•• '*• ît*» im ;*^. :■(*• te

r- ir- 31* ^tÊti 1^ '^ '^

id^^ . f*^^ 1^^ ^"^ W 3

;'■■.«• *• ■** '•«» «ft

m^mJ^ ^ ^*» >• i

*..-Jfe^

îP » .#

' ^^.^f»f»*

» li A •'

»»•'«)?

'*%2#iP'

»*»^

*■

j*' î*-

*^%!^l.^^*^>-r.-r

Digitized by the Internet Archive

in 2010 with funding from

University of Ottawa

http://www.archive.org/details/lebouddhismeautiOOschl

%

±\

.\NNALES

DU

MUSÉE CrlIIMET

TOME T R 0 1 S 1 1-: M K

SOMMAIRE

DONS AU MUSEK.

COLLABORATEURS.

SOCIÉTÉS SAVANTES,

LE BOUDDHISME AU TIBET.

LÏON IMPRIMERIE PITRAT AINE, RUE GENTIL, 'l.

ANNALES

DU

MUSÉE GUIMET

TOME TROISIEME

LE BOUDDHISME AU TIBET

r R t; c Ê l> n D'UN RÉSUMÉ DES PRKCKDEXTS SYSTÈMES BOUDDHIQUES DANS L'INDE

EMILE DE SCHLAGINTWEIT, L. L. D.

1 n A 11 u I T P E l'anglais Par LDE MILLOUÉ, Directeur du Musée Guimet

^^4h— ^^t^

If t'B'if ïïj; pi[-in"rtiy!;J ii'li

l#iiM|^_^^!?*l*l||#)t?a3

LYON

I M P R I M E R I E P rr R A T AÎNÉ

4,RUEGENT1I, ,4

18 8 1 .v-eS' ^'K

WBIIOTHEQUES *

. LIBRAUS

H

■si' ti'v

^*^.

DONS OFFERTS AU MUSEE

OBJETS DIVERS

MM. ALLEMANT (C). Horus égypto-romain, terre cuite, Chons, terre de savon.

BRETON. Déesse Maha-Kâli , ou Douvga, terre cuite indienne. Déesse Prithivi sur son lion, terre cuite indienne.

BRUYÈRE, Osiris Amed, fils de Ténéfer, statuette égyptienne, terre cuite vernissée.

Deux oiiaclinplis, terre cuite vernissée. Collier Egyptien, terre cuite vernissée. Scarabées, terre cuite vernissée.

Ces objets ont été trouvés à Lo_vass% \>vis Lyon.

GODMARIE (de). Kàma, dieu de l'amour, tirant de l'arc et monté sur le perroquet vert, peinture indienne sur verre.

Krishna, jouant de la flûte, peinture indienne sur verre.

GRAND-PRÉTRE D'A._oAKSA (le). —Un fragment de vieille peinture attri- buée à Honen, fondateur de la secte GioJo-Siou (xii' siècle), l'eprésea- tant neuf des mille Amidas.

Douze grandes peintures sur papier re^vèsealani les douze Tens, génies protecteurs de la religion bouddiiique. Ann. g. m. (f

I( ANNALES DU MUSKE Gl'IMET

MM. HAMY (lk docteur). Osiris Egyptien, trouvé à Pompéi.

Divinité Scandinave à cheval, bois pétrifié.

JUBIN (Émilk). Une lasse porcelaine Heï-Rakon, de Kiomidzou (Japon).

Une théière d' Avala (Japon).

f/J^eSlfrt^^te/^e boi.s (sculpture japonaise), représentant un prêtre tenant le

hossou et assis dans un fauteuil. Sabre de cérémonie. Comédien célèbre, statuette porcelaine de To-Kiô. (Japon).

KIO-S.M (de To-Kio). Un éventail "^mA par lui même. Bouddha pénitent, peinture sur soie.

KOSHO-KAISHA (Yokohama et Paris). Livre de marques pour la céré- monie du thé.

Boite de Jetons, bambous. Sac de jetons, papier.

MOREL 1-iETZ (Stop). Xoix et noisettes momifiées trouvées dans un tombeau égyptien.

PORTE. Deux rouleaux, peintures japonaises sur soie, représentant des caricatures religieuses.

RAVISI (le baron Textor de). Huit j^eintures Indiennes sur talc, re- présentant :

Siva et son épouse Parvati ;

Dévi ou Bhavani ;

Maiiailéva Koudra Cala, destructeur et vengeur ;

4" Ravana, roi de Lanka (Geylan) avec dix têtes et vingt bras tous armés ;

5" Brabnia à cinq tètes, avant que la cinquième lui eut été tranchée par Siva

ou Baïrava son fils ; Personnage indéterminé ; Krishna au centre du monde; Kalki .\vatara, incarnation future de Vishnou en cheval, pour détruire

le mode de l'âge présent.

RIBEROLLES (Henri de). Seize statuettes, bronze japonais, représentant les Gardiens d'Han-gnia.

Deux grandes statues, bronze japonais, représentant le dieu Kouan-non.

DONS OFFERTS AU MUSl^E III

Trois statues, bronze japonais : Sahya Mouni, sur un lotus el ses deux disciples préférés Mondjou Bousats sur un lion et Fouguén Bousats sur un éléphant.

SEMITAM (de Kioto). Reliquaire et reliques du Bouddha.

SILVA (de Colombo da). Huit monnaies singalaises en cuivre des xi XII'' et xiii" siècle.

STUM. Bœuf Apis en bronze monté sur un socle en albâtre oriental,

TOMII (de Kioto). Ecritoire de poche du feu prince impérial Shoogouin, frère du Mikado régnant. Pierre à broyer l'encre et trois pinceaux en bambou rentrant l'un dans l'autre.

Tama Kalsonra, grand vase à conserverie thé, en grèsbrun, dans une enve- loppe de soie brochée bleu de ciel, doublée de soie violet changeant; enfermé dans une boîte de bois laqué brun (xvir siècle); a appartenu au prince de Sliio K6-iu. Vase delà cérémonie du thé.

YMAIZOUMI (deTokio). Vase préhistorique à offrandes,{evve cuite (Japon)

Deux Gokos à laïc pointe, hvo\Me]:{]}om\%. Anneau de collier antique, bronze doré (Japon).

IV ANNALES DU MUSEE GUIMET

LIVRES ET MANUSCRITS

MM. ACARIYA VIMALASARA THERA. The Sasanavansa Dèpo, or History of the Buddhist church in Pali verse, iii-8".

Suna Lakkhana Dislani, Texte Pali; in-8". ALLÈGRE (Léon). Notices biographiques du Gard, iu 8°.

ALLWIS (le révérend C). Visits of Buddhas in the island of Lanka,

in-8".

The Sinhalese Handbook in roman character, iu-18.

D'ARGIS (Jules). Heures académiques. Discours et conférences, in-8".

AYMONIER. Textes Khniers, in-4".

BECKER (George). La musique en Suisse, in-lS.

BLOCK (R. de). Evhémère, son livre et sa doctrine, iu-8''.

BRAU DE S.\INT-P0L-L1AS. Exploration et colonisation. Les colons explorateu)-s, in 8°.

BREITTMAYER (Albert). Archives de la navigation à vapeur du Rhône et de ses af/luents.

CAPELLA (de). L'antique Orient dévoilé, in-8°.

CAI-lTAlLHAG (Emile). L'âge de pierre dans les souvenirs et les supers - tuions populaires, in-8°.

('oayrès international d^ anthropologie et d' archéologie ^préhistoriques i in-4".

DONS OFFERTS AU MUSEE V

MM.

CAZENOVE (LÉo.NGE de). La guci'>-e et l' humanité au w^v" siècle, m 8".

CAZENOVE (Raoul de). Notes sur l'Ile rU Chypre, in-S". Mémoires de Samuel de Péchels, in-S".

CEULENER (Adolphe de).

Marcia, la favorite de Commode, in-8°.

Essai sur la vie et le règne de Septime Sévère, in-4°.

CHANTRE (Ernest). L'âge du bronze, 4 vol. in-folio et atlas. Le premier âge du fer, in-i'olio.

CHEVRIER (Edmond). De la Religion des Peuples qid ont habile la Gaule. Bourg, 1880, in-8°

Élude sur les Religions de l'Antiquité, par un ami do la Nouvelle Eglise. Paris, 1880, in-8\

Sicedenborg, notice biographique et hisloi'ique, par un ami de la Nou- velle Église. Paris, 1875, in-8°.

Histoire sommaire de la Nouvelle Eglise chrétienne, fondée sur les doctrines de Sioedenborg, par un ami de la Nouvelle Eglise. Paris, 1879, in-S".

GHOSSAT (de). Répertoire assyrien, in-4°.

COELHO F. (Adolpiio). Contos populares portuguezes, in-S".

COLSON (le docteor A.). ^ Notice sur un Hercule phallophore, 'm-A°.

La bataille de Saint-Laurent et le siège de Saint-Quentin en 1557 ,

CONSIGLERI PEDROSO {Z.).—Estudos de Mythographia poriugueze, in-8°.

Contribuçôes para uma Mythologia popular Poriugueze, in-8°. A Grecia na Historia da Humanidade, in-8°.

COOMARA-SWAMY.— The Dathavansa, or History of the Toothrelic of Ceylon. ïn-S".

COTTE AU (Eugène). Promenade autour de l'Amérique du Sud, in-S"; Sia; mille lieues en soixante jours (Amérique du Nord), in-S".

VI ANNALES DU MUSEE GUIMKT

MM.

COTTEAU (Eugène). Congrès inlcrnationnl d' anthropologie et d'ar- chéologie préhistoriques. Session de Lisbonne. Notes de voyage

(.ROIZIER (le marquis de). Les monuments de l'ancien Cambodge, classés par provinces, '\\\~\S, Paris, 1878.

Les explorateurs du Cambodge, Paris, 1878, in-S".

DARMESTETTEH (.JamesV Ormiizd and Ahriman, leurs origines et leur histoire, in- 8°.

DUFRESNE. Le Parnasse chrétien, Paris, 1760, in -18.

Basnage. Histoire des Juifs, La Haye, 171U, 15 vol. ia-18.

F. Follet. L' Instruction des Prêtres qui contient sommairement

tous les cas de conscience. Lyon, 1628, iu--î\ Ldits du Roi pour les communautés des Arts et Métiers de la ville de

Lyon, Lyon, 1771), in— i°.

DUSUZEAU (J.). Rapport de la Commission des soies sur ses opérations de l'année 1879, ia-8°.

ElTEL (DocTEtR Ernest). Fengshui, oi' Rudiments of natural science in China, iu-8\

Hand-book for the students of Chinese buddhism, in-8". Buddhism an event in history, in-8°.

Laotzu, a study in Chinese philosophy, hjf Waters, annotated by the D'"EiTEL (manuscript) in-8°.

FLOTaRD (Eugene). Le mouvement coopératif à Lyon et dans le Midi de l a France, iu-8°.

GÉRARD (J. A. DE Lyon). Satires de Perse,]tv3ii\xiies envers français, pré- cédées d'une étude sur la vie de ce poète, sur son époque et sur le stoïcisme, Lyon, 1870, iu-4>'.

GERSON DA CUXHA. Metnoir on the Tooth-Relie of Ceylon, in-8°. History of Chaul and Baseins, iû-8°.

GIBERÏ (Eugène). L'Inde française en 1880, Paris, 1881, iii-S".

DONS OFFERTS AU MUSKF VU

MM,

(lII.Llivr (A.). Eludât îiisloriquea et critiques surles Religions comparées. Première partie: Les Origines, in-8°.

GLEIZE (Emii.k). Catalogue du Musée de Dijon, in- 18.

GOURDIOI'X (L'.vBRÉ Pu. E.). Dirtionnaire abrégé de la langue Fo gbé ou Dahoméenne, iii-8", Paris, 1879.

LEGR.\ND PRÊTRE DU TEMPLE D'ISHÉ (Japon;.

Lih'res sacrés de la religion Shïntâ, 6 volumes.

IIokké-Shhito-BoussetsoH. Mystères de Hokké-Shïntô, 4 vol. in-4''.

Honlchijâ-zïn-dja-kô. Histoire de la religion Sliïnlô, G vol. in-4''.

Ho-on-sïn-ron. Doclriue Sliïntoiste.

Nakatomi-no-Haraï. Livre sacré du Sliïnto. Manuscrit de 1523.

Shin-io - go-bou-cho. 3vol. in-4".

Sin-tén sai-yn Ko-gni. Résumé des livres sacrés du Sliïnto, i vol. in-4°.

Sïn-to-ko-réi. Explication des principes delà î'eligion Shïnto, 1 vol.in-4\

Sin-takou rou. Des actions do Dieu, 1 voL in-8°.

Sulsoii-dju-clio go fou rokou. Leçons de Hirata Atsoutané, célèbre

auteur Shïntôïste, et critique du bouddhisme, 1 vol. in 4°. Yomi no Kouni K6 sia. Livre sacré du Shïntô, 1 vol. in-8".

GR.-VYIER (Gabriel). Découverte de V Amérique par les Normands au siècle, in-8°.

La route du Mississipi, in-S".

HEDDE (Isidore). Hoà-fà-ti-li Ichi, géographie chinoise et française, in-4°.

Eludes séritcchniques sur Vaucanson, in-S". Manuscrit on langue Télinga.

HIGNARD. Hymnes Homériques, in-S".

HILDEBRAND HILDEBRAND (le D^ Hans). Folke^is tro em Sina dijde, in-8°.

HJALMAR STOLPl^:. Den Allmnmia Elnografisha Utstallingen, 1878-79.

Uebersicht und Bemerkungen zu von Siebold' s japanischen Museum, in Miincii, in-12.

HOVEL.ACQUE (.\bel). Avesta, Zoroastrc et le Mazdéisme, in- 8°.

Vm ANNAI-ES DU MUSEE GUIMET

MM.

JOANNE (Adolphe). Lyon et ses environs, iu -32.

JUBIN (Emile). Les sabres historiques du Japon. Six volumes texte japonais, rouleaux.

LAVIGERIE (Mgr de), archevêque d'Alger. De l'utilité d'une Mission scientifique permanente à Carthage, Alger, 1881, in -8°.

LEBOUCQ (Le révérend Père dom François Xavier). Les associations de la Chine, in-18.j Shang il Siang Chai, or Chinese historical illustrations, in-12 relié à la chinoise.

LEEMANS. Het Romeinsch Graafteeken van Dodeward, in-4°.

LEPELLETIER (Anatole). Le renouveau d'I sis, in -8°. Le Trilhéisme, in-8„. '

LOCARD (Arnould). Les sciences naturelles et les naturalistes lyonnais dans l'histoire. Discours de réception à l'Académie des Sciences, Belles - lettres et Arts de Lyon, in-8''.

MAGNIX (le docteur Antoine). Les Bactéries, in-8°

LE MAIRE (de Chalon-sdr-Saone). Inventaire des archives de Chalon- sur-Saône, de 1221 à 1790, par M. F. G. Mii.lot.

MAKI-MOURA. Poésie de bienvenue au Japon, à la Mission scientifique française.

MARRE (Aristide). Makota-Radja-Rûdja, ou la Couronne des Rois, traduit du Malais, in-8".

MEULEMANS (Auguste^. Eludes historiques et statistiques, in-8°.

M0N1ER-WII.LIA]\1S. Hinduism, in-8°. , Modem India, hiSl. Indian Wisdom, in-8».

MONTRAVEL (le comte René de), Lyon. - J. J. Durlamaqui. Principes du droit naturel, Genève, 1748, in-18.

DONS OKl'-KRTS AU MUSEE IX

MM.

Suite des nouveautés ou aventures de Cythèrc, in- 1:^.

Locke. Essai philosop/iique concernant l'cnUmdemenl humain, Ams- terdam, 1735, in- 4'.

MORIN (Adolphe). Un souvenir du congrès préhistorique à JJsbouno, ia-8".

MULLER (i,E PROFESSEUR F. Max). Sanskrit texts discovered in Japan in-8".

PAVY. Affrancliissemcnt des esclaves, in-8".

PERRIN (.Vndré). La Bazoche, les Abbai/es delà jeunesse et les compa- gnies de l'Arc, de l'Arbalète et de l'Arquebuse en Savoie, iii-8°.

VEU ASTRE. La Genèse du langage, 2 vol. in-8". T^e Code annamite, 2 vol. in-8".

PIGORINI. Il Mksco Nazionale preistôrico ed etnografico di Roma, Rome 1831, in-8".

RAVISI (le baron Textor de). Canticum Canticorum, in-S".

An historical sketch of Goa, the Meslropolis of the Portugese sellle- ments. in India. l\y Rùv. Denis L. Gottineaii île Kloguen, in-12 Ma- dras, 1831.

SARMENTO (F. Martins)." Ora maritima de R. Festus Avienus, étude de ce poème, in-8".

ROUBET. Bpigraphie hisloi-iale du canton de la Guerehe{C\\ev), in-8".

Un mariage à heure indue, in-8°.

Un mariage par paroles de présent , in-8".

ROUGIER (Paul). Les associations ouvrières, in 8".

ROUSSET (Alexis). Anges et Démons, in-8". Atitographes et dessins, in-8".

Roux (Léon). Le droit en matière de sépulture, iu-8".

SAINT-OLIVE(Paul). Variétés littéraires, in-8".

Les femmes, hi-8". A>x. 0. in, b

X ANNALES DU MUSEK GUIMET

MM.

SGHERZER. TAvre religiciix tibétain, joli volume en caractères tibétains, orné de figures de Bouddhas imprimées en vermillon.

DA SILVA (Louis). AJif?ammrt-^5erfîj5i7ee,|dictionnairePali-anglais, in-8".

SIMATCHI (grand-prètre de Hoxgaxdji). Conférence entre les prêtres de la secte Sïn-siou et la Mission scientifique française. Texte japonais, in-4°.

THIYEL ( Antomn) . L'Orient, tableau historique et poëtique de l'Egypte, iu-8".

TOMII. Manuscrit japonaisàa xiii° si Jcle, format petitin-4°; recueil des œuvres des grands poètes du Japon, ayant appartenu à l'empereur (Mikado) Godaï- og- Tenno (finduxiii' siècle, commencement daxiv''),qui l'avait emporté dans son exil à Oki. Plus tard cet empereur le donna au prince de Shio K6-in dans la famille de qui il a été conservé jusqu'à ces dernières années. Donné par le prince de Shio-Kô-in actuel à un de ses daïmios, M. Tomii, père du donateur. Ce manuscrit est d'autant plus précieux que presque tous ceux de cette époque ont été détruits pendant les guerres civiles qui ont alors déchiré le.Tapon ; ceux-là surtout ont disparu, qui ont appartenu à la dynastie légitime, mais vaincue, de iS'antchioo. Date authentique à la fin du volume.

Si-f/o-sai-/iin. Manuel de l'art poétique des Chinois, 2 vol. ia-32.

Si- g0'sai~kin. Yôgahou-bén-ran. Exercices élémentaires de poésie chinoise, 1 vol. in-32.

Kinsei-sigakou-l)én-ran:Èik\\eni^àe\a. poésie chinoise, 1 vol. in-32.

Yin-véh-che-tseng. Poésies sur des sujets simples des poètes célèbres anciens et modernes, 4 vol. in-8°.

Kin-tsou-lo. Notes explicatives sur la doctrine de Confucius, 4 vol. in-8°.

Guén-Min-si-riakou . Histoire abrégée des dynasties Guén et Ming, 4 vol.

in-4°. Tsouinn-hénn-yui-yénn. Poèmes des citoyens fidèles, 3 vol. in-4''. Ni-hon-gai'Si. Histoire des familles des Shiogouns, 22 vol. in-S°. Album de paysages, manuscrit de Toui-sé. Tokou-si-koun-mô. Guide pour lire Ni-hon-sei-ki, 1 vol. in-lS.

V \SCONCELLOS-ABREU (de). Fragmentas d' una tentativa de estudo scoliastica da Epopeia Portngueza, in-8".

ANNALES Dr MUSEE GUIMET XI

MM. VERMOREL (H. de Lyon). Historique des rues de la ville, pour faire suito au plan topograpliiquo et historique de Lyon eu 1350, in-8", Lynu, 1879.

Historique des anciennes fortifications de Lyon, en frêles T(^rreaux et la Croix-Rousse, iu-S", Lyon, 1881.

VIDAL (le Docteur). De Nugata à Jédo, \\\-S\

Excursion ax(xeaux thermales des environs de Yokohama, in -8°. Le Conophalus Konjak, sa cidture, son usage co)nme plante alimen- taire au Japon, in-8°.

YMAIZOUMI. De la doctrine Shïnlàiste, Manuscrit ancien. Annales de la Société archéologique de Tohio.

COLLABORATEURS

ANNALES DU MUSÉE GUIMET ET DE LA REVUE DE L'HISTOIRE DES RELIGIONS

MM.

LE RÉV. C. ÂLLWIS. Colombo

(Geylan). A. BARTH. Paris. BOUCHÉ-LECLERC. Paris. F. CHABAS.— Chalon-sur-Saône.

C. CLERMOXÏ - GANNEAU. Paris.

H. GORDIER. Paris.

J. DARMESTETER. Paris.

P. DECHARME. Paris.

DECOURDEMANCHE. Paris.

F. DELONCLE. Paris. J.- DUPUIS. Paris.

V. DURUY. Paris. J. EDKINS. Oxfonl.

G. D'EIGHTH.\L. Paris.

MM. D' E. EITEL. Shanghaï. L. FEER. Paris. P. E. FOUGAUX. Paris. A. GAIDOZ. Paris. GARGIN DE TASSY. Paris.

[Posthume). Em. GUIMET. Lyon. S. GUYARD. Paris. VAN-HAÎ^IEL. Lejde. H. HIGNARD. Lyon. J. HOOYKAAS. Rotterdam.

E. LEFÉBURE. Le Caire.

F. LENORMANT. Paris. JULIUS LIPPERT. Beriin.

G. MASPERO.— Le Caire (Egypte). L, DE MILLOUÉ. Lyon.

xrv

MM.

ANNALES DU MUSEE GUIMET

MM

F. MAX MULLER. Oxford. ED. NAVILLE. Genève. M. NICOLAS. Paris. OORT. Leyde. PHILASÏRE. Beaujeu.

CH. RAU. Washington.

RAYAISSOX. Pari.s. P. REGNAUD. Lyon. L. RIGOLLOT. Vendôme.

J. SPOOXER. - Saigon (Cochin chine)

C. P. TIELE. Leyde.

M. TOMIL Kioto (Japon).

JOSÉ VÉRISSIMO.— Para (Brésil).

M. VERNES. Paris.

J. VINSON. Paris.

J. WELLHAUSEN.

Y AM ATA. Nagova (Japon).

YMAIZOUMI. —ïokio (Japon)

SOCIÉTÉS SAVANTES

QUI ONT BIEN VOULU ÉCHANGER LEURS PUBLICATIONS

noXTRE LEÎ^ ANNALES DU MUSÉE GUIMET

AVEC INDICATION

DES ARTICLES DE LEURS PUBLICATIONS QUI TRAITENT DES RELIGIONS

DE I.'eXTRÈ.ME orient ET DH l'aNTIQUITÉ

SOCIETES ETRANGERES

ANGLETERRE

Edimbourg. Royal Society of Ediraburg.

lYansaclions, ia-4°, 1876 h 1880, 2 vol. Proceedings, in -8°, 1878 ;'i 1880, 2 vol.

Londres. Brilish aud Foreign Bible Society.

Trauscaucasiaii Turkish New-Teslameiit, in-18.

.laghatai-Tartar, or Takah-Turkomaii SaiDt-Matlhew, iii-iS.

Turkish New Testament, iii-18.

Martin's version of the Persian New-Testament, in-18.

Chinese Testament, in-18.

Sanslcrit Psalms, in-18.

Tlio New Testament ol" our Lord and Saviour Jesus-Christ, translated into Batta-Toba, language

in the Island of Sumatra, in-S". The New Testament of our Lord and Saviour Jesus-Christ, translated into Batto (\ngkoh.

Xlandiiling), the language of the South in the Island of Sumatra, in-8, Jajianese Saint-Mark, in-S. Arabic New Testament. in-S.

XVI AN.NALES DU MUSEli OUIMET

AUTRICHE

Innsbruck. Das Ferdinantieum. Zeitschrifl, in-S".

BAVIÈRE

Munich. Kouiglich Baïerische Akademie der Wissenscliaften. Abliandhingen, in-4°.

Tome XIV. 18*T. D'' Lauth. Alexander in yEg-ypten.

_ _. Troja"s Epoche.

K. VON Malreu. Xorwegens Schenkung an den heiligen Olaf.

187S. Df L.vUTH. Busiris nnd Osymandyas.

E. Trlmpp, Das Tanfbuch des yEthiopischen Kirche. .Ethiopisch urnl

Deutsch.

\V. Meyer. A'ila Adœ et Ev;e. Tome XV, 1879. G.-F. Unoer. Die romische Stadtara.

1880. Dr Lauth. Die Phonixperiode. Siphlas and Amenmeses.

Sitzungsberichte, in-S°.

Tome I, 187P. Trumpc. Die iiltesten Hindni-Gedichte.

D"" Laith. Vorlaiiflge Mit[lieilun?:en (Iber den .Vpis Cycliis. ',

L'eber Siplilas uu 1 Amenmeses.

Tom" II, 1879. .Jolly. Die Dharmasutra des Viscluiu und ilas Kathakagriliyasutra.

KuHN. Ueber <lie iiltesten arisclien Bestandtheile des siagalesisclieii

AVortscbatzes.

D'' Lauth. Ueber das Kambyses Jabr.

BtmsiAX. Eine neue Orgeonen-Inschrift aus dem Peirilens.

Unger. Das Strategenjabr der .\ohaier.

D' I.ALTH. Der .\pis Kreis.

Malrer. Ueber die Entstehungderaltnordischen Goiter und Heldensage. Tome III, 1880, Thomas. De passagiis in terram sanctam.

Dollinger.— Ueber die Bedeulung der Dynaslicn in der Weltgescbichte.

Brl'.nn. Troisclie Misceilen. Dritle Miscellen, dritte Abtheilung,

Autres publications.

J.-H. Plath. Die Religion und der C.ultus der.nlten Cliinesen, in-4".

W. Meyer. LTeber Calderon's Sibylle des Orients, in^4".

A. Spexgel. leher die lateinische Komodie, iii-4".

E. Trumpp. Nanak, der Stilter der Sikh Religion, in-4".

C. BuRsiAX. Ueber die religiosen Chnrakter der griechischen Mythos, ia-4".

lELÔlâUÊ

.\nVërs. Académie d'archéologie de Belgiqitei

Ses publications ne nous sont pas encore parventies.

SOCIETES SAVANTES XVII

Bruxelles. Académie Royale des sciences, lettres et arts de Belgique.

Annuaire, 1881, in- 18. Bulletin, 1881, iu-12.

Bruxelles. Musée ro3"al d'antiquités.

Ses publicatious ne uous sont pas encore parvenues.

LouvAiN. Université catliolique. Annuaire, 1881, in-18.

CHINE

Shanghaï. The No"tii China Brandi of the Royal Asiatic Society. Journal, in-8".

1869-70. W. F. Mayers. On Wèn-Ch'ang, the God of Literature, his history and W'ors hip. E.-J. lîrrEL. The fabulous source ot the Hoang-ho. 1871-72.— Th. W. KiNGSMiLL. —The Mythical Origin of the Chew or Djow Dynasty, as set forth in the Shoo-King. G.-C. Stent. Chinese Legends. J. Trompson. On the antiquities of Cambodia. 1874. Tn. "W. Kingjiill. The legend of Wen-Wang, founder of the dynasty of the ChoAvsh in China. T. Watters. Chinese Fox-Mytlis. S.-W. BcsiiELL. The Stone-drums of the Chou dynasty. 1879. J. Rhein. Rock inscriptions at the North side of Yenlai-Hill.

EGYPTE

Caire. Société Khédiviale de Géographie. Èulletin, in -S".

ESPA6NE

Madrid. -=-Sociedad geografica. BoleUn, 1881, in-8°.

Don Arturo Garin. Memoria sobre el .archipelago de Jolo. Etopea religjosa.

ÉTATS UN(S

Boston. American Academy of arts and science. Procedings, iu-8°.

Ann. g. III.

XVIII ANNALES DU MDSEE GCIMET

New-Haven. The Connecticut Academy of arts and science. Transactions, in-8".

Philadelphie. American philosophical Society.

Ses publications ne nous sont pas encore parvenues.

Saint -Louis--Mlssouu[. .\cademy of science. Transactions, in-8".

Tome IV, 1880. N.Holmes.— TheC-eologicalanJgeograpliicaldistribution ofthehumanrace D' G. Seyffartii. Egyptian Theology according to a Mummy Coffin

in Paris.

Washington. Tlie Smithsonian Institution. Conlribulions la Knoiolege, in-4°.

Ch. Rat. The archrcological collection of the United States National Museum, in charge of

the Smithsonian Institution. Ch. Rau. The Palenque 'I'ablet in the United States National Museum. W.-II. Oall. On the remains of later prehistoric man, obtained from the caves in the Cafhe-

rina archipelago, Alaska territory, and especially from the caves of

the Aleutian Islands.

HOLLANDE

Amsterdam. Académie royale des sciences. Verhandelingen, in- 4".

Tome I, 18j'. Bedenkingen tegerdeEchteid van den zoogenaamden 7t£iï).o;vau .\risloleles. Tome IV, 18G9. F. Chabas. Les Pasteurs en Kgypte.

J.-C.-G. Boot. Commentatij de Sulpiciie qu;e fertur Satira.

Tome A'll, 187:2. B.-F. Matuis. Over de Bissoes of Heidensche priesters en priesteresseu der Bœginezen.

H. VAN Herwerden. Studia critica in poetas scenicos Graecorum. Tome VIII 18T5. H. Kerm. - Over de Jaartelling der Zuidelijke buddhisten en de Gedens-

tuken van .4çoka den Buddhist. Tome IX, 18(7. H. Kern. Eene InJische Sage in Javaansch Gewaad.

I'ver de Oud-Javaansc.he Vertaling vau't Mahabharata. S. A. Nader. Questiines Homericœ.

Tome XII, 1873. D'' S. Warren. Nirayavaliyasutlam, den upanga der Jainas, met Iidi -

ding, .Aanteekeningen en Glossar. Tome XIII, 18S '. J.-C.-G. Boot. Observationes criticre ad M. TuUii Ciceronia Epiislolas.

Vershar/en en Mededeelinrjen, in-8.

Tome IX, 1877. H. Kebn -^ Indische theorien over dj standenverdeelingen.

B. LEEMAX3. Nehalenia-altaaronlangs te Domburg outdeekt. Besehreve'il

en tsegelicht.

J.-C. G. Bojr. Over de terremaren in Emili.» en over twoe Etrurisché

begiaajplatseu bij Bologna.

SOCIETES SAVANTES XIX

Tome V, ISTO. M. J. de Gœji:. Over den /aaidcuUus, Vei-klaring der Oeneraen met Peliiwi legenden in deii Haag, door D' A.-D. Mordtmanii.

Tome V, 1876, H', van Herwerdem. Quœstioiies Huraericœ.

Tome VI, 1877. C. Leemans. Over liet ^gyptisch' Doo lenbock.

Tome IX, hSO. V, Leemans. De ouderteekening- van deii Griekscli-.^gyptisch koopcon tract op papyrus.

Jaarboo/;, 1879, in-S".

INDE

Bombay. The Bombay Branch of the Royal Asiatic Society, Joui'iiat, 1880, in-8".

E. Rebatsek. Tlie history ol' tlie Wabhabys in ,\rabia and in India.

The doctrines^of Metempsychosis and Incarnation anwug nine lieretic Mu-

liammadan Sects.

ITALIE

Bologne. Academia délie Scienze deU Instituto.

Rendi'Conto, in-8°. Memorie, 1880, in-4''.

Venise. R. Instituto Veneto di scienze, lettere ed arti.

Ses puijlications ne nous sont pas encore parvenues.

PORTUGAL

CoiMBRE. Institut.

0 insl.l :!o, revisla scientifica e lilteraria, in-S".

CoiMBRE. Université.

Catalogo dos Pergamentos do cartorio da Universidade tie Coimbra, in-8"

Lisbonne. Académie royale des sciences.

.I.-F. Kery Delgiîado. Sobre a existencia do Terreno Sninriano no Baixo alemtejo, in-4".

Carlos Ribeiro. Noticia de alguraas Estaçoes e monuraentos prehistoi'icos ; in-4.

EsTAcio DA Veica. A Tabula de bronze de Alju^trel lida, deduzida e commentada em 1876 ,

in-4o. EsTAcio DA Veiga. Anliguidadcs de Mal'ra; iu-4. Sessao publica da Academia reale das Sciencias de Lisbôa em 9 de Junho de 1880.

XX ANNALES DO MUSEE GU[MET

Lisbonne. Société de géographie. Bulletin, in-S°.

Autres publications.

L. MATHErRO. Explorai; "tes geologicas minoiras nas coloiiias Portuguezas. Lisb. 1881, in-8. J.-J. Maciiado. Morambique, Lisb. 1881, in-8.

Porto. Société d'instruction. lîevista, in-S".

PRUSSE

Berlin. KoniglicliPreussische Akademie der "Wissenschaften. Monatsbericht , in-8°.

1S80. Weber. Uêber zwei Parteischrifteu zu Guiisten derMaga, resp. Càliadvipiya Bràhmana.

Th. von Oppolzer. Ueber die sonnenfinsterniss der bchuking.

HiLDEBRANDT. Die Berginsel Nosi-Kômba uiid das Flussgebiet des Semberano auf

Madagascar.

ScHRATiER. Ueber dea Lautwirth der Zeicheii ai und ja im Assyrisclien.

Olshausen. Ziir Erlauteruiig eiaiger Nacbrichten uber das Reich der Arsaciden.

CuRTius. Ueber ein Décret der Auiseuer zu Ebren des Apollonios.

NôLDEKE. Uel)er das Gottesnamen El.

Olshausen. Erliiuterung zur Geschiclite derPablavi-Scbrift.

I8SI. Z. VON LiLiENTHAL. Ueber eiae lateinische Uebersetzuug von Buch un der Basiliken-

Berlin. Berliner Gesellscliaft fl'ir anthropologie, Ethnologie uml Urges- chichte.

Verhandlungen, in- 8».

GôRLiTZ. Oberlausitzische Gesellscliaft der Wissenschaften. Neues lausitzisches Magasin, in-8".

GoTTiNGEN. Kôniglische Gesellscliaft der Wissenschaften und der Georg- August Universitat. Nachrichten, in-8°.

ISSO.— F. BoLLENDEN. Die Rpcensionen der Sakuntala.

C. Trieber. Die Chronologie der Julius Africaniis.

F. WiESELER. Bemerkungeu zu einigen Thrasischeu und Mœsischen Miinzen. lîj'jO. WusTENFELD. El-Calcashandi, liber die Géographie und Verwaltuug von ^gypten.

LTeber das Heerwesen der Muhammedaner.

De Lagarde. Vita Adœ et Evœ,

F. WifsELER. Ueber die Entdeckung von Dodona.

SOCIETES SAVANTES xXl"

SAXE

Dresde. "S^erein fïir Erdkuiide. Jahresbericht, [879, in- >>".

18^9. F.-W. Neuhaus. Die Mission uud Jie Coloni-iation in SUil-Afrioa. H. Krone. Von Ceylon naoU Bomliay.

Leipzig. -~ Deutsclie morgenlaudisciie Gesellscliaft.

Ses ])ul)licatiûns ne nous sont pas encore parvenues.

Stockholm. Académis des Belles-lettres, histoire et antiquités.

Handlingav. Tomes 21 à 27, iii-8°. ManadsUad. 1^72 à 1879, in-S».

Autres publications :

Emile Hildebrand. Antiqrai-isk Tidskrift fôrSverige. 1864 à 1879, in-S».

Minnespingar ôfver enskilda Svenska M;in ocli Qvinnor, in-S".

Sveriges och Svenska Konungaluisets Minnespin^'ar Pi-.iklmynt ocli Belonings medalje;

1874-75, inSû.

Anulasachsiska Mynt i Svenska Kongl. Myutkabinettet funna i Sveriges jord., in 4".

Svenska sigiUer fran lledeltiden, in-folio.

IIan's Hildebrand. Teckmiugai- ur Svenska Statens liistoriska Museum, in-fulio.

Oscar Montelius. Statens historiska Museum kort Besliril'ning till vagledning fui' de

Besôkande.

SUISSE

Genève. Institut National Genevois.

Bulletin, in-8°. Mémoires, in-8".

Tome XII. H. Fazv. Genève à l'époque gallo-romaine. Genève, lieu fortifié d'une cer- taine importance au temps de César. Organisation du vieux Genève- droit italique accordé à ses citoyens comme à ceux de Vienne. Routes. Temple d'Apollon sur renii)laceraent actuel de l'église Saint-Pierre; monument situé au-dessus du portail de cette église. Temple dédié à Jupiter, Mars et Mercure sur l'emplacement du monastère et de l'église de Saint- Victor. Inscriptionsg dlo-roinaiaes, religieuses pour la plupart.

XXn ANNALES DU MUSEE GUIMET

Genève. Société d'histoire et d'archéologie. Mémoires et Documents, in- 8°.

Tome XX, 1879. Genève et la colonie de Vienne sons les Romains.

Autres publications de la Société.

Edouabd Mai.let. Œuvres Je Léonard Baulacre, ancien bibliothécaire de la république de

Genève (n28-1756). Regeste genevois, ou répertoire chronologique et analytique des documents imprimés relatifs à

l'histoire de la ville et du diocèse de Geuève avant l'auuée 1313.

SOCIETES SAVANTES XXIII

SOCIETES FRANÇAISES

AIN

Bourg. Société d'émulation, agriculture, lettres et arls, de l'Ain. Annales, in-S".

AISNE

Laon. Société académique. Bulletin, in-8».

Sainï-Quentix. Société académique des sciences, arts, belles-lettres, agricul- ture et industrie.

Mémoires, in 8".

ALPES-MARITrMES

Nice. Société des lettres, sciences et arts des Alpes-Maritimes. Annales, in-8".

Tome IV, 1877. Brun et Sakdûu. Vériflcatiun des iBscriplions romaines de Veiice.

MouoiNS DE Roquefort. Note sur une inscription grecque trouvée à Antil)e!!,

Tome YI, 1879. Ed.\i. Bl.^nc. Epiyrapliie antique des Alpes Maritimes. Inscriptions ad- ministratives. — Inscriptions étrusques, grecques et latines. Inscrip- lions impériales. Inscriptions mdliaires. Inscriptions militaires. Inscriptions raunici|)ales. Inscriptions funéraires. Inscriptions voti- ves : à Centondiiis, à Hercule, à Jupiter et au.t autres dieux et déesses, à Mars, à Mercure, à Sylvain, à Esculape et à Hygia, à Junon, à Sera- pis, à .\pollon, h Alliinms, à Ségomon CunLinien, divinité gauloise, à Mars Zeusdrinus, h Idéenne mère des dieux, à Mercure Arcéius.

XXIV ANNALES DU MUSEE GUIMET

ARDECHE

Privas. Société d'agriculture, industrie, sciences, arts et lettres de l'Ardèclie. Bulletin, in-8°.

AUDE

Narbonne. Commission archéologique et littéraire. Bulletiit, iii-8°.

1876-T7. Bebthomieux. Musée laiiidaire de Narbonne. Inscription d'un autel dédié à la divinité d'Auguste et des Augustes. Cippe incomplet d'uu tombeau de corporation. Trente-liuit inscriptions et quatre autels tauroboli- ques, tirés des murs démolis des fortifications de Narbonne.

AVEYRON

Rodez. Société des lettres, sciences et arts de l'Avejron. Procês-verbaucc, in-S".

BELFORT

Belfort. Société belfortaine d'émulation, Bulletin, in-8°.

iè'û-~9. Cestre. Edeburg, ancienne station romaine.

BOUCHES-DU RHONE

Aix. Académie des sciences, agriculture, arts et belles-lettres.

Ses publications ne nous sont pas encore parvenues.

Aix. Société historique de Provence.

Mémoires pour servir à l'histoire de la Ligue de Provence, iu-S", Mémoires pour servir à l'iiistoire de la Fronde en Provence, in-S".

CALVADOS

Caen. Académie des sciences, arts et belles-lettres. Mémoires, in-8".

SOCIETES SAVANTES XXV

CHARENTE

Angoulème. Société archéologique et historique de la Charente. Bulletin, in-8'\

CHARENTE INFÉRIEURE

RocHEFORT. Société d'agricullui-e, belles-lettres, sciences et arli. Travaux, iu -8".

Saintes. Commission des monuments historiques de la Charente-Inférieure. BuUelin, in-S".

Saintes. Société des archives historiques de la Saintonge et de l'Aunis. Bulletin, in-S".

CHER

Bourges. Société des antiquaires du Centre. Mémoires, in-8°.

1879. A. DE Lx Guère. Notes sui- Irois statuettes antiques trouvées à Gergovia : Jupiter romain, bronze; le dieu de la guerre des Gaulois, cuivre ?; le Mercure du Puy-de-Diime?

Bourges. Société historique, littéraire, artistique et scientifique du Cher. Mémoires, deuxième série, in-S".

Tome III, BoYER. Mémoire sur Mars Cososus et Solimara, diviuités bituriges.

Mémoires, troisième série, in-4".

L. MARTiNiiT. Le Berry préhistorique. Monuments, mardelles, grottes et souterrains, tumuli, époque druidique. Époque gallo-romaine,

COTE D'OR

Beaune. Société d'histoire, d'archéologie et de littérature. Mémoires, in-S".

iSTO. J. C.vRLLT. Le gui du cliène. Sa nature. Est-il le X'isCum des anciens!

Di.iox. Académie des sciences, arts et belles-lettres.

Mémoires, in-S". Ann-, g. ni. d

XXVI - ANNALES DU MUSEE GUIME7

Skmuk. Société des sciences natuivUes et historiques. Bullelin, in-S".

1865. J.-I. I.ocQuiN. Des vestiges île la domination romaine dans le pays d'Auxois. 1869-70. Floukst. Le temple des sources de la Seine. 1377. E. Maodei.aink. L'» gui du cliêne et les drui les.

DOUBS

Besançon. Société d'émulation du Doubs. Mémoires, in -8".

Tome II, 1S7T, Augustk Castan. Vésontio, colonie romaine, h" forum de Vésontio et la

fête des fous à Besançon, vestige des Saturnalei-. Tome IV, IS79. AuLiusrii Castan. L'épitaphe de la prétresse gallo-iomaine Germinioi Titulla. D' QuiQL'EnEZ. Antiquités du Jura bernois.

FINISTÈRE

Brest. Société académique. Bulletin, iii-S".

18SD. Dt Orandpont. Le poste de Bokéda:is lo Rio Nunez. Description générale. Religions ou plutôt absence de religion. Islamisme chez les Nalous. Idolâtrie chez les Landoumans, croyance générale à la métempsycose. Les Simons, so-.iété secrète. MoIoch-J'o,mot de leurs invocations; peut-être un sou- venir du Moloch des Phéniciens et des Carthaginois. Funérailles,

GARD

NImes. Académie. Mémoires, in- 8".

1878. Eugène BoLzii. .\ propos du Hire de M. Gaston Boissler » La Religion rotnalnfl

d'Auguste aux Antonins i>. 1870. AuoL'STE AuRÉs. Determination des mesures de capacité dont les anciens se sont servis en Egypt.'. \. Michel. Découvertes archéologiques faites à Nîmes en 1879, Ch. Lentuéiuc. La Vénus de Nimes.

HAUTE-ÔARONNE

ToDLoL'sÊ. Matériaux pour servir à l'histoire iirimilive de l'homme. Recueil, in-S".

SOCIETES SAVANTES XXVII

Toulouse. Société académique hispano-portugaise. Bidlelin, in-8'.

Toulouse. Société archéologique du Midi de la France. Bulletin, in— 4". Compte rendu, iii-4".

Mémoires, in-4".

Tome I. CiiAUDRUc de Crazannks. Autel votif et son inscriptini.

V. d'André. Autel votif découvert à Saint-Élie. Tome II. Stèles égyptiennes du musée de Toulouse.

Tome III. Saint-Félix Mauremont. De la croix considérée comme signe Uiérog-lyphique d'adoration et de salut.

De Gastellane. Description de v.Tses péruviens. Tome IV. Autels consacrés à des divinités gallo-romaines. Tome YI. Dulalrier. Écriture hiéroglyphique des Égyptiens.

GIRONDE

Bordeaux. Académie nationale des sciences, belles-lettres et arts. Ses publications ne nous sont pas encore parvenues.

Bordeaux. Revue bordelaise de littérature, sciences et beaux-arts, in-4''.

LANDES Dax. Société de Borda.

Bulletin, in-S".

1881. E. Taillebois Notice sur une inscription romaine, et sur un autel gaulois à divinité tricéphale trouvés à Auch.

LOIR ET CHER

Vendôme. Société archéologique, scientifique et littéraire du Vendômois. Bulletin, in -S".

LOIRE

Saint-Etienne. Société d'agriculture, industrie, sciences, arts et belles - lettres de la Loire.

Annales, in-8°.

1879. Découverte des ruines de Pamba ancienne capitale du Dékan dans les Indes.

XXVni ANNALES DD MUSEE GDIMET

LOIRET

Orléans. Société d'agriculture, scieuces, belles -lettres el arts. Mémoires, in-8°.

Tome 111,1857. Du Faur de Pibrac. Mémoire sur les ruiues gallo-romaines de Verdes. Uupuis. Rapport sur'la ruine gallo-romaine de Triguéres.

Tome VI, 18G1. De Buzonxière. Discussion sur la religion des druides et sur le pont de Génabum.

Tome XIV. Desnoyers (l'abbé). Fouilles de Porapéi.

TomeXVlIl. Desxoyers l'abbé). Note sur une tète de Vénus trouvée à Bazoches-les- Hautes.

Tome XIX. Baili.et. Notice sur la collection égyptienne de M. l'abbé Desnoyers. Théologie égyptienne. Statuettes divines, croyance à l'immortalité, embaumement, cercueils, canopes, cônes, statuettes, stèles, amulettes, manuscrits, scarabées, index des titres des fonctionnaires égyptiens, rois, etc. Index des noms propres.

Tome XXI. Baillet. Le roi Horembou et la dynastie thébaine m'" siècle avant notre ère.

Desnoyers (l'abbé). Jupiter Labandéen ; ses representations surune médaille

grecque dumédailler d'Orléans, il est armé d'une bâche bipenne, symbole de force irrésistible. Son culte à^Labanda, petite ville de Carie, prés Mylosa attribué à l'analogie du nom de cette ville et de la hache biptnne AaSfjç en langue lydienne.

Baii.let. Ilippalos, fonctionnaire égyptien de l'époque ptolémaiqne, sa vie, sa

gestion des affaires publiques. Découverte de la périodicité des mous- sons, importance considérable de cette découverte pour le commerce égyptien.

Orléans. Société archéologique de l'Orléanais. Bulletin, iQ-8".

LOT

Cahors. Société des études littéraires, scientifiques et artistiques du Lot, Bulletin, in-8".

MAINE-ET LOIRE

Angers. Société académique de Maine-et-Loire.

Procès-verbaux, in-8° et in-4°. Mémoires, in- S".

Tome V, 1859. Boreau. Notice sur la position de la station romaine de Robrica.

D'' OuvuARD. Notici; sur une crypte, probablement antérieure à l'épo-

que chrétienne, découverte à Richebourg, prés Beauvau. Tome VU. 18'j0. De Bodard. Antiquités des environs de Craon; vestiges gallo-romains Tome IX, 1831. Boreau. Nouveaux documents sur la station romaine de Robrica. Tome XVII, 1865. Boreau. Un ancien peuple de la Gaule centrale. Tome XXI, 1867. G. Diez. Les Germains.

SOCIETES SAVANTES XXIX

MANCHE

AvRANCHEs. Société d'arclléologie, littérature, sciences et arts. Mémoires, in-8°.

Tome IV. 1873. H. Moulin. L'île d'Herme. Dolmens et cromlechs druidiques.

MARNE

Reims. Académie nationale.

Ses publications ne nous sont pas encore parvenues.

MEURT HEETMOSELLE

Nancy. Académie de Stanislas. Mémoires, in -8°.

1879. J. Renauld. La céramique péruvienne, de la Société d'études américaines de Nancy.

Nancy. Société d'archéologie Lorraine. Mémoires, in-8"

Tome III, 1875. E. Oi-RY. Station antique découverte dons la forêt communale d'AUain.

Ruines d'habitations. Monnaies de bi'onze et poteries. Levées de

pierres. Tumuli. Conclusions. Tome IV, 187G. Ch. Laprévote. Note sur un bronze antique, Mercure assis, hauteur IG

cenlimétres. Tome VI, 1878. F.-R. Dupeux. Sur l'autel consacré k Hercule Soxanus du Musée de Nancy.

MEUSE

Bar-le-Duc. Société des lettres, sciences et arts. Mémoires, in-8".

Tome m, 1873. Comte de Widranges. Recherches sur plusieurs voies romaines partant de Nasium, aujourd'hui Naix. Monuments. Autels. Inscriptions.

Verdun. Société Philomatique. Mémoires, in-8°.

Tome V, 1853. F. Liénard. Notice sur uu camp romain et quelques antiquités gallo-ro- maines de r,4rgonne.

Tome VI, 1863. M. l'abbé Clouet. De la Fruste chez les anciens Germains et de son in- fluence sur les institutions qui se développèrent en Europe après les conquêtes germanique.

XXX ANNALES DU MUSEE GUIMET

Tome VI, 18û3. L'abbé Thomas. De la philosophie moderne considérée dans son principe, sa mélho le el ses résultats.

Tome VII, 1873. - F. Liénard. Verdun à l'époque celtique et sous la domination romaine.— Relijrion, fêtes, sacrifices humains, statuettes, monnaies à effigies et inscriptions religieuses, autel dédié à Mercure, statuettes de Vénus, la fontaine de Saint-Robert de Haudiomont anciennement objet d'un culte spécial.

NIÈVRE

Nevers. Société Nivernaise des lettres, sciences et arts. Bulletin, in-8".

Autres publications.

Monographie de la cathédrale de Nevers, suivie de l'histoire des évêques de Nevers, par M, l'abbé

Grosnier, gr. in-8». Sacramentariinn ad usum Ecclesiœ Nivernensis, gr. iu-S".

NORD

Cambrai. Société d'émulation.

Comptes rendus, in-8°. Mémoires, in-8".

Tome XXXI. A. Dl-rieux. Sépultures gallo-romaines découvertes à Beauvais.

Tome XXXII. A. Vibeht. Histoire de Cambrai aux époques celtique et gallo-romaine.

Ddnkerque. Société Dunkerquoise pour l'encouragement des sciences, des lettres et des arts.

Mémoires, in-8°.

Tome IV. Louis Cousin. Les Noires-Mottes de Sangatte. Traditions et légendes druidiques qui s'y rapportent. Monument druidique de Tuberseat.

RouBAix. Société d'émulation. Mémoires, in-8°.

Tome V, 1S76-78. Tii. Leuridan. Sur une statuette chinoise du musée de Roubaix, la déesse Poussa. Légende de cette déesse.

OISE

CoMPiÈGNE. Société historique.

Bulletin, in-8°.

Catalogue du Musée Vivenel.

SOCIKTES SAVANTES XXXI

NoYON. Comité arcliéologique et historique. Bulletin, in- 8".

1858. Statuette ti-ouvée û la Folie, prés de Pierrefonds, probablement l'Aima Mater.

Autres iniblications .

A. BouLONONK. Inscriptions tiimulaires de l'église Notre-Dame de Noyon.

Senlis. Comité archéologique.

Comptes rendus et Mémoires, iu-S".

PAS-DE CALAIS

BoaLOGNE -SUR-MER. Société académique.

Ses publications ne nous sont pas encore parvenues.

Saint-Omer. Société des antiquaires de la Morinie, Mémoires, in-S".

Tome VI, 1841-43. MarCuët. Rapport sur les fouilles Mtes â Etaples,' l'ancien Quantovic en 1841 et 1812, sous la surveillance des membres du comité établi à Boulo^'ne.

PUY DOME

RiOM. Société du Musée. Rapport, in-12.

Chotard. De l'Instruction publique et des bibliothèijues aux Etats-Unis, L'Afrique centrale. Livingstone, Cameron, Stanley.

BASSES PYRÉNÉES

Pau. Société des sciences, lettres et arts. Bulletin, in-8".

RHONE

Lyon. Académie des sciences, belles-lettres et arts. Mémoires, ia-8°.

XXXII ANNALES DU MUSEE GUIMET

Section des sciences.

Tome II, 1852. M. Loutet. Calendi-ier cophte traduit de l'arabe et annoté. Petit ma- nuscrit rapporté par un militaire qui a fait l'expédition d'Egypte; il est donc antérieur à 1798- 1801 ; mais comme il ne porte point de date on ne peut (lire en quelle année il a été composé; Ce calendrier est une concor- dance entre le calendrier cophte et le calendrier grec ou Julien: l'auteur y a ajouté le calendrier Grégorien.

L"ére 'des Coplites commence au grand massacre des chrétiens l'an 20 de iJioclétien; leurs mois sont de 30 jours ; ils ajoutent cinq jours supplémen- taires qu'ils nomment nisi, oubliés, et six dans les années bissextiles. Indi- cation pour chaque jour de chaque mois des phénomènes astronomiques et climatériques, des semailles, récoltes et autres travaux de culture qui doi- vent s'exécuter à ce moment.

Tomes XI et XII, 18tjl. J. Fourxet. De l'influence du mineur sur les progrés de la civi- lisation. — Découvertes paleo-archéologiques faites dans les mines. Du feu et des anciens dieux du feu, Vulcain, HépUœstos, Vénus Aphrodite. Travaux miniers chez les Chinois, les Siamois, les Birmans, les Indiens, les Mèdes, les Perses, les Babyloniens. Caucase et peuples limitrophes, fable de Prométhée, travaux de Vulcain, Cybèle Bérécynthie, corybantes ; juge- ment de Paris, N'iobé changée en pierre sur le Sipyle, rôle de l'aimant dans les fables, suspension de Junon ; Guide station de Venus, exploitations égyptiennes, dieux égyptiens, babires, gaulois, druides.

Section des lettres.

Tome I, 1845. F. Bouilli er. De l'origine du langage. Opinion de l'école sensualiste opinion de l'école théologique; langage d'action et langage parlé. EicnHOFP. Mémoire sur les Scythes. Leur patrie, leur origine indienne.

Tome II, 1853. Kicuhoff. Eludes sur Xinive. Inscriptions assyriennes.

CoMARMOND. Notice sur un Hercule enfant en bronze, découvert en 1848 sur le versant de la colline des Massues, au lieu dit la Pomme. Statuette de S centimetres de hauteur, représentant Hercule étouffant un serpent.

Tome II, 1853. - Eichhofp. Légende indienne sur la vie future, traduite du sanscrit et com- parée aux légendes d'Homère et de Virgile.

Tome IV, 1854-55. Eichhoff. Poésie héroïque des Indiens, texte de vers sanscrits tra duits en vers latins.

Tome V, 185o-57. Eichhoff. Légende indit-nne sur la vie future, d'après le Ràmàyana, le Mahà-Bhàràta, le Manàva-Dharma-Castra. Tome XI, 1862-63. Martin-Daussigxy. Notice sur la découverte des restes de l'autel d'Auguste à Lyon. GuiGUE. Note sur une inscription funéraire bilingue (grecque et latine)

trouvée à Oenay (.■^in).

Tome XVI, 1874-75. Ghabas. Sur l'usage des bâtons de main chez les Hébreux et dans l'ancienne Egypte.

Tome XVII, 1876-77. Emile Guimet. Compte-rendu des travaux de M. Chabas sur les temps de l'Exode.

Tome XA'III, 1878-79. Emile Gdimet. Hospice des enfants trouvés à Canton. Préoccu- pation des empereurs de la Cninede rechercher les moyens d'adoucir lamisere de ce grand pays. Etablissements de bienfaisance, greniers publics, caisses de secours pour les malheureux, sociétés d'assistance mutuelle, mouts-de- piété, hôpitaux, refuges pour les lépreux, asiles pour la vieillesse, la famille et la propriété, culte des ancêtres, éleveurs d'enfants par spéculation, hospice pour les enfants abandonnés fondé aii viii^ siècle de notre ère parTa'i-tsoung de la dynastie des Thang, son organisation. .Achats d'eulants pour les adopter.

SOCnCTKS SAVANTES XXXIU

Tome XVIII, lS7f<-79. Hignakd. Quelques idé^s sur la théogonie d'Hésiode, liisloire dis dieux. Dieu absent de la création, le chaos, la terre, le ïartare et rAniour, naissance des êtres, dynasties des dieux suprêmes.

Bulletin des sciences de l'Académie, in- 8°. Lyon. Société d'anthropologie.

Lyon. Société de géographie. Bulletin, in-8".

Tome I, \'i~'). D' Moric.k. Voyage en Cochinchine

A. Ganneval. Le Tliihet et la Gliiiie occidentale. Tome 111,1880. L'aiîbé Desgodins. Lettre sur les Lamaseries au Tliibet.

G. MomcE. La Cochinchine française.

Ly'ON. Société littéi'aire, histori([ue et archéologique, Mémoires, in-8'\

1865. P. Saint-Olive.' Archéologie romaine.

1866-67. —H. HjGNARD. Le combat de Diomède contre Mars et Vénus.

1868. H. HiGNARD. Le Minotaure.

1869. H. HioNARU. Les dieux de la mer.

1870-71. De la Saussaye. Études sur les tables claudiennes.

Marti.v Daussigny. Etude sur la dédicace des tombeaux gallo-romains.

Emile Gl'imet. De l'Ascia des Egyptiens.

H. HiGNARD. Le Mythe d'Io.

Aidre pubUcaiion.

Le centenaire de la Société littéraire de Lyon, 1778-1878.

SAONE-ET-LOIRE

Adtdn. ' Société éduenne des lettres, sciences et arts. Mémoires, in-8°.

Tome IV, 1875. .J.-G. Bulliot. Le temple du mont Beuvray ; fouilles de 1872-73. Description du temple. Dédicace à la Deœ Bribracti.

Harold de Fontenay. Céramiques gallo romaines.

J.-G. Bulliot et H. de Fontenay. L'art de l'émaillerie chez les Eduens

avant l'ère chrétienne, d'après les découvertes du mont Beuvray. Tète de Mercure, bas-relief lei-re cuite, trouvée à Mesvres.

Tome V, 1876. J. G. Bulliot. Fouilles du mont Beuvray. Un atelier de forgeron. Objets en fer et en bronze. Poteries. Habitations.

Tome IX, 1880. Harold de Fontenay. ^ Notice sur des bronzes antiques trouvés à la Co- melle-sous-Beuvray, arrondissement d'Autun. 23 pièces : 3 Mercu- res, 1 Fortune, 1 Apollon, 1 Hercule, 1 atlas, 1 bélier, 1 patére, des monnaies aux effigies de Vespasien, .^ntonin, Anionin-le Pieux, Com- mode. Une sorte de sistre, et diverses autres pièces, couteaux, cloche', - tes, etc.

Tome IX, 18S0. J.-C. Bulliot. Fouilles du quartier de la Oenetoie et du Temple dit de Janu". Ann. g. III. c

XXXIV A.NNALES DU MUSKE GUIMET

Chalon-sur-Saone. Société d'histoire et d'archéologie. Mémoires, iii-8°.

Tome VI. J. CnEvniER. —Note sur quelques nouvelles figures de Mercure trouvées à Cliàlon sur-Saone. Stele de bextus-Or^'ius-Suavis, Mercure deliout, vu de face, nu, coiffé du pétase ailé, tenant la bourse de la main droite, le caducée de la f^auclie. (Bas-relief, marbre blanc). Mercure trouvé à Sermoyer, lieu du Porto en 1878; debout, nu, portant la bourse dans sa main droite et le caducée (brisé) dans la gauche, une chevelure disposée en torsades régulières retombant symétriquement à la manière orientale. Mercu-e juvéiiile (l)vonze d'orijîine grecque) nii, tenant la bourse dans le plat de la main gauche ; la maiu droite abaissée devait tenir un caducée; les ailts attachées à la tète sortent d"une clievel re courte et frisée. Mercure en bronze portant une sorte de baudrier. Autre figure de pierre cal Caire sup])05ée un Mercure, trouvée à Damerey, rappelant le Mercure avec le bouc du Musée de Lyon.

Maçon. Académie.

Ses publications ne nous sont pas encore parvenues,

SAVOIE

Chambkry. Société savoisienne d'histoire et d'archéologie.

Mémoires et documents, iii-S". MoUTiERS. Académie de la Val d'Isère.

Recueil de Mémoires et documents, in-S°.

Tome II, 1S74. Découverte de tombeaux romains à La Fortune et aux Chapelles.

Saint-Jean-de-Maurienne. Société d'histoire et d'archéologie de Maurienne.

Bulletin, iu-8°.

Travaux, iu-S°.

Conjrés des Sociales savantes de la Saooie, session de 1878, ia 8".

HAUTE-SAVOIE

Annecy. Société florimontane. Revue savoisienne, m-A".

Tome I. Inscriptions romaines à Rumilly. Orientation des monuments druidiques. Tome III. Deux tombe.\ux gallo-romains de Prinzy. Tome V. A. Valacuègues. Poésie chinoise de Téjioque de Tbang. Tome Vil. G. de Mortillet. Le signe de la croix avant le christianisme. Tome VIII. G. de Mortillet. Les habitations lacustres du lac du Bourget à propos de la croix.

SOCIKTKS SAVANTES XXXV

Tome X. Dccis. Les Gérâtes, Hercule el Auuiiial.

Tome X'. Ducis. Inscriptions romaines de la Savoie.

Tome XIV. Duc;s. Culte religieux de nos contrées lors de la conquête romaine. lus

cription romaine d'Annemasse. Tome XV. Ducis. Inscriptions romaines de Montgilbert. Tome XVII. L. RiivoN.— La Haute-Savoie avant les Romains. (1''' partie.) Tome XVIII. Ducis. Inscription romaine à Bumilly.

Tome XIX. A. CIii.vvÉuo. Antiquités mexicaines et publications relatives ai Movique. L. Rkvon. La llnute-Savoie avant les Romains (lin).

SEINE

Paris. Ministère de riiislructii)n pul)liquo et des Beaux-arts. Revue des ti'avau.r scientifiques, iu S".

Paris. Société académique indo-chinoise. Annales de l'extrême Ornent, iu-8".

1880. E. CoTTEAU. Promenades dans l'Inde et à Ceylan. Te n;jle (Vor, déJié à Siva, à Bé-

narés. Temple d'Ellora. Temple de la Dent de Bouddha à Kandy. 18S0. A Large.vu. Inscription cambodgienne de la pagode de Lophabouri.

II. Heun. In=;cription cambodgienne de Bassac. D' Harmant. Prière laotienne.

1881. Comte A. Dilhox. Administration des postes au Japon. -^ Aristide Marre. L'instruction chez les Chinois de Java.

LÉo.N Feer, - Manuscrits Pali-Siaraoisde laBibliothéiue Nationale et du Musée Guimet

(collection Rabardelle).

Autres publications.

D- Legrvnd. La nouvelle Société indo-chinoise fondée par M. le marquis de Groizier, et son

ouvrage « l'Art Khmer ». '' Louis VossiON Rapport sur la possibilité d'établir des relations coininerciales entre la France

et la Birmanie, adressé à M. le marquis de Ci'oizier, président de la

Société académique indo -chinoise. J. DuPUis. L'ouverture du fleuve Rouge au commerce et les événements duTong kin (18T2-73).

Journal de voyage et d'eipédition.

Paris. Athénée oriental. Bulletin, in-8°. Revue critique internationale , in-8\

Paris. Société d'anthropologie.

Bidletin, in-S". Mémoires, in-8°.

Paris. Société de géographie. Bulletin, in 8°.

1880. I.-L. DiiTREUii. DE Rhins. Résumé des travaux géographiques sur l'Indo-Chine orientale. ^ Notes de géographie historique sur le fleuve Rouge

XXXVI ANNALES DU MUSEE GUIMET

ISSfl. F. RoM.vNET DU Caillaud. Notice sur le Ïony-King.

Df BoNNEFOV. De la frontière entre les Bellovaques el les Vélocasses.

D'' A. DÉcuois. Deux semaines à Bang-Kok.

Paris. Revue archéologique. Année 1880,

L. Henzev. Les lerres cuites de Babylone. Uylitta ou .\naïtis.

Ch. Champoiseau. La Victoire de Samothrace.

Chabouillet. Notice sur des inscriptions et des antiquités provenant de Bourbonne-les-Bains,

suivie d'un essai de catalogue général des monuments èpigraphiques

relatifs à Borvo et à Damona, \'. DuKiîY. Comment périt l'institut druidique. E. LoviOT. Notice sur la réparation du Parthenon. Al. Bertrand. L'autel de Saintes et les tria les gauloises. J. Darenbourg. Observations sur rins.ription d'Eschmounazar. RoB. MowAT, Le dieu Allobrox et les Matue Allobrogicte. Tn. HoMOLLE. Fouilles exécutées à Délos. Henri Martin. Le dieu Esus à propos du Friciphalles.

SOMME

Amiens. Société des antiquaires de Picardie. Mé)noires, in-8".

Troisième série, t. 11, 186S. J. Garnieb. Notice sur une découverte d'objets celtiques faite à Croix, canton de Rosières.

TARN

Albi. Société des sciences, arts et belles -lettres du Tara, Revue historique, scientifique et littéraire, ln-8„.

La statue de I ombers. figure mutilée, pi^rsonnage indéterminé.

TARN-ET GARONNE

MoNTAUBA.N. Société archéologiqne de Taru et Garonne. Bulletin archéologique et historique, in-8°.

1877. L. Double. L'empereur Titus.

1878. J. MoMMÉjo. Découvertes archéologiques dans le canton de Caussade. Dolmens.

Débris gallo-romains. Monnaies. Pierres tombales. Cimetière gallo-ro- main de Cos.

1879. De Capella. Le Médracem, province de Constautine. Pyramide funéraire rappelant

celles d'Egypte.

MoNTAUBAN. Société des sciences, agriculture et belles-lettres du Tarn et Garonne. Recueil, in-8".

SOCIETES SAVANTES XXXVII

VAR

Dragcignan. Société d'études scientifiques et archéologiques. Bulletin, iii-8°.

VAUCLUSE

Apt. Société littéraire, scientifique et artistique.

Procès verbaux, in-8". Annales, in-8°.

1806-6". H. Chrestiax, Note sur une inscription votive aux déesses mères.

Mémoires, in-8°.

Le centenaire de Saboly, in-S".

VIENNE

Poitiers. Société des Antiquaires de l'Ouest.

Mémoires, in-8°. Bulletin, in-8°.

1830, R. P, lit h\ Grqix. L'hypogée Martyriuoi de Poitiers.

VOSGES

Épinal. Société d'émulation du département des Vosges. Annales, in- 8°.

1880. K. Voulut. .\utel votif du parc de Bazoille, érigé dans le Vicus Solici;e en 232 de notre ère; semble se rapporter à uue déesse inconnue jusqu'à present.

Saint-Dié. Société Pliilomatique Vosgienne. Bulletin, in-8".

ALGERIE

Ai.GER. Société des sciences physiques, naturelles et climatologiques . Bulletin, in-8°.

XXXVIII ANXALES DD MUSKE GUIMET

BONE. Académie d'Hippoue. Bulletin, ia-8\

Tome II, ISGo. P. Gandolphe. Kpigraphie Bonoise,Cippus en foi me dautel (ara) ; descrip- tion: teste de l'inscription, traduction et critique. De Commises de Mausilly. Note sur un puits antique à Coustantine. Des-

cription et noies historiques.

Tomes VII, IX, X. G. Olivier. Eludes sur l'Hellénie depuis les temps préhistoriques, jusqu'à la l.Xi^ Olympiade. Préliminaires, le Pont-Euïin, la mer Egée, les am.nzones ;du rôle de la femme dans l'antiquité ; du sort de la femme dans l'antiquité; cultes et croyances préolympiques, olympisme , la race hellénique, Pélasges, Ioniens, Eoliens; état politique. L'IIellade avant la ^'uerre de Troie. L'Hellade après la i;uerre de Troie. Elat intel- lectuel, croyances. Leshoî, aperçu géographique, histoire, religion, histoire littéraire, mouvement inlellectuel, Sapho, Mylilène.

Tome XIII, 1878. Chebboxneau. Note sur un autel à la discipline militaire.

Tome XIV, 18^9. Marius Nicolas. Commentaire analytique de deux inscriptions carlhagi noises : En vertu d'un voeu, Arich, fils de Bodaschtar, fils de

Bodmilkarth, fils de a offert un holocauste à la déesse Tanith,

reflet de Baal et au dieu Baal Hammon; à Tolatb.

CoxsTANTiNE. Sociétè archéologique.

Oran. Société de géographie de la Province d'Orau, Bulletin, in-8°.

Autres publications.

Du Trans-Saharien par la vallée Je TOued-Messaoud. Considerations maritimes au sujet du Trans-Saharien.

LE

BOUDDHISME AU TIBET

ERRATUM

Par suite d'une correction intempestive faite par l'imprimeur au tirage, et dont jen'ai malheureusement pu m'apercevoir qu'alors qu'il était trop tard pour y remédier, un certain nombre de dates sont reportées à la période anté-chrétienne, tandisqu'en réalité elles se rapportent à notre ère. L'erreur est trop grossière pour qu'elle puisse échapper au lecteur; néanmoins, afin qu'il ne puisse y avoir d'hésitation, je rétablis ici ces dates telles qu'elles doivent être.

NOTE DU TRADUCTEUR.

Pages 4, lire : trente au lieu de trentcs. 19, Sanijha Sanigha.

19, .4 bh ijnas A bijnas.

22 (note), p. ôj7 à 558, lire : api-és J.-C. au lieu de avant J.-C.

32, 102Ô, _ _ _

33, USI, . - _ 40, 371, _ _ _

41, 337, - _ _ _

41 (note), p. 617, _ 43, 723 à 786, _ _ _ _ 44, 900, _ _ _ _ 47, 1002, - _ _ _ _ 53, 617 à 698, - _ _ _

61, 1355, _ _ _

86 (note), p. 747, _ _ _ ._ 96, 72S-7S65 _ _ _ 97, 1389, - _ _ _

179, XI'' siècle, _ _ _

BOUDDHISME AU TIBET

I' Il li c i; u i; D U N K li s U M K

DES PUÉCÉDKMS SYSTÈMES LULDDllIQLES DANS L'LNDE

EMILE DE SCHLAGINTWEIT, L. L. D.

TRADUIT DE L ANGLAIS

Par M L DE MILLOUÉ, Directeur du Musée Gui m et

PREFACE

Les systèmes veligifLUx de tuus les ùges, à l'exception peut-être du paga- nisme dans sa forme la plus grossière, ontsubi,jlÊS._clian£emen^ et des _modificaUons_qui, s'ils n'ont pas matériellement altéré leurs principes, ont du moins exercé une certaine influence sur leur développement. Le boud- dhisme peut _êire considéré comme une démonstration reniaapiable de ce

fait; car non seulement les rites ont subi de notables changemeiila^ mais

encore les dogmes mémeT~ont, dans le cours des teui^s^j^ecu mainte alté-

rtrtitm-r13iein[ue claireTsimpIë'dans lêspremières époques de sou existence,

il fut considérablement modifié plus tard par Eintroduction successive de

nouvelles doctrines, lois et rites ; de soi-disant réformateurs se levèrent et Ann. g. - m. 1

2 AXNALIÎS DU MUSEE GUIMET

s'entourèrent de partisans plus ou ninns nombreux; ceux-ci par degrés for- mèrent des écoles, qui peu à pou devinrent des sectes. Le déplacement de son berceau primitif exerça aussi une influence considérable; la différence qui existe entre une région tropicale et une contrée froide et déserte, entre le tempérament physique des races aryennes et touraniennes devait êti'e adoucie, et, en partie du moins, effacée par l'influence du temps.

L'objet de cet ouvrage est la description du bouddhisme tel que nous le trouvons maintenant au Tibet, après plus de douze siècles d'existence dans cette contrée.

Les renseignements obtenus par mes frères Hermann, Adolphe et Robert de Schlagintweit pendant la mission scientifique entreprise de 1854 à 58, qui leur donna l'occasion de visiter diverses parties du Tibet et des contrées bouddhistes de l'Himalaya, ont été les principales sources j'ai puisé mes remarques et mes descriptions. Les récits des précédents voyageurs ont aussi été consultés et comparés avec les matériaux que j'ai reçus de mes frères. Les recherches des philologues orientaux et des éminents écrivains qui se sont livrés à l'étude des doctrines bouddhiques, parmi lesquels Hodgson et Burnouf ont avec tant de succès ouvert les voies à l'analyse des œuvres ori- ginales, n'ont pas été moins importantes pour mon sujet en nous mettant à même de juger des lois fondamentales du bouddhisme et de leurs modifica- tions subséquentes.

Je dois à mon frère Hi'rmann la plus grande partie des sujets traités dans cet ouvrage et la plupart des remarques explicatives recueillies sur les lieux. Il s'était acquis à Sikkim les services de Ghibou Lama, Lepcha très intelligent, alors agent politique du Raja de Sikkim à Darjiling. Grâce à ce personnage. il put obtenir nombre d'objets venant do Lhassa, centre de la foi bouddhique au Tibet. M. Hodgson et le docteur Campbell, en outre de beaucoup de rensei- gnements de haute valeur, eurent la bonté de lui duiuier divers objets inté ressauts pour son suj(!t. Dans le Tibet occidental, co fut surtout au monastère de Himis et à Loh, capitale de Ladak, ipio les désirs d'Hermann furent le plus promptement accomplis. A G-nary Khorsoum, Adolphe, qui était alors accompagné de Robert, réussit même à persuader au Lama de Gyoungoul et de Mangnang de lui vendre des objets qu'il avait vus traitt^r avec le plus grand respect et la plus grande vénération.

LK liOUDDIIKSMK AT TIBET 3

(Jiiant aux illustrations qui accompagnent le texte, j'ai choisi celles qui pré- sentent le caractère le plus scientifique de préférence à celles qui ne sont que descriptives. Elle consistent en copies prises d'après des gravures sur bois originales v[ d'impressions on caractères tibétains dos textes traduits.

J'ai été grandement aidé dans ukîs études do tibétain par_,M. A. Schiefner, de Saint-Pétersbourg, aux duvragos duquel je ferai de nombreux emprunts. Cet aimable savant m'a aussi procuré la précieuse occasion de recevoir ver- balement des détails explicatifs sur les prêtres îw loco d'un lama, le Bouriat Galsang Gombojew engagé à Saint-Pétersbourg comme professeur de langue mongole ; en outre, il fit pour moi divers extraits des livres de la Bibliothèque Orientale de l'empereur ayant trait à ces objets.

Je me permettrai de rappeler que j'eus l'honneur de présenter à l'académi.) royale de Munich l'adresse aux Bouddhas de Confession (contenue dans le chapitre xi), prière sacrée, dont la traduction allemande fut insérée dans les procès-verbaux de cette institution (février 1863.)

SIGNES

- Sur une voyelle indique qu'elle est longue;

- placé sur a et e indique une formation imparfaite ; j<^ n'ai pas eu à l'employer dans les expressions tibétaines et sanscrites; on le rencontre cependant dans les termes géographiques modernes, comme par exemple : Bêrma ;

' indique une prononciation nasale de la voyelle;

' marque la syllabe sur laquelle l'accent tombe.

On n'a pourtant introduit les accents que dans les noms géographiques; dans les autres mots originaux je me suis borné à indiquer les syllabes longues.

'^- Accent grec doux, j(> l'ai employé pour rendre l'aspiration douce tibétaine. En ceci j'ai suivi les avis du professeur Lepsius dans son récent supplément à son célèbre Slandard alphabet^.

i " UeberCliinesische imcl Tibetanische Lautverhâltnisse, und ilber Jie Umscluift jeiiar Srr.iclien » Abliandlunijen der Akademie der Wissenschaftenvon Berlin 1S61, i>. 479.

4 ANNALES DU MUSKE GUI M ET

REPRÉSENTATION DES LETTRES DE L'ALPHABET TIBÉTAIN

Les trentos lettres simples de la langue tibétaine sont représentées en ca- ractères romains de la façon suivante :

k kh g ng ch chh j iiy t tli d n p ph b m ts ts'h

E 'a (^ a ^ ^ ^ ra .p| -"^1 ^ b"^

dz V zh z ' y r 1 sh s h a

Le point qui sépare les syllabes dans les mots et les phrases tibétaines est représenté par une petite ligne horizontale.

Les lettres composées, au nombre de soixante-douze, et formées par une seconde lettre placée au-dessus ou au-dessous de la première, sont ainsi figu- rées : la lettre ajoutée au-dessous est écrite après la radicale : ainsi *] se rendra par kr; la lettre ajoutée au-dessus, précède la radicale : soit S ih.

Les lettres qui d'après les règles de la grammaire doivent être muettes sont pointées en dessous.

Afin de faciliter la lecture, j'ai orthographié les termes tibétains selon leur prononciation (en supprimant les lettres muettes) ; la reproduction des ca- ractères est donc supprimée dans le texte, mais un glossaire de termes ti- bétains par ordre alphabétique a été ajouté à la fin du volume ; on y trouvera l'orthographe originale de chaque mot et sa reproduction en lettres connues.

PREMIÈRE PARTIE

LES

DIVERS SYSTÈMES DE BOUDDHISME

SECTION 1. BOUDDHISME INDIEN SECTION II. BOUDDHISME TIBÉTAIN

PREMIERE PARTIE

LES DIVERS SYSTÈMES DE BOUDDHISME

SECTION I

BOUDDHISME INDIEN

tllIAPITUE PREMIER

ESQUISSE DE L,\ VIE DE S.VKYAMOUNI, LE FONDATEUR DU BOUDDHISME

Son origin»*. Principaux événements tie sa vie Il atteint la perfection d'un Bouddha.

Époque de son existence.

Bien que les innombrables légendes concoriiant la vi" et les travaux de Sàkyamouiii, que l'on considère comme le fondateur de la religion boud- dhique, contiennent beaucoup de fabuleux, la plupart des incidents qui 3' figurent paraissent cependant basés sur des faits matériels quand on les dé- gage do l'enveloppe de merveilleux dont les premiers historiens avaient coutume d'embellir leurs récits. Actuellement les recherches scientifiques ont mis hors de doute l'existence réelle de Sâkyamouni ^ mais l'époque à la- quelle il a vécu restera toujours quelque peu dans le vague.

' Voyez pour les détails les ])iograpliies publiées par: Csoma de Kôrôs (Notices sur la vie de Sakya dans les Rgrheixhes Asiutirjut's, vol XX, pp. 285-318 .. Hm-iX^ {Maivuel du Boudhisme, pp. 137-359)'

Schiefiier Eiae tibitanische Lebens-B^^schfjibunij Sdki/ainuiii's, dims les .Mémoires des savants étrangers, vol. VI, pp. 231-332.

Pour les tralitioris tibétaines et singalaises sur la race de Sàkya, voyez Foe-Koue-Ki, traduction anglaise, Calcutta, 1848, p. 203.

6 ANNALES DU MCSEE GUIMET

Sâkyamouni naquit à Kapilavastou dans le Gorakhpour. Les légendes nous racontent que son père, le roi Souddliodana (on tibétain Zastang), requit cent liuitsavants brahmanes pour lui dévoiler la destinée de son fils ; les brahmanes, disent les légendes, après un examen'attentifdu corps du prince, exprimèrent leur conviction qu(>, s'il vivait dans le monde, il deviendrait le puissant souve- rain de vastes territoires ; mais que, s'il vivait de la vi d'ascète, il atteindrait l'état de Bouddha suprême ou Sage : en cette assemblée solennelle ils déclarè- rent quo cet enfant deviendrait la bénédiction du monde et jouirait d'une grande prospérité. Ce fut par suite de ces prédictions que le prince reçut le nom de Sid Dhârtha « le fondateur^), Sid-Dhàrtha se montra doué de facultés extraordinaires; les légendes afirment qu'il connaissait déjà ses lettres lors- qu'on voulut les lui apprendre et que ses admirables perfections physiques et mentales manifestaient les éminentes qualités dont il était doué.

Comme trait particulièrement caractéristique, on ajoute que dès son enfance il aimait la retraite et la solitude, abandonnait ses gais et joyeux compagnons pour chercher les forêts épaisses et sombres il s'abandonnait à de profondes méditations. Pourtant Souddhodana désirait voir son fils devenir un puissant monarque plutôt qu'un aâcète solitaire ; aussi, quand une nouvelle consultation de brahmanes lui apprit que Sid-Dhârtha devait abandonner son palais magni- fique pour se faire ascète si ses regards rencontraient quatre choses : la décrépi- tude, la maladie, un cadavre et un reclus, il plaça autour du palais des gardes vigilants afin d'empêcher ces objets redoutés d'arriver sous les yeux de son fils bien-aimé. Afin de combattre son amour de solitude et de méditation il le maria à Gopâ (en tibétain Sa-Tsoma), fille de Dandâpani, de la race de Shâkya et lui fit prodiguer toutes sortes de plaisirs. Ces précautions devaient être inutiles. Sid-Dhartha, au milieu des festins, de la joie, des séductions de toutes sortes, ne cesse de songer aux maux qui viennent de la naissance, de la maladie, du déclin et de la mort, à leurs causes et aux remèdes à employer

1 Dans les légendes sacrées il est généralement désigné sous d'autres noms : ceux de Sâkyamouni, en tbétain, Sliàkya-Tlioub-pa, « Sakya le puissant ». Gautama ou Sramana Gautama « l'ascète des Gau- tamas » se rapporte également à sa famille et à sa carrière. Les noms de Bhagavat, « le fortuné ». Sougata, « le bien-venu », Bouddha, « le sage», désignaient sasuprémeperfe -lion. Un nom fréquemment donné aux Bouddhas dans les livres sacrés est celui de Tathagata, en tibétain Dezhinou Lezh;n Sheypa, « celui qui a été comme ses prédécesseurs ». Voyez Abel Remusat, note sur quelques épiîhétes des- criptives de Bouldha. Journal des savants, iSll, p. 702. Buruouf, Introduction, p. "iS et suiv. Bar- thélémy Saint-Hilaire, le Bouddha et sa religion.

LE nOUDDHISME AU TIBET 7

contre oux. Il trouve que la véritable cause de ces maux, c'est l'existence; que du désir liait Texistence et qm; rcxliiicliDU du ilésir entraîne la cessation de l'existence. Il se détiM-niinc alors, résolution [irise cent fois déjà, à con- dniro li's iKimmcs au salut on l(Mir enseignant la ]ir;iliqu(; dos vertus et le dé- tachement des choses du monde. liioii (|u"il eût hésité jusqu'alors, il exécute enfin sa résolution de renoncer au monde pour (>iid)rasser l'état religieux. 11 avait rencontré à quatre époques différentes, en se rendant à un jardin pro che du palais, un vieillard, un lépreux, un cadavre et un ])rètre.

Il avait atteint l'âge de vingt-neuf ans quand il quitta son p)alais, son fils nouveau-né et sa femme, qui, dit-on, donnait le jour à cet enfant au moment même de la rencontre de son époux et du religieux ^

Sid-Diiârtha commença sa nouvelle vie en étudiant avec zèle les doctrines des brahmanes, et en se faisant le disciple des plus savants d'entre eux. Mé- content cependant de leurs théories et de leurs pratiques, il déclare (|u'(^ll(>s n'oifrent pas les vrais moyens de salut ; il les abandonne et se livre pendant six ans à de profondes méditations et à l'exercice de grandes austérités. Il renonce bientôt à ces dernières, reconnaissant par sa propre expérience que les mortifications pratiquées par les brahmes n'étaient pas de nature à con- duire à la perfection. Ces six années écoidées, il se rend àBôdhimandâ, lieu sacré les bôdhisattvas devenaient bouddhas. Lorsqu'il y fut, s'étant assis sur une couche de gazon, du genre de Kusa, il arriva à la perfection suprêni(\ Cette perfection se manifesta par sa souvenance exacte de tout ce qui con- cernait toutes les créatures ayant jamais existé ; on obtenant l'œil divin par l'aide duquel il voyait toutes choses dans l'espace des mondes infinis, et en recevant la science qui explique les causes du cercle sans fin de l'existence. Sàkyamouni; ainsi doué de toutes ces prodigieuses et merveilleuses facultés, devint l'homme le plus sage, le plus parfait Bouddha. Mais, quoique arrivé à cet état de perfection, il hésitait encore à faii-e connaître ses doctrines, à les proposer aux hommes ; ses principes étant, selon lui, opposés à tout ce qu'on révérait alors. Il redoutait les insultes des h(.)mmes, créatures igno-

' Il est fort jirohahle dit Wassiljew. dans son Buddhism, |i. 12, que ce l'ut une gueiTe dans la- quellela tribu des Sâkyas fut défaite et Sàkyamouni obligé de fuir en exil, qui lui fit considérer l'existence comme une cause de peines et de cbagrins. plutôt que la vue des quatre objets redoutés que mention- nent les légendes. On raconte, en effet, que la race des Sâkyas l'ut presque entièrement détruite pendant la vie du Bouddha.

ANNAI.KS DU MUSKE GUIMKT

rantes ct remplies dc mauvais desseins. Mais ému de compassion et réHéchis- saul néanmoins que Ijeaucoup d'êtres le comprendraient et seraient délivrés par lui do l'existence, cause des peines et des chagrins, il se décida enfin à enseigner la loi qui lui avait été révélée ^ Sàkyamouni mourut, suivant les écritures, ajires avoir atteint l'âge de quatre-vingts ans. La date que les livres sacrés assignent à cet événement varie considérablement ; les époques extrêmes qu'ils mentionnent étant l'an 2422 et 544 avant Jésus-Christ. Lassen, dans son étude de ces matières ', donne la préférence à la littératmv des bouddhistes du sud qui place sa mort en 544 ou en 543 avant Jésus- Giirist. AVcstergaard, cependant, dans un récent essai sur ce sujet, croit même que sa mort a eu lieu de 370 à 378 avant Jésus-Christ, soit environ une génération avant qu"Alixandre le Grand montât sur le troiu?.

CIIAPITUE 11

BÉVEI.Orr EMEN T C.K.\DLEL ET SITUATION ACTUELLE DE L.\. RELIGION

liOUMiHIQUE

DeveloppemcDt ol déclin dans l'Iude. Son extension dans diverses parties derAsie. Comparaison du nombre des bouddhistes à oeiui des cliréliens.

A peine Sàkyamouni commençait- il à enseigner sa nouvelle religion que déjà une foule nombi'euse l'entourait. Son système avait un succès inouï à cause de sa simplicité et de l'abolition des castes ; le Bouddha répand les bénédictions dont il est le dispensateur aussi bien sur les plus hautes classes (brahmes) que sur les plus infimes. Déjà à sa mort le nombre des bouddhistes parait être considérable, et environ au milieu du troisième siècle avant Jésus-Christ sous le règne d'Asoka, sa religion commence à se répandre dans l'Inde entière. Elle continue à progresser ainsi pendant huit cents ans (jusqu'au cinquième siècle dc notre ère) ; alors commence une violente persécution l'instigation

I Barlliéleniy Saint-Hilaire, le liuMthlha et sarcliijion, p. o2.

- Lasseii, Indiiche Alterthumshiindc, vol. II, p. 51. VVeskiganid Vcber liuddha's Todesjahn traduction allemande, p. 94.

LE UOLDDHISME AU TICF.T 1)

des sectaires brahmanes, et particulièrement des adhérents du culte de Sivo) qui amena presque la destruction du bouddhisme.

Hioucn-Thsang, pèlerin cliinois, qui passa une partie de sa vie en longs voyages dans l'Inde de 629 à 645 avant J. -G. cite nombre de temples, monas- tères et monuments biiuddhiques, déserts déjà et (mi ruines; deux siècles plus tôt, Fa-Hian, autre voyageur rliiuois, avait trouvé ces édifices dans l'état ](^ plus prospère. Néanmoins, dans plusieurs contrées de l'Inde les bouddhistes existaient encore ; à Bénarès, redevenu maintenant un centre brahmanique, ils ont eu, dit-on, la prédominance jusqu'au onzième siècle et même jusqu'au douzième dans la partie nord de Goujrat.

Après cette éjioque le bouddhisme disparait dans l'Inde par suite d'uni; réunion de circonstances parmi lesquelles la jalousie des diverses écoles et l'invasion nmsulmane sont peut-être les plus importantes '.

A présent le bouddhisme s'étend sur de vastes territoires, de Geylan et l'archipel indien au sud, jusqu'au lac Baikal dans l'Asie cntrale, et du Cau- case jusqu'au Japon ; le nonil^re do ses adhérents égah^, s'il no le surpasse, celui des chi-étiens, ainsi qu'on le verra par la suite ".

Feu le professeur Dieterici dans son recueil si connu du recensement du globe, évalue la population de la Chine à quatre cents millions, celle du Japon à trente-cinq millions d'âmes et celle de la péninsule de l'Indo-Chine à cin- quante millions d'habitants dans les territoires indépendants ^. Les évaluations pour les dépendances de l'Inde sont peu d'accord. L.'dictionnaire géographique de Thornton donni^ pour Arrakan, Pégou et Ténasserim une population d'envi- ron un million d'âmes ; mais, d'après une note de V Indian Midi d'Allen I86I , les habitants de Pégou, seuls, sont estimés à un rniUion. Une moyenne de deux millions d'habitants i)our ces trois provinces serait peut-être plus en rapport avec leur superficie comparée au reste de la péninsule *. Selon Dieterici la population de l'archipel indo-chinois est de quatre-vingts millions, dont

1 Comparez Montstuart Eliihinstone, fliston/ of Iitdia. vol. 1, p. 212, et Lasseii, Ind. Altertliums- kùnde, vol. IV. p. 707.

2 Le professeur Xeuman de Munich a évalué le nombre des houddhisles, eu Chine, au Tibet, dans l'Indo-Chine et la Tartaric à 369 millions. Ungewitfcer, Neueste Erdbeschreibunr/, vol. 1, p. 51 estime leur nombre total à 325 millions. Le colonel Sykes, dont la compétence dans toutes les sciences et prin- cipalement dans la statistique, est bien connue, estime que le nombre des bouddhistes dépasse celui des- lldéles de toutes les autres croyances (voir son essai, on Indian Cliaractcrs. Lomire?. 1859).

3 Die Bevôlkerung der Erdc dans les Géof/raphische Minlmilungcn de Pétermann, 1859, p. 1. ' Dictionnaire géographique de Tliornton, Indian Mail d'Allen, 18ol, p. 802.

Ann. g. - m. 2

10 ANNALES DU ML'SICK GUIMET

vingt pour bs po-jSîssions lioUandaises et espagnoles. Celle de C-^3'lan, entiè- rement boiuldliisto, dépasse deux millions suivant Mac-Carthy K Dans l'Inde I^roprement dite, il n'y a pour ainsi dire point de bouddhistes.

D'après ces calculs nous obtenons donc pour ces parties de l'Asie un tutaj approximatif de 534 millions d'lial)itants. Les deux tiers au moins sont consi- dérés comme bouddhistes, le reste comprend les disciples de Confucius et de Lao-Tseu, adhérents des religions dominantes dans la Chine proprement dite ^, les musulmans (nombreux dans la Tartarie chinoise) et les tribus païennes de la péninsule de l'Indo-Chine et de l'Archipel ; le nombre de ces derniers est relativement faible, vu le peu de population de leurs districts. Nous pouvons donc estimer le total des bouddhistes à 340 millions.

Les autres parties du globe ajoutent à ce nombre un contingent relative- mont i)eu important, qui semble pourtant devoir dépasser un million. Les pro- vinces orientales de l'empire russe renferment environ 400,000 bouddhistes, soit 82,000 kirghis et 119,162 kalmoucks habitant l'Europe ^, et les Bouriats (environ 190,000 âmes) vivant dans la Sibérie ; ceux-ci sont presque tous disciples de Bouddha". Il faut encore ajouter pour l'Himalaya et le Tibet occidental, indépendants de la Chine, les habitants de Bhouthan au nombre 145,200 tous bouddhistes selon Pemberton ■'.

J'estime de 500,000 à 550,000 la population de Sikkim, réunie aux boud- dhistes de Népal, eu grande partie d'origine tibétaine". La pi'ovince bouddhiste

' Rapport dps procés-verbnux de la quatrième session du Congrès International de statistique, Londres, l'^ôl, p. Si. Conip.nrer Hardy, Eastern ilonachism, p. 310.

2 Oiitziaff établit que l-'S ljoudJhisti.s forment l.i secte la plus populaire et la plus nomlireuse en Chine ; il ajoute que leurs ela'ilissements reli^ieu»: peuvent être estimé-, aux deux tiers de la totalité des edi- fices pieux de ce pays. R, ^\. Soc, vol. XVI, p. ■'^9. Scliott, Bad Ihainnus, p. 2 i, 1S44, pease que les boud Ihistes sont It minorité.

3 Notes prises ians le mémoire de P. von Kôj)|ien « llebi;r die Anfertigung (1er eihnographi- schcn Karte des Europaiich n liusslandi. Bulletin hist.-phil. de V Académie de Saint-Pétersbourg' vol. IX, p. 333.

4 Latham, Descriptice ethnologie, vol. I, p. 303. Je l'ai aussi entendu dire par Qombojew, Bouriat de Selenginfk.

'■> Rapjiort sur Bhoutan, p. loi. Un calcul réi-ent de Hugues, rapporté par VAllgemeine Zeitung, jan- vier 1S62. doune 1,.5W,000 habit mts; ce nombre paraît quelque peu exagéré.

c Hugues cale le que le Népal renferme i.9 iO.OOJ habitants dont 5)0, 0;)0 bouddhistes. Ce nombre ne noua parailra pasexaj;éré, si nous nous rapjielons que les bouddhistes de Népal sont divisés en quatre sectes etqueces doctrines out pris urijgrande extendon dans les dive ses tribus d'origine tibétain; qui habitent ce roy lume. Voyez Hamilton, ciie parRitter, Asieii, vol. UI, p. liO, 1;3, 12.3, 129. Hodgson, Languages, As. Res., vol. XVI, p. 435; le même sur les aborigènes du Sud Himalaya, dans Records of the gov. of Bengal, P- 1^9

I.E liDIJDlilIISMK W TIUKT 11

de SpitiS suus la prutection do l'Augletorre, comptouin' [lupulalinn do 1,607 habitants d'après le recenseinont du iiiajoi' Hay on 1849. Ladak, maintenant province du royaume do Kashmir, possède suivant Guminghani 178,000 âmey; la population native est exclusivement bouddhiste, mais depuis l'aïuiexion à Kashmir quelques Hindous, membres do l'administration et quelques mar- chands musulmans s'y sont établis.

Le total de ce groupe peut monter à un million et quart ^.

J'ajoute comme comparaison que, d'aiirès le profi;sseur Dioterici, le total des chrétiens répandus sur la surface du globe est de 335 millions, dont 170 millions catholiques romains, 89 millions protestants, et 76 millions catholi- ques grecs. Leur nombre est donc inférieur de 5 millions à celui quo nous donne, pour les bouddhistes, le calcul ci-dessus.

CHAPITRE II

SYSTÈME RELIGIEUX DE SAKYAMOUNI La loi fondamentale. Le dogme des quaire vérités et les chemins du salut.

Quoique fondatruf du bouddhisme, Sakyamouni n'est plus considéré comme le premier Bouddha. Plusieurs Bouddhas très parfaits l'avaient précédé ce que l'on emit maintenant), et d'autres parailront plus tard; mais tous ont enseigné la mémo loi^.

Le système religieux original, tel que l'enseignait Sakjamouni, est simple

' Rapport sur I.t vallée de Spiti, dans Journal As. Soc. Beng., vol. XIX, p. 437.

2 Le bouddhisme avait aussi été introduit au Mexique par des prêtres chinois au cinquième siècle avant J.-C; et eut des disciples dans ce pays jusqu'au treizième siè.de; mais les Aztèques victorieux qui prirent possession du Mexique au commencement de ce siècle mirent fin au bouddhisme. Voyez Lassen, Ind. Alteith.. vol. IV, |i. 749 et suivantes.

■Cette théorie pu'aît avoir été déjà introduite dans la mythologie bouddhiste par l'école santrantika. Voyez Wassdjew, Der Buddhisnius, p. 315. A ce dogme se rapporte aussi le nom de Tathâgata (v. pt 4 pour l'explicalion philosophique de celte expression par thus gone, citée par Hodgson d'après les œuvres originales). Voyez Burnouf. Introduction^ p. 75.

12

ANNALES nu MUSEK GL'IMET

en ses principes ; son caractère est la hardiesse de la spéculation philosophi- que. Voici son dogme fondamental*:

Toute existence est un mal ; car la naissance enfante le chagrin, la souf- france, la décrépitude, la mort.

La vie présente n'est pas la première ; d'innombrables naissances l'ont précédée dans les siècles antérieurs.

La reproduction d'une nouvelle existence est la conséquence du désir des objets existants et des actions agrégées en une succession non interrompue depuis le commencement de l'existence. La propension aux plaisirs de la vie produit le nouvel être ; les actes des premières existences déterminent la con- dition dans laquelle ce nouvel être devra naitre.

Si ces actes ont été bons, l'être naîtra dais un état de bonheur et de dis - tinction ; au contraire, ont-ils été mauvais, l'être est destiné à un état de misère et de dégradation. L'annihilation absolue des conditions et douleurs de l'existence Nirvana s'obtient par une domination très complète de la passion, des mauvais désirs et des sensations naturelles.

Sakyamouni développe cette doctrine fondamentale dans la théorie dus quatre excellentes vérités : la douleur, ia production, la cessation , le che- min. Elles s'appellent en sanscrit : Aryani Satyani, et en tibétain : Phagpai Denpazhi. Leur sens peut se définir ainsi :

La douleur est inséparable de l'existence.

L'existence est produite par les passions et les mauvais désirs.

La cessation des mauA'ais désirs met fin à l'existence.

Révélation de la voie qui mène à cette cessation.

En détaillant If s préceptes moraux de la quatrième vérité, il indique huit bons chemins :

La bonne opinion ou orthodoxie ;

Le bon jugement qui dissipe tous doutes et incertitudes ;

Les bons discours ou parfaite méditation ;

' Voyez rimpartaute expusilioii de Kiippeii DieReliijion des Buddkas, pp. 213, 2îô, On liùUïe ues notes sur lesdograes primitifs du bouddhisme dans de nombreux passages de burnouf, Introduction au bouddhisme indien et Lotm de la bonne Loi ; daus Hardy Eastern ilonachism et Manual of Buddhism.

A NX Al, F s DU MuSl'vE GuiMET

. m. IM.. I.

DOd.MK l'U.NDAMKM'AL

RELIGION BOUDDIIIOUE

EN SANSCRIT, ECRIT EN CARACTERES TIBETAINS

9 -^ f^

II

TRADUCTION TIBETAINE

lAi BOUnDHISME AU TIBET 13

4" La buuui' inaniéro d'agir, uu do yardor dans toute actiun un Inil jmi' ct linunôti' ;

5" La h'liiiic niaiiiori' do sui)[)oi't(_'r la vii^, uu do j^-agucr sa subsistance par dos moyens honnêtes sans la souillure du péché;

G" La bonne direction di'Tiutollif^i'iicc qui conduit au salut final (de l'autre côté de la rivière) ;

La bonne mémoire qui i)eruii't à riiomme d'iuiin-imor fortement dans son esprit ce qu'il n(; doit pas oublier ;

La bonne méditation, ou esprit tranquilli.', [)ar lequel soulonii'ut on peutat- teindre à la constance dans la méditation sans être troublé paraucun'événement.

On a douté avec raison que Sâkjamouni ait enseigné les quatre vérités sous cette fornio; mais il doit avoir parlé des moyens d'atteindre à la libé- ration finale, ou au salut et j'ai ajouté ici ces huit classes du chemin qui lui sont attribuées déjà dans les plus anciens soûtras'. La théorie des quatn' vérités a été fornndéi> en une courte sentence, qu'on a découv(M'te sur plu- sieurs anciennes images bouddhiques ; en outre, on la récite actuellement comme une sorte de profession de foi et on l'ajoute aux traités religieux. La voici :

« Toutes chos(>s procèdent do causes ; le Tathâgata a expliqué la cause de leur procession. Le grand Sramana a également déclaré la cause de la fin de toutes choses^. »

Tathâgata et Sramana sont deux épithètes de Sâkyamouni, ainsi qu'il a été dit précédemniout. Los ancious livres religieux appliquent aux disciples de Sâkyamouni le titre Srâvakas, « auditeurs », nom qui se rapporte à leur per- fection spirituelle. L's bouddhistes de cette époque paraissent s'être donné lo nom de Sramanas, « ceux qui domptent leurs pensées, qui agissent pure- ment )> par allusion à leurs vertus morales et à leur conduite générale ^.

' Au sujet (les quatre vérités voyez: Csoma, Notices dans As. Res., vol. XX,' pp. 29i à 303; Hur- iiniif. Introduction, pp. 290, à 629 ei Lotus de la bonne Loi, appendice v. Dans le chapitre suivant un verra une autre série de ces huit classes, qui sont évidemment le produit d'écoles plus nouvelles.

'' Celte se;itence sert aussi Je conclusion à l'adresse aux Bouddhas de Confession, voir chapitre IX Nous avons suivi Hodgson dans la traduction de cette sentence; voyez : Illustrations, p. 158; d'autres traductions de diverses versions ont été publiées par Prinsep, Gsonia, Mill et récemment comparées par le Colonel Sykes. Voyez : Miniature Ijhaityas and inscriptions of the Buddhist religion s doijma dans R. .\s. Soc, vol. XVI, p. 37. Le texte sanscrit écrit en caractères tibétains et la version tibétaine sont donnés planche I.

3 Wassiljew, Dey- £«(Z(i/(ii-mus, p. 69.

14 ANNALES DU MUSEE GUIMET

chapitrl; IV

SYSTEME HINAYANA

Contri'verses sur les lois de Salcvamourii. Doctrines Ilinayànn. Les douze Nidanas, caractère des préceptes. Méditation abstraite conseillée. Degrés de perfection.

A l'époque de la mort de Sâkjamouui les Hindous n'était pas assez civi- lisés pour avoir une littérature, et les prétentions des bouddhistes à posséder des lois écrites de son vivant (selon la croyance du Népal) ou irniuédiatement après sa mort (opinions des Chinois) sont positivem-^nt sans fondement. D'après de récentes recherches, il paraît probable que les alphabets qui ont servi à écrire les premières données historiques connues, inscriptions du roi Asoka (environ 250 ans avant Jésus-Christ), étaient imités de l'alphabet phénicien ; celui-ci fut apporté aux Indes par des marchands vers le cin- quième siècle avant Jésus-Christ ; à la même époque les lettres grecques furent connues dans les anciens districts de Gandhâra et de Sindhou, contrées au pied de l'Himalaya arrosées par l'Indus ^ Nous pouvons maintenant af- firmer que les paroles et les doctrines attribuées à Sâkyamouni se transmet- taient [lar tradition orale jusqu'au premier siècle avant l'ère chrétienne. Les histoires écrites furtjnt entreprises séparément par les bouddhistes du Nord et ceux du Sud. A Ceylan, les prêtres les écrivirent pendant le règne de Vartagâmani, 88-76 avant Jésus- Ghri.-t ; Imirs frères du Nord rédigèrent leurs traditions dans une assemblée de prêtres, ou synode, réunie par le roi Tourouschka Kanishka, 10-40 A. D. L-^s Singalais employèrent la langue vulgaire, et leurs livres fur(3nt traduits en dialecte sacré, pâli, au commen- cement du cinquième siècle de notre ère ; les branches du Nord se servirent du sanscrit ^.

' A Weber, Zsclir. d. d. Moigen. Ges., vol. X, \t 39 J. Westerg.iard, Ueber den àltesten Zeitrav.m der IndUrh'-n Geschichie, pp. 35 et 80. Wassiljew, Ber liuddhismus, p. 30, pense cependant que les missioiin.iires bouddhistes avaient appris les lettres gi-ecques dans la Bactriane au troisième siè- cle avant J.-G. et croit qu'Asuku composa d'après elles les alphabets employés dans ses inscriptions.

2 Turnour, Maliàvansa, p. 207. Lassen, /jidùc/i. ^//.,vol. Il, pp. 435à4ti0. Westergaard, I.e., p. 41,

LE nOUDDIIISME AU TII3ET 15

Jusqu'à cette époque la religion s'était conservée par tradition ; il est donc douteux que la loi originale soit restée pure de toute altération au mi- lieu des modifications naturelles inhérentes à la tradition orale, quoique, selon l'histoire bouddhique, les paroles de Sâkyamouui aient déjà reçu une forme précise et bien délinie depuis l'année de sa murt. Bien ])liis, nous avtms la preuve positive que des altérations arbitraires et des additions ont été faites volontairement, principalement au sujet de détails historiques donnés par les recueils priinilifs. De (elb's modillealidus deviennent bientôt fréquentes et prennent de l'importance, non pas positivement en elles-mêmes, mais par la prétention de chaque nouvelle secte à des dogmes particuliers recèles par Sàkyamouni. L'orthodoxie de; chaque nouvelle école dogmatique est fondée sur la supposition que la parole du Bouddha doit se prendre dans un double sens, parce (ju'il a souvent été forcé, en raison de l'intelligence de ses auditeurs, d'expliquer certains sujets tout à fait à l'opposé de sa véri- table opinion ; chaque nouvelle secte qui s'établit ne repousse pas les travaux précédents comme falsifiés, mais prétend avoir découvert le sens vrai de sa parole ^ .

Pendant le premier siècle après la mort de Sàkyamouni, il ne s'élève point de controverses sur ses lois ; mais alors une nombreuse confrérie de moines (12,000 dit-on) affirment l'efficacité de dix indulgences. Leur doctrine est condamnée par l'assemblée des prêtres au synode de Vaïsàlé, ville au nord de Pâtna (Patalipoutra), sur la rive orientale du Gàndak ; ils refusent de se soumettre à ce jugement et forment le premier schisme ~. A cette nouvelle période du bouddhisme, les dogmes fondamentaux de Sàkyamouni com-

> Ëurnouf, Iiitroduction, p. 2l'J ; Wassiljew, Der BiiddhUmtts, p. 329.

2 Voyez Turnour, <i Pâli BuJdliistical Annals ». Journal As. Soc. Benrj.. vol. VI, p. "rZ?. A ce synock fut proposé le dogme suivant : « Cela seul peut passer comme la vérilable doctrine du Bouddha, qui n'est pas en contradiction avec la saine raison. » La conséquence immédiate de cette doctrine fut la forma- tion de diverses écoles ; celles-ci, dans leurs fréquentes disputes, essayèrent de prouver la pureté de leurs dogmes dans une discussion solennelle devant une grande assemblée de prêtres et de laïques. Dans la premiers période du bouddhisme les chefs seuls des écoles rivales pouvaient engager la dis- cussion; le vaincu devait mettre fin à son existence, devenir Tesclave de son adversaire plus heureux, embrasser sa croyance ou abandonner sa fortune au vainqueur. Plus tard des monastères enliers prirent part à ces discussions et les établissements des vaincus furent détruits. Cette circonstance exjiliqiie I,i disparition totale de maint monastère dans l'Inde; Wassiljew, Der Buddhismus, p. 72. On trouvera de plus amples details sur les anciennes écoles dans l'ouvrage de Vasoumitra,dont une traduction a été jointe comme appendic; à louvrage de Vi'assiljew ; voyez Foe-Koue-Ki, traduction anglaise, p. 2.')9 ou une note intéressante est ajoutée à l'original français; comparez au.ssi Burnouf, Introduction, jj. 86.

16 ANNALES DU MUSUE GUIMET

luencent à être interprétés sous différents points de vue, les anciennes sectes sont appelées le système hinayàna^ Ce nom signifie « petit véhicule ». et a son origine chez les bouddhistes modernes. L'épithète petit vient de ce rpie les adhérents de ce système se bornent à la morale et à Toljservation extérieure, sans faire usage d'une théologie aussi abstraite, aussi raffinée et profondément mystique que celle qu'adopta plus tard l'école mahâyâna, « du grand véhicule » . Yâna, véhicule, est uueexpression mystique qui indique qu(î l'on peut échapper aux peines inhérentes à la naissance et à la mort en pratiquant les vertus enseignées par les Bouddhas et atteindre enfin au salut.

Les détails suivants peuvent être cités comme caractéristiques du système Hinayâna ^ :

1" Il se distingue des Srâvakas par la manière de développer le principe (lu bouddhisme. 11 faut fuir le monde, parce qu'il greffe sur l'existence hu- maine la souffrance et la mort. La démonstration de la source de l'existence n'est plus tirée seulement des quatre vérités, mais aussi des douze Xidânas (en tibétain Tonbrel chougnyi), qui sont basés sur les quatre vérités.

LesNidânas, théorie de la connexion causale ou enchaînement des causes d'existence, sont formulées ainsi qu"il suit :

De l'ignorance naissent le mérite et le démérite : du mérite et du démérite la connaissance ; de la connaissance le corps et l'esprit ; du corps et de l'es- prit les six organes des sens ; des six organes des sens le toucher (ou contact) ; du contact le désir; du désir la sensation (plaisir ou peine) ; de la sensation l'union (ou attachement) aux objets existants ; de l'attachement aux objets existants renouvellement de l'existence (ou reproduction après la mort) ; de hi reproduction d'existence naissance; de la naissance décrépitude, mort, chagrins, douleur, dégoût et mécontentement passionné. Ainsi se produit le corps complet des maux.

De la complète séparation et de la cessation de l'ignorance découle la ces- sation de mérite et démérite; de celle-ci, cessation de connaissance ; de celle- ci, celle du corps et de Tesjirit: do là, cessation de la production des six organes; de celle-ci, cessation du toucher; sans le toucher }ioint de désir;

1 Voyei! Foe-Koae-Ki, p. 9. Kâppen, Die RcHyion des Bitdtlha. vol. 1. p. 41" * Sur ces dogmes, voyez M'assiljew, pp. 97-128149.

LK BOUDDHISMK AU TIBET 17

sans désir point do sensation (agreablo on pénible) ; la sensation supprimée, plus d'attachement aux objets existants ; par là, plus de repi'oduction d'exis- tence ; celle-ci entraîne la suppression de la naissance ; sans naissance plus de décrépitude, ni de mort.

Ainsi s'éteint le corjjs complet des maux '.

Nous trouvons dans li's livres d"iiistruclion appartenant à ce système une accumulation considérable de préceptes et de règles dont le but est de dégager les fidèles des liens qui les attachent à l'état présent et futur de l'exis- tence et de fortifier en eux les vertus morales. Le trait dominant partout est curieux et digne de remarque; le caractère général qui se dégage de tous ces principes (compris dans deux cent cinquante articles) est négatif; ainsi la charité est recommandée non par l'ordre de donne)-, mais par la défense de prendre, excepté quand le don est une aumône.

Déjà cette école avance cette doctrine, qu(^ la perfection dans la méditation abstraite est indispensable pour le salut final; cette perfection est la preuve d'une énergie qui ne découle pas de la pure pratique des simples vertus. Néanmoins cette idée ne va pas jusqu'à assigner à la spéculation mentale une plus grande valeur qu'aux vertus.

Dans certaines circonstances pourtant, l'assiduité dans une réflexion sans distraction devient une tâche des plus difficiles ; aussi certains exercices préparatoires sont-ils recommandés pour conduire l'esprit à l'abstraction complète des objets extérieurs (mondains). Mais ici nous trouvons dans le bouddhisme de parfaites extravagances dans l'ordre des considérations mo- rales. Compter les inspirations et les exhalaisons du souffle est selon lui un excellent moyen d'obtenir la tranquillité de l'esprit.

« L'horreur du luuiidc, dit-il, découle des méditations sur les attributs du corps ; si donc on commence par considérer son corps comme une pourriture, on se convaincra qu'il ne contient rien que misère et décrépitude, et il sera alors facile de dépouiller toute affection pour lui ; on finira même par consi - dérer la nourriture comme étant aussi un amas de putréfaction absolument dégoûtante ^. «

' Hardj-i Manual of Buddhism, p. 391 ; Buruouf, le Lotus de la bonne Loi, appendice w \l; Introduction, p. 623. Foe-Koue-Ki, p. 291.

- Ce fanatisme moral ne paraît pas, cependant, découler exclusivement du liouddhisme. car les bond -

Ann. g. - III. 3

18 ANNALES DU MUSEK GUIMET

Sous le rapport du degré de perfection que l'iiomme peut atteindre dans les vertus et la science ce système reconnaît plusieurs gradations, basées sur les considérations philosophiques suivantes :

L'intelligence des doctrines enseignées par Sâkyaraouni diffère avec chaque homme. Il v a plusieurs degrés de compréhension. Ceux qui ont réussi à atteindre au plus haut degré sont supérieurs à ceux qui sont restés plus bas.

Quatre chemins mènent à la compréhension, et pour arriver à la libération finale, Nirvana, il est de toute nécessité d'eu suivre au moins un. La libéra- tion arrive, soit instantanément par suite de mérites accumulés dans des existences antérieures, soit par uue pratique soutenue des divers exercices prescrits. A la poursuite de chacun des quatre chemins de compréhension sont assignées des propriétés particulières.

Ceux qui n'ont encore mis le pied dans aucun de ces chemins sont dési- gnés dans les livres sacrés sous le nom de fous, ou ceux qui vivent dans les filets de l'attachement à l'existence, du mauvais désir, de l'ignorance et de l'impureté. Ces hommes imprudents ne se servent pas des moyens révélés par le Bouddha pour se délivrer de la métempsycose ; « leurs esprits sont obscurcis, pesants et incapables de claire intelligence ; de tels êtres ne sont pas encore sur le chemin de la libération finale qui est seulement au bout de l'un des chemins de sagesse » .

Voici de quelle manière les bouddhistes définissent l'importance croissante des quatre chemins ^*

Premier chemin. Ilest atteint par les Srotapatti ou « ceux qui sont entrés dans le courant conduisant à Nirvana » et ont ainsi avancé d'un pas vers le salut. On atteint Nirvana en rejetant l'erreur qui enseigne « Je suis » ou « Ceci est à moi », eu croyant à l'existence réelle des Bouddhas et en com - prenant que les pratiques et cxeiTices qu'ils ont ordonnés doivent être soi- gneusement observés. Du moment de l'entrée dans ce chemin jusqu'à l'arrivée à Nirvana même il n'y a plus que sept naissances, mais on ne peut

dhistes eus-mêmes iléclareat queces pratiques étiientcoaaues aussi des Terbhikas, ascètes Brahmanes, appelés aussi les Incrédules. Voyez Hardy, Eastern Mon<ichism, 250; Bainouf, Introduction, p. 280.

1 Voyez Foe-Koue-Ki, traduction anglaise, p. 94. Burnouf, Introduction, pp. 28S-98 : Hardy, Eas- tern Monachism, chapitre xxii. Chaque chemin se divise en deux classes et ainsi nous arrivons au système des huit chemins dont j'ai déjà parlé.

I.K nOUDDHISME AV TIHET 19

preiuU'o place dans aucun des ({uatre eul'ers ; lu saint eri'o coustaiuiiicut '4 suivant les notions des Chinois ces migrations durent 80,000 kalpas, ou périodes d'une révolutinu mondaine.

Second chemin. Celui qui est arrivé ici est appelé Sakridagamin, « celui qui naîtra encore une fois ». L'esprit de cet être est éclairé sur le sujet des trois doctrines que comprennent les Strotapatti ; de plus il est délivré du désir de l'attachement aux objets matériels et ne souhaite ])as le malheur des autres. Il peut, ou suivre ce chemin dans le monde des hommes et en- suite naitre dans un monde de dieux, ou bien entrer dans le monde des dieux pour renaître ensuite dans celui des hommes. 11 doit encore attendre 60,000 kalpas avant d'arriver à Nirvana.

Troisième chemin. Ici, l'élu, Auagamin, « celui qui ne naîtra plus »,est affranchi des cinq erreurs déjà dépouillées parles Sakridagamins, et aussi des mauvais désirs, de l'ignorance, du doute et de la haine. Il peut entrer par um- naissance visionnelle dans le monde des dieux et de atteindre Nirvana ; mais il doit attendre 40,000 kalpas.

Quatrième chemin. Celui-ci est le plus élevé des chemins de perfection, il est atteint par les Arhats, Arhants ou Archats, titre qui signifie qu'ils méritent de devenir membres des fidèles (Sanigha).

Dans la première période du bouddhisme le nom dWrliat était donné à tous ceux qui s'étaient élevés à l'intelligence des quatre vérités. Mais une telle puissance d'esprit, disent les disciples d'Hinayana, ne peut être atteinte que par ceux-là seuls qui ont renoncé au monde, c'est-à-dire les prêtres; ils sont donc les seuls qui jouissent de l'avantage d'entrer dans le quatrième chemin, avantage qui ne consiste en rien moins (|ue l'émancipation de la renaissance et la possession de cinq facultés surnaturelles, ou abijnas. Rapporter de quoiqu'un qu'il a « vu Nirvana » revient à dire qu'il est devenu Arhat.

Sâkyamouni n'est pas l'auteur de la restriction qui réserve Nirvana au clergé ; il admet au contraire tous ses disciples aux grâces de sa loi ^ .

A la première période du système Hinayâna la liste des différentes grada-

' J aurai occasion, daas le cbapitco sur le clePffé tibétain, de reveiih' s'ir l'acceptation ou le rejet de oe dogme par les diverses écoles. Sur les Abhijnis, voyez Burnouf, Lotus de la bonne Loi, p. 820.

'20 ANNALES DU MUSEE GUIMET

tious doit avoir été restreinte aux Arhats, le Bouddha lui-iaême n'ayant d'abord pas d'autre nom ; mais dans le développement progressif de ce système l'Arhat fut dépassé par les Pratyékas Bouddhas, les Bodhisattvas et les Bouddhas plus parfaits.

Les Pratyékas Bouddhas sont des hommes qui, atteignant sans aide, par leurs seuls efforts, le Bôdhi des Bouddhas suprêmes, restent limités dans leur pouvoir comme dans leur intelligence. Ils sont incapables de délivrer quel- qu'un du renouvellement de l'existence, parce qu'ils s'occupent seulement de leur propre salut sans contribuer en rien à celui des autres hommes. Aussi aucune légende n'attribue aux Pratyékas Bouddhas des travaux miraculeux comme ceux des Bouddhas suprêmes, et on croit qu'ils n'apparaissent jamais quand un véritable Bouddha vit sur la terre ^

Les Bodhisattvas sont les prétendants à la dignité de Bouddha ou les liommes qui sont arrivés à l'intelligence, ou Bôdhi, des Bouddhas suprêmes par l'assiduité dans la pratique des vertus et de la méditation. Quiconque s'efforce d'atteindre à ce rang sublime doit passer par d'innombrables phases d'existence, pendant lesquelles il accumule une plus grande somme de mérites ; par il gagne la protection d'un Bouddha vivant en même temps que lui sur la terre, et avec son assistance s'élève à l'une des régions célestes, il attend sa prochaine naissance comme sauveur. Les livres sacrés Hinayâna ne men- tionnent aucun de ces candidats parmi les compagnons de Sâkyamouni, qui du reste ne pouvait être contemporain d'aucun Bodhisattva.

On ne croit pas qu'ils prennent une part active dans la conduite des hommes. Ce titre désigne seulement la condition de ceux qui doivent atteindre le rang de Bouddhas à leur prochaine incarnation -.

' Voyez, Foe-Koue-Ki, traduction anglaise, pp. 10, 95, 158 ; Bui-noiif, Introduction, p. 297 ; Hardy, Monachism et Manual, Index, voce Pase Bouddha. Kurnouf, latroduction, p. 110; Hardy, l. c. Index, voce Bodhisattva.

LE BOODDHISMli; AU TIBET 21

CHAPITRE V

SYSTEME MA HAVANA

Naj^'arjouiia. Principes fondamentaux niahâyana. Syslùme coiitt-niplatif inaliiivâna. Yogachârya. Kcole prasanga-Madyamilta.

. . NAGARJOUNA

l Presque tous les écrivains sacrés du Tibet considèrent Nagarjouna (on ti- bétain Lougroub) comme le fondateur de ce système dont le nom signifie « grand véhicule ~»Tl D'après leurs écrits, Nagarjouna vivait dans l'Inde mé- ridionale quatre cents ans après la mort de Sakyamouni, ou selon le calcul de Westergaard dans le premier siècle avant Jésus-Glirist*.

L'historien tibétain Taranatha croit cependant que les plus importants des livres mahayana avaient déjàparu au temps de Sri-Saraha, Rahoula-Ghada, qui vivait avant Nagarjouna.

Selon quelques légendes tibétaines, Nagarjouna reçut le livre Paramartha, selon d'autres Avatamsaka, des Nagas, créatures fabuleuses de la nature des serpents, qui occupent une place parmi les êtres supérieurs à l'homme et sont regardés comme les protecteurs de la loi du Bouddha -. On dit que Sakya- mouni enseigna à ces êtres spirituels un système religieux plus philosophique que celui qu'il doima aux liomiues, trop ignorants pour le comprendre au temps oiiil parût. Dans une biographie chinoise Nagarjounaest dépeint comme un homme excessivement habile, qui croyait sa théorie complètement diffé- rente du bouddhisme dans sa forme contemporaine; après sa conversation avec les Nagas, il découvrit que la môme doctrine avait été enseignée par le Bouddha Sakyamouni lui-même. De le biographe conclut que ce système possède les mêmes principes que le bouddhisme original, mais plus sublimes.

t. Voyez p. 8. Les Tibétains sont complètement dans l'en-eui' (juaud ils considèrent Nagarjouna ooiiime Tauteur de nombreux écrits mahayana, car les traités qu'ils lui attribuent appartiennent dans les tra luctions chinoises à d'autres auteurs. Wassiljew croit qu3 c'est un personnage mythologique, qui n'a jamais vécu ; dans ce cas nous devrions considérer Nagarjouna comme le nom général de divers auteurs qui traitèrent des doctrines mahayana avant le temps d'Aryasanga. Voyez Westergaard, Buddhismus, p. 140, 219.

2 Sur les Nàgas voyez Foe-Koue-Ki, traduction anglaise, p. lââ.

22 ANNALES nu MUSEE GUIMET

Cette justification d'orthodoxio amène naturellement à cette conclusion, que les disciples de Nagarjouna se savaient en opposition avec les écoles hinajâna d qu'ils les auraient accusées d'hérésie si ces dernières n'avaient adopté quelques-uns des principes du nouveau système, admettant par l'exactitude des innovations ainsi introduites. Le système liinayàna vécut encore pendant plusieurs siècles ; Hiouen-Thsang rapporte fréquemment dans ses récits, qu'il a rencontré dans ses voyages des adhérents du « petit-véhicule. »

Nous ne trouvons, dans les livres traitant du système mahâyâna, aucune trace historique du développement de ses théories antérieure à l'apparition d'Aryasanga (en tibétain Ghagpa thogmed), réformateur qui fonda l'école Yogachârya (en tibétain Naljor Ghodpa) *.

Il est donc impossible d'indiquer avec exactitude l'origine ou les auteurs des théories divergentes exposées dans les livres religieux mahâyâna , puisqu'ils étaient tous écrits avant l'époque d'Aryasanga. On remarque dans les livres relatifs à ce système deux divisions essentiellement différentes; la première explique les principes de Nagarjouna qui ont été adoptés par l'école madyamilia (en tibétain Boumapa), la seconde plus développée, est appropriée à l'école yogacharia, ou mahâyâna contemplative. Je traiterai séparément ces parties, comme aussi les particularités qui se sont développées dans la bran- che prasanga, la plus importante du système madyamika.

PRINCIPES KONDAMENTAUX MAHAYANA

Les principes les jilus importants de cette doctrine se trouvent dans les premiers ouvrages attribués à Nagarjouna, parmi lesquels nous remarquons spécialement le Saniâdhirâjà, le Bouddhâvatamasâka et le Ratnakoûta.

Son dogme fondamental est celui du vide et du néant des choses (en tib.

i Aryasanga avait appris sa dûctrine, dit-on, Ju Bouddha futur, M.iitreja, président de la région Toushita; il en reçut les cinq courts traités en vers connus auTibet comme les cinq livres de Maitreya ou Champai chasnijâ. Csoma place son existence au dix-septième siècle, mais d"aprés les recherches de Wassiljew. pp. 225 à 230, il doit avoir vécu beaucoup plus tôt, car la biographie de son frère cadet Vasoubandha fut traduite eu chinois par le célèbre Tshin qui régnait de 557 à 588 av. J.-G. On peut citer aussi comme preuve de r.interiorité de son existence les remarques de Wilson, dans R. As. Soc, vol. VI, p. 2i0, sur Tépoque furent écrits les principaux ouvrages sanscrits existant encore. Il croit qu'il est maintenant accepté qu'ils ont été écrits au plus tard un siècle et demi avant et après l'ère chré- tienne.

LE BOUDDHISME AU TIBET 23

Tongpauyul, eu sanscrit Suuin-alu) ; un Tappcllc aussi Prajuà Paramila (eu tib. Pharcliiii et aussi Shercliiu), « riutelligencc suprême qui atteint l'autre côté de la rivière » *. Il est évident que ce dogme n'est que l'élargissement et le développement do la loi piincipalo du bouddliisme : « Tout est péris - sable et participe de l'instabilité, de la misère et de l'inanité. » L'idée de vide se rapporte à la fois aux objets simples et aussi à rcxistcncc absolue en géné- ral. Par rapport aux objets simples l'expression « vide ou idéal » désigne ce que nous considérons dans chaque objet comme original, existant par soi- même ot durable; d'après cela, le Bouddha même n'est que le produit de la réflexion judicieuse et de la méditation. Par rapport à l'existence absolue, le vide est l'essence abstraite existant en tout sans lion causal et comprenant tout, quoique ne contenant rien,

Sàkjaniouui, dit-on, a lié ce dogme à cette considération qu'aucun objet existant n'ayant de nature, ngovonyid, il s'ensuit qu'il n'y a ni commence- ment ni un, que de temps immémorial tout a été parfait repos zodmanas zhiba (rien ne s'est manifesté en aucune forme) et a été entièrement plongé dans Nirvana. L'école mahâyâna démontre la doctrine du vide par le dogme des trois preuves caractéristiques et des deux vérités ; les. trois preuves ca - ractéristiques énumèrent les propriétés de tous les objets existants et les deux vérités montrent comment, par la parfaite intelligence de ces propriétés, on atteint l'entière compréhension. Les trois preuves caractéristiques sont : Parikalpita (tib. Kemtagi), Paratantra (tib. Zlianvang), et Parinishpanna (tib. Yong-Groub).

Parikalpita est la sup[>ositinn ou l'erreur. Telle est la croyance en l'exis- tence absolue à laquelle s'attachent les êtres incapables de comprendre que toute chose est vide ; de cette nature est aussi tout ce qui n'existe que dans l'idée seulement sans qualité spécifique, ou, en d'autres termes, tout ce que nos réflexions et méditations attribuent à un objet quelconque. L'erreur peut être double si quelqu'un croit à l'existence d'une chose qui n'est pas, comme par exemple le non-moi ; d'autres affirment l'existence réelle d'un objet qui n'existe qu'en idée, comme par exemple toutes les choses extérieures.

1 Un intéressant traité silr le néant, intitulé le Vadjrdmanda Ohdrani) contient un résumé des idées qui se lient à ce dogme. II a été traduit par Burnouf dans son lntrocIuctiôn,p. 513. Sur les dogmes du «ystérae mahâjana, voyez Wassiljew, l. c, pp. 1^8, 143, 319-24, 330.

24 ANNALES DU MUSEE GUIMET

Paratantra est tout ci' qui existe par une connexion dépendante ou causale ; c'est la base de l'erreur. A cette catégorie appartienent l'âme, la raison, l'in- telligence et aussi la méditation iihilnsuphique imparfaite. Chaque objet existe par enchaînement et a une nature spécifiée, c'est pourquoi on le dit dépen- dant d'autres, paralantra.

Parinishpanna, « complètement parfait » ou simplement « parfait », est la véritable existence immuable qu'on ne peut v(jir ni prouver ; c'est donc le l)ut du chemin, summum bonum, l'absolu. A cette espèce ne peut appartenir que ce qui p(niètrc dans l'esprit, clair ot sans obscurité, comme par exemple le vide, ou le non-mni. Pour aflranchir son esprit de tout ce qui pourrait attirer son attention rhomnie doit donc considérer toute chose existante comme imaginaire, parce qu'elle dépend de quelque autre; alors seulement il arrive à une parfaite intelligence du non-moi et à reconnaître que le vide seul existe par lui-même, que seul il est parfaite

Nous arrivons maintenant aux deux vérités. Samvritisatya(tib. Koundzab- chidenpa) et Pararaârtliasatya (tib. Dondampai denpa), ou la vérité relative et la vérité absolue. Les livres sacrés donnent de nombreuses définitions de ces termes, mais voici les dmix principales :

1" Samvriti, ce qui est supposé comme rinfluence d'un nom ou d'un signe caractéristique; Paramârtha est l'opposé. Les Yogâchâryas et les Madya- mikas ne s'accordent pas au sujet de l'interprétation de Paramârtha; les premiers disent que Paramârtha est aussi ce qui est indépendant d'autres choses ; les derniers prétendent qu'il est limité à Parinihspanna ou ce qui a le caractère de perfection absolue. En conséquence, pour les Yogâchâryas Samvriti est Parikalpita et Paratantra, pour les Madhyamikas Parikalpita seulement .

2" Samvriti est l'origine de l'illusion. Paramârtha est la « science par- ticulière - du saint dans sa méditation personnelle, qui est capable de dis- siper les illusions », c'est-à-dire ce qui est au-dessus de tout (parama), et contient la vraie intelligence (artha.)

1 Ces termes terluiiques ont été inventés par l'école yogacharya. Sur une comparaison de Nirvana avec le vent pour expliquer la nature de Nirvana, voyez Hardy, Eastern Monachiain. p. 295.

2 Sanscrit Svasamvedana, « la réflexion qui s'analyse elle-même. »

LK norDDIIISMK AV TIIiKT 25

IT. Li^ monde ou le Samsara, doit èlvc abandonné non seulement parce qu'il est cause de chagrins et do douleurs, comme le disent Sâkyamouni et les dis- ciples d'Hinâyâna,mais à cause de sa non-réalité, puisqu'il ne contient rh-n qui puisse satisfaire l'esprit.

III. Outre l'attachement aux objets existants, !<■ siinplt- fait de penser à uu ojjjct qui'lconqueou à ses propriétés suffit à empêcher hi perfection finale et l'obtention do l'intelligence (Bôdhi) d'un Bouddha. L'homme doit donc non seulement refréner ses passions et s'abstenir des plaisirs de la vie, mais il ne lui est pas même permis de laisser quelque imagination devenir l'objet de sa méditation.

IV. La morale ordinaire ne suffit pas pour affranchir de la métempsycose. Ceux qui réellement s'efforcent d'atteindre l'émancipation finale doivent pratiquer assidûment les six vertus transcendantes ou cardinales.

Ces vertus sont : Charité, 2" Moralité, 3" Patience, Application, 5°Mé- ditation, Sincérité.

V. L'expression « Bodhisattva » a presque entièrement perdu son sens pri- mitif pour prendre une double valeur Dans un sous il s'applique à tous ceux qui pratiquent les six Paritamas ; dans l'autre aux êtres parfaits qui passent entre les différents mondes. Nous les voyons, dans les légendes, coutempo - rains des Bouddhas, voyageant avec eux, écoutant leurs paroles, parfois en- voyés par eux dans de lointaines régions porter un message, ou recevant des instructions particulières. Ces Bodhisattvas sont subdivisés en plusieurs clas- ses; les plus sublimes parmi eux sont presque égaux des Bouddhas, de qui ils sont peut-être émanés ; quelques-uns les croient supérieurs. Ils ont rempli" toutes les conditions pour en acquérir la dignité et pourraient de suite devenir de parfaits Bouddhas s'ils ne préféraient, par une charité infinie pour les êtres animés, rester encore soumis à la loi de la métempsycose et se réincarner dans la forme humaine pour le bien de l'humanité. Une fois arrivés à l'état de Bouddhas il ne pourraient plus contribuer au salut des hommes, ne se souciant plus du monde une fois qu'ils l'ont quitté ^ Aussi les prières pour obtenir assistance sont- elles adressées aux Bodhisattvas qui se sont montrés si favorables aux honunes. Nous ne devons considérer l'action d'adresser

' Sur ce dogme imiJurUul, voje/. Hardy, Eastern MonacJiUm, \>. 22><.

Ann. g. - III. . 4

26 ANNALES DU MUSEE GUIMET

dos prières aux Bouddhas résidant dans d'autres régions que comme un développement du bouddhisme mahâyâna'.

Le système mahâyâna n'exclut pas les laïques de Nirvana; il admet cha- cun à la condition de Bouddha suprême et applique ce nom à tous ceux qui ont atteint Nirvana. Quant à la nature des Bouddhas sa définition est altérée; ils no sont plus entièrement privés de personnalité, ils ont un corps avec certaines qualités et possèdent diverses facultés. Selon les Mahâyànas, il leur est attril)uo trois sortes de corps et, en quittant la terre pour retourner aux régions supérieures, ils dépouillent seulement le dernier et le moins sublime de ces embarras terrestre appelé le Nirmânakaya. Ces corps sont nommés :

Nirmânâkâya (tib. Proulpai-kou), qui est le Nirvana avec les restes, ou corps dans lequel les Bodhisattvas apparaissent sur la terre pour instruire les hommes après qu'ils sont entrés par les six paramitas dans la voie des Bouddhas.

2" Sambhogakaya (tib. Longcliod-Dzopaï-kou), ou « le corps de félicité et la récompense de remplir les trois conditions de perfection. »

.■)" Dharmakâya (tib. Ghos-kou) ou le Nirvana sans aucun reste. Ce corps idéal appartient au Bouddha qui abandonne la terre pour toujours et laisse derrière lui tout ce qui a rapport au monde ^.

SYSTÈME M\HÂY.\NA COXTEM P I. A. T I F (yOGACHÂRYA)

L'î système contemplatif est décrit dans les livres qui, en passant en re- vue les doctrines des Paramitas, sont partis du principe que les trois mondes n'existent qu'en imagination (tib. Semtsama) . Ces livres sont le Ghana vyouha (le Ganda vyouha de Buruouf), le Maliâsamaya, et certains autres. Les saints Naiula(tib. Gavo), Outarasena (tib. Dampar-de), et Samyaksatya (tib. Yan- dagden), sont probablement au nombre de ceux qui ont enseigné en ce sens avant Aryasanga ; ce dernier doit être considéré comme le véritable fondateur de ce système '.

1 Les ilo^ines de Boilhisattvas célestes, progénitures des Bouddhas parfaits, n'ont été développés que dans le système dn mysticisme et non dans le MahSy.îna primitif.

2 Schott, Buddha ism us, p. 9; Csoraa, Xotices, dans Journal As. Soc. Seng., vol. VIII, p. i42; Schmidz. GrUiidlehycii, dans les Mémoires de rAcadémie de Saint-Pétersbourg, vol. I, p. 224 et sniv. Pour les termes tibétains, voyez A Scliiefiier, Buddhistische Triglottc, p. 4.

3 Wassiljew, /. c, p. 143etsuiv. 164, 111, 344, 'S'il.

hv. itor unHisMK at -nmcT 27

Commo lo précédent, CO système rxig'O qu'on s'abstipiiin' ilc (mitc reflexion, car elle serait incompatible avec la compréhension parfaite ; mais le dop'me le plus importanl di' ci'ltc tlu'orie est évidemment la jxTsmniilicatinn du \idc par la supposition qu'une âme, Alaya (tib. Tsang et aussi Nyingpo), est la base de toute chose. Cette âme existe de temps iniméinorial, « elle se reflète en toute chose comme la lune dans nne eau claire et tranquille. » C'est la perte de sa pureté originelle qui la force à errer dans les diverses sphères de l'exis- tence. L'âme peut être rendue à sa jiureté par les mêmes moyens que dans le système précédent ; mais maintenant le motif et le succès deviennent évidents, l'ignorance est anéantie et l'illusion, qui fait croircî que quelque chose p(iut être réel, est dissipée, l'homme comprend enfin clairement que les trois mondes n«> sont qu'imaginaires; il se débarrasse de l'impureté et revient à sa nature primitive ; c'est ainsi qu'il s'affranchit de la métempsycose.

Naturellement, comme tout ce qui appartient au monde, cette nature aussi est purement idéale ; mais, une fois établi ce dogme d'une pure nature abso- lue, le bouddhisme arrive bientôt dans les écoles mystiques ultérieures à la doter du caractère d'une divinité universelle ^ Ainsi fut établie la modifica- tion matérielle de son caractère primitif.

L'idée de l'âme, Alaya, est le dogme principal du système yogachàrya, ainsi appelé parce que ^ « celui qui est fort dans le Yoga (méditation) est capa- ble de faire entrer son âme dans la vraie nature de l'existence. » k-i se présen- tent chez les Tibétains plusieurs explications de ce terme et di^s autres titres donnés à cette école ; mais ce nom est le plus commun et on attribue à Arya- sangala série des arguments déjà étudiés. L'importance que, dès le principe, cette école a attribuée à la méditation révèle les germes de la tendance qui l'amena à se perdre dans le mysticisme. Aryasanga et ses successeurs donnèrent à leur doctrine une telle splendeur que l'école Nagarjouna et ses principes, adoptés "par les Madhyaniikas (tib. Boumapa) tomba dans l'oubli pour plusieurs siècles ; elle reparut pourtant au septième siècle sous le nom

' Le Bouddhisme japonais parle aussi d'un Bouddha suprême qui csl assis sur un trône dans le monde de diamant et a créé tous les Bouddhas. Voyez Hollman, Buddha Pantheon von Nippoyi, lians la Hc- schreibung vo7i Japon, de vou Siebold, vol. II, p. 57.

2 Wassiljew, Der Buddhismus, p. 327, 3r)7, 3(37. Comparez les Notices de Csoma dans Journal As. Soc. Beng., vol. MI, p. 144.

2S

ANNALES DU MT'SEK GUIMET

de branche prasanga; il nous reste à l'examiner avant de terminer notre étude du système mahâyâna.

ECOLE PRASANGA - MA DHYAMI KA

Cette école', iprubablcmeut appelée ou tibétain Tbal-gyuurva, lut fondée par Bouddhapalita et arriva bientôt à dépasser toutes les autres écoles du système mahâyâna, malgré les attaques dirigées contre elle par Bhavya, le fondateur de l'école svatantra madhyamika. Le succès de l'école prasanga est dû, en grande partie, aux commentaires et aux ouvrages d'introduction, écrits aux huitième et neuvième siècles par Ghandrakirti (tili. Dava Daypa) et autres savants. Ces succès coïncidant avec une immigration considérable de prêtres indiens au Tibet sont causes que l'école prasanga est mainte- nant considérée par les Lamas tibétains comme celle qui seule enseigna et expliqua véritablement la foi révélée par le Bouddha.

L'école prasanga prit son nom du mode particulier qu'elle adopta de dé- duire l'absurdité et la fausseté de chaque opinion individuelle.

Les Prasangas disent que les deux vérités Sainvriti et Paramartha ne peu- vent être soutenues ni comme différentes ni comme identiques ; si elles sont identiques, nous devons dépouiller à la fois Paramartha et Samvriti, et si elles sont différentes, nous ne pouvons être délivrés de Samvriti ; comprenant par l'expression non-moi tous les objets qui sont composés ou existent dans Samvriti, nous lui attribuons un caractère identique à ce qui est existant et simple (Paramartha) ; mais si c'est déjà le caractère de Samvriti, cela dénote que les objets ont déjà une existence parfaite. Donc ils sont déjà arrivés au salut (tib. Dolzin). De ces considérations tirées par les cheveux les Pra- sangas déduisent que les deux vérités nut une seule et même nature (tib. Ngovo Ghig), mais deux sens différents (tib. Togpanyi). Ces spécu- lations sont appelées Prasanga.

L'école prasanga soutient que les doctrines du Bouddha établissent deux chemins, l'un conduisant aux plus hautes régions de l'univers, les cieux Sou- khavati, l'homme jouit du parfait bonheur, mais reste lié à l'existence personnelle ; l'autre conduisant à l'entier affranchissement du monde, c'est-

1 Voyez pour détails, chap. ix.

I,E BOUDDHISME AU TIBET 29

à-diroà Niivàua. 1/' prcinier chemin s'attoiiit par la pratique dos vertus, le second jiar la plu-^ haute perfection de l'intelligence. Les Prasangas comptent huit (selon quelques auteurs onze) particularités qui distinguent leur système de tous les autres ; parmi ces onze particularités, telles qu'elles sont données par le Tibétain Jam Yang Shadpa, je choisis les suivantes comme les plus remarquables, h^s auti-es ne sont que la répétition des principes généraux mahâvâna, ou des déductions contenues dans leur système.

Leur dogme principal est la négation de l'existence et de la non- existence; ils n'admettent ni existence propre (existence absolue) Paramartha, ni exis- tence par connexion causale, Samvriti, afin de ne pas tomber dans les extrê- mes. Car, ne pas dire rtre de ce qui n'a jamais existé et non-êlrc de ce qui a vraiment existé, c'est prendre un terme moyen, Madhyama^ Ce dogme est formulé comme il suit : « Par la négation de l'extrême de l'existence on nie aussi (sous prétexte conditionnel) l'extrêmedenon-oxistence, qui n'est pas dans Paramartha. » La plupart des arguments à l'appui de cette thèse sont sans intérêt; les curieux syllogismes qui suivent se trouvent dans le livre de Jam Yang Shadpa :

Si la plante croissait par sa propre nature spécifique, elle no serait pas un composé, Tenbrel ; il est démontré cependant que c'est un composé.

2" Si quelque chose dans la nature avait une existence propre, nous devrions certain(;ment le voir et l'entendre ; car la sensation de voir et d'entendre serait dans ce cas absolument identique.

La qualité d'être général (généralité) ne serait pas particulière à beau- coup de choses, parce que ce serait une unité indivisible ; nous devrions prendre le moi pour une unité de cette sorte, s'il y avait un moi.

La plante ne serait pas obligée de croître de nouveau, parce qu'elle con- tinuerait à exister.

Si quelque Skaudha ". comme la sensation, possédait une existence pro- pre, (juelque autre Skandha, comme par exemple le corps organisé, existerait

' On les appelle aussi en raison de cette théorie « ceux qui aient l'existence (nature), en tibétain NgovonyiJ medpar niraba.

2 Les bou'ldhist'S comptent cinq propriétés essentielles de l'existence s?nsible qui sont appelées Skan- dhas ou Silaskandhas, en tibétain, Tsoulkhrim Kyi pboungpo, les corps de morale. Ce sont : le corps organisé; 2' la sensation; 3' la perception; 4" le discernement; 5" la conscience. Voir Burnouf, Index voce Skandha; Hardy's, Manual of Buddhism, pages 388, 399-424. Voir, pour les noms tibétains des cinq Skandbas, Bu Idistiich'. Triglottc, par A. Schiefaer, p. 9.

30 ANNALES DU MUSEE GUIMET

aussi ]inr lui -niêmc; mais il rsl impossible de produire par l'existence propre de la sensation celle du corps organisé, parce que la faculté formatrice et l'objet à former sont identiques.

L'Alaya a une existence absolue, éternelle; les traités qui no lui accor- dent qu'une existence relative sont loin de la véritable doctrine.

Non seulement les Arhats, mais aussi les simples hommes, pourvu qu'ils soient entrés dans le chemin, peuvent atteindre à l'intelligence grossière des seize sorties des quatre vérités par « une méditation très évidente (appliquée) (tib. Naljoi- ngonsoum); mais ils sont faux les systèmes qui prétendent, comme le Hinâyâna, que la connaissance (Vishnâna) née d'une telle méditation (qui n'est rii'ii autre qu'une manifestation de l'Alaya) n'est pas exposée à l'erreur (sansc Vikalpa, tib. Namtog). L'Arhat lui-même va en enfer s'il doute de quelque dogme. Ce reproche s'adresse aux écoles qui admettent les Arhats à Nirvana sans aucune condition ^

Les trois époques, le pi'ésont, le jiassé et l'avenir, sont composées et corrélatives entre elles. Le Bouddha a déclaré : « Une parole dure proférée dans le passé n'est pas perdue (littéralement détruite), laiais revient de nou- veau », c'est pourquoi le passé est le présent et aussi le futur, quoique pour le moment il ne soit pas arrivé à l'existence.

Les Bouddhas ont deux sortes de Nirvana : Nirvana avec restes et Nirvana sans restes ; la dernière seulement est l'entière extinction de personnalité, ou l'état cesse la notion du moi, l'homme extérieur et intérieur est détruit. Dans cet état le Bouddha a pris le corps Dharmaliâya, dans lequel il n'a ni commencement ni tin. Dans le Nirvana avec restes il obtient seulement le corps Nirmânakâya, dans lequel, bien qu'inaccessible aux impressions exté- rieures, il n'a pas encore dépouillé les erreurs habituelles (l'influence des passions) dont il ne reste plus rien dans l'autre sorte de Nirvana.

Les Prasangas admettent comme orthodoxes la plus grande partie des hym- nes du Tandjour et des Soutras contenus dans le Kandjour; dans celles- ci, disent-ils, est développé le véritable sensde la parole du Bouddha (c'est-à- dire la doctrine madhyamika). 11 existe une grande quantité de ces livres dont les plus importants sont: les dix-sept livres de Prajnâpâramita, puis l'Ak-

' Les moyens d'écarter l'erreur ont été plus complètement développés par le mysticisme dans les exigences de Vipasyana et Samatha.

LE nox'nniiisMK au tihet 31

shayamatiuinlosa, le Sainûdhir;ija, rAiiavataptapariprichcIiIiâ, li' Dhanna- samgiti, lo Sagarapai-ipric.lichha, le Maiuljousrivikridita, le proinier cliapitre (lu Ratnakouta l't le cliaidtre de Kâsyapa, qui est eité i)ai- Nagarjouna et ses disciples à l'appui de leurs doymes *.

Il est curieux de voir à quelles extravagances est arrivée la spéculaliuu bouddhiste par sa tendance à suivre les idées abstraites sans tenir compte des limites imposées par l'expérience corporelle et les lois de la nature. Mais ce cas est luiu (Trtrc uui([ur; nous trouvons des exemples de rêves semblables dans les temps anciens (;t modernes.

CHAPITRE VI

LE SYSTÈME DR MYSTICISME Caractère général. -- Système kala chakra. Son origine, ses dogmes.

Le contact des bouddhistes avec leurs voisins païens introduisit graduel lement dans leurs croyances des idées étrangères ; de la naissance d'un système nouveau plein de modifications mystiques. Nous voyons déjà dans les dernières écoles mahâyàna, principalement dans la branche yogâchârya, une tendance plus générale vers les notions superstitieuses ; mais les principes de théologie mystique, comme ceux que nous trouvons dans le bouddhisme contemporain, ont été développés principalement dans le système plus mo- derne qui, indépendamment des premiers, prit naissance dans l'Asie centrale. Ses théories furent plus tard grelTées successivement sur de récentes produc- tions ; et sans la connaissance de ce système il serait impossible de compren- dre les livres sacrés mahâyàna.

Les orientalistes européens ont coutume d'appliquer à ce troisième système le nom de Yogâchârya, si nous considérons que Yoga signifie en sanscrit « dévotion abstraite par laquelle sontacquises les facultés surnaturelles ^ », il

» Wassiljew, dans son examen des Soiltras MaliSyâna les plus importants, pp. 157, ^0^, présente une analyse du Manjousriviknta et du Ratnakouta. » Wdsson, Glossary of judicial and revenue Terms, voyez larticle Yo-a.

32 ANNALES DU MUSEE GUIMET

nous devient évident qu'ils y ont été conduits par la conformito du nom avec le système auquel ils l'appliquent. Mais Wassiljew a claircnicut prouvé dans son ouvrage que Yogâchârya n'est qu'une branche du système mahâyâna, et il y substitue le nom de « mysticisme » que j'ai égale- ment adopté. Ce nom a été choisi parce que ce système place la médi- tation, la récitation de certaines prières, la pratique des rites mystiques au-dessus de l'observation dos préceptes et même de la moralité de la conduite. Le mysticisme apparaît pour la première fois comme sys- tème spécial au dixième siècle de notre ère ; il est appelé dans les livres sacrés Dous Ivyi kliorlo, en sanscrit KalaChakra, « le cercle du temps » ^ On rapporte qu'il a pris naissance dans la fabuleuse contrée Sambhala (tib. Dcjoung), « source ou origine du bonheur ». Gsoma, d'après de minutieuses recherches, place cette contrée au delà dn Sir Deriui (Yaxartes) entre le 45° et le 50° de latitude nord. Le mysticisme api)arut dans l'Inde en l'an 1025 avant J.-G. Je ne puis croire que ce soit par hasard que l'ère du calen- drier tibétain, dont je parlerai dans un autre chapitr(^ -, coïncide avec l'intro- duction de ce système. Je croirais plus volontiers, quoique cela n'ait pas été indiqué comme un [luiut particulièrement important, que la rapidité avec laquelle ce système fut accepté le fit paraître si important que les événements furent dès lors datés de son apparition.

Les principaux rites et formules du mysticisme et les théories sur leur effi- cacité présentent une analogie extraordinaire avec le sharaanisme des Sibé- riens, et sont en outre presque conforme au rituel Tantrika des Hindous; à l'homme convaincu que les trois mondes n'existent qu'en imagination et qui règle ses actions d'après cette croyance il promt;t le don de facultés surnatu- relles bien supérieures à la force qui provient de lu vertu et de l'abstinence et cai)ables de le mener à l'union avec la divinité. Ses théories sont développées en deux séries de livres, connus sous le nom collectif de Dharanis (tib. Zoung), et Tantras (tib. Gyout). Les formules Dharani doivent être très anciennes, et il n'est pas impossibli' que les chefs mahâyâna en aient déjà pris quelque

'Voir Czoraa, On llie origine of the Kola Chakra system,Journal, As. Soc. Beng., vol. Il, p. 57. Grammar, p. 192, Analysis As. Res., vol. XX, p. 488, 564. Comparez ausà Biirnouf, Introduction section V. Hodgso , Notice on linddhist symbols, Tt. As. soc, vol. XVIII, p. 3»7. Wilsou, SAetc/i of the religious sects of the Hindus, As. Res., vol. XVII, p 216-29.

2 Voir chapitre xvi.

LK nOUDIiHISMK Af TIDET 33

clioso ilaus lours livres. Les Tantras sont plus récents, surtout ceux d'entre eux l'observation des pratiques magiques est portée à l'extrèino, mémo pour le Miysticisni(\ quelle que soit sa forme.

Wilson croit que les idées Tantrika sont nées dans rinde dans les pre- miers siècles du cliristianisme, mais le rituel hinduu actuel ne lui parait pas remonter au delà du dixième siècle; c'est prnlinbli'iuoid vits la même époque que les Tantras iurcut inlnidnits dans la liltérafurc sacrée des bouddhistes. Li'ur (irigine moderne est ju-ouvée par le récit des auteurs tibétains sur l'apparition du système Dous Kji KIinrlixpdsuliordonni'rafFrancliissementde la méteni[isycosc à la connaissance des Tantras. C'est du moins ce que dit Padnia Karpo, lama tibétain qui vivait au seizième siècle, dans sa descrip- tion de CCS doctrines : « Celui qui ne connaît pas les principes tantrika et tout ce qui s'y rattache est un vagabond dans l'orbe d(î transmigration ; il est hors de la voie du suprême triomphateur (sanscrit BhagavanVadjradhara) ^ » Une autre preuve, mais indirecte, de leur récente origine, se trouve dans le fait qu'il y a très peu de livres tantrika en langue chinoise. Si les pèlerins boud- dhistes chinois, qui voyageaient encore dans l'Inde au septième siècle de notre ère, avaient trouvé ces traités, ils les auraient rapportés pour les traduire et dans cette branche aussi la littérature chinoise serait plus riche que la tibé- taine, tandis que c'est le contraire. En outre on raconte aussi que les plus habiles magiciens indiens ou tautristes n'existaient pas encore lors des voya- ges des pèlerins chinois dans l'Inde et que les plus importants des Tantras ont été traduits en chinois pendant la dynastie septentrionale Song qui régnait de 960 à 1 127 avant Jésus-Christ.

Kala Chakra est le titre de l'ouvrage le [dus important de ce système; il se trouve en tète de la division Gyout du Kandjour aussi bien t[w du Tandjour ; il a été expliqué et commenté à plusieurs reprises par des savants qui vivaient aux quatorzième, quinzième et seizième siècles, dont les plus illustres furent l'outon ou Bouston, Khétoui) et Padma Karpo.

J'ai divisé l(>s dogmes du mysticisme en quati'c groupes.

I. Il y a un premier, un souverain Bouddha, Adi Bouddha, en tibétain

' La préteutlun d'altribuer à Sakyaiuuimi la pateriilt j de ces doctrines n'est pas admissible à cause du slyle, du fond et des dates historiques.

Ann. g. - m. 5

34 ANNALES DU MUSÉE GUI MET

Gliogi daugpoi sangyc, qui n'a ni commencement ni fin ; aucun Bouddha humain n'est arrivé pour la première fois à la dignité de Bouddha, et le Sam- bhogakâya, ou corps de félicité suprême des Bouddhas, a existé de toute éter- nité et ne périra jamais. Le premier des Bouddhas est appelé dans les Tantras Vajradara (tib. Dordjechang ouDordjedzin), et Vadjrasattva(tib. Dordjesem- pa)^ Gomme Vadjradhara il est qualifié « Bouddha suprême, suprême triom- phateur, seigneur de tous les mystères -, premier ministre de tous les Tathâgatas, l'être qui n'a ni commencement ni fin, l'être qui a l'âme d'un diamant (Vadjrasattva) ».

C'est à lui que les mauvais esprits soumis ou conquis jurent de ne plus entraver la propagation de la loi du Bouddha et de ne plus nuire à l'homme dans l'avenir. A Vadjrasattva sont données les épithètes de « intelligence suprême, souverain (Tsovo), président des cinq Dyani Bouddhas » ^. Vadjra- dhara et Vadjrasattva sont aussi considérés comme deux êtres différents ; dans plusieurs traités ils paraissent en même temps, Fun posant les questions, l'autre y répondant. Leur position respective se définit mieux en supposant que Vadjradara est un dieu trop grand et trop plongé dans le divin repos pour prêter son assistance aux entreprises et aux travaux des hommes, et qu'il agit par l'intermédiaire du dieu Vadjrasattva, qui est à lui ce qu'est un Bouddha humain à un Dhyani Bouddha. Cette explication est appuyée par l'épithète de « Président des Dyani-Bouddhas. »

Par le nom de Dhyani Bouddha, « Bouddha de contemplation ^ », ou par l'expression Anoupadaka, « sans parents «, on désigne des êtres célestes cor- pondant aux Bouddhas humains qui enseignent sur la terre et qu'on appelle « Mânoushi Bouddlias ». Les bouddhistes croient que chaque Bouddha qui en- seigne la loi aux hommes se manifeste en même temps dans les trois mondes reconnus par leur système cosmographique. Dans le monde de désir, le plus

' Dordjechang et Uordjedziii out lainëuie signiticalicm, « tenant le diamant. Vadjra ». Sempa (sems' pa)signifie « rame ».

2 Sangbai Dagpo, « le Seigneur caclié », en suiscrit Gouhyapati.

3 Voyez Csoma, As. Rcs., vol, XX, pp. 'i96, 503, 549, 550; Journ. As. 6'op. Beng., vol. II, p. 57 ■W'assiljew, Dcr Buddhismus, p. 205.

■' \\i sujet de la théorie des Dhyauis Bouddhas, voyez Schmidt, Grundlehreyr, Mémoire de l'Acadt'- mie de Saint-Pétersbourg, vol. I, p. 104; Burnouf, Inti-oduûtion, pp. 116, 221, 525, G37, Lotus de lu bonne Loi, p. 400. Les idées plus déistes des népalais sur leur origine ne sont pas connues des boud- dhistes tibétains.

Annales du Musée Guimet

I . III. l'i.ll.

Imp A. Roux, Lyon.

VAJIl^VSATTVA,EA' TIBÉTAIN D()R.JRSEMPA.LT DIEU SUrRKMI..

LE BOUDDHISME AU TtBKT 35

inférieur dos ti'ois, aiKjiU'l la terre a[i|i;n-ticiit, Ir Dniuldlia si' iimntre sous la forme humaine. Dans lo monde de formes, il se manifeste sous un aspect plus sublime comme Dhyàni-Bouddlia. Dans le plus élevé, celui des êtres in- corporels, il n'a ni forme ni nom. Les Dhyanis-Bouddlias ont le pouvoir de créer d'eux -mêmes (de leur propre substance) par la vertu de dhyâna, ou médi- tation abstraite, un fils également céleste, un Dliyani Bodhisattva; celui-ci après la mort d'un Manoushi Bouddha, est chargé de la continuation de l'œu- vre entreprise par le Bouddha décédé, jusqu'au commencement de la prochaine époque de religion, jusqu'à l'apparition d'iui nouveau Manoushi Bouddha*. Ainsi cliaquc' Bouddha humain se complète d'un Dhyâni-Bouddha et d'un Dliyâni-Bodhisattva-; le nombre des premiers étanf illimité, implique éga- lement un nombre illimité des derniers. *Au milieu de cette multitude les cinq Bnuddhas de la période actuelle de l'univers sont particulièrement révérés. Quatre de ces Bouddhas ont déjà apparu ; le quatrième et le dernier qui se soit manifesté jusqu'à présent est Sakj^âmouni ; son Dyâni-Bouddha est Amitàbha, en tibétain Odpagmed; son Dhyani-Bodhisattva est Avolokites- vara ou Padmapani, généralement invoqué au Tibet sous le nom de Ghen- resi. Aux Dhyanis-Bouddhas de ces cinq Manoushi-Bouddhas s'ajoute, comme le sixième et le plus élevé eu rang, Vadjrasattva. C'est à lui ou à Ami- tàbha, qui iC remplace parfois, que les Tibétains attribuent la fonction de « dieu suprême. » C'est l'une de ces deux personnes divines que l'on prie dans les cérémonies pour assurer le succès des entreprises; la croyance en la nécessité absolue de leur assistance est si formelle qu'un lama disait à mon frère « qu'une cérémonie sans prière à Dordjesempa (Vadjrasattva) ressemble à un oiseau qui, les ailes coupées, essaye de voler ^. »

Je puis ajouter les détails suivants au sujet des représentations par le dessin de ces personnes divines.

Une peinture sur toile qu'Adolphe reçut de Tholing, province de Gnary

* Les BouJdhas sont hommes et soumis aux conditions physiques établies pour la nature humaine, c'est en conséquence de ce principe que ["existence de chaque Bouddha sur la terre est limitée par les lojs qui fixent la jieriode pendant laquelle il apparaît, à la durée delà vie humaine, qui varie de 80 h 100 ans. Lorsque cette période est écoulée, il meurt, ou, comme disent les Bouddhistes, il retourne à Nirvana.

* Le Bouddha humain a de pins une compagne féminine, une Sakti.

3 Une prière très elficace est celle qui termine l'adresse aux Bouddhas île Confession, voyez planche XVI et suiv. Le fait de la fréquente invocatiou des Llnânis Bouddhas nionlre que les Boudiilisles til étains ne s'accordeut pas en ce point avec ceux de Népal, qui croient les Dhyauis-Bouddhas absolument inactifs.

36 ANNALES nr MUSÉE GITIMET

Kliorsouin, représonto Vadjrasattva avec un teint rose, tenant dans sa main droite le Dordjé ot dans la gauclio une cloche; celle-ci, en tibétain drilbou, est identique de forme à celles que l'on emploie pour marquer les pauses dans les chants des chœurs sacrés. Vadjrasattva est entouré de groupes de dieux représentant les protecteurs des liommes contre les mauvais esprits.

Amitâbha est représenté dans toutes les images que j'ai vues, avec un teint rouge vif; dans une peinture, très joliment exécutée, de Manguang, province de Gnari-Khorsoum, les sept choses précieuses étaient ajoutées au-dessous du siège (tib. , Rinchen na doun) ; ce sont : Khorlo (sanscrit Ghakra), « la rose » ; Norbou (sanscrit Maui). « la pierre précieuse » ; Tsounpo, « le royal époux » ; Lonpo, « le meilleur trésorier » ; Tachog, « le meilleur cheval »; Langpo, « l'éléphant ; » Maglon, « le meilleur conducteur *. »

II. Les idées ou les phénomènes du monde ne doivent point être choisis ]iour sujet de contemplation; mais par la méditation qui analyse un sujet religieux quelconque (Zhiue Lhagthoug, sansc. ^'ipasyaua) l'homme acquiert de nouvelles facultés, pour-sii qu'il concentre ses pensées sur un seul objet avec la i)lus grande application. Un tel état de calme et de tranquillité, en sanscrit Samatha, est pourtant très difficile à acquérir; il n'est pas facile de concentrer sou esprit, ce qui demande une longue pratique. Mais si l'homme parvient enfin, aidé par des exercices préparatoires^, à méditer avec un esprit impassible sur les plus profondes abstractions religieuses dans les quatre degrés de méditation, Dhyauà (tib., Samtan), il arrive à une entière imperturbabilité, Samâpatti (tib., Nyompa), qui a aussi quatre gradations. Le premier résultat est l'absence parfaite de toute idée d'individualité. Des secrets et une puissance cachée jusque-là se révèlent toiit à coup et l'homme est alors dans le « chemin de vision » Tiionglam; par une méditation con- tinue, ininterrompue sur les quatre vérités son esprit devient surnaturelle-- ment pur et s'élève par degrés à l'état le plus parfait, appelé le faîte, Tsemo (en sanscrit MoQrdhan), patience, Zodpa (en sanscrit Kshanti) et le suprême dans le monde (en sanscrit Lokottaradharma) ^. Ce dogme est eu

' Sup ce sujet comparez Schmidt Ssananj Ssetsen, p. 471.

° Oq remarquera dans le chapitre xv une méthode tibétaine pour concentrer ses pensées. 3 Voyez Burnouf, Lotus, pp. 348, 800 ; Hardy, Eastern Monachism. ]'. 270 ; Wassiljew, D^r Bud- dhismus, p. 146.

.NALES DU Musée Guimet

III.

ln>!i A.R:u>

,K DHYANI UOUDDHA AMITAIUU, I.N TIBÉTAIN OUPAGMIT).

LK H0LI1UII1SME A 1 1 TIBET 37

roiilradii'linii ll;i-i'aiit<' av.'c li' iii-iiii'i|io iiialiâyâiia ([uc la niT'dilatinn sur loi objet quelconque ou\iu\-\\i' riinmin.,' (raU'Miuli'.' an [tins haut dogrc do porfoctiiiii '.

III. Lo récit do [)ar()lfs ot scutoiicos mystiques, Dhârâuis (till, /uung), dispense sur rimimni' toutes sortes do félicités et lui assure rassistauce des Bouddhas <-'t Bodhisattvas. Ces Dharanis - .mt i't(:' adoptés par suite do ce besoin do charnues, remèdes contri- la ci-ainto du dauf^or, qui se fait par- tout sentir; o '[londant k\-> bouddhistes croient qu'ils ont été donnés par Sakyamouni, ou par les Bouddhas, Bodhisattvas et dieux sur qui les Dharanis sont supposés exercer lour iuUuence.

D'api'ès los livivs sacrés \r nniubro dos formules enseignées par ces dieux est immense et toutes sont teiuios pour également efficaces. Wassiljew pense que le grand nombre auquel il est fait allusion se rapporte à la quan- tité de vers (Gâthâs) ou même de simples mots des traités qui décrivent leur puissance et les cérémonies au courant desquelles on les récite. Ces for- mules sont ou de courtes sentences, ou même un petit nombre de mots tels que les noms et épithètes dos Bouddhas et des Bodhisattvas. Il y a quelques Dhârânis qui valent la pratique des Paramitas ; d'autres soumettent les dieux et les génies, ou appellent les Bouddhas et les Bodhisattvas ; quelques-uns jirocurent la longévité ou l'accomplissement des souhaits ; d'autres guérissent

'«5

les maladies, etc

On prétend même que la seule prononciation des lettres dont lo Dhârâni est composé ou bien leur seul aspect donne pouvoir sur les êtres dont il traite, ou fait réussir les desseins pour lesquels on suppose que cos divinités accordent leur assistance.

Il ne faut pas altéroi' les Dhârânis en les récitant ou on les écrivant, car chaque lettre a son pouvoir mag'ique et c'est en raison de cette croyance qu'on ne les a pas traduits en tibétain (^t que l'alphabet tibétain a été adapté à la reproduction exacte de chaque lettre sanscrite ^.

1 Voyez p. 25.

- Comparez Bnrnouf, /H(roi«c(io(t, pp. 02;, 574; Wassiljew, (. c, pp. 153, 19.3.

3 Les noms sanscrits des BoudJlias et Bodliisattvas ont pourtant été traduits en tibétain, mais ces mms sont rendus aussi littéralement que possible. Je citerai comme expmple Amitabha et Odpagmed ; .\.a!ùkita et Gbenresi ; Vadjrasattva et Dordjeschanj. Pour le plan alphabétique du sanscrit écrit en caracrêres tibétains, voyez la grammaire de Csoma, p. 20.

38 ANNALES DU MUSÉE GUIMET

L'inlliit'iice magique des mots est déduite de la non-réalité de tous les objets existants; toute existence étant purement idéale, le nom est juste autant que l'objet ; i^ar conséquent si on a pouvoir sur un mot exprimant une chose, on dispose aussi de la chose même. On attribue la même influence à des signes de convention formés par une certaiin' disposition des doigts, Ghalvja, en sanscrit Moudra . Tous les objets étantidcntiques sous le rapport de leur nature, les signes qui symbolisent les attributs d'un dieu ont le même eifet que les paroles et les sacrifices.

IV. Le récit des Dhârauis combiné avec la pratique de rites magiques et aidé par la moralité et la contemplation amène aux facultés surhumaines (en sanscrit Siddhi), bien plus même, à l'union avec la divinité. Cette doctrine, selon toute probabilité, s'est développée récemment. Les livres tantras abrégés traitent de ce dogme et disent que par l'art magique on peut attein- dre ou un but mondain, comme la longévité et la richesse, ou un but religieux, comme la puissance sur les esprits malins, l'aide d'un Bouddha ou d'un Bo- dhisattva, ou se faire délivrer par l'un d'eux du doute et de l'incertitude sur un dogme. Mais le l)ut principal est d'obtenir l'affranchissement final de la métempsycose et la renaissance dans la demeure d'Amitâbha; cette fin peut s'obtenir, grâce aux céré:nonies magiques, dans une seule existence, au lieu d'être la récompense de privations continues et d'innombrables séries d'exis- tences ^

1 Les observances relatives nui arts magiques et la description des rites magiques sont données cha» pitre XV.

SECTION II

BOUDDHISME TIBÉTAIN

CHAPITRE VII

RELATION HISTORIQUE DE l'inTROD UCTION DU BOUDDHISME AU TIBET

Première religion des Tibétains. Introduction des dogmes bouddliistes dans le Tibet oriental.

Ère du roi Srongtsan Ganipo et du roi Thisrong de Tsan. Réformes du Lama Tsonkhapa. Propagation du

bouddhisme en Chine, ÂLadùk et dans l'Himalava orienlal.

Avant la propagation des doctrines bouddhistes dans le Tibet, la religion des habitants de ce pays était probablement une sorte de culte peu différent - de ceux qui dominent parmi les peuplades grossières, c'est-à-dire un sys- tème mélangé d'idolâtrie et de sorcellerie, gouverné par des prêtres joui.s- /-o saut d'une grande réputation et d'une extrême puissance par suite de leui's wi ir. prétendus^ entretiens avec les~cfiëûx"'êt de leur connaissance supposée des '■- ^^oyciis |ir,>prcs à obtenir la faveur et l'assistance divine. La première tentative des bouddhistes pour étendre leurs croyances au Tibet a sans doute rencontré une résistance générale de la part du clergé et du peuple. Celui-ci, en effet, devait trouver moins pénible de payer une caste cléricale [loiir obtenir une prospérité matérielle que de chercher le salut et l'éternel bon - heur dans la réincarnation future et l'affranchissement final de la métem- psycose par une discipline sévère et une méditation profonde. Afin d'at teindre le succès et d'imposer plus vite aux tribus qu'ils voulaient convertir à la nouvelle religion, les premiers missionnaires du bouddhisme dans le Tibet out probablement s'attribuer des qualités surnaturelles et céder, sur les points de discipline les moins importants, à quelques-unes des idées

40 annai.es nu musée guimet

de leurs néf>{)liytos. On trouve mainto sugg-cstion tendant à ce but, dans les li- vres sacrés tibétains, le Bôddhiniôr, par exemple et l'histoire de Ssanang Sse- tsen qui est pleine des miracles et prodiges accomplis par les premiers prêtres bouddhiques. On raconta quo lo picniier exploit de Padma Sambhava fut la soumission du terrible démon qui voulait l'empêcher de pénétrer au Tibet. Ou dit ([ne ses disciples ont tiré des leçons qu"il leur donna sur l'emploi des charnues h; pouvoir d'accomplir les actes les plus extraordinaires*. Ainsi ils l'ont obtenir do bonnes récoltes et autres choses semblables; ils enseignent aux Tibétains quelques-uns des arts et des sciences pratiqués alors dans la ci- vilisation plus avancée de la Chine et de l'Inde (d'où ils venaient)) ; mais ils sont assez discrets pour attribuer leurs succès au pouvoir des images et des reliques de Sâkyamouni.

Nous possédons beaucoup de faits positifs sur l'introduction du boud- dhisme dans la partie orientale du Tibet, bien qu'ici encore l'histoire pri- mitive soit enveloppée d'ombres et de fables. Les premières tentatives paraissent avoir donné des résultats très peu satisfaisants ; du moins le mo- nastère fondé, à ce que l'on croit, en l'an 137 avant Jésus-Christ sur le versant de la chaîne de Kaibas, fut bientôt abandonné et tomba en ruines -. Les légendes attribuent la conversion des Tibétains au Dhyâni Bôdhisattva Avalokitesvara, fils céleste d'Amitâbha, dont le Tibet est le pays d'élection. Beaucoup de souverains et de prêtres qui prirent une part active à la conso- lidation de la religion bouddhique dans ce pays sont regardés par les habi- tants comme des incarnations de ces deux personnes sacrées.

Voici quelques faits historiques qui se rattachent au bouddhisme ^.

En 371 avant Jésus-Clirist, cinq étrangers apparaissent subitement devant

1 Schmidt, Ssanaiu/ Ssetscn's gcschichie dcr Ostmon;/oleii, p. il, 43. 35"). Comparez, Forschun- yen, )). 136.

2 Lassen, Ind. Alterthumskunde, iA. II, p. 1072.

3 Voyez U table chninologi'jue de Csonw, extraite d'un livre historique écrit par Tisri. régent de Lhassa en 16SG. Dans les notes ,Csonia ajoute de plus amples détails tirés d'autres livres. Voyez sa Granimairr. p. 181 et 19S. Ssanang ^selsen, Geschichte dcr Ostmongoten, aus dcm Mongolischcn ûbersct:l, lOJi J.-J. Schmidt; le chapitre m traite de l'histoire du Tibet.de 407 à 1054. Les annotations de Ssanang Ssetsen contiennent des traductions du BôJhimùr et autres livres mongols. Clironologie bouddhique, traduite du Mongol par Klaproth. Fragments bouddhiques, Xouveav. Journal Asiatique, 1831. Les dates données par ces trois auteurs ne s'accordent pas jusqu'au onzième siècle ; à partir de cette époque, les catalogues de Csoma et de Klaproth sont d'accord, sauf une différence constante de deux aus qui provient de ce que l'une compte de l'ère tibétaine et l'autre emploie les années chinoises (Voyez chapitre xvi). Dans le texte, j'ai adopté les dates de Csoma, avec une seule exception pour la naissance

Annales du Musée Guimet

III

W

Imp A. Roux, Lyon.

PAI)MAl'.\XI,i;.\ TIBETAIN CHENlU-^l.PHOTtCTl-UR SPÉCIAL DU TIBET.

LR BOUDDHISME AU TIBET 41

le roi Thothori-Nvan-Tsan; ils lui enseignent l'usage qu'il doit faire pour la prospérité générale du Tibet de quatre objets tombés du ciel (en 337 avant Jésus-Christ) enfermés dans une précieuse cassette'; personne n'avait eu jus- qu'alors la moindre idée de leur valeur intrinsèque. Ces instructions données, les cinq étrangers disparaissent tout à coup. Les quatre objets précieux étaient :

i" Deux mains jointes pour prier ; 2" Un petit chorton ^ ;

Une pierre précieuse avec une inscription de la prière « Om maul padme houm ^ « ;

L'ouvrage religieux, Zamatog, « vaisseau construit » sur des sujets mo- raux, faisant partie du Kandjour.

Le roi Thothori suivit strictement les avis des cinq étrangers et accorda une grande vénération aux quatre objets ; par leur bienfaisante et toute puis- sante influence il obtint de vivre jusqu'à cent dix-neuf ans et pendant tout ce temps la prospérité régna dans le royaume.

Ssanang-Ssetsen rattache l'introduction du bouddhisme à la date de cet événement; mais, selon les historiens tibétains, « la première période de pro- pagation du bouddhisme », qui décline ensuite jusqu'au dixième siècle, com- mence avec le roi Srongtsan Gampo, qui naquit en 617 et mourut en 698 *; ils décernent à ce roi les plus grands éloges pour ses efforts heureux dans la propagation du bouddhisme. 11 envoya même dans l'Inde (623) son premier ministre, Thoumi Sambhota, avec seize compagnons pour étudier soigneuse- . ment les livres sacres du bouddhisme et la langue indienne ; les membres de cette mission avaient aussi l'ordre de rapporter au Tibet un système complet

de Srontsan Gampo, qui eut lieu en 617 avant J.-C. (Klaproth et Ssanang Ssetsen) plulôt qu'en 627. Voyei Kôppen, Die Religion des Buddha, vol. ii, p. 54. J'ai ajouté clans les notes les da'es données par Klaproth et Ssanang Ssetsen.

1 Ssanang Ssetsen, en 367; il appelle ces objets Lh.itotori; les autorités citées par Gsoma disent Tho-tori Nyantsau. La narration précédente est de Ssanang Ssetsen Csonia, p. 168, raconte Qu'une voix fut entendue venant des cieux et disent qu'après tant de générations (septième siècle), le contenu du livr devaitètre révélé.» On ne dit|)as d'où venaient ces cinq hommes, mais je crois, pour des raisons qui s'éclairciront plus loin, quec'el:iient des prêtres chinois.

2 Sur les chort:'ns, voyez chapitre xiii.

3 Voyez chapitre x.

* Sur cette distinction des deux ])ériodes, voyez la Grammaire de Csonia, p. 1%, no!-' 18. L'année de la mort de Srongtsan est donnée sur l'autorité de Ssmang et de Klaproth. Klle ne figure pas sur le catalogue de Csonia.

Ann. g. III. 6

42 ANNALES DO MUSEE GUIMET

d'alphabet, tel qu'il s'employait clans l'Inde, dans le but do l'adapter à la langue tibétaiiio^ Heureusement revenu d'un voyage que l'on décrit hérisse de difficultés incroyables, Thoumi Sambhota compose les lettres tibétaines d'après l'alphabet devanagari ; après quoi le roi Srongtsan Gampo ordonne de traduire en tibétain les livres sacrés indiens traitant des doctrines boud- dhiques ^. A la même époque il rendit plusieurs lois dans le but d'abolir, une fuis pour toutes, quelques-unes des grossières coutumes de ses sujets.

Dans toutes ces actions méritoires le roi Srongtsan Gampo était énergi- quement soutenu par ses deux femmes, dont l'une était une princesse népa - laisc et l'autre Chinoise. Toutes deux montrèrent pendant leur vie le plus fidèle attachement à la religion du Bouddha, et sont révérées soit sous le nom général de Dolma (en sanscrit Tara) soit sous les noms respectifs de Dolkar et de Doldjang. Ces princesses avaient, dit-on, apporté au Tibet, une quantité de précieux livres de religion, avec de merveilleuses images mira- culeuses et des reliques de Sâkyamouni ; en outre elles ont bâti beaucoup de temples et de collèges ^.

' Les mauvais esprits forctTeiit, dit-on, une première mission à reculer après a%'oir atteint la fron- tière. Sur les tentatives de Sronîtsan pour former Talpliabet tibétain, voyez les notes de Sclimidt sur " Ssanang Ssetsen », p. 32(5.

- Des remarques fort intéressantes sur la ressemblance des lettres capitales tibétaines avec l'ancien alphabet Devanagari, sont fournies par l"S tables comparatives de Hodgson dans ses Notices, As. Res., vol. XVI, p. -i?0 Schmidt, Ueber den Ursprumj der Tib. Schrift », Mém. de l'acad. de Petersb., "(oa I, p. 41. Csoma, Grammar, p. 20i. Thoumi Sambhota passe pour une incarnation du Bodhisattva Manjousri. Ce divin personnage, appelé en tibétain Jamjang, doit être envisagé sous deux points de vue. Il parait avoir été un personnage historique qui enseigna les doctrines bouddhiques dans le Népal au ville et auix« siècle, après J.-C; mais il est aussi vénéré comme un être mythologique de la nature divine des Bodhisattvas (sa sakti est Sarasvati, tib. Ngagi Lhamo; il passe pour avoir inspiré de sa divine intelligence plusieurs personnes qui ont contribué à la propagation des théories bouddhiques. Il est le dieu de la sagesse brandissant le « glaive de sagesse (tib. Shesrab ralgri), dont la pointe est enflammée pour dissiper les ténèbres parmi les hommes». Les livres chinois disent de sa puissance ; n Quand il prêche la grande loi. tous les démons sont vaincus, toutes les erreurs sont dissipées, et il n'est pas un hérétique qui ne retourne à son devoir. « Manjousri est aussi le « souverain de l'année », èpilbète qui vient de ce que le premier jour de l'année lui est consacré. Foeckoue-ki, p. llo. Comparez Hodgson, Classifi- cationof the Nevars, dans Journal. As. Soc. Beng., vol. XII, p. 216. Burnouf, Lotus, p. -lOS. Lassen, Indischc AHerthuinshiinde, vol. III, p. 777.

^ Dans les peintures, on les représente dans la même attitude le pied droit pendant devant le trône, la main droite tenant le lotus bleuOuptala (Nelumbimn speciosum), «Encyclopedia of India «, par Bal- four, p. 1291. Cette plante se rencontre à Kashmir et en Perse. Leur teint est dilïérent. Dolkar est blan- che, Doldjang est verte. Les femmes implorent Doldjang pour obtenir la fécondité, et c'est en allusion à cette vertu que, dans une de nos peintures, un plat avec des pommes amoncelées est dessiné à ses pieds Le récit tibétain le plus complet des légendes qui concernent ces divinités se trouve dans le Mani Kamboum (voyez p. 53) et dans un livre intitulé, à ce qu'on a dit à Adolphe ; Un clair Miroir de généalogie royale. Un liymie à Doldjang est donné par Klaprolh dans les Reise in den KaucasuSt vol. I, p. 215.

Annales du Musée Guimet

IM.

Imp A. Roux, Lyon.

MAN.lUSRI.r.X T[MF.TAIN JAMJANT,,DlF.li DF, LA SAGESSE

Annales di; Musée Guimet

1. III. l'I.M.

Imp A. Roux. Lyon.

L\DF,r,SSEU01.JAW,F.POUSE DKIFIÉE DLROISaONGTSM GMrO.

I,F. niifDDinSMK AU TIKEÏ 43

Attirés par cos actes do bieiifaisanco, ({iii riii-cnt bientôt connus au Injn, beaucoup d" prêtres étrangers s'établirent au Tilx't [M'iidaiit la vie de ces princesses et contribuèrent à généraliser la connaissance du bouddhisme.

Sous les successeurs du roi Srongtsan Gampo, la n'iigiun ne fut guère florissante. Pendant 1(> règne de l'un d'eux, Thisrong de Tsan, qui vivait de 723 à 780 avant Jésus-Christ*, le bouddhisme commença à se relever grâce au.\ utiles règlements de ce prince. Ce fut lui qui réprima avec succès une tentative faite par les grands, pondant sa minorité, pour supprimer la iiou- velle croyance, et c'est grâce à lui ([uo la fui bouddhique s'établit déflnitixc- mont. Il décida le savant Paudit Santa Raksita (tib. Zhivatso), communément appelé Bôdhisatt va, à quitter le Bengale pour se fixer au Tibet ; à sa demande le grand Gourou Padma Sambava (en tib. Padma joungue ou Ourgyen) de Kafiristan (Oudyana), renommé au loin pour sa connaissance extraordinaire desDhâranis, de leur application et de leur rites, quitta aussi sa résidence pour devenir sujet tibétain. Les sages indiens qui se décidèrent à s'établir au Tibet l'emportèrent sur l'influence des prêtres chinois et les doctrines qu'ils enseignaient. Ceux-ci avaient été les premiers missionnaires au Tibet ; ils paraissent avoir enseigné les doctrines de Nagarjouna avec les modifications établies par l'école Yogàchârya ; car d'ai'rès l'histoire du bouddhisuKi du Tibétain Pouton, ou Bouston, qui écrivaitau quatorzième siècle, leur système défond di' prendre aucune pensée pour objet de méditation. Padma Sam- bhava et les prêtres indiens ses successeurs développaient la loi dans le sens de l'école madhyamika, qui à cette époque avait pris dans l'Inde le pas sur le système yogàchârya; ils appuient sur l'assiduité dans 'la méditation sans distraction. Le roi Thisrong de Tsau, qui ne voulait pas laisser enseigner deux doctrines opposées, ordonna une discussion solennelle entre les Chinois Mahâyâna (nom évidennnent symbolique de leur système) et les Hindous Kamalasila. Les Mahâyânas ftirent vaincus et obligés do quitter le Tibet, (^t depuis cette époque les [)rêtres indiens furent seuls appelés et enseignèrent la doctrine Madhyamika -. Le roi Thisrong construisit le monastère et le

Ssanang Ssetseii, 7S7-S45. Klaprcjth, TiH.

- Voyez p. 28, V\';issilje\v. Der Buddhisintis, p. 350; comparez p. 324-55, Rémusat, Nouv.journ. A v. 1S32, p. 44. Le Bôdliiiiiûr appelle les Jeux tloctrines Stou-min et Tseriiiii ; Georgi, Alphabet tibétain, p. 222, Dote (du Mdo ou SoiUras) elGyoute (duGyout ouTantras). Ces noms impliquent que les principes tantrikas s'étaient graduellement glissés dans le système madliyamika,

•i4 ANNALES DU MUSKE GUIMET

temple de Biina à Samyé et ordonna do pousser vivement la traduction des livres sacrés en langue tibétaine.

Un autre souverain, nommé Langdar ou Langdharma, tenta encore d'a- bolir les doctrines bouddliistes. Il ordonna de démolir les temples et monas- tères, de détruire les images et de brûler les livres sacrés; mais ces actes sacrilèges soulevèrent une telle indignation qu'il fut assassiné en 900 avant Jé- sus-Christ *. Le fils de Langdar, son successeur, mourut aussi, dit-on, « sans religion » dans sa soixante- quatrième année. Bilamgour, petit fils de Lang- dharma, se montra au contraire favorable au bouddliisme ; il rebâtit huit temples et inonastères et mourut après un glorieux règne de dix-huit ans. A cette époque se place « la seconde propagation du bouddhisme ». Il reçut, surtout en 970, un élan puissant, par les efforts réunis des prêtres tibétains qui rentraient (ils avaient fui sous les derniers rois) et du savant prêtre in- dien Pandita Atisha et son élève Bromston. Peu avant l'arivée d'Atisha au Tibet (1041 après J.-C), la doctrine Kala Ghakra, ou mysticisme tantrika, fut introduite dans ce pays. Dans les douzième et treizième siècles beaucoup de réfugiés indiens arrivèrent et aidèrent puissamment les Tibétains dans la traduction des livres sanscrits.

Trois cents ans après la mort d'Atisha nous arrivons à l'époque de Tson- khapa, « le réformateur extraordinaire », qui naquit en 1355 dans le district d'Amdo, s'élève maintenant le fameux monastère de Kounboum. Tsou- khapa s'était imposé la tâche ardue d'unifier et de réconcilier les écoles philosophiques et mystiques que le bouddliisme tibétain avait fait naitre ; il voulait extirper les abus graduellement introduits par les prêtres, qui étaient revenus aux anciennes fourberies et aux prétendus miracles du charlatanisme afin de prouver à la foule leur mission extraordinaire.

Tsonkhapa défendit strictement ces procédés et contraignit l'ordre sacer- dotal à la sévère observation des lois qui lient les prêtres : il se distingua aussi par la composition d'ouvrages très serrés, dans lesquels les principes de la religion bouddhique sont exposés à son point de vue particulier. Selon les traditions, il eut quelques entretiens avec un étranger de l'Ouest, reinar-

1 Ssauang Ssetseii recule cet (ivènement eu 926, Laiigdharma élait eu 8(51 selon Csoma : Ssananç Ssetseu dit 863 et Klaproth 901.

Annales du Musée Guimet

T. III PI. VII,

Imp A, Roux . Lyon.

P.\DM.A SAV1BHAVA,SAGF, INDIEN IlÉIFll', QUI VÉCUT AU VIII! SIÈCLE,

e

LE BOCDDHISME AU TIBET 45

qiiablo par son long noz. Hue cruil qm' cet étranger devait être un mission- naire européen et attribue ;ui.\ renseignements que Tsonkliapa aurait reçus (!(,' ce prêtre catholique la ressemblance du service religieux au Tibet avec le rituel catliiili([Ui' romain. Nous ne pouvons pas encore nous prononcer sur la question de savoir ce que le bouddhisme peut avoir emprunté au catholi- cisme; mais les rites du bouddisme relevés par les missionnaires français tiennent pour la plupart aux institutions particulières de cetti^ religion, ou bien ont éclos à des époques postérieures à Tsonkliapa'.

Les ilinovations de Tsonkhapa ne furent jamais toutes acceptées ; il eut pourtant beaucoup de partisans et leur nombre s'accrut rapidement pendant les deux siècles suivants, jusqu'à ce qu'ils fussent devenus prépondérants au Tibet et dans la Haute-Asie. La sévérité de ses ordonances contre les prêtres a été cependant beaucoup adoucie; nous pouvons juger combien leur pra- tique dift'ère maintenant de la théorie, par ce fait que la profession cléricale ?st généralement fort ambitionnée et qu'une partie considérable du revenu du clergé provient de cérémonies d'un caractère d'absolue fourberie, pratiquées à la demande de la population laïque pour écarter les mauvais esprits.

Au sujet de l'introduction du bouddhisme dans la Chine propre, je me bornerai à dire que dès l'an 217 avant Jésus- Christ, un missionnaire indien aurait, dit-on, prêché dans ce pays ; mais l'empereur le renvoya et le boud- dhisme ne fut complètement établi en Chine qu'en 67 avant Jésus-Christ; il fut reçu avec une satisfaction universelle ^.

Selon Gunnigham*, le bouddhisme fut introduit à Ladâk vers l'an 240 avant Jésus-Christ, mais il ne paraît avoir dominé dans ce pays qu'à partir du premier siècle avant l'ère chrétienne. Les livres qui traitaient de l'histoire

1 Csoma, Journal As. Soc. Ben'/., vol. VIII, p. 145. Hue, Christianisme en Chine, Tartarie et Tibet, sq\. II, p. 10. Wassiljew, notice sur les ouvrages en langue de l'Asie orientale, etc., Bid. hist. phil.de Saint-Petersbourr/, vol. Ill, p. 233-242. Koppen, Die Religion des Bouddha, vol. II, p. 117, Sur les miracles executes par les prêtres bouddhistes avant Tsonkhapa, voyez Marsden, T/te travels of Marco Polo, p. 169.

2 Lassen Indische Alterhumskiinde, vol. II, p. 1078, vol. IV, p. 741. W. Scott, Ueber den Bud- dhismus in Hochasien, p. 18. Sufle sort du bouddhisme en Chine, voyez, Nouveau Journ. Asiatique, I8JI3, pages 106, 138, 139. G. Gûtzlalï, R. As. Soc, vol. XVI, p. 73.

■' Gunniughatn, Ladàh, p. 317. .4. Leh, mes frères se procurèrent plusieurs grands livres historiques. Deux de ces livres ont une impurtauce toute particulière, ils sont intitulés : Gyelrap salcai melong, l'i orai Miroir d': Gijelrap, ou la généalogie des Rajas de Ladàk, à partir de Ghigmet Choiki i'enge, desceudaut des premiers rajas.

46 ANNALES DU MUSEE GUIMET

primitive do Ladàlc auraient été détruits, dit-on, vers la fin du seizième siècle par les fanatiques musulmans de Skârdo, qui envahirent le pa^'s, brûlèrent les monastères et précipitèrent dans l'Indus les trésors de plusieurs bibliothèques. Le règne des musulmans ne fut pas de lunpue durée, et depuis lors les bouddhistes n'ont plus été opprimés.

Dans l'Himalaya oriental à Bhoutân et à Sikkim, la conversion du peuple au bouddhisme se fît à une époque relativement moderne, c'est-à-dire vers le seizième siècle di" notre ère'. Les circonstances relatives à l'intruductidu de la U'iuvelle religion sont bien connues des Lamas de ces pays, qui ont encore en leur possession plusieurs livres historiques traitant de cet intéres- sant sujet. En fait d'ouvrage de ce genre nous avons dans notre bibliothè- que particidière un récit manuscrit de la « première arrivée des Lamas à Sikkim « en douze feuilles, écrites en petits caractères, et en outre un livre imprimé de 375 feuilles, « Histoire de l'érection des collèges ». Ces deux ouvrages api)artenaieut primitivement à la bibliothèque de Pemiongchi et furent acquis à Sikkim par mon frère Hermann.

SECTES BOUDDHIQUES AU TIBET

Il n'y eut pas de sectes au Tibet avant le onzième siècle; il en existe en- core neuf qui sont considérées comme orthodoxes ; nous n'avons du reste que peu de détails sur elles. La secte fondée par Tsonkhapa et ses dérivées ont adopté la couleur jaune pour leur habillement ; les autres portent de pré- férence des vêtements rouges. Ces sectes sont-:

1" La secte Nyigmapa, la plus anciennes de toutes ; c'est à elle qu'ap- partiennent les Lamas de Bhoutan, province de Gnary Khorsoum et de La- dâk. Cette secte s'en tient strictement aux anciens rites et cérémonies, probablement tels qu'ils ont été enseignés par les prêtres chinois et possède quelques ouvrages symboliques particuliers, qui n'ont pas été incorporés dans les vastes recueils du Kaudjour et du Taudjour.

' Hooker, Flimalaynii Jo.'i-iuU, vol. I, p. 127. Kiipperi, Dij Religion des Buddha, vol. II. p. SiiO.

-' Voyez la table chronologique de Csorai, noie 18, dans Grarmnaire, p. 197. Phrases du discours, ibid., p nS-.Notii-es, joiirnal As.^fioc.Iii'ny., \-o\. VII. p. 1 4") ; Cunningham, Liiak, p. 367-72; Kopjien. l)ie Religion des Buddha, index.

LK nODDDHISMF, AU TIBET 47

2" La sectc Onrgyenpa (ilisciplos d'Ourg'veu ou I'adina Sambhava) est aussi une dos plus niicicMines; elle est principalement réi>audue dans la partie du Tibet (jiii euiiliue ;lu Népal et aux provinces de riliiualavn indien; le prin- cipal monastère de cette secte est à Samjé dans le Tibet oriental. LesOur- gyenpas se distinguent des Nvigmapas par le culte de l'incarnation d'A- niitàblia sous la forme de Padma Sambluiva.

3" La secte Kadampa, fondée par Broraston (né eii 1002 avant J. C), se borne à l'observation des « préceptes » (bkà) et ne se soucie i)as d'atteindre aux degrés plus élevés de la sagesse transcendante. Ses disciples portent un vêtement rouge.

4" La secte Sakyapa, dont nous ne savons rien, si ce n'est que ses adhé- rents ont un costume rouge.

5" La secte Géloukpa, ou Galdanpa et Geldanpa, noui (pu provient de son principal monastère, Gàldan à Lhassa, érigé par Tsonkliapa ; cette secte suit les doctrines de ce réformateur et ses institutions ; ses membres portent un costume jaune; il forment la secte la plus considérable du Tibet.

G" La secte Kargyouipa, « les croyants en la succession des préceptes », se contente d'observer le Do (Soutra ou apiiorismes) et ne s'inquiète pas d'at teindre aux doctrines particulières du Prâjna Pai'amità ou de la sagesse transcendante.

La secte Karmapa, « lescrojauts en reflicacité des actes », paraît près- (|ue identique à la secte Karmika du Népal (i).

8" La secte Brikounffpa tire son nom du monastère de Brikoung dans le Tibet oriental. Celle-ci, comme les deuxprécédentes (Kargyoutpa etKarmapa), est une branche de la secte Géloukpa ; toutes trois suivent la règle de s'ha- biller de jaune.

9" La secte Brougpa (ou Do iigpa on Dad Dougpa) a un culte particulier pour le Dordje (Vadjra ou la foudre), qui descendit des ci eux et tomba sur la terre à Sera dans le Tibet oriental. Elle paraît particulièrement attachée au mysti- cisme tantrika, le Dordje est un instrument très important et très puissant.

A ces neuf sectes il faut encore ajouter la religion Bon, qui compte beau- coup de disciples nommés Bonpas et possède de nombreux et riches menas -

' A ce sujet, voyez Hodgson, Illustrations, p. 82 et HZ. :;

48 ANNALES DU MUSEE GUIMET

teres dans le Tibet oriental. D'après la manière dont les livres tibétains parlent de cette secte, il paraît probable que le nom de Bonpas était res- treint à ceux qui refusèrent d'embrasser le bouddhisme dès son introduction. Plus tard ils adoptèrent ses principes tout en gardant rigoureusement, autant du moins (|u'ou peut le présumer d'après le peu de données que l'on a sur eux, les idées superstitieuses et les cérémonies des premiers habitants. Cette opinion est celle de Gsoma ; elle a été plus tard appuyée par Hodgson qui a récemment publié plusieurs gravures représentant leurs divinités. Elle est encore corroborée par ce fait que, même aujourd'hui, le nom de Bonpa est appliqué aux exorcistes de quelques-unes des tribus les plus grossières de l'Himalaya, telles que les Mourmis et les Sounvars *.

CHAPITRE Vin

LITTERATURE SACREE

Ouvrages traduits du sanscrit et livres écrits en tibétain. I,es deux recueils du Kandjour et du Tandjour. Littérature tiîiétaine en Europe. Analyse du Mani Kambouin. Noms et représentations de Padmapani.

Les premiers livres religieux publiés en tibétain sont de simples traduc- tions du sanscrit entreprises par des prêtres indiens, des traducteurs tibétains (Lotsavas) et aussi des Chinois. L'œuvre de traduction fut menée avec uu zèle et une énergie remarquables ; afin d'arriver à l'uniformité on prépara un vocabulaire des noms propres sanscrits et des expressions techniques et phi- losophiques qui se rencontrent dans les textes originaux, et il fut ordonné de s'y conformer-. Mais il est regrettable que les traducteurs, au lieu do

' Le Bôdhimôr ilaiis l"liistoii-e de Ssanang Ssetsen, p. 351 et 3ù7. Gsoma, Geographic Notices of Tibet, dans Journal As., Snc. Beng., vol. I, p. 124; Dictionnary of the Tibetan language, p 94. B. H. Hodgson, Notice on buddhist symbols in Roy<, As. Soc, vol. XVII, p. 396 L'identité de ces images avec celles que l'on trouve dans les temples bouddhistes orthodoxes (les noms seuls différent) est nne nouvelle preuve de l'alliance intime de la religion bouddhiste et des rites et idées païennes.

- Les premier.? coramenci ments de cette entreprise datent peut-être du temps de Srongtsan Gampo et de Thoumi Sambhola. Ce vocal)ulaire existe encore en trois éditions, qui varient suivant le plus ou moins grand nombre d'expressions qui y sont contenues. Celui de taille moyenne fut composé au temps

LE ROUDDIIISME AU TIBET 49

nous fduiilir dos versions correctes, aient entremêlé les textes de leurs pro- pres commentaires, afin de justifier les dogmes de leurs diverses écoles. A ces altérations des textes originaux est due l'obscurité qui a si longtemps enveloppé le sujet et empêché l'intelligence claire des principes du boud- dhisme primitif et de ses divisions subséquentes.

Eu même temps que se ibiiuait l'alphabet tibétain, des livres se compo- saient dans la langue nationale. Le Mani Kamboum, ouvrage historique attri- bué à Srongtsan Gampo, est l'œuvre d'un Tibétain; « l'Introduction gram- maticale » et les «Lettres caractéristiques» de Thoumi Sambhota, ainsi que les ouvrages historiques sur le Tibet, écrits par les anciens traducteurs tibétains, paraissent avoir été composés en langue vulgaire *.

Dei)uis le quatorzième siècle, la littérature nationale, qui commence avec Tsonkhapa, se développe sur une large échelle. Tsonkhapa lui-même publia des ouvrages systématiques très volumineux ; ses oeuvres principales sont : le Bodhi-moui-, le Tarnim-mou7- , VAltanerike, et leLamnm, « un degré en avant », titre qui a été pris également par d'autres auteurs. Plusieurs savants tibétains employèrent aussi la langue vidgaire dans la composition de leurs nombreux commentaires sur les dogmes et l'histoire du buud- dhisme ; ils furent suivis même par les Mongols, obligés d'appi'endre le tibétain, parce qu'il était (alors comme aujourd'hui) la langue sacrée du service divin .

Toutes les traductions du sanscrit ont été réunies, en forme de recueil, en deux livres grands et volumineux, qui contiennent, dans un mélange irres- pectueux, les publications sacrées et profanes de différentes époques. Ces re- cueils portent le nom de Kandjour « traduction des commandements (du Bouddlia) » et Tandjour « traduction de la ductriue ». Lu Kandjour com prend cent huit grands volumes, classés dans les sept divisions suivantes:

1. Doulva, ou « discipline » ;

2. Srliercltin, ou « sagesse » ;

de Ralpacheii ou Khiral, qui i-égnait au neuvième siècle ; il est couipi-is dans le TaiiJjoui-, W'ilsou, A'oÉe on the literature of Tibet. Gleanings in science, vul. Ill, p. 217. Comparez aussi llodgsou, As. Res,, vol. XVI, p. 434. Les noms des traducteurs de beaucoup de livres nous ont été conservés.

' Ainsi Csoma, dans son écrit sui' les livres d'histoire ou de ^'rammaire du Tibet, ue cite pas les titres sanscrits de ces livres, ainsi qu'il le fait toujours quand il s'agit de traduction du sanscrit.

Ann. g. - ni. 7

50 ANNALES DD MUSEE GUIMET

3. Palchen, ou « association des Bouddhas » ;

4. Kontsej, ou « nioiitagiio do joyaux »,

5. Do, Soutras, ou « apliorisincs » ;

6. Myangdas, traitant do la doctrine « do délivrance par l'affranchisse meut de l'existence » ;

7. Gyout, a Tantra », traitant du mysticisme.

Chacune de ces divisions se compose d'un plus uu moins grand nombre de ti'aités. Le Kandjour passe pour renfermer « la parole du Bouddha », car il contient principalement les doctrines morales et religieuses enseignées par Sâkyamouni et ses disciples. Le Tandjour forme deux cent vingt-cinq vo- lumes, divisés en deux grandes classes : Gyout et Do. Il est beaucouji plus mélangé; il contient des traités sur les diverses écoles philosophiques avec différents ouvrages sur la logique, la rhétorique et la grammaire sanscrite. Plusieurs volumes traitent des mêmes sujets que le Kandjour.

Les principaux ouvrages qui forment ces collections ont été traduits vers le neuvième siècle ; d'autres, principalement ceux du Gyout, beaucoup plus tard. Par exemple le Kala Ghakra, ou Dous kyi khorlo, contenu dans ce der- nier, ne fut pas connu au Tibet avant le onzième siècle. Aussi n'est-il pas douteux que la traduction du Do )\'ait encore occupé une plus longue piM-it)de de temps en raison de la plus grande variété de son contenu.

Bien qu'il soit impossible de déterminer positivement l'époque à laquelle ces deux recueils furent compilés, il est cependant fort probable que la com- position actuelle des volumes n'est pas antérieure au siècle dernier; des re- cueils semblables ont pu exister plus tôt, mais il est douteux que ce fussent exactement les mêmes. Nous devons à Gsoma de Kôrôs un extrait du Kandjour et du Tandjour ; son analyse a été résumée par Wilson. Un index du Kandjour publié par l'Académie impériale russe de Saint-Pétersbourg en 184.0, a été avec une ]iréface de Schmidt. Un mémoire de Schiefner traite des ouvrages de logique et de grauuuaire inci)r|)orés dans le Tandjour ^

' Voyez sur ces collections H. H. Wilson, Not'ion the Literature of Tibet ; Gleanings in science. Joui: As., Soc. Seng., vol.1. Csoma, .(ln<i(y«s, As. Res.,vo\. XX. A. Schiefuer, Jïui. hist. phil. de Saint-Petersbourp Notice sur les ouvrages en la^rtijue de l'Asie orientale. Bul., vol. XIII, ii 13 Bt 14.

Léou Feer {Anal.yse du Kandjour), auualesdu Musée Guiinet, t. II.

I.K liOriMHIISMK AU TIRET 51

Ci>s ciilli'ctiniis furent iiiiininn'i's pnr Turdn' Mivaiig, regent do Lliàssn, I'll iT^.^-'iG; l;i picmioro edition tut ]iréparée i\ Nârtliang-, ville près de 'rnsliillidi'iniKi, (|ui est encore reniuanu'''' piuir ses lu'nduetinns tvpug-raphiqui's. Anjnui'd'liui rU(>s s'imprinienl dans l)(';nR'(iu[i dr monastères; mais le papifi' rt l'impression de ces copies, celles du moins qui se vendent à Pékin, sont si mauvais et le texte si plein d'erreurs qu'il est presque impossible deles lire.

En tibétain on n'emploie pour l'impression que les lettres capitales (tib., vouchan), du moins autant que je le sache; [nmi les manuscrits les petites lettres (vounKxl) sont d'un usage fréquent, et selon les nécessités de la main elles sont souvent quelque peu modifiées. Quand on emploie les lettres in- diennes pour les sentences sanscrites, on fait usage de l'alphabet randjâ, appelé Lantsa par les Tibétains; c'est celui avec lequel sont écrits la plupart des anciiMis livi-es sanscrits dérouverts dans le Népal. Cet alphabet randja ou lantsa, est uiu' variété du Devanagari ; il est surtout usité pour écrire en sanscrit les sentences mystiques, Dliâranis, qui doivent "être reproduites sans aucune altération pour conserver leur efficacité ; bien que l'alphabet tibétain ait été adapté à leur reproduction exacte, l'alphabet randja est pour- tant préféré dans beaucoup de cas.

Les livres tibétains sont répandus partout dans l'Asie centrale, à cause de la grande réputation dont jouit tout ce (|ui vient du Ti])et, le pavs d'élection de Padmapâni. L'art de l'impression, depuis longtemps connu des Tibétains, qui emploient cet effet des blocs de bois gravés, a aussi beaucoup aidé à leur extension. Il n'y a ])as de monastère bouddhique qui ne possède une série d'ouvrages en langue tibétaine, et le prix que les Kalmouks et les Bouriats payent quelquefois pour les plus sacrés, comme par exemple leKan- djour, s'est élevé en certains cas jusqu'à 200 livres (50,000 francs).

Beaucoup de livres tibétains, soit originaux soit traductions du sanscrit, sont venus jusqu'en Europe et à Calcutta grâce aux efforts de zèle de Gsorna, Schilling von Cannstadt, Hodgson, de quelques Anglais résidant à Hillstation et des membres de l'ambassade russe à Pékin. La bibliothèque et le nuisée de l'India Office, si richement pourvus en tous les genres d'objets pratiques ou scientiiiques se rapportant à la vie orientale, possèdent aussi un grand nombre d'ouvrages tibétains importants ; on n'en a pourtant publié aucun cataloguejus- qu'à présent. Tout leKandjoui-et le Tandjour s'y trouvent. Un autre exem -

02 ANNAI.KS 1)1- MUSKF. G I' I M ET

liloirodo cos deux rolloctions existodanslabihliothèqiiodpSaint-Pétorsboiirp:, qui possède en outre la plus grande partie di^s ouvra^ei^ imprutants, écrits sur le bouddhisme en langue tibétaine, mongole ou cliiiioise. T^a bibliothèque impé- rial(^ ;'i Paris n'a ([111' le Kandjour. La Société asiatique du Bengalr possédi> aussi une cojtie complète du Kandjour; son édition du Tandjour est incomplète, ou du moins l'était en 1831. Un catalogue des livres tibétains renfermés dans le musée asiatique de l'académie impériale à Saint-Pétersbourg, comprenant tous les ouvrages réunis jusqu'en 1847, a été publié par J.-J. Schmidt et 0. Boethling ; un appendice de Schiefner indique les derniers livres reçus de Pékin 1.

Un nouveau catalogue détaillé est maintenant en cours de publication ; il fournira sans doute beaucoup de faits intéressants au sujet du bouddhisme et élargira nos connaissances sur la littérature tibétaine en général. Gsoma de Kôros avait commencé à composer le catalogue détaillé des livres tibétains appartenant à la bibliothèque de la Société asiatique du Bengale ; il fut arrêté par la mort, et je ne crois pas que son œuvre ait été continuée.

La langue tibétaine n'a été connue en Europe que dans ces dernières années ; le premier chercheur qui mit la langue tibétaine à la portée des étudiants européens, fut Gsoma de Kôrôs, zélé et infatigable Hongrois de la Transjdvanie. Le but de ses longues et laborieuses recherches était dedécou- vi-ir le berceau des Hongrois (en allemand Hounen), qu'il espérait trouver en Asie. Déçu dans ses tentatives en Asie occidentale, il se retira (1827) pendant pbisieurs mois dans le monastère de Zankhar, il s'adonna k l'étude de la littérature tibétaine; il parvint presque, malgré beaucoup de difficultés, à compléter un dictionnaire et une grammaire de la langue tibétaine, qui furent publiées (en anglais) à Calcutta eu 1832 ^ Plus tard (1839-1841) J.-J. Schimdt publia en allemand une autre grammaire et un dictionnaire tibétains,

' Bul. hist. phil. de Saint-Pelersbourg, vol. IV,IX. X\x sujet du nombre extraordinaire d'ou- vrages imporl'ints apportés àLomlreset à Paris parB.-H. Hodgson, voyez Wilson, Buddhu and liud- dliism. R. As., Soc, vol. XVI, p. 2.34.

2 Voyez quelques remarques intéressantes sur ses opinions et sa mort dans Journal As., Soc. Seng., vol. XI, p. 303; vol. XIV, p. 320, par le D' Campbell. Il y a dans les montagnes deux tribus qui ont conservé le nom de Iluns; l'une réside h Gnary ICli"orso«m et s^ donne le nom de Hounio ; l'autre est la tribu di" Limbou dans le Népal el Sikkim : une grande partie de cette tribu porte le nom de Houngs. Comparez Campbell, JoMrnaZ As., Soc. lieng., vol., IX, p. 599.

i.K lîoiriniiisMK AI! TinF.T 53

h;is(''s prolKiblcMiiiMit sur l''s niivraii'i's iirifi'iiKinx l't b's diclinininiros tibétains, iiiiMi,y'i)ls et iiiainlcliiiiis. Li- (lictiniiiiainMlcSchiiiiill cniiticiitriiviron 5,000 mots l'I <'\|iressions di' plus ([uc crlni di' (IsDina. l)i's fi'iiianiiics firainiiiatii'ali's ]iliis «■•l<'ii(lii(>s ont éli- iiujjliéos par Si-hicfni'r dans los l)nlli'tins de Saint-Péters- boiirj;-, et plus réci-innient jiar Foucaux dans sa lirannnaire tibétaine Tmi 1845 Schiofner |>ublia la traduction du grand traité tibétain Dsang loun, « le sage ot I(^ fou )•>, avi'c le texte original ^ Foucaux le suivit avec une traduc - tien du Hgya clih(}r roi pa. En [dus d(; ers publications je dois encore citer les nombreuses et importantes traductions de Schiefner et de Wassiljew.

En le questionnant sur une peinture représentant la déesse Doldjang (voyez page 42), j'obtins du Lama linuriat Ciambojew un extrait du AlaniKamlinum, ancien ouvrage histuricpu' dont la paternité est attribuée an roi Srongtsan Gampo. Schmidt avait déjà attiré l'attention sur lagrande réputation dont jouit cet ouvragi' parmi les bouddhistes de la Haute-Asie ; mais il n'eut pas la bonne fortune de se procurer le Mani Kamboum (1829), qui n'est que depuis peu parvenu à Saint-Pétersbourg. Jusqu'à présent nous n'avons qu'un extrait du premier chapitre par Jàhring, l'interprète de Pallas. Je donne ici la note rapide de Gombojew sur le contenu général de ci^t important ouvrage ; quel- que courti' qu'elh^ seit, elle pourra du moins fournir uni' idée de l'un des plus anciens livres historiques de la littérature tibétairu\

ANALYSE DU LIVRE MANI KAMBOUM

Le Mani Kamboum (ce nom a été adouci en Mani-Gam])oum),ou littérale- ment Mani bka boum, a cent mille commandements précieux», contient en douze chapitres un récit très détaillé des contes légendaires sur les iné- rites de Padmapâni, le propagateur du bouddhisme au Tibet. 11 s'y trouve aussi une explication sur l'origine et l'application de la formule sacrée : Oui mani padme houm ». Quelques événements historiques y sont ajoutés à propos de Srongtsan Gampo (qui vécut de 617 à 698av. J.-G.) et ses fMumes, ainsi qu'une explication g('iiérale des doctrines fondamentales du bouddliisme.

' Sfihiefiier publia en IS'yl des adJitions et corrections à Téditioa de Schmidt.

54 ANNALKS nn MrsEE GDIMET

Chapitre J. 11 (tominoiice par la d'-scriiitinn (U; la région inervoilleuse, Soukhavati (tib. Devachaii) \ Aiuitâbha (lib. Odpagmed) est assis sur son trône et il reçoit ceux qui ont mérité la vio de la plus parfaite félicité.

Tout à coup Aniitâbha, après um' pr(jfoude méditation, fait jaillir de son œ\l (bdit un ravon de lumière rouge -, de ce rayon naît Padmapâni Bôdhisat- (va. Pendant ce temps de son œil gauche sortait un rayon de lumière bleue, i|iii s'incarnant dans les vierges Dolma (en sanscrit Tara, les deux épouses du roi Srongtsan) avait le pouvoir d'illuminer les esprits des hommes. Alors Aniitâbha béait Padmapâni Bôdhisattva en lui imposant les mains, et en ce moment, par lav(Ttude cette bénédiction, celui-ci créa la prière « Om mani [)adme houni ». Padmapâni fait le vœu solennel d'affranchir de l'existence tous les êtres vivants et de délivrer de leurs peines toutes les âmes torturées dans l'enfer ; en gage de sa sincérité il ajoute le v(eu que sa tète se rompe eu mille morceaux, s'il ne réussissait point. Pour accomplir son vœu il se l)longe dans une profond'» méditation et après être resté quelque temps en contemplation, il regarde, plein de sagesse, dans les diverses divisions de l'enfer, comptant que parla vertu de sa méditation ses habitants seraient montés jusqu'aux ]ilus hautes classes des êtres qui aient jamais existé. Mais qui pourrait décrire son étonnement quand il voit les régions de l'enfer aussi pleines que jamais? La foule des arrivants avait comblé les vides laissés par coux qui sortaient. Cette vue si terrible et désespérante fut de trop pour l'in- fortuné Bôdhisattva, qui attribuait cette défaillance apparente à la faiblesse de ses méditations. Aussitôt sa tète se rompt en mille pièces, il perd connaissance et tombe lourdement sur le sol. Amitàbha, profondément ému des douleurs de son malln'ureux fils, s'empresse à son secours; avec les mille morceaux il forme dix tètes, et pour le consoler il assure son fils, dès qu'il a repris ses sens, que le moment n'est pas encore venu de délivrer tous les êtres, mais quo son vœu s'accomplira pourtant. Dpi)uis ce moment Padmapâni redoubla ses louables efforts ^.

' Voyez le chapitre suivaut.

- D'après la trajuction de Pallas, ce rayon est de couleur blaiiclie.

3 Cette légende est racontée différemment d ins l'ouvrage Mongol Xom Gnrchoi Todorchoi Toli, traduit par Schmidt, Forsc.hu ngen, p. 202ï06. Padmapâni avait fait vœude ne pis rentrer à Soukhavali tant que tous les hommes et les Tibétains en particulier ne seraient pas sauvés par lui. Mais quand il vit que la centième partie seulement des Tibétains était entrée dans le chemin du salut, la nostalgie de

Annales du Musée Guimet

T. m. IM.VIII.

Imp A, Roux, Lyon.

i^^'54<V^(^«SH^f

PRIÈRE A SL\ SYLLABES :"0 M M^Nl,PAI)ME,niM"

LE BOUnoniSMK AU TIRET 55

Ensuite vient ime histoire de la création di' ruiiivers et dos animaux; les douze actes, les Dzadpa Chac/nyi, de Sâkyauiouni sont racontés en détail \ avec le récit de la construction d'un ]ialais sur le soininft di' la inontnpnc Pa tala, suivi d'une esquisse de la propagation du bouddliisnie depuis sou origine jusqu'à la mort de Srongtsan Gampo.

Chapitre 11. 11 donne des instructions sur les pi'ières à adresser à Pndni;i- pâni et énumère les avantages immenses attachés à l'usage fréquent di' la prière c< t Im luani padmc lioum «. lînc dissertation sur le vi/le liirmc la rmi elusion.

Chapitre U\. 11 donne le sens delà prière « Om mani padme houm ». Nous y trouvons aussi des remarques sur les diverses représentations do Padmapâni ; ainsi il y est expliqué pourquoi on le représente tantôt avec trois visages et huit mains, tantôt avec dix-huit faces et liuit mains et quel que fois même avec mille visages et autant de mains et de pieds. Ensuiti' vient le récit de la manière dont Srongtsan Gampo aj)prit les dogmes du bouddhisme; comme conclusion nous remarqu(jns quelques faits particuliers sur la propagation générale du bouddhisme au Tibet et la mission de Thounii Sambhota dans l'Inde.

Chapitres IV à VIII. Ils sont pleins de remarques sur les qualités de Sam- sara et les statuts moraux et religieux du bouddhisme. L'état d'ignorance du Tibet est déploré ; suit une courte biographie de Padmapâni Bôd]iisatt\a pendant son existence sous la forme du roi Srougtan Gampo.

Dans un discours en réponse à une question sur les facultés de l'esprit, ce roi établit que le bonheur et le salut dépendent de l'énergie et de la conduite de chacun et (|ue si l'on souhaite briser les fers de Samsara, on le peut par la

Soukhavati s'empara de lui. Ce l'ut eu raison de ce dtîsir de retour que sa tête se brisa en dix morceaux (et non pas mille, comme le raconte le Mani Kamboum) et son corps se divisa en mille pièces. Amitâblia répara les dommages corporels.

1 Les biographies tibétaines de Sâkyamouni sont divisées en douze parties d'après ses douze actes. Les voici : 1" U descend de la demeure des dieux. Il entre dans le sein de sa mère. 3' Il naît. 4' Il développe toutes sortes d'arts. 5' Il se marie (il jouit des plaisirs de l'état de mariage). (j- Il quitte sa maison et prend l'état religieux. 11 accomplit des pénitences. 8" Il est vainqueur du diable, ou dieu des plaisirs. U arrive à la perfection suprême, ou devient Bouddha.— 10° Il tourn» la roue de la loi, ou publie si doctrine. 11° Il est délivre des peines, ou il meurt. 12" Ses restes sont déposés (dans un charton). Gsoraa. Notices on the life of Sakia, As. R., vol. XX, p. 28.3, Comparez aussi Schmidt, Ssananr/ Ssetsen, p. 312. Scliiefner, Tih. Lebcns-Besclireibu>to Sâkiiamuni. Mé_ moires des savants étrangers, vol. VI, p. 232.

56 ANNALES DU MUSKE GUIMET

prière « Oni mani jiadmc houm )) dont le pouvoir ost irrésistible. Sroagtsau proi)d sur lui d'interpréter cette prière; il l'enseigne à ses parents et à ses femmes et développe les devoirs que doivent observer ceux qui croient eu la vérité des doctrines révélées par le Bouddha. Ces explications sont calculées pour l'usage pratique et se rapportent à des sujets tels que l'ignorance, les péchés, les vertus et leur influence *.

Chapitres IX et X. Il rapportent les légendes intimement liées aux doc- trines bouddhistes.

Chapitre XI. 11 traite de la tin de la vie de Srongtsan.

Chapitre XII. Il parle de la traduction des livres sanscrits eu tibétain, de la mission de Thoumi Sambhota dans l'Inde et de l'alphabet qu'il a tiré du Devanagari .

Le Mani Kamboum a été traduit eu mongol et en dsoungarien. La dernière version fut exécutée sur l'ordre de Dalaï Khan, au dix- septième siècle, par un Lama dsoungaiien, qui habita plusieurs années à Lhassa (^t reçut, en raison de cette traduction, l'honorable titre de Pandit.

'Le Dhyâni Bôdhisattva Padmapàni ou Avalokitesvara, sujet de cet ou- vrage, est le plus imploré de tous les dieux; parce qu'il représente Sàkya- mouni, qu'il est le gardien et le protecteur delà religion jusqu'à l'apparition du Bouddha futur Maitreya et qu'il iirotège particulièrement le Tibet.

Afin de montrer aux Tibétains le chemin de la félicité suprême il se plait, disent-ils, à se manifester d'âge en âge sous la forme humaine. Ils croient que sa descente et sou incarnation dans le Dalai Lama a lieu par l'émission d'un ravuu de lumière et que finalement il naîtra au Tibet connue très par- fait Bouddha et non dans l'Inde ses prédécesseurs ont appai'u.

Padmapàni a beaucoup de noms dans les livres sacrés et il est représenté sous diverses figures. Le plus souvent on le pi'ic sous le nom de Ghenresi ou plus exactement Ghenresi Vauchoug, « le puissant qui regarde avec les yeux », en sanscrit Avalokitesvara. A ce nom, aussi bien qu'à celui dePhagpa Ghen- resi, en sanscrit Argavalokita, ou Ghougchig Zhal, « celui qui a onze visages », correspondent les images qui le représentent avec onze faces et huit mains.

1 Au sujet du nombre des prescriptions à observer et des dogmes à croire par les basses classes, voyez pages 134 à 138.

Annales du Mu sel Guimet

T. III. IM.IX.

MAITRHVA.KN TIBUTAIX JAMI'A.li: lîOIDDilA R Tl K

Annales du Musée Guimet

T. III. n \

Imp A. Roux, Lyon.

PADM\PAN1.F.NTIUI':T,\IN rHENFŒSl,PROTi:CTEURR\RTIClTIF.H \)V TIBET.

hE BOUDDHISME AU TIBET 57

IjCS onze visagos forment une pyramide et sont placés sur quatre rangs. Chaque série de têtes a un teint did'érent ; les trois faces qui reposent sur le cou sont blanches, les trois autres jaunes, les trois suivantes rouges, la dixième est bleue et la onzième (le visage d'Amitàbha) est rouge. Cette dispo- sition se trouve dans toutes les images tibétaines et mongoles (pic j'ai jjii examin(n- ; mais dans les images japonaises du Nippon PantJiéon les onze visages sont beauconp phis petits et arrangés en forme de couronne ; le centre est formé de deux figures complètes; la plus basse est assise, l'autre est droite au-dessus ; dix tètes plus petites sont combinées avec ces deux figuri>s dans une sorte de disposition rayonnanf(^ ; six reposent immédiatement sur le front, les quatre autres forment une seconde rangée au -dessus d'elles.

Sous la forme de Ghagtong Khorlo, « le cercle aux millemains », ou, comme Thougdje chenpo cliougchig zlial, « le grand miséricordieux cpii a onze visa- ges», il a aussi onze faces, avec un millier de mains. Gomme Chag zliipa, « qui a quatre bras », il est représenté avec une tète et quatre bras; deux sont croisés, le troisième tient une tleur de lotus, le quatrième un rosaire ou un lacet. Gomme Chakna padma karpo (eu sanscrit Padmapâni), « qui tient à la main un lotus blanc », il a deux bras ; l'un d'eux tient un lotus. On l'appelle Ghantong, « qui a mille yeux », parce qu'il possède « l'œil de sagesse » sur la paume de ses mille mains. Le nom Djigten Gonpo (en sancrit Lokapati ou Lo- kanàtha), « seigneur du monde, protecteur, sauveur », est une allusion à son pouvoir de délivrer des péchés et de protéger contre toutes sortes de maux.

CHAPITRE IX

APERÇUS SUR LA METEMPSYCOSE Renaissanre. Moyens de s'alfranchir de la Renaissance.— Soukliavali, le séjour des bienheureus.

RENAISSANCE

En étudiant le développement du bouddhisme, j'ai eu plusieurs occasions de parler de la métempsycose ou migration de l'âme des êtres animés, coniuie une des lois fondamentales du ])uuddhisme ; d'après cette tliéurie. Fame est Ann. g. m. a

58 ANiNALES nu MURÉE GUIMET

soumise à l;i migralinii tant qu'oUe n'est pas délivrée des causes d'ime nou- velle naissance. Les formes sous lesquelles chaqui! èti'C vivant peut renaître sont sextuples :

1" La plus haute classe est celle desLlia, « esprits, êtres supéi-ieurs, dieux », en sanscrit Leva ; ils prennent rang- de suite ai)rès les Bouddhas et habitent les six régions célestes (en sanscrit Devalôkas). Deux de ces régions a[)partien- nent à la terre; les quatre autres, demeures supérieures, sont situées dans ratmosphcre bien loin de la terre :

:2'' La seconde classe est celle des honnnes appelés Mi;

La troisième classe' est celle des Lhamayin, « les mauvais esprits )>, lit- téralement nnn-Dieu, en sanscrit Asouras. Ce sont les adversaires des Devas et les plus puissants des mauvais esprits; ils habitent les régions au-dessous du mont Mérou (tili. Lhoung))o) ;

4" La (piatrieme class(^ comprend les brutes- (bêtes), Doudo (lu Djolsong;

La ciiii[uiénie classe est formée par les Yidags, monstres imaginaires représentant l'état des êtres misérables (sanscrit Prêta). Ils ne reçoivent ni nourriture ni boisson, quoiqu'ils en aient grand besoin. Aussi sont-ils tou- jours dé^'ol■és de faim et de soif, leur bouche est grande comme le trou d'une aiguilli!, mais leur corps a douze milles de hauteur;

()" La sixième et plus basse classe d'êtres est composée des misérables habitauts d' ['(.nifer, Mvalba (sanscrit Naraka), lieu d'affreuse punition [lour les méchants, qui y sont cruellement tuui-mcntés.

Los classes des dieux et des hommes sont les 6ons degrés de ces six classes; les quatre autres sont appelées les mauvaises conditions ^ La classe dans laquelle ddit renaître chaque homme dépend des actions, ou travaux, « Las », qu'il a ac>;omplis, soit dans la vie présente, soit dans une existence antérieure : c'est la fatalité (tib. Kalba) des bouddiiistes ; de bonnes actions impliquent Il renaissance dans l'une des classes supérieures, la mauvaise conduite con-

1 Sur ces six ordres d'exisleii^'e, voyez lîmiioul', Lotus de ht bonne Loi, |i. 309; Pallas, Mongol. Vôtkerschaften, vol. II, p. 95; Schmidt, Ueber die dritte Welt der liuddhistcn, ilem. de l'Acad. des Sciences,'\-ol. Il, p. 27, 39. Les auleurs mongols placent les Lhamayin avant Tliomme, qu'ils relèguent à la troisième classe; mais les ouvrages consultés par Burnouf, Réumsat, Hardy, etc., les classent dans l'ordre donné dans notre texte. Dans beaucoup de livres sacrés, il n'y a que cinq classes; les Singha- lais, par exemple, omettent la classe des Asouras. Hardy, Manual, p. 37. Burnouf, ji. 377. Pour la description et les divisions de l'enfer, voyez FûP-7v'o!!e-70', traduction anglaise, p. 13:!. Hardy, Manval, p. 2 et 27, Pallas, vol. II, p. 53.

i,K iMrnniiisMi'; ait TiitET 50

(Iniuno aux iiiauvai>;i"'s conditions dc rcxislcnci'. I/aiiiuvcialion drs actes, c'ost à-dii'e la dr'fci'ininatinii du nionnMit l'existence doit cesser et do la classe riiiiinniiMliit renaître, est l'affaire particulière de Shindje, « le sei liueur des morts >•>, qu'on appelle aussi Ghoigyal (sansciit Dharmaraja),« le roi d.' la loi )), Shindje ])ossèdi^ un mirnir merveilleux (jui lui montn' loutes les bonnes et mauvaises actions des hommes; avec une balance, il pési' lo Lieu et le mal ot, s'il trouve que l'existence présente d'un individu doit c'sser, il ordonni> à l'un de ses serviteurs qu'on appelle aussi Shindjes, de saisir l'âme et de l'apporter devant lui, afin de décider de son avenir. Il arrive assez sou- vent que le messager apporte une autre âme par eneur, ou parfois à dessein, quand il a été gagné par des offrandes. Le seigneur de la mort, après avoir constaté par son miroir quo l'âme amenée devant lui n'est pas la bonne, la renvoie et menace son serviteur d'une punition sévère s'il est prouvé qu'il s'est volontairement trompé. En même temps il ordonne à un autre de lui amener l'âme désignée qui, en attendant la découverte d(î l'erreur, est restée tranquille dans son corps. On voit par que l'on peut [irolonger sa vie en se i-endant favorable le serviteur du seigneur et de la m(u1 ^

MOYENS DE SE DELIVRER DE LA R E N A 1.S S A M C E

Les péchés doivent s'expier par la renaissance. Les peines que l'âme souffre pendant qu'elle est soumise à la migration sont considérées comm<> si terribles, que la religion bouddliist<i offre à ses dévots le moyen d'effacer pendant leur existence une partie des fautes qu'ils ont commises. L'affran- chissement peut s'obtenir en réprimant les mauvais désirs, par la pratique assiduedes vertus, des Dharânis et desTantras et par la confession. Déjà dans l'histoire primitive du bouddhisme nous voyons que la confession des péchés est ordonnée. Ainsi les novices devaient accomplir cette cérémonie avant d'être admis dans la congrégation des fidèh^s: le caractère dominant du culte

1 Shindja correspond au dieu Yaiiia des Hindous; à sou sujet, compaiez Coleman, Mythology of the Hinilons, p. Mi. Les iMongols l'appellent Erlik khan on Yamantàka, Pallas, Mongol. Vofkei-^ vol. II. p. 553. On a dit à Pallas que les bonnes etles mauvaises actions étaient rapportées par de x esprits. l"nu favorable, l'autre méchant. Ceux-ci, par l'ordre de Shindje, apportent l'àme devant hii et martju.-nt le uombre de ses bonnes ou mauvaises actions par des cailloux blancs ou noirs, Shindje les oontriMe m moyen du livre Bealtan Tooli, sont enrej^istrés tous les actes de chaque individu.

^>0 ANNALES nu MDSKE GOIMET

public, accompli suivant les prescriptions du livre Pratimoksha, est donc ci'lui d'une confession solennelle (Poshadha) devant l'assemblée des prêtres. Le renouvellement des vœux sacerdotaux était en réalité le sens primitif de la confession ; le dogme qui lui attribue l'entière absolution des péchés (de la racine tsava nas) fut établi par les écoles maliâyâna*. Jusqu'à ce jour c'est aussi le caractère de la confession chez les bouddhistes tibétains, qui lui attribuent une très grande influence pour obtenir une métempsycose heu- reuse et pour atteindre Nirvana.

La confession (tib. Sobyong) comporte toujours le sincère repentir des péchés et la promesse de n'en plus commettre. Il est indispensable de solli- citer aussi l'aide des dieux ; mais il y a différentes pratiques qui peuvent ac- compagner l'aveu et les prières aux divinités pour effacer les péchés : on peut citer comme la plus facile l'usage de l'eau consacrée par les Lamas dans la divine cérémonie Touisol « prières pour l'ablution » ; l'abstinence et le récit de prières fatigantes peuvent y être jointes; cette confession porte le nom de Nyoungne, « continuer l'abstinence»^. Ces manières pénibles de se purifier de SOS péchés ne sont pas en grande faveur, et la moindre invocation aux dieux passe pour aussi efficace. Les dieux qui ont le pouvoir de remettre les péchés, sont pour la plupart des Bouddhas imaginaires qui auraient précédé Sâkya- inouni ; d'autres sont de saints esprits aussi puissants que les Bouddhas, tels ques les Héroukas, IcsSamvaras, etc. Parmi toutes ces divinités trente-cinq Bouddhas sont plus particulièrement puissants pour absoudre les péchés ; c'est à eux que s'adressent le plus souvent h^s prières des pénitents. Ils sont appelés Touugshakchi sangye songa ', « les trente-cinq Bouddhas de Confes- sion ». Déjà dans les deux célèbres recueils niahâyâna, le Ratnakouta et le Mahâsamoya, on recommande vivement l'adoration de ces Bouddhas * ; et leurs images splendidement peintes ornent l'intérieur de beaucoup de monastères.

' Voyez Burnouf, Introduction, p. 2U9. Csoma, Analyses, As. Res., vol. XX, p. 58. Wassiljew,

Dr Buddhismus, pages 92, 100. 291. Pratimoska est un manuel qui contient les lois du clergr' bouii- dliiste ; une traduction eu a paru dans le Ccylon Friend, 1839; on eu trouvera une analyse dans Csoma, /. c, qu"il faut comparer avec l'Introduction de Burnouf, p. 300. Hardy donne beaucoup d'extraits de ces préceptes.

2 Klirous, être entièrement lavé ; ssol, prière, supplication; saung, se restreindre (en nourriture) ; gnas, continuer. Pour les détails, voyez chap. xv.

3 Ltung bsUags, Confession desp.'chés. kyi (chi) au génitif; so laga, tiente-iinq. Wassiljew, Der Buddhismus, p. 170-186.

I. F. BOI'DDHISMK AD TIBET 61

ils sont placés à côté des plus illiistros dos dieux et des prêtres indiens et ti- 'bétains. On trouve des prières à ces Bouddhas dans presque tous les livres de liturgie tibétaine, ou recueils de prières journalières, tels que le Rabsal, '( |Mincipale clarté », et Zoundoui, « collection de charmes,». Le nombre des Bouddhas auxquels on s'adresse n'est pas limité à trente- cinq; dans l'une de ces suppliques, dont la traduction compose le chapitre XI, j'en ai trouvé cin- quante et un ; on connaît aussi chez les bouriats des traités tibétains se trou- vent plus de trente-cinq Bouddhas de Confession. Sàkyamouni est un de ces Bouddhas; dans la prière quo je viens de citer, il est appelé de son nom tibétain Sâkya-Thoub-Pa et se trouve le trente-septième sur la liste ; il est dit que « si on prononce ce nom une seule fois, on est purifié de tous les péchés com- mis dans les existences antérieures ». Dans les images sacrées représentant l's Bouddhas de Confession, ^a figure est toujours au centre et la plus remar- quable de toutes ; les trente-quatre autres sont plus p;^tites et rangées au-dessus de sa tête. Dans un tableau suspendu dans le temple de Gyoungoul à Gnary Khorsoum, les images de divers persomiages sacrés sont ajoutées aux trente- cinq Bouddhas.

Parmi ces figures additionnelles, les personnages revêtus du costume des anciens prêtres indiens sont les seize Nétans (sanscrit Stavirâs), qui, suivant les livres saints, avaient déjà visité Geylan, Kashmir et le versant sud de la cliaine de Kailàsa ou Trans Sâtledje, peu après la première convocation des bikslious qui suivit iiumédiatement la mort de Sàkyamouni, et avaient répandu dans ces contrées les théories bouddhistes '. Six autres prêtres en habit de lamas tibétains ont quelques mots écrits au-dessus d'eux, soit : Djc Tsonkha- pa; Pr.iulkou thongva dondon; Khétoup saugye; Jampaidjau Ihai thama shesrab od; Khetoub chakdor gyatso ; Groubchentsoulkhrim'gyatso. Tsonk- hapa, le célèbre lama (né en 1355 avant Jésus-Christ) est liouoré du titre de l'évérence, rdje; Thongva dondon (Pniulkou, le mot qui procède son nom, signifie incarnation) est en 14 14; Khetoup sangye est sans doute lo Khetoup pal-gyi senge de Gsoma (né on 1535); Tsoulkhrim gyatso (groub-

' Voyez leurs noms tibétains dans Schiel'ner, Tibi'tanische Lcbens-Bacltreibung Sâkyamuni's. Note 43. Csoma, As. Res., vol. XX, p. "139, donne d"aulre? noms à plusieurs d'entre eux. Les Nétans jouissent d'une grande réputation jiarmi les Tibétains, qui récitent dans différents cas un hymne on leur honneur, intitulé: Netan choudrougi todpa, louinges des seize N'elaus. La liibliothéque de l'IJni- ve:'jité de Saint-Pétersbourg en possède une copie.

62 ANNALES nu MUSÉE GDIMET

clion, très parfait) est ])rol)ableinent le dixième Dalaï Lama, qui i(''friia de l'année 1817 à .^5 *. Je ne sais rien de remarquable sur les deux autres lamas.

Une autre figure en habit chinois a les mots Gcnyen Darina écrits à ses pieds; Genyen (sanscrit, oupasaka) indique qu'il appartient à la foi bouddhiste, Darma est très probablement son nom. Il porte un panier rempli des feuillets d'un livre religieux, probablement le Prâjna Paramita ; cette mode très an- cienne d'employer un panier pour porter les feuilles de palmier, qui dans les premiers temps servaient de papier, est encore cm usage au Tibet; les vo- lumes séparés d'un ouvrage important sont réunis dans un panier commun. Sous le trône est la figure de la déesse Lliamo (sanscrit, Kâlâdevi), avec ses serviteurs; Tsepagmed (sanscrit, Amitàyus), le dieu de longévité ; et les cinq grands rois, en tibétain Kou nga gyalpo ^.

SOUKHAVATI, LA DEMEURE DES BIENHEUREUX

La délivrance complète de l'existence, ou du monde dans son acception la plus générale, est désignée sous le nom de Nirvana (tibétain, Nyangan las daspa, par contraction Nyangdas) ^ La nature de Nirvana n'est pas claire- ment définie dans les livres sacrés ; ce ne serait du reste pas possible avec un système philosophique dont le principe fondamental est la négation de toute réalité*; aussi les saintes écritures bouddhiques déclarent- elles à chaque occasion qu'il est impossible de définir exactement les attributs et les propriétés de Nirvana.

Le Bouddha a aussi montré le chemin ^d'un bonh<nir inférieur, qui est la jouissance de Soukhavati, la demeure des saints, atteignent ceux qui ont accumulé beaucoup de mérites par la pratique des vertus.

L'entrée à Soukhavati implique déjà la délivrance de la métempsycose,

' Voyez Csoma, Grammaire, p. ISl et suivantes.

- Sur Lhamo, voyez chap, x; sur Tsepagmed, voyez chap, xi; sur les cinq grands rois, voyez cha- pitre XIII.

3 SuL- la diflféi-en.ie entre Pidée i)i-eraière de Nirvana et l'opinion tibétaine, voyez Kôppen. Die Reli- gion fies Buddhas,vo\. I, p. 307.

* Voyez p. 25.

■'■' Voyez p.ige 28.

I.K nOI-DDHISMi: AU TIHET Go

mais non <lo l'oxistence absolue, et ce n'est pas encore 1? pei-fection des Bouddhas.

Eu jiénéra'l les TiboHains d'aujourd'hui m^ fnni pas chMlistinctiiui entre Nir- vana et Soulvliavati ; leur idéal suprême est la libératitni de la renaissance et Taduiission à Soukliavati. Mes frères, qui ont souvent pu consulter les lamas tibétains, ont appris ([u'uiie opinion toute particulière s'est maintenant éta- lilieau sujet du complet affranchissement de la métempsycose. Ou admet (pu' ceux qui _v sont parvi'uu^ n"(Uit plus aucuin! notion de leur existence; un lama ii's romparait à un homiiK' bien portant, [)ourvu d'un estomac, de poumons, d'un foie, etc., qui iw. s'aperçoit en rien de l'existence de ces orga- nes. On peut juger de l'importance attachée à la délivrance de la méterapsy- chose par une conversation que mon frère Hermami eut avec un lama de Bhoùtan. (À't luunme avait habité Lhassa pendant le séjour qu'y firent les missionnaires français Hue et Gabet et avait vu quelques lithographies colo- riées représentant Notre -Seigneur Jésus-Christ et divers épisodes de l'his- tuire biblique. 11 arguait contre la religion de ces missionnaires qu'elle ne comporte ]ioint l'adranchissement final. Selon les principes de leur religinn, disait-il, la i-écompense des dévots est la renaissance parmi les servitmirs du Dieu suprême, ils passeront l'éternité à chanter des hymnes, réciter des psaumes et des prières à sa gloire et en son honneur. Ces êtres ne sont donc pas libérés de la métempsycose ; qui peut affirmer que s'ils se l'elâchent de leurs devoirs, ils ne seront pas expulsés du monde Dieu réside, pour renaître, en punition de leurs fautes, dans le monde des misé- rables * ?

Les doctrines bouddhistes, concluait-il, sont bien préférables ; elles ne per- mettent pas de priver l'homme des fruits de ses bonnes oeuvres, et s'il peut atteindre une bonne fois la perfection finale, il ne sera plus soumis à la - tempsycose. Cependant s'il désire faire du bien aux liommes, il peut, quand il lèvent, reprendre la forme humaine, sans être obligé de la garder ou d'en subir les inconvénients.

L'heureuse l'égion Soukliavati, règne Auntâbiia, est située bien loin vers

' Uans les ilessin^ qii'avait vus le Lima, îles anges volaient sans doute dans les airs au-dess)is et au- tour des ligures i)riiicipales. Il devait couuaitre aussi IVxpulsiou des mauvais anges.

64 ANNALES DU MUSEE GUIMET

l'ouest ^ Eu sanscrit on l'appelle Soulchavati, « qui abonde en plaisirs », en tibétain Dévachan, « l'heureuse y> ; l(.'s Chinois la nomment Ngyan-lo, « plai- sir » ; Kvo-lo, « le plaisir suprême « ; Tsing-tou, « pur ou glorielix pays », et dans les livres sacrés elle est définie « la pure région, l'essence de prospérité. » Nous trouvons des descriptions de ce glorieux ro^-aume d'Amitâbha dans beaucoup de livres religieux ^. Souliiiavati est un immense lac ; sa surface est couverte de fleurs de lotus (Padmas) rouges et blanches, qui l'épandent un rare parfum ; ces fleurs forment la couche des hommes pieux qui pmidanl leur séjour sur la terre ont su s'élever par leurs vertus. Ces hommes, après s'être purifiées de leurs péchés, s'envolent dans leurs fleurs de lotus. Les habi- tants de cet Éden sont invités à une profonde dévotion par les chants mer- veilleux des oiseaux de paradis et n'ont qu'à souhaiter pour recevoir nour- riture et habit sans qu'ils fassent aucun eflort. Ils n'ont pas encore atteint l'état de Bouddha, mais ils sont sur le chemin direct qui y conduit ; ils jouis- sent du pouvoir de prendre la forme humaine et de revenir sur la terre ; dans ce cas ils ne sont point assujettis à la renaissance, mais retournent dans la région qu'ils avaient quitt(ie. La renaissance dans une fleur de lotus du paradis s'obtient en invoquant les Bouddhas et plus particulièrement Amita- tâbha.

Cette dévotion, selon le Tsing tu nen, traduit par Schott, possède un plus grand mérite que les sacrifices et les mortifications.

Le bouddhisme urimitif n'admet pas qu'une situation particulière soit imposée à Nirvana. D'après le remarquable traité intitule : Milinda pasna, traduit par Hardy dans ses livres sur le bouddhisme, le prêtre Nagasenn (Nagarjouna), aurait répondu auroi Milinda de Sangala (environ 140 ans avant J.-G.^ voyez A. W'eber. Indische Studien, vol. III, p. 121), qui l'interrogeait sur la nature, l'essence et lo situatiou de Nirvana. Nirvana est partout ou peut observer les préceptes; ils peuvent s'observer à Vawanaen Chine, à Milata, àAlasauda,à Nikoumba, à Kâsi, àKosàla, à Kashmir, à Ghandhara, aux som- mets duMahamérou ou de Brama- Lôkas: Nirvànaest partout, de même qu'on peut voir le ciel de tous ces points ou que tous ses lieux peuvent avoir un orient.

2 Quelques-unes de ces descriptions ont été traduites du mongol et du chinois en langues d'Europe, par Pallas, Mongol. Vôlher, vol. II, p. 61. Sa traduction semble pourtant n'avoir pas rendu correcte- ment le texte, voyez Schott ; Schmidt, (Geschichte Ssananp Ssetsens. p. 323, rf. Bodhimôr) Koicalew- shi dans sa Monynlian Chrestomothy) en russe, vol. II, page 319. Schott, Der liuddhaismii'i in Hoch-Asien, p 50, 59. Comparez aussi l'analyse du Soukhavati vyouha. Burnouf, lulroduction, p. 99, et Czoma, As., lirx.. vol. XX. p. 'i39. Parmi les autres livres tibétains qui en donnent une description sont le Mani Kamhoum et le Odpar/med hyi shing kod, disposition du pays d'Amitâbha. La biblio- thèque de Saint-Pétersbourg en possède une copie en mongol intitulée: Abida in oronou dsokiyal.

I,E lîOUDDUlSMK AU TlIîKT 05

CHAPITRE X

TRAITS CARACTÉRISTIQUES DE LA RELIGION DU l'nUI'I.K

Somme de connaissance rellgicusr. _ Dieux, si'mies et esprits malins. Les esprits Lhamajin et Doudpos. Légendes sur Lliamo, Tsanfrpa et Clialidor. rrières.

SOMME IIE CONNAISSANCE RELIGIEUSE

Une religion qui contient tant de spéculation philosophique et se divise en tant de systèmes, écoles et sectes diflférents, ne peut évidemment pas être connue dans sa plénitude par les basses classes qui forment la masse de k population ; elle n'est intelligible que pour ceux qui possèdent un certain degré d'instruction. Gsoma qui, pendant ses études, prêta une grande attention à la somme générale de connaissance religieuse dans les diverses classes de la société tibétaine, donne les details suivants dans ses « Notices » K

Les systèmes Vaibhashika, Sautrantika, Yogàchârya et Madhyainika, sont bien connus de beaucoup de savants tibétains; mais beaucoup aussi ne les con- naissent que de nom. Les ouvrages explicatifs des théories Yogàchârya et Ma- dhyamika ne peuvent être compris que par les savants, car ils emploient trop de termes abstraits et de distinctions subtiles ; la plupart des gens religieux (ou du clergé) préfèrent les livres Tantrika, le Kandjour, le Doulva ou discipline et quelques extraits du Do ou Soutras. » II ajoute que les Tibétains sont assez familiarisés avec les dogmes des « Trois Véhicules » (tib.Thegpasoum, sansc. Triyâna)^. Ce dogme, emprunté à l'école Mahâyàna, est expliqué avec détail dans les abrégés tibétains appelés Lamrin ou chemin graduel de perfection ; le plus en renom de ces traités a été écrit par Tsonkhapa. L'argumentation de ces livres est tirée de la considération que les dogmes du Bouddha s'appliquent aussi bien aux intelligences les plus faillies qu'aux plus élevées, puisqu'ils con-

' Journ. As. Soc, licng., vol. VU, ji. 145. - Voyez page 16.

Ann. g. - III

66 ANNALKS DU MUSEE GUIMET

tieiuieiit des principes bas ou vulgaires, moyens et sublimes ; ainsi de la connaissance de chacune do ces classes découle un degré particulier de perfec- tion. Ils décrivent ensuite, dans les termes suivants, ce qu'un homme doit croire selon ses moyens :

1 . Les hommes d'intelligence vulgaire doivent croire rpi'il y a un Dieu, qu'il y a une vie future ils récolteront le fruit de leurs œuvres en cette vie terrestre.

2. Ceux qui ont un degré moyen d'intelligence, outre qu'ils admettent ces premières propositions, doivent savoir que toute chose composée est périssable, qu'il n'y a point de réalité dans les choses, que toute imperfection est dou- leur et que la délivrance de la douleur, ou existence corporelle, constitue le bonheur final, ou béatitude.

3. Les plus iatelligeuts doivent savoir en plus des dogmes ci-dessus énoncés que, depuis le corps ou dernier objet jusqu'à l'âme suprême, rien n'existe par soi-même ; qu'on ne peut pas dire que rien ne saurait exister toujours ou cesser absolument, mais que tout existe par dépendance ou con- nexion causale ou concaténation.

4. Dans la pratique les intelligences vulgaires se contentent de l'exercice des dix vertus. Les moyennes remplissent les dix vertus et s'efforcent d'ex- celler en moralité, méditation et habileté ou sagesse. Les esprits sublimes pourront à ces vertus premières joindre la pratique des six vertus transcen- dantes. Il y a donc trois degrés distincts dans le summum bonum de béati- tude ou de perfection. Les uns se contentent d'une heureuse transmigration et bornent leurs désirs à renaître comme dieux, hommes ou assuras. D'autres espèrent être récompensés par la renaissance à Soidihavati et la délivrance de la douleur et de l'existence corporelle. Une troisième classe ne veut pas seu - lemont atteindre Nirvana, mais aussi en montrer plus tard le chemin aux autres comme très parfaits Bouddhas.

Ce pouvoir ne peut appartenir qu'à ceux qui entrent dans le clergé ou, selon l'expression des lamas, qui prennent les vœux, Dom. De nombreuses légendes expliquent les mérites qui s'acquièrent par l'entrée dans les ordres religieux, et affirment la nécessité do cette détermination *. L'idée que les

1 Voyez pages 19 et 26. Je cite comme exemple Schuiilt, Dsaug-hm, .D^r Weise und der Thor, page 108.

LE BOUDDHISME AU TIHET 07

laï([uosne peuvent attoiiidre lo B kIIù dans leur existence actuelle, mais seu- loiuent dans l'avc^nir, est devenue un véritable dogme. Leurs occu[)ati()ns reli- gieuses leur assurent la récompense de renaître dans une heureuse condi- tion ou dans le royaume céleste d'Auiitabha ; mais quant à attcindr(' au rang- suprême de Bouddha, tous leurs efforts ne peuvent servir qu'à les y préparer. Clairs et inti-lligibles comme le sont ces principes, ils ont encore été trou- vés trop savants pour les disciples laïques du bouddhisme et , i)our les répandre plus généralement, on a composé un code des huit devoirs spé- ciaux, qui forme un résumé pratique des lois de la religion bouddhique.

Voici comment Gsoma traduit ce code populaire :

1. Chercher refuge dans Bouddha seulement.

2. Prendre la résolution de s'efforcer d'atteindre aux plus hauts degrés de perfection, afin de s'unir à l'intelligence suprême.

3. Se prosterner devant l'image de Bouddha et l'adorer.

4. Déposer devant lui des offrandes agréables aux six sens, telles que lumières, fleurs, guirlandes, encens, parfums ; toutes sortes de choses qui se mangent ou se boivent (crues ou préparées) ; des étoffes, des toiles pour vête- ments ou tentures, etc.

5. Faire de la musique, chanter des hymnes, célébrer les louanges du Bouddha, de sa personne, de sa doctrine, de son amour, de sa miséricorde, de ses perfections ou attributs et de ses actes ou entreprises pour le bien di) tous les êtres.

6. Confesser ses péchés d'un cœur contrit, en demander le pardon et prendre la résolution sincère de n'en plus commettre.

7. Se réjouir des mérites moraux de tous les êtres et souhaiter qu'ils puissent désormais obtenir la délivrance finale ou la béatitude.

8. Prier et supplier tous les Bouddhas qui sont en ce moment dans le monde de tourner la roue de la religion (ou d'enseigner leurs doctrines) et de ne pas quitter le monde trop tôt, mais d'y rester pendant plusieurs siècles ou kalpas.

GS ANNALES DU MUSEE GUIMET

UIEU.f, GÉNIES ET ESPRITS MALINS

Les bouddliistes tibétains croient que bonheur et malheur proviennent éga- lement do l'intervention des dieux, des génies et des esprits malins'. Les dieux sont très nombreux ; ils tirent leur nature divine d'une parcelle de l'intelligence suprême, qui possède xm pouvoir si grand et si illimité qu'elle peut se diviser entre un nombre infini de créatares. Tous les dieux sont donc des personnifications et des multiplications d'um.- seule et même sagesse su- prême, créés dans le but do choisir le meilleur moyen de sauver l'humanité du samsara (le monde) ^. En présence de tous ces dieux les lamas osent soutenir avec emphase que le monothéisme est le véritable caractère du bouddhisme.

Le nom collectif tibétain de ces divinités (dieux et génies) est Lha ; appel- lation similaire au sanscrit Deva, qui signifie un dieu, une divinité. Ils ont tous un nom particulier sous lequel ils sont adorés, comme ils ont aussi cha- cun une sphère particulière, hors de laquelle ils n'ont aucun pouvoir, mais dans laquelle ils ne subissent l'influence d'aucun autre dieu. Ils assistent ma- tériellement les hommes dans leurs entreprises et éloignent les dangers dont ils sont menacés, actions qui leur procurent satisfaction et plaisir et qu'ils accomplissent dans un état de calme, Zhiva.

Il y a des divinités mâles et femelles ; ces dernières sont les épouses des dieux et tirent leur pouvoir de celui de leur époux ; d'autres sont douées de puissances spéciales qui leur sont propres. Parmi celles-ci sont les Samvaras (en tibétain Dechog), et les Héroukas, génies féminins dont le pouvoir égale celui des Bouddhas et dont on trouve les images dans plusieurs tableaux religieux •''.

1 On trouvera dans les auteurs qui ont écrit sur le Tibet beaucoup d'esemples de cette croyance com- mune à tous les bouddhistes de race asiatique. ic\im\dl, Forschungen, p. 137; Sianang Ssetsen, p. 252; Marsden, Tlie travels of Marco Polo, p. 130, 163.

'^ Schmidt, dans les Mémoire de l'Acad'Jmie de Saint-Pétersbourg, vol. I, p. 110.

3 Gzoma, dans son analyse, As. Res., vol. XX, p. 439, considère ces êtres divins comme deux dieux ou démons, et dans un autre passage, p. 491, il appelle le Hérouka un saint déifié qui ressemble à Siva et le Samvara un Dàkini. 11 les prend donc tous deux au singulier; mais Burnouf, Introduction, p. 53S, doute que Samvara soit un nom propre et son opinion est appuyée par ce fait qu'on trouve plusieurs Samvaras et lleroukas dans les peintures, ainsi que dans le traité tibétain Dechogi gyout, qui signale de nombreux Héroukas et Samvaras. Il en est de même pour Shindjc, le juge des morts (voyez p. 59), dont les aides, Doudpos, sont aussi appelés Shindjes.

LK BOUDDHISME AU TIBKT G9

Lis esprits malins ont dos noms qui (;xprimeut luur hostilité contre les hommes, tels que Da « ennemi », Geg « diable »; les plus redoutés sont les Lhamayiu et lesDoudpos.

Aux Lhamayins, parmi lesquels rhommo peut aussi renaître (voy. p. 58), sont soumis les Yakshas, les Nâgas, les Rakshasas et plusieurs autres grou- pes de mauvais esprits ; leurs adversaires j)articuliers sont quatre Mahara- jas (tib. Gyalchen Zlii), qui habitent le quatrième gradin du mont Mérou*. Parmi ces méchants esprits on doit remarquer tout particulièrement ceux qui causent le Dousmayinpar chi, ou « la mort prématurée ». Selon la croyance des Tibétains, la mort prématurée est celle qui, contrairement au cours ordinaire de la nature, est accélérée par les mauvais esprits, tels que Sringan, Dechad, Djoungpo ot d'autres. La conséquence de la mort prématurée est la prolongation du « Bardo ». C'est l'état intermédiaire entre la mort et la renaissance qui m; la suit pas immédiatement ; cet intervalle est plus court pour les bons que pour les méchants. La prolongation de cet état intermédiaire est une punition causée par les mauvais esprits qui n'ont de pouvoir que sur les pécheurs. L'àmo pendant ce temps n'a aucune forme et les malheureux qui sont laproie des esprits s'épuisent en vains efforts pour rentrer dans un corps. Alors ils apparaissent aux hommes sous l'aspect de morceaux de chair crue informe et ces visions sont regardées comme funestes, présages de maladies ou de mort. Les Dharanis et des offrandes spéciales éloignent ces visions redoutées ; les riches ont dans ce but des sentences magiques ou des traités imprimés ; voici ceux que l'on rencontre le plus fréquemment ^: Ghoichi gyalpoi shed doul, « briser le pouvoir d3 Ghoigyal », épithète de Shindje ; Tamdin gyalpoi sri nanpa, « soumettre l'honorable roi Tamdin ». Dragpo Ghinsreg^, « le cruel sacrifice », Djig grol gyi pavo, « le héros délivrant du danger « (du Bardo)"*.

LesDoudpos, serviteurs de Shindje, le juge des morts, appelés aussi Shind-

* Voyez Burnouf, Introduction, p. 603. Schmidt, Mémoire de l' Académie de Saint-Pétersbourg vol. III, p. 33 et suivantes.

2 La moi't prématurée est aussi indiquée dans un Tantra du KanJjur comme un des sujets de crainte coiitre lesquels les Dharanis assurent protection. Czoma, Analyse, As. I{es., vol. XX, p. 519. Sur le do,'me de Bardo, voyez Wassiljew, Der Buddhiitius, p. 110.

3 Chinsreg est le nom tibétain pour Tholocauste dont on trouvera une description au chapitre XV, n' 2; sur Tamdin, voyez n* 5.

* Le titre complet est : li irdo phratir/ grol gyi s}l debjij grol, gyi pavo ckechava, invocation pro- té^eaut contre l'abîme du liardo, ou un héros délivrant du danger (du Bardo).

70 ANNALES V)V MDSÉE GUIMET

jes, habitent la région Paranirmita Vasavartin, « qui exerce uu pouvoir sur les métamor})lioscs jiroduites par d'autres », la plus élevée dans le monde de désir. Ils s'efforcent d'empêcher le dépeuplement du monde en favorisant les mauvais désirs de rhoinmc et en éloignant les Bodhisattvas du Bodhi ; ce sont eux qui troublent la dévotion des bouddhistes assemblés et coupent couit à la méditation la plus profonde eu prenant la forme d'une femme admirablement belle, en suggérant des idées plaisantes, en affirmant que ceux qui ne pren- nent pas leur part des plaisirs de la vie doivent renaître en enfer et bieii d'autres tours de même nature. Ce sont aussi ces mêmes esprits qui, quand l'heure de la mort a sonné, saisissent l'âme délivrée et l'amènent devant Shindjé, leur roi, pour être jugée et condamnée selon ses œuvres. La contra- diction apparente de cette fonction avec leur tendance à pousser l'homme à se livrer aux plaisirs de l'existence s'explique par le dogme « que naissance et déclin sont inséparables )i, d'où il résulte que les dieux en provoquant l'exis- tence mettent simultanément en action la puissance destructive, qui est l'iné- vitable conséquense de l'existence*.

Soumettre les mauvais espi'its est l'un des devoirs les plus importants des dieux et des génies, et ils prennent un aspect horrible quand ils les combat- tent ; dans ces terribles rencontres ils deviennent positivement enflammés de colère. Tous les dieux peuvent, quand ils le veulent, soumettre les démons; mais il y en a une classe qui se sont voués spécialement à l'extermination des esprits malins, vocation confirmée par un terrible serment entre les mains du Bouddha Yadjradhara ^. Ces dieux sont nommés Dragsheds ^, « les cruels bourreaux )i ; selon les légendes, leur fureur contre les démons pro- vient des innombrables tours dont ils ont été victimes.

Il y a encore des subdivisions parmi les Dragsheds. Celui qui est appelé Yabyoum choudpa, « le père qui embrasse sa mère », outre qu'il peut tenir en échec toute une légion de démons, a encore le pouvoir de délivrer les hommes de leurs péchés, à la condition qu'ils se repentent sincèrement et

* FoeKoue A'!,traduction anglaise, p. 248; Schmxit, Mémoire de l Académie de Saint-Pétersbourg, vol. II, p. 24; Sanang Setsen, p. 340.

2 Voyez sur ce Bouddlia, p 34 et suivantes.

3 De Dragpo, cruel, plein de rage, et Gshed-ma, bourreau. En Mongolie on adore particulièrement huit de ces Dragsheds; ils sont appelés (suivant Pallas, Mongol Vôlker, vol H, page 95). Naiman Doksliot.

Annales DU Musée Guimrt

T. m. PL. XII.

I.W OLIATIO-N

DÉESSE LHAMO

li N SANSCRIT K .\ L A 11 E V I

•^r^'apii.'-:;^c'^3^-zj'^î^'t:T]'5]':i]?^^l'aî;;>,'^'5\"'î;::;^lT T

N/ Ov _ ^-. >/ .

T T

t

I

I.E liUUDDIIlSME AU TIBKT 71

cout'essent leurs fauti's prosternés devant sua image. Les representations de CCS dieux nous les montrent dans une curieuse position, avec une femme tendrement enlacée autour d'eux.

En plus des nombreuses légendes racontées par Pallns sur les huit Drag- sheds ini[)lorés de préférence par les Mongols, je joins ici les légendes de Lhamo (sanscrit Kâlâdevi^ Tsangpa (sanscr., Brahma) et Ghakdor ou Ghak- uadordje (sanscr., Vadjrapâni), adversaires des démons.

LÉGENDE DE I.IIAMO (SANSCRIT KÂI.ÂDEVi)

La déesse Lliamo ' était mariée avec Shindje, roi des Doudpos qui , à l'époque de ce mariage, prit la forme du roi de Geylan. La déesse avait fait vœu d'a- doucir les habitudes cruelles et méchantes de son époux et de le bien disposer pour la religion du Bouddha, ou, si elle échouait, d'exterminer une race royale si hostile à sa croj-ance, par le meurtre des enfants qui pourraient naitre de son mariage. Par malheur il n'était pas en son pouvoir de changer les mauvais instincts de son époux et elle résolut de tuer son fils, tendrement aimé par le roi, qui voyait en lui l'instrument futur de la ruine complète du bouddhisme à Geylan. Pendant une absence de ce monarque, la déesse met son projet à exécution ; elle écorche vif son enfant, boit son sang dans son crâne et man- ge sa chair; puis clic; quitte le palais et so dirige vers sa patrie septen- trionale. De la peau de son fils elle fait une selle pour le meilleur cheval des écuries du palais. A son retour le roi, apprenant ce qui s'était passé, 'saisit un arc et avec une incantation terrible, décoche une flèche empoisonnée à sa re- doutable épouse . La flèche frappe le dos du cheval et y reste fixée ; mais la reine neutralise l'effet de l'imprécation, an-ache l'arme mortelle et prononce la sentence suivante : « Puisse la blessure de mon cheval devenir un œil assez large pour embrasser d'un seul regard les vingt- quatre régions et puissé-je moi même exterminer la race de ces méchants rois de Geylau ! » EUe continue son voyage vers le Nord, traversant en grande hâte l'Inde, le

1 Dans une prière adressée à cette Jéesse, qui est imprimée planche XII, elle est invoquée sous !e nom de Rim,\. Cette légende est relatée dans le livre Paldan Lhamoi hang xlniff, se confesser devant la vénérable Lhamo. Ce traité se lit quand on offre uu sacrilice a la déesse Un exemplaire de ce livre en tibétain et en mongol est à la bibliothèque de l'université de Saint-Pétersbourg;. L'édition mongole présente quelques détails eu kalmouk, qui u'e.xislent pas d ms la version tibétaine.

72 ANNALES DU MUSKE GUIMET

Tibcl, la -Mongolie, une jiartie de la Cliiao, puis elle s'arrête sur le mont Oikhan dans le district d'Olgon, que l'on suppose situé dans la Sibérie orientale. Cette montagne est, dit-on, entourée par de vastes et inhabitables d éserts et par l'océan Mouliding ^

LÉGENDE DE TSANGPA (bRAHMa)

Tsangpa, un des disciples du Bouddha, s'était retiré dans les forêts, il était sur le point de découvrir les secrets de la doctrine du Bouddha, grâce à une méditation extraordinaire et à la pratique de toutes les vertus, quand un Doudpo lui apparut sous la forme d'une femme splendidement belle qui lui offrit des friandises délicieuses. Tsangpa accepta sans défiance, bientôt il s'enivra et dans sa fureur tua le bélier sur lequel le démon chevauchait. Cette action violente lui fit perdre le fruit des bonnes œuvres amassées avec tant de peine et jamais il ne put att(Midr(3 un rang plus élevé que celui de simple suivant, ou Oupasâka (tib. Genyen) ~'. Plein de rage contre les esprits malins, Tsangpa fit un serment affreux entre les mains du Bouddlia Vadjradhara, promettant d'employer toutes ses forces à exterminer la race pernicieuse qui lui faisait perdi'e son rang ^.

LÉGENDE DE CHAKDOE ( V A DJ K A P A X I ) ■*

Il y a fort longtemps, les Bouddhas se réunirent un jour sur le sommet du mont Mérou, pour délibérer sur les moyens de se procurer l'eau de la vie, Doutsi (sanscrit Amrita), qui était cachée dans les profondeurs de l'Océan. Dans leur bonté ils voulaient la distribuer à la race humaine, comme un

' Un portrait de Lliamo, la même que la déesse Okkin Vaiieri des Mongols et que la Lhammo ou Lchamou de Pallas (Mongol Vôiker, vol. II, p. 98), se trouve aussi sur la peinture des trente-ciuq Boud- dhas de confession décrite p. 61. Une représentation semblable de la même déesse se trouve dans la planche VI de l'ouvrage de Pallas.

2 .T'ai déjà établi que ces génies ne sont pas admis au rang des Bon Idhas.

9 Cette légende me porte à croire que ce ne fut pas par ordre de Sakya, comme le dit Pallas, que Slanjusri Bodhisattva, dieu de la sagesse (voyez p. 42), prit pour repousser le criminel Choichishalba, la fi)rme dj Yamintaka (Voyez Xfonyol Vô'.her, vol. Il, p. 9ri), mais que ce fut volontairement et par suite d'un serment.

■* Cette légende se trouve dans le livre Drimed shH i^hveng, guirlande de cristaux saus tache. Voir planche XIII, l'imags de Vadjrnpani.

A^'^•ALES DU Musée Guimet.

T. 111, PL. XllI

^:)

VAJRAPANI OU CHAKDOR,

LE DOMPTEUR DES DÉMONS.

Pierre gravée cl"un nnur à prières à Sikikin-i.

imp A. Roux, Lyon

•*

I,E lioUDDIUSME AU TIBKT 7;J

antidote puissant contre lo violent poison Hala-liala, clmt los démons se ser - vaionl à cette époque, avec un malfaisant succès, conti-o riiumanité.

Pour se procurer ce contre-poison ils résolurent de baratter l'Océan avec le mont Mérou afin de faire venir à la surface Veau de la vie. Ainsi fut fait et l'eau remise à Vadjrâpani, avec l'ordre de la tenir en sûreté jusqu'à une prochaine réunion, dans laquelle on devait distribuer cette eau bienfaisante aux humains. Mais le monstre Ràhou * (tib. Dachan), un Diamavin, entendit parler de cette précieuse découverte et ayant soigneusement épié les mouve- ments de Vadjrâpani, il saisit l'occasion d'une absence du dieu pour boire toute Vcai'. de la vie; puis il s'épancha dans le vase devenu vide. Alors il s'enfuit aussi vite que possible et se trouvait déjà bien loin quand Vadjrâpani survint et, s'apercevant du larcin, se mit à la poursuite du coupable. Dans sa fuite Rahou avait déjà dépassé le soleil et la lune, les menaçant de sa ven- geance, s'ils s'avisaient de lo trahir. Les recherches de Vadjrâpani étant in- fructueuses, il interrogea le soleil sur Ràhou. L'astre dujour répondit evasive- mcnt qu'il aA"ait bien vu passer quelqu'un, mais qu'il y avait longtemps et , qu'il n'avait pas pris garde qui cepouvait être. La lune répondit franchement, demandant seulement à Vadjrâpani de ne le point répéter à Ràhou. Sur ses renseignements le démon fut bientôt pris ; Vadjrâpani le frappa d'un tel coup de son sceptre que le corps fut fendu en doux ; la partie inférieure fut entière- ment séparée.

Les Bouddhas se réunirent de nouveau afin de choisir le meilleur moyen de se débarrasser de l'urine de Ràhou. La répandre ei^it été dangeureux pour les vivants, à cause de la grande quantité de poison Hala-hala qu'elle con- tenait ; ils décidèrent que Vadjrâpani la boirait en punition de la négligence qui avait causé la perte de Veau de la rie. 11 dut s'exécuter et, par l'eÛét de cette boisson, son beau teint doré devint subitement noir. Il en conçut une haine violente contre tous les démons et particulièrement contre Rahou, qui,

' Dans son Manual of Jladdhismus, p. ,")8, Hai-dy a eiiipt-unte aux livres siiigalais les mesures fabu- leuses du corps de Ràhou : n Rahou aT'JOOO milles de hiut ; lOOOO milles de large entre les épaules; sa sa tète a 14Ô00 milles de tour; son font 4S00 milles de large; d'un sourcil à l'autre, il mesure 800 milles; SI bouche a 320O milles de largeur et 4800 de profondeur ; la ]>aume de ses mains a 5B00 milles ; les phalanges de ses doigts ont 800 milles; la plante de ses pied 12000; du coude au bout de ses doigts, on mesura 19000 milles, et d'un de ses doigts, il peut couvrir le soleil ou la lune de façon à les obs curcir.

Ann. g. m. 10

I

74 ANNALES DU MIISKK GUIMKT

grâce il cctlc eau salutaire, survivail à Imites srs blessures. Cette eau toute- puissante dégouttant de ses blessures, tomba sur la terre et, elle toucha le sol, fit éclore les [)lautes médicinales. Les Bouddhas infligèrent à Râhou une punition sévère ; ils eu tirent un monstre horrible, une queue de dragon rem- plaça ses jambes, sa tète brisée en forma neuf autres, ses blessures principales devinrent une gorge énorme, les plus petites furent changées en autant d'yeux. Râliou s'était toujours distingué par sa scélératesse, les dieux eux-mêmes dans leur jeunesse avaient ou à soufTi'ir de ses méchancetés; il devint après sa transformation plus redoutable que jamais. 11 tourna surtout sa rage contre le soleil et la lune qui l'avaient trahi; constamment il essaye deles dévorer, pai'ticulièrement la lune qui s'est montrée plus hostile à son égard. En s'efïorçant de les dévorer, il les cache aux yeux, ce qui cause les éclipses; mais il ne peut réussir à les détruire, grâce à la vigilance incessante de Vadjrâpani K

PRIÈRES

Les prières sont, dans le sens usuel du mot, des appels â la divinité pour implorer son secours, ou des remerciements et des louanges pour les grâces^ obtenues. Le bouddhisme primitif ne les connaît que sous forme, d'hymnes pour honorer et glorifier les Bouddhas et Bodhisattvas d'avoir enseigné aux hom- mes, par leur parole et leur exemple, le vrai chemin qui mène à Nirvana . Dans le bouddhisme mahâyâna l'homme n'est pas dirigé seulement par des enseigne- ments, il peut espérer l'aide et l'assistance divine ; car les Bodhisattvas, au lieu d'imiter le calme des Bouddhas, errent continuellement dans les mondes pour assurer aux hommes, parleur puissante assistance, l'obtention de l'éternelle félicité. Ici nous trouvons des prières qui, dans leur première

1 Cette légende tire son origine des récits hindous, d"où elle est tirée presque sans altération. Selon ceux-ci, l'eau de la vie (amato), fut récoltée en barattant l'Océan et distribuée entre tousles dieux. Bàliou, monstre avec une queue de dragon, se déguisa en dieu et en reçut une portion ; sa faute fut dénoncée par le soleil et la lune, et \Vishnou lui trancha la tête; mais le liquide nectarien lui assurait l'immor- talité. Voyez Fr. Wilford, On E'iypt and the Xile. As. Ues., vol. Ill, p. 351, 419; Essaij on the^ Sacred Isles In ths West. As. Res., vol. XI, p. 141.

2 Scbott, Uebcr den liuddhaismus in Iloch Asicn, \i. ')i. Wassiljew,!. c, p. I'M, 139, 166. Csonia. Analysis, As. lies , vol. XX. p. 308. Voyez avissi l'adresse aux Bouddhas de Confession dans le cha- pitre suivant. —Sur les Geyas, ou ouvrages en vers à la gloire des Bouddhas et Bodhisattvas, voyez Biirnouf, Introduction, y. 'ji.

LE nODDDHISME AU TIBET 75

forme du moins, \w présoiitout pas lo caractère de demandes ou do rcmercio iiionts, mais cxiniiiioiit seulement le souhait du dévot d'atteindre aux liaud's facultés dont jouissent les Bodhisattvas eux-mêmes. D'après les légendes, toutesles fois qu'un bouddhiste accomplit quelque aclinn nuMituin', il [irononce ces mots: « Puissé-je être délivré de toute peine par le mérite de cette action et puissé-je conduire tous les êtres à la délivrance par mon exemple et mes actions! » Dans les ouvrages qui appartiennent à la dernière école mahàyàna et aux écoles mystiques nous trouvons ces souhaits liés intimement au dogme de la charité illimitée des Bodhisattvas envers les hommes. Gomme exemple je citerai un Tantra du Kaiidjour. dans lequel sept Bouddhas imaginaires sou- haitent, tout (Ml pratiquant une vie de sainteté pour devenir Bouddhas, qu) tous les êtres animés (ou créatures) qui souffrent telle ou telle sorte particu- lière de misère ou de détresse puissent, au même moment eux deviendront Bouddhas, jouir de toutes sortes de prospérités et de bonheur.

Dans les écritures sacrées de tous ces systèmes, les Bouddhas mythologi- ques, habitants des diverses régions en dehors de la terre, sont fréquem- ment implorés par des prières dans la stricte acception du mot ; le récit des prières est recommandé comme le meilleur expédient pour effacer les péchés et écarter les obstacles qui empêchent d'obtenir l'émancipation finale.

Telle est aussi' dans le Tibet, l'opinion actuelle sur la prière (tib. Monlani). La confiance générale des bouddhistes tibétains en son efficacité est due principalement à ce qu'elle jouit du caractère et possède les vertus des Dhâ - ranis ; les prières sont dotées de pouvoirs surnaturels et exercent une influence magique sur les divinités auxquelles elles sont adressées. Il est clairement évident que c'est leur but, par la forme même de maintes prières, qui ne sont ordinairement que de simples incantations. Voici par exemple une invo- cation à la déesse Lhamo : « Accours à mon aide de la région Nord-Est en- tourée parle grand océan Mouliding, je t'en conjure par la lettre bleue Houni, tracée sur mon cœur, qui répand un rayon de lumière par ses crochets de fer, toi, la souveraine et puissante maîtresse, reine Rimate et tes servi- teurs \ 1) D'autres prières sont i)ar leur forme, des louanges, ou des hymnes, ou des supplications figure le nom de la divinité implorée, comme celle ci :

1 Vo\ez, [ilanche n' XU, leteilc tihétaui qu'Adolphe lit écrire par un Lama.

(O ANNALES DU MUSKE GUIMET

« Om Vrtiljrapâni Iiduiu ;) ; cl" autres ibis le iiuin est oiiii:;, cuniiuo dans la célcln'O prière à six syllabes: « Om maui padme houm, 0 », joyau dans le Lotus, Amen. Cette prière est une invocation à Pàdma]>âni (voy. p. 5(;)), à qui est attribuée sa révélation aux Tibétains ; c'est la plus usitéi> di' toutes, et par cette raison elle a excité la curiosité des premiers visiteurs du Tibet. Son véritable sens fut longtemps douteux, c'est seulement par les plus récentes recherches qu'on a pu le déterminer d'une façon positivo^ On sait que lo Lotus (Nymphoae Nehimba, Linné) est le symbole de la suprême perfection ; il rappelle dans ce cas la genèse de Padmapani, qui est issu de cette tieur. Chaque syllabe de la prière possède un pouvoir magique spécial ^ ; peut-être que cette croj^nce a aidé à sa vulgarisation plus encore que l'origine divine qu'on lui prête.

Dans nos planches cette prière porte le XIV ; c'est une impression d'après un bloc de bois original. Dans un cylindre à prières ^ que j'eus occasion d'ouvrir, je trouvai cette sentence imprimée en six lignes et répétée un nombre de fois incalculable sur une feuille de 49 pieds de long sur 4 pouces de large. Quand le baron Schilling de Cannstadt fît sa visite au temple Souboulin en Sibérie, les Lamas étaient occupés à préparer 100 millions de copies de cette prière pour les mettre dans un cylindre. Ils acceptèrent avec empressement l'ofire d'en faire exécuter le nombre nécessaire à Saint-Pétersbourg et en retour de 150 millions de copies qu'il leur adressa, il reçut une édition du Kandjour qui comprend près de 40,000 feuillets.

Quand les lettres de cette sentence ornent le commencement des livres religieux, ou sont gravées sur les revêtements des murs à prières *, elles sont souvent combinées en forme d'anagramme. Les lignes longitudinales qui se trouvent dans les lettres « mani padme houui » sont tracées serrées les unes contre les autres et, à gauche, sont appendues à la ligne longitudinale

1 Voyez Klaprotli, Fragments bouddhiques, p. 27 ; Schmidt, Mémoire de V Académie de Saint- Pétur.sboiirgl vol. I, p. 112; Foc Koue Ki, traduction anglaise, p. 116; Hodgson, Illustration, p. 17i; Scliott, UebeV den liuddhaismus, p. 9; Hoflman, Bcschreibunri von Nippon, vol. V, ji. 175.

2 Schmidt. Wcsc/uoipi;», ]>. 200; Pallas, Mongol. Vôlkerschaften, vol. II, p. 90. La puissance de chaque seiiteuce ou de chaque livre au, 'mente si récriture eu esl rouge, argent ou or. L'encre rouge par exemple ajuste 108 fois plus de pouvoir que la noire. Schilling deCandstadt, Bul.hist. pliil.de Saint- Pe'tersbourg, vol. IV, p. 331, 333.

3 Pour plus amples renseignements sur cet instrument, voyez le chapitre suivant. * Voyez à propos de ces murs, chap. xii.

Annal

T. m, i-L. xiv

iiup. A. Roi

Annales du Musée Guimet. jH j^j,-

^ rr %â*Ô|l 3^îift«è4« T^«^#1 %

Imp. A. Pioux, D/ori

PRIERE OM MANI PADME HU-M

d'eiprèB un t>ois du, Tibet oriental.

Annales du Musée Guimet

T. III. IM. XV

Imp A. Roux, Lyon.

PRIERE A SL\ SYLLABES : 'OM \L\NI,I'AI)ME,111;M".

LE BOUDDHISME AU TIBET 77

cxtéi-iiMiro los lignes courbes. La IcUro « Oin » est remplacée par un signe symbolique nii-di-ssus de ranagi';iiuiii''; ce signe représente un crnissant sui-monté d'un disque d'où sort une Hamme représentant le soleil. Cette com- binaison de lettres est appelée en tibétain Nam clmu vnngdan, « les dix en- tièrement puissants » (sous -entendu caractères, il y a six consonnes et quatre voyelles) ; le pouvoir de cette sentence sacrée est beaucoup augmenté quand on l'écrit dans cette forme. Ces anagrammes sont tinijours bordés par un cadre représentant la feuille du figuier.

CHAPITRE XI

TR.\Dl'CTION d'une PRIÈRK AUX BOUDDHAS DE CONFESSION

Traduction et remarques explicatives.

Dans le chapitre sur la métempsycose j"ai déjà parlé des divers moyens de se purifier des péchés ; on se rappellera que l'invocation aux dieux est un des plus effiaces. J'y ai aussi traité des appels adressés aux Bouddhas de con- fession, qui se trouvent dans divers recueils de prières. C'est une œuvre sa- crée de ce genre qui forme le sujet de ce chapitre. J'en ai trouvé l'original dans un Ghorten * que mon frère Hermann s'était fait donner par le Lama do Saimonbong, à Sikkim ; il est écrit en petits caractères (v()umed) sur deux feuilles d'inégale grandeur. La plus grande a environ 4 pieds carrés, soit 2 pieds 4 pouces de long sur 1 pied 9 pouces de large ; la plus petite a la même largeur, mais seulement six pouces de haut, suit une surface de 7 huitièmes de pied carré. Elles étaient posées l'une sur l'autre, mais sépa- rées par des grains d'orge interposés entre elles. Elles étaient pliées autour d'un obélisque de bois à quatre faces qui remplissait le centre du Chorten. Les quatre faces de l'obélisque étaient couvertes d'inscriptions dharâuis.

1 Ce Chorten était déjà sur l'autel de Toratoire du Lama quand Hooker y alla. Voyej la vue intérieure de la maison du Lama de Saimonbong dans ses Himalaijan Journals.

78 ANNAT.ES nu MUSÉE GUIMF.T

La dimension de ces deux feuilles ne permet pas de reproduire ici cette in- vocation aux Bouddhas sous forme de fac -simile ; j'ai préféré la donnera la fin de ce chapitre, transcrite en caractères capitaux dans la forme ordinaire des livres tibétains.

Un espace blanc sépare chacune des deux parties ; le commencement de la seconde est indiqué en outre dans le texte tibétain parle retour du signe ini- tial^

Son titre complet est : Digpa thamchad shagpar terchoi, « repentir de tous les péchés, doctrine du trésor caché » -. Les mots ter-choi étaient il- lisibles dans la jihrase titre du traité et ce ne fut que grâce à leur rencontre dans une pln"asi> au Ixis de la plus grande feuille que je pus combler cette lacune. aussi les mots précédents étaient altérés, mais le sens général et les quelques lettres encore déchiffrables suffisaient à ne laisser aucun doute sur la répétition du titre. Un autre nom de cette prière, que nous verrons souvent- dans le texte est, Digshag ser chi pougri, « le rasoir d'or qui efface les péchés » ^ ; cette désignation indique évidemment son efficacité extraor- dinaire pour la délivrance des pécheurs.

La plus grande feuille commence par une louange générale de tous les Bouddhas passés, présents et futurs qui ont le plus approché de la perfec- tion ; ensuite viennent cinquante et uu Bouddhas, désignés tous par leur nom ; pour quelques-uns on indique la région ils habitent; pour d'autres ou ajoute le nombre de leurs naissances depuis le moment ils sont entrés dans la carrière de B )uddha, jusqu'à celui ils en ont atteint la dignité. On prétend que la lecture ou la prononciation des noms de ces Bouddhas efface les péchés, et on s])écifie les péchés que chaque Bouddha a le pouvoir d'absoudre. On y trouve une allusion à la scélératesse de la race humaine, qui a causé la destruction de l'univers et la prophétie que l'homme emploiera ce traité et en tirera de grands avantages.

La seconde et plus petite feuille commence par ces mots : « Enchâssé dans

' Dans la ti-a.luclioii française. Us mois placés entre parenthèse sont plutôt des paraphrases eiplicatives que des traductions littérales du tibétain.

- Sdig-pa, « péché, vice »; Ihams chad, « tout »; b?hags-pa, « repentir, confession » ; >; le signe de l'accusatif, est souvent employé au lieu du signe du génitif (comp. Foucaux, Grom. tib.. p. 94); gter, « un trésor; chhos, « la doctrine ».

3 Gser, « or »; Kyi, chi, est le signe du génitif; spu-gri. « un rasoir ».

LE lî'iUDDiriSME AU TIRET 79

la boîte sacrée au moment d' la prononciation des bénédictions » ; ceci se rapporte aux cérémonies usitées jionr l'inauguration des édifices religieux et aussi aux bénédictions prononcées dans ces occasions solennelles. Leurs effets sur le salut de riiouime et les avantages que les habitants des monastères tireront de leiu- répétition sont de nouveau signalés. Cotte feuille se termine par quatre Dharânis.

Cette adresse s'intitule elle -niènie un Mahâyâna-Soutra (lib. Thegpa clicn- poi do), nom sous lequel nous l'aurions nous-nième classée d'après sa na- ture ^ 11 faut particulièrement noter, comme une preuve évidente qu'elle a été composée à la période de modification mystique du bouddhisme', l'invoca- tion des Bouddhas imaginaires et l'admission de l'influence magique des priè- res sur les divinités implorées. Nous sommes aussi en droit de la considérer comme une traduction d'un ancien ouvrage sanscrit, puisque son titre est sanscrit.

Les noms personnels des Bouddhas et les expressions tibétaines expliquées dans les notes sont reproduits exactement et ne sont pas répétés dans le glossaire des termes tibétains, appendice B, s'ils se rencontrent dans le texte; on trouvera dans le glossaire l'orthographe native des autres mots.

TRADUCTION DE LA PREMIÈRE PARTIE

« Dans la langue sanscrite ■' Honneur aux Bouddhas sans tache, qui

tous suivirent le môme chemina En tibétain: repentir de tous les péchés (ou sdig-pa-tliams-chad-bshags par) ».

' Sur les signes caractéristiques d'un Maliàyàiia Soutra, voyez Euruouf, IntrocUiction. p. 121.

' Les Soutras Plial-po-ckke et Rim-pa-lnga, qui sout ciïés jiour des détails sur plusieursJBouddhas sout contenus dans le Kanjur.

3 Mon original est détérioré en cet endroit, et le nom suiscrit est illisible. 11 y a une curieuse habitude, qui ne se trouve pas dans les traductions européennes, c'est que les livres traduits du sanscrit ont fréquemment deux titres, le titre sanscrit et le tibétain. Quelques grands ouvrages du Kandjour ont aussi reçu un titre additionnel dans le dialecte tibétain appelé Donlva-Zlii, « la base de la discipline reli- gieuse ».) Voyez Csoma, Analysis, As. lies , vol. XX, p. 44.

•i L'ans l'original Xa-mo-sarva-biina-la ta-thà-ga-ta-boud dha. Cesmotssont tous sanscrits. Tathagata, en tibétain De-bzhin, ou plus complètement De-bzhin-gshegs-pa, est une épithète des Bouddhas qui sont apparus sur la terre, impliquant qu'ils ont agi conmie leurs prédécesseurs. Comparez, page 2, note I. dans la suite, je traduirai Deluhin-gshegspa, par son équivalent sanscrit tathagata; la reproduction littérale rendrait la phrase trop longue. Des sentences semblables commencent les traités religieux ; le Kan Ij )-.irpar exemple, dans sa première i)age, a trois images représentant Sàkyamouni avec son fils à s:i gauche et l'un de ses principaux disciples à droite \ la légende suivante est écrite sous chacun d'eux i

80 ANN'AI-KS nu MUSÉE GUIMKT

« J'adore les Tathâgatas des trois périodes % qui habitent dans les dix quartiers du monde-, les vainqueurs des ennemis, les très purs et très par- faits Bouddhas; j'adore ces êtres illustres ^, chacun en particulier et tous en - semble. Je leur offre et leur cenfesse mes péchés ».

« Je me réjouis des causes de vertus * ; je tourne la roue de la doctrine ; ^ je crois que le corps de tous les Bouddhas n'entre pas à Nirvana ''.

« Les causes de vertu grandiront jusqu'à atteindre la grande perfec lion.

« J'adore le Tathâgata, le vainqueur de l'ennemi ', le trés"pur ", le très par- fait Bouddha Nam-rnkha'-dpal-dri-med-rdoul-rab-tu-mdzos °.

« J'adore le Tathâgata Yon-tan-tjg-gi-'od-la-me-tog-padraa-vaidhourya 'i -'od- zer-rin po-chhe'i-gzugs, qui a le corps d'un fils de Dieu » .

(( J'adore le Tathâgata sPos-mchhog-dam-pas-mchhod-pa'i-skou-rgj'an- pa.».

Saint au prince des Mouiiis ; salut .lu fils de Sàrikà ; salut à Gi'achen dzin (sanscrit Lahoula). La pige liti'e du livre est suivie par le salut aux Iroissaints. Csoma, Anabjsisof the Dulra classof the Kanjur, As. Jies,,\o\. XX, p. 45. Notre document historique relatif à la fondation du monastère de Himis, dont une traduction abrégée fait partie du chapitre sur les monastères, commence par ces mots : Dieu vous garde! Honneur et salut aux maîtres.

' Les trois périodes sont le passé, le présent et le futur ; les Bouddhas du temps passé sont ceux qui ont prêché la loi et sont retournés à Nirvana : le Bouddha du temps présent est Sàkyamouni, le der- nier qui soit apparu ; les Bouddhas futurs sont les Bodhisattvas ou candidats à la dignité de Bouddha. Les Bouddhas des trois périodes comprennent tous les Bouddhas.

2 En tibétain pliyogsbchou. Ces dix quartiers du monde sont: Le Nord, Nord-Est, Est, Sud-Est, Sud, Sud-Ouest, Ouest, Nord-Ouest, le quartier au-dessus du zénith, le quartier sous le nadir. Chaque région est habitée par ses Bouddhas et ses dieux particuliers et il est de grande imporlance de connaître leurs sentiments sur chaque homme en particulier. Voyez pour les détails, chap, xviii, n' 2. Une signihcation tout à fait différente est celle de Si-b^hou-pa, <c les dix terres », expression équivalente au sanscrit Dasab- hoimii, qui a rapport aux dix régions ou degrés qu"un Bojhisaltva doit successivement parcourir pour atteindre la perfection d"un Bou Idha. Compare?. Csoma, Diet ionnc ire, p. 99; Anali/sis, As, Res.,\o\. XX, p. 'i69 et 4J5 ; Burnouf, « Introduction r.p. 43S. Wassiljew I)er Ruddhismus, p. 405,

^ En tibétain dpal, titre qui s'applique aux dieux, aux saints et aux grands hommes.

' Le mot tibétain est rtsa-va, « racine, première cause, origine. •> Li signification de cette phras; est une i)romesse de pratiquer les vertus.

'■> C'est le terme technique pour enseigner et prêcher les lois du Bouddha; par analogie, il s'applique à l'observation des préceptes du Bouddha. Comparez Fos-Koue-Ki, traduction anglaise, pages 29, 17.

'• Cette phrase s'explique par le dogme des trois corps de chaque Bouddha, voyez page 2o. Quand un Bouddha quitte la terre, il perd le pouvoir de s'incarner de nouveau dans la forme humaine : le corps Nirmànakàya (tib. Proulpai kou) dans lequel il a tr.ivaillé au bien-être et au salut de l'humanité dans la période qui précède son arrivée à la perfection d'un Bouddha, meurt avec lui et n'entre pas à Nirvana. Le ternie tibétain gsol-ba-debç doit se traduire par « je crois », bien que les dictionnaires donnent pour fa signification i< supplier, prie.-. »

" En tibétain dgra-bchompa, en sanscrit arhat (voyez, page 19).

* Ea tibétain Yang-dag-par-rdzogs-pa, en sanscrit Sarayak samhouddha.

'•* Ce mot et les termes tibétains qui suivent sont les noms personnels des divers Bouddhas.

LE HOUUDIIISMli: AU TIIiRT 81

u J'adoro le Tathâgata gTsoug-tor-gyi-stsoug-uas-nyi-iaa'i-'od-zcr- clpag-mcd -zla-'od-sraon-laiii gyis-rgyan-pa.

« J'adore le Tathâgata Rab-sproul-bkod-pa-clihen- po-chhos-kyi-dbyings- las-mngoii-par-'pliags-pa- clihags-dang-ldau-zla-med-rin-clihoa -'liyuug-

Idan.

« J'adore le Tathâgata Ghhou-zla'i -gzlion-iKiu- nyi-ma'i-sgron-ma-zla- ba'i-me-tog rin-chlicn-padma-gser-gyi-'dou -iii-mklia', qui a parfaitement le corps d'un fils de Dieu.

« J'adore le 'Tatliâgata qui est assis dans les dix régions, 'Od-zer-rab-tou- 'gyed-ching-jig-rteu-gyi--nam-mklia'-koun-dou-snang-bar-byed-pa.

« J'adore le Tathâgata Sangs rgyas-kyi-bkod-pa-thams-chad-rab-tou- rgyas-par-mdzad -pa.

« J'adore le Tathâgata Sangs-rgyas-kyi-dgongs-pa-bsgrubs-pa.

« J'adore le Tathâgata Dri -med-zla-ba'i-me tog-gi-bkod-pa-mdzad.

« J'adore le Tathâgata Rin-chhen-mchhog-gis-me-tog-grags-ldan.

(( J'adore le Tathâgata 'Jigs-med-rnam-par- gzigs.

« J'adore le Tathâgata 'Jigs-pa-dang-'bral-zhing-bag-chhags-mi-mnga'- zhing-spou-zing-zhis-mi-byed-pa.

« J'adore le Tathâgata Seug-ge-sgra-dbyangs.

« J'adore le Tathâgata gSer-'od-gzi-brjid-kyi rgyal-po.

« Chaque être humain sur la terre qui écrit le nom de ces Bouddhas, les porte sur lui, les lit, ou fait vœu (d'agir ainsi), sera béni ; il deviendra pur de tout sombre péché et naîtra dans la région De-va-chan*, |qui est vers l'Ouest.

« J'adore le Tathâgata Ts'he-dpag-med^ qui habite le Pays Bouddha bDe-va-chan.

« J'adore le Tathâgata rDo-ndje-rab-tuu-'dzin-pa, qui habite dans le Pays-Boiuldha Ngour-smrig- gi-rgyal-mts'han .

' En saiisci'ifc, Soukliavali. Ce nom est celui de la denipure le Dhyâni Bouddha Araitahha, ou en tibétain Odpagmed, est assis sur son trône; c'est la grande récompense d'une vie vertueuse qU'^ de re- naître dans ce monde. Voyez !a description de cette région, page 04.

? En sanscrit Amitayous. C'est un autre nom d'Amitabha (Burnouf, Inti-oduction », p. 102), qui est ainsi appelé quand un l'implore pour oLiteuir uue longue vie. Dans les images qui ont rapport à ce pou- voir du Bouddha, il tient un vase, en forme de vaisseau, rempli d'eau de la vie qu'il verse sur ceux qui le prient. Cette figure se voit souvent da'is toutes Fortes de représentations religieuses, peintures aussi bien qu'objets plastiques.

Ann. g. - III 11

82 ANNALES DU MUSEE GUIMET

« J'adore le Tathâgata Pad-mo-shia-tou-rgya^-pa, qui habite le Pa.js- Bouddiia Pàyîr-mi-ldag-pa'i-'khorlo-rab-tou-sgrog-pa.

« J'adore le Tathâgata Ghhos-kvi-rgyal-mtschan, qui habite le Pays- Douddha rDoul-med-pa.

« J'adore le Tathâgata Seng-ge-sgra-dbyaags-rgyal-po, qui habite le Pays-Bouddha sGron-la bzang-po.

« J'adore le Taihâgata rNanis-par-snang-mdzad-rgj-al-po*, qui habite le Pays -Bouddha 'Od-zer-bsang-po.

J'adore le Tathâgata Ghhos-kyi-'od -zer -gyi-skou-pad -mo -shin -tou-rgyas- pa, qui habite le Pays-Bouddha Da' bar dka'-ba.

(( J'adore le Tathâgata mNgon-par-nikhyen-pa-thams-chad-kyi-'od-zer, qui habite le Pays -Bouddha rGyan-dang-ldan-pa.

« J'adore le Tathâgata 'Od-mi 'khrougs-pa, qui habite le Pays-Bouddha Me-long-gi-dkyil -'khor-mdog-'di'a.

« J'adore l'illustre sNying-po, qui habite le Pays-Bouddha Padmo, dans cette pure région demeure le victorieux, le Tathâgata qui a subjugué son ennemi, le très pur, parfait Bouddha Ngan-'gro-thams-chad-riiam-par-'joms- pa-'phags-pa-gzi-bpjid-sgra-dbyangs-kyi-rgyal po.

« Toutes COS histoires des Bouddhas sont contenues dans le Soutra Phal- po-chhe ^.

« J'adore aussi le Bouddha Saltya-thoub -pa, qui est trente millions de fois^; son nom prononcé une seule fois purifiera de tous les péchés commis dans des existences antérieures.

<■ En sanscrit, Vai'-ochàiia, nom d'un Bauddha fabuleux regardé comme le Dhyani Bouddha du pre- mier Bouildha hum lin qui enseigna li loi dins le mo:id8 actuel. Voyez Ba-nouf, lutroJuction, p. 117.

- Comp., p. ~iJ; Vairochana est le seul Bouldha que cite Cs3(La dans l'AnaUse de ce Soutra (rnam- par-siiang-mdzad.

3 Allusion aux nombreuses incarnations de Shakya-thoub pa ou Sâkyamouni. le fondateur du boud- dhisme ; comras tous les candidats à la digniié de Bouddha avant leur élévatiou finale, il avait traversé d'innombrables temps d'éprouvés, pendant lesquels le mérJe doit croître et s'accumuler par des travaux extraordinaires. La vie des Bouddhas dans leurs existences antérieures est racontée en détail par les livres sacrés nommés Jàtàkas; beaucoup de ces récits s mt identiques aux fables du Grec Esope. Hardy, ilixnual of Buddhism, page 10 >; iiurnouf. Introduction, pages ol, 555. Les précédentes naissances de Sàkyamouni, d'après les livres sacrés, seraient au nombre de 500 ou 550. Upham, History and doctri.ie of Bulihism. vol. I!I, p. s:9j ; Foucaux, R'pjaicher roi pa, vol. II, p. 34; Hardy, Manual, l. c ; mais beaucoup de phrases ten lent à établir leur infinité, et le Bouddha lui-même a dit : « Il est im- possiole de co np'er les cjrps que j'ai possédés, » Fos ICjue ki, pages 67, 34S. Le nombre donné dans le texte d'après cette dernière croyance et le terme Khraj peuvent être une abréviation de Khrag-khrig, a centaine de mille millions », q l'on emploie pour désigner un nombre infiaiment grand. Voyez Dic- tionnaire de Csoma, voce Khrag-hhrii/.

LE nOUDDIirSME AU TIBET 83

« J'adore leBouddlia Mai'-iiie-iiidzad ', ([ui est dix-liuit niilh^ fuis. Une seule fois prononcer son nom purifiera des péchés commis en se souillant des biens des hommes les plus vils.

« J'adore le Bouddha Rab tou 'bar-ba, qui est connu (être né) seize mille fois. La prononciation de son nom, iïït-co une seule fois, procure l'absolu- tion et purifie de tous péchés commis contre les parents et les maîtres.

« J'adore le BouddliasKar-rgyal, qui est di.x millions trois mille fois. Prononcer une fois son nom purifiera de tous les péchés commis on se souil- lant avec les richesses sacrées.

« J'adore le Bouddha Sâ-la'ï-rgyal-pa, qui est dix- huit uiilLe fois. Son nom, prononcé une seule fois, purifiera de tous péchés de larcin, brigan- dage et autres semblables.

« J'adore le Bouddha Padma-'pliags-pa, qui est quinze mille fois. En pro- nonçant une fois son nom, on est absous des péchés commis en se souillant par la possession ou la convoitise des richesses appartenant aux Ghortens ^.

« J'adore le Bouddha Ko'u-din-né'i -rigs ^, qui est quatre-vingt-dix millions de fois. Son nom prononcé une fois purifiera des péchés com- mis ''

« J'adore le Bouddha qui est quatre-vingt-dix mille fois ^.

« J'adore le Bouddha 'Od-bsrung®, qui est neuf cent mille fois.

« J'adore le Bouddha Bye-ba-phrag-ganga'i-klung-gi-bye-ma-snyed- kji- grangs-dang-mnyam-pa-rnam .

' En sanscrit Dipankara. Ce nom, u le lumineux », s'applique à un Bouddha imaginaire qui, selon Turner et Hardy, aurait été le vingt-quutrième Bouddha ayant enseigné la loi bouddha avant Sàkya- mouni, à qui, le premier, il assura qu'il atteindrait la qualité de Bouddha. Turner, Extracts from the Attakata, Journal, As. Soc, Ben//., vol. Vllf, page, "80; Hardy, Manual, page 94. Dans la liste d'Hodgson, Illustrations, page Uid, il est le premier Bouddha de la période actuelle et le neuvième prédécesseur de Sakyamouni. D'après les textes d'Hardy, il aurait vécu 100,(0 l ans; le Nippon Panthéon (par Hofma[in dans BeschreiOun;/ von Japon, de von Siebold, vol. V, page 77), dit que son stage sur la terre dura 840 billions d'années.

2 Sur les Ghortens, voyez chap. XHI.

3 En sanscrit Kaùndinya, un des premiers disciples de Sakyamouni qui enseignera la loi du Bouddha dans un avenir très éloigné. Voyez Burnouf, le Lotus de la bonne Loi, p. 126. Csoma, Life ofSaki/a, As. Res., vol. XX, p. 293.

< Dans le texte tibétain, les deux mots suivants sont : rmos, « labouré », et bskol, « bouillir dans le beurre ou l'huile. » Comme ces mots n'o[it aucun sens apparent, je les ai omis dans le texte.

5 Ici le Bouddha n'est ]ias nommé.

'^ En sanscrit, Kasyapa, considéré comme le troisième Bouddha de la période actuelle, ou prédécesseur immédiat de Sakyamouni. On trouvera des detiils sur sa naissance, sa race, son âge, ses discijdeSjetc.; dans Csoma, Analysis, As. Res., vol. XX, p. 415; et Foe-Kuue-Ki, p. 180.

8-i ANNALES DU iMDSEE GOIMET

« J'adore le Bouddha Kouii-dou-spas-pa-la-sogs-pa-mtschan-tha-dad }ia, qui est mille fois.

« J'adore le Bouddha Jain-bou-doul-va, qui est vingt mille fois.

« J'adore le Bouddha gSer-mdog-(h'i-mid-\id-zcr, qui est soixante- deux mille fois.

« J'adore le Bouddha dV'ang-pôi rgyal-nits'ho'an, qui est quatre-vingt- quatre mille fois.

« J'adore le Bouddlia Nyi-ma'i-snyiug-po, qui est dix mille cinq cents fois.

« J'adore le Bouddha Zhi-bar--rndzad-pa, qui est soixante-deux mille fois.

« J'adore tous ces Bouddhas et aussi l'assemblée des Srâvakas^ et des Bod- hisattvas ^.

« Toutes ces (histoires de Bouddhas) sont contenues dans le traité rim-pa- luga (partie du Kandjour) ^.

« J'adore le victorieux '', le Tathâgata, le vainqueur do l'ennemi, le très pur, le parfait Bouddha Rin-chhen-rgyal-po'i-mdzod. Ce nom pro- noncé une seule fois efface les péchés qui seraient causes d'une nouvelle existence.

« J'adore le victorieux, le Tathâgata, le vainqueur de l'ennemi, le très pur, le parfait Bouddlia Rin-chhen-'od-kyi-rgyal-po-me-'od-rab tou-gsal-va. Prononcer ce nom une seule fois remet les péchés commis dans toute une existence en se souillant avec le bien du clergé ^.

« J'adore le victorieux, le Tathâgata, le vain{{ueur de l'ennemi, le très pur, et parfait Bouddha sPos dang-me-tog-la-dvang-ba-stobs-kyi-rgyal-po. Prononcer ce nom une seule fois efface les péchés commis en violation des lois morales.

' Eu tibétain Nyon-thos, « auditeur ». Par ce nom, les anciens livres religieux désignent les dis- ciples de Sâkyaniouni et aussi ceux qui les premiers ont adhéré à sa loi. Dans les écritures sacrées modernes, il s'applique aux bouddhistes qui ont abandonné le monde et se sont faits religieux, ^■oyez pages 13 et chaii. xii.

2 En tibétain byang chub-sems dpa. Les livres mahâjàna donnent ce nom à tous les bouddhistes; les laïques sont appelés: « Bodhisattvas, qui résident en lours maisons »; les religieux, « Bodhisaltvas, qui ont renoncé au monde. »

3 Gomme exemple de ce que contiennent ces histoires, voyez Csoma, Anali/sis, As, Res., vol. XX, p. 415.

•' En tibétain, bChom-]dan-das, en sanscrit Bhagavan.

^ Eu tibétain, dge-"dun, que l'on prononce aussi gendun , nom général pour le clergé. Sur ses institu- tions, voyez chapitre XII.

LE nOODDHISME AU TIBKT 85

« J'acloi-c 1(^ victorieux, \o. Tatliâgata, le vainqueur de reiinerai, le très pur, b' parfait Bouddlia Gaiiga'i-klung--8'i-bYe-ma-snyed-bye-ba-phrag- bra'gyadi-graiigs-dang-mnyam^par-des-pa. Ce nom proïKJiicé une seule fuis absout les péchés de meurtres commis dans toute une existence.

« J'adore le victorieux, le Tatliâgata, le vaiuqu(Hn- (h l'cnnomi, le très pur, leparfait Bouddha Riu-chhen-rdo-rje-clpal-brtan-zhing-dul-va-pha-rol- gyi-stobs-rab-tou-joms-pa. En prononçant ce nom une fois on devient égal en mérite à celui qui a lu d'un bout à l'antre les préceptes royaux K

« J'adore le victorieux, le Tathâgata, le vainqueur de l'ennemi, le très pur, le parfait Bouddha gZi-brdjed-nges-par-rnam-par-gnon-pa. Prononcer ce nom une seide fois absout les péchés commis par mauvais désirs, pendant une existeuce.

« J'adore le victorieux, le Tathâgata, le vainqueur de l'ennemi, le très pur, leparfait Bouddha Rin- chhen-zla'od-skyabs-gnas-dam-pa-dgra-las-rnam-par- rgyal-ba. Prononcer ce nom une fois efface les péchés qui causeraient des souffrances dans l'enfer rnNar-med^.

« J'adore le victorieux, le Tathâgata, le vainqueur de l'ennemi, le très pur, le parfldt Bouddha Rin-chhen gtsoug-tor-tchan. Prononcer son nom une seule fois suffit à écarter le danger de renaître dans une des mauvaises con- ditions de l'existence ^ et à faire obtenir le corps très parfait d'un dieu ou d'un homme.

« J'adore le victorieux, le Tathâgata, le vainqueur de l'enneiui, le très pur, le parfait Bouddha rGyal-bargya-mts'ho'i-ts'hogs-dang-bchas-pa- rnam. On dit que la seule prononciation de son nom lave du péché de par- jure et de tous les péchés commis par l'esprit (mauvais sentiments), concu- piscence, imposture et autres semblables.

« J'adore le victorieux, le Tathâgata, celui qui a subjugué l'ennemi, le très pur, leparfait Bouddha Ts'hei-boura-pa dzin-pa-rnam.

* En tibétain, bka. Ce mot signifie <■ précepte », el ici il se rapporte aux régies établies par les Lamas ; le sens de cette récompense est donc que les suppliants seront comptés parmi les prêtres et jouiront des bénédictions qui leur sont réservées.

2 mNarmed est le nom de Tune des plus terribles divisions de Tenfer. Dictionnaire de Csoma et de Scbmidt. Sur l'enfer, voyez page 58.

3 Les bouddhistes comptent six classes d'existences. Celles des enfers, des brutes, des Asouras et des Yidags sont les mauvaises ; celles des hommes et des dieux sont les bonnes conditions.

86 ANNALES DU MUSÉE GUIMET

« Puissent tous ces Bouddhas délivrer tout être vivant des horreurs d'une mort prématurée * !

« J'adore tous les victorieux, les Tathagàtas, les vainqueurs de l'ennemi, les très purs, les parfaits Bouddhas passés, ceux qui ne sont pas arrivés (futurs) et les présents ^.

« J'adore le protecteur des créatures, IcLou-sgroubs, le héros ; Gourou- Pa- dma; dPal-Na-ro-va ; dPal-Bi-ma-la mitra, Pândita A-ti-sha et avec eux la succession des saints Lamas ^.

« (Ce livre) sDig-bshags-gser-kvis-spu-gri a pouvoir de soumettre, de brûler, de détruire l'enfer. II sera une consolation pour les êtres vivants, dans cette période de détresse et de misère *, lorsque dans les lieux (destinés aux) représentations du Bouddha, de ses préceptes et de sa miséricorde ^,

* Voyez page 69.

2 Phrase analogue à une autre qui se trouve au commencemeut de l'adresse; sa signification a été exi)liquée pa,i;e SO.

3 Ce sont des prêtres indiens très illuslres par leur zèle à propager le bouddhisme; à l'exception de I.ougroub, le premier de C"tte série, ils s'occupèrent activement à répandre ses doctr.nes dans le Tibet. Lougroub (en sanscrit Nagarjouna) est le fondateur du système mahâyâna; voyez page 21. Gourou-Padma est le fameux maître Padma Sambhava, qui fut demandé par le roi Thisrong de Tsan et qui serait arrivé au Tibet en 747 avant J.-C. Bimala Mitra vint aussi au Tibet sur l'invitation de ce roi. Voyez Schm'dt, Ssanang Ssetseyi, p. 356. Na-ro-va, qui est cité avant Bimala, ètiit sans doute contemporain de celui-ci et de Padma Sarabbava. Pàndita Atisba, le dernier de la série, acquit une grande réputation en réta- blissant le bouddhisme après les persécutions de Langdbarma et de ses successeurs (902-9Î1).

Le terme tibétain bla-ma dam-pa-brgyoud est un titre d'honneur appliqué aux prêtres qui ont créé un système spécial de bouddhisme. Dans une phrase suivante et dans le document sur la fondation du mo- nastère d'Himis, nous les verrons appelés « lamas de fondation », en tibétam, rtsa-va'ibla-ma.

■• En tibétain bskal-basnyig-raa. Sflon les croyances. des bouddhistes et des brahmanes, l'univers, qui n'a ni commencement ni fin, est périodiquement détruit et reconstruit; ces révolutions s'accomplissent en quatre périodes ou kalpas, c'est-à-dire les périodes de formation et de continuation de la formation, et les périodes de destruction et de disparition de l'univers. Ici il s'agit du Kalpa de destruction et il estpréJit q\ie l'homme oliliendra le pardon de ses péchés en lisant ce livre. L'univers est dissous et con- sumé par la puissance du feu, de l'eau et du vent, qui le détruisent complètement en soixante-quatre at- taques contrôla substance. La situation morals de l'iiomme, avant que cesdivers agents entrent en action, est définie comme il suit: « Avant la destruction par l'eau, la cruauté et la violence domment dans le monde; avant celle par le feu, la licence, et avant c?lle par le vent, l'ignorance. Quand la licence p:e- vaut, les hommes sont fauchés par les maladies; quand c'est la violence, ils tournent leurs armes les uns contre les antres; quand c'est l'ignorance, ils sont décimés par la famine. » Hardy, Manual of Bud- dhism, pages 28, 35 ; Schmidt, Mémoire de l'Académie de Saint-Piitersbourg, vol. II, pages Ô8, 61.

s Cette phrase doit être comprise comme une sorte de prédiction que les temples seront profanés par des négociations mondaines ; car c'est dans les temples que se trouvent les trois représentations (tibé- tain Tensoumnii) du Bouddha, de sa loi et de sa miséricorde. Le Bouddlia est représente en statues, en bas-reliefs et en peinture. Les peintures sont suspendues aux poutres traversiéres du toit ou tracées sur les murs ; les statues et bas-reliefs le représentent assis et sont placés dans un retirait derrière l'autel. Les préceptes qu'il légua aux hommes en quittant la terre sont sym:iolises par un livre placé sur un des degrés de l'autel, ou sur une tablette suspendue au toit. Sa miséricorde ou charité illimitée qui lui lit

LE BOUDDHISME A0 TIBET 87

les hommes travailleront les étoffes de laiue et de coton, et une fois coupées les façonneront ou vêtements; lorsqu'ils y prendront leurs repas; lorsqu'ils vendront et achèteront des marchandises; lorsque les gélongs* ruineront les lieux liabités ;

« Lorsque les astrologues^ feront des invocations pour obtenir la for- tune ^ ; lorsque les bompos * porteront avec eux (entendront) les sentences mystiques secrètes (Dharanis) ; lorsque les Gebshi seront commandants en chef ^; lorsque les savants et pauvres (les prêtres) ° vivront dans les couvents de femmes et les dirigeront; lorsque les Zhanglons'^ s'amuseront avec leurs belles -filles : lorsque les hommes détruiront (mangeront) les mets destinés aux mânes des morts ; lorsque les chefs lamas mangeront les mets préparés pour les offrandes ^ ; lorsque les hommes se sépareront eux-mêmes des prin- cipes vitaux (se suicideront)''; lorsque le nombre des mauvaises actions

obtenir le rang sublime de Bouddha afin de guider les hommes au salut, est représentée par un Chorten, casselte pyramidale contenant les reliques, qui occupe toujours la principale place sur l'autel. Voyez Csoma, Grammar, p. 173, Dictionnury, voce rten ; voir aussi Schmidt, Lexicon. Pour plus amples détails sur les images des dieux, voyez chap, xiv ; sur les livres, voyez page ôl; sur les chortens, chap. XIII. Pour lu place que ces objets occupent dans les temples, je renve rai au chapitre qui traite des Temples, et à la vue de l'intérieur du temple Je Mangnang à Gnary Khorsoum, donnée par mon frère Adolphe, dans l'atlas des Results of a scientific Mission,

' L'expression dge-along s'applique à des prêtres ordonnés qui sont généralement désignés sous le titre j)lus honorifique de Lama t^bla-ma), distinction qui n'appartient cependant qu'aux supérieurs de couvents. Les gelongs ne doivent pas se soucier de richesses ou de jouissances mondaines ; en leur prêtant la ruine de lieux habités, on veut dire peut-être qu'ils combattront contre d'autres monastères ou contre les riches en général.

^ En tibétain, s.igags-pa, versé dans les charmes.

3 En tibétain, gyang-goiigs; une cérémonie de -ce genre est décrite au chapitre suivant. C'est ici une allusion à son abus comme remplacement des prières.

"* Bompo est le nom des partisans de la secte qui s'attache le plus aux idées superstitieuses, restes de la premiere religion des Tibétains (Voyez p. 47.)

5Dge-bslies, abrégé de dge bai-bshes-gnyen, en sanscrit, Kalyanaraitra signifie un |irêtre savant, un ami de fa vertu. Il n'est pas nécessaire de faire remarquer que les fonctions de chef militaire ne s'accor- dent guère avec le caractère clérical.

'• 11 n'est pas permis aux prêtres d'avoir des relations avec les femmes; mais il est probable que ce précepte est violé, puisqu'ils habitent sous le même toit que les nonnes.

Zhang, oncle maternel ; blon, magisti'at, officier, noble. Ces deux noms réunis désignent un homme de rang supérieur.

8 L'expression tibétaine est Zan, que le dictionnaire traduit par « mets », sorte de potage épais, pâte faite de farine ou de grain grillé. Au sujet de son emploi général comme nourriture, voyez les détails donnés par Hermann dans son Glossanj Zankhar, vol. III des Results et R. As. Soc, 1862.

' La délivrance de l'existence n'est que la conséquence de bonnes actions; mais le suicide, dans l'ojii- nion des bouddhistes, est une mauvaise action qui a pour conséquence la renaissance dans une condition pire, puisque les péchés, en expiation desquels l'existence présente devait être subie, ne sont pas encore expies etqu'un autre crime s'y ajoute. Dans la période de misère à laquelle le texte fait allusion, Cette loi morale sera méprisée.

88 ANNALES DU MUSÉE GUIMET

croîtra sur la tci'rc ; lors(juc le chant Mani sera rendu eu réponse^ ; lorsque les veaux de la raceDzo dévasteront (les cliami)s) ^ ; lorsque les hommes con - voiteront le bien d'autrui ; lorsque les saints voyageront et feront le com- merce ^ ;

« Lorsque la fraude se fera avec mesure '' et poids ; lorsque les Chinois tratiqueront des petits enfants (qu'ils achèteront aux Tibétains) ; lorsque sous les portes (des temples) seront pratiqués des miracles trompeurs (sor- cellerie) ; lorsque les hommes mangeront et boiront et ne se soucieront que de l'existence actuelle; lorsqu'il ne se fera plus de libéralités; lorsque le temps viendra les vieilles coutumes seront troublées (changées) ; lors- que les hommes seront en proie aux ravages de la guerre et de l'ennemi ; lorsque la gelée, la grêle et la séclieresse répandront (rendront générale) la famine ■' ; lorsque les hommes et les êtres animés auront à souffrir de mauvai- ses actions": alors dans cotte période de détresse et de misère, ce sDig- bshags gter-chhos sera une purification pour tous les péchés qui auront été accumulés dans cet intervalle ; tous les hommes le liront et par son mérite tous les péchés seront effacés". »

TPADUCTION DE LA SECONDE PARTIE

« Enchâsse dans la cassette sacrée à l'époque dr> la prononciation des bé- nédictions''.

« Dans cette période de détresse et de misère, les hommes souffi^iront

' Par Mani, il faut eiiten Ire la fameuse prière à six syllabes: Om mani padme houm.O, le joyau dans le Lotus, Ameu. L'allusion du texte se rapporte à la transformation de cette prière en une chanson populaire.

2 mDzo, métis produit d'un yak {hos grunnicns) et d'une vache de la race du zébu indien ; dans l'idiome des tribus de l'Himalaya, on l'appelle choubou. Lesdzos sont une des rares espèces de métis qui soient capables de reproduire et dans quelques vallées leur nombre dépasse celui des yaks.

3 En tibétain, nal-jor; en sanscrit, yogacbarya, saint, dévot; c'est aussi le nom d'une secte religieuse qui fut très en faveur dans l'Inde jusqu'au septième siècle. Sur son histoire et ses dogmes religieux, voyez chap. v.

* L'expression tibétaine bre, qu'on prononce aussi pre, est, selon le dictionnaire de Csoma, une mesure de capacité, le vingtième du boisseau tiliétain.

^ Il y a ici quelques mots illisibles.

'• Voyez, page 58, la théorie lioudlliiqiie de l'influence des bonnes ou des mauvaises actions sur le bonheur.

'' Les quatr^ dernières lignes de l'origiual sont si détériorées que l'on ne peut déchiffrer q>ie quelques mots, assez cependant pour indiquer le sens.

s Voyez, ch ip. xiii, les rites et cérémoaies religieuses qui se rapportent à la coustructiou des chorlens;

O

i

O

!

j

1

P^

1—

1

F- "^

^

SION

1/

0:5

/|-«^

^

F^

\

Ph

o

o

1/

O

M

i7

\

^ W

Q

o

r

\ 1

c^

«5"

R

P

o

C3

KT

-3l

;^

K>

9

1

ffi

rT7

J i

u

ï^

s

o

0

j

^

<

o

i 1

-^

f

1

e^

I

o

h-H

[ '.

Q

!

:ilÇ,T

1

Tl

►—

>(

k;

\c

fy

F"

îcr

u

rz

FT

b

Iz

r?9

>iZ

u

LT

b<

FT

r?)

e»-r

KT

r?!

>Fr

itc

R^

FT

or r?

FT

>e

5 p

b \r

h

K

'\r

/e

a

Li

Z'^9

<é".)

E

jy'

Z

FT

»— \(

n z

FT K>

(AT C

e

\c u

cri

r?

FT

r?

FT

b

fT7

M

\r

>cf

6cr

if? 'ti

\r

r?

FT

.h

5

»?f7r

vFT))

dFTi) G

\r

iiid. \r

173

J7il9

icr

'? ma

U F"

;8 b

p9

sir- d

GL

{fto

H

iZ FT

/iKT FT

C li

\r

/FT)

d b

/m

nii

rz

ir

r7

IF) ir-9 r7

if

tFT

R-

>IJ>

cd r?

H

'F

FT FT

FT

d b

FT

/or

f7 t7

z

1_

\r

z

FT

fT

kt

(^

r3

/or

>E

17

*"~

r;

dFT

FT

r7

C7

FT

c?

^F^)

b

r?

ISl

.

e

>_e

FT

fc

r?

KT

-te

r?

k

Li

FT

>lî>

H-

Ct

AE

/d

I-r

FT

/Or

Ic

m

H"

KT

>r-

FT

r -

e

K6-

c

FT

|7.)

FT f7

Ft"

id

r7

KT

>li

FT

FT

r?

i?F-

5

/t^

P

-iZV

rg

^

ÎTI

i€-

'F'

B

Ev^

jy'

i/^

e

S^

b

/cc-

E

(XI

K59 f7

z

z

>t7

H?

>»?'

H-

FT

(7

L/

d

FT

I/"

XT)

B

FT

>r;Li

r/

/or

FT icr

(7

FT

/or

FT

FT

b

F5"

b

FT

r7)

E

b

F7"r

i:

/J2

1^

j-r

N-

W

/hT'

t7

/Jr

df?)

z

îc

i^

1?

Z

FT 5

iFTi)

c

-|8 b

LB?

u

r7j

à

■e

FT FT

b

>v8

>b

/■i8 b

/«¥• Ff

f7

t7

/kt

r7

iîF.'9 17

b

Li

yr

6E-I

/|8

cb

Li

b

rK5

F7-

5')

5

5

-'8

cr

FT

FT

/=r

FT Ï6-

u S

FT

(id

rïïE

b

a

>E

E IB

b

Î6-

>L/

6Cf -FT

b

5

b

17

b b

FT

_d

FT

d

FT

L/

'OT

"

Li

ir

E

Biî-

^-

FT

ry7

E

b

FT

/or

6cr

FT

L/

b

;r

ijr?

u

1

FT

KT

E

b

t?

KT?

65- Zl

17

/72

jr

^^?

5

'07 FT

6^ V

M

Zf-

CL

-i8 d

i\r

hi-

>5

ET

t7

S

b

r7

EÎr-

FT

17 /hT

1/

(7

S

-»e d

FT

hfe9

F5"?

6cr

F5~

cr

FT

E

a

r7

kt?

/VT

1

tr

Ic

Z') CÇ-9

r7î7 FT

b

>S

d

h-

>E

p-J

C7

/F5"

S

FT

►71

b

5

/ir

\r

r?

iF)

>b

>r7

a

a

c^r

rz

d

Tl

1

h—

"g^

Ic

ir

^^7

FT

..>

U

a

r.

a

F"

Z

>e

'FI

>Kr

>?

b

7'

>7 U

m r/

"a

B-i<r

17

yi

7

ir

XI

5

►T

CFÎI

ic

ir

a

iC

'F' (.or

z

ir

[(

iKT

'•8 C

FT

•71

5

U r-

1—

KT

KO

r? 1?

r?

if;i

7

rz

7

K

FT

/or

FT

a -le

ce wz

ir

7

3 h

7

d

h

(17)

e -le c

FT

H')

a >r7

KT

(Ê~)

FT

FT i<r

r/

cor r?

u

clS"

(;r)

>7

\( 7

d

FT

7)

a

CE-;.

►F) Z

F"? 7

»r

FT

a

-i8

d "ft

7)

,[6-

/ir

h

iFi

7

ir

U Z

<or

FT

a

>7

u

(m

u

C

5 r?

(177

u r>

\— ><

\(

FT;'?

IC

rz a

6Fr

FT

/or

FT

cr

;a a

'i8

icr

>7

u m

7

ce

>:8 7

L'a.

cri \r

Z

rs

C7

B -'8 d

KT 7

i? d

a

.-F)

cr.)

i?

u

7)

6Z

^V

ir

FT

i<r

c

L/

/m

FT

7

a

B'FTf

H-

(ffri

FT

7)

a

ce

/Oy- FT

KT

/e_i rz

7

z

xz

f7

Ir

7

FT

FT

FT

W^7 KT

u

Û>7

-lE

L/

6tr

KT

7

FT

E_r7

FT

f7

r?

\i

i<5

âr.)

r7

iZ

,r.)

-1/'

le-

d

le-

i7

U

F?

L\£

f7

r?

a

s?

>U

67Z

-

fçr

FT

"u

/!/"

hR")

>a

iFi

iFTf

KT

XI

ir

Z

FT

s

FT

16

r?

î?

!<-

6r,)

^

7

7

d

FT

7

r/

1 C

^FT

FT

<S7)

u

>a a

-18 C

c r?

F"

>|8 7

K

FT

1/

d ir

7

g- FF

(OT FT

7

FT /OT FT

d

7 FT

d

7

z

XI

FT

67r

r?

Xlïiv'

/CT

p

cr

cir

t€r

FT

d

iW d

>e

.'ft

IC9

'.^

FT

le

'1.^

c

7

6[f 7

>7i "u

U

(ir

cri

7

FT

/or

FT

d

C FT

63- FT

FT

U

r?)

FT

7)

e

6.7)

cr.i

(.tr r?

rr

7)

a

>7

Li

^F)

h

KT

d

KT

n

e

u

r7i

a

FT

,rz

FT

II

7

Ir

a

'F'

iF)

iF)

FT

xz ir

iF")

z

XI C7

y—

H3" h5

r-

(5"

^R"')

r/i

i;r)

>cz_ d

f.

d ic

5 FT

/FT U

'F

rz r?

h

B"

/•or

1—

>a a

-i8

c

FïFrr

/TT u

a

18

FT

7)

IF!

Z

Li Z

a

iFi

■Ki

a

-i8

d

u z

iF)

Z

U

B

FT

/ft

FT

1^

KT

[7

FT

7)

a

L/

7

Z F"

/•or

B

>7 B

>B

a

-a

,Xê

a cçr

FT

7)

B

t'y

en

7

z

<;rïï

KT

KT

B-

7

>B

rr

iF)

-i8

>7

v-r

FT

/le

r?

ri'/

a

-lE

16-

'M

d

FT

CF.) 7

a

ir

r?

iW

iT:)

1^9

n

C

C

7

XI

71

F)

Jt r

7

1

Il'

.■-■ F'-n

\c

1

w

i?

i?

^

cr

i/'

i?

r?

1

Lf

Li

'18. TZ

ar

ti

/C

ë

c

FT

h

u.)

k

/tr

rz r?

FT

>;8

n \r

>S 5

d

FT

"r?

1-?

rz c?

i7

>rrs

1/

>a

s -•e d

FT

FT

VI W

Z

^F?)

F?

t—

1^ 1

a

r? ir

n rr

r7i

5

r?

FT

FT

ï?9 r?

p)

ë

Z

>5 a.

U>7

i7

de

HT

1/^

FT

d

(d

.7

F7~

KT

>d

^F)

e \^<r

'vi

a t ë

c

rv

r?

-

d

KF)

ë

rvi

g

''6

c "r/

h

h)

'F'

17

a/-

\r

lF>

z

rz iZ

rz

d

>5

Z

Li

F?

rz

rz u

d

p9

rz

d

FT

ë

! r/19 1 c

,1'/

u

(5"

r7

>cl

5

'8

h:)

Li 1^

>;rd

Li

e

-'8 d

c

■i8

z

u m

d z

u iZ\S>

z

i FT

rz

/ÎZ

le

rz

1

u

r7

d

FT

5

u

.7

"^ FT

r? d

Ff

r?) a

r?

FT?

d

TJ)

e

CF)

'\r

rz

iF) Z

U

Z

'VT

CL." h

/r/j rr

cr

r/

FT t{

S

cd

C FTd

F?

Li

FT

5

K?9

r7

,b)

f—

L/

(5"

1

VJ

L(

•<*

KT

>r7 \r

h

u tr

FT

L/

r7!

>^

.F) KT

FT

VJ h^ FT

F7~9 VI,

E -

Li

(ft u

FTd?

cd LrFT

F=^"

a

'•8 FT

r7) a

or b b) z

r/)

K?

rz

(■./ 1

^

1/"

iïU^

z

FT

/Tïï '

i ■'^

U FT

C7

FT

^

:z

C7

>i6 TZ

[y

p/ h

b

Li

(id

1 '^

iV

FT

n

CT

;»?

17

n

r?)

L/

iVt)

d

yr

rz

Vj

(FTtr^

\r

r/

"^

FT

\r

z

L/

iTZ

CT/?

li ^i'

n

r?)

FT

IF) g-

.Z}r

L\ri

F"

i ^^-

ri^

►?

FT

/IS~-

t7 Li

r?) k

tJ

1 .

FT

li

xr 1

i ""F'

rz c?

i7

FT

r?

d

ic

FT

KT

C

5 iFT)

zr-

H-

e

FT

e

dd

l€-

d

U FT

ir

[7

>a

\r \r

-i8

p \

iZ FT

Z

1/

FT

c^

iF7)

li ne

d

d'-

L/ 17 1

a -t d

FT

,71

a

Li

p 7

iF) Z

1 >^

g"

U

iZ

(i_-Z

ir

[Z 17

5

d

1—

C7

czir

KT

dp) rz

1 ->_a

e d

'F'

Li

'\r

c?

z

FT

>^

a

U

h—

>a

1 '^''

FT

r?

ir

>i'/

F^ |7i

li

d r?

FT

p!

7 FT

FT?

'zrz

5

-•8

d

icr

»ii/

17 FT

G U

F?9 FT

n

d

r/

FT

e u

Li >J7

^id

7

rr:

vri

KT

^7

FT

5')

ë

079

1 e

FT

,k5

FT

FT

r/ u

e

h-

CLi

FT

Z

I7J

(F)

1 1^

FT

e

hj

r?)

a

r?

FT

i_

h-

1 'vr

IC

L\r

W

i^

ir

^Ir

FT

u

a

Fru>

ir

k-

rz

i

1

S

C

fcU^

i-?

c

d

r/i

D

cr

rT

i

5

u

ic

-is

<;r)

>R FT

ir

a

;<•

ff

,rti/

FT

b

/ir

5

>C7

r/ iV

1/

tr

''8 d

FT

i/

FT 1/^

.7

i/'

ic

FT

ic

/u

iU/

_d

pu

b

FT

a

b

=<

r/

FT

ii8 ifT

-■8

ir

ry

ifïï

ic I

FT .77

b

'\r

rz i-T

\c Sir

7Z

L'-r

Vi

t—

FT

FT

i<r

a

le r<5

6/ iFi

U

77

if?»/' FT

ry d

a

>b a

•F) [7

b

fz

u rr;

b

)<r a

ic

-i8

rz id

6t/^

b

F)

b

L<

FT

id ry

ry

r/

a

f_F)

b

.7

FT

Y,

iFi

Y

u r,

cc

77

fz

n \

>Fr ir' 1/^

b

rT

,i/^

FT

ic

ir

IT

/CT

d

b

1-

i/^

.111/

FT FT

F^ !

>>7

1?

i-F)

FT

ir

f/'

éFT)

FT i<r

>e

ir

ry

FT

>il'/ if

(Ki/'

id

u

1/

>a

FT

ic"

I/'?

a >Fr

6tr ry

ê

-8 d

ry b~

C>0 FT

FT

77

\r

r.

Bl/

a

u

d

ir-

/i/'

ir

i<r

1/^

ic;k/j

^

b

-■e

?

/FT

-^

Y^

FT

a

\i

a

1/

b

f

>a e

FT

_b

rz

a

FT

u t/'

\r _d

3

b

KT

-18

b

FT

1

'8 C

a

>r/

b

air

b

fT

fz

[Z

id

b >i^

1/^

>ir d

R-

vc

ir

"rr: b

FT

f?

fz

/I/'

ry

i'-r

r?

[^

5

/-ie

^F1

ir

>K>

ry

[7

\r

d

FT/ ir

iH?

FT

>a

-It C

FT'

m

s

u

ctr

u

dec-

tEL7

FT

b

i:<r C

c?

m

6Cf

a

,F) /ig

iV

U r,

r?

FT

\-'

i<r r/

d \<r

fT

r? r/

FT

ic -18

rz

<;d ur

u

f?

.d

y: FT

>ru/

17

\r

•AT FT

b

FT

id ry

a _d

fz

<;<^

_rz

u I/'

b

Li F7^

id

vF)

ry

FT

b

FT

iCT FT

i<r

icr ry

i\r

rT

_d

>a a

-i8

d i~

77)

a

f7

Y

i6 >1'/

b

FJ" FT

FT i(r

itr r/

FT

d

/-ie b

17

ry FT

iKI

FT

i<r

a kr

1/'

r?!

1-?

CI/'

rz

d

b

b

d

aiY^

-i8 r6

HF71

r/

FT

b

TZ Ci

b

r/

1 >Fr

>a b

-'8 d

rz

(7

FTr

(TLl

d a

-187

,bi \r

iY;S^

fz

rz r/

b

b ry

fz r?

ia. d

b

b)

rz

•r r/

'cir

FT

\r

ir

FT

r/i

a

b

1/'

Yy

F^ /OT

b \r

/b)

iFT U

F^a?

>Fr

FT (/-

i7

iF;)

a

itr

>;z

fz tr

rz

>a a

'8 d

FT

iF)

FT

5-

FT

FT

id

UFT

K\r

b b

b rz

->;e

b

TZ

1 /

TZ

r-r

U^9

n

FT

FT

b

/d

a I/'?

16"

\r

b

1

b

b

b

a

IF)

b

FT

d li

i<r

FT

>'7 5

b

FTf

i^

\r

h >b

1/^

-»8

u

itr

u

b

r/

;z id

Y,

FT

liT-

li'^

iC

.7

b

167

FT

a

FT

mr

fz

it-r d

VI

Y

FT

ry a

F;'

FT

<:b

FT

u

/or

iS'^

a

>K>

I—

FT

ry

re

if

>i7

rzi

r/)

FT

(T

iFl

ry

>e

>,-w

/-i8

\r

r?

7

.^^^^^

^^^"

^3^

1

^^^

^^,^

^555

i^^ï

^^1

^^^

^_

>a e -•e c

FT

r7)

f7

a

77

is '!^

e

"Frf iT

i7 >d

HT HT

r,

f7

'^ FT

P'

FT

a

c?

FTi'

h

FT

F^ KT

r?

FT

u

FT

li

[^ U

i\r rv

(FT Li FT

H5

C7

(r;

rKT

z

g-

T7

ir

c

tr

>hU/

te-

r?

ar

Fy

7Z

^^

>k5

FT

n

wr

5

tC

FT

\r

-f8

b

{h

rr

(\r

llC\f

d

ry

'■^

/u

'?

i^

rg

[7

S

tr tr

17 FT

W

tG

e

KT

-•€

Tl

LC

L\r

d

FT >."W

Vf

iy FT

tr

u

=<

>K>

r?

FT?

FT FT

as

C7

d r?

>a a

d

FT

,71

a \c

k5 \<

FT FT

u r,

in P7

e' FT

>rw

FT

19"

»5 tr

F5"

\r \r

f7

le"

a k"

-*

id d

d

"►<

FT

>-'8

FT

t€-

U {•"

u

dr.)

èz

'tr')

a

-'6

d

Ft"

a

K> Li

tr

FT

b a

u

ùd r?

If?) r?

Ll

(d r?

i?

FT

;<■

r?

FT

"u

f7

to

>f7 FT.'

tr

FT

/CT FT

r?

\r

't<r cvr

t7

M

r? lT 1^9 FT

lT t7

a r?)

vr

C7 Î7 FT

<;d r?

F5"

d

r?

"lC

C7

e b

FT

d

id

C7

_d

ir

r3

C7 J€-

f^

TZ (Z

or

d

>a a

->8

d

5')

16-

id

;3 6d

a »/^

i7 Ci

b

FT

ry

L^

KT

>I7)

u

d

t-FTI

a

p FT

K-

."7

R" »r

u

3

17

F5" -^ R"

itr

J7

71

U

tr

à

à

M"

yr

b

a

f7

tr

u ' p

F7"9

L/

tr

>b d

a

^F 9

>b

L6-

>F5"

rg

^d p'

>m d

d

t7 FT

^d

f7

TZ >W

d b

a

rzi

M^

K- F?

g- t?

éFTZ

^9

a;)

k ÎZ FT

W CT f7

FT

iztr

à d

ft6-

itr >a

d ctr

a d

FT

H" F7

"Fit? (7

7Z

tr

b

FT

KT

>FÎ)

>Fr

u

b

fil k9

fïï

S' »6-

ê^

f7i)

'\r

FT

b

Li

R"

C77

a

^?

b

/rW U

>v7

>r7

tr^

T7

\r

FT

d

u 3 FT

FT

S'a

id r?

tr

/T7.) FT

>ve

u

>R".'

a >^a

/H"

tr

\ri id

f7

\r

Vt')

Li

>f77

U

yri d

r?

te

d

p?

"u

FT

J€-

ib

K>

>^<^

e

iZ

i^"

h

A|i>

K

iT.)

E-

^

FT

FT

lE'tf^

C/7

17

a

»7

Li

Z9 FT

Z^9

tr9 ùd

k d

\j

crr

d

E_

id r?

^r

/r?)

ic

>f7 FT

F7 /T5"

tr

vT

ill XJ

'\<

/E_')

W ZU

U

r^ FT

un

VJ

\r

>^

FT

ÙFT

\i \(

FT

Z

yr?

VJ

rrî

KT

rïï >Fr

\C

w

r7

6Fri)

KT

rz

vn

iti.

FT

e rz cr

>r75 1/

n>/ tr

FT

XI

FT

I- 5

u

F"

It?

>-w rz

r?

5

pre?

rz

n

1er

r? a

ÙXl VJ

u

rz

i?

\c u

KT U

"^

e

1^9

n

'F'

>3'

/T7;

>r7) c

5 ne

U G_

\r

>yr d

S

5 i<r

TZ iZ

ca.

VJ

KT

E i7

vr

a

KT

5

fz

K?

z

e

yri

M

ai

Kj

r?

M

K

\r

»i;

»/'9 VJ

c

r7

FT

le

Cf

{rz rz

1^9 r?

Fl'9

cr a

►^9 FW7

a

►^9

\C

a

17

»^9 ^c?

VJ

<{ yr

/ft

rz,)

f7 ic

C7

le iz

yr \r

(HT FT

FT

rz >/'

a

'.^

.7

te a

VJ

n \\<r

ai

Kr

\(

F,i9 C

trz

yr)

7Z

a

KT

>STZ

<;ri)

I

FT

»?

if

FT

1? FT

r?

FT ï>

n yr

c \r

FT

r?

16"

ii tC

rz

y\C

>{

R^i'9 6C

1/^9

>f7

FT

/,d

"n"

/F)

rz

C7

FT

le g-

' ic

u yr

FT

">E'a

l<? iV

H?

rz

C7 KT

jZ

r? FT

ib

_ f7

" a d

>^

u

yr

FT

a

a

IC

P7

K>

t7

KT

U>

L<

17

a

y

15"

U FT

Ir r?

\i

XI

kT

/^K^

^

rz

^

le

rg

lie

lie

f7

-'8

iyr

FT

tr9

d

le

Z

rz

(hr

17

i(

^

n

>3

XJ

kr

FT

>F7d

.e_r

À7

II

iZ

>Fr

àr d

KT

t^9 r?

vFTi)

a

r7

-i8

u

/VW

i—

a

X7J

u

FT

607

rz

^9

KT

61^1)

FT

Z

K>

»r

>i8

- 73

HT

►<■

vFT;)

r?

ry

i—

U

KT

z

>yr

a

xr

ne

GZ

"a

v(

te

k5

rz ne

"u

d

ï?

HT

t^

e

fZ

K>

L/

FT

ir';9

h

rz

R"

iZ

FT

^►;^/'

le

6H'

z

FT

FT

►^9

r?

<^i?^<r^

yr

►—

a

i7

/.■z

rzi

a

b

yr

r?

FT

W71

5^

1

te

Lyr

h-

>hr

d

ir

yr

rz

zr-

>frr

1—

-rz

>i8

VJ

d

>.?

ur~

CF:)

V.

,xn

r?

jj-

VJ

rz a

rz

V) FT

VJ

je

/KT

VJ

Li

r7i

>zxz

^

P7

U

1/

e"

r?)

K?

16-

(y^

g-

>3-

yr

H?

rz

^r?

d

C7

ir9

FT

d ►e

rz

C7

J7 17

/te d

b

iKyr

L/

FT

a

ùd

r?

>d

XJ

FT

LZi

^

r-.

^frtr-

VJ

HT

1/ le

r?)

FT

e2

6d

BU

'yr

dF;)

d

u

qq

-

FT

i?

►€-?

r?'

1}S>

Ic

^

b

f?

FT

1—

C?

C7

E

b"

nr

6r7)

F^

ir

rz

I—

•-

KT

CT/

r/ir-

u'c)

o>5

rz

FT

FT

XI iZ

FT

h

u

>Fr w

r.

1

,72

>r7

rz9 -rz rz -w/

iT- Î3

u 71

a >Fr

1/ \r

b >E_

>Fr

[Z

Z

(FT

Ir

77

z r?

FT

r rz

"cr

dr.)

c

6F?)

FT Z

rz

1 >d

cr >p

/r?

FT

irc

iT

L\ri

59

"u

>"!Z_l >77

i5"9

[Z ogr?

•F'

U

6C r?

/c rz

bs

f7

1

R" 5<^

HT

d air-

z

>'\r.

»—

(7

FT

FT

b

FT

>a

z

rz

z w

:Z\r

KT

13 '71

i\ri

ir-

KT

6C

r?

►5"

ir

KT

Z

u d

jy^

éfT

ù'j>

Ir

/Û^

isr/i

r?

R-

ic

►-

a

>i<r

rz

(6-

16-9 t7

z

oirxr9

in

F=-

r/

b

/ft

KT

rz

rz ,z

z

rz

b

z

-cr

R"

fT

F'

FT

6Cf

Û^9

b^

b

ic

6^

FT FT

VJ

\-~ 3

e r?

607/

lb

F="

>,'W

z

li

r|8 b

z \^

■iw rz

6F1)

1

L7I)

FT

1V7

fî9

1^7 be

FT

-fT

âr d z

1^

tr.)

'\<r

13

JZ

b

an

77 Z

w

5 FT

r?

f7

C

I— rz

-.^-iB 3-

f7[r-

'u^9

/is-

(/'lî"

^8 1-?

rz

fz

FT

(7 FT

\r

VI 1

a

"u »r

b

z

Li

ir

-TZ

>zu) u

F' b

r •■

1/

'3 o>5

,r77 e

-il/

lb

w d

rz

a

-ie?

FT

(Eir

d'd

rj

•—

L\r\r\7'

FT

6R7

fT

}^,

tz

^-

L\r

»?[f"7

r?

i^

,i8

r7/ c

rz

6=7 r?

f7

b

f7

>— VhT-

00 E-

rz

c

z~'

(bir-

r7;fg9

obir? 1

rz

EFT R-

LzS •iZ

z

FT

C7

Kp9 Z

K" IZ FT

Z

FT

fR"ii

»—

kt

in..

n

B2

►—

ry

fr"

\<r

JA

>rtr-

>ZU

^

u

ir

or

5-?

13

k5

n-

^TXL

r?

6r-i

ir

H?

r/

LE BOUDDHISME AU TIIiET S9

et soupirerout après la délivrauce, ces bénédictions apporteront de grands bienfaits aux pécheurs. Les péchés nés des discordes et des disputes entre les habitants de ce monastère seront efiacés par elles *.

« Ces trésors de grâces récités les huitième, quinzième et trentième jours do chaque mois purifieront très sûrement des cinq grands crimes^ et de tous les pécliés, et délivreront des six enfers.

« Les 84 000 grands emblèmes de l'essence de la sublime doctrine seront les mêmes pour tous les êtres ^.

L'esprit de rimnime tendra invariablement à la sainteté du Bouddha; il acquerra l'énergie de volonté et enfin les privilèges du Bouddha, lui-même.

« Ceci est la fin du Maliâyâna-soutra sDig-bshag.s-gser-gjis-spugri. »

« Que tous les êtres soient bénis ! »

(Suivent trois Dharanis en sanscrit corrompu. Le premier est une invocation mystique à Dordjesempa, en sanscrit Vadjrasattva (voir page 34) ; le second résume la croyance des quatre vérités ; le troisième est usité pour l'inaugu- ration des temples. Puis le texte continue^) :

« Par la vertu de ces invocations les créatures devieutlroat parfaites dans les doux collections ^ ; elles seront purifiées de leurs pécliés et bénies de la dignité d'un très parfait Bouddha. »

(Suit un quatrième Dharani) :

« Ce (Dharani) est élevé (accordé) comme une faveur*"', à ceux qui errent

' Le nom du monastère n'est pas dans l'original, qui dit seulement rlgon-p,i. monastère.

Les cinq grands crimes des ))ouddhi3tes sont : l' le meurtre; le vol; 3' l'adultère; le mensonge; l'ivrognerie. Voyez Burnouf, i'j(Hs delà bonne Loi, page 447; Hardy, Manual of Buddhism, chap. X, page 488.

3 Cette phrase a trait, ainsi que l'indique la suite, aux signes inférieurs de la beauté d'un Bouddha. On en compte généralement 80; mais d'autres livres,'comrae par exemple Lf,' ligya either roi pa (traduit par Foucaux, vol. II, page 108), en donnent 84; dans le cas actuel, ce nombre est multiplié par iOOO. Le nombre 34,000 est très en faveur dans la cosmogonie bouddhiste et paraît s'employer dans l.i même acception que khrag-khrig, c -ntiine de mille millions et le terme chinois wan, ou 10,C0J (Ideler, Uebcr die Zeitrcchinimi der Chinesen, page 10), pour désigner un nombre infini. L'étendue, l'épaisseur et le diamètre du Sakwalas peuvent toujours se diviser par 8; la durée de l'âge de l'humanité procède par 84,000 ans. Voyez Hardy, Manunl, chap, i, Foe KoueKi, page 127.

•' Afin d'abréger, nous avons omis Ix traduction de ces trois dharanis.

^ En tibétain, ts'liogs-gnjis; par cette expression est désignée la comlunaison de la plus Inute per- fetlion dans la pratique des vertus et du plus haut degré de sagesse, fous deux attributs des Bouddhas ; mais l'homme peut atteindre à ce rang sublime en suivant le chemin révélé par Sàkyamouui et ses pré- décesseurs reconnus.

" Il délivre des péchés spécifiés.

Ann. g. - III. a

90 ANNALES DU MUSÉE GUIMET

dans l'orbo pour n'avoir pas respecté (au lieu de se souvenir avec reconnais- sance des bienfaits reçus) soit leurs parents, soit les saints Lamas de fonda- tion* qui ont ol)tenu la perfection par leur vertus.

« Tous les péchés commis par meurtre et les violations accumulées pendant les existences antérieures, les péchés de mensonge, d'envie, de méchanceté, provenant de l'esprit, tous ces péchés sont absous par cette doctrine su- blime.

« Sages très parfaits, soyez gracieux et cléments si je n'ai pas bien repro- duit les lettres de l'alphabet". Mi- rgan-sdo-gsal-rdo-rje a écrit ceci. Louée soit cette feuille alin qu'il gagne l'entière rémission de ses péchés. Ce sDig- bshags-gsor-gyis-spou gri a été achevé en deux jours. »

4 Eu tibétain rtsa-vai bla-ma; dans un précédent passage, ils étaient appelés bla-ma-dam-pa-brgjoud. Voyez ppge SG. Pour l'explicAtion de cette pbrase, voir page 37.

DEUXIÈME PARTIE

INSTITUTIONS LAMAIQUES ACTUELLES

DEUXIÈME PARTIE

INSTITUTIONS LAMAÏQUES ACTUELLES

CHAPITRE XII

CLERGE TIBETAIN

Matérinux contenus dans les récits des voyageurs européens. Lois fondamentales.

Système hiérarchique.— Organisation du clergé. Principes de sa constitution. Revenus.— Grades parmi les

Lamas, Nombre des Lamas. Leurs occupations. Leur régime. Leur habillement.

RÉCITS DES VOYAGEURS EOROPÉENS

Les Européens désignent sous le nom de lamaïsme cette forme particu- lière du bouddhisme qui se développa au Tibet avec les institutions de Tson- khapa et se répandit bientôt dans toute l'Asie centrale, elle prit de profondes racines. Nous ne connaissons que depuis peu cette forme très moderne du bouddliisme ; car il a toujours été très difficile de pénétrer dans le Tibet, tant à cause des obstacles que présente l'altitude générale du pays, que de la jalousie et de l'hostilité des naturels contre les étrangers. La suprématie, graduellement obtenue, par le gouvernement chinois, n'a fait qu'accroître cette difficulté ; tout récemment encore il a donné des preuves de ses dispo- sitions hostiles, au mépris des traités signés après la dernière guerre de Chinee

1 Ceci a rapport au cas «lu capitaine Smith, qui n'a pas olitenu do passeport, et du capitaine Blac- kistone,qui fut ûljli,:,'é île revenir sur ses pas peu de semaines après avoir quitté le littoral pour se rendre au Tibet en traversant la Cbine.

92 " ANNALES DU MUSEE GUI.MET

Les premiers Européens qui pénétrèrent dans le Tibet furent des mission- naires chrétiens. Eu 1624 un jésuite, le père Antonio de Andrada, arriva jusqu'à Ghabrang, capitale du Gouge, district de Gnary Kliorsoum, dont le Raja ou Gyalpo, était très favorablement disposé pour lui. Les premiers qui atteignirent Lhassa, centre de l'église lamaïque, furent les jésuites Albert Dorville et Johann Gruber, qui en 1631 revinrent de Chine en Europe parle Tibet et l'Hindostan. Ce furent ensuite les pères capucins Joseph de Asculi et Francisco Maria de Toun, qui, partis du Bengale en 1706, arrivèrent sains et saufs à Lhassa. En 1706 le jésuite Désidéri pénétra de nouveau jusqu'à Lhassa, par la route de l'ouest, par Kashmir et Ladalc. L'événement le plus important, au point de vue de la connaissance du boudhisme tibétain, fut la mission des pères capucins sous la direction d'Hoi-acio de la Penna, qui arriva à Lhassa en 1741, avec cinq missionnaires. Leurs efiforts pour propa- ger la religion chrétienne n'eurent guère de succès malgré le bon accueil des autorités tibétaines. Ils recueillirent des documents très importants sur la géographie et l'histoire du pays, la religion, les mœurs et les coutumes des habitants. Horacio de la Penna était enflammé d'un zèle ardent pour le christianisme ; il traduisit en tibétain un catéchisme catholique, la Doctrine chrétienne du cardinal Bellarmin, le Thesaurus doctrinse christians de Turbot, et composa un dictionnaire tibétain-italien. Les matériaux rapportés par cette mission, qui futforcée de quitter Lhassa peu d'années plus tard, furent étudiés par le père Antonio Georgi ; celui-ci, dans son curieux Alphabe- tum Tibetanum, Rome, 1762, entreprit de prouver par la philologie compa - parée, l'opinion émise par les missionnaires que le lamaïsme était une cor- ruption du christianisme.

En 1811 Manning essaya, selon Prinsep, d'aller en Chine en traversant le Tibet; mais il fut arrêté à Lhassa et, ne pouvant obtenir la permission d'aller plus avant, il dut revenir sur ses pas'. En 1845 deux missionnaires lazaristes, Hue et Gabet, arrivèrent de nouveau à Lhassa par la Mongolie;

' Ritler, Die Erdkunde von Asien, vol. II, pages 439-64. II. Prhisep, Tibet, Tarlary and Mon- golia, Loudres, 1852, page 17. On trouvera un recueil intéressant des idées de divers missionnaires sur ce sujet dans les notes de Marsden, Marcy Polo's travels, p. 24 t. Les p ipes av.iient espéré que la mission des capucins aurait une grande importance pour la propagation du christianisme dans ("Asie centrale, et l'avaient aidée de toutes les manières. Le pape Clement IX rendit un bref particulier pour

I.K ROUnDHISMK AU TIBET 93

mais après un court sùjuui', ils clureut aussi quitter la capitale et furent con- duits à Macao sous l'escorte d'un officier chinois.

Depuis le commencent de ce siècle plusieurs voyages ont été entrepris à Bhoutan, Sikkim et les districts occidentaux ([ui avoisinent les possessions anglaises. Les publications de Pallas, avec le détail des renseignements qu'il a obtenus dans la Mongolie russe, et celles de Klaproth (sa traduction de la description du Tibet par un officier chinois, aussi bien que les résultats de ses recherches pendant ses voyages dans la région du Caucase) sont particu- lièrement précieuses. Toutes ces relations traitent principalement du sys- tème hiérarchique, des règlements, de la constitution sociale du clergé et des établissements religieux; les études sur les cérémonies religieuses sont très rares. En outre des sources que je viens de citer et que j'ai mises à contribution dans les chapitres suivants pour définir la nature et le caractère du clergé tibétain et les institutions qui s'y rattachent, je me suis aussi servi des observations faites par mes frères pendant leurs voyages dans l'Himalaya oriental et dans le Tibet central et occidental de 1855 à 1857.

LOTS FONDAMENTALES

Il est très probable que, dans les premiers tt'inps du bouddhisme, tous ceux qui embrassaient cette religion, abandonnaient le monde et aidaient leur maître à propager sa foi autant qu'il était en Imir pouvoir. Ceux qui, après avoir entendu Sakyamouni expliquer ses doctrines, désiraient devenir boud- dhistes, devaient d'abord en faire la déclaration explicite ; alors le maître leur coupait la barbe et les cheveux, les revêtait de l'habit religieux et ils étaient, par cette cérémonie, reçus dans la communauté des fidèles. Plus tard, quand le nombre des bouddhistes se fut accru, le néophyte fut remis, pour être instruit, entre les mains d'un disciple plus ancien ; cette jjratique se généralisa après la mort de Sakyamouni. La distinction entre les frères laïques et les prêtres et le dogme important que seuls ces derniers peuvent atteindre

le Tibet, Ritter, /. c, p. 459, et même encore maintenant il y a toujours un vicaire apostolique nommé pour Lhassa. L'Annuafio Pontificio, Rome, ISGi, p. 243, désigne comme titulaire de cet oflice Mon- seigneur Giacomo Luone Tliomine Demazures, nommé le 27 mars IS'uJ; il est eu même temps èvêque in partibus infiddlium de Siuopolis en Cilicie.

94 ANNALES DU MUSEE GUIMET

Nirvana, parce qu'ils ont renoncé au monde, ne furent certainement admis qu'après la mort de Sâkyamouiii ; il avait lui-même cependant reconnu deux classes de disciples, les mendiants, les receveurs d'aumônes, qui ne doivent manger d'autre nourriture que celle qu'ils ont reçue sous certaines conditions (dont une est qu'elle ait été donnée comme aumône) et les maîtres de maison, les donneurs d'aumônes, qui gagnent par leur mérite; mais il donnait à ces deux classes les mêmes droits aux avantages promis à ses disciples. Déjà les premières écoles (la secte hinâyâna) excluaient les frères laïques de la perfection des Arhats et du Nirvana; le système mahâyâna les admet, mais les sectes actuelles du Tibet ont de nouveau élevé cette puissante barrière entre la laïcité et le clergé, refusant à la première la possibilité d'atteindre au rang de Bouddha ; les laïques peuvent arriver à Nirvana, mais ils ne peuvent devenir « une bénédiction pour le monde*. » Les ascètes sont appelés dans les livres sacrés Bliikshous, Sramanas, Sravakas, Archats, et les disciples laïques, les dévots, Oupasakas (en tibétain Genyen) ; dans les Mahâyâna Soutras, ces derniers sont appelés « Bodhisattvas qui habitent dans leurs maisons », les premiers « Bodhisattvas qui ont renoncé au monde » .

On représente généralement les premiers disciples de Sâkyamouni errants avec leur royal maître, ou retirés dans les bois et les forêts qui environnent les établissements, pour obéir à ses fréquentes exhortations de mener une vie solitaire; d'autres habitent des maisons isolées et inconnues qu'ils ne quittent qu'à certaines époques pour se réunir autour du maître et entendre sa parole. De grandes assemblées, qui sans doute remontent au temps de Sâkyamouni lui-même, avaient lieu régulièrement après la saison pluvieuse ; pendant les pluies Sâkyamouni, avec ses principaux disciples et les ermites, s'abritaient dans la demeure de personnes de bonne volonté et se livraient à la méditation sur les points de doctrine qu'ils n'avaient pas encore clairement compris ; ils employaient aussi une partie de leur temps à l'instruction de leurs hôtes. Dans les assemblées dont nous venons de parler, les Bhikshous rapportaient leurs succès à gagner des néophytes, discutaient différents dogmes et deman- daient la solution des doutes qui pouvaient les avoir troublés.

< Voyez p. 19, 26 et 66, Comp, aussi Hodgson Illustrations, p. 98. Hardy, Eastern Monachism, page 12.

LE BOUDDHISMK AU TIBET 95

D'abord ces assemblées se tinrent vn pli'iu air ; les ^'ihal•as, dans raccep- tiun do monastères oiï ces cérémonies auraient pu avoir lieu, ne furent construits que beaucoup plus tard. Le mot Viliara, d'après son étjmologie, indique un li'Udi'i les bouddhistes s'assemblaient et c'est dans ce sens que cette expression est usitée dans les Soùtras, ou livres considérés comme contenant les paroles de Sâkyamouni,qui commencent toujours ainsi : « Quand il arrivait que Sâkyamouni se ti'ouvait (viharati-sma) en un lieu » ; mais plus tard ce nom fut a[)pliqué aux édifices les prêtres se réunissaient et les étrangers et les ascètes (qui allaient quêtant les aumônes) trouvaient un asile. La signification de ce mot fut encore plus restreinte et par la suite il ne fut plus appliqué qu'aux monastères seulement, ou aux édifices religieux dans lesquels ceux (pii ont une fois pénétré sont obligés de demeurer toute leur vie. Il est impossible de déterminer exactement les diverses époques pendant lesquelles les Vibaras devinrent des maisons de réunion et plus tard des monastères. Dans les livres Hinâyâna sur la discipline ces édifices ne sont cités que comme complément au chapitre des résidences et ils ne furent probablement contruits qu'après les temples, dont les premiers, dit-on, furent édifiés au troisième siècle avant Jésus- Christ. Les violentes attaques des Brahmes ont du bientôt convaincre le clergé bouddhiste des avantages de l'association ; alors furent établies des règles pour la vie en commun et la subordination, et ainsi fut fait le pi'emior pas des institutions monastiques qui furent cependant, dans l'Inde, même dans leur perfection finale, extrême- ment diflerentes de celles du monachisme tibétain actuel. Dans les premiers temps chaque Vihara avait son administration propre, son chef particulier, et était indépendant de tous les autres; il en était encore ainsi au septième siècle, quand Hiouen-Thsang habita l'Inde ; jamais on ne connut dans l'Inde la hiérarchie si parftiitement organisée que nous trouvons aujourd'hui au Tibet ^

' Voyez Burnouf, Introductiou, pages 132 et suiv., ;i79 et suiv, 286. Plardy, Eastern monachism, cliap. III, iv, XIII ; Wassiljew, Der Duddliismus, pages 45,,96. Comparez aussi Barthélémy Saint-Hilaire, ?t' Bouddha et sa religion, p. 299. Wilson, Buddha and Buddhism, p. 251.

Les principaux temples souterrains furent proliablement construils clans la période comprise entre le commencement de l'ère chrétienne et le cinquième siècle. Il est à peine hesoin de dire que les livres qui affirment que Sâkyamouni lui-même avait compris la nécessité d'étahlir des prêtres supérieurs sont falsifiés.

96 ANNALES DU MDSÉE GUIMET

SYSTEME H IKRARCH IQtE

La première organisation du clergé tibétain date du roi Thisrong de Tsan (728-786 av. J.-G.) de qui le Bodhimor dit : « Il donna au clergé une solide conslitution et le divisa eu classes » * ; mais le développement du système hiérarchique actuel, qui était indépendant de ces anciennes institu- tions, commence au quinzième siècle. En 1417, le fameux Lama Tsonkhapa fonde le monastère de Galdan à Lhassa, et en devient le supérieur; la grande autorité et la réputation dont il a joui se sont reportées sur ses successeurs au siège abbatial de ce monastère, qui tous, jusqu'à présent, ont eu une répu- tation de sainteté particulière. Bientôt l'influence ces abbés fut dépassée par celle du Dalaï Lama de Lhassa ^ (actuellement le plus eminent du clergé tibétain), et du Panchen Rinpoche de Tashilhounpo ^, qui tous deux sont con- sidérés comme d'origine divine, et par conséquent plus près des dieux que des simples mortels. Cette origine prétendue divine leur donne un caractère totalement différent de celui du pape de l'Eglise cathohque romaine ; mais, d'un autre côté, aucun d'eux n'a une suprématie reconnue aussi étendue que celle du pape de Rome.

Le Dalaï Lama est considéré comme une incarnation du Dhyani Bodhi - sattva Ghenresi, qui se réincorpore par un rayon de lumière émanant de son corps et pénétrant l'individu qu'il a choisi pour sa nouvelle existence ''. Le Panchen Rinpoche est considéré comme une incarnation du père céleste de Ghenresi, Araitabha ^. Une histoire rapporte que Tsonkhapa lui-même avait ordonné à ses deux principaux disciples de prendre la forme humaine, dans

1 Voyez Schmidt, Ssanang Ssetseu, p. 356; Comparez p. 43.

2 Dalaï Lama est le titre que lui donnent les Mongols. Dalaï est un mot mongol qui signifie océan. Lama, ou plus correctement blâma, est le terme tibélain pour supérieur. .Schott, Ueber den Bud- dhaismus in hoch Asien, p. 32. Les Européens ont connu ce terme par les ouvrages de Georgi, Pallas et Klaproth.

3 Tashilhounpo, ou en reproduction exacte Bklira-shis-lhoun-po, est la cité voisine des principaux éta. blissements ecclésiastiques, environ à un mille au sudes^. de Uigarchi ; le (endroit) à quatre maisons en tibétain bzhi-ka-rtse, en Névarikha-chhen, capitale ce la province de Tsang, du Tibet chinois, voyez la carte de Turner, Êmtossj/ ; Hooker; Himalayan Journals, vol.11, pp. liij, 171; Hodgson, Aborii^enesoftheNilgiris. Journal As. Soc. lien/., vol. XXV, p. 504.

J Description du Tibet, Nouveau Journ. Asiatique, 1830, p. 239 ; comparez page 56. 5 Voyez le dogme des Dhyani bouddhas et boddhisattvas, page 3i.

LE nOUDDIIISME AU TIRET 97

une suito iniiitcri'oiupue do ri'iiaissanccs, pouf veiller à la pnipagatiou du la ivligioii bouddhique et à la conservation de sa pmvté ' ; d'après cela ce serait Tsonkhaiia lui-mrni>" qui aurait créé ces doux suprêmes dignités clé- ricales. Mais nous apprenons, par les tables chronologiques de Gsoma, que Gedoun Groub (né en 1389 av. J.-C. mort en iAlo) fut le premier qui prit le titre de Gyelva Rinpoche, « Sa Précieuse Majesté », qui ne s'applique qu'au seul Dalaï Lama ; Gedoun Groub serait donc le premier Dalaï Lama et non le Dharma Rinclien, le successeur de Tsonkhapa dans la chaire du monastère de Gdldan. En 1445, il construisit aussi le grand monastère de Tashilhounpo, dont les abbés prirent le nom de Panchen Rinjtoche, « le grand Joyau maî- tre » et revendiquèrent avec succès la nature divine et le pouvoir temporel qui, jusqu'alors, n'étaient l'apanage que du seul Dalaï Lama. Le Panchen Rinpoche partage l'autorité et la souveraineté du Dalaï Lama; mais dans. les aifaires ecclésiastiques, même sur son propre territoire, sa parole est moins divine, sa force moins grande que celle du Dalaï Lama.

Le cinquième Gyelva Rinpoche, Ngavang Lobzang Gyamtso, homme très ambitieux, envoya une ambassade aux Mongols Koshots, établis dans les environs du lac Koukounor, pour demander leur aide contre L' roi du Tibet, qui résidait alors à Digarchi, avec lequel il était en guerre. Les Mongols s'emparèrent du Tibi't et en firent présent, dit-on, à Ngavang Lobzang. Cet événement arriva, en IGiO, et c'est de ce moment que date l'extension dn 2}ouvoh' teynporel des Dalaï Lamas sur tout le Tibet ~.

Les Dalaï Lamas sont élus par le clergé, et jusqu'en 1792 ces élections se sont fliites en dehors de rinlluence du gouvernement chinois; mais depuis lors la cour de Pékin, pour qui le Dalaï Lama est un personnage très ira- portant au point de vue politique aussi bien que religieux, a pris soin de ne laisser élire à cette haute dignité que les fils de personnages bien connus pour leur loyauté et leur fidélité ■'.

' Arbeilen der Russischa Mission in Pelting, vol. I, p. 316.

2 Csoma, Grammaire, pages l'.>2, 198; Ritter, Asien, vol. Ill, pp. 274-28-5: Koppen, i^iV Beligion (tes liuddhas, vol. II, p. 129-152. Cunniiigliaiii, Lndak, p. 389, a compris le récit de Csoma comme si le pfCOTiVr Dalaï Lama eût été étal.li en liJ40; mais Csoma ne parle positivement que de l'union du gou- vernement temporel et de la souveraineté ecclésiastique.

3 Voyez, pour les details, Hue, Souvenirs, vol. I, p. 292; Kôppen, loc. cit., p. 247.

Ann. g. - III 13

'98 ANNALES DU MUSICE GDIMET

Après ces sublimes Lamas, les premiers en dignité sont les supérieurs de plusieurs grands monastères; quelques-uns d'entre eux sont regardés comme des incarnations, d'autres comme de simples mortels ; dans les deux cas les Lamas de ce si haut rang sont appelés Khampos ^ Mes frères ont vu des Kliam- pos dans les monastères de Lama Yourou à Ladak et de Thôling à Gnary khorsoum. Ils étaient natifs de Lhassa et avaient été nommés par le gouver- nement du DalaïLama pour des périodes de trois à six ans, au bout desquel- les ils devaient retourner à Lhassa. Les abbés des petits monastères sont nom- més à vie par les moines; mais leur élection doit être soumise à l'approbation du Dalaï Lama, qui la sanctionne ou la rejette.

Les Boudzads, surintendants des chœurs de chant et de musique pendant le service divin, sont encore des persoiuiages supérieurs aux simples moines, ainsi que les Gebkoi qui sont chargés de maintenir la discipline et l'ordre. Ces dignitaires sont aussi élus jiar les moines et constituent avec l'abbé le conseil qui règle les afiaires du monastère. D'autres dignités, que l'on trouve quelquefois dans de grands monastères, sont de simples postes d'honneur et ne donnent aucune influence directe dans l'administration^.

Le titre de Lama, qui s'écrit eu tibétain blâma, ne doit se donner qu'aux prêtres supérieurs seulement ; lïiais comme le mot ai'abe Sheikh et d'autres titres d'honneur ou de rang dans les langues d'Europe, le mot de Lama a fini par être regardé comme uu titre que l'on doit donner par courtoisie à tous les prêtres bouddhistes ^.

Les astrologues, les Tsikhan (quelquefois appelés Kartsippa ou Chakhan, « diseur de fortune », Ngagpa, a expert dans les charmes »), forment une classe particulière de Lamas ; il leur est permis de se marier et de porter un costume particulièrement fantastique. Ces gens sont des disem's de bonne aven- ture de profession, ofûciellemeut autorisés à conjurer et exorciser les mauvais

' A Bhoutan, les Khampos incarnés ont profité de circonstances politiques pour s'affranchir des Dalaï Lamas. Les rapports entre le souverain du Bhoutan, le Dharma Riui)oclie (que les Indiens appellent Uhanua-Raja) et Lhassa, semblent être relâches, et les ahbés des monastères des vallées du Sud ont ainsi établi des principautés presque indépendantes du Dharma Rinpoche. Ces Lamas, appelés Lamas Rajas par les compagnons d"Hermann, sont très jaloux de leur pouvoir, et firent tous leurs elTorls pour empêcher Hermann d'entrer sur le territoire de Bhoutan tn détournant ses domestiques.

- Comparez Pailas, Mongol-Vôlkei; vol. II, p. 117-137; Hue, Sotivettiys, p. 297.

3 Voyez HarJy, Eastern Monachism, p. 11. Gérard, Koonawur, p. 119, dit qu'il a entendu appeler Gelong ou Gourou les supérieiu-s des monastères.

LE BOUDDHISME AU TIBET 99

esprits au nom et au profit du cler;A'o. Los tours vulgaires «juiuic voiuir des Uauimes ou avaler des couteaux, etc., ne sont pas pratiqués en public et ne seraient pas permis, quoique, dans d'autres cas, ces exorcistes aient li' droit de sejouer tant qu'ils veulent delà crédulité de la foule ignorante et d'en tirer tout le prnfit qu'ils peuvent. Les instruments qu'ils emploient In plus fréquem- ment pour leurs charmes sont : une tlèche et un triangle sur lequel sont ins- crites de prétendues sentences talismaniqucs ^ Parmi ces asti'ologues, les Lamas nommés Glioichong, qui, dit-on, sont tous instruits dans le monastère do Garmalvhya à Lhassa, jouissent delà plus grande réputation; cola tient à ce que le dieu Glioichong ou Ghoichong Gyalpo, s'incorpore, chaque fois qu'il descend sur la terre, dans un des Lamas qui appartiennent à ce monas- tère. Son retour se manifeste par la fréquence d'actes miraculeux accomplis par un Lama, qui est alors considéré comme l'instrument favori choisi par le roi Ghoichong. Il devient bientôt l'objet d'une vénération universelle, qui est des plus lucratives pour le monastère , car de toutes les parties do la Haute Asie des bouddhistes arrivent en pèlerinage à Lhassa pour recevoir sa bénédiction, et s'estiment très heureux si les présents considérables qu'ils apportent en échange sont acceptés par le représentant de Glioichong. Los astrologues choichongs sont rares dans les monastères eu dehors du Tibet ; et bien qu'on trouve dans beaucoup de monastères du Tibet occidental et de l'Himalaya des images du roi Ghoichong, mes frères n'ont jamais vu un Lama choichong^.

Le dieu Ghoichong n'est qu'un des « cinq grands rois » en tibétain Kounga- Gyalpo. Ges cinq personnages mythologiques protègent l'homme très effi- cacement contre les mauvais esprits et lui donnent le pouvoir de réaliser tous ses souhaits. Ils se nomment : Bihar-Gyalpo ; Ghoichong-Gyalpo, Dalha- Gyalpo, Louvang-Gyalpo, Tokchoi- Gyalpo. Je sais positivement que Bihar s'est déclaré le protecteur des monastères et établissements

Voyez chap, xt des détails sur certaines cérémonies ces objets sont employés.

2 Voyez Description du Tibet, Xouv. Journal As., vol. IV, pages 240, 293. Les sacrifices les plus agréables à ces rois et les conditions dans lesquelles ils doivent être offerts, sont détaillés dans le livre tibétain intitulé : Ku nga gyalpoi hang sito, confesser aux cinq grands rois. Le livre Prulku choi- chong chanpoi Kang shag, confesser à l'incarnation du grand Ghoichong, traite avec détails de Choi- choDg.

100 ANNALES DD MUSEE GUIMET

l'cligieux. Dallia est le dieu tutélaire des guerriers. Les images des cinq grands rois se rencontrent généralement dans les temples et les oratoires particuliers des laïques; les boîtes à amulettes contiennent aussi assez souvent ces représentations. On les voit aussi dans une image des trente-cinq Bnuddhas de Confession (voyez page 61), ils sont représentés montés sur des animaux fantastiques. Bihar a un tigre rouge ; Ghoichong un lion jaune; Daliia un cheval jaune (Kyang) ; Louvang, le dieu des Nagas (voyez page 21) un crocodile bleu; Tokchoi un daim jaune. Dans d'autres peintures, l'un de ces dieux est le sujet principal, et il est dessiné en plus grande dimension que les figures environnantes. Une de ces peintures, achetée par Adolphe à Mangnang, Gnary-khorsoura, repi'ésentc Ghoichong excessivement gros, avec trois têtes, monté sur un lion blanc à crinière bleue; la figure est entourée de flammes. Ses tètes latérales sont bleu et cramoisi, celle du milieu est comme le corps couleur de chair, son large chapeau et ses nombreux bras (symboles de son activité) sont dorés ; son vêtement est une peau de tigre, dont les pattes sont nouées autour de son cou. Dans le haut du tableau sont dessinés quelques animaux domestiques, en allusion au grand mérite que l'on obtient en lui consacrant un animal ; celui-ci ne peut alors plus être tué pour les usages domestiques, mais doit être donné, au bout de quelque temps, aux Lamas qui peuvent le manger. Au-dessous de lui sont représentés trois autres défenseurs de l'homme contre les esprits malfaisants, ce sont : Darachan dordje legpa, mmité sur un chameau ; Tsangpa, en sans- crit, Brahma (voyez page 72) sur un bélier ; Ghobou damchan sur un bouc.

ORGANISATION DU CLERGÉ

Principes de sa constitution . Do clairs et peu nombreux qu'ils étaient, les préceptes que doivent observer les Lamas sont arrivés aujourd'hui à former un copieux code de lois, qui contient deux cent cinquante règleS; en tibétain Khrims; elles sont énumérées dans la Doulva ou première division du Kand- jour et ont été expliquées dans les oeuvres bien connues de Hardy et de Bur - neuf*. Parmi cette masse de préceptes, j'appelle particulièrement l'attention

' Hardy, Eastern Monachism, Londres, 1850. Burnouf, pages 324-333. latroductiou. Comparez Csoma, Analysis dans As. R., vol. XX, page 78.

Annales du Musée Guimet

1. 111. IM.Wl.

Imp A. Roux, Lyon.

CHOICHONO GYM.PO,DiEU DE L'ASTROLOGIK F.T PROTFXTF.UR DES 110M51RS COMBl- IJ.S DÉMONS.

Annales du Muséf Guimet

T. Ill . IM.WII,

Imp A. Roux, Lyon.

r.iiiAi; cYAi.ro, patron I)i:s monastkrfs F.TDr.sTiAii'i.r.s.

l.K BOUDDHISME AU TIBET 101

du lecteur sur ceux de célibat et de pauvreté (que Tsonkhapa remit en vigueur) à cause de leur i^rando iufliieace sur le développement du caractère actuel du clergé tibétain.

La violation de la règle de célibat ou môinc le commerce sexuel est sévè reuii'ut puni : ni^'aiiinoinsce cas se présente assez fréquemment, surtuut parmi les Lamas qui ne vivent pas dans li^s monastères. Nous connaissons en outre deux cas où, par considération d'intérêt public, le Dalaï Lama a accordé des dispenses pour mariage à des lamas de sang royal. Un de ces cas est rap- porté par le docteur Campbell, qui raconte qu'un prince de Sikkim a obtenu cette permission : un autre fait analogue est donné par Moorcroft, au sujet d'un Raja de Ladak'. Le vœu de pauvreté est une des institutions qui attei- gnent sérieusement la prospérité publique au Tibet, parce que les moines, si nombreux dans tous les pays bouddhiques, doivent vivre des contributions prélevées sur la population laïque. Le simple Lama qui a renoncé au monde ne doit rien posséder en dehors de ce que permet le code ch discipline, et pourtant les couvents de Lamas peuvent posséder des propriétés foncières, des maisons, des trésors, et leurs membres peuvent jouir de l'abondance de leurs riches magasins.

Les revenus [jroviennent de la récolte des aumônes, des dons volontaires, des rémunérations données pour la célébration des rites sacrés, des rentes des biens, et inôme d'entreprises commerciales.

Les aumônes se perçoivent plus particulièrement au temps de la moisson ; beaucoup de Lamas sont alors envoyés dans les villages pour mendier du grain. Pendant qu'Hermann était à Himis (septembre 1856), plus de la moitié des lamas étaient en tournée ch quête. Les dons volontaires les plus considérables sont ceux que l'on offre à un Lama incarné ou que l'on donne aux fêtes annuelles ^. La plupart des petits dons sont recueillis par les mo- nastères situés le long des principales passes des montagnes ; car il est d'usage que chaque voyageur récite quelques prières dans les temijles

' Journiil As., Soc. Beng., vol. XVIII, p. 494. T'oya^es, vol. I, p. 3:34. Il y adaiis le Tibet chinois une secte que lo P. Hiliivion appelle Sa zsya ; elle permet aux prêtres Je se marier et de procréer uu fils, après quoi ils abaudonnent leurs femmes et se retirent dans monastère, Arb. der lluss. Mission, yo\. I, p. 314.

- Voyez Turner, Kni.aisj, p. 24').

102 ANNALES DU MUSEE GUIMET

qu'il rencontre et laisse un petit présent. Les rémunérations pour assister aux naissances, mariages, maladies, morts, etc., sont généralement fixées par lo prêtre officiant selon la fortune de ceux qui réclament son assistance. Elles consistent ordinairement en produits naturels, qui semblent être donnés d'avance ^ La propriété territoriale qui est quelquefois considérable est cultivée par les gens qui dépendent du couvent, ou bien louée à grand prix, La fabrication et la vente d'images, charmes, etc., est encore une source de revenus considérables pour chaque monastère; beaucoup de voyageurs signalent le commerce qu'ils font sur les laines et, dans le Tibet oriental, sur le musc-.

Grades parmi les Lamas. Au Tibet le clergé, outre qu'il vit aux dé- pens du public, est aussi, dans la plupart des districts, affranchi des taxes et contributions pour les travaux publics ; c'est à cause de ces avantages et de bien d'autres encore, que la dignité de Lama est partout si recher- chée^. Dans le Tibet oriental et occidental on a coutume de faire Lama le fils aîné de chaque famille, et les règlements restrictifs, tels que ceux des anciens livres religieux, paraissent avoir perdu leur force, car tous les voya- geurs rapportent que tout le monde peut devenir membre des ordres reli- gieux; la seule restriction que je connaisse, c'est qu'à Bhoutan le père qui veut que son fils soit reçu comme n(3vice doit en demander la permission au Deba et au Dharma Raja, et payer un droit de 100 roupies Deba*. Quand quelqu'un déclare son désir d'entrer dans le clergé ou de faire de son fils un Lama, on examine les talents du novice. La plupart du temps ce sont des enfants, et si on les trouve assez intelligents, on leur permet de prendre les vœux (tibétain dom), c'est-à-dire d'observer les devoirs religieux inhérents à la prêtrise ; ils deviennent alors « candidats pour les ordres » , Genyen (équivalent du sanscrit Oupasalia) ^. Les Lamas chargés de l'instruction des

' Comme exemple de cette coutume, je cite, chapitre iv, n°9, les cérémonies pour éloigner les dé- mons de la sépulture. Voyez aussi Hue, Souvenirs, vol. II, p. 121.

2 Voyez Turner, l. c, pp. 200-312 Moorcroft, Travels, vol. II, p. 61 ; Mansasaur-Lak, As., Res., vol. XII, p. 432.

3 A Ladak, cependant, les monastères sont taxes à des sommes considérables par le gouvernement de Kashmir; Cunningham, Ladak, p. 273.

•' P.'m'ierton, Repii-t, p. US. Burnouf, Introduction, p. 277; Turner, Embassy, p. 170, Moorcroft, Trarels, vol. I, p. 321. 5 Voyez p. 94.

LE BOUDDHISMK Ai; TIBET 103

iiDvices lie traitont pas toujcjurs biru li'urs clovci^, car plusieurs voyagi'urs ont téuioiyiié de leur dureté et même do leur cruauté dans les puuitious ^ Lo grade au-dessus deS Genyen est celui de Getsoul, li,' prétri' urduiiiic s'appelle '( Gelong » ; les grades sont conférés par un conseil, devant lequel le candidat doit [iruuver, par une dissertation publi([ue, son expérience dans les sciences qu'on lui a enseignées.

Les femmes peuvent aussi embrasser la vie monastique, et on peut lire l'his- toire de mendiantes, les Bhikshounis, qui dès les premiers temps du bouddhis- me, se vouèrent à la vie religieuse avec la permission du fondateur. Les nonnes sont appelées eu tibétain Gelong-ma ; elles ne doivent pas être nombreuses dans le Tibet occidental et dans l'Himalaya, car mes frères n'eu ont jamais vu beaucoup ".

Le clergé est monastique ; presque tous les prêtres résident dans les monastères; d'autres ont la permission de vivre comme prêtres dans les villages, [lour la commodité de la population, qui i"éclame si fréquemment leur assistance. Les ermites sont très nombreux; ils habitent les hautes vallées et vivent de la charité des passants. Ils se distinguent en laissant croître leurs cheveux et leur barbe ; et cotte coutume est si générale qu'un représente toujours le type d'un ermite sous les traits d'un homme avec de longs cheveux et une longue barbe inculte. Chacun d'eux choisit un rite par- ticulier et s'imagine qu'il tire de sa fréquente pratique une assistance sur- naturelle. Un rite souvent choisi, bien que je ne puisse dire pourquoi, est celui de Ghod, u couper ou détruire » Les Lamas gardent le plus profond se- cret sur sa signiflcation. Selon la croyance générale, les reclus sont exposé? aux attaques répétées des mauvais esprits, ennemis de la méditation assidua et apphquée; le moyen le plus efticace de les tenir à distance est de battre du tambour ^.

1 Voyez D' Hooker, Himalayan Journals, vol. II, p. 93. Hue, Souvenirs^ vol. I, p. 299.

2 Burnouf, Introduction, p. 278. Hardy, Eastern Monachism, p. 40. Gérard, Kanaiour, p. 120, a entendu dire que ce soufc seulement les femmes les plus laides qui, n'ayant guère chance de trouver des maris, se retirent au couvent.

3 Voyez Moorcroft, Mansasaiir, As. Res.., vol. XII, pages 458-465. Leur vie de retraite est désignée par le nom de rikkiodpa, qui signide « qui vit sur ou dans les collines », et aussi « ermite ». Hiction- naire de Csoma et de Schmidt. Dans les peintures qui représentent un ermite, il a souvent un tambour daus une main et dans l'autre généralement une corde, symbole de la sagesse que la divinité lui accorde eu récompense de sa force d'esprit et de sa persévérance. Au sujet de l'encouragement donné par le

104 ANNALES DU MUSEE GUIMET

A certains jours ces Lamas isolés, les prêtres de villages aussi bien que les anachorètes, doivent revenir au monastère auquel ils appartiennent; ils sont punis s'ils manquent à se présenter pour subir cette sorte de contrôle.

Dans chaque monastère est une liste de tous les moines qui font partie de la couununauté cléricale ^

NOMBRE D E ii LAMAS

Voici les quelques données que je peux produire sur le nombre des Lamas :

Tibet oriental. Le docteur Campbell nous fournit une liste de douze principaux couvents à Lhassa et dans son voisinage, habités par 18,500 La mas-. Tout surprenant que soit ce nombre, il est loin de représenter la to- talilt' des prêtres épars dans le pays.

Tibet occidental. Cunningham évalue la population laïque de Ladak à 158.000 àraes, les Lamas à 12, 000, ce qui donne un prêtre pour treize laïques. A Spiti, en 1845, le major Hay estimait la population civile à l,4l4 habitants, et 193 Lamas, soit environ un pour sept laïques^.

Je ne puis donner aucun chiiire pour les contrées bouddhiques do l'Himalaj'a oriental, mais seulement quelques renseignements généraux. A Bhoutan, la proportion du nombre des Lamas à la population civile est considérable. A Tassisoudon (bkra-shis -chhos-grong, la citésainte de la doctrine) ils sont 1,500 à 2,000 dans le seul palais du Dharma Raja, et leur multitude est une des principales causes de la pauvreté de habitants. Pemberton dit (jue les dé- penses pour l'entretien de cette caste privilégiée ont été à plusieurs reprises

bouddhisme, dans ses débuts, à la vie d'aiiaclioi'ète, je ferai remarquer (voir aussi page 7 et 94) que Sàkyamonni, ainsi que tous les fondateurs et protecteurs des divers systèmes de bouddhisme, out vive- ment recommandé l'énergie dans la pratique de )a méditation comme le moyen le plus efùcace de s'af- franchir de l'existence ; et qu'il recommandaient, pour ces exercices religieus, le choix de lieux écartés, ne devaut guère être visités par ceux qui cherchent les plaisirs du monde. Sàkyamouni en donna lui- même l'exemple eu se retirant dans des lieux écartés avant d'avoir obtenu la dig.iité de Bouidha ; et non seulement il fut imité par ses premiers disciples, mais ce principe est encore pratiqué par les Tibé- tains modernes.

' Comparez Moorcroft, Travels, vol. 1, p. ;i39; Pemberton, Report, p. 117; lluc, Souvenirs, vol. I, p. 203 ; Schmidt, daus les Mémoire de VAcadémie de Saint-Pétersbourg, vul. I, p. 257.

'^ Notes on eastern Tibet. >. dans le Journal .is.. Soc. lieng., 1S55, p. 219.

'■> Cunningham, Ladak^ p. 287. Report on the valley of Spiti, dans le Journal As., Soc. Beng.^ vol. XIX, p. 437.

LE nOUDDlIISMK AU ÏIIÎET 105

le sujet de chaudes discussions*. A Sikkira aussi les monastères et les Lamas sont, d'après Hooker, très nombreux et très influents^.

J'ajoute, connue comparaison, quelques données sur les contrées qui ne font pas partie de l'Asie centrale. Chez l(^s Kalmouks, il y avait, lorsqui> Pallas visita leur pays au siècle dernier, un Lama pour environ 150 à 200 tentes ^.

Dans les alentours de Pékin on compte environ 80,000 moines bouddhistes*.

Gej'lan possède envii-on 2,500 prêtres, soit sur une population totale d(! deux millions d'âmes, un pour 800.

A Bernia on comple un prêtre sur 30 habitants".

OCCUPATIONS

Les moines, malgré les devoirs religieux qu'ils ont à remplir, auraient tout le temps nécessaire pour cultiver de vastes étendues de terres ; mais leur seul tra^•ail de culture consiste à tenir en excellent état les jardins qui entourent les monastères, et dont ils tirent abondamment ce qui est néces- saire à leur subsistance et à leur bien-être; dans ces jardins se trouvent aussi des arbres fruitiers, surtout des abricotiers, que très souvent on ne rencontrerait en aucun autre lieu à des milles à la ronde. En général les Lamas sont gens paresseux, peu disposés à un effort soit corporel soit mental ; presque tous passent la plus grande partie du jour à tom'ner des cylindres à prières, ou à compter les grains de leurs rosaires ; parfois cependant on en Vdit de très habiles à graver des blocs de bois et à faire des images de dieux Soit pfintes soit sculptées. Les plus habiles sont généralement, ce qu'on a dit à mes frères, appelés à Lhassa".

Tous les Lamas savent lire et écrire, et pourtant ces talents ne sont pas

' Turner, Embassy, \). 83. Pemberton, Report, |p. 117.

2 Himalayan Journal, vol. I, page 313.

■' Pallas, Reiseii, vol. I, p. 557 (édition française).

* Waissiljew, Di;r Buddhismns, p. 18.

5 Les chiffres pour C.eylan et Berma sont empruiilés à Hanly, Eastern Monachism, p- 309. Conip. page 10, poui- le recensement de Ceylan.

•> Comparez Turner, Embassy, p. 316. L'activité des Lamas de Ladak dans la culture de leurs terres, citée par Moorcroft, l'ravcls, vol. I, p. 310, est maintenant restreinte à leurs jardins.

Ann. g. m. li

106 ANNALES DU MUSICE GUIMET

clii.'z eux une occupation en fuvcur ; on [)e\xt su l'aire une idée de la lenteur de leur manière d'éciire, par ce fait que le Lama qui a copié le document l'elatif à Himis (voyez chap, xiii) a employé six heures à ce travail. Les voyageurs ont souvent déploré l'ignorance des Lamas ; on a demandé à beaucoup d'entre eux une explication de la prière à six syllabes, Otn mani paditie houm, dont l'influence magique sur la prospérité des hommes est traitée dans tant de livres religieux, et ce ne fat qu'après des questions répétées qu'on put enfin obtenir une réponse satisfaisante. Schmidt fut très surpris des réponses des bouddhistes népalais à Hodgson. « Un Lama tibétain ou mongol, disait- il, n'aurait pas si bien répondu à cette question. » Gsoma et Hue ont remar- qué que les Lamas sont peu versés dans leur littérature sacrée ; Hue dit qu'ils excusent leur ignorance en arguant de la profondeur de leur religion, et plus loin : « Un Lama qui sait le tibétain et le mongol est un sage, un savant; s'il a aussi une légère teinte de littérature chinoise et mandchoue, on le con- sidère comme un phénomène * » . Mes frères furent souvent embarrassés par les réponses confuses faites par les Lamas à des questions sur les phénomènes naturels, ou sur leur religion, ou leur histoire. Les Lamas préféraient tou- jours causer de théologie mystique, et il était relativement facile d'obtenir d'eux dos explications sur les propriétés magiques de certains charmes.

Les Lamas suivent le régime en usage dans le pays^. Il peuvent manger tout ce qui leur est offert comme aumône, mais il ne leur est pas permis de boire des liqueurs enivrantes ; on en })rend cependant, sous le prétexte que ce sont des « médecines » ^.

La nourriture animale n'est pas défendue (d'après les légendes singalaises,

1 Mémoire de l'Académie de Saint-Pétersbourg, vol. I,p. 93 ; Csoma, Journal As., Soc. Benr/., vol. VU, p. 14 ; Duc, Sonveiiirs, vol. I, p. 5'j et 209. Comparez aussi Turner, Emhassij, p. 316.

2 Sur la nourriture des Tibétains en général, voyez Turner, Embassy, pages 24 h i43; Pembertcm, /îejiocf, p. 156. Moorcroft, Trareis, vol. I, pp. 182 à 332 ; vol. II, p. 77; Mansasanr, As. Res.,\o\.\\\, page 394 à 4SG; Hue, Souvenirs, vol. Il, p. 25S ; Cunningham, Ladak, p. 305.

3 Wassiljew, Dcr Buddliismus, p. 94 ; Moorcroft, Travels, vol. II, p. 12, raconte qu'il a vu, à Lama- Vourou, les Lamas boire leur liqueur nationale Cliong pendant leur service religieux. Les Lamas de Sik- Ixitu prennent aussi en grande quantité la boisson fermentée des Lepchas faite avec du millet.

LE BOUnDinSME AO TIBET 107

Sûkyaiiiouiii lui-inèmc est mni \n,\\v avoir mangé du porc)'; mais c'est un obstacle à la perfection, car l'homine doit considérer tous les êtres animés comme des frères et des parents et m pas les tuer: il y a mèin^ un proverbe (lui dit : « Manger de la chair, c'est manger ses parents » -. Les laïques man- "•ent tl' toute espèce de chair; suivant lunii frère Robert, ils s'abstiennent de poisson, du moins à Spiti, quoiqu'ils ne puissent donner aucune raison à cette abstinence. Un grand nombre de règlements ont été institués pour em- pêcher les moines de se livrer sans retenue à leur appétit pour la chair ; à certains jours aucune nourriture animale n'est permise ; les prêtres doivent aussi s'en abstenir chaque fois qu'ils se confessent, ainsi qu'à certaines épo- ques où s'accomplissent des cérémonies religieuses très sacrées.

La principale nourriture consiste en riz, froment ou orge, farhie, lait et thé. Le riz est bouilli ou rôti ; la farine se mélange avec du lait et du thé, ou se pétrit en gâteaux sans levain et s'assaisonne avec du sel. Ces gâteaux ont le goiit des pains azymes des juifs. Le thé se fait de deux manières, d'a- bord en infusion avec de l'eau chaude comme en Europe, et cette préparation est appelée Ghachosh, « eau de thé » ^ ; secondement d'une façon très sin- gulière que je décris en détail d'après une recette que mes frères se sont procurée à Leh :

Le thé (pain de tlié cassé '') est mélangé avec environ la moitié de son volume de soude, en tibétain Phouli. La mixture est jetée dans une mar- mite remplie de la quantité nécessaire d'eau froide; la proportion varie comme dans notre manière de faire le thé. Quand l'eau est près de bouillir on remue le mélange de feuilles de thé et de soude, en continuant pendant cinq ou six miiuit-^s après l'ébuUition de l'eau. On retire alors la marmite du feu et on filtre le thé à travers un linge dans un cylindre rond en bois, de trois à quatre pouces de diamètre et de deux à trois pieds de haut ; les feuilles de thé n'ont plus de valeur et sont jetées. On agite vigoureusement le thé

i

Hardy, Eastern Monachism, p. 92. D'après les biographies tibétaines, il est mort d'une maladie de repine dorsale. Schiel'ncr, Tibi-t.. Lcbens, Mémoires des Sacants étrangers, vol. \\, p. Î92.

* Comparez Wassiljew, loc. cit., p. 134.

3 Cette expression, comme les suivantes, Phouli et Gourgour ne se trouve pas dans les dictionnaires.

< I.a brique ou pain de thé est le nom commercial d'une espèce de thé particulière ; ce nom vient de sa ressemblance avec une brique. Sa forme et sa consistance s'obtiennent par la compression dans uu moule.

108 ANNALES T)U MUSEE GUIMET

avec ua IuLlmIo bois (appelé eu tibétain Gourgour), comme on foit pour le chocolat ; on ajoute alors une bonne quantité de beurre clarifié (ordinaire- ment le double de la quantité du thé on brique) et un peu de sel; puis on con- tinue à agiter. Finalement on remet le thé sur le feu, après l'avoir mélangé avec du lait, car il s'est beaucoup refroidi dans les opérations que je viens de décrire. Ce thé appelé « Glia » ressemble beaucoup à une sorte de gruau, et se mange avec de la viande ou des pâtisseries, à dîner ou à souper; mais il est défendu pendant les cérémonies religieuses, et alors l'infusion de thé seule, Chachosh, est passée à la ronde comme rafraîchissement ^

A certaines occasions les Lamas donnent de grands dîners. A Leh, mon frère Robert fut invité à un de ces dîners donné en l'honneur d'un haut Lama de Lhassa. Le thé fut servi en guise de soupe et passé à la ronde tout le temps du repas. En marque d'honneur particulier pour les hôtes, leurs coupes ne restaient jamais entièrement vides. Il y avait plusieurs sortes de viandes, les unes rôties, les autres bouillies, et une sorte de pâté. On ne servit point de vins. La cuisine était réellement supérieure à celle que l'on fait ordinairement en ce pays et bien meilleure qu'on ne pouvait s'y attendre. Robert apprit que le dîner avait été préparé par le propre cuisinier du grand prêtre, venu de Lhassa avec lui.

COSTUME

Les règlements primitifs établis par Sâkyamouni pour régler l'habille- ment des prêtres étaient adaptés au climat chaud de l'Inde; plus tard, quand sa doctrine s'étendit plus au nord et par conséquent dans des climats plus rudes, il permit lui-même l'usage de vêtements plus chauds, des bas, des souliers, etc. Sâkyamouni enseigne que le principal but du vêtement est de couvrir la pudeur du prêtre ; en outre il sert encore à préserver du froid, des attaques des moustiques, etc., toutes choses qui troublent l'esprit ^

Les ditïérentes parties de l'habillement d'un Lama tibétain sont : uu bonnet

1 Jusqu'il present la brique de thé s'emploie presque exclusivement, quoiqu'il soit à espérer que les ellorts du ijouvernement de l'Iude pour introduire au Tibet le thé de l'Himalaya et de l'Assam, réussi- ront avant qu'il soit longtemps.

2 Hardy, Eastern Monachism, chap. -^.u.

IF. RounnmsMK w tihet 109

oil uu chapeau, une rube, uiio veste de dessuiis, des pantalons, un manteau et enfin des bottes '.

Bonnets et rhapeaux. Les bonnets sont faits de doux doubles de feutre ou drap, entre lesquels sont placés des charmes; dans les districts pluvieux de l'Himalaya, h's Lamas pnrti'ut pi'udimt ['('té de grands chapeaux de jniilli'. Les formes de ces bonnets sont très variées, mais il curieux f[u'ils soient tous de façon chinoise ou mi)iii;-(ile, tandis qiK! la forme des robes a été empruntée aux Hindous. La manière de saluer est aussi chinoise, car les Tibétains otent toujours leurs chapeaux, et L^s Indous, en signe de respect, a]iprochent do leurs maîtres non pas tète nue, mais pieds nus. La plupart des bonnets sont coniques, avec un large pli qui est généralement relevé en dessus, mais qui se rabat sur les oreilles en temps foids (voyez planche XXXV, les plis sont rabattus). Les chefs Lamas ont une sorte particulière de bonnets, ordinairement bas et coniques, comme ceux que portent Padma Sambhava^ et les personnages mythologiques déifiés qui ont une influence particulière sur la prospérité des hommes, comuK' le roi Bihar; ce bonnet s'appelle Nathongzha. Quelques grands prêtres du Tibet occidental ont lin chapeau hexagonal en carton, formant quatre degrés qui vont en diminuant vers le sommet, ou dans quelques occasions une sorte de mitre de drap rouge, ornementée de fleurs d'or tissées dans l'étofl'e.Ge dernier aune ressemblance remarquable avec les mitres des évêques catholiques romains. Parfois, quand le temps le permet, les Lamas du Tibet oriental, du Bhoutan ainsi que de Sikkim, vont tête nue.

La, robe descend jusqu'au mollets et s'attache autour de la taille par une étroite ceinture ; elle a un collet droit et se boutonne jusqu'au cou. A Sikkim les Lamas portent quelquefois, enroulée autour des épaules, une sorte d'étole de laine rayée rouge et jaune. En général la robe a des manches, excepté dans le Bhoutan Douars, pays la température la plus basse ne dépasse pas, même dans le mois le plus froid, en janvier, 22° à 18° Fahrenheit.

* Dans les districts de rHimalya et dans le Tibet occidental, la couleur dominante des objets d'ha- billement est un rouge plus ou moins vif; on trouve le ja'ine parmi les secrtes désignées page 4G. On trouvera des remarques générales sur le costume dans Turner, Embassy, pages 32, 8ô, 242, 314 ; Moor- croft, Travels, vol. 1, p. 238; Pemberton, Report, pagss 108, 153. U'^ C:impbell, Journal As., Soc. Beni;., vol. XVIII, p. 499; Hue, Souvenirs, vol. II, p. 141; Cunningham, Ladak, p. 372.

' Voyez les planches des Tli n Uaijan Jo'tmals de Hooker, vol. I, p. 323.

HO ANNALES DU MUSEE GUIMET

La veste de dessous u'u pas de manches. Elle n'est pas coupée sur la forme du corps, mais tombe tout à fait droit. A Ladak presque tous les Lamas la portent sur la robe.

Les pantalons sont fixés à la taille par un lacet glissant dans un ourlet.

Les deux jambes sont équidistantes du haut en bas, même tout en haut, comme dans la figure a et non comme dans la figure b. En hiver les pantalons se portent par dessus la grande robe pour mieux garantir du froid*. Selon Turner, les Lamas de Bhoutan portent, au lieu de pantalons, des jupes qui descendent presque jusqu'aux genoux.

Le manteau, en tibétain Lagoi, « vêtement de dessus », est l'habit ecclésiastique des moines, avec lequel on représente aussi les Bouddhas, les Bodhisattvas et les Lamas sacrés. C'est un châle long, mais étroit, de laine ou quelquefois de soie, il a 1 0 à 20 pieds de long et 2 à 3 de large. Il est jeté sur l'épaule gauche et passe sous le bras droit de façon à le laisser découvert.

Peut-être la coutume de découvrir le bras droit pourrait-elle s'expliquer par l'abolition des castes par Sâkyamouni, car la bordure du châle décrit une ligne sur la poitrine, juste comme le fait la tri[)le corde que, selon les lois de Manou, les trois hautes classes seules ont le droit de porter, pendant que le châle est porté par tous les prêtres, de quelque classe qu'ils soient sortis^.

Les bottes sont faites de feutre épais rouge ou blanc, et ornées de rayures perpendiculaires. Elles montent jusqu'aux mollets. Les semelles sont formées d'un double feutre et quelquefois en outre d'une semelle de cuir ; ces semelles sont, pour le pied, un soutien très solide et inflexible ; elles le protègent très bien contre les pierres aiguës, beaucoup mieux que ne le font les chaussures des Turkistans, dont la semelle est de cuir mince et ne peut ni protéger le

'Turner, Embassy, p. Su. L'usage des paatalons est très ancien; voyez le tiés complet et très intéressant ouvrage de Weiss, Kostûmkwidi;, vol. H, p. 545, o74, qui donne beaucoup de dessins dans lesquels les anciennes races du Nord et de l'Est de l'Asie sont représentées avec des pantalons. U est étonnant de voir que leurs costumes ne diffèrent que très peu de ceux d'aujourd'hui.

2 Àlanou, chapitre ii, pages 42 et 44. Sur d'anciennes sculptures, les Bouddhas ne portent quelquefois que les tiois cordes; voyez les dessins de l'archipel de Crawford, vol. II. et dans le Rgya chhcr roi pa, de Foucaux, vol. II, planche I. _,

LK liOUDDIUSME AU TIIiKT HI

pied contre les inégalités du sol ni le soutenir ; les bottes tibétninos sont ce- pendant encore complétées par d'épais bas do feutre.

Mes frères n'ont vu que très rarement employer les souliers, et encore seulement par les supérieurs des monastères.

Pour compléter la description de l'Iiabillement d'un Lama, j'ai encore à parli'i' de dififérenls petits objets d'un usage général. De la ceinture rpii serre la rube pend une gaine à couteau et plusieurs bourses ou pochettes contenant divei's objets, tels que brosse à dents, racle-langue, un cure-oreille, un bi-i - quet et une mèche, du tabac ou de la noix de bétel, des dés qui s'emploient pour prédire les événements futurs ; un cylindre à prières et une pipe de métal chinois se trouvent aussi presque toujours au nombre des objets atta- chés à la ceinture.

Les rosaires, en tibétain Thengpa, instruments indispensables pour comp- ter le nombre voulu de prières, sont ordinairement attachés à la ceinture ou quelquefois roulés autour du cou^ Ils out cent huit grains qui correspondent aux volumes duKandjour; mais ceux qu'emploie la population laïque n'ont guère que trente ou quarante grains. Les grains sont de bois, de pierre ou d'os de saints Lamas; ces derniers ont une grande valeur ; les rosaires des chefs Lamas sont assez souvent de pierres précieuses, particuUèrement de néphrite (la Yasheni des Turkistans) et de turquoise. A presque tous les rosaires sont attachés des pinces, des aiguilles, un cure-oreille et un petit Dordje -.

Les boites à amuleltes, en tibétain Gaù (dans l'idiome lepcha de Sikkim Koro et Kaudoum, quand elles sont eu bois), se portent aussi autour du cou; il est assez fréquent d'en voir plusieurs attachées au même cordon. Elles sont presque toujours pointues enferme de feuille de figuier ; mais il y en a aussi de carrées ou de rondes. L'extérieur est ciselé en relief ou peint.

Les boites de bois sont fermées par un couvercle glissant, qui est souvent

' Comparez Pallas, lîeisen, voh I, p. 503; Turner, Embassy, pages 261, 336; J.-J. Schmidt, For- iChungen, p 163. Quand ils voyagent les Lamas sont chargés de beaucoup d'autres objets, \osez Hooker, Himalayan Journals, \u\. Il, p. 142.

2 Les pince.-i sont en usai;e même parmi les tribus les plus gro.ssiéres, qui vont presque nues; elles l 'ur servent à arracher les épines. J'ajoute, comme exemple de l'antiquité de l'usage des pinces, qu'on en trouve dons les plus anciens tombeaux, dans les collines de Franconie et de Bavière.

112 ANNALES DD MUSÉE GDIMET

découpé pour laisser voir l'image du dieu tutélairc. Celles de cuivre sout for- mées de deux parties qui s'adaptent l'une à l'autre comme le couvercle et le dessous des boîtes ; mais les charnières sont remplacées par des anneaux, dont Tua au moins s'attaclie aux deux parties. Un cordon ou un morceau de cuir peut y être passé et sert à pendre la boîte ainsi qu'à la fermer.

On met dans ces boîtes des reliques, des images de divinités, des objets redoutés des mauvais esprits et des charmes ^ J'ai eu l'occasion d'en examiner de différentes sortes; en voici la description :

1. Une boîte carrée en bois, venant de Gyoungoul, Gnary-khorsoum. La boîte était recouverte en cuivre. Dans l'intérieur, sur un des côtés, était gravée une des déesses Dolma (voyez page 42), qui protège contre l'amai- grissement, avec Ghenresi à sa gauche (voyez page 5G) et Amitabha à sa droite (voyez page 36).

Le côté opposé montre Sâkyamouni avec les mêmes divinités.

2. Une boîte de bois eu foi'me de feuilles, peinte en jaune avec des nuages rouges. Elle renfermait une figure de Shindje (voyez page 58) en argile teintée ; au fond de la boîte se trouvait une petite médaille en pâte d'orge durcie, représentant Tsonkhapa (voyez page 44) ; elle avait un demi-pouce de diamètre et était enveloppée d'un papier couvert de charmes.

3. Une boîte ronde en cuivre avec des charmes et une médaiUe de Tson- khapa toute pareille à la précédente, couverte de peintures d'or.

4. Trois boîtes coniques en cuivre attachées à un cordon : celle du milieu renfermait une figure de Tsepagmed- -Amitabha (voyez page 81) qui accorde la longévité ; il s'y trouvait aussi une pièce de cuivre représentant une foudre, enveloppée dans un morceau d'étoffe rouge, comme protection contre les effets du tonnerre. Dans la plus petite boite étaient plusieurs brins de papier cou- verts de sceaux du Dalaï Lama, imprimés en rouge, ce qui est une protection contre la mort par immersion ; il s'y trouvait aussi des grains d'orge et de la terre. La troisième boîte contenait plusieurs figures de Lha-Dolma et de Tsonkhapa (toutes soigneusement pliées dans des morceaux de soie rouge) alternant avec despapiei^s-charmes.

' Voyez sur les charmes, Csoma, /ottc/iaZ As., Hoc. Beng,, vol. IX, page 905.

I,E ROUDDIIISMK AU TIRET 11!)

Les charmes étaient tous écrits «mi petits caractères, ou écriture courante, mais [)ar le frottement avec les images et les grains, le papier était presque réduit en fibres. Tuus ces objets étaient fortement parfumés de musc et avaient en outrt', cumnie tous les articles fabriqués dans les monastères, une désa- gréable odeur de graisse *.

CHAPITRE XI II

!•; D 1 K I C K s ET M 0 N U M K NTS RELIGIEUX

Ct:iéinonîe« qui prûccdeul la construclion. Monr.slères. Document liisLorique relatif à la fondation du monastère de Hiiiiis. Temples. Monuments religieux. 1. Ghortens. ?. Manis.

3. Derchoks et Lapnhas.

CÉRÉMONIES QUI PRÉCÈDENT LA CONSTRUCTION

La construction de tout édifice religieux est précédée de la bénédiction du sol et de diverses autres cérémonies. Les Lamas du voisinage se rassemblent et le plus élevé par le rang offre le sacrifice à la divinité choisie comme dieu tutélaire ; on a coutume de dédier chaque édifice à un dieu particulier, qui alors le protège contre les esprits malfaisants et contre la méchanceté des hommes, et répand sur ceux qui l'habitent toutes sortes de prospérités. Le roi Bihar (Bihar gyalpo), un des cinq grands rois, est un dieu fréquemment choisi comme patron-. Une image que mon frère Adolphe se procura à Gnary-khorsoum, représente Bihar dans l'attitude droite, debout « sur le siège de diamant n (tib. Dordjedan, sanscrit Vadjrasana), formé de feuilles de lotus. Il foule à ses pieds quatre figures humaines de couleur noire, rouge, blanche et jaune ; les crânes qui forment son collier sont aussi de ces mêmes couleurs. Sa robe est de soie bleue (lib. Darzab) avec divers ornements; son bonnet, de la forme que j'ai décrite sous le nom de Nathongzha, est rouge ainsi que son châle. Sa main droite tient le Dordje, dans la gauche est le

' Les dessins des différentes sortes de rosaires et des boites à amulettes que je viens de décrire d'nprés les originaux possédés par mes frères, seront donnés dans une planche qui accompagnera les Results of a scientific Miasion to India and high Asia.

'' Vo^ez png 09.

Ann. G. - 111. 15

H4 ANNALES DU MUSEE GUIMET

Phoui'bou. Cotte peinture a riutention de représenter une statue placée dans une boîte, dont les quatre côtés forment un cadre qui la sépare des figures environnantes ; ce sont les rois fabuleux, Dalha, Louvang, Tockchoï gyalpo, et trois Lamas très vénérés.

Les prières qui accompagnent les cérémonies d'inauguration ont pour but la prospérité de l'édifice. A la cérémonie de la pose de la première pierre, on récite des prières pour la prospérité du nouveau temple ou li(ni destiné au culte ; elles sont alors écrites et déposées avec d'autres prières et certaines fonuulosde bénédiction (tib. Tashi tsig djod, « discours de bénédictions » ), avec des reliques et autres objets sacrés, dans un trou de la pierre de fonda- tion. Quand l'édifice est achevé, les Lamas s'assemblent de nouveau pour accomplir les rites de consécration * .

La restauration d'un édifice ruiné est également précédée de cérémonies religieuses qui portent le nom de Argai choga, « cérémonie de présentation des offrandes ».

MONASTÈRES

Les monastères (en tibétain Gonpa ^, « lieu solitaire ») sont situés pour la plupart à une ])etite distance des villages et souvent au sommet de collines, dans une position dominante. Chaque monastère reçoit un nom religieux l'ap- pelant qu'il est un centre de foi bouddhique; ainsi le monastère d'Himis, près de Leh à Ladak, est appelé, dans les documents historiques relatifs à sa fonda- tion, Sangye chi kou soung thoug chi ten, « le soutien du sens des préceptes du Bouddha. » On en trouvera d'autres exemples dans ceux de Dardjiling à Sikkim, « l'ile (de méditation) répandue au loin » ^ ; Tholing, à Gnary-khor- soum, « le haut flottant (monastère) »; Mindoling*, « le lieu de perfection

1 Csoma cite dans son Analyse du Kandjour, un livre traitant de ces cérémonies dans lesquelles Vadjrasattva (p. 35) est imploré As. Res., vol. XX, p. 503. Au sujet des objets que l'on renTerme ordi- nairement dans les Chortens, voyez Cunningham, Ladah, p. 309.

2 Ce mot s'écrit dgon-pa. Les noms qualificatifs des monastères, qui se trouvent dans certains livres, tels que « maison de science » (gtsoug-lag-khang)et autres semblables, ue s'emploient pas dans le lan- gage ordinaire, et le mot Chhos-sne que Cunningham, Ladak, p. 37(5, cite comme étant donné aux monastère, n'a jamais été entendu par mes frères.

3 Dar-rgyasgling. Dans sa forme complète le mot est précédé de b?am, qui signifie « pensée, médi- tation ».

■1 Cité dans les dictionn:iires de Csoma et de Schmidt voce sniin-pa. Tholing est orthograflliié mtho- Iding. Pour plus amples détails, voyez le glossaire de mon frère Hermann, dans 2Ji As. Soc, 18j9.

LE nOUDDHISME AU TIRET 115

et craflVanchisscmoiit >■>. Quelquefois le monastère est plus ancien que le village, qui s'est élevé plus tard clans son voisinage immédiat; dans ce cas le nom du monastère est étendu au village, comme à Dardjiling; tandis ([ue dans le cas contraire c'est le monastère qui jjrend le nom du village, comme pour Hîmis.

L'architecture des monastères est celle des maisons de la populati<3n riche du pays ; mais ils sont plus majestueux et ornés sur les toits d'un grand nombre de bannières et de cylindres à prières. La proximité d'un monas- tère est signalée par un grand nombre de monuments religieux tels que Ghortens, Manis, etc. *.

Les matériaux employés à la oonstnu^tiou des monastères varient suivant les districts. Ainsi dans l'Himalaya le bois abonde, ils sont construits presque entièrement en merrains ; à Sikkim et à Bhoutan les bambous sont on profusion, ils sont souvent construits avec ces matériaux, qui sont quelqui'fois entrelacés en façon de treillage. Dans ces dernières contrées on a l'habitude' générale de construire les monastères sur pilotis, afin que le rez-de-chaussée ne soit pas inondé ou humide pendant la saison pluvieuse ; les toits sont construits dans le style chinois, presque toujours de forme pyramidale ou prismatiqu(!, et non pas plats; ils se projettent considéra- blement sur les cotés de l'édifice. Au Tibet, les arbres sont rares, les murs sont faits ou de pierres, qui pour les grandes constructions sont régu- lièrement taillées, ou do briques crues séchées au soleil et cimentées avec une chaux très im])arfaite, ou même avec de simple argile. A Ladak (>t îi Gnary-korsoum, les toits sont plats et construits, comme les plafonds des différents étages, en poutrelles de saule ou de peuplier. Ils sont couverts de petites branches de saule, de paille et de feuilles et enduits d'argile pour faire du tout une masse quelque peu compacte. Les toits des demeures des chefs Lamas sont en outre surmontés d'un cube régulier terminé par un cône, et couverts de tuiles dorées.

1 Au sujet des maisons tibétaines en général, voyez: pour Bhoutan, Turner, Embassy, pp. HO, 91, 93, 142, I'll, 180; Pemberton, Report, p. 15'i ; pour Sikkim, Gleanings in Science, vol. II, p. 17'J; Hooker, Himalayan Journals, dans beaucoup de passages; pour Lhassa, Hue, Souaenirs, vol. Il, chap ii ; pour Giiary-khorsouin, Moorcroft, Lake Mansasaur, As. lies., vol. XII, pp. 426, 442, 456, 479; pour Ladak, Moocroft, Travel, vol. I, p. 315; Guuuiugham, L-xda/i, p. 312. Voyez aussi divers dessins dans les « Panoramas et vuos •> accompagnant les Results of a scientific Mission, par mes frères.

-116 ANNALES DU MUSEE GUIMET

De noinbreus&s bannières à prières sont élevées autour du toit, ainsi que des cylindres d'environ 0 pieds de hauteur sur 2 de diamètre, supportant un croissant snruKinté d'un pinacle semblable à la pointe d'une lance. Quel ques cjdindres sont couverts d'étoffes noires, sur lesquelles sont cousus hori- zontalement et verticalement des rubans blancs qui forment la figure d'une croix ; d'autres fois ces étoffes sont jaunes et rouges.

L'entrée des monastères est orientée ou à l'est ou au sud; cette dernière disposition est probablement choisie pour- se garantir des vents du nord. La porte d'entrée est à 6 pieds et quelquefois plus au-dessus du sol, avec des degrés pour y conduire.

Les monastères consistent quelquefois en une grande maison, haute de plusieurs étages et parfois entourée d'une galerie couverte extérieure qui sert de promenade. D'autres fois ils se composent de plusieurs édifices, com- prenant le temple, la maison de réunion (qui sert de réfectoire), l'habitation des Lamas, les magasins à provisions et autres semblables. Dans les grands monastères tels que Tholing à Gnary -khorsoura, ces divers établissements s'étendent sur une large superficie, et sont entourés d'un mur commun qui, ainsi qu'il fut dit à Guaningliam, est destiné à servir de défense; mais mes frères ont observé que ces murs sont dans beaucoup de cas trop faibles pour prétendre au nom de fortifications, surtout si l'établissement est ancien, comme Tholing, par exemple, qui est cité, dans l'histoire des Mongols orientaux de Ssanang Ssetsen, comme ayant été construit en 1014 avant Jésus- Christ *.

Le rez-de-chaussée n'a pas de fenêtres et sert de magasin à provisions ; il est ordinairement un peu plus large que les étages supérieurs. Ceux-ci ont de grandes fenêtres et des balcons. Les fenêtres n'ont pas de vitres, elles sont fermées par des rideaux noirs sur lesquels sont cousues des figures en forme de croix latines formées par des bandes d'étoffes blanches ^. La croix symbolise le calme et la paix, et le sens de ce signe est bien connu des Euro- péens qui visitent le Japon, en temps de paix les meurtrières des forts sont voilées de rideaux de ce genre ; quand une guerre est déclaré, on enlève les rideaux ^.

' Ssanayig Ssetssn, éd., par ir'chmidt, p. 53.

Voyez les planches de l'urner et la vue d'IIiinispai' ïlei-maiin Je Sjlilagintweit, lue. cit.

3 D'après un récit du capitaine Fairholme R. N.

T. m, PL, xxiii.

NDATION

E MUR

A LADAK

l

o ^o

ii'U'^it'M'Si^' y ::3^^;^•î;)a•^-•y• t cîl >,• :j ?, >^<!ryy S;- ^'iÎ! ^ •^• q•5I^■E•^^;^■aqc:^■^,t■q5'^l■:J^l■

T T

AnNAI.IÎSIMI MuSFK GuihIÎT. J JIJ PL. XXIII

IIOC.I MlvNT HISTORIQUE IIKLATIF A L\ FU.NUATION

MONASTÈRE DE III.MIS, A LADAK

I

CoIMH SIIK VNF, liHANDK l)\l,LH SC :■: I.I.K1-: DANS l.V. MUR *■ i

S,c■aci^•îlï,•ôJè^•fi«<^•è^•5fi•3^3l•î§^•^,ynl•5](t^5J•sJ^•nqq•y•ëî'^•îuc'<|■2■a)q'■|■XI■^lc'^•5l!M• T'^îf ^

Siî^rn; T T ^■Sc■5■31^ro'5■f^»J1■'^c•?i^•^^■'3,c•3|nl•;!ftT Rl^■^i'^'^c•:Jrâ•5Jt^"^a•^^^•q■n!'<^•:3'vslT 3|"â"p5"

jJtî^T T^~*n^^'"^-' ^Ê'nâi■^8•a3jc^•ïjQ•a3)?M•55^^•^•Ê■^^rê::•5al•?■3i^,•érc■:J■ulc■^M5<^•^'^••§^■5'"^3,q^•^^•^T

.-]25J-a!'q5M'^:;'^:r|-qf5-5^j;^-^i,'3'q'I^^-:^'^:i;-q^-p;q^'^ïïl'SiT;-'!^-qz-q-(^-'r5];' T "J'^'g'q'ai-ïj'™- aI,•J^^^

•5ia

•(^q^'3^'?i'S-' T T ?{?i'^'ï'œ^'*^''^^»J'|]-'P^'^'^,^' T T ^7^'^T'y=^'^>"T^"^Mîl' S'riTi;^ 33,^1 j

ù^r i^j

'<i~^j-Si^rS]T!^i;^i'|j::;'gq'5:i;'g^-3:i]j T T T ^^^'^^l'"! T T T ^'"'"^'^S'^'^JT T

T T

■y y •:! c'ol ^^ ' ^^'

•\1 3

^•'^z-:;,^--^-

T T

LE BOUDDHISMK AU TIBET 117

Ou accède aux étages supériours par un escalier ou par une largo poutre oblique, entaillée pour servir de niarclios. Chaque étage est divisé en grands conipartinients dans lesquels plusieurs Lamas vivent ensemble; les petites cellules destinées à une seule personne (comme dans les couvents catlioliqm^s romains) ne sont pas connues dans les établissements bouddhistes. L'ameu- blement est des plus simples; les principaux articles sont des tables basses et des bancs (dans la salli' à manger), des bois de lits en planches grossière- ment taillées, avec des l'ouvertun's et des coussins et différents vaisseaux. Tous ces objets sont ordinairement de fabrication très inférieure. Les poêles et les cheminées sont inconnus au Tibet; on fait du feu sur le sol, la forme de la maison le permet. La fumée s'échappe par une ouverture du tuit, comme dans les chalets des Alpes.

Il n'y a pas de monastère sans temple et celui-ci occupe le centre de l'édi- fice; dans les grands monastères, qui ont plusieurs temples, le plus important est toujours au milieu.

Chaque monastère est entouré d'au jardin bi.'u cultivé dans lequel pros- pèrent, grâce aux soins des Lamas, des groupes de peupliers et de saules, ainsi que des abricotiers. Les Lamas ont réussi à faire croître des arbres dans des lieux situés bien au-dessus d<.> la limite ordinairi> de ce genre de végétation. Ainsi à Mangnang, Guary-khorsoum, à une liaiUmu- de 13 457 pieds, on trouve de beaux peupliers.

DOCUMENT HISTORIQUE l'.EI.ATIF A LA FONDATION DU MONASTÈHE DE HIMIS

A I.ADAK

Ce résumé d'un curiiMix document de fondation est publié pour la ]>remièrc fois. L'original est gravé sur une large dalle de pierre, de 24 pieds de haut ; mon frère Hermann le vit lors de sa visite au monastère d'Himis, en septem- bre I85l3, et eu fit una cjpie exacte, dont voici la traduction approximative. La présence d'expressions que les dictiouuaires n'expliquent pas et une or- thographe différente de celle des écritures sacrées rendent impossible ici une traduction littérale comme celle de l'adressii aux Bouddhas de confession (elia[)itre xi) ; un a pu déchiffrer cependant tous les faits importants qui se raj)portaieut, à l'époque de l'érection de ce monastère, aux personnes qui en

118 ANNALES DU MUSEE GUIMET

ont ordonné la construction et à ceux qui ont élevé l'édifice ^ Ce document est divisé en deux paragraphes, qui sont séparés dans l'original (reproduit plan- che xxiii) par un espace en blanc.

§ l"''. Il commence par un hymne à la divinité bouddhique, c'est-à- dire le Bouddha (auteur de la doctrine), le Dharma (sa loi) et le Sangha (la congrégation des ffdèles) ^.

« Dieu vous soit en aide! louange et bénédiction! salut aux maîtres! au plus parfait, à l'éminent Bouddha, qui a les signes caractéristiques et les pro- portions ; à l'excellente loi qui révèle l'entière vérité ; à la congrégation des fidèles qui s'efforcent vers la délivrance : honneur à ces trois suprématies après un prosternement aux pieds des supérieurs » (appelés ici Bla-ma ; comp. page 98) .

Le reste de ce paragraphe relate dans le stjle ampoulé habituel, le fidèle attachement à la foi bouddhiste de^Dharma-Raja Sengé-Nampar Gyalva et de sou père^, et le culte rendu par Tuniversalité des habitants de Ladak à la sainte triuité. Il est constaté que Songé Nampar ordonna de construire dans un style magnifique et dans ses résidences*, le « Vihara des trois Gemmes », le Sangye chi soung thoug chi ten, c'est-à-dire le soutien du sens des pré- ceptes du Bouddha, « d'où le soleil di' la doctrine se leva dans ce pays, l)rillant coninio raurore du jour. » Ce monastère est le « lieu naquirent les entièrement victorieux (traducteurs) des trois secrets » (en tibétain

1 Dans les spécimens du til)étain moderne, cunime par exemple dans le traité entre Adolphe et les autorités de Daba (chap, xvi), et dans les noms géographiques^ nous trouvons des mots qui ne se ren- contrent pas dans la langue classique, et plus souvent encore des termes qui présentent l'orthographe la plus inattendue. Peut-être devons nous l'attribuer à la corruption phonétique et .\ la formation gra- duelle des dialectes; mais il ne faut pas perdre de vue que peu de gens au Tibet savent écrire correc- tement, art qui n'était pa:^ très général en Europe il y a em'ora peu de temps quand les écoles étaient i-estreintes aux seuls couvents.

~ « La protection, qui dérive de ces trois trésors, détruit la peur delà reproduction, ou existence suc- cessive, la peur de l'esprit, la douleur à laquelle le corps est soumis, et la peine des quatre enfers ». Haidy, Eastern Monachism, p. 209.

3 Dharmaraja, en tibétain Ghoichi gyalpo, ou par contraction Glioigila, « roi de la loi », est un titre qui s'applique aux souverains et aux personnages mythologi((ues qui ont servi la cause du bouddhisme Ce roi est appelé par Cunningham, Ladak, chap, xii, Sengge Namgyal; son père est nommé Jamya Namgyal. Jamya avait été détrôné et emprisonné par Ali Mir, fanatique musulman, souverain de Skardù, qui avait envahi Ladak et détruit les temples, les images sacrées et les livres bouddhiques. Mais plus tard Jamya fut rétabli dans son royaume, envoya une mission à Lhassa avec des présents précieux, et se montra un très tidéle croyant du bouddhisme.

■' Le mot que nous traduisons ici « résidence », en tibétain pho-brang rnanis. parait à cause de la particule plurielle rnams, signi&er « territoires, terres ».

I.K BOUDDHISME AU TIBET 119

gsang gsoiim), ce qui doit piMbablenieiit s(> rapport(>r an livre G_yatoki sang'soum, riiie Jamya Nanigval fit copier eu lettres d'ur, d'argent et de cuivre (rouge).

On rapporte aussi que sous le règne de ce monarque plusieurs puissants lamas très savants sont venus à Ladak et y ont enseigné la doctrine ; nous trouvons les noms suivants :

(( dPal-nîNyam-ni('il-"l)i'oug -\rà, le maîti'c d'in('()m])ai-al)Ie Ijonhcur, le ton- nerre, qui a réiiaiidu avec la plus grande énergie la doctrin(^ b(ni(ldlii(pic dans tout Dzam-bou-gling ', mais plus particulièrement dans ce pays.

« rGod-ts'liang-i)a ^, dont les titre sont : le victorieux tenant le Dordje, le lils bien-aimé du maître des créatures ^.

« sTag-ts'hang-ras--pa-chhen, le grand Bhiksliou du repaire du tigre, le grandement vénéré, qui dispose du pouvoir magique, et devant qui beaucoup de lamas se sont prosternés ''.

§11. La construction du couvent fut confiée à dPal-ldan-rtsa-vai- bla-ma, l'illustre Lama de fondation, qui avait vécu dans beaucoup de monas- tères et était devenu ferme et fort dans les dix commandements ^.

L'édifice fut commencé dans le mois Voda, en sanscrit Outtaraphalguni (le second mois), dans l'année eau-cheval mâle, et fini dans l'année eau- tigre mâle, époque le Lama accomplit la cérémonie du consécration, le signe de l'achèvement. Dans l'année fer -chien mâle, le monastère fut entouré d'une « haie de spen et en dehors des murs et de la elôlure furent élevés 300,000 manis (ou cylindres à prières). » Le document termine par une allusion aux mérites que le roi, les ouvriers (c'est-à-dire les maçons, charpentiers, porteurs) et en un mot tous ceux qui ont travaillé à la cons-

' En sanscrit Jatnbou-dvipa; c'est le nom donné à la partie du glo')> se trouve l'Inde, Au sujet de la secte brougpa, voyez page 47.

8 La construction de ce nom fait supposer que ce Lama venait du monastère God-tsang dans le Tiijet oriental ; on aurait ajouté à ce nom la particule pa.

3 En tibétain 'gro-va'i-ragon-po, de "gro-va « créature » et ingon-po, « maître, patron », tilre qui indique que la personne est qualifiée « saint, dieu ». Peut-être devons-nous prendre rCiod-ts'hang-iiaj comme une incarnation de Ghenresi (voyez page 56), et grovai-gonpo comme un de ses surnoms- il est aussi qualifié Jigten gonpo, en sanscrit Loka-natha, n le patron du monde ».

•* Cunningham, loc. cit., a entendu dire que ce Lama a voyagé dans l'Inde, la Chine, le Katiristan et Kashmir, et a fait et c jiisacré une image de Jlaitreya à Tamosgang, Ladak.

3 Pour la signiticatiou du terme rtsa-va'i-bla-ma, voyez page 90. Sur les dix commandements, vovez Hurnoif le Lotm^ p. 416. Csomaj Dictionary, \i. 69.

120 ANNALES DU MUSKE GUIMET

trucliun du monastère, ont tiro <lo leur collaboration, et nn'iitioiino on parti- culier l'intluencc salutaire (juc le monastère exercera dans l'avenir sur la prospérité et le salut des habitants de Ladak.

Quand on veut rapproclier les années que je viens d'indiquer par leur dénomination tibiHaiiu;, des années correspondantes de l'ère chré- tiemie, il ne faut pas perdrix de vue que Senge-Nampar Gyalpa régnait, selon Cunningham, de 1620 à 1670. En calculant d'après un cycle de soixante ans, nous obtenons pour les dates de ce document, les années suivantes :

La construction fut commencée en 1644 ;

Le monastère terminé en 1664;

Les 300,000 manis furent enlevés en 1672.

En calculant par le cycle de deux cent cinquante -deux ans, nous trouvons les dates de 1620, 1040, 1648. Ces dernières pourraient être acceptées en admettant que le monastère de Himis était du nombre de ceux que son prédécesseur Jamya-Namgyal laissa inachevés à son décès ; mais dans la circonstance présente nous devons adopter les dates 1644- 1672, puisque, quand il s'agit d'histoire, c'est le cycle de soixante ans et non celui de deux cent cinquante-deux qu'emploie la littérature tibétaine. Gomme preuve, je citerai Gsoma, qui, dans ses tables chronologiques, appliqua le cycle de soixante ans aux désignations de Tisri, et obtint des résultats qui s'accordaient assez bien avec ceux que Schmidt et Klaproth ont tirés des ouvrages mongols et chinois ^

TEMPLES

L'extérieur des temples bouddhiques du Tibet s'écarte ordinairement beau- coup de ce qu'on voit dans les autres pays le bouddhisme domine. Qui- conque a eu occasion de voir les magnifiques temples de Berma, avec leur curieuse architecture, sera fort désappointé en voyant un temple du Tibet ; car, à l'exception de Lhassa, Tashilounpo et Tassisoudon, il y a peu de temples tibétains qui offrent des proportions remarquables ou un aspect particulière- ment imposant.

Voyez chapitre xvi, les différents systèmes pour évaluer le temps.

LE BOUDDHISME AD TIBET 121

Eu tibétain les temples sont appelés Lhakliang et sunt ordinairomcnt réunis aux bâtiments des monastères. Il y a cependant des villages qui n'ont qu"ua t.'uiple sans monastère et dans ce cas le temple s'élève près des maisons ; dans les hameaux qui n'ont pas de temples, mais réside un Lama solitaire, une chambre de sa maison est appropriée à la célébration des différents rites et cérémonies. L'architecture des temples est simple. Les toits sont tantôt plats, tantôt en pente, avec des ouvertures carrées servant de fenêtres et de ciel ouvert, qui se ferment au moyen de rideaux.

Les murs des temples sont orientés vers les quatre quartiers du ciel, et chaque côté est peint d'une couleur particulière, soit : le côté nord en vert, le sud en jaune, l'est en blanc et l'ouest en ronge ; mais cotte règle ne paraît pas être observée strictement, l't mes frères ont vu des temples dont les quatre côtés étaient do même couleur, ou simplement blanchis.

L'intérieur des temples que mes frères ont eu occasion de voir * consistait en une grande salle carrée, précédée d'un vestibule ; quelquefois aussi des vestibules, mais alors plus petits, se trouvent sur les trois autres côtés du temple.

La surface intérieure des murs est blanchie ou enduite d'une sorte de plâtre. Ils sont alors ordinairement décorés de peintures représentant des épisodes de la vie des Bouddhas, ou des images de dieux à l'air terrible. L'art de peindre à fresque est pratiqué par une certaine classe de Lamas, appelés Poil, qui résident à Lhassa quand leurs services ne sont pas récla- més pour les temples du pays.

La bibliothèque est généralement placée dans les salles latérales du temple ; les livres, enveloppés de soie, y sont régulièrement disposés sur des tablettes. Dans les coins, des tables poi'teut de nombreuses statues de divinités ; les habits religieux, les instruments de musique et autres objets nécessaires au service journalier, sont pendus le long des murs à des chevilles de bois. Dans le temple sont placés des bancs sur lesquels les lamas s'assoient quand ils sont assemblés pour la prière.

Le toit est supporté par deux rangs de piliers de bois peints en rouge,

1 Comme type de ces constructions, voyez l'intérieiif du monastère Je Mangnang il GnaryUhorsoum, par Adolphe, dans Atlas of Panoramas and Views. L'intérieur des temples singhalais ressemble beaucoup à celui des temples tiliétains. Voyez Hardy, Eastei-n Monachism, p. 200.

A:<N. G. - III lo

122 ANNALES DU MUSKIC GUIMET

sans ornements, qui divisent le teinple en trois parallélogrammes; de grands écrans de soie, appelés Phan, rayés de blanc et de bk'ii et bordés de franges*, dos instrumriits de musique et autres, sont suspendus à ces piliers, taudis que d'S ptiutn'S traversières piMidiMit do nombreux Zlialtangs, ou portraiis do divinités, (ixés chacun par deux bàtnus rouges, et ordinairement couverts d'un voile d'étoffe de soie blanche.

L'autel s'élève dans la galerie centrale, et se compose de bancs de bois de diverses dimensions, admirablement sculptés et richement ornementés; les plus petits sont échalaudés sur les plus grands devant une cloison de plan- ches à laquelle sont appendus des écrans aux cinq couleurs sacrées (c'est-à- dire, jaune, blanc, rouge, Ijleuet vert), reliés par un croissant dont la partie convexe est tournée vers le haut. Sur ces bancs sont rangés des vaisseaux pour les oblations, des statuettes de Bouddhas et de dieux, et quelques ins- truments et ustensiles employés au culte religieux; parmi ces derniers, on voit toujours le miroir Melong qui sert à la cérémonie Touisol; puis quelques cloches et quelques Dordjes, un Chorten renfermant des reliques et présentant quelquefois une niche avec une statue de dieux; un vase avec des plumes de paon et un livre sacré y ont toujours leur place. Les vases à offrandes sont on cuivre et ont la forme des tasses à thé chinoises, ils sont remplis d'oi'ge, de beurre, de parfums et en été de fleurs. Près de l'autel est un petit banc le Lama ofnciant dispose les offrandes qui doivent être consumées eu holocauste, et les instruments exigés par les rites dans certaines cérémonies. Au fond de la galerie, dans un retrait, la statue du genius loci à qui le temple est consacré ; dans quelques temples sa tète est couverte d'un dais d'étoffe, dont on peut voir la forme planche XXV; du centre appelé Doug (lit- téralement ombrelle) partent quelques rubans (Labri), horizontalement tendus, au bout desquels pendent des bannières verticales (Badang, en sanscrit Patâka'.)

Dans la salle d'entrée, des deux côtés dj la porte, et aussi dans l'intérieur du temple se trou vent plusieurs grands cylindres à prières, que le Lama de service

' Ces écrans doivent être coiisidéi'és comme témoignages du l'oîpoot l'eiidu aux dieux, et correspon- dant aux écliarpes de soie brodées de sentences que la politesse tibétaine oblige à offrir aux visiteurs, ou qui sont enfermées dans les lettres. Ces éoliarpes se nomment en tibétain ICUatak, ou Tashi Kliatak» « échappe de bniédi-tion ».

I. F, norDDirisMK w tiukt 123

tient toujours on inouvoinent. Los inurs sont souvent décorés do vues de cités saintes ou do nionastèros^ piMutos sur jiapior; ollos sont boancoup plus grossières que les peintures de dieux ; elles n'ont point d(^ p(^rspective ; les maisons sont dessinées de face, mais très incorrectement. Parmi ces images de lieiis saints se trouve presque toujours un plan vertical de Lhassa que les Tibétains honorent du nom do paysage; il ress(>inl)lo quoique pou aux vieux plans do villos d'Eumpo dessinés à vol d'oiseau.

MONUMENTS RELIGIEUX

Le bouddhisme a créé diverses sortes monumouts religieux, parmi lesquels les plus dignes do remarque sont les Ghortens, les Manis, les Derchoks et les Lapchas.

1. Cbortens

Le motif do Terection ce ces monuments est le même que celui qui pré- sido à la fréquente construction des stoupas ou cliaïtyas de l'ancien boud- dhisme dans l'Inde ; on en a récemment découvert un grand nombre dans riii(l(> ot l'Afghanistan et on les a étudiés avec soin^. Mais ce qui distingue les chortens, c'est l'usage qu'en font les Tibétains. Le nom de chorten indique à la fois leur nature et leur but, car les deux mots qui le composent, mchod et rten, signifient « offrande » et « garder » ou « receptacle. » L'orthographe tibétaine de ce mot indiquerait que sa prononciation était chodten; mais le d se supprime devant le t, et 1';- se prononce, bien que, suivant les règles grammaticales, il devrait être muet. Les Tibétains de Guary-korsoum pronon- cent chodgan; Gérard M'écrit chosten ou chokten, ce qui parait être une modification de dialecte. 11 cite, ainsi que Cunningham '' le nom de Doukten

' Turner. Embassy, dit en avoir vu dans le temple de Vandeeeliy à Blioulaii. .

' A propos des idées qui se lient aux stoupas, les récits sur leur constriifition et les objets qui ont été exhumés, voyez les ouvrapfes de Ritter, Die Stupas, Berlin, 1834 ; Wilson, Ariana Antiqiia, Lon- dres, 1841 ; Cunningham, The Bilsa Topes, 1844. Sykes, On the miniature Chaityas,R. As. Soc, 1856; et Account of golden Relies, R. As. Soc, 1857; Comparez aussi Burnonf, Introduction, p. 346. Au sujet de leur âge, Wilson, Buddha and Buddhism, croit que la coutume d'ériger des Stoupas est un peu postérieure à celle de creuser les temples et de construire des Viharas ou monastères ; les Stoupas du Nord-Ouest de l'Inde furent pruliablement érigés dans une période qui commence aux premières années de l'ère chrétienne et finit au sixième siècle.

3 Kanawur, p. 124.

* Ladak, p. 377.

124 ANNALES DU MUSEE GUIMET

OU Doungten pour les chortens qui contiennent des reliques ; ce nom ne semble pas très usité.

Les anciens stoupas étaient d'abord destinés à recevoir les reliques des Bouddhas, des Bodhisattvas ou des rois qui encourageaient le propagation de la foi bouddhique. Mais dès les premiers temps du bouddhisme, les stoupas furent construits ex-voto comme susbtitution symbolique d'un tombeau ren- fermant une relique sacrée, ou pour marquer la place s'étaient accomplis les incidents remarquables de l'histoire sacrée, ou pour orner les viharas et les temples. Leur érection est un acte de dévotion et de respect rendu aux Bouddhas ; et les plus anciennes légendes recommandent déjà la construction de ces monuments comme une oeuvre très méritoire.

Ainsi les chortens tibétains servent de dépôt de reliques, puisqu'ils ren- ferment les restes de Lamas vénérés, les écritures sacrées, les objets con- sacrés etc. qui y sont déposés dès leur érection. Sur les sépultures s'élèvent des chortens renfermant des ossements ou des cendres dans une boîte ; les chortens destinés aux écritures sont de plus petite dimension, et se placent sur les autels; ils symbolisent la miséricode du Bouddha ^ Mais leur prin- cipale destination est de recevoir les offrandes '\ car un Tibétain ne passe jamais devant ces monuments sans en déposer quelqu'une sur les degrés, ou riiitroduire dans l'intérieur par une petite ouverture aboutissant à une cavité. Les offrandes sont principalement des satsas ou tsatsas, qui se font ordinairement, tout en cheminant, d'un petit morceau d'argile pétrie entre les doigts; ils sont coniques et imitent la forme des Chortens. D'autres satsas représentent des Bouddhas, ou portent une sentence sacrée, imprimée au moule ; ces derniers s'achètent aux Lamas '. La quantité de ces satsas est réellement surprenante ; les degrés sont souvent presque cachés par leur amoncellement.

La forme des chortens varie beaucoup plus que celle de leurs prototypes les stoupas. La base du stoupa est un cylindre ou un cube, sur lequel s'élève

i Voyez page 99.

2 Ainsi les Siiighalais ne croient pas obtenir la protection du Bouddha en s' approchant simplement d'un Dagopa (stoupa) ou autre lieu sacré, à moins qu'ils n'accomplissent en même temps quelque acte d'adoration. Hardy, Eastern Monachism, p, 210; et 220.

3 Dans la Mongolie, le mot satsa, que Pallas appelle zaga, ne s'applique qu'aux cônes d'argile seule" ment. Vovez. Monyol. Vôlher, vol. II, pp. 108, 211.

LE BOUDDHISMK AU TIBET

125

un corps en funiie diî cuaiiulc. Les stuupas qu<.' l'on a ouverts sont des édi- fices massifs, ayant seulement au centre une petite cavité, dans laquelle se trouvaient des ossements humains carbonisés, avec des monnaies, des bijoux et des plaques couvertes d'inscriptions. Los ossements sont quelquefois ren- fermés dans des boîtes de métal précieux.

Dans les chortens tibétains cette funnc a généralement sul)i di^s modifi- cations considérables ; l'ancien type sans changement est restreint aux petits chortens placés dans les temples. La principale différence entre les stoupas et les chortens consiste en ce que la coupole de ces derniers est surmontée d'un cône, ou renversée. Voici le type le plus ordinaire : la base i^st un cube, sur lequel repose la coupole renversée ; cette coupole est la partie principale de l'édifice ; clli; renferme les objets enchâssés, et le trou qui conduit à l'es - pace réservé aux offrandes y est pratiqué. Au-dessus s'élève une tourelle en gradins ; c'est, ou un cône de pierre ou une pyramide de bois; il est surmonté d'un disque horizontal et d'une pointe en forme de lance, ou d'un croissant supportant un globe et la lance au-dessus. Les chortens de cette forme se rencontrent dans tous les districts du Tibet. Ils sont usités, à l'exclusion de toute autre forme, à Bhoutan et à Sikltim, on les voit même dans les temples ; mais dans les autres parties du Tibet on en trouve de plusieurs mo- dèles différents. A Ladak, un cône modérément haut, semblable au toit d'un édifice, et se projetant sur les bords delà coupole renversée, forme le sommet du chorten ; il repose immédiatement sur la coupole, ou bii'ii un cube de plus petite dimension les sépare. Ce cône se termine par une pointe de bois en forme de lance, ou par nu uiàt dont la dimension varie suivant l'abon - dance ou la rareté du b(jis. Un pavillon couvert de prières imprimées était primitivement attaché à chaque màt ; mais presque toujours il n'en reste plus que des lambeaux, ou bien ils ont été complètement arrachés. AGnary- khorsoum quelques chortens ressemblent un peu à une tour ; sur un cube, comme base, est placé un corps carré par le bas et de forme légèrement pyra- midale diminuant un pou de largeur pjur augmenter ensuite ; il est sur- monté d'un faite plus largi?, en forme de cloche, ou d'une cloche reposant sur une petit'^ tout'. Quand ils sont neufs ou en bon état, ils sont surmontés d'un niàt orne d'un pavillon. Les chortens des environs de Tholing sont de simples pyramides de cinq ou six degrés ; le sommet est un petit cube couvert

126 ANNALES DU MUSÉE GUIMET

d'un tdit coiiiqun. D'autres consistent eu nu cube entaillé de plusieurs degrés, soutenant un corps angulaire en forme de cloche ; ces chortens ressemblent beaucoup aux anciens stoupas.

Los matériaux employés pour la construction des chortens en plein vent Font des pierres grossières, des briques S ou de l'argile; ils sont presque toujours en maçonnerie massive. Les faces extérieures sont enduites d'une grande épaisseur de mortier, coloré en rouge avec des briques pilées. Sur le mortier sont tracées des moulures comme celle des panneaux de portes en Europe ou de simples ornements au trait. Une fois seulement à Gyoungoul, Gnary-khorsoum, mon frère Adolphe vit un cliorten creux en forme de tour, construit avec des planches. Il était tout ])rès du monastère et n'était peut- être qu'une enveloppe pour un chorten plus petit semblable à ceux que Gérard avait vus à Kanawour ^, ils sont ouverts sur le devant ; tel n'est pas le cas pour celui de Gyoungoul, qui a quatre faces sans ouvertures.

La hauteur des chortens Avarie ordinairement de 8 à 15 pieds ; quelques- uns sont beaucoup plus élevés et atteignent jusqu'à 40 pieds. Ceux qui se trouvent dans les temples sont de métal fondu, ou plus souvent encore d'argile mélangée de paille hachée; quehpiefois ils sont en bois sculpté ; mais alors il est rare qu'ils dépassent 4 pieds de hauteur ; souvent même ils n'ont que quelques pouces.

2. Manis

Mani, mot d'origine sanscrite, signifiant « une pierre précieuse ^,» natura- lisé en tibétain, s'emploie pour désigner des murs d'environ 6 pieds de liant et de 4 à 8 d'épaisseur; mais leur longueur est bien plus variable. Le plus grand que nous connaissions jusqu'à présent est situé sur la route qui des bords d'Indus conduit à Leh ; d'après Cunningham il a 2200 pieds de lon- gueur ''*. Hermann en trouva deux autres, à Leh même, d'une longueur de 459 et de 48!î pieds. Il en mesura aussi un autre à Mangnang près de Dar-

' La coutume de durcir les briques au soleil vient de la force de Tinsolation et <iu peu d'humidité de l'atmosphère.

2 Gérard, Kanawnur, p. 1Ï4.

3 Les cylindres à prières sont aussi appelés Manis. * Ladka, p. 378.

LR BOunnms.MK aii tiret 127

djiliiit;', [ii-oviiicc de Sikkiiii, (|ui avail DO p'''*-'^ j "" ^^^di^' à Narigouii eu avait 244.

Dans li's liantes vallées les iiianis sont cniistruits de jiieri'cs sèches seule- meiil ; [aiidis (|iie |ilus bas, le luortier n'est i)as aussi dispendiiux, nii eni- pltiii' la chaux. Oueli|ues grands niauis ont à leurs deux extrémités des sortes détours, ([uelqu. ■t'ois en foriuc de cliorteiis, avec une image sacrée sur la façade; si, comiuo il arrive qui'lquefois, le mani est allongé, la vieille tour reste et on en ajoute une nouvelle au bout de la prolongation. De grands poteaux, auxquels sont fixés des pavillons à j)rières, sont aussi assez souvent placés aux extrémités des manis.

Des tables rectangulaires de piern? rugueuse et de dimensions irrégulières, portant des inseripiioiis en tibétain ou en caractères lantsa ^ ou ornées de figures de divinités, sont appliquées contre le haut du mur, ou posées sur le toit du mani.

L'inscription qui se lit le plus fréquemment sur ces plaques de pierre est la prière à six syllabes : « Om mani padme houm ~ » ; ou des adorations de Vadjrasattva, telles que : « Om, ah, houm, vadjragourou, padma, siddhi, houm » ; ou de Vadjrapàni,comnie : k Om, Vadjrapaaihoum »; ou des inter- jections mystiques, comme : « Om, ah, houm ». Parmi les noms de divinités gravés sur les tables de pierre, nous trouvons fréquemment Sàkyâmouui, Padmapani, Padma Sambhava, Vadjrapani (voyez planche II) et divers reli- gieux. Ces tables sont, suivant Cunningham, des offrandes votives, faites pour obtenir l'acccomplissement de souhaits particuliers. Quand les voyageurs ren- contrent des manis, ils les laissent à leur gauche, afin de suivre la succession des lettres des inscriptions ^.

3. Derchoks et Lapchaâ

Presque tous les édifices sont ornés de pavillons attachés à un mât planté devant la porte ; ces pavillons ont le pouvoir d'empêcher les mauvais esprits

1 Voyez page 51.

2 Cette sentence est tracée en énormes caractères, formés de pierres noirâtres, sur le versant de la montagne en face de Lama-Yourrou ; elle est visilde à une grande distance.

3 Gerard, dans son Kanawur, p. 123, remarque que les jiassants laissent toujours les Manis à leur droite, et suppose queerest par superstition. Mes frères nont jamais vu le peuple agir ainsi; on laisse toujours les Manis à gauche ; plusieurs Lamas leur ont dit que la raison en était qu'en passant ainsi, on pouvait suivre les caractères, au lieu de les lire à rel>ours.

128 ANNALES DD MUSEE GDIMET

défaire lo mal. De simples pavillons se rencontrent aussi devant les édifices religieux et le long des routes ; ceux qui; Ton voit devant les grands monastères sont souvent (1(! liautcur considérable ; les deux plus grands que mes frères aient vus, étaient plantés à l'entrée du monastère de Hirais^ ; l'un avait 45 et l'autre 57 pieds de haut ; comme il n'y a pas au Tibet d'arbre qui atteigne une telle hauteur, il a fallu transporter ces poteaux à grand'peine, à travers l'Himalaya. La partie supérieui^e de ces poteaux était décorée de trois anneaux concentriques de crins de yaks noirs suspendus à quelque distance l'un de l'autre; en général les mâts n'ont qu'une seule touÊfe de crins de yaks surmontée d'une pointe de lance dorée.

Les pavillons sont appelés Derchok (le Dourchout de Gérard) ; le tas de pier- res sèches qui soutient le poteau se nomme Lapcha. Ces deux termes sont indu- bitablement des mots d'origine populaire, et ne se trouvent pas dans les diction- naires. Le Derde Derchok pourrait s'expliquer par dar, soie, étoffequi s'em- ploie quelquefois pour ces pavillons. Lapcha est probablement ime modification delab-tse, «un monceau», qui se rencontre aussi dans les noms géographiques soit sous la forme de Lâbtse, comme dans Lâbtse Nâgou et Làbtse Chou, à (înary-khorsoum, ou comme Lapcha^. Quelques-uns de ces drapeaux sont de forme régulière, et couverts d'impressions de prières et d'incantations, telles que, « Om mani padme lioura » ; d'invocations au cheval aérien (en tibétain Louugta); de la figure magique Phourbou et d'autres encore. Ces pavillons im- primés sont fixés au màt par leur plus long coté, et un bâton rouge horizontal les empêche de s'affaisser ou de se rouler. D'autres drapeaux sont de simples liaillons de toutes dimensions et matières attachés par les voyageurs aux lapchas trouvés le long de la route, pour obtenir « un heureux voyage». Nulle part on n'en trouve autant que sur les points les plus élevés des défilés, et souvent on est surpris de voir un lapcha sur un point très élevé et éloigné des routes ; la raison en est que les frontières des provinces sont également marquées par des amoncellements irréguliers de pierres ^ ; 'de sorte que même sur le sommet du Gounshankàr, à Gnar^'-khorsoum, qui

i Voyez, « vues du monastère de Himis », d.iiis l'atlas des Results of a scientific Mission.

2 Pour les détails, je renvoie à Glossar)/ of r/eorgraphical Names, s. v. Lapcha, qui forme la seconde partie du vol. III des Results de Hermann.

3 Comparez Georgi, Alphabetum tibetanum, p. 1308.

LE lîOT-DDIUSME AU TIBET 129

atteint l'élévation de 10()99 pieds, mes frères ont trouve un Lapcha. Leurs compagnons boutldhistos étaient toujours très empresses à ajouter de noiiveaux drapeaux partout ils passaient, qu d'él(;v(M' nu Lopelin cnfbi^ant un grand moneeau de pierres au milieu duquel ils piaulaient au du leurs bâtons de UMutagne, qu'ils décoraient alors de pavillons fiiits avec les mouchoirs de mos frères, avec leurs sacs à provisions et avec dos pièces de leurs vête- ments. Quand chacun avait contribue pour s;i [lart ;iu Dercliok, ils se pro- menaient solennellement tout autour, en nnirnuu'an tdes prières.

CHAPITRE XIV

REPRÉSENTATIONS DE DIVINITÉS nOUDDHIQUES

Divinités représentées. Méthodes pour exécuter les objets sacrés. Dessins et peintures.

Statues et bas-reliefs. Types caractéristiques. Attitude générale du corps et position des doigts. Bouddhas.

Bôdhisattvas. Prêtres anciens et modernes. Dragsheds. Indications tirées des mesures

Nous savons par les anciennes légendes que, déjà dans les premiers temps du bouddhisme, les reliques et les images du Bouddha étaient très respec- tées ; les livres religieux commandent de les adoi'er ainsi que les monuments dans lesquels les reliques sont déposées ; nous voyons aussi que les images envoyées à des personnages royaux, sur leur demande, étaient d'abord ornées de l'inscription du dogme sacré « Ye Dliarma » etc. et autres formules du même genre, afin de faire connaître à ces souverains les doctrines du l^ouddhis- me *. Tels étaient les premiers objets du culte ; la manière de les honorer était aussi très simple ; on se prosternait devant les images du Bouddha, on Lmu' offrait des fleurs et des parfums, on récitait des prières et des liymnes pour leur glorification. La même simplicité de rite domina jusqu'au septième siècle de notre ère, ainsi que l'indique Hiouen-Thsang, bien que le nombre des objets de culte et d'adoration eût augmenté; car il rapporte que les principaux dis- ciples de Sàkyamouni étaient alors adorés, ainsi que les Bôdhisattvas qui

' Burnouf,. Introduction, pp. .347-351. Schmidt, Grundlehven, Mémoire de V Académie de Saint- Pétersbourg, vol. I, p. 333. Voyez, planche I, les textes sanscrits et tiljétains.

Ann. g. III. 17

i30 ANNALES DU MUSEE GUI.MET

avaient excellé dans la vertu et les sciences, comme Maudjousri. LesécolesMa- liâjana, dit-il, ont même adoré tous les Bôdhisattvas sans autre distinction '.

A présent, outre les choses et les personnages que nous venons de citer, les Bouddhas mythologiques, prédécesseurs de Sâkyamouni, et ceux qui le suivront, leurs Dhyanis Bouddhas et Dhyanis Bôdhisattvas, sont également adorés, et une foule de dieux, d'esprits et de prêtres déifiés jouissent d'une réputation locale de sainteté. Nous donnerons une idée de leur nombre en di- sant que la collection tibétaine d'images bouddhiques, connue sous le nom de « Galerie de Portraits », renferme les dessins de plus de trois cents Bouddhas, saints, etc. ayant chacun son nom inscrit au bas de son image ~.

Le bouddhisme moderne, pour faciliter le cidte de ses nombreuses divi- nités, en a fait des représentations en quantité prodigieuse. Ces exemplaires se voient partout , il n'est pas de temple qui n'en contienne des lots ; elles sont installées dans les maisons particulières et en plein air ; les pages titres des livres imprimés ou même le commencement de chaque chapitre sont illus- trés d'une figure en noir ou en couleur. Cet emploi si étonnamment fréquent des représentations divines, vient probablement de la croyance que l'image consacrée devient par même « animée » (en mongol Amilalcho), c'est-à- dire douée du pouvoir du dieu qu'elle représente ; c'est pourquoi ou peut adresser les prières non seulement au dieu lui-même, mais encore à son

image ^.

Les images sont fabriquées exclusivement par les lamas, qui excellent comme leurs maîtres les Chinois (qui les premiers ont introduit les images du Bouddha au Tibet), de qui ils ont appris à vaincre beaucoup de difficultés techniques inhérentes à la fabrication *. Le monopole exercé main- tenant par les lamas tient surtout à la croyance que les prières adressées aux représentations des dieux ne sont efficaces que si ces images ont été exécutées

' Barthélémy Saint-Hilaire, le Bouddha et sa religion, pp. 2S8-297.

- Cette galerie de portraits ressemble à la collection japonaise de figures de Bouddhas nommée Soud- lUias Pantheon of Nippon, qui fut composée en 1690 et se compose de six cent trente et un dessins. Le |)rolesseur J. Hoffmann, de Leyde, l"a publiée et expliquée par ses annotations, dans les Nippon Archiv ;iif Beschreibunf/ von Japon, de Siebold, vol. V.

3 Voyez Schmidt, Ssanang Ssetsen, p. 330. Je renvoie le lecteur aux léfreudes sur l'influence des peintures apportées au Tibet par les épouses de Srongtsan Gampo sur la propagation du bouddhisme et la prospérité des Tibétains. Ibid., p. 345.

■' Au sujet de lart chinois, voyez Nott et Gliddon, Indigenous races, p. 302,

LE ROUDDIIISME \V TIRET 131

dans les formes et avec les cérémonies prescrites qu'' Ii' clergé seul sait observer. Les cérémonies voulues smil iiniiihn'uscs et variées; certainsjours sont propices puurcuiiiini'ncm- la [M'inturc; peintant d'autres on in'iloit pcindri^ que les jeux qui sont regardés comme la partie la plus importante de toute l'image. En outre, de nouvelles cérémonii's sont nécessaires pendant les divers états de progrés de chaque peinture. Ainsi des cérémonies de béné- dictions doivent se faire dès que l'image est entièrement terminée, de crainte que, à ce mém<> instant, quelque méchant esprit (ces êtres sont toujours en éveil }iuur luiin' à riiunnnc) ne vienne à en prendre possession, ce qui ren- drait les prières absolument sansvaleur^

Les objets plastiques ti'ls que statues ou bas-reliefs sont aussi nombreux que les dessins et les ]ieintures.

Les modèles de dessins sont appelés Sagpar et se font en décrivant les lignes extérieures d'un dessin original par de nombreuses piqûres d'épingle; ou frotte ensuite ces trous avec du charbon en poudre et les lignes se repro- duisent sur un papier ou une toile préparée avec de la chaux et de la farine ; quand l'enduit est sec et dur, on le polit soigneusement avec une pierre avant d'employer la toile ^. Ou trace alors les lignes à l'encre de Chine, et on couvre les différentes parties de la peinture de couleurs d'une teinte uniforme ; quelques orn(Mnents seulement sont ombrés. Quand la peinture est achevée, on la borde de plusieurs bandes de soie, ordinairement trois, bleu, jaune, et rouge , appelées Thonka ; quelquefois aussi des morceaux irréguliers d'autres couleurs sont cousus sur les bords. Gomme les lamas n'ont pas ai verre, ils emploient pour protéger les images contre la poussière des enveloppes de soie en façon de voiles. L^ cadre de nos tableaux est rem- placé par deux bâtons de bois ronds, dont l'un traverse le bord supérieur et l'antre l'inférieur; ils facilitent la suspension du tableau et en môme temps le tiennent étendu. Le bâton inférieur sert aussi à rouler le tableau quand on doit l'expédier.

' Ua ouvrage incorporé diiis la division Gyout du Kandjour truite aussi des cérémonies à célébrer dans ces occasions. Voy. Csoma, Analysis, As. Res., vol. XX, p. 503. Annales du Musée Guimet, t. II.

* Les Kalmoiiks et les Mongols impriment les lignes extérieures du d'ssin avec des liois gravés. Pallas, Mongol. VSiker, vol. Il, p. lOô,

132 ANNALES DU MUSEE GUIMET

STATUES ET nAS-HELIEPS

Pour faire ces objets on emploie des moules, f|ue l'on remplit, de diverses matières plastiques, telles que l'argile et une sorte de papier mâché ou de pâte de pain; les épreuves positives sont ordinairement séchées au soleil. On emploie rarement le métal pour ces statues. Ces imagX'S sont souvent colorées ou légèrement dorées. Chose singulière, le beurre même est em- ployé pour ces reproductions; on le colore de diverses couleurs végétales avant de le mettre dans le moule ; la tète, les mains et les pieds sont faits de beurre jaune, les vêtements avec du rouge et ainsi de suite. Ces images restent exposées devant les idoles sacrées jusqu'à ce que le beurre, en se décomposant, devienne intolérable; alors on les détruite La finesse d'exé- cution des statuettes et médaillons, même les plus petits, est tout à fait sur- prenante.

Les figures plastiques les plus estimées sont celles qui renferment des reliques (cendres, ossements, cheveux, lambeaux de vêtements de saints), ou des grains préalablement consacrés aux Bouddhas dans le service divin. Les grains, avant d'être mis dans les figures, sont consacrés une seconde fois par une cérémonie particulière applée Rabne zhougpa. Les reliques ou les grains sont mêlés à la matière dont la figure est composée, ou bien enchâs- sés dans un petit creux au fond ou derrière la statue ; ce trou s'appelle Zouug- zhoug, «place de Dharani », à cause des des zoungs ou des dharanis que l'on lit pendant les cérémonies de consécration. Le trou est refermé par un cachet, pour que les objets enfermés ne puissent tomber ou être enlevés sans qu'on s'en aperçoive, ce qui ferait perdre à la figure toute son influence bienfai- sante. On appelle Satsas ou Tsatsas les figures qui renferment ces objets sacrés ; nom qui se donne aussi aux cônes en forme de chortens faits en argile par les voyageurs ^.

On trouve dans les dessins et les sculptures divers signes symboliques. Hodgson, dans plusieurs de ses ouvrages, a appelé l'attention sur ces signes

' Voyez aussi Hue, Souvenirs, vol. II, p. 95. A Geylan on fait des statuettes de riz. Haidy, Eastern Monachism, p. 202. 2 Voyez page 12-i.

I.E BOUDDHISMK AU TIBET 133

comme nu movcu do lUHcriiiiucr si les ruines qui li'S prôscntont sont certai- nomont des momunents bouddliiques ; il a récemment publié une C()llccti(ju de cent dix symboles tirés d'images, de livres et de sculpures sur pierre d'ori- •iine bnuddliique népalaise, collecHon précieuse pour déterminiM' l'extension du houddliisiiM' dans les époques primitives. Dans ces ouvrages Hodgson établit dans plusiinu's cas l'identité des symbob^s bouddhiques et des images des divinités sivaïtiques ; mais en étudiant de près leur sens, il arrive à cette conclusion que les objets figurés sont toujours plus ou moins et en général radicalement difTérents; cotte opinion est appuyée i)ar Flofï'mann qui a fait des recherches analogues sur les écritures et les images japonaises ' .

TYPES CARACTÉRISTIQUES

La comparaison des images do divers personnages sacrés révèle de suite une différence profondément marquée dans les attitudes, les traits, les vête- ments et les emblèmes des différents groupes, surtout entre les Bouddhas, les Bôdhisattvas, les prêtres (anciens et modernes) et les Dragsheds.

Attitude générale du corps et position des doigts. Il n'est pas permis à l'artiste qui fait l'image d'un dieu, de suivre son inspiration ou d'altérer en quoi que ce soit le dessin original. Pourtant plusieurs des dieux peuvent être représentés en diverses attitudes rappelant certains moments glorieux et im- portants de leiir vie. Ainsi Sâkyaraouni, avec une main levée, révèle son carac- tère de maître ; assis, une main tenant la coupe à aumônes, l'autre reposant sur le genou, est l'attitude choisie pour le représenter plongé dans la médi- tation; la position de repos indique qu'il a quitté le monde pour toujours. Les onze faces, les mille mains et pieds de Padmapani se rapportent à la légende de la rupture de sa tête. Médha, le dieu du feu, quand il chasse les démons est monté sur un bélier rouge et a la plus horrible expression ; tandis que dans les représentations qui n'ont pas pour but de montrer sa fureur, il a l'at- titude et type d'un Bouddha.

* Hodgson, Illustrations, p. 209. Jovrn. li. As. Soc, vol. XVIII, p. 393; nous avons supprimé, p.ir raison d ecoJiOTiie, treat^-trois symboles tirés dus monnaies ; voyez pour les remplacer les séries de cent soiïante-huit symboles rassemblés par Wilson, plaiiclie XXII, dans son Ai-iaiia antiqua.Uoff- manu, Nippon Pantlieon, remarques sur les lig. 1G3, 432.

134 ANNAI.KS DU MUSEE GUIMET

La position des doigts (ou tibétain Ch:i]vdja,littéralemiMit un emblème, un scea^ en sanscrit Moudra) a aussi un sens allégorique. Ainsi la main droite posée sur le genoux, la paume delà main en dehors, symbolise la cliarité et on l'appelle Ghagyo chin, « la bonne main de charité. »

L'attitude Rangi nying gar thahno charva, c'est-à-dire, « unir les paumes des mains sur son cœur», est celle-ci: Les deux mains sont élevées, un doigt de la main droite touche uu ou deux doigts de la main gauche, comme le fait une personne habituée à employer ses doigts à expliquer son inten- tion. Cette attitude figure « l'unité de la sagesse avec la matière », en tibé- tain, Thabshes ou Thabdang shosrab,ou la prise de formes matérielles par les Bouddhas et Bôdhisattvas dans le but de répandre la drnit(^ intelligence parmi les êtres animés. Ce n'est certainement pas par hasard qu'aucun des gestes des bouddhistes ne ressemble à ceux des brahmes, quand ils accom- plissent les cérémonies de leur culte ' .

Les Bouddhas sont des hommes, mais di'S hommes de forme très parfaite ; ils sont doués de trente-deux beautés supérieures et de quatrci-vingts ou quatre-vingt-quatre secondaires^. C'est en conformité stricte avec ces qua- lités caractéristiques qu'ils sont représentés avec des traits doux et souriants ; on donn(> aussi la même expression à Maitreya, le Bouddha futur, qui dans tous ses autres attributs est l'égal des Bouddhas passés. Ceux-ci, les Manous- chi Bouddhas, ont le t<ùnt doré ou jaune; ces deux couleurs sont identiques, la dernière n'est qu'une substitution moins chère que l'or. Les oreilles sont grandes, les bouts reposent sur les épaules; les bras sont longs; ils n'ont qu'un seul cheveu sur le front, en sanscrit Ournâ ; sur le sommet de la tête est ime élévation cylindrique, en sansciit Ousnisha, en tibétain Tsougtor. et de celle-ci s'élève un ornement conique appelé en tibétain Progzhou ou Chodpan, « ornement de tète, couronne, diadème », qui est presque tou- jours doré. Les bouddhistes considèrent l'Ousnisha comme une excroissance du crâne, interprétation que n'appuie pas l'étymologie du mot, qui borne son sens à « un turban » ou « parui'o de cheveux». Je crois que cette curieuse

* Cette remarquo est tirée de l'ouvrage in-folio de M. S. C. Belno, The Sunday or dcii/li/ prayers of Ihc Brahmans, Londre?, 1S51. Pour les gestes bouddhiques, voyez les planches d'Hofimann, Bud- (//■a Pantlieou.

2 Voyez Burnouf, le Lotus, appendice viii. Hardy, Manual, p. 367.

LE BOUDDIIISMr. A II TIBET 135

lirutubt'Tam-i' rrsulti' d' l;i l'ardiidoiit li>s Braliinos arraiiy'ont li-iu's clii'veux, modo très aïK-it'imc et ([uc nous n'tntuvoiis dans li^s plus anciennes figures quo nous connaissons. Les Brahmes rasent leurs cheveux, à rcxccjitiuii d'un espace circulain^ sur le soiniuct d<^ la tète qu'ils tordent en nœud. Il est très probable que les bouddhistes (uit dmiin' à leurs sublimes maîtres cette prérogative d(> la plus haute caste indienne '.

Les Dhvanis Bouddhas et ks Bouddhas mythologiques ont h; teint blanc, rouge, vert ou bleu. Les Dhvanis Bouddhas se distinguent en outre par un troisième œil sur le front, l'œil de sagesse, en tibétain Shesrab clian; dans les images Padmapani est représenté avec beaucoup de mains, cet œil est dessiné dans la paume de ses mains.

Tous les BoudcUias portent le chàle religieux, le Lagoï, qui est ordinaire- ment roulé autour du corps et sur l'épaule gauche avec un bout venant aussi sur la droite ^. Leurs tètes sont encerclées d'une gloire, qui figure une feuille du figuier sacré {ficus religiosa) sous l'ombre duquel Sâkyamouni reçut le don de l'intelligence suprême ; dans les figures anciennes cette gloire est quel- quefois pointue ou ovale comme une feuille, mais dans les représentations modernes elle a toujours la forme circulaire ■''.

On représente toujours les Bouddhas la main droiti' vidi', tandis que sou- vent de la gauche ils tiennent la coupe à aumône, en tibétain Lhoungzed, eu sanscrit Patra. Leur posture la plus fréquente est la position assise, les jambes croisées et la plante des pieds en dehors; elle est désignée sous le nom de Dordje kyilkroung. C'était, dit-on, la posture de Sâkyamouni dans le sein de sa mère. On voit rarement des images ayant un pied pendant devant le trône; la mode de s'asseoir à l'européenne doit s'appliquer à iMaitreya, car on l'appelle Ghamzhoug, « qui s'asseoit comme Champa (Maitreya) ;) ; mais

1 Bui'nouf, le Lotus, p. 558, croit que cette coiffure a été adoptée comme protectiou coutre l'action dangereuse du soleil. On retrouve une trace de son sens original dans le mot tibétain Tsougtar pour O.isnislia, qui est traduit dans les dictionnaires « une touffe de cheveux » et « une sorte d"exi-roissance au sommet de la tête ». Un prêtre bouddhiste népalais, parlant de l'image de Vadjrasattva à Bouddha- Uayah,dil aussi: « La boucle sur le sommet de la tète est tordue en turban ». Hodgson, Illustrations, p. ?0(j.

- Voyez page 110, la description du Lagoi.

3 Voyez Ritter, Die Stupas, pp. 232, 2ùT. Au sujet de Porigine du culte du figuier, voyez Hirdy, East. Monacliism. p. 212. Chaque Bouddha a son arljre particulier, ihicL, p. 215, et Manual of Hud- disni, p. 94.

136 ANNALES DU MUSEE GUIMET

dans les images que nous possédons il est représenté les jambes croisées comme les autres Bouddhas.

Les Bouddhas, toutes les fois qu'ils occupent le centre d'un tableau*, sont assis sur le trône des lions, en sanscrit Timhasana en tibétain Sengti ou Senge-chad-ti, a le siège de huit lions ». Ce trône est ainsi nommé des huit lions qui le soutiennent; dans les dessins cependant on ne voit que deu.Y lions en avant. Sur le trône est étendu un tapis appelé « la couverture de dessus », tibétain Tenkab ; un de ses bouts pend par terre et a pour orne- ments des symboles ou la ligure d'un dieu. Des deux côtés de cette Tenkab ou voit souvent deux tètes d'animaux qu'Hodgson appelle « les soutiens » ^. Gomme chaque Bouddha et Bôddhisattva a son animal particulier, cela peut aider matériellement à trouver le sujet des tableaux. Dans les images de Sâ- kyamouni deux paons sont souvent dessinés aux deux côtés de la Tenkab, la forme de leurs longs cous rappelle le gazon Kousa dont le Bouddha fit le coussin sur lequel il s'assit sous l'arbre Bôdhi [lour obtenir la sagesse su- prême. Le trône est entouré d'un cadre richement ornementé, composé d'animaux fantastiques ; ceux d'en bas sont représentés couchés, les autres sont debout sur la tète des pi'emiers et lèvent leurs pieds de devant. En haut du cadre ligure ordinairenment l'oiseau mythologique Garouda^. L'in- térieur du cadre porte le nom de Jabyol, « le rideau de denière » ; il est liabituellement de couleur foncée. Le siège du trône est une fleur de lotus.

Les Bôdhisattvas, lesDhyanisBôdhisattvas comme ceux d'origine humaine, sont représentés, comme les Bouddhas, avec un air souriant et une gloire; leurs cheveux sont ordinairement rejetés en arrière du front et arrangés en un cône qui se dresse sur la tète, et quelquefois montre la frisure des che-

1 Les Tibétains aiment à grouper plusieurs dieux tlaus le même tableau; les uns sont représentés avec des attitudes formidables et les autres montrent une expression souriante. La figure principale occupe le centre; les personnages qui l'entourent ont ou n"ont pas de rajiport avec elle. La figure centrale est souvent assise sur un trône au milieu d'un paysage représentant l'océan borJé de rivages escarpés ; deux montagnes neigeuses s'élèvent à droite et à gaucfie ; au-dessus de la figure s'étend un ciel sombre, nuageux, le soleil et la lune sont figurés par deux cercles brillants. Comparez Pallas, Mongol. Vol- her, vol. II, p. 105.

2 Illustrations, p. 43. Les signes mystiques sur la Tenkab sont appelés par cet auteur Connais- sances ou Moudras. W. 0. Humboldt, Kawi Spraclie, vol. I, p. 137, les compare à un cimier béraldique avec ses supports. ,

s On les rencontre déjà dans les anciennes statues; voyez Crawford, Lit. Soc. of Bombay, vol. Il, p. loi, reimjrrimédans son Archipelago. Des piliers avec sculptures d'animaux mythologiques sou t un ornement fréquent dans l'architecture hiadoue; par exemple le principal temple de Tandjor.

LE ROUDUinSMK AU TIRET 137

Yi'ux: il l'sl iii-m'^ do plusieurs galons (ror. Ils sont assis sur des Heurs de lutus. mais il no lour est pas accordé de tronc ; dans les imagos les figures sont représentées droites, le pédicule du lotus sort do l'eau. Plusieurs seg- ments de cercle commençant aux pieds et se joignant ;i la gloire, servent de cadres à cos peintures. Les Bôdhisattvas ne sont jamais représentés avec le grand oliàlo sacré, Lagoï ; leur vêtement est une sorte de ju[)C attaclio.' au- tour dos jambes à la manière des Hindous modernes. Une large pièce d'étoffe est roulée autour de la taille, un des bouts est passé sous la jambo, relevé et attaché à la ceinture. Cette manière de couvrir les parties secrètes est très ancienne, car nous la trouvons dans beaucoup de figures antiques ^ ; il est à remarquer aussi quelles insignifiantes modifications ont subi en Asie le vêtement et les costumes, tandis crue dans un espace de dix siècles l'Europe a fait l'expérience de tant an changements. Un grand châle, les coins flottants, tombe dos oiiaulos. Le cou, les oreilles et les pieds sont ornés de do colliers, d'annoaux ot do bracelets.

Les Bôdhisattvas tiennent dans leurs mains des objets rappelant leurs fonctions si fréquemment décrites dans les légendes. Ainsi Mandjousri, le dieu de la sagesse, tient un livre et un glaive, symboles de son pouvoir de dissiper les ténèbres de l'esprit. La Heur de Lotus (Padma) que tient Pad- niapani rappelle qu'il est de cette fleur. On voit souvent dans leurs mains un objet singuUor, un lacet, en tibétain Zhagpa, avec lequel, dans un sens figuré, ils attrapent les honnnes pour leur disti'ibuer la di\ine sagesse. Une intéressante explication de ce symbole se trouve dans le Nqipon Pan- theon'^, à propos d'une image de Padmapani :

« 11 répand sur TOcoan de naissances et de déclin la fleur d^ Lutus de l'excellente loi, comme un appât; avec le filet do la dévution, qu'il ne jette jamais en vain, il saisit les honnnes comme des poissons et les porte de l'autre côté de la rivière est la véritable intelligence. »

l'UÈTRES ANCIENS ET MODERNES

Les disciples de Sâk\amuuni ot les prêtres indiens dofinits sont toujours représentés tète nue et les cheveux coupés courts ; l'attribut caractéristique

' Voyez Cunningham, The Bhilsa Topes, planche XII. 2 Nippon Pantheon, lig. 6.

Ann. g. - III Itf

138 ANNALES DU MUSEE GUIMET

dos prcuiicrs est le bùtou d"LilariUL' Kliur^il, en sauscrit HDdlo, avec lequel les mendiants bouddhistes de l'Inde font du bruit quand ils quêtent; en l'agitant ils l'ont sonner IfS anneaux de métal passés autour du bâton et retenus par une masse de fils métalliques imitant la forme d'une feuillet Les figures de lamas tibétains se reconnaissent à leur bonnet pointu.

Les Di-agsheds ou dieux qui protègent Tlionnne contre les mauvais esprits, sont toujours représentés avec une expression formidable et un teint brun, souvent tout à fait noir - ; le troisième œil, l'œil de sagesse, sur le front, a son axe le plus long dans le sens vertical. Lha Doldjaug^, l'épouse déi- fiée de Srongtsan Gampo, a cet œil dessiné dans la paume de ses mains et sous la plante de ses pieds ; ces marque ont même une ressemblance acci- dentelle surprenante avec les marques de clous de notre Sauveur. Quelques- uns de ces dieux sont représentés sous la figure d'êtres fantastiques avec la tète ou la queue d'un animal. La gloire est rem[)lacée par des flammes qui symbolisent la destruction *. Ils sont presque nus; la peau de tigre, les pattes attachées autour du cou, pond derrière les épaules, et son extrémité forme la couverture de leur siège ; ils portent aussi un collier de crânes humains et des anneaux aux bras et aux pieds.

Les Dragsheds i^eprésentés debout ont les jambes écartées, souvent les pieds appuyés sur des hommes ; quelques-uns sont assis sur des animaux, or- dinairement des chevaux ou des Lions ; on voit aussi des chameaux, des yaks, des daims, et même des crocodiles, mais jamais d'éléphants. La couleur de c^s animaux s'écarte souvent de la nature, car on trouve des chevaux verts 0 1 jauu'^s, ainsi qu _> des lions à crinière verte et des crocodiU^s bleus.

Les instruments que l'on voit dans les mains des Dragsheds sont i)our la plupart des symboles de leur pouvoir sur les démons. Ce sont :

' Voyez Scliiefner, Tih. Lebenheschreibung, Mem. des Sav. Etr., vol. VI, p. 323, et Foe koue In p. 92-335, pour la description dubàtoii de Sàkyamouni. Dans le Kandjour, division Do, vol. XXVI, nous trouvons nn traité qui explique l'usage de ce bâton. Csoma, As. Res., vol. XX, p. 4'9. Les Kliar- fils n-ravés sur les sceaux officiels des Lamas chefs de monastères se terminent par un trident au lieu d"une feuille de métal.

' Comparez p. 70, et Pallas, ifonf/ol. Vôlkcr, vol. Il, p. IOj.

3 Voyez page 42.

■1 Ainsi dans le curieux manuscrit sur la mythologie deBerma, offert par le docteur G. von Liebig à U bibliothèque de Munich (Cim. 102), on rencontre à plusieurs reprises cet ornement de flammes em- ployé en guise de couronne ou de bracelets, et même les parties du vêtement qui flottent au vent, se terminent par des flammes.

LK liOUnmilSME AU TIRET 139

1 . Le Dordjc, eu sanscrit Vadjra. Ou no peut mieux le comparer qu'à quatre ou huit cerceaux métalliques réuuis de façon à former deux ballons ; leur axe central est un bâton cylindrique dont les pointes dépassent les anneaux. Dans les dessins on ne voit que deux cerceaux, les deux autres, par défaut do pers- pective, se confondent absolunient avec l'axe. On voit aussi dans les dessins des Dordjes à un seul ballon, que, pour les distinguer, j'appellerai, quand nous les rencontrerons, demi-Dordjes.

2. Le Phourbou, « le clou » ; ils sont ordinairement trois réunis en un trian- gle, et attachés à un manche qui se termine par un demi-Dordje.

3. Le Bechon, « la massue ou bâton pesant » ; bâton à peu près de la hau- teur d'un homme, avec le trident, Tsesoum, en sanscrit Trisoula, à un bout et un demi-Dordje à l'autre.

4. Zhagpa, « le piège, » pour prendre les démons.

5. Le vase à boire, Kapâla, crâne humain nnnpli de sang, dans lequel Lhamo a bu le sang de son fils. Ces crânes servent aussi de vases à offrandes dans certaines cérémonies religieuses.

INDICATIONS TIRliES DES MESURES

A propos de l'énumération des beautés des Bo, ddhas, nous sommes natu- rellement conduits à penser aux formes plastiques données à leurs images et à celles des personnages sacrés d'un ordre inférieur. Au Tibet ces considéra- tions sont d'autant plus dignes do notre attention que le pays est habité par une race totalement différente des races indiennes.

Mes frères se sont particulièrement attachés, dans leurs recherches ethno - logiques, à prendre des empreintes faciales*, moulées sur le vif par un pro- cédé mécanique, et à définir, par des mosnres minutieuses des différentes parties du corps, le caractère physique général de chaque tribu ; il leur a été permis de prendre aussi des mesures des statues de Bouddhas et autres sculp- tui'es représentant les divinités, etc., qui se trouvaient dans les temples. Ces mesures ont été pour moi une heureuse mine de matériaux qui, joints à l'ana-

i La série entière com|irencl deux cent soixante-quinze empreintes faciales, publiées en gravures sur métal par J.-A. Barlh, Je Leipsi.ir. On remarque dans cette reproduction quatre teiutes de couleurs différentes, correspondant aux principales variations de teint.

140 ANNALES DU MUSEE GUIMET

IjsG dos images et à l'étude des spéculations des bouddhistes sur l'apparence extérieure de leur royal fondateur, me permirent d'approfondir l'étude des caractères ethnologiques des différentes classes de divinités représentées*.

Nous avons trouvé, dans toutes les nations, que les représentations artis- tiques, sous forme humaine, de divinités et de figures de héros, sont des reproductions du tyi)e particulier du peuple ', à moins que l'histoire n'ait quel- que peu modifié ce penchant naturel. Les exemples de ce dernier cas sont pour- tant beaucoup plus rares qu'on pourrait le croire. Voici, à mon avis, les prin- cipales causes qui expliquent le peu d'influence de l'histoire sur l'adoption et l'emploi de types étrangers : premièrement, l'emploi d'images d'un type étranger n'est que temporaire, les proportions corporelles particulières à un peuple étant toujours sous les yeux de l'artiste, elles sont bientôt reprises pour modèles ; secondement, les proportions corporelles montrent très peu de varia- tions pendant des périodes d'une durée incroyable. Si le type d'une nation ne demeurait pas invariable pendant une longue suite de temps, il serait impossible déjuger si des éléments éti'angers se sont introduits dans l'art. Je citerai comme exemple frappant de la persistance du type national, les résul- tats d'une étude comparée des œuvres de la sculpture égyptienne^; elles présentent, quoiqu'un peu déguisés sous la forme monumentale, les traits des habitants actuels de ces pays, ainsi que ceux des diverses nalions voisines avec lesquelles leurs ancêtres ont été en contact.

La tendance de l'artiste à adopter dans les images religieuses le type par- ticulier de sa nation s'observe paiiout des images étrangères ont été introduites avec un cuit" étranger; les images présentent les traits carac- téristiques de la nation qui les a produites, les proportions du corps et les

' Les matériaux étliiiographiques réunis par mes fi'ères peiiilatit leurs voyages feront le sujet du voL ni des Results of scientific Mission to India and High-Asia. Nous avons déjà calculé les valeurs numériques dont nous avions besoin pour la comparaiso;i de la mesure des sculptures avec les proportons moyennes chez les Brahmes (la caste la jilus pure de Tlnde) et les individus de race tibétaine.

^ Les facultés mentales et artistiques d'une nation subissent des modifications dans le cours des temps et agissent dans le même sens sur ses productions, qui so:it des perfectionnements des anciens modèles ou qui montrent la décadence dans l'exécution de ces œuvres.

3 Parmi les principaux ouvrages qui traitent de ces questions intéressantes et délicates, je citerai Tiipes of mankind et Indigenous races, par Nott et Gliddon. On peut citer, comme un phénomène qui corrobore l'invariabilité du type original, les colonies juives de l'Inde, qui ont gardé le type et le teint clair de la race sémitique partout ou ils se sont abstenus d'alliances avec les naturels ; mais qui ont pris le type des natifs, quand il y aeu mélange des deux races.

LE nonnniusME ah tibet 141

trails peuvent clrc (luclcjue peu idéalisés \ mais les vèlcMucnts, les oruemeiits, les armes, etc., restent reconnaissablcs comme d'origine étrangère.

Une particularité des représentations religieuses du bouddhisme tibétain, c'est qu'elles prés(Mitent d.'U.x tvpes coexistants hirn arrêtés; l'un offrant les traits tibétains, l'antre conservant les traces de son origine indienne. Les ori- gines géographiques respectives des deux prototyi)Cs se présentent assez distinctement à l'œil exercé à l'examen des moindres traits ethnographiques, et même les naturels intelligents apprennent bientôt à distinguer les types quand leur attention a été portée sur les caractères indicateurs. Néanmoins il faut être très circonspect quand on touche à des considérations si délicates. Les questions de modifications idéales doivent être discutées et réglées, ici comme dans presque tduto analyse d'œuvres artistiques, avant de se lancer dans une comparaison de dates positives ; et tel a été problablement l'obstacle à l'explication de formes qui paraissent, à première vue, extraordinaires et arbitraires-.

La race bliot. qui appartient à la famille tiniranienne, a été si souvent décrite, que je me bornerai dans mes remarques sur ce peuple, à ce qui sera absolument indispensable. Les Bhots sont caractérisés par de largos traits, des os maxillaires forts et les paupières obliques, sans toutcfuis que l'orbite et la prunelle en soient affectés ; j'ajouterai comme autres traits, moins frappant peut-être, mais non moins typiques, que dans la race bhot, l'oreille est rela- tivement longue, la bouche grande, la mâchoire inférieure et le menton mince. Dans toutes les représentations de Bouddhas et de Bôdhisattvas nous ren- controns, au contraire, des traits qui rappellent le type des races indiennes d'origine aryenne, le front haut et découvert, le menton large, symétrique

1 Comme exemple curieux et jusqu'à présent unique d'un écart apparent des proportions naturelles dans la sculpture, je citerai qu'Hermann a observé dans les sculptures de Ninive que le pied est consi- dérablement plus long que l'avant-bras; tandis qu'en plastique les erreurs arbitraires de ce genre s'exercent ordinairement dans le sons opposé. Je dois ajouter toutefois que jusqu'à présent il est impos- sible de décider si cette déviation rejiose sur une particularité anatomique réelle, car aucuns restes humains, aucun portrait de Ninivites par d'autres nations qui pourraient corroborer ce fait, n'exis- tent dans les riches njusées orientaux de Londres. Peut-être les recherches persistantes et les décou- vertes importantes faites dans ces régions par sir Henri Rawlinson, à qui mon frère a communiqué sa remarque, nous aideront-elles bientôt à décider celle question.

2 Je me borne ici, presque exclusivement, au bouddhisme tibétain. La Chine, le Japon et Ceyian, comme aussi l'archipel indien, ont leurs dieux propres qui montrent, comme ou devait s'y attendre, des types différents de ceux des représentations tibétaines.

142 ANNALES DD MCSKF, GTJIMET

et proéminent. Les rcniarques analytiques tirées des mesures mius montre- ront aussi que le corps môme des Bouddhas présente beaucoup d'analogies, qui ne sauraient être accidentelles, avec les proportions corporelles de la famille aryenne. Les Dragsheds, les Génies et les Lamas offrent le caractère tibétain.

Avant d'entrer dans les détails, je dois dire quelques mots sur la forme dans laquelle se présente le matériel numérique. Afin de faciliter la compa- raison immédiate, les valeurs données ici sont des valeurs proportionnelles ; les dimensions absolues se rapportent, par la division par la hauteur totale, à cette hauteur prise pour unité; on peut les obtenir de nouveau en multipliant le nombre respectif par la hauteur totale qui a d'abord servi de diviseur. Sa valeur moyenne pour les Brahmes est de 5 pieds anglais et 6 pouces ; pour les Bhots, 5 pieds 4 pouces. Pour les statues, les valeurs absolues sont bien moins importantes ; il est pai'ticulièrement nécessaire de ne pas perdre de vue que les objets de fabrication grossière et de très petites dimensions ont été écar- tés parce qu'ils ne pouvaient pas offrir une bonne proportion. Gomme valeur moyenn e approximative de hauteur absolue j e prendrai 3 à 4 pieds pour le groupe G et2 à 3 pieds pour le groupe D. Le groupe G comprend en outre deux statues de Berma, qui dépassent 10 pieds ^; elles ont été données à Hermann par le docteur Mouatt, qui se les était procurées quand il accompagnait l'armée dans l'expédition contre Rangoun . On a tenu compte des mesures de ces deux statues seulement, parce qu'une comparaison soigneuse avec des figures de Bouddhas, mesurées au Tibet, a montré qu'elles offraient des proportions presque identiques et avaient en outre l'avantage de fournir, grâce à leur taille, des valeurs bien définies.

1 Les statues de Bouddhas de dimensions colossales ne sont pas rares à Berraa et an Tibet. Un album de quatre-vingt-dix photographies, par le colonel Tripe, dont le gouvernement de Madras a fait faire plusieurs copies pour les distribuer officiellement, contient plusieurs exemples de statues de Boudllias variant île 20 à 40 pieds du haut: ces figures sont tantôt assises, tantôt debout. Les Boud- dhas sont représentés ou en hommes ou en animaux, eu souvenir des actes pieux remarquables qu'ils ont. suivant les légendes, accomplis sous cette forme. Au Tibet mes frères ont vu une statue d'une dimension inusité? élevée dans le temple de Leh; cette statue représente le Bnuddha en médi- tation (assis), elle est un peu plus haute que le temple, une partie de la tète sort en plein air par un trou dans le toit. L'exécution de cette statue est aussi curieuse que ses dimensions ; le corps est un châssis de bois habillé d'étoffes et de papier; la tète, les bras et les jambes sont les seules parties qui soient moulées en argile. Le Bouddha assis en avant des figures sculptées dans la gravure sur bois, imprimée planche XXXV, est un souvenir d'une figure pareille de taille colossale; le cône qui dépasse le toit semble être une partie de son ornement de tête.

LE BOUDDHISMK AU TIBET 143

La première et la seconde colonne de la table qui suit contiennent les moyennes dos diverses mesures du corps humain. Les dimensions des Brahmcssont basées sur cin({ individus de haute caste et de race parfaite- ment pure; celles des Bhots sur trente-sept hommes, tous do [>m- type tibé- tain, biou qu'ils comprennent des naturels de toute l'étendue de pays qui s'étend de l'Himalaya oriental au Tibet. La troisième colonne des tables présente les mesures moyennes de représentations plastiques et aussi de peintures; ces dernières représentent des Bouddhas et des Bôdhisattvas. La quatrième colonne donne celles des Dragsheds, Génies et Lamas.

Les parties du corps mesurées sur les individus vivants ont été limitées à celles qui.[iai- une étude variée et approfondie, ont paru caractéristiques ^ En outre, ou a encore exclu, dans la comparaison avec les statues, les parties du corps dont les limites ne peuvent pas être bien définies dans des scul- ptures vêtues ou drapées.

Quelques mots suffiront à expliquer les termes employés dans les dimen- sions du corps.

Par vertex il faut entendre la jonction des principaux os du crâne, coïn cidant avec la naissance des cheveiLX.

Le diamètre autéro -postérieur est la ligne qui juint le centre du front à la jonction de la tête et du cou.

Les distanci's du sommet de la tête au trochanter et du trochanter au sul, donnent la hauteur totale de l'homme. Le trochanter est la partie extérieure proéminente de l'os de la cuisse près de son extrémité supérieure.

Le span lutal est la distance du bout d'un d(jigt du milieu au bout de l'autre, les bras étant étendus horizontalement dans toute leur longueur Dans es statu.» on obtient le span total eu ajoutant la longueur des main et des bras a la largeur du torse aux épaules.

L'oulna (cubitus) est l'os du coude ; ses extrémités sont marquées par le . coude et la protubérance du poignet du coté du petit doigt.

Il est évid(3ut quo dans la comparaison des valeurs relatives, la somme de différence n'a pas la même importance pour toutes les parties mesurées ; car

' Voyez aussi pour la ,l«aQitioa auatomique des parties mesurées et la description des instrumenls employes, le mémoire d'Hermanu de Schlagintweit dans Bar et Wagner, Bericht ùber die anlhro- pologiste Versammlunij ; Gàttingen, 1?61.

144

ANNALES DU MUSEE GUIMET

si un luùme objet est déjà petit en Iui-i]ièiii<', une petite différence a daus ce cas la même valeur qu'une autre beaucoup plus grande dans d'autres cas.

1. DIMENSIONS DE LA TETE

II ;i u ti' u 1 totale du corps = 1

l'ARlIES MESUKKES

Du vertex

Périphérie autour tlu front. .

; au bord de l'orbite.

à la base du nez

à la bouche . .

\ au menton . . .

biainetre aux tempes. . . .

Diamètre antéro-postérieur . .

Yeux. Distance extérieure.

intérieure .

- longueur de l'œil. .

Os maxillaires; largeur. . . .

Nez longueur. . .

Bouche, longueur

Oreille ....

0.322 0.103 0.12i 0.133 0.145 0.078 0.105 0.055 0.021 0.0 17 0.064 0.022 0.029 0.070

0.345 0.111 0.131 0.140 0.149 0.08;? 0.114 0.0G5 0.022 t».022 0.078 0.023 0.0M3 0.040

BOIiDDnAS

IDODHI- SATTVAS

0.350 0.110 0.140 0.150 O.lfiô 0.088 0.114 0.071 0.023 0.024 0.081 0.025 0.035 0.110

DRAOSHEDS

GÉNIES LAMAS

0.420 0.131

0.150 0.152 0.160 0.100 0.130 0.087 0.030 0.029 0.090 0.029 0.033 0.035

Les chiffres de la table nioutrent que toutes les dimensions de la tète sont plus grandes daus les deux groupes des figures que dans ceux des hommes; les figures ont en général la tète beaucoup trop grosse pour leur taille, mais les irrégularités ne sont pas les mêmes dans chaque groupe. La forme la plus arbitraire est celle de l'oreille ; ainsi le bout de l'oreille, perforé pour recevoir des ornements, peut prendre une longueur inusitée et tombe quel- quefois jusqu'aux épaules. Les yeux sont extrêmement grands, et ont dans les deux groupes le typebhoutan fortement, quoique inégalement marqué ; ils ont les angles extérieurs relevés, l'arc horizontal incliné et sont d'une grande longueur ; l'effet de ces dimensions devient encore plus frappant par ce fait que très souvent les yeux ne sont qu'à demi ouverts. La périphérie autour du front, le diamètre aux tempes, et surtout le diamètre antéro-postérieur, sont beaucoup moins exagérés dans les figures de Bouddhas, groupe C, que dans

I,K nOUDDIIISlMT. AT' TIRKT

1^5

colles des Dragsliods el ilcs Luiaas, groupe D. l^es parties (jui dillerent le moins dans les divers groupes sont la bouche, les os maxillaires et la lar- geur du nez à sa base comme entre les yeux ; dans le groupe D cependant, ces parties sont un [icn plus grandes.

Quandondrlinitle caractère général de la ti''te dans b^s groupes respectifs, on trouve dans le groupe G une longueur verticale relativement plus consi- dérable et la tète plus ovale. Dans le groupe D la tète est élongée horizon- talement, ce qui est aussi le ty[)e caractéristique de la race bhot, groupe B ; dans tous les deux le front est bas et la mâchoire étroite. La distance du vertex au bord de l'orbite et à la base du nez est plus grande dans le groupe D que dans le groupe G ; la distance du vertex au menton, par contre, est considérablement moindre dans le groupe D ; dans le groupe G elle excède la distance à la bouche de O.OlO et seulement de 0.008 dans le groupe D. Le type brahme pur A donne pour différence respective 0,012.

PARTIES MESURÉES

Hauteur lolale

Sommet de In tète au troclianter.

Du trochanter au sol

Span total

Longueur du bras

du cubitus . . . .

de la main

Longueur du pied

LarL'eur

l.GOO 0.446 0.554 i.0-25 0.433 0.165 y.lOT 0.144 0.057

1.000 0.449 0.551 1.069 0.451 O.lOi Û.UO 0.145 0.05S

BOUDDHAS UODHI- SaTTV.IS

1.000

o.4:io

0.570 l.OSO 0.449 0 1 19 0.110 0.110

o.o:o

DRAGSHUn GÉNIES LAMAS

l.OOO

O.ilO 0.590 1.117 0.430 0.155 0. U ! 0.144 0.051

D'après les dimensions du corps nous voyons, comme particularité des figures, que la partie supérieure est trop courte: j'ai observé ce fait plus fré - quemment dans les petites figures que dans les grandes. Le span total est trop grand; ceci tient moins à la dimi'nsion disproportionnée des bras, qui dans le groupe G ont une tendance à rester au-dessous de la proportion, qu'à la largeur quelque peu exagérée des épaules. Le cubitus est absoluinmit troj) court; la main, quand elle est bien rendue, ne varie que très peu, mais

An:». 0. - ni.

10

1/|6 ANNALES DU MUSlvE GUIMET

dans les ligures mal exécutées elle est quelquefois trop longue. Le pied est assez bien proportionné en longueur et en largeur, bien que dans les petites figures ses dimnisions dépassent souveul la moyenne, surtout en longueur; mais ceci peut être considéré comme arbitraire, car dans les grandes figures ces dimensions restent, presque aussi fréquemment, au-dessous de la moyenne.

CHAPITRE XV

CULTE DES DIVINITÉS ET CÉRÉMONIES RELIGIEUSES

Service quotidien. O/Trandes, Instruments de musique. Cylindres à prières. Représentation des drames religieux. .Tours sacrés et fêtes. Fêtes mensuelles et annuelles. Cérémonie Touisol. Cérémonie Nyoungne. Rites pour ohteuir des facultés surnaturelles. Singulière cérémonie pourassurer l'assistance des dieux. 1. Rite Doubjed. 2. Holocauste. 3. Invocations à Loungta 't. Le talisman Changpo. 5. La ligure magique Phourbou. 6. Cérémonie Thougdam Kan saï. 7. Invocation de Nagpo Ciienpo en tournant la fl êche. S. Cérémonie Yangoug, 9- Cérémonies accomplies en cas de maladies 10. Rites funéraires,

SERVICE QL'OTIDIE-N

Le service ordinaire quotidien institué en l'honneur du Bouddha consiste en la récitation d'hymnes et de prières sur un mode qui tient le milieu entre lire et chanter. Le service est accompagné de musique instrumentale ; on offre des oblations et on brûle des parfums. Ce service est célébré par les Lamas trois fois par jour, au lever du soleil, à midi, au coucher du soleil; chaque fois il dure une demi-heure. Les laïques peuvent y assister, mais sans prendre une part active aux cérémonies; les assistants doivent se prosterner trois fois en touchant le sol do leur front, quand les Lamas leur donnent la bénédiction. A certains jours on donne plus de temps au service religieux; les prières et cérémonies se rapportent alors à la fête du jour ; assez souvent des processions publiques précèdent les solennités qui se pa.ssent dans les temples, et même, en quelques rares occasions, des drames religieux les ter- minent.

OFFRANDES

Le sang n'eu fait jamais partie ; elles se composent principalement de farine, beurre clarifié et bois de tarmin (Ombou en tibétain). A quelques

LE BOUPriI[!SMI-: AT TIIiKT l-^~

ditHix iiaiticiilii'rs on dfifrc di's llmirs l't, (juaml un nr [n'lil eu trouver, des p-rains que l'on jette on rair de façon qu'ils retoniliont sur los images de ces dieux. On olFre aux Bouddhas et Bôdliisattvas des cônes de pâte, Zhalsaï, littéralement « mets, nourriture », de même forme que les Tsatsas (voyez page 124), mais avec cette difference qu'ils ne contiennent ni reliques ni autres objets sacrés; on expose aussi devant ces dieux des plumes de paon dans un vase à col étroit.

INSTRUMENTS DE MUSIQUE

De tous les instruments qu(^ les Tibétains emploient pour leurs services, tels que tambours, trompettes, flageolets et cymbales, les trompettes sont certainement les plus remarquables en ce qu'elles sont faites d'ossements humains. Les os de fémur font les plus belles trompettes; elles ont un son très pénétrant. Au sommet de l'os est fixée une embouchure de cuivre, l'autre bout est orné de fils de cuivre et d'anneaux de cuir, et l'instrument (dont la fabrication ne demande qu'une dépense insignifiante) est prêt à ser- vir. Outre cette sorte de trompette, il y en a d'autres plus grandes en cuivre de six ou sept pieds de long, qui ne se fabri(iuent qu'à Lhassa et sont très sonores. Les flageolets sont en bois et ordinairement doubles ; chaque tube est percé de sept trous en dessus et d'un autre plus grand en dessous pour le pouce.

Les tambours sont hémisphériques, unis par leur côté convexe ; on écrit souvent sur la peau des sentences sacrées. On bat le tambour d'une très curieuse façon. Deux petites balles de cuir sont attachées à une corde de quel- que longueur fixée aux tambours à leur point de jonction ; on prend les tam - bours à la main et on les agite de façon à donner un mouvement d'oscillation aux deux boules, qui sont ainsi mises en contact avec les tambours et font grand bruit. Les grands tambourins fixés à un pieu d'environ 3 pieds de haut, se battent avec une canne de bambou qui, vu son élasticité, frappe la peau à coups précipités, mais pas très fortement. Les cymbales ressemblent beaucoup à celles dont on se sert eu Europe ; on les garde dans des boîtes faites de branches de tilleul tressées.

La musique des Tibétains est lente et a des sons pénétrants; elle est bien

148 ANNALES DU MUSÉE GUIMET

supérieun^ à celle des Uiiubius de l'Iiidi». On ne peut pas prétendre qu'il y ait l>lns de mélodie dans la nuisique tibiMaine, et cependant les instruments pro- duisent une certaine combinaison harmonieuse et une succession rythmique de sons.

CYLINDRES A PRIÈRES

Le cylindre à prière, en tibétain khorten, aussi mani et mani chhoskhor ', est un instrument particulier aux bouddhistes et qui caractérise très bien leurs notions religieuses. L'usage de cet instrument a probablement se répandre par suite des exhortations à la fréquente lecture des livres et des sentences sacrés, dans le but d'arrivm- à connaître les dogmes de la doctrine bouddhique. Avec le touqis la simple lecture ou la copie des livres et écrits sacrés a fini par être considérée comme une oeuvre méritoire, et un des moyens les plus efficaces de se purifier du péché et de se délivrer de la métempsy chose.

Peu de personnes cependant savaient lire, et ceux-là étaient empêchés par leurs occupations de le faire fréquemment; c'est pourquoi, Je pejise, les Lamas ont songé à un expédient qui permît à l'ignorant ou à l'homme occujie d'obtenir les avantages attachés à l'observation de ces pratiques. Ils enseignèrent donc que la simple action de tourner un manuscrit roulé en remplaçait efficacement la lecture.

Les boîtes cylindriques sont enfermées les prières à tourner, sont ordi- nairement en métal; mais on trouve souvent des enveloppes de bois, de cuir ou même de coton commun. Elles ont de 3 à 5 pouces de hauteur et 2 ou 3 de diamètre. Un manche de bois traverse le cylindre et forme son axe. Autour de cet axe sont enroulées de longues bandes de papier ou d'étoffe avec des sentences sacrées imprimées; ces rouleaux sont recouverts d'un morceau d'étoffe de coton sans impression. Pour faciliter la rotation du cylindre, une petite pierre ou un morceau de métal y est fixé par un cordon, de sorte qu'un léger mouvement de la main suffit pour maintenir un mouve- ment de rotation sûr et régulier.

Mani, « cliose précieuse » ; i-lihos, « doctrine » ; khor, de lihor-bn, « tourner » ; brten, « tenir, sou- tenir ». 1 Voyez radresse aux Bouddhas de confession ou Bouddhas confesseurs, chap. xi.

LE BOUDDHISME AU TIBET 149

Outre ces cvlindros à prières de dimensions ordinaires, il y en a de très i^i'ands fixes on jierinanenre jircs des monastères. Un homme les tient con- tinuellement en iiioiiveuieiit, ou bien quelquefois ils sont mus par l'eau, comme les moulins, et tournent jour et nuit. Nombre d'autres plus petits sont placés à rentrée des couvents, le lonp- di's murs et s(»nt toui-iii''s ])ai- les passants ou par ci'ux ipii iMitrcnt dans le ti'UijiIi^ Ils sont généralement si près les uns des autres qu'un passant pi'ut facilement les faire tous tuurinT l'un après l'autri', sans inti'rruption en les eftleuraiit de la main. Le immbre des cy- lindres à prières élevés dans un seul monastère est réellement étonnant ; ainsi l'inscription relative à la fondation du monastère de Iliinis à Ladak (voj'ez page Mi)) établit que 300,000 cylindres à prières oui ('•[(■■ placés le long des murs du monastère. Bien que ce soit une exagération à la manière orientale, la quantité actuelle en est réellement très considérable.

On considère que chaque révolution du cylindre é(piivaut à la lecture de toutes les sentences et traités sacrés qui y sont renfermés, pourvu que le mou- vement imprimé au cylindre soit lent et de dnnte à gauche ; l'effet dépend de la stricte observation de ces règles. Le mouvement doit i'ivo. lent, parce que ceux qui tournent les cylindres doivent le faire avec un esprit plein de foi, de calme et de méditation. Le mouvement doit se faire de droite gauche, afin de suivre l'écriture qui court de gauche à droite. Quelques grands cylindres à prières sont construits de façon que le tintement d'une cloche marque chaque révolution.

En général la prière inscrite est simplement, Oui manipadme hoitin, répé- tée aussi souvent que l'espace le permet. Les papiers roulés dans les grands cylindi'es sont cependant d'ordinaire couverts de préceptes des livres sacrés ^

Les Lamas ont di's livres particuliers qui dénombrent les avantages résul- tant delà révolution de ces cylindres; je citerai spécialement le Khorloï-phan - yon, « l'avantage de la roue », qui traite aussi des prières et des livres qu'on doit y placer, et de la manière de tourner ces cylindres.

Les cylindres à prières furent presque les premiers objets que les mission- naires firent connaître en Europe.

En ce qui concerne les drames religieux et le rituel à observer dans cer-

* Comparez, p. 76.

150 ANNALES nil MUSÉE GTJIMET

aines cérémonies que je vais décrire maintenant, j'ai été réduit en grande partie aux matériaux et aux renseignements obtenu-; des naturels que j'ai vus. Je me permets de parler de cette circonstance pour prier le lecteur do la prendre en considération si mes interprétations ne sont pas aussi com plètes que semble l'exiger l'importance que les Tibétains attachent à ces questions.

REPRÉSENTATIONS DE DRAMES RELIGIEUX

A certains jours de l'année les Lamas représentent des drames religieux, qu'on appelle Tambin shi\ « la félicité de l'instruction ». Mon frère Hermann, pendant son séjour au monastère d'Himis, eut la bonne fortune d'assister à la représentation d'un de ces drames donnée expressément pour lui ; en voici la description :

Les dramatis pe^^sonœ sont des Dragsheds (divinités qui défendent l'homme contre les mauvais esprits, voyez page 70), des démous et des hom- mes. Les acteurs de chaque groupe se distinguent facilement par le masque (tib. Phrag) qu'ils portent, et beaucoup moins par leurs habits, qui sont des robes étonnamment uniformes et sans signes distinctifs. Les Dragsheds et les démons portent sur leur habit de prêtres de grandes robes de soie de couleurs riches et voyantes ; quelques Dragsheds ont en outre des cuirasses et des armes. Même ceux qui représentent les hommes sont pourvus d'un uniforme particulier quand les moyens du monastère le permettent.

Les masques du premier groupe, les Dragsheds, sont très grands et d'as- pect terrible ; le derrière de la tête est couvert d'une pièce triangulaire de coton ou de soie ; par devant aussi une pièce semblable attachée au menton pend sur la poitrine. Le second groupe, les démons, a des masques bruns ou de couleur sombre, de dimensions un peu plus grandes qu'il ne serait conve- nable, et leurs vêtements sont bien rembourrés, de sorte qu'ils sentent peu les coups qui pleuvent sur eux. Les acteurs de ce groupe et du suivant sont des néophytes ou des laïques. Le troisième groupe, finalement, représente les hommes en habits ordinaires et avec des masques de dimensions et de cou-

1 L'orthographe de ce mot est bstan-pa, « montrer, instruction, doctrine » ; i, marque du génitif; shis, « une bénédiction, bonheur ».

LE ROUDDIIISMR AU TIBET 151

li'urs naturoUos ; ils iiurlfut .suiis leurs robes de pesants bâtons, (bml jiarfois, au cours du drame, ils menacent les esjirils mallaisants.

Le drame est précédé d'hymm^s et de prières et d'une musique bruyante. Les acteurs sont ainsi groupés sur la scène : les Dragsheds occujjent le cen- tre, les hommes sont à leur droite, les démous à gauche. A courts intervalles les hommes et les démons exécutent des danses lentes sans se mêler. Enfin un démon et un homme s'avancent. Alors l'esprit du mal essaye, par un dis- cours bien tourné, de pousser l'iiommeà pécher en viulant quelque précepte de morale ou de religion ; d'autres dénions s'approchent et aident leur ca- marade dans son discours. L'homme, d'abord ferme dans sa résistance à tou- tes leurs séductions, devient de plus eu plus i'aible ; il est sur le point de suc- comber aux tentations de ses séducteurs quand surviennent d'autres hommes qui s'efforcent de le dissuader d'écouter les mauvaises suggestions. Il est vivement pressé par les deux partis et ce n'est qu'après de longues hésitations qu'il se rend aux exhortations de ses frères. Les hommes rendent grâces aux Dragsheds, à l'assistance desquels ils attribuent leur victoire (bien que les Dragsheds n'aient pris aucune part à l'action) et les sup^jlient de punir les méchants esprits. Les Dragsheds ne sont que trop disposés à le faire : leur chef, qui se distingue des autres par un masque jaune de grandeur ex- trême, que les Lamas nomment Gonyan Serpo ou « la tète jaune empruntée», s'avance entouré d'une douzaine d'acolytes représentant les Dragsheds les plus puissants. Parmi ceux-ci se voyaient, à la représentation d'Himis, Lhamo (voyez page 71), avec un masque brun et de grandes queues de crins de yak, Tsangpa (c'est-à-dire Brahma, voyez page 72), revêtu d'une cui- rasse. Plusieurs acteurs portaient des masques rouges à trois yeux ; ou les appelait Lhachen « les dieux puissants » ; un autre groupe, avec des masques verts et de hauts bonnets coniques en étoffe de coton blanc sur lesquels trois yeux étaient dessinés, représentait « les fils des dieux ^ », Lhatoug,

Les autres Dragsheds accourent aussi de l'arrière-plan, lancent des flèches sur les démons, tirent des coups de mousquets, leur jettent des pierres et des javelots ; tandis que, en même temps, les hommes les accablent avec entrain de coups des butons cachés jusqu'à ce moment-là. Les démons s'enfuient,

' Oa donnera dans Tiitlas ac-ûiiiiaifiiaiit les Results of a, scientific Mission des dessins de ces mar- ques pris sur les originaux acquis par Hermana.

152 A.NNAT.KS UU MUSÉK GUIMET

mais les Dragslnuls les pdursuiveiit et les poussent dans des maisons, dans des trous, etc., ils sont à l'abri d(^ plus Ioniques molestations. Le drame est fiai. Tous les acteurs, Dragsheds, hommes et démons, reviennent et chantent des hynmes en riiunnenr des Dragsheds victorieux.

Pendant la représentation, ijui dure de une à deux heures, il arrive quel- quefois des méprises risibles à cause des masques qui, dans certaines posi- tions, privent les acteurs de l'usage de leurs yeux ; ainsi il arrive qu'un Dra- gshed en frappe un autre, ou qu'il tondje lui un !si puissant dieu ! tout de son long par terr>', il est rossé par les démons jusqu'à ce qu'il soit de nouveau sur pied.

Ces drauK^s nous rappellent les Mystères et les Moralités du moyen âge * ; mais la musique bruyante, les décharges de mousqueterie et la mêlée finale produisent un effet qui s'accorde moins encore que les intermèdes comiques et burlesques des Mystères et des Moralités avec un acte x'eligieux. Ces intermèdes étaient destinés à amuser l'auditoire et a détendre les esprits dans les intervalles entre les parties plus sérieuses de la pièce, qui devaient exciter les sentiments de dévotion et éveiller le sens moral.

L'analogie est frappante entre les sujets des drames religieux représentés à Arrakan et ceux du Tibet. Je prends la description suivante dans le « Eas- tern Monachism » de Hardy ^ :

« Des lignes sont tracées sur le sol, dans un espace libre, et on introduit les . danseurs. Ces lignes figurent les limites du territoire appartenant à divers Yakas ou Devas, et la dernière est celle des Bouddhas. Un des danseurs s'avance vers la première limite et, ({uand il a appris à quel Yaka elle appar- tient, il défie le démon en l'appelant par son nom et en proférant les paroles les plus insultantes ; il déclare ensuite qu'en dépit de tous les obstacles il franchira la limite et mivahira le ti'rriloire (h son infernal adversaire. Il passe alors la limite en triomphe et en fait autant pi mr tous les autres démons ou divinités qui ont des territoires désignés, jusqu'à c.> qu'il arrive enfin à la limite des Bouddhas. 11 fait encore parade de la même vaillance et défie le « prêtre à tête laineuse qui porte la coupe aumônes de seuil en seuil j

' Comparez Alt Theater unci Kirche, Berlin, 1S;6, chap, xxvi et xxvit. Les Passion Spiele qui sont encore eu usage à Oberammergau en Bavière, ont pris à présent un caractèrj très sérieuxi ! P. 296.

LE BOUDDHISME At' TIBET 153

comme un mendiant vulgaire » ; mais au moment il franchit la limite, il tombe, comme s'il était mort ; on suppose qu'il subit la peine du blasphème qu'il a osé prononcer, et tous les spectateurs applaudissent à la grandeur de celui dont la puissance se montre si supérieure à celle de tous les autn-s êtres ».

JOURS SACRÉS ET FÊTES. KÊTES MENSUELLES ET ANNUELLES

Dans quelques contrées il y a quatre fêtes mensuelles qui coïncident avec les phases de la lune ; dans d'autres on ne célèbre que trois de ces jours, ceux du premier quartier, de la pleine Lune et de la nouvelle Lune. Ces jours on doit s'abstenir de nourriture animale et aucune bête no doit être tuée; ceux qui contreviennent à ces défenses sont menacés de jumition sévère dans une existence future. L'abstention des occupations mondaines n'est pas observé.^, et comme les bouddhistes laïques de l'Himalaya et du Tibet occid(}ntal n'ai- ment guère à passer tout le jour en prières dans les temples, ces jours de fête ne sont pas entrés dans les habitudes de la population*. Mais les Lamas passent plus de temps dans les temples ; ils célèbrent la cérémonie Touisol, pour la purification des péchés, et font une confession solennelle. La confes- sion est précédée et suivie de la lecture et de la récitation de passages des livres sacrés ; cette occupation se prolonge quelquefois desjours entiers, pen- dant lesquels on ne prend, en fait de noiu'riture et de boisson, que le strict indispensable. Ces austérités pour obtenir la rémission des péchés portent le nom de Nyoungne ou Nyoungpar nepaï choga. Tous les laïques peuvent subir les épreuves de cette sorte de confession ; mais comme des pratiques moins pénibles ont, dans leur opinion, la même efficacité^, les Tibétains, prêtres aussi bien que laïques, ne s'y soumettent qu'un certain nombre de fois par an, au lieu, comme cela devrait être, de trois fois par mois. En général, les .Lamas se contentent de lire certains livres et de célébrer la cérémonie Touisol; les laïques se prosternent devant les images de certains dieux et récitent plus de sentences sacrées que les autres jours.

1 Les Mongols septentrionaux montrent à cet égard beaucoup plus de dovotiou. Voj'e/: Pallas. Retiens traduction franc lise, [>. hji.

2 Comparez, p. liO.

Ann. g. - m 20

154 ANNALES DU MUSEE GUIMET

FÊTES ANNUELLES

Presque chaque mois ou célèbre une fête religieuse particulière, et ces jours-là les amusements publics vont leur train ; les fêtes, tant religieuses que publiques, sont très variées aux époques suivantes, qui sont regardées comme les plus sacrées : vers le i" février on célèbre la fête de la nouvelle année; le quinze du quatrième mois (environ le commencement de mai) on célèbre « l'entrée de Sâkyamouni dans le sein de sa mère » ; le 15 du sep- tième mois (août), avant la moisson, on fait des processions solennelles dans les champs, accompagnées de prières et d'actions de grâce pour les bénédic- tions des récoltes ; le 25 du même mois revient l'anniversaire de la mort de Tsongkapa. Les fêtes de ces jours sont brillantes et variées, surtout dans les lieux résident des prêtres incarnés ; je renvoie le lecteur pour les détails à la « description du Tibet » traduite du chinois, et à Hue, Pallas et Kla- proth*. Mes frères n'ont assisté à aucune de ces fêtes, aussi me borné-je à citer les ouvrages qui en donnent des descriptions; mais je donnerai les détails que mes frères se sont procurés sur les cérémonies Touisol et Nyoungne.

CEREMONIE TOUISOL

Le Touisol, « prier pour l'ablution » -, se range parmi les plus sacrés des rites bouddhiques, et se célèbre dans toutes les assemblées solennelles, pour effacer les péchés. On verse l'eau contenue dans un vase de la forme d'une théière, qu'on appelle Mangou ou Bouiupa, sur le couvercle bien nettoj-é de ce vase appelé Yanga, ou sur un miroir métallique particulier, Melong, qui est disposé de façon à refléter l'image de Sâkyamouni placée sur l'autel. L'eau tombe dans un vase plat, appelé Dorma^, placé sur un trépied. Los Lamas

* Nou\:. Journ. As., vol. IV. ]>. 140. Pallas Mongol. Vôlker,\ol. II, pp. 190-215. Klaproth, Retse in den Kaukasus, vol. I, p. 193. Hue, Souvenirs, vol. I, pp. 19G-291, vol. II, p. 95. Comparez Kôppen, die Religion des Buddhas, vol. II, pp. 309-315.

2 Birjs, de krud-pa, « complètement lavé,a!)lution »; gsal, « prier, demander avec supplication ».

3 Les term?s Mangou, Manga, Dorma pai-aifsent être des expressions locales, car je ne les ai pas trouvés dans les dictionnaires. A Sikkhn les Lamas Lepchas appellent le Manghou-Guri et le vase qui reçoit l'eau Tliepshi.

LE BOUDDirrSME AH TIRKT 155

do Gnarj-Khorsouiu mit dil à mes frèros qu'ils mettent dans cette eau un sac

ri'iiiiili (11' riz, ([u'ils nounui'iit liraklioug', « sac de riz »^.

CÉRÉMOMIE NYOUNT.NE OU NYOUNtJ PAR NEPAI ClIOGA

Cette cérémonie ne se célèbre dans toute sa rigueur qu'urjo ou deux fois par an : son nom signifie « continu(n- l'ajjstinence » ou « cérémonies de l'absti- nence prolongée'. Elle se prolonge pendant quatre jours ; les prières et les passages des livres lus pendant ce temps, célèbrent surtout l:i gloire do Padma- pani en sa qualité de Jigten Gonpo « protecteur du montlis » pour ses oflljrts à soulager l'humanité des maux de la \h ^ Tout laïque peut particii)er à ces cérémonies ; il n'a qu'à se présenter au monastère dans la soirée, bien lavé et revêtu d'habillements propres, avec un rosaire, une tasse nommée Thor, et ime bouteille d'eau pure pour se laver.

Le premier jour est consacré aux « exercices d'introduction », eu tibétain Tagom *, préparatoires à ceux du lendemain ; on récite des prières et on lit des passages des livres sacrés sous la direction d'un savant Gelong, désigné par le Lama Supérieur. Le second jour est consacré à Ghorva, « la préparation » ^. Au lever du soleil les dévots sont réveillés, ils se lavent et se prosternent plusieurs fois devant l'image de Padmapani. Le Supérieur Lama les adjure de ne plus violer leurs vœux, et de renouveler les promesses qu'ils ont déjà faites ; il leur commande de confesser leurs péchés et de méditer sérieuse- ment sur les maux qui en découlent. Pendant environ une heure, il lit, avec ses assistants, des extraits de plusieurs livres, ce qui s'appelle Sabyong, « con- fession, amendement de la mauvaise vie ». Alors on lit jusqu'à dix heures le livre Nyoungpar ne paï choga ; à ce moment on distribue du thé (Gha-chosh et non Cha'"). Ai>rès cela on continue jusqu'à deux heures la lecture des livres et des prières, et on sert un dîner composé de légumes et de pâtisseries ; la

' Les Mongols, d'après Pallas, Mongol Vôlker, vol. H, pp. 161-177, parfument cette eau avec du safran et l'adoucissent avec du sucre.

2 sNyungpar, « réduire en nourriture i>, gnas-pa, « continuer »; choga (chhoga), « cérémonial ».

3 Comparez, pp. 56 et 76.

■* ira, « considérer, théorie » ; gom, « pas » ; la traduction littérale est " pas vers la théorie ». s Byor-ba, littéralement « venir, arriver », se rapporte à la puritication des péchés, qui découle de ces exercices. 6 Voyez, p. 107.

156 ANNALES nu MTISEE GUIMET

nourriture animale est défendue. Après ce maigre repas, les prières et les lectures continuent jusqu'à la nuit ; de temps en temps on passe du thé à la ronde. Avant que les assistants n'aillent reposer, le Supérieur Lama spécifie les divers devoirs de l'assemblée pour le lendemain, et ordonne, comme péni- tence, de dormir selon la « manière du lion », ^engeinyal tab^, c'est-à- dire de se coucher du côté droit, la jambe étendue et la tête soutenue par la main droite.

Le second jour est le plus important ; on le nomme Ngoïshi, « la sub- stance, la réalité ». Tout le jour se passe dans une rigoureuse abstinence de nourriture et de boisson. On ne doit pas même avaler sa salive; chacun a devant soi un vase dont il se sert comme de crachoir. Les personnes dé- licates qui ne pourraient supporter longtemps cette pénible prescription, peuvent parfois se rafraîchir de quelques gouttes d'eau et prendre l'air quel- ques instants. Il est défendu de prononcer un mot, et si quelqu'un s'oubliait à en proférer un seul, il serait puni par l'obligation de chanter quelques hym- nes à pleine voix. On doit prier en silence et se repentir des actions coupables. L'abstinence de nourriture et de boisson se prolonge jusqu'au lendemain au lever du soleil. Alors le Supérieur Lama demande si quelques fidèles sont disposés à continuer de même jusqu'au matin suivant, ce qui est tenu pour un moyen très efficace de se purifier de tous les péchés ; il est extrêmement rare que quelqu'un se sente la force de persister. Le Lama donne donc la permission de rompre le jeiine ; sur quoi les assistants se lèvent, sortent du temple et prennent un repas substantiel que la foule pieuse leur a préparé au dehors.

RITES POUR OBTENIR DES POUVOIRS SURNATURELS

La confiance dans l'influence puissante des prières et des cérémonies est si répandue dans toutes les tribus bouddhistes de la haute Asie que toute entre- prise est précédée par des prières, des incantations et la célébration de cer- taines cérémonies pour apaiser la colère des démons. Le peuple croit aussi que, grâce à la stricte observation des devoirs inhérents à ces rites, il pourra

Seng-ge, «le lion; » nyal « dormir »; stab?, » mode». On croit que c'est dans cette attitude que Sékyaraouni est entré à Nirvana.

I.E noUDDHISME AU TIRET 1 TiT

acquérir jilus tard uik; luiraculciiso puissance inaj^iquo appelée Siddlii et enfiu s'affrancliir de la uiétompsychose. Cette idée n'est pas contraire aux principes du boiiddliisme, qui déclare que des pouvoirs supérieurs à ceux qu.,' la nature a départis aux hommes peuvent s'acquérir par la méditation, l'abstinence, l'observation des devoirs moraux et le repentir sincère des pé- chés. Cet encouragement à une vie morale, dont les conséquences sont déve- loppées dans les livres sacrés en nombreuses paraboles, est bien fait pour exercer une influence heureuse sur l'adoucissement des mœurs barbares des nations bouddliiquos ; mais le bouddhisme, qui ne comprend pas le véritable but de la vertu, qui n'admet pas une divinité suprême dominant sur tout, et qui considère l'existence comme la cause de tous les maux, était incapable de produire une civilisation aussi générale que celle du christianisme ^

Les livres qui traitent le plus systématiquement les arts magiques sont le Tantra Sabalioupariprichha et le Lamrim de Tsonkhapa, dans lesquels on trou- ve l'explication coznplète de tout ce qui touche à leur théorie ou à leur appli- cation pratique. Dans le Sabahoujiariprichha ^ Vadjrapani décrit auBôdhisattva Sabahou, sous la forme habituelle de dialogues, la manière d'accomplir diver- ses cérémonies et indique les prières et incantations à employer pendant leur célébration pour acquérir le Siddhi. Ce livre montre les obstacles qui se présenteront et spécitie les signes qui indiquent qu'on obtiendra bientôt Siddhi; il définit aussi son essence et ses qualités.

On distingue huit sortes de Siddhi :

1. Pouvoir de conjurer.

2. Longévité.

3. L'eau de la vie, ou le remède (Amrita).

4. La découverte de trésors cachés.

5. L'entrée dans le souterrain d'Indra.

6. L'art de faire de l'or.

7. La transformation de la terre en or.

8. L'acquisition du joyau inappréciable.

» On verra une dissertât on très intéressante sur le bouddhisme dansleJîowddftdtff sa iv/î^iow, chap, v, Barthélemy-Saint Hilaire. Comparez aussi M. Muller Budrihism and Buddhist Pilyrims, pp. 14 20!

2 Le résumé de ce livre a été publie par Wassiljew liuddhismus, j)p. 208-217 Voyez aussi les re- marques de Burnoufsur l'obtention de pouvoirs magiques, dans son Lotxis de fa bonne Loi, p. 310.

158 ANNALKS DU MUSEE GUIMET

Les Siddhis numéros 1, 3 et 5 sont les plus élevés; le degré de perfection à atteindre dépend du rang de l'Iionime.

Ceux qui veulent obtenir Siddhi doivent renoncer aux vanités de la vie, observer strictement les lois morales et confesser leurs péchés ; ils doivent aussi s'adresser à un maître savaat afin de ne rien omettre. Quand ils vont cé- lébrer les rites, ils doivent être rasés, lavés et propres. L3 lieu s'accomplit la cérémonie a une influence toute particulière sur le succès. Laplace doit être choisie de telle sorte que l'esprit ne risque pas d'être distrait par des objets plus ou moins attrayants, ou par l'apparition possible de bêtes sauvages. Les lieux les plus favorables sont ceux habitent des Bouddhas, Bôdhisattvas ou Sravakas. La place doit être balayée et nettoyée et on doit y jeter de la terre fraîche pour l'aplanir et la rendre plus douce. 11 faut dessiner un cer- cle magique des cinq couleurs sacrées, afin de surmonter les obstacles, « Vi- nayakas », opposés par les démons; car ces derniers font tout ce qui est en leur pouvoir pour empêcher les efforts et les charmes des dévots de produire leur effet. Dans le cercle on élève un autel, sur lequel on dispose divers vases remplis de grains, de pain et d'eau parfumée. La cérémonie consiste à réciter des incantations et présenter des offrandes aux rois du pouvoir magique, aux génies et aux démons. Pendant qu'on récite les incantations, on doit tenir à la main un Vadjra (Dordje), dont la matière varie suivant le genre du Siddhi désiré. Les incantations doivent être répétées un nombre de fois déterminé, soit par exemple cent mille fois dans un jour; on en fait le compte au moyen du rosaire à 108 grains. On doit les réciter lente- ment et distinctement, sans élever ou baisser la voix; il ne faut y faire ni addition ni omission; on doit donner au récit la plus profonde attention, autrement on ne pourrait atteindre le but souliaité *. Il faut surtout diriger ses pensées vers la divinité tutélaire (tib. Yidam) choisie pour assurer le succès des incantations, offrandes, etc.; la manière même de placer et de tenir les doigts, Moudras -, a son importance ; ou doit choisir les positions qui figurent les attributs du dimi invoqué. Parmi les cérémonies d'offrandes, l'holocauste, en tibétain Ghinsreg ou Sregpa, en sanscrit Homa, a le plus

1 On verra plus loin la descnptioa d'un rite réputé excelleut.

2 Sur les Moudras, voir p. .SS.

I.1-: BOUDDirisMi'; \v riiiKT 159

d"iinportaiico, oUc doit oln' accomplie avec une ^tiiclo ubservatioii dos l'èyios établies à cot cflbl*.

L'approche du inomcut L- dovot attiùiuli-a la possession des qualités sunuituroUes est indiquée par difl'ér.'iits signes, tels que rêves agréables, diffusion di> [)ai-t'uuis délicieux, etc. Il faut alors faire des offrandes particu- lières aux Bouddhas, ne prendre piiulaut d'ux uu nièni > (juativ' jours que la ([uaiitité di' nourriture strictement imlispeusable et lire ctTtains Soutras. Si CLqH'ndant. malgré la stricte observation de toutes ces règles, aucun signe n'annonçait l'approche de Siddhi, ce serait une marque positive que des raisons inconnues l'auraient empêché ; la divinité protectrice révèle ces rai- sons- dans les rêves.

Los rites et les Dharânis varient suivant la divinité dont on implore l'assis - tanc.^; chaque dieu a ses Dharânis, Moudras, cercles magiques, offrandes et attributs iiai'ticuliers. D'après la croyance populaire, Avalokitesvara, Man- djousri, Vadjrajiaiii et b;\iucoup d'autres personnages ont déclaré au Bouddha liHU" intention de défendre sa religion et d'accoixler leur assistance à ceux qui l'implorent. Los Dharânis et les cérémonies qui conviennent à chacune de ces divinités et les instructions sur leur application ne sont pas toujours clairs, satisfaisants et complets; aussi de famoux magiciens ont-ils écrit des commen- taires explicatifs, qui pourtant ne s'accordent pas toujours; de les nom breuses méthodes « Longs » pratiquées pour la célébration des rites.

CÉRÉMONIES PAnTICUl.lÈRES POUU s'aSSURER l'a SSI STA N CE DES DIEUX

La pUq)art d(_^s cérémonies, pour avoii' refricacité voulue, doivent être célébrées par un Lama ; mais, mémo dans colles ce n'est pas indispensable, on demande l'assistanc' d'un prêtre dans les circonstances importantes, car on suppose que le rite devient plus efdcace par la coopération d'un Lama. Toutefois cette assistance est très coûteuse pour les laïques, car les prêtres officiants taxent leurs services d'après les ressources des fidèles '■^. Il n'est pas nécessaire de s'adresser aux Lamas pour les libations usuelles aux génies per-

1 Voyez p. nU une Juscription de ces olïi'amld:. ' Comparez, p. 102.

160 ANNALES DD MDSÉE GTJIMET

sonnelsjà ceux de la maison ou de la campagne, etc., en l'honneur desquels on a coutuHK! do renverser un peu de nourriture ou de boisson, ou de remplir les vases à offrandes placés devant leurs images avant de manger ou de boire soi-même ^ Ou ])cut aussi élever des pavillons à prières (Derchoks et Lap- chas), faire des offrandes aux lieux consacrés que l'on rencontre en voyage sans l'aide des Lamas, qui n'est pas indispensable non plus pour assurer l'ef- ficacité des sentences mystiques de pouvoir magique, les Dbarânis.

1. Rite Doudjed

Ce rite, dont le nom signifie « préparer », sous-entendu les vases, a pour but de concentrer les pensées. Ceux qui veulent s'adonner à une profonde méditation placent devant eux un vaisseau en forme de vase, appelé Nam- gjal boumpa, « le vase entièrement victorieux », et un vaisseau plat appelé Laï boumpa, « le vase des oeuvres » ^. Le Namgyal-boumpa figure l'abstrac tion de l'esprit de tous les objets environnants; le Laï-boumpa, la perfection dans la méditation abstraite. On ne doit pas poser les vases sur la teri-e, mais sur une étoffe ou un papier est dessiné un cadre octogone, appelé Dab - chad, « octogone » ; on remplit les vases d'eau parfumée au safran et ou entrelace autour d'eux des bandelettes aux cinq couleurs sacrées ; on y met aussi des fleurs ou de l'herbe Kousa ^. Le dévot fixe son regard sur ces deux vases, réfléchit sur l'avantage qu'il tirera de la méditation et par il est porté à une profonde concentration de l'esprit.

Le cadre Dabchad a neuf compartiments séparés par des ornements figurant des nuages. Dans choque compartiment est inscrit le nom d'un Dakini ou Yôgini, en tibétain Khado, ou aussi Naljorva ; dans la case centrale une ins- cription indique qu'elle représente le « chef des Daldnis », que les livres sacrés appellent Sangye Khado en tibétain. Bouddha Dakini en sanscrit. Dans un Dabchad qu'Hermann s'est procuré à Siklvim, les mots du centre sont : dbous-byas-rnkhro ^ et signifient « Dakini occupant (fait dans) le cen-

» Cette coutume est générale dans toutes les contrées de l'Asie et du Sud-Est de l'Europe. Voyez Pallas, Reisen, vol. I, p. 56.

' Ces vases sont assez souvent représentés sur les coussins qui servent de siège aus Lamas pendant le service religieux public.

3 C'est à cette espèce qu'appartenait le gazon dont Sàkyamouni fit son siège sous l'arbre Bôdlii.

■* dBus, <t centre », byas, u fait n.

Annales du Musée Guimet

1. m. i'i..\.\i\

Imp A.Ro-ux, Lyon.

DAB CHAT), l'IGURF. MAGIOUK

LE n'iUlil)III>Ml-; Ail TIllKT IGl

ti'iMi; le iiHit iiikhru est iiiH' al)n''viali<)ii de Kliado, qui s'écrit iiiklia-'grn, ot qui signifie littéraleiiieut « ([ui inniuène dans l'air ». Los Dakinis sont des esprits féminins on noniljro incommensural)ic' qui témoignent une grande hiiulo jMiur lis lidunnos. Elles sont invoquées, dans un (raiti'' traduit \rji- Schmidt, avec des épithètes de sainteté comme par exemple Sarva Buuddha Dakini, et leur chef porte le nom do Bugda Dakini; Bogda signifie « nature divine ». Cette Dakini suprême est aussi la compagnoou Sakti de Vadjradhara ( t jouit de pouvoirs aussi grands qiie sou époux ^

2. Holocauste

Par l'holocauste (on libi'tain Ghinsreg ou Sregiia", en sanscrit Hôma), le suppliant espère obtenir lo bonheur, l'opulence et lo pouvoir, se; purifier de ses péchés et se garantir contre « la mort prématurée » et les maux qui s'en- suivent. Cette cérémonie consiste à faire brûler du bois do tamarin, Ombou, et du coton avec des charbons et de l'huile pai-fumée dans une sorte de fourneau, Thabkoung^, fait d'argile et de briques. La forme et la couleur du fourneau dépendent du but pour lequel on l'emploie ; tantôt il est carré, tantôt somi - circulaire, ou circulaire ou triangulaire. Ces fourneaux ont environ un pied de haut et deux de large ; les côtés en sont droits et le fond formé d'une pla- que d'argile cuite, qui dépasse les côtés d'environ deux pouces ; sur le bord qui dépasse sont dessinés des demi-dordjes^ ; au centre de la plaque est gravé un signe mystique qui symbolise la terre, le feu, l'eau ou l'air, suivant la forme du fourneau.

Les offrandes doivent être brûlées par un Lama revêtu d'une grande robe de la couleur du fourneau et brochée de nombreux symboles de l'élément gravé sur la plaque de fond. 11 dispose sur une table latérale, avec des prières qui commencent par le nom de l'élément, les ofîrandes qui doivent être con- sumées; il les met dans le fourneau par petites quantités à la fois, afin que la combustion se fasse lentement. Il entretient le feu en versant de l'huile par-

' Schmidt, Geschichte Ssanang Sselsen's, pp. 468-475-481. Sur V.iji'adliara, voyez page 34.

2 sByin (chiii), « aumônes » ; sreg-pa, <■. détruire par le feu ».

3 Tliah, (( place pour le feu » ; kliung, « trou ». Dans le Tantra Sahalia-piriprichcha, Vassiljew Def Uuddhismus (p. 212) 10,000 grains de froment, sésame, moutarde, Lotus, etc., sont désignés parmi les offrandes qui doivent être brûlées.

■• Voyez p. 139.

A..N.N. G. - 111. 21

iCri ANNALES DU MUSÉli GIJIMET

fuinéo avec deux ciiilléi-es de cuivre ; avec; la plus grande, nominee Gaugzar \ il puise riiuile dans un p lit vase de cuivre et la verse dans la plus petite appelée « Lougzar »-, dciaquelle il laisse tonibr'r l'huile goutte à goutte sur les offrandes.

Cette cérémonie porte ijuatre noms sui\aut le but de sa célébration :

1. Zhibai Chinsri'ç/ « sacrifice de paix », pour garder des calamités, iluiiine, guerre, etc.; puui- diininucr ou neutraliser les effets des mauvaises influences et effacer li's péchés. Le fourneau est carré; sa partie basse est rouge, le haut est blanc. Sur le fond est marqué le signe « Lani », symbole do la terre.

Get holocauste est ordinairement célébré après le décès d'une personne, parce que l'on suppose que les péchés du défunt sont réunis dans le fourneau par la vertu des Dharânis prononcés par le Lama officiant et par le pou- voir deMélha ou Mélhaï gyalpo, « le seigneur des génies du feu», que l'on implore toujours dans ces occasions ; on croit que pendant la combustion des offrandes les péchés disparaissent pour jamais. Voici les termes de la prière à Mélha :

« Je t'adore et te présente les offrandes pour le défunt qui a quitté le monde et est entré dans le cercle; pour lui qui habite dans l'assemblée des trois divinités miséricordieuses, qui sont tantôt calmes, tantôt en colère^. Je t'en supplie, purifie-le de ses péchés et des violations de la loi et montre- lui le droit chemin. Sarva-agne-dzala-ram-ram. »

Cette prière est reproduite planche XX.V; c'est une impression d"uae gravure sur bois originale, venant du Tibet oriental ^ ; elle est placée sous

1 Gang « faire plein, remplir »; gzar, « cuiUère à pot, grande cuillère ».

' bLug « verser d.

SU est difiioile de compr-ndra quelles soat ces divinités. D'après la phrase nous pourrions croire qu'il s'agit des trois Isvaras, c'est-à-dire, Brahma, Vishnou et Shiva (Schmidt, Mémoires de l' Académie de Saint-Pé'.ersbowrrj, vol. Il, p. 23). Nous jpourrions supposer, d'après la légende sur Brahma p. 72, que tous trois répriment les tentitives des démons. Si c'est la véritable interprétation, ils se mettraient en colère dans le cas d'activité, suivant les idées des Tibétains (voyez page 72). Mais je ne puis com- prend-e pour quelle raison le défunt, ainsi qu'il est dit ici, s'élèverait à la région résident ces didux, si considérés et si supérieurs à l'homme et aux divinités ordinaires; car Shinje (voyez p. 59), devant qui le défunt comparaît, habite une région inférieure.

■' Les points intersyllabiques n'existent pas dans la gravure originale, je donne donc ici la prière en caractères romains, eu remplaçant les points intersyllabiques omis par des lignes horizontales :

'i'ang.s-pa-gsum-zhi-khro'i-lha-ts'hogs-daug-gar-dvang-lhugs-rje'i-chenpo'i-drung-pu'jig-rten-'di-na" pha-rol-du-ts'he-las-'dhT.s-pa-flkyil-kbor-la-phyag-ls"hal-lo-)!iohdd-pa'bul-lo. sDig-sgrib-shyangs-dii-gsol, gnas-so-rab-tu-gsol ; lambstan-du-gsol. Sarva-agne-dza-la-ram-i'am.

>

w S

•w

3

D Q

<

c:^*

o

Oh

5 «)

o c

><

o of.

3

c^ ^ z s

r

c?

li/

P^

o

<; >• o

LK IlOlTDIlIIISMK AU TIHET 1 6:j

l'iiuage de .M<'lli;i, représente dans l'état de calme. 11 est assis, les jambes croisées, sur une fleur de Lotus et tient dans ses mains jointes le Lotus bleu Outpala (nelumbium speciosum) ; sa tète est ombragée parle Doug (ombrelle), orné des rubans borizontaux Labri et des drapeaux Badang.

2. Gyaspaï Chinsie(j\ « le riche sacrifice », pour obtr-nir une bonne récolte, la richesse, etc. Le fourneau est hémisphérique, et de couleur jaune; sur le fond est figuré le mot « Yam », symbole de l'air.

3. Vangi Chinsreg^, a le sacrifice pourle pouvoir », pour obtenir influence, pouvoir et succès à la guerre. Le fourneau est rouge et circulaire ; cette forme est symbolique de la fleur de Lotus ; il porte sur son fond le symbole de l'eau, « Ram ».

4. Df^agpo Chinsreg^, « le cruel sacrifice », pour obtenir d'être protégé contre « la mort prématurée », et pour faire punir les méchants esprits qui ont occasionné ce malheur redouté. Le fourneau triangulaire est noir ; le caractère gravé sur le fond « Ram » est le symbole du feu''.

La planche XXXII, lettre A reproduction directe sur le papier comme s'il s'agissait d'une gravure sur bois destinée à l'impression représente la surface d'un morceau de bois en forme de rectangle long ; quatre trous y sont creusés pour mouler le pain, la pâte, le beurre mêlé de grains et autres substances semblables qui sont ensuite offertes en remplacement de l'holo- causte. Les caractères du centre sont les symboles des quatre éléments, et les trous présentent la forme des fourneaux les offrandes sont brûlées. A côté de ces figures et de ces symboles est représenté sur la gravure le Lama officiant qui tient à la main les deux cuillères, emblèmes de celles qui servent à cette cérémonie.

3. Invocation à Loungta

Loungta^, «le cheval aérien, le cheval du veut », figure sur la liste des sept choses précieuses, sous le nom de Tachog, « le meilleur cheval de son espèce ». Ce cheval est renommé, dans les légendes, pour sa rapidité.

1 rGyas-pa, n ample, copieux ». ' dVang, n pouvoir ».

3 Drag-po, « féroce, cruel ».

4 A pi'opos, de la mort prématurée, voyez p. 09.

5 l'Lung, <i vent « ; 'ta a cheval ».

i6i ANNAI.KS nu IMUSKE GUIMET

« Quaiiil li' I'ni di' la loiic il'ur, le souverain des quatre élément^ (en sanscrit Malia (lliakravartiu Raja), le nionti> pour traverser 1(; inoiidi', il pari k matin et ri'iilre le soir sans avoir ressenti aucun fatig-ue. ))LeNorviMi l'iirengva rapporte ([u'il traverse (rininienses espaces en un moment ^

Le Loungta est le symbole de « l'iiarmonio, » car il n'umit en harmonie les trois conditions do l'existence humaine, dont l'union constitue le bonheur ; il les fortifie de façon à produire une union salutaire à l'homme. Ces trois conditions d'existence et de prospéi'ité sont: Srog, Lous et Vang.

Srog, le principe vital, « le souffle », est la base de l'existence.

Lous, « le corps », signifie le développement normal de l'organisme du corps.

Vang, « pouvoir », figure l'énergie morale qui permet à l'homme de s'abs- tenir des actions qui nuisent au principe vital et aux organes du corps, et produisent la nu\ladie et la mort. Il désigne, en même temps, la faculté de détourner les dangers (pii d(''c()ulent de l'hostilité naturelle des élé- ments ^.

Loungta a encore le pouvoir d'enhn'er aux constellations et aux planète.; hostiles à l'homme leur influence nuisible. De plus l'efficacité d'un Dharâni ou d'une sentence pour le bonheur de l'existence est plus assurée [lar la présence de Loungta; de cette croyance vi<Mit la coutume d'ajouter à ces Dharânis un cheval chargé de la pierre précieuse Norbou, ou une allégorie du cheval, ou au moins une prière à Loungta.

Les planches rapportées par mes frères fournissent des spéciments de cet usage. Les Dharânis sont en sanscrit, écrits en caractères tibétains et quelquefois aussi en caractères lantsa. Le but proposé et les divinités im[ilorées varient ; dans la plupart de ces Dharânis nous trouvons cepen- dant la prière Oin mani [)adme liuum, et Om Vadjrapani houm, Dharânis destinés à Padmapani et à Vadjrapani.

Dans la planche XXVII le cheval est au centre et porto la précieuse pierre

1 Rémusat, dans Foe koue kî, p. 128. Schmidt Ssanang S^etsen, p. 474. Voyez p. 30 la description des sppt clioses piécieuses.

2 Toutes les fois que l"éléraeut qui entre dans la ilénoniination de l'année de la naissance d'un ind.- vidu se trouve en contact dans le « cyile des ans » avec un élément hostile, l'année est malheureuse; la santé est menacée, et on doit s'attendre h échouer dons ses entrejn-ises. Cette idée tient à la croyance des Tibétains à l'influence des éléments sur la prospérité de l'homme. Voyez chap. xvii.

An. \ ALE s DU Musée CtUimet

I Ml n. XWI.

il 11!0[|IL

B5!%% ^2?^^|l %C^Jii 1

Imp A. Roux, Lyon.

SENTENCES MYSTIQUES .W Kf l,.\ EIGURE Dl^ (TIFAAE AÉUIEN

Annales du Musée Guimet.

T. III, PI.. XXVIl

\

Jirvp. A. Roux, Lyon

SENTENCES MYSTIQUES, AVEC L'IMAGE DU CHEVAL AÉRIEN.

Les caractères de cette jilanche ayant été gravés en pONitif sur le bois original, se trouvent ici letuurnés.

Annales du Musée Guimet

T. 111, l'L. XXVIII

AnNALKS Dll M USÉE GuiMET.

T. Ill, PL. XXVIII

1. Fac-sinnile cl'um Ijoia Ti)3titÊi.iri, de Silîkim.

g^ïPÏSS^^^^Î^^i^^pip^f^/^

2. Copies de formules obtenues au. nioiiastôre de Himis, à Ladak

.1

^:

Imp A. Roux, Lyon

FORMULES D'INVOCATIONS A LOUNGTA.LE CHEVAL AÉRIEN.

LE BOUDDHISME AU TIBET 165

Norboii. Dans d'aiitivs t^xcinplaircs il se dirigo vers la gauchi', tamlis quo l'ocrituro va, cuMiino d'habitude, de gaiichiî à droite; dans cette [ilancho tout est à rebours, l'artiste n'ayant pas pris laponne de retourner son œuvre. Ces irrégularités se présentent assi'z froqueminent, surtout dans les planches qui ne sont pas destinées à riiiiiii'i'ssinii sur le piipii'i', mais seulement à imprimer des objets de tuiunitiin'. (lunime signes allégoriques substitués à la ligure du cheval, nous trouvons (pielquifois la forme anagrammatique de la prière Om mani padme lioum eu caractères lantsa, ou la lettre lantsa Om ceinte d'une gloire et llaiujuiu' d(>s caractères Ba et lii'in. D'autres invocations à Loungta n'ont pas d'urnement central.

Les prières adressées personnellement à Loungta ne se trouvent ordinaire- ment qu'au bas de la planche; l'invocation imprimée planche XXVII n"2est très puissante; elle est conçut; en ces termes: « Oiiulcnce, ami d' l'adresse, Loungta de soufrie, de corps, di' pouvoir, puissiez-vous croître et grandir comme la nouvelle lune ! » Dans les tables est inscriti,' cette prière, les quatre coins de l'image sont presque toujours ornés de la figure ou du nom d'un tigre (tib. Tag), d'un lion (tib. Senge), d'un oiseau (Khyouug), et d'un dragon (Broug); souvent, avant l'invocation à Loungta, on trouve un Dha- ràni en ces termes : «Tigre, Lion, Oiseau et Dragon, puissent-ils tous coopérer à l'union complète ! Sarva-dou-dou-houm. »

La couleur de l'étoffe ou du papier sur lequel 1(> Loungta est im[irimé n'est pas sans importance sur son effet ; les règles à cet égard sont du reste très sini - pies : si l'on n'a pas sous la main la couleur requise, on peut y suppléer par des morceaux de la couleur voulue, coupés en triangle (pour indiquer que ce sont des Phourbous) et attachés au bord inférieur du tabb'au. La présence d'un Lama n'est pas nécessaire pour les invocations ;i Loungta, pas plus que pour les cérémonies plus compliquées encore qui ont été établies pour accroître la probabilité de la réussite ' et peut-être est-ce um; des raisons de la fréquence des invocations à Loungta.

£', Talisman ,Chaugpo

Ce talisman, dont le nom signitie « garde, protecteur », est réputé proté- ger les hommes contre les entreprises des démons, et donner à ceux qui le

1 Plusieurs livres contiennent le délai! de ces cérémonies supplémenlajres.

166

ANNALES nu MOSEE GDIMET

suspendent dans lours maisons ou le portent comme amulette la force de ré- sister aux tentations de péch<'r inspirées par les esprits du mal. Ce talisman est rond, comme on peut le voir planche XXIX. Aucentre est un petit cercle inté- rieur; dans un second cercle plus large est dessinée une étoile, et dans les huit compartiments formés à l'intérieur de cette circonférence par les angles de l'étoile sont inscrits les noms des esprits ennemis. En dehors des circonfé rences un homme et une femme sont représentés, les mains de l'un attachées par des chaînes aux pieds de l'autre.

Cette planche est la reproduction d'une gravure sur bois ; ce bloc avait tellement servi que sa finesse originale a tout à fait disparu, et que le bois est fendu.

5. Figure magiqae Phoorbou

Le Phourbou, littéralement, « cheville, épingle ou clou », est dessiné en triangle sur un papier couvert de charmes ; le manche a la forme d'un demi- Dordje. Les bouddhistes attribuent au Phourbou la propriété d'empêcher les démons de nuire, ou de les chasser s'ils ont déjà exercé leur influence perni- cieuse. On croit que la simple présence du mot Phourbou empêche les démons d'entrer dans les maisons ou de nuire à ceux qui le portent en amulette ; la sentence Phour-boui-dab-vo, «je te tra- verse avec le clou «, est répétée dans plusieurs livres qui traitent des mauvais esprits *; la pointe du Phourbou dirigée vers le côté habitent les démons les chasse ou les détruit.

Ordinairement trois Phourbous en- tourés de flammes sont dessinés sur le même papier ; celui-ci est fixé sur un carton ou une planche mince. En cas de

' Dansle livre Doug-karchm, « pourvu d'ane ombrelle blanche, » ceite sentence est jointe aux noms des rente démons qui y sont cités.

AnNAI.es 1)1' iMusÉK GuiMKT.

T. 111, 11.. .\.\1X

Imp A. Roux, Lyon

LE TALISMAN CHANGPO,

de Daba, à. Gnsiri-Khox^souna.

LE BOUDDIIISMK AU TIRET 167

maladie ou de malheui" attribué aux démons, lo cliefde la famille ou un Lama, si l'on est ass(>z v'wW pour en prendre un, accompagné pnr la famille et les proches, fait le tuur de la maison en dirigeant la pointe du l'hourbou dans toutes les directions et en proférant des incantations à pleine voix.

Lu gravure sur bois ci-jointe, planche XXX, représente la disposition du Phourbou. Les deux caractères tibétains au centre de la figure sont dGra (prononcé Da), qui signifie « ennemi, » et bGegs (prononcé Geg), qui veut dire démon. La figure liuiiKiiin' placée entre les di'ux petits Phuui'bdus est celle de Tamdin, en sanscrit llajagriva. Tamdiu est un Dragshed qui passe pour très empressé à protéger les hommes contre les démons. Un dordje sort de sa tête ; sous son menton est inscrite la syllabe mystique Ah.

Le rectangle long qui avoisine latète, et l'hexagone, contiennent un Dharâni répété plusieurs fois, qui menace « les démons qui habitent au-dessus de la terre. )> Ljs Dharànis du si'cond rectangle sont dirigés contre le Geg qui habite l'est, Shar; celui qui habite le sud -est, Sharlho; et le sud, Lho. Les Dharànis placés à la jonction du triangle et au commencement de la première grande ligne dans la partie triangulaire, éloignent les démons, du sud -est, Lhonab. Chaque Dharâni se termine par les mots « détruire, réduire en ruines ». Les Dharànis sont sanscrits, écrits en caractères tibétains.

Sur les manches des deux- petits Phourbousest inscrite la syllabe mystique houm.

Les autres charmes inscrits dans le triangle commencent par « Ah Tam- din », manière mystique d'implorer ce dieu. Ils écartent les démons qui habitent le nord-est, Noubjoung, le nord, Jang, et les autres quartiers du monde *; et il est déclaré que ceux qui portent coPhourkha-, « Phourbuu tranchant », sont protégés contre tous malheurs provenant de ces quartiers. Tous ces Dharànis sont sanscrits; commejbeaucoup d'autres charmes, ils ne peuvent se traduire littéralement. Ils se terminent par les syllabes houm et phat; c'est le charme duquel la reine des Dakinis dit, dans le Norvouphren- gva : « En criant avec la voix de secret houm et phat,je maintiendrai dans l'ordre l'innombrable légion des Dakinis''. » .i la lin de l'inscription on lit

1 A propos des quartiers du momie, qui .sont au iioinbre de dix. voyez p. 80.

* Kha, « amer », ici il a le sens du tranchant, altilë.

3 ïclimidt, GcsclUclite der Œst-ilonsoUu, jjp. 480 et 343.

lOS ANNALES DU MUSKK GUI.MET

que ce Dliaiâiii est dirigé priiicipalement contre les esprits qui habitent Fair et contre la classe spécialement nommée rGjal-po rgyas-'gong-sliin- dre-sron dre.

LesDbarânis inscrits sur li' niauchoft àlajointuro du triangle sont toujours adressés à Tanidin ; ceux cpii leniplisscnt le triangle peuvent varier, car celui qui lait l'aire un l'huurbnu ]>i'ut demander des Dharânis dirigés contre tels démons (pfil su]qu)sc lui être particulièrement hostiles.

Les Phourbous les plus efficaces sont ceux dont les Dharânis sont composés par le Dalaï Lama et le Panchen Rinpoche ; ces Phourbous atteignent un prix très élevé quand ils sont authentiques .

C'est un important article de commerce pour les pèlerins mongols revenant du Tibet, qui ne manquent jamais d'affirmer que les Dharânis de leurs Phour- bous sont de la composition du Dalaï Lama.

6. Cérémonies Thoagdam Kantsaïl

Toutes les fois (pie l'un demande par des cérémonies l'assistance de l'un des nombreux Di'agsheds, les prières récitées et les offrandes doivent suivre un certain ordre :

1. Cérémonies avec des hymnes glorifiant la puissance du dieuimplo:é, et énumérant ses attributs; elles sont appelées Ngontog^, «produire l'éminonte intelligence. «

2. Description de la région le dieu habite; le terme technique est Chandreu, « citer. »

3. Déposition des ofiraudes sur l'autel; Chodpa, « sacrifice. »

4. Prières implorant la rémission des péchés; cet acte s'appelle Shagpa, « repentir, confession. »

5. Kantsaï, la présentation des objets, « satisfaire. » Le mode d'ofïrande consiste à consacrer aux dieux les objets qui, dès lors, ne peuvent plus servir aux usages particuliers.

Les offrandes sont quelquefois des animaux vivants et des armes ; l'un des principaux objets est une flèche à laquelle sont attachées des bandelettes de

' ThugB-dam, « prière » ; bshang, « rassasier, conteater » ; rdzas, « sul)stance, richesse ». 2 mNgon « clair, eminent » ; rtogs, « intelligence ».

H ai

S O

u •u

13

3

a

w

u

< z z

<

o

cci ;:= o

o

o

K

cri

X

z

OS

3

O

LE nODDDIIISME Af TIBKT 169

soie aux cinq couleurs sacrées, qu'on appelle Dariiai jaupa, « ornements de cinq bandelettes de soie » *, et un disque de cuivre appelé Melong, « miroir », sur lequel les syllabes mystiques om, tram, ah -, liri, houm, sont inscrites dans la disposition suivante:

om 3

hoVAÏl ^

On attache aussi des pluan's à la llèclie; il faut choisir les plumes des oiseaux favoris des Dragsheds implorés; ainsi la tlèche offerte à Lhamo doit être ornée de plumes de corbeaux; de milan pour Gonpo (Maliàdeva). On mêle aux plumes de petites bandes de papier on écrit certains charmes, qui se représentent aussi sur la i)ointe et le corps de la flèche.

Quand l'acte d'invocation est terminé, on enfonce la flèclie perpendiculai- rement dans le sol; les astrologues seuls peuvent la retirer de cette position.

7. Invocation à Nagpo Chenpo en tournant la flèche

Nagpo Gheupo (en sanscrit Mahâkala) assure le succès des entreprises et protège contre l'hostilité de tous les mauvais esprits. Cette cérémonie, « tour- ner la flèche », sert aussi à faire découvrir les auteurs d'un vol.

Le Lama, supérieur du monastère la cérémonie doit se faire, la com- mence par la lecture, au son des cymbales, des tambours et des flûtes, de certains passages d'un livre qui traite d(3 la puissance de Nagpo Chenpo, des Dharânis qu'il a enseignés aux hommes, de sa haine pour les démons et des offrandes qui lui sont les plus agréables. Le Lama termine sa lectur.î en menaçant les esprits malins de la colère de Nagpo Chenpo s'ils font quelque mal à ceux qui ont commandé cette cérémonie. Il passe alors à un novice une flèche longue et pesante, garnie de plumes, de bandelettes de soie et de morceaux de papier couverts d'invocations à Nagpo Chenpo. Le

' Dar,« soie »;sria, « fin, lambeau», lnga,« 5 »; rj^yan-pa, «ornement»; lengaciS » a élu suppi'imé dans la prononciation.

* Csoma, Grammar, p. 105, explique queOm e5t une interjection niystiiiue désignant le corps essn- tiel ou personne d'un Bouddha, ou qnplnue autre divinité. Hri est une imploration mystique à Chenresi, douée d'une grande puissance.

Ann. g. - III 22

170 ANNALES DU MUSEE GUIMET

injvica s'assoit sur un tiqiis d' fisitr." blanc et ti'^nt la lli'i'ho d'uno main la pointe appuyée pcrpendiculaironuMit sur la paume de l'autri'; par une légère secousse de rotation il la m 't en mouvement et progressivement la laisse tomber à terre ; ses secousses deviennent plus fortes quand la pointe a quitté sa main et repose par terre; il la saisit alors des deux mains et par une impulsion convulsive il lui conserve son mouvement. Les spectateurs croient que la flèche tourne par son propre pouvoir et que les secousses et les tremblements du prêtre sont la conséquence naturelle de ce mouvement spontané.

Le novice continue pendant plusieurs heures, pendant lesquelles il fait des milles sur lui-même et ne cesse que quand ses mains sont couvertes d'ampoules et ses forces épuisées. L'arrêt de la flèche est considéré comme le signe infaillible de l'expulsion des démons ; si "la cérémonie avait pour but la découverte d'un vol, la direction indiquée par la pointe est celle il faut chercher le voleur. Le novice va alors rejoindre les Lamas qui, pendant ce temps, chantaient des hymnes et récitaient des prières ; on chante encore quelques hymnes finales et on remet solennellement la flèche à celui qui a ordonné la cérémonie.

8. Cérémonie Tangoug

Le but de cette cérémonie Yangoug ou Yangchob, « chercher le bonheur, assurer le bonheur » *, est de supplier Dzambhala ou Dodne Vaugpo^, le dieu de l'opulence, d'accorder la fortune. On ofii'e une flèche semblable à c^llè qui sert à obtenir l'assistance des Dragsheds (n°6) ; mais le disque qui l'accompagne est percé d'un trou au centre et de quatre groupes latéraux de perforations qui remplacent les syllabes mystiques. Des plumes d'aigle noir garnissent la flèche, et sur les cinq bandelettes de soie est roulée une bande d'étoffe blanche chargée de quelques Dharânis et finissant en deux languettes^. Ces remarques offrent aussi des explications additionnelles à l'invocation aux Bouddhas de confession. Tout ce qui contribue à éclaircir cette pièce est bien venu pour moi, car la nouveauté du sujet a beaucoup

i srYang, 0 bonheur » ; 'gngs, a demander »; skyobs, « protéger ».

2 gDod-nas, « du commencement »; dvang-po, <t souverain, tout-puissant »,

3 j'ai également vu la flèche tr.icée sur une table astrologique.

Annales du Musée Guimet

! . Ill . IM.XWI.

/7 '^m

Imp A. Roux, Ly<"^--

i)/AVIiiflAI.A,()U DODNFVWGPO, OlIiU DH l.A Klf HFSSE.AVKC SKi^ ASSIST.VNTS .

•*

\ L E s DU Musée G u i m e t

I Mi . n.xwii.

ûSSSSSSSSSEjSSSSuSSSSSJSa^^

'.)IHIIl"4WIHii.lltl

MtNllUIHItfHnHDHIUHnriK

-[^l■«1u^l^^^Tmg|lWMrm■waB^n^nw^^l^ltt■^tnM^lr»^l^^^l«^lm^li^lt.'^^lu^^♦^l,^

tilHIMHnriKnMHIrnaWBPIIIIIMIiailUllllllWlffl-.HawiHIitnniiitrHiii .;;r,;..u ' ,1

;;;r7;^>iwntâfii.»!nuiuHÎSmy<lii»>«iitroiimB»«nawinwyQruiBM

g^?Mw^^M^fM'iï^;^rii^^'l'^^lm5twn^^<|^p^l'l"î^ ■' i jn>i

^' 'rSi»ini«iiuiHi«UJ.'ii< .■iiin«nfliCTi!?nî! I cr'di/ Ji-SnîîtKSrwHÎMÎtînmiâ'piiwii!! ri:i'n»i^

I i a I ^awwU»rfiîin;.fli/imTiiHTOnninH»ifflWwiwwiiitom

>eS|i<BmifliiiH^iïï>î»iiH^îi>mnTip^iiiimnmii!jiim^^

M^u»uuuMHliJ>uiil:lIUlllln^GUitol:^i.ilniUlMIe•'<lflRHr^^rfî.>^t^^'^tunnur.^^aIInlf!«mlRII^

>»>,^-^ . ^ ■> . - - innihi iiiiiir m I II Biiiniiii m iiiwinw 1 ""—••<»*•'•

-U.X

Lycn.

DZAMBHALA.OU DODNEVANGPO Dll-U DF lA FxItllKSSE.

LE BOUDDHISME AU TIURT 171

augiiKMité la (lilïicultù do péuétrcr tuus les détails. Nous y voyons (page S?) ({iio dans la période do destruction do l'univers, la cérémonie Yangoug sera plus fréqucnuuent célébrée que les actes pieux qui procurent la rémis- sion des péchés.

Les images de Dzauihliala j.' n'|iiV'scnti'iit générali'iiii'ul entouré de huit autres dieux qui donnent aussi la lurtuno, qu'un appelle Namthosras ou eu sanscrit Vaîsravauas ; ces personnages sont toujours représentés tenant dans la main gauche un rat avec un joyau dans sa bouche, symbole de fertiliti'. Dans tous les tableaux Dzambliala est représenté monté sur un lion blanc à crinière verte ; dans sa main droite il tient le Gyaltsan, en sanscrit Dhvadja, sorte de bannière flottante qui symbolise la victoire. Ses huit compagnons portent dans leur main droite : 1" une chose précieuse, en tibé- tain, Rinchen; 2" le vase plat Lai boumpa (voyez page IGO); 3" une petite; maison à plusieurs étages, Khangtsig ; 4" une pioche ; un glaive, Ralgri ; la pierre précieuse, Norbou; 1" un glaive, Ralgri ; S" un couteau à ferninir, Digoug. Le récit détaillé d(3S actions de ces dieux et de la signification des objets qu'ils portent, se trouve dans le livre Gyalpo chenpo namthosras chi kang shag dont l'Académie de Saint-Pétersbourg possède un exemplaire.

Mes frères ont vu une image le Bouddha mythologique Dipankara (voyez page 83), en tibétain Marmedzad et un « Bouddha de médecine », en tibétain Mania, étaient associés à Dzambhala, au lieu de ses huit compa- gnons.

9. Cérémoaies pour les cas de maladies

L'^s details que nous ofirons ici sont pris en partie dans le livre tibétain sur la médecine publié par Gsoma, en partie basés 'sur les observations de mes frères.

L-3 livre tibétain * énumère trois causes principales de maladies et quatre secondaires. Les trois causes principales sont : 1" envie ou désir; 2" passion

' Il est intitulé Gyout-zhi » le traité en quatre parties »,et selon Csonia c'est le principal ouvrage de médecine au Tibet. On en verra l'analyse dans le Journ. As., Soc. licng., vol. IV, pp. 2 à 29. Il n'est pas compris dans le recueil du Kinuljour et du Tandjour, qui renferment plusieurs autres ouvrages sur la médecine. Voyez Wilson. JoitTO.,ls., Soo. Bt'iiff. vol. I, p i. Gleanin .s in sciences, vol. III, p. 247. Pour plus amples détails sur la méleciue, voyez aussi la description du Tibet dans le .Vowy. Journ. As., vol. IV, p. 2:>1. Trail « Kamaon » As. Res., vol. XVI, p. 2i2. Pall.is, Monyol VdUter, vol. II, p. 338.

172 ANNALES DU MUSEE GUI.MET

OU colère; 3" sUipidité ou iguorauce. La première fait naître le vent; la seconde la bile ; la dernière la pituite. Les quatre causes de nature secondaire sont: 1" les saisons, par rapport an fruid et au chaud; un démon quel- conque; 3° l'abus de nourriture; uu mauvais genre de vie. Ce livre ren- ferme des avis utiles relativement aux moyens de rester exempt de maladies et donne un grand nombre de règles relatives à la nourriture, aux occupa- tions, à la direction de la vie selon les diverses saisons, etc. Il indique les symptômes des maladies et les questions que le médecin doit adresser au patient sur sa nourriture, ses occupations, les circonstances dans lesquelles la maladie s'est déclarée, ses progrès et les douleurs ressenties. Les remèdes prescrits contre les maladies sont au nombre de 1200 et peuvent se réduire à quatre classes : médecine, travail manuel, diète, manière de vivre.

Mes frères n'ont jamais vu ou entendu dire qu'une médecine ait été prise ou une opération chirurgicale commencée sans être précédées ou suivies de prières auxBouddhas de médecine, en tibétain Manias, « les suprêmes méde- cins », et de cérémonies qui doivent accroître la puissance curative de la médecine. Les Manias sont au nombre de huit; ce sont les Bouddhas imagi- naires à qui on attribue la création des plantes médicinales. Quand on va ramasser ces plantes, on implore l'assistance de ces Manias et on prononce leurs noms en préparant et en faisant la médecine ; leurs noms ou leurs images sont ordinairement imprimés au commencement des livres qui traitent de médecine. On les prie surtout en préparant les pilules Mani, qui ne s'em- ploient que dans les maladies très graves. Les cérémonies qui accompagnent la préparation de ces ])ilules sont appelées Manii rilbou groub tab, «prépara- tion de la pilule Mani*. » Les Manis sont faits d'une sorte de pâte de pain à laquelle sont mélangés des fragments de reliques d'un saint sous forme de poudre ou de cendres. Cette pâte est humectée avec de l'eau consacrée et pétrie avec de la pâte ordinaire ; on en fait de petites pilules qui doivent être administrées aux malades'. Le vase qui renferme la pâte et l'eau est posé sur une circonférence divisée en six sections avec un cercle central plus petit ; dans ce centre est inscrite la syllabe a hri », très puissante invocation mys-

« Mani, « uns pierre précieuse .1 : ril-bu. « un globule, une pilule » ; grub, <• faire faire, préparer »; tlialis, K moyens, méthode ». 2 Ces pilules s >nt les mêmes que celles dont jiarle Hue, Souvenirs, vol. Il, p. 278, comme très estimées.

Annales du Musée Guimet.

T. Ill, PL. XXXIII

Imp A Roux, Lyon

FAC-SIMILE DE PLANCHETTES DE BOIS EMPLOYEES COMME DÉFENSE CONTRE LES DÉMONS,

Nn 1, de Silckim.

T. m, PL. XXXIV

LES DEMONS.

AwALES n Misée CiVimet

T. Ill, PL. xxxnr

^; %^ ^;;^^,i®5^._.3^.-^^l

=^ A. P.îTUX, ly :;.-. r-.« Ofe.'Tale, ÊJ

FAC-SIMILE DE PLANCHETTES DE BOIS EMPLOYÉES COMME DÉFENSE CONTRE LES DÉMONS.

No 2, de Sikkim.

^^^^^hé^^H

^^A w^^^^^^^^S

K^'o^^^^^rXw^^f

g^^jgl

E^mH

V^^^H^^^B^^^/k^^^^^^^H

^^^^^^Ê3w^^^^Mm^^^^^^^^

l^^^^i II il ]?w

B«k/ ^v:~- ^^T^j» jj

^^^^^U^ L 1 ^B*

IHI

IIM

iiii

nil

II» îîn

iir

IHi

LU CO

Z

U4 PL, ■W Q

W

S S o

C_)

w

W >- O

-I

CL,

w

CO

W Q

CO I

u

CO

o

■UJ

p

QQ

CO

w

W

J

Q

w

CO

(X

w

H

H

H W

OC

o

o

O

S

<:

-J

a.

'2

LE BOUDDHISME AU TIHKT 173

tique de Ghenresi ; dans chaciiiio des six sections so lit ua>' sjllaije do la prière Oui ui:mi padino hoiim. Tant quo la pâte reste dans l'eau (la prescription iii(li([Ui' (lo une à ti'ois scinaiiios), dos lamas (([ui ne; [)Ouvent pas manger do viande pondant ce laps de temps) récitent t(jut li; jour do longues prières spéciales en l'honneur des Manias.

Le soixante-treizième chapitre de la quatrième partie de ce livre de méde- cine cite douze sortes de maladies causées par les esprits et les démons, et le soixante-dix- septième, dix-liuit.

Mes frères ont recueilli les détails suivants sur cos maladies ot los métiiodos employées pour les guérir.

Chaque esprit nnisibh' fait naître une maladie spéciale. Ainsi Rahou^ donne la paralysie, en tibétain Zanad; quinze autres démons nommés Donchen Ghonga ^, « les quinze grands démons », causent les maladies des enfants, etc. Quand le Lama médecin appelé près d'un malade a reconnu quii la maladie est occasionnée par un démon, il examine les circonstances afin diî découvrir ce qui a permis à l'esprit de s'emparer du patient et la manière dont il l'a rendu malade. Quand la maladie est insignifiante , comme par exemple dans le cas de refroidissement, enrouement, blessures légères, etc., il n'a pas grand'peine, selon la croyance des Tibétains, à expulser le démon; les remèdes sont ou des charmes que le malade doit porter, suspendre à sa porte ou lin', uu uno musiqno bruyante qui force l'esprit à céder ; ou bien on implore le Dragshed qui est l'ennemi particulior du démon nuisible et on sus- pend son image après l'avoir portée en procession autour delà maison ; ou bien encore on a recours au Pliourbou. Telles sont les méthodes les plus commu- nément employées pour recouvrer la santé ; mais naturellement ces rites varient à l'infini.

Quand la maladie est grave, surtout quand le malade ne peut plus se lever, on suppose que le démon s'est introduit dans la maison sous la forme d'un animal et qu'il demeure sous cette forme près du patient. Alors le premier soin du Lama est de découvrir quelle forme l'esprit a prise ; il y arrive enfin par diverses cérémonies de pure jonglerie. Il fabrique un

Voyez, p. 73.

* gDon, « démon » ; chheu, <i grand » ; bcho-lnga, « quinze ».

174 ANNALES DU MUSEE GUIMET

animal d'argiliî ou de pâte d(.' jiain, avec un moule de Ijois dijnt il a sur lui une quantité à clioisir^, et il furce l'àine du démon à quittiT la forme qu'il a prise et à entrer dans la tiyure qui vient d'être fabriquée ; à cet effet il trace des cercles magiques et récite des incantations pendant un moment. Quand par ces moyens l'esprit a été renfermé, le Lama lit des passages de certains livres et donne au patient l'animal moulé pour le brûler ou l'en- terrer ; on en applique aussi des empreintes sur diverses parties de la maison et ces marques ne doivent être enlevées qu'après la guérison. Si ces moyens no réussissent pas et que le malade meure, il est reconnu que la maladie était une punition d'actes immoraux commis dans une existence antérieure,

10. Rites funéraires

Les funérailles (tib. Shid) d'un laïque unissent généralement, quand les circonstances le permettent, par la combustion du corps ; cependant l'usage, autrefois commun, d'exposer le corps sur les collines en proie aux bêtes fauves se pratique encore maintenant de temps en temps par suite de la rareté du bois ^. La cérémonie de combustion du corps s'acccomplit sur un autel de forme cubique; dans les grandes villes il y en a toujours plusieurs tout prêts; ainsi à Leh il existe douze de ces autels autour du cimetière. Dans les contrées le bois est abondant, comme à Bhoutau et à Sikkim, on en emploie suffisamment pour rendre la combustion complète et qu'il ne reste que des cendres ; mais au Tibet il arrive souvent que beaucoup d'ossements ne sont pas consumés ; on les recueille alors soigneusement avec les cendres et on les enterre ^.

1 Les planches a'- XXXIII et XXXV doniient des spécimens de ces moules.

2 Pour les desciiplions des diverses sortes de funérailles, voyez, .YoMr. Journ. As., vol. IV, p. 25i. Hue, Souvenirs, vol. II, p. 347; Cuiuiiuirliain, Ladah, p. 3ÛS.

3 Mon frère Hermann m'a donné les détails qui suivent sur la manière de recueillir les cendres dans le Bengale orientjl et à Assam. Un drap d"«nviron 3 pieds carrés est attaclié par les quatre coins à des bâtons 3 à 4 pieds de haut, enfoncés dans la terre; dans ce drap qui forme alors une sorte d'auge, on réunit les cendres, les os et les restes de charbons, que le veut se cliarge de disperser ou que la pluie et la chaleur décom|iosent. Les tribus des monts Khassi;i, il tombe plus de pluies que dans aucun autre l>a\s connu, bien qu'elles ne durent que tiois ou quatre mois, ont la curieuse habitude de conserver leurs morts jusqu'à la fin de la saison des pluies ; tant que dure la pluie torrentielle la com- bustion eu plein air est impossible. Ils mettent le corps dans un tronc d'arbre creux, qu'ils remplissent de miel ; ce procélé retarde la décomposition pendant plusieurs mois, même dans ces régions chaudes et humides.

i.K luirnniiisME ao tiiuot 175

Oil ne brûle pas les corps des Lamas; on les enterre dans une attitude de repos (ils ne sont pfi^ tout à fait assis), les genoux rapproches du men- ton et tout le corps attaché aussi serré que possible; quelqucfuis un les renleriiie dans un sac de toile. En i-'éuéral les tombeaux ne sont pas creusés ; on choisi! poiu' cimetière une place abondammiul pourvue; de pierres ; le corps est simpl 'ui 'ut déposé sur le sol et caché sous un monceau de pierres. Ce n'est ([ue dans des cas r(\streints (pie l'on érige dos Ghortens sur les corps. Grâce à la ri'nnr([uable tolérance qui caractérise le bouddhisme, mes frères ont obtenu la peninssioii d'ouvrir et d'examiin.T (pu'lques tombeaux à Leh ; ils ont même décidé un Lama à faire bouillir quelques corps pour netto^'er et préparer les s([uelettes ; cette opération toutefois dut être cachée à la popula- tion. Les corps exhumés n'étaient pas décomposés ; la grande sécheresse de l'atmosphère avait réduit la chair qui couvrait les os eu une sorte de subs- tance dure comme du cuir, ipii ne résistait que faiblement à l'action de l'eau bouillante. La longueur de plusieurs corps , comprimés ainsi que nous l'avons dit, était de 2 pieds 1/2 à 3 pieds.

Pondant la durée de la combustion et de l'enterrement on lit des prières et on pratique diverses cérémonies ; on présente des offrandes au dieu du feu. Mélha ; on accomplit aussi le Zhibaï chinsreg, pour obtenir la l'émission des péchés du défunt ^ .

Avant l'enterrement a lieu la cérémonie de l'achat de la sépulture au seifjneui- du sol, en tibétain Sadag gjalpo. Ls seigneur du sol et les démons qui lui obéissent sont réputé; nuire par méchaucaté innée au défunt dans son existence future et aux parents survivants dans la vie présente. On peut apaiser le seigneur du nul jiar l'acliat de la s('qiuUure ; les démons sont éloignés par dos charmes et des rites, dans lesquels on rend hommage aux trois Gemmes, c'est-à dire Bouddha, Dliarma et Sanga'. Ou prétond quo ces rites ont été enseignés par Mandjousri, le dieu de la sagesse.

Les parents du défunt préviennent les astrologues, qui disent être en relations avec Sadag, de la somme qu'ils ont l'intention de lui ofirir soit en bestiaux, soit en argent, et les prient de l'engager à s'en contenter. Inva- riablement la réponse est que Sadag, qui est représenté comme insatiable,

' Voyez, p. 162.

* Voyez, p. 118, noie 2

176 ANNALES DU MUSEE GUIMET

exige pour sa neutralité plus que la somme offerte. Quand enfin la somme nécessaire a été réglée, on marque la place du tombeau et les astrologues se mettent en devoir d'expulser Sadag et les autres démons par la conjuration suivante :

« Seigneur de la terre, et vous, Mahôragas % oyez le commandement et l'ordre que je prononce avec les cérémonies prescrites par la loi sacrée du dieu Mandjousri et des trois Gemmes. Seigneur du sol, je n'enfonce la flèche ni dans les yeux, ni dans les pieds, ni dans les flancs des démons, mais dans la terre afin de rendre propices les esprits malfaisants inférieurs. Génies, si vous n'obéissez pas à mon ordre, je vous briserai la tête avec mon dordje. Ecoutez mon ordre ; ne faites de mal ni au défunt (ici on ajoute son nom) ni à ses parents survivants. Ne leur causez aucun dommage, aucun tort; ne les tourmentez pas, ne répandez pas le malheur sur eux ))^.

Alors le Lama enfonce la flèche dans le sol, elle reste jusqu'à ce que le défunt soit enterré.

CHAPITRE XVI

SYSTEMES D ESTIME DU TEMPS

1. Calendriers et tables astrologiques. Diverses méthodes de chronologie, Cycle de douze ans, il se compte aussi à rebours à partir de l'année courante, Cycle de soixante ans. Cycle de deux cent cinquante-deux ans. 3. L'année et ses divisions.

CALENDRIERS ET TABLES ASTROLOGIQUES

Les Tibétains ont reçu leur science astronomique de leurs voisins de l'Inde et de la Chine. Les Chinois sont aussi leurs maîtres dans Fart de la divination. Leur connaissance des systèmes astronomiques et chronolo- giques de ces nations date de la propagation de bouddhisme par les prêtres chinois et indiens, à qui ils doivent aussi leur système de définition de l'an-

1 Mahoragas, en tibétain Tophye-Chenpa, sont des dragons terrestres, supérieurs aux hommes. Voyez Foe houe ki, trad. angl. p. 133.

2 Récit d'un Lama.

I,K ItOrDIiIIISMK AU TIRET 177

uoo'. Ll>s dcii.\s_ysteiiio.s reposi'ut sur une unitocli; soixante ans, tout on didil' rant sur la manière do unmnKT li's années. T^m déiioniination liindoiio est appelée en tibétains Kaitsis, « niathéuiatiqui's l)laueiies » ; la méthode chi- noise porte le le nom de Naktsis, « mathématiques noires » ; cette expres- sion s'éti'ud aussi à « l'art noir » ou scimice tie la di\inatiiin et des calculs astrologiques^.

Les almanachs s'a|>|irlleut l'ii (iluMain Lenllm ■', Lotlio ou Hitha ; ils sunt drossés par les Lamas.

11 est iruii usage généralement n'^pandu de joindre au\ almaiiachs rli- verses tables astrologiques. Elles varient dans ji'ur composition ainsi que dans leurs dimiMi-^ions ; elles réjioiulent ordinaireim^nt aux intentions sui- vantes :

Gablsis'*, a les calculs cachés », sont des ta])li'S ipii encadrent les calen- driers ordinaires ; elles sont consultées en diverses occasions.

Groubtsis '', « la partaite astrunomie )),pour counaitro h; caractère et Tin- Huence des planètes.

Tscrab las-isiti'' est le nom des calculs pnur déterminer la durée de la vie et le destin (Fune personne.

Bdf/lsis ', tables qui' l'on consulte pour les mariages.

Shinlsis^ s'emi>loie pdur connaître la foi-me sous laquelle un mort sera réincarné.

Nahisis, qui désigm' aussi Tart de la divination on général, --"ap- plique surtout aux tabli>s pai- li'sipioUos on peut déterminin- les époques heu- reuses ou malheunnises qui sont rés(irvées à une personne, ainsi que leur

' D'après la D.'scription du Tibet traduito du cliinois par Klaproth, dans le Xouv. Juurn. As., vol. I\'. p. 13', l'épouse chinoise du i-oi Srongtsaii Gampo et sa suite, ont apporté le système chinois au Tibet, dans le courant du septième siècle av. J.-C.

- Nasf, « noir n ; rtsis, « mathématiques » ; dkar, « blanc ». Ces désignations proviennent des noms tibé- tains de l'Inde et de la Chine, qui sont encore appelées Gya-gar, « plaine blanche » et Gya-nag, <i pUiiiic noire ». Kartsis cependant s'emploie pour a astronomie ou astrologie » ; mais alors il s'écrit skar-rtsis, de skar, étoile.

3 Le nom de Dalow pour calendrier qui ss trouve dans Turner, Einbitssi/. p. 331, est san>i doute une modification provinciale <'p ce mot.

* Gab, (t refuge, ou caché, douteux » : rlsis, « nudiiènialiques. a. 5 Grub, « parlait ».

'■ Ts'he, « temps, durée de In vie » ; rabs, « généalogie » ; las, « o'uvri', destin » '' Bag, « fiancée ».

* gSin, « corps ».

Ann. g - III 83

178 ANNALES DD MDSÉE GDIMET

raison d'etre. Nous flécrirous |iliisi(nu-s de ces tables dans le prochain chapitre.

Las tables qui concM-iient di>s classe> particulières, comme les Rajas, les Lamas, etc., sont plus rares.

2. I,E« DIVERSES MÉTHODES DE CHRONOLOGIE

Les divers systèmes d'estinii' du ti'iu[is mit déjà été robjet des recher- ches savantes et heurousos de Csdiaa l't Id<der. .Te donne ici un résumé des résultats qu'ils ont olîtenu-; à cause de la oiuiexiou du système chro- nologique et de riiiti'rprétatiiiu îles calculs astrologiques; cela me procure en niènr:' temjjs roccasiou de les compléter par les renseignements qu'Her- mann a obtiuius des naturels p:Mulant son séjour à Sikkim.

1. (Juand ou veut di'terminer un tait se rap[)ortant à une époque peu éloignée du tenqis présent, on n'emploie pas l'étalon d'unité de soixante ans ; on se sert dans ce cas du cycle de douze ans, dont chaque année porte le nom d'un aidmal': ci\-i noms se reproduisent invariablement dans dans l'ordi'o suivant :

1. .// h' rat.

2. Làng le bœuf.

3. Tag le tigre.

4. Yos le lièvre.

5. Broxg le dragon.

6. Broul le serpent.

7. Ta le cheval.

8. Loufi la brebis.

t*. PrcU)'.\ Pj-c le singe.

10. Ja l'oiseau.

11. Chi le chien.

12. C/iag le porc.

' Voyez Ideler Ucher die Zeiti'jchiiunj di.')' Chinesen, p. 73 et 78, k propos de l'oriyiiie et de l'iii- trnd'.iction de ce cycle qui est généralement appelé le « Tatar ». Il croit qu'il a pris naissance dans r.isie occidentale. Klaproth l'a vu cité pour la première foii dans les livres chinois en l'an 6ii. av. J..{;. ^ouv. Journ. As., vol. XV, p. 145.

I.K nOUDUIIISMK. ai: TIIIKT 179

Ainsi (|ii;iii(l ipii (lull sji(''cili('i- niu' c 'rtniiu' luiin'' ■, on iiJDuti' Tcxjires sit)n tibétaine l/i «[ui si^-nitii' auiuN', an iinm ilc r;iniin;il ; suit, ]iai- oxi^-ni- ]ilr, .Ii-l(j, ,( raiuu'T (111 ll;il It; l/mu - 1", l";(iiii('._' dii liidil')), etc '. Oiuiiid I;i dale il'iiii (Ap'in'inout est aiit('i-icui'o à i"ci-c duodocinial(.' actuelle, on iii(li([ii.' d'ahui-tl le nombre d' cycles (''couN's depuis Fi'-poquo en question, et cii y ajoutant ranncji,' aninialo on (_ibli(;iiL le numbi-e total des années.

2. Dans les livres i^oiinne daiH la c(Hivei-sation on d(''tenniii(> riV'(iui'in - nient la date (r(''V(''iii'nients iiass('!.-; en coia[ilaii( en aiTi(''i-e a pactic il' 1 an- né(î courante. Par exein[ile l'annéi! actuelle étant ISfVJ, la naissance de Tsoungkapa en 1355 serait in(li(iuée cuiuine ayant eu lieu il y a 508 ans. Cette méthode est (MuiiloyéL'. dans le l>aï(l(jurya Karpo, d"(.)i'i Csonia a tiré sa table chronolofj;ique si importante-.

3. Le cycl(^ de soixanl(> ans parait avoir été empbyé au THkH depuis très bnigtenips ■'. 11 fut établi, connue innovation, probablement au xi'' siècle av. J.-C que le cycle de soixante ans partirait de l'an 10»:), l'année qui suivait l'introduction du système Kala Ghakra, au Tibet, en \02o (V. page 32). L'année 1020, étant la premiere du premier cycle l'année, 1086, fut la iireinière du second. Si le nombre des cycles écoulés était régu- lièrement ajouté à l'année courante dans les livres et les d(jcuments, ce système serait aussi précis que notre méthode conii)ter jiar cent ans; mais comme le nombre des cycles est ordinairement omis di'vant 1 année qu'il s'agit de préciser '', h', lecteur a S(niveiit lieaneoiip de [leine a assi- gner à un fait une époque [lositive en pesant et comparant des dates indi- rectes.

L'année 1020 était aussi la premiere du cycle hindou contemporain; ainsi devint possible Tac-cord entre l'ordre cyclique tibétain et hindou. La i)remière. seconde, troisiènn^ année, etc. de chaque cycle filiéfain <'sl dune la môme

' Csuina, Grammar, p. U7.

- Csonia, Grammar, p. 181. Ilur, Souct'nirs, vul. II, ji. 309.

3 11 est surpredaot ([ue la gëiiératiod a--t.iells ne codnaisse pas lantique origide de ce système. Les Tibétains ex|}liqueiit rado|)tioii de ce cycle pai- la supposition que son idée première a été tiré'; de la moyenne de la vie Iminaine. Telle était du moins l'opinion de Cliibou Lama, agent polilique du Roja de Sikkim, et de plusii urs aulres Lamus.

•• Comme exemjile, voyez le document historique du monastère de Uimis, p. 117. et le document de Daba, p. 180.

ISO ANNALES nu MUSEE GUIMET

dans le cvclc liimluii ; Ujuleinis li' iniiiihi'c ili's cycles ne concorde pas, vu que les Indiens ne datent pas île l'an [()2G, mais d'une ou même deux autres pt'riodi's anti'i'ii'ures^.

Depuis Idii.iilemps déjà, au moins depuis la dynastie Han, soit 206 av. .1.-0. , li's (lliiudis mesui'aii'iit li- ti'Uips jiar e^ycles de soixante ans, période lMrmé(^ par la eomlMnaison de séries décimales et duodécimab's. La coïn- ciib'nci' du cycle diinuis et liliétain n'est pas parfaite; la troisièmi' année du cycle chinois équivaut à la premiere de la période tibétaine, et ainsi de suifi'. Toutefois cette différence n'eut aucune influence sur la chronologie tibétaiiK.' (nul que la Chine n'exerça pas d'autorité politique sur ce pays; maisquaiid en iSlS^le gmivernement chinois s'annexa le Tibet, les habitants de ce pays furent bientôt obligés de conformer leur calendrier à celui des Chinois, ce qui ne put se faire qu'i'ii sautant deux années. Deux années ont donc été virtuellement effacées du calendrin' tibétain, de telle sorte que le cycle connnence deux ans plus t(">t que jirécédenunent, par exenqde en I8û4 au lieu de 1866. Cette chronologie modifiée est actuellement en usage dans tous les actes officiels et on Ta généralement adoptée pour les affaires privées.

A l'appui dti cette explication, je citerai le document de Daba^. 11 est daté du sixième mois (juillet) de Tannée Bois-Lièvre. Cette année est la cin- quante-deuxième du cycle. Si on ajoute cinquanti^ et un à 1806 (et non cin- quante-deux, parce que ISOG est la i)remière année d'un nouveau cycle, le quatorzième de la chronnluyie indo-tibétaine), nous obtenons comme résul- tat 1857.

' Voyez Csoiiia, Gratnmar. y. lis.

- Kôppeii, Die Religion des Buddha, vol. II, p. 1P6.

^ Il est intitulé Lara-gig-dani,'-min^-daiig-yar-na, «ordre de rout-; », et aussi «désignation de 4a dis- lance » ; il fut fait à Nyougchang, halte à environ 8 railles au sud de Daba. Adolplie s'engageait à payer une somme de 6 Srang (onces) d"or (environ 60 liv. st.) à l'officier chinois de Daha, si lui ou son frère Robert pouvaient Iraverser la rivière S'atlej: le chef de ses hommes, nommé Bara-JIani, ou simplement Mani, s'engagea à payer cette sonnne. Le traité fut écrit par le Chinois lui-même, qui, au lieu de sa si- gnature, y apposa le sceau officiel. Adolphe n'ayant pas de cachet sous la main, le timbra avec le pom- meau de sa cravache. Le Lama Gombtijew transcrivit l'original en leUres ra|iitales, tel qu'il est im- primé planche XXXVI. Mais aussi ^voyez. p. 117) il se présente tant de différences avec les termes des livres sacrés, qu'il a été impossible de le traduire. Le professeur Schiefner, qui avait eu l'obligeauce de chercher des documents analogues en langue moderne dans la iiibliolhéque de Saint-Pétershourg, n'en trouva aucun qui donnât les moyens de traduire littéralement soit le document de Daba, soit celui de llimis.

Annales DU Musée Guimet t. Ill, pl. XXXVÎ

Tr.AITK ENTRE ADOLPHE SCMLAGINTWEIT

ET LES AITOIilTÉS CHINOISES DE IJAIJ.V

GeTrailé n rnppoi-t aux ro utcs quo lui et son fnïro Ruhort «M.iiont aiitorisfs à parcourir dans In p r o v i n <■ c de G n à r i - K h o r s o ii lu

Ri?;rukiT|'ï;^c:'5Jc-aiJ;'?^T

^r

:il^:i|'5J'^^q^ra!q^iT ^u-i^i' q':iHJUê^':r|f^5^iT dP|:^'œ:iiTim:j|Wrô^'N'[^5J^

<^iDiTf5î5(-5j;;^"TM';ri5ic:'ai'2'*5J^'Jl(3('M'3^i's,:i]T T TT

LE BOUDDHISME AU TIRKT jSJ

-Mais iiios frères étaient à IXiba en 1855 et .m nu peut trouver cette date

(|u'iii (li''(liiis;iiil deux ans. (C(iiii|iar.'z page 87) ^

Les Indiens et les (^liiimis ne (Ininicnt pas les mêmes noms aux années- de ces cycles. Sclnn l;i ri't.;lc iiiilii'iuii' clia(|Ui' année est appelée d'un nom particulier; les Tibétains dul simplmn-nt traduit daiis leur lan.uui' ces expression sanscriti's -.

Par imitation d(! lu coutume chinoise^, les soixante aimées du cycle sont désignées de la manière suivante. Les douze animaux déjà cités sont répétés cinq {(lis dans Tordre pi-éci'dcnnncnt donné ol sont accouplés aux cinq éléments, qui sunt introduits dans la série chacun deux fois successivement. Tar la ii.ius obtenons soixaide combinaisons di^liucti s. On distingue les années de d(Mix manières ; on les désigne soit jiar la combinaison du ikuu de l'élément ( t de celui de ranimai, soit par celb- de la ci.uleni' de l'élément et du nom de l'animal. Exemple d'une combinaison de la jiremiere forme: année Eau-Porc. Même condîinaison dans la seconde forme : aimée Bleu-Porc. L'année Eau-Porc ou Rleu-Porc est la soixantième du cycle indo-tibétain. Si Ton détaille entièrement les noms des années, on ajoute aussi un genre aux combinaisons de l'élément et de l'animal; ce genre est représenté soit {'■M' p/io, particule indicative du genre masculin, soit par r/io, qui indique le féniiiun. Le genre de chaque combinaison est dr^erminé' par sa position dans le cycle. L"(''lémeiit et l'animal de rana(''i' qui commence le cycle sont masculins; la suivante <'st désignée par le même élément et l'animal suivani, tous deux au fémiinn ; les mêmes alternatives de genre se suivent jusqu'au bout; il en résulte que chaque année imjiaire comme i. S, 5, etc. sera mas-

' Csoma, lout en signalant une ilifférenre entre les cycles indo-tibétains et chinois {Grammar. p. 148), ne tient pas compte de l'emploi du système chinois quand il dit que l'année 1834 est l\ vingt- huitième du cycle courant. D'après les raisons précédentes, c'est la Irenliéme qui est le nombre exact. Dans l'eïcmple de Cunningham (Ladak, p. 39.')), le cycle indo-tibélain est également employé. Je dois observer que Csoma était mal renseigné quand il prétend que la dift'érence entre le cycle chinois et indo- tibétain est de trois ans, au lieu de deu.v; il dit que « les Tibétains appellent première année la qiii- triéme du cycle chinois ». .le dois aussi ajii.eler l'attention sur une erreur que font facilement les Euro- péens quand ils comptent les années des cycles. Quand on calcule la dilTérence entre une année quelconque et la première, les ileux nombres doivent être pris inclusivement; fi par exem|de le rycle commence en 18U0, l'année IS.'il n'est pas la quarante-cinquième, comme le calcule Cunningham (p. iiStJ), mais la quarante-sixième de la série.

- Csoma, Grammar, pp. 148.150. On y trouvera les soixante noms.

■^ .\ propos de cette méthode, voyez le mémoire d'Ideler, Ueber die Zeitrechnung der Chinesen, Berlin, 1839.

182

ANNALE.=i DU MUSEE GUIMET

culiiio, et les années paires 2, 4, G, etc. seront féminines. Il faut remarquer que l'addition de ces particules n'a aucune imiiortauco distinctive comme ou pourrait b' croire à première vue. Les naturels comptent par couleur, quand ils prennent une année dans Talmanac, parce que les éléments y sont représentés par des couleurs et des signes syndjoliqiies et non par leurs noms' : dans toutes les autres occasions ou emploie [ilus habituellement le nom de l'élément.

La table suivante présente la succession des éléments et leurs couleurs; on ne s'en écarte jajuais dans le calcul du temiis.

NOMS TlIÎKTAl.NS

TKADIICTION

COULEUR

Sying

Me

Sa

Bois

Feu

Terre

Fer

Eau

^■ert.

Rouge.

.TaiHie.

Blanc.

Bleu.

Clia*"". ... ....

Afin de faciliter la conversion de notre ère en termes tibétains, je joins ici, comme exemple, une table qui comprend la méthode tibétaine et les nombres actuellement usités suivant la prescription chinoise. La table est dressée de manière à embrasser soixante-quiuze années appartenant à trois cycles difïërents-.

' Quand les auimaiix constitutifs du cycle de 6l)aus sont dessines dans un but astioloifique, et non plus seulement pour compter le temps, la succession des couleurs correspondant aux éléments change, afin d'éviter la coïncidence avec celle des aniin.iux. On verra leui- ordre dans le chapiire suivant. Les Lamas out beaucoup de livres pour exi)liquer le système sur lequel est basée la chronologie par cycle de 6') ans. Le livre Mangsat Domi (comme on prononce habituellement) qui signifie « une lampe qui brûle avec clarté pour le bonheur « est un raauuel très intelligible et en même temps détaillé de ces connaissances. Il a un peu plus de 500 pages, et contient des aperçus des sciences astrologiques. On en trouvera un exemplaire à la bibliothèque de Saint-Pétersbourg.

- Kn Chine les cycles partent d'une époque si reculée que je ne pais donner aucuu renseignement à ce sujet ; je me borne à i-emarquer que le cycle de 1S)4 â 1933, qai a le n XV dans la chronologie libé - laine, a en Chine le LXXVI. Voyez Ideler, Zeitrechnung, p. CO.

LK BOUDDHISME AU TIRET

183

T.VBLP] CIIRONOLOIIIQUK TIIIÉTAINE

nu nvci.K DK fin ans

KRE TIBETAINE

A N N 1

;!•;

.MOOIFI liE UK FA(;ON

1>E

f: 0 M P T li 1

DE lOiilî

A OORRESPOXDRE AUX NOMBUES C U 1 .N 0 I S

i'kbk

DES ANNÉES DU CYCLE

CHK KTIENNP.

N

„s

Nos

NOM TIBÉTAIN

CnRRE.SPONI)ANT AU

HL- CYCLK

HE l' \ N N K E

nu CYCLE

DE l'année

NOMBRE ACTUEL

I>r CYCLE

nu CYCLE

riE l'année m; cycle

l^!^^.

XIV

-i7

x.v

i'.l

Eau Rat.

isr>:!.

"

:8

»

5(1

Eau Bœuf.

18-. 1.

••

■i:)

»

7)1

Rois Tigie.

IK,\

i>

.■)()

»

52

Bois Lièvre.

i^r.G.

»

r.i

>■

53

Feu - Dragon.

It<57.

»

52

»

54

Feu Serpeut.

I8r,s.

"

î/.i

II

Terre Cheval.

IS.".!1.

*>

■>\

I>

.5(1

Terre Brebis.

ISUO.

n

"">

»

57

Fer Singe.

18f)l.

»

50

..

5S

Fer Oiseau.

IS&i.

»

57

»

59

Eau Chien.

18li.i.

A

78

..

On

Eau Porc.

I8(>1.

■>

:,i)

xy

1

Bois Rat.

ISOô.

»

oil

»

2

Bois Bœuf.

iStUJ.

XV

1

.1

.-)

Feu Tigre.

1867.

'>

2

»

Feu Lièvre.

1868.

a

:;

"

Terre Dragon.

1869.

»

■1

»

Terre Serpent.

1870.

■>

5

<)

Fer - Cheval.

1871.

s

(1

»

Fer Brebis.

1872.

»

7

))

Eau Singe.

187:!.

a

S

«

m

Eau Oiseau.

1874.

n

'.)

H

11

Bois Chien.

I87:i.

))

m

L'

Bois Porc.

187(;.

»

II

«

li

Feu Rat.

1877.

"

12

»

,11

Feu Bœuf.

1878.

l'!

t)

15

Terre Tigre.

18711.

i>

14

1)

ii;

Terre Lièvre.

I>SI, .

»

i:>

"

i;

Fer Dragon .

1881. .

u

v,

»

is

Fer Serpent.

1882. .

)>

17

»

l'j

Eau Cheval.

184

ANNALES DU MUSEE GUIMET

A N N I-: !■:

DE

I,' i: B K

r;ilR ÙTIKNNi;

18-^3.

ISS'i.

18S:..

1886

1887.

188S.

1S8!1.

ISilll.

ISSU.

IS'Ji.

1893.

1891.

I8'.r..

18'.lo. 1S!)1. 1808. 1899. 1900. 1901. l'.'O'. 19.i:!. 190A. 190.")

l9or>.

1907. 1908. 1909. 1910. 191!. 191-.'. 191.!. 191'.. 191:.. 1916. 1917. 1918.

KUK TIBKTANK

COMPILE DE 102 6

Nos

XV

1. ]■: I. v N N K i; uv t;Y(;i. K

IS

19

20

21

22

23

2i

25

26

27

2>i

29

30

31

32

33

34

35

3i]

37

38

39

40

41

42

4'

44

45

4t;

47

48

49

50

51

52

53

.\1 0 11 I K [ li U D E F A i; 0 N

.V diRHESPONDUE .\ U X N O M h R IC S CHINOIS

riES .\NNÉES DU CYCLE

-No^

i»L" <;v<;lk

X\

DE L .\NNEE Df CYCLE

20 il ^2 23 24 25 26 27

28

29

30

31

32

3J

3A

35

36

37

38

39

40

41

42

43

44

45

40

47

48

49

50

51

52

53

54

55

NOM TIBET.VIN

CORRE.SPO.\D.\XT .VU

NO.^nIH E .\CTI"EL

D E I.' .V N .N F, E D V C Y" C L E

Kau Bois Bois Feu Kevi Terre - Terre Fer Fer Eau Eau Bois Bois Feu Feu - Terre - 'J'erre - Fer- Fer- Eau- Eau Bois- Bois Feu Feu Terre Terre Fer Fer Eau Eau^ Bois Bois Feu Feu Terre

Brebis. ■Sinire. Oiseau. Chien. Porc.

Rat.

Bœuf. Tigre. Lièvre.

Dragon.

Serpent.

Cheval.

Brebis.

Singe.

Oiseau.

Chien.

Porc. Rat. Bœuf. Tigre. L'èvre. ■Dragon. -.Serpent. Cheval.

-Brebi-.

Singe.

Oiseau. Cliieu. Porc. Rat. Bœuf.

Tigre.

Lièvre. ■Dragon. ■Serpent.

Cheval.

LE BOUDDHISME AU TIBET

185

A N N !•: K

: li K E T I E N N 1-:

i!na.

\Vi\. i'.l-ii. 1923. l'.124. I',l25.

KRE TlBJiTAIM';

COMPTÉE DE I 0 2 (!

DU CYCLE

XV

XVI

DE L ANNEE DU CYCLE

Ôî

5S

59

Cil

1

M O U 1 K 1 1; li DE FAÇON

A coHiiEsniNoni-: aux nombres chinois

u K s A N N l: E s DU CYCLE

Nus

DU CYCLE

XV

XVI

DE L ANNEE DU CYCLE

r)7

58 59 60 1

NOM TIUETAIN

GORKESl'ONDANT AU

NOMBRE ACTUEL

DE l'année du CYCLE

Terre Breljis. Fer Sinjre. Fer Oiseau. Eau Chien. Eau Porc. Bois Rat. Bois Bœuf. Feu Tigre.

L'autre uiùthudc de suppututiuu du tcmp.s a jKiurbaso un cj'clc do deux cent ciiiquaute-dcux ans. Elle fut sii^nialée pour la première ibis par Georg, « Alpliabotuin tibetauum » ; IIuc eu a aussi parlé'.

. Le cycle de deux cent cinquante-deux ans se forme avec les éléments et les animaux ci- dessus; on donne aux particules masculines ou féminines une valeur separative et on multiplie ainsi les combinaisons. Les premières douze années du cycle sont marquées par les noms des animaux seulement, les soixante années suivantes (13 à 72) en les accouplant aux cinq éléments (chacun d'eux répété deux fois, comme dans la table qui précède) , la période de 72 à 132 est désignée en adjoignant la particule masculine 2?/' o aux com- binaisons précédentes, celle de 133 à 192 par l'adjonction de la particule mo. De 193 à 252 les années se distinguent par l'iMiiplui alternatif de la particule p/io el ;«o jusqu'à la tin du cyeli'. Ceci n'est [las complètement clair ; si nous devons conipreiuli'c ([uc, dans cette dernière série, les combinaisons masculines alternent avec les féminines, nous retombons simplement dans

1 Hue, Souvenirs, par 360, vol. II. La combinaison des animaux aveclesélèmeiils tellcque Ijclonno (jeorgi dans son >■ Alphabelum Tibelanum », p|). -Wl-GO, est ai-biU'aire; car de cette façon les élé- ments se suivent douze fois, tandis que dans toutes les méthodes chronolofc'iques chaque élément ne parait que deux fois et le suivant le remplace.

Ann. g. - III 24

18G A.NNALKS DU MUSEE GUIMET

les tenues de la période de 73 à 192. Pour obtenir une combinaison qui donne les soixante années nécessaires j)our compléter la soniaie de 2b2, sans retomber dans des répétitions et qui concorde avec les données de IIuc, il faut, à mon avis, unir des éléments et des animaux de différents genres. D'après cette méthode l'année 193 est représentée par un élément masculin et un animal féminin ; i'.'4 a li' même élément féminin et l'animal masculin: VX) un élément masculin et un animal fi'iuinin; 196 le même élément féminin et un animal masculin, et ainsi de suite ; tandis que dans la série précédente la comjjniaison totale est de même genre dans ses deux parties. Eu ceci cependant nous voyons un inconvénient théorique qu'il ne faut pas négliger. Si on pousse jusqu'au bout cette combinaison, elle ne s'ar- rête pas à 252, mais elle va jusqu'à 312 ; car nous obtenons soixante com- binaisons nouvelles eu plus de celles que nous avons déjà si nous poussons la série en faisant le premier élément féminin et le premier animal masculin, et le môme élément masculin avec le second animal féminin, etc.

Voici une combinaison qui mérite peut-être notre attention en ce qu'elle exclut les répétitions et possède en outre l'avantage de ne pas étendre la série au delà de 252. Dans le groupe de 13 à 72 les geufes des éléments sont indéterminés, les animaux aussi n'ont aucune particule adjonctive ; l'usage pourvoit à cette omission en les faisant tous masculins. Les images confirment cette idée toutes les fois qu'elles sont assez distinctes. Néanmoins dans les explications verbales on n'emploie que les noms masculins, comme par exemple bélier au lieu de brebis, etc. Dans la série finale de 193 à 252 on pourrait aussi considérer le genre des éléments comme indéterminé, tandis que tous les animaux seraient féminins. La combinaison de deux parties de genres différents paraît plutôt se rapparteraux remarques de Hue ; en outre la combinaison des éléments avec les animaux fémininsa pnur ellecettecoïuci- dence particulière qu'elle complète la série en forme aussi !)ien qu'en nombre.

J'offre ici, comme éclaircissement des combinaisons qui résultent de ces études, une liste des années du cvcle de 252 ans s.'^ r.Micontre le rat, le premier des animaux de la série.

Année 1 liât.

13 Bois-Rat.

i,K BOunnrrisjrK au tirkt 187

aniii''0 73 liois-Ilat inasciiliii.

I'S.i H(iis-Rnl ri'iiiiiiin.

l'.>3 Hois-Rat masculin.

Bois-Rat fciiiiuiii. illic.')

liois-Rat fiMiiiiiiu. {Si;ii[,.viuNT\vi:n'.)

CiO cycle di^ iliux ci'iit ciiKiuaiid' il-ux aas est peu usité; ni (Jsoiiia ni Cunuiagiuiin n'en out cntemlu parler ; aies tVcrcs ne l'ont jamais vu em- ]i|over. Parexeiiijili' l'annêo Bois-Licvi*(% du document de Daba se rapporti', st'lou li^ cvelc (If deux ci-'iilciiiquaiiti' diMix ans, à 1845, si nous partons de ■i02(). et lSi:> si n(jus touons compte di-s moditications récentes; taudis que ce doit être 1855 (voyez paji'e 180). Ce cycle ])eut cependant être en usage dans les vrais ciuitres di' laïuaïsiue. Ids (pu? Lhassa, 'rassilliouupo, etc. ■*. A quelque distance de Lhassa il est oul)li(:, si uu-mo il ajaicais été employé ; les Lamas do Sildum ne le conuaisscnl Tii("'me pas.

3. I,'.VNNÉE ET SES DIVISIONS

L"ann(!'e est lunaire [)our les Ti])(''tains, c'est-à-dire (pu' les phases de la lune règlent la durée du mois. Douze de ces mois, laps après le(piel la m("'ni(.' saison reiiarait, IbrmcMt la période annuelle. Ces douze mois lunaires égalent 354 jours 8 heures, 48 minutes", 36 second(3s G ; soit on moins sur Tannée solaire 10 jours, 2[ heures, 0 minutes, 11 secondes. Nominalement l'année tibétaine a 300 jours, et pour la faire c(nu'order avec la lune, de temps en temps on saute un jour qui no C(unpt(^ pas du tout -. Mais comme cela ne se fait pas régulièrement, les mois et les années ne concin'd(MU pas toujours avec les mois et les années des Chinois ^.

Les Tibétains conipc^iisenl la différence entre ranné(; lunaire et l'année solaire en intercalant sept nu)is complémentaires (tib. Dashol) par cluuiut; période de dix-neuf ans ; l'erreur n'est plus alors (pic de (k'ux heures environ,

1 On peut essayer de ce cycle quand on étudie d'anciens documents. Kn tous cas ie document liislo- rique relatif à la fondation du monastère de Himis peut sinlecpréter en appliquant le cycle de deux cent cinquante-deux ans, comparez p. 117; mais il semble qu'il est d'usage général même dans les traités historiques de désigner les années par le cycle de soixante ans.

2 « D?scri|)tion du Tibet i> dans le Nouv. Journ. As. vol. IV, p. 13". Dans ses Souvenirs, vol. II, p. 370), Hue constate que par suite de la croyance aux jours heureux ou malheureux on en saute plu- sieurs à la fois, qui s int alors comptés par le nomlire des jours précédents.

3 Voyez la citation d'Ideler, p. 165.

188

ANN.\LE.S DU MDSKE GUIMET

car sept mois lunaires donnent 206 jours, 17 heures, 8 niiuutes, 20 secondes, et L'année lunaire perd en 19 ans, 206 jours, 15 heures, 3 minutes, 29 secondes. Ce n'est qu'au Ixnit de deux siècles que l'erreur arrive à un jour *. Je n'ai aucun détail sur h' iiiiiici[)fqiii règle Fintercalation de ces sept mois. Gsoma dit ([iron intercale généralement un mois tous les trois ans ^.

L'année commence en février à la nouvelle lune^. Les douze mois, en tibétain Dava, s'appellent le premier, second, troisième, etc., jusqu'à douze; ou les désigne aussi par les noms des animaux cycliques, accompagnés du mot Dava^. Les mois se subdivisent en trente jours, en tibétain Tsèi, dési- gnés par des numéros, et en semaines, en tibétain Goungdoun. Les jours de la semaine portent les noms du soleil, de la lune et de cinq planètes ^. Cer- tains signes symboliques se lient aussi aux différents jours, comme on peut le voir par la table suivante :

NOMliRF.S

DES JOURS DE LA SEMAINE

CORP.-î CÉLESTES

NOMS TIBÉTAIN'.-^

SIGNES SYMBOLIQUES

1

2

3

■4

5

G

T

Le soleil.

La lune.

Mars.

Mercure.

Jupiter.

Vénus.

Saturne.

Xyima .

Dava.

iligmard.

Lhagpa.

Phourbou.

Pasang.

Penpa.

Un soleil.

Une lune décroissante.

Un œil.

Une main.

Trois clous.

Une jarretière.

Un paquet.

Les jours sont subdivisés en 24 heures ; cliaqiie heure en 60 minutes, (eu tibétain Ghousrang) .

* Dans le calendrier Julien, la ditTérence est beaucoup plus grande; elle est d'un jour par cent vingt- huit ans. Madler, Poptilur astronomy, p. 522.

2 Csoma, 1. c. p. 148, et Souv. Journ. As., vol. IV, p.l37.

3 Selon mon frère Hermann, la Description chinoise du Tiliet et Hue. Turner a entendu dire que le premier mois était janvier. Embassy, p. 321.

■• Giinningli ira, Ladak, p. 3%. Csoma et Schmidt, dictionnaires sub voce c!a.

'■On dit dans la DesL-ription chinoise du Tibet que les cinq éléments concourent à la dénomination des jours de la semaine : mais je n"ai rien trouvé qui confirme celte assertion.

LK nOTÎDD'HISME AIT TIBET 189

(MlAI'lTIiK XVII

DESCRIPTIONS I) K lUVERSKS l'MiLKS EMPI.0V1C15S EN ASTROLOGIE

[inportari'*o attribuée à rastrologio. I. Tahlos pour indiquer les pôriodts lioureusos ou malheureuses : 1. Elé- ments et animaux oycliques ; 2. Esprits des saisons ; :i. Figures et oracles pour déterminer le caractère d'un jour donné. II. Tables de direction dans les entreprises importantes : 1. I.a tortuo carrée; 2. I.a tortue circulaire. III. Tables de destinées pour les cas de maladies; 1. Fig-ures humaines; 2, Figures allégoriques et dés.— IV. Tables de mariages: I. Tables avec nombres;2. Tables avec animaux cjoliques, V, Table du divination formée de nombreuses ligures et de sentences.

IM1'0iit\Ni;e .\TTtUBUBE A l/ .VSTnoI.OG IE

Gomme tousles pt^uiilcs primitifs, les Tibétains attribiuMif uiio influence considérable sur le bien-être de l'homme dans l'existence actuelle et dans celles qui suivront, à la position du soleil par rapport aux constellations et aux planètes, à l'intervention active et directe des dieux et des esprits, etc. Ils prêtent à leurs prêtres, les Lamas, le pouvoir de décider si les circonstances sont favorables ou mauvaises, de contrebalancer l'eflet d'influences pernicieuses pour riioiunic et d'dlitenir l'assistance des esprits bienvieillants. Ce résultat, ils cherchent à l'attoiiidre par certaines cérémonies et par diverses oTrandes. Presque tmites les affaires individuelles sont précédées d'une cérémonie'' qui, jiour être efficace, n'exige pas l'assistance d'im lama particulier; cependant les services d'un lama en grande réputation de sainteté sont iv'putés accroî- tre les chances de réussite de la cérémonie. Mais quand il s'agit de la science de divination, dont le but est de déterminer le caractère particulier d'un jour, la résidence des dieux à un moment donné, etc., les lamas n'ont pas tous les mêmes pouvoirs. Dans tous les cas importants, tels que ceux ([ui intéressent la prospérité publique, ou dans les occasions solcunelles, telles que le ma- riage ou la mort do porsonnes de qualité ou opiilentes, ou s'adresse à ceux ipii ont fiiit une étude a[iprofoii(lio di_' l'astrologie; jiour les cas secondaires tous h's lamas sont suffisamment aptes à donner les indications demandées.

1 Nous avous décrit, chap, xv, quelques-unes dei céi'émomes les plus efrica'es et paf conséquent les plus fréquemment célébrées.

IDO ANNALES DU MUSEE GUFMET

Chaque monastère possède au hkhiis un laïua « devin )*, qui est appelé 1' « As- trologue »; auxplus importants sont attachés les fameux astrologues Ghoichong^

(îeux-ci ont une école particidiéi'c au monastère de Garmakaya à Lhassa , tandis que les astrologues ordinaires sont initiés à la science par quelques vieux prêtres : la partie principale de leurs travaux préparatoires consiste en l'étude approfinidii' di^ nombr(^ux ouvrages mystiques. Les prédictions de ces astrologues sont, suivant leur dire, le résidtat de calculs mathématiques, combinés avec l'observation exacte des phénomènes qui peuvent exercer une influence sur L^ cas en qm^stion. Ces phénomènes varient considérablement, ainsi que leur iniporlance. Il y ^ pourtant, pour leur interprétation, certaines règles dont le développement fait robjct d'un grand nombre de livres astro- logiques. La confiance accordée aux Lamas sur ce sujf^t, tient en grande partie au secret f[u"ilssaviMit garder sur les conibinaisons qu'ils enqilnieut et les cérémonies qu'ils accomplissent ; ils les caehent scrupuleusement auxTibétains, aussi bien qu'aux Européens. (ihibou-Lama lui-même, qui dans son commerce avec les Européens avait dépouillé maintes superstitions, se montra très ré- servé pour communiquer à mon frère Hermann la clef des dessins symboli- ques et autres objets du mèm > g.'ure; cependant ni Ghibou ni aucun autre lama no montrèrent jamais la moindre hésitation à vendre ces objets, quand on ne leur demandait pas d'explications précises. La bibliothèque de Saint- Pétersbourg ne possède que peu d'ouvrages ces règles d'interprétation soient explitpiées.

Chaque province a ses principes particuliers de divination et ne connaît qu'à peine les opérations et h^s formules pratiquées chez ses voisins. Beau- coup de tables et de dessins symboliques, que nous décrirons plus hiin, étaient entièrement mniveaux pour l" lama (loinbojtnv, quand je le priai de me transcrire en l.'ttres capitales les fir.uules qui, dans l'original, étaient écrites en petits caractères.

La manière vague dont s'expriinout les naturels quand ils essayent quel - que explication même sur des sujets moins mystiques que l'astrologie et la divination, augmente encore la difficulté d'obtenir des renseignements exacts. Ce sera nu)u excuse si li^s détails ipii suivent ne sont pas aussi complets et

' Voyez page 93.

LV. liOl'l)lilll8MK AT TIHKT igi

aussi satisr;ii>;uiN t\n'n\\ |iiiiin;iii Ic désirer. 1mi oiitri- ji' n'ai guèro osé les iiinililicr, [i;ii-c.' (|ui' (ris (|irils sont, ils liinl mieux cumiaitrc les notions des ■l'il)(''l:iiiis sur les [i1l(''iiiiiiii''ii('s u;iturels ."( les ;illriliu(iMiis de lem-s dieux.

\'iiici la de.-,ci'i[iliiiii des dixi'i'ses tables l't leiii-s usaiii^s :

1" Tal)les pour iadiijuer les époques lieureuses ou nialhoureuses ;

2" Tables de dirertieii [leur di'lenniner vers quelle partie do l^orizon on iliiit si iDUi'uer eu [U'iant l't quelle direcliuii ou duit pi'eudre ipiaud on s(irt pour une entri'prise iiapurtante ;

3" Tables de destinée, consultées dans les cas de uialadies ;

Tables de mariaee, enipli)\-ées pour connaitn' les rliances de bunheur d'uni' uuinii projetée ;

Tables de divination, avec un ^rand nondjre de figures et de sentences.

I. TABLES POUR IMUQUER LES EPOQUES HEUHEIjSES OU MALHEUREUSES 1. Éléments et animaux cycliques

Les règles qui se rapportent au calendrier, coname dans la table que nous décrivons ici, sont pour la plupart des combinaisons des figures employées dans la chronologie, c'est-à-dire les douze animaux cycliques et les cinq éléments. Le nom techniijue d"une table semblable est Gabtsis (voyez page 177). Dans_ l'exemple actuel, les combinaisons divinatoires composent un grand rouleau assez semblable aux livres de l'antiquité classique, sur lequel sont dessinées presque toutes les figures que nous allons décrire successi - vement. Cet exemplaire vient de Lhassa; Ilerinaim U' trouva à Dardjiling et s'empressa de l'achete'r. L^' Gabtsis se compose de huit ligues.

1. oU elcliiL'lils,

2. Couleurs des élémeiUs.

3. 60 animaux cycliques.

4.

5i > Trois rangs de nombres.

6.

7. Sentences actuellement effacées.

8. Têtes des animaux.

Longueur totale : 2 piuds 1 pouce anglais ; largeur, 4 pouces.

192

ANNALES DU MUSEE GUIMET

La première et la seconde ligue sont divisées chacune en trente comparti- ments ; la première contient les fiiiurcs conventionnelles des éléments*, la seconde leurs couleurs.

Voici la série de ces flg'ures, de ces couli^urs et di's objets figurés :

1

2

3 4

G 7 8 () 10 11 12 13 l'i 15 IC) 17 IS 10 20 21 22 23 24 25 2C. 27 28 29 30

FIGURES DE LA ['KEMIF.KE I.Kl.NE

Cône de sacrifice -

Flammes

Arbre (symbole du principe vital)-'. Un bassin, rempli de fruits'. . .

Uu cime de sacrifice

r'Iammes

Vagues

Ornements sur la Iiase d"un Gliorleu.

Une conque ^

Un arbre

Une rivière dans un défilé. . . .

Un temple fortifié

Flammes

Un arbre

Une rivière dans un lit étroit, . . Des clous (le Pbourbou) ''....

Flammes sur un autel

Un arbre

Deux autels

Un cône de sacrifice et un bassin.

Flammes

Une cascade

Le socle d"un Chorteu

Deux epées croisées

Un arbre

Un plat avec des mets

Coteaux avec des arbrisseaux ".

Flammes

Un arl)re

Une cascade.

COULEURS

ÉLÉMENTS

ilo

LA DEUXIÈME LIGNE

DESIGNES

Blanc.

Fer.

Rouge.

Feu.

Verl.

Bois.

Jaun^.

Terre.

Blanc.

Fer.

Rouge.

Feu.

Bleu.

Eau.

Jaune.

Terre.

Blanc.

Fer.

Vert.

Bois.

Bleu.

Eau.

Jaune.

Teri-e.

Rouge.

Feu.

Vert.

Bois.

Bleu.

Eau.

Blanc.

Fer.

Rouge.

Feu.

Vert.

Bois.

Jaune.

Terre.

Blanc.

Fer.

Rouge.

Feu.

Bleu.

Eau.

Jaune.

Terre.

Blanc.

Fer.

Vert.

Bo;s.

Bleu.

Eau.

Jaune.

Terre.

Rouire.

Feu.

Vert.

Bois.

Bleu.

Eau.

1 Les mêmes figures servent à symboliser les noms des soixante années adoptées selon la méthode indienne. Le livre d'astronomie Yangsal-Ditni (voyez page 182) contient une explication détaillée de ces signes.

" Représente un Satsa (page 124) ou un Zhalsaï (page 147).

3 On retrouvera cet ar))re dans la table décrite n" IV, 2, nous donnons quelques détails.

•I Ce bassin représente le patra ou coupe à aumônes, que les Bouddhas et les prêtres portent dans les images. (Voyez page 13";.)

3 La conque sert à appeler les Lamas à la prière.

^' Au sujet du Pbourbou, voyez page IGG.

' C'est le premier plan habituel dans les paysages l'ou représente des dieux. (\ o.Vez page 136, dote 1 . )

T. III. IM.M.I.

Annales du Musée Guimet

1 111 IM.Xl.l.

TAIilll rOI'H INmÇLKR LES Kl'OyiïS HKIKIUSI-.S or M Al.lliaRElSKS.AlNSI 01 F. I.F.S fllAN'rKS UlXi; OTREPRISK.

LK BOUIjDIIISME AC TIUKT

193

Nous voyons par cctto liste quo quatre fois le inèiiie élément se représente après trois autres, et deux fuis après six.

La tioisième ligne imus montre les douze animaux cycliques sous la forme lumiaine, debout et revêtus d'habits religieux, mais avec la tète d'un aniiiiiil .

Vuici les couleurs de la tète, de la robe et de la ceinture :

N"

3 4 5 G 7 S ri

)0 It 12

NOM DE L'ANIMAL

COULEIT,

DE LA TÈTE

Le rat Bleu.

Le bœuf. Jaune.

Le tigre Vert.

Le lièvre Vert.

Le dragon laune.

Le serpent Rouge.

Le cheval Rouge.

La brebit: Jaune.

Le singe Blanc.

L'oiseau Blanc.

Le chien Jaune.

Le porc Bleu.

COULEUR

DE l'habit

Vert.

Vert.

Rouge.

Rouge.

Jaune.

Jaune.

Blanc.

Blanc.

Bleu.

Bleu.

Vert.

Vert.

COULEUR

DE LA CEINTURE

Vert.

Bleu.

■Vert.

Jaune.

Vert.

Bleu.

Blanc.

Rouge.

Vert.

Bleu.

Blanc.

Rouge.

La couleur de la tète est importante pour déterminer les jours heureux ou malheureux; si elle s'accorde avec celle du jour de naissance du consultant. le jour est néfaste; mais quelques offrandes au dieu tutélaire peuvent con- trebalancer les chances de malheur.

Les quatrième, cinquième et sixième lignes sont composées de cliiffres tibétains dans des cases teintées des couleurs respectives de ces nombres. (Jent quatre-vingts nombres y sont inscrits ; soi.\ante dans chaque série horizon- tale, lisse suivent dans l'ordre ci-contre:

■1 987654321 987654321 987G5432 1 987654321 98765432 i 9876oi 321 98765432

1 98765432 1 98765432 1 98765432 1 98765482 198765432 1 98765432 1 98765432

198765432198765432198765432198765432198765432198765432

Ans. g. - m. 25

194 ANNALES DU MUSKE GTTIMET

Ces cliiflVes ont tous une couleur constante pour chacun d'i'ux. mais qui priit être la mémo pour plusieurs des neuft'hill'ivs ; 1 est lilauc : 0, rouge; 8, blanc; 7, rou<i'(> ; (>, l)laiic: 5, jaunr; 4, vert; ."!, ])li'u; 2. unir. Ces cliif chitTres ainsi colorés sont appelés les « neuf taches », en tibétain Mebagou, en mongol Mangga^. La succession des Mébas a une grande importance à plusieurs égards; elle sert principalement à indiquer les années particubérc- ment dangereuses pour l'existence, et qui, selon les croyances tibétaines, se représentent tousles dix ans; ce sont, disent- ils, les années « la nais- sance-Méba doit se consolider ». La naissance Méba (!st le chiffre de la cin- quième ligne (la seconde des séries rejirotluites ici), ipii, par hasard, se trouve juste au-dessous de l'animal dans le signe duquel le consultant est né. Dans l'arrangement f[uo nous avons décrit cette Méba reparait tous les dix ans ; elle est aussi le centre de neuf compartiments dont les chiffres sont exactement conformes à ceux d'un groupe distant de dix ans, vingt ans, etc. Les dangers présagés par la coïncidence de ces années critiques avec les « consolidations de la naissance-Méba », peuvent être détournés par la cérémonie Ruibal Chenpoï dokjed, « détourner (les maux) au nom de la grande Tortue' », que les riches font célébrer, à leur profit, par 1rs lamas, quand ces années se présentent.

Dans la septième ligne étaient écrites sept sentences, mais elles étaient déjà presque entièrement effacées quand mon fi-ère Hermann se procura cet original.

Dans la huitième ligne sont reproduites les tètes des soixante animaux, par deux dans chaque compartiment pour indiquer les phases de la lune.

Une autre ta])le, destinée au même usage,. qu'Adolphe s'est procurée à Gnar^' Khorsomn, a la forme d'un carré ; au centre, autour d'une tortue, les douze animaux cycliques sont groupés par trois fois ; dans la pre- mière série chacun d'eux figure une fois; ils sont répétés cinq fois dans les deux autres groupes pour former le nombre soixante. Nous remarquerons, comme une curieuse dérogation à la liste d'animaux ci-dessus indiquée, que nous y trouvons un éléphant à la place du bœuf. Entre les deux espa-

' sMeba, « une tache, une pustule » ; « clgu, « neuf ». Comp. Pallas, Mongol. Vôlker, vol. II, p. 229. * Riis-sbal, K tortue » ; chenpo"i, « de la grande » ; bzlog, « retourner » ; byed, « faire ». Ou trouvera des dé'ails sur les croy.nnces tibétaines au sujet de la grande Tortue, u' II, 1.

I.E BOUDDIIISMIO AIT TIFtFT IHo

los que rciiqilissi'iit Ic^ aiiiiiiaux smit tracées cent iiii;itn>-viiigts cases ti'intées à la couleur des Mébas et conteuant les cliiil'res correspondants. Dans les autres divisions du carré se trouvent les symboles du soleil, de ca lune et des planètes, Mars, Mercure, Jui)iter , \'éiius et Saturne (voyez page 188), qui alternent avec des carrés renfermant les neul" Mébas.

Z Esprits des saisons

Parmi les causes qui l'ont les jours fastes ou néfastes sont com- prises les migrations ])ério(lii[ues des esprits qui habitent les régions supé- rieures à la terre. La croyance populaire veut que les esprits bons ou mé- chants changent de demeure, les uns chaque jour, les autres au moment des phases de la lune, au cummencement des saisons, etc. Ils accomplis- sent leurs migrations plus ou moins rapidement ; aussi la combinaison des esprits varie-t-elle pour chaque jour. 11 est très important, à ce que l'on croit, de savoir quels esprits sont arrivés le jour on commence une entre- prise ; si les bons esprits sont plus nombreux que les mauvais, le jour sera lieuri'ux, siu'tout si la divinité tutélaire de la personne se trouve parmi les bons esprits. Cette croyance offre naturellement un vaste cliamp d'intrigues aux lamas, qui seuls sont capables de connaître les mouvements des esprits. Il faut surtout prendre garde à la résidence de quatre démons, qui sont représentés dans les tables astrologiques sous la tîgure : d'un cliiiMi noir; 2" d'un monstre à corps humain avec uu.' queue de dragon, ([ui n>pré- sente un Mfdiôraga, en tibétain Tophye Ghenpo ; 3" d'un cavalier; enfin d'un oiseau labuleux, le Garouda. Leurs images sont toujours entourées (run double cadre carré; le cadre intérieur est divisé eu douz(^ cases, dans cha- cune de celles-ci est écrit le nom d'un animai cyc!i([ue ; dans le cadre exté- rieur sont des Dharanis ([ui ont la in-opriete df neutraliser les tentatives malfaisantes des démons, (chacun de ces démons préside à une saison ; le chien noir régit le priiitenqis; le Mrdu'igara, l'été; le cavalier l'automne; l'oiseau Garouda l'hiver.

Nous donnons ici un dessin de la disposition d'une de ces tables; les carrés indiquent la position de ciuicun des quatre démons; les nombres, placés'alen-

196

ANNALES DU MUSEE GUIMET

tour, douucnt la succession di's noms des douze animaux cycliques; l'espace extérieur contient les Dharanis.

5

6 : 7

8

4

Chien noir Démon

9

' 3

10

2

1 12

1

11

5

6 ; 7

1

8 1

4

Dragon Démon

9 10

3

2

1 , 12

11

5

6 7

8

4

Cavalier Démon

9

3

10

2

1

12

11

5

6 7 8

4

Ois

eau ^

3

non

j 10

2

1

12 11 '

3. Figures et oracles pour déterminer le caractère d'un jour

donné

Un jour qui devrait être heureux, d'après son numéro dans la série des jours de l'année, peut devenir néfaste, pour une personne prise en particulier, par suite de circonstances provenant du momment de la naissance et autres époques importantes de l'existence II y a cependant des jours heureux en dépit de toutes les circonstances, tandis que d'autres sont fatalement néfastes. La stabilité ou l'insconstance du trentième jour de chaque mois est révélée par des tables divisées en trente compartiments principaux; dans les cases se trou- vent les figures symboliques de chaque jour, et au-dessous de chacune d'elles

LE BOUDDHISME AU TIBKT 197

iinesentenco mystique révèle son caractère. l*ar ces tal)losnii peut iiréiliic si les chances de réussite d'une entreprise seront auginentéos par le caractèn- du jour, ou s'il est nécessaire de s'adresser à un lama pour savoir de quel dé- mon ou di' (luflli- direction vient le danger qui menace, et indiquer les moyens de l'éviter. Le lama a recours, pour répondre à ces questions, aux computations les plus compliquées; les animaux cycliques et les éléments de l'année, la résidence de la divinité tutélaire, la naissance-Méba et maintes autres choses encore doivent être prises en considération. Seuls les astrologues les plus experts possèdent les connaissances nécessaires à ces computations délicates ; par conséquent la rémunération qu'ils exigent \u,\\r leur assistance est très éhîvée, et les riches seuls peuvent s(> taire expliqu(n' les causes qui rendent unjour heureux, vm autre malheureux. Selon les dires de Gliibou Lama, ces tables ne sont consultées que par les Râjas, et les exemplaires du livre m'i ces calculs sont détaillés sont très rares dans les pays bouddhiques; il l'ut impossible de s'en procurer aucun exemplaire à Silddm.

La table, que nous allons décrire, faisait aussi partie du grand rouleau acheté par Hermann pendant son voyage en 1855; il réussit à obtenir quel- ques éclaircissements sur le sens général des sentences. J'en continuai l'a- nalyse, en faisant d'abord transcrire les sentences, qui dans l'original étaient écrites en petits caractères; cela no put se faire que très imparfaitement, par- ce que le frottement résultant du fréquent usage des ces tables avait rendu illisibles la moiti('' des carrés ; j'y trouvai aussi tant de mots inconnus dans la littérature tibétaine, que je ne pus en déchiffrer que très peu avec une certi- tude sufdsante ; je les ajoute, entre parentlièses, aux explications verbales des naturels.

Voici la descri[itiou de cette table :

En haut dans le coin gauche (place marquée u" i) Mandjousri ' est repré- senté assis sur un trône ; dans le coin opposé (u" ii) est le glaive de sagesse, emblème de sa science supérieure ; chacune de ce i deux tîgures occupe l'es- pace longitudinal di' deux carrés et la largeur d"un. Li reste de la planche est rempli par Ifs trente figures suivantes et leurs sentences corres- pondantes.

' Voyez page Ai (note).

198

ANNALES DU MUSKE (iUIMKT

Bien que Ja disposition en soit très simplo, le dessin combiné avec los numéros aidera le lecteur à se représenter la position des symboles ;

I

1

■i

3

-i

5

G

11

7

8

!)

10

11

12

13

14

15

1()

17

18

19

20

21

22

23

24

25

26

27

28

29

30

Un oiseau, bon ;

Un éléphant, médiocre :

L'oiseau Garouda, bon;

Une roue, symbole bouddhique qui ligure renseignement des Bouddhas, ainsi que le cercle de Texistence et le pouvoir suprême du roi fabuleux Chakravarti]! ^ Bon présage.

Un oiseau ; mauvais. (Mots écrits (M1 dessous ; neuf, oiseau, danger, démon, tigre; dgu, bya, gnod, 'dre, stag.)

Une boîte avec un cadre ; médiocre ;

Pot à garder l'eau pour le culte ; bon.

(Treize, souris, bœuf, deux; bchu, bsum, byi, glang, gzhis.)

Les neuf Mébas arrangés dans un cercle semblable au centre de la tortue que l'on verra plus loin, médiocre.

« Voyez page 80.

IK BOUDDHISME AU TIBET 199

9" Tu léopard, l)oii :

10" l'a lion, bon ;

1 1" La triiiité .saiiit(\ Bouddiui, Dhanua, Saiigiia ', li;^iirée par tiuiii pierres précieuses dans une bniti^ d"i;r, bon ;

(Dix-sept, aniuire, bouclier, bon; bàloii, oiseau, singe, deux, de, perpé- tuel ; brliu biliun, u:o. Khrab, bjun^', bi'i-, bya, sprel, grhis, nas rtag.)

12" Un daim, pas très bon ;

13° Neuf crânes humains, mauvais ;

14" Un instrument pour sonner pendant le culte, bon ;

15° Deux paons, médiocre ;

16" Un cheval, bon ;

17" Un auln- oisi'uu, médiocre;

18" UnserjM'ut, médiocn';

(Trois d(n-djes, un agneau, oiseau, serpent, deux, de, ])erpetuel; gsuai, rdorje, lu-gu, bya, sbrul, gnyis, nas rtag.)

19° L'arbre bleu, couleur de turquoise, bon ;

20° Un homme malade, endormi étendu sur un(^ chaise, mauvais.

(Deux lièvres, dormant, rafraîchissement, motif, lioinn'ur, de, perpétui-l; gnyis, yos, nyal, du, sini, rgya, mi, nas, rtag. i

21° Un homme à trois tètes, mauvais. (Le vingt-neuvième, tète, trois, porc, lièvre, perpétuel; uyer, dgu-pa, mgo, gsum, pliyag, yos, rtag.)

22° Le Svastica, symbole bouddiste que l'on vuit fréquemment sur les images, bon.

23° Un temple dans le style de celui de Lhassa; bon.

24" Un yak ; bon.

25° Un dordje; bon.

26° Un dragon, Ijon (li' quatrième des bons) ; brebis, deux, de, perpé- tuel; bzhi-pa, bon, kyi, lug, guyis, nas, rtag.

27° Un autre oiseau, mauvais. Le dix-neuvième, oiseau, souris, bœuf, deux, de, perpétuel; bchu-dgu, pa, bya, byi, glaag, guyis, nas, rtag.)

28° Un humme sans tète, le pire de tous. (Trente-trois, lidmun', cada-

' Voyez page 118.

200 ANNALES DU MUSEE GUIMET

vrc, huil, lia voiiti.', oiseau, singe, de, dessus, perpétuel; nyer, g'sum, mi.

ro, brgyd, grod-gyi, bya, spul, uas jas, rtaiz'.)

29° Le dordje, bon. (Vingt-sept, singe, perpétuel; nver, bduii, sprol, rtag.) 30" L'écaillé de la tortue, bon. (Trente, fleur do lotus, feuille, huit, chien,

tonnerre, deux, le premier, perpétuel; sum-bchu, padma, bab, brgyad, gyi,

brug, finyis, y as, rtag.)

II. T.VBLES DE DIRECTION DANS LES K N TR EPR ISES IMPORTANTES 1. La Tortue carrée

La lîgure essentielle de ces tables est une tortue, dont les pieds ont souvent la forme de mains (voyez planches XXXIII, XXXIV, XXXV) ; son écaille forme de nombreux compartiments, dans chacun desquels est tracée quelque figure allégorique symbole d'une partie ou d'une direction de l'univers. Lesboudhistes tibétains croient que la terre repose sur la tortue ; c'est pour rap- peler cette croyance qu'on la représente ordinairement entourée d'eau, qui figure l'Océan qui baigne les rivages des divers continents. Voici la légende qui s'y rapporte et que Pallas a aussi trouvée dans les tribus mongoles * :

Toutes les fois que l'univers, après sa destruction, doit être reconstitué, le chaos, niasse fluide et incohérente, est un peu séché par les vents et les in- grédients liquides se séparent des solides. A l'époque delà création de notre monde, Mandjousri fit émaner de lui-même une tortue gigantesque, qui flotta sur ce chaos. Considérant alors, comme dieu de sagesse, que les continents qui allaient se former avaient besoin d'une base solide, il s'élança dans l'atmosphère et lança une flèche d'or qui frappa la tortue dans le flanc droit; iiar suite de cette blessure, la tortue renversée s'enfonça dans la masse chao- tique perdant son .sang par ses blessures, laissant derrière elle ses excréments, vomissant le feu et augmentant ainsi les molécules élémentaires dissoutes dans l'eau ; quand le monde se consolida, elle devint la base de l'univers, qui repose maintenant sur le côté plat de son écaille inférieure.

Cette surface est désignée positivement, dans toutes les représentations que i'ai vues, comme l'écaillé de dessous et non le dos de la tortue. La tête est

1 Comparez Pallas, Momjol Vôlkcr Schaften, vol. II, p. 21. Les Lamas disent que le récit le plus mplet se trouve dans le livre tibétain Shecha rabsal, « histoire de la science ».

COI

LE BODDIiIUSME AU TIBET

201

relever- pour moiitroi' la face, et, ce qui est encore plus concluant, les mains humaines données à la tortue, ont (listiiicti'nKUit nn<> |Hisiti(in du pouce qui eu indique le dessous à rubservateur. (Juand il s'ajiit d'astrologie, cette par- tie inférieure de l'écaillé de la tortue est dessinée tantôt ronde, tantôt carrée. ce qui nécessite une disposition tuut à l'ait différente des parties qui la com- posent.

L'esquisse ci-jointe indique la distrihutinn des compaitinients ; les nom- bres que 'j'y ai inscrits se rapportent mux ligiucs qui seront expliquées par la suite.

Au centre est tracé un cercle avec huit Mébas dans cet ordre :

r

Î4

17

18

5

6

13

7

8

23

4

/4

9

2\

2

19

16

3

r

14

3

X

1

6/

10

2

1

15

12

11

22

21

20

Ici le carré central est vide, mais dans d'autres dessins de la tortue, il contient un chiffre.

Un cadre carré entoure le cercle et l'urine la seconde di\isiou; ses cases contiennent les douze animaux cycliques (leur position est indiquée sur l'es - quisse par les chiffres de 1 à 12) ; il renferme aussi les signes symboliques des quatre principaux coina de l'univers: u" 13, feu, llammes = Nord; \r 14, fer (deux angles iigurant le PJMiurbou) = Est; n" 1."), eau, vagues = Sud; n" 10, arbre (feuilles) —Ouest. Le reste de l'écaillé est fractionné eu

Ann. g. m.

20

202 ANNALES DU MUSEE GUIMET

huit principales divisions ii"' 17 à 2\ ai l'esquisse), qui sont séparées par un cadi'e à doubles lignes ; chacune d'elles est encore divisée en neuf compar- timents. Au centre de chacun de ces groupes, setrouvi-un sigm,' niysti(|ue, une des « huit i'ornics symboliques », en tibétain Parkha Ghakja Chad, figu- i-ant huit régions de l'univers, qui sont au nombre ih dix'. En astrologie on leur donne des noms mystiques et on les symbolise ordinairement par les signes suivants :

'=11=' Nord. Li, feu (n" 17

Nord-est; Khon, terre (18.

I I Est. Da, fer (lô)

I Sud -est. Khi Ml, cieux (20)

1 ' I

' ! Sud. Kham, eau (.21)

Sud- ouest. Gin, montagne (22)

I ; Ouest. Zin, arbre (23)

I r

I I Nord-nuest. Zon. air (24) -.

Toutefois ces signes no sont pas exclusivement employés dans cette forme; o:i peut quelqu-'tbis trouver d'autres termes plus utiles ou plus puissants c intre l'influenc ' d'es dénions, et les astrologues en renom en inventent assez souvent de nouveaux; un specimen decesvarianti-s est représenté sur la plan- che XXXV; voici ces signes :

' Voyez pages 80- 10'.

- Pallas, Mongol Vôtket; voU II, p. 2Z9, a ëgaleraeat donné les noms allégoriques des huit eoins lie l'univers; ces noms sont les mêmes, mais ils ne représentent pas les mêmes régions. Dans les paies suivantes je prouverai, ])ar la place qu'ils oocupent sur la boussole, que son explication est erronée.

l.K ROI'DDIHSMK A I' TIBKT

203

L I

r 1 ^su^tl; leu.

1 " I

I T Nord-esl ; li'i-re.

I " T

I <

]W.

Est; lei-.

Siul-est ; ciel.

^ Slid; ("ail.

Siul-uuesl ; luuiitayne.

czi

Ouest ; arbre.

^. 1 1 j Nord-oucst; air.

Les huit autres figures des petits carrés sont les inèuies dans chaque gruu- po ; elles sont probablenioiit des symboles des huit régions, et cliacuue possède en outre une sig-nification mystique. Le trident est le nord ; le Phourbou, l'est; cinq démons redoutés dont l'apparition cause la mort prématurée et d'autres malheurs, sont symbolisés par les cinq taches, ;+;, ils indiquent le sud. Le Dordje représente l'ouest.

Parmi les autres figures il faut encore signaler des parties du corps humain, les unes mâles, les autres femelles. Leur position relative varie, et chaque combinaison indique la région voulue pour un but donné, tel que le point il faut diriger les prières et le Phourbou afin d'éloigner les démons avec suc- cès; la direction qu'un fiancé ou un guerrier doivent prendre en (piiltaiil leur demeure, etc.

Il y a diverses circonstances à observer pour découvrir la région demandée; de tous les nombreux livres qui traitent de ce sujet, ceux qui renferment la plus grande variété de règles sont : le Yangsal Doini (déjà cité p. 182 et 192), le Ghoungpa koundous tsis, et le Thang-skin-gi-thsis. Les astrologues font beaucoup de difficultés pour communiquer ces lois ; cela rendrait leur art trop populaire et le dépouillerait du caractère de science occulte et de mys- ticisme sublime dont ils l'ont décoré. Je ne puis dire que ceci : une quantité de chiffi'es, correspondants au nombre des années du(]uestii»nni'iir, sont inscrits successivement dans les neuf compartiments d'un cercle; ils suivent l'ordre dans lequel les noms symboliques des quartiers du inonde sont énumérés dans les vers suivants :

20i

ANNALES 1)1 MrSEE GUI MET

« Le centre, les cicux, Ic fer, la luontagno, et Le feu, Peau, hi terre. I'arbi'e, l'air, tnuriiaiit ».

Air (Nord- Ouest)

Fou (Nord)-

Terre (Nord- Est)

Arbre (Ouest)

Centre

Fer (Est)

Montagne (Sud-Ouest)

Eau

(Sud)

Gieux

(Sud-Est)

Le centre signifie le nadir, la dixième des régions de Tunivers reconnues par les Tibétains (la neuvième, le zénith, est omise). La succession des nombres dépend de ceux qui prennent la place du nadir ; je ne sais pas quel nombre doit occuper le centre, on m'a seulement averti de faire attention au sexe, parce que le nombre central est tantôt mâle, tantôt femelle.

Quand on connaît le nombre central, on groupe les autres de telle sorte que le nombre le plus élevé soit écrit dans le compartiment des cieux, celui qui le suit par ordre de valeur dans la case du fer et ainsi de suite comme les vers l'indiquent. Si on arrive au nombre 9, ce n'est pas 10 qui doit suivre, mais on reprend les série par 1, 2 etc., jusqu'à ce que le nombre des chiffres inscrits égale celui des années du consultant. Le caractère essentiellement mystique des règles qui régissent la distribution des Mébas paraît clairement indiqué par celles qui règlent l'intluence du sexe sur le calcul ; elles sont réimies en forme de vers, ainsi qu'il suit :

« Les années d'un homme doivent être comptées par le signe des cieux en se dirigeant vers le signe Bon;

« Les années d'une femme se comptent comme la doctrine * (chhos). »

Pour faciliter la correction de l'inscription des nombres dans l'ordre voulu, les images de la tortue, outre le cercle central avec les neuf compartiments

' Voyez le texte tibétain planche XXXVIll a" 1. Les dictionnaires traduisent Bon, adhérent de la religion Bon, voyez jiage 47. Le livre bstan-rtsis, dodsb\in-gler-bum-zhes-bya-va-s:zhugs, « accomplis- sement du désirde connaître l'astroloiiie, vase du trésor caché», qu'Hermann se procura à Skkim. oflVo page 2'), plusieurs lugs ou méthodes d,' computation dessinées au trait.

I.K liOLUDIIlSME ai; TIliKT

son

ot los cliifln's inscrits dans l'ortlfc roploineiitairo, sont pourvues d'un aiipoii- ilio(^ do liuit autres cercles, qui iudifjue la succ(.>ssion des nombres dans le cas lo chiffre 9 ne se trouverait pas au centre. Ainsi notre grand rou- leau contient, en caractères tibétains, les huit ci>nibiiiaisoiis suivantes, enca- drées par (les cercles :

1

6

8

9

2

4

3

8

1

2

0

7

y

5

8 I 4

6

7

9

2

3

5

1

6

2

4

5

7

9

1

3

8

8 1

5

1

3

4

0

8

i*

•J

7

1 1

2. La tortue circulaire

L'écaillé de la tortue est souvent dessinée en forme de cercle; on em- ploie principalement cette loiiue pour calculer, par la cund^inaison' des pla-

206

ANNALES DU MUSEE GUIMET

nètes avec les constellations à rinstaut de la naissaïu-r (rua individu, de sa naissance Méba et d'antre moments, à quelle diviniti' il d(>vra s'adresser comme dieu tutélain- dans chaque année du cvcle de s(jixante ans. Sa sur- face présente :

l""'' Compartiment. Un espace central circulaire, contenant les neuf Mébas, absolument semblabb^ à la partie centrale de l'écaillé de la tortue carrée décrite page 200.

Compartiments de 2 à 9. Ce sont huit cii-conférences concentriqiu's, sul)- divisées chacune en liuit parties par huit rayons. Les soixante -quatre cases ainsi formées renferment les nombres que j'indique ici dans leur ordre cycli- que; nous commençons par le point u\\ sont placés les chiiîres dans le précédent dessin, en parcoiu'ant hi circonférence de gauche à droite :

2""=

1

3

1 8

7

2

9

4

5

3m c

2

4

9

8

3 !

1 ' î

5

6 '

/.me

3

5

1

9

4

2

0

i

5m 0

4

6

2

1

5

3

7

8

gme

1

5

7

3

2

6

4

8

9

•Jmo

6

8

4

3

7

ô

9

1 '

gmc

7

9

5

4

8

0

1

2

Qme

8

1

6

1 5

9

7

2

3

Feu Terre ' Fei- Ci ux Eau Mont , Ailjre Air

(Nord) (Nord-Est) (Est) (Sud-Est) (Sud) (Sud-Ouestl (Ouest) (N.-Ouesl)

Au bas de chaque colonne j'ai ajouté comme éclaircissement les noms élé- mentaires de chaque espace et leur position dans l'horizon; si nous exami- nons ces couleurs élémentaires dans la succession de cieux, fer, montagne, feu, eau, terre, arbre, air, nous remarquons tout d'abord que la succession

Annales du Musée Guimet.

T,III,PL. XXXVIII.

FORMTLES DE DIVINATION

T]UKE!S DTÏNK TAni.K A FIGITRES, I ) K I.IIASS^

POUR CALCfLER LA DIRECTION FAVORARLE POUR UNE ENTREPRISE

i

2

II

POUR PRÉVOIR l'issue d'uNE MALADIE 1

2

s^<iq'<3^l54;||C' ^''MSj'aCJI^rqV^'SJ'roCII^^IJ T

■^ff^'^'T^^jwpisJ'^'^'SJ'^^'.^'SJT T

g5^-^-î|'â:ri-|-^-:il^is^'|:JlT T

LE BOUDDHISME AC TIBET

207

liiiri/iiiitali' do ces nombres est cxactemcut la iiu'mhi' ([ip' ilans les huit groupes <li' neuf divisions chacun, page 205, hi Mcba hi \dm élevée est aussi ins- crite dans Tordre cieux, l'i'r. etc.

!()""' Gi>m]inrtinii'ut. (!• diTuiia- corclc est divisé en soixante-quatre cases; les nunis des animaux cvclirjues (byi, glang, etc.) sont inscrits dans soixante de ces cases; h's qiuitre figures symboliques des quatre principaux points de la boussole occupent la nièine position ([ue dans nos cartes géographiques; Feu, ou nmd, contre la tète de la tortue; Phourbou ou est, à droite; Eau ou sud, à la ([ueue ; Feuilli'.s, ou ouest, à la gauche.

lu. TAUl.K HK DESTINÉE POUR LES CAS DE MALADIES 1 Figures humaines

Soixante figures humaines sont dessinées sur deux rangs; on jette sur elles des grains ou de petits cailloux d'après la disposition desquels on prédit le développement et le l'ésultat final de la maladie.

L'ordre de succession de ces figures et leurs accessoires, sont :

PREMIERE LIGNE

Une femme avec un crochet.

Une femme avec une cuillère.

Un homme avec un tison.

Un Lama avec un va,<e d'eau sur son dos.

Une feiiinic succombant à la ma- ladie.

Un homme les mains vides.

Un Lama portant un chapeau garni de jaune.

Une femme tenant un poignard.

Une femme tenant une cognée.

nEi:XIÈME LIGNE

10. Un Lama tenant un vase.

11. Un Lama tenant un livre dans sa main gauche.

12. Une femme tenant un vase.

13. Une femme les mains levées comme pour prier.

l 'i. Une femme avec un vase à eau sur

son dos. iô. Une femme avec du fourrage dans

la main. 10. Un Lama avec un bâton sacré.

2. Figures allégoriques et dés

Nous trouvons ici une tabli' de six pouces de long et de quatre de large, divisée en vingt-quatre parties.

208

ANNALES DU MUSEE GUIMET

I

2

3

•4

5

6

7

8

y

10

11

12

13

14

15

16

17

18

i!l

20

21

22

23

2'i

Les carrés 1, 2, 3, 4, sont remplis par des ligures des douze animaux cy- cliques par groupes disposés de telle sorte qu'un animal est monté par trois autres. Dans le cas actuel ce sont des figures préliminaires qui ont leur impoiiance quand il s'agit de mariage, mais non quand il est question de maladies ; nous les expliquerons dans la section IV. Les carrés de 5 à 6 con- tiennent les objets et les sentences que l'on consulte pour les maladies, ce sont :

5. Deux arbres conifères.

6. Des édifices inondés.

7. Deux arbres conifères.

8. Un arbre.

0. Deux édifices sacrés.

10. Deux yeux.

Les sentences des cases dix à seize sont écrites en cursive avec abréviations, de soi'te qu'il n"a pas été possible de reproduire le carré n" 12. Ces sentences suivent dans l'ordre donné par mon dessin^ :

1 1 . Le florissant (vert) arbre de vie sera brisé maintenant ou plus tard n" 1 .

12. (L'arbre d'or sera brisé maintenant) ; cette sentence se trouve pourtant sous l'image des édifices inondés, on ne saurait trouver aucune trace d'arbre.

13. L'arbre bleu couleur dc^ turquoise sera brisé maintenant ou plus tard. 2.

14. L'arbre de Pag-bsam-shlng sera brisé" maintenant ou l'ius tard, n'O.

15. Les maisons et clôtures illustres seront détruites maintenant ou plus tard, n" 4.

J Le u* 12 dont la Iraduction exacte était impossible est entre parenthèses Dans les autres sentences des chiffres que suit le signe no se rapportent au teste tibétain, planche XXXVIII, 2. - C'est l'arbi-e labiUeux qui accomplit tous les souhaits. Schmidt, Tibet, Lexicon.

I.K lîOruDII ISME AU T I liKT 209

10. MLiiiilcuaiit ou phis laiil les veux de la iiiorl s"anétenjiil sur vous', 5. Les cases 19 à 24 représontont les six Aicos d'uiidô. Lrs poinfs dos dos

om[iloyos pour les prédictions sont par ninilii' noirs et i)lancs. et présentent la disposition suivante :

û

©

o

«

o o o o

o

o

■-^ 9

U 9

O

0 o

O O 9 9 O 9

G «

O

0 o 9

O û 9 9

o

Les dés sont ou cubifjui\s. comme ceux desEumpcens, ou des parallélépipè- des rectangulaires, qucdcpu^fois relativement très allongés. Dans ce cas deux de leurs cotés sont blancs.

1 \ . TA m, ES PE MAT.IA'. 1. Tables avec nombres

Une ligure de ce genre nous présente une table de neuf carrés, redi- visés chacun en neuf cases : celle du centre est rectangulaire, une courte sentence y est inscrite ; les Iniit cases environnantes contiennent chacun le nombre d'une Méba. Les numéros sont disposés connue dans la figure ci- dessous :

1 Beaucoup dorades de ce genre sont réunis dans le livre Jed-tlio-yangi-zainaloj, Manuel d'oracles. Ann. g. - III. 27

210 ANNALKS DU MUSEE GUIMET

Les scntonces placées dans les rectangles fureut expliquées à Hermann

ainsi qu'il suit :

I. MédociniMlu cii'i. vraie.

II. Méili-cini' (lu cii'l, médiocre.

m. MiMli>cino du ciel, en partie vraie. I\'. Iniaginairenicnt vraie, selon la science liuniaiue. V. De fortuui' niiiycuuc, médiocre. (Le lama disait : Imagiiiairement vraie, mais douteuse.)

VL Imaginaireuient vraie, et mauvaise par imagination.

VII. Foncièrement mauvaise.

VIII. Probablement mauvaise.

IX. Un peu meilleure que les mauvaises.

Les parents dos jeunes fiancés consultent cette table en y jetant un grain sacré; rinscriptimi du r;irré le grain s'arréto donne; le caractère général de la réponse au puiut de vue du bonheur du mariage projeté ; mais cette réiionse permet un(^ infinité d'interprétations, selon la naissance Méba des fiancés et la Méba du carré, s'il arrivi- (pie le grain s'arrête sur un nombre et non sur rinscri[ition ; il tant aussi tenir compte des éléments sous lesquels ils sont nés. A cet égard on admet généralenu'iit que si les éléments sous lesquels les deux fiancés sont nés ne s'accordent pas, c'est un présage de discordes et de querelles, à moins que l'élément le plus puissant ne soit neu - tralisé par des cérémonies, ([ui naturellement ne peuvent être efficaces que si elles sont célébrées par un lama. Dans les sentences suivantes sont détail- lés les rapports des éléments ; leur texte tibétain se trouve planche XXXIX, 2.

« L'eau est mère du bois ; le feu est fils du bois.

« Le fer est enniMid du bois; la terre amie du buis.

« Le fer est mère de l'eau ; le bois c^st fils de l'eau.

(( La terre est ennemie de l'eau; l'eau est fille du fer.

« Le feu est ennenn du fer; l'eau est ami du fer.

« Le feu est mère de la terre; le fer est fils de la terre.

« Le bois est ennemi de la terri>; le fer est ami de la terre. »

Evidemment ces notions sont foiulées sur l'examen ties conditions du dé- veloppement et delà destruction des objets (distants; car le bois, les plantes

Annales du Musée Guimet.

r. 111. PL. XXXIX.

FORMULES DE 1)1 VI .NATION

riHKb:>^ i)K T.vni.Ks A l'iauREs du: (jnt.vki kuou«uii.m

I

POUR l/lNTURrRKTATION Il'oRACLKS Les oracles . m x.jucls se rapportent ccsformulcj so trou vent plane lie XL

1 2

<Mpiv:!15j5j'a'^^'y'?\^"^'3:^iT T"

7

6

^■^'^■3^^i'.|'^'T T

•5 Tj

j'jfqai'N-s^^rg'MT T «'C]Ïi^'5^^'.3^-^it y

9 10

1-' 12

11

-Si

14

5R■^'M•^l•5^!^|•§^■^T T ^5j54'W5;^'^^IT

II

SHNTENCHS VE R SI I'M É ICS TK.ilTAXT D K l' I N !■' L U ENC U BONNE OU .MAUVAISE DES ÉLÉME.XTS SUR UN MARIAGE l' H (1 J i:T É

^c;':;;^7i-ai.-i^^'ai-^t '^licil^-^i- ^-^IJ T

3

5 6

«'s,-il'^rwOT'.TJ-i]^'*lT T.

'^'"S-"n ■^^''^''^'"T^'^''^-'1^'T T

I.I-: IIOIDDIIISMK All TIHKT 211

croissent dans la t<>iTO et sont noiuiis \<;w I'imii : ]>• Ikms Inuriiit l;i niatiéiv i]ii feu; mais lo bois ou les arbris -unA mupi's jim- ],. |',.i'. ],,■ f,.!-' isoiis fiiriin' il pelli')est indispensablo i)oiu' les imikiux (riirigatiini, qui linniiissi'nt aiix \>\ut\- tes(bois) l'eau nécessaire, dont mu' jiartie leur est enli'MM' parla terre, clli' s'enfonce et se pin'd^. L' feu pcriu^'l fusaijc ih' \'i-:\\\ \>'>\w la cuisiui' et par lu aecrtiit son iiiqiortance pour riiniiiuii'.

2. Tables avec animaux cycliques

Toutes les tribus de l'Asie centrale ' adiuctli'iit qu'' ralfoctioii cl l'aver- sion sont produites par l'intluc'nco des divergences di' nature des éléments qui composent le cycle de douze ans. Cependant les règles que les Tibétains ont établies à ce sujet sont fort arbiraires ; ils croient, par exemple, que l'oiseau cherchera querelle au cheval, etc. Ils ont six variétés de sentiments, soit, très grande affection, affection médiocre, indifférence, éloignement, haine, haine mortelle. La haine mortelle est incurabli> et sous de tels auspices les fiancés ne devraient raisonnablement pas se marier ; mais si les parties sont riches et libérales, un peut empêcher la haine de se déclarer. Toutes les au- tres inriuences des animaux peuxeut se moditier ; on affaiblit ou on ajinuli; complètement celle qui est défavorable, on renforce et on accroît la bonne.

On voit fréquemment des figures dans les divisions desquelles ces ani - maux sont groupés ; les tètes de deux animaux sont dessinées dans une même division, ou bien leurs noms y sont inscrits. Quelquefois aussi un animal est monté par un monstre à forme humaine, portant la tête d'un ou même d plusieurs animaux cycliques. On détermine, en jetant les dés, si la haine o" l'éloignement seront funestes pour le jeune couple. Des tables de ce genre sont annexées au rouleau astrologique de Lhassa (voyez page 191).

Celle qui offre les combinaisons d'animaux ])ar li'squelles on peut préjuger de la possibilité de sentiments d'aversion, est divisée en trente cases ; les

e

' Conip. Pallas, loc. cit., page 236.

2 La sécheresse habituelle du climat du Tibet, rend l'in-i^'alion plus iinpoi-taute puui' la culture que dans n'importe quelle autre partie habitée du globe.

3 Gonip. Pallas, loc. cit.. pp. 23'i-2i;3.

212

ANNAI.es du MUSEE GUIMET

douze can-é-i des deux premières colonnes montrent les têtes des animau.x tournées dos à dos; les autres contiennent leurs noms. Voici la série com- plète :

Tigre.

Singe.

Lièvre. Oiseau.

Dragon.

Chien.

Serpent. Brebis.

Cheval . Rat.

Brebis. Bœuf.

Lièvre. Oiseau.

Tigre. Singe.

Serpent. Porc.

Dragon. Chien.

Brebis. Bœuf.

Cheval. Rat.

Dragon. Cliien.

Bœuf. Brebis.

Cheval. Rat.

Lièvre. Oiseau.

Singe. Tigre.

.Serpent. Porc.

Serjient. Porc.

Rat

Cheval.

Bœuf. Brebis.

Tigre.

Singe.

Oiseau. Lièvre.

Dragon. Chien.

Clieval. Rat

Porc. Serpent.

Singe. Tigre.

Bœuf. Brebis.

Chien. I>rago:i.

Lièvre. Oiseau.

Brebis. Bœuf.

Chien. Dragon.

Oiseau. Lièvre.

Rat.

Cheral.

Porc.

Serpent.

Tigre. Singe.

Une autre combinaison présente les animaux qui peuvent être défavorables, sans l'être fatalement ; elle C'jmprend quatre divisions, dans chacune des- quelles est un animal monté par un monstre avec trois têtes d'animaux. Dans la première le porc est monté par l'oiseau, le serpent et le chien; dans la seconde le singe sert de mouture à la brebis, le rat et le tigre : dans la troisième le tigre porte le cheval, le bœuf et le singe ; dans la quatrième le dragon, le j-orc et le lièvre chevauchent sur le serpent. Ces figures sont celles des quatre premières cases de la table usitée dans les cas de maladies, décrite page 207.

V. T.\BLE DE DIVINATIO.N FORMEE DE NOMBREUSES FIGURES ET DE SENTENCES

Ce ne fut pas sans grande hésitation de la part des Lamas de Mauguang, Gnary Khôrsoum qu'Adolphe et Robert purent se procurer cette table ; on leur assura à plusieurs reprisas qu'il était impossible d'en avoir un autre exem- plaire à moins de le faire venir de Lhassa, ce qui serait très long. Mes frères

o 5

LE BOUDDHISME AU TIHET

213

n'ayant pas réussi à obtenir chez les Lamas de Mangnanfj des renseignements sur l'applicatinu de cette table, je m'adressai à M. Scliiefner pour avoir des détails sur des objets analogues ; mais, bien qu'il mit beaucoup d'obligeance à rechercher ces matières, j'ai me borner à la traduction des inscriptions et interpréter les ligures par l'analogie de leurs formes avec celles d'autres tables.

L'original a 2[ pouces de long et 12 pouces de large; sa partie princi- pale est divisée en soixante- dix- huit rectangles qui contiennent chacun une figure ou une sontcnce, ou toutes les deux réunies; qin'lqucs-uns pourtant sunt \ iil's. Siu' les côtés deux bandes verticales sont ménagées pour recevoir des indications explicatives pour l'emploi de la table : une d'elles est vide pourtant. Pour faciliter l'explication je donne comme d'ordinaire le tracé des compartimonts : b'i on ne verni pas de chiffre, la case est vide dans l'ori- ginal.

B

A

B 1

1

o

3

4

5

6

7

8

9

10

11

12

2

3

13

14

15

16

17

18

4

10

■20

21

22

23

24

5

25

26

27

■2S

29

30

6

7

31

32

33

34

35

36

8

87

38

39

40

41

42

9

43

44

45

46

47

48

10 11 12 13

49

50

51

52

53

54

56

57

58

59

60

61

62

63

64

65

60

14

68

69

70

71

72

75

76

77

78

214 ANNALES DU MUSKE GUIMET

Dans la traduction ci-jointe les sentences sont placées entre guillemets, pour les distinguer de l'explication des figures.

A. Table centrale avec ses figures et ses sentences

Les chiffres placés au commencement de la ligne se rapportent à ceux de a partie A du dessin ci -contre ; ceux qui se trouvent à la lîn des sentences renvoient à la planche XL, elles sont imprimées en caractères tibétains.

1. « La chaire céleste ; elle est vide ou ne l'est pas ». 1.

2. Un lion.

3. « Le piège tressé glissera -t il à travers (sous l'objet), ou non* ? » N°2, une corde tressée.

4. La peau d'un homme.

5. Les murs d'un édifice religieux.

6. « Toute trace de la résidence du roi de l'éloquence sera-t-elle perdue, ou non^? » Un Lama.

T. « Le paon sous le trône des lions ^, sera-t-il victoi'ieuxou non (n° 4)

8. Le paon sur un lion ; c'est le symbole du trône des lions,

9. « La résidence couleur de turquoise sera-t-elle détruite, ou non ? n La figure représente un autel surmonté d'un cône de sacrifice (Zhalzaï)*.

10. Vw chapelet de grains, symbolisant des crânes humains, il. Le vase Namgyal boumpa°, avec des fleurs dans le goulot.

12. « Le Dordje d'or s'ouvrira -t- il comme une fleur (apparaître) dans le ciel? » N" 6. Un Dordje symbole de puissance ".

13. « Le mauvais discours des infidèles ^, sortira-t-il, ou non ? ))N°7.

14. Un infidèle.

15. « La natte se fondra-t-elle (détruire) par le feu, ou non ? » S. Une figure qui ressemble à un échiquier.

' Le pié^e, en tibitaiu zha^'-pa, est un symbole de puissance ; voyez p. 139. On le retrouvera aux numéros 18, 21, 48. Les mots entre parenttièses sont des paraphrases du teite tibétain,

2 Mandjousri, le dieu de Teloquence et de la sagesse. (Voyez p. 42.)

3 Voyez p. 136. * Voyez p. 147. 5 Voyez p. 160. c Voyez p. 139.

En sanscrit Tirtluka, voyez pa^e 17.

LE nonmiiiSME au tibet 215

1<'>. l.e IMiuiubijii, symbole di- imissaiice sur les démons. 17. Un cercle de divination.

is. Des coi-des tressées flgarant le làège (comparez fig. 3). '•'• l'G céleste et l.> tressé seront -ils coupés, ou non* ? » N" 9.

20. Les figures do « Biang-bii et de Thaï » ; la première est une tige avec des leuilles vertes ; la second^.' un parallélogramme attaché à un bâton.

21. Le piège (comparez fig. 8). Je n'ai trouvé aucun sens à la sentence qui s'y rajiporte.

22. Une fièche avec des rubans.

23. Deux instruments astrologiques.

24. Le trid(>nt, symbole de pouvoir sur les démons.

25. « La résidence du magistrat sera-t elle vide, ou non? n 10. 2(3. Un pont dont on voit trois arches.

27. « La verge niagiipu! se rompra -t-ellc, ou non ? » N" 11. Deux bâtons l'un dressé, l'autre incliné parle haut.

28. Les murs d'un édifice religieux (Comparez fig. 5).

29. Un Lama.

30. Un Lama.

31. « L'enclos du foyer des fidèles delà religion Bon, sera-t-il vide, ou non ? » N°12.

32. Un prêtre Bon tenant un glaive et un boucliei'.

33. « L'excellent cheval '^ et l'homme partiront- ils dans des directions difiî"érentes ? » X" 13. Un homme à cheval.

34. Un glaive.

35. Un arc dans un étui et un carquois avec quatre fièchcs. 3ô. Une fièche sans rubans.

37. « Les souliers seront ils emportés par l'eau, ou non ? » N" 14.

38. Deux souliers sur le p(^nchant d'une colline.

' Lss ilpii!; .iK.ls tibétains que je n'ai pa^ pu U'aduire sont: Bjarig-lju et tlial. Les aictionnaires tra- diijseut l)yang-bu « titre, adres.-e u ; po'ii- tlial, ils dniineiit « poussière, cendre » ; pour tyal-mo « paume de la main ».

* Le Loungla, ou cheval aérien, est indicjuè ici, ainsi que son pouvoir d'éloigner les dangers qui peu- vent naître de l'opposilion des animaux cycliques, des elements et des planètes. Voyez planche XXVI et page 16'3.

216 ANNALKS DU MUSEE GUIMET

39. « La divine astrologie sera-t-elle couiiuc, ou non ? » N" 15. Deux astro- logues en habit religieux.

40. Un arc et une tloche.

41. Deux poissons nageant clans l'eau.

42. Un oiseau posé sur une flein-.

43. Eau (comparez fig. 49).

44. « Les vêtements et l'ombrelle au mauclio de turquoise tomberont-ils (sur la terre), ou non ? » 16. Le manche de turquoise.

45. « Les logis seront-ils détruits par li^ domestique, ou non? » N°1T. Desmurs.

46. Un Lama portant le mimir maiiique.

47. Un piège pendant à une corde (comparez fig. 3).

48. Plusieurs pièges pendus à une corde.

49. u La source de l'univers sera-t-elle desséchée, ou non ? (n" 18) ; ceci doit se rapporter à la tig. 43.

50. « La maison paternelle deviendra -t- elle la i)roie des ennemis, ou non?» (u° 19.) Des murs.

51. (( Le miroir magique apparaîtra- t-il, ou non ? » (u" 20.) Le miroir.

52. Trois Lamas.

53. Une tleur épanouie.

54. Cinq flèches et un arc.

56. « Les piliers (de la foi bouddhique) et les mille olfrandes seront-ils dispersés au loin, ou non ? » (n" 21.) Trois vases à offrandes sur une table.

57. Trois Lamas; le premier est habillé de rouge et de vert, ses deux compagnons ne sont pas coloriés.

58. Un Lama avec le miroir magique.

59. Un Lama habillé de rouge sortant de la maison.

60. La partie supérieure de cette case est remplie par la pointe de la flèche et l'arc (comp. flg. 54): la fleur du carré du dessous atteint sa partie infé- rieure.

61. « Le génie blanc de l'excellente tei're se 8oumettra-t~il, ou non? » (n°22.)

62. Sentence dont je n'ai pu trouver le sens.

63. Une conque, avec laquelle les Lamas sont appelés à la prière.

Annai.es du Musée Guimet.

1 III, PL. XL.

QUESTIONS ET IIEPONSES

riuKKs iru.xK taim.k I)K mvinatihn lu; (iXAiw- kii(ii;s(pi;.m

1

r^q'^i'ftc'v^wiïiq'^'^fs'^sj'ôj'^^T T

7

qu]a':i]s^?;j'f;^T]'v-N'-'^isj'5.rf^-'ilT T

,7|Ï!z,'Tiv-^r^'=--:n?^?j'^' 5:I^^•^■^!;^•5J•a:3^T T

c^5j'ës'Ta'.QfqTi.s^'ai'aai'fts^'^!''^!54'ôJ'cfcî;^T T

w

10 11

12

l:i

15

10

q^-5|':yf:i]iy"liiTii:il-5;^'j^^'^'^l5J'5J'4^TÎ

IS

20 21

LE BOUDDHISME AU TIBET 217

G4. Le miroir magique.

65. Une feuille.

66. Une Heur ouverte; sa partie supérieure est formée du miroir magique.

68. Un porc.

69. Un pilier (supportant un monastère, ou le bouddhisme en général).

70. Un autel avec un vase à offrandes surmonté d'une flamme.

71. Des murs.

72. Une maison.

75. Le céleste chien noir '.

76. Un yak.

77. Un tigre.

78. Un lièvre.

B. Régies pour irov.ter la réponse convenable

Les chiffres placés en dehors sont ceux de la colonne B du dessin (page 213) ; ceux qui suivent les sentences renvoient au texte tibétain dans la planche XXXIX, 1.

1 . « Commencer à compter la forteresse terrestre à partir du roi céleste « . (Mandjousri) 1.)

2. (Les mots lisibles ne sont pas assez nombreux pour faire deviner le sens)

3. « Compter l'eau depuis le tigre ». (N°3.)

4. « Compter la terre depuis le tigre ». (NM.)

o. « Compter le fer depuis le tigre et le lièvre ». (N° 5.)

6. « Compter le feu depuis le lièvre ». (N''6.)

7. « Compjter le bois depuis le lièvre ». (N°7.)

8. « Compter Teau depuis le lièvre, » (N" 8.j

0. « Compter le précédent (lièvre) depuis ces truis (élémeutsi. n (^N" U.)

10. « Compter le feu depuis le tigre. » (N" 10.)

11. a Compter l'eau depuis le singe. » (N° 11.)

11. « Compter les précédents (singe et tigre) depuis les ciiui(éléiiic'nlsj. » X" 12.)

Voyer p. U'5.

Ann. g. ni. 28

218 ANNALES DU MDSEE GUIMF.T

l:î. c^ Cuiaiil'T le suivant tk'iniis les cinq. » (N° 13.1 14. « Oomptcr depuis l'ami des cieiix. » (N° 14.')

Ari'ivi' :'i la conclusion de la partie descriptive de cet ouvrage, je me per- mets d'ajouter encore quelques remarques d'une portée générale sur les éléments que les recherches sur le bouddhisme ont fournis à l'étude de ves- tiges de monuments en Europe et surtout en Norvège, ainsi qu'à l'interpréta- tion de termes mythologiques anciens. Le professeur Holmboe, de Stockholm, en comparant les tuniuli et les longs murs qui se voient dans mainte partie de la Norvège, avec les Topes de l'Inde et de l'Afghanistan et les Ghortens et les Manis du Tibet, a trouvé tant d'anologies surprenantes, qu'il a déclaré que, d'après sou opinion, il était fort probable que les apôtres du bouddiiis- me avaient s'avancer jusqu'en Scandinavie, après avoir traversé les vastes provinces russes ^ Ghos3 encore plu5 extraordinaire, on a découvert que le bouddhisme a eu des prosélytes au Mexique jusqu'au treizième siècle ; l'évi- à^Ace de csfait découle des détails et des descriptions d'un auteur chinois qui vivait au quinzième siècle de notre ère, et qui parle « du pays éloigné dwvi lequel des hommes pieux, poussés i)ar de violents orages, ont trans- porté les doctrines sacrées -. »

1 Pour les détails, voyez Holmboe, Traces du bouddhisme en Xorvè^e, p. 79. Holmboe dit que même le nom d'Odin ou Wodan, le dieu suprême de la mythologie allemanile, peut se rapporter aux expressions bouddhiques et au mot sanscrit Budh et ses dérivés Boud'lha, Bodhin, Bodhan, Bodhan. Déjà dans le sanscrit le B, se change en V, et l'élisiou du V serait très fréquente dans l'ancienne lan- , gue norvégienne danr- les mots il est suivi de 0 ou de V. Un court résumé, avec i-emarques crili- ques, de l'ouvrage de Holmboe, par Rajendrnlal Mitra, e.'^t donné dans Joitrn, As. Soc. Benij., vol. XXVII, p. 46.

- Voyez Neumann, cité par Lnssen dans Indische Alterthums Knnde, vol. IV, p. 749. Dans les Elati-Unis d'Amérique on a trouvé aussi des buttes artificielles si curieusement semblables aux tumuli de Norvège que les antiquaires américains ont suggéré qu'un peuple venant de Norvège aurait décou- vert l'Amérique vers Tau 1000 de notre ère. Rafn, cité par Holmboe, p, 23

APPENDICE

LITTERATURE

LISTE ALPHABÉTIQUE DES OUVRAGES ET MEMOIRES RELATIFS AU BOUDDHISME

SES DOGMES, SON HISTOIRE ET SA DISTRIBUTION GÉOG il APII I QU E

TITRES DES PUBLICATIONS PÉRIODIQUES ET COLLECTIONS QUI ONT ÉTÉ CONSULTÉES LISTE ALPHABÉTIQUE DES AUTEURS

Le catalogue suivant clouue les titres complets de tous les ouvrages remarquables sur le bouddhisme, ainsi que les mémoires contenus dans les publications périodiques ou spéciales. La littérature des diverses langues de l'Europe est si considérable que je n'ose espérer que cette liste soit assez détaillée et complète. Mais je me permets d'ajouter, comme excuse pour mon travail, que je n'ai eu pour m'aider aucun autre recueil de ce genre.

Le Directeur de la Bibliothèque royale et nationale de Munich, professeur Halm, m'a prêté une assistance officielle toute particulière.

Le classement des ouvrages sous le rapport de leurs principaux objets se fera facilement par l'Index, l'indication des publications est jointe aux autres détails.

222 ANNALES DU MUSEE GUIMET

TITRES DES PUBLICATIONS ETUDIEES, PERIODIQUES OU AUTRES

(Les mots ciitro parcnthâi»es Boni les abréviations que J'ai einjiloyùes)

Abhandlungen der kônigliclien Académie der Wissenchaften zu Berlin. Up to 1860. (Abh. d. Berlin. Akad).

Arbeiten der russichen Mission in Peking. Deutsche Uebersetzuug von Abel und Mecklenburg. Berlin, 1858, vol. I, 11 (Arb. der russ. Mission.)

Arciiiv fiir die wissenscbafstiche Kunde von Russland, von Ermann, vol. I à XX (Ermaun's Archiv.)

Asiatic researches, or Transactions of the Society institued in Bengal. Cal- cutta, vol. I à XX. L'édition in-octavo se distingue par (As. Res.).

Bulletin scientifique publié par l'Académie des sciences de Saint-Péters- bourg. Vol. I à X (Bull. se. Saint-Pétersb. Acad.)

Bulletin de la classe historico-philologique de l'Académie impéi-iale des sciences de Saint-Pétersboui'g. Vol. I à XIV (Bull. hist. phil. Saiut- Pétersb.)

Bulletin de l'Académie impériale des sciences à Saint-Pétersbourg. Vol. I à V (Bull. Saint-Péters. Acad.)

Chinese repositary. Canton, vol. III (Chin. Rep.)

Denksghriften der K.K. Akademie der Wissenschaften in Wien. (Denkschr. d. M'ien. Akad.)

Gleanings in science. Calcutta, vol. I à III (Glean, in se.)

JouKNAL asiatique OU recueil de mémoires, d'extraits et de notices relatifs à l'histoire, à la philosophie, aux sciences, à la literature et aux lan- gues des peuples orientaux, vol. I à V (Journ. As.)

Journal of the American Oriental Society. New-York. (Journ. Ame. or. Soc.)

Journal of the Asiatic Society of Bengal. Vul. XXX (Journ. As. Soc. Beng.).

Journal of the Bombay, branch of the royal Asiatic Society. ^'oI. I à V (Journ, Bomb. R. As. Soc).

LE nOUDDIIISME AU TIIÎET 223

Journal ufllu^ G 'vluu, bniuck uf llio royal asiatic S )cii;ty. (^olomb.j, 1845,

184S. 1850, 1853. (Joiirii. Gcyku. R. As. Soc.) JouRNAi, oftho Indian Archipelago and Eastern Asia. {Singapore. New

series. Veil. 1 à III (.Imirn. Iml. airli.). Journal (et aussi Transactions) of tlio royal a<iatic Society of Groat Bri

tain and Indand. Vol. I à XIX (Journ. R. As. Soc). JouRNAi, DES SAVANTS. Paris, do 1820 à 1856 (Journ. des Sav.), Journal of the Shanghai literary Society. (Journ. Shanghai, lit. Soc.) Madras journal of literature and sciences. Madras New series. Vol. I à \'II

(Mad. Journ.) Mkmoirf.s de l'Institut imperial di' France, .Vcadéniii' des inscriptions (Méni.

de l"inst. de France.) Mémoires présentés à l'Académie impériale des sciences de Saint-Péters-

bnurg, par divers savants, vol. I à VI (Mém. des sav. étrang. Saint -

Pétersb.). Nouveau journal asiatique ou recueil de Mémoires, d'extraits et de notices

relatifs à l'histoire, à la philosophie, aux langues et à la littérature des

peuples orientaux. Paris, 1826-1861 (Nouv. Journ. As.). Transactions of the literary Society of Bombay. Vol. I à III (Trans, lit. Soc.

Bombay). Zeitsghrift der Deutschen morgenlandischen Gesellschaft. (Ztsch. d. d.

Morg. Ges.), vol. I à XI. Zeitsghrift fiir die Kunde des Morgenlandes . Vol. I à V (Ztsclir. f. d. Iv.

d. Morg.).

224 ANNALES DU MUSEE GUIMET

LISTE ALPHABETIQUE DES AUTEURS

AcKERMANN, B. « Histoire et doctrine du boudcDiisme. 1829. »

Anderson, A^'. Essai pour établir l'identité de quelques lieux cités dans l'iti- néraire de Hiuan Thsaug. Journ. As. Soc. Beng. Vol. XVI. p. 1183. Autres publications sur ce sujet, voyez Cunningham, MûUer. Disc, cril.: Cunningham, Journ. As. Soc. Beng. Vol. XXII, I partie, page 476, Il part, p. 13.

Bailey E. C. « Note sur les sculptures trouvées dans le district de Peshau- vur. » Journ. As. Soc. Beng. Vol. XXI. p. 606. Sur le même sujet, voyez aussi un mémoire de Jaquet.

Barthélémy Saint-Hilaire : sur les travaux de M. Eugène Burnouf. Journ. des sav. 1852, p. 473 et 561.

Du bouddliisme. Paris, 1855.

Du Bouddha et sa religion. Paris, i860. Disc. crit. par cet auteur,

voyez : Burnouf, Foucaux, Saint-Julien.

Bazin Recherches sur l'origine, l'histoire et la constitution des ordres reli- gieux dans l'empire chinois. Xouv. Journ. As. V"' série, vol. VIII (1856).

Benfey, Th. « Remarque sur une communication de Megasthènes au sujet de l'histoire de l'Inde. » Ztchr. f. d. K. Morg., vol. V, p. 218.

Quelques remarques sur les noms des dieux qui se trouvent sur les

monnaies indo-scytes. » Ztschr. d. d. Morg. des., vol. ^ lll.p. 450.

Benxet, C. \ie de (iaudama, traduction d'un livre birman intitulé Ma- la-len-ga-ia Wottoo. » Juurn. Amer. Or. Soc, vol. III. [lagi^ l à 165.

BERGiMANN. Excursious nomades chez lesKalmouks pendant les années 1802 et 1803. n 4 ^ ol. 1805. (Comparez aussi Morris. 1

BiGANLET. Légende du Bouddha birman nommé Gaudama. Journ. Ind, Arch., vol. VI, pages 278 et 499 ; vol. VII, p. 159 ; pages 349, 373 ; vol. IX, pages 139, 325, 483.

BiOT. Pour les discussions critiques de cet auteui-, voyez Burnuuf,

i.E nounniiisMF Atj tibet 005

Riiu). .). « Recherches historiques sur l'origine et les principes des rehgions

de Bouddha et de Jaina. » Journ. Bomb. R. As. Soc, vol II, p. 71.

BocHiNGER, J.-J. La vie contemplative, ascétirpio f f monnstiqno rhoz Ir-s

Indous et chez les peuples bouddhistes. Strasbourg, 1831. BocuTLiNGK. l{;ippurt sur un mémoire intitulé: Une biograjiiiie tibétaine de Sakjamuni, le ibndati'ur du bouddhisme; abrégée par A. Schiefner. r.ull.luM. pliil.S;iinl l\'l.'rsb.,vol. \", p. '.)3. BoHLEN,P.-V. Uc budimismi origine et fetate, conscrii^sit Pctrus a Boh liMi. Regiment. Pruss. 1827.

« L'Inde ancienne décrite avec des consi(I('inti..:is iinrticnlien's sur

l'Egypte. » Deux vol. Kônigsberg, 1830. Brockhaus, h. Soma Leva. Fondation de la ^■il^■ d- l'afnlipntra et his- toire d'Upakosa. Leipsig, 1835. Sur le même sujet, voyez un mémoire de Francklin. Buchanan, Fr. Sur la religion et la littérature des Birmans. As. Res.

8" vol. \y, p. 130. Burxes, Ar. Description des temples Jains au mont Abu à Guzerat. Journ. As. Soc, vol. 11, p. 1(W.

Voyages à Bokhara, récit d'un voyage de l'iiule à Calxml, en Tartaric

et en Perse. Deux vol. 1834. Voyez aussi Elphinstone. BuRXEY,H.-St. Traduction d'aur inscription eu langue inmiam,' trouvée à Bouddha-Gaya en 1833. As. Res., vol. XX, p. 161. Voyez aussi le mémoire de Kittoe sur cette ville Disc. crii. Lassen Chr: Zeitschr. f. d.K. d. Mnrg. vol. I, p. 108.

Découverte d'images bouddhistes avec inscriptions deva-nagari à

Tagoung, ancienne capitale de l'empire birman. Joui'u. As. Soc. Beng. vol. V, p. 1.57. Disc. d'il. Lassen Ghr. Zcilsrhr. f. d. K. d. Morg., vol. I, p. 228. BuRNOUF, E. (et Ch. Lassen). Essai sur le pâli, ou la langue sacrée de la presqu'île au delà du Gange, avec six planches lithographiées. Paris, 182().

Observations grammaticales sur quelques passages de l'Essai de

-M-M. Buruouf et Lassen. Paris, 1827.

Ann. g. - ni. 29

226 ANNALES DU MUSEE GUIMET

BuRNOiT. E. (ot CM. Lessen). Iiiti'oducti'jii à riiistoirc du Bouddhisme in- dien. Paris, 1844. Disc. cril. :Boor, E. ; Joura. As. Soc. Beng.,vol. XIV, part. II, p. 783; Biot : Jûurn. dos sav. 1845, pages 223, 257 et 337. Le Lutus de la bonne Loi, traduit du sanscrit, accompagné d'un com- mentaire et de A'ingt et un mémoires relatifs au bouddhisme. Paris, 1852. Disc. crit. : Barthélémy Saint -Hilaire, neuf articles dans J(jurn. des sav. 1854 et 1855 (en même tempe que le Rgya Tcher Roi pa de Foucaux). A. Weber, « Études indiennes », vol. III, p. 135. Disc. cril. par cet auteur, voyez Rémusat, Upham. BuRT F. -S. Impression de plusieurs danams du Tope de Sanchi près de Bhilia. Journ. As. Soc. Beng., vol. VII, p. 562. Voyez aussi sur ce Tojyc : Cunningham, Prinsep.

Description avec dessin de Tantique pilier ào pierre d' Allahabad,

appelé Bhim ten's Gadd ou club, accompagné de copies de quatre ins- criptions en divers caractères gravées sur sa surface. Journ., etc. vol. III, p. 105. Voy. aussi en fait de mémoires sur ce pilier: Hodgson, Mill, Prinsep, Trover. Tumour. Call.\.way Jonh. Yakkun Xattannava, poème singalais qui décrit le système de démonologie de Geylan ; avec ce poème : Les pratiques d'uu capun ou prêtre démon, telles qu'un bouddhiste les a décrites; et Kolan Nattannava, poème singalais qui décrit les types choisis par les naturels de Geylan dans une mascarade. Londres, 1829. CAMfBFXL, A. Journal d'uu voyage à Sikkim. Journ. As. Soc. Beng., vol. XVIII p. 482.

Journal d'un voyage à la frontière du Tibet en traversant Sikkim.

Jour. As. Soc. Beng., vol. XXI, pages 407, 477,563. CvRKY W. Récit des cérémonies des funérailles d'un prêtre birman. As.

Res., vol. XII, p. 186. Carte W.-E. Notices sur les anuilettes en usage chez les bouddhistes transliimalayiens, avec remarques de Gsoma de Koriis. Jmu-n. As. Soc. Beng., vol. IX; deuxième partie, p. 904.

I.K RiiUDDIIISMK AH TIIIKT

227

Cataloguf. (l;s luauu.scrits ct xylnynniliics oricnlaiix dc la JJibliuthcqiU'

iiuiiérialepuljliqui- do Saint -Potcrsbourj'-, 1852. ClilAi'MANN, J. -J. Quelques iriiiai([Ui's additiuuni'llt'S sur ranliqui' cité

d*Auui"a|iura nu Aiiuradaimra I't li' ti'in|ili' oiUiuc à Malii'iiti''li'' ilaiis

riIedeCeylau..lnuiii.ll. As.Soc.,V(il. Mil, i>. 1G4. CiiiTTY, S.-G. Lc sixième chapitre du Tinivathavm- riiiana. Journ. Coy- Ion, R. As. Soc. 1S45.N°1, première partie, p. (53. CoLEBROOK, II. -T. Observations sur la secte desJains. As. Res., vnl. IX,

p. 287. GONGUEKVK, II. Courte descriptiuu des anciennes sculptures bouddhistes à

Masulipatam. Madras. Journ., vol. VI, mai 1861, p. 14. Court, A. Etude apprûfondi(^ sur les Topes di; Manikàla, traduction d'un

extrait d'un mémoire manuscript sur l'ancienn'' Taxila. .lourn. As. Soc.

Beng., vol., III, p. 556. Note sur le liquide brun conti'uu dans les cylindres de Manikyfda,

Jouru. As. Soc. Beng., vnl. III, p. 507. Autres mémoires sur ce Tope, Cunningham, Prinsep. Crav\'furd, J. Ruines de Boro Budor à Java, Trans, lit. Soc. Bomb.,

vol. 11, p. 154.

Histoire de l'archiiiel Indien. Edimbourg, 1S2Û. Volumes I, II, 111.

Csoma deKôrôs. Traduction d'un fragment tibétain avec remarques de

II. -II. Wilson. Journ. As. Soc. Beng., vol. I, p. 269.

Notice géographique sur le Tibet. Jour. As. Soc. Beng., vol. I,p. 121.

Note sur l'origine du Kala-Chakra, et Adi Bouddha. Journ. As. Soc.

Beng., vol. II, \>. 57.

Traduction d'un passeport tibétain. Jour, etc., vol. II, p. 20.

Origine de la race Shâkya, traduit du la, 26""" volume dc la classe niDo

dans le Kah-gyur, commençant à la cent soixante et unième page.

Jouru. etc., vol. II, p. 385.

Extraits d'ouvrages tibétains. Journ. etc., vnl. 111, y. 57.

Analyse d'un ouvrage de médecine tibétain. Journ. etc., vol. R , p. 1.

Notices sur les diflérents systèmes du bouddhisme, tirées des auteurs

tibétains. Journ. etc., vol. Ml; première partie, p. 142. Disc. cril. Zeitschr. f. d. K. d. Morg., vol. W .

228 ANNAI.KS DU MUSEE GUIMET

GsoMA DE KoRos. Eiiiuiu^ratioii crouvrages d'histoire et de grammaire que l'on rencontre au Tibet. Jourii. etc., vol. VU, p. 147. Disc. crii. Zoitsclir. f. A. Iv. d. Morg'., vul. \\ .

Remarques sur les « Notices sur les amulettes en usage chez les boud- dhistes transhimalayens, par W.-E. Carte. » Journ. As. Soc. Beug., vol. IX, deuxième partie, p. 905.

Interprétation d'ime inscription tibétaine sur une bannière de Bhutan,

prisoà Assam. -Journ. etc.,vul. \, p. 264.

Traduction d'un sloka tibétaim' sur un morceau d'écharpe de Chine

blanche. Journ, etc., vol. \ , y. 884.

Analyse de l'ouvrage tibétain intitulé le Kali-gyur. As. lies., vol. XX,

pages 41, 393.

Résumé du bStan-hGyur. As. Res., vol. XX, p. 053.

Notices sur la vie de Shàkya. As. Res., vol. XX, p. 285.

Grammair.' de langue tibétaine en anglais. Calcutta, 1834.

Essai d'un dictionnaire tibétain et anglais. Calcutta, 1834.

Courte notice sur le Subhastita Ratna Nidki de Saskya Pandita. Journ.

As. Soc. Beng., vol. XXIV, p. 141, vol. XXV, p. 257.

Cunningham, A. Correction d'une erreur au sujet de quelques monnaies romaines trouvées dans le Tope de Manikyala ouvert par AI. Court. Journ. As. Soc. Beng., vol. III, p. 635. Autres mémoires sur ce Top^'. Voyez Court, Prinsep.

Récit de la découverte des ruines de la cité bouddhiste deSamkpasa.

Journ. R. As. Soc, vol., VII p. 241.

Ouvertures des Topes ou monuments bouddhistes de l'Inde centrale.

Journ. R. Ass. Soc, vol. XIII, p. 108.

-Les Topes de Bhilsa, ou monuments bouddhistes de l'Inde centrale.

Londres, 1854.

Ladak, compte rendu physique, statistique et historique, avec des no- tices sur les pays environnants. Londres, 1854.

Vérification de l'itinéraire de Hiuan Thsang à travers l'Afghanistan et

l'Inde, pendant la première partie du vif siècle. Journ. As., Soc. Beng., vol. XVII; part. II, p. 13.

I,E RnrDDIIISME AD TIRET 229

Gl'xmngmam. a. A'oriticatiou (1<. ritiiiéinir.' de Hivau Thsanj,' à travers l'Ariaiuiet riudo, au iioint de vno d>- l'hypothèso du major Anderson, qu'il aurait été de comijositiou moderue. Jourri. As. Soc. Beug., vol. XMI, paît. I, [1.476. Voyez aussi le méinoir(3 d(; Millier.

Satraps, avec dos inscriptious grecques. Jouiii. As. Soc. H'-'iig.,

vol. XXlll,]!. (579.

Essai sur l'ordi-c aryen dans l'architecture, et son emploi dans les tem -

pies de Ka.slimir. Journ. As. Soc. Beng-., vol. W'II. part. II, p. 274.

Davis. La Chine et les Chinois. Édition alleinandi' il.' Dru-uliu. Stutt- gart, 1852.

Deshauter.yyes. —Recherches sur la religion de Fu, professée par h'.-, bon- zes Ilo-chaiig de la Chine. Journ. As. 1825, p, 150, 228, 311 ; 1826, p. 40, 74, 170, 219.

Eckstein (baron d".) Théologie et philosophie bouddhiques comparées à celles des védantins (dans l'article intitulé « Narasinha Oupanichal ») Nouv. Journ. As., troisième série, vol. II (1836). p. 470. Une revue critique porte le nom de Julien.

Edkins,E. Traduction d'un sinistra bouddhiste. Jnurn. Shanghaï Lit. Soc. 1858. NM. (Voyez aussi Wilson.)

Notes d'une correspondance avec sir John Bowring sur la littérature

bouddhiste en Chine, par le professeur Wilson. Avec une notice des ouvrages bouddhistes chinois qui ont été traduits du sanscrit. .I.niin. R. As. Soc, vol. XVI, p. 316.

Elphinstone, m. Description du royaume de Caboul, et ses dépendances dans la Perse, la Tartarie et dans l'Inde. I8i9. Voyez aussi B urnes.

Erskine,W. Description du temple souterrain d'Eléphanta. Trans. Lit. Soc. Bomb., vol. I, p. 198.

Note sur la k Description des souterrains, nommés les Panch Pandoo,

près de Bang », par F. Dangerfield.

Observations sur les ruines bouddhiques dans l'Inde. Traus. etc.,

vol. III, p. 49.

230 ANNALES DO MUSÉE GDIMET

Fa-IIian. (Pèlerinage de). Tiré de l'éditiou française de Foe koue ki de MM. Rérausat Klaproth, et Landresse. Avec notes additionnelles et explicatives (anonyme. Cunningham en altriljucla paternité àLaidley). Calcutta, 1848. 8».

Fergussox, J. Temj)les indiens creusés dans le roc. Journ. R. As. Soc, vol. VU], i>. :>0. Publié aussi en in-8° avec un atlas in Roy. Fol. Lon- dres, 184.J.

FiNLAYSON. Mission à Siam et àllué, capitale de lu Gochinchine en 1821 et 1822. Avec un mémoire sur l'auteur par sir Th. Saint-Raffles, 1826.

Forbes, J. X^tes sur les Bouddhas, d'après les auteurs Singalais; avec un essai pour déterminer les dates de l'apparition des quatre derniers Bouddhas. Journ. As. Soc.Beng., vol. V, p. 321. Disc.crit. Lassen Chr. Ztschr. f. d. K. d. Morg., vol. I, p. 235.

FouCAU.x, Phil. -Ed. Spécimen du Rgya-Tcher-Rol-pa. Partie du chapitre VII contenant lu naissance de Cakva-Muni. Texte tibétain, traduit en français et accompagné de notes. Paris, 1841.

Rgya Tcher Roi pa, ou développement des jeux, contenant Thistoire

du bouddha Cakva-Muni, traduit sur la version tibétaine du Bkah Hgyour etrevu sur l'original sanscrit (Lalitavistara). 2 vol. Paris, 1847. Disc. crit. ScJnefner. Bull. Hist. Phil. Saint-Pétersb., vol. Ml, pages 118, 225, 261, 501. Barthélémy Saiut-Hilaire ; neuf articles au sujet de « Le Lotus de lu Bonne Loi » de Burnuul'. Journ. des sav. 1854, 1855. Autres mémoires sur ce livre historique : Leuz, Rajendralal Mitra.

Parabole de l'enfant égaré, formant le chapitre ivdu Lotus delà Bonne

Loi. Paris, 18-54.

Grammaire delà langue tibétaine. Paris, 1858.

Le Ti'ésor des Belles Paroles ; choix de sentences, composées en tibé- tain par le Lama Saskya Pandita, suivies d'une élégie tirée du Kan- jur, traduites pour la première fois eufrançais. Paris, 1858.

FR.iNCKLiN, W. Recherches sur les dogmes et doctrines des jeynes et des bouddhistes, qui sont peut-être des brahmanes de l'Inde ancienne. Londres, 1827.

Etude sur la situation de l'ancienne Palibothra, que l'on suppose située

i.K nonnniiisME au tihet 231

dans les limitos (lu ilistfictiK-liieldo Bhaiiyul[)ooi'. rmti''^ I ;'i I\'. I.on-

drcs, 1815-22. Voyez Bn^ckhaus, Mémoin^ sur cette villi\ Friedhicii. Over iiiscriptieu van Java eii Sunmlra, vuor hot ecrst oiitcj-

ferd. Batavia, 1857. G.\BET. Voyez Hue. Georgi, \. .\. Aliiluilu'lmii lib tauniii. Missionuin apostolicariim com-

iiiodixMlitiim. llniii.T, 1TL>2. Gérard, A. Kuoiia\vur, I'tlit»'' par G. Lloyd. Londres, 1841. GoGERLV. 1). .T. Duljouddliisiiii'. .Touru. Ceylon R. As. Soc. 1845. 1,

premiere parti(>, y. 7 ; IS is, p. 1 1 1 ; et 185:5, p. 1. Grindlay, R.-M. Description de quelipu's sculptures du temple souter- rain d'EUora. Trans. R. As. Soc, vol. 11, p. :i2ii. Sur CCS tem])les voyez aussi les mémoires de Sykes, T(k1. DE Guignes, .J. Reclu'rclics historiques surlareligion indienne et sur les

livres londamentaux de cette religion, qui (jid été traduits de l'indien en

chinois. Acad. R. d, Inserip., vol. XI. Paris, 1780. Histoire générale des Huns, des Turcs, des Mongols et des autres

Tartares occidentaux etc., avant et di^puis J.-G. jusqu'à présent. 4

vol., 1756-58. Gurius, 0. Le vœu des bouddhistes et les cérémonies de sa prestation

chez les Chinois. Arb. d. Russ. Miss., vol. II, p. 315. GuzTLAPF. G. Remarques sur l'état actuel du bouddhisme en Chine.

Journ. R. As. Soc, vol. XVI, \). 73. HaLbertsma, J.-II. rllet buddhism en zyn stiehter. iJeve'uter, 1843. Hammer-Purgstall. Sur un taUsman, moitié bouddhiste, moitié nuisulman.

Denksch. d. Wien. Akad., vol. 1, 1850. Harington, J.-H. Remarques introductives au mémoire du capitaine

MahonysurCeylan, eth'S doctrines de Bouddha. As. Res. 8°, vol. VIII,

p. 529. Hardy, R. Spence. Monachisme oriental, relation de l'origine, des lois,

etc. de l'ordre de mendiants fondé par Gôtama Bouddha. Londres, 1850. Manuel de bouddhisme, traduit d'après des manuscrits singhalais.

Disc. crit. : AWeber« Études indiennes ». \'ol. III, pages 117-135.

232 ANNALES DU MDSEE GUIMET

IIay, W.-C Rapiiort sui- la vallée de Spili. Journ. As. Soc. Beng., vol.

XIX, p. 429. Hii.AïuoN. Prise de possession du Tibet par la Chine. Arb. d.russ. Miss.,

vol. 1, p. :51.3. Hodgson, B. II. Notices sur les langues, la littérature et la religion des

bouddhas du Népaul et du Bhot. As. Res., vol. XVI, p. 409. Esquisse du bouddhisme, tirée des écritures bouddhiques du Népaul.

R. As. Soc, vol. II, p. 222. Citations d'auteurs sanscrits origiiuiux comme preuves et éclaircisse- ments de son Esqi;isse du bouddhisme. Journ. As. Soc. B^ng., vol. V,

pages 28,71. Disc. crit. Lassen : Zeitschr. 1'. d. K. d. Morg., vol. 1. p. 234.

. Théories européennes sur le bouddhisme. Journ. etc., vol. Ill, p. 282.

Nouvelles remarques sur la Revue du bouddhisme de M. de Rémusat.

Journ. As. Soc. Beng.,vol. III, p. 425. Notice sur quelques inscriptions antiques en caractères de la colonne

d' Allahabad. Journ. As. Soc. Beng.,vol. III, p. 481. Autres mémoires sur cette colonne, voyez : Burt. Mill Prinsep. Turnour. . -Note sur une inscription de Sarnath. Journ, As. Soc. Beng., vol., IV,

p. 196. Voyez aussi sur cette inscription 1(> mémoire de Sykes! Notice sur .Vdi Bouddha et les sept bouddhas mortels. Imprimé sous

le titre de Classification de Neuwars, dans Journ. As. Soc. Beng.,

vol 111. p. 215. Remarques sur une inscription en caractère ranja et tibétains (U'chhen),

tirée d'un temple sur les confins delà vallée de Népaul. Journ. As. Soc.

Beng., vol. IV, p. 196. . Récit d'une visite aux ruin(^s de Simroun, autrefois capitale do la pro- vince de Mitliila. J(.iurn. As. Soc. Beng., vol. IV, p. 121.

Notes sur In langue primitive des écritures bouddhistes. Journ. As.

Soc. Beng.. voL VI. p. 682. Disc. crit. : Lassen: Zeitschr. f. d. K. d. Marg., vol., 111. p. l59. Un extrait des procès-verbaux de la R. As. Soc. Janvier 1836, traité

sur le même sujet.

LK nOUDDIIISMK AU TIHET 233

Hodgson, B. II. Discussion sur les castes par un Ijuuddliible, sous la forme d'une série de propositions avancées par un Saiva et réfutées par le logicien. Jnurn. As. Soc, vol. III.

Sur la ressemblance extrême qui existe entre beaucoup de symboles du

bouddhisme et du saivaïsme. Quarterly oriental Magazine, 1827. N" 14 et IG. Tous ces ouvrages sont réimprimés dans les Eclaircissements de la litté- rature et de la religion des bouddhistes. Seramporc, 1841 .

Les Pravrajia Vrata ou i-itos initiateurs des bouddhistes au Paja Kand.

Eclaircissements, p. 212.

Notice sur les symboles bouddhistes. Jouin. Pi. As. Soc, vol.

XVII 1, p. 393.

Hoffmann. Bouddlia Pantlicun de Nippon. Avec un atlas de 63 planches. Vol. V des « Archives pour la description du Japon, de Siébold », Leyde.

HoLMBOE, G. A. Trace de bouddhisme en Norvège avant l'introduction du christianisme, Paris, 1837. Un court résumé en est donné par Ra- jendralal Mitra dansle Journ. As. Soc. Beng., vol. XXVII, p. 46.

Hooker, J.-D. Journauxhimalayens, 2 vol. Londres, 1854.

HuG et Gabet. Souvenirs d'un voyage dans la Tartaric, le Tibet et la Chine, pendant les années 1844, 1845, 1846, vol. I et II 1853.

Notice sur la prière bouddhique : Om mani p; daie houm. Nouv. Journ.

As. Quatrième série, vol. IX, p. 462.

Les quarante- deux points d'enseignement profiTés par Bouddha, tra- duit du mongol. Nouv. Journ. As., vol. XI, p. 535. Voyez aussi le Mémoire de Schiefner sur ce Sutra.

Le christianisme en Cliine, en Tartarie et au Tibet. Vol. I à IV (tra- duit en anglais) .

Hullmanx, G.-D. Dissertation historique et critique sur hi leligion la- maïque. Berlin, 1795.

HuMBOLT, W. VON. Sur la langue kawi dans l'ile de Java, avec une étude sur la diversité de la structure des langues humaines, et leur iullucncc sur le développement spirituel de l'humanité. Berlin, 1836.

IdEler. Sur la chronologie des Chinois. (Lu à l'acad. de Berlin, 1837; imprimé avec des additions, 1839.)

Ann. g. m. 30

234 ANNALES DU MUSKF. GDIMET

Impey E. Description cruiio ûguvc jaïu colossale, do près de 80 pieds de haut, découverte sur un éperon de la chaîne de Satpurah. Journ. As. Soc. Beng., vol. XVIII: deuxième partie, p. 918.

Jacob, L.-G. et WESTERaAARD, N.-L. Copie de l'inscription d'Asoka à Girnar. Journ. Bomb. B. As. Soc. Avril 184.3, p. 257.

Japok décrit par une société savante d'après les meilleures sources. 18(30.

Jaquet, E. Notice sur les découvertes archéologiques faites par Kimig- berger pendant son séjour dans l'Afghamstan. Nouv. .Journ. As. 1836. p. 234; 1837. p. 401. Au sujet de Peshaur, comparez avec le récit de Bailey.

JoiNviLLE. Sur la religion et les mœurs du peuple de Geylan. As. Res. 8".vol. VII, p.397.

Jones, J. Taylor. Quelques récits du Thrai Phun. Journ. Ind. Arch. 1851., vol. V, p. 538.

Julien, Stan. Mémoires sur les contrées occidentales; tradviit du sans- crit en chinois, en l'an 648, par Hioueu Thsang, et du chinois en fran- çais. Paris, 1858, vol. I et II. Disc, crit.: Baron d'Eckstein. Nouv. Jour. As. 5™° série, vol. X, p. 475 et suiv. Barthélémy Saint-Hilaire : huit articles dans Journ. des sav. 1855 et 1856. Pour plus amples discussions critiques, voj-ez -.Ander- son, Cunningham. M. MuUer.

Listes diverses des noms des dix-huit écoles schismatiques qui sont

sorties du bouddhisme. Nouv. Journ. As., vol. XIV (1859), p. 327.

Renseignements bibliographiques sur les relations des voyages dan?

l'Inde et les descriptions du Si-yu, qui ont été composées en chinois entre le V ( t le xviif siècle de notre ère. Nouv. Journ. As. 4'"'' série, vol. X(1847), p. 205.

Goncordanco sinico-sanscrite d'un nombre considérable de titres d"uu-

vrages bouddhiques, recueillis dans un catalogue chinois de l'an 1306, et publiée, après le déchiffrement et la restitution des mots indiens. Nouv. Journ. As. 9""' série, vol. XIV. pages 251 446.

Histoire do la vie de Hiouen Tiisang et de ses voyages dans l'Inde

entre les années 629 et 645 de notre ère. Paris, 1853. Disc. crit. : Schiefner, Mélanges asiatiques, vol. IL

nouDDiiiSMr; ait tirkt 235

KisiŒN Kant Rosi:. Di'scriptiou d.' la Cdiitr.'o de Bhutan. As. Rcs., vol. XV, p. 128.

KiTTuE, M. Not(? suruue iiuayo de Buiiddlia, ti'ouvéoàSlicryhatti. Journ. As. Soc. Beng'., vol. XVI ; première partie, p. 78.

Note sur les sculptures de Bodii Gya. Journ. etc., vol. .\V1 ; preinièn;

partie, p. 334. Comparez aussi lo Mémoire de Burucy sur Bouddha Tlaya.

Notes sur des lieux delaiiroviuce do Bi^har qui- l'un suppose être ceux

qu'a décrits Ghi-Fa Hiau, le prêtre bouddhiste chinois qui fit un pèlerinage dans l'Inde à la tin du iv" siècle. .leiirn. As. Soc. Bony., vol. XVI. p. 953.

Klaprotii, J. Voyages au Caucase et en Géorgie, vol. I et II, 1812.

Examen et études des recherches sur l'histoire des peuples de l'Asie,

centrale de J.-J. Schtoidt, 1824. Disc. crû. : Sylvestre de Sacy. Journ. des sav. 1825.

Descri[ition du Tibet, traduite du chinois en russe parle père Hyacin- the, et du russe en français par M..., revue sur l'original chinois et accompagnée de notes. Nouv. Journ. As., vol. IV, pages 81, 241 , vol. VI, pages 161, 321. Fragments bouddhiques (Extrait du Nouv. Journ. As. Mars 1831). Paris, 1831.

Table chronologique des plus célèbres patriarches et des événements

remarquables de la rehgion bouddhique, rédigée en 1678, traduite du mongol et commentée. Nouv. Journ. As., vol. VII (1831), ji. 101.

Explication et origine de la formule bouddhique Om mani padme houm.

Nouv. Jour. As., vol. Vil, p. 185.

Pour son édition de Timboroski, voyez à ce nom.

Knox. Cérémonial de l'ordination d'un prêtre birman. Journ. R. As. Soc. vol. III.

KoppEX, C.-F. Religion du Bouddha et son origine. Vol. 1 à II. BerUn, 1857, 1859. (Le vol. II est aussi intitulé: Hiérarchie et Eglise lamaï- ques.) Disc. ctvi. : Zeitschr. f. d. K. d. Morg., vol. XVIII (l859) p. 513. Pu- blication savante do Gottingue. 1858, p. 401.

23G ANNAI.KS nu MUSÉE GUIMET

K(iU(")8i. Voyez Gsoma de Kuros.

KouvALKisKv. Grestomathy mongole (écrit eu l'usse). Kasan, 1836, vol.

m.

Extrait (rime lettre adressée à M. Jacquet (que les livres bouddhiques

sont quelquefois échangés à Kiakta contre des fourrures russes), Nouv.

Journ. As., troisième série, vol. Vil (1859), p. 181. L.4.SSEN, Gii. Sur l'histoire des rois grecs et iiido-scytes de la Bactriane,

du Kaboul et de l'Inde, par le déciiillrement des anciennes légendes du

Kabul sur lours monnaies. Bonn, 1844. Egalement Journ. As. Soc.

Beng., ^ul. IX, pages 251, 339, 449, 627, 733. Sur une ancienne inscription indienne des satrapes royaux deSurahstra,

sont cités Ghandragupta ot son oncle Asoka. Zeitsch. f. d. K. d.

Morg., vol. ly, p. 146. Une inscription de Varavarraa sur une table de cuivre trouvée à Sattava

de l'an 1104. Zeitschr. f. d. K. d. Morg., vol. VII, p. 294.

Archéologie indienne, vol. 1 à IV.

Dissertations critiques par cet auteur sur Burney, Burnouf, Gsoma de

Korôs, Forbes, Turnour. Latter, T. Remarques sur um.' monnaie bouddliiste, Journ. As. Soc.

Beng., vol., Xlll, deuxième partie, p. 571. Sur les emblèmes bouddhiques dans l'architecture, Journ. etc. , vol. XIV,

deuxième partie, p. 623. Lenz, R. Analyse du Lalita-Vistara-Pourana, l'un des principaux ou- vrages sacrés des bouddhistes de l'Asie centrale, contenant la vie de

leur prophète et écrit en sanscrit. Bull. se. Pétersb. Acad., vol. I, pages

49, 57, 71, 75,87, 92, 97. Au sujet de ce livre historique, com[>arez Foucaux, Rajendralal Mitra. Lepsius, R. Sur les rapports du chinois et du tibétain et sur l'écriture

de ces deux langues. Berhn, 1861. (Des Abh. d. Berl. Acad.,

1862). LoCtAX J.-R. Les tribus de l'Himalaya occidental ou tibétaines d' Assam,

Burma et Pégu. .Journ. Ind. Archip., nouvelle série, vol. II, pages

68,230. Low, J.-St. Observations générales sur les prétentions rivales des

MC nnUDDIIISME All TIHflT 237

brahiuos ot dos bouddhistes à la plus grando antiquité. Jouni. As. Soc. Beug., vol. XVIII, première partie, 80. Lo\v, J.-St.— Surl<'lîijU(l(llia of 1,^ Plirabat..T()urn. H. As.Soc, v.III(i825). Glanages dans h' bouddhisnic, (^u traductinns (1(> passages d'une

version siamoise d'un ouvrage pâli intitulé eu siamois « Phrà Pat'liom »

avec des observations sur le bouddbisme et le brahmanisme. Journ.

As. Soc. Beng., vol. Wll, di'uxième paitic, [), 72. Mag-Govan, D.-J. Inscriiiliun (rmio tablette dans un inmiastère boud- dhiste cà Mingpoeu Chim'. .biiiiii. As. Soc. Beng., vol. XllI, première

partie, p. 113. Makensie, g. Récits sur les Jaius, coniniuniiiués par un prêtre de

cette secte. As. Res., vol. IX, p. 244. Marco-Polo. Los voyages de Marco- Polo au treizième siècle, par W.

Marsden, Londres, 1818. Un récent mémoire de Thomas « sur Marco -Polo, tiré d'un recueil italien »,

lu à l'académie des sciences de Bavière, mars 1862, contient beaucoup

de détails géograhiques sur les lieux visités par cet audacieux voyageur. Malcolm, sir John. Inscription des souterrains bmulJli., ]irès de Joonur.

Communiquées dans une lettre à sir John Malcolm. .Juuni., R. as. Soc,

vol. IV (1837), p. 287. Marshall, AV. -IL Quatre années à Burnwh, 1800. Masox, Fr. Mulamuli, ou genèse bouddhiste de l'iude orientale depuis

Shan, par le Thalaingetle Birman. Journ. Amer. Or. Soc, vol. IV,

p. 103-10. Massox, Giiu. Mémoire sur les édifices appelés Topes. Londres, 1841.

(Réimprimé avec de nouvelles remarques sur les monnaies, dans l'A-

riaua Anfiqua de Witson). Narration de divers voyages dans le Beloutchistan, l'Afghanistan, le Pan-

jab et Kalat, pendant un séjour dans ces contrées, vol. I à IV, 1844. Mill, W.-II. Restauration de l'inscription 3, sur la colonne d'Alla-

habad. Journ. As. Soc. Beng., vol. III, pages 257, 330. Autres écrits au sujet de cette colonne : Burt, Hodgson, Prinsep, Troyer,

Turnour. Restauration et traduction de l'insciiplion siu' le Bhitari Làf, avec

238 ANNALES DU MUSEE GUIMET

remarques critiques et historiques. Jourii. As. Soc. Beug., vol. VI, p. 1.

MooRCROFT, W. ET Trebeck, G. Vojages dans l'Himalaya; voyages daus riudoustau et le Panjab ; à Ladakli et Kashmir ; à Peshawur, Kaboul, Kimduz, Bokhara. Édités par H. -H. "Wilson, Londres, 1841, vol. let II.

Voyage au lac Mansorovara dans la province d'Undes, petit Tib^t.

As. Res., vol. XII, p. 375.

MooRE, G. Les tribus perdues et les Saxons de l'Est et de l'Ouest, avec de nouveaux aperçus sur le bouddhisme et des traductions d'inscriptions commémoratives sur les rochers de l'Inde. Londres, 1861.

Moris. Exposé des principaux dogmes tibétains mongols. Extrait de l'ou- vrage de D. Bergmann. .Trmrn. As. 1823, p. 193.

MuLLER, Max. Les langues du théâtre de la guerre en Orient, avec un aperçu des trois familles linguistiques sémitique, aryenne, et toura - nienne ; suivi d'un appendice sur l'alphabet des missionnaires et d'une carte ethnographique, dessinée par A. Pétermann. L-jndres, 1855.

Lettre au chevalier Bunsen, sur la classification des langues toura

niennes. Journ. As. 1823, p. 193.

Bouddhisme et pèlerins bouddhistes. Revue des « Voyages des pèlerins

bouddhistes »,deM. Stanisl. Julien. Réimprimé d'après le Times des 17 et 20 avril, avec um» lettre sur la signification primitive de Nirvana. Londres, 1857. Voyez, pour d'autres ouvrages sur les pèlerins Jx^uddhistes, Anderson, Cunningham, Fâ-Hian, Schiefner.

Newmaxn, g. -F. Coup d'oeil historique sur les peuples et la littérature de l'Orient. Xouv. Journ. As. deuxième série; vol. XIV (1834).

Mexico au quinzième siècle de l'ère chrétienne. D'après des sources

chinoises. Ausland, 1845.

Le catéchisme des Shamanes, ou les lois du clergé bouddhique. Tra- duit (lu chinois. Londres, l83i.

Nève, F. De l'état présent des études sur le bouddhisme et de leur application (extrait de la revue de Flandre, vol. I), Gand, 1846.

Le bouddhisme, son fondateur et ses écritures, Paris, 1854.

LE BOUDDHISME AU TIRET 239

Nil. (Archovèqui' de Yaro.sla\v j , le hmiddliisinn on Siliôrio (écrit cii russe),

Saint- PétPrsbourp:. XoRRis. E Sur riiiscripliuii du rooln.'r de Ivapour-di. .hmva. As. Soc,

OvERm-x:K. Jets ov.'r bueddlioe en ziin' Lccr. Verii. d. I!i(;iv. Genoot., vol. XI. p. 203.

Pai.i.as p. -S. Voyages dans diverses provinces de l'empire russe, troi- sième partie, Saint-Pétersbourg 1773- 80.

Recueil des notices historiques sur les peu[)les mongols, deuxième

partie, Saint-Pétersbourg 1776-1801.

Palladji. 0. La vie de Bouddha. Arb. d. russ. Missi(jn, vol. 11, p. 197.

Esquisse histuri(pie d>- rancien Ixjuildliisme. Ermann's Arch., vol. XV

(18.5(5), p. 207; se trouve aussi dans Arb. d. russ. Mission, vol. II, p. 467.

Biographie du Bouddha Schakjaniuui. Ermann's Arch., vol. XV,

(1856), p. 1.

Paithier. Faits relatifs au culte bouddhique, d'après les sources chi- noises (dans l'art, intitulé « (^xamen méthodique des faits qui concer- nent le Thien-chu»)Nouv. Journ. As. troisième série, vol. VIII, 1830. Pavie, t. Etude sur le Sy-yeou-schim-tsueu, roman bouddhique chi - nois. Xouv. Journ. As., cinquième série, vol. IX, p. 357 et vol. X, p. 308. Pembertox, R.-B. Rapport sur Bhut'an. Caleuthi, 1839. Perry, Erskine. Histoire du grand monarque Asoka, tirée principale ment de Lassen « Indische Alterthums Kundo ». Jnurn. Bombay, R. As. Soc, vol. m, deuxième partie, p. 149. PiCKRiNG, Gh. Les sotiterrains bouddhistes. Expédition («xplorative des

États-Unis. Philad., 1848, vol. IX, p. 349. PiTRiiURiNsKY, lÎYxc. Description du Tibet dans son état actuel (Ecrit

en russe), Saint-Pétersbourg 1828. Postons, W. Description du temple jaïn do Badra^ir, et des ruines de Badranagirs dans la province de Gutch. Journ. As. Soc. Bong., vol. MI, première partie, p. i31. pRiNSEP, J. - IntL'r[irétatiou di's plus anciennes inscriptions du pilier

240 ANNALES DU MUSEE GUIMET

apix'lô le Lât de Ferroz ou Lât Sliàh,près de Delhi, et du pilier d'AUa- liabad, RadhiaetMatliia, dont les inscriptions concordent avec celle-ci. Jouru. As. Soc. Beny., vol. VI, p. 56G. Au sujet (le ces piliers, voyez aussi : Burt, Hodgson, Mill, Troyer, Tur- nour.

Prinskp, J. Note sur les fac-similés des diverses inscriptions de l'an- tique col inue d' Allahabad, relevées par Edw. Smith. .Journ. As. Soc. Beng., v,il. 111, p. ni, vdl. YI, p. 963.

vSur li>s t''(lits dePiyadasi, ou Asoka, le souverain bouddhiste do l'Inde.

Journ. As. Soc. Beng., vol. MI, première partie, p. 219.

Découvert î du nom d'Antiochus le Grand dans deux des edits d' Asoka,

roi de l'Inde. Journ. As. Soc. Beng., vol. VII, p. 156.

Note sur des inscriptions àUdayagiri, et Khandgiri, dans la province

de Guttoks, eu caractères lât. Journ. As. Soc. Beng., vol. VI, p. 1072.

Sur les monnaies et les reliques découvertes dans le Tope de Mani-

kvala [lai- lechev. Ventura. Journ. As. Soc. Beng., vol. III, 31.3-436. Voyez aussi le mémoire de Gunningham sur ce Tope.

Notes sur les monnaies découvertes par M. Court. Journ. As. Soc.

Beng., vol. III, p. 562. Voyez Guuningham pour des additions et des corrections.

Essais sur les antiquités indiennes, histoire, numismatique et paléo- graphie du passé, avec ses « tables utiles », explication de l'histoire, de la chronologie et des systèmes modei-nes de monnaies, poids et mesures dans l'Inde. Edités avec des notes additionnelles par Ed. Thomas, vol. lot 11, Londres, 1858.

Rajkndralal, Mitra, Babu. Buuddlusnie et odinisme, leur similitude ; expliqué par des extraits des ménidires du professeur Holmboe sur les (( traces de bouddhisme en Norvège. « J<mrn. As. Soc. Beng., vol. XXVII, p. 46.

Le Lalita-Vistara, ou mémoires sur la vie et les doctrines de Sakya

Sinha, vul. V, de la bibliothèque indienne de Roer. Voyez aussi les traductions de Fourcaut et de Lenz.

RÉMUSAT, Abel. Notes sur quelques épithètes descriptives de Bouddha. Journ. des Sav. 1821, p. 4.

l.K nnlDIUIlSMi: AU TIIU.T 241

Rkmisat, Aiski.. Aperçu crun mémoire sur l'origine de la hiérarchie

Jamaïque. Journ. As., IV, 824, p. 257. jMolantres asiatiques, ou choix de morceaux de critique et de mémoires

relatifs aux religions, aux sciences, à l'histoire et à la géographie des

nations orientales, vol. 1 et II, Paris, 1^25. Nouveaux mélanges asiatiques, ou recueil de morceaux, etc., vol. 1 ot

II. 1829. Essais sur la cosmographii^ ot la cosmogonie des bouddhistes d'après

les auteurs chinois. Dans les mélanges asiatiques. La triade bouddhique (dans l'article intitulé « Observations sur trois

mémoires de de Guignes insérés dans le tome XL de la collection de

l'académie des inscriptions et belles-lettres, et relatifs à la religion

samanéenne). Nouv. Journ. As. troisième série, vol. Vil (1831), pages

265, 269, 301. Observations sur l'histoire des Mongols orientaux, de Ssanang Ssetsen,

Paris, 1832. Mémoires sur un voyage dans l'Asie centrale, dans le pays des Afghans,

et des Béloutches, et dans l'Inde exécuté à la fin du iv° siècle de notre

ère par plusieurs samanéens de Chine. Méni. de l'Inst. royal do France.

Acad. des inscript. 1838, p. 343. Foe-koue-ki, ou relations des royaumes bouddhiques. Voyages dans

la Tartaric, par Fa-IIian, Paris, 836. Disc. crit. : Neumann, Zeitsclir. f. d. K. d. Morg., vol. \Ul- p. 105; et

deux articles de Burnouf dans le .Journ. des Sav., 1837, pages 160,

358 ; et H. -IL Wilson, dans Journ. R. As. Soc, vol. V (1839), p. 108. Vovez les remarques de Kittoe sur ces voyages : une traduction anglaise

de l'ouvrage de Rémusat est signalée à l'art. Fa-IIian. Mélanges posthumes d'histoire et de littérature orientale>', Paris,

1843. Rknou et Latrv. Relation d'un voyage au Tibet, par l'abbé Krick,

Paris, 1854. RiTTER, G. Les Stupas, ou monuments architectoniques ih i"Indobak

trischen Konigs-Strasse, et le colosse de Baniinn, Berlin 1838. Voyez aussi les récits de Burnes.

.\nn. g. - lU. ^i

242 ANNALES DU MUSEE GUIMET

RiTTER. G. OrigiiiG de la liiérarchie laraaïque etde la suprématie temporelle des Chinois surle peuple du Tibet. « Erdkunde », vol. III, pages 274-87.

Salisbury, E. Mémoire sur l'histoire du boudhisme. Journ. Amer. Or. Soc. vol. I, pages 79, 136.

Salt. II. Description des souterrains de Salsette. Trans. Litt. Soc Bom

bay, vol. I, p. 41.

ScHiEFNER, A. Études tibétaines. Introduction et premier article. Bull. hist. phil. Saint-Pétersb., vol. VIII, pages 212, 259, 292, 303.

Études pour faciUter renseignement du tibétain. Bull, etc., vol. VIII,

p. 267, 337.

Sur l'article ainsi nommé. Bull, etc., vol., VIII, p. 341.

Sur les périodes de démoralisation de l'humanité, d'après les idées boud -

dhiques. Bull., etc., IX, p. 1.

Rn[)port sur les ouvrages tibétains achetés à Peking pour l'Académi*".

itull.. etc., vol. IX. pages 10, 17.

Le Sutra bouddhique des 44 articles. Bull, etc., vul. IX, p. 65.

Sur l'ouvrage : Histoire de la vie de Hiouen Thsang etc. Bull. etc. vol.

XI. p. 97.

Sur une sorte jiarticulierede composition tibétaine. Bull, etc., vol. XV,

p. 7.

Développement et correction (h^ l'oditicn du Dsanglun de Schmidt.

Sa int-Pét<n'sb. 1852.

Biographie tibétaine do Sakyamuiii. Mém. des Sav. Étr. Saint-Pétersb.

vol. VI, Y- ■^■S[.

Les trois langues boudtlhistcs, c'est-à-dire études des langues sans- crite, tibétaine et mongole. Saint-Pétersb., 1859.

Surle giaml nombre des bouddhistes. Bull. Saint-Pétersb. Acad.,

vol. \, ■"").

Schilling de Gannstadt. Bibliothèque bouddhiqiu' ou index du Kaiid jour de Xailaiig. Bull. hist. phil. Saint-Pétersb., vol. W'.. \>. 321. Mahavauasutra. c'est-à-dire le vénérable, avecles noms de « l'âge im- mense et la science immense )i. Édité par l'Académie impériale Saint- Pétersb. 1845.

Sciu.AGiNTWEiT .4. et lî. Résultats d'une mission scientifique dans l'Inde

i-E BornniiisMF, ai' TinET 243

et la hauto Asie. L'atlas (■(Uilii'iil ilivcrsi^s vm-s do lomiilos Ijoiuldliistos mnnastèros et objets du culte bnuddliiquc.

SciiLAGiNTWKiT Emii.i:. Sur le Maliavaiuisutra Diiipa tehanirljad shagpar terrlmi. Bull, dd- liayer. Akad. 1863, p. 61. (Contenu aussi dans le L'Iuijiitre \i de ec \uluinei.

ScHLEGEL, Fr. Manière d'i\\[iiiiiii'r li-s iKunbics dans les langues sans- crite et tibétaine. Jouni. As. Soc.Beng., vol. 111. p. 1.

ScHOEBEL, G. Le Bouddba et le Iimiddhisme.

Scii.MARDA, L. K. Voyaye autour du nioiide, dans les années 1853 à 1857. Braunschweig', 1861. (Vol. I, traite du bouddhisme à Geylan).

ScH.MiDT, J. .T. Recherches sur les anciennes histoires des institu- tions religii'uses, politiques et littéraires des peuples de l'Asie cen- trale, principalement des Mongols et des Tibétains. Saint-Pétersbourcr. 1824.

Etude et développement de « l'E.xauieu des recherches etc. » de Kla-

proth. Leipzig, 1826.

Sur l'affinité des doctrines gnostiques théosophiques avec les systèmes

de religions de l'Orient, principalement du bouddhisme. Leipzi"-, 1828.

Histoire des Mongols orientaux et de leurs familles royales, tirée de

rOrdus de Ssanang Ssetsen Ghungtai dschi, « traduit par..... Saint- Pétersbourg, 1829. Disc. crit. : Voyez Klaproth, Rémusat.

Exploits de Bogda Gessers khan, l'exterminateur des dix Maux dans

les dix Régions. Légende héroïque de l'Asie orientale, traduite du mon - gol. Saint-Pétersb. 1839.

. Sur le Mahayana et le Prajna Parauiita des Bauddhas. Bull, scient.

Saint-Pétersb. As., vol. 1, p. 145, et Méni. de l'Acad. de Saint-Pétersb., vol. IV, p. 124.

Sur l'origine de l'étude delà langue tibétaine eu Russie, et l'indica- tion des ouvrages dont le secours est nécessaire pour cela. Bull., etc., vol. I, p. 11.

Sur quelques particularités de la langue et de l'écriture tibétaine. Bull.

voLIII,p.225.

-^1 ANNAl.KS Di: .MIJSKK (JUIMET

SciiMiDT. .1. .1. Dc rdi-ii^iiic (li- r<>rriturt' til)ôlniiii\ Méin. cU- I'Acad. do Saint- l'éteriil).. vol. I, \<. 41. -De (|uelquos doctrines tbiidaiin'iilales du bouddhisme. Méui.,etc., vol.

1. y. m.

Sur le troisième monde des bouddhistes. Mém. etc., vol. II, p. 1.

Sur les mille Bouddhas d'une poriodc^ du monde d'habitation ou durée

équivalente. Mém. etc., vol. Il, p. 41.

Grammaire de la langue tibétaine.

Dictionnaire tibétain-allemand, avec un index allemand.

Dsanglun, le Sage et le Fnn ; traduit du tibétain et donné avec le texte

original 1843. Pour additions et corrections, voyez Schiefner.

Index du Kandjur. Saint-Pétersbourg, 1845.

Catalogue des manuscrits et livres imprimés sur bois en langue tibé- taine, contenus dans le musée Asiatique de l'Académie impériale des sciences. Bull. hist. phil. Saint-Pétersbourg, vol. IV, n°' 6, 7, 8.

ScHONBERG, E. von. Aperçu sur les temples bouddhistes souteri'ains dans l'Inde. Zeitschr. f. d. K.d. Morg. Ges., vol. VII (1853), p. 101-103.

ScHOTT, W. Sur le double sens du mot Schamane et sur le culte schaman des Tongouses à la cour de l'empereur mandchou. Alh. Berl. Acad. 1842.

Sur le bouddhisme dans la haute Asie et en Chine Abh. Berl. Acad.

1845.

Selkirk. Souvenirs de Ceylan, après un séjour de près de trente ans; avec un récit des opérations de la Société des missionnaires, 1844.

SiEBOLD, Ph. Fr. von. Nippon. Archives pour la description du Japon et des pays voisins ou protégés par lui, etc. 5 volumes. Leyde. 1837.

?iRR. La Chine et les Chinois, leur religion, leur caractère, leurs cou- tumes, leurs manufactures, etc., 2 vol.. 1840.

S.MIT11, J. Spécimen d'un drame birman. Journ. As. Soc. Beng., vol. VIII, p, 535.

Spiegel, Fr. Kammavakya, Liber de officiis saecrdotum buddhicorum. palice et latine primus edidit, atque adnotationes adjecit, 1841.

Anecdota palica. D'après les manuscrits de la bibliothèque royale de

i.K nni'nnirrsMF. w tibkt 2>i5

(Aipoiiliaiiiio iloiUK's I'll tiwli' (ii'i^iiial, (i;iiliiits (>t oxiiliqiios. Leipzig,

1845. Stevenson. Aiialvsi' (hiGauesa Parana, an iioint di- vue siiécial <li' I'liistoiro

ilu boiuldliisino. Jouni. R. As. Soc, vol. Vlll (IS/iG), p. 3l'J. Du mélange du bouddliisiiic et du brabniaiiismc dans la rcdigioii des

Hindous de Dekhan. .Idurii. 11. As. Sjc, vol. \"II (ISi.3), p. 1-<S. Description du Bouddlia-Vaisbnavas ou Vittbal-Bbaktas du Di-khan.

.I.)mn. R. As. Soc , vol. VII (18431, p. 64. Sth.vchky, II. ("laptaiii. Xarration d"iui voyage à (Wm Lagan ot Gho

Mapan. Jowrn. As. Suc. B('ii^-., vnl. Will, ili^uxionic partie, pages P8,

123, 327. Stciir. Systeuu' religieux des [leuples [laïeus de rOrieiU. Lei-liu, 183(). Sykes. II.-W. Sur un catalogue d'ouvrages bouddhistes chinois. Journ.

R. As. Soc, vol. IX (1848), p. 199. Description des soutenains d"Ellora. Trans. Lit. Soc. Bombay, vol. III.

p. 265. Au sujet de ces souterrains voyez aussi Grindley, Tod. Sur la Miniature Chaityas et les inscriptions de dogmes religieux

bouddhistes trouvés dans les ruines du temple de Sarnat, près de Bé-

narès. Journ. R. As. Soc, vol. X"\'I, p. 37. Au sujet du dogme fondamental de la foi bouddhiste, voyez aussi, le

rapport d'Hodgson sur Sàrmath. Spécimens d'inscriptions bouddhistes avec des symboles, de l'Inde occi -

dentale. Journ. As. Soc. Beng., vol. VI, deuxième partie, p. 1038. Sylvestrk dh Sacy. Une critique de cet auteur est signalée à l'art. Kla-

proth. T.vYLOR CoOKE. Inde ancienne et, nKjderne. Revu et continué jusqu'au

temps présent par Mackenna. 1857. Tknnent (sir Emerson). Le christianisme à Gcylan, son introduction et

ses progrès sous l'influence des missions portugaise, hollandaise, an- glaise et américaine ; avec une esquisse historique des su]ierstitions

brahmaniques et bouddhiques. Londres, 1850. Geylan, description physique, historique et topograpliiqui; de l'ile, avec

des notices sur son histoire, ses antiquités et ses productions naturelles.

Londres, 1859.

246 ANNALES DU MUSÉE GUIMET

Thomas, E. Notft sur l'état actuel des souterrains de Sàrmath, Journ. As.

Soc. Beng-., vol. XXIlI,ii. 469. (Pour plus amples renseignements,

voyez vc.l. XX^'. p. 39r>.) Pour son édition des tables utiles de Prinsep, voyez l'art. Prinsep. Thompson. E.-D. Himalaya occidental et Tibet. Londres, 1852. TiMBOWSKV. \'oyagesde la mission russe dans la Mongolie et la Chine

et styciur à Peking pendant les années 1820 -21. Avec correction et

notes de Klaprotli. 2 vol. Londres, 1827. ToD, J. Remarques sur certaines sculptun^s dans les temples souterrain,

d'EUora. Trans. R. As. Soc, vol. Il, p. 328. Vovez aussi, à propos de ces grottes: Gimdley et Sykes. ToRRENS, L. Voyages à Ladak, en Tartaric et Kashmir. Londres,

1862. Troyer, A.— Avertissement de l'ouvrage: Histoire du bouddha Sakya-

MouniparPh. E. Foucaud. Nouv. Journ. As. Neuvième série, vol.

XH', pages 252-254. Remarques sur la seconde inscription de la colonne d' Allahabad. Journ,

As. Soc. Beng., vol. III, p. 118. Relativement à ces colonnes, voyez encore Burt, Hodgson, Mill, Prinsep,

Turnonr. Turner, S. Relation d'une ambassade à la cour du Teshoo-Lama au

Tibet, contenant un récit d'im voyage à travers le Bootan et une partie

du Tibet. Londres, 1800. TuRNOUR, G.— Descriiition (II' la relique de la Dent à Geylan, que l'on

suppose être désignée dans le commencement de l'inscription. La

du Ferog. Jour. As. Soc. Beng., vol. VI, p. 9()3. . Dernières notes sur les inscriptions des colonnes de Dehli, Allahabad,

Betiah, etc. Journ. etc., vol. VI, p. 1049.

Examen des annales bouddhiques en pâli. Journ. As. Soc. Beng., vol. VI,

pages 501et 713; et vol. VII, deiLxième partie, pages 686,789,919,991 . Disc. crit. : Zeitschr. f. d. K. d. Morg., vol. 111, p. 157 et vol. lY. Les vingt premiers chapitres du Mahawausa ; avec un essai prélimi

uaire sur la littératm'e bouddhique palie, qui a primitivement été

publié comme introduction à cette partie du Mahawansa et au résumé

I.K BOUDDHISME AU TlItKT 247

lie l'histoiro de Ci\vlaii; ainsi quo \o< inscriptions liistoriqui-'^ imprimées

flans ralnianacli(l(M]evlaii (le l8::53ot 183i. Ceylan, 183(). TuRNOUR, G. Lo Mahawansa on caractores romains avec la traduction

fi un essai'surln littr'ntliuv p;ili-houddhiquo. Examen de ipidqucs points .!,• elii-niinlopi.' hnuddiiistc. Journ. As. Soc.

Beng., vol. \", p. 521. Disc, cril.: Lasscii. Cli.. Z.'itsclir. 1". d. K. d. Mor^.. vol. I, pages

235 2:'.!). Upham, E. L'histoire et la doctrine du bouddhisme mise à la portée du

peuple; avec notices sur le kappoïsme. eu culte du dénieu. et du bali.

ou incantations planétaires de Ceylan. Londres, iS'i:. - - Le Maliavansi, le Rajavali, qui forment les livres sacrés et historiques

de Ovlan: ainsi qu'une collection de traités explicatifs des doctrines et

de l;i liltcratiire du Imuddhisnie. Traduit du sinyahiis. Londres, 1833. Disc. crit. : Buriioul', .lourn. des sav. 1833, 1834.

ViGNii, G.-E. Voyages à Kashmir, Ladak, Iskardn. etc. 2 vol.

Londres, 1842. Wassiljew, W. Notices sur les ouvrages relatifs au Ixiuddliisme qui se

trouvent dans la bibliothèque de l'université de Kasnn. Hull. hist. phil.

Saint-Pétersb.j vol. XI, p. 337. - Notices sur les ouvrages eu langues de l'Asie orientale ipn se trouvent

dans la bibliothèque de Saint-Pétersb. lîuU. etc., vol. Xlll, n"' 4 et suiv. Le bouddhisme, ses dogmes, son hisinire et sa littérature. Traduc- tion allemande. Saint-Pétersbourg, 1860. Se hiefner signale cet ouvrage dans le BuU. hist. phil.. Saint -Pétersb.,

vol. XIII. ^^EBRR, A. ^Nouvelles ri^cherches sur l'Inde ancienne. Imprimé dans les

« Histor. Taschenbncii von F. Raumer o. Troisième .série, vol. "\T.

1S54, p. 103-i3.

Sur h'Ç;iU'unjaya Alàhàtiu}am. Pour aidera l'histoire des Jaïna. Lei- pzig, 1858. Esquisses indiennes. Berlin, iS.^'i.

Dernières recherciies sur le fond du liouddhisine; iju\ rage séparé des

« Etudes indiennes ». A'ol. lll.ii. 1. Berlin, 1853.

248 ANNALES ]>V MtlSKK GUIMKT

Westergaard, N. -S. Une courte description des [)lus petits souterrains Bauddha ;'i lîi'ira et à l^iijat, dans les environs di' lûirli. .Tdurn. Bom- bay, Brandi, R. As. Oc. vol. i (ai^ùt [M\), y. 'iSX.

Sur les jilus anciennes légendos de riiistoii'o des Indes avec quelques (xtnsidérations sur la littérature. Sur l'année de la mort du Bouddha (!t quelques autres époqui's de raacienne histoire des Indes. Traduit du danois par Steiizli'r. Breslau, iS62.

WiLLFORD. T. Essai sur les iles sacrées de l'Ouest, avec d'autres essais qui s'y rapportent. As. Res., vnl. A 111, p. 245. On trouvera d'autres mémoires de cet auteur dans As. Ras., vol. Il, III, 1V,V,VI,X.

Wilson, H. -H. .Vriana antiqua. Relation descriptive des antiquités et monnaies de l'Afghanistan ; avec un mémoire sur les édifices appelés Topes, par E. Mason. Londres, 1841, in^4°.

. Emblèmes bouddhistes. Journ. R. As. Soc, vol. VI, y. 451.

Analyse du Kah-g-yur. Journ. As. Soc Beng., vol. 1, p. 375.

Inscription bouddhiste du roi Piyadasi. Journ. etc., vol. X\T, p. 35T.

Sur rinscri[itiiin gravée dans le roc à Kapur-di-giry, Dhali et Ginar.

Journ. R. As. Soc, vol. XII, p. 153.

Sur Bouddha et le bouddhisme. Journ. etc., vol. XIII, p. 229.

Note sur la littératux-e du Tibet. « Gleanings in science » , vol. III, p. 243.

Notes d'une correspondance avec sir John Bowring sur la littérature

boudhiste en Chine, avec notices sur les ouvrages bouddhistes chinois, traduit du sansc. par E. Edkins. Journ. R. As. Soc, vol. XVI, p. 316.

Notices sur trois ouvrages bouddhiques reçus du Népal par Nouv.

Journ. As. 1831, p. 97.

Wilson, J. Mémoire sur les temples souterrains, les monastères et autres anciennes ruines bouddhiques, brahmaniques, et jaïns de l'Inde occi- dentale. Journ. Bombay R. As. Soc, vol. III, Deuxième partie, p. 36 et vol. IV, p. 340.

YuLE. Relation d'une mission en\'oyée par le gouverneur g'énéral de l'Inde à la cour d'Avaen 1855, avec des notices sur le gouvernement, le peuple et le pays. Avec un grand nombre de gi'avures, 1858.

B

GLOSSAIRE DE TERMES TIBÉTAINS

Par or rire alphobotiqno I.EUR ORTllOGRAl'HK KT LEUR TRANSCRIPTION

AVEC RENVOIS AUX EXPLKIATIOXS CONTENUES DANS CE VOLUME

Afin de faciliter riinpression, on a exclu du tcxto Torthographe des fermes et leur représentation en caractères originaux ; Je d(jnne ici un tnlileau général dans lequel on trouvera facilement tous les mots que l'on a ren - contrés dans les parties précédentes.

La première colonin' indique I;i |irnii(iiiciati(iu ; la secmide l'orthographe tibétaine; la troisième la transcription en caractères rnin:dns; dans la qn;i- tricnu" (in tniuvern b's nnniéixis di'S pngcs ([ui contiennent ([unique d.'tiul -nr ces expressions.

Les termes tibétains peuvent être soit monosyllabiques, soit composés de plusieurs mots ; la langue tibétaine ollrant de fréquents exemples de com- position, plusieurs mots ayant chacun une signification distincte et généra- lement usitée se voient souvent combinés pour ne former (pi'un seul terme.

Dans beaucoup de mots il exist(> une dilTérence considérable entre la pro- nonciation et l'orthogr;q.he; h. plupni t du t.-iiq.s cette diflërence repose sur les règles grammaticales ; d'autres fois nous devons l'exi-liquer pur l'influence

Ann. g. m. ^"

250 AN.NA1.es du MUSEE GUIMET

ili's dialectes, qui ont donné à différents mots une forme différente de celle ([ifils ont dans la langue classique et stationnaire des livres religieux. Déjà j'ai eu l'occasion de sigiuiler cette introduction de Iji^auconp de nouvelles ex- pressions dans le tibétain iin|iidaire moderne (|iiniid j'ai analysé le document d"Himis (voyez page 18.'}).

J'ai indiqué en détail page 11-1-i le système alphabétique que j'emploie ])our la transcription dans la troisième colonne. Les consonnes muettes sont pointées en dessous; les points intersyllabiques du tibétain sont rendus, connue cela se fait habituellement, par de petites lignes horizontales.

I.K H0ri)l)lIISMK AI! T imoT

L^->I

GLOSSAIRE DK TERMKS TIBÉTAINS

TRANSCRIPTION PHONEtlOUK

Ai'gai (.•hiiiiii.

Afisha.

Badang.

Bagtsis.

Bardo.

Bardo phrang-grol- gyi-sol-deb djig- grol gyi pavo zhe- chava.

Bechon.

Bihar gyalpo.

Bon.

Brakhoiig.

Brikoungpa.

Bromston.

Broug.

Brougpa.

Broul.

Boudzad.

Boumapa.

Boumpa.

TRAULXTKIN llliKTAlNK

TRANSIJITKIIATKiN

. .^1,

aq5J'?5( aq:T]

>o

?:q'5J'JJ qSJ'iJ

Arga'i-chlio-ga.

V-ti-sha.

Ba-danf-.

Bag-rtsis.

Bar-do.

Bar-dri-'i.hrangsgrol gvi-gsol 'debs-'jigs sgrol gyi-dpa'-vo- zhes-bya-va.

Be-chou.

Bi-liar-rgyal-po.

Bon.

'Bras-khug. 'Bri-kliung-pa. Brom-ston. 'Brug. 'Brug-pa. sBrul. dBu-mdzad. d Bu- ma-pa. Buiii-pa.

I'MiK

114

i<0

12.i 177

OU C9

139 113

47 155

47

44, 47

165, 178

47

178 '98

22

15 i

252

ANNALES DU MIISKIÎ GUIMET

TUANSCltlI'îlIlN l'IlO.XÉTiglK

TltADliCriON TlliKTAlNE

TIIANSI.ITTKUATIU.S

\'\i.i.

Gha.

E

Ja.

108

■GhaL".

raq!M

IGhags.

182

Ghagpa thognied

K!:r]^':j'g7i<^i'5j?;

Phyags-jja-thogs-

med.

22

Ghagtoiigklioi'lo.

ij:i]'?c •np::^-^

Phjag-stong-'khor-

lo.

57

Gliagvo chin.

^^■^^^"^•■^5,

Phvag-gyas-sb yi 11 .

134

Ghakdoi-.

Zi^-X,^

Phyag-rdor.

12

Ghakua dorje.

^q-5^-VÈ'

Phyag-na-rdo-rje.

12

Ghag-zhipa.

g:il'q^';j

Phyag-bzhi-]ia.

57

Ghakhaii.

^■sjpg;

Phya-mkhan.

98

Ghakdja.

S^'5

Phyah-rgya.

38, 134

Gliakiia padma

^^'^■^^•^l^'^'

Phyag-na-pod-iiia -

karpo.

dkar-])o.

57

Ghampai cliosuga.

Bj^ams - paï - chlins

Inga.

oo

Gliamzhuug.

Byaius bzhugs.

135

Ghaiulroii.

sPyan-'dren.

168

Ghaugpo.

Rc6C'ï

'Gliliang-jjo.

165

Gliantoug.

Iy?-

sPyan -stong.

57

Ghebou damchaii.

|^'s'^^''^?(

sKyes-bu-dam-cliaii .

Kiu

Gll^'nresi vaiichoiig.

^1

^ 5( ^ ^"N .Jl 3 :i] --^1 s; :3 c zj .7]

sPyau - ras - gzhig> dvaiig- phyug.

56

Ghi.

ç

Khyi.

178

Gliiusi-eg.

^5,-5jj|

sB\in-sreg.

. . . V 1

161

I.K nOUDDIlISME AU TIBET

253

Choil.

Cliodpa.

(lliodpaii

gCliud.

mChliod-jiji.

i

!Ghod-paii.

Chogi dangpoi sail- 5Jro3]'5j'^:;'^ia'<vi:;^'5i'^! inChliog gi-daiifr

po'i-sangs-rgyas.

g-Jt'-

Chniclii i^Talpu.

Clioicln g valpoi shed dolll.

Choichonii.

Choigval.

Cliortfu.

Cliorva.

(jhos kiiii.

(Jliiiii.

Chougchig zli;d.

Chouugpa kouudous tsis.

Chousraiig.

Da.

Da.

Dabrliad. Dachau. Dallia ii valpn.

Aî^'yjnra'îj

Chhus - k yi - rgyalpo . '

i i-shciUMul.

00 ^N TTJ ~

; O. - V-

Damchaudordjeleg-| :;;^54'.5.?,'^'Ê"m:i1^^i'y pa. ,

(jhhus-skyong.

'Ghhos-rgyal.

.inChhod-rteii

'Byor 1ki.

Chhos-sku.

Ghhu.

bChu i^chiij-zliiil.

'Byuiig - pa-kiiii "diis-rtsis.

Chhu-siang.

Da.

dGra.

'Dab-bi'gyad.

sdra-iix'baii

dGra-lha-rgyal - pu.

Dam- chaii-rdu - rji'- 1 legs-pa. ,

ll!S

5y

98

.-)9,118

1>3

1Ô5 it', 182

M3 188

r,'.), 167 16U 73

yy luu

254

ANNALES DU MUSEE GUIMET

THA.NSORIl'TlnN IMIoNKTKir

Dam]ini de. Daniai djaubâ.

Darzab.

Dashdl.

Dava.

Dava dagpa .

Dechad.

Dechog.

Dechog-i gyout.

Dedjdung.

Devachan .

Dêzliiii slipgpa.

Digpa thamcliad shagpar terclioi.

Digschag ser cbi pougri.

Digoug.

Do.

Dodue vangijo.

po.

Doldjaug. Dolkar.

Dohua.

TRADUCTION' TIBETAINK

^1 au

fi] -^^

TliA.\Sl,lTTÉRAT10N l'A(iE

Dam-pa'i-sde.

20

Dar-sna-lugai- brg-

yan-pa .

101)

Dar-zal).

ii:^

Zla-lwb..l.

187

Zla-ba.

188

Zla-ba-grags-pa.

28

sDe bi'gyad.

09

bDe-inchhog.

08

bDe - mchhog - gi -

rgvud.

68

bDe-"byuug.

32

bDo-ba-cban.

64

De-bzUin-gshegs-pa.

6, 79

sDig -pa thanis-chad

bsliags-par-gter-

chhos.

78

sDig-bshags - gsu-

gvis-spu gri.

78

Gri-gug.

171

mDo.

50

gDod-uas-dbang-po.

170

sGrol-ljang.

42

sGrold-kar.

42

sGrol-iaa.

42

m: iiofiMni isMi; \i- -1

iniCT

25o

TUANSCllli'iinx I'lKVNKTiniK

TI'.AIIlCnoN TIIIKIAINK

II!A\SLIirKllAll(l\

I'ACh

l)iily.in.

5îa,-â?^

< Uul-ziii.

2K

Dmii.

|5J

sDoni .

(W, 111-.'

Douchcu fllnllgll.

T|i^q'œ5^'q^'ai

gD.)U-rlilicii- hcliu-

liiga.

173

Doiulainpai diupa.

^,ô^■^^ôJ'ZJa■^^^ê^•ZJ

Doii-daiii pa'i-hdt'U-

:

•pa.

■ii

Dunlje.

[■Do-ijc.

139

Dofdjoclioiig.

rDo-i;ji'-"clihaug.

34

Dordjedau.

V^-^S5^

rDo-rje-gdan.

113

Dordjedzin.

rDo-ije-ziu.

34

Dordje kyilkroung.

S'è'SI™'^^^

pDo-rje-dkvil-

dkrune.

135

Dordjesempa.

^■t'^5j^'s^:^a

rDo-rje-sems-dpa'

34

Dote.

^V^^

mDo-sde.

43

Dragpo chiiisreg.

Drag-po-slniii-srog.

60, 163

Dragsed.

—si

Drag-gslicd.

70

Drilbou.

^ra-q

Dril-bii.

30

Driined-slielphreng.

v^s'^Ri'â^

Dri-med-shel-

phreng.

72

Doubjed.

sGrub-byed.

160

Doudo.

Dud-'gro.

58

Doudpo.

bDud-pn.

G9

Doug.

gDugs.

1-22

Doug k;i!'i-Iian.

^5-11^lM-'-3.^

gDugs-dkar-chaii.

1G()

Doulva.

va 1

'Dul-ba.

49

256

ANNALES DU MUSEE GUIME!

TRANSCIIII'TION l'HONKTIi)l!K'

TliAlnainN TIIIKIMNK

Doiilv;i-zhi.

Douugtsi.

Dons kvi klinrlo.

DousmaviiiiKir chi.

V3

Doutsi .

Dzailj'a cliniignvi.

^^^•■y^^'qt^^

Dzainbli;il;i.

Gabtsis.

Galdanpa .

(î)

Gang zar.

n:Ti^-qax,

Gaù.

m

(Tavu.

^^n-^^

(Tebkoi .

\^■^^-^

Geg.

=!3]^^

fTeldaupa.

^ w

>^'>?^'-'

(Telmig.

^ ' R]

Geloukiia .

^âj-ra-^'-.i

Geayen.

>^''^R;'n

Geiiyen danna .

Getsiiul.

S^'ë»^'

(iin.

1^-

Goii|>a.

>^^'""'

Goupil.

|54Ï|5i-Ï!

TI!A\SI.lTTKIi\Tln\

1 i

V\<A.

'Dul-va-bzhi.

79

gDiing-rtsi.

171

Dus-kvi 'klior-

-lo.

3-2

Diis-ina-vin-par-

1 'chhi

69

1 bDiid-rtsi

72

ijiDzad - pa bchu

gnvis.

55

Dzam-bha-la.

1

17(1

Gab-rtsis.

177

dGa-'ldan-pa .

47

'Gang-gzar.

16-2

Gau.

il!

dGa'-bo.

26

dGe-bskos.

OS

bGegs.

69, 167

clGe-ldaii-pa.

47

dGe-sloiig.

103

dGe-lugs-pa.

47

dGe -bsiiyeii-

'J4,103

dGe-suyen-dai

-ma .

62

clGe-ts'hul.

loa

Gin.

202

dGon-pa.

114

mGon-po.

160

i.K nor hiiii ISM :•; ai; Tini'/r

257

Tll.VNSDlill'IION I'lKlNKIIol 1

TllAUiaiU.N TlUtlAl.M';

!

iltA.NSLlTTKRATlON

l'AiiK

Goiiyan scrpo.

5j5]-q^3^-^:!;'^

mGo-br iiyau-ser-po .

l.-.l

Groubclioii tsoul-

5!<l'œR'mn]'p5J'^'Si'5Jro

Griib-chhcii-ts'hiil -

khi'im gyatso.

V3 "^^ -vj C

khrims- rgya-mts'

ho.

01

Gniubtsis.

Jq-5^

Grub-rtsis.

177

GuiigcUm.

^nit-q^s^

bGung'-bdun.

188

Gyalchon/.hi.

V3 NO

iriOl'œS^'qq

l'Gyal-chlien-bzhi.

00

Gyalpo clienpo naiu-

,Tiai-ïi'è?(-îj'^'5j'a'vi'5i^!

[■Gyal-po-chhen-po-

thoras clii kaug shag.

•^•q^'t'qj^^i^M

r oam-thos- sras-ky i bskaug-bshags.

171

Gyaltsan.

^flJ'SJcô^

rGyal-mts'han.

171

Gych'ap salvai me-

îjn]'::;>q^r-T]^^rq^'â'a':;

i-Gyal-rabs-gsal-ba'i-

loug.

iiic-loiig.

■',:>

Gyelva riupocho.

îî]a)'q'S;5^'Î4'ro

rGval-])a - rin-po -

—'

chho.

07

Gyout.

i-Gyud.

32, :.o

Gyoat zhi.

5^-q^

rGyud-bzlii.

171

llala hal:i.

;)'nr 5^-01

Ila-h Ila-la.

TJ

lléroiika.

^7'^'1

lié-ru-ka.

08

Ja.

5

Bya.

178

Jabyol.

y\rj-îiQi

L-Gab-yol .

130

Jamjaug.

azsj's^qx^

'.Jam-dbyangs.

42

Jampaijaag Ihai tha ina shcsrab od.

a E ;y y a ' s. q :; ^r ^T -1] '

Mam-pai-dbyaugs- Iha'i-tha-ma-she^ rab-'od.

01

Jail"'.

q:;

Byaug.

1G7

Ans. 0.

111.

33

ANNALES DU MUSEE GUIMET

TRANSCRIPTION PHONÈTIQUI

Tli.VDLCTION TlliKTAlNE

TRA.NSLITTÉRATION

l'AGE

•led thoyangizama- tog-.

qË>^'g':T]ujfq'a'SJ'^:i]

brJcd-tho-yang - gi za-nia-tog

209

Je Tsonkhapa.

^■z,lî'p-li

rJe-tsong-kha-pa.

61

Ji.

o-

Byi.

178

Jigten Giiii[in.

R5CI]'^5('êjq?i'î^

' Jig-r ten-mgon-po .

57

Jolsong.

qoi-^t

Byol-song.

58

Joungpo.

'Byung-po.

69

Ka.

^^o.

gKa'.

47

Kadampa.

^"\n.- -^x^ô^^v zi

bKa'-gdaras-pa.

47

Kalba.

sKal-ba.

58

Kandjour.

q"]a'a3^

bKa'-'gyur.

49

Kautsaï.

bsKang-rdzas.

168

Knpàla.

Tg-ra

Ka-pa-la.

139

Kargyoutpa.

~3

bKa'-rgyud- pa.

47

Kai'Miapa. Kartsis.

S"l^ 5^ ou "]:tv'5^

Karma-pa.

(IKar-rtsis ou sKar- rtsis.

47 98, 177

Kartsi-pa.

sKar-rtsis-pa.

98

Khado.

inKha'-'gro.

161

Kliain.

psj

Khain .

202

Khangtsig.

Kang-brtsigs.

171

Khaiipo.

5jp?i-ÏJ

inKliau-po.

98

Kluu'sil.

np^'q^iw

'Khar-b.sil.

138

Khatak

R'^T^7\^

Kha -btags.

122

LE BOUDDHISME Al' TinET

250

TltANSCniPTlOX IMION'ÉTIOUE

TIIAUUCTION TIBKTAINE

TIIANSLITTKRATION

l'ACE

Khen.

f^^

Khen.

202

Khetoup - chalcdor

5Jpi^'3q'.^:]T^3;-î]-5jéé

mKhas-grub- phyag-

gyatso.

rdur-rgya - mts'lio .

Gl

Khetoup sangye.

5Jfq^r?:3'5^lc^'|^-

niKhas - grub -sangs

rgyas.

Cl

Khiral.

p-j^oi-

Khi-raL

49

Khon.

f^5i

Khun.

202

Khorlo.

n.p:!^-Pi

'Khor-lo.

30

Khorloi-phanyon.

api>-fïia':ygj'iXi5(

'Kkor-lo'î-phan-

yon.

149

Khui'teii.

ap^'q^^i

'Khor-brtcn.

148

Khrim.

^5J^

Khrims.

100

Khyoung.

'Khyung.

165

Kontseg.

S^?^-^5^^

dKon-brtsegs.

49

Koundzab chi deu-

Kun-rdzab-gyî- bden

pa.

pa.

24

Kou nga gyal-po.

^^1 -r v

- c -

sKu-lnga-rgyal po.

99

Kou nga gyalpoi kang

sKu-lnga-rgyal-po'i-

shag.

bskang-bshags.

99

Kountag.

Kun-brtags.

23

Labri.

S'S^

bLa-bri.

122

Labtse.

pjq'Si

Lab-tse.

128

Lagoi.

^'^"^

bLa-gos.

110

Lai boiunpa .

ra^-qsj'^

Las-buin jia.

160

Lama.

ÏÏ'^

bLa-nia.

98

260

ANNALES DU MDSEE GUIMET

TRAXSCRlPTiO.N PIlO.NtTIOl'K

TRADUCTIU.N TlliÈTAlNE

ÎBAXSLlTrtRATIO.N

PAIiK

Lamrim.

rai?j'S;64

Lain-iini.

49,65

Lang.

gLang.

i78

Langdar.

gLang-dar.

•U

Laiigpo.

gLang-po.

36

Lantsa.

m^'œowpS

Lan-ts'ha.

51

Las.

ra^

Las.

58

Leutho.

ran' g

NO

Le'u-tlio.

177

Lho.

'9

Lha.

58,68

Lhachen.

"7 «n

Lha-chhen.

151

Lliagpa.

•9^ ^

Lhag-pa.

188

Lliakhnng.

Lha-khang.

121

Llianiajiii.

ra "" i.

Lha-ma-yin.

58,69

Lhamo.

Lha-mo.

71, 75

Lhatong.

t -o

Lha-phrug.

151

Lho.

m

^

Lho.

167

Lliounnb. Lboiingzed.

fî]

Lho-nub. LhuBg-bzed.

167 135

Lhounpo..

^'^■^

Lhun-po.

58

Li.

s

Li.

202

Lo.

m

Lo.

178

Longchod dzogpai

CL. "O

Longs-spyod-rdzogs-

kou.

pa'i-sku.

26

Lonpo.

bLou-po.

36

Lotlio.

ni-^

Lo-tho.

177

I,E nOUDDIIISMK AU TiBKT

■2m

TliAXSCRU'TION PIlONETKirH

TRAUUCTION TIBtTAlNE

TllANSLITTKUATlON

I'AGK

Lotsava.

V 1

Lo-tsava.

•48

Loug.

'^^

Lug.

178

Long.

ny:^^

Lugs.

159, 294

Lougroub.

"1 ^i

kLu-sgrub.

21, 86

Lougzar.

ra^'^31.

bLug gzar.

102

Loungta.

a^"5

rLung-rta.

103

Louvaug gyal-po.

kLu-dbang-rgyal-

po.

99

Magion.

S^^'g^

(IMag-blon.

30

Mani.

ôJp

Mani.

120,148

Maui choskhor.

^^'ô^'npz,

Mani-clihos-'khor .

120

Maiiikamboum.

;^ip'::!"ia'a35j

Mani-bka-b'um.

53

Manii rilbo\i groub

Mani'i-ril-bu -grub-

tbab.

thabs.

172

Mania.

5J^ n]

sMan-bla.

172

Me.

S3

Me.

182

Mebagou.

sMe-ba-dgu.

194

Melha.

Me-lha.

133, 102

Meloug.

53'ftc

Mc-long.

154

Mi.

1

Mi.

58

Migmar.

^:iT:2;^s4:i;

Mig-dmar.

188

Monlam.

^IS'OISJ

sMon-lam.

75

Mouliding.

^•Sl-^c;

Mu-li-ding.

75

My alba.

?;^aj'q

clMyal- ba.

58

262

ANNALES DU MUSEE GUIMET

TRANSCRIPTION PIIONÈTIOUE

TRADUCTION TIBÉTAINE

TRA.NSLITTÉRATION

l'AfiE

Myangan las daspa.

^•t?j'ai^'a^^'y

Mya-ngan-las-'das-pa.

62

Mjangdas.

sj:;'as^^

Myaiig-'das.

49, 62

Nagpo cheupo.

5J^":;i'rô?|'^

Nag-po-chhen-po.

109

Naktsis.

^^•^^\

Nag-rtsis.

177

Naljor chodpa.

^m-n^x^-^T^-z:

rNal-'byor-spyod-pa .

22

Naljor ngonsoum.

^ryaq:i;'5Jt5('vM5j

rNal -'Ijyor - mngou -

sum.

30

Nam chouvangdan.

ni

rNam-bchu- dvaug -

Idan.

77

Namgyal boumpa.

^[êJ'^m'qsj'q

rNam-rgyal-bum-pa .

160

Namtog.

ajsj'^q

rNaiii-rtog.

30

Namtliosras.

^5j''â^'5J'^

rNam-tbos-sras.

171

Nathongzha.

^1

sNa-mthoiig-zha.

109

Nétan.

gNas-brtan.

01

Nétan choudrougi

q?i^rq^?i-q.^-S:il-5|-

gNas -brtan -bchu

todpa.

^fv'<j

drug-gi-b itod-pa .

01

Ngagi Iharao.

^ n] ^

Ngag-gi-lha-mo.

42

Ngagpa.

'^:il^':j

sNgags-pa.

98

Ngagvang lobzang

i:;q'î;^::!f3'q3c;'.^'5Jdo

Ngag-dbaug- blob

gyamtso.

zang-rgya -mts'ho.

97

Ngoizhi.

3;^c^-q^

dNgos-gzhi.

156

Ngontog.

5jH5i'^:il^

mNgon-rtogs.

108

Ngavo chig. '

Ngo-bo-gchig.

28

Ngovouyîd inedpar

Ngo-bo - nyid- med -

mrava.

par-smra-ba.

29

I.K HOfliKlIISME AH Tl RKT

2f?3

TH\NSf.Rll'T10N rilONKTlQIK

Norbou. Noubjang.

Nyangdas. Njangau las daspa.

Nyigniapa.

Nviina.

Njiugpo.

Nyompa.

Nvouusue.

Nvoungpar Nepal choga.

Odpagraed.

Odpagined kyi zhing kod.

Ombou.

Padmajaungne.

Pair.

Paldau Ihamoi kang shag.

Paucheii Rinpochc.

P;ii'klia cliakja chad.

TItMllXTlON TlliETAlNE

Tlt.\NSLlTTt;RATION

a>^' ^^q ■â>,' 2'^:::' ^i^^

NO

01 ni v.". ^

jlj;-p'Ki.irq'q5>,

Pasang Poiipa.

Nor-bu. Nub-byaug.

Voir Myangdas ct Myangaii las daspa.

rNyig-ma-pa.

Nyi-ina.

sNyiug-po.

sNyoms-pa.

sNyimg-guas.

>Nyung -par -gnas- pa'i-chho-ga.

Od-dpag-mcd.

'Oil-dpag -med-kyi - zhmg-bkod.

'Oin-bu.

Padma-'bguug-gnas

1 Pags.

dPal-ldau-lha-mo'i- bskaug-bshags.

Pau-cliheii- riu- po - chhe.

4'ar- kha-phyag- rgya-brgyad.

Pa-sangs. sPon- pa.

r.VGE

36 167

46 i88 27 36

60, 155

155

35

64

140, 1(31

43

150

71

96

202 188 1S8

264

ANNALES DU MUSEE GUI MET

TP.ANSClill'TlOiN PUONETIQIK

Pbag.

Phag'pa chcnresi.

Phaji'iiai deiipa zhi .

Plialclicn.

Phaii.

Pliarcliin.

Phourbou.

Phoui-l)oni davo.

Phouvkha.

Prel.

Progzliou.

Pi-oulkou clioicliong cheiipoi kang shag.

Proulkoii tliongva doiulau.

Proidpai kuu.

Rabuo zhougpa.

Rabsal.

Ralgri.

Ralpachen .

Rangi nying gar thalino charva.

TllADUCTlON TIDKTAINE

!yT|

^1

^1 ^

,^|^,^_ .:

TM a _ V. V. ni

^1 ^ ^1

TRANSLITTERATIO.N

Phaa-.

'Phags -pa-spyau - ras-gzhigs.

'Phags- paï-bdeii- pa-bzhi.

Phal-chheii.

=Phau.

'Phar-phyiu.

Phiir-bu.

Phur-bus-gdab-bo .

Phur-kha.

sPrel.

Prog-zhu.

sPi-ul-sku-chhos- sk jong- chhen-po'i- bskang-bshags.

sPrul - sku-mthong - ba-dou-ldan.

.sPrul-pa'i-sku.

Rab-gnas-bzhugs-pa .

Rab-gsal.

Ral-gii .

Ral-pa cliaii.

Rang - ci - suving - gar-lhal mo-sbyar- ba.

PAGE

178 56

l^

50 122 23 139, 160 106 107 178 134

99

71 20 132 01 171 .'.9

ANNAI.I-S lUl MrsiM-: GI'IMKT

t?(T)

TII\NSi:UII'TlnX I'lIO.NKTlOl'i:

TRADIXTIO.N Tllll-TAINE

ïllAX.SI.lTTKIi.VTION

I'AIJK

Rikhroclpa.

^•P;^-zj

Ri-khrod-pa.

io.3

Riiiiato.

Ri-iua-tc.

71

RinchiMi na dun.

Riii-clilien sna-bdmi.

30

Ritha.

^•g

Ri-tha.

177

Ruibal clienpoi dok-

^^•^iii'è?^-ïja-qa-T

[•»us-sbal chlion-po'i^

jed.

.5^

bzlog-byed.

I'Jl

Sa.

^1

Sa.

182

Sa choupa .

^■^^::)■■5•:y

N3

Sa-bclm-pa.

80

Sadag gyalpo.

^rt!:;^:i]-7im'î:j

Sa-bdag-rgyal -pi).

175

Sagpar.

v-^Tj'U^

Sag-par.

131

Salvvapa.

^ ^■y^

Sa-skya-p

i7

Samtan.

s]v^&l'7|l^?^

bSam-gtaii.

?,r,

Sangbai dagpo.

,7]^lz'^a-qï;,:TTÏJ

^Sang-ba'i-bdag-po.

bi

Sangye clii kou. Soung thoug chi ten

va

Saugs-rgyas-sku. gsvuig-thugs-kyi- rten.

111

Satsa(coaip.Tsatsa). Sa tsoma.

a CO

Sa-chchha. Sa-'ts'ho-ma.

124,132 C

Semtsamo.

?;i5JîM'5l5J'5J

Sems-tsani-mo.

20

Senge-cliad-ti.

^'ti'^3^'^

1 " -^

Seng-ge-brgyad- khri

130

Scngeinyal tab.

^^C'qa'I^Oj-T^q^

Seng-gé'i-nyal-stabs.

150

Sengc Nampar Gyalva.

^c;'q^'^5J':jî.'^Rl'^

Seng-ge-rnam par rgyal-ba.

118

Sengti.

Seiig-khri.

131 i

Ann. G. - III.

Mi

266

ANNALES DU MUSEE GUIMET

TRAXSCRiniON l'IlONlTlQUE

TliADUCTlON TIDÈTAINE

TIIANSLITTÉRATIOX

PAGK

Shagpa.

^-f]:ri"rq

bShags-pa.

1G8

Shakya Thoub-pa.

3t^^"^

Shakya-tliub-pa.

0

Shar.

■n^

Shar.

107

Sharlho.

Shar-lho.

107

Shécha rabsal.

^^l':3'i>q'7j^ra

Shes- bya - rab - gsal .

200

Sherchin.

M^'^^

Sher-phyin.

23,49

Shesrab ralgri.

Jl^'^^'i-OJ'T]

Shes-rab-ral-gri.

42

Shesrab chau.

^1

Shes-rab-spyan.

135

Shid.

^S

Shid.

174

Shing.

^.

Shing.

182

Shindje.

:^^^-l

gShin-rje.

50

Shintsis.

:i]^ê\-^'^\

gShin-rtsis.

177

Sobyong.

^^■h

gSo-sbyong.

60

Sregpa.

^^'^

Sreg-pa.

101

Srongtsan gampo.

^c;'C!-3?^'5{5J'ïl

Srong-btsan-sgam-po

41

Sringan .

^^'c?;

Sri-ngan.

69

Ta.

^

rTa.

178

Tachog.

rTa-mchhog.

36

Tag.

^1

sTag.

105, 178

Ta gom.

RI V. ^ 3l5J

ITa-gom.

155

Tamdin.

^'^^^

rTa-nigrin.

167

Tamdiu gyalpoi.

Vj-5i^?^ Tiryïja'Sj'jj?;?^'

l'Ta-nigriu-rgyal-

sii nanpa.

^

po'i-sri-mnan-pa .

GO

Taubiii slii.

^1 r- c. ,

b^Tan-pa'i-shis.

150

I.I5 noDDniiisMF; at irnET

207

TRANSCRIPTION l'IIONÈTKJUE

TRADUCTION TIDKTAINK

TRANSLITTÉRATION

PAGE

Taiuljoiir.

~3

b>Taii-'gynr.

49

Tasbi kliatak.

^-11'^^rpi'C]T7:iT^

bKra-shis-kpa-btags

122

Tashi tsigjod.

qnT^^l'S:rj-q|;;;^

bKra-shis ts'hig- bpjod.

114

Tenbrcl.

^s^-agoj

rTen -'brol.

29

Tonbrel chougnyi.

|5i'a|rc-q5-q^^

rTen-'brel bchu. gnvis.

10

Tenkab.

Icn'^q

sTen -bkab.

130

Tensoumni.

^^•^^-oi-%

rTen-gsinii-iii.

80

Thabdang shes^ab.

gq^^^^c;•Jî^N'^q

Thab.s - dang- shes - rab.

134

Thabkhung.

Tliab^khung.

101

Thabshes.

aq^'^^

Thabs-shes.

13',

Thai gyourva.

Thai 'gyur ba.

28

Thangshin gi tsis.

£3c:'^S-5|-|^

Thang-shing-gi-rtsis

203

Tliegpa chenpoi do.

sici'i]-è?j'^f5'5j^

Theg-pa-chhen-po'i- mdo.

79

Thegpasoum.

3^'^'^354

Theg-pa-gsum.

05

Thengpa.

§C'<]

Phreiig-pa.

111

Thisrong tsan.

Khri-srong-lde- btsaa.

43

Thonglam.

sjâftiisj

mThong-lam.

ThoDka.

sjâc'^''^

mThongs-ka.

131

Tl-^r.

^^

Thor.

155

Thothori Njan-tsan.

g-â-2;-q(^5i-q^5^

Tlio- tho ri gnyan- btsan.

43

26S

ANNALES DU MUSEE GUIMET

TRANSCRll'TlO.N l'IlONÈTIOLT

TUAULXTIOX JlUÉTAl.NE

lilANSLlTTÉRATlON

l'AIJE

Thougdam kaiitsai.

,9^^-^5J-q^'t'I^

Tliugs- dain-bikaiig- rdzas.

1(38

Thoiigdje clienpo chougchig zlial.

Thugs-rje- chheii-po bchu-gchig-zhal.

57

Thoumi Sambhota.

g-l4'v-^i5j'|'^

Tliu-mi-sam-blio- ta.

41

Togpa iiyid.

^^^'^'01^^

rThogs-pa-gnyis.

28

Tokchoi gyalpo.

(en

Tlia-'og-chhos-rgyal- po.

99

Tongpanyid.

Tyl^^-Zi-^X^

sTongs-pa-nyid.

23

Tophye chenpo.

|-a-5-èê^-ij

ITO' 'phy e-chhen-po .

1-G

Tsang.

5'c

rTsang.

27

Tsangpa.

roi;;'^'!!

Ts'hangs-pa.

72

Tsatsa (comp . Satsa) .

* . -■*

œ CO

Ghha-chha.

124, 132

Tsavanas.

^l-q'Si'M

rTsa-va-nas.

60

Tséi.

œvM

Ts'hes.

188

Tsemo.

5,'5J

rTtse-mo.

3G

Tsepagmed.

cô'^^T]'?)^

Ts'he~dpag-med.

81

Tserablas-tsis.

â'^q^M-m^-lM

Ts'he-rabs-las-iis is .

177

Tsesoum.

l-q^ôj

rTse-gsum.

139

TsUdian.

5^-53^5;

rTsis-mkhan.

98

Tson-khapa..

Sc'pi-îj

Tsong-kha-pa.

4'j

Tsovo.

gTso-vo .

34

Tsougtor.

:^i^'^^

gTsug-tor.

134

Tsoiilkhrini kyi phoungpo

mra-psj^-^'^c-ïj

Ts'hul -khrims -kyi phung-po.

29

LE BOIJUDHISME AD TIPET

269

TlUNSCRIPTIOiN PIICNÈTIQUE

TRADUCTION TIBÉTAINE

TRANSLITTÉUATION

I'AP.E

Tsounpo.

q^J^-î^

bTsun-po.

30

Touisol.

so

bKrus-gsol.

00,154

Toungshakchi san-

ITung-bshags-kyi-

gye souga.

sangs - rgyas - so - Inga.

00

Urgyen.

•S'l^i

Ur-gjan.

43

Urgyenpa.

CT'.îiJ^'tl

Ur-gyan-pa.

A7

Utpala.

^^Xj-Xi'Pi

Ut-pa-Ia.

42

Vadjrapaiii.

'^'€

Vajra-pani.

72

Vangi chinsreg.

s,qf|?^-^q

dVang- sbyin- sreg.

103

Vouch an.

^3-^3i

dVu-chan.

51

Voumed.

>3'^>

(IVu-mcd.

51

Yab youm choudpa.

u-m'uj5j'api;;^'zj

Yub -3'um - 'kliyud -

pa.

70

Yang-cliob.

ajUJc-^q^

gYang-skyobs.

170

Yang dag den.

uifz^nj-q^?;

Yang dag-bdcn.

20

Yang sal dorai.

:riUJc':^^fa!-|5|-§3

gYang -gsal - sgron -

me.

182

Yangoug.

gYang-'g gs.

170

Yidag.

--si

Yi-dags.

58

Yidam.

5y'?^5j

Yi-dam.

158

Yong-groub.

NO

Yongs grub.

23

Yos.

^^

Yos.

178

Zamatog.

3-5J'^:n

Zama-tog.

41

Zanad.

:r]3a-^X,

gZa'-nad.

173

270

ANNALES DU MDSEE oOIMET

TRANSCRIPTION PHONÉTIU^K

TRADUCTION TIBÉTAINE

TRANSLlTTÉliATlON

PAGE

Zastang.

a^'q^t

Zas-gtsang.

G

Zliagpa.

(^l]^'Z]

Zhags-pa.

137, 139

Zhaltbang.

f^0i-3c.

Zhal-tliang.

122

Zhalzai.

qroi'a^i

Zhal-zas.

147

Zhanvang.

:Il(^5^•^qt

gZhan-dbang.

23

Zliiiie Ihagthong.

Zhi-gnas-lhag- rpthoug.

36

Zhiva.

Zhi-ba.

G8

Zliivai chinsreg.

^•qa-|^-§:il

Zhi - ba'i-sbyin- sreg.

162

Zhiva- tso.

i^'q'SJcB

Zhi-ba-nits"h .

43

Zin.

15,

Zin.

202

Zodmanas zhiva.

:i]gs^'5J-5;^-^'q

gZod - ma-na-Zhi-ba .

23

Zodpa.

qas^"<]

bZod-pa.

36

Zon.

a^

Zon.

202

Zoundoui.

gZungs-bsdus.

GO

Zoung.

^a^^

gZungs.

37

Zoung-Zhoug.

Ojac^-qf^ïï!^

gZungs-bzhugs.

132

c ADDITIONS AU CHAPITRE XI

Paoks 77-90

A propos de l'Invocation aux Bouddhas do confession, M. P.-E. Foucaux, de Paris, a ou robligeance de me communiquer quelques détails tires d'un exemplaire de cette prière possédé par la Bibliothèque nationale. Le docu- ment de Paris, qui n'a pas encore été publié, me permet de suppléer à la lacune de la fin de la première partie de l'original que je possède, et qui a été grave- ment détérioré ; il montre aussi que la scission en deux parties est une mo- dification arbitraire, car la sentence qui termine la première partie peut se continuer par la phrase qui commence la seconde ; dans l'original que je possède la sentence finale de la première partie est diflTérente de celle du do- cument de Paris.

Pris à la page 7, ligne 3 de l'impression originale, planche V, le document de Paris s'exprime ainsi :

« Quand on ne s'occupera plus que des plaisirs du moment ; quand les crimes se multiplieront ; quand il n'}^ aura plus de dons volontaires ; quand les nations seront ennemies ; quand la guerre, la maladie, la famine se ré- pandront; quand la foule s'entassera dans les enfers (raNar-med) sont les criminels: puissent ;dors les créatures trouver ce sDig-bshags-gter-chhos! La prière du maître kLu-sgrub se répandra ; les créatures de cette époque de

272 ANNALES DU MUSEE GUIMET

misère et de détresse la liront, et si elles la prouuiicent à haute voix, tous les péchés leur seront remis. Cette doctrine secrète, protection des créatures (donnée) par le divin, rcxcolli'nt kLu-sgnib, qui a été cachée sous les trésors, comme le lion de pii^-re dans les bois de bambous ', se répandra comme une bénédiction ».

Ce passage nous révèle qac Lugrub ou Nagarjuna (voyez page 21) est re- gardé comme l'auteur de cette prière.

L'exemplaire que j'ai traduit diffère aussi par le titre. En tête sont écrits ces mots : « Repentir de tous les péchés, doctrine du Trésor caché » ; dans le texte elle est appelée « Le Rasoir d'or qui efface les péchés » . En tête du document de Paris se trouve aussi ce dernier titre, il est appelé sDigbshags- gser-gji-spu-gri-zhes-bja-va-bzhugs-so. « Ceci est le Rasoir d'or de la Con- fession des péchés ».

Une autre modification à remarquer est l'omission de la prière finale et de l'indication du nom de l'écrivain et du temps employé à le copier. Les dha- ranis ne sont pas non plus les mêmes ; l'exemplaire de Paris porte la sen- tence sanscrite « Om supratishthitva vajraya; subham astu sarva jugatham ; sarva mangalam ; yasas mahâ ».

Je joins ici en cai-actères romains le texte quo n(3us venons de traduire et une liste des phrases du texte parisien qui ne s'accordent l'as avec celles du mien; les pages et lignes numérotées sont celles des planches V et VIII.

TEXTE TIBETiAIN EN CARACTERES ROMAINS

PAGE 7. LIONE 4 A 9

Ts'he-pliyi-ma- ma-drin-'di-ka-bsara-pa'idas ; dus-kyi-ma-lan-las-ngan- bsags-pa'i-lan ; dus-mi-'gyur te-mi -mi-rnams-gyur-bas-lau- ; pha-rol- dmag-ts'hogs-nad-dang-mu-ge-dar-ba'i-dus; dmyal-mnar-med-du-skyc- ba'i-sems-chan-las^ngan-clian-mang-po-yod-pa-de-rnams-kyi-nang-na- bsags-pa-chan-'ga-vud-pas ; ^dig-bshags-gter-cbhos-'di- daug-'phrad-par

(1) Alhiisiou à la retraite et aux |austérités de Sàkyamouni dans les liois avant qu'il eu alleiul la condition de Bouddha.

LE ROUDnUrSME AD TIBET 273

shog- ches-slob-flpon-klu-sgi-iib-kyi-sinon-lain-btab-pa-lags-so ; 'di- bskal-pa-snyigs-ina'isems-clian-bsags-pa-chan-rnams-kyis-'di-klog-dang; kha-'don byas-na-sdig-pa-thains-cbad-byang-byang -bar-psoungs so ; 'di groiig-chig-na -bzhoiigs-na-groiig- kliyer -dc'i-sdig-pa- thanis-chad- byang- bar-goungs- so ; gtcr-chhos-'di-gro-ba'i mgon- po-klu-sgrub-snying-pos- Ihas - smig- mang-ts'hal-gyi -brag-scng-gc-'dra-pa'i-og-du-gter-du-sbas- nas-smon-lam-bstab-skad.

PASSAGES gui DIFFÈRENT DE MON ORIGINAL

Page 2,

ligne

1

tharas-chad-bshags-pa'i-mdo.

3

'khor-Io - bskor-du-gsol .

5

baidurya.

6

gsugs-lta-bu'i.

G

rnam-par-spi'as.

9

gser-gyi-gdugs-nam-mkha-lta-bu'i

10 à

11

'jig-rtcn-gyi-khams kuu-tu.

Page 3,

1

bag-ts'ha-ba-mi.

3

gang-la-la-zhig-gis-yi-gcr-bris-sai zliing-klog-gam.

8

zhing-'od- bzang-po-na.

Page 4,

5 à

6

clihos-kyi-dkor-Ia.

Page 5,

5

bzhou-pa-zhon-pa'i-sdig-pa-dag-gc

0,1

,10;

; sdig-pa-'dag-go.

Page 6,

10

gser-gyi-spu-gri.

13

suags-byed-pa'i-dus.

.,»

3

iiia-grol-grol.

12

"khor-mi-sred-do.

Page 1,

2

gchig-la-'dus ; don dam-par-sems.

0.

Ann. g. - 111.

INDEX

Les diverses ijublicalions q;u traitent du bouddliisme avant ('té indiquées dans l'Appendice « Littérature », page t?21, nous avons exclu de cette table les noms des auteurs cités dans le texte.

On trouvera dans le Glossaire page 251 les mots tibétains en caractères originaux et leur transcription exacte en caractères romains. Nous reproduisons une seconde fois dans cet Index les termes qui se représentent fréquemment, ou qui ont une im- portance particulière.

Adi-Bouddha, le Bouddha suprême et éternel, page 33.

Alaya, ou âme. l'essence de toutes choses, pages 27-30.

Alphabiît, employé pour la transcription des termes tibétains, page 4.

Amitâbiia (le Dlijani Bouddha), correspondant à Sakvamouni, pages

36-54 ; planche m. Amitâyous, nom donné à Amitàblia quand un l'implore pour obtenir la

longévité, pages 62-81 . Amrîta, l'eau de la vie, page 72. Amulettes, page 111. Anagamin, être qui est entré dans le troisième des quatre chemins qui

conduisent à Nirvana, page 19. Année, ses noms, nombre dos mois. JiUirs, etc., page 187.

L'70 ANNALES nu MUSKE GUIMF.T

Anoupadaka, « sans parents )), nom ([ui il(!'signe les Dliyani- Bouddhas, page 34.

Ariiat, être qui, étant cnlrr dans li' plus élevé dos quatre cliemins qui conduisent à Nirvana, u gagné r<'niancipatiiin do la Renaissance et acquis dos pouvoirs surnaturels, pages 19-30.

Âryàsanga, prêtre indien, pages 22-29.

AsouRAS, démons, page 58.

Astrologie et arts astrologiques, pages 176-189.

Astrologiques (tables), pour indiquer les époques heureuses ou malheu- reuses, page I9l.

pour diriger dans les entreprises importantes, page 200.

consultées en cas de maladies, page 207.

pour les mariages, page 209: planches XXXYII et XLl.

Astrologues, page 98.

Berma, (détail sur); pages 10-105. Bhagaa'at, un des noms du Bouddha, page 6. Bhikshou, Bhikshouni, « mendiant », pages 94-103. Bhoutan (date de l'introduction du bouddhisme au), page 46

Nombre des Lamas à Tassisoudon, page 104.

(Renseignements sur le), page 235.

Biiiar GvALPO, le protecteur des édifices religieux, page 113; planche

XXÏI. Bodhisattva, candidat à la dignité de Bouddha, page 20. Bouddha, page 20. ^ récente application de cette expression, page 25.

pouvoir des Bodhisattvas, page 25.

représentations, page 136.

Box, secte religieuse au Tibet, pages 47-87. Bouddha (le), historique, voir Sakyamouni. BouDDH.'Vs, (leurs pouvoirs, leurs corps), pages 7, 20, 25, 30.

(signes de leur beauté), pages 89-134.

(représentations des pages), 134-142.

mesures de leurs statues, page 139.

I.E noUDDIIISMK At) TIBET 277

BouDDiiArÀLiTA, prctiv iiuUon, page 2!^.

BouuDiiiSMi'!, son aire octuoUe ct no\u\nv do ses sectateurs, page 9.

ses traces ou Norvège, page 1 1 21S.

ses traces en AiaiTii[Ui', page 218.

dogmes foudannMilnux, pagi' 1^*.

- noiubro des préceptes, page 12.

origine des sectes, page 15.

sa destruction dans l'Inde, page !)-l5.

son inrtuenco bienfaisante ])Our l'adoucissement des mœurs barbares

page 157. Brahma, imjjloré comme protecteur contre les (l;uions, pages 72, 100, lui :

planche XXl. liuiKiir.Mii'A, secti' religieuse du Tibet, page 47. Brougpa, secte religieusi^ du Tib^t, page 47.

Galkndrters, page 170. Cérémonies religieuses, page 146. Geylan (nombre des Lamas à), page 105.

(ouvrages sur la religion bouddhique a), pages 225, 226,227.

GiiANGPO, talisman, page IGO. En face de cette page se trouve une image

reproduite d'après un buis tibétain. Ghenrési, un des noms de Padmapàni, le protecteur du Tibet, page 56. Ghine (date de l'introduction du bouddhisme en), page 45.

(nombre des bouddhistes en), page 9.

nombre des Lamas à Peking, page 105.

-(ouvrages sur la religion bouddhique en), pages 224, 229, 233, 234.

GiiiNSREG, « holocauste », page 101.

Ghoichong, dieu de l'astrologie, protecteur de l'homme contre les démons,

page 99 ; planche XXI. Ghorten, sa signification, sa f nane dans le TiJjet, pages 41-123. Chronologie (diverses méthodes de) au Tibet, page 178. Chronologique (table) pour les années 1852 à 1920. page 183. Chrétiens, leur nombre, page 11. Clergé (lois fondamentales du), page 93.

278 ANNALES DU MUSÉE GUIMET

Confession pour ol)ti'iiir la rémission des péchés, page 59. Confession publique, pages 154 155.

(Bouddhas de), pages GO, 77, 170.

CosMOGONiQUE (système) , pages 34,186.

CsoMA DE KoRos, ses études de la langue tibétaine, page 52.

Culte (objets de), page 129.

service quotidien, page 146.

Cycle de douze ans, page 178.

de soixante ans, page 179.

de deux cent cinquante-deux ans, page 185.

Cylindres a prières, page 148.

Dabciiad « octogone «, figure magique, page 160 ; planche XXIV.

Dakinis, esprits féminins, page 160.

Dalai-Lama, le plus haut rang dans le clergé tibétuin, page 90.

Dardjiling, sens de ce nom, page 115.

Derchoks, drapeaux à prières, page 127.

Dharanis, sentences mystiques ; livros qui détaillent leurs applications et

leurs avantages, page 37. Dharmakaya, corps que prennent les Bouddhas quand il-; quittent le

monde pour toujours, page 26. Dharmaràja, roi de la Loi, pages 59-118. Dhyana, méditation abstraite, page 36. DiiY'ANi-BouDDHAS, Bouddlias célestes, manifestations dos Bouddhas humains

dans le monde des formes, pages 34-135. Dieux, page 65. DiPANKÂRA, Bouddha imaginaire, page 83; planche XXXII, le prêtre

coiffé d'un chapeau conique. Divination, pages 98-189. Divinités (dessins et peintures de), page 131. DoLDjANG, princesse chinoise, épouse déifiée du roi Srongtsan Gampo,

page 42. DoLKAR, princesse népalaise, épouse déifiée du roi Srongtsan Gampo,

page 42.

LE BOUDDHISME AU TIBET 279

Doi.MA. iHiin i[ui désigne à la fuis Duliljaiig et Dolkar, page 42.

DoHDJE, symbole de puissance sur les démons, page 1. "'.'.).

Du.VGsiiKDs, protecteurs do l'homme contre les démons, pages 70, i;3''^. I^O.

Drames, représentations de draïui^s religieux, pages 150-154.

Drapeaux A tiukres, page 127.

DouBJEii, riti> i)our arriver à la méditation parfaite, page 100.

DzAMiiiiALA, dieu de l'opulence, page 170 ; planches XXX.I et XX.XII.

Edifices RELIGIEUX, page 113.

Enfers, pages 58-85.

Ermites, page 103.

Esprits des saisons, page l!)5.

malins, pages 65, 68, 160, 176.

Fêtes, mensuelles et annuelles, page 153.

Flèches employées dans les cérémonies, pages 168, 169, 176; planche

XLI. Funérailles, cérémonies et rites, page 174.

GrAUTAMA, nom du Bouddha, page 6. Gédoun, terme tibétain pour clergé, page 84. Gélong, Lama ordiné, pages 87-103. Géloukpa, secte religieuse au Tibet, page 47. Génies, page 65. Gloire, page 135.

Glossaire des termes tirétains, page 251. GoUYÀPATi, uu des noms de Vadjradliara, page 34.

HîMis (monastère de), à Ladali, pages 114-117. HiNAYÂNA (système), « le Petit Véhicule », page 14. Holocauste, page 161. TIri, invocation à Padniaponi, page 169.

Impression (art de T) au Tibet, page 50. Iswvaras, page 162.

280 ANNALES DU MISÉE GUIMET

Jaïna, secte religieuse dérivée du bouddhisme; études sur cette secte, pages

325, 234, 339, 2A8. Japon (le bouddhisme au), page 21. Jours sacrés et fêtes, page 153.

Kadampa, secte religieuse au Tibet, page 47.

Kalâ-Ghakra, système mystique, page 32.

Kalâdévi. Voir Lhamo.

Kalmouks, pages 10-105.

Kalpa de destrlctiox, période de dissolution de l'Univers, page 86.

Kandjour, recueil contenant les livres traduits du sanscrit en tibétain,

page 30. Kapilavastu, sa position, page 6. Karmapa, secte religierscauTibet, page 47. Kargyoutpa, secte religieuse au Tibet, page 47 . Kàsyapa, Bouddha prédécesseur de Sakj^amouni, page 83. IvÂUNDiNYA, Bouddha fiitur, page 83. Khajipo, abbé, page 98. KiRGHis, page 10. Kite, sectateur de Mahâdéva, page 169.

Ladah (date de l'introduction du bouddhisme à), page 45.

(nombre des Lamas à), page 104.

Lama, sens de ce mot, page 91.

(grades parmi les), page 102.

(nombi-e des), page 104.

de fondation, pages SG, 90, 1 19.

Lamrim, livre renommé, écrit par Tsonldiapa, pages 49, 65, 157. Lapcha, monceau de pierre qui supporte un mât de drapeau à prières, page

128. Lettres de l'alphabet tibétain composé au VIP siècle de notre ère, page 42. Lhasiayik, démons, page 58. Lhâmo, déesse protectrice contre les démons, pages 71, 75, 151; planche

XI, la ligure à cheval.

I.E I50LDD1USMK AU TIBET 281

Littérature sacrée au Til)f^t. jnipi' Af^.

européenne sur le buuddliisiue, pages 224 à 248.

Lotus, symbole de perfection suprême, pages 42, 7(), 137. LouNGTA, le cheval aérien , page 1(5:3; planche XXVI.

Madhyama, page 29.

Madhyamika (école), pages 22-43.

Mahàdêva, page 169.

Mahâkâla, page 169.

Mahâyâna (système), « le Graad-\'éhicule », page 21.

Mahôrâgas, dragons terrestres, page 176.

Maïtrkya, le Buudilha futur, pages 22, 56, 134, 135; planche IX.

Maladies (causes et remèdes des), pages 171.

Mani, mur bas contre lequel sont appliquées des tables de pierre portant des

inscriptions ou des images de dieux, page 126.

nom des cylindres à prières, page 148.

- pillules pour la guérison des maladies, page 172.

Mani-Kamboum, ouvrage historique tibétain, pages 49 53.

Mandjousri, dieu de la sagesse, page 42 ; planche \'.

Maklas, Bouddhas de médecine, page 172; planches V et XL. tigurc

découverte. Mânoushi-Bouddhas, ou Bouddhas humains, page 35. Méba-gu, « les neuf taches», page 194. Méditation, pages 17, 25, 27, 30, 31, 36, 103, 160. Melha, le roi des génies dufeu, pages 133, U>2. Métempsycose, page 57 . Monastères, page 114. Monuments, pages 113, 123. Mois, leurs noms, nombre de jours page 187. Moudras, signes conventionnels formés par do cjrtaiaes positions des

doigts, pages 38, 134, 158. Musique, page 147. Mysticisme, [lage 31.

Ann-, g. III. 36

282 ANNALES DU MUSEK GUIMET

Nagarjouna ou Nagaséna, prêtre indien, pages 21, 64, 86.

NÀGAS, créatures fabuleuses de la nature des serpents, page 21 .

Nagpo ' Ghenpo, dieu imploré dans la cérémonie « tourner la flèche »,

page 169. NiDANAS (les douze), page 16. Nirmanakya, corps dans lequel les Bouddhas et Bodhisattvas vivent sur

la terre, pages 26-80. Nirvana, extinction absolue de l'existence, pages 12, iS, 28, 62, 63. NviGMAPA, secte religieuse du Tibet, page 46. Nyoungne ou Nyoungpar-Népai-Ghoga , confession solennelle, pages

60-155.

Odax ou "N^^odan, mot que l'on présume dérivé de la racine Boudh,

page 218 note. Offrandes, page 146. Om mani padme iioum, puissante prière à six syllabes donnée à l'homme

par Padinapani, pages 4i, 54,76, 173; planches VIII et X^^ OuPASAivA, disciple bouddhiste laïque, pages Qi, 94, 102. OuRGYENPA, secte religieuse au Tibet, page 47.

OuRNA, cheveu unique sur le front des images de Bouddhas, page 134. OusHNisHA, excroissance du crâne, page 134. OuTKALA, voir Lotus.

Padmapani, protecteur particuUer du Tibet, p. 35,40, -56; planches IV et X.

Padma-Sambhava, sage indien, pages 43-86; planche MI.

Panchex RiiNPOGHE, Lama incarné qui réside à Tassilhounpo, page 96.

Pandita Atisha, prêtre indien, pages 44-86.

Paons, dans les images du Sakjamouni, page 136.

Par\:\iartiiasatya, une des deux vérités par lesquelles on démontre le

vide des choses, pages 24-28. Paramitas, les six vertus transcendantes, j^age 25. Paratantra, existence par connexion causale, page 23. Parikalpita, supposition ou erreur, page 23. Parinishpana, la véritable existence inimuablo, page 23.

I.E !liiri)DlIISMF. AD TIBET 283

Patai.ii'iiutra, page 15.

Patha, Irt coupe à aiunôues, pages 135 192.

Peintures do divinités, page 121.

Piionuiou, instrument niagiqui; pour repousser les dénions, pages 139-

16G ; planclie XXX. Prajna Paramita, intelligence supérieure « qui ntli'jnt Tautro côté de la

rivière », page 23. C'est aussi le titre d'un VdlundnrMix recueil.

pages 80-62. Prasang.v-M.vdiiya.mika, éculo bduddhiqui' indienne, actuellement la plus

répandue au Tibet, pages 28-43. Pbatyéka-Bouddha, être arrivé à Fintelligcnce suprême, mais inférieur

aux Bouddhas, page 20. Précieuses choses, page 36. Prêtas, monstres imaginaires, page 58. Prières, page 74.

(cylindres à), page 148.

(drapeaux à) ou Derchoks, page 127.

Rahou, démon, pages 73-173.

Ranja, nom d'un alphabet, page 51.

Régime des Lamas, page 106.

Reliques, pages 112, 123, 124, 129, 132.

Représentations plastiques de divinités, page 132.

Renaissance, page 57.

Revenus des Lamas, page 101.

Rosaires, page 111.

Roue, symbole de la doctrine des Boudtlhas, pages 80- 198.

Sadag, le seigneur du sol, page 175.

Sakyapa, secte religieuse du Tibet, page 47.

Sakridagamin, être qui est entré dans le second chemin qui conduit à

Nirvana, page 19. Sakyamouni -Bouddha, fondateur du Bouddhisme, sa vie et sa mort.

pages 5, 55, 107.

284 ANNALES DU MUSEE GUIMET

Sakyamouni-Bouddiia, époque de son existence, page 6.

SCS innombrables renaissances avant d'atteindre le rang- de Bouddlia,

page S2.

ses images, page 133 ; planche XI, figure centrale.

biographies, pages 224, 225, 230, 239, 240, 243, 248.

Samapatti, atteindre l'indifférence, page 36. Samatha, état de parfaite tranquillité, page 36. Sambhala, contrée f;\buleuse de l'Inde centrale, page 32. Sambhogakaya, corps que possèdent les Bouddhas quand ils atteignent

la perfection de l'intelligence, page 26. Samsara, le cercle de l'existence, pages 25-55. Samvaras, génies féminins, page 68; planche II, figures placées dans

des cercles. Samyritisatya, une des deux vérités par lesquelles on démontre le néant

des choses, pages 24-28. SANSCRrrs (ouvrages), époque oi'i ils furent composés, page 14. Santa Rakshita, prêtre indien, page 43. Satsa ou TsATSA, côue ou figure plastique qui renferme des objets sacrés,

page 132. Sectes beligiueses dans l'Inde, page 15.

au Tibet, page 40.

Semaine, elle a sept jours, leurs noms, page 188.

Shindje, le Seigneur des morts, page .59.

SiDDHARTHA, uoui douné à Sakyamouni à sa naissance, page 6.

SiDDHi, facultés surnaturelles, rites pour les obtenir, pages 38-157.

SiKKiM, (dat ï de l'introduction du bouddhisme à), page 40.

SivANDAs, propriétés essentielles de l'existence sensible, page 29.

SouuATA, un des noms de Bouddha, page 6.

Sramaxa, ascète qui dompte ses pensées, pages 13-94.

Sravaka, disciple du Bouddha, auditeur, pages 13-94.

Srongstan-Gampo, mi du Tibet, en 678, mort en 698 A. D.,

page 41. Srotapatti, être qui est entré dans le chemin qui mène à Nirvana, page 18. Statues de divinités, page 132.

i.r: nounniiisMK au tihet 285

Staviras, pa^i' Cil .

Sroi'i'AS, mouuiiiouts coiiiqiK^s érif;és dans TIirIl', sur les ri'liijuos ou à la gloire des Bouddhas, Saints, etc., page 123.

(Etudes sur les), page 241 .

SouKHAVATi, demeure des hommes pieux qui ont obtenu comme récom- pense la (Ii'livrance de la métempsycose, pages 28 -62.

SouNYATA, vick' ou néant des choses, page 23.

Tables de divination, page 189; planches XXXVII à XLI. Tamdin, protecteur des hommes contre les démons, pages 69-107. Tandjour, recueil comprenant les livres traduits du sanscrit en tibétain,

page 30. Tantras, rites jiuur actjuérir des facultés surnaturelles, livres qui décrivent

ces rites, pages 32-38. Tantrica, rite des Hindous, page 32. Tassilhounpo, signification de ce nom, page 96. Tassisoudon, signification de ce nom, page 104. Tathàuata, épithète du Bouddha, pages 6, 13, 79. Temples, pages 95, 96, 120 ; études sur Jes templi}s bouddhiques, pages

224, 248. Thé, sa préparation, son usage, page 107.

Thisrong de Tsan, roi du Tibet, en 748, mort en 786, A. D., page 43. Thothori Nyantsax. roi du Tibet, au iv" siècle de notre ère, page 41. TiioLiXG-, signification de ce nom, page 114. TiioriiDA.M Kantsaï, cérémonie i>our obtenir l'assistance des dieux,

page 168. Tholmi Sambhota, prêtre indien qui composa les lettres tibétaines, page 42. Tibet (date de l'iatroduction du Bouddhisme au), page 39. Tibet (langue et dialectes du), pages 41, 52, 118.

grammaires et dictionnaires tibétains, page 52.

Tirthikas, sectaire Brahmane, page 17.

Tortue, base de l'univers, page 200.

Touisol «prier [leur rablution », cérémonie pour obtenir la rémission des

péchés, pages 60-154.

2S6 ANNALES DU MUSEE GUIMET

Trisoula, trident, page 139.

Triyana « trois véhicules » ou trois gradations en capacité spirituelle,

perfection et récompense finale, page 65. TsoNKHAPA, le grand Lama tibétain du xiv'^ siècle, page 4i.

Univers, ses dix régions, page 80.

Vadjra, symbole du pouvoir sur les démons, page 139. \'ai)Jradhara, un des noms d'Adi-Bouddha, page 34. ^'adjrapani, le plus énergique protecteur de l'homme contre les démons,

page 72; planche XIII. Vadjrasattva, le dieu suprême, paje 34 ; planche IL Vairochana, Bouddha fabuleux, page 82.

Vaisravanas, dieux qui donnent la richesse, page 171 ; planche XXXL Vérités (les quatre excellentes), page 12. Vicaire apostolique, encore nommé pour Lhassa, page 93. ^'IIIARA, monastère, page 95.

Yangoug ou Yangchob, cérémonie pour obtenir le bonheur, page 170. Yoga, méditation abstraite, page 27. YoGACHARYA (système), page 22-26.

FIN

TABLE ANALYTIQUE

DES MATIÈRES

PAons

Préface I

Signes employés 3

Alphabet tibctain, sa transciiption en caractères romain? 4

PREMIÈRE PARTIE. - LES DIVERS SYSTEMES DE BOUDDHISME

SECTION I - BOUDDHISME INDIEN

CHAPITRE I. Esquisse de la vie de Sakyamouni, fondateur du bouddhisme. Son origine. Principaux événements do sa vie. Il atteint la peilcction d'un Bouddlia. Kpoque de son existence 5

€HAPITRE 11 DÉVELOPPEMENT graduel et extension actuelle de la religion bouddhi- que. — Développement et déclin dans l'Inde. Son extension dans diverses parties de l'Asie. Comparaison du nombre des bouddhistes à celui des chrétiens 8

CHAI'ITRE m. Système religieux de Saryamouni. La Loi fondamentale. Le dogme des Quatre Vérités et les Chemins du Salut 10

CHAPITRE IV. Sy.-téme Hinayana. —Controverses sur les lois do Sukyamouni. Doctrines Hinay&na. Los douze Nidanas; caractère de ces préceptes. Méditation abstraite conseillée.

Degrés de perfection , **

CHAPITRE V. Système Mamayana. Nagarjouna. Principes fondamentaux MahAy.^na.

Système contemplatif Mahàyàna. Yogachârya. École Prasanga-Madhyamlka. 21

CHAPITRE VI. Système de Mysticisme. Caractère général. Système Kala-Chakra.

Son origine, ses dogmes "^"

288 ANNALES DU MUSEE GUIMET

SECTION 11. - BOUDDHISME TIBETAIN

CHAPITRE VII. Relation hiîTohiqle de i.'introdictiox nr bouddhisme au Tibet Pre- mière relipion des Tibétains. Introduction des dogmes bouddhiques dans le Tibet oriental.

Ere du roi Srongstan-Gampo, et du roi Thisrong de Tsan. Réformes du lama T.-onkbapa.

Propagation du bouddhisme en Chine, à Ladak et dans l'Himalay? oriental. ... 39

CHAPITRE VIII. Littérature sacrée. Ouvrages traduits du sanscrit et livres écrits eu tibétain. Les deux recueils du Kandjour et du Tandjoui-. Littérature tibétaine en Europe. Analyse du Mani-Kambouni. Noms et représentations de Padmapani. . 48

CHAPITRE IX. Aperçus sur la méte.vpsycose. Renaissance. Moyens de s'affranchir de la Renaissance. Soukhavati, le séjour des bienheureux 57

CHAPITRE X.— Trait.s caractéristiques de la religion du peuple. Somme de connaissance religieuse. Dieux, génies et esprits malins. Les esprits Lhamayiu et Doudpos. Légendes sur Lbamo, Tsangpa et Chakdoi-. Priéies 65

CHAPITRE XI. Traduction d'une prière aux Bouddhas de confession. Traduction et remarques explicatives 17

DEUXIÈME l'AUTlE. - INSTITUTIONS LAMAIQUES ACTUELLES

CHAPITRE XII. Clergé tibétain. Matériaux coatt^nus dans les^récits des voyageurs européens. Lois fondamentales. Système hiérarchique. Organisation du clergé. Principes de sa constitution. Revenus»__:;:^JJrades parmi les Lamas. Nombre des Lamas. Leurs occupations. Leur régime. Leur habillement 01

CHAPITRE XIIl. Édifices et MONUMENTS religieux. Cérémonies qui précèdent la cons- truction. — Monastères. Document historique relatif à la fondation du monastère de Himis. Temples. Monuments religieux. Choi tens. Manis. Derchoks et Lapchas 11.3

CHAPITRE XIV. Repré.?entations de divinités bouddhiques. Divinités représentées. Méthodes pour exécuter les objets sacrés. Dessins et peintures. —Statues et bas-reliefs. ^- Types caractéristiques. .\ttitude générale du corps et position des doigts. Bouddhas. -^ Bodhisattvas. Prêtres anciens et modernes, Dragslieds. Indications tirées des tnesures. i-d

CH.\PITRE XV. Cuite des divinités, et cérémonies religieuses. Service quotidien. Offrande.'. Instruments de musique. Cylindres à prières. Représentation des drames religieux. Jours sacrés et fêtes. Fêtes mensuelles et annuelles. Cérémonie Touisoh ^- Cérémonie Nyoungne. Rites pour obtenir dîs facultés surnaturelles. Singulièic céré- monie pour assurer l'assistance des dieux. Rite Doubjcd. Holocauste. Invocations à

TABLE ANALYTIQDK DES MATIÈRES 289

Loungta. Le talisman Cliaiigpo. I,a figure magique Pliourbou. Cérémonie Thougdam

Kautsaï. luvocatiou de Nagpo-Clionpo ou touruaut la ilci-ho. Cérémonie Jangoug.

Cérémonies accomplies en cas do maladies. Rites funéraires 1 10

CHAPITRE XVI. Systèmes d'estime du temps. Calendriers et tables astrologiques, Diverses méthodes He chronologie. Cycle de douze ans ; il se compte aussi à rebours en partant de l'année courante. Cycle de .«oixaute ans. Cycle do doux cent cinquante-deux ans. L'année et ses divisions I7O

CHAPITRE XVII. Descriptio.n de diverses tables emplovées en astoologie. Impor- tance attribu(?e à l'astrologie. Tables pour indiquer les époques heureuses ou mallicu- reuscs : Él.'ments et animaux cycliques ; Esprit dos Saisons ; 3" Figures et oracles pour déterminer le caractère d'un jour donné. Tables de direction dans les entreprises importantes : 1" la Tortue carrée; la Tortue circulaire. Tables do destinée pour les cas de maladies : 1" Figures humaines; 2" Figures allégoriques et dés. Tables de mariage : Tables avec nombres; 2" Tables avec animaux cycUques. Table de divination formée do nom))reuses figures et de sentences 189

APPENDICE

A. LtTTÉH.vTUnE. Liste alphab.'tiquo dos ouvrages et mémoires qui se rapportent au Rouiid-

hisme; son histoire, ses dogmes et sa situation géographique 22,1

B. Glossaire de termes tibétains. Leur orthographe et leur reproduction en caractères

romains, selon les explications contenues dans ce volume 2i9

C. Additions à l'invocation aux Bouddhas de confession, traduite chapitre XI 271

INDEX , 275

Ann. g. lil

INDEX DES PLANCHES

Va 0

' f. Dogme fondameutal de la religion bouddhique.

1. En sanscrit, écrit en caractères tibétains 12

"2. Traduction tibétaine '~

H.— Vadjrasattva, le Dieu suprême, en tibotain iîorrfjesemija 35

m. Le Dhyaui-Bouddha Aniitâbba, en tibétain Odpagmed 3(3

IV. Padmapani, protecteur particulier du Tibet, en tibétain : Chenrési 40

V. Mandjousri, dieu de la sagesse, en tibétain ; /n>?ija»(/ •*-

W. La déesse Doldjang, épouse déifiée du roi Srongtsan-Galpo (A. D. 617-698) . . 42

VIL Padma-Sambhava, sage indien déifié, qui vécut au vin'" siècle de notre ère . . 44

Vin. Prière à six syllabes : Om ma»! î ^arfwe AoHWî . ''■*

IX. Maïtreya, Bouddha futur, en tibétain : /<!)«;)« ''''

X. Padmapani, prolccleur particulier du Tibet, en tibétain : Chenrc^i 56

XI. Los trente-cinq Houddbas de Confession, en tibétain: Tutoiyshakchi sangye songa 60

XII. Invocation à la déesse Lliamo, en sanscrit Kaladevi '0

XIII. Vadjrapani, ou C7i((Arfoî', le dompteur des démons '-

XIV. Prière à six syllabes : Om mani padmo houm '''

X^". ]\Ième prière ~^

XVI à XX.— Invocation aux Bouddhas do confession: Diijpa thamlchad shaypar tcrchoi . 88 XXI. Choichong Gyalpo, dieu de Tasti ologie et protecteur particulier des hommes contre

les démons

XKU. Bihar Gyalpo, patron dos monastères et des temples 100

XXni. Document historique relatif à la fondation du moiiastore de Hîmis à Ladal;. . . 110

XXIV. Figure magique Dabchad Octogone 1"0

XXV. Melbaï Gyalpo, le soigneur des génies du feu 10~

XX\'i. Sentence» mystiques avec la figure du cheval aérien 16»

XXVII. .Sentence mystique avec la figure du cheval aérien, provenant de Himis ... 164

292 INDEX nES PLANCHES

Pages

XXVin. Formules d'invocations à Loungta, le cheval aérien :

1. D'après une gravure sur bois tibétaine de Sikkim 164

2. Copies de formules obtenues au monastère de Himis à Ladak 164

XXIX. Talisman Cliangpo, de Dalja, Gnary-Khorsoum 166

XXX. Pliourbor, figure magique avec l'image de Tamdiii 168

XXXI. Dzambhala, ou DoJnevangpo, dieu delà richesse avec ses assistants .... 170

XXXII. Dzambhala, or Dodiiovangpo, dieu do la richesse 170

XXXll!. Impression de planchettes de bois employées au Tibet comme protection sup- posée contre les démons 172

XXXIV. Impression de planchettes de bois employées au Tibet comme protection sup-

posée contre les démons 172

XXXV. Impression de planchettes de bois employées au Tibet comme protection sup-

posée contre les démons 172

XXXVI. Document de Dàba; traité entre Adolphe de Schiagintweit et les autorités

chinoises de Daba ' . . . 180

XXXVII. Table de divination avec nombreuses figures et sentences. 212

XXXVIII. Formules do divination d'après des tables à figures de Lhassa :

1. Pour calculer la direction favorable à une entreprise 206

2. Pour prévoir l'issue d'une maladie 206

XXXIX. Formules de divination :

1. Pour interpréter les oracles (ces oracles se trouvent pi. XL) .... 210

2. Sentences mystiques pour déterminer l'influence bonne ou mauvaise des éléments sur un mariage projeté 210

XL. Demandes et réponses d'après une toile do divination de Gnary-Khorsoun . 216 XLI. Table pour indiquer les époques heureuses ou malheureuses, ainsi que les

chances d'une entreprise 192

FIN

LTON. IMPRIMERIE PITRAT AÎNÉ, ROE GENTIL, i.

4139 4

177

La '-- 1c' n T

r»''

a 3 90 0 3 riTTTeTfe

*t.

*'^

?S|i*:

i»^^*.

■^"*'

Wf~%

i* ■>*' Wl

mzM

wzm:w-

-*^s?;

^rm

m^m.

= R

_ C\J

= a -

m^

-ïï^

- § -

= o ^

= s =

N)

=1 =

_ O

^^ -^

^ =:

-

o

_ OS

T^ O =Z

<J) -

CVJ =

o =

<N

*"

^ o ^

CO

= CVJ =:

~

= o

CT) rz

^ ^

= P =

r--

_

r= =

O

:— O)

zmr^mi «s

/

!■" ■■':!. I

•■:iM

■Î^V.l.. '

!^.v

mZM

FIBER-GL\SS

mm-'"-

60 in

mzwrm

P^Zik

>%^^;

■vr- r-

V*'^>**'^^

"tit- -IR w>.'

' .t ■""■'< -"^

TTffnt

-yWSâWfeMMg^

10 1

1 1

2 1

^vM;

f^v^

i-y-j

^^'

'. •'/ '.V.-'^>'i

'ii'

■^'ï^ .-■• ^'^^':^*i

'.w<'

i-v/^

','..';/'■.'?

ii ' «Tito tf

#^ii^2*'

■^^^ ::.:^ ^HV -^"^i ^^H <*kL- ABA

•iEDW

■LJ^LJli

3 1

ifii'

BTSSBrJnT

wmm^'r

m^

w

l^f^SiT^J

»*^

•Nt^