w n ■-*:"■' H&l Ûniversity of IllinoisX>JJrbana-Champaign LlBRARY FRIENDS ^4} ■ . LA PRATIQUE DU JARDINAGE- LA PRATIQUE Par M. l'Abbé Roger. Schabol, OUVRAGE r&Jigt après fa mort fur fes Mémoires _, par M. Z) * * *\ '•NOUVELLE ÉDITION, Revue j corrigée 3 augmentée > & ornée dû. Figures en taille- douce. 1 « =g==^^fffl^ =» Nihil cji Agriculti râ melius , nihil uberius a nihil dulcius j nihil homine 3 nihil lijero dignius. Cic. de ofF. lib. i. TOME SECOND. A PARIS, Chez les Frères DEBURE, Libraires, Quai des Auguftins. ,1'.JI w ■» M. DCC. LXXIV. Avec Approbation & Privilège du Roi* * titi, filé LA PRATIQUE D U JARDINAGE. .XW- *3=SK? ^UL. LE PECHER ET LES AUTRES ARBRES CONSIDERES DANS LEUR VIEILLESSE. SUITE DE LA IV*. PARTIE. CHAPITRE PREMIER. Des ennemis des Arbres , & des remèdes pour les détruire. XJ eux fortes d'ennemis confpirent fans cefle contre les végétaux: les uns dont j'ai parlé dans le cours de cec Tome IL A i La Pratique ouvrage , & auxquels il y a peu de remède, tels que la grêle, les vents, les gelées , les frimats , les pluies fu- rabondantes , les longues féchereiles , les brouillards vermineux , & toutes les influences de l'air , appelées mali- gnes. Les autres font ou extérieurs $c apparens , ou cachés dans le fein de la terre. Voici les ennemis vivans qui font apparens : Les pucerons. Les fourmis au pied des arbres. Les punaifes des deux efpèces. Les tigres. Les perce-oreilles. Les limaçons & les limaces grifes. Les chenilles. Les vers de toute nature. Les fautereiles à couteau. Les lifettes ou coupe-bourgeons. Les mouches de toute efpèce. Les mulots ou fouris de terre. Les lérots. Ceux qui font cachés dans l'inté- rieur de la terre font : Les taupes. Les vers de hanneton. Tous les yers peu connus , qui rongent les racines. èîr Jardinage. ? Les courtilières. Les fourmis jaunes. Jufqu'ici , on a mis fur le côtfipié de la fourmi tout le mai que les pu- cerons font aux arbres: on l'a rrîèm,e regardée comme le fléau du Jardi- nage , Se en particulier des orangers Se des pêchers. J'entreprends de prou- ver que cet infeclre n'a aucune part dire&e dans les dégâts qui leur arri- vent, & de démontrer fon innocence parfaite. Tout arbre exempt de vermine, foit apparente , foit cachée , ne fut jamais accueilli par la fourmi qui n'eu: en aucune façon nuifible par elle- même. Elle n'en veut pas plus aux oran- gers &: aux pêchers, cm'auxpruniers, aux abricotiers , aux poiriers , aux cerifiers hâtifs , Se aux autres arbres en efpalier. Ils font couverts de fourmis , quand leurs branches font infeftées de puce- rons. Ce qui fait qu'elle fréquente plus ordinairement le pêcher , c'ert: que cet arbre ayant des feuilles plus tendres, le puceron y acquiert plus de faveur Se plus d'embonpoint que fur les autres arbres dont le feuillage moins tendre ne lui fournit pas une liqueur auffi recherchée parlafourmL 4 La Pratiqué que les fucs procurés à ce petit ani- mal par les feuilles du pêcher. La fourmi fait difcerner l'un d'avec l'autre. Pour preuve de ce que j'avance, faites les expériences fuivantes. La fourmi aime extrêmement les fu- creries. Mettez dans un vafe du miel ou des confitures : choifiiîez fur un arbre en proie aux pucerons une bran- che qui en foit exempte , ainfi que de fourmis , Se attachez-y ce vafe ; vous verrez celles-ci quitter les puce- rons , Se accourir en foule vers les fucreries. Placez ce vafe à un poirier voifia de quelque pêcher couvert de fourmis, elles abandonneront ce der- nier , quoique rempli de pucerons , poar fe rendre fur le premier. Que les pucerons Se les fourmis infeftent un pêcher , à l'exception d'un petit nombre de fes branches , vous ne verrez point la fourmi s'attacher ni s'arrêter à celles-ci; ou fi elle y va , ce ne fera que pour en faire fon paf- fage. Si elle aimoit le pêcher , elle irait sl ces branches qui ont tout leur fuc par préférence aux autres que les puce- rons ont altérées. Qu'il y ait à un efpalier des pêchers du Jardinage. 5 faîns & fans vermine , accompagnés d'autres arbres infeftés de pucerons , toutes les fourmis accourront fur ceux- ci , tandis que les premiers en feront exempts ; ce qui aiïurément n'arrive- roit pas fi la fourmi aimoit le pécher, comme on le dit. Lavez bien de e (fuyez feuille à feuille de(Tus ôc deflous une feule branche d'un pêcher attaqué parles pucerons, vous êtes fur de n'y pas revoir une feule fourmi s'y attacher , comme elle fait aux feuilles où eft le dépôt des pucerons. Ayez aullî la patience de laver avec une éponge un pêcher qui a des pucerons : ôcez les feuilles clo- quées ; fi la fourmi s'y porte encore , ce ne fera qu'aux endroits qui n'auront pas été bien nettoyés. De plus , re- gardez avec une loupe les feuilles des arbres fains en apparence, fur Iefquels les fourmis s'arrêtent , &c vous y ver- rez des millions de petits pucerons que vos yeux ne peuvent apercevoir, mais que la fourmi dont l'odorat & les yeux font plus fins , faifit d'abord. Elle va les chercher pour fucer une li- queur qui tranfpire du corps de ces iri- fe6t.es , & fur-tout des deux cornes placées à leur partie poftérieure. Après Aiij A La Pratique leur mort , la fourmi fréquente du- rant quelques jours les branches qu'ils cccupoient , & ne ceiTe d'y aller que quand elle ne trouve plus rien à manger , foit que le nombre des pu- cerons foit diminué , foit qu'un orage, un froid conhdérable, ou une chaleur excefîive ayent contribué à leur def- tmction ; j'ajoute que ces animaux font comme adhérens aux feuilles , au- iieu que la fourmi n'y féjourne point, ôc fe retire au déclin du jour. Celle-ci , il eft; vrai , à force de paifer & repafTer fur les feuilles des atbres , y laiiTe une petite faleté pro- venant de fes excrémens & des im- mondices qui s'attachent à fes pattes } mais j'ai remarqué que la pluie les nettoyoit facilement. Bien des sens prétendent que les feuilles du pécher tendres , & fentant l'amande, attirent la fourmi qui les perce. Si cela étoit , elle ne devroit point rechercher celles des orangers , 6.qs pommiers 3c des autres arbïos fur lefquelles elle fe porte , quand elles font imprégnées de la fa- veur des pucerons. J'ai enfermé des fourmis dans des boîtes avec des feuil- les faines de pêcher, que je renou- vellois tous les jours j & je les ai du Jardinag!. 7 toujours retirées auiîi entières que je les avois mifes. D'autres fois leur ayant donné des feuilles de pécher chargées de pucerons , elles avoient fucé ces dernier sa fans endommager les feuilles. Enfin , pour dernière preuve de l'innocence de la fourmi , j'avance qu'elle n'entame jamais une pèche ni aucun fruit : elle attend que quelque animal plus hardi &: moins fobre , tel qu'un perce-oreille , un limaçon , une guêpe , lui ait frayé le chemin : elle fe croie alors en droit de prendre fa part d'un mets délicieux dont elle lait , comme tout autre , prifer la fa- veur. Les pucerons s'envolent au prin- temps par colonies , fans qu'on dé- couvre le lieu de leur nainance. La Nature leur a donné des ailes pour ne s'en fervir qu'une feule fois. Attachés dans un endroit, ils ne le quittent plus Se y meurent. Ils attaquent tout à la fois un même arbre fur lequel ils fe difperient enfuite par pelotons fépa- rés , & tapis les uns près des autres à l'extrémité de fes différentes bran- ches. Ils font petits , plats , tranfparens même , & de couleur verdâtre. Leurs ailes font beaucoup plus longues que AlY S La Pratique leur corps , mais au bout de quelques jours , la verdure qui les nourrit , les rend gros , rebondis , & d'un vert brun foncé. Les fumiers font ordi- nairement les dépôts où l'on trouve leurs œufs qui s'y confervent à caufe de la chaleur humide dont ces ani- maux ont befoin pour éclorre. Leur durée n'eft guère que de fix Semaines ou environ. Vers ce temps ils dépofent leurs œufs innombrables êc invifibles pour nous. Les premiers qui paroilTent , fe reproduifent plu- iieurs fois. Leur pullulation eft 11 pro- digieufe , que je les ai vu fe renou- veler jufqu'à trois fois dans le cours d'un été fur les mêmes arbres. Au bout .de quinze jours ils changent de peau en entier > Se leurs ailes tom- bent en même temps. Dans les en- droits où ils font fixés , on aperçoit leur ancienne peau toute blanche que le foufHe des vents enlève , Se ils fem- blent alors rajeunir. Leur fubftance eft limonneufe , & en les écrafant 5 elle forme une efpèce de bouillie pâ- teufe qui tient aux doigts. Dans les premiers jours du prin- temps , ces infectes s'attachent aux efpaliers 3 dont l'expofirion leur eft » v Jardinage. £ favorable :- ceux qui naifTent quand le foleil eft dans un certain degré de chaleur , fe débandent dans les carrés 8c en pleine campagne. Ils n'ont point de pinces tranchantes pour ronger, mordre Se déchiqueter , mais une pe- tite trompe qui pompe l'humide des feuilles ou du rameau. J'ai dit qu'ils fe portoient toujours vers leur extré- mité plus tendre que le refte de la pouiïe , & où la fève fournilTant fans ceife de nouveaux fucs , ils font allures de trouver leur fubfiftance. Prenez une feuille couverte de pu- cerons , & obfervez-les au microf- cope j vous les verrez piquer avec leur petite trompe la verdure 8c la pomper. Cette trompe reflemble aiTez; à celle de la puce. Deux antennes pla- cées aux côtés de leur tête , leur fer- vent à détacher ce que leur trompe a attendri 8c percé. Leurs piqûres occa- sionnent fur les feuilles des tumeurs, en forme de veflies , dues à l'épanche- ment du fuc nourricier , dont l'imbi- bition fait gonfler les pores voifins en dilatant leurs fibres. La femelle s'en- ferme dans ces veilles , 8c y fait {^s petits qui y trouvent le vivre 8c le couvert» Les picotemens nouveaux dâ» Av i© La Pratique ces infectes , &c les plaies cicatrifan- tes , continuellement rouvertes à me- fure qu'il fe fait un envoi de fève pour les fermer 8c les guérir, caufent à l'ar- bre beaucoup de préjudice. Ainfi fe forme-t-il à notre peau de nouveaux petits calus qui la rendent enfin toute raboteufe &c route graveleufe , lorf- qu'à une piqûre ou une contufion , il en fuccède de nouvelles au même endroit. Il s'enfuit de tout ce que je viens de dire , que ce font les pucerons qu'il faut attaquer directement , & non les fourmis , Se qu'en faifant périr les uns , on éloigne les autres par une conféquence néceffaire. Parmi les remèdes qu'on peut em- ployer contre eux , il y en a qui m'ont été indiqués , ôc que je n'ai point éprouvés *. je les donne fans garantie , quoique je les croye bons. Les autres que j'ai mis en œuvre ne m'ont jamais manqué. i°. La tannée ou le tan qui a fervi à enduire les peaux des animaux pré- parées pour former des cuirs. Enfoui avec elles dans les folTes durant plu- fieurs mois & des années mêmes , il y acquiert par la fermentation un acide du Jardinage. ii & une amertume qui fait mourir les pucerons , quand on l'applique fur la branche du pécher. Prenez deux ou trois boiiïeaux de tannée , & lailTez- les dans un bacquet avec de l'eau fer- menter pendant quelques jours au fo- leil. Mettez enfuite dans une terrine cette tannée délayée un peu plus clair que du mortier , Se faites-en un en- duit à toutes les branches gâtées par les pucerons : ils en feront étouffés y & vous n'aurez plus alors de fourmis. Vous recommencerez autant de fois» que la peuplade des pucerons qui fuccéderont a ceux-là , viendra a éclorre. 2°. Le foufre, Mouillez vos arbres,1 &: répandez du foufre en poudre fur les pucerons qui crèveront tous, 3°. Le tabac y foit en poudre, foie bouilli , dont on applique la lemVe avec la poudre fur les pucerons : or» dit qu'il fait d'abord fon effet. La fa- çon de l'employer eft la même. 4°. Faites un collyre avec de là coloquinte que vous appliquerez fur vos arbres après l'avoir fait bien bouil- lir. Vous réitérerez foir Se matin juf- qu'a parfaite deilruction des animaux nuifîbles. Àvj iz La Pratique 5°. Dans plufieurs pintes d'eau vous faites détremper] de la chaux que vous mettez fur les branches infeftées-de pucerons. Les partifans de ce remède, dont je n'ofe confeiller l'effai , pré- tendent que le pécher ne peut en être endommagé , parce que les feuilles de la vigne 8c les raifins réfiftent à cette impreiîion de chaux. Le plâtre , dit- on , par fa chaleur Se les fels qu'il contient > fait à peu près le même effet. On confeille auiîî de frotter les branches des arbres , après les avoir mouillées , avec de la lie de vin , de la cendre , ou de la fuie de cheminée y détrempées dans de l'eau. L'acide de l'une 5 les parties falines Se fpiritueu- {es des autres , font , à ce qu'on dit , des fpéciiiques furs pour étouffer les pucerons. Voici préfentement les remèdes que je propofe. Prenez de la terre franche un peu ferme , délayez-la avec de l'eau , dépaliffez l'arbre , &c trem- pez fes branches l'une après l'autre dans ce mortier , enforte qu'il leur en refte un enduit fort épais. En fe fé- chant , il privera de l'air les pucerons qui périront tous. Vous le ferez aifé- dtj Jardinage. if ment tomber en le détrempant avec de l'eau. Je préfère ce remède à tous les autres , en ce que la terre étant analogue aux plantes dont elle eft l'é- lément , ne peut jamais leur nuire \ c'eft le plus grand fpécirique pour tous leurs maux auxquels elle peut être ap- pliquée. La manière la plus fure de détruire radicalement les pucerons exige une grande patience. Elle confifte à les écraler feuille à feuille & autour du rameau avec les doigts , à mefure que les couvées recommencent. 11 faut en- faite laver les branches dans an vafe plein d'eau > ou bien les nettoyer avec une éponge & les erTuyer. Des fem- mes de journée , des enfans peuvent erre employés à cet ouvrage. Ces deux: remèdes doivent être faits dès le mo- ment que les pucerons fe font établis fur les branches , quand ils ne volent plus & qu'on eft afluré de les y pren- dre. S'ils y avoient fait des progrès y on feroit forcé de couper tous les bouts qu'ils auroient gâtés ,. de de les brûler. C'eft un moindre mal que d'é- pargner ces infedr.es. qui fe multiplie- ront l'année fuivante, Se empêcheront les branches de pouffer. En fupprimant 14 La Pratique au contraire leur extrémité, leurs yeux font éclorre des bourgeons ; & la fève , que tous ces animaux pompoient, cir- cule librement. Défenfeur de l'innocente fourmi éparfe fur les arbres uniquement pour y chercher fa proie , je deviens fou ennemi capital, lorfqu'en troupe norn- breufe elle pratique au pied des arbres des labyrinthes tortueux dans le fond de la terre. Je propofe cinq moyens infaillibles pour la détruire j favoir le fourre en poudre auquel on met le feu ,' le charbon pilé , la poudre à tirer , foit la fine, foit celle à canon, le feu mis à la fourmillière , & l'eau employée, comme je le dirai. Le (bufre. Je fouille le plus près qu'il m'eft poiîible de la fourmillière , plus bas d'un pied , & je la fappe en deifous en tour creufe , comme lorf- qu'on veut faire jouer une mine fous un baftion. Après avoir battu les terres pour les confolider , je mets fut une tuile trois ou quatre poignées de fou- fre en poudre. Je ferme enfuite le trou avec des planches recouvertes de terre ou de gazon ; je n'y laiiTe qu'un jour fuffifant pour y patfer une ba- guette avec une mèche afin de mettre du Jardinage. 15 le feu au foufre. Quand il eft enflammé, je bouche promprement avec un gazon le trou de mon amorce , Se je laiife le tout en étar durant vingt-quatre heures. On n'omettra point de bien battre le deilus de la fourmillière , pour que la vapeur du foufre s'infinue dans toutes fes cavités. Le lendemain on enlève cette terre imprégnée de lodeur du foutre , & remplie de cadavres des fourmis , avec quantité de leurs œufs qu'il aura pu épargner j on y en fubf- titue de nouvelle qu'on arrofe après avoir labouré l'arbre. Le charbon fait fuir la fourmi. A fon odeur feule elle fe détourne de fon chemin. Sa fumée fait le même effet. J'ai lardé de charbon des pê- chers 6c des orangers où il y avoit de ces infectes, de je les ai vu bientôt difparoître. J'ai remarqué cependant qu'ils ne le redoutoient plus quand fa vapeur , après un certain temps , avoit été pompée par l'air. Vous creufez une fourmillière d'environ un demi-pied 9 & vous jettez la terre à mefure dans un bacquet rempli d'eau. A la place de ce demi-pied de terre enlevée, vous mettez du charbon pilé , les fourmis dé- fertent àl'infhnt pour ne plus revenir, i£ La Pratique La poudre à tirer s'emploie comme le foufre , avec cette différence que l'on en fait une tramée qui va répon- dre au trou laifTé à la mine , & qu'on touche à l'inftant que la poudre a fait fon effet. Le foufre Se le charbon dont elle eft compoiée , doivent opérer dou- blement. Un quarteron de poudre fuf- rlt dans le plus grand trou. On peut encore pratiquer une mine deiïous la fourmillière & la faire fauter en l'air. Les fourmis du fond périront fure- ment , & celles oui auront été dif- perfées ne reviendront point. Cette opération qui vaut bien l'autre , peut être dangereufe pour ceux qui s'y pren- droient mal, & pour l'arbre tropvoimi de la fourmillière. De quelque façon qu'on y procède , il faut toujours * comme j'ai dit, changer la terre. Le feu. On creufe au pourtour de la fourmillière un trou d'un pied dans la terre , & on y met du bois qui faflTe un feu clair. On élève par-deiïus un petit bûcher auquel on met aufli le feu , en forte que celui de la tranchée ôc celui de defîus la fourmillière n'en fafTent qu'un. Toutes les fourmis font rôties ou étouffées par la chaleur , & le lendemain on renouvelle la» terre- du Jardinage. \? Veau. Je commence par battre la terre fortement , enfuite je fais jeter plusieurs féaux d'eau , Se je remplis la jauge avec de la terre voifine. Si la fourmillière eft le long du mur , je la baigne avec l'arrofoir pour la faire defeendre dans la jauge pleine d'eau que je recouvre après. En battant la terre , je forme un plancher à travers duquel l'eau ne paiîb que peu à peu 5 & au-lieu de fe perdre , elle s'imbibe dans la fourmillière. Deux jours après en la fouillant , vous en trouverez les habitans noyés Se étouffés. Voyant des pêchers jaunir , j'ai été curieux de connoître la fource du mal- Après avoir fouillé au pied, j'ai trouvé des fourmis qui en avoient rongé les racines. Elles étoient beaucoup plus petites que les autres , leur couleur croit jaunâtre. J'en ai aperçues de fem- blables au pied des arbultes , foit en pleine terre , foit en caifle , aux ra- cines d'artichauts , de laitues Se de figuiers. Ces fourmis qui ne lont point d'une autre efpèce que les fourmis or- dinaires proviennent , à ce que je crois , des œufs qu'on a enfouis en labourant, Se qui venant à éclorredans le fein de la terre par la chaleur do tS La Pratique foleil , n'ont pas la force de s'ouvrir un chemin vers fa fuperficie. Forcées de refter enfermées , ces fourmis fe nourriflent de ce qu'elles y trouvent. J'ai remarqué que dès qu'elles peuvent en fortir , elles fe répandent fur la furface de la serre , où à la faveur de l'air elles acquièrent le brun mi- nime des autres fourmis , & arrivent à leur groifeur par l'effet de la diffé- rence de nourriture. On fouille au pied des arbres quand on voit qu'ils jauniiTent , ainfi qu'autour des légu- mes , & on prend la terre avec ces animaux qu'on jette dans un feau d'eau. En laiifant quelques jours les premières racines de l'arbre décou- vertes , ces infectes fe hâtent de for- tir de leur prifon fouterraine, & fej ré- pandent de côté & d'autre. Quelques perfonnes prétendent avoir employé avec fuccès , pour détruire les fourmis , le fecours de celles des bois qui livrent aux pre- mières une guerre fanglante où tout l'avantage leur refte. Elles ajoutent qu'on n'a rien à craindre pour les efpaliers de l'admiliion de ces grolfes fourmis , cette efpece ne s'y arrêtant point 3 Ôc cherchant gîte ailleurs dv Jardinas i. 19 quand elle ne trouve plus d'ennemis. Nous liions dans Columelle (a) lin fecret pour empêcher les fourmis de monter à la vigne. En le fuspofant bon il ferviroit auili à les éloigner des arbres fruitiers. Ce fecret conftfte à frotter tout le tour du pied de la vi- gne de lupin broyé 8c mêlé avec du marc d'olives , ou d'employer du bi- tume qu'on aura fait cuire dans de l'huile. Deux fortes d'infectes portent le nom de punaises dans le Jardinage ^ celle qu'on nomme punaife de bois , eft. grotte &: a(Tez commune. L'autre efpèce, le plus grand fléau du pêcher , eft fi petite qu 1 peine peut-on l'aper- cevoir. Toutes d -hjx ont la même ref- femblance, à la groffeur près & à l'o- deur. Les punaifes de la groffe efpèce font environ de la grandeur d'un de nos ongles , convexes , ayant une tête pointue comme un bec , avec deux antennes 3 au-defïoits defquelles font ( a ) Lupinum terito & cumfracibus mifceto , eoque imam lineâ v'item circumlinito } vel bi- tumen cum oleo coquito , coque imas vîtes tan-' gito. Formica non excédent. ( Col. de Arb» G. XI Y. ne formica vium afeendat ). zù La Pratique deux yeux fort vifs Se a(Tez gros. Leur corps eft porcé fur fix patres très-dé- liées , re^femblantes à celles des mou- ches 6c pliées de même. Elles font ouvertes d'une membrane affez dure 8c épaifïe 3 qui forme une forte d'é- caille fous laquelle il y a de petites ailes dont elles fe fervent rarement. Leurs pattes leur font d'un plus fré- quent ufage. Nul Jardin n'eft exempt de cette vermine infecte. Naturelle- ment fédentaire dans les lieux où elle s'adonne , elle eft très-facile à détruire, d'autant plus qu'elle ne va point en bande , mais feule , ou tout au plus deux ou trois enfemble. Les unes font vertes , les autres font brunâtres. Les premières placées, fur les feuilles & fur les bourgeons , ne font pas aifees à apercevoir, les autres fe réfugient fur l'écorce des vieux bois à la couleur duquel elles reftemblent. Elles font ordinairement leurs œufs dans les cavités du crépi des murail- les , ou fur les pierres mêmes, & dans Tinfertion des branches des arbres. Leur couleur eft d'un blanc fale , & leur groiïeur eft la même que celle des œufs de chenilles. Les punaifes entament les fruits en bu Jardinage. i. y faifant un trou allez régulièrement rond , de la profondeur de deux ou Trois lignes. Non contentes d'avoir at- taqué une pêche 3 elles s'adrefTent à plufieurs & toujours aux plus mures. Elles recherchent les fruits tendres Se qui ont de l'odeur. Tant quelles n'en trouvent point , elles le repaiiTent , comme l'abeille laborieufe , du par- fum de nos rieurs. Les efpaliers font leur féjour ordinaire , elles aiment la chaleur. La durée de leur vie eft de trois mois , depuis la fin de Mai , jus- qu'à la fin d'Août ; elles ceffent de vivre quand les matinées 3c les nuits font fraîches. Celles de la petite efpèce , quoique de même figure que les précédentes, en diffèrent totalement. Elles n'ont aucune odeur ; la tête de ces gale-in- fectes eft garnie de deux antennes , leur corps rond terminé en une pointe très-déliée eft tellement plat 3 qu'il en devient tranfparent. Six petites pattes les portent avec agilité & en un inftant d'un lieu à un autre. Toujours fuivies d'un nombre infini de leurs femblables par petits pelotons prefque impercep- tibles , elles pullulent fi prodigieufe- ment , qu'un arbre en eft bientôt il La Pratique entièrement couvert, & qu'en fort peu de temps un efpalier , tout un jardin en font infeftés , fi on n'y apporte un prompt remède. Cet animal, tout petit qu'il eft, eft grand mangeur Se digère facilement. Sa fiente imprime fur le pêcher , la muraille & le treillage une couche noire , femblable au charbon ou à l'encre. Sa petite trompe pique & fuce l'écorce des bourgeons , & dévore toute la fubftance des feuilles , qui étant privées de leur levé , tombent par la fuite. Il femble refpecter les yeux de l'arbre , qui étant examinés de près , fe trouvent rarement gâtés. S'il y répandoit fa fiente contagieufe , ils ne pourroient plus repouffer d'au- tres feuilles , & bientôt l'animal fe trouveroit au dépourvu. Confidérez en effet tous les pêchers attaqués de la punaife , vous y verrez plus de feuilles de la nouvelle pouffe que de l'ancienne. Toujours un petit bouquet de verdure fe fait voir àl'extrémité des branches, & n'eft jamais fouillé de cette couche noire étendue fur les autres feuilles. La punaife n'aime ni le grand jour, ni le grand air , craint fort le froid , 6c redoute la fecoulfe d^s vents. La Dtr Jardinage-. 15 muraille eft pour elle un abri qui ceffe- roit d'être fur , Ci elle fe portoit à l'extrémité des branches , fon unique refïburce dans la néceiîité. Aufîî l'é- pargne-t-elle , tant que les feuilles re- naifiantes furfifent pour fa nourriture. Cet animal ne fort point de fa co- que , que les froids printaniers ne foient pafTés 5 il ne paroît que lorfque les arbres font en pleine verdure. Ré- fugié derrière les grofles branches ou le treillage , collé fur la partie infé- rieure de chaque feuille , enfoncé dans le crépi de la muraille , il brave les vents & les ouragans ; à peine ont-ils celle qu il reparoit impunément. L ar- bre qu'il adopte par préférence eft le pêcher, à quelque exposition qu'il foit, excepté celle du nord. Sans doute que les fucs de cet arbre lui conviennent plus que ceux des autres auxquels il ne s'adonne qu'à fon défaut. Quel- quefois on en trouve des coques fur le vieux bois des vignes en efpalier , mais il n'y eft que comme dans un lieu de refuge , &: lorfqu'il vient à éclorre , il va fe placer plus avanta- geufement ailleurs. Ces coques font un peu parche- min eufes &c brunâtres , comme la peau j.4 La Pratique des punaifes , dont le corps eft rempli d'une liqueur blanchâtre. Au mois d'Août- elles fe fixent fur les feuilles Se fur l'écorce des arbres. Il fe fait alors de ces animaux il minces & ii plats une dilatation, une excrefeence , Ôe une tuméfaction qui tiennent du prodige. Ils jettent leurs œufs , de périiTent. Ouvrez les coques , Se vous y trouve- rez une matière glutineufe , une pouf- fière blanche , dans laquelle il n'y a rien de diftincl: , rien qui relfemble à des œufs. Mais foit que l'air Se le froid condenfent Se rapprochent ces parties molaffes , foit que le foleil lors du printemps les defTéche , ces écailles deviennent dures 3c farineufes , Se c'eft d'elles qu'on voit naître à la lin de Mai de en Juin les punaifes dont elles couvroient les œufs. De même qu'elles ne fe prennent pas d'éclorre , elles n'at- tendent point pour fe retirer Se travail- ler à leur propagation , que les froids commencent. Dès la mi-Septembre on n'en voit prefque plus. Deux remèdes détruifent efficace- ment la punaife ; l'un dans le prin- temps Se l'été , l'autre dans le temps de la chute des feuilles. Le premier ne doit point être employé fans l'autre » donc bu Jardinage. 25 qu'ils criblent par Biij 3 o La Pratiqua leur partie inférieure, au point qu'a IVx'epnon clés nervures elles font tout à put Se en L»rme de dentelle ; deve- nus grands , ils font un fléau redou- table pour les fruits murs , ôc pour le taiftn , qu'As percent afin de s'y loger. Un peu d'attention 3c de foin fuffic pour en délivrer les efpaliers. On y place dts cornets de papier , des her- bages, des cornes de bœuf, des mon- tans de -laitues , 6c de petites bottes d'herbes delféchées. Ces animaux qui craignent le grand jour , s'y réfu- gient , on les y trouve en grand nom- bre, 6c on les écrafe en fecouant tous ces pièges. Les limaçons Se les limaces gri- fes font trop connus pour les décrire» 11 faut les chercher de grand matin, ou plutôt durant la nuit fur les dix heures du foir. Sortis de leur obfcur manoir , ils font alors difperfés fur les arbres , &. on eft fur de les pren- dre. Toujours ils fe décèlent par la trace de leur bave argentée , qu'ils huilent far les feuilles 6c les fruits. En la fuivant , on peut aufli aller les ai " ' v. r dans leurs retranchemens. On c é t également les chercher après les. du Jardinage. 51 humidités , les pluies, les rofées abon" danres ôc les grands brouillards. Cette quantité innombrable de lf- maçons Se de limaces feroit infenfible- ment détruite , fi on avoit foin au printemps , lorfqu'il y a peu de feuilles fur les arbres , de les chercher avant que le foleil paroi lie, ou durant la nuit. Tout pefans qu'ils font tk. lents dans leur marche , ils deviennent alertes dans le temps de la maturité des pê- ches violettes & des brugnons , qu'ils préfèrent a tous les autres fruits , £c qu'ils entament à l'inftant de leur ma- turité. Les chenilles ne font pas fî com- munes aux arbres en efpalier qu'aux arbres en buiifon , fur-tout aux pom- miers de aux pruniers s parce qu'elles redoutent la trop grande chaleur. Elles reftent ordinairement aux environs des endroits de leur naiiTance , ÔC s'y cachent. Jamais vous ne les verrez fur les branches dont elles ont coutume de manger les feuilles , à moins que vous ne les preniez fur le fait , mais afin de nètre point découvertes, elles fe réfu- gient derrière une branche intacte , ou derrière le treillage , ou fous une feuille» B i y $% La Pratique Les phenilies fe multiplient par coques , par bagues , & par paquets. Les coques . quant à la Jîgare , ne diffèrent en rien de celles des vers a feie. Des papillons qui ont été chenil- les , Se fe font métamorphofés en-nym- phes s'attachent à la muraille, ils y depofent -leurs ceufs en monceaux. Poux les garantir de la gelée , de l'hu- midité 3 & des infultes clés oifeaux , ils ont l'induftrie de répandre defïus un petit duvet ordinairement blan- châtre ou brun , qui n'eft autre chofe que le velouté dont leur corps eft entouié. Cet amas d'œufs entaffés ferme une boffe dans le milieu , ôc éclot de bonne heure au printemps , à caufe de fon exposition favorable. Quand on les aperçoit , on les écrafe, en obfervant qu'ils tombent aifément , de cciofent fi l'on fe contente d'enta- mer le velouté qui les contient les uns fur les autres. On a donné le nom de bagues à ces nids de chenilles, parce qu'effec- tivement leurs œufs , au nombre de deux ou trois cens , font appliqués tout autour de la branche en forme d'anneaux de la largeur de cinq à fix lignes , formés par une quinzaine de ï> u Jardinage; 3 j tcings , très-ferrés 8c difpofés avec beaucoup de proportion 8c d'égalité. Ils font Ci durs , qu'il faut ufer de la ferpette pour les détacher de la bran- che j d'ailleurs on n'y voit ni com- mencement , ni fin , ni foudure , ni liaifon. Ces bagues ne fe trouvent que- fur les jeunes bois de la pouiïede l'an- née. On en verra dds exemples à la- fig. 1 , a de la PL h Les paquets font plus communs 8C auiîl plus connus que les deux autres moyens de procréation des chenilles. Un papillon fait choix d'un bouquet de plufieurs feuilles , il commence par y étendre une membrane parchemi- neufe, toute blanche, quifert de bâti X £on ouvrage , 8c d'enveloppe a {es œufs qu'il y entaffe. Il les garantit du froid par une forte de duvet répandu fur cette première couche , 8c par une femblable dont il les couvre. Une ma- tière onctueufe que l'eau ne peut pé- nétrer , la préferve de l'humidité. Quant aux vents qui agitent l'extré-- mité des branches , il a foin d'en dé- fendre fa progéniture à venir par le" tuïu de cette double membrane diffi- cile a déchirer. En fermant de toutes* parts avec elle le petit enclos qu'il &*• &7> 34 La Pratique pratiqué pour y ferrer {es œufs , if femble prévoir l'avidité des oifeaux qui , durant l'hiver , fe nourriroient de fes œufs dépofés fur ces branches d'arbres. On diroit que la Nature inftruit les chenilles de la chute des feuilles par les précautions qu'elle leur fuggère. Examinez bien ces paquets , & vous verrez que le bouquet de feuilles eft entièrement enveloppé de cette dou- ble membrane , Se qu'à l'endroit de l'infertion du pédicule de chaque feuille fur la branche , il y a une at- tache du même tiflu qui la tient im- mobile , de manière qu'il faut faire- une forte d'effort pour la féparer du montant de la brancher Ouvrez un de ces paquets durant l'hiver , vous remarquerez que l'ani- mal qui y a dépofé fes œufs, a eu foin d'y faire un enduit intérieur d'une matière vifqueafe , deftinée à nourrir durant les premiers jours fes petits nouvellement éclos. Ce que j'avance vous paroîtra encore plus fenfible , fi dans le printemps vous ouvrez ces paquets : vous trouverez toutes les pe- tites chenilles grofTes comme des épin- gles , raffemblées dans cette double ou Jardinage. 35^ membrane , de fuçant l'humeur grafTe qui eft collée demis. Elles raminciflent ainfi jufqu'à ce qu'elles foient aflez fortes pour aller chercher leur vie au- dehors. Elles la picotent alors , & fe font jour , afin de fortir après que le foleil levé a échauffé l'air. De retour de fes voyages pour aller chercher des alimens , cette nouvelle lignée revient exactement au gîte avant le coucher du foleil ; & pour fe garantir du froid de la nuit & de la rofée , fe réunit en un monceau jufqu'à ce que chacune abandonne le nid. Tout ceci dure en- viron quinze jours , & cet animal vit près de fix femaines. Comme il y a différentes efpèces de chenilles , leurs œufs ne peuvent tous éclorre à la fois 3 &: c'eft la raifon pour laquelle il y en a toujours dans les jardins. Ces paquets de feuilles ainfi col- lées , feront détruits le matin , après la rofée y en coupant le bout des bran- ches , foit avec la ferpette quand ils font à la portée de la main , foit avec l'échenilloir. On aura foin de les amaiîer dans un panier pour les brûler. Le vrai temps de les détruire effc: l'hiver , durant lequel les arbres dé- pouillés de verdure laiflent aifémenfc 3 6 La Pratique apercevoir les chenilles : on les voie entortillées dans des paquets de feuilles feches à l'extrémité des branches , & enveloppées dans une efpèce de par- chemin blanc. On prétend aufïi les faire périr en afpergeant les arbres avec un go pillon- trempé dans de l'eau , où l'on a fait mouifer une certaine quantité de favon> noir. Ce remède a été imprimé il y a quelques années à l'Imprimerie- Hoyale.- Bradley ( p. 2/ de fon Calendrier des Jardiniers ) indique le préfervatif fuivant contre les chenilles , limaçons , fourmis 8c perce .- oreilles , c'eft de faire au corps de chaque arbre deux ou trois tours avec une corde de crin de cheval , pareille à. celle dont on fe fert pour iufpendre le linge. Cette corde eft Ci hériffée de pointes , que les limaçons & les chenilles ne peuvent pafler delïus fans périr, Afin d'en ga- rantir les arbres en efpalier , il faut de plus que la corde fane fur le mur un circuit affez grand, pour que les bran- ches de la pouffe d'une année puifTent y être renfermées. Les vers qui s'entortillent dans les feuilles, caufent beaucoup de 'dom- bu Jardinagî; J*f mage aux arbres , fur-tout quand ils paûent dans le fruit. Ils répandent fur les premières une efpèce de glu à la- quelle l'air donne une confiftance membranèufe. Ils y dépofent a diffé- rentes fois leurs œufs qui éclofent plufieuts de fuite durant le cours de la faifon j Se lorfque ces animaux font nombreux, les arbres deviennent hi- deux &c rabougris. Le pommier eft fur tout l'objet de leurs recherches* Pour les détruire , on va les chercher, dans les grandes , comme dans les petites feuilles , Se on les écrafe. Les sauterelles vertes a cou- teau font groupes à-peu- près comme le doigt -y elles ont des ailes Se volent affez loin. L'extrémité de leur corps affez ramaffé , e't terminée par une efpèce de couteau , avec lequel elles fe déf endentcontre leurs ennemis. On les prend aifément Se on les écrafe. La lisette eft un petit animal tout rond , ailé , de couleur brunâtre , ayant une tète pointue avec deux pinces, qui coupent- les bourgeons des arbres dans leur première verdure. Comme elles ne font point affez fortes pour les en- tamer , quand leur peau a acquis une certaine confiitance r cet infecte fe 3 S La Pratique tranfporte fur des plantes tendres 3C naiiTantes , telles que les choux , les choux-fleurs , les cardons , les giro- flées. On s'en préferve , en faifant fes femences dans de petits pots à ba- iîlic , qu'on enfouit en terre à une expofltion favorable où l'animal ne va pas , par exemple , le long d'un efpa- lier au levant , & quand la plante eft aflez forte 3 on met la motte en pleine rerre , fans la châtrer ni la brifer. Les menues graines ne doivent point être femées fur un vieux labour , la fuper- ficie de la terre étant pleine de ces ani- maux ou de leurs œufs. Remuer la terre , eft un moyen fur d'en détruire beaucoup , ainfi que les mauvaifes herbes , Se leurs femences. Lorfque le raifin commence à tourner , la lifette le fend 3c ravage les vignobles. Le tort qu'elle fait au pêcher , c'eft de l'obliger à produire un nouveau bourgeon à la place de celui qu'elle a coupé. Après avoir fecoué la plante ou la branche qu'elle occupe 3 on l'écrafe. Les mouches , telles que les guê- pes , ne font d'autre mal aux arbres que d'en manger les fruits. Elles fe prennent aifément dans des phioles du Jardinage, 39 remplies d'eau & de miel qu'on re- nouvelle au befoin. Pour garantir les cerifiers , les fi- guiers, les mufcats & les chaffelas de la voracité des moineaux , il fuffit de faire trois tours avec un fimple brin de laine rouge y un vers le haut de l'arbre , un autre dans le milieu , 8c un dernier vers le bas. 11 y a néan- moins une forte de petits oifeaux qui n'en font pas effrayés : mais, outre qu'ils font peu nombreux , ils ne font pas un grand dégât. Le mulot ou fou ris de terre , plus gros que la fouris 8c plus petit que le rat , nuit aux arbres en efpalier , en ce qu'il fe loge dans les contours de leurs racines pour fe garanrir des ri- gueurs de l'hiver. En les mettant à jour dans le fein de la terre , il caufe à l'arbre la jauniife , des rlétrifîures de la mort même. Je n'ai jamais re- marqué que fes racines lui ayent fervi de nourriture. On prend les mulots avec des fou-- ricières , des quatre de chiffre , 8c on s'en défait auiîi par l'arfénic préparé , par les noix vomiques 8c par les au- tres moyens employés contre la fouris. Les efpaliers doivent être labourés 4©- La Pratiqu! plus fouvent,afi-n de boucher les vides que les mulots ont pratiqués en terre ,. ôc il faut arrofer lorfqu'on s'aperçoit de la flétriiFure des feuilles , & que l'arbre a été long-temps éventé par les fouterrains que ces animaux ont creufés entre fes racines. Le lérot ou petit loir, différent' de l'animal nommé loir aflez fembla- ble à l'écureuil , de qui demeure dans les forêts , habite nos jardins , il fe niche dans les trous des murailles. IL eft le fléau des fruits Se fur-tout des pêches qu'il aime de préférence. Dès qu'ils commencent à mûrir , il choifit les meilleurs , les entame tous 3c ne revient jamais aux mêmes. On a tort de dire qu'il dort l'hiver ; engourdi par le froid , il eft réveillé par la cha- leur vers le mois de Mai. Il va pour lors chercher fa nourriture , dort le Jour , ôc court fur les arbres en efpa- lier dès que la nuit vient. On fe fert pour détruire le lérot des moyens en ufage contre les mu- lots , comme d'afïommoirs ôc de clo- erres de verre a moitié pleines d'eau 5 qu'on place a fleur de terre , le long des efpaliers : les animaux qui y ton- dent ne peuvent plus en forcir. Mais y t> u Jardinage; 41 pour tendre des pièges an lérot , il faut s'y prendre vers la mi-Mai j temps auquel cet animal fort de l'état de torpeur produit en lui par le re- froidifîement du fang , ôc ne pas at- tendre la maturité des fruits , parce qu'il les préférera à tous les autres appâts , tels que les noix , les aman- des , les noifettes hots de leurs co- ques. Je me fuis avifé , quand je ne pouvois pas l'attraper , d'envelopper avec du papier , des pêches qui avoient atteint leur groffeur 3c pris couleur , ou bien j'atiachois avec quatre épin- gles une grande feuille de papier qui en couvroit plulieurs , & que j'otois de temps en temps , pour examiner leur degré de maturité. Tous les fruits envers lefquels j'ai ufé de ce ftrata- gème , n'ont pas été endommagés par les lérots. Les taupes font plus à craindre que les mulots , en ce qu'elles fe pra- tiquent un boyau long dans nos jar- dins , & qu'elles déracinent un arbre dont elles coupent les moyennes ra- cines , ainfi que le chevelu qui s'op- pofe à leur partage. On les prend dans des taupières , où l'on les épie quand ©n les voit fouiller entre deux terres , 4* La Pratique de on les enlève avec la bêche. Il fimf toujours arrofer le pied des arbres avant que de fouler ia terre que les taupes ont foulevée, afin que l'eau en- traîne avec elle la miette pour recou- vrir les racines. La gazette du commerce annonce un remède comme infaillible pour fe délivrer des taupes. Prendre autant de noix qu'il y a de trous de taupes avec une poignée de ciguë , de faire bouil- lir le tout une heure de demie dans de l'eau : en faire des efpèces de bou- lettes , ou , fi la pâte eft trop liquide , en mettre fur un morceau d'ardoife dans le trou. Friande de ce mets > la taupe en mange de meurt. On rencontre dans la terre de gros vers blancs qui deviennent hannetons dans ia fuite > ils rongent l'écorce des racines de font périr les jeunes ar- bres. Le feul moyen qu'on ait trouvé de s'en garantir , eft de faire labourer la terre profondément de de ramalTer ces infectes qui font beaucoup de ra- vages dans les vergers, A l'égard des courtilières > on rem- plit d'eau tous leurs trous de on y jette quelques goûtes d'huile de na- vette. Ces infe&es obligés de fuie du Jardinage. 45 l'eau , rencontrent quelques parcelles de cette huile fétide qui leur eft mor- telle. J'ai oui-dire à un cultivateur qu'il les avoit détruits plus efficace- ment, en mettant un verre d'huile dans un arrofoir plein d'eau , dont on mouille une planche &c fes en- virons. CHAPITRE III. Des différentes e/pèces de Pèches 3 de la façon de cueillir les F ruits & de les conferver. IN o u s avons trois fortes de pêchers; les uns font en plein vent , de haute ou biffe tige , les autres s'appliquent à des mura-Iles ou à des contrefpa- liers , fe taillent & ù parifFent : les troifièmes venus de noyau , & nom- més pêchers de vigne , pouffent à leur gré. Leurs fruits > quoique tous trois du même genre , font dilTemblables pour la figure , la groiTeur , la couleur &: le goût. Des différences particulières exiftent '44 La Pratique entre les pèches, fuivant la diverfiee des efpèces : les unes font plus fon- cées en couleur , comme les pour- prées ; les autres le font moins ou point du tout , telles que les avant- pêches j les madeleines blanches , ôc les pêches de noyau. Il en éffi de cou- vertes de duvet , & quelques-unes de très-iiffes , comme les brugnons & les pêches violettes. Celles-ci , telles que les pavies , ont le noyau adhérent à la chair , celles-là le quittent Se fe fen- dent. Vous en trouverez qui ont une eau fucrée 8c parfumée y d'autres qui l'ont fade , ou qui nen ont point du tout. Quelques-unes font vineufes , il y en a d'aigres & d'acres. Certaines ■efpèces preffées de fe montrer fur nos tables devancent les autres qui fe ré- fervent pour y paroitre les dernières. Parmi ces différentes efpèces , les pê- ches en plein vent , & fur-tout les violettes , les brugnons , les grolTes mignones , &: les admirables font les plus exquifes. Tout le monde fait que celles err efpalier font velues : ceux qui font curieux de leur donner plus d'éclat, les vergetent avant que de les préfen- ter fur la table. Cette précaution eft ttU J A R S I N A fi I. 4f inutile envers les pêches en plein vent; quoique de même efpèce , elles font aufli liflfes que les brugnons Se les pê- ches violettes. Rarement avons-nous la fatisfaction de les favourer. Les arbres qui produifent ces fruits déli- cieux gèlent dans nos climats , Se prefque tous les ans font atteints de gomme , quelque foin qu'on en prenne. Voici l'expédient qui m'a paru le meilleur pour les couvrir. On en- fonce en terre quatre perches plus élevées que les arbres , Se plus écar-r tées que le contour de leurs branches. Attachées avec un cerceau , on les, recouvre d'une forte de baldaquin fait avec de la toile cirée , ou de la gro(Te paille arrangée fi folidement, que les vents ne puiifent l'ébranler ; du côté du nord on pratique un doilîer de lit: Se cette machine refte en place tant que durent les mauvais temps. J'a- joute que les efpèces de pêches qui réuiîliTent le mieux en plein vent font la chevreufe Se la bourdine. La Quintinye a imaginé un moyen d'avoir de ces fruits , qui réunifient au goût du plein vent le coloris de l'efpalier. Vers la mi-Mai on détache du mur plufieurs branches d'un pêcher 46 ^La Pratique de ba(Te tige , & on les tire en devant le plus qu'on peut. On les attache à un échalas ou à quelques perches fichées en terre en-deçà du mur , après les avoir effeuillées. Quand les pêches de ces branches ainfi tirées font fur le point de mûrir , on les remet à leur place Se on les paliiTe , afin qu'elles achèvent de prendre tout-à-fait cou- leur. Cet artifice incluftrieux qui les ifole , leur procure l'air de tous côtés, Se elles acquièrent à peu près la même faveur que celle des pêches en plein vent. Elles font nécessairement colo- rées , ayant été découvertes lorfqu'elles n'étoient qu'à la moitié de leur grof- feur , Se frappées par les rayons du foleil , que le mur leur a renvoyés ; leur maturité eft moins prompte qu'en efpalier. Au refte , nos plus excellentes pê- ches ne font rien en comparaifon de celles de Touraine , de Provence Se d'Italie. 11 en eft de même des melons, des figues , des mufeats Se de nos au- tres fruits. Du foin qu'on prend des pêchers durant la fleur., dépendent l'abon- dance , le goût Se la plus prompte maturité de leurs fruits. Au printemps du Jardinage. 47 les vents d'eft Se du nord leur occa- fionnent une fi grande tranfpiration , que leurs rieurs fe détachent : l'eau verfée au pied des arbres & même fur les feuilles répare cette trop grande tranfpiration ; quantité de branches meurent , beaucoup de bourgeons naiiîans font defféchés Se brûlés par les mauvais vents ; grand nombre de branches frudtueufes fur lefquelles on avoit taillé , Se dont les fruits ont avorté , demandent à être rabaiffées ; il arrive encore que des branches de vieux bois ne pouffent point ; dans rous ces cas il ne faut point attendre que la fève ait fait de plus amples progrès, pour débarraffer l'arbre de tout ce fuperflu. Quand il y a trop de pêches qui ont noué, on différera de les éclaircir juf- qu'a ce qu'elles foient à peu près à la moitié de leur grolfenr. Durant cet intervalle , il en tombe fouvent une grande quantité. Si on les biffe tou- tes , on épuife l'arbre & on n'a point de beaux fruits j mais après que le temps critique de la chute des pêches ell: paffé , on fupprime les petites Se les malfaites j fi elles font trois ou quatre eufemble , on en détache une entre- 4^ La Pratique deux. La façon de s'y prendre eft de tirer à foi la pèche en la tournant, jufqu'à ce qu'elle vienne , fans ap- puyer fur les voifines qu'on veut con- server. On doit çonfidérer à chaque bou- quet la pofition des fruits , puis leur forme de leur groiTeur } aux branches foibles en lailfer moins , Ôc préférer toujours ceux du bas à ceux des extré- mités , en ôtant les petits 8c les mal- faits. On commence par ceux-ci , une autre fois on décharge les branches où les fruits font par trochets. La fe- maine fuivante , Ci on voit qu'il y en ait encore trop , on éclaircit de nouveau. Pour procurer aux pêches ce beau vermillon qui les colore , j'effeuille par degrés. Après que toutes les fa- çons du palihage & de rébourgeon- nement ont été données aux arbres dans leur temps , la maturité des fruits approche : je commence par ôter les feuilles qui leur font trop d'ombrage , quelque temps après je fupprime celles qui en font les plus voifines , &z enfin je les débarralTe du refte cinq ou fix jours avant leur ma- turité. Comme toutes les pêches du même ou Jarjdinagi. 49 même arbre ne munirent pas À la fois , il faut recommencer fuccéuivis- ment cette opération. La couleur bril- lante qui en fait l'ornement n'eft pas l'effet d'une couche mife a la hâte , mais celui de diverfes nuances ajou- tées les unes fur les autres par des teintes légères. Je ne précends point au refte qu'on arrache les feuilles ; mais qu'on les coup 3 en leur laiiïant un demi- pouce jufqu'à la queue. On peut le faire néanmoins fans - confé- quence , quand on effeuille des bour- geons , qui ne feront pas employés- l'année fuivante à la taille. Vous arrachez la feuilie d'un bouton fur une lambourde d'un pêcher ; le fruit ne nouera point , ce qui eit aifé à éprouver en y attachant un fil ou une foie pour le remarquer. Il faut du ju- gement pour bien remplir ce minif- tère. On ne voit dans les jardins que des arbres totalement effeuillés, afin de faire mûrir les fruits plus prompte- ment de leur faire prendre couleur. Or, qu'arrive -t-il ? Ils muriffent tous à la fois au-lieude fe fuccéder, & s'il vient des coups de foleil , ils fe couronnent. La perte des fruits efb un moindre mal, que le dommage cauféà lapvirtie Tome II, C 50 La Pratique ligneufe des arbres; la peau des pouf- fes nouvelles extrêmement tendres , faute d'être garantie par des feuilles , eft brûlée du foleil ; &; les boutons à fruit dénués d'un fecours néceifaire pour fournir au pompement de l'ar- deur de fes rayons avortent l'année fuivante. On n'y peut remédier que par l'application des paillafîons : à l'ex- pofîtion du levant les mettre vers les dix heures , &c les ôter quand le foleil tourne ; à celle du midi les placer fur les onze heures jufqu'à deux ; & à celle du couchant couvrir les arbres depuis deux heures jufqu'i quatre ou cinq. Cet expédient m'a très - bien réufli dans des terreins brûlans , de je n'en connois pas de meilleur pour avoir des fruits en efpalier dans les pays méridionaux. Certaines pêches , telles que la ma- deleine blanche > ne reçoivent point de couleur. Pour leur en faire pren- dre , il eft un moyen fur , avec lequel on ne rifque point qu'elles foient cou- ronnées. Je les fuppofe expofées au midi : lorfqu'elles feront à la moitié de leur grolTeur , quoique vertes 8c bien dures, vous pourrez les décou- vrir peu à peu. Elles s'accoutument vv Jardinage. 5 r aux rayons du foleil , & acquièrent un aufli beau velouté que les pourprées. Le contrafte de cette couleur foncée avec le blond du refte du fruit , qui n'a point été frappé du foleil , eft char- mant. De plus , leur goût devient fupérieur à celui quelles ont coutume d'avoir. Les pêches tardives arrivent dans un temps où le foleil abrégeant fon cours fur notre horizon , n'eft plus il vif qu'auparavant. Rarement ont-elles du goût. Il s'agit de contribuer à leur faire avoir plus de faveur , d'accélérer leur maturité , 5c de les garantir du couronnement durant certains coups de foleil de la fin de Septembre , qui les frappent vivement quand elles font effeuillées. Commencez à les découvrir dès la mi- Juin. Elles mûriront an moins huit jours plutôt , & acquer- ront une qualité qu'elles ne peuvent avoir , étant ombragées des feuilles. Comme elles fe fortifieront , a mefure qu'elle croîtront , contre les ardeurs brûlantes du foleil, jamais , quoiqu'at- tendries , elles n'en recevront d'atteinte en muriifant. Pour rendre leurs pêches plus belles & plus hâtives , les Mon- tteuillois font dans l'ufage de dé- Cij 51 La Pratique couvrir quelque temps les racines de leurs arbres durant l'été. Lorfque ces fruits parvenus a une certaine grolfeur , fe trouvent trop prelTés contre le mur , on en éloignera avec une petite pierre la branche qui les porte j &: une bande de drap pafTée en-defïbus ôc attachée avec deux clous, les empêchera de tomber j précaution qui n'a lieu qu'à l'égard de ceux que leur poids entraîneroit aifément. Quelques Curieux fe plaifent à em- preindre fur les pêches des armoiries, des devifes , & à y deiliner de petits cartouches , des fleurs , ôc divers corn- partimens. Rien de plus aifé que de s'amufer de ces plaiiirs innocens , enfans de l'induftrie ôc du loinr. Dé- coupez des papiers à jour , repréfen- tant tel deiîin qu'il vous flaira , ôc de la grandeur dé la pêche 'dans fa partie qui répond en face du foleil, ôc: col- lez-les avec de la gomme, ou du blanc d'œuf fur ce fruit , lorfqu'il eft aux deux tiers de fa groflTeur, & qu'il eft tout-à-fait vert , avant que d'avoir pris couleur. Quand la pêche eft en état d'être cueillie, on là détache de l'ar- bre , puis on la mouille , le papier fe lève, ôc on voit que tout ce qu'il bu Jardinage. 53 a ombragé eft jaunâtre ou blanchâtre , randis que la partie frappée par le fo- leil eft d'un beau pourpre , le deflin figuré par ce papier découpé y paroît régulièrement exprimé. On a foin de garder des doubles de ces découpures qu'un orage ou quelque accident peut détacher > pour les remettre précifé- ment à la même place. Le parti le plus fur eft de pratiquer au-delTus des fruits un petit auvent -qui , fans leur porter ombrage , en éloigne les pluies , les rofées de la nuit 8c les brouil- lards. C'eft au coup d'ccil à décider de la maturité de la pèche. Toutes les fois que fa partie inférieure où le ioleil ne frappe pas , eft verdâtre , c'eft un figne qu'elle n'eft pas à fon point , mais quand elle commence à devenir blonde , prenez-la à pleine-main , en preftant légèrement pau-tout fans ao- puyer. Si en tirant la pèche droit à vous , elle fe détache aifément , laif- fant fa queue à la branche , elle eft mure. Si vous forcez & que la queue vienne avec la pêche , vous vous êtes trop prefTé , elle ne peut rien valoir. Certaines efpèces ne font a leur point que quand elles tombent d'elles-mêmes C iij 54 La Pratiqué ou qu'elles font près cb tomber. Tel- les font toutes les pêches liftes, comme les violettes, les bnr-rnens &: même les pavies. Donnez- vous de garde de les tâter, en y enfonçant les doigts ou le pouce, En quoi conf? (lent la beauté 6c la bonté d'une pêche ? A être faine , fans contufîon , ni pourriture , faites inféparables du tâtonnement , quand on ufe de ce moyen pour en connoître la maturité. i °. Il faut , en cueillant les pêches , les prendre une a une , & non pas en tenir une douzaine dans les mains ic entre les bras , au rifque de les laifïer tomber. 20. Avoir près de foi une efpèce de manne ou de grand clayon plat avec des rebords pour y dépofer les pêches, à mefure qu'on les ôte du panier atta- ché à l'échelle. $°. Garnir fuffifamment de feuilles ce clayon & fes rebords avant que d'y placer fon fruit légèrement. 4°. Ne faire qu'un lit , Se entre chaque pêche placer une feuille , ou Il l'on en fait deux, garnir le pre- mier , de plus les mettre à l'aife de les envelopper chacune dans une feuille, du Jardinage. 55 50. Ne les point cueillir durant la pluie , Se ne les point entourer de feuilles mouillées qui s'échauffent tr.jAAô-ïNÀGE. 57 efi: très-froiiîee. En mettant quelque chofe entre elle Se le bois,on n'a ni affaif- fement , ni pourriture à appréhender. Avant que de fervir les pêches fur la table, on examinera celles qui preiTent le plus, fans prendre les premières venues. Le parfum délicieux qu'elles exhalent dans la fruiterie lorsqu'elles font à leur point de maturité , & la couleur jaune qui paroît au côté que le foleil n'a point favorifé de fes re- gards , difpenfent de les tâter avec le pouce ou avec les doigts. Une cave peu profonde , fraîche Se fèche en même temps , & inacceflible aux rats , eft très-propre à faire une fruiterie ; les fruits s'y confervent très- bien. Si on la place à un étage fupérieur, l'expofition qui lui convient le mieux eft celle du midi ou du levant , pourva qu'elle ne foit point au-de(Tus des écu- ries ni des étables , Ôc qu'elle ait dou- ble porte & double croifée, garnies tant en dedans qu'en dehors de lilières &c de peaux. Les tablettes difpofées au pourtour à. quinze pouces les unes des- autres , en auront dix-huit de large avec une penre d'un pouce , bordées d'une tringle de h\x lignes & garn'es- tle mouife. Les fruits étanr arrangés ^ Cv 58 La Pratiqui on les voit couverts d'humidité peu de jours après , les Jardiniers difent qu'ils refluent j il faut alors laifler les croi- fées ouvertes qu'on referme enfuite par un beau temps. On mettra dans la fruiterie , lors des grandes gelées, un thermomètre 8c un petit vafe plein d'eau, afin d'y introduire une chaleur douce &c modérée , s'il s'y fait la moindre impreilion de glace , & on . jettera fur les fruits des couvertures de laine ; on entrera pour lors rare- ment dans la fruiterie. Dans tout autre temps on vifltera fréquemment les fruits , en nettoyant la pouflière & les toiles d'araignées , &c on en écar- tera tout ce qui a de l'odeur, comme le fromage &c le vinaigre. Ceux qui font curieux de garder dans la faifon de l'hiver , & même au- delà des fruits de des raiflns , ne peu- vent prendre trop de précautions pour les garantir de la grande action de l'air qui occafionne la fermentation. 11 efl: aufli une extrémiré à éviter , qui efl: d'empêcher qu'il ne fe croupiiTe par un lonç féjour. Dans une fruiterie garnie de rruits de coûte efpèce , il faut ie renouveler fort fouvent , leur odeur répandue du Jardinage. & la pourriture D U J A R. D I N A fi !. 6f ne peut attaquer les autres , attendu que chaque lit de paille a toujours quatre doigts d'épaifTeur. Il fe con- ferve aufli dans des tonneaux bien fermés fur des lits de fon ou de cen- dre de farment. Lorfqu'on veut lui faire reprendre fa fraîcheur, on coupe l'extrémité de la queue de la grappe ôc on la met tremper dans du vin. On prétend ( a ) que tous les fruits cueillis un peu verts, dans un temps Ifec &c par un beau foleil fe gardent jufqu'aux nouveaux de leur efpèce, en s'y prenant de cette manière. On porte au grenier du fable de rivière bien féché , dont on fait un lit d'un pouce d'épais au fond d'une caiffe j on y place le fruit , on a foin que le fable en rempliffe exactement tous les intervalles jufqu'au haut de la cailfe qu'on tient exactement 3c long- temps fermée. Excepté ceux qui ont des maifons de campagne , dont les arbres font bien gouvernés > de qui confomment leurs (a) Lemery aflure que les fruits à noyau fe confervenr. dans des pors de terre où l'on met par moitié de l'eau & du miel bat- tus enfemble. On couvre bien les pors , &C lorfqu'on en retire les fruits , on. les trempe dans de l'eau fraîche» Ci La Pratique pêches fur le lieu , ou qui les reçoi- vent bien conditionnées , fuivant les précautions ci-delfus indiquées , tous les autres n'en mandent commune** ment que de mauvaifes. Prefque tou- jours il faut recourir au fucre \ or une bonne pêche ne doit pas en avoir befoin. Le défaut de bonté dans ces fruits qui, d'excellens fur les lieux, dégé- nèrent dès qu'ils font à Paris , vient i°. de ce que les pêches des marchés &des places publiques , fur-tout celles de primeur , font la plupart cueillies vertes , afin de pouvoir les tranfpor-, ter , de d'en tirer plus de profit. 2°. Uno grande partie de ces fruits vient dans des terreins aquariques , où ils ont belle apparence & nulle faveur , ou à une mauvaife expofition , telle que celle du nord , à laquelle ils acquiè- rent aufïi unegrofTeur trompeufe. Tout fe porte à la capitale , tout s'y vend,, tout s'y confomme. 30. Ces pêches font cueillies fur des arbres décrépirs , languilfans , mal fains & mal conduits, qui n'ont pouffé qu'à force d'engrais de gadoue incapables de communiquer une bonne fève. Telle efl la raifon pour laquelle les vins des environs de du Jardinage. é g Paris font durs , âpres , rudes , gtof- fiers , Se onr un arrière-goût de terroir fort défagréable. 4P. Ceux qui plan- tent pour vendre , préfèrent , non les plus excellentes efpèces , mais celles qui fe plaifent davantage dans leur terrein. Pour qu'une pèche foit bonne , elle doit être i°. mure à fon point, 20. par- venue à fa groffeur naturelle , Se avoir mûrie en fon temps , 3 Q. Avoir beau- coup de chair Se un petit noyau , fui- vant le proverbe qui dit, grojfe pêche y petit noyau ; petite pêche , gros noyau, 4°. Etre d'une ligure régulière. Toutes celles qui font boiïues , graveleufes ? noueufes en dedans , &c qui ont des tubéroiixés , ne peuvent jamais être bonnes, ce {onz autant d'indices de la mauvaife qualité du chyle de l'ar- bre , Se du défaut de filtration des fucs nourriciers mal préparés Se mal digérés. 50. Erre colorée, à moins qu'elle ne foit d'une efpèce qui n'ait point de couleur , ou que placée der- rière, l'arbre Se dans des enroncemens privés de l'afpsct du foleil , elle ne foit reft.ee v jrdâtre ou pâle.. 6°. Avoir beaucoup d'eau , mais une eau fucrée, ambrée , parfumée y Se vineufe tous ^4 La Pratique enfemble. Sèchs, elle ne vaut rien* aqueufe feulemenr , elle eft fade -, vi- neufe , fans ce parfum exquis , elle eft acre & piquante. D'après toutes ces qualités requifes pour la bonté d'une pêche , qu'on juge fi on en mange beaucoup d'exquifes à Paris. CHAPITRE IV. Des meilleures efpeces de fruits ( a). Cerises. JL e s cerifes font les premiers fruirs qui ornent les defferts au printemps. L'arbre qui les porte fe plaît davan- tage dans un terrein fablonneux , que dans un terrein gras & fort. On le plante ordinairement en plein vent, êc on le greffe fur le merifier des bois à friut rou^e. (a) Ce catalogue eft rire en partie Je celai des arbres fruiriers qui fe cultivent dans les pépinières des Chartreux de Paris. L'Abbé Rog- r s'écoit contenté de coDter la lifte des pêches qa'a donnée la Quintinye dans Ton Traité des Pêches, Ch. IX Part III, ÔC n'avou point paré des amies efpèas de fîmes» »u Jardinage. 65 î . La cerife précoce eft petite , très- rouge &c d'un goût aigrelet : elle mûrit au commencement de Juin , à un ef- palier au midi. Sa primeur fait tout îbn mérite. 2. La cerife de Montmorency eft groiTe , ronde , noire 8c d'un goût exquis. Elle a la queue fort courte. 3. La griotte eft une cerife groiTe, noirâtre & très-douce. Ses feuilles d'un vert foncé font larges. 4. La cerife royale ancienne eft affez rare , groiTe & d'un rouge noir } fon eau eft douce fans être acide. 5. La cerife royale , ou la nouvelle Angloife eft plus groiTe que la griotte , a la queue fort longue êc la feuille très-large. 6. La groffe cerife de M. le Comte de Sainte-Maure , appelée la griotte de chaux , eft fupérieure aux autres pour fa gro fleur & fa bonté. 7. La cerife de Portugal n'eft pas commune, c'eft lar plus belle Ôc la meilleure de toutes : fa queue , ainfi que fon bois , eft très-courte. 8. Le gros bigarreau eft plus long que rond, fa chair eft ferme Se ftr- crée. ^. La morclte 9 cerife Angloife , i 66 La Pratiqué gro(fe Se longue queue , n'eft bonne qu'en confitures Se en compote. I o. La greffe guigne» n. La cerife tardive , ou de la Touf- fa'mt ; Ion arbre qui fleurit toujours en pouffant, porte en même temps jufqu'aux gelées des fleurs, du fruit noué , du fruit vert Se du mur. Abricots. Ce fruit qui participe de la pêche Se de la prune , mûrit a la fin de Juia. Se en Juillet. Sa peau couverte d'un léger duvet , eft tachetée de peints rouges foncés , lorfqu'il eft en plein vent , Se fon goût eft beaucoup plus relevé qu'en efpalier. L'abricotier fe greffe fur prunier & mieux encore fur amandier , Se demande un terrein lé- ger Se chaud. i. V abricot hâtif eft petit, rond , Se eftimé uniquement pour fa pri- meur. 2. V abricot blanc lui refTemble à la couleur près. .. 3. Le gros abricot eft le plus com- mun Se le meilleur de tous. 4. V abricot vlrgoumois plus coloré que les abricots ordinaires , eft plus long que rond : fa chair rougeâtre eft f> vj Jardinage. 6j fondante & vineufe , &c fes feuilles font plus longues que celles des au- tres efpèces. 5. L'abricot a/berge eft de la même groiïeur que le précoce & mûrit après lui: fa chair eft mufquée & délicate. 6. L'abricot de Portugal retfemble au précoce. 7. L'abricot d' Alexandrie eft petit , rond & prend beaucoup de rouge. 8. L'abricot de Nancy eft gros ÔC d'un goût délicat. 9. L'abricot- pèche qu'il ne faut pas confondre avec ce dernier, eft ori- ginaire de Piémont , rond , rebondi ÔC plus gros que l'abricot ordinaire qu'il îurpalTe en bonté. Sa chair eft extrê- mement fucrée , & fon goût eft vi- neux de très-parfumé. Ambrofios prœ- bet fuccos. L'arbre qui porte ce fruit délicieux fe met également en efpa- lier , en plein vent, en éventail & en buiflon , & il fait des jets prodigieux quand il eft en bonne terre 8c bien gouverne. Pèches. Au commencement de Juillet, 1. L'ayant- pèche blanche , de là 68 La Pratique groiTeur d'une noix , eft longuette Se terminée par un mamelon pointu > elle eft un peu mufquée , & fon eau eft très-fucrée. A la fin de Juidet. 2. LJ avant-pêche rouge plus ronde &: plus groffe que la précédente , a un goût relevé & mufqué. 3 . La petite mignone , ou la double de Troyes eft aftez ronde & d'une moyenne groiTeur , {on. eau eft re- levée ôc délicate. Au commencement d'Août. 4. L'avant-pêche jaune eft moins grofte que celle-ci, fa chair de cou- leur jaune doré eft fondante , ôc fon eau eft fucrée. 5. L'alberge jaune , ou la rojfanne eft d'une médiocre groiTeur j fon goût eft excellent, quand elle eft à parfaite maturité. G. La madeleine blanche eft ronde , &: a une eau fucrée & vineufe. 7. La pourprée hâtive. Sa chair eft auiîî fine que fondante , & Ion eau eft excellente. b v Jardinage. 69 A la mi-Août, 8. La belle chevreufe a la chair fine Se l'eau fucrée , elle prend un rouge vif. Celle qu'on appelle pèche d'Italie eft ovale 8c nen eft qu'une variété. 5. La grojfe mlgn&ne eft un peu plus longue , ronde , comme la précéden- te , fa chair eft fucculente 8c délicate , 8c fon eau relevée 8c vineufe. C'eft une des meilleures pêches qu'on con- noiffe. A la fin d'Août. 1 o. La madeleine rouge ou de cour- fon eft ronde 8c d'un rouge vif. Son eau relevée 8c fucrée la fait mettre au nombre des excellentes pêches. 1 1. Lachancellïere un peuplus ronde que la belle chevreufe , lui relfemble pour fa grofïeur , fa couleur 8c fon goût. 11. La belle -garde ou galande eft ronde , fort groiîe 8c d'un rouge très- foncé ; fa chair eft fine 8c très -fu- crée. 1 3 . La vineufe de Fromentin eft fort grofte 8c moins ronde que lon- gue \ fa couleur eft d'un rouge brun. 1 4. La cardinale Fujiemberg , brune 70 La Pratique en dehors Se rouge en dedans , eft très-groffe Se remplie d'eau. 1 5. La tranfpartnte ronde a la chair aufll ferme que délicate , elle n'eft rouge que d'un coté. Au commencement de Septembre, \G, La violette hâtive eft lifTe. Sa chair n'eft pas moins fondante que vineufe. 17. La grojfe violette hâtive mûrit après celle-ci , fa chair aufîi fondante eft moins vineufe. 18. L'admirable ou la belle de Vi- try eft grofTe Se ronde : fa chair déli- cate & fon eau fucrée la placent parmi les meilleures pèches. 19. La bourdine a la chair fine Se fondante , Peau vineufe Se d'un goût excellent. Cette efpèce fe plaît en plein vent. En Septembre, 20. Le brugnon violet , un peu plus gros que la groffe violette hâtive , lui refTemble. Son eau eft vineufe , muf- quée Se fucrée. 21. La belk-Beauce , d'un rouge écarlatte , eft une très-bonne pèche. du Jardinage. 71 IX. La belle-Tille mont , eft très- eftimée. A la fin de Septembre. 25. La pèche teint-doux médiocre- ment connue eft grotte Se aiTez ronde. Son eau eft fucrée , Se fon goût très- délicat. 24. Le te ton de Vénus > pêche d'une forme plus alongée que les autres , avec un mamelon très-apparent , a un parfum aufli fin qu'agréable. 25. La chevreuje tardive , ou pour- prée , eft grofTe & longuette , fa chair eft blanche Se fon eau fucculente. 26. Le pêcher à fleurs doubles , donne des fruits ronds , a(Tez gros , Se d'une eau agréable dans leur maturité. 27. La nivette un peu plus longue que ronde , a un goût relevé Se une eau fucrée. 28. La Perjïquc qu'on confond fou- vent avec la nivette , eft très-girofle , Se a de petites bolTes Se un morceau de chair à la queue. Son goût eft auili fin qu'agréable. 29. La pourprée tardive eft ronde Se grotte , fon eau eft douce Se fon goût relevé. 30. La. royale réunit le caractère ji La Pratique de l'admirable de du teton de Venu?. 31. Le pavie de Pomponne eft rond De fort gros. Sa chair ferme a une eau fucrée & un goût relevé. 3 2. Iû Monfrin eft une pêche lifTe , jaune en dedans, dont la chair eft ferme: fon eau fucrée efh peu abondante. En Ociobre* 33. La vielette tardive , un peu plus ronde eft marbrée. Sa chair tirant fur le jaune n'eft bonne que dans les au- tomnes chaudes 3e feches. 34. Le pavie de Ntwington eft d'une grande beauté, fa chair eft ferme , d'un rouge foncé tout autour du noyau, de fon eau eft fucrée Se relevée.^ 3 5. Ifabricotée ou l'admirable jaune. Sa chair de couleur d'abricot eft ferme &e agréable. 36. Le pavie jaune refTemble beau- coup à la précédente. 37. La Janguinoie ou betterave a la chair toute rouge de un peu feche, elle eft excellente en compote feulement. 38. La pêche de Pau , alTez ronde & affez grotte , eft bonne pour la faifon. 35. Le pêcher nain vient dans des vafes qu'on fert fur la table lorfqu'il eft dû Jardïnag?, 75 ffft garni de fruit , & ne s'élève qu'a huit ou dix pouces. On enterre ces Vafes le long d'un efpalier au midi. 40. L'efpèce qui donne des pêches- amandes participe des qualités de ces deux fruits. On préfume qu'elle vient d'une amande fécondée par un pêcher : fon fruit d'un goût amer n'eft bon que pour mettre en compote. Parmi les pêches dont on vient de lire le détail , il en eft qui murilTent plutôt & d'autres plus tard , les unes demandent une expofition plus favo- rable &: plus de foleil , les autres font plus fennbles à la gelée & au mauvais temps ; enfin dans tous les terreins il fe trouve des cantons plus analo- gues à certains arbres , divifa a'boribus patrU. Il n'eft donc pas indifférent de confulter, en plantant, l'expoluion , l'emplacement, la difpofltion des mu- railles & la variété des veines de terre du jardin. Mettra-t-on au levant par exemple , ou au couchant les efpèces de pêches qui ne muriiTent qu'en Oc- tobre , de celles qui ne prennent point de couleur ? le midi n'eft-il pas pré- férable ? La pourprée fe plaît au cou- chant, l'admirable s'accommode aifez des exportions médiocres , on peut la. Tome II, D 74 La Pratiqué placer près celle du nord: la chevreufe demande le couchant dans les fonds humides, Se le levant ou le midi dans les terreins fecs. Je confeille en gé- néral de mettre plusieurs des mêmes efpèces à c'iverfes exportions , afin d'en conferver de celles que la grêle , un mauvais vent ou un orage n'aura pas épargnées dans un autre endroit. Au refte , un particulier peut fe bor- ner à faire choix des meilleures efpèces &? de celles qui fe fuivent fans inter- ruption dans chaque faifon. Prunes. Le terrein le plus propre au pru- nier efb celui qui ed fec Se fablonneux. Cet arbre fe greffe fur le fauvageon de prunier Saint- Julien & de Cerifette, &: il s'accommode de toutes fortes d'expofitions , tant en efpalier , qu'en plein vent Se en buiflon. La plupart des efpèces de prunes qui font très- nombreufes fe lèchent au four Se au foleil , il y en a très-peu de bonnes à manger crues. Les premières piroif- fent en Juillet. Voici les meilleures : i. Le gros djimas de Tours > qui eft kâtif eft d'un beau violet Se de fcv Jardinage. 75 moyenne groifeur j fa chair jaunâtre quitte le noyau. 1. La royale de Tours qui r ensem- ble beaucoup pour la groifeur à la prune de monfieur , lui eft très-fu- périeure pour le goût. 3. La mirabelle eft petite , plus lon- gue que ronde , de couleur d'ambre , de bien fucrée. 4. La diaprée violette eft un peu lon- gue & très-fleurie. $. Les damas > rouge, blanc, muf- qué , violet , d'Italie , & d'Efpagne font eftimés & ont l'eau fort agréable. 6. Le drap d'or j efpèce de damas , eft petit, rond , fa psau jaune eft marquetée de rouge j il eft d'un goûc fucré. 7. Le perdrigon violet , plus long que rond , a un goût fort relevé. 8. La dauphine ou groffe reine claude eft ronde , affez grofte ronde , jaune , demi-caftante , fa chair eft mufquée Se fucrée. 8. Le bon - chrétien d'été eft une poire longue Se d'une belle groife ur j fa peau eft jaune , lifte , très-mince , Se fa chair eft caftante Se parfumée. Cette poire ne reffemble au bon-chré- tien que par la fotme } fon bois Se fes feuilles n'en ont point le carac- tère. 5). L'épine d'été eft longue Se a(fez Diij 7$ La Pratiqui groiFe , fa peau lifte Se verdâtre couvre une chair fondante , relevée Se par- fumée. Ces deux dernières efpèces ne murnTent qu'en Septembre. Seconde cla£t, 10. La madeleine, eft jaunâtre Se plus longue que ron^e ; fon eau eft douce Se fa chair demi-fondante. il. La poire à deux têtes eft ronde > verdâtre Se caftante, a beaucoup d'eau Se de douceur , fe garde Se mûrit hors de l'arbre 12. Le murcat robtrt eft une petite poire ronde Se jaunâtre , qui a la chair tendre Se un goût fucré très- relevé. 13. La cul[fe madame eft longue Se menue vers la queue ; fa peau eft jaune Se rouge, fa chair demi- beur- rée , Se fon eau très-fuerce. 14. La bcÙijJimc qui refTemble aune groffe figue eft d'un jaune tacheté de rouge y fon eau eft douce Se fa chair demi-beutrée. 1 < . Le gros blanquet eft de moyenne grofTeur , plus long que rond } fa peau eft lifte , fa chair caftante , Se fon eau relevée. 16. Vognonet eft une poire ronde , i>v Jardinage. 79 plate , blanchâtre ; fa chair eft demi- caftante. 17. La poire de Chypre eft. de la cou- leur du rouiTelet \ fa chair eft demi- caftante , Se fon eau parfumée. 18. La betoamotte d'été . femblable à celle d'automne , eft plus groile Se demi-beurrée ; on doit la cueillir un peu verte. Son bois &: fes feuilles font farineux. 19. L'orange rouge reflemble à une orange par la figure i a le fond gris Se d'un rouge de corail j fa chair eft mufquée &: un peu caftante. 20. L'orange mufquée , femblable a la précédente, quoique plus verte Se moins grolfe , eft caifante Se eftimée pour fon mufe agréable. 11. La chair à dame eft; aftez ronde , grife Se prend un peu de couleur j fa chair demi-caftante n'eft pas fine. il. La caffbktte n'eft ni longue ni ronde : fa peau eft verdâtre , fa chair caftante Se (on eau mufquée. 23. Le roi d'été reftemble au rouf- felet oii'rii ?..rpalTe en grofteur : fa chair 3 îans être fine, eft demi-caf- fante , Se fon eau eft un peu parfu- mée. 24. La grifi-bonne ou Vambntu Div %o La Pratique d'été eft longuette Se grife , fondante &: beurrée. 25. V épargne eft longue , verdâtre & prend un peu de rouge \ fa chair eft caftante de un peu âpre. Sa queue eft longue. 16. La fondante de Brefl > plus lon- gue que ronde, eft caftante, jaune d'un côté de rouge de l'autre j fon eau eftfucrée de relevée. 17. La poire a" œuf eft d'une bonne grofteur , verdâtre de tachetée de points gris; fa chair eft tendre, demi-beurréé de d'un goût relevé. iS. L'orange tulipée eft aftez ronde , verte 6c rouge du côté du foleil : fa chair eft demi- caftante & agréable , quoiqu'un peu âpre. Ces trois der- nières efpèces ne fe mangent qu'en Septembre. Poires d' automne. Première clajje, 29. L'Angleterre eft d'une moyenne grofteur de alongée ; fa chair demi- beurrée eft d'un goût relevé. 50. Le beurré eft une grofte poire connue de tout le monde \ fa chair fondante eft remplie d'une eau déli- © v Jardinage. %ï cietife. Le gris, le rouge Se le doré en font d.es variétés. zi. La verte longue ou mouille* bou- che eft très-fondante Se d'une eau ex- cellente dans les terres chaudes feule- ment. 31. Le doyenné eft une grofîe poire qui jaunit en muriifant \ il eft très- beurré &c fon eau eft fucrée dans les années fèches. 33. Le doyenne' gris , plus excel- lent que le blanc, eft fondant, extrê- mement facré , Se ne devient point cotoneux. 34. Le bey. de la Motte reffemble y pour la figure , au doyenné j fa chaic eft douce Se fondante. 3 5 . Le Mefjire-jean a la chair caf- fanre & pierreufe , d'un goût exquis* Il y en a de gris Se de doré. 36. La bergamotte d'Angleterre a beaucoup d'eau Se de parfum. 37. La bergamotte Suijje eft ronde, liffe Se panachée , beurrée Se fucrée, 38. La bergamotte d'automne eft groife , plate Se liiTe ,. elle jaunit en* muriftant j fa chair eft beurrée Se fondante : elle ne fe plaît qu'en ef- palier. $9, Le fucré-vert eft plus Ionique: Dv Si La Pratique rond , reffemble à l'épine >'& a ht chair beurrée de fucrée. 40. La marquife , femblable au bon- chrétien d'hiver , eft grofTe , d'une forme inégale , fa peau verte jaunie en murirTant \ fa chair beurrée &c fondante , fon eau fucrée &c un peu mufquée la font très-eftimer. Cette poire & la fuivante ne munirent qu'en Novembre. 41. La crafanne eft grotte , ronde , d'un gris verdâtre , fa chair fondante a un peu d'âpreté qui ne déplaît pas , fon eau eft fucrée &c parfumée. C'eft une des plus excellentes poires con- nues. Seconde clajfe, 42. La poire dt vigne eft petite > d'un gris brun , a la queue fort longue y fa chair fondante eft d'un goût très- relevé. 43. La Franchlpane , ainft nommée parce qu'elle en a le goût, eft plus longue que ronde : fa peau lifîe &c jaune couvre une chair douce 3c fu- crée. 44. La poire de Lanfac eft ronde , fa peau eft jaune & lifte , fa chair eft fondante éc fon eau fucrée. du Jardinage. 8 j 4$ . La bcllifjime d'automne a le goût & la figure de (a cuijfe madame , m?i§ eft plus groife , fucrée &: caftante. 46. iti rou (félin 1 eft longue, poin- tue vers la queue , a beaucoup de rapport avec le roulFelet pour la cou- leur ; elle eft fucrée , mufquée & demi- beurrée. 47. La Louife bonne eft groffe Se longue , reifemble au Saint- Germain-, fa peau plus blanchâtre eft douce Se liCTe : elle eft demi-beurrée , & dans les terreins fecs fon eau eft douce. 48. La pafiorale eft longue , a la queue courte , la peau grifâtre , & la chair demi-fondante , un peu muf- quée. 49. La poire de champ-riche eft d'un beau coloris & d'une moyenne grof- feur , elle eft demi-caflfante. Ces qua- tre dernières efpèces ne fe mangent qu'en Novembre & Décembre. Poires d'hiver. Première clajfe» 5 o. V épine d'hiver eft plus longue que ronde , fa peau eft verte , fa chair eft fondante , un peu mufquée Se "beurrée» Dvj $4 La Pratique 5 i. La merveille d'hiver eft d'une S- gure inégale & d'une bonne grofteur, la couleur eft verdâtre \ fa chair fon- dante ôc beurrée a l'eau très- agréable. 51, La virgoukufe eft une belle poire, longue , verte , qui jaunit en murif- faut ^ fa chair eft beurrée &c excel- lence. 5 3. Vambrette eft de moyenne groA feur , grife dans les terres fortes de blanchâtre dans les terres légères } fa chair eft fondante , Se £on eau fucrée & parfumée. 5-4. Véchafferie eft une des meil- leures poires d'hiver, fa gro(Teur eft moyenne > fa forme ronde ou ovale , «5c fa couleur blanchâtre. Sa chair eft fondante 3c fort eau fucrée. 55. Le Sczint Germain eft gros, long , verdâtre ; fa chair eft très-fon- dante & beurrée.. ^6\ Le bifi-de-Chaumontel , reiTem* bîe au beurré pour la rlgure & la cou- leur ? il eft fondant 3c demi-beurré \ l'eau en eft fucrée* 57. £# royale d'hiver eft, une grofte poire plus longue que ronde , de la couleur & de la figure du bon-chré- tien d'été ; fa chair eft demi-beurrés & très-fucrée. DU JaRDINAG!. £5 5 S. Le Colmar eft une excellente poire un peu longue , blanchâtre : il eft beurré de fondant , de fe mange encore en Àvriî. 59. Le bon chrétien d'hiver eft très- connu , de fe plaît plus en efpalier qu'en buiflon. 60. V an g clique de Bordeaux eft plus plate &: moins groTe que le bon- chrétien d'hiver auquel elle reilen> ble ; elle eft caftante de fucrée. 6 1 . La bercramotte de Sculers , moins plate de de même couleur que la ber- gamotte d'automne , eft beurrée de fondante j fa chair eft fucrée. 61. La bergarnotte de pâques , oa le bugi eft demi-beurrée de plus lon- gue que celle d'automne. 6$. Le mufeat Allemand eft plus long que rond , aftez femblable à la royale d'hiver \ fa chair eft beurrée , fondante de un peu mufquée^ 64. Lz bergarnotte de Hollande eft ronde , aifez grofte de verdâtre : fa chair eft tendre de demi-beurrée , de fon eau eft relevée. Cette poire pea connue fe mange en Mai de Juiru Seconde claffe. £5. La martin-fec eft plus long qus t6 La Pratique rond * fa peau eft grife , fa chair caf- lance Se fon eau agréable. Cette poire eft , comme les autres de cette clalTe , moins bonne à manger crue qu'en compore. 66„ la folitaire ou la manfuette , refiemble au bon-chrétien d'hiver , ainfi que l'arbre qui la porte , par fes feuilles & fon bois : elle efl demi- caiTante , &: fon eau eft douce. 6-j. L: martin-fire eft de moyenne grofteur , nias l^ng que rond, ver- dâtre 8c HiTe \ fa chair eft caftante ôc fon eau douce. 68. Le roujjelet d'hiver eft de la. même grofïeur que celui d'été * fa chair eft demi-caftante & fon goût un peu relevé. 69. L'impériale à feu il Us de chêne , aufti verte que la virsmileufe y ne lui reftemble que par la forme. 70. La poire de jardin eft ronde ÔC très-groiTe , elle prend beaucoup de rouge. 71. L'orange d'hiver reffèmble aux autres oranges , elle eft blanchâtre , & demi-calTante 'y fon eau eft relevée* Poires excellentes à cuire» 72. Le franc > réal eft une grofte du Jardinage. Îj poire , un peu longue , verdâtre , marquée de petits points gris. 7$. Le cati lac eft une poire blan-; châtre , très-groife & alongée. 74. La double -fleur eft longue , grife , & rouge du coté du foleil. 75. La poire-de- livre eft ronde ôC très-groife. 76. La douvllle ou la poi^e de Pro* vence , eft affez greffe & longue , d'un jaune rouge , fans pierre. 77. La poire de Saint-François eft grife ôc plus longue que ronde ; fa chair eft caftante & fon eau mufquée. 78. La poire de tonneau eft auftî groife par la tête que par la queue. 79. La poire de Naples eft alfez, groife , un peu longue de verdâtre ; fa chair eft demi-caffante y Se fon eau douce. Pommes. Les différentes efpèces de pommes fe greffent fur franc , on préfère celles qui fe gardent durant l'hiver. Le pom- mier fe plaît dans les terres graffes , noires & un peu humides. Il réufîît également en plein venta en buiffon Ôc en contrefpalicr. t£ La Pratique Première clajje. 1. Le calleville blanc eft gros Se a des élévations en forme de cotes ; fa chair eft très-délicate Se fon goût très-relevé. 2. Le calleville rouge eft un peu alongc, ion goût eft vineux. 3. Le fenouillet gris eft un peu pîu5 long que rond de d'une moyenne grof- feur j la chair eft tendre Se excellente lorfqu'elle eft ridée. 4. Le bardin , ou fenouillet rouge y femblable au précédent, eft plus gris Se d'un rouge brun du coté du £o~ leil; le goût eft le même, mais plus fucré. 5. La reinette franche eft connue Se eftimee de tout le monde pour fa» beauté Se fa bonté. 6. La reinette grife a l'eau très-fu- crée , re'Jemble a la franche excepté- par la couleur Se eft aufti eftimte. 7. La reinette rd ge eft plus ronde Se moins groife que les autres rei- nettes , & prend plus de couleur j fa- chair eft caftante Se fon eau fucrée, S. La rùnttte & Angleterre a la. for- me un peualengée3 eft jaune comme Dtr Jardinage. t$ de l'or & fa peau eft piquetée de points rouges. 9. La nompardlle eft verte , prend un peu de gris ; {on eau a un acide fort agréable. 10. La pomme d'api eft très-con- nue : la petite dont la couleur eft plus vive eft plus eftimée que la grofTe. Seconde clajje. il. Le calltville d'été qui fe mange au commencement de Juillet , n'eft eftimé qu'à caufe de fa primeur : il eft un peu long , de moyenne gro£ feur , & rayé de blanc Se de rouge. Sa chair eft fèche 8c (on. eau affez douce. 11. Le rambour-franc eft gros , apla- ti , rayé de rouge , & excellent à cuire. 13. La pomme violette , ainfi nom- mée à caufe d'un petit goût de vio- lette qu'elle a , eft a (fez grofte , ÔC très- rouge du côté frappé du foleil. Sa chair eft fine & délicate , &: foii eau douce & fucrée. 14. La pomme de drap d'or eft grofte , fon eau eft bonne , fa chair eft quelquefois un peu cotoneufe. ij. La pomme -figue 9 fans pépin, £0 La Pratique vient , comme la fiçrue fans Heur apparence , la forme eft alongée j fa (insularité la fait eftimer. i 6. La pomme d' Ajiracan eft groffe , blanche , Se a la peau tranfparente. 17. La pomma noire eft de la grof- feur de i'api. 18. Le pop ophe d'hiver eft très-gros & d'un rouge pâle. \(). La reinette QriCe de Champagne eft un peu aplatie, cafTante ôc fucrée. 10. Le gros- taras eft rayé de rouge , & un peu plat ; fa chair eft cafTante de a beaucoup d'eau. 11. La pomme de haute-bonté eft plus plate que longue , prend du rouge, eft très-groiïè de fe garde fort long- temps. 22. Le franc -aru eft une grorTe pom- me , aplatie , dont la peau eft tachetée de points gris. 23. La royale £ Angleterre eft très- grofte & un peu alongée \ fa chair eft affez délicate. 24. La pomme-poire eft une efpèce de reinette grife , dont la chair eft dure & aftez bonne. 25. La pomme de paradis eft petite , un peu alongée & toute blanche. Elle prend de la couleur au midi. du Jardinage. 91 16 » La pomme de pigeonet eft lon- gue & rayée de rouge. Autres Fruits. Vamande. On diftingue la grotte amande, la petite , l'amère, de celle à coque tendre qui eft la plus re- cherchée. Ce fruit réunit très-bien dans un terrein chaud 8c léger. L'aveline eft une efpèce de noifette plus groiTe 8c de meilleur goût. L'arbre qui la produit fe plaît dans toutes for- tes de terreins 8c au nord. La câpre eft le bouton a fleur du câ- prier, que l'on cueille avant qu'il s'é- panouifle. Elle demande un terrein fec 8? chaud , & l'expofition du midi au pied d'un efpalier. La châtaigne eft une efpèce de mar- ron qui ne réufîit que dans une terre fablonneufe 8c légère. Le coin n'eft bon que cuit , la terre forte eft celle qui lui convient le mieux. L'épine-vinette demande aufti une terre forte. L'efp^ce qui n'a point de pépin eft la plus eftimée. La figue fe plaît au midi 8c devient plus fucrée dans un terrein fablonneux, quoique plus groiTe dans un terrein $i La Pratique gras. La blanche-ronde a îa chair très- fucrée & d'un goût fort relevé. La blanche-longue , qui ne lui cède point en bonté charge moins au printemps, Se mûrit très-bien dans les automnes chaudes. Les violettes font de deux fortes, la groflfe longue &c la ronde qui eft plus petite : toutes deux font inférieures aux blanches. La grenade réuflît dans un terrein gras de chaud , à un efpalier expofé au midi. La mure. On ne mange que la noire : un terrein gras 8c chaud convient au mûrier. Le blanc fert de fujet pour greffer le noir , lorfquon veut que la tige de celui-ci devienne plus droite. La nefle n'eft bonne que iorfqu'elle s'eft amollie fur la paille. Les meilleu- res efpcces font la groife & celle fans pépin. Il leur faut un terrein fec 3c gras. La noix. On eftime fur-tout celle qui eft greffe & qui a la coquille mince : une terre forte & grade lui convient. La piftache fe plaît dans un bon terrein à un efpalier au midi : il faut planter l'individu mâle près de l'in- dividu femelle* du Jarddïa*!. p^ Raisins. i. Le morillon noir via d'autre mérite que la précocité } fes grains font pe- tits , fucrés & leur peau eft dure. 2. La ma/voi/îe eft un rai fin hâtif, gris , fucré & relevé : fon grain petit eft très-plein de jus. 3. Le chafjelas blanc eft l'efpèce la plus commune dans les jardins , il devient ambré quand on a foin de le découvrir. Le noir , le rouge , le violet &c le mufqué en font des varié- tés ; ce dernier eft rare. 4. Le Cioutat3 ou raifin d'Alexan- drie, ne diffère du chaftelas blanc qu'en ce que fa grappe eft moins grotte &c que fes grains font plus alongés. Sa feuille eft découpée comme celle du periil. 5. Le mufcat blanc eft un raifin très-mufqué &c d'un goût fort relevé, qui parvient rarement a une parfaite maturité. 6. Lt mufcat rouge a cet avantage fur le blanc , parce que fes grains font moins ferrés. Le noir Se le vio- let , font , ainfi que le rouge , des va- riétés du mufcat banc. 7. Lee mufcat d'Alexandrie , blanc ^t La Pratique du Jardin. &; rouge ne mûrir qu'au midi : fon grain eft cvale & très-gros , Se fa chair eft couverte cfune peau dure d'un vert clair. 8. Le Ccrlnthe blanc eft petit, rond cV fans pépin , Se mûrit à la mi-Sip* tembre. Il en exilte de violet , de rouge Se de fans pépin qu'on appelle £ros Corinthe. 9. le raijin panaché eft recherche par fa (ingularité j on voit fur la même grappe des grains blancs 6v des rou- ges , dont quelques-uns ne le font qu'à demi. 10. Le Bordelais , ou verjus donne du fruit noir , du rouge Se du blanc * celui-ci eft le plus cultivé, il eft ex- cellent pour confire. t^^M ***** Y^** ^i. XX s*.XXX ;< v » / :;<;x: ::••:>;. ::<>::< TRAITE BES PLAIES DES ARBRES. JL. A connoilfance de ce qui fe paiïb dan; les plantes, ài'occafîon des plaies qui leur font faites, coudait à leur procurer la fan té Se la fécondité. Toute incifion dérange roreanifation de leur être. Les animaux éprouvent de pareilles altérations , quand on en- rame leur peau ou qu'on leur ôte quel- que membre , de forte que les rap- ports font les mêmes à cet égard entre ces individus. Il y a néanmoins cette différence efïentielle , que les végeraux reoroduifent d'autres bran- ches a la place de celles qu'on leur retranche , au-lieu que les membres $6 La Pratique coupés aux animaux ne font point re- nouvelés [ a ) * leur chair même , quoiqu'elle fe régénère , n'eft jamais d'un tiiïu aufïi pariait qu'elle l'étoit primoidialement. Il eft des cas où ces dcrangemens fnécaniques & organiques font indif- penfables 5 tant dans les animaux , que dans les arbres. On faigne un apoplectique ; un enfant naît avec des paupières col- lées , des doigts unis ou furnumérai- res y il faut alors faire des plaies , des amputations qui , dans un fens dé- rangent les relforts de l'organifation actuelle , pour en procurer une plus pai faite. De même on greffe un arbre afin de lai faire porter de bons fruits, on abat une branche qui le rend dif- forme , on lui ôte des loupes , des excrefcences , on le débarraffe des bois inutiles , lorfqu'on le taille ; il n'eft pas douteux que fi toutes ces in- cilions altèrent fa mécanique pour un temps 3 elles ne tendent à lui en iub- (a) Je parle ici en général , & ab(tra<£rion faite des animaux qui font exceptés de cette règle , tels que les limaçons , !es crabes., les écreviifes , les polypes d'eau douce, une par- tie du corps des étoiles de mer, les vers, pluiieurs efpèccs de fcolependres , &c. Itituer bu Jardinagï. 97 ftituer une plus parfaite dans un' autre- genre. Le dérangement mécanique éft tout ce qui trouble l'ordre 8c les fonctions propres à chaque individu, comme les fatigues, les excès , les liqueurs. 11 en eft un autre qu'on nomme organique , qui a pareillement lieu dans les végétaux- toutes les fois que nous leur faifons des plaies. On entend par ce terme, ce qui direélement, 8c Î>ar foi-même attaque , altère ou brife e tifïu des organes ou initrumens fer- vaut aux opérations naturelles des êtres vivans , comme de fe piquer , de fe couper. , fe cafTer la tête ou/ une jambe. | ( Ce double dérangement n'eft pas fenfîble dans les végétaux 5 parce que rien à l'extérieur ne nous afreffce d'au- cun fentiment particulier i l'égard' de, leurs plaies , comme à l'égard de celles des animaux , dans lefquels fe retrace à nos yeux l'expreuion de la douleur que nous caufe une opération dange- reufe. On a coutume de regarder les plantes comme, des êtres infenfibles. U n'eil pas, douteux néanmoins qu'ils n'ayent des mouvemens qu'on peur affimiler à ceux ûqs animaux j la Tome IL E 9$ La Pratique" moindre irritation & même Fimpref- fion d'une odeur forte leur occafîon* nent des contractions , Faction du foleil 8c la pluie fur les feuilles {ont le principe de mouvemens particuliers, les fleurs ont des heures déterminées pour s'ouvrir & fe fermer. On préfume cependant que Famputation de leurs- membres ne leur fait éprouver aucune douleur , quoiqu'ils foient bien orga- nifés. C'eft un rapport qu'ils ont avec quelques animaux privés de tout mou- vement apparent. Il nTen eft pas moins conftant, que coût ce qui fe pafredans les animaux à\Foccafion des plaies z eux faites , fe paife également dans les plantes. Cette arTertion eft nouvelle dans le Jardinage. Pour la rendre fenmble , nous emprunterons de la Chirurgie ce que nous 'allons dire à ce fujet ,' 6c nous en ferons aux végétaux l'appli- cation la plus jdffe qu'on puiffe ta fuppofer. L'es Chirurgiens font fort: partagés fur dirrerens points concer- nant les plaies humaines , & celles des animaux- , entre autres fur1 la régéné- ration des chairs, Ôz fur la nature de ce qu'on nomme cicatrifation. Mais ious conviennent, d'après l'expénejnee/ DTJ J A R D I N A GE. 99 que les plaies un peu férieufes ont cinq époques : Le faignement , La fuppuration , La déterfion , L'incarnation , Et la cicatnfation. Nulle plaie grave n'arrive a parfaite guérifon , qu'elle n'ait paiTé par ces cinq degrés , ou du moins par plu- sieurs d'entre eux. Le même ordre eft obfervé par proportion dans celles des végétaux comme dans celles des animaux. Parmi leurs différentes fortes de plaies , la Chirurgie Se le Jardinage en diftinguent deux j les unes faites par incifion ou par piqûre , les autre» par arrachement Se déchirement: tou- tes deux font ou longitudinales ou tranfverfales. Les plaies par incifion ou ponction fe font , foit aux animaux , foit aux* arbres , par le moyen d'un infiniment tranchant ou piquant j alors la peau Se les chairs , ou bien la peau fk la partie ligneufe font fendues Se féparées fans lambeaux. Les plaies par déchirement Se arra- ckejnenc , fouç celles où la peau Se les ïoo La Pratique chairs dans les animaux , de cette peau, avec la partie ligneufe dans les végétaux, font hachées , bnfées , fracaiïees , & où il y a des lambeaux à la partie charnue cV offeufe des premiers, & des efquilles à la partie ligneufe des féconds. On appelle, plaies longitudinales, celles qui fuivent le fil des fibres ; & tranfverfales celles où la peau & les chairs font coupées horizontalement, ce qui opère une folutien de con- tinuité. La cure de ces différentes plaies eft auili différente. Celle qui eft caufée uniment par le tranchant de l'inftru- ment , eft bien plus aifée à guérir qu'une autre où il y a des inégalités. Les dents de la feie à main , par exem- ple , hachent, & laiifent quantité de lambeaux Ôç de filandres, fur lefquels le fuc nourricier mente avec peine pour fermer le bourrelet cicatrifant. Telle eft la raifon pour laquelle , après avoir fcié une branche , on unit proprement la partie coupée avec la ierpetre. La différence eft la même pour les plaies faites par arrachement & cajje- ment. Une branche eft éclatée ou du Jardinage. ioî tâffée , il fe trouve nécefTairement des filandres à fa peau , & des efquilles à fa partie ligneufe. LaiflTez-les , il ne fe fera point de cicatrifation. C'eft fut ce fondement que nous avons établi une opération dans le Jardinage , nommée le cajfement , qui a été dé- crite dans le Traité de la tailla des Arbres. Une plaie longitudinale fe guérit plus aifément qu'une tranfverfale. La féparation de la peau d'un arbre faite du bas en haut ou du haut en bas , étant de fil fuivant la longueur des fi- bres , ne Fait que les défunir , mais elle ne les retranche point par une fépara- tion totale , comme lorfqu'elle eft en travers. Dans la première , le fuc nour- ricier arrive par chacune des fibres défunies } & dans l'autre , il ne peut y parvenir que par voie indirecte , e» faifant un circuit & un détour. Tous les Jardiniers , faute d'être inftruits de ces principes, ne peuvent être que les bourreaux des arbres, loin d'en être les chirurgiens. Quoique le mauvais traitement qu'ils leur font ne foit pis aufli fenfible que TeO: aux hommes celui du chirurgien fans lu~ ipièresj néanmoins leur peu de progrès* Eiij loi La Prati qv e leurs maladies , leur dépérhTement St leur fréquente mortalité font des fuites de leur ignorance. I. Le saignement des plaies. Dans les plaies les plus ordinaires aux ani- maux , il y a toujours une forte d'hé- morragie plus ou moins grande , fé- lon que les vaiifeaux fanguins font plus ou moins confidérables. Dès que notre peau eft entamée , les deux par- ties divifées s'écartent par voie de reflort. Cette peau vivante , étant d'un tifïu parche milieux Se membra- neux, il lui arrive, lorfqu'elle eft en- tamée, la même chofe que nous aper- cevons en certaines peaux préparées des animaux , & employées à notre ufage , qui s'écartent à l'endroit incifé. Alors notre fang coule , de voici comment. A chaque orifice des vaif- feaux divifés , il fe forme un petit caiilot qui , en s'oppofant au flux de fang , occafionne un gonflement dans toute la circonférence de la plaie , 8c pendant trois ou quatre jours elle rend une humidité féreufe , qui annonce la fuppuration. Voyons maintenant quelle eft l'analogie de cet effet aux plaies des arbres &c des autres plantes. Vous coupez une branche d'arbre , du Jardina gï. 105 èù vous ouvrez fa peau , la fève alors arrive néceifairement , non par flot comme à nos plaies, mais par pro- portion à la capacité du fujet. Quoique ce que nous avons dit au fujec de l'é- panchement du fang , ait lieu dans tous les végétaux jufqu'a un certain point , nous nous bornerons à citer l'exemple des plantes laiteufes. Cou- pez une: branche de figuier, caOfez une laitue., une chicorée, un titimale , d'abord la fève laiteufe abonde ; les vaiifeaux les plus prochains de la plaie fe vident, Se leurs orifices divifés ne cèdent de répandre du lait que quand ils ne peuvent plus en fournir. Ces plantes rendent enfuite un fluide fé- reux j durant ce temps-là on voit ces parties divifées fe gonfler , & à cha- que oririce des vaiifeaux on aperçoit des efpèces de petits caillots, comme on va le voir. II. La suppuration des plaies. On entend par fuppuration l'écoulé^ ment d'une humeur putréfiée ou cor- rompue dans toute plaie grave. Le détail fuivant fuffira pour en établir la néceiîlté. Qu'arrive-t-il à un homme qui a reçu une large bleffure , quand la peau a été fendue , que les chairs Eiv 104 La Pratique ont été entamées , Se que le fang a bouillonné de toutes parts ? La peau défunie &: les chairs féparées fe reti- rent. Cette contraction eft proportion- née au refTort des parties bandées qui viennent d'être divifées , à raifon de quoi la peau d'une fubftance plus com- pacte que les chairs , fe retire davan- tage. Il fe fait enfuite un gonflement , une tenfion , & par conféquent un en- gorgement dans les chairs. De plus , l'air s'y porte avec toutes les parties . hétérogènes dont il eft chargé , & qui font autant de corps étrangers pour le tïiïu interne des parties divifées. In- dépendamment des autres caufes de ce gonflement , il en eft une prin- cipale. Vous vous coupez fortement, &: fur le champ vous entortillez la plaie d'un linge ; garantie de l'impref- flon de l'air , le gonflement des chairs diminue confidérablement. Si vous laiifez au contraire la plaie à l'air, les chairs fe gonflent d'abord , au point que les deux lèvres s'écartent. C'eft encore l'air qui frappe fur les orifices des fibres charnues , divifées , ainfi que fur les extrémités des petits vaif- feaux féparés par la blefiure. Comme il attire à lui les parties qui les humec- ï> ù Jardinage» ïo£ foient auparavant , il defsèche ces extrémités en les flétrilTant. Ces tibres étaient imprégnées du fuc nourricier qu'elles contenoient avant leur divin* on. Comme il eft in- ceiïamment apporté par le fang dans; le tiflu cellulaire des parties charnues , il peut bien y entrer en partie , mais Pépanchement Se la communication ne fe font plus de même. Tel eft le principe de la fuppuration. Que peu- vent devenir en effet ces fucs , tant ceux qui font contenus dans les vaif- feaux féparés les uns des autres , que ceux qui arrivent de nouveau ? Il faut néceffairement qu'ils fubilTent l'action des vaifïeaux voiiins qui font dans leur (entier. Ces derniers fur- chargés alors font forcés de fe dilater y &c par leurs ofcillations continuelles ils détruifent les extrémités des vaif- feaux divifés. lis décompofent les globules des fîics qu'ils contenoient ,- Ôc c'eft ce qui forme le pus qui rend îa plaie fanieufe. Ces fucs fe croupif- fent y n'ayant plus d'iifue, ils fermen- tent intérieurement, de bouillonnent par le repos ôe l'inaction , au-heu de circuler continuellement , & dette renouvelés comme auparavant. Àiiuv io£ La Pratique tant qu'il refte de ce limon de ces fucs putréfies , la plaie fuppure , 8c rend une humeur fanieufe , mais ar mefure qu'elle fe décharge par cette fuppuration , les chairs s'éclaircirTent , de telle eft la féconde époque de la guérifon des plaies humaines. Cette description , d'après nature > s'applique aifément aux plaies que nous faifons aux végétaux. Coupez une branche d'arbre , à l'inftant même la peau féparée du parenchyme 8c de la partie ligneufe 5 fe retire à une demi- ligne , 8c fouvent à'une ligne , a ( PL I* fie. 2.) Cette peau fe gerce 8c fe def- fèche à l'endroit coupé b , une ligne au-defïous de l'incifion dans les bran- ches c coupées horizontalement 8c régulièrement , ainli que dans les- plaies alongées 8c tranfverfales d> comme on le voit en e. Ce point a été reconnu en partie 8c obfervé par la Quintinye , qui prescrit en con- féquence de laifîer une ligne de plus au-deiTus de la coupe quand on taille , autrement on court rifque de voir avorter le bouton qui eft au-deiTbus* L'obfervation précédente a également lieu pour les plaies prochaines 8c ac- cumulées /. Il y a des. arbres fur lefquels^ r> û" JardiSagî, 107 3ii rencontte fouvent une douzaine de cicatrices dans l'efpacë de fix pou- ces. Quel feroit le fort d'un membre humain traité de la forte ? Lorfque les arbres ont éprouve quel- que inciiion un peu confidérable , il s'y fait une fuppuration occaiionnée par la dé f union des fibres &: par la contraction de ces parties , & lafève flue par les orifices des vahTeaux coupés. Ce fiux eft plus ou moins fenfible,> fuivant la nature des arbres , leur ïaèta leur vigueur , le climat &c le terrein. Les arbres go m m eux n'éprou-- vent point de plaie , que la gomme n'y fiue. Elle devient tellement fup* purative par les raifons déduites au lu jet des plaies humaines , que quand on n'y apporte pas de remède ,- elle y produit des chancres , qui carient les ; branches &c les font mourir.- La même chofe s'obferve dans les' arbres réiineux , tant de l'Europe que des Régions les plus éloignées, 8t dans ceux qui diftillent une liqueur blanchâtre & gluante, après des inci- tions qu'on" leur a faites, telle que- ies baumes de Judée , de Syrie , de Copahu v du. Pérou, À FaodWit de leurs plaies , il fe forme des cb i h ,u:> Tô'S La Pratiqui fluans , qui carient également leur peau &c par lefquels fort , durant un temps affez long , une humeur qui en le figeant devient réfîneufe. Mais fans recourir à des exemples éloignés , jetons les yeux fur les ai- bres de nos jardins & des campagnes : de toutes parts s'offrent à nos regards des ormes à qui on a fait de fortes plaies , d'où découle une efpèce de pus ou de fanie , qui cave très-long- temps , & tant que ce flux a lieu r la cicatrice , quoique fort avancée , ne peut fe parfaire. Ces excavations dans les arbres- font le même effet que la gangrène dans les chairs , Se l'exfoliarion dans les os , quand à Toccafion d'une humeur purulente les chairs font minées 3c les os cariés. La vigne , le bouleau , le frêne Sï quantité d'autres arbres nous four- niflent de femblables exemples au printemps. Pour peu qu'on entame leur écorce , il en fort une eau très- limpide d'abord , mais qui s'épaiiîit peu à peu. Elle n'eu: autre chofe que le fuc nourricier qui fe condenfe & fe chancit , fe putréfie & acquiert une couleur livide j ce qui opère dans ces fortes de plaies un chancre corro- D- U J A R D I N A G I. 10 f idanfc C'eft pour ces raifons que nou* avons mis en ufage l'emplâtre d'on- guent de Saint-Fiacre ; il empêche la fuppuration trop abondante des plaies des arbres , en fermant l'entrée à l'air r & en facilitant par fa qualité onctueufe le rapprochement des parties retardé par les frimats , l'humidité & le ver- glas. La /%. $ de laP/. 7". repréfente des emplâtres d'onguent de Saint-Fiacre couvertes de moufTe a ; ligatures d'o- fier b pour tenir cette moufle en état. III. La détersioi* des pl mes. E>é- terfion fignifie nettoyement , Se eft une fuite néceiïaire de la fuppuration qui diminue peu à peu. L'arrivée con- tinuelle du fuc nourricier augmente t'accroiiTement des chairs ou boutons charnus dont nous allons parler. Les lèvres de la plaie, par conféquent, fe rapprochent > 3c alors les humeurs vi- ciées ceffent. Les vahTeaux incifés n'ont eu jufque-là qu'un accroiiTement foible & lent. Au contraire, fi-tôt que la plaie eft nette , &c qu'elle com- mence a paraître vive , la confiftance des chairs , leur couleur vermeille , & les autres fymptômes d'une guéri- fon prochaine annoncent un progrès" certain. C'eft ainfi que dans toutes les îïo La Pratique plaies des arbres , quand , après uîJC certain temps l'humeur a carié la par- tie ligneufe & attaqué l'écorce , la fuppuration celfant, tout concourt à un recouvrement prochain. On voit alors comme fortir de deflbus la peau un petit bourrelet de conuïtance molle, Se de couleur claire jaunâtre. Une obfervation importante reîa~- tive au deflTéchement précipité des plaies humaines, eft que trop fouvent pour accélérer la guérifon , on enfer- me , comme on dit , le loup dans la bergerie : elle s'applique également aux végétaux. Pour en établir la vé- rité , nous nous bornerons au faif fuivant. Une perfonne qui tient un rang confidérable dans l'Eglife , avoir un poirier dont il faifoit plus de cas que de tous les arbres de fon jardin j fes fruits tomboient , fes feuilles fe re- coquilloient , fes branches commen- ça oient à fécher , le deiTous de fa peau jauniiïoit. Le Jardinier avoit inutile- ment employé pour le guérir tous les fecrets que fes confrères lui avoienc" indiqués. Nous fumes appelés, & nous défefoérâmes de fa guérifon. Nous* »^>us mîmes cependant en devoir à& bu Jardinage. nr cnercher la caufe du mal. Après avoir vifîté les racines , le tronc & les bran- ches , nous remarquâmes que l'arbre fonnoit creux par derrière vers le milieu de fa tige. La peau belle & lhTe en apparence , ayant été ouverte dans cet endroit , nous n'y trouvâmes que pourriture qui , à mefure que nous la détachions avec la pointe de la fer- pette , tomboit comme de la fciure de bois. La carie alloit jufque dans la- moelle a fix pouces , tant au-delïus- qu'au deflons du foyer de la plaie fur quatre pouces de large. Après l'avoir bien nettoyée , nous y inférâmes de la boufe de vache fort liée , dont nous fîmes en deffus une couche épai(Te , avec un bandage bien ferré , & nous déchargeâmes l'arbre- d'une grande partie de fes branches. On jeta au pied un feau d'eau de fumier , de l'arbre fut couvert durant les ardeurs du foleii d'un paillaiïbn qu'on ôtoit la nuit. La plaie s'eft guérie radicale- ment , l'arbre s'eft remis , les poires : en petit nombre que nous lui avions laihees , font venues à bien , quoique d'une groiTeur médiocre , & dans l'es- pace de quatre années il pouvoir avoir «euf pouces de diamètre* Le Jardiniex." ni La Pratique avoua qu'en cet endroit l'arbre avoît eu , quelques années auparavant , un chancre qui avoir carié jufqu'à la; moelle , & que fans ôter la pourri- ture , il s'étoit contenté de le couvrir avec de la terre. De- là je conclus que le défaut de dherfion fuffifante qui, dans les plaies humaines , caufe les plas grands maux , n'eu: pas moins préjudiciable à celles des arbres. Si au-lieu de cette afrluence immodérée du fuc nourricier hors de fa place, & qui eft devenu fermentant & corroiif , la plaie de - l'arbre fe fut nettoyée fuivant Tordre de la Nature , ces accidens ne feroient point arrivés. La fuppuratïon trop continue efl auiii darigereufe que le défaut de déttrjïon. J'ajoute que l'on- guent de Saint-Fiacre ne doir jamais être appliqué fur aucune plaie fa- nieufe, foie que l'humeur foit fluante, foit qu'elle foit deiféchée ,. qu'on n'ait auparavant été jufqu'au vif avec la pointe de la ferpette. IV. L'incarnation des plaies-. Les Chirurgiens entendent par ce mot la régénération des chairs. Tout es qui le palfe dans nos plaies , quant à cette quatrième époque de leux' pu Jardinage. 113 guérifon , fe pi (Te également dans" les vég' ;tau*. Dès qu'il n'y a plus d'humeur ffuahre , & que le nettoie- ment dont je viens de parler a lieu , on aperçoit d'abord avec la loupe , puis avec les yeux feuls dans le £onà de la olaie & dans fa circonférence, quantité d^ boatons charnus qui pul- lulent de toutes parts : ils ne font alors que comme le germe & le commen- cement de la formation des fibres qui ont été coupées , & qui s'alongeanc peu à p 3u à la faveur des fucs nour- riciers, fe rapprochent fucceflivemenc pour ne plus faire qu'un tout ; la peau croît aufli'a'ois à proportion , mais- plus lentement, comme dans les plaies humaines lors- qu'on enlève les chairs baveufes *&c les lambeaux des peaux mortes. If plaie où le bourrelet a profité en con- féquence de l'enlèvement de la peau avec la ferpette. c plaie qui ne peut fe cicatrifer à caiife d'un chicot de bois mort au-delïus , qui devient ex- trêmement dur , parce que fes fibres ne pouvant pas s'alonger , fe defle- chent. Telle eft l'origine des nœuds dans les bois. Nous avons pluiieurs fois anato- mifé ce bourrelet : fes fibres nous ont paru , au microfeope , fpirales , ap- pliquées les unes fur les autres, ainfi que du fil fur un peloton , creufes &: fpacieufes , remplies d'un fuc mu- cilagineux , qui laitîe fur la lame de la ferpette une couche noire , alfez épaiife ; & fa peau nous a femblé rebondie , comme bourfouftée , Se bandée fortement en defius. Ces in- tervalles fpacieux entre les fibres ont beaucoup de reifemblance avec le tiiïu d'une éponge. De-là viejit epe cette- 1 16 La Pratique forte de bourrelet , fi nourri , fi rem- pli de fuc , ne peut acquérir de con- fiftance qu'après un certain nombre d'années , ou quand il eft deiTéché. Il devient alors àiïffi dur par l'affaif- fement de fes parties qui fe font dé- chargées de ce fuc nourricier pour le faire pafTer dans la capacité de l'ar- bre , qu'auparavant il avoit été mou & facile à couper. Ces bourrelets font inrrinfequement les mêmes que ceux des greffes , tant en fente qu'en écuffon. V. La cicatrisation des plaies. Après cet épanchement du fuc nour- ricier dans les plaies humaines pour la reproduction tant des parties fi- breules & charnues , que des vaif- feaux de des parties membraneufes de la peau, la réunion totale eft enfin confommée & parfaite de cette façon. Le fuc nourricier fe rapprochant tou- jours , fait le même effet que le fil ou la foie , à mefure qu'on joint les deux extrémités d'une étoffe. La peau qui eft l'enveloppe des parties charnues , fibreufes , mufculeufes , offeufes & qni les tient unies , s'étend enfin juf- qu'à parfaite jonction , fes extrémités le collent <3c fe foudent , les fibres- rapprochées s'entrelacent par l'envoi 3c l'arrivée du Tue nourricier qui les pouffe les unes contre les autres , de-la vient qu'il y a toujours une mar- que à cette efpèce de foudure. Chacun en porte fur foi-même les preuves dans les ftigmates des faignées ou des in- citons qu'on lui a faites : le Chirur- gien évite de les ouvrir , & quand il eft forcé de le faire , il fent plus de réfiftance ; on éprouve alors une dou- leur plus vive que fi l'ouverture eût été faite autre part ; & voila ce qu'on appelle cicatrice dans laquelle les li- queurs circulent avec plus de len- teur. On entend donc par cicatrifation > ce calus formé , dont la peau eft plus blanche , & où le fang n'arrive jamais avec la même aifance que dans les par- ties intactes du corps. De-la elles lemblent mortes de deftituées de (on- timent dans les grands froids ; de-la vient cette roideur ôc cette difficulté d'agir , lorfque dans certaines plaies les parties mufculeufes ont été nota- blement offenfées. Quiconque d'après cette efquifte fuivra les plaies faites aux arbres foit a deffein, ioit acciden- tellement , trouvera la même roiçe ïi8 La Pratique de la Nature tracée dans les végétaut. Examinez un arbre qui a reçu des in- cifions confîdérables , vous verrez que les couches ligneufes nées fous la nouvelle écorce & formant un bour- relet cicatrifant ne s'uniffent point au bois qui a été découvert de fon écorce, quoiqu'elles s'y joignent fortement. Ces bourrelets ainfi formés reftent à l'arbre 3 & la plaie , après une par- faite guérifon, offre toujours la cica- trice d'une forte plaie. Au refte ce font moins les productions qui fortent de fa partie inférieure qui coopèrent à fa cicatrifation , que celles qui émanent du haut & des cotés. On voit à la lettre d ( PL IL fig. i . ) la cicatrice parfaite du bourrelet , où font expri- més les contours formés par les cou- ches ligneufes. En comptant depuis le bas jafqu'au haut les difrérens étages de ces bour- relets cicatrifans placés à la coupe de chaque année , on connoît aifément l'âge de tous les arbres taillés , à moins qu'ils n'ayent été récépés ou étronçonnés. Celui qui eft tepréfenté (PL IL Jig. 2. ) a fept années mar- quées par les premières lettres de l'al- phabet. fc U jARftlNACL ï I £ Dans le cas qui n'eft que trop or- dinaire , où le Jardinier au-lieu de faire une coupe régulière , a laiiTé des chicots , des onglets, des ergots, jamais ce bourrelet ne peut fe former, la raifon en eft bien {impie. Le fuc nourricier qui y eft porté par les fi- bres alongees , de qui en fe figeant le long de la partie ligneufe , s'eft avancé jufqu'à ces parties mortes de faillantes , ne peut paffer outre , il s'y amafle donc , de la fève n'y arrive que par voie oblique. Qu'un Chirur- gien laifife à une plaie des chairs mor- tes de baveufes , le recouvrement fe fera-t-il de même que fi Pincifion eût été nette de régulière ? La plaie fe re- couvrira , il eft vrai , mais longue- ment de difficilement , d'une façon difforme de incommode, toujours avec un gonflement de une faillie qui font contre nature. De même ces bourre- lets cicatrifans fe couvrent quelque- fois dans les arbres chargés de chicots , d'onglets , de bois morts, mais il faut auparavant que la partie morte du bois laiifée par le Jardinier ait eu le temps de fe pourrir, Se que preifée forte- ment par Taccroiffement de ce bour- relet , elle foit tombée par parcelles. 120 La PR AT ItJU E Souvent la branche eft minée intérieu- rement , &c quoique le bourrelet fe foit formé , le dedans qui s'eit pourri, continue a fe carier. J'ai dit que la guérifon des plaies humaines , commençait par le fond ou du bas en haut ; il en eft de même par rapport à celles des végétaux : il n'y a , pour ainfi dire, que les noms à changer. Les bourgeons charnus , indices de la guérifon prochaine , font formés par le fuc nourricier qui s'épanche dans la cavité de la plaie , ôc qui par conféquent ne. peut partir que du fond de cette plaie. Son accroif- fement fucceflif provient des vaiffeaux difperfés dans les chairs qui le charient continuellement , 3c le reçoivent du fang qui le tient des veines laiteufes. Voici comme je conçois l'opération de la Nature. Une portion du fuc nour- ricier amenée avec le fang arrive au fond de la plaie , là elle fe fige & fe cuit par la vertu interne qui lui eft propre. Ce ne fon? encore que des chairs commencées & fort imparfaites. À cette première couche de ce fuc , il fe fait également par voie d'impul- fion de la part dû fang , un fécond envoi de parties femblables qui pouffent les précédentes , »u Jardinage. îiî» précédentes , & les forcent de fe por- ter en avant ôc de s'épancher. Ain(î dans les enfans comme dans les adul- tes , le fuc d-ftiné par la Nature à for- mer les dents , perce dn fond de la gencive , pais va toujours en mon- tant. Ce fuc dans fon principe n'eit qu'une matière tendre & pâteufe} mais enfuite durci (Tant peu à peu, il devient calleux , & enfin oiTeux. Aux plaies humaines , dira-t-on , il fe fait toujours une nouvelle peau ; on ne voit pas trop qu'il en foit de même dans les végétaux. J'ai déjà prévenu cette objection, a quoi j'ajoute que la peau dans les animaux vivans fe foude plus difficilement que dans les végétaux. Celle-là étant plus mince , plus fèche & plus membf aneufe , re- prend moins aifément que celle des végétaux plus remplie de fucs , plus cpaitTe , èc douée de fibres plus dila- tées Se de pores plus ouverts. Cepen- dant dans les arbres vieux ou dans les branches dont la peau effc écailleufe , cette peau nouvelle ne fe foude que difficilement avec l'ancienne; au-lieu qu'à raifon du contraire elle reprend plus aifément dans les jeunes arbres de dans les branches de poulie récente. Tome IL F in La Pratique L'analogie que nous avons établie entre les plaies des animaux & celles des végétaux nous porte à croire que la durée des unes & des^utres dépend des mêmes principes & des mêmes caufes. L'âge , la vigueur , la bonne conftitution & le régime bien entendu ne contribuent pas moins à leur gué- rifon , que la nature, de la plaie , la circonftance des temps, des lieux, des climats , & nombre de caufes tant in- ternes qu'externes. A certaines per- sonnes une piqûre légère devient ul- cère ou panaris à caufe du vice du fang & des humeurs ; il en eft de même des arbres épuifés , auxquels les moin- dres bleiïures , les coupes même légères de la taille précédente ne fe ferment jamais. Quand les Médecins &c les Chirur- giens voyent un vieillard qui peut pouffer loin fa carrière , fans lui faire d'opérations dont les fuites font fort à craindre , ils préfèrent les remèdes palliatifs. Nos Jardiniers font le con- traire. Un arbre vieux eft en état de produire encore quelques fruits affez beaux, en le foulageant d'une charge trop forte de menues branches , en lui donnant des engrais convenables j du Jardinage. 123 ils commencent par l'cbotter, pour lui faire, difent - ils , pou>Fer du j:une bois. L'arbre donne d'abord des ra- meaux vifs , quelquefois même du fruit. Alais le bourrelet qui , par un effort fubit de la Natme, a commencé à fe former , n'a pu arriver à un re- couvrement parfait : la purtie ligneufe de la branche incifée s'eft fendue y deiTéchée Se pourrie. La plupart de ces arbres fe creufant en dedans , ne peu- vent durer , Se font abattus au bout de quelques années. Quoique la Nature n'ait point de règle fixe, pour la guérifon des plaies, il eft cependant des époques fur lefquelles on peut compter. Toutes les plaies de peu de conféquence faites aux arbres, fe guériifent communément dans l'ef- pace de douze ou quinze jours. La guérifon de celles qu'a occasionnées la taille des branches de l'année précé- dente , s'opère durant le cours de la pouiTe jufqu'à la chute des feuilles. Je les fuppofe régulières , Se non tirées en bec de flûte extrêmement aîcngé , autrement elles ne fe recouvriroient qu'au bout de trois Se, quatre ans ; il, n'eft point queftion non plus des cou- pes à chicots j ergots , onglets qui ne Fij 12-4 ^ A Pratique fe recouvrent jamais, ou du moins qu'après un fort long efpace de temps. Les plaies d'un pouce de diamètre faites fui van t les règles , font deux ans à fe fermer, il .en faut cinq ou fix à celles de trois & quatre pouces , rela- tivement à la force des arbres. On demande fi pendant la durée des plaies graves & férieufes , les ani- maux Se les végétaux profitent ou s'ils dépérirTent. On a conftamment ob- fervé que tout individu cefTe alors cTengraiffer , & dépérit au contraire , moins par l'abitinence, par le régime particulier , par les remèdes qu'il eft obligé de prendre , que par la plaie même , comme caufe directe de effi- ciente. 11 faut fuppofer , comme un point inconteftable , que le fuc nourricier qui forme ce que nous appelions em- bonpoint , étant détourné , pour être porté vers la partie malade , ne peut plus arriver en même quantité qu'au- paravant par les canaux deftinés à le dis- tribuer proportionnément dans toute la capacité du corps. Cette fubflance 3c le plus pur du iang , font toujours dirigés vers la plaie pour former la ré- génération des chairs , 6c c'eft autant r>u Jardinage. ïi$ de moins pour les autres parties où ils avoient coutume de Te porter. D'ailleurs quelle déperdition de ce fuc par la fuppuration ! Cette caufe de dépérifTement eft la même pour les plaies graves faites aux arbres. Comme le plus pur de la levé, eft envoyé vers la partie incifée afin d'y former le recouvrement , il n'eft pas pofïible qu'il loitréparti dans route la capacité de l'arbre. Celui-ci cetfe de profiter de la tige, quand il a eiïuyé de fortes amputations, il donne moins de fruit , èc fes fleurs tombent aufli a proportion qu'il a été mutilé & tour- menté. Qu'on ne dife point que cette proportion eft contredite par l'expé- rience, en ce que tous les arbres qu'on décharge considérablement , font des jets vigoureux , qui le font bien, da- vantage quand on les ébotte. Il y a deux remarques à faire à ce fujet j l'une , que les arbres ont la fa- culté de reproduire leurs membres ; néanmoins cette réparation n'en eft ni moins pénible à la Nature , ni moins nuifible aux végétaux. L'autre , que quelques amputations qu'on puifïe faire de leurs branches , les racines pompent également les fucs de h ~ I ii'l 1 1 6 La Pratique terre , Se en font le même envoi dans la nge. Mais qii-arfive-t-il alors ? Les entrepôts de la fève qui font les bran- ches de l'arbre , n'exiflant plus , elle ne trouve plus de canaux pour fe dif- tribuer & fe répandre comme aupara- vant. Elle fe forme alors des partages nouveaux afin de fe porter au-dehors, &c ce qui auroit été réparti dans une dou- zaine de branches , fe réunit dans un feul rameau que la Nature a produit. Voila ce qui fait aifément prendre le change à ceux qui , fans approfondir , ne jugent que fur des apparences trom- peuies. On voit de beaux jets fur un arbre érronçonné , d'où Ton conclud qu'il ne pâtit point , mais faites la fupputa- don de la quantité de fève contenue dans cinq ou ilx gros rameaux , qui pouflent avec impétnofité , avec la mène fève oui eût été difmbuée nro- portionnement dans chaque branche iuppnmée , . x$6 La Pratique Le lendemain la fupercherie fat de- couverte. Les Magiftrats qui en furent avertis confulterent les Savans fur les moyens de conferver ces arbres , l'or- nement de leur Ville. Le célèbre Boer- rhave entreprit leur guérifon, & em- ploya divers ingrédiens qui rendirent à faire reprendre leurs parties divi- fées. Cette cure fut aufli admirés qu'applaudie de tous les Habitans de Leide. Voilà l'effet du génie. Quel Jardi- nier fe fût avifé de tenter cette entre- prife , &: d'employer ces moyens ? Nous aurions defiré de connoître la composition dont Boerrhave fe fervit, mais les ouvrages des Jardiniers Hol- landois que nous avons lus ne font nulle mention de cette anecdote , au- tant importante pour le Jardinage , que glorieufe pour la mémoire de fort Auteur. Ce que j'ai dit des plaies des arbres eft également applicable à ceux des forêts , des taillis & de nos jardins \ mais il faut mettre une grande diffé- rence entre les arbres abandonnes aux foins de la Nature , & ceux qui font objet de notre travail, pour en tirer au profit ou de l'agrément. S'il ét-ou du Jardinage, 137 poiïible d'ufer envers les premiers des préfervatifs dont j'ai parlé ci-deiîus , ils pouiferoient bien autrement qu'ils ne font. A l'égard des bois taillis , je remarquerai que les ouvriers intel- ligens les coupent dans la louche même. Outre qu'ils y trouvent leur avantage , plus les plaies font rap- prochées du centre de la fève , plus l'éruption des poiuTes nouvelles eft facile. Les parties du tronc étant plus remplies d'humide & de lue font plus aifément percées , que l'écorce féchée , en-deflus & durcie par l'air, Se par conféquent plus difficile à fe brifer 8c à fe déchirer pour ouvrir un paffage à la fève. Si à mefure qu'on abat les taillis , on avoit foin de recouvrir les plaies avec de la terre voiiine, on les mettroit à couvert de l'imprefïion de l'air qui les delTèche & en pompe les fucs. La Nature nous indique ici la route que nous devons tenir : elle fait croître ordinairement fur ces plaies des moufles ou des herbages qui les garantirent de l'action de l'air. D'ahV 1 • 1 leurs les pluies abondantes , y en- voient toujours des parcelles de terre fur lefquelies croiiTent ces moufTes ôc ces herbages. On éviteroit cet incon* 1 3 S La Pratique vénient en couvrant la louche de l'arbre de trois ou auatre pouces de terre qui ierviroit en même temps de nourriture aux plantes adventices qui y naifTent , on fauveroit même un grand nombre de Touches, qui ne pouf- fent plus pour avoir été laiftees à l'air. On élague tous les trois ans les arbres des avenues de des grands che- mins , de l'amour du gain fait qu'on tire tant qu'on peut fur le gros bois. De cette pratique il réfulte deux effets fu- neftes. L'un eft de n'avoir que de vi- lains arbres' dégarnis du bas , dref- fés en forme de houffoirs à long man- che , de que les moindres fecoulfes des vents étêtent facilement. Le mal en: bien plus grand par rapport aux plaies fortes qu'on leur fait -y les dernières commencent à peine à fe guérir, qu'ils en éprouvent de nouvelles. Les fuites de ces mutilations fréquentes font le dépériffement , la langueur de la mor- talité. Elles empêchent aufli les arbres de pouffer de de groiîir : leur bois ne peut avoir de qualité ; couvert exté- rieurement de calus de de. nodus , il n'eft en-dedans que nœuds , pourriture &: gangrené. Quelle perte que celle de tant d'arbres qui meurent chaque du Jardinage. 139 année , Se dont l'étendue Se la groffeur devraient être immenfes, tandis qu'ils font exactement remplacés par des avortons qui le feront bientôt à leur tour î On n'a pas à craindre , en n'élaguant point les arbres, qu'ils foient extrême- ment touffus du bas , Se qu'ils ne pro- fitent point du haut. Il efi fort aifé de les bien dreifer dans leur jeuneffe. C'eft de les ébourçeonner d'abord , quand ils pouffent de travers durant les premières années , puis lorfqu'ils font formés Se parvenus à la hauteur requife de couper avec la ferpette toutes les fau(fes poufles. Un feul ou- vrier peut foigner au moins dix mille arbres par an. 11 eft d'ufage en Pro- vence & dans plufieurs pays de bois , de frotter avec un bouchon de paille bien tortillée les tiges fur lesquelles paroilfent de fauffes poulies nailfan- tes : on recommence à mefure qu'il s'en forme de nouvelles, la mutilation eft évitée , Se la nourriture qui paf- feroit en elles , fi on les lailfoit croître, tourne au profit de la totalité de l'ar- bre , qui croît en tout fens , Se qui fait une tête fuperbe. Tout ce qui fe paffe dans les plaies ï^o La Pratique humaines , 3c dont nous avons fait l'application aux végétaux , n'a pas moins lieu pour leurs racines que pour leurs branches. Nous avons fuivien terre les mutilations faites aux racines écourtées quand on plante, de aux pivots fupprimés. Voici ce que nous avons découvert à ce fujet. Distinguons d'abord quatre fortes de racines , des ottèixfes ou ligneufes , des moyennes qui font du même genre , mais qui ne parviennent ni à la même lon- gueur, ni à la même groffeur , des fibreufes , & celles qu'on nomme chevelu. Quant aux racines oiTcnfcs ou li- gneufes, ainfi appelées, parce qu'elles participent à la dureté des ofiemens & du bois } elles ne s'alongent jamais , ni ne redeviennent offeufes , lorfqu'elles ont été coupées fort près de la fouche j mais il fe forme à leur extrémité quan- tité de filets ou de racines moyennes , qui le plus fouvent reftent fibreufes. Deux chofes fe paifent alors. D'abord le fuc nourricier flue de ces extrémités coupées , il forme enfuite un petit bour- relet , qui à la longue opère un re- couvrement. On en voit éclorre quan- tité de menus filets qui s'alongent &: du Jardinage. 141 fe partagent en différens rameaux. Il eft donc d'une grande conféquence de ne point taillader, comme on fait, les groffes racines. La même chofe arrive dans un fens lors de l'amputation de quelque partie oiïeufe du corps humain. Un os eft carié ou gangrené , on eft obligé de couper cette partie qui fe remplit par la fuite , mais en ce (Tant d'être la même. La Nature y forme un calus qui joint les deux parties féparées , fans acquérir la confiftance , ni la folidité de la partie olfeufe qui a été enlevée. Comment la Nature agit-elle à l'é- gard de ces racines ofîeufes fuppri- mées ou écourtées ? Elle en procrée de nouvelles ailleurs qu'aux endroits de l'arbre où elles ont coutume d'être placées. Comme elles lui font elTen- tielles , elle les fait éclorre du tronc, foit dans l'intérieur de la terre , foit à fa fuperficie. Pour s'en convaincre , il furht de jeter les yeux fur la plupart des ormes plantés à racines écourtées, Ôc l'on verra a la fuperficie de la terre quantité de ces racines placées hori- zontalement 3 8c qui ont dardé en terre : §c Ci elles ne font pas apparentes , c'eft i^i La Pratique parce que les arbres ont été plantés trop avant, ou parce que la peau ex- térieure du tronc s'eft trouvée trop dure pour être percée à la fuperficie de la terre. Pourquoi ôter aux arbres ce que la Nature eft obligée de procréer de nouveau , & ce qu'elle ne peut re- produire que par un grand travail , puis- qu'il faut que la fève faile un violent effort pour percer la peau épaiffe du tronc ? Si on m'objecte que des arbres venus de femence font voir de ces fortes de racines Surajoutées au tronc, je répon- drai que leur production poftérieure n'a lieu que parce que celles qui font produites en premier lieu lors de la formation de ces arbres , n'étant point fuififantes pour pomper 6v contenir en aiïez grande quantité la fève qui leur eft néceiraire , la Nature fe pro- cure alors un plus grand nombre de fnçoirs pour attirer cette fève en pro- duifant au tronc de nouvelles racines. Son procédé , au-lieu d'infirmer ma propofition , ne fait que l'appuyer. Les racines fibreufes font une ef- pèce de boyau creux , qui renferme un fuc vifqueux & mucilagineux. La Nature les Forme de la groffeur d'une du Jardinage. 145 plume. Quand elles font coupées , elles s'alongent plus aifément que les précédentes , à caufe du gluant donc elles font empreintes. Il "n'en eft pas moins confiant qu'il en coûte à la Nature pour les refaire , & que leurs plaies , quoique moins confidérables que les précédentes , paffent égale- ment par les cinq degrés de guérifon énoncés ci-defliis. Le chevelu fe reproduit facilement. 11 eilnécelTaire dans l'ordre- de la végé- tation pour pomper les fixes de la terre, 6c les tranfmettre aux autres racines. A l'égard des pivots 11 injuflement proferits , je remarque premièrement que la plaie énorme qu'éprouve le tronc , a beaucoup de peine à fe gué- rir ; le fuc pompé par les racines , ne peut plus alors être envoyé dans les branches. Dénué d'enveloppe 8c de peau qui le retiennent, il faut qu'il fe répande par cette ouverture perpendi- culaire. Il nue pendant deux , trois 8c quatre mois , 8c imbibe la terre. Cette fève extravafée fe chancit , fe moiiit 8c fe putréfie ; ie recouvrement de la plaie eft d'ailleurs d'autant plus diffi- cile à fe faire , que quantité d'animaux, habitans internes de la terre > s'atta- 144 La Pratique chent à cette plaie , qu'ils vont picoter 3c fucer. Cette feule caufe a fait périr un nombre infini d'arbres. La féconde obiervation n'eft pas moins importante. Toute plante pivo- tante à qui on fupprime fon pivot, ou le reproduit , ou ne réunit jamais quand elle ne peut en réparer la perte. C'eft "un faitinconteftable que j'ai vérifié fur des milliers d'arbres.' Tant que la plaie qu'occafionne la fcuitraction du pivor n'eft point guérie , ils rechignent Se languirent } ils ne commencent à pouf- fer qu'après la formation du nouveau pivot. Enfin les arbres de haute tige armés de leur pivot , fe fou tiennent .contre les fecouffes des vents & Fim- pétuofité des ouragans furieux qui en déracinent quantité. On voit ( PL IV yfig. i ) un arbre a levé avec toutes fes racines , dont les divers grouppes font cotés b'ycéSi le pivot ou racine principale &: eflen- tielle à toute plante , elle plonge per- pendiculairement dans le fond de la terre. La fig. 2 repréfente le même arbre, tel que l'habillent les Jardiniers ; a eft le pivot retranché -y b font les ra- cines oiïeufes ou ligneufes , coupées très-court , qui ne s'alongent plus 3c fou vent du Jardinage. 14^ fouvent même pendent ; c indique deux racines pivotantes que la Nature a reproduites pour remplacer le pivot coupé \ d racines adventices , venues près du tronc à la place de ces racines ofTeufes , fouftraites, Se dont la Nature ne peut fe pader. Ces racines latérales font d'autant plus fortes , qu'elles font plus près de la fuperficie de la terre. C'eft une pratique reçue dans le Jardinage , de couper des racines for- tes aux arbres , pour les mettre à fruit. On fait des trous dans leur tronc , avec des vilebrequins , 6k: on y en- fonce des chevilles de bois. Nous di- rons au fujet de cette pratique meur- trière, que ces arbres ainfl mutilés n'en 'rapportent pas davantage , dépendent Se meurent au bout de quelques années. Nous avons donné pour les rendre fructueux , des moyens qui ne violen- tent point la Nature. Il eft quelquefois nécedaire de faire des plaies aux raci- nes des arbres , dans le cas de la jau- niffe , Se de la brûlure du bout dc^ branches , comme je l'ai dit , en par- lant de la cure de ces maladies. Les autres végétaux , de quelque nature qu'ils f oient , font compris dans les arbres, comme les efpèces particu- Tome IL G 14-6 La Pratique du Jardin. Hères dans leur genre. Ils éprouvent par proportion à leur capacité ôc à leur texture , ce qu'éprouvent les arbres pour la guérifon de leurs plaies. On effeuille les uns pour les faire , dit-on , grofîir 3c fortifier , on étête les autres , afin d'obliger la fève à fe porter aux rameaux qu'on leur lailie. Plu- sieurs font arrêtés par les bouts & pin- ces fans néceffité. Tous les Jardiniers , en les plantant , les arrachent j la moi- tié de leurs racines reite en terre , 3c celles qui ont été épargnées font en- core coupées. Indépendamment de ce qu'il faut que ces plaies multipliées fe guériftent, la Nature eft obligée de procréer de nouveau ces mêmes raci- nes. Quelle dépenfe inutile de fève, 3c quel retardement pour la végétation ! Au refte, tout ce que je prefcrits à l'égard des plaies des végétaux, ne rend le Jardinage , ni plus long, ni plus dif- ficile à pratiquer. L'Art 8c l'Ouvrier n'ont été avilis, jufqu'à préfent, que parce qu'on a travaillé fans règles 3c fans principes. Que déformais l'intelli- gence Se une bonne judiciaire dirigent les opérations des Jardiniers , leur pro- feflion fera honorable , 3c ils jouiront d'une considération bien méritée. r Tian-TniT-r-Tiaf^, ^ ■-gpgmpccirPi i *<«.„*<>«../.*^K^,*£ 3c l'humidité rendit leurs pouffes jaunes Se veules. L'été & l'hi- ver s'étant écoulés 5 on fut obligé d'abandonner cette nouvelle planta- tion mal dirigée , dont les arbres auflî recommandables par leur grof- feur que par leur beauté périrent en- tièrement. ^j^G? CHAPITRE IL De la terre propre aux Orangers. ,LA terre propre aux orangers effc celle qui approche de la terre des climats dont ils font originaires, avec . G vj * 5 6 La Pratique cette différence que les nôtres étant enfermés dans des cailfes , ne peuvent tirer leur fubftance que d'une portion de terre fort limitée , qui doit être par conféquent meilleure que celle du pays où leurs racines pompent hori- zontalement les fucs à des diftances éloignées. De plus , ces derniers ont l'avantage de jouir dans tous les temps des bienfaits de l'air 5 8c des influen- ces d'en haut. Il eft donc queftion de compofer une terre dont les ingré- diens foient aifés à trouver, &: qui foit convenable aux orangers dans tout climat. La meilleure des terres pour les orangers comme pour les couches , eft celle des taupinières, je la crois même préférable au terreau , qui eft ordi- nairement trop délié. Cette terre que les taupes jettent dehors après l'avoir émiée avec leurs pattes , eft peut-être le plus excellent engrais qu'il y ait pour les plantes. Par ces terres de taupi- nières, on n'entend pas celles que ces petits animaux fouillent indiftincle- ment dans toutes fortes d'endroits , mais celles des bons terreins Se des bas-prés où ils élèvent de petits dô- mes d'une terre noire , douce , émiée du Jardinage; * 5 7 comme nous le pratiquons à l'égard de la vigne , du coignaflier & du grofeillier : fi on veut les changer d'efpèce , on les greffe. Avant que de femer des pépins d'o- range , il faut laiffer pourrir la purpe, , la graine n'ayant fon complément que lorfque celle-là lui a communiqué tous fes fucs par fa diffolution. Au mois de Mars on emplit de terre préparée des vafes ou des caitfes , & on y dé- pofe des pépins d'orange en y faifant un trou avec le doigt $ on les efpace à trois ou quatre pouces en échiquier, Ils y reftent deux ou trois ans, durant lefquels on les préferve également du frord de de la trop grande chaleur, Se on les lailfe pouifer a leur gré. Lorfque les plants commencent à fe du Jarbinagï. 16$ fortifier , on les élague un peu du bas , &:on forme leur tête d'année en année. A la troifîème on les lève en motte, 8c on les place dans de petits pots féparés qu'on laboure avec les doigts pour ne point endommager les racines. Au bout de 4 , 5 , 6 , 7 ou 8 ans , ils font bons à être greffés , fi leur groifeur eft celle du petit doigt. Cette opération fe fait en pied ou en tige de deux fa- çons , favoir à œil dormant Se en ap- proche. Quand on les greffe en pied de l'une ou de l'autre manière , il faut laiiTer croître &c alonger la greffe pour former une tige à l'arbre. Tant que fou écorce eft tendre , & fe lève aifément , c'eft-à-dire en Juillet , Août & Septem- bre , on peut le greffer à œil dormant de la manière ufitée envers les autres arbres. La greffe en approche ne fe fait qu'en Mai. On place deux arbres affez près l'un de l'autre , pour que leurs branches puiffent fe toucher , & on les joint enfemble de deux façons qui réufîiffent également , en obfervant de greffer plutôt d'un fujet pins foible fur un fujet plus fort , que d'un plus fort fur un plus foible. La première façon eft de lever à tous deux verticalement 1 6*4 La Pratique un petit morceau d'écorce Se de bois, d'appliquer enfuite les plaies l'une far l'autre , de lier les tiges avec de la laine ou du coton , &c de leur donner un tuteur. La jonction doit être faite dans' le couranr du mois d'Août } on coupe alors tout près de la ligature le rameau dont on a greffé , ainfi que la tête du fauvageon , de on entoure ces plaies d'une emplâtre de boufe de vache. Dans les greffes ordinaires c'eft le fujet greffé qui en adopte , pour ainfi dire, un étranger , au-lieu qu'ici c'eft l'al- liance , l'union intime de deux bran* ches qui font réciproquement les avan* ces pour fe conjoindre. La féconde façon de greffer en ap* proche diffère peu de la première } elle fe fait aufîi dans le mois de Mai à deux fujets voifîns l'un de l'autre, puis on coupe la tête du fauvageon qui doit être gros comme le doigt. Il faut que le rameau de l'oranger greffé qu'on choifît pour former la greffe du fau- vageon , foit plus menu que ce der- nier, à qui l'on fait une entaille par l'endroit coupé où on lui a retranché la tête j cette entaille ne doit point aller jufqu'à la moelle. Enfuite on coupe au rameau dont on veut greffer du Jardinage. i£^ le fauvageon la peau des deux cotes, & on l'introduit dans l'entaille faite a ce dernier , en forte que les deux liber fe répondent exactement. Cette opc- Tation requiert célérité , de peur que les parties incifées ne fe hâlent & ne fe de(fèchent ; Ci l'humide 6c l'onc- tueux , caufes efficientes de l'incorpo- ration , venoient à manquer , la greffe avorteroit.Dans cette manière de gref- fer , comme dans la précédente , la ligature, la boufe de vache, le tuteur &: le fevrage ont également lieu. La réunion des parties eft complette , lorf- qu'en levant la ligature on voit que le rameau appliqué fur le fauvageon eft foudé avec lui. ^ .w. .. .A^^çy**,, , ■ , ._» CHAPITRE IV. Des Orangers Provençaux ou Génois - & de leur Gouverne* ment. X e u de gens élèvent des orangers de pépins, on préfère de les avoir tout greffés , de de les faire venir directe- i66 La Pratiqué ment des lieux de leur naiffance. Nous avons à Paris àts Provençaux qui en fjnt un grand commerce chaque an- née , foit en motte , foit à racines dé- couvertes. On s'aperçoit bientôt il les premiers ont fouffert en chemin , lorf- que leurs feuilles font flafques de plient fans fe cafTer. La peau d'un beau vert un peu jaunâtre , liffe Se unie , qui fe lève aifément avec la pointe d'un cou- teau , eft un indice certain de la fanté des féconds. On remet en Octobre aux Provençaux un état des groffeurs, des efpèces , Se des hauteurs des tiges qu'on veut avoir, Se ils vous les font tenir dans le mois d'Avril. Ces arbres font préférables à ceux qu'ils vendent après les avoir long-temps gardés. L'ef- fentiel eft d'en avoir de levés Se non d'arrachés. Je conviens que difficile- ment emballe- t-on fur les lieux des orangers avec de longues racines, mais il faut en faire la dépenfe , fi l'on veut jouir ; elle n'eft pas exorbitante. Dès qu'ils font arrivés au lieu de leur deftination , on doit les jeter dans de l'eau qui ne foit pas trop fraîche , Se les y laiftèr cinq ou fix heures. Après qu'ils en auront été tirés , Se qu'on les aura fait elTprer durant une heure en- du Jardinage. 167 viron , pour que la terre ne foie pas eu bouillie aurour des racines , on procé- dera à leur préparation , fuivant les principes que j'ai établis par rapport à la plantation , Se on les placera , foie dans des mannequins , foit dans des pots ou dans des caitfes dont le fond garni de plâtras , facilitera l'écoule- ment de l'eau. Les premières racines au-delTous du tronc immédiatement, font d'ordinaire hors de terre , ôc expo- fées à l'air: c'eft unemauvaife pratique. Les habitans des régions où naiflent ces arbres , m'ont dit qu'ils y étoient plantés , comme le font ici nos arbres fruitiers , c'eft-à-dire , les racines en terre; la nature les a fabriquées pour être bénéficiées par fon humidité. 11 eft inutile d'avertir qu'il faut pla- cer la tige de l'arbre d'à plomb Se dans le milieu de fa caiife. Mais ce qui eft bien edentiel pour les jeunes oran- gers , comme pour les autres , c'eft la façon de couvrir leurs plaies. La cire jaune , vierge ou verte , la térében- thine, les topiques graiflfeux n'y doi- vent jamais être employés : la terre gratfe , le terreau , la boufe de va- che , font les feuls émolliens onctueux qu'il faille mettre en ufage pour la léî La Pratique cure des plaies , ainfî que je l'ai dît. Il eft maintenant queftion du trai- tement de la tête du jeune otanger nouvellement atrivé de Provence. Doit-on lui en iailTer une toute for- mée $ ou fupprimer fes branches pour lui en faire pouffer une nouvelle ? La coutume eft d'écourter les branches , Se de les réduire à un petit nombre ; elle eft très-fage dès qu'on mutile les racines : comme on ôte aux arbres par ce retranchement les moyens de tra- vailler 3 il faut néceffairement leur cou- per la tête. Pour nous qui les plantons avec toutes leurs racines , nous ofons ce que les Jardiniers n'entreprendroient qu'au détriment des arbres. Je prétends qu'on doit préférer les orangers à racines nues 6c découver- tes , à ceux qui font en motte. Ceux- ci ont ordinairement des racines plus écourtées 5 entaiTées Se entourées de terre defféchée qui les comprime , fou- vent elles font chancies , forcées Ôc caffées. En plantant de tels arbres en motte, on ne voit aucun de ces dé- fauts qui les empêchent dans ia fuite de profiter ôc de s'étendte. L'ufage eft de mettre dans des cou- ciies vieilles ces orangers empottés ou encailTés» ou Jardinage. \Gj encaifTés. On les place aulîî en pleine terre le long d'un efpalier expofé au levant , en obfervant de les couvrir durant quelque temps d'un paillaiïon pour les défendre des ardeurs du fo- leil , Se de garnir leur pied avec de grand fumier vieux. On les y laiffe jufqu'à ce qu'on ferre les orangers à la mi-Octobre. Plufleurs Jardiniers les en retirent au commencement d'Août quand ils font bien repris , Se les abri- tent afin qu'ils. achèvent leurs pouffes, Se s'accoutument à l'air avant que d'ê- tre mis dans la ferre. S'ils pouîTent de travers , on les dirige en ôtant les bourgeons difformes qui fe portent vers le bas , où l'on les raccourcit X un œil du dedans , on éclaircit les jets qui font trop drus , Se on laiiTe les gourmands lymmétrifés , afin de gar- nir l'arbre , Se de former fa tête. Quand au contraire ils ne pouffent que d'un coté ou dans le milieu , il faut les re- trancher totalement, à moins qu'ils ne foient néceffaires pour garnir un vide : on les coupe alors à cinq ou fix yeux ¥ puis on les rabat à deux , Se enfin on ne leur laiffe que le drageon d'en-bas. C'efl le vrai moyen , comme on l'a déjà vu , de fatiguer Se de dompter les Totns 11 \ H 170 La Pratique gourmands qui deviennent branches utiles dans tous les arbres fructueux. CHAPITRE V. De V encaïjj'ement & demi-encaif- fement des Orangers. .L'encaissement des arbres en pots ou en mannequins , eft le même que celui des grands orangers , qu'on ne rencaiffe que dans le cas de néceiîité. Une caiffe de douze ou quinze pouces leur fuffit jufqu'à l'âge de feptou huit ans : alors on les tranfplante dans la dernière qui en aura vingt ou vingt- quatre, C'eft leur groifeur qui doit dé- cider de la grandeur des cailles. Si elles font trop profondes ou trop larges , ils ne poufferont qu'en racines , fî elles font trop petites , ils dépériront faute de nourriture. Cet encaiifement a lieu envers ceux qui ne pouffent plus com- me auparavant , dont les feuilles jau- nilfent ou tombent, dont l'écorce, au- lieu d'être rebondie, eft aplatie fur la partie ligneufe 9 dont les plaies ne fc du Jardinage. 171 recouvrent pas , &c n'offrent point de bourrelet cicatnfant, dont le bout des branches noircit, Se dont les feuilles font petites ou attaquées de la rouille. Un Jardinier attentif au langage muet, mais expreffif de fes orangers , pré- vient ces divers accidens des qu'il en aperçoit les fymptomes. Le rencaiiTement eft bien radie , lorfque les caiffes font à barres de" fer Se à guichets qui s'ouvrent j on retran- che la motte de chaque coté avec une bêche , ainfi que deiïus Se defious. Ce retranchement fe fait à de eros oran- gers depuis deux à trois pouces d'é- paiiïenr , jufqu'à cinq ou fîx. Ceux qui n'ont point de machine pour tenir l'ar- bre fufpendu en l'air , ann d'en tailler la motte plus commodément , pren- nent un tréteau un peu élevé , fur le- quel ils pofent une pièce de bois lon- gue , au bout de laquelle ils attachent le corps de l'arbre après l'avoir aupara- vant garni , puis appuyant en bafcnle fur le bout de la pièce de bois , ils tiennent l'arbre fufpendu en l'air , Se taillent la motte de tous côtés. Les orangiites ne ménagent pas a(Tez les racines } ils anticipent jufqu'aux •gro{Tes , traitent les, petites Se les Hij 172. La Pratique moyennes fans principes , Se fuppri- ment tout le chevelu. En conféquence de ce qui a été dit plus haut de la pré- paration des racines des petits orangers Provençaux 3 j'établis les règles fui- vantes. 19. Ne jamais écourter les racines tant qu'elles font vertes & franches , mais raccourcir feulement jufqu'à l'en- droit vif celles qui font mortes ou îanguiiTantes. En les coupant fi près de la motte , lorfqu'elles font vives , on les met à jour. Quand la motte vient à fe fendre , l'air les pénètre , d'où il s'enfuit un épuifement ôc un deiïe- chement qui occasionnent le dépouil- lement des feuilles. 20. Retrancher feulement les raci- nes ufées qui , alongées jufqu'aux bords de la caiiTe , fe font émoulfées ôc re- pliées fur elles-mêmes en forme de ipirales. Elles ne peuvent avoir d'ac- tion , ni faire envoi d'aucun fuc , foit dans le tronc , foit dans les autres parties de l'arbre. 3Ç. Ne point trop foncer en dé- gradant la terre , quand on eft obligé de fupprimer des racines mortes, de peur d'altérer les voifines , ou de les mettre à jour lorfqu'elles font faines* i?u Jardinage. 175 Voici l'unique façon de s'y prendre : renir ferme l'une après l'autre les ra- cines grolTes &z moyennes , tk les rac- courcir jufqu'à ce qu'on air atteint le vif. Au-lieu de tirer fa coupe en bec de flûte alongé , qui jamais ne fe re- couvre , faire une taille courte , ronde de horizontale. 4°. Abattre en dernier lieu les encoignures de la motte qui , par ce moyen devient ronde , & facilite Fen- caiffement. 11 eft queftion maintenant d'y procéder en cette manière. On met au fond de la caiiïe trois pouces de plâtras ou de pierres tendres , légères &c poreufes dans les lieux où l'on ne bâtit point en plâtre. Quelques-uns fe fer- vent de bâtons de fagot, qui facilitent l'écoulement de l'eau par les trous de tarière dont le fond de la caiiTe eft percé. On les recouvre d'un lit de la terre dont nous avons parlé , laiiTant la place de la motte comme nous allons le dire. Je ne puis trop à ce fujet m'élever contre un abus qui règne dans le Jardinage. Tous les Orangiftes s'accordent à battre cette terre } & la Quintinye eft d'avis de faire entrer un ouvrier dans la caille poux plomber la terre à chaque lit , Se Hiij 174 La Pratique la rendre dure comme un plancher. Cet Agriculteur qui , en parlant de la plantation , avoit exactement recom- mandé de ne point fouler la terre avec les pieds , fe trouve ici en contradic- tion avec lui-même. 5°. Prendre la mefure de la hau- teur de la motte Se la porter dans la cairTe ; faire enfuite le rempliiïage , en obfervant de la placer de façon qu'elle foit de niveau à la caille, &C remplir les côtés. Si la terre s'arfaiife , on y met des haufîes faites avec de petites planches on des douves qu'on recharge jufqu'à ce qu elle ait fait fon effet. Je préfère cet ufage à celui de battre la terre , foit avec les mains , foit avec de gros bâtons. Il n'y a pas lieu de craindre que la fecouffe des vents dérange la tète des orangers ; leur motte renfermant leurs racines couvertes jufqu'au tronc , ont au moins quatre pouces de terre de plus que fi on eût mis les racines à dé- couvert. Qu'on ne dife point que les oran- gers prendront trop de nourriture , qu'ils poufferont des racines trop lon- gues pour l'étendue de leurs cailles , qu'ils produiront beaucoup de bois , du Jardinage. 175 peu de fleurs & de fruits , qu'ils de- viendront trop gros de tige, & qu'on ne bat la terre du bas éc des côtés que pour les faire jeûner. Je foutiens i°. que dirigés fuivant mes princi- pes , les arbres donneront amplement des fleurs , & une quantité fuffifante de fruits par proportion à leur vi- gueur , ils poufferont moins en bois , &c par conféquent il en faudra moins retrancher ; 20. Que les racines feront ralenties dans leur accroiffement , dès qu'elles rencontreront le fond & les côtés de la caiffe , &: qu'elles fe replie- ront de même. Quant à la tige , c'eft le plus grand avantage qu'on puiffe lui procurer que de la faire profiter. Au refte , quand elle eft parvenue à une certaine çrofieur . elle refte toujours à peu près dans le même état. Il s'agit à préfent de ce qu'on nomme demi- encaiffement j on y procède de la même manière que pour Pencaiffement. Ces deux opérations font indiquées parla néceflité} le temps de les faire eft le printemps &c non l'automne voiline d'une faifon âpre ôc rigoureufe , durant laquelle les orangers n'ont que trop à fouffrir Hiv ij6 La Pratique fans qu'on les arfoiblifTe Se qu'on les tourmente auparavant. Une des fuites de leur encaiffement •eft le dépouillement de leurs feuilles , 8c par conféquent la privation de fleurs , de fruits Se de belles poulfes peur l'année , Ôc fouvent pour la fui- vante. Un oranger ainfi dépouillé doit être traité différemment ; il faut le décharger beaucoup de fon bois 3c le tailler à un , deux ou trois yeux. La Nature a pourvu à la réproduction fubite 3c univerfelle des feuilles des autres arbres par une proviïion de fève proportionnée. Ceux au contraire qu'on appelle de verdure perpétuelle , font fabriqués pour conferver leurs feuil- les , ne les quitter 3c ne les reprendre que fucceflivement. Qu'on juge de la dépenfe de la fève qui eft néceifaire pour la reproduction de leurs feuilles opérée à la fois : elle eft d'autant plus grande , que ces feuilles font fournies d'une fève plus abondante que celles des arbres qui fe dépouillent annuelle- ment. Comparez une feuille d'oran- ger , de citronnier , de laurier avec celles de nos arbres fruitiers 3c fté- riles y Se vous reconnoîtrez que l'épaif- feur 3c le poids en font bien différens. dv Jardinage,' 177 Quant à ceux qui n'en ont que de petites , tels que les ifs , les pins & les fapins } la Nature, au-lieu de raf- fembler dans une feule une même quantité de fève , la répartit dans plufieurs , dont la réunion compote le pareil volume , ôc leur équivaut en pelanteur. Cette grande abondance de levé eft caufe que ces feuilles tiennent plus long-temps que ceiles des autres arbres. Pour prévenir le dépouillement des orangets , il fuffit de ne point retran- cher leur motte , & de ne point écour- ter leurs racines , comme on le prati- que journellement. Je fuis effrayé du précepte que donne la Quintinye , de fupprimer environ les deux tiers de la vieille motte : il eft impofîible qu'on ne dégarnilTe de terre les reftes des racines laifTées à ces arbres infortunésr J'aimerois mieux renouveler plus fou- vent le demi-encaifTement, & réferver PencaifTement pour les cas d'une né- eeilité abfolue , tels que la petiteffe" des cailles ou leur mauvais état» 17S La Pratiqui CHAPITRE VI. De V arrofement des Orangers. \J N diftingue deux fortes d'arrofe- mens , ceux d'été & ceux d'hiver. Les orangers ne veulent que médiocrement d'eau \ il vaut mieux leur en donner fouvent pour tenir la terre moite , que rl'arrofer par flot 8c l'inonder ; lorf- qu'ils pouffent 8c fleuriffent, on les mouille amplement deux fois la fe- maine. Les orangers qui ont foif , pa- rafent 8c jauniflent. Leurs feuilles r/abaiffent , font mollaffes , 8c tombent f uuvent en partie , leur écorce s'aplatit fur la partie ligneufe & fe ride , leurs fleurs penchent 8c fe fanent. Dès que ces indices paroiffent , on ne différera pas de leur donner de l'eau ; aux plus grands un arrofoir pour deux • aux moyens un pour trois , 8c aux petits un pour quatre ou cinq. Il faut con- fidérer, que comme nous laiffons la terre fort meuble , les arrofemens la pénètrent , au-lieu que les orangers plantés fuivant l'ufage , ne fe reffentent du Jardinage. 179 prefque point des arrofemens, à moins qu'on ne les baigne. Il eft certain que la trop grande abondance d'eau ne leur eft pas moins préjudiciable que le défaut de ce li- quide. Leurs feuilles , fans ceffer d'être vertes , tombent, les fruits fe pour- riffent avant leur maturité, les bour- geons foibles & herbacés meurent en hiver ; enfin les liqueurs moins aidées de l'action de la fève fe corrompent, de la pourriture fait périr les arbres. On demande à quelle heure du jour on doit arrofer. Les arrofemens faits le matin & a midi , font d'abord pom- pés par l'air, par la chaleur Se parle haie , par conféquent ils fervent peu. Ceux du foir au déclin du jour font trop proches du ferein de des rofées de la nuit. D'ailleurs vers ce temps la motte 8e la caille ont déjà commencé à fe refroidir, & les arrofemens , fuivis des fraîcheurs de la nuit , morfondent la plante. Ainfi donc le temps le plus propre pour arrofer les orangers , eft fur les cinq ou iix heures ap^ès- midi dans les longs jours d'été , Se quatre ou cinq dans les autres. L'eau tempère alors , humecte & rafraîchit fucceflivement la motte j fk \: ::.-.:. ^ ri v . iSo La Pratiqué le ferein , fuivi des rofées fraîches de la nuit arrive , elle aura été fuffifam- irient dégourdie. C'eft ce palTage doux êc infenfible d'une chaleur vive à une fraîcheur tempérée qui fait la fécon- dité 6c le progrès des plantes. Toute eau eft bonne , pourvu qu'elle ne foit ni corrompue , ni bourbeufe» Mais quelle qu'elle puifTe être , il faut qu'elle ait été dépofée durant un temps furrlfant, foit dans un bailin , foit dans «les tonneaux, &: échauffée parle foleiL 11 eft inutile de dire que l'eau crue Se fraîche eft. nuiftble à l'oranger qu'elle morfond. On l'arrofe ordinairement quand il eft rentré dans la ferre ; cet ufage eft fondé fur ce que , dans le tranfport des caifl^es , la motte a été ébranlée , &c que par l'arrofement orr foude la terre avec les racines. Il en eft de même pour la fortie des caiftes que l'eau appefantiroir. La tranfpiration des orangers , comme celle de toutes les plantes, étant moindre en hiver , à caufe d'une at- traction moindre de l'air , on les ar- rofe plus rarement } fi-tôt qu'on s'a- perçoit du plus léger indice de foif , on leur donne de l'eau, mais jamais avant ni durant une forte gelée- du Jardinage. i 8 î La quantité eft à peu près la même que celle prefcrite pour les arrofemens d'été , comme pour l'eau dégourdie , qu'on fe gardera bien d'employer mé- diocrement chaude* Quand les gelées ont été longues , &: qu'on a fait du feu dans la ferre , l'évaporation de l'humide a été plus grande , il faut donc arrofer un peu plus. On connoît que les arbres ont befoin d'eau , quoi- que l'état de leurs feuilles ne l'an nonce- point , quand la terre eft fort fèche > Ôc qu'en y inférant les doigts, on la trouve toujours en pouflière. « «gECKP CHAPITRE VIL Du gouvernement des Orangers: dans la ferre, 1er sonne n'ignore qu'il ne faut point ferrer les orangers ni durant ni après la pluie , mais choiiîr un beau temps , & attendre que les eailTes ayent été eiïorées *, l'humidité qui règne , tant fur les branches , que fur les feuilles y cauferoit de la chan- 1S2 La Pratique cirïiire. Immédiatement après leur ren- trée , on leur donnera un petit labour, foit pour ôter les mauvaifes herbes , foit pour faciliter aux arrofemens la pénétration de la motte. Ce labour fe fait avec la houlette ou un couteau qui ne coupe point. L'arrangement des orangers dans la ferre doit être tel , qu'on paille ai- fément parler autour des cailles pour les vifner. D'ailleurs quand les arbres font trop proches , la circulation de l'air eft gênée ; Se les branches àon~ liant les unes dans les autres , les feuilles jauniffent de tombent. On en place un petit entre deux de haute tige. Il eft à propos qu'il y ait une allée de fix pieds de la muraille aux orangers , pour que l'humidité qui fait blanchir & tomber les feuilles, ne s'y communique point , ce qui arrive nécelFairement malgré les paillafïons dont on les garnit, & auxquels elle s'attache. Cette même allée doit régner aufll dans le milieu pour l'agrément , pour le renouvellement de l'air , & pour la commodité de placer les orangers & de les fortir. De plus , il faut que le Jardinier puiiTe avec une échelle dou- bu Jardinage. 183 ble y travailler durant leur féjourdans la ferre. Voici en quoi confifte ce tra- vail ; à les délivrer de la punaife ôc du puceron , dont les œufs , quoiqu'im- perceptibles , n'en exiftent pas moins. C'eft durant l'hiver qu'il doit avec de petits linges doux frotter la tige 3 les branches & les feuilles , les laver &c les éponger , couper les petits bour- geons morts ou mourans , 8c les chi- cots qui ont pu fe former à l'occafion des branchages caifés en cueillant la fleur. On ne peut trop recommander aux Jardiniers l'attention à fermer 8c à ou- vrir la ferre à temps. Je n'en vois que trop clorre les fenêtres après que l'hu- midité eft entrée , 8c fe montrer peu exacts à les ouvrir aux moindres rayons du foleil , quand les gelées ne font point fortes. Une des chofes les plus importantes pour la confervation des orangers, c'eft non-feulement de les garantir du froid 8c de la gelée , mais encore des vents coulis ; quand les ferres font mal fermées, les plus voi- fms des portes 8c des fenêtres fjnt fouvent brouis. En conféquence on garnira leurs ouvertures de grande li- tière , de fumier 8c de paillaiïbns éant ï§4 La Pratiqtji que dureront les froids , 6c pendant la neige. La Quintinye ( Traité des Orangers , Chapitre IX ) prétend les garantir de la gelée par le moyen de lampes allu- mées ôc difperfées dans la ferre. Il fe fert de l'exemple d'une fimple bougiey qui dans un carrofTe bien fermé , pro- duit une chaleur fuffifante pour des voyageurs. Je ne crois pas cer exem- ple jufte, quant à l'application qu'il en fait. Je conviens que la bougie allumée dans un carro{Te y produit une grande chaleur, mais c'eft parce qu'elle efl beau- coup augmentée par la tranfpiration 8c l'haleine des perfonnes qui y font , au- lieu que les orangers , loin d'en produire aucune par eux-mêmes-, ont beaucoup de fraîcheur caufée par la- motte de terre humide dans laquelle ils font plantés. J'ajoute que la fumée de ces lampes doit, à la longue , fati-* guer les feuilles , que leur vapeur noire eft aufli nuifible que celle du charbon,. &: que les lampes , quoique multipliées^ ne peuvent rien contre les froids ex- cemfs. Je ne dis rien de la coutume où font quelques Jardiniers de brûler dans la ferre jour &: nuit , tant que Je froid dure > de la paille oa du boi$ du Jardinage. 185 vert qui y fait une fumée épaifTe. Ils ont vu pateille chofe pratiquée pat les Vignerons, qui dans leurs vignes lors des temps critiques , mettent le feu a des herbages ou à du fumier humi- de , & ils ont imaginé que ce qui pou- voit être de quelque utilité en plein air, devoit également réufiir dans une ferre clofe de toutes parts. L'impref- fion de cecte fumée auplancher 6c aux murs de la ferre , fufht pour rejeter cet expédient. Rien n'eft préférable aux mottes pour échauffer une ferre. Elles pren- nent feu aifément fans faire de flam- me comme le bois , mais à peu près comme le charbon. Tous les matins & dans la journée , ainli que le foir , tant que la gelée dure , vous allu- mez de ces mottes dans des poêles de fonte ou de terre , pour procurer non de la chaleur dans la ferre , mais un air tempéré. Afin de pouvoir juger du degré de température , il faut placer dans fou milieu un petit ther- momètre qui réglera la quantité de mottes à mettre dans les poêles. Une fois confommées , elles durent long- temps en forme de charbon Se garan- tiflent vos arbres de la rigueur du i86 La Pratique froid , fans l'inconvénient de la fu- mée , de des vapeurs malfaifanres. ■ &*■ '"^ >tD, CHAPITRE VIII. Des Orangers hors de la ferre , & de leur gouvernement au printemps. JLes orangers , après avoir foutenu les rigueurs d'une faifon fâcheufe , après avoir été privés des bienfaits de l'air durant fept mois de prifon , ont furement pâti. On ne peut donc leur iefufer un reftaurant qui les échauffe fuffifamment fans les brûler , & qui les nourriffe en même-temps. Ces deux effets font procurés par une bouillie de crottin de cheval bien confommé, qui fe fait ainfl. On en emplit un ton- neau à moitié avec pareille quantité d'eau. Durant trois ou quatre jours on a foin de le bien remuer , même de l'écrafer avec les mains , comme quand on foule la 'vendange, ce qui forme une forte de bouillie dont on verfe un feau à chaque oranger fort & par pro- t>u Jardinage. 187 porr'ion aux autres. Avec ce reftaurant on peut être aiïuré que les arbres font des progrès é ton n ans, font d'une ver- dure parfaite , & que jamais le haie , ni la féchereflTe ne peuvent leur nuire, pourvu qu'on ait foin de faire les ar- rofemens ordinaires. J'ajoute que les encaiifemens & demi - encaiffemens font auiîi moins frcquens. J'ai vu l'eau de foife à fumier prifc chez les fer- miers , réuirir également. Durant l'hiver nombre d'orangers n'ont pas laiifé de faire des poulTes nouvelles *, à d'autres des bourgeons aîongés en dérangent l'ordre &: la fym- métrie : alors on s'applique à les dref- fer. Leur beauté confifte à avoir une tige droite , une tête ronde en dôme furbaiiïe , ou en forme de calotte 3c fans aucun vide au-dehors. Il faut que leur peau foit claire , lifTe Se unie , faine &c d'un beau vert. Du refte , ils doivent être évidés , c'eft- à-dire que les branchages foient détachés les uns des autres , &c qu'ils foient pleins fans confufion. j Quelques-uns font la taille de l'o- ranger très-difficile : elle l'eft comme celle des autres arbres, quand on ne s'y entend pas 5 & qu'on n'étudie point i8S La Pratique leur nature , ni leur façon de pouffer. On n'a pas , ce femble , alfez diftingué la taille proprement dite &: Fébour- geonnement ; la première a pour objet la pouffe précédente , u Jardinage. i8£ roient faire difformité. Les partifans de cette méthode allèguent en fa fa- veur le recouvrement plus prompt alors des plaies faites aux arbres , de ils prétendent que leur vigueur , leur fanté , & leur accrohTement en font des fuites. En convenant qu'elle eft affuj enflante , parce qu'il faut de quin- zaine en quinzaine ébourgeonner les orangers, ils aiïïmilent cette fujétion à celle qu'occafionnent nos efpaliers pour lefquels on prend les mêmes foins. La plupart de nos Jardiniers taillent les orangers immédiatement après la fleur. Cette méthode a fes avantages & fes inconvéniens. La taille étant faite à la fin de Juillet vers le folftice qui eft le temps de la grande pouife de ces arbres , la production du nou- veau bois eft aifée , 3c les bourgeons peuvent encore s'aouter. D'un autre côté, vous les obligez à faire de nou- velles pouiTes, à la place de celles que vous leur ôtez dans le temps où ils fe font comme épuifés à produire leurs fleurs. Si on ne leur fupprimoit pas à la taille une auifi grande quantité de bourgeons , il eft certain qu'ils au- roient allez de force pour les nourrir, îy<3 La Pratiq vi' puifqu'ils €n reproduifent an nombre équivalent à ceux qu'on leur a ôtés , ôc que la fève qui pâlie dans ceux-là eue fuffi pour nourrir ceux-ci. Or , je demande pourquoi abattre ce que la plante eft forcée de reproduire , parce" qu'elle ne peut s'en palier ? Si au-lieu.de dépouiller, comme on fait, les orangers de tout leur bois, on les ménageoit davantage , on en tire- roit un meilleur parti. Tous les taillent fuivant leur goût particulier , fans prin- cipes , fans règles. Mais quelles font ces règles ? En voici un expofé fuc- cinct. Je commence par adopter la mé- thode de ceux qui taillent leurs arbres au fortir de la ferre. Deux fortes de branches s'offrent d'abord, favoir des bois der la poulie précédente , & des bourgeons nés durant le féjour des orangers dans la ferre : les premiers fe font alongés , ou n'ayant pas eu le temps de fe former en entier , font fluets , ou ont péri durant l'hiver j la peau des féconds eft flafque & trop tendre , Ôc ils ne réfiftent point au grand air. Il faut donc les récéper, ou les rabattre à un bon œil , Ôc la vraie faifon eft le printemps. En du Jardinage. !§1 taillant ou fupprimant alors quelques branches de vieux bois , mortes ou mourantes , l'arbre n'en pouffera que mieux. On taille encore toutes celles qui s'emportent , qui excédent ou qui s'a- baiiTent trop , celles dont l'extrémité eft fluette , celles qui ayant pouifé dou- bles ou triples , n'ont pas été éclair- cies lors de rébourgeonnement , ou qui font nées poftérieurement } on les taille , dis- je , par-tout où fe trouvent de bons yeux , & on les arrête deiïus. Ces branches ainfi rapprochées font éclorre par la fuite des bourgeons dont on fe fert pour renouveler l'arbre. Au- lieu que dans les arbres fruitiers , les menues branches bien nourries font confervées pour avoir du fruit , elles font retranchées pour la plupart dans l'oranger. On leur préfère les branches vigoureufes & bien placées , qui peu- vent contribuer à la régularité de fa tète. Si l'on trouve qu'un oranger a pouifé plus d un cote que d un autre , ou qu il paroiife vouloir s'y jeter j on laiife au côté fougueux qu'on expofe au nord beaucoup de branches &: de bour- geons, dallent-ils faire un peu de con- ic^i La Pratiqué fufîon : au contraire on foulage afri^ plement le côté foible qu'on tourne au midi ; par ce moyen le côté fort étant plus chargé , fait un emploi de fève plus confidérable , que fi on le tenoit de court. L'oranger a une forte d'inclination à pouffer des branches longuettes , à larges feuilles qui fe rabattent hori- zontalement , & tombent fur les in- férieures. Beaucoup de branches fortes dont les feuilles larges Se épaiffes abon- dent de fuc nourricier , fe renverfent pareillement fur celles de deflous. On remédiera à ces inconvéniens , en les taillant court, Ôc les mettant fur un oeil du dehors pour faire éclorre des bourgeons montant perpendiculaire- ment. Une des perfections de l'oranger , outre fa figure ronde 3c régulière , eu: d'être également plein par-tout. Il en eft où fe trouvent des vides caufés par la mortalité ou la fraéhire des bran- ches. Comment réparer ce défaut ? Voici ce qu'un Jardinier intelligent ne manque pas de faire. Le vide fe ren- contre dans le haut de l'arbre , dans fon contour , ou dans le bas. Si c'eft 4ans le haut^ il prend deux petites ba- guettes » u Jardinage. 19$ guettes qu'il attache en croix , Se y amène les branchages voifins. On re- médie aux vicies des contours , en at- tirant avec des ofiers ou des joncs les branches les plus proches vers le côté défectueux. On fait la même chofe dans le bas , où l'on force un peu avec un ofier fort , Se jamais de fil d'archal, les gros bois pour les amener, de façon que les branchages fe rapprochent par leur extrémité. Il arrive encore à l'oranger de pro- duire des branches fortes Se bien nour- ries , qui ne font pas néanmoins des gourmands. Comme elles dérangent fa belle ordonnance y Se que l'arbre eft fuffifamment garni , il faut les fup- primer. Quantité de petits jets ont: poufle en Juillet Se en Août aux aif- feiies des branches fortes ; on a omis de les ôter lors de l'ébourgeonnement, ■& pluiieurs ont grofïi Se fe font aoutés. C'eft encore à la taille qu'ils doivent être retranchés. Les Jardiniers les calfent • pratique vicieufe , dont les fuîtes font de petites efquilles qui nuifent à l'œil voiiîn » font difformité, Se caufent, en fe fé- chant , une forte de petit chancre. On aura , l'année précédente > laiiTé des Tome IL I 15)4 La Pratique gourmands ou des branches de faux-bois a çerrains endroits garnis de bois fluets : c'eft au temps de la taille qu'on coupe ces derniers , & qu'on fe retranche fur les premiers : il faut , autant que la régularité des arbres le permet , tailler un peu long ces fortes de bois , & les charger en leur confervant quelques- uns de leurs bourgeons du bas , fauf • à les ravaler quand ils auront jeté leur feu. Au refte nous ne prétendons nul- lement qu'on leur falFe alors des plaies confidérables , foit par le rapproche- ment , foit par le retranchement de groiTes branches : ces opérations n'ont lieu que dans l'automne avant leur rentrée. Quoique nous confeillons de faire prendre aux orangers cette forme de ca- lotte ou de dôme qui plaît tant, néan- moins nous ne croyons pas qu'il faille lui facrifier leur fan té, ni leur fécon- dité. Nous dirons volontiers avec un poëte : Che^ eux un beau dé/ordre efl un effet de l'An. L'utilité peut s'allier avec une cer- taine décoration j nous connoifTons beaucoup de Jardiniers dont les arbres, ians ctre parfaitement fymmétrifés , du Jardinage. ^95 ne font point difformes , & leur rap- portent par an des fommes confidé- rables. CHAPITRE IX. De r E bourgeonnement des Orangers, Ljî. s orangers font ordinairement éclorre trois ou quatre bourgeons en- semble : c'eft le plus droit , le mieux nourri Se le mieux placé qu'il faut con- ferver. On les vifitera une fois le mois , & vers le folftice tous les quinze jours. Depuis la fin d'Août , jufqu'au temps où l'on les ferre , l'ébourgeonnement n'a pas lieu. Quantité d'Orangiftes, Se la Quintinye entre autres , s'accor- dent à" laiiTer croître la tête de leurs i arbres de fix pouces au pourtour pour chaque bourgeon de l'année , ce qui fait un pied de diamètre. Mais il s'en faut bien que cette règle foit fuivie : i fi elle l'étoit , on ne les verroit pas 1 prefque toujours les mêmes. De plus, (i un oranger augmentoit chaque année 1 >j i^G La Pratique dans cette proportion , fa tête , au bouc de (îx ans , auroit une toife de plus dans fon diamètre , ce qui en feroit trois de tour. Les orangers de Ver- failles âgés de plus de ioo ans, n'ont pas ioo pieds de diamètre , qui en feroient 300 de tour. La caufe de leurs progrès peu fenfibles , doit être attribuée 3 ou au défaut de conduite , ou aux événemens fâcheux , tels que les vents , la gelée & la grêle , qui obligent de les rapprocher de temps à autre. D'ailleurs fi tous les ans ils croif- foient d'un pied de diamètre , quelle caiiTe les contiendroit, Se quelle ferre pourroit les recevoir? Nous avons parlé dans le Chapitre précédent de certains bourgeons qui îe rabattent fur leurs inférieurs j voici comment on les ébourgeonne : ou ils font nécelfaires dans la place qu'ils occupent , ou ils ne le font point. Dans le premier cas , on les conferve, mais on les empêche de fe renverfer , 'en attachant en travers , ou perpen- diculairement une petite baguette aux branches voifines qui leur fert de tu- teur, jufqu'à ce qu'ayant été aoutés , ils ayent pris leur pli. Dans le fécond cas , on les fupprime entièrement. Il du Jardinage. 1^7 peut arriver qu'il n'y ait qu'une partie de ces bourgeons qui foit utile pour la forme de l'arbre, ou pour remplacer quelque petite poulTe voifine : on les raccoucrit alors à trois ou quatre yeux en les faifant monter droit, & ces yeux font éclorre de bons bourgeons , dont par la fuite on fait choix pour garnii l'arbre. Dans le fort de la pouffe des oran- gers au commencement de Juillet , fur-tout lorfque les années font ten- dres & humides , il paroît une mul- titude de petits faux- bourgeons mai- gres, tendres, 6c d'un vert pâle naif- fant. Ces .branches folles qui pouiTent fréquemment des aiiîelles des gour- mands , peuvent fe couper dès leur nailfance avec l'ongle du pouce. Ce qui embarraffe le pi us dans les oran- gers comme dans nos arbres fruitiers , ce font les gourmands & les demi- gourmands. 11 eft des moyens furs d'en tirer de grands avantages , & d'éviter les maux qu'ils peuvent occa- fîonner. Ils deviennent très-précieux , toutes les fois qu'ils font placés avan- tageufement, c'eft-à-dire , qu'ils n'ont autour d'eux que des pouffes chétives, ce qui les met en état de renouveler la 1 9 S La Pratique cette partie de l'arbre où ils ont pris naiffmce. Il y a pour lors deux moyens d'en faire ufage. Le premier eft de ne pas laiffcr trop grandir ces gourmands , mais de les arrêter de bonne heure pour leur faire pouffer des drageons capables de garnir la place. On les coupe à cet effet à moitié au-deffus d'un œil , d'où il arrive que pluiieurs veux du bas s'ouvrent & font éclorre 4 des bourgeons. On les ravale enfuite fur un d'eux & même fur le dernier. Celui-ci s'alonge & a encore le temps de s'aouter , Ôc l'année fuivante on taille deffus. Le fécond moyen eft de fupprimer ce bois freile quand le gour- mand eft en état de le fuppléer; ce qui eft du reffort de la taille. Je ne dirai rien de plus à ce fujet que j'ai traité ailleurs à l'occafion des arbres frui- tiers. Faire une tête aux orangers , n'eft pas l'ouvrage d'une feule taille ni d'un feul ébourgeonnement. Il faut , -durant pluneurs années , les dreffer , en leur donnant l'effor du côté où ils pondent trop , & les tenant court du coté roible , puis rabattant lors de la pouffe la partie trop forte , ôc ferrant fort près du haut -pour leur procurer une hgure ronde bu Jardinage. 199 Se régulière également par-tout. De même leur beauté confiite à être un peu haut montés , Se à avoir une taille élégante j ce qu'ils acquièrent, lorfque d'année en année on élague tantôt une branche, tantôt une autre ouplufieurs. J'ai vu des Orangiftes qui , pour avoir plutôt fait , élaguoient tout à la fois leurs arbres, dont ils faifoient par la tige ce qu'on appelle des manches à balai. .\i>S.rf***s£*-U t^ljLà ^r^g^g^r p. CHAPITRE X. Des Fleurs & Fruits des Orangers. v_y N diftingue trois fortes de bran- ches fur l'oranger , celles abois, celles à fruit , de celles à bois de à fruit tout enfemble ; les unes de vieux bois , de les autres de la pouffe de l'année pré- cédente. C'eft vers le 1 1 de Juin que les fleurs des orangers commencent à paroître , puis croiifent de arrivent a leur grolfeur de jour en jour. Quel- ques-uns en donnent dans la ferre même , de d'autres les y font éclorre y liv loo La Pratique en hiver fur-tout , fi l'on a pincé en Septembre le bout de quelques me- nues branches qui ne développeront leurs autres boutons que plus tard. Les fleurs précoces , ordinairement petites 3c fort maigres , tombent fans parvenir à leur grolïeur. Elles indiquent dans les fujets un dérangement de mécanique , d'où je conclus qu ils doivent être mé- dicamentés, taillés fort court , & dé- chargés de fleurs. Les premières qui croifTent dans l'ordre de la nature , font celles qui prennent naiflance fur le vieux bois. On les connoît aifément j au-lieu de pouffer une à une ou deux ou trois enfemble, elles font grouppées & en- raiTées. Elles s'entrepouflènt &c tom- bent fréquemment , leur multiplicité les empêche de groiHr , & elles nouent rarement. Ceux qui , autour de Paris font commerce de rieurs pour les bou- quets , en tirent un grand profit, mais les curieux Orangiftes les jettent à bas, &c prétendent qu'elles épuifent les ar- bres. Quant aux fleurs des branches de la poulie dernière , elles font grottes , longues, bien nourries, & plus com- munément placées aux extrémités que dans le bas. C'eil une des raifons qui du Jardinage. zoi empêchent beaucoup de gens de tailler les orangers au printemps après leur fortie de la Terre. Il n'y a point de règle certaine pour la quantité plus ou moins grande de fleurs à laiifer fur les orangers. Tout arbre qui n'aura point été épuifé par la fouftraction annuelle de fon bois , ne peut trop porter de rieurs , mais à celui qui eft fatigué , il ne faut point en laif- ier. On demande en quelle quantité elles doivent refter fur les arbres pour devenir oranges. Voici mon fentiment que jefoumets au jugement des perfonnes dégagées de toute pré- vention. Je ne puis voir fans douleur la quantité prodigieufe de branches qu'on abat tous les ans fur les oran- gers , dont on fait autant de fquel- lettes , pour leur faire pouffer de nou- veau bois qui aura fon tour l'année fuivante. Cette foule de bourgeons jetés à bas font en pure perte pour l'arbre , on ne peut pas dire qu'ils foient mauvais , ni que ceux qui les remplaceront puilfent être meilleurs. £n vain me répondra- t-on que c'eft pour rapprocher l'oranger , de peur qu'il ne s'emporte & ne s'étende trop. Voici un moyen plus efficace , qui 1 v 2oi La Pratique ne violente point ainfi la nature* On convient qu'un arbre vigoureux qui ne fe porte point à fruit , ne peut faire que des poutres fougueufes , mais que dès qu'il s'y met , il devient fage. Ainfi donc , qu'au-lieu de réduire les orangers prefque à rien , on leur faife porter affez amplement de fruit pour confommer la fève, cela ne reviendra- t-il pas au même ? On aura du moins un profit réel. Pourquoi la plupart de nos oranges arrivent- elles rarement à maturité , font -elles dépourvues de goût , petites , feches & rabougries ? C'eft parce qu'elles prennent naiiTance fur des arbres qu'on altère dans le principe , dent on dérange l'organi- fation par des coupes réitérées ôc des encaiffemens meurtriers , en coupant les racines , principe de toute végé^ ration. Toutes ces mutilations enlèvent à l'arbre fa fubftance , ôc opèrent le même effet que des faignées fréquen- tes faites à un homme jeune & robufte. Lorfque la fève de cet arbre ne fe por- tera plus dans des bourgeons dont on le prive inceiramment , que fes racines ne feront plus à l'air , qu'on ne le laifTera plus jeûner ôc pâtir de foif , il pouffera fagement , ôc tes fruits du Jardinage. 103 venus dans l'ordre de la Nature mu- riront Se auront furnfamment de goût, autant que nos mufcats blancs Se vio- lets , nos figues , nos melons Se nos grenades , quoique leur goût foit in- férieur à celui qu'ont cqs fruits dans leur pays natal. Oeil à l'âge , a la force , à la fanté des arbres Se à diverfes circonftances qui décident de leur état , à régler la quantité d'oranges qu'ils peuvent nour- rir. Je crois qu'on doit la proportion- ner à celle du bois que tous les ans on a coutume de leur ôter. Ainfi, par exemple , fi je juge que la fuppreiîîon que je fais annuellement des pouffes d'un oranger , peut équivaler à une trentaine d'oranges ; je lui en laide ce nombre } fi je vois que c'eft trop ou pas affez , je. me réforme. Ces rieurs doivent être laiflees dans le bas des branches près de leur infertion , & non dans le centre de l'arbre où le fruit fe- roit trop ombragé , ni à l'extrémité des branches où fon poids pourroit occa* fionner leur fracture , lorfque le vent les agite. L'oranger ayant beaucoup de difpoiition à jeter fes oranges toutes nouées , il faut lui en iaiifer nouer plus que moins 3 faux à le décharger, lvj 204 La Pratique fi leur nombre eft trop grand. On con- fervera encore les fleurs qui font plus alongées , qui ont la queue plus grolTe , &: qui fe portent vers le haut. On cueillera tous les jours la fleur d'orange , lorfqu'elle fera fermée en- core, mais près de s'ouvrir, l'après- midi fur les cinq ou fix heures , quand le foleil commencera à fe pafler, ja- mais durant ni immédiatement après la pluie. On obfervera de ne point tirer , ni caflfer , mais avec l'ongle du pouce de détacher en coupant , ôc la prenant dans fon pédicule. Je ne dis point qu'en tranfportant l'échelle dou- ble on veillera à ne point orfenfer les branches. A l'égard des oranges , depuis le temps où elles nouent jufqu'à celui de leur maturité , elles font ordinaire- ment furies arbres durant quinze mois. C'eft une des raifons pour lefquelles leurs feuilles fe confervent plus long- temps , & ne tombent point toutes à la fois ; elles ont toujours à travailler pour ces fruits. Leur féjour prouve encore leur miniftère & les fonctions- qu elles font chargées de remplir en- vers les arbres dont elles préparent Se digèrent la fève. La Quintinye prétend t>v Jardinage. 205 que les feuilles des orangers les plus vigoureux font trois ou quatre ans attachées à la branche , &" qu'aux autres elles ne reftent pas plus d'un an ou de deux. Lorfqu'on voir les oranges à leur groiTeur , vers le temps que j'ai indiqué , on les tire foiblement ; ii elles quittent, c'eft un ligne qu'elles font à leur point de maturité j fi elles réfiftent , on les laiiTe fur l'arbre. î&ÇJ^SeÇJ» CHAPITRE XL Des Maladies des Orangers , & de leur Cure, J_j e s maladies les plus ordinaires aux orangers font \ La jauni (Te. La brûlure des branches par le bout. Le dépouillement des feuilles. Les fentes êc les gerçures dans Té- corce 3c dans le bois.» Les chancres. La rouille des feuilles & de Fé- coree. La gale qui rend l'écorce grave- leufe. 2o£ La Pratique La mortalité des branches. La jaunijje. Je diftingue quatre caufes principales de cette maladie ; favoir , la trop grande quantité d'eau , foit des pluies , Toit des arrofemens j une foif exceiiive ; lé défaut de nour- riture & de bonne terre ; les racines trop écourtées , lors des encaifTemens ,. chancies Se pourries à force d'avoir été maltraitées ou mangées par les vers &c autres animaux dans l'intérieur de la terre. Quand donc les orangers (ont jaunes par trop de pluie , ou par trop d'arrofemens , il faut leur ôter la terre de deffos , avec grande précaution pour ne point endommager les racines , Se eniever pareillement celle des côtes „ mais fans foncer trop. A ces terres noyées , donr les fucs ont été dé- layés , leur en fubftiruer de fèches y en obfervant que lî la jauniiTe vient de trop d'arrofemens , on fera plus réfervé à arrofer , & que fi elle e(t caufée par les pluies , on attendra qu'elles foient paiTées. Je ne fais que deux préfervattfs contre les grandes pluies. L'un con- fifte à pencher les petits arbres , ainft que cela fe pratique à l'égard, ^s vafes. a. fleurs lors des vents impétueux x ôç du Jardinage. 207 1 les arTujétir de façon que leur tête ne touche point à tetre. L'autre eit de pofer des douves en forme d'auvent de chaque coté pour jeter l'eau de- hors. Eiles fe placent au pied de l'o- ranger fur les bords de la cailfe en- delà & en-deçà, mettant celle du bord la première qui fiiTe faillie fur les autres , comme les tuiles &c les ar- doifes. Lorfque la jauniiTe a pour caufe la négligence du Jardinier à ne pas arro- fer les arbres , il faut bien prendre garde de ne les point baigner tout d'un coup , & de ne les point noyer, mais de les mouiller peu à peu ôc à pluiieurs fois. Les arrofemens ainfî forcés , ne tiennent point , Se ne peu- vent pénétrer l'intérieur de la motte. Si les orangers .pâciifent faute de vivres eu par les mauvaifes nourri- tures qui les ont deflechés 3 on rem- placera les terres ufées ou brûlantes par du terreau vif de cheval mêlé avec celui de vache 3c de bonne terre , & ce en quelque faifon que ce puifle être. Enfin la jauniffa eft auilioccafionnée par l'encaiilement trop long-temps dif- féré y_ la foultracluon . immodérée dos 2o8 La Pratique bourgeons , la taille vicieufe , la négli- gence à ôterdans le temps la vermine. Le remède eft l'encaifTement tel que nous l'avons prefcrit , de de ne point tailler les arbres durant une année, en ôtant feulement de place en place ce qui peut faire difformité. Ils fe re- mettront indubitablement, & l'année fuivante on les taillera modérément. Indépendamment de ces caufes de la jauniife des orangers , il en eft une particulière qui n'eft qu'une fuite du mauvais traitement qu'ils ont éprouvé ; c'eft le vice des racines altérées, foit par les humidités , foit par les dro- gues maïfaifantes ôc les mixtions em- ployées pour leur faire de la terre , foit enfin à force d'avoir été mutilées, lors des encaifTemens. Le remède eft de les vifiter , &c de fupprimer tout ce qui eft noir , chanci & pourri. Après une telle opération dure , mais indifpenfa- ble ; on mettra l'arbre à l'ombre pen- dant quelque temps , & on lui don- nera de bons reftaurans. Au refte l'u- fage &: l'expérience doivent guider pour difeerner parmi tant de caufes de la jauniiTe quelle eft la véritable c De plus , on ne rifque jamais rien de changer la terre de de (Tus des oran- du Jardinage. 205 geirs : fi donc on voit qu'après toutes les tentatives qu'on a faites , la jau- nifle dure , on peut être perfuadé quelle a pour caufe la chanciiïiire ou la brûlure des racines. Brûlure des branches. Cette maladie commune à beaucoup d'arbres confifte en ce que l'extrémité des branches Se des bourgeons fe fèche &: fe noircit , comme fi elle avoit été rôtie : en la froiffant elle tombe en pouïïière noire. Son principe réfide dans la difette de fève , ou dans les mauvaifes nourri- tures : on guérit cette maladie par de bonnes terres mifes au pied des ar- bres , comme je l'ai déjà dit. La brû- lure fouvent occafionnée par celle des racines fe traite de la même manière que leur jaunifle. Le dépouillement des feuilles vient des encaiffemens défectueux , du dé- faut d'arrofemens requis , 8c de ce que la ferré eft reftée ouverte quelque temps durant les fortes gelées , ou de ce qu'ayant été mal fermée , la gelée a pénétré les arbres. 11 eft encore des caufes forcées du dépouillement des feuilles des orangers , telles que la grêle , les ouragans deuructeurs ôz au- tres. On remédie à ce mal par l'emploi no La Pratique des engrais Se des reftaurans. Comme il fe fait , de la part de l'arbre pour la reproduction des feuilles , une grande dépenfe de levé , il faut l'aider. De plus , c'eft un malade qui ne doit pas le trouver dans la compagnie de ceux qui font en fanté , ni éprouver une trop grande tranfpiration ; on le met donc à l'écart Se à l'ombre , comme dans une efpèce d'infirmerie pour fe refaire & repouiTer de nouvelles feuil- les , Se où il ne reçoive les rayons du foleil que deux ou trois heures par jour. Il y a une obfervation à faire par rapport à la grêle Se aux ouragans : la première attaque le bois des orangers, y produit des contufions Se des meur- truTures , elle le hache fouvent Se le brife. Les ouragans par leur fecoufife violente cafTent les branches , les écor- chent , Se les froideur en les agitant violemment les unes contre les autres» Si on laiffe toutes ces plaies fans les panfer , l'arbre n'eft plus par la fuite qu'un compofé de chancres qui le ca- rient. Il faut alors recourir a l'onguent de Saint Fiacre , comme il a été déjà dit, après avoir coupé toutes les ef- quilles occafionnées par la rupture. du Jardinage. 211 Les fentes & les gerçures ont diver- fes origines. Un oranger eft extrême- ment vif, la quantité de fève envoyée des racines dans la tige , ne peut y être contenue , alors (on écorce & fouvent celle des groiïes branches fe fend. Dans ces circonstances , un Jardinier intel- ligent doit d'abord bien charger un tel arbre à la taille & à rébourgeon- nement , enfuite prévenir ces fentes par la faignée , 8c faire ufage du topi- que ordinaire. D'autres fois la peau fe lève après des plaies non foignées , ou après un chancre qui aura carié. Le remède eft de couper tout l'endroit mort avec la pointe de la ferpette , d'aller jufqu'au vif, & d'employer en- fuite l'onguent de Saint Fiacre. Les gerçures ne font que. de petites cre- vaifes à la peau ou à la partie ligneufe entamée par quelque caufe que oe puiife être j quand on a coupé de grof- fes branches fans avoir fait ufage de topique , ou même lorfqu'on y a ap- pliqué la cire verte dont le propre efr. de les faire gercer. Il eft d'autres ger- çures naturelles & accidentelles. Les premières font de petites ouvertures qui furviennent a la peau de la tige ou des branches , quand le fuc no m*- an La Pratique ricier la dilate en la pouffant intérieu- rement pour fe faire jour ; ces gerçures font à defirer, & il n'y a rien à leur faire. Les fécondes proviennent de la gelée qui a affecté quelque partie de l'arbre ; alors h première peau fe lève ôc fe fépare , fe replie 6c fe recoquiile en différens endroits : on coupe exac- tement ces efpèces de petits copeaux faillans. Les chancres font de certaines taches brunâtres ou noirâtres à la tige & aux branches des orangers , dont la peau eft morte jufqu'à la partie ligneufe , quoiqu'elle ne foit pas enlevée. La plu- part de nos orangiftes prennent ces taches livides pour des nuances de la peau , Se ne font détrompés 3 que lorf- que dégénérant en ulcères corrofifs , elles l'ont cariée & fait lever. Dès qu'on aperçoit ces taches livides , on les fonde jufqu'au vif avec la pointe de la ferpette 3 8c on les couvre de notre onguent , préférablement à la cire verte. La rouille n'eft qu'une flétriffure des feuilles, accompagnée de taches livides éparfes fur la peau. Sa caufe eft in- terne ou externe. La première con- fifte dans une humeur viciée provenant du Jardinage. 215 de mauvaifes nourritures , ou du dé- faut de nourriture , elle indique elle- même le remède. La féconde vient du froifTement des feuilles ; les ouragans, Î>ar exemple , leur font des contufions, a grêle les perce ou les frappe vive- ment , & un foleil trop ardent les brûle : alors on voit fur les feuilles quantité de ces taches livides &c bla- fardes. Nul remède que dans l'attente des feuilles nouvelles ; on choifîra auflî un autre emplacement où l'arbre foie à couvert des ouragans 8c du trop grand foleil. La gale. Cette maladie des orangers, fort commune aux poiriers de beurré e s ennemis font de deux fortes , animés & inanimés. Les inanimés font les gelées , la grêle , les ouragans, les vents coulis hors de la ferre & de- dans. Les ennemis animés ou vivans font les pucerons , la punaife , la four- mi, les perce -oreilles , la mouche noire. Les gelées. Les orangers gèlent de deux façons , ou dans la ferre faute de foin , ou dehors , foit qu'on fe foit trop preife de les fortir, foit qu'on ait négligé de les rentrer dans le temps convenable. Le dépouillement des feuilles en eft le premier effet , & la peau fe lève enfuite aux parties gelées : on eft alors obligé de recourir au der- nier remède , qui eft de les récéper , foit en total , foit en partie. Tout oranger gelé doit être mis à l'infirme- n6 La Pratique rie , & aidé de bons engrais , tant que dure fa convalefcence : des branches gourmandes Se beaucoup de chiftonnes percent de toutes parts au vieux bois; fi celles - là font placées avantageufement , on les confervera , fans quoi on fe retranchera fur le bon bois qui peut fe trouver ailleurs \ quant à celles-ci il faut les élaguer > Se fe rejeter furies meilleures. On dirige un oraneer gelé , de ma- niere a lui former une tête. Mais parce qu'il n'a pas pou (Té à l'extrémité des bois récépés, Se qu'il y a grand nom- bre de chicots , on le rapproche , en faifant fa coupe l'année fuivante aux endroits où il a fait éclorre des bran- ches , Se on lui donne une figure ronde en taillant les bois fuivant leur force. Au mois de Mai on ravale ceux qui ont été plus alongés que les autres > on les ravale , dis-je , fur les pouifes in- férieures pour les égaler aux autres , en les coupant net Se toujours à un œil. Si au contraire on les taille tous de la même longueur , les forts bois taillés très-court, n'ayant que très-peu de bourgeons à nourrir , ne manquent pas de faire des pouffes prodigieufes , tandis que les foibles n'en font que de du Jardinage. 117 de fluettes. Voilà le moyen de parve- nir à dreffer & à former {on arbre. La grêle & les ouragans. Voyez ce qui a été dit plus haut à l'occafion des càufes forcées du dépouillement des feuilles. Les vents coulis hors de la ferre Se dedans. Nous avons parlé de ceux-ci , il nous refte à dire un mot de ceux-là. Il eft des exportions , quoiqu'au levant de au midi , où les vents de galerne n'ayant rien qui les arrête , agitent violemment les orangers. Lors des ge- lées tardives de la fin de Mai , ils font pris de côté Se brouis , leurs pouffes tendres étant alors plus fufceptibles de l'imprelfion de ces vents piquans. On. peut leur afîimiler d'autres vents ra- battus Se renvoyés par un bâtiment voifin ou un appentis trop proche ex- I pofé au nord ; ils fo uftlent par contre- coup les gelées blanches très-nuilibles aux orangers. De telles pofitions ne leur conviennent nullement. Les pucerons. Sans parler ici de quan- tité de recettes meurtrières , telles que l'eau féconde, le poivre , le tabac , le vinaigre , la chaux Se autres ingrédiens dont des Charlatans font différentes compofitions , je dirai Amplement Tome IL. R 2iS La Pratiqui qu'il n'y a qu'un feul remède contre les pucerons j favoir , de frotter avec de petits linges doux les branches & les feuilles qui en font attaquées. En vain les Jardiniers fe récrient fur la longueur du panfement ; c'eft. l'unique moyen de fe débarraffer de ces infeâes - devtructeurs. La punaife ronge les feuilles & les noircit ainfi que les branches avec fa fiente , comme fi on y avoit mis du noir de fumée. Cette gale-infe£te fort petite Se très-difficile à apercevoir , fe cache fous la partie inférieure des feuilles 3 dès qu'il vient de la pluie. C'eft moins le défaçrément d'avoir des arbres hideux qui doit engager à la détruire , que le préjudice qui en réfulte. Un oranger attaqué par la punaife, maigrit, fa peau fe deheche, il porte peu de rieurs Ôc de fruits , fes feuilles tombent fouvent , l'incrufta- tion de la fiente de l'animal bouche fes pores & les ferme aux influences bénignes de l'air , il dépérit quelque- fois au point , que quantité de les bran- ches meurent fucceiîivement. Tels font les principaux e frets de la préfence de cette gale-infecte fur les orangers j effets dont tous les Jardir du Jardinage. 219 nïers font témoins , & qu'en vain ils déplorent chaque jour. Le remède néanmoins eft auiîi (impie que facile , il a lieu foit que les arbres foient de- hors ou dans la ferre : le temps le plus propre pour l'employer eft après la pluie ; Se dans le cas où il fait iec , on humecte l'arbre à plufieurs reprifes , avec des arrofoirs verfés de haut. Ayez deux féaux, l'un plein d'eau & l'autre vide , avec une petite & une grotïe éponge : la petite fert à laver les moin- dres branches , leurs aiifelles , 8c les feuilles tant deflus que deflous : avec la féconde , vous nettoyez en frottant un peu fort les grolfes branches ; & à meiure que vous lavez , vous prelfêz fortement les éponges dans le feau vide. Vous rapporteriez fur l'arbre les œufs de ces animaux, fi vous les ex- primiez dans le feau plein d'eau. Lorf- que le vide eft rempli d'une eau fale éc noire , portez-la au loin. Dans le cas où Pincruftation du noir fur la peau des branches réfifteroit au frottement réitéré , yous vous ferviriez d'eau da leflive qui étant corroftve, feroit lavée enfuite avec de l'eau (impie. On peut aufli les frotter avec une broife trem- pée dans du vinaigre , ou dans de l'eau, Kij no La Pratique après y avoir délayé du fiel de bœuf, ou y avoir fait infufer des herbes odo- riférantes. Je ne fais h* je dois parler d'une drogue très-propre à détacher le noir de defïus l'oranger j mais qui demande des précautions infinies , beaucoup de dextérité , & une célérité fmguiière pour s'en fervir fans rifque ; c'eit le favon noir. Dans une pinte d'eau met- tre un quarteron de favon noir , le bien délayer avec un bâton , frotter les gros bois avec une broiTe à peindre , trempée dans cette eau , puis aufli-tôt qu'ils auront été imbibés prendre une éponge pleine d'eau commune & les laver. Loin de fe contenter d'une pre- mière fois ni même d'une féconde , il faut réitérer cette opération auili fouvent qu'elle eft nécefïaire pour ren- dre l'arbre net. On peut être auiîi obligé à la continuer durant deux ou trois ans , parce que quelque précaution qu'on prenne , il échappe toujours plufleurs œufs qui éclofent dans la fuite. Si la première opération eft un peu longue > les fuivantes exigent peu de temps. Après que dans l'automne ôc a& du Jardinage. m printemps on a bien nettoyé fes ar- bres , on trouve en Avril & en Mai des coques d'environ trois lignes fur deux , appliquées fur l'écorce des vieux bois , dans laquelle eft renfer- mée fous la peau qui les couvre une forte de bouillie blanchâtre , d'où naif- fentles punaifes quand elle a fermenté par la chaleur. On ne les détruira qu'en les frottant avec des linges fouples. La fourmi. On peut confuiter ce que j'ai dit des dégâts prétendus qu'on at- tribue à cet infecte. Je crois que tout Maître fenfé s'y rendra. Les Jardi- niers qui mettent des phioles & des papiers enduits de miel & de fucre pour attraper les fourmis , ne font que les attirer de plus en plus ; de même les viandes cuites ou crues , les oifemens d'éclanches , les falines dont elles font friandes ne réutlirent jamais. Elles font à leur égard le mê- me effet que le puceron ; favoir de les amorcer au point que pour un millier qui s'y attrape , il en vient plufieurs. Quelques curieux prétendent em- poifonner les fourmis en frottant avec du tartre la tige des orangers à la Kiij m La Pratique hauteur de fix pouces. D'autres gar- niiferçt les bords des cai(Tes de marc de caffé féché au foleil ou au four. Le plus grand dommage que ces infectes cau- sent aux orangers , c'eft d'entrer dans les caiiTes par les ouvertures des plan- ches & fur-tout par celles du fond \ là , elles pratiquent des réduits Se mettent les racines à l'air : Ç\ les ar- bres font petits ,il ne fautpashéfiterde les décailler Se de tremper leur motte dans l'eau. Si leur grandeur ne le per- met pas , on parviendra à chaffer les fourmis des caiffes en fouillant exac- tement par-tout où il eft néceiTaire ; on aura foin enfui te de bien boucher les trous avec de bonne terre. Au moyen des terrines pleines d'eau qu'on place fous les pieds des caiiTes , on ne les appréhende point : elles fervent aulîi à éloigner d'autres infectes , qui ne manqueroient pas de s'arrêter lue les arbres. Les perce-oreilles font des animaux nocturnes qui mangent les feuilles par - deifous , Se les découpent en forme de dentelle. J'ai donné un moyen fort fimple pour les prendre. Les TTwuches. Il eft une forte de petite mouche brunâtre , qui par ca- du Jardinage. 22$ price ou par prédilection s'adonne à certains arbres , & même aux vignes en efpalier Se en contrefpalier. Elle y abonde tellement , qu'en peu de temps fa fiente noircit le gros bois , les branches, les feuilles & jufqu'aux fruits. Non-feulement l'oranger n'en eft point exempt , mais fouvent il en devient tout noir. L'unique remède eft de le laver &: de l'éponger , comme pour la punaife , avec un peu d'eau de lelïive , ou de favon noir , dès qu'on s'aperçoit de la préfence de l'animal fur l'oranger. .i^ ^=g?effi^ e ■■•■ ■ > CHAPITRE XIII. Lifte des Orangers que nous cultivons. 1. JLj I MO N dulce , medullâ vulgari, folio variegato. Limon doux à feuilles panachées. 2. Limon folio anguftijfimo , fruclu variegato. Limon à feuilles très-étroi- tes y ôc à fruit panaché. 3. Limon folio cerafi y feu limonet, Kiv 224 La Pratique cerafî minore folio % Limon à feuilles de cerifler. 4. Limon déganter aureo & pallido varifgatum , fruclifer. Limon tranché d'un jaune pâle , & à fruit. 5. Limon ehganttr aureo & pallido variegatum, nonfrucliferens. Le même ne portant point fruit 6. Limon fruBu quercûs. Limon dont le fruit imite le gland. Ces efpèces viennent de Hollande 3c d'Angleterte. 7. Citron de la Chine, a la feuille très-petite , d'un vert blanchâtre , le ftuit fort petit , en forme de toupie. 8. Citron aigre à feuilles panachées, le fruit à l'ordinaire provenant d'un pépin qui a panaché. 9. Citron d'Italie , il a le fruit a l'ordinaire & de belles feuilles d'un vert de pré. 10. Citron de l'Amérique , a la feuille étroite 8c longue , fon fruit eft petit, 3c en fufeau. 11. Limon Challi , à feuilles lon- gues de larges , tant foit peu épaifTes , ion fruit eft long , Se fon écorce. épaiffe. 1 1. Citron Mcllarofa 3 fa feuille a une odeur de rofe , fon fruit eft citron. du Jardinage. 225 Les fuivans font des efpèces de vrais citronniers , mais on ne les dif- tingue que par la variécé du feuillage, plus long , plus large , plus épais, ou plus dentelé ; il en eft beaucoup qui n'ont eu ni fleurs , ni fruits , les arbres étant trop foibles. 15. Citrons extraordinaires, tant pour la figure de l'arbre que pour le feuillage Se le fruit, favoir les 14, 25,16, 17 & 18. i«j. Citron Perrette , dont le fruit eft en fufeau , la feuille aîongée par les deux bouts , &c étroite. 20. Autres Citrons extraordinaires, favoir les 2 1 , 1 2 , 2 3 Se 1 4. 25. Citron à cote, ou limon de Calabre , la feuille eft large , longue Se pointue , Se le fruit en toupie, quoi- qu'il côte. 26. Autres extraordinaires encore 5 favoir , les 27 , 28 Se 29. 30. Citron fauvage. 3 1 . Autre Citron extraordinaire. 32. Citron de Saint Cloud, fa feuille eft ronde par le bout, Se étroite de- puis le pédicule j le fruit eft limon doux. 33. Citron blanc à rieurs doubles, le fruit eft moins long que Toidi- Kv 2i6 La Pratique naire , la pouffe en eft blanche. 3 4. Citron extraordinaire , dont la feuille eft faite comme du chagrin Se de figure ovale. 3 5. Citron extraordinaire, dont les feuilles relfemblent à celles du cèdre du Liban , épaiffes , longues Se arron- dies par le bout } le fruit d'ailleurs eft comme les Citrons ordinaires. 3 6. Citron doux d'Efpagne , il a la peau violette , Ôc la feuille d'un beau vert de pré. 37. Citron blanc d'Efpagne a la peau blanche , Se fon fruit eft plus pâle que les autres. 3 S. Autre Citron particulier Se extraordinaire pour les nuances , la figure Se les feuilles. 3 9. Citron bergamotte , dontle fruit eft plus court que celui des citron- niers ordinaires. Sa feuille eft aufti plus courte. 40. Citron de Nointelle , qui ap- proche beaucoup du Citron Perrette , pour fa feuille étroite Se longue, ainu* que pour fon fruit. 41. Citron de Madère. 41. Citron mufqué. 43. Limon chéri.- 44. Citron Gayetan. du Jardinage. 2.17 Les oranges fuivantes qui font de diverfes efpèces , fe connoifTent par la feuille de bigarade , à la réferve de leur pédicule auiti court qu'étroit 5 Se par le corps du fruit , qui eft très-lilTe ; ce font les oranges que l'on crie dans les rues de Paris , & qu'on appelle Oranges de Portugal j elles font au nombre de treize. 45. Orange lifïe , aigre-douce , fes feuilles font comme la bigarade , hors le pédicule qui eft plus étroit. 46. Orange lifle 8c douce ; le fruit &: la feuille reffemblent à l'orange de Portugal. 47. Orange lilTe , cornue , de même que celle de Portugal , excepté qu'il y a des excrefcences fur le fruit. 48. Orange lilTe , fauvage , aigre ; on penfe que c'eft un fauvageon de Portugal. 49. Orange lifTe , étoilée ou cou- ronnée. 5 o. Orange provenant d'une mar- cotte , ou plutôt d'un pied mis en terre , d'un oranger particulier. Elle reftemble fort aux précédentes. 51. Orange dite fimplement de Portugal. 5 1. Orange rouge de Portugal , Kvj n$ La Pratique ainfi appelée à caufe de fa couleur , on la nomme orange grenade. 55. Oranger à feuilles de Laurier. 54. Oranger à feuilles dorées. 5 5. Oranger à feuilles panachées 3c argentées. 5 6. Oranger de Nointelle à feuilles longues, quoique fon fruit foit orange de Portugal. 5 7. Oranger à rieurs doubles. 5 8. Oranger de Gênes à feuilles de plufîeurs couleurs , mérite d'être placé clans un jardin , à caufe de leurs beautés. 59. Bigarade ronde. 60. Bigarade cornue 'y fa fleur a jufqu a huit pétales , Se d'autres fort étroites , qu'on prendroit pour des examines , il elles contenoient des poufïières. 61. Bigarade fauvage , ou fauva- geon de forme presque fphérique. 61. Bigarade violette à fruits vio- lets , dont la pouffe & l'œil , ainfî que .la fleur , font violets. , 6$. Réga , ou Orange Suiffe. Son fruit eft tranché de blanc , ainfî que la feuille &: le bois. 64. Orange Turque, fa feuille efl Éordée de blanc y elle eft raccourcie , dv Jardinage 2.1$ en pointe & large par le bout. 65. Aurantiumfruàu quercus. Oran- ger à fruit femblable à un gland. 66, Aurantium curajjavicum verum, 6j. Limas minima , curajfavica vera* Lime très-petite. Ces trois efpèces font venues d'An* gleterre ôc de Hollande. 6 8. Riche dépouille à feuilles rondes frifées. 69. Riche dépouille à feuilles poin- tues , frifées. 70. Riche dépouille a feuilles pa- nachées , argentées & frifées. Les quatre Orangers ci-devant ont les feuilles d'un beau vert, Se les plus petites de tous : leur fruit eft bon à manger. 71. Orange aigre de la Chine , ou fauvageon , fes pépins font comme ceux de l'oranger Chinois. 72. Orange douce de la Chine. 73. Orange de la Chine , les feuil- les panachées &c argentées, le fruit tranché de panaches. 74. Orange de la Chine , aufli à feuilles panachées , dorées , le fruit tranché de jaune. Ces variétés d'o- ranges de la Chine ont toujours l'air malade , de leur fruit mûrit rarement», *5° La Pratique 75. Oranger nain dont le fruit eft gros comme une mufcade, fes feuilles font petites , viennent par paquets , de fes fleurs font fi proches quelles couvrent les brandies. y 6. Pampelmoes du Levant , ou Shaddock, 77. Pampelmoes de l'Amérique, ou Shaddock, 7S. Pampelmoes des Barbades,ou Shaddock > qui n'a point d'épfnes , comme les Shaddock. Son fruit, de même que fa feuille , a le pédicule très-large , elle eft épaiiTe Se ovale. 79. Pampelmoes à feuilles pana- is' cnees. 80. Hermaphrodite de trois ef- pèces. 81. Autre hermaphrodite de cinq cfpèces. 8i*. Hermaphrodite de Provence. 83. Hermaphrodite à feuilles pa- nachées. 84. Cédrat fans épines. 85. Cédrat ordinaire. 86. Cédrat mellarofa , fa feuille fent la rofe , fon fruit eft rouge , ayant le nombril très-court. 87. Cédrat du Liban , à feuilles longues , ovales Se épaiffes j fa fleur » au Jardinagi, 23 1. eft grotte , fon fruit eft du cédrat &: chagriné. 8 8. Mellarofa à fleurs blanches \ fora fruit eft ovale comme celui delà biga- rade jaunâtre. 89. Poncire commun. Sa feuille aufîî épaifte que celle du balotin , eft un peu plus longue. 90. Poncire blanc. Le bois, la peau & la fleur font blancs , fa feuille eft ronde ainfi que fon fruit. 91. Poncire violet. C'sft le plus beau fruit, fon bois eft court j il ne forme pas une belle tête. 91. Poncire figuré comme le com- mun , fa feuille eft un peu plus longue. 93. Lime douce a la feuille d'une Belle forme , le fruit d'une peau lifte couronné par une tête qui avance. 94. Lime aigre , fauvageon de la lime douce. 9 5 . Balotin d'Efpagne ,, le fruit eft rouge & gros , la feuille ronde ôc épaifte , la fleur violette. 96. Balotin commun, le fruit plus petit , la feuille comme celui d'Ef- pagne. 97. Bergamitte orange , dont le fruit eft rond ôc bon à manger. i^z La Pratiqvi 98. Bergamotte à côte, dont le fruit eft aufîi à côte , & jaune pâle quand il eft mur. 99. Bergamotte mcllarefa^ de même que le mdlaroja^ à l'exception qu'il n'a point d'épines. ioq. Pommier d'Adam , de Paris, fon fruit eft beau , la peau eft lifte , &: fa feuille alongée. 101. Bigarade fans pépins ; il eft des fruits où il s'en trouve , & d'antres où il n'y en a pas. 102. Orange lifte fauvage , dont le fruit eft doux & le bois garni d'é- pines. 103. Orange jumelle , efpèce d'her- maphrodite , dont les feuilles varienr. 104. Limon de Portugal, ou citron orange , bon fruit , plus arrondi que le citron. 105. Orange lifte , fans pépins, dent le fruit eft bon , dans d'autres il y a des pépins. 136. Cedron , petit citron qui a la feuille de cèdre. 107. Cèdre imitant le cedron, mais fa feuille eft un peu plus longue. 108. Aurantium angujlifolium y fa- llx di&um. Oranger à feuilles étroites y comme celles du faule, du Jardinage. 133 109. Aurantium eodem folio & fruclu variegato , medullâ du Ici* Le même, doux. 1 10. Aurantium folio acuto , crifpo^ fruclu magno , mature viridi. Oranger à feuilles pointues , & épahTes , fon fruit eft gros , & hâtif. iii. Aurantium flore rubro* Oran- ger à fleurs rouges. 111. Aurantium fruclu limonis. Oran-> ger à fruit femblable au limon. 113. Aurantium à cojla* Oranger dont le fruit efl à cotes. 114. Aurantium fyiveflre , folio & fruclu elegantifjîme variegato. Oranger fauvageon , dont la feuille de le fruit font très-bien panachés. 115. Citreum vulgare , vulgb Cedro Indicus odoratiffimus. Citron commun, nommé Cedron Indien. ii(j. Limon flore pleno. Limon à fleurs pleines } il fleurit fouvent dou- ble , mais toutes fes fleurs ne le font pas toujours. 117. Limon fruclu cucurhitd. Limon à fruit imitant la citrouille. 118. Limon fruclu maximo , Cedro grandiffimo hondoloto. Limon dont le. fruit eft très-gros. 115?. Limon Saint Dominique, 2j4 La Pratique 120. Limon St. Bardonicis Ferrara. ni. Limon folio longiffimo Van- ^anten. Limon à feuilles très-longues. 122. Limon /ongo folio , crifpo. Li- mon à feuilles longues & épaules. 123. Limon racemofa. Limon dont le fruit eft en forme de grappe de rai fin. 124. Limon ftriata , vdincannellata. Limon cannelé. 125. Limon fpadafora Hifpagna , vel pererto Cedrato* Limon d'Efpagne à épines. 126. Limon feu limonet ex hortu Daminu 127. Limon , feu limonet , foliis un- dulatis. Limon à feuilles ondées. 128. Limon frucîu obïongo. Limonet de marais. Le fieur Lapipe , Jardinier du Pa- lais Royal à Paris , de qui nous te- nons la préfente Lifte , obferve que quelques petits citronniers ont rap- porté des fruits affez variés , mais que ces efpèces trop délicates n'ont pas long-temps vécu. Il préfère pour le coup d'œil Ôc la beauté des fruits , nos anciennes efpèces ; favoir : Le Poncire violet, fa fleur eft: groffe êc violette, par bouquets, le dedans du Jardinas!. 135 eft blanc , il a quatre ou cinq pétales à chacune de fes rieurs. Son fruit alongé en forme de toupie , n'eft bon qu'à confire , fon bois eft court , fa feuille ovale , arrondie & épaifTe , la poufTe eft violette. Le Cédrat de Florence donne un fruit très- gros, fa fleur & fa poutTe font violettes } il y a quatre pétales à la fleur garnie d'un piftile , fes éta- mines font comme celles de tous les autres citrons : il demande à être bien expofé, afin que fon ^ruit , bon à con- fire , murifTe & grollUTe. Le Balotin a la feuille d'une belle forme , large de alongée. Il fe dif- tingue parmi tous les citronniers , par le bourrelet qui fe forme à la greffe , de même que par fes pouf- fières. Le pommier d'Adam , de Paris , qui eft une bonne bigarade 3 a la feuille un peu plus longue. Le fruit eft très- fort , & garni d'excrefeences rondes qui fortent à droite & à gauche , 8c la fleur eft très-belle par l'épaifTeur de fes pétales. La Bigarade à fleurs doubles porte un fruit à cote & par tranches , mar- quées par enfoncemens. 12,6 La Pratique Le Cèdre du Liban , forme un beau fruit approchant du Poncire. Sa feuille eft longue & épaiiTe , 8c fa fleur violette 3 gro(Te 8c blanche en même - temps , quand elle eft ou- verte , comme tous les autres citron- niers. Le Limon de Calabre , ou gros Limon , donne un très-gros fruit , mais il charge peu , 8c n'eft bon qu'à confire. Il fe diftingue par une feuille très-large 8c épaifte en pointe. Les Orangers de Portugal que nous nommons Portugais , font dirférens de la bigarade par le pédicule de la feuille qui eft court 8c étroit , la bigarade l'ayant en forme de coeur 'y {on fruit a l'écorce fine , 8c les fibres de la peau très-deliées ; elle eft ex- cellente à manger. C'eft l'orange ap- Î>elée de Portugal que l'on crie dans es rues , 8c que quelques Fruitiers nomment orange de Malte. Il n'en eft point qui ait auflî bon goût. Mais les meilleures Oranges , font les hermaphrodites à cotes , de cinq efpèces toutes variées : les feuilles des arbres qui les portent , font d'un côté feftonnées jufqu'à l'arrête du milieu., leur fleur eft violette. C'eft de cette du Jardinage. 237 cfpèce que font forties quantité d'autres. Quand l'arbre poulie vi- vement, il arrive , (1 l'on n'y prend garde , qu'il s'emporte fur une même efpèce , & que l'hermaphrodite périt. Le Pampelmoes , ou Populeum , porre la plus belle fleur de tous par fa forme de grappe , par l'épaiffeur de fes pétales , de par {on fruit qui eft aufîi le plus gros. Son écorce eft liflTe , & les fibres en font très-fines. On le diftingue par le pédicule de la feuille , qui eft quelquefois aufli large que la feuille même , toujours chiffonnée & comme crifpée. Le S haddock eft un fauvageon du Populeum ; il a des épines , 8c l'autre n'en a pas. Les Habitans de l'Amé- rique ont donné à cette efpèce d'o- range , le nom du Capitaine An- glois, qui l'a apportée des Indes Orien- tales. La Lime douce eft un fort bon fruit. Ses feuilles font toujours un peu jaunâtres , quoique l'arbre fe porte bien. Elle eft très - bonne à faire la limonnade , ainfi que les au- tres citrons. Le Riche dépouille a la feuille ronde 8c frifée j il eft petit 8c fou- i$8 La Pratique du Jardin. vent dégarni : rarement lui voit-on une belle tête quand il eft un peu fort : fes fruits viennent par bou- quets , de font bons a manger. *tf«SW> \4? **%# nTTTf""""""L1niiniiF"" """"■'" ■— ' — 15? : T î\ï P» x a"TTTTm"" luimmilmii <<'<" "" 1 1 1 H "*'""■■""' HT I ' I HT I ' I ■■*" "'* TRAITE DES CHOUX-FLEURS. Ioutes les terres ne font pas pro- pres aux choux-fleurs. Le moyen d'en avoir en quelqu'endroit que ce puifle être , confifte à n'en jamais femer ni planter que dans une terre factice ; c'eft-à-dire , d'employer dans les ter- reins humides & pefans le terreau vif de cheval ; celui de vache dans ceux qui font légers, fecs & fablonneux, «Se d'en remplir les trous où doivent être plantés les choux-fleurs. On en diftingue de trois fortes , le tendre ou le printanier , le dur &c le demi-dur. Le premier qui ne dif- fère du dur que par fa tige plus déliée , fe fème fur couche à la An de Janvier , pour être replanté en Mars 14° La Pratique 5c mangé en Mai. Quinze jours après on fème le chou-fleur demi-dur, qui fe trouve bon entre les deux autres efpèces. Le dur eft le plus eftimé. On eft dans l'ufage de le femer fur couche à la Saint Rémi , &c de le re- piquer fous cloche le long d'un mur a une bonne expofition , où il refte jufqu'à la fin de Février. On le re- pique alors fous cloche , & a la mi- Avril on le met en pleine terre. La culture des choux-fleurs deftinés pour l'automne Se l'hiver eft plus (im- pie. On en feme la graine au mois de Mai le long d'un mur expofé au nord & au couchant , & on y laifle fortifier le plant fans autre foin que de le mouiller & de le farder jufqu a ce qu'il foit en état d'être replanté en place. On le mouille amplement en Juillet &: en Août , & il eft bon depuis Octobre jufqu'en Décembre. On peut avoir des choux-fleurs au moins durant neuf mois de Tan- née en les femant de quinzaine en quinzaine fur couche Ôc en pleine terre j fur couche depuis la fin de Janvier jufque vers la mi-Avril , ou le commencement de Mai , &C en pleine terre depuis la mi-Avril jufqu'à la pu Jardinage. 141 la fin d'Août , ceux-ci pour paflfer l'hi- ver , afin d'être bons au printemps fui- vant. Par le moyen des cloches & des chalîis on les avance bien plus qu'en pleine terre. Quand on n'a ni chaiîis ni ferre chaude , on garantit les choux- flsurs des gelées , en les femint fur du ter- reau vif dans des caiifes de bois de chêne d'environ trois pieds de lon- gueur fur deux de large , & un demi- pied de profondeur. Elles doivent avoir une main de fer à chaque bout pour en faciliter le tranfport , ou des cram- pons doubles , comme ceux des chaifes à porteurs , dans lefquels on pa(Te deux bâtons. Ces caiifes portatives relient dehors tant qu'il ne gèle point, ou que les pluies ne font pas trop longues. On les place près de la ferre , a l'expofition du midi, & on les rentre tous los foirs jufqu'au commencement de Mars. On met alors les choux-fleurs en pleine terre au pied d'un mur fitué au midi , à deux pieds au moins dediftance d'un arbre à un autre , & on eft fur d'en avoir à la fin de Mai & durant les mois de Juin Se de Juillet. A l'égard de ceux qui n'ont point de ferre, ils femeront en Août de Sep- Tome IL L 1^.1 La Pratique tembre , puis en Mars des choux-fleurs tous les quinze jours en petite quanticé Se fort clair , fur une couche fourde d'un pied de profondeur fur quatre de large &: expofée au midi. La terre for- çant de la fouille de cette couche fer- vira à lui former un ados par derrière. On attendra pour femer & planter que le fumier dont on aura rempli la fouille ait jeté fon grand feu , 6c on le foulera plufïeurs fois, en le plaçant par lit pour Former la couche qui confervera plus long-temps fa chaleur & s'afFaiffera beaucoup moins. Sur cette couche on femera à la fin de Septembre & au commencement d'Octobre des choux- fleurs qui y parferont l'hiver , & pour- ront être repiqués au pied d'une mit- raille au midi. Pour préferver du froid , la couche & le plant qui eft au pied des murs , on fera un bâti tout autour avec des piquets & des gaulettes , tant en tra- vers , qu'en long , fur lequel on éten* - dra des paillailons avec beaucoup de menue litière. Cette couche doit être plus haute par-derrière que fur le de- vant , afin d'avoir plus directement les rayons du foleil, & de faciliter l'é- coulement des eaux : on la réchauf- du Jardinage. 245 fera aufïi dans le temps en la plom-- bant. Si l'on veut avoir des choux-fleurs . A planter le chou-rieur jufqu'au collet , autre- ment dit le nodus , qui eft immédia- tement au-deiïbus des premières feuil- les. 20. A examiner s'il n'eft point bor- gne , c'eft-à-dire , fi à l'extrémité de la tige il y a un œil ou un bouton : il n'y a pas de pomme à efpérer fur tous ceux à qui cet œil manque. 3 °. Il en eft de même , fi la feuille fervant de mère- nourrice à l'œil pour former la pomme fe trouvoit caflfée ou arra- chée j c'eft parce qu'on ne fait pas cette obfervation , qu'il y a tant d' avortons. 4°. Vifiter chaque plant de chou-fleur, Liv H$ La Pratique afin de voir fi le tronc ou les racines ne font point viciés , pour avoir été ronges par les vers blancs , ou par d'au- tres animaux , tels que les limaces. îe. Pratiquer à leur pied un bafïin de la largeur d'un chapeau fur deux pou- ces de profondeur , un peu en pente. 6°. Enfoncer par conféquent fon plant pour que le collet fe trouve à fleur du fond de ce baflin. 7?. Arrofer le chou- fleur de deux jours l'un , durant les lon- gues fcchereffes , après que le grand foleil fera parte , excepté lorfqu'il a plu abondamment. Trois fortes d'infectes entre autres attaquent le chou-fleur , Se lui font la guerre au-dehors ; favoir, les puce- rons , les lifettes Se les chenilles , Se dans terre les vers blancs, les limaces Se les courtilières. Les infectes du de- hors rongent les feuilles Se le font avorter : dans terre les vers blancs & autres piquent les racines Se le tronc. Les pucerons n'attaquent ce légume que quand il eft petit & tendre. Alors il faut prendre un linge fort doux , Se efïuyer le deffiis Se le deiïbus de cha- que feuille , ainfi que leurs queues Se la tige : il peut avoir quatre , cinq ou fix feuilles , Se par conféquent ce du Jardinage. 14^ n'eft point un travail long & pénible. Il en eft de même de la lifette : c'eft une efpèce de hanneton volant , de la groiïeur d'une puce , Se qui s'at- troupe comme le puceron , avec cette différence que celui-ci eft un animal tranquille, qui refte où il s'attache, &c que celle-là va &c vient. La lifette n'attaque guère le chou-fleur, que lors de la fécherelle , &c comme elle craint l'eau, il n'y a pas de moyen plus fur pour s'en débarraflerque de le mouiller cinq ou fix fois le jour fuperrtcielle- ment } quelques Jardiniers , après avoir arroié , jettent de la cendre fur le plant de chou- fleur. Je n'en, ap- prouve point l'ufage , elle eft corro- five , & forme une incruftation fur la feuille , contraire à l'admitlion des rofées de la nuit ôc des influences du ciel. Je pïéférerois la miette de terre , dont l'eftet feroit le même contre l'a- nimal , ôc qui du moins porte avec elle des fucs qui dédommagent en quelque forte de la privation des bien- faits de l'air* A l'égard des chenilles, il n'y a qu'un feul moyen de les détruire y favoir d'aller tous les matins lors de la rofé.e les prendre & les écrafer. 250 La Pratique Trois fortes d'animaux font périr le chou-fleur dans l'intérieur de la terre j favoir , les vers biancs , les li- maces &c les courtilières. L'unique ex- pédient pour l'en garantir eft de les épier Se de les tuer. On voit un pied de chou- fleur dont les feuilles pen- chent & pâlilTent , on le fouille à deux ou trois pouces , &ony trouve l'ani- mal occupé à en ronger la racine ou le tronc. La limace eft un limaçon fans coquille , qui rampe fur la fuperficie de la terre, & qui fe tapit durant le jour , parce qu'elle redoute le foleil êc le grand air , on la cherche tout au- tour du chou-fleur Se on la prend. Quant à la courtilière, comme elle eft forrfubtile , ilfaut l'épier. Elle fe coule entre deux terres , & forme par- tout où elle pafle r une petite éminence. Get animal eft long comme une grofïe fautertlle , mais il eft moins élancé. Malgré tant d'ennemis , il eft aifé d'avoir du plant de chou-fleur, il on en fème une petite pincée a la fois ÔC fort clair , en divers cantons , à diver- fes exportions fur terre &c fur couche > & en dirférens temps. On le labourera- tous les quinze jours, mais fuperficiel- lement > 6c fans défaire le baifm dont du Jardinage. 251 j'ai parlé, en obfervant de ne point endommager la texture des feuilles , cribles en dernier re libre & tamis de la fève, comme je l'ai dit plufieurs fois. Lorfqu'on plantera en place les choux-fleurs , on formera les planches de quatre pieds de large , avec deux fentiers aux côtés : on mettra dans chacune trois rangées feulement de plant difpofé en échiquier , 6v afin que le terrein ne foit pas oifif , on pla- cera dans les entre-deux des rangs de laitues , de chicorées & autres plantes potagères , ne faifant ni trop de raci- nes , ni trop d'ombrage. Elles n'etrrui- tènt point la terre , font fuffifamment écattées du pied des choux- fleurs , & avant que ceux-ci leur nuifent , elles peuvent mûrir ôc être cueillies. Les choux rieurs font venus , il eft temps de les faire blanchir. On attend pour cet effet que la pomme com- mence à fe former , & dès qu'on la voit grolfe comme le poing , ou comme une pomme de rambour , on caffe la grotte côte des feuilles , Se on les replie les unes fur les autres, pour lui former une couverture, & l'empêcher de monter en graine, ou bien on lie Lvj i$i La Pratique avec de la paille les extrémités des feuilles en un paquet , Se au bout de douze ou quinze jours la pomme eft fuffifamment blanche j on coupe pour lors le choux -fleur par le pied. Si on veut l'épargner Se ne couper que les têtes , il repouffera de petits rejetons qu'on donne pour des bro- coli -r efpèce excellente cultivée en Angleterre Se en Italie. Infenfiblement nous fommes arrivés au temps où les choux- fleurs de Tar- rière-faifon donnent abondamment , mais il en eft une grande quantité qui pouffent fortement en feuilles Se qui n'ont que des pommes commen- cées. Voici la façon de les conferver.  la fin d'O&obre , ou même plus tard, quand' la gelée à glace n'eft point à craindre , on lève fur le midi tous ces pieds de choux- fleurs médio- crement avancés , avec le peu de motte qu'ils peuvent avoir y on les plante clans une ferre ou dans tel autre endroit à l'abri de la grande gelée , Se on les enterre dans fe terreau le plus près des uns des autres qu'il eft pof- ïîble , liés avec de la paille à l'extré- mité de leurs feuilles , Se à mefure qu'ils munirent on en fait emploi, on du Jardinage i$£ a foin auilî de leur donner de l'air pendant qu'il ne gèle point. Quand le tout eft conduit par un Jardinier en- tendu Se vigilant , les choux-fleurs ne manquent point jufqu'à ce que les printaniers foient venus. C'eft ainii qu'en Angleterre Se en Hollande , de même que dans les pays froids , les curieux en ont en tout temps , tan- dis qu'avec les avantages du climat , nous en manquons même durant la belle faifon. Ce n'eft que depuis un certain nom- bre d'années que nous recueillons la graine de ce légume : on prétend qu'elle ne vaut rien , & on en fait venir d'Efpagne, d'Italie Se de Tourair ne. Pour en avoir d'excellente dans nos climats , il faut conferver une certaine quantité de pieds de choux-fleurs , par- mi ceux qui ont pommé les premiers aux mois d'Avril Se de Mai, Se les îaifTer monter en graine en place. Si dans la ferre , on a pu en garder quelques pieds jufqu'en Mars , que la pomme foit formée ou non , on les mettra en pleine terre ; en les couvrant durant le jour feulemeni jufqu'à ce qu'ils ayent repris , Se le3 lïiohnt, on eft fur d'avoir amplemen: 2-54 La Pratique du Jardin. de la graine de bonne heure , Se bien- aoutée. Lorfqu'on voit les cofTes jau- nir, commencer àfécher, Se les feuil- les cefTer d'être vertes , on. tire la plante de terre , fans fecouer celle qui eft au pied , de peur de faire fortir la graine de fa code , Se on met chaque pied debout contre un mur , à l'expo- îîtion du midi y Se quand elle eft fuifi-- famment fèche, on la recueille comme les autres graines , Se on la garde aunT long-temps. Il eft certain que plus une graine eft fraîche & récente , plus elle a de baume intérieur , d'huile Se d'onc- tueux qui fert a la faire germer : Îqs qualités font d'être d'un rouge foncé , pleine Se fans rides, Je confeiile , d'après mes expérien-- cqs , de femer les choux-fleurs dans de petits pots à bafilic , qu'on remplit de terre factice : on fait un trou d'un pouce dans le milieu, on y met deux graines de choux- fleurs Se on les place tous a un efpalier au levant ou au midi, en pleine terre. Ces pots y reftent juf- qu'à ce que les choux-fleurs ayent qua- tre ou cinq feuilles : alors , on les lève, on les dépote , Se on les plante au cor- deau , dans les trous qui leur fonr- deftinés, r T-TTT1 — É— — I— "f — |É— Mi '""If TRAITÉ DES CARDONS' D3 E S P A G N E. T Sut es cardons d'Efpagne viennent beau- coup plus facilement , que les choux- fleurs , dont ils diffèrent peu quant aux foins qu'ils exigent. Les premiers qui fe mansent en Mai fe fèment fur couche en Janvier , & font repiques fur une autre , où ils reftent jufqu'à ce qu'ils foient afîez forts pour être replantés fur une couche fourde , où chaque pied eft éloigné de trente fix pouces l'un de l'autre. Parvenu à fon point de grolTeur , on le lie & on l'empaille ? trois femaines après on le coupe. La féconde femence de ce légume fe fait dès les premiers jours d'Avril , pour l'automne de l'hiver,, non dans les 1 5 <> La Pratique trous mêmes , ni fur couche, mais dans de petits pots de terre , comme je viens de le dire , en parlant des choux-fleurs • on les place dans une couche chaude, dont le grand feu fera palfé , 3c on les y laiffe jufqu'à ce que chaque cardon ait pouffé des feuilles de flx pouces de long. Vers la mi- Avril ou au commencement de Mai , après une pluie confidérable , on tire de la couche tous ces petits pots , &c on les plante à l'endroit qli leur e(t deftiné, avec les précautions indiquées pour le chou-fleur. On m'objectera fans doute que t'u- fage de femer les cardons en pleine terre eil beaucoup plus (impie. Je ré- ponds ^ iG. Qu'en pleine terre on ne peut les femer que tard , parce que la graine pourriroit, ou ne leveroit pas fî la terre n'étoit pas fufïifamment échauffée. 2°. Que dès qu'ils com- mencent à pouffer , s'il furvient quel- que gelée tardive, ils font tout d'un coup pris. 3Q. Que femés d'heure, comme on dit, ils font fort fujets à monter ou à être attaqués par les îifettes, les puce- rons , les limaces 8c les vers blancs , au-lieu qu'étant mis en terre lorfqu'ils font plus avancés , ils ont plus de force du Jardinage. 257 pour réfifter à ces ennemis. 40. Que dans les grandes fécherefles ils font brûlés en fortant de terre , quelque arrofement qu'on leur prodigue. Beaucoup de Jardiniers ont cou- tume de mettre deux graines à la fois en terre, & lorfque les cardons font un peu grands d'en lever un dans cha- que trou , qu'ils défendent de l'im- preflion de l'air & du haie, ce qui n'em- pêche pas qu'il ne foit long-temps à reprendre 5 il eft vrai qu'ils lui coupent le pivot, ce qu'on ne doit jamais faire à aucune plante. Le car don même, fans avoir éprouvé de retranchement, re- prend difficilement, lorfqu'il eft planté à nu y comme il eft fort tendre , mol- lafle , creux en dedans , 5c qu'il a des fibres fort lâches Se fort lpacieufes remplies d'eau , l'air le flétrit & le fane , dès qu'on le tranfplante. Ceux qui n'ont pas la commodité des couches pour y placer des cardons en pots , peuvent y fuppléer en les enterrant à l'expoiition au midi où ils réuififlent très-bien. Leurs trous doi- vent être efpacés plus que ceux des choux-fleurs , la diftance eft de quatre pieds en échiquier a caufe de l'étendue des feuilles , & par cenfequent les i$$ La Pratiqua planches en auront fîx. Les Jardinier? qui ne les efpacent qu'à deux , ne font pas attention que les feuilles feront engagées au moins d'un pied les unes dans les autres , & fe feront ombrage. Si l'on dit qu'à cette diftance le cardon occupe trop de terrein , je répondrai que les Maîtres qui n'ont que de petits jardins peuvent renoncer à la culture de ce légume , &: que ceux qui nen ont que de médiocres doivent en éle- ver peu. Quand les cardons ont leurs feuil- les dans toute leur grandeur , on eft difpenfé de les biner , de les labourer ôc de les farder; jnais non de les ar- rofer dans les fécherefles. Il faut alors- jeter de l'eau au pied de chaque cardon, plutôt que de la verfer de haut fur fes feuilles qui chargées du poids de ce li- quide font forcées de s'abaitfer les unes fur les autres. Les pluies , dit-on , les arTaifïent bien davantage , fur-tout quand elles font orageuies y j'en con- viens , mais c'eft un mal inévitable. Jufqu'à ce que ces feuilles foient dans toute leur croiffance , on a du les ménager extrêmement en binant les cardons : alors ils n'ont plus beioin d'être farcies j leur ombrage eft tel dit Jardinage. 25^ qu'il étouffe les mauvaifes herbes* Les feuilles de ce légume étant lon- gues &c larges , garnies de côtes fort épaifes, rampent, ens'alongeant, vers la terre , & fe caffent aifément quand on veut les relever. On convient que ces premières feuilles inférieures font mifes à l'écart lorfqu'on fait ufage du cardon, néanmoins étant caifées, elles fe fanent & fe pourriffent quand il efb empaillé -y la pourriture gagne infen- fiblement jufqu'au cœur , de voilà pourquoi tant de cardons pérhTent. Pour éviter cet inconvénient , mettez d'abord un premier lien de paille à un pied du bas du cardon que vous voulez faire blanchir , un fécond lien au bout de cinq ou fix jours , puis un troifième & un quatrième , ce qui fe pratique en Octobre. Deux hommes relèvent alors les feuilles les unes après les autres chacun de leur coté , puis palTent leur lien par derrière qu'ils fer- rent médiocrement. Sans cette précau- tion , le cardon qui , quoique lié , ne laiffe pas de grofîir , fait effort contre la ligature &: fouvent la rompt ; fi elle réfifte il pourrit. Les cardons de Tours, font plus difficiles à lier que ceux d'Ef- pagne, à caufe de leurs piquans : on n'y i6o La Pratique touche qu'avec des bas , des culottes Se des gants de peau. On obfervera de plus de lahTer ouverte la tête des cardons , Se de ne mettre fon lien qu'à fept ou huit pouces plus bas que l'extrémité des feuilles; cela s'appelle un foupirail ou une ventoufe , qui fert à faciliter la refpiration de la plante , Se de paffage aux eaux des pluies dont le féjour oc- cafionneroit fa pourriture. Parla même raifon j'ai recommandé de ne point ferrer trop fortement les cardons. . Pour en avoir de hâtifs à la fin de Juin , vous les femerez en Mars , Se les replanterez en les couvrant de clo- ches pofées fur des hauifes , qu'on otera lors des vents impétueux. Vous les poufferez fortement à l'eau qui les empêchera de monter. Cette plante eft fujette à peu de ma- ladies qu'une légère attention prévient Se guérit aifément. Les plus ordinaires font la rouille des feuilles Se Pavot* - tentent. Celle-là vient communément de la gelée quand on a femé ce lé- gume de bonne heure : Se lorfqu'il efi: mis encore foible en pleine terre , le grand hâle ou le foleil trop ardent , une longue fécherelfe dans laquelle û a pâti, des arrofemens faits en pleia du Jardinage. i6t midi ou avec des eaux mal-faines , bourbeufes &c puantes , occafionnenc la rouille de fes feuilles , & pour lors il ne profite guère. L'avortement a pour caufes le mauvais fonds de la terre , les femences qui n'ont pas été bien aoutées , les gelées fortes , un terrein trop froid. Dans ce dernier cas on ne femera 3 ni ne plantera tout au plutôt que vers la fin d'Avril , quand la terre fera bien échauffée. Les ennemis des cardons font fur terre , ou cachés dans fon intérieur. Lorfque ceux-ci ne font que naître , ils ont à redouter au dehors les pucerons Se les lifettes } quand ils font plus avan- cés 3 les limaces & les vers blancs en font un grand dégât. Souvent des four- mis rougeâtres rongent leurs racines , ainu que celles des artichauts. Enfin , il eft une petite mouche noire qui les attaque au dehors , &c dont la fiente noircit totalement les feuilles. J'ai parlé dans le Traité des choux- rieurs de ces différens fléaux , Se j'ai donné le moyen de les faire cefïer. Les cardons liés & empaillés font trois femaines ou un mois à blanchir, mais ils peuvent, quoique blancs , fe garder beaucoup plus long-temps fans i6i La Pratique pourrir. Néanmoins , par rapporr aux longues humidités , on n'en lie d'abord que propourionnément à la confom- mation qu'on peut en faire , & on ne les empaille tous qu'à la fin d'Octo- bre , avant que la gelée les frappe. Si on en prévoit une forte , on les enlève pour les mettre dans la ferre j avant ce temps ils auront été butés. Le moyen de les conferver durant l'hiver eft de les placer dans la fetre tout liés & empaillés., ou bien liés feu- lement } ils font moins fujets à pour- tir , & à geler ; on les lèvera en motte. Au-lieu de les jeter brufque- •ment fur terre ou de les entafler avec «rTort, foit dans la hotte , foit dans la brouette , de les ménager peu en les déchargeant, Se en les plaçant dans la ferre , on ufera de précautions , afin de ne les point froilïèr. La ferre fera garnie d'un pied d'épais de terreau pour les y recevoir plantés les uns près des autres , avec toutes leurs racines. Comme ils pouffent encore Se y pro- fitent, étant traités , comme je le pref- cris, on les voit, par l'ouverture d'en- haut , croître Se s'alonger j les plus blancs font les plus murs. Si on demande quelle eft la meilleure du Jardinage. i£| graine , je répondrai qu'on eftime fore celle de Touraine , dont les cardons ont des piquans , on les fuppofe plus tins , plus délicats , Se d'un goût fupé- rieur aux autres. Pour moi , qui , du- rant nombre d'années , ai confervé dans mon jardin des cardons gouver- nés en hiver , comme les artichauts ; j'ai toujours eu des graines qui n'ont jamais dégénéré. Nos Maragers recueillent , pour la plupart , leurs graines de cardons de la même manière. Il y a deux façons de s'y prendre ; favoir , d'en laiffer en place un ou piufîeurs pieds des moins avancés , de les foigner du* rant l'hiver comme les artichauts , & au printemps de les laiffer pouffer ; ou bien quand on peut en garder dans la ferre jufqu'à ce temps, on prend quelques pieds de cardons , on ôte petit à petit la paille qui les entoure, de peut de les hâler trop à la fois , 8c on les plante avec toutes leurs racines, comme ils ont été levés , & ils font des jets vigoureux. Je préfère ceux reliés en place , quand ils redirent à la gelée. Comme ces cardons font des tiges pro- digieufes , extrêmement chargées de feuilles ôc de graines j il faut les attacher 264 La Pratique du Jardin. à un fort tuteur , fans quoi les grands vents les renverferoient : les effeuiller, comme le pratiquent quelques-uns , eft le moyen de faire avorter la graine. Ledefféchement de la t'ge &: des feuil- les indique leur maturité. On coupe enfuite chaque rameau où eft attaché un petit artichaut au fond duquel font arrangées les graines , & on les fufpend tous enfemble au plancher dans un lieu bien {ce. Quand on veut en femer , on détache la graine qui tenant à l'arti- chaut, fe garde plufieurs années, au moyen de ce qu'elle a une peau fort epaiffe de coriacée. TRAITÉ & TRAITÉ DES MELONS JLfl A melonnière doit être expofée au levant Se au midi , il feroit à propos qu'on pût y joindre le couchant. Elle fera enceinte de murailles ou de pail- lallbns j les murailles font à préférer , pourvu qu'on les enduife des deux côtés. La hauteur du mur du fond , qui en-dedans eft en face du midi , ne peut être moindre que de quatre à cinq pieds > pour garantir la melon- nière des vents du nord : les trois au- tres doivent toujours aller en dimi- nuant, afin de ménager une entrée plus facile aux rayons du foleil, ôc de porter moins d'onibrage en dedans. Si donc le mur du fond a cinq pieds , le mur oppofé en aura trois en- dehors Se Tome IL M 166 La Pratique quatre en- dedans , parce que le fol de la melonnière aura un pied de pente en face du midi , pour le prompt écou- lement des eaux. Il feroit à délirer que ce fol fût fec & battu, avec de la terre & un pouce de cailloutage. Dans toute melonnière on doit pra- tiquer , i°. un badin ou une cuvette qui piaffe contenir une certaine quan- tité d'eau : on fait que rien n'eft plus contraire aux melons que l'eau crue , fraîchement tirée du puits. 20. Un petit appentis pour mettre a couvert les clo- ches , les paillalfons 8c tous les inftru- mens de jardinage néceffaires aux cou- ches , & qu'on doit mceiiamment avoir fous la main. 30. Un efpace de terrein deftiné à faire des élèves pour i'embel- liifement du jardin de propreté. 40. Un trou à fumier où on dépofe les éplu- chures des herbages qui doivent s'y confommer durant un efpace de temps fuffifant. 5 c. Une place pour la grande litière , & pour le terreau des vieilles couches quand on les démolit. L'ufage eft de mettre la melonnière à l'écart , comme étant peu propre à récréer la vue : il eft cependant nès-poflible de donner à cet en- droit le plus utile du jardin, un air du Jardinage. x6y de propreté qui invite le Maître , du- rant la belle iaifon, à vifiter les melons & les autres plantes qu'on y élève. On y conftruira une porte à deux venteaux de cinq à fïx pieds d'ouverture , fer- mant exactement à clef. Les melons font originaires des pays chauds , où ils viennent comme d'eux- mêmes en pleine terre ; & dans plu- fîeurs, endroits on ne les taille point. En France, Se dans les climats tempé- rés , ils doivent tout à l'art , aux foins & à l'induftrie.Il y a environ trente ans que nous ne connoifîions que le gros melon brodé : c'eft le feul que tous les Maragers de Paris cultivent actuelle- ment ; & le Peuple accoutumé à cette efpèce ignore qu'il y en ait d'autres , cependant il en exifte une multitude d'efpèces. Le détail de tous les me- lons que nous avons apportés des pays lointains , Se qui font cultivés fpé- cialement dans certaines contrées , nous meneroit trop loin : voici feu- lement les plus connus & les plus re- cherchés par les curieux. i . Melon fucrin , petite efpèce , très- bon & le plus hâtif de tous j il vient à peu près de la forme d'une grofle orange. Mij *6t La Pratique 2. Melon fiicrin , grotte efpèce , très-bien fait, moins hâtif que le pre- mier , mais il mûrit plutôt que ceux d'une autre efpèce. 3 . Melon fucrin long , il fuccède au premier. Ces trois efpèces ne brodent prefque pas. 4. Melons des Carmes ; il y en a de longs , de ronds & de blancs à l'ex- térieur. Ils font fore bons , allez hâ- tifs & ont une broderie très-fine , leur chair eft jaune lors de la ma- turité. 5. Melon Romain, imite aflez celui des Carmes; il vient très-rond , eft tendre à mûrir , fk eft prefque tou- jours bon. 6. Melon de l'Archipel , eft long 8c très-bon. 7. Melon de Langeais , en Tou- raine , brode peu , aftez gros & long. 8. Gros melon de Langeais, à côtes, brode peu 3 a la chair jaune , Se eft très-bon. 9. Melon dit de Saint-Nicolas de la Grave, long , fort fucré, fa broderie eft très-fine. 10. Melon dit de Saint-Nicolas, à côtes', eft plus gros & moins long quelç précédent j il aune fort belle chair. du Jardinage, i£$ i i. Melon morin , eft le plus gros- ses melons cultivés ; il brode beau- coup plus que les autres , & a à fon extrémité la forme d'une étoile. C'eft celui que les Maragers de Paris ont coutume de cultiver , & qu'on vend dans les marchés de cette ville. 1 1. Melon à chair verte & à côtes ; il eft très- petit , a beaucoup de fuc Se eft fort hâtif. 13. Melon de Napîes ; il eft long & a la chair jaune. 14. Melon de Malte , il mûrit en hiver, eft vert jufqua fa maturité 8c un peu pointu par le bout : ce n'eft pas un des meilleurs , du moins dans nos contrées. 15. Petit melon de Malte à chair blanche , & broderie très-fine j il eft bon 8c hâtif. 1 6. Petit melon de Malte à chair rouge , bien brodé , très-bon j c'eft le plus hâtif. 17. Melon d'Efpagne , refte long- temps vert , eft fort long 5 très-dur à mûrir , 8c un peu fade. 18. Melon de Tours , eft d'une grof- feur ordinaire , aftez bon 8c peu diffi- cile à mûrir. j?. Melon d'Italie fort dur à mu- Miij îyo La P r a t i qvb rir 5 fur-tout aux environs de Paris. 20. Melon (^)Cantaleupe, eftnoir, très-hâtif , un peu long Se très-bon. 2 1 . Melon Cantaleupe de la petite efpèce , de de la grofTeur d'une orange ; il eft excellent , très-rond Se a des bolTes. 22. Melon Cantaleupe d'Orange efl fort gros , bien rond, bofïu Se très- bon. 25. Melon Cantaleupe d'Aftragan; il efl de grofTeur au-delà de l'ordi- naire. 24. Melon Cantaleupe Romain, fort long. 25. Melon Cantaleupe de Querci> très- bon. 16. Melon Cantaleupe de Caftel- naudari. 27. Melon Cantaleupe de Bouverr. 2 3. Melon Cantaleupe d'Anjou , noir Se bo(Tu. 29, Melon Cantaleupe Ananas, à côtes j il eft plus long que rond , Se (a) Cette efpèce , originaire d'Arménie , n'a paiîé dans les jardins des différentes parties de l'Europe , qu'après avoir écé long-temps cul- tivée à Cantaleupe , maifon de plaifance du Pape , éloignée de Rome d'environ quatorze milles. du Jardinage. 171 a une efpèce de couronne à fon ex- trémité. 30. Melon Cantaleupe doré. 3 1. Melon Cantaleupe argenté. 32. Melon Cantaleupe noir , boiïu & à chair blanche. 3 3 . Melon Cantaleupe , plat , &c à chair rouge. 3 4. Melon Cantaleupe , bofïu , & à chair verte. Tous ces melons cantaleupe s font ordinairement très-bons , hâtifs ou tardifs fuivant le temps où ils ont été femés. 3 5 . Melon d'eau a chair verte ou Angouri , pas trop bon. 36. Melon d'eau à chair rouge, très-rond & médiocre. 37. Melon d'eau à chair blanche, extrêmement gros. Ces trois fortes de melons feroient plutôt bonnes a confire 5 fi elles en va- îoient la peine. 38. Melon de Minorque , à chair rouge , d'une belle groifeur, très-bon , a une broderie très-fine. 3 9. Melon pafteque , des plus gros , fa peau unie a une raie jaune Ôc une verte j fa chair eft blanche , ôc fa graine rouge. M iv xy% La Pratique 40. Melon Defart à côtes , fa bro- derie eft fine , Se fa chair eft bien jaune & très-bonne. Si la culture de ce fruit paiTe pour être difficile , c'eft qu'on le tourmente trop , foit par le tranfport d'une cou- che fur une autre , en l'arrachant Se le mettant à nu , foit par les incitions qu'on lui fait. Il demande plus de foin Se d'attention que de peine & de travail. On fe plaint de la rareté des bons melons , la raifon en eft bien iimple : ils viennent dans le terreau Se à force d'eau > excepté ceux fous chalTis qui font meilleurs , quoiqu'ils cèdent en - i)onté à ceux dortt nous enfeignons la culture. Outre les fels de la terre , n'eft-ce pas fur- tout le baume Se le nirre de l'air qui donnent aux plantes ce fuc Se cette fève exquife qui en re- lèvent fi agréablement le goût ? Dès le mois de Janvier on prépare les couches pour les melons qui feront bons à mettre en place à la fin de Mars. Au-lieu de les faire fuivant l'ufage , en retrou (Tant feulement le fumier par lits pofés les uns fur les au- tres , il eft plus à propos de PentalTer Se de le fouler , afin qu'il conferve fa ^>u Jardinage. 27$ chaleur 5e que l'air ny puifTe péné- trer 5 de de donner aux couches trois pieds de haut, au-lieu de dix-huit pouces } par ce moyen les humidités du bas repompées par l'air, fe répan- dent plus difficilement fur les cou- ches , que quand elles font h proches de la terre* Ne point faire fon réchaud pofté- rieurement à fa couche, mais en même- temps dès qu'elle eftdreffée de formée, Se le bien battre , en farte qu'il appuyé fortement contre elle , de qu'il l'en- toure pour être renouvelé au befoin. Il faut qu'il excède de fix pouces la fu- perficie de la couche , fans quoi la terre qui la garnit , Se les plantes, au- lieu d'être réchauffées , feroient refroi- dies. On lui donnera au moins un pied d'épailTeur qui entretiendra la chaleur aftez long-temps , de on le dé- fera avant qu'il foit rout-à-fait refroi- di , pour le rabattre , en y mêlant du fumier chaud , Se le remettre tout de fuite en place. Je préfère au terreau ordinaire une terre compofée de ce qui fuit : Terre franche , moitié. Terreau vif de gras , un quart. L'autre quart fera formé de crottin My 274 B A P^ATIQITI de mouton , de crottin de cheval r ou encore mieux de mulet , de fiente de pigeon , qui aura été amoncelée du- rant un an ; de boufe de vache bien confommée , & de poudrette. On fup- pléera à celle-ci par les tertes d'égoût, les curures de mare , les boues des voiries. La terre franche Se le terreau vif feront parfés à la claie ; on émiera Sépa- rément les autres ingrédiens avant que de les battre enfemble , puis on les mêlera avec les deux premiers, 8c on parfera le tout plus d'une fois à la claie , jufqu'à parfait mélange. On mettra huit à neuf pouces d'épahTeur de cette terre fadtice qu'on battra en talus , & on en bordera la couche qui fera garnie comme on va le dire , quand elle fera à fon degré de cha- leur. Dans des pots à bafîlic remplis de terre factice , on ieme. une graine de melon , de concombre , ou de toute autre plante qui demande de la cha- leur , &c on les enfonce jufqu'aux bords dans toute l'étendue de la cou- che; une cloche peut en couvrir trois* Quand il eft queftion de les changer de couche , on fait à l'égard de la féconde ce qui a été pratiqué pour la première» sv Jardinas t. 175 A la troifième & dernière , au-lieu de mettre les petits pots dans la terre compofée , vous les renverfez dans YOtre main , fans entamer , ni déran- ger les mottes que vous placez en échiquier à trois pieds de diftance l'une de l'autre , dans un trou plus bas de deux pouces , &c pour les ac- cotter vous pouffez doucement la terre voifïne, & vous y verfez de l'eau. Les racines blanches qui tapifîènt le def- fous &c les cotés de la motte , 8c qui étoient repliées fur elles-mêmes , re- prennent alors leur direction naturelle, ôc s'enfoncent dans la terre nouvelle qui les environne. De tels melons doivent alonger leurs bras, qu'on ne taillera que lorf- qu'ils auront acquis une étendue fuf- frfante. Il faut alors les pincer a deux yeux , Se à mefure qu'ils poufferont de nouvelles branches les retailler tou- jours de même. On obfervera de ne point ôter les fauffes-fleurs qui naif- fent au collet ou à la fouche de leur pied , ni les lobes de la graine que les Jardiniers appellent oreilles. Ils feront peu arrofés , & on ne mouillera point leurs feuilles de peur de la rouille, jnais feulement leur pied autour duquel Mvj iy$ La Pratiquï on aura pratiqué un baflîn. Une tige de melon en porte ordinairement deux, êc il eft rare qu'on lui en laiffe davan- tage , mais eu égard aux précautions qu'on a dû obferver en les élevant , orr peut en ménager quatre ou cinq qui viendront à bien & feront fucculens* On taillera ces tiges avant la fleur , Se on fupprimera toutes les petites. Pour avoir des melons tardifs jufqu'aux ge- lées , il fuffit de conftruire de la même manière des couches fourdes expofées au midi , de les bien plomber Se d'y pla- cer de ces melons en motte qui auront été femés plus tard dans^de petits pots. J'ai dit que les faufTes-rleurs Se les lobes des melons dévoient être épar- gnés. Tous les Maragers des environs de Paris font dans l'ufage d'ôter les feuilles inférieures des cardons d'Ef- pagne qu'ils laifTent monter en graine d'une année à l'autre , & de couper également les feuilles de leurs poti- rons vers la fin d'Août. Quelques-uns en ufent de même à l'égard de leurs melons , dans la vue , difent-ils , de faire aouter leurs graines Se d'en hâter la maturité. Mais pourquoi ne cou- pent-ils pas auiîi les feuilles de leurs laitues pommées , de leurs chicorées » eh leur céleri pour les faire avancer davantage ? Il me femble que la même raifon qui leur fait épargner celles-ci, devroit les engager à en ufer de même envers ceux-là. Je remarquerai à ce fujet qu'il y a une grande différence entre la taille des melons , des con- combres & des citrouilles , & la fup- preflion des feuilles de ces plantes de des autres. On les arrête parce qu'elles ne font point ici dans leur climat na- turel , ni même dans une terre qui leur convienne , ce qui oblige à leur fubftituer des couches ou des chaflîs ; mais ces inventions ne font qu'aider & perfectionner la nature. Il eft dé- montré au contraire que la fuppreiîion des feuilles détruit totalement l'éco- nomie 8c l'organifation des plantes. On ne retranchera donc que celles qui feront adhérentes aux branches fupprimées par la taille , ou celles qui commenceront à jaunir lorfque les melons feront en rieurs. Ce principe s'applique également aux faufles-fteurs qui croiffent au pied des melons , concombres , courges , citrouilles &c autres \ elles précèdent toujours les fleurs fécondes, celles-ci font placées fur un embryon deiliné à %y% La Pratique devenir un fruit , celles-là renferment les pouflières dans les fommets de leurs étami-nes , & commencent à paroître après la féconde taille. La plupart des Jardiniers ne peuvent fe perfuader que la nature ait des deiTeins dans la pro- duction des faufles-fleurs , & ils les otent de peur qu'elles n'arYoiblifTent la plante. Ce font cependant elles qui font les fleurs mâles néceffaires pour féconder les fleurs à fruit. Si on les fup- prime , avant que lespquflièresde leurs ctamines ayent pu tomber fur le piftil des fleurs femelles , jamais celles-ci ne réuiïiront, jamais il n'y aura de fruit. Les Jardiniers instruits ne les retranchent point , de laifTent à la Na- ture le foin de fe débarraffer elle- même y ce qu'elle ne manque pas de faire. Quelques-uns font dans l'ufage de couper les fleurs mâles de leurs me- lons , lorfqueleurpoufïière fécondante eft venue a maturité , Se de les feconer fur le piftil des fleurs femelles pour l'y faire tomber. Il s'enfuit de cette prati- que , que le fruit tarde peu à fe former éc à acquérir des Agnes ienfibles de per- fection. Ces Jardiniers rempliiTent à cet égard le miniftère du Yent qui ne bu Jardinage 179 trouve pas toujours une ilTue dans les chaflis pour tranfporter cette pouiîière, principe de la fécondation des plantes. Miller ( a ) , dont ceci eft tiré , ajoute que cette pratique , loin d'être indiffé- rente , paroît même nécelTaire. On peut à l'égard des courges 8c des melons demander fi leurs atta- ches font des fuperfluités quil foie néceffaire d'oter. Quantité de Jardi- niers les coupent, d'autres plus réfer- vés les laifTent , le plus grand nombre n'y fait point attention. Les premiers- prétendent que le fruit débarraflé de ces liens noue plus facilement , groiïït davantage 8c mûrit plutôt , les féconds fe félicitent également du fuccès. Je penfe qu'il eft plus conforme aux vues de la Nature , d'épargner ces parties des plantes qui peuvent avoir leur uti- lité particulière. Les cloches 8c les chaflîs doivent être préfervés de toute humidité 8c de toute froidure , en les couvrant: foigneufement, 8c en changeant les premières de temps à autre , quand elles font humides , &c eiïuyant les fé- conds en-dedans , avec un linge doux* Lors des grandes ardeurs du foleil , 00 ( a ) Di&ioanaire du Jardinier* i$o La Pratiqui les couvrira foit avec des paillafïbns ,' foit avec des toiles de ferpillière , de la litière éparfe ou des broflailles. Les' chaiïis doivent toujours avoir par-der- rière trois ou quatre pouces d'air , ôc les cloches des haufïes qui ne feront 6tées que dans les temps critiques où il faut mettre des abris de grande litière. Tant que les melons ne font pas* noués , & n'ont pas la grofteur environ* d'un œuf de pigeon, on ne les mettra pas entièrement à l'air *, mais lorfque les nuits font courtes & chaudes , on peut les y laiiTer , & fous l'es chaflis leur en donner davantage, en obfervanr toujours de les garantir des ardeurs dur foleil. Les rayons de cet aftre plus pro- pres à refTerret les vaiffèaux de ces plantes , qu'à les faire croître , ne font nécefïaires que pour la maturité de* leur, fruit. C'eft alors le temps d'arro- 1er plus amplement & plus fouvent. On les binera fréquemment non avec un outil de fer , mais avec les doigts en émiant î-a petite croûte de demis. Une ardoife placée fur la couche avec une feuille interpofée entre elle Se le fruit , l'empêchera de s'humecter 8c de fe détremper par l'humide de. la »u Jardinage. 2S1 couche , Se procurera au-deffous au- tant de goût qu'au refte. Le melon eft quarante jours à fe former depuis qu'il eft noue jufqu'à fa maturité. En traitant des parties des plantes , j'ai eu occafion de parler de la chute des feuilles en certain temps Se de la fufpenfîon de la fève. Dans le plus grand nombre des légumes montant en graine , &c dans les grai- nes a coiïe , telles que pois , fèves Se lentilles , ce double événement ne m'a pas femblé avoir lieu. Je l'ai obfervé jufqu'à un certain point dans des plantes rampantes comme les melons , les concombres Se les potirons : il eft un temps où ils tombent après avoir noué * Se durant lequel ils ne profitent que peu ou point du tout. En ouvrant ces fruits , qui couloient Se leurs fem- blables qui ne couloient pas j j'ai trouvé que c'étoit le temps où les pépins commençoient à fe former. Plusieurs Maragers que j'ai confultés à ce fujet m'ont dit avoir remarqué , que durant environ trois femaines, vers le milieu de Mai jufqu'au com- mencement de Juin , leurs melons ne donnoient que des lignes fort lents d'accroiffement > Se que dans les trois i$x La Pratiqu! femaines fuivantes , jafque vers la mi- Juiller , ils tournoient èc murifïbient d'une façon furprenante. Leur matu- rité fe connoît , lorsqu'ils font par- venus à leur groffeur naturelle , ÔC qu'ils ont été frappés par le foleil my alors ils jauni (Tent , ou leur coukur verte s'éclaircit beaucoup , ils rendent une odeur force , 8c leur queue fem- ble vouloir fe détacher du fruit. On ne doit les cueillir que la veille pour être mangés le lendemain , afin de don- ner aux fucs le temps de fe mitonner de de fe perfectionner. Pour en avoir de bonne graine , il faut qu'elle foit mure 3c pleinement aoutée 5 ce qui arrive lorfque dans fa cofTe , ou dans fa puîpe , elfe a acquis fa perfection de fon complé- ment. Pourquoi hors des pays chauds où le baume de l'air , les rayons du foleil & les influences bénignes d'en- Iiaut , jointes à la bonté du fol in- fluent tant fur les plantes , a-t-on beaucoup de peine à avoir de bons melons ? En voici la raifon. On trouve un melon qui par hafard eft fucculent , on en conferve la graine , 6c on ne manque pas de la femer l'année fui- vante , néanmoins on n'a le plus fou- du Jardinage. 283 vent que^ de mauvais melons , quoi- que d'origine excellente. On ne fait pas attention que dans tous les fruits que nous mangeons , où la chair n'efl: autre chofe que l'enveloppe de la graine , fa mère-nourrice , la déposi- taire des fucs & des. parties balfami- ques qu'elle eft chargée de lui faire pafTer , vous la privez de fa fubftance la plus pure , quand vous la tirez hors du fruit avant que de cette pulpe toutes ces parties fpiritueufes ayent pu par- venir jufqu'à elle. Pluf^urs Jardiniers trempent leurs graines de melons dans du vin d'Ef- pagne , ou dans du vin mufcat , 8c prétendent quelles participent aux qualités particulières de cette liqueur, dont les efprits s'infirment dans l'a- mande & dans le germe des melons. Un Marager entre autres , les faifoit pafTer dans du vin d'Alicanthe, dont il s'imaginoit retrouver le goût dans fes melons. Après avoir répété les mêmes épreuves , je ne me fuis point aperçu que ces infufions ayent donné au fruit un meilleur goût. Voici donc ce qu'il faut faire. LaifTer pourrir fur pied la chair , foit d'un fruit, foit d'un légume , &: quand elle fera en i%4 La Pratique bouillie , tirer la graine de fon marc our elle a mitonné , comme une viande dans ion jus , k laver Se tout de fuite la faire fécher. N'eft-ce pas une in- conséquence de la paTt des Jardi- niers d'en ufer ainfî envers leurs con- combres , Se d'agir tout autrement à Tëgard des melons Se des autres légu- mes ? Il n'eft pas plus fenfé cTôter un- pépin , un noyau de fa pulpe , qui n'èft pas encore pourrie , que de tirer une graine de fa coiTe , fans que la partie d'elle-même deftinée à fournir l'huile , Tondue ux Se l'efprit de vie^ qui doit l'animer lots de la germina- tion, lui ayentété départis après qu'elle aura été defféchée. Mais, me direz-- vous , comment connoître en place les bons melons d'avec les mauvais? Rien n'eft plus facile : lorfqu'en les fondant on en a trouvé d'excellens , il faut les' marquer avec une petite fourchette-, & les laifTer fur pied fans les féparer de leur couche , afin qu'ils puifTent pourrir à l'aile , Se tirer enfuite les grai- nes du milieu de leur pulpe. Grew ( a ) \9 que nous avons déjà cité , compare cette graine enfermée dans la pulpe pourrifiante à un œuf qu'une poule couve- ra) Anat. des Plantes-, Chap. VL T>u Jardinage. 2S5 pendant quelque temps > avant que Le poukt vienne à éclorre , &c il ajoute , qu'il nefi pas moins nécejjaire que la graine des plantes fait enfermée pen- dant quelque temps dans le fruit , pour la perfectionner , & la rendre capable de produire d'autres plantes. Je ne puis mieux terminer ce petit Traité , qu'en propofant à nos Jardi- niers l'exemple des Hollandois Se des Allemands. Ils ont plus grand foin qu'eux de conferver leurs graines dans toute leur perfection, principalement celles de melons de de concombres. Ces Jardiniers intelligens commencent par n'en femer qu'une de chaque ef- pèce fous une cloche ou fous un chal- ïïs j dont la mefure ordinaire eft de fix pieds en carré. Ils obfervent de plus de féparer exactement les graines des différentes efpèces de fruits non con- génères , de peur que le mélange des poufîières ne les altère. L'expérience prouve la jufteffe de leur obfervation. On peut confulter à cet égard ce que j'ai dit dans la. Théorie du Jardinage 9 des précautions indifpenfables pour perpétuer la bonté des graines, C'eft leur inobfervation qui eft caufe de l'alté- xation de la qualité des fruits , fans %%6 La Pratique du Jardin. que le Jardinier le foupçonne. Il l'at- tribue prefque toujours à la nature des femences élevées dans fon jardin , & il rejette fur elle le défaut de bonté de fes melons & de fes concombres. Il ne fait autre chofe que d'échanger fes graines contre celles de fes voi- fins } précaution qui devient prefque toujours inutile , à moins qu'on ne foit bien fur des perfonnes dont on les tient. TRAITE DES COUCHES A CHAMPIGNONS. eux ou trois mois avant que de faire une couche , il faut s'y préparer , & amaffer à cet effet du crottin de cheval , de mulet , ou de bête afine , & mélanger le tout fi Ton veut , le placer en un tas dans un lieu frais, & l'y laifTer chancir fans fe pourrir. On prendra encore certains blancs fembla- bles à de petits filets qui fe trouvent par lits dans les vieilles couches , fur les parties de fumier non confommé , Se on les mettra à part en forme de ga- lettes. On peut en tout temps faire les cou- ches à champignons , excepté durant i88 La Pratique les gelées , foit en pleine terre , foit dans une ferre ou dans une cave pourvu qu'elle foit aê'rée , &• que les couches ne foieiu point dans l'humidité. Voici la manière de les former. Creufer une tranchée de fix pouces fur quatre de large , y élever a la hauteur de deux ou trois pieds fa couche avec du fumier chaud , court 8c gras fans grande li- tière ^ il faut qu'elle aille toujours en diminuant par le haut , & finiffe en dos d'âne. Après qu'elle eft drefïee , & que toutes les pailles excédentes ont été rettoulTées, arrofer amplement en la baignant , tant pour l'affaitTer , que pour amortir fon grand feu. Par la fuite elle bailfera d'un pied , & on l'enduira de terre y ce qui fe nomme gobetter. Dix ou douze jours après lorfque fon grand feu eft un peu ralenti , ce qui le cqnnoît quand on peut tenir la main en-dedans j on la lardera de ce blanc &c de ces galettes tant de crot- tin que de celui tiré des couches dé- molies. Il y a des Maragers qui met- tent leur blanc avant que de gobetter. Srla couche venoit à s'échauffer trop, rariokx de nouveau, h* elle fe refroi- diiTcit cçop , ia couvrir de fumier chaud. eu Jardinage. 189 chaud. Quand tout eft aind arrangé , garnir d'un pied d'épais la couche avec de la litière bien brifée ôc fronTée, qui ne donne aucune entrée a l'air , ôc au bout de huit jours fourrer la main de- dans pour éprouver fon degré de cha- leur , Ôc tâter fi à travers la terre il y a de petits champignons germes j on les cueillera tous les deux jours lors des chaleurs, & tous les trois du- rant les autres temps. On découvrira à cet effet la litière de deflus qu'on remettra enfuite comme elle étoit. En cueillant, on trouve quantité de cham- pignons grouppés ôc entaffés , parmi lefquels il en eft de fuffifamment gros : alors au -lieu de les tirer , on appuie d'une main fur ces grouppés , tandis que de l'autre on tourne, en tirant un peu , ceux qui font murs , ôc qui vien- nent aifément. Les couches feront arrofées par-def- fus la litière tous les deux jours durant les chaleurs exceflives; ôc lors du froid la litière fera changée de temps à autre , ôc remplacée par de la chaude , ce qui fera pareillement obfervé dans les grandes humidités, ôc on y ajoutera des paillaffons pour faciliter l'écoule- ment des eaux. Tome IL N 29© La Pratique Ce n'eft qu'au bout de deux ou trois mois que les couches font en valeur , elles peuvent en durer cinq , mais toujours en déclinant. Il eft à propos d'en recommencer une autre deux mois après que la première eft faite. A rnefure qu'on en défait une qui ne donne plus , on met à part le blanc qui en fort pour larder les cou- ches futures. Ces fumiers où fe trou- vent ces filets blancs , qui font la fe- mence des champignons , fe lèvent par galettes 8c s'entafTent dans un grenier. Lorfqu'une première couche fe ralen- tit , la féconde faite eft en état de la remplacer. Deux mois après celle-ci, on en fait une troifième , Se ainfi fucceiîi- vement jufqu'aux mois d'Août de de Septembre. Celles qui font du commen- cement d'Octobre ne laifTent pas de réuflir pour l'hiver , au moyen de quoi on ne manque jamais de champignons. On peut faire des couches fourdes en creufant un trou d'un pied fur qua- tre de large , & obfervant la même mé- thode que pour les couches fur terre. Voici encore une autre manière. Empliftez deux tonneaux de criblures de blé, de feigle , d'orge fur-tout, & d'avoine , foit féparément , foit mêlées. du Jardinage. 191 Faites un rrou de deux pieds de pro- fondeur fur trois de large & fix de long , &c jettez-y ces pailles que vous recouvrirez de trois pouces de terre ou de terreau gras , pris des couches dernièrement démolies. Comme l'af* faiifement eft fort confidérable , il faut que la totalité excède de fix pouces la terre voifine. Deux ou trois mois après vous aurez abondance de champignons. Le temps de faire ces fortes de cou- ches eft le commencement de Mars, Se elles donnent pendant deux ou trois mois Ci elles font bien expofées. Lors des grandes féchererTes , arrofez-les de temps à autre. Comme ces pailles font remplies de graines de mauvaifes her- bes & de quelques grains , il fe forme fur cette couche fourde un tapis épais de verdure qu'il faut laiflTer fe con- fommer fans y toucher } les champi- gnons ne tardent pas enfuite à fe faire voir de toutes parts. Ceux qui en pro- viennent font ordinairement petits , blancs , fermes & caftans , 3c d'une odeur fort douce \ le ver s'y met ra- rement. Ils refTemblent parfaitement aux champignons qui , après un orage , croilTent fur les hauts prés , Ôc qui font fi recherchés. Nij 191 La Pratique du Jardin. Lorsqu'on défait les couches ordi- naires pour les primeurs Se pour tout ce qui ne vient pas en pleine terre , ayez foin d'amaffer le crottin} &c avant que de placer le dernier lit de fumier fur lequel doit être pofé le terreau , mettez une bonne épaiffeur de ce crot- tin , & vous êtes affuré d'avoir depuis la fin d'Août, jufque vers les gelées, une moiffon abondante de champi- gnons , fur-tout fi les couches ont été fréquemment 3c abondamment arro- fées. Vous aurez de plus , en défaifant la couche , du blanc fuffifant pour en faire de nouvelles au printemps. +':<: X A X X X * * * '": X •• X a X X X X X ■■• ■'• ■'• '■'• X X ■■• ••• ■•• ••• X A X s X X >; •{• TRAITÉ DES FRAISIERS. jL,A. fraife e^ un petir fruit rouge ou blanc, humectant, rafraîchi ifant , ÔC d'autant plus fain , qu'il n'a prefque point d'acidité. La Nature a donné à la plante qui le produit , la faculté peu commune de fe multiplier par des fi- lamens noueux qui rampent fur terre , y prennent racine , & donnent de cha- que nœud des feuilles 8c des racines , d'où naît une plante toute formée qui fructifie l'année fuivante. Un feul pied de fraifier en produit au moins une douzaine tous les ans ; mais cette mul- tiplication lui eft fi nuifible , que cha- que filet alongé qu'on laiffe croître , fait avorter le maître-pied qui lui a donné l'être. Ainfi il faut facrifier les filets pour conferver le pied , ou le pied pour avoir les filets , ou bien en re- Niij 2 94 La Pratique trancher une partie afin de ménager l'un Se l'autre. Il y a plufieurs fortes de fraifurs \ les plus connues font le fraifier com- mun ou de bois, celui de Canada Se de Siam, & celui du Chili, ou frutillier j ce dernier d. frère des autres efpèces par la largeur , i'épaifïVar 8c le velu de fes feuilles. Son fruit de couleur blanchâtre eft communément gros comme une noix Se quelquefois comme un œuf de poule , mais il n'a ni l'a- grément , ni le parfum de nos fraifes de bois. Il fe plaît à l'expofition du foleil le marin , Se demande de fré- quens arrofemens dans les temps de fëchereffe , 6c une terre forte 6c ar- gilleufe. Le fraifier commun eft celui qu'on va chercher dans les bois pour le tranf- planter dans les jardins \ fon fruir a une délicatefie Se un parfum que les rares n'ont pas j il eft d'ailleurs petit Se maigre. Planté dans les jardins, il croît prodigieufement , rapporte des fruits abondans , infiniment plus gros > &: d'une qualité bien fupérieure. On diftingue trois variétés de fraife commune , la blanche , la rouge Se la verte. L'eau de la blanche eft plus fine* du Jardinage. 19$ plus fuave -~ rroduifent facilement dans les racines. Avec cette méthode , vos fraifîers , dès la première année , vous donne- ront du fruit , Se ils fe fortifieront au point , qu'à la fuivante vos fraifes fe- ront abondantes , extrêmement grof- fes , 8c d'un goût exquis. Dès que les fraifîers ont commencé a prendre de l'accroifTement , il faut tous les quinze jours au plus tard ar- racher leurs filets alongés qui les fe- roient avorter , & ne laiflfer que ceux qu'on deftine pour avoir du plant , excepté dans le temps où les fraifîers poulient le plus de filets. De temps à autre on les arrofe quand ils en ont befoin. Les mauvaifes herbes qui croif- fent avec eux feront fardées & binées fouvent avec la main , & non avec Un outil qui couperoit les racines que le fraifîer poune abondamment du collet Se du tronc , 8c qui s'étendent horizontalement fur la furface de la ierre. A l'égard des planches de fraifîers, tout le monde fait qu'elles doivent avoir quatre pieds de largeur avec un petit fentier entre-deux. L'ufage des Montreuillois eft de lui donner deux di! Jardinage. 50V pieds ; cette diftance eft très-commode pour y paflfer , fans endommager les plantes qui anticipent toujours fur ce fentier. Ces Jardiniers enclofent aufïi de paillafïons deux ou trois perches de terre plantées en fraifiers lin* un co- teau ; au moyen de cet abri contre wn vent qui les noirciroit , ils recueillent une quantité prodigieufe de fraifes qui furpaflent toutes les autres pour la grofTeur , qui munilent plus promp- tement & ont un goût exquis : on » en a évalué le produit par an à trente mille livres. Je ne puis trop confeiller l'ufage de planter des fraifiers au pied des mu- railles expofées au midi & au levant fur des ados. Les fruits qui en îiaif- fent ont plus de goût que les autres, & muriflent au moins quinze jours ou trois femaines plutôt. Pour cet effet on ouvre la terre à l'aplomb du mur, en forte que la racine èc le tronc y tou- chent , & on la prépare comme il a été dit. Le fraifier ne manque pas , s'il s'y trouve quelque joint, d'y infmuer fes racines , & d'étendre les autres hori- zontalement. Dans cette pofition il reçoit les rayons du foleil fans en être btulé , parce qu'ils font tempérés par ^oi La Pratique l'humidité delà terre, &: il n'eft ex- pofé ni au hâle , ni aux vents. On doit éloigner les plants au moins de deux pieds les uns des autres -y du refte on les cultive de même que les frai- fiers en bordures 3c en planches. On en plante auflî au nord & dans une terre froide &c forte pour s'en procurer plus tard dans la faifon ; on ne les es- pace pour lors que de huit pouces. . Au mois d'O&obre ou au commen- cement de Novembre , on enfouit le fumier qu'on avoitmis précédemment autour de chaque plante, en y prati- quant une efpèce de petit baflin. La féconde année Se les fuivantes , on la- boure les fraifîers vers la fin du mois de Mars , enfuite on prend du fumier nouveau un peu grand, qu'on hache fort menu pour en envelopper le pied de chaque fraifier jufqu'au haut, fans cependant que fes feuilles foient gê- nées. Cette litière lui conferve le pied frais , & tient les grappes tellement droites qu'elles ne rampent pas fur la terre. Elle produit encore d'autres bons effets : i °. S'il vient des pluies, les frai- fes ne font pas terreufes , ni fu jettes à être mangées par les infectes ; de durant la féchereiïe , elles ne font pas du Jardinage.* $o£ brûlées, comme celles qui font aplat fur la terre. iQ. Elles ont un meilleur goût, étant aê'rées de toutes parts > 8c rece-» vant fufSfamment les rayons du foleiL 30. Elles munirent de. tons les cotés a la fois j au-lieu que celles qui ram- pent font rouges ôc mures du côté qui regarde le foleil , tandis quà l'oppofé elles font encore vertes &c blanchâtres. 4°. Les grappes ne font point agitées par les vents , ni expofées à être fou- lées aux pieds. 5 °. Le fruit eft plus aifé à cueillir. Quand les fraifiers font dans le fort de la fleur , on aura foin de pincer le» fommet de chaque grappe , parce que les rieurs qui y naiffent ne murilTent jamais parfaitement, font toujours pe- tites &c ont peu de goût. On n'épar- gnera que quelques montans des plus forts à chaque pied , &: on ne laiflera à chaque grappe que quatre, cinq ou fix fleurs. Pour avoir des fraifes en automne , on coupera toutes les fleurs qui pouf- feront les premières , les fraifiers en produiront d'autres qui fr unifieront dans l'arrière-faifon. Les fraifiers font fujets à être attar- qués pendant les mois de Mai de da 304 ^A Pratique Juin par les vers blancs , les limaces 8c autres animaux rampans qui mangent le col de leur racine , entre deux terres , & les font mourir. On les remplacera par ceux qu'on aura foin d'avoir en riferve dans la pépinière , Se qu'on lèvera en motte après la pluie. Le feul moyen de les délivrer de ces animaux deftructeuf s , eft de les vifuer fouvent : dès qu'on en voit qui commencent à fe flétrir, &dontles feuilles penchent, il faut fouiller au pied , on eft fur d'y trouver l'animal & d'empêcher par fa: deftruction qu'il ne fafte du dégât dans toute la planche. On connoît que les fraifes font mures 5c bonnes à cueillir , lorfque leur couleur eft d'un rouge foncé , qu'elles font luifantes comme un beau vernis , & rebondies } alors les petits efpaces entre leurs pépins font plus remplis que quand elles ne font pas mures. Pour leur donner le temps de le devenir, on ne cueillera jamais deux jours de fuite des fraifes fur les mêmes plants, mais de deux jours l'un feule- ment , durant les grandes chaleurs, de hors de ces chaleurs , tous les trois jours. Quand on les cueille , il faut avoir attention de couper leurs queues pu Jardinage. 305 avec l'ongle du pouce j li on les ar- rachoit , on courroit rifque de cafTer le montant de la grappe 8c d'enlever avec les fraifes mures , celles qui ne le feroient pas encore. D'ailleurs, en ti- rant à foi & arrachant les fraifes fans pincer la queue , on fait tort à celles qui reftent , en ce que cette partie continue à prendre de la fève , 8c s'ap- proprie une nourriture inutile pour elle & perdue pour les fraifes reftan- tes. Enfin , ce fruit dénué de fa queue a mauvaife grâce , s'affaifTe l'un fur l'autre , & s'écrafe pour peu qu'on le tranfporte au loin. C'eft un ufage général parmi les Jar- diniers , de couper la tige de tous les fraifiers , quand ils ont achevé d'en cueillir le fruit , afin de leur faire pouffer une nouvelle tête. Je ne puis l'approuver. Ces fraifiers qui ont été fatigués par une ample récolte de fruits , auroient befoin d'être mé- nagés 8c foulages , au-lieu qu'on les épuife de plus en plus , en les for- çant de travailler à la production de nouvelles feuilles. Cette mauvaife pra- tique eft caufe qu'il faut renouveler les fraifiers tous les trois ans, au-lieu qu'ils doivent durer depuis cinq j ufqu'à $o6 La Pratique du Jardin. huit ans , de même davantage. Mais, que faut -il faire pour cela ? Il fuffit de les débarraffer des vieil* les feuilles d'en- bas qui font ufées & deffechées , parce que leur fubftance a pafie dans le fruit dont les feuilles font les mères-nourrices. On tire ces feuilles par le côté pour les arracher fans ébranler le pied , & on enlève de même les queues des grappes qui ne fervent plus à rien , &c fe fèchent. Alors les fraifîers pouffent du cœur des feuilles nouvelles , qui formées fuivant l'ordre de la nature , réiiftent aux rigueurs des frimats & aux gelées, de forte qu'au printemps les plantes profitent plus vite , forment de belles têtes 3c donnent des fruits abondans» S** =*S$g Q-m. ta ^ es TRAITE D E LA CULTURE DE LA VIGNE CHAPITRE PREMIER. Z)« Gouvernement de la Vigne, JU A vigne eft une plante farmenteufe , & à moelle fpongieufe : fur fa tige malfaite & couverte d'une écorce brune Se rougeâtre , nailïent des farmens gar- nis de vrilles. Ses feuilles découpées , pofées alternativement fur les branche* tout fort grandes j dans leurs aiiTelles 30S La Pratique naiifent de petites fleurs jaunâtres. Lcrfqu'elles font tombées , on voit paroître des baies rondes ou ovales , qui en muriiTant prennent la couleur du fruit nommé raifin. Les racines nom- breuses , ligneufes Se vivaces de cette plante , plongent moins dans le fond qu'elles ne planent à la fuperneie de la terre , quoique plufieurs y pénètrent fort avant. Il fe fait par conféquerit un envoi prodigieux de fève par- tout à la fois dans la vigne. A la mi-Mai , au lever du foleil , nous avons fait une raie au mur d'un efpalier à l'ex- trémité de quelques bourgeons , Se nous les avons trouvés le foir alongés de fix pouces. Plus les bourgeons de la vigne font raccourcis , plus elle pouffe , au-lieu qu'il s'y fait une ample diftribution de fève lorfqu'ils font alongés , par con- séquent il y a moins de pouffes fur- numéraires. Elle eft il abondante , que de tous les yeux de cetre plante naiiïent des doubles Se des triples bourgeons qui donnent du fruit , pour la plupart j on les appelle fous-yeux, à caufe qu'ils font placés au defîous des yeux for- més. Il en part aufll quantité de pe- tits bourgeons qui produifent fouvent du Jardinage. 309 dts grappes. Indépendamment de ces différentes pouffes , la vigne fait éclorre foit du tronc, foit da vieux bois, une foule d'yeux , d'où nahTent encore des bourgeons. Tous les Vignerons qui n'ont au- cune teinture de cette Phyfique inf- trumentaie & expérimentale dont j'ai parlé , ne travaillent qu'au dépériife- ment & à la deftruction des vignes. Si , malgré le mauvais traitement qu'elles éprouvent, elles ne laiifentpas de produire du fruit , quelle feroit fon abondance & la qualité du vin , il elles étoient gouvernées tout diffé- remment ! Celui des meilleurs crus feroic exquis , le médiocre devien- droit bon j &c le commun , au-lieu d'être plat , feroit au moins potable : entin la vigne reflentiroit plus rare- ment les funeftes effets des gelées &C de la coulure. D'où vient qu'elle réfifte jufqu'à un certain point aux mauvais traitemens qu'elle éprouve? c'eft parce qu'elle eft, comme je viens de le dire, très-abon- dante en fève. Sa plantation, fa taille , fon ébourgeonnement font vicieux ; fes labours font malentendus, & dans tout le refte on agit fans règle fixe, ,10 La Pratique Confultez différens Vignerons , 8c fuivez-les dans leurs pratiques j vous yerrez qu'ils ne font pas plus en état d'en rendre raifon, que les Jardiniers de la conduite de leurs arbres. Tant qu'on plantera des vignes, en ecourtant leurs racines , qu'on mettra les ceps aufli près les uns des autres , que les rameaux fe faifant ombrage , ne jouiront que foiblement des bien- faits de l'air Se des rayons du foleil y il ne faudra en efpérer que très-peu de fuccès. L'état miférable où font toutes les vignes confirme ce que j'a- vance : vous n'y voyez qu'onglets , que chicots , bois morts , faillies cou- pes non recouvertes , chancre , gale & mouflfe au pied de quantité de ceps. Je fuis fort éloigné de penfer qu'aucun Vigneron foit allez dépourvu de fens pour les croire utiles à la vigne ; ceux d'entre eux à qui j'en ai parlé, les regardent feulement comme in- dirférens. J'ai prouvé que les chicots , ergots & onglets retardoient au moins le cours de la fève, s'ils ne l'intercep- toient pas tout-à-fait dans la partie qui en ett affligée. 11 faut cependant re- marquer que l'onglet qui doit être du Jardinage. 311 entièrement banni des arbres , eft né- ceifaire au bois de la pouffe dernière fur lequel on taille la vigne. En voici la raifon. Si on la tailloit tout près de Tœil comme les arbres , le bourgeon venant à croître ne manqueroit pas d'être décollé, foit en l'attachant, foir par fon propre poids, foit par le moin- dre vent , au-lieu que fur l'excédent qui forme l'onglet , il eft plus affermi ôc moins fujetà s'éclater. Il faut faire attention que les bourgeons de la vigne plus tendres que ceux des ar- bres , à caufe qu'ils font plus abon- vdans en fève , qu'ils font d'un tifïu plus poreux , &: qu'ils ont les fibres plus dilatées , font auffî plus aifés à être détachés. Mais ce que je ne puis m'empêcher de reprocher aux Vigne- rons quant à ce point j c'eit , i°. de ne point rabattre ces onglets l'année fuivanteà la taille ; i°. ê^tn faire même au vieux bois : au-lieu de récéper une grotte branche tout près de l'écorce , ils la coupent à un pouce en lui laiiTant un long bec de flûte. Pour en débar- raffer la vigne , il faudroit tenir une conduite oppofée , en travaillant plus correctement , & la panfer d'une ma- nière facile de rien moins que cou- }ii La Pratique tetife. Avec une ferpette bien tran- chante Se une fcie à main , le Vigne- ron fera difparoître les chicots Se les bois morts , réformera toutes les fauffes coupes , en rabattant les on- glets faillans , coupera jufqu'au vif ce qui a cave , Se fur ces plaies appliquera l'onguent de Saint-Fiacre. 11 vaudroit mieux dans un fens làiffer à la vigne tous ces bois morts Se gan- grenés , que de ne pas couvrir fes plaies. Comme j'ai épuifé ce fujet dans mon Traité de la taille des Arbres , je ne m'y étendrai pas davantage. Voila , me dira-t-on, du travail. Ne feroit-il pas plus court d'ébotter ces vignes en b leur faifant pouffer de nou- veau bois , ou de les arracher pour replanter ? Le remède eft violent. D'ailleurs quand on fappe une vigne par le pied , il faut au moins deux ou trois ans pour difpofer la terre à en recevoir un nouveau plant, Se de plus quatre à cinq années fans en rien re- cueillir , en plantant fuivant la mé- thode ordinaire. Je fais que dans l'inter- valle on occupe la terre à autre chofe , mais il s'en faut bien que ce rapport dé- dommage , Se de lanonjouhTance de la vigne , Se des frais de la replantation. | Voici du Jardinage. 315 Voici donc ce que je confeille. Après que des gens entendus auront panfé tous les ceps d'une vigne , on leur donnera des engrais propres à leur procurer la vigueur 8c la fécondité. On. les foulagera amplement , en taillant fort court & fur les meilleurs cour- fons feulement. Dès la première an- née , ils poufferont des jets de toutes parts , 8c fur-tout du pied 8c du tronc ; on cbourgeonnera les pouffes chéti- ves 3 Se on fe ifctranchera fur le bois franc 8c vigoureux , l'année fuivante on peut compter fur une ample récolte. En 1 7 5 7 & 1 7 5 8 il y eut fort peu de vin , fur- tout la dernière année. Plu- rieurs propriétaires de vignobles au- tour de Paris qu'ils exploitoient par eux-mêmes , firent exécuter , d'après mes confeils , ce que je viens de pref- crire } 8c tandis que dans le canton de Corbeil on avoit un muid ou un muid £: demi de vin par arpent , ces parti- culiers en recueillirent onze à douze demi-queues, 5c il fe trouva beaucoup meilleur. De plus , les vignes firent de très-belles pouffes , 8c groflîrent confidérablement de la tige. Un de ces particuliers fit arracher tous les ceps rabougris , de mit les bons Tome IL O 314 Là Pratique à trois Se quatre pieds de diltance. î^^féÇja CHAPITRE IL D# fonds de terre , rt court fur un petit nombre de courfons. Je penfe que cet engrais eft préfé- rable au fumier qui épuife la vigne dès fes premières années , la rend plus du Jardinage. 519 fujette à être frappée de la gelée , ôc communique au vin fon goût défa- gréable. Le marc de raifin qu'on a laiiTe pourrir durant un an , produit aufli d'excellens effets fur les vignes , au pied desquelles on le porte. L'ufage dans les bons vignobles eft de ne ja- mais les fumer que lorfqu'ony fait des foffes profondes. En général , un peu de fumier tous les fept ans , fuftit dans les terres légères , «Se tous les douze ans dans celles qui font plus fortes. Celui des bergeries , lorfque fon feu eft éteint, eft très-falutaire aux vignes jauniffantes. . v»i rf*»* *a*a. r*?nbu. *&ms* CHAPITRE III. De la plantation de la Vigne. jLA vigne fe multiplie par le plant enraciné , par les marcottes 3c par les boutures. Le premier eft un cep élevé pendant deuxou trois ans dans une pé- pinière , 3c fe lève en Novembre pour fe replanter aufli-tôt. Les marcottes fe couchent en terre, comme je le dirai, O iv 3io La Pratique & les boutures font des jets fort garnis d'yeux & inutiles au cep ; on les nom- me crcifettes quand ils font coupés à cinq ou fîx yeux au-deflus de leur naiilance , Se qu'ils font accompagnés d'un peu de bois de l'année précé- dente. Toutes ces manières de planter la vigne font bonnes j l'effentiel eft de bien choiflr fon plant. Nous lui avons afïigné pour fon emplacement les hau- teurs , les montagnes , les terreins grouettèiix , fablonneux Se pierreux. Dàiis tous ces endroits , il n'eft pas poiïlble de faire des fouilles profon- des pour planter la vigne , ni des fbifes pour la coucher Se la renouve- ler. Quelque avantageux qu'ils foient, il faut y renoncer il on n'a pas au moins dix-huit pouces de bonne terre ; encore eft-on fouvent obligé de la ré- chauffer Se de la buter , fi on veut qu'elle ne fèche point. Il ne faut donc rien efpérer ici du fond , mais comp- ter uniquement fur la fuperficie , Se attendre tout des influences de l'air Se des engrais qu'on donne à la vigne. Dans ces terreins fans fond, je me reftreins à planter aux endroits pro- pres à être creufés jufqu'à la profon- bu Jardinage. 5x1 deur d'un pied fk demi. Alors, aprcs avoir fait ma fouille , j'y. mets envi- ron cinq ou fîx pouces de miette , ôtant les pierres Ôc les cailloux, ôc brifant les mottes , puis je place ma marcotte ou mon farment fur cette miette , en la couchant dans toute la longueur que me permet la largeur de ma fouille , jamais debout ni per- pendiculairement. Si le terrein me per- met des fouilles plus profondes , com- me de quatre pieds de large fur trois de profondeur , j'étends ma marcotte dans la totalité de cet efpace , & je l'y place à plat fur les (ix pouces de miette du fond , en lui faifant par- courir tout le contour du trou (fig. 1 , Plan, yt) Dans le coin à gauche eft placée la marcotte, enfuite fon bois eft conduit dans la circonférence des autres encoignures , puis elle eft re- levée perpendiculairement par le mi- lieu du trou , & enfin elle fort de cinq à (ix pouces , ayant deux ou trois bons yeux. Je plante cette marcotte avec toutes fes racines, fans en couper ni en raccourcir une feule j & Ci elle a fept ou huit nœuds enracinés , je n en iuppnme aucun. Mais } me dira t-on , pourquoi tant O H 32i La Pratique enfouir la vigne , êtes-vous fondé en raifon , pour planter aufîi avant? Quan- tité de Phyficiens , 6c Haies entre au- tres , prétendent que les fucs du fond de la terre ne font point profitables aux plantes , parce que n'étant point bénéficiés par le nitre de l'air , ils ne peuvent être que crus 6c indigeftes , 6c que par conféquent les fruits qui en proviennent doivent être d'un mauvais goût. En ce cas , il faudroit empêcher les arbres fruitiers de plonger leurs ra- cines a quatre , cinq 6c iix pieds 6C même au-delà dans le fond de la terre» J'ai vu en Normandie deux poiriers dans la barTe-cour d'une métairie , qui avoient environ trois pieds de diamè- tre 6c qui pouvoient être âgés de cent cinquante ans 3 dont les racines ayant trouvé de bonne terre , avoient piqué jufqu'à dix pieds de profondeur. L'un de ces arbres étoit un gros blanquet, 6c l'autre portoit un fruit à couteau 6c a cuire tout enfemble , nommé dans le pays poire de rondeau , tous deux excellens. J'ai trouvé dans des vigno- bles 6c dans des jardins des racines de vigne à la profondeur de fix pieds. Ma raifon pour planter avant eft bien fimple j c'eftpour profiter des fucs du Jardinage. 32$ du fond qui font toujours perdus pour les plantes , ôc qui, au moyen de mon rempliiTage , font bien francs. Cela n'empêche pas que les racines hori- zontales de le chevelu ne pompent les fucs de la fuperficie : d'ailleurs tout le monde fait qu'à quelque profondeur qu'on place la vigne en terre , elle prend toujours racine du collet. Par conféquent que d'avantages multi- pliés ! Le trou étant fait, je le remplis de la terre de la première fouille que j'ai fait mettre de coté, 5c je la place au fond ; puis celle de la féconde , de enfin la troisième par-deffus en fuper- ficie , bien entendu que des engrais renouvelés tous les deux ans fupplée- ront au défaut de fels de la terre na- turelle. Il eft un expédient dont je me fuis heureufement fervi en plus d'une oc- cafion ; je n'ai point afifez de profon- deur de terre , je m'en procure une factice en butant chaque cep à un pied au-deffus de la fuperficie voifine, avec un amas de terre que j'exhaufTe de quatre pieds en tout fens, à prendre du milieu du cep. Lorfque je puis planter par rangées ôc par perchées j Ovj 3*4 La Pratique je forme ainfi une forte de plate- bande d'un bout à l'autre de chaque perchée , où la terre devient plus haute que celle des fentiers. J'ai foin 3 qu'en labourant on rejette toujours dans l'un êc l'autre fentiers les terres qui fe ré- pandent , Se qu'on les rapproche ou du cep ou de la plate-bande. C'en: ainfi que l'Art fupplée à la Nature. Comme je plante à fix pieds, je fuis fort en état de me procurer cette pro- fondeur fuffifante de terre , puifque J'en tire vers chaque cep le plus que je peux dans l'entre-deux , y laifïant un baflin qui dans le temps fert à re*» tenir les eaux pour les faire pafTer aux racines. Il faut fe reiïouvenir qu'il ne s'agit ici que des terres légères 3c fans fond. Tout ce qui vient d'être dir con- cerne les trous particuliers à faire dans des endroits où les plants ne peuvent être réguliers ni fuivis ; mais quant aux plantations par rayons fymmétri- fés , la conduite 3c la direction , ainfi que l'opération , font différentes , quoique le fond Ôc les principes foiçnt les mêmes. Sans expliquer au long ce qui fe pratique dans les vignobles à cet bu Jardinage. 525 égard, je confidère d'abord le local. Ou le terrein eft plat, ou en pente douce , ou il eft plus ou moins ef- carpé , ou j'ai un bon fond de terre ou je n'ai qu'une fuperficie , ou enfin partie de mon terrein eft bonne terre , &c l'autre eft mauvaife. Voici ce qui fe pratique dans ces diverfes circonf- tances. On commence par tendre un cor- deau le long de la pièce de terre , &c on marque une trace d'un bout à l'au- tre. On en fait une féconde en por- tant le cordeau a quatre pieds plus loin , de ainfi jufquau bout. Le long de ces traces on creufe un rayon au(H large que profond , comme d'un pied Se demi , pour y coucher le plant obli- quement à deux pieds l'un de l'autre. L'ufage eft de n'employer qu'environ la moitié , foit des marcottes , foit des far mens néceilaires pour tout le ter- rein , puis d'année en année , à me- fure que chaque cep fournit de nouveau bois , on le couche & on fait des folfes pour garnir la totalité de la terre. Par la fuite on ménage çà de là des pro- vins à demeure , afin de lever des jnarcottes. Loin de m'écarter de cette façon. $i£ La Pratique de travailler, je la crois indifpenfable ; je penfe feulement qu'elle eft fufcep- tible de réforme. Au-lieu de planter les marcottes dans les rayons vis-à-vis les unes des autres ; je voudrois , i°. qu'on les plaçât en échiquier 3 parce que cette pofition des ceps , opérant un plus grand éloignement entre eux , produit aufli dans un fens une plus grande fécondité. i°. Que tous les ceps furent du même alignement d'un bout de la vigne à l'autre , comme je l'ai vu en quantité d'endroits de la Bourgogne , moins pour l'agrément Se le coup d'oeil, que pour l'utilité Se la commodité. $°. Je trouve que par- tout les ceps font trop proches , Se qu'ils fe nuifent Se du haut par l'om- bre qu'ils fe portent réciproquement, Se par les racines qui fe touchent. De- là vient en partie la coulure dans les années humides , ou trop lèches , ou froides , à caufe de l'ombrage qui s'op- pofe à l'action de l'air Se du foleil , en- fuite le retardement Se la difficulté de la maturité , Se enfin la foiblelfe du cep Se des poutfes. J'exige donc que chaque cep, au-lieu d'être à un pied ou à dix-huit pouces , foit au moins à quatre pieds de diftance l'un de l'autre en tout fens. du Jardinasi. 2*7 La /g. i. (Planche Z7". ) représente la coupe latérale de la vigne , des ados> de l'emplacement des marcottes , de leur enfoncement dans la terre, de de la pofîtion de leurs racines. Qu'on ne craigne point, au refte ,' de perdre beaucoup de terrein , &c de ne retirer prefque rien des vignes. Je mets en fait , que fi on efpaçoit les ceps , comme je le preferis , on y ga- gneroit. Au-lieu de tailler fi court , à caufe de la foiblefle du bois qu'il faut ménager , ou pourroit tailler plus long du double , les poulies étant plus for- tes j cV au-lieu de ne le faire que fur deux ou trois courfons , on tailleroit fur quatre de cinq , & même plus. Quelle différence pour la maturité du raifin , pour la bonté du vin & pour la facilité du travail ! Par rapport à la profondeur des ceps dans la terre , lorfqu'on plante en rayons , & qu'on couche des mar- cottes, je pratique ce que j'ai enfeigné au fujet de la plantation de la vigne dans des trous particuliers , favoir la fouille profonde , le remplifFage, la plantation avec toutes les racines , &C l'alongement des marcottes. Ce der- nier point a befoin de quelque éclair- jiS La Pratique cifTement. Comme on ne peut les faire* tourner dans la circonférence trop bor~ née du rayon, ainfi que dans un trou plus fpacieux , il faut en tirer le meilleur parti qu'il eft poiTible. La profondeur de ces rayons n'eft déterminée que par la qualité &c le fond de la terre. Il faut toujours qu'il y en ait fept a huit pouces de la fuperficie aux premières- racines ; autrement elles feroient cou- pées en labourant ; & dans les fé- chereiTes la vigne feroit bientôt al- térée tk delTéchée , & le railin brûle- roit fur pied. Quant aux provins , je prefcris deux conditions j l'une , que l'on enterre les rameaux plus avant j l'autre , qu'on les couche non en lon- gueur fur la fuperficie de la terre, mais qu'on les prenne de court & en plon- geant dès le pied même du cep. Le temps de la plantation de la vigne eft depuis la chute des feuilles pour les pays fecs & chauds , & en février & en Mars pour les pays froids êc humides. Il y a diverfes pratiques à ce fujet, il en eft même de fingu- lières , telle que celle de planter à la S. Jean. Je ne dirai point que les mar- cottes doivent être de la pouife der- nière, mais je recommanderai fur-tous du Jardinage. 329 de ne point fouler la terre 3 ainfi que quelques-uns le font, avant que de les pofer dans le trou. C'eft, difent- ils , pour empêcher les racines d'être rongées par les vers blancs qui ne peuvent percer la terre quand elle eft bien plombée : comme h* l'expérience ne nous apprenoit pas que ces reptiles s'introduisent plus ordinairement dans les terres compactes que dans les terres franches. Ils s'accommodent peu de celles qui font douces de friables où ils font comme enfevelis fous les miet- tes , dont la chute les embarrafTe fort; quand au contraire la terre eft ferme 8t fèche , ils s'y pratiquent des retraites qui ne fe bouchent point. Au furplus> comment veut-on que les racines per- cent une terre compacte Se durcie , que l'air & la chaleur du foleil y pé- nètrent , 6k: que la plante y ait de la nourriture ? J'ai parlé de marcottes qui ont au moins cinq & fix nœuds enracinés : on demandera fans doute le moyen d'en avoir d'une telle longueur. Le voici. Quand je veux planter de la vigne , je couche dès le printemps de l'année précédente les rameaux les plus vigou- 350 La Pratique reux, choifîs fur des ceps de fept à huit ans, &: produifant du raifin noir pré- férahlement au blanc. Je les enterre d'un bon pied avec le plus de bois qu'il m'eftpoilible , fuivant la longueur du rameau qui prend racine à chacun des nœuds couchés en terre. Durant la pouffe , au-lieu de mettre des écha- las au pied de ces marcottes , j'y place des perchettes ou gaulettes , & je les y attache fans les rogner à la hauteur de neuf à dix pieds. Onpourroit à leur défaut étendre ces .marcottes fur les extrémités des échalas voifins autant qu'elles peuvent l'être. J'ai grand foin d'ôter toutes les vrilles ôc les faux- bourgeons qui prendroient la nourri- ture de la marcotte. Je ne crains nullement d'affoiblir le cep : le rameau ainfi couché ne peut lui faire grand tort , puifqu'il en tire moins de nourriture que de la terre où il eit enfoncé d'un pied : je fuis de plus affiiré de lever une telle marcotte avec toutes (es racines. A la chute des feuil- les je la fouille de je la déplante , je me iers pour cet effet d'une fourche peu en ufage dans bien des cantons , mais dont on devroit fe pourvoir par- tout. On en a vu le deiTm [fig. 9, PLI su Jardinage. 331 du premier volume ). Avec cette four- che je dégage les racines de la mar- cotte fans les endommager & je la fèvre en la coupant tout près de l'œil enraciné le plus voifîn du pied du cep. Si je la tire avec effort lorfqu'elle eft fuperficiellement découverte , Se que je l'arrache, comme on a coutume de faire , je laide en terre quantité de menues racines , dont la fouftraétion ne laiffe pas d'altérer la plante. Cette façon de planter la vigne eft oppofée a l'ufage univerfel des Vigne- rons , qui ne confervent qu'un nœud enraciné , dont ils coupent les racines à un demi pouce ou à un pouce tout au plus. Une vigne plantée , comme je le preferis , pouffe vigoureufemenc dès la première année , commence à la féconde à donner du fruit 3 8c eft tellement formée à la troifième, qu'elle rapporte le double & le triple des au- tres au bout de quatre , cinq , ou fîx ans. La raifon en eft toute (impie. Que fait-on en coupant les racines ? On prive la plante de fes fuçoirs , de fos inftrumens deftinés à pomper & a atti- rer à elle les fucs de la terre. De cette fouftraction il arrive que la vigne ôc les plantes languiftent, ne font que 3 3 ^ La Pratique des pouffes maigres, jufqu'à ce que la Nature ait réparé le dommage qu'on lui a caufé , & qu'elles ne profitent qu'à mefure que leurs racines fe reprodui- fent. J'ai bien des fois oui dire qu'on cou- poit les racines aux plantes pour les îbulager d'abord , & enfuite leur en faire repouffer de meilleures , comme lorfqu'on faigne à defTein d'améliorer le fang. Ce raifonnement n'eft guère jufte. Ce n'eft point l'arbre qui nour- rit les racines , mais ce font elles qui font vivre l'arbre, il doit croître &£ profiter félon que ce principe de vie eft abondant & agiifant ; par confé- quent le retranchement des racines , loin de le foulager , lui nuit notable- ment. Dire que les nouvelles qu'on oblige une plante de faire , font meil- leures que celle que l'on coupe , c'eft avancer un paradoxe. Le contraire eft bien décidé par les pouffes vigoureufes que font les plantes mifes en terre avec toutes leurs racines, par leur fé- condité prompte , leur accroiffement furprenant & leur durée , au - lieu que les autres à racines écourtées font long-temps à reprendre , ne rap- portent que tard 3 ne profitent que bu Jardinage. 355 foiblement, de meurent fouvent. La comparaifon de la faignée ne peut avoir lieu ; on ne faigne que lorfque le fang pèche ou en quantité ou eu qualité , ici au contraire il n'y a jamais trop de racines , ni par conféquent trop de fuçoirs. A l'égard de celles qui font mortes , chancies ou caflees , on eft forcé de les raccourcir jufqu'au vif. Quant aux farmens pu aux croffettes qui font dénués de racines , je les plante comme la marcotte. Mais pour avoir des farmens fort longs avec un peu de vieux bois au bout , je m'y prends comme pour les marcottes , en laiflfant croître une certaine quan- tité de rameaux que je dirige de même. Ces crolTettes ne manquent pas de prendre racine à tous les nœuds couchés en terre. Si l'on en croit les Vignerons, le farment ou la crolfette, quoique plus difficile à reprendre , donne du fruit meilleur & plus abon- dant , Se la durée du plant eft plus longue. Tout homme fenfé conviendra qu'une plante formée doit l'emporter fur celle qui n'a qu'un principe éloi- gné encore de formation. La marcotte étant une plante faite , dont les con- 3 54 La Pratique duits Se les organes font tout difpofés à travailler Se à remplir leurs fonctions, a des avantages infinis fur une autre, dont ces mêmes organes font encore imparfaits. Nous avons planté durant une longue fuite d'années des mar- cottes Se des croffettes , Se nous avons également fuivi les opérations de dif- férens Vignerons , nous avons reconnu la fupériorité du plant enraciné. On eft dans l'ufage de laifTer quelque temps le farment dans l'eau avant que de le planter , Se on fait bien : il eft certain que fes parties , tant internes , qu'ex- ternes , étant humectées Se dilatées , font plus propres à croître Se à végé- ter. Les marcottes même dépofées pendant vingt-quatre heures feulement clans l'eau avec toutes leurs racines , reprennent plus promptement. On demandera peut-être ce que de- viennent les yeux de la marcotte en- fermés en terre , & s'ils ne poufTens point en dehors.Tous prennent racine 'y ce qui eft deftiné à être bénéficié par l'air , Se qui s'en trouve privé , ne peut plus croître ni fe former. Telle eft la raifon pour laquelle , lorfque les gref- fes , dont le tiiiu eft fait pour recevoir l'impreilion de l'air, font enterrées, du Jardina ge. $$f les arbres ne profitent point, ou ils font inféconds , ou ils meurent. Quant aux yeux des marcottes Se des farmens, ils deviennent racines dès qu'ils font privés des bienfaits de l'air. Alors ne pouvant percer la terre , il faut que la fève qui palTe jufqu'à eux, faiTe éclorre des racines au - lieu de bourgeons , parce qu'imprégnés feulement de l'humide de la terre , elle eft tra- vaillée dans fes entrailles autrement qu'en dehors , par l'entremife de l'air qui dilate les parties des plantes fur lefquelles il agit directement. Il faut fuppofer que la fève qui pro- duit les racines , les branches , les bourgeons s les fleurs & les fruits , eft la même diverfement travaillée , parce qu'elle pa(Te par divers canaux qui la modifient. Comme l'action extérieure de l'air ne peut jamais former de ra- cines , mais feulement des bourgeons, de même l'action intérieure de l'hu- mide de la terre ne peut produire que des racines. Lorfque certains arbres produifent du tronc de des racines même des rejetons, c'eft parce que le tronc oc- cupant la fuperrîcie de la terre à tra- vers laquelle i'air agit fur lui , a fençi 3 3^ La Pratique fcn impreflîon par voie d'attraction. Vous remarquerez que ces rejetons font tout blancs de caffans , & qu'à mefure qu'ils Tentent l'action de l'air ils bruniifent , & que leur peau fe durcit. 11 faut dire encore qu'ils n'é- manent point des racines inférieures, mais des horizontales, que leur em- placement met à portée de reffentir par voie intermédiaire l'action de l'air ; fans quoi nul rejeton femblable ne pourroit jamais monter. cr— ^Çffflfa CHAPITRE IV. Des Perchées. Uans tout ce qu'on vient de lire au fujet de la plantation de la vigne , je me fuis moins écarté de la méthode reçue que je ne l'ai rectifiée. Ce que je vais dire s'adrefTe aux Curieux dé- gagés des préjugés du vulgaire \ l'exé- cution en eil aifée , peu couteufe , abrège le travail 8c produit au-delà du double de la pratique ordinaire. Voici mon idée : c'eft de partager tout du Jardinage. 337 tour plant de vigne par rangées paral- lèles , non pas longitudinairement en face du midi, mais rranfverfalement , €n forte qu'elles puiflent être éclairées du foleil tout autour. Je forme donc les vignes en façon de contrefpalier { PL V"% fig. 3.) que je conftruis avec de forts échalas à* la hauteur de quatre pieds au moins. J'attache vers le mi- lieu de ces échalas un rang de perches en travers qui régnent d'un bout à l'autre , 8c un fécond rang a l'extré- mité d'en-haut , que je drelfe au cor- deau. Dans les endroits montagneux 8c efearpés , on peut former ces for- tes de perchées en fpirale fuivant le terrein, afin de diminuer 5c de couper la pente pour faciliter les travaux , Se empêcher que les terres ne foient en- traînées dans le bas. J'efpace ces rangées a fix pieds ou au moins à quatre ; cette diilance fuffit pour que les travailleurs qui rappor- tent les terres du bas dans le haut, de qui amènent les engrais néceffaires , entrent 8c fortent aifément. Dans le temps de la poulfe , lorfque les bour- geons de chaque côté font grands , il faut encore avoir un efpace fuffifanc .pour vaquer au paliifage ôc à i'dbour- < Tome II* P "33^ La Pratiqui geonnement j efpace très -commode aux hotteurs chargés de la vinée , & obligés d'aller & de venir. Cette façon de diriger les vignes efl: ufitée dans plus d'un endroit de nos fameux vignobles , tels qu'Auxerre , de c'eft ce qu'on y appelle des perchées. Elle étoit même connue des Anciens , puifque nous lifons dans Varron (Chap. VIII) que la plupart des vignes d'Italie étoient attachées en forme de treillage à des pieux placés en travers & fur d'autres fi- chés en terre , de forte que leurs bran- ches fe croifoient par le milieu. Mes perchées en diffèrent totalement. Avant , que de conftruire le bâti de cette ef- pece de contrefpalier , ce qui n'a lieu qu'à la troifième ou quatrième année après la plantation } je fais au cordeau d'un bout à l'autre des trous à quatre pieds de diftance les uns des autres , ou une tranchée de la même profondeur fuivant la qualité du terrein , & j'y plante mes marcottes, comme je l'ai dit. Lorfque j'ai formé ainfi ma pre- mière rangée , j'en plante une féconde en échiquier , de forte que la troifième foit la répétition de la première , 8c ainfi jufqu'aubout de la pièce de vigne, comme il eft repréfenté (PL V,fig* 4)» du Jardinage. 35^ Il eft queftion maintenant de travail- ler à ces vignes , quand elles font en état de garnir les perchées. Au-lieu de diri- ger leurs poulTes perpendiculairement & verticalement , comme on fait lors- qu'on les lie aux échalas , ou même aux perchées dans les vignobles où elles font en ufage , je les tire toutes oblique- ment à droite &c à gauche de chaque perchée , ( PL Vyfig* 3. ) où les ceps doivent former un double efpalier , en forte que la vigne puiflfe être égale- ment paliiTée des deux côtés. On con- duit ainfî tous les bourgeons depuis le bas des perchées jufqu'au haut, de fa- çon qu'ils les tapiifent exactement , Se qu'ils forment un cordon ou une force de couronnement dans toute la lon- gueur. Pour y parvenir , il ne faut ro- gner l'extrémité des bourgeons , que quand toutes les perchées font garnies, éc a mefure qu'ils pouffent on les en- trelace : cette façon ne change rien ni au panfement , ni au travail ordi- naire. Les avantages que produit une plan- tation Se une direction femblables , font immenfes.Les ceps étant éloignés de quatre pieds avec un fentier pareil entre chaque rangée , leurs racines n* pi) 34o La Pratïqve peuvent s'atteindre ni fe nuire , & leurs bourgeons au-lieu d'être enfer- més & liés par paquets , font éclairés èc échauffés par le foleil , & participent à toutes les influences bénignes de l'air , la nuit & le jour. Mais ce qui contribue le plus au bon état de la vigne , à fon progrès Se à fa fécondité , c'eft la direction des pouffes par voie d'obliquité. La fève n'étant point por- tée verticalement , eft retardée , & ne coule que par mefure ; elle eil cuite par conféquent , digérée 8c ta- mifée tout autrement, que lorfqu'elle monte directement êc perpendiculai- rement. Aufïi les pouffes d'une telle vigne font-elles bien différentes. Com- me ces perchées brifent & coupent les vents lors des gelées de du fouffle em- pefté de ceux de galerne , que dans le temps de la fleur, la plante jouit de toute la liberté de l'air , la cou- lure doit être plus rare que quand les grappes font étouffées dans un amas confus de feuilles & de bourgeons dreffés verticalement. Elle produit de plus une quantité prodigieufe de rai- lins qui profitent d'autant que la fève eft plus cuite , & que les bourgeons ayant plus d'air, font plus favorifés du Jardinage. 341 clés rayons du foleil , au moyen de quoi ils munirent plus vite , Se ac- quièrent'un goût fupérieur. Un autte avantage non moins coiî- fidérable de cette méthode , eft l'a- longement des bourgeons qu'on n'ar- rête qu'après qu'ils ont jeté leur feu. On ne force point la vigne a s'épuifer d'abord pour la formation, fucceflîve de faux-bourgeons qui empêchent la fouche de profiter. Cette obliquité de bourgeons opère une répartition de la fève plus réglée Se due à une diitribu- tion proportionnelle dans toute la plante. Qu'on ne dife point que ma méthode fait perdre beaucoup de ter- rein, je crois avoir prouvé qu'au-lieu d'être perdu il ne peut être mieux em- ployé. Il efi: différent d'avoir un millier de ceps confus , qui fe mangent ré- ciproquement par leurs racines , qui fe font ombrage par leur proximité Se leur touffu , qui gèlent aifément, qui coulent prefque néceiTairement , Se qui muriffent avec peine , dont les grappes Se les raifins font en moindre quantité , ou de fe borner à cinq cens ceps , qui jouifiant de tous les avan- tages dont ceux-là font privés , rendent le double Se le triple. Piij J42- La Pratique Il ferôit fort aifé de drefler , fui- vant certe méthode , les vignes an- ciennes qui font encore bonnes. Au- lieu d'arracher les ceps , on les con- ferveroit en plus grande partie pour ne point fe mettre dans le cas de la non-joui(fance , & on y procéderait de cette façon. En Novembre, après avoir formé (es perchées d'un bout à l'autre de la pièce de vigne avec des jalons alignés de diitance en diftance , on coucheroit bien avant en terre à droite Se à gauche , tous les bons ceps qui fe rencontreroient à l'alignement des perchées. Si néanmoins ils étoient trop voiiins , on feroit forcé d'en ôter plufieurs. Mais , quelque bonne que puifîe être une telle vigne , elle ne fera jamais les progrès de celle plan- tée fuivant notre méthode > on. pour- roit donc laiffer entre les ceps une diitance moindre que celle de quatre pieds , du moins pendant plufîeurs années , jufqu'a ce que fortifiés ÔC alongés fuffiiamment , ils fufïènt en état de garnir le terrein. W du Jardinage. 343 ==^^5^(5*^ ■, ,, — ». CHAPITRE V. De la Taille de la Vigne. JT A u t - 1 l tailler court ou long , laif- fer peu ou beaucoup de courfons ? On doit fe régler à cet égard fur les cli- mats , les expofitions , la nature des terreins , Se la vigueur plus ou moins grande des fujets , la qualité particu- lière du bois fuivant les années , les événement de l'année précédente du- rant te printemps , lage des vignes, la diftance des ceps, la nature ôc l'ef- pèce des raifins. Les bons ouvriers fe guident d'après ces différentes confi- âérations ; & fi malgré leur inobfer- vation , on ne laitfe pas de recueillir du vin , que feroit-ce ii on agifïbit fui- vant les règles! Je me preïTe moins de tailler dans les climats où les gelées font à crain- dre, & où les vignes font expoiées à Y action des vents du nord & de ga- lerne , que dans ceux plus hâtifs & plus favorablement fitués , comme au midi. Une vigne taillée avance Piv 344 La Pratiqué davantage que lorfqu'elle ne l'eft point, parce qu'elle a moins de bois à nour- rir : il e(l certain que la fève envoyée des racines & qui eût été répartie dans celui qu'on a ôté , n'étant plus portée que vers le feul bois taillé, doit avoir bien plus d'aétion au temps de la pouffe. Là je taille a'uiîi plus long , £c je charge plus en courions , à caufe que dans ces fortes de climats un peu froids , la vigne a plus de corps , & qu'elle y pouffe davantage que dans ceux expofés a l'ardeur du foleil, qui pompe bien autrement les fucs de la terre. En général je me décide par la nature du terrein , pour alonger en bois Se charger en courfons ample- ment dans une bonne terre Se avec beaucoup de réferve dans un terrein maigre Se fec. J'étois dans le jardin de l'Abbaye de Chaâlis près de Senlis , où je vis railler des vignes en efpalier avec un nombre prodigieux de courfons , tous à un pied ou un pied Se demi de long. Je demandai au Jardinier la raifon de cette taille. Il me dit que s'il tailloit à la façon ordinaire , il ne recueilleroit rien , parce que le jardin étant de toutes parts coupé par âes canaux , du Jardinage. 345 les vignes Se les arbres faifoient des poufles prodigieufes , Se que chaque cep donnoit tous les ans , eu égard à la hauteur des murs 6c à leur expo- fîtion au midi , cent , deux cens Se jufqu'à trois cens livres de raifins ex- quis. Ces vignes en Août Se Septem- bre étoient effectivement chargées de grappes très-gro(Tes Se abondantes. J'ai vu en Bourgogne des vignes toutes rabougries , Ôc qui paroifîbient étiques : on ne les tailloit qu'à deux ou trois yeux , &c on leur laiiïbit très- peu de courions. D'autres à cent pas étoient fort chargées en bois Se tail- lées à peu près comme celles des en- virons de Paris : les unes & les autres donnoient des vins exquis , les pre- mières en petite quantité , Se les der- nières abondamment , eu égard au terrein Se à Texporition. Les vignes étiques étoient fituées fur une colline fablonneufe , Se les autres fe trou- voient dans un fonds excellent , ex- pofé au midi. Les premières labourées en fuperficie feulement n'étoient pref- que point ébourgeonnées , tandis que les autres l'étoient amplement Se en fond. Durant la pouife on étoit obligé d'ébourgeonner celles-ci tous les huit Pv 34^ La Pratique ou quinze jours. Dans plufîeurs en- droits aux environs de Paris , on ne laifTe qu'une branche à chaque cep -y dans d'autres on en ménage deux } l'une deftinée à porter du fruit , 3c l'autre à donner du bois. Celle-ci qui entretient le cep eft la plus grofTe & la plus ba(Te \ fes yeux font plus rares. Celle-là qui eft plus élevée eft plus maigre 3c doit avoir les yeux plus près les uns des autres. De ces dirrérens ufages , j'ai conclu que pour bien cul- tiver la vigne , il falloit connoître la force ou la foibleffe des difFérens can- tons , s'en tenir à la pratique locale , Se qu'il n'étoit pas poiîîble de donner des préceptes particuliers a cet égard. Voici néanmoins la règle que je fuis pour la taille de la vigne , ôc pour la quantité de fes bourgeons. Quand fon bois eft bien franc , je taille le plus fort & le mieux placé à quatre ou cinq yeux , non compris les fous- yeux , un fécond à trois yeux , un troifîème à deux , & un quatrième à un œil, c'eft-àdire, que je laifTe au moins une douzaine de bons yeux. J'obferve que le bas du ralus de la coupe foit oppofé à l'œil , de peur c|ue les pleurs de la vigne coulant »u Jardinage, 547 deflus , ne l'endommagent. De plus, à ce cep vigoureux , je laiffe un long bois qne je taille au bon œil de fon extrémité & que je couche en terre dans le temps. Quoique je prefcrive de faire de ces longs bois, je ne fuis point de l'avis de certains Vignerons, qui les multiplient à outrance ; entre leurs mains la plus excellente vigne eft. ruinée en peu d'années. Je mé- nage ce bon bois le plus près de la. fouche , afin de pouvoir l'enfoncer fuififamment en terre , fans faire un coude faillant , toujours difforme 8c fujet à être coupé en labourant quand le feuillage en dérobe la vue. Je ne parle point ici des vignobles à gros plants , tels que ceux du Gâtinois , de la Beauce , de la Brie & autres où l'on peut être moins réfervé à les tail- ler long & à les charger. 11 eft eflentiel , lorfqu'on travaille à une vigne, foit forte y foit foible, jeune ou vieille , de la rapprocher , & de ne jamais la laiffer s'empor- ter du haut. Je ne vois de toutes parts que des ceps étiques, alongés, avec un peu de verdure à leur extré- mité , parce qu'on a négligé dans le temps de les tenir court du bas 6c de Pvj V J-ARBIHA6I, $49 fervent d'appui. Là , les efpaliers , les berceaux & les treilles des jardins font garnis de ces ceps alongés à des diftances immenfes , & un feul donne plus qu'une ou deux douzaines en plant dans les campagnes. En faifant ainfi ramer les vignes, on craint moins le haie & la grande action des rayons du foleil. J'ai tenté d'imiter cette pra- tique dont Pline , Horace & Virgile ont parlé , en faifant monter la vigne dans des arbres 5 elle a donné très- peu de raifin qui n'a point mûri : celle des efpaliers qui participe aux bienfaits de l'air &: aux faveurs du foleil , rapporte amplement du fruit qui mûrit de bonne heure. Les ber- ceaux en font couverts & les ceps deviennent d'une grofTeur prodigieufe., mais tout raifin , excepté le chafifelas &c le verjus , outre qu'il ne muriroit pas , y feroit du vin déteftable. D'après une telle expérience on s'eft déterminé à planter des vignes naines attachées à des échalas. Plus le raifin eft bas , fans cependant toucher à la terre , plus il acquiert de maturité ôc de qualité. D'abord , il eft plus près du centre du cep , il reçoit directement les fucs ; enfuite la réverbération de la chaleur 55° La Pratique & des rayons du foleil , qui forme une efpèce de fourneau , Se rejaillit fur les raifins , contribue à leur goût ôc à leur maturité. La vigne dans cet état eft abritée des vents , Se fon fruit n'eft point égrené par leurs fecoufTes , fans parler de la facilité du travail. Dans l'Anjou, laGafcogne, le pays d'Aunis, à Montpellier cette plante fe foutient fans écnalas : elle eft baffe , fes far- mens font coupés régulièrement tout les ans fort près du tronc. Elle étend peu fes branches ; Se comme elle eft plus courte, elle devient plus grofTe. J'ai dit qu'en taillant la vigne , il falloit avoir égard à la qualité particu- lière du bois fuivant les années , Se aux événemens de celle qui a précé- dé. Si elle a été humide , la vigne a pouffé à outrance , parce qu'elle écoit en bon fonds ; ou elle a pâti , ùs feuilles ont jauni , Se fon bois mal aouté eft tendre Se moelleux. Que faire alors ? Dans le premier cas , alongez amplement Se chargez ; dans le fécond , ménagez beaucoup Se foulagez. L'an- née au contraire a été fort fèche , Se la vigne a fait peu de bois , alors tail- lez court Se chargez peu en courfons. L' hiver aura été rigoureux , le bois Se du Jardinage. 351 les boutons en bourre auront gelé en partie : il ne faut pas fe pretTer de cou- per le bois de cette vigne gelée , eu égard aux arrières-bourgeons qu'il y a lieu d'efpérer Ci l'air vient à s'échauf- fer. Examinez alors les bois qui ont pâti & les yeux qui font éteints , tirez fur les bons bois &c fur les bons yeux, quand vous devriez alonger plus que de coutume , fauf l'année fuivante à ravaler & à afleoir la taille fur les bois qui auront poufle du bas. Si la vigne a été totalement maltrai- tée par la gelée, & qu'on ne puifTe plus compter iur ces arrières-bourgeons , on coupera tout le bois ancien &c nou- veau jufque fur la fouche. Des vers blancs auront attaqué & rongé les ra- cines , la vigne aura jauni & dépéri 'y on ne peut alors être trop attentif à la tailler court , il faudra de plus lui don- ner des engrais. Si dans l'année même, des gelées d'Avril Se de Mai ont fait tort aux bourgeons , ou même les ont fait périr, il raut ravaler fur ceux qui ont pu être garantis , & l'année fui- vante rabattre fur le feul bon bois qui a pouflé des' fous-yeux , ou qui a percé de la fouche. Au contraire l'année précédente , la vigne aura coulé , de J51 ^ a Pratique n'ayant point employé fa fève à pro- duire du fruit , elle a fait de très- longues pouffes j on ne rifque rien alors de l'alonger Se de la charger am- plement, faufà la ménager davantage à la fuivante dans le cas où Tannée étant favorable , la vigne pourroit être un peu fatiguée. Il faut encore avoir égard à fon emplacement, tel que le voi- sinage des bois , des plants d'arbres qui interceptent l'air, portent ombrage , Se dont les racines viennent croifer les Hennés , c'eft: une raifon pour la tailler plus court Se pour la ménager. Son âge Se la diftance des ceps font aufli à confidérer dans l'opération de la taille. Vigne nouvellement plantée doit être taillée à deux ou rrois yeux , afin que iî l'un ou l'autre périt, le cep ne meure point. Selon notre méthode , il faut qu'elle lé foit à deux ou trois yeux , au moins fur deux courfons. Si elle avoir pouffé médiocrement , on la tailleroit à un feul œil , Se aufïi fur deux courfons. Plantée fuivantl'ufage, on la ravalera fur Tune des poulies d'en-bas, Se on la mettra fur un œiL Vigne de deux ans , félon notre mé- thode, eft en état de rapporter quelque du- Jardinage, 355 fruit , 6c doit être taillée à deux yeux fur plusieurs courions , &: fi elle eft plantée à l'ordinaire , elle ne peut en- core fouffrir qu'une taille fur un bon œil , & fur un ou deux courfons. Vigne de trois ans. La nôtre donne amplement du fruit ; on la taillera à trois yeux fur deux ou trois courfons à deux yeux: de l'autre façon , elle ne peut fupporter qu'un alongement de deux yeux fur autant de courfons. Vigne de quatre ans. Plantée comme je l'ai enfeigné , elle doit être dans fa force ; on peut lui lailîer trois yeux de taille fur deux forts courfons , deux yeux fur deux autres courfons , de même du long bois. Il faut alors lapro- vigner > en lai (Tant des efpaces de trois à quatre pieds entre chaque farinent, pour les raifons déduites au Chapitre de la plantation. J'en excepte les vignes qui croiffent dans des terreins légers , fablonneux , caillouteux & pleins de rochets , lefquelles ne peuvent fouf- frir d'être étendues ni chargées * comme celles en bon fonds. Dans une vigne plantée au milieu des roches ><# je n'ai pu faire des trous profonds 5 ni un fillon tel que je l'ai preferit pour les terres qui ont du fond 3 en ta. 354 La Pratique plantant je ne lui ai point laiflTé un aufli long bois , je la ménage donc tout autrement & je Falonge moins. Quant aux vignes ordinaires , comme à quatre ans elles ne font pas fort vi- goureufes encore , je ne leur donne point tant de taille , on peut néan- moins les mettre un peu à fruit , tailler fur plufieurs courfons , & même pro- vigner les ceps les plus forts. Vigne de cinq ans. La nôtre eft dans toute fa force , & peut êtte tail- lée à cinq de fix courfons , chacun depuis deux , trois & quatre yeux , 6c au-delà, fouffrir même du long bois» L'autre , quoique dans fa vigueur , demande néanmoins du ménagement, êc une taille à deux yeux fur trois 3c quatre courfons ; on couche commu- nément fes rameaux pour la provigner- Les vignes à fix > fept ou huit ans , & au-defïus , fe gouvernent de même. Les vieilles doivent être taillées fort court , ravalées , rajeunies , &: éclair- cies fi elles font plantées trop dru. Les mauvais ceps feront place aux *bons rameaux les plus voinns qu'on alongera en les attachant à des per- chettes , ou en les coulant le long de l'extrémité des échalas. du Jardinage. 355 Le temps ordinaire de la ni! le des vignes eft depuis la fin de Février jus- qu'au commencementd'Avril. Comme on ne peut pas les tailler toutes a la fois, de qu'elles ne font point dans les mêmes cantons , le Vigneron intel- ligent commence parles plus preffees: s'il taille tard les vignes plus hâtives , elles pleurent : leur bois que l'air a comprimé , n'ayant pas eu le temps de fermer fes pores, fe trouve ouvert par l'incifion de la taille , de lai(Te écouler la lymphe qui auroit palTé dans la fubftance du bourgeon pour s'y filtrer ôc s'y façonner , au-lieu que par cet écoulement elle fait une grande diffî- pation de fes fucs. Ces pleurs font le fang de la vigne , & ces fortes d'hé- morragies qu'on lui occafionne lui Font un tort confidérable ., quelque abondante qu'elle foit en fève. Une vigne qui a pleuré rapporte peu , fes raifins font petits & fes rameaux mai- gres. Celle qui a été taillée la pre- mière , eft aufli plus fujette à geler. Pour éviter ces inconvéniens, ne tail- lez pas plus tard qu'en Avril exclusi- vement. J'ai vu un Vigneron tailler fes vi- gnes, immédiatement «près vendange, 35^ La Pratique fans attendre même la chute des feuil- les : avec la plus belle apparence , elles ont péri au bout de trois ou quatre ans. Lorfque la Quintinye confeilloit de faire la taille auiîitôr après la chute des feuilles , il ne confidéroit pas le caractère de cette plante tout diffé- rent de celui des autres arbres. Son bois moelleux & fpongieux par con- séquent, a les pores très- ouverts, & comme elle eft fort abondante en fève, û vous la taillez d'hiver, la gelée , les frimats , le givre , les neiges , les brouillards morfondans , & toutes les humidités froides entrant par les ou- vertures faites à la plante , fe congè- lent ôc pénètrent juique dans fon in- térieur. On doit être fort embarraiTé quand on travaille à des vignes dont les ceps fe touchent prefque : fi on taille court faute d'emplacement pour leurs pouf- fes , elles donnent abondamment du bois & peu de fruit j fi on taille long, on ne fait que faire du bois. Quant à nous , nous ne fommes nullement en peine de charger amplement une telle vigne proportionnément à la force de fa poufife , & nous avons une bonne récolte de raifins. du Jardinage. 357 Il y a des plants que de toute nécef- fité on doit charger en bois , tels que le gouet , le gamet , Ôc autres qu'il faut tailler fort long, ôc en cour- fons nombreux, parce qu'ils prennent beaucoup de fève, Ôc qu'ils font de longues pouffes. Les vins de ces plants font gros de infipides. On reproche à nos Bourguignons d'avoir altéré les leurs, Ôc d'avoir fubftituéa leur pinot, du moins en partie, un morillon qu'on appelle ici morillon pelotté ; car celui qui eft clair fait d'excellent vin ; mais il ne charge pas tant à beaucoup près que l'autre , ôc d'avoir admis dans leurs vignes un autre raifin nommé meunier. Ces deux efpèces bonnes en elles-mêmes , font fort inférieu- res au plant naturel , ôc fur-tout à celui nommé pinot en Bourgogne. Outre l'utilité des longs bois dont j'ai parlé pour planter de nouvelles vignes , il en eft une autre par rap- port à la gelée: ces longs bois que le vent agite, y font moins fujets que ceux qui font près de terre , ôc ils les remplacent quand ces derniers gèlent. Lorfqu'on a de mauvais plants dans fes vignes , on ne s'avife guère de les $5$ La Pratique greffer, on a plutôt fait de provigner Ses ceps. La greffe de la vigne eft néanmoins en ufaçre dans le Jardi- nage. Lorfque cette plante eft vieille Se ceiTe de porter du rruit, quoiqu'elle donne encore de bon bois , on peut la greffer en fente far un drageon bien nourri, garni de pluheurs nœuds, qu'on enterre en même-temps. La greffe en tronc eft la plus certaine pour la réuiîite : aux branches d'une vigne jeune Se vigoureufe dont on veut changer l'efpèce , vous percez en Avril avec un vilebrequin un trou rond, qui les traverfe de la grolfeur du bois que vous voulez y inférer , Se vous le faites paffer à travers. A l'endroit où il doit demeurer, vous levez un peu l'écorce par delfous pro- portionnément à fa grolfeur , Se avec un oiier fendu vous l'arrêtez à la bran- che fur laquelle vous faites votre ente , Se vous y aj uftez une poupée comme aux autres arbres. Au bout de deux ans vous la détachez de la mère, Se vous ôtez au cep enté tout le bois qui excède la greffe. Il y a encore une autre manière ufîtée pour avoir des raifins rares : elle confifte à couper raiz- terre le cep vers du Jardinage. 3 59 le mois de Mars quand la fève com- mence à fe mouvoir , & à le fendre par le milieu d'environ un pouce, pour y inférer deux entes taillées en talus par le gros bout, & plus épais d'un côté que de l'autre. Le plus épais garni de fon écorce extérieure doit s'adapter de façon que fon liber coincide avec celui du fujet. On le bute de terre, & on garantit de l'action du foleil la partie de la greffe qui eft à décou- vert. Quand l'opération eft bien faite , Se que le fujet fur lequel on a appli- que les greffes eft bon , il en réfulte des pouffes vigoureufes , que l'année fuivante on taille fort long. On peut aufli greffer la vigne en écuffon , comme les arbres , fur les pouffes de l'année à commencer à la fin de Juillet jufqu'au mois de Septem- bre \ mais cette façon eft très-fau- tive. Pline (a) afTure même que la vigne ne fouffre point l'ente en écuf- fon , ôc il ajoute qu'elle a cela de commun avec tous les arbres donc l'écorce eft mince, peu folide de cre- vafTée. Je n'ai vu qu'un Jardinier qui ( a ) Vitis non recipit emplafira , nec quibus tenuis , ac caducus , rimojufque cortex , ( PI. Jib. XVII- ^ap, 1*.) $6o La Pratique y ait réuili : d'autres m'ont affûté qu'ils avoient appliqué des écuffons fur le bois de l'année précédente , 3c que ces éculfons avoient piis. L'un Se l'au- tre font fort poffibles , je ne les ai point éprouvés. ■^ &*s$%pr*&u*~m -tf£3&ê{3a CHAPITRE VI. De ly E bourgeonnement de la me. I Vig. ÉBOuR&EONNEMENTdela vigne quant au fond eft le même que celui des arbres & des autres plantes. Le temps d'y procéder eft indiqué par la faifon plus ou moins avancée, les pouffes plus ou moins formées, la force de la vigne , l'expofîtion Se la bonté du terrein. Si onébourgeonne trop tôt, on court les rifques de la coulure, 6c on eft en danger de caffer les bour- geons tendres encore j fi on diffère trop, il eft à craindre que quantité de bourgeons foient abattus , foit par leur propre poids , foit par le vent. De plus, tous venant à s'entrelacer ; ils s'attachent tellement qu'il eft diffi- cile du Jardinage. $6T cile de les démêler fans les brifer , ou les détacher dans le nœud de la branche. L'ébourgeonnement des vi- gnes fortes ne doit fe faire que quand la longueur du bourgeon eft de deux pieds , & d'environ dix-huit pouces dans les autres. Il fe réitère autant de fois que les bourgeons furnumé- raires l'exigent. La règle qu'on peut donner à cet égard eft de ne laiffer jamais paiTer plus de quinze jours dans le fort de la fève en Mai & au com- mencement de Juin, fans viuter fes vignes &: y fupprimer tous les fkuxr- bourgeons renanTans. A la place: de ceux qu'on a récépés , la Nature en fait éclorre de nouveaux , &: à mefure qu'ils s'alongent , naiflent des vrilles qui exigent un nouvel ébourgeonne- ment. Mais cette , opération eft bien moins confidérable que la première $ on peut alors , lorfque les bourgeons laiffés de toute leur longueur embar- rarTent, faute d'avoir de quoi les placer* en raccourcir quelques-uns , la pre- mière fougue de la vigne étant parlée. Je dis d'abord, au rifque.de p'afTer pour m arrêter à des minuties , que l'ébourgeonnement doit fe faire non en caffant, fuivant l'ufage, maisea Tome IL Q $ 6i La Pratique coupant. La première manière, plus expéditive , laide à chaque plaie des lambeaux, des efpèces d'efquilles & des filandres j elle offenfe d'ailleurs le bouton , fur-tout quand on ébour- geonne par voie de caffement aux en- droits de la vigne fur lefquels fe fera la taille fuivante. Jote donc, avec le tranchant de la ferpette, tous les bourgeons furnuméraires, & avec la pointe les faux-bourgeons , obfervant de couper à contre-fens des feuilles pour n'en retrancher aucune. J'évite de cette manière tous les inconvé- niens , & le recouvrement fe fait promptement. On confervera d'abord les bour- geons fructueux où font des grappes , il ce n'eft qu'en certaines années d'une abondance excelîive la vigne en fût furchargée j on eft pour lors obligé de ne lui laifTer que ceux qu'elle a la force déporter. Les Vignerons qui ne vifent qu'à l'abondance, non-feulement ne recueillent rien de bon , mais épui- fent leur vigne, la ruinent fouvent, ôc n'ont rien les années fuivantes. De tous les bourgeons doubles fortant d'un même œil, on confervera le meilleur, Se on ôtera celui qui eft t)U Jard.inage. 3^5 au-defîbus de l'autre, quand même il auroit du fruit. Outre la confufton que ces bourgeons occafionnent , ils fe nuifent réciproquement , Se en abattant l'un à la taille de l'année fuivante, on fait a l'aitTelle même de la branche qu'on laiiTe une plaie qui toujours lui nuit , en ce qu'elle dé- tourne la fève 8c lui bouche le paifage. C'eft ici le cas c*\ il faut abfolument couper. Si on cafïe, on ébranle le pédicule de celui qui refte, & on y fait une plaie raboteufe &c filandreufe , au-lieu qu'en coupant elle eft promp- tement recouverte. Quand il y a afîez de bourgeons fructueux pour garnir la vigne , c'eft le cas de fupprimer ceux qui n'ont point de grappes, à moins que parmi ces bourgeons infer- tiles on ne voulût en réferver quel- ques-uns pour atfeoir de (Tus fa taille l'année fuivante. Tous les bourgeons chiffons & de faux-bois qui pouffent tant de lafouche que du vieux bois, doivent être cou- pés raze écorce ; fi on les arrache ils fe renouvellent. Les vignes qu'on taille trop court, &c auxquelles on ne laifTe pas alfez de réfervoirsàlafève, «'en font de nouveaux à la place de Q'j 364 La Pratique ceux dont on les a privés, &c elles pouffent , foit en terre , foit du pied quantité de faux-bois aufîî [difformes que nuifibles ; on ira les chercher en terre , & on les retranchera tout près de la fouche. Les Vignerons les tirent à fleur de terre , ce qui les fait repouffer fans ceffe ; & en arra- chant ceux de la fouche ils font quan- tité de plaies qui occafîonnent des chancres. La vigne a aum* {qs gourmands qui proviennent plus fouvent du pied que des yeux, Se qui fe font jour à tra- . vers l'écorce : ils font plus fotts 8c plus nourris que les autres bourgeons , leurs feuilles font plus longues Se plus larges , & leurs yeux plus éloi- gnés les uns des autres. Quoiqu'on les retranche en ébourgeonnant , il y a des cas où ils doivent être précieu- fement confervés; favoir, quand on veut faire des provins & des marcottes, Se renouveler un cep ufé. Le moyen I d'en avoir eft de récéper une vigne, de la tailler trop court, ou de mettre chaque courfon à un feul œil : lui donner une taille proportionnée à fa vigueur .y ceft la vraie façon de lès çviter, I Pdu Jardinage. 3^$ On ébourgeonne , en fupprimant de en coupant tour-à-fait les yeux inutiles à la vigne , au-lieu qu'en rognant on fe contente de raccourcir le bout àes branches &c les petits rejetons qui fortent delafouche. Ainll ébourgeonner Se rogner font deux opérations différentes , quoique la féconde fade partie de la première. Celle-là abandonnée aux femmes 5c aux ënfans, exige plus d'intelligence qu'on ne penfe. En rognant au hafard, on abat fouvent les bourgeons lorf- qu'on les cafîe en tirant à foi , on ne rifque rien de les laitier ttop grands, mais on leur fait tort lorfqu'on les rabaiiTe trop. Les foibles feront ravalés êc récépés , fans quoi ils s'étioleroient j les bourgeons bien nourris au contraire rabattus trop bas , repouilent nécefTai- rement de tous leurs yeux une foule fuccefïive de rejetons. Quoique les Vignerons ne fuivent point de règle fixe pour rogner 3c arrêter leurs vignes , je confeillerai d'attendre après la fleur , que le raifin foit noué j autrement on s'expofe à la coulure , en ce qu'on trouble le cours de la fève, & qu'on l'oblige de revenir fut fes pas , au-lieu de fe $66 La Pratique filtrer ccmme elle auroit fait dans l'organe fupprimé. Ne foyons donc plus furpris fi les vignes coulent fré- quemment. L'ébourgeonnement, je l'ai dit , eft tell -ment lié avec la taille , qu'il efl impoiîible de palifler exactement une vigne taillée incorrectement. Les Jar- diniers ont coutume de l'écourter &c de tailler en courfons multipliés, fans égard à la poulie plus ou moins forte des rameaux. Les Montreuillois con- duits par un grand Maître , je veux dire l'intérêt , entendent feuls fupé- rieurementl'art de l'ébourgeonnement; il n'y a point d'année que dans les marchés de Paris , ils ne vendent au moins pour dix mille écus deraifins. Leur beauté &r leur excellence , ainli que la fécondité de leurs vignes , ne doivent être attribuées qu'à leurs foins. Ils gardent même des raifins durant l'hiver auiîi beaux qu'en automne, &c qu'ils vendent fort cher. En fuppofant donc des vignes taillées correctement , elles feront des poulTes nombreufes de avantageufement pla- cées.. Celles de nos n jardins, qu'on a grand foin d'écourter, font auiïi des jets prodigieux. Les pincer y les du Jardinage. 367 couper, les rogner, c'eft occafionne? de nouveaux bourgeons j les laifTer de toute leur longueur , on ne peut les placer. Ou ces vignes font feules à un efpalier , ou elles y font pèle- mêle avec des arbres : dans le premier cas , leur grande proximité eft. caufe que la place manque pour la quantité de leurs bourgeons. Les Jardiniers les cafTent à tort & à travers , arrêtant chaque bourgeon environ vers l'en- droit où fe trouvent des grappes , de ils retranchent tout ce qui ne peut être paliiîe. De-là des plaies fans nom- bre , que la Nature s'efforce de guérir , de-la de nouveaux bourgeons qui éclofent inceiTamment jufqu'àla fin de la pouffe , & qu'on eft occupé i arrêter &c à rogner de quinzaine eij quinzaine , fans quoi ces vignes font hérifTées de faux-bourgeons qui dar- dent fur le devant, & portent ombrage au raifin. Je demande fi , traitées de la forte, elles peuvent avoir une belle figure , profiter Ôc donner amplement du fruir. Dans le cas où la vigne feroit pêle-mêle avec des arbres , fes bour- geons lailïés de toute leur longueur, & en nombre fuffifant , les couvrir Qiv } 68 La Pratique roienr & les orîufqueroient, fans comp* ter que la place leur manquèrent. Le Jardinier, pourfe tirer d'embarras , facrifie les arbres à la vigne, ôc la vigae aux arbres, en tondant, pour ainfi dire , les uns Se les autres. Au-lieu de dreiïer les bourgeons perpendiculairement & à plomb des murailles , il faudroit les tirer en long de côté , Se les arranger près les uns des autres au paliifage fans confufion. Comme la taille de nos vignes a été différente , l'ébourgeonnement L'eft aufli. Tirées en forme de cordon le long du chaperon , elles font bien autrement alongées Se chargées en courfons qui y font efpacés , les tailles des extrémités le font également félon la vigueur du cep Se des pouffes} mais pour ne le point épuifer, afin que les bourgeons à naître ne foient point les uns fur les autres , nous éborgnons plu (îeurs yeux de fuite le long de cq rameau alongé , Se nous les efpaçons. Nous ne rognons point alors par le bout , nous ne laiflfons que les bour- \geons de bon aloi , Se nous fupprimons foigneufement les faux-bourgeons qui naifTent à chaque nœud , Se qui for- tent des aiflelles des feuilles» ©v Jardinage. 36$ On ébourgeonne d'abord tous les rameaux qui n'ont point de grappes ou qui neti ont que de petites, en fuppofant qu'il en refte fuffifamment pour garnir le mur. On ôte enfuite une grande partie des doubles & tri- pies bourgeons iortant d un même œil , 3c on n'épargne que le plus fort , le mieux nourri & le mieux placé pour être couché fans s'éclater. Il neft pas polîible qu'on ne retranche quelques grappes, cette fouftraction foulage le cep j d'ailleurs la qualité 8c la beauté du raifin ne font-elles pas préférables a une ftérile abondance ? On traite auflî de même quantité de petits bourgeons chiffons, qui pul- lulent depuis le bas de la tige juf- qu'au haut. Voilà certainement une vigne bien éclaircie. On n'épargne en- core aucuns faux-bourgeons , quipren^ droient chacun autant de nourriture que le rameau lui-même. Il eft efTen- tiel de ne pas leur en donner le remps , en les ôtant au moment de leur naiifance. Quantité de bran- ches font tellement remplies de fève *' que cette liqueur eft obligée de fe former à- leur extrémité deux bour- «g&ons',- dont" un profite toujours plu» 270 La Pratique que l'autre. 11 faut récéper le moin- dre qui cauferoit de la confufîon. Enfin, nulle grappe qui n'ait au-defïous d'elle immédiatement un ou deux te- nons pour lui fervir d'attache r Se qui fe tordent Se fe replient fi l'on n'a foin de les retrancher. Je finis ce Chapitre de Fébourgeon- nement par donner un moyen d'avoir des raifins plus gros ,. plus hâtifs Se meilleurs que de coutume ] c'eft de couper, avec de petits ciieaux, un grain entre-deux, quand le raifin efl de la grofieur d'un petit pois, Se qu'il n'a point coule. Comme les grappes diminuent par le bas , on retranche environ deux doigts de cette extré- mité. C'eft fur toux fur les mufeats Se fur les chaffelas , que cette opé- ration réunit, parce que leurs grappes font par pelotons , que le bas ne mû- rit jamais bien , Se que leurs grains font fort prelïés. Je la préfère au con- feiî que donne la Quintinye de pro- curer la coulure à une partie des. fleurs, en y faifant tomber de l'eau en pluie par une pompe ou un ar- sofoir» J'ai eu des raifins qui devançoient d'an; mois Le temps de leur maturité x>u Jardinage. 571 ordinaire , au moyen de plufieiirs clo- ches appliquées en travers fur diverfes grappes : je les attachois foit au treil- lage , foit au mur de Fefpalier , avec une ficelle palfée au bouton de la cloche , Se qui l'embrafïbit haut fc bas. Le fruit acquéroit du goût ^ de- venoit jaune & doré, &: étoit fort fupérieur à celui des ferres chaudes. •«■ 1 ■ ^f(^^G?^== CHAPITRE VIL De la façon et acco liera d'effeuiller la feigne* V^eci qui paroît d'abord de peu de conféquence , contribue efTentielle- ment au dépériflernent , ou à l'avan- cement des vignes , & au peu de profit qu'on en retire. A peine le>s bourgeons font-ils en état de fe prêter aux liens fans caiTerr qu'on commence à les ferrer tous enfemble du bas, en les approchant de l'échalas le plus qu'on peut, afin qu'ils foie nt retenus fermement contre les efforts des vents. Quelque temps après, lorsqu'ils- ont $7* La Pratique fufhfamment pourTé , on les rappro- che de l'échalas & on les y accolle avec de la paille trempée , puis une troifième fois, 6c enfin une quatrième. Les Jardiniers ne traitent pas les vignes moins inhumainement y ils prennent leurs pouffes à poignée , &c -enferment en les liant non-feulement les feuilles qui tardent peu à périr, mais quantité de grappes qui ne peu- vent plus jouir des bienfaits de Pair ni de l'afpect du foleil. Quel incon- vénient y auroit-il de laiffer les liens F lus lâches pour la circulation de air ? En les faifant plus longs & tournant davantage les nœuds , ils ne pourroient être détachés par les vents. Lorfque les bourgeons ont atteint une longueur furrifante pour être unis à l'échalas , ils les retrouffent , & les en fjnt approcher, en y mettant un ou deux liens , &c ils continuent ce traitement jufqu'à ce qu'ils ayent at- teint le haut de l'échalas où fe met le dernier lien : ils rognent du haut ces vignes ainfi garottées, ôc ils tor- dent pour le cafter, ce qui excède l'échalas , ou ils le coupent avec une ferpeue. Us en ufent de la même ma- du Jardinage. $'jj nière envers les bourgeons faillans tout autour : opération qui fe réitère fuivant leurs progrès. Nous agiiîons bien différemment: nous retrouifons d'abord les plus grands bourgeons , 8c enfuite les autres à mefure qu'ils poulfent , les accollanc à Téchalas deux ou trois enfemble fans les ferrer -y leurs feuilles ne font ni preflfées , ni brifées , nous laiifons les bourgeons s'alonger d'un bon pied au-deilus de l'échalas, & nous les coupons à l'endroit d'un œil : quant aux faux-bourgeons nous les récépons fucceflivement tout près de chaque œil , à TaiiTelIe de la feuille depuis le bas du cep f ufqa'au haut ; les vrilles & les tenons font exactement coupés^ nulle grappe enfermée dans les liens, nulle rampante ni couchée par terre, on a foin de les attacher en haut. Toutes jouiifentdes rayons du foleil , muriffent également par-tout, les rai- fins font plutôt murs , deviennent jaunes , dorés &* cafïans , les autres d'un velouté pourpre acquièrent aufli plus de faveur. La fève mieux; tra- vaillée forme dus bois mieux confor- més , & des yeux plus francs , plus aourris & plus rebondis* J74 ^ A Pratique' Je ne puis trop m'élever contre un traitement aufïi barbare de la part des Vignerons de des Jardiniers r qui privent des bienfaits de l'air des bour- geons garottés, &c violemment frohTés pout les unir à l'échalas. Que devien- nent toutes les feuilles caffées & en- fermées les unes dans les autres ? Que de faux-bourgeons dont il fau- droit debarraffer la vigne, Se qui Î>rennent nourriture en pure perte pour e cep, font confufîon de rendent encore plus ferrés les liens contre les- quels ils prefTent fortement ! Eft-ik pofïrble que le9 grappes cachées &c d'autres trop ombragées ne coulent pas ,. de que les railins acquièrent une pleine maturité ? En fuivant même la méthode ordinaire on parerok ces inconvéniens, ii l'on frappoit les échalas avec uw maillet , ou Ci l'on enfonçoit davan- tage ceux qui ne pourroieurlefoutenirv On îieroit alors forr lâche, & on n'attacheroit les bourgeons que deux' a deux à mefure qu'ils auroient befoin< de l'être, en mettant cinq liens fur la longueur de Péchalas. Je conviens que l'ouvrage n iroirpas fi vite 8c qu'il feroit un; peu plus coûteux, mais que; *!'amntagês: pour la plante ! ©tr Jardinage. 37c On n'effeuille les vignes que pour faire mûrir le raifin , de lui procurer cette couleur agréable qui flatte les yeuxj ce qui ne doit avoir lieu que lorfqu'il eft à peu près à fa groffeiuv De l'eau répandue deffus en pluie", avant qu'il loir frappé des rayons du foleil , produit le même effet. Si les Vigneroiis & les Jardiniers connoif- foienr le miniftère & la fonction des feuilles par rapport à l'accroiffement des plantes , Se à la formarion des fruits , ils feroient bien plus réfervés dans l'acldon d'effeuiller. On ne peuc trop leur répéter qu'ils n'y a point de feuille fans bouton, comme de- bouton fans feuille , que la feuille eft la mère-nourrice du bouton , &c qu'il ne peut être formé que par elle. J'ajoure que fans la feuille le fruit n'a ni goût rri faveur. Otez au raifm toutes les feuilles qui l'environnent , il; ne groflîraplus rfe fanera & fe ridera y l'a rafie même fe féchera. Il y a plus j: c'eft que tous les bourgeons verts; encore qui ne fonr poinr aoutés ne s'aouteront point, les autres qui com- mencent à l'être ce (feront de profiter j; enfin; les boutons de ces vignes îxayanr point reçu de la paît des- feuilles- leur" 57^ La Pratique complément, ou avorteront l'année fuivante, ou s'ils font éciorre des grap- pes , elles couleront. Je dis la même chofe des autres fruits : un prunier, un pommier font tout blancs de fleurs , il furvient un déluge de hannetons 3c de chenilles qui rongent leurs feuilles ; les fruits ont noué , il eft vrai , mais la privation des feuilles fi nécefTaires à leur accroif- fement les fait tous tomber. Voilà un de ces événemens décififs au fujet du miniftère des feuilles y y fait-on at- tention ? Il eft cependant des années ingrates &: fâcheufes , où le raifin ombragé par le touffu des feuilles , ne mûrit pas. Si on eft obligé alors de lui donner de l'air lorfque la faifon eft favorable. On laboure moins fouvent Se moins profondément un terrein maigre, qu'un autre plus fubftantiel. Un labour fré- quent dans une terre forte l'améliore par le broyement Se le remuement de fes parties , £r Ja met en état de re- cevoir dans fon fein les influences de l'air & les rayons vivifians du foleil ; avantages dont elle feroit privée fi le defïus éroit fcellé en forme de croûte dure. Au contraire 11 on laboure trop fouvent une terre peu fubftantielle , tous fes fucs s'évaporent. Mais après une pluie le labour eft eiTentiel , afin que l'humide du deiïus imprégné des engrais Se du nitre de l'air , pénètre les racines. Certaines vignes plantées en terreins greuetteux , ne peuvent fe labourer, lorsqu'une fois on a laiffe la terre fe prendre Se fe fceller > il ou Jardinage. 3$$ faut attendre qu'une bonne pluie l'ait trempée. Quelle que foit au refte la nature de la terre, le labour doit en- fouir les mauvaifes herbes qui en pourrifïantlui fervent d'amendement 5 d'ailleurs elles tarderoient peu à repa- roître Se à repoulTer, fi elles n'étoient couvertes qu'en fuperficie. Il n'eft pas douteux que les labours fi utiles en eux-mêmes ceffent de l'être, lorfqu'ils font trop fréquens. Quel- qu'un qui les réitéreroittous les quinze jours, comme le preferit un Moderne, qui prétend les multiplier dans les ter- reins légers préférablement aux ter- reins forts 8c gras , feroit certain d'ef- fruitter fa terre , & d'en faire évaporer les fucs & l'humidité , de l'épuifer enfin, enexpofantfi fréquemment fes molécules au foleil. Il altéreroit de plus les plantes, qui feroient privées par un labour tant de fois réitéré des engrais bienfaifans & du nitre de l'air qu'elles n'auroient pas le temps de digérer ni de faire paflfer dans leur fubftance. Notre plantation Ôc les perchées dont nous avons parlé, facilitent le labour , & on peut auili le faire plus profond , fans être en danger de cou- '$$4 La Pratique du Jardin. per les racines de la vigne. Comme celui fait à la bêche eft le plus parfait , je confeille fort de fe fervir de cet inftrument pour labourer foncièrement les vignes plantées en perchées. Les avantages qu'il a fur tous les autres , doit faire paflfer fur la longueur du travail : j ajoute qu il ne raut que planer autour du pied des ceps , de ne point plonger en labourant. OVf wtimb «a TRAITÉ. TRAITÉ DE LA MULTIPLICATION DES FÉGÊTJUX. uatre moyens font journelle- ment pratiqués dans l'Agriculture pour perpétuer les végétaux ; la greffe , les marcottes , les rejetons ôc les boutu- res. Ils ont de grands avantages fur les femences , tels que la prompte végé- tation , l'exemption de beaucoup de travail, une jouifTance anticipée 8c l'affurr-nce d'avoir précisément l'efpèce d'arbre qu'on defire. La première ma- nière a été expliquée dans le Traité du Pécher ; la féconde eft fort ancienne dans le Jardinage où l'on a coutume de coucher foit Amplement, foit avec inci(ion,les branches des mûriers, des figuiers, des coignafliers &r des œillcrs. La voie de multiplication eft très-facile parles rejetons, qui diffèrent des mat* Tome IL R 38^ La Pratique cottes & des boutures , quoique la plupart des Auteurs les confondent., Une grande quantité d'arbres pouffent des rejetons qu'on lève &: qu'on tranf- plante avec leurs racines , tels que les pruniers , les amandiers, les lauriers % les jafmins &c les rofîers. La quatrième façon de multiplier les arbres par bou- tures n'efl pas plus nouvelle. Vous pi- quez en terre une branche de fureau, de grofeillier , de faule , d'ofier, vous êtes sûr quelle reprendra & qu'elle grofiira. Parmi les herbes potagères , il y en a beaucoup qui viennent éga- lement de boutures } l'eftragon , le baume , les œilletons d'artichauts en font des exemples j de parmi les fleurs, les œillets doubles, les juliennes, & les giroflées jaunes doubles, Par ces trois manières on fait végéter la bran- che d'un arbre en l'obligeant à pro- duire des racines , Se cette branche profite comme fi elle étoit fur fon pro- pre tronc. On fème d'abord toutes les plantes, & un an après on lève les plus fortes afin de les mettre en place. Si ce fonr des ormes , des tilleuls, des châtaigniers, des chênes même , ils reftent dans les pépinières des quatre & cinq ans au du Jardinage. 387 moins avant que d'être tranfplantés : il leur faut autant de camps pour fe former Se donner de l'ombrage. Voilà donc dix à douze années de perdues, à compter depuis la femence èc la plan- tation. A l'égard des arbres fruitiers , ils font au moins dix-huit mois fans pou- voir être greffes , ôc un an en fui te fans être levés , ce qui fait près de trois an- nées de non-jouifTance. Plantés dans nos jardins , ils ne portent du fruit qu'au bout de quatre ans , & encore quel fruit donnent à cet âge des arbres gouvernés de la manière dont ils le font ordinairement? On peut donc , fans exagérer, leur fixer aa moins fept ans d'inutilité , quoique les arbres de fruits a noyau foientunpeu moins Ions- temps înirucrueux. Le Docteur Agcicola , touché de ces considérations , avoit inventé une mumic végétale, par le moyen de laquelle il promettoit des prodiges &: des mira- cles. D'autres 3 depuis lui 3 ont donné dans de pareils écarts , en mettant au jour des ipéciriques prétendus infailli- bles , pour parvenir à une multiplica- tion univerfelie ; mais tous ces fecrets ont été enfevelia avec leurs auteurs. Rij 38S La Pratique Le moyen que je propofe tend à fé- conder la Nature, en facilitant la pro- duction des arbres, arbriffeaux &: ar- buftes, dont la jôuiffance , comme on }'a vu , a toujours été très-tardive. L'examen que j'ai fait des différentes plantes dont on couche en terre les rameaux, m'a fait apercevoir que la plupart ne prennent ordinairement ra- cine qu'aux endroits où font des no- dus , auxquels eft un ceil ou bouton , & non dans la partie intermédiaire du bois entre deux nodus : les boutures même {impies de la vigne , qui n'ont point de crofle de vieux bois , ne re- prennent jamais , qu'à l'endroit des yeux. A chaque ceil paroît une petite élévation, ou tumeur , qui n'eft qu'un tiffu glanduleux de fibres repliées les unes fur les autres , pour être autant de réfervoirs à la fève néceffaire au bouton qui devient bourgeon lors de fon développement , & pour lui fervir de canal qui lui tranfmette cette même fève a mefure qu'rl croît & qu'il s'a- longe. C'eft pour cet effet que la Na- ture a placé au pédicule de ce bouton un boyau ombilical qui lui ferc de communication avec la branche à la- quelle il eft attaché. du Jardinage, 389 Quand donc , au-lieu de laiffer à l'air ce bouton, je couche la branche en terre ; Tes fibres dont je viens de parler , continuellement humectées Se détrempées par l'humide de la terre qui attendrit pareillement la peau ou l'écorce , fe gonflent Se augmentent de volume , à proportion de la quantité de fève qui arrive au bouton de la part de la fouche a laquelle le rameau eft inhérent , Se par conféquent ie bouton enfermé en terre eft dilaté. La fève oblige par (es efforts ce tifîu de fibres entaffées dans le coros mem- braneux du bouton à fe faire jour par voie d'éruption à travers la peau. Bien- tôt elles changent de dire&ion x Se font éclorre au-lieu de bourgeons ver- doyans qui feroient devenus autant de branches , quantité de petits filets blancs , tranfparens Se cafTans : ils pren- nent enfuite de la confiftance jufqu'à ce qu'ils foient racines formées , de couleur brunâtre. Cette métamor- phofe a lieu dans l'intervalle du prin- temps , à la fin de l'automne ; je fè- vre alors cette marcotte , Se je la plante , comme je l'ai dit au fujet dô a vigne. D'après cette marche de la Nature 3 Riij 390 La Pratique j'ai conclu qu'il m s feroit facile de faire prendre racine aux branches de routes fortes d'arores qui n'ont que de fort petits boutons 3 par le moyen de nodus artificiels ou d'une ftrangula- tion au defïus ou au défions du bou- ton , pour opérer un gonflement , en interceptant le cours de la fève. J'ai donc fait une ligature un peu ferrée avec du cuir , & du fil de fer a un rameau de l'année précédente , & je l'ai couché en terre. En le vifitant, j'ai aperçu un gonflement femblable a celui des nodus naturels de la vigne. J'ai en fuite diverfîfé mon opéra- tien d'après la manière de marcotter les oeillets. On fait qu'en fendant par le milieu un de leurs rameaux à l'en- droit d'un nodus , puis le couchant en terre 5 il prend racine au bout de deux eu trois mois , à l'endroit même de l'inciiion. J'en ai clone fait de pareilles avec des Kgatures au-deiTus à quantité de branches d'arbres , qui étant cou- chées en terre ont dans pareil temps pris auiïi racine. Pourquoi , dira-t-on , la vigne Se les autres plantes qui ont le bois moelleux prennent-elles racine fan« du Jardinage. 391 ligature , Se qu'elle eft néceffaire au chêne , au charme , au hêtre , à l'or- me ? C'eft parce que leur bois fpon- gieux a des fibres fort dilatées Se fpa- cieufes , ayant de grands intervalles entre elles , Se que par conféquenc leurs pores font très-ouverts. Les yeux de la vigne étant d'ail- leurs fort gros Se remplis de ces fibres glanduleufes , qui contiennent beau- coup de fève , pour peu que le tout foit dilaté par l'humide de la terre , le gonflement a lieu ; Se l'éruption de ces fibres qui percent au dehors Se s'alongent enfuite rapidement en terre , ne peut manquer d ctre promp- te. Les autres arbres au contraire , qui ont le bois plein Se dur , les fibres fort étroites Se les pores ferrés ^ font plus difficilement hume&és Se détrem- pés par l'humide de la terre. Je remarque au fujet de l'envoi de la fève de la part des racines Se du tronc dans un rameau couché en terre > que fon afeenfion fe faifant par voie d'élancement, la Nature s'efforce tou- jours pour la faire monter , au-lieu que la defeenfion eft plus facile. Ainfî donc , quelle que foit la preiîîon de la ligature fur la branche , elle n'ein- Riv 391 La Pratique pèche pas que la fève ne monte pour procurer le développement de plu- iieurs branches } mais lorfqu elle des- cend , il fe fait nécefîairement a cet endroit un gonflement Ôc un bour- relet. La fève , tant celle qui arrive en- delà de la ligature, que celle en-deçà qui n'a plus de paffage , pour descen- dre comme auparavant , fait éclorre les germes des racines à l'endroit tu- méfié ou à ce bourrelet. Ils profitent de la fubftance qui auroit dû pafTer dans la branche fans l'obftacle de la ligature. L'année fuivante lorfque les racines fe font fufïïfamment étendues , fevrez cette marcotte , vous la levez Ôc vous la plantez. Au bout de trois ans , vous avez des arbres formés qui vous donnent des fruits abondans , fans que vous ayez eu la peine de les femer , de les tranfplanter , ni de les greffer. Pour faire prendre racine à une branche , foit de vigne , foit de frêne , foit d'orme , il fufnt de la tordre ÔC de la coucher en terre : elle s'enraci- nera à cet endroit plus difficilement à la vérité , par rapport à fa grofTeur ôc au temps néceffaire à la formation du . du Jardinagi, 393 bourrelet , iî fon écorce n'eft point écailleufe. Cette opération fe pratique à l'é- gard des atbres fruitiers qui ont des branches affez balfes pour être cou- chées de la façon qui a été expliquée , pourvu quelles foient jeunes , que leur bois foit aouté , & que leurs boutons foient bien conditionnés. Au refte , cette multiplication univerfetle , quoique très-avantageufe , feroit fort bornée , fi elle n'avoir lieu que pour les branches inférieures. On peut en Mars faire de femblables ligatures à celles des arbres qui ont trop de bois , les couper en Novembre au-defîbus du - bourrelet où elles auront fait des raci- nes , ôc les planter tout de fuite. Par l'expofé que j e viens de faire d'un projet de multiplication univerfelle, il eft aifé de concevoir qu'elle n'eft que l'art de marcotter toutes fortes d'arbres avec autant de facilité & de fuccès que la vigne & les arbrifteaux , dont les branches couchées en terre tardent peu à prendre racine. Nous fommes , dit- on tous les jours , à la veille de man- quer de bois en France. Combien de réglemens faits en conféquence par le Miniftère concernant les Eaux & Fo- Rt 394 La Pratique du Jardin. rets ! que de dépenfes pour les plan- tations nouvelles dans les forêts du Roi ! mais en même temps que de difficultés dans l'exécution &: de len- teurs dans le progrès ! Au moyen de cette multiplication univerfelle , on pourra fe paiTer des femis & des pé- pinières. Les marcottes des branches d'arbres , même les plus durs , tels que le chêne , le hêtre & le charme , pro- duiront au bout de trois ans des plants propres à former devafles forêts à peu de frais. Levés , félon ma méthode , ils feront en coupe à la neuvième an- née , &c une fois auiii gros que ceux qui font plantés fuivant l'ufage ordi- naire. r^^XXXXX3OOOGOO0OOOÙOGOO0O0CXXK3OOOL " % s ^ = ■—„,. :l 5oOODOOOOOQGOQOQOG0OOOOQGQGOCX3OO(K< MANUEL DU JARDINIER.-. JE* N fait de Jardinage , la coutume ni le raifonnement n'ont le droit de nous déterminer. Ce droit n'appar- tient qu'à une expérience fondée fur l'attention la plus exacte à obferver les circonftances des faifons , & fur la répétition des mêmes pratiques dans les mêmes temps Se dans les mêmes lieux , pour en faire autant d'objets de comparaifon. Ces pratiques ne peu- vent être trop multipliées. Par elles la culture devient facile, & on trouve la route de l'abondance où doivent tendre tous les travaux de l'homme. Tel a été le but des différens Au- teurs qui ont écrit fur la culture du potager. Je les ai tous mis à contri- bution pour la formation de ce petit Traité , qui peut en être regardé comme l'analyfe. Il a été compofé i Rvj $qÇ La pRÀTiQtri la prière de plufieurs Amareursda Jar- dinage , qui defiroient un Journal des différens travaux à faire dans leur jardin durant le cours de l'année , 5c qui fe plaignoient en même temps de manquer de légumes , faute d'avoir été femés ou plantés à propos. Je dirai à ce fujet que la plupart de ces Amateurs ne font point une étude de cette bran- che laborieufe du Jardinage , & que le prix des livres dans lefquels elle eft traitée , les empêche de l'y aller pui- fer. Ainfî un abrégé de ces Ouvrages ne peut manquer de leur plaire. D'ail- leurs le plus grand nombre des Jar- diniers qui n'ont d'autre bouiïole que l'ufage éc la tradition , ou ignorent une partie de ces chofes , ou les omet- tent par oubli. En les leur remettant fous les yeux , on ne peut que les ins- truire ou leur rappeler les travaux aux- quels ils doivent fe livrer dans le cou- lant de l'année. Chaque mois eft, pour ainfî dire, divifé en trois articles : le premier concerne les femences , le fécond la plantation, ôc le troiiième la culture des plus belles rieurs , c'eft-à-dire l'in- dication du temps où il faut les femer , les marcotter ôt les planter , pour que DU JÂRSIKA6!. 397 leur fpectacle agréable fe fuccède dans les différentes faifons. Plufieurs Amateurs libres des affai- res d'un monde tumultueux , goûtent à la campagne la douceur d'une vie Î>rivée. On en voit parmi eux en qui e goût des rieurs eft devenu paflion. Il eft. très-utile de le féconder, ne fût-ce que pour préferver de l'ennui & des fuites toujours dangereufes de l'oifi- veté , les Citoyens qui ne cherchent fouvent à s'en garantir, qu'en fe li- vrant à des amufemens moins purs & moins innocens , que ceux que je leur propofe. Janvier. Durant la gelée on charie le fu- mier , Se on ramaffe des terres nou- velles , comme les boues des rues , pour rechauffer le pied des arbres, après les avoir gardées en tas pendant l'été. On taille les arbres en buifïbn , on les fume &c on les laboure- ( Voy. la. Pratique du Jardin agi ^ [a ) Tome I , page 318 ). (a) Par l'Abbé Roger Schabol , 1 vol. i/i-u qui fe vendent chez les Frères de JBure, 39S La Pratique On met en terre des amandes , des cormes , des noix , pour faire de nou- veaux plants. On émoufTe les arbres , on les net- toyé des ordures attachées à leurs branches , qui font ordinairement des nids de chenilles , & on fait des pail- laiïbns tant pour les efpaliers , que pour les couches. ( li. page 218 ). A la veille des gelées , vous cou- vrirez les pois plantés ( a ) en No- vembre & en Décembre , ainn* que les fleurs qui craignent le froid. On plante du 10 au 20 des fèves, pour en récolter quinze jours plutôt que leur faifcn ordinaire. On fait des couches de fumier chaud, pour y femer toutes les plantes qu'on veut avancer j telles que la lai- tue ( b ) crêpe , de celle de Verfaii- ainfi que la Théorie ^u Jardinage , i vol. in-n, nouvelle édition. Cet Ouvrage a été rédigé par l'Auteur de ce Manuel. ( a ) On dit planter des pois , des oignons , des fèves , des melons , des concombres, des cardons , des potirons. ... & ainn" de toutes les graines qu'on met en terre 1 une après l'autre avec la main 3 aubeu de les (emer confufément. {b) On diftingue deux efpèces de laitues a îa pommée & la romaine ou chicon. La pre- mière a beaucoup de variétés , on en compte vingt-cinq : la petite Crêpe , la groflè Crêpe , v>v Jardi na g e. 59^ les , les raves &c radis tardifs pour Mars , la chicorée fauvage , le pour- pier vert , le cerfeuil , le cre(ïbn On fait les dernières meules à champignons , pour fournir de Mars en Juin. ( Pratique du Jardinage y Tome II, P&gzzSj}' On fème fous cloche pour repiquer fur couche des graines de cardons , de concombres , Ôc de petits melons pour Mai , ôc du céleri qu'on plante en place au commencement d'Avril. Dans les plus fortes gelées vous au- rez des raves de cette manière. Après avoir fait tremper la graine dans de l'eau tiède , & l'avoir expofée dans un lieu alTez chaud pour qu'elle ger- me , faites chauffer deux bacquets , la Bagno!et, la George, l'Aubervilliers , la gro(Ie-BIonde , la Dauphine , la Perpignane , la Bapaume , la Batavia , la Laitue brune , la Sanguine, celle à coquille ou d'hiver -, la Paflïon , la Gênes , la Jeune-rouge, la GrofTe- rouge , l'Italie, la Royale, la ParefTeufe , la VeiTailles , la Cocaile , la g; ofle Allemande, la Pomme de Berlin , & la grofTe Viilée. En général toutes fe fèment fous cloche dès le mois d'OcTrobre fur les ados au midi , & fe repiquent fur d'autres aJos trois femaineS après, pour y refter jufqu'en Février. On les replante alors en place , fï le temps eft fa- vorable ; leurs graines fe recueillent en Août & en Septembre. 400 La Pratique vous femerez votre graine dans l'un rempli de terre bien préparée , & vous le couvrirez avec l'autre. Vous l'ar- roferez avec de l'eau tiède , toutes les fois qu'elle en aura befoin , ÔC vous porterez ces deux bacquets exac- tement pofés l'un fur l'autre dans un fouterrain chaud. Au bout de quinze jours vous cueillerez votre falade. On doit ce fecret aux Pères Minimes de PafTy , vulgairement nommés les Bons-Hommes. Il fera encore rappelé dans le mois de Juin. On plantera les melons & les con- combres dont les graines ont été fe- mées en Décembre } du perfil , de lofeille Se des afperges pour Mars. On repique en terre de la chico- rée pour la Saint-Jean , du céleri long pour Juin , des choux pommés hâtifs , ôc des choux frifés hâtifs pour manger en Juin. Du 20 au 30 on repique des choux- fleurs tendres ôc des brocolis à planter en Mars & manger en Mai. Février. Lorfque la terre n'eft ni gelée, ni couverte de neige , on plante du Jardinage. 401 de (a) l'oignon , qui donnera depuis le mois d'Avril jufqu'en hiver , des pois hâtifs & des fèves de marais : on leme des poheaux, de la ciboule , de 1 ofeille > de la chicorée fauvage , & de la pimprenelle. On fème des afperges, on réchauffe pour la dernière fois celles de l'année précédente , & on leur donne un petit labour , vers la fin du mois dans un climat chaud. On fème fur couche de la graine de melon , des choux pommés , ceux de Milan , du céleri , du pourpier vert , du cerfeuil , du creîTon , de la petite laitue , des navets pour le com- mencement de Mai , des raiforts , des carottes , des radis de raves : comme celles-ci lèvent beaucoup plutôt 5 on en ferne une féconde fois dans la même place. C'eft le temps de planter des pois michaux, pour erre replantés en pleine terre au mois de Mats le long d'un mur bien expofé , & rapporter en Mai. On fème des choux-fleurs fur la même couche où l'on repique des (a) Les femences dans les terres légères fe font trois femaines plutôt que dans les terres fortes. 4© i La Pratiqué îairues : on repique auftî les melons ? concombres Se choux-fleurs dont on a femé la graine en Janvier. Du 10 au io les pois communs fe plantent pour la faifon ordinaire, &: les chervis fe fement par rayons. On fème pour repiquer du baiilic , des laitues printanières , de la chico- rée 6V de l'efcarole en ados pour Juil- let , du chou frifé nain pour la Saint- Jean , du chou de Milan pour Juillet, de la graine de melon fous chaffis, à replanter deux fois feulement fous cloche ou fous chafïis. Depuis le 10 vous femerez de la ciboule pour l'hiver, vous planterez des melons tardifs à replanter une feule fois de une portion d'oignons pour lever en Novembre , & repiquer au mois de Février. Depuis la fin de ce mois , jufqu'en Octobre , on fème des épinards à la volée pour paffer l'hiver, & par rayons pour être confommés en été. Ceux qu'on fème à la fin de Février, ne fe mangenr qu'après les derniers qui ont paiTé l'hiver. On replante à un bon abri les lai- tues à coquille femées en Octobre , & les crêpes blondes femées en Jan- du Jardinage. 405 vîer, afin qu'elles pomment de bonne heure , & on en repique d'autres. On plante les fournitures de falade qui peuvent fe multiplier , comme l'ettragon , la pimprenelle, le baume, le creiïbn. On plante des afperges , du baume Se de la cive à hâter , des fraifiers , les petits oignons levés en Juin Se en No- vembre , plus hâtifs de quinze jours que ceux de graine 3 les laitues fe- mées fur les ados en Août , Septem- bre Se Octobre ; les choux-fleurs femés en Octobre pour replanter en Avril } les carottes jaunes pour gréner en Août ; & les betteraves pour gréner en Septembre. On plante de la vigne ( Voy. Pra- tique du Jardin. Tom. Il , pag. s1 9 )• On fait des couches a champignons. ( Id. page 2$j ). Vers la fin de ce mois , on divife les goufïes qui forment la tête de l'ail, Se on les plante en planches ou en bordures à quatre pouces de diftance. Vous commencerez aufli à replanter les choux femés au mois d'Août, 8c vous replanterez en place les melons &: concombres de la première femence de Décembre. 4©4 La Pratique Vers ce même temps on plante les pois verts, fèves , haricots , & on feme le cerfeuil & le perlil , pour être confommés de bonne heure , fans qu'ils ayent le temps de monter. Pour toutes les couches de ce mois , on prend le fumier de celles qui ont fervi aux afperges , raves , laitues , & on le mêle avec du fumier neuf. On laboure , lorfque le temps le permet , & on fait des boutures de grofeilliers. On greffe en fente les pommiers , poiriers & pruniers. Vous femez l'amaranthe , la bal- famine , la giroflée , les œillets Ôc au- tres fleurs annuelles , la confoude royale, la jacée des Indes, la canne d'Inde , les tricolors Se Pambrette. On plante la pomme d'amour, celle d'Ethiopie, la pomme dorée , les re- noncules , les femi - doubles & les plus beaux oignons de la ferre , pour porter graine en Août 6c en Septembre. Mars. On donne le premier labour à la terre , afin de la difpofer à recevoir toutes fortes de plants 5c de femences. bu Jardinage. 405 On achève de labourer le pied des arbres fruitiers , avant qu'ils ioienten fleur. Au commencement de ce mois,' vous plantez des haricots qui feront remis en pleine terre a la fin d'Avril. Vous femez auiîî un peu de chi- corée fort clair, pour en avoir de blanche à la Saint- Jean , des choux pommés pour l'arrière faifon , & des choux-fleurs , afin d'en planter en place au commencement du mois de Mai. On fème la poirée qui eft bonne au bout de fix femaines, on la coupe alors à fleur de terre , de elle repouffe de nouvelles feuilles plus tendres à mefure qu'elles font coupées. On feme en place des raves Se des radis hâtifs pour Mai , du pourpier doré , du cerfeuil , du crefîon • on plante en place des pois goulus , des Normands , de gros pois carrés pour Juillet , des oignons pour Août , on feme des navets pour l'été , dans les terres légères qui leur conviennent le mieux j des carottes jaunes, panais, capucines , pimprenelle , & perfil pour durer dix-huit mois. Le potiron hâtif, bon au commea- 4o£ La Pratiquf cément d'Août, 8c le tardif à la fin de Septembre , fe plantent tous deux fur couche au commencement de ce mois. Si on veut avoir des haricots dès les premiers jours de Juin , on les plantera fort épais fur couche , afin de les tranfplanter à la fin d'Avril , au pied d'un mur expofé au midi. On lève en motte les fraifiers mis en pépinière , pour en faire des plan- ches &c regarnir ceux qui font en place. On commence à découvrir les ar- tichauts fans les labourer encore. A la mi-Mars on ôte toutes les cou- vertures des plantes ; mais il faut avoir foin de les remettre s'il furvient des gelées. On fème des afperges par rayons dans une planche préparée , elles lè- vent au bout d'un mois &: font aiTez fortes pour être replantées au mois de Mars fuivant. La féconde femence du céleri fe fait foit fur couche , foit en ados ; ce céleri ferabon pour le mois d'Août. On commence aufîl à femer fur couche , du pourpier doré & du vert. On fait de nouvelles couches pour du Jardinage. 407 replanter les premiers melons ôc les concombres. On fème en pleine terre à un bon abri , ce qui doit être replanté en pleine terre ; comme des laitues de printemps , & celles qu'on replantera à la rin d'Avril. On fème pour repiquer du poireau pour l'hiver. Vous replantez les bordures d'her- bes fines , &c vous liez les laitues qui devroient être pommées &c qui ne le font pas. On replante en place les choux pommés Tom. II y page 26 s)» On arrofe les couches en plein, tant qu'il n'y a point de fruit noué. On plante les buis, on marcotte les arbrifleaux , on greffe en fente. On lèvre les marcottes de figuiers qui font en pleine terre , pour les mettre dans des cailles. Dans du Jardinage. 409 Dans les terres lourdes & humides on plante les arbres préférablement a l'automne. Vous commencez a la &n du mois à tailler les pêchers , abricotiers , pru- niers , de autres arbres placés en e {pa- lier ( Pratique du Jardinage, Tom. I9 pag. 2pp &fuiv. ) Les vignes doivent être toutes tail- lées dans ce mois. ) Id. Tom. II , pag. Vous femez fur couche plusieurs fortes de graines de fleurs , que la fraîcheur de la terre ne permet pas de femer plutôt , telles que tricolors , amaranthoïdès , balfamines , pafTe- velours pour placer dans les parterres* en Juillet , après les avoir piquées fur couche , ou fur des ados , & les rieurs d'automne , telles que giroflée , qua- rantaine , œillets de la Chine 8c d'Inde, bafllic , rofes d'Inde , reines- marguerites. Vers le 1 ç on replante les violettes de Mars, les jacinthes , les tubéreu- fes , 8c les marguerites. On plante les pivoines, les cléma- tites , les {tancées , mignardifes , pieds- d'alouette , aconit & autres fleurs viva- ces , pour quatre ou cinq ans , ainfi que Tome II. S 4to La Pratique les renoncules & les anémones moins fujettes à périr que celles d'Octobre ; celles-ci font beaucoup plus belles que celles du printemps. A v R i L. On leme la chicorée blanche fur couche , Se on la tranfplante enfuite. On fème du perfil , les laitues , les choux-pommés , les artichauts , l'eftra- gon , le céleri , la graine de bette- rave : celle-ci dans les terres froides ne fe fème qu'à la mi-Mai , Se on plante les premiers haricots. On fait les labours pour les légu- mes , Se on farcie les jeunes plants nouvellement levés. On fème de l'ofeille , fi on n'en a pas fa provifion , Se on replante par touffes celle qui n'a qu'un an. On met en planches à un pied de diftance les plus belles laitues pom- mées /tant celles d'hiver , que celles élevées fur couche Se fous cloche , afin qu'elles montent en graine. Vous planterez en place des pois goulus , à cul-noir Se à longue coffe , des pois carrés pour faire fécher en vert > les dernières fèves pour Août» © u Jardinage. 41 1 Vous femerez du pourpier doré , de la farriette , des cardes de poirée blondes, pour l'été ôc l'automne , des caroctes jaunes, panais, des faifins (a) blancs ou communs , bons à lever à la Touf- faint , du perdl pour l'année , &: des raves mêlées avec d'autres femences. Vous planterez des melons d'hiver- qui donneront d'Octobre en Janvier. On fème pour replanter les laitues de Siléiie , de Verfailles , d'Italie pour Juillet, des choux frifés nains pour Août } des choux à tête longue 6c des< brocolis , pour donner de Septembre à Novembre , du céleri long , plein èc court , &c de la chicorée fauvage' pour blanchir d'Octobre à Décembre. A la mi-Avril vous commencez à femer le blé de Turquie , & à plan- ter les premiers cardons d'Efpagne , 6c les féconds au commencement de Mai. On lève de vieilles touffes d'eftra- gon , qu'on fépare en plufieurs parties , £c on en forme des planches. On découvre les artichauts , on les ( a ) Celui d'Efpagne ou feorfonère qui cfl: noir fe fème à la fin d'Avril & dans le mois d'Août, il ref«e en place fans aucun loin juf- qu'à la fin de la féconde ou de la tioiiième année , toute fa fane périt en hiver. Sij 41 1 La Pratique ceilletonne pour l'automne ; on les plante , on les laboure , Se on fait à chaque pied un bafïin pour conferver l'eau des arrofemens. Le Jardinier n'i- gnore pas qu'on commence en ce mois à arrofer Je matin. On plante des bordures de thim , d'hyfope , de lavande , de fauge , de marjolaine , de rue , d'abfynthe. Les pois placés en bonne expofition dès la mi-Oétobre , doivent commen- cer vers la mi-Avril à faire éclorre leurs premières rieurs j ainfi il faut les pincer. On plante des haricots de Mars pour Juin ; le céleri de Janvier qui eft bon au commencement de Juin ; les choux-fleurs tendres Se les brocolis de Janvier pour Juin ; les choux-fleurs durs , de la Saint-Remi pour Juin j les potirons Se concombres de Mars. On continue de tailler les melons & concombres, &on en fème la graine fur couche , pour être mis en pleine terre, afin qu'ils puiflent donner vers la fin de l'été } on en feme aufîi en pleine terre dans de petites folles pleines de terreau. On réchauffe les vieilles couches, & on en fait de nouvelles. bu Jardinage. 413 Du 25 au 3 o de ce mois , vous laif- fez un peu d'air la nuit , fuivant le temps , aux plantes potagères. On continue la taille des arbres plantés le long des efpaliers , & on éculïonne à œil pouffant. A la fin de ce mois on replante en pleine terre dans des couches lourdes, les efpèces tardives de concombres éle- vés fur couches. On découvre les figuiers , lorfque les gelées ne font plus à craindre. On arrête au premier nœud, les filamens des fraifîers des mois pour planter en Juillet, & on en cherche de jeunes dans les bois , afin de les mettre en pépinière. On fait des boutures de giroflée jaune , on fème pour replanter , les foucis, les œillets d'Inde , les reines- marguerites , la belle de nuit , l'am- brette pour durer depuis le mois d'Août jufqu'en Octobre, des giro- flées pour l'année fuivante } on fème du réféda pour l'automne ; on plante des mufles de lion , mufcipula 8c au- tres fleurs femées en Juillet précédent en pépinière. On tt anfplante les jacinthes , les lis , tes violettes doubles & les marguerites. S iij 4*4 La Pratique M A i. On fait les dernières couches à melons , &c on met en pleine terre les concombres 8c autres plantes pota- gères dans de petites folTes pleines de terreau. On place les citrouilles dans de pareils trous , éloignés de deux toifes au moins , &: on les couvre durant cinq ou fix jours pour faciliter leur reprife. En taillant les melons, on a foin de faire des boutures , pour remplacer les pieds qui manquent des femences de Mars : lorfqu'il en noue trop , &C qu'ils font gros comme des olives d'Efpagne , on les éclaircit pour les confire , de même que les cornichons. On plante le refte des melons de ce mois pour la Touflfaint dans les an- nées chaudes. Au commencement de Mai on plante les cardons d'Efpagne & des haricots de couleur. On sème pour la troifième fois en pleine terre du céleri bon pour le mois d'Octobre. On plante des choux-fleurs , des , choux de Milan , des pommés , des choux d'hiver fk des cardes de poirée. du Jardinage. 41 5 Vous achevez de planter des arti- chauts, Se d'ceilletonner ceux qui font forts , Se qui ont befoin d'être éclaircis. On fort les orangers vers le 1 5 , on les taille ôc on les rencaiife. ( Prati- que du Jardinage > Tome II > pag. ijo & iM). On fème Se on replante amplement de la laitue. On fème du pourpier en pleine terre , le long d'un mur bien expofé. On replantera jufqu'à la fin du mois des crêpes vettes Se des Aubervil- liers pour en avoir tout le mois de Juin ; mais paiTé le 1 5 , on ne fème plus que de la Gênes , parce que les autres montent trop aifément. On fème de la graine de navet pour en avoir de primeur , Se de la chicorée qui fera bonne à la fin de Juillet : fi elle eft clair- femée Se bien arrofée pendant tout le mois , elle blanchit en place. On fème des choux - fleurs fur couche. A la fin du mois on fème en pleine terre la graine des concombres qu'on deftine à faire des cornichons ; on les coupe en Septembre. On découvre les plantes qui font Siv 4 1 6 La Pratique fous cloche ou fous chaflis, tant pour profiter d'une pluie douce , que pour les accoutumer au grand air. On replante de la poirée en choi- fîfïant la plus blonde de celle qui eft venue des dernières femences. On replante les potirons dont la graine a été femée en Mars , lorfqu ils font aflez forts. Jufqu'à la fin du mois on continue la pépinière de fraifiers , on connoît alors les bons par les montans. Du 15 au 30 vous plantez des ha- ricots en terre forte , des concombres verts pour cornichons en Août, Sep- tembre &c Octobre , Se vous femez des betteraves en terre froide , de la feorfenère en terre forte pour l'année fuivante. On repique du fenouil pour blan- chir comme du céleri , des choux pan- caliers en lieux froids , du céleri- rave , de des choux-fleurs au nord pour Octobre. On continue de planter un peu de pois de la grolTe efpèce , des pois car- rés pour petits pois en Juillet èc Août , & des pois à cul-noir pour le Carême. On greffe en flûte le figuier Se le châtaignier. du Jardinage. 417 A la fin de ce mois les pommes d'artichauts commencent à fortir , Se ces plantes exigent de fréquens arro- femens. On éclaircira aufîl les racines qui lèvent trop dru , Se on replantera ail- leurs celles qu'on lèvera , telles que les betteraves Se les panais. On coupe le vieux perfil qui monte, &:on en réferve pour porter de lagraine qui dure quatre à cinq ans. On ouvre la terre aux haricots plan- tés depuis quinze jours , s'il ne lè- vent pas. On coupe à fleur de terre les fèves hâtives cueillies , afin qu'elles repouf- fent de nouvelles tiges qui donnent du fruit en Août Se Septembre , Se ors. pince les fèves en fleur.. Vers la fin de ce mois vous replan- terez du pourpier pour graine , Se vous planterez du céleri en pleine terre , ou dans des planches creufes „ comme les afperges. Vous ramerez aulîi les pois qui fe- ront forts , Se vous femerez les pre- miers choux blonds pour l'automne Se l'hiver : les plus forts qu'on replante en Juillet, fe mangent en automne,, & les plus foibles qu'on replante er& 4i S La Pratique Septembre &c Octobre , font pour l'hiver. On ébourgeonne le faux-bois de la vigne On fait une revue des abricotiers qui ont trop de fruit , & on en ôte pour confire. On achève de femer fur couche les graines de toutes fortes de rieurs , telles que penfées , thlafpi , fcabieu- fes , femi-doubles , amaranthes pour en avoir de tardives en pots , . & on profite de quelques pluies pour replan- ter les fleurs annuelles. Durant tout ce mois , il eft bon de marcotter les giroflées jaunes, 8c d'en faire des boutures. Celles de gé- narium , d'héliotrope &c autres , fe plantent fur couche. Les Juliennes fe multiplient en ce mois , de on lève les oignons des tulipes hâtives pour les planter. On recueille la graine des anémo- nes , on fème les foucis , les penfées r les feabieufes & les amaranthes , pour en avoir de tardives. On coupe les montans des fraiiiers plantés en Mars j pour rapporter feu- lement les années fuivanres. du Jardinage. 419 Juin. Le Jardinier commencera dans ce mois à arrofer le foir , préférable- ment au matin. On peut encore faire àes couches pour les concombres tardifs Se pour les champignons, & jufqu'au 1 5, re- planter quelques artichauts, qui fer- viront pour le printemps fuivant , étant bien arrofés. On fème de gro(Tes raves, des radis longs , gris Se noirs , de gros radis noirs pour le Carême, du pourpier dore pour toute Tannée , Se des rai- ponces pour le Carême. On couvre ces dernières d'un demi-pouce de terreau , Se on les mouille fouvenc afin de les faire lever. Dans ce mois Se durant tout l'été, on aura des raves très-promptement par ce moyen. Faire tremper la graine durant vingt-quatre heures dans de l'eau de rivière , Se la mettre toute mouillée dans un fachet de toile bien ficelé, qu'on expofe pendant vingt- quatre heures à la plus forte chaleur du foleil. La graine germera au bout de ce temps-là , on la femera à une Svj '4io Là Pratique bonne expofition , & on la couvrira d'un bacquet. Le quatrième jour, les raves feront de la grofTeur de petites, civettes, & bonnes à couper pour met- tre en falade. On fème pour repiquer des choux frifés nains Se à tête longue pour l'hi- ver , èc des poirées pour cardes qui feront plantées à la mi -Août pour l'hiver, il s'agit de l'efpèce nommée la demi- verte. Vers la mi-Juin vous replanterez des poireaux dans des trous de iix pouces éloignés d'un demi-pied , 8c vous continuerez de femer de la chi- corée fk de la laitue de Gènes , afin; d'en replanter dans, le refte de l'été , &C du céleri pour la dernière fois , qui fera bon pour l'hiver. A la mi- Juin on greffe en écufïbn à îa pcuile les arbres de fruits a noyau. Qn plante de la ciboule femée en Février pour l'hiver , 3c du poireau, pour cette faifon, On recueille la graine de cerfeuiL ' qui eft la première de l'année à monter,, fur celui ferné* en automne. On replante des cardes de poi- réë entre les rangs d'artichauts „ pour en avoir de belles en automne». i>u Jardinage. 411 On commence à ébourgeonner Se à pâli (Ter les nouveaux jets des arbres en efpalier Se de la vigne. ( Pratique du Jardinage > Tome I > pag. j$0 & 39* )• On œilletonne de nouveau les ar- tichauts qui ont rapporté. On réferve des fèves Se les plus beaux choux-fleurs pour graine. Vous éclaircirez l'oignon; les petits font bons pour replanter dans les pla- ces dégarnies ; le refte fe garde fur terre dans un lieu aéré pour replanter en Novembre ou en Février» On eft obligé de repiquer des lai* tues , chicorées Se efcaroles pendant la faifon chaude. Quand il ne furvient pas de jours frais , on renverfe un pot fur chaque plante qui y refte quelques jours durant le foleil : ce moyen eft: très- propre pour conferver les plantes transportées à contre-faifon* Parmi les laitues qui fe mangent ea Juin, on diftingue ïa crêpe verte Se l'Aubervilliers : les laitues à lier Se celles de Gènes commencent à être bonnes vers la Saint-Jean. C'eft aura dans ce temps qu'oa fexue pont repiquer des choux pora* 4^1 La Pratique mes hâtifs de des frifés hâtifs , ceux-ci pour porter graine feulement. On réferve fur chaque pied de fraifier un feul filament pour planter en Août , fi on n'a pas de pépinière. On tond les buis de les paliflades, on plante des haricots pour l'automne, Se des pois pour les avoir bons en vert tout l'été , de on feme des choux blonds d'hiver qu'on tranfplantera. On rame les haricots Se on plante des pois Suiffes , à la fin de ce mois , afin d'en avoir en Septembre. On recueille la graine de la renon- cule , de l'oreille d'ours , des nar- ciffes. On déplante les tulipes 3c anémo- nes , de on lève les iris , les fritillaires > les cyclamen printaniers , les marta- gons , les jacinthes orientales de les bulbeufes. Vers lafin de ce mois on commence à cueillir la fleur d'orange, de on l'é- tend à la cave fur une nappe humide , jufqu'à ce qu'on l'employé. Juillet. On récolte les légumes d'été , de on fème ceux qui ne feront confommés qu'en hiver. du Jardinage. 4*5 On recueille beaucoup de graines en ce mois , & on feme des chicorées pour l'automne Se pour l'hiver. Au commencement de ce mois vous plantez fur couche des concom- bres qui dureront jufqu'aux grandes gelées. On feme de la laitue royale qui fera bonne à la fin de l'automne , de 1» poirée Se de la ciboule , pour la même faifon, ôc un peu de raves dans les endroits frais pour le commencement d'Août. On fème en place de groffes ra- ves 3 des radis longs , gris & noirs „ Se des chicorées qui feront bonnes en automne Se en hiver. On plante encore des haricots pour l'automne , des pois , afin d'en avoir tout l'été , .Se des pois à longue coiTe pour l'automne. Les épinards feront femés en petite quantité, parce qu'ils font fujets à mon- ter. On enfouira les concombres qui font en pleine terre , Se. on fèmera des choux de Milan Se de la graine de navet. On plante pour la dernière fois des pois carrés à la mi-Juillet, pour en 424 La Pratiqua avoir en Octobre , & de la pîmpre* rielle pour planter en Mars. Les oignons replantés en Mars , font bons en ce mois-ci. On commence à planter des choux pour la fin de l'automne & le com- mencement de l'hiver. Du 10 au 30 on fème pour repi- quer en terre forte l'oignon blanc hâ- tif pour palTer l'hiver , être planté en Octobre, et cueilli en Mai. Jufqu'à la fin de ce mois vous pou- vez femer de la ciboule , quoique la première femée foit la meilleure pour l'hiver* On continue à ébourgeonner Se à palifTer les arbres fruitiers. À la fin de Juillet on peivt avoir de bonne chicorée , fi l'on en a femée en Mai pour n'être point replantée. On greffe en approche les myrthes, les jafmins , orangers 3 rofiers , & au- tres arbrifTeaux , ( Pratique du Jardi- nage 9 Tome I , page l j p ). Si la faifon eft fort feche. , vous pouvez à la fin de ce mois greffer 1 œil dormant les pêchers , pruniers «Se abricotiers. . On tourne au nord, la tête des me- lons a de s'ils, fe crèvent malgré cetsç du Jardinage. 41$ précaution , on altère la tige par des coups d'ongle. Depuis la mi- Juillet jufqu'en Sep- tembre s on fajt des marcottes d'oeil- lets , lorfque leurs branches font afïez fortes. Après un oraçe , on plante les filets des rrailiers des mois , arrêtes en Avril & en Mai pour l'année fui- van te. On fème au couchant fur de la rerre meuble & à quatre pieds du mur , la graine des frailiers des mois , & on la recouvre de deux lignes de fable &c de terreau. Ces frailiers repiqués en Avril fuivant , rapporteront en été ÔC en automne. On commence à marcotter les œil- lets , on replante les couronnes im- périales , les lis , Se autres oignons qui ne doivent point être gardés hors de terre , mais feulement déchargés de leurs cayeux. On fème , pour repiquer, des niel- les qui fleuriront au mois de Juin de l'année fuivante , le fainfoin d'Ef- pagne , le thlafpi d'été , & autres rieurs annuelles, ainfi que la graine des pieds- d'alouette de l'année précédente , pour ne fleurir que dans la fuivante. 'éfiG La Pratique Durant le cours de ce mois on cueille la fleur d'orange foir & matin. Août. On coupe au commencement de ce mois les feuilles de betteraves , ca- rottes Se panais , pour faire grolîir ces racines. Par la même raifon lors- que l'oignon ne profite plus à caufe de fes feuilles , on roule un, tonneau defïus. On peut aufïi en planter pour le repiquer en Octobre. / Du i au 15 on écuiTonne à œil pouffant les vieux amandiers &c les autres arbres, fi leur fève dure encore, & du 15 au 30 les jeunes arbres de même efpèce. Onfème des raves pour l'automne, du cerfeuil pour l'hiver & des épinards qui demandent à être arrofés fouvent lorfqu'ils ont levé. On coupe les vieux mentans d'ar- tichauts dont on a ôté les pommes. On lève les oignons de terre , lorf- que les montans commencent à fécher, avant que de les ferrer dans le grenier, ou de les mettre en botte. On recueille les pois qu'on a laiflé fécher. du Jardinage. 41-7 On fème pendant tout ce mois des laitues à coquille , tant pour replanter à la fin de Septembre ou au commen- cement d'Octobre en place Se à l'abri , Se en avoir de pommées à la fin de l'automne Se durant l'hiver, que pour les accoutumer au froid , afin qu'elles puiiTent êtte replantées après l'hiver. Si cette faifon eft bien rude , on les couvre avec de la paille longue. Vous femez de la ciboule pour fer- vir toute l'année , Se vous plantez des pois michaux pour le mois d'Octobre qui fe fuccèdent jufqu'à la Saint- Mar- tin , Se des oignons d'Efpagne pour lever en Février. On fème pour repiquer de la chi- corée pour l'hiver, aïnn que de la lai- tue crêpe pour Décembre. Dès la mi- Août on commence à femer des épinards pour Octobre, des mâches pour les falades d'hiver , de l'ofeille , du cerfeuil, de la ciboule > des raves en pleine terre pour l'au- tomne , Se des navets. Du 20 au 30 vous femerez pour repiquer des choux-fleurs durs pour primeur , qui feront confervés en bac- quets dans la ferre. On fème à l'abri des choux pommés '42.8 La Pratique hâtifs , des frifés hâtifs , de Bonneuil , d'Aubervilliers, de Milan , pour plan- ter aptes l'hiver , &c couper en Mai ôc Juin. Onfème des graines de falfifisd'Ef- pagne ou fcorfonères. On plante beaucoup de chicorée à un grand pied l'une de l'autre , de même que les laitues royales &c les perpignanes , qui font uès - bonnes l'automne & l'hiver. On lie la chicorée d'un ou de trois liens fuivant fa grandeur. On recueille les graines de laitue êc de rave, de cerfeuil , de poireau, de ciboule , d'oignon , de rocambole, de betterave Se de capucine. Vous commencez à découvrir ]es fruits auxquels vous voulez faire pten- dre beaucoup de couleur. Du 1 5 au 5 o de ce mois on plante les fraifiers élevés des filamens de Juin, tant en planches pour rappotter dans la faifon fuivante , & en dépôt pour réchauffer en hiver , que pour former des pépinières dans un terrein fablon- neux. On plante aufli les fraifiers desmois pour porter en Octobre 8c Novembre. Depuis la fin de ce mois jufqu'au bu Jardinage. 419 commencement d'O&obre , on fème beaucoup de cerfeuil pour l'automne de pour l'hiver , quoique ce légume puiUe fe femer en toute faifon. On marcotte la plupart des œillets y êc on peut femer dès la mi- Août les graines des fleurs qu'on a coutume de femer en automne , telles que les ja-, cinthes orientales &c les narciffes. On plante des anémones pour en avoir en automne ôc en hiver. Septembre. On arrofe le matin Se non le ioif. Du 1 au 10 on plante en motte les fraifiers des mois fur les vieilles cou- ches , & on les couvrira de chaflis en O&obre , pour qu'ils rapportent en Décembre &c en Janvier. Vers le 1 5 & dans tout le refte de l'automne, on écullonne les arbres à œil dormant. On fème de la graine d'oignon pour fuccéder à celui d'Août. On ôte de terre les oignons, afin de les faire profiter. On fème du cerfeuil pour grenerau printemps , des mâches pour le Carê- me , des raves & de gros radis blancs. 4$o La Pratique On plante les pois michaux en mannequins à une bonne expofition , pour achever de mûrir dans la ferre en Octobre & Novembre. On fait des couches à champi- gnons. La bonne chicorée pour l'hiver, fî c'eft en terre fablonneufe, doit avoir été femée depuis la mi- Août , juf- qu'au 17 de ce mois , & plutôt , fî c'eft en terre forte. On la plante juf- qu'àla mi-Septembre, à l'efpace de fîx à fept pouces pour la replanter , fans rien couper à la racine. Du 15 au 30 on fème des panais Se des carottes blanches pour Avril , Mai & Juin. On fème des épinards qui feront coupés vers l'hiver j & jufqu'à la fin du mois , de la chicorée par-tout indiffé- remment , 8c des raves mêlées avec d'autres femences. Vous planterez beaucoup de chi- corée pour l'hiver dans toutes les pla- ces vides , dès le commencement du mois jufqu'au 1 5 , & vous en mêlerez aafîi svec les laitues à pommer. On replante encore des choux d'hiver , fur-tout ceux qui font d'une çfpèce plus verte. On recueille la du Jardinage. 431 graine de betterave , on lie le céleri , on le bute , &c on coupe le bout d'en haut. Vers le 1 5 vous lierez les cardes d'artichauts & les feuilles de quelques choux-fleurs , dont la pomme com- mencera à être formée. Vous cueillerez aufïi alors les poires d'automne fi l'année eftfeche,&: quinze jours plus tard , fi elle eft humide. On fait un dernier paliifage aux pêchers & aux autres arbres en ef- palier. On prodigue l'eau aux artichauts qui marquent , & on ne leur laifTe qu'une pomme. Du 20 au 30 on coupera le perfîl pour avoir des feuilles tendres en au- tomne Se en hiver , en obfervant de le couvrir de litière : ces feuilles qu'ors fait fécher fe gardent. Celui qui n'a pas été coupé , réfifte mieux. On coupe la poirée afin de la faire repouffer pour les herbes à confire. Du 10 au 30 on plante en motte les jeunes frutilliers en lieu abrité, ou en pots , pour pafTer à la ferre. On coupe & on brûle la graine des jeunes chervis qui n'en donnent de bonne , que la féconde année. fyi La Pratique Vers la fin de ce mois vous piau- lerez des laitues royales, à coquille , ôc de Gênes , ôc vous femerez pour la ttoifième fois des épinards qui feront bons en Carême ôc pour porter graine. C'eft la meilleure faifon pour mar- cotter les œillets , la giroflée , l'ané- mone, le thlafpi , ôc les autres plantes ligneufes. On fème des pavots , des coqueli- cots doubles, des pieds - d'alouette , pour en avoir qui fleuriiTent en Juil- let , avant ceux qu'on fème en Mars. On fème encore les graines d'oreil- les d'ours , de renoncules, d'alaternes, d'iris , de couronnes impériales , de tulipes , de thlafpi, d'anémones , d'œil- lets doubles , de fcabieufes , de julien- nes , dornithogalum , d'immortelles , de mufles de lion , de cyclamen , de inufcipula , de giroflées , de pavots , de campanelles ôc généralement les grai- nes des plantes annuelles non fujettes à la gelée. On plante toutes fortes d'anémo- nes après les premières pluies qui vien- nent en ce mois , l'amaranthe Ôc les oeillets. On plante l'hyfope , les jonquilles, les du Jardinage. 43 3 les narcifles blancs Se les fraifiers de bois , au défaut de ceux du mois d'A- vril. A la fin de ce mois, la terre des jar- dins doit être entièrement couverte de plantes potagères 5 foit femées 9 foit replantées. Octobre. On fait des tranchées & on creufe des trous pour planter les arbres dans le mois fuivant. ( Voyt^ la. Pratique du Jardinage , Tome /, page 181 ). Depuis le premier jour de ce mois jufqu'au 10, on fème des épinards, afin d'en avoir aux Rogations , Se le dernier cerfeuil , pour qu'il lève avant les fortes gelées , Se qu'il grène de bonne heure l'année fuivante. On fème à l'abri des raves qui fourniront en Novembre Se en Dé- cembre jufqu'aux nouvelles couches. On défait les couches , on met à part le terreau Se le fumier pourri. Vous plantez des pois verts fur des côtières à quelque bon abri, afin qu'ils fleurirent en Avril , Se du 1 5 au 3 o vous femez des mâches pour le Ca- rême. Tome IL T 434 La Pratique On oeut cueillir des cardes d'artU chants quinze jours ou trois femaines après les avoir liées , fi on l'a fait en Septembre. Du 25 au 30 on ïeme pour replan- ter de la laitue crêpe pour Janvier, ÔC de la romaine hâtive pour Avril. On fème des choux-fleurs durs qu'on repiquera à l'abri fans cloche , éc couverts de litière , pour donner en Mai fur couche. On plante de la chicorée pour grai- ne , &: des œilletons d'artichauts pour le printemps. On coupe les montans d'afperges deftinées aux couches. On met dans le fable les navets, &c la première chicorée fauvage pour blanchir. On fait des meules a champignons en cave pour l'hiver. On couvre de litière foutenue de perches les fraifiers des mois , pour garantir le fruit de la gelée. On plante des fraifiers , des bor- dures de buis , des choux blonds & beaucoup de laitues hâtives à de bons abris à fix pouces les unes des au- tres. On empaille les cardons d'Efpagne» du Jardinage. 43 $ Au 1 5 vous cueillerez les poires d'hiver, Se une femaine plus tard, les pommes Se le bon-chrétien d'hiver, La cueillette des fruits fera retardée de quinze jours dans les années hu- mides. Vers ce temps il faut mettre dans la ferre , les arbres Se arbrifTeaux qui craignent la gelée , comme les oran- gers , myrrhes , lauriers , roners , jaf- mins, en laifTant jufqu'aux gelées les portes Se les fenêtres ouvertes durâne le jour , Se les fermant le foir. A la fin de l'automne on lie le céleri de deux ou trois liens , on l'en- lève en motte , Se on le replante de plus près, afin de le couvrir plus aifé- ment de grand fumier , & de le faire mieux blanchir. Il faut , pendant ce mois , donner de dernier labour aux terres fortes Se humides , foit afin de faire prendre , pjur ainfi dire, ces fortes de terres, de manière que les eaux de l'hiver ne puiiTent pas (i aifément y pénétrer , ex- cepté la tubéreufe & le lis blanc. On ferre les marcottes d'œillcts , ôc on empote les giroflées. On tranfporte les fleurs vivaces9 comme juliennes, feabieufes , croix- de-Jérufalem , œillets de la Chine , mignardife. Novimbre. Dans les terreins fecs ce mois eft le plus favorable pour planter 8c tranf- porter les arbres. On émouffe les vieux , ôc on fouille le pied de ceux qui languifTent pour tailler leurs grof- fes racines , ôter la terre ufée , &; y en fubftituer de nouvelle. ( Voye^ ces differeas articles dans la Pratique du Jardinage. ) Dès le commencement de ce mois, vous conduirez de grand fumier fec dans le voifinage des chicorées , arti- chauts , céleri , poireaux , racines , pour avoir la facilité de le répandre promp- tement fur les légumes qui en auront befoin. Les premières couches fe font en ce mois , on y replante les laitues fe* mies en Août Se Septembre a & on y du Jardinage. 437 repique celles qui ont été femées dans le mois d'Octobre , pour pommer ea Janvier, On fème auflï des raves pour Jan- vier Se Février , Se on plante des pois dominé Se michaux dans des manne- quins , pour pafTer en ferre Se hâter fur couche ; ceux-ci fe plantent fur des cotières qu'on terreaute de gadoue, ou de fiente de pigeon , Se on les cou- vre durant la gelée , afin d'en avoir des premiers. * On plante encore des laitues d'hi- ver ; celles qui font plantées à de bons abris , feront couvertes durant les ge- lées blanches , avec de la paille lon- gue bien nette , fur laquelle on mettra quelques perches de longueur, pour que le vent ne la dérange pas. On laboure les artichauts, on les bute Se on les couvre de feuilles , on prépare leurs couvertures : avant que d'en faire ufage , il faut avoir coupé toutes leurs feuilles j ils reftent ainft couverts jufqu'à la mi-Mars , après quoi on les laboure. On plante de la vigne qui profite plus que celle plantée en Février. Avant les gelées vous lierez Se vous buterez les cardons d'Efpagne , vous Tiij 43 S La Pratique achèverez de lier les chicorées , &: vous les couvrirez , ainlî que celles qui ne le font pas j elles blaachiiTetït toutes également. On coupe les montans d'afperges lorfque la graine eft rouge 3 & on la ferre pour la femer au printemps. On coupe aufh* les feuilles de cardons def- tinés à gréner, & on couvre leurs pieds comme ceux des artichauts. Dès que le froid commence à fe faire fencir , il faut empailler les n> guiers. On plante des afperges, de i'ofeille, de l'eflra^on, on fait des couches d'af- perges , èc on en réchauffe les plants. Vous replantez dans la ferre , les cardons , betreraves , feorfonères , fai- ûRs , perfl pour racines, ciboule, chi- corée fauvage pour blanchir , les arti- chauts avec leurs pommes , pour fe perfectionner, 3c les choux-fleurs afin qu'ils profitent. On ferre les racines d'hiver par une belle journée. On laboure les carrés vacans , & on en fait une nouvelle répartition pour l'année fuivante , en forte qu'on ne re- mette pas les mêmes légumes dans les mêmes planches. Les haricots font ex- du Jardinage. 439 Geptés de cette règle ; replantés dans la même terre , ils y viennent mieux îa féconde année que la première. On nettoyé 6c on réchauffe les fraifiers , on lève les topinambours 8c les patates. On replante en motte dans des tranchées au nord <5: les uns près des autres 3 les choux pommés , dont on veut avoir de la graine. On fait une couche de champignons pour le printemps. ( Pratique du Jar- dinage > Tome II , page 2$j ). On coupe & on terreaute les ju- liennes , & on les marque avec de petits bâtons. On plante quelques femi-doubles , les ornithogalum , &: du 25 au 30 les narciiîes de Conftantinople ôc autres en terre légère. Décembre. Dès le commencement de ce mois, vous pouvez planter les pois communs &: les oremiers pois Suites fur des ados au midi , pour en avoir en Mai , ôc des pois communs pour le premier Juin. Les pois michaux de dominé fe Tiv 44° La Pratique plantent en terre légère , ôc donnent à la fin d'Avril. On commence à planter les pre- miers concombres hâtifs , èc même à femer de la laitue } dès que celle-ci lève , ils font en état d'être repiqués. La fève de marais fe plante dans ce mois, elle réfifte à la gelée, lorfqu'elle eft bien couverte , ôc eft plus hâtive de quinze jours. On plante du céleri en terre fèche au gros plantoir , fînon on le couvre de fable dans la ferre. Vous hafardez un petit nombre de cloches de melons fur la même cour che que les concombres , ils réuffif- fent quelquefois. Le fumier des couches ôc des ré- chauds qui dans le mois précèdent a fervi à élever de la laitue à couper ôc à repiquer , fe retire actuellement,.. ôc fertaux nouvelles couches , en le mêlant avec autant de fumier neuf. On fait germer des amandes dans des mannequins où elles font placées par lit , toutes les pointes en dedans ; ces lits de terreau ou de fable ont deux pouces d'épaifTeur. On fait des couches à champignons pour fournir de Juin à Septembre. du Jardinage. 441 L'ofeille coupée à fleur de terre &c terreautée , dure dix à douze ans. On donne une dernière charge de fumier aux artichauts , elle y refte juf- qu'en Avril , en obfervant de décou- vrir & de recouvrir leur cœur. Si l'hiver eft rude, vous couvrirez vers Nocl de litière foutenue fur des treillis, les pois plantés en Novembre, &c vous les maintiendrez droits en paflant de la paille entre les rangs. Avant les fortes gelées , on taille les arbres en buiffbn , tandis qu'ils ne font point couverts de gréfîl. On enlève les carottes pour les fer- rer après les avoir lavées , ôc lorf- quelles font efforces , on les arrange fans les couvrir de fable. FIN. Tv 2? ^4L JB JL J£ DES CHAPITRES ET TITRES Du Tome fécond. ■■— Ml i — —————— — f> LE PECHER jEr /«- d^rw Arbres confédérés dans; leur vieilleffe. SUITE DE LA IVe PARTIE. V-«hapitf,e premier. Des Ennemis des Arbres j &~ des remèdes pour les dé- truire j Pag. i Chap. II. Des autres Ennemis des Arbres y & du Pêcher en particulier y 28 Chap. III. Des différentes efpèces de Pêches j de la façon de cueillir les Fruits & de les conferver > 43 Chap. IV. Des meilleures efpèces de fruits j 64 TRAITÉ des plaies des Arbres ^ 9$ TRAITÉ de la culture des Orangers ^ 147 Chap. I, De, la fern des Orangers 3 24? TABLE 445 Chap. IL De la terre propre aux Orangers y ijj Chap. III. Des Orangers de pépin, & de leur Greffe j 1 62. Chap. IV. Des Orangers Provençaux' ou Génois y & de leur gouvernement j Chap. V. De l3 encaiffement & demi- encaiffement des Orangers 3 170 Chap. VI. De ly arrofement des Oran- gers , 178 Chap. VIL Du gouvernement des Oran- gers dans là ferre j 181 Chap. VIII. Des Orangers hors de la ferre 3 & de leur gouvernement au printemps y 186 Chap. IX. De l'E bourgeonnement des Orangers y 19$ Chap. X. Des Fleurs & Fruits des Orangers y 1 99 Chap- XL Des Maladies des Oran- gers y & de leur Cure y 20 j Chap, XII. Des Ennemis des Oran- gers y & des moyens de les en déli- vrerj & de les en garantir _, 2 1 y Chap. XIII. Life des Orangers que nous cultivons > 225 TRAITÉ des Choux-fleurs y 239 TRAITÉ des Cardons d'Efp a gne , 25 j TRAITÉ des Melons, 26; TRAITÉ des Couches à Champignons y 287 Tvj 444 TABLE. TRAITÉ des Fraijiers y 193 TRAITÉ de la Culture de la Vigne j 3 07 Chapitre I. Du gouvernement de la Vigne > ibid. Ghap. II. Du fonds de terre a du. cli- mat & de V expojition propres à la Vigne, 314 Chap. III, De la Plantation de. la Vigne y 319 Chap. IV. Des Perchées y_ $$6 Chap. V. De la Taille de la Vigne 3 345 Chap. VI. De V 'E bourgeonnement de la Vigne 3 $60 Chap. VIL De la façon d'accoller & d'effeuiller la Vigne 3 371 Chap. VIII. Du Labour de la Vigne y 380 TRAITÉ de la Multiplication des Vé- gétaux y 38/ MANUEL du Jardinier , 35^ Fin de la Table, i{ £*©♦*£ ©s }•♦©♦•■$ lit ig+ 5 % 4- # * tgî TABLE GÉNÉRALE DES MATIÈRES Contenues dans la Pratique du Jardinage. La lettre A indique le premier volume l B indique le fécond* A. A bricot; différentes efpèces d'abricots3 B. 66 & fuiv. Abricotier ; cet arbre ne réunit pas, greffé fur fon propre fauvageon ; A 75. L'aman- dier eft le fauvageon fur lequel il réuiTrt le mieux j A. 456. B. 66. Abris de différentes fortes ., néceiTaircs au pêcher j A. 2.1 3 & fuiv* 44^ TABLE Aesynthe ; fe plante en Mars ; B 407. On en fait des bordures en Avril 3 411. Aconit 3 fe plante en Mars 3 B, 409. Agriculture 3 les anciens n'en diitinguoienc pas les différentes branches 3 A. 7 & Juiv, Comment la diitradion a pu s'en faire 3 9 & fuiv. Ail 3 on en divife les goufTes en Février, pour les planter 3 B. 403. Et en Mars, pour graine 3 407 , 40 S. Alaterne 5 fe fème en Septembre 3 B. 432, Amandes de différentes efpèccs 5 B; 91. On les fèmc en Janvier , pour avoir du nour vean plant 3 B, 398. En Mars, on met en terre celles qui font germées 3 408. Manière de les faire germer en Décem- bre 3 440. Amaranthe 3 fe fème en Février 5 B. 404, En Mai 3 418. Se plante en Septembre 3 432. Amaranthoïdes 3 fe fème en Mars 3 B» Ambrette3 fe fème en Février 3 B. 404» Et en Avril, 41 3. Anémones 3 fe plantent en Mars 3 B. 410. Se lèvent en Juin 5 411. On en plante en Août, pour en avoir en automne & en hi- ver 3 429. On les marcotte en Septembre; 432, & on en fème la graine dans le même mois 3 ibid. ^rerei 3 différence entre les arbres de fruits à pépin , Se ceux de fruits à noyau 3 A. Z99 & fuiv. & 423. En quoi leur taille diffère > DES MATIERES. 447 $31 & fuiv. 341. Divers expédiens pour les former & les mettre à fruit, 356 c> fuiv. Moyen de rétablir des arbres plantés en mauvaife terre ; 179 & fuiv. La Quin- tinye s'eft trompé , en difant qu'il ne faut point fumer les arbres ; A. 19. C'eft en automne qu'il. faut le faire Se non pas au printemps; 419. Moyens de multiplier les arbres , & de les mettre promptement à fruit ou en coupe ; B. $86 & fuiv. Temps d'émouiTer Se d'écheniller les arbres ; B* Arbres en buisson; on doit les railler 3 fu- mer & labourer au mois de Janvier ; B» 397- Arbres sur franc ; moyen de les mettre à fruit ; A. 3 10 & fuiv. Arbres ; voy. l'article du Pêcher. Voy. aufil les articles , Greffe , Plaies des arbres., Ravalement, Transplantation. Arrosemens, fe font le matin, au prin- temps & en automne ; B. 411 & A%9- L'été, ils fe font le foir^ 419. Arrofement des orangers ; précautions qu'on doit y ob- ferver ; B. 178 & fuiv. Artichauts ; on ne commence à les dé- couvrir qu'en Mars ; B-. 406. Façons qu'on leur donne en Avril ; 411 & fuiv. En- Mai 5 415 j 417. En Juin ; 419 , 411. En Août 5 416. En Septembre ; 431. On plante les œilletons en Octobre ; 434. Façons qu'on leur donne en Novembre; 437 & 438. En Décembre ; 441. Asperges 5 fe fèment en Janvier p pour être 44* TABLE levées en Mars 3 B. 400. On en fème en Février 5 foins qu'on donne en ce mois à celles de l'année précédente ; 401, 403 & 406. Les carrés d'afperges fe plantent en Mars , avec du plant de deux ans 3 407. En Octobre on coupe les montans de celles qui font deftinées aux couches 3 434. En Novembre, on les coupe, lorfquela graine eft rouge , 43 8. Soins que les afperges de- mandent dans ce mois ; ibld. Aveline ; efpèce de noifette; B. 91* Auvent; efpèce d'auvent pour fuppléer aux paillaiions 3 A. 2.10. B. Jjalotin 3 de différentes efpèces ; B. 13 1 , 2.35. Balsamine ; fe fème en Février 3 B, 404 , & en Mars 3 409. Basilic; fe fème en Février, pour repiquer 3 B. 401. Baume 3 fe Ieme5c fe plante en Février 3 B. 403. Belle-de-nuit3 fe fème en Avril 3 B. 41?. Bergamotte 3 moyen de mettre à fruit les poiriers de cette efpèce 3 A. 288, Bergamotte 5 de différentes efpèces 3 B, 231 , 232. Betteraves , pour gréner en Septembre, fc replantent en Février 3 B. 403. On en fème la graine en Avril 3 mais dans les terres DES MATIÈRES. 44? froides, à la mi-Mai ; 410 & 416. Au mois d'Août on coupe leurs feuilles ; 416. Bigarade; différentes efpèces ; B. 12,8 , i3z, 135.. Bigarreau ; B. £5. Binage , doit être réitéré tous les quinze jours ou trois femaines ; A, 43 3 & /tfiv. Blanc ; maladie des arbres; fa defeription y A. 489 & fuiv. Observations fur cette maladie ; 490. Elle eft conragieufe s 491, Ce qui l'occafionne , 491. Elle eft diffé- rente du blanc qui prend aux feuilles pen- dant les chaleurs; 493. Remèdes contre cette maladie; 454 6' fuiv. Blé de Turquie ; fe feme en Avril 5 2k 411. Bois ; l'exploitation des bois , eft un dé- membrement de l'Agriculture ; A. 11. Bois mort , doit être fcié , ôc coupé jufqu'au vif; A, 304. Bois taillis ; comment ils doivent être conduits ; B. 137. Botanique ; les Jardins de Botanique n'ont été formés que fort tard y. A. 19 & fuiv. Boudin; habile Jardinier de Montreuil ; A. 137 & 140. Boues des rues ; efpèce d'engrais ; A. 5.8." Bouillon pour lés arbres attaqués de la jauniffe ; A. 483. Bourrelet ; difformité qui furvient aux ar- bres fruitiers ; A, 43 6. Ce qui Toccaiioûne, moyens de la prévenir; 437 & fuiv%. 45* TABLE Bouture ; moyen de multiplier les plantes > B. 386. Boutures des melons; B. 414. Boutures naiiTantes du pied des arbres frui- tiers ; doivent être retranchées ; A. 417 & fuiv. Branches; différentes efpèces de branches; & manière de les gouverner ; A. 228 6* fuiv. Trois claiTes de branches principales ; 229 & fuiv. Autres branches ; 23 5 & fuiv. Moyens d'opérer la diftribution propor- tionnelle des branches; 2.57 & fuiv. 2.60 & fuiv. Branches a bois, Branches a fruit ; différence dans la configuration des parties qui les compofent 'p A. 48 6* fuiv. Ufage de cette découverte ; moyen de mettre à fruit , les branches à bois ; Se de faire produire du bois aux arbres qui ne donnent que des branches à fruit ; 5 1 & fuiv. Branches a fruit ; le pêcher en a de trois forces ; A. 147 & fuiv. II faut en confer- ver le plus qu'on peut , & les tailler coure; ?, Lé & fuiv. Manière de convertir les gourmands en branches à fruit ; 3 5 2 6* fuiv. Branches-crochets;^. 230. Manière de les gouverner ; 237, 238, 148 , 252. Moyen de les faire naître à l'arbre; 254 & 334. Il faut les conferver & les tailler coure ; 3 16 & f;'v. Branches de faux-bois; à quoi on les recennoît ; A. 309. Comment on doit DES MATIERES. 4ji les gouverner ; ibid. & fuiv. Moyen de les éviter 5310. Branches folles ouchifponnes 3 A. i$f , Z45». Leur origine 5 ce qu'on doit en faire 3 310, 345; & 388. Branches-meres 3 il ne doit y en avoir que deux 3 A. 119. Manière de les former 3 2. 3 5 & fuiv. Branches montantes et descendantes 5 A. zi 9 & fuiv. i'-,6. Branches perpendiculaires à la tige , doi- vent être retranchées 3 A. 2.2.9 , 2- 60. On s'en fert cependant avec avantage , dans certains cas 3 349 & fuiv. Branches 3 divers expédiais , pour leur faire donner du fruit 3 A. 356 & fuiv. Branches éclatées ou cafTées3 moyens de les rétablir 3 A, 19$ & fuiv. Brindilies 3 à quoi on les connoît5 A. i\6 & 185. Elles ne doivent jamais être retran- chées 3 146, 330 & 348. Brise-vents en ufage dans le Jardinage $ A. 119. Brocolis 3 on les repique en Janvier , pour être plantés en Mars & mangés en Mai 5 B. 400. Brûlure 3 maladie du pêcher 3 A. 471. Ce qui roccafionne3 471 & fuiv. Elle n'eft point produite par l'ardeur du loieilj mais par la gelée 3 47 f & fuiv. Remèdes con- tre cette" maladie 3 478 & fuiv. Brûlure de l'extrémité des branches 3 fes 4St TABLE effets, &c, A. 498 & fuiv. Remède con- tre cette maladies B. 209. Buisson 3 manière de former les buiflons , & de les mettre à fruit > A. 3 1 8 & fuiv. c. V-*ampanelles s fc fèment en Septembres-. B. 431. Canal direct de la sève s il doit être re- tranché dans les arbres fruitiers s A. xz$. Canne d'Inde 3 fe fème en Févriers B. 404. Câpres B. 91. Capucines s fe fèment en Mars s B. 405. Cardes d'Ar.tichauts s on les lie en Sep» tembre s B. 431, & on les coupe en Oc« tobre s 434» Cardes de poiree blondes s fe fèment en Avrils B. 411. Soins qu'elles demandent 5 410. Se plantent entre les rangs d'arti- chauts ; ibîd. Cardons s fe fèment fous cloche en Jan- vier s B. 39.9. Cardons d'Espagne s traité particulier de la culture de ce légume s B. 255 jufqu'à zé4- On plante les premiers en Avril, & les féconds en Mai j B. 41 1 & 414. On. les empaille en Odobre s 434- Soins qu'ils demandent en Novembre, 43 7^ Carottes s on en fème en Févriers B. 401. Et on replante pour gréner en Août, 403. On en fème en Mars s 40 j . En Avril s 41 1 » • DES MATIÈRES. 45 j Au mois d'Août , on coupe leurs feuilles , pour les faire grofTir; 416. On en fème en Septembre, pour le commencement de l'an- née fuivante ; 450. Comment on les con- ferve dans la ferres 441. Cassement des Branches ; opération qui n'eft d'ufage ordinaire que pour les arbres de fruits à pépin ; A. 368 & fuiv. Ses avantages, 370. Raifon de cette opéra- tion ; 371. Cajfement des bourgeons, doit être fait près des fous-yeux; $69. Précau- tions qu'il faut y apporter ; 373 6' fuiv* Règles à fuivre dans le caffement ; 374. Cataplasmes en ufage pour les arbres 5 A* 1S9 & fuiv. voy. Topiques. Cautère à la tige , aux branches & aux ra- cines des arbres ; A. 175. Manière de le pratiquer; 176 & fuiv» Ses effets; Z78 6* fuiv. Cautère fur les racines; z8i. Cédrat; différentes efpèces ; B. 130, z 3 jr » Céleri long ; on le repique en Janvier pour Juin;B. 400 & 411. On. en fème en Fé- vrier; 401. On. en fème en Mars, pour le mois d'Août ; 4.06. En Avril ; 411, 411 & en Mai; 414. On le lie & on le bute en Septembre ; 431. Façon qu'on lui donne en Octobre, 43;. En Décembre; 440. Céleri-rave ; fe repique en Mai; B. 416. Cerfeuil.; on en fème en Janvier ; B. 399. En Février; 401 , 404. Sa graine fe re- cueille en Juin ; 410. On en fème en Août , pour l'hiver ; 416 , 417 , 4x9. Le dernier fe fème en Octobre 5 4.) 3 . 454 TABLE Cerises ; diffé ventes efpèces de cerifes; B. 64 & fuiv. Cerisiers , & autres arbres de cette efpèce en efpalier ; comment on doit les conduire à la taille Se à rébourgeonnement ; A. 393 & fuiv. Leur culture 5 B. 64. Champignons ; détails de la culture de cette plante , B. 187 cV fuiv. Chancissure ; elle eft produite par de vé- ritables plantés.; A. 499. Chancres, nés de la gomme A. 308 Se 414. Chancres des orangers ; ce que c'eft : on doit y remédier" d'abord; B, 212. Charbon ; manière de l'employer pour écar- ter les fourmis; 3. 1 j. CharrÉe propre à fertilifer certaines terres, A. 172 cy fuiv. Chasselas , de différentes fortes ; B. 53. Châtaigne; B. 91. Châtaigniers fe greffe en fiûte , au mois de Mai ; B. 416. Chaux ; manière de l'employer pour dé- truire les pucerons; B. 11. Chenilles ; Induire de ces infectes ; B. 32. cV fuiv. Moyens de les détruire; 35 & fuiv. Chervis .; fe fément par rayons , en lé- vrier ; B. 401. On coupe & oh brûle la graine de la première année; 43 1. Chevelu des plantes , doit être confervé lorf- c^u'on plante j A. 191 & fuiv. DES MATIÈRES. 45; Chicorée blanche; on la repique en Janvier, pour 1* Saine Jean ; B. 400. On en fème en Février & Mars, pour le même temps; 402. , 40 y. On plante en Mars celle de Janvier; 407. On en fème & tranfplante en Avril; 410. On en fème en Mai., pour blanchir en place, &: être coupée en Juil- let, 415 & 414. On en fëme en Août pour l'hiver; 427, & on lie celle qui eft plus ancienne, 418. Soins quelle demande en Septembre ; 450. On la plante en Octobre pour graine ; 434. En Octobre , on met la première dans le fable , pour blanchir ; 434. Soins qu'elle demande en Novembre ; 438. Chicorée sauvage; fe fème en Janvier; B. 399. En Février; 401. En Avril; 411. Chicots ; ce que c'eft; combien ils nuifent à l'arbre où on les laifîc; A. 301. Choux; fe repiquent en Janvier > B. 400. On en fème en Février; 401 , 402 , 6c on replante ceux femés en Août ; 403. On iéme en Mars pour l'amer e-llHon 3 405. On replante ceux Çeméi en Novembre ; 407 , & ceux deftinés à gréner ; 408. Soins qu'ils demandent en Mai; 417. En Juin; 420, 421. On en fème en Juillet; 423 , 424. On commence à en planter en Juillet pour la fin de l'Automne , & le com- mencement de l'hiver ; 414. On en fème à la fin d'Août, pour planter après l'hiver; 427 6* fuiv. En Septembre 3 on replante les choux d'hiver; 430, & en Octobre ; 434. Soins qu'ils demandent en Novem- bre 5 435- 4/é TABLE Choux-blonds d'hiver ; fe fèmenten Juin 3 B. 411. Choux-pleurs; traité particulier de la culture de ce légume; B. 2.? 9 & fuiv.jufqua 2J4; fe repiquent en Janvier, pour être planrés en Mars & mangés en Mai 5 400 &41Z, On .en fème en Février, 401. Ceux femés en •Octobre fe plantent en Février pour être replantés en Avril; 403. On en fème en Mars , pour replanter en Mai ; 405 a & on replante ceux pour graine, 408. En Mai , on replante ceux pour Octobre ; 416. On en fème en Août, cjue l'on re- pique dans des bacquets dans la ferre; B. 417. On lie en Septembre ceux dont la pomme commence à fe formerj 431. On en fème en Octobre , 434. Ciboule ; on en fème en Février pour l'hi- ver ; B. 401, 401. On la plante en Juin pour l'hiver ; 42.0. On peut en femer en Juillet , 414. En Août ; 417. Ciboulette; fe plante en Mars ; B. 407. Cicatrisation des plaies; ce que c'eft ; B. 116 & fuiv. Comment elle fe fait dans les plantes ; 1 1 7 O juiv. Cire ; l'ufage de la cire, blanche ou verte , doit être proferit du Jardinage ; A. zc,i. Citrons ; différentes efpèces des citrons que nous cultivons; B. 214 & fuiv. Citrouilles, voy. Potirons. Clématites ; fe plantent en Mars ; B. 405. Cloches pour hâter la végétation ; leur ufage n'étoit pas inconnu aux anciens;^. 10. Cloque 5 DES MATIÈRES. 4fT Cloque ; maladie du pêcher, fa defcription ; A. 461. Obfervatioas fur ce qui la pro- duit 3 463 & fuiv. Gouvernement des ar- bres attaqués de cette maladie 3 467 cV fuiv. Remèdes pour en prévenir les fuites 5 468 &fuiv. Coin , efpèce de fruit y B. 91. Coloquinte j manière de l'employer contre les pucerons j B. 11. Concombres femés en Décembre , fe re- plantent en Janvier y B. 400. On en fème en Janvier j 399. On les plante en Avril, 411 & 413. On les met en pleine terre eu Mai y 414. On en fème la graine en pleine terre , à la fin de Mai , pour faire des cor- nichons 5 415 & 416. On plante en Dé- cembre les premiers concombres hâtifs $ 440. Consoude royale, fe fème en Février 5 B. 404. Contrespalier ; peu favorable au pêcher; A. zoi. Mais bon pour les poiriers , pru* niers , abricotiers 6c vignes 5 103. Coquelicots 5 fe fèment en Septembre 5 B. 43 t. Corde de crin, mife au corps des arbres, empêche les infectes de leur nuire , B. 3 6. Cormes; temps de les fèmerj B. 398. Cornichons, voy. Concombres. Couches chaudes & Rechauds > l'inven- tion en eft très-moderne j A. 30. Manière de les gouverner \ 100. Tome II Y 45* TABLE Couches ; quel fumier on prend pour celles qu'on drefle en Février ; B. 404. On les arrofe en plein , tant qu'il n'y a pas de fruit noué ; 408. On les défait en Octobre $ 433. On fait les nouvelles en Novembres 43*- Couches pour les melons; manière de les drefler ; B. 171 & fuiv. Couches à cham- pignons ; détails fur les différentes maniè- res de les drefler ; 2.87 & fuiv. Temps de dreiTer les couches de fumier chaud; 3^8, Les dernières meules de champignons .5 399' Coupe défectueuse.; ce que c eft ; A. 311 & fuiv. Avantages d'une coupe régulière 5 311. Courbure des branches , pour les mettre à fruit; A- 357. Manière de la faire ; fes effets ; 3 5 8 & fuiv.. Couronnes impériales ., on les replante en Juillet après avoir été déchargées de leurs cayeux ; B. 4x7. On les fème en Septem- bre ; 452.. Courtilieres ; moyens de les détruire ; B. 4.2. & fuiv. Cresson ; on en fèmc en Janvier; B. $9$. En Février ; 401. Crochets , voy. Branches-crochets. Croiser les branches en paliffant; différen- tes occafïcns où cette manière celle d'être vicieufe , &: çft néceffaire 5 Al. 413 & fuiv. C&ossettes de la vigne, voy Sarment. DES MATIÈRES. ^9 Cueillette des fruits ; précautions qu'il faut y apporter ; B. 54 & fuiv. Cyclamens fe lève en Juin-; B. 411. Se ieme en Septembre; 43 z. D. D kfoncement des terres ; A. 170 & fuiv. Deux moyens d'y fuppléer ; 177. Com- bien le défoncement cft néceifaire ; 181 & fuiv. Démolitions; efpèce d'engrais -5 A. 9%. Déplanter pour replanter en même place; opération qui réufïit quelquefois à mettre les arbres à fruit; A. 375 & fuiv. Detersion des plaies des arbres ; précau- tions qu'on doit y apporter ; B. 109 & fuiv. Diète ; régime que Ton doit quelquefois faire fouifrir aux arbres fruitiers ; moyen de l'exécuter ; A. 3.65* & fuiv. E. E a u ; manière d'employer l'eau à détruire les fourmillières; B. 17. "Ëbotter un arbre; ce que c'eft ; A. 419. ■Ébourgeonnement ; fon utilité ■& fes in- convéniens ; A. ni. Son importance; 380. ElTentiel au pêcher ; 381. Précau- tions qu'il faut y apporter ; ;.8z. Temps de le' faire; raifons des gens de Mo^treuii^ Vo T A B L £ qui le diffèrent jufqu'au mois de Juin ; 581 & fuiv. On doit palifler en même temps qu'on ébourgeonne ; 3 84. On ne doit jamais pincer; mais fe fervir de la demi- ferpette , & couper près; 38e & fuiv. Règles à fuivre dans l'ébourgeonnement; 385 , 388 & fuiv. JÉbourgeonnement des orangers ; règles qu'il faut y obferver 5 B. 1^5 6* fuiv. Ébourgeonnement de la vigne ; 360 & fuiv. Échalote fe plante en Mars pour gréner ; B. 408. Échelle ; f on ufage eft incommode pour le palilîage ; &c. A. 412.. Échelle plus com- mode ; 413. On doit préférer un marche- pied ; ibid. Éclatement des arbres 5 moyens d'y remé- dier i B. 131 & fuiv. Éclater les gourmands ; utilité de cette opération; A* }^6. Éclisses en ufage dans le Jardinage; A. 194 & fuiv. Écobue » inftrument d'Agriculture introduit dans le Jardinage ; A. 17. Effeuiller les arbres ; avec quelles précau- tions il faut le faire ; 2?. 49. .Élaguement des arbres des avenues ; com- ment il devroit être fait ; B. 1 3 8 & fuiv,* Encaissement & demi-encaissement dzs orangers ; précautions qu'il faut y appor- ter; S. $70 & fuiv. £>ES MATIERES. 46 1 Engrais, en ufage dans le Jardinage ; A. 18 & fuiv. Diffërens engrais & leurs proprié' tés; 90 &fuiv. Épinards ; temps de les femerà la volée & par rayons ; B. 401. On" en fème peu en Juillet ; 42. 3. On en fème en Août ; 416 , 4Z7. Ceux pour le Carême & pour gréner ' fe fèment en Septembre ; 431 -> & ea °c~ tobre; 433. Épine-vinette ; 5. $1. Ergots ; inconvénient d'en laiiTer fur ies- abreS; ^. 305. Escarole ; on en fème en "Février; B. 402.. Espace entre les tiges des arbres > doit être bien plus confidérable , qu'on ne le fait or- dinairement ; A. Z07 & fuiv. Espaliers ; différentes méthodes de les for- mer y A. iii .& fuiv. Estragon ; temps de le planter ; £.-40;, 407. On en lève les vieilles touffes en Avril pour les féparer; 411. ÉtItement ; à quelle hauteur les arbres doi- vent être étêtés , lorfquon les plante; A, 210 & fuiv. Étronçqnnsment des arbres; combien il cft dangereux ; B. 116 & fuiv. Cas où il eft néceffaire ; 119 & fuiv. Expositions du levant, du midi , &c. A* izj &fuiv* Vifj âfi TABLÏ F. F ausses-pleu&s ; ne doivent point être retranchées aux melons, & autres courges -, B. 176 &fuiv. ïenouix $ fe repique en Mai , pour blan- chir ;, B.. 416. Fentes , qui arrivent aux arbres ; A. 496 & fuiv. Moyens de les Fermer ; 497. Îeu ; manière de l'employer pour détruire, les fourmillières , B. 1-6. Peves ; pour en avoir de hâtives , on en plante au mois de Janvier ; B. 398, & en lévrier; 401 , 404. On en plante dès le mois de Décembre ; 440. Ieuillês ; leur utilité ; elles doivent erre confervées; A. 389 & fuiv. Remèdes con- tre le dépouillement des feuilles ; B. za.9.. pEuiLLEsdes plantes; qualités de cet engrais 5. A. 96 & fuiv. Ïiente des animaux , employée pour en- grais ; A. ^8. fiente de pigeon, de poule, Ùc. iof. Iigues ; de différentes efpèees > B. $1 &' fuiv. Pïguier ; comment cet arbre doit être gouver- né; A. 395 &fuiv. Moyens d'avancer la ma- turité; & d'augmenter la grolfeur du fruit 5- 3 97 & fuiv, Temps de fevrer les mar- cottes du figuier ; B. 408, Le. figuier fe greffe en flûte, au mois de Mai ; 416, On f empaille eu Novembre ; 43 8. DES MATIÈRES. 46$ Fleuristes ; établilîement des Jardiniers FJeuriftes ; A. 17 & fuiv. 19. Fleurs; elles ont été recherchées & culti- vées de tout temps; A. 18. Fleurs de l'oranger ; moyens de s'en pro- curer beaucoup; B. idi & fuiv* Fourche nouvellement inventée pour le Jar- dinage ; A. 17. Fourmi ; la fourmi ne fait aucun tort aux feuilles des arbres ; elle n'y eft attirée que par les pucerons, qui font fa pâture ; B. 3. Expériences qui le prouvent ; 4 & fuiv. Elle ne touche au fruit que lorfqu'un autre animal l'a entamé ; 7. Les fourmis font beaucoup de tort aux racines ; différens moyens de les détruire ; 14 & fuiv. Four- mis jaunes ; 17. Fourmis des bois ; 18» Moyens de détourner les fourmis des oran- gers ; 111. Fournitures de falade; fe plantent en Fé- vrier; 5. 403. ÏR aises 5:rnoystS5 d'avoir des fralfes , en Dé- cembre & en Janvier; B. 415?. Comment on doit cueillir les fraiies; 304. Fraisiers; comment il fe reproduifent; 2?. 153. Différentes fortes; 1574 & Juiv. Dé- tails de la culture des fraifiers ; 196 & fuiv. Moyen de faire durer les fraifiers jus- qu'à huit ans; 305 & fuiv. Soins qu'ils demandent au mois d'Avril ; 41 3. Au mois de Mai; 41 6V 418. En Juin ; 411. En Juil- let; 425. En Août ;4i8. En Octobre ; 434,, En Novembre ; 4 3 9. YiY 4*4 TABLE Fritilairis ; fe lèvent en Juin ; B. 412. Fruitepie ; comment elle doit être difpoféej B. 5 7 éf jfîf/v. Ïruits ; comment on connoît qu'ils font murs ; S, y 3. Précautions qu'il faut ap- porter pour les cueillir; 54 & fuiv. Pour les transporter, fans les froifler ; 55 & y^/v. Pour les conferver; f6 &fuiv. Fruits d'hiver 5596' yîav. Pourquoi on mange fi peu de bons fruits à Paris ; 61. Fumiers ; différentes fortes de fumiers, & manière de les employer ; A. 99 & fuiv. fumier de cheval; 99. Fumier de mulet & d'âne; 101. Fumier de vache ; ibid. & fuiv. Fumier de bœuf ; 103. Fumier de mouton; 304 Fumier de porc ; 104. Fumier de vo- laille; 105. Temps de charier le fumier $ B. i97. G. VTa l e des orangers ; moyen de la guérir j B. 113. Gazon ; différentes fortes de gazons propres à faire des engrais ; manière de les em- ployer ; A. 9% & fuiv. Il doit faire la bafe de toutes les plantations d'arbres; 171. Gelée; comment on doit gouverner les oran- gers qui ont gelé ; B. 1 1 5 & fuiv. Géranium; fe plante en Mai; B. 418. Gerçure des orangers; B. zn. Girardot ; habile Jardinier de Bagnolet^ A. 141. DES MATIERES. 4^5 Giroflée 3 Te fème en Février ; B. 404, 8c ' en Mars ; 409. On en fait des boutures en Avril 3413, & on en fème pour l'année fuivante 3 ibid. On les marcotte en Mai 5 418, & mieux en Septembre 3 43Z. Se fème en Septembre 3 ibid. On l'empote en Octobre 3 43 6. Comme j moyen de la détourner; A. 170, 174. On doit ôter la vieille gomme 3 3.07 & fuiv. 42-4- La gomme eft une des ma- ladies du pêcher 5 4J3 6* Juiv. Caufes de cette maladie 347 6 & fuiv. Ses préfervatifs & Tes remèdes 3 45 8 & fuiv. Gorme 3 maladie particulière au pêcher 3 A, 460, Gourmands ; c'eft fur les gourmands , que doit être fondée toute l'économie & la difpofition du pêcher j A. 1x9. Ce que c'eft que les gourmands 3 2. 3 8 & fuiv. Il y en a de différentes fortes 3 à quoi on les connoit 3 139. Méthode de les gouverner & d'en tirer avantage 3 140 & fuiv. In- convéniens du retranchement des gour- mands 3 144 & fuiv. 153. Moyen de les dompter 3 154 & fuiv. 170. Manière de convertir les gourmands en branches fruc- tueufes 33316»* fuiv. Comment on doit les traiter à rébourgeonnement 3 387. Gourmands de la vigne 3 ufage qu'on peut en faire 3 moyen de les éviter 3 B. 364. Graines des plantes potagères 3 la plu- part fe recueillent au mois d'Août 5 B. 418. Greffe 3 elle a été connue de tout temps ; A. 66. Comment elle a pu être découverte ; V v $66 TABLE - 67. Effets de la greffe ; 6$, Pourquoi' cer- tains fruits n'ont pas befoin d'être gref- fés ; Se que quantité de fruits excellens , ne produifent par leurs femences que de mauvais fruits 5 69 & fuiv.. Expériences qui prouvent que les femences des meilleurs fruits, mifes en terre, en produifent ra- rement de bons ; 73. Cependant oh trouve quelquefois par ce moyen des fruits nou- veaux, qui font excellens; 7 y & 77. Les greffes faites fur le fauvageon de l'efpèce , ne réunifient pas bien ; 75 & fuiv. Celles • faites fur des arbres non analogues, ne. réufliffent pas non plus; 78 & fuiv. Effet que produit une greffe réitérée plufieurs fois de fuite, en pofant toujours un nouvel écuffon fur la dernière greffe ; 79. Greffe exécutée en faifant un trou avec une vrille ; &o. Autre , en faifant une entaille pro- fonde, avec un cifeau ; 81. Greffes à re- bours; ibid. Ce que c'eft que la greffe, Se combien il y en a d'efpèces ; A. i$i. Greffe en fente ou en poupée , comment elle fe pratique ; ibid. & fuiv. Greffe en cou- ronne ; 154. & fuiv. Greffe en écuffon de deux fortes ; greffe à oeil pouilant Se greffé à oeil dormant; if) & fuiv. Greffe en flûte ou en fifflet ; 1576» fuiv. Greffe à emporte-pièce ; 1 5 8 & fuiv. Greffe en ap- proche ; 1 5 9 & fuiv. Greffe fur les racines ; u6o, Il eft indifférent de quel côté la greffe foit placée a lorfqu'on plante un arbre 5 %o6. Mais elle doit être élevée de quelques pouces au-deffus du niveau de la terre ; ibid. Maladies qui réfultent de l'engorgement de lâ.greffe 5 447 &fuiv> DES MATIÈRES. tff Greffe 3 le changement de greffe dans les vieux arbres, eft le plus fouvent inutiles Greffe de l'oranger ; B. 165 & fuiv. Greffe de la vigne 3 3 5 S & fuiv. Greffoir 3 infiniment de Jardinage 3 A, 16% Grenade 3 efpèce de fruit 3 B. $.z. Griottes 3 B. 65. H. H anneton 5 dommage que le ver de han- neton caufe aux plantes 5 A. 481. Moyen de le détruire 3 481. Il perce avec plus de facilité la terre plombée , que celle qui eft remuée 3 B. 31?. Haricots 3 fe plantent en Février 5 B. 404. Et en Mars., pour être mis en pleine terre en Avril 3 405. Moyen d'en avoir dès les premiers jours de Mai 3 406. On les coupe alors à fleur de terre , & ils repouffent de nouvelles tiges, qui donnent en Août & en Septembre 3 417. En Juin , on en plante pour l'automne 3 411. Les haricots vien- nent mieux , replantés dans la même terre > 439. Haricots de couleurs fe plantent en Mai 3 B. 414, 417. Héliotrope 3 fe plante en Mai 5 B. 418. Hermaphrodite 3 différentes efpèces d'o- rangers 3 B. 130 , z}6. HYSOPE3.on en fait des bordures en Avril; Y vj 4£S TABLE B. 411. On le plante en Septembre; 432» 1. I mmortelles ; fe fèment en Septembre y B. 431. Et en O&obre; 435. Incarnation des plaies 5 ce que c'eft; B. iiz. Comment elle fe fait dans les plantes} 1 1 3 & fuiv. Incisions que l'on doit faire aux arbresV en certaines occafions ; ^. 168 , 271. Prin- cipalement pour éviter la croiifance du bourrelet ; 443. Iris ; fe lève en Juin ; B. 411. Se fème en Septembre; 432.. j. J acée des Indes j fe fème en Février £ Bl ■ 404-' Jacinthe; fe replante en Mars; B. 40p. Et en Avril ; 41 3 . Se lève en Juin ; 412. On en plante les oignons en Octobre; 435. Jardinage; objet de cet Art ; A.i.l\ réunit toutes les opérations de l'Agriculture ; 1. Éloge de cet Art ; 5 & fuiv. Quand il a commencé à être féparé des autres parties de l'Agriculture ; 7 & fuiv. Son état chez les Anciens; iz. Inftrumens du Jardinage chez, les Anciens ; 2.3. Ceux cjui font en ufage aujourd'hui; 14 & fuiv. Le Jardinage con- lîdéré du coté de l'efprit ; 3 1 & fuiv* Du côté de l'opération ; $6 & fuiv. DES MATIERES. 4?* Jardinier 5 objet de fon travail ; A. 1. En quoi il diffère cie celui du Laboureur ; x. & fuiv. De celui du Vigneron; 3 & fuiv* Son deiTein dans la plantation des arbres; 4. Utilité des obfervadons qu'il peut faire $ 6. Différentes cla/fes de Jardiniers ; 1 3 & fuiv. Qualités qu'un bon Jardinier doit avoir du côté de l'esprit ; 4? & fuiv. Sz& occupations ordinaires ; $6 & fuiv. Jardins d'ornement ; ils font de toute an- cienneté y A. 11. Jardins tsuitiers ; quand on a commencé à les former 5 A. 14 & fuiv. Jasmins > fe greffent en approche, au mois de Juillet; B. 414, Jaunisse ; maladie commune à tous les vé- gétaux; A. 479. Sa description ; 480. Ses caufes; 481 & fuiv. Remèdes contre cette maladie ; 481 è/ fuiv. 484. Jaunisse des orangers. Ses caufes , & fes remèdes; B. 106 & fuiv. JonquilIe ; fe plante en Septembre ; B; 432.-. Julienne ; cette fleur fe multiplie en Mai $ B. 418. Se fème en Septembre ; 432. On la coupe & on la terreaute en Novembre? 43*- JLvabour; néceflfité du Labour des terre?; A. 82.. Raifons de cette néceffité; 83 & fuiv. Les terres doivent être femées , en même temps qu'on donne le dernier labour j 47* TABLE utilité de cette méthode ; 87" cy fuiv* Labour des vignes ; temps de le faire; pré- cautions qu'il faut y apporter ; B. 380 & fuiv. Laboureur 5 objet de fon travail y différent de celui du Jardinier ; A. 1 & fuiv» & 10. Laitues ; leurs efpèces 5c lears variétés ; B. 398> $99' Note. On. en fème & on en plante dans tous les mois de l'année. Voyez le Manuel au Jardinier A, depuis la page' 398 jufqu'à la fin. Lambourdes; leur defeription ; A, 247 & 185. Elles ne doivent jamais être retran- chées; 246 & 330. On peut feulement les cafTer par le bout , pour les ménager 3330 & 34^ Lavande ; fe plante en Mars; B. 407. On en fait des bordures en Avril; 411. Lavures- de vaisselle, bonnes contre la jauniffe des arbres ; A. 484. LÈPRE DES ARBRES-, VOJ. BLANC. Lérot ou Petit-loir * animal deflructeeir des jardins ; B. 40. Limaces grises; infectes qui attaquent les pèches & hs brugnons ; B. 30 & fuiv. Et les plantes tendres; 250. Limaçons ; infectes deftructeurs ; B. 306? fuiv. Limon-;' différentes efpèces de limons que nous cultivons ; B. 113 & fuiv. 229.5 2.31, 233,, 234. Bis jfe tranfplantent en Avril; .S, 413. On DES MATIÈRES. #4 les replante en Juillet , après les avoir dé- chargés de leurs cayeux j 42.5-. Lisette y infe&e qui détruit les bourgeons des plantes ; B. 37 & fuiv. Se 149* Loque-, paliffage à la loque, fon origine; A. 138. Ses avantages •> zzz. Préférable à celui où on fe fert du jonc 5 40e & fuiv. Loupes j qui croiffent fur les arbres 5 dans quelles circonftances on peut les couper %, A. 435. M. IV1 aches; fcfèment en Août; B. 417. "Eu Septembre j 4.19. En Octobre > 43 3. Madeleine- blanche ; forte de pêches-, moyen de lui donner de la couleur , Se d'en relever le goût ; B. 50 & fuiv. Maladies des arbres & leurs remèdes > A*. 444 & fuiv. Mannequin ; dangers de la méthode dé planter en mannequin 5 A. 104, Moyens de les éviter 5 105. Marageks ; établifTement des Jardiniers ma* ragersj A. 16. Marcotte 5 la marcotte eft un moyen très- prompt de multiplier les arbres 5 comment elle doit être pratiquée •> B. 388 & fuiv* La marcotte des arbriffeaux fe fait en Mars 3 408. Marcotte des figuiers j ibid* Marcottes de vignes comment elles doivent être plantées 5 B. 3 1 6 & fuiv, $ zp . &fuiT4 4TA TABLE Marguerites ; fe replantent en Mars ; B. 409 , & fe tranfplantent en Avril ; 413 . t Marjolaine ; on en forme des bordures en Avril j B. 412. Martagon ; fe lève en Juin; B. 411. Maturité des eruits , & principalement; des pêches ; a quoi on la connoît ; .B. 5 3 & fuiv. Mélisse ; fe plante en Mars; B. 407. Mellarosa; efpèce d'orange > B. 131, 13^2. Melon; de quels pays ce fruit eft origi- naire; B. 267. Lifte des meilleures efpè- ces de Melons ; ibid. & fuiv- Pourquoi iî eft fi difficile d'avoir de bons Melons j 271. Comment doivent être drefles les couches & les réchauds ; ibid. & fuiv* Terre compofée , propre aux melons ; 273 & fuiv. Détails de la culture des me- lons ; 175 & fuiv. Moyen d'avoir de bon- nes graines de melons; 282 & fuiv» Meloniere ; comment elle doit être con- itruite & dans quelle expofuion ; R. 265 & fuiv. Membres; voye\ , Branches montantes' ET DESCENDANTES. Meunier ; ( le ) maladie des végétaux ;: voye^ Blanc. Mignardises ; £e plantent en Mars; B. 409. Moineaux ; moyen de garantir les ceriflers,. Jes figuiers & les raifins de. leur voracité j B. 33- DES MATIÈRES. 47$ Montreuil ; village près de Paris ; exposi- tion de la méthode que les habitans de ce lieu fuivent dans la pratique du Jardi- nage ; fes avantages ; A. 1 17 & fuiv. juf- qua 144. leurs jardins partagés par des enceintes de murs ; difpofnion de ces murs ; z 1 4. Leurs pailiailons ; 2 1 8. Avantages de la méthode des gens de Montreuil dans le gouvernement du Pêcher } Wjfff fuiv. 383 & fuiv. Morelle ; efpèce de cerife;B. 65. Mouche 5 efpèce de mouche nuifîble aux arbres ; B. 211. Mouches; qui attaquent les fruits; B. 38, Mousse; fes différentes efpcces ; A. 30^. Dommage quelles caufent aux arbres; ibid. Moyen de la détruire , 307. Mousses; préparations néceiTaires pour Ici employer comme engrais; A, 91. Mufle de lion ; fe fème en Avril; B. 4x3," & en Septembre; 431. Mulot ou souris de terre; animal nui- fible aux efpaliers; B. 39. & fuiv. Mure; on ne mange que la noire; B. 92. Murs 3 pour les efpaliers ; comment ils doi- vent être conftruits ; A. 115. Muscats de différentes fortes; B. 93. Muscipula; fe plante en Avril; B. 413. Se fème en Septembre; 431. Myrthes ; fe greffent en approche au mois de Juillet ; B. 414. 474 ï A B L 2 K arcisses; on en recueille la graine en Juin ; B. 421, On plante les oignons en Septembre; 433. Et en Octobre ; 436. Narcisses de Conftantinople , fe plantent en Novembre; 432. Navets ;on en fème, en Février, pour le commencement de Mai; B. 401. & en Mars pour l'été ; 40 y. & on replante en Mars , ceux pour graine ; 408. On en fème en Mai s 41 5 . En Juillet ;. 41 3 . En Août; 427. En Octobre on les met dans le fable; 434. Navrer les branches; ce que c'eft; A» 363. effets de cette opération ; 3 64 & fuiv. Nèfle; efpècc de fruit; B, 91. Nielle ; cette fleur fe fème en Juillet, pour être repiquée & fleurir l'année iuivante, B. 42 j. Noix; quelles font les meilleures ; B. ?%* Temps a'enfemer pour avoir du plant; 3^.8, o. V/eillets ; fe (ement en Février; B. 404.Cn les marcotte en Juillet; 415. $c mieux en Septembre ; 43 z. On en fème en Septembre; 43 2" (Sillets de la chine; fe fèment en Mars;: B. 40?. Œillets d'inde; fe {ement en Mars; B. 4,09, & en Avril; 413. DE T MATIERES. 47J ©ignon; on en fème en Février, pour lever en novembre ; & repiquer au mois de Fé- vrier ; B. 401 , 401. On. plante ceux levés en Juin & en Novembre , qui font plus hâtifs > cjue ceux venus de graine ; 403. Et les plus beaux confervés dans la ferre, pour porter graine 5 404, On fème en Mars ceux qu'on mange en Août ; 405» Et on en plante auffi pour graine 5 408. On l'édaircit en Juin , pour replanter en Novembre ou en lévrier ; 411. On en fème ed Juillet pour repiquer en terre forte & palier l'hiver ; B. 414. Soins que les oignons demandent au mois d'Aoûts 41** Au mois de Septembre ; 419. Oignons d'Espagne; fe fèment en Août* pour lever en Février ; B. 417. Onglets ; manière de les éviter 5 A. 303 âf fuiv. Il faut les retrancher aux arbres ; mais ils font nécefîaires à la vigne 5 B. j 10 & fuiv. Onguent de Saint-Fiacres B. 29 r. Oranger ; d'où cet arbre tire fon origine ; B. 147. Facilité de le cultiver; 148. Serre pour les orangers ; 149 & fuiv. Moyens d'élever les orangers en pleine terre; 151 & fuiv. Terre propre aux orangers ; 15 y & fuiv. Greffe" de l'oranger; i^i& fuiv. Manière dele gouverner; 16$ & fuiv. En* caiifement des Orangers; 170 &fuiv.Dt- mi-encanTement ; 175 6*/àù>..Arrofement des orangers ; 178. & fuiv. Gouvernement: dans la ferre ; 181 & fuiv. Gouvernement au printemps y i8£ & fuiv. Taille del'o^ 47* TABLE ranger; 187 & fuiv. Ébourgconnement 5 1 5>5 & fuiv* Fleurs de l'oranger; 199 cV fuiv. Fruits ; 202 & fuiv. Maladies de l'oranger , & leur cure ; 20 f & fuiv. Différens ennemis des orangers ; 215 & fuiv. Lifte des orangers que nous cul- tivons; 22} & fuiv. Oranges > combien elles relient fur l'arbre; à quoi on connoît qu'elles font muies ; B. 204 & juiv. Quelles font ies meiïleuies; 2 3 4 & fuiv. Oreille d'ours ; on en recueille la graine en Juin ; B. 422. On la lème en Septem- 1 bre ; 43 2. Ornithogalum ; fe fème en Septembre 5 B. 432. Se plante en Novembre; 439 Oseille ; Te ieme en Janvier; B. 400. En • Février; 401. Se plante en Mars ; 407. Se replante par touffes en Avril; 410. Se lème en Août ; 427. On la coupe & on la ter- xeaute en Décembre; 441. p. X aillassons ; ne doivent point être pofés immédiatement fur les arbres; A. 218. PaillafTons de Montreuil ; ibid. Auvens , qui peuvent les fuppléer; 220. Palissage des arbres; fon utilité, & fes . avantages $ A. 1 ■%% 6' fuiv» Son ufage eft moderne; 115 & 138. Palissage en efpalier; différentes manières de l'exécuter; A. 221 & fuiv. En quoi confifte l'art du paliifage; 398. Palilla^e DES MATIERES. 477 d'hiver; paliffage d'été; 399. Les arbres en efpaiier ne produifant que des côtés ,. on doic leur donner beaucoup d'étendue > )99 & fav. Règles du paliffage ; 401. Ses avantages; 401 & fuiv. Modèle d'un pa- lhTage bien exécuté ; 405. Méthode qu'il faut fuivre ; 404 & fuiv. Paliffage à la lo- que , préférable a celui fait avec le joncs 40(1 d" fuiv. Pampelmoes; différentes efpèces d'orangers$ B. 130, Z37. Panais; fe fcment en Mars; B. 405, & fe replantent pour gréner ; 408. On en fème en Avril ; 411. On coupe leur fane en Août ; 42 6. On en fème en Septembre pour le commencement de l'année fui- vante ; 430,. Passe-velours ; fe fèment en Mars ; B. 409. Pasteurs ; leur état diftîngué des les pre- miers temps , de celui des Laboureurs 5 A. 10. Pavots ; fe fèment en Septembre ; 431. Pèche ; ce fruit n'eft connu dans fa bonté , que depu s environ deux fîècles ; A. 135 & fuiv. Comment il a été perfectionné j 138 & i6z. Différentes efpèces de pêches; B. 43 & fuiv. Moyens de fe procurer de bonnes poches en plein-vent ; 4? & fuiv. Soins qu'on doit prendre des pêches fur l'atbrc ; 47 & fuiv. Moyen de leur don- ner un beau vermillon ; 48 & fuiv. Pêches tardives ; moyen d'en relever le goût; 51. Defli is qu'on peut empreindie fur les pê-* 37S TABLE ches ; ji. A quoi on connoît la maturité des pêches 5 53. Précautions qu'on doit .apporter pour les cueillir 3 54 & fuiv. Pour les tranfporter 3 55. Pour les conferverj 56. Qualités que doit avoir une bownc pêche 363. Catalogue des différentes es- pèces de pêches ',66 & fuiv. jucher 3 la méthode de conduire cet arbre propofée par la Quintinyc , eft uès-mau- vaife ; & celle des gens de Montreuil eft la meilleure 5 A. 134. Defcription du pê- cher 3 fon origine 3 145 & fuiv. Ce qui arrive , quand on néglige de le tailler ; 146. A combien d'accidens il eft fujet, dans nos climats 3 147. Comment noue fon fruit 3 148. Sa fécondité 3 ibid. & fuiv. Sa délicatefle 3 149 & fuiv. C'eft par l'impéritie des Jardiniers , qu'il périt promptement 3 j.5 1. Quelle forte de greffe & quelle forte de fauvageon conviennent au pêcher 5 1 6 1. On doit préférer l'aman- dier 3 161. Comment il doit être conduit dans les pépinières 3 162, & fuiv. Terres propres au pécher 3 16$. Moyens de cor- riger celles qui ne lui conviennent point 5 170 & fuiv. Précautions à obferver pour le planter 3 183 & fuiv. -On ne doit point ' planter de vignes entre les pêchers 3 on peut feulement placer un pommier ou un poirier entre chaque tige 3 187. Suite des précautions dans la plantation. Soin des racines 3 1 88 & fuiv. On ne doit jamais ar- racher 3 194. Le pêcher doit être planté plus ou moins avant , fuivant la qualité' des terres 3 195 , ou la nature du fauva- geon 3 i$6. 11 doit toujours y avoir un DES MATIERES. 47* pied de diftance entre le mur & l'arbre j 197. Inconvéniens delà méthode contraire^ 198 & fuiv. Le pécher réuffit mieux ea. îcment des racines ; 416 & fuiv. Mala- dies des racines 5 451 & fuiv. 481 & 499. Plaies des racines -, B. 140 & fuiv. Com- bien il eft important de conferver les ra- cines 3 B. 3316? fuiv. Racines d'hiver, Te ferrent en Novembre j 5.438. Radis 5 on en fème en Février j B. 401. En Mars fe fèment en place 5 40 y. Radis noirs j 419. Gros Radis blancs ; fe fèmen-t en Septembre 5 415». Raie orts 5 on en fème en lévrier 3 B. 401* Rais ou Ratons 5 fcellés au chaperon des murs, pour y placer des paillaiionsj A, 217. Raisin 5 moyens de le conferver 3 B. 6a. De lui faire reprendre fa fraîcheur 3 61. Différentes efpèces de raifînsi 9? & fuiv. Moyen d'avoir des raifins , plus gros, plus hâtifs & meilleurs 5 3 70. Ravalement & Rapprochement des vieux arbres , eft le plus fouvent inutiles A. 34 6' fuiv. Inconvéniens de la pratique ordi- naire qu'on y fuit 3 419 & fuiv. Précau- tions qu'on doit apporter dans ces opéra- tions 3 41 1 & fuiv. Raves ; méthode pour en avoir dans les plus fortes gelées 3 B. 399 & fuiv. On en fème en Février 3 401. En Mars on les fème en place j 405. Moyen d'en avoir très-promp- cément en été 3 419. En Août, on en fème pour l'auromne 5 4.2.6 , 417 , Se en Octobre , pour Novembre Se Décembre > Xiij +Î6 TABLE 433. En Novembre, pour Janvier & lé- vrier ; 437. Re«hauts , pour les couches à Melon ; quand & comment il faut les faire 5 B. 173. Réga ; efpèce d'orange 5 B. 128. Reine-Marguerite, fe fème en Mars 5 B. 409 , & en Avril 5413. Rejetons , qui pouffent du pied des arbres y peuvent fervir à les multiplier ; B. 386. Renoncules & Semi-doubles , fe fèment en Février ; B. 404 , & en Mars 5410. On en recueille la graine en Juin; 411. On la fème en Septembres 432. On en plante en Novembre; 439. Résédas fe fème en Avril; B. 413. Restaurant pour les orangers fortant de la ferre; B. 186. Riche dépouille ; efpèce d'oranger ; B» 11? , 137; Romarin; fe plante en Mars ; B. 407. Rosiers; fe greffent en approche, au mois de Juillet ; B. 414. Rouille ; maladie ordinaire aux arbres de fruits à pépin ; comment elle fe forme ; A. 485. Deux fortes de rouilles; leurs caufes; 486 & fuiv. 487 Ù fuiv. Ce qui donne la rouille aux légumes; 489. Rouille des orangers; ce que c'eft; remède qu'il y faut apporter ; B. 111. Rue ; on en fait des bordures en Avril; B» 411. DES MATIÈRES. 487 S. i3able ; efpèce de fable qui convient pour améliorer les terres 5 A. 172. Saignée que l'on doit faire aux racines & aux branches des arbres en certaines oc- casions 5 manière de l'opérer ; A. 169 & fuiv. Cas où elle néceflaire; 171 & fuiv» & 4^8. Saignement des plaies faites aux plantes ; B. 101. Sainfoin d'Espagne ; fe fème en Juillet , pour fleurir l'année fuivante 3 B. 415. Salsifix blancs & noirs, leur culture; B. 411. On en fème au mois d'Août ; 418. Sariette , fe fème en Avril ; B. 411. Sarmens pour renouveler la vigne ; B. 335 & fuiv. Sauge 5 fe plante en Mars ; B. 407. On en fait des bordures en Avril 3 411. Sauterelles vertes a couteau; infecte ; 5.37. Scabieuse 3 fe leme en Mai ; B. 41 8. Et en Septembre ; 431. Scaruication ; opération quelquefois né- ceffaire aux arbres; fes efreis; manière de l'exécuter; A. 181 & fuiv. Scies a main, pour le Jardinage ; A. 16 & 15 note. Scorsonère , voy. Salsifix. Serpettes de différentes fortes ; A. 14 & fuiv. Manière de s'en fervir ; zj. Xiv 4$8 TABLE Serre pour les orangers 5 comment elle doit être conftruite ; B. 749 &fuiv. Serre pour des orangers en pleine terre ; 151 & fuiv. Gouvernement des orangers dans la ferre ; 181 & fuiv. Moyens d'échauffer la ferre ; 1 84 & fuiv. Shaddock 5 efpèce d'orange ; B. ijo. 137. Soucis ; fe fèment en Avril; B. 431 & en Mai; 418. Souere ; manière de l'employer pour dé- truire les pucerons; B. 11. Pour détruire les fourmillières; 14. Staticées; fe plantent en Mars; B. 409. Suppuration des plaies faites aux plantes, comment elle fefait;J3. 103 & fuiv. 106 & fuiv. Moyens de l'arrêter , lorfqu'elle cii trop abondante; 105. T. J. abac ; manière de l'employer pour détruire les pucerons ; B. 11. Tablettes ajoutées aux murs des efpaliersj ce que c'eft; A. 115. Leur utilité ; 2.1 £. Taille des / t.bres ; quel en eft le but ; A. io7.SeseftX 3 108 & fuiv. Et 300 & fuiv» Défauts & inconvéniens de la taille , telle qu'elle fe pratique par le commun des jar- diniers ; 301 & fuiv. Et 399 & fuiv. Cir- conftances où la taille peut fe faire plutôt ou plus tard; 3 17. Préliminaires de la tail- le ; 3*3 & fuiv. Détail des opérations de la taille 5 32.6 &fuiv. Il faut tailler long, DES MATIÈRES. 485 & fupprimer toutes les branches inutiles ; 3 17 & fuiv. Ce qu'il faut foire , après qu'un arbre eft taillé ; 351 & fuiv. Quelques ar- bres qui ne fe mettent point à fruit, doi- vent n'être taillé? que durant la fèves 376. & fuiv. Taille des melons 5 B. 17$ & fuiv. Taille de l'oranger ; temps delà faire; pré- cautions qu'il faut y apporter 5 B. 1 87 & fuiv. Taille de la vigne ; comment on doit fe con- duire dans la taille de la vigne ; B. 343. Tannée ; moyen de l'employer pour détruire les pucerons ; B. 10. Taupes; moyens de les détruire s B, 41 6V fuiv. Terre propre aux orangers; qualités qu'elle doit avoir; manière de la compofer; 3, 1 y f 6» fuiv. Terre propre aux melons; B. 273 & 'fuiv. Terres ingrates; moyens de les amélio- rer ; A. 1706* fuiv. Terres maigres & légè- res, 17J. Signes auxquels on reconnaît une mauvaife terre ; 17&. Terres rapportées; forment un bon en* grais; A. 97. Thim ; fe plante en Mars ; B. 407. On en fait des bordures en Avril; 411. Thlaspi ; fe fème eh mai; B. 418. Thlafpi d'été , fe fème en Juillet pour fleurir 1 année fuiv an te ; 42.5. On le marcotte en Sep- tembre j 431. Et on en fème la graine ibtd* 490 TABLE Tigre j infecte qui attaque principalement les poiriers en efpaliersj B z8. & fuiv. Topiques 3 difTérens Topiques ufités dans le Jardinage ; A. Z89. Danger de ceux de terre gratte ou de cire ; 190 & fuiv. Et B. i6j. Les topiques gras & huileux , abfor- bans ou cauftiques , font également nuiri- blesj^4. 191 & fuiv. Quels font les meil- leurs topiques 5 2.93 & fuiv. Tordre les branches ; moyen de leur faire produire du fruit 3 A. 367. & fuiv. Transplantation des arbres de moyen âge: c'effc une opération prefque toujours infru- clueufe ; A. 3 y & fuiv. Précautions à ap- porter pour tranfplanter les arbres au loin s A. 164. Transport des fruits 3 précautions pour empêcher qu'ils ne fe froifTent j 5. j; & fuiv. Treillage ; formé avec des échalas 3 fes inconvéniens pour les efpaliers 3 A. zzr» Avec des oflemens de pieds de mouton ; 2.H, Treillage avec desgaulettes difpofées en cintre 3 111. Treillage en fil de fer ; fes avantages ; ibid. & fuiv. Manière de le for- mer 5 113. & fuiv. Treillage formé avec des lattes 3 Z14, Tricolors 5 fe fèmenten Février; B. 404. Et en Mars 3 409. Trousse , dont un jardinier doit être muni} A. z6. Tubéreuses 3 fe replantent en Mars 5 B, 409. DES MATIÈRES. 491 Tulipes 3 les oignons fe lèvent en Msi ; B, 418. Et en Juin 5 411. La graine fe fème en Septembre s 431. On en plante les oi- gnons en Octobres 436. V, v. ents coulis t dont on doit garantir les orangers s B. Z17. Verjus 3 i?. 94. Vers blancs 3 voye% Hanneton. Vigne 3 détails de la culture de la vigne 3 B, 307 & fuiv. Abondance de fa fève3 308, Défauts ordinaires dans le gouvernement des vignes 3 309 & fuiv. Comment y re- médier 3 311 & fuiv. Terres propres à la vigne 3 314. & fuiv. Exportions qui lui conviennent 3 316 & Juiv. Engrais de bonne terre ou de gazon, préférable au fumiers 318. Comment la vigne fe mul- tiplie 3 319 Précautions à obferver dans fa plantation , dans des fonds mauvais 8c irréguliers 3 510. & fuiv. Dans des ter- reins plus réguliers 3 $ 14.' & fuiv. Temps de la plantation 3 3 18. Comment elle doit fe faire3 319 & fuiv. Manière de difpofer les vignes en perchées 3 336 & fuiv. Ob- fervations fur la taille de la vigne 3 345 & fuiv. On doit toujours la rapprocher, & l'empêcher de s'emporter du haut 3 547. Raifons de cette méthodes 348 & fuiv. Conduite pour la taille de la vigne , fui- vant les divers accidens qu'elle a pu éprou- ver 5 350 & fuiv. Suivant fes différens âges 3 3 5 1 &fuiv. Temps de la taille.3 3 5 5 • 4, — — n, quelles font hideufes , liftX qu'elles font hi- deufes. 1 4X5? ' ' JS, on commence à mar- cotter les oeillets > ef- face^ cette ligne. ERRATA de la Théorie du Jardinage* o ag. $6 , /i^Tze 11 , coftière , lifeç côtière» — 114, ■ dernière , des , lift^ de. — 4^ 1 , — 19 , coftières , lifez côcières. L'approbation & le privilège du Roi fe trouvent a la fin de la Théorie. PL . I. PK.-1T. T. II. l'I. . 1 . ^J^.II, PÏC'IT. T. II. ■f.R..,-,t PR.J-JJQ.rj: /Il 7:r/u//<- de .,„.,/,■<■ PirJj I UNIV6R9ITY OF IWNOIS-URBANA ^0112 040091149