in- tensité contient comme élément essentiel les sensations musculaires qui naissent de notre adaptation ou de notre réaction à un excitant. La première hypothèse n'a actuellement nul fondement physiologique. Les deux autres sont également admissibles : il faut reconnaître cependant que la seconde a pour elle l'autorité de nombreuses analogies. III. Singer examine quelles sont les conditions qui tendent à accroitre ou à diminuer l'exactitude avec laquelle un sujet apprécie la différence qui existe entre deux perceptions. Au premier rang se place ce qu'il appelle la pré-perception, c'est-à-dire la connaissance anticipée du genre de différence qui doit se trouver entre les deux perceptions qu'il s'agit de comparer. Le jugement porté est d'autant plus exact que le nombre des différences pos- sibles et réellement existantes entre deux perceptions est plus petit. Telle est la loi où S. a résumé les résultats de toute une série d'expériences qu'il a faites sur les sensations sonores. Quatre groupes distincts d'expériences ont été institués : dans le premier le sujet savait que le second son qu'il devait comparer au premier ne pouvait en différer qu'en intensité et qu'il ne pouvait être que plus intense que lui, s'il ne lui était pas égal; dans le second groupe, il pouvait être plus intense jou moins intense; dans le troi- sième il s'agissait d'une différence de hauteur et cette différence pouvait être de l'aigu au grave ou du grave-à l!aigu, dans le quatrième groupe enfin les deux sons différaient à la fois de hauteur et d'intensité et le sens des différences n'était pas indiqué au sujet. Dans les couples de sensations du groupe I il n'y avait donc place que pour un jugement de différence dans ceux des groupes II et III pour deux, dans ceux du groupe IV pour trois. On l'année biologique, m. 1897. 48 INTENSITE DU SON. Similitude. Différence I 71,5 0/,0 II 61,5 56,5 IV 41,3 14,5 HAUTEUR DU SON. Similitude. Différence m 79 49,8 IV 71,8 32,6 754 L'ANNEE BIOLOGIUIK. se servait pour produire le son d"un diapason [Ut •,) dont un marteau de caoutchouc venait frapper une branche avec des intensités variables : on pouvait faire varier la hauteur de 2 ou 4 vibrations par seconde au moyen d'un morceau de cire placé sur le diapason. Les expériences ont porté sur deux sujets. Le nombre des expériences a été de 250 pour le groupe III; il a été supérieur pour les deux autres groupes. La table suivante donne le pourcentage des jugements exacts de ressem- blance et de différence pour les trois groupes. Nombre de possibilités. 1 2 4 2 4 Plus est donc grandie nombre des points par où deux perceptions, au su du sujet, peuvent différer, plus diminuent les chances que le jugement porté soit exact. Ou en d'autres termes la sensibilité différentielle croît en raison inverse du nombre des possibilités de jugement, le seuil différentiel s'élève avec le nombre de ces possibilités. Singer enfin a abordé une dernière question connexe de celle-ci, la ques- tion de la justesse comparée des jugements qui statuent une différence gé- nérale et dont la nature n'est pas spécifiée entre deux perceptions et des jugements qui impliquent la reconnaissance d'une différence spécifiée. Les premiers jugements, illesappelle, pour abréger, jugements généraux; les se- conds, jugements spécifiques. Il constate tout d'abord qu'on peut, en croyant réagir à une certaine espèce de différence, réagir à une autre : on a bien jugé en jugeant qu'il y avait une différence entre deux perceptions, on s'est trompé en jugeant qu'elle était de telle espèce. La série d'expériences sui- vante met le fait en lumière : avec un petit dynamomètre pourvu d'une pointe mousse on exerça une série de 250 pressions sur la peau de l'avant- bras d'un sujet qui n'était pas avisé du réel objet des recherches : dans 100 cas, il n"y avait pas de différence entre une première pression choisie comme étalon et une seconde pression qu'il devait lui comparer, dans 75 cas il y avait une légère différence d'intensité, dans 75 autres cas une légère différence de localisation. On avait dit au sujet que tantôt les excitations se- raient identiques, tantôt seraient portées sur deux points différents et que l'on voulait déterminer le seuil de la sensibilité localisatrice. Voici les ré- sultats obtenus : Jugements. Excitations. Identiques. Diflf. localement. Identiques 6(.» 31 Différ. Localement 40 60 Différ. d'intensité 57 43 Ainsi 43 % des excitations qui ne différaient pas de siège, mais qui diffé- raient légèrement d'intensité, ont été jugées comme différant de situation; mais le même jugement était porté sur 31 % des excitations qui étaient à XIX. — FONCTIONS MENTALES. 755 tous égards identiques. La différence entre ces deux nombres, soit 12 °/0, représente le pourcentage des cas où la marque d'une différence qu'on ne prévoyait pas conduit à affirmer l'existence d'une différence qui n'existait pas. Le jugement exact en tant que jugement général était faux en tant que jugement spécifique. Les deux différences d'intensité et de localisation étaient d'ailleurs un peu au-dessous du seuil normal et le sujet ne perçut jamais de différences d'intensité au cours des expériences. S. a alors cherché à déterminer si la proportion des jugements généraux exacts était d'une manière générale plus ou moins élevée que celle des ju- gements spécifiques, en d'autres termes s'il y avait entre ces deux types de jugements une différence de seuil. Une série de 800 expériences qui ont porté sur deux sujets a été constituée par lui afin de résoudre cette question : elles ont été divisées en deux groupes; dans celles du premier groupe le sujet avait simplement à juger si deux sons successifs étaient semblables ou différents, dans celles du second groupe il devait préciser en quoi con- sistait la différence (hauteur;, intensité) et quel en était le sens. Il s'est trouvé que le pourcentage des jugements généraux exacts l'a emporté sur celui des jugements spécifiques : 78,4 d'un côté et 72,2 seulement de l'autre. Il semble, d'après le témoignage des sujets, que ce résultat tienne à la grande difficulté qu'ils éprouvaient à ne pas porter de jugements spécifiques : ils n'y pou- vaient parvenir que grâce à un relâchement de l'attention qui déterminait naturellement une sorte d'exhaussement du seuil différentiel. Mais bien que l'effort volontaire pour distinguer entre l'élément général et l'élément spé- cifique dans un jugement puisse n'être pas heureux d'ordinaire, il ne s'en- suit pas qu'un sujet ne soit pas plus sensible à une différence générale qu'à une différence spécifique. Trois séries d'expériences ont été instituées pour déterminer s'il en était bien ainsi : dans la première il fallait apprécier des différences d'intensité et de hauteur entre deux sons, dans la seconde des différences de pression et de localisation tactile , dans la troisième des dif- férences de couleur, de forme et de grandeur entre des figures dessinées sur des cartes. Le sujet était averti des genres de différence qu'il avait à apprécier et on le priait de juger après avoir comparé les stimuli sous tous les rapports où ils pouvaient différer. Cinq espèces distinctes de jugements pouvaient être portées : 1° des excitants semblables pouvaient être jugés sem- blables ; 2° des excitants semblables différents ; 3° des excitants différents sem- blables; 4° des excitants différents pouvaient être jugés différents, mais la nature spécifique de la différence mal appréciée ; 5° la nature spécifique de la différence pouvait être correctement appréciée. Ces diverses possibilités sont résumées dans le tableau ci-dessous : Jugements Excitants. Semblables. Différences. Diff. spéc. just. estimée. Sembables 100 — a a — Différents 100 — 6 b c a === le pourcentage des excitants semblables jugés différents b = — — différents — c — — — — où la différence spéci- fique a été correctement appréciée. Si b = a , c'est que la différence entre les excitants est trop légère pour être perçue; si c= b, c'est qu'elle est trop grande pour être jamais méconnue. Mais on peut d'ordinaire disposer une série d'expériences où b est plus grand que a et plus petit que c. Mais le fait que des erreurs sur la nature spécifique 756 L'ANNÉE BIOLOGIQUE. de la différence ont été commises en un jugement qui exprime la percep- tion d'une différence n'implique pas à lui seul que le seuil de la perception île La différence générale soit plus bas que celui de la perception de la dif- férence spécifique. Car les conditions variables physiologiques et autres qui font juger semblables des excitants différents peuvent aussi faire prendre l'une pour l'autre deux espèces de différence. On peut cependant éliminer ce facteur. Nous connaissons en effet le pourcentage des jugement où des excitants objectivement identiques sont estimés différents, et il doit être au moins aussi grand que celui qui représente la proportion des jugements de différence fournis par des conditions variables. Si nous retranchons le nombre qui l'exprime du nombre total des jugements erronés de diffé- rence, prononcés entre des excitants réellement différents, mais à un autre point de vue, nous obtiendrons un nombre qui exprimera l'action exercée sur nos affirmations par la perception de la différence en général. De ces con- sidérations, on peut dériver les formules suivantes, où x représente les jugements généraux de différence, p les jugements spécifiques exacts non explicables par le hasard, n le nombre possible de jugements de différence dans le cas donné, a, b et c les mêmes données que ci-dessus : h = a -f- p + x a x c = - + p + - n n d,oi\x= — - — r (b — c) — a n — 1 v Les expériences mentionnées plus haut ont donné les résultats suivants : I. Série où il s'agissait d'apprécier des différences d'intensité sonore et de hauteur : Jugements Excitants. Semblables. Différents. Diff. spéc. exactes. Semblables. 56,3 43,7 Différents. 26,1 73,9 46.1 Substituant dans la formule aux symboles littéraux leur valeur numérique, il vient x — 11,3. II. Série des différences de pression et de localisation tactiles : Jugements Excitants. Semblables. Différents. Diff. spéc. exactes. Semblables. 47.5 62,5 Différents. 27,8 72,2 37,1 ce qui donne pour x (n valant 2 comme dans le cas précédent) : 77. III. Série où il fallait apprécier des différences de forme, de couleur et de dimension entre des figures dessinées sur des cartes. Les figures étaient exposées simultanément , ces différences étaient nette- ment apparentes, mais on ne montrait les ligures qu'une petite fraction de seconde : dans 90 expériences, elles étaient identiques, dans 320, elles diffé- raient à l'un des points de vue ci-dessus indiqués. Jugements Excitants. Semblables. Différents. Diff. spéc. exactes. Semblables 84 16 — Différents 306 694 491 n = 3, ce qui donne x = 14,5. XIX. - FONCTIONS MENTALES. 757 Il y a donc dans les trois séries une certaine proportion de jugements de différence que ne peut expliquer ni le hasard ni la pleine appréciation des différences spécifiques. Ce sont ces jugements que l'auteur considère comme des jugements généraux de différence. Il fait remarquer lui-même que la preuve n'est pas faite que le sentiment d'une différence d'ensemble était en pareil cas seul présent dans la conscience , mais ce que l'on peut tenir pour assuré , d'après lui , c'est que les choses se passent comme s'il en était bien ainsi. On est donc fondé à considérer que le seuil de la perception d'une différence spécifiée et déterminée est plus élevé que celui de la perception d'une différence générale. — L. Marillier. 164. Patrizzi (L.). — Les temps de reaction simples étudiés par rapport à la courbe pléthysmographique cérébrale. — L'auteur, à l'aide d'une méthode per- sonnelle, a étudié les temps de réaction simples par rapport à la courbe pléthysmographique cérébrale, chez un sujet qui avait une ouverture crâ- nienne. Ces recherches l'amènent à conclure de la façon suivante : 1° L'oscillation de l'activité spéciale de la cellule cérébrale et celle de la circulation dans le cerveau suivent chacune un cours propre. 2° L'attention se manifeste constamment par une grande rapidité des temps de réaction, et par une grande régularité de la courbe psychométrique jointe à une légère irrégularité de la courbe pléthysmographique du cerveau. — N. Vaschide. 226. Warren (H. C). — Le temps de réaction de la numération. — On peut distinguer trois manières de compter des objets : la numération progressive ordinaire, la numération par inférence où nous concluons de la forme du groupe, de l'espace qu'il occupe, du temps nécessaire pour le parcourir des yeux, etc., le nombre des objets qui le constituent, et la numération par ap- préhension ou perception immédiate, où c'est le groupe pris en lui-même qui est perçu et non les éléments discrets dont il est formé. Le but des expé- riences instituées par W. est de déterminer quel est le nombre le plus élevé d'objets qui puisse ainsi être compté en un seul acte d'appréhension. Leur principe est la mesure des temps de réaction correspondant à la perception des divers nombres : si le temps de réaction est le même pour Trois que pour Deux ou pour Un, c'est que les unités composantes ne sont pas perçues à part les unes des autres en une série d'actes distincts d'appréhension, mais que ces nombres sont perçus comme des touts; si maintenant le temps de réaction est plus long pour Quatre, il en faudra conclure que l'unité surajoutée nécessite un acte distinct de perception. En ces conditions, il fau- drait considérer Trois comme le nombre qui marque la limite de notre apti- tude à la numération immédiate. Ce problème se relie, tout en en demeurant distinct, à celui de l'étendue du champ de la conscience qui a été étudié par Dietze ('), il y a quelques années [Philos. Stud., II, p. 362 et sq.), et plus récemment sous une autre forme par Cattell (2) (Philos. Stud., II, p. 635 etsq.) ; Cattell a du reste publié dans un autre mémoire le résultat de recherches très analogues à celle de Warren sur la perception des nombres, mais au lieu de recourir à la méthode de la mesure des temps de réaction, il avait employé celle des cas vrais et faux, qui ne permettait point d'analyser lephé- (1) Il fallait, sans compter les sons successifs dont étaient composés des groupes de sons, estimer si deux groupes successivement perçus étaient égaux ou si le second était plus grand ou plus petit que le premier. (2) Il s'agissait de déterminer le nombre d'objets ou de lettres qui peuvent être reconnus en un temps donné. 758 L'ANNEE BIOLOGIQUE. nomène et de distinguer la numération perceptive des procédés connexes et qui laissait la porte ouverte à cette cause permanente d'erreur dans les expé- riences de ce genre, l'usage à demi conscient, fait par les sujets de la numé- ration par inférence. Voici le dispositif des expériences de Warren : on faisait apparaître aux sujets derrière la fente d'un écran des cartes noires, portant un certain nombre de carrés blancs : au moment où ils en percevaient le nombre, ils réagissaient avec la main sur un manipulateur Morse et pronon- çaient à haute voix le nom du nombre. Le temps de l'exposition n'était pas limité : le temps écoulé entre le moment où le pendule, qui en s'abaissant découvrait la carte, était mis en mouvement et celui où le sujet réagissait était inscrit au moyen du chronoscope de Hipp. Les expériences avaient lieu à la lumière du jour. Les temps de réaction simple, temps sensoriel et temps moteur, avaient été déterminés pour les sujets en des expériences pré- liminaires. Un second groupe d'expériences ont été faites à la lumière artifi- cielle; les sujets réagissaient avec la bouche en prononçant le nom du nombre dans le tuyau de la « mouth-key ». Toute division d'attention était ainsi évitée. Le temps de l'éclairement de la carte était limité à 131 a (1). Les points blancs, de forme circulaire, que portaient les cartes étaient disposés de manière à diminuer toute possibilité de numération par inférence sur la circonférence d'un cercle imaginaire, à des distances variables les unes des autres. Les expériences ont porté sur trois sujets dans chaque série : deux sujets sont communs aux deux séries. D'autres recherches ont porté sur la numération par inférence, à titre de com- paraison. On se servait de cartes des points disposés en figures régulières ou irrégulières. Les résultats généraux ont été les suivants : les temps de réaction pour la numération sont toujours plus longs que les temps de réaction simple; jusqu'au nombre quatre, ils sont sensiblement égaux entre eux. On peut donc considérer le nombre quatre comme la limite de la numération per- ceptive. Les temps de réaction pour la numération 'par inférence sont plus longs pour ces mêmes nombres et plus courts pour les nombres élevés que les temps de réaction pour la numération directe, ce qui revient à dire que l'intervention des processus d'inférence allonge le temps psychologique de la numération perceptive et raccourcit celui de la numération progressive. — L. Mapjllier. 152. Moyer (F. E.). — Sur quelques moyens de distraire l'attention. I. Addi- tion et exercices de même ordre. Distinction d'odeurs. — L'un des problèmes dont la solution s'impose le plus impérieusement à la psychologie expérimen- tale est celui de la mesure de l'attention. M. l'a abordé par une méthode indi- recte en cherchant à évaluer le trouble produit par une distraction provoquée dans une opération intellectuelle d'une certaine complexité et qui exige un certain degré d'attention : l'attention serait alors d'autant plus complète que les résultats de l'opération intellectuelle seraient moins altérés par l'intervention de la cause perturbatrice. Il faut pour qu'un procédé destiné à déterminer des distractions soit acceptable qu'il réponde au moins aux conditions suivantes : il doit pouvoir engendrer des degrés divers de distraction, cette distraction doit être capable d'une certaine continuité, la méthode doit être applicable 'l'une manière générale à tous les sujets normaux. M. a recherché si le pro- cédé le plus habituellement en usage, l'addition mentale, satisfaisait à ces exigences et, en particulier, si les altérations d'attention ainsi déterminées étaient semblables chez tous les individus, et, comme les résultats obtenus M Le l L'ANNÉE BIOLOGIQUE. gulièremeiri enregistré, cinq fois par jour pour le premier sujet, six fois pour le second, d'heure en heure pour le troisième. Les résultats généraux qui découlent de la comparaison de ces trois observations types, et que corro- borent un grand nombre d'autres observations non publiées, sont les suivants : 1° Il se produit toujours de fortes variations du pouls capillaire à la suite des repas : les pulsations augmentent d'amplitude, le dicrotisme s'accentue et descend sur les tracés, le cœur s'accélère. 2° Les changements de forme du pouls capillaire (pris à la main droite) sont relativement indépendants des variations de la température de la main et du corps. .3° Ce n'est pas l'état local de la main, mais bien plutôt l'état général de l'organisme qui est ex- primé par la forme du pouls capillaire. La circulation capillaire peut varier en sens inverse de l'accélération du cœur et de la vitesse des respirations; c'est donc une fonction qui a sa signification propre. Des tables numériques et des tracés permettent de suivre en détail les variations diurnes du phéno- mène étudié dans ce mémoire. — L. Marillier. 56. Dougall (R.Mac). — Caractères physiques de V attention. — Les recherches de l'auteur ont porté sur les variations de la respiration, de la circulation et de la tension musculaire concomitantes aux diverses formes et aux diverses profondeurs de l'attention. Les tracés respiratoires ont été pris au moyen d'un pneumographe de Marey, les variations du pouls et de l'état de con- striction ou de dilatation des vaisseaux de l'avant-bras ont été enregistrées en des tracés composites au moyen d'un plethysmographe à air, le tracé des variations de la tension musculaire a été pris à l'aide de l'appareil de Dela- barre, modifié de manière à n'enregistrer que les mouvements d'extension et de flexion, les muscles étudiés ont été ceux de l'index de la main droite. I. Attention sensorielle volontaire : la sensation à laquelle le sujet devait être attentif était le tic tac d'une montre. 1° Respiration. Il y a une tendance à réduire la longueur de l'inspiration en même temps que s'accroit la lon- gueur relative de l'expiration. Les respirations deviennent d'ordinaire plus fréquentes et lorsque la rapidité de la respiration s'abaisse, ce ralentisse- ment n'est pas dû à un allongement proportionnel de toutes les phases de l'acte respiratoire , mais à un retard de l'expiration , alors que les poumons sont gonflés d'air, à une prolongation de l'expiration ou à une exagération de la pause respiratoire, ce qui indique que des troubles se produisent dans l'innervation des muscles de la vie organique. La respiration tend enfin à de- venir plus superficielle. La fonction respiratoire est troublée et la respiration présente des variations étendues et fréquentes, en même temps qu'irrégu- lières. 2° Circulation. La vitesse du pouls s'accroît rapidement pendant les 10 premières secondes, puis diminue graduellement jusqu'à ce qu'elle tombe au-dessous du point initial , pour y revenir ensuite par degrés : chez la ma- jorité des sujets la force de la contraction cardiaque diminue en même temps que s'accélère le pouls. La courbe pléthysmographique accuse une diminu- tion de volume, qui atteint son maximum au bout de 5 à 6 secondes, et est suivie d'un retour par accroissement continu ou par une série d'oscillations à l'état normal. Ces oscillations rythmiques de volume semblent pouvoir trou- ver leur interprétation dans l'hypothèse d'après laquelle l'attention subit des fluctuations constantes, chaque période très brève de concentration étant immédiatement suivie d'une période de détente et de distraction 3° État ■>. [On trouvera sans doute quelque étrangeté dans l'opinion que la persistance des souvenirs implique que l'activité mentale est indépendante de l'activité physico-chimique des centres cérébraux (tout ce que l'on sait de la mémoire montrerait plutôt le contraire), et une étrangeté plus grande en cette idée que l'existence des lois d'association et des processus de généralisation et de synthèse nécessite que les états de conscience n'aient pas de corrélatifs céré- braux, on sera surpris de voir maintenir hors du domaine de la pensée les actes élémentaires qui la constituent, les phénomènes élémentaires dont elle est la synthèse. Mais on s'accordera sur un point avec l'auteur, c'est qu'il n'est pas du domaine de la science positive de prétendre déterminer la nature in- time des causes efficientes]. — L. Marillieiï. 6. Dantec (F. Le). — Le déterminisme biologique et la personnalité consciente. — Ce livre est le complément naturel de l'ouvrage du même auteur publié la même année sur la biologie générale (voir Ann. Mol., II, 778). 808 L'ANNEE BIOLOGIQUE. Il n'avait dit que quelques mots, en terminant, des fonctions psychiques; il consacre ce court traité à l'exposé d'une théorie sur la formation de la per- sonnalité psychologique et le développement du moi; il s'efforce de mon- trer que les « épiphénomènes » psychiques accompagnent les phénomènes physiologiques, mais sans exercer sur leur apparition, leur mode de liaison ou d'association, ni leur évolution, d'influence d'aucune sorte. Si l'étude des faits de conscience est en elle-même intéressante, elle ne peut, d'après Le D., rendre nul service pour l'intelligence des phénomènes vitaux : ils sont en effet assujettis à un déterminisme chimique rigoureux et tout se passerait de même dans l'ensemble du monde (Le D. ne semble pas faire d'exception pour les sociétés animales ou humaines) si « les substances plastiques avaient uniquement leurs propriétés physiques et chimiques, à l'exclusion de la pro- priété de conscience ». Non seulement Le D. nie toute intervention dans la genèse des états de conscience d'un principe immatériel, mais il nie même l'existence d'un déterminisme phénoménal qui relierait les uns aux autres les actes et les volitions d'un individu, animal ou humain. Le D. s'est spécialement attaché dans son livre à quatre points principaux : 1° établir le caractère rigoureusement mécanique de tous les actes auxquels il semblerait que préside une sorte de spontanéité et qui paraissent avoir leur point de départ dans les états subjectifs du sujet considéré, et montrer en conséquence que ce que Ton appelle la volonté n'est qu'une illusion, repo- sant sur l'ignorance où se trouve l'agent des causes organiques de ses actes; 2° déterminer comment, par une série de sommations successives, se consti- tue la conscience d'un homme ou de tout autre être polyplastidaire; 3° trouver un critérium objectif qui permette de définir et de distinguer, sans faire intervenir aucun facteur subjectif, les actes intelligents et les actes instinc- tifs: 4° expliquer quelques-uns des principaux événements et quelques-unes des principales aptitudes psychiques par la complication graduelle des mêmes processus organiques élémentaires dont on constate l'existence chez les êtres unicellulaires. Le D., jugeant ruineuse la méthode qui consiste à expliquer les actes des animaux inférieurs au moyen d'interprétations analogiques, qui ont pour point de départ l'observation subjective de l'Homme par lui-même, estime que, dans l'étude même de l'activité, non plus intra-organique, mais instinc- tive ou volontaire, qui a pour ainsi dire un caractère social, on ne saurait procéder scientifiquement si l'on ne commence par les êtres les plus simples pour arriver par gradations successives jusqu'aux plus compliquées. Tous les mouvements des Protozoaires sont déterminés par les excitations qui proviennent des variations de leur milieu ou plus exactement par les réactions chimiques que les variations quantitatives ou qualitatives, d'ordre physique ou chimique, qui surviennent dans leur milieu, déterminent dans leur protoplasma. Comme les animaux supérieurs et l'Homme en particulier ne sont autre chose que des agrégats de plastides, en tout semblables aux plastides libres, ce que l'on affirme des Protozoaires, on est par là même fondé à l'affirmer de l'Homme, qui d'ailleurs n'est, lui aussi, au début de son évolution ontogé- nique, qu'une cellule unique : c'est donc à des variations dans le milieu ex- térieur où vivent les plastides composantes qu'il faut rapporter uniquement les causes de tous les actes accomplis par les animaux supérieurs. -Nous sommes conscients de nos actes, mais comme les organismes infé- rieurs agissent sans que rien puisse faire supposer une intervention de leur volonté consciente dans la série de leurs actes, à supposer qu'ils aient une conscience, nous sommes fondés à affirmer que notre moi subjectif XX. — THEORIES GÉNÉRALES. — GENERALITES. S07 assiste passivement à l'accomplissement de toutes nos actions, sans y avoir au- cune part. Si nous ne réagissons pas d'une façon uniforme à notre milieu, c'est que toute excitation portée sur notre organisme modifie d'une façon particulière le tout très complexe que nous constituons, et rend différentes, par là même, les conditions du phénomène d'un individu à l'autre et, pour un individu, d'un jour à l'autre ou d'une heure à l'autre. Cela étant posé, peut-on trouver une différence réellement objective entre les actes intelligents et les actes instinctifs? La véritable distinction à établir, c'est que les premiers ne peuvent être pré- vus en toute certitude par ceux qui observent du dehors l'Homme ou l'animal qui va agir : seul le sujet sait ce qu'il va faire, tandis que les seconds au con- traire sont toujours, en des conditions identiques, pareils à eux-mêmes. La cause de cette différence est dans le jeu de la loi d'assimilation fonction- nelle. En raison de cette loi un circuit nerveux déterminé se consolidera chaque fois qu'il sera parcouru par l'influx nerveux, tout mouvement fait une fois de- viendra plus facile à faire une seconde fois. « C'est là, dit Le D., le rudiment du phénomène de mémoire, indépendant, on le voit, de l'épiphénomène de la mémoire consciente. » Si dès le début de la vie indépendante d'un organisme le chemin du réflexe est tracé de telle sorte que nulle bifurcation n'existe par où puisse passer l'influx nerveux, les mêmes excitations amèneront toujours les mêmes réponses et on aura affaire à des actes instinctifs. Si au contraire ce chemin n'est pas aussi rigoureusement déterminé, l'influx nerveux suivra celles des voies de dérivations qui présenteront à son passage la moindre résistance ; mais comme cette résistance est variable, la réaction sera variable, elle aussi, et nous aurons, soit pour nous-mêmes, soit pour autrui, le sentiment illusoire que l'acte aurait pu être autre qu'il n'a été : c'est à cela que se ré- duit la notion de volonté. Mais si l'influx nerveux a parcouru plusieurs fois le même chemin, ce chemin sera désormais plus facile à parcourir, et une exci- tation déterminée ne trouvera plus devant elle pour se propager que cette seule voie ouverte : c'est là le mécanisme de la formation des instincts au cours de la vie individuelle. En d'autres termes, un acte est intellectuel ou volontaire tant que le chemin suivi par le réflexe correspondant dépend d'un état de l'organisme, variable à chaque instant avec les circonstances inté- rieures, il est instinctif quand ce chemin est tracé une fois pour toutes, origi- nellement pour les instincts spécifiques, secondairement pour les instincts individuels acquis. Un Homme dont le cerveau ne serait plus susceptible d'aucun développement, d'aucun changement, qui serait parvenu à un état pleinement adulte, ne posséderait plus d'intelligence, il n'aurait plus que des instincts. Lorsque tout le système nerveux d'un animal est de bonne heure adulte, cet animal n'a que des instincts primaires ou innés. Lorsque des parties, primitivement variables, du système nerveux deviennent adultes par suite d'un fonctionnement répété et toujours identique, des instincts secon- daires apparaissent qui peuvent coexister avec une activité intellectuelle, c'est-à-dire une activité encore imparfaitement adaptée et d'une incomplète uniformité. Unis à ces phénomènes par le plus rigoureux parallélisme, mais n'exer- çant sur eux nulle influence, se révèlent à notre observation intérieure les épiphénomènes de conscience. Ces épiphénomènes, c'est en nous seulement que nous les saisissons, mais les observations faites sur nous-mêmes nous suggèrent des hypothèses sur l'existence d'événements et d'aptitudes de même ordre dans d'autres corps analogues à nous et en suivant la série des analogies décroissantes, jusque dans les plastides et les molécules elles- mêmes. Ces hypothèses sont de celles qui ne se prêtent point à des vérifica- 808 L'ANNEE BIOLOGIQUE. fions, mais si l'analyse nous amène à postuler l'existence chez les plastides d'une propriété élémentaire, racine des multiples fonctions mentales, on pourra estimer que ce postulat a presque la valeur d'un fait. Le système nerveux d'un Homme est un ensemble de neurones contigus, qui sont en rapport tellement étroit que la résultante des épiphénomènes qui se produisent simultanément dans un certain nombre d'entre eux, au cours d'un phénomène vital, apparaît comme un fait unique, une somme dont les unités ne se laissent plus dissocier et percevoir chacune à part. De là. et notre notion du moi, un et simple (sommation totale), et l'unité des percep- tions (sommations partielles). Mais chacun de ces neurones possède une conscience élémentaire : si quelques-uns d'entre eux, en effet, sont lésés, la conscience, en somme, est altérée et troublée. Or un neurone ne diffère pas essentiellement par sa constitution physique et chimique d'un plastide quel- conque doué de vie élémentaire; nous sommes donc amenés à admettre que des épiphénomènes de conscience accompagnent l'activité d'un plastide quel- conque. Mais dans un plastide même, il doit y avoir sommation d'épiphéno- mènes: un ensemble continu de molécules de substances plastiques n'a pas vraisemblablement des propriétés essentiellement différentes de celles d'une de ces molécules considérée seule, il faut donc logiquement inférer l'exis- tence de consciences moléculaires qui, dans un plastide continu, doivent se fusionner en une conscience unique. Le même raisonnement nous entraîne- rait à postuler l'existence d'une conscience atomique. Mais les propriétés physiques et chimiques d'un atome sont sa caractéristique spécifique, elles sont immuables et, pour tous les atomes d'une même classe, identiques; on peut inférer qu'il en est de même pour « la propriété de conscience » et qu'ainsi il y a une « conscience carbone », une « conscience azote », etc. La conscience d'une molécule doit être considérée comme la somme des con- sciences de ses atomes. Si dans la molécule il y a conscience, c'est-à-dire possibilité de sensation, il n'y a sensation dans la molécule non plastique qu extemporanée , puisque, lorsque la molécule est active, que son équilibre se rompt, elle se détruit par là même au cours de la réaction chimique où elle est engagée. Il n'y a sans doute pas sommation des consciences moléculaires : il n'y a pas, en effet, entre les molécules, la cohésion chimique qui existe entre les atomes d'une molécule, et d'ailleurs, s'il n'en était pas ainsi, on ne pourrait com- prendre comment il peut exister chez un vivant des phénomènes incon- scients. Mais dans un plastide, il y a une solidarité de toutes les parties, comme le prouvent les expériences de mérotomie, et sommation par conséquent des épiphénomènes moléculaires. De plus, la sensation inexistante ou, du moins, limitée au temps de la réaction où se détruit, pour se rétablir différent, l'équilibre des corps considérés, dans le cas des substances brutes, devient une possibilité constante chez les plastides et une possibilité qui sans cesse se réalise : les réactions, qui constituent la vie élémentaire manifestée, ont en effet pour caractéristique d'augmenter la quantité des molécules du plastide sans en changer la nature chimique et de le rendre plus apte à réagir de la même manière dans les mêmes conditions; la vie du plastide est donc con- tinue et durable, et, comme elle, la série de sensations élémentaires qui lui est corrélative. Cette continuité des épiphénomènes de conscience dans le plastide. où se fait à tout instant la sommation des sensations moléculaires, constitue la mémoire élémentaire consciente. Cette série de sensations serait mie série de sensations identiques dans un milieu homogène, mais c'est là une condition qui n'est jamais pleinement réalisée; aux phénomènes de vie élémentaire variée qui résulteraient des variations du milieu correspondraient XX. — THEORIES GENERALES.. — GENERALITES. 809 donc des épiphénomènes variés eux aussi, et dont la continuité au sein de cette variété même est le fondement originel de la notion du temps. Chez les végétaux pluricellulaires, il ne peut y avoir sommation des con- sciences plastidaires, parce qu'il n'y a pas continuité du protoplasma, ni même contiguïté immédiate entre les plastides séparés les uns des autres par les parois des cellules. [Sans vouloir m'arrèter longuement sur une question qui n'est pas de mon domaine, je dois faire remarquer que sur ce point Le D. est en opposition complète avec la grande majorité des botanistes. Les traités classiques récents de Strasburger et de Pfeffer font mention de l'exis- tence très générale de communications protoplasmiques, non seulement entre éléments d'un même tissu, mais encore entre cellules appartenant à des tissus différents. Si les auteurs diffèrent dans l'appréciation du rôle de ces communications, soit qu'ils les considèrent comme des voies de conduc- tion des substances nutritives, soit, ce qui paraît plus probable, qu'elles ser- vent seulement à la transmission des excitations, du moins la généralité de leur existence est-elle admise aujourd'hui]. Il est probable qu'il en est de même chez beaucoup des Métazoaires inférieurs, les Eponges par exemple. Mais déjà chez les Cœlentérés, on constate l'existence « d'éléments anatomiques, reliés par des prolongements continus de substances plastiques » (éléments neuro-épithéliaux de certaines Méduses) ; ici, la sommation des épiphénomènes peut avoir lieu, mais elle est limitée à des groupes isolés de plastides, et ne s'étend point à l'animal entier. Chez l'Homme lui-même, il n'y a pas con- tinuité entre les milliards de plastides qui le constituent : ils sont entourés par des membranes formées de substances inertes et isolés ainsi les uns des autres. Aussi, n'y a-t-il pas sommation de tous les épiphénomènes de conscience qui correspondent aux phénomènes vitaux dont ces plastides sont le siège ; mais entre les éléments nerveux, bien qu'il n'y ait pas continuité, il y a solidarité si étroite que l'activité chimique d'un neurone entraine par une sorte d'induction celle des neurones voisins. La sommation se doit donc faire des consciences élémentaires et des sensations élémentaires, et une con- science totale doit naître qui se manifeste subjectivement par des sensations complexes qui nous apparaissent comme simples. ' Lorsque les réactions chimiques dont notre système nerveux est le siège ne se traduisent au dehors par aucun acte, aucun mouvement, nous ne les connaissons que par les épiphénomènes qui sont liés à la série de phéno- mènes où elles se manifestent; ces réactions inobservables objectivement, nous les appelons « opérations mentales » ; ce qui détermine le degré de con- science qui accompagne un phénomène nerveux, c'est le nombre de neurones qui entrent en activité pour le produire. De là cette corrélation qui existe entre le caractère instinctif d'un acte et l'inconscience plus ou moins com- plète de l'agent. Chez les plastides, il est infiniment probable que chaque agent physique, chaque substance chimique déterminent une réaction spéciale, et que la sen- sation qui lui correspond devient pour le plastide caractéristique de l'exci- tant. Mais il n'en est pas de même chez les êtres polyplastidaires et en par- ticulier chez l'Homme. Sans doute, la rétine est sensible à la lumière tandis que la papille du tact ne l'est pas, mais il faut remarquer que la rétine réagit à tout excitant comme elle réagit à la lumière et que l'épiphénomène qui cor- respond aux modifications cérébrales engendrées par une impression réti- nienne est toujours une sensation lumineuse. La sensation lumineuse est donc en réalité l'épiphénomène qui accompagne les réactions spécifiques de certains neurones, dont la caractéristique chimique est déterminée par la situation qu'ils occupent par rapport aux autres neurones; comme, en fait, ils sont slO L'ANNÉE BIOLOGIQUE. normalement en relation avec la rétine, normalement excitée par la lumière, nous rapportons toujours, par suite d'une habitude qui est la même chez tous les êtres organisés de la même manière, à la lumière la sensation que nous procure leur excitation : c'est là ce qu'on appelle Vënergie spécifique des nerfs. — La raison n'est pas autre chose, au point de vue des phénomènes cérébraux, qu'un résultat de la similitude de structure qui existe (Mitre les Hommes et de l'assi- milation fonctionnelle, au point de vue des épiphénomènes psychiques, qu'un résultat de l'habitude que nous avons acquise de relier à tel phénomène tel épiphénomène correspondant; un fou, c'est un Homme qui, dans des condi- tions identiques à celles où nous sommes placés, voit ou entend autre chose que ce que nous voyons ou entendons. L'explication de l'épiphénomène du rêve donnée par Le D. est celle en somme de Uemoor, Duval, Renault, etc. : il y atoute une partie des centres ner- veux qui n'est qu'indirectement en relation avec l'intérieur, c'est-à-dire qu'elle ne se trouve impressionnée chimiquement par ce qui se passe à la périphérie de l'organisme que grâce à l'intermédiaire d'autres neurones en relation di- recte avec les appareils périphériques d'impression. Lorsque vient le soir, les pseudopodes des deux groupes de neurones se rétractent, parce que des subs- tances toxiques se sont, par le fonctionnement même de la vie, accumulées dans le liquide qui les baigne; il y a dès lors discontinuité entre les deux parties des centres cérébraux, et les centres supérieurs, siège des épiphéno- mènes conscients, sont coupés de leurs communications avec l'extérieur. Mais, privés des excitations périphériques, ils ne sont pas à l'abri de celles que dé- termine en eux l'action chimique des liquides de l'organisme; les phéno- mènes dont ils sont le siège ont pour corrélatifs, dans le domaine psychique, les rêves, épiphénomènes qui demeurent conscients, en raison de la varia- bilité encore très grande des relations des neurones qui constituent ces cen- tres. Les neurones, au contraire, qui sont en rapport immédiat avec la péri- phérie, ont entre eux des relations fixes et stables : ils constituent la partie adulte du système nerveux et dès lors les processus dont ils sont le siège de- meurent inconscients. — Le phénomène de mémoire, c'est la création, en raison de la loi d'assimilation fonctionnelle, de certaines structures nouvelles et relativement permanentes, dans les centres nerveux, par la répétition de ré- flexes semblables : l'épiphénomène qui lui correspond, c'est la conservation des souvenirs. Quant à leur réapparition, elle a son explication dans le fait que toutes les fois que ce réflexe se produira, l'activité chimique correspon- dante sera à peu près la même, puisque les neurones intéressés seront les mêmes. La conclusion dernière, c'est (pie la mort, détruisant la personnalité phy- siologique, doit détruire en même temps la personne psychique qui n'en est que le reflet. Nous avons analysé longuement ce petit livre qui a fait grand bruit, et qui se présente d'ailleurs comme le complément naturel d'un grand ouvrage, consacré à l'exposé d'une théorie neuve et ingénieuse : il mérite, par la clarté de l'exposition, la netteté de la pensée, la vigueur de l'argumentation, l'a- dresse des explications de détail, de retenir longtemps l'attention. Mais les idées qu'il renferme n'ont pas, semble-t-il, toute la nouveauté que paraît leur l'attribuer l'auteur. Sur le caractère illusoire de la volonté et de la liberté, tout a été dit par Spinoza, et Le D. n'a pas ajouté aux arguments du grand philosophe juif d'argument nouveau : lescritiques que l'on peut adres- ser ;i Spinoza porteraient sur son disciple inavoué. La théorie qu'il donne de la raison ressemble fort à celle de Stuart Mile. Quelques inconséquences seules viennent s'y ajouter (il semblerait, à lire ces pages de Le D., que nous XX. — THÉORIES GÉNÉRALES. — GENERALITES. 811 ayons à ses yeux une connaissance des phénomènes objectifs distincte de celle que nous en procurent nos sensations). La théorie des rêves est une com- binaison ingénieuse des vues récentes sur le sommeil qu'ont suggérées les découvertes histologiques de Ramon y Cajal et des idées de Taine sur l'ima- gination. Ce qu'il dit de la mémoire est trop fruste et trop incomplet pour servir utilement de base à une discussion : le phénomène capital de la re- connaissance n'est pas expliqué. La théorie générale des relations du phy- sique et du mental contenue en ce livre est en gros celle même que Maudsley a exposée à plusieurs reprises, et les très intéressantes pages consacrées par Le D. à la multiplicité et à la sommation des consciences ont de curieux antécédents dans le polyzoïsme et le polypsychisme de Durand (de Gros). Le critérium choisi pour différencier les actes intelligents et les actes instinctifs est dès longtemps classique. Ce qu'il y a de plus neuf, ici, c'est la distinction faite entre la conscience des corps bruts et la conscience des plastides. Mais Le D. ne donne pas de solution à la question vraiment difficile qui se pose, celle de déterminer comment le fait de comprendre, de connaître les conditions où nous sommes placés change la direction de notre action. Tous nos actes, à coup sûr, sont soumis à un déterminisme rigoureux, mais à un déterminisme plus complexe, à ce qu'il semble, que ce déterminisme chimique par lequel Le D. a cru pouvoir expliquer aisément à la fois le mécanisme de l'activité instinctive et celui de l'activité volon- taire]. — L. Marillier. 12. Graf (A.). — V individualité de la cellule. [I; XIV 1 y] — On peut ramener à trois les différentes théories relatives à la différenciation orga- nique, à la forme de l'organisation chez les êtres vivants : 1° la théorie cellu- laire classique de Schleiden et de Schwann; 2° la théorie cellulaire rema- niée et actuelle, qui, bien que depuis Schwann elle n'ait jamais été formulée, est en fait défendue néanmoins dans tous les ouvrages de cytologie; les cel- lules sont aujourd'hui devenues des énergides; la théorie cellulaire actuelle est une théorie des énergides ; 3° la théorie idioplasmique de Nageli et de Weismann, renouvelée par Whitman, et mise en opposition par lui avec la théorie cellulaire. Aux deux conceptions modernes de l'organisation, Graf en ajoute une troisième qui procède à la fois de l'une et de l'autre, et il compare les propositions fondamentales contenues dans les trois théories. A. Théorie classique de Schwann et Schleiden et théorie cellulaire actuelle. — 1" Le corps multicellulaire est une colonie, un État cellulaire. 2° La cellule est une unité, un organisme élémentaire. 3° La différenciation est produite par l'adaptation spécifique de cellules originellement semblables à des con- ditions extérieures différentes. 4° Le corps est capable d'accomplir son travail, grâce au principe de la division du travail entre les unités élémentaires de l'état cellulaire. 5° La cellule mène une double existence : elle a une vie indépendante d'une part, d'autre part elle n'est que partie intégrante d'une unité supérieure. 6° Les limites cellulaires sont un organe spécifique de la cellule. 7° La structure est le principe fondamental sur lequel sont basés tous les phénomènes vitaux. 8° La croissance organique et la régénération sont causées par la division des cellules. 9° La division cellulaire a pour cause l'accroissement au delà d'une taille maxima. B. Théorie idioplasmique de Nageli, Weismann et Whitman. — 1° Le corps est une unité absolue. Ses constituants, les idiosomes, ne sont pas des unités indépendantes, mais sont des parties intégrantes d'un tout. 2° La cellule n'est guère qu'une structure, qu'un signe des changements survenus dans la constitution idioplasmique. 3° La différenciation paraît être considérée dans 812 L'ANNEE BIOLOGIQUE. cette théorie comme une spécialisation localisée, c'est-à-dire comme un grou peinent d'idiosomes de caractère semblable en aires d'énergie. 4° Le travail du corps s'accomplit par un « pouvoir t'ormatif » propre de l'idioplasma. 5° Les cellules ne mènent pas une vie indépendante. Les actions des cel- lules ne sont que le résultat de l'exercice de ce pouvoir idioplasmique. 6° Les limites cellulaires n"ont aucune importance. La cohésion organique règne dans le corps entier. 7° La structure est fondamentale, héritée; et, sans l'hy- pothèse préalable d'une structure, on ne peut concevoir de fonction. 8° La croissance organique et la régénération sont dues au pouvoir t'ormatif de l'idioplasma. *.>° La division des cellules est un phénomène secondaire; c'est un signe extérieur des processus idioplasmiques. C. Théorie de Graf. — 1° Le corps est une association de cellules. 2° La cellule est une unité physiologique, et consiste en un grand nombre de granules ou microsomes élémentaires. Ces microsomes ne sont pas tous semblables, mais nous devons en admettre de nombreuses catégories qui diffèrent par une irri- tabilité spécifique à l'égard des stimulants extérieurs. Sous l'influence de stimulants spécifiques, certains microsomes s'accroissent et se divisent, tandis que les autres n'éprouvent aucun changement; c'est uniquement par la suprématie numérique d'une ou de plusieurs catégories de microsomes que se détermine le caractère spécifique de la cellule. La somme totale des énergies de ces granules ou microsomes, ou mieux de ces biosomes, constitue la vie de la cellule. Ces biosomes. incapables de vivre isolément, ne sont donc pas des biophores [braver of lifr) mais des éléments du corps vivant. Les biosomes représentent une association organique que nous appelons la cel- lule; on ne peut les imaginer à la fois séparés de cette association et actuel- lement vivants; la vie est une notion collective. L'association de biosomes appelée cellule est l'unité organique dernière, comme la molécule est l'unité ultime de la substance. Les cellules sont les moléculrs du corps organisé. 3° La différenciation est causée par l'irritation spécifique de certaines caté- gories de biosomes, qui, par leur rapide accroissement et leur multiplication, prennent une suprématie numérique sur les autres biosomes et déterminent ainsi le caractère de la cellule. Il est probable que dans la cellule-germe toutes les catégories de biosomes se contre-balancent. 4° D'après cela, la divi- sion du travail n'est pas une cause déterminante, mais le simple effet de la différenciation spécifique. La véritable cause de cette différenciation, c'est la sélection des stimuli, faite par les éléments de la cellule. 5° Les cellules ne mènent pas une double vie, mais une seule existence, une existence indé- pendante. Supposons une association de cellules de caractère différent. Qu'un excitant extérieur produise l'accroissement d'une de ces cellules; en s'ac- croissant, celle-là comprimera les voisines qui se contracteront. De là, dans les éléments, un changement de structure et une altération de la structure de l'association cellulaire entière. On ne devra pas cependant en conclure qu'il y a deux sortes de vie. celle des cellules, celle de l'ensemble, car la contrac- tion de certaines des cellules n'est que fonction de la croissance de l'autre, et les deux sortes de vie manifestées par ces deux cellules ne sont que coor- données en apparence en une unité plus haute, en une vie d'ordre supérieur. D'après cela, la vie spéciale du corps organisé n'est pas une unité, mais la somme des vies cellulaires agissant harmoniquement sous l'influence de forces, qui, comme la gravitation dans l'univers, les réunissent en une unité apparente. Les considérations précédentes sont appuyées sur les observations de l'auteur (Biolog. Lectures, Y, 18(.»7), d'après lesquelles, dans les cellules néphridiennes des Sangsues, les structures cellulaires très particulières qu'on y observe ne sont pas préformées; mais leur développement graduel ne peut XX. — THEORIES GENERALES. — GENERALITES. 813 être attribué qu'à Y accroissement graduel des stimulants mécaniques et chi- miques. 6° Les limites cellulaires sont l'expression de la cohésion organique d'un système de biosomes associés en une unité organique. 7° L'axiome de Whitman « fonction suppose structure » doit être remplacé par la proposition inverse : « structure suppose fonction » ; car l'ontogénie et la phylogénie montrent de nouvelles fonctions développant de nouvelles structures. Struc- ture et organisation ne doivent pas être confondues, et l'auteur accepte tout à fait l'axiome ainsi modifié : « fonction suppose organisation ». Les facteurs prédéterminés dans la cellule sont la constitution et l'organisation, tandis que la structure ne s'est formée qu'après que la cellule a été soumise à certains stimulants. La constitution est l'individualité chimique et physique de la substance cellulaire ; dans la nature inorganique elle représenterait les pro- priétés de la molécule en tant que tout. L'organisation exprime ce fait dans le monde inorganique que la molécule est formée d'atomes possédant des constitutions différentes, et indique dans le monde organique que les propriétés physico-chimiques ne sont pas distribuées également dans la masse entière mais liées chacune séparément à des unités morphologiques, à des idiosomes. La structure est l'arrangement spécifique des éléments de même caractère en groupes : arrangement qui n'est pas préalable mais que produit secon- dairement l'action des stimulants extérieurs. 8° La croissance organique et la régénération sont dues à la croissance et à la division des biosomes, causées à leur tour par l'influence des stimulants spécifiques. L'agrandissement de la surface des biosomes n'étant pas proportionnel à l'accroissement de leur vo- lume : il arrive un moment où leur surface devenue trop faible pour leur volume offre un champ d'action trop peu étendu aux excitants du dehors ; la relation convenable entre la grandeur de la surface et celle du volume ne peut être rétablie que par la division du biosome. 8° Toute division peut être due à la surabondance d'unités élémentaires en biosomes et se fait par une égale distribution et un réarrangement de ces unités en deux nouveaux sys- tèmes. — A. Prenant. 1. Andrews (G. F.). — La substance vivante considérée comme telle et comme organisme. [I a; XV; XIX c Jî] — Ce travail est un exposé assez long des vues de l'auteur sur la structure du protoplasma et sur le rôle que ses différents éléments jouent dans les phénomènes vitaux. D'une façon géné- rale, l'auteur admet la conception de Bùtschli qui suffit, dit-il, à expliquer les phénomènes que nous montre dans le protoplasma l'examen microscopique ; cependant les phénomènes vitaux proprement dits résident plus profondé- ment; ils échappent, sauf dans des conditions excessivement favorables, à toutes les recherches microscopiques, et la structure du protoplasma telle que se la figure Bùtschli ne peut pas les expliquer. Parmi ces phénomènes, pro- pres à la substance vivante et exigeant une autre explication, l'auteur insiste surtout sur la formation de filaments protoplasmiques qu'il considère comme éminemment caractéristique de la cellule vivante. Toute cellule émet, en dehors des pseudopodes que la tension superficielle suffirait à expliquer, des filaments très fins qui ne sont visibles au microscope que dans des con- ditions d'éclairage exceptionnellement favorables. Cette formation de fila- ments, soit sous l'aspect de prolongements très minces, soit sous celui d'éléments restant inclus dans la cellule même, se continue tant que vit la cellule. On constate cette émission de filaments dans toute cellule, dans les œufs, les blastomères entre lesquels ils établissent des communications. L'organisme peut être envisagé non comme le produit de la multiplication d'une seule cellule, mais comme le résultat du fractionnement d'une masse su L'ANNÉE BIOLOGIQUE en un grand nombre d'éléments qui restent réunis par des filaments. L'au- teur ajoute que les Métazoaires proviennent peut-être non pas d'un type ancestral ainœboïde, mais d'une coalescence d'êtres émettant des filaments. A coté de ce phénomène, d'importance si essentielle et auquel l'hypothèse de Bûtschli ne peut apporter aucune explication, l'auteur en cite un autre tout aussi obscur dans ses causes : c'est le fait que, sous l'influence d'une pression déterminée sur l'œuf en segmentation, non seulement les blas- toinères ne se séparent pas, comme ferait une masse purement, passive et douée uniquement de propriétés physiques, mais au contraire se rap- prochent, rendant ainsi la masse entière plus compacte et plus résistante. L'hypothèse de Bûtschli seule étant incapable d'expliquer tous les phéno- mènes vitaux, l'auteur cherche quelle est la partie du protoplasma qui en est le siège, sans d'ailleurs donner d'explications à ces phénomènes qu'aucun examen microscopique, dit-il, ne permet de voir directement. La portion vitale du protoplasma, c'est la substance qui forme les parois des alvéoles et que l'auteur appelle Vêlement continu. C'est dans son sein que se produit la formation de filaments, que se manifeste l'activité contractile. C'est lui la portion physiologiquement active du protoplasma, contractile et irritable, le siège de toutes les fonctions, habitudes et instincts qui caractérisent la subs- tance vivante. C'est cette portion que l'auteur appelle « la véritable subs- tance vivante ». Quant aux éléments discontinus, aux inclusions protoplas- miques, plus fluides, leur nature est variable. Ce sont des produits de désassimilation, des sécrétions, des matières de réserve. Ils forment le milieu spécifique de la substance vivante, milieu interne d'où partent toutes les excitations. Le grand nombre de points de contact entre ces inclusions et l'élément continu favorise la production de ces excitations. Divers chapitres de l'ouvrage sont consacrés à la multiplication, à l'hé- rédité, au parasitisme, à l'habitude, à l'instinct, etc., qui tous sont rattachés à l'élément continu. En ce qui concerne l'hérédité, l'auteur se borne à dire que l'élément continu se transmet directement des parents aux enfants et que, si on se place à ce point de vue, aucune difficulté n'existe plus. Comme conclusion de son travail, A. affirme l'insuffisance d'un point de vue exclusivement physique et la nécessité d'un point de vue physiologique. Il faut aller plus loin que les phénomènes directement visibles sous le mi- croscope et ne pas se borner aux explications tirées du monde inorganique. — M. Goldsmith. 20. Pearson (K.). — Les chances de mort et autres études sur révolution. [XII; XVI a; XVII b] — On peut dire que le premier volume de cet ouvrage est une des plus importantes contributions à la biologie publiées en 18(J7, puisqu'il rend intelligible ce que l'on peut appeler la méthode statistique en biologie à bien des gens qui n'auraient pu acquérir ces notions dans les mémoires plus techniques. Le premier volume contient huit essais dont les plus nettement biologiques portent les titres suivants : les chances de mort, la sélection reproductrice, le socialisme et la sélection naturelle, variation chez L'Homme et la Femme. Le second volume, qui est moins biologique, se rapporte aux indices de l'existence du régime matriarcal dans les Sociétés européennes que révèlent certaines coutumes du moyen âge relatives à la sorcellerie, au mariage collectif ou communautaire et aux mystères de la Passion en Allemagne. Mais il va sans dire que la manière dont est traité le sujet permet de les renfermer tous dans le sous-titre du livre : études sur l'évolution. L'auteur nous répète souvent, si souvent même que cela devient irritant XX. — THEORIES GENERALES. — GENERALITES. 815 surtout pour ceux qui savent que le reproche est vrai : la biologie n'est rien moins qu'une science exacte. Cela montre la haute valeur de ce nouveau contact que l'auteur introduit entre la biologie et les mathématiques, qui nous promet de nous débarrasser du peu de précision de notre science , et d'ou- vrir les voies à des méthodes rigoureuses. Cette nouvelle direction de recherches n'a pas une longue histoire dans notre passé biologique. Autant que nous sachions, voici à peu près ce qui a été fait jusqu'ici dans cette voie : 1°) une explication de la méthode statistique suggérée par Quételet dans ses Lettres sur la théorie des probabilités ajt/di- quées aux sciences morales et politiques, Bruxelles, 1856, 450 p. ; 2°) une ten- tative de Fr. Galton pour suivre et développer l'idée de Quételet et un résumé de ses résultats donné dans son livre bien connu Natural Inheri- tance, London, 1889, 250 p. ; 3°) un important mémoire de Stieda, Ueber die Anwendung des Wahrscheinlichkeitsrechnungs in der anthropologischen Statistik (Arch. Anthrop., XIV, p. 167-185), et des recherches analogues sug- gérées par le professeur Delbgeuf; 4°) les travaux de \V. J. Weldox : On certains correlated variations in Crangon vulgaris (P. R. Soc. London, LI, p. 2-21), et autres importantes études analogues; 5°) c'est alors que com- mença la série des mémoires du professeur Pearson, Mathematical con- tribution to the theory of évolution (Phil. Trancs, London, et P. R. Soc. London), dont il faut rapprocher les études poursuivies dans cette direction par Ammox, Heixcke, Brewster, Dùncker, Bumpus, et beaucoup d'autres. L'ensemble de ces travaux tient aujourd'hui une place notable dans la biblio- thèque biologique. Les sujets traités dans l'ouvrage de P. sont quelque peu hétérogènes, mais la plupart d'entre eux n'en ont pas moins une relation très nette avec le problème de l'évolution organique et humaine. Le second chapitre du tome Ier, qui est consacrée à la théorie scientifique de la roulette de Monte-Carlo, con- stitue une introduction aux théorèmes sur la probabilité sans la connaissance desquels il est impossible aujourd'hui déjuger les arguments pour et contre la théorie darwinienne de l'évolution. La note fondamentale de ces idées est évolutionniste : c'est « la tentative de ramener tous les phénomènes physi- ques et sociaux à une corrélation de croissance ». Mais l'auteur s'applique avec soin à se préserver lui-même de tout dogmatisme. Il pense que les pré- tendues preuves de l'évolution sont plutôt présomptives que démonstra- tives et que les explications proposées par les évolutionnistes ont rarement une qualité supérieure à celle d'interprétation plus ou moins probable et, pour tout dire, P. estime que la théorie ne fournit pas d'explication vraiment scientifique. Nous n'avons pas cependant, dit-il, à montrer que la théorie d'évo- lution explique l'univers ; nous devons nous contenter de mettre au défi ceux qui la critiquent de produire à sa place une autre formule aussi en accord avec l'enchaînement des phénomènes ; une formule qui satisfasse l'esprit d'une façon aussi complète, qui, en d'autres termes, atteigne aussi complète- ment le but de la science. — Dans l'essai sur les chances de mort, par lequel commence le tome Ier, P. montre tout d'abord que l'ancienne idée du hasard est aussi erronée quand on l'applique aux chances de mort qu'à la prévision d'un coup de dé. « Les prétendus effets du hasard suivent en réalité une loi, d'où il suit pratiquement qu'il est possible de les prédire. » « Les chances de réalisation d'un événement sont soumises à la loi des grands nombres et ne sont en aucune manière une manifestation chaotique telle que l'admettait le moyen âge. L'auteur continue en expliquant la formation d'une courbe de fréquence générale et définit le mode (sommet de la courbe de fré- quence), la moyenne, la déviation principale et autres expressions techniques 816 L'ANNEE BIOLOGIQUE. spéciales à ce genre de recherches. 11 se demande alors si les chances de mort peuvent être exprimées par une courbe de fréquence semblable à celle des coups de dés. ADDISON, lorsqu'il déclarait que les lois de la mortalité sont une preuve irréfutable de l'existence d'une providence directrice, le hasard étant impuissant à maintenir une balance aussi exacte, dit juste l'inverse de la vérité, puisque c'est précisément le propre du hasard de faire ce qu'il attribue à une volonté prévoyante. Le troisième essai, en dépit de-son titre malheureux de sélection reproduc- tive, est fort important. 11 traite de l'accroissement de fécondité qui résul- terait de l'hérédité de la fécondité en l'absence de causes destructives main- tenues par la sélection naturelle. C'est F. MuLLER qui a, je crois, eu l'idée (pie, si la fécondité était héréditaire, elle serait cumulative dans ses effets par le fait que le plus fécond aurait plus de chance de s'accoupler à la plus fé- conde. Or nous avons quelques preuves que certains caractères de structure sont effectivement en relation avec la fécondité, par exemple la taille chez la femme. S'il en est ainsi, avec l'accumulation des effets de la fécondité marchera de pair un accroissement de taille, à moins que la sélection na- turelle ne s'y oppose. Si rien ne fait obstacle aux effets de cette corrélation, elle doit avoir pour conséquence d'accroître la taille de la femme de 3 à 4 pouces en mille ans. Cette thèse doit-être comparée à la loi de F. Mûl- ler et au principe de la fécondité cumulative de Gïlick. Notons encore la remarque de Pearson que l'observation de l'existence de tendances innées vers une variation définie (orthogénèse) peut trouver une explication naturelle dans une corrélation possible entre la fécondité et la variation de quelque caractère structural particulier. La conscience des difficultés, et elles sont grandes, qu'entraîne l'idée de sélection reproductive conduit aussi l'auteur à la conclusion que la sélection naturelle agit nettement dans l'hu- manité et qu'elle tend à réprimer les effets de la fécondité cumulative. D'autre part, bien que démontrables par la statistique, les effets de la sélection naturelle sont faibles. Celle-ci semble, dit P., être tout à fait subordon- née à la sélection reproductive en tant que facteur de l'évolution progres- sive, fait qui, s'il est vrai, est d'une haute importance. — Cette étude inté- ressante touche à des problèmes pratiques, en particulier à celui de déter- miner par la comparaison de la fécondité cumulative relative des différentes classes si nos sociétés se recrutent d'en haut ou d'en bas. Dans cette question il faut avancer avec prudence, distinguer la fécondité brute (nombre des enfants engendrés) et la fécondité nette (nombre des enfants parvenant à un certain âge); noter le pourcentage des mariages dans les différentes classes et tenir compte aussi de la mortalité comparée suivant les classes. C'est dans l'appréciation de ces conditions complexes que réside la valeur d'une mé- thode statistique perfectionnée. Les conclusions auxquelles arrive P. à ce sujet sont les suivantes : il est démontré que la sélection reproductive est un facteur de l'évolution et peut-être le facteur le plus puissant dans la civilisa- tion moderne. Il est influencé mais non tenu en échec par la sélection natu- relle. Ainsi la fécondité cumulative d'une classe sociale donnée peut se trouver supérieure à son taux de mortalité. D'autre part une classe dans la- quelle les mariages sont plus fréquents peut regagner par là ce qu'elle perd par le fait d'une fécondité nette inférieure. — La réunion de la fécondité maxima avec les qualités du plus apte est peut-être le problème le pins ardu que l'évolution de l'homme civilisé pose aux hommes d'Etat de l'avenir. Le l'ait actuel semble être, somme toute, que la société moderne se recrute plutôt de la classe ouvrière que de celles du commerce ou des professions li- bérales. XX. — THÉORIES GÉNÉRALES. — GENERALITES. 817 Dans le quatrième essai Fauteur cherche à montrer avec une grande cha- leur d'argumentation qu'il n'y a pas d'antagonisme entre la vie sociale et la sélection naturelle, quand on comprend ces termes comme ils doivent l'être. Son exposé est à la fois remarquable et amusant. Le huitième essai sur la variation chez l'Homme et la Femme est destiné à saper la « superstition pseudo-scientifique », que dans l'humanité le mâle est plus variable que la femelle, idée avancée par Darwin, Brooks, soutenue par Havelock Ellis dans son livre Man and Woman, et très généralement acceptée. Après une argumentation à priori que Ton peut laisser de coté, P. fournit une série de statistiques d'où il résulte que pour chaque caractère examiné, non seulement il n'y a aucune preuve d'une variabilité plus grande du mâle, mais que la femelle serait plutôt légèrement plus variable. P. re- lpousse avec un ironique dédain la doctrine de la plus grande variabilité de 'Homme que de la Femme. La moutonnerie que montre la multitude des pseudo-scientifiques traitant de l'évolution serait peut-être un signe de la très faible variabilité intellectuelle de cette catégorie de mâles. Il est impossible dans les limites de cette analyse de donner une idée complète de ces deux brillants et suggestifs volumes. Nous nous contenterons de signaler encore en terminant les quelques point développés par Pearson. a) Les méthodes statistiques doivent être appliquées à la solution des pro- blèmes de la biologie. Nous devons patiemment ouvrir l'impasse des spécula- tions vagues et des interprétations conjecturales qui s'opposent au progrès de la science, b) Les méthodes des courbes de fréquence préconisées et développées par P. sont applicables à l'étude de la variabilité, de la fécondité, de la morta- lité, c) La sélection reproductive ou fécondité cumulative est un facteur impor- tant de l'évolution, d) La sélection naturelle, bien comprise, n'est pas incompa- tible avec l'état social, et l'antinomie qu'on a voulu établir entre ces deux notions est plus apparente que réelle, e) Il résulte des études de P. sur 17 groupes de mesures portant sur différentes parties du corps que la Femme est plus variable que l'Homme dans 11 groupes et l'Homme plus variable que la Femme dans 6 seulement, f) Certaines parties du livre de P. sont relatives à la régression, à la panmixie, etc., et sur ces points le lecteur que ces questions difficiles intéresse trouvera des critiques et des indications utiles. Mais en vérité un pareil livre ne s'analyse pas : il doit être lu. — A. J. Thomson. 24. Poulton (E. B.). — Un précurseur des idées modernes sur révolution. [XV a (ï; XVI b (3, c a, 8 ; XVII 6 a] — Il s'agit ici de certains passages, dont la valeur historique est intéressante, que l'on rencontre dans la deuxième édition du JResearches into the natural Historij of Mankind, de J. C. Prichard (édition de 1826). Prichard s'est en effet rendu compte de différents faits qui n'ont été mis complètement en lumière que par les efforts de naturalistes plus récents : à certains égards, c'est un précurseur. C'est ainsi qu'il a nettement vu que les races domestiques des animaux et les races cultivées, si diverses, des plantes sont l'œuvre, non pas de l'action du milieu, mais de la sélection exercée par l'homme ; il a aussi discuté de façon très intéressante la question de la trans- mission des caractères acquis et, si les naturalistes n'ont point eu connais- sance de ses vues à cet égard, c'est qu'ils ont consulté les éditions ultérieures où Prichard a modifié, atténué ou supprimé les passages de nature à les intéresser. Évidemment les convictions de Prichard n'étaient pas très solide- ment assises. A propos de la coloration plus foncée de la peau chez les peuples qui ha- bitent les tropiques, après avoir discuté et rejeté l'opinion d'après laquelle L'ASNÉE BIOLOGIQUE, III. 1^07, 52 818 L'ANNEE BIOLOGIQUE. cette coloration serait due à l'effet de la chaleur sur la bile dont la sécrétion sérail augmentée, il ajoute que les Européens qui habitent les climats chauds acquièrent une peau plus foncée. .Mais, dit-il, la progéniture de ces Européens naît avec la coloration primitive, et non avec la teinte ultérieurement acquise des parents. Et il ajoute que c'est une loi générale de l'économie animale que les particularités — les variétés — acquises, ne sont pas transmises des parents à leurs enfants, mais prennent tin dans la génération où elles ont pris naissance. Du reste, la coloration de la peau des différentes races est un phénomène permanent : le nègre transplanté sous les climats tempérés et l'Européen transplanté sous les tropiques conservent leur couleur. Il n'y a de modifica- tion chez les races qu'à la suite de croisements et le milieu n'y est pour rien, n'agit pas. Passant aux lois relatives à l'hérédité des particularités de structure, Prichard distingue nettement les caractères acquis et les carac- tères congénitaux. Il faut le citer intégralement. « Ce semble être un fait général que toutes les variétés innées de structure , toutes les particularités qui sont congénitales ou qui font partie de la constitution naturelle imprimée à l'individu dès sa naissance ou plutôt depuis le commencement de son orga- nisation, qu'elles lui soient transmises par une longue hérédité ou qu'elles fassent leur apparition dans sa personne, pour la première fois, — car il se peut qu'il n'y ait pas de différence entre les deux cas, — sont aptes à repa- raître chez sa descendance. On peut dire, en d'autres termes, que l'organisa- tion de la progéniture est toujours modelée d'après le type de la structure originelle du parent. D'autre part, les changements produits par les causes extérieures dans l'apparition ou la constitution de l'individu sont temporaires, et, généralement, les caractères acquis sont transitoires ; ils disparaissent avec l'individu, et n'ont pas d'influence sur la progéniture. Cette distinction, ajoute l'auteur dans une note au bas de la page, cette distinction [entre les caractères acquis et les caractères congénitaux] qui n'a été encore indiquée par aucun écrivain antérieur s'occupant de sujets physiologiques, m'a été suggérée pour la première fois dans une conversation que j'ai eue il y a plusieurs années avec Benjamin Grainges, de Derby, » Après cet exposé très clair, Prichard s'occupe de donner des exemples à l'appui de la première proposition, d'après laquelle les « particularités ori- ginelles ou congénitales du corps sont héréditaires ». Il cite d'abord la « fa- mille porc-épic » chez qui, à travers trois générations, une particularité re- marquable de la peau fut transmise à travers trois générations. [Il s'agit ici d'un cas d'ichthyose et, d'après Rager, un homme fut exhibé en Angleterre, en 1710, qui était atteint de cette maladie. Ses six enfants présentaient la même particularité, et c'est peut-être un membre de cette famille que Pri- chard a observé. (Voir Gould et Pyle : Anomalies and Curiositics of Médecine, Philadelphie, 1807, p. 823)]. Prichard cite encore des cas de polydactylie héréditaire, et la trans- mission héréditaire de répaississement de la lèvre supérieure de la maison d'Habsbourg, attribuée généralement à une union ancienne avec un membre de la famille di>± .lagellons. A l'égard de la deuxième proposition, d'après laquelle « les caractères acquis, ou caractères imposés par des circonstances adventives, et qui ne sont pas nés par le développement spontané de la structure du corps, ne sont jamais transmis », il fait observer que la preuve est plus difficile à fournir : « elle est nécessairement de caractère négatif »... « Ce semble être la loi de l'économie animale que l'organisation de la progéniture, qui, nous l'avons vu, suit le type donné par la structure naturelle et originelle des parents, XX. — THÉORIES GÉNÉRALES. — GENERALITES. 819 n'est affectée par aucun changement que ce dernier peut avoir subi, et n'est influencée par aucun état nouveau qu'il a pu acquérir. » Prichard discute alors le cas des mutilations. Celles-ci ne sont pas hérédi- taires : les chats et chiens à queue coupée ne transmettent pas l'absence de queue à leurs descendants. Et quand ceux-ci, à l'occasion, sont dépourvus de cet appendice, il n'y a là qu'une coïncidence accidentelle. Cette privation s'observe en effet — ou d'autres analogues — chez des animaux dont les pa- rents n'ont pas été mutilés; des défectuosités analogues s'observent chez l'homme né de parents normaux. Et les mutilations de l'oreille, chez le chien, etc., ne se transmettent pas davantage ; non plus que les effets des opérations chirurgicales chez l'homme, d'ailleurs. Mais, a-t-on objecté, « après que la mutilation ou quelque autre changement artificiel a été répété à travers plusieurs générations, une sorte d'habitude peut s'acquérir, par où la nouvelle condition devient pour ainsi dire natu- relle, et peut de la sorte modifier la race ». Il faudrait prouver cette propo- sition et jusqu'ici les faits connus lui sont contraires, dit Prichard : exemple, la circoncision qui dure depuis des milliers d'années dans la race juive, et n'a produit aucun changement héréditaire. Un passage d'ordre général mérite encore d'être cité. « Nous pouvons faire remarquer en général que tout être individuel, à travers les règnes animal et végétal, est influencé dans son germe primitif par certaines lois d'organisation, et c'est d'après ces lois que se fera le futur développement de sa structure. Ces tendances innées ou spontanées, qui régissent l'évolution future de la trame corporelle, lui font prendre, à diffé- rentes périodes de croissance, certaines qualités de forme et de texture. De ces prédispositions dérivent les différences caractéristiques et les particula- rités des êtres individuels. Or il est évident que ces tendances spontanées sont seules héréditaires, et que tous les changements d'organisation qui sont déterminés par les circonstances extérieures et sont étrangers au caractère de structure imprimé au germe originel, cessent avec l'individu et sont sans influence sur la race. Pourtant cette loi de conformation héréditaire existe avec une certaine latitude ou sphère de variété (variation), mais toutes les variétés qui sont produites dans la race ont leur commencement dans la structure originale de quelque œuf ou germe particulier, et non dans des qua- lités quelconques déterminées par des causes extérieures au cours de son développement. » Au fond, tout cela, c'est du Weismann, à la terminologie près. Mais comment naissent les variétés? De façon accidentelle, nous est-il dit. Mais ce terme ne fait qu'augmenter notre ignorance des causes réelles que d'ailleurs nous ignorerons peut-être toujours. La cause de la variation de- meure obscure : mais ce qui ne l'est pas, c'est la manière dont les variétés, une fois nées, se propagent et s'accentuent. « On suppose généralement, dit Pri- chard, que la culture est la cause la plus féconde de variétés dans les règnes animal et végétal. Mais on peut se demander si la culture donne réellement naissance à des variétés nouvelles, ou si elle ne sert pas seulement à favoriser et propager celles qui se sont produites naturellement, ou, comme on le dit, de façon accidentelle. Il est certain que dans l'établissement des races de bétail,* de Chevaux, de Chiens par exemple, le processus artificiel consiste en une sélection attentive des animaux individuels qui se trouvent posséder, à un degré plus prononcé que la généralité, quelques caractères particuliers qu'il y a lieu de vouloir perpétuer. Ceux-ci sont réservés pour la multiplica- tion, et l'on prête une attention soutenue aux mêmes circonstances, jusqu'à ce que l'effet s'accroissant de façon continue, on a établi dans la race uni- 820 L'ANNEE BIOLOCHH'E. forme, une couleur, une proportion des membres, ou telle autre qualité, par- ticulières; l'uniformité de la race est ensuite maintenue en retirant toute variation nouvelle qui peut accidentellement y prendre naissance. » Pourtant le milieu, le climat, ne sont pas sans influence. Les Porcs de Cuba ont deux fois les dimensions des progéniteurs originaux. Les Chevaux sau- vages de l'Amérique du Sud, descendant de Chevaux domestiques dont la couleur varie, ont tous une même couleur uniforme, et l'Ours commun forme en Europe diverses races locales. Les Chèvres, Lapins et Chats d'An- gora ont les poils longs, soyeux et généralement blancs. « Ces caractères indiquent une cause commune qui doit être quelque particularité dans les circonstances sous lesquelles vivent ces animaux dans ce climat, et dans la situation qu'ils occupent. » Dans un cas il y a adaptation; et Prichard dit qu'il est difficile d'échapper à la conclusion que la variation des animaux s'opère selon certaines lois grâce auxquelles la structure s'adapte aux nécessités des conditions locales. Ailleurs, Prichard a même entrevu la sélection naturelle, dans un passage où, après avoir parlé des variétés nées de la variation et de l'adaptation, il demande comment « ces variétés se développent et se conservent en relation avec des climats particuliers et avec des différences de situation locale ». Et il répond de la façon qui suit : « Une cause qui tend à maintenir la rela- tion est évidente. Des individus, des familles et même des colonies entières périssent et disparaissent sous les climats auxquels, par les particularités de leur constitution, ils n'étaient point préparés. » Prichard a donc entrevu la sélection ou l'élimination des moins aptes; mais il n'a pas vu la lutte pour l'existence. Ça et là, il y a des lueurs intéressantes; mais il n'a pas su ap- profondir les vues qu'il a émises. — H. de Varigny. 25. Wagner (Ad.). — Problêmes fondamentaux des sciences de la nature. — L'auteur s'adresse sous forme de lettres à un camarade d'études, ennemi de toute spéculation philosophique. Après avoir protesté avec raison contre les tendances de ceux qui déclarent la guerre aux idées générales et veulent éduire les études scientifiques à l'art de collectionner les faits, il discute dans les premiers chapitres la question de la théorie de la connaissance et celle du principe de causalité, si souvent agitées en Allemagne en ce mo- ment. Pour l'expérimentateur, l'idée de cause se réduit à celle de consécution de phénomènes, et il lui est impossible de se rendre compte du lien qui unit ces phénomènes entre eux; ce point est longuement développé. [Cela est absolument exact; mais ne crée nullement une infériorité pour la science positive, qui est en tout cas parement descriptive; la mécanique elle-même n'échappe pas à cette règle, et ne fait que présenter les consëcutions de faits en termes plus simples. Cette question a été parfaitement exposée dans un article de Pearson (*), qui est la meilleure réponse à tous ceux qui veulent mêler à l'étude des phénomènes une recherche de liens de causalité trans- cendentale complètement étrangère à la science]. L'auteur insiste beaucoup sur l'interprétation de ce qu'on nomme le monde des phénomènes, le monde extérieur, qui n'est formé que de nos sensations. Ce sujet est bien connu, mais on remarquera ici une idée ingénieuse et 'ailleurs juste : chacun reconnaît le caractère subjectif du son, de la lu- mière, etc. ; mais, par une véritable inconséquence, on ne se rend pas compte au fond qu'il en est de même pour les données fournies par le sens du (l) Pearson K.) : The philosophy of 'natural science (Nature, LV, 1-4). Analysé dans l'Année biologique 1896, p. Tii'j. XX. — THÉORIES GÉNÉRALES. — GENERALITES. 821 toucher, et on cherche à construire un monde « ohjectif » en le revêtant de propriétés qui ne sont autre chose que des sensations tactiles; lorsqu'on parle d'atomes en vibration, de mouvement, etc., on ne fait pas autre chose. [Les critiques contenues dans cette première partie sont justifiées quand elles s'adressent à l'école « matérialiste », c'est-à-dire à des métaphysiciens qui s'appuient sur l'existence réelle, considérée comme un dogme, d'une matière objective, extérieure à nous, qu'il leur est d'ailleurs impossible de définir, sinon par la notion de l'impénétrabilité (celle-ci étant d'ailleurs encore empruntée à nos sensations tactiles). L'auteur paraît croire que c'est là le cas général parmi les auteurs qui s'occupent des sciences positives : il en était peut-être ainsi autrefois, mais non aujourd'hui; la lecture de quel- ques-uns des ouvrages les plus récents, dus à des savants étrangers à toute métaphysique transcendante, qui ont abordé ces questions incidemment, démontre son erreur sous ce rapport (M. Les attaques contre les théories atomiques sont particulièrement injustes, l'auteur allant jusqu'à nier qu'elles aient conduit à des découvertes nouvelles, ce qui paraîtra incompréhensible. Les objections de principe qu'il dirige contre elles portent seulement sur ceux qui défendraient l'existence réelle d'atomes, de molécules, etc.: c'est là un pur malentendu, et nombre de savants ont, dans ces dernières années, protesté contre une pareille erreur d'interprétation : toutes ces hypothèses doivent être considérées comme des métaphores continues, destinées à faciliter l'exposition des faits (*)]. — La seconde moitié de l'ouvrage ne se rattache qu'indirectement à la première. Il s'agit ici de la distinction entre les animaux et les végétaux; après une discussion assez longue, qui n'est que le développement des principales idées connues sur ce sujet, l'auteur appuie cette distinction sur l'existence de la sensation consciente chez les animaux : on comprend les nombreuses objections que ceci soulève, lors même qu'on n'irait pas jusqu'à l'opinion de ces auteurs récents qui s'efforcent de ramener tous les mouvements des Protozoaires à de simples réactions d'ordre physique ou chimique. Enfin, la partie la plus contestable est certainement la tentative de réfutation dirigée contre l'explication darwiniste de l'adaptation, et où le principe même de la théorie est méconnu, comme il l'a été tant de fois depuis Kolliker. — [Malgré les réserves qu'on peut faire sur bien des conceptions présentées dans cet opuscule, on doit en somme reconnaître qu'il se distingue des nombreux et volumineux ouvrages qu'ont publiés récemment sur ces mêmes sujets divers métaphysiciens allemands, par la clarté remarquable dans l'exposition et la netteté dans les conceptions; la forme littéraire adoptée par l'auteur lui a permis de déployer une certaine verve qui rend toujours sa lecture attachante, chose trop rare dans ces discussions sur des sujets si arides]. — L. Defrance. 14. Hseckel (E.). — Le monisme, lien entre la religion et la science. — L'origine de cet opuscule est une conférence improvisée à Altenbourg en octobre 1802, où l'auteur avait exposé ses conceptions monistes, déjà défen- dues dans plusieurs de ses ouvrages. Il les rapproche lui-même du mouve- ment philosophique analogue, représenté en Amérique par le Monùt et les publications de YOpen Court, et auquel se sont rattachés nombre de philo- sophes et de savants américains, notamment Cope. Son intention est d'établir un lien entre le domaine moral et celui de la recherche positive, la différence établie entre eux n'étant qu'une différence de points de vue. — La compa- ct) Cf. Année biologique 1895, p. 413, et 1806, lo.ccit. (2) Cf. Année biologique 1896, p. u-23, 770 et 777. 822 L'ANNEE BIOLOGIQUE. raison et l'étude historique dos systèmes religieux et philosophiques montre (pie chaque pas important fait dans la voie do la connaissance a comporté un rapprochement vers le monisme. Au début, les phénomènes naturels, le vent, la foudre, sont conçus comme des manifestations de la volonté d'êtres plus ou moins semblables à l'homme : c'est là la base du polythéisme; dans des phi- osophies beaucoup plus avancées subsiste encore l'idée du dualisme, de l'opposition entre l'esprit et la matière. Or les découvertes modernes tendent à prouver que toutes les manifestations de la nature sont des productions différentes d'une seule et même force première : l'auteur croit d'ailleurs à l'existence réelle de l'éther et admet aussi que les divers éléments chimiques sont des produits d'évolution d'une môme matière primitive. [On sait que cette interprétation des hypothèses scientifiques sur la matière, l'éther. etc., n'est pas celle de tout le monde : au fond, elles ne constituent en toute rigueur que des moyens d'exposition commodes pour présenter en langage clair les consécutions de phénomènes, seul objet de nos connaissances]. — On trouve ici, tracé en quelques traits, un tableau rapide et brillant des progrès dus à l'évolutionnisme dans le domaine des sciences naturelles d'abord, puis dans celui de la psychologie. L'auteur proteste contre Yignorabimus de Du Bois- Reymond, et pour lui les phénomènes psychologiques se ramènent à des processus physiques et chimiques dans le protoplasma des cellules nerveuses. [Les monistes admettent en effet que les manifestations psychiques étudiées par la conscience et les réactions qui se passent dans les tissus cérébraux constituent deux aspects d'une même réalité, considérés à deux points de vue différents; mais l'étude du lien qui les unit nous fait absolument défaut, et, là encore, nous sommes bien dans le domaine de l'inconnaissable]. Sur le terrain de la philosophie pure, l'auteur condamne les deux termes de matérialisme et de spiritualisme, liés l'un et l'autre à l'ancienne concep- tion dualiste. Quant à la religion dont il est question dans le titre, l'auteur désigne par ce nom la morale fondée sur l'étude psychologique rationnelle de l'homme : la base en est le respect et la sympathie pour les autres hommes. L'auteur reconnaît les bienfaits dus sous ce rapport au christianisme, surtout à la fin de la société ancienne : le principe se retrouve d'ailleurs à l'état rudimentaire dans les civilisations les plus primitives et même dans les sociétés animales. Il a été perfectionné par la connaissance des philosophies anciennes, et, plus récemment, par les conséquences tirées de l'étude des instincts et des tendances de l'esprit humain, en même temps que des lois de l'évolution. [Ce court exposé s'écarte beaucoup, on le voit, du domaine des sciences naturelles. Il doit cependant être signalé, non seulement comme une page éloquente de haute philosophie, mais comme une excellente réponse aux sophistes qui veulent établir une antinomie entre les théories évolutionnistes et les lois universellement acceptées de la morale. Il est curieux de mettre les idées ainsi exposées en regard de ces brochures de polémique antiscien- tifique, encore fréquentes en Angleterre, où Hseckel est représenté comme le pontife intransigeant d'un matérialisme dogmatique et arriéré]. — L. De- france. TABLE ANALYTIQUE Abbado (Michèle). 452. Abeilles. 740. Abelous (J. E.). 308. 435, 436. Aberration, 712. Abies, 16. Abstraction des animaux. 723. Acclimatation, 406, 499. Accommodation des plantes aux climats froids, 497. Accouplement des Décapodes, 145. Achromatine nucléaire, 37. Acide amidovalérianique, 366. — carbamique, 375. — carbonique (influence sur le développe- ment de l'œuf), 164. — cyanhydrique, 433. — cyanhydrique (influence sur le dévelop- pement de l'œuf), 195. — nucléique, 17. — thymique, 17. — urique, 375. Acinétiens. 156. Aeromégalie, 379, 458. Actes intellectuels, 630. Actinies, 485. Actions mécaniques (influence sur la division cellulaire indirecte), 38. Adaptation, 481, 821. d'un Coléoptère à des plantes dé- terminées, 554. fonctionnelle, 184. d'un organe à une fonction nou velle, 162, 164, 178. Adelea, 134. /Ecidium, 508. .Eschna, 40. Agglutination, 429, «7. Aida (T.). 81. Ailanthus, 228. Air raréfié (action sur l'homme), 407. Albumine, 15. (Digestion de 1'), 373. Albumines toxiques agglutinantes, 429. Albuminoïdes. 372. — (Formation des), 362, 364, 366. 369. Alcaloïdes (leur action sur les nerfs), 664. Alcool (formation dans la respiration intramo- léculaire des plantes), 426. Algues (voir Chodat), 467. — voir Fischer, Swingle, Chmilevsk\ . — des sources thermales, 500. Allaitement (Transmission d'une immunité par), 458. Allen (E. J.), 595. Allen (H.), 267. 308. Allen (Harrisson) 515, 559. AUium, 61. 158. Allotobophora, 115, 155. Allurus, 156. Alosa, 186. Alplieus, 145. Alrltz (S.), 634, 691. Alstrcemeria, 62. Altérations des éléments nerveux dans l'empoi- sonnement par l'arsenic et le plomb. 647. Altérations après ablation des capsules surré- nales, 656. — dans les embolies aseptiques. 655. dans certaines intoxications. 657. — à la suite de section du prolonge- ment, 654. dans l'inanition, 655. 657. dans la rage. 656. après la mort, 656. dans la peste bubonique. 657. dans l'anémie, 657. Altmann. 304. Amato (d), 308, 442. Amberg, 750. Amibes. 51. Amictogénèse, 457. Amidon (fermentation de 1'), 426. Amitose (voir division directe). Amixie, 527, 536. AMMON (O.), 189, 228. 241. 243. Amœba, 161. Amphibiens, 166. Amphidisys, 513. Amphioxus, 131, 237, 668. Amphytrite, 167. Amyloïde, 15. AntylcDiiyces, 425. Ancêtres des Vertébrés, 560. 82 1 TABLE ANALYTIQUE. Andrews G. F.), 6, 53, 452, 634, 791. 813. Inftricus, 237. Anencépbalie, 200. Aneslhésiques leur action sur les nerfs). 663. Angle \ï UE, 189. Anonyme, 308. Anonyme. 452. Anonvme. 515. intennophorus, 7'k>. Anthérozoïdes, 59. Anthocyane, 395, 'il6. Anthropologie, 246. 2'i7. APATHl s-. . .i. . voir Arnw vsu . Caséines, L5. CASPER, 241, 244. ( lasse des \ ins, i35. Castration nutriciale, 232. Catchpool, 529. CATTANEO [GlACOHO), 452.454. CATTELL, 757. CADLLER1 (M.), 9, 152, 163, 170, 189, 203, 207. Cécidies, 490. Cécidiogénèse, 237. Cécité des couleurs. 670. CELAKOVSKI (L.), 312. CELESIA (PAOLO), 452, 456. Cellule, 1. — au repos (voir FLEMMING), 10. — (Vitesse de division de la), 35. — division directe (dérive de la division indirecte). 40. — division directe (sa signification), 40. — division multiple, 26. — (Individualité de la). 811. — relation de la forme avec le métabo- lisme, 51. — nerveuse. 207, 623, 6'i6, 648, 649, 650, 651, 654, 655, 661, 679. — de Sertoli, 114. — de Verson, 97, 114. Cellules doubles, 40. — factices, 4. — glandulaires, 28. — nerveuses motrices, 655. — nerveuses polymorphes superficielles. 65». — pigmentaires, 667, 668, 669. — sexuelles, 88, 91. — (Volume des . 26. Cellulose de réserve, 423. Centres nerveux. 626. Centres nerveux des Arthropodes, 678. Centrosome, 1, 31, 33, 34, 35, 36, 60, 61. 92, 94, 95, 102,104,105,112,115,119,122, 126, 129, 148, 458. absence dans la mitose, 37. dans les cellules du stroma ova- rien, 36. origine du centrosome de segmen- tation, 115. (Permanence du), 33. (Non permanence du), 34. Ccntrosomes multiples, 35. Ceratozamia, 62. Cérébration inconsciente, 771. CERFONTAINE (P.), 214. Cerveau des Innélides, 665. Cervidés, 552. Ceryle, 741. Cétacés, 599. Chabrié (C), 30'i. Chsetoptérus, 35. Cliw.i PECK1 (H.), 312. Chamberlain, 84. Champignons, 158, 358,432, 501. Chances de mort, 814. Chanvre, 231. Cil vRCOT, 266. CHARRIN (A.), 189, 198.312,392,412, 441, 442. 452, 458. Cil \ssi;\ v\t (A.), 312. Ciivtin (Ad.), 516. 564. Chai dinn, 133, 236. Chauve.u (A.), 312. Chauves-souris, 141. Chevreuil, 460, 186, 505. CHIARUGI (G.), 312, 161, 163. 174. Chien, 776. CHILD (G. M.), 9, 36, 61, 160, 163, 167. Chimie de la cellule, 419. Chimiotactisme, 337. Chimiotropisme des œufs non mûrs. 117. Clliozzi (L.), 641, 657. Chiroptères, 141. Chitine, 27. Chitte\den (R. IL), 9. CHOBAUT (A.), 189. Cuodat (Robert). 467. Chloroforme (influence sur le développement de l'œuf), 195. Chlorophylle, 349, 351, 352. Chtorophyton, 62. Chlorure de potassium (effet sur la mitose), 36. Chlorure de sodium, 438, 501. Chmilewsky, 9. Chœtogaster, 151. Chœtopterine, 390. Chœtopterus, 115. Choléra, 450. — (Immunité dans le), 437. Chondrification, 177. CHOURIGUINE, 266. Chromatine, 18, 19, 49, 101, 135. Chromatolyse centrale et périphérique, 657. Chromatozoïte, 133. Chromosomes (Nombre des), 62, 112. Voir aus-i Dixon et Flemming. Chromotaraxis, 391. Chrysanthenum, 497. Chrzonszczevsky, 304. CHUN (C), 467, 516, 533, 566, 595. Ciaccio (G. V.), 312. ClCÉRON, 265. Cils vihratils, 56. Circonvolutions cérébrales et cérébelleuses. 661. Circulation, 398. Circulation capillaire, 782. Cirrhoses, 443. Cladoeères, 172. Cladochytrium, 508. CLAPARÈDE (Ed.), 629, 636, 714. Clastases, 275. CLAVIÈRE (J.), 633, 636.670. CLAYPOLE (A. M.), 163. CLIFFORD (J. R.), 312. CLIGNT, 189. CLODD (E.), 792. Cloporte, 29. Clupéine, l4(.>. Gastroslyla, 400. Gastrula double H>. Géotactisme, Vi'i. Gérard (E.), 316, 422. GERBER (C), 316, 353. GEREST, 638. GlARD (A.), 84, 151, 132, 190, 203, 210, 228. 231. 453. GlBBES, 305. GIDON, 316. 439. (ilESBRECHT (W.), 317, 385. GlGLIO-TOS (E.). 10, 09. GlLSON, 164, 179, 305. C.ILTAY (E.). 317,381. Gingko, 59. Glande pituitaire, 379. — thymique du Caméléon, 29. (.landes, 28, 180, 276. — filières des chenilles. Voir K.ORSCHELT. — génitales. 376. — nectarifères, 541. — sali va ire s. 30. — sexuelles, 242, 244. Glaphyrus, 554. Glauconia, 39. GLEY (E), 241, 317, 379. Gleï (voir Camus). Globigérines, 604. Globule polaire, 35, 53. 54, 58, 115, 117, 121. 122, 123, 130, 131, 148, 149. — Fécondation du), 59. homologue dans la spermato- gonie, 110. Globulimétrie, 786. Globulines, 15. — oxydantes, 435. Gtœosporium, 491. Glossopharyngien (Effets de la section du), 180. Glu animale. 5. Glutamine, 367. Glycocolle, 365. Glycogène du foie soumis à la vie résiduelle, 424. hépatique (son action contre le char- bon), 442. GOBI.OT (G.), 628. 639, 692. GODLEVSK1 (E.), 10. GODLEVSKl (E. .Il >'.), 36, 99. GODLEVSKI (E.), 272, 317, 362. 426. G0EBEL K. . 317, 383, 517, 535. GûELDl (C. A.), 517, 554. GOLDFLUS (M"« M.), 467. GOLDSCHEIDER, 769. GOLGI, 305. Gommes Coloration des), 453. Goniunanus, 213. Goodrich (E. s.), 317, 328. GÔPPERT (E.), 164, 185. Col im EIN, 317. GRAF (ARNOLD), 11, 317, 373. 468, 481. 792. 790, 811. GRAFFE (E.), 596. 604. GBAHAM (1).), 517. Graines de Phanérogames, 16. — (résistance aux temps et aux agents physiques), 401, 405, 406. Crains rouges (des Cyanophycées), 25. Graminées, 329. GRAN (H. II.), 5G5, 596, 605. GRASSI (G. B.), 236. GREEN (J. R.), 317, 416. Greffe, 218. — mixte, 220. — ■ et pigmentation, 226. Greffes de blastoderme, 226. — d'embryons sur poulets adultes, 226. — de pupes de Lépidoptères, 221. — de Lombriciens, 221. — de larves d'Amphibiens, 223. Grégarines, 134. Grenouille, 173, 191. Grevé (k.), 596, 600. GRIFFI.X (B. B.), 468, 481. Griffin (E. E.), 115. Grochowski (Mieczysl), 228. Grôxberg, 85, 90. Groom, 317, 382. Gruss(J.), 317, 423. Guanine, 374. Guarnieri, 441. Guérin (G.), 317, 432. GUICCIARDIM, 639. 761, 765. Geignard (L.), 11, 33, 61, 92. GUINARD (L.), 317, 441. Guitel, 305. Guldberg (F. O.), 632, 639, 676. Guldberg (G. A.), 317, 327. HAACKE (WILH.), 792. IlABERLANDT (G.), 317, 381. Habitude acquise (Hérédité d'une), 456. Habitudes héréditaires des oiseaux, 742. Hacker (Y.), 11, 76, 85, 88. H.ECkEL (E.), 792, 821. Hall (G. Stanley), 630, 639, 719. Halteridium, 49. HAMANN (Otto), 517,533,596. HamingUi, 391. Hamlin (Alice J.), 639, 739. IIammar (J. A.), 50, 318, 331. HANRIOT (M.), 318, 422. Hanse ann, 305. Ha\si:\ (E. C), 318, 447. IIansen (H. J.), 596, 603. HANSGIRG (A.), 468. HANSTEEN (B.), 272, 318, 364. IIargitt (Chas. N.), 213, 468, 500. HARPER (R. A.), 11. HARRINGTON (N. 1\.), 468, 489. HARTER (N.), 636, 732. HARTOG (MARCLS), 2, 3, 26, 454. 792. HARTWICH (C), 468. )1\ twig (W.), 596. i TABLE ANALYTIQUE. 831 Hawkins (CHANCEY J.), 639. 760. Heape (W.), 453, 460. Heath (H.) (voir Marshall (C. R.). Hebbing. 517. Hedin, 10. 270. Hedin (S. G.;. 318, 340. HEDINGER, 305. Hegelmaier (F.), 152. Heidemiain (M.), 11, 31. 34. 40, 61. 305. Heider. 188. Heider (k. .190. 197, 318. 333. Heine (L. . 11. 18. Heinricher, 468, 482. Heinricher (E.). 318, 354. Held (H.). 625. 639. 650. Héliotropisme. 446, 447. Hélix, 36. 98. flELLE (R.), 318, 408, 412. IlELME. 253. 266. Helotium, 394. Hématies, 310. Hématine, 49, 349. Hémiparasites vert. 354. Hémoglobine, 15, 49, 318. Hémoglobinogène, 49. Hemoproteus. 49. Henking. 78. Henle. 262. HENNEGUY (F.), 266, 517. Henri (C), 639. 664. Henri (V.), 639, 712. 748. 764. Henriqies (W.)i 318, 374. Henslow (G.). 453, 468, 517, 537. Hépatites. 443. Hepburn David). 517, 559. Hepke (P. . 203. 212. Herbst (C.;. 190. 318, 360. HerdMan, 318, 391. Herdmann (W. A.), 596. Hérédité, 61. 119, 451, 817. — des caractères acquis. 533. (Principes fondamentaux de 1'), 154. — progressive, 456. — sociale, 543. Hérisson. 30. Herlitzka (A.), 161, 164, 181. 188. 190, 193. Hermann. 305. Hermann (F.), 85. Herrera (A. L.). 11, 140. Hertwig 0. ... 73, 164, 173, 790, 792. 793. Hertwig Loi de), 167. Hescheler (K.), 152, 203. Hesse (R.), 639. 666, 668. Hétéromorphose, 214. Hétéromorphose d'origine, 334. Hétérotaxic. 195. Hibernation. 274. 398. HlCKSON(S. J.). 162, 164, 181, 241. 468. 792. Hirase (S.). Voir Skeno (S.). Hirudinées, 666. Histoire. 15. naturelle primitive, 779. Histologie (son rôle dans la classification des spores des champignons), 158. Hodge (G. W.), 645^ 710. Hœmopis, 135. Hoernes (RiD . 596. 611. H0FBAIER (L.), 630, 639, 628, 743. IfOFFBAlER. 631. Hoffmann (R. W.), 11. 39. Holothurie 139. Homme, son influence sur la distribution des espèces, 618. Homme et femme, 779. Hommes-chiens, 244. Homœogenèse", 489. Homogamie, 527. Homologie, 267. 333. Hopkins (F. J.), 318. 373. IIo-RBACZEWSki (G.i, 318, 374. Hortensia, 398. Hortolès. 305. Houssay (Fred.), 164, 186, 236. Howard (L. O.), 567, 596. 618. Hibbard (Henry G.), 639, 746. Huber, 305. HiiFNER, 305. Humâtes alcalins, 343. HlOT, 281, 305. HUSSON (F, W.), 242, 468, 517. 518, 540. Hyatt (Alpheis), 267, 518, 558. Hybrides, 458. Hydatina, 140, 229. Hydathodes, 382. Hydraires, 181. Hydre (Régénération de F), 209. Hydrobius, 206. Hydroméduses, 213. Hijdrophilus. 206. Hydrous, 206. Hyla. 110. Hymenogaster, 394. Hyménogonie, 5. Hyménoptères, 232. Hyperdactylie expérimentale, 196. Hypertrichose, 244. Hypnose, 274, 405, 773. Hypnotisme, 779. Hyslop (J. H.), 639, 692. Hystérie, 772. Idées (Formation des), 633. lKENO (S.), 11, 59. Illusions, 712. Illyanassa, 168. Images sensitives et images motrices. 686. — tactiles consécutives. 713. Imagination, 811. Immunité, 436, 458. Impressions simples, 684. Inanition, 442, 655. — (influence sur les toxines microbien- nes), 441. Indices olfactifs, 777. Infanticide (chez les animaux), 747. Infantilisme, 243. Influences orthoplastiques, 543. Infusoires, 156, 445, 460, 501. Voir aussi Le Dantec. — artificiels, 56. Injections physiologiques, 298. Inhibition assimilatrice, 352. Insectes, 40, 97, 156, 206, 230, 231,^232, 334, 485. 534. Instinct, 631. 735. — d'orientation, 677. 832 TABLE ANALYTIQUE. Instinct Théorie darwinienne de l'), 779. Instincts Développement des) 737. Intelligence, 632, 748. Interférences de différentes excitations dans le -\ stème nerveux central, 723. Intestin, 372. Régénération de 1' . 206. spiral des Sélaciens, 4*7. Iode des glandes thyroïdes, Ml. lodothj rine, 379. Iris. !i82. l-i;iiiku\ '.. 92. Isolement, 526, .">Vi. Isopodes, 29. Isotropie, l<><>. [VANZOï V . 59, L39. JACOBSON L.), 639. 655. .1 iCOBY, 305. JACQUEMIN (O.), 318. 423. Jacques (P.), 318, 378. LEGER (G.), 792. JAGER, 318. JANET (CH.), 639. 640, 746. Janet (Pierre), 640. 773. JANOSIK, 258, 266, 305. JEFFREÏ (E. C), 468, 491. JENNINGS (H. S.), 318, W». JHERING (H. VON), 565. 596. 601. .Ioest (ERNST), 153, 20'!, 220. 221, 469, (539, 640, 703. JORDAN (k.,. 518, 548. JOST (L.), 318, 384. Jourdain (M. S.). 228. 232. JlDD (CH. H.), 629, 640, 704. JUEL (II. 0.), 11. Jugement, 632. Julus, 329. k. 228. 232. KABRHEL, 305. KARAVAIEV (W.), 253, 265, 236, 237. KARSTEN (G.), 85. Karyolyse, 50. KEEBLE (F. W.). 319. 395. KEIFFER, 319, 376. kl i.i.lcoTT (D. S.), 469, 500. k.empen (ch. van), 469, 487. Kennedy (Robert), 204. kératine. 15. kératinisation, 31. K.ERSCHNER (L.), 640, 683. kiNNEY (A.), 319, 376. K.1NOSHIÏA, 367. KlRCHER (O. . 598. 610. klRSCMMAW (A.), 640. 702. kl.AATSCH (H.), 162, 164, 177. kl. i:ns. 260, 266. Klein, 305. kEINCKOVSTïtoM (A.), 122. kl.i VZINGER (C. B.), 597. kNAUER lï. . 632, 640, 742. k\ouu, 319, 413. KNOWLTON (F. P.), 164, 190. 204. kNOWLTOIS [voir LiLLIE), 320.408. K.NUDSEN (Martin), 565, 597, 606. k\v (L.), 11, 38, 317. 351. KOBELT (W.), 597. 617, 618. KOCHS W.). 204. 206. kOENIG (Cil.;. 640, 674. K.OHL, 266. KOHL G. F.), 27. 57. 319. 410. kOHLBRUGGE .1. !l. F.), 452, 453. 461. KOHLWE1 (HEINRICH), 453, 456. 518. 640. KOLLER II.), 204. KÔLLÏKER (A. non). 319, 332. KÔNIG (A.). 319. 332. kOORDERS S. II. .319. 382. kOPSCH Fit. . 190, 193. kor.i XI w E. E.), 204. KÔRNICKE (M.), S."). kORSCHELT, 1.")."). kOSSEL (A.), 12. 15. 16, 17. 370. kOSTANECkl (k. VON), 12, 41. koWALEVSkï. 205. 305. k ramer (AUG.), 597. KRAUS, 304. KRAUSE, 305, 319. 374. kRAUSE (R.), 12, 30. kRAUSE (W.), 639, 669. kR.EPELlN, 632, 639, 750, 761. kRlES (J. von), 627, 636, 671. kRONECKER (H.), 319, 411. kRÙGER (Al.), 319, 374. kRUSE. 305. klHN (C. 11.). 267. kULTSCHITZKV, 319. 372. kUNSTLER (J.), 12, 25. kUTSCHER (F.), 319. 373. Labbé (A.). 204. 213. 518. Laborde (J. . 319, 358. Labyrinthe (influence sur les mouvements des animaux). 675. Lac Bai Lai. 611. — Balaton, 611. — de Constance, 610. — Mendota, 609. — Tanganyika, 612. Lacs, 568. — en bordure. 593. — de Célèbcs, 613. — littoraux, 594. — (Matières dissoutes des), 5S0. — de montagne, 593. — de plaine, 593. — salés, 581. — Température des), 571. — terminaux, 593. Laclarius, 433. Lactation, 143. LAGATU (II.), 319, 435. Lait, 346. Lamarckisme, 521. Lampromya, 7iâ. Lamy (H.), 640. 655. Landauer, 305. Landee, 19. LANDOC, 305. LANG, 305. LANG (W. IL), 152, 153, 236. Langage des enfants, 778. — télégraphique, 732. LANGENDORFF (O.), 319, 400. LANGLdlS, 319. 379. TABLE ANALYTIQUE. 833 Langkayel (B.), 453. 460. Langley (J. M.), 204. 209. Lankester (E. Ray . 319. 390. La\ov (P.). 228. Lapicqie (L.), 319, 348. Larix, 65. Lasius, 235. Lataste (F.), 320. 732. Latex, 369. Lathrœa, 3S2. [AUMONIER (J.), 320. 335. Laurent (E.), 364. Laurent (J.), 320. Lauterborn, 147 (voir aussi Erlanger). Lebedinsky, 305. Lebrun, 61 (voir aussi Carnoy). LécailloN (A.), 320, 334. Lécithine, 411. Leclerc du Sablon. 320, 352. Lee (Alice), 242. 247. Lee (A. Bolles), 58, 98. Lefèyre (Yoir Charrin). Léger (Louis), 204. 206, 469, 499. Lemna, 364. Lémuriens ancêtres des singes. 561. Lenhossek (Von), 86, 640, 648. Lépidoptères. 105. 517. Leptocephalus, 235, 236. Leptoplana. 119. Lesbre, 467.486. Lésions secondaires et primitives de la cellule nerveuse. 656. Leucine, 366, 413. Leuciscus, 669. Leucocytes. 205, 449. Leucocytozoa. 49. LÉVI (G.), 623, 641. Lévulose, 426. LeYure de bière (action sur le lait), 425. LÉyy (M.), 320, 379. Leydig, 305. Leydig (F.), 641. Liber, 369. Liberté, 810. Lichens, 159. Lidforss(B.), 12. Lièvre, 232. Ligne latérale, 678. — primitive des oiseaux. 199. Ligustrum, 479. Liliam, 65. Lillie (Fr. R.), 164. 190, 204. 320, 408. Linden (Maria von , 469. 489. LlNDET (L.), 469, 499. Lineus, 156. Liparis, 230. Lipases, 422. Lis, 39. List (Th.). 12. Livache (A.), 320. 431. Livini (voir Chiarugi). Localisation des souvenirs, 763. — cérébrale, 662. Locomotion circulaire biologique, 677. LODE (A.), 320, 442. LOEB (J.), 330. 336. 339. 412, 448. Loeb (Léo . 220. 226. Loew, 357. l'année biologique, iii. 1897. Loewy. 320. 407. Logan (R. R.), 636, 731. LOHMANN (W.), 320. Loi de Pflùger, 383. — de tension, 35, 40, 41. — de Weber, 629, 710. Loisel(G.), 12. LOMMEN (C. P.), 139, 277. 320. 449. LONDON (E. S.). 321, 442. Lopriore (G.), 204. Lorentz, 306. loukianov, 12. Loyez (Marie). 190. 199. LUBARSCH (O.), 321, 392. Lucilia, 231. LUDWIG (F.), 306. 469. 476. Ludwig (Hub.). 597, 603. LlGARO (E.), 624, 625, 641. 647. 654. 657. 661. 675. Lumbriculus, 156, 212. Lumbricus, 156. Lumière, 338. — (Influence de la), 161, 409, 410, 510. — dans les "lacs, 577. LUSTIG (A.), 453, 458. LUTZ (L.), 321. Lydekker (R.),566, 597, 614. Macaronésie (Faune malacologique de la), 618. MacClure (Ch. F. W.), 642,649. Mach (E.), 641. 676. Mac Murrich (Playfair), 469, 485. Macrobiotus, 391. Maeronucleus, 9. Mager (W.). 318, 408. Magnolia, 62. MAGNUS (P.), 469. 508. Major (D. R.), 641,684. Malaquin (A.), 469, 490. Malaria, 505. Maldidier, 792. Mall. 306. Malvoz, 321, 429. Mammifères, 111, 112, 113,614. MANASSÉIN (M.), 321, 422. Manganèse (son rôle dans les oxydations pro- duites parla laccase),431, 432. Mangin (L.), 469, 491. .Mangouste, 30. Manouvrier (L.), 641, 765. Marattinées, 563. Marchal (E.), 364. Marchal (Paul). 227, 228, 232, 236. 469, 485, 518, 543, 641 Marchthurn (A. Y. VON), 451. 453. Marica, 541 Marinesco, 266, 641. 656, 657. Marmotte, 398. Marshall, 321, 373. Marti (A.), 319, 411. Masoix. 642, 665. Massart (J.), 452, 467, 476, 517. M \ssee (G. A.), 86. Mastermaxn (A. T.). 518, 534. Mvthews (A.), 12, 17. Matières grasses, 353. Mvtrot (A.), 321, 426. 53 i<- bubonique, 'i58. Petit (A.), 470. Peur, 719. Peyron (voir Butte). Pi ii fer (W.). 322,415. PFLÛGER, 306. PhagOCj (ose, 238, 252, 277. 437. 419. Phasmides, 156. Phénylalanine, 366. Philippe (J.), 643, 773. Phillips (D. e.), 643. 786. PHISALIX (C), 322. 439. 323. Pholcus, 93. Phorozoon, 142. Phosphorescence, 385. Phylloporphyrine, 349. Phylogénie, 514, 555, 682. Physa, 41. Physiologie de l'écriture, 768. — des centres nerveux et des nerfs, 662. du cerveau des Annélides, 665. générale, 335, 336. — sexuelle, 376. Phytobenthos, 610. Phytoplancton, 610. Pick, 416. Pierallim (G.). 323, 449. Pigeon, 677. Pigmentation, 171, 287. — de la Salamandre, 389. — et greffe, 226. Pigments, 49, 114, 232, 237, 385, 389, 536, 537. — biliaires (voir Camus). — des Décapodes, 390. — des fleurs, 395. — (voir aussi Navarro). Pilliet, 266. Pillsbury (W. B.), 643, 689, 750. Pinnipèdes, 599. Pinus, 62. Pisciculture, 186. Pitard(Elg.), 597,608. Pitres (A.), 643. 714. Placuunomia, 481. Plagusia, 185. Planaires, 211. Plancton, 605. — arctique et antarctique. 606. — des eaux saumàtres, 607. — et gaz de l'eau de mer, (07. — de l'Oder, 610. Plaque cellulaire, 39. Plasma germinatif, 533. Plasmocytes (voir Eisen, Giglio-Tos). Plato (J.), 87, 113. Plearodelcs, 95. Plcurophyllidia, 130. Pleuston, 610. Plis épidermiques des mains et des pieds des primates, 559. Pluie (action sur les plantes), 106. Plume des oiseaux, 392. Podarke, 171. Podophyllmn. 67. Poehl (A.), 323, 377. Poils des Equidés, 161. Poirallt (G.), 63, 619. Poisons (leur influence sur le développement de l'œuf), 195, 196. Poisson (J.), 220, 221. Poissons, 35, 94, 99, 166. 551, 764. — électriques, voir Ballowitz, 309, Nalepa, 321. — téléostéens à ponte pélagique, 531. Polarisation dynamique, 654. Polarité dans la régénération, 202. Pollen, 62, 65. — (voir Hansgirg), 468. • TABLE ANALYTIQUE. 837 Polychromisme des Bactéries, 393. Polydactylie, 199. Polyembryonie, 158. Polymérisation, 330. Polymorphisme, 132.505. — œcogénique, 466. Polypsychisme, 811. Polyspermie, 53, 132. Polyzoïsme, 811. Polzemusz (F.), voir GODLEYSKl (E.), 317, 426. Ponte des Batraciens, 145. Popoff (L.) , 266. Porc (Polydactylie du), 191. PORCHET , 266. Portier (P.), 323. POLLTON (E. B.), 453, 470, 518, 519, 791, 793, 814, 817. Pouls capillaire, 783. Pouvoir antitoxique. 442. Préaubert (E.), 793, 799. Prenant (A.), 13, 29, 39. Pression atmosphérique (Effets des variations de), 407. — du sang (ses variations dans le tra- vail psychique et physique), 782. osmotique du sang, 341, 343. Présure, 415. Prêter, 769. Prêter (W.), 323. 348. Prichard (J. C), 817. Pritchard (H. G.), 636, 710. Problèmes fondamentaux des sciences de la nature, 820. Processus psychiques, 628, 683, 710. Produits sexuels (leur influence sur la différen- ciation ultérieure de polypes adultes chez les Méduses), 181. Proscher, 271. PrOscher (F.), 323, 346. Prosthecerseus, 122. Prostituées, 747. Protoplasme, 28, 125. Protoplasma (Coloration vitale du), 2. — (courants protoplasmiques), 55, 56. — (émission de filaments protoplas- miques par l'œuf d'Oursin), 53, 54. — (Structure du), 55. (Théorie granulaire du), 21. — (voir Erlanger, 10). Protoptère, 206. Protospermatoblastes, 99. Prowazek, 2, 13, 19, 53. Prunet (A.), 470, 509. Przesmtcki, 2, 13, 19. Pseudocommis, 509. Psilotum, 62. Psychogénèse, 775. Psychologie criminelle, 748. — de l'infanticide chez les animaux, 747. — de l'instinct, 739. — du nouveau-né. 777. — individuelle, 766. Psychophysique des sensations visuelles, 670. Pteris, 62. Plilopus, 541. PlGLlESE (A.), 323, 415. PLGNAT (Ch. AMÉDÉE), 259, 266. 597. 623. 643. 649. Plriewitsch (K.), 13, 19, 323, 423. Pyrénoïdes, 9. Pyrocatéchine, 381. Quadrille des Centres, 60, 119. QUAJAT (E.), 161, 163, 165, 175, 323. 470. QlÉNU, 19. Querton (L.), 13, 27. QUÉTELET, 815. RABL (H.), 13, 31, 323. Races (Formation des), 456. Rage, 655, 780. lkija, 386. Raison, 810. Ramond, 323, 443. Rana, 110. Banatra, 40. Randolph (H.), 205, 211. Ranvier, 205, 207, 266, 306. Rapidité de la pensée dans le rêve. 770. Rappel ontogénétique d'une métamorphose chez les Vertébrés, 186. Raspail (X.), 643, 744. Rate, 261. Rath (Vom), 76. Rat (J.), 470, 501. Rayons Rôntgen, 217, 411. Réactions motrices involontaires aux excitations agréables et désagréables, 730. Piéadaptation (Influence du milieu sur la), 236. Récapitulation ontogénétique de la phylogénèse, 555. Recensement d'images mentales, 773. Récréation, 779. Réduction chromatique, 58, 61, 96, 118. — chromatique. Voir Moore. 86. — chromatique qualitative, 64. — chromatique quantitative, 63. — (plantes), 64. — (animaux1), 73. Reed (A. Z.), 636, 731. Rees (Van), 265. Réflexe élémentaire, 682. Réflexes, 630, 727. Régénération, 51, 153, 154, 155, 156, 234. 333. — 201. — hypotypique. 211. — (voir Le Dantec). Regnard (P.), 323, 352. REGNAULT (F.), 165, 175, 176. Régression, 476, 817. Régulation, 168, 202, 214, 333. REH (L.), 519. Reichel, 323, 379. Reichembach (H.), 793. Rein, 277. — dans l'occlusion intestinale, 443. Rein, 470-500. Reimiard (W.), 165. Reimtzer (F.), 323, 422. Reinke, 306. Reinke (Fr.), 644, 660. Reinke (G.), 470, 488. 838 TABLE ANALYTIQUE. I ; 1 1 % k t voir Ci ri us. Rj ifGl i. E.)i 205. 206. 236. 237. Reproduction asexuelle, 151. Réserves, 352, V23. Résinocj tes. 30. Respiration, 167. 344. 398, et voir Quajat. — (variation avecla température), 409. — intramoléculaire des plantes supé- rieures 426. Rétine (Action de la lumière colorée sur la), 669. Retterer, 162, 165, 176. Rêves, 633. 769. 810. REYXAl D (G.), 632, 643, 677. Khabditis, 127. Rhinolophus, 141. Rhizopodes. 51. 53. Rhopalocera en Angleterre. 535. RHUHBLER (L.), 14, 43. Rirai court (E. de), 470. RlBBERT. 220. 226. 306. RIBOT (TH. . 643. 723. Richard (J.), 595, 597. Richards (Herbert Malle), 205. 273. 323, 385. Riche (A.), 452. 458. RICHET (C), 312, 323, 438. 626. 636. 643. 662. Ricine, 429. RlEVEL. 154. RlGHETTI (R.), 643. RlVERS, 750. Rivière (G.), 220. Rivière (P.), 324. Roger. 323. 437. ROLLET. 327. ROLLINAT (R.), 141, 191. 205. 229. 233. Romanes (G. J.), 453, 470, 511, 519, 520, 643, 779. RONDINO, 87. RôRIG (AD.), 453. 460, 470, 4S6. 519. 552. 643. 747. ROSEXFELD. 323. 354. P.OSEXQMST (E.) [voir SCHALMAX). RoSEXSTADT (B.). 323. 389. ROSEXTHAL (J.), 643, 727. RoSSI (U.), 147, 165. Roth, 306. ROTHSTEIX, 306. Rotifères, 147. ROLBINOVITCII, 643. Rouille (les céréales, 506. ROUX (\V.). 175. 190, 197. 266, 790. 793. 797. ROVIGHI, 324. 443. ROZE (E.), 471, 509. Rubigine, 349. RÙCKERT, 76. Ri RLE, 306. Ri ZICKA, 643, 650. RTWOSCH I). , 324,391. SABACHNIKOV, 96. SABATIER, 99. SABR \zi:s. 324, 643, 649, 656. SACERDOTTI (C.)i 205. 8ACERDOTT1 C. voir BlZZOZERO . SA( BARO\ N. . 14, 49, 261, 266. SADONES, 140. Saignée réflexe, 156. S.VIXT-REMY (G.). 191. 200. Salamandra, 95, 103, 105. Salmacina, 154. Salmine. 17. Salmo, 35. SALMON (P.), 324. 441. Salomon (O.), 319, 374. Salpes, 33. SvMASSA (P.), 14, 35, 160, 165. 172. Samuel, 266. Saxctis (S. de), 629, 644, 708. Sang, 340, 341, 374, 407, 411, 786. — (Coagulation du), voir Delezenne. — (Globules du), 49. — (teneur en antitoxine), 443. SANGCINETI (J.), 324. 425. Saxsox (A.), 453. Sarasix (P. et F.), 597, 613. Sarcophaga, 231. Sarcoptides. 232. Sargant, 68. Saturation des couleurs, 702. Saler, 306. Sauvageau (G.). 136, 146, 153. Savtchenko, 324. 436. Saxidomus, 481. Schachowa, 307. SCHAFFER (J.), 162, 165, 177, 205. 211. Schaffer (Karl), 626, 644, 655. 658. SCHAFFNER, 84. Schaper (A.), 626, 644, 653. Scharf (R. F.), 598, 616. Schaudinx (F.), 133. 236. SCHAUMAXX (O.). 324, 407. Schede, 324, 377. Sehèmes visuels, 786. Schexck (F.), 324, 383. SCHEXK (S. L.), 14, 54, 324. 371. SchexklixG (G.), 324. 392. SCHIFF (A.), 324, 379. Schiller (F. C. S.), 519. Schizogonic, 156. Schlater (G.), 14, 21. Schloesixg fils (Th.), 324. Schloesixg fils (voir Regxard . Schmidt (Ad.), 387, 471. Schxapper, 258, 266. Schneider (Ad.), 307. Schxeider (Ant.), 307. Schoxdorff (B.), 324, 378. SCHOPPE, 307. SCHOSTAKOWITSCH (N.), 471, 503. SCIIRODER (BRDXO), 598. 610. Schuoter (G.), 598, 610. SCHROTER (H.), 318, 408. Schiltz (voir Beck). SCHULTZE (O.), 165, 175. SCHULZE, 272. Schllze (E.), 324. 366, 376. SCHULZE (L.). 14, 16. SCHUR (voir BURIAN). SCHWENDENER (S.), 324. 384. SCHWONER, 242, 453, 458. SCLATER (P. L.), 598, 566. Sclérose. 259. Scolytides, 746. SCOTT (C. A.), 644. 721. 314. TABLE ANALYTIQUE. 839 SCOTT (TH.), 598. SCOURFIELD (D. J.), 598, 613. Sécheresse (Adaptation à la), 501. Sécrétion, 50, 290. Sécrétions internes, 376. Sédatifs (leur action sur les nerfs), 663. Segmentation. 160, 166, 169. — déterminée, 171. indéterminée. 171. dexiotrope, 169. — leiotrope, 169. — d'œufs comprimés, 197. Ségrégation, 233, 544. Sélaciens, 100. Selaginella, 216. Sélection, 248, 466, 496, 537. — naturelle, 537, 817, 820. — naturelle dans la reproduction asexuée, 541. — organique, 532, 543. — physiologique, 529. — reproductive, 816. Sels minéraux, 343. — — (influence sur la forme et la structure des végétaux), 359. — (influence sur les animaux. 360. (influence sur le développe- ment de l'œuf), 198. SEMON (R.), 307. Semper, 307. Sexg (von), 307. Sensation et jugement, 752. Sensations, 628, 683, 710. — cutanées, 684, 687, 689. — thermiques, 691. — visuelles, 685, 692, 702. d'orientation, 676. — douloureuses des animaux infé- rieurs, 709. Sensations illusoires des amputés, 714. Sensations visuelles, 668, 669. — produites par le courant électrique, 670. Sensibilité cutanée, 687, 689, 710. — générale des délinquants et des pro- stituées, 747. — musculaire, des yeux, 701. Sens de l'espèce, 674. — de l'équilibre, 672, 674, 675. — de l'orientation, 678. — génésique, 243. — musculaire, 629, 714. — olfactif, 776. Sensitive, 384. Sentiments d'innervation, 684. Serges tes, 603. Sergi (G.), 644, 712. Sérieux (P.), 636, 766. Serpent de mer, 518. Serovo, 324. Sérums, 436. — (action sur la moelle des os), 437. Seuil de double contact successif, 710. Sel rat (L. G.), 471, 500. Sexe, 112, 227. Sexualité, 157. Shaw, 146, 147. Siedlecki, 133, 236. Signification de l'existence et de la symétrie des appendices dans la mesure de la gradation des espèces végétales, 564. Simon (Ch.), 307. SlMOND (P. L.), 132. 236. SiMROTH (H.), 598. 613. Singer (E. A.), 632. 644. 752. Siréniens, 599. SLOSSE (A.), 324. 424. Smith (G. W.). 519, 536. Smyth (J.), 789. SOBIERAXSKY, 305, 307. SOBOTTA (J.), 131, 191. SOLGER, 307. SOLLIER (P.), 644, 772. SOLOMONS (L. M.), 644. 687. Sommeil, 399, 633, 769. Sommer, 644. Somnambulisme, 773. Sorbite, 426. Sorédies, 159. SOUDAKEWITCH. 266. SOIKHANOV, 644. SODLIÉ (A.), 205. 207. SOURT (J.), 644, 780, 805. Souvenirs de l'enfance (Premiers), 764. Spécificité cellulaire, 180. Spencer, 3. Spengel (J. W.), 307. Spermatogénèse, 36, 58, 59, 96, 98, 99, 100. 105, 110, 111, 112, 115. Spermatozoïde, 38. 99,111. — (Composition chimique du), 15, 17. — (Nutrition du), 114. — (Structure du), 100, 105, 107. — (voir Meves), 86. Spermine, 377. Spermocentre, 37, 104, 112, 113, 129, 149. 458. — correspond au Mittelstùck, 38. — (voir Kostanecki), 86. Sphère attractive, 134. Spina (R.). 632, 644, 747. Spina bifida, 174. Spindler (F. N.), 636, 644, 713, 730. SPIRO (K.), 325, 427. Spirochona, 39. Spirorbes, 176. Spitzberg (Faune marine du). 613. SPITZER (W.), 325. 429. Sporozoaires, 49, 132. Sporulation, 25. Squelette de l'homme, 246. Stahl (E.), 325. Stahr (Hermann). 644. 678. Stameroff (K.), 325. 409. Stavexhagen, 325, 422. Stefani (A.), 205, 208. Stefanoayska (M.), 626,644, 658. Steiger, 307. Ste.nler (Ad.), 565, 598, 604. Sternaspis, 167. Stetson (Geo. R.), 598. Stevens (W. G.), 70. StôHR (A.), 267. Stôhr (Ph.), 165, 176. StoUistcrias, 154. 840 TABLE ANALYTIQUE. STOI.L (O.). 598. STOPPATO (N.)i 325. 379. STRATTOH (G. M.)i <^s< 645. 692. Si R ISB1 RG1 !R, l'i. 65. 69. 7S. Si i; \ssm \\\ (P.), 144. Stiucht (Van DER), 60. 307. STRnSK IIawoyer. 645. 776. Strychnine (influence sur le développement de L'œuf), 196. STIDMCKA (F. K.). 14, 177. Stihany (R.), 598. 602. Sturine, 16. Stylopyga, 210. Substances protéiqucs (voir Ciiittemde\, Wro- BL KWSKl). réductrices du sang, 374. Substance vivante considérée comme orga- nisme. 813. Sichetet (A.), 453, 459. Suc digestif (action sur les toxines), 442. — d'organes, 438. Suggestion, 773. Sulfuraires, 24, 448. SiMNER (F. B.),471, 489. Sl'NDWICK (E.), 325, 375. Surdité verbale, 666. surface du corps humain, 345. Survie. 400. Survivance des mouvements infantiles. 562. Suzuri (M. M.), 325, 369. SWINGLE (YY. T.). 14. Symbiose, 465, 489. Symétrie, 269, 327. Synapsis, 96. Syncitium. 29, 331. Synesthésie, 709, 786. Syngnalhus, 94. Synopsies, 787. Synthèses dans la série urique, 375. Système nerveux, 328, 622. — de Carcinus mœnas, 67S. Systèmes centrés, 31, 40. Szymonowicz, 181. Tactismes, 276, 444. Taille et intelligence, 241. Talbot (Elle* B.), 645, 765. Tamman, 307. TANGL, 645. Tardigrades, 391. Taurelli-Salimbeni, 325, 437. TAWNEY (Ci. A.), 645, 710. Tayler (J. Lionel, 453, 455. Tchouproff (Olga), 205, 216. Tellyesnycki (k.), 88. Tempérament, 765. Température (influence sur le développement), 408. — sur la formation des tissus, 408. Temps de réaction, 757. Tindons. 175. I< ne brio, 27, 237. TENNER (A.), 645, 775. Tension (Loi de), 31. Tératogénèse, 234. — par régénération, 202. Terminaison des cerfs des Chilopodes, 668. Testicule, 113. — (voir Regaud), 87. Têtard bicéphale. 199. Thalassema, 115, 391. Thaxter (R.), 136. Thermotrénèse, 398. Thermométrie cérébrale, 633. 7so. TniLO (O.), 519. Thiry (('..), 325, 393. Thomas (A.), 645. Thomas (Fr.î, 519. Thri.rion, 490. Thrombine, 426. Thymine. 15, 16. Thymus. 379. Thyroïde, 377, 378. Thyzanozoon, 60, 115. TlEGHEM (Ph. VAN), 325, 329. Timarcha, 157. Tinca, 238. Tiphlychtis, 254. TlSSIER (PH.), 645. Tissot (voir Chauveau). Tissu assimilateur, 248. — réticulé, 176. Tissus transplantés (Modification des), 226. TITTMANN (H.), 205, 215. Toison (J.), 14. Tolstoï (L.), 265. Tomate-pomme de terre, 221. Ton affectif des impressions simples, 68ri. Tornier (G.), 188, 191, 196, 205. 307. Toulouse, 643. Tourterelle, 741. Townsend (C.), 357. Townsexd (C. O.), 242, 248. Toxicité, 355, 373. Toxines, 440. Toxine tétanique, 443. Toyama, 97. Tozzia, 383. Tradition, 543. Trambusti (A.), 14, 307. Transformation de nos images mentales, 773. Transformisme en craniologie, 4S2, Transmissibilité des caractères, 455. Transmission des caractères, 458. Transpiration, 216. — (végétaux), 381. Traumatismes (influence sur le développe- ment de l'œuf de poule), 195. Travail intellectuel, 782. — musculaire, 782. — physique, 782. — psychique et physique, 749. Treadwell (A. L.), 165, 171. Triton, 161, 181. Tritospermatoblaste, 100. Tropidonolus, 660. Troglocaris, 533. Tropismes, 276, 444. Trouessart (E.), 141. Tu bar, 394. Tubercules des Légumineuses, 492. — des Orchidées, 352. Tuberculose, 458. Ticker (M. A.), 645, 731. Tuniciers, 33. TABLE ANALYTIQUE. 841 Turbellariés, 666. TlTT (G. W.) 519, 536. Types de mémoire, 760. Tyrosine, 366, 376, 414, 432. ULE (E.), 471, 490. Ule (U.). 519. Unna, 162, 165. 176, 266. Unité psvchologique de la conscience, 663. Urech (F.), 325, 391, 471, 499. 500. Urédinées, 506. Urémie expérimentale, 4'43. Urodèles, 149. Vaccine, 441. Valette Saint-Georges (von La), 114. Vandervelde (E.), 452, 467, 476, 517. Vandervelde (J. J.), 325, 406. Variabilité (Mesure de la), 483. — du squelette de l'homme, 2'46. — indépendante, 527. Variation, 464, 814, 819. — des Champignon, sous l'influence du milieu, 501, 503. — convergente, 5'43. — corrélative, 46i. — (Définition de la), 543. — en général, 464, — parallèle, 488. — régressive, 464. Variations coïncidentes, 532 — (Fixation des), 513, 532. — indéfinies, 539. — ontogénétiques, 543. Variole, 441. Vaschide (N.), 635, 645, 762, 762, 782. Vassel. 598. Vavra (V.), 596, 611. Venins, 276, 439. Ver à soie, 161, 175, 230, et voir Qiajat,470. Vergara Lope (D.), 325, 407. Verge, 259. Verhoeff (Carl.), 519, 537. Vernon (H. M.), 325, 408, 477, 493, 519, 545. 548. Verrill (A. E.), 519, 550, 551. Vers, 167, 666. — de terre, 151, 211, 218. Vertébrés, 559, 560. Verworn (M.), 51, 161, 325, 645, 727. Vésicule pulsatile des Amibes, 53. Vespa (B.), 644. 708. Vesperuçjo, 111. VlALLETON, 307. Vieillesse, 721. Vie, mode de mouvement, 799. — (Objet de la), 779. — (ses manifestations dérivent-elles toutes de forces matérielles?), 804. — latente et plasmatique des Urédinées, 507. Vignes acclimatées dans l'Orne, 499. VINAY (C), 645. 777. Vincent (C.), 325, 426. Vincent [H.), 325. Vincent (S.). 325. 380, 438. VlNES (S. II.), 326. 425. Viré (Armand), 520, 533. Vision binoculaire, 704 — droite 692. V itellus, 94. Vitellus (influence sur la segmentation), 160. — nutritif (voir Absorption par l'embryon), 371. Vitesse de propagation du courant nerveux, 665. Vitzou (Alex. N.), 201. 2 05. 207. VOLD (M.), 633, 645,769, 770. Volonté, 810. Viillemin (Paul), 3-26, 423, 471. 508. Wager(H.). 14. Wagner, 154. Wagner (A.), 793, 820. Wainio, 153. Wallace, 521. Waller (A. D.), 627. 645, 66 3. WARREN (Ed.), 242, 246. Warren (II. G.), 645, 757. Wasmann (E.), 631, 645. 735, 737. Watanare (H.), 326, 425. Watase, 15, 34. Wattel, 471, 499. Webber (H. J.), 15, 59. Weber (Max), 598, 612. Wehrmann (M.), 326, 440. Weigert, 266. Weismann, 18, 265. Weiss(0.),326, 437. Welch (William H.), 793. Weldon (W. J.), 815. Werner (J.), 191. Wettstein(R. von), 326, 354. Wheeler, 60. WHITMAN (C. O.), 453, 458. \\1CIIMANN,308. Wiedersheim, 308. WlESNER (J.), 326, 446, 406. Wilcox, 78. William (L. A.), 787. Williams (J. L.), 135. WlLSON (CH. B.), 198, 471, 15, 168, 188, 191. WlLSON (H. V.), 598. WINTERSTEIN (E.) (voir SCHULZE (E.). WITTICH (VON), 308. WlTTLIN (J.), 326. WORMSER (EDM.),326, 378. Wroblewski (A.), 15. 15, 326. 412. Wybauw (R.), 326,381. Wyhe (Van), 308. Xanthine, 370, 374. Xanthomètres, 579. Xylindéine, 39i. Yasuda (Atsushi), 471, 500. Yeux à facettes des crustacés de mer profonde, 533. Ylng(E.), 471,499. Zach arias (O.), 598. Zaneboni. 765. Zalesk.1 (J.), 326. 352. Zalevski (A.), 15,30. 842 TABLE ANALYTIQUE, ZàLEWSKl (W.)i 326. 369. ZAWARYKIlf, S06. ZERNER, S08. ZlIfSSl i. <). . S26, 471.492. ZOPF (W.), 472?492. ZSCHOKKE (F.), 598. ZUNTZ, 645. Zintz (L.), 320, 407. Z1 \rz (N.), 326, 383. Zygotes (Fusion de), W9. 1 J OGIOIE COMPTES RENDUS ANNUELS DES TRAVAUX DE BIOLOGIE GÉNÉRALE PUBLIÉS SOUS LA DIRE*') ION DE YVES DELAGE PROFKSSEIT; \ I. \ SOR BONNE Avec la collaboration d'un Comité de Rédacteurs Voir (Jté des TROISIÈME ANNÉE 1897 îwim H WELTER. ÉDITEUR ■*, r\i i-Paliî 1 En vëhfe : lreAnnçe L895>, 2eAnnée(lÊ Année 32 IV 'rAntKT I Innée 1899-1900), Ô6" Année 1901), Ie Année 1902 . cbaq 43 l'n exemplaire dé'Jees 1 volumes, pris ensemble, au ]i< fi 150 On peut se procurer aussi la *w,e Anne' l volume grrand II 40 Pour paraître prochainement la 9we Année L904 • Prix 40 'La àiiblicat , -oninric j>ar ï atufuels qui j. ut ton jours d-c 2 à 3 a < dotU ils, portent la date. 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Rarissime 3 Tomes II et IV à XII, 10 volumes in-8, avec 12 1 planches noires et coloriées. ... 2 L'Antidotaire Nicolas. Deux traductions françaises de l'Antidotarium Nicolaï du xive (Bibl. national»*, 25327 et 14827), suivies de quelques recettes de la même époque e glossaire, publié par le Dr P. Dorveaux, préface par A. Thomas. In-8, avec 2 fac-si 1896 7 Arbitrage des phoques à fourrure. Mémoire, contre-mémoire et plaidoyer des Etat devant le tribunal d'arbitrage réuni à Paris en 1893. 3 volumes in-8.- 1893. BEXAXCIO (Lisset). Déclaration des abus et tromperies que font les apothic fort utile et nécessaire à ung chacun studieux et curieux de sa santé. Nouvelle édition,- corrigée et annotée par le Dr Paul Dorveaux. Précédée d'une notice sur la vie et les c de Sébastien Colin, xxri -f- 88 pages in-8, avec fac-similés. Paris, 1901 BLAXCHARD i Emile i, membre de l'Institut, professeur au Muséum d'histoire nat L'Organisation du règne animal. Livraison 1 à 38. Tout ce qui a paru. In-i, a planches en partie coloriées. (Au lieu de 228 fr.) 1 Ouvrage rare et qui avait disparu du marché depuis longtemps déjà. Nous remarquons sur le catalogue de 1; Friedlaender et fils, de Berlin, un exemplaire pour -270 marks (337 fr. 50). Sépar. : Livr. 1, 9, 15. Mollusques acéphales. (Au lieu de 18 fr.' — Livr. 30, 35, 38. Mammifères. (Au lieu de 18 fr. ) — Livr. 20, 2.3, 24. 28. Oiseaux. (Au lieu de 21 fr.) — Livr. 3, 5, 8, 11, 14, 17, 19, 26, 31, 32. Reptiles. (Au lieu de 24 fr.) — Livr. 2, 4, 6, 7, 12, 13, 16, 18, 21, 22, 25, 27, 29, 33, 34, 3(3, 37. Arachnides. (An lieu de 108 fr.) Les 23 planches inédites, sépar., color., peuvent être fournies pour (115 fr.) i Je possède aussi la Nova Séries (contenant les Orchidées). In-folio avec 56 pis coloriées, 1 frontispice et 14 planches en noir. 1858 2 BLUME (C.-L.) et J.-B. FISCHER, Flora Javae, nec non insularum adjacentium, 3 v< in-folio, avec 2i8 pi. color. et 13 pi. noires. Bruxelles, 1828-1838. (700 fr. ) 2 Jusqu'à ce jour, cet ouvrage était annoncé partout ^voyez Brunet, Graesse, Pritzel, les catalogues de Frie Quaritch. Nijhoff, Brill, Millier et C°, Dulau et autres comme devant comprendre -2-25 planches coloriées et 13 noires. C'est une erreur. En prenant livraison des quelques exemplaires acquis par moi, j'ai découvert -23 inédites, à savoir : Olfersia, pi. 95, 96 ; Loranthus, -29 à 32 ; Rhododendron, la, 7b et 7c ; Gaulteria. 13 à 15 : calvx, 9 ; Vaccinium. 19, "20, 23, -2i ; en tout 23 planches, lesquelles manquent à tous les exemplaires se trouvant Bibliothèques. De sorte que l'ouvrage se compose réellement de 3 vol. in-folio, renfermés en 2 portefeuilles, planches coloriées et 13 planches noires. Encyclopaedie der Naturwissenschaften. Grand in-8. 1° Handbuch der Botanik, von Schknk, 4 volumes en 5 parties. (11"> fr. i 2° ffandbuch der Mathematik, von S :hloemilch. 2 volumes. (48 fr. 75) 3° ffandwœrterbuch der Zoologie, Anthropologie und Ethnologie, von J.eckr u. Reichenow Vc A-Pyxis. (417 fr. 50) 4° ffandwœrterbuch der Minéralogie, Géologie und Paléontologie, von Kjenngott. 3 vol. (60 fr.) 5° ffandwœrterbuch der Phavmakognosie des Pflanzenreichs. von Wittmeln. 26 fr. 25' 6° ffandwœrterbuch der Chemie, von Ladenburg. 43 vol. et table. (262 fr. 50,...- ! 7° Handbuch der Physik, von Winkelmann. I. Mechanik und Akustik. (30 fr.] Les 31 volumes pris ensemble. 660 fr.) 3 LEFEBVRE (Th.). Voyage en Abyssinie, Partie Zoologie, par O. des Murs, FI. Pi; etc. 40 pages de texte in-8 et 40 planches coloriées in-folio. 18i9. (100 fr.) ORBIGNY (Dr Alcide d). Voyage dans l'Amérique méridionale. Géologie. Cran XLii-f- 290 pages, avec 10 planches et cartes géologiques. 1834 POMEL (A.). Paléontologie de l'Algérie. Matériaux pour la carte géologique de l'A 10 vol. in-i, avec 13(5 pi. Alger, 1893-i897. 310 fr.) 2 I. Bubalus antiquus. 1 vol. in- 1 . avec Kl plancher. VI. Les Eléphants quaternaires. 1 vol. in 1893 -25 fr 20 fr- 15 planches, 1895 (34 fr.) II. Caméliens et Cervidés. 1 vol. in-4, avec S pi. VII. Les Rhinocéros quaternaires, 1 vo 1S93 (18 fr t4 fr. III. Bœufs-Taureaux. 1 vol. in-4, avec 19 pi. 1894 (40 fr. 32 fr- IV. les Bosélaphes Ray, 1 vol. in-4, avec 11 pi 1891 [24 fr 20 fr- V. Les Antilopes Pallas. 1 vol. in-4, avec 15 pi. 1895 31 fr 28 fr- avec 12 planches. 1895 (25 fr. . VIII. Les Hippopotames. 1 vol. in-4. avec 1S90 15 fr., IX. Les Carnassiers. 1 vol. in-4, avec 1897 10 fr. X. Les Suilliens, Porciens. 1 vol. in-4, planches. 1897 (25 fr. II. WELTER, ÉDITEUR, A PARIS I'--, -_' et ::• Année, à 32 fr. chacune.-^- 4e. 5«, 6e et 7e à 48 fr. Les s.']>t volâmes pris ensemble, au lieu ' . Béraneck. - Bertrand G. , — Binel a. . - Bonin M. . — Bbuin P. . — Boulart. — Bourquelol i'- - Bruyanl C). — Bullot. — Cantacuzéne Dr Jean). — Cattaneo 'I. Chabrié Dr). Ch&rrin D' A. . - Claparèd>3 DrE.). — Clavière J. . — Conte (A.. — Coutagne <;. . — Cuenot L . Daniel. — Danile-v-ski. — Dantan. — Davenport C.-B. . - Defrance ni... Delage Jacques)- Delage Marcel).— Demôor(DrJ.;.— Deniker .!. . Duboscq 0. . — Durand de Gros (J.-P.). - Emery Carlo).".- Ensch. — Ewart a.-.i. . ■ Florentin B.). — Foucault. F^urnier (P.). — Fursac (Dr de)- — Furster M- -Gallardo AA ■ Georgevvitch J.)./— Gley \r . — Goldsmith (M11* Marie). — Guiart.- Guignard I... Hecht Dr L.jt— -Henneguy (F.-L.)— Henry (V.). - Hérouard E. . Jaccârd Dr Paul , — Jacques Dr 1*. - — Joyeux-La fifuie (Dr J.. — Labbé (A.). — Laguesse Dr Ë. . Larguier dos Bancels J. .— Lebrun CN.). — Lécaillon (A.).— Leduc s.. Maillard L.). - Malaquin (A. -G. >. - Mallèvre (A.) — Mann (G.) — Marchai Dr P. .-- Marinier L.).— Mâssart(J.).— Méndelssohn(M.)-— Ménégaux.— Metchnikov (E.). Morselli (E.J. — Neuville Pergens (Br). — Petit (A ). — Philibert (A.). — Philippe DMean). — Philippon. — Phisalix (Dr). — Podwissotzki (E.). -- Poirault(G. • Portier D' P. . -- Prenant (Dr A.). — Pruyot (G.).— Querton (L,). — Racovitza (E.-G. . Badais M.). — Bègnaurt Dr Félix). — Saint-Bémy (G.). — Sauvageau (C.) — Savery B. . - Sérieux (Dr P.).— Simon 1)' Charles). — Szczâwinska (M1*» Wanda).— Terré. — Thompsoh 'J.-A. .— Vaney (C.).— Varigny Henri de).— Vaschidè (N'.).— Vie-non p. .- Vuillemin (Dr P.).— Wautliy Georges). — Windle (B.). Pour donner une idée du plan de l'ouvrage, i. La Cellule. il. Les Prodoits sexuels o! la fécondatioa. in. La Parthénogenèse, iv. La Reprodoctiori asexuelle. v. L'Ontogenèse. vi. La Tératogénèse. vu. La Régénération. VIII. La (ire Ile. m îx. Le Sexe et les Caractères sexuels secondaires. x. Le Polymorphisme, la Métamorphose et l'Alter- nance «les générations. nous reproduisons ici la liste des chapitres : xi. Les Caractères latents. xn. La Corrélation. xm. La Mort, l'Immortalité, le Plasma germinatif. xiv. Morphologie et Physiologie générales. xv. L'Hérédité, xvi. La Variation, xvn. L'Origine des espèces, xvm. La Distribution géographique des êtres, xix. Système nerveux et fonctions mentales. xx. Théories générales. Généralités. L'ANNEE PSYCHOLOGIQUE PUBLICATION DU LABORATOIRE DE PSYCHOLOGIE PHYSIOLOGIQUE de la Sorbonne Hautes Études) SOUS LA DIRECTION DE M. A. BINET Docteur es sciences, Lauréat de 1 Institut Académie des Sciences et Académie des Sciences morales et politiques) Directeur du Laboratoire de Psychologie physiologique de la Sorbonne 'Hautes Études) AVEC LA COLLABORATION DE II. BEAUNIS Y. HENRI Th. RIBOT De l'Institut Professeur honoraire au Collège ar au. te k B ■'•■** ! K f*. * i