Le l'os DR, à L HISTORY Digitized by the Internet Archive in 2010 with funding from University of Illinois Urbana-Champaign —_ htip://www.archive.org/details/larvesdecoloptO0perr e?- COLÉOPTÈRES rAR M. ÉDOUARD PERRIS YICE PRÉSIDENT DU CONSEIL DE PRÉFECTURE DES LANDES CHEVALIER DE LA LÉGION=D HONNEUR MEMBRE DR PLUSIEURS SOCIÉTÉS SAVANTES PARIS DEYROLLE, NATURALISTE RUE DE LA MONNAIE, 23 1877 {® 4 cé fo ce pan ts méme des. _ 1 + 5 El rs: # « mn” de Le > LA à , © ; » ns on me se te LEFT ETES OR D \ : x « LL de D \ 2 4 "0 Fee tele de Le . " : PEL vi LE ces \ 1 Se arr Sn me Unes © ge cime pm où LARVES COLÉOPTÈRES Extrait des Annales de ia Soçiété Linnéenne de Lyon, 1. XXII, (1876). mt LYON ILLLINERIE PITRAT AINÉ, EUS SSNTIL, LARVES COLÉOPTÈRES M. ÉDOUARD PERRIS VICR-PRBSIDENT DU CONSEIL DE PREFECTURE DES LANDES CHEVALIER DE LA LEGION-D'HONNEUR MEMBRE DE PLUSIEURS SOCIETES SAVANTES PARIS DEYROLLE, NATURALISTE AUE DE LA MONNAIE, 23 1877 RU TE &, Lo AA RAIN ; Fute L M 0 fé mn ni | E ARE CAE" | "We _RAAATAOË Hat ATOM stress? Hana Ees A4! sn va ITRRLLELLE. 2 LI., NL RUE LIEN à LA [EL LE) so ‘us ns sitÉtan CPTOLE, D | LE Le Le Le L . aucpt En RHIN Ag ET eee LE fie ARE OUSRES 8j & "71. ‘2 22 Es w QU 4 TT Ve re st k Se .: ÉTAT > LA LL LL LL | AR. LE M. MULSANT CORRESPONDANTDE L'INSTITUT, CONSERVATEUR LE LA BIBLIOTHÈQUE DE LA VILLE DE LYON Mon cher ami, Après l'illustre Léon Dufour, notre ami commun et dont tous les deux nous chérissons la mémoire, vous avez été mon premier correspondant et mon maître. Travailleur infatigable dans le domaine de la science, à laquelle vous avez rendu tant de services et qui a illustré votre nom, ac- ceptez l'hommage de cette œuvre qui m'a coûté du temps et des labeurs. Je vous la dédie en revanche de vos Longipèdes que vous me dédiâtes il y a vingt ans, en témoignage de ma profonde estime pour vous et du prix que j'attache à des relations qui n'ont tant duré que pour devenir de plus en plus affectueuses. EpouarD PERRIS. Cet ouvrage n'était pas entièrement im- primé lorsque Edouard Perris a rendu son âme à Dieu. La science entomologique perd un grand maitre, tous ceux qui l'ont connu, un ami dévoué. Édouard Perris revivra dans ses travaux qui sont immor- tels. J'étais son élève et son ami; je resterai son admirateur, je lui adresse ici un der- nier adieu. D' GoBERrT. (RE WTA IRAN LOUE LEURS DUR 7911 Hat gente hi : D. a base mer branohil nprot rit “apiyélomalun a9taie 466 ral bel torie Any atrol Ce HUUI bras Nu M | PAR ON | hretiobt AT ELITE FILE AT 00 OA HT) ut] CA TNET LT 1 UT | ratée ul suc nie 1e 0701) 104 HART , \ 15h a, (ol oeMhn tatob umo la LOaN ; iotluk yatul # | AU TUTON: 14 INTRODUCTION CE QU'IL Y A DANS UN ÉCHALAS DE CHATAIGNIER! Tel devait être le titre d'un travail entomologique dont l’idée m'était venue des résul- tats de mes recherches de plusieurs années sur les échalas de mes vignes. j'entendais donner non pas seulement la liste, mais l'histoire aussi com - plète que possible des insectes qui vivent aux dépens ou à l’occasion de ces échalas, depuis la première année de leur coupe et de leur installation dans les vignes, quand ils reçoivent les pontes des Callidium, des Exocen- trus, des Leiopus. jusqu'au moment où, minés par les insectes de diverses sortes, altérés ou décomposés par les agents atmosphériques, ils servent de berceau aux larves de Mordellides et d'Œdemérides, après avoir nourri successivement, suivant leur état de dépérissement progressif, celles du Valgus hemipterus. de l'Acmæops collaris, de Cucujides, d'Anobides, de Pünides, d'Anthribides et d’autres, ainsi que de leurs parasites. Puis, je me dis que, puisqu'il s'agissait du Châtaignier, j'aurais mauvaise grâce à m'en tenir aux produits des taillis, laissant de côté l'arbre lui- même dont la faune entomologique ne peut se trouver tout entière dans des pieux de sept à huit ans. Je me résolus donc à faire l'histoire des in- PER. 1 2 INTRODUCTION sectes du Châtaignier, comme j'ai fait celle des insectes du Pin maritime et d’après le même plan, c’est-à-dire en ajoutant aux espèces qui dépendent de l'arbre lui-même celles qu'une fourmilière installée dans une cavité, ou un champignon développé sur une souche peuvent attirer accidentellement. Je me mis donc à l’œuvre sur ces bases, et le premier insecte dont j'eus à m'occuper, en suivant l'ordre du dernier catalogue de M. de Marseul, fut la Soronia grisea avant laquelle sont venues plus tard se placer deux autres espèces. L'article terminé, il me parut convenable et utile, tant pour rendre hommage à mes devanciers que pour faciliter les recherches de mes successeurs, auxquels ne suffit plus le catalogue, excellent pourtant, de MM. Chapuis et Candèze, de donner la liste de toutes les larves de Niti- dulides décrites ou signalées, à ma connaissance du moins. J'entendais agir de même pour toutes les autres familles dont un représentant, tiré du Châtaignier, figurerait dans mon travail. Je voulus ensuite aller plus loin ; il me sembla bon de faire suivre cha- que famille de quelques généralités, tant sur la conformation des larves que sur leur manière de vivre, mais je m’aperçus bientôt que, lorsque le Châtaignier ne me fournissait qu'un spécimen du groupe, ces généralités se trouvaient bien peu justifiées. De là l’idée d'ajouter aux larves du Chà- taignier celles des mêmes familles venues d’ailleurs. C’est ainsi que, de proche en proche, j'ai été conduit à donner à mon travail une extension qui n’était pas d'abord dans mes projets. On ne n’en fera pas sans doute un grief, car la science n'a qu’à gagner à la connais- sance des faits. Plus on lui en apporte, plus on lui est utile, puisque c’est sur la multiplicité des faits, convenablement étudiés, bien coordonnés, sainement appréciés et comparés, cela va sans dire, que se fondent les règles, les principes, les idées générales. Avant d'entrer en matière. disons, au point de vue qui nous occupe, quelque chose du Châtaignier, Castanea vulgaris Lam., Castanea vesca Gœrtn, Fagus castanea L. Comme on le voit, Linné l'avait associé au Hêtre, mais on l'en a détaché avec raison, pour en faire un genre spécial, et les botanistes le placent généralement entre le Hêtre et le Chêne. Ces trois sortes d'arbres ont en effet de grandes affinités organiques, et ces affinités nous sont aussi révélées par les insectes dont les indications ont, comme on sait, une assez grande valeur. Beaucoup d'insectes, en effet, sont com- INTRODUCTION 3 muns à ces trois essences, mais comme le Hêtre est rare dans les Landes, tandis que le Chène y est fort répandu, c’est surtout avec ce dernier que j'ai pu établir une comparaison, et j'ai constaté que presque tous les Co- léoptères vivant aux dépens du Châtaignier se trouvent aussi sur le Chêne. La réciproque n’est pas complète, le Chêne est plus riche que son voisin, et en outre certaines particularités tracent, entre les trois arbres que je viens de citer, une ligne de démarcation assez tranchée. 1° Le Chène est un arbre fertile en galles de plusieurs sortes et d'une diversité de formes très-remarquable; elles se constituent aux dépens des fleurs mâles, des ovaires, des glands même développés, des nervures des feuilles, des bourgeons, des racines, pour donner naissance à un grand nombre d'espèces d’hyménoptères des genres Cynips, Neuroterus, Biorhiza, Aphilothrix, Andricus, Spathegaster, Dryocosmus, Dryophanta, Dryoteras, Sinophrus , Sinergus avec leurs parasites plus nombreux encore, et mème à quelques espèces de diptères du genre Cecidomyia. Je ne puis citer pour le Hêtre que la galle produite sur les feuilles par la Cecidomyia fagi et depuis longtemps décrite par Réaumur, Quant au Châtaignier, je ne lui connais ni par oui-dire, ni par moi-même, de galle d'aucune sorte. 2% Sur les feuilles du Chène se rencontrent bien des chenilles de Micro- lépidoptères, la plupart rouleuses, plieuses ou mineuses, des genres Bucculatrixr, Coleophora, Teras, Cheimatophila, Hyponomeuta, Gelechia, Psoricoptera, Coriscium, Grapholita, Gracillaria, Nepticula, Nemophora, Cerostoma, Ornix, Lithocolletis, Tischeria, d’après le calendrier de M. Jour- deuilhe, et mon ami M. Lafaury, l'habile observateur et éducateur de mi cros aux environs de Dax. qui admet la liste précédente sauf le genre Hyponomeuta dont je doute aussi, a constaté que ces feuilles nourris- sent aussi les chenilles de Myelois dulcella, Acrobasis consociellu, Eudemis botrana, Tortrix politana, Diurnea fagella. Phibalocera quercana. A part quelques espèces polyphages, on n’en signale sur le Hêtre que des six derniers genres mentionnés plus haut, et c'est à peine si, en parcouran la longue liste du calendrier précité, j'ai pu trouver la Tischeria dodonæa comme appartenant au Châtaignier. J'ajoute que mes recherches confir- ment, sous ce rapport, la pauvreté relative de ce dernier. Je lui attribue seulement, indépendamment de l'espèce dont je viens de parler, la Tiscke- 4 INTRODUCTION ria complanella si commune sur le Chêne, et M. Lafaury une Nepticula, une Lithocolletis et un Botys? Le Châtaignier parait privé aussi de presque toutes les chenilles de Bombycide communes au Chêne et au Hêtre, et celui-ci manque de la chenille la plus caractéristique du précédent, celle du Cnethocampa processionea. Mais M. Lafaury me signale celle de Dasychyra pudibunda qu'on rencontre assez souvent sur le Châtaignier, celle du Liparis dispar et celle de l’Eupithecia pumilata, qui vitaussi bien sur les fleurs mâles de cet arbre que sur celles de l’Ulex et du Surotham- nus. Quant au Cossus ligniperda, il envahit les trois essences. Une autre particularité, c'est que les feuilles du Hêtre nourrissent la larve mineuse de l'Orchestes fagi, et les feuilles du Chène celles de plu- sieurs autres espèces, quercüs, rufus, ilicis, irroratus, sparsus, pubescens. erythropus, tricolor, cinereus, avellanæ, en y comprenant le Chène-liége, tandis qu'aucun insecte de ce genre ne paraît s'attaquer au Châtaignier. 3° Il est à remarquer que, des trois sortes d'arbres dont il s'agit, le Chêne est le seul qui possède une espèce du genre Scolytus, l'intricatus Ratz., qu'au Hêtre seul appartient une espèce du genre Cryphalus, le fagi. Le Xyleborus saxesenii, un des scolytides les plus polyphages, est commun aux trois, le monographus au Châtaignier et au Chène, mais ce dernier aurait seul le Dryographus. Celui-ci et le Châtaignier se partagent les Dryocætes villosus et capronatus, qui préfèrent pourtant le Chêne, et pour le Dryocætes bicolor, le seul rival de l’Aulne est le Hêtre. 4 En ce qui concerne leurs fruits, chacun de ces arbres nourrit une Carpocapsa. mais je ne connais de larve de Balaninus que pour le gland et la châtaigne. Je pourrais terminer ici mon préambule et peut-être ferais-je bien de renvoyer à la fin de mon long travail les considérations qu'il serait aisé d'en déduire au point de vue de la science appliquée, c’est-à-dire du bien-être et de la conservation des forêts. Un motif sérieux me porte à les reproduire, car on connaît mon opinion sur ce principe que les arbres ne sont attaqués par les insectes xylophages que lorsqu'ils sont malades. Cette opinion a été maintes fois citée, plus d'un s'en est prévalu, mais plus d'une fois aussi on lui a donné une extension qui n'était pas dans ma pensée et un caractère trop absolu, C’est pour cela que je crois, une fois de plus, et INTRODUCTION 9 ce sera probablement la dernière, devoir dire quelles sont à cet égard mes idées, en leur donnant assez de précision pour qu’elles échappent à une interprétation erronée. Sous l'influence de l'autorité de Ratzeburg et des faits mal observés et mal appréciés, selon moi, sur lesquels il appuyait son opinion, les écoles forestières et bien des entomologistes d'Allemagne et même de France avaient admis que les insectes lignivores attaquaient les arbres sains et que, dans certaines conditions, par exemple lorsque des éclosions innom- brables produisaient l'invasion par essaims, ces arbres périssaient et quel- quefois en si grand nombre, qu’on citait, à ce sujet, de véritables désas- tres. , Dans mon travail sur les insectes du Pin maritime (Soc. ent. 1859. p. 511; 1856, p. 232) je combattis cette manière de voir, appuyé. je le sais, des sympathies et de l’adhésion de quelques amis dont le premier fut Aubé, le second, Guérin Méneville, et quoique les idées générales sur ce point se fussent sensiblement modifiées et s’accordassent de plus en plus avec les miennes, j'y revins dans le préambule des Diptères du Pin (Soc. ent. 1870, p. 137). Si j'y reviens aujourd’hui encore, c’est toujours pour dire la même chose, toujours pour affirmer que les insectes xylophages qui attaquent ordinairement en grand nombre et comme de concert et qui, par conséquent, sont les plus dangereux, ne s'adressent qu'aux arbres affaiblis et malades, et que si, par une impérieuse nécessité plutôt que par mégarde, car je n’admets guère qu’ils se trompent, ils envahissent des ar- bres sains, ceux-ci, sans autre secours que l’abondance de leur séve, découragent leurs attaques ou en triomphent. Cette règle, car c’en est une, s'applique sans exception, que je sache, aux insectes dont les larves passent leur vie entière ou une partie de leur existence sous les écorces, c'est-à-dire à ceux qui sont les plus nombreux et les plus dangereux. C’est que, dans les couches inférieures de l'écorce des arbres sains, la circulation de la séve, naturellement très-active, serait surexcitée encore par la présence des larves, et celles-ci seraient étouffées, comme j'en ai vu des exemples. Les insectes savent parfaitement discerner ces condi- tions et apprécier ces dangers, ils ne s'y exposent pas de gaieté de cœur, ils meurent sans avoir pondu, plutôt que de les affronter, ou s'ils pondent c’est en pure perte. 6 INTRODUCTION S'il en était autremeni. on aurait eu. à coup sûr. plus d’une occasion de le constater. Plus d’une fois, en effet, des arbres abattus, même en grand nombre, sont restés sur le sol de la forèt assez longtemps pour que les in- nombrables insectes dont ils étaient devenus le berceau aient pu prendre leur essor ; tout cependant est resté intact autour d’eux. J'ai parlé ailleurs d’établissements industriels existant en assez grand nombre dans les Landes et s’approvisionnant, pour leurs fourneaux, de telles quantités de bois, qu’il en sort chaque année, et depuis bien des années, des essaims d'insectes xyiophages, principalement de Pissodes, de Bostrichus et de Blastophagus ; or, quoiqu'il y ait habituellement des forêts de Pins tout autour, aucun arbre n’en souffre, si ce n’est dans les brindilles terminales qu’attaquent et font périr les Blastophagus piniperda et minor. Le nombre de ces brindilles desséchées est quelquefois tel, et certains arbres sont à ce point maltrai- tés, qu'on pourrait les croire malades et exposés à ètre envahis par les mangeurs d’écorces ; il n'en est rien cependant et pas un de ces arbres ne périt. Leur mort d’ailleurs ne serait qu'une confirmation de mon principe, puisqu'elle aurait été précédée d’une maladie. Je puis citer des faits encore plus concluants. Nous avons eu dans les Landes des incendies qui ont détruitdes forêts de Pins par milliers d’hec- tares. Les insectes ne dédaignent pas les arbres dont les couches cortica- les extérieures et les menues branches ont seules été carbonisées, mais il était permis de se demander s’il y aurait assez de bourreaux pour tant de victimes. Durant deux années, leur affluence de toutes les contrées voisi- sines a été si empressée et leur multiplication a été telle, que tous les ar- bres dont on a retardé l'exploitation, et Dieu sait s’il y en avait, ont été atteints. De ces arbres sont nés par millions. par milliards peut-être, des Melanophila cyanea et appendiculata, des Anthaxia sepulchralis et praticola, des Pissodes notatus, des Bostrichus divers, des Monohammus gallo-provincialis, des Astynomus ædilis et griseus, des Magdalinus mem- nonius, que sais-je encore? Puis tout à coup ces insectes en nombre in- calculable, qui pullulaient partout où se trouvaient des restes de ces forêts incendiées, se sont trouvés dans l'alternative ou de ne pondre que sur les branches malades que présentent parfois les sujets vigoureux, ce qui était insignifiant pour tant de concurrents, ou de s'adresser aux arbres sains des forêts du voisinage épargnées par le feu, Si la thèse qu'a soutenue Ratze- INTRODUCTION 7 burg était vraie, nous en aurions vu assurément l'application dans de pa- reilles circonstances, et jamais nos forêts n'auraient couru un aussi grand danger. Or, qu'est-il arrivé? Que pas un arbre n’a été attaqué, du moins avec succès, car pas un n’est mort, de sorte que cet ouragan d'insectes, si je puis ainsi dire, a passé inoffensif. Après un fait aussi concluant, une démonstration aussi péremptoire, j'ai, ce me semble, plus que jamais le droit d'affirmer que les insectes xylophages n'attaquent que les arbres malades. Il ne faudrait pourtant pas donner à cette affirmation une extension illi= mitée, une siguification trop absolue. On verra, en effet, dans la suite de ce travail, que l'Anærea carcharias etla Compsidia populnea confient leurs larves, la première, comme certaines Sésies, aux troncs, la seconde aux branches des Peupliers vivants et bien portants, l’Oberea oculata et l'Aro- mia moschala aux Saules; mais en énonçant mon principe, j'ai toujours ajouté, connaissant les mœurs de certains insectes, que si des arbres sains sont chargés de nourrir des larves, si même ils souffrent un instant de leurs atteintes, ils ne tardent pas à se remettre et ils n’en meurent que dans.des circonstances tout à fait exceptionnelles. Ces insectes, en très-petit nom- bre d’ailleurs, ne pondent pas indifféremment sur les arbres morts, mou- rants ou vigoureux, 1ls n’en veulent, sauf pourtant l'Aromia.qu’à ces der- niers, ils constituent une exception non variable et capricieuse, mais per - manente, et dès lors ils ne contredisent en rien la règle que j'ai établie. Ils ne sont pas non plus une cause immédiate et nécessaire de ruine pour les arbres, c'est tout au plus si, sur quelques points insignifiants, leur bois se ressent de leurs atteintes. Si les larves n’ont pas à soufirir de la circulation et des extravasations de la séve, c'est que, d'une part, le liquide séveux est moins abondant dans le bois que sous l'écorce, et que, d'autre part, la séve surabondante s'écoule, pour les unes, par une ouverture qu’elles ont le soin de laisser béante, et que, pour les autres, elle s'emploie à dévelop- per une sorte de galle. On verra aussi qu'il y a des Buprestes dont les larves vivent habituelle- ment sous les écorces et plongent dans le bois d'arbres malades ou tout ré- cemment abattus, et qui, lorsqu'ils ne trouvent pas ces conditions normales pour eux, pondent sur des sujets vivants et sains, à écorce épaisse, et que leurs larves se développent dans les couches extérieures ou moyennes de 8 INTRODUCTION ces écorces, sans attaquer les couches inférieures où circule la séve, et par conséquent sans qu’il en résulte du danger pour ces larves et du malaise, du moins apparent, pour les arbres ainsi attaqués. Je ne dis rien des insectes qui confent leurs œufs auxtiges vigoureuses des plantes herbacées, car ici le dommage est nul ou à peu près, puisque ces tiges sont destinées à périr après avoir accompli leur végétation que la présence des larves ne contrarie guère où même pas du tout. Il en sur- vient seulement parfois une diminution dans la productiou du fruit. Je ne dis rien non plus des insectes qui vivent des feuilles comme tant de chenilles et autres et de ceux qui se nourrissent de la séve comme les Pucerons, les Phylloxera, les Coccides et tant d’autres Hémiptères. Je suis convaincu que les premiers exigent des feuilles bien constituées et que les seconds, s'ils envahissent des végétaux que des circonstances météorologi- ques ou autres ont affaiblis, s'attaquent aussi à ceux qui sont dans de meilleures conditions; si bien qu’en tenant compte des analogies ainsi que des faits observés, je demeure persuadé que le Phylloxera est la cause et non un effet de la maladie de la vigne. Mais comme ces divers insectes ne sont pas des xylophages, ce que j'ai dit de ces derniers ne les regarde pas. Aucun d'eux d’ailleurs, à part le Phylloæera de la vigne, n’entraîne- rait peut-être la mort d’une plante. J'ai déclaré tout à l’heure que les larves qui s’établissent dans un arbre sain ne sont pas pour lui une cause nécessaire et immédiate de ruine. Je dois cependant, pour tout dire, reconnaitre que leur présence n’est pas sans inconvénient et que, dans certains cas, elle peut présenter des dangers sé- rieux. Ce dernier point s'applique plutôt à des chenilles de Lépidoptères qu’à des larves de Coléoptères; mais comme, relativement aux insectes xylophages. je n'ai pas fait d'exception, il faut bien que je me préoccupe aussi des Lépidoptères xylophages. Or il arrive souvent qu'un arbre frui- tier ou autre, bien portant ou paraissant l'être, car mes observations m'ont laissé souvent des doutes à cet égard, est attaqué par une chenille de Zeuxera æsculi, par exemple, qui. après avoir fait à l'arbre, sous l'écorce, une plaie le plus souvent incicatrisable, plonge dans le bois et y creuse une longue galerie longitudinale. Les ravages creusés par cette chenille sont une cause d’affaiblissement qui, si on n'y veille, peut provoquer des pontes de Sesia et même de Cossus. Le mal alors fait des progrès rapides, INTRODUCTION 9 la maladie s'aggrave, le Pæcilonota decipiens, les Scolytus destructor et multistriatus. les Hylesinus vittatus et Kraatzi arrivent, s'il s'agit d’un Orme, le Scolytus rugulosus si c'est un arbre fruitier, et alors la mort est certaine. Le Cossus seul peut aussi provoquer les mêmes effets. On voit donc dans quelles limites et sous quelles réserves j'ai affirmé le principe rappelé plus haut. Je me persuade qu'ainsi expliqué il ne provo- quera pas d’objection sérieuse et que la science forestière trouvera dès lors rationnel le conseil que j'ai donné autrefois et que je renouvelle aujour- d’hui de songer avant tout à planter et à semer dans les conditions de cli- mat et de sol les plus favorables, puisque les arbres vigoureux bravent leurs ennemis, ou bien à planter des essences qui. comme le Platane, n’ont pas chez nous des parasites, et qui, dès lors, s'ils deviennent malades, ont le temps de se remettre. À ce conseil j'en ajoute un autre qui m'est inspiré par la Zeuzera et le Cossus, c'est celui de veiller sur les arbres auxquels on a des raisons de tenir plus particulièrement, afin de les déli- vrer, dès qu'on peut s'en apercevoir, de l'ennemi qui compromet leur bien- être. Et maintenant j'entre en matière. : ch as be dés eur (set 0 diéébhenii 2: : frac noté adih US CORP EL PLAIT | MU q aonure hi has ci Lu tn Pr ist: We tree MA Li anti pt et file Worst nhsole te ia) ati ne tawa, Le dan uen bts | tee PAPE MOTO DEN dede pieacg Lin Fate: LOU" $ saurais ae sé mag alle sac lit | CAPE PEER CENT AU gr et the Ar La li hi op DD EOT COLA ENT COLLUECUT EN DENT sit abrairébifrren ral ant vante à da webs à Haut Hide dia Meet abs wat orijialeris < BAT TETT I TUIS es le # on amsn antutre dut araceen éntx vatitéStt à, nolci dons Aéibfuis débintrtnnpent ali «| sol (LE CON DAT LE LEONE pere: PTETTNTA OUEN NII à ÉOPOICRE PC CONTACTE CE aadte ont vattite ta Mirti Aaron tbe Ti A0 94 abbé ir Re céliust oh it manon taniteg da tinotr où vandie pt ml biens je icon Lol iormmagq hafa site à v DD Est Len) MOTTE du artiit 2 | ” Ra ANA AA LM % À 1Adt 3 Ke dE ; x "ne ali A “  À R PTE U wi PPT RE D DT UE LL sept ; M edit uf int seb au rte cnfPonidn cadre doi AUS TO EL homer 4 4 hasta din dnatirionous aa ent ml ss PET PRET EE CT TEE AE à OLA Nb éqrat er TL LT CT ENT TU ES CT dl ENT NP TT TU TL due MMA Laden: le RTE ? TU OS CN ONRI TE CON SSSE LESE S pè 38 Vague héhé tds, arab di hi ak LUN PTE RL TEST LTANTE | CONS CE ICRES LISE porté MINIER Ne AN TS TRUE a QE Ni: EL A MEET PARA dd PL A PM A ART Ar fe EE NE 1e [ 7 ue" 4 RENE HAT res Mi AA Hd AN Va TE ARDENNE UE 2 ; tatoué f ñ PTE TP PR 1 Water éimodt NU indie rer cb On, hat Li nr hdi à à li (dé ” té sidigté su LARVES DE COLÉOPTÈRES SCAPHIDIDES Seaphisoma (silpha) agariecinum, L. Fig. 1-8. LARVE Long. 3 millim. hexapode, charnue, assez délicate, un peu déprimée, ovale oblongue, presque linéaire. blanche en dessous, roussâtre en dessus, avec le bord des segments blanchâtre, hérissée de poils fins, assez raides et peu serrés. Téte un peu plus que semi-discoïdale, roussâtre avec la lisière antérieure à peine plus foncée, subconvexe, lisse ; épistome très-peu distinct, presque soudé avec le front; labre transversal, semi-elliptique. Mandibules testactes, peu saillantes, assez larges, pointues à l’extré- mité, avec une dent assez forte un peu en arrière, sur la tranche interne. Mächoires droites, descendant jusqu’à la base de la tête, leur lobe long, cylindrique, cilié; palpes maxillaires longs, débordant la tête. de trois articles, le premier assez court, le second beaucoup plus long, le troisième plus long encore et effilé. Lèvre inférieure prolongée au milieu en une languette triangulaire ; palpes labiaux grèles, de deux articles dontle second m'a paru le plus long. Antennes de quatre articles, les deux premiers courts, le troisième bien plus long que ceux-ci réunis, en massue, un peu plus renflé en dehors, muni de deux soies, portant tout près de son extrémité interne un article supplémentaire grêle, cylindrique, inséré un peu en dessous; quatrième 12 LARVES DE COLÉOPTÈRES article ovale, hérissé d'un verticille de soies et terminé par deux ou trois cils très-courts. Sur chaque joue, un peu en arrière des antennes, cinq ocelles noirs, obliquement elliptiques, disposés sur deux lignes un peu obliques, trois devant dont deux presque contigus et deux plus petits derrière, comme l'indique la figure que j'en donne. Prothoraz plus long et plus large que la tête, s’élargissant un peu d'avant en arrière, subarrondi sur les côtés, roussâtre avec la ligne médiane et le bord postérieur blanchâtres. Mésothorax et métathorax égaux entre eux, plus courts que le pro- thorax, mais plus grands que les segments abdominaux, colorés abso- lument comme le prothorax. Abdomen de neuf segments, à côtés parallèles jusqu'au cmquième inclusivement, puis se rétrécissant graduellement, ces segments roussâtres avec la lisière blanchâtre, sauf les deux derniers qui sont entièrement roussâtres. Neuvième segment assez court, incliné vers le plan de position, muni à ses angles postérieurs d’une petite papille terminée par un poil. Mamelon anal assez développé, assez épais, servant de pseudopode. Vu par derrière il parait tronqué, et vu de profil il se montre comme fendu en travers. Sur la tête et sur tout le corps se dressent des poils fins et blanchâtres clair-semés, mais symétriquement disposés. Stigmates au nombre de neuf paires, la première au bord antérieur du mésothorax, les autres vers le tiers antérieur des huit premiers seg- ments abdominaux. Pattes longues, assez grèles, de cinq pièces, ongle compris ; cuisses ayant deux soies en dessous et une en dessus, près de l'extrémité ; tibias un peu sinueux en dessus, munis vers le milieu d’un verticille de soies assez courtes. Cette larve a mis ma persévérance à une assez longue épreuve. Le nom spécifique de l’insecte parfait et, mieux encore, sa présence sur certaines productions fongueuses, principalement celles qui se développent sous les écorces soulevées, sous les pièces ou fragments de bois couchés sur le sol, me disaient que c'était là qu'était son berceau, là que je m'initierais à ses premiers états ; mais j'avais beau explorer tous les champignons, vaine- ment je soulevais toutes les planches, je roulais tous les troncs, je déta- chais toutes les écorces, je n’arrivais à rien. Je me livrais habituellement à ces recherches au printemps et à l’automne, saisons favorables au déve- loppement des mycelium, des champignonset des moisissures; mon insuc- SCAPHIDIDES. — SCAPHISOMA 13 cès tenait-il à cette circonstance ? Je serais tenté de le croire et voici pour- quoi. Au commencement du mois d’août 1871, quelques pluies étant surve- nues, des champignons naquirent, et dans une excursion je rencontrai, sur une souche de Chätaiguier, un Agaric sessile en voie de formation et d’une consistance d’abord tendre, mais qui devient ensuite assez coriace. D’assez nombreux Scaphisoma se promenaient sur les feuillets, et je me persuadai qu'ils étaient là pour pondre. Je m'abstins de les déranger, et huit jours après, malgré une distance de 8 kilomètres, je revins sur les lieux. Je détachai une portion de champignon et j'y trouvai plusieurs très-petites larves ayant quelques rapports avec des larves de Staphylinides, mais que je soupconnaïis appartenir au Scaphisoma ; je les emportai chez moi, et craignant que la dessiccation du champignon ne nuisit à mon éducation, je laissai le reste en place. Dix jours plus tard je refaisais la course, et j'emportais tout, heureux d’avoir constaté la présence d’un certain nombre de larves en bonne voie de développement, ou même presque adultes et qui promettaient de bien tourner. J'observai chez moi leur manière de vivre ; elles ne pénétraient pas dans la partie charnue, mais coriace de l'Agaric, elles se tenaient entre les feuillets, qui étaient assez serrés, et c'était le tissu des feuillets qu’elles mangeaient. Leurs érosions n'étaient que superficielles et constituaient une sorte de gravure irrégulière. Elles étaient peu actives, et si je les détachais, elles commençaient par se cour- ber en arc. puis elles fuyaient d’une démarche beaucoup moins vive que celles des larves de Staphylinides. Après trois ou quatre jours d’une pa- tience assez difficile à supporter, je n'y tins plus, et au risque de tout dé- traquer, je voulus voir s’il n’y aurait pas quelque nymphe ; je déchirai donc prudemment le champignon, et j'en trouvai plusieurs au fond des feuillets. Elles étaient fixées au plan de position par le mamelon anal de la larve et par la dépouille chiffonnée de celle-ci dans laquelle s'emboitait la partie postérieure de leur corps. Leur forme me dit tout de suite qu’elles appar- tenaient au Scaphisoma, et les dépouilles prouvèrent très-péremptoire- ment que les larves observées étaient bien celles d’où provenaient les nym- phes. Quelques jours après des Scaphisoma bien alertes vinrent m'apporter leur irrécusable témoignage. Il semblerait résulter de ce fait que c’est vers la fin de l'été que ce fon- givore effectue sa ponte et que toutes ses évolutions s'accomplissent avant l'automne, ou au commencement de cette saison. Faut-il en conclure qu'il s’en tient là et qu’il passe, sans songer à se reproduire, indépendamment 14 LARVES DE COLÉOPTÈRES de l’automne et de l'hiver, ce qui ne serait pas étonnant, le printemps et une partie de l'été? Quand on sait qu’il y a des insectes, même à premiers états très-peu durables, comme certains Anthonomus, par exemple, qui ne se montrent qu’une fois l'an, on ne voit rien d’extraordinaire à ce qu’il en soit de même du Scaphisoma; mais cet insecte apparaissant à plusieurs époques de l’année et n'étant pas, comme les Anthonomus et bien d’autres phytophages. inféodé à des productions qui ne sont à leur disposition qu'une fois par an, pouvant au contraire trouver presque continuellement les substances dont vit sa larve, je suis disposé à admettre qu'il ne fré- quente pas au printemps les champignons uniquement pour se promener ou pour manger, et qu’il a une génération printanière. NYMPHE Ses diverses parties sont emmaillotées comme à l'ordinaire, et elle se fait remarquer par des soies blanches, très-courtes et raides sur le front, sur le pourtour du prothorax, sur le mésothorax et le métathorax, sur toute la face dorsale et sur les côtés de l'abdomen; ces dernières et celles des segments thoraciques sont un peu moins courtes. Le dernier segment est terminé par quatre appendices charnus, deux aux angles postérieurs, épais à leur base, puis subulés, arqués en dedans, roussâtres et subcornés, et deux intermédiaires, ellipsoïdaux et terminés par une soie excessivement courte. HISTÉRIDES Abræus glohosus, HOFFM. Fig. 9-12. LARVE Long. 4 1/2 millim., subdéprimée surtout antérieurement, charnue, grèle, linéaire, mais un peu atténuée en avant et en arrière. Tête plate, ferrugineuse, cornée, luisante, en parallélogramme plus long que large; concave antérieurement, marquée dans cette concavité de deux sillons longitudinaux dont l'intervalle convexe représente une ca- rène; marquée aussi d’une fossette vis-à-vis chaque mandibule et munie HISTÉRIDES. — ABRÆUS 10 latéralement de quelques poils. Bord antérieur un peu avancé au milieu et dentelé. Épistome et labre nuls ou se confondant avec le bord antérieur. Dessous de la tête de même couleur que le dessus, marqué de deux sillons longitu- dinaux. Mandibules ferrugineuses, longues, susceptibles de se croiser entière- ment, étroites, acérées, arquées en faucille, munies en dedans, vers le milieu de leur longueur, d’une dent bien saillante, un peu arrondie sur sa tranche antérieure, pourvues en dehors de quelques soies. Mächoires très-longues, subeylindriques, de deux articles, le premier trois fois aussi long que l’autre, un peu convexe en dehors, sinueux en dedans, le second plus étroit à la base qu’à l'extrémité, portant intérieure ment un lobe papilliforme terminé par un poil et extérieurement un petit poil. Palpes mazillaires droits, de quatre articles dont les trois premiers vont progressivement en s’allongeant, mais en se rétrécissant, et le dernier, le plus court de tous, grêle et surmonté d’un tout petit poil. On voit aussi un petit poil au sommet externe du troisième article. Lèvre inférieure soudée au menton, longue, atteignant l'extrémité du premier article des mâchoires, un peu arrondie au bord antérieur, plus large à la base, à côtés un peu sinueux, surmontée de deux palpes labiaux droits, un peu divergents et de trois articles, le premier un peu plus court que les autres qui sont égaux, le dernier terminé par un très-petit poil. Antennes de quatre articles, le premier très-court et rétractile, le second de trois à quatre fois plus long, subarrondi au sommet, un peu convexe en dedans, et plus encore en dehors et portant vers le sommet de la con- vexité externe deux articles supplémentaires, le postérieur de moitié plus court que l’autre, et sur le sommet interne un poil. Quatrième article étroit, cylindrique, incliné en dehors, beaucoup plus court que le précédent avec lequel il fait un coude, subtronqué à l'extrémité qui porte trois ou quatre soies dont la centrale plus longue. Tous ces organes sont subcornés, ou du moins coriaces et roux avec l'extrémité des articles plus claire, Ocelles nuls ou non apparents. Prothoraz bien plus long que la tête, de sa largeur antérieurement, s’élargissant singulièrement d’avant en arrière, ferrugineux et subcorné en dessus, moins le bord antérieur et les angles postérieurs ; mésothorax et métathorax plus courts que le précédent, égaux entre eux et convexes sur les côtés, le premier un peu roussâtre sur le dos; ces trois segments plats 16 LARVÉS DE COLÉOPTÈRES et blancs en dessous et munis sur les côtés d’un ou deux poils assez courts. Abdomen d'un blanc un peu jaunâtre, de neuf segments à peu près égaux en longueur et un peu plus longs, du moins ceux du milieu, que le métathorax ; les huit premiers ayant quelques poils de diverses longueurs sur les côtés, en dessus et en dessous, à bords latéraux sinueux par suite de la dilatation de certaines parties, et marqués sur leurs deux faces de trois plis transversaux déterminant aussi des dilatations qui ont pour but de seconder les mouvements de la larve. favorisés en outre par de petits poils courts et raides qui paraissent correspondre aux intervalles des plis. Neuvième segment velu, déclive postérieurement, ayant à la naissance de la déclivité deux appendices charnus subconiques, très -divergents, héris- sés de longs poils et formés de deux articles dont le premier épais. beau- coup plus long que le second qui est court et arrondi au sommet. En des- sous une ampoule anale rétractile, servant à la progression. Neuf paires de stigmates. une près du bord antérieur du mésothorax, les autres au tiers antérieur des huit premiers segments abdominaux. Pattes assez courtes, grèles, munies de quelques poils et composées de cinq articles, ongle compris. J'ai trouvé cette larve dans une souche de Châtaignier, avec la Formica fuliginosa. Je ne puis avoir aucun doute sur son authenticité, quoique. parmi de nombreux 4bræus, se soit trouvé un Paromalus flavicornis, car la larve de ce Paromalus, qui figure dans mon Histoire des insectes du pin maritime, Ann. Soc. ent. 1854, p.91, ressemble à celle du Platysoma oblon- gum eta, comme celle-ci, les appendices du dernier segmentlongs et nulle- ment coniques, les palpes maxillaires de trois articles et les labiaux de deux. La larve de l’Abrœus a au contraire les plus grands rapports avec celle du Plegaderus discisus que j'ai publiée aussi, Loc. cit., p. 92; elle a comme elle les palpes maxillaires de quatre articles, les labiaux de trois, les appendices terminaux courts, subconiques et divergents; mais elle est un peu plus atténuée antérieurement, le prothorax est coloré sur une plus grande étendue et le mésothorax est un peu roussâtre sur le dos au lieu d’être blanc. De quoi vit cette larve? Organisée comme elle l’est et ayant toutes les apparences d’une larve carnassière, dévore-t-elle les larves des fourmis? Cela n'est pas impossible, mais il peut se faire anssi qu’à l'exemple d’autres larves analogues, elle se nourrisse de matières excrémentielles. Les lois du parasitisme imposent, il est vrai, au plus grand nombre des espèces et HISTÉRIDES, — ABROEUS 17 peut-être à toutes des ennemis chargés de prévenir leur excessive multi- plication, mais il est à remarquer que ces ennemis n’attaquent ordinaire- ment leurs victimes que lorsque la mère n’est plus là pour protéger ses petits. A l'égard des insectes sociaux, la situation n’est pas la même et les choses dès lors sembleraient devoir se passer autrement. Il n’en est pour- tant pas ainsi, et bien des étrangers s'introduisent dans ces sociétés si cha- touilleuses à l'endroit de leurs nourrissons et si bien armées pour les dé- fendre. Ils y séjournent même en paix et je crois pouvoir en dire la raison. Si la chenille de la Galleria cereella attaque une ruche, c’est que les Abeilles se trouvent dans un tel état d’épuisement et de désarroi qu’elles sont complétement indifférentes au bien-être de leur petit royaume. Si le Vespa crabro vit en bonne intelligence avec le Quedius dilatatus, le Cryp- tophagus scanicus et leurs larves ; d'autres Guèpes avec le Cryptophagus pubescens et des Anthomyia ; les Bombus avec les Antherophagus et des Cryptophagus ; si ces insectes, toujours prêts à attaquer même les plus grands animaux assez mal avisés pour troubler leur repos ou inquiéter leur sollicitude, respectent les êtres chétifs qui ont l’air de les braver, ils doivent y avoir un intérêt. Cet intérêt je le trouve dans la nécessité, pour des colonies aussi populeuses que les guêpiers, où se produisent tant d’im- mondices, d’avoir des agents qui les débarrassent de ces causes de mal-- propreté et d'infection. Il leur faut des vidangeurs et je les vois dans ces larves la plupart carnassières au fond, mais toutes disposées, ainsi que j'en ai signalé de nombreux exemples dans mon Histoire des insectes du Pin el ailleurs, à vivre exclusivement de déjections. Elles consomment donc, elles détruisent ce qui est une gène, une incommodité, ce qui serait un danger pour la salubrité publique, et voilà pourquoi elles vivent en parfaite tranquillité dans ces milieux où l’activité est si grande, la vigilance si clair- voyante, la sollicitude si susceptible et où de redoutables colères s’allu- ment si facilement. Ce que je dis pour les Guêpes je puis, à plus forte raison. l'appliquer aux fourmis. Chez celles-ci, en effet, les insectes que l’on pourrait consi- dérer comme des intrus sont nombreux et variés (1); mais les uns, comme les Pucerons, les Claviger, les Lomechusa et peut-être d’autres, sont char- gés de satisfaire leur gourmandise ; les autres, tels que certains Staphyli- (1) M. Ernest Aniré, dans sa brochure intitulée : Manuel descriptif des Fourmis d'Europe, + donné de ces insectes une très-longue liste qui depasse assurément de beaucoup les limites de la réalité, ainsi qu'il le reconnait lui-mème, mais qui est néanmoins fort appréciable à cause des recherches qu'elle a coûlées el des reuselguements qu'on peut y puiser. PER. 9 18 LARVES DE COLÉOPTÈRES nides, divers Psélaphides et Scydménides, les Abræus, les Catopsimor - phus, les Merophysia, les Colovocera, etc., plusieurs petits Diptères, Sca- thopse, Phyllomyza, Phora. des Cloportes, des Podures, des Psoques et certainement aussi les larves de Cétoines que l’on y trouve fréquemment et celles des Clythres, sont des vidangeurs, et voilà pourquoi on choye les premiers, on respecte les seconds. Mais à côté des insectes que je viens de citer, et qui sont pour leurs hôtes des locataires ou des serviteurs utiles, il en est d’autres qui leur sont incommodes et nuisibles. Le Rhipiphorus paradoxus et les Volucelles mal- traitent plus ou moins les familles des Guêpes. le Cryptus vesparum se joint à eux, et il est probable que les Pachylomma etl'Elasmosoma Beroli- nense qu'on voit voltiger autour des Fourmis et les Arachnides du genre Enyo qui vivent avec elles, ne sont pas tout à fait inoffensifs. Mais ces an- tagonismes sont la conséquence de ces lois du parasitisme que j'ai signa- lées plus haut et qui sont des lois d'équilibre et d'harmonie générale. Les insectes sociaux, contraints de s’y soumettre, s'aveuglent sur le rôle que jouent ces ennemis faits pour eux, ou subissent fatalement leur inévitable intervention. Paykull, dans sa Monographie des Histérides, a décrit et figuré une larve qu'il attribue à la Hololepta quadridentata Fas. Leach, Latreille et Erichson ont jugé que cette larve était d’un Diptère, et dans l’Histoire des insectes du Pin j'ai démontré qu'elle appartenait à un Sargus, ou à un Diptère voisin. Les larves connues d’Histérides sont les suivantes : Hister merdarius Enr. HEerTE., PAykuLL. Monogr. p.22, AupouIN et BRULLÉ, Hist. natur. des Ins., t. IT, p.416 et Wesrwoon, Introd., t. Il, p. 182. Ces derniers auteurs n'ont fait que reproduire Paykull, mais M. de Marseul, dans sa Monographie des Histérides, Soc. Ent. 1854, p. 167, a donné de cette larve une description et des figures plus complètes et plus exactes. H. cadaverinus Payk. LaTReize, Nouv. Dict. d'Hist.natur.. 1. X, p.499. M. de Marseul, Loc. cit. dit connaître la larve du H. unicolor L. qui ne différerait de celle du H. merdarius que par la dent des mandibules plus obtuse. Cette larve du H. unicolor a été décrite et figurée par M. Schiôdte, de Metamorphosi Eleutheratorum Observationes, 1862-64, p. 62, pl. 1, avec cette précision de style, cette vérité, ce luxe et cette admirable per- fection de détails iconographiques qui caractérisent l'éminent auteur. Platysoma oblongqum F., Peruis, Soc. Ent. 1853, p. 275. — P. depressum F., Scaionre, loc. cit., p. 63, pl. 2. HISTÉRIDES. — HISTER 19 Paromalus flavicornis Heresr., Perris, Soc. Ent. 1854, p. 91. Teretrius parasita Mars., Leprieur, Soc. Ent. 1861, p. 457. Plegaderus discisus Er.. Perris, Soc. Ent. 1854, p. 99. Voici le signalement de quatre autres larves. Hister duodecim-striatus, SCHRK. LARVE Je donne la description détaillée de cette larve pour faire ressortir cer- tains caractères importants omis par M. de Marseul dans sa description, excellente, du reste, de la larve du H. merdarius. Long.. 10 millim. Hexapode, subcylindrique, d’un blanc roussâtre et charnue. Tête aplatie. cornée, ferrugineuse, luisante, plus large que longue, un peu arrondie sur les côtés. Bord antérieur droit au milieu, avec trois dentelures triangulaires, au lieu de quatre indiquées pour la larve du H. merdarius, puis largement et obliquement échancré vis-à-vis les man- dibules. Épistome et labre nuls, celui-ci remplacé, sans doute, par les trois dentelures. Front creusé de quatre sillons, comme dans la larve du H. mer - darius, ces sillons marqués de quelques petites fossettes. Mandibules assez robustes, longues, arquées, pointues, munies vers le milieu de leur tranche interne d'une dent petite mais très-visible, un peu inclinée en arrière. Dessous de la tête formé, comme le dessus, d’une plaque cornée et luisante, marquée aussi de quatre sillons dont les deux médians sont convergents. Les pièces basilaires des mâchoires et du menton sont donc soudées et indistinctes ; ce qui reste libre de ces organes est implanté au bord antérieur de la plaque et se trouve, par consé- quent, bien en saillie. Mâchoires cylindriques, hérissées de quelques longues soies, de deux articles dont le second, bien plus court que le premier, porte en dedans un lobe papilliforme terminé par une longue soie. Palpes maxillaires assez grêles, de trois articles, le dernier le plus long. A la base des mâchoires surgit une touffe, un pinceau de soies jaunâtres d’inégale longueur et paraissant rameuses au microscope. Menton à peine visible; lèvre inférieure cordiforme, sans languette, surmontée de deux palpes labiaux de deux articles, dont le dernier, le plus long, est terminé par de très- petites soies. 20 LARVES DE COLÉOPTÈRES Antennes de quatre articles, le premier court et rétractile; le second, le plus long detous, un peu en massue; le troisième s’élargissant de la base à l'extrémité qui est obliquement tronquée, muni en dehors de deux sortes d'articles supplémentaires inégaux, entre lesquels on voit quelquefois une soie, et de une ou deux soies très-courtes au sommet interne. Ocelles nuls. Prothorax un peu plus large et au moins aussi long que la tête, de la même couleur et presque de la même consistance, sauf le bord antérieur qui est blanchâtre et sabmembraneux; marqué de cinq sillons dont deux latéraux arqués. avec quelques rares poils de même que la tête. Mésothorax et métathorax lrès-courts, plus larges que le prothorax, charnus avec un bourrelet latéral et quelques poils plus longs que ceux du premier segment. Abdomen de neuf segments, le premier un peu plus court que les autres qui sont aussi longs que le prothorax; les huit premiers munis de quelques poils sur les côtés, en dessus et en dessous, d’une fossette de chaque côté, dessinant un bourrelet latéral et sur le dos de trois plis transversaux favo- risant certaines dilatations qui ont pour but de seconder les mouvements de la larve. Dans les plis une forte loupe montre de petites granulations qui, sous le microscope, deviennent des soies spinuliformes la plupart arquées en avant. Sur le bord antérieur de ces segments se trouvent quel- ques petites plaques luisantes du centre desquelles sort un poil, etle bord postérieur est un peu tuméfié. Sur la face ventrale ces mêmes segments portent un ou deux plis transversaux ou obliques et arqués, très-fins, sans spinules, et un certain nombre de plaques luisantes. Antérieurement on voit une ou deux séries transversales de très-petites soies spinuliformes. Dernier segment assez velu, arrondi sur les côtés, échancré postérieure- ment, terminé par deux longs appendices bi-articulés dont chaque article est terminé par deux longs poils. Le premier de ces articles est renflé à l'extrémité. Mamelon anal assez peu saillant. rétractile, marqué d'un pli trans- versal où se trouve l’anus. Pattes courtes, très-grèles. deux ou trois soies assez fortés à la hanche, deux extrêmement courtes à l'extrémité de la cuisse; ongle représenté par une soie subulée, plus longue que le tibia, à la base de laquelle on en voit deux ou trois autres beaucoup plus courtes. Sligmates comme dans la larve d'Abrœus. J'ai reçu quelques individus de cette larve, ainsi que deux nymphes, de HISTÉRIDES, — SAPRINUS 21 M. Tournier, de Genève; il les a trouvées les unes dans des bouses, les autres dans un compost formé de terre et de fumier. Les larves y avaient vécu, sans doute, d’autres larves, probablement de Diptères, qui se déve- loppent en si graud nombre et si rapidement dans ces milieux. NYMPHE Elle présente les caractères suivants : d’un blanc roussâtre; deux soies roussâtres sur le devant du front, quatre sur le vertex, d’autres tout autour du prothorax sauf le bord antérieur, deux sur l’écusson, huit, dont deux latérales, près du bord postérieur de chaque arceau dorsal de l’abdomen ; celui-ci un peu arqué en dessous. Dernier segment petit, mameloniforme, portant verticalement sur le dos une pièce constituée presque entièrement par deux crochets larges et membraneux à la base, acérés et un peu con- vergents au sommet. Les stigmates abdominaux sont très-visibles ; le des- sous du corps est dépourvu de toute soie; les stries des élytres sont indi- quées. Hister quadrimaceulatus L. Vers la fin de juin j'ai trouvé dans une bouse déjà sèche deux larves de cette espèce dont l'une m'a donné en juillet l'insecte parfait sans que j'aie pu étudier la nymphe. Cette larve ressemble tellement à la précédente que je n'ai pu y voir d’autres différences que les suivantes : taille, 17 millim., dent interne des mandibules peu ou point inclinée en arrière, appendices du dernier segment relativement un peu plus courts. Saprinus rotundatus ILL. LARVE Long., 8 millim. Sa comparaison avec les deux larves précédentes fait ressortir, indépendamment de la taille. les différences ci-après : La Téte n'est pas longitudinalement sillonnée. elle présente seulement deux fossettes antérieures. En dessous cependant on voit un sillon médian longitudinal. Le bord antérieur m'a paru avoir quatre dents au lieu de trois. Le troisième article des antennes porte près du sommet extérieur deux articles supplémentaires bien visibles au microscope et presque égaux. 22 LARVES DE COLÉOPTÈRES L'abdomen, dépourvu de plaques luisantes, est beaucoup moins plissé sur le dos, et sur la face ventrale les plis sont droits et transversaux. Tout le corps, sauf la face dorsale du prothorax (et ce caractère est le plus saillant de tous), paraît, à une forte loupe, couvert d’aspérités ponctiformes très-petites, très-serrées etroussâtres ; au microscope, ces aspérités sont des spinules très-pointues, la plupart verticales, d’autres un peu inclinées en avant ou en arrière. On en voit aussi quelques-unes, mais bien plus petites, sur le mamelon anal. Enfin les articles des pattes portent à leur extrémité des soies plus lon- gues et l’ongle, au lieu de se présenter sous la forme d’une soie plus longue que le tibia, a La forme normale et est à peine aussi long que la moitié du tibia. Les métamorphoses des Saprinus sont, je crois. inconnues. M. de Mar- seul se borne à dire que leur larve, si les individus qu’il présume être des Saprinus le sont réellement, diffère très-peu de celles des Hister. Je ne puis, quant à moi, affirmer absolument que celle dont je viens de parler appartient à ce genre, mais comme elle est très-positivement de Histéride, que je lai rencontrée dans un poulailler au milieu des fientes de volaille et seulement avec des Saprinus rotundatus, je crois pouvoir, sinon avec certitude, du moins avec grande probabilité, l’attribuer à cetie espèce. Les caractères différentiels qu'elle présente justifient le genre Saprinus ; reste à savoir si, par la comparaison avec d’autres larves de ce genre, ils justi- fieraient aussi le genre Gnathoncus créé par J. Duval et non admis par M. de Marseul. La nymphe m'est inconnue. J'ai également pris plusieurs fois l'insecte parfait sur les murs intérieurs de lieux d’aisance. Feretrius picipes F. LARVE Ainsi que je l'ai dit plus haut, mon ami M. Leprieur a décrit la larve du Teretrius parasita. Cette larve m'est inconnue, mais j'ai recu de Corse, de mon obligeant ami. M. Revelière, celle d'un Histéride qui, vu les cir- constances où elle a été trouvée, ne peut appartenir qu’au Teretrius picipes qui habite, du reste, aussi la Corse. Elle a d’ailleurs ce caractère des man- HISTÉRIDES. — TERETRIUS 03 dibules complétement inermes que jusqu'ici présentent seules les larves de Teretrius, mais en la comparant à celle du T. parasita dont elle a la forme générale et la couleur, on trouve les différences suivantes : La tête n’est pas précisément lisse, sa surface est ruguleuse et striolée, et sur le front on voit deux ou trois petites inégalités. La face inférieure est subconvexe, unie, avec un faible sillon médian et de très-fines strioles. Le bord antérieur a des dentelures peu apparentes. Les palpes maxillaires sont bien de quatre articles et les labiaux de trois, mais le dernier article est très-petit et à peine visible au micros- cope, soit qu'il existe naturellement ainsi, soit qu’il se trouvât accidentel- lement rentré dans le précédent. Les antennes n’ont pas la forme que leur donnent la description et la figure de la larve de M. Leprieur; elles sont conformées comme celles des autres Histérides, et notamment celles de la larve du Plegaderus discisus ; le troi- sième article estsensiblement élargi d’arrière en avant, et près du sommet extérieur il porte comme trois articles supplémentaires, l'antérieur bien saillant, les deux autres de grandeur décroissante. Les pattes ne sont ni de longueur moyenne, ni robustes. ni très- épineuses, elles sont assez courtes, grèles, et pour ainsi dire inermes, car c’est au microscope seulement que l’on aperçoit de très-petites soies sur les hanches et deux très-petits poils à l'extrémité des cuisses. L’ongle n’est pas muni en dessous de deux ou trois denticules aigus, il est inerme avec la base un peu dilatée. Sa longueur excède la moitié du tibia. J'ajoute, pour mentionner un caractère impoxtant qui ne se trouve pas dans la description de M. Leprieur, qu’en dessus les huit premiers seg- ments de l'abdomen ont un ou deux plis transversaux près du bord pos- térieur qui est un peu tuméfié, et que, près du bord antérieur, ils sont pourvus d’une ampoule ambulatoire qui, lorsqu'elle se dilate, ressemble assez à celles de certaines larves de longicornes. Cette ampoule est alors un peu déprimée au milieu, et à droite et à gauche de la ligne médiane on aperçoit, principalement sur les segments postérieurs, deux ou trois tuber- eules calleux. Sur la face ventrale ces segments m'ont paru n’avoir qu’un pli médian transversal qui disparait lorsque la larve les dilate pour mar- cher. Le corps, muni de poils comme à l’ordinaire, est dépourvu de toute spinule. M. Revelière a trouvé cette larve dans des sarments de vigne avec le Synozylon sexdentatum dont elle est assurément parasite. Je ne connais pas la nymphe. 72: LARVES DE COLÉOPTÈRES Toutes les larves connues de Histérides se font remarquer par le bord antérieur de la tête qui est pourvu de dents, sans épistome et labre dis- tincts, par les mandibules falciformes, les mâchoires biarticulées avec un lobe relativement très-petit et par les appendices biarticulés du dernier segment ; elles se rapprochent ainsi en partie des larves de certains Cara- biques et de certains Staphylinides, dont elles se distinguent, du reste, à première vue, par la lenteur extrême de leur démarche ainsi que par la petitesse relative et l’écartement de leurs pattes étalées. Elles sont dépour- vues d’ocelles. Leur corps est blanc et charnu avec la tête plate, parfois même un peu concave antérieurement, ferrugineuse et cornée, et le pro- thorax partiellement de la même couleur et presque de la même consis - tance. Elles ont entre elles de très-grandes ressemblances, mais elles pré- sentent pourtant des caractères différentiels assez remarquables, et qui deviendront probablement plus nombreux et plus saillants à mesure qu'on découvrira les larves de certains genres, surtout des exotiques. Ainsi, les larves de Hister sont moins déprimées que celles de Platysoma, de Paro- malus et de Plegaderus qui, vivant sous les écorces, devaient être moins cylindriques, et elles ont aussi la dent interne des mandibules beaucoup moins saillante. Mais ces différences ont bien moins d'importance que celles qu’offrent les larves de Plegaderus, lesquelles ont les palpes maxil- laires de quatre articles au lieu de trois, les palpes labiaux de trois arti- cles au lieu de deux, les appendices du dernier segment raccourcis, épais et coniques, au lieu d’être longs et effilés, et le mamelon anal plus déve- loppé. Ces caractères semblent. jusqu'ici, propres au groupe que M. de Marseul a nommé Abréens, car on les retrouve, comme on a pu le voir, dans la larve de l’Abrœus globosus, et ils existent aussi dans celle du Tere- trius parasita, sauf pourtant celui qui concerne les appendices du dernier segment qui sont semblables à ceux des larves des autres groupes de His- térides. Cependant on pourrait conclure de ce que j'ai dit de la larve du Teretrius picipes. que, dans cette larve, le caractère tiré des palpes semble perdre de son importance, puisque le dernier article de ces organes est très-petit. Ce serait là une larve de transition. Je dois rappeler aussi que les larves de Teretrius sont jusqu'ici les seules dont les mandibules soient inermes à leur tranche interne. J'essaye provisoirement, et jusqu’à ce que d'autres genres soient connus, un tableau synoptique des larves de cette famille. A Palpes maxillaires de trois articles, labiaux de deux. +2 LT HISTÉRIDES. — TERETRIUS a Larve cylindrique, épaisse ; tête sillonnée en dessus et en dessous, son bord antérieur tridenté; segments de l'abdomen avec des plaques luisantes ; ongles remplacés par une longue soie. Hister. Tête avec deux fossettes seulement en dessus et un sillon médian en dessous; segments de l'abdomen sans plaques luisantes ; ongles normaux. Saprinus (Gnathoncus) ? aa Larve subdéprimée, allongée, bord antérieur de la tète mul- tidenté, ces dents bien apparentes; appendices biarticulés du dernier segment longs, ongles normaux. Platysoma. Dents du bord antérieur de la tête peu apparentes, appen- dices du dernier segment courts. Paromalus. AA Palpes maxillaires de quatre articles, labiaux de trois. b Mandibules munies d'une forte dent interne; appendices bi- articulés du dernier segment très-courts, épais et coniques. Larve peu atténuée antérieurement; sillons du dessus de la tête atteignant la moitié de celle-ci; prothorax blanc sur son tiers postérieur, mésothorax blanc, une plaque lui- sante visible sur le milieu des premiers segments de l'abdomen. Plegaderus. Larve sensiblement atténuée antérieurement ; sillons du dessous de la tète extrêmement courts ; prothorax presque entièrement ferrugineux; mésothorax avec une bande roussàtre; plaques luisantes nulles ou peu visibles. Abrœus. bb Mandibules sans dent interne, appendices biarticulés du dernier segment assez longs, linéaires. Teretrius. L'étude des larves des Histérides se recommande à l’intérêt des entomo- logistes. La plupart, en effet, de celles qui sont connues sont des agents de cette loi du parasitisme qui joue un rôle si important dans l'harmonie et l'équilibre des productions de la nature. Elles sont probablement toutes carnassières, et si beaucoup d’entre elles, comme celles des Phelister, des Omalodes, des Hister, des Saprinus, des Onthophilus, des Bacanius, des Abrœus, des Acritus, vivent aux dépens des larves et des animalcules quels qu'ils soient qui se multiplient dans les déjections des grands animaux, les cadavres et les champignons en putréfaction, les détritus végétaux, les plaies purulentes des arbres, il en est un grand nombre, comme celles des Hololepta, des Leionota, des Macrosternus, des Platysoma, des Epierus, des Carcinops, des Teretrius, des Paromalus, des Trypanæus, des Plega- derus qui, se développant sous les écorces, ont pour mission de mettre un frein à la multiplication des insectes xylophages. Il ya même ceci de particulier, et les observations ultérieures ajoute- 26 LARVES DE COLÉOPTÈRES ront des faits nombreux et probablement très-intéressants à ceux que j'ai le premier constatés, que les larves parasites des Xylophages paraissent affectées à des espèces déterminées. Ainsi, le Platysoma oblongum et le Paromalus flavicornis sont parasites, dans les Landes du moins, du Bos- trichus stenographus, le Plegaderus discisus du Crypturqus pusillus, le Teretrius parasita de l’Apate xyloperthoides, le Teretrius picipes du Synoxylon sexdentatum et probablement aussi du Xylopertha sinuata. D'autres appartenant aux genres Heloerius, Eretmotes, Dendrophilus, Myrmetes, Bacanius, Abræus, habitent les fourmilières où je crois qu’elles rendent des services au lieu d’y faire des victimes. J'ai constaté, en effet, en étudiant les larves subcorticales, que, lorsque les proies vivantes leur manquent, elles complètent leur développement en consommant les ma- tières excrémentitielles des larves xylophages, à moins qu’elles ne trou- vent dans ces substances des animalcules qui échappent à nos regards. C’est ce qui n'a fait dire que certaines larves myrmécophiles, susceptibles probablement de vivre des déjections des fourmis et de remplir dans leurs habitations le rôle de vidangeurs, s'attachent encore plus, peut-être, à les débarrasser d'hôtes incommodes. Quant aux insectes parfaits sur lesquels on n’a aussi que trop peu d’ob- servations, ils paraissent être généralement carnassiers. J'ai publié, d'après M. Revelière, le fait curieux du Hister pustulosus faisant la chasse à des chenilles d’Agrotis. et le même savant a trouvé en grand nombre, en Corse, le Hister helluo occupé à dévorer, sur les feuilles de l’aulne, des larves de l'Agelastica alni. Évidemment les Histérides doivent être classés dans la catégorie des insectes utiles. NITIDULIDES Soronia (silpha) grisen L. LARVE Dans mon travail sur les Insectes du Pin et à propos de la larve de l’Epuræa obsoleta, j'ai mentionné celle de la Soronia grisea, dont M. West- wood a dit quelques mots et donné la figure, et dont la description, due à Erichson, a été reproduite dans le catalogue de mes amis, MM. Chapuis et Candèze. J'ai cru devoir critiquer quelques points de cette description et élever des doutes sur quelques autres. Je ne connaissais pas alors cette NITIDULIDES. — SORONIA DT larve, mais je l'ai rencontrée depuis sur un écoulement de séve purulente provenant d’un ulcère d’un Châtaignier, et j'ai pu me convaincre que mes critiques étaient justes et mes hypothèses fondées. Ainsi les antennes ont bien non pas seulement deux articles mais quatre, le premier gros et court, le second plus long, le troisième aussi long que les deux autres ensemble, le quatrième grêle, de la longueur du second, accompagné d'un article supplémentaire très-court. placé en dessous. Les palpes maxillaires (dans la traduction de la description, il ya labiauxæ, sans doute par distraction) sont de trois articles et non de quatre; La lèvre inférieure, qu'Erichson n’a pas vue, est petite, transversale, et logée, presque cachée, ainsi que les deux palpes labiaux très-courts et de deux articles, dans l’arceau formé par les deux lobes maxillaires. Les Mandibules sont conformées comme le dit cet auteur ; mais examinées de face, elles m'ont paru très-étroitement échancrées à l'extrémité. Les ocelles, sur lesquels il est exprimé un doute, sont bien au nombre de trois de chaque côté, deux près de la base de l’antenne, assez rap- prochés, etle troisième un peu obliquement en arrière ; ils ont bien l'air d’ocelles, car ils sont convexes. Le prothorax est couvert d’une large bande d’un ferrugineux sale, n’at- teignaut pas les bords antérieur et postérieur, et interrompue au milieu par une ligne blanchâtre. Quant aux segments abdominaux. chaque arceau dorsal, dit la des- cription que je contrôle, présente une série transversale de points cornés bruns, et sur les côtés, un petit prolongement charnu, subconique, terminé par une soie blanche. Ce dernier caractère est exact, mais les points cornés bruns sont des aspérités qui ne forment série que sur la déclivité des seg- ments et qui, à droite et à gauche de la ligne médiane, sont groupés presque en cercle. Ces aspérités, qui existent aussi sur le mésothorax et le métathorax, et qu'on voit d’autant plus saillantes qu’on s'approche plus de l'extrémité postérieure du corps, sont toutes surmontées d’une très-courte soie épaisse et spatulée, bien visible au microscope. Le dernier segment porte quatre cornes, deux à l'extrémité, assez longues, ayant quatre ou cinq pelits tubercules piligères, et deux un peu plus courtes en avant sur le disque. La figure de M. Westwood les représente assez exactement. Tout le corps est couvert de cils spinuliformes extrèmements courts et serrés, mais bien visibles au microscope. En ce qui concerne les stigmales, Erichson se borne à dire qu’ils sont 28 LARVES DE COLÉOPTEÈRES au nombre de neuf paires, la première située inférieurement dans le pli qui sépare le prothorax du mésothorax, les autres placées sur les huit premiers segments abdominaux, un peu en avant des prolongements laté- raux. Cela est exact, mais comme je le soupconnais en tenant compte du milieu dans lequel vit la larve, ces stigmates ne sont pas sessiles, ils sont tubuleux et saillants comme dans les larves d'Epuræa. Voilà donc réglés, je crois, les caractères de cette intéressante et curieuse larve qui mériterait d’exercer le talent d'un habile iconographe. Rhizophagus (Iyctus) nitiduinus F. Fig. 13-46. LARVE Long., 5 millim. Hexapode, blanche avec des bandes roussâtres peu sensibles, coriace, linéaire, sauf qu’elle est un peu atténuée vers les deux extrémités ; terminée par deux appendices cornés, trilobés. Tête transversale, s'élargissant en s’arrondissant d'avant en arrière, roussâtre, marquée de deux impressions arquées et pourvue de quelques poils roussâtres. Épistome soudé au front, labre à suture presque indistincte, semi- discoïdal, et ne paraissant pas cilié. Mandibules peu épaisses, testacées avec la partie antérieure ferrugi- neuse, acérées si on les examine en dessus, et échancrées au sommet si on les examine de face. Mächoires grandes, assez épaisses, descendant un peu au delà de la moitié de la tête, libres, leur lobe assez long, arqué en dedans et sur- monté de quelques petites soies extrêmement courtes. Palpes matillaires pouvant déborder la tête, de trois articles, dont le troisième un peu plus long que chacun des deux autres et terminé par de petits cils. Lèvre inférieure transversale, un peu prolongée au milieu en une lan- guette arrondie. Palpes labiaux très-courts, de deux articles. Antennes de quatre arücles, plus un article supplémentaire de moitié au moins plus court que le quatrième. Sur chaque joue deux points noirs représentant deux ocelles, un près de la base de l'antenne et un, beaucoup plus peut, obliquement un peu en arrière. NITIDULIDES. — PHIZOPRAGUS 29 Prothorax plus grand que chacun des autres segments, antérieurement pas beaucoup plus large que la tête, mais s’élargissant un peu d’avant en ar- rière, lavé de roussâtre avec la lisière postérieure blanche et trois ou quatre poils roussâtres de chaque côté; mésothorax et métathorax ayant deux ou trois poils de chaque côté et une bande d’un roussâtre pâle très-près du bord antérieur ; sur la ligne antérieure de cette bande règne une sorte de crête fine et peu saillante, et la ligne postérieure est occupée par un pli. Abdomen de neuf segments, les huit premiers ayant la bande d’un roussâtre pâle, la crête, le pli et les poils que l’on voit sur le métathorax. Dernier segment entièrement teint de roussâtre, muni sur le dos de deux tubercules cornés, en cône tronqué, et sur chaque bord latéral de deux tubercules dentiformes surmontés d'un poil; divisé postérieurement en deux lobes séparés par une échancrure profonde et arrondie, et chacun d’eux terminé par trois dents cornées, disposées en triangle, dont les deux supérieures sont échancrées et portent un poil assez long et l'inférieure est conique avec un poil beaucoup plus court. Mamelon anal placé au milieu de la face inférieure de ce segment, ré- tractile, mais susceptible de devenir très-saillant, un peu en cône tronqué. sa face inférieure montrant de petits mamelons au centre desquels est l'anus. Le corps, vu au microscope, est dépourvu de ces cils spinuliformes que j'ai signalés dans la larve précédente. Stigmates au nombre de neuf paires, la première très-près du bord antérieur du mésothorax, les autres vers le tiers antérieur des huit pre- miers segments abdominaux. Pattes de médiocre longueur. pouvant un peu déborder le corps, de cinq pièces, ongle compris, hérissées de quelques courtes soies. Dans mon Histoire des Insectes du Pin maritime, j'ai publié les méta- morphoses du Rhixophagus depressus, dont la larve vit sous l'écorce du pin avec celles des Blastophaqus piniperda et minor. Cette larve ressemble tellement à celle du R. nitidulus que je ne vois entre elles qu'une seule dif- férence. Dans cette dernière, les deux dents supérieures des lobes posté- rieurs sont échancrées, tandis qu'elles sont entières et coniques dans celles du R. depressus. J'ai trouvé au mois de mai la larve que je viens de décrire sous l'écorce d'un Châtaignier abattu depuis quatre ou cinq mois, en compagnie des larves du Dryocetes capronatus. Elle n’épargne pas celles qu'elle ren contre et elle vit aussi de leurs déjections. Comme sa congénère du Pin, elle s'enfonce dans la terre pour se transformer, 30 LARVES DE COLÉOPTÈRES NYMPHE Des soies blanches et bulbeuses à la base sur le front, sur le bord et sur le dos du prothorax et non du vertex, comme je l’ai dit par distrac- tion dans la description de la nymphe du R. depressus ; d’autres soies près du bord postérieur des segments abdominaux et deux sur chaque genou. Dernier segment divisé en deux lobes tronqués, dont chacun est terminé par une papille conique et deux longues soies. Les larves de Nitidulides (catal. de Marseul) déjà connues sont les sui- vantes : Brachypterus linariæ, Corxeuus, Ent. Zeit. dem Ent. Ver. zu Stelt. 1863. Carpophilus 6 pustulatus F., Perris, Soc. Ent. 1853, p. 593. Epuræa obsoleta F., Boucné, Naturg. p. 188, et Perris, Soc. Ent. 1862, p. 186. Soronia grisea L.. Curtis, Linn. trans. vol. 1, Wesrwoon, Introd. t. I, p. 141. — Aupoux et Bruzré, Hist. uat. des ins. t. V, p. 397, et ErICHSON, Naturg. der. ins. Deutsch. p. 163. Amphicrossus discolor Er., CanDèze, Hist. des métam. de quelques Coléop. exotiques, p. 13 (de Ceylan). Lordites glabricula Murray, Cannëze, loc. cit. p. 16 (de Ceylan). Meligethes æneus F., HeeGer, Sitzhber. Wien, Acad. Wiss. 1854. — M. Symphiti Heer, CorNeuius, loc. cit. Pocadius ferrugineus F.. Boucré, Naturg. p. 188, Wesrwoop, d'après Boucné, Introd. t. I. p. 142, et Lerzxer, Berlin. Ent. Zeiïtschr. 1859. Ips 4 pustulata, F., Frisce, Beschreib. von all. Ins. p. 165, et Heresr, Naturg. all. bek. ins. t. IV, p. 165, d'après Friscn. — I. ferruginea L., Pris, Soc. Ent. 1853, p. 596, et LeTzxer, Berlin, Ent. Zeit. 1859, p. 304 (1). Rhizophagus depressus KF., EricusoN, Naturg. der. ins, Deutsch. t. I, p. 227, et Perris, Soc. Ent. 1853, p. 599. En voici quelques autres. (1) Ce que j'ai appelé Zps ferruginea est l'espèce que M. Abeille de Perrin en a détachée sous le nom d’Z. lœævior. Le ferruginea paraît propre aux zones moins méridionales, et il est pro- bable que la larve publiée par M. Letzner appartient à ce dernier. NITIDULIDES. — PRIA 31 Pria (nitidula) dulcnamaræ. ILL. Fig. 17-22. LARVE ". Long., 2 1/2 millim. Hexapode, blanche, charnue, mais un peu ferme, presque glabre, légèrement elliptique, déprimée, avec le dos un peu con- vexe, subéchancrée postérieurement. Tète aplatie, subcornée, faiblement roussâtre, transversale, S'élargis- sant en s’arrondissant d'avant en arrière, transversalement fovéolée sur le front. Épistome soudé au front. ou à suture non apparente; labre petit, transversal, peu distinct de l’épistome. e Mandibules ferrugineuses avec la pointe plus foncée, arquées, acérées, simples, c’est-à-dire non dentées, se croisant au repos. Mächoires assez larges. mais peu épaisses et courtes, ne descendant pas même jusqu’à la moitié de la tête, leur lobe long, un peu arqué en dedans et paraissant, même au microscope, dépourvu de cils. Palpes maæillaires assez longs, débordant la tête, à peine arqués en de- dans, de trois articles dontles deux premiers égaux et le troisième un peu plus long, surmonté de très-petits cils. Lèvre inférieure cordiforme, enfermée dans l'espèce d’arceau que forme la convergence des lobes maxillaires, portant les (deux palpes labiaux de deux articles très-courts. Antennes assez longues, de quatre articles, le premier large et court, le second un peu plus long, le troisième visiblement plus allongé que le pré- cédent, un petit peu en massue, le quatrième un peu plus court que le troisième, grêle, terminé par un poil un peu long et deux ou trois très- courts, et accompagné d’un article supplémentaire encore plus grêle, presque aussi long et visible seulement quand on regarde la larve de profil, parce qu'il est inséré sur l'extrémité inférieure du troisième article. Sur chaque joue, près de la base de l'antenne, deux points noirs qui sont des ocelles ou qui les simulent. En y regardant très-attentivement on est plus que tenté de croire qu'il y en a un troisième un peu en arrière. Prothoraz lavé de roussâtre, beaucoup plus large que la tête, une fois et demie aussi long que chacun des deux autres segments thoraciques, un peu ridé longitudinalement sur son disque; mésothorax et métathorax égaux. un peu plus courts que les segments abdominaux. 32 LARVES DE COLÉOPTÈRES Abdomen de neuf segments dontles quatre ou cinq premiers sont égaux et les autres un peu plus longs, les huit premiers munis d'un bourrelet latéral et ayant en outre, ainsi que les deux derniers segments thoraciques, de chaque côté de la ligne médiane, une dépression un peu plissée, occupée au centre par une sorte d’aréole circulaire. Ces impressions sont les indices d’ampoules ambulatoires rétractiles et ordinairement affaissées, mais susceptibles de se dilater, de se tuméfier pour faciliter les mouve- ments de la larve. Dernier segment sensiblement plus étroit que le précé- dent, se rétrécissant beaucoup en s’arrondissant d’avant en arrière, lavé de roussâtre à l'extrémité qui est échancrée avec les angles de l’échan- crure en forme de petit tubercule dont la consistance est un peu subcornée. Dessous du corps lisse. Mamelon anal situé sous le dernier segment, gros, charnu, susceptible de déborder postérieurement, servant de pseudopode. Cette larve, presque glabre comme je l’ai dit plus haut, ne montre, vue perpendiculairement, que deux ou trois petits poils de chaque côté de la tête, deux sur le prothorax. autant sur chacun des autres segments, sauf le dernier qui en a plusieurs tout autour; mais si on l’observe en long, on voit qu’elle porte d’autres petits poils dressés tant en dessus qu'en dessous de chaque segmert ; ils m'ont paru disposés deux à deux de chaque côté de la ligne médiane, mais à une certaine distance d'elle. Si on la soumet au microscope, on constate l'existence de quelques autres poils raides, d'une petitesse et d’une finesse extrêmes, et l’on s'aperçoit en outre que le corps est couvert, du moins sur les bourrelets latéraux et sur la face ventrale, de petites aspérités ciliformes très-serrées, inclinées en arrière et à peine perceptbles. Stigmates sessiles au nombre de neuf paires, la première, un peu plus grande et à peine plus inférieure que les autres. très-près du bord anté- rieur du mésothorax, les autres vers le tiers antérieur des huit premiers segments abdominaux. Pattes assez courtes, débordant peu les côtés du thorax, de cinq pièces y compris un ongle roussâtre et subulé; hanche, cuisse et tibia munis de soies rares el très-courtes. A la base inférieure de l'ongle s'implante une sorte d'ampoule ou de pelotte membraneuse, lagéniforme. dépassant l'ongle de beaucoup et s'appuyant, quand la larve marche, sur le plan de position. Si on tourmente celle larve, elle se courbe en cercle, la tète appuyée contre l'anus. NITIDULIDES. — PRIA 33 La Pria dulcamaræ vit, comme l'on sait, sur le Solanum dulcamara, où elle est ici fort commune (1). La larve semblait donc devoir y vivre aussi, il ne s'agissait que de la trouver. Je l’ai cherchée assez longtemps sur les feuilles, dans les fruits, dans les tiges, dans les racines, et j'ai fini par où j'aurais pu commencer, par les fleurs. On sait que les étamines de la douce-amère ont des anthères très-déve- loppées, formant un faisceau jaune et conique au centre duquel se trouve le pisul. Ce faisceau se détache assez facilement et tout d'une pièce de la corolle, et c’est là, uniquement là, qu’il faut chercher la larve. Du reste, il est ordinairement assez facile de savoir s’il y en a une. Si, en effet, après avoir détaché le faisceau d’étamines, on examine sa base à la loupe, on y aperçoit, lorsqu'il recèle une larve, de petites granulations jaunâtres qui ne sont que des excréments de celle-ci, et qui manquent lorsque le faisceau n’est pas habité, à moins pourtant, ce qui est rare. que la larve ne soit tellement jeune qu’elle n'ait pu encore révéler ainsi sa présence. Lors donc qu'on voit ces granulations, on peut avec confiance disséquer le faisceau, et presque toujours on y trouvera une larve. Je dis presque toujours, car il peut se faire que la larve, devenue adulte, ait déjà quitté son berceau pour aller subir sa métamorphose. Dans tous les cas, on constatera qu’elle s'est nourrie du pistil et des parties internes des anthères, respectant scrupuleusement leur surface externe afin de ne pas trahir sa présence et de n’ouvrir à aucun ennemi l’accès de sa demeure. Ma découverte fut suivie d'une réflexion bien naturelle. Après l'épa- nouissement d'une fleur, les anthères ont une durée très-limitée, et il était difficile de croire que cette durée fût suffisante pour l’éclosion de l'œuf et le développement de la larve. Il était plus naturel de penser que l’œut était pondu, que la larve était née dans le bouton, et que, lors de l’an- thèse, celle-ci avait déjà pris un certain accroissement. Les recherches auxquelles je me livrai ne tardèrent pas à confirmer cette supposition, et je reconnus que, dansles boutons à divers degrés d'avancement, existaient des larves plus ou moins jeunes. C’est donc dans les boutons que la femelle pond ses œufs, que les larves naissent et prennent leurs premiers déve- loppements, de sorte qu'il leur reste peu à acquérir lorsque la fleur s’épa- nouissant, les étamines sont mises au jour et n’ont plus que peu de temps à vivre. Il est des larves, comme celles de quelques Anthonomus et de certains 1) Je l'ai trouvée aussi sur le Solanuwm nigrwm. PER. 34 LARVES DE COLÉOPTÈRES Apion, qui se développent et subissent leurs métamorphoses dans les bou- tons à fleur d'arbres ou arbrisseaux de la famille des Rosacées et d’ar- bustes de la famille des Cistinées ; mais ces boutons ne s'ouvrent jamais el ils servent ainsi de protection permanente à la larve ainsi qu'à la nymphe, qui, si la corolle s’ouvrait, ne seraient pas en sûreté et se maintiendraient même bien difficilement au milieu des étamines libres et étalées. Les choses ne se passent pas ainsi pour la larve de la Pria dulcamare ; le bouton à fleur qui la recèle s'ouvre comme les autres, la protection du calice et de la corolle lui fait défaut; mais heureusement les étamines, soudées en faisceau, forment un corps dans lequel elle peut se loger et où elle trouve un sûr abri. Cet abri n’est, il est vrai, que momentané. car les étamines ne sont pas de longue durée comme les boutons fermés où vivent les larves déjà citées; mais aussi ce n’est pas dans ce berceau éphé- mère, mis à découvert, qu’elle aura longtemps à vivre. Son développement est déjà bien avancé lorsque la fleur s’épanouit, et deux, trois, quatre Jours après, ce développement étant complet, elle perce sa fragile prison et se laisse tomber à terre. À chaque pas on rencontre les témoignages de la merveilleuse sollicitude. de l'infinie variété des ressources de la nature qui a donné aux animaux grands et petits, et à ces derniers surtout, l’in- telligence, les moyens, l’industrie, les habitudes les plus propres à la con- servation des espèces. Dans l’histoire des insectes ces sujets d’étonnement et d’admiration pullulent, on n’a que l'embarras du choix. Je viens de dire que la larve de la Pria quitte la fleur pour subir ses métamorphoses dans la terre; elle s’y enfonce, en effet, le plus tôt possible après qu’elle est devenue libre, et en s’aidant de la tête comme d’une bêche, de ses pieds comme de pioches et de rateaux, des poils, des spi- nules, des ampoules dont elle est pourvue, elle pénètre à une profondeur plus où moins grande, se façonne, par les mouvements de son corps, une cellule, et après être restée trois ou quatre jours immobile et courbée en arc, elle se transforme en nymphe. NYMPHE Nue, blanche d’abord et bientôt après les yeux noirs. Quatre soies sur le front, deux de chaque côté. Prothorax bordé de huit soies blanches assez longues, portées sur de petits tubereules coniques ; des soies sem- blables le long des côtés de l'abdomen, lequel est terminé par deux papilles longues et efilées ; de tout petits poils aux genoux, NITIDULIDES, — BRACHYPTERUS 35 Braehypterus vestitus, KIEsW. — B. eincreus, Herr. et B. linariæ, CORNELIUS. Fig. 23-%. LARVES Je réunis ces trois larves en un même article parce qu'elles appartiennent au même genre et qu’il m'a été impossible de trouver entre elles aucune différence, car je ne tiens pas compte de celle de la taille qui est de 5 millim. pour la première et de 4 millim. pour les deux autres. Forme de la larve de la Pria dulcamaræ, mais moins déprimée. Tête d’un testacé pâle, subcornée, transversale, s’élargissant un peu, en s’arrondissant, d'avant en arrière; front obsolètement marqué de trois fossettes disposées en triangle; épistome soudé, labre très-petit, incliné, paraissant glabre. Mandibules, mâchoires et leur lobe. lèvre inférieure et palpes comme dans la larve de Pria. Antennes plus courtes, de quatre articles, le second et le troisième égaux en longueur, le quatrième beaucoup plus court, surmonté d'un petit poil et accompagné d’un article aussi long et presque aussi épais que lui, mais dépourvu de poil. Sur chaque joue quatre ocelles ou pseudo-ocelles noirs, deux elliptiques et contigus près de la base de l'antenne et deux un peu en arrière, très- écartés, beaucoup plus petits, ponctiformes. Prothoraz marqué sur ses deux tiers antérieurs d’une bande rousse à bord postérieur sinueux et interrompue au milieu par une ligne longitudi- nale blanchâtre ; les deux autres segments thoraciques et les huit premiers segments abdominaux égaux, ces derniers munis d'un bourrelet latéral et au-dessus de ce bourrelet, sur chaque déclivité dorsale, de deux fossettes obsolètes, l'interne plus grande, indiquant des points où s’accomplissent des dilatations propres à favoriser les mouvements de progression. Dernier segment sensiblement plus étroit que le précédent, se rétrécis- sant un peu sinueusement d’avant en arrière, tronqué postérieurement, parfaitement lisse, c’est-à-dire dépourvu de tout crochet, pointe ou tuber- cule quelconque, ayant seulement six poils fins et roussätres, écartés, rangés en ligne transversale. Mamelon anal situé non sous le dernier segment, mais à la suite, comme 36 LARVES DE COLÉOPTÈRES s’il constituait un treizième segment, se rétrécissant d'avant en arrière, incliné vers le plan de position et terminé par trois lobes papilliformes. Corps susceptible de se courber en arc, parsemé de petits poils symétri- quement disposés comme dans la larve de Pria et couvert de cils spinu- liformes très-petits et très-serrés, inclinés en arrière, visibles seulement au microscope; ceux du dos plus apparents. À une forte loupe la surface du corps a l’air d'être imperceptiblement chagrinée. Stigmates comme dans la larve de Pria. Pattes de même, avec cette différence que la pelotte ou ventouse est plus courte et que le tibia est glabre sauf quelques soies très-courtes et très-fines à l'extrémité, et dessous, en arrière de la ventouse, une soie spatulée assez épaisse. La larve du B. vestitus vit ici dans les fleurs de l’Antirrhinum majus, celle du B. cinereus dans les fleurs des Linaria striata, spartea, vulgaris, supina. Pyrenaica, et celle du B. linariæ dans les fleurs de la Linaria striata. M. Cornelius, qui a décrit cette espèce (l’Abeille, 1867, p. 133), a observé sa larve dans les corolles de la Linaria vulgaris où elle se nourrit du pollen de la fleur. C’est en effet des organes floraux que yivent ces larves inféodées à deux genres de la famille des Scrophulariacées. On les trouve dès le mois de juin sur les espèces les plus précoces et jusqu’au mois d'août sur celles qui sont plus tardives. Leur croissance est assez rapide, et lorsque le moment de la métamorphose est venu elles percent la corolle ou se glissent entre ses deux lèvres etse laissent tomber à terre pour s'y enfoncer. Là, dans une loge dépourvue de tout apprêt, elles se transforment en nymphe au bout de cinq ou six jours. NYMPHES Des poils blanchâtres et mous assez nombreux sur le front et le vertex, d’autres près du bord antérieur et sur les déclivités latérales du prothorax, sur les genoux. sur les faces dorsale et ventrale et à l’extrémité de l'ab- domen. Deux soies longues, spiniformes et roussâtres au tiers antérieur du prothorax et deux près du bord postérieur; les premières verticales, les secondes un peu arquées en avant; deux sur le mésothorax et deux sur le métathorax, arquées de même; deux sur chacun des sept premiers segments de l'abdomen, plus petites et très-inclinées en arrière, mais gran- dissant progressivement ; enfin deux à l'extrémité du dernier segment, droites, mais un peu relevées. NITIDULIDES. — CERCUS 27 Brachypterus (Dermestes) urticæ F. LARVE Long. ? 12 millim. Cette larve reproduit les caractères des trois larves précédentes; elle se distingue comme elles de la larve de Pria par le qua- trième article des antennes sensiblement plus court et par les quatre ocelles noirs, dont deux antérieurs contigus et deux postérieurs écartés et bien plus petits. Comme elles aussi, elle a le mamelon anal saillant en arrière et sur le prothorax une large bande transversale d’un brun roussätre et interrompue au milieu par une ligne blanchâtre. mais cette bande est peu apparente. Elle présente cependant, relativement à ses congénères, les différences suivantes : le dernier segment est arrondi postérieurement plutôt que tronqué ; le mamelon anal est pourvu postérieurement et à son bord inférieur de deux petites papilles rétractiles ; le corps qui, à la loupe. parait pointillé et comme chagriné, est, vu au microscope, couvert non de cils, mais de très-petites granulations bien moins serrées que les cils spinuliformes qui revètent les larves des Brachypterus déjà cités ; ces gra- nulations sont bien plus pettes et moins denses sur la face pectorale et ventrale ; les pattes, au lieu d’être terminées par une ampoule plus courte que l’ongle et précédée d’une soie spatulée, sont conformées comme celles de la Pria, c'est-à-dire avec une ampoule grande, débordant l'ongle, sans soie spatule. Enfin, l'antépénultième segment porte sur le dos deux très- petits points brunâtres, écartés, un de chaque côté de la ligne médiane ; le pénultième a aussi deux points brunâtres beaucoup plus grands, et le der- nier une bande transversale de même couleur. Cette larve, susceptible de se courber en arc comme ses congénères, vit en juillet dans les fleurs des Urtica urens et dioica qui fournissent abon- damment l'insecte parfait. Elles s’y développent assez rapidement, et à la fin du dit mois ou au commencement d'août, elles se Jaissent tomber à terre pour s'y enfoncer et y subir en peu de jours leurs métamorphoses. NYMPHE Elle ressemble à celle des autres Brachypterus. 3 LARYES DE COLÉOPTÈRES (] Cerceus rufilabris., LATRr. Fig. 27. LARVE Long., près de 3 millim. Hexapode, jaunâtre, avec deux séries de traits noirs sur le dos, charnue mais un peu ferme, presque glabre, légèrement elliptique, déprimée, avec le dos un peu convexe, arrondie où à peine subéchancrée postérieurement. La tête, pour la forme, la consistance et la couleur, ressemble entière- ment à celle de la larve de Pria. Tous les organes céphaliques sont éga- lement comme chez cette dernière, avec cette seule différence qu'au lieu de deux ocelles de chaque côté, je n’ai pu en voir qu'un seul assez gros et noir. Prothorax beaucoup plus large que la tête, très-arrondi sur les côtés, près de deux fois aussi long que chacun des deux autres segments tho- raciques, marqué d’une bande transversale brune qui n’atteint aucun des bords et qui est interrompue au milieu. Mésothorax et métathorax égaux entre eux. Premier segment de l'abdomen un peu plus long, les suivants s'allon- geant progressivement jusqu'au sixième; septième et huitième égaux au précédent ; tous ces segments ornés de deux taches noires ou brunes en parallélogramme transversal, n’atteignant pas les côtés et sépa- rées par un intervalle presque égal à leur largeur. L’aire de ces taches est marquée de très-faibles dépressions ou plis indiquant qu'il se produit là des dilatations destinées à faciliter les mouvements de progression. Dernier segment un peu plus large que long, presque plan en dessus, avec deux fossettes longitudinales écartées ; brun avec la base jaunâtre, arrondi laté- ralement, très-légèrement échancré au bord postérieur ; muni en dessous d’un mamelon ambulatoire rétractile, très-faiblement bilobé. Poils comme dans la larve de Pria; ceux de la tête et du dernier seg- ment, qui en a six, sont subulés, les autres sont obtus au bout, et quel- ques-uns même un petit peu renflés. La région ventrale présente, comme le dos, des plis ambulatoires, et tout le corps est couvert d'aspérités cili- formes très-petites, très-serrées, inclinées en arrière et visibles seulement au microscope. À une forte loupe elles font paraître le corps comme très- finement chagriné. NITIDULIDES. — MELIGETHFS 39 Stigmates comme dans la larve de Pria. Pattes de mème avec ces seules différences qu’elles débordent davantage le corps et que ampoule où pelotte membraneuse est double ou très-pro- fondément bilobée et qu'elle n’atteint pas la longueur de l’ongle. Cette larve qui, comme celle de Pria et les suivantes, est peu agile et se courbe en arc lorsqu'on l'inquiète, vit dans les fleurs du Juncus obtusi- florus Ehrh.. articulatus D. C. La ponte a lieu au mois de juin, la larve naissante s'introduit sous l'enveloppe florale et se nourrit des organes qu'elle recouvre. Son développement complet paraît n’exiger que quelques jours, et lorsqu'elle veut se transformer en nymphe, elle se laisse tomber à terre où elle s’enfonce. Meligethes (nitidula) viridescens, F4. Fig. 28. LARVE Long., 3 millim. Elle ressemble tellement à celle de la Pria dulcamareæ, qu'après la description détaillée que j'ai donnée de celle-ci je ne pourrais que me répéter sur presque tous les points. Forme générale, épistome et labre soudés, mandibules, mâchoires et leur lobe, lèvre inférieure, palpes, antennes, tout est la même chose. Les bcelles m'ont paru plus clairement au nombre de trois, sous forme de trois petits tubercules disposés en triangle. les deux antérieurs noirs ou pupillés de noir, ce qui me porte de plus en plus à croire qu’il y en a trois dans celle de la Pria. Les pattes sont conformées comme dans cette dernière, c’est-à-dire avec la pelotte lagéniforme insérée sous la base de l’ongle. Les caractères différentiels sont seulement les suivants : Tête plus foncée, prothorax marqué sur plus de sa moitié antérieure d'une tache transversale rousse, n’atteignant pas les côtés, et interrompue au milieu par une ligne blanchâtre ; fossettes ambulatoires des deux der- niers segments thoraciques et des huit premiers segments abdominaux ayant l’aréole centrale rousse ; une autre petite tache rousse moins appa- rente, surtout antérieurement, sur le milieu dorsal des dix segments pré- cités ; dernier segment ayant trois taches de cette couleur, de sorte que le dessus du corps, à partir du mésothorax inclusivement, est orné de trois séries longitudinales de taches rousses, les médianes plus petites ; dernier 40 LARVES DE COLÉOPTÈRES segment non échancré, arrondi au contraire, mais ayant à la naissance de la déclivité postérieure deux très-petits mamelons ou tubercules rappro- chés et calleux ; poils comme dans la larve de Pria, mais aspérités cili- formes plus apparentes au microscope. J'ai trouvé cette larve dans les boutons à fleur et dans les fleurs ouvertes du navet et du radis. Malgré l'épanouissement de la fleur, le calice en quelque sorte tubuleux et les onglets des pétales de ces Crucifères lui ser- vent d'abri et de protection jusqu’à son complet développement. Ce moment venu, elle se laisse tomber à terre et s’y enfonce pour se trans- former en nymphe. NYMPHE Absolument comme celle de la Pria dulcamare. Meligethes (nitidula) æneus, Fas. J'ai recu cette larve de Jacquelin Duval qui l'avait recueillie dans les fleurs du colza. Elle est, ainsi que la nymphe, à tel point l’image de celles du M. viridescens, que je ne puis en rien dire de particulier. Meligethes coracinus, STEPH. J'en dirai autant de cette larve que j'ai recueillie dans les fleurs de la moutarde, Sinapis nigra. au mois de juin, mais dont je n’ai pas observé la nymphe. Meligethes marrubii, Cu. Bris. Comparée aux précédentes, elle présente les caractères différentiels sui- vants : elle est sensiblement plus velue et ses poils sont plus longs; la bande transversale du prothorax et les trois séries de taches dorsales sont de couleur noire et par conséquent plus tranchées. La nymphe a sur la tête et sur le bord du prothorax des poils très- courts et excessivement fins, et je n’en aperçois pas sur les côtés de l’ab- domen ; les papilles terminales sont très-courtes. NITIDULIDES. — MELIGETHES 41 Cette larve vit dans les fleurs du Marrubium vulgare, confondue avec celle du M. villosus. Le calice tubuleux de cette labiée la protége très- efficacement, et comme ce calice est persistant et qu'après la chute de la fleur les poils raides et convergents qui le ferment peuvent défendre l'accès de sa demeure et lui servir de rempart, elle y reste assez souvent pour subir toutes ses métamorphoses. Ne dirait-on pas qu’il y a dans ces petites bêtes la notion, l'appréciation raisonnée des conditions dans les- quelles elles vivent, des chances qu’elles courent, de la nécessité ou de l'inutilité des précautions à prendre pour leur avenir ? Meligethes flavipes, STURM. — M. obseurus, ER. © ; palmatus. Er. ©. M, erythropus. GÿLL — M. egenus. ER.; mentlsæ, Bris. Je pourrais décrire aussi les larves de ces quatre espèces qui vivent dans les fleurs, la première de la Ballota fœtida, la seconde du Teucrium scorodonia, la troisième du Lotus corniculatus, la quatrième de la Mentha rotundifolia, mais il est sans utilité que je m'y arrête, parce qu'elles res- semblent entièrement à la précédente, sauf que les séries dorsales des points sont plus ou moins apparentes. Je me borne donc à les mentionner. Cet article était rédigé, lorsque j'ai eu connaissance, grâce à l’obligeance de M. E. Deyrolle, du mémoire publié par M. Eleanor Ormerod sur les mœurs des Meligethes, et inséré dans The Entom. month. Magaz., juillet 1874, p. 46. M. Ormerod a trouvé la larve du M. rufipes dans les fleurs de l’'aubépine, et celles des äf. æneus et viridescens, souvent plusieurs ensem- ble, dans les fleurs des turneps et des choux. Il en a vu aussi sur les sili- ques. Il a observé qu’elles mangent le pollen, mais qu'elles n’attaquent ni la surface des siliques, ni les filets des étamines, quoique, installées sur ces parties de la plante, elles paraissent faire agir leurs mandibules. Elles se laissent tomber à terre pour se transformer et, comme moi, il a remar- qué que c’est dans la nuit qu’elles quittent les fleurs, ce qui, du reste, est habituel aux larves ayant des mœurs analogues. La description de M. Ormerod est faite sur une larve extrèmement jeune; il ne mentionne ni l'article supplémentaire des antennes, ni les ocelles, ni les pelottes des pattes. 19 LARVES DE COLÉOPTÈRES > Nitidula 4 pustulata F, LARVE Long., 4-4 1/2 millim,. Cette larve ressemble assez à celle de la Pria dulcamaræ pour que je me borne à faire ressortir les différences, assez tranchées du reste, qui les séparent. Comme dans celles-ci l’épistome est soudé et la suture du labre est très-peu distincte ou nulle; les mâchoires et leur lobe, la lèvre inférieure, les palpes, les mandibules et les antennes sont conformés de même, mais l’article supplémentaire de celles=ci est bien plus court, les mâchoires semblent être encore plus plates et subcor- nées, les palpes maxillaires sont moins saillants, le dernier article des antennes n'a pas à l'extrémité un poil un peu long, mais des poils très- courts. La tête, dans son ensemble, a une forme un peu différente, elle est au moins aussi longue que large et à peu près triangulaire : les ocelles sont noirs, visibles en dessus et au nombre de deux, un antérieur trans- versal qui semble parfois double et un plus en arrière, très-petit, ponc- tiforme. Le corps, qui se courbe en arc et presque en cercle lorsque la larve est inquiétée, est moins elliptique, presque linéaire, entièrement d’un blanc un peu jaunâtre, avec deux taches roussâtres sur le devant du prothorax. Les dépressions dilatables, si prononcées sur le dos des larves précé- dentes, sont ici à peine sensibles; mais le bourrelet latéral existe. Le dernier segment est terminé non par deux tubercules à peine calleux, mais par deux épines relevées, coniques, cornées et testacées, précédées de deux aspérilés de même consistance et de même couleur, situées sur le milieu du segment et portant un petit poil. Le mamelon anal est moins saillant. La villosité, presque nulle, est comme dans la larve de la Pria, mais, au microscope même, le corps parait lisse et on n’y voit pas ces aspérités ciliformes que présentent les larves précédentes. Enfin, les pattes sont privées de cette pelotte ou ventouse dont ces mêmes larves sont pour- vues. On voit que, malgré un air de famille très-évident, la larve de la Niti- dula 4 pustulata offre des caractères différentiels bien tranchés ; mais aussi son genre de vie est bien différent, car, au lieu de se nourrir de fleurs, elle vit de charognes. Je l'ai trouvée abondamment, au mois d'avril, dans NITIDULIDES, — IPS 43 le cadavre à moitié desséché d’un hérisson. Ayant placé celui-ci dans une caisse avec de la terre, je vis les larves l'abandonner successivement pour s’enfoncer dans la terre. Au commencement de juillet, après une absence, je trouvai les Nitidula écloses, mais j'avais perdu l’occasion d'observer la nymphe. Ips quadripumetata, OLiv. Fig. 29-39, LARVE Long., 8-9 millim. Hexapode, presque linéaire, un peu atténuée aux deux extrémités, déprimée, d'un blanc jaunâtre, assez coriace, presque glabre, terminée par deux crochets cornés. Téte 1rès-transversale, s’élargissant beaucoup d'avant en arrière en s'arrondissant, déprimée, ferrugineuse, cornée, lisse, luisante, marquée sur le front de deux sillons arqués réunis postérieurement par un sillon transversal, ayant de chaque côté trois poils fins et courts. Épistome grand, soudé au front, ou à suture imperceptible, profondé- ment fovéolé au milieu ; labre twansversal à suture presque nulle, très-peu arrondi ou même un tout petit peu échancré antérieurement, bordé de cils dorés touflus, mais extrêmement courts. Mandibules d'un noir ferrugineux, erochues, acérées à l'extrémité. Dessous de la tête lisse, luisant, ferrugineux, corné. Mâchoires et menton de même consistance et de même couleur, soudés mais séparés par des sutures et distincts aussi par leur convexité propre ; tout le système enfermé dans un espace presque circulaire limité par des sillons assez profonds et laissant libre une grande partie latérale de la tête. Lobes maxillaires courts, arrondis, bordés d’une frange très-touffue de poils très-fins, courts et dorés ; palpes maxillaires assez courts, un peu saillants, de trois articles égaux, le dernier surmonté de très-peits cils. Lèvre inférieure petite et cordiforme, palpes labiaux très-courts et de deux articles, le tout enfermé dans l'arceau constitué par les deux lobes maxillaires. Antennes de quatre articles, le premier court, épais et rétractile, les deux suivants sensiblement plus longs et égaux en longueur, le quatrième aussi long, mais trois fois plus grèle que le précédent, terminé par un poil un peu long et quelques-uns très-courts, et accompagné d’un article 41 LARVES DE COLÉOPTÈRES supplémentaire de plus de moitié plus court, inséré à l'extrémité infé- rieure du troisième article, et visible seulement quand on regarde la larve de profil. Ocelles complétement nuls. Prothorax un peu plus large que la tête, transversal, une fois et demie au moins aussi long que chacun des deux autres segments thoraciques, d’un testacé ferrugineux, avec les lisières antérieure et postérieure et la ligne médiane d’un blanc jaunâtre, marqué sur la bande ferrugineuse de deux dépressions obsolètes et muni latéralement de deux ou trois poils fins etcourts. Mésothorazx et métathorax égaux entre eux, d’un blanc jau- nâtre avec un petit poil de chaque côté. - Abdomen de neuf segments dont les huit premiers sont d’un blane jau- nâtre, le premier un peu plus grand que le métathorax et plus court que chacun des sept suivants, tous munis de chaque côté de deux poils très- fins et courts et en outre d’un bourrelet, sur le dos de huit poils et sur la face ventrale de quatre ou de six, ces divers poils formant un verticille. Neuvième segment sensiblement plus étroit que les précédents, arrondi postérieurement, convexe, testacé ferrugineux et subcorné en dessus, terminé par deux crochets plus foncés, assez robustes, cornés. relevés. arqués en haut, munis au bord interne et un peu en dessous d’une petite dent cornée et noire portant un poil. En avant des crochets deux tuber- cules cornés. ferrugineux, à la base desquels on voit deux ou trois petits poils. D'autres poils rares, très-fins et courts s’observent autour de ce segment. Dessous du corps uniformément d'un blanc jaunâtre. Mamelon anal situé au centre du dernier segment, se montrant, quand il est contracté, sous la forme d’an anneau enfermant quatre petits ma- melons. Tout le corps, vu à une forte loupe, paraît couvert d’une pruimosité dorée ; avec un grossissement plus fort on constate que cette pruinosité est un duvet tomenteux très-fin et couché en arrière, et en effet, au micros- cope, on voit tout le corps revêtu de poils très-serrés, très-fins et très- courts. Stigmates au nombre de neuf paires, roussâtres, comme subcornés et saillants. La première paire, un peu plus grande et à peine plus inférieure que les autres, située aussi près que possible du bord antérieur du méso- thorax, les suivantes sur les huit premiers segments abdominaux, mais pas à la même distance du bord antérieur. La première est vers le tiers, la seconde vers les deux cinquièmes, les quatre suivantes vers la moitié, NUTIDULIDES. — CARPOPHILUS 45 l'avant-dernière paire vers les deux liers et la dernière près de l'extrémité. Ces stigmates ont la forme de tubercules luisants, d'autant plus saillants qu'on va plus en arrière ; la dernière paire est même visiblement mais brièvement tubuleuse. Pattes de médiocre longueur, susceptibles de déborder un peu le corps, de cinq pièces, ongle compris, munies de quelques petits poils, sans pelotte ou ventouse. Quoique, dans l'Histoire des Insectes du Pin maritime, j'ai fait connaître la larve de l’Ips ferruginea, j'ai cru devoir donner une description détaillée de celle de l'I. 4 punctata. parce que j'ai des rectifications et des additions à faire à la précédente. En donnant aux mâchoires l’épithète de longues je me suis trompé, car elles sont courtes et la figure que j'en ai donnée est un peu fautive. Il faut pour ces organes, ainsi que pour la lèvre inférieure, se reporter à ce que j'ai dit et figuré relativement à l'espèce comprise dans ce travail, car sous ce rapport comme pour l’épistome, le labre et presque tout le reste, il n'y a pas &@e différence entre elles. En parlant des antennes, je n'ai rien dit de l’article supplémentaire, or, il existe dans la larve de l'I. ferruginea comme dans celle de l'I. 4 punctata. Les stigmates sont également sub- cornés, tuberculiformes. saillants, mais peut-être un peu moins, et dis- posés de la même manière. Enfin le’ corps est couvert du même duvet doré et couché. J'ai trouvé la larve de l'I. 4 punctata, avec l'insecte parfait, au mois de juin 1854, dans les montagnes de Guadarrama en Espagne, sous l'écorce d'une souche de Pin sylvestre assez récemment abattu, el où vivaient aussi les larves du Hylurgus ligniperda dont elle est peut-être l’ennemie. Je ne connais pas la nymphe. Carpophilus (Dermestes) hernipterus L. Fig. 33-31. LARVE Long., 4-5 millim. Elle est plus petite que celle de PL. 4 punctata, mais elle lui ressemble assez pour que je m'abstienne de la décrire et que je me borne à signaler ce qui l'en distingue. Sa physionomie générale est la même, la tête a la même consistance, la mème couleur, les mêmes fos- 40 LARVES DE COLEOPTÈRES -settes, l’'épistome est soudé, la suture du labre est peu apparente, les mächoires, la lèvre inférieure, les antennes ont la même forme, il en est de même des pattes. Elle diffère par les caractères suivants : Elle se courbe plus en are lorsqu'elle est inquiétée. Le lobe des mâchoires m'a paru glabre, et dans les palpes maxillaires le second article est un petit peu plus long que les autres ; sur chaque joue il existe quatre ocelles ou semblants d’ocelles représentés par quatre points noirs, deux près de la base de l'antenne. elliptiques, adossés et quelquefois tellement unis qu'ils semblent n’en faire qu'un, et deux autres un peu en arrière écartés, beaucoup plus petits, ponctiformes. Le dernier segment de l'abdomen, roussâtre en dessus. se rétrécit subsinueusement d’avant en arrière, el est terminé par deux pointes coniques, subcornées, non relevées, droites ou à peine arquées. À la base externe de chacune de ces pointes on voit une dent surmontée d’un poil, et sur la face dorsale surgissent deux tuber- cules coniques, bien saillants. dirigés en arrière. Les stigmates ne sont pas proéminents et leur position est plus normale; la première paire s'ouvre très-près du bord antérieur du mésothorax et les autres au tiers antérieur, ou à peu près, des huit premiers segments abdominaux. Les trois ou quatre paires postérieures sont un peu plus en arrière que les autres. Les poils sont aussi rares et aussi courts que dans la larve précé- dente, mais le corps paraît dépourvu de tout duvet ; toutefois, à une très- forte loupe, la surface dorsale et ventrale de chaque segment, sauf le dernier, semble très-finement alutacée, et au microscope cette surface est couverte de cils très-fins et très-serrés, inclinés en arrière. La larve du C. hemipterus a les plus grands rapports avec celle du C. sexpustulatus qui figure dans mon Histoire des insectes du Pin mari- time. Celle-ci n’en diffère que par une taille plus petite et par l'absence de la dent à la base externe des deux pointes terminales. Je l'ai trouvée abondamment, ainsi que la nympbhe et l'insecte parfait, au mois d’octobre, dans du marc de vendange, déposé en plein air et échauffé par la fermen- tation. De quoi s’y nourrit-elle ? Est-ce de la substance même du raisin, ou des mucédinées que la fermentation développe dans la masse, ou des larves de Drosophila cellaris et autres qui y vivent en quantités innombra- bles? C’est ce que je n'ai pu décider ; ce que je sais c’est que, grâce à l'abondance des matières alimentaires, à leurs propriétés nutritives et à la température, le développement est rapide. Quinze jours paraissent y suffire, et c’est dans la masse elle-même, dans une cavité quelconque, que s'opère la métamorphose en nymphe. NITIDULIDES. —— RHIZOPHAGUS 17 NYMPHE Elle est assez ferme et présente les particularités suivantes : six soies roussâtres. assez épaisses et spiniformes près du bord antérieur du pro- thorax, dont quatre plus longues ; quatre courtes près du bord postérieur ; une sur chaque genou; une de chaque côté des premiers segments de l'abdomen et deux de chaque côté des autres ; dernier segment terminé par deux soies droites, plus longues et plus épaisses que toutes les autres. A une forte loupe tout le corps semble très-finement chagriné; le micros- cope le montre couvert de cils très-fins, très-courts et très-serrés, et révèle en outre l'existence de quelques poils d'une finesse extrème. Rhizophagus (Lyctus) dispar, Payx. Fig. 35. LARVE Je me dispense d’en donner la description, parce que celle de la larve du R. nitidulus s'y rapporte dans tous ses détails, sauf un seul, Cette unique différence consiste en ce que les trois lobes dentiformes des pro- longements terminaux sont tous coniques et qu'aucun d'eux n’est échan- cré, ce qui la rapproche de la larve du R. depressus ; mais elle se distingue de celle-ci en ce que la dent supérieure externe est sensiblement plus longue que les autres. J'ai trouvé assez abondamment cette larve, au mois de septembre, dans les Pyrénées, sous l'écorce de souches de sapin habitées par les larves du Pissodes piceæ, et dont elle paraissait consommer les déjections. Je pré- sume que, comme ses congénères, elle s'enfonce dans la terre pour se transformer, mais je dois dire pourtant que j'ai trouvé une nymphe au milieu des détritus. Le fait n’est peut-être qu’accidentel. NYMPHE Elle ressemble entièrement à celles des autres Rhivophagus. . Les larves des Nitidulides n’ont pas toutes le même air de famille comme celles de plusieurs autres groupes, Les unes, telles que celles des Epuræa 48 LARVES DE COLÉOPTÈRES et des Soronia, appelées à vivre dans les matières purulentes qui décou- lent des plaies et des ulcères des arbres, sont hérissées de soies, de poin- tes, de tubercules et multidentées à l'extrémité, avec les stigmates pédon- culés ou tubuleux dont les dernières paires sont plus reculées qu'à l'ordinaire; leur corps est terne et plus ou moins souillé. D’autres, passant leur vie sous les écorces ou dans certaines substances fermentescibles, ont le corps assez déprimé, en apparence lisse et terminé par deux pointes ou crochets, caractère qui. joint à leur forme et à leur couleur, les rappro- che des Trogositides. D’autres, qui ont leur berceau dans les corolles des fleurs, sont dépourvues de pointes ou de crochets terminaux ou ont à leur place deux tout petits tubercules, mais elles ont sur le dos deux séries ordinairement bien marquées de fossettes dilatables et leurs pattes ont sous l’ongle une pelotte ou ventouse d’apparence vésiculaire qui manque à toutes les autres, mais qu'on retrouve dans les larves anthophages des Olibrus. Elles ont aussi, et ce caractère leur est commun ave les larves de la catégorie précédente, le corps couvert de petits cils pileux ou spinuli- formes, visibles seulement au microscope et extrèmementserrés. Certaines d'entre elles sont ornées de trois rangées de taches ou de points roux ou noirs, caractère qui. jusqu'ici, semble exclusivement propre aux larves de Meligethes, ou de deux rangées de taches transversales, comme on a pu le voir pour la larve du Cercus rufilabris. Il en est qui vivent dans les cada- vres, et celles-ci, s'il faut s’en rapporter à la larve de la Nitidula 4 pustu- lata, ressembleraient aux larves des fleurs, mais sans les pelottes des pattes et sans les cils spinuliformes. Enfin le nombre des ocelles varie de un à quatre de chaque côté et quelques-unes en sont complétement privées. Ces ocelles qu'il serait, je crois, impossible de voir s’ils n’étaient colorés en noir, ne sont peut-être que des vestiges d'organes de la vision, car or- dinairement ils ne sont pas saillants. Au milieu de ces différences qui sont loin de constituer des disparates comme on en rencontre quelquefois dans une même famille, on trouve des caractères importants qui établissent des affinités entre ces diverses larves et permettent de les considérer comme appartenant au même groupe. Ces caractères résident dans les organes de la tête On a pu voir, en effet, par les descriptions qui précèdent, que, dans toutes, l’épistome est soudé au front, que le labre est également presque soudé, que les mächoires sont courtes, avancées, et forment, avec la lèvre inférieure peu développée, un ensemble presque soudé aussi et occupant un espace plus circonscrit qu’à l'ordinaire ; les palpes maxillaires, quoique assez courts, débordent la tête, NITIDULIDES. — TROGOSITA 49 les palpes labiaux sont très-pelits etles antennes ont toujours sous le qua- trième article un article supplémentaire ordinairement presque aussi long que lui. Il est de plus à remarquer que ces larves sont presque glabres, que les quelques poils qu’elles portent sont généralement fins, courts et dis- posés symétriquement sur les divers segments du corps, et qu’elles ont la faculté de se courber en arc. Le genre de vie des larves des Nitidulides est assez varié et il nous reste encore beaucoup à apprendre sur leur compte. Les unes, celles de certai- nes Epuræa, des Soronia et probablement des Cryptarcha, vivent dans les écoulements sanieux des ulcères ou des plaies des arbres et elles ont en conséquence reçu, comme je l'ai dit, des stigmates tubuleux pouvant émer- ger de ces substances dont le corps est habituellement couvert. J'ai observé cependant des larves d’Epuræa sur des Mucédinées développées à la face interne d’écorces détachées d’un Peuplier abattu en séve et déposées sur le sol. D’autres, comme celles des 1ps, naissent sous l'écorce d'arbres récem- ment abattus et pleins de séve, soit pour se nourrir de cette substance, soit pour en vivre quelques jours et remplacer ensuite cette nourriture par des aliments plus substantiels, c’est-à-dire par d’autres larves ou par leurs déjections. Celles-ci également, exposées à être baignées par la séve, ont des stigmates tubuleux, mais sensiblement moins que ceux des précédentes. Quelques-ünes, celles de certaines Nitidula et Omosita, contribuent à la destruction des cadavres. Il en est qui, comme celle du Carpophilus hemipterus, se plaisent dans les substances en fer- mentation. Celle de l'Amphotis marginata vit probablement dans les fourmilières. Un grand nombre, plus recherchées dans leur alimentation, comme celles des Pria et des Meligethes, s'abreuvent du nectar des fleurs et sayourent leurs organes les plus délicats, et leurs pattes sont munies d’une pelotte ou ampoule vésiculeuse qui leur permet sans doute de se fixer plus solidement sur les corps si mobiles et sujets à tant de secousses où elles ont le vivre et le couvert. Certaines enfin, celles des Pocadius et des Cychramus et probablement celles des Cyllodes, sont fongivores. Remarquons la rapidité du développement des larves anthérophages, comparé à celui des larves subcorticales. Quelques jours leur suffisent pour arriver à l’état adulte, ce qui prouve que la substance pollinique dont elles s'alimentent est très-nutritive comme je l'ai fait observer ailleurs pour les larves d’Anthonomus et d’Apion qui vivent dans les boutons de diverses fleurs, et que la nature, conséquente avec elle-même, a tenu compte de la PER, 4 50 LARVES DE COLÉOPTÈRES fragilité et du peu de durée des organes qui servent de nourriture à ces diverses larves. Disons enfin, pour signaler un caractère non insignifiant que nous ne retrouvons guère dans les familles suivantes des Trogositides, des Co- lydides, des Cucujides et bien d’autres, que ces larves en général et peut- être toutes. s'enfoncent dans la terre pour se transformer. Si nous avons vu celle du Carpophilus hemipterus s'installer, au dernier moment, dans une des mille cavités que lui offrait le marc de raisin, cela tient probable- ment à Ce qu’elle trouvait là des conditions analogues à celles que la terre lui aurait offertés, et je suis disposé à penser que si elle avait été à portée de cette dernière, elle lui aurait donné la préférence. Je saisirai la pre- mière occasion pour le vérifier. Ærogosita (Tenebrio) Mauritanica L. J'ai trouvé plusieurs fois cette larve sous l'écorce ou dans la vermou- lure des Châtaigniers et des Chênes, mais je n’en donnerai pas la descrip- tion parce que plusieurs auteurs, l'abbé Rosier, dans son Cours d’agricul- ture, Dorthes, dans les Mém. de la Soc. d'Agricult. de Paris, 1787, Herbst, Latreille, Sturm, Hammerschmidt, Westwood et Erichson s’en sont occupés. La description détaillée de ce dernier savant se trouve repro- duite dans le Catalogue de MM. Chapuis et Candèze, p. 76, et elle sera bien suffisante lorsqu'elle aura subi les rectifications ci-après : Les antennes, qu'Erichson a observées sans doute sur une larve morte, et qu'il dit composées de deux articles, en ont réellement quatre, dont les deux basilaires plus pâles et rétractiles. Il existe aussi un article supplé- mentaire très-grêle et rétractile, placé au-dessous du quatrième et visible seulement quand on observe la larve de profil. Les palpes maxillaires sont de trois articles et non de quatre. Cette larve ressemble beaucoup, à part la taille, à celle du Temnochila cærulea que j'ai décrite, Soc. ent., 1853, p. 604; mais elle est dépourvue d’ocelles, tandis que celle-ci en a deux très-petits de chaque côté. Quant à la nymphe, dont je ne sais si quelqu'un a déjà parlé, elle re- produit, dans les moindres détails, celle du Temnochila, dont j'ai donné la description dans les Ann. de la Soc. ent., 1862, p. 189. J'ai déjà exprimé (loc. cit, p. 608) mon opinion sur le genre de vie de COLYDIIDES. — ENDOPHLOEUS 5t la larve du Trogosita que beaucoup de personnes considèrent comme très- nuisible au blé, dans lequel on ne la trouve selon moi que parce qu’elle y est attirée par les chenilles de teigne ou d’alucite, ou les larves de Sito- philus, de sorte qu’au lieu d'être nuisible elle serait utile, et qu'elle aurait le droit de réclamer contre l'injustice de sa dénomination générique. Sous les écorces elle fait la chasse aux larves lignivores, ou se nourrit de leurs déjections et de leurs dépouilles. Les larves connues des Trogositides de M. de Marseul, autres que celles du Trogosita et du Temnochila, sont les suivantes : Nemosoma elongatum L., Wesrwoon, Introd. t. I, p. 146, Erichson. Nalurg. der insect. Deutschl. 1845, et Cnapuis et Cannëzr, Catal. des larves, p. 74. Peltis grossa L., Ent. zeit. zu Stettin, 1859, pl. III. Figures de la larve et de la nymphe, sans description. Thymalus limbatus F.. Cuapuis et CANDÈZE, loc. cit. p. 77. ” La forme de ces deux dernières larves me semblerait bien justifier une famille spéciale sous le nom de Peltides. COLYDIIDES Endophlœus (Eledona) spinosulus, LATR. Fig. 30-40. LARVE Long., 9 millim. Hexapode, d'un blanc un peu jaunâtre, légèrement coriace, linéaire, presque plane en dessous, peu convexe en dessus ; dernier segment marqué de points symétriques et terminé par deux cro- chets. Tête libre, déprimée, subcornée et roussätre, marquée en dessus de deux sillons formant une ellipse et vers le milieu de chacun de ces sillons d’un point enfoncé ; deux fossettes un peu transversales près du bord antérieur qui est striolé en travers ainsi que l’épistome. Celui-ci soudé 52 LARVES DE COLÉOPTÈRES 2 avec le front, ou du moins à suture indistincte; labre semi-elliptique et longuement cilié. Mandibules ferrugineuses avec l'extrémité noire et bifide. Alächoires peu inclinées, non coudées, assez courtes, ne descendant que jusqu'aux deux tiers de la tête, leur lobe dépassant un peu le pre- mier article des palpes maxillaires, frangé au sommet de soies assez longues. Palpes mazillaires légèrement arqués en dedans et de trois articles, le second muni en dehors d’un petit poil. Lèvre inférieure aussi longue que large, se rétrécissant un peu d’avant en arrière, prolongée en une petite languette et portant les deux palpes labiaux de deux articles. Antennes subconiques, de quatre articles, le second un peu plus court que le premier et le troisième qui sont égaux en longueur, le quatrième presque aussi long que le précédent, grèle, surmonté d'un long poil et de deux ou trois très-courts, et accompagné d’un article supplémentaire de moitié moins long que lui, inséré à l'extrémité inférieure du troisième arücle et visible seulement lorsqu'on regarde la larve de profil. Sur chaque joue, près de la base de l'antenne, cinq ocelles noirs très- petits en deux séries transversales, l’antérieure de trois également espa- cés, l’autre de deux, placés vis à vis les deux plus inférieurs de la série précédente. Prothorax une fois et demie aussi long que chacun des deux autres segments thoraciques et que le premier segment abdominal, sensiblement déprimé et s’élargissant en s'arrondissant d’avant en arrière. Abdomen de neuf segments dont les huit premiers, de plus en plus longs, sont pourvus d'un léger bourrelet latéral et munis, ainsi que le métathorax, sur le dos et,-sauf ce dernier, sur la face ventrale, de deux ampoules dilatables peu prononcées, mais pourtant bien apparentes. Neu- vième ou dernier segment roussâtre en dessus, se rétrécissant d'avant en arrière, profondément échancré postérieurement, terminé par deux cro- chets recourbés en haut et dont la moitié apicale est cornée et ferrugi- neuse; orné sur le dos de quatorze petites taches ou points de couleur marron et disposés symétriquement de la manière suivante : six en série arquée assez près du bord antérieur, les deux extérieurs plus petits que les quatre intermédiaires, deux un peu en arrière, ordinairement les plus petits de tous, quatre un peu en arrière de ceux-ci, en série légèrement arquée et enfin deux près du bord postérieur, Au fond de l'échancrure se COLYDIIDES, — ENDOPHLOEUS 59 trouve une cavité très-apparente, arrondie, en forme de cloaque, ana- logue à celle que présentent les larves d’Aulonium. Mamelon anal situé au centre de la face inférieure du dernier segment, plissé et pourvu de deux petits lobes ou mamelons rétractiles qui servent de pseudopodes. Stigmates au nombre de neuf paires, la première, un peu plus grande et à peine plus inférieure que les autres, très-près du bord antérieur du mésothorax, les suivantes au tiers antérieur des huit premiers segments abdominaux. , Pattes peu robustes, de médiocre longueur, à peine susceptibles de déborder le corps, de cinq pièces, ongle compris ; quelques fines soies sur la hanche, deux ou trois sous le trochanter, autant sous la cuisse, une sur le dos du tibia, une très-courte à la base inférieure de l’ongle. Le corps de cette larve est presque glabre ; on voit deux ou trois poils fins et à peine roussâtres de chaque côté de la tête, trois de chaque côté du prothorax et deux sur la face dorsale, deux ou trois de chaque côté des dix segments suivants et deux aussi sur le dos, plusieurs enfin d'inégale longueur autour du dernier segment ; mais en dessous les poils sont un peu plus nombreux et plus entremêlés que sur le dos de poils beaucoup plus courts et raides qui, de concert avec les pattes, les bourrelets et les ampoules ambulatoires, doivent aider à la progression. J'ai trouvé plusieurs fois la larve de l'Endophlœus, et de loin en loin, dans l’arrière-saison, avec linsecte parfait, sous l’écorce de vieux chênes morts; elle vit des déjections laissées par les larves, principalement de Longicornes, qui se sont nourries de ces écorces. Je ne lai pas rencontrée en compagnie de ces larves lignivores et consommant, comme d’autres, leurs déjections encore fraiches, et jusqu’à présent je suis porté à croire que la ponte de l’Endophlœus n'a lieu qu'au printemps de la seconde année des larves des Longicornes. Je ne connais pas la nymphe, mais comme la larve adulte ne se ren- contre guère que vers le milieu de l'été, je dois penser que la métamor- phose s'opère à la fin de cette saison. Ce qui me porte à le croire, et ce qui justifie aussi mon opinion sur l'époque de la ponte, c'est que les insectes parfaits hivernent dans les mousses et les lichens des arbres et principalement sous les écorces où il m'est arrivé d'en trouver des groupes de trente, quarante et même plus, serrés les uns contre les autres et dans une immobilité absolue. On les prendrait d'abord pour des détritus du bois dont ils ont la couleur, puis pour des cadavres, car on a beau les 54 LARVES DE COLÉOPTÈRES exciter, c’est à peine si, dans le nombre, on en remarque quelqu'un qui donne signe de vie. Colobicus emarginatus LATR. Fig. H-42. LARVE Long., environ 7 millim. Cette larve ressemble tellement à celle de l'Endophlœus qu'il faut y regarder de très-près pour l'en distinguer. Forme générale, consistance, couleur, soudure du front et de l’épistome, mandibules, mâchoires et palpes, antennes, ampoules ambulatoires, échancrure, crochets et cloaque du dernier segment. mamelon anal, poils, pattes, stigmates, tout est de même. Une observation attentive permet cependant de constater que l'article supplémentaire des antennes est sen- siblement plus court et que les ocelles, aussi au nombre de cinq, sont dis- posés de telle sorte que les deux du second rang, au lieu de se trouver vis à vis les deux inférieurs du premier rang, alternent avec eux. Mais ce qui permet de distinguer tout de suite, la loupe à l'œil, cette larve de celle de l’Endophlœus, ce sont les caractères que présentent les deux der- niers segments. Nous avons vu que, dans cette dernière larve, l’avant- dernier segment ressemble aux précédents et que le dernier est marqué de petites taches rousses, ponctiformes, disposées symétriquement. Dans la larve du Colobicus le pénultième segment et la base du dernier sont ornés de taches rousses, longitudinalement elliptiques, limitées par des traits blanchâtres qui dessinent une réticulation élégante. Le dessin que j'en donne est exact, mais il faut se figurer que les traits noirs qui dessinent les taches elliptiques sont blanchätres et que les ellipses elles-mêmes sont rousses. En arrière de ces taches et en regard des crochets qui semblent un peu plus relevés à l'extrémité que dans la larve de l'Endophælus, une forte loupe montre un groupe de très-petits tubercules subcornés dont quelques-uns sont surmontés d'un petit poil. Je n’ai pas suivi les métamorphoses de cette larve, mais les circons- tances dans lesquelles je l'ai trouvée me permettent d'affirmer qu’elle ap- partient à l’insecte auquel je l’attribue. Dans le courant du mois de mai, sous l'écorce de bùches de Chêne tauzin empilées depuis un an et demi et qui avaient déjà donné naissance CUCUIIDES. — COLOBICUS 55 à une génération de Callidium sanguineum et de Callidium variabile dont elles recelaient quelques cadavres, je rencontrai quelques Colobicus, et avec ces insectes de toutes petites larves vivant évidemment des déjections des larves des Longicornes, et qu'après minutieux examen je ne pus rap- porter qu'à l'Endophlœus spinosulus, mais que, vu la présence du Colobi- eus, je soupconnai aussi appartenir à ce genre très-voisin du précédent. Je me réservai d'éclaircir le fait, et vers la mi-juin je retournai sur les lieux. Je trouvai mes larves bien grandies, et avec elles d'autres plus petites comme celles que j'avais observées la première fois et trois Colobicus. J'examinai àla loupe les larves les plus développées et jenetardai pas à cons- tater ces aréoles rousses et elliptiques dessinées par une réticulation blan- châtre sur les deux derniers segments et que je voyais pour la première fois. Il ne m'était plus permis, dès lors, de penser à l'Endophlœæus, et je n'hésitai pas à me prononcer pour le Colobicus. Restait à trouver la nym- phe, et après avoir recueilli quelques larves pour les étudier, je me retirai avec le projet de revenir. Au commencement de juillet je réalisai ce projet, mais j'eus beau détacher et mettre en pièces des écorces et fouiller les dé- tritus qu'elles couvraient, je ne pus voir une seule nymphe ; je remarquai même que les larves étaient plus rares et que les adultes avaient disparu. N'ayant pas ce qu'il fallait pour emporter des larves chez moi afin de les y élever, je m'en tins à l’espoir que des observations nouvelles me donne- raient de meilleurs résultats. Le 20 juillet je fis à mes bûches une dernière visite, mais ma déception fut complète ; il ne restait plus une seule larve de Colobicus, et deux heures de recherches inutiles, plus de cinquante bûches écorcées en vain me prou- vèrent suffisamment que je ne devais pas compter sur une nymphe. En réfléchissant à ce fait, je me sens porté à croire queles larves de Colobi. cus,comme celles des Rhizophagus et de’bien des Nitidulaires (et il doit en être de même de celle de l'Endophlœus) quittent, pour se transformer» les lieux où elles se sont développées et qu'elles accomplissent leurs métamorphoses dans la terre. Leurs évolutions doivent être terminées au plus tard à l'automne, car le Colobicus hiverne, comme l'Endophlœus , sous les écorces, mais plus encore dans les mousses et les lichens des arbres. Ces deux insectes ont donc tout à fait les mêmes mœurs. Is appartiennent l'un et l’autre à la famille des Colydiides. Les larves connues de ce groupe sont Les suivantes : Bitoma crenata F., Peris, Ins. du Pin, Soc. Ent. 1853, p. 614. 56 LARVES DE COLÉOPTÈRES Synchita juglandis Hezw., NorpunGer, Ent. Zeit. zu Stett. 1848, p-. 256, quelques mots seulement. Aulonium sulcatum Ouv., Wesrwoon, Introd. t. 1, p. 147, fig. 12. — Bicolor HeresT, Perris, Ins. du Pin, Soc. Ent. 1853, p. 610, Colydium castaneum Heresr (exot.), Mac Leay, Annulosa javan. n° 99 — C. elongatum F., Ratzeburg, Die Forstins. t. I, p. 188, pl. 14, fig. 34, 35; Srurm. Deutschl. Insect. 1849, t. XX, p. 50, pl. 368. — C. Filiforme F., Ericuson, Naturg. der Ins. Deutschl. 1845, p. 280. Cerylon histeroides F., Perris, Ins. du Pin, Soc. Ent. 1853, p. 616. Ces larves, sauf celle de Cerylon qui serait mieux placée, ce me semble, à côté de celles de Rhizophagus, sont remarquables par la cavité que pré- sente la face postérieure du dernier segment. Cette cavité ou cloaque, qui existe aussi, comme on l’a vu, dans les larves d'Endophælus et de Colobi- eus, doit avoir une destination physiologique, mais nous ne saurions dire laquelle. CUCUJIDES Prostomis (Trogosita) mandibularis, F. Je mentionne cette curieuse larve parce que je l'ai trouvée dans un tronc de Châtaignier mort depuis longtemps et dont le bois était devenu feuilleté par suite de la décomposition du tissu cellulaire et peut-être aussi de l’action des gelées. Elle vivait entre les feuillets, au milieu de déjections laissées par des larves qui l'avaient précédée. Je m'abstiendrai de la décrire parce que nous en avons deux bonnes descriptions, l'une d’Erichson, Archiv. de Wiegm.. 1847, p. 285, reproduite par mes amis MM. Chapuis et Candèze, dans leur Catalogue, p. 85, l’autre de Curtis, Trans. entom. Soc. 1854, avec des figures d'une parfaite exactitude. Ces deux auteurs avaient trouvé la larve dans du bois de Chêne en décompo- sition. Je dirai seulement, parce que ce caractère important n’a été signalé par personne, que les mâchoires et le menton sont soudés entre eux sur presque toute leur longueur et si intimement que la plaque hypocépha- lique est pour ainsi dire exempte de tout sillon, de toute suture. CUCUJIDES. — BRONTES o7: Brontes (Cerambyx) planatus L. Dans l'Histoire des Insectes du Pin j'ai décrit la larve et la nymphe de cet insecte. J'en reparle ici, d'une part, parce que cette larve carnassière ou vidangeuse, qui aime à vivre sous presque toutes les écorces des grands arbres où d’autres larves ont laissé des résidus, se trouve aussi sous l'écorce des troncs morts de Châtaigniers ; d'autre part, parce que j'ai des reclifications et additions à faire à ma première description. Ainsi, le labre, qui est très-avancé et semi-discoïdal, est soudé à l'épis- tome, lequel est soudé au front, de sorte que le dessus de la tête ne pré- sente aucune suture transversale. Les mâchoires ne sont pas précisément fortes, elles sont d’une grosseur moyenne, libres, peu allongées et visible- ment coudées ; le lobe maxillaire est aussi long, ou bien peu s’en faut, que le palpe correspondant ; le premier article des palpes maxillaires est visiblement plus court que chacun des deux autres ; la lèvre inférieure se prolonge antérieurement en une languette arrondie. Je considère les antennes comme formées de quatre pièces au lieu de trois, y compris l’em- pâtement basilaire que, tout bien considéré, je compte pour un article. Je ne suis plus sûr de six ocelles, et il me semble qu'il n’y en a que cinq, dont quatre antérieurs presque contigus, en ligne transversale, et un un peu en arrière, presque vis à vis le premier des précédents. La composition segmentaire de l'abdomen a besoin d'une révision. J'ai dit, dans ma première description, qu'il ne paraissait formé que de huit segments; mais comme deux stigmates débouchent près des angles pos- térieurs du huitième segment et que le dernier segment, dans les larves des Coléoptères, sauf, jusqu'ici, celles de beaucoup de Dytiscides et celles des Donacides, n’a jamais d’orifices respiratoires, j'ai été conduit à considérer comme neuvième segment ce qui a toutes les apparences et fait l'office d’un pseudopode anal. Voici ce que je pense maintenant, après des études sé- rieuses pour éclaircir ce point qui me préoccupait. J'ai rattaché au huitième segment abdominal deux longs appendices efflés, divergents, qui m'avaient paru composés de trois articles et qui semblaient implantés sur le milieu du bord postérieur de ce segment; or, ils en sont indépendants, ils forment comme une longue fourche au sommet d'une sorte de mamelon transversal placé sous la plaque dorsale du hui- ième segment qui le cache presque entièrement; mais on le distingue très- 58 LARVES DE COLÉOPTÈRES bien lorsqu'on observe la larve de profil. Ce mamelon est, à n’en pas douter, le neuvième segment à l'état rudimentaire. Et alors s'expliquent ces deux appendices qui sont, lorsqu'ils existent, l'apanage de ce segment. Hs s’expliquent aussi d’une autre manière. À partir du troisième ou plutôt du quatrième segment, on voit poindre, de chaque côté, une petite saillie dentiforme surmontée d'une longue soie. Cette saillie devient de plus en plus forte à mesure que l’on va en arrière; sur le septième segment elle a déjà la forme d’un mamelon conique, et sur le huitième elle représente une assez longue papille cylindrique ; il n’est pas étonnant que, sur le neuvième, qu'il soit rudimentaire ou non, ces appendices aient une longueur bien supérieure. J'ai dit qu'ils m'avaient d’abord paru de trois articles, mais leur nature et un plus heureux examen m'ont appris qu'il n’en est pas ainsi. Ils ne sont, en effet, que ces saillies dentiformes et terminées par une soie des quatrième à sixième segments, ces mamelons et ces papilles également sétigères des septième et huitième, seulementils sont beaucoup plus déve- loppés. Ils n’ont donc que deux pièces, la première munie de trois poils, un en dessous, un plus long en dessus au delà du milieu de sa longueur et un plus fin aussi en dessous, mais à l'extrémité qui se rétrécit assez brusquement pour emboiter la seconde pièce qui n’est, à proprement parler, qu'une soie. Le microscope montre en outre sur la première pièce quelques poils très-courts et très-fins. Ainsi se trouve régularisée et ramenée aux conditions normales la com- position segmentaire de cette larve. Seulement, par une exception unique pour moi jusqu'ici, le neuvième segment abdominal est rudimentaire, 1l est représenté par un mamelon dorsal caché sous le segment précédent et ne se révélant par aucun vestige sur la face ventrale. Cette organisa- tion insolite et la faculté qu'a la larve de relever même verticalement ses appendices terminaux ont sans doute leur raison d’être. Je n'ai pas besoin d'ajouter que le long pseudopode anal reprend son rang et sa vraie dénomination. . En arrière des saillies ou papilles latérales les segments abdominaux sont couverts d’aspérités très-serrées, inclinées en arrière et à peine visi- bles au microscope. Ces aspérités, de concert avec les pattes et les faibles dilatations dont certaines parties du corps sont susceptibles, facilitent les mouvements de la larve. D'après mes observations, les larves des Brontes opèrent toutes leurs évolutions dans l'espace de quelques mois. Elles sont très-jeunes au prin- CUCUJIDES, — LOEMOPHLOEUS 59 temps et presque toutes donnent avant la fin de l’été l'insecte parfait qui hiverne sous les écorces pour pondre au retour de la belle saison. Lœmophlœus (Cucujus) testaceus F. Fig. 43-45. LARVE A propos des insectes du Pin, j'ai publié aussi les métamorphoses de la seule espèce de Lœmophlœus qui, à ma connaissance, soit pinicole, le Dufourii. J'ai trouvé sous l'écorce des Châtaigniers la larve et la nymphe du L. testaceus ; mais je me dispense de décrire la première, parce que je ne pourrais guère que reproduire ce que j'ai dit de la larve du Dufourü. Je donnerai seulement, au sujet de celle-ci et sur un caractère fort impor- tant, des précisions que j'ai omises et qui serviront aussi pour la larve du testaceus conformée exactement de même, sauf qu’elle est un peu plus ventrue. Les mâchoires et le menton sont soudés sur presque toute leur longueur et forment sous la tête une plaque où les limites de ces organes sont indiquées par quatre sillons bien marqués. La partie libre est très- courte et porte les palpes maxillaires et labiaux. J’ajoute que les segments thoraciques en dessus et les sept premiers segments abdominaux sur leurs deux faces ont des rudiments d'ampoules dilatables destinées à faciliter les mouvements de la larve; que le huitième segment est lavé de roussâtre et que le mamelon anal, au lieu d'être placé sous le neuvième segment, empiète sur le précédent qui, pour le recevoir, est échancré à son bord postérieur. Les plus forts grossissements du microscope ne montrent aucun point couvert de ces aspérités que l’on observe sur bien des larves et que pré- sente, comme nous l'avons vu, celle du Brontes. J'ai rencontré la larve du Z. testaceus en compagnie de celles du Dryo- cætes capronatus dont elle est l’ennemie et qu’elle ne se fait faute de dévorer lorsqu'elle en rencontre quelqu’une ; mais elle vit aussi de leurs déjections, car elle se développe parfaitement et se transforme dans les galeries de ce xylophage vides d’habitants. Je l'ai vue aussi, et même plus souvent, sous l'écorce des Chênes morts, avec les larves du même Scolytide ou celles du Dryocetes villosus, et tout récemment je l’ai observée sur l’'Orme, dans les galeries des Hylesinus vittatus et Kraatzi. 60 LARVES DE COLÉOPTÈRES NYMPHE J'ai dit, à propos de la nymphe du L. Dufourii, qu’elle ressemble à celle du Ditoma crerata pour laquelle je renvoie à celle de l’Aulonium bicolor. Pour être plus rigoureux, je dirai que la nymphe du L. Dufouri et du L. testaceus porte de petits tubercules sétigères sur les bords antérieur et latéraux du prothorax et aussi sur le dos de ce segment près du bord postérieur, ceux-ci en série transversale, avec leurs soies dirigées en avant, et deux sur chaque genou ; que chaque segment de l'abdomen est muni latéralement d'un mamelon papilliforme surmonté d'une longue soie, ct, en remontant vers le dos, d'une soie beaucoup plus courte, plus raide et inclinée en arrière; qu'enfin l'abdomen est terminé par deux papilles courtes. coniques, à peine divergentes. un peu relevées et très-légèrement crochues à l'extrémité, Les larves connues des Cucujides appartiennent aux espèces sui- vantes : Prostomis mandibularis F., Ericason, Archiv. de Wiegm. 1847, p.285, Curris, Transact. Ent. Soc. 1854. Cucujus hæmatodes Er., Asman, Ent. Zeit. 1851, tab. 9, figure sans description. — Ericuson, Naturg. des Insect. Deutsch]. 1845, p. 310. Brontes planatus L., Ercuson, Naturg. der Ins. Deutschl. 1846, p. 332 ; Perris, Soc. Ent. 1853, p. 621.—B. serricornis Cann., CaNDëze, Mém. de la Soc. des sc. de Liége, 1861 (espèce de Ceylan). Læmophlœus ater, Ov. sous le nom de Cucujus Spartüi, Wesrwoon, Introd. t. 1, p. 146. — L. Dufourii Lar., PerRis, Soc. Ent. 1853, p. 618. Pediacus dermestoides F., Perris, Soc. Ent. 1862, p. 191. Silvanus frumentarius F., sexdentatus F., Surinamensis L., WEsTwoop. Introd. t. I, p. 154; Ericason, Archiv. Nature. t. VIII, p. 370; Buisson, Soc. Ent. 1849, p. 163; Coquerez, Soc. Ent. 1849, p, 172. — S.unidenta- tus F., Perris, Soc. Ent. 1853, p. 627. Je puis y ajouter les suivantes : Dendrophraus (Cucujus) crematus Payx, LARVE Le plaisir que m'a fait cette larve lorsque je l’aireçue de mon ami M.de Bonvouloir vient de sa ressemblance avec celle du Brontes planatus. Les CUCUJIDES, — DENDROPHAGUS 61 deux insectes parfaits ont assurément entre eux de grands rapports, mais pourtant ils se distinguent très-facilement. Il n’en est pas de même des larves, et leurs affinités sont telles que si je n'avais été prévenu. je n'aurais pas hésité à rapporter au Brontes celle du Dendrophagus. Après un examen comparatif des plus minutieux à la loupe et au microscope, je ne trouve à celle-ci que les différences suivantes : Taille un peu plus grande, 9 à 10 millim., mandibules tridentées à l'extrémité; premier article des palpes maxillaires encore plus court; poils des antennes plus courts, le quatrième article plus long que le troi- sième, au lieu d’être un peu moins long; le troisième dépourvu de la troncature apicale interne et de l’appendice biarticulé que montre la larve du Brontes ; appendiceslatéraux du huitième segment abdominal plus courts etsensiblement plus coniques, ceux du neuvième segment rudimentaire un peuétranglés au tiers de leur longueur et munis d’une longue soie au-dessus de l’étranglement. Les ocelles sont au nombre de cinq, dont trois à la série antérieure et deux à la postérieure ; ils sont très-serrés et couverts d’une tache noirâtre, du moins dans les individus que je possède. Ils ont été trouvés dans les Pyrénées, avec des insectes parfaits, sous l'écorce des Pins. i Je ne connais pas la nymphe. Cet article était rédigé lorsque j'ai reçu communication de la notice pu- bliée, sans figures, sur les métamorphoses du Dendrophagus, par M. Bu- chanan White dans The entomologist's monthly Magazine, 1872, p. 196. La description de la larve, faite par le Dr Sharp, ne provoque que les observations suivantes : il n’est compté que trois articles aux antennes, l'article basilaire est omis : il n’est pas fait mention des ocelles, et les longs appendices du neuvième segment rudimentaire de l'abdomen sont consi- dérés, par une erreur que j'ai commise moi-même autrefois à propos de la larve du Brontes, comme appartenant au huitième segment. La nymphe, à en juger par la description, ressemble à celle du Brontes. D'après M. Buchanan White, la larve du Dendrophagus, très-vive et très-agile comme celle du Brontes, se nourrirait de la couche inférieure de l'écorce du Pin sylvestre mort, et plus rarement du mélèze. Je pense, quant à moi, qu’elle est carnassière ou coprophage comme cette der- nière, Selon le même auteur, la vie évolutive du Dendrophagus serait proba- blement celle-ci : les œufs seraient pondus au printemps ou au commen- cement de l'été par des femelles ayant hiverné; l’état de larve durerait 62 LARVES DE COLÉOPTÈRES 42 ou 14 mois; la nymphe se formerait durant le second été après la ponte, et l’insecte parfait naîtrait au mois d'août. M. Buchanan White dé- duit ces conséquences de ce que, de mai à septembre, on trouve des larves de tailles différentes et que quelques larves presque adultes hivernent. J'admets sans peine que des larves contrariées dans leur développement ou nées trop tard soient contraintes d’hiverner. Ces larves, qui ne se trans- formeront qu'au printemps, donneront lieu à des pontes qui produiront ces inégalités de taille observées durant l'été, et maintiendront, pour cer- tains individus, ce chevauchement d’une année sur une autre; mais, à mon avis, ce sont là des exceptions, et quoique je ne puisse pas invoquer des constatations personnelles, j’aila conviction que les choses se passent pour les Dendrophagus comme pour les Brontes, c’est-à-dire qu’en règle générale, les larves naissent au printemps et les insectes parfaits éclosent aux mois d’août ou de septembre dela même année, pour hiverner sous les écorces et pondre au printemps suivant. Lœmophlœus (Cueujus) ater OLiv. — KL. hypobori PErnis. L. clematidis ER. — L. bimaceulatus PAyx. Les larves de ces quatre espèces ne diffèrent en rien de celle du L. tes- taceus. Je n’ai pu leur trouver aucun caractère distinctif bien formel et je m'abstiens, dès lors, de les décrire. Lathropus (Trogosita?) sepicola Mu. Fig. 46-53. LARVE Long. 3 millim., hexapode, subdéprimée, sublinéaire, charnue, d'un blanchâtre livide, à peine un peu coriace sur le dos qui est fascié de bru- nâtre; corps terminé par deux crochets relevés. Tête subdéprimée, d'un brun livide, un peu plus large que longue, marquée sur le front de deux fossettes un peu arquées, décrivant presque une ellipse et d'un trait blanchâtre en fer à cheval qui se dirige ensuite, de chaque côté, vers les angles antérieurs. Épistome transversal ; labre assez grand et dépourvu de cils. Mandibules moyennes, crochues, pointues et simples au sommet, roussâtres avec l'extrémité plus foncée. CUCUJIDES. — LATHROPUS 63 Mächoires assez grandes, peu coudées, descendant jusqu'au delà du mi- lieu de la tête ; leur lobe assez long, peu épais, un peu crochu en dedans, paraissant subcorné à l'extrémité et muni à son bord interne de cils en dents de peigne. Palpes mazillaires un peu arqués en dedans, de trois articles dont le dernier, presque aussi long que les deux autres ensemble, est surmonté de quelques cils extrémement courts. Menton assez grand, lèvre inférieure courte. à peine prolongée au milieu en une languette obtuse et portant les deux palpes labiaux de deux articles égaux. Ces organes sont enfermés dans l’arceau que forment les deux lobes maxillaires convergents. Antennes de quatre articles, les deux premiers courts, le troisième plus long que les deux précédents réunis, le quatrième grêle, plus long que le second, terminé par un long poil et deux ou trois petits, et ac- compagné d'un article supplémentaire égal au tiers de sa longueur et très-visible quand on observe la larve de profil, car il est placé en dessous à l'extrémité du troisième article qui, vu de côté, se montre sensiblement plus large au sommet qu’à la base. Sur chaque joue, près de la base de l'antenne, un ocelle bien visible, un peu convexe, noir et en ellipse longitudinale. Corps de douze segments, parcouru, jusqu’au onzième inclusivement, par une ligne enfoncée très-fine qui suit le milieu du dos. Prothoraz pres- que carré, seusiblement plus grand que chacun des deux autres segments thoraciques, d’un brun livide avec les bords et la ligne médiane blancha- tres; mésothorax et métathorax également brunâtres, mais sur un espace relativement moindre. Huit premiers segments abdominaux très-distincts comme les précé- dents, parce qu'ils sont un peu arrondis sur les côtés, ayant à la base et sur un espace mal limité postérieurement, une bande brune interrompue au milieu par une ligne blanchâtre; munis d'un petit bourrelet latéral et traversés sur le dos par un petit pli transversal qui n’atteint pas les côtés. Neuvième segment plus étroit que les précédents, se rétrécissant un peu d'avant en arrière, d'un blanchâtre un peu livide à peine nuancé de bru- nâtre et terminé par deux crochets relevés, arqués, subcornés et bru= nâtres avec l'extrémité plus foncée. Dessous du corps entièrement blanc. Mamelon anal suscepüble de devenir très-saillant et placé à l'extrémité du dernier segment. Des poils blanchâtres se dressent sur la tête et sur toutes les autres 64 LARVES DE COLÉOPTÈRES parties du corps; ils sont peu nombreux et, comme dans beaucoup d’autres larves, placés symétriquement en verticilles et en séries longitudinales. Stigmates assez bien visibles et au nombre de neuf paires, la première, ne paraissant ni plus grande ni plus inférieure que les autres, assez près du bordantérieur du mésothorax, les suivantes au tiers antérieur des huit premiers segments abdominaux. Patles ordinaires, assez longues, composées de cinq pièces y compris un ongle allongé, et hérissées de quelques soies; tibias visiblement plus longs que les cuisses. Ayant plusieurs fois obtenu le Lathropus sepicola de tronçons d’orme conservés chez moi, j'étais convaincu que sa larve vivait sous l'écorce de cet arbre. Je me suis donc livré à des recherches, et dans les galeries du Scolytus multistriatus et principalement des Hylesinus vittatus et Kraatzii que, par parenthèse et en réponse à des doutes qui m'ont été exprimés, je déclare former deux espèces distinctes, j'ai observé, pour ne parler que des Coléoptères. des larves de Staphylinides, de Cryptophagus, de Lemo- phlœus, de Litargus, de Cerylon, d'Hypophlæus et une autre larve qui m'était inconnue et que sa forme et sa taille permettaient de rapporter au Lathropus; mais comme je ne pouvais me contenter d’hypothèses et me borner à des présomptions, j'ai élevé de ces larves et fait en outre de fréquentes visites à l’Orme mort qui avait donné lieu à mes premières ob- servations. Des deux côtés j'ai atteint mon but, j'ai recueilli des nymphes dont l'authenticité était attestée par les dépouilles des larves, et ces nym- phes m'ont ensuite donné le Lathropus. 1] ne peut donc y avoir le moindre doute, et j'ai dès lors le droit de dire que la larve de cet insecte vit, comme celles de plusieurs autres, dans les galeries des Scolytus et des Hylesinus de l’Orme, qu’elle se nourrit des déjections qui les encombrent, puisque à l'époque où je l’ai trouvée, c’est-à-dire en hiver. les xylophages étaient déjà sortis, et que très-probablement. si elle rencontrait quelqu'une de leurs larves, elle en ferait son profit. C’est dans une de ces galeries et sans grands préparatifs qu'au mois d'avril elle subit sa métamorphose en nymphe. NYMPHE Elle est blanche, molle, et présente les particularités suivantes : des soies courtes sur le front et sur les bords latéraux du prothorax, deux très-lon- gues et un peu sinueuses au bord antérieur et une, également très-longue, CUCUJIDES. — SILVANUS 65 à chaque angle postérieur ; une soie assez longue sur chaque côté des six premiers segments abdominaux et deux sur leur face dorsale; une autre sur chaque genou. Dernier segment comme quadrilobé, chaque petit lobe portant une soie, les deux extérieures longues, épaisses, un peu arquées en dedans. les deux intérieures très-courtes, beaucoup plus grèles et droites. Quelquefois entre les deux lobes intermédiaires on en observe un autre dépourvu de soie, c’est probablement une affaire de sexe. Sur la face ventrale l'abdomen est dépourvu de toute soie. Les soies sont toutes rous- sâtres et bulbeuses à la base; les plus longues sont sensiblement plus épaisses, plus foncées et plus fortement bulbeuses. L’insecte parfait naît en mai. Silvanus (Lyetus) unidentatus F. La larve de cet insecte, que l’on observe sous l'écorce de presque tous es arbres morts, se rencontre aussi sous celle du Châtaignier ; mais comme elle figure, avec tous les détails nécessaires, dans l'Histoire des insectes du Pin, je ne reproduirai pas sa description et je me bornerai à dire : 1° que je viens de voir sur certains individus, et sur une troncature oblique de l'extrémité du troisième article des antennes, mais en dessous, un petit article supplémentaire grêle, conique et pointu, presque sétiforme, dont je n'avais pas parlé; ® que j'ai constaté l'existence d’ocelles au sujet desquels je n’avais rien dit. Ils sont représentés par deux points noirs saillants et un peu écartés, silués un peu en arrière de la base des antennes, sur une li- gne transversale. Les ocelles se réduiraient donc à deux de chaque côté ; mais sur plusieurs individus [j'ai vu un des points noirs divisé en deux parties. Silvanus advena WALrt.. LARVE Long. 2-2 1/2 millim., hexapode, d’un blanc un peu jaunätre, linéaire, étroite, un peu atténuée postérieurement, très-déprimée, presque glabre, à dernier segment mutique. e PER. 66 LARVES DE COLÉOPTÈRES Tête déprimée, transversale, marquée de deux fossettes arquées l’une vers l’autre, pourvue de quelques poils ourts et très-fins. Épistome soudé au front; labre transversa, semi-elliptique, avec quel- ques très-petits cils écartés. Mandibules peu robustes. assez arquées, rousses avec l'extrémité plus foncée et bifide. Mächoires libres descendant jusqu’à la base de la tête, un peu coudées et par conséquent convergentes antérieurement ; leur lobe long, conique, arqué en dedans, dépassant le second article des palpes maxillaires, ter- miné par un faisceau de soies d’inégale longueur. Palpes maæillaires longs débordant la tête, sensiblement arqués en dedans, de trois articles, le premier court, le second environ deux fois aussi long, muni d’un poil extérieurement, le troisième aussi long que les deux premiers ensemble, ayant un petit poil en dehors et de très-petits cils au sommet. Menton large, lèvre inférieure petite, palpes labiaux très-courts, de deux articles égaux. Antennes longues, non rétractiles, de quatre articles, le premier court et épais, le second deux fois aussi long que le précédent, cylindrique, avec un très-léger renflement vers le sommet, hérissé de quelques soies très-courtes ; le troisième en ellipsoïde très-allongé, plus de deux fois aussi long que les deux premiers ensemble, hérissé de soies espacées, celles du sommet bien plus longues que les autres; quatrième article très-court, épais, presque hémisphérique, un peu inégal au sommet qui porte quelques soies de différentes longueurs; contre cet article, un tout petit article supplémentaire, grêle, subconique et visible seulement de côté. Sur chaque joue, un peu en arrière de l'antenne, deux ocelles noirs, écartés, en ligne transversale, le supérieur plus grand que l’autre et parais- sant ordinairement double. Il en est quelquefois de même du plus petit. Prothorax transversal, un peu plus grand que chacun des deux autres segments thoraciques qui sont égaux. Abdomen de neuf segments assez bien détachés parce qu’ils sont un peu arrondis latéralement; le premier plus court que le métathorax, les suivants grandissant jusqu'au sixième ; le septième et le huitième aussi longs que le précédent, mas progressivement plus étroits ; le neuvième en cône ren- versé et tronqué, s’inclinant un peu pendant la marche pour appuyer contre le plan de position le mamelon anal qui est rétractile, mais qui, lorsqu'il fait saillie, paraît obsolètement multilobé. Les huit premiers segments CUCUJIDES. - SILVANUS 67 ont, comme les segments thoraciques, un ou deux poils fins de chaque côté, et le dernier segment est parsemé de poils semblables. De très-petits poils raides, servant sans doute à la progression, s’observent tant sur le dos que sur la face ventrale. Stigmates au nombre de neuf paires, la première très-près du bord an- térieur du mésothorax, les autres aux deux cinquièmes antérieurs des huit premiers segments abdominaux. Pattes longues, débordant de beaucoup le corps, de cinq pièces y com- pris un ongle long et peu arqué; trochanters courts, cuisses et tibias d’égale longueur, hérissés de soies courtes, raides, ciliformes. Le Siluvanus advena ayant une physionomie différente de celle des autres Silvanus, j'étais depuis longtemps désireux de voir s’il en était de mème de la larve. Mon excellent ami M. Abeille de Perrin, dont j'ai eu le plaisi, de recevoir la visite, m’ayant dit qu'il obtenait abondamment cet insecte d'un fruit chinois très-sucré et nommé Let-chi, je l'ai prié de m'en procu- rer et il a mis le plus grand empressement à satisfaire à mon désir. J'ai donc pu, gràce à son obligeance dont je le remercie, observer la larve qui piquait ma curiosité, mais on a pu voir, par la description qui précède, qu’il serait bien facile de la confondre avec celle du S. unidentatus. Je ne trouve, pour les distinguer, que trois caractères assez peu tranchés : le troisième article des antennes est plus renflé, plus ellipsoïdal, non oblique en dedans vers l'extrémité, le quatrième est plus court et les palpes maxil laires sont plus longs et ont leurs articles plus inégaux. A cela près, je ne vois pas d’autre différence qu’une taille un peu plus petite et peut-être un peu moins d’agilité. La larve de l’Advena vit à la surface des fruits précités, ou entre leur pulpe et le noyau, en compagnie de la larve du Siülvanus frumentarius qui est plus grande, plus semblable encore à celle de l’unidentatus et fasciée de brunâtre, eten compagnie aussi d’une chenille qui m’a donné la Tinea granella. Les fruits qui ont été attaqués par cette chenille et qui recèlent ses déjections, ont habituellement des larves de Silvanus , mais j’ai trouvé aussi de ces dernières dans des fruits qui n’avaient pas eu des chenilles. Ils présentaient, il est vrai, des excréments souvent en abondance, mais d'une autre nature, beaucoup plus petits, comme de petits grains ellipti- ques et qui semblaient provenir des larves de Silvanus. Je persiste néan- moins à considérer comme la plus probable l'opinion que j'ai exprimée dans l'Histoire des Insectes du Pin, c'est-à-dire que ces larves vivent des déjections d’autres larves, 68 LARVES DE COLÉOPTÈRES La métamorphose s’opère aux lieux mêmes où a vécu la larve. NYMPHE Elle ressemble entièrement à celle du S. unidentatus que j'ai décrite, Tcimatophilus brevicollis Aus’. Fig. 54-58. LARVE Long. 3 12 millim. Hexapode, blanche, ou d'un blanc légèrement jau- nâtre, presque glabre, assez ferme, cylindrique, un peu incurvée antérieu- rement lorsqu'elle est libre, terminée par deux crochets relevés. Tête assez bien détachée, elliptique, lisse, luisante, roussâtre, subcor- née, assez convexe, munie de quelques très-petits poils et marquée sur le devant du front de deux fossettes écartées. Épistome transversal, aussi long que le labre, ayant ordinairement un point noir àses angles postérieurs. Labre semi-discoïdal, cilié de roussätre. Mandibules d'un testacé jaunâtre avec la pointe noire, larges quand on les examine en dessus, et, vues de côté, triangulaires, pointues et simples à l'extrémité. Mächoires libres, convexes, assez robustes, leur lobe assez grêle, subcy- lindrique, ne dépassant guère le deuxième article des palpes maxillaires ; ceux-ci courts, de trois articles égaux. Menton carré; lèvre inférieure courte, transversale, prolongée au milieu en une toute petite languette et surmontée de deux palpes labiaux courts, de deux articles, ne dépassant pas les lobes maxillaires. Antennes assez épaisses, courtes, ne paraissant rétractiles qu’à leur base, de quatre articles dont le troisième à peine plus long que le précédent, le quatrième plus court, grêle, surmonté d’un poil court et de deux ou trois autres à peine visibles et accompagné d’un article supplémentaire moins long que lui, pointu et visible seulement quand on observe la larve de côté, parce qu'il est placé en dessous. Sur chaque joue, en arrière de la base des antennes, un ocelle noir, lui- sant, convexe, en ellipse transversale et bien apparent. Prothorax plus grand que les deux autres segments thoraciques, lesquels le sont un peu plus que les segments abdominaux ; mésothorax et surtout métathoraz ayant sur le dos les vestiges de deux ampoules dilatables et sur les côtés un bourrelet obsolète, CUCUJIDES, — TELMATOPHILUS 69 Abdomen de neuf segments, les huit premiers ayant sur les flancs un bourrelet formé d'une double série de mamelons, sur le dos un pli médian transversal peu apparent, avec les vestiges d’un ampoule dilatable près du bourrelet, et en dessous deux plis longitudinaux. Dernier segment d’abord horizontal, puis brusquement déclive et muni, au sommet de la déclivité, de deux crochets cornés, blancs à la base, puis ferrugineux, arqués en haut, relevés, presque verticaux. Au bas de la déclivité se trouve le mame- lon anal qui termine le segment et s'appuie sur le plan de position. Le microscope montre quelques rares poils courts, raides et d’autres très- petits tant sur les côtés que sur le dos et sur la région ventrale, ainsi qu’à la face postérieure du dernier segment. Il permet en outre de constater que la surface dorsale est couverte, du moins en grande partie, d’aspérités très- fines et très-serrées, dirigées en arrière ; mais la face ventrale paraît en- tièrement lisse. Stigmates au nombre de neuf paires : la première, un peu plus grande et un peu plus inférieure que les autres, située près du bord antérieur du mésothorax, les suivantes vers le tiers antérieur des huit premiers seg- ments abdominaux. 3 Pattes robustes, mais très-courtes ; trochanters à peine visibles ; cuisses sensiblement plus longues que les tibias, ayant deux longues soies en dessous, près de l'extrémité, et sur le reste de leur surface quelques soies courtes et fines ; tibias munis de soies semblables, sauf deux inférieures plus fortes et spinuliformes; ongle petit, assez crochu. Cette larve se développe dans les graines du Sparganium ramosum qui sont, comme on le sait, réunies et serrées l’une contre l’autre en un capi- tule sphérique. Elle en consomme la substance et elle est, dès lors, fran- chement phytophage ou plutôt carpophage. Une seule graine ne lui suffit pas, et la nécessité où elle est de passer dans une graine voisine fait qu'on la découvre assez facilement, du moins en juillet. En égrenant le capitule avec précaution, on aperçoit des graines percées d’un trou rond et très-net ; elles sont quelquefois vides, mais alors on remarque que celle qui lui était adossée est percée d'un trou semblable, et si on l’ouvre, on y trouve presque toujours une larve ; souvent même on constate que la partie postérieure de la larve est engagée dans une graine et la partie antérieure dans sa voisine. C’est aussi dans l'intérieur d’une graine que s'opère la métamorphose en nymphe; mais cette graine est ordinairement percée d’outre en outre, afin de faciliter la sortie de l’insecte parfait. 70 LARVES DE COLÉOPTÈRES NYMPHE La nymphe présente les caractères suivants : antennes épineuses; de tout petits tubercules sétigères près du bord antérieur du prothorax, sur les côtés. au milieu, près du bord postérieur, et un à chaque angle posté- rieur, avec un autre voisin; un sur chaque genou, un autre un peu plus saillant sur les deux côtés de chaque segment abdominal, et une série transversale sur le dos de chacun de ces segments ; le dernier terminé par deux crochets subcornés et roussâtres, arqués en haut, relevés, presque verticaux, semblables à ceux de la larve, mais moins foncés, Les larves des genres compris dans le dernier catalogue de M. de Mar- seul, sous le nom de Cucujidæ, présentent des dissemblances telles qu'il serait bien difficile, pour ne pas dire impossible, de les grouper, avec des caractères communs, dans une même famille. Nulle part ailleurs on ne trouve, que je sache, des larves aussi déprimées que celles du Prostomis, des Cucujus, des Pediacus, des Dendrophagus, des Brontes, si bien faites pour ramper sous les écorces ; or, ces larves, sous les apparences d’une parenté très-rapprochée, cachent, saufles deux dernières, des divergences assez sensibles. La première, qui a de commun avec celles des Læmo- phlœus la soudure intime des supports des mâchoires et du menton, s'éloigne de toutes par l'étrange dilatation de la tête, l'absence d’ocelles, le rétrécissement de la partie thoracique, la brièveté des antennes et des pattes, l'échancrure et les granulations du dernier segment ; les secondes s’isolent par la petitesse du quatrième article des antennes, par l’exiguité du pénultième segment et les grandes dimensions du dernier, et peut-être par d’autres caractères que je ne puis apprécier, ne connaissant pas ces sortes de larves; les troisièmes se font remarquer, au contraire, par la longueur insolite de l’avant-dernier segment et la forme du dernier ; les deux autres, tellement voisines qu’elles semblent appartenir au même genre, présentent deux caractères dont je ne connais pas d’autre exemple, c’est-à-dire des stigmates abdominaux débouchant près des angles posté- rieurs des segments, ou à ses angles mêmes, et neuvième segment ab- dominal rudimentaire portant des appendices qui ont l'air de se trouver sur le huitième, de sorte que ces larves paraissent n'avoir que onze seg- ments sans la tête, au lieu de douze. Si nous poursuivons cette comparaison, nous trouvons celles des Lemo- CUCUJIDES ji : phlœus qui, par les dimensions relatives des deux derniers segments, se rapprochent de celles des Pediacus, mais qui s’en éloignent par leur corps moins déprimé et moins linéaire, par leurs antennes et leurs pattes plus courtes et surtout par la soudure des mâchoires et du menton. Viennent ensuite les larves des Silvanus que la forme, l’aplatissement du corps et l’agilité, la longueur des antennes et des pattes et leurs mâchoires libres et coudées associent à celles des Brontes, et qui s'en écartent par des caractères à proprement parler génériques, tels que la petitesse du dernier article des antennes, un nombre moindre d’ocelles, la position des stigma- tes et l'absence de tout appendice au huitième segment abdominal. La larve du Lathropus me semble un peu dépaysée au milieu des précé- dentes. La forme de son corps et les deux crochets qui le terminent, les organes de la bouche, les antennes, les ocelles me porteraient à la rappro- cher de celles des Cryptophagus. Quant à la larve du Telmatophilus, elle n’a fait que justifier mon étonne- ment de voir ce genre associé au Cucujides. J'aimerais mieux assurément. et sa larve serait loin de s'y opposer, qu’on le réunît aux Cryptophagides ; mais je n'ai pas d’objection à faire au parti qu'a pris J. Duval de consti- tuer la famille des Telmatophilides, placée entre les Cryptophagides et les Mycétophagides et comprenant les genres Psammæcus, Telmatophilus, Byturus, Diplocælus et Biphyllus. En résumé, si j'étais chargé de grouper les larves qui précèdent, je for- merais une division spéciale pour celle du Prostomis, imitant en cela J. Duval, qui a élevé au rang de famille les Passandrides, lesquels, d’après Erichson, ne constituaient qu'un groupe des Cucujides ; je réunirais celles des Dendrophagus, des Brontes, des Pediacus, des Silvanus (1), toutes éga- lement déprimées, agiles, à mâchoires libres, à longues pattes et longues antennes, et sans me prononcer, pour le moment, sur leslarves de Cucujus, je ferais une coupe à part pour celles des Læmophlæus, assez peu dépri- mées, un peu elliptiques à l'abdomen, à antennes et pattes courtes, à mä- choires soudées, et de plus très-lourdes et presque inertes ; je chercherais une autre place pour la larve du Lathropus, et j'adopterais pour celles du Telmatophilus l'idée de J. Duval. A l'occasion des larves de la famille des Cucujides dont j'ai parlé dans l'Histoire des Insectes du Pin, j'ai dit mon opinion, justifiée, du reste, par des observations directes, sur leur genre de vie parfaitement en opposi- (4) Je m'étonne que J. Duval ait mis ces derniers dans les Cryptophagides. D LARVES DE COLÉOPTÈRES tion avec les noms de Dendrophagus et de Læemophlæus, et j'ai affirmé qu’elles se développent ou aux dépens d’autres larves, ou en tirant part de leurs résidus. Celles des Lemophlæus, en particulier, comme tant d’au- tres dont j'ai le premier signalé les habitudes, semblent inféodées à cer- taines espèces xylophages. Ainsi, la larve du L. Dufour vit avec celles des Crypturgus pusillus et cinereus; celles des L. testaceus et bimaculatus avec celles de divers Dryocætes (villosus. capronatus); celle du L. ater avec celles du Phlæophthorus spartiü et du Dryocætes coryli; celle du L. hypobori avec celles de l’Hypoborus ficus, qui attirent aussi les L. testa- ceus et ater ; celle du L. clematidis avec celles du Bostrichus bispinus. Les larves des Silvanus sont moins exclusives ; celle du $S. unidentatus comme celle du Brontes, se trouvent sous presque toutes les écorces où existent des détritus ; celle du S. bidentatus vit sous l'écorce du chêne, et l'on a observé celle du S. frumentarius dans le blé, le riz, les farines, les figues sèches et probablement ailleurs. Elles y profitent, à mon avis. des déjections et des dépouilles laissées par d’autres larves carpophages. ct attaquent peut-être ces larves elles-mêmes, ou bien des Acarus, des Podures, des Psoques qui infestent tant de substances mal conservées. ll reste encore bien des faits à recueillir sur les autres Lemophlæus et Silvanus, sur les Æraphilus, etc.; mais je présume qu'ils confirmeront ceux qui ont été observés déjà. Quant aux larves de Telmatophilus, je les crois exclusivement carpo- phages, et j'oserais affirmer que celles des espèces connues se nourrissent des graines des Sparganium et des Typha, plantes aquatiques sur les- quelles on les trouve, CRYPTOPHAGIDES Cryptophagus dentatus HERBsT. J'ai trouvé plus d’une fois la larve de cette espèce sous l'écorce du Chä- iaignier avec celles du Dryocætus villosus dont elle consomme les déjec- tions. Je n’en donnerai pas ici le signalement, parce que je l'ai décrite dans les Annales de la Société entomologique, 1862, p. 192, en l’attribuant CRYPTOPHAGIDES. — ANTHEROPHAGUS 73 par erreur à l’acutangulus. Je renvoie seulement, pour quelques additions et - rectifications, aux indications qui suivent la description de la larve ci-après. Antherophagus (Cryptophagus) silaceus HErBsT. LARVE Long., 6-7 millim. Hexapode, blanche, charnue, mais un peu ferme. subdéprimée, presque linéaire, plus atténuée en arrière qu’en avant, et terminée par deux crochets. Tête transversale, arrondie sur les côtés, marquée sur le front de deux fossettes arquées. Épistome et labre soudés avec le front ou ne s'en distinguant pas nette- ment par des sutures transversales ; ce dernier cilié de quelques petites soies. Mandibules ferrugineuses avec l'extrémité noire, crochues, acérées, mon- trant une dent sur la tranche interne en arrière du sommet. Mächoires ne descendant guère au delà de la moitié de la tête, cou- dées presque à angle droit avec leur support, leur lobe assez grand, un peu arqué en dedans, terminé par de petites soies spinuliformes qui constituent une sorte de petit bec. Palpes maxillaires ne débordant guère la tête, un peu arquées en dedans, de trois articles, le second plus court que chacun des deux autres et muni extérieurement d'un poil, le troi- sième ayant un poil en dedans et terminé par de très-petits cils. Menton assez grand, subtransversal ; lèvre inférieure courte, portant deux palpes labiaux courts, grèles et de deux articles égaux, ets’avançant un petit peu entre ces palpes en une languette arrondie. Antennes de quatre articles, le premier épais, semblable à un gros ma- melon qui ferait partie de la tête; le second bien plus étroit et un peu plus long que le précédent dans lequel il est un peu rétractile; le troisième subelliptique, presque aussi long que les deux autres ensemble, ayant en dedans deux petits poils ; le quatrième beaucoup plus grèle, sensiblement plus court, terminé par une soie courte ct par trois ou quatre autres très- pelites. A son extrémité inférieure le troisième article est tronqué un peu obliquement, et sur cette troncature on aperçoit, en regardant de profil, un tout petit article supplémentaire à peine saillant. Une très-forte loupe montre parfois sur chaque joue, tout près de la base 74 LARVES DE COLÉOPTÈRES de l’antenne, un tubercule lisse très-peu ou point convexe, de la couleur du reste de la tête et simulant un ocelle. j Prothorax plus large et plus long que la tête et plus grand aussi que chacun des autres segments, plus étroit antérieurement qu'à la base, assez arrondi sur les côtés, marqué sur le milieu d'un sillon très-fin ; méso- thorax et métathoraz d'un tiers au moins plus courts que le précédent, plus arrondis latéralement. Abdomen de neuf segments, les quatre premiers un peu plus courts que le métathorax, les quatre suivants s’allongeant progressivement, ces huit segments ayant en dessus, près des côtés, une fossette transversale, sur les flancs un bourrelet et en dessous des plis dessinant symétriquement des saillies luisantes qui servent à la progression. Neuvième ou dernier segment déclive, terminé par deux crochets coniques, relevés, à peine arqués, contigus à la base où ils sont à peine séparés par une fine rainure, puis divergents, presque de la couleur du corps sauf l'extrémité qui est d'un brun ferrugineux et parait seule cornée. Dessous de ce segment occupé dans sa moitié postérieure par un ma- melon pseudopode susceptible de devenir très-saillant et terminé par deux petits lobes charnus entre lesquels est l'anus. Le corps de cette larve paraît presque glabre; la loupe cependant y montre quelques poils, mais au microscope on voit antérieurement des poils assez courts dirigés en avant, sur les côtés des poils assez longs mais inégaux, deux ou trois par segment, sur le dos des poils courts et raides en série transversale au tiers postérieur des segments, sur la face ventrale au moins deux longs poils dressés par chaque segment et parfois d’autres beaucoup plus courts el inclinés en arrière; les poils du dernier segment sont peu nombreux et longs. Les poils dont je viens de parler, à l'exception des plus longs, de ceux du devant de la tête et de ceux de la région ventrale, sont un peu spatulés. Le derme de cette larve parait, à une très-forte loupe, comme chagriné ; on constate au microscope que, sur les flancs et en dessous, il est tout couvert de très-petites spinules excessivement serrées et inclinées en arrière. Stigmates au nombre de neuf paires, la première, pas plus grande mais plus inférieure que les autres, très-près du bord antérieur du méso- thorax, les autres au tiers ou à la moitié des huit premiers segments abdo- minaux. Pattes médiocrement robustes, susceptibles de déborder un peu le LR 4 CRYPTOPHAGIDES, — ANTHFROPHAGUS 15 corps, hérissées de quelques soies et formées de cinq pièces, une hanche, un trochanter, une cuisse et un tibia, ces deux derniers d'égale longueur ou à peu près, et un tarse représenté par un ongle long, médiocrement crochu, muni de deux soies à sa base inférieure. Ces pattes sont de la couleur du corps, sauf l'ongle dont la moitié apicale est cornée et ferru- gineuse. Dans le numéro 3 des Nouvelles et faits divers de l’Abeille, novembre 1869, j'ai signalé la capture, dans les Pyrénées, d'un Antherophagus nigri- cornis accroché à une des antennes d’un Bombus montanus, et j'exprimais le soupeon que ce Coléoptère. destiné sans doute à pondre dans le nid de l'Hyménoptère, s'y faisait transporter par celui-ci. Dans le numéro 7, février 4870, j'ai publié une lettre de M. Édouard Bugnion, m'apprenant que les découvertes déjà faites et mentionnées par MM. Redtenbacher, Carus et Gerstoecher, confirmaient la présomption du développement des larves d'Antherophagus dans les nids des Bourdons. Je soupirais depuis lors après une de ces larves, mais les Bourdons me tenaient rigueur, et je comptais peu sur eux d’ailleurs, n'ayant jamais pris ici un seul Anthero- phagus. Pourtant le silaceus trouvé à Sos par Bauduer, me donnait un peu d'espoir. Enfin, le 23 août 1875, l'ami Gobert m'arriva porteur d’un volumineux nid de Bombus sylvarum. formé d'une masse de fines herbes et de mousses au milieu desquelles étaient des larves et beaucoup de coques contenant des nymphes de ce Mellifère. Nous secouâmes cette masse, et nous ne tardâmes pas à voir s’en dégager quelques Anthero- phagus silaceus et un certain nombre de larves agiles et toutes frétillantes, appartenant certainement à cette espèce, ce que je n'hésite pas à affirmer, d’après leur taille et leur forme. Un mois après je découvrais moi-même et je déterrais un beau nid de Bombus lapidarius ; mais ici pas un brin d'herbe ou de mousse, et je ne trouvai, même, en fouillant le sol, d'autre étranger que des chenilles d€ Galleria colonellu. La larve de l'Antherophagus silaceus a les plus grands rapports avec celles des Cryptophagus ; mais, pour les faire mieux ressortir, je dois rec- üfer et compléter les descriptions que j'ai données de trois de ces der- nières larves : {° (Soc. ent., 1852, p. 578) du Cryptophagus dentatus qui est l'immixtus Pand., inédit ; 2e (Loc. cit., 1853, p.633) du Paramecosoma abietis, qui est le Cryptoph. Perrisi Pand. inédit; 3e (loc. cit., 1862, p. 192) du Cryptoph. acutangulus qui, d'après M. Pandellé, est le dentatus. Dans ces descriptions j'ai considéré comme bien détachés l’épistome et le 76 LARVES DE COLÉOPTÈRES labre, or, de même que dans la larve de l’'Antherophagus, ils sont à limites indécises et unis au front. J'ai de plus omis de signaler le petit article sup- plémentaire des antennes, et pourtant il existe très-évidemment, à la con- dition de regarder la larve de profil; il est deux fois à peu près moins épais ettrois fois environ plus court que le quatrième article et il est placé sous celui-ci sur une troncature oblique du troisième article. J'ai parlé également d’une tache noirâtre placée sur chaque joue près de la base de l'antenne et couvrant un groupe d’ocelles; or, tout bien considéré, il n’y a pas un groupe d'ocelles, mais un ocelle unique bien dessiné. Enfin, j'ai placé la première paire destigmates près du bord postérieur du prothorax, tandis qu’un examen plus attentif ou mieux favorisé me l’a montrée près du bord antérieur du mésothorax. Ces rectifications faites, la larve de l’Antherophagus n’est guère autre chose qu'une grande larve de Cryptophagus. Les différences consistent, en dehors de la taille, dans la petitesse extrême de l’article supplémentaire des antennes, dans l'absence sur les joues de la tache noire ocelligère et peut-èlre même de tout ocelle, car le petit tubercule ou plutôt espace lisse dont j'ai parlé est, comme ocelle, bien problématique; dans l’existence de poils spatulés, ces poils étant effilés dans les larves de Cryptophagus ; enfin dans les allures de cette larve qui est bien plus agile et, comme je l'ai dit, frétillante. Quant aux cils spinuliformes qui couvrent certaines parties du corps, ils existent aussi dans la plupart des larves de Crypto- phagus quoique je n’en aie pas parlé. Je dis la plupart, car je n’ai pu en voir dans la larve du Cryptophagus lycoperdi qui, du reste. a quelques autres caractères distinctifs purement spécifiques. Les larves des Antherophagus doivent remplir dans les nids de Bourdons le rôle que celles des Cryptophagus pubescens et scanicus jouent dans les nids des Guëêpes. Je ne crois pas qu’elles mangent le miel approvisionné par ces Hyménoptères, ou qu’elles s’attaquent à leurs larves dont pas une seule ne m'a paru blessée; je suis convaincu qu’elles vivent des déjections des habitants et qu’elles sont, à proprement parler et uniquement, vidan- geuses. LU f LATHRIDIIDES. — LANGELANDI\ 17 LATHRIDIIDES Langelandia anophthalma AUS. Fig. 59-61. LARVE Long. 2? 1/2-3 1/2 millim., hexapode, d’un blanc roussâtre, avec la tête un peu plus foncée, étroite, linéaire, très-faiblement coriace, assez peu convexe en dessus, moins en dessous, très-peu velue, terminée par deux crochets médiocrement développés. Tête peu enchässée dans le prothorax et aussi large que lui, plus large que longue, subconvexe, marquée de deux sillons formant une ellipse et munie de quelques poils sur les côtés. Épistome soudé avec le front; labre en demi-ellipse transversale, cilié de quatre soies assez longues. Mandibules peu robustes, assez étroites, de longueur moyenne, ferru- gineuses à la base, noires ensuite jusqu'au sommet qui, du moins dans l'une d’elles, est bifide. Mächoires longues. très-peu coudées, descendant jusqu’à la base de la tête; leur lobe subcylindrique, atteignant presque le niveau apical du second article des palpes maxillaires et surmonté de quelques soies assez longues. Palpes maxillaires assez longs, débordant la tête, un peu arqués en dedans, de trois articles, les deux premiers égaux, le troi- sième d’un tiers plus long et terminé par des cils extrèmement courts; un petit poil à l'extrémité externe du second article. Menton étroit, lèvre inférieure petite, dépourvue de languette appa- rente, surmontée des deux palpes labiaux courts et de deux articles égaux ne dépassant pas les lobes des mâchoires. Antennes assez longues et non rétractiles, de quatre articles, le pre- mier épais, sensiblement plus long que le second, le troisième deux fois environ aussi long que celui-ci, moins large à la base qu’au som- met où il porte deux poils, surmonté, quand on l’examine latéralement, de deux articles bien séparés, à peu près de la longueur du second, mais beaucoup plus étroits, le Supérieur, quatrième article ordinaire, muni à 78 LARVES DE COLÉOPTERES l'extrémité d'un long poil et de deux ou trois très-courts, l'inférieur, ou article supplémentaire, un peu plus grèle et glabre. Ocelles complétement nuls. Prothorax transversal, un peu arrondi sur les côtés, aussi long que les deux autres segments thoraciques réunis et comme eux ayant la bordure postérieure un peu plus pâle que le fond. Abdomen de neuf segments, le premier de la grandeur du métathorax, les suivants grandissant progressivement jusqu'au sixième, puis égaux ; les huit premiers pourvus d’un petit bourrelet latéral et marqués de chaque côté de la ligne médiane, tant au dessus qu’en dessous et sur un espace fort limité, de plis à peine apparents indiquant les points où s’opèrent les dilatations propres à favoriser les mouvements ; mésothorax ou métatho - rax paraissant susceptibles de dilatations semblables sur leur face dorsale seulement. Dernier segment se rétrécissant, en s’arrondissant, d'avant en arrière, échancré postérieurement, terminé par deux crochets de mé- diocre longueur, un. peu relevés, modérément arqués en haut, à extrémité ferrugineuse et cornée. Mamelon anal situé sous le dernier segment et au milieu, non saillant postérieurement et très-visiblement bilobé. Corps très-peu velu, deux ou trois poils de chaque côté du prothorax. deux de chaque côté des autres segments, sauf le dernier qui en a un plus grand nombre ; sur le dos six séries longitudinales de poils courts et rai- des; sur la face ventrale quelques longs poils et un beaucoup plus grand nombre de très-petits poils raides et inclinés en arrière ; ils servent évidem- ment à faciliter les mouvements. Stigmates au nombre de neuf paires, la première très-près du bord an- térieur du mésothorax, les autres au tiers antérieur des huit premiers segments abdominaux. Pattes peu robustes mais assez longues, débordant sensiblement le corps. de cinqarticles, ongle compris. munies de quelques soies; tibias un peu plus courts que les cuisses. Je dois cette larve à l’obligeance de mon ami et habile chasseur M. Bau- duer. En arrachant des pieux plantés dans son jardin et en observant la partie enfoncée dans la terre, il avait déjà capturé, à plusieurs reprises, de nombreux individus de la Langelandia. Convaincu que ces pieux avaient été le berceau de ces insectes, ou que ceux-ci allaient y pondre, je le priai de se livrer à des recherches qui le conduiraient probablement à la dé- couverte de sa larve. Grâce au dévouement de M, Bauduer, cet espoir LATHRIDIIDES. — CORTICARIA 79 s’est réalisé, car au mois d'avril 1873, en fouillant dans les couches super- ficielles du bois presque pourri des pieux, il trouva quelques larves, et au mois de mai suivant une autre larve et une nymphe. C'est donc dans l'intérieur des bois enfouis sous terre et ramollis, en partie décomposés par l'humidité, que vit la larve de la Langelandia, larve très-peu agile et aveugle comme l'insecte dont elle est le premier état. Mais est-ee du bois qu'elle se nourrit? Je n’oserais pas l’affirmer et je suis plutôt porté à croire qu’elle consomme les déjections laissées là par des larves lignivores qui l'ont précédée. On sait, en effet, que la portion enfouie des pieux devient bientôt le séjour de larves de diverses sortes, de Valgus, de Mordelles, de Longicornes, etc. Les pieux de M. Bauduer, que j'ai vus à Sos, ne paraissaient guère vermoulus, mais l’un d’eux dont j'a emporté la partie utile sur laquelle j'avais pris des Langelandia, m'a pré- senté des galeries, œuvre d'habitants antérieurs et encombrées de détritus. Je crois donc, sous toutes réserves, que la larve de cette espèce s’appro- prie les déjections d’autres larves xylophages, qu’à l’occasion elle serait carnassière, qu'elle l'est même souvent peut-être, car de très-petites Po- : dures du genre Achorutes fourmillent au même lieu, à moins pourtant qu’elle ne vive des Cryptogames qui se développent dans ce milieu si favo- rable à leur production. C’est dans le bois même et dans une cellule creusée par la larve que s'opère la métamorphose. NYMPHE Sa grosse têle plate, couchée sur la poitrine, lui donne une physiono- mie assez singulière. Les divers parties de son corps sont, du reste, dis- posées comme à l'ordinaire, et je n’ai à signaler que les caractères qui lui sont propres. Le front porte quatre soies insérées sur des tubercules coni- ques bien saillants ; le prothorax est frangé de huit longues soies sembla- bles, quatre de chaque côté, et on voit une soie de même genre de chaque côté et d’autres sur le dos des segments de l'abdomen, lequel se termine par deux longs appendices coniques et membraneux, cachés habituelle- ment par la dépouille de la larve. Des soies existent aussi sur les genoux, mais celles-ci ne surmontent pas des tubercules. Les carènes du prothorax sont très-visibles. 80 LARVES DE COLÉOPTÈRES Cortiecaria gibhosa HERBsr. Fig. 62-64. J'ai publié, avec figures, dans les Annales de la Société entomologique, 1852, p. 581. les métamorphoses du Lathridius minutus, et en donnant la description de la larve, j'ai fait ressortir deux caractères fort étranges qu’elle présente et qui consistent dans l'absence, du moins probable, de palpes labiaux, car il m'avait été impossible de les voir, et dans le remplacement des mandibules par deux organes occupant la même place qu'elles et fonctionnant comme elles, mais charnus et nullement, cornés, à peu près triangulaires, munis extérieurement de trois poils assez longs et à l’ex- trémité de deux petites dents presque droites et cornées. La larve de la Corticaria pubescens. dont j'ai parlé aussi (loc. cit. p. 585), m'avait paru présenter les mêmes particularités. A l'occasion de la larve de la Corticaria gibbosa, que j'ai trouvée assez abondamment dans une tête d’artichaut dont on avait laissé mürir les graines, j'ai voulu étudier de nouveau la question des palpes labiaux dont l'absence constituait une anomalie, et celle des mandibules. Pour ces der- uières, en soumettant plusieurs larves au microscope, je les ai toujours vues représentées par deux corps charnus armés à l'extrémité intérieure de deux spinules. Quant aux palpes labiaux, j'ai été longtemps sans les voir, et une forte loupe ne me montrait, entre les deux mächoires, qu’une plaque presque carrée qu’on pouvait considérer comme formée du menton et de la lèvre soudés ensemble, avec une fine strie transversale près du bord an- térieur. Le meilleur moyen de voir dans les petites larves les organes de la bouche, c’est de les observer vivantes entre deux plaques de verre, parce que la gène qu’elles éprouvent, les efforts qu'elles font pour se dégager les obligent à mettre en mouvement et en relief ces organes. Les palpes la- biaux demeuraient néanmoins invisibles, mais en introduisant de l’eau entre les plaques de verre, j'observais quelquefois, par transparence, comme un tubercule à chaque angle antérieur du menton. Enfin. des larves étant mortes sous le microscope, l’une d'elles, renversée sur le dos et la tête un peu inclinée en arrière, me montra, débordant le labre, deux très-petits palpes biarticulés et terminés par une petite soie. Îl n’y avait pas moyen de méconnaîitre dans ces organes des palpes labiaux, car les palpes maxil- laires, les antennes, tout ce qui aurait pu faire prendre le change était aussi LATHRIDIIDES. — CORTICARIA 81 là. Pour abréger, je dirai qu’une autre larve m'offrit le même sujet d’obser- vation, et qu'ayant soumis alors à l’étide des larves de Lathridius conser- vées dans l’alcoo!, j'ai pu voir sur deux d’entre elles les palpes cherchés. Ainsi, les larves des Lathridius et des Corticaria ont des palpes labiaux très-peu développés, coniques et de deux articles. Si j'ai bien vu, ils sont insérés aux angles antérieurs de la pièce formée par la lèvre inférieure et le menton et au niveau de la fine strie dont j'ai parlé. Ce qui est en avant de cette strie pourrait être considéré comme la languette. La larve de la C. gibbosa, longue de 2 millim., ressemble, à s’y mépren- dre, à celle du Lathridius minutus ; elle est en ovale allongé, sa tête est d’un brunâtre livide avec le devant du front blanchâtre, ainsi que les deux traits en V qui, partant du vertex, aboutissent près des antennes. Les mâ- choires sont assez coudées, courtes et ne descendent pas au-dessous de la moitié de la tête; les antennes et les palpes maxillaires sont longs et les joues sont également ocellées. Le corps est formé de douze segments bien détachés, les trois thoraciques visiblement plus grands que ceux de l'abdo- men qui sont égaux. Le prothorax, un peu plus long que les deux sui- vants, est marqué de deux taches brunätres. Les poils assez longs dontle corps est modérément hérissé sont de deux sortes comme dans les larves de Lathridius minutus, c'est-à-dire les uns simples, les autres terminés par un petit globule, et ces derniers diffèrent des poils analogues de la larve de Corticaria pubescens chez laquelle ils sont beaucoup plus courts, en cône renversé et papilliformes. Les pattes, peu robustes et assez lon- gues, débordent le corps et sont hérissées de quelques petites soies; enfin, comme les autres de ce groupe, elle se courbe en arc lorsqu'on l'inquiète. La larve dont je m'occupe diffère de celle du Lathridius par les caractè- res suivants : les organes charnus qui tiennent lieu de mandibules ont, autant qu'il m'a été possible de le constater au microscope, une forme trapézoïdale, avec le bord antérieur échancré et les angles antérieurs arron- dis; extérieurement ils portent deux soies, l'antérieure plus longue que l’autre, et à l'angle interne deux épines contiguës à la base, très-peu écar- tées au sommet, grèles, acérées et presque horizontales. Les palpes maxil- laires sont longs, très-saillants, le premier article est plus court que le second, lequel porte un assez long poil en dehors, et le troisième, un peu plus long que le précédent, est terminé par un long poil et un ou deux autres excessivement courts, presque invisibles. Les antennes ont le troi- sième article plus long que les deux premiers ensemble, mais le quatrième PER. (3 82 LARVES DE COLÉOPTÈRES qui, dans la larve du Lathridius, est aussi long que le troisième, est ici de moitié plus court et à peine plus long que l’article supplémentaire. M. Thévenet, dont ce début me fait regretter la mort prématurée, a publié dans les Annales de la Soc. ent. 1874, p. 427, l’histoire des métamor- phoses de la Corticaria Pharaonis Mots. L'auteur ne donne aux antennes de la larve que trois articles dont les deux premiers, dit-il, courts et gros. Je persiste à croire que ces organes ont quatre articles dont le basilaire rétractile. M. Thévenet n’a pas plus que moi vu de véritables mandibules, ‘elles sont représentées dans sa larve par « deux corps brunâtres d’apparence cornée, bifides à l'extrémité, portant chacun trois cils. » Cette structure diffère un peu de celle que j'ai décrite, et dans tous les cas, je puis affirmer que je n’aipas observé d'apparence cornée. Enfin la larve de la C. Pharaonis, qui se distingue de celle de la C. pu- bescens au moins en ce qu'elle n'a sur le thorax et l'abdomen que des poils d'une sorte qui sont spatulés, serait pourvue de chaque côté de la tête de quatre ocelles seulement que la figure représente en losange. J'ai reyu mes larves de Corticaria et cette fois encore elles m’ont paru avoir dix ocelles elliptiques, cinq sur chaque joue dont trois antérieurs en arc ‘et presque contigus et deux un peu en arrière. se touchant ou à peu près. M. Thévenet pense que la figure que j'ai donnée de la nymphe de la C. pubescens est quelque peu fantaisiste. La question d'art à part, je puis certifier que cette figure donne, pour l’ensemble, une idée très-exacte de la réalité. NYMPHE DE LA C. SERRATA Invaginée postérieurement dans la peau chiffonnée de la larve, laquelle s’est fixée sur le plan de position par son mamelon anal, blanche, munie de poils de diverses longueurs sur le front, au pourtour et sur le dos du prothorax, à la face dorsale et aux angles latéraux des segments de l’abdo- men, ainsi qu'aux genoux. Si on la retire de son fourreau, on constate que son dernier segment est bilobé. La structure de la bouche des larves de Lathridius et de Corticaria sem- ble repousser l’idée qu’elles soient lignivores ou carnassières. Leurs man- dibules, que l’on pourrait appeler de fausses mandibules, sont incapables d'attaquer le bois, et les animaux de proie sont habituellement beaucoup mieux armés. De Geer, qui a décrit les premiers états du Lathridius lar- LATARIDIIDES. — CORTICARIA 83 darius, a observé sa larve sur une vessie de porc desséchée. Il est plus que probable qu'il s'y était développé des moisissures dont elle se nourris- sait. Kyber, qui a fait connaître dans le Magazin entomologique de Germar, 1817, t. 1, p. 1, la larve du Lathridius porcatus Herbst, lequel n'est autre que le minutus L., dit qu’elle vit des moisissures qui se forment sur les substances animales ou végétales, et en effet, on rencontre cet insecte ou sa larve presque partout où naissent de semblables productions, ainsi que sur des matières fermentées telles que les mares de raisins et sur les lies de vin qui, ayant débordé de barriques en fermentation, se sont dessé- chées sur les futailles. C’est aussi dans les mêmes conditions, c'est-à-dire sur les bois couverts de moisissures, que j'ai maintes fois rencontré la larve du Lathridius nodi- fer. et de nombreux individus de cette espèce me sont nés de fruits mûrs de rosier qui, étant demeurés quelque temps entassés, avaient fermenté et s'étaient moisis. Celle du L. rugosus pullule dans un champignon d'un genre particulier, le Reticularia hortensis, qui se produit sur les souches des arbres et qui finit par n'être plus qu'un amas d’une poussière noirs extrèmement fine. Celles des Corticaria pubescens, serrata, truncatella, melanophthalma, crenicollis, vivent ici dans lestoitures de chaume si abon- damment pourvues de détritus et de végétations cryptogamiques; celles des C. distinguenda et fuscipennis se trouvent dans les Lierres touffus qu tapissent les murs, et celles des C. gibbosa et transversalis se mon trentans une foule de conditions en apparence diverses et au fond semblables, dans les hérissons secs des châtaignes, dans les vieilles galles, dans les fleurs de trèfle, dans les calathides des carduacées, dans les calices ou les corolles des malvacées, des roses doubles, etc., lorsque la dessiccation et l’humi- dité y ont provoqué l'apparition de mucédinées. M. Thévenel a trouvé et élevé les siennes sur des racines de Gypsophila struthium venues de Constantinople. Elles se promenaient activement sur ces racines et s’arrêtaient parfois sur un point, sans qu'il ait pu constater si elles en attaquaient la substance. Je suis convaincu qu’il y avait là des moisissures dont elles faisaient leur profit. Si maintenant l’on compare les larves des Lathridius et des Corticaria avec celle de la Langelandia qui figure dans la famille des Lathridides, on, remarque entre elles d’assez notables différences. La larve de la Lange- landia est d'une couleur moins terne, elle est plus linéaire, plus déprimée sensiblement moins velue et ses poils sont simples. Les pattes etles an- 84 LARVES DE COLÉOPTÈRES tennes sont plus courtes et l'article supplémentaire de celles-ci est aussi long que le quatrième article, tandis qu’il est beaucoup plus court dans les larves de Lathridius. Elle a de véritables mandibules. les mâchoires descendent jusqu’à la base de la tête au lieu de s'arrêter au milieu, la lèvre inférieure et les palpes labiaux sont bien visibles, les ocelles font défaut, et enfin le dernier segment, arrondi et mutique dans les larves de Lathridius, est ici terminé par deux crochets. MYCÉTOPHAGIDES Litargus (mycetophagus) bifasciatus, F. Fig. 65-71. LARVE Long. 3 1/2 millim. hexapode, subdéprimée, coriace, linéaire, peu ve- lue, fasciée de noirâtre, terminée par deux crochets. Tète déprimée, un peu plus large que longue, un peu arrondie sur les côtés, noirâtre en dessus, avec une ligne blanche partant du vertex etse bifurquant sur le milieu du front pour se diriger vers les angles antérieurs. Épistome transversal, allant presque d’une antenne à l'autre, et de la cou leur de la tête; Labre pâle. semi-elliptique, bordé de quelques cils. Mandi- bules, autant qu'il m'a été possible d'en juger en les observant fermées, sur des larves conservées dans l’alcool, arquées, médiocrement larges, pointues à l'extrémité, sans dent sur la tranche interne ; mais elles sont probablement bifides. Mächoires courtes, leur base ne dépassant guère la moitié de la tête, munies d’un lobe peu épais, à peu près cylindrique, terminé par quel- ques soies spinuliformes, pas guère plus long que les deux premiers ar- ticles des palpes maxillaires ; ceux-ci longs, débordant les mandibules fermées, un peu arqués en dedans et de trois articles, le premier un peu plus court que le second, le troisième de la longueur des deux autres réunis et terminé par deux très-courtes soies tronquées et d’inégale lon- gueur. Menton assez grand; lèvre courte, transversale, surmontée de deux palpes labiaux très-courts et de deux articles égaux, ne dépassant pas ! MYCÉTOPHAGIDES. — LITARGUS 85 le lobe des mâchoires. et entre lesquels se trouve une languette très- courte, subarrondie et un peu ciliée. Antennes de quatre articles, le premier épais, en cône tronqué etcourt, le second cylindrique, à peine plus long, ces deux articles glabres ; le troisième trois fois au moins aussi long que le précédent, très-légèrement en massue et muni d'un certain nombre de poils courts ; le quatrième égal à la moitié du précédent, grêle, cylindrique, terminé par un poil long et deux ou trois beaucoup plus petits; tous ces organes, sauf les mandi- bules, de couleur pâle. Après un assez long examen j'allais déclarer l'absence de tout article supplémentaire aux antennes, lorsque, ayant mis quelques larves sous le microscope, de manière à les voir de profil, j'a constaté que le quatrième article est sensiblement excentrique, et j'ai aperçu au sommet inférieur du troisième article un petit tubercule qui ne peut être que l'article supplémentaire cherché. Sur chaque lempe, très-près de la base de l'antenne, cinq ocelles ronds, sur deux rangs. trois presque contigus en ligne transversale, un en ar- rière, vis-à-vis celui du milieu du rang de devant et un assez éloigné en allant vers le crâne ; les trois premiers noirs et convexes, les deux autres non colorés et déprimés. Prothoraz de la longueur de la tête, plus large qu’elle, arrondi sur les côtés, brun noirâtre, avec une ligne médiane très -fine, le bord antérieur etle bord postérieur blanchâtres ; mésothoraz et métathorax semblables au prothorax, à peine moins longs que lui, de mème couleur avec les bords antérieur, postérieur et latéraux, blanchâtres. Abdomen de neuf segments, le premier de moitié plus petit que le pro- thorax, le second et le troisième grandissant progressivement, les autres égaux jusqu'au huitième; tous ces segments ayant une large bande brun noirâtre, ou plutôt entièrement de cette couleur, sauf le bord postérieur qui est blanchâtre, et montrant sur les flancs un ou deux mamelons dépri- més et bruuätres, susceptibles de dilatation et servant incontestablement aux mouvements de la larve; le neuvième segment un peu plus long que le précédent, se rétrécissant sinueusement d'avant en arrière, profondément échancré postérieurement et terminé par deux crochets cornés, légère- ment relevés. Dessous du corps uniformément pâle; face inférieure du dernier seg- ment occupée en partie par un mamelon anal. Deux longs poils de chaque côté de la tête, un encore plus long de chaque côté des segments thoraciques et des huit premiers segments ab- 86 LARVES DE COLÉOPTÈRES dominaux; le dernier hérissé de quelques longs poils. Indépendamment de ces poils. peu nombreux, comme on voit, le microscope montre, ré- pandus sur tout le corps, depuis la tête jusqu’au dernier segment. mais très-peu serrés, de tout petits poils fins et raides, ceux de la partie pos- térieure du corps un peu inclinés en arrière. Ces petits poils me parais- sent destinés à faciliter la progression de la larve. Ils manquent au bord antérieur et au bord postérieur des segments. Stigmates roussâtres, au nombre de neuf paires, la première, un peu plus inférieure que les autres, très-près du bord antérieur du mésothorax ; les suivantes vers le tiers des huit premiers segments abdominaux. Pattes assez longues, débordant le corps de beaucoup. de cinq pièces, ongle compris; cuisses et tibias hérissés de petites soies égales et nom- breuses. Ce caractère du nombre, de la brièveté et de l'égalité [des soies des pattes mérite d’être noté. Cette larve vit sous l'écorce du Châtaignier, de l’'Orme, du Chêne; de l’Aulne, du Peuplier, du Figuier, parmi les déjections laissées par d’autres larves, principalement de Scolytides, lorsque surtout cette écorce est ta- pissée de quelque mycelium, ou quand l'humidité y a développé certaines Mucédinées. Elle parait aimer, en effet, à se nourrir de substances fon- gueuses. Je l'ai pourtant souvent rencontrée là où ne semblait exister aucune production de cette nature, el je suis porté à croire qu'elle vit aussi des déjections dont j'ai parlé, quoiqu'il ne soit pas impossible que des cryptogames imperceptibles lui servent de pâture. Elle se transforme.en nymphe sans déplacement. NYMPHE Elle se distingue par les caractères suivants : massue des antennes épi- neuse; tête et prothorax revêtus de très-petits poils fins et très-serrés ; deux soies assez longues sur le front, deux encore plus longues au bord antérieur du prothorax, une à chaque angle antérieur, une vers le milieu de chaque bord et une à chaque angle postérieur; toutes ces soies portées sur en petit tubercule ; de petits poils aux genoux; abdomen à peu près glabre au dessous, les six premiers segments revêtus en dessus de très-petits poils et d’autres un peu plus longs et inclinés en arrière, disposés en série transversale un peu au delà du milieu ; sur chaque côté une papille subco- nique surmontée d’une longue soie; dernier segment hérissé de petits poils, ayant en outre de chaque côté, près de sa base, une soie moins lon - MYCÉTOPHAGIDES. — MYCETOPHAGUS 87 gue que les précédentes et sans papille, et terminé par deux appendices fus, subulés et divergents, Plusieurs larves du pelit groupe des Mycétophagides sont déjà connues. Erichson a donné (A4rchiv. de Wiegm. 1847, p. 283), la description de celle du Mycetophagus multipunciatus Hellw.; cette description ne prète à la critique que relativement au nombre des articles des antennes qui est de quatre et non de trois. Je regrette en outre qu'Erichson n’ait pas men- tionné les bandes d'un brun roussätre qui ornent les segments du corps; il y a des cas où la couleur atteint presque là valeur d’un caractère géné- rique. Il et possible que les larves qu'il a étudiées fussent conservées dans l'alcool, et l'on sait que cette liqueur exerce parfois une action déco- lorante. M. Westwood, dans son Introduction, etc., a dit quelques mots, d'après M. Waterhouse, de celle du M. 4 pustulatus L. qui a été décrite, ainsi que la nymphe, mais insuffisamment, par M. Frauenfeld (V. Abeille, 1869. p. 107). De mon côté, j'ai publié dans les Annales de la Soc. entom. les larves des genres suivants : Triphyllus punctatus, 1851, p.39, Biphyllus lunatus, 1851, p. 42, Berginus tamariscis, 1862, p. 194. Pour que l'on puisse donner plus de précision aux généralités sur ces sortes de larves, j'en signalerai deux autres. Mycetophagus piceus F. LARVE Très-semblable à la larve du Litargus dont la description lui convient parfaitement, sauf les différences ci-après : longueur 6 millim., corps et tète nn peu moins déprimés ; mandibules bifides à l'extrémité ; mâchoires relativement un peu plus courtes ; troisième article des palpes maxillaires un peu moins long ; ocellés au nombre de quatre de chaque côté, ocelle unique du secondrang placé vis-à-vis celui du milieu du rang antérieur ; troisième article des antennes un peu plus en massue. A cela près, tout est semblable; le troisième article antennaire porte en. dessous, à son bord antérieur, le petit mamelon que j'ai considéré comme l’article sup- plémentaire ; les segments thoraciques et abdominaux ont les mêmes d- mensions relatives et leur coloration est semblable, seulement la couleur 88 LARVES DE COLÉOPTÈRES des bandes est brun roussâtre ; le dernier segment et les pattes sont con- formés de même, et on retrouve exactement la même villosité. c’est-à-dire de longs poils assez rares et de très-petits poils assez serrés dont quelques- uns, un peu plus longs et dirigés en arrière, en ligne transversale un peu au delà du milieu des huit premiers segments abdominaux. Stigmates semblables et semblablement disposés. Le bois de l’intérieur des vieux Chênes et des vieux Châtaigniers dans lesquels pénètre l'humidité contracte à la longue une altération qui le rend rouge, crevassé, feuilleté et spongieux. Dans les crevasses ou entre les feuillets se forme, lorsque l'humidité est considérable, une substance byssoïde et papyracée de la nature des champignons, et c’est là que vit, quelquefois en grand nombre, la larve dont je viens de parler; c’est là aussi, et dans une petite cellule, que s’opèrela transformation en nymphe. NYMPHE Antennes épineuses, des soies longues sur le front, sur les bords anté- rieur et latéraux du prothorax, quatre au bord postérieur et huit ou dix en ligne transversale au milieu, quatre sur le mésothorax, quatre sur le métathorax, trois plus petites sur les genoux, deux sur chaque côté des huit premiers segments abdominaux, sur un bourrelet, et deux voisines de celles-ci, l'une sur le dos, l’autre sur le ventre, plusieurs sur le dernier segment, lequel est terminé par deux appendices coniques, subulés, paral- lèles, un peu relevés et légèrement crochus à l'extrémité qui est roussâtre et subcornée. Toutes les soies dont j’ai parlé sont portées, savoir : celles de la tête et des genoux sur de petits tubercules, les autres sur des papilles coniques dont les plus longues sont celles du bord antérieur du pro- thorax. ] Les larves etles nymphes des Wycetophagus 4 pustulatus et multipunc- tatus sont tout à fait semblables ; la première de ces deux larves est natu- rellement un peu plus grande et ses bandes sont plus foncées. Je l'ai trouvée fréquemment dans le Boletus imbricatus et une fois dans un agaric déve- loppé sur une souche d’Aulne, et j'ai rencontré l’autre en très-grand nom- bre dans le Boletus suberosus vivant sur le Hêtre. MYCÉTOPHAGIDES. — TYPHÆA 89 Typhæn (Dermestes) fumata L. LARVE Voici encore une larve très-semblable aux précédentes : forme sub- cylindrique et linéaire du corps, organes de la bouche, ocelles, crochets terminaux, stigmates, poils longs et courts, dimensions relatives des seg- ments, tout est semblable. Les seules différences que je constate sont les suivantes : taille de 4 à 4 1/2 millim., troisième article des antennes un peu plus court, mais muni de l’article supplémentaire tuberculiforme ; quatrième article de la longueur des trois quarts du précédent; palpes maxillaires un peu plus épais; pattes plus robustes et plus hérissées ; bandes dorsales réduites à une simple nuance roussâtre. Ce dernier carac- tère est le plus saillant, la larve paraissant presque blanche, J'ai trouvé assez abondamment cette larve, ainsi que la nymphe et l'in- secte parfait, au mois d'octobre, dans du marc de raisin entassé dehors depuis un mois, et où la fermentation avait produit des moisissures abon- dantes. C'est peut-être de ces Cryptogames que la larve faisait sa nourri- ture, ce dont je n'ai pu m'assurer parce que, ennemie de la lumière, ellese hâte, lorsqu'on la découvre, de fuir le jour etse dérobe ainsi à toute obser- vation. La transformation en nymphe n'exige aucun préparatif, elle se fait dans le premier recoin venu. NYMPHE C’est exactement la nymphe du Mycetophagus, sauf les différences sui- vantes : les papilles sétigères sont un peu moins longues; le microscope me montre trois soies sur les côtés des segments, au lieu de deux; les ap- pendices du dernier segment sont droits, à peine relevés à l'extrémité et divergents ; ils ressemblent à ceux de la nymphe du Litargus, mais ils sont un peu plus longs et plus coniques parce qu'ils sont sensiblement plus épais à la base. Par ce qui précède et par les descriptions antérieurement publiées, on peut voir que les larves des Mycétophilides ont une telle unité de confor- mation qu’elles constituent un groupe aussi naturel que celui des insectes parfaits. Toutes sont linéaires, subcoriaces, ornées de bandes transversa- 90 LARVES DE COLÉOPTÈRES les plus ou moins foncées; leurs mandibules sont bifides, leurs mâchoires courtes avec le lobe assez étroit, ne dépassant pas le second article des palpes maxillaires; ceux-ci ont le deuxième article tantôt beaucoup plus long, tantôt un peu plus long seulement, tantôt de même longueur que chacun des deux articles précédents, mais toujours terminé par de très- petits cils ; dans les antennes, constamment de quatre articles, le troisième article, ordinairement aussi long que les deux précédents réunis, n’a quelquefois que la longueur du second, mais invariablement il porte à son sommet, sous la base du quatrième article, un article supplémentaire tuber- culiforme dans les larves de Litargus. de Mycetophagus, et de Typhæa, grêle et allongé dans celles de Triphyllus et de Biphyllus, et même, quoi- que j'aie dit autrefois le contraire, dans celle du Berginus où il est presque de moitié aussi long que son voisin. Les ocelles sont tantôt au nombre de cinq de chaque côté, trois très rapprochés et convexes près de la base des antennes et denx écartés, un peu en arrière, ceux-ci déprimés et presque oblitérés, tantôt au nombre de quatre dont un isolé au second rang. Je n’en ai même compté que trois dans la larve du Berginus, et malgré un nouvel examen, je n'ai pu en voir davantage. Le dernier segment du corps est toujours terminé par deux crochets cornés, arqués en haut, ordinairemen un peu divergents quand on observe verticalement, sauf dans la larve du Berginus, où ils sont un peu arqués l’un vers l’autre. Toutes ont le corps hérissé de poils de deux sortes, les uns longs, flexibles et peu nombreux, les autres courts, raides et assez serrés, à l'exception de la larve que je viens de citer et quiles a plus clairs. Les pattes sont régulièrement héris- sées de soies courtes, quelquefois entremèêlées de soies plus longues. Ces larves sont toutes assez agiles, mais cette épithète appartient sur- tout à celles des Mycetophagus, qui sont d’une prestesse de mouvements presque égale à celle des insectes parfaits. Les nymphes sont toutes symétriquement hérissées de longues soies portées sur des tubercules ou des papilles coniques plus ou moins déve- loppées, et toutes aussi sont terminées par deux appendices coniques tan- tôt droits, tantôt un peu crochus, parallèles ou divergents. Les habitudes ne sont pas les mêmes pour la transformation en nymphe. Les larves du Triphyllus et du Biphyllus quittent alors le champignon où elles ont pris leur développement et s'enfoncent dans la terre; les autres restent et se métamorphosent au milieu des substances qui les ont nour- ries. De quoi vivent les larves des Mycétophilides ? Je ne puis avoir des LAMELLICORNES ET PECTINICORNES 91 doutes, en m'en tenant, bien entendu, aux larves connues, que pour celles de Typhæa et de Berginus. J'ai dit cependant, relativement à la première. que la fermentation du marc de raisin dans lequel je l’ai rencontrée y avait développé d'abondantes moisissures dont probablement elle tirait parti ; mais ce marc était peuplé de bien d’autres insectes et d'innombrables larves de Staphylinides, de Carpophilus hemipterus ei de Drosophila cel- laris, diptère que les vendanges attirent et multiplient à millions ; il pour- rait donc se faire qu'elle se nourrit des déjections de ces insectes. Quant à la larve du Berginus, je l'ai trouvée d'abord dans les chàtons vieillis du Pin, qui avaient servi de pâture à la larve de Rhinomacer atle- laboides; mais depuis, je l'ai vue au moins aussi abondante dans la galle en pomme du Chêne, celle que forme l'Andricus terminalis, où se loge le Sinergus socialis et où l’on trouve comme parasites le Callimome admiru- bilis et les Pteromalus papaveris et riparius. Ces sortes de galles avaient été recueillies plusieurs mois après leur formation et lorsque la plupart de ses habitants primitifs les avaient quittées. Les larves de Berginus qu'elles contenaient et qui ont accompli chez moi toutes leurs évolutions. y trouvaient-elles des moisissures? Vivaient-elles des déjections et des dépouilles des larves qui les avaient précédées? Se contentaient-elles, au contraire, de la substance presque fongueuse des galles ? Je ne saurais le dire au juste ; ce que je sais, c’est que deux autres fois des galles recueil- lies plus récentes et bien sèches ne m'ont pas donné de Berginus. Je ne puis sans doute en rien conclure, mais comme les premières galles étaient dans un tel état qu’elles contenaient probablement des moisissures, comme il en existait, à coup sûr, dans les vieux châtons du Pin, je ne serais pas éloigné de croire que ces productions servent d’aliment à la larve dont i s'agit. LAMELLICORNES ET PECTINICORNES Grâce à la larve du Hanneton, connue de tous et malheureusement si commune dans beaucoup de contrées, grâce aussi aux larves des Cétoines; décrites et figurées tant de fois, il n’est presque personne et, dans tous les cas, il n’est pas un savant qui ne connaisse la forme des larves des Lamel- licornes. Celles des Buprestides et des Longicornes sont aujourd'hui 92 LARVES DE COLÉOPTÈRES assez bien connues aussi ; mais il existe, dans l’une et l’autre de ces deux tribus, certains types, tels que les larves des Aphanisticus et des Trachys, pour la première, des Vesperus et des Pachyta où Acmæops, pour la seconde, qui, du moins en apparence, s'éloignent tellement du type géné- ral, que l'incertitude, l'hésitation sont non-seulement permises, mais presque inévitables, tandis que la tribu des Lamellicornes ne présente pas, que je sache, une seule larve dont la physionomie et les caractères géné- raux soient de nature à provoquer le moindre doute. Pas un entomolo- giste, qu’il l'ait trouvée sous terre, dans le bois, dans les détritus, dans les matières animales ou stercorales, ne pourra se méprendre et n’hésitera sur le nom de famille de cette larve courbée en arc ou en hamecon, à tête grosse et rousse, à partie postérieure souvent plus épaisse et ordinaire- ment d’une autre couleur que le reste du corps, à pattes bien articulées, assez longues, coudées et presque toujours très-hispides. Je n'ai donc pas l'intention de décrire dans tous ses détails chacune des larves de cette tribu qui doivent trouver place dans ce travail; j'aime mieux donner une description générale, sauf à y rattacher ensuite chaque espèce en mentionnant seulement les caractères particuliers qui la dis- tinguent. Cette description générale a été donnée au moins deux fois: d’abord par Érichson, et on en trouve la traduction dans l’estimable catalogue de MM. Chapuis et Candèze. page 112, en dernier lieu par MM. Mulsant et Rey, dans la deuxième édition des Lamellicornes, page 15. Je vais essayer à mon tour, parce que le sujet n’a pas été entièrement épuisé. Tête grande, mais plus étroite que le corps, convexe, cornée, blonde ou testacée, rarement plus foncée, peu enchâssée dans le prothorax, marquée, comme dans presque toutes les larves, d’un trait blanchâtre, souvent enfoncé, partant du vertex et se divisant sur le front en deux branches qui se dirigent vers la base des mandibules. La surface est quelquefois rugueuse ou ruguleuse, mais le plus souvent elle est lisse avec quelques points ou fossettes sur le front et sur les côtés antérieurs. Épistome distinct, transversal, séparé du front par une suture, ordi- nairement lisse, parfois néanmoins rugueux ou ruguleux. Il est transver- salement bombé, quelquefois même d'une manière exagérée comme dans la larve du Pachypus Candidæ. Labre très-apparent, convexe. soit entier et arrondi ou un peu en ogive antérieurement, soit crénelé ou divisé en trois lobes ; ordinairement lisse avec deux fossettes ou une dépression transversale arquée, parfois rugueux LAMELLICORNES ET PECTINICORNES 93 ou ruguleux ; toujours garni de poils épars en dessus et cilié antérieure- ment de soies plus ou moins raides, Mandibules robustes, plus ou moins longues, médiocrement arquées, terminées en dedans par une tranche oblique quelquefois simple, plus habituellement munie de dents presque toujours au nombre de deux à la mandibule droite et de trois à la gauche, creusées en dessus ou latérale- ment, et quelquefois sur ces deux faces, de sillons longitudinaux ou de fos- settes, ou relevées d'une arête longitudinale ; toujours pourvues en dedans, assez près de la base, d’une forte dent molaire, rarement de plusieurs. Dans certains genres Oryctes, Cetonia, Osmoderma, on voit en dessous à la base et près du côté externe, une cavité toute couverte de stries trans- versales très-régulières et très-serrées. Mâchoires assez fortes, très-coudées, leur lobe, presque aussi long que les palpes maxillaires, divisé en deux dans certains groupes, simple ou un peu échancré dans d’autres, et dans certains ayant la soudure des deux lobes indiquée par une suture ; toujours terminé par une, deux ou plu- sieurs épines ou crochets cornés, toujours aussi cilié en dedans de soies raides. Palpes matillaires non de trois ou de quatre articles comme l'ont dit Erichson et MM. Mulsant et Rey, mais toujours de quatre articles de lon- gueurs variables selon les groupes. Menton charnu, ordinairement en parallélogramme transversal, portant la lèvre inférieure habituellement transversale aussi, un peu arrondie anté- rieurement et ciliée entre les deux palpes. Palpes labiaux uniformément de deux articles. Antennes toujours de cinq articles, sauf jusqu'ici les genres Copris et Troz qui n’en ont que quatre. Ces articles, ordinairement obconiques, sont de forme et de dimensions variables. D’après Erichson et les savants naturalistes de Lyon, ces organes seraient composés de trois à cinq articles, le premier n’étant pour eux qu'une sail- lie tuberculeuse qui simule un article. Je ne puis me ranger à cette opinion. Je ne prétends pas dire qu'elle constitue une appréciation erronée de la structure des antennes, mais comme cette saillie tuberculeuse existe dans toutes les larves, que si, par suite de sa rétractilité ou autrement, elle laisse quelquefois place au doute. elle présente habituellement la physionomie d'un véritable article ; comme aussi la plupart des auteurs, y compris les eutomologistes éminents que je viens de citer, lui ont le plus souvent donné ce caractère dans leurs descriptions. je crois qu'il fant le lui maintenir sous 94 LARVES DE COLÉOPTÈRES peine d’avoir à rectifier presque tout ce qui a été dit jusqu'ici sur les antennes. Je ferai remarquer en outre que, si cet article basilaire devait être retranché. il serait inexact de dire que les antennes des larves de Lamellicornes ont de trois à cinq articles, car alors il y aurait des larves qui, avec l’article basilaire, en auraient six, ce que je n'ai jamais vu. J'ajoute que, dans cette tribu, les organes dont il s’agit offrent un carat- tère que M. Laboulbène a fait remarquer à l’occasion de la larve du Calic- nemis Latrellei ; ils sont arqués en haut, ou plus ou moins coudés à l'inter- section qui sépare les deux derniers articles du précédent. Je ferai observer aussi que l’avant-dernier article est souvent prolongé en dessous en une sole triangulaire plus ou moins prononcée. Ce caractère se pré- sente surtout dans les larves des Mélolonthides. Ocelles complétement nuls, dit Erichson, même chez les larves les plus jeunes. Cela est vrai, sauf, jusqu'ici, deux exceptions, car les larves de Gnorimus et de Trichius ont sur chaque joue, très-près de la base de l'antenne, un ocelle ou un granule ocelliforme très-visible. Segments thoraciques au nombre de trois, comme toujours. Prothoraz plus grand que chacun des deux autres, coupé par un pli profond trans- versal en deux parties dont la plus grande de beaucoup est l'antérieure. laquelle porte habituellement de chaque côté, en avant du stigmate. une tâche ou plaque subcornée, roussâtre, luisante, souvent enfoncée. Méso- thorax et métathorax également divisés par un pli profond, mais avec cette différence que la portion la plus grande est antérieure dans le premier et postérieure dans le second. Abdomen de neuf segments, les sept premiers de longueur progressive- ment croissante, divisés transversalement sur le dos en trois parties par deux plis profonds, surtout les six premiers. Le huitième segment n’a qu'un seul pli arqué et peu apparent, et le neuvième est lisse, sauf un bourrelet latéral. Les plis sont un peu arqués en sens contraire et, en se croisant près des flancs, ils circonscrivent une sorte de mamelon qui est le siége d'un stigmate. Sur chaque ligne latérale existe une série de mame- lons qui constituent un bourrelet bien marqué. Les proéminences transver- sales déterminées par les plis sont lisses dans un très-petit nombre de genres, dans les autres elles sont couvertes et comme sablées, sur les six premiers segments et sur la proéminence antérieure du septième, de petites spinules ou de très-petits granules surmontés de très-courtes soies spinu- liformes qui sont de puissants auxiliaires pour la progression. Ces soles se trouvent exceptionnellement sur tous les segments dans les larves des LAMELLICORNES ET PECTINICORNES 95 Cétonides. mais il y en à à peine une rangée transversale pet apparente sur les segments thoraciques, et elles sont plus clair-semées sur les trois derniers segments abdominaux. Quant au neuvième ou dernier segment de l’abdomen, appelé sac par Érichson, il est très-développé et entier dans les Cétoniaires et le genre Osmoderma, coupé en deux par un pli, mais en dessus seulement, dans les genres Gnorimus, Trichius et Valgus, dans tout le pourtour chez toutes les autres larves connues, ce qui a fait croire à quelques naturalistes que l'abdomen a dix segments. J'ai déjà discuté cette question dans mon His toire des Insectes du Pin, et je me suis arrêté à l'opinion que le nombre des segments doit être fixé à neuf, sauf à appeler les deux divisions, pre- mière partie et deuxième partie du dernier segment, ce qui vaut mieux, je crois, que de nommer la deuxième partie mamelon anal, puisque toutes les larves ne la possèdent pas. A l'extrémité de ce segment se trouve l'anus quelquefois un peu en dessous, plus rarement un peu en dessus, le plus souvent au bout. Il est indiqué tantôt par un seul pli ou transversal ou en angle assez peu ouvert, tantôt par deux plis transversaux plus ou moins arqués, ce qui a inspiré les noms peut-être un peu impropres d'anus bilobé-et d’anus trilobé. La disposition transversale de ces plis a servi de caractère pour distinguer les larves des Lamellicornes de celles des Pectinicornes qui ont la fente anale longitudinale ; mais il faut renoncer aujourd'hui à ce caractère, car on le retrouve dans les larves du Triodonta aquila, du Trox hispidus qui ne sont probablement pas les seules dans ce cas. Les environs de l’anus sont assez fréquemment pourvus de petites soies spinosules ; presque toutes les larves présentent en outre, en avant de l'anus en dessous, des soies rousses, la plupart terminées en croc dirigé en arrière, et dans plusieurs genres on voit entre ces soies deux séries de spinules cornées convergentes, bordant un petit espace lisse linéaire, ou triangulaire où même un peu elliptique. Le dessous du corps est presque plan, sauf ordinairement sur les deux derniers segments. La couleur générale est blanche ou d’un blanc jaunâtre à l'exception des derniers segments qui sont plus ou moins brunâtres ou ardoisés. à cause des matières contenues dans l'intestin ou dans le sac stercoral et visibles par transparence. Des poils blonds et fins plus ou moins nombreux existent sur les diverses parties, ils sont toujours plus serrés sur les bourrelets latéraux et à l'extrémité anale. Quant à sa con- sistance, le corps est charnu, quelquefois assez flasque (Copris, Aphodius), 96 LARVES DE COLÉOPTÈRES d'autres fois très-ferme, coriace {Cetonia), le plus ordinairement d’une résistance moyenne. Les stigmates sont au nombre de neuf paires. la première, un peu plus grande, mais pas plus inférieure que les autres, à l’inverse de ce qui a lieu dans tant de larves, est située près du bord postérieur du prothorax, lorsque presque partout ailleurs on la voit sur le mésothorax, les huit autres se trouvent sur les huit premiers segments abdominaux. Ces stigmates ont une forme particulière qui les a fait comparer à un fer à cheval; mais quand on y regarde de près, on voit qu’ils sont habituellement constitués par un tout petit bouton lisse ou ruguleux et ferrugineux entouré d'un péritrème blond, tantôt circulaire avec un petit bombement qui a l’air de produire une échancrure plus ou moins profonde, tantôt réellement échan- cré où même interrompu, tantôt réduit à un croissant. Ce qu’il y a de par- ticulier, c'est que toujours l'échancrure regarde la partie postérieure du corps dans la première paire et la partie antérieure dans les autres. Les pattes, au nombre de trois paires, sont écartées, assez longues et assez robustes; elles sont presque toujours de quatre pièces : une hanche ordinairement bien développée, un trochanter, une cuisse et un tibia de dimensions variables, presque constamment hérissés de soies ayant quel- quefois une apparence spiniforme. La dernière pièce est très-rarement inerme, elle est normalement terminée par un ongle tantôt assez grêle et subulé, tantôt plus épais et même muni en dessous d’une ou de deux petites dents ; mais dans les larves adultes et surtout dans les larves lignivores, on trouve parfois cet ongle réduit et émoussé par un long usage. Dans le genre Cetonia l’ongle n’est précisément pas nul, comme on l'a dit, il est remplacé par une pièce cylindrique et obtuse beaucoup plus grêle mais de même nature et consistance que les autres. Dans deux genres, Copris el Onthophagus, les pattes sont anormales, difformes et de deux ou trois pièces seulement, sans vestige d’ongle. Il y a des genres où la première paire est plus longue que les autres, dans le plus grand nombre c’est la dernière paire. Celle-ci est comme atrophiée dans les larves de Copris ou de Geotrupes, et l'avant-dernière pièce est munie antérieurement d’un rang de petites dents cornées. Les pattes sont égales dans les larves des Cétonides et des Trichiides. Les larves des Lamellicornes sont généralement impropres à la marche ou ne s'y prêtent que difficilement à cause de la courbure prononcée de leur corps Dans leur jeune âge cependant elles peuvent redresser assez leur abdomen pour se servir de leurs pattes, et j'ai maintes fois vu des LAMELLICORNES ET PECTINICORNES 97 larves d'Aphodius regagner la bouse d’où je les avais éloignées. Dans tous les cas, les larves des Cétoines feraient exception. Grâce à la courbure beaucoup moindre de leur corps, elles marchent avec assez de facilité. Il ya plus, et ce fait a déjà été observé par de Geer, elles cheminent aisément couchées sur le dos, les poils spinosules dont cette face du corps est cou- verte facilitant ce genre de progression. On dirait même qu’elles s'y com- plaisent, car une larve qui se trouve le ventre en l'air ne prend pas la peine de se retourner, et il m'a paru aussi que, dans cette position, elle n’a pas plus de difficultés, tant elle sait faire un bon usage de sa tête, à s’enfoncer dans les détritus où elle aime à vivre, et même dans la terre. Les nymphes sont, cela va sans dire, l'image de l’insecte parfait emmailloté. Elles sont ordinairement un peu roussâtres et présentent cette particularité qu’elles sont entièrement glabres ; seulement les six premiers segments abdominaux sont le plus souvent relevés, près du bord posté- rieur, en crête transversale, et dans la plupart des genres le dernier seg- ment est terminé par deux lobes obtus ou par deux papilles subulées. En parlant des larves des Lamellicornes je puis bien y comprendre, sans trop risquer de me compromettre, celles des Pectinicornes, qui sont longtemps restés mèlés avec les premiers. Leurs larves d’ailleurs ont la même physionomie, les mêmes caractères, et, absolument parlant, elles n'offriraient que trois différences bien appréciables et probablement cons- tantes : 1° l'absence de toute spinule ou soie spinuliforme sur la partie antérieure du septième segment abdominal ; 2 l'absence de tout pli en travers des segments ; 3° l’échancrure du péritrème de la première paire de stigmates tournée en avant comme celle des autres paires, tandis qu’elle est en sens inverse dans les larves des Lamellicornes. Je pourrais ajouter que le prothorax est dépourvu de toute tache ou plaque luisante et que le péritrème des stigmates accomplit à peine une demi-circonférence; mais je ne veux pas omettre de dire que la plupart de ces larves ont sur la face antérieure du trochanter des pattes de la troisième paire une crête cornée et ferrugineuse, très-élégamment et très-finement crénelée, allant obli- quement presque de la base jusqu'au sommet, et sur le côté postéro- externe des hanches intermédiaires une crête transversale de même nature, mais plus tranchante et encore plus finement crénelée. En observant avec étonnement et sans en deviner l’usage, les stries de la base inférieure des mandibules des larves d’Oryctes et autres, et les crêtes des pattes de celles de Lucanus et de Dorcus, j'étais loin de me douter du parti qu’en tirerait un savant dont j'ai eu plus d’une occasion de PER. 7 98 LARVES DE COLÉOPTÈRES vanter l’habileté. Depuis que ceci est écrit, une note publiée dans les Annales de la Société Entomologique de France, 1874, page 39, m'a appris que M. Schiôdte considère ces objets de ma surprise et de ma curiosité comme des organes de stridulation, et qu'il a sous presse un méraoire étendu sur cette question. Je n’ai pas besoin de dire avec quel intérêt je lirai ce mémoire, alors même que je n’y trouverais par la raison pour laquelle les larves dont il s’agit ont été douées d'organes de cette nature. Quelques savants ont essayé une classification méthodique des larves qui font l’objet de ce chapitre, et l'indication de ces essais se trouve dans l'introduction de la deuxième édition des Lamellicornes, par MM. Mulsant et Rey. Ils ont eu uniquement pour objet la division de la famille en grou- pes. Je vais tenter moi-même une division, d’abord en groupes, puis en genres, et je donnerai quelques figures caractéristiques sur les genres dont j'ai pu étudier un type. I. — Corps lisse ou parsemé de soies spinosules plus ou moins denses ; dans ce dernier cas, ces soies sur la face dorsale de tous les segments ou plus souvent sur les six premiers segments abdominaux et sur l'élévation transversale anté- rieure du septième ; un au moins et presque toujours deux plis transversaux sur le dos des segments, sauf les deux derniers ; échancrure du péritrème de la première paire des stigmates en sens inverse de celle des autres paires. Lamellicornes, LAcoRD., MuLs., REY. À Lobes des mâchoires très-profondément bifides. a Antennes de quatre ou cinq articles , pattes anormales sans ongle, les sept premiers segments abdominaux à un seul pli transverse au lieu de deux. Copriates, MuLs., REY. Coprites, J. Duv. aa Antennes de cinq articles, pattes normales, pourvues d'un ongle. b Mandibules tridentées, ongle des pattes simple. Sisyphaires, MuLs., REY. Ateuchites, J. Duv. bb Mandibules finement et à peine crénelées, onglem uni en dessous d'une dent ou de deux, Aphodiates, Muis., REY Aphodiites, J. Duv. aaa Antennes de quatre articles, les sept premiers segments abdominaux à deux plis transverses. © Mandibules tridentées, pattes bilobées à l'extré- mité, anus simple à pli transversal. Géotrupaires, Muzs., REY. Geotrupites, J. Duv. ce Mandibules non dentées, pattes normales termi- LAMELLICORNES ET PECTINICORNES 99 nées par un ongle bien marqué, anus trilobé à pli longitudinal. Sabulicoles, Muus., REY. Trogites, J. Duv. AA Lobes des mächoires simples ou faiblement bifides ou échancrés au sommet. a Dernier segment divisé en deux par un sillon annulaire simulant un faux segment. b Mandibules obtusément dentées à leur extrémité, largement triangulaires, à deux ou trois dents molaires, anus visible seulement en dessous, labre, épistome et tête rugueux. Terricoleset partie des Arénicoles, MuLs. REY. Dynastites, J. Du. bb Mandibules aigument bi-tridentées au sommet, lar- gement et profondément échancrées en dedans, ce qui leur enlève la forme triangulaire; une seule dent molaire très-près de la base; anus non visible en dessous, un petit peu visible en dessus; labre, épistome et tête lisses, épistome très-tuméfié. Partie des Arénicoles, MuLs., REY. Pachypites, J, Duv. bib Mandibules simplement tronquées obliquement au sommet, du reste de la forme des précédentes ; anus un peu plus visible en dessus ; tête lisse également, mais épistome non ou peu tuméfé. ‘ Mélolonthides, Murs., Rey. Melolonthites, J. Duv. aa Dernier segment grand, non divisé. b Labre trilobé, dernier segment orné en dessous de deux séries d'épines tronquées, rapprochées et convergentes, ongles des pattes remplacés par un appendice assez long, charnu, cylindrique. Cétonides, Murs., Rey. Cétonites, J. Duv. bb Dernier segment parsemé en dessous de petites soies spinosules, sans les deux séries d'épines tron- quées, ongle remplacé par un appendice court et conique. Osmoderma. aaa Dernier segment divisé seulement sur la face dorsale, labre non trilobé, un ongle aux pattes. Trichiides, Muus., Rev, Trichiites, J. Duv. II. — Corps jamais entièrement lisse, parsemé de soies spino- sules, mais seulement sur les six premiers segments abdominaux, le septième en étant dépourvu. Jamais de pli transversal sur le dos des segments. Échancrure du 100 LARVES DE COLEOPTÈRES péritrème de la première paire de stigmates dans le mème sens que celle des autres. Pectinicornes, Lac., MuLs., REY. Lucanides, LATR., J_ Duv. Lucanins, En. LAMELLICORNES COPRIATES Antennes de quatre articles, quelques granules sétigères sur le dos des six premiers segments et sur la partie antérieure du septième ; corps non gibbeux (fig. 72-81). Copris. Antennes de cinq articles, surface dorsale entièrement lisse, corps très gibbeux (fig. 82-84). Onthophagqus. SISTPHAIRES Les caractères ci-dessus, p. 98, sont tirés de la larre du Scarabæus (Ateuchus) sacer L., décrite par MM. Mulsant et Rey, Lamellic., 2° édit., p. 42. APHODIATES Une seule forme appartenant au genre Aphodius. (Fig. 85-92). p- 98. GÉOTRUPAIRES Les caractères ci-dessus, p. 98, ont été déduits de la larve du Geotrupes mutator décrite (loc. cit.) par MM, Muisant et Rey, la seule connue, avec celle du G. stercorarius. SÉBULICOLES Une seule forme appartenant au geare Troz (fs. 93-98), p. 99. DYNASTITES Taille grande, quatrième article des antennes, mesuré en dessus, d'ua quart plus court que le troisième ; tibias sinueux en des- sous (6g. 99-105). Oryctes. Taille moyenne, quatrième article des antennes, mesuré ea dessus, de moitié plus court que le troisième ; tibias non sinueux en dessous. Calienemis. PACEYPITES Une seule forme (äg. 106-111), p. 99. Packypus MÉLOLONTEIDES A Téte ruguleuse, surtout antérieurement ; labre et épistome très-rugueux. Fente anale en are transversal très-convex2. Quatrième article des antennes plus long que le troisième; deuxième partie du dernier segment ornée en dessous de LAMELLICORNES ET PECTINICORNES 101 deux rangs parallèles de spinules assez serrées, ferrugi- neuses et convergentes, partant du quart antérieur et allant jusqu'a la fente anale ; à droite et à gauche des soies crochues occupant le tiers du segment (fig. 112-116). Melolontha. Quatrième article des antennes plus court que le troisième; deuxième partie du dernier segment orné également en dessous de deux rangs de spinules, mais ces rangs allant en s'écartant un peu d'arrière en avant et n'aiteignant mème pas la moitié du segment; à droite et à gauche des soies occupant un espace sensiblement moindre (fig. 117). Polyphylla. Quatrième article des antennes eneore plus court que le troi- sième, mais plus long que le cinquième ; deuxième partie du dernier segment dépourvue en dessous de tout rang de spinules, hérissé seulement de soies crochues (fig. 118). Anozia, A? Labre et épistome un peu moins rugueux; fente anale en arc à peine convexe. Quatrième article des antennes un peu moins long que le cin- quième, si l'on ne tient pas compte de l'avancement infé- rieur ; deuxième partie du dernier segment ayant en dessous, en avant de la fente anale, un espace lisse triangulaire, bordé de granules ferrugineux sur lesquels s'implantent des soies tellement convergentes qu'elles se croisent (fig. 133 et 134). Anomala. A3 Tète et épistome lisses ; fente anale subanguleuse ; quatrième article des antennes d'un tiers plus court que le troisième. Deuxième partie du dernier segment ornée en dessous de deux rangs parallèles de spinules convergentes, ces rangs dé- passant à peine la moitié de la longueur de ce segment ; à droite et à gauche des soies crochues occupant un espace peu étendu et triangulaire (fig. 119-124). Rhizotrogus. Fente anale transversale à peine arquée, quatrième article des antennes de moitié plus court que le troisième. Deuxième partie du dernier segment ayant en dessous les deux rangs parallèles de spinules, mais ces rangs dépassant les trois quarts de la longueur ; à droite et à gauche des soies très-peu serrées, occupant un espace encore moins étendu; ce mème segment irrégulièrement et légèrement cannelé en dessus (fig. 135 et 136). Hoplia. Deuxième partie du dernier segment hérissée de soies en des- sous, sur sa moitié postérieure; les deux rangs parallèles de spinules à peine distincts ; ce mème segment marqué en dessus d'une fine ligne enfoncée décrivant une ellipse trans- versale un peu ouverte postérieurement (fig. 125 et 126). Maladera. At Fente anale longitudinale, anus à trois lobes, les latéraux elliptiques ; deuxième partie du dernier segment présentant 102 LARYVES DE COLÉOPTÈRES en dessous, près du bord postérieur, un léger pli trans- versal bordé de spiaules et en avant de ce repli deux espaces triangulaires chargés de petites soies (fig. 127-132). CÉTONIDES Une seule forme de larves (p. 99), différant seulement par la taille (fig. 137-145). TRICHIIDES Forme spéciale dont les caractères distinctifs ont été signalés plus haut, p. 99, (fig. 146-148). a Corps assez velu, les six premiers segments de l'abdomen couverts de granules sétigères ou de soies spinosules assez denses et les trois derniers ayant de ces soies clair-semées; dernier segment spinosuleux en dessous; un ocelle ou tubercule ocelliforme près de la base de chaque antenne. Épistome et labre grossièrement ponctués, tête rugueuse, mandibules profondément sillonnées en dessus sur plus de la moitié postérieure (fig. 149). Épistome et labre à peu près lisses, tête lisse, mandibules non sillonnées en dessus, au contraire convexes (fig. 150- 154). aa Corps presque glabre, granules sétigères plus petits, très- peu denses, nuls sur les trois derniers segments et sous le dernier, pas d'ocelles (fig. 155 et 156). PECTINICORNES A Antennes de cinq articles; anus trilobé, fente longitudinale ; les lobes latéraux elliptiques renfermant une autre ellipse concentrique en forme de plaque parfois subécailleuse et colorée ; mandibules rugueuses, à rides transversales sur plus de leur moitié postérieure ; labre rugueux, avec quel- ques très-gros points (lig. 157-163). Mandibules lisses; labre lisse avec quelques fossettes (fig. 164). AA Antennes de quatre articles. Deuxième partie du dernier segment garnie en dessous de poils spinosules blonds, fente anale munie de chaque côté d'un faible bourrelet longitudinal (Caractères tirés de la description de MM. Mulsant et Rey, Pectlinic., p. 27). Deuxième partie du dernier segment dépourvue en dessous de poils spinosules ; lobes latéraux de l'anus grands, sub- triangulaires (fig. 165 et 166). Deuxième partie du dernier segment comme le précédeit en Triodonta. Cetonia. Osmoderma Gnorimus. Trichius. Valgus. Lucanus. Dorcus. Platycerus. Ceruchus. LAMELLICORNES ET PECTINICORNES 103 dessous, mais des poils spinosules sur les bourrelets latéraux des trois derniers segments. Lobes latéraux de l'anus ellip- tiques, visiblement bombés et roussâtres ; lobe supérieur petit (fig. 167 et 168). Sinodendron. Deuxième partie du dernier segment comme le précédent, mais les trois derniers segments sans poils spinosules sur les bourrelets latéraux. Lobes latéraux de l'anus en ovale renversé}; lobe supérieur très-grand, tous bombés (fig.169. OEsalus. Les larves de Lamellicornes et de Pectinicornes plus ou moins connues sont les suivantes, y compris les exotiques: Ateuchus sacer L., MuLsanrT, EricasoN {. Deltochilum Brasiliense Buru., BURMEISTER. Sisyphus Schæfferi L., DozuGer. Copris Carolina, Ostex-Sacxen, Soc. Ent. de Philadelphie, 1861-62. Onthophagus taurus L., MuLsanT, ErICHSON. Aphodius fimetarius L., Frisca, MucsanT, ERICHSON. — A. conjugatus Panz., Koy et BŒus, DE HaaN, ERICHSON. — À. Nigripes F., DE Haan. — À. bimaculatus F., Muzsanr, fig. seulement. — 4. iriquinatus F., MULSANT, fig. seulement. — À. lividus OL., BoucHé. — À. fossor L.. Cuapuis et CanDËze. — À. fœtens F., Heecer, Sitzb. Wien, Acad. Wiss. 1854, p. 35. Geotrupes stercorarius L., Friscn, De GEER ?, Hergsr, MULSANT, ERICHSON. — G. mutator Marsa., Mucsanr et Rey, Lamellicornes, 2° édit., p. 44. Troz scaber L., arenarius F.. Warernouse, Wesrwoop.— T. Carolinus Des., Cuapuis et CANDÈZE. Phyllognathus (Oryctes) silenus F., DE Haan. Oryctes grypus Izz., Costa. — O0. nasicornis L., Swaumerpan, FRiscu, Rœsez, HerBst, LATREILLE, Srurm, Ramoour, Cuvier, MARCEL DE SERRES, GAEDE, DE H4an, WESTWoOD, ERICHSON. — 0. simiar Cog., Coquere, Soc. Ent., 1855, p. 174. Dynastes Hercules L. — D. dichotomus, OL. — D. Atlas, F. -- D. Gedeon F.. De Haax. Calicnemis Latreillei Casr., LaBouLBÈNE, Soc. Ent., 1861. p. 607. Melolontha puncticollis Des. SiLLimaN. — M. vulgaris F., Gæparr, Rœæsez, DE Geer, Henesr, GeNscEr, LATReILLE, Ramponr, Sucxow, Kirey, KoLLAR, DE Haan, RATZEBuRG, WEsrwoop, MuLsANT, EriCusoN. (1) Vu l'étendue des détails, je renvoie, pour l'indication des ouvrages ou recueils où ces descriptions se trouvent, au catalogue de MM. Chapuis et Candèze. 104 LARVES DE COLÉOPTÈRES Polyphylla fullo F., DE Haan, MuLsaNT, ERICHSON. Amphimallus solstitialis L.. Frisca, Boucxé, Ericuson, Luce, OÆcon. Abhandl. — À. assimilis Heresr, aprilinus Durr., HEEGER, Sitzb. Wien, Acad. Wiss., 1854, p. 35.— À. ruficornis F.. marginatus HeRBsT, GERMAR ainsi que Muzsanr et V. Mayer, 7° opuscule, p. 100. Rhisotrogus marginipes Muzs., RosSENHAUER. — R. fossulatus Murs., Muzsanr et REVELIÈRE, 11° opusc., p. 66. Macrodactylus subspinosus F., Harris. Serica brunnea L., SAXESEN, ERICHSON. Maladera (serica) holosericea Scop., PioCHARD DE LA BRULERIE, Soc. Ent., 1864, p. 663, très-bonne description, sauf à donner cinq articles aux antennes au lieu de quatre. Anomala Frischii F., Frisca. — À vitis F., Mucsanr et Mayer, 14° opus- cule, p. 69. Phyllopertha horticola L., Boucré. Kozrar. Anisoplia fruticola F., Boucué. Pelidnota punctata F., Harris. La larve de la Chrysina macropus Franciz, publiée par Guérin MENE- VILLE, Rev. Zool. 1844, p. 259, serait, d'après M. Saucé, celle d’un Lon- gicorne, l’Acrocinus longimanus, V. Soc. Ent. 1874, p. 360. Cetonia speciosissima Scor., fastuosa F., Friscx, DE Haan ? RATZEBURG, BurMeisTER. — C,. aurata L., LATREILLE, Rampour, RATZEBURG, DE Haan, WEstTwooD, DUFOUR, BURMEISTER, BRASELMAN. — C. marmorata F., RœsEL. Boucné, Muzsanr, Ericuson, — C. floricola HeresT, ænea ANp., DE GEer, RATZEBURG. Osmoderma eremita Scop., DRUMPELMAN, ERICHSON. — O0 scaber PAL., DE BEAUV., HARRIS. Gnorimus nobilis L., RœsEeL. HerBsT, FRORIEP, DE HaaN, ERICHSON. — G. variabilis L., Perris, Soc. Ent. 1854, p. 102. Trichius abdominalis MeNEeTR., fasciatus Larr.. nec L., BLaNcHarp, Hist. des Ins., 1. I, p. 232, la figure seulement, pl. 7, fig. 5, 6. Valgus hemipterus L., MuLsanT, EriCHSON. Passalus interruptus F., MérIaN. — P, punctiger LEP., SERV.. PERCHE- RON. — P. cornutus F., BuRMEISTER. — P. distinctus BLANCHARD, Cuapuis et CANDÈZE, Lucanus cervus L., Roœsez, HERBsT, BLOT, ALBRECHT, Possezr, WEsT- woop, ERICHSON, — L. saiga, DE Haax, — L, alces, DE Haaw. 1 LAMELLICORNES ET PECTINICORNES 105 Dorcus parallelipipedus L., Bree. RATzEBuRG, MucsanT, Durour, Ericu- son, Perris, Soc. Ent. 1854, p. 105. Platycerus caraboides L., MuLsanT. Ceruchus tarandus Panz., MuLsanT, LABOULBÈNE, Soc. Ent. 1858, p. 840. Sinodendron cylindricum L., WEsTwoop, MuLsanr. Figulus striatus F., BLancuarD, Hist. des Inst., t. I, p. 268, pl. 8, fig. 2, 3, sans description. Œsalus scarabæoides F., MULSANT. Les larves qui ont été trouvées dans le Châtaignier appartiennent aux espèces suivantes : 1° Cetonia marmorata F. Cette larve a été très-bien décrite par MM. Mulsant et Rey dans la deuxième édition des Lamellicornes, page 666. % Gnorimus variabilis (Fig. 149). Comme je l'ai dit plus haut, j'ai donné la description de cette larve dans l’Histoire des Insectes du Pin maritime, car je l'ai trouvée deux fois dans le terreau des souches de cet arbre. Au sujet des antennes j'ai dit que les deuxième, troisième et qua- trième articles sont égaux en longueur; j'aurais dû dire que le quatrième article est visiblement plus court que les deux précédents. J'ai omis de parler du petit ocelle ou globule ocelliforme qui se trouve dans une dépression près de la base de chaque antenne. Je viens de lire dans les nouvelles et faits divers de l’Abeille (n° 14 de 1875), une note de M. A. Lajaye au sujet de larves de cette espèce trouvées par luià Luchon dans un vieux tronc de Châtaignier et dont il a complété l'éducation dans son cabinet. Je cite cette note pour être aussi complet que possible, mais je dois dire qu’elle n'offre guère d'intérêt scienti- fique. 3 Trichius abdominalis (Menetr., fig. 150-154). Cette larve ressemble assez à celle des Cétoines dont elle diffère par le labre non trilobé et en ellipse transversal, par le dernier segment abdominal coupé en deux en dessus, par les pattes véritablement unguiculées, par l'existence d'un ocelle sur chaque joue, près de la base de l'antenne, enfin par l'absence de deux rangs de spinules cornées sous le dernier segment qui n’a que des poils spinosules épars. Elle se distingue de celle du Gnorimus variabilis par sa tête lisse et non rugueuse et par ses mandibules qui, vues en dessus, au lieu d'être pro- fondément sillonnées, sont lisses et régulièrement convexes, sauf une rangée de points presque obsolètes qui remplacent le sillon. 106 LARVES DE COLÉOPTÈRES La nymphe est glabre et se termine par deux papilles subulées, un peu arquées, verticales. M. Blanchard, qui ne donne que la figure de la larve et de la nymphe, dit que, d'après les observations de M. Boulard, cette larve a causé la ruine d’un petit pont en bois de chêne aux environs de Paris, les poutres de ce pont ayant été rongées sans que rien ne trahit extérieurement la pré- sence des dévastateurs, Je l'ai, quant à moi, rencontrée une fois dans une souche de Châtaignier et plusieurs fois dans des souches de Chêne et d’Aulne et dans la partie inférieure de gros piquets de cette dernière essence, le tout déjà assez vieux, car elle aime le bois un peu ramolli par le temps. Elle creuse dans les couches ligneuses une galerie irrégulière qu’elle laisse derrière elle encombrée de détritus et de déjections. C’est au milieu de ces matières où à l'extrémité de sa galerie qu’elle se transforme après s'être pratiqué une cellule. La durée de ses évolutions est d’un peu moins d’un an. 4 Valgus hemipterus L., (fig. 155 et 156). Elle ressemble à celle du Trichius et, comme elle, elle a la tête lisse avec de gros points épars sur le devant. Elle en diffère un peu par les mandibules qui ont une profonde rainure entre les dents apicales, et beaucoup plus en ce que le corps est presque glabre si ce n’est postérieurement, que les poils sont plus courts et plus fins, que les granules piligères des élévations transversales du dos sont plus petites et bien plus clair-semées et que les derniers segments en sont dépourvus même en dessous. Elle est privée d’ocelles. La nymphe ressemble tout à fait à celle du Trichius. J'ai trouvé très-souvent cette larve dans la partie souterraine de pieux, même de très-faible épaisseur, de Châtaignier, de Chêne, de Pommier, de Saule, d’Aulne. Elle rencontre là des conditions favorables d'humidité et du bois dans l’état qui lui convient, c’est-à-dire attendri par un commen- cement de décomposition, car, d’après mes observations, elle n’attaque pas les pieux dès leur première année, à moins qu'étant tout aubier et ayant été plantés à l'automne, ils ne se soient un peu altérés pendant l'hiver. On trouve fréquemment plusieurs larves sur une longueur de moins de 10 cen- ümètres. Elles n’attaquent que l’aubier et y creusent de larges galeries en respectant toujours la couche extérieure, et ces galeries sont encombrées de déjections et de détritus. Elles se creusent une cellule pour se transfor- mer en nymphe La durée des évolutions est de bien moins d’un an, ce dont je suis par- faitement sûr d’après mes expériences. L’insecte parfait se montre dès le LAMELLICORNES ET PECTINICORNES. — COPRIS 107 commencement d'avril, il pond alors, et au commencement de septembre presque toutes les larves provenant de ses œufs sont, chez nous du moins, à l’état de nymphe. En octobre on ne trouve plus guère dans les cellules que des insectes parfaits qui sont d’une admirable fraicheur et qui passent environ six mois dans l'engourdissement, 5° Dorcus parallelipipedus L.,(fg. 164), déjà décrite par divers auteurs. La nymphe, figurée par Ratzeburg, a les sept premierssegments abdominaux un peu rudes et transversalement relevés en une crête obtuse et un peu crénelée, principalement sur les quatre derniers. Le huitième segment est terminé par deux appendices charnus assez épais, divergents, relevés et munis au sommet de plusieurs dents subcornées. En dessous se trouve un mamelon divisé en deux petites papilles coniques, un peu arquées en arrière, avec une petite épine au bout. 6° Sinodendron cylindricum L. (fig. 167 et 168). MM. Mulsant et Rey m'apprennent que celte larve se trouve dans le Châtaignier. Je l'ai rencon- trée dans les Pyrénées, dans le Hêtre. La première édition des Lamelli- cornes contient, page 600, une bonne description de cette larve à laquelle je modifierai seulement ce point que les petits poils spinosules existent sur les six premiers segments abdominaux et pas seulement sur les cinq pre- miers. Des poils semblables, mais moins nombreux, se voient sur le dos et sur les bourrelets latéraux des trois autres segments. T° Œsalus scarabæoides Panz. (fig. 169). Elle est aussi du Châtaignier d'après les mêmes auteurs, et la description donnée (loc. cit. p. 604) est très-satisfaisante. J'y ajoute seulement que les six premiers segments abdominaux ont en dessus des poils spinosules mais plus courts que dans la larve précédente, et que les trois derniers en sont dépourvus. Je puis y ajouter les larves suivantes : Copris (Scarabæus) lunaris L. Fig. 72-81, Téte lisse, front marqué de deux larges fossettes écartées. Épistome grand, peu transversal, peu distinct du front, labre à peine trilobé, marqué d'une profonde dépression transversale. Mandibules bitridentées, dents aiguës, molaires longues. Mâchoires à lobe très-profondément bifide, chaque partie surmontée d'un crochet écailleux et bordée en dedans, surtout l'interne, de cils raides. 108 LARVES DE COLÉOPTÈRES Premier article des palpes maæillaires très-court, le deuxième deux fois plus long, le troisième et le quatrième un peu plus longs que le pré- cédent et égaux. Menton transversal, lèvre inférieure transversale aussi, convexe anté- rieurement ; deuxième article des palpes labiaux plus long que le premier et subacuminé. Les six premiers segments abdominaux traversés par un seul pli en are renversé auquel viennent s’embrancher, près des côtés, deux autres plis aussi en arc. Des poils blonds sur les mamelons latéraux et en série sur les renflements transversaux et en outre troisième à sixième segments parsemés de poils fins et courts et de spinules rousses un peu inclinées en arrière. Deuxième partie du dernier segment brusquement dilatée antérieu- rement, à bourrelet bien marqué sur les côtés et ayant avant l’extrémité la cavité anale visible seulement en dessus et entourée de quatre lobes dont l’antérieur beaucoup plus grand que les autres. Pattes à structure anormale, formées de trois pièces : une hanche sans trochanter, une cuisse tortueuse sur laquelle le tibia beaucoup plus court est comme greffé très-obliquement ; pas d'ongle, pas de spinules, simple- ment des poils. Les deux pattes postérieures sont beaucoup plus courtes, comme atrophiées et armées antérieurement en dessous d’un rang de petites dents cornées. Cette larve a le corps assez flasque. Au mois d'octobre j'en ai trouvé plusieurs avec des débris de bouse, en suivant une charrue qui fouillait la terre dans un pâturage à quinze centimètres de profondeur. Au même lieu et par le même moyen j'ai été mis en possession de boules de terre contenant, avec des traces de matières stercorales, une nymphe de Copris lunaris ou un Copris transformé, d'où j'ai conclu que les larves apparte- naient à cette espèce, laquelle se conduirait comme l'indique Frisch pour le Geotrupes stercorarius, d'après la citation contenue dans l'ouvrage de MM. Mulsant et Rey (p. 413). La nymphe, qui est entièrement glabre, présente ses diverses parties dis- posées comme à l'ordinaire, avec ces différences pourtant que la tête, au lieu d’être inclinée sur le sternum, est simplement penchée à angle droit, etque les pattes antérieures, qui habituellement sont repliées sur les côtés de la poi- trine, sont placées sous la tête comme pour la soutenir, et un peu en avant de la ligne verticale, la nymphe étant censée couchée sur le dos. Le mésothorax etle métathorax se prolongent en pointe conique. Une crête médiane dor- sale règne tout le long du dos de l'abdomen, les deuxième à septième LAMELLICORNES. — ONTHOPHAGUS. — APHODIUS 109 arceaux sont relevés, près du bord postérieur, en crète transversale, et les troisième, quatrième, cinquième et sixième sont armés, près des côtés, d'une assez longue papille conique, verticale et à pointe subcornée. L'extrémité anale est bilobée. La corne frontale, entière, tronquée ou échancrée, l'échancrure de l’épistome, les dents des pattes, tout est bien visible. Onthophagus nuchicornis L. Fig. 82-84. Labre subtrilobé , lobe des mâchoires profondément bifide, très- spinuleux; palpes maxillaires de quatre articles à peu près égaux. Mandibules bi-tridentées. Antennes non de quatre articles, comme l’ont pensé MM. Mulsant et Rey pour la larve de l'O. taurus, mais de cinq, le second bien plus long que chacun des autres. Corps entièrement glabre et lisse, remarquable par sa grande gibbosité qui s’accroit du premier au troisième segment abdominal et décroit jus- qu'au sixième. Deuxième partie du dernier segment très-déclive; anus transversal, visible en dessus. Pattes singulières: en n'admettant pas, avec raison, je crois, comme hanche l'empâtement basilaire sur lequel elles sont insérées, elles n’ont que deux pièces, dont la seconde est ondulée. On ne voit, en effet, que les articulations indiquées dans la figure. Il n’y a pas d'ongle et cette pièce, ou plutôt le tarse, est représentée par un petit rétrécissement tubuleux, tronqué et terminé par un petit poil. Il existe à peine quelques petits poils très-fins sur le tibia et à l'extrémité de la cuisse. J'ai trouvé plusieurs de ces larves adultes, à la fin de juin, à 40 centi- mètres dans la terre, sous une bouse devenue sèche. Je n’ai rien à contre- dire aux détails de mœurs consignés dans l'ouvrage précité (p. 80). Une de ces larves s'est transformée chez moi sans que j'aie observé la nymphe. Aphodius fossor L. Fig. 85-02. MM. Mulsant et Rey ont donné (loc. cit. p. 159) une excellente descrip- don de la larve de l'A. fimetarius que j'accepte en tous points, sauf recti- 110 LARVES DE COLÉOPTÈRES fication d'un Laysus caiami qui ne donne que quatre articles aux antennes lorsqu'il y en a cinq en réalité et même d'après les détails donnés par les auteurs précités. Quant à la description de la larve de l'A. fossor donnée par MM. Chapuis et Candèze, elle m’a paru comporter quelques petites rectifications et additions. Tête ayant un fin sillon au vertex, sur le devant du front deux impres- sions linéaires et un point enfoncé vis-à-vis chaque mandibule. Antennes de cinq articles, le premier épais et court, le deuxième et le troisième beaucoup plus longs et presque égaux, ce dernier un peu renflé à l'extrémité, le quatrième un peu plus court que le précédent, subangu- leusement dilaté à l'extrémité inférieure, le cinquième un peu plus court encore, grêle, un peu convexe en dessous. Mandibules très-pointues, la gauche finement crénelée à sa partie inci- sive, comme si les dents s'étaient usées, et obliquement striées en arrière de ces crénelures, la droite un peu échancrée au sommet, à face supé- rieure un peu concave dans cette partie. Lobe des mâchoires très-profondément bifide, chaque division terminée par un crochet corné, l'interne ciliée de soies spinuliformes. Palpes maæillaires non de trois articles, mais de quatre, les deux pre- miers plus courts et presque égaux, les deux autres égaux. Corps très-lisse, très-faiblement et finement velu, poils courts princi- palement sur le dos où la plupart sont raides et ciliformes. Extrémité du corps bilobée, anus transversal. Pattes de cinq pièces : une hanche très-longue, un trochanter, une cuisse et un tibia terminé par un ongle assez long muni en dessous d’une ou de deux petites dents. Quelques poils sur les diverses pièces et de petites spinules vers l'extrémité inférieure du tibia. J'ai rencontré plusieurs fois cette larve en septembre et octobre dans des bouses presque desséchées. Elle ne s'enfonce pas toujours en terre pour se transformer, car j'ai recueilli des nymphes dans les bouses mêmes. Cette nymphe est terminée par deux papilles assez longues, subulées, droites presque jusqu'au bout où elles se relèvent brusquement en crochet. Je pourrais parler aussi de la larve printanière de l'A. vernus Muls.; mais elle est en tous points, sauf la taille, semblable à la précédente. LAMPELLICORNES. — TROX 111 Trox hispidus LalCHarT. Fig. 93-98. Tête noirâtre, lisse, ayant sur le front quelque fossettes ; épistome lisse : labre en ellipse transversale, marqué de deux fossettes très-apparentes. Mandibules entièrement noires ; vues en dessus, sinueuses au bord externe, un peu crochues à l'extrémité, avec une petite échancrure vers le tiers de la tranche interne, échancrure à laquelle aboutit un petit sillon transversal; deux cavités longitudinales dessinant une arête intermédiaire obtuse ; vues de côté, montrant un sillon le long du bord supérieur. Lobe des mâchoires très-profondément bifide, chaque partie avec une épine au sommet et l’interne ciliée de soies spinuleuses. Palpes maxillaires non de trois articles comme le disent MM. Chapuis et Candèze pour la larve du T. carolinus, mais de quatre, le premier plus court que le second, le troisième aussi long que les deux précédents réu- nis, le quatrième presque aussi long que le troisième. Palpes labiaux de deux articles. Antennes non de trois articles mais de quatre, le premier gros, le second deux fois au moins aussi long que le premier, sensiblement plus large au sommet qu'à la base, le troisième plus court, un peu arqué, en massue, le quatrième très-grèle, très-court, inséré excentriquement, Corps pourvu de poils assez longs, les six premiers segments de l'abdo- men et la partie antérieure du septième peu densement sablés de petits granules portant une soie. Dernier segment divisé en deux parties plus courtes que dans la plupart des autres larves ; deuxième partie subtron- quée, sa face postérieure creusée de plis qui dessinent trois lobes, deux grands, presque verticaux, elliptiques, et un transversal, triangulaire, ce qui indique que la fente anale est longitudinale. Pattes de cinq pièces, ongle compris (V. fig. 98). J'ai reçu un certain nombre de larves de cette espèce de M. E. Revelière qui les a trouvées en Corse, au mois de mars, sous terre, avec un mor- ceau d’étoffe de laine très-crasseuse dont elles s’alimentaient,. Je ne connais pas la nymphe. 112 LARVES DE COLÉOPTÈRES PFachypus (Searabæus) Candidæ Per. cornutus OLiv. Fig. 106-114. Téte lisse, une série transversale de gros points d'une antenne à l’autre et deux séries obliques de points un peu moins forts remontant en con- vergeant vers le vertex, mais s’arrêtant au haut du front. Épistome très-tuméfié, surtout en avant, roux et coriace. Labre semi-discoïdal, convexe, marqué d’un sillon en arc renversé. Mandibules, vues en dessus, bi-tridentées, déprimées triangulairement sur leur tiers antérieur, surtout la droite, assez étroites à cause de leur grande concavité interne, ressemblant beaucoup aux mandibules des larves de Mélolonthides ; vues de côté, étroites et marquées d’une longue dépression oblique où l’on voit deux ou trois fossettes. Lobe des mâchoires simple, épineux au sommet, cilié en dedans de soies spinuleuses. Antennes de cinq articles. Corps revêtu de poils blonds. Les six premiers segments de l'abdomen et la partie antérieure du septième sablés non de petits granules surmontés d’un poil, mais de véritables spinules coniques, ferrugineuses, un peu arquées en arrière et assez serrées. Deuxième partie du dernier segment couverte en dessus de poils blonds assez courts et très-touffus, et en des- sous, sur le tiers postérieur, de soies rousses, épaisses, raides, inclinées en arrière, quelques-unes crochues au sommet et entremêlées de quel- ques spinules ; un rang circulaire de spinules en avant de l'anus qui est transversal, tout à fait terminal et invisible quand on regarde perpendicu- lairement soit en dessus soit en dessous. Stigmates assez peu apparents, péritrème en croissant. Pattes de cinq pièces, ongle compris. La nymphe est postérieurement obtuse et sans papilles. Mon ami, M. E. Revelière, m'a envoyé de Corse plusieurs de ces larves accompagnées d’une nymphe. Il les a trouvées sous terre où elles vivent à la manière des larves de Mélolonthides. MM. Mulsant et Rey ont formé des deux genres Calicnemis et Pachypus un groupe qu’ils ont nommé Arénicoles, quoique ces deux insectes dif- fèrent sérieusement par la massue des antennes ainsi que par les tibias et les tarses postérieurs, et nous avons vu plus haut que J. Duval a placé 1- LAMELLICORNES. — PACHYPUS 113 genre Calicnemis dans les Dynastides avec le Phyllognathus et les Oryctes, faisant du genre Pachypus un groupe spécial sous le nom de Pachypites. Je crois ce dernier auteur plus près de la vérité, car si l'on consulte notam- meut les mandibules qui ont, au point de vue méthodique, assez d'impor- tance pour qu'on en tienne grand compte, on voit que la larve du Culie- némis se rapproche de celles des Oryctes, et que la larve du Pachypus à beaucoup d’affinité avec celles des Mélolonthides. Je pense done, tout bien considéré, que les caractères des larves s'opposent à la réunion de ces deux genres dans le même groupe et que même chacune d'elles serait le type d'un groupe spécial. On sait que la femelle du Pachypus est aptère et qu'elle se tient sous terre, parfois à une profondeur assez considérable, d'où la conséquence que les mäles, pour la découvrir et pour pénétrer jusqu'à elle, doivent avoir beaucoup de flair et beaucoup d’ardeur. Comme preuve qu'ils pos- sèdent cette double qualité, j'ai publié dans le numéro 96 des Petites Nou- velles entomologiques le récit d’une très-intéressante histoire où M. Reve- lière a joué un rôle. Je crois devoir la reproduire ici. « Dans les premiers jours de Juin, écrivait mon ami, en rentrant d'une excursion un peu avant l'heure où volent les Pachypus, j'en aperçus un, pendu par les ongles des pattes postérieures à une petite branche de Cistus monspeliensis, et en y regardant de plus près, j'en trouvai quinze ou seize pendus de la même manière, dans un espace de quelques mètres, la massue des antennes épanouie et flairant évidemment quelque odeur. Je revins le lendemain armé d'une pioche, et ayant vu de nombreux trous dans la terre, au-dessous des cisles, je me mis à creuser. A vingt ou vingt-cinq centimètres je trouvai de nombreuses dépouilles et des larves que je vous envoie. Je ne rencontrai pas de femelle, mais il devait y en avoir quelqu'une, ou elle y était du moins la veille, les Pachypus suspen- dus, et dont je m'étais emparé, le disaient suffisamment. « Quelques jours après, étant sorti par un très-grand vent, vers trois heures et demie du soir, je fus surpris de voir voler plusieurs Pachypus lous dans la mème direction. Ayant eu la bonne idée de les suivre, ils me menèrent jusqu'à une entaille où j'en vis cinq où six qui s’efforçaient de grimper le long d'un talus à pic, et qui, renversés vingt fois, recommen- gaient imperturbablement leur exercice. Il était évident pour moi qu'il y avait une femelle tout près de à, mais où ? Enfin, à force de sonder avec précaution partout où la terre me paraissait moins dure, je finis par déter- rer un mâle. Le trou par lequel il s'était enfoncé ne paraissait nullement, PER. 8 114 LARVES DE COLÉOPTÈRES seulement la terre était moins compacte dans cet endroit. Après celui-là j'en déterrai un second, puis un troisième, puis sept ou huit enfoncés dans le même trou; puis tout au fond, la fameuse femelle qui s’efforçait de creuser avec ses petites pattes, et qui pénétrait assez vite dans une sorte d'argile feldspathique presque aussi dure que la pierre. Le trou était à une hauteur de plus d'un mètre et le talus presque à pic, comme je l'ai dit. Comment la femelle et les mâles avaient-ils pu y grimper? Il faut avoir vu leur persévérance pour ne pas le croire impossible. « Mais voici où commence le merveilleux et que je n’oserais dire tout haut de peur de passer pour un menteur. La femelle à peine retirée de son trou d'environ quinze centimètres de profondeur, je fus assailli par une véritable nuée de mâles qui venaient se heurter contre moi, au risque de m’éborgner. Quand je voulus la piquer dans ma boite, elle lança, jus- qu'à une distance de plus de trente centimètres, un liquide d’un blanc laiteux assez abondant, à la manière de certains Lépidoptères nocturnes lorsqu'ils viennent d'éclore. A cette décharge, la nuée de mâles redoubla d'ardeur ; un malheureux papillon piqué sur le côté au fond de ma boite, qui avait reçu une partie du liquide et que je jetai à terre, conserva pen- dant plusieurs jours la même propriété attractive; les mâles s’acharnèrent sur lui jusqu'à ce que ses débris eussent été dispersés. Bien plus, la manche de ma veste jouit de la même propriété. Durant trois jours il me fut impossible de retrouver de femeile, parce que, dès que je paraissais dans la campagne, tous les mâles tourbillonnaient et formaient un essaim autour de moi. Enfin. avec le temps, ma veste fut désenchantée et je pris plusieurs femelles à peu près de la même façon que la première, « Muni d’une d’elles, je fis un jour, ainsi que le lendemain, l'essai de sa puissance, faisant venir tous les mäles qui se trouvaient sous le vent, je ne sais de quelle distance, et prenant plaisir à en évoquer dans des loca- lités où je n'aurais jamais supposé qu’il y en eût, jusque dans les marais et aux heures les plus indues, en plein soleil, temps où ils ne volent jamais d'eux-mêmes. » Anoxia (Melolontha) villosa F. Fig. 118. Afin de pouvoir procéder par comparaison, je donne les figures des principaux caractères de la larve du Melolontha vulgaris F.; je m'y réfère LAMELLICORNES. —— ANOXIA. — AMPHIMALLUS LL et j'ajoute que cette larve a le labre et l'épistome très-rugueux, la tête ruguleuse surtout antérieurement etles six premiers segments abdominaux, ainsi que l'élévation antérieure du septième, sablés de spinules ferrugi- neuses assez denses. La deuxième partie du dernier segment est couverte en ‘dessous de poils fins inclinés en arrière. entremêlés de soies plus foncées, plus fortes et plus raides, et hérissé postérieurement de soies plus épais- ses encore, plus rigides, subépineuses. En dessous, le tiers postérieur est hérissé de soies spinuleuses dont quelques-unes crochues, et au milieu se trouvent deux rangs parallèles d’épines ferrugineuses très-rapprochées, courtes, coniques, dressées et un peu convergentes, partant du quart anté- rieur et allant jusqu'à la fente anale qui est très-arquée et dessine un lobe visible en dessus. La larve du Polyphylla fullo L. diffère de celle du Melolontha par les caractères suivants : quatrième article des antennes un peu plus court que le troisième; six premiers segments de l’abdomen et élévation anté- rieure du septième couverts non de spinules coniques et cornées, mais de soies spinosules très-serrées et en brosse; deuxième partie du dernier segment couverte en dessus de poils blonds fins et plus serrés, formant une sorte de velouté, avec la partie postérieure spinuleuse et ornée en dessous des deux rangs d’épines, mais moins parallèles et s’avançant beaucoup moins antérieurement. Quant à la larve de l’Anoxia villosa F.. elle se distingue de celle du Polyphylla par deux caractères : {° quatrième article des antennes encore plus court ; 2 deuxième partie du dernier segment plus spinuleuse à l’ex- trémité et dépourvue en dessous des deux rangs de spinules. Elle vit sous terre dans les lieux herbeux. L'insecte parfait est ici extrêé- mement abondant au mois de juin. Vers l'entrée de la nuit il sort du milieu des grandes herbes ou de sous terre pour voler par essaims autour des arbres et des buissons. Son vol estrapide et le mâle est plein d'ardeur. Amphimallus (Melolontha) rufescens LATR. KRhizotrogus Bellieri REICHE. — IR. insularis REICHE, R. Sassariensis PERRIS. Fic. 119-193, Toutes ces larves se ressemblent dans leurs plus petits détails et voici en quoi elles diffèrent, indépendamment de la taille, de celles de Melo- lontha. Épistome très-lisse ; labre plus que semi-discoïdal, subanguleux 116 LARVES DE COLÉOPTÈRES où ogival et ruguleux : partie plane et ferrugineuse de la face externe des mandibules presque pas ruguleuse ; troisième article des antennes encore plus long que le deuxième et quatrième, relativement un peu plus court ; six premiers segments de l'abdomen et élévation antérieure du septième couverts de soies spinosules rousses ; les deux rangs de spinules conver- gentes de la deuxième partie du dernier segment s’avançant moins que dans la larve de Melolontha, plus que dans celle de Polyphylla et ne dépassant guère la moitié de la longueur ; soies épineuses de droite et de gauche occupant une place moins grande et subtriangulaire; fente anale moins arrondie, sensiblement plus anguleuse, et en arrière un pli longi- tudinal qui fait paraitre l'extrémité un peu échancrée ou bilobée. Toutes ces larves vivent dans la terre des racines des plantes. Celle de l'A. rufescens est commune ici dans tous les lieux herbeux ; les autres m'ont été envoyées de Corse ou de Sardaigne par MM. Revelière et Raymond. A l'état parfait, le rufescens est ici d'une abondance extrême. Vers la fin de juin et dès l'entrée de la nuit il tourbillonne par essaims autour des arbres et des buissons, et l'on n’a qu’à se tenir au pied d’un arbre pour voir ou entendre tomber comme grêle des mâles et femelles ascouplés. Dans mes promenades entomologiques j'ai parlé d'un chien et d’un chat que j'ai vus, durant plusieurs soirées. profiter de l’occasion pour se réga- ler de cette proie qui paraissait fort de leur goût. Triodonta (Serica) aquila CAsr. Fic. 127-132. Épistome lisse, très-bombé, moins cependant que dans la larve du Pachypus; labre lisse à deux fossettes. Mandibules non dentées, ferrugi- neuses sur les deux tiers postérieurs, marquées en dehors d'un sillon pro- fond}plus large antérieurement. Lobe des mâchoires à deux épines au som- met et cilié en dedans. Premier article des palpes maxillaires très-court. Antennes de cinq articles, le second double du premier, le troisième plus long que le second, les deux derniers de moitié plus courts et presque égaux. Dessus des six premiers segments abdominaux et élévation antérieure du septième couverts non de soies spinosules mais plutôt de vraies spi- nules ; deuxième partie du dernier segment, vue en dessous, présentant près du bord postérieur un pli sinueux transversal bordé de spinules ; LAMELLICORNES. — HOPLIA 117 vue en arrière, offrant un pli elliptique qui renferme trois lobes dont un supérieur petit et triangulaire et deux verticalement elliptiques, de sorte que la fente anale parait longitudinale. Nymphe terminée par un large appendice à deux dents coniques, dépri- mées, écartées, un peu arquées en dedans ; arceaux supérieurs de l'ab- domen relevés en crête transversale. On trouve chez nous, en mars, des larves, des nymphes et des insectes parfaits sous terre dans le voisinage des Chênes. L'espèce est très-com œmune et on la prend abondamment au mois de mai volant à l'entrée de la auit autour des branches basses de ces arbres. Son vol est peu rapide. Hoplia (Scarabæus) eœrulen Deury. Fig. 135-136. Ceue larve diffère : 1° de celles de Rhizotrogus en ce que les mandi- bules, vues de côté, sont plus étroites et plus régulièrement atténuées en iiangle d’arrière en avant; que le quatrième article des antennes est de moitié plus court que le troisième ; que les deux rangs de spinules de la deuxième partie du dernier segment s'avancent jusqu'aux trois quarts au moins de la longueur ; que les tibias sont ondulés en dessous et que la fente anale est en arc renversé à peine convexe ; 2 de celles d'Anomala par les quatre premiers caractères ci-dessus et par la tête lisse; 3° de celle de Maladera par les deux rangs de spinules bien marqués et par l'absence de l’elipse dessinée sur le dos de la deuxième partie du dernier segment ; # de celle de Triodonta par les spinules précitées et par la fente anale transversale ; 5, de toutes les larves connues par la face dor- sale de la deuxième partie du dernier segment marquée de cannelures ondulées, irrégulières, peu profondes, ressemblant à de larges rides. Nous n'avons dans les Landes que deux Hoplia, le philanthus et le cœærulea. Je ne connaissais aucune larve de ce genre et je regrettais de laisser cette lacune dans cette partie, déjà incomplète, de mon travail. Pour tâcher de la combler, je me rendis, ces jours derniers (mars 1876), accompagné d'un ouvrier muni d'une bêche, dans une localité où le cœru-- lea est chaque année abondant, et je choisis pour mes recherches un point fort limité qu'il affectionne plus spécialement. Sur mes indications, l'ouvrier trancha avec la bèche un carré de gazon d'environ 20 centi- mètres de côté et d'une épaisseur de 12 à 15 centimètres, puis il 118 LARVES DE COLÉOPTÈRES le retourna. Du premier coup je recueillis trois larves de Lamellicornes, deux petites que je reconnus bien vite pour être de Triodonta aquilu, et une bien plus grande, paraissant presque adulte, que j'aurais pu prendre pour une larve de Rhixotrogus sans ma loupe qui me démontra qu’elle en différait par plusieurs caractères et notamment par ces cannelures ou rides du dernier segment que je voyais pour la première fois et qui, sans autre preuve, étaient de nature à me convaincre que j'étais en possession de la larve désirée. Maïs j'avais une autre raison de le croire, car le seul genre de cette taille dont je ne connaisse pas de larve est le genre Axisoplia, et le lieu que j'explorais n’est pas à sa convenance. Continuant mes recherches, je recueillis plusieurs autres individus de la larve qui m'intéressait. Rentré chez moi, j'en sacrifiai deux à l'étude et à ma collection et j'installai les autres dans un pot à fleurs avec un bloc de gazon bien fourni de racines. Elles y sont au moment où j'écris cet article, et s’il est imprimé avant que je n’aie obtenu leur métamorphose ou que je n’aie découvert ailleurs ce qui peut donner une complète certi- tude à mes appréciations, j'y reviendrai dans un supplément final. Le Hoplia cœrulea est très-commun dans certaines parties de la France Il se trouve dans les Landes, au mois de juin, dans le voisinage des cours d’eau, et il est si abondant sur les petits buissons et sur les hautes herbes des bordures et des prairies, que des espaces assez étendus paraissent quelquefois tout bleus, comme j'en ai vu aux environs de Madrid, jaunis par le Hoplia chlorophara. La femelle a été longtemps inconnue et man- quait autrefois dans bien des collections; mais depuis que le hasard et l'observation ont révélé les moyens de se la procurer, elle a cessé d'être une rareté. Dans mes Promenades entomologiques de 1872 (Soc. Ent., 4873, p. 90), j'ai dit que, chez nous, c’est par un beau soleil et de onze heures et demie à midi et demi qu’on peut capturer la femelle laquelle, sortant alors du milieu des herbes, prend son vol et va se poser près d’un mâle. Ces indi- cations ont donné lieu, de la part de M. Peragallo, à une communication que j'ai rapportée (Loc. cit., p. 249), et de laquelle il résulte que c’est au point du jour qu'il a pris en nombre la dite femelle soit à Cambo dans les Basses-Pyrénées, soit à Néris dans l'Allier. J'ai essayé deux ou trois fois de ce moyen sans succès. Voici en outre ce que m’écrivait dernièrement à ce sujet M. Coutures, de Bordeaux. « Je prends la femelle pendant un temps bien plus long que celui indi: qué dans vos Promenades entomologiques, tout en reconnaissant que c’est LAMELLICORNES. — HOPLIA 119 de onze heures environ à une heure qu'elle est le plus abondante. Dans la matinée, à partir de huit heures, elle se tient à terre parmi les herbes, où elle reste immobile jusqu'au moment déjà cité. De une heure à trois heures environ, elle disparait complétement ; puis de trois heures à quatre j'en vois quelques individus encore, puis tout disparait. La saison der- nière, pendant une journée de chaleur orageuse, j'ai pu en prendre à peu près tout le jour, mais cela n’est qu'une exception. Immédiatement après l'accouplement, la femelle s'enfonce dans la terre assez profondément, car ayant voulu me rendre compte. une heure après, de la distance souterraine parcourue par elle, il m'a fallu creuser jusqu’à 20 centimètres environ. » Les larves des Lamellicoraes ont des goûts et des mœurs assez vul- gaires et leur étude n'indique pas chez les insectes parfaits cet instinct botanique ou cette intelligence de parasitisme dont tant d’autres donnent des preuves. — On observe pourtant dans quelques-uns assez d'industrie pour façonner des boules de matières stercorales, et même, d’après Frisch, des coques de terre, ce qui est à vérifier; et pour un Coléoptère, ce sont des œuvres d'art dont il faut tenir compte. Beaucoup de larves vivent sous terre soit de détritus, soit des racines des plantes, d'autres se trouvent dans les déjections des grands animaux, avec cette particularité que certaines espèces recherchent plus spécialement les bouses, quelques- unes les crottes des Solipèdes, un plus petit nombre celles des moutons. Il y en à qui, comme celles des Cétoines, se nourrissent de débris vgéé- taux, jusque dans les fourmilières, ou du terreau, de la vermoulure des vieilles souches et des arbres caverneux qui recèlent souvent aussi celles de l'Osmoderma et des Oryctes. Les larves d’un seul genre (Trox) parais - sent s'attaquer aux matières animales, et les autres se développent dans les bois morts mais non encore décomposés. Quant aux larves des Pectinicornes, toutes celles qu'on connaît jus- qu'ici sont lignivores, sans être exclusives dans le choix de l'essence qui doit les nourrir, et quelques-unes vivent aussi bien dans les arbres feuil- lus que dans les arbres résineux. Les coques dans lesquelles beaucoup de ces larves s’enferment pour se transformer ne sont pas la preuve d'une grande habileté de leur part. Lorsque le moment de la métamorphose est venu, elles s'installent à l’ex- trémité de leur galerie ou se font une place au mil'eu des matières qui les ont nourries ou abritées, elles les refoulent et les compriment autour d'elles, de manière à donner à leur dernière demeure une forme régulière 120 LARVES DE COLÉOPTÈRES ellipsoïdale et à lisser autant que possible ses parois qu'elles imbibent ensuite d’une substance mucilagineuse, d'une colle qui agglutine une couche plus ou moins épaisse des matériaux ambiants. C’est ainsi que se forment tout naturellement ces coques qui n’ont exigé, comme on le voit, aucun effort d'intelligence, aucune habileté artistique. La durée de la vie des larves dont il s'agit est variable, mais je crois qu'on l’a exagérée pour certaines espèces. Je puis affirmer, comme l'ayant observé personnellement, que quelques mois suffisent à des larves de Cétoine vivant dans le marc de raisin. à des larves de Trichius et de Val- gus, à des larves de Copris. moins de deux mois à des larves d'Onthopha- gus et d’Aphodius, un an à des larves de Dorcus, deux ans à des larves d’Oryctes. Je ne puis donc croire qu'il faille six ou sept ans, comme le pense Ræsel, sans preuve aucune, pour celle du Lucanus cervus. Les grandes dimensions que doit acquérir une larve ne sont pas une raison suffisante d’assigner une longue période à son développement; tout dépend de la nature des substances dont elle s’alimente et de leur abon- dance autour d'elle. Il y a, il est vrai, des aliments plus ou moins nutri- tifs et par conséquent plus ou moins propres à déterminer une croissance rapide, et je reconnais que le bois pourri n’est pas aussi avantageux, sous ce rapport. que d’autres matières plus azotées ; mais les larves lignivores ont l'avantage d'avoir toujours la nourriture à leur disposition, elles man- gent d'autant plus qu’elles deviennent plus vigoureuses, et lorsque je vois des larves de Cétoines et de Valgus se contenter de trois ou quatre mois pour devenir adultes, je ne puis admettre qu'il en faille six ou sept à celles de Lucanus. La taille, je le répète, me touche peu, car il ne faut pas plus de temps à des chenilles d’Attacus gigantesques qu’à certaines chenilles de Micros. J'admets néanmoins que, pour les larves de Coléoptères, on doit, jusqu’à un certain point, tenir compte de cette considération de la taille, ainsi que des périodes d'inertie que peuvent amener les froids rigoureux à l'égard de celles qui doivent passer l'hiver et qui ne sont pas assez profondément abritées ; mais je crois le faire très-largement en accordant deux ans et quelques mois à celles des Lucanes, dans les con- ditions normales et dans notre pays, et en tout près de trois ans jusqu'à l'insecte parfait, de telle sorte qu'un œuf éclos en juillet 1876, par exemple, devienne nymphe en septembre 1878, insecte en octobre ou plus tard, et prenne son essor dans le mois de juin 1879. Je reviendrai, du reste, sur ce point, à l’occasion des larves des Longicornes qui ont été l’objet d’appréciations analogues. LAMELLICORNES. — PECTINICORNES 121 Les larves qui vivent sous terre sont peut-être exposées à des vicissi- tudes qui n’atteignent pas les larves lignivores. Il peut se faire que la nourriture ne soit pas toujours sous la dent des consommateurs, et des circonstances atmosphériques, sécheresses, pluies excessives, gelées, contrarient le développement de ces larves ; mais j'ose déclarer néan- moins que, lorsque les larves des Rhixotrogus, des Serica et des Triodonta se trouvent, comme c’est l'ordinaire. du reste, dans les prairies ou sous les gazons touffus, c'est-à-dire en pleine pâture, toutes leurs évolutions s'accomplissent d’une année à l’autre. En ce qui concerne les larves des Hannetons, on s'accorde générale- ment à dire qu'il leur faut trois ans, sans qu'on puisse s'appuyer, que je sache, sur des observations précises faites non dans le cabinet et en vase clos, mais à l'état de nature et de liberté. Qu'a-t-il fallu pour accréditer cette opinion? Que quelqu'un l'ait exprimée. On s’en est rapporté à lui Sans contrôle, on l’a propagée et elle est devenue une de ces prétendues vérités comme il y en à tant dans la science et dans l'histoire, et qui se transforment en erreurs lorsqu'on les regarde de près pour les vérifier. Quand je dis prétendue vérité, je n’entends pas me prononcer et quali- fier dès à présent d'erreur ce qui a été dit de la longévité de la larve du Hanneton, puisque je ne saurais y opposer mes propres observations ; c'est d'instinet, en me laissant influencer par les analogies, en m'appuyant sur ce que je sais relativement à des larves de même taille et de mœurs semblables, que j'ose affirmer que celle-ci n'a pas besoin de trois ans. On a dit, à la vérité, que les sécheresses et les grands froids la déterminent à pénétrer plus profondément dans le sol, ce qui l'éloigne des racines ali- mentaires, de sorte que les variations atmosphériques entraineraient des alternatives d'activité et d’appétit, d'engourdissement et d’abstinence et retarderaient ainsi le développement final. Tout cela est possible et je n'y contredis point, mais je voudrais le voir confirmer par des constatations précises et irrécusables. Jusque-là, je serai porté à croire que les larves nées d'œufs pondus en avril ou mai deviennent nymphes et même insectes parfaits à l'automne de l'année suivante, sauf à ces insectes à ne prendre leur essor qu'au printemps d'après, de sorte que, d’une géntration à l'autre, il s'écoule deux ans. la durée de l'état de larve ayant été de seize à dix-huit mois, ce qui me semble bien suffisant. Les larves des Pectinicornes ne peuvent guère être considérées comme nuisibles, et parmi celles des Lamellicornes on ne saurait donner cetie qualification qu'aux larves radicivores des Mélolonthides. A leur tête, sous 122 LARVES DE COLÉOPTÈRES ee rapport, figure sans conteste celle du Hanneton si connue sous le nom de Man ou Ver blanc et qui. dans cerlaines contrées, est si abondante, qu’elle détruit les cultures même arborescentes, et que les insectes qui en naissent dépouillent de leurs feuilles des forêts entières. L’excessive multiplication de cette espèce, devenue ainsi très-pernicieuse, me parait être la conséquence des progrès de l’agriculture. Ces progrès on con- sisté principalement dans la réduction ou la destruction des pacages per- manents, dans l’accroissement des fumures qui augmentent l’humus de la couche arable et dans l'extension des prairies artificielles si favorables à la ponte des femelles. Le sol de ces prairies ne tarde pas à se remplir de larves, et lorsque la prairie est rompue pour être remplacée, souvent sur un seul labour, par une céréale à laquelle succède ordinairement une cul- ture sarclée, il n’est pas surprenant qu'on ait à souffrir des larves déjà existantes et de celles qui naissent des œufs récemment pondus. La chasse aux insectes parfaits, mais chasse persévérante et surtout simultanée, me semble être le seul moyen de combattre ce redoutable fléau. Chez nous, dans les Landes, nous n'avons pas encore à nous en plain- dre. Le Hanneton y est commun pourtant et les Anoxia villosa et Rhizo- trogus rufescens, pour ne citer que les principaux, y sont tellement abon- dants qu'ils forment, dans la saison, comme je l'ai déjà dit, des essais autour de tous les arbres, de tous les buissons ; mais nos terres arables sont si souvent remuées et nous avons tant de pâtures, tant de bordures herbeuses, sans compter les prairies permanentes, que les Hannetons et leurs similaires peuvent très-bien placer leur progéniture sans s’adresser à nos champs. Lorsque nous serons plus avant dans le progrès agricole, nous verrons peut-être la siluation se modifier, mais nous en avons pour longtemps encore avant d'arriver sur ce point à la réalisation du proverbe que le mal vient à côté du b'en. BUPKESTIDES. — CHRYSOBOTHRIS 123 BUPRESTIDES Chrysobothris (Buprestis) aMnis F. Fi, 170-173, LARVE Le Châätaignier paraît être moins recherché que le Chène par les insectes de la tribu dés Buprestides. Il nourrit cependant, à ma connaissance, les larves de deux espèces, le Chrysobothris affinis et l'Agrilus angustulus. Bien que Léon Dufour ait déjà donné, dans les Annales des Sciences natu- relles de 1840, la description de la première, en l’attribuant, par erreur, au C. Chrysostigma, qui n’est pas de notre contrée, bien qu’elle figure aussi dans le travail de M. Schiüdte, je crois devoir la décrire de nouveau avec quelque soin, d’une part, pour rectifier deux ou trois inadvertances de mon maître et ami, et d'autre part, afin d'établir un type pour les descrip- tions qui suivront celle-ci. Longueur : 18-20 millim. Charnue, blanche, déprimée, large et sub- discoïdale antérieurement, puis étroite et linéaire. Tête enchâssée dans le prothorax, comme formée de deux parties, la postérieure, à proprement parler crânienne, coriace, blanche ou roussä- tré, pouvant disparaître presque en entier dans le prothorax, mais sus- ceptible aussi de faire saillie en dehors, et lorsque l'exsertion est exa- gérée, ayant l'air d'être une dépendance du prothorax lui-même; l'anté- rieure ou frontale subcornée, séparée de la précédente par un pli profond et annulaire, marquée, plus en avant, d'un sillon transversal, délimitant un espace corné, noir marron, que j'appellerai lisière frontale; celle-ci déclive, munie au milieu de sa base de deux gros points rapprochés, et sur sa pente de deux crêtes arquées qui, si elles se réunissaient au milieu, formeraient une accolade. Bord antérieur faiblement et assez largement échancré au milieu, s'arrondissant à droite et à gauche, puis très-brus- quement et très-profondément échancré pour recevoir les antennes. Épistome court et trapézoïdal, allant d’une mandibule à l'autre, surmonté d'un labre plus que semi-elliptique, transversal, imperceptiblement échan- cré au bord antérieur qui est couvert de cils très-touffus et roussätres. Mandibules noires, assezlcouries, se joignant à peine; vues en dessus, 124 LARVES DE COLÉOPTÈRES larges à la base et traversées par une carène oblique; vues de côté. étroites et parallèles sur les deux tiers antérieurs, jusqu’à une autre ca- rène oblique ; peu profondément et obtusément bidentées à l'extrémité ; creusées intérieurement en gouttière dont les deux bords ont une petite dent assez près du sommet. Mächoires courtes et droites, leur lobe court, arrondi, renflé en des- sous, hérissé de très-petits cils spinuliformes. Palpes maxillaires un peu inclinés en dedans. courts, de deux articles dont le premier, beaucoup plus gros et un peu plus long que le second, atteint le niveau du sommet du lobe et porte quelques cils à son bord supérieur, et à l'angle supérieur externe une soie plus longue. Menton subtriangulaire; lèvre inférieure très-grande, un peu moins longue que large, doublement arrondie antérieurement. à cause d’une échancrure médiane, et très-densement ciliée, comme le labre; parcou- rue longitudinalement dans son milieu par un sillon qui divise en deux parties un renflement du disque, chacune de ces parties couverte anté- rieurement de très-petits poils roussâtres, très-touffus, et séparée de la mâchoire correspondante par une cavité longitudinale près de la base de laquelle on voit une saillie cylindrique surmontée d’un tout petit tubercule. Je crois que cet organe et son semblable, placés, comme on le voit, aux angles basilaires de la lèvre. sont deux palpes labiaux de deux articles. dont un assez épais soudé à la lèvre et un autre extrêmement petit. C’est celui-ci seulement que j'ai mentionné dans mes descriptions antérieures. et j'ai considéré, dès lors, les palpes labiaux comme rudimentaires et for- més d'un seul article tuberculiforme. Antennes insérées dans une profonde échancrure, non, comme cela est d'ordinaire, en dehors de l'angle de la tête et vis-à-vis le milieu externe des mandibules, mais en dedans de cet angle, vis-à-vis le bord externe des mandibules et au niveau du front; formées de trois articles, le pre- mier de consistance un peu charnue et rétractile, le second plus étroit, mais aussi long ou même un petit peu plus long que le premier, cylindri- que, cilié à son bord supérieur, le troisième beaucoup plus court, demi- sphérique. couvert de très-petits cils et surmonté d’une soie un peu plus longue (1). Tous ces organes roussâtres. Pas la moindre trace d'ocelle ou de point ocelloïde. (1) Voir, pour la rectification qu'exige la composition des antennes, les observations consignées à ce sujet dans l’article suivant, relatif à l'Agrilus angustulus. BUPRESTIDES. — CHRYSOBOTHRIS 125 Prothoraz très-grand, plus large que long. très-arrondi sur les côtés. muni eu dessus et en dèssous d'une plaque tégumentaire coriacée et dis - coïdale, n’atteignant pas les côtés, marquée sur la face dorsale de deux sillons luisants en V renversé, et sur la face opposée d’un sillon unique; entièrement couverte de granulations roussâtres et subcornées. Mésothorax beaucoup plus étroit et cinq fois plus court que le protho- rax, ayant un pli transversal ; métathorax un peu moins large que le pré- cédent, mais un peu plus long, longitudinalement concave au milieu ; ces trois segments, le premier surtout, revêtus sur les côtés de poils roussà- tres, courts et extrêmement fins. Abdomen couvert de poils comme ceux du thorax, étroit. parallèle, er apparence de dix segments, mais en réalité de neuf; le premier plu étroit et même un peu plus court que le métathorax et conformé comm: lui ; les sept suivants égaux en tous sens, marqués en dessus et en des- sous d'un pli médian transversal et, de chaque côté, d'une fossette oblon- gue dessinant un bourrelet qui parcourt les flancs ; ayant de plus, sur le milieu de la face dorsale. une ampoule ambulatoire rétractile, mais sus- ceptible de devenir saillante comme une verrue. Neuvième segment uw: peu plus court et un peu plus étroit que les précédents, sans pli transver sal, à fosseltes et bourrelets latéraux moins marqués ; dixième, ou pluto: segment anal, de moitié plus court que le neuvième, en forme de gros mamelon. postérieurement traversé par un sillon vertical qui le rend un peu bilobé et dont les deux extrémités aboutissent à une petite callosité ponctiforme. C’est au milieu de ce sillon ou fente qu'est l'anus. Tout le corps, moins le segment anal, a la peau très-finement chagri- née et est couvert de très-petits cils fort rapprochés, qui ne sont guère visibles qu'au microscope et qui sont dirigés en avant sur le prothorax, et en arrière sur les autres parties. Stigmates au nombre de neuf paires, la première. beaucoup plus grande et à peine plus inférieure que les autres, en forme de plaque mate en croissant transversal, précédée, dans son échancrure, d’une callosité anguleuse, et située près du bord antérieur du mésothorax ; les autres, à contour orbiculaire, échancré antérieurement, renfermant une petite pla- que antérieurement déprimée, sont placés au tiers antérieur des huit pre- miers segments abdominaux. Pattes nulles, remplacées par de petits mamelons à peine rétractiles, visiblss sous les deux derniers segments thoraciques et le premier abdo- minal. Le mésothorax n'en a que deux très-peu apparents, au-dessous 126 LARVES DE COLÉOPTÈRES des stigmates ; on en voit quatre sous le métathorax, disposés en une série transversale et arquée, et dont les plus extérieurs sont les plus sail- lants. Le premier segment abdominal présente une large dilatation sub- triangulaire dont la base s'appuie sur celle du segment et dont les deux autres côtés sont entourés par quatre tubercules arrondis et bien visibles. Cette larve vit principalement sous l'écorce des vieux Châtaigniers ou Chènes récemment morts. M. Ratzeburg l'a trouvée dans le Hêtre et je l'ai rencontrée dans le Bouleau. La femelle pond sur les trones ou sur les grosses branches, car elle aime les écorces épaisses, différente en cela de celle du Chrysobothris Solieri qui recherche les jeunes Pins ou les bran- ches d’une faible grosseur. Il est vrai que la larve de cette espèce, après avoir vécu quelque temps sous l'écorce. s'enfonce dans le bois et s'y transforme ; celle de l’affinis, au contraire, passe sa vie, à moins de cir- constances extraordinaires, dans les couches subcorticales qu’elle laboure de galeries larges et sinueuses, reconnaissables à la netteté de leurs bords et à la disposition des excréments en petites couches concentriques, ce qui empêche de les confondre avec des galeries de larves de Longicornes. Si l'écorce est de moyenne épaisseur, c’est entre celle-ci et le bois qu’elle subit sa métamorphose, après avoir préparé une cellule qui pénètre plus dans l'écorce que dans le bois. Si l’écorce est très-épaisse, c’est dans son intérieur qu’elle se loge pour que l'insecte parfait ait moins de peine à sortur. NYMPHE Blanche, molle, absolument glabre et lisse et n'offrant rien de particu- ler si ce n’est, sur le bord postérieur des six premiers segments abdomi- paux, un petit mamelon de chaque côté et un médian et dorsal plus sail- lant et un peu incliné en arrière. La nymphe étant toujours immobile et paraissant incapable de mouvements, ces mamelons servent peut-être à amortir les chocs qu’elle pourrait recevoir et dont elle serait protégée, du côté de la face ventrale, par les divers organes, antennes, élytres, pattes qui s'y trouvent rassemblés. L’extrémité du corps est exempte de toute papille, de tout appendice. Dansla plupart des nymphes, la tête est telle- ment inclinée sur la poitrine, que lorsqu'on les observe par derrière, on voit à peine le dos du vertex. Ici, au contraire, la tête est très-visible et au moins autant que dans l’insecte parfait. BUPRESTIDES, - AGRILUS 127 Agrilus (Buprestis) angustulus ]LL16. LARVE Longueur, 7-10 millim., blanche, charnue, molle, déprimée, étroite, linéaire, avec le premier segment élargi et le dernier fourchu ; mate sur le thorax, luisante sur l'abdomen. Tête rétractile, d’un blanc roussâtre postérieurement, région frontale roussâtre, ornée de trois lignes brunes : une médiane, marquée d'un fin sillon et deux partant de la base des mandibules, convergeant en arrière vers la précédente ; lisière frontale cornée, d’un noir ferrugineux, déclive, lisse et dépourvue de toute carène, mais marquée sur le milieu de sa base de deux points enfoncés, rapprochés ; bord antérieur, sinué, très-profon- dément et brusquement échancré pour la réception des antennes. Épistome transversal et très-court; labre, petit et semi-discoidal, un peu feutré en dessous d'un duvet roussâtre. Mandibules noires, courtes mais robustes, médiocrement luisantes, lis- ses, subconvexes en dehors, concaves en dedans, tronquées à l'extrémité. Mâchoires semblables à celles de la larve du Chrysobothris, avec ces différences que leur base est au niveau de celle de la lèvre, au lieu d’être en avant, que leur lobe n’est pas renflé en dessous et que son sommet est hérissé de quelques petites épines. Palpes mazxillaires de deux articles, le premier plus large à l’extrémité qu'à la base, arrondi extérieurement, muni d’un faisceau de petites soies à l'angle extérne et d’une soie bien plus longue un peu en arrière, le second conique, arrondi à l'extrémité où le microscope montre trois ou quatre cils excessivements petits, un peu plus court que le précédent qu'il afleure à son bord interne, mais dont il laisse notablement à découvert l'angle opposé. Lèvre inférieure grande, plus large que longue, antérieurement échan- crée et feutrée d’un duvet roussâtre, parcourue sur son milieu par une dépression longitudinale coupant en deux parties ou lobes un renflement du disque analogue à celui que nous avons observé dans la larve précé- dente, sauf que le sommet des lobes est glabre et non velouté, et que, dans la cavité qui se trouve contre les mâchoires, il est impossible d’apercevoir le moindre tubercule. Tous ces organes sont roussâtres. Les antennes, qui sont de la même couleur et placées, comme dans la 128 LARVES DE COLÉOPTÈRES larve précédente, contre l'angle basilaire externe des mandibules et au niveau de la surface frontale, exigent quelques explications. Dans une notice publiée en 1851 sur les métamorphoses de quatre espèces d'Agrilus, je donnai deux articles aux antennes de leurs larves. comme l'avait fait Dufour pour celle du Chrysobothris ; mais m'étant occupé plus tard, dans l'Histoire des Insectes du Pin, des larves de cinq autres genres ou espèces de Buprestides, je déclarai, à l'exemple de M. Ratze- burg, que les antennes étaient formées de trois articles, et je refusai d’ad- mettre les quatre articles que M. Pecchioli disait avoir trouvés à la larve du Buprestis mariana qui m'était alors inconnue. J'avais pourtant remarqué un fait qui me donnait à penser, c’est que le troisième article était tantôt tronqué, tantôt arrondi; mais ne voyant rien de plus, je m'étais décidé à faire de ces différences des caractères spécili- ques. J'avais même, sans r'en changer à mes appréciations, passé par-des- sus la larve de Chrysobothris dont je viens de donner la description après un examen des plus minutieux, lorsque, me livrant à l'étude non moins attentive de plusieurs larves d’Agrilus et de Coræbus pour reconnaître les caractères qui les différencient entre elles et les distinguent des autres, j'ai vu poindre à l'extrémité des antennes de l'une d'elles un tout petit article grèle et cylindrique que je n'avais jamais aperçu. Le microscope ne m'ayant pas laissé le moindre doute à cet égard, je me suis mis à examiner une foule de larves de cette famille, et une seule, appartenant au Chrysobu- thris Solieri, m'a offert le même quatrième article aux antennes ; dans les autres, il était invisible, et Le troisième article était, dans la même espècr. tantôt simplement tronqué, tantôt creusé en cupule à l’extrémité. d’autres fois arrondi. Je me suis avisé alors de prendre des larves de Buprestis et de Dicerca, et j'ai plongé verticalement, sur le sommet du troisième article, mon regard aidé d'une très-forte loupe. J'ai vu alors, au centre de ec» sommet. un petit disque convexe nettement circonscrit, et j'ai trouvé la même particularité sur toutes les autres larves que j'ai examinées avec un fort grossissement. La question m'a paru alors résolue, il est même demeuré évident pour moi que ce petit disque n'est autre chose que le sommet du quatrième article, lequel est habituellement plus ou moins inyaginé dans le précédent. Lorsque la rétraction est simplement complète, le sommet du quatrième article affleure l'extrémité du troisième, et celui- ci alors parait convexe et comme velouté sur sa calotte. Si la rétraction est excessive, le troisième article semble tronqué et cilié, et examiné BUPRESTIDES. — AGRILUS 129 sur son sommet, il est concave; mais au fond de la cupule se trouve tou- jours le petit disque révélateur. Dans les cas très-rares où la larve donne à ses organes leur maximum d'extension, le quatrième article devient sail- lant: M. Pecchioli avait donc raison; il y a quatre articles et peut-être même arrivera-t-on à constater l'existence de l'article supplémentaire. Je reviens maintenant à la description. Premier article des antennes plus pâle et plus charnu que les autres, encastré dans l'échancrure du bord antérieur ; deuxième un peu plus long, épais, dilaté extérieurement ; troisième de moitié plus court, non cilié au sommet, mais muni en dehors d’une assez longue soie; quatrième de moitié au moins plus court que le précédent, implanté au milieu de celui-ci, très-grêle et arrondi au sommet. Aucune trace d’ocelle ou de point ocelloïde. Prothorazx roussâtre, plus long que tous les autres segments et une fois et demie aussi large qu'eux, plus étroit antérieurement qu’à la base, lisse et luisant jusqu’au tiers antérieur où se trouve un léger étranglement qui limite la partie susceptible de se replier en dedans, lorsque la larve fait rentrer sa tête, le reste, jusqu’à la base, finement chagriné ou plutôt cou- vert de petites aspérités bien visibles au microscope. En dessus et en des- sous un sillon médian longitudinal, qui n’atteint pas le bord antérieur. Mésothoraz et métathorax chagrinés comme le prothorax. un peu moins déprimés que lui, beaucoup plus courts, du même diamètre, ou à peu près, que les segments abdominaux. Abdomen non chagriné comme le thorax, mais couvert de strioles trans- versalement ondulées, d'une finesse et d’une densité extrêmes, en appa- rence de dix segments, les sept premiers plus longs que larges, déprimés et munis latéralement d’un bourrelet que rend très-sensible une fosseite bien marquée de chaque côté, tant en dessus qu'en dessous; huitième et neuvième segments de moitié plus courts que les précédents et pourvus comme eux de bourrelets latéraux ; dixième, ou plutôt segment ou mame- lon anal, court, arrondi et armé postérieurement de deux larges appen- dices cornés, d’un ferrugineux d'autant plus foncé qu'on s'approche plus de l'extrémité, latéralement comprimés, droits, parallèles, formant ensemble une sorte de pince, subtriangulaires, quand on observe de profil, avec le bout tronqué ét deux dentelures bien marquées de chaque côté sur leur bord, leurs tranches se prolongeant sur le segment en une fine crête cornée et un peu arquée formant presque un arceau ogival; entre ces appendices ou lames un pli vertical au milieu duquel est l'anus. PER. 9 130 LARVES DE COLÉOPTÈRES Corps parsemé de poils courts, très-fins, blanchâtres, touffus sur le segment anal, sauf les appendices qui sont glabres. Toute la surface, à l'exception de ce dernier segment, paraissant à une très-forte loupe, ainsi que je l’ai dit, très-finement chagrinée ou alutacée sur le thorax, striolée sur l'abdomen, et en réalité couverte, ainsi que le montre le microscope. de spinules ciliformes d’une excessive finesse, extrêmement serrées sur- tout antérieurement, dirigées en avant sur le prothorax, en arrière sur le reste du corps. Stigmates orbiculaires, à péritrème roussâtre, un peu interrompu anté- rieurement, au nombre de neuf paires, la première plus grande et placée un peu plus bas que les autres, très-près du milieu du mésothorax, les autres au tiers antérieur des huit premiers segments abdominaux. La position de ces stigmates doit être signalée. Ordinairement, dans les larves de Coléoptères, ils sont placés sur les bourrelets latéraux, ou dans la rai- nure longitudinale formée par deux bourrelets contigus, et ils ne sont visibles que si l’on examine la larve de profil. Ici, au contraire, à part la première paire qui est réellement latérale, les orifices respiratoires s’ou- vrent du côté de la région dorsale, un peu en dedans de la fossette longi- tudinale qui dessine le bourrelet, et on ne les aperçoit bien que lorsqu'on observe la larve du côté du dos. La larve de l'A. angustulus, bien plus commune sur le Chène que sur le Châtaignier, vit dans les petites branches et jusque dans les brindilles de ces arbres. Elle séjourne quelque temps sous l'écorce où elle creuse une galerie d'autant plus sinueuse que la branche est plus grosse, et quelque- fois même en spirale; avant l'hiver elle s'enfonce dans le bois, et c'est à qu'au mois d'avril elle devient nymphe. NYMPHE Elle offre absolument les mêmes caractères que celle du Chrysobothris ; les mamelons dorsaux sont à peine saillants. Les larves connues des Buprestides se rapportent aux espèces suivantes, en y comprenant même les exotiques. Sternocera chrysis F., GuériN-MENEvILLE, Rev. zool. 1839, p. 260, et Laporte et Gorv, Hist. nat. des Buprest. t. Il, p. { (de l’Inde). Chrysochroa ocellata F., WEsTErmaNN, Rev. ent. de Silberm. n° 3 (de l'Inde). BUPRESTIDES 131 Capnodis tenchrionis F.. Laporte et Gory. loc. cit. p. 3. Euchroma columbicum Maxxeru., Schiôdte, Naturhistor. Tidsskr. t, VI, {re et 2 parties, p. 369 (de l'Amérique méridionale). Buprestis mariana L., Peccuiour, Mag. Zool. 1843, et Lucas, Soc. Ent. 1854, p. 321. — B. virginica Herssr ? Harris, Insect. of Massach. 1842, p. 43. — B. Fabricii Rossr, Bertocont, Nov. Comment. Acad. scient. Bonon. 1841, p. 87. — Laporte et Gory, loc. cit. p.2, et Peccuiozr, Mag. Zool. 1843. Psiloptera pisana Rossi, Mucsanr et REVELIÈRE, {1° opusc. Entom. p. 91. Dicerca Berolinensis F., Wesrwoon, Introd. etc., t. I, p. 230, et Kunx- ceLuorrer, Ent. Zeit. zu Stett. 1843, p. 85. — D. divaricata Sax, Harris, Insect. of Massuch. 1842, p. 43. — D. cuprea Cnevr. WESTERMAN, Rev. Ent. de Silberm. n° 3. — D. costicollis Caevr., Caapuis et CaNDÈze, Catal. p. 134. Pæcilonota festiva L., Luccrani, Soc. Ent. 1845, Bull. p. 112. — P. ru- tilans F., Cnapuis et Cannëze, Catal. p. 135. — P. decipiens MaNNx., sous le nom demirifica Muus., MuLsanr et REVELIÈRE, loc. cit. p.86.— P. cons- persa Gyie., Gerxer, Soc. Ent. de Russie, 1867-68, p. 17. Ancylocheira flavomaculata F. — A.8 quttata L., Perris, Soc. Ent. 1854, p. 110 et 115. — À rustica L., Scniüpre, loc. cit. p. 371. Eurythyrea Austriaca L., Quercus Hergsr, Heresr, Schrift. der Berlin. Gesells. der naturf. Freund. t. IL. — E. micans F., Scniopte, Loc. cit. p. 370. Melunophila cyanea F., Permis, loc. cit. p. 191. Anthazia manca F., Perris, Soc. Linn. de Bordeaux, 1838. — 4.4 punc- tata F., RarzesurG. Die forst ins. 1, p. 52, et NorpuinGer, Entom. Zeit, zu Stettin, 1848, p. 228. — À. cyanicornis F., Mucsanr et REvVELIÈRE, loc, cit. p. 89. — À. sepulchralis F., sous le nom erroné de morio, PEerris, Soc. Ent., 1854, p. 123. — 4. praticola Lar., Perris, Soc. Ent. 1862, p. 200. A. candens Paxz. M. Erné a publié, dans le Bulletin de la Soc. entom. suisse, 1873, un mémoire où il indique la manière de prendre et d'élever cette larve qui vit dans l'écorce des Pruniers et des Cerisiers morts. M. Zuber-Hofer a donné le résumé de ce mémoire dans les nou- velles et faits divers de l’Abeille, n°’ 15, 17 et 18 de 1875, et il y a ajouté la description de la larve, description très-bonne, sauf en ce qui concerne les antennes dont l'auteur dit n'avoir pas vu de traces parce que, sans doute, elles étaient rentrées dans la tête ; mais qui existent et qui sont au moins de trois articles. 132 LARVES DE COLÉOPTÈRES M. Schiüdte, loc., cit., p. 373, a décrit aussi cette larve qu’il dit avoir trouvée sous l'écorce du Chêne. Ptosima flavoguttata Ixus. GEMMINGER, Entom. zeit. zu Stett. 1849, p. 63. Chrysobothris affinis F., Durour, Ann. sc. natur. 1840, et ScHÔDTE, Loc. cit. p. 372. — C. Solieri Casr., Pernis, Soc. Ent. 1854, p. 117. — C: den- tipes GErm., Harris, Insect. of Massach. 1849, p. 44. — C. femorata F. Harris, loc. cit. p. 44, et Asa-Frron, Noxious Ins. p. 25.— C. fulvoguttata Harris, Harris, loc. cit. p, 45. — C. Harrisii Henr., Harris, Loc. cit. p. 45. Diphucrania auriflua Hopr., Saunoers, Trans. of the Entom. Soc. of London, 1847, p. 27. Coræbus undatus F. M. Erné a parlé (loc. cit.) des mœurs de cette larve qu'il a trouvée dans des Chènes; mais il n’en a pas donné la description. Agrilus viridis var. nocivus Rarz.. RarzeeurG, die forst ins. I p. 56. — A. angustulus IG. RATZEBURG, Loc. cit. p. 54. — À tenuis RATz., RATZE- BurG, loc. cit. p. 53. — À. biguttatus F. RATZEBURG, Loc. cit. p.57, Gou- REAU, Soc. Ent. 1843, p. 93, et ScniôprTe, loc. cit. p. 374. — À, viridis, var. Aubei Casr., AuBé, Soc. Ent. 1837, p. 189. — À. derasofasciatus L. — A. viridis L. viridipennis Casr. — À. 6 guttatus HerBsT. — À cinctus L., Perris, Acad. de Lyon, 1851.— 4. Gquttatus Herssr, quelques détails sur ses mœurs, ANCEY, Abeille, 1870, p. 88. « Trachys pygmæa F., LepriEUR, Comptes rendus de l'Inst. 1857, p. 314, et Soc. Ent. 1861. p. 459. — T. minuta L. V. Heypen, Berl. ent. Zeit. 1862, p. 61, et Scmiopre, loc. cit. p. 375. — C. nana, HERBsT, HEEGER, Acad. se. Wien. 1854, p. 29. — 7. pumila [Luc. FrAuENrELD, Soc. Zool. et Bot. de Vienne, 1864, et Abeille, 1869, p. 88. Voici les descriptions de quelques autres espèces. Dicerea (Buprestis) ænena L. LARVE Long., 50 millim., identique, dans tous ses détails, avec celle du D. Be- rolinensis qui vit dans le hêtre et dont je dois un individu à mon ami M. Chevrolat; semblable, quant à la forme, à celle du Chrysobothris affi- nis, avec une dilatation un petit peu moindre du prothorax. Lisière fron- tale déclive, pourvue des deux gros points enfoncés et de la crête en acco- BUPRESTIDES. — DICERCA 133 lade, cette fois presque complète, et entre cette crête et le bord antérieur, marquée de strioles sinueuses très-rapprochées. Bord antérieur sembla- blement sinueux. Antennes, épistome, labre, mâchoires, palpes et lèvre inférieure conformés de même ; seulement, lobe des mâchoires plus paral- lèle au palpe, pourvu à l'extrémité de quelques soies un peu plus longues et, sur le bord interne, de quelques cils extrêmement courts. Mandibules ayant aussi la même forme, les mêmes crêtes transversales, mais nette- ment tridentées et non bidentées à l'extrémité. Plaques coriacées des faces dorsale et pectorale du prothorax nullement granuleuses, mais mates et très-finement chagrinées, celle de dessus mar- quée de deux sillons luisants en V renversé, mais formant un angle moins ouvert et même un petit peu arqués, bordés extérieurement. sur leur moitié supérieure, d'un espace luisant, ruguleusement et'obliquement ridé, abou- tissant à un autre espace luisant, lisse, un peu ridé sur les bords qui entou- rent le sommet; plaque de dessous traversée par un seul sillon luisant, ayant à son extrémité antérieure un espace subrhomboïdal lisse, luisant et ridé aussi sur le bord. Mésothorax et métathorax et mème premier seg- ment abdominal en grande partie mats et très-finement chagrinés en dessus et en dessous, assez luisants sur les côtés; les trois segments thoraciques montrant en dessous, le premier au bord de la plaque coriacée, les autres un peu plus près des côtés, une sorte d’aréole orbiculaire, roussâtre et subcornée, ayant non la fonction mais la physionomie d'un stigmate. Abdomen un peu luisant, conformé comme dans la larve du Chrysobo- thris, à surface encore plus finement chagrinée que le thorax. Tout le corps, comme dans cette larve, revêtu d’une pubescence fine et blanchâtre et couvert de petits cils très-denses, visibles au microscope. Stigmates comme il a été dit pour la larve précitée. Pattes nulles. J'ai extrait cette larve d’une souche d’Aulne et je suis porté à croire qu’on la rencontrerait aussi dans le Saule, car j'ai quelquefois pris l’insecte par- fait, fort rare ici, d’ailleurs, sur des échalas de Saule blanc récemment coupés. Diceren alni Fiscu. LARVE La larve de cette espèce est tellement semblable à la précédente qu'il m'est impossible de trouver entre elles la moindre différence. 134 LARVES DE COLÉOPTÈRES M. E. Revelière, qui me l'a envoyée de Corse, l’a trouvée probablement dans l’Alnus glutinosa, Psilopéera (Buprestis) pisana Rossi. LARVE Cette larve est aussi l’image fidèle de celle du D. ænea ; seulement l’es- pace compris, sur le devant de la tête, entre la crête en accolade et le bord antérieur, est moins densement et un peu plus grossièrement strié. MM. Mulsant et Revelière ont commis une erreur en disant que les man- dibules sont bidentées à l'extrémité, car je les vois tridentées dans les individus reçus de M. Revelière, et que les palpes maxillaires ont trois articles, lorsqu'ils n’en ont que deux. La même erreur, relativement aux palpes, existe dans les descriptions des larves de Pæcilonota decipiens ct d'Anthaxia cyanicornis. Is n’ont rien dit des antennes, Melanophila (Buprestis) decostigna F. LARVE Long. 18-20 millim. Diffère de celle du Chrysobothris par les carac- tères suivants : lisière frontale à peu près lisse, carène très-obsolète, presque nulle; une dépression en avant de celle-ci. Mandibules peu lui- santes, tronquées et non bidentées à l'extrémité; palpes maxillaires lomenteux en dehors sur toute leur longueur; lobes des mâchoires tomenteux, surmontés d’une épine. Corps intermédiaire, pour la forme, entre celui des larves de Chrysobothris et celui des larves d'Agrilus, c'est- à-dire moins dilaté antérieurement que dans les premières et plus que dans les secondes. Prothorax ayant, en dessus comme en dessous. une plaque tégumentaire coriace, toute couverte d’aspérités cornées et rous- sâtres ; mais ces plaques sont plus étroites que dans la larve du Chry- sobothris. La supérieure est un peu elliptique et l'inférieure en carré long, un peu arrondie antérieurement. Cette larve, presque identique à celle du M. cyanea, it sous l'écorce des gros peupliers récemment morts où elle creuse des galeries sinueuses assez larges. Aux approches de la métamorphose, si l’écorce qui: lapro BUPRESTIDES, — ANTHAXIA 135 tége est épaisse, au lieu de plonger dans le bois, elle pénètre dans les couches corticales, et y creuse, pour loger la nymphe, une cellule voisine de la surface extérieure, afin de ménager le temps et les efforts de l'in- secte parfait. Si, au contraire, l'écorce a peu d'épaisseur, la larve se réfu - gie dans l'aubier à une profondeur de 1 à 3 centimètres, ce que l’on reconnait à un tampon de fibres bouchant l'orifice de sa galerie plon- geaute. Elle fait ensuite volte-face dans sa cellule, de manière à ce que la tête du futur insecte parfait soit tournée vers l'extérieur. La nymphe ressemble entièrement à celle du Chrysobothris. Anthaxin Corsien REICHE. LARVE Long.8-10 millim. Même forme que la larve du Chrysobothris, mais plus déprimée encore et se distinguant par les caractères suivants : Lisière frontale non déclive, lisse; bord antérieur moins sinueux, mais toujours avec l’échancrure destinée aux antennes dont la position et la composition sont les mêmes. Labre arrondi antérieurement et tout à fait glabre. Lèvre inférieure coupée carrément et non échancrée au bord antérieur; proéminence du disque très-faible et glabre; mais, de chaque côté, la fossette ordinaire, dans laquelle sont les deux pièces superposées, l’une cylindrique, l’autre en forme de petit tubercule, que je considère comme l'équivalent d’un palpe labial. Prothoraz ayant en dessus les deux sillons en V renversé et en dessous le sillon unique, mais relativement un peu plus large peut-être que de coutume, et marqué en outre, de chaque côté des sillons, d’un pli longi- tudinal et un peu arqué en dedans ; mais dépourvu de toute plaque gra- nuleuse, ou même chagrinée, parfaitement lisse, au contraire, luisant et de même contexture que le reste. Métathoraz muni de quatre mamelons arrondis, bien saillants, peu rétractiles, placés deux en dessus et deux en dessous, près des bords latéraux. Abdomen comme dans la larve du Chrysobothris ; corps pubescent, mais sans le moindre cil spiniforme, même au microscope. Stigmates comme dans les larves précédentes; mais il m'a été impos- 136 LARVES DE COLÉOPTÈRES sible de voir les petites aréoles cornées qu’offrent celles-ci, sauf celle d’Agrilus, sous les trois segments thoraciques. En juin 1854, chassant au milieu des Pins sylvestres des montagnes du Guadarrama (Espagne), je pris plusieurs individus de cet Anthaxia, alors nouveau, qui, à l'exemple de ses congénères les 4. sepulchralis, confusa, praticolu et probablement aussi 4 punctata, aime à se poser sur les fleurs des Helianthemum et d’autres plantes à corolles jaunes. Je me doutais que, comme ceux-ci, il vivait dans le Pin, et ayant en effet exploré des menues branches mortes de cet arbre, je ne tardai pas à trouver sa larve. Celle-ci trace, entre l’écorce et l’aubier, une galerie sinueuse qu’elle laisse derrière elle remplie de ses déjections, puis elle s'enfonce dans le bois pour y vivre quelque temps et s’y transformer en nymphe, Anthaxin fulgidipennis Luc. LARVE Je dois la larve de cette espèce à l'obligeance de M. Raffray qui l'a trouvée à Alger dans l’Amandier. Elle a une taille de 14 millim., mais. à cela près, elle n’est qu'un fac-simile de celle de l’A. Corsica. Les organes de la tête sont conformés de même, le prothorax est également lisse, sauf quelques rides insignifiantes, le métathorax est pourvu de quatre gros mamelons qui paraissent être caractéristiques de ce genre et l'abdomen est dépourvu de tout cil spinuliforme. Il serait superflu de la décrire. Anthaxia (Buprestis) cichorii Ov. LARVE Ayant pris assez souvent cet insecte en battant des arbres fruitiers, j'ai pensé que sa larve vivait dans les branches mortes de ces arbres, et en effet je l’ai trouvée, avec l'Anthaxia lui-même, dans celles du Pommier, du Prunier et du Cerisier. Elle ressemble entièrement à la larve de l'A. Corsica. Je ferai remarquer en passant que les Anthaxin de ce groupe, candens BUPRESTIDES. — ANTHAXIA 137 fulgidipennis, cichorii et certainement quelques autres sont parasites des arbres fruitiers. Anthaxia (Buprestis) fanerula ILL. LARVE Ce Buprestide est classé an nombre des espèces dont la livrée est som- bre, et celles de cette catégorie qui m'ont livré le secret de leurs méta- morphoses, Corsica, praticola, sepulchralis, quadripunctata, morio, sont pinicoles ; en outre, le confusa serait, d’après l'observation de M. Reve- lière, parasite du Genevrier. Les insectes parfaits ont de plus l'habitude de se poser principalement sur les fleurs jaunes telles que celles des Renoncules, des Cistes. des Caltha dont ils rongent les pétales; c’est ce que fait aussi l'A. funerula. J'avais donc deux raisons pour une de penser que sa larve vivait dans le Pin ; mais je l'y ai jusqu'ici vainement cher- chée et vainement aussi j'ai attendu la naissance de l’insecte de branches mortes de Pin déposées dans ma pièce à éclosions. Dans le courant de décembre 1872, explorant des tiges mortes du grand Ajonc, Ulex Europæus, je remarquai sous l'écorce des galeries assez larges et irrégulières, paraissant l'œuvre d’une larve de Buprestide qui s’élait déjà logée dans le bois. Je refendis la tige et je trouvai, dans une cellule transversale bouchée extérieurement par des détritus, une larve que je n’eus pas de peine à reconnaître pour une larve d’Anthaæia ; les quatre mamelons du métathorax ne pouvaient me laisser aucun doute à cet égard. En poursuivant mes recherches, jé rencontrai dans sa loge un Anthaxia déjà transformé, plein de vie et parfaitement mûr. Il était destiné à passer là tout l'hiver et une partie du printemps, si, en ouvrant sa prison, je ne lui avais donné une liberté anticipée qui, du reste, ne lui servit pas à grand'chose, puisqu'il fut à l’instant condamné à mort. Rentré chez moi, je me hâtai de l'étudier, et je constatai avec la plus entière cer- titude que c'était un funerula. J'ai su depuis que M. Damry l’a trouvé en Corse dans le Genista Corsica, arbrisseau voisin de l’Ulex. Voilà donc une espèce que. par analogie. je pouvais supposer pinicole et qui m'aurait donné un démenti si je m'étais prononcé a priori sur sa manière de vivre. Il est vrai de dire que si, par la réticulation de son prothorax à mailles ombiliquées, elle a de grands rapports avec les éspè- 138 LARVES DE COLÉOPTÈRES CUS que j ai cilées plus haut, elle se rapproche de l'inculla par sa forme, sa couleur bronzée et la ponctuation de ses élytres. Il serait permis d’en conclure que les espèces noires ou d'un noir bronzé sont probablement les seules qui s'adressent aux Pins, ou du moins aux essences résineuses. Cette particularité, propre aux Anthaxia et aux Melanophila, car les Melanophila cyanea et appendiculata sont pinicoles, est d'autant plus remarquable que, pour d’autres genres de Buprestides, les mêmes essen- ces nourrissent des espèces à brillante parure, telles que Buprestis ma- riana, Pæcilonota festiva, Ancylocheira rustica, flavomaculata et octogut- tata, Chrysobothris Solieri. Quant à la larve, je n'ai rien à en dire, si ce n’est qu’elle ressemble tout à fait à celle de l'A. Corsica. Les larves d’Anthaætia qui me sont connues se ressemblent toutes; elles sont remarquables par leur prothorax à surface lisse et luisante et par les quatre mamelons ou verrues du métathorax. Le dernier segment est con- formé comme dans la larve du Chrysobothris. Aemæodera (Buprestis) Ilanuginosa Gr. LARVE Long. 9-10 millim. Elle diffère de celle du Chrysobothris affinis par les caractères suivants : Corps moins déprimé, moins dilaté antérieurement. Lisière frontale lisse, sans crêtes visibles, mais marquée d’un point presque obsolète de chaque côté de la ligne médiane. Labre pas plus long que l’épistome, en parallélogramme transversal. avec les angles antérieurs arrondis, à peine cilié. Mandibules, vues de côté, parallèles, noires et chagrinées sur les trois cinquièmes antérieurs et jusqu'à une limite indiquée par une sorte de crête arquée, ferrugineuses et à surface lisse mais inégale et de largeur toujours croissante depuis cette crête jusqu’à la base, très-visiblement bifides à l'extrémité, avec une rainure entre les deux dents. Lobe des mâchoires non renflé, assez étroit, surmonté d’assez longs poils ; premier article des palpes sensiblement plus gros, mais pas plus long que le second. BUPRESTIDES — ACMÆODERA 139 Lèvre inférieure glabre, c'est-à-dire dépourvue de poils et de cils. Antennes presque entièrement rétractiles. Prothoraz lisse sur ses deux faces, dépourvu de toute plaque coriacée et marqué, tant en dessus qu’en dessous, d’un sillon médian unique, très- simple, et n’atteignant ni la base, ni le sommet. Mésothorax, métathorax et premier segment de l'abdomen dilatés de chaque côté de la ligne médiane, en dessus comme en dessous, en une ampoule arrondie assez volumineuse et bien saillante, de sorte que cha- cun de ces segments est muni de quatre ampoules très-apparentes, très-dilatables et qui rappellent celles des larves des Longicornes. Corps revètu de poils blanchâtres, beaucoup plus serrés sur le protho- rax et sur le mamelon anal, mais dépourvu, même sous le microscope, Je ces petits cils qui couvrent la larve du Chrysobothris. M. E. Revelière a eu la bonté de m'envoyer deux individus de cette larve qu’il a trouvés en Corse, au mois de mai, avec l'insecte parfait, dans les tiges mortes de la Ferula nodiflora. La nymphe m'est inconnue. Acmæodera adspersula IL. A. quadri-faseiata Rossi. — A. pilosellæ Bon. M. Damry, entomologiste, résidant à Bonifacio, s'étant livré à des re- -herches avec l'intention de me procurer la larve du Deilus fugax, a extrait les tiges mortes du Genista Corsica des larves qu'il a eu la bonté de m'en- voyer et que je n'ai pas eu de peine à reconnaitre comme appartenant à un Acmæodera. Comme l'Adspersula est très-commun à Bonifacio, ‘après M. Revelière, je suis porté à croire que les larves dont il s'agit -ont de cette espèce. Elle ressemble entièrement à celle de l'A. lanuginosa. M. Revelière m'informe en outre que la larve de l'A. quadri-fasciata vit ‘ans le Chène vert qui lui a donné des insectes parfaits, et très-probable- “ent aussi dans le Lentisque. Enfin, dans le récit d'une excursion à la Massane (Pyr. orient.) M, Mar- quet signale l'A pilosellæ comme ayant été trouvé dans les branches mortes de l’Acer monspessulanum (Annuaire entom. de Fauvel, 1876, p 93). 140 LARVES DE COLÉOPTÈRES Sphenoptera gemellnta MANNERH. LARVE Je dois la communication de cette larve, ainsi que d'une nymphe, à l'obligeance de M. Valéry Mayet. Je ne veux pas le priver du droit de la décrire s'il le juge à propos, et je me borne à dire, dans l'intérêt du but de classification que je poursuis, qu'elle reproduit, quant aux organes de la tête. les caractères de la larve du Chrysobothris et surtout de l’Acmæo- dera ; que tout son corps est couvert de cils spinuliformes qui existent dans la première et qui manquent dans la seconde; que les ampoules des deux derniers segments thoraciques et du premier segment abdominal sont bien moins saillantes que dans cette dernière; que le segment anal est arrondi et que le caractère distinctif réside principalement dans le prothorax, lequel est lisse sur ses deux faces. sauf les petits cils qui cou- vrent le corps, qu’en dessous il est parcouru par un sillon médian longi- tudinal partant de la base et aboutissant presque au sommet, et qu’en dessus il porte un double sillon en V renversé, mais avec cette particula- rité que le sommet de l’angle ne dépasse pas la moitié du segment et qu'il est surmonté d’un sillon unique atteignant presque le bord antérieur, de sorte qu’au lieu d’un V c’est un Y renversé. Cette larve vit dans les racines de Sainfoin. Coræbus (Buprestis) bifasciatus OLiv. Fig. 180. LARVE Long. 20-25 millim. Ayant, jusque dans les plus petits détails, les caractères de la larve de l'Agrilus angustulus, sauf la taille, bien entendu, et les différences suivantes : Corps moins déprimé. Lèvre inférieure montrant. dans chacune de ses cavités latérales, les indices du palpe que je n’ai pu voir dans les larves d'Agrilus, même en explorant des larves plus grandes que celle de l'Angustulus. Côtés de la partie coriace de la tête roux et ridés. Segments thoraciques très-visiblement, mais très-finement chagrinés. BUPRESTIDES. — CORÆBUS 141 Prothorax ayant, en dessus et en dessous, une plaque largement.ellip- tique, déterminée plutôt par sa couleur que par sa contexture, mais plus nettement limitée que dans les larves d’Agrilus ; plaque dorsale traversée longitudinalement par deux sillons très-nets et luisants, rapprochés, un peu sinueux et par conséquent pas tout à fait parallèles ; plaque opposée parcourue par un seul sillon semblable, mais droit. Abdomen paraissant, à une forte loupe, comme très-finement, et. très- densément pointillé, et marqué en outre de strioles transversalement ondu- leuses, plus sensibles et moins serrées. Corps, vu au-microscope, se montrant couvert de spinules ciliformes. mais pour ainsi dire glabre, n'ayant guère que sur les côtés quelques poils très-courts. Dernier segment très-velu, roussâtre, ruguleux, assez. fortement ponc- tué latéralement ; marqué de chaque côté d’un faible et court sillon longi- tudinal partant de la base; terminé en pince cornée et d’un brun ferrugi- neux, comme dans la larve de l’Agrilus angustulus; mais branches de la pince un peu convergentes et non parallèles et à cinq dents de chaque côté, au lieu de deux. Stigmates comme dans les larves d’Agrilus. Dans les Ann. de la Soc. Ent., 1867, p. 66; 1869, p. Lim, et 1870, p. xxxvu, mon ami, M. Abeille de Perrin a donné quelques détails sur les mœurs de cet insecte dont il avait observé les traces dans plusieurs dépar- tements du sud-est. Ses observations ont été confirmées par celles de M. Champenois, insérées au numéro 43 des Petites Nouv. entom., p. 171. Déjà, en 1860, et dans Le Journal des Landes du 18août, j'avais publié sur le même sujet des renseignements un peu plus étendus que ceux de M. Abeille de Perrin, mais en parfaite concordance avec eux ; je demande la permis- sion de les reproduire : « Vous avez remarqué que lorsque, au printemps dernier, les Chênes de notre contrée ont reverdi, beaucoup de branches ont refusé d'imiter les autres, et que, depuis lors, ce roi des forêts, comme on est convenu de l'appeler, hérissé de branches sèches qui le déshonorent, semble me- nacé du sort de ces anciens rois de France dont on coupait la chevelure, en signe de leur déchéance. Ce fait est général dans le département des Landes, je l'ai constaté aussi dans les Hautes-Pyrénées, il a été remarqué en Provence jusque dans les Basses-Alpes, et un de mes amis m’écrivait dernièrement qu'il l'avait observé jusqu'au sommet des montagnes de la Biscaye. 142 LARVES DE COLÉOPTÈRES « Comme il y a des amateurs d’arbres, de même que des amateurs de tulipes ; comme l’un tient à ses avenues, l’autre à ses jeunes et à ses vieilles futaies, beaucoup de personnes ont fait attention au mal, et l'on m'a écrit de divers côtés pour m'en demander la cause et le remède. « La cause, la voici : « Si l’on examine les branches mortes, on voit que la dessiccation ne s'étend pas ordinairement jusqu’à l'insertion sur la tige, et qu'il reste à la base une portion plus ou moins grande qui a conservé sa vitalité et à même donné lieu. cette année, à des pousses quelquefois très-vigoureu- ses. Si l’on y regarde de plus près, on remarque que la partie vivante est séparée de celle qui ne l’est plus par une différence de diamètre qui tient à ce que la portion privée de vie s’est rétrécie en se desséchant, tandis que l’autre, au contraire, s’est développée en acquérant une nouvelle couche. « Si l’on courbe, en la tirant à soi, une de ces branches mortes, fût-elle d’un diamètre de 5 ou 6 centimètres, c’est-à-dire capable, n'étant pas pourrie encore, de résister à un homme ordinaire, elle se rompt, ou plu- tôt elle se casse brusquement, justé suivant le plan qui sépare la partie morte de la partie vivante, et presque toujours les bords de la cassure sont d’une grande netteté. « Quand on observe cette cassure, on se rend tout de suite compte de la facilité avec laquelle elle s’est opérée. On voit, en effet, que les couches extérieures du bois ont été détruites par une large galerie annulaire, pra- tiquée évidemment par un insecte, car elle est pleine de vermoulure. On comprend alors que la branche se soit rompue aussi aisément, puisque son diamètre réel a été diminué de plus de un centimètre, et que ce sont précisément les fibres les plus tenaces, celles de l’aubier, qui ont été coupées. « Sur cette galerie débouche un assez large trou pénétrant dans le bois mort, et Si, stimulé par la curiosité, on fend la branche, on voit que ce trou est l’orifice d’une galerie verticale dans laquelle on trouve, à une faible distance, ou un ver, ou une nymphe, ou un insecte, suivant qu'on opère en avril, en mai ou en juin. « Ce n’est pas là tout le travail de l’insecte, ou plutôt de sa larve, mais le reste n’intéresse guère ; je me borne à dire que la galerie verticale dont j'ai parlé remonte dans l'intérieur du bois en serpentant et en diminuant insensiblement de diamètre, pour aboutir presque toujours à l’aisselle d'une ramification supérieure. « L'insecte auteur de ces ravages est sans doute un horrible animal! BUPRESTIDES -— CORÆEBUS 145 C’est, au contraire, une magnifique petite bête, longue d'environ 15 millimè- tres, d'un bronzé brillant à reflets d'or, ornée postérieurement de trois ban des vertes, séparées par deux bandes grises. Elle appartient à la splendide famille des Buprestes ou Richards, et s'appelle le Richard à deux bandes. « Au mois de juin ou de juillet de l'année dernière, les femelles ont pondu un œuf sur chacune des branches aujourd'hui mortes, en introdui- sant cet œuf sous les premières couches corticales, à l'aide d'une petite tarière dont elles sont munies. De cet œuf est né, bientôt après, une larve, un ver destiné à se nourrir de la substance même du bois, et qui, dès sa naissance, a travaillé à pénétrer dans le tissu ligneux. C’est lui qui, mineur palient et intéressé, a creusé, en cheminant de haut en bas, cette galerie sinueuse dont le diamètre se proportionnait toujours à celui de son corps. Vers la fin de l'hiver dernier, ce ver, arrivé presque à son plus grand déve- loppement, et appelé à devenir, en juin ou juillet de cette année, ce brillant insecte que j'ai décrit plus haut, a établi, pour des motifs qu'il serait un peu long et d'ailleurs inutile d'expliquer ici et qui prouvent l’admi- rable instinct de cette bestiole en apparence si stupide, a établi, dis-je, la galerie circulaire qui, détruisant, avec les couches extérieures de l'au- bier, tous les vaisseaux dans lesquels chemine la séve descendante, a déterminé la mort inévitable de la partie de la branche située au-dessus de cette destruction des organes de la vie. Voilà pourquoi ces branches sont demeurées sèches, lorsque les autres, affranchies de tout ver ron- geur, se sont couvertes de verdure. « Telle est la cause, où est le remède ? Il pourrait se trouver dans l'in- tervention opportune et simultanée de tous les intéressés, c'est-à-dire dans l'enlèvement et la destruction, en temps utile et partout, de toutes les branches mortes; mais comme cette entente est impossible à réaliser, je doïs dire que le remède n’est, en particulier, ni chez moi, ni chez per- sonne et qu’il ne sé trouve que dans la nature. » Voici maintenant, selon ma manière de voir, l'explication de cette galerie annulaire qui fait périr la branche. La larve aime à se nourrir du bois vivant ; mais depuis le mois de juillet, époque de sa naissance, jus- qu’au mois de mars suivant, c'est-à-dire jusqu'au moment où, ayant acquis presque tout son développement, elle doit songer à sa transforma- tion en nymphe, la séve n’est pas assez active pour pouvoir l'incommo- der; mais au printemps, il n’en serait pas ainsi; les sucs nourriciers affluant en abondance et s'extravasant dans la galerie creusée par la larve, la rempliraient d’une substance mucilagineuse mortelle pour cette der- 144 LARVES DE COLÉOPTÈRES nière, plus dangereuse encore pour la nymphe inerte, immobile, impuis- sante à fuir le péril. 11 faut donc, aux approches de ce moment critique, ou que la larve se laisse tomber à terre pour s’y transformer, ce qui est contraire aux lois établies pour les larves des Buprestides, ou bien qu'elle empêche la séve d’envahir son habitation. C'est ce qu’elle fait en pratiquant l'incision annulaire dont j'ai parlé. Son domicile se trouve, dès lors. isolé, elle peut en toute sécurité compléter son développement et accomplir ses dernières évolutions. Cette manœuvre, à la fois si simple et si efficace, exécutée avec tant d'opportunité et de précision, est vraiment digne d’in- térêt et même d’admiration. Il est seulement fâcheux qu’il en résulte des dommages qui, dans certaines années et certains pays, ne sont pas sans importance. NYMPHE La nymphe ressemble à celles dont j'ai parlé. Coræbus (Buprestis) undatus F. LARVE Cette larve est plus déprimée, plus grèle que la précédente, et son pro- thorax, plus dilaté que les deux autres segments thoraciques, n’est guère plus large que les segments abdominaux ; on peut donc dire qu’elle est linéaire, avec un léger étranglement à la région du mésothorax et du métathorax. Étant plus grèle que celle du C. bifasciatus, elle est aussi plus longue, et j'en ai des individus qui se sont allongés sans doute dans l'alcool, et qui mesurent 40 millim.; d’un autre côté, si les segments tho- raciques sont chagrinés comme dans cette dernière larve, l'abdomen est bien plus lisse et moins chargé de spinules ciliformes. Le dernier seg- ment est conformé de même, il est roussâtre, ruguleux, ponctué, velu. terminé par une pince cornée et noire, à lames convergentes, mais, ces lames sont plus émoussées à l'extrémité, et elles n’ont de chaque côté qu'une seule dent. A ces différences près, la larve du C. undatus présente tous les caractères de celle du C. bifasciatus. Je dois de nombreux individus de cette larve à mon ami M. Bauduer, de Sos ; elle vit sur le Chène-liége et j'ai vu sur les lieux mêmes les effets qu’elle y produit. On sait que, tous les huit ou dix ans, on détache, au moment de la séve, l'écorce du liége dont on fait ensuite des bou- chons, etc.; mais cet enlèvement se fait en respectant le liber et par suite BUPRESTIDES. — CORÆBUS 145 l'organe reproducteur d’une écorce nouvelle. C’est sous cette écorce régénérée et d’une vitalité peu active que la larve du Coræbus aime à vivre ; elle y creuse des galeries en longs zigzags plutôt anguleux qu'ar- rondis, puis, aux approches de la séve nouvelle, elle pénètre dans l'écorce subéreuse pour y compléter sa croissance el s’y transformer en nymphe. Lorsqu'on enlève l'écorce pour la récolte, on trouve souvent de ces larves et de ces nymphes, et on peut remarquer que leurs galeries ont laissé un sillon dans les couches supérieures du liber qui seront plus tard les couches les plus extérieures de la nouvelle écorce. Or ces sillons, de mème que les gravures ou entailles que l’on fait avec la pointe d’un couteau sur les arbres à écorce lisse, persistent pendant plusieurs années, en s'élargissant et s’éraillant toujours davantage. Quand on parcourt une plantation de Chènes-liéges dont la dernière exploitation ne remonte pas à plus de six ans, on peut s'étonner d’en voir un très-grand nombre mar- qués de grands zigzags superficiels qui ont l'air d’avoir été faits à des- sein ; celui qui connaît les mœurs du C. undatus en trouve l’explication. Coræbus (Buprestis) æneicollis VILLERS. Fig. 481. LARVE Long. 5-7 millim. Larve très-blanche, très-molle, presque cylindrique, n'ayant d’autres parties consistantes et colorées de ferrugineux que la lisière frontale, les mandibules et les branches de la pince anale; les autres organes de la bouche sont roussâtres, ainsi que les antennes. Ces organes ne m'ont paru présenter aucune différence avec ceux des larves de Coræbus dont je viens de parler; mais il existe, indépendamment de la taille, des caractères qui ne permettent pas de confusion. Le prothoraz est très-transverse, c'est-à-dire beaucoup plus large que long, et plus large que les segments abdominaux, qui sont eux-mêmes plus larges que le métathorax et de la largeur du mésothorax. Il n’est ni roussâtre ni chagriné et il est marqué d’un sillon médian unique sur les deux faces ; des deux côtés de ce sillon une forte loupe montre quelques fines stries arquées et sinueuses. Les deux autres segments thoraciques présentent aussi des stries semblables. L'abdomen est parfaitement lisse ; le corps est presque glabre, c’est à peine si le microscope montre sur les côtés quelques poils très-courts et PER. 10 146 LARVES DE COLÉOPTÈRES très-fins sans la moindre trace de spinules ciliformes. Le dernier seg- ment lui-même est presque glabre, blanc et lisse; il est terminé par une pince cornée dont les branches. nettement tronquées à l'extrémité, n’ont qu'une seule dent de chaque côté, mais bien marquée ettaillée à angle droit. Cette larve se distingue, comme on le voit, des deux autres larves de Coræbus par le sillon dorsal unique du prothorax et par son épiderme complétement lisse. On la trouve dans les petites branches et surtout dans les sommités des petites branches récemment mortes du Chêne (1), Dans son jeune âge, elle vit sous l'écorce, mais elle ne tarde pas à péné- trer dans le bois, et c’est là qu’au mois d’avril elle se transforme en une nymphe d’une mollesse et d’une fragilité extrèmes. NYMPHE Cette nymphe ne présente rien qui mérite d’être signalé ; sa tête, comme dans les autres nymphes de Buprestides, est très-visible par derrière. MM. Mulsant et Valéry Mayet ont publié, 15e opuscule, p. 85, la larve d'un Coræbus dont ils n’indiquent ni l'espèce ni le genre de vie. Je me permets de dire à mes savants amis que cette larve ne saurait être d’un Coræbus ; les descriptions que je viens de donner en sont une preuve. Il me suffit de savoir, pour être sûr de mes appréciations, que dans leur larve, 1° le prothorax est rayé de deux lignes naissant au milieu du bord antérieur et divergentes d’avant en arrière, 2° l'appendice anal, au lieu d’être en pince, est simple et figure presque un 10° anneau. A quel genre appartient donc cette larve de 12 1/2 millim. de longueur ? Cetie question me cause de l'embarras. Les auteurs précités n'ayant men- tionné, pour le prothorax, que les deux lignes divergentes et quelques autres lignes plus légères en dehors de celles-ci, je duis croire que ce segment ne porte pas cetle plaque granulée, réticulée ou chagrinée pro- pre au plus grand nombre de genres, et qu’ils n'auraient pas manqué de signaler, eux si clairvoyants, si elle avait existé. Donc le prothorax est lisse, ét jusqu'ici ce caractère n'appartient, à part les Trachys etles Apha- nisticus, qu'aux genres Ptosima, Acmæodera, Sphenoptera et Anthaxia; mais les deux premiers n’ont qu'un sillon médian unique; le troisième en a deux divergents, mais le sommet de l'angle qu'ils forment ne part pas du bord antérieur, il en est séparé par un sillon médian. (1) M. Bellier de la Chavignerie a pris l'insecte en battant des Noisetiers (l'Abeille, faits divers, p. XLIY). BUPRESTIDES. — AGRILUS 147 Le quatrième, c'est-à-dire le genre Anthaxia, a bien le prothorax comme le dit la description que je discute, mais comment ses auteurs n'auraient-ils pas vu et mentionné les quatre mamelons si remarquables que présente le métathorax? Cependant, si le prothorax est lisse, je crois à une larve de Sphenoptera ou d’Anthaæia, parce que je ne puis la rap- porter à aucun autre genre. Dans tous les cas, j'ose affirmer qu'elle n’est pas de Coræbus. Agrilus hastulifer RarTz. Agrilus viridis L. var. nocivus RaATz. LARVE Je ne décrirai pas les larves de ces deux espèces, puisque je ne pour- rais que reproduire mot à mot la description que j'ai donnée de celle de l'A. angustulus. Je me bornerai à dire, pour la première, que je l'ai observée dans des Aulnes de dix à douze ans, récemment morts, et que j'ai constaté son authenticilé en obtenant un certain nombre d'insectes parfaits. A l'exemple de ses congénères, elle creuse entre l'écorce et l’aubier une galerie extrèmement sinueuse, de sorte que. quand plusieurs larves vivent rapprochées, il en résulte un enchevêtrement très-original et inextricable. Avant l'hiver elle s'enfonce à une faible profondeur dans le bois, où elle devient nymphe dès le mois d'avril. Quant à la larve de l’A. nocivus dont M. Ratzeburg a dit quelques mots, je m'y intéresse parce qu’elle a un instant vivement piqué ma curiosité. Comme je traversais, à la fin d’avril, un marais tourbeux peuplé d’un arbuste aromatique, le Myrica gale, je remarquai quelques branches mor- tes. L'idée me vint de les explorer, et je ne tardai pas à y trouver des larves d'Agrilus. Quelle était cette espèce? Cela m'intriguait un peu à cause de la faible dimension des branches dans lesquelles vivait la larve, et beaucoup en raison de l’odeur propre à l’arbrisseau dont il s’agit. Je lis donc mon petit fagot, je l'enfermai dans un grand bocal et quelques jours après je vis apparaître des Agrilus qu'une étude sérieuse me fit rap- porter tout simplement au viridis, var. nocivus. Je fus déçu, car je m'at- tendais à quelque chose de mieux, et quelque peu surpris parce que, d’après Ratzeburg, la larve du nocivus vit dans les jeunes Hëêtres. 148 LARVES DE COLÉOPTÈRES Agrilus aurichalceus REoT. LARVE Au mois de juin 1l m’arrivait souvent de prendre cette espèce sur les feuilles de la Ronce, et naturellement l’idée me vint que sa larve devait vivre dans les tiges malades ou récemment mortes de cet arbrisseau. Mes recherches confirmèrent bientôt cette présomption, et je ne tardai pas à rencontrer des Ronces percées de trous de sortie que je ne pouvais attri- buer qu’à un Agrilus. Encouragé par ce premier succès, je poursuivis mes explorations et je sus bientôt lout ce que je voulais savoir. La larve de l’Agrilus dont il s’agit passe la plus grande partie de son existence sous l'écorce des tiges récemment mortes ou très-malades de la Ronce. Comme le bois est à la surface un peu cannelé, la galerie qu’elle creuse est peu sinueuse, le plus ordinairement elle est longitudinale et linéaire. Aux approches de la métamorphose, elle pénètre dans la couche ligneuse, assez mince, comme on sait, très-rarement dans la moelle, et elle y continue longitudinalement sa galerie à l'extrémité de laquelle elle se transforme en nymphe. Cette larve, dont tous les caractères sont ceux des autres larves d’Agri- lus, ne se fait remarquer que par la forme très-grêle et relativement plus allongée de son corps. La nymphe n'offre rien qui mérite d’être signalé. Cet article peut s'appliquer aussi à la larve de l'Agrilus roscidus Kiesw. qui vit également dans la ronce. Agrilus hyperici CREUTZz. LARVE Voici une larve d’Agrilus qui vit dans une plante herbacée. Pour moi, du moins, elle est jusqu'ici la seule qui ne soit pas lignivore. Je la trouve, en effet, dans les tiges de l’Hypericum perforatum. L'œuf est pondu vers le haut de la tige, et comme l'écorce est trop mince et trop fragile pour servir de protection, la larve, dès sa naissance, plonge dans l’intérieur et suit le canal médullaire. Elle chemine ainsi en descendant, c’est-à-dire la BUPRESTIDES. — APHANISTICUS 149 tète en bas, creusant une galerie longitudinale qui naturellement aug- mente progressivement de diamètre et dont elle s’approprie les déblais. Elle arrive ainsi jusqu’au collet de la racine où on la trouve installée et pour ainsi dire adulte dès le mois d'octobre. C'est là qu'elle passe l'hiver. Le printemps venu, elle élargit un peu sa galerie, se replie sur elle-même et, par une manœuvre lente dans laquelle elle doit échouer quelquefois, elle finit par s’allonger la tête en haut. Bientôt après et ordinairement dans le courant du mois d’avril, elle subit, sans autre déplacement, sa métamorphose en nymphe. Cette larve est encore plus grêle que la précédente, mais, à cela près, elle est conformée absolument comme les autres larves d’Agrilus. Il en est de même de la nymphe. L'insecte parfait se montre en mai. Aphanisticus (Buprestis) emarginatus F. Fig. 182-188. LARVE Long. 5-6 millim. Blanche, charnue, molle, fragile, subdéprimée, en massue antérieurement, atténuée postérieurement. Tête déprimée, bien distincte seulement dans sa partie antérieure ; région cränienne presque confondue avec le prothorax dont elle est à peine séparée par une faible suture. Tête et prothorax réunis formant un cœur renversé. Lisière frontale assez grande, cornée, ferrugineuse, plane, limitée pos- térieurement par une suture droite ; largement et très-peu profondément échancrée au bord antérieur. Épistome invisible, à moins qu'on ne considère comme tel la lisière frontale dont je viens de parler. Labre transversal, tronqué et cilié de petites spinules dont les plus lon- gues sont celles qui avoisinent les angles. Mandibules ferrugineuses, courtes mais larges, bidentées à l'extrémité et munies d’une assez forte dent à leur tranche interne. Palpes et lèvre inférieure impossibles à bien distinguer. Je dois dire cependant, après avoir examiné un grand nombre de larves, que j'ai vu presque toujours poindre au-dessus des angles du labre une petite pièce pointue, paraissant bien distincte des cils spinuliformes de ce labre, 150 LARVES DE COLÉOPTÈRES et quelquefois même un petit poil se détachait de côté. En observant aumi- croscope des larves posées de champ, j'ai aperçu une saillie sous le labre et deux poils très-petits. J'en conclus volontiers qu'il existe des palpes maxillaires dont je n’ai pu bien apprécier ni la forme ni la composition. Aux deux côtés de la lisière frontale, sur une entaille à angle droit, surgit une antenne très-courte qui, dans certains cas, m'a paru triarti- culée, mais où je n'ai constaté sûrement que deux articles, le premier gros, muni d’un poil en dehors, le second plus court, grêle et inséré plus près du côté interne que de l’autre. L’extrème inertie de cette larve rend très-difficile la constatation de ces divers organes que des larves plus actives mettent ordinairement en relief en se débattant entreles doigts qui les pres- sent ou les plaques de verre qui les assujettissent sous le microscope, En arrière des antennes, sur les côtés de la tête, existe une large dila- tation, un lobe, une sorte d'oreille très-saillante, à peine arrondie à son bord externe. Du bord postérieur de la lisière frontale partent, tant en dessus qu'en dessous, deux filets cornés, d'un testacé ferrugineux, divergents, visibles par transparence et se terminant un peu après le milieu du prothorax; les deux filets supérieurs sont fourchus et les deux rameaux internes sont réunis par un filet transversal un peu sinué ; les inférieurs sont simples. Vus au microscope, tous ces filets sont lisses et cylindriques. Je me per- suade qu'ils servent d'attache aux muscles chargés de faire fonctionner les organes de la tête. Prothoraz s’élargissant d'avant en arrière, largement échancré posté- rieurement, déprimé et comme canaliculé au milieu, près de la base; mésothorax et métathorax presque aussi larges. le premier surtout, que le prothorax ; les deux ensemble un peu plus longs que lui; dilatés en bourrelet de chaque côté. Abdomen de neuf segments, plus le mamelon anal; premier segment plus court que les suivants, un peu dilaté aux angles postérieurs ; les six segments qui suivent à peu près égaux entre eux, bisinués sur les côtés à cause de la dilatation produite par une sorte de bourrelet latéral que rend assez sensible une fossette adjacente ; huitième segment un peu plus court et également bisinué ; neuvième un peu plus court encore, réguliè- rement arrondi sur les côtés ; segment anal très-petit, charnu comme les autres, muni postérieurement d’un pli vertical qui le fait paraître bilobé. Tout le corps est entièrement glabre, et je n’ai pu voir, même aux plus forts grossissements, d'autre poil que celui qui se trouve en deñors du BUPRESTIDES: — APHANISTICUS 151 premier article des antennes. Le microscope ne m'a montré non plus aucune aspérité sur la larve placée naturellement; mais en la mettant sur le flanc, j'ai vu que, du côté du dos, les segments abdominaux sont cou- verts, Sur un espace qui ne s'étend pas jusqu'aux bords antérieur et pos- térieur, d'aspérités ciliformes très-serrées et d'une petitesse extrême. Stigmates comme dans les larves d’Agrilus. Pattes nulles. Il y a déjà longtemps que je connais la manière de vivre de la larve de l'A. emarginatus. En promenant mon filet sur les massifs de Juncus obtu- siflorus Erh., articulatus D. C., qui couvrent certains endroits humides ou marécageux, je prénais très-abondamment cet insecte, ct je devais croire que cette plante lui servait de berceau. Je m’accroupis, un jour de la fin de juin, au milieu d’un de ces massifs, je me mis à arracher des joncs, et après en avoir fendu inutilement un certain nombre, je finis par remar- quer à la surface de quelques-uns les indices d’une galerie sinueuse pra- tiquée par une de ces larves mineuses comme il y en a tant. Ne me dou- tant pas alors qu’il y eût dans la famille des Buprestides des larves douées de semblables habitudes, je croyais avoir affaire à une larve de diptère ou de micro-lépidoptère, mais ayant exploré, avec toutes les précautions voulues, des joncs attaqués, je ne tardai pas à mettre à nu une larve dont la physionomie rappelait tout à fait celle des larves de Buprestides, et dès lors il devint évident pour moi que cette larve était celle de l'Aphanisti- eus. En poursuivant mes recherches, séance tenante, je finis par trouver une nymphe, et alors ma conviction devint complète. Il me restait pourtant une chose à vérifier. Juste à la naissance de la galerie se trouvait un corps elliptique, d'un beau noir luisant, convexe, en forme de calotte, car si je le soulevais, je le trouvais concave en des- sous. Qu’était ce corps dont je n'avais jamais vu le semblable et dont je ne pouvais, dès lors, juger par analogie la nâture et la destination? Ce ne pouvait être un œuf, puisqu'il était presque aussi large que l'abdomen de l’Aphanisticus, qu'il était, comme je l'ai dit, en forme de calotte mem- braneuse, soudée à la surface du jonc par ses bords scarieux ; j'eus beau m'acharner, je ne pus rien trouver qui me donnât la solution du problème. Je renvoyai donc à l’année suivante, car l'entomologiste, comme l’agri- culteur, en a le plus souvent pour une année, quand il s'agit de renouve- ler une observation ou une expérience. L'année suivante donc, mais cette fois dans le courant de mai, je recommençai mes recherches, je fis provision de joncs sur lesquels se 152 LARVES DE COLÉOPTÈRES trouvait le corps noir dont j'ai parlé, et rentré chez moi, je me mis à l'étude. Je commençai par lés jones qui présentaient un commencement de galerie, les calottes étaient toujours vides ; j'en pris un où la galerie n’était pas commencée, je soulevai, et une forte loupe me montra sous la calotte un petit corps charnu ayant une tête qui rappelait celle de la larve de l’Aphanisticus. Je m’adressai à d’autres calottes et bientôt j'en rencon- trai une qui recouvrait un tout petit œuf jaunâtre. Enfin! m’écriai-je…. Je savais, en effet, ce que je voulais savoir. Donc la femelle de l’Aphanisticus dépose un œuf non sur la tige propre- ment dite, mais sur la gaine plus tendre d’une des feuilles, et pour que cet œuf ne tombe pas et que la larve naissante trouve un abri et nn point d'appui, elle le recouvre d’une membrane sécrétée par un organe spécial, faconnée en calotte, susceptible de se coller par ses bords et qui, peut-être d’abord de couleur pâle, devient bientôt d'un beau noir très-luisant. La larve nait sous cette calotte, et tout aussitôt elle se met. en pleine sécu- rité, à ronger l’épiderme pour se mettre dessous et commencer cette gale- vie qui doit l'abriter et dont les déblais doivent la nourrir. Celle-ci est d'abord très-étroite et elle se dirige en montant ou en descendant si l'œuf a été pondu vers le milieu de la gaine, en montant s’il a été fixé vers le bas, en descendant s’il a été déposé en haut, puis elle redescend ou elle remonte, croise même la galerie primitive, laboure la gaîne en sinuosités quelquefois très-compliquées. avec des diamètres souvent irrégulièrement inégaux, forme parfois un boyau en cul-de-sac, pour se ramifier ensuite plus en arrière, ce qui prouve que la larve, arrêtée par quelque obstacle, ou par un parenchyme de mauvais goût, ou par son caprice, a reculé sur sa propre trace pour changer de direction. Tout cela se voit parfaitement, comme on voit, sur les feuilles de tant de plantes, ces broderies et ces arabesques tracées par des larves d’Agromyza et de Phytomyxa, parce que l’épiderme correspondant à la galerie est décoloré et souvent même un peu boursouflé. Enfin la galerie se termine brusquement à un point quelconque de la surface de la gaine, et la larve, que l’on apercevait ordinairement sous l'épiderme, disparait. Qu'est-elle devenue? A-t-elle. comme d’autres mineuses, quitté la plante pour s’enfoncer dans la terre ? Non, car si l’on fend le jonc, on la trouve, non plus dans la gaîne, mais sous l'épiderme de la tige elle-même ; le plus souvent alors elle donne à sa galerie la forme spirale, elle enveloppe la tige de un, deux ou trois tours, puis elle pénètre plus profondément dans l’intérieur, et après avoir miné encore BUPRESTIDES. — APHANISTICUS 153 quelque temps en ligne droite, elle s'établit dans sa galerie un peu élargie en cellule, se raccourcit très-sensiblement, devient d’un beau blanc assez mat et finalement se transforme en nymphe. Tout cela s'accomplit de la mi-mai au commencement de juillet. Les galeries sont remplies de crottins secs et jaunâtres, d’abord extrè- mement petits, puis assez gros et grumeleux ; elles ne pénètrent jamais dans la feuille proprement dite. laquelle, étant fistuleuse et noueuse, ne saurait convenir à la larve. Cette feuille est très-souvent destinée à nourrir dans son intérieur une larve verdâtre de Tenthrédine, qui se métamorphose dans la terre et dont je n’ai pu obtenir l’insecte parfait. L'époque de la ponte coincidant avec celle du développement du jonc. c'est habituellement sur la gaine la plus inférieure que les œufs sont dépo- sés : je dis les œufs, car si assez souvent il n’y en a qu'un ou deux, il arrive fréquemment aussi qu’il y en a plusieurs. J'en ai compté jusqu'à onze sur une longueur de moins de 10 centimètres, et alors les galeries des larves mineuses constituent un lacis inextricable. La seconde gaine ne reçoit que des pontes tardives ou d’une seconde génération, qui ont lieu en juin et juillet. La faculté de protéger ses œufs par une calotte membraneuse n’est pas exclusivement l'apanage des femelles d’Aphanisticus; j'ai constaté qu’elle appartient aussi à celles du Trachys, et qui sait ? peut-être la retrouvera t-on même dans les espèces lignivores. Mon excellent ami, M. Leprieur, qui a si bien observé et décrit les mœurs du Zrachys pygmæa, n'a pas manqué de signaler cette particularité. La calotte que sécrète cette espèoe est blanche, celle des T. minuta et pumila est noire. NYMPHE La nymphe n'offre rien de particulier, elle est très-glabre, la tête est bien saillante et montre l’échancrure frontale qui a motivé le nom spéci- fique de l’insecte parfait et qui est propre, du reste, à tous les Aphanisticus. A l’occasion des cinq espèces de Buprestides dont j'ai décrit les méta- morphoses dans l'Histoire des Insectes du Pin maritime, j'ai donné, con- cernant les larves de ce groupe, quelques généralités sur lesquelles je ne reviendrai que pour dire qu'en traitant, dans le même travail, des larves de Longicornes, qui, comme celles des Buprestides, ont treize segments, je me suis rangé décidément à l'opinion qui veut que le treizième segment 154 LARVES DE COLÉOPTÈRES soit l'équivalent du mamelon anal de la plupart des autres larves. Ma manière de voir sur ce point, loin de s'être modifiée, s'est fortifiée au contraire de toutes les observations que j'ai faites depuis et des déduc- tions que j'en ai tirées. Il demeure donc entendu que les larves des Buprestides n’ont en réalité que douze segments , tête non comprise. La forme et le développement insolites et trompeurs du segment anal me paraissent dériver de certaines nécessités physiologiques sur lesquelles je compte revenir quand je serai arrivé aux larves des Longicornes. Les larves des Buprestides peuvent, dès à présent, se prêter à cinq divisions : 1° Celles dont le segment anal est arrondi et le prothorax marqué sur le dos de deux sillons en V renversé : Buprestis, Capnodis, Dicerca, Psi- loptera, Chrysobothris, Pæcilonota, Anthaxia, Sphenoptera ; 2 Celles qui ont aussi le segment anal arrondi et dont le prothorax n’a qu’un seul sillon sur le dos : Ptosima, Acmæodera ; 3 Celles dont le segment anal est terminé en pince : Coræbus, Agrilus; 4e Celles dont le corps est très -déprimé et marqué de taches noires : Trachys ; 5° Celles dont le segment anal est arrondi, dont le prothorax est dépourvu de tout sillon et dont la tête est profondément lobée sur les côtés : Aphanisticus. La première division comporterait plusieurs subdivisions basées sur les plaques prothoraciques tantôt largement et assez fortement granuleu- ses, Buprestis, Chrysobothris, Melanophila ; tantôt à peine granuleuses ou ridées autour des sillons, Ancylocheira ; tantôt mates et très-finement cha- grinées, Psiloptera, Capnodis, Dicerca, Pœcilonota ; tantôt lisses et luisan- tes, Anthaxia, Sphenoptera. Le premier de ces deux genres aurait en outre pour caractère les quatre mamelons ou verrues du métathorax, et le se- cond cette particularité que le V renversé est surmonté d’un sillon unique. La troisième division pourrait donner lieu à deux subdivisions : la pre- mière, caractérisée par les deux sillons rapprochés et presque parallèles du dos du prothorax, Coræbus ; la seconde, par un sillon dorsal unique, Agrilus ; mais la larve du Coræbus æneicollis fait exception, car elle n’a qu'un sillon unique, et nous avons vu qu’elle diffère aussi des larves de Coræbus et d’Agrilus par son corps lisse et exempt de toute aspérité. Il y a là un fait qui appelle l'attention et je ne suis pas surpris qu'on ait songé à ne laisser dans les Coræbus que bifasciatus, r'ubi, undatus et elatus, pour faire de tous les autres le genre Melybæus. Je trouve plus rationnelle BUPRESTIDES. 155 encore l'opinion de M. de Marseul qui préférerait mettre à part les deux premiers seulement. Les antennes, les tarses, le corselet offrent des diffé- rences sensibles, et le remarquable avertissement donné par les carac- tères différentiels des larves a une importance dont on ne peut se dispenser de tenir compte. La deuxième, la quatrième et la cinquième divisions ne sont pas sus- ceptibles, quant à présent du moins, d’être subdivisées. Voici, au surplus, un essai de tableau synoptique que je ne considère pas, bien s’en faut, comme définitif, et qui se modifiera et se complétera selon les caractères des larves aujourd’hui inconnues que l’on parviendra à découvrir. A Segment prothoracique plus large que chacun des deux suivants, larve en massue ou en pilon, subdéprimée, sans taches. B Mamelon anal simple, arrondi ou à peine échancré par le pli longitudinal de l'anus. C Prothorax marqué en dessus de deux sillons en V renversé. D Plaques supérieure et inférieure du prothorax rugueuses ou granuleuses. a Prothorax très-large, mésothorax et métathorax bien plus larges que l'abdomen; labre un peu crénelé, les deux crénelures des angles grandes et bien marquées ; man- dibules, vues de face, nettement tridentées au sommet, avec deux cannelures entre les dents ; plaques du pro- thorax transversalement elliptiques, couvertes de petites élévations transversales et de granules coniques et un peu émoussés, médiocrement serrés. Buprestis. Labre et mandibules comme le précédent; plaques du prothorax couvertes, au milieu seulement et sur un espace oblong, de granules très-petils, coniques, dis- posés de manière à former de petites rides; deux verrues ambulatoires sous le mésothorax et quatre en série transversale sous le métathorax (d'après la des- cription de la larve de l'Eurythyrea micans, par M. Schiüdte). Eurythyrea. Labre non crénelé; mandibules bidentées au sommet; plaques du prothorax transversalement elliptiques, couvertes de spinules pointues très-serrées, un peu inclinées en arrière. Chrysobothris, aa Prolhorax moins large, mésothorax et métathorax à peine plus larges que l'abdomen ; mandibules bidentées (cyanea), nettement tronquées (decastigma) ; plaque supérieure du prothorax un peu plus longue que large, 156 LARVES DE COLÉOPTÈRES arrondie latéralement ; plaque inférieure sensiblement plus longue que large, à côlés un peu sinueux et presque parallèles, l’une et l’autre arrondies et plus étroites antérieurement, presque droites postérieure- ment, avec un petit angle rentrant au milieu et cou- vertes de petits granules serrés. DD Plaques supérieure et inférieure du prothorax mates. E Mandibules tridentées au sommet. b Sillons en V renversé formant un angle aigu d'une ouverture égale à la moitié de sa hauteur. Sillons en V renversé luisants ainsi qu’une partie interne du sommet de l'angle ; bordures externes de ces sillons luisantes à partir du milieu, s'élargissant progressivement jusqu'au dessus du sommet où elles se réunissent pour former une sorte de losange ; ces parties luisantes marquées de rides irrégulières obliques et très-finement granuleuses ; sillon de la plaque inférieure luisant avec bordures luisantes formant au sommet un losange transversal ; méso- thorax, métathorax et premier segment de l'abdomen mats en dessus et en dessous, sauf les bords anté- rieur et postérieur. Sommet de l'angle mat ; bordures luisantes du V ren- versé plus fortement striées sauf au sommet où leur réunion est lisse et en forme de champignon plutôt que de losange ; de même pour les bordures lui- santes du sillon inférieur. Segments précités moins mats et sur une moindre étendue. bb Sillons en V renversé formant un angle plus aigu, d'une ouverture égale au tiers de sa hauteur. Intérieur de l'angle mat jusqu'au sommet ; bordures luisantes ayant de petites élévations obliques et granulées, ne se dilatant presque pas après leur réunion au dessus du sommet de l'angle qu’elles dépassent de beaucoup plus que dans les précédentes. Bordures luisantes du sillon inférieur se dilatant antérieurement en spatule. Segments précités mats sur un espace encore moindre. EE Mandibules bidentées au sommet. Piaques du prothorax comme dans Psiloptera et sillons luisants, mais pour ainsi dire pas de bordures ; partie luisante en avant du sommet de l'angle supérieur et du sillon médian inférieur non dilatée. DDD Plaques supérieure et inférieure du prothorax lisses et luisantes. Melanophila Psiloptera. Dicerca. Capnodis. Pæcilonota. BUPRESTIDES 157 Plaque supérieure ruguleuse sur un petit espace en dehors du V renversé et l'inférieure en avant du sillon médian. Ancylocheira. Pas d'espace ruguleux ; sillons du dos du prothorax en V renversé ; quatre verrues sur le métathorax, deux dessus et deux dessous. Anthaæia. Sillons du dos du prothorax en Y renversé ; pas de verrues. Sphenoptera. CC Prothorax marqué en dessus d’un seul sillon médian. Premier segment de l'abdomen aussi étroit ou plus étroit que les suivants; corps paraissant à une forte loupe comme très- finement chagriné, et, vu au microscope, couvert de soies spinosules très-petites, extrèmement serrées et inclinées en arrière. Ptosima. Premier segment de l'abdomen plus large que les suivants, corps lisse mème au microscope. Acmæodera. CCC Prothorax dépourvu de tout sillon ; tête profondément lobée sur les côtés. Aphanisticus. BB Mamelon anal en forme de pince. Prothorax marqué en dessus de deux sillons rapprochés et pa- rallèles. Coræbus. Prothorax marqué en dessus d'un seul sillon. Corps lisse, même au microscope. Melibœus Cor. æneicollis. Corps, vu au microscope, couvert de soies spinosules. Agrilus. AA Segment prothoracique un peu plus étroit que chacun des deux suivants ; larve ovale allongée, très-déprimée, ornée sur les deux faces d'une série de taches noires. Trachys. Les larves des Buprestides sont toutes phytophages, et jusqu'au mo- ment où M. Leprieur a publié l’histoire très-complète du Trachys pygmæa, on les croyait lignivores. On sait aujourd’hui que les larves des Trachys vivent en mineuses de feuilles, celle du T. pygmæu sur les Malvacées, celle du T. minuta sur le Saule marceau, celle du T. pumila sur le Sta- chys recta, le Marrubium vulgare, la Mentha rotundifolia, celle du T.nana sur le Convolvulus arvensis. On vient de voir que celle de l’Aphanisticus emarginatus est herbivore, et je présume qu'il en est de même de toutes les autres de ce genre. M. Leprieur, dans sa notice sur le Trachys pygmæa exprime le soupçon, très-fondé assurément, que l'A. angustatus pond sur les jones oùon le trouve. Enfin je rappelle que la larve de l'Acmæodera ovis vit dans les tiges de la Ferula, celle de la Sphenoptera gemellata dans les racines du Sainfoin, celle de l’Agrilus hyperici dans les tiges des Hypericum, et j'ajoute que M. Durieu de Maisonneuve a trouvé dans une tige de Cirsium echinatum 158 LARVES DE COLÉOPTÈRES un Coræbus amethystinus qui y avait accompli toutes ses métamorphoses (Soc. Ent. 1847, Bull., p. 9). Les larves des Buprestides, et c’est encore là une particularité de ces bestioles si étranges à tant de titres, se font remarquer par leur inertie et par leur impuissance à se mouvoir en dehors des lieux où elles sont appelées à vivre. A voir les longues et sinueuses galeries que quelques- unes d’entre elles du moins tracent sous les écorces, on dirait qu’elles obéissent à l'impulsion d’une activité désordonnée ; extraites de ces gale- ries, c’est à peine si elles sont capables de courber horizontalement leur abdomen. De toutes les autres larves de Coléoptères, à part peut-être cer- taines larves d'Eucnémides, il n’en est pas une, que je sache, qui soit frappée d’une pareille atonie. Les larves mineuses des Orchestes et des Ramphus, celles mêmes des Scolytides sont presque agiles eu comparaison. Je dois aussi appeler l'attention sur ces petites aréoles à périmètre sub- corné que l’on observe sous les trois segments thoraciques de ces larves, de celles du moins qui ont une certaine taille. J'ignore quel usage et quelle importance peuvent avoir ces aréoles, à moins qu'elles ne consti- tuent des ampoules inappréciables servant à la progression, et je n’y reviens que pour faire remarquer qu'elles ont quelque rapport avec celles que présentent les larves des Eucnémides. On a pu voir ou deviner que bien des larves qui pénètrent dans le bois pour se transformer sont obligées de se retourner dans leur cellule pour que l'insecte parfait ait sa direction naturelle vers l'extérieur. Ce travail de conversion auquel se soumettent aussi bien des larves purement corti- cales de la même famille, paraît assez pénible ; il s'exécute avec beaucoup de lenteur, et des larves peu vigoureuses où qui ont mal pris leurs mesures y succombent parfois. Pendant qu’il s’effectue, la larve, beaucoup plus aplatie et plus flasque qu’à l'ordinaire, est pliée en deux, ses mouvements sont imperceptibles, souvent on la dirait morte, et ce n’est qu’au prix d’efforts très-lents et très-mesurés qu'elle parvient à son but. La famille des Buprestes, je parle, bien entendu, de ceux dont les larves vivent dans les végétaux ligneux, renferme des espèces plus dan- gereuses que les Longicornes qui généralement ne s’attaquent qu'aux arbres irrémédiablement malades ou décidément morts, plus nuisibles même que les Scolyüdes que je n'ai jamais vus envahir les arbres sains. Je ne crois pas que les forestiers aient rien à redouter de sérieux du Buprestis mariana, des Dicerca, des Chrysobothris ; mais je n’oserais en dire autant de certains Melanophilu, Coræbus et Agrilus. Nous avons vu BUPRESTIDES 159 que le Coræbus bifasciatus pond sur des branches de Chène qui ne tra- hissent aucune maladie et que sa larve fait périr, et que la larve du Coræ- bus undatus sillonne de ses galeries l'écorce vivante du Chène-liége dont il doit ainsi troubler plus ou moins les fonctions vitales; j'ai en outre quelques raisons de croire que les larves des Melanophila cyanea et appen- diculata peuvent se développer dans l'écorce des Pins bien portants. Ce qu'il y a de certain, c’est que, pour peu que des arbres soient malades ou affaiblis, les Melanophila, les Coræbus, les Agrilus se jettent sur lui et l'achèvent ; mais ce qui n’est pas moins certain aussi, c’est que des sujets vigoureux et pleins de vie déconcertent leurs attaques ou y résistent. Ils peuvent, sans en souffrir, faire au C. bifasciatus le sacrifice de quelques branches, et les blessures que d'autres leur infligent se cicatrisent promp- tement. L'art du forestier consiste donc avant tout, ainsi que je l'ai dit autrefois, à approprier les arbres à la nature du sol, à les placer et à les entretenir dans les conditions les plus favorables à leur bien-être et à leur développement. Je viens de dire que les larves des Melanophila cyanea et appendiculata paraissent pouvoir se développer dans l'écorce des Pins bien portants. Je base cette hypothèse sur ce fait que, durant un vaste incendie de forèts de Pins qui eut lieu, il y a quelques années, au mois de juin, aux environs de Sos, M. Bauduer prit et observa un grand nombre d'individus de ces deux insectes fuyant l'invasion du feu. Ceux qu’il vit étaient évidemment bien peu de chose comparativement à la masse de ceux qui volaient sur l'immense étendue du fléau dévastateur. ou qui avaient été surpris par les flammes, ou qui se trouvaient encore, sous divers états, dans les écorces ; or, le nombre de ceux qui se montraient était tel qu'il ne pouvait s’expli- quer par les arbres morts de ces forêts, en supposant même qu'il y en eût. Mais depuis que ceci est écrit, une observation directe et positive est venue donner à l'hypothèse qui précède un degré de probabilité voisine de la certitude. Cette observation se trouve consignée dans mes Prome- nades entomologiques de 1874, et en voici le résumé. Au commencement de mai, ayant remarqué un orme bien portant et percé néanmoins, sur la face exposée au sud, de nombreux trous de sortie paraissant l’œuvre d’un Bupreste, je me mis à explorer l'écorce et je la trouvai sillonnée de larges galeries sinueuses n’intéressant nullement l'au- bier et d'où je dénichai des larves, des nymphes et des individus parfaits du Pæcilonota decipiens. Le mème jour, stimulé dans mes recherches par 160 LARVES DE COLÉOPTÈRES cette découverte, je constatai que deux autres Pæcilonota, le rutilans et le conspersa, vivaient absolument dans les mêmes conditions, le premier sur le Tilleul, le second sur le Peuplier blanc. Ainsi les Pæcilonota, lorsqu'ils n’ont pas à leur disposition des arbres morts ou malades, confient leurs œufs aux arbres sains dont l'écorce est épaisse, et cette écorce suffit, sans préjudice apparent pour l'arbre, à l'alimentation des larves qui, on le sait, vivent habituellement entre l'écorce et l’aubier et plongent même très-souvent dans le bois pour se trans- former. Quoique je ne puisse pas, pour d’autres genres de Buprestides, citer des faits analogues bien-précis, j'ai peine à croire que les Pæcilonota aïent seuls le privilége d'assurer leur reproduction alors même que les arbres auxquels ils sont inféodés jouiraient tous d'une santé parfaite. Je suis d'autant plus porté à croire le contraire que j'ai maintes fois observé sur l'écorce de très-vieux Chênes des trous de sortie paraissant être de Chry- sobothris affinis et d'Agrilus biguttatus, et correspondant à des galeries qui ne contredisaient pas cette supposition. J'ai eu également occasion de dire que les galeries tracées par les larves des Buprestides peuvent aisément se reconnaître. Celles des larves de Coræbus et d'Agrilus présentent des sinuosités très-caractéristiques, et celles des autres espèces ont leurs bords sinueux très-nettement coupés, et les déjections et détritus qui les encombrent sont granuleux et disposés en couches concentriques souvent de diverses couleurs, lorsque surtout le travail est récent. Les trous de sortie des insectes parfaits sont ordinairement transversa- lement ou obliquement elliptiques. Ceux du Ptosima sont à peu près ronds et ceux des Agrilus sont très-peu arrondis au côté qui correspond au dos de l'insecte et très-concaves au côté opposé. Bien d'autres espèces offrent Ja même particularité, il n’y a de différence que du plus au moins. En ce qui concerne l’Anthaæia sepulchralis, les trous de sortie sont longitudi- naux et presque régulièrement elliptiques. ÉLATÉRIDES. — MEGAPENTHES 161 ÉLATÉRIDES Mecgapenthse (Ampeduas) tibialis LAcono. Fig. 189-200. LARVE Long. 10-12 millim. Hexapode, grêle, linéaire, presque cylindrique, luisante, cornée et rousse en dessus, subcornée et jaunatre en dessous, presque glabre. Tète ayant deux ou trois petits poils de chaque côté et quelques-uns en dessous, déprimée, un peu en forme de coin, presque carrée, de couleur marron, très-faiblement arrondie sur les côtés, concave dans sa moitié antérieure, marquée de quelques points plus visibles et plus nombreux postérieurement et en outre de quatre sillons dont deux médians se pro- longeant, en s’oblitérant, jusqu’au vertex, et deux bien marqués mais beaucoup plus courts vis-à-vis les mandibules. Épistome et labre nuls : bord antérieur découpé par des échancrures en cinq dents, la médiane allongée, pointue et triangulaire, les deux autres, à droite et à gauche, pointues aussi et à côtés inégaux, les deux suivantes très-obtuses ; échan- cré profondément aux angles antérieurs pour l'insertion des antennes. Dans les échancrures qui séparent la dent médiane de ses deux voisines une forte loupe montre deux ou trois petites crénelures. Mandibules assez robustes, de moyenne longueur, arquées, noires, pointues, avec une dent interne un peu en arrière du milieu, profondé- ment concaves en dehors. à la base, pour faire place aux antennes. Mächoires el menton soudés depuis la base jusque près de l'extrémité , et formant une plaque subtriangulaire cornée et de couleur marron comme le reste de la tête, et parcourue par de profondes rainures indiquant les limites de cés organes. Partie libre de ceux-ci coriace et rousse. PER. 11 162 LARVES DE COLEOFTÈRES Lobe des mâchoires bien détaché, formé de deux articles dont le second court, à intersection peu distincte et surmonté de quelques spinules, n’at- teignant pas le sommet du second article des palpes maxillaires ; en dedans une lame cartilagineuse ciliée. Palpes maxillaires de quatre articles, le premier très-court, le second deux fois et demi aussi long, le troisième de moitié moins long que le précédent et plus court que le quatrième ; trois ou quatre poils à l’extré- mité des deuxième et troisième. Ces palpes sont droits et habituellement parallèles, mais peuvent devenir très-divergents. Lèvre inférieure beaucoup plus étroite à la base qu'à son bord anté- rieur qui est un peu arrondi et porte les deux palpes labiaux de deux articles égaux en longueur. mais dont le premier est beaucoup plus épais que l’autre et muni de deux ou trois petits poils. Antennes courtes, entourées extérieurement à leur base par une échan- crure du bord antérieur et se logeant en partie dans la concavité externe des mandibules; de quatre articles, le premier court, rétractile, de: cou- leur plus pâle et de consistance moindre que les deux autres, le second un peu plus long que le précédent, ventru extérieurement et muni de deux soies sur la dilatation, le troisième subeylindrique et plus court que le précédent, le quatrième un peu plus court, très-grêle, surmonté de deux poils assez longs et de un au moins extrêmement petit, et accompagné d'un article supplémentaire plus court que lui, épais, un peu pyriforme et visible surtout quand on regarde la larve de profil, parce qu'il est placé en dessous. Ocelles nuls ou non apparents. Prothorax presque aussi long que les deux autres segments thoraciques réunis, presque de couleur marron, avec une lisière antérieure et posté- rieure sensiblement plus pâle et très-finement striée ; marqué en dessus de points très-petits et écartés au milieu, plus forts et plus serrés sur les les côtés, et d’un fin sillon médian qui se prolonge jusqu’à l'extrémité du pénultième segment abdominal. Mésothorax et métathorax de la couleur du prothorax, avec une lisière postérieure, marqués de points assez forts el assez serrés antérieurement et sur les côtés, fins et écartés sur le milieu ; lisière pale, très-finement striée sur ses deux tiers postérieurs et limitée antérieurement par une série transversale de petits points presque imperceptibles même à une forte loupe. Abdomen un peu moins foncé que le thorax, de neuf segménis, les huit ÉLATÉRIDES. — MEGAPENTHES 163 premiers plus grands que les deux derniers thoraciques, du reste ponc- tués et liserés comme eux. Neuvième segment plus densément ponctué que les autres, mais toujours un peu inégalement, subconique, se dilatant deux fois très-faiblement avant l'extrémité qui se termine par une petite pointe un peu conique et pointue. Dessous du corps uniformément roussâtre, finement et peu densément ponetué; chaque segment, sauf le dernier, marqué, à une certaine distance de chacun de ses bords latéraux, d’un sillon, ou plutôt d’un pli un peu oblique, surtout sur les segments thoraciques, et que je suppose destiné à faciliter une dilatation de la carapace cornée, soit pour les mouvements de la larve, soit aux approches de la métamorphose, Dernier segment montrant une plaque un peu convexe et ponctuée, un peu plus que demi-elliptique, d’une longueur égale aux quatre cinquièmes de ce segment et terminée par un petit mamelon charnu, presque tubu- leux et entouré de poils roussâtres serrés. Cette plaque est susceptible de se soulever comme une soupape, ou plutôt de jouer comme la table su- périeure d'un soufflet, de manière à faire porter sur le plan de position le mamelon qui n’est autre chose que ce pseudopode ou cette ventouse que nous retrouvons dans presque toutes les larves de Coléoptères et au centre de laquelle est l'anus. J'ai dit en commençant que cette larve est presque glabre ; on ne voit, en effet, que deux ou trois poils de chaque côté des segments thoraciques et un de chaque côté des huit premiers segments abdominaux, vers les deux tiers de leur longueur. Le dernier segment a des poils tout autour et surtout à l'extrémité, mais quand on soumet la larve au microscope, on constate l'existence, sur toute la surface du corps, de très-petits poils raides et clair-semés qui doivent assurément lui être de quelque secours pour la progression. Stigmates à péritrème elliptique et de couleur marron, au nombre de neuf paires : la première, plus grande que les autres, voisine du bord antérieur du mésothorax et de l'insertion des pattes, et visible seulement lorsqu'on regarde la larve en dessous, les autres vers le quart antérieur des huit premiers segments abdominaux et visibles de profil. Pattes courtes, robustes, rousses, de cinq pièces, ongle compris, héris- sées de quelques soies et d'épines fortes, assez nombreuses, alignées extérieurement sur la hanche, disposées sous le trochanter et la cuisse en deux séries, sur les bords d'une large rainure longitudinale, en très-petit nombre sous le tibia ; trochanter presque aussi long que la cuisse, qui 164 LARVES DE COLÉOPTÈRES est sensiblement plus courte que le tibia; ongle assez long, crochu, une longue soie à sa base inférieure qui est un peu dilatée. J'ai trouvé plusieurs individus de cette larve, ainsi que des nymphes et des insectes parfaits, dans un vieux Châtaignier creux, dont le bois, qui avait déjà nourri des larves d’Anobium, de Helops et autres, était altéré et ramolli par l'humidité. J'ai des raisons de croire qu’elle vivait des déjec- tions et des dépouilles des larves qui l'avaient précédée et, à l’occasion, de celles que ses cheminements à travers ce bois tendre et presque feuilleté pou- vaient lui faire rencontrer. Ce qu’il y a de certain, c’est qu'aux approches de la métamorphose elle creuse dans les couches ligneuses une cellule en elipse déprimée, car c’est dans ces conditions qu’on trouve la nymphe. NYMPHE Très-glabre, antennes un peu épineuses, une soie épaisse, subulée, roussâtre et subcornée à l'extrémité à chacun des angles antérieurs du prothorax, deux semblables aux angles postérieurs et deux à la base, vis-à-vis l'écusson, ces quatre dernières inclinées en avant; deux appen- dices divergents et subulés à l'extrémité de l'abdomen; un mamelon aux angles postérieurs des deuxième à sixième segments abominaux qui sont très-finement alutacés sur le dos. Le Megapenthes tibiulis était naguère compris dans le genre Elater, el l'on peut dire que si la physionomie de l’insecte parfait motivail assez ce classement, celle de la larve aurait pu le justifier aussi. Sa couleur, sa forme étroite, cylindrique et linéaire, et la pointe qui termine le dernier segment la feraient prendre, au premier coup d'œil, pour une larve d’Ela- ter; il faut même un examen minutieux et comparatif pour renoncer à cette assimilation ; mais quand on y regarde de près, on constate des caractères qui légitiment la création du genre dans lequel a été placé l'in- secte dont 1l s'agit. Ainsi que je l’ai dit dans l'Histoire des Insectes du Pin maritime, à pro- pos de quelques larves d’Élatérides, la forme du dernier segment et la ponctuation constituent des distinctions génériques assez sûres. Si nous appliquons ici cette donnée, nous voyons que, dans les larves d’Elater, la ponctuation dorsale des segments abdominaux, quoique inégale, comme dans celle du Megapenthes tibialis, est cependant plus forte et que cha- que segment, sauf le prothorax, présente, près du bord antérieur, une dépression calleuse, s'élargissant du milieu vers les côtés, striée en long ÉLATÉRIDES. — MEGAPENTHES 165 et émettant un sillon à son extrémité latérale. Le dernier segment, uniformément et fortement ponctué, se rétrécit régulièrement et sans sinuosité d'avant en arrière jusqu’à la pointe terminale ; or, j'ai dit que. dans la larve du Megapenthes, ce segment est faiblement ponctué sur le milieu et que la pointe est précédée de deux dilatations, ce qui rend les côtés sinueux. Ce même segment présente en dessous un autre caractère très-appréciable et dont il faut tenir compte : la plaque mobile que ter- mine la ventouse anale ne dépasse pas les deux cinquièmes antérieurs de ce segment dans les larves d’Elater et peut à peine se soulever, tandis qu'elle atteint au moins les trois quarts dans celle du Megapenthes tibialis et qu'elle est susceptible d’un écartement assez notable. Les larves d’Agriotes ont aussi le dernier segment terminé en pointe, mais elles se distinguent de leurs similaires par plusieurs caractères dont le plus apparent est l'absence presque complète de toute ponc- tuation. Le genre Megapenthes comprend une autre espèce, le lugens Redt., qui, par sa matité. la densité de sa ponctuation et le prolongement des angles postérieurs du prothorax, se différencie très-sensiblement du tibia- lis. Les larves de ces deux espèces présentent aussi quelques différences assez tranchées, et que je crois devoir indiquer. Megapenthes (Elater) lugens ReoT. Fig. 201-202, LARVE Elle est longue de 12 à 15 millim. et elle a la forme, la consistance, la couleur et la villosité de celle du M. tibialis. La tête et tous ses organes sont conformés de même, ainsi que les pattes, mais elle en diffère 1° par la ponctuation, qui est visiblement plus forte, plus serrée, plus régulière ; 2° par la forme du dernier segment qui se rétrécit régulièrement d'avant en arrière et se termine par trois dents, dont la médiane plus longue que les autres, qui sont un peu divergentes. Elle a été trouvée plusieurs fois, avec l'insecte parfait, par M. Bauduer, dans les troncs caverneux de vieux Chênes -liéges dont le bois était dans 166 LARVES DE COLÉOPTÈRES les conditions de celui du Châtaignier qui m'a fourni la larve du M. tibia- lis. Celle-ci, du reste, a été recueillie aussi par M. Bauduer en compagnie de celle du lugens. Les larves connues d'Élatérides se rapportent aux espèces sui- vantes : Adelocera varia Ouv.. Buisson, Soc. Ent. 1846, p. 67. — À. carbona- ria Scark., Lucas, Soc. Ent. 1852, p.268 ; Perris, Soc. Ent. 1854, p. 140, et Scmüpre. Naturhistorisk tidsskrift (Journal d’hist, natur, t. VI, 3° par- te, p. 504), sous le nom d’Agrypnus atomarius. Lacon murinus L., Wesrwoon, Introd. t. 1, p. 233, et SCHIÜDTE, loc. cit. p. 507. Chalcolepidius erythroloma Cann., Scmôpre, loc. cit. p. 497 (de l'ile Oahu). Alaus oculatus F., Harris, Insect of Massach. 1841, p. 48 et surtout Cnapuis et CanpËze, Catal., p. 142 (de l’Amér. Septentr.).— 4. speciosus ? L.. Caxnize, Soc. des Sc. de Liége, 1861, pl. VI, fig. 10 (de Ceylan). — A. Montraveli Monrrouz., Monrrouzier, Soc. Ent. 1860, p. 254 (de la Nouv.-Calédonie).— À, myops F., Scmôpre, loc. cit., p. 500 (de l’Amér. Septentr.). Elater sanguineus L.. Boucué, Naturg. 1834, p. 185, et Perris, Soc. Ent. 1854, p. 148. — E. fulvipennis Horrm., BoucRé, loc. cit. p. 183. — E, pomorum Grorrr., Curtis, Soc. Ent. 1853, p. 43, et H£eGer, Sitzber. Wien. Acad. Wiss. 1894. — E. nigrinus HBrgsr, LeTzNer, Arb. Schles. Gesells. 1857, p. 119.— E. dibaphus Scmôp., Scn1ôpre, loc. cit., p.513. — E. crocatus Casr., Sciôpre, loc. cit., p. 514. Cryptohypnus riparius F., Perris, Soc. des Sc. de Liége, 1855. M. Schiôdte a publié (Loc. cit. p. 517), sous le nom de Eluter (Hypoly- thus) riparius F., qui est le même que le précédent, une larve dont la des- cription diffère spécifiquement et même génériquement de la mienne. D'après moi, la larve que je considère comme appartenant au C. riparius est la seule, à ma connaissance, de tout ce groupe qui ait un épistome el un labre distincts. ce dernier simple et arrondi. Son corps est lisse, sauf qu'il est parsemé de rides sinueuses, écartées et très-superficielles; le dernier segment, un peu.plus grand que les précédents, est à contour semi-elliptique , le bord postérieur étant régulièrement arrondi, sans aucune trace de dent, de pointe ou d’échancrure. Quand on observe ce segment de côté, on aperçoit près du bord inférieur une toute petite crête longitudinale et arquée : c’est un des côtés d’une ellipse très-régulière, ÉLATÉRIDES 167 tracée sous le segment et au pôle postérieur de laquelle se trouve le ma- melon anal faiblement extrac tile. La larve de M. Schiôdte, au contraire, n’a ni labre ni épistome dis- tincts, le bord antérieur de la tête est tridenté et les angles frontaux sont très-aigus. Le corps est couvert d’une fine réticulation inégale et de plus rugueusement ponctué. Le dernier segment, presque d’un sixième plus large que long et largement arrondi de chaque côté, est rugueux en des- sus, creusé de deux profonds sillons marginaux et bordé de dents obtuses dont la dernière est très-grande. Évidemment ces deux larves n’appartiennent pas au même insecte. Celle de M. Schiôdte habite dans les prés enfoncés, in pratis depressis ; j'ai trouvé assez abondamment la mienne dans les Pyrénées, sous les pierres, près du lac de Gaube, avec de nombreux insectes parfaits. Certes, j'ai la plus grande confiance dans M. Schiôdte, mais j'ai aussi quelques raisons de croire ne m'être pas trompé, quoique la chose soit loin d'être impossible, et je puis assurément, sans offenser mon honorable collègue, le prier de vouloir bien essayer d’une vérification que je ne saurais guère me promettre, car nous n'avons pas ici le Cryptohypnus riparius et d’autres espèces de ce genre y sont très-rares. Campsosternus Templetonii Westw., CanDÈze, loc. cit. (de Ceylan). Cardiophorus equiseti Heresr, Brauer, Verh. Wien. Zool. Bot. ver. 1857, p. 131. — C. asellus Er., ScaiôDTe, loc. cit., p. 494. — C. rufi- collis L., Scmôpre, loc. cit., p. 496. Melanotus niger F., Boucré, Naturg. 1834, p. 186.— M. rufipes HerBsT” Boucné, loc. cit., p. 185. et Perris, Soc. Ent. 1854, p. 134. — M. casta- nipes PAyk., SCHIÔDTE, loc. cit., p. 513. Limonius Bructeri F., Scmiüore, loc. cit., p. 517, sous le nom de Elater (Pheletes) Bructeri. Athous undulatus de G., ne Geer, Mémoires, t. IV, p. 155.— 4. rhom- beus OL., Durour, Ann. Sc, natur. 1841, p. 41. Currnis, Soc. Ent. 1853, Perris, Soc. Ent. 1854, p. 146 et Scmüore, Loc. cit., p. 523. — À. niger L., hirtus Hergsr, Caapuis et Canpèze, Catal., p. 144; excellente descrip- tion qui ne pèche qu'en ce que les auteurs n’ont donné aux antennes que trois articles au lieu de quatre, et qu’ils n'ont rien dit de l’article supplé- mentaire qui est visible de profil, quoique très-petit, ainsi que je viens de le vérifier sur des individus envoyés par M. Candèze lui-même. — 4. rufus pe G., Pernis. Soc. Ent. 1854, p. 143, et Scmôbre, Loc. cit., 168 LARVES DE COLÉOPTÈRES p. 522. — À. hæmorrhoidalis F., SciôpTe, loc. cit., p. 525, sous le nom de ruficaudis GvL. — A. subfuscus GyL., Scniüore, loc. cit. p. 526. Corymbites tessellatus L.. ScniôbTe, loc. cit., p. 518. sous le nom de Elater (Tactocomus) tessellatus L.. holosericeus Aucr. — C. œæneus L.. SCHIÔDTE, Loc. cit., p. 549, sous le nom de Elater (Diacanthus) æneus L. — C. cinctus Pavx., ScniôDTe, loc. cit. p. 519, sous le nom de Elater (Hypogamus) cinctus Payk. — C. pectinicornis L., Scnidpre, Loc. cit., p. 520. — C. castaneus L., ScxidpTe, loc. cit., p. 521. — C. sjaelandi- cus, O. F. MuELLER, SCHIÔDTE, loc. cit. p. 521, sous le nom de Elater (Actenicerus) sjaelandicus O. F. MuELLER, tessellalus AuCT. Ludius ferrugineus L., Buisson, Soc. Ent. 1846, p. 65, et Mursanr et GuILLEBEAU, 7e opusc., p. 187. M. Schiôdte a publié, Loc. cit., p. 514, sous le nom de Ludius ferrugt- neus, une larve qui diffère de celle qu'ont décrite les auteurs précités et qui m'est bien connue. La vraie larve du Ludius est lisse avec trois points enfoncés et piligères de chaque côté de la tête près du bord postérieur, et trois points semblables, dont un ventral, de chaque côté des onze pre- miers segments. contre la lisière postérieure. Le dernier segment est longuement en cône obtus et muni de points piligères très-clair-semés, sans la moindre pointe apicale. La larve de M. Schiôdte, au contraire, a la tête et le prothorax profon- dément et densément ponctués; les segments suivants sont marqués de points très-gros, très-allongés au milieu de ces segments, et se réunissent même çà et là pour former des rides. Le dernier segment est encore plus densement ponctué, il est rugueux sur les côtés et vers le sommet et ter- miné par une pointe aiguë. Ici, je ne puis m'empêcher d'être plus affirmatif que pour la larve du Cryptohypnus, et j'atteste que la description de M. Schiôdte appartient à une larve autre que celle du Ludius. Elle me parait convenir à une larve d’Elater (Ampedus). Agriotes obscurus L., Marsan. Trans. of the Linn. Soc., t. IX. et Wesrwoop, Introd., t. [, p. 233.— 4. segetis Bierk.. Dr GEER, Mém., t. V. p.397, BIERKkANDER. Mém. de Stockholm, 1779, p. 254, et BLANCHARD, Ann. de l’Agric. franc. 1847, p. 218. — À. lineatus L., DE Geer, Mém., t. IV, p. 155 ; Kozrar, Naturg. der Schædl. Insekt. 1837. p. 105 et Scnidpre, Loc. cit., p. 516, mais non Boucxé, Naturg., p. 186, qui a donné sous ce uom a larve de quelque Athous ou Corymbites. — A. Sputator F., Ko- ÉLATÉRIDES. — ADELOCERA 169 Lan, doc. cit., p. 149. — À. aterrimus L.. ScmüpTe, loc. cit., p. 515, sous le nom de Elater (Ectinus) aterrimus L. Campylus linearis F., Srroeu. Hans. Nogle Insekt. larves mid deres forvandl. t. Il, p. 375, Oapuis et Caxoëze, Catal., p. 146, et Scmôpre, loc. cit., p. 526. Voici le signalement de quelques autres larves de cette famille : Adelocera (Elater) fasciata L. Fig. 203. LARVE Cette larve, longue de 25 à 28 millim., ressemble, à s’y méprendre, à celles des À. atomaria et varia, déjà décrites. Comme elles, elle est lisse, c'est-à-dire dépourvue de toute ponctuation, si ce n’est sur la tête ; comme elles, elle a le lobe maxillaire palpiforme et nettement bi-articulé. elle est subdéprimée, un peu renflée à la région abdominale; d’une consis- tance plutôt coriace que cornée et d’une couleur qui est tout à fait propre, jusqu'ici du moins, aux larves de ce genre, c'est-à-dire que la tête est d’un brun marron, le prothorax marron. avec une lisière antérieure et postérieure jaunâtre, tandis que les deux autres segments thoraciques et les huit premiers segments abdominaux sont d’un jaune testacé luisant, avec une légère teinte roussâtre sur le dos et le bord postérieur très- fine- ment strié. Ces derniers ont en outre, en dessus et en dessous, une fos- sette longitudinale dessinant un bourrelet latéral un peu dilatable, et indé- pendamment des poils latéraux et latéro-dorsaux qui se trouvent sur tous les segments et même sur la tête, ils ont deux poils plus courts et plus rapprochés du mieu du dos, Le dernier segment, hérissé de longs poils, est en demi-ellipse allongée, testacé. corné, un peu concave, en partie raguleux et bi-sillonné en dessus. bordé de dents ferrugineuses qui vont en grandissant d'avant en arrière, et dont la dernière, formée de deux lobes, l'un dirigé en dehors et l’autre arqué en dedans, dessine une échan- crure assez profonde et subarrondie. En dessous, le corps est uniformé- ment jaunâtre, sauf le prothorax qui est testacé et marqué de deux sillons en V. Ce segment et les deux suivants ont le pli sublatéral qui forme un bourrelet sur les huit premiers segments abdominaux ; mais ceux-ci ont de plus, de chaque côté de la ligne médiane, un autre pli qui dessine deux autres bourrelets longitudinaux, et même entre ces bourrelets on voit 170 LARVES DE COLÉOPTÈRES deux sortes de mamelons allongés, obsolètes, mais un peu dilatables, Sous le dernier segment se détache une sorte de pied terminé par deux cro- chets arqués en bas, entre lesquels est la ventouse anale. Ces crochets sembleraient avoir pour but de favoriser des marches rétrogrades ; je les crois plutôt destinés à faciliter les mues de la larve et la mise en liberté de la nymphe. Les stigmates sont comme dans les autres larves d'Élaté- rides, c'est-à-dire au nombre de neuf paires dont la première, plus grande que les autres, est située en dessous, près de la base externe des hanches intermédiaires. J'ai trouvé cette larve, ainsi que la nymphe, dans les Pyrénées, en exploitant des souches de Pinus uncinata qui avaient nourri ou nourris- saient encore des larves de Tragosoma depsarium, de Rhagium, etc. La nymphe ressemble à celle des autres Élatérides, elle est glabre, avec les six soies épaisses du prothorax ; mais les deux soies divergentes du dernier segment, au lieu d’être simples, sont doubles et telles que les représente la figure que j'en donne. Elater præustus F. Je ne reviendrai pas sur la description que j'ai donnée, Loc. cit, de la larve de l'E. sanguineus, je ne pourrais que la reproduire pour celle de l'E. prœustus que l’on rencontre, comme sa congénère, dans les souches du Pin maritime. Elle aurait trouvé place dans mon travail sur les insectes de ce Conifère si J'avais pu la distinguer de celle sur laquelle je n’avais aucun doute ; mais ce n’est que plus tard que je suis tombé sur une souche qui ne paraissait contenir que des larves, des nymphes et des insectes parfaits du prœustus ; plus tard aussi j'ai pu, en élevant quelques-unes de ces larves, m'assurer de leur authenticité. En les examinant alors, comme en les revoyant tout à l'heure, je n'ai pu leur trouver d'autre caractère distinctif qu'une ponctuation un peu moins forte. Elater crocatus GEOFFR. LARVE Cette larve est encore l'image fidèle de celle de l'E. sanguineus. Elle n’en diffère, ainsi que la précédente, que par la ponctuation. Elle est tel- ÉLATÉRIDES. — ELATER 171 lement faible sur le prothorax qu'on la voit à peine; sur les autres seg- ments, jusqu'à l'antépénultième, elle est aussi forte que dans la larve du san- quineus, mais elle est sensiblement moins serrée, et au lieu de s'étendre sur presque toute la surface des segments, elle s’arrête au tiers antérieur ; on ne voit plus au delà qu'une ponctuation très-fine et très-éparse. Sur les deux derniers segments, où la ponctuation est toujours plus étendue et plus uniforme, les points sont bien moins gros et moins serrés ; ils sont, pour la dimension, comme dans la larve du prœustus, mais moins denses, Cette larve vit dans les souches d’Aulne nourrissant ou ayant nourri des larves de Dorcus parallelepipedus, de Trichius abdominalis, de Stran- galia aurulenta. Elater baltentus L. LARVE Cetie larve. naturellement un peu plus petite que les deux précédentes, en diffère par la couleur plus claire du fond qui rend plus apparentes les callosités ferrugineuses et striées qui se trouvent près de la base des seg- ments ; mais sa ponctuation sert plus facilement et plus sûrement encore à la distinguer. Le prothorax est à peine marqué de quelques petits points presque imperceptibles ; les autres segments n'ont que quelques gros points au-dessus du sillon sublatéral qui part de chaque extrémité de la vallosité striée ; le milieu de leur face dorsale est, sur une assez grande étendue, lisse ou à peine visiblement pointillé, La ponctuation est un peu plus apparente et plus serrée sur les deux derniers segments. J'ai obtenu cette larve, sa nymphe et l'insecte parfait d’un tronçon de Sapin pourri venu des Pyrénées et qui contenait encore des larves de Rhagium bifasciatum et de Leptura cincta. La nymphe n'offre rien qui soit à signaler. Cardiophorus (Elater) rufipes FoUrc. Fig. 204-208. LARVE Voici une larve qui a mis ma curiosité à une bien longue épreuve. Je la connais depuis longtemps, depuis longtemps aussi j'en ai préparé la 172 LARVES DE COLÉOPTÈRES description, avec la conviction que je pourrais la comprendre un jour dans mon travail sur les larves des Coléoptères, car je ne doutais pas qu'elle ne fût de Coléoptère, malgré la structure anormale de son corps qui avait l'air d’avoir vingt-six segments sans compter la tête. Plusieurs années de suite, je l’ai élevée pour arriver à l'insecte parfait, j'échouais toujours. Une fois cependant, dans un bocal où j'en avais installé plu- sieurs en apparence adultes, je trouvai deux Cardiophorus rufipes déjà morts. L'idée me vint bien que ma larve pouvait appartenir à cet insecte ; mais elle différait tant des autres larves d’Élatérides, son genre de vie était si différent aussi, il était tellement possible qu’en ramassant au pied des Chênes le sable mêlé de détritus dont j'avais rempli le flacon, j'eusse recueilli, à mon insu, des larves de Cardiophorus ou des insectes parfaits. que je n’osai me prononcer. J'en étais là, toujours préoccupé et intrigué de ma larve, toujours dis- posé à recommencer l'épreuve de son éducation, lorsque j'eus connais- sance du travail de M. Schiôdte sur les larves de plusieurs Élatérides. A la vue de la figure de celle du Cardiophorus asellus, image fidèle de celle qui me donnait tant de souci, je poussai une exclamation de joie, car mon problème était résolu et le témoignage des Cardiophorus rufipes de mon bocal cessait d’être douteux. C’est donc avec une entière confiance que je donne, comme se rapportant àla larve de cet insecte, la description suivante. Long. pouvant attemdre 30 millim. et se réduire par contraction à 15. Hexapode, linéaire et même filiforme, presque entièrement glabre, char- nue, d’un blanc jaunâtre, sauf la tête qui est cornée et ferrugineuse et le prothorax qui est subcorné et testacé ; susceptible de s’allonger et de se raccourcir en désemboitant ou en faisant rentrer des divisions des sept premiers segments de l'abdomen ; dernier segment simple, mamelon anal avec deux appendices pseudopodes. Tête deux fois aussi longue que large, à côtés parallèles, lisse et lui- sante, marquée en dessus de deux traits fins et blanchâtres partant du vertex, parallèles jusque sur le front, puis divergeant vers la base des mandibules. Sillons frontaux larges mais très-peu profonds. Épistome et labre soudés entre eux et avec le front, formant une sorte de chaperon quadrilatéral avec les angles antérieurs arrondis et un petit prolongement médian subéchancré ; tout le bord antérieur frangé de poils dorés très-denses. Mandibules d'un brun ferrugineux, longues et d'une forme tout à fait anormale, Vues en dessus, elles sont droites, un peu arquées en haut et ÉLATÉRIDES. — CARDIOPHORUS 173 nullement en dedans, paraissant formées d’une lame cornée, chagrinée, large à la base, se rétrécissant vers le sommet qui est largement échancré parce qu'il est formé de deux dents très-divergentes, ayant le bord externe un peu relevé et sur ce bord deux dents obtuses, etau bord interne aussi deux dents, mais plus pointues et la postérieure un peu inclinée en arrière. Vues de côté, elles sont fourchues depuis la moitié de leur longueur; le rameau inférieur, un peu plus court que le supérieur, est arrondi au bout et simple, avec une petite dent près de la base interne et une profonde et large cannelure sur sa face; le rameau supérieur n’est autre que la lame visible quand on regarde en dessus, sauf que les dents, vues de profil, sont à peine appréciables, et sa face est également creusée d’une canne- lure. Ces deux rameaux sont un peu arqués en haut. Dessous de la tête convexe, formant une plaque unique, lisse, avec un sillon au milieu et une très-profonde échancrure antérieure pour loger les mächoires et le menton. Mächoires droites, bien plus longues que larges. s'élargissant depuis la base jusque près du sommet ; leur lobe placé non sur le même plan que les mâchoires, mais en dedans et formé d’une pièce arrondie, ornée d’une belle touffe de poils longs et un peu rayonnants, dont quelques-uns parais- sent plumeux, et d'une autre pièce bi-articulée, palpiforme, presque cachée au milieu des poils. Palpes maxillaires droits, longuement coniques, un peu divergents, de quatre articles, les trois premiers égaux en longueur, le quatrième pluscourt. Menton très-étroitement linéaire, avec un petit élargissement près du sommet et après le milieu. Lèvre inférieure trois fois plus longue que large, s’élargissant un peu de la base au sommet, à peine avancée au milieu du bord antérieur où se trouvent deux longs poils. Palpes labiaux de deux articles, dont le premier le plus long. Antennes insérées non en dehors des mandibules, mais au-dessus d’elles et un peu plus courtes qu'elles, assez fortes, formées de quatre articles, le premier épais et court, le second un peu plus long, lé troi- sième deux fois et demi aussi long que le précédent, subdéprimé mais sensiblement élargi de la base au sommet, lequel est obliquement tronqué et muni de chaque côté d’un poil, et porte le quatrième article beaucoup plus étroit, de la longueur du second, incliné en dehors et de plus l’ar- üicle supplémentaire très-court, mais très-apparent quand on regarde la tète en dessus. 171 LARVES DE COLÉOPTÈRES Ocelles représentés par un petit granule pupillé de noir, placé immédia- tement en arrière de la base de chaque antenne. Ces deux ocelles sont exceptionnellement sur le crâne, au lieu d’être sur les joues, parce qu'ils accompagnent toujours les antennes qui, au lieu d’être insérées aux angles antérieurs de la tête, sont exceptionnellement implantées au-dessus des mandibules. Prothorax testacé et subcorné, sauf les lisières antérieure et postérieure qui sont membraneuses et d’un blanc jaunâtre, à peine plus large que la tête, d’une longueur un peu supérieure à la largeur. Mésothorax e\ métathorax égaux entire eux et un petil peu plus larges que longs, membraneux, d’un blanc jaunâtre, avec la lisière postérieure un peu plus foncée. Abdomen de neuf segments de largeur croissante jusqu'au quatrième, puis décroissante jusqu’au dernier. Les sept premiers un peu renflés anté- rieurement et marqués de deux plis annulaires divisant chacun de ces segments en trois parties dont la postérieure s’emboîte et disparaît par contraction dans la précédente et celle-ci plus ou moins, mais jamais entièrement dans la première, de sorte que la larve, lorsqu'elle marche et qu'elle donne à son corps toute son extension, est très-allongée, très- grêle et linéaire, tandis que lorsqu'elle se contracte pour se reposer ou parce qu’elle est inquiétée, elle est un peu ventrue et longuement fusi- forme. Huitième segment simple, c’est-à-dire non divisé et un peu plus large que long. Ces huit segments munis d’un très-petit poil près de chaque angle postérieur et marqués, tant en dessus qu’en dessous, de cinq cannelures bien dessinées lorsque la larve est allongée, nivelées lors- qu’elle est contractée, mais laissant, même dans cet état, leurs traces visi- bles, parce que le fond de ces cannelures est mat et que leurs intervalles sont luisants. Troisième segment abdominal et les cinq suivants pourvus, de chaque côté de la face ventrale, d’une verrue conique, auxiliaire des organes de progression. Neuvième segment simple, sans plis ni canne- lures, lisse, longuement conique, son extrémité obtuse hérissée d’une touffe de poils blonds rayonnants. Mamelon anal libre, presque aussi long que le dernier segment, sus- ceptible de s'appliquer contre ce segment ou de s’en détacher pour se poser sur le plan de position où son action est secondée par deux papilles assez longues. un peu arquées et divergentes de manière à déborder entiè- rement le corps. Stigmates. Sur chaque côté de la première partie des huit premiers seg- ÉLATÉRIDES. — CARDIOPHORUS 175 ments abdominaux, vers le tiers postérieur des sept premiers et la moitié du huitième, surgit un mamelon charnu, oblique, conique, rétractile et muni d'un pli longitudinal. A la base postéro-externe de chacun de ces mamelons une forte loupe montre un point roussâtre qui ne peut être, à mes yeux, qu'un stigmate. La première paire des ouvertures respiratoires se trouve assez près du bord antérieur du mésothorax, mais elle n'est visible que lorsqu'on regarde la larve en dessous. Cette première paire n'offre que cette particularité, mais les huit paires abdominales, que M. Schiüdte considère comme étant constituées par les mamelons dont j'ai parlé, sont pour moï, sauf meilleur avis, sessiles et semblables, avec des dimensions un peu moindres, à la première paire et s'ouvrent, ainsi que je l’ai dit, à la base de ces mamelons qui seraient à la fois une protec- tion pour ces stigmates el des organes de locomotion comme les verrues ventrales déjà citées. Pattes assez écarlées, débordant le corps. formées de cinq pièces : une hanche assez longue, ciliée de poils blonds et fins; un trochanter muni antérieurement en dessous de quelques poils ; une cuisse ayant à la face inférieure, près de l'extrémité, deux épines obtuses et quelques poils ; un tibia, plus court que la cuisse, montrant à la base un peil en dessus et une épine en dessous, et à l'extrémité deux ou trois poils et trois épines inégales ; enfin un ongle peu arqué et subulé. Cette larve singulière peut marcher à reculons à peu près comme celles des Cistélides, elle est souple, quoique susceptible d’un peu de raideur, mais très-souvent, lorsqu'on la saisit ou qu’on la manipule, elle fait la morte, devient flasque, et l’on dirait qu’elle a cessé de vivre. Rendue à la liberté, elle reste parfois un certain temps en cet état avant de repren- dre ses mouvements, bien qu'il paraisse certain que la lumière l'offus- que. M. Schiôdie a trouvé celle du Cardiophorus asellus sous les mousses et les feuilles tombées, près des racines des arbres et même de temps en temps et en abondance dans les nids de la Formica rufa. J'ai vu aussi celle que je viens de décrire ou une autre du même genre dans les détritus des nids de Lasius fuliginosus, mais je la rencontre habituellement dans le sable au pied des vieux Chènes ou sous la voûte de ceux qui sont caver- neux. On l'observe mème en plus grand nombre dans ces derniers lieux où il ne pleut jamais, où le sable est toujours sec, de sorte qu’elle parait pouvoir se passer, pour son développement et ses métamorphoses, de celte humidité qui est nécessaire à tant de larves, à moins qu’elle ne se 176 LARVES DE COLÉOPTÈRES déplace momentanément pour aller chercher un peu de fraicheur en dehors de sa demeure ordinaire. Il me serait difficile de dire au juste de quoi elle vit, car les lieux où on la recueille, quoique présentant le plus souvent des débris d'insectes, de la vermoulure et même des crottins de petits rongeurs, sont ordinai- ment dépourvus d'êtres vivants. Ses mandibules d’ailleurs, malgré leurs dents, semblent par leur forme peu propres à déchirer une proie, et à moins qu'elie ne chasse la nuit à découvert, elle est toujours cachée, Je suis porté néanmoins à croire qu'elle est carnassière et qu'elle peut aussi se nourrir de détritus animalisés. Une particularité assez singulière, c’est qu'on trouve assez fréquemment avec elle la larve d'un diptère du genre Thereva, filiforme aussi, très- allongée, et dont l'abdomen paraît avoir dix-sept segments, les huit pre- miers étant divisés en deux par un pli annulaire et le dernier muni de deux papilles pseudopodes. Mais celle-ci est plus coriace et à peine sus- cepüble de contraction. Je ne connais pas la nymphe du Cardiophorus, mais je suis convaincu que la larve se transforme dans la terre, car au mois de mai j'ai trouvé plus d'une fois, dans une sorte de cellule, un individu contracté et courbé en arc, paraissant se préparer à sa métamorphose. Je suis cependant dis- posé à peuser que cette évolution s’accomplit le plus ordinairement à la tin de l'été, et cette opinion me vient de ce que, chez nous du moins, beau- coup de Cardiophorus rufipes hivernent à l'état parfait. On les trouve très-communément sous les écorces et bien d'autres abris. Melanotus (Cratonychus) suleicollis Murs. LARVE La larve du #. rufipes étant en première ligne dans l'Histoire des Insec- tes du Pin maritime, je l'ai décrite avec d'assez grands détails, et je ne puis, dès lors, qu’y renvoyer. Je rappellerai seulement qu’elle est subey- lindrique, luisante, cornée, de couleur marron avec la lisière des seg- ments plus claire et finement striée et le dessous du corps moins foncé ; très-peu velue, comme celle des Elater avec lesquelles elle a de grands ÉLATÉRIDES. — MELANOTUS. — CORYMBITES YA rapports, mais lisse, ou imperceptiblement marquée de quelques petits points épars; que son dernier segment, longuement semi-elliptique, déclive et un peu concave à partir du tiers antérieur, est ruguleux, marqué de quatre sillons longitudinaux partant de la base et n'atteignant pas l’ex- trémité; qu'à la naissance de la déclivité ce segment porte deux tuber- cules et que son contour postérieur est creusé de deux échancrures qui produisent un prolongement médian court, aplati, obtus et un peu relevé. C'est surtout la forme de ce segment qui caractérise les larves de Mela- nolus. La larve du M. sulcicollis, dont j'ai sous les yeux un individu de 35 mil- lim. de longueur, ressemble en tous points à celle du rufipes, sauf pour- tant le dernier segment qui peut servir à l’en distinguer. Ce segment est plutôt longuement semi-oyale que semi-elliptique. il est déclive et quadri- Sillonné, mais il est plan et non concave, les deux tubercules manquent et toute la surface déclive est tuberculeuse et ridée en travers ; enfin le con- tour postérieur à quatre échancrures au lieu de deux seulement. J'ai trouvé cette larve en Espagne, dans les montagnes du Guadarrama, en explorant des souches de Pin sylvestre. Melanotus (Elater) eastanipes Pavx. A part la taille, qui est un peu plus petite, cette larve ressemble telle- ment à la précédente, qu'il est bien difficile de l'en distinguer. Le dernier segment a aussi quatre échancrures, mais le bord du contour postérieur est un peu relevé, la déclivité est plutôt rugueusement ponctuée que gra- nulée et le prolongement médian est un peu moins saillant. On la trouve communément dans les vieux Chènes vermoulus. Corymbhites (Elater) latus l. Fig. 209-212, LARVE Long. 20 millim. Hexapode, corps subdéprimé, visiblement atténué aux deux extrémités, corné en dessus, subcorné sur les flancs et en dessous. PER. 12 178 LARVES DE COLÉOPTÈRES Téte un peu plus large que longue, déprimée en coin, de couleur mar- ron, antérieurement plus foncée, marquée sur le front de quatre fossettes rapprochées deux à deux, les deux externes assez larges et irrégulières, les deux internes ponctiformes, et de quelques points entre ces fossettes et le bord antérieur ; celui-ci profondément denté, ainsi que l'indique la figure que j'en donne. Épistome et labre nuls. Mächoires et menton soudés, formant ensemble une plaque sillonnée, non subtriangulaire comme je l'ai figurée pour la larve du Megapenthes, mais presque en parallélogramme rectangle. Extrémité des mâchoires, lèvre inférieure et palpes conformés comme dans cette dernière larve, mais palpes maxillaires de quatre articles égaux et lobe maxillaire plus franchement de deux articles dont le dernier ter- miné par de petites soies spiniformes, avec le bord interne de ce lobe muni d'une lame cartilagineuse ciliée de longs poils roux. Cette pièce se détache de la mâchoire près de l'extrémité du premier article du lobe, et son bord supérieur, qui ne dépasse guère cet article, est arrondi. Mandibules noires, crochues, pointues au sommet, avec une saillie interne un peu en arrière du milieu, triangulairement canaliculées sur leur moitié basilaire supérieure, excavées extérieurement. Antennes comme dans la larve du Megapenthes, avec cette seule diffé- rence que le quatrième article est plus court et terminé par trois soies très- courtes, et que l’article supplémentaire ést aussi plus court et conique. Sur chaque joue, près de la base de l’antenne et un petit peu en des- sous, un point noir peu régulier et subtransversal qui a l'air d’une petite tache pigmentaire et qui représente un vestige d’ocelle. Prothorax à peine plus large que la tête antérieurement, s’élargissant un peu, en ligne à peu près droite, d'avant en arrière, aussi long que les deux segments suivants réunis, lisse, de couleur marron, avec une lisière antérieure et postérieure plus claire, cette dernière très-finement striée sur le bord; un peu en avant de cette lisière deux points latéro-dorsaux de chaque côté, donnant naissance chacun à deux poils roux; sur le milieu un fin sillon qui se prolonge jusqu’à l'extrémité de l’avant-dernier seg- ment. Le dit prothorax marqué en dessous de deux plis profonds, paral- lèles aux côtés, de deux autres sillons formant un angle dont le sommet est au niveau des hanches et d’un autre sillon médian partant du bord antérieur et à la moitié de son parcours se divisant en deux rameaux qui aboutissent aux deux côtés de l'angle précédent. ÉLATÉRIDES. — CORYMBITES | 179 Mésothorax et métathorax égaux, lisses et de couleur marron comme le prothorax, avec la lisière postérieure seule plus pâle et à peine visible- ment striée et les quatre points sétigères, de plus un pli sur chaque côté et deux dessous, en dehors des hanches. Abdomen de neuf segments. le premier de la longueur du métathoraz, les suivants grandissant progressivement jusqu'au cinquième, tous jus- qu'au huitième de couleur marron, avec la lisière postérieure plus claire étfinement striée sur le bord, les points sétigères et quelques petits points à peine visibles et très -écartés, deux sillons latéro-dorsaux allart de la base jusqu’au milieu, un large pli d# chaque côté avec quelques poils, et en dessous, près des bords latéraux, deux autres plis enfermant postérieurement une sorte de saillie triangulaire sur laquelle est un poil dirigé en arrière. Neuvième segment marron foncé, assez largement semi- elliptique, hérissé de longs poils roux, à surface dorsale rugueuse, à bords épais, relevés, munis de chaque côté de trois dents obtuses de dimension croissante et postéricurement d’un prolongement bilobé, dessinant une échancrure subarrondie; en dessous quelques tubercules sétigères dont deux presque dentiformes sous les deux lobes du prolongement terminal, et à la base une large plaque semi-discoïdale, susceptible de jouer un peu comme une soupape, entourée d'un bourrelet très-finement strié et por- tant au centre une sorte de ventouse saillante, presque charnue, entourée d’un cercle très-finement strié aussi et traversée par une fente longitudi- nale où se trouve l'anus. Stigmates comme dans les larves précédentes et disposés de même, ceux de l'abdomen placés dans les plis latéraux des segments. Pattes assez courtes, munies de quelques soies et très-épineuses, épines des hanches très-serrées, celles des trois articles suivants disposées en dessous sur deux rangs, comme deux rateaux ; ongle presque aussi long que le tibia, crochu seulement au sommet, dilaté en dessous à la base. Cette larve vit dans la terre soit d’autres larves ou insectes, soit de racines. M. de Bonvouloir, en m'en envoyant des échantillons, me l'a signalée comme causant de grands dégâts aux œillets de son parterre. La nymphe est semblable à celle du Megapenthes, seulement les deux soies anté-scutellaires sont verticales et non inclinées en avant, les soies terminales sont un peu plus courtes, un petit crochet relevé se trouve à l'extrémité de chaque élytre et les six premiers segments abdominaux sont finement striés sur le dos. 180 LARVE DE COLÉOPTÈRES Corymbites (Elater) æneus L. Après la description presque minutieuse que j'ai donnée de la larve pré- cédente, on ne doit pas s'attendre à de longs détails sur celle-ci. Je serais même embarrassé pour en dire quelque chose, car j'ai beau y regarder, je n’y vois pas une fossette, un point, un pli, un poil, un tubercule, une épine de différence ; tout, absolument tout, taille, couleur, consistance, pseudopode anal, est la même chose. J'ai trouvé d'assez nombreux individus de cette larve, avec des nymphes et des insectes parfaits récemment transformés, en juin 1854, dans les montagnes de Guadarrama, en Espagne, sous les pierres profondément enfoncées. Ses appétits sont donc les mêmes que ceux de la précédente, et sa nymphe est exactement l’image de celle dont je viens de parler. Athous mandibularis Dur. © Litanus Murs. Q® Fig. 213. LARVE Je dois de magnifiques individus de cette larve à mon excellent ami M. de Bonvouloir. Il n’en a pas, il est vrai, constaté l’authenticité, mais elle n’était pas douteuse pour lui, et elle ne saurait l'être pour moi : 1° parce que, vu ses dimensions, il n'y a aucun Élatéride européen du groupe auquel elle appartient qui puisse lui convenir, si ce n’est le Tita- nus, 2 parce qu'elle a été recueillie au pic de l’Hiéris, près Bagnères-de- Bigorre, aux lieux où ne vit que cette remarquable espèce. Je la donne donc en toute assurance avec le nom ci-dessus. Long. 28-36 millim. Légèrement déprimée, presque linéaire, c'est-à- dire peu renflée à la région abdominale ; cependant un peu atténuée aux deux extrémités, luisante, cornée en dessus, subcornée en dessous. Tête en coin, d’un joli marron, brillante, lisse, déprimée antérieurement, assez convexe sur le vertex, marquée en arrière de chaque mandibule d'un gros point d'où sort un poil roussâtre, à la suite de ce point d’une ÉLATÉRIDES. — ATHOUS 181 rainure qui va jusqu’au vertex et dont l'origine porte un poil, et sur chaque côté, de deux fosssettes oblongues donnant aussi naissance à un poil. Bord antérieur très-profondément lobé, lobe médian subéchancré et ter- miné par deux crochets divergents; dessous de ces lobes revêtu d’une épaisse pubescence dorée. Épistome et labre nuls. Mandibules noires, assez longues, peu épaisses, falciformes, sans dent à la tranche interne, profondément canaliculées sur les deux tiers basi- laires de leur face supérieure, très-peu concaves à la base externe. Plaque sillonnée qui réunit les mâchoires et le menton ni triangulaire ni parallé- logrammique, mais trapézoïdale, car elle se rétrécit d’un tiers environ du sommet à la base. Lobe mazillaire et lèvre inférieure comme dans la larve du Corymbites latus, avec les spinules et les cils dorés. Palpes maxillaires de quatre articles, le second plus long que les autres. Palpes labiaux de deux articles, le premier un peu moins gros relative- ment que dans les larves précédentes. Ces organes sont testacés avec les articulations plus claires. Antennes conformées comme à l'ordinaire, le quatrième article grêle et terminé par trois soies très-courtes, et l’article supplémentaire presque aussi grêle, cylindrique et de moitié plus court. Un vague point noir à la place ordinaire des ocelles. Segments thoraciques et huit premiers segments abdominaux d'un joli marron clair en dessus, plus pâle en dessous, du reste, quant à leurs dimensions relatives, aux lisières plus claires et striées, au sillon médian, aux points sétigères, aux sillons latéro-dorsaux, aux plis, aux mamelons et même à la ponctuation presque imperceptible, conformés absolument -comme dans la larve du Corymbites. Dernier segment de couleur marron, moins parallèle sur les côtés, plus régulièrement en demi-ellipse, peu ruguleux en dessus, à bords marqués mais non épaissis et relevés, à trois tubercules de chaque côté, de grandeur progressive, mais plus sembla- bles à des dents coniques qu'à des lobes arrondis; prolongements de l'extrémité profondément divisés en deux dents coniques, relevées, l'ex terne beaucoup plus longue que l’interne, et qui, vues en dessus, parais- sent, la plus petite arquée en dedans, l'autre courbée en dehors. En des- sous, ce segment est entièrement lisse, mais la soupape et la ventouse anales sont la reproduction des mêmes organes de la larve du Corymbites. 182 LARVES DE COLÉOPTÈRES Il en est de mème des stigmates. Les pattes, composées de cinq pièces d'égale longueur ou à peu près, sont moins épineuses, principalement sur les hanches qui n'ont qu'un rang d’épines partant de la base externe et se dirigeant obliquement vers le bord interne dont elles font à moitié le tour. Cette larve, dont je ne connais pas la nymphe, a été trouvé sous les pierres, Si on la compare à celle de l’'Afhous rufus dont j'ai donné, loc. cit., la description et la figure, on verra qu’elle en diffère par la forme du lobe médian du bord antérieur de la tête, par les mandibules, dépourvues de dent interne, et surtout par la ponctuation qui est, pour ainsi dire, nulle, tandis qu’elle est très-forte et très-dense dans la larve du rufus ; elle l'est beaucoup moins, il est vrai, dans celle du rhombeus, et je ne m'étonne pas. d’ailleurs, de trouver des caractères différentiels aussi tranchés à la larve d'une espèce dont les deux sexes sont si différents qu’ils ne parais- sent avoir rien de commun. Agriotes (Elater) ustulatus SCHALLER. Fig. 214. LARVE Long. {8 millim., entièrement la forme et la consistance des larves d'Elater, c'est-à-dire hexapode, cornée, subeylindrique, étroite et linéaire, mais plus pâle, plus luisante et à peine ponctuée. Je ne ferai connaître que les principaux caractères, ceux qui peuvent empêcher de la confondre avec d’autres espèces. Téte testacée, avec le bord antérieur noirâtre ; celui-ci lobé, mais lobe médian très-court et obtus; front largement et peu profondément bisil- lonné, très-finement et peu densement pointillé; plaque formée de la soudure des mâchoires et du menton plus large de près d'un tiers anté- rieurement qu'à la base; troisième article des palpes un peu plus court que les autres ; quatrième article des antennes surmonté d’un long poil et de deux ou trois très-petits ; article supplémentaire très-court et coni- que; sur chaque joue un point noir transversal, irrégulier, pigmentaire, représentant un ocelle. Prothorax de la couleur de la tête, avec une lisière antérieure et posté- ÉLATÉRIDES. — AGRIOTES 183 rieure un peu plus foncée et très-finement striée, marqué de quelques petits points épars, d’un sillon médian qui se prolonge jusqu’à l'extrémité du pénultième segment, et, de chaque côté, d’un sillon très-net partant de la lisière antérieure et aboutissant à la postérieure. Les deux autres segments thoraciques et les huit premiers abdominaux d’un testacé jau- nâtre en dessus, un peu plus plus pâles en dessous, avec une lisière pos- térieure de couleur marron et très-finement striée ; marqués de très-petits points épars, d'autant plus visibles qu'on s'approche plus de l'extrémité, et de deux sillons latéraux très-droits et très-nets, comme ceux du pro- thorax, naissant au bord antérieur et se terminant à la lisière ; pourvus en outre, ainsi que le prothorax, de deux verticilles de poils roussâtres et écartés, un au quart antérieur et un au tiers postérieur de chaque seg- ment; poils du verticille antérieur un peu plus courts ; neuvième segment à peine pointillé, hérissé de poils plus nombreux à l'extrémité, subconi- que, terminé par une petite pointe, comme dans les larves d’Elater, un peu tuméfié en verrue en avant de cette pointe, ayant de chaque côté, près du bord antérieur, mais visible en dessus, un trou rond entouré d’une sorte de péritrème noirâtre et ressemblant à un gros stigmate. M. Schiôdte lui donne le nom d'impression musculaire. Plaque et ven- touse anales comme dans les larves d'Elater; stigmates et pattes de même. Cette larve vit dans la terre où elle ronge le collet des racines de diver- ses plantes qu’elle fait périr. Elle est chez nous quelquefois très-nuisible, comme la chenille de l'Agrotis segetum, au maïs, à la betterave, au tabac. Les larves d’Agriotes, si semblables à celles d’Elater par leur forme, la structure du dernier segment et la pointe terminale, s'en distinguent par leur couleur plus pâle, leur surface lisse et presque imperceptiblement pointillée, par l'absence des callosités transversales et striées de la base des segments, par une plus grande longueur des sillons latéraux et sur- tout par ces deux faux stigmates de la base du dernier segment, qui doi- vent avoir quelque fonction physiologique, mais dont je ne saurais pas plus indiquer la destination que de cette cavité qu'on remarque entre les deux crochets terminaux de certaines larves, telles que celles d'Aulonium, de Phloiotrya, etc. La larve que mon illustre ami M. Mulsant a publiée dans son Histoire naturelle des Latigènes (p. 86), tout en exprimant des doutes, comme appartenant à l'Asida grisea, est incontestablement une larve d'Agriotes. 184 LARYES DE COLÉOPTÈRES Drasterius (Eiater) bimaculatus F. Fig. 245-216. LARVE Cette larve, longue de 6-8 millim,, grêle, subeylindrique, linéaire, res- semble à une jeune larve d’Agriotes. Comme celle dont je viens de parler, elle est d'un testacé jaunâtre brillant, avec la tête, le prothorax et les lisières striées un peu plus foncés ; les organes de la bouche et les anten- nes sont conformés de mème, l’article supplémentaire de celles-ci est extrêmement court ; les segments, dont les dimensions sont relativement identiques, ont les deux verticilles de poils écartés, mais elle en diffère par les caractères suivants : le bord antérieur de la tête est très-peu pro- fondément lobé, il n’a, à proprement parler, que trois lobes, et le médian est pointu et non émoussé. Je ne vois pas la moindre trace de point ocel- loïde. Les sillons des côtés des segments manquent absolument et la ponctuation est nulle, mais à une très-forte loupe on aperçoit, principa- lement sur les côtés des derniers segments et sur toute la surface dorsale du dernier, une rugulosité presque imperceptible déterminée par des strioles sinueuses de la plus extrême finesse. Le dernier segment, en demi-ovale allongé, est terminé par un tout petit prolongement subco- nique. tronqué ; enfin, on ne trouve aucun vestige de ces faux stigmates qui rendent si reconnaissables les larves d’Agriotes. J'ai recueilli plusieurs fois cette larve avec de nombreux individus de l'insecte parfait, sous des tas de végétaux en voie de décomposition. Ce serait ici le lieu de donner quelques généralités sur les larves des Élatérides, mais j'ai rempli cette tâche dans l'Histoire des insectes du Pin maritime, et je ne crois pas nécessaire de reproduire ici mes apprécia- tions. J'y ajouterai cependant ce qui est le résultat des observations que j'ai été à même de faire depuis. Les larves dont il s’agit ont été plus d’une fois assimilées à celles des Ténébrionides, dont elles diffèrent pourtant par des caractères si impor- tants et si nombreux qu’il n’est pas permis, je ne dis pas seulement de les confondre, mais même de les comparer. Cette assimilation a été la conséquence irréfléchie de leur couleur, de leur contexture généralement cornée, et même de leur forme qui, dans les larves cylindriques de Mela- ÉLATÉRIDES. — DRASTERIUS 185 notus, d'Elater, de Ludius et d'Agriotes, les rapproche de celles de la plupart des Mélasomes. Elles ont, de plus, cette ressemblance que leur corps a une certaine raideur, par suite de la dureté de ses téguments, et qu'il n’est guère susceptible d'extension et de contraction. Mais pourtant, dans ce groupe comme dans beaucoup d'autres, il y a une exceplion, une dérogation à la règle commune. Elle est constituée par les larves de Cardiophorus. Comment, en effet, reconnaître une larve d'Élatéride dans ce ver blanc, délicat, membraneux, sauf la tête et le pro- thorax qui sont colorés et cornés, dont le corps, longitudinalement cannelé et presque absolument glabre, est susceptible de telles contractions et ex- tensions, que sa longueur et son diamètre peuvent varier du simple au double, dont l'abdomen peut paraître avoir jusqu’à vingt-trois segments, les sept premiers étant susceptibles de se diviser en trois ? A ces caractères insolites ces larves en joignent d’autres qui consistent dans la forme si étrange des mandibules et si étroite des mâchoires, du menton et de la lèvre inférieure, dans l'insertion des antennes au-dessus des mandibules, dans la situation des ocelles, de sorte qu'il serait bien difficile, pour ne pas dire impossible, de deviner a priori qu’elle appar- tient au groupe dont elle fait partie. La larve que j'ai attribuée au Cryptohypnus riparius présente aussi des exceptions non au point de vue de la consistance et de la forme, mais par l'existence d'un épistome et d’un labre distincts, par le lobe des mâchoires d’une seule pièce, par la structure du mamelon anal et par la présence, sur chaque joue, de six ou du moins de cinq points noirs ocelliformes. Ces particularités, qui ont plus d'importance encore que celles que pré- sentent les larves de Cardiophorus, seraient, je le reconnais, de nature à inspirer quelques doutes sur l’authenticité de cette larve, alors même qu'elle ne serait pas implicitement contestée par le témoignage de M. Schiüdte. Je termine ce qui est relatif à ce groupe par un essai de tableau synop- tique des genres qui me sont connus. A Épistome et labre nuls ou inappréciables à cause de leur soudure avec le front ; bord antérieur de la tête dentelé. B Corps subdéprimé, assez large, ordinairement un peu plus étroit aux deux extrémités ; dernier segment bordé latéralement de crénelures dentiformes ordinairement émoussées, et terminé par deux prolongements bilubés laissant entre eux une profonde échancrure. 186 LARVES DE COLÉOPTÈRES C Ces prolongements terminés par deux ou trois lobes ou dents. D Lobes ou dents des prolongements terminaux égaux. a Dernier segment convexe en dessus, couvert d'épines raides d'autant plus fortes qu'elles s'approchent plus du bord postérieur ; mamelon anal armé d’épines. Dernier segment marqué de quatre sillons dont les deux intermédiaires courts. Chalcolepidius. Dernier segment marqué de deux sillons seulement. Alaus. ! (Caractères tirés de la description de la larve du Chal- colepidius erythroloma par M. Schiüdte et de celles de la larve de l'Alaus oculatus par MM. Chapuis et Candèze et de l'A. myops par M. Schiüdte.) aa Dernier segment concave en dessus ; anus placé entre deux crochets à l'extrémité d'un mamelon anal volumi- neux et plus ou moins libre, dépourvu d’autres spinules. Mamelon anal peu libre, muni sur les côtés de granules cornés surmontés d'une soie; dernier segment à créne- lures latérales obtuses, sa face dorsale marquée de deux sillons longitudinaux et de rides ondulés symétriquement disposées. Lacon. Mamelon anal grand et libre, se mouvant comme une sou- pape sous le dernier segment; celui-ci à crénelures laté- rales aiguës ; sa face dorsale parsemée de petits granules. Adelocera. aaa Dernier segment plan ou très-faiblement convexe en dessus paraissant concave à cause du rebord crénelé. Anus placé à l'extrémité d'un mamelon conique, rétractile et sans crochets, enfermé dans un rebord en demi-cerele ; seg- ments de l'abdomen fortement ponctués en dessus, sur plus de leur moitié antérieure. Athous sauf mandibularis. Dernier segment et anus comme le précédent; segments de l'abdomen avec une petite réticulation, ou à peine mar- qués de quelques points, sauf le dernier qui est ruguleux et quadri-sillonné. S.-g. Diacanthus et s.-g. Tactocomus. Comme le précédent, mais les huit premiers segments de l'abdomen ayant chacun quatre taches ferrugineuses sur un fond d'un jaune pâle. S.-g. Hypoganus. Comme Diucanthus, mais dernier segment très-rugueux.S.-g. Corymbites. Comme Diacanthus, mais dernier segment à peine rugu- leux et les deux sillons intermédiaires très-courts. S.-g. Actenicerus. (Ces caractères des divisions du genre Corymbites sont tirés des descriptions de M. Schiüdte.) DD Lobes ou dents des prolongements terminaux inégaux, la dent interne beaucoup plus courte. ÉLATÉRIDES 157 Dent externe dirigée en dehors, erochue, verticalement rele- vée; segments de l'abdomen lisses en dessus ou montrant à peine quelques petits points. Athous mandibularis. Dent externe dirigée en ligne droite et relevée en croc ; seg- ments de l'abdomen marqués de points transversalement confluents sur les deux tiers antérieurs de leur face dorsale (d'après la description de MM. Chapuis et Candèze). Campylus. CC Ces prolongements non lobés ou dentés et tellement conver- gents qu'ils se touchent presque par leurs extrémités. Limonius. (Caractères tirés de la larve du Limonius Bructeri donné par M. Schiüdte; mais peut-être ne s’appliquent-ils qu'à cette espèce dont M. Kiesenwetter a fait le genre Pheletes, non admis par M. Candèze.) B? Corps subcylindrique et corné. a Corps lisse. Taille grande, dernier segment très-longuement conique, arrondi à l'extrémité ; mamelon anal très-petit, d'une largeur à peine égale au quart de celle du dernier segment à sa base. Ludius. Taille petile, dernier segment assez longuement semi-ellip- soïdal, terminé en pointe tronquée; mamelon anal presque aussi large que ce segment à sa base. Drasterius. Dernier segment longuement demi-elliptique, plan et mème le plus souvent un peu concave en dessus et marqué de quatre sillons sur près de la moitié antérieure ; terminé par trois crénelures dentiformes dont la médiane plus longue ; mamelon anal assez grand , presque aussi large que le dernier segment à sa base. Melanotus. aa Corps marqué de petits points épars. Dernier segment assez longuement demi-ellipsoïdal, terminé par une pointe, ayant de chaque côté, près de la base, une cavité de l'apparence d'un grand stigmate. Agriotes. Dernier segment conique, terminé par une petite pointe aiguë, orné de tubercules grands et sétifères, disposés en trois séries transverses dont la première est au milieu du segment et la dernière vers la base de la pointe terminale. Dolopius. (D'après la description de la larve du Dolopius marginatus par M. Schiüdte.) aaa Corps plus fortement et plus densement ponctué, surtout sur les derniers segments. Dernier segment longuement et régulièrement demi-ellipsoïdal, terminé par une pointe, marqué de deux sillons dorso-latéraux; mamelon anal ne dépassant pas les deux cinquièmes anté- rieurs de ce segment. Elater. Dernier segment marqué aussi de deux sillons dorso-latéraux, pas très-régulièrement semi-ellipsoïdal, à cause d'une sinuo- 188 LARVES DE COLÉOPTÈRES sité qui existe près de l'extrémité ; terminé ou par trois lobes dont les deux latéraux peu marqués et le médian terminé en pointe, ou par trois dents à peu près égales ; mamelon anal atteignant les trois quarts de la longueur de ce segment. Megapenthes B3 Corps cylindrique, membraneux (sauf le prothorax qui est sub- corné), grèle et très-souple ; les sept premiers segments de l'abdomen susceptibles de s'allonger en se désemboîtant, de manière à paraitre composés chacun de trois anneaux ; ces mêmes segments ainsi que le huitième longitudinalement can- nelés. Mandibules anormales, divisées en deux branches dont la supérieure seule dentée. Dernier segment longuement et étroitement semi-elliptique ; mamelon anal libre, terminé par deux appendices pseudopodes membraneux, arqués et diver- _ gents. Cardiophorus. AA Epistome et labre très-distincts, bord antérieur de la tête non dentelé. Cryptohypnus? LYCIDES Dictyopterus (Cantharis) sanguineus L. J'ai trouvé aussi cette larve sous l'écorce des troncs morts de Châtaignier, avec des larves de Callidium, ete. ; mais comme j'en ai donné dans les Annales de la Société Entomologique, 1846, page 343, planche 9, nu- méro 5, une description et des figures auxquelles j'ai seulement à ajouter un petit ocelle peu apparent existant près de la base de chaque antenne, je m'abstiendrai de ce double emploi. Je dirai cependant que, lorsque la larve est très-jeune, elle peut en imposer. Alors, en effet, les parties blanches du corps sont relativement beaucoup plus étendues, et le dernier segment, au lieu d'être orange avec les crochets noirs, est noirâtre avec les crochets nuancés d'orange. Cette larve me fournit l’occasion, dont je profite, d’en signaler une autre de la mème famille et qui n’est pas connue. Ercs (Lyeus) rubens GyL. Fig. 217-219. LARVE Cette larve, longue de 13 millimètres, ressemble beaucoup, par sa LYCIDES. — EROS 189 forme déprimée, sa consistance et tous ses organes, à celle dont je viens de parler ; elle est en ovale très-allongé. Sa tête est courte, transversale, avec le bord antérieur un peu avancé anguleusement, sans épistome et sans labre. Les mandibules sont longues, fines, simples, subulées, articulées sur un petit mamelon placé sous le devant de la tête. Les mâchoires et le menton sont soudés ensemble et les premières sont dépourvues de lobe. Les palpes mazillaires sont de trois articles, les labiaux de deux et ces organes sont droits et divergents. Les antennes sont de deux articles dont le second beaucoup plus long que le premier et un peu en massue arrondie au sommet. Près de leur base existe un ocelle représenté par un petit tubercule rond. Les segments du thorax et de l'abdomen sont assez bien détachés et sont couverts en dessus d'une plaque subcornée qui laisse libre nn bourrelet transversal dont elle est séparée par un pli assez marqué ; en dessous ils ont deux plis de chaque côté, et au milieu ils montrent des fossettes variables, indices de petites ampoules dilatables. Le mamelon anal est placé à la base du dernier segment, il est suscep- tible de se dilater en un pseudopode cylindrique bien saillant. Les pattes sont médiocrement longues, de cinq pièces, ongle compris, et sont munies de quelques poils. Les stigmates sont placés près du bord antérieur du mésothorax et au tiers antérieur des huit premiers segments abdominaux. Elle difière de la larve de Dictyopterus par des caractères bien tranchés. Cette dernière a les antennes terminées par une longue soie, elle est en dessus d’un beau noir mat, à surface réticulée, sauf le dernier segment qui est d’une jolie couleur orange et un peu luisant, et qui est terminé par deux crochets épais, ruguleux, très-émoussés et même arrondis au som- met et arqués en dedans; en dessous elle est d’un blanc livide avec cinq séries de taches noires, y compris celles des bourrelets latéraux. Celle de l'Eros rubens, au contraire, a uniquement quelques tout petits poils près de l'extrémité de l’article terminal des antennes, elle est en dessus d’un brun assez luisant et presque lisse, avec les bords antérieur et postérieur du prothorax et le bord postérieur des dix segments suivants d'un blan- châtre livide, ainsi que le bourrelet latéral, et le dernier segment, brun comme le reste et dépourvu de tout crochet, est simplement un petit peu 190 LARVES DE COLÉOPTÈRES échancré en arrière. Une très-fine ligne blanchâtre parcourt tout le corps sur son milieu dorsal. En dessous, la couleur est d’un blanchâtre livide avec une teinte brunâtre au milieu des segments abdominaux. Les pattes, au lieu d'être noires, sont d’un blanchâtre livide. La larve du Dictyopterus a des poils allongés et effilés, savoir : quelques-uns sur la tête, deux de chaque côté des segments thoraciques, assez éloignés des angles posté- rieurs, deux sur le bourrelet latéral des huit premiers segments abdomi- naux, un assez grand nombre sur les côtés du dernier segment ; un autre plus court près de chaque angle postérieur des plaques dorsales et une série transversale de six sur chaque arceau ventral, le dernier segment excepté. La larve de l’Eros a quelques poils semblables sur les côtés de la tête, mais elle n’en porte qu'un seul sur les côtés de chaque segment, ct ces poils sont bien plus courts, raides, tronqués ou émoussés au sommet, et quelquefois même ils paraissent au microscope très-légèrement en massue. Le dernier segment n’a que six de ces poils, placés en arrière; l'arceau ventral n’en possède que quatre etje n’en vois pas sur l’arceau dorsal. J'ai trouvé cette larve, ainsi que l’insecte parfait, dans des troncs pres- que pourris de sapin, encombrés de détritus produits par des larves de Rhagium inquisitor et bifasciatum, de Leptura cincta et testacea, de Rhiyncolus chloropus, etc. ; mais je ne connais pas la nymphe. M. de Castelnau, dans son Histoire naturelle des insectes coléoptères, t.1, p.261, décrit les Dictyoptera dans l’ordre suivant : aurora, sanguinen et minuta, et il dit que « la larve de la première espèce est linéaire, aplatie, noire, avec le dernier anneau en forme de plaque rouge terminée par deux cornes cylindriques comme articulées et arquées. Elle a six pattes et vit sous les écorces du Chêne. » Ces mots semblent se rapporter au D. aurora qui est inscrit le premier ; mais je suis porté à croire qu'il y a là une erreur et qu'ils concernent le D. sanguinea, car la larve de l’aurora est, je crois, inconnue, tandis qu'à l'époque où M. de Castelnau publiait son livre, on connaissait celle du sanguinea, dont il a été parlé par La- treille (Règne animal de Cuvier. 1817, t. INT, p. 237) et Erichson (Archiv. de Wiegm., t. I, p.98). En 1861, dans un mémoire sur les métamorphoses de quelques Coléop- ières exotiques, M. Candèze a décrit les larves et les nymphes du Lycus cinnabarinus, de Ceylan et du Colapteron corrugatum, du Mexique; ces larves, un peu différentes par la forme du prothorax et beaucoup par leur couleur de celle de l’Eros rubens, s'y rapportent néanmoins par leurs LYCIDES. — EROS 191 caractères essentiels et surtout par les organes de la bouche et par les antennes, et leur dernier segment est aussi tout simplement échancré. Un seul point a attiré mon attention. c'est l'affirmation de M. Candèze que la larve du L. cinnabarinus a. comme celles des Lampyrides, une paire de sügmates sur le métathorax, indépendamment de celle du pro- thorax et des huit paires de l'abdomen. Un peu plus loin il décrit trois larves de Lampyrides du genre Photuris, et il leur donne dix paires d’ori- fices respiratoires, dont la seconde sur le métathorax. Erichson cependant, dans les caractères généraux des larves de Lampyrides (Archiv. de Wiegm.., t. I, p. 90), n’attribue à ces larves que neuf paires de stigmates ; mais en décrivant deux larves de cette famille, venues de Java, il leur en accorde dix paires. Je n'ose me permettre de contredire formellement les assertions d’'Eri- chson et de M. Candèze, relativement à des larves exotiques que je n'ai pas vues. Je me borne à exprimer des doutes ; mais ce que je puis affirmer, c'est que les larves de quatre espèces de Lampyris, une de Lamprorixa, celle du Phosphænus hemipterus et celle de la Luciola Italica n’ont que neuf paires de stigmates et que le métathorax en est très-positivement dépourvu. C'est, du reste, ce qui résulte aussi très-clairement des descrip- tions de la larve de l’Aspisoma candellaria par M. Goureau (Société Ento- mologique, 1845, p. 345) et du Lampyris noctiluca par M. Mulsant (Molli- pennes, p. 79). Cela seul m'enhardirait à mettre en doute les stigmates métathoraciques de la larve du Lycus cinnabarinus ; mais ce qui m'y porte plus encore, c'est que je ne connais pas un seul cas de stigmates semblables. Les larves de Lycides, lentes dans leurs mouvements, sont très-remar- quables par l'absence de l'épistome et du labre, caractère qui paraît commun aux larves des Mollipennes de M. Mulsant, et surtout par l’inser- tion et la ténuité des mandibules, ainsi que par le défaut des lobes maxil- laires et par la composition des antennes qui m'ont paru n'être que de deux articles, quelque minutieux qu'ait été monexamen. Exotiques ou indigènes, elles se ressemblent toutes, du moins jusqu'ici, sous ces divers rapports, et constituent, dès lors, un groupe bien caractérisé et parfaitement limité. Quoiqu’elles vivent dans le bois mort, ou sous les écorces, il n’est venu, que je sache, à l'idée de personne de les considérer comme lignivores, car la finesse des mandibules, qui ressemblent plutôt à des suçoirs, comme celles des larves de Fourmilions, exclut de pareils appétits. Elles sont donc évidemment carnassières, peut-être même, dans les cas de nécessité, 192 LARVES DE COLÉOPTÈRES coprophages, et il est possible qu'au lieu de déchirer leur proie, elles la percent pour en faire sortir les liquides nourriciers qu’elles sucent ensuite, ou qu’elles lèchent. Je regrette de n’avoir pas essayé de le vérifier quand l’occasion, qui est rare ici, s’en est présentée. MALACHIDES Axinotarsus (Malachius) pulicarius F, Fig. 220-227. LARVE Long. 4-5 millim., hexapode, subdéprimée, sublinéaire, mais atténuée antérieurement et postérieurement et quelquefois un peu renflée vers le milieu de l'abdomen, charnue, quoique un peu coriace, d'un rosé vineux livide, revêtue d'une pubescence pâle, entremêlée de longs poils visibles principalement sur la tête, sur le dernier segment et sur les côtés des au- tres, terminée par deux crochets. Téte assez plate, un peu plus longue que large, à côtés parallèles, noire, avec le quart antérieur et les côtés ferrugineux. Épistome très-transversal, s'étendant, ou peu s'en faut, jusqu'au bord externe des mandibules, surmonté d’un labre presque aussi large, en demi-ellipse transversal et longuement velu. Mfandibules ferrugineuses, avec la pointe noire, larges, acérées, munies sur la tranche interne de deux dents dont la postérieure plus saïllante et moins émoussée que la précédente. Mächoires allongées, parallèles, s’avançant jusque vis-à-vis l'angle an- térieur de la tête, portant un lobe court, arrondi et cilié, et un palpe de trois articles. Menton soudé aux mâchoires, presque aussi long qu'elles, servant de base à une lèvre très-courte, surmontée de deux palpes labiaux de deux articles, dont le premier est renflé, presque globuleux. Antennes en cône allongé, entièrement rétractiles, de quatre articles, le premier et le second égaux. le troisième plus court, large et tronqué à l'extrémité pour recevoir, outre le quatrième article, l’article supplémen- taire qui est assez épais et conique. Celui-ci est visible quand on observe la larve en dessus, mais on le voit mieux de profil. MALACHIDES. —— AXINOTARSUS 193 Sur chaque joue, au-dessous de la base des antennes, quatre ocelles fer- rugineux, dont trois sur une ligne transversalement oblique et un plus gros vis-à-vis le plus supérieur des précédents. Prothoraz plus graud que chacun des autres segments thoraciques, plus étroit antérieurement qu'à la base, orné, à partir du tiers antérieur, jus- qu'au bord postérieur, d'une tache linéaire noirâtre, coupée longitudina- lement par un trait pâle, et de chaque côté de cette tache, d'une autre de mème couleur en arc de cercle. Mésothoraz et métathorax marqués, sur leur moitié postérieure, de deux taches semblables, à peu près en forme de virgule renversée. Abdomen de neuf segments ; les huit premiers munis en dessus et en dessous, près de chaque côté, d’une dépression longitudinale dessinant un bourrelet qui règne le long des flancs, et en dedans de cette dépression d'une sorte d’ampoule peu saillante destinée à seconder les mouvements de la larve ; dernier segment noirâtre. corné, échancré, terminé par deux appendices cornés, d’abord droits et ferrugineux, puis noirs et relevés en crochet; en dessous un mamelon pseudopode, charnu et rétractile au centre duquel est l'anus. Stigmates au nombre de neuf paires, la première près du bord anté- rieur du mésothorax, les autres au tiers antérieur des huit premiers seg- ments abdominaux. Pattes longues, velues, surtout le tibia qui est tout hérissé et terminé par un ongle assez long. J'ai trouvé plusieurs fois cette larve sous l'écorce ou dans le bois des branches de Châtaignier, de Chêne, d'Orme, etc. habitées par des larves lignivores dont elle fait sa proie, sauf à vivre de leurs déjections si une pitance plus succulente lui fait défaut. C’est aux mêmes lieux qu’elle se transforme en nymphe. NYMPHE Elle est rosée, hérissée de longs poils blanchâtres sur la tête, le thorax, les genoux, le dos et les côtés de l'abdomen et surtout sur le dernier seg- ment qui est terminé par deux longues papilles subulées et longuement velues ; sur la face ventrale on voit à peine quelques soies près du bord postérieur des segments. L'ancien genre Malachius a été divisé en plusieurs autres dont je ne veux pas assurément critiquer la formation ; mais je dois dire que l’étude de: PER. 13 194 LARVES DE COLÉOPTÈRES larves ne justifie pas jusqu'ici celte division comme elle le fait pour bien d’autres que le progrès et quelquefois aussi les subtilités de la science ont fait scinder avec plus de raison peut-être. Ce que l’on sait sur les premiers états de ce groupe se réduit, il est vrai, à peu de chose, car on n'a publié que les larves suivantes : 1° celle du Malachius œæneus L., Perris, Société Entomologique, 1852, p. 591 ; 2 celle du Malachius bipustuletus L., Hee- ger, Sitzhber. Wien. ac. Wiss. 1857, p. 320 ; 3° celle de l’Anthocomus, aujourd’hui Antholinus lateralis Er., Perris, Société Entomologique, 1854, p. 593; 4e celle du Malachius marginellus O1., Perris, Société Entomolo- gique, 1862, p. 201. Or, ces cinq larves, en y ajoutant celle de l’Axino- tarsus pulicarius, se ressemblent tellement, qu’il est à peu près impos- sible de leur trouver des caractères différentiels autres que la taille, et l’on conviendra que les insectes parfaits se rapprochent bien aussi par leur physionomie ; mais pourtant, lorsqu'on arrive à un genre d’un aspect diffé- rent et que, du premier coup d'œil, on peut séparer des Malachius et des Anthocomus, on trouve des différences appréciables dans les larves. Ainsi, celle de l'Hyphebœæus albifrons OI., que j'ai publiée dans les Mémoires de la Société des sciences de Liége, 1855, est d'un blanc mat et non rosée ou vineuse, sans taches sur les segments thoraciques ; la lèvre inférieure est un peu échancrée et non subarrondie, etle dernier segment, qui se charge souvent de trahir dans les larves les différences génériques, est blanc et charnu comme les autres et terminé par deux papilles droites, charnues et obtuses. Malgré les différences que présente cette dernière larve, comme elle offre les principaux caractères des autres, je crois pouvoir dire que les larves de la famille des Malachiens peuvent se reconnaître facilement à leur tête subcornée, ordinairement noirâtre, déprimée, en carré long avec les angles un peu arrondis, à leurs mandibules larges, profondément bifides à l'extrémité, avec une dent en arrière, comme dans les larves de Mala- chius, où simples à l'extrémité, avec deux dents internes, comme dans d'autres ; à leurs antennes, dont le troisième article est large au sommet et dont l’article supplémentaire est court, épais et conique ; à la longueur et à la soudure parallèle du menton et des mâchoires, enfin à leurs quatre ocelles (1). Le plus grand nombre se distinguera aussi, à première vue, par (1) J'ai donné à tort cinq ocelles sur chaque joue à la larve du M. marginellus; elle n’en a que quatre, dont un inférieur bien plus gros, ainsi que je viens de le véri- fier, et sa tête, que j'ai dite testacée, est ordinairement noirâtre. MALACHIDES 195 les taches des segments thoraciques et les crochets du dernier seg- ment. Le caractère de ces taches, qui manque à la larve de l'Hyphebœæus albi- fro.ns paraît se trouver dans celle de l'Ebæus collaris, même avec accom- pagnement d’autres taches exceptionnelles, d’après ce que rapporte mon ami M. Lichtenstein dans le Bulletin de la Société entomologique, 1875, p. cv. « Le 2 mai, dit cet habile observateur, j'ai rencontré dans le sable de jolies petites larves de Malachien d’un blane de lait, avec une série dor- sale de taches rouge de sang au-dessous des dessins caractéristiques de ce groupe de. larves. En même temps, j'ai mis à découvert plusieurs exem- plaires de l'Ebœus collaris, et je ne puis douter que ces larves n’appartien- nent à cet insecte. Elles vivent en parasites dans les colonies d'un petit fouisseur du genre Passalæcus. » Le silence de M. Lichtenstein sur la conformation du dernier segment me porte à penser qu'il est, comme dans la généralité des larves de ce groupe, terminé par-deux crochets. Il est admis que les larves des Malachides: ont des goûts carnassiers, mais on n’est pas aussi bien fixé sur ceux des insectes parfaits. Dans l'Histoire des insectes du Pin, j'ai mentionné mes observations sur le Malachius æneus et V'Axinotarsus pulicarius que j'ai vus dévorer des éta- mines de graminées, et il y a lieu de penser que d’autres espèces, qui fréquentent les fleurs, se contentent d'une nourriture végétale ; mais il est possible que d'autres, que l'on prend en battant les arbres et les buissons, y vivent à l’état de chasseurs, et c’est assurément après des constatations personnelles que MM. Mulsant et Rey ont pu dire dans leurs Vésiculifères : « Leurs dents avides ne se bornent pas toujours à outrager nos végétaux ; quelquefois, à l'exemple des Téléphores. avec lesquels ils ont des rap- ports si nombreux, ils attaquent les insectes plus ou moins faibles qui semblent vouloir leur disputer leur nourriture, et les déchirent sans pitié, moins pour se repaître de leurs membres palpitants que pour se donner le barbare plaisir de les sacrifier. » PL M. Bedel a observé l'Ebœus thoracicus visitant les nids des abeilles maçonnes avec une insistance qui semble indiquer des relations de para- sitisme entre lui et la Chalicodoma muraria » (Soc. ent., 1872, p. 21); mais, quant à présent, on ne saurait dire si ces visites, évidemment inté- ressées, ont pour objet la consommation du miel approvisionné par 196 LARVES DE COLÉOPTÈRES l'abeille, ou la destruction de sa larve, ce qui est peu probable, ou ls recherche des Triongulins, ou plutôt la ponte d’œufs d’où naîtront des larves parasites. Je puis citer néanmoins des observations bien précises, démontrant qu'il y a des Malachides franchement carnassiers et qui, sans épargner peut-être des proies vivantes, s’attaquent incontestablement aux cadavres de divers animaux. Ces observations très-intéressantes sont de mon ami M. Peragallo et concernent l’Atelestus Peragallonis. € Il faut, m'écrit-il, pour réussir dans la chasse de cet insecte. une grosse chaleur lourde, sans vent, du mois de juin. La plage de Nice est en galets, très-inclinée, très-difficile pour la marche ; on est donc obligé de suivre le bord de la vague jusqu’à ce qu’on trouve un point où les filets des pêcheurs ont été retirés le matin. On s’en aperçoit facilement à ‘ l'odeur d’abord, aux écailles et corps de sardines ensuite. C’est là que se tiennent les Atelestus. On les trouve sous les corps desséchés des petits poissons ; mais il est très-rare qu’on puisse les prendre dans ces condi- tions, car à peine mis à découvert, ils disparaissent sous une couche de galets. Il faut inspecter ces petites pierres roulées et saisir le moment où l'Atelestus, rapide comme l’éclair, passe sur l’un d’eux; alors, avec le doigt mouillé, on peut le pincer au passage, mais dans la proportion de un sur dix. Les mâles surtout sont d'une agilité phénoménale. « J'ai trouvé aussi l’Atelestus sur les bords d’une petite rivière, dans un endroit tout voisin de la mer, où l’on vient laver le linge. Je pense que c'est le savon qui l’y attire, car ce petit insecte adore tous les corps huileux et gras, le poisson, les os encore frais, les rats morts. Je me rappelle en avoir rencontré un bataillon sous une poule morte apportée par la vague. » DASYTIDES Dasytes (Melyris) plumbheus Ov. Fig. 228-283. LARVE Long. 6-7 millim., hexapode, ovoïde, allongée, subdéprimée, un peu ventrue à son tiers postérieur, d’un blanc un peu sale, charnue. assez DASYTIDES. — DASYTES 197 molle et un peu coriace, hérissée de poils blanchâtres très-fins, plus longs sur la tête, sur le dernier segment et le long des flancs ; terminée par deux crochets. Tête très-peu convexe, cornée, en carré long, ferrugineuse antérieure- ment, puis noire avec une ligne blanchâtre partant du vertex et se bifur- quant sur le front pour se rendre aux deux angles antérieurs. Épistome court, très-transversal, atteignant par ses extrémités la tranche externe des mandibules et surmonté d’un labre semi-elliptique et cilié. Mandibules ferrugineuses, avec l'extrémité noirâtre, larges à la base, crochues et bifides à l'extrémité, munies d’une dent vers le milieu de la tranche interne. Mäâchoires et menton soudés, allongés, parallèles, atteignant le niveau des angles antérieurs ; lobe maxillaire petit, arrondi et cilié. Palpes mazxillaires un peu arqués en dedans, et de trois articles dont le premier un peu plus court que les autres. Menton servant de base à une lèvre très-courte, transversale, surmontée de deux palpes labiuux de deux articles. Antennes en cône allongé, habituellement saillantes, mais susceptibles de rentrer complétement dans la tête, de quatre articles, le premier mem- braneux, plus pâle que les autres, le second à peu près aussi long, le troisième plus court, large à son sommet qui porte à la fois deux ou trois poils, le quatrième article grèle, long, terminé par un long poil et trois très-courts, accompagné d’un article supplémentaire qui est épais, court et émoussé. Ce petit article est visible quand on observe la larve en dessus, et alors, par un effet d'optique, celui qui le porte paraît obliquement tronqué ; mais pour le bien voir, il faut examiner l'antenne de profil, parce qu'il est placé un peu en dessous, et alors le troisième article se montre tronqué carrément. Sur chaque joue, près de la base de l'antenne, un groupe de cinq ocelles testacés, trois antérieurs sur une ligne oblique et deux très-peu en arrière, placés de telle sorte que l'intervalle qui les sépare se trouve vis-à-vis le premier de ceux de devant. Segments du thorax un peu plus grands, le premier surtout, que les seg- ments abdominaux et s’élargissant progressivement. Prothoraz de la largeur de la tête antérieurement, un peu arrondi à la base, marqué de taches brunes dont la réunion forme un fer à cheval ouvert en avant, avec un point au milieu et un petit rameau postérieur se dirigeant vers les angles. 198 LARVES DE COLÉOPTÈRES Mésothorax et métathorax ayant chacun deux taches plus foncées et un peu arquées. Abdomen de neuf segments dont les premiers un peu plus-courts que les autres; les huit premiers marqués d’un pli transversal qui facilite leur dilatation, et près des côtés, tant en dessus qu'en dessous d’une fossette dessinant un bourrelet latéral orné de quatre taches brunes, dont deux au-dessus du bourrelet et deux dorsales à bords déchiquétés, quelquefois comme coupées en deux par le pli transversal dont j'ai parlé ; neuvième segment étroit, corné et noir en dessus, finement ponctué, largement cana- liculé et terminé par deux crochets cornés et ferrugineux, munis de petites aspérités surmontées de longs poils. Ces crochets, vus en'dessus, parais- sent un peu arqués l’un vers l’autre ; et vus de profil, ils sont droits avec l'extrémité brusquement courbée en haut. Dessous du corps blanchâtre, avec une teinte brunâtre sous les deux derniers segments. Stigmates testacés, au nombre de neuf paires, la première près du bord antérieur du mésothorax, les autres au tiers antérieur des huit premiers segments abdominaux. : J'ai trouvé cette larve dans le Chène, l'Aubépine, le Pommier et aussi dans des-branches de Châtaignier, dans les galeries des larves d’Exocentrus adspersus dont elle dévorait ou avait dévoré l'habitant. C’est dans les mêmes lieux que j'ai trouvé la nymphe. NYMPHE Elle est très-légèrement rosée, hérissée de poils blanchâtres assez ser- rés sur la tête et le thorax, plus clair-semés sur le dos et les côtés de l’ab- domen. Le milieu du ventre en est dépourvu, mais on en voit deux sur chaque genou. L’abdomen est terminé par deux papilles charnues, pres- que cylindriques, portant trois ou quatre poils vers l'extrémité et finissant brusquement par un crochet subcorné, courbé en haut. Dans l'Histoiredes Insectes du Pin (Société Entomologique, 1854, p. 599, j'ai publié les métamorphoses du Dasytes flavipes, en rappelant que M. Wa- terhouse avait déjà donné une deséription très-succincte et très-insuffisante de la larve du D. serricornis, mais avec une figure assez propre à la faire reconnaître et qui'a étéreproduiteé par M. Westwood, ainsi qu’à la sixième planche du Catalogue de MM. Chapuis et Candèze. Plus tard, et en 1858, (Société Entomologique, p.513), mon ami, M. Laboulbène a décrit et figuré, avec le talent qui le distingue, la larve et la nymphe du D. cæruleus, trou- DASYTIDES. — DASYTES, —- PSILOTHRIX 199 vées par lui dans des branches mortes de vieille date et qui avaient eu d’autres babitants. La larve du D. plumbeus ressemble tellement à celle du D, flavipes, qu’il me serait impossible de dire en quoi elles diffèrent. Quant à celle du D. cæruleus qui fait partie du sous-genre Metadasytes de MM. Mulsant et Rey, elle se distingue en ce que les cinq ocelles sont'un peu autrement disposés, que les taches du prothorax sont un peu différentes, et surtout que tout le dernier segment et ses crochets sont densement couverts d’as- pérités qui, dans les larves des D: plumbeus et flavipes, n'existent, et même en petit nombre, qu'aux crochets seulement. Les papilles termi- nales des nymphes de ces deux derniers ont à peine trois ou quatre poils, tandis qu'elles sont très-velues dans la nymphe du D. cæruleus. Voici maintenant quelques mots sur la larve d'une espèce appartenant à un autre genre : Psilothrix (Melyris) nobilis ILL. Fig. 234. 5119 Long. 8 millim., semblable, par tous les éaractères principaux, aux précédentes dont elle ne diffère que par les points suivants : Couleur générale blanc jaunâtre ou rosée; corps à côtés parallèles, par conséquent insensiblement renflé à la région abdominale; la tête, les deux premiers segments thoraciques et le dernier segment abdominal sont seuls un peu plus étroits que le reste. Tête entièrement testacée, sauf de chaque côté üné taché brune sur la- quéllé sont les cinq ocelles disposés comme il à été Le menton non paral- lèlé, mais s’élargissant d'avant en arrière. Prothorax marqué de taches rousses, une médiané en éllipse allongée, une dé chaque côté en chevron ouvert en dehors ét dont l'angle s'appuie sur l’ellipse, et un petit point dans l’intérieur du chevron : taches des deux autres segments thoraciques rousses, celles de l'abdomén roussâtres quand elle existent, mais le plus souvent invisibles. * Dernier segment d'un testacé pâle avec deux larges lignes noires atté- nuées postérieurement et aboutissant à la base des crochets lesquels, plus foncés que le reste du segment, ont quelques saillies à peine visibles aux points où s’insèrént les poils ; le surplus, vu à une forte loupe, ést très- finement alutacé. 200 LARVES DE COLÉOPTÈRES La nymphe ressemble à celle des Dasytes déjà cités, seulementles papilles terminales ne se rétrécissent pas brusquement pour donner naïssance au crochet apical, elles s’atténuent graduellement et ont une forme subulée. J'ai trouvé cette larve en assez grand nombre dans des tiges d'Eryn- gium marilimum avec celles du Malachius marginellus dont j'ai parlé plus haut. Je l’ai rencontrée avec une chenille de Micro-Lépidoptère, mais aussi, je l'avoue, dans des conditions qui semblaient incompatibles avec une larve carnassière et pratiquant des galeries là où ne paraissait habiter, ou avoir habité aucune autre larve, et je ne sais trop qu’en penser. Les moyens m'ont manqué pour étudier sérieusement et résoudre cette question que je signale à l'attention des observateurs. Quoi qu’il en soit, les faits que j'ai constatés pour d’autres larves du même groupe et des groupes voisins, ainsi que son organisation, me portent à penser qu'elle est carnassière ou coprophage. Depuis la rédaction de cet article, j'ai eu connaissance de la description très-détaillée et très-irréprochable de la larve et de la nymphe de ce même insecte, donnée par MM. Mulsant et Valéry Mayet (15° Opuscule, p. 87). Au point de vue des mœurs, les auteurs se bornent à dire : « Ceue larve, avant de se changer en nymphe, se creuse dans le végétal, théâtre de ses chasses, une retraite dans laquelle elle se transforme. » Cela sup- pose qu'ils l’ont trouvée dans une plante et qu'ils lui attribuent des goûts carnassiers. Si les classificateurs n'avaient placé les Dasytides à côté des Malachides, les larves conseilleraient de le faire. Il serait difficile de trouver deux groupes qui, sous ce rapport, se ressemblent autant. La tête et tous ses organes, mandibules, mâchoires, palpes antérieurs, semblent dériver d’un même type; les segments thoraciques sont pourvus de taches; le corps est couvert d’une pubescence assez épaisse, entremêlée de longs poils; le dernier segment est conformé de même. Jusqu'ici, un caractère de physio- nomie semblait devoir établir une ligne de démarcation assez tranchée, c'était, pour les larves de Dasytes, une forme un peu elliptique par suite du renflement de l’abdomen, et les taches brunes des segments abdominaux; mais voilà que la larve du Psilothrix nobilis a une forme à peu près li- néaire et l'abdomen immaculé ; j'en suis donc venu à ne trouver, jusqu’à nouvel ordre, d'autre signe distinctif entre ces deux sortes de larves que le nombre des ocelles, qui est de quatre dans celles des Malachides et de cinq dans celles des Dasytides. DASYTIDES. —- CLÉRIDES. — TILLUS 201 Leurs goûts doivent aussi être les mêmes et, à mon avis, elles sont les unes et les autres carnassières et coprophages, c’est-à-dire qu’elles mangent d’autres larves ou leurs déjections. Quant aux insectes parfaits, je n’oserais généraliser. Peut-être sont-ils phytophages, mais ce que je sais, c'est queplusieurs d’entre eux, du moins, sont anthérophages. A pro- pos de l'Anthocomus lateralis (Soc. Ent. 1854, p. 598). j'ai affirmé, de visu, que le Malachius æneus mange les anthères du seigle etle M. pulicarius celles d’autres graminées; je puis en dire autant pour le M. marginellus. le Dasytes cæruleus et le Psilothrix nobilis, et je ferai remarquer en outre que c'est principalement en fauchant sur les herbes que l’on prend ces sortes d'insectes ; mais cette dernière considération n’a pas, je le confesse, ane grande importance à mes yeux, depuis que j'ai vu un Telephorus fuscus, que l'on prend aussi sur les herbes, dévorer à belles dents, au sommet d'une graminée, un Cryptocephalus 6 pustulatus qu'il tenait entre ses pattes de devant, avec une dextérité et une assurance prouvant qu'il est fort coutumier du fait. Il m'a paru depuis lors probable que certains Ma- lachides et Dasytides sont des insectes chasseurs et carnassiers. CLÉRIDES Tillus (Chrysomela) elongatus L. Fig. 235-240. LARVE Long., 12.13 millim., hexapode, subdéprimée, linéaire, avec la partie antérieure un peu atténuée, charnue et d’un blanc maculé de brun, presque glabre. avec quelques poils sur la tête et sur le dernier segment etun sur chaque côté des segments abdominaux ; terminée par deux crochets. Tête libre, ovale, luisante, cornée, testacée avec le bord antérieur un peu plus foncé ; celui-ci largement et très-peu profondément échancré. Epistome peu distinct du front, trois fois aussi large que long, à côtés obliques ; labre en demi-ellipse très-surbaissée. Mandibules larges à leur base, crochues à l'extrémité, longitudinalement carénées, ayant une protubérance vers le milieu de leur tranche interne. Dessous de la tête revêtu, jusqu'au niveau de l'insertion des antennes, d’une plaque cornée parcourue au milieu par deux sillons longitudinaux 202 LARVES DE COLÉOPTÈRES rapprochés, presque parallèles, largement échancrée en, avant et que je considère comme formée par les supports des mâchoires et du menton intimement soudés. Cette plaque a un prolongement charnu, arrondi au bord antérieur et en avant duquel se trouve la partie charnue des mâ- choires et du menton. Mächoires munies d’un lobe très court, hérissé de quelques petits poils, surmontées d'une palpe un peu arqué en dedans et de trois articles dont le premier plus long que chacun des deux autres. Sommet du menton à peu près carré, portant une levre très-courte, sub- échancrée avec deux palpes labiaux de deux articles. Ces organes, par suite de leur insertion très-avancée, font saillie en avant des mandibules. Antennes de quatre articles, le premier assez épais et membraneux, le second un peu plus long que le précédent et un peu plus large à l'extrémité qu'à la base, le troisième un peu plus court, ayant deux ou trois poils à l'extrémité, Le quatrième presque aussilong que le second, terminé par un long poil et accompagné d’un article supplémentaire très-court et subco- nique. Ces antennes sont en très-grande partie rétractiles. Sur chaque joue, un peu en arrière de la base des antennes, un tout petit point noir non saillant et qui serait comme un rudiment d’ocelle. Prothorax s’élargissant un peu d'avant en arrière, roussâtre et parais- sant un peu corné en dessus, sur un espace.trangulaire qui ne s'étend pas tout à fait jusqu’au bord antérieur. | Mésothorax marqué, près de ses anglesantérieurs, d'un trait brun à peu près en fer à cheval; métathorat ayant de chaque côté une assez large bande longitudinale brane, et entre ces deux bandes, près du bord anté- rieur, deux ellipses brunes. Abdomen de neuf segments dont les huit premiers un peu dilatables sur les côtés et sur leurs deux faces et ornés sur le dos de taches ou ombres brunes très-marquées et dont je donne le dessin; neuvième segment se rétrécissant en s’arrondissant d'avant en arrière, roux et subcorné sur un espace postérieur arrondi, largement subcanaliculé dans cette partie et ter- miné par deux crochets cornés, relevés en forme de griffe, ferrugineux avec l'extrémité noire. Tout le dessous du corps d’un blanc livide. Stigmates au nombre de neuf paires, disposées comme dans les larves précédentes. Pattes de médiocre longueur, les quatre premiers articles à articulations CLÉRIDES. — TILLUS 203 un peu plus foncées et calleuses, hérissés de quelques longues soies et terminés par un ongle long et roussâtre. J'ai trouvé cette larve dans les galeries de celles du Ptilinus pectinicornis dont il sera parlé plus baset dont elle fait sa proie. Je l'ai rencontrée aussi dans les tiges mortes du lierre habitées par les larves du Pogonocherus dentatus et de l'Anobium striatum, et comme j'ai plus d’une fois pris l’in- secte parfait sur les vitres de mon cabinet, je me persuade qu'elle fait auss; la guerre aux larves rongeuses de nos planchers. Elle se transforme au milieu de la vermoulure dans laquelle elle se prépare une loge dont les parois sont ensuite revêtues d’un vernis incolore. : 19 NYMPHE Elle a des poils blanchâtres sur la tête, sur le thorax, aux genoux, sur le bord dorsal et sur les côtés des segments abdominaux, et elle estmunie postérieurement de deux papilles blanches, charnues, glabres, très diver- gentes, à pointe un peu recourbée, roussâtre et subcornée. Les larves du groupe des Clérides sont assez bien connues. MM, Mul- sant et Rey ont inséré, dans leur Histoire naturelle des Angusticolles, les descriptions que je leur ai envoyées des larves de Denops albofasciatus et de Thanasimus, mutillarius ; ‘celles du T. formicarius, déjà publiées par Ratzeburg et Erichson et du T. 4 maculatus ont été comprises dans mon travail sur les insectes du Pin. J'ai fait aussi connaître dans les Annales de la Société Entomologique (1847, p. 39), les métamorphoses du Tillus unifasciatus, et (1854, p. 608), celles de l'Opilus mollis dont s'était déjà occupé M. Waterhouse. Sturm a parlé de la larve de l'O. domesticus, et MM. Chapuis et Candèze ont indiqué dans leur catalogue les caractères distinctifs de ces deux dernières espèces. Swammerdam, Herbst et Sturm ont écrit sur la larve du Clerus apiarius ; Schæffer, Réaumur, Latreille et Westwood sur celle du C. alvearius qui figure aussi dans mes insectes pinicoles. J'ai décrit dans les Mémoires de la Sociité des sciences de Liége, 1855, la larve et la nymphe du Tarsostenus univittatus, et l'on doit à M. Heeger (Isis, 1848, p. 974), la connaissance des premiers états du Corynetes ruficollis. Je pourrais citer aussi la larve exotique du Thanero- clerus Buquetii publiée par M. Lefebvre (Société Entomologique, 1835, p. 577), et voici enfin celles de l'Opilus pallidus et du Corynetes rufi- cornis. 204 LARYES DE COLÉOPTÈRES Opilus (Clerus) pallidus OLiv. Fig. 241. LARVE Long. {1 millim., visiblement atténuée antérieurement, s’élargissant un peu jusque vers le milieu de l’abdomen pour se rétrécir ensuite jusqu’à l'extrémité. Tête beaucoup plus étroite que le prothorax, déprimée, cornée, ferru- gineuse, marquée d'un sillon médian et d’autres petites lignes ou rides. Prothorazx subcorné et ferrugineux sur un espace semi-discoïdal qui ne s'étend pas jusqu'aux bords antérieur et postérieur ; tous les autres segments, sauf le dernier, marbrés de blanchâtre et de brun, avec une ligne pâle médiane, visible principalement sur l'abdomen. Dernier segment ferrugineux et corné sur la moitié postérieure, terminé par deux appendices cornés, divergents, droits, cylindriques, brusque- ment terminés par une pointe qui, la larve étant vue en dessus, paraît se diriger en dedans, mais qui en réalité se dresse presque verticalement. Face ventrale pâle et livide, avec quelques marbrures rougeûtres très- peu apparentes. Corps velu, dernier segment surtout hérissé de longs poils très-touffus. Cette larve, que j'ai trouvée dans un tronc d’orme très-vermoulu, qui m'a fourni plusieurs insectes parfaits, ainsi que dans une branche de chêne nourrissant des larves d'Exocentrus adspersus, ressemble extrême- ment à celle de l’Opilus domesticus qui est souvent marbrée comme elle, mais qui est plus grande et a l’espace subcorné du prothorax plus étendu. La conformation des cornes du dernier segment parail propre aux larves d’Opüius. Corynetes ruficornis STURM. Fig. 242. LARVE Long. 8.-9. millim., hexapode, d’un joli blanc, avec la tête, des taches sur les segments thoraciques et l'extrémité du dernier segment roux ; fine- CLÉRIDES. — CORYNETES 205 ment et longuement velue, atténuée et subdéprimée antérieurement, ventrue à la région abdominale ; terminée par deux appendices cornés et tronqués. Tête beaucoup plus étroite que le corps, carrée, déprimée, ferrugineuse, lisse, cornée et luisante sur ses deux faces, marquée en dessus d’un fin sillon médian qui se prolonge jusqu’au vertex, et d’un autre plus court vis-à-vis chaque mandibule et d'une fossette à la base interne de chaque antenne. Épistome roussâtre, membraneux, soudé avec le front ; labre très-trans- versal, semi-elliptique, cilié. Mandibules noires à base ferrugineuse, pas très-longues, arquées, pointues, s’élargissant très-sensiblement du sommet à la base assez près de laquelle on voit une saillie constituant une dent molaire. Dessous de la tête formé d’une plaque continue et cornée, largement échancrée antérieurement, produite par la soudure des pièces basilaires des mâchoires et du menton; cette plaque marquée au milieu de deux fines lignes presque parallèles et à droite et à gauche d’une autre ligne qui n’atteint pas le bord antérieur. Mächoires hérissées en dehors de quelques poils, assez courtes, descen- dant à peine jusqu’au quart de la tête, leur lobe bien apparent et cilié de petites soies spinuliformes. Palpes maxillaires un peu arqués en dedans, de trois articles dont les deux premiers munis en dehors d’un petit poil et plus courts chacun que le troisième. Menton à peu près parallèle, lèvre inférieure cordiforme, sans languette visible. Palpes labiaux de deux articles, le deuxième plus long. Tous ces organes, d’un blanc roussâtre, font saillie en avant de la tête, Antennes de quatre articles, le premier assez long, épais, presque cy- lipdrique et membraneux, le second de la même longueur mais bien plus étroit et susceptible de rentrer presque en entier dans le précédent, le troisième un peu plus court, tronqué un peu obliquement, portant le qua- trième article presque aussi long, mais beaucoup plus grèle que lui, sur- monté d’un assez long poil et de deux ou trois autres extrêmement petits et accompagné d’un article supplémentaire presque de moitié plus court, un petit peu conique, sans poil et inséré un peu en dessous. Sur chaque joue, très-près de la base de l'antenne, une très-forte loupe et le microscope montrent un petit globule noirâtre qui ne peut être qu'un ocelle. 209 LARVES DE COLÉOPTÈRES Prothoraz un peu plus large et un peu plus long que la tête, arrondi sur les côtés, couvert en dessus d’une plaque testacée, subcornée, semi- discoïdale qui n’atteint ni le bord antérieur, ni les côtés, ni les angles postérieurs, et qui est traversée d'une ligne médiane longitudinale blan- châtre. En dessous, ce segment est au milieu teint de testacé. Mésothorax et métathorax aussi longs que le prothorax, plus larges que lui, marqués chacun de deux taches roussâtres longitudinalement subel- liptiques, d'un blanc uniforme en dessous, Abdomen de neuf segments, les deux premiers un peu plus courts que le métathorax, les autres plus longs et s’élargissant jusqu’au sixième ; septième et huitième graduellement un peu plus étroits ; tous ces segments un peu arrondis sur les côtés, munis d’un bourrelet latéral et de quelques plis dorsaux et ventraux. Dernier segment arrondi, subcorné et testacé sur près de sa moitié postérieure et terminé par deux appendices cornés, d'un brun ferrugineux, tronqués, sans le moindre vestige de crochet. Mamelon anal en cône tronqué, montrant en dessous trois mamelons longitudinalement elliptiques. Stigmates roussâtres et ponctiformes, au nombre de neuf paires, la pre- mière, plus inférieure que les autres, près du bord antérieur du mésotho- rax. les autres au tiers antérieur des huit premiers segments abdominaux. D'assez longs poils fins et d’un blanc roussâtre sur la tête et sur tout le corps, principalement sur le dernier segment. Pattes médiocres, un peu roussâtres, de cinq pièces y compris un ongle assez fort portant sur sa tranche supérieure une longue soie ; les autres pièces hérissées de quelques longs poils. Cuisses aussi longues que les tibias. Cette larve a tous les caractères des larves des Clérides ; il ne faut que regarder les organes de la tête pour être immédiatement fixé à cet égard, Sa couleur blanche porterait à la rapprocher des larves de Denops, dé Tillus et de Tarsostenus, mais sa forme ventrue l'éloigne évidemment des larves linéaires de ces insectes et la place dans la catégorie des larves de Clerus et d’Opilus ; elle en diffère par la couleur qui n’est ni rose, ni orange, ni marbrée et elle s'en détache aussi, surtout des dernières, par une villosité moindre. Il est à remarquer également qu’au lieu des deux ocelles problématiques du premier groupe de larves et des dix ocelles du second, elle a deux ocelles très-suffisamment visibles. Enfin elle se dis- tingue de toutes les larves connues des autres genres par les appendices CLÉRIDES. — GORYNETES 207 tronqués et absolument inermes du dernier segment, lesquels sont en forme de griffe dans toutes les autres larves, sauf celles d'Opilus qui les montrent tronqués lorsqu'on les regarde en dessus, mais qui les ont terminés par un petit crochet. En 1873, la principale fenêtre de mon cabinet me donna lieu de con- stater l’éclosion domestique d’un assez grand nombre d’Anobium pani- ceum. Sachant combien les larves polyphages de ce détestable insecte sont nuisibles aux collections de plantes sèches, je me persuadai que mon vo- lumineux herbier avait été leur proie, et plein d’inquiétude je visitai quel- ques-unes des familles les plus exposées à leurs attaques ; cette visite me rassura et bientôt après je ne pensais plus aux Anobium. En 1874 et dès la fin d’avril, je vis apparaître quelques nouveaux Ano- bium et avec eux quelques Corynetes ruficornis dont j'avais pris l’année précédente deux ou trois individus sur mes vitres. Cette fois, sérieusement intrigué, je voulus tâcher de découvrir l’origine de ces insectes, surtout celle du Corynetes dont je désirais beaucoup connaitre la larve. J'explorai donc mon cabinet, et mon attention s’étant portée sur un vieux nid de frelons placé depuis quatre ans sur un buffet, je vis marcher dessus des Anobium paniceum. Il ne m'en fallut pas d'avantage, la nature végétale du nid me disait assez qu'il avait été le berceau de ces insectes et me l’in- diquait d'autant plus que ses enveloppes extérieures étaient percées de petits trous. Je ne doutai pas non plus que les Corynetes n’en fussent sor- üis. J’attaquai le nid et bientôt apparurent des larves, des nymphes d’Ano- bium ainsi que des insectes parfaits. Ces larves ne rongent ni les enve- loppes du nid ni les cloisons des cellules ; celles-ci d’ailleurs sont tapis- sées d’une toile de soie, œuvre des larves de Vespa crabro, on les rencontre au fond des cellules où se trouvent les dépouilles de la larve et de la »ymphe et de plus un culot de déjections. C'est en effet de ces substances animalisées que se nourrissent les larves d'Anobium. C'est là principale- ment qu'elles se transforment, dans une coque formée par l’agglutination des détritus au moyen d’une substance gommeuse. Les insectes parfaits sortent par le plafond des rayons. C'est là aussi que m’apparurent des larves dont je ne pouvais méconnaitre l'espèce, puisqu'elles présentaient, avec tous les caractères des larves de Clérides, d'autres caractères qui leur étaient propres, et que je les trouvais en compagnie de Corynetes à l'état parfait. Ces larves paraissaient adultes, et en continuant mes explo- rations, j'en trouvai plusieurs enfermées dans une cellule revêtue inté- rieurement, comme celle de bien d'autres larves de Clérides, d’un vernis 208 LARYES DE COLÉOPTÈRES blanchâtre. Aucune d’elles n’était transformée en nymphe et les recher- ches auxquelles je me livrai en mai et juin pour connaître cette phase de leur évolution demeurèrent sans résultat. Ce n’est guère dans les détritus du fond des cellules de V. crabro que se voyaient celles des larves de Corynetes ; il fallait les chercher dans les empâtements des piliers qui séparent et soutiennent les divers rayons. Ainsi, le Corynetes ruficornis est un insecte utile chargé de prévenir l’excessive multiplication de l'Anobium paniceum. Sa larve dévore incon- testablement celles de ce dernier insecte, et il est probable aussi que si cette proie lui fait défaut, elle peut s’assimiler les matières animalisées déposées au fond des cellules. Lorsque le moment de la métamorphose est venu, elle s'aide de ses mandibules pour sortir du milieu où elle a vécu et se loger plus proprement et plus commodément dans l’'empâtement d’un des piliers. Corynetes ruficollis F. Fig. 243-944. J'ai déjà dit que la description de la larve de cette espèce célèbre a été publiée par Heeger. Je ne connais pas la notice de ce savant, mais voic; le résumé qu’en donnent MM. Mulsant et Rey dans leurs Angusticolles, page 119 : « La femelle dépose sur des matières graisseuses ou presque desséchées une trentaine d'œufs. Ceux-ci ont environ un üers de ligne de long, moitié moins de largeur ; ils sont cylindriques, obtusément arrondis aux extré- mités, blancs, peu transparents. Dix à quinze jours après leur dépôt, a lieu l’éclosion. Les jeunes larves, à leur sortie, commencent par dévorer leur coque et cherchent ensuite des parties molles de graisse, dont elles se nourrissent jusqu’à leur entier développement. Trois fois elles changent de peau, dans des intervalles de neuf à douze jours, en conservant leur même forme, et quinze jours après leur dernière mue, elles passent à l’état de nymphe ; douze ou quinze jours après, à l’état parfait, » Je n’entends pas refaire l'œuvre de Heeger, je ne suis même pas en mesure de la contrôler, mais il ne sera pas sans intérêt de donner, sur l'insecte dont il s’agit, quelques détails probablement nouveaux. En février 1875, M. Gallois, économe de l'asile des aliénés de Saint- Gemmes sur Loire, m'écrivait ce qui suit : Ê É L Ë | | CLÉRIDES. — CORYNETES 209 « Je puis prendre ici, chaque annte, des larves de Corynetes rufcollis dans un réduit où l'on dépose, pour les vendre deux fois par an, les os de la viande consommée à l'établissement. Le Corynetes est dans cet en- droit excessivement abondant, et dans les mois de mai et juin, alors que nous avons en dépôt 2,500 à 3,000 kilogrammes d'os, l’insecte est là en quantités innombrables, acharné sur les os qu'il débarrasse rapidement des chairs et graisses qui les recouvrent encore. Je ne le trouve communé- ment que depuis huit à dix ans, époque à laquelle on commença à mettre les os à couvert pour leur donner plus de valeur vénale. Précédemment, les 05 étant laissés à l'air libre, je ne prenais que fort rarement le C. rufi- collis, tandis que je capturais en grande quantité le violaceus et les Omosita discoidea e1 colon que j'ai maintenant de la peine à rencontrer. « Dans ce dépôt d'os, je n’ai jamais pris le C. cæruleus que j'ai souvent capturé sous les écorces des environs d'Angers. Les mœurs de ces in- sectes me semblent fort différentes et plaident, suivant moi, pour la sépa- ration en genres des deux sous-divisions au moins, séparation à laquelle J. Duval n'a pas voulu se résoudre dans son Genera, à défaut de rensci- gnements sur les larves des diverses espèces de ce groupe. » En mème temps qu’il me faisait celte communication, M. Gallois m’of- frit de m'envoyer ultérieurement des larves du Corynetes en question, et comme cette larve m'était inconnue, je m'empressai d'accepter son offre obligeante. J'en attendais l'effet avec quelque impatience, lorsque, à la fin de juin, mon collègue m'écrivait ceci : « Quant au C. ruficollis, voici ce qu’il en est : les os ont été vendus cette année au mois d'avril, deux mois plus tôt que d'habitude. Malheu- reusement, on ne s’est pas contenté de les enlever sans me prévenir, on a fait au réduit qui leur sert de magasin des réparations de maçonnerie et un nettoyage avec de l’eau phéniquée, si bien que l'on a détruit presque complétement l'insecte. A cette époque de l’année, on pouvait l'y rencon- ter par milliers ; aujourd'hui, j'aurais beaucoup de peine à en prendre une dizaine, et la larve que j'ai recherchée tout le mois dernier y fait en- tièrement défaut. « J'ai remarqué un fait assez singulier : alors que le C. ruficollis Etait à en quantité, la mouche de la viande y était excessivement rare, et les vers qu'elle déposait sur les os m'ont semblé ne pasréussir, dévorés qu'ils étaient, sans doute, par la larve du Corynetes. Cette année, la mouche y est très commune, et, de tous côtés, on voit des masses de vers achar- nés sur les os et opérer le travail auquel se livraient d'habitude les Cory- PER, 14 210 LARVES DE COLEOPTÈRES netes. Cet insecte me paraît être exclusivement carnassier (dévorant d’autres larves) à l’état de larve, et saprophage (se nourrissant de ma- tières animales décomposées) à l’état parfait. » M. Gallois me renvoyant, pour les larves, à l'année suivante, je m'étais résigné, mais le 13 septembre, il m’écrivit pour me dire que les Corynetes avaient reparu et pour m’annoncer l'envoi de petits blocs d’un sable blanc extrêmement fin et assez compacte, agglutiné, selon son expression, par les viscosités animales, et dans lequel il avait observé quelques larves de cet insecte avec beaucoup de larves et de pupes de diptères. La lettre me parvint à la campagne, mais l'envoi de M. Gallois devant s'arrêter à Mont-de-Marsan, je chargeai Gobert de le retirer en lui adressant des ins- tructions sur les précautions à prendre, les soins à donner. Jusqu'à mon re- tour, vers la mi-octobre, il dut se borner à assister à l’éclosion d’un certain nombre de Lucilia Cæsar, sans aucun autre diptère des genres Calliphora ou Sarcophaga. Mes explorations commencèrent alors ; elles furent très- minutieuses, et cependant je ne parvins à trouver, avec quelques rares larves et de nombreuses pupes de diptères et plusieurs Corynetes à l'état parfait, que deux larves de ce Ccléoptère, sans une seule nymphe. Dans le cours de mes recherches, je remarquai maintes fois des pupes dont une des extrémités semblait couverte de moisissure; mais en regardant de plus près, je vis que cette prétendue moisissure avait l'aspect d’une toile ou d’une gomme blanche fermant l’ouverture provoquée par la sortie du diptère. J'ouvris alors la pupe sur laquelle je faisais cette observation, et je trouvai dans l’intérieur une larve de Corynetes. Naturellement ce fut pour moi un trait de lumière; je me mis dès lors à rechercher les pupes qui présentaient le caractère dont je viens de parler, caractère assez fa- cile à distinguer à cause de la couleur blanche de la gomme, j'en trouvai un assez grand nombre et chacune d’elles contenait une larve, ou une nym= phe, ou un insecte déjà transformé. Il était donc évident pour moi que la larve du Corynetes plonge dans le sable à la recherche de la pupe d’un diptère, en suivant le boyau creusé par la larve etdéblayé, au moins en partie, par la sortie de l’insecte parfait, et qu’elle se transforme dans cette pupe ; mais est-ce après avoir dévoré la nymphe? Cette question devait se présenter à mon esprit, et mes observa- tions me conduisaient à la résoudre par la négative. On sait qu’un diptère à pupe, lorsqu'il a accompli sa dernière métamorphose, prend son essor en provoquant, à l'aide d'une ampoule dilatable dont sa tête est pourvue, le soulèvement ou la déhiscence de l'extrémité antérieure de l'enveloppe pu- LÉ Éd RS dns de Été Ro À tt dont md dd CLÉRIDES. — CORYNETES 211 pale. Lorsqu'il est sorti, la pupe reste, à cette extrémité, ou béante comme une coquille bivalve, ou à demi ouverte par suite de la chute d'une des valves, ou privée de la calotte entière. Dans les pupes que je recueillais, la substance blanche remplissait l'intervalle des deux valves, ou formait un demi-opercule, ou constituait un opercule complet, d’où il me fallait conclure que la larve de Corynetes, disposée à devenir nymphe, s’intro- duisait dans une pupe vide et bouchait ensuite l'ouverture, quelle qu’elle fût, avec la substance gommeuse que les larves de cette famille font suin- ter par l'anus, qu’elles recueillent avec leurs mandibules et dont, à l'aide de ces organes ainsi que du labre et des palpes, elles tapissent leur der- nière demeure. La larve repoussait préalablement au dehors la dépouille de la nymphe dont on voyait le plus souvent des débris agglutinés par la gomme ou semblables à des pellicules scarieuses. Cependant, à force de chercher, je trouvai des pupes entièrement in- tactes, sauf un trou rond voilé par la gomme qui formait comme un gros point blanc. Ces pupes contenaient aussi une larve ou une nymphe du Coléoptère, et dès lors il devenait certain que la larve attaque parfois la pupe même, qu'elle s'introduit dans son intérieur, en dévore le contenu et s'y installe définitivement. Ce fait, les observations de M. Gallois relatées plus haut et des raisons d’analogie me donnent la conviction que la larve du Corynetes se nourrit non de chairs ou tissus graisseux en décomposition, comme le fait, à n’en pas douter, l'insecte parfait, mais de proies vivantes qui ne sauraient ja- mais lui manquer dans un milieu où tant de diptères et d’autres insectes viennent pondre. Dans tous les cas, le choix des pupes vides, comme dernier asile, me semble digne d'intérêt et révéler une certaine intel- ligence. j'ignore en quels termes Heeger a décrit la larve ; j'en donnerai une idée suffisante en disant qu'elle ressemble entièrement pour la forme et dans presque tous ses détails à celle du C. ruficornis, mais qu’elle en dif- fère néanmoins assez pour qu’il soit impossible de la confondre avec elle. La tête et le prothorax sont identiques et de même couleur, avec cette particularité qu'au lieu d’un seul ocelle sur le haut de chaque joue, il y en a deux bien visibles, saillants, noirs, placés un peu obliquement l’un derrière l’autre, l’antérieur sensiblement plus grand, Le mésothorax et le métathorax, au lieu d'avoir chacun deux taches roussâtres, présentent des marbrures brunes ou d’un brun rougeûtre, très-pâles sur le mésothorax. 212 LARVES DE COLÉOPTÈRES Les huit premiers segments de l'abdomen sont en dessus couverts, sauf les bords antérieur et postérieur, de marbrures semblables et bien tranchées. Le dernier segment est comme celui de la larve du GC. ruficor- nis, avec cette seule différence que les deux appendices cornés, au lieu d’être tronqués, se relèvent assez brusquement à l'extrémité en forme de crochet, Le dessous du corps est entièrement blanc avec les pattes rous- sâtres. Les marbrures de la ace dorsale donnent à cette larve une grande res- semblance avec celle du Tillus elongatus, maïs les dessins des deux der- niers segments thoraciques sont différents, la forme générale est un peu plus ventrue, les crochets postérieurs ne sont presque pas divergents et enfin elle a quatre ocelles bien marqués, au lieu de deux presque problé- matiques. Quant à la nymphe, on peut en donner le signalement suivant : des poils roussâtres sur le front et le vertex, sur le dos des segments thora- ciques, sur les genoux et en série transversale sur la face dorsale des segments abdominaux ; dernier segment un peu velu et terminé par deux appendices subulés, arqués et convergents dont l'extrémité roussâtré est un peu cornée. Les caractères différentiels que présentent les deux larves de Corynetes dont je viens de parler ont pour pendant des différences entre les inséctes parfaits, différences résidant dans les antennes et les palpes. Elles avaient donné à J. Duval l’idée de diviser les Corynetés en deux genres, l’un, Corynetops, contenant cæruleus, ruficornis, pusillus et geniculatus, l’autre, Corynetes, comprenant violaceus et ruficollis, ainsi que rufipes, bicolor et defunctorum dans lesquels il trouvait quelques anomalies, et dont MM. Mul- sant et Rey ont fait le genre Agonolia ; mais il est demeuré indécis à cause de l'embarras que lui causaient ces deux dernières espèces et parce qu'il craignait qu'il n’y eût pas dans les mœurs et dans la configuration des larves de quoi justifier les deux coupes génériques. Sès scrupules cesse- raient sans doute aujourd’hui, et quant à moi je trouve, à ne considérer que les larves, que bien des genres sont moins rationnels que celui de Corynetops auquel je me rallie. Il est probable que des considérations de mème nature recommanderaient le genre Agonolia, du moins pour les deux dernières espèces précitées. Si l’on tient compte des mœurs, On trouve aussi des motifs de séparation. Ainsi (genre Corynetops) le cæru- leus se trouve sous les écorces et sur les arbres morts et caverneux où CLÉRIDES, — CORYNETES 21 sa larve recherche sans doute d'autres larves xylophages, peut-être d'Ano- bium, et l'on a vu quelles sont les habitudes du ruficornis, sans compter que je l'ai recueilli aussi sous l'écorce d'un orme dans une partie très- altaquée par des larves de Rhyncolus reflezus et que plusieurs sont nés chez moi dans une pièce où j'avais déposé des bois morts de diverses sortes. On sait par ce qui précède quelle est la manière de vivre du rufi- collis (genre Corynetes), sans qu'il y ait lieu de s'arrêter au fait cité par M. Westwood d'insectes de cette espèce trouvés en quantité, avec des Dermestes vulpinus, dans un chargement de liége, cette observation étant évidemment incomplète. D'après le même auteur, le violaceus a été re- cueilli dans des momies et je l'ai observé moi-même dans le cadavre des- séché d'un hérisson. Quant au rufipes (genre Agonolia), MM. Mulsant et Rey pensent qu’il a été probablement importé avec des peaux d’animaux, ce qui serait à vérifier, et je sais que le bicolor et le defunctorum, qu'il faudrait peut-être séparer du rufipes, sont communs à l’Escurial (Espagne) dans les crottins de moutons où sans doute leurs larves vivent de larves coprophages. Je ne reviendrai pas sur les observations et les éclaircissements que j'ai présentés, concernant les larves de cette famille, dans les Annales de la So- ciété Entomologique, 1854, page 613 ; mais je veuxrappeler pourtant qu’elles ont des aflinités manifestes avec celles des Telephorus, des Malachius et des Dasytes. La forme de la tête et de ses divers organes et la soudure des supports des mâchoires et du menton suffisent à les faire reconnaître. Ce dernier caractère les rapprocherait des larves des Élatérides, mais celles- ei ont le corps écailleux et non charnu, les palpes maxillaires de quatre articles et le lobe des mächoires biarticulé, Les larves de Telephorus se distinguent par la plaque du dessous de la tête moins étendue, par leur corps velouté et par l'absence de tout appendice au dernier segment. Celles que je connais ont sur chaque joue un seul ocelle, mais gros et bien convexe. Dans les larves de Malachides et de Dasytides, on trouve sur les segments thoraciques des taches qui rappellent un peu les callosités des larves des Clérides dont elles se rapprochent aussi par les crochets du dernier segment; mais le dessous de la tête n'est pas précisémen revêtu d’une plaque, les mâchoires et le menton, quoique soudés, sont bien dessinés et, sinon subcornés, du moins très-coriaces. J'ai déjà dit que ces larves, très-faciles à confondre, se distinguent par le nombre des ocelles, qui est de quatre de chaque côté dans celles des Malachides, de cinq dans celles des Dasytides. Assez souvent néanmoins les larves de 214 LARYES DE COLÉOPTÈRES Dasytes sont un peu plus ventrues et ont sur l'abdomen des taches qui manquent aux autres. Quant aux larves de Clérides comparées entre elles, on a pu voir qu’elles ne sont pas toules comme jetées au même moule. Les unes sont roses ou rouges, un peu ventrues, médiocrement velues et douées de dix ocelles, comme celles des Thanasimus et des Clerus; d'autres sont d’un gris ou d’un violâtre livide et très-velues, comme celles des Opilus, qui ont aussi dix ocelles ; d'autres sont linéaires, blanches ou marbrées, presque glabres, comme celles des Tillus, du Denops, du Tarsostenus, et celles-ci n’ont que les vestiges de deux ocelles problématiques ; mais toutes se caractérisent par la saillie des palpes, résultant des dimensions de la plaque hypocéphalique, qui est complète, lisse, cornée souvent, avec les simples indications des soudures médianes, la ligne extérieure des mâchoires ne se manifestant par un sillon plus ou moins apparent que dans les larves de Thanasimus, d'Opilus, de Clerus et de Corynetes. Les larves des Malachides, des Dasytides et des Clérides ont été pour- vues de mandibules robustes, simples ou bifides à l’extrémité, et qui semblent plutôt faites pour broyer des corps durs que pour déchirer des proies charnues. La plupart de ces larves sont obligées de chercher dans des milieux plus ou moins résistants les autres larves dont elles se nour- rissent, d'opérer des déblais pour les atteindre, et même, après avoir épuisé une galerie, de passer dans une autre à travers des couches ligneu- ses ; il leur fallait alors des instruments appropriés à ces sortes de tra- vaux, et il n’y a rien d’excessif dans ceux que la nature leur a donnés. En ce qui concerne les larves des Corynétiens, elles ont des raisons pour être organisées de même, car presque toutes et probablement même toutes ont à faire la mème chasse aux larves. Les nymphes de ces diverses familles ont un caractère qui en permet- trait le diagnostic ; il réside dans les papilles du dernier segment, Elles sont coniques, très-courtes et parallèles dans les nymphes de Telephorus qui de plus sont glabres, tandis que toutes les autres sont velues ; longues, sinueuses et un peu convergentes à l'extrémité dans celles des Malachius ; beaucoup moins longues et un peu crochues en dehors dans celles des Dasytes et des Psilothrix, mais d’abord cylindriques, puis brusquement subulées dans les premières et régulièrement coniques dans les secondes ; assez Courtes, sinueuses et très-divergentes dans celles des Clériens ; assez longues, subulées, arquées en dedans, c’est-à-dire convergentes dans celles des Corynétiens. CLÉRIDES, — CORYNETES 215 Les Clérides à l’état parfait sont probablement carnassiers comme l'étaient leurs larves, certains, tels que les Trichodes, fréquentent les fleurs et se rencontrent habituellement sur les Ombellifères et les Corymbifères, et il est possible qu’ils aiment à s'abreuver du nectar qu’elles distillent ; mais ce qui est bien certain, c'est que les Trichodes alvearius et apiarius dévorent, ainsi que j'en ai été plusieurs fois le témoin, d'autres insectes réellement floricoles, des Ædemera, des Cteniopus et même des fourmis. Quant aux espèces qui ne recherchent pas les fleurs, on est encore plus porté à les considérer comme carnassières, et j'ai surpris le Clerus mutil- larius en flagrant délit d’entomophagie. Je ne veux pas terminer cet article sansdire un mot de la larve d’un in- secte, la Zygia oblonga, qui a été longtemps réunie aux Dasytides et qui fait partie aujourd’hui d’une petite famille, celle des Mélyrides, intermédiaire aux Dasytides et aux Clérides ; cette larve trouve naturellement ici sa place. Elle a été publiée par M. Pellet, de Perpignan, dans les Mémoires de la Société agricole et scientifique des Pyrénées Orientales, 1868, page 103. Dans l'intérêt de la science et pour donner plus de publicité à une des- cription qui mérite d’être connue, je crois devoir la reproduire ici. « Longueur 13 à 17 millim.; largeur 3 à6 millim. au milieu, où se trouve sa plus grande largeur. Assez convexe en dessus, légèrement aplatie en dessous, couverte de longs poils fauves en dessus, plus courts et plus es- pacés en dessous. Ces poils se réunissent en bouquets aux stigmates, comme chez les larves des Ptines. La couleur générale est orange brillant, qui rappelle absolumentla couleur du corselet et de l'abdomen de l’insecte parfait avant la mort. « Tête plus foncée que le corps, noirâtre de la hauteur des yeux aux man- dibules, cornée, plate ; la plus grande largeur est au dessus des yeux vers les mandibules ; elle va en diminuant et en ligne droite jusqu’au protho- rax, auquel elle aboutit par une ligne courbe; elle forme en avant un angle obtus dont le sommet est à l'épistome ; cet angle est légèrement arrondi sur les côtés ; une impression en forme de fer à cheval sur le front, recou- verte de longs poils fauves, espacés. Épistome jaunätre. Mandibules noires, fortes, légèrement orange à leur base et noires à leur extrémité ; en forme de serpette, avec une dent au tiers de leur longueur, à partir de la base. Antennes courtes, rétractiles, de quatre articles : le premier très- gros, conique, presque blanc et transparent jusqu'aux trois quarts de sa longueur, fauve à l'extrémité, deux fois plus gros et plus long que le se- 216 LARVES DE COLÉOPTÈRES cond. Le second et le troisième presque égaux, fauves excepté leur at- tache, qui est blanche et transparente. Le quatrième est deux fois plus pe- tit que le troisième ; il est formé d’une substance cornée qui se termine en pointe aigüe et nolrâtre. « Prothorax beaucoup plus large que la tête, s’élargissant jusqu’à sa jonction avec lé mésothorax, ce qui lui donne la forme d'un cône tronqué. Lorsque la larve est en marche, le centre du prothorax s’allonge vers la tête; il est d’un tiers plus long que le mésothorax. « Mésothorax et métathorax de même forme que le prothorax, et allant en s’élargissant jusqu’au premier segment de l'abdomen. « Pattes de quatre articles, terminées par un crochet très-aigu et noir, d’un jaune clair, transparent, excepté aux attaches. « Abdomen composé de neuf anneaux. Le premier est plus court que les autres ; il porte en dessus, de chaque côté, un point noir au-dessus des stigmates. Les anneaux cinq et six ont en dessus une petite ligne noire perpendiculaire. Le huitième porte deux petits points noirs placés comme ceux du n° 1 ; il se termine brusquement pour recevoir le neuvième an- neau, qui est corné, concave dans son milieu en dessus et fortement bombé en dessous ; ilest plus foncé que les autres à sa naissance et finit par deux cornes noires, très-aiguës, relevées en demi-cercle et ayant chacune une petite corne droite placée sur le milieu du bord exté- rieur. « Les stigmates sont au nombre de neuf paires. Ils sont placés surle bord postérieur du mésothorax et sur le bord des huit premiers anneaux de l'abdomen. » M. Pellet a trouvé quatre fois cette larve sur le toit d’une maison, dans le voisinage de nids de guêpes ; il a constaté qu'elle vit dans ces nids dont elle dévore sans doute les larves, et 1l faut croire qu’elle sort du nid ou pour aller à la recherche de nouvelles proies, ou pour se préparer à une mue, ou pour se transformer en nymphe. Je l'ai rencontrée moi-même, en juin 1854, sur le mur d'une maison de Madrid, mais c'est la description de M. Pellet et surtout l'individu qu'il a eu l’obligeance de m'envoyer qui me l’ont fait reconnaitre. La larve de la Zygia se rapproche évidemment de celles dont je viens de parler. Je retrouve sur le sujet recueilli à Madrid, et qui paraît bien adulte. les callosités des segments thoraciques, et sa villosité rappelle un peu celle des larves d'Opilus ; maïs cette villosité dorée est beaucoup plus longue, beaucoup plus touffue, et elle constitue à elle seule un caractère remar- ntm 7 SYNOXYLIDES, — APATE, — SYNOXYLON, —— XYLOPERTHA 217 quable. Un autre caractère très-tranché, c’est l’apophyse dentiforme qui existe sur le milieu extérieur des crochets du dernier segment. Ce qui justifie à mes yeux la formation de la famille spéciale des Mély- rides, voisine, à coup sûr, de celle des Dasytides, c'est que le menton et les mâchoires sont à peine soudés et qu’ils sont conformés comme s'ils ne l'étaïent pas. Le lobe des mächoires est pour moi invisible, et les palpes, constitués. du reste, comme dans les larves précédentes, sont visiblement moins saillants. A ces détails, que ne contient pas la description de M. Pellet, j'ajoute que, sur chaque joue et toujours près de la base de l'antenne, se trouve un groupe de cinq ocelles, trois antérieurs en ligne un peu oblique, et deux contigus vis-à-vis celui des précédents qui est le plus supérieur. D'après M. Pellet, le quatrième article des antennes serait deux fois plus petit que le troisième et formé d’une substance cornée, qui se termine en pointe très-aiguë et noirâtre ; j'ai beau regarder, même au microscope, je vois cet article un peu plus foncé que les autres, conformé comme dans les larves qui précédent, c’est-à-dire grêle, cylindrique et terminé par un poil. Je vois de plus, en observant de côté, l’article supplémentaire quime paraît extrêmement petit. SYNOXYLIDES Apate varia IL. Synoxyion (Bosirichus) sexdentaturx Ov. Xylopertha (Apate) sinunta F. Fig, 245-246. LARVES J'ai déjà publié les métamorphoses de ces trois espèces, ainsi quecelles de l'A. capucina dans les Annales de la Société Entomologique 1850, page 555 ; je n'ai pas l'intention d'y revenir et je ne les mentionne ici que parce que leurs larves vivent dans le Châtaignier. J'en parle aussi parce que j'ai deux rectifications importantes à faire. J'ai dit dans ma notice précitée que les larves des Apate ont des palpes 218 LARYES DE COLÉOPTÈRES labiaux de trois articles, et c'est ainsi que les a vus aussi M. Lucas pour la larve de l'A, Francisca. Cette anomalie d’un égal nombre d'articles aux palpes labiaux et maxillaires devait appeler mon attention, etje me suis li- vré à un examen très-sérieux de la question ; or, il en est résulté pour moi la conviction que les palpes ne sont formés que de deux articles. Ce que j'avais pris pour le premier article n’est autre chose qu’un renflement de la lèvre inférieure, laquelle se prolonge ensuite en une languette arrondie ; ce renflement, en effet, est soudé avec elle, il est ruguleux comme elle et velu latéralement. J'ai ditaussi quelapremière paire destigmates se trouve sur lemilieu latéral du premier segment, ou prothorax. L'existence de stigmates au prothorax est chose assez rare et qu’on ne voit guère que dans les larves de Lamelli- cornes, et encore, dans ces dernières, sont-ils placés non au milieu de ce segment, mais tout près de son bord postérieur ; il valait donc la peine de vérifier mon assertion. C’est ce que j'ai fait, avec une minutieuse atten- tion, sur les larves de plusieurs espèces d’Apate, ei j'ai constaté, de la ma- nière la plus certaine, que la première paire de stigmates est située réel- lement sur le prothorax, mais très-près du bord postérieur, dans une dépression latérale, vers le sommet d’un angle formé par le bourrelet in- férieur de ce segment et par le pli profond qui le sépare du mésothorax. J'en donne le dessin. J'ai négligé de mentionner dans ma première description que le der- nier segment est marqué en dessous d’une fente longitudinale au milieu de laquelle est l'anus. NYMPHES En ce qui concerne la nymphe, j'ai omis de dire que les segments de l'abdomen ont sur le dos une crête transversale dont le sommet porte un rang de petites spinules ferrugineuses et cornées très-peu visibles sur les premiers segments, et d'autant plus apparentes qu’on s'approche plus de l'extrémité. Les descriptions auxquelles je me réfère, ainsi que les rectifications qui précèdent, s'appliquent également aux larves de l’Apate luctuosa Oliv., et de l'4. bimaculata Oliv. Les larves connues des Apatides sont, indépendamment de celles qui forment le titre de cet article, les suivantes : Apate capucina L., RarzesurG, Die Forstins. t. I, p. 231 et Perris, Soc. fée uns ns nd de ct de ot dE on éd SYNOXTLIDES. — APATE. == SYNOXYLON. — XYLOPERTHA 219 Ent. 1850, p. 555. — 4. Francisca F., Lucas, Explor. de l'Alg. 2 partie, p. 462 ; Synozylon muricatum F., À. bispinosa Oliv., KozLar, Mém. de l'Acad. impér, de Vienne, 1850; Dinoderus substriatus Payx., Fuss, Abhandl. Siebenb. ver 1856, p. 35, et Pernis, Soc. Ent. 1862, p. 211; Psoa Viennensis Henesr, HenscueL, Bericht über d. museum Francisco Carol. Linz. 1861. Je pourrais donner le signalement des larves de deux autres espèces : Le Xylopertha pustulata F.; le X. prœusta GER. Mais elles ressemblent tellement à celles du X. sinuata, que toute des- cription devient inutile. Les larves des Apatides ont d'incontestables rapports avec celles des Anobiüdes, elles sont comme elles arquées, avec des pattes courtes et velues, avec la fente anale des larves d’Anobium; mais elles se distin- guent par des caractères bien tranchés : elles sont moins velues, leurs antennes sont longues et bien saïllantes, leurs mâchoires ont le lobe plus large, leurs mandibules sont dépourvues de dents, dilatées en dehors, concaves en dedans, arrondies au sommet; elles n’ont pas d’ocelles ; leur corps est dépourvu de spinules et sa partie antérieure est sensiblement plus renflée; enfin la première paire de stigmates'est plus franchement située sur le prothorax. Les mêmes caractères les séparent des larves des Ptinides, dont elles s'éloignent en outre par la direction longitudinale du pli anal. Ces larves sont essentiellement lignivores, mais toutes ne sont pas exclusives dans le choix de leur nourriture. Ainsi, celle de l’A. Francisca vit dans le Cytisus spinosus et dans les branches du Mûrier; celle de l'A. capucina dans les racines mortes des Chênes et probablement d’autres arbres ; celle de l'A. luctuosa dans le Chêne vert et dans le Myrthe ; celle de l’4. varia dans le Châtaignier et le Hêtre; celle de l'A. bimaculata dans le Tamarix ; celle de l'A. xyloperthoides dans un Bambou; celle du Di- noderus substriatus dans le Pin ; celle du Synoxylon 6 dentatum dans la Vigne, le Robinier, le Figuier, le Mûrier, l'Orme, l'Olivier, la Clématite, le Rosier, le Chêne, le Lierre, le Châtaignier, le Pècher; celle du Synoxy- lon muricatum dans la Vigne et l'Olivier; celle du Xylopertha sinuata dans la Vigne, dans les branches de Chène et de Châtaignier; celle du X. pustulata dans la Vigne etle Lentisque ; celle du X. præusta dans le Chêne 220 LARVES DE COLÉOPTÈRES vert; celle du Rhixopertha pusilla à été trouvée dans les racines d'une plante exotique, le Smilax Borbonica, et l'insecte parfait a été recueilli en grand nombre dans du blé venu du Portugal. Ces larves lignivores se développent dans l'intérieur du bois, sauf pourtant celle du Dinoderus qui vit sous l'écorce du Pin, en compagnie de celle de l’Ernobius consimilis. Plusieurs de ces larves, et toutes probablement, ont des parasites de la classe des Hyménoptères, mais quelques-unes du moins ont pour enne- mis des Coléoptères; ainsi, celles de l'A. xyloperthoides sont attaquées, suivant l'observation de M. Leprieur, par celles du Zeretrius parasita ; celles du Synoxylon 6 dentaiuwm, du Xylopertha sinuata, du Dinoderus substriatus sont décimées par celles des Opilus mollis et domesticus, et en outre les premières par celles du Tillus unifasciatus ét du Teretrius Kraatzi et les secondes par celles du même Tillus, du Denops albofasciatus et du Malachius pulicarius. LYCTIDES Lyctus canaliculatus F. Fig. 247-250. LARVE Cette larve a la plus grande ressemblance avec celles des Apate. J'en donnerai néanmoins la description, en faisant ressortir les caractères qui les distinguent. Long. 6 millim., hexapode, blanche, charnue, courbée en hameçon, plus épaisse en avant qu'en arrière, très-convexe en dessus, plane en dessous, peu et très-finement velue. Tête petite, en grande partie enchàssée dans le prothorax, d’un blanc à peine roussâtre, avec les parties antérieures plus foncées. Épistome assez grand, transverse, trapézoïdal, très-densément frangé de petits poils dorés, glabre, lisse, luisant et un peu bombé au centre. Mandibules courtes, assez fortes, arrondies et tranchantes à l'extrémité, concaves en dedans. Mächoires assez larges, un peu coudées, descendant jusqu'à la base ce la tête; leur lobe cylindro-conique au lieu d'être large et arrondi, est armé au sommet et en dedans de petites soies spinuliformes. dits à LYCTIDES. — LYCTUS 221 Palpes maxillaires de trois articles dont le premier plus long que le second et sensiblement plus épais, et muni extérieurement de plusieurs poils. Menton grand, se rétrécissant de la base au sommet. Lèvre inférieure dépourvue de ces deux renflements qui simulent, dans les larves d’Apate, des articles basilaires des palpes labiaux et ne se prolongeant pas en museau arrondi, mais unie, subcordiforme et à peine anguleuse au milieu du bord antérieur. Palpes labiaux de deux articles égaux. Antennes assez longues, saillantes, très-peu rétractiles, de quatre ar- ticles, le premier assez gros, le second plus étroit et à peine plus court que le précédent, ayant deux poils à l'extrémité, le troisième muni d’un poil au sommet et égal au second, au lieu d’être, comme dans les larves d'Apate, aussi long que les deux premiers réunis, le quatrième plus grêle, un peu plus court et incliné en dehors. Pas d'article supplémentaire visible. Ocelles nuls. Prothoraz beaucoup plus large que la tête, presque aussi grand que les deux autres segments thoraciques réunis, non marqué en dessus d’un sillon large et d’un blanc mat, mais roussâtre et presque subcorné sur un espace en triangle isoscèle dont le plus petit angle atteint le bord posté- rieur, avec quelques rides transversales près du sommet de cet angle. Mésothoraz et métathorax égaux, mais ce dernier marqué sur le dos d’ua léger pli transversal et, sur chaque côté, d'un pli plus profond des- sinant un bourrelet. Abdomen de neuf segments dont les derniers plus étroits que les au- tres, les cinq premiers ayant sur le dos un pli transversal et tous, sauf les deux derniers, un bourrelet bien visible de chaque côté. Dernier seg- ment peu développé, peu arrondi postérieurement ; fente anale ayant la forme d’un x. Corps lisse, dépourvu, mème au microscope, de toute spinule ou aspé- rité, mais parsemé de poils courts très-fins et d’un blond pâle, plus nom- breux sur le dernier segment et presque en touffes sur les bourrelets la- téraux. Stigmates au nombre de neùf paires, la première placée un peu plus bas que les autres, près du bord postérieur du prothorax, les sept paires suivantes vers le tiers antérieur des sept premiers segments abdominaux ; la dernière paire s'ouvrant assez près de la base du huitième segment, à péritrème roussâtre comme les précédents, mais quatre fois plus grande 529 LARVES DE COLÉOPTÈRES et beaucoup plus béante, C'est la seule larve que je connaisse avec la dernière paire de stigmates si disproportionnée des autres, et ce carac- tère seul distinguerait entre toutes la larve du Lyctus. Pattes de cinq pièces, ongle compris. Hanche, trochanter et cuisse chargés en dessous de longs poils mous et blonds et de quelques-uns en dessus; tibia hérissé de poils semblables dirigés en avant, au milieu des- quels on aperçoit un ongle assez grèle et peu arqué. La larve du Lyctus canaliculatus vit, quelquefois en sociétés très-nom- breuses, dans l’aubier des bois travaillés ou refendus du Chêne, du Châ- taignier, du Noyer, du Cerisier, du Triacanthos, du Robinier et probable- ment d'autres arbres. Cet insecte est nuisible comme les Anobium pertinax et striatum et on le trouve souvent dans les maisons où il se développe plus volontiers dans le bois de chauffage que dans les charpentes, les planchers et les meubles, car il donne la préférence aux bois assez ré- cemment morts. J'ai pourtant observé sa larve dans des piquets équarris et mis en place depuis cinq ans. La femelle parait ne pas aimer à pondre sur ou sous les écorces, il lui faut le bois nu et c’est uniquement dans l'aubier que la larve se développe. Celle-ci creuse, à une profondeur qui ne dépasse guère un centimètre, une galerie longitudinale qu’elle laisse derrière elle encombrée de détritus et de déjections très-serrés. Ces ga- leries sont quelquefois si nombreuses qu'elles se touchent presque et même s’enchevëtrent. Aux approches de la métamorphose, c'est-à-dire chez nous vers la fin de mars, la larve dirige sa galerie vers la surface, y pratique même sou- vent une ouverture par laquelle elle expulse une partie des déblais, ce qui trahit sa présence, puis se retire un peu en arrière et procède à sa seconde évolution après une existence de dix mois environ. NYMPHE Elle est glabre et, comme celle des Apate, elle a sur la face dorsale des segments abdominaux une crête transversale, mais cette crête porte non de petites spinules ferrugineuses et cornées, mais quelques soies très- fines ettrès-courtes. L'extrémité du corps, tomenteuse dans les nymphes d’Apate, est ici absolument glabre. Dans nos contrées, partout où se trouve la larve du Lyctus, on voit apparaître son ennemi le Tarsostenus univitlatus. La forme et les caractères de l’insecte dont il s’agit dans cet article ont CISIDES. — CIS 223 rendu son classement assez difficile. Gyllenhal l'avait placé entre les Si- vanus et les Ditoma ; Dejean entre les Xylolæmus et les Teredus ; Gaubil entre les Diphyllus etles Telmatophilus ; Redtenbacher l’a fait entrer dans les Cryptophagides, Lacordaire dans les Cisides ; Erichson l'avait déjà placé dans les Apatides, et J. Duval en a fait le type d’une famille spéciale, celle des Lyctides, dans laquelle il a compris le genre Hendecatomus, et qui se trouve, dans son Genera, entre les Apatides et les Cisides. Je m’explique le parti qu'a cru devoir prendre ce dernier auteur, et je n’y trouve rien à redire du moment que les Apatides et les Lyctides sont contigus. Après cè que je viens de dire de la larve, je n'hésite pas à déclarer que l'opi- nion d'Erichson et de Duval est une preuve, parmi tant d’autres, de la haute sagacité de ces savants enlevés malheureusement trop tôt à la science et que le Lyctus canaliculatus appartient aux Apatides, ou mieux encore peut-être à un groupe immédiatement adjacent. La larve du L. pubescens a été trouvée par Heeger dans du bois de chène et publiée par lui (Sitzber. Wien., Acad. Wiss. 1853, p. 938). Je ne connais pas sa notice, mais M. Laboulbène m’a envoyé le calque des figures et elles me suggèrent plus d’une observation. Les antennes sont de deux articles au lieu de quatre et les palpes maxillaires de deux au lieu de trois ; il doit y avoir là une double erreur ; la lèvre inférieure se pro- longe en une longue languette biarticulée et longuement ciliée, ce qui n'existe pas dans la larve du L. canaliculatus. La nymphe peut bien passer pour celle d’un Lyctus, mais quant à la larve, qui est dessinée de côté, ce qui mettrait bien en relief les pattes, elle est complétement apode et res- semble à une larve de Scolytide. M. Heeger se serait-il arrêté à une larve de Rhyncolus, par exemple, vivant au même lieu que celle du Lyctus ? Je l'ignore, mais l’absence des pattes et de toute pubescence, ainsi que la composition des antennes et des palpes maxillaires, sembleraient l’indi- quer, Reste à savoir si la description contredit ce qu’indiquent les figures, CISIDES Cis coluber AB. DE PERRIN. Fic. 251-253. LARVE Long. 3-3 1/2 millim,, hexapode, d’un blanc un peu jaunâtre, charnue, i " 224 LARVES DE COLÉOPTÈRES subeylindrique, un peu atténuée vers les deux extrémités, terminée par un seul crochet corné. Tête assez convexe, lisse, roussâtre avec le bord antérieur un peu plus foncé. Épistome court et très-transversal, labre transversal aussi, finement cilié. Mandibules assez courtes, crochues, larges à la base, M à avec l'extrémité noire. Mâchoires coudées, mais-très peu inclinées, leur lobe assez court, large et pectiné. Palpes maxillaires débordant à peine la tête et dépassant un peu le lobe des mâchoires, un peu arqués, de trois articles dont le dernier, un peu plus long que chacun des deux autres, est terminé par deux ou trois cils très-petits. Menton presque carré; lèvre inférieure petite, s’avançant au milieu en une petite languette et surmontée de deux petits palpes labiaux de deux articles. Antennes de longueur médiocre, de quatre articles, le premier large et rétractile, le second plus long que le précédent, cylindrique. le troisième très-court, le quatrième plus court encore, ayant la forme d'un tubercule conique surmonté d’une longue soie assez épaisse à la base, subulée, Sous cet article surgit, implanté sur le troisième, un article supplémen- taire grêle, cylindrique, très-sensiblement plus long et que je ne m'abstiens de considérer comme le véritable quatrième article que parce qu'il n’est terminé par aucun poil. Sur chaque joue, près de la base de l’antenne, on voit trois ocelles noirs un peu saillants, disposés en arc transversal, deux inférieurs rapprochés et un supérieur écarté. ù Une forte loupe m'a montré en outre deux petits points noirs ocelli- formes, l'un continuant l'arc décrit par les trois premiers, l’autre placé enarrière vis-à-vis les deux inférieurs, de sorte qu’il semblait y avoir. de chaque côté, cinq ocelles, trois assez gros et deux très-petits. J'ai eu recours à une loupe encore plus puissante et j'ai de plus consulté mon microscope; l'un et l’autre instrument ont confirmé l’existence de ces deux ocelles plus petits, non-seulement sur la larve dont il s’agit ici, mais sur d’autres du même genre, de sorte que ces larves, au lieu de six ocelles que je leur ai attribués ailleurs, en possèdent réellement dix, dont six bien apparents et quatre presque imperceptibles, qui peut-être disparaissent souvent. L CISIDES. — CIS 225 Prothorax un peu roussätre antérieurement, plus large que la tête, sensiblement plus long mais plus étroit que chacun des deux autres seg- ments thoraciques qui sont égaux. Abdomen de neuf segments, les premiers égaux au métathorax, les suivants jusqu'au septième progressivement un peu plus grands; le hui- tième un peu plus court que les précédents ; le neuvième un peu plus long, arrondi, subhémisphérique, assez convexe en dessus, terminé par un seul crochet court, assez épais à la base, médiocrement arqué en haut, dressé presque verticalement, ferrugineux et corné, sauf à la base. En avant de ce crochet, deux très-petits tubercules écartés, surmontés d'un long poil. Sous la base de ce segment, un mamelon anal assez volumineux, contractile et multilobé. Sur la tête, les flancs, les deux faces ventrale et dorsale, des poils assez longs, très-fins et blanchâtres. Le dessus du corps est assez uni, mais sur les flancs règne un bourrelet bien visible, et du côté du ventre les segments, à intersection profonde et dès lors transver- salement convexes, ont des plis très-propres à seconder les mouvements de progression. Stigmates au nombre de neuf paires, la première très-près du bord an- térieur du mésothorax, les autres vers le tiers antérieur des huit premiers segments abdominaux. Pattes assez courtes, d’un blanc un peu roussâtre, de cinq pièces y compris un ongle peu allongé, munies de quelques poils. Le Cis coluber se prend assez communément en battant des branches de Châtaignier et de Chêne mortes depuis un an ou deux et sur lesquelles se sont développées des productions fongueuses sous forme de plaques, du nom de Telephora. Je ne doutais pas que la larve ne vécût de ces pro- ductions, maïs j'ai exploré sans résultat bien des branches tenant encore à l'arbre, tandis que je n’ai pas tardé à me satisfaire en m'adressant à celles qui, tombées à terre, y conservaient une humidité salutaire, La larve vit naturellement de la substance du champignon, qui remplace en quelque sorte l'écorce ; mais comme la matière fongueuse pénètre plus ou moins dans le bois, la larve chemine aussi assez souvent dans les couches supérieures de l’aubier où elle trouve une nourriture appropriée à ses goûts, et c’est toujours dans l’aubier, mais à une faible profondeur, que j'ai trouvé l'insecte plus ou moins récemment transformé. Je ne connais pas la nymphe. La larve du C. coluber diffère de toutes celles du même genre qui me sont connues par cette particularité, que le dernier segment, au lieu de PER. 15 226 LARVES DE COLÉOPTÈRES porter deux crochets cornés plus ou moins développés, n’en a qu’un seul d’une longueur assez restreinte. Je ne puis pourtant douter de son authen- ticité, car elle offre tous les autres caractères des larves des Cis, et, ce qui est encore mieux, des branches où je l’avais observée et que j'ai con- servées avec soin ne m'ont donné que l’insecte en question. Il est à remarquer aussi que, lorsque les autres larves de ce groupe vivent dans les agarics etles bolets, celle-ci se nourrit d’un champignon d’un genre tout différent, formant sur les bois morts des plaques ou des croûtes, ou les pénétrant de leur substance. Il doit en être de même de celles des C. alni et reflexicollis que l’on trouve également sur les branches mortes, et peut-être aussi des C. oblongus et pruinosulus que j'ai obtenus de branches mortes d’orme sur lesquelles s'étaient produits des mycélium. Reste à savoir si leur forme est celle du C. coluber. Si j'en doute pour ces deux derniers, je suis porté à le croire pour les deux précédents. à cause de leur forme. Mon ami M. Abeille de Perrin, dans sa récente monographie des Cisides si soignée el, à mon avis, si bien faite, a mentionné, p. 13, les larves con- nues de cette famille; ce sont les suivantes : Cis boleti Fas., Boucaé. Naturg. p. 203, Wesrwoon, Introd, t. I, p. 279, Mezu, Soc. Ent. 1848, p. 212. — C. Jacquemarti Mez., MELLÉ, loc. cit. p. 339. — C. laminatus Er., Mecué, loc. cit. p. 319 et PerRiS, Soc. Ent. 1862, p. 213. — C. Melliei Cog., Coquerec, Soc. Ent. 1849, p. 443. — C. Lucasi As, Lucas, Explor. de l'Algér. % partie, p. 469 (sous le nom de punctulatus). Pterogenius Nietneri Cann.. CannÈze, Histoire des métam. de quelques Coléopt. exot. p. 39 (de Ceylan). Xylographus bostrichoides Dur., Durour. Soc. Ent. 1850, p. 551. Rhopalodontus perforatus GxL., Mezcié, Soc. Ent. 1849, bull. p. XL. Ennearthron cornutum Gvc., Mezuié, Soc. Ent. 1849, bull. p. XL et Perris, Soc. Ent. 1854, p. 639. Je serais en mesure d'ajouter à la description qui précède celles des larves des Cis setiger, hispidus, nitidus et bidentulus, mais leur ressem- blance avec celle du C. coluber rend ce supplément sans intérêt. Il me suffit dé dire que, comme dans les autres larves connues de Gis, le der- nier segment porte deux crochets au lieu d’un seul. A la suite de la description du Cis laminatus j'ai indiqué, en les pui- sant principalement dans le dernier segment, les caractères des diverses sh à Cac dm dt = dut “hs Ss dam, CISIDES. — CIS 227 coupes génériques de ce groupe, caractères qui permeltraient, jusqu'à un certain point, d'en dresser le tableau synoptique. M. Abeille de Perrin, sans contester la valeur de ces caractères, pense qu'avant d'en générali- ser d'une manière absolue les applications, il faudrait avoir étudié un ensemble d'espèces de divers genres. Je suis, dans une certaine mesure. deson avis, et j'applique volontiers ce principe aux tableaux synoptiques que j'ai déjà dressés et que je dresserai encore dans le cours de ce tra- vail. Je n'ignore pas, en effet, qu'il y a du péril à être trop absolu; j'en ai eu plus d’une preuve et je viens d’en être averti par le Cis'coluber dont le crochet terminal unique constitue une exception. Je ne vais pourtant pas jusqu'à conclure que les lois de l’analogie sont de pure convention, que leurs principes n’ont rien de solide et qu'on risque beaucoup de s’égarer en se laissant conduire par eux. Je crois au contraire, et je me persuade que mon savant ami ne me contredirait pas, je crois qu'ils sont un bon guide, qu'il est le plus souvent permis en cette ma- tière de généraliser, d'attribuer à un genre les caractères que l’on cons- tate sur deux ou trois espèces, et que les dérogations à la règle commune que peut présenter telle autre espèce n'ont pas, ordinairement, d'autre portée que celle d’une exception, qu’elles constituent un caprice de con- formation, ou bien qu’elles avertissent que cette espèce se détache plus ou moins du genre où on l’a placée. M. Abeille de Perrin voudrait que l’on pût observer les larves de quel- ques espèces aberrantes parmi lesquelles il cite Enrearthron filum et laricinum et Rhopalodontus fronticornis. J'ai pu remplir ce désir en ce qui concerne ce dernier qui a été longtemps parmiles Ennearthron ; car le dernier segment de la larve est conformé non comme dans celles des Ennearthron, mais à l’instar de celles de Rhopalodontus. Il est, en effet, subconvexe, sans concavité et terminé par deux crochets courts, épais, brusquement recourbés et un peu dilatés en arrière. J'ai dit (Loc. cit. dans les généralités qui suivent l’article relatif au Cis Liminatus) que les larves de Rhopalodontus sont dépourvues d'ocelles; en en examinant plu- sieurs de l'espèce précitée, j'en ai trouvé qui étaient complétement aveugles et d'autres, au contraire, m'ont offert, sur chaque joue, trois ocelles noirs, bien distincts, disposés en arc transversalement oblique, deux très-rapprochés, presque contigus et un écarté et plus peut. Cette inconstance des ocelles dans une même espèce semblerait indiquer que ces organes n'ont pas ici une bien grande importance. Je termine cet article en avouant qu'après les observations de 228 LARVES DE COLÉOPTÈRES M. Abeille de Perrin et celles que j'ai reçues de mon sagace ami M. Pan- dellé, je suis beaucoup plus qu'ébranlé dans ma croyance que les Gis doivent être rapprochés des Cryptophagus. L'examen plus attentif et com- paratif des larves de ces deux genres m'a convaincu d’ailleurs qu’elles offrent des différences notables quant aux antennes, aux mâchoires, à la forme du dernier segment, aux ocelles, à la strncture générale, et que ces larves ne sont pas aussi voisines que je l'avais d’abord pensé. ANOBIIDES Anobium denticolle PAxz. FIG. 234-256. LARVE Long. 7-8 mill., hexapode, blanche, charnue, un peu ferme, plissée en travers, arquée surtout postérieurement, très-convexe en dessus, fort peu en dessous, renflée antérieurement. Tête inclinée, presque verticale, beaucoup plus étroite que le protho- rax, arrondie, subcornée, testacée avec le bord antérieur ferrugineux, re- vêtue de poils fins et roussâtres, marquée de quelques points épars et très-peu visibles et sur le vertex d’un fin sillon qui, arrivé à une fossette frontale, se divise en deux rameaux prolongés jusqu’à la base des man- dibules. Epistome assez court, trois fois aussi large que long; labre semi- elliptique, frangé de poils dorés. Mandibules assez courtes, robustes, noires avec un peu de ferrugineux à la base, dentées sur la tranche interne. Mâchoires descendant jusqu'à la base de la tête, subcylindriques, un peu convergentes ; lobe court, assez large, densement frangé de poils roux, ne dépassant pas le second article des palpes maxillaires; ceux-ci courts, droits, coniques, de trois articles égaux. Menton épais, plus saillant que les mâchoires; lèvre subcordiforme, prolongée au milieu en une languette conique, et surmontée de deux palpes de deux articles dontle premier plus court que le second qui atteint le sommet du lobe maxillaire. Antennes logées dans une cavité à la base externe des mandibules, ex- RÉ ét, Die > sn sn ANOBIIDES. — ANOBIUM 229 trèmement courtes, très-positivement formées de trois articles, mais m'ayant paru en avoir un quatrième, excessivement grêle, au milieu des petits poils qui surmontent le troisième. Sur chaque joue, et contre l'angle inférieur de la mandibule, un ocelle représenté par un petit tubercule assez saillant, lisse et luisant. Corps entièrement revêtu de poils courts et dorés, plus nombreux sur les côtés et surtout sur les derniers segments. Prothoraz presque égal, sur les côtés, aux deux autres segments tho- raciques réunis, mais pas guère plus long que chacun d'eux sur le dos, parce que le mésothorax empiète sur lui en s'arrondissant. Cette partie avancée est tuméfite, ruguleuseet limitée postérieurement par un pli transversal et un peu arqué dont les extrémités atteignent le bord anté- rieur du segment. Métathoraz ayant sur les côtés un ou deux plis longitudinaux, et con- formé à la partie antérieure dorsale comme le mésothorax, avec cette différence que la partie qui s’avance sur ce dernier est antérieurement couverte de spinules ferrugineuses, crochues en arrière. Abdomen de neuf segments, les six premiers munis sur les côtés de deux fossettes dont une, plus inférieure et plus grande, met en saillie un bourrelet ou gros mamelon latéral couvert d'une touffe de poils, arrondis antérieurement sur le dos, comme les deux derniers segments thora- ciques, avec l'espace tuméfié semi-elliptique circonscrit en arrière par un pli et couvert sur le devant de spinules crochues. Septième et hui- tième segments plus grands que lesautres, ne s’arrondissant pas au bord antérieur pour empiéter sur le segment précédent, munis antérieurement, sans gonflement et pli transversal apparents, de spinules arquées en ar- rière comme les précédentes, mais peu nombreuses sur le premier et presque nulles sur le second. Neuvième segment assez grand, pourvu sur les côtés et en dessous de spinules semblables, mais crochues en sens in- verse, marqué à la face postérieure de deux plis à peu près en forme de T, à l'intersection desquels se trouve l'anus. Dessous du corps à peu près plan, dépourvu de spinules et même de plis, revêtu seulement de poils fins et roussâtres. Stigmates à péritrème elliptique et au nombre de neuf paires, la pre- mière, plus grande et plus inférieure que les autres, dans une cavité la- térale entre le prothorax et le mésothorax, les autres près du bord anté- rieur des huit premiers segments abdominaux. Pattes médiocrement longues, à trochanter très-court, de cinq pièces 230 LARVES DE COLÉOPTÈRES y compris un ongle peu arqué et ferrugineux, hérissées, surtout sur les tibias, de soies et de longs poils roux débordant l’ongle. L'A. denticolle se prend dans les Alpes et dans les parties orientales et septentrionales de la France, sur les arbres morts ou malades, princi- palement sur le Sapin et le Tilleul. Je l’ai recueilli dans les Pyrénées, ainsi que dans les montagnes du Guadarrama, en Espagne; mais je l'ai trouvé aussi à Mont-de Marsan, au mois de juin, avec la Jarve, dans le bois à demi pourri d’un Châtaignier creux. La galerie de celle-ci est si- nueuse et encombrée de déjections grumeleuses. Je n'ai pas vu la mymphe, mais je présume qu’elle est enfermée, comme ses congénères, dans une coque formée de sciure et de déjections agalutinées, et qu’elle est couverte de poils très-fins et roussâtres etiter minée par deux papilles coniques. Depuis la rédaction de cet article j'ai appris que MM: Mulsant et Rey ont décrit cette même larve dans les Annales de la Société linnéenne de Lyon, 1872, page 427. Je n'ai pas eu l’occasion de lire cette description et je maintiens la mienne parce que je m'y réfère pour d’autres et qu'en cette matière les doubles emplois ont plus d'avantages que d'inconvénients. Anobiue fulvicorne STURM. LARVE A part la taille, comme de raison plus petite, cette larve ressemble à la précédente en tous points, sauf un seul qui réside dans les spinules dorsales du métathorax et des segments de l'abdomen. Nous avonstvu que, pour la larve de V’A.-denticolle, elles sont groupées en bande trans- versale au bord antérieur du métathorax et des sept premiers segments abdominaux; ici, au contraire, elles ne forment qu’une seule ligne el s'arrêtent au sixième segment de l'abdomen. Cette larve se développe dans les échalas et les branches du Châtai- gnier et du Charme, et peut-être aussi d’autres arbres, car MM. Mulsant et Rey disent qu'on prend l'insecte parfait en battant les Chênes, les Saules et les Aubépines. Elle se tient dans les parties les plus tendres du bois, qu'elle: ronge assez irrégulièrement. Elle se transforme dans une cellule formée au milieu de la vermoulure, et dont elle agglutine les parois à l’aide d’une liqueur qu'elle a la faculté de sécréter de façon à former une coque peu résistante. ANOBIIDES. -— OLIGOMERUS 231 NYMPHE Molle et blanche avec les yeux roussâtres; parsemée, principalement sur la tête, le prothorax et le dessus de l'abdomen, de poils très-fins et roussâtres. Abdomen assez mobile terminé par deux papilles coniques, courtes, à peine divergentes et dirigées en bas. Oligomerus (Anobiurm) brunneus Ortv. LARVE Forme des larves d’Anobium. Tête blanche avec la lisière antérieure testacée d’une antenne à l’autre et une tache de même couleur en arrière de l'angle inférieur des mandi- bules. Épistome deux fois plus large que long; labre semi-discoïdal, très- petit, revêtu de petits poils blonds. Mandibules noires, avec le milieu de la base ferrugineux, courtes, sub- triangulaires, à peine obliquement échancrées au sommet, non dentées sur la tranche interne. Les autres organes de la bouche, ainsi que les antennes. comme dans les larves d’Anobium. Menton très-grand, beaucoup plus étroit au sommet qu’à la base. Corps peu et très-finement velu; deux rangs de très-petites spinules sur le métathorax, deux ou trois rangs irréguliers sur les sept premiers segments de l'abdomen; le dernier dépourvu de toute spinule soit sur les côtés, soit en arrière et en-dessous. Mamelon anal circonscrit par un pli longitudinalement ovale et traversé par un pli longitudinal, sans pli supérieur transverse. Cette larve ressemble beaucoup à celles d’Anobium et surtout de Xes- Lobium, ces dernières n'ayant pas de spinules sur le huitième segment de l'abdomen; mais elle en diffère par ses mandibules non dentées ‘en dedans et par l’absenee de toute spinule sur le dernier segment. Untronçon de branche morte de frêne qui contenait quelques-unes de ces larves m'a donné des insectes parfaits, et j’ai su ainsi qu’elles appar- tenaient à l'Oligomerus. Cette espèce se trouve aussi, d’après MM. Mul- sant et Rey, sur l’Abricotier, le Cerisier, le Tilleul, le Châtaignier, et je l'ai, de plus, rencontrée dans des branches mortes de Chène. Dans mon Histoire des Insectes du Pin maritime, j'ai exposé, relative- 23? LARVES DE COLÉOPTÈRES ment aux larves d’Anobium, des généralités que je ne reproduirai pas ici ; je rappellerai seulement que ces larves, toutes si semblables par leur forme, se distinguent, suivant certaines divisions bien tranchées dont les insectes parfaits sont susceptibles, par le groupement des spinules dor- sales et par le nombre des segments qui en sont pourvus. Je me suis également livré à une discussion sur quelques organes de ces larves, et notamment sur les antennes, qui n’avaient pas été aperçues, et j'étais arrivé à constater leur existence dans une cavité située près de la base extérieure des mandibules. Je leur donnais alors au moins deux articles, probablement trois et peut-être quatre. Cette fois, j'ai été plus heureux ; je puis affirmer au moins trois articles, et entre les petits poils qui sur- montent le troisième, il m'a semblé, comme je l’ai dit plus haut, en voir un quatrième extrèmement grêle et court. Par la brièveté de ces organes comme par bien d’autres caractères, les larves d’Anobium paraissent for- mer un même groupe avec celles des Ptinus; mais il est à remarquer que, dans celles des Apatides, qui leur ressemblent tant par la forme, les an- tennes sont franchement de quatre articles, bien saillantes et relativement fort longues, Les larves connues des Anobiides sont les suivantes : Anobium domesticum Fourcr., pertinax F, non L., striatum Ourv., RouzeT, Soc. Ent. 1849, p. 311 et Permis, sous le nom de pertinax L. Soc. Ent. 1854, p. 630. Xestobium tessellatum F., Boucué. Naturg., p. 187, Ratzeburg, die Forst. t. I p. 45 et Wesrwoon, Introd., t. I p. 271. Ernobius abietis F., Rouzer, loc. cit. p. 308 et Permis, loc. cit. p. 628. — E. mollis L., Pernis, loc. cit. p. 622. — E, longicornis Srurx, Perris, loc. cit. p. 629. — E. nigrinus Srurm, RATzeBurG, loc. cit. p. 45. — E. pini Srurx, FLauenreLn, Soc. Zool. et Bot. de Vienne, 1864, Mesocælopus niger Muicer, sous le nom de Xyletinus hederæ Dur., Durour, Soc. Ent. 1843, p. 321. D'après Léon Dufour la larve serait dépourvue d’yeux et d’antennes et l'article terminal des pattes serait rudimentaire. Les antennes existent très-positivement, mais elles sont extrêmement courtes et enchâssées près de l’angle basilaire supérieur des mandibules. Quant aux ocelles, je crois, comme Dufour, qu’il n’en existe pas, car je n’ai pu les voir. Les pattes, médiocrement velues, du reste, sont composées de cinq pièces, comme celles des larves d'Anobium, et ce que Dufour appelle l’article ANOBIIDES. — GASPRALLUS 233 terminal est une sorte d'ampoule ou de ventouse placée sous l’ongle. La figure donnée par Dufour serait très-exacte si le trochanter y était re- présenté. J'ajoute que cette larve a des spinules crochues, disposées sur trois rangs, puis deux, puis un, sur le métathorax et les sept premiers seg- ments de l'abdomen, et quelques-unes sur les côtés du dernier segment. Xyletinus pectinatus F. LerzNer, Berliner, Entom. Zeitschrift, 1859. Catorama palmarum Guer, Canpëze, Soc. des -Sc. de Liége, 1861. Insecte d'Haïti. Dorcatoma Dresdensis Hergsr, Ent. Hefte, Hefte 2, p. 96. — D. Chry- somelina Sruru, Perris, Soc. Ent. 1862, p. 208. Enneatoma Subalpina Bon., sous le nom de Dorcatoma bovistæ, Ent. Hefte, 1803, p. 100. Amblytoma rubens Ent. Heft., Giraun, Gründl. Versamml. der Botan. Zool. Vereins in Wien. 1851, p. 14, et Lerzxer, Arb. Schles. Gesells, 1853. En voici quelques autres. Gastrallus (Anobium) Iævigatus O11v. FIG, 257-259. LARVE Long. 3 12 millim., blanche, charnue, médiocrement velue, courbée en are, mandibules triangulaires, ongle des pattes remplacé par une ampoule charnue. Le 9 février 1875, je trouvai dans une cellule pratiquée dans les cou- ches supérieures de l'écorce d’un très-vieux Châtaignier, écorce morte depuis un an au moins et sous laquelle avaient vécu des larves de Ceram- byæ, je trouvai, dis-je, un individu du Gastrallus immarginatus qui évi- demment avait accompli là toutes ses évolutions. Ce fait me donna l’es- poir de connaitre la larve de cet insecte, et ayant détaché des fragments de l'écorce, je me mis à les éplucher. Les couches de cette écorce et prin- cipalement les couches supérieures, comme feuilletées, étaient sillonnées de galeries sinueuses, étroites et remplies de déjections et de détritus. Dans ces galeries je finis par trouver une larve, puis une autre, puis plu- sieurs. Elles avaient la physionomie de larves d’Anobium; je ne doutai donc pas qu’elles n’appartinssent au Gastrallus, et enchanté de ma décou- 234 LARVES DE COLÉOPTÈRES verte, je rentrai chez moi pour étudier cette nouvelle conquête après la- quelle je soupirais depuis longtemps. Ma larve, soumise à une forte loupe, me parut moins velue, surtout aux pattes, que les larves d'Anobium qui me sont connues, et lorsque je l'exa= minai au microscope, mes doutes s’accentuèrent, d’une part, en voyant la forme des pattes qui, complétement dépourvues d’ongle, me renvoyaiént presque aux larves d’Anthribides lesquelles, par leur conformation géné- rale, se rapprochent de celles d’Anobides, d'autre part, en constatant! l'absence totale de ces spinules qui, sur la face dorsale de ces dernières larves, forment des bandes, des séries transversales on des groupes ca- ractéristiques. Je me mis alors à examiner dans ses plus minutieux détails l’objet de mon étude et de ma préoccupation, ettout bien considéré, je reconnus que ma larve ne pouvait entrer dans le groupe des Anthribides, Elle s’en éloigne, en effet, par la forme de ses mandibules qui, vues de côté, ont leur extrémité pointue et non émoussée, ou échancrée ou bifide, par ses mâchoires très-inclinées et non coudées. par l'absence complète de ces cils spinuliformes qui couvrent presque tout le corps des larves d’Anthribides, par la position près du bord postérieur du prothorax de la première paire de stigmates qui, dans ces dernières, se trouve près du bord antérieur du mésothorax, par une villosité plus sensible et enfin par la structure des pattes. On verra plus loin que, dans les larves d’Anthribides, ces organes de locomotion sont, au lieu de vraies pattes, des pseudopodes coniques for- més de trois à quatre articles peu distincts, susceptibles à peine de quel- ques mouvements de rétraction. Ici, au contraire, on voit de véritables pattes, relativement assez longues, mobiles, pouvant même se couder et formées de quatre pièces bien distinctes, une hanche épaisse ei velue, une cuisse plus épaisse à l'extrémité qu'à la base et munie, surtout en dessous, d'assez longs poils, un tibia cylindrique plus court que la cuisse, avec trois ou quatre poils près de l'extrémité, et enfin un tarse charun, s'épaississant légèrement de la base au sommet, ayant un peu la forme d’une ampoule et remplaçant l’ongle corné qui fait absolument défaut. Ce caractère, l'absence de dents aux mandibules, la faible villosité des pattes et même du corps, sauf la tête, le prothorax et le dernier seg- ment, le peu de saillie des mamelons latéraux et le manque de spinules dorsales la différencient aussi, il est vrai, des larves d'Anobiides, mais elle s’y ratiache par la forme des mandibules, par les mâchoires, par l’ab- ANOBIIDES. — GASTRALLUS 235 sence de tout ocelle, par la position de la première paire de stigmates. Elle s'y associe également par l'existence, au bord antérieur des deux derniers segments thoraciques et des six premiers segments abdominaux, d'un bourrelet transversal bien apparent, privé, à la vérité, de spinules, mais marqué en travers d'un pli médian qui facilite sa dilatation. Je n'hésite done pas à la placer dans celte famille, et je suis d'autant plus certain qu'elle appartient au Gastrallus que les fragments d'écorce dont j'avais fait provision m'ont donné un assez grand nombre d'indi- vidus de cet insecte. Les caractères différentiels qu'elle présente sont une justification de la création de ce genre. J'ajoute que cette larve est d’un beau blanc avec le bord antérieur de la tête, les mâchoires et les palpes maxillaires de couleur roussâtre, que les mandibules, larges et courtes, sont d'un testacé ferrugineux avec l'extrémité noire. que les antennes très-courtes et dont on voit à peine les deux derniers articles, sontlogées dans une cavité latérale à la base de chaque mandibule, et qu'en arrière des bourrelets dorsaux des six pre- miers segments de l'abdomen le microscope montre un groupe de très- petites aspérités presque imperceptibles. J'ai déjà dit dans quelles conditions j'ai rencontré cette larve qui doit vivre assurément dans d'autres arbres que le Châtaignier, car j'ai recueilli le Gastrallus en battant des branches mortes de Chêne, d'Ormeet de Prunier. Les galeries qu'elle creuse sont sinueuses comme celles des lar- ves d'Anobium et comme elles encombrées d'excréments granuleux, autre trait de ressemblance qui n'est pas à dédaigner. Elle s’y transforme dans une cellule qui, si j'en juge par celles où j'ai trouvé des insectes parfaits, est enduite d'un vernis agglutinant en forme de coque les déjections et détritus environnants. Je ne connais pas la nymphe. Depuis que cet article est écrit, j'ai eu l’occasion d'observer, eu cette fois sans qu’il puisse y avoir lieu au moindre doute, la larve d'une autre espèce de Gastrallus, le sericatus Redt. M. E. Revelière a eu la bonté de m'envoyer de Corse un tronçon d’une tige de Brassica insularis qui lui avait déjà donné des individus de cet insecte et qui était percé de plu- sieurs trous de sortie parfaitement ronds. Ayant ouvert ce tronçon qui n'avait guère plus de 12 centimètres de longueur, j'y ai trouvé deux Gastrallus dans la cellule où ils s'étaient transformés et de la plus grande fraicheur, mais morts, et trois larves dans un état de développement assez avancé, provenant peut-être d'une seconde génération. ou qui 236 LARVES DE COLÉOPTÈRES avaient été retardées dans leur croissance, Elles avaient creusé dans la tige subligneuse des galeries un peu sinueuses qui étaient demeurées encombrées de détritus et de déjections. Ces larves, évidemment de Gastrallus sericatus. ressemblent en tous points à celle du G. lævigatus et je n'ai pu leur trouver aucune diffé- rence. Ptilinus (Ptinus) pectinicornis L. Fig. 260-263. Long. 6 millim., hexapode, corps blanc, charnu, plissé en travers, arqué surtout postérieurement, très-convexe en dessus, fort peu en des- sous, renflé antérieurement. Tête inclinée, beaucoup plus étroite que le prothorax, un peu plus longue que large, subcornée, d’un testacé pâle avec le bord antérieur fer- rugineux, parsemée de poils courts, très-fins et roussâtres, marquée de stries transversales et sinueuses, très-fines et très-serrées, bien visibles antérieurement, presque nulles sur le vertex, et en outre d’un sillon assez profond partant du vertex et s’arrêtant à une fossette qui se trouve au tiers antérieur. Bord antérieur un peu échancré vis-à-vis l’épistome. Épistome assez court, transversal, trois fois aussi large que long; labre assez petit, subéchancré, revêtu et cilié de poils dorés. Mandibules noires avec la base ferrugineuse ; vues de côté, subtrian- gulaires, luisantes, avec une fossette allongée vers la base et l'extrémité tronquée, presque divisée en deux dents très-peu saillantes et séparées par une petite rainure. Mâchoires non coudées mais obliques, descendant jusqu’à la base de la tête, parcourues obliquement par un trait subcorné, comme dans les larves d’Anobium ; leur lobe assez large, cilié de petits poils dorés. Palpes mazillaires courts, dépassant un peu le lobe, ordinairement un peu inclinés en dehors, de trois articles égaux en longueur. Menton très-grand, convexe, comme tuméfié. Lèvre inférieure transversale, affleurant à peu près le sommet des mâ- choires, prolongée au milieu en une petite languette obtuse et portant les deux palpes labiaux courts et de deux articles. Antennes très-courtes, rétractiles, logées dans une cavité située contre le milieu de la base des mandibules, de trois articles au moins, mais | | | | ANOBIIDES. — PTILINUS 237 ven montrant ordinairement qu'un seul qui est grèle et surmonté d'un poil. Yeux nuls. Corps presque glabre sur le dos où le microscope montre à peine quel- ques poils très-fins et très-courts, finement velu de roussätre en dessous et surtout sur les bourrelets latéraux. Prothorax presque égal, sur les côtés aux deux autres segments tho- raciques réunis, mais pas guère plus long que chacun d'eux sur le dos, parce que le mésothorax empiète sur lui en s’arrondissant. Mésothorax court, un peu sinueux, ayant sur le dos, à droite et à gauche de la ligne médiane qui est lisse, un groupe transversal de petites aspérités tuberculiformes peu apparentes et très-écartées. Métathoraz plus long, sensiblement arrondi antérieurement et marqué d'un pli profond transversal, arqué en sens contraire, s'appuyant à ses deux extrémités sur le bord antérieur avec lequel il forme une sorte d’el- lipse sur laquelle la loupe montre un groupe transversal d'aspérités comme celles du mésothorax, mais non ou à peine interrompu au milieu. Huit premiers segments del’abdomen conformés comme le métathorax, mais sur les quatre premiers l’ellipse formée par le pli transversal a des aspérités plus apparentes et plus nombreuses, s’affaiblissant un peu d'avant en arrière, et en arrière de l'ellipse, de chaque côté de la ligne médiane, il y a un autre groupe transversal d’aspérités ; sur les quatre segments suivants ces dernières aspérités manquent, le pli transversal est beaucoup plus superficiel et même obsolète et le bord antérieur est de moins en moins arrondi. Les six premiers segments ont en outre, de chaque côté, une fossette et souvent un pli qui dessinent un bourrelet en forme de gros mamelon. Neuvième ou dernier segment abdominal large mais court, couvert d’aspérités antérieurement et plus encore sur les cû- tés de sa face postérieure, marqué inférieurement de deux plis profonds dessinant une sorte de boursouflure triangulaire ou elliptique au bas de laquelle est une fente, une apparence de vulve qui est l'anus. Les as- pérités dont j'ai parlé sont très-légèrement roussâtres, et vues au micros- cope, elles sont un peu inclinées en arrière, sauf sur le dernier segment où elles ont une direction opposée. Le corps, qui estun peu mat, semble, à une très-forte loupe, très-fine- ment chagriné; c'est à une illusion produite par la matité, car le mi- croscope atteste que celle surface, à part les aspérités, est parfaitement lisse. 238 LARVES DE COLÉOPTÈRES Stigmates et pattes absolument comme dans la larve de l'Anobium den- ticolle. De prime abord la larve du Ptilinus a toutes les apparences d’une larve d’Anobium, et l'air de famille est si manifeste qu’on pourrait bien s’y mé- prendre; mais lorsque un œil attentif explore les diverses parties du corps, on soupçonne, si on l’ignore, un genre différent, et, si on le sait, on le trouve suffisamment justifié. Cette larve, en effet, se sépare de celles des Anobium par les caractères suivants : la tête est couverte de stries transversales sinueuses et extrê- mement fines; les ocelles font complétement défaut; les aspérités dor- sales que le microscope montre comme de très-petites épines coniques, sont moins fines, et à la loupe on les prendrait plutôt pour des tubereules que pour des spinules ; ces aspérités ne sont pas disposées sur un seul rang transversal comme dans quelques larves d’Anobium, ou en bande transversale comme dans quelques autres, elles sont groupées sur cette sorte d’ellipse transversale dont j'ai parlé, de manière à la couvrir presque tout entière ; de plus, sur les quatre premiers segments abdominaux il existe des spinules en arrière de cette ellipse, et enfin les bourrelets laté- raux, lisses dans les larves d'Axobium, en sont aussi armés. Or, iln’ya qu’à se reporter à la figure que j'ai donnée du dernier segment de la larve de l’Anobium denticolle pour y reconnaître des différences notables. La plus remarquable est que l'anus, au lieu d'être placé à l'extrémité du segment, à l’intersection des trois plis, se trouve à la base contre le pénultième arceau ventral et forme, comme je l'ai dit, une sorte de vulve. J'ai trouvé assez abondamment cette larve, déjà presque adulte, au mois d'octobre, dans le tronc encore debout d’un vieux Saule marceau mort depuis deux ans au moins et qui avait déjà nourri l'année d'avant une première génération, car il était percé de trous, et en l’explorant je rencontrais des insectes parfaits dont la mort paraissait ancienne. Elle vit dans le bois tout à fait à la manière des larves d’Anobium, c'est-à-dire qu'elle y creuse, pour se nourrir, des galeries irrégulières et sinueuses qui ne pénètrent pas au delà de l'aubier. D'après MM. Mulsant et Rey (Térédiles, p. 235). elle vit aussi dans les Sapins, les Tilleuls et d'autres arbres (j'ai obtenu l'insecte du Triacanthos), tandis que celle du costatus se développe dans le Peuplier et dans le Chêne. Avant de se transformer en nymphe, ce qui a lieu en mai, elle conduit sa galerie jusqu'à la surface, ou bien si cette galerie est plongeante, ANOBIIDES. — XYLETINUS 239 elle fait volte-face de manière à ce que la nymphe ait la tête tournée vers l'extérieur. NYMPHE Elle est assez molle, délicate, absolument glabre, mais le dos et les côtés de l'abdomen sont couverts d'aspérités ciliformes extrêmement pe- lites ettrès-serrées, visibles seulement au microscope; les troisième à sixième segments dorsaux sont un peu saillants au milieu et les flancs sont parcourus par un bourrelet très-marqué. L’extrémité est très-briè- vement et très-obtusément quadrilobée ou quadrimamelonnée. Les an- tenne, est principalement les antenues longuement flabellées et par consé- quent très-larges du mäle, s'étalent sur les élytres en passant par-dessus les pattes. L'insecte parfait naît en juin. Xyletinus oblongulus Murs. Fig. 264. LARVE Ayaut mis en vase clos des brindilles mortes de pommier pour savoir à quelle espèce appartenaient des larves de Longicorne que j'y avais ob- servées et qui m'ont donné le Molorchus umbellatarum dontil sera question plus bas, j'obtins, au commencement de juin, plusieurs individus du Xy- letinus oblongulus. Je me mis alors à explorer les brindilles dans l'espoir d'y trouver quelque larve retardaire et quelque nymphe; mes recherches n'aboutirent à me procurer que d’autres insectes parfaits et une seule larve. Elle me suffit cependant pour pouvoir dire qu’elle ressemble, comme la précédente, aux larves d’Anobium, que ses mandibules sont assez larges et bifides ou plutôt anguleusement échancrées à l'extrémité, qu'elle a un rang de spinules sur le métathorax, trois rangs, du moins au milieu, sur le premier segment abdominal, deux sur le second, un sur le troisième et le quatrième, que le cinquième et le sixième présentent quatre spinules écartées et très-petites près du bord antérieur et qu'il y en a quelques-unes sur les côtés du dernier segment. Ceite larve vit, comme je l’ai dit, dans l'intérieur des menus rameaux morts du pommier et probablement d’autres arbres, car j'ai obtenu aussi 240 LARVES DE COLÉOPTÈRES l'insecte parfait de brindilles mortes de Pècher. La galerie qu'elle creuse n’est pas fort longue. Si la brindille est très-mince, elle occupe le centre ; si elle a une épaisseur d’un centimètre, elle est en dehors du canal médul- laire, et dans tous les cas, au dernier moment, elle s'approche de la sur- face de manière à ne laisser que l'écorce intacte. Le mâle du X. oblongulus, qui était inconnu à MM. Mulsant et Rey, a des antennes plus fortement dentées que celles de la femelle et à dents aiguës ; leur couleur est ordinairement un peu brunâtre avec la base claire, tandis qu’elles sont entièrement testacées dans l’autre sexe. Le cinquième segment ventral est simple et obtusément arrondi. Pseudochina torquata CHevr. — P. hbubalus Farm. P. liævis ÎLLIG. — P. serricornis Fas. Fig. 264-267. LARVES Ces quatre espèces peuvent être comprises dans le même article parce que le peu que j'ai à dire sur leur compte leur est commun. Les larves de Pseudochina ressemblent tellement à celles d'Anobium, qu'il est parfaitement inutile d'en donner la description. Elles ont leur forme, leur consistance, leur couleur ct reproduisent, y compris le petit ocelle sur chaque joue, tous leurs caractères, sauf pourtant les suivants qui sont assez tranchés: les mandibules son bifides à l'extrémité; leur corps est beaucoup plus densement et longuement velu; le dessous du dernier segment est autrement conformé, il présente deux plis arqués se croisant postérieurement pour former, en dedans de l'espèce de paren- thèse qu’ils constituent, un ovale allongé dont la courbe antérieure est formée par une sorte de crête roussâtre et subcornée; cet ovale est tra- versé par un pli longitudinal; enfin je n’ai pu trouver nulle part la moindre spinule, même en observant au microscope. La larve de la Pseudochina torquata, que je dois à M. E. Revelière, vit en Corse dans les tiges mortes du Cynara Corsica ; celle de la P. bu- balus, qui n’est peut-être pas autre que torquata, recueillie également en Corse par M. Revelière, se développe dans les tiges de la Ferula nodiflora ; celle dela P. lœvis a été trouvée à Montpellier, par M. Va- léry Mayet, dans les tiges de l'Euphorbia characits et j'ai obtenu des P, serricornis de larves vivant dans une graine exotique de Chine, je crois, ayant la consistance de l’amande. Les nymphes me sont inconnues. ANOBIIDES. — STAGETUS. — DORCATOMA 241 Stagetus (Xyletinus) pellitus Cnevr. LARVE Sa larve est conformée exactement comme celles des Anobium dont elle diffère par les caractères suivants : Mandibules. vues de côtés, tridentées à l'extrémité; quelques spinules éparses et très-peu visibles au milieu antérieur du métathorax et des quatre premiers segments abdominaux. Le dernier segment en est entiè- rement dépourvu. Pattes très-peu velues. Du reste, corps velu, antennes extrêmement courtes, rétractiles, un ocelle de chaque côté, fente anale longitudinale. Cette larve est mycétophage comme celles des Dorcatoma, et comme plusieurs d’entre elles, elle se développe dans un bolet subéreux et co- riace du groupe des Amadouviers. J'ai reçu celui-ci d'Alger. La nymphe est absolument glabre, même au microscope, et terminée par deux papilles courtes, épaisses, mameloniformes, divergentes et in- clinées. Doreatoma LARVES Je pourrais décrire aussi les larves des D. serra Paxz., Dommeri Ros. et setosella Muzs. qui vivent, la première dans le Boletus suberosus, la seconde dans un bolet du Saule, probablement le suaveolens, la troisième dans le Boletus Pini, mais je veux me borner à indiquer les caractères qui distinguent ces larves de celles des Anobium. Mandibules un peu plus longues, un peu crochues, acérées et bifides à l'extrémité ; dernier segment divisé en deux sur la face dorsale par un pli transversal, sans pli longitudinal en dessous, mais ayant, près de l'extrémité inférieure, un mamelon rétractile et lobulé, au centre duquel est l'anus. Spinules n'occupant qu'un très-étroit espace transversal du troisième au huitième segment, plus petites, mais plus nombreuses sur le douzième. Nymphe entièrement glabre et terminée non par deux papilles, mais par deux tubercules. PER. 16 242 LARVES DE COLÉOPTÈRES Aspidiphorus Lareymiei J. Duv. Fig. 268-275. LARVE Long. 2 1/4 millim., hexapode, charnue, molle, ovale-allongée, d'un blanchâtre terne et livide, très-velue, assez convexe sur le dos, un peu moins en dessous, arrondie postérieurement. Téte libre, longuement velue, d’un noirâtre terne, peu épaisse, plus large que longue, peu arrondie sur les côtés, marquée sur le front de deux fossettes oblongues écartées et en outre d’un trait blanchâtre qui, partant du vertex, se bifurque avant les fossettes en deux rameaux se dirigeant vers les antennes, Épistome très-court, labre semi-discoïdal et frangé de quelques longs poils. 1 : Mandibules assez courtes, se joignant à peine, ferrugineuses à la base, puis noires jusqu'à l'extrémité qui est bidentée. Mächoires descendant jusqu’à la base de la tête, très-coudées, peu ro- bustes, leur lobe à peu près droit extérieurement, un peu arrondi et cilié en dedans, ne dépassant pas le second article des palpes maxillaires. Ces palpes médiocrement longs, à peine arqués. de trois articles dont le premier paraît un petit peu plus grand que chacun des deux autres. Menton presque carré; lèvre inférieure subcordiforme, surmontée de deux palpes labiaux de deux articles, ne dépassant pas les lobes maxil- laires. Antennes longues et grêles, toujours saillantes, de quatre articles; le premier court, large et rétractile, le second plus étroit et un plus long, le troisième quatre fois environ plus long que le précédent, le quatrième presque de la longueur du second, très-grêle, terminé par un long poil et deux ou trois très-petits et accompagné d’un article supplémentaire plus court, pointu, sans aucun poil, et visible quand on regarde la larve en dessus. Sur chaque joue, près de la base des antennes, de petits ocelles tuber- culiformes qui m'ont paru au nombre de six, formant deux séries trans- versales de trois chacune, ceux de la série postérieure un peu plus écartés. Tête et segments thoraciques réunis égalant la moitié du corps, ceux- ci, par conséquent, sensiblement plus grands que les segments abdo- MINAUX. ANOBIIDES. — ASPIDIPHORUS 243 Prothoraz un peu coriace, un peu plus foncé et un peu plus long, mais plus étroit que les deux autres segments thoraciques, en parallélogramme transversal, dilatable sur deux points de sa face dorsale, qui sont indi- qués souvent par deux fossettes, hérissé en dessus et sur les côtés de longs poils blanchâtres divergents. Mésothoraz et métathorax marqués également sur le dos de plis ou fos- seltes indices de points dilatables, arrondis sur les côtés qui sont velus comme ceux du prothorax, ayant en dessus une série de longs poils. Abdomen se rétrécissant postérieurement, de neuf segments, les sept premiers égaux en longueur, très-arrondis, ou plutôt, par suite de l’exis- tence d'un bourrelet latéral, anguleux sur les côtés qui sont munis de trois ou quatre poils inégaux ; transversalement convexes, un peu plissés et dilatables en dessus, et sur la convexité, hérissés d’un rang de longs poils blanchâtres. Huitième segment plus court que les précédents, bien moins anguleux sur les côtés et velu comme eux; neuvième ou dernier segment velu, court, arrondi. un peu incliné, muni en dessous d’un mamelon pseudopode, charnu, un peu exsertile et au centre duquel est Vanus. Segments abdominaux ayant en dessous quelques poils et quel- ques plis. Stigmates très-peu apparents, au nombre de neuf paires : la première, un peu plus grande et un peu plus inférieure que les autres, sur la ligne qui sépare le prothorax du mésothorax, mais paraissant appartenir à ce dernier ; les autres au quart antérieur des huit premiers segments abdo- minaux. Pattes longues, grèles, de cinq pièces; trochanters courts, cuisses munies de deux soies en dessous; tibias ayant en dessous une petite entaille avec une soie et une autre soie en dessus; ongle long et peu arqué. NYMPHE Les divers organes disposés comme à l'ordinaire. Tête, thorax, élytres couverts de poils blanchâtres, mous et pas très-longs. Abdomen moins velu, postérieurement glabre, terminé par deux papilles écartées, coni- ques, non divergentes, légèrement arquées à l'extrémité. On ne voit ces deux papilles et même les deux derniers segments qu’en détachant la dépouille de la larve qui demeure ordimairement toute chiffonnée à l’ex- trémité de l'abdomen. 244 LARVES DE COLÉOPTÈRES L’Aspidiphorus orbiculatus, d'abord placé par Gyllenhal dans le genre Nitidula, a donné à Latreille l'occasion d'établir le genre dans lequelil se trouve aujourd'hui. Nul ne lui a contesté le droit à cette distinction géné- rique, mais les auteurs ont été loin de s'entendre sur la place qu'il con- venait de lui assigner. Latreille l’a colloqué dans les Dermestides, où l’a laissé le catalogue Dejean, Erichson dans les Ptinides et M. Redtenba- cher dans les Byrrhides où le maintient le catalogue Gaubil; M. Dohrn, ne sachant qu’en faire, l’a, dans le catalogue de Stettin, 1855, mêlé aux Genera incer!æ sedis ; le premier catalogue de M. de Marseul, 1857, l’a relégué à la fin des Trichosomidæ, après les Rhixobius. Coccidula et Alexia ; Lacordaire, aussi embarrassé que M. Dohrn, l'a mis en supplé- ment dans le quatrième volume de son Genera, et, faute de pouvoir mieux faire, l’a laissé dans les Byrrhiens, bien qu'il considérât ses ana- logies avec cette famille comme fort éloignées. Enfin J. Duval, dans son Genera, a constitué la famille des Sphindides, composée des deux genres Aspidiphorus et Sphindus et placée entre celle des Anobides et celle des Apatides, et le catalogue de Schaum, 1862, a admis cette combinaison. Dans son second catalogue, 1863, M. de Marseul, imitant Lacordaire. a associé les Aspidiphorus aux Limnichiens ; mais, dans le troisième, 1866, adoptant à peu près l'opinion de Duval, il a installé ce genre, ainsi que celui de Sphindus, à la fin des Anobidæ. C'est pour cela que j'en parle ici à propos des larves d’Anobides qui font partie de ce travail. Quant au genre Sphindus, après avoir fait partie des Nitidula de Gyl- lenhal, après avoir été placé successivement parmi les Ténébrionides, les Cryptophagides, à la suite des Cis, et enfin par Lacordaire dans les Anobiides, après avoir figuré dans les divers catalogues entre les Gis et les Lathridius, entre les Tetratoma et les Monotoma, dans la catégorie des incertæ sedis, après les Lyctus, etenfin entre les Dorcatorna et les Hedobia, et toujours plus où moins éloigné de l’Aspidiphorus, il a fini, de par J. Du- val, par s'unir à lui pour constituer une famille spéciale à laquelle il a donné son nom. Cette association est-elle légitime ? Pour moi cela ne fait pas le moindre doute, et je dis de plus qu'elle fait honneur à la perspicacité de J. Duval. Le premier il a trouvé dans les insectes parfaits les caractères qui les rap- prochaient, et voilà que l'étude des mœurs et ds métamorphoses vient justifier et corroborer son appréciation. J'ai donné dans les Annales de la Société des sciences de Li‘ge, 1855, la ANOBIIDES. —- ASPIDIPHORUS 245 description détaillée des figures de la larve du Sphindus dubius!; cette larve est, à peu de chose près, l'image fidèle de celle de l'Aspidiphorus qui, comme elle, lorsqu'on la tourmente, se jette sur le flanc et se courbe en arc, et dontelle ne diffère que par les caractères suivants : les palpes maxillaires paraissent un peu plus courts; le troisième article des an- tennes est moins allongé, il a trois fois, au lieu de quatre, la longueur du second, les pattes sont moins grèles. Ces caractères différentiels ne sont appréciables qu'à la loupe, ou au microscope ; mais ce qui distingue net- tement les deux larves, c'est que celle du Sphindus a le prothorax noir, avec une ligne médiane longitudinale blanchâtre, et les autres segments, ornés d'une bande transversale interrompue au milieu, tandis que celle de l'Aspidiphorus a seulement la tête noire et le prothorax roussâtre et que le reste du corps est uniformément d'un blanc terne et livide. Les nymphes ont aussi entre elles de grands rapports ; mais elles diffè- rent en ce que celle du Sphindus a les poils plus longs, qu'il n’en existe pas sur les élytres, mais qu'il s'en trouve à l'extrémité de l'abdomen, et que celui-ci se termine par un très-long filet membraneux (fig. 276). La comparaison des deux larves donne donc une prenve de plus de la nécessité de rapprocher les deux genres dont il s’agit ici, et leur manière de vivre confirme cette conclusion. On les trouve l'une et l'autre, presque toujours ensemble, et souvent en compaguie de celles du Liodes castanen et du Lathridius rugosus, dans cette p'oduction fongueuse du groupe des Lycoperdon, nommée Reticularia hortensis, et qui se développe sur les souches des arbres, principalement des Peupliers. et sur la tannée des serres. Elles vivent d'abord de la substance pulpeuse, puis de la pous- sière impalpable de ce champignon quiles recouvre tellement qu'on a de la peine à les discerner. Elles s’enfoncent l'une et l'autre dans la terre pour se transformer, mais on obtient aussi leur métamorphose dans les boites où l'on enferme la Reticularia. IL demeure donc établi que les genres Sphindus et Aspidiphorus doi- vent marcher de conserve; mais convient-il qu'ils forment une famille distincte, et cette famille doit-elle être placée entre les Anobiides et les Apatides ? ! J'ai deux reclifications à faire au sujet de cette larve : 1° le quatrième article des auteunes est accompagné d'un artic'e supplémentaire plus court, dont je n'ai pas parlé; 2e la première paire de stigmates est située non près du bord postérieur du pro- thorax, mais sur la limite du prothorax et du mésothorax, ou plutôt très-près du bord antérieur de ce dernier segment. 246 LARVES DE COLÉOPTÈRES Sur le premier point la question ne me paraît pas douteuse, car les bonnes raisons données par J. Duval et tirées de certains caractères pro- pres à ces genres se trouvent, comme je l'ai déjà dit, corroborées par la structure de leurs larves. Maïs la place assignée à cette famille est-elle légitime? Je ne me chargerais pas de le démontrer, et j'ajoute qu'à en juger par la forme des larves, le premier venu se prononcerait hardiment pour la négative. Ces larves, en effet, sont l’antipode de celles qui leur seraient adjacentes, et si l’on s'occupait d'une classification, on serait bien peu tenté de placer entre les larves des Anobiides et des Apatides, si concordantes par leur physionomie, celles des Sphindides qui n’ont avec elles aucun rapport. II me semble donc que ce classement est à revoir; et, sans rien préjuger, je me bornerai à dire que ces dernières larves pa- raissent, jusqu'à présent, se rapprocher de celles des Liodes, des Agathi- diens, des Clambus et même des Lathridius plus que de toutes les autres larves connues. Après avoir parlé des Sphindides à propos des Anobiïdes, rappelons en quelques mots le genre de vie des larves de cette dernière famille. Elles se nourrissent toutes de substances végétales. Celles des Dryophi- lus doivent être lignivores, et deux ou trois espèces, plus amies des ar- bres résineux que des Chênes, donnent un démenti au nomat tribué à ce genre. Celles des Priobium et des Arobium semblent être, à part deux espèces, essentiellement lignivores, et deux entre autres sont véritablement nui- sibles. La larve de l'A. pertinax, inconnu dans les Landes, mais commun dans les régions du Nord, détruit les vieux bois et les meubles : in ligno antiquo frequens, dit Gyllenhal, ir domibus ustensilia terebrat et destruit. Chez nous ce triste rôle est rempli par les larves de l'A. striatum. Le meilleur moyen de se garantir de leurs ravages consiste à n'admettre dans les charpentes, les planchers et les meubles aucune parcelle d'au- bier, car c’est dans l’aubier qu'elles se développent, en respectant les couches plus profondes, ce qu'on appelle le cœur, qui est plus dur et probablement aussi moins de leur goût. Les deux larves non lignivores sont: {° celle de l’A. hirtum qui ronge les livres et les dossiers sommeil - lant dans les bibliothèques et les archives, les vieux cartons, les par- chemins enliassés ; 2 celle de l'A. paniceum, fléau des botanistes dont elle détruit les herbiers, des manutentionnaires dont elle ronge les bis- cuits, des pharmaciens dont elle attaque les racines et les fleurs offici- dites ANOBIIDES 247 nales. Elle ne recule même pas devant un autre crime dont je ne la croyais pas capable, car, au témoignage de MM. Lucas et Revelière, elle porte le ravage dans les collections entomologiques, non-seulement en détruisant le liége, ou la moelle d'Agave qui porte les épingles, mais aussi en dévorant les insectes eux-mêmes. Je l'ai trouvée en outre dans les pains à cacheter, et, comme on l’a vu plus haut à propos du Corynetes ruficornis, dans un vieux nid de frelons. Enfin une communication récente de mon ami M. Peragallo, appuyée de pièces probantes, m'a appris qu'elle a mis hors de service ses guêtres de peau. Les larves des Xestobium sont xylophages et je suis porté à croire que celle du X. tessellatum qui, dans nos contrées, se contente des parties mortes des vieux arbres, Chêne, Châtaignier, Saule, etc., attaque à Paris les bois de construction, car j'ai observé, en avril, beaucoup de ces insectes dans certaines maisons. Venaient-ils uniquement du bois de chauffage? Les larves des Ernobius paraissent inféodées aux essences résineuses. Les unes naissent dans les bourgeons etse développent dans la moelle des plus jeunes branches, d’autres sont subcorticales. Celles des genres suivants jusqu'aux Xyletinus se nourrissent de bois mort ; mais en ce qui concerne ce dernier genre, j'ai des doutes au sujet d'une espèce, le X. ruficollis. Cet insecte habite les plages maritimes ; je ne l'ai trouvé que sous les crottins très-desséchés des Solipèdes, et j'en ai pris où fait récueillir un grand nombre sur nos côtes, dans les condi- tions que je viens de dire et très-loin de toute végétation arborescente. Je me suis toujours demandé, sans avoir pu le vérifier, si la larve de cette espèce ne vivrait pas dans ces crottins qui finissent par n'être plus qu'une agglomération de fibres végétales non digérées. Les Pseudochina se plaisent, d'après MM. Mulsant et Rey, sur les fleurs des Cynarocéphalées. On à vu plus haut que les larves de trois espèces vivent dans les tiges de plantes de familles diverses et que celles de la P. serricornis se sont uourries chez moi d'une graine exotique. On sait, en outre, que l'insecte parfait se trouve aussi dans les denrées coloniales et parmi les cigares importés en Europe. Les larves des Mesocælopus habitent les tiges mortes du Lierre, Sil fallait en juger par analogie, les larves des S'agetus seraient mycéto- phages, comme celles des Dorcatoma et des genres voisins. En tout cas, il éstpermis dedire que ces insectes n'acceptent pas, comme cértains Cis, des champignons simplement coriaces et qu'il leur faut de ces bolets dont la consistance se rapproche de celle du bois. 248 L\RVES DE COLÉOPTÈRES Voici, pour terminer, un tableau synoptique provisoire des genres de ce groupe que j'ai pu observer, élimination faite des genres Aspidiphorus et Sphindus : A Pattes de ciaq pièces, ongle compris, sans ampoule sous l'ongle. B Des spinules sur le dos de divers segments. C Anus à troislobes, un supérieur triangulaire, par'ois très-petit, deux longitudinaux, séparés par un pli longitudinal. a Pas de fossette sur le bord antérieur du front; spinules en bande transversale sur l'élévation antérieure du métathorax et des six premiers segments abdominaux, moins nombreuses sur le septième, aucune sur le huitième ; des spinules aussi sur les côtés et en dessous du neuvième. Xestobium tessellatum- Comme le précédent, mais quelques spinules sur le huitième x segment de l'abdomen. Anobium denticolle. Spinules en bande sur le devant du métathorax, deux ou trois rangs seulement sur les deux premiers segments abdominaux ; un seul rang sur les quatre suivants, quelquefois avec une portion de deuxième rang sur le milieu ; des spinules aussi, mais très-petites, sur les côtés du neuvième; aucune dessous. Anobium fulvicorne. — domestlicum. Pas de spinules sur le métathorax ; les cinq premiers segments seulement de l'abdomen presque entierement couverts sur leur élévation transversale antérieure de spinules d'une grandeur décroissante, suivies d’une touffe de poils fins ; quelques spinu- | les sur les côtés du neuvième et mème dessous à droite et à gauche de l’anus. Anobium paniceum. Quelques spinules à peine visibles sur le métathorax, le reste comme le précédent, sauf que les spinules sont un peu plus grandes et moins inégales. Anobium hirtum. aa Une fossette sur le bord antérieur du front; spinules couvrant presque toute l'élévation antérieure du métathorax et des six premiers segments abdominaux, maist rès-petites ; quelques-unes sur le septième et mème parfois sur le huitième ; d’autres sur les côtés eten dessous du neuvième. Ernobius. Un rang de spinules sur le métathorax, trois rangs sur le pre- mier segment abdominal, deux sur le second, un sur le troi- sième et le quatrième, quatre spinules écartées près du bord antérieur du cinquième et du sixième ; quelques-unes sur les côtés du dernier. Xyletinus. Deux ou trois rangs de très-petites spinules sur le métathorax et les sept premiers segments abdominaux, aucune sur le neuvième. Oligomerus. Quelques spinules éparses au milieu antérieur du métathorax el des quatre premiers segments abdominaux, aucune sur le neuvième. Stagetus. ANOBIIDES. — PTINIDES, — PTINUS 249 BB Pas de spinules. Pseudochina. CC Aous situé à la base d'une boursouflure triangulaire circonscrite par un pli; de très-petites aspérités sur le mésothorax, le méta- thorax et les huit premiers segments abdominaux; de plus, sur les quatre premiers segments de l'abdomen, un groupe d'aspérités semblables un peu en arrière de chaque côté de la ligne médiane. Dernier segment couvert d'aspérités antérieurement et sur les côtés de la face postérieure. Ptilinus. CCC Anus non lobé et simplement en forme de mamelon rétractile, sans fente longitudinale ; dernier segment divisé en dessus par un pli transversal ; spinules n'oceupant qu'un très-étroit espace trans- versal sur le métathorax et sur les cinq premiers segments abdominaux. Dorcaloma. AA Pattes de cinq pièces avec une ampoule sous l'ongle ; un rang de spinules presque imperceptibles sur le métathorax et sur les six premiers segments abdominaux et un groupe sur les côtés du dernier. Mesocælopus. AAA Pattes de quatre pièces sans ongle; pas de spinules. Gastrallus. L'étude comparative des larves, en vue de la formation de ce tableau, m'a révélé des caractères qui rendent admissibles les genres détachés de l'ancien genre Anobium; mais elle m'a conduit aussi à reconnaitre, dans les larves du genre Anobium actuel, au moins trois groupes caractérisés, comme on a pu le voir plus haut, par les spinules. Consultant alors le travail sur les Térédiles, par mes amis MM. Mulsant et Rey, j'ai remarqué qu’ils onttrouvé dans les insectes parfaits de ce genre quatre groupes, auxquels ils ont donné des noms. Le premier (Dendrobium) a pour type les À. denticolle et pertinax; le second (Anobium) les 4. do- mesticum. fulvicorne et autres ; le troisième (Ncobium) les À. hirtum et tomentosum ; le quatrième (Artobium) l'A paniceum. Mon premier groupe à moi se rapporte également aux À. denticolle et pertinax, mon second aux À. domesticum et fulvicorne; quant au troisième et au quatrième re- latifs l’un à l'A. paniceum, l'autre à l'A. hirtum, on serait très-tenté de les réunir, mais pourtant on peut voir qu'ils diffèrent par deux légers carac- tères : des spinules un peu plus fortes et moins inégales dans celui-ci, avec le métathorax muni de quelques petites spinules, tandis qu'il n'y en a pas dans celui-là. Ainsi se sont trouvés justifiés, sans intention aucune et à mon insu, les résultats dus à la sagacité de mes savants amis. Encore une preuve, et l'on en verra d'autres, du secours et du contrôle que l'étude des larves peut apporter dans l'étude et la classification des insectes parfaits. 250 LARVES DE COLÉOPTÉRES PTINIDES Péinus ornutus Murs. LARVE Long. 4 millim. Cette larve semble calquée, à la taille près, sur celle de l’Anobium denticolle, décrite plus haut, et n’est qu'une copie de celle du Ptinus dubius qui figure dans mon travail sur les insectes du Pin, Corps velu, plissé, courbé en are, antennes presque invisibles, de trois articles au moins, logées dans une cavité contre la base des mandibules; un ocelle au dessous de la cavité antennaire ; lobe des mâchoires arrondi; palpes maxillaires de trois articles et palpes labiaux de deux ; stigmates semblables et semblablement disposés, autant de caractères qui sont com- muns aux deux espèces des deux genres ; mais la larve du Ptinus est dépourvue de ces spinules si caractéristiques dans celles des Anobium ; les pattes sont moins velues; le pli anal est transversal et non longitu- dinal ; les mandibules enfin, et ce caractère est, comme le précédent, un des plus saillants, sont plus longues, plus pointues, et taillées en bi- seau uni et tranchant, au lieu d’être dentées sur le bord interne. Cette larve doit vivre dans plusieurs sortes de bois morts; je l'ai trouvée dans de vieux échalas de Châtaignier en partie pourris. Elle vivait dans les couches tendres de l'aubier, où elle avait creusé des galeries longitudi- nales qui étaient encombrées de petits crottins granuleux. Lorsqu'elle veut se transformer en nymphe, elle tasse avec son corps la vermoulure qui l'entoure et s’y forme une cellule dont elle colle et vernisse les pa- rois à l’aide d'une liqueur visqueuse qu'elle a la faculté de sécréter. IL en résulte une sorte de coque dans laquelle elle subit ses métamorphoses Je n'ai pas vu la nymphe. Péinus germanus F. LARVE Je n'ai rien à en dire, si ce n'est qu'elle est longue de 5 millim., et qu’elle ressemble en tous points à la précédente, sauf qu’elle présente sur le métathorax et les premiers segments abdominaux quelques spinules PTINIDES. — PTINUS 251 d’une petitesse extrême et à peine visibles. Malgré ces spinules, bien moins apparentes, du reste, que dans les larves d’Anobium, on ne sau- rait la confondre avec ces dernières, à cause du pli transversal de l'anus. Je l'ai trouvée dans de vieux échalas de Châtaignier, dans les tiges d'Aubépine et des branches de Cerisier. Elle paraît aimer le bois mort depuis assez longtemps, fût-il dépourvu d'écorce. Elle creuse dans l'au- bier des galeries longitudinalement sinueuses et d’un diamètre variable que caractérise une accumulation considérable de vermoulure granuleuse, au milieu de laquelle elle se transforme comme la précédente. Je n’ai pas non plus vu la nymphe. Les larves connues des Ptinides appartiennent aux espèces suivantes : Hedobia imperialis L., Boucné, Naturg, p. 187. Ptinus fur L., Gornarr, Métamorph. t. Il. p. 172; ne GEer, Mém., t. IV, p. 234, et autres. — P. dubius, Sruru, Perris, Soc. Ent. 1862, p. 205. Comme on a pu le voir par la comparaison que j'ai faite de la larve du P. ornatus avec celle de l'Anobium denticolle, comparaison que j'aurais pu étendre à d’autres espèces, les larves des Anobiides et des Ptinides ont entre elles la plus grande affinité, et les unes et les autres se rapprochent, par leur physionomie, de celles des Apatides. Ces trois groupes présen- tent un caractère commun qui consiste dans la position de la première paire de stigmates. Elle est située rarement sur la limite du prothorax et du mésothorax, et presque toujours très-près du bord postérieur du pro- thorax. Nous retrouverons ailleurs cette particularité, sur laquelle nous reviendrons. Pour le genre de vie des larves et des insectes parfaits de la famille des Ptinides, je renvoie aux généralités écrites avec tant de charme et aux renseignements donnés sur le plus grand nombre des espèces par mes savants amis MM. Muisant et Rey, dans leur Histoire niturelle des Gis- bicolles. HÉTÉROMÈRES Me voici arrivé à la grande division des Hétéromères, et l'on n'aura pas de peine à comprendre que, si je m'en tenais aux larves du Châtai- gnier, qui sont mon point de départ, il me faudrait renoncer à parler des premiers états d’une foule de genres qui n'ont rien de commun avec cet arbre. Je devrais franchir tous ceux qui précèdent la famille des Diapé- rides, et la lacune serait fort étendue. Dans cet état de choses, j'ai pensé qu'on me saurait gré de faire connaître quelles sont les larves connues des familles précédant celle que je viens de citer et d’en décrire quelques autres. Peut-être encouragerai-je ainsi la recherche de ces larves plus in- téressantes par leur structure, malgré son apparente uniformité, que par leurs mœurs ; peut-être aussi aiderai.je à la détermination de certains genres jusqu'ici inconnus de tous, en signalant les formes propres à ceux qu'il m'a été donné de connaître. Ce sont ces motifs qui m'ont dé- terminé à faire une exception pour la division dont il s’agit. Les larves dont divers auteurs ont déjà parlé sont les suivantes : Elenophorus collaris L., E. et V. Mucsanr, 7° Opusc. Entom., p. 135. Akis punctata Tauus , Muisanr, Ann. Soc. Lans. de Lyon, 1845, p. 9et Latigènes, p. 56. Scaurus tristis Ouiv.?? M. Mulsant parle dans ses Latigènes. p. 51, de larves trouvées dans la terre d’une caisse où il avait placé des Pimelia bipunctata, des Scaurus tristis et des Elenophirus collaris. Ces larves, auxquel'es la description donne des palpes maxillaires de quatre articles, ce qui me parait anormal dans la division des Hétéromères, et un dernier segment lisse en dessus et en dessous, sans aucune épine et sans lobes ou appendices au mamelon anal, double caractère qui se trouve rarement réuni dans les larves de cette division, ces larves, dis-je, ne peuvent ap- partenir à une Pimelia, si je n’ai pas été induit en erreur par celles dont ou trouvera ci-après la description. Elles ne sont pas non plus d’Eleno- phorus collaris d’après le signalement donné par M. Mulsant. Elles se TENTYRIDES. — TENTYRIA 253 rapportent peut-être au Scaurus tristis, mais je ne puis exprimer cette opinion qu'avec beaucoup de doute. Blaps Chevrolatii Sou., Mortisaga, Harinay, Trans. of the Entom. Soc. of London, 1838, p. 100; Wesrwoop, Introd. t. 1, p. 321. — B. fatidica Sruru, obtusa Currt., LETzNER Ausz. aüs der Ubers, der Sschlesich. Gesells. 1842, p. #; Perris, Soc. Ent. 1852, p. 609 et Caapurs et CaNDËze, Catal., pl. VI, fig. 5. — B. producta BruLé, Perris, loc. cit., p. 606. — B. Gigas L., Muzsanr et V. Maver, 15° Opusc. Entom., p. 92. Crypticus quisquilius L., Boucaë, Naturg., p. 191. Phylax littoralis Murs, Mucsanr et V. Mayer, 15° Opuse. Ent. p. 90. Gonocephalum pygmæum ? (Des.) Kusr., Fiscuer De VaLDHEIM, Oryctogr. du gouvern. de Moscou, 1830. Je décrirai les suivantes : TENTYRIDES Tentyrina interrupéa LATr. LARVE Long. 25 millim. Hexapode, subeylindrique, subcornée, d’un roux jaunâtre avec le bord postérieur des segments plus foncé ; dernier seg - ment convexe en dessus, ogival, couvert de spinules sur sa moitié pos- térieure; mamelon anal à deux pseudopodes. Tête horizontale, convexe, à côtés arrondis et couverts de poils roux très-touffus, les uns longs et étalés, les autres plus courts, plus épais, tronqués. papilliformes, rabattus vers le front. Sur cette dernière partie six ou huit points symétriquement disposés. Bord antérieur largement et faiblement échancré au milieu, plus sensiblement de chaque côté pour recevoir les antennes. Épistome un peu renflé à sa base où il est marqué d’une ligne trans- versale de points de chacun desquels s’élève un poil roux, vertical. Labre très-transversal, un peu tuméfié, droit au bord antérieur qui est frangé de cils dorés, fins et très-serrés ; marqué, un peu én arrière de ces cils, d'un rang transversal de petits points donnant naissance à un poil, 254 LARVES DE COLÉOPTÈRES et, un peu en arrière de ces points, muni d’une bande de poils ferrugi- neux, courts, tronqués, papilliformes et très-denses. Mandibules minces, mais larges, non dentées au sommet, très-arron- dies extérieurement, ridées à la surface supérieure qui paraît un peu concave à cause du relèvement du bord externe qui est presque tran- chant ; striées en dessous à l'extrémité; munies à leur base externe d’une touffe de poils roux, la plupart papilliformes. Mäâchoires médiocrement robustes, descendant jusqu'aux deux tiers au moins de la longueur de la tête. coudées sur leur articulation et un peu convergentes ; leur /obe assez court, subeylindrique, peu densement cilié de soies courtes et tronquées. Palpes maæillaires arqués en dedans, de trois articles, le premier et le troisième de longueur égale, le second presque de moitié plus long et muni extérieurement d'un poil. Menton bien plus long que large, dilaté au milieu, hérissé postérieure- ment de poils raides. Lèvre inférieure subcordiforme, mais convexe antérieurement et lon- guement ciliée entre les palpes labiaux qui sont de deux articles, le pre- mier plus long et bien plus épais que le second. Antennes de quatre articles, le premier court, épais et un peu rétrac- tile, le second un peu plus long que le troisième, l’un et l’autre visiblement en massue; le quatrième beaucoup plus court, incomparablement plus grêle, surmonté d’un petit poil et susceptible de rentrer plus ou moins dans le précédent. Pas d'article supplémentaire. Ocelles nuls. Prothoraz un peu plus long que chacun des deux autres segments tho- raciques, comme eux lisse et pourvu sur les côtés de poils d’inégale lon- gueur et touffus principalement aux angles antérieurs. Abdomen lisse, avec quelques poils fins sur les côtés, de neuf segments, le premier pas plus long que le métathorax, les six suivants progressive- ment un peu plus longs, le huitième de la longueur du premier ; le neu- vième longuement en ogive, subconvexe, ayant sur sa moitié antérieure sept à huit fossettes disposées presque en demi-cercle et dont la posté- rieure est seule très-visible; couvert sur sa moitié postérieure, sauf un petit espace lisse, de poils spiniformes épais, dressés et même un peu inclinés en avant, lesquels peuvent s’user et se présenter alors sous forme de granules; frangé tout autour de poils roux et rigides extrêmement touffus et mélangés de: poils longs et flexibles. TENTYRIDES. — TENTYRIA 255 Mamelon anal occupant plus de la moitié antérieure du dernier segment, pouvant se détacher en partie de celui-ci qui est concave en dessous pour le recevoir, terminé par deux lobes coniques sur les côtés externes desquels on voit quelques soies spiniformes. Stigmates au nombre de neuf paires, la première, plus grande et plus inférieure que les autres. près du bord antérieur du mésothorax, les autres près du bord antérieur des huit premiers segments abdominaux, au- dessus d’un pli longitudinal. Pattes rapprochées et inégales, les antérieures plus longues et bien plus robustes que les autres et comme elles de cinq pièces. Tibia plus court que la cuisse, celle-ci ayant en dessous trois ou quatre rangs de soies spinuliformes serrées, celui-là un rang de soies inégales, parfois usées. Ongle d’un brun ferrugineux, au moins aussi long que le tibia, déprimé, élargi, en forme de demi-fer de flèche. Ongle des autres pattes subulé. J'ai trouvé en juin plusieurs individus de cette larve sur nos côtes ma- ritimes, en creusant un peu le sable au pied des grosses touffes d'Arte- misia, de Diotis et autres où s'étaient accumulés des détritus végétaux et animaux. Quoique je ne l'aie pas élevée et que je n'aie pas rencontré la nymphe, je n'ai pas le moindre doute sur l'espèce à laquelle elle appar- tient, parce que les seuls Mélasomes de notre plage océanique sont la Tentyria interrupta et l’Olocrates gibbus. Tentyria mueronata STEVEN. LARVE La larve de cette espèce, que Raymond m’envoya autrefois sans nom, de Fréjus, ressemble tellement à la précédente, que je n'ai pu lui trouver un caractère distinctif bien précis. Elle appartient donc incontestablement à une Tentyria, et comme la mucronata est la seule qui existe à Fréjus, je la considère, sans crainte d’erreur, comme appartenant à cette espèce. Elle a été trouvée dans la tête d’un cheval mort. 256 LARVES DE COLÉOPTÈRES ASIDIDES Asida Corsica CAsrT. LARVE Long. 35 millim. Hexapode, cylindrique, d’un testacé jaunâtre, avec le bord des segments plus clair; dernier segment demi-elliptique, cou- vert en dessus de petites épines, concave postérieurement et terminé par deux épines dentiformes. Tête subconvexe, marquée de quelques rides transversales et de gros points clair-semés sur le front, plus serrés sur le vertex, plus encore et même plus gros sur les côtés qui sont densement hérissés de poils blonds assez longs et un peu arqués en arrière. Épistome couvert de granules sur sa moitié postérieure qui est renflée. Labre très-transversal, un peu tuméfié, presque droit au bord anté- rieur qui est cilié de soies dorées, ayant au milieu un rang transversal de soies spiniformes tronquées, entremêlées d’assez longs poils. Mandibules noires, avec une partie du bord ferrugineux, larges, dila- tées latéralement en lame tranchante, légèrement concaves et un peu ri- dées en-dessus, ridées aussi au sommet en dessous, non dentées à l'ex- trémité, formant, lorsqu'elles sont fermées, un angle rentrant antérieur, hérissées en dessous d’un rang longitudinal de poils roux assez serrés, Mächoires comme dans la larve de Tentyria. Palpes maæillaires de trois articles, le premier plus court que le second, le troisième visiblement plus court que le premier. Lèvre inférieure un peu avancée au milieu en languette longuement ciliée. _Palpes labiaux de deux articles dont le premier double du second. Antennes comme dans la larve précédente; dernier article presque entièrement rétractile dans le troisième. En arrière des antennes des granules qui couronnent une pelite crête obliquement longitudinale. Corps conformé, jusqu’à l’avant-dernier segment inclusivement, comme dans la larve précédente, lisse, presque entièrement glabre. Dernier seg- ment subconvexe sur plus de la moitié antérieure, puis assez brusque- ASIDIDES. — ASIDA\ ANT À ment déclive et paraissant concave dans cette partie à cause du relève- ment du bord; couvert presque jusqu'au bas de la déclivité de spinules coniques sensiblement plus faibles postérieurement que sur le devant et sur les côtés et entremêlées de très-courtes soies spiniformes; concavité comme finement réticulée. Bord postérieur denticulé et terminé par deux dents coniques, ferrugineuses, rapprochées, dressées et à peine arquées en avant, Face postérieure hérissée de poils blonds. Mamelon anal comme dans la larve précédente, mais terminé par deux lobes épais, courts, très-obtus, surmontés d’un rang transversal de spinules tronquées rousses et précédées d’un petit rang de spinules semblables, Stigmates comme dans la larve de Tentyria. Pattes très-inégales, les antérieures plus longues et bien plus robustes * que les autres et de cinq pièces. Tibia bien plus court que la cuisse, qui est presque triangulaire, vue de côté ; ongle en demi-fer de flèche et près de deux fois plus long que le tibia. Ce dernier, le dessus de la cuisse et du trochanter, ainsi que les hanches hérissés de poils blonds; extrémité du trochanter et dessous de la cuisse couverts de granules noirs, cornés, très-serrés et contigus. Les autres pattes hérissées de soies raides épi- neuses, leur ongle subulé. J'ai reçu cette larve de M. E. Revelière, qui l’a trouvée en Corse. Asida Jurinei So. o«' — Asida bigorrensis SOL. © LARVE Sauf la taille, sensiblement plus petite, elle est en tout semblable à la précédente, à part les caractères suivants : la déclivité du dernier segment commence plus en arrière; les spinules dorsales s'étendent un peu plus et sont moins inégales ; les lobes du mamelon anal ont, indépendamment de celles du sommet, deux rangs très-rapprochés de spinules. J'ai trouvé cette larve au mois de maien creusant au pied d'un vieux Chène, et une autre fois en faisant retourner un gazon. J'en ai obtenu l'insecte parfait, mais je n'ai pas vu la nymphe. M. Mulsant a publié dans ses Latigènes (p. 87) la description d’une larve qu’il attribue, mais avec doute, à l’Asida grisea. J'ai déjà dit, à propos des larves d’Agriotes, qu'elle appartient à une espèce de ce der- nier genre. PER. 17 258 LARVES DE COLÉOPTÈRES PIMÉLIIDES Pismelin Sardea Sol. LARVE Long., 23-25 millim. Hexapode, demi-cylindrique, à cause de l’aplatis- sement de la région ventrale, d’un roux jaunâtre, de consistance un peu parcheminée plutôt que subcornée, hérissée en dessus et sur la poitrine de poils blonds nombreux et inclinés en arrière; dernier segment un peu concave, ayant la lisière couverte de petites spinules et un peu repliée en dessous. Tête postérieurement ferrugineuse, large, transversale, très-peu con- vexe, parsemée de gros points enfoncés avec des espaces lisses, munie de poils blonds clair-semés en dessus, très-touffus sur les côtés. Bord an- térieur largement échancré, avec un rang de poils dressés. Épistome court, trois fois aussi large que long, tuméfié, muni de deux rangs transversaux de soies longues et rigides, arquées, les antérieures un peu en avant, les autres un peu en arrière. Mandibules noires, assez courtes, larges, formant, lorsqu'elles sont fer- mées, un arc régulier surbaissé, planes et rugueuses en dessus, avec une _profonde excavation ovale le long du bord externe qui est presque tran- chant, hérissées de soies blondes et serrées sur leur tiers latéral pos- térieur. Palpes maxillaires de trois articles, le premier le plus court, le second le plus long. Palpes labiaux de deux articles, le premier double, ou peu s'en faut, du second. Antennes de quatre articles, le premier gros et court, le second double du troisième et comme lui un petit peu en massue, le quatrième très-grêle, susceptible de rentrer presque entièrement dans le précédent et terminé par un poil. Pas de traces d’ocelles. Corps conformé comme dans la larve de Tentyria, mais plus large ; sa surface luisante et vaguement réticulée. Dernier segment un peu plus large à la base que long au milieu ; concavement déclive à partir de la | à PIMELLUIDES. — PIMELIA. — CRYPTICIDES. — CRYPTICUS 259 base, très-arrondi postérieurement, mais pourtant un peu en ogive; cou- vert dans son pourtour et sur une petite largeur de spinules très-serrées et obtuses. Bord non tranchant, émoussé et frangé de longues soies blondes, serrées et dirigées en arrière. Face inférieure très-concave pour loger le mamelon anal qui l'occupe presque tout entière et qui est ter- miné par deux lobes épais et hérissés de soies épineuses. Stigmates comme dans les larves précédentes. Pattes inégales, les antérieures plus longues et beaucoup plus robustes que les autres. Tibia de la longueur de la cuisse, ongle plus court et en demi-fer de flèche. Des poils blonds sur la hanche et le trochanter, plus touffus dessus et dessous la cuisse et le tibia, ceux de dessous entremêlés de spinules. Les autres pattes velues en dessus, ayant des soies spini- formes en dessous ; leur ongle aussi en demi-fer de flèche. mais bien plus petit. Je tiens cette larve de M. E. Revelière, qui l'a trouvée dans les sables maritimes à Porto-Vecchio. Pimelia bipunetata Fa, LARVE Sur la tête de cheval mort qui lui avait procuré la larve de la Ten- tyria mucronata, M. Raymond avait recueilli d'autres larves dont je n'ai pu soupçonner le nom qu'après avoir recu celle de la Pimelia sardea. Elle lui ressemble, en effet, tellement que je n'ai pu y trouver la moindre différence. Elle appartient donc évidemment à une Pimelia, et comme la bipunctata est la seule qui existe en France, sur les bords de la Méditer- ranée, je ne puis pas ne pas l’attribuer à celte espèce. CRYPTICIDES Crypticus (Tenebrio) quisquilius L. LARVE Bouché (Naturg., p. 191), a donné de cette larve la description sui- vante : Corps cylindrico -filiforme, brunätre sur la tête et le prothorax, presque 260 LARVES DE COLÉOPTÈRES entièrement brun sur les deux derniers segments ; d’un jaune sale sur le reste, avec les articulations d’un gris brun; couvert de petits points avec le bord des anneaux lisse; dernier segment armé à son extré- mité de quatre épines d'un noir brun. Pieds bruns, stigmates d’un roux brun. Les mots brun et brunâtre employés par Bouché devraient être rem- placés par roux et roussâtre. Voici, au surplus, un signalement plus com- plet de cette larve : Long. 7-9 millim. Hexapode, subcylindrique, d'un testacé jaunâtre avec le bord des segments plus foncé; dernier segment conique, terminé par quatre pointes. Tête convexe, ferrugineuse, sur un espace à peu près demi-circulaire depuis la base jusqu'aux deux tiers, jaunâtre sur le reste, très-finement alutacée et réticulée, avec deux fossettes sur le bord antérieur et quel- ques poils blonds sur les côtés. Épistome trapézoïdal, transverse, alutacé, marqué d’une fossette près de chaque angle postérieur. Labre transversal, débordant un peu l’épistome, presque tronqué an- térieurement, ruguleux et bordé de quelques petits poils. Mandibules testacées avec l'extrémité d’un brun ferrugineux. Vues en dessus, elles sont modérément arrondies en dehors et un peu concaves ; vues de côté, elles sont longuement triangulaires. planes ou légèrement concayes à la base, Mächoires coudées, descendant jusque vers les deux tiers de la tête, leur lobe cylindrique, à peine aussi long que les deux premiers articles des palpes réunis, terminé par deux ou trois soies spinuliformes. Palpes matillaires un peu arqués, divergents, de trois articles, dont le premier un peu plus court que chacun des deux autres, qui sont égaux. Menton carré ; lèvre inférieure subcordiforme. Palpes labiaux de deux articles égaux. Antennes de quatre articles, le premier très-court et assez épais, le second un peu plus court et moins en massue que le troisième, le qua- trième très-gréle et surmonté d’un poil. Sur chaque joue, près de la base de l'antenne, à la place ordinaire des ocelles, un trait noir transversal dont les éléments sont ordinairement con- fus, mais qui, dans certains individus, semble formé de trois ocelles obli- ques et confluents. Corps pour ainsi dire glabre, très-finement alutacé et réticulé, avec la PANDARIDES. — OLOCRATES 261 lisière postérieure des segments visiblement striolée. Dernier segment conique, très-faiblement déclive et peu convexe en dessus, un peu relevé, hérissé de quelques longs poils et terminé par quatre pointes cornées et ferrugineuses. Mamelon anal très-petit, caché, à l'état de repos, sous le huitième seg- ment abdominal et terminé par deux lobes très-courts, Stigmates comme dans les larves précédentes. Pattes inégales, les antérieures bien plus robustes ; tibia égal en lon- gueur à la cuisse, plus long que l’ongle, qui est en demi-fer de flèche ; trois épines sous le tibia, deux granules élevés noirs sous la cuisse et deux à l'extrémité du trochanter ; des poils en dessus. Les autres pattes armées de quelques épines et d’un ongle subulé. D'après Bouché, cette larve se trouve en automne et pendant l'hiver dans le bois pourri du Saule. Je ne l'ai jamais rencontrée dans ces condi- tions, mais je la recueille fréquemment en fouillant les sables secs mélés de détritus et nourrissant diverses plantes. C’est très-probablement de ces détritus qu’elle se nourrit. Je ne connais pas la nymphe. L'insecte parfait est commun sur les sables dès le mois de mai. PANDARIDES Olocrates (opatrum) gibbus F4s. LARVE Long., 12-15 millim. Hexapode, subcylindrique, d’un testacé jaunâtre, avec la lisière des segments un peu moins claire. Dernier segment ogival, terminé par huit pointes. Tête convexe, ferrugineuse sur une espace demi-circulaire, depuis la base jusqu'aux deux tiers, jaunâtre sur le reste de sa surface ; lisse, avec des poils blonds assez touffus sur les côtés. Deux points écartés sur le bord antérieur. Épistome trapézoïdal, transverse, marqué d'une fossette près de chaque angle postérieur, Labre transversal, antérieurement en arc très-surbaissé, cilié d’un petit nombre de poils dorés, marqué de deux petites fossettes. 262 LARVES DE COLÉOPTÈRES Mandibules courtes, larges, très-arrondies en dehors, subconcaves en dessus à cause du relèvement du bord latéral, qui est presque tranchant, ferrugineuses avec les bords et l'extrémité noirs. Mächoires comme dans la larve précédente ; palpes maxillaires de trois articles, le premier et le troisième égaux, le second plus long et muni d’un poil en dehors. Menton et lèvre inférieure aussi comme dans la larve du Crypticus ; palpes labiaux de deux articles égaux ou à peu près. Antennes de quatre articles, le premier très-court, le second un peu plus court que le troisième et un peu plus que lui en massue, le quatrième très-grêle, susceptible de rentrer presque entièrement dans le précédent et surmonté d’un poil très-fin. Sur chaque joue, près de la base de l’antenne, trois points noirs ronds et contigus et un écarté obliquement en arrière. Ces points ne sont pour ainsi dire pas saillants et pourraient bien n'être que des simulacres d’ocelles. Corps presque entièrement glabre, lisse, sauf une sorte de réticulation très-lâche et excessivement fine. Lisière des segments plus lisse avec des rudiments de stries presque imperceptibles. Prothorax presque aussi long que les deux autres segments thoraciques réunis. Abdomen de neuf segments, les quatre premiers à peu près égaux, les quatre suivants un peu plus grands et égaux aussi entre eux. Dernier segment ogival, subconvexe en dessus, déclive jusqu'aux trois quarts, puis serelevant un peu ; marqué sur les côtés de points enfoncés d’où sor- tent des poils longs et fins; bordé postérieurement de huit pointes cornées, dont six à l'extrémité, également distantes, et deux plus antérieures et un peu plus éloignées. Mamelon anal arrondi, ne dépassant guère le quart basilaire du der- nier segmenl ; terminé par deux petits lobes coniques et inermes. Stigmates comme dans les larves précédentes. Pattes inégales, les antérieures un peu plus larges et beaucoup plus robustes ; tibia aussi long que la cuisse, un peu plus long que l’ongle qui est large et en demi-fer de flèche. Trois ou quatre épines sous le tibia et des poils en dessus ; trois granules noirs élevés, contigus sous la cuisse, deux à l'extrémité du trochanter et des poils en dessus. Les deux autres paires de pattes ayant quelques épines écartées en dessous et quelques poils ; leur ongle subulé. PANDARIDES.— HELIOPATHES. — OPATRIDES. — SINORUS 263 Cette larve se trouve sous le sable, au pied des plantes. dans nos loca- lités les plus arides, où l’insecte parfait se rencontre communément dès le mois de mai. Je ne connais pas la nymphe. Heliopathes Ihericus Murs. LARVE En tout semblable, même dans les plus petits détails, à la larve de l'Olochrates gibbus, sauf les différences ci-après : Points noirs antérieurs ocelliformes non contigus, mais le troisième inférieur bien séparé des autres ; dernier segment un peu plus relevé pos- térieurement ; ongle des pattes antérieures aussi long que le tibia ; sous ce- lui-ci au moins quatre épines, dont deux à côté l’une de l’autre ; cinq ou six granules noirs, élevés et contigus sous la cuisse, autant sur le trochanter Au mois de juin 1854 j'ai trouvé assez fréquemment cette larve sous les pierres, à l’Escurial et dans les montagnes du Guadarrama, où l’insecte parfait était très-commun. Je ne l'ai pas élevée et je ne connais pas sa nymphe, mais je ne doute pas qu’elle n'appartienne à l’insecte auquel je l'attribue. Ainsi que je l'ai dit plus haut, MM. Mulsant et Valéry Mayet ont publié une description de la larve du Phylax littoralis, dépendant, comme les deux précédentes, du groupe des Pandarides. Cette larve diffère par les caractères suivants : le second article des antennes est deux fois plus long que le troisième; le dernier segment ne porte à son extrémité que quatre pointes noires. Les ocelles paraissent être représentés par deux pe- tits traits noirs et transverses, l'un vers le bord antéro-externe de la tête, l'autre un peu après. OPATRIDES Sinorus (Opatrum) Colliardi Farm. LARVE Long., 14 millim. Hexapode, subcylindrique, mais paraissant plus dé- primée en dessous que les précédentes ; de la même couleur qu'elles ; dernier segment bordé de douze pointes. 261 LARVES DE COLÉOPTÈRES rète peu convexe, ses côtés assez densement hérissés de poils blonds. Epistome tuméfé et portant près de ses angles antérieurs une petite corne cylindrique verticale. Labre renflé, bordé seulement de quelques soies assez épaisses et muni en dessus de deux cornes verticales comme celles de l'épistome. Mandibules presque entièrement ferrugineuses, courtes, larges, expla- nées, très-arrondies au bord antérieur, qui est noir et un peu réfléchi; laissant entre elles, lorsqu'elles sont fermées, un angle rentrant très-ou- vert; sinuées et comme échancrées latéralement, et portant une corne ver- ticale près de l’angle basilaire externe. Mächoires et palpes maxillaires comme dans les larves précédentes; second article de ces derniers un peu plus grand que chacun des deux autres qui sont Cgaux. Menton, lèvre inférieure et palpes labiaux n’offrant rien de particulier. Antennes ayant le second article un peu plus court que le troisième. Sur chaque joue, près de la base de l'antenne, des apparences d’ocelles représentés, comme dans la larve du Crypticus, par une ligne transver- sale noire. Corps comme dans cette même larve. Dernier segment ogival, très- déclive depuis la base, mais en courbe un peu sinueuse; hérissé en des- sous de poils blonds et bordé postérieurement de douze épines parfois en partie brisées ou détachées, parfois aussi augmentées de quelques autres qui ne sont pas sur le même rang. Mamelon enal arrondi postérieurement, large, mais court, caché au re- pos sous le huitième segment abdominal et m'ayant paru bilobé, Stigmates comme à l’ordinaire. Pattes comme dans la larve du Crypticus quisquilius, seulement deux fortes épines sous le tibia des antérieures. J'ai reçu de Corse, de M. E. Revelière, plusieurs individus de cette larve trouvés sous terre aux lieux habités par l’insecte parfait. La nymphe m'est Imconnue. Microzouim (@patrum) tibiale Fas. LARVE Long., 5-6 millim., subeylindrique, grèle, de la consistance et de la çou- leur des précédentes, dernier segment bordé de dix pointes, OPATRIDES. — MICROZOUM. — DIAPÉRIDES. — ULOMA 265 Téte modérément convexe. velue sur les côtés, bord antérieur sans fossettes, un point enfoncé près de chaque angle postérieur de l’épistome et deux sur le labre, donnant naissance à un poil. Organes de la bouche comme dans la larve de Crypticus. Antennes de quatre articles, le second et le troisième égaux, celui-ci fortement et régulièrement renflé, ovoide plutôt qu’en massue. Sur chaque joue, près de la base de l’antenne, des simulacres d’ocelles noirs au nombre de quatre et disposés comme dans la larve de l'Olocrates gibbus. Corps presque glabre; dernier segment longuement ogival, hérissé de longs poils blonds et bordé sur son tiers postérieur de dix pointes rela- tivement plus longues que dans les larves précédentes. Mamelon anal arrondi en arrière, court mais large, pouvant se cacher dans le segment précédent, paraissant échancré postérieurement, mais- sans lobes. Pattes comme dans la larve du Crypticus quisquilius, mais tibias des antérieures ayant trois épines dont une près de la base de l'ongle et deux au milieu, l’une à côté de l’autre. M. Mulsant, dans ses Latigènes (p. 179), dit que M. Burrel prétend avoir trouvé cette larve dans le Lichen rangiferinus. C'est, en effet, dans les lieux très-arides et très-sablonneux où ce Lichen est abondant et où croit aussi en toulfes une jolie graminée, le Corynephorus canescens, que l'on rencontre ici l’insecte parfait etsa larve. Elle vit probablement des dé- tritus que produisent ces végétaux. DIAPÉRIDES Uloma (Tenebrio) culinaris L. LARVE Long., 15 millim., d'un roux jaunâtre, cornée, linéaire et cylindrique, avec un léger aplatissement à la poitrine; dernier segment terminé par une très-pelite pointe. Tête bombée, d'un ferrugiueux jaunâtre, munie de quelques poils fauves antérieurement et sur les côtés, finement et parcimonieusement pointillée. Bord antérieur largement et sensiblement échancré, avec une autre échancrure très-profonde sur les côtés pour l'insertion des antennes, 266 LARVES DE COLÉOPTÈRES Ê Épistome assez grand, lisse, transversal. Labre subruguleux, semi-elliptique et cilié. Mandibules ferrugineuses avec l'extrémité noire, presque mates, planes, un peu concaves sur leur face externe avec les bords relevés ; terminées par trois dents dont l'intermédiaire est plus longue que les autres; mu- nies sur l’arète interne d'une dent au tiers supérieur et d'une autre beau- coup plus forte près de la base. Mächoires longues, coudées, leur lobe presque aussi long que le palpe, droit du côté de celui-ci, un peu arrondi du côté opposé et muni de cils spiniformes de diverses longueurs. Palpes maæillaires assez courts, de trois articles à peu près égaux, ar- qués en dedans. Menton rhomboïdal, avec les deux extrémités tronquées. Lèvre inférieure courte, transversale, prolongée au milieu en une pe- tite languette et surmontée des deux palpes labiaux de deux articles égaux, ne dépassant pas les lobes des mâchoires ; tous ces organes de la couleur de la tête. Antennes de quatre articles, le premier assez grand, d’un blanc rous- sâtre et rétractile, le second presque de moitié plus petit que le premier, dans lequel il peut se cacher, et de même couleur que lui; le troisième un peu moins long que les deux autres ensemble, un peu en massue arrondie, muni de deux très-petits poils; le quatrième très-court, très-grèle, sur- monté d'un long poil et de deux ou trois autres très-petits. Prothorazx de la couleur de la tête, desa la rgeur antérieurement, s’élargis- san! un peu d'avant en arrière, marqué de points peu serrés, avec quelques espaces lisses et d’un fin sillon médian surune partie de sa longueur; ayant au bord antérieur et au bord postérieur une lisière lisse, cette dernière plus large et plus foncée, l’une et l’autre limitées par une série transversale de petits points très-serrés et entremélés de petites stries longitudinales. Mésothorax et métathorax aussi grands, réunis que le prothorax ; mar- qués d’une ponctuation un peu plus forte, très-clair-semée au milieu ; ayant très-près du bord antérieur une bande plus foncée de points très- serrés sur trois ou quatre rangs, et postérieurement une lisière lisse ét bordée de points comme celle du prothorax. Abdomen de neuf segments égaux, ou bien peu s’en faut; les sept pre- miers d'un roux jaunâtre, avec la bande ponctuée antérieure et la lisière postérieure plus foncées, exactement comme dans les derniers segments thoraciques ; nrarqués de points un peu plus forts, s’effaçant sur les côtés ; DIAPÉRIDES. — ULOMA 267 en dessous lisses et ayant de chaque côté un pli longitudinal très-pro- noncé ; huitième segment un peu plus foncé que les précédents et consti- tué comme eux, sauf les plis ventraux qui n'existent pas ; neuvième seg- ment de la couleur du huitième, arrondi, semi-elllipsoïdal, ponctué assez densément en dessus, moins en dessous et terminé par une très-petite pointe ou tubercule corné et noirâtre. Mamelon anal très-petit, rétractile et ordinairement caché par le bord postérieur du huitième segment. Des poils fauves et clair-semés se montrent sur les flancs et autour du dernier segment. Stigmates à péritrème circulaire et au nombre de neuf paires : la pre- mière, bien plus grande que les autres, mais non plus inférieure, près du bord antérieur du mésothorax, les autres près du bord antérieur des huit premiers segments abdominaux, Ceux-ci sont placés un peu en dehors du pli dont j'ai parlé et ne sont bien visibles que lorsqu'on re- garde la larve un peu en dessous. Patres courtes, robustes, de cinq pièces, munies sur les hanches de longues soies, sous les cuisses et les tibias de fortes spinules cornées, d'un brun ferrugineux et sur deux rangs. J'ai trouvé cette larve dans des souches vieilles et très-vermoulues de Châtaignier, de Chêne, d'Aulne et de Marronnier; elle y vit des déjec- tions laissées par d’autres larves lignivores. Elle ressemble entièrement à celle de l'U. Perroudi qui se développe dans la vermoulure des souches de Pin, et que j'ai déjà publiée. Je n’ai pu saisir entre elles aucune autre dif- férence que celle de la taille, et encore est-elle insignifiante. Dans la des- cription de cette dernière, j'ai signalé sur chaque joue l'existence de trois points noirâtres et ocelloïdes, visibles seulement par transparence ; ces points nesont, comme dans d'autres larves, que des vestiges pigmentaires des ocelles, qui disparaissent par l’action un peu décolorante de l'alcool. Je ne les retrouve plus, en effet, sur les larves conservées dans ce li- quide, et celles de l'U. culinaris n’en offrent pas la moindre trace. NYMPHE Semblable à celle de l'Uloma Perroudi. Bords du prothorax garnis de tout petits tubercules charnus, surmontés chacun d'une soie; sur chaque genou deux tubercules semblables, également piligères. De chaque côté des six premiers segments abdominaux, une lame charnue, divisée en trois lobes. le premier obliquement échancré, avec l'angle antérieur un 268 LARVES DE COLÉOPTÈRES peu crochu et le postérieur dentiforme et terminé par une soie ; le second conique, dentiforme et surmonté aussi d’une soie; le troisième subtrian- gulaire, courbé en arrière en crochet. Sur le septième segment les lames sont divisées en deux dents sétigères ; le dernier segment, sensiblement plus étroit à l'extrémité qu'à la base, est muni de quelques petites soies latéralement et en dessous, et terminé par deux longs appendices grèles, subulés, à pointe subcornée ct noirâtre, d’abord divergents, puis arqués en dedans. L'Uloma culinaris appartient, d'après le dernier catalogue de M. de Marseul, aux Diaperidæ. Pour être fidèle à la marche que j'ai adoptée dans ce travail, j'ai recherché quelles sont les larves de cette tribu qui ont été publiées, et j'ai trouvé les suivantes : Phaleria cadaverina F., une simple note de M. Fairmare et plusieurs figures de Cuarces Coquerez, Soc. Ent. 1865, p. 657. Bolitotherus cornutus F., CanpÈze, Soc. des Sc. de Liége, 1861, — Exotique. — B. 4 dentatus Cann.. CannÈze, loc. cit. — De Ceylan. — Bolitophagus reticulatus L., Curris. Trans. of Entom. Soc. of London, 1854, Muzsanr, Latigènes, p. 223, et Kraarz, Berlin. Entom. Zeitschr. 1859. Eledona agricola Heresr. Bouc, Naturg. p. 191; Wesrwoop, Introd., t. 1, p. 315; Durour, Ann. Sc. natur., 1843, p. 284; Ericason, Wiegm. Arch. 1842, p. 345 et Muzsanr, Latigènes, p. 226. Diaperis boleti L., Ozivier, Entomol. t. III, n° 55; HAMMERSCHMIDT, De ins. agricult. damn. 1832; Durour, Ann. Sc. natur. 1843, p. 290 et Muzsanr, Latigènes, p. 208. Scaphidema œænea F., Wesrwoon, Introd. t, 1, p. 314. Piatydema Europæa Casr., Perris, Soc. Ent. 1857, p. 343. Ceropria subocellata Casr. et Br., CaNDÈze, loc. cit. — De Ceylan. Pentaphyllus testaceus Hezw., Ericasox, Wiegm. Arch. 1849, p. 866 et Lerzxer, Arb. Schles. Gesells., 1853, p. 318. Tribolium ferrugineum K., Wesrwoon, sous le nom de Stene ferru- ginea, Introd. t. I, p. 319 et Lucas, sous le nom de T. castaneum, Soc. Ent. 1855, p. 249. Uloma Perroudi Muis., PerRis, Soc. Ent. 1857, p. 347. Gnathocerus cornutus F., Morscauzsky, Étud. 1854, t. IL, p. 67. Phthora crenata Murs., Perris, Soc. Ent, 1857, p. 351. Alphitobius Mauritanicus L., Wesrwoop, sous le nom de Uloma fagi, Introd, t. 1, p. 319, — Lucas, d’abord sous le nom de Heterophaga opa- DIAPÉRIDES. — PRALERIA 269 troides, Soc. Ent. 1848, p. 23, puis sous son vrai nom et avec les plus grands détails, Soc. Ent. 1857, p. 71. Hypophlæus bicolor Ouv.. Wesrwoop, Introd. t. 1, p. 315. — H. Pini Panz., Pernts, sous le nom de ferrugineus, rectifié depuis. Soc. Ent. 1857, p. 354. — H. linearis F., Pets, loc. cit., p. 358. Pour mieux faire ressortir les caractères qui divisent en plusieurs fa- milles les larves de la tribu des Diaperidæ, je donne ci-après le signale- ment de certaines qui ont été insufisammnt décrites et de quelques autres qui sont inconnues. Phalcria (Tencbrie) cadavcrina F. Fig. 277. LARVE Long., 10-11 millim. Linéaire, luisante. cornée, d'un testacé jaunâtre, à surface supérieure largement et très-finement subréticulée, subcylin- drique, légèrement déprimée en dessous principalement sur la poitrine. Tête, dans son ensemble, un peu plus qu’en demi-cercle. médiocrement convexe, hérissée de poils roussätres, assez épais et réticulée en dessus. Bord antérieur largement et très-peu profondément échancré. Épistome grand, transversal, trapézoïdal, portant près de la base deux petites cornes verticales tronquées. Labre transversal, semi-elliptique, ayant près du bord antérieur deux petites cornes verticales et tronquées, et sur le bord lui-même six soies dont les deux extérieures plus longues et sensiblement plus épaisses. Mandibules susceptibles de se croiser, ferrugineuses avec l'extrémité noire ; vues de côté, triangulaires, à pointe acérée et simple; vues en dessus, bidentées à l'extrémité, munies d'une saillie molaire près de la base, très-légèrement sinueuses en dehors et ornées de deux petites cor- nes tronquées. Mâchoires coudées, ne descendant guère plus bas que la moitié de la tête, leur lobe presque cylindrique, cilié et presque pectiné intérieure- ment, alteignant, ou peu s’en faut, l'extrémité du palpe maxillaire. Palpes mazillaires de médiocre longueur, débordant peu ou point la tète, arqués en dedans et de trois articles, le premier un peu plus court que les deux autres qui sont égaux, le second muni extérieurement d'un poil. L 2 i L.. ' ÉD de. à + A co (D S + 270 LARVES DE COLÉOPTÈRES A Menton presque aussi long que les mächoires, à côtés presque paral- lèles, plus large à la base. Lèvre inférieure très-courte, prolongée au milieu en une languette à peine visible et surmontée de deux palpes de deux articles égaux, ne dé- passant pas les lobes maxillaires. Antennes de médiocre longueur, assez épaisses, de quatre articles, le premier rétractile, le second plus long et cylindrique, le troisième encore plus long, en massue tronquée au sommet et muni de un ou deux petits poils de chaque côté; le quatrième de deux tiers plus court, pas excessi- vement grèle, surmonté d'un long poil et de trois ou quatre plus petits. Sur chaque joue, très-près de la base de l'antenne, cinq ocelles obli- quement elliptiques, lisses, déprimés et comme usés, savoir : trois conti- gus, en série transversale un peu oblique, ordinairement recouverte d’une tache noirâtre, et deux un peu en arrière, un petit peu plus grands, éga- lement contigus, et placés presque vis-à-vis le plus supérieur de la série précédente. Prothoraz un peu plus large que la tête, à peine arrondi sur les côtés, de moitié plus grand que chacun des deux autres segments thoraciques, etmème un peu plus grand que le plus grand des segments abdominaux ; ayant, ainsi que les deux suivants, de chaque côté, quelques poils comme ceux de la tête ; les trois finement subréticulés, avec une lisière posté- rieure submembraneuse et marquée de quelques fines stries longitudinales. Le prothorax spécialement a de plus une lisière antérieure semblable, Abdomen de neuf segments dont les huit premiers sont presque égaux, le premier, le septième et le huitième étant un petit peu plus petits ; tous subréticulés et liserés postérieurement, comme il a été dit; glabres en dessus et sur les côtés, ayant en dessous un long poil à chaque extré- mité d’une fine ligne enfoncée, transversale, limitant antérieurement la li- sière submembraneuse ; marqués, en outre, près de chaque côté et sur toute leur longueur, d’un pli assez profond. Dernier segment en demi- ellipse longitudinale, hérissé de longs poils roussâtres, concave en dessus, à partir du sixième antérieur; bords de la concavité postérieurement un peu sinués et munis de quatre épines tronquées. Mam ion anal situé à la base inférieure de ce segment, assez grand, semi-elliptique, et terminé par deux papilles cylindriques, tronquées, pseudopodes. Stigmates au nombre de neuf paires, à péritrème orbiculaire; la pre DIAPÉRIDES. — PHALERIA 271 mière paire, plus grande, plus inférieure que les autres et visible seule- ment quand on observe la larve en dessous, située très-près du bord antérieur du mésothorax ; les autres visibles de profil, au quart antérieur des huit premiers segments abdominaux. Pattes assez robustes, de cinq pièces, armées d’épines mêlées de poils sur les hanches, sous les trochanters, les cuisses et les tibias; ongles assez forts. Le regrettable Charles Coquerel avait trouvé, enterrée dans les sables maritimes de Mers-el-Kébir, la larve que je viens de décrire, et avait en- voyé, à son sujet, à notre ami commun Fairmaire, des figures que celui-ci présenta à la Société entomologique dans sa séance du 24 décembre 1865, en les accompagnant d'une simple note explicative. Cette note ne pouvant, à beaucoup près, suffire, la description que je viens de donner ne saurait constituer un double emploi; mais je n'ai pas vu le moindre intérêt à y joindre des dessins, parce que ceux de Coquerel, auxquels on peut se reporter, sont suffisants. Voici seulement les observations dont ils m'ont paru susceptibles. 1° La larve n’aurait des poils que sur le dernier segment; il aurait fallu en indiquer sur les côtés de la tête et des segments thoraciques ; % le labre et l'épistome auraient quatre cornes verticales, je n'ai pu en voir que deux sur chacun ; 3° l’échancrure de la tranche externe de la man- dibule est très-exagérée; 4° les mâchoires ne sont pas représentées cou- dées, or elles le sont très-visiblement et doivent l'être, vu la famille à laquelle cette larve appartient; 5° le troisième article des antennes de- vrait avoir de petits poils de chaque côté, près du sommet ; 6° le méta- thorax serait plus petit que le mésothorax. c’est justement l'inverse qui est vrai ; 7° les épines en rateau des pattes sont bien représentées, mais il aurait fallu y mèler des poils; 8 il n’est rien dit des ocelles dont je donne la figure. La Phaleria cadaverina est commune sur notre plage océanienne, sous les détritus accumulés par les marées, et c'est aux mêmes lieux que j'ai trouvé la larve, soit en écartant ces détritus, soit en grattant le sable dans lequel elle se cache. Elle est très-bien conformée pour remplir le rôle de fouisseuse; les huit cornes dont sa tête est armée, les rateaux dont ses paltes sont pourvues et son corps lisse et tout d’une venue se prêtent parfaitement à cette nature de travail. Elle se nourrit des débris animalisés jetés par la mer. Je ne connais pas la nymphe. RS RL 272 LARVES DE COLÉOPTÈRES Dansson Histoire des métamorphoses de quelques Coléoptères exotiques (Soc. des sc. de Liége. 1861), mon ami M. Candèze a donné, planche VI, le dessin d’une larve de Ceylan qu’il croit être d’un Hétéromère, et qu'il signale à cause de la cavité dorsale du dernier segment. A en juger par la larve dont je viens de parler, elle pourrait bien appartenir à une Phaleria. Phaleria hemisphærica KUSTER. Fig. 278. LARVE En juin 1857 un congrès entomologique m'appela à Montpellier, où j'eus le bonheur de me trouver avec de nombreux ct savants amis. Dans une excursion aux bords de la Méditerranée avec plusieurs d’entre eux, et en particulier avec le regrettable Aubé, j'eus le plaisir de trouver in loco natali la Phaleria hemisphærica que je n'avais jamais vue vivante et qui est étrangère aux côtes des Landes. Nous en primes, Aubé et moi, de nombreux individus en fouillant au pied des plantes en touffes, et nous fimes tant et si bien que nous recueillimes un certain nombre d'individus de sa larve. Cette larve, longue de 8 à 9 millim., ressemble tellement à celle de la cadaverina, qu'il est tout à fait inutile d'en donner une description. Forme, couleur, poils, mandibules, mâchoires et palpes, ocelles, antennes, pattes, mamelon anal, tout est la même chose ; mais elle présente deux différences qui peuvent la faire reconnaitre au premier coup d'œil. Le labre a quatre cornes verticales au lieu de deux, et le dernier segment, au lieu d'être en demi-ellipse un peu bisinuée à l'extrémité et concave en dessus, est en ogive renversée, sans sinuosité postérieure et régulière- ment subconvexe sur le dos, avec quatre petites fossettes obsolètes, deux arrondies près de la base et deux oblongues, plus écartées, vers la moitié de la longueur. Les quatre épines marginales sont un peu plus longues, et les latérales sont un peu plus rapprochées des terminales. | | DIAPÉRIDES. — BOLITOPHAGUS 275 Bolitophagus (Silpha) reticulatus L. FiG. 279-287. LARVE Long. 12 millim. Blanche, charnue, assez molle, lisse, luisante, pres- que cylindrique, postérieurement un peu atténuée et courbée en dessous, revêtue de poils très-courts sur la tête, plus longs, inégaux et clair-semés sur le reste du corps, plus nombreux sur le dernier segment, Tête grande, bien saillante, très-convexe sur le haut du front et sur les côtés, déprimée sur le devant, lisse, subcornée et roussätre. Bord antérieur plus foncé, largement et subsinueusement échancré. Épistome assez grand, régulièrement arrondi. Labre un peu plus que semi-elliptique et cilié de poils roussätres. Mandibules robustes, susceptibles de se croiser, ferrugineuses avec l'extrémité noire, munies d'un tubercule près de la base en dessus, d'une assez forte dent interne, et assez profondément et nettement bifides à l'extrémité. Mäâchoires ne descendant guère plus bas que la moitié de la tête ; ké- rissées de quelques poils extérieurement; leur lobe droit du côté du palpe, arrondi du côté opposé, cilié de soies inégales, et ne dépassant pas le second article du palpe. Palpes mazillaires un peu arqués en dedans, de trois articles, les deux premiers plus épais et égaux et munis extérieurement de deux petits poils, le troisième plus long et paraissant au microscope surmonté de soies excessivement courtes ; ces palpes débordant un peu la tête. Menton grand, presque cylindrique. Lèvre courte, subcordiforme, paraissant prolongée au milieu en une très-petite languette. Palpes labiaux de deux articles égaux et ne dépassant pas les lobes maxillaires. Antennes assez grandes et assez épaisses, de quatre articles, le premier très-gros et rétractile, le second un peu plus long, portant extérieure- ment deux poils, le troisième aussi long que les deux précédents réunis, un peu convexe en dedans, légèrement sinueux en dehors, muni de deux petites soies près de l'extrémité, surmonté de deux articles beau- PER. 18 PR 274 LARVES DE COLÉOPTÈRES coup plus courts, très-grèles, d’égale longueur, le plus souvent adossés, visibles quand on regarde la larve en dessus, et dont le plus exté- rieur se termine par une soie. Ces deux articles sont un peu inclinés en dehors. Sur chaque joue. un peu en arrière de l'antenne, une forte loupe mon- tre un vague et très-petit tubercule lisse qui pourrait être un ocelle. Prothorax plus grand et plus ferme que tous les autres segmenls, aussi long que les deux autres segments thoraciques réunis, un peu plus étroit que la tête et transversalement subdéprimé vers le milieu de sa lon- gueur. Abdomen de neuf segments, dont les derniers un peu plus courts que les autres; les huit premiers munis sur les côtés d’un mamelon longitu- dinalement elliptique et sur la face dorsale, d’une sorte d’ampoule dila- table, transversale, qu’on relrouve aussi, mais moins sensible, sur la face ventrale, de sorte que chaque segment possède deux mamelons latéraux, une ampoule dorsale et une ventrale. L'ampoule dorsale se voit aussi sur le métathorax. Dernier segment rétréci d'avant en arrière, un peu arrondi sur les côtés, tronqué postérieurement et prolongé à chaque angle par une papille conique, blanche et charnue, sauf l'extrémité, qui est roussâtre et subcornée, et paraissant quadri-articulée. En dessous se trouve le mamelon anal, placé non à Ja base, mais tout près de l'extrémité. Stigmates au nombre de neuf paires, la première, à péritrème vertica- lement elliptique, bien plus grande et plus inférieure que les autres, située très-près du bord antérieur du mésothorax, les suivantes, à péritrème orbiculaire et de plus en plus petites, au tiers ou au quart antérieur des huit premiers segments abdominaux. Ils ne sont visibles que quand on regarde la larve de côté. Pattes médiocrement longues, robustes, roussâtres, cornées, de cinq pièces et hérissées de longs poils. Cette larve a déjà été décrite et figurée par Curtis (Trans. of Ent, Soc. of London, 1854) et M. Mulsant lui a consacré également, dans son His- toire naturelle des Latigènes, page 222, quelques lignes insuffisantes pour la faire connaître, car il n’est question ni de sa consistance charnue, ni de sa forme, ni des appendices du dernier segment, et quant aux an- tennes, il y est dit que le quatrième article est très-petit et peu distinct. La description de Curtis est plus développée, plus exacte, sauf en ce qui concerne les antennes qu’il ne juge que de trois articles, et ses figures DIAPÉRIDES. — BOLITOPHAGUS 270 sont assez fidèles ; mais le tout cependant laisse encore assez à désirer pour que le double emploi que je viens de me permettre ne soit pas inutile (1). M. Mulsant dit que cette larve vit dans les bolets qui croissent sur les troncs des Sapins, des Hètres et de quelques autres arbres; Curtis et M. Kraatz l'ont observée dans un bolet du Hêtre, et je l’ai trouvée moi- mème, en assez grand nombre, aux Pyrénées, dans un bolet semblable à l'Amadouvier, détaché d’un tronc de mème essence. Je me rappelle que la forme de son corps, courbé postérieurement, presque comme dans certaines larves de Lamellicornes, et les deux papilles qui le terminent, m'intriguèrent beaucoup, et d'autant plus que les mâchoires coudées me reportaient vers la famille des Ténébrionides. Quelque temps après, le champignon, transporté chez moi, m’offrit des nymphes logées tout sim= plement dans des cellules creusées au milieu de sa substance, et qui, à ma grande joie, mêlée de quelque surprise, me firent soupçonner l'in- secte parfait, lequel naquit quelques jours après. NYMPHE La nymphe, que M. Kraatz a le premier décrite, a toutes ses parties disposées comme à l'ordinaire et présente les particularités suivantes : les bords latéraux du prothorax sont dentelés et ciliés, la tête, le thorax et l'abdomen sont parsemés de poils fins, mous et roussâtres ; les deuxième à sixième segments de l'abdomen ont, de chaque côté, une lame charnue subtriangulaire. terminée par de longs crochets et bordée de dents et de poils, pour laquelle on peut consulter la figure que j'en donne ; l’extré- mité des crochets est roussâtre et un peu cornée ; le premier, le septième et le huitième segments sont dépourvus de ces lames; ce dernier, droit sur les côtés, un peu échancré en arrière, est terminé par deux longues papilles subcornées, effilées, droites et divergentes. (1) Je m'en serais pourtant dispensé si j'avais connu plus tôt la description avec de bonnes figures donnée par M. Kraatz dans Berliner entom. Zeitschr., 1859. Je me trouve d'accord avec cet auteur sur tous les points, sauf la composition des antennes qui, d'après lui, ne seraient que de trois articles et qui, pour moi, sont de quatre. Je me borne à donner dans mes figures les parties que, nonobstant les publications dont je viens de parler, je crois utile de reproduire. 276 LARVES DE COLÉOPTÈRES Bolitophagus (@patrum) armatus PAnz. Fig. 289-289. LARVE J'ai dit pourquoi j'ai publié la larve du B. reliculatus. quoiqu’elle fût connue ; je m'y suis déterminé par une autre considération, c’est que la description que j'en ai donnée devait me dispenser de présenter le signa- lement détaillé de celle du B. armatus que je voulais publier aussi. Celle-ci, en effet, ressemble beaucoup, à la taille près, à la précédente, elle est, comme elle, blanche, lisse, charnue, assez molle, pubescente, à peu près cylindrique, avec les mandibules et les autres organes de la bouche semblables; mais elle en diffère par les caractères suivants : elle n'a que 6 millim. de longueur, elle est relativement plus grêle, elle est plus régulièrement arquée, c’est-à-dire que la courbure, au lieu de n'intéresser guère que la partie postérieure du corps, l’affecte presque tout entier; le troisième article des antennes a ses côtés droits et parallèles, et des deux petits articles terminaux et adossés, l'interne est un peu plus long que l’autre ; enfin le dernier segment. tronqué postérieurement, est dépourvu de toute papille, de tout appendice, et comme ce segment, par suite de la courbure du corps, appuie son extrémité sur le plan de position, c’est à l'extrémité, c’est-à-dire à la troncature, que se trouve le mamelon anal. Au mois de mai 186), je recus de mon ami M. Bauduer un petit lot de Boletus suberosus, vivant à Sos sur le Chêne-liége et dans lequel se trou- vaient quelques Bolitophagus armatus et des Dorcatoma serra qui y avaient accompli toutes leurs métamorphoses. J'y cherchai vainement des larves du premier de ces insectes, mais j'espérais que ceux que j'y laissais y feraient des pontes, et que l'année suivante mon désir serail satisfait, Quoique j'aie conservé ces champignons dans une boîte, au lieu de les exposer au grand air, Comme il aurait été logique de le faire, mon espoir n’a pas été déçu. Dès le commencement de 1870 je constatai l'existence de beaucoup de larves. plus tard je rencontrai des nymphes, et en mai et juin, mes champignons, criblés de trous et intérieurement presque réduits en poussière, me donnèrent en très-grand nombre des insectes parfaits. t2 — — DIAPÉRIDES, — BOLITOPHAGUS NYMPHBE La transformation en nymphe s'opère dans une cavité quelconque du champignon, et souvent au milieu de la vermoulure. Cette nymphe res- semble beaucoup à la précédeute, mais pourtant elle s'en distingue très- aisément. Elle est beaucoup plus petite, sensiblement plus velue, le pro- thorax est très-visiblement crénelé aux bords latéraux et granuleux sur le dos. et enfin les lames des côtés des deuxième à sixième segments de l'abdomen sont très-différentes : au lieu d’être triangulaires, elles ont plu- tôt la forme d'un trapèze dont le côté extérieur est échancré, hérissé de longs poils et muni aux angles d’un crochet, et dont les bords antérieur et postérieur portent le premier trois ou quatre petites dents, le second une. et l’un etl’autre quelques longs poils. Le dernier segment est terminé, comme dans la précédente, par deux longues papilles divergentes. M. Mulsant, à l'exemple de plusieurs auteurs, a maintenu dans le genre Bolitophagus l'espèce agricola que Latreille avait placée dans le genre Eledona. Les différences que présentent la larve et la nymphe de cet in- secte me portent à croire qu'il ne doit pas demeurer dans la même station générique que le reticulatus et l'armatus. Bouché, M. Westwood et Erichson se sont occupés de cette larve, mais elle a été plus sérieuse- ment décrite par Dufour, qui a décrit aussi et figuré le sphéroïde qu’elle seulpte dans la masse du Boletus imbricatus où elle vit, et qui lui sert en- suite de complément alimentaire et de cellule pour la transformation en nymphe. Mais ce que Dufour ne dit pas, c'est que les parois de cette cel- lule sont tapissées d’un réseau très-lâche de filaments roussâtres. Il n’a pas vu non plus la véritable conformation des antennes, car il les dit for- mées de trois articles dont le dernier est tronqué et terminé par deux soies raides, rapprochées, la plus interne avec un poil apical. Ces deux soies sont les deux articles terminaux que nous avons vus dans les deux larves précédentes, et le poil apical, ainsi que je viens de le vérifier, w'est pas sur le plus interne, mais sur l’externe. Quant aux stigmates, Dufour place la première paire sur le prothorax, ce qui est inexact ; elle se trouve près du bord antérieur du mésothorax. La larve dont il s’agit diffère des deux qui précèdent par les man- dibules munies d’une dent interne non près de la base, mais au tiers an- térieur, par l'épistome étroit et carré et le labre semi-discoïdal, par la petitesse du dernier segment qui est arrondi et dont le mamelon anal 278 LARVES DE COLÉOPTÈRES est muni de deux très-courtes papilles pseudopodes ; les pattes sont visi- blement plus grèles ; elle présente sur chaque joue, tout à fait contre la base de l'antenne, trois très-petits ocelles, représentés par autant de tu- bereules lisses, contigus et en série transversale; enfin, elle est la seule qui faconne le sphéroïde dont j'ai parlé. Quant à la nymphe, elle est ve- lue comme les précédentes, mais les segments de l'abdomen n’ont pas de lames avec des crochets sur les côtés. ils sont munis seulement d’un bourrelet longuement et finement cilié; les papilles du dernier segment sont plus courtes, épaisses, cylindriques et brusquement rétrécies en un crochet subcorné, arqué en dedans. En voilà bien assez. je crois, pour justifier l'isolement de l'Eledona agricola dont le nom spécifique n’est probablement qu'un Lapsus calami de Herbst et a pourtant prévalu, malgré la dénomination plus ration- nelle et plus vraie d’agaricicola d'Olivier et d'agaricola de Panzer. Platydema (Diaperie) violacea F. Fig. 290-296. LARVE Long., 10 millim. Subcornée, presque entièrement glabre, sublinéaire, avec l’abdomen un peu atténué postérieurement, convexe et d’un brun cendré en dessus, d’un roussâtre livide et subdéprimée en dessous, sur- tout à la poitrine. Tête munie latéralement de quelques petits poils, grande, aussi large que le prothorax, assez bombée, largement mais très-visiblement réti- culée et de plus marquée de quatre sillons formant deux V l’un dans l’autre, mais peu visibles. Bord antérieur largement et peu profondément échancré, puis déclive vers les côtés. Épistome grand, transversal, trapézoïdal. Labre plus court. semi-elliptique, cilié de soies roussätres. Mandibules assez robustes, d'un ferrugineux livide avec l’extrémité noirâlre; vues en dessus, elles sont arrondies en dehors, crochues en dedans avec une saillie molaire vers le tiers inférieur ; vues de côté, elles sont subtriangulaires, planes sur la moitié inférieure de la face externe et bifides à l'extrémité. Mächoires coudées, lobe cylindrique, surmonté de petites soies, allel- gnant l'extrémité du second article des palpes maxillaires, à 4 | | DIAPÉRIDES. — PLATYDEMA 279 Palpes mazillaires assez courts, ne débordant pas la tête, arqués en dedans et de trois articles égaux. Menton elliptique; lèvre inférieure courte, cordiforme. Palpes labiaux de deux articles égaux, ne dépassant pas les lobes maxillaires. Le dernier article de tous les palpes est terminé par de très- petits poils, visibles à peine au microscope ; tous ces organes sont d’un roussâtre livide. Antennes de même couleur et de quatre articles, le premier court et gros. le second un peu plus long. le troisième plus long que les deux autres ensemble et visiblement en massue, le quatrième grêle, pas tout à fait aussi long que le second et surmonté d’un long poil et de deux ou trois plus petits. Sur chaque joue, près de la cavité antennaire, un groupe de quatre ocelles roussâtres, dont trois en série transversale et un moins visible un peu en arrière, vis-à-vis le plus supérieur de la série précédente. Prothorax presque aussi grand que les deux autres segments thora- ciques réunis ; ces trois segments munis d’un poil de chaque côté et mar- qués sur le dos d’un sillon médian longitudinal qui se continue sur l'ab- domen en s’affaiblissant, et d’un réseau de très-petites rides. Bords antérieur et postérieur du prothorax et bord postérieur seulement des deux autres en forme de lisière roussâtre, presque imperceptiblement striolée en long. Abdomen de neuf segments, les huit premiers semblables, pour la cou- leur et les rides, aux segments thoraciques, glabres sur les côtés, mais ayant sur la face ventrale deux longs poils dressés près du bord posté- rieur, et marqués, en outre, près des côtés, d’un pli longitudinal. Le mi- croscope montre de plus, sur toute la surface du corps, des poils raides, épars, excessivement courts et d’une finesse extrême, qui servent évidem- ment aux mouvements de la larve. Dernier segment plus petit que les au- tres, conique, un peu relevé, hérissé sur les côtés de quelques soies entre- mêlées de soies très-fines et très-courtes que l’on trouve aussi, mais sans mélange de longues soies, sur la face dorsale; terminé en pointe cornée, ayant en dessous à la base un mamelon anal muni de deux papilles cy- lindriques, tronquées et pseudopodes, qui s'appuient sur le plan de po- sition lorsque la larve marche, et qui, dans l'état de repos, s'appliquent contre le segment. Stigmates au nombre de neuf paires, à péritrème orbiculaire, la pre- mière, plus grande et plus inférieure que les autres, près du bord anté- 280 LARVES DE COLÉOPTÈRES rieur du mésothorax, les autres au quart antérieur des huit premiers segments abdominaux. Pattes assez fortes, de cinq pièces, munies en dessous, surtout sur les tibias, de soies spiniformes. Cette larve vit des productions fongueuses qui se développent sous les écorces soulevées des vieux arbres morts, principalement des Chênes. Je lai trouvée aussi, à la fin de mai, dans un champignon imbriqué et tré- melloïde venu sur un tronc de Hêtre. Elle ressemble. à s'y méprendre, à celle de la Platydema Europæa; celle-ci, tout bien considéré, n’en dif- fère qu’en ce que son dernier segment est un peu obtus et non terminé en pointe, et qu'il est en outre muni, près de l'extrémité, de quatre soies spiniformes bien tranchées, tandis que, dans lalarve du P. violacea, ces soies se confondent par leur forme avec les poils qui bordent ce segment. Peut-être mème cette différence s’effacerait-elle si on examinait un grand nombre d'individus de ces deux larves. Je ne connais pas la nymphe, mais je présume que, comme celle du P. Europæa, elle vit enfermée dans une coque ellipsoïde et d’un roux jaunâtre dont le tissu est un peu lâche et les fils intérieurs libres et crépus. Oplocephala (Ips) hæmorrhoidalis F. Fig. 297-299. LARVE Long., 12 millim. Forme des larves de Platydema, mais simplement co- riace et non subcornée, et entièrement d'un blanc jaunâtre, sauf la tête qui est cornée, testacée en dessus, avec le bord antérieur ferrugineux et plus pâle en dessous. Celle-ci, subréticulée de rides sinueuses, est marquée de deux fossettes sur le front qui est déprimé. Bord antérieur muni d'une dent triangulaire vis-à-vis chaque mandibule; épistome assez grand et transversal: labre semi-elliptique et cilié. Mandibules ferrugineuses à la base, puis noires ; vues en dessus, larges, robustes, crochues, pointues et simples à l'extrémité, carénées sur la moitié postérieure de leur lon- gueur ; vues de côté, longuement triangulaires et divisées au sommet en deux dents dont la supérieure plus avancée que l’autre. Système maxillaire desceridant à peine jusqu'au quart antérieur de la tête, par conséquent bien moins que dans les larves de Platydema ; du reste, TS NT . t DIAPÉRIDES. —- PENTAPHYLLUS 281 conformé de même, sauf que, pour les palpes maxillaires, le premier ar- ticle est un peu plus court que les autres. Antennes comme dans ces mêmes larves. Sur chaque joue, près de la base de l'antenne, un petit trait noir oblique sur lequel on aperçoit un point noir à peine saillant. Il n'y a, je crois, qu'un vestige d’ocelle plutôt qu'une ocelle véritable. Pour le thorax, l'abdomen, les stigmates, les pattes, il faut se reporter à la description de la larve du Platydema ; tout est identique, sauf la cou- leur, même la forme relevée et conique du dernier segment, même le pseudopode anal. J'aireçu cette larve de Corse, de mon ami M. Revelière qui l’a trouvée, avec l’insecte parfait, dans un bolet. Pentaphyllus (Mycetophagus) testaceus HELLWIG. Fig. 300-303. LARVE Long., 3 millim. Forme de la larve du Platydema, cornée, lisse, presque glabre, entièrement d’un testacé jaunâtre. Tête grande, arrondie, peu convexe, au moins aussi large que le pro- thorax, finement réticulée, ayant trois ou quatre poils de chaque côté. Épistome grand et trapézoïdal, soudé au front, c’est-à-dire non visible- ment séparé de lui par une rainure. Labre transversal, semi-elliptique. Mandibules ferrugineuses, avec l'extrémité noire; vues en dessus, larges, robustes, crochues, à saillie molaire près de la base; vues de côté. triangulaires, un peu plus plates sur leur moitié postérieure, poin- tues et nullement bifides à l'extrémité. Mächoires conformées comme dans la larve du Platydema, mais encore plus courtes, n'atteignant même pas la moitié de la tête. Palpes maxillaires assez courts, ne débordant pas la tête, de trois ar- ticles dont le dernier, un petit peu plus grand que les autres, est surmonté de soies extrèmement courtes, visibles seulement au microscope. Menton large, court ; lèvre inférieure petite, cordiforme. Palpes labiuux de deux articles, dont le second m'a paru un peu plus long que le premier et terminé par de très-petites soies. De chaque angle basilaire du menton part un sillon arqué qui se pro- longe jusqu’à la base de la tête. 282 LARVES DE COLÉOPTÈRES Antennes semblables à celles de la larve précédente, mais troisième article encore plus long. Sur chaque joue, près de la cavité antennaire, se trouve un point roux transversal, et en l’observant sur un certain nombre de larves, j'ai con- staté que cette petite tache est formée par deux ocelles placés plus ou moins obliquement à côté l’un de l’autre, et dont le plus supérieur est aussi le plus grand. Thorax et huit premiers segments de l'abdomen conformés exactement comme dans la larve du Platydema, y compris les poils longs ettrès- courts et même la réticulation qui, pourtant, vu la petitesse de la larve, n’est visible qu’à de forts grossissements. Dernier segment en ogive ren- versée, un peu arrondi à l'extrémité et bordé non de soies, mais de poils. Mamelon anal bien plus grand que dans la larve précitée, presque aussi long que le segment lui-mème, et terminé par deux papilles pseu- dopodes légèrement coniques. Stigmates comme dans la même larve. Pattes un peu plus grèles, presque pas épineuses, munies de quelques poils et de quelques courtes soies. La larve du P. testaceus a été, ainsi que je l'ai dit plus haut, connue d'Erichson qui se borne à la caractériser en la comparant à celles des Té- nébrions dont elle différerait par l’épistome non visiblement séparé, par les mandibules plus fortement dentées, le dernier article des palpes la- biaux plus grand et tronqué, le second article des antennes court, le troi- sième plus allongé, le dernier segment inerme. Ces caractères différen- tiels sont vrais, et les plus saillants sont l'absence de suture entre l’épis- tome et le front et d'épines au dernier segment. Un autre plus important encore c’est la brièveté des mâchoires et du menton et l’on peut y ajouter les deux sillons arqués et à convexités opposées, qui, partant du menton, aboutissent à la base de la tête. Elle a été décrite aussi par Letzner (Arb. Schis. Gesells, 1853), mais je n'ai pu consulter ce recueil. Je l'aï trouvée plusieurs fois dans le creux de très-vieux Chènes dont le bois, altéré par le temps, est devenu rougeâtre, très-tendre et presque feuilleté. Elle se nourrit ou des productions byssoïdes qui se développent entre les feuillets, ou des déjections des larves lignivores qui l'ont pré- cédée. Je doute qu'elle vive du bois lui-même, et je présume que c’est pour trouver les substances qui conviennent à ses goûts qu’elle creuse entre les couches ligneuses des galeries étroites et sinueuses. Lorsqu'elle DIAPÉRIDES. — LYPHIA 283 veut se transformer, elle forme une cellule dans le bois, et c’est là qu'elle devient nymphe après avoir passé trois ou quatre jours très-courbée en arc et inerte, NYMPHE La nymphe se distingue par les caractères suivants : corps parsemé de peuts poils, visibles principalement sur la tête, les côtés du prothorax, les genoux et les côtés de l'abdomen ; à chaque angle du prothorax un long poil et deux semblables au bord antérieur; deuxième à sixième segments de l'abdomen dilatés de chaque côté en un mamelon conique surmonté d'un long poil ; dernier segment terminé par deux longs appendices subulés, divergents, droits ou légèrement arqués en dedans à l'extrémité. Lyphia fieicola Murs. Fig. 304-309. LARVE Long., 9-10 millim. Coriace, subcornée, luisante, un peu velue, linéaire et cylindrique, à peine déprimée en dessous, à peine attenuée aux deux extré- mités. Segments un peu mieux détachés que dans les larves précédentes. Téte arrondie, peu convexe, un peu plus étroite que le prothorax, tes- tacée presque cornée, marquée sur le haut du front de deux sillons en forme de V peu visible, et antérieurement de petites fossettes obsolètes, largement et très-finement réticulée et alutacée, munie de poils roussätres et inégaux, plus nombreux surles côtés. Bord antérieur à peine échancré, très-bien détaché de l'épistome. Épistome grand, transversal, arrondi sur les côtés; labre transversal, semi-elliptique, cilié de petites soies roussätres. Mandibules arquées, se croisant à peine, convexes extérieurement, les- tacées à la base, ferrugineuses au milieu, noires à l'extrémité qui est très- peu profondément bifide, avec la dent supérieure plus longue que l’autre. Mâchoires comme dans les larves précédentes, coudées, ne dépassant guère la moitié de la tête ; lobe peu épais. Palpes maxillaires peu allongés, susceptibles pourtant de déborder un peu la tête, arqués en dedans, de trois articles, le second un petit peu plus long que le premier, muni extérieurement d'un poil, et un petit peu 284 LARVES DE COLÉOPTÈRES plus court que le troisième dont le sommet est cilié de petits poils à peine visibles au microscope. Lèvre inférieure courte, subcordiforme, prolongée au milieu enune lan- guette et surmontée des deux palpes labiaux courts et de deux articles égaux. Antennes assez épaisses, de quatre articles, le second un peu plus long que le premier et plus large au sommet qu'à la base, le troisième aussi long que les deux autres ensemble, en ellipsoïde allongé, muni au sommet interne d’un très-petit poil; le quatrième plus court même que le premier, grêle, terminé par un assez long poil et deux ou trois très-pelits. Sur chaque joue, près de la base de l’antenne, une petite tache noirâtre voilant deux ocelles situés un peu obliquement l’un derrière l’autre et dont l’antérieur est le plus grand. Prothorax d'un testacé jaunâtre, sensiblement plus grand que chacun des autres segments, moins grand cependant que les deux autres segments thoraciques réunis, un peu déprimé transversalement vers le tiers de sa longueur et parfois aussi vers les deux tiers, presque imperceptiblement réticulé ou ridé en travers et alutacé. sauf les lisières antérieure et posté- rieure qui sont lisses. Mésothorax et métathorax de la couleur du prothorax, réticulés et alu- tacés comme lui, avec la lisière postérieure lisse; ces trois segments pour- vus de poils inégaux, plus nombreux sur les côtés. Abdomen poilu comme le thorax, les cinq premiers segments un peu plus grands que les suivants, de la couleur des segments thoraciques, réticulés et alutacés comme eux; sixième et septième segments plus foncés, avec la lisière pâle, plus fortement réticulés et paraissant même plus cor- nés ; huitième segment encore plus foncé et plus corné, plus sensiblement réticulé et alutacé, et parsemé en outre sur le dos de petits tubercules piligères ; neuvième segment très-velu, un peu moins foncé que le précé- dent, court, pourvu sur le dos, sur les côtés et sur la face postérieure de petits tubercules cornés et ferrugineux, surmontés de longs poils ; terminé en outre par deux grands crochets relevés, presque verticaux. coniques, crochus en avant, d’un noir ferrugineux à l'extrémité. Mamelon anal placé en dessous à la base de ce segment dont il ne dépasse pas la moitié, non lobé, mais marqué de quelques plis dont un plus grand et transversal. Dessous du corps plus pâle que le dessus; face ventrale ayant de chaque côté un pli longitudinal. Stigmates comme dans les larves précédentes. bé. DIAPÉRIDES. — HYPOPHLÆUS 285 Pattes longues, non spinuleuses, munies seulement de quelques soies. Le dernier catalogue de M. de Marseul place le genre Lyphia entre les Cataphronetis et les Hypophlæus. et séparé du genre Tribolium par les Phthora, Uloma, ete. M. Mulsant avait dit cependant qu'il fait partie de la famille des Triboliens, et la forme de sa larve justifie parfaitement cette opinion. Cette larve, en effet, a lés plus grands rapports avec celle du Tribolium ferrugineum. et, comme elle, elle est terminée par deux grands crochets, ce qui, jusqu'ici du moins, est une exception dans la tribu des Diageridæ. 1 convient donc, ce me semble, de colloquer le genre Lyphia à côté du genre Tribolium. La larve dont il s'agit m'a été envoyée de Corse par mon ami M. Reve- lière, qui l’a trouvée soit dans de vieux sarments de vigne, soit dans des branches mortes de Figuier et de Chène vert, d’où il suit que le nom spéci- fique de ficicola laisse à désirer comme tant d’autres. Au surplus, ce n'est pas, à mon avis, tel ou tel arbre qui attire la femelle pondeuse du Lyphia; je suis persuadé que le dépôt de ses œufs n’est déterminé que par la pré- sence des larves d’un autre insecte dont le Lyphia est l'ennemi ou le vidan- geur; or, comme je sais que le Synoxylon sexdentatum altaque indiffé- remment la Vigne, le Figuier, les Ghènes et d'autres essences, je ne serais pas étonné que la larve du Lyphia fût inféodée à cette espèce (1). Elle se nourrirait alors ou de ses larves, ou de leurs dépouilles, ou de leurs déjections, probablement même de tout cela. Celle du Tribolium, décrite par M. Lucas, avait causé de grands dommages dans des boîtes de Lépi- doptères envoyés d’Abyssinie. Je ne connais pas la nymphe, mais j'oserais affirmer qu'elle ressemble à celle du Tribolium et que, comme celle-ci, elle a le prothorax hérissé de longues soies sur les bords, et l'abdomen muni latéralement de lames piligères et terminé par deux longues épines divergentes. Hypophlæus castaneus F. LARVE Long., 8 millim. Linéaire, subcornée, assez convexe en dessus, un peu moins en dessous. Tête rousse, un peu plus étroite que le corps, arrondie sur les côtés. (1) M. Revelière a, depuis que cela est écrit, confirmé celle prévision. 286 LARVES DE COLÉOPTÈRES Épistome assez grand, bien détaché, côtés médiocrement obliques ; labre semi-discoïdal et cilié. Mandibules assez robustes, ferrugineuses à la base, noires à l'extrémité qui est un peu bifide, et dont la tranche intérieure porte une dent au tiers antérieur. Mächoires atteignant la moitié de la tête, coudées, leur lobe oblong, muni de soies roussâtres spinuliformes. Palpes maxillaires ne débordant pas la tête, de trois articles dont le second un petit peu plus court que les deux autres. Lèvre inférieure courte, prolongée au milieu en une languette bien visible, et surmontée de deux palpes labiaux courts. de deux articles n’atteignant pas le sommet des lobes maxillaires. Antennes de quatre articles, les deux premiers égaux en longueur, le troisième plus grand que les deux autres ensemble, assez épais, en massue et muni de petits poils de chaque côté; le quatrième, le plus court de tous, pas très-grêle, surmonté d'un long poil et de deux ou ou trois très-petits. Sur chaque joue, près de la base de l'antenne, quatre ocelles ronds dont trois presque contigus en série transversale, et un un peu plus grand, mais plus déprimé et parfois obsolète, un peu en arrière du plus supé- rieur de la série précédente. Prothorax plus grand que tous les autres segments, un peu plus étroit antérieurement qu’à la base, roux avec une lisière postérieure plus claire; les deux autres segments thoraciques à peu près de la même dimension que les segments abdominaux, roux aussi avec une lisière antérieure et postérieure plus pâle. Abdomen de neuf segments, les huit premiers d’un jaunätre pâle aux bords antérieur et postérieur, le reste occupé par une large bande rousse, de sorte que tout le corps paraît annelé de cette couleur. Les bandes sont d'autant plus sensibles qu'on s'approche plus de l'extrémité ; celle du pénultième segment en occupe presque toute l'étendue. Dernier seg- ment entier, arrondi, semi-discoïdal, à bords un peu tranchants, et roux sur toute sa surface dorsale. Mamelon anal situé en dessous, près de l'extrémité de ce segment, extractile et dans cet état montrant à sa partie antérieure des plis au centre desquels est l'anus, et découpé postérieurement en trois lobes dont les deux extérieurs plus longs font l'office de pseudopodes. Tout le dessus du corps, y compris la tête, est finement réticulé ; le DIAPÉRIDES. — HYPOPHLÆUS 287 dessous est lisse, uniformément d’un blanc jaunâtre et hérissé de quel- ques longs poils roussatres. On voit aussi des poils, mais plus courts. sur la tête, le long des flancs, sur le dos et autour du dernier segment; enfin on constate au microscope l'existence, sur tout le corps, de poils épars, raides et extrêmement courts. Stigmates comme dans les larves précédentes. Pattes médiocrement robustes, hérissées de quelques poils et munies en dessous de quelques soies spiniformes. Cette larve a les plus grands rapports avec celle de l'H. pini, dont elle ne semble différer que par une taille un peu plus grande, une couleur un peu plus foncée, les antennes un peu plus épaisses, et notamment le dernier article de celles-ci moins grêle. Je l'ai trouvée plusieurs fois, ainsi que l’insecte parfait, sous l'écorce des Chênes, là où vivaient ou avaient vécu les larves du Scolytus intri- catus dont elle doit être l'ennemie, comme celles des H, pini et linearis le sont, la première du Bostrichus stenographus, la seconde du Bostrichus bidens. À défaut de proies vivantes, elle se nourrit des déjections des lar- ves xylophages. Je n'ai pas vu la uymphe, mais je ne doute pas qu'elle ne ressemble à celles de ses congénères. Hypophlæus fasciatus F1. LARVE On peut lui appliquer les descriptions que j'ai données des larves des H. pini el linearis, ainsi que la description précédente. Je signalerai seulement les deux caractères qui me paraissent la différencier. Le pre- mier réside dans le quatrième article des antennes qui est plus court que dans les larves des H. pini el castaneus et un peu plus long que dans celle de l'#. linearis. Le second consiste dans la couleur du corps qui n’est bien visiblement fascié de roux qu’à partir du sixième ou du sep- tième segment abdominal. A propos des larves pinicoles d'Hypophlæus et en parlant des poils as- sez longs qui. sans être touffus. hérissent les côtés de la tète et du corps et principalement du dernier segment, j'ai négligé un caractère qui est commun à toutes les larves d'Hypophlæus, et que j'ai mentionné pour celle de l'H. castaneus, c’est l'existence sur le dos d’autres poils assez 288 LARVES DE COLÉOPTÈRES serrés, mais très-courts et raides, et sur le ventre de poils semblables, mais encore plus courts. Ces poils servent évidemment à faciliter les mou- vements de progression. A la fin de juillet, j'ai trouvé plusieurs individus de cette larve, avec deux nymphes et des insectes parfaits récemment transformés, sous l'écorce de bûches de Chêne qui avaient été habitées, l’année précédente, par les larves du Dryocætes capronatus. Elle vivait des déjections abondantes qu’elles avaient laissées dans leurs innombrables galeries. C'est au milieu de ces déjections que l’on rencontre la nymphe. NYMPHE Semblable à celles des autres Hypophlæus. Prothorax frangé de longues soies roussâtres, très-rapprochées et implantées sur de très-pelits tubercu- les ; antennes un peu épineuses en dehors; côtés des segments abdominaux munis d'un mamelon conique bien saillant, portant un long poil et quel- ques autres beaucoup plus courts et plus fins; dernier segment terminé par deux appendices aussi longs que lui et divergents. Si l’on tient compte des caractères des larves et de la physionomie des insectes parfaits, on est porté à penser que la tribu des Diaperidæ du cata- logue de M. de Marseul est composée d'éléments assez disparales et qui] aurait mieux valu adopter les divisions des auteurs qu'il était possible de consulter et qui mérilaient quelque confiance. Lacordaire, dans son Genera (t. V). a établi les divisions suivantes : Tribu des Trachyscélides, qu'il a mème laissée dans la première cohorte des Ténébrionides et qu'il a subdivisée en Trachyscélides et Phalérides ; Tribu des Bolitophagides ; Tribu des Diapérides, subdivisée en Diapérides vrais et en Pentaphyllides; Tribu des Ulomides, subdivisée en Triboliüdes et Ulomides vrais ; Jacquelin Duval, dans le catalogue joint à son Genera. à admis les divi- sions ci-après : Groupe des Trachyscélites ; Groupe des Phalérites ; Groupe des Cossyphites ; Groupe des Diapérites, divisé en Bolitophagites, Diapérites propres, Ulomites, Gnathocérites et Hypophlæites. Avant ces deux auteurs, M. Mulsant, dans ses Latigènes, avait établi D. n—_— DIAPÉRIDES 289 le groupe des Diapérides, mais il le divisait en plusieurs familles, savoir : Trachyscéliens, Phalériens, Diapériens, subdivisés en Pentaphyllaires et Diapéraires, Bolitophagiens, Ulomiens, Tribcliens, Hypophléens. Relativement à la forme des larves et à celle des insectes parfaits, cetle dernière division à mes préférences. Ces larves ont, comme les insectes qui en dérivent, de nombreux caractères communs, tels que la forme de la tête, des organes de la bouche, des antennes; mais lorsqu'on pénètre dans les détails, on voit, par exemple, que les larves des Phalériens ont des épines ou cornes sur l’épistome, le labre et les mandibules, cinq ocelles sur chaque joue et le dernier segment concave ou convexe, mais terminé par quatre soies spiniformes; que celles des Pentaphyllaires ont les mâchoires très-courtes, l’épistome non séparé du front, le troisième article des antennes très-long. deux ocelles sur chaque joue et le mamelon anal presque aussi grand que le segment qui le recouvre; que les larves des Diapéraires sont brunes, subcornées, atténuées en arrière, à dernier segment relevé et pourvues de quatre ocelles sur chaque joue ; mais que les larves du genre Diaperis se rapprochent, par leur forme et par leur consistance, de celles des Bolitophagiens, tout en présentant des carac- tères qui leur sont propres, tels que les saillies anguleuses du bord anté- rieur de la tête, les apophyses des mandibules, l'absence d’ocelles, du moins lorsqu'elles sont parvenues à un certain degré de développement, et les petites crêtes transversales et granuleuses des segments de Fabdo- men; que celles des Bolitophagiens se font remarquer par le peu de con- sistance et la courbure de leur corps, le défaut d'ocelles bien visibles et les deux articles adossés qui terminent les antennes; que celles des Ulomiens se distinguent de toutes les autres, savoir : celles des Uloma par leur con- sistance cornée, leur ponctuation et la petite pointe du dernier segment, et celle du Phthora par sa forme grêle, par la structure du dernier segment et les deux crochets qui, partant de près de la base de ce segment, se couchent sur lui en se courbant; que celles des Triboliens sont assez velues, franchement linéaires et terminées par deux grands crochets rele- vés, ce qui les sépare de toutes les autres ; et qu'enfin celles des Hypo- phléens, linéaires aussi, mais moins convexes en dessous que les précé- dentes, sont annelées de roux et ont le dernier segment arrondi et inerme et le mamelon anal petit, trilobé, mais dépourvu de papilles pseudopodes bien détachées. Lorsqu'on aura découvert les larves encore inconnues de quelques genres, on sera mieux éclairé encore pour le contrôle de ces divisions. PER. 19 290 LARVES DE COLÉOPTÈRES TÉNÉBRIONIDES Tenebrio opaeus Durrs. LARVE Comme M. Mulsant, j'ai trouvé certe larve dans la vermoulure de trones caverneux de Châtaigniers et aussi de Chênes. Je m’abstiens d’en donner la description, d’une part parce que celle que MM. Mulsant et Guillebeau ont publiée dans le Sixième Opuscule Entomologique, page 9, est excellente, et d'autre part, parce que les larves de Tenebrio sont depuis longtemps connues. Nul n'ignore, en effet, ce qu'est la larve du T. molitor, appelée communément ver de la farine. Les auteurs qui en ont parlé sont les sui- vanls : Mouffet, Ray, Frisch, Linné, Geoffroy, de Geer, Gmelin, Villers, Olivier, Herbst, Latreille, Posselt, Sturm, LepelletieretServille, Duméril, Westwood, Erichson, Chapuis et Candèze (Catal., p.173),etMulsant(Latigènes, p.281). Sa nymphe, figurée par de Geer et par Sturm, ressemble à celle du T. opacus. Les six premiers segments de l'abdomen de celle-ci sont dilatés de chaque côté en une lame dont le bord externe est denticulé et les bords antérieur et postérieur bruns et subcornés. Le dernier segment est assez longuement bifurqué. Les autres larves connues de Ténébrionides sont : Tenebrio obscurus F., Wesrwoop, Introd. t. 1, p. 318, et Mursanr, Latigènes, p. 186. — T. transversalis, Durrs., MuLsanT et GUILLEBEAU, Sixième Opus. Entom. p. 11. Iphthimus lialicus, TruQ., Muzsanr et E. REVELIÈRE, Onzième Opusc. Entom. p. 63. HÉLOPIDES Helops (Tenchrio) cœruleus Fig. 310. LARVE La larve de cette espèce a été signalée par M. Waterhouse (Trans. of the Entom. Soc. of London, 1836, p.20) ainsi que par M. Westwood HÉLOPIDES. — HELOPS 291 (Introd.,t.1, p. 319), et j'en ai donné moi-même une description assez dé- taillée dans les Annales des Sciences naturelles 1840, page 8{.Je m'abstien- drai donc d'y revenir et je me bornerai aux indications sommaires suivantes . Cette belle larve est subcornée, presque glabre, cylindrique, avec la poitrine un peu déprimée; elle est très-finement et très-densement ridée en travers et d'une jolie couleur jaunâtre, avec les lisières antérieure et postérieure du prothorax et la lisière postérieure des deux derniers segments thoraciques et des sept premiers segments abdominaux plus foncées ; le septième seg- ment offre quelques rares points inégaux, le huitième, antérieurement roussâtre et plus corné que les autres, est criblé sur le dos de gros points arrondis, avec deux dents écartées vers la moitié de sa longueur et une saillie médiane près du bord postérieur; le dernier segment, très-court et dilaté latéralement en une apophyse obtuse, se termine par deux grands crochets cornés, relevés et susceptibles même des’appuyer sur le segment précédent ; leur pointe coïncide alors avec deux fossettes ombiliquées placées près de la base interne des deux dents dont j'ai parlé. Le mame- lon anal est petit, marqué d’un double pli transversal et d’un pli médian longitudinal. Les mâchoires sont coudées et leur base ne dépasse guère la moitié de la tête ; le second article des antennes, plus large aux deux extrémités qu'au milieu, est plus long que le troisième, et le quatrième disparait le plus souvent dans le précédent. Il n’existe pas d’ocelles apparents. Les stigmates, au sujet desquels j'ai commis une erreur, sont au nom- bre de neuf paires, la première, plus grande et plus inférieure que les autres, placée non sur le prothorax, mais près du bord antérieur du mésothorax, les autres situées au quart antérieur et latéral des huit pre- miers segments abdominaux. J'avais trouvé primitivement cette larve dans de vieilles souches d'Aulne qui nourrissaient ou avaient nourri diverses autres larves ; je l'ai rencon- trée depuis dans le bois pourrietspongieux d'un vieux Châtaignier, dans un tronc pourri de Hêtre et en outre dans le bois analogue d’une grosse poutre de Chêne enfouie sous terre. Elle paraît vivre des déjections d’au- tres larves. C’est dans une cellule pratiquée au milieu du bois, et après être demeurée quelques jours immobile et courbée presque en anneau, qu'elle se transforme en nymphe. 292 LARVES DE COLÉOPTÈRES NYMPHE Cette nymphe, qui n'a pas encore été décrite, se distingue par les caractères suivants : corps arqué en dessous, couvert de rides onduleuses transversales ; bords latéraux du prothorax assez densement ciliés de spi- nules cornées et ferrugineuses ; quelques poils fins sur les cuisses ; méta- thorax et sept premiers segments de l'abdomen parcourus sur le milieu du dos par une crête obtuse ; ces mêmes segments abdominaux munis sur chaque côté d'une lame profondément divisée en deux lobes divergents. terminés par une pointe cornée ; le lobe antérieur irrégulièrement denticulé sur satranche antérieure et ayant une petite dent sur la tranche postérieure ; le lobe postérieur, sensiblement plus grand, ayant une petite dent, sur- montée d'un poil, sur la tranche antérieure ; dernier segment terminé par deux cornes rugueuses, arquées et divergentes. Les larves connues des vrais Hélopides se réduisent, indépendamment de celle dont il vient d'être question, à celles du H. lanipes, publiée par M. Blanchard, Mag. de zool. 1837, p. 175, et du H. striatus, comprise dans mon Histoire des insectes du Pin (Soc. Ent. 1857, p. 367). En voici deux autres du même genre : Helops assimilis Kusrer. LARVE Cette larve est, à la taille près, l’image fidèle de celle du H. cœruleus. Elle est, comme elle, d’une couleur jaunâtre, avec les lisières des seg- ments plus foncées ; ses antennes sont conformées de même, et le quatrième article est susceptible de disparaître dans le troisième ; les mandibules sont bidentées à l'extrémité, avec la dent supérieure plus grande et plus saillante que l’autre ; elle a deux petites fossettes piligères écartées sur le devant du front ; les ocelles font défaut; les pattes sont épineuses,; le septième segment abdoininal a sur le dos quelques points médiocres ; le suivant présente des points beaucoup plus gros et bien plus nombreux, et le dernier segment est muni de deux crochets semblables, ainsi que des apophyses latérales. Je ne vois que deux caractères distinctifs : l'un, HÉLOPIDES. HELOPS 293 peu tranché, réside dans les pattes dont les antérieures sont relativement plus longues encore que les autres et munies sous les tibias de soies plus longues et un peu plus épaisses ; le second, très-apparent, réside dans le huitième segment abdominal qui a la face dorsale dépourvue de tout tubercule dentiforme et marquée d'une dépression assez irrégulière, et qui, en arrière des gros points, est couvert de petites granulations. Elle ressemble beaucoup aussi à celle du Helops striatus, mais cette dernière porte. à la base externe de chacun des crochets terminaux, une dent bien saillante qui fait complétement défaut à celle de l’assimilis, de sorte qu'il n’est pas possible de les confondre. Cette larve m'a élé envoyée de Corse par M. Revelière, qui l’a trouvée dans les sables maritimes de Porto-Vecchio. Je ne connais pas la nymphe. Helops pellucidus Murs. LARVE Cette larve, avec une taille encore plus petite, ressemble aux deux pré- cédentes dont elle a la forme, la consistance, la couleur et presque tous les caractères. Il est facile, néanmoins, de l'en distinguer et d’y trouver les différences suivantes : le troisième article des antennes est plus renflé, à peu près ovoïde, et il est à peine plus court que le précédent. Le sixième et le septième segment de l'abdomen offrent près de leur base deux points assez gros et rapprochés ; le huitième n’a ni tubercule dentiforme, ni dé- pression, et c'est à peine s’il est marqué, à la base seulement, de quel- ques points médiocres entremêlés de rides. Le neuvième segment est armé des deux crochets ordinaires, mais la dilatation latérale est presque insensible et pour ainsi dire nulle. de l'ai reçue de M. Valéry Mayet qui l'a trouvée dans les sables mariti- mes près, de Montpellier. Les larves de Helops, à en juger par celles qui sont connues, paraissent se différencier principalement par la forme du dernier segment abdominal et surtout par la ponctuation, les dents et les dépressions de ceux qui le précèdent. Celle du H. striatus est jusqu'ici la seule qui présente une série transversale de points à la base des segments et une dent à la base externe des crochets terminaux. 294 LARVES DE COLÉOPTÈRES Pour les trois que comprend ce travail, j'ai dit qu’elles sont dépourvues d’ocelles, et cependant j'ai mentionné, dans celle du H, striatus, deux ocelles noirs, non saillants, situés obliquement près de l'insertion des antennes. Je viens de revoir quelques-unes de ces larves, et sur certaines j'ai aperçu, en effet, à l'endroit indiqué, deux points noirâtres qui man- quent à d’autres. Ces points ne correspondent à aucune saillie, et je ne puis les considérer que comme des taches pigmentaires ocelliformes, qui disparaissent le plus souvent dans l’alcool. Les larves de plusieurs Helops, comme du plus grand nombre des Téné- brionides, vivent sous terre, au pied des touffes de diverses plantes. On n’a jamais, que je sache, signalé ces sortes de larves comme nuisibles aux végétaux, et je suis porté à croire qu’elle se nourrissent de leurs dé- tritus, ou des matières animalisées quelconques qui se rencontrent à peu près partout. CISTÉLIDES Mycetochares (Helops) barbata LaTkr. Fig. 311-417. LARVE Long. 15-20 millim. Linéaire, lisse, luisante, subcylindrique, à peine déprimée en dessous, si ce n’est sur la poitrine ; entièrement de couleur roussâtre. Tête convexe et lisse, un peu plus longue que large ; bord antérieur droit au milieu, déclive aux angles pour l'insertion des antennes, maculé de brun près des angles de l’épistome. Épistome grand, transversal, droit antérieurement, oblique sur les côtés, ferrugineux avec le bord pâle, marqué de quatre points enfoncés peu sen- sibles, dont deux latéraux donnant naissance à un poil. Labre transversal, semi-elliptique, ferrugineux, muni antérieurement de quelques cils et marqué de deux petites fossettes piligères. Mandibules pas très-longues, fortes, lisses, plates et très-larges en des- sus, terminées en pointe en arrière de laquelle se trouve une dent, ferru- gineuses avec l'extrémité et le bord bruns ; vues de côté, elles sont étroites, CISTÉLIDES. — MYCÉTOCHARES 295 triaugulaires, terminées en pointe avec une dent un peu en arrière de cha- que côté. Mächoires coudées, ne dépassant pas les deux tiers de la longueur de la tête, lobe cylindro-conique, pectiné, atteignant presque l'extrémité du second article du palpe. Palpes mazillaires un peu arqués en dedans, de trois articles, dont le second un peu plus grand que les deux autres, et muni d’un poil en dehors et d’un autre en dessous. Menton presque en losange tronqué aux deux bouts ; lèvre inférieure cordiforme. Palpes labiaux droits, de deux articles égaux, ne dépassant pas les lobes des mâchoires. Antennes longues, de quatre articles, le premier court, assez gros et en- tièrement rétractile, le second un peu renflé au bord supérieur externe, le troisième de moitié au moins plus long que le précédent, visiblement en massue et muni de quelques petits poils raides, le quatrième plus court que tous les autres, très-grêle et terminé par un long poil et deux ou trois très-petits. Article supplémentaire nul, ou du moins invisible. Sur chaque joue, un peu en arrière de l’antenne, un petit point trans- versal noirâtre, tantôt simple, tantôt paraissant formé de deux ou même de trois points, parfois même, mais très-rarement, avec un point noirâtre au dessous. Ces points semblent être pigmentaires et sont les indices d’ocelles qui n'existent pas en réalité. Prothorax aussi long que large, mésothorax et métathorax sensiblement plus courts, ces segments à peine arrondis sur les côtés. Abdomen de neuf segments, les huit premiers presque égaux au pro- thorax, lisses en dessus, marqués en dessous, près des côtés, d'un pli longitudinal destiné à faciliter des contractions et des dilatations ; dernier segment obtus à l'extrémité. déprimé et presque plan en dessous, avec une cavité basilaire ogivale dans laquelle se loge le mamelon anal ; celui- ei en carré long, terminé par deux papilles pseudopodes presque aussi longues que lui, un peu arquées, légèrement renflées à la base et terminées un peu en bouton. A part la tête qui a deux ou trois poils de chaque côté, et le dernier segment quien a quelques-uns plus longs, à part aussi quatre poils sur chaque arceau pectoral et deux sur chacun des huit premiers arceaux inférieurs de l'abdomen, un de chaque côté près du pli dont j'ai parlé, tout le corps est glabre ; mais au microscope on constate que tous les seg- 296 LARVES DE COLÉOPTÈRES ments, sauf la tête, sont parsemés de très-petits poils raides comme nous avons déjà eu occasion d’en voir dans d’autres larves. Stigmates elliptiques, la première paire, un peu plus grande que les autres, près du bord antérieur du mésothorax, les autres au quart anté- rieur des huit premiers segments abdominaux. Pattes assez longues, assez robustes, les antérieures un peu plus fortes que les autres, toutes de cinq pièces, ongle compris ; cuisses et tibias égaux en longueur, munis de quelques fines soies et sur la tranche infé- rieure de deux soies plus courtes, plus épaisses, spiniformes, sauf les tibias antérieurs qui en ont cinq ou six et paraissent comme pectinés ; ongle long, un peu renflé inférieurement à la base. M. Mulsant a donné la description de cette larve dans son Histoire na- turelle des Pectinipèdes, page 21. Cette description provoque de ma part deux observations : la première est relative aux palpes maxillaires qui ont paru à mon illustre ami composés de quatre articles, et qui ne sont en réalité que de trois ; la seconde concerne le dernier segment qui serait « presque plat à son extrémité, celle-ci munie de deux petites pointes. » Ce n’est pas là assurément le dernier segment de la larve du Mycetochures barbata que j'ai sous les yeux et dont je suis sûr; il n’est ni presque plat à son extrémité, ni muni d'une pointe quelconque. Ces caractères me reportent plutôt aux larves de Tenebrio. Une autre chose me donne à penser : le savant entomologiste de Lyon dit que la larve du M. barbata vit dans les écorces des Saules. des Chênes et de diverses autres espèces d'arbres, et plus loin il ajoute qu’elle « creuse dans le bois des galeries qui s’allongent à mesure qu’elle ronge la matière végétale. » J'ai bien trouvé cette larve dans les arbres précités, et de plus dans le Châtaignier et le Robinier, mais elle vivait toujours soit sous l'écorce, soit dans l'intérieur du bois, au milieu de la vermoulure produite par les larves lignivores qui l'avaient précédée, ou, pour mieux dire, de leurs déjections. C’est dans ce milieu et de cette substance qu’elle se nour- rit, c'est avec elle que je l'ai plusieurs fois élevée chez moi, ainsi que les larves des Prionychus ater et levis et de l’Hymenorus Doublieri, auxquelles elle ressemble tellement qu'il serait facile de les confondre. J'ajoute que, si l'occasion s’en présente et qu'elle rencontre une larve d'une autre espèce ou même de la sienne incapable de se défendre, où une nymphe, elle en fait sa proie. Lorsqu'on la prend, elle se tortille vivement et glisse dans les doigts. Elle aime à entrer à reculons dans les détritus où elle se fraye assez rapidement un passage en taraudant avec son dernier segment, et CISTÉLIDES. — ALLECULA 297 elle y chemine avec prestesse, grâce à la forme de son corps et de ses pattes et aux petites soies dont elle est parsemée et qui sont, je n'en puis douter, des auxiliaires de la locomotion. Lorsqu'elle veut se transformer en nymphe, elle se retire dans quelque recoin au milieu des détritus qu’elle tasse autour d’elle pour y former une loge, ou, si le bois est mou et spongieux, elle y pénètre et s’y installe ; puis son corps se courbe en arc, devient immobile, plus pâle et plus mat, et enfin la nymphe parait. Tous les détails qui précèdent s'appliquent aussi aux larves de Priony- chus et d'Hymenorus. NYMPHE Les antennes sont épineuses ; elle porte des poils fins et courts sur le front, le prothorax, les genoux, l'abdomen; les segments abdominaux sont munis de chaque côté d’une lame charnue, presque membraneuse, dont le bord extérieur est découpé en dentelures inégales, la plupart sur- montées d'une soie. Le dernier segment se termine par deux longues pa- pilles grèles, effilées, droites et un peu divergentes. Alleceuln (Cistela) morio F. Fig. 318. LARVE En fouillant dans la vermoulure d'une souche de Châtaignier et dans des conditions semblables à celles que recherche le Mycetochares barbata, je trouvai, au mois de juin, une nymphe qui, par les lames latérales des segments abdominaux, me parut se rapporter à celle de l'Allecula morio que M. Bauduer avait rencontrée dans le Chène-liége et qu'il m'avait don- née: Dans le voisinage se trouvait une larve déjà courbée en arc et près de se transformer et deux autres larves moins avancées. J'emportai le tout et je constatai que la nymphe était identique à celle de l’Allecula. Elle me donna, du reste, quelques jours après, cet insecte, et je l'obtins aussi de la première larve dont j'ai parlé. Quant à ces larves. je leur ai trouvé exactement les mêmes caractères qu'à celles du Mycetochares, y compris la forme, la consistance, la couleur, la structure du dernier seg- 298 LARVES DE COLÉOPTÈRES ment et des deux pseudopodes papilliformes. La seule différence appré- ciable consiste dans la longueur des mâchoires, qui ne dépasse guère la moitié de la tête, tandis que, dans cette dernière, elle atteint les deux uers. Aïnsi la larve de l’Allecula reproduit celle du Mycetochares au point de rendre toute distinction bien difficile. NYMPHE Elle ne diffère de la précédente que par la forme des lames des côtés l’abdomen, lesquelles sont simplement bisinuées et brièvement ciliées aux bords antérieur et latéral. Les larves des Cistélides ou Pectinipèdes déjà connues sont les sui- vantes : Mycetochares axillaris Payx.. Boucé, Naturg., p. 197. — M. bipustu- lata Izr., scapularis GvLc., Warternouse, Trans. of the entom. Soc. of London, 1836. p. 29. — M. barbata Larr.. linearis GxLr., Boucé, loc. cit., p. 198, et Muzsanr? Pectinipèdes, p. 21. Hymenorus Doublieri Murs, Mucsanr, 1° Opusce. entom., p. 70, et PER- RIS, SOC. Ent., 1862, p. 221. Cistela ceramboides L., la larve, Ouvier, Entomol., t. III, p. 5, Wa- TERHOUSE. lOC. cit. p. 28, Wesrwoop, Introd., 1. I, p. 310, et HEFGER, Isis, 1848, p. 982; la nymphe, Mursanr, Pectinipèdes, p. 47. J'ai moi- même élevé cette larve, trouvée en assez grand nombre dans la vermou- lure d’un vieux Châtaignicr. Hymenalia fusca Izr., Mursanr, Pectinipèdes, p. 50. M. Mulsant a trouvé cette larve, dont la description est très-exacte, dans des troncs de Marronniers dont elle mangeait le bois. Quant à moi, je l'ai rencontrée plusieurs fois à une faible profondeur dans le sable, au milieu des détri- tus et de l'humus accumulés au pied des touffes d’Artemisia campestris. La nymphe, que M. Mulsant paraît n'avoir pas connue et que j'ai trou- vée aux mêmes lieux, ressemble à celle du Mycetochares ; elle a les an- tennes un peu épineuses, des poils fins sur la tête, le thorax et l’abdomen, celui-ci terminé par deux appendices effilés et un peu divergents ; mais les lames latérales des segments abdominaux sont un peu moins largeset leur bord extérieur, très-peu sinué, est découpé en dents plus petites, beaucoup plus nombreuses et beaucoup plus égales, et par conséquent CISTÉLIDES 299 les poils qui surmontent ces dents sont en bien plus grand nombre; les dents angulaires sont droites comme les autres et non déjetées l'une en avant, l’autre en arrière. Prionychus ater F., Ky8er, in Germar's Magas., t. II, p. 16, Bouc, Naturg., p. 194, WaTeRHOUsE, loc. cit., p. 27, et Perris, Ann. Sc. natur.. 2 série, t. XIV, p. 83. — P. lœvis Kusrer, sous le nom d'ater, rectifié depuis, Pernis, Soc. Ent. 1857, p. 370. Les larves des Cistélides doivent toutes se ressembler, si l'on en juge par celles que l’on connaît ; elles forment un groupe qui se rapporte évi- demment, par les organes de la bouche, aux larves dela grande division des Ténébrioniens ou Latigènes, mais elles en diffèrent au premier coup d’œil en ce que celles-ci ont toujours des épines ou pointes, ou des cro- chets au dernier segment de l'abdomen, tandis que dans les larves des Gistélides ce segment est postérieurement uni et inerme, Les deux appen- dices pseudopodes qui se trouvent sous ce dernier segment paraissent aussi être caractéristiques de ce groupe, seulement ils varient de lon- gueur. Très-longs dans les larves d’Allecula, d'Hymenorus, de Myceto- chares, ils sont très-courts dans celles de Prionychus et de Cistela et surtout dans celles du Prionychus ater et de l'Hymenalia fusca. I nous reste à connaitre les larves des Podonta, des Cteniopus, des Omophlus, des Heliotaurus ; espérons que bientôt cette lacune sera comblée, du moins en partie. Les larves dont il s’agit ici ont aussi de commun avec celles de la grande division à laquelle elles se rattachent d'aimer à se nourrir de substances décomposées ou de malières excrémentitielles ; mais, comme elles aussi, j'en suis convaincu, elles profitent des circonstances favora- bles à leurs appétits carnassiers. J'ai vu, en effet, des larves de Tenebrio. d'Helops et d'Hymenorus dévorer d’autres larves, et deux larves de Blaps similis ayant été mises ensemble, l’une a détruit l'autre. Ce qu'il y a de larves accidentellement carnassières dépasse de beaucoup ce qu'on a pu imaginer jusqu'ici. 300 LAUVES DE COLÉOPTÈRES SALPINGIDES Lacom. — ROSTRIFÈRES Murs. Lissoderma (Salpingus) denticolle GyLL. Fic. 319-397. LARVE Long., 3 1/2-4 millim. Assez déprimée, surtout à la région céphalique et thoracique, linéaire, d’un blanc très-faiblement teint de jaunâtre ou de roussâtre et d’une consistance subcoriacée, surtout en dessus ; dernier segment denté au bord postérieur. Tête franchement roussâtre, presque discoïdale, avec la partie posté- rieure un peu enchâssée dans le prothorax ; sur le front, une faible im- pression transversale antérieure sur laquelle s'appuient deux autres im- pressions longitudinales et arquées. Épistome court, labre semi-discoïdal et cilié. Mandibules courtes, épaisses, subtriangulaires, bidentées à l'extrémité; ferrugineuses avec l'extrémité noirâtre. Palpes maæillaires assez allongés, subconiques, très-peu arqués en dedans et de trois articles égaux ou à peu près, portés sur des mâchoires fortes dont le lobe cylindrique atteint l’extrémité du second article des palpes et est garni de petites soies. Lèvre inférieure insérée en arrière des mâchoires, tronquée antérieu- rement avec les angles arrondis et surmontée de deux palpes labiaux de deux articles. Ces palpes ne sont visibles, lorsqu'on regarde la larve en dessus, que si celle-ci écarte les mandibules ; quant aux palpes maxillaires, le troi- sième déborde un peu la tête. Tous ces organes sont de couleur rous- satre. Antennes de quatre articles, les deux premiers courts et d’égale lon- gueur, mais le basilaire sensiblement plus épais, surtout à la base, le troisième presque aussi long que les deux premiers ensemble, le qua- trième d’un tiers moins long que le précédent, terminé par une longue soie et deux ou trois petites, et accompagné d’un article supplémentaire placé un peu en dessous et de moitié moins long que lui. SALPINGIDES. — ROSTRIFÈRES. -— LISSODEMA 301 Un peu en arrière des antennes, sur claque joue, on voit cinq petits ocelles bruns et un peu ovales, trois antérieurs presque contigus et deux postérieurs un peu plus distants. Corps de douze segments, trois thoraciques et neuf abdominaux, les premiers un peu plus grands que les autres, légèrement convexes en des- sus, plans en dessous. Prothoraz marqué d’un léger sillon longitudinal. Huit premiers segments abdominaux à peine plus convexes en dessus qu’en dessous et pourvus d'un petit bourrelet latéral, réndu plus sensible du côté du ventre par une dépression assez visible. Sur le dos, comme sur la face ventrale, ces segments sont susceptibles de certaines dilata- tions produisant une double série d'ampoules ambulatoires ; mais ces auxiliaires de la locomotion sont très-peu apparents. Dernier segment plan en dessus, où il est marqué d'une strie médiane et de deux faibles impressions longitudinales arquées, presque carré, mais se rétrécissant un peu de la base à l'extrémité; bord postérieur formé de deux arcs peu concaves, séparés par une échancrure assez étroite mais profonde, ces arcs terminés intérieurement par une dent fer- rugineuse et cornée, convergeant vers sa similaire, sans pourtant l'at- teindre, et extérieurement par une dent un petit peu plus saillante, un peu plus pointue, également ferrugineuse et cornée et légèrement arquée en haut. Sous la face inférieure, un mamelon pseudopode rétractile au centre duquel est l'anus. Stigmates au nombre de neuf paires, situées, la première sur le méso- thorax, très-près de son intersection avec le prothorax, sous les premières hanches; les autres un peu plus haut et au tiers antérieur des huit pre- miers segments abdominaux. Pattes de moyenne longueur, formées de cinq pièces, ongles compris, et garnies de quelques soies, surtout à la tranche inférieure des cuisses. Vue en dessous, cette larve montre quelques poils très-fins sur les côtés de la tête, deux ou trois poils semblables, dont un plus long, sur les côtés des onze premiers segments, et sur les bords du douzième des poils plus nombreux portés sur de très-petits tubercules; mais lorsqu'on l'examine dans tous les sens et avec un fort grossissement, on constate qu'ilexiste sur le dos huit séries de poils, ceux des deux séries médianes et des deux latéro-dorsales plus longs, sur les côtés trois séries très-rap prochées, ceux de la série du milieu plus longs, et en dessous six séries, 302 LARVES BE COLÉOPTÈRES ceux des deux séries médianes plus allongés. On constate aussi que le dernier segment est, sur ses deux faces, parsemé de poils semblables. J'ajoute que les poils de la région ventrale sont un peu arqués en avant et que, vus au microscope, ils sont tronqués à l'extrémité, ou même ter— minés par un tout petit bouton à peine plus épais que le poil lui-même. Le bois mort des échalas de Châtaignier, pourvus de leur écorce, ainsi que des branches de Chène et d’Aubépine, est sujet, après un ou deux ans, à une altération favorable au développement d’une hypoxylée de couleur noire qui s'étend en plaques plus ou moins grandes, sous le nom de Sphæria stigma. et qui, de son côté, augmente l'altération du tissu ligneux, lui donne une texture particulière et le rend plus tendre. Si l'on fouille l’aubier au dessous des plaques formées par ce cryptogame, on a la chance d'y rencontrer, s’il s’agit du Châtaignier, les larves de l'Enedreytes oxya- canthæ, s'il s’agit du Chène, celles des Tropideres niveirostris ou sepicolu, s’il s'agit de l'Aubépine, celles de l'Énedreytes précité ou du Choragus Sheppardi qui aiment à se nourrir de ce bois ainsi attendri et rendu aussi peut être plus savoureux, plus de leur goût, par le cryptogame dont j'ai parlé. C’est aussi avec ces larves qu’on trouve celles du Lissodema denti- colle qui vivent de leurs déjections et qui les dévorent elles-mêmes. Je les ai vues, en effet, le plus souvent au milieu de la vermoulure produite parles larves exclusivement xylophages, ou même occupées à se frayer un pas- sage d’une galerie à une autre ; mais j'en ai vu aussi qui dévoraient une de ces larves ou qui en avaient opéré presque complétement la destruc- tion. Elles sont donc du grand nombre de celles que j'ai appelées vidan- geuses et qui, dans l’occasion, sont très-volontiers carnassières. La durée de leur existence est d'environ dix à onze mois, et c'est au mois de mai qu'après s'être préparé une cellule, elles se transforment en nymphe aux lieux mêmes où elles ont passé leur vie. NYMPHE Elle présente, emmaillotées et repliées comme à l'ordinaire, les diverses parties de l’insecte parfait. Prothorax bordé de douze soies portées sur des tubercules coniques, les six soies supérieures et surtout les deux médianes sensiblement plus écartées que les latérales ; segments de l’ab- domen dilatés aux angles postérieurs en une dent charnue un peu inclinée en arrière et terminée par une soie; dernier segment entouré de soies insérées sur de petits tubercules subconiques et muni à l'extrémité de deux épines subcornées. SALPINGIDES —- ROSTRIFÈRES. — LISSODEMA 303 Mon illustre et excellent ami, M. Mulsant. dans son travail sur la petite tribu des Rostrifères, a tracé avec autant de charme que de talent, comme il le fait habituellement en tête des remarquables monographies qu'il pu- blie de concert avec notre ami commun M. Rey, le tableau des habitudes et des évolutions des insectes de cette tribu, et a donné l'historique des vicissitudes qu'a subies son classement. A l'exemple de plusieurs de ses devanciers, il y a compris, mais, il est vrai, en en faisant le sujet d'une famille distincte, le genre Mycterus de Clairville, Rhinomacer de Fabricius et de divers autres. Latreille, en 1804, avait déjà opéré la même réunion, mais Leach ayant créé en 1852 la tribu des Salpingites, en laissant les Mycterus dans les Œdémérides, il modifia en 1817 et 1825 ses disposi- tions, sépara, même par un assez grand intervalle, les Rhinosimus et les Salpinqus des Mycterus, et, à l'exemple de Leach, adjoignit ces derniers aux Oldémérides. Le célèbre et si regrettable Lacordaire a suivi la même marche. Dans le cinquième tome de son Genera il a formé, page 520, sa ‘cinquantième famille, celle des Pythides, composée de trois tribus, celle des Pythides vrais, celle des Salpingides et celle des Agnatides, et c’est beaucoup plus loin, page 718, qu'il colloque les Myctérides dont il fait une tribu de la soixantième famille, celle des OŒEdémérides, en rappelant les raisons qui ont déjà motivé leur séparation des Salpingides. « Je ne doute pas, ajoute-t-il, que lorsque leurs larves seront découvertes, on ne trouve qu'elles sont totalement différentes de celles des Salpingides. » Malgré l'autorité de ce grand maître, J. Duval, dans son Genera, (t. III, p. 452), a fait des Mycterus une famille au même titre que celles des OEdémé- rides et des Pythides, et a placé ces trois familles à la suite l’une de l'au- tre, celle des Myctérides se trouvant au milieu. M. de Marseul n’a pas été “de Pavis de Duval, et dans ses catalogues il suit la classification de Lacor- daire. Je trouve, quant à moi, qu'il a eu grandement raison, car je partage entièrement l'opinion du savant auteur qui lui a servi de guide. La phrase que j'ai citée un pen plus haut prouve le cas que Lacordaire faisait des caractères des larves au point de vue de la disposition méthodique des insectes parfaits, et l'on sait depuis longtemps que telles sont mes idées, dans lesquelles d'incessantes observations me confirment de plus en plus, quoïque je ne méconnaisse pas que, dans l’état de la science sur ce point, on se heurte çà et là à des disparates plus ou moins embarrassants. Je ne désespère pas de prouver plus tard que les Mycterus, si voisins des Œdé- mérides par leurs caractères propres, s'y rattachent par la forme de leurs larves ; or les larves des Œdémérides diffèrent tellement de celles des 304 LARVES DE COLÉOPTÈRES Salpingides, que je ne vois pas entre elles même de l’analogie. Je trouve au contraire que les larves des Lissodema et des Rhinosimus ont de grands rapports avec celle du Pytho et même, quoique à un bien moindre degré, avec celle de l'Agnathus. La seule larve connue de la tribu des Salpingides est celle du Rhinosi- mus ruficollis L., roboris F., publiée par Erichson dans les archives de Wiegman, 1847 (t. I, p. 287) et dont le catalogue de MM. Chapuis et Candèze reproduit la description. En lisant cette description il me semblait relire celle que j'avais déjà rédigée moi-même de la larve du Lissodema denticolle, tant les caractères se ressemblent. Je ne vois de différence que dans la forme du dernier segment. J'ai eu plus d’une fois l’occasion de faire remarquer que les larves d’es- pèces différentes du mème genre présentent ordinairement une telle uni- formité de caractères qu’il est le plus souvent impossible de les distinguer, et que les larves de genres voisins du même groupe se différencient fré- quemment par la forme du dernier segment. C’est ce que justifient, du reste, les notions que nous avons acquises sur les larves des familles sui- vantes, sans parler de plusieurs autres moins importantes : Carabiques, Nitidulaires, Lamellicornes, Élaterides, Ténébrionides. La petite famille des Pythides fournit, ainsi que je l'ai fait pressentir plus haut, de nouvelles applications de cette règle. Si, en effet, je compare la larve du Lissodema denticolle avec celle du L. lituratum qui m'est aussi connue, je trouve identité complète; à peine pourrait-on dire que les dents cornées qui terminent le dernier segment sont dans la première un peu moins saillantes. Il en est autrement lorsqu'il s'agit de la larve des Rhinosimus. Dans celle- ei le segment terminal, au lieu d’être, comme dans la larve des Lisso- dema, tronqué au bord postérieur avec trois échancrures, deux larges et peu sensibles et une médiane étroite et profonde, est, selon le langage d'Erichson, « muni à son sommet de deux cornes courtes et larges dont chacune se termine par deux crochets grèles et aigus, l'externe dirigé en dehors, l’interne en dedans et touchant presque son correspondant. » Pour mieux faire comprendre les différences dont il s’agit et les rendre palpables, je crois devoir, puisque la larve du Rhinosimus ruficollis n’a pas été figurée, donner le dessin du dernier segment de la larve du R. plunirostris qui lui est en tout semblable (fig. 328). Je me borne à ce segment parce que, pour tout le reste, on pourrait lui appliquer la des- SERROPALPIDES. —- PHLOIOTRYA 305 cription qui précède, même en ce qui concerne les ocelles, sauf à donner à la longueur un demi-millimètre de plus. Erichson n’a rien dit des appétits des larves des Salpingides, et M. Mulsant, sans pouvoir néanmoins se prévaloir de quelque observation positive, les considère comme vivant aux dépens des végétaux. Je serais tenté d'être de cet avis s’il s'agissait de la larve des Mycterus que M. Mul- sant a placés, comme je l'ai dit, dans sa famille des Rostrifères, car n'ayant pu encore trouver ici cette larve, quoique le Mycterus curculionoides y soit excessivement commun, je suis porté à croire qu’elle vit dans la terre des racines des plantes ; mais il n’en est pas ainsi des larves des Salpin- gides, et ce que j'ai dit des goûts de la larve du Lissodema denticolle, je crois pouvoir l'affirmer pour toutes les larves du mème genre et des gen-- res voisins. Celle du L. lituratum se trouve dans la vigne sauvage et le figuier morts, habités, la première par les larves du Xylopertha sinuata, du Synoxylon sexdentatum et de l’Agrilus derasofasciatus, le second par celles de l'Hypoborus ficus et du Synoxylon précité. Quant à celle du Rhi- nosimus planirostris, je l'ai rencontrée sous l'écorce du Chêne, de l'Orme et de l’Aulne, dans les déjections des larves des Scolytides et autres xylo- phages parasites de ces arbres, et j'atteste que si elle peut faire son profit d’une de ces larves, elle n’en laisse pas échapper l'occasion. Il y a donc plus que de l’analogie, pour la manière de vivre, entre les larves des Rhi- nosimus et des Lissodema, et cette analogie s'étend aux autres genres des Pythides, c’est-à-dire au Pytho et à l'Agnathus. SERROPALPIDES Cara. Marseuz. MELANDRYIDES Lacon», BARBIPALPES Murs. Rey. Phloiotrya Vaudoueri Murs. Fig. 329-337. LARVE Long. 12-17 millim, Linéaire, un peu rétrécie aux deux extrémités, sub- déprimée, un peu convexe en dessus, bien moins en dessous, surtout à la région sternale, blanche, plutôt coriace que charnue, terminée par deux crochets. Tête déprimée, un peu plus que semi-discoïdale. le reste enchâssé dans PER. 20 306 LARVES DE COLÉOPTÈRES le prothorax, subcornée, d’un testacé pâle avec le bord antérieur plus foncé, marquée sur le front de quatre fossettes disposées en carré. Épistome transversal, peu distinct du bord antérieur ; Labre semi-ellip- tique et cilié. Mandibules de longueur et de force médiocres, munies d’une petite dent vers le tiers ou le quart de la tranche interne, larges à la base quand on les regarde en dessus, étroites et bidentées à l'extrémité si on les observe de côté. Mächoires coudées, assez robustes, avec un lobe large, tronqué et den- sement cilié au sommet. Palpes maæillaires courts, à peine arqués en dedans, de trois articles égaux. Support du menton presque lagéniforme ; menton un peu plus large antérieurement qu’à la base. Lèvre inférieure très-courte, prolongée en une languette arrondie. Palpes labiaux très-courts, de deux articles. Antennes coniques, assez épaisses, les trois premiers articles égaux en longueur et dépourvus de soies, le quatrième grêle, cylindrique, surmonté d’une longue soie et de trois très-petites, et accompagné d’un article sup- plémentaire bien plus court et visible seulement de profil. Immédiatement en arrière des antennes, cinq ocelles sur deux rangs, l'antérieur de trois sur une ligne transversale non oblique, l’autre de deux, placés de telle sorte que le plus supérieur du rang de devant se trouve vis à vis l'intervalle qui les sépare. Prothorax aussi grand, ou bien peu s’en faut, que les deux segments suivants réunis, de la largeur de la tête antérieurement, plus large en arrière, un peu avancé au milieu de son bord postérieur. Mésothorax et métathorax égaux, ayant un petit bourrelet aux angles postérieurs. Abdomen de neuf segments, les sept premiers à peu près égaux, mon- trant en dessus un étroit bourrelet de chaque côté et les indices de deux espaces dorsaux dilatables comme des ampoules arrondies, et en dessous un double bourrelet plus visible; huitième segment plus étroit que les autres, ayant à peine aux angles postérieurs la marque d’un bourrelet qui est bien apparent en dessous; neuvième et dernier segment arrondi latéralement, d’une consistance plus solide que le reste du corps, marqué antérieurement de six petites taches rousses, subelliptiques, disposées en ligne transversale, de la même couleur sur plus de sa moitié postérieure, SERROPALPIDES. — PHLOIOTRYA 307 et terminé par deux crochets cornés, ferrugineux avec l'extrémité plus foncée et recourbés en haut. Ces crochets déterminent une échancrure qui est plus profonde sur la plaque dorsale du segment que sur la plaque opposée, et l'intervalle de ces deux plaques est occupé par une cavité, un trou parfaitement rond. Sous ce segment est un pseudope rétractile qui, contracté, semble formé de quatre mamelons inégaux au centre desquels est l'anus. Une forte loupe montre quelques poils sur la tête et sur le dernier seg- ment et un ou deux de chaque côté des autres segments. Au microscope on constale au moins deux séries longitudinales de ces poils tant sur la dos que sur le ventre, et l’on voit en outre qu'il existe, çà et là, sur le face dorsale et sur les flancs, des poils très-petits, comme des cils tron- qués. Ils m'ont paru situés sur les bourrelets et les ampoules et doivent avoir pour destination de faciliter les mouvements de la larve. Stigmates au nombre de neuf paires, situées la première près du bord antérieur du mésothorax, les autres vers le tiers antérieur des huit pre- miers segments abdominaux. Pattes de longueur médiocre, assez robustes, de quatre articles plus un ongle subulé. Hanches hérissées de poils spiniformes, trochanters et cuis- ses ayant des soies en dessous et les tibias une soie en dessus près de l'extrémité. Mon ami M. Bauduer a trouvé cette larve dans un Chène-liége mort depuis longtemps, et je l’ai rencontrée, avec des nymphes et des insectes parfaits, dans une branche de Châtaignier morte depuis deux ou trois ans et dont le bois était déja très-ramolli. Elle se transforme dans la galerie qu’elle a creusée pour se nourrir, après y avoir pratiqué, en l’élargissant un peu, une loge convenable pour la nymphe. NYMPHE Elle porte de très-petites spinules, la plupart courbées en arrière, blan- ches avec l'extrémité rousse et un peu cornée, sur le front, et deux rap- prochées au bord interne des yeux, d'autres autour du prothorax, celles-ci éparses, quelques-unes vers la base des ailes, deux de chaque côté des segments abdominaux et deux au milieu. De la base de chacune de ces spinules s'élève un poil très-fin et blanchâtre, plus long qu’elle. Le dernier segment se termine par deux papilles ou épines coniques, courtes, verticales, un peu divergentes, blanches avec la pointe rousse et cornée. 308 LARVES DE COLÉOPTÈRES Je lis dans l'Histoire naturelle des Barbipalpes, par M. Mulsant, que M. Mac Leay a publié, comme appartenant à la Dircæa lævigata, la larve de la Phloiotrya rufipes Gyll, trouvée dans le tronc d’un Chêne. Cette larve serait écailleuse, aurait des antennes de trois articles, l'avant-dernier segment épineux, les pieds antérieurs comprimés et crochus, plus longs et plus robustes que les quatre postérieurs. Je ne vois rien de tout cela dans la mienne; je crois à une erreur pour le nombre des articles des antennes, et j'en soupçonne une autre relativement à l’avant-dernier seg- ment. Lacordaire, dans son Genera (t. V, p. 546), traduit au sujet de la même larve, la description de M. Westwood et souligne les passages qui lui paraissent suspects, tels que la consistance écailleuse, les pattes antérieures grandes, comprimées. crochues et atteignant presque l'extrémité anté- rieure de la tête, les deux paires postérieures étant beaucoup plus courtes. J'oserais souligner aussi l’avant--dernier segment qui, dans la traduction de Lacordaire, n’est plus épineux, mais convexe et très-fortement ponctué, le dernier étant pourvu de deux crochets cornés, aigus et recourbés en haut. Je doute, avec Lacordaire, que cette larve soit authentique, et je suis convaincu qu'elle appartient à un Helops, quoiqu'elle ait été trouvée avec la Phloiotrya, ce qui n’a rien d'étonnant. Je persiste dans cette opi- nion, quoique J. Duval ait fait, sous le nom de Dolotarsus, un genre spé- cial de cet insecte, qu’il place même dans une autre division que celle des Phloiotrya. Anisoxya (Serrepalpus) fugeula IL. Fig. 338-339. LARVE Cette larve, longue de 4 à 5 millim., diffère sensiblement de celle de la Phloiotrya, mais elle a les plus grands rapports avec celles de l'Orchesia micans, de la Melandrya caraboides et surtout de la Carida flezuosa dont elle a l'air d’être une copie. Comme elle, en effet, si sa tête était plns enchâssée dans le prothorax, et qu'il y eût l’apparence d’un treizième segment, elle présenterait la physionomie d’une très-jeune larve de Longi- corne, car elle a, comme ces sortes de larves, le corps charnu, le protho- rax assez développé et un peu plus consistant, et une forme subtétraédri- que due à des ampoules ambulatoires tant dorsales que ventrales sur les SERROPALPIDES. — ANISOXYA 309 deux derniers segments thoraciques et les huit premiers segments abdo- minaux, et à des bourrelets latéraux. Ses antennes et surtout ses palpes maxillaires et les lobes des mâchoires sont sensiblement plus longs que dans la larve de la Phloiotrya, et ses mâchoires sont moins coudées. En outre, la consistance un peu coriace de celle-ci et la forme dun dernier segment constituent des différences si frappantes, qu'on ne croirait pas ces deux larves de la même famille. On a déjà deviné, en effet, que celle de l’Anisozya a le dernier segment charnu, arrondi et complétement inerme. Je me réfère donc à la description que j'ai donnée (Soc. Ent. 1857, p. 378,) de la larve de la Carida fleruosa dont elle a la forme, les pattes étalées et débordant un peu le corps. etc., sauf à y apporter, pour la larve qui m'occupe en ce moment, les modifications suivantes : 4° les mandi- bules, vues de côté, ne sont pas bifides, et malgré un long examen, elles m'ont paru simplement acuminées; 2% le lobe des mâchoires, dont je donne le dessin, est subtronqué et non pas surmonté seulement de deux soies raides, mais pectiné. Je donne aussi la figure des ocelles qui sont au nombre de cinq de chaque côté et qui feraient croire, dès lors, à une différence de plus avec la larve de la Carida à laquelle je n’en ai donné que trois; mais soupçonnant en ceci une erreur, je viens de porter la loupe sur celte larve et je lui ai trouvé cinq ocelles comme à celle de l'Anisozya et disposés de même. Cela prouve qu’on voit ordinairement mieux lorsque, guidé par les règles de l’analogie, on se livre à un examen plus attentif et mieux dirigé ; il est vrai que, parfois aussi, des idées préconçues et la passion des analogies peuvent nous montrer ce qui n’est pas, ou nous aveugler sur ce qui existe. Cela veut dire qu'il faut tâcher de toujours bien voir. Je termine en disant que j'ai trouvé la larve de l’Anisoxya dans des branches un peu pourries de Châtaignier et que j'ai obtenu aussi l’insecte parfait de branches de Robinier et de Noisetier. Le 18 juillet 1875, j'ai rencontré dans des branches mortes de Pommier plusieurs individus de cette même larve avec des insectes parfaits et aussi, par bonheur, avec des nymphes. Voici le signalement de ce dernier état. NYMPHE Blanche et délicate. Sur le front, près des bords latéraux du prothorax et un peu en avant de l’écusson, quelques petits tubercules surmontés d’un poil fin, Un tubercule plus grand, conique, papilliforme vers les deux 310 LARYES DE COLÉOPTÈRES tiers latéraux des segments de l'abdomen, ces tubercules portant un poil fin incliné en arrière. Dernier segment paraissant avoir dix tubercules semblables, mais bien plus petits, quatre de chaque côté et deux dorsaux, et terminé du Côté du ventre par deux lobes coniques et du côté du dos par deux mamelons coniques aussi et relevés, finissant par une pointe un peu roussâtre et subcornée. Le menu boïs de Châtaignier et de Chêne m'a donné aussi l’Abdera griseoguttata, mais je n’ai pu encore mettre la main sur sa larve. L'histoire des métamorphoses des insectes de la famille des Serropal- pidæ du Catal. de M. de Marseul, Barbipalpes de M. Mulsant, Mélan- dryides vrais de Lacordaire, présente encore plus d’une lacune. Voici ceux dont les larves sont connues : Orchesia micans PANZ., GUÉRIN-MENEVILLE, WATERHOUSE, WESTWO0p, Brasezman et surtout Caapuis et CANDÈZE dans leur Catal. p. 179. Hallomenus humeralis PAnz., Perris, Soc. Ent, 1857, p. 382, Carida flezuosa Payx., PErRis, Soc. Ent. 1857, p. 378. Dircæa lœvigata MELLEN, Permis, Soc. des Sc, de Liége, 1855. — D. Revelieri Muzs., Muzsanr et Reveuière, 11e Opuscule, p. 94. Serropalpus striatus HEeLLEN, Assuuss, Wien., Ent. Monatschr, 1859, p. 255 et ErNé, Bull. de la Soc. suisse d’entom. 1872, p. 525, qui ne dit que quelques mots de la larve à laquelle il donne à tort une paire de stig- maies par segment. Hypulus bifasciatus F. Lerzxer, Arb. schles. Gesells, 1851, p. 96, et Hgscer, Sitzher, Wien. Acad. Wiss. 1853, p. 474. MM. Mulsant et Rey ont publié (43° Opusc. p. 187) comme apparte- nant au Hypulus quercinus, une larve de couleur testacée, subécaïlleuse, terminée par deux prolongements bifides et qui, à tous ces titres, me don- nait d’autant plus à penser qu'en consultant les détails descriptifs des organes, je ne lui trouvais presque rien des larves des Serropalpides. J'étais en outre convaincu, ce dont j'ai eu plus tard la preuve, que la larve du Hypulus bifasciatus, antérieurement décrite, avait le dernier segment sim- ple. Elle pouvait tout au plus être terminée par deux pointes ou crochets, mais ces prolongements bifides, sans parler du reste, me déroutaient complétement. Pour éclaireir mes doutes, j'ai demandé à M. Rey commu- nication de sa larve qu'il a eu la bonté de m'envoyer avec l'empressement qui caractérise son obligeance. Il ne m'a pas fallu longtemps pour recon- naître que mes savants amis avaient été dupes, ce qui peut arriver à bien SERROPALPIDES, — TETRATOMA 311 d’autres, moi compris, de la coïncidence de cette larve et du Hypulus dans une souche de vieux Châtaignier, et que celle-là, loin d'appartenir à celui-ci, est une jeune larve d’Afhous ou de Corymbytes. Melandrya caraboides L., PEerris, Ann. sc. natur. 1840, p. 86. Il faut que je répare, à propos de cette larve, une inadvertance au sujet de la première paire de stigmates qui est placée au bord antérieur du méso- thorax et non, comme je l'ai dit, au bord postérieur du prothorax, et de plus, une omission qui a induit en erreur Erichson. Dans les caractères généraux qu’il a donnés des larves des Mélandryades, d’après célles de Melandrya et de Dircæa, il met : ocelles nuls. Or la larve de la Melandrya caraboides a des ocelles, elle en a même cinq de chaque côté, savoir : trois très-près de la base des antennes, fort rapprochés, en ligne droite un peu oblique et deux bien en arrière et écartés, dont l’un vis-à-vis le plus supérieur du premier rang et l’autre plus rapproché du crâne ; ces deux derniers presque obsolètes. Quant aux larves de Dircæa, ma des- cription de celle de la D. lævigata porte qu’elle a également dix ocelles. Je veux aussi, dans l'intérêt de la science, donner les caractères de la nymphe de la Melandrya dont je me suis borné à dire qu’elle ne présente rien de particulier. Il y a de cela bientôt trente-deux ans; je suis devenu plus méticuleux. Or, je constate que cette nymphe ressemble beaucoup à celle de la Phloiotrya. Elle a des spinules blanches, à pointe cornée et rousse, sur le front, autour du prothorax et quelques-unes au milieu; elle en a aussi de plus nombreuses que dans la nymphe précitée, sur le dos des segments de l'abdomen, où l’on en voit deux petits groupes princi- paux placés sur deux tubercules ; les deux derniers segments en ont aussi chacun six en dessous, sur le bord postérieur, et le dernier porte les deux épines verticales que présente aussi la nymphe susdite. De la base des spinules part également un petit poil, mais il est plus court ét je ne le vois pas à côté de toutes. Aux larves qui précèdent j'ajoute les suivantes. Tetratoma Baudueri Perns. Long., 4-5 millim., hexapode, ovale allongée, presque glabre, char- nue, mais assez Coriace, d’un blanc un peu jaunätre, à bandes transver- sales brunes sur le dos ; dernier segment à deux lobes terminés par une épine relevée. 12 LARVES DE COLÉOPTÈRES Tête à peu près libre, plus large que longue, assez fortement arrondie sur les côtés, luisante, très-finement ridée, très-peu convexe en dessus, marquée sur le front d’une impression elliptique assez profonde dont le centre est bombé ; teintée de brun roussâtre. Épisiome trapézoïdal, très-transversal, peu distinct du front, mais assez nettement séparé du labre, lequel est court, très-transversal, un peu iné- gal et à peine cilié. Mandibules médiocrement robustes, susceptibles de se joindre sans se croiser, d'un testacé pâle avec l'extrémité noirâtre. Vues en dessus, assez larges, pointues avec une dent interne; vues de côté, assez étroites, assez longuement subtriangulaires, bidentées au bout. Mäâchoires descendant jusque vers les deux tiers de la tête, coudées à angle droit, leur lobe court, assez élargi, cilié de quelques soies courtes et spinuliformes. Palpes maxillaires courts, à peine arqués, de trois articles dont les deux premiers égaux, avec un petit poil sur le côté externe du second, le troisième un peu plus long, terminé par de très-petits cils. Menton bien plus long que large, se rétrécissant de la base au sommet. Lèvre inférieure prolongée en une languette arrondie. Palpes labiaux courts, de deux articles égaux, le second couronné de très-petits cils. Antennes coniques, non rétractiles, les trois premiers articles égaux en longueur, le troisième ayant un poil en dehors; quatrième un peu plus long et beaucoup plus grêle, terminé par un poil de médiocre longueur et trois autres beaucoup plus courts, accompagné d'un article supplémen- taire bien plus grêle, de moitié plus court, pointu et visible seulement quand on regarde la larve de profil, parce qu'il est inséré au-dessous du dernier article. Sur chaque joue, un peu en arrière de l'antenne, un groupé de cinq ocelles saillants comme de petits globules noirs et luisants, trois anté- rieurs en ligne transversale un peu oblique et deux postérieurs rappro- chés des précédents. Prothorax presque aussi grand que les deux autres segments thoraci- ques réunis, très-peu arrondi sur les côtés, marqué de points très-0bso- lètes, teinté de brun sur les deux tiers antérieurs, mais moins sur les cô- tés que sur le milieu et marqué d'une fine ligne médiane blanche qui se prolonge tout le long du corps. Mésothorax et métathorax égaux, nuancés de brunâtre sur leur moitié SERROPALPIDES. — TETRATOMA 313 antérieure, ce brunâtre moucheté de brun foncé près du bord anté- rieur. Abdomen de neuf segments; le premier de la dimension du métatho- rax et coloré comme lui, les sept suivants un peu plus longs, ayant une bande brune d'autant plus étendue et d'autant plus foncée qu'on s’appro- che plus de l'extrémité, mais laissant toujours blanches la lisière posté- rieure et la fine ligne médiane. Tous ces segments ayant à droite et à gauche de cette ligne un pli transversal destiné à faciliter des dilatations musculaires ; munis en outre, sur chaque flanc, d'un bourrelet mameloni- forme qui rend bien visibles leurs intersections. Dernier segment à peine plus long que le précédent, mais beaucoup plus étroit, jaunâtre avec la base brune, divisé postérieurement en deux lobes coniques, brunâtres, un peu divergents, terminés par une épine verticale, faiblement arquée, onguiforme, un peu gibbeuse postérieurement et ferrugineuse, et munis en dessous de deux ou trois granules piligères. Mamelon anal cylindrique, placé sous le dernier segment, mais un peu plus près de l'extrémité que de la base, à trois et peut être quatre lobes marqués d'un pli au sommet, ces plis dessinant comme de petits tuber- cules qui paraissent en tout au nombre de huit. Corps blanc en dessous, avec des plis favorisant des dilatations. Une forte loupe montre quelques poils sur la tête, sur le dernier segment et un ou deux de chaque côté des autres segments. Au microscope on voit trois séries longitudinales de poils tant sur le dos que sur le ventre, ceux- ci plus longs, et, en outre, sur la face dorsale et sur les côtés, quelques poils très-courts et ciliformes, destinés sans doute à faciliter les mouve- ments de la larve. Stigmates au nombre de neuf paires, la première près du bord anté- rieur du mésothorax, les autres vers le tiers antérieur des huit premiers segments abdominaux. Pattes écartées, de longueur médiocre, pouvant un peu déborder le corps, de cinq pièces, y compris un ongle corné, ferrugineux, grêle et subulé. Hanches hérissées de quelques soies spinuliformes, cuisses et tibias égaux en longueur et munis de quelques soies. Latreille a placé le genre Tetratoma dans ce milieu hétérogène d’insec- tes qu'il a désignés successivement sous le nom de Diapérales et de Taxi- cornes ; Redtenbacher l'a introduit dans les Cryptophagides, et Lacordaire, tout en adoptant l'opinion de M. Mulsant, qui l’a compris dans ses Barbi- palpes, reconnait que celte opinion peut être contestée, ce que n’admet 314 LARVES DE COLÉOPTÈRES pas J. Duval. Ces divergences, ainsi que la physionomie de ces insectes assez différente de celle des autres Mélandryides ou Barbipalpes, me fai- saient désirer de connaitre la larve d’une espèce du genre Tetratoma, es- pérant y trouver la solution de la question, jusqu’à un certain point liti- gieuse, de sa classification. Je ne pouvais guère compter que sur la larve du T. Baudueri, et je la cherchais depuis longtemps sous les écorces tapissées de mycelium, dans les Mousses et les Lichens mêlés de moisis- sures, espérant la rencontrer là où parfois j'avais trouvé l'insecte parfait. Celui-ci étant bien moins rare à Sos qu’à Mont-de-Marsan, j'avais prié Bauduer d'appliquer à la découverte de cette larve son habileté et sa bonne chance. Au mois de février 1876, mon ami m'envoya une assez copieuse provi- sion d’Agaricus ostreatus Jacq., recueillis sur une souche et qui, ayant attiré des Tetratoma Baudueri, pouvaient avoir reçu leurs pontes. Quel- ques jours après. en effet, je constatai dans ces Champignons l'existence de toutes petites larves. Ces larves pouvant être de celles qui, aux appro- ches de la métamorphose, quittent leur berceau pour s’enfoncer en terre, je mis les Champignons sur une grande feuille de papier fort, de manière à pouvoir les déplacer tous à la fois, et je les installai ensuite dans une cloche de verre renversée. Tous les matins, je soulevais les Champignons pour voir s’il y avait quelque chose au fond de la cloche. Le 10 mars, quelques larves apparurent. Leur forme, les bandes brunes de leur dos, les deux crochets postérieurs pouvaient faire croire à des larves de Tri- phyllus, où de Mycetophagus, ou de Triplax, mais en les étudiant en dé- tail, je vis qu’elles différaient de celles de ces genres. Le lendemain matin, car c’est dans la nuit qu’elles quittent le Champi- gnon, d’autres larves Se trouvèrent dans la cloche, et le nombre s’accrut chaque jour jusque vers la fin de mars. Après en avoir mis environ deux cents dans des verres à moitié remplis de terre où elles s’enfonçaient assez rapidement, et avoir fait aussi une large part à ma collection, je jetai successivement le reste. Je crois bien que, si j'avais tout compté, je serais arrivé à plus de cinq cents. J'entretins dans mes verres une légère humidité, et le 13 mai, à bout de patience et désireux de voir s'il y avait du nouveau, je renversai un des verres. La terre qu'il contenait me mon- tra tout aussitôt, à la surface qui touchait le fond du verre, des cellules toutes simples, sans aucune trace de matière soyeuse ou gommeuse, dans chacune desquelles était un insecte parfait bien mûr, et, à ma grande sa- tisfaction, cet insecte se trouvait être le Tetratoma Baudueri. D’autres SERROPALPIDES. — TETRATOMA 315 étaient dans l'intérieur de la terre. Il me fallut, pour avoir des nymphes, explorer un des verres où j'avais mis des larves en dernier lieu, et là èncore presque toutes les larves avaient subi leur dernière métamorphose, mais les insectes parfaits étaient encore mous et tout blancs. Je ne pus me procurer que quatre nymphes. En voici le signalement. NYMPHE Sur le front, quatre poils blanchâtres portés sur un petit tubercule, deux sur le vertex, d’autres près des bords antérieur et postérieur et sur les bords latéraux du prothorax, deux sur le métathorax, quatre, dont deux latéraux et deux dorsaux, sur chacun des six premiers segments de l'ab- domen, les deux suivants n’ayant que des poils latéraux, dernier segment muni de deux papilles cylindriques, brusquement terminées par une petite épine fine, cornée et testacée. En dessous on voit aussi des poils sur les derniers segments de l'abdomen et une saillie dentiforme en dehors de chacun des articles de la massue antennaire. La larve du Tetratoma Baudueri a de tels rapports avec celle de la Phloiotrya Vaudoueri, que je crois pouvoir me dispenser d'en donner la figure. Sa forme est à peu près la même, ses mandibules, ses mâchoires, ses palpes, ses antennes, ses ocelles et ses pattes sont conformés de même. Elle se rapproche beaucoup aussi de celle du Hallomenus humeralis que j'ai déjà publiée, mais elle diffère de l'une et de l’autre par les particula- rités du dernier segment. Elle appartient donc, à mon avis, à la tribu des Mélandryides ou Barbipalpes, mais elle se distingue de toutes les larves connues de cette tribu par son corps zoné de brun en dessus, Elle se courbe un peu en arc quand on l’inquiète. Comme on à pu le voir, ses évolutions sont assez rapides puisqu'elles n'exigent, même avec une tem- pérature peu élevée, comme celle du printemps de 1876, qu'environ trois mois. J’eus d'abord la conviction que lorsque les insectes parfaits naissent en mai, comme cela est arrivé chez moi, il doit y avoir, si les circonstan- ces la favorisent, une seconde génération dont les produits hivernent, puisqu'on trouve assez fréquemment l’insecte durant la froide saison ; mais mes idées sur ce point ont été modifiées par ce qui s'est passé chez moi. J'ai dit plus haut que, dès le 13 mai, j'avais trouvé les Tetratoma trans-. formés sous terre et presque tous complétement mûrs ; je m'attendais 316 LARVES DE COLÉOPTÈRES donc chaque matin à les voir paraître au jour, mais rien ne se montrait soit dans les verres de mon cabinet, soit dans ceux que j'exposais à l'air extérieur. Or ce n’était pas l’abaissement de la température qui retenait les insectes dans leur demeure souterraine, le plus souvent, au contraire, la chaleur était très-intense. J'en étais donc venu à croire qu'ils avaient péri, mais l'exploration d'un verre me convainquit qu'il n’en était rien. Enfin, le 6 octobre j'en vis paraître quelques-uns et les deux jours sui- vants ils sortirent en très grand nombre. Une semaine après ils étaient tous dehors. Je suis porté à conclure de ce fait que le Tetratoma Baudueri n'a nor- malement qu’une seule génération, que celle-ci. déjà formée au mois de mai, c’est-à-dire à une époque peu favorable au développement des cham- pignons et qui le devient de moins en moins, attend en chartre privée la saison des pluies, soit pour pondre dans les champignons coriaces qui naissent alors, soit pour se refaire d’un long jeûne et choisir ses quartiers d'hiver, sauf à profiter ensuite des premiers beaux jours et des premières conditions favorables pour s'occuper de la propagation de l'espèce. Les larves que j'ai élevées s'étaient nourries de la substance charnue du Champignon, ainsi que de ses feuillets, mais en évitant toujours de se mettre à découvert. L'insecte parfait est nocturne. Ceux que j'ai conservés dans un grand tube avec des rognures de papier étaient immobiles durant tout le jour et ne commençaient à s'agiter qu'aux approches de la nuit. Grchesina undulata KRAATZ J'ai reçu, dans le temps, de M. Fauvel, avec l'insecte parfait, la larve de cette Orchesia trouvée par lui sous l'écorce d'un Cerisier qui recélait probablement quelque production de la nature des Champignons. Je viens de l’examiner et de la comparer avec celle de l'O. micans que je possède aussi, et je lui trouve une telle ressemblance avec celle-ci, que je me dis- pense de la décrire. SERROPALPIDES. — MAROLIA 317 Marolia (Serropalpus) variegata Bosc. Fig. 340. LARVE Long. 8-9 millim. Blanche, charnue, assez molle, presque cylindrique, à peine tétraédrique, un peu atténuée et arrondie postérieurement, pres- que entièrement glabre. Tête en grande partie libre, subdéprimée, peu convexe, sensiblement plus étroite que le prothorax, munie sur les côtés de quelques poils très- fins, d'inégale longueur et blanchâtres. Épistome transversal, labre petit, semi-discoïdal et bordé de quatre ou cinq cils, ces deux organes roussâtres et paraissant en partie ferrugineux à cause des mandibules vues par transparence. Mandibules peu allongées, ferrugineuses avec l'extrémité noire. Vues de côté elles sont assez étroites, triangulaires et pointues; vues en dessus elles se montrent larges à la base, crochues, acérées à l’extrémité, sans apparence de dent à la tranche interne. Mächoires peu coudées, n’atteignant pas la moitié de la longueur de la tête, leur lobe assez large, assez allongé, terminé par quatre ou cinq dents de peigne assez longues. Palpes maxillaires droits, dépassant un peu le lobe, subconiques, de trois articles, le second muni d'un poil en dehors et le dernier terminé par des cils extrêmement courts. Lèvre inférieure à peine plus large que longue, presque carrée, parais- sant prolongée en une languette aussi large qu’elle et arrondie, sur la- quelle sont appliqués les palpes labiaux courts et de deux articles. Antennes de quatre articles, le premier large et un peu rétractile, le second de la longueur du précédent, mais sensiblement plus étroit et un peu renflé en dehors, le troisième plus court et cylindrique, entouré au sommet d’un verticille de quatre ou cinq petits poils ; le quatrième de la longueur du précédent, bien plus grêle, terminé par un long poil et deux ou trois plus petits, et accompagné d'un article supplémentaire un peu plus grèle et presque aussi long que lui, contre lequel il est appuyé, et visible seulement quand on observe la larve de côté. Sur chaque joue, un peu en arrière des antennes, deux taches noirâ- tres qui semblent pigmentaires, mais où une forte loupe découvre, sur la 318 LARVES DE COLÉOPTÈRES plus antérieure, trois ocelles noirs, sur l’autre deux, ces points disposés comme l'indique la figure et paraissant à peine saillants. Prothorax aussi long, ou peu s’en faut, que les deux autres segments thoraciques pris ensemble. Mésothorax et métathorax ayant sur le dos un pli transversal et sur les côtés un pli oblique dessinant une sorte de bourrelet, Abdomen de neuf segments, le premier plus court que chacun des sept suivants qui sont à peu près égaux, ces huit segments pourvus sur chaque flanc d'un bourrelet longitudinal et sur le dos comme sur la face ventrale d'une petite ampoule ambulatoire transversale et ruguleuse. Dernier segment plus court et plus étroit que le précédent, atténué d'avant en arrière, arrondi postérieurement et dépourvu de tout crochet ou appendice, marqué en dessous de plis qui dessinent comme un cercle de mamelons au centre desquels est l'anus. Quelques poils fins, blanchâtres et d’inégale longueur se montrent sur les côtés des segments thoraciques et des segments abdominaux ; le microscope en fait voir aussi d’autres, mais plus courts et quelques-uns fort courts et raides sur le dos et sur le ventre; j'ai même constaté sur certaines ampoules ambulatoires de petits cils spinuliformes très-fins et très-serrés. Quant au dernier segment, il est pourvu d’un assez grand nombre de longs poils. Stigmates peu visibles, parce qu'ils ont la couleur du corps, au nombre de neuf paires ; la première, un peu plus grande et plus inférieure que les autres, près du bord antérieur du mésothorax, les autres vers le tiers an- térieur des huit premiers segments abdominaux. Pattes de longueur médiocre, assez robustes, mais non cornées, de qua- tre articles, plus un ongle subulé et corné, tous ces articles pourvus de quelques poils fins et assez longs, sauf ceux de dessous le tibia qui sont plus courts et plus raides. La Marolia a été prise aux environs de Paris en battant un fagot de sarments. J'ai trouvé ici sa larve et sa nymphe dans l’aubépine et dans des branches mortes de Chêne, et mon ami M. de Bonvouloir m’a donné des nymphes extraites par lui des branches mortes du Sapin sur lesquel- les, m’a-t-il dit, on prend souvent l'insecte parfait. Cette larve aime un bois ramolli par l’âge et en voie de décomposition, elle s’y pratique une cellule pour se transformer. La durée de ses évolutions est de moins d'un an. SERROPALPIDES. — ZILORA 319 NYMPHE Elle est hérissée de longs poils roussâtres disposés ainsi : plusieurs sur le front, une ceinture autour du prothorax et quatre en série transversale sur le disque; quatre sur le mésothorax, autant sur le métathorax, tous ceux-ci arqués en avant; une série transversale sur la face dorsale des segments de l'abdomen, d’autres sur les bourrelets latéraux ; une série transversale de poils semblables, mais plus écartés, près du bord posté- rieur de la face ventrale des mêmes segments, tous arqués en arrière; un ou deux sur les genoux, trois ou quatre sur les élytres. Le dernier seg- ment est muni postérieurement d'une touffe de longs poils entre lesquels on voit deux lobes charnus terminés chacun par un crochet subcorné et visiblement relevé. Zilora (Xylita) ferruginen Payx. Fig. 841. LARVE Long., 11 millim., hexapode, blanche, charnue subtétraédrique, pres- que glabre, terminée par deux petites pointes très-courtes et cornées. Tête en partie enchâssée dans le prothorax, munie de quelques poils, déprimée; plus étroite antérieurement qu’à la base, à peine arrondie sur les côtés, subcornée, luisante et teslacée en dessus et en dessous, avce quelques rides transversales; marquée de deux sillons assez profonds formant un angle dont Le sommet est presque au vertex et de quatre fos- settes obsolètes et piligères près du bord antérieur. Épistome trapézoïdal, deux fois au moins aussi large que long, très- peu distinct du front. Labre assez développé, très-transverse, peu arrondi et même subéchancré antérieurement, muni d’un petit nombre de cils. Mandibules assez fortes, se joignant sans se croiser, ferrugineuses dans leur moitié basilaire, le reste noir. Vues de côté, paraissant longuement triangulaires, ayec la moitié antérieure un peu guillochée et l'extrémité bidentée. Mächoires descendant jusques un peu au delà de la moitié de la tête, coudées à angle presque droit, leur lobe large, presque en forme de hache à angles arrondis et cilié de petites soies spinuliformes, 320 LARVES DE COLÉOPTÈRES Palpes maxillaires un peu arqués, de trois articles dont le premier un peu plus court que les deux autres qui sont égaux. Un petit poil près de l'extrémité externe du second, de très-petits cils au bout du dernier. Menton lagéniforme, lèvre inférieure assez développée, prolongée en une languette arrondie presque aussi longue que les palpes. Palpes labiaux de deux articles, le premier sensiblement plus épais mais un petit peu plus court que le second. Antennes coniques, non rétractiles, de quatre articles, le premier très- gros, deux fois aussi long que le second, le troisième de la longueur du premier et muni à l'extrémité externe d’un petit poil, le quatrième très- grèle, plus court que le second, terminé par de très-petits poils et accom- pagné d’un article supplémentaire plus grêle encore, de moitié plus court et visible seulement lorsqu'on regarde la larve de profil. Sur chaque joue, près de la base de l'antenne, cinq ocelles noirs dont trois antérieurs assez rapprochés, en ligne un peu oblique, et deux pos- térieurs écartés, dont le premier est presque vis-à-vis le dernier de la série antérieure. Prothorax très-transversal, plus large que la tête, arrondi sur les cô- tés, presque aussi long que les deux autres segments thoraciques réunis, lavé de roussâtre et marqué de deux dépressions obsolètes. Mésothorax un peu plus court que le métathoraæ. Abdomen de neuf segments, le premier de la longueur du métathorax , les six autres un peu plus grands et munis, ainsi que le premier et le métathorax, d'une ampoule ambulatoire plissée et médiane et d’un bour- relet de chaque côté. Huitième segment sans ampoule, mais à bourrelets, plus étroit que les précédents. Neuvième segment encore plus étroit, à peu près hémisphérique et terminé par deux courtes épines rapprochées , relevées et à peine arquées. Segments abdominaux ayant en dessous une ampoule et des plis ambulatoires. Mamelon anal subcylindrique, placé sous le dernier ségment et au mi- lieu, quadrilobé, chaque lobe marqué d’un pli à l'extrémité. Corps presque glabre, des poils fins et pâles sur les flancs, sur le dos. le ventre et le dernier segment, et, en outre, à la face ventrale. de petits poils ciliformes destinés sans doute à faciliter les mouvements. Stigmates au nombre de neuf paires ; la première, plus grande et un peu plus inférieure que les autres, très-près du bord antérieur du méso- thorax, les autres vers le tiers antérieur des huit premiers segments ab- dominaux. SERROPALPIDES. —- DIRCÆA 321 Pattes écartées, étalées, débordant le corps, de cinq pièces y compris un ongle assez long et subulé; hanches glabres, cuisses et tibias égaux en longueur, ayant à peine quelques poils fins et assez longs. Je dois à l’extrème obligeance de mon ami M. Pandellé plusieurs individus de cette larve qui, d’après Gyllenhal, vit dans les troncs du Pin et du Sapin et qui se trouverait aussi sur notre Pin maritime puisque, se- lon le témoignage de M. Mulsant, M. Perroud a pris la Zilora sur ce coni- fère aux environs de Bordeaux. Les larves que j'ai reçues ont été recueil- lies dans les Pyrénées, vers la fin de septembre, accompagnées d'insectes parfaits; elles étaient répandues sous l'écorce d'un Sapin déjà vermoulu, mais à vermoulure humide, condition hygrométrique qui parait leur con- venir, et elles se nourrissaient des couches du liber et de l’aubier. A l’époque précitée, quelques métamorphoses avaient déjà eu lieu, mais je suis persuadé que les larves qui se trouvaient alors en retard étaient destinées à attendre le printemps suivant, car en général les larves de Co- léoptères ne se hasardent pas à passer l'hiver à l’état de nymphe. Quoique je ne connaisse pas cêtte nymphe, je n'hésite pas à rapporter à la Zilora la larve que je viens de décrire. La circonstance qu'elle a été trouvée avec des insectes parfaits est déjà une présomption, et l'on arrive à la certitude lorsqu'on la compare à celle de la Melandrya caraboides dont elle reproduit tous les principaux caractères. Elle en diffère cepen- dant par la taille beaucoup plus petite, la tête plus aplatie, l’épistome plus grand, les ampoules ambulatoires dépourvues d’aspérités, les pattes moins étalées et surtout par les deux petites épines du dernier segment. Dircæa (Hypulus) quadriguttata Payk. Je reçus, il y a plus d’un an, de mon ami M. Valéry Mayet, sous le nom de Dircæa quadriguttata, une larve qui fit naitre dans mon esprit les doutes les plus sérieux et en apparence les plus légitimes, puisque, très- semblable à la larve de la Melandrya, elle différait visiblement de celles des Dircæa lævigata et Revelieri qui, indépendamment d'autres caractè- res distinctifs, ont le dernier segment terminé par deux crochets. M. Mayet, à qui j'exprimai mes doutes, m'assura qu'il n’y avait pas d’erreur dans sa détermination, et il me le démontra quelque temps après, en m'envoyant des fragments de bois de Saule dans lesquels se trouvaient des larves semblables, des nymphes et même une Dircæa à l'état parfait. PER. 21 322 LARVES DE COLÉOPTÈRES Je laisse à mon obligeant collègue le soin de publier l'histoire des mé- tamorphoses de cet insecte et je me borne à dire que sa larve ressemble à celle de la Melandrya caraboides, y compris son dernier segment inerme et les aspérités des ampoules ambulatoires. Elle n’en diffère guère que par le mamelon anal et par une plaque mate et comme veloutée qui couvre les deux tiers postérieurs du prothorax, moins les côtés et un sillon médian, plaque qui, vue au microscope, est composée de spinules excessivement fines et extrèmement serrées. Cette larve, sans offrir précisément des disparates choquants avec celles de Dircæa déjà connues, s’en éloigne cependant assez pour qu'il me fût permis de croire à des différences dans les insectes parfaits. Je me suis donc mis à les étudier comparativement, et cette étude m'a réconcilié entièrement avec la larve de la D. quadriguttata, en m’apprenant que cette espèce ne doit pas appartenir au même genre que les D. lœvigata, Revelierii et livida. Paykull s’en était aperçu, car pour la quadriguttata il a fait le genre Hypulus, et pour la lœvigata, qui est son buprestoides, le genre Xylita. Pour Paykull, il y a, entre ces deux insectes, des différences dans les palpes, ce qui. du reste, est évident, dans les mâchoires, dans la lèvre ; j'en trouve aussi dans l’écusson et dans le dernier arceau ventral, et enfin M. Mulsant, dans ses Barbipalpes, en signale deux autres :la D quadrigut- tata, en effet, a le mésosternum prolongé à peu près jusqu’à l'extrémité des hanches intermédiaires et le corselet est uni, tandis que dans la iævi- gala et les deux autres citées plus haut, le mésosternum est à peine pro- ongé jusqu'à la moitié des dites hanches et le corselet a deux fossettes écartées à la base. J'ajouterai. avec J. Duval, que les cavités cotyloïdes antérieures sont aussi très-différentes. On a fait assurément bien des gen- res sur des Caractères différentiels de moindre valeur et moins nom- breux, La découverte de M. Mayet a ce grand intérêt scientifique qu'elle prouve la justesse des appréciations de Paykull et la nécessité de séparer génériquement les espèces précitées. Le genre Hypulus ayant été conservé à l'espèce quercinus, la quadriguttata devra être une Dircæa, la lævigata, la livida, la Revelierü seront des Xylita. C'est avec grand plaisir qu'après m'être prononcé pour ce classement, je l'ai vu adopté par Lacordaire et J. Duval. Pareil démembrement a été provoqué par la forme des larves dans le genre Hallomenus. La larve de l'humeralis étant terminée par deux cro- SERROPALPIDES 323 chets, et celle du flezuosus ayant, au contraire, la forme d’une petite larve de Longicorne, j'avais prédit que ces insectes ne resteraient pas dans le même genre, et en effet, le premier est demeuré Hallomerus, le second est devenu Carida. Je pourrais citer bien d’autres exemples, comme je pourrais conclure de l'identité des larves que l'on à eu tort de séparer génériquement un certain nombre d'espèces. Les larves des Mélandryides ou Barbipalpes sont faites pour dérouter un peu les classificateurs de larves, et je reconnais qu'elles n'ont pas tou- tes cet air de parenté que l’on trouve ordinairement dans celles d’un même groupe. Les unes, en effet, ont une consistance subcoriace, un corps linéaire ou un peu atténué aux deux extrémités, des antennes et des palpes courts, les mâchoires coudées très-sensiblemeut et à angle droit, avec un lobe large, des pattes munies de soies presque épineuses et se dérobant sous le corps, le dernier segment assez grand, subcorné et terminé par deux crochets (Tetratoma, Hallomenus, Xylita, Phloiotrya), pouvant enfin se comparer, pour la forme générale. à des larves de Trogositides , par exemple. Les autres sont charnues, molles, un peu trapues, quelquefois un peu renflées antérieurement, avec des mamelons ou ampoules ambulatoires, des antennes et des palpes un peu moins courts, des mâchoires moins brusquement coudées et leur lobe plus étroit, des pattes moins solides, élalées, débordant le thorax, un dernier segment petit, arrondi, charnu comme le reste, inerme, sauf une bien faible exception offerte par la larve de Zilora; en un mot, présentant, quand on n’y regarde pas de trop près, la physionomie de larves de Longicornes. Si maintenant nous rapprochons ces deux formes de larves des familles et des branches établies par Lacordaire et par M. Mulsant, nous trouvons encore quelques disparates. Suivons ce dernier auteur. Première famille, celle des Tétratomiens : larves de la première forme, avec cette particularité qu’elles sont ornées de bandes noirâtres. La deuxième famille, celle des Orchésiens. se divise en deux branches : Celle des Orchésiaires : larves de la deuxième forme ; Celle des Halloménaires : larves de la première forme. La troisième famille, celle des Serropalpiens, se partage en deux bran- ches : 1° Celle des Dircéaires, qui a deux rameaux : 324 LARVES DE COLÉOPTÈRES Celui des Dryalates : larves de la deuxième forme ;' Celui des Dircéates (1) : larves de la première forme. 2 Celle des Serropalpaires : larves de la première forme. La quatrième famille est celle des Mélandryens, contenant les genres Ziora, Hypulus, Marolia, Dircæa et Melandrya. Les larves sont de la deuxième forme, avec cette légère exception que celle de la Zilora est terminée par deux petites épines. La cinquième famille est celle des Mycétomiens, et ne comprend que le Mycetoma suturale. J'ai vu, il y a de cela bien longtemps, chez Léon Du- four, des bolets venus des Pyrénées et farcis de larves qui donnèrent de nombreux individus de cet insecte, et si mes souvenirs sont fidèles, ces larves étaient coriaces et terminées par deux crochets. Elles appartien- draient donc à la première forme. On ne sait rien de la sixième famille, les Conopalpiens, et de la sep- tième, les Osphyens. On voit donc, autant que les notions acquises le permettent, que les formes des larves correspondent assez aux divisions secondaires, mais sans suivre le même ordre et, pour ainsi dire, d’une manière capricieuse. Au surplus, toutes ces larves, qu’on ne sera jamais tenté de confondre avec des larves de Longicornes, se séparent aussi, de prime abord, de celles des Trogositaires ou groupes voisins, par leurs mâchoires franche- ment coudées qui les reportent dans le voisinage de la grande division des Ténébrionides. De plus, elles ont pour caractères communs le lobe des mâchoires assez large et plus ou moins obliquement subtronqué. des mandibules assez étroites, bidentées ou bifides à l'extrémité, sauf peut- être celle de l’Anisoxya et cinq ocelles de chaque côté. Ce caractère parait être le plus constant, mais avec cette particularité que ces organes ne sont pas toujours disposés de la même manière, les deux postérieurs étant tantôt rapprochés entre eux et voisins des précédents, tantôt écartés et éloignés. Les nymphes présentent, outre les spinules dorsales, deux épines ter- minales remarquables par leur position verticale. Ces épines néanmoins ne constituent pas un caractère uniforme, car dans les nymphes de Maro- lia variegata et de Tetratoma Baudueri, qui sont, à la vérité, hérissées de (1) Il est bien entendu, après ce que j'ai dit plus haut, que j'en sépare la Dircæa quadriqultata pour la porter dans les Mélandryens, et que le nom de Dircéates de- vrait être remplacé par celui de Xylitates. MORDELLIDES, — TOMOXIA. 325 longs poils roussâtres sans la moindre spinule, les épines terminales sont remplacées par deux papilles cylindriques à peine relevées et brusque- ment terminées par une petite pointe ou crochet. MORDELLIDES. — LONGIPÈDES Murs. Tomoxia biguttata GYL, — bucephala Cosra. Fig, 342-451. LARVE Long., 10 millim. Corps blanc, charnu, en ellipse allongée, plus bombé en dessus qu'en dessous, revêtu, ainsi que la tête, de poils très-fins, courts, d'un blanc jaunâtre, plus nombreux sur les flancs et le dernier segment. Celui-ci conique, parsemé d’aspérités cornées et faiblement bi- fide à l'extrémité. Pattes ayant la forme de pseudopodes coniques, arti- culés. Tête sensiblement plus étroite que le prothorax, inclinée en bas si on la regarde verticalement en dessus, ovoïde si on l’observe de face, lisse, convexe surtout sur le vertex, d’un roussâtre pâle avec le bord antérieur roux, marquée d’un sillon médian qui, partant du vertex, aboutit à une fossette frontale peu prononcée. Bord antérieur faiblement échancré au milieu, profondément sur les côtés pour loger les antennes. Épistome assez grand, trapézoïdal, deux fois environ aussi large que long, à bord antérieur légèrement concave. Labre plus que semi-elliptique, marqué de fossettes et cilié de soies roussâtres. Mandibules fortes, ferrugineuses dans leur moitié basilaire, puis noires et luisantes jusqu'à l'extrémité qui est taillée en biseau. Mâchoires un peu velues, assez fortes, visiblement coudées, descendant jusqu'à la base de la tête ; lobe un peu conique, muni intérieurement de cils roussâtres spinuliformes et dépassant le second article des palpes maxillaires. Palpes mazillaires coniques, courts et cependant pouvant déborder la tête, droits, de trois articles dont le premier plus courtque les deux autres qui sont égaux. 326 LARVES DE COLÉOPTÈRES Lèvre inférieure charnue, épaisse, insérée fort en arrière, arrondie l'extrémité qui atteint à peine la base des lobes maxillaires. Palpes labiuux courts, implantés un peu au-dessous du sommet de la lèvre, paraissant de trois articles qu'un examen bien attentif réduit à deux. Antennes coniques, placées contre la face externe des mandibules, com- posées de quatre articles, le premier sensiblement plus grand que les au- tres qui sont égaux en longueur, le troisième surmonté de petits poils, et le quatrième très-grêle, souvent caché dans le précédent. Tous ces or- ganes de couleur roussâtre très-claire. Ocelles consistant en un tubereule lisse situé sur chaque joue, tout à fait sur le bord antérieur de la tête, un peu en dessous de l'antenne et vis-à- vis le milieu de la mandibule ; sur ce tubercule on apercoit le plus souvent trois points noirs très-rapprochés en ligne transversale. Prothorax aussi grand que les deux segments suivants réunis, non plissé sur le dos, mais très-finement striolé en travers, marqué postérieu- rement d’un court sillon à droite et à gauche duquel se trouvent trois tu- bercules disposés en triangle et constituant des aspérités roussâtres et sub- cornées. En dehors de ces tubercules, placés sur une portion un peu tu- méfiée du prothorax, on remarque quelquefois un petit trait roussâtre produit par une toute petite crête cornée. Mésothorax et métathorax marqués en dessus de quelques plis assez profonds, obliques ou longitudinalement arqués, et munis latéralement d’un petit bourrelet qu'on observe aussi sur le prothorax. Abdomen de neuf segments, les huit premiers plus grands que le dernier segment thoracique et plissés aussi ; trois de ces plis limitant, sur le milieu du dos. un espace transversal au centre duquel se trouve une sorte d’ampoule rétractile, et deux autres dessinant sur les côtés un bour- relet bien prononcé ; ces mêmes segments ayant en dessous des soies courtes et nombreuses dirigées en arrière et couverts en partie, sur la face dorsale, de spinules très-serrées et extrèmement petites, visibles seule ment au microscope. Dernier segment semi-corné, conique, parsemé d'as- pérités piligères d’abord très-petites et de la couleur du corps, puis de plus en plus grandes, cornées, dentiformes et ferrugineuses ; terminé par un court appendice droit, ferrugineux, corné, paraissant tronqué, mais en réalité étroilement bifide. Dessous de ce segment occupé, depuis la base jusque vers les deux tiers de sa longueur et sur un espace semi- elliptique longitudinal, par un gros mamelon plissé et rétractile au centre duquel est l'anus. MORDELLIDES. — TOMOXIA. 327 Stigmates au nombre de neuf paires, la première près du bord antérieur du mésothorax, plus grande et située plus bas que les suivantes qui s’ou- vrent au tiers antérieur des huit premiers segments abdominaux. Pattes différentes de celles de toutes les larves qui précèdent, et semblables plutôt à celles des Tropideres, très-courtes, coniques, droites, charnues, me paraissant composées de cinq pièces, la basilaire consistant en une hanche épaisse, hérissée de poils antérieurement, les trois suivantes un peu inégales, tenant lieu de trochanter, de cuisse et de tibia, la première munie d’un poil antérieurement, la troisième de longs poils à l'extrémité ; la cinquième extrêèmement petite, terminée par deux ou trois poils et remplaçant l’ongle. J'ai trouvé cette larve au mois de mai dans le bois ramolli par le temps de vieux échalas de Châtaignier ; je l'ai observée aussi en grande abon- bondance dans la souche d’un vieux Marronnier abattu depuis deux ans et déjà en voie de décomposition. Elle creuse une galerie longitudinale cy- lindrique dans laquelle elle se tient droite, avec la partie postérieure un peu inclinée ; mais si on l’en retire, elle se courbe plus ou moins et prend même l'attitude des larves de Charansonides. Ses pattes, les aspérités du prothorax, les bourrelets latéraux, les plis des segments, les soies ven- trales, les spinules dorsales et enfin les aspérités et l'épine terminale du dernier segment sont de puissants auxiliaires pour l'aider à prendre des points d'appui êt à cheminer dans sa galerie, et là ses mouvements sont assez faciles ; mais à l'air libre elle est presque incapable de se mouvoir. Elle se nourrit du bois lui-même, et ses déjections abondantes encombrent la galerie dont elle a consommé les déblais. Après avoir plongé dans les profondeurs du bois, elle remonte ou se dirige obliquement vers les cou- ches voisines de la surface, s’y pratique une cellule et y subit sa méta- morphose. NYMPHE Front parsemé de spinules droites et coniques, sauf le milieu qui est occupé par uu sillon ; prothorax muni de spinules semblables sur les bords latéraux et postérieur et sur la moitié postérieure du disque, sauf le mi- lieu. On voit de pareilles spinules, inclinées en arrière, sur le bord posté- rieur et dorsal des segments abdominaux, ainsi que sur les côtés où elles forment un petit groupe bien saillant, Pygidium et hypopygidium pourvus de spinules sur leurs bords, et le premier en outre sur le dos; dernier 328 LARVES DE COLÉOPTÈRES segment terminé par deux appendices coniques, assez courts et très-diver- gents. Grâce aux spinules dont j’ai parlé et à la mobilité de son abdomen, cette nymphe pirouette sur elle-même avec une grande facilité. Les larves connues de la tribu des Mordellides, Longipèdes de M. Mul- sant, sont les suivantes : Mordella aculeata L., Ertcuson, Wiegm. Arch. 1849, p. 372. Je l’ai observée dans des branches mortes de Châtaignier et de Chène.—M. fas- ciata F., Durour, Ann. Sc. natur., 1840, p. 225. Dufour l'avait rencontrée dans des souches de Peuplier; je l'y ai recueillie également, ainsi que dans des souches de Saule; M. Goureau l’a trouvée dans du bois de Chêne en décomposition (Soc. Ent. 184, p. 181). Les descriptions de la larve et de la nymphe ont été reproduites par M. Mulsant, Longipèdes, p. 43. — H. Gacognii Murs., Mursanr, Longipèdes. p. 33. Ces larves, qui me sont con- nues, ressemblent entièrement à celle de la Tomoxia ; elles ne m'ont paru en différer qu'en ce que les aspérités du prothorax sont nulles ou oblité- rées, que le dernier segment a moins d'aspérités et que la pointe qui le termine est plus grêle et non bifide, et encore ces différences ne s’appli- quent-elles pas à la larve de la M. Gacognü. Mordellistena pusilla Reor., que M. Mulsant rapporte avec doute à l’ixæ- qualis, et M. Émery à la parvula, ScuEeLuiNG, Beitr. zur Entom, 1829, p. 96, Vazcor., Mém. de l'Acad. de Dijon, 1893, p. 30, et FRAUENFELD, Soc. Zool. et Bot. de Vienne, 1863. Voici les signalements d’autres espèces. Mordellistenn mieans GER\N., — grisen Muis., EX EMERY. Fic, 452-356. LARVE Long. 8 millim. Semblable à celles des Mordella, mais facile pourtant à distinguer par son corps de couleur jaunâtre, moins trapu, plus grêle, linéaire, plus raide, plus ferme, moins subeylindrique à cause de l’apla- tissement de la région ventrale, par la tache rousse du dernier segment, par la corne apicale un peu plus courte et plus profondément bifide, par les pattes plus courtes et paraissant à peine biarticulées et enfin par le MORDELLIDES. — MORDELLISTENA 329 nombre des ocelles qui est de deux bien dictincts de chaque côté, sans compter d'autres caractères moins apparents. Tête bombée, presque verticale. Epistome et labre comme dans la larve du Tomoæia. Mandibules de mème, mais, vues de côté, non obliquement tronquées au sommet, plus régulièrement triangulaires et pointues. Mächoires, lèvre, palpes et antennes de même, seulement les palpes et surtout les antennes sont peut-être encore plus courts relativement, et dans les palpes maxillaires le premier article m’a paru extrêmement court et les deux autres égaux entre eux. Prothorax roussâtre antérieurement sur une bande transversale qui, à une forte loupe. semble très-finement chagrinée, mais qui en réalité est couverte de soies spinuliformes extrêmement courtes et excessivement serrées, visibles seulement au microscope. Mésothorax et métathoraxz marqués d'un pli semi-circulaire dont les extrémités s'appuient au bord antérieur et circonscrivent un espace con- vexe, lisse et un peu dilatable ; le reste de leur surface, ainsi qu'un mame- lon latéral couvert de soïes spinuliformes comme celles dont j'ai déjà parlé. Abdomen de neuf segments, les sept premiers pourvus sur chaque côté d'une forte ampouie velue, subconique, dilatable, marquée de deux plis obliques et contribuant à rendre très tranchée la séparation des segments ; au-dessus de cette ampoule, du côté du dos, des fossettes dont une plus apparente, indiquant les points où, à la volonté de la larve, peut s’opérer une dilatation ; ces segments couverts de soies spinuliformes microscopi- ques, plus visibles près du bord antérieur, sur les ampoules et sur la face ventrale qui est en outre munie de poils courts et raides, dirigés en arrière. Huitième segment visiblement plus court que les autres, avec les ampoules latérales bien moins saillantes. Dernier segment subconique, de couleur rousse et de consistance presque cornée sur un espace postéro-dorsal presque circulaire, parsemé en dessus et sur les côtes, avec. un, espace plus ou moins libre, d'aspérités piligères d'autant plus grandes, plus cor- nées et plus foncées qu'on s'approche plus de l'extrémité, et terminé par un appendice court, corné, ferrugineux et nettement bifide. Mamelon anal semi discoïdal, ne s'appuyant pas à la base du segment et ne dépassant pas la moitié de sa longueur ; marqué d’un pli médian profond. Stigmates comme dans la larve de Tomoæia. Pattes ainsi qu'il a été dit plus haut. 330 LARVES DE COLÉOPTÈRES Cette larve vit communément dans les tiges de l’Artemisia vulgaris, et d’après M. Mulsant dans celles de l'Euphorbia Gerardiana. I y en a quel- quefois un grand nombre dans une même tige qu'elles sillonnent de ga- leries longitudinales et parallèles dont elles consomment les matériaux et qu'elles laissent derrière elles encombrées de déjections. Aux approches de la métamorphose, ellesélargissent un peu la galerie en forme de niche, ou même pratiquent une cellule spéciale et oblique se rapprochant de l’ex- térieur. NYMPHE Elle présente les caractères suivants : sur le front et sur le vertex des poils courts et fins portés sur de très-pelits tubercules, des poils sembla- bles, mais sans tubercules apparents, sur le prothorax, épars sauf à chaque angle postérieur où ils forment une petite touffe ; les six premiers segments de l'abdomen ayant de chaque côté et sur le bourrelet qui sépare le ventre du dos, une touffe de poils un peu plus épais, roussâtres et un peu arqués en arrière, et sur le dos, à droite et à gauche d’un sillon médian, un ma- melon surmonté de deux ou trois poils ; septième segment (celui quiporte le pygidium) et huitième dépourvus de mamelons dorsaux, mais ayant quelques poils roussâtres sur les côtés et sur le pygidium ; dernier seg- ment assez velu et terminé par deux pointes blanches et charnues, à som- met roussâtre et subcorné, coniques, droites, relevées, entre lesquelles vient s'appuyer la pointe du pygidium. Cette nymphe est assez vive, et grâce aux poils dorsaux et aux deux pa- pilles terminales, elle exécute assez prestement des mouvements de rotation sur elle-même. Mordellistena inæqualis Murs. (Var. parvulæ Ex EMERY). Fig. 357. LARVE Larve entièrement semblable à la précédente, dont elle ne diffère que par la taille un peu plus petite, les denticules cornées et dorsales du der- nier segment moins nombreuses, mais plus fortes, l’espace elliptique pos- MORDELLIDES. — MORDELLISTENA 331 téro-dorsal beaucoup plus nettement dépourvu de toute aspérité, les cô- tés simplement velus et les pointes terminales un petit peu plus arquées en dehors. La nympbhe se distinguerait uniquement par les pointes terminales qui sont un peu erochues. Je l'ai trouvée dans les tiges de Daucus carotta, d'Eupatorium canna- binum, d'Echium vulgare, de Cannabis sativa, de Cichorium intybus, de Picris hieracioides, de Solidago virga aurea, de Cirsium arvense, d'Ononis spinosa, d'Achillæa millefolium, d'Origanum vulgare. Mordellistena nann Mors. LARVE Semblable à la précédente, mais plus petite ; dernier segment sans es- pace corné; aspérités de ce segment très-pelites; pointes terminales droites et parallèles. Elle vit souvent isolée dans les tiges de l’Artemisia campestris. La ponte a lieu vers le haut de la tige, et la larve ronge, en descendant, la partie centrale. La métamorphose a lieu près de la racine à la fin de juin et dans le courant du mois de juillet. Mordellistena episternalis MULs. — Mordellistenn . brevicauda Bou. — subtrunenta Murs. Mordellistena troglodytes Mans. — parvula GyL. EX En. LARVES Les larves de ces trois espèces ont la forme des précédentes, mais, ne les ayant plus sous les yeux, je ne puis signaler leurs caractères différentiels. Je me borne à dire que la première vit dans les tiges de la Centaurea nigra, la seconde dans celles de l'Euphorbia paralias, la troisième dans celles de l'Origanum vulgare. Mordellistena (Mordella) pumila GyL. Fig. 358-361. LARVE Voici une larve qui constitue une exception à cette règle dont les arti- 332 LARVES DE COLÉOPTÈRES cles précédents et ceux qui suivent fournissent la justification, que les larves d’un même genre sont semblables et même souvent presque identi- ques. La première fois que l'ai rencontrée j'ai cru voir une larve de Cephus, mais j'ai dû bien vite renoncer à cette idée. Je me demandai plus tard si elle ne serait pas d’une Agapanthia ou d’un genre voisin; cette opinion ne résistait pas à un sérieux examen des organes. Ceux-ci me reportaient toujours à la famille des Mordellides, mais il existait par ailleurs de telles différences avec les autres larves de cette famille qui m'’étaient connues, que je ne savais trop à quoi m’arrêter, et je me persuadais que j'en obtiendrais un insecte du même groupe, mais d'un genre particulier. La solution de cette question était dans l'éducation de la larve. M. Reve- lière, de qui je l'avais reçue après l'avoir trouvée moi-même, et que j'avais initié à mes préoccupations, voulut bien essayer de l’élever; cette tentative demeura sans succès. J’échouai moi-même ici, mais en 1872, ayant con- slaté que ladite larve se trouvait assez habituellement dans les tiges du Dianthus armeria, je fis à l'automne assez bonne provision de pieds de cette plante, et je les laissai dehors jusqu’au commencement de juin, sa- chant par expérience que les larves de Mordellides, comme bien d'autres, du reste, mais plus que beaucoup d’autres, avortent si les substances dont elles vivent se dessèchent. Le mois de juin venu, j'enfermai mes plantes dans des boîtes et dans des bocaux. et vers la fin de juillet je vis apparaitre quelques insectes noirs qui avaient tout à fait l’air de Mordellistena. Je fus un peu déçu, mais pourtant l'espoir d'une bonne trouvaille ne m’aban- donna pas, et je me hâtai de m'emparer des insectes éclos et de les étu- dier. J’eus beau les tourner dans tous Jes sens en les soumettant aux plus forts grossissements, il me fut impossible d'y voir autre chose que la vul- gaire Mordellistena inscrite en tête de cet article. Était-ce bien là le repré- sentant de cette larve qui m'avait tant inlrigué et dont j'attendais autre chose ? Il n’a plus été possible d'en douter après la naissance, en août et même en septembre, ainsi que dans les années suivantes, d’un assez grand nombre d'individus de cet insecte et de celui-là seul. La larve dont il s’agit appartient douc à la M. pumila. Les différences qu’elle présente avec ses congénères sont, à première vue, très-tranchées, mais, au fond, elles ne portent pas une bien sérieuse atteinte à la règle générale, car celle larve reproduit ce qui caractérise spécialement celles de Tomozxia, Mordella ct Mordellistena. Comme dans ces larves, en effet, le corps est charnu, la tête est libre, les pattes sont charnues, coniques, velues et dépourvues d'ongle ; le dernier segment est terminé par un MORDELLIDES. — MORDELLISTENA 333 appendice corné et peu profondément bifide. Elle se rapproehe des larves de Tomoxia et de Mordella par ses mandibules obliquement tronquées au sommet, quand on les observe de côté, et non pointues, par ses ocelles au nombre de deux seulement, c'est-à-dire un au bord antérieur de chaque joue, marqué d’un point noir et presque aussi gros que les deux à peu près contigus que présentent sur ce point les autres larves de Mordellistena (1); enfin par les pattes qui, au lieu d’être courtes et bi-articulées comme chez ces dernières, ou de trois articles, si on considère comme une hanche le mamelon basilaire, sont assez longues et ont un article de plus. Elle s’as- simile aux autres larves de Mordellistena par la brièveté des antennes qui sont presque entièrement rétractiles, et elle a de commun avec les unes et les autres les mâchoires, la lèvre inférieure et les palpes. Les dissemblances, qui affectent plutôt l'aspect général que les détails organiques, sont les suivantes : Le corps, moins ferme et plus cylindrique que celui des autres larves de Mordellistena qui me sont connues, est habituellement un peu courbé en arc, et il l’est sensiblement lorsque la larve est libre ; les côtés de l'abdo- men sont parcourus par un bourrelet visible mais étroit, bien moins sen- sible que dans les larves précédentes et dépourvu de cils spinuliformes ; sur le dos des six premiers segments abdominaux surgit une ampoule ambulatoire très-saillante, peu rétractile, bilobée par une dépression mé- diane, munie de petits poils et couverte de cils spinuliformes microscopiques très-denses ; en arrière de l'ampoule la face dorsale du segment est revè- tue de cils semblables; le septième et le huitième segment ont, au lieu d'ampoule, une touffe transversale de longs poils dirigés en arrière. Le dernier segment, vu en dessus, a la même forme que celui des autres larves de Mordellistena, et il est terminé de même par un appendice corné et bifide au sommet, mais ce segment, plus velu, est blanc et charnu au lieu d’être roux et presque corné, il est dépourvu d’aspérités piligères et et il présente seulement, vers le tiers postérieur, deux petites épines incli- nées en arrière et assez rapprochées. Ce même segment, vu de côté, n’a pas une forme à peu près régulièrement conique, il est épais, à section trapézoïdale et parcouru par un pli profond longitudinal qui postérieure- ment le coupe en deux lobes. En dessus il est conformé à peu près comme (1) Fréquemment cependant on remarque que l'ocelle de chaque joue paraît double et comme formé de deux ocelles elliptiques accolés, Je suis porté à croire que c'est là la structure normale et qu'il y a en réalité quatre ocelles soudés deux à deux. 334 LARVES DE COLÉOPTÈRES dans les larves précédentes de Mordellistena. Quant à l’appendice corné terminal vu de côté, au lieu d’être conique, il est comme tubuleux, mais plus où moins obliquement tronqué ou échancré. Le dessous du corps est dépourvu de cils spinuliformes microscopiques, il est parsemé, comme le bourrelet latéral, de poils fins et raides différents de ceux qui consti- tuent la villosité du corps. L’attitude de cette larve, la forme et les deux épines dorsales de son dernier segment, mais surtout les singulières ampoules ambulatoires des six premiers segments abdominaux la distinguent de prime abord des autres larves de la famille, et ce qu’il y a de remarquable sans être sur- prenant, c'est que sa conformation concorde avec un genre de vie spécial. J'ai dit que cette conformation rappelle celle des larves d'Agapanthia et de certains Cephus. et précisément comme ces larves elle vit dans des tiges plus ou moins fistuleuses. M. Revelière l’a trouvée en Corse dans l’Aspho- delus microcarpus, la Centaurea calcitrapa et une Psoralea qui doit être la plumosa ; je l'ai vue dans des tiges d'Euphorbia characias qui m'ont été envoyées par M. Valéry Mayet, et je lai rencontrée ici dans le Picris hie- racioides, la Saponaria officinalis, les Scabiosa succisa et columbaria, l'Euphorbia amygdaloides, le Dianthus armeria, la Chironia centaurium, le Lycopus Europæœus et la Chlora perfoliata. Ainsi, sa structure, comme celle des larves que je viens de citer, exige que sa galerie soit plus large que son corps, et précisément à cause de celte structure, car tout s’enchaîne, la femelle, comme pour économiser du travail à la larve et lui assurer, dès le début, des conditions favora- bles, pond sur des plantes qui ont une galerie centrale naturelle plus ou moins étendue. Les ressemblances de cette larve avec les larves d’Agapanthia ont pour conséquence d’autres ressemblances dans les mœurs. Ainsi, contrairement à ce qui s’observe pour d’autres larves de Mordellistena, elle vit toujours seule dans une tige. Ses congénères, plus raides et non mamelonnées, sont habituellement étroitement emboîitées dans leur galerie encombrée de déjections et de détritus, où elles ne cheminent qu'avec beaucoup de lenteur; elle, au contraire, se meut dans une galerie relativement large et libre dans une assez grande partie de sa longueur ; elle la parcourt, soit en montant soit en descendant, avec une assez grande agilité, grâce à la souplesse de son corps ct à ses mamelons dorsaux. La ponte a lieu versle haut de la tige, la larve pénètre, dès sa naissance, dans le canal médullaire et elle ronge en descendant jusqu'au collet de MORDELLIDES. — MORDELLISTENA. — ANASPIS 339 la racine où elle arrive adulte ou à peu près. Elle s'installe en ce point. y pratique une assez large cellule et y passe l'hiver; c'est là aussi qu’habi- tuellement elle accomplit ses métamorphoses. Je n'ai pas vu la nymphe. Mordellistena Perrisii MULSs. LARVE Elle ressemble à celle de la M. pumila. Elle a commeelle, sur chaque joue, un ocelle noir unique paraissant parfois formé de deux ocelles accolés, les ampoules si remarquables de la face dorsale des six premiers segments abdominaux, le dernier segment conformé de même, non corné et dé- pourvu d'aspérités, les pattes de quatre articles. Elle diffère par la taille beaucoup plus petite et par l'absence des deux petites épines au tiers postérieur du dernier segment. L'appendice corné terminal, vu de côté, est conique et pointu etnon lubuleux et tronqué. Cette larve se développe dans la tige en partie fistuleuse de la Jasione montana où elle est toujours seule. Ses habitudes et ses manœuvres sont celles de la larve de la M. pumila. L’insecte parfait éclôt en juin el juillet. Anaspis (Mordella) flava L. FIG. 352-370. LARVE Long. 6 millim. Hexapode, d’un joli blanc, avec la tête roussâtre, char- nue, très-peu coriace, assez convexe en dessus, un peu moins en dessous, visiblement mais modérément pourtant plus étroite en avant et en arrière qu'au milieu, hérissée de poils blanchätres assez longs mais clair-semés. Dernier segment terminé par deux crochets tuberculés extérieurement. Tète déprimée, roussâtre, un peu plus large que longue, marquée sur le haut du front d'un trait en fer à cheval et de quelques rides transversales très-fines ; bord antérieur sinueux, légèrement échancré vis-à-vis l'épi- stome. 336 LARVES DE COLÉOPTÈRES Épistome transversal, surmonté du labre en demi-ellipse transversal, un peu tuméfié et cilié de petites soies roussûtres. Mandibules assez courtes, crochues, larges, très-déprimées, restacées avec le bord interne et l'extrémité d'un noir ferrugineux. Vues en dessus elles sont larges, pointues à l'extrémité, leur tranche interne est un peu sinueuse et vers le tiers postérieur se dilate à angle droit; observées de profil elles sont très-étroites, leur extrémité est obliquement échancrée, comme bidentée, et de cette échancrure part une fine rainure qui se pro- longe sur une partie de la face externe. Mächoires libres, coudées, descendant jusqu'aux deux tiers de la face inférieure de la tête, leur lobe très-court, cilié de quelques soies spinuli- formes. Palpes maxillaires assez courts. arqués en dedans, de trois articles égaux. Menton subelliptique ; lèvre inférieure courte, prolongée au milieu en une petite languette et portant deux palpes labiaux courts, de deux arti- cles égaux et ne dépassant guère les lobes maxillaires. Antennes assez longues, paraissant peu rétractiles, de quatre articles, les deux premiers à peu près égaux en longueur, le troisième un peu fu- siforme, aussi long que les deux précédents réunis et muni de quelques petits poils, le quatrième beaucoup plus court, très-grèle, portant à l'ex- trémité un long poil et deux ou trois très-courts. Pas d'article supplé- mentaire. Sur chaque joue, en arrière de la base des antennes et vers le milieu de Ja longueur latérale de la tête, on aperçoit un point noir, noyé dans les tissus sans aucun tubercule ocelliforme au dehors. Je ne puis y voir que des vestiges d'ocelles. Corps de douze segments, prothorax à peu près de la largeur de la tête, carré ou plus long que large, tandis que les dix segments suivants sont plus ou moins transversaux et marqués de chaque côté d’un pli longitu- dinal qui dessine un bourrelet latéral. Dernier segment plus étroit que tous les autres et se rétrécissant même un peu d'avant en arrière. Vu en dessus il semble très-profondément échancré, avec les deux pointes de l'échancrure cornées et ferrugineuses, une callosité ferrugineuse et comme tranchante au fond de l’échancrure et une dépression longitudinale qui n’atteint pas le bord antérieur ; si on l’examine de profil, on voit qu'il est terminé par deux crochets assez longs, bien recourbés en haut et dont le uers apical seul est corné et coloré. Une forte loupe montre sur le côté MORDELLIDES. — A4NASPIS J931 externe de chacun de ces crochets trois tubercules et quelquefois quatre surmontés d'un long poil. Au bord interne on observe un tubercule plus petit qui, sur quelques rares individus, se dilate en une dent triangulaire assez forte. En dessous et sur un espace basilaire à peu près semi-dis- coïdal, ce segment se dilate en un gros mamelon au milieu duquel on en voit surgir un autre à surface tuberculée et au centre duquel est l'anus. Dessous du corps marqué de plis longitudinaux ou de fossettes indiquant les points où peuvent se produire des dilatations, des boursouflures propres à faciliter les mouvements. Stigmates peu apparents, blanchâtres, au nombre de neuf paires. la première, un peu plus grande et un peu plus inférieure, située très-près du bord antérieur du mésothorax, les autres vers le tiers antérieur des huit premiers segments abdominaux. Pattes médiocrement longues, médiocrement robustes, blanches comme le corps, de cinq pièces, y compris un ongle roussâtre et subcorné, héris- sées non de soies, mais de quelques poils blanchâtres ; cuisses et libias d'égale longueur. La larve de l'A. flava aime les bois ramollis par le temps et en voie de décomposition où elle creuse lentement, car elle est peu agile et peu active, des galeries irrégulières et sinueuses. Je l’ai trouvée dans de vieux sar- ments de Vigne qu'avaient habités les larves du Sinoxylon sexdentatum et du Xylopertha sinuata, dans des branches presque pourries de Châtai- gnier qui avaientnourri diverses larves et qui en recélaient encore, dans des troncs vermoulus de Chêne en compagnie de larves du Rhyncolus punctu- latis et de Mycetochares, et je suis bien persuadé qu'on la rencontrerait en bien d’autres lieux analogues. Son développement ne parait exiger que quelques mois, car l’insecte parfait, que j'ai obtenu plus d’une fois en avril, se montre habituellement dans les Landes dès le commencement de mai. La ponte a donc lieu dans ce mois, et la larve est presque adulte quand l’hiver arrive. Les froids l’engourdissent plus ou moins, et au re- tour de la belle saison elle complète sa nutrition, puis se rapproche de la surface du boïs, s'y pratique une loge et se transforme en nymphe. NYMPHE Elle a la forme de l’insecte parfait dont elle présente les diverses parties disposées comme à l'ordinaire. La seule particularité à signaler réside dans les longs poils blanchätres qui se dressent sur le front, le vertex, le PER. 22 338 LARVES DE COLÉOPTÈRES dos et les bords du prothorax. les genoux et sur toute la surface de l'ab- domen, mais moins nombreux en dessous et plus serrés à l'extrémité qui est obtuse et dépourvue de toute papille. Beaucoup de ces poils sont bul- beux à la base. Anaspis subéestacea STEPH. LARVE J'ai observé la larve de cette espèce dans des branches de Châtaignier, dans des sarments de Vigne et des tiges de Lierre mortes depuis environ deux ans. Si je n'avais obtenu l’insecte parfait, il me serait impossible de la distinguer de la larve précédente dont elle a la taille, la forme, la cou- leur et tous les autres caractères sans la moindre exception. Je me dis- penserai donc de donner son signalement et celui de sa nymphe. Anaspis smanculata FOouRCR. J'ai publié dans les Annales de la Société entomologique, 1847, p. 29, comme appartenant à cette espèce, une larve que j'avais trouvée, avec l'insecte parfait, dans de vieux sarments de Vigne sauvage. Des observa- tions ultérieures m'apprirent que cette larve était celle du Lissodema litu- ratum dont j'ai dit plus haut quelques mots. Je n'ai eu ni paix ni trêve que je n’aie découvert la larve véritable ; je l’ai rencontrée et élevée dans la Vigne, le Châtaignier, le Chène et même la Ronce, et maintenant que je suis sûr de son authenticité, je puis dire que cette larve et sa nymphe res- semblent tellement, à la taille près qui est naturellement un peu plus petite. à celles de l’A. flava, que je ne pourrais en rien dire sans me répéter. Anaspis melanostomnan Costa, — monilicornis Muis. J'ai suivi les métamorphoses de cette larve, que j'ai trouvée dans une souche de marronnier en voie de décomposition. Je me borne à la signa- ler, car, si je voulais la décrire, ainsi que sa nymphe, il me faudrait re- produire, sans y rien changer, ce que j'ai dit de la larve et de la nymphe de l'A. flava. MORDELLIDES. — SILARIA 339 Silaria varians Muis. Celle-ci vient d'une vieille tige d’Aubépine vermoulue, qui en contenait plusieurs. Deux ont servi pour l'étude et pour ma collection, et des autres j'ai obtenu deux insectes parfaits. Je ne connais pas la nymphe, mais la larve est, un peu en petit, l’image fidèle de celle de l'A. flava. Les Mordellides, à l'état d'insectes parfaits, offrent deux types bien dis- üncts, caractérisés à première vue, l'un, qui constitue la famille des Mordelliens, par le pygidium prolongé en pointe conique et par les crochets des ongles bifides ou pectinés, l'autre, qui forme la famille des Anaspiens, par le pygidium non prolongé en pointe et par les ongles sim- ples. Les larves de ces deux groupes diffèrent plus encore que les insec- tes parfaits. Ceux-ci, du moins, présentent une certaine ressemblance de physionomie, et il est aisé de voir qu’ils appartiennent au même groupe ; mais il n’en est pas ainsi des larves, et celles des Anaspiens contrastent tellement avec celles des Mordelliens, qu'on serait tenté de les placer à une grande distance les unes des autres. Ces dernières ont un cachet tout particulier, une structure qui leurest propre : elles sont trapues, surtout celles des Mordelles, leur tête très-convexe est inclinée, leurs mandibules sont épaisses et robustes, leur dernier segment est conique, plusou moins couvert d'aspérités, et leurs pattes courtes et dépourvues d'ongles, ressemblent plutôt à des pseudopodes qu'à de véritables pattes ; elles ont deux ou quatre ocelles caractérisés par des tubercules placés très-près de la base des antennes, et en dehors de leurs galeries elles sont presque incapables de se mouvoir. Les premières, au contraire, celles des Anas- piens, sont presque linéaires, sveltes et sinon agiles, du moins d’une loco- motion facile à l'air libre. Leur tête est déprimée et non inclinée, leurs mandibules sont larges et très-minces, le dernier segment, subdéprimé et subcanaliculé en dessus, est terminé par deux crochets recourbés ; les pattes ressemblent à celles de beaucoup d'autres larves marcheuses, ce sont de vraies pattes terminées par des ongles, et leur deux ocelles pro- blématiques sont à peine indiqués par deux points noirs d'apparence pigmentaire, situés sensiblement en arrière des antennes. Enfin elles ont, par leur forme générale, leur consistance, leur couleur, de tels rapports avec les larves des Cryptophagus, qu'il faut presque le microscope pour 340 LARVES DE CONFOPTÈRES apprécier les caractères qui les distinguent. Celles-ci en diffèrent par les caractères suivants : le lobe des mâchoires est plus long et plus épineux, les mandibules sont plus épaisses, les palpes sont un peu plus longs et le dernier article des maxillaires est surmonté de tout petits cils ; le troisième article des antennes n'est pas fusiforme et il porte à son extrémité, sous le quatrième, un petit article supplémentaire qui manque, aux larves d'Anaspis ; les deux ocelles sont manifestés par deux points noirs assez grands, subconvexes et très-visibles, situés contre la base des antennes ; le mamelon anal fait saillie non à la base du dernier segment, mais plus en arrière ; ce segment n'a pas de callosité au fond de son échancrure, et enfin ses crochets ne présentent pas ces tubercules latéraux que j'ai trou- vés dans toutes les larves d’Anaspis, el qui, comme les ocelles et l'absence d'article supplémentaire aux antennes, constituent un caractère facile à apprécier. Ces tubercules sont comme un vestige des aspérités du dernier segment des larves des Mordelliens et le seul trait d’union bien apparent entre ces larves et celles des Anaspiens. De quoi viventles larves des Mordellides ? Aucun doute n’est possible en ce qui concerne les larves des Mordella; il est évident, en effet, car souvent on ne trouve pas d’autres larves avec elles, qu’elles se nourris- sent de substance ligneuse ; mais elles aiment les bois naturellement ten- dres et d'une facile décomposition, tels que ceux du Saule, du Peuplier. du Marronnier, ou si elles attaquent des bois plus durs comme le Chêne etle Châtaignier, elles préfèrent les branches qui ontplus d'aubier que les troncs, etelles attendent que cet aubier soit ramolli parle temps. Comme elles ne sont pas obligées de passer une partie de leur vie sous l’écorce, et que, dès leur naissance, elles plongent dans les couches ligneuses, les femelles pondent aussi bien sur les souches et les branches dépouillées de leur en- veloppe corticale que sur celles qui en sont pourvues. Quant aux larves des Mordellistena, il y a quelque incertitude, car M. Goureau, en parlant (Société entomologique, 1868, Bull., p. cxin) des larves qui habitent les tiges du Senecio aquaticus, signale l’une d'elles, appartenant à la Mordellistena subtruncata, comme étant carnassière et dévorant celles du Livus bicolor et de l'Agromyza ænea qui vivent avecelle. J'ai cru devoir publier dans les mêmes annales(1869, p. 466) une note par laquelle, sans contredire formellement l’assertion de mon honorable ami, j'exprime néanmoins des doutes sur la légitimité de son opinion et je réclame des vérifications nouvelles. Ces vérifications je les ai faites de mon mieux, et je suis de plus en plus porté à croire que les larves de MORDELLIDES. — SCRAPTIHIDES. — SCRAPTIA 341 Mordellistena sont phytophages. Les deux premières espèces dont j'ai parlé plus haut vivent ordinairement seules, mais non solitaires, bien s'en faut, dans les tiges de l’Armoise et de la Carotte, et elles y creusent de longues galeries dont elles consomment évidemment les déblais. Qu'’elles respectassent une larve de Curculionide ou de Diptère qui se trouverait sur leur passage, je n'oserais l'affirmer, car j'ai vu des larves lignivores devenir carnassières par occasion, mais ce qu'il y a de certain, c’est que, le plus souvent, elles sont plusieurs dans la même tige et qu'elles s’y dé- veloppent sans paraître se rechercher et sans se nuire. Du reste, l'ana” logie de conformation entre les larves positivement lignivores de Mordella et les larves de Mordellistena est un motif de plus de croire que les goûts de celles-ci sont conformes aux appétits de celles-là. En ce qui concerne les larves d'Anaspis, ce dernier raisonnement n’est pas applicable, car on n’a pas oublié qu’elles diffèrent des précédentes par leur structure générale et par plusieurs caractères particuliers. Elles sont conformées comme plusieurs autres larves carnassières ou vidangeuses, et si je considère qu'elles vivent dans les bois vermoulus encore occupés par d’autres larves ou pleins de leurs déjections, je me sens porté à pen- ser qu'elles se nourrissent de ces détritus et qu'elles ne laisseraient pas échapper l'occasion d’un repas plus succulent. SCRAPTIIDES f Secraptia minuta Muis. FIG. 971-379. LARVE Long. #4 1/2 millim. Hexapode, d'un blanc à peine jaunâtre, luisante, déprimée, ua peu convexe en dessus, plate en dessous, étroite, linéaire, à peine un peu renflée vers le milieu de l'abdomen, assez ferme et subco- riace. Dernier segment tris-grand et caduc. \ Tête presque carrée, à peine plus large que longue, très peu arrondie sur les côtés, déprimée, lisse, de la couleur du corps, avec.le bord anté- rieur roux ; celui-ci droit. Épistome transversal, labre semi-elliptique, bordé de quelques cils. rs 0 342 LARVES DE COLÉOPTÈRES Mandibules ferrugineuses avec l'extrémité plus foncée, larges, assez courtes, se joignant sans se croiser, arrondies sur la tranche externe, avec une légère sinuosité un peu en arrière du sommet ; celui-ci acéré et au-dessous, sur la tranche interne, deux petites dents suivies d’une échancrure après laquelle la mandibule s’élargit en s’arrondissant jusqu'à la base. Telle est la forme de la mandibule droite, la gauche en diffère en ce que la dent la plus postérieure manque. Mächoires un peu convexes extérieurement, comme coudées intérieure- ment, munies d’un lobe cylindrique terminé par quelques petits cils spini- formes un peu crochus en dedans, se prolongeant un peu au delà du second article des palpes maxillaires. Palpes maxillaires assez courts, ne dépassant pas au repos les mandi- bules, coniques, un peu arqués en dedans et de trois articles dont le second un peu plus long que le premier et un peu plus court que le troisième. Menton de deux pièces, la première ou basilaire deux fois et demie plus grande que l’autre, à côtés sinueux, la seconde presque carrée, portant la lèvre inférieure laquelle est courte, transversale, un peu échancrée anté- rieurement avec un prolongement médian constituant une toute petite lan- guette conique. Palpes labiaux courts, atteignant le niveau du sommet des lobes maxil- laires et de deux articles égaux. Antennes de quatre articles, le premier court, sensiblement plus large à la base qu'au sommet, le second à peu près de la longueur du précé- dent, ayant un petit poil de chaque côté, le troisième trois fois au moins aussi long que le second, en ellipsoïde très-peu ventru, muni de quelques petits poils de chaque côté, le quatrième plus court qu'aucun autre, légè- rement conique, émoussé à l'extrémité qui porte trois ou quatre soies dont la centrale est longue. Pas d'article supplémentaire apparent, Ocelles nuls ou invisibles. Région thoracique un peu plus étroite que l'abdomen, longue et éga- lant avec la tête au moins les six premiers segments abdominaux. Pro- thorax plus long que large; mésothorax et métathorax d’une longueur égale à la largeur, un peu arrondis latéralement. Abdomen de neuf segments augmentant un peu en longueur jusqu'au quatrième, puis égaux, plutôt un peu obliques qu'arrondis sur les côtés, de sorte que les intersections ne sont mises en relief que parce que cha- que segment déborde un peu la base de celui qui le suit. Huit premiers segments lisses en dessus et en dessous, sans aucun pli visible, mais parais- SCRAPTIIDES. — SCRAPTIA 543 sant avoir sur les côtés un imperceptible bourrelet, Neuvième ou dernier segment se détachant parfaitement du précédent, ellipsoïde et d’une lon- gueur tout à fait insolite, puisqu'elle égale presque celle des trois segments précédents réunis. A la base ventrale de ce segment, sur lequel je revien- drai plus tard, un mamelon transversal un peu extractile, susceptible de s'appuyer sur le plan de position et que je ne puis considérer que comme la ventouse anale. Sur les côtés de la tête on aperçoit trois ou quatre petils poils; il y en a un assez court de chaque côté des segment thoraciques, et sur les côtés des huit premiers segments abdominaux un très-long et un plus court ; le dernier segment est hérissé de poils très-longs, surtout postérieurement, Si à l’aide d'une très-forte loupe on observe la larve dans le sens de la longueur, on constate qu'elle porte tant sur la face dorsale que sur la face ventrale quatre séries de poils assez longs et assez raides, mais très-fins Stigmates au nombre de neuf paires et presque visibles en dessus, mais très-difficiles à apercevoir, la première paire près du bord antér icur d mésothorax, les autres au tiers antérieur des huit premiers segments abdo- minaux. Pattes longues, débordant de beaucoup le corps, de cinq articles ongle compris, hérissées de quelques soies principalement sur le côté supérieur. Cette larve, peu agile du reste, a la faculté de marcher à reculons avec une grande facilité comme les larves des Cistelides. Vers la mi-mai 1871, mon ami et élève M. Émile Gobert, ayant rencon- tré une colonie populeuse de Lasius fuliginosus établie dans le creux d’un Châtaignier, se mit en devoir de l'explorer. Pendant qu'il en épluchait les débris tamisés sur lesquels couraient effarés de nombreux Staphyli- uides et où se promenaient l’Abræus globosus et le Scydmænus cerastes Saule.. il aperçut de petites larves, et comme il sait le prix que j'attache à ces objets, il les mit, à mon intention, dans un tube avec de l'alcool. Lorsque je les examinai. j'y trouvai des larves de Scathopse et d’un autre diptère, probablement la Phyllomyza flavitarsis que j'ai plusieurs fois * trouvée dans les fourmilières, des larves de Staphylinides très-reconnais- sables à là forme de leurs antennes et aux appendices de leur dernier segment et enfin d'autres larves qui, à première vue, piquèrent vivement ma curiosité et qui étaient de deux sortes. L'une était celle que je viens de décrire, et ceux qui ont quelque expérience des larves comprendront que j'aie été quelque peu surpris et intrigué par les dimensions de ce der- nier segment que je voyais tel pour la première fois. L'autre sorte de 344 LARVES DE COLÉOPTÈRES larves ressemblait à celle-ci par tous ses caractères, sauf que le dernier segment, au lieu d'être très-grand et ellipsoïdal, était au contraire très- petit, moins que semi-discoïdal et même incliné vers le plan de position. M. Gobert fut témoin de ma surprise et de mon désir d’avoir d’autres de ces larves vivantes. d’avoir surtout leur nymphe, et il repartit pour se livrer à de nouvelles recherches. I] revint portant les débris qu’il avait re- cueillis. Leur exploration minutieuse nous fit découvrir plusieurs larves de la seconde forme, deux de la première et des larves de l’Abrœus glo- bosus, plus un individu du Batrisus venustus, le seul qui ait été rencontré dans cette fourmilière. J'étais donc ainsi en possession d’un certain nom- bre de larves à dernier segment très-grand, dont trois vivantes. Je com- mençai mon étude par celles-ci et j'en mis une sous le microscope. Pour la contenir et la contraindre à mettre en évidence les organes de la bou- che, je posai sur elle une petite et légère plaquette de verre; mais à peine sefut-elle débattue un moment, que le dernier segment se détacha, et alors elle m'apparut entièrement semblable aux larves de la seconde forme, autant du moins que j'avais pu juger de celles-ci avec la loupe. J'en sou- mis alors deux au microscope, une morte et une vivante, je les comparai point par point avec celle qui venait de se mutiler sous mes yeux, et il me fut impossible d'y trouver la moindre différence, J’examinai, à l’aide d’une très-forte loupe, la larve mutilée : le détachement du dernier seg- ment avait laissé une faible cavité au-dessus du segment beaucoup plus petit qui l'avait remplacé, mais il ne s’était pas opéré le moindre écoule- ment et une légère pression n’en déterminait pas non plus ; la cavité était parfaitement sèche et comme tapissée d’une membrane. Le segment dé- taché, examiné à son tour, se montra aussi comme n'ayant reçu aucune blessure, son bord antérieur était très-régulièrement échancré. et en l'examinant de profil on constatait qu'il était aminci de manière à avoir la forme de la cavité que son ablation avait produite. Je pris alors deux larves à long segment terminal conservées dans l'alcool, et sans presque y mettre d'intention je fis détacher ce segment de l’une d'elles en la cou= vrant de la petite plaquette de verre, et de l’autre en la frottant tout sim- plement avec un petit pinceau. Il est résulté pour moi de ces expériences que les deux sortes de larves sontabsolument de la même espèce, que le dernier segment qui a, même à l'état vivant, une attache très-peu solide, est caduc et que le petit segment qui reste après la chute de celui qui le recouvrait n’est autre chose que le mamelon anal. Ces mêmes expérien- ces expliquent aussi pourquoi, sur une vinglaine de larves recueillies par SCRAPTIIDES. -— SCRAPTIA 345 M. Gobert ou par moi, il n’y en avait que six qui eussent conservé leur dernier segment ; il est en effet incontestable pour moi que le ballottement, les secousses du tamisage et le choc des matières au milieu desquelles se trouvaient ces larves ont été plus que suffisants pour le faire détacher, et que si quelques-unes l'ont conservé, c’est une bonne fortune sur laquelle il ne faudrait pas compter, à moius d’user de beaucoup de ménagements. Voilà un fait aussi curieux que l'est la larve elle-même, et dont je m’estime heureux d'avoir pu faire la constatation, tout en reconnaissant mon im- puissance à expliquer les motifs, à discerner le but d’une pareille bizar- rerie. Mais à quel insecte appartenait cette curieuse larve? Je ne pouvais l’at- tibuer à un Staphylinide et elle n’était pas non plus celle de l’'Abrœus globosus sur laquelle j'étais déjà fixé. Restaient donc les Scydmwnus ce- rastes et Perrisii qui cohabitent avec le Lasius fuliginosus et le Batrisus venustus dont nous avions recueilli un individu. Pour être, jusqu’à un certain point, fixé à cet égard, il aurait fallu une nymphe doni la forme aurait pu me dire celle de l'insecte parfait; mais les détritus explorés n’en avaient fourni aucune. Je me décidai alors à essayer l'éducation des deux seules larves vivantes qui me restassent et je les installai dans un tube, avec des débris. Quatre jours après l’une était morte et l’autre était devenue nymphe. Ma joie fut bien grande, car je crus le problème résolu, mais j'étais dans l'erreur. L'examen auquel je me livrai me convainquit, en effet, que cette nymphe ne pouvait être de Scydmænus ou de Batrisus. Tout au plus pouvait-on y voir un semblant d'Eutheia, mais la longueur de son corselet m'interdisait de lui donner ce nom. Sa dernière méta- morphose pouvait seule me fixer; malheureusement, comme je l'avais quelque peu tourmentée pour l’étudier et la décrire, elle échoua. Je songeaï alors à mon ami Bauduer. Sachant qu'il avait de fréquentes occasions de rencontrer des nids de Lasius fuliginosus, je lui fis connaitre la larve en question et le priai de la rechercher et de l’élever pour obtenir l'insecte parfait. L'obligeance de M. Bauduer ne se démentit pas dans cette occasion, et un jour du mois de juin que j'étais chez lui, il me montra des larves en volière et une nymphe en tout semblable à celle que j'avais observée. Quelques jours après il m'annonçait la naissance d’une Scraptia minuta. Je ne m'attendais pas, je l'avoue, à ce résultat, mais, loin d’être tenté de le contester, je le trouvai, au contraire, parfaitement en rapport avec la forme de la nymphe qui m'aurait conduit, sans doute. à le deviner, si j'avais pu me douter que l'insecte dont il s’agit, qu’on 346 LARVES DE COLÉOPTÈRES n'avait jamais signalé comme se trouvant avec des fourmis, vivait en leur société, Voici, en quelques mots, les caractères distunctifs de la nymphe. NYMPHE Les diverses parties de son cerps sont disposées comme à l'ordinaire, et elle est hérissée de longs poils blanchâtres et mous sur le vertex, au- tour du prothorax, sur le mésothorax et le métathorax, sur la face dorsale etles côtés des segments abdominaux. Un poil semblable existe sur cha- que genou. Les segments de l'abdomen, du moins les deux ou trois qu précèdent les derniers, ont aux angles postérieurs un petit tubercule sur- monté d’un poil. Le dernier segment se divise en cinq lobes, deux laté- raux très-peu saillants et presque tronqués et trois intermédiaires beau- coup plus grands, bien détachés. mammiformes, sauf le médian, qui est bifide à l'extrémité. M. E. Revelière m'a envoyé de Corse des larves tout à fait semblables, recueillies par lui dans les détritus au pied des Cistes et appartenant pro- bablement à la Scraptia voisine de la minuta, mais formant une espèce nouvelle, qu’il m'a envoyée aussi et qu'il a prise, je crois, en fauchant. j'ignore si les détritus des Cistes étaient habités par une fourmi; la chose est loin d’être impossible. Quoi qu’il en soit, je crois que la larve que j'ai décrite est simplement vidangeuse et que si, comme celle de Reve- lière peut-être, elle n'est pas essentiellement myrmécophile, elle se nourrit de détritus. Dans mes Promenades entomologiques de 1874 j'ai cité le fait de deux Scraptia minuta observées à la fin de juin et s’introduisant dans les gale- ries d'une fourmilière de Lasius fuliginosus établie dans un Chêne creux et vermoulu. Ce fait confirme les habitudes et les relations de cet insecte. Plusieurs auteurs, et notamment Erichson, ont classé les Scraptia parmi les Mélandryides. Redtenbacher les avait d'abord mises dansles Mordellides, et cette opinion a été adoptée par M. Mulsant (Longipèdes). Lacordaire en a fait le type de ses Scraptiides, formant la ® tribu des Pédilides, et J. Duval a accepté ce classement. Si d’autres larves de Pédilides étaient connues, je me hasarderais à donner mon avis. Ce que je puis dire seule- ment, c'est que si la larve de la Scraptia minuta n'a presque pas de OEDÉMÉRIDES. — OEDEMERA 347 points de comparaison avec celles de Mordella et de Mordellistena, elle offre cependant d'assez nombreux rapports avec celles d’Anaspis dont elle diffère essentiellement par la forme et la caducité du dernier segment, ŒDÉMÉRIDES pes Aureurs. — ANGUSTIPENNES Muzs. Œdemera (Necydalis) flavipes F. Fig. 280-386 LARVE Long. 10-13 millim. Hexapode, charnue, blanche ou d’un blanc légère- ment jaunâtre, peu ou point renflée antérieurement, cylindrique, sauf qu'elle est un peu atténuée postérieurement, parsemée de poils fins de di- verses longueurs, ceux de l'abdomen inclinés en arrière et disposés en verticille autour de chaque segment. Tête subcornée, roussâtre, presque carrée, un peu plus large que longue si l'on s'arrête au bord antérieur, très-peu convexe, marquée sur le front d'une dépression ovale qui se prolonge jusqu’au vertex en un sillon assez profond ; fort peu arrondie sur les côtés. Bord antérieur un peu sinueux, de même consistance que le reste, avec une petite tache noirâtre contre la base de chaque mandibule. Épistome avancé, trapézoïdal, à bords latéraux obliques et conséquem- ment plus large en arrière qu’en avant. Labre étroit, plus que semi-discoïdal, cilié de petits poils raides. Mandibules, vues en dessus, très-larges à la base jusque vers le milieu de leur longueur, puis largement et profondément échancrées en dedans, acuminées à l'extrémité au-dessous de laquelle on voit deux petites dents; vues de côté, assez longues, subtriangulaires, avec la tranche inférieure légèrement concave, terminées par trois dents dont l'intermédiaire est la plus saïllante, lisses, ferrugineuses avec les bords noirâtres jusqu'au delà du milieu, noires ensuite jusqu’au bout. Mäâchoires assez fortes, médiocrement coudées, leur lobe déprimé, large. obliquement arrondi au sommet qui est cilié ou plutôt pectiné de soies roussâtres et dépasse un peu le premier article des palpes maxillaires. Palpes mazxillaires grèles, de trois articles dont les deux premiers d'égale longueur et le troisième plus court. 348 LARVES DE COLÉOPTÈRES Menton presque en losange, lèvre inférieure prolongée en une très- courte languette arrondie. Palpes labiaux de deux articles, dont le premier deux fois plus long que le second qui affleure l'extrémité du lobe maxillaire. Tous ces organes très-mobiles et roussâtres. Antennes de même couleur, mobiles aussi et de quatre articles, le pre- mier assez gros, un peu plus large à la base qu'au sommet, le second presque cylindrique, une fois et demie au moins aussi long que le précé- dent dans lequel il peut rentrer en partie et portant deux petits poils laté- raux ; le troisième une fois et demie aussi long que le second, un peu plus large à l'extrémité qu'à la base, avec trois poils de chaque côté; le quatrième grêle, beaucoup plus court, cylindrique, terminé par une lon- gue soie et au moins trois bien plus petites, accompagné d’un article sup- plémentaire visible surtout quand on regarde la larve de profil, et qui est effilé avec la base un peu renflée, et plus long que son voisin. Sur les joues, très-près de la base des antennes et en suivant le bord antérieur de la tête, on aperçoit deux ocelles convexes, ordinairement tachés de noir, écartés et situés l’un presque vis-à-vis l’axe de l'antenne, l'autre, un peu plus gros et plus convexe, au-dessus de la base de l’an- tenne, dans un angle formé par une sinuosité du bord antérieur. Prothorax aussi grand que la tête jusqu'au bord antérieur de celle-ci, un peu plus large que long, un peu anguleusement arrondi au bord pos- térieur, lisse, nuancé de roussâtre et paraissant avoir une consistance un peu plus ferme que le reste du corps ; mésothorax et métathoraæ lisses aussi, plus courts mais pas moins larges. Ces trois segments ont des poils roussâtres disposés en verticille sur les deux derniers, et formant sur le dos du premier deux séries voisines l’une de la base, l'autre du sommet et se réunissant sur les côtés. Abdomen de neuf segments, un peu plus étroits que le métathorax et se rétrécissant un peu plus à partir du septième segment. Les huit premiers segments ayant une sorte d'ampoule contractile sur chaque côté, un ver- ticille de soies inclinées en arrière un peu après le milieu de leur longueur et de très-petits poils raides, épars en avant de ce verticille. Neuvième segment plus court que les autres, muni de soies et de poils semblables, mais plus petits, très-arrondi postérieurement et suivi d'un faux peut segment qui n'est autre chose qu'un mamelon anal incliné sur 1 plan de position, à bord postérieur presque ogival et cilié d'assez longues soies roussâtres. Ce mamelon, vu en dessous, est comme fendu en travers, €l OEDÉMÉRIDES. — OEDEMERA\ 349 dans cette fente se trouve l'anus. Dessous du corps lisse comme le dessus, non visiblement déprimé à la partie sternale. Stigmates elliptiques. au nombre de neuf paires, la première, plus grande et plus inférieure que les autres, près de l'insertion des premières pates, sur un petit espace triangulaire qui a l'air de dépendre du pro- thorax, les autres un peu après le tiers des huit premiers segments abdo- minaux. Pattes assez longues et assez robustes, hérissées de quelques soies et composées de cinq pièces, savoir : une hanche très-saillante en dessous, un trochanter, une cuisse grossissant de la base à l'extrémité, un tibia un peu plus court que la cuisse et atténué de la base au sommet et enfin un ongle subulé, corné, à extrémité ferrugineuse. Vu leur longueur et leur écarte- tement à leur insertion, ces pattes débordent de beaucoup le corps. J'ai trouvé plus d'une fois cette larve dans des branches de Châtaignier mortes depuis assez longtemps pour que le bois fût devenu mou et comme spongieux. Elle y creuse pour vivre une galerie plus ou moins sinueuse qu'elle laisse derrière elle encombrée d'excréments granuleux. Elle se transforme dans une loge voisine de la surface du bois. NYMPHE Elle se distingue par les caractères suivants : des poils roux nombreux sur le front, en série transversale près du bord antérieur du prothorax, en groupe assez étendu près de chaque angle postérieur, en groupe très- clair sur le mésothorax et le métathorax, en bande assez touffue sur le dos des segments de l'abdomen, presque en touffe sur les genoux, peu nom- breux sur la face ventrale. Tous ces poils portent sur un petit tubercule subconique, charnu et glanduliforme, visible à une forte loupe et surtout au microscope. Le dernier segment, parsemé de poils semblables, porte en dessus à son extrémité, comme la nymphe du Phloiotrya, deux épines blanches, avec l'extrémité cornée et noirâtre, verticales et à peine diver- gentes, et en dessous deux papilles épaisses, charnues et obtuses. Les larves connues d'Œdémérides se rapportent aux espèces sui- vantes : Calopus sérraticornis L. qui forme avec les Sparedrus une branche, celle des Calopaires, et dont la larve, brièvement décrite par Gyllenhal, (Act. Upial., 1. VE et ns. suec., L. WE, p. 513) et mentionnée par Erichson, 350 LARVES DE COLÉOPTÈRES constitue déjà une division spéciale, puisqu'elle est, jusqu'ici, la seule dont le dernier segment soit armé de deux petites cornes recourbées. Ditylus lævis F. KoLexaTr, Bull. Soc. impér. des natur. de Moscou, 1847. p. 137. Description très-étendue et sans doute complète, repro- duite par M. Mulsant. Nacerdes maritima CoQ., CoquereL, Soc. Ent. 1848, p. 177. — N. lep- turoides Tauns., PErris, Soc. Ent. 1857, p. 392, sous le nom de mela- aura, et HerkLoTs, Tydschr. Nederl. ent. ver. 1861, p. 171, sous le nom d’Anoncodes melanura. J'ai donné à cette larve deux vestiges d’ocelles de chaque côté; vérification faite je ne trouve aucune trace de ces organes, et je n’en vois pas non plus à celle de la Nacerdes maritima dont je possède deux exemplaires. Ces vestiges n'étaient peut être que pigmentaires, et il est possible que l'alcool les ait décolorés. Anoncodes amæna Scaur., Dispar. Dur., Durour, Soc. Ent. 1841, p. 5. La description et la figure donnent à tort trois articles aux palpes labiaux qui n’en ont que deux. Deux nymphes de l'A. ruficollis ont été trouvées par M. Franz. Loew dans le bois d’un vieux baquet pourri (Abeille, 1869, p. 98). Asclera cœrulea L., HgeGer, Sitzber, Wien. Acad. Wiss. 1853, p. 932. Xanthochroa carniolica Gisrc., Perris, Soc. Ent. 1857, p. 387. Chrysanthia viridissima L., Wesrwoon, Intr., t. I, p. 305. Je crois devoir profiter de l’occasion pour faire connaître trois autres larves de ce groupe. Œdemera (Cantharis) virescens L. LARVE Cette larve, longue de 10 à 14 millim., est facile à distinguer de celle d'ŒÆ. flavipes, non par ses organes, mais par sa couleur. Relativement aux organes, je ne vois, en y regardant bien eten me montrant fort scrupu- leux, que deux petites différences. J'ai dit que les mandibules, vues de côté, se montrent terminées par trois dents dont la médiane plus lon- gue que les autres ; la dent latérale la plus voisine du labre me paraît plus petite qu’à l'ordinaire dans la larve dont je m'occupe. D'autre part, l'ar- ticle supplémentaire des antennes est un peu moins long, moins réguliè= rement effilé, parce qu'il se dilate à la base plus brusquement et sur une plus grande longueur, Quant à la couleur, voici ce qu’il en est : OEDÉMÉRIDES. -— OEDEMERA 351 La tête est en dessus d'un brun livide, avec un trait blanc partant du vertex et se bifurquant au milieu du front vers les deux antennes les- quelles sont, ainsi que les palpes, nn peu annelées de brunâtre. Le pro- thorax est brun avec une ligne blanche au milieu; sur les deux autres segments thoraciques la couleur brune, coupée aussi par une ligne blan- che, n'ateint pas le bord postérieur, et sur les segments abdomi- naux, qui n'ont pas de ligne blanche, elle s'arrête au delà du milieu, juste au verticille de poils. Le neuvième segment est entièrement brun et le mamelon anal aussi, moins la base. Les ampoules latérales, qui ont la forme de tubercules elliptiques, sont brunes pareillement. Le dessous de la tête et du corps est d'un blanc livide, avec des traces brunâtres sur le devant du sternum et sur les hanches. Cette larve est donc annelée de brun, et cela suffit pour la distinguer. En ce qui concerne la nymphe, je dois dire qu'elle est en tout comme la précédente, mème pour la couleur. Au mois de juillet 1870, durant une excursion dans les Pyrénées avec mes amis MM. de Bonvouloir et Abeille de Perrin, je m'avisai d'explorer des tiges d’Aconitum napellus de l'année précédente et gisant à terre ; je pen- sais y trouver quelque larve retardataire de l’Agapanthia angusticollis qui aime à pondre sur cette plante lorsqu'elle est fraiche. Mon espoir ne fut pas déçu et il fut même dépassé, car j'y rencontrai de plus, et assez commu- nément, la larve dont je viens de parler. Je la reconnus sur le champ comme appartenant à une Œdéméride, mais la couleur m'intriguait, et je m'at- tendais à en obtenir autre chose qu’une OEdemera, peut-être le Mycterus curculionoides qu'on a mis dans cette famille, qui est si commun dans notre contrée, et dont je ne puis découvrir la larve, qu’il serait pourtant, à plus d'un titre, si intéressant de connaître. Je soupçonne, je l'ai déjà dit, qu'elle vit sous terre. Je fis donc un fagot de tiges sèches, et au mois de mai 1871, je vis apparaître des individus des deux sexes de l'OŒdémère montagnarde appelée virescens. J'étais fixé sans doute, mais un peu dé- sappointé cependant, car j'aurais désiré encore mieux que cela. Je ne dois pourtant pas bouder ma larve, et je veux dire qu'elle vit de de la moelle desséchée par la mort et ramollie par le temps des tiges her- bacées de l’Aconit. Plus d’une se trouve ordinairement dans une même tige. Lorsqu'elle doit se transformer en nymphe, si la tige a encore des parties pleines, elle creuse une loge entre les fibres ; si elle est creuse, elle la bouche avec des fibres sur deux points assez rapprochés, et c’est dans l'intervalle qu'elle subit sa métamorphose. Même durant sa vie active, 352 LARVES DE COLÉOPTÈRES si la tige est tronçconnée, elle bouche les ouvertures pour sé préserver du mauvais temps ou de l'invasion de quelque ennemi. Anoncodes viridipes SCHMIDT Voici une larve dont M. Revelière m'a envoyé de Corse plusieurs indi- vidus et qui vit dans les tiges d'une Carduacée, comme la précédente dans celles de l’Aconit. Il m'est impossible de lui trouver, quoiqu’elle appar- tienne à un genre différent, le moindre caractère qui la distingue de celle de V’Œ. flavipes. Elle est seulement un peu plus grande, ce qui est sans importance. Je renvoie done, ne pouvant mieux faire, à la description que j'ai donnée. Stenostoma (Leptura) rostrafa F. Fig. 387-388 Cette larve est encore un fac-simile de celle de l'OŒdemera flavipes, et je n'ai pas, dès lors. beaucoup à en dire. Je suis parvenu pourtant à lui trouver deux caractères différentiels qui ne sont pas à dédaigner : le pre- mier réside dans les mandibules qui, en arrière de la dent apicale, m'ont paru avoir quatre autres dents internes, au lieu de trois, les trois premiè- res presque égales et obtuses, la quatrième très-petite ; le second se trouve dans les antennes dont l’article supplémentaire est de la longueur du quatrième, à côté duquel il se trouve, et au lieu d'être effilé, il est cylindrique presque autant que son voisin, et seulement plus grêle. Les ocelles ne présentent pas de différence. J'ai rencontré cette larve au bas des tiges et dans les racines de l’Eryn- gium maritimum sur les fleurs duquel l’insecte parfait aime tant à se poser, ainsi que dans les tiges du Diotis candidissima. Erichson, et d’après lui MM. Chapuis et Candèze, ont indiqué les carac- tèrés généraux des larves des Œdémérides. Plus tard, dans son Histoire naturelle des Angustipennes. M. Mulsant a reproduit ces caractères en les modifiant sur quelques points et les mettant en harmonie avec les nou- velles notions acquises. Les larves dont il s'agit ont un air de famille qui, avec un peu d'expérience, les fait aisément reconnaitre. Elles présentent cependant des différences remarquables. La tête, habituellement large, déprimée sur le devant du front, sillonnée en arrière, est généralement OEDÉMÉRIDES 353 hbre, ou bien peu s'en faut; mais dans la larve du Ditylus elle est, d’après la description de M. Kolenati, enchâssée dans le prothorax. La partie an- térieure du corps, ou thoracique, est souvent plus large que l'abdomen, et ce renflement antérieur était même considéré comme un caractère constant ; or, la forme presque cylindrique des larves d'Œdemera et de Stenostoma lui enlève une partie de son importance. Les organes de la tête ont une grande uniformité, les mandibules sont tridentées à l’extré- mité, dentelées sur leur tranche interne; les mâchoires sont larges, les palpes longs et grêles; les antennes, habituellement droites, sauf dans les larves de Xanthochroa et de Nacerdes qui les ont un peu coudées à partir du second article, sont assez longues, le troisième article est le plus grand, le quatrième est le plus petit; mais personne, que je sache, n'a parlé, pas même moi, de l’article supplémentaire, qui est pourtant bien visible surtout dans les larves d'Œdemera, et dont la forme et la longueur servent à différencier des genres. Cet article supplémentaire existe, quoi- que je n’en aie rien dit, sur la larve du Xanthochroa, il est un peu moins long que le quatrième article, étroitement conique et pointu. Les premiers segments du corps ont sur le dos deux groupes d’aspérités séparés par la ligne médiane dans les larves de Ditylus, de Xanthochroa et de Nacerdes, mais les six premiers segments, c'est-à-dire les trois thoraciques et trois abdominaux en seraient pourvus dans celle du premier genre et les cinq premiers seulement en ont dans celles des deux autres. Ces aspérités pa- raissent manquer dans les autres genres; cependant M. Westwood dit, pour la larve de la Chrysanthia viridissima, que les cinq segments anté- rieurs sont munis en dessus d’une double série de plaques ovales, et ïl les a représentées dans sa figure. La larve du Ditylus possède, sous le troi- sième et le quatrième segments de l'abdomen, une paire de mamelons charnus armés de trois rangées distinctes de petites pointes cornées et brunes ; j'ai signalé à la même place, dans les larves de Xanthochroa et de Nacerdes deux mamelons pseudopodes coniques, obtus et divergents, dont la surface inférieure est couverte d’aspérités et de poils très-fins. M. Westwood donne aussi à la larve de la Chrysanthia de petits prolon- gements ou tubercules charnus, mais il en compte trois paires au lieu de deux, placées sous le cinquième segment et les deux suivants, c'est-à-dire sur les deuxième, troisième et quatrième segments abdominaux ; enfin les mamelons ambulatoires ont été vus par Dufour sous les troisième et qua- trième segments de l'abdomen de la larve de l’Anoncodes dispar. Je déclare qu'ils n'existent pas dans les larves que j'ai décrites ici, pas même dans PER. 23 354 LARVES DE COLÉOPTÈRES celle de l'Anoncodes viridipes, à moins qne leur séjour dans l'alcool n’ait opéré leur rétraction au point de les rendre invisibles. Il résulterait de ces rapprochements que la larve du Ditylus formerait une section à part à cause des crochets du dernier segment, qu'une sec- tion voisine embrasserait les larves de Xanthochroa, de Nacerdes et de Chrysanthia, et que toutes les autres constitueraient une autre section dans laquelle la présence ou l'absence des pseudopodes ventraux, la forme et la longueur relative de l’article supplémentaire des antennes détermine- raient certaines divisions. Les larves d’Ædémerides présentent enfin un caractère qui mérite d’être signalé : il consiste dans la position de la première paire de stigmates. Ceux qui étudient les larves sont habitués à trouver, le plus ordinairement, ces stigmates près du bord antérieur du mésothorax, ou sur ce bord même, ou sur la ligne de séparation du prothorax et du mésothorax; il n'y a guère d'exception que pour la presque généralité des larves qui ont une forme particulière, qui sont courbées en arc, comme celles des Lamelli- cornes, des Apatides, des Curculionides, lesquelles ont ces organes sur le prothorax, de sorte qu’en dehors de ces groupes, on serait tenté d'ad- mettre en principe que le prothorax est dépourvu d’ostioles respiratoires. Ici cependant on les voit sur une sorte de mamelon triangulaire déterminé par deux plis formant un angle rentrant dans le prothorax, et par le bord postérieur de ce segment qui constitue le troisième côté du triangle. Ce mamelon paraît donc faire partie du prothorax, aussi Dufour dit-il que la première paire de stigmates est placée sur ce segment. M, Westwood dit que Ingpen a trouvé la larve de la Chrysanthia dans la sanie découlant des plaies d'un Peuplier; les autres larves connues sont phytophages ou lignivores, et jusqu'ici il est constaté qu’elles aiment à se nourrir de substances qui n’exigent pas un trop grand effort de man- dibules. 11 leur faut la moelle des végétaux herbacés, ou des bois presque pourris. La durée normale de leurs évolutions est d’un peu moins d’un an. ANTHRIBIDES — ENEDRRYTES 355 ANTHRIBIDES Lac. Enedreytes oxyacanthsæ Cu. Bas. Fig. 359-396 LARVE Long. 4 millim. Blanche, charnue, renflée antérieurement et courbée en are comme les larves de Charansonides, des Scolytides et des Ano- biides. Pattes ayant la forme de pseudopodes. Tête luisante, roussâtre, subcornée, parsemée de points enfoncés d'où sortent des poils courts, blanchâtres et très-fins, médiocrement convexe et marquée sur le vertex d’un sillon peu apparent qui se perd dans une fossette frontale. Bord antérieur plus foncé, très-légèrement échancré vis- à-vis l'épistome qui est peu large et un peu plus étroit antérieurement qu’à la base. Labre presque semi-discoïdal, frangé de poils très-fins. Mandibules fortes, se joignant sans se croiser, ferrugineuses avec le tiers supérieur noir. Vues en dessus, leur tranche interne est taillée en biseau un peu concave jusqu'aux deux tiers de leur longueur ; vues de côté, elles sont subtrapézoïdales avec les côtés sinueux et l'extrémité obli- quement échancrée. Mächoires fortes, coudées, hérissées de soies ; lobe large, subarrondi à l'extrémité et frangé de soies dorées et touffues. A la base interne du lobe, sur un renflement de la mâchoire, surgit une épine assez longue, ferru- gineuse, cornée, dirigée obliquement en dedans, munie à la base de deux soies au moins. Un peu en arrière de cette épine, le bord interne de la mâchoire porte deux soies rousses, assez longues et presque spiniformes. Palpes maxillaires droits. de trois articles égaux. Les mâchoires sont susceptibles de se rapprocher, de manière à mettre leurs lobes en contact. Elles forment alors une voûte au-dessus de la lèvre inférieure qui est roussâtre, petite, insérée fort en arrière, échancrée an- térieurement, arrondie postérieurement, surmontée de deux palpes la- biaux très-courts et de deux articles égaux. Les antennes sont très-difficiles à voir et j'avoue que si, par analogie 356 LARYES DE COLÉOPTÈRES avec les larves de Charansonides et d’Anobüdes, je n’avais su la place où je devais les chercher, ou bien si j'avais eu quelque exemple de larve dé- pourvue de ces organes, je ne les aurais pas découvertes ou j'aurais renoncé à les chercher. On finit par les voir, à l’aide d’une très-forte loupe, dans une petite cavité contre la base des mandibules, et j'y ai compté deux articles très-courts dont le premier assez gros et l’autre grêle ; mais je soupçonne qu'il y en a plus de deux. Près du bord de cette cavité on remarque un point noir et elliptique qui semble formé de deux points contigus ; j'ai mème vu sur une larve ces points séparés. Ils occupent la place des ocelles, mais je n’oserais garantir qu'ils en remplissent les fonctions. Corps parsemé de poils très-fins et peu allongés, ventru à la région tho- racique. Prothoraz plus grand que chacun des deux segments suivants et très- peu plissé ; mésothorax et métathorax marqués de plis transversaux qui simulent des intersections et rendent les séparations véritables difficiles à saisir. Abdomen de neuf segments plus plissés encore, sauf le dernier, que les segments thoraciques et muni sur les flancs d’un bourrelet formé par une double série de mamelons. Dernier segment un peu plus étroit sinon plus court que les précédents, arrondi en arrière, marqué sur le dos de deux sillons écartés et parallèles et à l'extrémité inférieure de quatre plis con-- vergents à l'intersection desquels est l'anus. Stigmates au nombre de neuf paires, la première, plus grande et plus inférieure que les autres, près du bord antérieur du mésothorax, les autres au tiers antérieur des huit premiers segments abdominaux. Pattes assez semblables à celles des larves de Mordella, placées, comme d'ordinaire, sous les segments thoraciques et consistant en des moignons coniques formés en apparence de trois articles, mais plus sûrement de deux, le premier épais et velu, se rétrécissant assez brusquement pour constituer un semblant de second article, l’article suivant plus étroit et un peu plus court, terminé par une touffe de soies divergentes. Pas la moin- dre apparence d’ongle. Toui le corps, sauf quelques parties qui paraissent absolument lisses, se montre, à un fort grossissement du microscope, couvert de très-pelites aspérités extrèmement serrées. A l’occasion de la larve du Lissodema denticolle, j'ai dit dans quelles conditions vit celle de l’Enedreytes oxyacanthæ ; il faut la chercher dans ANTHRIBIDES, — ENEDREYTES. — CHORAGUS 9397 les tiges mortes d’Aubépine et surtout dans les échalas de Châtaignier, mais principalement aux endroits où s'est développée, après un certain temps, une production cryptogamique du nom de Sphæria stigma, indice d'une altération déjà subie par le bois et cause d'une altération plus grande encore. C’est dans les couches de l’aubier ramolli que la larve dont il s'agit creuse une galerie longitudinalement parabolique qui, plongeant d'abord dans le bois, revient, après un parcours peu étendu, près de la surface. C'est là que, dans une cellule façonnée à cette intention, s'opère Ja transformation en nymphe. NYMPHE Deux séries longitudinales de petites soies blanches sur le front; près du bord antérieur du prothorax deux mamelons écartés, hérissés de spi- nules blanches et de soies ; sur chaque côté, à la suite des mamelons, cinq spinules blanches, quelquefois moins, très-légèrement arquées en arrière, puis deux longues soies portées sur de petits tubercules ; une très-petite soie sur chaque genou, une autre semblable sur les côtés de chaque seg- ment de l'abdomen. sauf le dernier qui est revêtu de quelques poils très- fins ; sur le dos des six premiers segments abdominaux de petites soies presque spinuliformes, dirigées en arrière ; dernier segment terminé par deux papilles courtes, écartées et un peu divergentes. Au microscope, plusieurs parties du corps, le prothorax, les pattes, les élytres et la face ventrale paraissent couvertes d’aspérités semblables à celles de la larve, mais plus fines encore. Choragus Sheppardi KirBy. Fig. 397. LARVE Léon Dufour a publié dans les Annales de la Société entomologique (1843, p. 314), l’histoire des métamorphoses de cet insecte. Si j'en parle ici, c'est que sa larve vit dans le Châtaignier et que j'ai en outre quelques additions ou corrections à faire à la description donnée par mon maître regretté, et dont voici la reproduction : « Cette pelite larve, à texture souple et tendre, est courbée en hameçon 398 LARVES DE COLÉOPTÈRES ou en C, à la manière de celles des Lamellicornes et de plusieurs Cureu- lionites. Elle a plus d'épaisseur à la région thoracique, ce qui la fait pa- raitre bossue. Son corps, au lieu d'offrir un nombre déterminable de seg- ments, a des plis transversaux, des rides qu'il est impossible de compter et qui sont loin d’être régulières et uniformes. Toutefois, dans des cir- constances favorables, je lui ai trouvé le nombre normal de segments, c’est-à-dire douze. Le microscope y décèle des poils très-fins et assez longs. « Tête ronde, convexe. velue, inclinée en bas, à bord occipital entier, souvent en évidence. Quoique de la couleur du reste du corps, elle a néan- moins une consistance cornée. Nulle trace d'antennes ni d’yeux, malgré l'existence d’un petit point noir de chaque côté, près de l’angle antérieur. Épistome transversal, linéaire. Labre un peu plus que demi-circulaire, cilié. Mandibules brunes, robustes, triangulaires, à pointe bifide. Mä- choires oblongues, semi-cornées, hérissées, sans lobe interne marqué. Palpe maxillaire subterminal, cylindroïde, de deux articles, dont le basi- laire plus court. Lèvre peu distincte ou rudimentaire. Peut-être at-elle éludé mes recherches, et il ne faut sans doute pas considérer comme telle une plaque cornée, brune, appliquée au milieu de la face inférieure de la tête, en forme d’écusson arrondi en arrière et tronqué en avant, sans au- cun vestige de palpe labial. « Segments thoraciques ne se distinguant des autres que par plus de grosseur et d’élévation, Le premier plus large que les suivants, en forme de plaque un peu plus consistante. Point de pattes articulées, mais il existe trois paires de pseudopodes thoraciques, de texture tégumentaire, rétrac- tiles, énormes, de configuration variable suivant leur degré de contraction, tantôt conoïdes, tantôt en forme de mamelon dont le bout semble articulé au centre de celui-ci de manière à pouvoir y rentrer. « La portion de la larve correspondant à l'abdomen s'atténue à peine en approchant du bout postérieur. Celui-ci est très-obtus, entier et sans aucun appendice. » On voit par là que la larve du Choragus est bien voisine, par sa configu- ration, de celle de l'Enedreytes. Les rapports paraîtront encore plus intimes lorsque j'aurai dit que, contrairement à la manière de voir de Dufour, il existe des antennes au moins biarticulées et presque invisibles dans une petite cavité près de la base externe des mandibules; que les mâchoires ont un lobe peu développé, il est vrai, mais visible et cilié ; que cet écus- son qu'il a vu entre les mâchoires n’est autre chose que la lèvre inférieure ANTHRIBIDES. — CHORAGUS. 359 au-dessus de laquelle les lobes rapprochés forment un arceau, et qui porte deux très-petits palpes biarticulés ; qu'enfin le corps paraît au mi- croscope couvert, du moins partiellement, d’aspérités d'une finesse extrême. Il n'y a donc, pour distinguer cette larve de celle de l'Ene- dreytes, que la petitesse de la taille (2 12 — 3 millim.), l'extrémité bifide des mandibules et la conformation du premier article des pseudopodes, qui ne se rétrécit pas de manière à faire croire à trois articles au lieu de deux. La larve du Choragus{vit'soit dans l’Aubépine, soit dans les échalas de Châtaignier, dans les’mêèmes conditions que celle de l'Enedreytes. « Elle habite isolément, dit Dufour, dont j'ai bien des fois vérifié les observa- tions , une galerie simple droite ou à peine courbe, creusée dans le liber pour les grosses branches et pénétrant l’axe même pour les rameaux de petite dimension, Elle s’y nourrit de la substance même du bois qu’elle ronge pelit à petit, et elle doit être fort sobre, puisque, dans les quatre ou cinq mois de son existence comme larve, sa galerie n’acquiert pas plus de 7 à 8 millimètres de longueur. Aux approches de sa transformation en nymphe, soninstinet la porte à ronger sa cellule de manière à faire aboutir celle-ci à l'écorce où l’insecte ailé pratique un trou rond pour prendre son essor. » NYMPHE - Elle est, comme celle de l'Enedreytes, couverte d’aspérités presque imperceptibles et terminée postérieurement par deux papilles divergentes ; wais elle en diffère par les caractères suivants : elle a, de chaque côté du prothorax, au tiers supérieur, quatre papilles ou bulbes surmontés d'une soie, et à la base du même segment une rangée d’assez longues soies dirigées en avant. Je n'ai pu apercevoir de soies ni sur les côtés des segments ni sur leur face dorsale. Les espèces de la famille des Anthribides dont on connait les métamor- phoses sont les suivantes : Cratoparis lunatus F., espèce des États-Unis, Caapurs et CannÈze, Catal. des larves, p. 200. Brachytarsus scabrosus F., Frisrcn, Beschreib. von all. Insekt. Deutsch. 1720, p. 36. — Larreizce, Hist. nat. des crust. et des ins. t. IH, p. 37, et Vazzcor, Ann. des sc. natur. 1868, p. 68, sous le nom de Anthribus marmoralus. 360 LARYVES DE COLÉOPTÈRES B. varius F. DaLman, Swedish, Trans., 1824. — Rarzepure, Die Forst., t. 1, p. 99 et NorpunGer, Eutomol. zeit. zu steit, 1848, p.230. Aræcerus coffeæ F., fasciculatus De Gxer. — Lucas, Soc. Ent. 1861, p- 399. Je puis y ajouter les espèces suivantes : Kropideres (Anthribus) albirostris HERBsT. Fig. 398-309. LARVE Cette larve, longue de 6 à 7 millim., est d’un blanc pur avec la tête roussâtre ; elle ressemble tellement à celle de l'Enedreytes, que je pourrais lui appliquer mot à mot la description que j'en ai donnée, sauf un seul point qui concerne les mandibules. Celles-ci, vues en dessus, sont moins pointues et leur tranche interneest taillée en biseau non concave et un peu sinueux à cause d’une petite entaille qui existe vers le tiers du biseau ; vues de côté, elles sont un peu plus étroites, triangulaires avec les côtés à peu près droits, le sommet un peu arrondi et une fossette oblique et et bien limitée près de la base. J'ajoute 1° que le labre est marqué de deux fossetles; 2 qu'aux pseudopodes, au point où, dans la larve de l’Enc- dreytes, se rétrécit le gros mamelon basilaire, 1l existe un pli, de sorte que les pseudopodes paraissent formés de trois articles ; 3° que les aspé- rités qui couvrent le corps sont plus apparentes, ce qui tient uniquement à la taille de la larve. L’épine interne des mächoires est bien visible dans cette larve. Vers la fin du mois de juillet, j'en ai trouvé plusieurs individus, avec des nymphes et des insectes parfaits récemment éclos, dans l’aubier d’un Peuplier d'Italie abattu depuis plus d’un an. La galerie que la larve creuse dans le bois est longitudinale, peu étendue et peu profonde, et la méta- morphose s'effectue près de la surface. NYMPHE La nymphe diffère très-sensiblement de celle de l'Enedreytes. Le rostre porte, sur deux rangs, des épines sétacées, subcornées, roussâtres, ver- ücales et de grandeur très-inégale, dont deux basilaires longues ; on voit ANTHRIBIDES. — TROPIDERES 361 aussi de petites épines sur le front et sur les côtés; derrière les yeux et sur le vertex s'élèvent, semblables à deux cornes, deux épines subulées et divergentes. Le prothorax est simplement parsemé de poils blanchâtres, très-courts et d’une finesse extrême. L'abdomen parait composé de neuf segments ; les huit premiers ont de chaque côté un mamelon surmonté d’une épine subulée, arquée en arrière et entourée de poils très-fins. Le dernier segment se termine par deux épines subulées et un peu diver- gentes placées une à chaque angle et sous laquelle se trouve une autre épine bien plus courte. Au microscope, on voit de petits poils sur le dos, et toutes les parties du corps, y compris les pattes, les élytres, etc., cou- vertes d’aspérités. Æropideres (Anthribua) sepicola HERBST Fig. 400-401 LARVE Larve entièrement semblable à la précédente et à celle de l'Enedreytes. Elle diffère seulement par les mandibules qui. vues en dessus, ont le biseau sensiblement sinué et, vues de côté, sont plus près de la forme triangulaire que dans cette dernière larve et non arrondies au sommet, comme dans celle du T. albirostris, mais tronquées obliquement et même un peu échancrées, avec une courte rainure. Elles ont aussi près de la base une fossette oblique. Les pseudopodes sont conformés comme dans cette larve, et les aspérités qui couvrent le corps sont bien visibles. J'ai observé la larve du T. sepicola dans des branches mortes de Charme et de Chêne, et je suis convaincu qu'elle vit aussi dans celles du Châtai- gnier dont les fagots m'ont quelquefois donné l’insecte parfait. Je ne connais pas la nymphe. Kropidcres (Anthribus) nivoirostris F. Fig. 402-103. LARVE Voici une autre larve dont la description est inutile, à cause de sa res- semblance avec les deux précédentes. On y retrouve la soie spiniforme de at 5:02 LARVES DE COLÉOPTÈRES la base interne des lobes maxillaires, le point noir ocelliforme près du bord de chaque cavité antennaire, les aspérités du corps. Un seul carac- tère permet de la distinguer : il réside dans les mandibules qui, vues en dessus et surtout de côté, sont au sommet franchement bifides ou divi- sées en deux dents dont l'inférieure un peu plus longue que l’autre. Les pseudopodes, y compris le gros mamelon qui servirait de hanche, sont nettement de trois articles. J'ai trouvé plusieurs de ces larves dans des branches mortes de Chêne; celles que j'ai laissées en repos m'ont donné l'insecte parfait, mais je n'ai pas vu la nymphe. Enedreytes. hilaris SCH. LARVE Sa larve et sa nymphe sont les images fidèles de celles de l'E.oxyaconthæ, et comme je n'ai pu y trouver la moindre différence, je m'abstiens de tout détail etje me borne à dire que cet Anthribide pond ses œufs sur tiges mortes du Genêt à balais, surtout vers le collet de la racine. On le prend en battant les pieds morts ou mourants de cet arbre. et mon ami Bauduer en a capturé, à la fin de juin 1870, plus de deux cents par ce moyen. Anthribus alhbinus L. Fig. 404-406. LARVE Long. 9-10 millim. Elle ressemble beaucoup aux précédentes ; comme elles, elle est très-convexe en dessus, presque plane en dessous, plissée, brièvement pubescente, courbée en arc; mais sa partie thoracique étant plus renflée, elle a, plus encore qu'elles, la physionomie d'une larve d'Apale. Sa tête est luisante, d'un jaunâtre pâle, avec le bord antérieur liseré de ferrugineux ; elle est sur son tiers antérieur marquée de points plus serrés sur les côtés, et le milieu du front a deux fossettes oblongues. L’épistome n'est guère plus large que le cinquième de la largeur anté- rieure de la tête et le Zabre, frangé de poilsroussâtres, est un peu plus que semi elliptique. ANTHRIBIDES. — ANTHRIBUS 363 Les mandibules, noires avec la base ferrugineuse et luisantes, sont, vues en dessus, étroitement bidentées, et, vues de côté, très-nettement divisées en deux dents coniques, la supérieure un petit peu plus longue que l'au- tre ; la face externe porte deux fines carènes, une transversale arquée, une autre longitudinale partant de celle-ci et aboutissant à la base. Près de la base de la tranche supérieure on remarque une apophyse dentiforme. Les mâchoires sont obliques. mais non coudées, très-velues, roussi- tres et un peu rugueuses, leur lobe est large, très-frangé de poils fauves, inais je n’ai pu voir à sa base interne cette épine que présentent d’autres larves de la même tribu, et j'ose affirmer qu'elle n'existe pas dans celle-ci. Les palpes maæillaires sont de trois articles égaux. La lèvre inférieure est carrée, sans languette apparente, et surmontée des palpes labiaux de deux articles à peu près égaux, le premier beau- coup plus gros que le second. Dans cette larve. relativement de grande taille, on constate, de manière à ne plus conserver aucun doute, l'existence des antennes ; elles sont logées dans une cavité étroite, placée près du milieu de la base des man- dibules et bordée supérieurement d’une callosité roussätre un peu élevée ; elles sont complétement cachées dans cette cavité, et on ne peut guère les voir qu’en regardant verticalement, Je n'ai pu compter le nombre de leurs articles, mais je suis porté à croire qu’il est de plus de deux. Je n'ai trouvé aucun vestige d’ocelle. Le corps ne donne lieu à aucune observation, je dirai cependant que les spinules qui le couvrent sont extrêmement fines et moins visibles que dans la larve bien plus petite du Tropideres albirostris. Le dernier segment vu de face par derrière, est trilobé, il a sur le dos une dépression carrée, limitée de chaque côté par un pli profond, et il est marqué en arrière d’un sillon assez fin ; vu en dessous, son bord supérieur est bisinueux, et son aire est marquée d’un pli arqué en ogive dans lequel sont trois autres plis convergents dont la jonction indique la place de l'anus. Les stigmates sont verticalement elliptiques, la première paire, sensi- blement plus grande et à peine plus inférieure que les autres, est placée très-près du bord antérieur du mésothorax. Les pseudopodes sont plus courts qu’à l'ordinaire et très-velus ; ils m’ont paru formés de trois articles, si l'on considère comme une hanche le ma- melon charnu qui les porte sur le second et le troisième segment, mais qui est bien insignifiant ou nul sur le premier. J'ai trouvé cette larve dans une branche morte d’Aulne de quatre centi- 964 LARVES DE COLÉOPTÈRES mètres environ de diamètre, et j'ai pris quelquefois, au mois de mai, l'in- secte parfait sur des pieux de cette essence. Elle passe sa vie dans l’inté- rieur du bois où elle creuse une galerie longitudinalement sinueuse et peu étendue, qui se rapproche de la surface lorsque la métamorphose doit avoir lieu. Je n'ai pas vu la nymphe. Comme on a pu le voir par ce qui précède, les larves des Anthribides forment, ainsi que les insectes parfaits, un groupe très-naturel et parfaite- ment circonscrit. Leur forme arquée les rapproche des larves d’Anobiides, d’Apatides, de Ptinides et de Curculionides, mais leur faible villosité, la forme de leurs mandibules, etc.,les détachent des trois premières, les palpes maxillaires de trois articles et la forme de la lèvre inférieure les séparent des dernières, et elles se distinguent de toutes ces catégories par ces pseudopodes dont nous ne trouvons guère les analogues que dans les larves des Mordellides. Sur huit genres européens on connaît les larves de sept, et si on les compare entre elles, on trouve de bien faibles différences consistant dans la forme des mandibules et un peu aussi des pseudopodes. Celles-là sont bifides ou simples, arrondies ou tronquées au sommet, et leur biseau est uni, ou sinueux, ou entaillé; ceux-ci sont de deux ou pa- raissent de trois articles, et tous sont dépourvus d’ongle ; mais il en serait autrement pour la larve de l'Arœæcerus. « Les pattes allongées, dit M. Lucas, assez robustes, sont d’un testacé pâle; les tubercules pédigères sont sail- lants et les deux articles qui composent ces organes locomoteurs sont hé- rissés de soies très-fines et allongées ; quant à l’article terminal ou l’ongle, il est court, légèrement courbé et aigu.» Il est à regretter que mon savant ani n'ait pas, par une figure, rendu cette partie de sa description plus intelligible, etje crois qu'il y a là matière à révision. [l donne comme moi trois articles aux palpes maxillaires, mais nous sommes sur ce point en désaccord avec MM. Chapuis et Candèze qui n’en ont compté que deux dans la larve de Cratoparis lunatus.Nous sommes également en dissidence en ce qui concerne les palpes labiaux qui, d'après ces derniers savants, seraient uni-articulés, tandis que, dans les autres larves connues, ils on deux articles. Il y a donc, là aussi, une double vérification à faire. La question des antennes a d'autant plus d'importance qu’il n'existe pas, que je sache, de larve qui en soit dépourvue. Or Dufour a déclaré, mais à tort, comme je l’ai dit plus haut, que la larve du Choragus est privée de ces organes. Selon MM, Chapuis et Candèze, les antennes sont « re- ANTHRIBIDES 365 présentées par un petit tubercule mousse situé en dehors des mandibules, » et M. Lucas dit à ce sujet : « Sur les côtés latéro-antérieurs, près de la naissance des mandibules, on aperçoit une petite saillie d’un jaune testacé et qui, exposée à un fort grossissement, m'a paru composée de deux arti- cles dont un basilaire très-court ; quant au second, il est plus allongé et implanté dans la partie médiane du premier article; ne faudrait-il pas considérer ce petit appareil comme étant le représentant des antennes ? » Je crois avoir levé toute incertitude à cet égard en assurant que j'ai vu ces organes sur toutes les larves que j’ai observées, et en précisant la place qu'ils occupent. En ce qui concerne les ocelles, presque tous les observateurs ont vu un point noir près de la base de chaque mandibule ; mais nul n’a osé affirmer que ces points sont des ocelles. Je ne serai pas, à cet égard, plus affirma- tif, parce que les points dont il s'agit ne sont pas ordinairement saillants, tuberculiformes, et qu'ils ressemblent plutôt à des taches pigmentaires ; mais je les ai vus quelquefois conyexes, et s'ils ne constituent pas de vé- ritables organes de vision, ils en sont du moins des indices qui ont leur valeur caractéristique dans le diagnostic de ces sortes de larves. On a déjà vu que la larve de l’Anthribus albinus en est dépourvue, et il en serait de mème de celle du Cratoparis lunatus; mais il est très-possible que cette exception ne soit pas constante. Aucune divergence n’exisle sur la position des stigmates et en particu- lier de la première paire qui est invariablement située près du bord anté- rieur du mésothorax. Ce fait n’est pas dépourvu d'intérêt si l’on considère que, dans les larves courbées en arc, telles que celles des Lamellicornes, des Apatides, des Anobiides, des Ptinides, des Charansonides, des Scoly- tides, des Bruchides, ces orifices respiratoires débouchent près du bord postérieur du prothorax, ou sur la ligne qui sépare ce segment du méso - thorax. Cette particularité m'avait d’abord paru commandée par cer- taines nécessités physiologiques propres aux larves de cette structure, et digne dès lors des recherches des anatomistes; mais les larves des An- tbribides déroutent cette hypothèse. Il n'en reste pas moins établi que la plupart des larves à corps arqué échappent à cette règle à peu près géné- rale qui veut que la première paire de stigmates soit, dans les larves de Coléoptères, placée sur le mésothorax. La difficulté que présente, vu leur ressemblance, la distinction même générique des larves des Anthribides, diminue lorsqu'on peut observer les nymphes. On à vu que celles des Tropideres, des Enedreytes et des Cho- 366. LARVES DE COLÉOPTÈRES ragus offrent des différences très-appréciables, et d’après la description donnée par M. Lucas, celle de l’Aræcerus serait aussi très-facile à dis- tinguer par sa tête entièrement glabre. par son abdomen parcouru de chaque côté par des saillies charnues hérissées de poils et terminé par deux tubercules. Généralement parlant, les larves des Anthribides européens sont ligni- vores; elles vivent, celle du Platyrhinus latirostris dans le Hêtre, l’Aulne, le Bouleau ; celle du Tropideres albirostris dans le Peuplier; celle du T. sepicola dans le Charme, le Chêne et très-probablement le Châtaignier ; celle du T. pudens dans le Chêne vraisemblablement, puisque je lai pris, et Bauduer aussi, en battant des branches sèches de cet arbre ; celle du T. niveirostris dans le Chêne et dans le Coudrier ; celle du T. curtirostris dans le Chène vert, le Chêne tauzin et le Lentisque; celle du T. maculosus dans lOrme, M. Bauduer en ayant obtenu un grand nombre d’un Orme mort ; celles des Enedreytes hilaris et oxyacanthæ, la première dans le Genèêt à balais, la seconde dans le Châtaignier et l'Aubépine; celle de l'Anthribus albinus dans le Chène, le Bouleau, l’Aulne et le Saule ; celle de l’Aræcerus coffeæ dans les tiges d’une espèce de Gingembre et même, d'après M. Lucas, dans les graines du Café, du Cacao. etc.; celle de mon Brachytarsus fallax dans les branches du Chêne tauzin et du Chêne-liége ; celle du Choragus Sheppardi dans le Châtaignier et l’Aubépine; celle du Choragus piceus dans les branches mortes du Prunier épineux, selon la constatation de Bauduer. Mais, d’après les observations de plusieurs naturalistes dignes de foi, Dufour, Dalman, Vallot, Ratzeburg. Leunis, il y aurait une exception à faire pour les larves des Brachytarsus scabrosus et varius qui auraient été observées dans des Coccus vivant sur l'Orme, la Spiræa salicifolia et le Pin. M. Bellevoye a pourtant affirmé, sans avoir convaincu M.Laboulbène, (Soc. Ent., 1858, p. oxL) que les larves du B. varius « se nourrissent du bois de vieux Poiriers à l'endroit où les branches ont été coupées ras du tronc. » Dans tous les cas, il reste à faire, sur les mœurs de ces insectes, des observations qui, de ma part, sont demeurées sans résultat, mes re- cherches dans les Coccus des arbres ne m’ayant conduit à la découverte d'aucune espèce de ce genre intéressant. Pour la première fois, au mois d'avril 1872, j'ai pris, et cela en assez grand nombre, le B. scabrosus sur desPommiers en fleur dépourvus de tout Coccus, On ne peut, à la vérité, en rien conclure de positif, mais ce fait appuierait, jusqu’à un cer- tain point, l’affirmation de M. Bellevoye. ANTHRIBIDES — CURCULIONIDES 367 Plusieurs auteurs d’un haut mérite, Latreille, Schônherr, J. Duval, ont compris les Anthribides et les Bruchides dans les Curculionides ; d'autres, et notamment M. Redtenbacher, ont formé une famille à part de ces deux groupes réunis. M. Jekel seul, si compétent pour cette catégorie d'insectes, a pensé que chacun d'eux devait constituer une famille spéciale, et La- cordaire a complétement adopté cette opinion. Elle se trouve confirmée par l'étude des larves, et, après ce qui précède, nul ne contestera que celles des Anthribides, par plusieurs caractères et en particulier par les palpes maxillaires tri-articulés, par leurs pseudopodes et par leurs nym- phes, n'aient le droit de former une famille distincte de celles des Curcu- honides et des Bruchides. Quant aux Bruchides, probablement tous spermophages, leurs larves ressemblent extrêmement à celles des Curculionides. Comme elles, elles sont apodes et me paraissent avoir les palpes maxillaires biarticulés ; mais elles s'en séparent, à mon avis, par leurs mâchoires un peu moins cou- dées, leur lèvre inférieure moins cordiforme et surtout par le segment anal qui, au lieu d'être quadrilobé, est seulement marqué d'un petit pli transversal. Je suis donc d'avis que les Bruchides doivent constituer une tribu dis- tincte. CURCULIONIDES Arrivé à cette partie de mon travail, je crois devoir modifier momenta- nément mon plan, sauf à y revenir ensuite. J'ai dit, en commençant, que mon premier but avait été de publier l’histoire des insectes vivant dans les échalas de Châtaignier, puis que j'avais agrandi mon cadre de manière à embrasser tous les insectes du Châtaignier, et qu’enfin, pour donner à mon œuvre plus d'importance scientifique et plus d'utilité, et pour pouvoir me permettre quelques ob- servations comparatives et quelques généralités, je m'étais laissé entrai- ner à décrire les larves nouvelles indépendantes du Châtaignier, mais dont les familles avaient un représentant dans les insectes de cet arbre. Jusqu'ici j'ai été fidèle à mon programme ; mais en face de l'immense cohorte des Curculionides, je sens que je dois m'en écarter. 368 LARVES DE COLÉOPTÈRES Ce n’est pas que le Chätaignier ne nourrisse aucune larve de cette co- horte ; il y en a une, en effet, dans son fruit, celle du Balaninus elephas, mais je ne lui connais que celle-là, de sorte qu’il est plus pauvre que le Chêne, où l’on trouve celles du Balaninus glandium, du Magdalinus flavi- cornis et de plusieurs Orchestes. Ce n’est pas non plus, bien s’en faut, que les matériaux me manquent. J'aurais, au contraire, bien des larves à ajouter à celles qui sont connues ; mais ces larves, malgré la différence des genres et même des groupes, ont le plus souvent une telle ressem- blance, qu'il serait sans intérêt de les décrire ou fastidieux d'en donner la nomenclature en répétant presque toujours les mêmes choses, en re- produisant les mêmes caractères, sauf quelques différences de forme et de couleur. Les larves des Longicornes, dont il sera question ci-après, ont aussi, à la vérité, une grande uniformité de structure, si bien qu’à première vue on reconnait presque toujours la tribu à laquelle elles appartiennent; mais la longueur ou l’extrème brièveté de leurs pattes ou même l'absence totale de ces organes, les variations dans la forme de leur tête et en par- ticulier de leurs mandibules. dans la largeur de l’épistome, dans la lon- gueur des antennes, les caractères remarquables que présentent, d’un genre à l’autre, et plus encore d’une famille à l’autre, la plaque dorsale du prothorax et ce que j'ai appelé les ampoules ambulatoires, donnent à l'étude de ces larves l'intérêt qui résulte de la variété, la valeur scientifi- que qui naît de la précision et de la constance des caractères, limpor- tance philosophique des vues et des déductions comparatives. Il n’en est pas ainsi pour les Curculionides où une larve de Balaninus ou de Rhynchites ressemble à s’y méprendre à celle d’un Thylacites ou d’un Strophosomus, une larve de Magdalinus à celle d’un Ceutorhyn- chus, etc. Il n’est pas à dire cependant que toutes les larves soient jetées au même moule. Il y a, au contraire, dans le nombre, des différences très-tranchées, mais elles n’ont pas l'intérêt scientifique que présentent les larves de Longicornes, par exemple, lesquelles vivant dans le même milieu, dans le bois, sous les écorces, dans les tiges des plantes, offrent néanmoins, selon les genres, des particularités très-appréciables et très- distinctes. Généralement ces différences tiennent plutôt au genre de wie des larves qu'à la famille dont elles dépendent. Ainsi que je lai dit à propos de la larve du Brachycerus albidentatus (Soc. Ent. 1874, p. 127), « il est assez naturel que des larves mineuses de feuilles, comme celles des Ramphus et des Orchestes, ne soient pas CURCULIONIDES 369 constituées comme celles des Phytonomus et des Cionus, qui vivent à ciel ouvert sur des plantes exposées à de violentes oscillations; que celles-ci diffèrent de celles des Pissodes qui rampent sous les écorces, ou des Litu» qui cheminent dans des galeries cylindriques ; que ces dernières enfin, pour ne pas pousser plus loin mes comparaisons, aient une autre struc- ture, d'autres attitudes que celles qui, comme les larves des Balaninus, des Anthonomus, de certains Ceutorhynchus, vivent dans des milieux très-limités, tels que des fruits, des boutons à fleurs, des galles. » Quoi qu’il en soit, aujourd'hui qu’on a décrit ces formes diverses aux- quelles probablement l’étude des larves exotiques en ajoutera d'autres, et n'ayant aucune forme nouvelle à y ajouter, je n'ai vu aucun intérêt à me lancer dans la monotonie de signalements uniformes. J'ai mieux aimé suivre une autre marche qui est celle-ci : Comme type de la structure du plus grand nombre des larves de Cur- culionides et de la forme de leurs organes les plus essentiels, forme con- stante dans celles qui sont connues jusqu'ici, je donnerai la description détaillée de la larve du Balaninus elephas, puisqu'elle vit dans le fruit du Châtaignier, puis, comme pour les autres tribus, je produirai, autant qu'il me sera possible, la nomenclature des espèces dont les larves ont” été plus ou moins décrites, enfin je passerai sommairement en revue les différentes familles pour dire ce que l’on sait déjà et ce que mes observa-- tions personnelles m'ont appris de leurs mœurs. Je me persuade que cette manière de procéder aura son utilité et son intérêt. Balaninus elephas Gy1r. LARVE Long. 16 à 17 millim., si l’on parcourt la courbe dorsale du corps de- puis le bord antérieur de la tête jusqu'à l'extrémité du dernier segment et seulement 6 à 7 millim. en suivant une ligne idéale qui traverserait longitudinalement le corps dans sa position normale. Apode, très-arquée, charnue, mais un peu ferme, blanche, avec la tête testacée; parsemée de poils courts, roussâtres, droits et assez raides, un peu plus longs sur les côtés et à l'extrémité du corps, plus courts et plus raides sur la face ven- trale, Téle testacée, ainsi que je l'ai dit, subcornée, un peu plus foncée anté - rieurement, luisante, circulaire, assez convexe, marquée d’un sillon mé- PER. 21 370 LARVES DE COLÉOPTÈRES dian depuis le vertex jusque vers le milieu du front, d'où naissent deux traits blanchâtres aboutissant aux angles antérieurs. Dans le triangle formé par ces deux traits et le bord antérieur, deux fossettes un peu ru- guleuses, et, au-dessus de ce triangle, quatre pores piligères disposés presque en carré. Bord antérieur largement échancré dans son ensemble, avec deux petites saillies embrassant la base de l'épistome. Épistome très-transversal, près de trois fois aussi large que long, légè- rement inégal à sa surface, plus étroit antérieurement qu’à la base. Labre subsemi-discoïdal, déprimé, avec les bords et le milieu plus sail- Jants, très-brièvement et peu densément cilié. Mandibules noires à base un peu ferrugineuse, assez robustes, se joi- gnant sans se croiser; vues en dessus, échancrées à l'extrémité, un peu sinueuses, arrondies en dehors, très-concaves en dedans jusques un peu au delà de la moitié de leur longueur, puis droites ; vues de côté, subtra- péziformes avec le sommet bifide, le bord inférieur un peu concave, le supérieur convexe ; marquées vers les deux cinquièmes antérieurs d'un fin sillon transversal, avec une fossette et une autre fossette plus profonde en arrière, en dessous de laquelle sont quelques stries transversales ; ré sion basilaire profondément excavée au milieu. Mächoires très-coudées, très-obliquement convergentes, cylindriques, roussâtres avec l'extrémité blanchâtre et deux ou trois poils en dehors. Lobe des mâchoires court, assez large, arrondi, caché souvent derrière la lèvre inférieure, frangé de cils dorés. Palpes macillaires courts, de deux articles. le premier roussâtre, avec l'extrémité blanchâtre. bien plus gros et un peu plus long que le second, qui est entièrement roussâtre. Lèvre inférieure charnue, cordiforme, avec une tache roussâtre à la base, un filet de même couleur dans son pourtour et la partie anté-- rieure avancée en languette arrondie. Palpes labiaux insérés à droite et à gauche de la languette, de deux articles conformés et colorés comme les palpes maxillaires et à peine plus petits qu'eux. Antennes le plus souvent invisibles à cause de leur complète rétractilité, placées près de l'angle supérieur des mandibules et, dans des circon- stances favorables, laissant voir deux articles, dont le premier sensible- ment plus gros que le second, qui est grèle. Tout près de la base de chaque antenne, un petit point noir qui peut passer pour un vestige d’ocelle. CURCULIONIDES 371 Corps de douze segments, épais surtout à la région thoracique, très- bombé en dessus, presque plan en dessous et très-arqué. Prothorax plus étroit que tous les autres segments, sauf le dernier, et à peine plus long que chacun des deux autres segments thoraciques, deux fois environ plus large que la tête, largement et faiblement échancré an- térieurement, teinté de roussâtre en avant, marqué d'une fossette près de chaque côté, paraissant à une forte loupe très-finement réticulé. Mésothorax marqué antérieurement et jusqu'à la moitié de sa longueur d’un pli profond arqué en arrière, lequel, avec l'intersection du segment précédent, forme un bourrelet transversal elliptique. Métathorax semblable au précédent, mais avec le bourrelet antérieur beaucoup plus transversal. Abdomen de neuf segments, les sept premiers ayant un bourrelet anté- rieur très-transversal comme celui du métathorax, mais différant de ce segment. indépendamment d'une plus grande longueur, par un pli qui coupe en travers la moitié postérieure du segment ct ayant, de chaque côté, un autre pli oblique qui dessine un bourrelet latéro-dorsal. Huitième segment marqué simplement d’un pli transversal qui n’atteint pas les cô- tés. Neuvième segment lisse avec deux sillons longitudinalement obli- ques, échancré postérieurement pour recevoir le mamelon anal qui est peu développé, un peu extractile et paraissant alors formé de quatre lobes disposés en croix. En dessous, tous les segments sont beaucoup plus courts et peu ou point plissés. Le long des flancs abdominaux et jusqu'au huitième seg- ment de l'abdomen inclusivement, règne, indépendamment des bourrelets latéro-dorsaux dont j'ai parlé, un double rang de mamelons très-bien marqués. Stigmates placés au-dessus du rang supérieur de ces mamelons, longi- tudinalement elliptiques, à péritrème ferrugineux, au nombre de neu paires : la première, à peine plus grande et plus inférieure que les au- tres, sur la ligne qui sépare le prothorax du mésothorax et, à la rigueur, plutôt sur le bord postérieur du prothorax. les autres au tiers ou au quart antérieur des huit premiers segments abdominaux. Pattes nulles. La femelle du Balaninus perfore sans doute, au moyen de son long bec, le jeune hérisson de la Châtaigne et y introduit ensuite un œuf. La jeune larve pénètre ensuite sous la peau très-tendre encore du fruit et creuse dans sa substance une galerie superficielle irrégulière de plus en plus 372 LARVES DE COLÉOPTÈRES large et profonde, et qui demeure encombrée de ses déjections ; puis elle disparait dans l’intérieur pour y achever son développement qui est com- plet d'octobre à décembre. Elle revient alors vers la surface, perce l’épi- sperme et se laisse tomber à terre pour se transformer. Il est rare qu’elle aitalors à percer l'enveloppe épineuse du hérisson qui renferme le fruit, parce que quand celui-ci est mûr, cette enveloppe s'ouvre et la Châtaigne tombe. Cet obstacle cependant ne l'empêcherait pas de se rendre libre. ainsi que je l'ai expérimenté plus d'une fois. Il y a des larves de Curculionides, surtout parmi celles qui ne doivent pas quitter leur berceau pour se métamorphoser, qui, en dehors de leur domicile, sont presque incapables de se mouvoir. Ce n’est pas tout à fait le cas de celle qui nous occupe, et lon conçoit qu'il doit en être ainsi parce que, d’une part, si le lieu où elle tombe ne lui convient pas pour s'enterrer, il faut qu’elle puisse aller à la recherche d’un endroit plus pro- pice, et d'autre part, pour fouir le sol avec sa tête, 1l faut qu'elle puisse prendre les positions les plus favorables à son travail et déployer même une certaine activité. Aussi, lorsqu'on l’observe après sa sortie du fruit, on voit qu'elle s’allonge presque en ligne droite, se met sur le ventre et rampe avec assez de rapidité en se servant du mamelon anal, de sa tête, des saillies et des petits poils de ses segments. Parvenue à la profondeur ou dans la couche de terre qui lui convient, elle s'y façonne, par la com- pression qu'exerce son corps, une cellule qu'elle badigeonne d'un muci- lage émis sans doute par l'anus comme c’est le propre de ces larves. passe l'hiver engourdie, puis se transforme en nymphe. NYMPHE Blanche, fragile, molle, ayant ses diverses parties disposées comme à l'ordinaire et son long bec couché sur la poitrine, et présentant les parti- cularités suivantes : deux poils roux à la base du rostre, deux sur le front, deux sur le vertex et un sur chaque joue; sur le prothorax, naissant d'un petit tubercule conique, quatre poils sur chaque côté, quatre à une petite distance du bord postérieur et quatre au milieu en carré; sur le dos de chacun des segments de l'abdomen quatre poils semblables disposés par paires ; dernier segment terminé par deux papilles coniques subcor- nées portant un poil à la base ; en outre, un poil semblable sur chaque cuisse et un sur chaque genou. L’insecte parfait ne se montre guère qu'en juin ou juillet. CURCULIONIDES 373 Je vais maintenant donner, autant que je le pourrai, la nomenclature des espèces dont les larves sont connues et ont été plus ou moins décrites. Pour celles qui sont mentionnées dans le Catalogue de MM. Chapuis et Candèze, je me bornerai, afin d'abréger, à citer leurs noms en renvoyant à la page du Catalogue où l'on pourra retrouver les noms des auteurs et l'indication des ouvrages et recueils à consulter. Je ne donnerai des ren- seignements plus détaillés que pour les espèces qui n’ont pu trouver place dans ce Catalogue. Sitones hispidulus F., Briscue, Entom. Monatsblætter, 1876, p. 38. Polydrosus cblongus F. (probablement Phyllobius). — P. cervinus L., Catal, Chap. et Cand. p. 206. — P. micans Scu., Goureau, Insectes nuis. aux forêts, p. 49, se borne à dire que la larve vit sous terre. Otiorhynchus sulcatus, F. — O0. ater, Heresr, Catal. p. 210. — 0. sul- catus F., Boispuvas, Eutom. Hortic. p. 154. Perilelus leucogrammus , GErm., FraueNrezD, Soc. Zool. et Bot. de Vienne, 1861. Phyllobius oblongus L., Catal. p. 209. Nordlinger croit que sa larve forme des paquets de feuilles sur les rameaux du Populus Canadensis. Je suis persuadé qu'il est dans l'erreur, que la larve qu'il a observée appar- tient à un Rhynchites et que celle du Phyllobius est souterraine. — P. ar- gentatus L. —- P. pyri L. — P. calcaratus F., Goureau, Ins. nuis. aux forêts, p.49. Cet auteur se borne à dire que leurs larves vivent sousterre. Brachycerus albidentatus GxyL., Perris, Soc. Ent. 1874, p. 195. — B. undatus F., LagouzeÈne, Soc. Entom. 1875, p. 95. — B. Pradieri Farm, Soc. Ent. 1875, p. cLv et cLxur. 5 Meleus Fischeri Geru., Mærkez, Alig. d. Nat. Z. 1857, p. 180. — M. Megerlei Panz., Frauenrecp. Soc. Zool. et bot, de Vienne, 1854, p. 300, et Scamr, ibid. p. 102. Hypera oxalis, HeresT, sous le nom de Viennensis. — H. palumbaria, Germ., FrauenreLn, Soc. Entom. et Bot. de Vienne, 1863. — H. tessel- lata Herssr, Heecer, Sitzungs Bericht der Wien. Acad. VII, p. 138. — H.intermedia Bon., sous le nom de fuscescens, Gourrau, Soc. Ent. 1856, P. XWIU. Phytonomus rumicis L. — P. plantaginis de G. — P. murinus F. — P. arundinis F. — P. viciæ GyL., Catal. p. 209. — P. punctatus F. (ex Monogr. Cap. Soc. Ent. 1867, p. 428). — P. arundinis F., Bo, Stett. Ent. Zeit. 1850, p. 359. — P, pollux F., Bot, ibid. — P. variabilis 37A LARVES DE COLÉOPTÈRES Heresr, Aupoun. Ann. Sc. Natur, 2 série, t. XI, p. 107. — P. polygoni F.. Borspuvar, Entom. hortic. p. 141. — P. meles F., LaBourBÈNE, Soc. Ent. 1862, p.659. Coniatus chrysochlorus Luc. suavis. var. ex Cap., Catal. p. 225. — C. dætus Nizc., Frauenreup, Soc. Zool. et Bot. de Vienne, 1868, p.887. Anchonus eribricollis Coq. (exot.), Catal. p. 220. Cleonus sulcirostris L., Corer, Soc. Entom. 1876, p. czxvnr.. — C. marmoratus F., REGIMBART et LEPRIEUR, ibid. Rhinocyllus Latirostris Larr., Catal. p. 213. — R. antiodontalgicus Gers... Gergr. Storia Natur. di un nuovo Insetto, Florence, 1794. Larinus vulpes OL., sous le nom de maculosus. — L. maurus Ouiv., Catal. p. 212. — L. Carline Ouv., LaBouzsèxe, Soc. Ent. 1868, p.279; et FrAuENFELD, Soc. Zool. et Bot. de Vienne, 1863. — L. jaceæ F. — 1. turbinatus Gxz., FRAUENFED, ibid. Liœus paraplecticus L. — L. Iridis Ouiv. turbatus Gy. — L: junci Bou. — L. bardane F.— L jiliformis F.— L. octolineatus, Ourv:— L. algirus L. angustatus F., Catal. p. 211. — L. mucronatus LATR. venustu- lus Bou., Durour, Soc. Ent. 1854, p. 656. — L. pollinosus GER. — L. turbatus GxL., FrauenreL, Soc. Zool. et Bot. de Vienne, 1863. — L. pa- raplectieus L., GourEAu, Ins. nuis. à l'homme et aux anim. p. 44. Hylobius abietis L., Catal. p. 207, et Permis, Soc. Ent. 1856; p. 451. —H.-pales Herssr (exot.), Catal. p. 207. Pissodes notatus F. — P. piceæ GxL.— P. Harcynie GyL. — P.pinil., Catal. p. 214. — P. notatus, Perris, Soc. Ent. 1850, p. 493, et Goureat. Ins.'nuis. aux forêts, p. 56.— P. pini, GOUREAG, ibid. Erirhinus festucæ Heresr, Catal. p. 215: — E. iwniatus F., GouREAv: Soc. Ent. 1858, p. x. — E. maculatus Marsn.; H. Brisour, Soc. Ent. 1864, p. xix. — E. dorsalis Heresr, Baiscake, Entom. Monatsblëtter, 1876. M. Doumerc (Soc. Ent. 1856, p. Lxxxiv) a signalé,comme appar- tenant à l'E. vorax, que plus tard M. Chevrolat a dit être le filirostris, une larve qu'il avait trouvée dans les gousses du Cytisus laburnum. Malgré les précisions qui accompagnent cette communication, je suis porté à croire à une erreur de M. Doumerc, parce que, d'une part, je doute fort que les larves d’Erirhinus vivent dans des gousses de la nature de celle durCy- tise dontil s'agit, et, d'autre part, je-suis sûr que!la larve-dont il a parlé et qu'il dit être d’un blanc fauve avec les yeux noïrâtres et hexapode; w’appartient pas à un Curculionide. C'était. sans doute une chenillewde Microlépidoptère, CURCULIONIDES 375 Mecinus collaris GErx., Catal., p. 226. Brachonyx indigena Heresr, Catal. p. 215. Apion craccæ L. — À. radiolus Kirs. — À. scutellare Kirs., ulicicola Perr. — A. ulicis Forst. — À. fagi L. apricans Herest. — À. Sayi Scs. (États-Unis). — 4. flavipes F.— À. flavofemoratum, Hergsr, Catal. p.205. À. sorbi Henesr, Lerzxer, Arb. Schles. Gesells, 1851, p. 94. — A. basi- corne lux... Heecer, Sizber, Wien. Acad. Wiss. 1857, p. 317.— 4. apri- cans HeresT, Curnis, Ins. nuis. à l'Agric. et Goureau, Ins. nuis. aux arbres fruit. et aux plant. fourrag. p. 247. — À, violaceum, Kirs., La- BOULBÈNE, Soc. Ent. 1862, p. 565; Goureau, Ins. nuis. aux arbres fruit. 2° Supplément, p. 61, et Boispuvaz, Entom. hortic. p. 143. — À. fru- mentarium L. læmatodes Kivs., LaBouLBÈNE, loc. cit. p, 567. — À. craccæ L., Goureaw. loc. cit. 1° Supplément, p. 71. — À. caripes, FRAUENFELD. Soc. Zool. et Bot. de Vienne, 1864. — À, radiolus, Marsn. — À, Meliloti Kirs. — À. seniculus Kirs. — À. elongatum Germ. — À. vernale F. — À. penetrans GEerm. — À, simum GERM. — À. fagi L. — A. ononidis GxL. — À. assimile Kirs., FRAuENFELD, Soc. Zool. et Bot. de Vienne, 1866, — A.doti King. — À. Schmidti Mi. — À, carduorum Kirs. — À. minia- tum GEru. — À. onopordi Kire., FrauenreLp. loc. cit. 1868. — À. æneum F., Goureau, Ins. nuis. aux parterres, etc., p. 12, et Boispuva, Entom. hortic. p. 143. — À. violaceum Kirs., BoispuvaL, loc. cit. p. 143. — 4. curvirostre GyL., HezGer, Sitzber. Wien. Acad, Wiss, 1859. Apoderus coryli L., Catal. p. 202. Altelabus curculioneides L., Catal. p. 202. Rhynchites betulæ L.— R. cupreus L.— R. alliariæ, Payx. —R, Betu- letiF.—R. Bacchus L., Catal. p. 203.—R, conicus ILz.— R. BetuletiF., Goureau, Ins. nuis. aux arbres fruit, etc. p, 45, G£mix, Ins. qui attaquent le. Poirier, p. 53 et 57, et Borspuvaz, Entom, hortic, p. 1438 à 139. — R. Bacchus L. — R. pauxillus Germ., Gui, loc. cit. p. 49 et 64. — R. Bac- chus, BoispuvaL, loc. cit. p. 137. — R. Betulæ, Goureau, Ins. nuis, aux forêts, p. 47. — R. cupreus L., sous le nom d'’auratus, GourEau, Soc. Ent. 1860, p. v. Rhinomacer attelaboides F., Permis, Soc. Ent. 1856, p. 434. Magdalinus (Thamnophilus) violaceus L., Catal. p. 215. — M. Memno- nius Fazv., sous le nom de carbonarius, rectifié depuis, Perris, Soc. Ent. 1856, p. 253. Balaninus nucum L. — B. glandium Marsn, — B. Brassicæ F, salicivorus Gvie. — B.cerasorum Hergsr, Calal. p. 217. — B. villosus F., GouREaAu. 376 LARVES DE COLÉOPTÈRES Soc. Ent. 1856, p. civ, et Ins. nuis. aux forêts. p. 202. — B. glandium Marsa, GouREAU, ibid., p. 59. — B. nucum L., Goureau, Ins. nuis. aux arbres fruit. p. 14, et Borspuvaz, Entom. hortic. p.152, — B. elephas GyL., Just Bicor, Soc. Ent. 1874, p. cxxur. Anthonomus pomorum, L. — 4. pyri KELLER. — À. druparum L. — A. incurvus PANz. — À. pedicularius L. — À. ulmi, 0e G., Catal. p. 216. — À, pomorum, FrauenreLn, Soc. Zool. et Bot. de Vienne, 1861, Gou- REAU, ns. nuis. aux arbres fruit. p. 11, G£nin, Ins. qui attaquent les Poi- riers, p. 85 et Borspuvaz, Entom. hortic. p. 148.— 4. pyri.— À. drupu- rum, GourEau. loc. cit. {°° Suppl. p. 11 et 12, et Borspuvaz, loc. cit. p.150. Orchestes scutelluris F. — O. fagi L. — 0. alni L. — 0. ulmi (proba- blement rufus). — 0. quercus L., Catal. p. 219. — O. saliceti? Swam- MERDAM, Biblia naturæ, t. Il, p. 744, d’après la monogr. de H. Brisout. — 0. rufus Oriv., LABOULBÈNE, Soc. Entom. 1858, p. 286. — 0. ani, Frauexrez, Soc. Zool. et Bot. de Vienne, 1863. — 0. quercus.— 0. almi. FRAUENFELD, ibid. 1864. — O. alni. — O. fagi, GourEau, Ins. nuis. aux forêts, p. 61 et 66. — O0. pratensis Germ., Lerzxer, Verhand. d. Schles. Gesells. 1851, p. 93. et Heecer Sitzhber. Wien. Acad. Wiss. 1859, p. 212.— 0. populi F., Swawmerpan, Biblia naturæ p. 294, LeTzxeR, loc. cit. 1858, p. 98, et Hercer, Beitr. zur Naturg. der Ins. 1853, p. 21. Cionus scrophulariæ L. — C, verbasci F. — C. thapsus F. — C. olens F.— C. ungulatus, GErm. — C. fraxini DE G., Catal. p. 228. — €. fraxini, Suezcen, Tijdschr. Nederl. Ent. Ver. 1858, p. 196. Nanophies tamariscis GyL., Catal. p. 223. — N. hemisphæricus OLv., Durour, Soc. Ent. 1854, p. 651. Gymnetron (Cleopus), linariæ Paz. — G. villosulus GyL. — G. asellus, sous le nom de verbasci, Catal. p. 225. — G. Campanulæ L., De GEER, t. V, p.236, et LasouLeÈène. Soc. Ent. 1858, p. 900. — G. teter F., Hee- GER, Sitzber. Wien. Acad. Wiss. 1859. — G. noctis HERBST. — G. lina- riæ. — G. Campanule, FRAUENFELD, Soc. Zool. et Bot. de Vienne, 1863. — G. noctis. — G. netus GErM., FRAUENFELD, loc. cit. 1866. Cryptorhynchus lapathi L., Catal. p. 221, Goureau, Soc. Ent. 1867, p. zxxxiv, Boispuvaz, Soc. Ent. 1873, p. cxxxvr, et Erxé, Soc. Entom. de Suisse, 1873. Ramphus flavicornis Crairv., HeyoEeN, Berlin. Entom. Zeitschr. 1862. Mononychus pseudoacori F., Catal. 221, Cleogonus Fairmairei Coq. (exot.), Catal. p. 222. Conotrachelusnenuphar Herssr (exot.).—C.argulaF.(exot.),Catal.p.222. D _ CURCULIONIDES 377 Ceutorhynchus contractus MarsH. — C. assimilis Payx. — C. macula alba Hergsr. — C. sulcicollis Gv1.., Catal. p. 222. — C. raphani F., Cus.. sac, Soc. Ent. 1855, p. 241. — C. cynoglossi Murr., Mizcer, Soc. Zool. et Bot. de Vienne, 1866, p. 970. — C. contractus Marsu., drabæ Las, LasoursÈène, Soc. Ent. 1856, p. 145. — C. trimaculatus L., FRAUENFELD, Soc. Zool. de Vienne, 1868. — C. sulcicollis, GouREAu, Ins. nuis. aux arbrés fruit., ete. p. 148, Hermnoren, Soc. Zool. et Bot. de Vienne, 1855, p. 128, et Borspuvaz, Entom. hortic. p. 147. — C. assimilis, GouREau, loc. cit. 2 Suppl. p. 69 et BorspuvaL, Entom. hortic. p. 147. M. Laboul- bène avait déjà signalé (Soc. Ent. 1857, p. 792) une larve de Curculio- nide vivant dans les siliques du Colza et qu'il n'osait attribuer à un Ceu- torhynchus. M. Goureau afirme avoir obtenu des assimilis des siliques de la mème plante où il avait observé des larves. Son observation doit lever les doutes de M. Laboulbène et contredit Kirby, qui prétend que cette espèce produit, comme le contractus, des tubercules sur les racines de la Moutarde. — C. napi Germ., Goureau, loc, cit. 1° Suppl. p. 54, et Bois- puvaz, Entom. hortic. p. 146. — C. floralis Payx. — C. pulvinatus GxL., Hezcer, Sitzher. Wien. Acad. Wiss. 1859, — C. punctiger, Gxz., Ka- waLz, Stetl. Entom. Zeits. 1867. Poophagus nasturtii Germ., GourEau, Ins. nuis. aux arbres fruit, etc. 2° Suppl. p. 67. Phytobius notula Geru., Catal. 218. — P. velatus, BECxK., PerRis, Soc. Ent. 1873, p. 88. Baridius chloris F. — B. chlorisans GERM. — B. picinus GER. — B. cuprirostris F.— B.cærulescens Sruru.. Catal. p.220.—B. lepidii GERM., Heecer, Beit. zur Naturg. der Ins. 1854. — B. morio Bon., Bacu. Stett. Entom. Zeit. 1846, p. 243.— B. abrotani GER, punciatus GyL., FRAUEN- rELD, Soc. Zool. et Bot. de Vienne, 1866. —B. chlorisans, GourEAu, Ins. nuis. aux arbres fruit., etc. 2° Suppl. p.62, et Boispuvaz, Entom. hortic. p. 144. Calandra Sommeri Burns. (exot.), Catal. p. 298. Rhynchophorus palmarum L. (exot.), Catal. p. 228. Rhina nigra Drury (exot.), Catal, p. 228. Sphenophorus liratus Scu. — S. Sacchari GuispiG (exot.), Catal. p. 228. Sitophilus granarius L. — S. orixæ L., Catal. p. 227. — S. granarius, Goureau, Ins. nuis. aux arbres fruit., etc, p. 249. — S, orizæ, Goureau, Ins. nuis. à l'homme et à l'économie domest. p. 47. 378 LARVES DE COLÉOPTÈRES Dryophthorus lymexylon F., Perris, Soc, Ent. 1856, p. 245. Cossonus ferrugineus CLarrv., Fravexrecn, Soc. Zool. et Bot, de Vienne, 1864, p. 380. Mesites Aquitanus Farm. sous le nom de pallidipennis rectifié depuis, Perris, Soc, Ent. 1856, p. 251. Rhyncolus porcatus Mur. — R. strangulatus Perr., Permis, Soc. Ent. 1856, p. 247 et 249. — R, truncorum Geru., Heecer, Sitzber. Wien. Acad, Wiss. 1858. Les mœurs des Curculionides sont très-variées, mais cette épithète ne me semble pas pouvoir s'appliquer aux genres nombreux qui constituent presque toute la division des Brachyrhynques de Schænherr, ou la Cohorte des Adelognathes Cyclophthalmes de Lacordaire, c’est-à-dire aux genres qui, dans le catalogue de M. de Marseul, vont jusqu'aux Phyllobius inclu- sivement. J'ai, en effet, tout lieu de croire que les larves des espèces de ces divers genres vivent toutes sous terre des racines des plantes. Je puis l’affirmer du moins pour celles du Cneorhinus geminatus et du Strophoso- mus faber que j'ai trouvées en soulevant des gazons et que j'ai élevées, et pour. celle du Brachyderes Lusitanicus que j'ai déterrée au pied des Chênes. Si l'opinion que j'exprime n'était pas fondée, la science ne serait cer- tainement pas restée aussi arriérée dans la connaissance des premiers états des insectes de ce groupe, et il me paraît impossible que les recher- ches de tant d'entomologistes pleins de sagacité et d’ardeur ou des cir- constances fortuites n’eussent pas, jusqu'ici, fait découvrir bien des lar- ves de genres populeux comme Sitones, par exemple, Polydrosus, Otio- rhynchus, Peritelus, Omias, Phyllobius, qui n’ont pas seulement beaucoup d'espèces, mais dont bien des espèces sont très-communes. Les larves souterraines sont celles dont la découverte est le plus tar- dive, parce que les recherches dans les profondeurs du sol présentent de grandes difficultés, exigent des outils et un temps dont on ne dispose pas toujours et qu’on est sans direction. Si l’on sait qu'un insecte qu'on trouve dans une localité vit sur un végétal, on peut, en cherchant avec soin sur ou dans les plantes et les arbres de ce lieu, s'initier au secret de ses évolutions, On est encouragé dans ces recherches par les indications que l’on ’a reçues ou recueillies, par des notions tirées des règles de l'analogie, on est excité par l'espoir de trouver sur telle plante ce qu'on a 4 k CURCULIONIDES 379 vainement cherché sur telle autre. La variété même des investigations alimente l'ardeur, entretient le courage ; une feuille rongée ou minée, un trou dans une écorce, une excroissance sur une tige, de la sciure, des déjections, un air de maladie, tout sert de repère ou de jalon. Mais quand il faut bouleverser tout un terrain à l’aveugle, sans savoir même quelquefois à quelle profondeur on doit aller, la monotonie, la lenteur et le plus souvent l'insuccès d’un travail aussi fatigant rebutent et découra- gent. On n’a quelque chance d'arriver à un résultat quelconque qu’en suivant des ouvriers qui piochent la terre ou un laboureur qui retourne le sol avec sa charrue. Quand, par ce moyen, on est arrivé à trouver quel- que larve, on n’est pas au bout de ses peines, car il faut élever cette larve, lui donner une nourriture appropriée, sans savoir au juste quelles sont ses exigences, la conserver daus des conditions équivalentes aux conditions naturelles, ce qui est un tel embarras, d’une telle difficulté, qu'on échoue presque toujours. De plus, comme les larves souterraines de Curculioni- des se ressemblent toutes, on ne sait pas mème alors à quel genre on a affaire. Voilà pourquoi on a été si longtemps à découvrir les larves des Vespe- rus, pourquoi on n'a pas encore trouvé celles des Dorcadion, de tant de Carabides, d'Élatérides, de Ténébrionides, d'Alticides, etc., ou si on les a rencontrées. on ignore à quels insectes elles appartiennent. Voilà pourquoi aussi, dans la nomenclature qui précède, il n’y a presque au- cune larve appartenant à la division dont je m'occupe en ce moment. Cela dit, voyons quelles sont les mœurs des insectes parfaits. A ce point de vue, je serai l'interprète des observations d'autrui qui me sont connues et le simple narrateur de celles que j'ai faites moi-même. Je ris- que beaucoup d’être incomplet dans ma relation, mais je serai allé jus- qu’à la limite des ressources qui sont à ma disposition, et je fais des vœux pour qu'un autre contrôle rectifie-et étende mon œuvre. Cneorhinus SC. Se tiennent habituellement au milieu des herbes ou sur les arbrisseaux, En juin 1854, j'ai pris abondamment le C. dispar Graells, différent du ryriformis, sur le Genèt à balais dans les montagnes du Guadarrama, près de Navacerrada. J'ai plus d'une fois recueilli la larve et la nymphe du C. geminatus eh faisant retourner des gazons. Cette larve n'offre rien de 380 LARVES DE COLÉOPTÈRES particulier. Les insectes de ce genre se nourrissent de feuilles et de jeu- nes bourgeons. Liophlæus GER\. Ils vivent aussi dans les herbes, sur les sentiers et sur les arbrisseaux. Barynotus GERN. Insectes lucifuges et la plupart montagnards, qu’on trouve le jour dans les herbes, sous les pierres. On a cité les B. obscurus et mœrens comme nuisibles aux parterres. Strophosomus Bics. Habituellement sur les arbres, principalement les Chènes, ainsi que dans les tas de branches garnies de feuilles, sauf le limbatus, qui aime les bruyères, et le faber qui se plait sur les herbes basses, dans des lieux secs. J'ai trouvé plusieurs fois des larves de ce dernier en retournant des gazons. Seiaphilus SCH. Ils vivent dans les herbes, sur les arbrisseaux et parfois sur les arbres. J'ai pris en très-grande quantité le S. carinula à l'Escurial. en battant des Chênes tauzins. Chiloneus SC. J'ai recueilli un assez grand nombre de C. costulatus dans des sapiniè- res des Pyrénées, en tamisant des mousses. Barypeithes J. Duv. J'ai capturé plusieurs individus du B. sulcifrons, en juin 1854, en Es- pagne, sous les pierres, près du sommet de la montagne de Penalara, loin de toute végétation arborescente et dans un endroit très-rocailleux. CURCULIONIDES 381 Brachyderes SCu. Se tiennent volontiers sur les arbres et sur les arbrisseaux. J'ai pris en nombre le B. gracilis en Espagne en battant des Chènes tauzins. C'est sur ce mème arbre, ainsi que sur les jeunes Pins que se trouve très-com- inunément, dans les Landes, au mois de juin, le B. Lusitanicus dont j'ai trouvé la larve et la nymphe en fouillant à l'entour des Chènes. L'insecte parfait nourrit dans son corps, sans que rien en révèle la présence, la larve d'un joh diptère publié par L. Dufour sous le nom de Hyalomya dispar et que j'ai obtenu moi-même plus d'une fois en conservant des Brachyderes que je nourrissais avec des feuilles de Chêne. Le B. cribri- collis se trouve sur les Chènes-liéges, le B. alboguttatus sur les Chênes tauzins, le B. suturalis sur les Pins, ainsi que le B. marginellus et le lepi- dopterus. Caulostrophus Fans. Le C. Delarouxei . ” 7 >= L Ent Xe © vent » æ i à MEUNIER au Hottes LARVES DE COLEOPTERES PA Ed. Perris del Déchaud sc. © CO 1 © x > oo N — co a Planche 1! . Scaphisoma agaricinum, larve très-grossie. . Mâcboire, lèvre inférieure, palpe maxillaire et palpe labial. . Mandibule gauche, vue en dessus. . Antenne droite. . Ocelles du côté droit. . Dernier segment et pseudopode anal. Patte. . . Dernier segment de la nymphe. . Abrœus globosus, larve très-grossie. . Mâchoire, lèvre inférieure, palpe maxillaire et palpe labial. . Antenne droite. Dernier sezment. Rhisophagus nitidulus, tète de la larve en dessous, pour montrer la forme des mächoires et de leur lobe, de la lèvre inférieure, des palpes maxillaires et labiaux et des antennes. . Mandibule droite, vue de côté. Ocelles du côté droit. Dernier segment. . Pria dulcamaræ, larve très-grossie. Organes de la tête vue en dessous. Antenne droite, vue de côté. Ocelles du côté gauche. Patte. Extrémité de la patte plus grossie pour mieux montrer l'ampoule membraneuse placée sous l’ongle. Brachypterus vestitus. Antenne de la larve. . Ocelles du côté gauche. . Les deux derniers segments et le mamelon anal. . Patte. Cercus rufilabris. Extrémité d'une patte de la larve, vue en dessus et très- grossie, pour montrer l'ongle et l'ampoule bilobée placée au-dessous. Meligethes viridescens. Ocelles de la larve du côté droit. Tps quadripunctata. Tète vue en dessous pour montrer les mâchoires et leur lobe, la lèvre inférieure, les palpes maxillaires et labiaux, et les antennes. . Antenne vue de côté. . Les deux deraiers segments vus en dessus, l'avant-dernier montrant les deux stigmates tubuleux dont il est pourvu. 2. Un des deux crochets du dernier segment, vu de côté et sur sa face interne. Carpophilus hemiypterus. Ocelles de la larve du côté gauche. . Dernier segment vu en dessus. . Rhizophagus dispar. Dernier segment de la larve, vu en dessus. L 187 Ÿ on ne ù n L , | D PA 0e | s ! Te . 4 M oo. l LE à » 4e ve ot w ce, e NAT :# CT CL LUE PEUPLE EE daidel aa nié cten MéR RNA et ardt auddeb. à fr cri L E . : L ne ER Jet ns an CAL f acà FRLE) L AU Le sub or aidal lb da leon mi NL AE rh Fd ALT 1 RE PAM ri EPA 08 MU N D ME Au LM MU TE J EPTEUP ANCIEN RAS OC LLC LL LE af, 1180 ei ON : arrété anbt le AM 1e if db Qi A ue Fr. NUE CR OT EN 2 | : =. était ès Mie EU d a NI ire Mi PAT R LL pt ÉEre DM E PNUURNIE AIRIS (T, Len EL Mjlx 2100 ‘re : LT Al bi D hi fran F4 CRTC pt SUN CAUIRRCRl L. 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Læmophlæus testaczus Tète de la larve vue en dessous, montrant la plaque hypocéphalique quadrisillonnée, les mâchoires et leur lobe, la lèvre infé- rieure, les palpes maxillaires et labiaux, et les antennes. Les deux derniers segments de l'abdomen, vus de profil. Les mèmes segments, vus en dessous, ayec le petit mamelon anal. Lathropus sepicola. Larve très-grossie. Mächoire et palpe maxillaire, menton et lèvre inférieure, et palpe labial. Mandibule gauche, vue en dessus. Antenne, vue de côté. Ocelle. Dernier segment, vu de profil. Patte. Derniers segments de la nymphe. Telmutophilus brevicollis. Larve. Mächoire et son lobe, menton et lèvre inférieure, palpe maxillaire et palpe labial. Antenne, vue de côté. Ocelle. Patte. Langelandia anophthalma. Mandibule droite de la larve, vue de côté. Antenne, vue de côté. Patte. Corticaria gibbosa. Mächoires et leur lobe , lèvre inférieure , palpes maxil- laires et palpes labiaux. Mandibule gauche. Ocelles du côté droit. Litargus bifasciatus. Larve très-grossie. Mächoire et son lobe, menton et lèvre inférieure, palpe maxillaire et palpe labial, Antenne gauche. Ocelles du côté gauche. Dernier segment, vu de profil. Patte. Derniers segments de la nymphe. : à L CR d E A 1 CA] = ‘l nn Ca L: {l a jt : 7 LE - : S'y ant + Tan L : De) PP NUE DFE LE ANUS TE SESNOT DETTES IYMAË,. OS -ast 2 0m EN diren Aus Dh. 634 Dasnéstunten il on 19 MES s Lt 7 M mA A : Æ : : L'EURT Sorol Ms at: Et CCE RE ve - nb 7 art romane} CNET = . À. < : à ; simpa ovvi < vomiteti ee ins, Pier Li GENS Termes etué pes 2e NAME LINE . PE acéad ES sv HévieS L - | A 2h not HOT = L +100 \ Probe EU AT: Male MR Sun s1 "0 "+: LIBRARY eu OF ILLINUIS th ne 0 ve e- » ‘ 2 d We ER { PARVIESMDIECOIBEOPMERES PL-1V Planche IV 19%. Dernier segment et mamelon anal, vus en dessus, de la larve d'Oryctes grypus. 106. Pachypus candidæ. Labre de la larve. 107. Tète vue de profil pour montrer l'intumescence de l'épistome. 108: Mandibule gauche, vue en dessus. 109. Mandibule droite, vue de côté. 110. Antenne droite. 111. Dernier segment, vu par derrière. 112. Melolontha vulyaris. Mandibule gauche de la larve, vue en dessus. 113. Mandibule droite, vue de côté. 114. Mâchoire et son lobe, et palpe maxillaire, 115. Antenne droite. 116. Dernier segment, vu en dessous. 117. Polyphylla fullo. Dernier segment, vu en dessous. 118. Anozia villosa, Dernier segment, vu en dessous. 119. Rhisotrogus rufescens. Labre de la larve. 120. Mandibule gauche, vue en dessus. 121. Antenne droite. 123. Anus vu en dessus. 123. Derniers segments, vus en dessous. 124. Patte. 125. Maladera holosoricea. Dernier segment de la larve, vu en dessus. 126. Trochanter et tibia. 127. Triodonta aquila. Mandibule droite de la larve, vue de côté. 128. Mächoire et son lobe, et palpe maxillaire. 129. Antenne droite. 130. Dernier segment et anus, vus par derrière, 131. Dernier segment, vu en dessous. 132. Dernier segment de la nymphe. 133. Anomala vitis, Mandibule droile de la larve, vue de côté. 194. Dernier segment, vu en dessous. 135, Hoplia cœrulea, Mandibule gauche de la larve, vue en dessus. L gi PPTOTLL : l 4 Fan Fe sas AR x tot 25 DEEE | UyLoe +a0d Hd AHSA ar Mess à : I oi RS tt sn à SA : "Anais mt éteint FT EE CELLES ste np" ARRET SRE 4 D. 86e ar ÉRn clés mt Di a 4 — 2,360 samir 7 “ PT SA Jen D De ASE sietié + i serai ef ste rs près] rang ee se Fe MR = me É ET “> er es | aismb HE 5 Sixt 4 Le eat PROS à HA | EOTT STE TIC eg RS SOA MERE ir dE Rai LOUE site pes Rs | PET rites nt a »4 \ AE î rt 9h AN EEE a sis a Fra ait le Adotet na ne dusiiqut 1 as no AûY ES CR Ed. Perris del. Déchaud se. Planche V 136. Dernier segment, xu en dessus, de la larve de Æoplia eœruleu. 137. Cetonia floricola. Labre de la larve. 138. Mandibule droite, vue en dessus. 139. La même mandibule, vue de côté. 140. Mâchoire et son lobe, et palpe maxillaire. 141. Menton, lèvre inférieure et palpes labiaux. 142. Antenne droite. 143. Un des premiers segments de l'abdomen, vu en dessus. 144. Dernier segment, vu en dessous. 145. Patte. 146. Osmoderma eremita. Mandibule droite de la larve, vue de côté. 147. Dernier segment, vu en dessous. 148. Patte. 149. Gnorimus variabilis. Mandibule droite de la larve, vue de côté. 150. Trichius abdominalis. Labre de la larve. 151. Mandibule droite, vue de côté. 152. Base d'une antenne et ocelle. 153. Segment anal, vu par derrière. 154. Tibia et ongle. 158. Valqus hemipterus. Mandibule droite de la larve, vue de côté. 156. Segment anal, vu par derrière. 157. Lucanus cervus. Mandibule gauche de la larve, vue en dessus. 158. Mächoire et son lobe profondément bifide, et palpe maxillaire. 159. Menton, lèvre inférieure et palpes labiaux. 160. Antenne droite. 151. Un des premiers segments de l'abdomen, vu en dessus. 162. Segment anal, vu par derrière. 163. Patte de la 3° paire, ayant sur le trochanter la crète cornée et finement crénelée, que M. Schiüdte considère comme un organe de stridulation. 164. Dorcus parallelepipedus. Segment anal de la larve, vu par derrière, 165. Ceruchus tarandus. Antenne droite de la larve. 186. Segment anal, vu par derrière. 187. Sinodendron cylindricum. Antenne droite de la larve. 168. Segment anal, vu par derrière. 169. Æsalus scarabæoides. Segment anal de la larve, vu par derrière. Fpésadie ETES Loft | PET Fm AS PRET cest 41 SN ET EEE en BE A LE ; Nha Mr Hire 4 Abirti ms entr, bd mé 51 EF LP Li tal ER = = hoih 16e EL Eva. cb Le FPE MAP L" » 2.44 Aer UN tes vA ser ral 2 GENS data -Hlicte à hr? RE) are, un RRT de DE ini MECE A ler PSE ï FU ah tas! ufesabhat 2 LÀ AR x UNE : aies à EPS 114 + Hi ip A d . i biäy. sh sil sk a ait Hs id DÉS rs Lab où EE 08 GE , NLSSSD 25 -SaT Et 5} ss ss odnieulà sept ss RerSR: 2 hu irmhinen a Sn T ET cdd oh sat 25 NT RO RES = 3 CAT depét 1:01 add] acheté PNETEE 5 Sales 72 feR : Nr: jose #5 16100 CARE RIT EIRE PL sa x. st = 4 Ssifdubisss 2 négié Serge avis Etes Las Hu DIR ES 442 box es Arr de VI PIC EARVES DE COLEOPIERES Dechautl sc. Ed.Perris del. 170. 171. 172. 173. 174. 175. 176. 177. 178. 179. 180. 181. 182. 183. 184. 185. 186. 187. 188. 189. 190. 191. 192. 193, 194. 195. 196. 197. 198. 199. 200, 201. Planche VI Chrysobothris affinis. Tête de la larve, vue en dessus, pour montrer la forme du bord antérieur, de l'épistome, du labre, des mandibules et des antennes. Tète vue en dessous, pour montrer une mâchoire et son lobe, et un palpe maxillaire, le menton, la lèvre inférieure et un des deux tubercules basilaires simulant des palpes labiaux. La lèvre inférieure beaucoup plus grossie, pour mieux montrer le renflement bilobé du disque et les deux organes basilaires représentant des palpes la- biaux. Mandibule droite, vue de côté. Agrilus angustulus. Larve grossie. Mesure de sa grandeur naturelle. Mächoire et palpe maxillaire, et lèvre inférieure. Antenne droite. Segment anal, vu en dessus. Le mème, vu de côté. Coræbus bifasciatus. Prothorax de la larve, vu en dessus. Coræbus œneicollis. Segment anal de la larve, vu de côté. Aphanisticus emarginatus. Larve très-grossie. Mesure de sa grandeur naturelle. Tète vue en dessus. Mandibule gauche, vue un peu de trois quarts. Antenne gauche. Filets cornés de la tête, servant d'attache à des muscles. Fragment de tige de jonc portant les coques des œufs pondus et sillonné par des galeries de larves. Megapenthes tibialis. Larve grossie. Mesure de sa grandeur naturelle. Moitié gauche du bord antérieur de la tête, pour en montrer les dentelures. Tête vue en dessous, avec tous ses organes moins les mandibules. Mächoire avec son lobe et palpe maxillaire. Lèvre inférieure et palpes labiaux. Antenne gauche, vue un peu de côté. Un des segments de l'abdomen, vu en dessus, Le mème, vu en dessous, Dernier segment, vu en dessus, Le mème, vu de côté, Derniers segments de la nymphe, Megapenthes lugens. Un des segments de l'abdomen de la larve, vu dessus. 262. Dermer segment, vu eu dessus. 203. Adeloczra faseiita. Derniers segments de l1 nymohe. 804. Cardiophorus rufipes. Larve grosse. 203. M:sure de sa grandeur naturelle lorsqu'el'e est allongée. 946. Muitié de la tite, vue en dessus. 9207. Moïitié de la tête, vue en dessous. 203. Mandibuïe. 209. Coryimbites latus. Larve grossie (PL. VI). 210. Mesure de sa grandeur naturelle (PI. VI). 211. Moitié gauche du bord antérieur de ta Lète de la larve, pour moatrer ses sinao- sités {PI. VID, 9212, Dernier segment vu en dessous, avee le mamelon anai (PL. Vi). 943, Ataous manlidulaiis &", titanus 9, Moitié gauche du bord antérieur de Ja tète de la larve, pour montrer ses sinuosités (PI, VIN. CHE ReL s'es ustidatis. Dersier segment de la larve, vu en dessus. LARVES DE COLEOPTERES Ed. Perris del. i£ 19 22 Vo 19 1 19 19 Ÿ 1 Planehe VII ÿ. Drasterius bimaculatus. Moitié gauche du bord antérieur de la tête de la larve, pour montrer ses sinuosités. . Dernier segment, vu cn dessus. . Eros rubens. Larve grossie. . Mesure de sa grosseur naturelle. . Antenne droite. Axinotarsus pulicarius. Larve grossie. . Mesure de sa grandeur naturelle. Tèle vie en dessous, avec ous ses organes. . Maudibule gauche, vue en dessus. . Antenne vue de côté, pour montrer l'article supplémentaire. . Ocelles du côté gauche. i. Dernier segment vu en dessus (au bas de la pl. VI). Dernier segment de la nymphe. . Dasytes plumbeus. Larve grossi:. . Mesure de sa grandeur naturelle. . Mandibule gauche. Ocelles du côté gauche. Dernier segment, vu en dessus. Extrémité postérieure de la nymphe. . Psilothrix nobilis. Dernier segment de l1 nymphe. Tillus elongatus. Tête de la larve, vue en dessous. . Épistome et labre. Mandibule gauche, vue en dessus. . Antenne droite. . Les trois segments du thorax et le {°° segment de l'abdomen, vus en dessus . Dernier segment de la nymphe. . Opilus pallidus. Dernier segment de la larve, vu en dessus. 2. C'orunetes ruficornis. Dernier segment de la larve, vu de profil, . Corynetes ruficollis. Ocelles de la larve, du côté gauche, . Ua des crochets du dernier segment, vu de profil. Apate varia. Menton, lèvre inférieure et sa languette, et palpes labiaux de la larve. . Les deux premiers segments du (horax, vus de profil, pour montrer la forme et la place de la première paire de stigmates. . Lyctux vcanaliculatus. Mächoire et palpe maxillaire de la larve, menton, lèvre inférieure et palpe labial. . Mandibule gauche, vue en dessus. Maudibule droite, vue de côté. . Antenne droite. . Cis coluber. Antenne droite de la larve, vue un peu de côté. . Ocelles du côté gauche. . Dernier segment, vu de profil. . Anobium denticolle. Antenne droite de la larve. . Deux des premiers segments de l’abdomen, vus en dessus. . Dernier segment, vu de face en dessous. . Gastrallus lœævigatus. Mandibule droite de la larve, vue de eût‘. . La mème mandibule, vue en dessus. . Patte. LARVES DE COLEOPTERES PL VII 260. 261. 262. 263. 264. 265. 266. 267. 268. 269. 270. 271. 272. 273. 274. 275. 276. 277. 278. 279. 280. 281. 282. 283. 284. 285. 286. 287. 288. 289. 290. 291. 292. 293. 294. 295. 296. 297. Planche VEIL Piilinus pectinicornis. Machoire et palpe maxillaire de la larve, menton lèvre inférieure et palpe labial. Mandibule gauche, vue de côté. Deux des premiers segments de l'abdomen, vus eu dessus. Dernier segment, vu de face en dessous. Xyletinus oblongulus. Mandibule gauche de la larve, vue de côté. Stagetus pellitus. Mandibule droite de la larve, vue de côté. Mandibule gauche, vue en dessus. Dernier segment. Aspidiphorus orbiculatus. Larve très-grossie. Mesure de sa grandeur naturelle. Mächoires et palpes maxillaires, menton, lèvre inférieure et palpes labiaux. Antenne droite, vue en dessus. Ocelles du côté droit. Patte. Métathorax et premier segment de l'abdomen, vus en dessus. Dernier segment de la nymphe. Sphindus dubius. Dernier segment de la nymphe. Phaleria cadarerina. Ocelles de la larve, du côté droit. Phaleria hemispluerica. Dernier segment de la larve, vu en dessus. Bolitophagqus reticulatus. Larve grossie, vue de profil. Mesure de sa grandeur naturelle. Moitié de la tête vue en dessous, avec ses divers organes moins la mandibule, Mandibule gauche, vue de côté. Moitié du bord antérieur de la tête, de l'épistome et du labre. Antenne droite, vue en dessus. Patte. Dernier segment, vu en dessous. Moitié droite d'un des segments abdominaux de la nymphe. Bolitophagus armatus. Dernier segment de la larve, vu en dessus. Moitié droite d'un des segments abdominaux de la nymphe. Platydema violacea. Larve grossie. Mesure de sa grandeur naturelle. Mandibule gauche, vue en dessus. Mandibule droite, vue de côté, Antenne droite, Ocelles du côté droit. Dernier segment, vu de proûl. Oplocephala hæmorrhoïidalis, Moltié gauche de la tête de la larve, vue ea dessous, avec tous ses organes. . Bord antérieur de la tête, en dessus. . Mandibule gauche, vue de côté. . Pentaphyllus testaceus. Mandibule de la larve, vue de côté, . Antenne droite. . Ocelles du côté droit. . Dernier segment, vu de profil. . Lyplia ficicola. Larve grossie. ÿ. Mesure de sa grandeur naturelle. . Antenne druite. . Ocelles du côté droit. . Dernier segment, vu de profil. . Patte, ss UBrany | LE LP VERSIIN OF ILLINOIS LREANA LARVES DE COLEOPTERES HARÉSEE — 353 Ed, Perris del Planche EX 30. Hebps ceruleus. Moitié droite des deux derniers segments de la nymphe. 311. Mycetochares barbata. Larve grossie. 312. Mesure de sa grandeur naturelle. 313. Mandibule gauche, vue en dessus. 314. La mème mantibule, vue de côté. 315. Antenne droite. 316. Dernier segment, vu de profil. . Moitié gauche d'un des segments abdominaux d> la nymphe. 318. Allecula morio. Moitié gauche d'un des segments abdominaux de la nymphe. 319. Lissodema denticolle, Larve très-grossie. 320. Mesure de sa grandeur naturelle. 21. Mächoires et palpes maxillaires, menton, lèvre inférieure et palpes labiaux. 322. Mandibule gauche, vue en dessus. ?. Antenne vue un peu de côté. #. Ocelles du côté gauche. j . Coupe verticale d'un segment de l'abdomen, pour montrer sa forme et la dis- position des poils. 326. Dernier segment très-grossi, vu en dessus. 327. Nymphe. 328. Rhinosinus planirostris. Dernier segment de ia larve, vu en dessus. 329. Phloïotrya Vaudoueri. Larse grossie. 330. Mesure de sa grandeur naturelle. 231. Mandibule gauche, vue en dessus. 332. La même mandibule, vue de côté. 333. MAchoires et palpes maxillaires, menton, lèvre inféricure et palpes labiaux. 334. Antenne droite, vue de côté. 5. Ocelles du côté droit. #36. Patte. 337. Dernier segment de la nymphe, vu de profil. 338. Anisozya fusculr. Mächoires et palpes maxillaires de la larve, menton, lèvre inférieure et palpes labiaux. 230. Ocelles du côté droit. 340. Marolia variegata. Ocelles de la larve, du côté droit. 341. Zilora ferruginea. Dernier segment de la larve, vu en dessus. 342. Tomozia bucephala. Larve grossie, vue de profil. 343. Mesure de sa grandeur naturelle. 544. Tête inclinée, vue de face. 345. Mandibule droite, vue en dessus. 347. Mächoires et palpes maxillaires, menton, lèvre inférieure et palpes labiaux. 348. Antenne droite. 349. Un des segments de l'abdomen, vu en dessus pour montrer ses plis. 380. Dernier segment, vu en dessus. 381. Patte. 352. Mordellistena inicans, Larve grossie, vue de profil. 353. Mesure de sa grandeur naturelle. 354. Ocelles du côté droit. 355. Patte. 356. Dernier segment, vu en dessous. 357. Mordellistena inœæqualis. Dernier segment de la larve, vu en dessus 358. Mordellistona pumila. Larve très-grossie. 359. Mesure de sa grandeur naturelle. 360. Dernier segment, vu en dessus. LARVES DE COLEOPTÈRES PL X Ed. Perris du Déchaud. = Planche X Dernier segment de la larve de Mordellistena pumila, vu de profil. . Anaspis flava. Larve très-grossie. . Mesure de sa grandeur naturelle. . Mandibule gauche, vue en dessus. . La même mandibule, vue de côté. . Tête vue en dessous, pour montrer la position et la forme des mâchoires, de la lèvre inférieure et des palpes. . Antenne. . Dernier segment, vu de proûl. . Le mème segment, vu en dessus. . Patte. . Scraptia minuta. Larve très-grossie. . Mesure de sa grandeur naturelle. . Mächoire et palpe maxillaire, menton, levre inférieure et palpe labial. . Mandibule droite, vue en dessous. . Antenne. . Les trois derniers segments de l'abdomen, vus de prof. . L'extrémité du corps, vu de profil, après la chute du dernier segment. . La même partie, vue en dessus. . Dernier segment de la nymphe. . Ædemera flavipes. Larve grossie. . Mesure de sa grandeur naturelle. . Mandibule gauche, vue en dessus. . La mème mandibule, vue de côté. . Mächoire et palpe maxillaire, meaton, lèvre inférieure et palpe labial. 5. Antenne droite, vue de côté. (Près de sa base, on voit les deux ocelles). . Patte. . Stenostona rostrata. Mandibule gauche de la larve, vue en dessus. . Les deux derniers articles d'une antenne, avec l’article supplémentaire, le tout vu de côté. . Enedreyles oxyacanthæ. Larve très-grossie. . Mesure de sa grandeur naturelle. . Mandibule gauche, vue en dessus. + Mandibule droite, vue de côté. - Base de la mandibule gauche, vue de côté, pour montrer la place de l'antenne très-courte de deux articles, ainsi que de l'ocelle. - Mächoire et palpe maxillaire, menton, lèvre inférieure et palpe labial. . Nymphe. - Moitié gauche du prothorax {rès-grossi de la nymphe, vu en dessus, pour mettre ea relief l'un des deux marmnslons du sommet, les spinules et les poils laté- raux. 297. Choragus Sheppardi. Un des pseudipodes de la larve. 398. Tropideres «lhirost-is. Mandibule gauche de la larve, vue en dessus. 299. Mandibule droite, vue de côté. 409. Tropideres sepicola, Mandibule gauche de la lure, vue en dessus. 401. Mandibule dioite, vue de côté. 402. Tropideres nive:rostris. Mandibule gauche de la laive. 303. Mandibule droite. vue de côté. 404. Antiribus clobrus. Mandibule droite de la larve, vue de côté. 403. Dernier segment, vu par derrière. 406. Le méme seginent, vu en dessous. sin ( m{ 1 UE ÿ | ÿ ) L œs ne w. L . ed LA : ' 2 : w Ÿ | ; lei ,* è e ! AP L il 1 ; F1 . 1 ..* e NO PT À ji S ». = e ACTE à Le "1 r LI OS * eo UT A \ u : L a F MTS (° +° NOT. 1 4 ; : b Li | | ; | x ÿ d “ ; RS de à au = + . | à CAE LEE p" de LR n » out à ts épre à ne « : Ne a. PRE | | re: 2 É: 0 Pr 00009800... À aaceokoepees. À Ed. Fernis del Dechaut sc Planehe XI Ægosoma scabricorne. Moitié droite de la tête, pour montrer sa forme, les sinuosités du bord antérieur, la forme de l’épistome, du labre et des antennes. Mandibule gauche, vue de côté. . Aréole rayonnée existant de chaque côté des six premiers segments abdominaux. un peu au-dessous des stigmates. . Un des segments abdominaux, vu en dessus pour montrer l'ampoule ambula- toire et les plis. Tragosoma depsarium. Larve, grandeur naturelie. Moilié droite de la tête, pour montrer les sinuosités du bord antérieur, ainsi que la forme de l'épistome, du labre et des antennes. Mandibule droite, v ue de côté. . Mächoire et palpe maxillaire, menton, lèvre inférieure et palpe labial. . Ocelles du côté gauche. . Nymphe, grandeur naturelle. Cerambyx Mirbecki. Mandibule gauche de la larve, vue de côté. Un segment de l'abdomen vu en dessus, avec son ampoule ambulatoire. Le mème segment vu en dessous, avec son ampoule. . Un segment abdominal de la nymphe, vu en dessus. . Purpuricenus Kæhleri. Tête et prothorax de la larve, vus en dessus. 2. Mandibule gauche, vue de côté. . Un segment de l'abdomen vu en dessus, avec son ampoule ambulatoi.e. . Le mème segment vu en dessous, avec son ampoule. . Patte. Les derniers segments de la nymphe. . Aromia moschata. Tête et prothorax de la larve, vus en dessus. . Un des segments de l'abdomen vu en dessus, avec son ampoule ambulateire. Asemum striatum. Mandibule droite de la larve, vue de côté. . Phymatodes melancholicus. Bord antérieur de la tête de la larve, avec l'épistome et le labre. Mandibule gauche, vue en dessus. . La mème mandibule, vue de côté. Antenne droite, vue de côté en dedans. Un des segments de l'abdomen vu en dessus, avec sun ampoule ambulatoire. . Le mème segment vu en dessous, avec son ampoule. Un segment abdominal de la nymphe, vu en dessus. . Phymatodes variabilis. Tète et prothorax de la larve, vus en dessus. . Un segment abdominal de la nymphe, vu en dessus. . Rhopalopus femoratus. Moitié gauche du bord antérieur de la tête de la larve ainsi que de l'épistome et du labre. . Mâchoire et palpe maxillaire, menton, lèvre et palpe labial. . Un des segments de l'abdomen vu en dessus, avec son ampoule ambulatoire. . Le mème segment vu en dessous, avec son ampoule. . Callidiumqunifasciatum. Thte et prothorax de la larve, vus en dessus. . Mandibule droite, vue de côté. ——————— ——————— rÉe 4 Û PET 4 “> HF nant QT L\EE EL 1x aisanirs mi st 6 dr M tes AE tn aliosb Stilo Ah states 26 1 vu uù LUC LE pre arr his à nains PPS CE mai du Lis et Am ment ie SAS A [al Lan CA 1 mt HAS LUE xl Do RATES Ur pas: AT et D°OUSS ecran D. 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Le mème segment vu en dessous, avec son ampoule. 447. Patte. 448. Un segment abdominal de la nymphe, vu en dessus. 449. Callidium alni. Un des segments de l'abdomen de la larve, vuen dessus, avec son ampoule ambulatoire. 430. Stromatium unicolor. Tête et prothorax de la larve, vus en dessus. 451. Un des segments de l'abdomen, vu en dessus, avec son ampoule ambulatoire. 452. Le mème segment, vu en dessous, avec son ampoule. 453. Un segment abdominal de là nymphe, vu en dessus. 354. Plagionotus detritus. Tête et prothorax de la larve, vus en dessus. 455. Mandibule gauche, vue de côté. 456. Antenne droite, vue un peu de côté en dehors. 457. Un des segments de l'abdomen vu en dessus, avec son ampoule ambulatoir:. 458. Le mème segment vu en dessous, avec son ampoule. 459. Patte. 460. Derniers segments de la nymphe. 461. Clytus verbasei. Un des segments de l'abdomen de la larve, vu en dessus, avec son ampoule ambulatoire. 462. Le mème segment vu en dessous, avec son ampoule. 463. Clytus quadripunctatus. Un des segments de l'abdomen de la larve, vu en dessus, avec son ampoule ambulatoire. 464. Le mème segment vu en dessous, avec son ampoule. 464 bis. Deilus fugax. Un des segments de l'abdomen de la larve, vu en des:us, avec son ampoule ambulatoire. 464 ter. Le mème segment vu en dessous, avee son ampoule. 405. Icosium tomentosuin. Tète et prothorax de la larve, vus en dessus. 466. Un des segments de l'abdomen vu en dessus, avec son ampoule ambulatoire, 467. Le mème segment vu en dessous, avec son ampoule. 368, Gracilia pygnuea. Tète et protborex de la larve, vus en dessus, 469. Mandibule gauche, vue de côté. 470. Point ocelliforme. 471. Un des segments de l'abdomen vu en dessus, avec son ampoule ambulatoire, 472. Patte, 473. Stenopterus rufus, Téte et prothorax de la larve, vus eu dessus, 474, Mandibule gauche, vue de côté, 475, Un des segments de l'abdomen, vu en dessus, avec son ampoule ambulatoire bilobée. 476. 477. 478. 479. 480. 481. 182. 483. 484. 485. 486. 487. 488. 489. 490. Molorchus umbellatarum. L. Un des segments de l'abdomen de la larve, vu en dessus, avec son ampoule ambulatoire. Lamia tristis. Un des segments de l'abdomen de la larve, vu en dessus, avec son ampoule ambulatoire. Le mème segment vu en dessous, avec son ampoule. Astynomus atomarius. Tête et prothorax de la larve, vus en dessus. Un des segments de l'abdomen vu en dessus, avec son ampoule ambulatoire. Le mème segment vu en dessous, avec son ampoule. Segment abdominal de la nymphe, vu en dessous. Astynomus ædilis. Un des segments de l'abdomen de la larve, vu en dessus, avec son ampoule ambulatoire. L-iopus nebulosus. Larve grossie. Bord antérieur de la tête, avec l'épistome et le labre. Mandibule gauche, vue en dessus. La même mandibule, vue de côté. Un des segments de l'abdomen vu en dessus, avec son ampoule ambulatoire, Segment abdominal de la nymphe, vu en dessus. Dernier segment de la nymphe, vu en dessus, } L & e L 7.0 t , « e É 1 ne ve , moe. 0 4 < UE CE Pt : ‘6 mr .l e : Mi LATE RS SRE ) s ., . 3 @ + | ae Pie Le 2 PP ee _ > + } nd {| 4 / La cn Lu ; > : Tin aimes 1 st Li tn aT'e. t ani : : F me ne : The ARR FUN SE k ; | tL ec ù han L Ci nu t.! " \ «Sfr = #4 + tee Lui var e RS Pr nl, ee re 'e ' PAT ds. ribé d NERRe-e, Pepe Thur CRT TS en nrrAcs C: ce “ ÿ Dr 25 Ho) ST 6 t db ( 1e ) La 1 1 AALER . Pa. A + vor ; ru . a ñ # LARVES DE COLEOPTERES Maur : L2200 0980, à | 6990000 02920 493 Les) 2290005690 # RAP, bavo 0009 © 0200700 515 Dechoud sc. Planche XKEI . Acanthoderes varius. Tête et prothorax de la larve, vus en dessus. . Ua des segments de l'abdomen vu en dessus, avee son ampoule ambulatoire. . Le mème segment vu en dessous, avec son ampoule. . Derniers segments de la nymphe, vus en dessus. . Exocentrus adspersus. Tète et prothorax de la larve, vus en dessus. . Antenne droite, vue de côté en dedans. . Un des segments de l'abdomen vu en dessus, avec son ampoule ambulatoire. . Segment abdominal de la nymphe, vu en dessus. . Dernier segment de la nymphe, vu en dessus. . Pogonocherus dentatus. Dernier segment et mamelon anal de la larve, vu en dessus pour montrer la petite plaque cornée de ce dernier segment. . Mesosa nubila. Tète et prothorax de la larve, vus en dessus. . Mächoire et palpe maxillaire, menton, lèvre inférieure et palpe labial. . Un des segments de l'abdomen vu en dessus, avec son ampoule ambulatoire. . Le même segment vu en dessous, avec son ampoule. 5. Niphona picticornis. Derniers segments de la nymphe. . Albana M griseum. Tête et prothorax de la larve, vus en dessus. . Un des segments de l'abdomen, vu en dessus, avec son ampoule ambulatoire. . Anæsthetis testacea. Tète et prothorax de la larve, vus en dessus. . Mandibulé gauche, vue de côté, . Point ocelliforme. . Antenne droite, vue de côté en dedans. . Un des segments de l'abdomen vu en dessus, avec son ampoule ambulatoire. . Les deux derniers segments de la nymphe, vu en dessus. . Polyopsia prœusta. Moitié gauche de la tête et du prothorax de la larve, vus en dessus. . Moitié gauche de la tête, vue en dessous, . Un des segments de l'abdomen vu en dessus, avec son ampoule ambulatoire, . Le mème segment, vu en dessous. . Agapanthia asphodeli. Larve vue de profil. . Mandibule droite, vue de côté. . La mème mandibule, vue de dessus. - Granules de l'ampoule ambulatoire d’un des segments de l'abdomen, vu en dessus. Le mème segment vu en dessous, avec son ampoule non granulée. . Oberea oculata. Tête et prothorax de la larve, vus en dessus. . Mandibule droite, vue en dessus. . La même mandibule, vue de côté. - Un des segments de l'abdomen, vu en dessus, avec son ampoule ambulatoire. 527. 528. 529. 530. 531. 532. 533. 534. 535. 536. 537. Phytæcia lineola. Mandibule droite de la larve, vue en dessus. La mème mandibule, vue de côté. Un des segments de l'abdomen vu en dessus, avec son ampoule ambulatoire. Le mème segment vu en dessous, avec son ampoule. Vesperus luridus. Larve un peu grossie, vue de profil. Moitié gauche de la mème larve, vue en dessus. Mächoire et palpe maxillaire, menton, lèvre inférieure et palpe labial, Mandibule gauche, vue en dessus. La mème mandibule, vue de côté. Antenne droite. Patte. LARVES DE COLEOPTERES PL XIV | L [ . 370. 571. 572. Planche XIV . Rhagium bifasciatum. Tête et prothorax de la larve, vus en dessus. . Mandibule gauche, vue en dessus. . La mème mandibule, vue de côté. . Tubercule gauche ovoïde, lisse, placé sur chaque joue très-près de l'antenne et ayant toutes les apparences d’un ocelle. . Un des segments de l'abdomen vu en dessous, avec son ampoule ambulatoire. . Le mème segment vu en dessous, avec son ampoule. . Mésothorax vu en dessus et semblable au métathorax. . Dernier segment vu en dessus, pour montrer les deux petites épines placées avant le mamelon anal. . Segment abdominal de la nymphe. . Oxymirus cursor. Mandibule gauche de la larve, vue de côté. . Un des segments de l'abdomen vu en dessus; avec son ampoule ambulatoire. . Le même segment vu en dessous, avec son ampoule. . Acmæops collaris. Larve vue en dessus. Mandibule droite, vue en dessus. . La mème mandibule, vue de côté. Ocelles du côté droit. Un des segments de l'abdomen vu en dessus, avec son ampoule ambulatoire. Le mème segment vu en dessous, avec son ampoule. Strangalia attenuata. Tète et prothorax de la larve, vus en dessus. Mandibule droite, vue en dessus. La même mandibule, vue de côté. Antenne. Ocelles du côté gauche. Un des derniers segments de l'abdomen vu en dessus, avec son ampoule ambula- toire. Le mème segment vu en dessus, avec son ampoule. Leptura cincta. Mandibule droite de la larve, vue en dessus. La mème mandibule, vue de côté. Grammoptera ustulata. Larve vue en dessus. Tête et partie du prothorax très-grossis et vus en dessus. Mächoires et palpes maxillaires, menton, lèvre inférieure et palpes labiaux. . Antenne droite, vue de côté en dedans. . Ocelles du côté droit. Un des segments de l'abdomen vu en dessus, avec son ampoule ambulatoire. Le mème segment vu en dessous, avec son ampoule. Patte. . Segment abdominal de la nymphe. 574. Larve très-grossie, vue en dessus. 575. Mächoire et palpe maxillaire, menton, lèvre inférieure et palpe labial. 576. Antenne droite, vue de côté en dehors. 577. Ocelles du côté droit. 578. Dernier segment très-grossi, vu de profil. 579. Patte.