^iJ^Ct^l^^^j '.~.«*^'_?0- JOHNA.SEAVERNS LE G H EVAL EXTÉRIEUR STRUCTURE ET FONCTIONS RACES TEXTE PUBLICATIONS DE M. ALIX Notice sur les principaux animaux domestiques du littoral et du sud de la Tunisie. Ouvrage récompensé d'une lettre de félicitations du ministre de la guerre. Paris, 1883, in-18. La ladrerie des bêtes bovines et le ténia inerme de l'homme {o/ispi-vatinns recueillies en Tunisie). Ouvrage récompens(' d'une médaille d'or de oOO francs par le ministre de la guerre. Paris, 188(), in-18 {sous pi-rssr). Lurhcil. Ijp. cl ster K. CUYER ET E. AUX LE G II E V A L EXTÉRIEUR RiUÎIONS, PIKD, rnoroiiTIONS, AI'I.OMIIS, ALLURES, AGK, APIITUDKS nODES, TAIIES, VICES, VENTE ET ACHAT, EXAMEN DES OKUVRES D'aHT ÉQUESTRE, ETC. STRUCTURE ET FONCTIONS SITUATUJN, RAPPORTS STRUCTURE ANATÛMIQUE ET RÔLE PHYSIOLOGIQUE DE ' CHAQUE ORGANE RACES ORIGINE, rilVISIONS, CARACTÈRES, PROnUCTION ET AMÉLIORATION XVI PLANCHES COLORIÉES, DÉCOUPÉES ET SUPERPOSÉES TEXTE F A 11 EUGÈNE ALIX YKIÉniNAIRE JMUTAinE LAUHÉAT DU MINlSTÈnE DE LA GUBKHE (MÉDAILLE d'oR) DESSINS D'APRÈS NATURE TA 11 ÉDOUAUI) CUYEU PEINTRE pnosECTEUR d'anatomie a l'École NAïiOiNALE des beaux -arts de paris PROFESSEUR d'aNATOMIE A L'ÉCOLE DES BEAUX-ARTS DE ROUEN PARIS LIBRAIRIE J.-R BAILLIÉRE et FILS 19. rue llaiitefeuillr, près du boulevard Saint-Gerin.iio 18S0 Tous Jroiti .■«! PREFACE quand ils sont disposés d'une ma- nière régulière et en double sur les côtés de la ligne médiane, et que leur forme ou leur situation ne permettent pas de les séparer, dans aucun sens, en deux moitiés semblables. Il y a lieu de faire remar- quer que la symétrie des organes s'allère à mesure qu'on pénètre à l'intérieur du corps. C'est ainsi que les organes thoraciques et abdo- minaux sont à la fois asymétriques par leur forme et leur position. 3° Membres. — Les membres^ au nombre de quatre, deux anté- rieurs et deux postérieurs, sont les supports, les colonnes de soutien et les véritables moteurs du corps. Chacun d'eux représente une co- lonne brisée en plusieurs rayons s'articulant les uns avec les autres, en formant ordinairement des angles plus ou moins ouverts. Par rappoit au plan médian, ces appendices sont symétriquement placés deux à deux de chaque côté de ce plan. Les membres antérieurs sont attachés à la partie antérieure des faces latérales de la poitrine et parfaitement séparés du tronc. Les membres postérieurs, au contraire, se confondent insensible- ment avec le corps et concourent même à compléter, en arrière, la grande cavité abdominale. Ce n'est qu'à l'aide du scalpel, en sec- tionnant les parties molles de la racine du membre, qu'on peut se rendre compte de leur indépendance anatomique vis-à-vis du corps. L'attitude ordinaire du cheval étant la station horizontale, la station quadrupédale, il s'en suit que ses deux paires de membres con- courent au soutien et à la progression. S'il peut, presque aussi facile- ment que l'homme, regarder en face et porter la tête haute, ce n'est donc plus grâce à la verticalité de l'axe de son corps, mais bien par suite de l'attache particulière de sa tête, de la longueur et de la flexi- bilité de son encolure. Comme chez l'homme, la privation d'un et même des quatre mem- bres est compatible avec la vie ; mais, pour des raisons économiques DIVISIONS DU CHKVAL. qu'aucune autre considération ne peut, en somme, contrebalancer, ou ue conserve guère que dans les laboratoires les animaux ainsi mutilés, DIVISIONS Si;CO.\nAIRIîS. Nous n'avons indiqué, jusqu'ici, que les grandes divisions du elieval. Chacune d'elles est encore subdivisée en rôr/ionx xorondaireH dont la connaissance importe autant pour l'étude de la structure et des fonctions que pour celle de la conformation extérieure. Ces ré- gions sont plus ou moins distinctes, difliciles parfois à séparer ; mais elles trouvent toujours leur raison d'être, soit dans la disposition, dans le groupement particulier des oi'ganes, soit dans le rôle spécial, l'importance différeute que nous leur reconnaissons en extérieur. Chez le cheval, où la conformation extérieure joue un très grand rôle, il est facile de prévoir que ces divisions secondaires seront diffé- rentes suivant qu'on l'examinera sous le rapport de la structure ou sous celui de l'extérieur. C'est ainsi que, dans le premier cas, on com- prendra dans le tronc, le thorax et l'abdomen, quoique celte sépara- tion des deux régions ne soit légitimée que par un cloisonnement in- térieur isolant les viscères thoraciques des viscères abdominaux, et que, dans celte même division principale, les traités d'extérieur dis- tingueront les côles, le dos, le garrot, le ventre, le poitrail, etc., etc., régions dont la conformation bonne ou mauvaise indique, chez le cheval, telle ou telle qualité, tel ou tel défaut. Quoi qu'il en soit, nous rappellerons que la configuration même de la partie principale du corps nous permet d'envisager le cheval sous six faces différentes : 1° la face antérieure, qui se présente à l'homme placé vis-à-vis du cheval ; 2° la face postérieure, située dans le sens opposé ; 2° \%?, faces latérales, intermédiaires aux précédentes: 4° les faces supérieure et inférieure, placées en haut et en bas des faces latérales, qu'elles réunissent l'une à l'autre. Si même^ n'appréciant pas exclusivement la forme, nous voulons nous orienter par rapport à la direction des parties et des organes, nous distinguons Vaviint, Varrière, la droite, la (/auche, le haut ou dessus, et le bas ou dessous. De cette façon, nous pourrons reconnaître chaque région, non seulement par sa situation dans telle ou telle division principale du 8 GENERALITES. corps, mais encore par sa situation à l'iiue ou 'i l'antre des faces ci-dessus éuum6r6es. Nous apprécierons d'autant plus facilement, d'ailleurs, la situation des régions, que nous pourrons nous aider de la symétrie que pré- sentent les deux moitiés du corps. CHAPITRE III IDÉES GÉNÉRALES SUR L'ORGANISATION DU CHEVAL Si, disséquant l'un après l'autre les différents plans qui constituent l'ensemble de l'organisme, nous pénétrons à l'intérieur du corps du che- val, nous reconnaissons qu'il renferme Ae?, liquides et des soli'les organi- ques, auxquels s'adjoignent des gaz et quelques substances minérales. I. - LIQUIDES ORGANIQUES. Les liquides contenus dans l'économie représentent les 0/1 0 du poids du corps. Ils comprennent d'abord le sang; puis les liquides qui se rendent au sang [chyle, lymphe, etc.), et enfin ceux qui en émanent (/azY, bile, synovie, graisse, salive, sueur, sérosité, uri)ie, sperme, etc.). Leur importance est considérable ; car, sans eux, les solides orga- niques seraient frappés de mort; un élément privé d'humidité est un élément privé de vie. II. - GAZ ET MATIÈRES MINÉRALES. Les gaz et les matières minérales constituent les substances inorga- niques du corps. Lestas sont représentés par de l'air atmosphérique plus ou moins modifié (cavités nasales, oreilles, sinus, poumons, etc.), ou ils résultent de la fermentation des matières alimentaires dans le tube intestinal. Quelques-uns enfin sont en dissolution dans les liquides animaux. Les matières minérales se présentent également en dissolution dans ces mêmes liquides, ou à l'état solide. Sous cette dernière forme, on IDÉES GÉNÉRALES SUR L'ORGANISATION DU CHKVAL. 9 les rencontre rarement dans les organes sains, mais assez fréquem- ment dans les organes malades (calculs). III. - SOLIDES ORGANIQUES. tiéments aiiatomiques, tissus, org.iuos, appareils, fonctions. 1° Eléments anatomiques. — Les solides organiques sont constitués, en dernière analyse, par des éléments plus ou moins vo- lumineux, invisibles à l'œil nu, désignés sous le nom A'éléments ana- tomiques [gramtlalions, cellules^ fibres). 2° Tissus et organes. — Le groupement particulier des élé- ments anatomiques forme les tissus [i), de même que toute agglomé- ration de tissus ayant une forme déterminée et une fonction à remplir prend le nom d'organe. Les organes ont été divisés en organes pleins et en organes creux. Parmi les premiers, un certain nombre remplissent le rôle de supports ; tels sont les os. D'aulres ont pour mission de produire les mouvements ; ce sont les muscles. Le système nerveux central, les nerfs périphé- riques, les glandes, appartiennent à ce groupe des organes pleins. Les organes creux sont généralement tapissés par une membrane tégumentaire interne ou muqueuse ; exemple : le poumon, l'estomac. Les vaisseaux sanguins et lymphatiques, les menibraucs séreuses, qui revêtent l'intérieur des grandes cavités et la surface externe des organes que ces cavités renferment, font aussi partie des organes creux. 3° Appareils. — L'ensemble de tous les organes qui concourent au même but constitue un appareil. C'est ainsi que les organes im- médiatement situés sous la peau, les muscles et les os, forment par leur réunion l'appareil de la locomotion, qui ne peut fonctionner lui- même qu'autant qu'il y est sollicité par un autre ensemble d'appa- reils dont le but est d'entretenir la vie, d'animer la machine animale (appareils de l'iutiervatio/i, de la respiration, de la circulation, de la (!) On lie distingue que quatre types simples de tissus foudanientaux : {" Les /issu.s de substance conjonctive : tissus gélatineux, conjonctif, élastique, osseux. 2° Les tissus de cellules : tissu épithélial proprement dit, et tissu glandulaire. 3" Le tissu musculaii'e. 4° Le tissu nerveux. 10 GÉNÉRALITÉS. (VigcMion^ de la dêpitratio7i ur/uaire, des sens, et de la reproduction). Comme nous le verrons plus loiti, ces appareils se trouvent logés dans des cavités de la tète et du corps, spécialemeût creusées pour les protéger. 4° Fonctions. — On entend \)ar fonclion, l'action d'un organe ou d'uu appareil organique. Les fonctions ont été divisées eu deux grandes classes: 1" celles relatives à la conservation de l'individu; 2° celles relatives h. la conser- vai ion de /'eyj(V'e (fonction de génération). Les premières sont subdivisées eu fonctions île relation ou de la vie animale (locomotion, innervation, sens), et en fonctions de nutrition ou de la y?V or^ff/;?^2/e (digestion, absorption, circulation, respiration, nutrition, sécrétions). Nous examinerons chacune des ces fonctions quand nous étudierons en particulier les organes à l'aide desquels elles s'exécutent. A. — AI'1'AHF.II,S onOAXIQUES l)A>S Li;i;U r.NSICMRLIC. 11 nous reste maintenant à esquisser une vue d'ensemble des diffé- rents appareils qui concourent à l'exécution des fonctions, afin que le lecteur puisse embrasser, d'uu seul coup d'oeil, la disposition générale, le groupement particulier des organes composant chacun de ces ap- pareils, et nous suivre sans peine dans nos descripiious ultérieures. a. — APPAltEIL DE LA LOCOMOTION. L'appareil de la locomotion a pour but de déplacer le corps de l'ani- mal en totalité (allures), ou de faire mouvoir ses diverses pièces les unes sur les autres (ruade, cabrer); il a pour agents les os, réunis par \es articula tion'i elles muscles. Nous allons dire un mot de chacun de ces agents. r Squelette (PI. I, et fig. 1 du texte). — Le squelette, ou char- pente intérieure du corps du cheval, est formé par l'ensemble des os considérés dans leurs rapports naturels. Son but est de protéger les organes intérieurs, de supporter la machine animale et de contribuer à ses mouvements. Chacune des pièces osseuses composant le squelette a reçu un IDEES UEiN'EUALliS SUR L'URGANISATION DU CHEVAL. H Dom particulier tiré de sa forme (péroné), de sa ressemblance avec des objets connus (tibia), de sa situation (côtes), etc. D'après la position qu'ils occupent relativement au plan médian du corps, les os sont encore divisés en pairs et impairs. Enfin, ils sont dits longs, allongés, courts et plats, suivant leur forme. Les os longs appartiennent exclusivement aux membres et sont seuls creusés d'un canal dit mêilnllaire, dans lequel se trouve une substance molle, graisseuse, appelée moelle (fémur, humérus, etc.). Les os allongés diffèrent des précédents en ce qu'ils n'ont pas de canal médullaire. Les os larges ou plats se rencontrent dans la tête et la partie supé- rieure des membres (pariétal, omoplate). Les os courts se trouvent partout oti il faut des parties jouissant à la fois d'une grande solidité et d'une certaine mobilité (astragale, deuxième phalange). La forme générale des os est modifiée par des éminences et des cavités. Les éminences sont des saillies plus ou moins prononcées qu'on voit à la surface des os. On les a divisées en articulaires et non articulaires; les premières concourent à former lés articulations qui joignent les os en- Ire eux; les secondes donnent attaches aux tendons et aux ligaments. Les cavités sont également articulaires ou 7io)i articulaires ; les pre- mières répondent aux éminences de même nom dans les jointures osseuses; les secondes servent au passage des tendons, des vaisseaux, des nerfs, etc. Les os sont formés d'un tissu propre, entouré à l'extérieur par une membrane particulière, le périoste, et pénétré à l'intérieur par la moelle, des vaisseaux et des 7ïerfs. Avant d'arriver à l'état oti ils se présentent chez le cheval adulte, les os passent par diverses phases successives. D'abord mous, demi- transparents (état rauqueux) dans l'embryon, ils s'imprègnent un peu plus tard de gélatine et deviennent plus résistants (état cartilagineux). Enfin, vers le deuxième mois de la vie intra-utérine, les os se chargent de sels calcaires et acquièrent insensiblement leurs caractères propres. Cette transformation osseuse ne devient toutefois complète que vers cinq ou six ans. Chez les animaux âgés, les os éprouvent encore des changements importants : le canal médullaire des os longs s'agrandit et leurs pa- s ;n P Sî ai '' ~ ■3 ^ .= " o 5 C c ■« • «; M o •« 2 a 3 -s -^ = -o g a "• .S g "S H s HS Èla-Ss Si =Sg^ëS &>22 SiS::gê&'S. SS2EE es o «'^ ^""-^ .o ;c^r-'"» Ci S '^rî c^^-r r iz t- y7 -^ '^ ~ ^^^^^li^ •* "O lo '."r '.": lO i.^ .fl i/5 V-'; o o » ;^ co « o o îc :i ■.; t- <- c- i- i- i- t- fi-ï ..s C 03 s = o. ■- .2 " '^.2 g- C..Q ° = ?r "5j.2 .2 '5b 2 . o -o 'Se u tj ; XI o t- p. = 2 > r- 00 es o — 1 ■o 2_ ^ •SE. S ê-Sa,gi^a 1 5 S a; o - ° =■ § c - - :5-.2 '. g£'"lif- 3J=-a.: .oa-j^ , occipital. , pariétal. , apophyse zyg hiatus audit frontal. cavité orbital os unguis ou os malairc oi os sus-nasal. , maxillaire su trou sous-orb dents molairf dents incisive os inter-max , maxillaire inl tnoii meiitonn 14 GÉNÉRALITÉS. rois s'amincissent; de même, les os larges diminuent d'épaisseur. Toutes ces particularités expliquent parfaitement pourquoi les jeunes chevaux sont plus sujets que les adultes aux tares osseuses (voy. Il" partie, Tares des membres)^ pourquoi, d'un autre côté, les os deviennent si fragiles chez les vieux animaux. Elles donnent également la raison de certaines maladies du tissu osseux, telles que le rachitisme, V ostéomalacie , etc. Caractérisé par un développement incomplet du squelette, le rachitisme est, en effet, dû à ce que la cartilagéine de la vie fœtale ne se transforme pas en osséine. L'ostéomalacie ne diffère du rachitisme qu'en ce que la cause agit chez l'adulte et détruit la solidité déjà établie ; tandis que, dans le rachitisme, le développement du squelette est empêché alors qu'il n'est pas encore terminé. Le squelettea pour partie centrale, sur laquelle toutes les autres pren- nent directement ou indirectement leur appui, le rachis on colonne verté- brale, dont la direction, verticale chez l'homme, est horizontale chez le cheval. Cette longue tige sohde et flexible, articulée antérieurement avec la tête (1, 2), se termine postérieurement par les os de la queue ou coccyx (29), et est formée d'une suite d'os courts appelés vertèbres. Les différences de configuration que ces os présentent dans les divers points du rachis ont permis de diviser celui-ci en cinq régions qui sont, en procédant d'avant en arrière : 1° la région cervicale (7 ver- tèbres, 2, 2); 2° la région dorsale (18 vertèbres, 25); 3° la région lom- baire (6 vertèbres, 27) ; 4° la région sacrée ou du sacrum (5 vertèbres sou- dées, 28) ; 5° la région corcygienne (vertèbres en nombre variable, 29). Les vertèbres sont articulées ensemble, de manière à pouvoir jouer plus ou moins facilement les unes sur les autres ; celles de la région cervicale ou de l'encolure sont les plus mobiles. Percées chacune d'un trou, d'avant en arrière, elles forment, par leur réunion, un long canal qui loge la moelle épinière, partie très importante des centres nerveux. Chaque vertèbre est munie de trois éminences appelées apophyses : deux latérales {apophyses transverses), une supérieure, verticale [apo- physe épineuse), surtout marquée dans les régions dorsale et lombaire. Ces os présenleni, en outre, deux extrémités : l'une antérieure, portant une surface arrondie en forme de tête plus ou moins détachée; l'autre postérieure, creusée d'une cavité destinée à recevoir la tête de la vertèbre suivante. IDÉES GÉNÉRALES SUR L'ORGANISATION DU CHEVAL. 15 D'un côté et de l'autre de la tige rachidieune partent dix-huit grands arcs osseux appelés côlcs (30), s'arliculant supérieurement avec les ver- tèbres dorsales, inférieurement avec le sternum (31), et constituant une sorte de cage appelée thorax (3), ouverte en avant et en arrière. Postérieurement, articulé avec le sacrum, se trouve un os pair, composé de plusieurs parties, le coxff/(5o), qui, accolé à celui du côté o|tposé, forme la cavité pelvienne ou du bassin. Toutes ces pièces osseuses sont supportées par quati'e colonnes appelées inembres, dont deux antérieurs (4) et deax postérieurs (5), cons- tilués chacun par un certain nombre d'os affectant généralement une direction oblique les uns par rapport aux autres. Il esta remarquer que si cette disposition angulaire n'est pas aussi favorable à la solidité que la superposition verticale, elle a du moins l'avantage d'amortir les réactions du sol contre le corps. Il ne suffi- sait pas, en etfet, que les colonnes des membres eussent la rigidité nécessaire pour supporter le poids de l'animal ; il fallait encore que les secousses imprimées au corps, aux articulations, lors des allures rapides surtout, ne produisissent pas des ébranlements trop considérables. Sans cette brisuie des rayons osseux, non seulement le cheval se fût usé rapidement, mais il eiît été impossible de le monter. Nous savons tous, par expérience personnelle, que lorsque nous faisons un saut, nous devons retomber sur la pointe des pieds sous peine d'un ébranlement douloureux et même d'accidents graves. Si ce sont, en effet, les ttilons qui portent les premiers, la réaction du sol est transmise intégralement au tronc par la ligne verticale des os de la jambe et de la cuisse superposés, et nous ressentons une secousse des plus pénibles. Cet exemple donne à lui seul la démonstration de l'utilité, de la nécessité même, des angles formés par les rayons des membres. Les réactions ne sont pas les mêmes, d'ailleurs, dans les membres antérieurs et dans les membres postérieurs. Par suite de la disposition particulière des premiers, dont les rayons supérieurs ou scapulaires, non articulés avec le tronc, mais simplement réunis à cette région par des attaches musculaires solides, forment une espèce de soupente pour laçage thoracique, les réactions, chez eux, sont plus faibles que dans les membres postérieurs, articulés directement sur la partie posléiieure 16 GÉNÉRALITÉS. du rachis par rinlermédiairc des os coxaux, qui en constiluenl ana- lomiquemcnt les premiers rayons. Cette dernière disposition était nécessaire pour que les membres postérieurs pussent intégralement transmettre l'impulsion à la co- lonne vertébrale et, par suite, auxmembres antérieurs. Chez le cheval adulte, on compte 189 os. 2" Articulations. — Les différentes pièces osseuses qui consti- tuent la charpente solide du cheval sont unies entre elles de manière à pouvoir jouer les unes sur les autres. De cette réunion résultent les articulations ou jointures articulaires. Toute articulation est donc essentiellement formée de deux sur- faces osseuses opposées, moulées l'une sur l'autre. Celles-ci sont plus ou moins contiguës, plus ou moins mobiles, et les articulations qui eu résultent ont reçu, par ce fait même, différentes dénominations. C'est ainsi qu'on distingue trois genres différents de jointures articulaires : les diarthroses ou articulations mobiles [Ex. : articulation coxo-fémorale) ; les synarthroses ou articulations immobiles (Ex. : articulation des os de la tête); les amphiarthroses ou articulations mixtes (Ex. : articulation des vertèbres entre elles). Dans la plupart des articulations, les extrémités articulaires sont réunies par un certain nombre de ligaments, les uns funiculaires, les autres membraniformes ou capsulaires ; ces derniers entourent souvent les articulations de toutes parts, à la manière d'un manchon. Leurs surfaces contiguës sont, en outre, revêtues de lames cartilagineuses dites cartilages d'encroûtement., dont la face libre se distingue par un brillant et un poli remarquables. La présence de ces cartilages dans les articulations mobiles est de la dernière nécessité ; ils favorisent, en effet, le jeu des pièces osseuses, s'opposent à leur usure, et amortissent les secousses violentes par leur élasticité. Enfin, chaque articulation mobile est pourvue de capsules synodales, membranes fort minces sécrétant la synovie, fluide visqueux dont le rôle, dans l'économie animale, est absolument identique à celui des corps gras employés pour graisser les rouages de nos machines. Les mouvements dont les diarthroses peuvent être le siège sont : le glissement simple, la jlexion, Xextension, Xadcluclion, Xabduction, la circumduction et la rotation. Les articulations jouent un très o^rand rôle dans le fonctionnement IDEES GENERALES SUH L'ORGANISATION DU CHEVAL. 17 général de la machine animale, siiiloul quand celle-ci esl destinée au travail. Des jointures faibles ne permettraient ni l'étendue ni la puissance des mouvements qui déterminent l'effet utile chez le moteur en action. Aussi, le volume des articulations est-il toujours un indice de force. L'inflammation des jointures articulaires, ou arthrite^ est très grave. Elle peut être le résultat d'une irritation directe (coup de pied, chule, etc.) ou survenir comme complication d'une maladie viscé- rale grave (pneumonie, pleurésie, etc.). Enlîn, on la voit souvent apparaître d'emblée chez les jeunes animaux. 3° Muscles. — Les muscles sont des organes fibreux jouissant de la propriété de se contracter sous l'action d'un stimulant. Chargés de mouvoir les leviers osseux et de faciliter la contraction des organes internes, ils donnent aussi au corps de l'animal sa forme générale, en remplissant les \ides et en effaçant les parties trop saillantes du squelette. Enfin, établis dans certains cas en larges couches, ils for- ment aux cavités des parois actives (Ex. : muscle grand oblique on oblique externe de l'abdomen). On distingue des muscles lisses, intérieurs, ou muscles de la vie orya- nique, et des muscles striés, extérieurs, ou muscles de la vie animale. Les premiers appartiennent aux organes de la vie végétative {plans musculaires de Pestomac, de l'intestin, etc.), et sont soustraits à l'in- fluence de la volonté. Les seconds diffèrent des premiers en ce sens que leur pouvoir contractile — le tissu charnu du cœur excepté — est immédiatement placé sous l'influence de la volonté; aussi, la section du nerf moteur qui se rend à un muscle strié, ou toute autre cause susceptible d'enrayer l'action de ce muscle, frappe-t-elle de paralysie la région musculaire ainsi soustraite à l'influence nerveuse. Ce sont les muscles striés surtout qu'il importe pour nous de connaître, en ce sens qu'ils forment la plus grande partie de la masse du corps. Muscles striés ou extérieurs (fîg. 2 du texte). — Ces muscles, au nom- bre de 463 chez le cheval, d'après Rigot, ont reçu, comme les os, des noms particuliers rappelant, ou leurs usages, ou leur position, ou leur forme. On les a, en outre, divisés en larges, longs et courts; en droits, obliques, transverses et circulaires; en pairs et impairs, suivant leur Le Cheval. 2 18 GENERALITES. loime, leur direction, et leur situation par rapport au plan mi'idiuii du corps. Fig. 2. — Vue générale des muscles superficiels. 2, parotido-auriculaire ou abaisseur de reille. 3, cervico-auriculaires. 4, niasséter. 5, oi-biculaire des paupières. 11, muscles des lèvres et du nez. 12, niastoido-liuméral. 13, trapèze cervical. 14, trapèze dorsal. 15, grand dorsal. 18, petit pectoral. 19, pectoral profond. 20, sterno-maxillaire. 23, onioplat-hyoïdien. 24, sus-épineui. 25, sous-épineux. 30, court extenseur de l'avant-bras. 31, gros extenseur de l'avant-bras. 33, extenseur antérieur du métacarpe. 34, court fléchisseur do l'avant-bras. l'o- 35, extenseur antérieur des plialangcs. 3G, fléchisseur oblique du métacarpe. 51, fléchisseur interne du métacarpe. 46, angulaire de l'omoplate. 47, grand dentelé. 48, rhomboïde ou releveur propre de l'épaule. 49, petit dentelé postérieur. 50, splénius. 52, intercostaux externes. 54, fascia-lata. 55, long vaste. 56, moyeu fessier. 61, derai-tendinoux. 62, droit antérieur de la cuisse. 63, vaste externe. 05, jumeaux de la jambe. 68, fléchisseur profond des phalanges. 69, extenseur latéral des phalanges. 70, extenseur antérieur des phalanges. 74, grand oblique de l'abdomen. IDEES GÉiNERALES SUR L'ORGANISATION DU CHEVAL. 19 Chaque muscle a une attache fixe ou à! origine et uue attache mobile; la première répond au point du muscle qui reste le plus habituellement fixe pendant les contractions; la seconde, au levier déplacé par celles-ci. Ces attaches ont généralement lieu par l'intermédiaire de tendons ou à' aponévroses . Les tendons sont des cordons fibreux d'un blanc nacré, arrondis ou aplatis, très résistants, fixés sur les extrémités des muscles longs. Les aponévroses, au contraire, appartiennent aux muscles larges et sont plus larges, moins épaisses que les tendons. 11 entre dans la structure des muscles du tissu niiiscu/airc pro- prement dit, du tissu conjonctif sous la forme de lamelles délicates, d'aponévroses ou détendons; enfin, des vaisseaux et des ?ierfs. Contractio7i musculaire. — Les muscles, avons-nous dit, mettent en jeu la machine animale sous l'influence du système nerveux, qui les fait entrer en contraction. Il nous reste maintenant à analyser les phénomènes physiques qui accompagnent l'action musculaire. Quand un muscle se contracte, il se raccourcit. Ses deux extrémités se rapprochent si elles sont libres, ou l'une d'elles seulement va à la rencontre de l'autre, si celle-ci est fixe; mais, dans tous les cas, il y a production d'un mouvement. La contraction musculaire ne peut s'exécuter en permanence. Un muscle doit forcément avoir des intermittences de repos, sous peine d'être bien vite hors d'état de remplir ses fonctions. C'est pourquoi, d'ailleurs, dans les régions où l'action des muscles est incessante, la nature a placé des ligaments élastiques qui leur viennent en aide (ligament cervical, tunique abdominale, ligament suspenseur du boulet). Les muscles, en somme, jouissent tous de la faculté de se con- tracter; mais la force et l'étendue de leurs contractions varient suivant qu'ils sont entièrement libres ou qu'ils ont une résistance à vaincre, suivant la longueur des fibres musculaires, etc. — « On fixe la limite moyenne de l'étendue du raccourcissement d'un muscle au quart environ de ses fibres musculaires, disent MM. Chauveau et Arloing (I). (1) Chauveau et Arloing, Traité d'amUoiiùe comparée des aniriiaux domestiques, 'i" édi- lion, Paris, 1879, p. )fl6. 20 GENERALITES. D'après cela, on conçoit que le mouvement engendré par la contrac- tion d"un muscle sera d'autant plus grand que ses fibres seront plus Fig. 3. — VuG générale dos appareils de la digestion et de la sécrétion uriiiaire. 1, bouche. 2, pharynx ou arrière-bouche 3, œsophage. 4, diaphragme. 5, rate. 6, estomac (sac gauche' 0, gros côlon ou côlon replié (gros intestin). 10, cœcum (gros intestin). 11, circonvolutions de l'intestin grclc. 12, petit côlon ou côlon flottant. 13, rectum (dernière portion du gros intestin). I i, anus. 7, duodénum (première portion do l'intestin IT), rein gaucho et son uretère, grêle). 10, vessie. 8, foie (extrémité supérieure). 17, urèthre. longues. Du reste, dans cette appréciation, il faut tenir compte de la densité et de l'énergie de la fdjre, ainsi que de l'intensité du stimulant de la contraclililé. » IDEES GENERALES SUR L'ORGANISATION DU CHEVAL- 21 b. — APPAREII, DK LA DIGESTION. La dif/estion est la fouction à l'aide de laquelle les animaux extraient des aliments et des boissons introduits dans l'économie, les prin- cipes dont ils ont besoin pour l'entretien et la réparation de leurs organes. L'appareil dans lequel s'opère ce travail de préparation et d'ab- sorption des produits organisables est ïappareti digestifs long tube composé d'une suite de cavités rentlées ou tnbuliformes, qui se succèdent d'avant en arrière dans l'ordre suivant : la bouche, Yar- rière-botic/ie, Vœsophage, \ estomac^ et Vinlcslin (intestin grêle et gros intestin). Chacune de ces divisions du tube digestif est pourvue, sur son trajet, d'organes annexes qui sont : les glandes saUvaires, le foie, le patîo'éas et la rafe. La bouche, Y arrière-bouche et les glandes salivaires sont logées sous la mâchoire supérieure et la base du crâne; Vœsophage, sous la portion cervico-thoracique de la colonne vertébrale; V estomac, Yin- testin, le foie, le pancréas et \i\.rate, dans la grande cavité abdominale (fig. 3 du texte). (Voy. 111° partie, Tronc et cavité abdominale.) C. — APPAREIL DE LA RESPIRATION. La respiration est la fonction par laquelle l'air introduit dans les voies respiratoires abandonne une partie de son oxygène au sang veineux, et en sort chargé d'un excès d'acide carbonique. Celte absorption spéciale, qui a pour effet de transformer le sang veineux en sang artériel, s'effectue dans le poumon, organe spongieux creusé d'une foule de petites cavités dites vésicules pulmonaires, dont les minces parois, traversées par une multitude de vaisseaux capil- laires, permettent à l'air atmosphérique de céder son oxygène au sang qui circule dans ces capillaires, et au fluide sanguin de se débarrasser de son excès d'acide carbonique. Le poumon se trouve logé dans la cavité thoraciçue, dont il suit les mouvements alternatifs de dilatation et de reBserrement, c'est-à-dire d'inspiration et d'expiration. 22 GÉNÉRALITÉS. Il est en communiciiliou avec l'air extérieur par deux séries de canaux se faisant suite : 1° Un tube impair comprenant le larynx^ qui le commence, la Fig. 4. — Vue généra'e'de'rapparell de la respiration. 1, cavité crânienne. 2, poclie gutturale. 3, cavités nasales. 4, langue. 5, cavité pharyngienne. C, cavité du larynx. 7, épiglotto. 8, trachée. 9, œsophage. 10, bronche gauche coupée. 11, bronche droite se ramifiant dans le tissu pulmonaire. 12, poumon droit. 13, poumon gauche vu en dessus. 14, sternum, l.'i, côles. 15', section des côtes gauches. 16, cœur. n, aorte postérieure. 18, aorte antérieure. Iracli('i', qui en forme le corps ou la partie moyenue, et les bronches, qui le terminent. 2° Les cavités nasales, fosses paires qui aboutissent dans le pbarynx, IDÉES GÉNÉIIALES SUR L'ORGANISATION DU CHliVAL. 23 OU arrière-bouche, et commencent par deux orifices, les naseaux, percés à l'extréniilé antérieure de la tète. A chaque mouvement d'inspiration, la poitrine s'agrandit, le vide se fait dans le poumon, et nue certaine quantité d'air s'y introduit; immédiatement après, les côtes soulevées s'abaissent, compriment le poumon, et l'air en est expulsé (expiration). Pendant ce temps, les phénomènes chimiques qui constituent l'essence même de la respiration, et dont nous avons dit un mot au début, out eu le temps de s'accomplir (fig. 4 du texte). (Voy. 111° partie. Tronc et rarifr tlinrarir/ue.) d. — APPAREIL DE LA CinCLlLATION. L'économie animale est incessamment parcourue par des tluides, au nombre de deux: le s:aiiç et la lymphe. Ces fluides circulent dans des vaisseaux formés par des membranes élastiques et contractiles disposées eu canaux. On distingue des vaisseaux veineux ou veines., des vaisseaux artériels ou artères, et des vaisseaux lymphatiques. Les vaisseaux veineux et artériels charrient du sang noir ou rouge: les vaisseaux lymphatiques charrient de la lymphe ou sang blanc, qu'ils puisent au sein de la plupart des organes. Dans les veines, le sang est noir et coule de la périphérie vers un organe central, le cœur ; daus les altères, au contraire, le sang est rouge et coule du centre vers la périphérie. Quand on sectionne un vaisseau sanguin, on reconnaît si l'on a affaire à une veine ou à une artère, non seulement par la couleur et la direction différentes du liquide sanguin; mais encore à cette parti- cularité que le sang veineux coule lentement du vaisseau sectionné, tandis que le sang artériel s'en échappe avec force, formant uu jet plus ou moins vigoureux. Les artères se terminent dans l'épaisseur des tissus par des ramus- cules fort ténus et très nombreux s'anasiomosant enire eux pour se reconstituer de proche en proche en rameaux de plus en plus consi- dérables et donner naissance aux veines. L'ensemble de ces vaisseaux microscopiques, iutermédiaires aux veines et aux artères, constitue le système capillaire. (i L'appareil de la circulation comprend donc : 1° le cœur, organe 24 GÉNÉRALITÉS. central préposé à l'impulsiou du sang; 2° un système de vaisseaux Fig. 5. — Vue générale de l'appareil de la cir(;ulali cœur (ventricule droit). cœur (ventricule gauclie). cœur (oreillette gauche). artère pulmonaire. veines pulmonaires. aorte antérieure. artère carotide primitive. artère maxillaire externe. artère axillaire gauclie. artère dorsale. artère cervicale. artère vertébrale. artère liumérale. artère radiale. artère collatérale du canon. cercle ou rameau coronaire. aorte postérieure. 18, tronc cœliaque se distribuant à l'estomac. 10, artère grande mésentérique. ?0, artères rénales. 21, artères spermatiques ou gr.indes testicu- laires. 22, veine cave postérieure. 23, veine porte. 24, artères iliaques externes. 25, artères iliaques internes. 26, artère sous-sacrée. 27, artère fémorale. 28, artère tibiale postérieure. 29, artères digitales. 30, réseau veineux du pied. 31, veine saplièno. 32, veine de l'ars. 33, veine jugulaire. centrifuges, les artères, qui, du cœur, portent le sang dans les IDÉES GÉNÉRALES SUR L'ORGANISATION DU CHEVAL. 23 organes; 3° un système de vaisseaux centripètes, les vemes, qui ramènent au cœur le lluide nourricier; 4° les lymphatiques, système centripète accessoire, chargé d'apporter la lymphe dans le cercle vasculaire sanguin (1) (fig. 5 du texte). » (Voy. 111° partie, Tronc et cac/tc thoraciqiie.) e. — APPAKEIL DE L'INNERVATION. L'appareil de \ innervation covL\[)V(inA une partie centrale logée dans le canal rachidien [axe enccp/ialo-rac/i/dien, constitué ])a.vYencép//ale et la moelle épinière), et une partie périphérique représentée par une double série de branches qui s'échappent latéralement de la tige centrale et vont se distribuer dans toutes les parties du corps. Ces l>ranches constituent les nerfs. Ce sont des cordons conducteurs qui, fonctionnant un peu à la ma- nière des fils télégraphiques, transmettent des parties aux centres (racines supérieures, à condactibiUté centripète) les sensations perçues, et du centre aux organes du mouvement (racines inférieures, à con- ductibilité centrifuge) les ordres d'agir. C'est ainsi que, dans la diges- tion, par exemple, l'excitation exercée par les aliments sur les fibres nerveuses du tube intestinal, à conductibilité centripète, est transmise par ces fibres à l'axe médullaire, puis réfléchie sur les fibres à con- ductibilité centrifuge, et ramenée par elles dans l'estomac, dont ellii met en jeu les propriétés spéciales. En résumé, tous les nerfs prennent leur origine sur l'axe encéphalo- rachidien par deux catégories de radicules : les unes, supérieures, constituent les racines sensitives ; les autres, inférieures, constituent les racines motrices. Quelques nerfs seulement ne comprennent qu'une seule espèce de fibres, et ces nerfs appartiennent tous à l'encéphale. A leur sortie du conduit osseux qui leur livre passage, les racines supérieures et les racines inférieures se réunissent généralement en un gros tronc commun qui conserve ses propriétés tant qu'il est en communication avec les centres; mais, si on le coupe dans un point de sa longueur, le bout communiquant avec l'axe spinal reste seul avec ses caractères; la partie périphérique dégénère et devient (I) A. Chauveau el S. Arloing, Traité d'anatomie comparée des animaux domestiquer, 3° édilion, Paris, 1879, p. u6i. 26 GENERALITES. impropre à conduire les impressions sensitives ou à transmettre les excitations motrices volontaires. C'est sur cette particularité qu'est Fig. G. — Vue générale de l'appareil de l'innorvation. encéphale. nerf optique. maxillaire supérieur. maxillaire inférieur. nerf vague ou pneumogastrique. moelle épinière. plexus brachial droit. nerf pré-humoral. humerai antérieur. humerai moyen. humerai postérieur. pneumogastrique. portioii gastrique du plexus solaire. li, ganglion semi-lunaire, centre du plexus so- laire. 15, plexus lombo-sacré gauche. 16, nerf fémoral antérieur et nerf saphène. 17, tronc sciatique. 18, nerf petit fémoro-poplité ou sciatique po- plité externe. 19, nerf grand fémoro-popliléou grand sciatique. 50, nerf tibial postérieur. 21, nerf plantaire. 22, nerf cubito-plantaire ou médian. 23, nerf plantaire. 2'(,24, branches terminales du nerf plantaire. basée la névrotomie plantaire, opération consistant dans la section du cordon nerveux qui se rend au point douloureux du pied et cause sa IDEES GEiNERALES SUR L'ORGANISATION DU CHEVAL. 27 sensibilité. Par suite de cette opération, la douleur disparaît et le cheval cesse de boiter. Il y a lieu de faire remarquer que le système nerveux n'agit pas directement dans les actes de la nutrition, bien qu'il ait une action importante sur les organes de la vie végétative. L'anéantissement des nerfs d'une région, par suite de la paralysie des vaisseaux qui en est la conséquence, réduit le mouvement nutritif, mais ne le sup- prime pas. Les nerfs sont formés d'une série de tubes contenant une matière pulpeuse et placés les uns à côté des autres. Ces tubes sont enveloppés dans une gaîne appelée névrilèmc. Au point de réunion des racines sensitives et des racines motrices .'^e trouve un renflement grisâtre appartenant exclusivement aux fibres supérieures, appelé ^fl??*;//^?*, à peu près de même nature que les nerfs. Il existe également un grand nombre de ganglions sur tout le trajet des rameaux nerveux destinés aux organes de la vie de nutrition (poumon, estomac, intestin, etc.); d'où le nom Ae nerfs ganglionnaires, nerfs de la vie organique, donné à ces rameaux, pour les distinguer des autres, qui sont dits nerfs de la vie animale ou de relation (fig. 6 du texte). L'harmonie la plus parfaite doit exister entre le système nerveux, qui commande, et les muscles, qui obéissent. Sans cette condition essentielle, il n'est pas de bon cheval, eût-il du sang d'Eclipsé dans les veines. Nous examinerons ultérieurement les propriétés de l'encéphale et de la moelle épinière. (Voy. III" partie, Tête.) f. — APPAREILS DES SÉCRÉTIONS. Les sécrétions ont pour but d'éliminer du sang certains liquides qui jouent dans l'économie des rôles divers (lait, bile, urine, sperme, etc.). Les glandes, oh. se forment ces produits variés, présentent des ca- ractères très différents : les unes ont la forme de sacs clos de toutes parts (vésicules qui contiennent la graisse, ovaires, rate, membranes synoviales) ; d'autres sont en tubes (glandes de l'estomac et de l'intes- tin, glandes sébacées et sudoripares, reins, etc.). Enfin, il en est qui 28 GÉNÉRALITÉS. participent de la forme des deux variétés précédentes, en ce sens qu'elles sont constituées par des tubes annexés à des vésicules (glandes salivaires, foie, mamelles). On les divise en glandes fermées (ovaire) et en glandes à conduit ex- créteur (rein, foie, glandes salivaires, etc.). Bien que chacune de ces glandes lire du sang des produits ayant une action propre, déterminée, la plupart d'entre elles ne remplissent pas, à proprement parler, de fonctions physiologiques spéciales, indé- pendantes, en ce sens qu'elles concourent le plus souvent, de concert avec un certain nombre d'autres organes, à l'accomplissement des grandes fonctions de digestion (glandes salivaires, de l'estomac et de l'intestin, foie, rate), de génération (testicules, ovaires, mamelles), de locomotion (membranes synoviales), etc. Aussi, afin de ne pas nous répéter inutilement, passerons-nous exclusivement en revue ici ceux des organes glandulaires non compris dans l'un ou dans l'autre des différents appareils qui composent l'organisme ; encore ne parlerons-nous même pas des glandes thyroïdes, du thymus et des capsules surrénales, dont le rôle est à la fois peu important et mal connu. r Sécrétion urinaire. — La sécrétion ou la dépuration iiri- naire, la plus importante de toutes les sécrétions, a pour objet d'éli- miner du sang, avec l'eau excédante et d'autres substances accessoires, les résidus azotés qui proviennent du mouvement vital. L'appareil à l'aide duquel s'exécute cette fonction comprend : 1° les reins, organes glanduleux situés à droite et à gauche de la région sous-lombaire qui, par une sorte de filti'atioii du liquide sanguin, re- tiennent les éléments de l'urine ; T les uretères, chargés de trans- porter ce dernier liquide dans la vessie, au fur et à mesure de sa for- mation ; 3° la vessie, réservoir spécial logé à l'entrée de la cavité pelvienne, oii l'urine s'accumule en plus ou moins grande quantité; 4" le ciinal de l'iirèthre, par lequel l'urine est expulsée au dehors à des intervalles inégaux (fig. 3 du texte). (Voy. 111° partie. Tronc et cavité abdominale .) 2° Sécrétion cutanée. — Eu outre d'autres propriétés impor- tantes, la peau, grâce à la présence, dans son épaisseur, d'une mul- titude de glandes {glandes sudoripares et sébacées), jouit de la faculté de produire, soit une vapeur invisible [trcmspiration insensible), soit IDEES GENERALES SUIl L'ORGANISATION DU CHKVAL. 29 un liquide {Iranspiration sensible), soit enfiu un corps gras, onctueux, la matière sébacée. La sécrétion cutanée joue un grand rôle dans l'économie, en ce sens qu'elle en expulse certains produits nuisibles. Sa suppression et inôme sa diminution occasiouneut des maladies graves. 3° Sécrétion de la gi^aisse. — La graisse est sécrétée par de petites cellules arrondies, microscopiques, complètement closes, lo- gées dans les mailles du tissu cellulaire [tissu adipeux). Les condi- tions qui en favorisent la formation dépendent, les unes du sujet, les autres des circonstances hygiéniques dans lesquelles il se trouve placé. 4° Sécrétion ou. exhalation de la sérosité cellulaire. — Celte sécrétion a lieu au sein des lamelles et des fibrilles du tissu cellulaire (I). Son rôle est de faciliter le déplacement des parties que ce tissu réunit. L'exhalation de la sérosité cellulaire est surtout manifeste à la face interne de la peau, dans les enveloppes de l'axe eucéphalo-rachidien, etc., et d'autant plus abondante que les chevaux sont plus mous, plus lymphatiques. C'est ainsi qu'on voit souvent la partie inférieure des membres s'engorger chez les animaux des pays humides, chez ceux mêmes qui séjournent longtemps dans l'écurie sans prendre d'exer- cice. g- — APPAREILS DES SENS. En parlant des nerfs se?isibies, nous avons dit qu'ils avaient pour usage principal de transmettre à l'encéphale les excitations provenant de l'extérieur. Il s'en suit que ces nerfs représentent les instruments essentiels des sensations^ et les organes dans lesquels ils se rendent constituent les appareils des sens. Ceux-ci sont au nombre de cinq, savoir : Vap- pareil du toucher (peau, poils, sabots) ; Yappareil du goût (langue), l'appareil de l'odorat (cavités nasales), Yappareil de l'ouie (oreilles), et V appareil de la vue (yeux). Il nous suffit pour le moment de les énumérer. (1) On sait que le tissu cellulaire est plus ou moins lâche et formé de fllaments en- tre-croisés circonscrivant des mailles qui contiennent des capillaires et des vésicules adipeuses. 11 conslilue à chaque organe une enveloppe générale, pénètre dans son iiilé- rieur, et détermine la forme de toutes les parties du corps, qu'il sépare ou réunit. 30 GÉNÉRALITÉS. APPAUEILS DE LA GÉNÉRATION. La génération est la fonction par laquelle les animaux se repro- duisent et propagent les espèces. « Les individus^ dans le règne organique, disent MM. Chauveau et Arlolng (1), possèdent la faculté de se reproduire et de propager ainsi l'espèce à laquelle ils appartiennent. Dans les animaux mammifères, la génération d'un nouvel être exige le concours de deux individus, l'un mâle et l'autre femelle, qui s'accouplent dans certaines circons- tances déterminées. Celle-ci fournit un germe, Voinde, et le premier une liqueur fécondante, le sperme, qui anime le germe et le rend apte à se développer. » L'appareil de la génération comprend, en somme, les organes génitaux ou générateurs du mâle et les organes génitaux de la femelle, que nous étudierons plus tard. (Voir 111° partie, Tronc et cavité abdominale.) B. - itlKSIBKAKUS LIMITANTES OU TÉGUMENTAIUES. (PEAn ET MOQUEUSES.) Tous les organes des animaux sont déposés entre deux membranes nommées membranes limitantes ou tégumentaires. Cesontla;)m« elles muqueuses, à la description générale desquelles nous allons consacrer ce paragraphe. 1° Peau. — La peau, comme un voile protecteur, enveloppe tout le corps de l'animal et se continue au pourtour des ouvertures natu- relles avec le tégument interne ou les membranes muqueuses tapissant les différents organes situés à l'intérieur du corps (on a des exemples de cette Continuité de tissus aux ouvertures nasales et à l'anus). Elle se moule sur les diverses parties du corps et en accuse plus ou moins les saillies et les dépressions. Chez les chevaux énergiques, à tempérament sanguin ou nerveux, la peau fine laisse parfaitement voie les muscles et les vaisseaux ; sous la moindre tension musculaire, les reliefs s'accentuent, les dépressions se creusent; de sorte qu'il est presque possible de faire (1) Chauveau et Arloing, loc. cit., p. 930. IDEES GENERALES SUR L'ORCiANISATION DU CHEVAL. 31 l'auatomie des régions superficielles du cheval sans recourir au dépè- cemeut. Au contraire, chez les chevaux mous, lymphatiques, la peau, plus ou moius épaisse, comble en grande partie les dépressions super- ficielles, el il est impossible de reconnaître exlérieuremenl la sépara- tion des muscles et des régions. Il en résulte que la texture, l'aspect général du tégument externe, offrent des renseignements précieux qu'il ne faut point négliger, soit pour s'orienter à la surface du corps et le diviser en régions, soit pour figurer sur la toile les reliefs des muscles ou les plis impri- més à l'enveloppe externe du corps par la répétition constante des mêmes mouvements, soil enfin pour juger de la valeur, de l'énergie du cheval. La peau se compose du derme et de l'cpiderme. Le derme, partie profonde et principale de la peau, contient dans sou épaisseur des vaisseaux, des nerfs, et une multitude de glandes [glamles sudoripares et sébacées) dont nous connaissons les usages. 11 adhère au corps d'autant plus intimement qu'on se rapproche plus de la ligne médiane. Son épaisseur elle-même varie suivant les régions oîi ou l'examine ; le derme est beaucoup plus mince dans les points qui se trouvent natu- rellement protégés contre les violences extérieures, comme la face interne et le côté de la flexion des membres, l'entre-deux des cuisses, le dessous du ventre, les régions périnéale, inguinale et axillaire, les bourses, etc. 11 est aussi fort peu épais au pourtour des ouvertures naturelles, pour établir une transition insensible entre le tégument interne et le tégument externe. Par contre, il présente son maximum d'épaisseur à la nuque, sur le dos et les lombes, à la face externe des membres et du côté de l'estensiou. Restent les faces latérales du tronc et les parties inférieures de la tête, dont le revêtement cutané offre une épaisseur moyenne. Jointes à la connaissance exacte de la situation des parties sous- jacentes (voy. HP partie, Structure et fonctions), ces données, nous le répétons, seront d'un utile secours, non seulement pour les chirur- giens, mais encore pour les peintres et les sculpteurs, auxquels elles permettront de reproduire fidèlement les reliefs et les dépressions de la surface du corps. Vépiderme recouvre le derme à la façon d'un vernis protecteur ; à 32 GÉNÉRALITÉS. sa face interne, on trouve le pigment, matière colorante dont l'aiisence constitue, à la peau, le ladre, et à l'iris, l'œil vairon. La peau est recouverte sur toute sa surface, excepté aux ouvertures naturelles, de filaments plus ou moins lougs, de uature cornée, appelés ;;':>?7.v ; leur finesse indique l'énergie du cheval ; leur brillant et leur solide implantation, tous les signes d'une bonne santé. Il y alieu de distinguer, chez le cheval, les crins des poils proprement dits. Ceux-ci sont généralement fins, courts et répandus en une couche continue constituant la ;vj^e (voy. 11° partie, i?o^es). Ceux-là, longs et flottants, n'occupent que certaines parties déterminées de la surface du corps, telles que le sommet de la tête, le bord supérieur de l'en- colure, l'appendice caudal, oîi ils forment le toupet., la crinière et la queue. D'autres poils, enfin, constituent les organes spéciaux connus sous les noms de cils et de tentacules des lèvres. Chaque poil présente une partie libre ou tii/e, et une racine ren- fermée dans une cavité du derme dite follicule pileux ; cette dernière est renflée à sa base et embrasse un petit prolongement conique, la papille ou germe du poil., qui apporte à celui-ci les éléments de sou accroissement et de son entretien. En arrivant à l'extrémité du. doigt, l'enveloppe cutanée se modifie : son derme constitue l'enveloppe intérieure du pied [bourrelet, tissus feuilleté et velouté), et son épiderme forme l'enveloppe cornée connue sous le nom de sabot (voy. Il' partie, Pied). La surface tégumentaire tout entière représente Vorgane du toucher, ainsi que nous l'avons dit déjà; mais cette surface offre, comme chez l'homme, certaines régions privilégiées qui jouent un rôle beaucoup plus actif que les autres dans l'exercice de ce sens : ce sont les quatre extrémités et les lèvres. La peau joue, en outre, le rôle de surface absorbante. Elle peut ab- sorber les gaz, les solutions salines, diverses matières organiques so- lubles, même les corps gras. L'absorption de l'oxygène, par exemple, est manifeste, quoiqu'elle ait Heu à un degré très restreint. Sa sup- pression peut, eu effet, causer l'asphyxie, comme ou le démontre en goudronnant des chevaux sur toute la surface du corps ; car celte opé- ration entraîne infaiUiblement la mort. C'est donc un adjuvant de l'ap- pareil pulmonaire. 2" Muqueuses. — Les membranes muqueuses, ou tégument in- CONFORMATIONS ANORMALES. 33 terne, ont une structure analogue à celle de la peau. Elles présentent des papilles, des \illosités, des glandes, des vaisseaux, des nerfs, etc., et résultent de la superposition de deux couches : le derme elYépil/ié- liiim ou épidenne. •L'absorption y est très active, au moins dans la plupart des cas, ainsi que nous le verrons eu étudiant les fonctions des organes ta- pissés par les muqueuses. CHAPITRE IV CONFORMATIONS ANORMALES Maintenant que nous connaissons l'organisation générale du che- val construit d'après le type spécifique ou normal, il nous reste à dire un mot des quelques cas de conformations anormales qu'on ren- contre exceptionnellement chez certains sujets. Nous entendons par conformation anormale toute dérogation aux conditions ordinaires de la structure du corps. Aussi, examinerons- nous sous ce titre les anomalies, les vices de conformation, les mons- truosités, les mauvaises conformations, les dé formations et les herma- phrodismes. 1° Anomalies. — Bien que, scienlifiquement, le mot anomalie soit pris comme synonyme de vice de conformation, de monstruosité, on le réserve d'ordinaire pour désigner tout ce qui s'éloigne de la règle, qui est contraire à l'ordre naturel, sans toutefois modifier sen- siblement la forme extérieure du corps, sans même apporter aucun trouble dans ses fonctions. En physiologie, il y a anomalie quand les phénomènes ne suivent pas les lois connues. La digestion de la viande par le cheval, animal herbivore, constitue un exemple, non absolument rare, d'anomalie physiologique. En analomie, on donne le nom d'anomalie à tout ce qui s'éloigne du type commun à l'âge, à l'espèce, au sexe. Elle consiste générale- ment alors en un changement dans le nombre ou la position de cer- tains organes. Telle l'augmentation ou la diminution du nombre des vertèbres et des côtes ; la présence d'un muscle dans une région où Le Cheval. A 34 GÉNÉRALITÉS. on ne le rencunlre pas d'ordinaire ; la persistance de la cavilé den- taire extérieure sur la surface de frottement, à une époque où elle aurait dû disparaître (voy. 11° partie, Age, Cheval hê(ju) ; la présence de cornes rudimentaires chez certains chevaux, etc., etc. 2° Vices de conformation. — L'anomalie prend plus particu- lièrement le nom de vice de conformation quand l'organisation est affectée d'une manière profonde. Nous signalerons comme exemples de vices de conformation : l'atrophie de la vessie ; la nou-perforatiou de l'anus, de la vulve ; l'adhérence de la langue à la face interne de la joue, comme nous avons eu l'occasion d'en observer uu cas tout récemment h l'autopsie d'un poulain de pur sang anglais qui, n'ayant pu téter sa mère par suite de ce vice de couformation, dont on n'avait pas soupçonné l'existence durant sa vie, était mort de faim peu de temps après sa naissance. 3° Monstruosités. — Nous appliquerons spécialement le mot monstruosité aux déformations les plus considérables qu'apporte l'animal en naissant, et qui lui donnent un aspect hideux ou bi- zarre [mmistre). Dans l'antiquité, l'apparition d'un monstre était regardée comme un signe de la colère des dieux, et les populations s'en affligeaient comme d'une calamité. A Athènes et à Rome, on faisait des prières publiques lorsqu'il naissait des enfants difformes. Il y a peu de temps encore, chez nous, la naissance d'un monstre élait considérée comme un mauvais présage et attribuée à l'influence des astres, des sorciers, du démon, etc. La plupart des médecins et des naturalistes ne voyaient eux-mêmes dans les monstres que des jeux de la nature, des êtres allranchis de toute règle et de toute loi. Ce n'est que vers la fin du dix-huitième siècle et au commencement de celui-ci que la vérité s'est fait jour sur la nature de ces êtres, qui sont généralement regardés aujourd'hui comme résultant d'un arrêt de développement, d'une altération quel- conque que le nouvel animal éprouve dans le sein de sa mère par suite de chute, de coup, d'impression morale violente, de l'influence de la vue d'objets qui frappent l'imagination, de l'hérédité, de la grande différence de taille des reproducteurs, etc., etc. Comme on constate, d'uu autre côté, que les monstres n'échappent pas aux lois générales de l'organisation, que la plupart représentent, CONFORMATIONS ANORMALES. 35 dune manière plus ou moins parfaite, fètat normal des animaux des classes inférieures, les ualuralisles, entre autres BufTon, Meckel, Mar- tin Saint-Ange, Etienne Geoffroy Saiut-Hilaire et plus tard son fils Isidore Geoffroy Saint-Hilaire, etc., en ont fait une classification à part. C'est ainsi qu'Isidore Geoffroy Saint-Hilaire divise les monstres en deux classes : les monstres simples ou unitaires, et les monstres compo- sés, doubles ou triples. Chaque classe comprend plusieurs ordres renfermant un certain nombre de familles. Comme exemples de monstres simples, nous citerons ceux chez les- quels il y a avortementplus ou moins complet des membres [ectromé- liens), réunion des membres [syméliens), etc. Parmi les monstres doubles, ou peut signaler les bicêphaliens, qui présentent deux têtes sur un ou sur deux corps ; les monocéphaliens, dont les corps, tantôt séparés, tantôt réunis, sont surmontés d'une tète unique et simple ; les polt/mcliens, où il y a tète et corps uniques avec membres surnuméraires : tel ce cheval didactyle sauvage que l'on faisait voir à Paris, il y a quelques années, et qui présentait, à chaque membre, nu doigt supplémentaire parfaitement développé. Certaines monstruosités, enfin, peuvent être dues à des maladies du fœtus (rac/iitisnw, ankylose, hydrocéphalie, etc.). Quoique l'on ne conserve généralement pas les chevaux présentant une des anomalies précédentes, il y a lieu de supposer que les mons- truosités sont héréditaires chez ces animaux, comme eUes le sont chez l'homme, le chien, etc. La plupart du temps, surtout en vétérinaire, où il ne suffit pas de conserver la vie à l'individu, mais où il faut le rendre propre à un service, on n'a pas de bons résultais à espérer de l'opération, et il vaut mieux immédiatement faire le sacrifice du sujet. 4° Mauvaises conformations. — On doit entendre par mau- vaise conformation, chez le cheval, toute conformation indiquant un manque de force, de vigueur, d'énergie (voy. 11° partie. Notions pré- liminaires , défectuosités) . 5° Déformations. — La déformation est l'état d'une ou de plusieurs parties du corps dont la forme naturelle, primitive, a été altérée. 30 GENERALITES. Les déformations sont toujours aiiJficielles et reconnaissent pour causes, chez le cheval, le travail, la nourriture, le dressage, etc. C'est ainsi que les animaux de selle et de hât présentent souvent une défor- mation de la région dorsale (dos ensellé), et que les chevaux exclusi- vement nourris de foin et de paille ont le ventre tombant (ventre de vache). 6° Hermaphrodismes. — L'hermaphrodisme est un vice de conformation particulier consistant en la réunion, chez un même in- dividu, des sexes ou de quelques-uns de leurs caractères. L'hermaphrodisme vrai, avec présence des testicules et des ovaires bien développés sur le même sujet, n'existe que chez certains animaux inférieurs. On ne l'observe jamais chez les mammifères supérieurs, où l'hermaphrodisme, quand il existe par hasard, consiste tout sim- plement en la présence, sur le même individu, de quelques vestiges des attributs des deux sexes. Si incomplets que soient les détails dans lesquels nous venons d'en- trer relativement aux conformations anormales, ils permettront néan- moins au lecteur de se faire de celles-ci une idée suffisamment exacte pour les distinguer de la conformation ordinaire, en saisir les inconvénients, et souvent même les causes. DEUXIÈME PARTIE EXTÉRIEUR CHAPITRE PREMIER NOTIONS PRÉLIMINAIRES A. — OBJET, DIT I.T UTILITÉ DK L'EXTÉRIEIR. \J extérieur est la partie de l'hippologie qui permet de reconnaître, par l'examen de la conformation extérieure du cheval, sa beauté, ses bonnes ou ses mauvaises qualités, les maladies qui diminuent sa valeur, et les particularités de sa conformation qui le rendent plus ou moins apte h tel ou tel service. C'est donc une science essentiellement appli- quée, nécessitant non-seulement la connaissance générale de la slruC' lure et des fonctions de la machine du cheval, mais encore quelques éléments de mécanique et de pathologie. L'avantage incontestable que donne la possession sérieuse de ces notions préliminaires n'empêche même pas l'étude de la conformation extérieure du cheval d'être un sujet hérissé de diftîcultés, qu'on ne peut réellement bien posséder qu'après une longue pratique. Si les données théoriques diminuent cet apprentissage par lequel doit passer tout homme de cheval, si elles per- mettent d'acquérir plus vite ce jugement, ce coup (l'œ/l qui distingue le véritable connaisseur du routinier ou de l'ignorant, il n'eu est pas moins vrai que, pour touchera la perfection, il faut, en outre, avoir vu beau- coup, avoir exercé ce sens qui permet de reconnaître immédiatement, dans un cheval, le point faible, la défectuosité, la tare de telle ou telle région, ce sens enfin qui fait l'artiste. Et il faut non seulement l'exercer 38 EXTÉRIEUR. soiivoiit, toujours, mais encore intelligemmeni, sans irlée fixe, sans parti pris, il faut se garder, en somme, d'adoplerun type, une race, en deliors desquels on ne trouve rien de i)ien. A ce propos, qu'on n'oublie jamais qu'il y a de bons cbevaux dans tous les pays, dans toutes les races. B. — nFAUTiis, nÉFKCTUosiTÉs, TAnns, vicrs et défauts. (définitions générales) Avant d'entreprendre l'étude des régions extérieures du cheval, nous devons nous arrêter un instant sur certaines expressions souvent employées et dont il est bon de connaître la signification exacte. a. — BEAUTÉS. On entend par beauté, en extérieur, non pas ce qui plaît à l'œil de l'observateur, mais ce qui indique la force et l'énergie, ce qui est qualifié de bon par le connaisseur. Beauté sera donc synonyme de bonté toutes les fois qu'une ou plusieurs régions prises isolément seront considérées comme belles par l'homme compétent, en môme temps que l'ensemble de l'animal sera en proportion, que l'énergie vitale existera à un degré convenable. Moins que tout autre, l'Arabe s'est laissé séduire par celte beauté qui flatte l'œil de l'ignorant. C'est ainsi qu'il dira, en voyant un bel étalon qui ne doit ses formes brillantes qu'à un excès de nourriture ou à l'inaction : « JSe ?îoiis pressons pas, voyons-le à l'œuvre ; il ni/ a peut-être là quhine peau de lion sur le clos d'une vache. » On distingue des beautés absolues et des beautés relatives. Les beautés absolues conviennent à tous les genres de services : selle, trait léger, gros trait. Des articulations larges, des muscles denses, des aplombs réguliers, sont des beautés absolues. Les beautés relatives, au contraire, conviennent plus spécialement à tel ou tel service. Une croupe et un rein doubles, un poitrail très large, des membres courts, sont des beautés de premier ordre pour le cheval de gros trait et des défauts pour le cheval de selle. I). — DÉFEClUOSrrÉS. Les défectuosités consistent dans l'absence d'un ou de plusieurs NOTIONS PRÉLIMINAIRES. ^^ des caractères qui constituent la beauté des régions. Elles sont dites absolues, relatives, congénitales ou acquises. Les défectuosités absolues diminuent la valeur du cheval, quel que soit le service auquel on le destine ; tels les membres grêles, la poitrine étroite. Les déjectwmlés reluliocs ne sont des défauts que relativement à l'utilisation du cheval. Ainsi, un dos ensellé est une défectuosité grave pour un cheval de selle, tandis que celte conformation nuit peu ou pas au cheval de trait. Les défectuosités congénitales sont apportées par le cheval eu nais- sant. (Exemple: cheval brassicourt.) Les défectuosités acquises, au contraire, proviennent de l'utilisation, de l'usure. (Exemple : cheval arqué.) Ou entend par tare » toute trace apparente de dépréciation ayant son siège à la peau ou dans les parties sous-jacentes » (1); telles les traces laissées par le feu, le tord-nez, les sétons, les vésicaloires, etc. Mais on comprend plus particulièrement sous cette dénomination des tumeurs dures ou molles placées le long des rayons osseux et autour des articulations. Celles-ci gênent plus ou moins les mouvements des membres et font très souvent boiter le cheval (voy. 11° partie. Tares des membres, et pi. V). d. — VICES ET DÉFAUTS. Le vice résulte du mauvais caractère de l'individu ou de la mau- vaise éducation qu'il a reçue (le cheval qui mord, rue, se cabre, etc., est un cheval vicieux). C'est une imperfection morale grave. Le défaut, au contraire, est une imperfection morale légère (voy. Il" partie, Des chevaux vicieux). C. — PRINCIPES DE MÉCANIQUE. a. — CENTRE DE GRAVITÉ, SA SITUATION CHEZ LE CHEVAL. La détermination du centre de gravité, chez les animaux, offre de nombreuses difficultés, grâce aux déplacements continuels des parli- (I) Cioubaux et Barricr, T)e l'extérieur du chaiil,[VdT\s, 1884, p. 7. 40 EXTERIEUR. cules matérielles dues aux fonctions digestives, au jeu des organes, aux attitudes diverses du corps, etc., etc. Aussi, ce point, chez le cheval, n'a-t-il jamais été déterminé d'une façon absolument exacte. Pour Borelli, il serait situé au milieu de la hauteur du tronc, et la ligne de gravitation viendrait tomber au centre du quadrilatère formé parles quatre membres. D'après M. Colin, professeur à Alfort, le centre de gravité corres- Fig. 7. — Coutre do gravite chez le clieval. pond à peu près, chez le cheval, à l'intersection de deux lignes, l'une verticale, tombant en arrière de l'appendice xiphoïde du sternum, l'autre horizontale, séparant le tiers moyen du tiers inférieur du corps. Le même auteur ajoute plus loin que la position du centre de gravité doit varier beaucoup chez les animaux, dont la tète, l'encolure, l'ab- domen et la croupe offrent des proporlions si diverses (fig. 7 du texte). NOTIONS PRÉLIMINAIRES. 41 Le général Morris et l'écuyer Baucher, d'une part, le général Morris et M. Bellauger, vétérinaire militaire, d'autre part, ont cons- taté expérimentalement, à l'aide de pesées, les déplacements du centre de gravité en changeant la situation de la tête et de l'encolure, ainsi que celle du cavalier. « On peut remarquer dans ces différentes pesées, conclut le général Morris : que le poids de l'avant-main l'em- porte à peu près d'un neuvième du poids total sur celui de l'arrière- niain ; que le changement de position de la tète fait varier les poids de 10 kilogrammes de l'avant-main sur l'arrière-main ; que les encolures longues donnent plus de poids à l'avant-main que les encolures cour- tes et fortes; que l'avant-main est plus pesant que l'arrière-main, de sorte que la progression a lieu naturellement sans que le cheval soit obligé d'employer d'autres forces que celles nécessaires au dépla- cement d'un neuvième de son poids. » h. — RASE DE SUSTENTATION, ÉQUILIBRE. On appelle base de sustentation l'espace occupé par un corps sur le sol, si ce corps présente une surface continue, ou encore l'espace compris entre les lignes joignant les points d'appui, quand le corps repose sur le sol par plusieurs points. Véçi/iiibre est le repos d'un corps produit par deux ou plusieurs forces qui se compensent en agissant dans des directions différentes et souvent opposées. Si une de ces forces vient à diminuer ou à cesser d'agir, l'équilibre est rompu et il y a mouvement dans le sens de la puissance prépondérante. Les solides sont eu équilibre quand leur centre de gravité est soutenu, ou plutôt quand la verticale, passant par le centre de gravité, tombe dans l'intérieur de la base de sus- tentation. L'équihbre est stable ou instable suivant que le centre de gravité est placé très bas ou très haut, ou suivant que la base de sustentation est large ou étroite relativement à la hauteur du corps. 11 est admis en principe ({{iime allure est d autant plus rapide que [équilibre est plus instable. C'est frâce à la grande instabilité de l'équilibre du corps dans le galop que cette allure est la plus accélérée de toutes. 42 EXTERIEUR. r. — LEVIERS. En se contractant, les muscles mettent en jeu la machine animale par l'intermédiaire des os, qui jouent alors le rôle de leviers. On appelle /fi7>r une fige in flexible pouvant se mouvoir sur un point fixe. Tout levier comprend un point d''apinii[K) et deux forces opposées : la puissance (P) et la résistance (R). On entend par bras de levier les perpendiculaires menées du point d'appui A sur la direction des forces P et R (fig. 8, 9 et 10 du texte). La position du point d'appui variant, on a pu distinguer trois genres de leviers : le levier du premier genre ou inter-fixe (les extenseurs de 477 Fig. 8. — Levier du premiev genre sol- Fig. 9. licite par des forces nou parallèles. 4v ■ Levier du deuxième Fig. 10. — Levier du genre. troisitime genre. la tête agissent sur un levier du premier genre; le point fixe est à l'articulation atloïdo-occipitale) ; le levier du deuxième genre ouinter- résistant (les fléchisseurs des phalanges agissent sur un levier du deuxième genre en empêchant l'angle du boulet de se fermer ; la résistance est représentée par le poids du corps) ; le levier du troisième genre ou inter-piiissant (les fléchisseurs de la têle agissent sur un levier du troisième genre; le point fixe est à l'articulation atloïdo-occipitale). CHAPITRE II ÉTUDE DES RFIGIONS Nous avons divisé le corps du cheval en trois parties principales : la tète^ le corps, les ?)temùres, et en régions secondaires. Nous allons examiner dans ce chapitre celles de ces dernières régions comprises ETUDE DES REGIONS. 43 dans le tableau synoptique ci-dessous, et représentées dans la planche I, premier plan, et sur les figures 11, 12 et 13 du texte. Tableau des régions. I. — TÊTE. ^ 1° Front. Face antérieure. ' 2» Chanfrein. ' 3" Bout du nez. 4» Oreilles, b'" Tempes. 6° Salières. 7° Sourcils. 8° Œil. 9° Joues. 10° Naseaux. Faces latérales. Face postérieure. Extrémité inférieure. 11° Auge. 12° Ganaches. 13° Barbe. 14° Bouche. a. Lèvres. 6. Denis et gencives, c. Barres, ri Langue. e. Canal. f. Palais. 15° Nuque. Extrémité l 16° Toupet. supérieure. 1 17° Parotides. ' 18° Gorge. 11. — CoRrs, 19° Encolure. a. Crinière. 20° Garrot. 21° Dos. 22° Reins. 23° Croupe. \ 24° Hanches. Face supérieure. Extrémité antérieure. Face inférieure. 2.')° Poitrail. I 20° Inter-ars. . 27° Ars. ( 28° I 29° Faces latérales. ' 31° '32° Extrémité postérieure. 33° 34° 35° Organes \ ' ' génitaux. I Fe- i, 38° 'melle.f 39° Passage des sangles. Ventre. Côtes. Flancs. Aines. Queue. Anus. Périnée. Raphé. Testicules et bourses Fourreau et verge. Vulve . Mamelles. Antérieurs. Postérieurs. III. — Membres. 40° Épaule. 41° Bras. 42° Coude. 43° Avant-bras. 44° Châtaigne. \ 45° Genou. / 46° Cuisse. ' 47° Fesse. 48° Grasset. 49» Jambe. oO° Jarret. ] 51° Châtaigne. ] 52° Canon et tendons. i 53° Boulet, f 54° Fanon et ergot. 53° Paturon. I 56° Couronne. 57° Pied. I. — TÊTE Située en avant du tronc et h l'extrémité du bras de levier repré- EXTERIEUR. Fig. 11. — Los régions sur lo cheval vu fie profil, Lèvres, Bout du nez, Cliaufreiij. Front. Salière, Toupet. Oreilles. Ganaclio et auge. Joue. Naseau. Nuque. . Gorge. Parotide. . Encolure. . Crinière. Gouttière do la jugulaire. Poitrail. , Garrot. Dos. Côtes. Passage des sangles. . Veine de l'cpcrou. licins. Croupe. Queue. . Anus. , Flanc. . Ventre. 2C, V'ouvrcau. 27. 'fosticules. 2T, Voiuo saplièno, 28, Épaule ot bras. 28'. Pointodo l'épaula, 29. Coude. 30, Avant-bras. 81. Châtaigne. 32. Genou. 33. Canon ot tendons. 34. Boulet. 35. Paturon. 3G. Couronne. 37. Pied antérieur. 38. Ergot et fanon. 31)'. Hanche. 40. Cuisse. 41. Grasset. 42. Fesse. 43. Jambe. 44. Jarret. 45. Châlaigne. 4G. Canon et tendons. 47. Boulet. 48. Ergot et fanon. 49. Paturon. 50. Couronne. 51. Pied postérieur. ÉTUDli; DES RÉGIONS. 45 sente par l'encolure, la lète a une très grande influence sur la po- sition du centre de gravité et conséquemment sur la station elles mou- vements de l'animal. Elle est, de plus, très importante à étudier, eu égard au grand nombre d'organes essentiels et de régions qu'elle renferme. On lui reconnaît quatre faces, une base et un sommet. Fig. 12 et 13. — Les régions sur le cheval vu de face et de derrière. (D'aprùs Duhoussct, Le cheval. Paris, Dcsl'ussés, 1881.) Nous allons d'abord examiner en particulier chacune des régions qui la constituent ; nous dirons ensuite un mot de l'ensemble de ces régions. A. — FACE ANTÉRIEURE. a. — FRONT. Cette région, qui occupe la partie antérieure et supérieure de la tête, a pour base osseuse l'os frontal (voy. pi. VII). File est d'au- tant plus belle qu'elle est plus large et mieux musclée. On a dit que le développement transversal du front était un indice certain de l'intelligence du cheval, que le front étroit, bombé, annon- çait la rétivité. Si cela est souvent vrai, il n'en est pas moins certain 46 EXTÉRIEUR. que les exemples du contraire sont nombreux. Toutefois, les Arabes, dont les appréciations relativement au cheval ne doivent jamais être négligées, rangent le front dans les choses qui doivent être larges. Les anciens eux-mêmes recherchaient un front développé, comme semble le prouver le cheval de Marc-Aurèle, au Capitole, dont le front, très large, rappelle celui du bœuf(l). b. — CHANFREIN. Le chanfrein^ qui a pour base principale les os sus-nasaux (voy. pi. YIl), doit être aussi large que possible; car, de sa largeur dépend l'ampleur des cavités nasales, premières parties des voies respiratoires. Le chanfrein a des formes, des directions variées, qui ont fait donner à la tête des noms différents. c. — BOUT DU NEZ. Située entre les deux naseaux, au-dessus de la lèvre supérieure, cette région, peu importante à étudier, doit être large et exemple de tares, celles-ci étant généralement la suite de chutes qu'a faites le cheval, par suite d'usure ou de faiblesse des membres. B. — FACI'S LATÉKALICS. a. — OKEILLES. Placées en haut et de chaque côté de la tête, les oreilles constituent les ouvertures externes de l'appareil auditif. Elles doivent être en proportion avec le volume du corps ; mais plutôt minces et courtes que longues : « Les oreilles minces et mobiles, ainsi que les yeux saillants, annoncent toujours, d'après les Arabes, que le cœur fonctionne bien, et que r animal est énergique. » Ouïes préfère aussi franchement dirigées en avant et assez écartées de la ligue médiane, ce qui permet d'ap- précier, jusqu'à un certain point, la largeur du crâne. Déjà, du temps de Xénophon, on recherchait les oreilles ainsi con- (I) Il cslà noter que la forme du lï'oiil varie avec l'âge. Chez le poulain, celle région esl plus ou moins élroile et toujours lortenienl bombée. C'est vers cinq ans seulement qu'elle présente sl's caractères déliMitil's. ÉTUDE DES RÉGIONS. -47 formées; d'où la préférence accordée aux chevaux hucéphales, qu'on rencontrait surtout en Thessalie. Courtes, bien placées, franchement dirigées en avant, les oreilles sont dites hardies ou de renard (fig. 14 du texte). On exprime qu'elles sont larges, longues, lourdes, épaisses, dirigées horizontalement, en qualifiant le cheval de mal coijfé^ ^oreillard. Fig. 14. — Oreilles liardies ou do renard. Fig. 15. — Oreilles pondantes ou do cochon. Si elles tombent fortement en dehors, on les appelle oreilles de cochon (fig. 15 du texte): «S'il marquoit chaque pas, dit de Sol- leysel, par un mouvement d'oreilles de haut en bas, il auroit cela de commun avec les cochons (Ij. » Le cheval dont les oreilles sont continuellement en mouvement [oreilles iîiçuiètes) a ordinairement la vue mauvaise; il tâche, en quel- que sorte, de voirpar les oreilles. Celui qui les couche en arrière a l'intention de mordre ou de frapper. Les tares des oreilles sont nombreuses et intéressantes à connaître : On ne rencontre plus aujourd'hui de chevaux ayant les oreilles coupées; mais, au siècle dernier, ou coupait fréquemment ces organes vers le milieu de leur hauteur, et l'on désignait le cheval qui avait subi cette mutilation sous les noms de moineau^ bretaudon bretandé. Il y a peu de temps encore, il était d'usage, dans l'armée, de fendre l'oreille gauche aux chevaux réformés avant l'âge de huit ans. Com- plètement abandonnée en France de nos jours, cette opération ne se pratique plus qu'eu Alj^érie, eu Tunisie, et dans la plupart des pays musulmans, sur les poulains dont la naissance coïncide avec celle d'un eufant, ou sur ceux nés un vendredi, jour que l'on sait être consacré à Mahomet. Dans ce cas, elle ne peut évidemment être une cause de dépréciation pour l'animal. Si les tares précédentes sont rares, pour ne pas dire inconnues (1) De SuUeysel, Le véritabk parfait mareschal, '6" édition. Paris, MUCL\,\1I, p. 8. 48 EXTÉRIEUR. acluellement, celles représentées par des cicatrices circulaires résul- tant de l'application réitérée du tord-nez sur la région, sont assez fré- quentes. Elles indiquent que l'animal est méchant ou a subi une opération grave, et méritent, par ce fait même, d'attirer toute l'atten- tion de l'acheteur. Maintenant que nous avons signalé les principales tares et défec- tuosités de l'oreille, il nous reste à dire un mot de quelques moyem frauduleux employés pour les dissimuler. Parmi ceux-ci, il y a lieu de signaler, en première ligne, cette partie de la toilette d'avant la ven le, qui consiste à faire le poil des oreilles^ c'est-à-dire à couper les longs poils qui existent normalement à l'entrée de la conque et dont le rôle est d'empêcher l'introduction de corps étrangers dans l'appareil au- ditif. Ces poils étant rares chez les chevaux fins, leur suppression a pour résultat de donner plus de distinction à l'animal. « Un autre moyen très usité, disent MM. Gouhaux et Barrier, est le capuchon ou bonnette, soi-disant destiné à mettre l'oreille à l'abri des insectes. Il faut le faire retirer, car il peut cacher autre chose qu'une défectuosité sans importance, un tord-nez très court, par exemple, si le cheval est difficile à harnacher, atteler ou ferrer, — ou encore une balle de plomb suspendue à une ficelle et placée à l'in- térieur de l'oreille pour maîtriser les chevaux rétifs (1). » La surdité n'est pas absolument rare chez le cheval ; mais ce défaut étant difficile à reconnaître, il passe généralement inaperçu au mo- ment de la vente et on ne le constate qu'après quelque temps de service. Toutefois, il est bon de dire que les chevaux sourds ont ordi- nairement les oreilles fixes et dirigées eu avant. 6. — TEMPES. Cette région correspond à l'articulation de la mâchoire inférieure avec la mâchoire supérieure, ou articulation temporo-maxillaire; elle doit tout simplement être sèche, nette et exempte de cicatrices, qui indiquent que l'animal a été atteint de vertige, de coliques violentes, ou qu'il est resté longtemps couché par suite de maladie grave. C'est généialemenl aux tempes qu'apparaissent les premiers poils blancs. (I) Goubaux et Barrier, De Vexlévieur du cheval. Paris, 1884, p. C4. ÉTUDE DES RÉGIONS. 49 c. — SALIÉKES. I.es saiièrcs sout des dépressions situées au-dessus de chaque œil. Elles répondent à la partie la plus superficielle des fosses temporales (voy. Iir partie, Tète). Leur grande profondeur indique généralement la vieillesse ; mais ce n'est pas là un indice certain, car nous avons souvent rencontré de jeunes chevaux à salières creuses. Dans le but de donner plus d'apparence à leur marchandise, les maquignons ont imaginé d'insuffler de l'air dans le tissu cellulaire de- là fosse temporale à l'aide d'une piqûre faite à la peau de la région des sahères. Ou reconnaît cette fraude à la saillie que forme alors la région, à la petite ouverture qu'elle présente, et à la crépitatiou anormale que décèle la moindre pression des doigts. L'œil forme une région paire située de chaque côlé du front et excessivement importante à étudier. Nous ne dirons ici qu'un mot de son organisation, renvoyant, pour plus de détails, à la troisième partie de notre travail (voy. l'ête). La partie principale de l'œil est constituée par un globe membra- neux, dit ff/o/)e oculaire, logé eu grande partie dans la cavité orbitaire et protégé en avant par deux voiles mobiles : les paupières. Mis eu mouvement par plusieurs muscles et lubrifié par les larmes, que sécrète une glande spéciale dite lacrymale, située sous l'apophyse orbitaire, le globe oculaire est formé d'une coque membraueuse close. Très bombée en avant, où elle constitue la cornée lucide ou vitre de Tœil, cetle coque est remplie par des liquides de densité variable constituant les milieux de F œil, et séparée en deux compartiments : l'un cmlérieur, l'autre postérieur, par le cristallin, lentille biconvexe apparaissant en arrière de \iris. Celui-ci représente un diaphragme contractile elliptique percé d'une ouverture de même forme, la. pupille, et divise le compartiment antérieur lui-même en deux chambres communiquantes : wnQ antérieure et une postérieure. Le liquide qui remplit ces deux chambres, aussi limpide que l'eau, est connu sous la dénomination àliumeur aqueuse, taudis que l'espèce 50 EXTÉRIEUR. de geJée translucide qui occupe le compartiment postérieur prend le nom de corps vi/?-é (fig. 16 du texte). Les quelques descriptions sommaires que nous venons de consacrer h l'organisalion de l'œil permettront an lecteur d'eu comprendre les I''ig. IG. — Coupe tliéoriquc de l'œil. o. Nerf optique. b. Sclérotique. c. Choroïde. d. Rétine. e. Cornée. /■. Iris. gh. Cercle et corps ciliaires, dépendances de la choroïde, dont ils out été représentés isolés pour mieux indiquer leurs limites. i. Insertion des procès ciliaires sur le cristallin. j. Cristallin. k. Capsule cristalline. /. Corps vitre. »in. Chambre de l'humeur aqueuse. 0. Indication théorique de la membrane de l'hu- meur aqueuse. /). Tarse. q. Membrane fibreuse dos paupières. r. Muscle releveur de la paupière supérieure. s. Orbiculaire des i aupières. t. Peau des paupières. w. Conjonctive. V. Lame épidarmique qui représente cette mem- brane sur la cornée. X. Muscle droit postérieur. y. Muscle droit supérieur. :. Muscle droit inférieur. w. Gaine fibreuse de l'orbite. (A. CiuuvEAuet S. Abloing, Traité d'Aualomie comparée des animaux dotnestiques.) beautés, les défectuosités, les tares et les principales maladies, sans qu'il lui soit indispensable de recourir aux détails de la (roi^ième partie, si ce n'est à litre de renseignements complémentaires. Pour être ùeaii, l'oeil doit être grand, à fleur de tête, de couleur foncée, brillant et modérément convexe. De plus, les humeurs doi- vent être limpides et l'iris parfaitement mobile. ÉTUDE DES RÉGIONS. 31 Ces caractères dévoilent l'énergie, l'intelligence, un bon naturel, et donnent à la tête une grande partie de sou élégance. L'œil du cheval, d'après les Arabes, doit s'incliner, paraissant re- garder le nez, comme l'œil de l'homme qui louche : " Semblable à une belle coquette qui louche à travers son voile, son regard tourné vers le coin (le l'œil perce à travers la crinière qui, comme un voile, lui couvre le front (1). » 0 De plus, dit de Solleysel, l'œil doit Olre lésohi, effronté et fier;.... l'elTronterie sied admirablement bien au cheval ; dans l'œil se décou- vrent sou inclination, sa colère, sa santé, sa malice, et sa maladie: profecloin oculis unimus habitat (2). » U œil petit, gras, ou uni de cochon, de même que Vœil gros ou œil de bœuf, indiquent que le cheval est lymphatique, mou, et provient de pays froids et humides. V!œil cerclé, qui laisse voir autour de la cornée transparente nu large cercle blanc nacré formé par la sclérotique, est tout simplement disgracieux et n'indique pas la méchanceté, comme certains auteurs Tout avancé. L'œil trop convexe, ou myope, et l'œil trop plat, ou presbyte, ren- dent le cheval ombrageux et indécis. Vœil vairon, chez lequel l'ouverture pupillaire est entourée d'une zone blanchâtre, ne nuit pas à la visiou. Les yeux inégaux sont généralement l'indice d'une maladie ancienne (fluxion périodique, par exemple). Enfin, l'œil ne doit présenter aucune des affections désignées sous les noms de nuage (légère opalesceuce de la cornée), taie (opacité complète sur une étendue variable), de leucomu (cicatrice de la cornée), de cataracte (opacité complète ou partielle du cristallin; très grave), de glaucome (coloration verdàtre de l'humeur vitrée; grave), d'a- maurose (paralysie de la rétine et de la pupille rendant le cheval borgne ou aveugle) , A'hydropisie (hyperformation de l'humeur aqueuse), de fluxion périodique (inflammation périodique de l'œil; grave), û'ophthalmie simple (inflammalion de la muqueuse conjonctive). Manière d'examiner l'œil. — Dans un endroit un peu sombre, l'œil (1) Général E. Daumas, Lks chevaux du Sakani et les mœurs du désert, h" édition. Paris, 1881, p. 66 et G7. (2) De Solleysel, Le véritable parfait mureschal, p. il. 52 EXTÉHIKUH. est beaucoup plus facile à examiuer; on aperçoit mieux le fond de l'organe, dont la pupille est alors dilatée (à moins toutefois que l'œil soit atteint d'amaurose). Aussi, doit-on, autant que possible, examiner les veux dans l'écurie ou sous un hangar, h quelque distance du jour. Nous ne saurions mieux faire, à ce propos, que de reproduire les indications si claires et si précises de Bourgelat : » Si je veux exa- miner les yeux d'un cheval, dit-il, je le place à l'abri du grand jour, pour diminuer, jusqu'à uu certain point, la quaulité des rayous lu- mineux, et je le fais ranger de manière à m'opposer à la chute de ceux qui, tombant perpendiculairement, causeraient une confusion qui ne me permettrait plus de distinguer clairement les parties. « Je fais attention encore à ce qu'aucun objet capable de changer la couleur naturelle de l'œil, en s'y peignant, ne soit voisin de l'abri que j'ai choisi; car il est bon de savoir que plusieurs maquignons, dans le dessein de déguiser les défauts des yeux des chevaux qu'ils vendent, ont le soin trompeur de faire blanchir le mur qui se trouve vis-à-vis la porte des écuries où il les font arrêter pour eu soumeltie les yeux à la critique des acheteurs (1) » e. — JOUES. Les Joues s'étendent des tempes à la commissure des lèvres ; elles peuvent se diviser en deux parties séparées par un sillon : l'une supé- rieure, le p/al de la joue ; l'autre inférieure, la poche de la joue. Celte région doit être bien musclée, mais sèche. A travers la peau fine, on doit voir nettement se dessiner les vaisseaux, les nerfs et les muscles de la face. Quand la poche de la joue présente des bosselures, on dit que le cheval fait magasin, et il y a généralement alors accumulation de matières alimentaires en dehors des arcades malaires, matières qui, en fermentant, exhalent une odeur fétide et dégoûtent les animaux. Ce défaut est surtout fréquent chez les chevaux usés, à mauvaise dentition. Si, d'autre part, les joues présentent des traces de selon ou de vésicatoire, on à l'indication que le cheval a été traité pour une alTeC' (I) Bourgelat, Traité de la conformation extérieure du cheval, l/ édit., p. 57. ETUDE DES liEGlONS- 53 liou des yeux ou des cavités nasales. L'application mal faite d'uu séton dans celte région peut, d'ailleurs, léser le nerf facial et paralyser le mouvement.de la lèvre supérieure d'un cùlé, ce que l'on reconnaît au déplacement de celle-ci, qui se porte du côté opposé. /'. — NASIÎAUX. Placés à l'extrémité inférieure de la tête, de chaque côté du bout du nez, au bas des joues et du chanfr-eiu, les naseaux sont les ouvertures extérieures des cavités nasales et les seules voies par les- quelles l'air peut s'introduire dans les poumons. On ne doit pas oublier, en effet, que le cheval présente cette particularité qu'il ne respire pas par la bouche. Ces orifices présentent chacun deux lèvres ou ailes : une interne, l'autre externe, et deux commissures : une in férieure ^V diWivQ supérieure; celle-ci se prolonge en arrière par un cul-de-sac conique spécial aux solipèdes, Id, fausse narine , véritable repli cutané compris entre l'épine nasale elle biseau du petit sus-maxillaire (voy. pi. VII). La première condition à rechercher dans les naseaux, c'est leur largeur et leur dilatation facile et régulière : « Chacune des narines du checal, disent les Arabes, ressemble à F antre du lion; le cent en sort quand il est haletant (I). » Lorsque les Jiaseaux sont étroits, la respiration est courte, gênée, et le cheval s'essouffle facilement; aussi, les Arabes disent-ils encore du cheval qui a les naseaux é.troits qu'?7 laissera son cavalier dans la veine. On croyait autrefois remédier à cet inconvénient en fendant la fausse narine; mais^ aujourd'hui qu'on sait que l'incision de ce diver- ticulum ne peut en aucune façon agrandir les cavités nasales, on a renoncé à l'opération, que les Arabes seuls pratiquent souvent encore, surtout sur l'âne, dans le but de faciliter l'entrée de l'air dans les voies respiratoires et de diminuer le timbre de la voix. Les mouvements précipités, la dilatation exagérée et irrégulière des naseaux, indiquent que l'animal est atteint d'une affection plus ou moins grave des voies respiratoires (empliysème pulmonaire, par exemple). (I) Général K. IJiuimas, /■»,■. ci7.,p. 67. 5't EXTÉRIEUR. Le tégument qui revêt la face interne des naseaux doit avoir une belle teiule rosée, être à peine humecté par le liquide limpide prove- nant du canal lacrymal, dont l'ouverture extérieure se voit à la partie inférieure de chaque naseau, et ne présenter aucune plaie, aucune trace d'ulcération. Si l'écoulement uasal devient plus abondant et change de nature, il indique un état maladif des voies respiratoires (angine, bronchite, emphysème pulmonaire, etc.). En général, lorsque le jetage est consistant, coloré en jaune ou on vert, marqué de stries sanguines, adhérent aux ailes du nez, on doit craindre la morve ^ maladie contagieuse nécessitant l'abattage du cheval, et consulter l'état de la muqueuse nasale et de l'auge pour plus de sûreté. La pituitaire est ordinairement pâle ou jaune cuivré dans la morve, et présente des ulcérations plus ou moins étendues, cà bords irrégu- liers, désignées vulgairement sous le nom de chancres morveux. Ces ulcérations, jointes aux caractères particuliers du jelage mor- veux et de la glande de l'auge, permettent de distinguer assez facile- ment la morve de la gourme., maladie à laquelle sont sujets presque tous les jeunes chevaux et qui présente quelque analogie avec la première. Ou doit également tenir compte des caractères de Vair expiré. A l'état de sanlé, il est toujours inodore. Sa mauvaise odeur est l'indice d'une maladie du poumon, d'une carie dentaire ou d'une collection purulente, soit des sinus, soit des poches gutturales. VHnêgalité de la colonne d'air qui s'échappe des ouvertures nasales, jointe à un jetageparticulier, indique, d'autrepart, qu'elle rencontre sur son passage des obstacles de diverse nature (tumeurs, polypes, etc.). Afin de rendre le jetage plus apparent et de mieux distinguer ses ca- ractères, ou fait tousser l'animal en lui comprimant la gorge ; on provo- que aussi l'ébrouement, en lui serrant les fausses narines sur la cloison médiane du nez. C. — FACE rOSTlîRliaiRE. 0. — AUGE. Vauge est le vide plus ou moins large, plus ou moins creux, qui existe à la face postérieure de la tête, entre les deux ganaches. ÉTUDE DES RÉGIONS. S5 Cette région doit être profonde, large, bien nette, bien évidée, pour loger la gorge dans les mouvements de tlexion de la tête. Le poing placé en travers doit y entrer facilement. L'aiige pleine ou empâtée indique un cheval mou, lymphatique, élevé dans des pays humides. Les ganglions de l'auge sont quelquefois engorgés ; alors, en pas- sant la main dans cette région, on sent, immédiatement sous la peau, des tumeurs à caraclcres spéciaux, et le cheval est dit glandé. 11 faut toujours attacher une grande importance à ce glandage; car il peut êlre le symptôme de la morve. Les ganachex ont pour base le bord refoulé du maxillaire inférieur et circonscrivent l'auge. C'est à la face interne de cette région qu'on est dans l'habitude d'explorer le pouls du cheval (artère glosso-faciale). Les ganaches doivent être sèches, peu épaisses, et suffisamment écartées. Leur épaisseur trop considérable charge inutilement la tête, indique uu tempérament mou, et fait dire du cheval qu'il est chargé de ff (mâches. r. — liAliBE. Région peu importante située en arrière du menton et conslituée par une dépression qui donne appui à la gourmette. Ne doit être ni tiop tranchante ni trop arrondie. D. — EXTRÉSIITÉ INFÉRIEURE . a. — BOUCHE. La bouche, qui représente l'ouverture d'entrée de l'appareil digestif, est une région assez complexe offrant à étudier les parties suivantes : 1" lèvres ; 2° dénis et gendres ; 3° baîres ; 4° langue; 5° canal; 6° palais. De la bouche en général. Au point de vue de l'extérieur, la bouche est surtout intéressante à étudier en ce sens qu'elle loge le mors. Aussi, a-t-elle reçu difTérentes 56 EXTÉRIEUR. déuomiiialions suivant l'impression que produit cet instrument de conduite. On dit le cheval bien embouché lorsque toutes les pailles sont liieu proportionnées et que le mors s'applique convenablement. La bouche fraîche est celle qui se remplit d'écume lorsque le cheval est bridé. La bouche tendre ou sensible est celle qui reçoit du mors une im- pression douloureuse un peu forte. La bouche é^wree présente le même défaut porté à l'extrême. La bouche dure, au contraire^ se montre très peu sensible à l'action du mors. 11 importait de bien connaître toutes ces expressions ; mais nous pensons, avec M. Sanson,que ((les difficultés du dressage dépendent bien plus des vices de conformation ou de l'insuffisance des organes destinés à accomplir les mouvements, ou encore de l'état obtus plus ou moins prononcé des facultés intellectuelles dans leur limite physiologique, que de prétendus défauts des parties constituantes de la bouche. Il serait plus exact, du reste, de dire que ceux-ci, quand ils existent réellement, sont presque toujours le résultat de l'ignorance ou de la brutalité des cavahers, et souvent des deux à la fois (1). » r Lièvres. — Situées à l'entrée de la bouche, les lèvres sont au nombre de deux : une inférieure et une supérieure, réunies par deux commissures. Organes de tact, servant de plus à la préhension des aliments, elles doivent être très mobiles, la supérieure surtout, d'une épaisseur moyenne, et bien fermer l'ouverture delà bouche, afin d'éviter toute déperdition de salive. Leur face externe, recouverte d'une peau fine, présente quelques poils durs qui sont les véritables organes de leur grande sensibilité tactile. Chez quelques chevaux, la lèvre supérieure présente, en outre, deux faisceaux de poils plus longs que les autres simulant de véritables moustaches. Nous ne pensons pas, comme certains auteurs l'ont avancé, que cette particularité soit l'apanage exclusif des chevaux communs. Nous croyons qu'elle est tout simplement le résultat de {\) Nouveau dictionnaire pvatiqae de médecine, de chirurgie et d'hygiène vétérinaires, t. III, arl. Bouche. ÉTUDE DES RÉGIONS. ■ 57 l'irritation continuelle des bulbes pileux par les plantes grossières composant la nourriture ordinaire des animaux. Dans une tournée que nous faisions en Bretagne, il y a quelques années, nous avons pu nous convaincre, en efTel, que les moustaches existaient exclusivement sur les chevaux qui recevaient dans leurs rations des ajoncs et des genêts. La lèvre inférieure porte une protubérance ari'ondie à laquelle on donne le nom de houppe du menton. Les lèvres donnent à la physionomie de l'animal des expr^^ssions très diverses; ainsi, pendant les grandes souffrances, elles se contrac- trent d'une façon particulière et fout dire que la fuce est grippée. Chez les chevaux vieux et usés, plus rarement chez les jeunes, la lèvre inférieure est quelquefois /;f/(^/rt///e. Quoique cette défectuosité indique le plus souvent une débihtation profonde de l'organisme, il n'est pas absolument rare de la voir coïncider avec un tempérament énergique. Enfin, certains animaux ont l'habitude d'agiter continuellement, par des mouvements saccadés et rapides, cette même lèvre inférieure. On dit alors qu'ils cassent la noisette. Ce vice est tout simplement disgracieux à l'œil. Les tares les plus fréquentes des lèvres sont des excoriations cir- culaires résultant de l'application réitérée du tord-nez. Comme les lares semblables des oreilles, elles indiquent un animal difficile, ou ayant subi une opération grave. 2° Dents et gencives. — (Voy. 11° partie, A (/?, et pi. IV.) 3° Barres. — Les barres occupent, à la mâchoire inférieure, l'espace compiis entre les crochets et les premières molaires (voy. pi. VII). Servant de point d'appui au mors, elles doivent être modérément arrondies. Les barres sont dites tranchantes quand la crête osseuse qui eu forme la base est trop prononcée; elles sont alors très sensibles à l'appui du mors. On les dit arrond/es ou hasses dans le cas contraire, et on leur leproche d'être peu impressionnées par l'action du mors. 4° Langue. — La langue, organe principal du goût, sert encore à la mastication, à l'iusalivation et à la déglutition. Elle comprend une partie libre ou mobile, antérieure, et une partie fixe, postérieure. 58 EXTERIEUR. Elle ne doit êlre ni trop épaisse, ni trop mince, pour remplir con- venaljlemeut ses fonclious et participer dans une jjonne mesure à l'appui du mois. La langue qui reste toujours hors de la bouche est dite pendante; celle qui sort et rentre continuellement est appelée serpentine. Ces défauts, outre qu'ils rendent le cheval disgracieux, indiquent un tempérament mou, et sont une cause d'amaigrissement par la perte de salive qui en est le résultat. On dit qu'un che\ ni doiib/e sa langue quand il en recourbe la partie libre au-dessus ou au-dessous du mors. Dans ce dernier cas, celui-ci repose à peine sur les barres, et la bouche est généralement dure. Enfin, par suite [de causes diverses, la langue peut être coupée ou entaillée. Cet accident, fréquent surtout chez les chevaux qui tirent cm renard, a l'inconvénient grave de rendre l'alimenlation lente et difficile. 5° Canal. — Situé enlie les deux branches du maxillaire inférieur, le (■«/<«/ loge la langue. C'est une espèce de rigole présentant, en avant et de chaque côté du frein de la langue, un petit prolongement membraneux connu sous le nom de barbillon, destiné à protéger l'origine du canal de la glande maxillaire correspondante (Canal de Warloii). Par suite de l'introduction de parcelles alimentaires, d'épillets de brome stérile le plus souvent, dans la partie terminale du canal de Warton, celle-ci est quelquefois le siège d'un état maladif connu vul- gairement sous le nom de (jrmouillette, qui disparaît généralement avec la cause qui l'a fait naître. On dit aussi, dans ce cas, que l'animal a un painvin. C'est tout ce que présente de particulier la région qui nous occupe. 6° Palais. — Le palais forme la voûte de la bouche. Comme le canal, il ne présente ni beauté ni défectuosité. L'excroissance de cette région connue sous le nom de fève ou de lampas, n'a jamais existé que dans l'imagination de ceux qui l'ont dé- crite. Sans doute les jeunes chevaux ont souvent le palais engorgé au moment de la dentilion ; mais cet engorgement se dissipe peu à peu à mesure que l'animal vieillit et ne constitue point une maladie. Aussi, doit-on absolument proscrire la cautérisation et la saignée au palais que pratiquent encore quelques empiriques, sous prétexte de ETUDE DES REGIONS. 59 combattre l'inappétence de certains chevaux dont la région leur paraît plus gonflée qu'à l'état normal. EXTREMITE POSTERIEURE. La nuque occupe le sommet de la tête et a pour base l'articulation adoïdo-occipitale. C'est sur cette région que s'appuie la têtière de la i)ride et du licol. Par suite, la nuque peut être le siège d'excoriations, de cors, auxquels peut même succéder une plaie fisluleuse laissant écouler un pus liquide, verdâtre, plus ou moins odorant; on dit alors que le cheval a un mal de ivique ou de taupe, aifection toujours très grave. h. — TOUPET. Le toupet est une touffe de crins d'autant plus fins que l'animal a plus d'énergie et de distinction, passant entre les oreilles et tombant sur le front et les yeux, qu'il préserve, disent quelques auteurs, de l'ardeur des rayons solaires. Les Arabes aiment le toupet fourni, peut-être pour cette dernière raison : « Au temps de la peur, disent- ils, monte une cavale léffère dont le front est couvert par une crinière épaisse. » C. — PAROTIDES. Les parotides ont pour base les glaudes salivaires de même nom. Celte région doit se montrer légèrement déprimée; trop excavée, la tête est mal attucJiée ; trop en saillie, la tète eslplaquée. La gorge, qui a pour base la partie inférieure du larynx, doit être aussi large que possible. C'est cette région, ou les premiers anneaux de la trachée, que l'on comprime pour provoquer la toux du cheval. De la tête en général. Jusqu'ici nous n'avons étudié que les parties constituantes de la 60 EXTÉRIEUR. lêle; il nous resie maiiileiiaiU à examiner l'ensomble de ces parties et à voir quelles inductions pratiques on peut tirer de la forme, delà configuration générale, de la longueur, du volume, de l'attache et de de la direction de la tête, pour l'appréciation du cheval. La tète, dans son ensemble, est d'autant plus importante à étudier qu'elle est la partie du corps qui indique le mieux le degré de no- blesse, d'inteingeiice et d'énergie des animaux. Elle présente, d'un autre côté, cette particularité très remarqnable qu'il y a entré ses régions un rapport de conformation, une harmonie qui n'existe pas ailleurs. S'il est fréquent, par exemple, de rencontrer un beau jarret et nue hanche défectueuse, une belle épaule avec une mauvaise croupe, il est rare de voir coïncider un front large avec un œil petit, mal situé, des naseaux élioits avec des ganaches écartées, etc. ; d'oîi il résulte que l'étude d'une seule région de la tête peut permettre d'apprécier presque sûrement toutes les autres. La forme générale de la tête varie beaucoup suivant les races et chez les individus de même race. Elle est dite carrée (tig. 17 du texte) lorsque sa face antérieure est large et plane. Comme cette forme de la tête coïncide généralement avec un grand développement du crcàne, qu'elle est, d.'un autre côté, l'apanage des races anglaise et arabe de pur sang, on a dit qu'elle indi- quait la noblesse, la pureté de la race, l'intelligence, la valeur, l'é- nergie, le fond et même la bonté du tempérament (1). Si cela est vrai dans la majorité des cas, il y a toutefois lieu de faire remarquer qu'on rencontre assez fréquemment de bons chevaux avec une confi- guration de la tête toute différente. Suivant que la tête, dans la région crânienne, est plus large que longue ou plus longue que large, le cheval est dit brachycéphale (crâne court), ou dolkhocéphale (crâne allongé), et quelques auteurs ont fait de labrachycéphalie et de la dolichocéphalie la principale, la seule vraie caractéristique des races. Tout en rocounaissaut les avantages de cette méthode, nous sommes d'avis qu'il faut être moins absolu aujourd'hui, et que dans les races les mieux caractérisées, les moins abâtardies, (i) CeUe opinion a été appujcc par l'autorité de Cuvier, qui a avancé que la stu- pidité et la férocité des animaux paraissent ôtre en raison de la prédominance du développement des mâchoires sur celui du cerveau Nous ne parlerons pas ici de la théorie de Camper [nngle facial), qui sera étudiée ii propos do la 111"= partie (voy. Tète). ÉTUDE DES RÉGIONS. 61 les plus faciles à recounaîlre par reuseml)le de leurs caractères, on peut quelquefois reucoiilrer des iudividus dont la tête n'est plus celle du type ordinaire. Nous reviendrons sur ce sujet quand nous décrirons chaque race eu particulier (voy. ï\° partie, Races). La tête conique (fig. 18 du texte) est celle qui va en se rétrécissant de la partie supérieure au bout du nez. Autrefois à la mode, elle est aujourd'hui regardée, avec raison, comme présentant généralement des caractères opposés à la précédente. Aussi, les amateurs d'occasion qui veulent faire admirer la tête d'un cheval eu disant qu'?'/ poinrait boire dam un verre, indiquent-ils sans le savoir le point faible qui prouve précisément le contraire de ce qu'ils veulent démontrer. Bien que de Solleysel, eu conseillant de choisir la tête « le plus menu qu'il se pourra » (1) à son extrémité inférieure, ait contribué à répan- Fig. n. — Tùlc caiTCc. Fig. 18. — Tcto conique. (h'e l'expression ci-dessus, qui implique une erreur de jugement, on ne peut guère l'accuser d'avoir mis la tête conique à la mode ; car il a eu soin d'expliquer que, par une tête menue inférieurement, il enten- dait une tête peu charnue, peu chargée et que, d'un autre côté, il de- mande des naseaux très ouverts permettant de voir » le vermeil qui est au dedans » . La tête camuse (fig. 19 du texte) présente nue dépression sur sa face antérieure; elle coïncide généralement avec un front large. Si la dépression porte seulement sur la région du chanfrein, la tête est dite de rhinocéros (fig. 20 du texte). Tandis que la tête camuse est un caractère de race (chevaux bretons, arabes, etc.), et donne d'ordinaire une physionomie mutine, intelli- gente, à l'animal, la tête de rhinocéros résulte tout simplement d'une compression exercée sur le chanfrein par la muserolle, le caveçon, etc., (1) De Solleysel, Le véritable inu-fail inareschal, p; 10. 62 EXTERIEUR. compression allant quelquefois jusqu'à perforer les os sus-nasaux. La télé busquée (fig. 21 du texte) est convexe sur toute sa face anté- rieure. Quand la convexité est limitée au front, la tête est dite de lièvre. Si, au contraire, cette convexité porte exclusivement sur le chanfrein, on a la tête moutonnée. La convexité de la têle, quels que soient son siège et son degré, est regardée comme une défectuosité. Très recherchée au siècle dernier, sous le règne de Louis XV surtout, la lète busquée est actuellement plus que démodée; ou l'accuse de prédisposer au cornage et à d'autres maladies plus ou moins graves, la morve par exemple. Pour M. de Curnieu, le cheval à tête busquée serait \idiot de [espèce, il y a là beaucoup de vrai mélangé à non moins d'exagération. Si la tête convexe coïncide généralement avec des naseaux étroits. Fig. 19. — Tête camuse. Fig. 20. — Tête de rliinocoros. une poitrine resserrée, etc., il n'en est pas moins certain que beau- coup de chevaux à tête busquée sont de bons, agréables et même brillants serviteurs. La convexité du chanfrein u'implique pas tou- jours, eu effet, un rétrécissement des cavités nasales, et il est nombre de cas ofi elle existe avec un bon développement de toutes les parties de l'appareil respiratoire. D'un autre côté, nous ne croyons pas qu'elle prédispose plus que la tête la mieux conformée au cornage chronique, cette affection n'ayant généralement pas son siège dans les cavités nasales. Quant à son influence sur la morve, il est à peine utile, en l'état actuel de la science, de dire qu'elle ne peut être qu'imaginaire. La tête longue (fig. 22 du texte) est celle qui présente un excès de longueur relativement aux autres parties du corps. On l'accuse surtout d'être lourde et de peser trop à la main du cavalier. Pour nous, elle ÉTUDE DES RÉGIONS. 63 n'esl même pas toujours disgracieuse, et ne devient une réelle défec- tuosité que quand ses parties constituantes, prises isolément, ne sont pas dans de bonnes conditions de conformation. La nature, dit M. Ri- chard, a donné à l'encolure assez de puissance pour supporter le poids de la tête, quelque lourde qu'elle soit, sans le soutien de la bride. 11 y a là une autre cause qui tient, soit au dressage, soit à un vice de conformation de l'avant-maiu, soit à l'espèce du cheval. C'est entièrement notre avis, et nous sommes persuadé que la tête longue n'est souvent lourde que parce qu'on la rencontre générale- ment chez des individus mous, lymphatiques, ou encore parce qu'elle est fréquemment grosse et dans une mauvaise direction. La lète lou- Fig. 21. Tète busquée Fig. 22. — Tète longue. gue, bien portée, chez un cheval énergique, peut être tout aussi lé- gère que la plus belle tête carrée. La tête décharnée, ou de vieille, est longue, peu volumineuse, et d'une extrême sécheresse. Les têtes (jrosses et grasses (fig. 23 du texte), sont disgracieuses et réellement trop pesantes. D'ailleurs, elles indiquent un animal gros- sier, mou, lymphatique, et ne conviennent que pour le service du gros trait. Pour le trait léger et la selle, ou doit rechercher une têle peu volu- mineuse et sèche, où les saillies osseuses, les reliefs musculaires, les vaisseaux et les nerfs sous-cutanés sont bien dessinés. Relativement à sa direction, la lête doit être portée obliquement de haut en bas et d'arrière en avant, de manière à former avec le sol un angle d'environ 45 degrés (fig. 24 du texte). Si elle est trop horizontale (lig. 2.5 du texte), le centre de gravité se trouve déplacé en haut et en avant, et le cheval porte au vent. Ce 64 EXTÉRIEUR. défaut miit à la honue action du mors, qui se rapprocho des molaires et ne prend plus cpi'une faible parlie de son appui sur les barres. Le cheval se sousirail, de celle manière, à la volonlé de celui qui le conduit et prend facilement, selon l'expression cousacrée, le mors aux dents ; de plus, il ne voit pas, en général, les obstacles près de lui. et se trouve Fig. 53. — Tète grosiîO et encolure épaisse. Fig. 24. — Tête bien portée et encolure droite, bien dirigée. d'autant plus exposé à butter ou à tomber que l'avant-main est tou- jours un peu surchargé. Lorque, au contraire, le cheval porte la tête ye/Vfctf/e (fig. 26 du texte), Fig. 2.>. — Tête lioi-izontalo et encolure de cerf. Fig. 26. — Tête verticale et encolure rouée. le centre de gravité se déplace en arrière et l'animal ^'encapuchonné, c'esf-à-dire qu'il rapproche le menton du poitrail. 11 ne voit plus alors les obstacles que lorsqu'il lui est impossible de les éviter, et se sous- trait bientôt à l'action de la main ; mais, nous doutons fort qu'il ÉTUDIi; DES RÉGIONS. tio prenne réellement uu point d'appui sur le poitrail avec les branches du mors, comme la plupart des auteurs l'avancent. Enfin, la tête peut être bien attachée, mal attachée ou plaquée. On la dit bien attachée quand elle se trouve séparée du sommet do l'encolure par une légère dépression de la région parotidienne ; mal attachée, quand celte dépression est trop accentuée ; plaquée, lorsque le sillon parotidien est, au contraire, effacé. Les mouvements de la tête bien attachée sont faciles et étendus; ceux de la tête plaquée sont très restreints. Il s'en suit que le cheval à tête mal attachée est nou seulement disgracieux, mais encore peu propre au service de la selle. II. — CORPS A. — FACH SUPÉRIEUBE. u. — ENCOLUKE. Le long balancier représenté par V encolure %?,i situé en avant du tronc et supporte la tête ; il a pour base osseuse les sept vertèbres cervicales. On reconnaît à celte région deux faces latérales, un bord supérieur, un bord inférieur, une extrémité antéro-supérieure ou sommet, et u/ie extrémité postéro-inférieure ou base. Les faces latérales présentent inférieurement une dépression longi- tudinale [gouttière de la jugulaire) logeant une grosse veine super- ficielle, la. jugulaire, où l'on pratique généralement la saignée. Le bord supérieur est orné de la crinière, dont les crins sont d'au- tant plus fins que l'animal est plus distingué, plus énergique. Le bord inférieur a pour base le tube trachéal; on doit, pour cette raison, le préférer large et arrondi. La forme droite et la direction oblique (Voy. fig. 24 du texte) à 45 de- grés environ sont deux conditions à rechercher dans l'encolure ; elles donnent de la grâce à l'ensemble du corps et rendent le cheval apte à tous les services. L'encolure verticale elï encolure horizontale sont considérées comme des défectuosités chez le cheval de selle : la première donne du bril- lant à l'animal, mais elle le prédispose h porter au vent ; la. seconde le rend pesant à la nniiu et le fait butter. Le Cheval. ij C'Q EXTÉltlKLlIi. Relativement à son volume, l'encolure doit être /ttie, mais bie?i lyivxdée. Trop grêle, elle ne convient k aucun service. Trop épaisse (Voy. tig. 23 du texte) ou charnue, elle n'est à recliercher que pour le cheval de gros trait. L'encolure ne doit être, d'un autre côté, ni trop courte, ni trop longue. L'encolure courte manque de flexibilité et ne couvre pas assez le cavalier ; aussi ne convient-elle aucunement pour le service de la selle, surtout dans l'armée. L'encolure longue n'est un inconvénient que dans le cas où elle est mal musclée et supporte une tête lourde. Les Arabes rangent cette région dans les choses qui doivent être longues : « En allongeant l'en- colure et la tête pour boire dans un ruisseau gui coule à fleur de terre, Encolure de cygne. Fig. 28. — Encolure chargée ou tombante. si le cheval est bien d aplomb, sans replier l'un de ses membres antérieurs, soyez assuré, disent-ils, çuil a des qualités, et que toutes les parties de son corps sont en harmonie (1). » L'encolure varie dans sa direction: souvent elle décrit une courbe (à convexité supérieure) plus ou moins prononcée du garrot à la nu- que ; elle est alors désignée sous le nom à! encolure rouée (Voy. lig. 26 du texte) (chevaux andalous et barbes). Si la courbe existe à son sommet seulement, elle est dite encolure de cygne (fig. 27 du texte). Ces deux directions, en rapprochant la tête de la verticale, ont l'in- convénient de permettre au cheval de s'encapiichonner. Vencolure de cerf [Voy. fig- 25 du texte) est coui-bée dans le sens (1) Général K. Uauiiias, loc. lU., p. (iS. ÉTUDIi UliS Itl-^GloNS. U7 iuvei'se de reiici>liirc rouée; eu favorisaut 1 lujii/.oiilalilé de la lèle, elle prédispose le cheval à parler au >:e/tt. Vencolurc chargée ou tombante (fig. 28 du texte) est celle dont le bord supérieur, gros et empalé, se renverse plus ou moins d'un côté (gros chevaux). Nous avons vu les (ittaches supérieures de l'encolure eu parlant de la tête ; nous n'y reviendrons pas. « Les attaches inférieures, dit M. H. Bouley, doivent être marquées, de chaque côté, par un léger relief que forme sous la peau le bord antérieur des épaules... (1). » Dans ces conditions, l'encolure est dite bien sortie. On appelle roui) de liuc/œ une dépression du bord supérieur de l'encolure, imuiédiaicmenl eu avant du garrot, et coup de lance, un creux situé sur les faces latérales, eu avant de l'épaule. Cette dernière dépression, due en réalité à une atrophie du muscle angulaire de l'omoplate, a donné lieu à une légende d'après laquelle un magnifique cheval turc, ayant reçu un coup de lance dans la bataille que se H- vrèrent Constantin et Maxence sous les murs de Rome (an 312), fut ensuite employé à la reproduction et transmit à ses descendants celte marque que de Garsault appelle nue « marque d'honneur ». 0. — (JAItHUT. Situé en arrière de l'encolure et en avant du dos, le ijarrot a pour base les apophyses épineuses des cinq ou six vertèbres dorsales qui suivent la première, ainsi que la portion des ligaments surépineux cervical et dorso-lombaire qui recouvre leurs sommets renllés. Le bord supérieur du cartilage complémentaire de l'omoplate et des plans musculaires nombreux (voy. pi. Vlll et L\) concourt aussi à former cette région. Le beau garrot doit être élevé et reporté en arrière (fig. 29 du texte). Cette conformation facilite les mouvements de l'encolure et de l'é- paule : d'abord, en permettant au ligament et aux muscles cervicaux d'agir plus perpendiculairement sur le bras de levier de la résistance représenté par l'encolure; en augmentant, ensuite, la longueur des muscles qui vont du gariot à l'épaule. Clie/. le cheval destiné à être (I) H. Bouley, bictiuiiiuiire piutique di: mcdcciiw, de ddrunjk et d'Iiijuiàic vclcrinuiicy, t. VI, art. EiM oLUiii:. ' répond au point de jonction de l'extrémité supérieure et interne de l'avant-bras avec le (ronc, et se trouve limité, en avant, par le poitrail, en arrière, par le passage des sangles. Cette région présente peu d'intérêt en extérieur; néanmoins, elle est quelquefois le siège d'excoriations qui font dire que le cheval est /?'ai/é aux ai's. Vinter-ars est l'espace situé entre les deux ars. Il n'offre à considérer que des traces de nétoiis, auxquelles on attache géné- ralement peu d'importance. c. — FACE INFÉIUEUnE. a. — PASSAGE DES SANGLES. Située enarrière des ars et des coudes, en avant du ventre, cette région doit être bien descendue, arrondie d'un côté à Vautre et hori- '^onlate d'acant en arrière, de façon à ce que lés sangles ne glissent pas continuellement en avant ou en arrière, lille est souvent le siège de blessures dues au harnachement, surtout si elle forme un plan incliné. 80 EXTERIEUR. b. — VKNTHE. Placé au-dessous des tlaucs et des côles, le ventre a pour base les Fig. -44. — Ventre avalé ou do vache. muscles des parois inférieures de l'abdomen. Son développement doit être médiocre. S'il est trop volumineux, on le dit amlé ou ventre de vache (fig. 44 du — VciUro levrette. texte) ; cette conformation nuit aux allures rapides et indique gônéra- lemeut un cheval mou, lymphatique, grand mangeur. Elle peut cepeu- ÉTUDE DES RÉGIONS. 81 danf se rencontrer chez des chevaux vigoureux, qui ont reçu pour toute nourriture, pendant un temps plus ou moins long, des aliments grossiers, peu nutritifs; dans ce cas, une alimentation bien entendue ramène d'autant plus facilement le ventre à un volume convenable que l'on a affaire à des animaux jeunes. Ou rencontre aussi le ventre avalé chez les poulinières qui ont mis bas plusieurs fois. Si l'animal présente le défaut opposé, on le dit levrette- {ûg. 43 du texte) ou étroit de boyaux. Cela indique que le cheval se nourrit mal, qu'il a longtemps souffert, ou qu'on l'a entraîné pour les courses. Quand cette défectuosité n'est pas due à l'entraînement ou à une longue maladie, qu'elle est, pour ainsi dire, naturelle, les chevaux boudent sur leur nourriture après la moindre fatigue, lisent la gazette, comme disent les maquignons. Sur les parois du ventre peuvent exister des tumeurs molles appe- lées hernies, produites par la sortie d'une anse intestinale, soit à travers l'anneau ombilical dont l'ouverture a persisté, soit à travers les muscles abdominaux déchirés. La portion herniée qui fait ainsi saillie sous la peau au niveau de l'ombilic est dite hernie ombilicale. Dans les autres points du ventre, les hernies sont dites veiitrales, ou tout simplement éventrations, et résultent de coups ou d'efforts violents. D. — FACES LATERALES. ' (I. — COTES. Cette région forme latéralement la charpente osseuse de la cavité de la poitrine. Elle a pour base tous les arcs costaux situés en arrière de l'épaule. Elle doit offrir une convexité as.se: prononcée et être longue. Les côtes plates et courtes (fig. 46 du texte) indiquent une respira- tion et une circulation peu étendues, conséquemment un cheval sans fond. Les côtes longues ou descendues (voy. fig. 4.5 du texte), rondes, très reportées en arrière, annoncent, au contraire, une poitrine large, haute, profonde, et la faculté de supporter un exercice Le Cheval. 6 82 EXTERIEUR. violent et soutenu: « Choisis-le large et arjiète^ disent les Arabes, Forge le fera courir. » S'il est évident que la grande longueur des côtes peut compenser en partie leur manque d'incurvation, il est théoriquement et pratique- ment impossible d'admettre, avec certains auteurs, que l'énergie, la bonne conformation des autres régions du cheval, peuvent racheter le peu de capacité de sa cavité thoracique. Comme le dit avec raison M. Richard, le cheval à côtes courtes et plates « ne sera jamais ca- pable de faire un bon service; il ne sera jamais un cheval de fond, quels que soient son sang et sa conformation; manquant par le foyer, par le principe qui préside à toutes les fondions de la vie, il ne sera, Hg. 46. — Côtes courtes. d'un autre côté, qu'un mauvais reproducteur, malgré la noblesse de son origine (1) ». La véritable hauteur de la poitrine se mesure verticalement du sternum à la colonne vertébrale, sous le garrot ; sa profondeur, ou longueur, se prend horizontalement de la partie antérieure du sternum, sous l'encolure, au diaphragme; enfin, sa largeur est représentée par la distance qui existe d'un côté à l'autre, en arrière de l'épaule, au- dessus du passage des sangles. b. — FLANC Limité en haut par] les reins, en avant par les côtes, en arrière ^1) Richard, loc. cit., p. 163. ETUDE DES RÉGIONS. 83 par la hanche, et en lins par le ventre, le flanc a pour base principale le muscle petit oblique de l'abdomen. Il présente trois parties à étudier : une supérieure, le creux; une moyenne, la corde; une inférieure, ou l^ partie fuyante. Le flanc doit être plein et court. Le flanc /o/)^, coïucidant généralement avec des côtes courtes, plates, et des reins longs, doit être considéré comme une grave défectuosité. Le tlanc est creux quand la partie supérieure forme un enfoncement prononcé ; cordé, si la partie moyenne est tendue et se dessine forte- ment en relief sous la peau. La première de ces conformations annonce un cheval mou, lymphatique, gros mangeur; la seconde indique une affection quelconque des organes digestifs, la maigreur, ou encore l'excès de travail. Lorsque le flanc est à la fois creux et cordé, on dit que l'animal est efflanqué. Enfin, le flanc est retroussé quand il simule celui du lévrier. Les mouvements du flanc correspondent exactement à ceux de l'inspiration et de l'expiration. Comme ces derniers, ils sont lents et réguliers à l'état sain et au repos, et, comme eux aussi, ils augmentent par suite d'un exercice violent ou d'une maladie plus ou moins grave. De plus, dans certaines affections, Vemphyshne pulmonaire, par exemple, ils deviennent irréguliers, et les mouvements d'abais- sement ou d'élévation, ces derniers plus particulièrement, se font en deux temps séparés l'un de l'autre par un moment d'arrêt appelé soubresaut, coup de fouet, contre-temps de la pousse (voy. HT partie, Rhythme de la respiration). Les flancs peuvent être le siège de hernies, comme le ventre. ! E. — EXTRÉMITÉ POSTÉRIEUHE. a. — QUEUE. La quciic a pour base les os coccygiens et fait suite à la croupe. Leâ crins dont elle est garnie sont d'autant plus fins que le cheval a plus de distinction. Lorsque les crins sont entiers et le tronçon intact, on dit le cheval à tous crins. Celui-ci Gsl d'décourté, courte-çueue, lorsqu'on a retranché 84 EXTERIliUR. uue partie notable du tronçon et coupé les crins au niveau de la section. Si, au contraire, les crins ont été ménagés, la queue est d'île en balai. On appelle queue de rat celle qui se trouve en grande partie dé- pourvue de crins ; elle a l'inconvénient de laisser le cheval sans arme contre les insectes qui viennent l'assaillir l'été. Pourtant les chevaux qui présentent cette particularité sont généralement estimés ; tout le monde connaît, en effet, ce vieux dicton : Jamais cheval à queue de rat lia laissé son maître dans l'embarras. La queue est dite bien attachée quand le tronçon élevé se sépare bien des fesses ; elle est, au contraire, mal attachée .,coltée, si, partant de bas, elle se détache peu. Pour donner à certains chevaux la distinction qu'ils n'avaient pas dans le port de la queue, on pratiquait beaucoup autrefois l'opération de là queue à l'anglaise (section des muscles abaisseurs), et le cheval était dit anglaisé ou niqueté. On juge assez sûrement de l'énergie d'un cheval par la résistance qu'offre sa queue quand on veut la soulever. Les Arabes font, avec raison, grand cas de cet élément d'appréciation. Ouverture postérieure du tube digestif, Vanus doit être recouvert d'une peau fine, arrondi, peu volumineux, et toujours parfaitement clos. L'anus béant, avec expulsion continuelle de gaz et de matières ali- mentaires mal liées, caractérise le cheval vidard., cheval mou, faible, vieux ou épuisé : << Méfie-toi., disent les Arabes, du cheval dont l'anus est béant ou venteux., ou dont les crottins ne sont pas égaux (1). » C. — PÉRINÉE. he périnée e?,\. l'espace compris entre les fesses, de l'anus aux testi- cules chez le cheval, et de l'anus à la vulve chez la jument. La peau qui recouvre cette région doit être lisse, fine et souple. Raplié. — Le raphé est la ligne médiane qui sépare le périnée en deux parties égales. I) Général E. Daumas, /oo. cit. ÉTUDE DES RÉGIONS. 85 F. — ORGANES GENITAUX. jo — Organes génitaux du m&le. a. — TESTICULES ET BOURSES. Situés sous la région inguinale, dans l'entre-deux des cuisses, le gauche toujours plus bas et plus eu arrière que le droit, les testicules représentent deux masses glanduleuses de forme ovoïde, enveloppées chacune dans une poche membraneuse appelée bourse. Ils doivent être fermes, volumineux, roulants sous les doigts, sans inégalité, et non douloureux à la pression. Le cheval pourvu de ses testicules est dit entier ; il est hongre dans le cas contraire. Le cheval »2o?zflre/»Ven'a qu'un seul testicule descendu dans les bourses. Chez le cheval cryptorchide, les deux testicules sont restés dans la cavité abdominale. Cette dernière expression s'applique souvent aussi au cheval monorchide. Les animaux monorchides ou cryptorchides étant généralement méchants, on doit les proscrire de certains services, de celui de. l'armée par exemple. Les cryptorchides doivent aussi être rejetés de la reproduction, l'expérience ayant démontré qu'ils sont inféconds. Les maladies et les tares de la région testiculaire sont fréquentes et généralement graves. Parmi celles-ci, il y a lieu de signaler : Vorckite (inflammation de la substance propre du testicule); le sarcocèle (engorgement chronique de l'organe formant une tumeur considérable dure et peu sensible) ; Yhydrocèle (hydropisie aiguë ou chronique des bourses, qui sont alors augmentées de volume, tendues et luisantes) ; le champignon (tumeur indurée de l'extrémité du cordon qui supporte les testicules, survenant, d'un côté ou de l'autre, à la suite de la castration); enfin, la hernie inguinale aiguë ou chronique (due à l'irruption d'une anse intestinale dans les bourses ;les: douleurs qui accompagnent la forme aiguë empêchent toujours la mise en vente de l'animal; mais il n'en est plus de même pour la forme chro- nique, qu'on rencontre assez souvent, surtout à l'état intermittent). «C EXTÉRIEUR. D'iiiio manière gi''uérale, on ne devra jamais faite racfitiisilion d'un cheval atlenut de l'une ou de l'autre des affeclions précédentes. b. — FOURREAU ET VERGE. Fourreau. — Repli de la peau dans lequel se trouve logé le pénis, le fourreau doit être ample et recouvrir complètement cette dernière partie, excepté pendant les émissions d'urine. Sa cavité est enduite d'une humeur sébacée, de couleur gris noirâtre, que l'on désigne, à cause de son aspect, sous le nom. àe cambouis. Celte matière s'accumulant quelquefois en trop grande quantité donne lieu à une irritation qu'on évite en ayant soin d'éponger souvent la région. Certains chevaux font entendre, pendant l'allure du trot ou du galop, un bruit particulier auquel on a donné le nom de bruit Je gre- nouilles. D'après MM. Merche (1), Goubaux et Barrier (2), ce bruit est dû à l'aspiration et au refoulement successifs de l'air à l'intérieur du fourreau. C'est ainsi que M. Francoui a pu le faire disparaître en bourrant le fourreau avec des étoupes. Souvent on trouve, de chaque côté du repli cutané qui nous occupe, un petit mamelon représentant le même organe chez la femelle. Verge. — La verge ou j)énis est l'organe de la copulation chez le mâle. On doit s'assurer qu'elle est exempte de verrues, d'ulcérations, de tumeurs mélauiques, etc., qui nuisent à ses fonctions. Il est, en outre, indispensable qu'elle se meuve avec facihté dans le fourreau et en sorte partiellement lors de l'émission des urines, sans quoi l'animal iiritie daiis son fourreau, défaut d'autant plus important que le séjour prolongé de l'uiine dans l'enveloppe protectrice du péuis détermine là une irritation plus ou moins grave. Quelquefois, la verge est frappée de paralysie et pend hors du four- reau; outre qu'elle est très désagréable à l'œil, la verge pendante gêne considérablement le cheval pendant les allures. « Dans les con- ditions habituelles, la tête de la verge n'est pas visible à l'entrée du fourreau; elle est masquée par les replis de la peau. Aussi, est-ce (1) Merche, vétérinaire principal de l'armée, Nouveau traité des furmes extérieures du cheval, p. 236. (2) Goubaux et Barrier, loc. cit., p. 222. ÉTUDE DES RÉGIONS. 87 à tort que les peintres et les sculpteurs représentent cette partie à peu près avec la disposition qu'elle affecte chez l'homme. Il vaudrait beaucoup mieux qu'ils s'astreignissent, en cela, à copper la nature, de préférence aux modèles du Parthénon, d'ailleurs défectueux sous plus d'un autre rapport (1). » 2° — Organes génitaux de la femeUe. Orifice extérieur des organes génito-urinaires de la jument, la milce constitue une fente verticale située au-dessous de l'anus, dont la sépare le périnée. Elle présente deux lèvres, qui doivent être fermes et exemptes de blessures, et deux commissures : l'une supérieure, aiguë, l'autre inférieure, arrondie. Celle-ci laisse voir, quand on écarte les lèvres, un gros tubercule impair, le clitoris, logé dans un repli muqueux. Chez les juments en chaleur, la vulve se gonfle, devient plus chaude, plus sensible, plus rouge, et laisse écouler une petite quantité de liquide. En outre, « les bêles se campent fréquemment, rejettent une petite quantité d'urine et font saillir leur clitoris à plusieurs reprises et d'une façon convulsive à la suite de ces efforts. Souvent alors elles se montrent chatouilleuses, difficiles à approcher, et détachent la ruade au moindre attouchement. On les dit pisseuses, lorsque cet état devient habituel (2). » Les tares les plus fréquentes de la vulve sont des plaies, des déchi- rures, des morsures, des verrues, etc., qui ne nuisent généralement pas au service journalier. Toutefois, d'après M. Huzard, les verrues, étant héréditaires, doivent faire exclure la jument des haras. Les mamelles sont deux glandes préposées à la sécrétion du lait. Elles forment, dans la région inguinale, deux éminences arrondies surmontées chacune d'un petit prolongement nommé mamelon, qui (1) Goubaux et Barrier, loc. cit., p. 22j. (2) Ibid., p. 226. 88 EXTERIEUR. donne passage au lait par deux orifices excréteurs aboutissant à l'in- térieur de l'organe. Les mamelles doivent être exemptes de maladies et bien dessinées chez les juments destinées à la reproduction. III. — MEMBRES Les me)nbres, au nombre de quatre, deux antérieurs et deux po^té- rieurs^ sont les supports et les véritables moteurs du corps. Nous ne reviendrons, ni sur la disposition angulaire de leurs rayons, ni sur leur mode d'attache avec le tronc, toutes particularités qui ont été suffisamment examinées dans nos généralités (voy. Divi- sions principales et Squelette). Nous nous contenterons ici de les étudier au point de vue de l'extérieur. L'association de deux membres forme ce qu'on appelle un bipède., et l'on distingue les bipèdes en antérieur., postérieur, latéral, et diagonal. Le bipède antérieur est constitué par les deux membres de devant; le bipède postérieur, par les deux membres de derrière; le bipède latéral droit, par les membres droits de devant et de derrière ; le bipède latéral gauche, par les membres du côté opposé ; le bipède diagonal droit, par les membres antérieur droit et postérieur gauche ; le bipède diagonal gauche, par les membres antérieur gauche et postérieur droit. Chaque membre comprend plusieurs régions que nous étudierons successivement, en commençant par celles des membres antérieurs. A. — MEMBRES ANTERIEURS. Les régions comprises dans chaque membre antérieur sont, de haut en bas : l'épaule, le bras, Y avant-bras, le coude,' le genou, le canon, le tendon, le boulet, le fanon, Vergot, le paturon, la couronne et le pied. a. — ÉPAULE. Fixée de chaque côté de la poitrine, entre l'encolure et les côtes, le garrot et le bras, cette région paire a pour base le scapulum et son cartilage de prolongement. Elle est dirigée obliquement de haut eu bas, d'arrière en avant, et s'articule à son extrémité antéro-inférieure ÉTUDE DES RÉGIONS. 89 avec l'humérus, formant ainsi une saillie connue sous le nom de pointe de Vépaule. Pour le cheval de selle et de trait léger, l'épaule devra être longue, oblique, bien musclée (voy. fig. 29 du texte); elle devra avoir, de plus, des mouvements très faciles et très étendus. La première condition de beauté est certainement la longueur, car elle indique un grand développement des muscles qui agissent sur le bras ; or, comme de la longueur de ceux-ci dépend leur degré d'exten- sion ou de contraction, il est facile de concevoir que le jeu du bras sur l'épaule sera d'autant plus étendu que les muscles qui le font mouvoir Fig. 47. — Épaule oblique et épaule droite (flg. théorique). AB. Épaule oblique. A'B'. Éiiaule droite. OC. Encolure. BC. Direction schématique des muscles éléva- teurs de l'épaule AB. B'C. Direction des mêmes muscles dans l'é- paule A'B' (insertions plus obliques que ci- dessus). Fig. 48. — Épaule oblique et épaule droite (fig. théorique). A'B' et AB. Épaule oblique et épaule droite. A'O' et AO. Verticales abaissées de l'extrémité supérieure de chaque épaule. BC et BG. Amplitudes égales des deux oscilla- tions scapulaires. seront plus longs : « l'angle formé par l'épaule et le bras, dit M. Ri- chard, se fermera et s'ouvrira davantage, condition siiœ qua non de grande liberté du membre antérieur (1). » Une autre condition de beauté inhérente à l'épaule du cheval de vitesse réside dans son obliquité. Celle-ci donne une attache plus per- pendiculaire aux muscles de la région (fig. 47 du texte), permet à la pointe de l'épaule de se porter plus en avant à chaque oscillation (flg. 48 du texte), à l'humérus de s'étendre davantage, et à l'avant- (1) Richard, loc. cit., p. 170. 90 EXTERIEUR. bras creulamer une plus grande étendue de terrain (fig. 49 du texte). Malgré ce qu'ont pu dire certains auteurs, la longueur de l'épaule est une beauté pour tous les services. D'uu autre côté, si les inconvénients résultant de l'épaule droite dis- paraissent en ce qui concerne le cheval de gros irait, il ne faut pas conclure de là qu'une épaule est défectueuse chez un boulonnais ou un percheron parce qu'elle est oblique : « Ceux qui voudront s'en assurer par des mensurations sérieuses reconnaîtront facilement que cette région est capable, sur les beaux \ i modèles de ce genre, d'une très grande \ \ inclinaison (1). )) \ \ Quelles que soient, d'ailleurs, sa /■■\ \ longueur et sa direction, l'épaule de- / / \\ vra toujours être bien musclée. Chez le ^•^ ri -^t ^' cheval de selle et de trait léger, on- \/V/ ',\ recherchera eu même temps des mus - y/ \ \ clés bien dessinés, en relief sous la ~~-..^ V--'^'' L'épaule chargée, massive, charnue, ^ épaisse, noyée, c'est-à-dire celle dont Fig. 49. — Épaule oblique et épaule di-oilo , i • r i (fig. théorique). Ics masscs musculaiics énormes alour- MN. Horizontale. disseut la démarche en surchargeant AO. Épaule oblique. ni- • i i i i A'O. Épaule droite. 1 avaut-main, ne convient qu au cheval OB. Humérus de l'épaule oblique. ,],:, „i..n> d.m't rxn- iT ' I ..' 1 1 -1 /t j t-ie tîlUS Udll. OB . Humérus de 1 épaule droite (les deux o épaules et les doux bras sont supposés L'épaulc maigre, cléchumée, est une avoir la môme longueur et former des angles égaux. défecluosité pour lous Ics scrviccs. B'C. Arc décrit par l'iiumérus OB'. r. i i- . , > i BC. Arc décrit par l'humérus OB. Relativement aux moHveinenls qu el- les peuvent exécuter, les épaules sont dites froides quand leurs actions, bornées au départ, deviennent plus libres à mesure qu'on exerce l'animal; chevillées, lorsque cette diffi- culté des mouvements persiste toujours; plaquées, quand elles offrent à la fois peu de saillie et peu de mouvement. A notre avis, on n'accorde généralement pas assez d'importance, dans l'appréciation du cheval, à la cuuformatiou de l'épaule. Four beaucoup, c'est là un petit détail sur lequel il serait puéril de s'arrèler. (f) Goiibaux et liurrier, loc. cit., p. 240. ÉTUDE DES RÉGIONS. 91 Eireur profonde I Le cheval donl l'épaule est droite^ courte, mal mi(sclée (voy. fig. 30 du texte), est tout aussi sûrement un mauvais cheval que celui qui a la croupe courte et étroite : « Le cheval dont le poitrail est enfoncé et les épaules perpendiculaires, fuis- le comme la peste », disant les Arabes, et ils ont mille fois raison. « Si le cheval n'a point d'é[iaules, écrit d'autre part de Solleysel, et qu'il ne les puisse mouvoir, les ayant tout engourdies, cela est capable de faire rejeter un cheval de quelque -beauté qu'il soit, hors que le prix en soit fort modique (1). » Aussi, ne saurions-nous trop engager le lecteur à voir dans l'épaule l'un des plus précieux éléments d'appréciation du cheval. Nous lui con- seillons surtout de se défier des animaux chez lesquels cette région, en outre des défauts ci-dessus, se confoudinsensiblement avec l'encolure, le garrot et les côtes, et dont le rayon scapulaire s'amincit tellement à son extrémité supérieure qu'il semble s'accoler là à celui du côté opposé. D'ailleurs, les épaules droites, courtes, mal musclées, présentent un autre inconvénient très grave pour les allures rapides, celui d'exposer le cheval à butter, surtout s'il est en même temps bas du devant. Les membres antérieurs, en effet, ne peuvent alors entamer une étendue de terrain commandée par l'impulsion des membres postérieurs, et l'animal se heurte aux moindres inégalités du sol dès qu'on force un peu son allure. Cet inconvénient est surtout sensible chez les chevaux à croupe bien musclée, horizontale, dont le corps est vigoureusement projeté eu avant (voy. Croupe). Maintenant, nous ferons observer que l'épaule n'est pas nécessai- rement bien conformée, comme on le croit souvent, par le seul fait que le garrot est sec et élevé. S'il est vrai que la beauté d'une de ces régions commande généralement celle de l'autre, il est non moins certain que souvent cette harmonie de conformation fait défaut. La longueur de l'épaule, en effet, dépend d'abord de celle de son rayon osseux et, secondairement, delà saillie des premières apophyses dor- sales au-dessus des cartilages scapulaires; or, il est évident que cette saillie, pour si accusée qu'elle soit, ne peut, en s'ajoutant à une omo- plate courte, former une épaule longue, et, réciproquement, sou effa- cement ne peut empêcher un scapulum très développé de constituer une épaule longue, descendue. Quant au raccourcissement des muscles qui, (I) De Solleysel, loc. cit., p. 49. 92 EXTÉRIEUR. (le cette région, vont au garrot, raccourcissement résultant du peu d'élé- vation de celui-ci;, c'est là un inconvénient assez peu important, le rôle de ces muscles étant relativement effacé dans la locomotion de l'épaule. Dans notre travail sur les chevaux tunisiens, nous signalions déjà timi- dement cette particularité : (( Chose digne de remarque, écrivions-nous, (( avec un garrot sec, élevé, tranchant, se prolongeant jusque vers le « miheu du dos, coexistent souvent des épaules mal conformées (1). » Aujourd'hui, grâce à de nouvelles et nombreuses observations sur les chevaux français, qui ont corroboré de tous points celles recueil- lies sur les chevaux tunisiens, nous ne craignons pas d'être plus affir- matif et d'appeler de nouveau l'attention du lecteur sur ce sujet. Les régions de l'encolure et des côtes nous paraissent devoir être prises en plus sérieuse considération que celle du garrot pour l'appré- ciation de l'épaule. Donnant, en effet, attache à la plupart des mus- cles extrinsèques de cette dernière région, l'encolure et les côtes faci- literont d'autant plus les mouvements de l'épaule qu'elles seront plus longues, mieux musclées et dans une meilleure direction. La grande dimension de la région scapulaire n'est guère compatible, d'un autre côté, qu'avec une poitrine très haute. L'épaule est l'une des régions de l'extérieur qui s'améliore le plus facilement par l'exercice. M. de Sourdeval, si nous avons bonne mémoire, conseille aussi, pour développer l'obliquité des épaules, de ne jamais laisser le cheval prendre ses repas à terre, de lui donner, au contraire, ses aliments dans des ratehers et des crèches placés très haut. b. — BKAS. Le bras, que l'on confond souvent avec l'épaule dans les traités d'extérieur, s'articule avec cette dernière région en formant l'angle scapulo-huméral. Il a pour base l'humérus et affecte une direction opposée à celle du rayon scapulaire. Il devra être assez oblique pour fermer convenablement l'angle scapulo-huméral, disposition qui permet aux rayons osseux de s'é- carter davantage au moment des allures. (1) E. Alix, Notice sw les principaux animaux domestiques du sud et du littoral de la Tunisie. Paris, 1883, noie i, p. 8. ETUDE DES RÉGIONS. 93 c. — COUDE. Situ6 en haut et en arrière de l'avant-bras, le coude a pour base le sommet du cubitus (olécrâne). 11 doit être lo»ff, ui trop écarfé ni trop rentré sous la poitrine. On appelle éponge une tumeur de la pointe du coude produite par la branche interne du fer des pieds antérieurs, quand le cheval se cou- che en vache. d. — AVANT-BRAS. Vavant-hras fait suite au bras'et a pour base le radius et le cubitus. Fig. 50. — Avant-bras long et bien musclé. Fig. 51. — Avant-bras court et grêle. Il est d'autant mieux disposé pour la vitesse qu'il est plus long et plus vertical (fig. 50 du texte). Les muscles recouvrant les rayons osseux doivent être volumineux, l)ien dessinés, fermes, et affecter la disposition de cônes renversés ; alors l'avant-bras est musculeu.r ; sinon il ei%i grêle. La longueur de l'avant-bras est moins à rechercher pour les che-' vaux de gros trait; cependant, là encore, on pourrait la considérer comme "une beauté, puisque les beaux chevaux de trait, ceux de la Compagnie générale des omnibus de Paris, par exemple, ont en gé- néral les avant-bras longs. 94 EXTÉRIEUR. Pour certains services, celui du manège surtout, l'avant-bras court est préférable, en ce sens qu'il donne beaucoup de brillant au cbeval : tels les chevaux andalous. Ghâtaig-ne. — Production cornée peu intéressante située vers le tiers de la face interne de l'avant-bras. Elle est d'autant moins développée que les chevaux sont plus fius. GENOU. Le genou a pour base les deux rangées des os carpiens (voy. pi. XI). Il présente à considérer deux faces : une antérieure à peu près plane, l'au- tre postérieure, ou le pli du genou. Comme toutes les articulations, il doit être /«r^e (fig. 52 du texte) d'avant en arrière et épais d'un côté à l'autre, pour fournir une bonne surface d'ap- pui à la partie antérieure du corps qui repose sur lui : « Le genoiiil, « dit de Solleysel, doit être plat et (I large, sans aucune grosseur ni « rondeur au-dessus (1). » De plus, il doit se trouver dans la même direction verticale que le canon et l'avant-bras. Ainsi conformé, il convient à tous les services. Nous examinerons dans des chapitres spéciaux les défauts d'aplomb I i^. .')2. — Genou Fig. !)3. — Genou large et épais. étroit. et les tares de cette région. B. — MEMBRES POSTERIEURS. a. — CUISSE. Cette région a pour base le fémur et offre à étudier deux faces : une externe; l'autre interne, dite plat de la cuisse, sur laquelle rampe une veine superficielle, la. saphène, où l'on pratique quelquefois l*saignée. (1) De Solleysel, Le véritable parfait mareschul, p. 17. ETUDE DES REGIONS. 95 La face externe doit être arrondie et sépaiée des régions voisines par des interstices musculaires, qu'il ne faut pas confondre avec les raies de misère résultant de l'amaigrissement. Si, avec cela, les mus- cles sont fermes, vigoureux, non empâtés, le cheval est dit bien gigoté. Fig. 54. — Fesse et cuisse longues. Fig. 55. — Fesse et cuisse courtes. Ou dit qu'il a la cuisse plate, de grenouille, quand, au contraire, les muscles de cette région sont peu développés. La longtmir (fig. 54 du texte) et Yobliquité de la cuisse sont des beautés relatives à rechercher pour les allures rapides... « Et lorsque je dis : Reposons-nous, le cavalier s'arrête comme par enchantement et se met à chanter, l'estant en selle sur le cheval vigoureux dont h's muscles des cuisses sont allongés et les tendons secs et bien'séparés (1). » b. — FESSE. Située en arrière de la cuisse, la fesse s'étend do la naissance de la queue à la corde du jarret. Celte région a pour base les muscles ischio- tibiaux, chargés de faire basculer le coxal, et avec lui tout l'avant- main sur le fémur. Sa partie supérieure otfre une espèce de saillie cor- respondant à l'angle postérieur del'ischium ; c'est la pointe delà fes^e. (I) Général E. Daumas, loc. cit. (Lettre d'un roi arabe qui vivait avant le Prophèlc à un empereur de Constandnople, lui signalant les qualités des chevaux du nord de l'Afrique.) 96 EXTÉRIEUR. Cette région doit être longue, large, et constituée par des muscles énergiques. La fesse bien descendue (fig. 54 du texte) sur la jambe indique beaucoup de force dans le train postérieur et est à rechercher, sur- tout pour les chevaux destinés aux allures rapides. C. — GRASSET. Cette région, peu importante en extérieur, correspond à l'articu- lation fémoro-rotuhenne et a pour base la rotule. Elle est reliée à la partie postérieure de l'abdomen par un repli de la peau appelé pli du grasset. d. — JAMBE. La jambe, qui s'étend de la cuisse au jarret, a pour base le tibia. Fig. 5(>. — Jambe courte Fig. 57. — .Ïambe longue. Elle doit être large, bien musclée, suffisamment longue et inclinée. Quand la jambe est ainsi conformée, le cheval est dit avoir du mollet. La longueur de celte région (fig. 57 du texte), jointe à son peu ÉTUDE DES RÉGIONS. ' 97 d'inclinaison et à un grand développement des muscles, favorise les allures rapides. Sa briècclé (fig. 56 du texte) et son obliquité, au contraire, si elle est en même temps bien musclée, doivent être préférées pour les chevaux dont on exige beaucoup de force et de fond. « Les animaux des montagnes, dit M. Richard dans son excellente Etude du cheval de service et de guerre, comme les hommes de ces pays, ont les membres courts et forts, pour gravir les mauvais chemins et les pics escarpés; ceux des plaines les ont allongés, mais quelle différence dans le fond! Les chasseurs des plaines reconnaissent les lièvres descendus des mon- tagnes au peu de longueur de leurs jambes, en comparaison des indi- gènes, et à leur résistance au courre : les chiens forceront deux lièvres de la plaine avant de fatiguer un seul montagnard. Un grand échassier de cheval, quelle que soit sa vitesse à accomplir un tour d'hippodrome, sera toujours forcé par un concurrent près de terre, en augmentant le poids de chaige et en allongeaut la carrière pour une épreuve sérieuse (1). » e. — JARRET. he jarret a pour base les os du tarse, l'extrémité inférieure du tibia, et l'extrémité supérieure des métatarsiens (Voy. pi. XIII). Son mouvement de délente est l'agent essentiel de la progression. On dis- tingue dans cette région : 1° \q pli, ou partie antérieure; 2° la pointe, ou partie postérieure, qui a pour base la tête du calcanéum; 3° la corde, constituée par de forts tendons; 4" le creux, situé entre la corde et l'extrémité inférieure du tibia. Comme le genou, le jarret doit être large, épais (fig. 58 du texte), net, et bien évidé ; c'est-à-dire que les saillies osseuses et tendineuses doi- vent être parfaitement apparentes sous la peau fine. Si, présentant une étroilesse anormale, il se confond insensiblement avec les régions voisines, surtout à sa base, on le dit étroit ou étranglé (fig. 59 du texte). 11 est dit gras, plein ou empâté, quand les reliefs osseux sont plus ou moins effacés par l'abondance du tissu conjonctif sous-cutané et l'épaisseur de la peau et des poils. (1) Richard, loc. cit., p. 224 Le Cheval. 7 98 KXTEIUEUR. L'angle que forme le jarret peiil être plus ou moins ouvert ; dans le premier cas, le jarret est droit ; il est couilé dans le second. Le jarret droit (fig. 61 du texte) est favorable à la vitesse. Le jarret coudé (fig. 60 du texte), au contraire, favorise plutôt les mouvements enlevés, surtout avec la croupe longue et oblique ; aussi, tous les animaux sauteurs ont-ils les jarrets plus ou moins coudés; tel le Kanguroo, qui fait des bonds énormes. Par suite de l'insertion per- pendiculaire sur le calcanéum de la corde de la puissance (tendon Fig. 58. — Jarret largo Fig. 5!). — Jarret et épais. étroit ou étranglé. Fig. CO. — Jarret coudé. Fig. CI. —Jarret droit. d'Achille chez l'homme), cette conformation du jarret est aussi plus favorable à la force. Dans tous les cas, les jarrets droits et coudés à l'excès se fatiguent vite, soit par suite des réactions, soit par suite des tiraillements, toujours plus prononcés que sur les jarrets moyennement coudés. Aussi, les tumeurs molles ou dures sont-elles surtout fréquentes sur ces jarrets. Nous étudierons ultérieurement les tares et les défauts d'aplomb de cette région. /'. — CANON ET TENDONS. Canon. — Le Canon a pour base le métacarpien ou le métatarsien principal et les deux métacarpiens ou métatarsiens rudimentaires (encore appelés péronés). Que l'on considère cette région dans le membre antérieur ou dans ÉTUDE DES RÉGIONS. 99 le memljre postérieur, elle est la même, aiusi, d'ailleurs, que toutes celles qu'il nous reste à étudier maintenant. Toutefois, il y a lieu de faire remarquer que le canon antérieur est toujours plus long que le canon postérieur. Le canon doit être large, bien musclé et aussi court que possible pour les chevaux destinés aux allures rapides : « Les rayons supérieurs des membres doivent être longs, disent les Arabes ; les rayons inférieurs courts, o Nous examinerons les tares du canon en même temps que celles des autres régions. Tendons. — Situés eu arrière du canon, les tendons, au nombre Fig. C2. — Tendons nels, bien détachés. Tendons faillis. de deux (fléchisseur profond et fléchisseur superficiel des phalanges), sont les agents essentiels des mouvements du pied et méritent, à ce titre, d'être examinés avec la plus grande attention. Ils doivent être forts, secs, fermes, nets, co?ivenable?nent détachés (fig. 62 du texte) du canon, de manière à laisser entre eux et cette dernière région un creux, un évidement bien marqué, dans lequel on doit apercevoir, à travers la peau fine, le ligament suspenseur du boulet. « C'est une des parties les plus considérables d'un cheval que le nerf de la jambe, dit de Solleysel; les plus gros, sans estre enflez, sont les meilleurs ; toutes les jambes qui ont le nerf n^enu seront bien tost ruinées (1 ). » (I) De Sollej'sel, loc. cit., p. )7. 100 1<:XTÉH1EUK. Chez les chevaux comnnius ou de gros trail, les lendous sont empâtés, mal détachés, et cela sans grand inconvénient. Si, au-dessous du pli du genou, à l'endroit où ils semblent se dé- tacher de l'os sus-carpien, les tendons offrent moins de saillie, sem- blent collés au canon, on les dit faillis (fig. 63 du texte) ; au lieu de suivre une direction verticale, ils deviennent alors obliques de haut en bas et d'avant en arrière. C'est l'une des plus graves défectuosités que nous connaissions, surtout pour le cheval de selle et de luxe. Quand, au contraire, la région des tendons est plus grosse en bas, engorgée, dure, noueuse, on se trouve en présence d'un effort de tendon ou nerf-ferrure. Dans ce cas, il y a généralement, en même temps, douleur et boiterie. La bride fibreuse qui descend de l'articulation carpienne ou tar- sienne pour rejoindre le tendon perforant peut seule être malade; alors l'engorgement et la sensibilité ont leur siège entre le canon et les tendons, qui restent ordinairement sains. On désigne quelquefois cette affection sous le nom de ganglion. On dit ordinairement du cheval qui contracte une nerf-ferrure pen- dant un exercice violent qu'?7 s'est claqué les tendons, quil a les tendons claqués. g. — BOULET. Cette région est formée par l'articulation du métacarpe ou du métatarse avec la première phalauge et les os sésamoïdes (Voyez pi. XI et XII). A partir du boulet, la direction des rayons de chaque membre cesse d'être verticale pour devenir oblique de haut en bas et d'arrière en avant ; de cette disposition particulière résulte un amortissement du choc sur le sol et une décomposition des forces, dont toute l'action perdue porte sur le boulet. Celte jointure supportant ainsi de vio- lents efforts et pendant la station, pour maintenir le boulet dans la position la plus convenable au support de la masse, et pendant Tim- pulsion dans les mouvements, doit présenter un grand développement d'un côlé à l'autre et d'avant en arrière. La longueur du diamètre antéro-postérieur surtout est à rechercher, car elle indique que la poulie' des lendous (sésamoïdes) est convenablement développée, que les cordes tendineuses elle ligament suspeuseur dn boulet se rappro- ETUDE DES REGIONS. 101 client de la perpendiculaire et sont, par couséqnenf, dans les meil- leures conditions pour fonctionner énergiquement. Chez les chevaux fins, destinés aux allures vives, le boulet devra également présenter des contours nets et des tendons saillants. On dit d'un cheval dont les boulets sont minces qu'il manque de poignets : « Le cheval de demi-sang, disent MM. Moll et Gayof, faible dans cette région, ne promet quun pauvre serviteur, et il tient cette pro- messe avec une certitude et une promptitude désespé- rantes {l). » Quand le boulet est porté en avant, le cheval est dit droit sur ses boulets ou bouleté, suivant les différents degrés du redressement. Cette déviation est un signe certain d'usure ou de douleur vive dans les tendons. Les chevaux s'atteignent souvent au boulet avec le '"'s- 1,oyj^te^''"^^*' pied opposé, soit par suite de fatigue, de faiblesse (jeunes chevaux), ou d'usure, soit par suite d'une ferrure mal en- tendue. h. — FANON ET ERGOT. En arrière du boulet se trouve une petite production cornée nom- mée ergot, autour de laquelle se groupe un paquet de poils qu'on appelle \% fanon. Ces deux régions sont d'autant plus développées que les chevaux sont plus communs. i. — PATURON. Situé obhquemeut d'arrière en avant, \q paturon a pour base la pre- mière phalange. Il doit être arrondi et présenter une certaine force; mais c'est surtout sa direction et son plus ou moins de longueur qu'il importe de considérer dans le choix d'un cheval. La direction du paturon ne doit pas tenir tout à fait le milieu entre la ligne verticale et la ligne horizontale, mais faire osciller le rayon phalaugien entre 55 et 60 degrés sur l'horizon pour les membres antérieurs, et entre 60 et 65 degrés pour les membres postérieurs. Suivant que le paturon est trop vertical ou trop horizontal, le cheval est dit droit-jointé ou bas-jointé. (i) MolletGayot, La Connaissance gmévak du cheval. Paris, 1872, p. 201. 102 EXÏÉRIKUH. Relativement h la longueur de cette région, le cheval peut encore être court-jointê ou loii(/-j ointe. En général, le cheval court-jointé est en même temps droil-joiiilé, de même que le cheval long-jointé est ordinairement bas-jointé; mais il faut bien se garder de considérer comme synonymes les expressions court et droit-jointé, long et bas-jointé, car cette règle, qui associe souvent deux h deux les défectuosités de direction et de longueur du paturon, souffre d'assez nombreuses exceptions. Quoi qu'il en soit, les inconvénients résultant de l'excès ou du défaut d'obliquité sont à peu près de même nature que ceux qui découlent de l'excès ou du défaut de longueur. Le paturon court et droit n'amortit pas assez les réactions et occasionne l'usure précoce des membres. Le patu- ron long et horizontal, d'un autre côté, rend généralement les réactions plus douces, mais il rejette la plus grande partie du poids du corps sur les tendons, qui se fatiguent alors très vite, surtout chez les chevaux dont le service exige de violents efforts. Le paturon du membre postérieur est toujours plus rapproché de la verticale et plus court que celui du membre antérieur. Les paturons sont très sujets aux crevasses., petites plaies allongées, peu graves, mais longues à guérir, situées dans le pli du paturon. Ue chaque côté de cette même région on rencontre quelquefois aussi des cicatrices linéaires indiquant qne l'animal a été opéré de la névro- tonne pour une affection chronique du pied; il est bon, dans ce cas, de s'assurer avec soin si cette dernière affection existe encore. Située à l'extrémité inférieure du paturon, la couronne n'est pour ainsi dire que le prolongement de cette dernière région. Elle sur- monte le bord supérieur du sabot et se trouve constituée par la deuxième phalange et la partie supérieure des cartilages complémen- taires de l'os du pied. (i Sa beauté réside dans l'étendue de ses dimensions en longueur, en épaisseur, et dans la netteté de ses contours, il ne doit y avoir sur elle ni dépilalion ni poil hérissé (1). » (1) Commission d'hygiène hippique, loc. cit., p. 71. ÉTUDE DES RÉGIONS.. 103 En dehors des /«mv osseuses (formes), dont nous dirons un mot dans un chapitre spécial, cette région est souvent le siège de plaies contuses ou atteintes, que l'animal se donne lui-même ou qu'il reçoit de ses voisins. Ces blessures, généralement bénignes, peuvent deve- nir très graves lorsqu'on les néglige, et dégénérer en javart carti- lacjineux, ou carie du fibro-cartilage de l'os du pied. Celte complica- tion se reconnaît à la forme fistuleuse de la plaie, à la couleur verdâtre et à l'odeur infecte du pus qui s'en écoule; elle nécessite ordinairement une opération grave. A la partie antérieure de la couronne se développe quelquefois une atfection appelée crapaudine, se caractérisant par une modification particulière de la fonction sécrétoire du bourrelet kératogène et dont la persistance nuit à la régularité du développement du sabot. DU PIED PI. n. En anatomie comparée, le pied embrasse toute la partie des mem- bres antérieurs ou postérieurs qui fait immédiatement suite à l'avant- bras et à la jambe. Mais, en extérieur, cette région est bien plus bornée, et le pied ne comprend que l'extrémité des membres qui repose sur le sol, c'est-à-dire la botte cornée connue vulgairement sous le nom de sabot, laquelle contient et protège des tissus vivants très sensibles, de texture et de propriétés variables. L'examen du pied est de la plus haute importance, puisque de la bonne conformation de cette partie résulte la véritable aptitude au service : (I Pas de pied, pas de cheval ! » disait Lafosse. (I No foot, no horse ! » répètent les Anglais. Les pieds, au nombre de quatre, sont distingués en pieds de devant et en pieds de derrière. A. — ORGANISATION DU PIED Le pied est constitué par un certain nombre de parties intérieures recouvertes par la peau modifiée et par une enveloppe cornée connue 104 EXTÉRIEUR. SOUS le nom de sabot. Nous allons rapidement examiner chacune de ces parties en nous aidant des figures 1 et 2. «. — EMVELOPPE COIINÉE OU SABOT. (Fig. 1, I, et fig. 2, n.) Le sabot est l'enveloppe de corne qui entoure toute l'extrémité in- férieure du membre. Sa forme est celle d'un tronc de cône à base inférieure et à sommet coupé obliquement de haut en bas et d'avant en arrière. Concave en dessous, fendu en arrière, il est composé de quatre pièces : la paroi., la sole., la fourchette., et le périopie. Vu sa soudure intime avec la fourchette, le périopie est souvent décrit en même temps que cette dernière partie. 1° Paroi (fig. 1,1, et fig. 2, II). — La paroi ou miirail/e (Cig. 1, I) l'orme le pourtour du sabot, c'est-à-dire toute la portion de la boîte cornée qui est visible quand le pied appuie sur le sol. C'est une bande de corne en forme de croissant, dont la largeur diminue progressi- vement d'avant en arrière, et dont les extrémités, terminées en pointe, convergent l'une vers l'autre en encadrant la fourchette. On divise la paroi en plusieurs régions: r La pince (fig. 1, I, 1), située à la partie la plus antérieure du pied; 2° Les mamelles (fig. 1, 1, 2), au nombre de deux, une de chaque côté de la pince; 3° Les quartiers (fig. 1, I, 3), immédiatement après les mamelles; 4° Les talons (fig. 1,1, 4), tout à fait eu arrière ; 5° Les arcs-boiitants ou barres (fig. ':2, II, 5. 5), placés de champ sous le pied, et formés parles extrémités repliées de la paroi (1). Outre ces régions, la paroi offre encore à considérer deux faces: une externe., une interne, et deux bords: un inférieur, un supérieur. Lk face externe (fig. I, 1), lisse, polie, luisante, doit son aspect à la lame épidermique, ou périopie, qui la recouvre. \^d^ face interne [iig. 1,1, verso), concave, présente dans toute son étendue, ses bords exceptés, une série de feuillets de corne blanche, placés de champ suivant sa hauteur. Ces feuillets, désignés sous le ({) On réserve quelquefois exclusivement le nom dû barre à la partie repliée de la paroi, et celui d'arc-boutant au point un la paroi s'inllécliit pour former la barre. ETUDE DES REGIONS. 105 nom de lissti kérap/ii/ilet/x [dg. 1, I, verso, 3), s'engrènent solidement avec les feuillets correspondants de l'enveloppe cutanée ou de chair. Le ùord supérieur, en rapport avec la couronne, est creusé à sa face interne d'une espèce de gouttière où se loge le renflement que forme la terminaison apparente de la peau et que l'on appelle le bourrelet ou cutidure. Cette gouttière porte le nom de biseau ou de cavité cutigérale (2) (fig. 1, I, verso, 1). Le bord inférieur (fig, 2, II, 1), plus éteudu que le précédent, se trouve en rapport avec le sol à l'état de nature et avec la face supé- rieure du fer chez le cheval ferré. Par sa partie interne, il s'unit d'une manière intime avec la sole. La corne de la paroi est assez molle à sa face interne, mais très dure extérieurement. Son épaisseur est plus grande en pince, ma- melles et talons qu'en quartiers ; plus grande aussi au quartier externe qu'au quartier interne. La paroi a une direction générale oblique, mais cette obliquité est plus prononcée en pince qu'en talons. De l'épaisseur, de la qualité, de la direction de la muraille dépen- dent en grande partie la bonté du pied et la sohdité de la ferrure. 2° Sole (fig. 2, II, 10). — La sole, ou plancher du sabot, forme, avec la fourchette, les barres et le bord inférieur de la paroi, le des- sous du sabot. C'est une large plaque cornée emprisonnée dans l'arc de la paroi et échancrée eu arrière pour loger la fourchette. La face inférieure (10), excavée en voûte, dure, écailleuse, est en rapport avec le sol. La face supérieure [verso, 4), bombée, est criblée de porosités qui logent les innombrables villosités du tissu réticulaire de la face infé- rieure de la troisième phalange. Le bord externe forme une demi circonférence qui s'unit intime- ment avec le bord inférieur de la paroi. Il est parfaitement figuré par le cordon circulaire blanc jaunâtre qu'on voit sur le deuxième plan de la figure 2. \Jinterne, moins étendu et en forme de V, adhère aux barres, qui le séparent de la fourchette. 3" Fourchette (fig. % II, 6, 7, 8, 9). — U\ fourchette représente (I) Bracy-Clark, Recherches sur la consiruclion du sabot du cheval. 106 EXTÉRIEUR. un coiu de corne molle placé horizontalement à la face inférieure du pied, dans l'espace triangulaire que circonscrivent les barres. On lui reconnaît deux faces : une inférieure, une supérieure. La face inférieure se divise Qn pointe., corps et branches. La pointe (6') est l'extrémité qui s'enfonce dans la sole. Le corps (6) se Irouve entre la pointe et les branches. Les branches (6") occupent, en arrière, l'espace compris entre les barres. Cette même face inférieure est creusée, dans son miUeu, d'une cavité dite lacune médiane (7), séparant les deux branches. Entre cha- que branche et la barre correspondante, se trouvent les lacunes laté- rales (8. 8). La face supérieure présente une disposition iuverse de celle de la face inférieure. C'est ainsi qu'à l'opposé de la lacune médiane s'élève une éminence assez prononcée connue sous le nom iï arrête- fourchette [verso, 5). Son extrémité postérieure est bifurquée et se termine par deux renflements arrondis, mous, élastiques, appelés ^/d- incs de la fourchette (9. 9), qui se continuent le long du bord supérieur de la paroi par une mince bande de corne que nous allons décrire en particulier sous le nom de périople. 4° Périople. — « C'est une bande mince de corne molle, qui forme comme une espèce de cou- ronne au sabot et se soude en arrière avec la four- chette (fig. 65 du texte). Le périople s'étend sur toute la paroi, sous forme d'un vernis brillant, mince, peu perméable à l'eau. 11 protège la paroi contre la sécheresse et l'humidité (Ij. » Fis- C5. — Fourclictl et périoiile. I). — ENVELOPPE CUTANÉE. (Fig. 1, n, et tig. 2, UI.) Connu vulgairement sous le nom à'enveloppe de chair ou de chair du pied, le revêtement cutané du pied n'est autre chose que la con- tinuité de la peau du membre, laquelle est modifiée dans son aspect extérieur et dans ses propriétés. Ce revêtement est très riche en (1) Conimissioii d'hygiùne hippique, Manuel de maréchalerie, p. 49. ÉTUDE DES RÉGIONS. 107 vaisseaux sanguins et eu filets nerveux ; aussi est-il excessivement sensible et prompt à se congestionner, à s'eufiammer, dès que la boîte cornée qui l'entoure a perdu, pour une raison ou pour une autre, ses propriétés physiologiques. On distingue, dans l'enveloppe de chair, trois parties: le bourrelet, le tissu podopliy lieux, et le tissu velouté. 1° Bourrelet ou Gutidure (fig. 1, il, 1). — Le bourrelet, encore appelé bourrelet principal, couronne supérieurement les parties vives et se trouve logé dans la gouttière circulaire du bord supérieur du sabot, auquel il est élroitemenl uni, grâce à une multitude de prolongements filamenteux appelés villosités, qui partent de sa surface et pénètrent, par autant d'ouvertures, dans l'épaisseur de la corne. Préposé à la sécrétion de la paroi, le bourrelet constitue encore, grâce à ses villosités très riches en nerfs, un véritable organe de tact pour le cheval, qui peut ainsi percevoir les sensations à travers l'é- paisseur de la corne. Un autre petit bourrelet, le bourrelet périoplique (fig. 1, il, 2), se trouve situé au-dessus du bourrelet principal. // sécrète le périople. 2° Tissu podophylleux, chair cannelée ou feuilletée (fig. 1, ii, 3). — Le tissu podophylleux recouvre tont le pourtour du pied et se présente sous forme d'une membrane à plis parallèles et longitudinaux, comme les feuillets d'un livre, s'engreuant sohdement avec les feuillets de corne (tissu kéraphylleux). Us sécrètent ces mêmes feuillets de corne et se replient en arrière pour se mettre en rapport avec le tissu kéraphylleux des barres (N'oy. fig. 2, lil, 2). 3° Tissu velouté (fig. 2, ilij. — La chair veloutée recouvre tout le dessous du pied et présente l'aspect d'un fin gazon, par suite des nombreuses villosités qui se détachent de sa surface pour pénétrer dans la corne. Elle sécrète la sole et la fourchette. C. — PARTIES INTÉRIEURES. (Fig. 1, m, IV, V, VI.) Les parties intérieures du pied sont nombreuses; elles comprennent trois os, deux plaques fibro-cartilayineuses , des ligaments, deux forts tendons, un coussinet élastique dit coussinet plantaire; enfin, des syno- viales, des vaisseaux et des nerfs. 108 EXTÉRIEUR. Nous (lirons successivement un mol de chacune de ces parties, en procédant de dehors en dedans. 1° Fibro-cartilag-es de l'os du pied(rig. I , Hf)- — Immédia- tement au-dessous des deux premiers plans de la figure 1, c'est-à-dire en dedans du sabot et de l'enveloppe cutanée, nous trouvons les fibro- cavtilages ou cartilages complémentaires de F os du pied, grandes plaques élastiques aplaties d'un côté à l'autre, convexes en dehors et concaves eu dedans, placées de chaque côté et en haut du Iroisième phalan- gien, pour l'empêcher de descendre trop brusquement dans le sabot et amortir les chocs, au moment où le pied vient rencontrer le sol. 2° Ligaments et tendons (tlg. 1 , IV et VI). — Les tendons sont situés en avant et en arrière des os. Le premier que nous rencontrons est celui de \ extenseur antérieur des pJialanges (IV, 1) ; ce tendon longe la face antérieure du métacarpien ou du métatarsien principal et de l'articulation du boulet, arrive en avant du doigt, et se termine à l'os du pied (éminence pyramidale), après s'être élargi d'une manière remarquable et avoir reçu, par côté, une bride de renforcement (IV, 7), qui semble provenir de l'extrémité inférieure du ligament suspenseur du boulet. (Voy. pi. 11, fig. 2,e.) En arrière se détachent les deux tendons des flécJrisscurs des pha- langes : Le premier, tendon du fléchisseur superficiel ou perforé (IV, 2), après avoir traversé la gaine carpienne (Voy. pi. XI et Xll), arrive en arrière du boulet où il forme un anneau parfaitement visible sur la figure 1 , dans lequel s'engage la corde du lléchisseur profond. Il s'in- iléchit ensuite en avant, sur la coulisse formée par les os sésamoïdes, et se termine par deux branches, en arrière de l'extrémité supérieure de la deuxième phalange. Le second, tendon du fléchisseur profond ow perforant (IV, 3), après avoir traversé l'anneau sésamoïdien du tendon perforé, passe entre les deux branches terminales de ce tendon et s'épanouit ensuite en formant une large expansion, dite aponévrose plantaire. Celle-ci glisse sur la face inférieure du petit sésamdide (VI, 7), à l'aide d'une synoviale particulière, la petite gaine sésamdidienne (VI, 17) (1), et s'insère enfin à la crête semi-lunaire de l'os du pied (VI, 6, 12). (1) Comme on peut très bien s'en rendre compte par l'examen du sixième plan de la figure I,la petite gaine sésamoïdienne forme deux culs-de-sac : l'un, supérieur, ÉTUDE DES RÉGIONS. 109 Il résulte de celle description que deux tendons seulemeul : celui de l'extenseur antérieur et celui du fléchisseur profond des phalanges, se trouvent compris dans les parties intérieures du pied. De tous les ligaments représentés sur le quatrième plan de la figure 1 , ceux de l'articulation de la seconde phalange avec la troisième {ligaments latéraux postérieurs et antérieurs) (H, 12) sont seuls ren- fermés dans les enveloppes du pied. Le premier (1 1) est formé des fibres les plus inférieures du ligament latéral de lu première articulation inlerphalangienne (10), lesquelles fibres, après s'être attachées sur la seconde phalange, se réunissent en un cordon fibreux qui se fixe principalement sur l'extrémité et le bord supérieur du sésamoïde. Le second (12) constitue un large faisceau attaché par sou extré- mité supérieure sur les empreintes latérales delà deuxième phalange, et par son extrémité inférieure dans les deux cavités creusées à la base de l'éminence pyramidale de l'os du pied (Voy. fig. 1, V, 6). 3° Os (fig. 1, V et VI). — Trois os forment la base résistante du pied et en permettent les mouvements ; ce sont : r Vos du pied on troisième phalange (V, 5), qui donne au sabot la forme que nous lui connaissons. Cet os présente à étudier trois faces, trois bords et deux angles latéraux. La face antérieure, convexe d'un côté à l'autre, criblée de porosités et de trous vasculaires, préseule de chaque côté : 1° Un sillon hori- zontal ou scissure préplantaire (V, 9); 2° Yéminence patilohe (V, 10), surface rugueuse et en relief, située entre la scissure précédente et le bord inférieur de l'os. La /ace supérieure est occupée par la surface articulaire qui répond à la face inférieure de la deuxième phalange et au petit sésamoïde. Ou y remarque deux cavités glénoïdes et un léger relief médian. La face inférieure (V, verso, 1), excavée en voiîle, est divisée en deux régions : une antérieure, une postérieure, par la crête semi-lunaire (VI, 6), ligne saillante qui décrit une courbe à concavité tournée en arrière. La région postérieure présente, en outre, une empreinte médiane et deux scissures latérales ou scissures plantaires (V, verso 2). remontant jusqu'au niveau du cul-de-sac inférieur de la grande gaine sésanioïdienne; l'autre, inlérieur, situé en avant du ligament inlerosseux qui réunit le petit sésamoïde à l'os du pied. 110 EXTERIEUR. Fig. 66. — Artères du piod (inciiibi-e antérieur). 1, artère radiale postérieure. 2,2, artère collatérale du canon. .3, tronc commun des intorosseusos métacar- piennes. 4, artère opicondylienne. 5, arcade sus-carpicnne. 6, branche qui descend de cette arcade pour coucouririi former l'arcade sous-carpienne. ", artoriole fournie Ji la châtaigne par le tronc commun dos interossouses métacarpiennes. 8, arcade sous-carpienne. 9, branche de la collatérale du canon qui par- ticipe sur cotte pièce ;'i la formation des artères interossouses métacarpiennes. 10, une artère interosseuso métacarpienne dor- sale. 11, branche de communication de l'artère colla- térale du canon avec les interosseuses. ÉTUDE DES RÉGIONS. IH Le bord supérieur décrit une courbe à convexité antérieure, et pré- sente, dans son milieu. Yéminence pyramidale (V, 6), apophyse im- paire aplatie d'avant en arrière, sur laquelle s'insère le tendon de l'extenseur antérieur des phalanges. Le bord inférieur, mince, convexe, dentelé, se trouve disposé en demi-cercle. Le bord postérieur, légèrement concave, concourt à former la sur- face articulaire. Chaque angle latéral se trouve divisé en deux émirtences particulières : l'une, supérieure, nommée par M. H. Bouley apophyse basilaire {Y,l); l'autre, inférieure, appelée par Bracy-Clark apophyse rélrossale (V, 8). 2° Vos de la couronne ou deuxième phalange (S , 4), dont la forme générale est celle d'un cuboïde aplati d'avant en arrière s'arliculant supérieurement avec la première phalange, inférieurement avec l'os du pied. 3° Vos naciculaire ou petit sésanw'ide (VI, 7), situé en arrière des précédents et complétant la jointure articulaire que ceux-ci consti- tuent. Ce petit os, allongé transversalement, aplali de dessus en des- sous, rétréci à ses extrémités, présente deux faces: une supérieure, qui répond à la seconde phalange, une inférieure, sur laquelle glisse le tendon du perforant; deux bords : un antérieur, qui met le petit sésa- moïdeen contact avec la troisième phalange, et un postérieur. 4° Coussinet plantaire (fig. 1, VI, 20). — Le coussinet plantaire est un volumineux coussin fibro-élastique situé sous le pied, au- dessous du tendon fléchisseur, au-dessus de la sole et entre les car- tilages. Il est pointu en avant et bifurqué en arrière. Toutes les pressions subies par le sabot de haut en bas et de bas en haut, ont pour résultat de l'aplatir et de le chasser vers les parties latérales, oti il fait effort sur les deux fibro-cartilages décrits plus haut (Voy. élasticité du pied). 5° Vaisseaux et nerfs. — Le pied est très riche en vaisseaux et en nerfs. 12,15, artères digitales. 13,1-3, artérioles de l'ergot. 14, artère perpendiculaire (l'une de ses branches inférieures, qui participe h, la formation de l'artère circonflexe du Ijourrelet, est ici brusquement interrompue par suite de Tablation du cartilage complémentaire de la troisième phalange). 15,16, artère du coussinet plantaire. IG, parlie antérieure du cercle coronaire. 17, partie postérieure du même. 18, ar.ère unguéale pré-plantaire. 11), artère circonflexe inférieure du pied. (A. Ghauveau et S. Abloinq, Traité li'anatu- mie comparée des animaux domestiques, 3' édit. Paris, 1879.) 112 Fig. G". — Appareil ikjivl'Ux du pii'il P, nerf plantaire. B, brandie moyenne, C, branche antérieure. D, artère digitale. II, division non constante destinée aux bulbes cartilagineux. 1,1, branche du coussinet plantaire. K, branche transverse coronaire. M, division podopliyllouse. O, branche pré-plantaire. Q, rameau descendant dans la scissure des pa- tilobes. R, ramuscules artériels qui accompagnent l'ar- tère digitale dans la scissure plantaire. V, veine, dont l'existence n'est pas constante, qui longe quelquefois le nerf plantaire dans tout son trajet phalangicn. (Figure empruntée au Traité de l'organisation du pied du cheval, par M. H. Bouley in Chau- VEAU et S, Arloing, Traité d'analomie comparée (les animaux domestiques, 'A' édit, Paris, 1879.) Les artères et les veines sont la conliuuatioa de celles du canon et enveloppent la troisième phalange dans un réseau très remarquable (fig. 60 du texte). ÉTUDE DES HÉGIÛNS. 113 Les nerfs fouruisseiit également de nombreuses ramificalious dans toutes les parties vivantes du pied{rig. 67 du texte). Connus sous la dénomination géuérale de nerfs jilaiitaires et distin- gués en wteriieei en externe, les nerfs de la région digitée se divisent, en arrivant sur le boulet, chacun en trois branches : uue antérieure, une moyenne ei une postérieure. La section du nerf plantaire au-dessus du boulet ou de l'une de ses branches au-dessous de cette région {névro- tomie plantaire), se pratique quelquefois comme moyen curatif de certaines maladies du pied. Différences entre les pieds de devant et ceux de derrière, entre les pieds gauches et les pieds droits. Les pieds de devant sont plus arrondis, plus évasés, moins concaves que ceux de derrière; leurs talons sont moins écartés, et leur paroi, vue de profil, est plus oblique. Les pieds de derrière, au contraire, sont ovales, creux, ont les talons plus écartés, plus élevés, et la paroi plus verticale. Le pied droit se distingue assez bien du pied gauche, par ce fait que la partie externe du sabot est toujours plus évasée et plus oblique que celle du dedans. On se rendra facilement compte de ces différences en comparant les figures 1 et 2 aux figures 3 et 4 de la planche IL B. — PROPRIÉTÉS ET iMÉCAMSME DU PIED n. — PROPRIÉTÉS DU SABOT. Le sabot est constitué par une matière élastique et résistante connue sous le nom de corne, jouissant de la propriété de se ramollir au contact de l'eau et de durcir eu se desséchant. La couleur de l'enveloppe cornée du pied est noire ou blanche, souvent noire et blanche à la Ibis sur le même pied. Cela dépend de la nuance des parties dont le sabot émane. Quand la peau du bourrelet est rose, non pigmentée, la corne pariétale est blanche dans une égale étendue ; dans le cas opposé, elle reste noire. La corne de la paroi est toujours blanche à l'intérieur ; celle de la sole, au contraire, a une teinte uniforme dans toute son épaisseur. Le Cheval. 8 114 EXTÉRIEUR. La consistance du sabot diminue de dehors eu dedans ; on le recou- iiaît facilemeul en parant le pied. h. — POUSSE ET USURE DU SADÛT. Lh pousse du sabot, ou avalwe, est continuelle, mais lente; la boîte cornée met environ huit ou neuf mois pour se renouveler com- plètement. V usure &%\. en proportion de la croissance chez le cheval à l'état de nature; mais, chez l'animal ferré, la paroi peut acquérir une longueur démesurée, si le maréchal n'y met ordre en la raccourcissant de temps en temps dans les limites que comporterait l'usure naturelle. La sole et la fourchette n'acquièrent ordinairement pas une bien grande épaisseur; elles se dessèchent et tombent par éciiilles. La pousse de la corne est beaucoup plus marquée dans les pays chauds que dans les pays froids, en élé qu'en hiver, sur l'animal sain, abondamment nourri, bien entretenu, que sur l'animal malade, soumis à une mauvaise hygiène, à une alimentation insuffisante. C. — ÉLASTICITÉ DU PIED. Par suite de la brisure des rayons osseux des membres, la quanlité de mouvement dont la masse est animée ariive au sabot déjà consi- dérablement atténuée ; elle ne tarderait pourtant pas à amener la ruine complète de cette admirable machine du pied si, là encore, la nature n'avait pris soin de placer certains appareils élastiques do-nt la mission est de continuer, d'augmenter même la décomposition des forces commencée plus haut. Ces appareils sont : le tendon perforant, les cartilages latéraux, le coussinet plantaire, et les diverses parties de l'ongle (la paroi, la sole et la fourchette). Aussitôt que le sabot touche le sol, les os, recouverts de leur enve- loppe de chair, tendent à descendre dans l'intérieur delà boîte cornée; mais ce mouvement de descente se trouve empêché, au moius eu partie, par la disposition du tissu feuilleté, qui ne permet qu'un très léger glissement de ses feuillets sur ceux de la paroi. De plus, le pied, ainsi sollicité à descendre en tolaliié dans le sabot, rencontre inférieurement un autre obstacle, le coussinet plantaire qui, fortement comprimé en haut par le poids du corps, en bas par la fmirchelte et la sole, tend à aplatir la voûte solaire en même temps ÉTUDE DES REGIONS. H5 qu'à fuir sur les côtés, où nous l'avons vu maintenu par les deux carti- lages latéraux qui surplombent en arrière le bord supérieur de la paroi. Or, ceux-ci, grâce à leur élasticité, s'écartent sensiblement l'un de l'autre sous l'iufluence des pressions excentriques qu'ils reçoivent du coussinet, lorsque le membre arrive à terre, et opposent, par ce fait même, un nouvel obstacle à la descente du pied dans le sabot, que nous suivons légèrement conique en haut. Quant à la sole, après avoir opposé une certaine résistance à la chute des parties intérieures du pied, elle cède sensiblement au poids de la masse, s'abaisse vers le point d'appui, devient moius concave en dessous, s'évase par son bord périphérique et refoule en dehors la paroi, dont les extrémités s'écartent l'une de l'autre. La fourchette se déprime dans la même mesure; elle agit comme un coin placé entre les deux branches de la sole et comme un tampon élastique interposé eutre la masse du corps et le sol. Son rôle dans l'élasticité du pied est tellement important, qu'on peut presque poser en principe qu'il n'y a pas de bon pied sans bonne fourchette. « C'est seulement lorsqu'elle participe à l'appui que se manifeste un notable écarlement des talons, dit M. Goyau; quaud elle n'appuie pas, son mouvement de descente est très accusé et remplace ainsi l'écartemeut des talons qui, alors, fait plus ou moins défaut (1). » Enfin « la voûte de la sole, en cédant momentanément au mouve- ment d'abaissement, l'arc de la paroi, en obéissant à celui d'écarte- meut, réagissent bientôt par leur élasticité propre, et arrêtent insensi- blement l'impulsion à laquelle ils impriment à leur tour une direction en sens inverse (2)» ; puis, les phénomènes ci-dessus se reproduisent lors d'un nouvel appui du pied, et ainsi de suite. De sorte que l'élas- ticité du pied consiste, eu définitive, dans un léger mouvement d'écar- tement et de rapprochement des talons. Celte élasticité joue un très grand rôle au point de vue de la conservation des sabots et de la locomotion; si l'on y met obstacle, le pied ne tarde pas à s'altérer. « Le maréchal doit, en parant le pied, imiter l'usure naturelle, res- pecter ce qu'elle épargne. Elle arrondit et écourte fortement la pince et un peu moins les mameUes; intéresse la sole seulement à son pourtour autérieur, sans trop affaiblir sa soudure avec la paroi ; arrondit davan- I) L. Goyau, Traité pratique de maréchakrie. Paris, 1882, p. 39. (■2) F. Lecoq, Traité de l'extérieur du cheval. Paris, 1870, p. 160. M6 KXTERIEUH. tage en dehors qu'en dedans le bord ti'anchaut de cette dernière; n'enlève de la sole, de lafoiichette et des barres que ce qui se détache naturellemout (1). » G. — BEAUTES KU l'IED « Le pied vierge do ferrure d'un cheval élevé sur un bon sol et suffisamment exercé est un type de beauté et de perfeclion. Comparé diU pied ferré. ^ le pied vierge est grand et fort, aussi large que long, bien d'aplomb ; il constitue un solide support. « Vu de face, il est moins large eu haut qu'en bas, plus évasé eu dehors qu'en dedans, d'une égale hauteur sur chacun de ses côtés (fig. 68 du texte). Fig. ()8. — Le pied, vu de face. Fig. (i;». — f^e pied, vu de profil. Fig. 70. — I.e pied, vu en dessous. (I Vu de profil^ la ligne de pince est moyennement inclinée ; la hauteur des talons est égale à la moitié au moins de la hauteur de la pince; le bourrelet est régulièrement incliné, en ligue droite, de la pince aux talons (fig. 69 du lexte). (I Vu par derrière, le beau pied a des talons largemeuts écartés, égaux et également élevés, qui tombent verticalement sur le sol, sur- tout le talon du dedans, sensiidement plus vertical que l'autre. '1 Vu en dessous, il a la sole creuse et épaisse, la fourchette forte, saine et assez dure, les barres ou arcs-boutants ni trop droits ni trop couchés ; la pince et les mamelles de la paroi et de la sole sont forte- ment attaquées par l'usure (fig. 70 du texte). « La cortie du beau pied est noiie ou gris foncé; la paroi, lisse et luisante, laisse voir sa structure fibreuse (2). » (i) Commission d'hygiène hippique, loc. cit.,f. )05. (2) Commission d'hygiène hippique, loc. cit., p. o6. ETUDE DES HEGlUNS- 117 DEFECl UOSIIKS DU PIliD Le pied présente souvent des défauts qui l'altèrent et nuisent plus ou moins au service de l'animal. Nous allons successivement passer en revue les plus fréquents de ces défauts : Pied trop grand. — Le pied trop grand présente un volume exagéré par rapport au corps du cheval. 11 rend l'animal maladroit. Pied trop petit. — Ce défaut, contraire au précédent, coïncide généralement avec un pied très impressionnable. Pieds inégaux. — L'inégalité des pieds indique que le cheval a boité, boite ou boitera, généralement du pied le plus petit. Fij;. 71. — Piod pauarii. Piod cacneux. Pied plat. — Le pied plat a la paroi très oblique, très évasée, les talons bas et largement écartés, la suie plate, et la fourchetle forte. Il est très difficile à -ferrer et prédispose à la bleinie et à la foulure de la sole. Pied comble. — C'est le défaut précédent exagéré : la sole est bombée au lieu d'être plane. Pieds à talons hauts. — Ce défaut n'est pas surtout dû à une hau- teur exagérée de la paroi en talons, mais principalement à ce que la sole est creuse et la fourchetle très élevée. 11 prédispose à l'encas- telure. Pieds à talons bas. -^ Dans le pied à talons bas, le poids du corps se reporte dans la région des talons, qui est ordinairement faible, l'écrase et la contusionne. 118 EXTÉRIEUH. Pieds à talons fuyants. — Là, les talons sont à la fois très inclinés en avant et très longs, et le poids du corps se trouve reporté en arrière; aussi, le cheval se fatigue-t-il au repos et en marche. Pied panard. — Le pied est dit panard quand la pince est tournée en dehors (fig. 71 du texte et fig. 8, pi. III). Le quartier externe est fort et évasé; celui du dedans est généralement faible, resserré et droit. De plus, le talon interne a de la tendance à chevaucher l'externe, et l'animal se coupe souvent avec la branche de dedans du fer. Dans la plupart des cas, la ferrure ne peut que s'opposer à l'aggra- vation de ce défaut; car, celui-ci coexistant généralement avec un membre panard et entraînant, eu outre, très souvent une déformation de la troisième phalange, ainsi que nous l'avons observé chez les chevaux tunisiens, oii lapanardise est la règle générale, on n'a guère à espérer le rétablissement complet de l'aplomb. Il n'y a qu'un cas oii l'on puisse tenter de remédier au mal ; c'est quand la panardise du pied existe à l'extrémité d'un membre bien d'aplomb ou même cagneux, et qu'alors le vice d'aplomb est de fabrication humaine. (Voy. Aplombs.) Pied cagneux. — Le pied cagneux a la pince tournée en dedans (fig. 72 du texte et fig. 7, pi. III). Le quartier interne est fort et évasé; celui du dehors, au contraire, est faible et resserré. (Voy. Aplombs.) Pied pinçard ou rampin. — Le pied pinçard appuie en pince seulement ; celle-ci est courte, verticale, et les talons, généralement très hauts, ne posent pas sur le sol. Ce défaut, propre aux membres postérieurs, expose le cheval aux fis- sures de la paroi, dites seimes en pince {i\g. 73 du Fig. 73. - Pied pinçard. tCXtC et A, fig. A, pi. V). Pied gras. — On appelle ainsi le pied dont la corne est molle, sans consistance, tendre à couper. La paroi et la sole étant, eu outre, très minces, l'ouvrier est exposé h attaquer les parties internes par le boutoir et les clous. Pied sec ou maigre. — Ce pied est formé de corne mince, sèche et cassante. Il est exposé aux mômes accidents que le pied gras. Pied dérobé. — Le pied dérobé a le bord inférieur de la paroi irré- gulier, déchiquelé, éclaté par places. 11 ne peut donner attache aux clous à tout sou pourtour. ÉTUDE DES REGIONS. U9 E. — ACCIDENTS OCCASIONiNES i'AR LA FERRURE Piqûre. — La piqûre est le fait du maréchal qui enfonce un clou dans le vif, mais qui a eu soin de le retirer de suite. Cet accident est ordinairement sans gravité et il suffît presque toujours de supprimer le clou pour voir disparaître toute crainte de complication. Enclouurc. — L'enclouure diffère de la piqûre en ce que l'ouvrier a laissé le clou dans le pied. Il faut amincir à fond la corne autour de la piqûre, et recourir à l'applicalion de cataplasmes, de bains. Refraite. — La retraite est une piqûre faite par un clou pailleux dont l'un des segments a pénétré dans la corne, tandis que l'autre est sorti au dehors. Même traitement que pour l'enclouure. Pied serré par les clous. — Ce pied est celui dans lequel les clous ont élé brochés trop près de la chair, qu'ils compriment et blessent. 11 n'y a, en général, qu'à enlever les clous pour faire disparaître toute trace de l'accident. Pied comprimé par le fer. — Le pied se trouve comprimé par le fer quand celui-ci, mal ajusté, porte sur la sole faible ou amincie. Cet accident est surtout fréquent sur les pieds plats ou combles. Sole chauffée ou brûlée. — Cet accident est produit par le fer chaud maintenu trop longtemps sous le pied. 11 n'est pas grave, mais assez long à guérir, par suite des décollements de la sole qui le compliquent assez souvent. F. — MALADIES DU TIED Seime. — La seime est une fente de la paroi procédant du bourrelet et suivant la direction des fibres de la corne. Elle siège en pince {seime en pince), ou en quartier [seime quarte). La seime en pince (B, fig. 4, pi. V) est beaucoup plus fréquente aux pieds de derrière qu'aux pieds de devant. La seime quarte (fig. 74 du texte), au contraire, est surtout l'apanage des pieds de devant (quartier interne principalement). Cette affection est facile à guérir; mais, sur les pieds qui y sont prédisposés, c'est-à-dire sur les pieds faibles, à corne sèche et cas- sante, elle se montre très souvent sujette à récidive. La seime fait généralement boiter le cheval. •20 EXTÉHIKUlt. Bleime. — La bleime est nue coulusion de la sole en talou. Elle esl le propre des pieds de devant à lalons bas, faibles ou resserrés, et se déclare parliculièremenl aux talons internes ((ig. 75 du texte). On dit la bleime sèche quand la corue est simplement teinte eu jaune et poiutillée de sang. Elle est humide quand la corne est molle, imprégnée de saug ou de sérosité, et légèrement décollée. Enfin, on la dit siippiirée lorsqu'il y a du pus daus le sabot. Celle-ci est la plus longue à guérir. Etoimement de sabot. — Résulte d'un coup violent porté sur la paroi ayant contusionné la chair feuilletée au point correspondant. Fourmilière. — On appelle ainsi une cavité noire contenant du saug Fjg. Tt. — Seiiiie. Fig. '.'i. — Bleime. ou de la sérosité desséchés, creusée entre la cliair et la corne, sous la sole ou la paroi. Elle résulte d'une forte foulure de la sole, d'une fonr- bure aiguë, ou d'un étonuementde sabot. Sole foulée. — C'est une contusion de la sole eu quartier ou en pince; elle ne diffère donc de la bleime que par sa situation. Foiirbure. — La fourbure est, primitivement, une congestion du tissu feuilleté eu pince et en mamelles. Sous l'infineuce de l'exsudation séreuse ou sanguine qui en résulte, la chair du pied se gonfle et se trouve ainsi violemment comprimée entre l'os du pied et la paroi, ce qui oblige le cheval à marclier sur les talons. Dans ce cas, la fourbure est dite aiguë Qi s'accompagne de phénomènes généraux intenses. Si, l'inflammation ayant succédé à la congestion, des déformations graves du [)ied et un notable changement de rapport de ses parties osseuses surviennent, on a la fourliure chronique. ETUDE DES REGIONS. 121 Le pied, dans ce cas, est fortement cerclé; sa pince acquiert une épaisseur énorme, se relève, et le fait ressembler à un sabot chinois; ses talons grandissent; enfin, la sole s'amincit, se bombe, et présente bientôt, au voisinage de la pince, un refoulement en forme de crois- sant (fig. 76 du texte). Quelquefois, au lieu de cet épaississement en pince que nous venons de signaler, il se forme, entre la paroi et la chair feuilletée, une cavité contenant du sang ou de la sérosité desséchés; on a alors la fourmilière. Kéraphyllocèle. — C'est une tumeur cornée, de forme cyhndrique ou conique, qui existe à la face interne de la muraille dont elle suit la direction de haut en bas, comprime et atrophie les tissus vivants. Fig. 76. — Fourbure clironique (pied vu latéralement). Fig. 77. — Pied cncastelé. Pied cerclé. — Le pied cerclé se reconnaît aux saillies circulaires étagées à la surface de la paroi. Ce défaut indique ordinairement que le pied a souffert ou souffre encore (A, fig. 5, pi. V). Javarls. — On désigne sous ce nom la mortification partielle de quelques tissus qui entrent dans la constitution de la partie inférieure des membres. Ils sont divisés en javart cutané, encorné^ ou ri// bo//r- relet ; ]a.yeii'\. tend/ne//x ; jasarl (le la fo/irchette ; enfin, en javart carti- lagine/ix. Ce dernier, de beaucoup le plus grave, n'est autre chose que la nécrose des cartilages complémentaires de l'os du pied. Crapaud/ne ou mal crâne. — Le mal d'âne, ainsi nommé parce qu'il est surtout fréquent chez l'âne, consiste en une espèce de dartre des bourrelets kératogènes et constitue, dans le point malade, en pince généralement, une surface rugueuse, fendillée en long et en travers. 122 EXTERIEUR. comme (ourmeutée et plus ou moins étendue suivant sou an- cienneté. Fourchette échauffée, pourrie. — Ce sont deux états inflammatoires qui consistent dans un décollement de la corne avec suintement purulent, noirâtre, d'odeur forte et désagréable. Crapaud. — Le crapaud consiste en un ramollissement de la four- chette d'abord; puis de la sole et des talons, avec décollement de la corne. Les parties vives, mises à nu, suppurent, exhalent une odeur infecte et se couvrent de végétations d'un aspect repoussant. C'est une affection longue et difficile à guérir. Cloa (le rue. — C'est une blessure de la face inférieure du pied produite par des corps pointus, le plus ordinairement par des clous, qui traversent la corne de la sole ou de la fourchette, et attaquent plus ou moins gravement les parties vives. Encastelure. — L'eucastclure consiste en un ressei'rement plus ou moins prononcé du pied dans sa partie postérieure. On la divise en vraie et en fausse. Dans y cncastelure vraie, le resserrement porte à la fois sur les quartiers et sur les talons. Alors le pied, haut, vertical et resserré par côté, aies talons forts et rentrés, la sole creuse, la fourchette maigre et remontée, les barres verticales, la corne dure et sèche (fig. 77 du texte). Dans Vencastelure fausse, ou resserrement des talons [pieds serrés, à talons serrés par en haut ou par en bas, étroits, chevauchés, etc.), le pied a les talons plus ou moins rapprochés l'un de l'autre, la four- chette atrophiée, la corne de la région sèche, mince et cerclée; mais il a conservé sa forme générale ordinaire. L'encastelure est surtout fréquente chez les chevaux du Midi et d'Afrique. Elle rend souvent le pied sensible, douloureux même, et le cheval, au départ surtout, semble marcher sur des épines. D'après M. le vétérinaire militaire Chénier(]), celte maladie serait la conséquence nécessaire et forcée de l'atrophie primordiale du cous- sinet plantaire. (I) G. Chénier, De l' Atrophie du coussinet plantaire, de ses causes, de ses conséquences et de son traitement, 1877. ÉTUDE DES RÉGIONS. 123 Fer à cheval. (Fig. 2, I.) Le, fer est une lame mélallique contournée sur elle-même, destinée à protéger la face inférieure du pied du cheval. Sa forme est celle du bord inférieur de la paroi. On lui reconnaît plusieurs régions : hdi pince (1), partie la plus antérieure du fer, qui correspond à la pince de la paroi; Les mamelles (2), situées de chaque côté de la pince; Les branches (3,3), qui s'étendent des mamelles à l'extrémité du fer; Les éponrjes (4,4), parties postérieures des branches correspondant aux talons, (1 Le fer à cheval présente à considérer, d'un autre côté: « hd. face supérieure (I, verso), en contact avec le sabot; , pied (le pied du cheval, eu extérieur, ne comprend que la boîte coruée connue sous le nom de sabot; au contraire^ le pied et la main de l'homme, comme le pied du cheval en anatomie comparée, embrassent toute la partie des membres qui fait suite à F avant-bras et à la jambe); OC, oc, radius et cubitus [avant- bras chez l'homme et chez le cheval); RT,?7, tibia ei péroné [Jambe chez l'homme et chez le cheval). Ce paragraphe n'a qu'un seul but, une seule prétention : contri- buer à rendre l'étude du cheval plus agréable et plus facile, tout en évitant au lecteur quelques-unes de ces erreurs de comparaison que, seules, les personnes absolument étrangères au cheval ont le droit de commettre. CHAPITRE III DES PROPORTIONS Ou entend par proportions les rapports de dimensions que les ré- gions doivent avoir entre elles et avec l'ensemble pour que de leur action résultent des mouvements faciles et sûrs. C'est à tort qu'on attribue à un hippiàtre italien du xvi° siècle, Gri- sone(l), la première idée des proportions du cheval; il suffit, en effet, de jeter un coup d'œil sur les écrits de cet auteur pour reconnaître qu'il s'est tout simplement occupé de déterminer les caractères propres (I) Froderico Grisoiie, Ordini di cavakare e modi di conoscete le nature de CavaUi, elc. 126 EXTERIEUR. à lelle ou telle région, sans établir de rapport outre les dimensions de l'une et celles de l'autre. Avant lui, d'ailleurs, un vétérinaire arabe du xvi° siècle, Abou-Bekr beu Bedr, donnait déjà, dans son livre le Ndceri (1), quelques indi- cations relativement aux mesures que doit avoir, chez le cheval, telle région comparée à telle autre. Mais, malgré leur originalité, ces indications elles-mêmes sont tel- lement vagues et incomplètes, que c'est bien à Bourgelat que revient tout le n)érite des proportions; le premier, en effet, il les a établies d'une façon rationnelle, en prenant pour unité de mensuration la tète même de l'animal qu'il examinait. Il a ensuite subdivisé la tête en trois parties, ou. primes^ chaque prime en trois secondes, et chaque se- conde en vingt-quatre points, de façon à pouvoir apprécier les plus petites dimensions. Disons tout d'abord que, sans contester d'une façon absolue l'exac- titude et l'utilité des proportions de Bourgelat, la plupart des auteurs ont critiqué les minuties dans lesquelles il est entré et n'ont accepté de sou système que les règles principales. M. Richard a même été plus loin : il a entièrement condamné ce système, comme étant « sans base raisonnée, sans motif fondé (2). » La question en était là lorsque M. le colonel Duhousset, puis MM. Goubaux et Barrier, vinrent appuyer de leur autorité la méthode de Bourgelat. Se rangeant néanmoins à l'avis de la majorité des hippologues^ ces auteurs considèrent comme superflus les détails infi- nis dans lesquels est entré le fondateur des écoles vétérinaires ; MM. Goubaux et Barrier lui reprochent même : « 1° D'avoir cru à la valeur absolue de ses l'ègles, alors qu'elles sont essentiellement relatives àchaque genre de service en particulier; «2° D'avoir méconnu les compensations qui régnent entre les régions; (( 3" D'avoir laissé poui' ainsi dire absolument de côté les rapports angulaires entretenus par les rayons osseux des membres; « 4° Enfin, d'avoir omis de parler des rapports de l'ensemble avec le système nerveux (3). » (1) le Nàceri, ou Traité complet d'hippologie et d'hippiatrie arabes, traduit de l'arabe par M. Perron, t. H, p. 96. Paris, ISbO. (2) Richard, loc. cit., 1880, p. 273 et suivantes. (3) Goubaux et Barrier, loc. cit., pp. 41 1 et 412. DES PROPORTIONS. 127 Mais, selon eux, ces exagérations, ces inexactitudes et ces omis- sions ne condamnent en aucune façon ce que le système a de vrai : « Bourgelat, disent-ils, a tenté de déterminer les rapports des parties entre elles et avec l'ensemble, c'est là son idée directrice; il a vu, il a senti ces rapports, c'est là son mérite; enfin, il en a trouvé quel- ques-uns qui resteront impérissables et qui témoignent des résultats auxquels peut conduire une idée juste secondée par un jugement sûr el un talent exceptionnel. » Plus loin, d'ailleurs, ils proclament hautement que Vétude des pro- portions est des plus fructueuses , ?ion seulement pour celui qui veut arriver vite à se former le coup d\eil et le jugement^ mais encore pour l'artiste soucieux d'imprimer à ses œuvres r exactitude de l'imitation. A ce double point de vue, nous sommes absolument d'accord avec les auteurs précités; mais, quant à l'ulililé pratique des proportions, nous avouons ne pas y croire beaucoup ; nous sommes même bien près de partager la manière de voir de M. Richard relativement aux dé- tails du système de Bourgelat; comme lui, nous pensons qu'on ne peut pas limiter, eu extérieur, le développement du garrot, la hau- teur de la poitrine, celle des épaules, etc.; comme lui, enfin, nous croyons qu' « on ne trouvera jamais un boulet ou un avant-bras trop laiges, ce dernier trop long, un genou trop développé, un tendon trop détaché, etc., etc. (1). » Si, d'un autre côté, nous pensons avec Lecoq que « l'opinion de M. Ilichard laisse intact le principe relatif aux proportions d'ensemble, d'après lequel la longueur et la hauteur du corps doivent être égales dans un cheval bien conformé (2) », nous n'eu restons pas moins convaincu que, d'une manière générale, les proporlions ue peuvent avoir qu'une importance secondaire au point de vue purement pratique, seraient-elles exactes dans tous leurs dé- tails et applicables à tous les chevaux. Et ceci est tellement vrai qu'il n'est pas un seul connaisseur réel- lement digne de ce titre qui se trouverait embarrassé en présence d'un cheval acéphale, dont il aurait à apprécier, sous le rappport des proportions, les autres parties du corps. Toutefois, le système de Bourgelat a été tellement élargi depuis la mort de son auteur qu'il est vrai de dire que l'étude des proportions (1) Richard, loc, cit., p. 237. (2) Lecoq, loc. cit., p. 331. 128 EXTÉRIEUR. telles que nous les (rouvons exposées dans le Traité de fexténeur dit cheval île iMM. Goubaux et Barrier, offre, clans certains cas, une incontestable utilité pratique. Mais, nous le répétons, c'est surtout pour l'artiste et le débutant que cette étude sera fructueuse. A l'exemple des auteurs ci-dessus, auxquels nous empruntons, d'ailleurs, une bonne partie des détails qui suivent, nous com- prendrons dans les proportions : 1° les relations de dimensions des parties constituantes du corps; 2° les rapports de direction que peu- vent affecter les rayons osseux les uns avec les autres ; 3" les rapports généraux de l'ensemble; 4" enfin, les rapports de l'ensemble avec le système nerveux. A. — nAPPouTS DE dimilNsions des parties entre elles Comme il nous est impossible de relater ici les différents résultats auxquels sont arrivés les hippologues qui, avec Bourgelat, se sont oc- cupés de la question des proportions, nous nous contenterons de résumer dans ce paragraphe les conclusions de M. le colonel Duhous- set, l'homme qui, en France, s'est le plus attaché, depuis une ving- taine d'années, aux mensurations de toutes les régions du cheval. De même que Bourgelat, M. Duhousset (t) a choisi la tète pour unité de mesure. Aussi, ses dimensions se rapprochent-elles beau- coup de celles du fondateur des écoles vétérinaires (fig. 79 du texte): « La longueur de la tête se retrouve à peu près exactement : 1° Du dos au ventre, NO ; 2° Du sommet du garrot à la pointe du bras, HE; 3° Du pli supérieur du grasset à la pointe du jarret, J'J ; 4° De la pointe du jarret à terre, JK; 5° De l'angle dorsal du scapulum à la pointe de la hanche D'D; 6° Du passage des sangles au boulet, Ml ; au-dessus de celui-ci pour les grands chevaux et ceux de course ; au milieu et au bas pour les petits et ceux de taille moyenne ; 7° Du pli supérieur du grasset au sommet de la croupe. t^ Deux fois et demie la tête donnent : r La hauteur du garrot H, au-dessus du sol; (I) Colonel E. Duhousset, loc. cit., p. 03 et suivantes. DES PROPORTIONS. 129 2" La liauleiir du soimnet de la croupe au-dessus du sol ; 3° Très fréquemment la lougueur du corps, depuis la poiule du bras jusqu'à celle de la fesse. '< La longueur de la croupe^ de la pointe de la hanche à celle de la fesse, DF, est toujours inférieure cà celle de la lê(e : cela varie de 5 à 10 cent. « Quant à sa largeur d'une hanche à l'autre, elle ne dépasse que très peu sa longueur (souvent elle lui est égale). « La croupe DF se rencontre assez exactement, comme longueur, quatre fois sur le même cheval : Fig. 79. — Los proportions sur la cheval vu do profil. « 1° De la pointe de la fesse à la partie inférieure du grasset, FF; (( 2° Comme largeur de l'encolure à son attache inférieure, de sou insertion dans le poitrail à l'origine du garrot, SX ; « 3° De l'insertion de l'encolure dans le poitrail au-dessous de la ganache, XQ, lorsque la tête est placée parallèlement à l'épaule ; « 4° Enfin, de la nuque au naseau, ««', ou à la commissure des lèvres. « La mesure de la moitié de la tête guidera aussi beaucoup pour la construction du che\al, lorsqu'on saura qu'elle s'applique fréquem- ment à plusieurs de ses parties, savoir : Le Cheval. 9 131) EXTÉHIEUK. (( r Du poiut le plus saillant de la ganache au profil antérieur du frout, au-dessus de l'œil, PQ (épaisseur de la tête); (( 2° De la gorge au bord supérieur de l'encolure, en arrière de la nuque, QL (attache de la tête) ; « 3° De la partie inférieure du genou à la couronne, TT'; (( 4° De la base du jarret au boulet, VU; <( 5° Enfin, de la pointe du bras à l'articulation du coude. » Dans le coin de la figure 79, AB représente la longueur de la lête; B, 2, la moitié; B, 4, le quart; BG est une verticale égale à celle du garrot H, au sol. Proportions de la tête. La tête étant prise comme unité de mesure, il est évident que ses proportions ofTrenl une grande importance. Dans le but de uous rap- procher le plus possible de la vérité, nous les prendrons sur un cheval intermédiaire entre le cheval fin et celui de trait. C'est, d'ailleurs, ainsi qu'a procédé M. le colonel Duhousset, auquel nous empruntons encore les mesures suivantes : « Longueur, de la nuque au bout des lèvres, 0"",60. «Épaisseur, du bord refoulé de la ganache àla face antérieure, O^iSO. i< Largeur, d'une arcade orbitaire (point extrême, la tête vue de face) à l'autre, 0"°,22. » B. — RAPPORTS ANGULAIRES DES RATONS OSSEUX Des rapports de direction ou du mode de superposition des rayons locomoteurs résultent, sur le trajet de ceux-ci, des atigies dont le sommet correspond toujours au centre de mouvement d'une articu- lation, et dont le sinus regarde constamment, soit en avant, soit en arrière de l'animal. Ce sont ces rapports de direction, ces inchnaisons des rayons os- seux et les angles qu'ils forment, que nous allons essayer de passer en revue dans ce paragraphe. En outre de la Théorie de la similitude des angles et du parallélisme des rayons que faisait paraître, en 1835, le capitaine Morris (1) et que (1) Capitaine Morris (depuis général), Essai sur l'extérieur du cheval, Paris, 1833. Dans ce travail, l'auteur soutient la thèse que, chez tout cheval bien conformé, les rayons osseux des membres dirigés dans le môme sens sont exactement parallèles DES PROPORTIONS. 131 M. le piofesseur Neimiaun (1), de l'école vétérinaire de Toulouse, a, depuis, \iclorieusement réfutée, plusieurs tentatives ont été faites par MM. Vallou, Daudet, et le professeur Lemoigne, de Milan, dans le but d'arriver à la connaissance des angles articulaires du cheval. Mais, de tons ces expérimentateurs, le dernier seul est arrivé à des résul- tats précis (2), ainsi qu'ont pu le vérifier tout récemment MM. Gou- baux et Barrier (3), dont les observations, que nous reproduisons dans le tableau ci-dessous, se rapprochent, en effet, beaucoup de celles du professeur italien. Recueillies avec soin et à l'aide d'instru- ments spéciaux, ces observations portent sur un grand nombre de sujets de services divers, mais de conformation irréprocbable dans leur genre, et présentent, par ce fait même, un intérêt tout particulier. Inclinaisons des rayons locomoteurs sur l'horizon et valeur des angles articulaires chez les chevaux de vitesse. IIKSILINATKIN DliS AN(.1LKS. INCLINAISON VAI.IJ K EAIOX SIIPÉIUEI'K. IIAYO.N INFÉHIEUR. L .VM.LK CUMPhIS. MembiY (intéririir. Scapulo-huméral 60° oO à 1)0° 110 à HS° Huniéro-radial 50 à 00° 90° 140 à 140» Mélacarpo-phalangien 90» 60° IbO» Membre postéricar. Coxo-fémoral 30 à 3;i" 80° 110 à ILS" Fémoro-libial 80° 6j il 70» 14o à loO" en à 70° 90° 90° es- i.ï;; à 160° I5a° Mélatarso-phalangien entre eux : celui de l'épaule, par exemple, avec celui de la cuisse; celui de l'avant- bras avec celui du canon postérieur, elc. D'où sa théorie du pnrallélisme des rayons, qui a pour corollaire forcé la similitude des angles formés aux points d'intersection des rayons osseux prolongés, et d'après laquelle il a construit le cheval type reproduit en tête de son livre. (1) 0. Neumann, Des aplombs chez le cheval, in Journal des vétérinaires militaires, t. VIII, p. 332. (2) Alexis Lemoigne, Recherches sur la mécanique animale du cheval, in Beciieil de wédccine vétérinaire. 1877, pp. 81 et 208. (3) Goubaux et Barrier, loc. cit., pp. 437 et suivantes. 132 EXTÉRIEUR. « Le degré d'ouverture des angles locomoteurs du cheval, d'apiès MM. Goubaux et Barrier, a une influence capitale sur le déploiement de la vitesse; ils rappellent, d'ailleurs, en terminant : a r Que la fermeture des angles supérieurs (scapulo-liuméral et coxo-fémoral) est une des premières beautés à rechercher pour les chevaux rapides; « 2° Que les angles huméro- radial et fémoro-tibial exigent uue ou- verture suffisante... ; « 3° Que la fermeture des angles supérieurs doit tenir surtout à l'in- clinaison de leurs rayons supérieurs, scapukim ou coxal... ; (( 4° Enfin, que lo jeu complet et aisé des angles locomoteurs im- plique de toute nécessité telles iucliuaisons de leurs branches qui leur permettent de s'écarter ou de se rapprocher dans le sens du mouvement en avant, et non en hauteur, ce qui occasionnerait uue perte de force et de temps essentiellement préjudiciable à la vélocité del'allnre (1). - G. — nAPrOUTS GKNIÎRAUX DE L'E.\SKMBLIÎ Hauteur. — La luniteur moyenne du cheval bien conformé est de deux têtes et demie, d'après la judicieuse observation deBourgelat. Les animaux qui dépassent ce chiffre d'une façon sensible, de même que ceux qui ne l'atteignent pas, sont disproportionnés, décousus. Longueur. — La longueur du corps se mesure de la pointe de l'épaule à celle de la fesse. Bourgelat lui assigne également, et avec raison, deux têtes et demie sur les chevaux bien conformés. MM. Goubaux et Barrier recommaudeut de se renseigner très exacte- ment sur la valeur des divers éléments qui composent la longueur du corps, et de ne pas se contenter d'évaluer auporjiàdhment celte dimension, même lorsqu'elle semble dans les condilions indiquées plus haut... « En assignant deux têtes et demie à la longueur, disent- ils, nous avons entendu parler en même temps d'une distance scapulo- iliale convenable, d'une épaule et d'une croupe bien faites (2)... » Rapports entre la hauteur et la longueur. — Pour les services rapides, Bourgelat a considéré, avec raison, l'égalité (1) Goubaux et Barrier, loc. cit., pp. 449 el 430. (2) Goubaux et Barrier, loc. cit., p. 457. DES PROPORTIONS. 133 entre la hauteur et la longueur comme le jusie milieu à atteindre ; à fortiori, ce juste milieu doit-il être le même pour les services lents. Ampleur. — V ampleur, ou développement transversal du corps, au niveau du poilrail, de la poitrine, et de la croupe, doit être consi- dérable chez le cheval de gros trait, auquel elle donne à la fois de la masse et de la puissance. On la recherche moyenne chez les chevaux de l'armée et chez ceux de luxe. Pour les services rapides, au con- traire, on préfère un tronc plus osseux, une poitrine plus profonde, des muscles plus denses ; une ampleur accusée serait même to.ut à fait préjudiciable. Mais, quels que soient les services, le défaut absolu d'ampleur est un vice capital. Rapports entre le corps et les membres. — H ne suffit pas que le cheval soit bien conformé sous le rapport de la hauteur, de la longueur et de l'ampleur, il faut encore que le corps et les membres, c'est-à-dire le dessus elle dessous, entretiennent des relations convenables. Les parties constituantes du corps ne pouvant guère pécher par excès de développement, ainsi que nous l'avons démontré précédemment, il s'ensuit que si la disproportion semble résulter du dessus comparé au dessous, c'est, le plus souvent, que celui-ci ne se trouve pas suffi- samment charpenté pour supporter le premier. De môme, si la disproportion paraît tenir du dessous comparé au dessus, cela tient certainement à ce que le corps est grêle; car si des membres solides, bien musclés, peuvent quelquefois être inutiles, ils ne sont jamais défectueux. Le défaut de proportion entre le dessus et le dessous ne peut guère se reconnaître que par l'habitude jointe à la connaissance par- faite des beautés et des défectuosités de chaque région ; car là, plus que dans toute autre circonstance, les mensurations nous parais- sent être d'une très faible utilité pratique. C'est, dans tous les cas, un défaut capital que rien ne peut racheter et sur lequel nous ne saurions trop appeler l'attention du lecteur. Comme le manque d'harmonie chez le cheval est généralement dû à la faiblesse des supports, on reconnaîtra les animaux présentant ce défaut à la grande longueur de leurs membres, au petit volume de I3i EXTÉRIEUR. leurs muscles, à l'étroitesse de leurs articulations, etc.; ce sont ces chevaux qu'on qualifie généralement de manques, de ficelles, de hu\it perchés, d'échassiei's, etc. D. — RAri'oiiTS Dii l'enskiMule: avkc le svstème nerveux 11 est indispensable, en dernier lieu, qu'il y ait harmonie, équilibre parfait, entre le système nerveux qui préside au fonctionnement des organes, qui dirige la machine, et les rouages de cette même machine : « Sans le système nerveux, disent MM. Goubaux et Barrier,les instru- ments locomoteurs ne sont rien; sans eux, il est réduit à la plus sté- rile impuissance; avec eux, il est tout (1). » 11 s'ensuit que si la grande excitabilité nerveuse est à rechercher comme complément des qualités de solidité et de bon agencement de toutes les parties de l'animal, elle devient, par contre, nuisible chez les animaux dépourvus de ces dernières qualités physiques. Aucun doute ne peut subsister à cet égard. Là se place naturellement une des questions les plus fréquemment discutées et les plus mal définies par les hippologues; nous voulons parler ilu sa/iff. nr SANG. Le cheval qui << a du sang' )> . — Pour beaucoup, un cheval « a du sang » lorsqu'il se montre doué à un haut degré de celte exci- tabilité dont nous venons de parler. Pour d'autres, Gayot en particulier, « la désignation du sang a prévalu dans le langage hippique ; elle a remplacé le mot no- blesse... Physiologiquement parlant, le sang est la source généra- trice de toute trame organique ; il eu contient le germe ; il est la cause de toutes les qualités physiques et morales ; il est le véhicule de tous les éléments de l'organisme... » (:2). C'est, en quelque sorte, l'expression d'une essence immatérielle, isolée et indépendante du corps qu'elle gouverne. Suivant M. Magne, quand on dit d'un cheval qu'il a du sang, ou en- (1) Goubaux el Barrier, loc. cit., p. 4(37. (2) L. Moll et E. Gayot, La Connaissance qénévah du cheval, p. 3i:i. DES PROPORTIONS. 13o leud simplement indiquer (ju'il offre cerlaiiis caraclères exté- rieurs (I). Eufiu, d'après MM. Goubaux et Barrier, lorsqu'on dit qu'un cheval a du sang, « on veut simplement exprimer que sa famille, sa race, ont subi le métissage de la noblesse à une époque plus ou moins reculée et dans une proportion plus ou moins accusée. On qualifiera, par suite, ajoutent-ils, He, pur sang, l'animal de haute lignée, issu de race noble et absolument pur de toute souillure en ce qui concerne les alliances de ses propres ascendants... » Pourtant, d'après les mêmes auteurs, si le sang est hrrùdituire, <> il est aussi inné chez certains sujets appartenant à des races qui n'en possèdent pas habituellement », et même o il est un fait également dé- montré, c'est que le sang s'acquiert n (2). Il faut bien l'avouer, ces différentes définitions du sang ne sont guère plus claires les unes que les autres, et il en sera toujours ainsi tant que l'on conservera une expression née des idées fausses qu'on se faisait autrefois de la fécondation, conséquemment inexacte en elle-même et sujette aux mille acceptions diverses d'une chose exclusivement con- ventionnelle. Cependant, la définition qui fait du sang le presque synonyme de grande excitabilité nerveuse nous paraît devoir être pré- férée, non comme plus juste, mais comme exprimant mieux, à notre avis, l'idée qu'on se fait généralement d'un cheval dont on dit : Il a peu ou beaucoup de sang, il manque de sang, etc. Si le sang peut être inné, s'il s'acquiert (et, pour nous, cela ne fait aucun doute), il est évident qu'il n'est pas l'apanage exclusif des chevaux qui <( ont subi le métissage de la noblesse» . Il y a lieu d'ad- mettre, au contraire, qu'un cheval, quels que soient ses ancêtres, quelle que soit sa provenance, peut être considéré comme ayant du sang, s'il a beaucoup d'énergie, de vigueur, etc. Pour nous, enfin, si certaines races sont particulièrement favorisées sous le rapport de l'énergie, de l'excitabilité nerveuse, dans toutes on peut rencontrer des sujets ayant du sang; il suffit souvent, en effet, de mettre les animaux dans des conditions de milieux convenables pour faire naître et fixer chez eux les aptitudes les plus élevées de l'espèce : « Dans les ahmeuts de force, dit M. Sanson, est le secret ou la source (1) J. Magne, Races chevalines, 3° édition, p. 3ol. (2) Goubaux et Barrier, loc. cit., pp. 466 et suivantes. 136 EXTÉRIEUR. de la véritable uoblesse, de ce que les hippophiles les moius fantai- sistes expriment en le nommant » le sang » (1). Quoi qu'il en soit et de quelque côté que se trouve la vérité, nous ne saurions trop critiquer cette absurde opinion d'après laquelle « le sang rachète tout ». Il faut être dépourvu de tout bon sens ou ne pas se faire la moindre idée de la machine du cheval pour soutenir sérieu- sement une pareille hérésie. Le cheval « de pur sang ». — Quant au cheval « de pur sang ou tout simplement « de mng » , nous le qualifierons un animal de race fine, possédant au plus haut degré cette excitabilité nerveuse qui dénote « le sang », et pur de tonte souillure en ce qui concerne les alliances de ses propres ascendants, au moins depuis une époque plus ou moins reculée; car, pour le cheval anglais de course, par exemple, « quoiqu'il passe pour être uniquement du sang oriental, dit M. de la Gondie, le fait n'est point exact si l'on remonte au temps où l'on a commencé à enregistrer les faits » (2). Quelque bizarre que soit cette expression de pur sang, il nous appartient d'autant moins de la changer que, sur ce point, tout le monde se trouve cà peu près d'accord. D'ailleurs, le cadre restreint de notre livre ne nous permet pas d'aller plus au fond de la ques- tion. Différence entre le cheval qui <( a du sang- » et le che- val ' DE LA LOCOiMOïION. lil OU peut repaiiir el avoir encore assez de liberté de respiraliou pour parcourir 4 à 500 mètres à toute vitesse ou, si le galop ordinaire est suffisant, 1 2 à I oOO mètres, puisque la charge exige une triple dépense de force... » Quant à V/n/h/e/icc du po'uh porté par le cheraJ, elle est consi- dérable : Lorsque le clieval n'est pas trop poussé dans ses allures, la charge n'agit pas sensiblement sur sa vitesse; mais elle augmente considéra- blement la fatigue et, par conséquent, épuise le fond. En voici la preuve : Après un certain nombre de kilomètres au trot, les respirations s'é- lèvent, pour les chevaux non chargés, à 60 par minute en moyenne ; pour les mêmes animaux chargés, elles montent à 74. Il s'ensuit que les kilomètres de trot ont autant essoufflé les clievaux chargés qu'un parcours au galop. (1 En présence d'une pareille diminulion de fond, conclut M. le général Bonie, l'hésitation n'est plus permise, et il faut débarrassera tout prix nos chevaux de leur attirail en campagne L'augmentation de puissance qui en résulterait est vraiment prodigieuse. Avec la charge de campagne, un cheval au trot dépense autant de force qu'un cheval au galop non chargé. En le soulageant de cette différence de poids, on triple donc sa puissance (I). » CHAPITRE IV DE LA LOCOMOTION Les actions produites par l'appareil locomoteur peuvent être divisées en trois groupes principaux : T les altitudes ; t" les mouvements sur place; 3° les allures. I. — ATTITUDES On entend par attitudes, en extérieur, les diverses positions du che- (I) En comptant le cavalier déshabillé pour un poids de Uii kilogr., le cheval de troupe doit porter, y compris le harnachement, l'habillement, les armes, les vivres, les munitions, etc., un poids de lo2 kilogr. qui, souvent augmenté de 10 kilogr. par la pluie, donne le total etlVayaut de tOi kilogrammes. 142 EXTERIEUR. val au repos, soit debout, soit couché. Elles coiiipreuiieut la stufinn et le (léciibitus ou coucher. A. — STATION La station est l'attitude du cheval debout, immobile et supporté par ses quatre membres ou par trois d'entre eux seulemeul. Elle peut être libre ou forcée. Fig. 80. — Station libre. La station libre est celle du cheval abandonné à lui-même; généra- lement alors, le corps ne repose que sur trois pieds. Le quatrième, Fis. 81. — Le ras-semliloi-. qui est toujours un postérieui', reste au repos et à demi lléclii (fig. 80 du texte). DE LA LOCOMOTION. 143 La station forcée est l'altitude dans laquelle les quatre extrémités sont placées sur le terrain de façon à former les quatre angles d'un rectangle. On la subdivise en rassembler, placer et camper. Dans le rassembler, les quatre membres sont ramenés plus ou moins Fig. 82. — Le canipor. vers le centre de la base de sustentation. Ainsi placé, le cheval est prêta exécuter facilement lesprincipaux mouvements (fig. SI du texte). Fig. 83. — Le placer il). Dans le camper, les quatre membres sont éloignés du centre de gra- \ité et en dehors de la hgne d'aplomb (fig. 82 du texte). (0 A partir du jarret, la partie postérieure du membre devrait être tangente à la ligne pointillée. IW EXTERIEUR. Le placer est la stalioii dans laquelle le cheval pose d'aplomb sur ses membres, la tête et l'encolure soutenues. Dans cette situation, les membres doivent suivre certaines directions, que nous allons examiner sous le titre A'aplombs (fig. 83 du texte). APLOMBS (PI. nii. On entend par f//y/o»/fo la répartition régulière du poids du corps sur les extrémités, ou/plus exactement, la direction que doivent suivre les membres du cheval, considérés dans leur ensemble ou dans leurs dif- férentes régions en particulier, pour que le corps soit supporté de la manière la plus solide et en même temps la plus favorable à l'exécu- tion des mouvements. Les aplombs sont dits réguliers " quand les axes directeurs des membres tombent perpendiculairement et oscillent dans des plans parallèles au plan médian ». Ils sont, au contraire, irrcguliers « lorsque les axes directeurs des membres s'écartent de la verticale et effectuent leurs déplacements dans des plans autres que ceux dont nous venons de parler » (1). Alors, le poids de la masse n'est plus réparti régulièrement sur les quatre extrémités, les rayons osseux ne portent plus exactement l'un sur l'autre, et une partie du membre ou tout au moins d'une région se trouve surchargée ; d'où prompte usure. Pour examiner les aplombs d'un cheval, il faut tout d'abord le pla- cer, c'est-à-dire le maintenir eu repos, les quatre pieds occupant les quatre coins d'un rectangle qui représente la base de sustentation. On abaisse ensuite certaines lignes verticales partant de différents points du corps et tombant jusqu'à terre. Suivant la direction des rayons osseux par rapport à ces lignes, on juge de la régularité ou de l'irrégularité des aplombs. 11 est évident que, dans la pratique, on ne peut pas se servir du fil à lilomb et qu'il faut de toute nécessité se faire suffisamment l'œil pour pouvoir remplacer par la pensée les lignes qu'il marquerait réel- lement. (1) Goubaux el lîarrier, loc. cit., p. 513. DE LA LLICOMUTIUN. 1-45 a. — APLOMUS DliS MEMBRES ANTERIEURS 1° Aplombs VUS de profil (fig. \, 2, 3, 4). — 1" Une verticale CD (lig. 1), abaissée de la pointe de F épaule jusqu'au sol, doit rencontrer ce dernier un peu en avant de F extrémité de la pince. Si celle ligue touche le sol à une distance plus grautle delapiuce, ou si la verticale EF (lig. 1), abaissée de la poinle du coude, rencontre les talons, le cheval est dit .vo(/.? Un du devant {^vj.. I, 3). Celte direction surcharge les membres, fatigue les os, les muscles, les tendons, et expose le cheval à raser le tapis, bulter et forger; aussi, est-elle incompatible avec le service de la selle. Si, au contraire, la ligne CD tombe sur le sabot avant de rencontrer le sol, le cheval est campé du devant {lig. 1, 2). Ce défaut l'expose à la foulure des tuions, au tiraillement des tendons, et surcharge l'arrière- main; de plus, il ralentit l'allure, puisque le membre, eu se portant eu avant, part d'un point plus rapproché de celui où doit s'opérer son appui. 11 est à remarquer, enliu, que, le plus souvent, on observe le défaut qui nous occupe chez les chevaux à talons serrés et chez ceux qui ont été fourbus ou qui présentent une déformation quelconque du sabot. 2° Une verticale .AB (fig. 1), abaissée de f articulation du coude [tiers postérieur de la partie supérieure et externe de l' avant-bras), doit partuyer également le genou, le canon et le boulet, et tondier un peu en arrière des talons. Si le genou fait saillie en avant de cette verticale et si cette déviation est naturelle, congénitale, le cheval est dit brassirourt (fig. 2,1) ; on le dit arqué, lorsqu'elle résulte de l'usure (fig. 2, 1). Si, au contraire, le genou se trouve trop en arrière, il est qualifié de creux, ^effacé ou de mouton (fig. 2, 2). Quand la ligne tombe trop loin des talons, le sujet est long et géné- ralement bas-jointé (fig. 3). « Cette sorte de parenté qui associe étroi- tement la longue- jointure et la basse-jointure est facile à comprendre, le paturon devenant de moins en moins colonne de soutien et de plus en plus ressort élastique à mesure que sa longueur aug- mente (1). I) Cependant, nous avons vu (11° partie, chap. ii, paturon) (1) Goubaux et Barrier, /oc. cit., p. 3oo. Le Cheval. 10 146 EXTÉRIEUR. que ces deux défectuosités ue sont pas toujours inséparables l'une de l'autre. Quoi qu'il en soit, les réactions du cheval long et bas -jointe sont plus douces; mais ses tendons se trouvent sans cesse tiraillés et l'u- sure de ses extrémités est rapide. Si, enfin, la verticale tombe trop près des talons, le membre est court et ordinairement droit-jointê (fig. 4). Le cheval a alors les réac- tions dures et est très prédisposé à se bouleler. 2° Aplombs vus de face (fig. o, 6, 7, 8). — Une verticale CD (fig. 5), abaissée de la pointe de l'épaule, doit partager le (/c/iou, le canon, le boulet et le pied en deux parties égales (fig. 5, 1.1). Quand le membre, clans son ensemble, se trouve en dehors de la verticale, on dit le cheval trop ouvert du devant (fig. 5, 2. 2) ; son allure devient alors plus lourde, s'accompagne d'uu bercement nécessité par le déplacement horizontal du centre de gravité, et il n'est plus propre qu'au service du gros trait lent. S'il s'agit de la région du genou seulement, celle-ci est qualifiée de cambrée (fig, 6, 1.1). Ce défaut d'aplomb nuit <à la solidité de l'appui et à la rapidité des allures. Si c'est la pince qui se trouve tournée en dehors, le sujet est panard du devant (fig. 8); ce défaut, qui peut tenir à une simple déviation du pied, accompagne le plus ordinairement une déformation du genou et du coude en dedans de la verticale. Dans tous les cas, le talon interne, surchargé, a de la tendance à chevaucher l'externe et à s'écraser; de plus, l'animal se coupe souvent avec la branche interne du fer. Lorsque, au contraire, le membre, dans son ensemble, est situé en dedans de la verticale, l'animal est à\\.serré du devant (fig. 5, 3. 3). Ce défaut, généralement dû au resserrement du thorax, expose l'animal à se couper, à s'atteindre, et le rend assez souvent impropre à tout service un peu pénible. Il est bon de noter, toutefois, que l'étroitesse du devant peut résulter d'un trop grand développement du poitrail entraînant le rapproche- ment de l'extrémité inférieure des membres, de même que sa trop grande ouverture peut provenir d'un défaut de largeur de la poitiine ou des muscles pectoraux, rendant les membres convergents vers leur partie supérieure, l'extrémité opposée étant en réalité bien placée ou un peu divergente. DE LA LOCOMOTION. 147 Si c'est la région du genou seulement qui se trouve déviée en de- dans, on a affaire aa ffenou de bœuf (ûg. 6, 2. 2) : mêmes inconvé- nients que le genou cambré. Enfin, si c'est celle de la pince, le cheval devient cagneux du devant (fig. 7), et l'appui se fait surtout en quartier externe. Considérée comme moins grave que le défaut opposé (panardise), cette déviation du pied expose le cheval à se couper avec la mamelle interne du fer. Le cheval peut également être cagneux du membre ou du pied seu- lement. A propos des déviations de la pince en dehors ou en dedans, nous trouvons dans William Day (1) celte opinion assez nouvelle : « Les pieds doivent être droits; mais, s'ils sont tournés, il est préférable de les prendre tournés en dehors, c'est-à-dire panards, ce qui est un signe de vitesse, que tournés en dedans, ou cagneux, ce qui indique la lenteur. » Sans admettre avec l'auteur précité que la panardise fa- vorise la vitesse, cette assertion nous paraissant être une pure hérésie physiologique, nous devons cependant avouer qu'il n'est pas rare de rencontrer des chevaux panards possédant des allures très vites. Tels la plupart des chevaux arabes. b. — APLOMBS DES MEMBRES POSTÉRIEURS 1° Aplombs vus de profil (fig. 9). — Une verticale GH, abaissée de F articulation coxo- fémorale , doit passer par le milieu de la jambe, couper en bas le milieu du sabot, et se trotiver équidistante des verticales JK et LM, partant de la rotide et de la pointe de la fesse, la dernière tangente à la pointe du jarret et au boulet. Si le membre, dans son ensemble, est placé en avant de cette ligne, le cheval est dit sous lui du derrière (3). Cette déviation, ordi- nairement liée à des jarrets coudés, est une cause de surcharge pour les membres postérieurs; de plus, elle raccourcit les allures et expose les chevaux à forger. Si, au contraire, il se porte en arrière, on qualifie l'animal de campé du derrière (2). Ce dernier défaut surcharge l'avant-train et coïncide le plus souvent avec des jarrets droits. (1) William Day, Le cheval de course à l'entrainement, traduit de l'anglais par le vicomte de Hédouville. Paris, 1881, p. 111. 148 EXTERlliUH. Enfîn, le cheval peut aussi èlre/o/iff et bds-Jo/n/r, ou coitrt et dro/l- jointé du derrière, lorsque le milieu du pied II (fig. 9) se rapproche de la verticale JK ou de la verticale LM. 2° Aplombs vus de derrière (lig. 10 et 11) — Une verlkalc LM ifi(j. 10), aba\iis.ée de la pùinle de la fesae, doit diviser rgaleinent la partie inférieure du membre, à compter de la pointe au jarret (fig. 10, 1, 1). Si le membre, dans son ensemble, se porte eu dehors de celte ligne, le cheval est dit trop ouvert du derrière {{ig. 10, 2.2); dans ce cas, le pied est souveut cagneux. S'il s'agit de la région du jarret seulement, celle-ci est qualifiée de cambrée (fig. 11,1. 1), et le cheval est presque toujours cagneux, soit du pied seulement, soit en même temps de tout le membre. Quand, au contraire, le membre, dans son ensemble, est situé en dedans de la verticale, l'animal est dit serré du derrière (fig. 10, 3. 3). Ce défaut s'observe habituellement sur les sujets étroits de poitrine, de reins et de croupe, sans allures, sans vigueur et sans énergie. S'il s'agit du jarret seulement, celui-ci est qualifié dec7wv ou croc/iu {{\g. H, 2.2). Cette conformatiou, très désagréable à l'œil, coïncide ordinairement avec des pieds panards et ralentit aussi les allures. Comme le fait remarquer M. Vallon (I), elle est cependant fréquente chez beaucoup de sujets des pays montagneux, remarquables, d'ail- leurs, par leur aptitude à supporter les fatigues et les privations. Nous l'avons nous-mème notée chez les chevaux tunisiens, dont l'énergie et la force de résistance sout au-dessus de tout éloge (2). B. — COUCHER OU DÉCUBITUS. Le décubitus on co> 11 est parlé dans celle communication de M. le professeur Marey des figures des frères Webrr destinées h représenter les différentes phases (I Bx l'ait des Combles tendus des séances de l'Académie des Sciences, i. XCV, so.inco du 8 juiUm 188^. DE LA LOCOMOTION. 159 fie la marche de ^l'homme ; il nous semble intéressant d'en reproduire une (/i^.92) ;elle est réduite d'après la planche originale (1). Le premier groupe (4 à 7) représente les diverses situations que les deux jambes prennent simultanément, tandis qu'elles posent toutes deux sur le sol ; le deuxième (8 à 11), les diverses situations que les deux jambes acquièrent pendant que celle qui est soulevée se trouve le tig.a2. — R«piéseniant la situation simultanée des iJeii.y jambes pour la durée d'un pas (2). plus souvent en arrière de la jambe appuyée; le troisième (12 à 14), les diverses situations que les deux jambes prennent pendant le temps que la jambe oscillante passe au devant de la jambe appuyée ; le qua- Irième (1 à 3), les diverses situations que les deux jambes acquièrent pendanlle temps que la jambe oscillante s'est portée fort en avant de l'autre. (1) Encyclopédie anatomique, tome II, Traité de la mécanigue des organes de la locomotion, Atlas PI. XIII, Paris, 184:!. (2) Cette expression, la durée d'un pas, est employée dans la légende qui accompagne la planche originale ; c'est plutôt un demi-pas, car le pas a pour expression In série de mouvements qui s'exécute entre deux positions sriiiblnbles d'un même pied; ici, sont représentés seulement ceux qui se produisent entre l'action d'un pied et celle de l'autre pied. 160 EXTKIUliUll. CHAPITRE VI LES ALLURES DE L'HOMME Marche. — Course — Réactions vcrlicales. — Galop. — Saut. La marche. L'allure la plus simple et la plus usitée est la marclie qui, lorsqu'elle a lieu sur uiî plan horizontal, est caractérisée par ce fait que le corps ne quitte jamais le sol. Le poids du corps passe d'un membre sur l'autre (Voir la uotation de la marche de l'homme, fig. 80, page 151). Les courbes se succèdent sans interruption, la courbe ascendante corres- pondant à l'appui d'uu pied se termine au moment où le pied opposé effectue le sien. Chacun dos membres se place en avant pondant que l'^iutrc appuie encore sur le sol et est en arrière, puis, celui-ci se soulève et vient se placer en avant du piomier, le corps est alors transporté en avant et il progresse. Il en résulte que chaque membre se trouve à une phase A'apinà lors- qu'il presse le sol ; lorsqu'il se soulève pour venir en avant il est à une phiise de soutien, c'est-à-dire qu'il est soutenu en l'air jiar la contrac- tion musculaire. Nous retrouverons un phénomène analogue dans les allures du chevcil. Dans la montée d'un escalier, le pied qui est sur la marche inférieure ne la quitte que lorsque le pied opposé a déjà appuyé un instant sur la marche supérieure ; il y a donc chevauchement des appuis. DE LA LOCOMOTION. 161 La course. Une allure plus rapide que la marche, la course, présente aussi des appuis alternatifs des deux pieds ; mais elle est différente en ce sens que ces appuis sont séparés par un temps de suspension, pendant lequel le corps reste en l'air un instant (^V/.02. DES SIGNALEMENTS. 223 11 est indispensable, toutes les fois que l'on mesure un cheval, de tenir compte de la hauteur des talons de devant, de l'épaisseur des fers et des crampons, qui augmentent facilement la taille de l'animal de I ou 2 centimètres. On doit apprécier la taille d'autant plus exactement qu'elle est un des principaux éléments dusigualement, et que sans elle on ne peut déter- miner sûrement la catégorie dans laquelle on doit ranger le cheval. En général, le cheval grandit depuis sa naissance jusqu'à cinq ans. A partir de cet âge, sa taille reste stalionnaire (Voy. Afje; périodes et durée de la vie du cheval). Nous avons vu, à propos des aptitudes, la taille qui convenait le mieux pour les différents services. CHAPITRE XIII DES SIGNALEMENTS On entend ^diV signalement l'énumération des caractères extérieurs qui permettent de distinguer un cheval de tous les autres. Il e.%\. som- maire ou détaillé, suivant le nombre des renseignements qu'on y fait entrer. Dans le signalement sommaire, on se borne à indiquer le sexe, l'âge, la taille, la robe de l'animal, ainsi que les différentes marques naturelles qu'il peut présenter. Dans le signalement détaillé ou. composé, on indique, de plus, la pro- venance du cheval, sa race, ses tares, son prix de vente et quelque- fois son pedigree (1), ses performances (2), le nom et Vadresse du pro- priétaire. Nous verrons que dans l'armée, les haras, les grandes administra- tions, le signalement s'écarte un peu du cadre ci-dessus. Modèles de sig-nalements. — Nous allons donner quelques exemples de signalements : 1° Signalement simple. — Cheval hongre, quatre aus, 1",38, bai (1) Mot anglais synonyme il'origine ou de ijénéalogie. (2) Mot également d'origine anglaise, employé sur le turf pour indiquer les épreuves subies par un cheval de course. 22i EXTERIEUR. foncé, neigé sur la croupe; en tête; trois balzanes, dont une anté- rieure droite. 2° Sif/nulcment détaillé. — « 243, cheval hongre, normand, de trait léger, bai châtain foncé miroité; rubican; en tête finement pro- longé par une petite liste déviée, terminée par du ladre aux naseaux et à la lèvre inférieure; trois taches accidentelles sur les côtés du garrot; grisonné à la base de la queue ; trois balzanes, dont une petite antérieure droite; queue écourtée; âgé de six ans faits ; taille de 1",56 sous potence; acheté 1,050 francs à Caen. » (Goubaux et Barrier.) 3" Signalement des haras. — « Agur., jument de pur sang anglais; l^îSS; alezane; fortement en tête; balzane postérieure droite; née au haras du Pin, en 1837; son père Eastham; sa mère, Danaé. « Le père d'Eastham, sir Oliver; sa mère, Cowslip. « 1840. hnbroglio, par Paradox. « 1841. Ben Agar, par Lottery. « 1842. Reine de Chypre, par Eylau (Vallon). » 4" Signalement militaire. — « Dans les étabhssements de remonte et dans les corps de troupes à cheval, il n'y a qu'une seule forme de signalement, dont les indications sont énumérées dans l'ordre suivant : (( r Le numéro matricule ; 2° le nom ; 3" le sexe ; 4" l'âge ; 5° la taille ; 0° la robe; 7° les particularités; 8" la provenance; 9° le prix d'achat; 10° l'arme, d (Commission d'hygiène hippique.) CHAPITRE XIV DES APTITUDES On entend par aptitude d'un cheval la réunion des qualités qui le rendent propre à tel ou tel service. La plupart des auteurs, se basant sur ce fait que le cheval porte ou tire, ont divisé l'espèce chevaline, sous le rapport du service, en deux grandes catégories : l'une renfermant les chevaux de selle, l'autre com- prenant les chevaux de trait. Cette division, juste eu elle-même, aie tort de confondre certaines aptitudes qu'il est utile de distinguer. C'est pourquoi nous préférons celle adoptée par MM. Goubaux et Barrier, qui distinguent des chevaux DES APTITUDES. 22» de course, des chevaux do (juerre, des c/ievaux de luxe, et des chevaux dindustrie et de cofnmerce. I. — CHEVAUX DE COURSE On peut subdiviser les clievaux de course en chevaux de course plate, en chevaux de steejde-chase, et en trotteurs de course. A. — CHEVAL DE COUUSE l'LATE Destiné à parcourir monté une piste sans obstacle, avec la plus grande vitesse possible, le clieval de course plate doit de toute néces- sité avoir une taille élevée (r",oo à l", 65). Aussi, le grandit-on tous les jours pour augmenter l'amplitude de ses enjambées. Mais l'élongation des leviers osseux ne pouvant malheureusement se faire qu'aux dépens de leur force de résistance, le cheval de course actuel, quoique plus vite en général que l'ancien, est beaucoup moins ca- pable de supporter une longue course et une forte charge que ce der- nier. C'est ce qui résulte des observations recueillies par les hommes spéciaux. « Pour les courses ou pour servir d'étalons, dit William Day, nous préférons un cheval moyen de 1°',57 environ... « Un vraiment bon grand cheval sera meilleur qu'un bon petit che- val; mais, en règle générale, vous aurez cinquante petits chevaux bons pour un seul de grande taille. Bay Middleton et Elis étaient de grands chevaux; ils n'ont rien fait comme reproducteurs. Yenison, qui était un poney, a brillé sur les hippodromes et au haras ; son fils Joë Miller également, et bien d'aulres. « Sur une petite distance, il se peut qu'un grand cheval eu batte un petit; mais un petit cheval vraiment bon battra toujours le grand sur une longue distance (1 Cfl//ié?/7»e était peut-être la meilleure jument pour 6,000 mètres qui ait jamais exisié, et TouchstonelQ meilleur cheval. La jument, après avoir gagné une course de 6,000 mètres sur le Bacon Course, a traversé la \ille et a été jusque sur les collines de Bury sans qu'on puisse l'arrêter. Cependant, aucun des deux chevaux n'avait plus de 1",50. et Yenisoii avait encore moins. Le Cheval. lo 226 EXTERIEUR. n Les petits chevaux sont décidément les meilleurs. Joë Miller a l'ait des chevaux extraordinaires aussi, a toujours battu les grands che- vaux, et, après une carrière fort longue, il a été envoyé au haras aussi sain que le jour de sa naissance. Pour citer des exemples contraires, il faudrait feuilleter avec bien du soin les annales du turf; nous ne con- naissons guère que Itata/tla» et Fisliennan, en fait de grands chevaux, qui aient couru longtemps et bien... » (I). Voici, après tout, les principaux caractères que doit présenter le cheval de course plate : Encolure droite et longue; épaule, croupe, cuisse, fesse, jambe, avant-bras également longs; ligne du dessus bien soutenue; poitrine haute, sans trop d'ampleur; garrot élevé; articulations larges ; tendons forts et écartés des canons; ventre peu développé ; peau, poils et crins fins; physionomie expressive (2). Le cheval de course plate est toujours de pur sang. 11 est iuscrit, soit au StuJ-Book anglais, soit awSkid-Book français. B. — CUEVAL DE STEEPLE-CIIASE Là encore le cheval est monté et toujours mené au galop rapide; mais on a placé sur le trajet de la piste un certain nombre d'obstacles artificiels, que l'animal doit franchir avant d'atteindre le but. La conformation du cheval de steeple-chase ne diffère guère de celle du cheval de course plate. Pour les courses d'obstacles on re- cherche aussi une grande taille, une poitrine haute, beaucoup de garrot, etc.; mais ce qu'on demande avant tout, c'est une forte mus- culature de l'arrière-main, particulièrement de la croupe, un grand développement des articulations, surtout des jarrets, et de beaux aplombs des membres antérieurs. Le dressage fait le reste. Actuellement, le cheval de steeple-chase est presque toujours de pur sang. (1 ) William Day, le Cheval de course à Ventratnemcnt, traduit do l'anglais par le vicomte de .Hédouville. Paris, 1881, pp. IH et 112. (2) Ces chevaux ne devant généralement pas porter des poids énormes, il est bon de faire remarquer que, chez eux, la longueur du dos doit être considérée comme une beauté, celte conformation favorisant la vitesse (Voy. 11° partie, Dos). DES APTITUDES. 227 C. — TROTTEURS Les trotteurs sout destinés à courir au trot sur l'iiippodrome, attelés et montés ;àl oh la division de ces chevaux en trotteurs d attelage et en trotteurs de selle. Leur taille doit varier entre 1",50 et I°',65. Les reins, la croupe, les cuisses, les fesses, les jambes et les jarrets doivent être puissants. On recherche également une poitrine haute et profonde ; une enco- lure, des épaules et des avant-bras longs ; des articulations larges et nettes (1). Plusieurs pays fournissent des trotteurs renommés; tels la Russie, l'Angleterre, la France et les États-Unis. Les trotteurs anglais nous arriveut du Norfolk et du Yorkshire; ceux de Russie se font au haras d'Orloff; quant aux français, ils nous viennent, en général, de la Nor- mandie, plus rarement des Ardennes. II. — CHEVAUX DE LUXE Les chevaux que uous rangeons dans cette catégorie se montent ou s'attellent. On peut les diviser eu chevaux d'attelage et en chevaux de selle; mais nous devons faire remarquer que cette division n'est pas absolue, beaucoup de chevaux de luxe pouvant être indistinctement montés ou attelés. A. — CIIEVAVX D'ATTELAGE Encore appelés carrossiers, les chevaux d'attelage se subdivisent eu grands et en petits carrossiers. Les gratids carrossiers s'attellent presque toujours en paire et ont, en général, une taille qui varie entre l^jGO et l^iTO. On doit les choisir avec une belle conformation et des allures brillantes. Malheureusement, leur valeur intrinsèque passe souvent en seconde ligne ; car on suppose qu'ils ont toujours assez de fond pour résister au service peu pénible qu'on exige d'eux. « Si on consacre ces beaux animaux à un service de distances, (1) Là encore, nous préférons hi ligne dorso-lombaire un peu longue. 2^S EXTEKIEUR. dit M. de Liagondie (1), leur poids, leur vigueur et leurs allures^ relevées oui bientôt brisé sur le pavé leurs pieds élégants, et il faut recourir, souvent trop tard, aux chevaux de service, qui doivent faire le travail de nuit, les excursions à la campagne, etc. » Aussi est-il sage, ajoute l'auteur précité, de réserver les cairossiers « pour les promenades des parcs ou du bois de Boulogne, ou tout au plus pour le stationnement devant les magasins du boulevard ». Les pel/is carrossiers, encore appelés chevaux de phaéto/i, s'attellent seuls ou en paire ; ils ont une taille qui oscille entre 1",55 et i^jôS. Comme les précédents, on doit les rechercher élégants avec des allures brillantes; mais, leur travail étant d'ordinaire plus pénible, il est indispensable qu'ils soient plus gros, plus doublés. Les grands et les petils carrossiers les plus estimés nous viennent d'Angleterre ou de Normandie. La Hollande, le Hanovre et le Meck- lembourg en fournissent aussi quelques-uns ; mais ils passent bien après les premiers. Ce sont, en général, des métis plus ou moins près du pur sang. B. — CHEVAUX Dli StLLE Parmi les chevaux de selle, on distingue le hac/c, le oô, le cheval de chasse, le double poney et le poney, qui doivent présenter les qualités générales suivantes : tête fine; encolure longue, souple; garrot élevé; dos et reins droits, courts; pieds bous; aplombs réguliers. Le hack est le plus brillant, le plus estimé de tous. Sa taille varie entre 1°',53 et l'°,62. H doit être bien proportionné, léger, vigoureux et excessivement souple dans ses mouvemeuts. Les beaux hacks sont de pur sang anglais, ou viennent du haras de Trakehuen, dans la Prusse Orientale; d'où le nom de trakens, sous lequel on désigne quelquefois ces derniers. La Normandie et le Wur- temberg en fournissent également d'assez estimés. M. de Lagoudie (2) distingue des hacks de promenade et des hacks de route, n Les premiers, dit-il, n'ont besoin que de belles formes avec des allures voyantes; tandis que l'on clioisit un cheval de voyage pour ses qualités utiles. » (1) Comte de Lagondie, Le cheval et son cavalier, Paris, 1884, p. olO. (2) Id., lue. cit., p. 40'J. DES APTITUDES. 229 Le cob peut être utilisé à la fois comme cheval de selle et comme cheval d'attelage. Sa tailleoscille entre l°',oO et 1"',6Û, en France tout au moins, car en Angleterre il est beaucoup plus petit. Ce cheval doit être près de terre, bien membre, large de poitrine, et en même temps élégant avec de belles allures. Les beaux cobs viennent d'Angleterre et d'Irlande. La France en fournit aussi quelques-uns. Le cheval de chasse, connu sous le nom de hunter en Angleterre, a une taille qui varie entre 1°',55 et 1™,62. 11 doit présenter un dessus bien soutenu, des membres convenablement charpentés et bien d'a- plomb, une poitrine très descendue, de l'énergie, du fond et de la vitesse, 11 lui faut en même temps un bon dressage. Les meilleurs chevaux de chasse sout des métis anglais ou irlandais. Le double poney est solidement charpenté, mais plus petit, moins fin et moins rapide que le cob. On le rencontre un peu partout. Le iponey est encore plus petit ; il a la tête camuse, le corps près de terre, bien musclé, les membres fins, et les crins très longs. Il est, en général, l'apanage des pays pauvres et montagneux. III. — CHEVAUX DE GUERRE Les chevaux de guerre peuvent être divisés en chevaux de selle et en chevaux de trait. A. — CHEVAUX DE SELLE Ces chevaux doivent être robustes avant tout, avoir la tête petite, l'encolure longue, le garrot élevé, le dos et les reins droits, courts, larges, la poitrine ample, les articulatiuns très développées, les aplombs réguliers, les pieds bons, les yeux absolument sains. A ces qualités, le cheval de selle doit joindre la vigueur, la légèreté •d'allures, la souplesse, en même temps qu'assez de patience pour ne pas trop s'effrayer pendant le feu, et exécuter, sans faire une dépense de force inutile, les mouvements désordonnés auxquels la cavalerie est quelquefois obligée d'avoir recours dans les circonstances difficiles. « Il est bon, dit Vallon (1), que le cheval de cavalerie ait de la no- (1) Vallon, kc. ei<.,p. 603. 230 EXTÉRIEUR. lilesse et de la distinction; mais il ne doit pas avoir trop de sang ni surtout être trop irritable — » La célèbre charge des lanciers anglais à Balaklava fournit, à cet égard, un enseignement très précis. La perte à peu près complète du beau régiment britannique, qui fut le résultat de celte charge funeste, ne peut, en effet, être attribuée qu'à l'énergie excessive, qu'au carac- tère trop irritable de ses chevaux qui, une fois lancés sur les rangs ennemis, ne purent être ramenés en temps opportun par les cavaliers. Le cheval de cavalerie doit donc être, en somme, vigoureux, robuste, facile à conduire, n'en déplaise à ceux qui soutiennent que la vitesse doit être maintenant sa première, sa principale, sa seule vraie qualité, comme si une fée quelconque devait dorénavant transporter, d'un coup de sa baguette magique, la cavalerie sur le lieu du combat, comme si les étapes forcées, les privations, les intempéries ne devaient pas être, aussi bien que jadis, les plus redoutables ennemis de nos chevaux. D'après la taille, le développement des formes, les chevaux de selle sout classés en chevaux de réserve (cuirassiers), de ligne (dragons), et de cavalerie légère (hussards et chasseurs). • Dans chacune de ces catégories on distingue le cheval de tête ou d'officier et le cheval de troupe. Le cheval d'officier doit nécessairement avoir des formes plus dis- tinguées, des allures plus rapides; mais, comme pour le cheval de troupe, il faut que ces qualitées soient aUiées à la force, à la rusticité et cà la docihté; car, « dans les manœuvres, l'officier qui monterait un fhevaltrop ardent, trop irritable, aurait trop à s'occuper de sa moulure el ne pourrait apporter assez d'attention aux ordres qu'il doit donner ou exécuter » (1). <( On ne doit classer tête, dit M. le capitaine Rivet (2), que le cheval qui eu est réellement digne, et ne pas se laisser prendre à des apparences de distinction qui n'ont pas derrière elles un fond de solidité ; il arriverait souvent, eu agissant ainsi, qu'on achèterait des chevaux d'officiers ayant moins de qualités sérieuses que les chevaux de troupe > La taille varie suivant les armes; elle est de 1"',54 à 1°',60 pour {)) Vallon, loe. cit.,^. 60o. (2) A. Rivet, Guide pratique de l'acheteur de chevaux. Caeii, 1877, pp. 19 el suivantes. DES APTITUDES. 231 la cavalerie de réserve, de 1°',30 à 1°',54 pour la cavalerie de ligne, et de 1°,4S à l^jSO pour la cavalerie légère. Les principaux centres de protluction des chevaux de cavalerie sont, en France, la Normandie, la Bretagne, le Limousin, le Bigorre, la Vendée et le Morvan ; en Afrique, l'Algérie et la Tunisie. Quand il s'agit du moteur en mode de vitesse, que celui-ci soil un cheval de luxe ou uu cheval de guerre, il est une donnée qu'on doit toujours prendre en considération : c'est la légèreté de la masse. « Au-delà d'un certain poids, les chevaux que l'on fait mouvoir à l'allure du trot ne sont plus utilisables, puisqu'à cette allure la force dont ils disposent suffit tout juste pour les transporter eux-mêmes... Aussi, n'y a-t-il point lieu de s'élouner que jamais la grosse cavalerie française n'ait pu résister aux fatigues d'une campagne tant soit peu pro- longée, et que, même en garnison, sa mortalité soit de 50,57 sur 1,000 d'effectif, taudis que celle de la cavalerie légère n'est que de 23,33 (I). « La conclusion à tirer de là, pour le cas particulier, c'est que la cavalerie de réserve, si tant est qu'elle soit utile aux armées, ce sur quoi nous n'avons pas à nous prononcer ici, devrait être remontée en chevaux d'un poids qui ne dépasserait pas 500 kilogrammes Plus les chevaux de selle sont petits et légers, plus leur travail disponible est proportionnellement grand. La cavalerie légère d'Afrique nous en donne depuis longtemps la preuve pratique. Les cavaliers, chas- seurs ou spahis, ue pèsent pas moins en moyenne que les dragons. Bon nombi'e d'entre eux pèsent autant que les cuirassiers. Dans toutes les campagnes auxquelles ils ont pris part avec les dragons et les cuirassiers, en Crimée, eu Italie et en France, les chevaux de chasseurs ont toujours mieux résisté que les autres aux fatigues de la guerre, tout eu faisant un service plus long et plus pénible « On a donc bien tort, dans le choix des chevaux de guerre, de ue pas abaisser le minimum de taille exigé maintenant jusqu'à la limite de ce qui est nécessaire pour que le cavalier puisse tenir à cheval, dùt-on élever son assiette par un artifice comme celui dont se servent les Arabes, les Cosaques, les Hongrois, etc. La cavalerie de ces peuples a toujours été la plus mobile, la plus résistante, la plus infatigable de (1) 11 y a lieu de noter que ces chifTres ne sont plus tout à fait exacts aujourd'hui ; car les pertes, dans la grosse cavalerie, ne dépassent guère actuellement 30 à3 ipour 1000, tandis que dans la cavalerie légère (chevaux français) elles oscillent entre 20 et 23. 232 EXTÉRIEUR. toutes, préc isément parce qu'elle est composée de très petits chevaux »( I ) . « Jamais, écrit d'autre part un ofilcier de cavalerie d'uue compé- tence indiscutable, la pesanteur des grands chevaux ne leur permettra de suivre les petits dans leurs mouvements rapides, et si l'on tentait de le faire, ce serait eu quelques jours leur destruction totale (2). » Ces opinions corroborent de tous points celle de William Day. que uous avons rapportée h propos des chevaux de course. li. — CIIIÎA'AVX DK TRAIT <' Appelés à exécuter, dans certaines circonstances, des mouvements rapides au trot et au galop, les chevaux de trait devront joindre à la force une certaine légèreté; la charpente osseuse sera solide, l'appa- reil musculaire bien développé, le corps court et souple, les membres doués d'articulations larges, les pieds irréprochables (3). n Ces chevaux sont destinés à l'artillerie et au train. Leur taille oscille entre l°',i8 et l'",o4. Ils n'ont guère de centres de production spéciaux. IV. — CHEVAUX D'INDUSTRIE ET DE COMMERCE On comprend dans cette catégorie de chevaux ceux qui ne sont employés ni par le luxe ni par l'armée. Ils peuvent être divisés eu chevaux de gros (rail lent, de gros Irait rajiide^ et de trait léger. Les chevaux de gros trait lent sont ceux qu'on attelle aux grosses charrettes, aux tombereaux, aux gros camions, etc. Ils doivent être massifs, près de terre, fortement musclés, avoir des membres solides, l'épaule peu oblique et de bons pieds. Ou les recherche surtout entiers, parce qu'on les trouve plus vigoureux. La taille de ces chevaux varie entre l"^Ou et r",7o. Leurs priucipaux centres de provenanci; sont : en France, le Boulonnais, le Perche, la Beauce, les Ardennes, la Picardie; eu Belgique, le Brabant; eu Angleterre, le Suflblk et le Norfolk. Les elievaitx de gros trait rapide sont surtout utilisés pour le service des brasseurs,, des messageries et des omnibus. Ils doivent être moins (1) A. Sanson, lue. cit., pp. 330 et suivantes. (2) Journal des sciences militaires, Examen critique des oiwratiùns de la civalorie, avril 1 88 1 . (3j Commission d'hygiène hippique, loc. cit., p. I3i. TAHES DES MEMBRES. 233 massifs, plus hauts de membres et plus rapides d'allures que les précé- dents. Leur taille est de i",00 à 1",65. On les trouve surtout dans le Perche, la Beauce et la Normandie; mais les percherons sont de beau- coup, et ajuste raison, les plus estimés. Les chevaux de trait léger, dont le \rai type était autrefois \e postier, sont utilisés aux voitures de commerce, aux tapissières, aux voitures . (2) A. Sansoii, lue. cit., t. III, p. 179. 256 EXTEIllEUK. rayon, surtout à leur extrémité inférieure, où l'intégrité du sabot, des articulations et des tendons est d'une si grande importance. A propos des cordes tendineuses, il est indispensable de savoir que les mar- chands excellent à dissimuler, en taillant les crins obliquement au- dessous du genou, le défaut qui constitue ce qu'on appelle le tendon failli (Voy. 11° partie, aplombs). 3° Examen du cheval en action. — 11 importe ensuite d'exercer le cheval sur un terrain dur ou pavé et de le faire conduire par une personne étrangère aux intérêts du vendeur. Dans tous les cas, on le verra d'abord tenu à la mnin, et l'on veillera à ce qu'il ne soit pas conduit trop court, de manière que la tête n'ayant pas de point d'appui, les allures de l'animal soient plus libres et laissent mieux voir les défectuosités qu'elles peuvent présenter. Ou exigera enfin du marchand qu'il s'abstienne de toute excitation étrangère. Après avoir ainsi examiné le cheval successivement au pas et au trot, on le verra à Fessai, monté ou attelé, suivant le service auquel on le destine. Cette épreuve, outre qu'elle permet de constater la manière dont l'animal se laisse brider, revêtir de la selle, sangler, etc., fait voir le cheval soustrait à l'influence du marchand et de ses palefreniers, et, par conséquent, dépouillé de cette vigueur factice que lui inspirait la crainte; car il est évident que, dans cette circon- stance, l'acheteur doit, autant que possible, procéder lui-même à l'essai. En même temps qu'il renseigne sur les aptitudes et le fond, l'examen du cheval en action, à l'essai surtout, permet également de se rendre compte de l'état de la respiration. Aussi, devra-t-on toujours, dès que l'animal sera arrêté après un exercice suffisant, écouter avec attention le bruit de sa respiration dans la région du larynx, pour voir s'il n'est pas corneur, et examiner les mouvements de ses flancs pour être certain qu'il n'est pas poussif (Voy. HT partie, respiration). G. — HXAMEN DES CIIEVAUX APPAREILLÉS. Lorsqu'on visite des chevaux destinés à être appareillés par couples ou paires, il faut, indépendamment de l'examen détaillé de chacun d'eux, procéder à un examen d'ensemble. On place les deux chevaux côte à côte et l'on s'assure si leur taille, leur robe, leur conformation DU CHEVAL EN VENTE. 257 générale, sont semblables. D'un autre côté, on doit, autant que possible, appareiller des chevaux de même âge. Puis, on passe à l'examen des allures, et c'est là surtout où il est nécessaire d'exiger un assemblage bien combiné. « 11 est rare, dit Lecoq (1), que deux chevaux appareillés présentent les mêmes qualités. Presque toujours les marchands profitent d'une simiUtude de taille et de robe pour faire passer un cheval médiocre au moyen d'un meilleur, sur lequel ils cherchent de préférence à attirer l'attention de l'acheteur. » Souvent même, ou pourrait appliquer à ces prétendus chevaux appareillés la légende que Crafty met au bas d'ini de ses charmants dessins : c Ne sont ni de même taille, ni de même modèle, encore moins de même train. Forment paire uniquement parce qu'ils sont deux » (2). DES MANŒUVRES DOLOSIVES MISES EN PRATIQUE PAR LES MAQUIGNONS En dehors des moyens plus ou moins frauduleux mis en pratique par les marchands pour faire illusion sur la qualité des animaux qu'ils exposent en vente, il existe un grand nombre de manœuvres absolu- ment dolosives dont ne se font pas faute d'user certains maquignons de bas étage, et contre lesquelles nous devons mettre le lecteur en garde. Généralement, aucune considération n'arrête ces marchands peu scru- puleux : quand ils ont un cheval à épaules froides, ils l'exercent long- temps avant de l'exposer en vente. Si leur intérêt y trouve son compte, ils adaptent une fausse queue au cheval qui n'a plus de crins. Lorsque l'animal jette par un des naseaux, ils introduisent une éponge dans la cavité nasale. Ils masquent les seimes et les éclats de corne à l'aide d'une application de gutta-percha ou d'une composition faite avec de la limaille de fer, du noir de fumée et de la térébenthine. Ils dissi- mulent les déformations du sabot résultant de la fourbure chronique parla râpe. Ils comblent le creux des salières, chez les chevaux âgés, à l'aide d'une insuftlation d'air. Us teignent les robes pour rendre les (1) F. Lecoq, loc. cit., p. 533. (2) Crafty, Paris à cheval, 188i-, p. 19. Le Cheval. 17 258 EXTERIEUR. chevaux plus mécouuaissables. Ils cacheut les cicatrices des clievaux couronnés et celles produites par des vésicaloires, au moyeu d'un enduit poisseux sur lequel sont artistement implantés des poils de l'animal. Si le cheval est atteint d'un rhumatisme qui le fait boiter, ils prati- quent uue blessure sur la partie qui en est le siège et affirment que le cheval boite par accident. Sur les capelels anciens, ils excorient la peau pour faire croire que le cheval vient de se frotter. Ils rajeunissent les -vieux chevaux en leur sciant les dents et eu les contre-marquant. Ils recouvrent les suros, les molettes, etc., avec des bandes de fianelle, les genoux couronnés avec des genouillères. Ils redressent les oreilles pendantes avec une bonnette. Ils cachent les yeux malades avec des œillères. Ils maîtrisent les sujets difficiles ou méchants à l'aide d'un petit tord-nez fixé le long du montant de la bride ou du licol, etc., etc. Ces fraudes ne constituent même pas les seules ressources du vrai maquignon : deviennent-elles inapplicables ou insuffisantes, vite il invente une bonne escroquerie, et le tour est joué ! C'est contre les manœuvres do cet autre genre que nous voulons maintenant prémunir le lecteur : S'il nous est impossible de les reproduire toutes ici, chaque maquignon étant généralement possesseur d'un procédé à lui, nous pouvons au moins en signaler quelques-unes, très eu faveur parmi les représentants du maquignonnage parisien. Nous ferons, à ce propos, un emprunt au compte rendu de la séance du 9 juin 1884, de la Société de médecine vélérinaire pratique de Paris : « Les procédés sont des plus variés. Toutefois, ils se rappiochenl des procédés-types suivants : « 1° Pierre, maquignon, fait à Paul, acheteur, un billet de vente, d'orthographe fantaisiste et à peu près ainsi conçu : Pierre reconnaît avoir vendu à Paul un cheval pour le prix de et qu'il lui vend en ou an toute garantie de vices rédhibitoires. (( En buvant la traditionnelle demi-bouteille de vin, Pierre rede- mande à Paul le billet de vente qu'il vient de lui remettre : il a oublié d'inscrire la date du contrat ou de donner sou adresse. Paul rend le billet en toute confiance et, pendant que son attention est fortement occupée par un compère, Pieire ajoute les mots intentionnelle- DU CHEVAL EN VENTE. 239 ment oubliés et, de plus, des s au mot an. De cette manière, un mauvais cheval vendu an garantie se trouve eu réalilé vendu sans garantie. « Le plus souvent, Pierre se contente de terminer son billet de vente par les mots : « en toute garantie de maladies contagieuses ». Alors, il ajoute, après coup, les tiois derniers mots, ou bien il per- suade à Paul que celte garantie, ainsi libellée, est applicable à Ions les défauts et vices du cheval. (1 2° Le tour d'escroquerie le plus fréquent et qui réussit le mieux est celui-ci: Paul, acheteur crédule et peu fortuné, vient au marché muni d'une petite somme : 50, 100 et même 150 fr., avec l'intenlion d'acheter un cheval en rapport de valeur avec le prix dont il peut disposer. Pierre lui offre un ùon c/ieoai, mais d'une valeur de 300 à 400 fr. 11 se contente de la petite somme qui lui sera remise à titre d'arrhes, et fera parfaitement crédit pour le reste. Au cabaret, Pierre rédige son billet de vente; il reconnaît avoir vendu un cheval pour la somme de..,, avoir reçu une somme' de..., à titre d'arrhes, et il stipule que le restant du ^vi\ sera pai/aùie à livraison. (1 Rentré sur le marché, Paul vient prendre livraison. Pierre ne cousent plus le crédit et refuse de livrer. 11 a pris des informations, il u'a pas confiance dans Paul ; bref, il exige le payement immédiat. Paul, ne pouvant payer, réclame les avantages du crédit promis ou la restitution des arrhes. Pierre ne veut ni livrer ni restituer . Paul quitte le marché absolument dépouillé et sans grande espérance, faute de fonds, de jamais pouvoir prendre livraison. « Cette escroquerie se commet à chaque marché et aux dépens de pauvres maraîchers, de marchands de quatre-saisons, de petits charbonniers, brocanteurs ou autres gens presque toujours illettrés. « 3° Des chevaux amauroliques, des chevaux trachéolomisés inten- tionnellement ou dans un but thérapeutique, sont vendus surle marché à un prix peu élevé relativement à leur valeur, considérée abstraction faite du vice réel ou simulé dont ils sont atteints. Pour les chevaux portant un tube trachéal, ce tube est caché par une grelotlière. Géné- ralement, ces chevaux sont présentés et trottes tout harnachés, ce qui rend moins suspecte la fameuse grelottière. 200 EXTÉRIEUR. « En rentrant du cabaret où, bien entendu, se conclut tout bon marché, Pierre tient à Paul un langage se rapprochant du sui- vant : « Décidément, vous êtes un trop brave homme; ma cons- cience me reprocherait de vous tromper: le cheval est aveugle; mais j'en ai Là un autre qui fera admirablement votre affaire et que je vous donnerai en toute confiance, en ami, et au même prix. ): Il va sans dire que le cheval proposé est une vieille rosse de la plus belle eau ; mais le malheureux Paul préfère encore cette tran- saction. (( Pour le cheval trachéotomisé, Pierre, au moment de la livraison, lève la grelottière et montre à Paul étonné l'orifice artificiel que porte l'animal au cou. Parfois facétieux, il dit au malheureux Paul: « Vous aurez là un bon cheval; mais il vous faudra lui donnera manger par cette ouverture avec une cuillère. » Paul effrayé préfère perdre les 50 ou 100 fr. d'arrhes qu'il a déjà versés, ou bien il accepte un autre mauvais cheval placé à côté du premier et toujours prêt pour la cir- constance. « 4° Enfin, une autre manœuvre se pratique tout aussi couram- ment que les précédentes : « Au moment delà livraison d'un cheval, un compère s'approche de l'acquéreur en évitant soigneusement, en apparence, d'être remarqué du vendeur ou de ses acolytes : « Monsieur, dit-il à Paul, j'aurais voulu vous avertir plus tôt; malheureusement, je n'ai pu le faire: ces co- quins vous ont vendu un cheval rétif, dangereux, qui vous tuera, vous et les vôtres. « Inutile d'ajouter que Paul prend peur, abandonne un bon cheval et se fait enrosser par un mauvais cheval que Pierre lui échange « En général, le maquignon opère à peu près en toute sûreté. Il amène à chaque marché un cheval appelé maître d école. Ce cheval doux, bien fait, est offert à un prix peu élevé, et le marché très vile conclu au cabaret. Lorsqu'il s'agit de livrer, le maquignon, aidé de compères, trouve toujours un moyen quelconque d'éluder la livraison. Il annonce alors le vice réel ou le plus souvent imaginaire de l'animal, ofTre de garder celui-ci et donne eu échange un cheval vieux, plus ou moins usé, une rosse toujours tenue en réserve pour les besoins de la cause. « Pour le cheval dit maître d'école.^ il est amené à chaque marché DU CHEVAL EN VENTE- 261 et vendu un nombre indéfini de fois. Il est la cheville ouvrière du maquignon, son gagne-pain (1) (1 Souvent encore, au moment de rédiger le billet de garantie, le vendeur, doublé d'un compère qu'il a présenté comme son associé, feint un mal au bras ou à la main et prie ledit associé d'écrire et de signer le billet. Plus taid, si l'acheleur veut faire usage de cette pièce, le vendeur dit qu'il n'a jamais eu d'associé. Le nom de l'associé est, du reste, faux, et ce dernier absolument introuvable (2). » En ce qui concerne les procédés déloyaux mis en pratique par les maquignons pour empêclier les acheteurs d'exercer leurs droits dans les cas de vices rédhibitoires recounus, ils sont nou moins nombreux et non moins à craindre. Citons-en un au hasard, que nous empruntons à M. H. Bouley : « ... Le 10 novembre dernier, M. M... a vendu à Journet un cheval, pour la valeur de 900 fr. « M. Journet ayant fait visiter le cheval par M. Cabaret, médecin- vétérinaire demeurant boulevard Masséna, n° 9, qui le reconnut et le certifia atteint de la pousse, le fit reconduire chez M. M..., par le sieur Plaurot, son charretier, le 10 novembre... M. M... (qui savait que le cheval devait êlre conduit à l'École d'Alfort s'il refusait de le reprendre) ne fit montre d'aucun refus, ni d'aucune protestation contre le fait sur lequel était basée la restitution dudit cheval ; il se contenta dédire à Plaurot qu'il devait le conduire dans l'auberge à côté, où il l'accompagna et Plaurot s'en alla avec la conviction que tout s'était arrangé de la manière la plus simple et la plus amiable, pusique, dans sa pensée, M. M... s'était livré du cheval, qu'il lui avait rendu, sans aucune discussion « Cependant, cette affaire n'était pas terminée comme M. Journet le pensait, car le 24 novembre, c'est-à-dire après Pcxpiral/on de la garantie, il recevait une assignation à comparaître le mardi suivant, devant le tribunal, pour s'entendre condamner: « A payer à M, M... fils, la somme de 900 fr. pour le prix d'un cheval à lui vendu et livré, depuis temps de droit, ainsi qu'il devait en être justifié.... (3). <> (1) Communicalion Je M. A. Laquerrière, vétérinaire sanitaire du département de la Seine. (2) Communicalion de M. l?ecordon, vétérinaire à Corbeil .Seine-et-Oisi';. (3) Extrait d'un rapport de .M. U. Bouley à .MM. les présidents et juges composant le tribunal de commerce de la Seine (16 décembre 1871). 262 EXTP]FUEUR. En ayanl l'air de reprendre le cheval sans difficulli", 31. M... avait abusé de la naïveté de l'employé de M. Journet pour le détourner de conduire ce cheval à l'École d'Alfort, oij il savait bien qu'on aurait tracé à cet employé la marche qu'il devait suivre pour que son patron fût mis en règle à l'égard de son vendeur. Les manœuvres dolosives que nous venous de signaler, et d'autres encore, sont pratiquées sur une grande échelle, surtout à Paris, et réussissent cà peu près toujours avec les gens illettrés et souvent même avec les personnes intelligentes, mais peu versées dans la connaissance du cheval et non initiées aux ruses des maquignons. Pourtant, la loi est la pour protéger l'acheteur conU-e la mauvaise foi manifeste du vendeur ; mais, malgré cette protection, celui-ci est rarement l'objet d'un procès, soit en raison de son insolvabilité, soit parce que peu de personnes sont disposées à courir les chances d'un jugement plus ou moins long et coûteux. • Le seul moyen, pour l'acheteur, de ne pas se laisser tromper sur la qualité de l'animal mis en vente et de se mettre à l'abri d'escro- queries du genre de celles que nous venons de signaler, c'est de se faire accompagner par un vétérinaire ou, à son défaut, par toute autre personne qui, grâce à ses occupations spéciales, peut être à même de le guider. CHAPITRE XIX LOI SUR LES VICES RÉDHIBITOIRES DANS LES VENTES ET ÉCHANGES D'ANIMAUX DOMESTIQUES (Promulguée le 2 août 18S4) Bien que le Code civil, dans les art. 1041, 1G42 (1) et suivants, dé- finisse et réglemente, d'une manière générale, les principes de la ya- rantie des défauls de la chose vendue^ il était nécessaire qu'une loi spé- (1) Aht. 1641. — Le vendeur est tenu de la garantie k raison des défauts cachés de la chose vendue qui la rendent impropre à l'usage auquel on la destine, ou qui dimi- nuent tellement cet usage, que l'acheteur ne l'aurait pas acquise ou n'en aurait donné qu'un moindre prix, s'il les avait connus. Art. 1042. — Le vendeur n'est pas tenu des vices apparents et dont l'acheteur a pu se convaincre lui-même. LOI SUR LES VICES RÉDHIBITOIRES DANS LES VENTES. 2C3 ciale intervîut, en ce qui concerne le commerce des chevaux, tant pour ((subsliUier l'uniformité de la loi à la diversité des coutumes (l)» , que pour « établir une nomenclature à la place des généralités de l'art. 1641, offrir des règles aux juges, lever l'incertitude dans les marchés, et y faire cesser la fraude o (2). C'est dans ce but que fut rédigée la loi du 20 mai 1838, qui vient d'être tout récemment modifiée et abrogée par celle du 2 août 1884, dont nous allons reproduire ici les articles relatifs à l'espèce chevaline : Art. I". — L'action en garantie, dans les ventes ou échanges d'animaux domestiques, sera régie,, à défaut de conventions contraires, par les disposi- tions suivantes, sans préjudice des- dommages et intérêts qui peuvent être dus s'il y a dol. Art. 2. — Sont réputés vices rédhibitoires et donneront seuls ouverture aux actions résultant des articles 1641 et suivants du Gode civil, sans distinction de localités où les ventes et échanges auront lieu, les maladies ou défauts ci-après, savoir : Pour le cheval, l'âne et le mulet. La morve ; Le farcin ; L'immobilité ; L'emphysème pulmonaire ; . Le cornage chronique ; Le tic proprement dit, avec ou sans usure des dents ; Les boiteries anciennes intermittentes; La fluxion périodique des yeux. Art. 3. — L'action en réduction de prix, autorisée par l'article 164i du Code civil, ne pourra être exercée dans les ventes et échanges d'animaux énoncés à l'article précédent, lorsque le vendeur offrira de reprendre l'animal vendu, en res- tituant le prix et en remboursant à l'acquéreur les frais occasionnés par ta vente. Art. 4. — Aucune action en garantie, même en réduction de prix, ne sera admise pour les ventes ou pour les échanges d'animaux domestiques, si le prix, en cas de vente, ou la valeur, en cas d'échange, ne dépasse pas 100 francs. Art. 3. — Le délai pour intenter l'action rédhibitoire sera de neuf jours francs, non compris le jour fixé pour la livraison, excepté pour la fluxion périodique, pour laquelle ce délai sera de trente jours francs, non compris le jour fixé pour la livraison. Art. 6. — Si la livraison de l'animal a été elTectuée hors du lieu du domicile du vendeur ou si, après la livraison et dans le délai ci-dessus, l'animal a été conduit hors du lieu du domicile du vendeur, le délai pour intenter l'action (1) Discours du Ministre des travaux putilics à la Chambre des députés {mai 18.38). (2) Discours de M. Lherbelte à la Chambre des députés (mai 1838). 2fi'. EXTÉRIEUR. sera augmenté à raison delà distance, suivant les règles de la procédure civile. Art. 7. — Quel que soit le délai pour intenter l'action, l'acheteur, à peine d'être non recevable, devra provoquer, dans les délais de l'article 5, la nomi- nation d'experts chargés de dresser procès-verbal ; la requête sera présentée, verbalement ou par écrit, au juge de paix du lieu où se trouve l'animal ; cejuge constatera dans son ordonnance la date de la requête et nommera immédiate- ment un ou trois experts, qui devront opérer dans le plus bref délai. Ces experts vérifieront l'état de l'animal, recueilleront tous les renseigne- ments utiles, donneront leur avis, et, à la fin de leur procès-verbal, affirme- ront par serment la sincérité de leurs opérations. Art. 8. — Le vendeur sera appelé à l'expertise, à moins qu'il n'en soit au- trement ordonné par le juge de paix, à raison de l'urgence et de l'éloignement. La citation à l'expertise devra être donnée au vendeur dans les délais déter- minés par les articles 5 et 6; elle énoncera qu'il sefa procédé même en son absence. Si le vendeur a été appelé à l'expertise, la demande pourra être signifiée dans les trois jours, à compter de la clôture du procès-verbal, dont copie sera signifiée en tête de l'exploit. Si le vendeur n'a pas été appelé à l'expertise, la demande devra être faite dans les délais fixés par les articles 3 et 6. Art. 9. — La demande est portée devant les tribunaux compétents suivant les règles ordinaires du droit. Elle est dispensée de tout préliminaire de conciliation, et, devant les tribu- naux civils, elle est instruite et jugée comme matière sommaire. Art. 10. — Si l'animal vient à périr, le vendeur ne sera pas tenu à la garantie, ù moins que l'acheteur n'ait intenté une action régulière dans le délai légal, et ne prouve que la perte de l'animal provient de l'une des maladies spécifiées dans l'article 2. Art. m. — Le vendeur sera dispensé de la garantie résultant de la morve ou du farcin pour le cheval, l'âne et le mulet, et de la clavelée pour l'espèce ovine, s'il prouve que l'animal, depuis la livraison, a été mis en contact avec des ani- maux atteints de ces maladies. Art. 12. — Sont abrogés tous règlements imposant une garantie exception- nelle aux vendeurs d'animaux destinés à la boucherie. Sont également abrogées la loi du 20 mai 1838 et toutes les dispositions con- traires à la présente loi. En somme, les dispositions nouvelles qui distinguent la loi du 2 août 1884 de son aînée du 20 mai 1838 peuvent se résumer ainsi : suppression de quelques vices ayant donné lieu à des abus; rétablis- sement de la faculté, pour l'acheteur, de se contenter de l'aclion en réduction de prix; enfin, fixation d'un maximum d'intérêt en dessous duquel toute action est refusée à l'acquéreur pour vices rédhibitoires. LE CHEVAL EN PEINTUHIî ET EN SCULPTURE. CHAPITRE XX APPLICATION DE LA CONNAISSANCE DE L'EXTÉRIEUR DU CHEVAL EN PEINTURE ET EN SCULPTURE S'il est indispensable, comme le dit M. Cli. Blanc (1), que l'artiste purifie la matière par le style, sou file une âme à ses corps et dégage du spectacle de la nature toutes ses poésies; si la forme ne doit pas être le fond même dans l'art, il n'en résulte pas, ajoute le même au- teur, qu'il faille rabaisser celui-ci au rôle de « courtisane inféconde, n'ayant d'autre mission que le plaisir ». Si l'art, enfin, ue peut simplement consister en une servile « imita- tion de la nature », il est néanmoins admis par tous les critiques actuels qu'il doit en être une fidèle » interprétation » . Or, il suffit de jeter un coup d'œil sur les œuvres des arlistes anciens et modernes pour s'assurer que trop souvent les peintres et les sculpteurs se sont contentés de nous montrer des vérités de convention, de faire de Fart pour Fart, surtout eu ce qui concerne la reproduction du cheval. Excusable autrefois, cette tendance à faire beau en dehors du vrai ne l'est plus aujourd'hui, que nous sommes mieux renseignés, que les artistes possèdent toutes les indications théoriques pour arriver sûre- ment à une exactitude que leurs prédécesseurs ne pouvaient guère atteindre qu'inconsciemment de temps en temps. C'est dans le but de bien mettre en évidence la nécessité, pour les peintres et les sculpteurs, de connaître la conformation extérieure du cheval, et surtout les proportions, les aplombs et les allures de cet animal, que nous allons examiner quelques œuvres très connues où le manque absolu des counaissances'ci-dessus a entraîné des erreurs, des difformités qui déparent réellement ces œuvres. EXAMEN DES ŒUVRES DE QUELQUES PEINTRES OU SCULPTEURS DE CHEVAUX Parmi les rares artistes anciens qui ont échappé à la routine de leur époque, Phidias (431 avant J.-C.) tient certainement le premier rang. (1) Ch. Blanc, Histoire des peintres de toutes les époques [École française, Introduction). 266 EXTERIEUR. A part quelques irrégularités de détail, on peut, en effet, dire des chevaux qui décorent les bas-reliefs du Partliénon que nulle autre sculpture ne s'approche autant de la forme naturelle. Non seulement « les chars des Panathénées décorant la frise du sud sont attelés de chevaux bien plus longs que ceux des nombreux cava- liers qui les escortent au galop, se cabrant et piaffant » ; mais on ob- Fig. 106. — Les chevaux du l'artliéiion (Phidias). serve sur les deux sculptures de la figure 106 a la reproduction très exacte du premier temps du galop (1). » Le colonel Duhousset a, d'ailleurs, remarqué dans le cours de ses voyages en Italie, en Grèce et en Perse, que les peintres et les sculp- teurs anciens différenciaient généralement les formes des animaux montés de celles des animaux attelés, montrant par là qu'ils n'igno- raient pas que telle conformation, défectueuse chez le cheval de selle, (I) Colonel E. Duhousset, loc. cit.. pp. 100 et 101 LE CHEVAL EN PEINTURE ET EN SCULPTURE- 267 qui doit souvent porter uu poids considérable, ne l'est plus et constitue même quelquefois une qualité en ce qui concerne le cheval de trait léger. Le fameux cheval du général Bartholoino Colêone de Bergarae, dont la statue équestre décore, à Venise, la place de l'église Zanipolo, malgré ses défauts et sou apparence massive, malgré la critique qu'en a faite M. Cherbuliez dans son intéressant récit A propos d'un cheval, est lui-même d'un grand caraclèrc et pi ésente des appuis vrais comme direction et trace sur le terrain; le membre gauche de devant seul, d'après M. Duhousset, devrait être moins avancé et moins loin de terre. Nous avons pu nous-même vérifier l'exactitude de cette appréciation sur la reproduction du cheval en question, que l'on peut admirer dans l'une des salles de la colleclion Tliiers au Louvre. Toutefois, ajoutant une critique à celle de l'auteur précité, nous nous demandons pour- quoi le sculpteur a gratifié son cheval de quatre pieds malades (pieds cerclés) ? La statue équestre de Gattamelata de Padoue, et la plupart de celles qu'on rencontre en grand nombre dans les églises de Venise, sont, d'un autre côté, à l'allure calme et régulière du pas. Mais, à côté de ces exceptions, combien de peintres ont voulu frapper notre imagination en nous montrant des vérités absolument •conventionnelles! combien ont oubhé que la vérité est la source du beau dans les arts et le moyen de s'en éloigner le moins! Léonard de V//;c/(1452-lol9), entre autres, pour ne pas remonter trop haut, malgré la « profonde et rare connaissance qu'il avait du cheval (I), » n'a pas toujours été exempt de reproches en ce qui con- cerne la reproduction de cet animal. Ainsi, dans sa fameuse bataille dAntjhiari, dont il ne nous reste aujourd'hui qu'un morceau (encore n'est-ce qu'une copie de Rubens) : deux cavaliers se disputant un drapeau, les chevaux, animés par le combat, ouvrent démesurément la bouche et laissent voir un nombre incalculable d'incisives, sans espace iuterdentaire (2); ils ont, d'ailleurs, plutôt l'air de féroces car- nassiers que de vaillants coursiers. Il est vrai de dire que, d'après 3L Ch. Blanc, les principaux défauts de la composition en question sont imputables à Rubens : sous sou crayon, « l'animation des (1) Ch. Blanc, loc. cit. {École italienne, Léonard de Vinci), p. 29. (2) lly a lieu de noter que beaucoup d'artistes ont commis la même erreur. 208 EXTÉIUEUR. chevaux paraît uniquement bestiale. C'est une bataille où le tempéra- ment, le sang et les viscères ont plus de part que l'âme et le cou- rage (1)». L'œuvre que nous venons de passer eu revue ne nous offre, après tout, qu'un exemple de l'engouement général des peintres et des sculpteurs de cette époque pour l'antique. Déjà, en 1653, le sieur de Solleysel, escuyer ordinaire de la grande escurie du roy, s'élevait fortement contre l'attitude fausse que les artistes donnaient à leurs chevaux, par imitation des anciens: (1 Quoique ceux-ci aient observé les proportions en beaucoup de parties, dit-il,.... la pluspart des altitudes qu'ils ont données aux chevaux ne doivent pas être imitées au temps oij nous sommes; les chevaux des anciens n'avaient aucune écolle, et mesine très peu d'obéissance ; ils étoient plus étrangement bridez que les Cravattes et les Turcs ne le font en leurs païs; et toutes les actions qu'ils faisoient sous l'homme approchaient des mouvements de rage et de furie, parce que le cavalier ne sçavoit ce qu'il demandoit à son cheval, qui, plein de fougue et de désespoir, faisoit des actions plus capables de faire remarquer son emportement qu'aucune marque d'obéissance et de subjection aux voloutez du cavalier (1 Je demande k tout homme de bon sens si l'on doit imiter les anciens en ce qu'ils ont fait de mal ; s'ils n'ont peint que des chevaux dans des postures de rage et de désespoii', ils n'ont pu faire autrement, ils n'en voyaient point d'autres ; mais, présentement, de représenter sous un roy, un grand prince, ou un général d'armée, un cheval dans ces actions de furie et d'emportement, ce seroit faire croire aux specta- teurs que celuy qui est à cheval, ou ne peut le faire obéir, ou n'a pas eu un cheval obéissant, ce qui seroit ridicule à penser au temps où nous sommes, puisque les personnes de cette condition ne montent que sur des chevaux parfaitement bien ajustez, et qui sont dans une entière obéissance >> (2j. Jiaphuëi {\ i83-\^20j, qui idéalisait sibien le type humain, n'a jamais accordé la moindre attention au cheval. Aussi, le représeute-t-il absolument difforme et critiquable dans toutes ses parties. Pierre (le Laer, dil le Bamboche (1615-1673), qui eut une certaine (l)Ch. Blanc, loc.cit. [Ecole italienne, Léonard de Vinci), p. 21i. (2) De Solleysel, loc. cit., pp. ïO et 21. LE CHEVAL EN PEINTURE ET EN SCULPTURE. 269 célébrité dans sou genre, ue représente pas le cheval autrement qu'avec un ventre tombaut,des boulets engorgés, des tendons faillis, des pieds énormes, des jarrets et des genoux tout à fait monstrueux. Il suffit, pour se rendre compte de ce fait, de jeter un coup d'œil sur son maréchal- ferrant, « tableau précieux à tous les égards, dit M. Lecarpentier, re- traçant un événement de la vie malheureuse et agitée de Charles II, roi d'Angleterre (1). » Charles Pmrocei (lQ88-il^2), bien que fils d'un peintre de batailles, et très amateur de chevaux lui-même, a complètement négligé la partie Piaffer Parrccet. ■JSO. Fig. 107. — L'écuyer (Ch. Parrocel). anatomique ; ses têtes surtout sont mal construites et rendent les chevaux absolument difformes, comme on peut s'en assurer en examinant son portrait équestre de Louis XV, actuellement au musée de Versailles, et son écui/er, dont nous donnons un calque ci-dessus (fig. 107 du texte). Dans cette œuvre, non seulement la tête du cheval est trop petite et la croupe trop ample, mais le cavalier est absolument dispropor- tionné par rapport au cheval : son pied tombe beaucoup trop au-dessous du profil de la courbe inférieure du ventre. Bubens {{m7-[6iO),Salvalor Iiosa{iQl^-l613),Lebnm {\6ld-lQdO), (1) Lecarpentier, Galerie des peintres célèbres, Paris, 1821, tome I", p. 283. 270 EXTÉRIEUR. Van der Meuleii (1634-1690), commirent la même faute que Par- rocel, et figurèrent leurs chevaux avec des poitrails, des croupes énormes, et des têtes manifestement trop petites, il n'y a qu'à se promener un instant dans les galeries du Louvre pour reconnaître le bien fondé de cette critique. Cff^rtyioi'rt (1730-1805), tout en disproporlionnant moins ses têtes, fit aussi des chevaux beaucoup trop massifs. Ses poiti-ails surtout sont absolument difformes. De Solleysel reproche également aux artistes de son époque d'avoir représenté les épaules trop massives :... « Ce sont, dil-il, les meil- leures pour les chevaux de tirage, mais tout cheval de selle qui auroit les épaules larges, charnues, grosses et rondes, comme les sculpteurs ^prèi c.Vernet t'ig. 108. — Clioval au galop (Carie \ émet). essayent de les représenter, seroit un parfait cheval de charelte, car il seroit lourd, pesant, attaché à la terre » D'autre part, poursuit l'auteur précité, les muscles de ces grosses épaules sont trop appa- renls : » en paroist-il à nu homme fort gras, il en paroitra aussi peu cà ces épaules fort charnues... Si l'on fait des muscles et des nerfs à ces épaules rondes, ils seront coulre nature et mal placez... » (I). Carie Vernet (1758-1835), brillant cavalier et homme à la mode, réagit fortement contre le cheval lourd de Parrocel, Uubeus, Salvator Uosa, Lebrun, Casanova, etc. ; « il se permit de regarder la nature et de copier, non pas des chevaux peints, mais des chevaux à peindre (2) ». Il eut le tort, toutefois, eu réhaijilitant les races fines, d'exagérer (1) De Solleysel, loc. cit., p. 23. (2) Ch. Blanc, loc. cit. {École française, Carie Véniel). LE CHEVAL EN PEINTURE ET EN SCULPTURE- 271 leur finesse. Le cheval de son Mameluk au combat, par exemple, a non seulement les membres trop fins, mais beaucoup trop longs pour un cheval arabe ; c'est le dessous d'un cheval anglais de course. D'uu autre côté, dans toute son œuvre, il n'y a pas un auinial autrement qu'au trot pour figurer le pas. Ses chevaux donueiit la ruade en sautant les obstacles, accusant fortement la divergence des quatre membres; tous galopent sur des pistes parallèles et le bipède postérieur pressant par les deux pinces, d'uu effort égal, pour le départ au galop (fig. 108). C'est là, d'ailleurs, une erreur qu'on retrouve dans un grand nombre de tableaux. Jean Van Huchtenburg (1646-1733), peintre de batailles Fig. 109. — L'ii cheval de la lithographie : le Marchand de clievaiu: (Goricault). et favori du prince Eugène, François Gérard (1770-1837), etc., ne reproduisent pas leurs chevaux au galop autrement que Carie Vernet. Gros (1771-1835), élève de David, suivit la même voie que Vernet et fit grand en dehors des sentiers frayés. Son grand mérite, dit M. Ch. Blanc, fut de donner de la « vigueur et de la race » au cheval élégant de Carie. « 11 avait, du reste, la conscience de sa supériorité en ce geure, et dans son langage pittoresque et fringant, il disait, à propos de Carie Vernet : >i Un de mes chevaux en mangerait six des siens » (1). Une tarda pas, toutefois, à être distancé par Gérkaaif (1791-1824), dont un biographe a dit : » Que, par miracle, ses chevaux descen- dent de leur cadre ou se détachent de la pierre lithographique, et nous les verrous continuer le mouvement commencé, l'achever, et, (1) Ch. Blanc, /oo'. cit. {École française, Gros) 272 EXTÉRIEUR. sur la nerveuse élasticité de leurs jarrets, poursuivre leur course iniu- terrompue. » Mais, malgré l'immense talent de Géricault, on sent que son œil exercé n'a jamais pu suppléer à la théorie qui lui manquait. Dans sa lithographie : le Marchandde chevaux, les cinq animaux qui y figurent ontune position de membres ne répondant ni à l'action présente, ni à celle qui a dû précéder, ni à celle qui suivra. D'après M. Duhousset, la position pointillée des membres antérieurs de l'animal le plus en vue (fig. 109 du texte) rétablirait, pour lui, l'appui latéral, qui est le seul convenant à la position de son arrière-main. En ce qui concerne le premier motif du dessin représenté par la v^'^S' Fig. 110. — Clicval monté et clicval du Giaour (sujets tirés des œuvres de Géncault). figure HO du texte, l'intention de l'artiste a été de mettre les deux animaux au pas; or, « il aurait fallu, dans ce but, dit M. Duliousset (1), intervertir la pose des membres de derrière du piemier, comme le montre la rectification; il eût été alors sur l'appui diagonal gauche, de même que le second, en changeant le mouvement des membres de devant ». D'autre part, « le cheval du Giaour (second motif de la figure 110 du texte) n'appuie que d'un côté; ce qui rend son équilibre plus diffi- cile, c'est d'être sur une pente et deparaîtrepeu soumis; pour le rendre (1) Colonel E. Duhousset, lue. cit., pp. 107 et suivantes. LE CHEVAL EN PEINTURE ET EN SCULPTURE. 273 solide, il faut lui donner la base diagonale droite et lui faire lever le membre gauche, pendant que le droit pince fortement le terrain. » Nous avons aussi remarqué, dans une des salles du Louvre, un petit dessin de Géricault figurant uneespèce de centaure, où l'animal, à l'appui sur trois membres, les jarrets fléchis, le membre antérieur droit dans la position du camper, lève le membre opposé de telle façon que le genou dépasse la moitié de la hauteur de l'épaule. Or, il est à peine utile de faire remarquer que c'est là une position physiologiquement impossible. ■a Fig. 111. — Los chevaux de course (Géricault). Relativement aux proportions, le cheval de son fameux Offider de chasseurs de la garde impériale est lui-même inexact ; c'est le corps d'un gros boulonnais supporté par les membres d'un cheval de pur sang anglais. Quant au cheval du Cuirassier blessé, « sa tête, dit M. Ch. Blanc, est d'un type qui rappelle ceux de Gros. En dépit du raccourci, la croupe touche presque à l'encolure, et l'étroitesse de la toile semble avoir fait, en cet endroit, sacrifier la rigueur des proportions (1) » (I) Ch. Blanc, hc. cit. [École française, Géricault), tome III, p. 4. Le Cheval. 274 EXTERIEUR. Enfin, dans sa célèbre toile les Chevaux de course, Géricault a évi- demment exagéré la longueur des membres de devant eu profilant leurs pieds eu avant des naseaux (fig. 1 1 1 du texte, A), puisque ceux-ci représentent normalement le point le plus avancé de l'animal dans le ventre-à-terre. Pour que l'extension des membres antérieurs fût plus conforme à la vérité, il v aurait lieu de reconstruire les chevaux de rig. 112 Le trompette mort et la smala d'Abd-el Kader (H. Vernet). Géricault avec les rectifications signalées par M. Duhousset [{v^. 1 1 1 du texte, B). Vint ensuite Horace Vernet (1789-1 803), quia surtout excellé à pein- dre le beau cheval arabe. " Il avait fait du cheval une étude particu- lière, dit de lui M. Ch. Blanc; il en savait par cœur l'anatomie et les proportions (1). » Pourtant, ses œuvres portent encore l'empreinte regrettable de cette ignorance des lois qui régissent la loconiolion. Dans sa célèbre gravure du Trompette mort, il est manifeste que la [i) Ch. Blanc, loc. cit. [École française, Horace Véniel), tome III, p. 4. LE CHEVAL EN PEINTUllE ET EN SCULPTURE. 27o position du cheval n'est pas vraie; » en effet, les deux pieds qui posent sont sur l'appui latéral, trop rapprochés, et ne pourraient soutenir la masse, surtout si l'animal venait à reculer, comme celaparaît devoir se produire pour ne pas marcher sur l'homme (fig. 1 12 du texte). Le cheval a dû s'avancer avec précaution, et ce n'est que lorsqu'il s'est senti bien assujetti, qu'il a fortement courbé le cou et avancé la tête, afin de se rendre compte de l'immobilité de son maître. Il était donc nécessaire de lui donner franchement l'appui diagonal gauche, pour que le corps fût disposé à avancer ou à reculer facilement (1). » Jiorc, Meisscmer. Fig. 113. — Le clieval du Napoléon de la retraite de 1814 (Meissonier) Nous indiquons la modification proposée par M. le colonel Duhousset dans le petit croquis à gauche de celui de l'artiste. Le second sujet de la figure 1 12 est tiré du tableau de la Sma/a d'Ab- el-Kade)\ et représente la jument qui se trouve à l'extrême droite : un chef arabe la tire vigoureusement par l'oreille et la bride, pendant qu'un nègre cherche à lui placer la selle sur le dos; «l'animal n'a qu'un pied qui appuie réellement à terre ; ce n'est pas le pas, car ses membres (I) Colonel E. Huhoussel, loc. rit., pages 109 et 110. 276 EXTÉRIEUR. sont à l'allure du trot ; avec ce développement, il enlèverait facilement le cavalier cherchant à l'entraîner. La pose est surtout fausse par la peine que prend son maître à exciter un mouvement déjà trop vif; pour figurer le pas allongé, il faudrait, en changeant très peu de chose au dessin, faire poser le membre gauche de devant et la jambe droile diagonalement opposée, ainsi que le montre la rectification à côté(l). » ED.C. Fig. IH. — Proportions do l'homme comparées J. celles du cheval. De tous les peintres contemporains, Meissonier est certainement celui qui rend le mieux les mouvements du cheval, qu'il représente en général avec des allures calmes et justes. Nous prenons comme exemple le croquis du Napoléon de \di Retraite de 1814 (fig. IH du texte), que nous empruntons encore à l'excellent Hvre de M. le co- lonel Duhousset, l'un de ceux qui, en France, se sont le plus occupés (I) Colonel K. Duhousset, Ujc. cit., pages HO et Ht. LE CHEVAL EN PEINTURE ET EN SCULPTURE. 277 des allures et surtout des proportions du cheval, depuis quelques années. Nous devons, d'ailleurs, rendre cette justice aux artistes de noire époque, qu'ils accordent, en général, plus d'attention à la reproduc- tion du cheval que ceux qui les ont précédés. Aussi, sous ce rapport, sont-ils bien supérieurs à ces derniers. Les œuvres de Delacroix, Henri Regnaitlt, Frémiet, de JSeuoille, Détaille, etc. , etc. , ne laissent aucun doute à cet égard. Cela ne veut pas dire, toutefois, qu'ils n'ont jamais commis la moindre inexactitude. Le cheval du Maréchal Prim de Regnault, par exemple, malgré toute l'admiration que nous avons pour le tableau dans son ensemble, nous parait critiquable sous plus d'un rapport : non seulement ce n'est pas un cheval de selle, mais il ne peut être logiquement rangé dans aucune race connue. Avec son encolure épaisse, son poitrail énorme, ses membres puis- sants, sa crinière et sa queue fantastiques, il ne ressemble pas plus au cheval andalous qu'à tout autre type espagnol actuel. Que Frémiet nous représente sa Jeanne d'Arc sur un cheval dont nous ferions aujourd'hui un animal de trait, rien de plus logique : la vérité historique exigeait que Jeanne fût sur un cheval de son époque, sur un de ces robustes destriers que montaient en guerre les pesants chevaliers d'alors. Mais, en ce qui concerne Henri Regnault, dans son Maréchal Prim, il a évidemment sacrifié la vérité au désir de frapper notre imagination. Il est bien entendu que nous nous sommes contenté, dans ce chapitre, de passer très rapidement en revue quelques-unes des œuvres les plus connues. Nous en avons laissé un grand nombre de côté, dont l'examen nous eût entraîné beaucoup trop loin. Toutefois, afin que le lecteur puisse se faire une idée des inexac- titudes qu'il est fréquent de rencontrer, en outre de celles précédem- ment énumérées, même dans les tableaux du Louvre, nous signalerons certaines œuvres où la tête des chevaux, exagérément longue, est tout aussi large en bas qu'en haut et se rapproche beaucoup trop de la forme rectangulaire; d'autres où le canon, sous prétexte de rendre l'allure plus élégante, décrit une magnifique courbe du genou au boulet; d'au- tres encore où l'avant-bras semble se détacher de dessous la poitiine; 278 EXTÉRIEUR. d'autres, enfin, oùla cuisse présente une largeur double de celle qu'elle doit avoir normalement, où « les jambes de derrière, le boulet et le paturon sont tout d'une pièce comme la jambe d'un chien, ce qui est ridicule (t) », etc., etc. D'ailleurs, combien d'artistes, ne tenant aucun compte des princi- paux caractères qui distinguent telle race d'une autre, nous ont repré- senté les Perses montés sur des chevaux percherons ou normands, les Huns en possession du cheval allemand ou anglais, etc., etc. La figure 114 du texte, qui termine cet examen, reproduit avec une exactitude absolue les proportions de l'homme comparées à celles du cheval. Dans cet exemple, le cavalier a 1",70 de taille et le cheval 1°',60 de hauteur du garrot au sol. Maintenant, que le lecteur nous permette de tirer des lignes précé- dentes la seule conclusion qui nous paraisse logique : s'il est évident que le sentiment, le style, le génie dans l'art peuvent remplacer la vérité ou au moins faire excuser certaines inexaclitudes, il est non moins certain que l'arliste à la fois respectueux du beau et du vrai sera toujours supérieur à celui qui négligera l'une ou l'autre de ces qualités. (I) De Sollevsel, loc. cit., p. 24. TROISIEME PARTIE STRUCTURE. - FONCTIONS GONSIDEKATIONS GENERALES Eu dehors du vif intérêt qu'elle présente et de son importance en médecine, l'élude de la structure anatomique et des fonctions physio- logiques est indispensable pour quiconque veut se faire de la machine du cheval une idée réellement exacte. S'il est vrai, en effet, que les généralités de la première partie de notre livre permettent, à la rigueur, de saisir toutes les questions qui ont trait à l'extérieur, il n'est pas moins certain, d'un autre côté, que les détails anatomiques et physiologiques dans lesquels nous al- lons entrer seront d'un utile secours pour l'étude approfondie de plu- sieurs chapitres de la deuxième partie. Eu ce qui concerne les tares des membres, par exemple, il est évi- dent qu'on se rendra d'autant plus facilement compte de leur situation, de leur gravité, etc., qu'on connaîtra mieux la structure, le rôle phy- siologique de la région qui eu est le siège. Il est non moins manifeste qu'on se fera une idée beaucoup plus vraie des beautés, des défectuosités de l'œil, des côtes, etc., etc. quand on connaîtra les appareils et les fonctions de la vision, de la respiration, etc., etc. L'intérêt et l'utilité de cette partie de la connaissance du cheval sont, en somme, hors de doute et n'ont pas besoin d'être mis plus longuement en évidence. Nous tenons, toutefois, à insister un instant sur la marche que nous nous proposons de suivre : 280 STRUCTURE - FONCTIONS. Nous éloignant sensiblement de l'ordre jusque-là adopté par les auteurs, nous ne décrirons pas successivement et à part les diffé- rents appareils de l'organisme; mais, prenant une à une les grandes divisions du cheval (lêle, corps, membres), nous les disséquerons et nous étudierons l'un après l'autre chacun des organes entrant dans la composition des différents plans que nous rencontrerons, en pro- cédant de la périphérie vers le centre (1). Si cette méthode a généralement l'inconvénient de ne pas montrer chaque appareil dans son ensemble — inconvénient en grande partie conjuré, d'ailleurs, par la vue d'ensemble des appareils organiques que nous avons fait entrer à dessein dans nos généralités, — elle pré- sente, par contre, ce triple avantage de bien faire voir la structure de chaque région, le rapport des organes entre eux, et jusqu'au jeu de ces organes dans les fonctions qu'ils ont à remplir. Ceci posé, il suffira au lecteur de consulter les planches et les figures auxquelles nous le renverrons chaque fois que cela sera néces- saire, pour nous suivre facilement dans la description des différents plans, des différents organes que comporte chacune de ces planches et de ces figures. CHAPITRE PREMIER TÊTE (PI. VH; flg. 2). La tête représente une grosse pyramide quadrangulaire suspendue par sa base à l'extrémité antérieure ou supérieure du cou, dans une di- rection qui varie suivant les individus, suivant leurs attitudes, etc.. mais que nous supposerons à peu près verticale, pour la commodité de nos descriptions. Nous connaissons son importance, son rôle, les régions qu'elle com- prend en extérieur; il nous reste maintenant à en étudierlastructure anatomique et les fonctions physiologiques. [\) Il y a lieu de faire remarquer que nous supposerons toujours l'animal dépecé, la peau ayant été précédemment décrite avec tous les détails que comporte son rôle si complexe et si important (Voy. f" partie, Membranes tégmnenUiùes, el 11'^ partie, Pied). TÈTE, 281 Pour faciliter celte étude, on l'a divisée en deux parties : le crâne et la face. Le crâne, ou partie supérieure de la tète, est creusé d'une cavité centrale, la boite crânienne, logeant le cerveau, le cervelet, le bulbe, et communiquant, en arrière, avec le canal rachidien, dont elle n'est, du reste, qu'un renflement. Beaucoup plus étendue que le crâne, chez le cheval et la plupart de nos animaux domestiques, la face occupe l'extrémité antéro-infé- rieure de la tête, et se compose des mâchoires inférieure et supérieure. Par suite de sa configuration générale, on reconnaît encore à la tête quatre faces : une antérieure, une postérieure et deux latérales; une base ou extrémité supérieure, et uu soinmet ou extrémité infé- rieure. Ces divisions nous seront d'un utile secours pour ladescription des différents organes que nous rencontrerons dans la tète. Cependant, comme il serait, malgré tout, absolument impossible de saisir certains détails de ce chapitre sans avoir sous les yeux une description détaillée des os de la tête; comme, d'un autre côté, ces os ne pourraient être décrits dans une étude d'ensemble avec tous les dé- veloppements que comporte leur importance, nous avons cru utile de terminer ce chapitre par un appendice relatif à l'osléologie de la tète. Le lecteur devra s'y reporter de temps en temps s'il veut se faire une idée vraie de la situation, de la configuration, du fonctionnement des organes renfermés à l'intérieur ou groupés à la surface des os du crâne et de la face. I. — PREMIER PLAN 1. — Appareil salivaire. GLANDE PAROTIDE Immédiatement au- dessous de la peau et du peaucier cervical, entre le bord postérieur du maxillaire inférieur et l'apophyse transverse de l'atlas, on trouve la glande parotide ([, 1), que sépare encore de la peau et du peaucier, dans sa partie moyenne, le muscle parotido- auriculaire (voy. même plan, Muscles de l'oreille). C'est la plus importante des glandes salivaires, organes sécréteurs 282 STRUCTURE. — FONCTIONS- annexés à la cavité buccale, dont l'usage, comme nous le savons déjà, est de sécréter la salive. Fig. 115. — Glandes maxillaire et sublinguale, avec les principaux vaisseaux et nerfs profonds de la tête. nerf maxillaire supérieur à sa sortie du trou décliiré. tronc du nerf massétérin. tronc An nerf sous-zygomatique. nerf buccal, nerf lingual, corde du tympan. le nerf maxillaire inférieur coupé vers le point où il entre dans le conduit maxillo- dentaire. tronc du nerf mylo-hyoîdien. nerf ptérjgoidien. nerf glosso-pbaryngien. branche pharyngienne de ce nerf, branche linguale du même, nerf pneumogastrique, rameau laryngé supérieur de ce nerf, rameau pharyngien du même, nerf accessoire de Willis ou spinal. 1", nerf grand hypoglosse. 18, origine du cordon cervical du grand sympa- thique. 19, le même après sa réunion avec le pneumo- gastrique. A, artère carotide primitive. B, A, thyroïdienne accessoire. C, A, thyro-laryngienne. D, point d'origine de la carotide Interne (vais- seau caché par la poche gutturale). E, A, occipitale. r, A, carotide externe. G, artère maxillaire interne. H, A, pharyngienne. 1, A, maxillaire externe. R, glande maxillaire. S, canal de Wharton. T. glande sublinguale. Seule visible sur le premier plan, la glande parotide sera étudiée ici à l'exclusion des autres, dont nous nous réservons, d'ailleurs, de dire TETE. 283 un mot au fur et à mesure que nous les rencontrerons dans les diffé- rents plans de la tête. Allongée de haut en bas et aplatie d'un côté à l'autre, cette glande recouvre la poche gutturale, l'insertion mastoïdienne des muscles petit oblique et mastoïdo-buméral (Voy. IIP partie, cbap. II, § 1, Cou, et Fig. IIG. — Glande parotide avec les principaux vaisseaux et nerfs superficiels de la tête. 1, branches principales du plexus sous-zygoma- tique. 2, le rameau de ce plexus qui s'anastomose avec les divisions terminales du nerf maxillaire su- périeur. 3, celui qui se joint aux divisions analogues du nerf maxillaire inférieur. 4, nerf auriculaire antérieur. 5, nerfs sous-orbitaires, ou branches terminales du nerf maxillaire supérieur. 6, nerfs montonniers, ou branches terminales du nerf maxillaire inférieur. 7, rameaux superficiels de la branche inférieure de la deuxième paire cervicale. 8, anse atloidienne. 9, rameaux superficiels de la branche inférieure de la troisième paire cervicale. 10, filet qui se rend au rameau cervical du facial. 11, rameau cervical du facial. A, vehie jugulaire. B, veine glosso-f.>ciale. C, vaisseaux maxillo-musculaires. D, artère transversale de la face. E, veine satellite de ce vaisseau. F, artère glosso-faciale ou maxillaire externe. G, artère coronaire inférieure. H, artère coronaire supérieure. J, J, glande parotide. K, K, canal de Slénon. PI. VIII), le muscle occipito-styloïdien (XI, 6), la tubérosité du bord postérieur de l'os styloïde (XI, 4), le digastrique (VIII, 2, 3), le tendon du sterno-maxillaire, comme le fait parfaitement voir le premier plan de la planche VII , au moyen d'une fenêtre pratiquée à la peau, la glande maxillaire (fig. 115 du texte, R), l'artère carotide externe (fig. lia du texte, F, A) et le 7-ierf facial ou de la cinquième paire encéphalique, ^84 STRUCTURE. — FONCTIONS, que nous voyous se leiminer, à sa sortie de dessous la parotide, par plusieurs branches qui, en s'anastomosant avec d'autres divisions nerveuses, forment le plexus sous-zygomatique (fig. 116 du texte, 1). L'extrémité supérieure de la parotide embrasse la base de la conque, tandis que l'extrémité inférieure se trouve comprise dans l'angle formé par la réunion des veines jugulaire et glosso- faciale (fig. 116 du texte, A, B). Cette glande est parcourue par un grand nombre de vaisseaux san- guins et de nerfs. Elle possède, en outre, un canal excréteur dit canal de Sténon qui, se détachant de l'extrémité inférieure de la parotide, entre dans l'ange, rampe sur le muscle masséter interne, au-dessous de la veine glosso-faciale, s'engage dans la scissure maxillaire avec la veine pré- citée et l'artère correspondante, en restant toujours en arrière de ces deux vaisseaux, et remonte jusqu'au niveau de la troisième dent molaire supérieure, où il traverse la joue (il, 3, et fig. 116 du texte, K, K). Le canal de Sténon a pour but de transporter le liquide séciété par la glande parotide dans la bouche. Rôle de la parotide et des glandes salivaires en général. (INSALIVATION; Afin de ne pas nous répéter inutilement, et bien que les parotides ne composent pas à elles seules l'appareil salivaire du cheval, nous passerons succinctement en revue, dans ce paragraphe, les fonctions du système salivaire en général, tout en tenant compte, dans la mesure du possible, et de l'action particulière de chacun des organes de ce système, et des propriétés différentes que présentent les fluides salivaires suivant la glande qui les a fournis. L'appareil salivaire comprend, chez le cheval : deux parotides, que nous venons d'examiner ; deux maxillaires et deux sublinguales, qui sont parfaitement circonscrites (Voy. XI' plan); puis les glandes mo- laires, distinguées en inférieures et en supérieures, et enfin les glan- dules des lèvres, de la langue et du voile du palais (Voy. Xli° plan). Ces différentes glandes ont pour but de préparer la salive et de la verser dans la cavité buccale oii, mise en contact avec les substances alimentaires déjà divisées et broyées par les dents molaires, elle ra- TÊTE. 285 mollit ces substances, facilite leur action sur l'organe du goût, les prépare à être dégluties, et enfin leur fait éprouver quelques modi- fications préliminaires à celles qu'elles éprouveront plus tard dans le tube intestinal. rDela salivation en g-énéral. — Le système salivaire fonc- tionne pendant le repas, l'abstinence, et quand des substances exci- tantes sont mises en contact avec la muqueuse buccale, mais suivant des lois qui ne sont pas les mêmes pour ces différentes circons- tances. 1° Pendant le repas, toutes les glandes fonctionnent activement. Toutefois, la salivation n'atteint son maximum d'activité que quand le repas dure depuis un quart d'heure; puis elle se ralentit sur la fin du repas et toutes les fois que la mastication devient languissante. D'autre part, les glandes du côté où se fait la mastication sécrètent plus que celles du côté opposé. Enfin, la nature des aliments a aussi une très grande infiuence sur la quantité de salive sécrétée : « Les glandes d'un cheval qui mange du foin fournissent 5 à 6 kilog. de salive par heure; elles produisent un tiers en sus lorsque l'animal mange de l'avoine, une moitié pendant qu'il mange de l'herbe verte, et le tiers seulement de cette somme si sou repas est composé de racines, (elles que la betterave ou les navets (1). » 2° Lors de F abstinence, les parotides restent inactives et les maxil- laires ne donnent que peu de liquide. Ce sont les glandes sublinguales et molaires, ainsi que les petites glandules sous-muqueuses qui fonc- tionnent à peu près exclusivement. 3° Lorsque des substances excitantes sont mises en contact avec la muqueuse buccale, les parotides ne sont pas sensiblement influencées; mais les maxillaires, les sublinguales, les glandules à salive visqueuse, fonctionnent avec plus ou moins d'activité suivant l'excitant. Maintenant, quelle est la quantité totale de salive fournie par le sys- tème salivaire dans une période de vingt-quatre heures ? Si l'on tient compte, d'une part, que le foin absorbe, pour être dé- gluti, à peu près quatre fois son poids de salive, et, d'autre part, que le cheval avale, pendant l'abstinence, 100 à 150 grammes de fluide sa- livaire par heure, cette question est facile à résoudre : c Un cheval qui (1) Cl. Colin, Traité de physiologie comparée des animaux domestiques, 2' édilion, p. RIO. 286 STRUCTURE. — FONCTIONS. consomme 5,000 grammes de foin et 5,000 grammes de paille par jour, dit M. Colin, a besoin, pour transformer ces aliments eu bols propres à être déglutis, de 40,000 grammes de salive^ qu'il faut joiudre à environ au moins 2,000 grammes du même fluide produit pendant les dix-sept h dix-huit heures d'abstinence, eu toul 42,000 gram- mes (1). » Quant à la proportion de salive sécrétée par chaque glande, s'il est difficile de la déterminer d'une façon exacte, on peut au moins s'as- surer assez facilement que les parotides fournissent les trois quarts du liquide produit par tout le système dans un temps donné. 2° Propriétés et composition de la salive. — La salive pré- sente des caractères particuliers suivant qu'on l'examine dans telle ou telle glande. Celle des parotides est claire, presque aussi limpide que l'eau, et présente une réaction constamment alcahne. La salive des maxillaires est épaisse, visqueuse, et moins alcaline que la précédente. Enfin, celle des subhnguales, peu épaisse, peu visqueuse, est encore moins alcahne que la sahve des maxillaires. Quant à la salive mixte, résultant du mélange des divers fluides sa- livaires, elle est très épaisse, très visqueuse, et moins alcaline que la salive parotidienne. En somme, le liquide salivaire est uue dissolution de deux ordres d'éléments : les uns organiques, les autres minéraux. Les matières organiques sont représentées par la piya/i/ie, matière analogue à l'albumine, et que certains auteurs ont appelée la diastase salivaire, par suite de son analogie avec la diastase qui se développe dans le grain d'orge, sous l'influence de la germination. 3° Rôle de la salive. — La salive agit sur les aliments par ses propriétés physiques et chimiques. Elle rend la gustation aussi par- faite que possible, favorise la mastication, et sert à la formation du bol alimentaire, ainsi qu'à son passage dans le pharynx et l'œsophage. Outre ce rôle déjà si varié, les fluides salivaires ont encore celui de ramollir les aliments, de dissoudre leurs matières sucrées, mucilagi- neuses, et la plupart de leurs sels. Ils jouissent, enfin, delà propriété (1) G. Colin, (oc. cit., p. 6il. TÊTE. 287 de transformer en sucre les principes amyLacés que ces alimenls ren- ferment. Mis en contact avec la fécule, ils la transforment en dextrine, puis en glycose. Or, il est évident que c'est Là une transformation extrêmement importante, puisque la fécule est insoluble et consé- quemment impropre à la digestion ; tandis que la dextrine et le glycose sont solubles et jouissent de propriétés nutritives très grandes. Ces changements sont dus à la ptyaline plus ou moins modifiée qui agit comme ferment. Quoi qu'il en soit, le rôle de la salive est d'une importance telle- ment grande qu'elle est indispensable dans les phénomènes digestifs. Si, en effet, par une cause quelconque, elle s'écoule hors de la bouche, la digestion s'effectue mal et les animaux deviennent promptement faibles et maigres. 3. — Appareil de l'aadition. Sur le même plan que la parotide, à son extrémité supérieure, on trouve l'orifice externe de Vappareil audïtif, auquel nous allons con- sacrer une description spéciale. Cet appareil a pour agents esseutiels les nerfs auditifs, qui se rami- fient dans les parois membraneuses d'une suite de cavités formant \ oreille externe^ \ oreille moyenne, et X oreille interne. A. — OREILLE EXTERNE V oreille externe, la seule à peu près visible en entier sur la pi. VII, est représentée par un évasement cartilagineux, en forme de cornet, connu sous le nom de conque ou de pavillon, et par le conduit au- ditif externe. a. — CONQUE OU PAVILLON Cet appendice est formé de trois pièces cartilagineuses qui sont : 1° le cartilage conchinien; 2° le cartilage annulaire: 3° le cartilage senti for me. 1° Cartilage conchinien (3, 4). — Pièce principale du pavillon, ce cartilage présente la forme d'un cornet rigide, dressé et largement ouvert sur les côtés. Il est renflé en cul-de-sac à son fond, et se 288 STRUCTURE. — FONCTIONS- termine par un prolongement pointu qui le fixe à la surface de la poche (/utturale{l), comme on le voit très exactement sur le 1" plan, en rabattant la partie supérieure de la glande parotide et du muscle parotido-auriculaire. La peau qui recouvre le cartilage couchinien est pourvue, en de- dans, de poils longs et abondants pour s'opposer à l'introduction des corps étrangers dans le canal auditif et tamiser le son ; en dehors, au contraire, elle est très fine et laisse voir un riche réseau vasculaire sous-jacent. 2° Cartilage annulaire (5). — Petite lame roulée en anneau, située sous la partie supérieure de la parotide, et servant d'intermé- diaire entre le cartilage conchinien et le conduit auditif. 3° Cartilage scutiforme (6). — La moyenne des trois pièces de la conque, le cartilage scutiforme, est situé en avant de celle-ci, et se trouve relié à elle par quelques faisceaux charnus. h. — CONDUIT AUDITIF EXTERNE Ce canal fait communiquer l'oreille externe avec l'oreille moyenne, comme il est facile de s'en rendre compte en soulevant le 1" plan en entier; car, alors, on ne découvre pas seulement le 10° plan et l'ori- fice F du conduit auditif externe, mais encore on met en évidence la communication de ce conduit avec le cartilage annulaire, dont l'orifice inférieur est parfaitement visible sur le verso du 1" plan. Le canal auditif externe, enfoncé dans la portion tubéreuse du tem- poral (Voy. Appendice, I, Os de la télé), est tapissé par une membrane tégumentaire renfermant un grand nombre de glandes chargées de sécrétei' le liquide onctueux désigné sous le nom de cérume>i. r. — MUSCLES DE LA ItÉGION AURICULAIRE Ces muscles sont au nombre de dix, savoir : 1° Le zygomuto-aur'hulaire (8), qui se dirige de l'apophyse zygoma- tique du temporal sur la base de la conque; "2° le teDiporo-aiiricitlaiip externe (9), qui s'étend de la crête pariétale aux cartilages conchinien et scutiforme ; 3° le scuto-auricu/aire externe (10), qui relie le cartilage scutiforme au cartilage conchinien ; 4" les trois cervico-ai/ricu/aires (I i], TÊTE. 289 étendus de la corde du ligament cervical au cartilage conchinien, et divisés eu superficiel, moyen ei profond ; 5° le parotido-auriciilaire (12), mince bandelette rubanée prenant son origine sur le tissu parotidien et se dirigeant eu avant et eu haut sur la base de la conque, où elle se termine; 6° le temporo-aiiriculairc interne^ situé sous son homonyme superficiel, et invisible sur la pi. YII; 7° le scnto-auriculaire interne, caché par le scuto-auriculaire externe, et également invisible, pour cette raison, sur la pi. VII ; ^"letympano-anriculaire, reliant l'orifice du conduit auditif externe à la base de la conque, et invisible, comme les deux précédents, sur la pi. Vil. Tous ces muscles ont pour mission de faire mouvoir F oreille externe et de diriger so)i ouverture en avant, en dehors, en arrière, etc. L'inclinaison de l'oreille en dehors étant surtout produite par le parotido-auriculaire, on a quelquefois conseillé de sectionner ce muscle chez les chevaux à oreilles pendantes; mais, outre que les résultats de cette opération ne sont pas certains, elle présente assez de danger, eu égard au voisinage de la glande parotide, pour qu'on la proscrive abso- lument. B. — OREILLE MOYENNE OU CAISSE DU TYMI'A.N Bieu que l'oreille moyenne et l'oreille interne ne fassent pas logi- quement partie du premier plan, nous les décrirons ici, tant parce que la pi. VII ne les montre bien dans aucun de ses plaus, que pour ne pas scinder eu plusieurs parties la description de l'appareil auditif, ce qui, d'ailleurs, ne présenterait que des inconvénients. h'oreille moyenne (llg. 117 du texte) est constituée par une cavité irrégulière déprimée d'un côté à l'autre, creusée dans la portion tubéreuse du temporal. Sa paroi externe est en grande partie constituée par la membrane du tympan, fixée dans une direction oblique et sous un angle de 45° environ à un cercle osseux incomplet, du pourtour duquel s'échappent, en rayonnant, les cloisons des cellules mastoïdiennes. Sa paroi interne, formée par le rocher, présente deux ouver- tures : \^ fenêtre ovale et la fenêtre ronde, situées l'une au-devant de l'autre, et séparées par une petite éminence, le promontoire, éloignée de 4 à 3 millimètres de la membrane tympanique. En dessous se trouve le relief du limaçon. Le Cheval. i9 2^^ STRUCTURE. — FONCTIONS. Entre la membrane du tympan et la fenêtre ovale, à l'intérieur de l'oreille moyenne, s'étend une c/ui/'/te de petits osselets articulés : le marteau, V enclume, le lenticulaire et Vétrier (fig. 117, 118 et 119 du texte), tirant leurs noms de leurs formes générales. Courbé sur lui-même, le marteau est tixé par son manche à la Fig. 11". — Caisse du tympan du côté droit, cliez le cheval (coupe verticale et transverse, plan antérieur). A, conduit auditif. B, membrane du tympan. C, Marteau. D, Enclume. E, Lenticulaire. F, étrier. G, cellules mastoïdiennes. H, fenêtre ovale. I, vestibule. J, K, L, indication schématique des can;uix demi-circulaires. M, limaçon. N, origine de la rampe tympanique. membrane du tympan, et s'articule avec l'enclume par son extrémité renflée. V enclume se met en rapport avec le lenticulaire, petit disque re- posant sur le sommet de Yétrier, dont la base, ligurée par une plaque de môme forme que la fenêtre ovale, s'engage dans cette ouverture. TÊTE. 2 H Fig. Ils. — Osselets de l'oreille moyenne du cheval, d'après une figure inédite de M. Lavocit M, marteau. 1, manche du marteau. 2, tête. E, enclume. 1, branche inférieure. 2, branche supérieure. 3, corps. L, lenticulaire. El, élriev. 1, sommet. 2, î, branches. 3, base. Mé, muscles de l'étrier Fig. 119. — Schéma de l'ensemble do l'appareil auditif de l'homme. On voit, de droite à gauche, l'oreille externe, le conduit auditif, la caisse du tympan .ivec la chaîne des osselets et la trompe d'Eustache, le labyrinthe (Dalton, Physiologie et hygiène). 29i STRUCTURE. — FONCTIONS Ces pièces sont mobiles les unes sur les autres, unies par des ligaments et mues par des muscles, sur le nombre el l'existence des- quels ou n'est pas encore absolument fixé. La caisse du tympan est, en outre, tapissée à son intérieur par une fine membrane muqueuse, en communication avec le pharynx à l'aide d'un tube cartilagineux, dit trompe d'Eustache, long d'environ 1 décimètre, amenant l'air extérieur dans l'oreille moyenne. C'est ce conduit qui, fendu inférieurement, laisse sa muqueuse faire hernie pour constituer le grand sac particulier aux monodactyles, connu sous le nom de poche gutturale (XII, 14). C. — OREILLE INTERNE OU LABYRINTHE Sur un plan plus interne que la caisse du tympan, toujours dans la partie pélrée du temporal, ou trouve plusieurs cavités en communi- cation les unes avec les autres et constituant, par leur ensemble, le labyrinthe osseux, qui renferme lui-même des parties molles désignées sous le nom de labyrinthe membraneux , et des liquides. a. — LABYRINTHE OSSEUX Le labyrinthe osseux se compose de trois parties : le limaçon, le vestibule et les canaux semi-circulaires . V Limaçon ou trochlée (fig. 120 du texte, a). — Cavité spiroïde, conique, euroulée autour d'un axe central oblique, le limaçon a sa base située en haut, au niveau de la fenêtre ronde, et se trouve par- tagé, "pd^rldi lame spirale, en deux sections ou rampes distinctes, l'une supérieure, l'autre inférieure, communiquant ensemble près de la pointe du limaçon. 2° Vestibule (fig. H 7 du texte, I). — Placé en regard de la fenêtre ovale, le vestibule constitue une petite cavité en coquille, presque ovalaire, où toutes les autres parties du labyrinthe viennent aboutir. 3° Canaux demi-circulaires (fig. H 7 du texte, J , K, L) . — Au nombre de trois, ces canaux sont situés au-dessus du vestibule, « à la manière de trois arcades à plein cintre réunies en triangle par leur base » (1). (I) Chauveau et Arloing, loc. ci'., p. 918. TETE. 203 LABYRINTHE MEMBRANEUX Le labyrinthe membraneiu- compreud trois parties correspondant aux trois cavités du lal)yrinllie osseux, dans lesquelles elles sont contenues sans les remplir complètement. L'espace laissé entre les parties molles et les parois internes du Fig. 120. — Limaçon ouvert pour montrer la disposition des doux rampes et la distribution ihi nerf auditif. a, limnçon. b, nerf auditif. c, vaisseaux. I rf, cl', ramifications vasculaires. \q, sommet du limaçon. labyrinthe osseux, de même que les ampoules et les tubes qui cons- tituent le vestibule et les canaux demi-circulaires membraneux, sont occupés par un fluide séreux, limpide. L'oreille interne reçoit le nerf auditif, qui présente deux branches, l'une se distribuant dans le limaçon, l'autre dans le vestibule (fig. 120 du texte, b). 2!l/t STRUCTURE. — PONCTIONS. Mécanisme de l'audition. « L'appareil auditif est impressionné par les mouvemenls vibratoires produits dans les corps, puis propagés dans l'air et transmis aux parties profondes, oti s'épanouissent les dernières divisions du nerf acoustique » (2). Tous les corps, qu'ils soient solides, liquides ou gazeux, sont susceptibles de vibrer, mais à des degrés différents. Les vibrations donnent naissance à la sensation particulière connue sous la dénomination de son. Elles résultent d'un déplacement oscil- latoire des molécules d'un corps et ne deviennent sonores, c'est-à-dire perceptibles, qu'autant que leur nombre s'élève au moins à 35 et ne dépasse pas 77,000 par seconde. Dès que les mouvements vibratoires se sont produits, ils forment des ondulations appelées ondes so?iores, qui se propagent dans l'air avec une vitesse de 340 mètres par seconde. L'oreille externe, ou le pavillon, grâce à sa forme, à sa situation, aux mouvements divers et rapides dont elle jouit, reçoit les ondes, les rassemble, et les transmet au conduit auditif. Aussi, dès que l'animal entend du bruit, porle-t-il l'ouverture des oreilles dans le sens d'où le bruit paraît lui arriver, afin d'en mieux reconnaître le point de départ et la direction. Une fois rassemblés par le pavillon de l'oreille et parvenus au fond du conduit auditif, les sons frappent la membrane du tympan et la font vibrer. Les vibrations produites dans la membrane de tympan se trans- mettent à la fois à la chaîne des osselets et à l'air qui remplit la cavité tympanique. La trompe d'Eustache, qui concourt également aux phénomènes de l'audition, a pour fonction essentielle de maintenir l'air de la caisse en équilibre de pression avec l'air extérieur. Sans elle, lorsque la pression atmosphérique augmenterait, la membrane du tympan serait refoulée du côté de la caisse, puis poussée en sens inverse lorsque l'air du tympan viendrait à se raréfier. (I) G, Colin, loc. cit., p. 311. TÈTE. 295 « Dans les deux cas, l'audition serait difficile, ainsi qu'on peut s'en assurer soi-même, en faisant une inspiration ou une expiration profonde, après s'être fermé le nez et la bouche » (1). Parvenues au liquide remplissant le labyrinthe, les vibrations le mettent en mouvement et provoquent ainsi l'ébranlement des divi- sions ultimes du nerf auditif, qui porte alors au cerveau les impres- sions qu'il a reçues. « Bien qu'il ne nous soit pas possible d'analyser cette sensation chez les animaux, nous pouvons, jusqu'à un certain point, lui recon- naître la plupart des caractères qu'elle présente dans notre espèce. (« En effet, ils distinguent la direction du bruit, comme le prouvent les mouvements de leurs oreilles et le sens de leur fuite; ils apprécient peut-être aussi la distance des lieux d'où les sons proviennent, puisque cette appréciation leur est utile pour calculer l'étendue du danger qui les menace et régler la rapidité de leur course ; ils ont le sentiment du timbre ; on les voit distinguer sûrement la voix de l'homme de tout autre bruit, et la voix des animaux de leur espèce de celle des espèces différentes » (2). La finesse et l'intégrité de la sensation auditive sont, d'ailleurs, à prendre en très sérieuse considération, puisque cette sensation doit venir en aide à la vue, et même la remplacer lorsque celle-ci est mauvaise ou abolie. La mobilité des oreilles, l'attention soutenue du cheval aveugle montrent bien, en effet, qu'il cherche h suppléer au sens de la vue, qu'il n'a plus, par celui de l'ouïe. II. — DEUXIÈME PLAN MUSCLBS MASSÉTKR ET ZVGO.MATO-LABIAI.. PLUXLS SOUS-ZVGOMATIQUE. ARTERE ET VEINE GLOSSO-FACIALES. CANAL DE STÉIVON Également situé sous le peaucier du cou, le deuxième plan est oc- cupé par les muscles masséter et zygomalo-labial, Vartère et la veine ylosso-faciale^i, le plexus sous-zy (jomatique et le eanal de Sténon. Le muscle »ia.?.';^/e/- (II, 1), de beaucoup le plus volumineux des deux, est aplati d'un côté à l'autre et appliqué contre la face externe de la branche du maxillaire inférieur, il prend son insertion fixe sur la (1) G. Colin, loc. cit., p. 319. (2) G. Colin, loc. cit., p. 322. 206 STRUCTURE. — FONCTIONS- crête zygomatique et son iiisertioa mobile sur la moitié supérieure de la branche du maxillaire inférieur. Son bord inférieur est longé parle canal de Slénon (3), V artère et la veine glosso-faciales (Voy. fig. 115 et 116 du texte). A sa surface externe rampe le plexus zygomatique (Voy. fig. 113 du texte). Son plan profond répond, en avant, à l'arti- culation lemporo-maxillaire et se confond avec le crotaphite. Elévateur par excellence de la mâchoire inférieure, ce muscle joue un rôle très important dans la mastication. Il constitue, en extérieur, la base du plat de la joue. Le muscle zygomato-labial (4), de forme rubauée, prend naissance à la surface du masséter et se termine sur l'alvéolo-Iabial. Il tire en haut la commissure des lèvres. m. — TROISIÈME PLAN MUSCLES DES PAUriÈUES ET DU CIIANFKUIN Le troisième plan comprend un assez grand nombre de muscles. Les trois premiers appartiennent à la région palpébrale; ce sont : U orbiculaire des paupières (1), dont la contraction détermine l'occlu- sion de r ouverture palpébrale ; Le fronto-pulpébral (2), muscle court et aplati qui part du frontal, se confond inférieurement avec le précédent, et se borne à froncer la peau du sourcil ; Le releveur de la paupière supérieure, ou orbito-palpébral, mince bandelette charnue située à la face interne des paupières et invisible, pour cette raison, sur la planche VIL Les autres muscles font partie de la région faciale ou du chanfrein et sont au nombre de treize, parfaitement visibles sur le troisième plan, à l'exception, toutefois, des mitoyens antérieur et postérieur plongés dans l'épaisseur du tissu des lèvres. Ces muscles ont reçu les noms suivants : Lacrymo-labial ou la- crymal (2') , sus-naso-labial (3) , sus-maxillo-labial (4) , grand sus- mnxillo-nasal (5) , petit sus-maxillo-nasal (7) , naso-transversal ou transversal du nez (6), orhiculaire des lèvres (8), alcéolo-labial (9, 10), maxillo-labial (1 1), mento-labial ou muscle de la houppe du men- ton[{1), zygomato-labial (précédemment décrit à propos du deuxième plan), mitoyens antérieur et postérieur. TÊTE. 297 Ils entrent dans la charpente des lèvres, des joues et des naseaux, et ont pour mission, soit de dilater f ouverture externe des cavités nasales, soit d'écarter ou de rapprocher les lèvres l'une de t autre, soit enfin de tirer en arrière la commissure de celles-ci. Leur rôle est, par ce fait même, important dans la respiration et la digestion, puisqu'ils facilitent à la fois l'entrée de l'air dans les pre- mières voies respiratoires et la préhension des aliments. Valvéolo-labial, toutefois, a une action un peu différente, en ce sens qu'il agit surtout dans la mastication en repoussant sous les dents mo- laires les parcelles alimentaires qui tendent à tomber en dehors des arcades dentaires. C'est ce muscle qui, formant la base de la poche de la joue, se trouve dilaté par les aliments, lorsque le cheval fait tnaga- siit (Voy. ir partie, joues). Quant à la situation des muscles de la région faciale, outre qu'il est très facile de s'en rendre compte par l'examen de la planche VII, elle se déduit parfaitement de leurs noms. Notons, enfin, que la plupart de ces muscles, de même que les bran- ches terminales et collatérales de l'artère maxillaire externe ou glosso- faciale (voy. fig. 116 du texte) et les racines de la veine correspon- dante, sont apparentes sousj la peau fine des chevaux de race distin- guée, surtout pendant l'action, alors que le sang afflue dans le réseau sanguin sous-cutané, et que les naseaux sont largement ouverts par suite de la contraction de leurs muscles dilatateurs. C'est là une par- ticularité que les peintres et les sculpteurs feront bien de noter s'ils veulent joindre le vrai au beau. IV. — QUATRIÈME PLAN ARC.VDES ZYGOMATIQUE lîT ORBITAIRE Le quatrième plan nous fait voir les arcades zygomatique et orbi- taire, dont la section met à nu les muscles crotaphite et de l'œil, formant les cinquième et neuvième plans. Nous renvoyons, pour plus de détails, à l'appendice qui termine ce chapitre (I, os de la tète : temporal, zygomatique et frontal). 2'.»S STRUCTURE. — FONCTIONS- V. — CINQUIÈME PLAN MUSCLE CnOTAPlIITE OU TEMPORAL Le muscle crotaphite ou temporal (V), mis à nu jjar la section des arcades zygomatique et orhitaire, constitue à lui seul le cinquième plan. Situé dans la fosse temporale, ce muscle prend sou origiue daus celte fosse et se termine sur l'apophyse corouoïde et le bord antérieur delà branche du maxillaire inférieur. // rapproche la. mâchoire inférieure de la suiivrieurc. VI. — SIXIÈME PLAN OS DE LA MACHOIUE INFÉRIEURE OU MAXILLAIRE INFERIEUR Le sixième plan est occupé par le maxillaire inférieur (VI), qui cous- titue tout le squelette de la mâchoire inférieure. Cet os comprend deuoc branches (B) aplaties d'un côté à l'autre, plus larges en haut qu'eu bas, recourbées en avant dans leur partie pos- térieure pour s'articuler avec les temporaux, écartées supérieurement de façon à limiter V espace intra-maxillaire {auge en extérieur), et réu- nies inférieurement pour former le corps (A). Le bord antérieur de chaque branche est creusé de six alvéoles pour recevoir les dents mo- laires inférieures (F). Le bord postérieur ou inférieur constitue la base de la ganache. Le corps de l'os, enfin, reçoit les incisives et les crochets injé- rieurs (D, E). Toutes ces particularités sont, d'ailleurs, parfaitement visibles sur le recto et le verso de la planche Vil et signalées dans l'appendice du chapitre 1" (1, os de la tète), auquel nous renvoyons le lecteur pour plus de détails. VII. — SEPTIÈME PLAN MUSCLES PTÉRVCOiniENS INTERNE ET EXTER^E En rabattant le sixième plan, on trouve immédiatement à sa face jnterne et en arrière, dans l'espace intra-maxillaire, deux muscles : le plérygdidien interne et le ptérygdidien externe. Le ptérygdidien interne, encore appelé masséter interne (Vil, I), par TETE. 299 suite de sa situation à l'opposé du masséter externe, s'étend de la base du crâne (crête palatine et apophyse sous-sphénoïdale) en dedans du maxillaire inférieur et répond, par sa face interne, aux muscles des Vlir et.XI" plans, ainsi qu'à l'artère, à la veine glosso-faciales, et au canal de Sténon qui, nous l'avons vu déjà, rampent en dedans de ce muscle avant de s'engager dans la scissure maxillaire (Voy. appendice, I, os de la tèle) pour longer le bord antérieur du masséter externe. Le ptérygoïilien externe (2), plus petit que le précédent, descend de la base du crâne sur l'extrémité supérieure de la branche du maxil- laire inférieur. Ces deux muscles élèvent la mâchoire inférieure et lui impriment un mouvement de latéralité très prononcé. Vm. — HUITIÈME PLAN MUSCLES MYLO-IIYOÏDIEN ET DIGASTRIQUE Le huitième plan comprend également deux muscles situés à la face interne du maxillaire inférieur, mais plus en avant que ceux du plan précédent. Le premier, ou mylo-hydidien (VIII, J) se dirige de la ligne my- léenne (située en dedans du maxillaire, près du bord alvéolaire) sur le corps de l'hyoïde, sur son appendice antérieur, et sur un raphé fibreux qui s'étend depuis cet appendice jusqu'au sommet de l'angle rentrant formé par l'écartement des deux branches du maxillaire. // sert à la fois de support et d'élévateur à la langue. Le second, ou digastrique (2, 3) a une forme bizarre : il comprend deux faisceaux musculaires, ou corps, réunis bout à bout par un tendon médian, et se dirige de l'apophyse styloïde de l'occipital sur le bord postérieur (1) et la face interne du maxillaire inférieur. le maxillaire en arrière et élève t hyoïde. IX. — NEUVIÈME PLAN Appareil de la vision Le neuvième plan nous fait voir les parties principales de Xappareil de la vision. • (1) A l'aide d'un faisceau volumineux qui se détache du corps supérieur, et dont Bourgelat a fait un muscle distinct, le stylo-maxillaire. 300 STRUCTURE. — FONCTIONS. Cet appareil, en partie visible seulement sur la planche VII, sert à l'homme et aux animaux pour distinguer les objets extérieurs, juger de leur couleur, de leur forme, de leur étendue et de leur distance. Il se compose ; 1° à' organes accessoires; comprenant des organes de protection (orbite, gaine fibreuse, paupières, corps clignotant), des organes de lubrification (glande lacrymale, caroncule de même nom) , enfin, des organes de /ocomotion [mascles); 2° d'un organe essentiel, le globe oculaire. A. — ORGANES ACCESSOIRES a. — ORGANES DE PROTECTION 1° Cavité orbitaire. — Située sur le côté de la têle, cette cavité est constituée, à son entrée, par un contour osseux à la formation duquel participent l'apophyse orbitaire, le frontal, le lacrymal, le zygomatique et une petite partie de l'apophyse de même nom du temporal (Voy. appendice, I, os de la tète). Cliez le cheval, un cornet fibreux, la gai?ie oculaire, complète la cavité orbitaire en arrière et en fait un compartiment spécial absolu- ment distinct de la fosse temporale (f). 2' Paupières. — Les paupières représentent deux voiles mem- braneux et mobiles destinés à proléger le globe de l'œil en avant. Constituées par la peau en dehors, la muqueuse conjonctive en dedans , et des muscles entre ces deux membranes légumeu- taires^ les paupières sont divisées en supérieure et inférieure. Elles portent à leur bord libre une rangée de poils dressés constituant les cils, et un petit cartilage appelé tarse, qui prévient leur plisse- ment transversal et soutient une série de petites glandes diles glandes de Méibomiiis. Les paupières offrent, en outre, deux commissures, une tenifjorale ou externe et une nasale ou interne. 3° Corps clignotant. — Situé dans le grand angle de l'œil, ce corps, appelé encore troisième paupière, est une production muqueuse pourvue à sa base d'un cartilage irrégulier et d'un coussinet graisseux. Il a pour usage d'entretenir la netteté delà surface de l'œil en enle- vant les corpuscules que les paupières ont pu laisser arriver jusqu'à ()) Chez l'homme, la cavité orbitaire est entièrement limitée par des parois osseuses ; aussi, ne voit-on pas, chez lui, de gaine fibreuse oculaire. TETE. .'iOI lui. Aussi est-il peu développé chez l'homme, le singe et tous les onguiculés en général, qui ont la facilité de se frotter l'œil avec le membre antérieur, tandis qu'il prend beaucoup d'extension chez le cheval, dont le membre tlioracique ne peut servir à cet usage. Le corps clignotant est à peine visible normalement; mais « si l'œil \ient à être retiré eu arrière par la contraction de ses muscles droits, le globe comprimant le peloton graisseux qui fait suite au cartilage, ce coussinet tend à s'échapper au dehors et pousse devant lui le corps clignotant, qui cache eutièrement la vitre de l'œil et l'essuie dans toute son étendue » (1). Dans le tétanos, le corps clignotant recouvre en partie le globe de l'œil par suite delà contraction permanente des muscles droits. b. — ORGANES DE LUBUIFICATION' Appareil lacrymal. — Cet appareil comprend une glande et une série de canaux qui transportent le superflu du liquide sécrété par la glande à l'orifice externe des cavités nasales. La glande lacrymale^ située entre l'apophyse orbitaire et la partie supérieure du globe de l'œil, verse les larmes à la face interne de la paupière supérieure par les conduits hygrophthalmiques , qui les ré- pandent sur toute la surface de la cornée. Arrivées à l'angle nasal, elles s'engagent dans de petites ouvertures, les points lacrymaux, situées une à chaque paupière; puis, à l'aide des conduits de même nom, elles passent dans le sac lacrymal, petit réservoir logé dans l'in- fundibulum qui précède le trou lacrymal, et dont le rôle est de réunir les larmes pour les faire passer ensuite dans le canal lacry)?ial. Celui-ci, enfin, après avoir suivi le conduit osseux de l'os lacrymal, se place sous la muqueuse nasale, vient passer à la face interne de l'aile externe du nez et se termine par un orifice, quelquefois double, qui semble percé à l'emporte-pièce, vers la commissure inférieure. Un petit corps arrondi, la caroncule lacrymale, situé dans l'angle nasal de l'œil, et destiné, croit-on, à diriger les larmes vers les points lacrymaux, complète l'appareil lacrymal. (1) F. Lecoq, Traité de l'extérieur du cheval, 4= édition. Paris, 1870, p. 223. 302 STRUCTURE. — FONCTIONS- r. — ORGANES DE LOCOMOTION Les organes de la locomotion sont représentés par sept muscles (2) : cinq désignés sous le nom de muscles droits^ et distingués en posté- rieur, supérieur, inférieur, externe et interne ; deux appelés muscles obliques, l'un grand, l'autre petit. Les muscles droits produisent, par leur action combinée, la rétrac- tion du globe oculaire au fond de l'orbile. Les muscles obliques, antagonistes l'un de l'autre, déterminent la rotation de ce même globe oculaire. B. — ORGANE ESSENTIEL DE LA VISION OU GLOBE DE L'OEIL Le globe oculaire (IX, 1) représente un corps sphéroïdal sensible- ment aplati dans le sens anléro-postérieur. La région antérieure, coriiée on vitre de lœil, est plus bombée que les autres points de l'organe et peutêtre considérée comme le segment d'une petite sphère ajouté au segment d'une sphère plus grande. La région postérieure porte un cordon nerveux très développé et cylindrique, le nerf optique, qui met l'organe en rapport avec le cer- veau. Les parois du globe de l'œil sont constituées par plusieurs membra- nes renfermant des parties liquides appelées milieux de l'œil. a. — MEMBRANES Les membranes de l'œil sont au nombre de cinq : la sclérotique, la cornée transparente, la choroïde, Viris et la rétine. 1° Sclérotique (fig. 121 du texte, b). La sclérotique constitue la plus grande partie de la coque extérieure du globe de l'œil. C'est une mem!)rane blanche, fibreuse, opaque, très solide, dont la face externe est eu rapport avec les muscles de l'œil, tandis que la face interne s'unit à la choroïde. La sclérotique présente, en avant, une ouverture ellipsoïde, dont le bord, taillé en biseau du côté interne, s'unit intimement à la cornée transparente. Postérieurement, elle livre passage au nerf optique. TETE- 3u;t "û." Cornée transparente (fig. 121 du texte, e). Cette membrane forme la partie antérieure ou la viire de l'œil, à l'intérieur duquel elle laisse pénétrer les rayons lumineux. Elle complète la coque extérieure du globe oculaire eu fermant l'ouverture antérieure de la sclérotique. Sa face externe est recouverte par un feuillet de la con- l'i;;. \1\. — Coupo lljcuriiiue de lœil. «, nerf optique. h, sclérotique, f, clioroide. (1, rétine. e, cornée. f, iris. gh, cercle et corps ciliaires, dépendance? de la choroïde, dont ils ont été représentés isolés pour mieux indiquer leurs limites. i, insertion des procès ciliaires sur le cristallin. j, cristallin. k, capsule cristalline. /, corps vitré. mn, chambres de l'humeur aqueuse. 0, indication théorique de la membrane de l'hu- meur aqueuse. p, tarse. Y, membrane fibreuse des paupières. r, muscle releveur de la paupière supérieure. s, orbiculaire des paupières. t, peau dos paupières. Il, conjonctive. 1', lame épidermique qui représente cette mem- brane sur la cornée. X, muscle droit postérieur. y, muscle droit supérieur. :, muscle droit inférieur. «), gaine fibreuse de Torbite. (A. Chauveau et S. Abloing, Traité d'Auatamie comparée des animaux domesliijues.) jonctive. Sa face interne forme la paroi externe de la chambre anté- rieure de l'œil. 3° Choroïde (fig. 121 du texte, r). La choroïde est une membrane mince, opaque, de couleur foncée, qui fait de l'intérieur de l'œil, avec l'iris, une véritable chambre noire. Sa face externe est étalée sur la face interne delà sclérotique, dont elle répèle la conformation gêné- 304 STRUCTURE. — FONCTIONS. raie. Sa face interne, tapissée par la rétine, est de couleur noire dans presque toute sou étendue, excepté chez les albinos; de plus, elle offre \ers le fond de l'œil, du côté opposé à la terminaison du nerf optique, une tache brillante plus ou moins étendue, à rellels métalli- ques. Cette tache, sur laquelle viennent se peindre les images placées dans la direction de l'œil, est désignée sous le nom de tapis ou tape- tum ; sa couleur, d'après Cuvier (1), est vert doré chez le bœuf, bleu argenté chez le cheval, la chèvre, les cerfs, jaune doré pâle chez le lion et le chat, et « toujours d'autant plus vive que l'animal était plus vigoureux » (2). C'est le tapis qui, en réfléchissant fortement la lumière dans l'obs- curité, donne aux yeux de certains animaux un éclat quelquefois si vif. La choroïde présente, en avant, un bord circulaire correspondant à la forme ellipsoïde de la cornée et adhérant aa cercle ciliairc. Fig. 122. — Coupe transversale du globe de roeil, face interne du segment antérieur. ('., cristallin. I P) procès ciliaires. | M, coque de l'œil. Cercle et corps ciliaires (fig. 121 , ^, h, et fig. 1 22, P, du texte). — Si- tués en avant du bord circulaire choroïdien, le cercle et le corps ci- liaires sont considérés généralement comme dépaudant de la choroïde. Le cercle ou ligame?it ciliaire est un petit cordon contractile en- tourant comme un anneau toute la face interne du bord antérieur de la sclérotique et servant à réunir cette membrane avec la choroïde, l'iris et les procès ciliaires. (1) Cuvier, Anatomie comparée, t. III, 2'^ édition, p. -418. (2) F. Lecoq, loc. cit., p. 204. TETE. 30.-> Le corps ci/iaire, plus large et plus profoad que le cercle ciliaire, qu'il dépasse en avant et eu arrière, s'étend de la face interne de la choroïde sur la face postérieure de l'iris. Il forme des plis radiés appe- lés procès cil/aires, soutenant et enchatonnant le cristallin. 4° Iris (fig. 121 du texte,/). — L'iris figure à l'intérieur de l'oeil un véritable diaphragme percé d'une ouverture centrale elliptique, ou pupille, dont la forme et le diamètre varient à chaque instant, suivant la quantité des rayons lumineux. C'est la paralysie de cette membrane, consécutive à celle de la rétine, qui détermine ïamawose ou goutte sereine. L'iris partage l'espace compris entre la cornée et la face antérieure du cristallin en deux parties ou chambres d'inégale grandeur, et pré- sente deux faces et deux circonférences. La face antérieure, chez le cheval , reflète presque toujours une teinte brune plus ou moins jaunâtre ; on la trouve parfois presque blanche, ou tout au moins gris très clair, et l'on dit alors que les yeux sont vairons. La face postérieure , eu rapport avec le cristallin et les procès ciliaires, est enduite d'une couche épaisse de pigment noir qui a reçu le nom iiîuvée. « Très souvent une portion de cet enduit, supportée par un petit pédoncule, traverse la pupille et vient se montrer à son bord dans la chambre antérieure. Ce petit peloton noirâtre, que l'on désigne sous le nom de fongus ou grain de suie, ne rend pas l'œil meil- leur, comme le pensent quelques personnes ; mais il ne nuit eu rien à sa bonté (1). » La grande circonférence adhère dans toute sou étendue au cercle ciliaire. La. petite circonférence civconscni l'ouverture pupillaire. 5° Rétine (fig. 121 du texte, d). — Située à la face interne de la choroïde, dont il est très facile de la séparer, la rétine est une mem- brane à peu près transparente, résultant de l'épanouissement de la pulpe du nerf optique, et destinée à recevoir l'impression de la lumière. Arrivée sur le corps et les procès cihaires, elle adhère à ces parties et se prolonge jusqu'à la circonférence du cristallin, où elle semble se confondre avec la membrane d'enveloppe de cette lentille. (1) K. Leeoq, loc. cit., p. 206. Le Cheval. 20 306 STRUCTURE. — FONCTIONS- b. — MILIEUX DE L'Œil r Humeur aqueuse (fig. 121 du texte, m, n). — C'est un liquide renfermé dans la partie de l'œil située en avant du cristallin, c'est- à-dire dans la chambre antérieure et la chambre postérieure du globe de l'œil. Il est sécrété par une membrane particulière, amorphe, qui l'enveloppe [membrane de Descemet). 2° Humeur vitrée (fig. 121 du texte,/). — Encore appelée co/y;^ vitré ou hjjaldide^ l'humeur aqueuse occupe toute l'étendue de la cavité de l'œil située en arrière du cristallin. Elle est beaucoup plus fluide que l'humeur aqueuse et se trouve contenue dans les mailles d'une membrane fine, transparente, la membrane hyaloide. 3° Cristallin, (fig. 121 du texte, j). — C'est le plus dense des mi- lieux de l'œil. 11 a la forme d'une lentille biconvexe, dont la moitié postérieure est plus bombée que l'antérieure. Formé de fibres disposées en couches concentriques, le cristallin a une densité qui augmente de la surface vers le centre. Comme les milieux précédents, il est enveloppé d'une membrane dite capsule cristalline. Sou rôle est de concentrer les rayons lumineux à la manière des len- tilles dans les instruments d'optique. L'opacité complète ou partielle du cristallin a reçu le nom de cata- racte. Mécanisme de la vision. La vision étant le résultat de l'impression produite sur l'œil par les rayons de lumière qui s'échappent d'un corps lumineux par lui-même ou simplement éclairé, il nous reste à examiner parquet mécanisme se produit cette impression. Lorsqu'un rayon lumineux rencontre perpendiculairement la surface d'un milieu transparent, il le traverse sans changer de direcliou. 31ais, s'il y arrive obliquement, il éprouve une déviation connue sous le nom de réfraction. Cette déviation le rapproche de la perpendiculaire s'il passe d'un milieu moins dense dans un milieu plus dense; elle len écarte dans le cas contraire. TÈTE. 307 On peut se rendre comple de ce fait par l'examen de la figure i 23 du texte représentant un cube de cristal traversé parles rayons luminei;.\ AB et CB. Le rayon AB, perpendiculaire, le traverse sans éprouver de déviation ; seul, le rayon oblique CB éprouve une réfraction qui le rapproche de la perpen- diculaire, dont il s'éloigne, d'ailleurs, pour passer dans l'air, milieu moins dense que le cristal. Nous trouvons, d'une façon très évi- dente, la démonstration de ce fait dans la brisure apparente que présente à l'œil un bâton plongé obliquement dans l'eau. Les choses se passent ainsi toutes les fois que le milieu traversé par les rayons lumineux présente des surfaces planes et parallèles; mais, si les surfaces du corps dense se trouvent dans des directions diffé- rentes, les rayons suivent eux-mêmes une marche autre que celle indiquée précédemment. Prenons pour exemple une lentille biconvexe : les courbes de celle- ci pouvant être considérées comme une succession de surfaces planes g. 123. — lléfraction des rayons lumineux dans un cube de cristal. Fig. 124. — Réfraction des rayons lumineux dans une lentille biconvexe. lorsque les rayons lumineux parallèles viendront à la traverser, ils seront réfractés comme le montre la figure 124 du texte. Le rayon CD arrivant perpendiculairement n'éprouvera pas de déviation. Par contre, le rayon AB arrivant obliquement se rapprochera de la perpendicu- laire HB au point d'incidence, taudis qu'il s'en éloignera au point d'émergence, en sortant de la lentille. De même pour le rayon EF. 308 STRUCTURE. — FONCTIONS- Les rayons lumineux parlant d'un môme point arrivent en divergeant à la surface de la lentille; mais ils sont réfractés comme s'ils étaient parallèles. Si les rayons partent d'un corps ayant une certaine étendue, celui-ci envoie de sa surface un grand nombre de rayons divergents formant des cônes dont la base est figurée par l'une des faces de la lentille. Les images qui se forment alors sont renversées, comme nous allons essayer de le démontrer eu ce qui concerne l'œil; où les choses se passent absolument comme ci-dessus. Le globe oculaire, relativement à la vision, pouvant, en effet, être considéré comme une lentille biconvexe formée par la cornée, l'hu- meur aqueuse, le cristallin, le corps vitré et, conséquemmeut, com- posée de milieux de densités différentes, si l'on suppose une flèche AB Fig. 125. UéfracUou, dans l'œil, des rayons lumineux partant d'an corps ayant une certaine étendue. (fig. 125 du texte) située à une certaine distance de l'œil, elle enverra par chacun de ses points des cônes lumineux dont la base sera repré- sentée par la face anlérieure de la cornée. De sa partie supérieure par- tira le cône A, qui viendra réunir ses rayons en C, de même que ceux du cône B se réuniront en D. Il s'en suit que l'image de la flèche peinte sur la rétine sera renversée. Il y a lieu de faire remarquer que les rayons les plus rapprochés de l'axe forment seuls une image nette. Ceux de la périphérie, par suite lie ce qu'on appelle Xaberralion de sphéricité, rendent celle image dif- fuse. Néanmoins, grâce à la présence du diaphragme figuré par l'iris, la netteté des images est sensiblement uniforme pour les objets qui ne sont ni trop éloignés, ni trop rapprocliés. TÊTE. 309 L'enduit uoir de la clioro'ùle et l'uvée absorbent, d'ailleurs, les rayons qui, après avoir éltW'éfléchis, seraient venus une seconde fois impressionner la rétine, produire l'éblouissenient, et rendre ainsi l'image confuse. Cette particularité explique bien pourquoi les animaux qui ont la choroïde privée de matière colorante, comme les albinos, ne peuvent supporter la vue d'objets fortement éclairés et voir distinctement au grand jour. Les images perdent de leur netteté à de grandes et à de très petites distances, par suite de la réunion des divers rayons de chaque cône lu- mineux, soit en avant, soit en arrière de la rétine. Cependant, par suite de la faculté que possède l'animal à' adapter sa vue aux différentes distances, ce qui se passerait dans un appareil de physique n'a pas lieu dans un œil normal : « Quelle que soit (dans de certaines limites) la dis- tance du point lumineux, nous pouvons toujours faire en sorte que le sommet du cône oculaire vienne tomber précisément sur la rétine : nous pouvons regarder alternativement et voir presque avec une égale netteté une étoile et le bout de notre nez (1 ). » Sous ce rapport, l'œil présente, toutefois, de grandes différences individuelles. 11 est des animaux qui voient de très près [mi/opi/'), d'autres de très loin {presbi/ùe); certains, enfin, ne voient bien ni de très loin ni de très près {hypermétropie). La myopie est une aberration visuelle dans laquelle le foyer des rayons lumineux se trouve en avant de la rétine, s'ils viennent d'objets éloignés; aussi, donnent-ils des images confuses. Elle résulte d'une trop forte courbure du cristallin, de la cornée, d'un allongement autéro- postérieur de l'œil qui éloigne la rétine du cristallin, ou, le plus sou- vent, d'une trop grande réfringence des milieux. La myopie se corrige parles verres biconcaves. Dans Y hypermétropie, le foyer des rayons lumineux se trouve tou- jours en arrière de la rétine. Cet état résulte d'un raccourcissement du diamètre antéro-postérieur de l'œil ou d'un défaut du pouvoir con- vergent des milieux. Quant à la presbytie, qu'il ne faut pas confondre avec l'hypermétro- pie, elle est due à un affaiblissement du pouvoir d'adaptation. Ces deux derniers états se corrigent par les verres convexes. (1) Malhias Duval, Cours de physiologie, 4= cdilion. Paris, 187!», p. 013. 310 STRUCTURE- — FONCTIONS. L'impressioD qui donne lieu à la sensation de la forme, de la cou- leur et des autres propriétés optiques des corps, est due à un état par- ticulier de la rétine dont la nature est tout à fait inconnue. Le seul point parfaitement démontré, c'est qu'une fois produite, l'impression est transmise au cerveau par l'intermédiaire du nerf optique, qui pré- sente celte double particularité d'être absolument iusensible et de communiquer les impressions à la partie de l'encéphale qui lui est opposée. Les expériences ont elTectivement mis hors de doute que la destruc- tion des tubercules bigéminés d'un côté entraîne la perte de vue de l'autre. L'image des objets qui se peint sur la rétine, bien qu'elle se trouve dans l'œil, fait cependant voir ces objets en dehors de l'organe. On a considéré ce fait comme le résultat de l'expérience, de l'habitude, et on a cité à l'appui de celte hypothèse l'exemple de l'aveugle de Ghe- selden qui voyait, après l'opération, les objets touchant ses yeux. Mais il est facile de démontrer que c'est là une erreur, puisque les jeunes animaux, tels que les veaux, les poulains, sont à peine sortis du sein de leur mère, qu'ils s'approchent de celle-ci et vont prendre sa mamelle au lieu de la chercher en eux-mêmes. D'un autre côté, les deux images produites, une dans chaque œil, ne donnent pas la sensation de deux objets, mais elles déterminent une impression unique, comme si l'un des deux seulement recevait l'image, et cela, d'après M. Colin (1), très probablement parce que les deux impressions identiques sont converties par le cerveau eu une seule sensation. Nous avons vu, enfin, que les images des objets projetés sur la ré- tine sont renversées, mais que ces objets sont quand même vus droits et tels qu'ils sont réellement. Bien qu'on n'ait pu encore expliquer clai- rement cette singulière particularité, il suffit de réfiéchir un peu pour concevoir que la direction de l'image importe peu, en définitive, pour la sensation ; car, dit M. Cohn (2), si un homme est suspendu par les pieds, l'image des objets est peinte en sens inverse de l'image habituelle. Les quelques détails dans lesquels nous venons d'eutrer relativement (1) G. Colin, /oc. cit., t. I, p. 33fi. (2) G. Colin, loc. cit., t. I,p. 33:i. TÈTE- 311 à l'organisalion et aux usages de l'œil étaient ludispensables pour bien faire comprendre l'importance de cet organe, la nécessilé de son inté- grité, l'effet et la gravité de la plupart de ses maladies ou de ses défectuosités. C'est pourquoi, d'ailleurs, après notre étude de l'œil extérieur, nous avons renvoyé le lecteur aux descriptions ci-dessus, persuadé qu'il y trouverait l'explication de certains faits qui, autrement, eussent pu rester à jamais vagues dans son esprit. X. — DIXIÈME PLAN A. — PRINCIPAUX OS DU CU.VNE ET DE LA FACE Le dixième plan nous montre à nu les principau.r os du crâne et de la face, à l'exception, toutefois, du maxillaire inférieur, que nous avons étudié dans le quatrième plan. Nous nous contenterons de dire un mot ici de ces os et de leurs particularités, renvoyant pour tous les détails à l'appendice qui ter- mine ce chapitre (I. Os de la tête). A la partie postérieure du crâne se trouvent tout d'abord Y occipital [k), avec sa surface articulaire pour répondre à la première vertèbre cervicale (le condyle (B) et Yapophysc styldide (C) du côté droit) et son apophyse basilaire (L), prolongement étroit que forme l'os en allant à la rencontre du sphénoïde. Plus en avant, on voit le pariétal (D), que limitent, en bas, le frontal (N), en haut, Yoccipital, et, de chaque côté, les temporaux. De ces deux derniers os, le droit seul est visible sur la PI. VII (E). Il présente, entre autres particularités, l'orifice externe du conduit auditif externe (F), qui fait communiquer l'oreille externe avec l'oreille moyenne, ainsi que nous l'avons vu déjà; Vapop//yse mas- toïde{G) et sa base; enfin, la surface articulaire qui répond au maxil- laire inférieur : Yéminence sus-condylienne (J), la cavité ylénoïde (K) et le condyle (J'). L'occipital, le pariétal, le frontal et les temporaux constituent eu grande partie les parois de la boîte crânienne. Sur la limite latérale du crâne et de la face se trouve la cavité orbi- taire (N'), mise à découvert par la section des arcades zygomatique et orbitaire qui la complètent en avant (voy. IV' plan). 312 STRUCTURE. — FONCTIONS. Plus bas que celte cavité, qu'ils concourent, d'ailleurs, à former, on rencontre deux os : le lacrymal (0) et le z-uyornatiquc (P), dont le bord postérieur porte une apophyse dite zyyomalique^ qui se soude avec celle correspondante du temporal (voy. IV° plan). Toujours en se rapprochant de l'extrémité anléro-inférieure de la tête, on trouve encore Vos propre du nez ou sus-nasal (0), formant la voûte des cavités nasales ; puis le maxillaire supérieur (R), dont la face externe présente une crête verticale, dite épi^ie inaxillaire (T), qui se continue en haut avec le zygomatique et qu'on voit très bien se dessiner à l'extérieur, sous la peau. Cet os, par sa face interne, concourt à former les parois externes et le plancher des cavités nasales^ et pré- sente à son bord inférieur six grandes cavités, dites alvéoles, dans lesquelles sont implantées les dents molaires (S). Enfin, tout à fait à l'extrémité inférieure de la tête, on rencontre Y intermaxillaire ou os incisif (U), qui loge les incisives (X) et les crochets (V). Nous allons maintenant passer en revue les cavités nasales, égale- ment visibles sur la PI. VU [recto et verso). G. — CAVITUS NASALES Ces cavités, au nombre de deux chez le cheval : l'une droite, l'autre gauche, comprennent les naseaux, les fosses nasales nroprement dites, et les diverticules désignés sous le nom de sinus. Elles jouent un rôle important dans la respiration et l'olfaction. 1° Naseaux. — Les naseaux ou narines figurent deux ouvertures latérales par lesquelles l'air s'introduit dans les cavités nasales. Chacun d'eux présente deux lèvres ou ailes, l'une externe, l'autre interne, réunies par deux commissures. En arrière et en haut de la commissure supérieure existe un cul-de- sac conique, la fausse narine (3), n'ayant aucune communication avec la cavité nasale et n'existant, parmi les animaux domestiques, que chez les solipèdes (cheval, âue, etc.). La lèvre ou l'aile interne de chaque naseau, aplatie, amincie à son bord libre, a sa base constituée par un fibro-cartilage recourbé comme une virgule, dont la partie élargie forme, en s'adossant à celle du côté opposé, la plaque cartilagineuse du nez (2) recouverte par le TETE- 313 muscle n'aso-transversal (voy. 111° plan). Ce fibro-cartilage se prolonge en bas et en dehors par une pointe effilée qui s'enfonce dans l'aile externe. La peau qui revêt extérieurement les ailes du nez se replie pour tapisser leur face interne et se continuer dans la fosse nasale avec la membrane piluitaire. Elle est mince, fine, chargée de pigment, et souvent marbrée par des taches de ladre (voy. IV partie, A^i.seaiix). Ouvertures externes des cavités nasales et de tout l'appareil respi- ratoire, les naseaux sont très dilatables et présentent, par cela même, la faculté de n'admettre que la quantité d'air nécessaire au besoin de la respiration. 2° Fosses nasales proprement dites. — Les cavités nasales, qui continuent les naseaux, sont creusées dans l'épaisseur de la tête et se trouvent séparées l'une de l'autre par une cloison cartilagineuite (X, 1 et XII, G) s'appuyant sur le vomer. Elles présentent deux parois latérales, un plafond ou voûte, un plancher et deux extrémités. ha paroi latérale interne est formée par la cloison nasale. La paroi latérale externe, constituée en grande partie par le sus- maxillaire, est très anfractueuse, partagée qu'elle est en trois méats [verso, M, N, 0), par les cornets, formés chacun d'une lame osseuse roulée sur elle-même se continuant inférieurementpar une charpente fibro-cartilagineuse qui prolonge leur section nasale jusqu'à l'orifice externe du nez, et distingués en cornet ethmdidal et cornet maxillaire {verso, II, J). Le plafond, confondu avec le méat supérieur, est constitué par les sus-nasaux. Le plancher repose sur la voûte palatine, dont la planche VII nous montre une coupe [verso, K). Vextrémité antéro-inférieure est constituée par la narine. V! extrémité postéro-supérieure forme un arrière-fond occupé par les volutes ethmoïdales (voy. Appendice, I, Os de la tète) et communique avec la cavité pharyngienne par une ouverture ovalaire largement béante, dite ouverture gutturale de la fosse nasale, située en bas et en arrière de la masse latérale de l'ethmoïde. 3° Sinus. — Les sinus sont des diverticules des fosses nasales plus ou moins anfraclueux, creusés dans l'épaisseur des os de la tête, autour 314 STRUCTURE. — FONCTIONS- des masses ethmoïdales. On en compte cinq de chaque côté, qui sont : \q5 sinus frontal ^ maxillaire supérieure, sphénoidal, eiltmoklal et maxil- laire inférieur. Les quatre premiers communiquent ensemble; seul, le dernier est isolé. Lq sinus frontal [verso, E) est situé au côté interne de l'orbite dans des anfracluosités du frontal, de l'os nasal, du lacrymal et de l'ethmoïde. Il communique avec le sinus maxillaire supérieur. Le sinus maxillaire supérieur, le plus vaste de tous, est creusé au- dessous de l'orbite, entre le grand sus- maxillaire, le zygomatique, l'ethmoïde et le lacrymal. Il communique avec le sinus ethmoïdal. Le sinus sphénoidal [verso, F), creusé entre les lames du palatin et dans le corps du sphénoïde, est adossé contre le sinus du côté opposé, avec lequel il communique. Le sinus ethmo'idal est constitué parla cavité intérieure de la grande volute ethmoïdale (voy. Appendice, I, os de la tète, ethmuide). Il com- munique avec le sinus maxillaire supérieur. Le sinus maxillaire inférieur, creusé dans l'os grand sus-maxillaire au-dessous du sinus supérieur, n'a aucune communication avec les autres. Tous les sinus d'un même côté s'ouvrent dans la fosse nasale correspondante par une feule courbe située au fond du méat moyen. Les sinus ne paraissent pas jouer un rôle appréciable dans la respi- ration ou dans l'olfaction. « Ils semblent avoir pour usage exclusif de donner plus de volume à la tète sans augmenter son poids, et de fournir ainsi de larges surfaces d'insertion aux muscles fixés sur cette région osseuse (1). » Piluitaire. — C'est la membrane muqueuse qui tapisse les cavités nasales et les sinus. Elle se continue avec le tégument cutané de la face interne des ailes du nez et possède un grand nombre de vaisseaux san- guins et de nerfs. Parmi ceux-ci, les nerfs olfactifs ou de la première paire paraissent être exclusivement impressionnés par les particules odo- rantes; or, comme leurs ramifications ne descendent pas au-dessous du tiers supérieur des cavités nasales, il en résulte que la partie seule de la pituitaire qui tapisse les volutes ethmoïdales, le haut des cor- (1) A. Cliauveau et S. Arloing, loc. cit., p. 474. TÊTE. 315 nets, de la cloison médiane, el le fond des méats, est la véritable muqueuse olfactive. Mince, déliée, d'un rose tirant sur le jaune, celle-ci est continuelle- ment humectée par un liquide propre à fixer et à dissoudre les par- ticules odorantes. Rôle des cavités nasales dans la respiration. L'entrée des cavités nasales, connue sous le nom de naseaux^ cons- tamment béante, se dilate toujours très sensiblement lors de l'inspi- ration, mais plus ou moins suivant que celle-ci est profonde on or- dinaire. Il en est de même de la fausse narine. La dilatation des naseaux est isochrone avec celle du thorax (I), et ne semble point la précéder, comme on pourrait le croire. Cette dila- tation n'apporte aucun changement dans le diamètre des cavités na- sales, celles-ci ayant leurs parois osseuses et par suite inextensibles. L'inspiration met tout simplement en mouvement l'air qui remplit les cavités nasales et renouvelle dans de faibles proportions celui qui se trouve emprisonné dans les circonvolutions des cornets, des nom- l)reuses volutes elhmoïdales et dans les cavités des sinus. Lors de l'expiration, la colonne d'air, après avoir traversé le pha- rynx, s'engage dans les cavités nasales et s'échappe par les naseaux revenus sur eux-mêmes, si le voile du palais est abaissé et la bouche fermée. Si la bouche est béante el le voile du palais relevé, une partie de la colonne d'air s'échappe par cette cavité. De l'olfaction. (mécanisme suivant LEQIEL LCS MATIÈtlES ODOUANTES AGISSENT SUn LA PITUIIAinE) En dehors de leur rôle dans la respiration, les cavités nasales sont encore les organes du sens de l'odorat. Le mécanisme suivant lequel les matières odorantes agissent sur la pituitaire est simple : « Les particules portées par l'air viennent se mettre en rapport avec les papilles de la pituitaire, elles se dissolvent dans la liqueur qui les (I) Aussi accuse-l-elle, comme celle des côtes et des flancs, toute irrégularité delà respiration (voy. III'' partie, chap. Il, § 2, Rijlhme de la respiration). 316 STRUCTURE. — FONCTIONS- humecte, et peuvent ainsi agir par contact sur les divisions ner- veuses (1). » Ces effluves odorants, pour impressionner la pituitaire, doivent pénétrer en notable proportion dans le nez. Celles qui y arrivent sans le secours de l'inspiration ne peuvent ordinairement suffire. Aussi, d'après M. Colin, si on lie la trachée d'un cheval après l'avoir sectionnée dans un point inférieur à la ligature, l'animal ayant les yeux ouverts ne s'aperçoit point de la présence du foin, de l'avoine, déposés sous ses lèvres. Le sens de l'olfaction est beaucoup plus délicat chez les animaux que chez l'homme. « Leur odorat est si parfait, dit Buffon, qu'ils sen- tent de beaucoup plus loin qu'ils ne voient; non seulement ils sentent de très loin les corps présents et actuels, mais ils en sentent les émanations et les traces longtemps après qu'ils sont absents et passés. » Il se lie au sens du goût pour faire connaître les aliments qui con- viennent à chaque espèce. Enfin, il sert à faire découvrir aux mâles les femelles très éloi- gnées en rut et leur apprend à les distinguer, sans les voir, des femelles pleines ou appartenant à d'autres espèces. Le virso du X° plan nous montre encore, en haut, la cavité crâ- nienne, divisée par la protubérance occipitale interne (C) en un compar- timent cérébral (A) et un compartiment cérébolloiix (B), et présentant, dans le plan médian et en avant, Yapophi/se crista-galli (D). Nous examinerons ces parties avec tous les détails que comporte leur importance, à propos du XIT plan. XI. — ONZIÈME PLAN IHUSCLES DE L'HYOÏDE, DU PHARYNX, DU L.iRYNX, DE LA LANGUE ET DU VOILE DU PALAIS. GLANDES MAXILLAIRE ET SUULIXGUALE Sur le plan médian, au-dessous et en arrière de la mâchoire supé- rieure et du crâne, en dedans des deux branches du maxillaire infé- rieur, on trouve un certain nombre de muscles groupés autour de Vos (1) G. Colin, loc. cit., t. 1, p. 306. TÊTE. 317 hyoïde, du phavynr, du larynx, de la langue et du voile du palais, qu'ils sont chargés de mettre en mouvement. Nous allons tout d'abord dire un mot de ces muscles et de deux glandes salivaires impor- tantes, les glandes maxillaire et sublinguale, que comprend également le XI" plan, réservant la description du pharynx, du larynx, de la langue et du voile du palais pour le plan suivant. Quant à Y hyoïde, nous renvoyons pour les détails qui concernent cet os à l'appendice du chapitre premier (I, Os de la tête). Pour le moment, nous nous contenterons de savoir qu'il résulte de la réunion de plusieurs pièces distinctes disposées en trois séries : le corps, qui se plonge dans la langue, lui servant ainsi de support de même qu'au larynx et au pharynx; les branches, composées elles-mêmes de deux parties, quelquefois trois, dont l'une, la petite corne ou la petite branche, répond au corps, tandis que l'autre, Vos kératoïde (1) ou la grande branche (4), remonte, en arrière et en haut, jusqu'au temporal, avec lequel elle s'unit. r Muscles de l'hyoïde. — Les muscles plus spécialement chargés de mouvoir l'hyoïde sont : le mylo-hyoidien, précédemment étudié (voy. VHP plan) ; le stylo-hyoidien (6), occupant l'espace compris entre l'apophyse slyloïde de l'occipital et la partie supérieure du bord postérieur de l'os kératoïde; le grand kérato-hyo'idien (7), situé sur le côté de l'appareil laryngo-pharyngien, dans la même direction que la grande branche de l'hyoïde dont il réunit l'extrémité supérieure au corps ; le petit kérato-hydidien, très petit faisceau invi- sible sur la planche VII et situé entre la corne styloïdienne et l'extré- mité inférieure de l'os styloïde ou kératoïde; le génio-hydklien (18), étalé de la surface génienne du maxillaire inférieur au corps de l'hyoïde; le transversal de r hyoïde, court ruban musculaire, réunissant supérieurement les deux petites cornes. 2° Muscles du pharynx. — Les muscles pairs constituant la couche charnue du vestibule membraneux commun aux voies diges- tives et aux voies aériennes, ou pharynx, sont : Lq ptérygo-pharyngioi (14), se dirigeant de l'apophyse ptérygoïde du sphénoïde (voy. Appendice, I, 0^ de la tête) sur les faces laté- rales du pharynx; Vhyo^ le tliyro, le crico-pharyngien (8, 9, 10), se (I) Os slyloïde de quelques auteurs. 318 STRUCTURE. — FONCTIONS. lerminant au-dessous du pharynx et procédant, le premier, de l'hyoïde, le second, du cartilage thyroïde, le troisième, du cartilage cricoïde du larynx ; le kérato-pharyngien, étroite bandelette invisible sur la planche VII, descendant de la grande branche de l'hyoïde sur les côtés du pharynx. Les quatre premiers muscles sont des constricteurs du p/iari/nx; seul, le dernier ar/it comme léger dilatateur de la poche phcuyi- gieyme. 3° Muscles du larynx. — Outre qu'il suit tous les mouvemenls de l'hyoïde, le larynx est aussi niù par des muscles propres qui ont pour but de lui imprimer des mouvements de totalité, ou qui font jouer les unes sur les autres les différentes pièces de sa charpente cartilagi- neuse. Ces muscles sont : Le sterno-thyroidien (13), qui sera décrit plus loin, en parlant du cou; Xhyo-tltyrdidien (11) situé à la face exte/ne du larynx; \liyo- épiglottique, non visilile sur la planche VII et placé en avaut de l'épi- glotte; le crico-thyroidien (12), appliqué sur le côté et en arrière du larynx; les crico-aryténoïdiens postérieur et latéral, situés profondé- ment, le premier en arrière et eu haut, le second sur les côtés du larynx; le thyro-aryténdidien, logé à la face interne du thyroïde; enfin, Varyténoïdien, placé sous la muqueuse pharyngienne, au-dessus des cartilages aryténoïdes. La direction et les attaches de tous ces muscles se déduisent faci- lement de leurs noms. 4° Mu.scles de la langue. — Les muscles de la langue, chez le cheval, sont au nombre de cinq paires et situés eu avant des précédents sur le XI° plan. Ce sont : Le/cérato-glosse (15), longue bandelette rubanée se dirigeant de la grande branche de l'hyoïde vers l'extrémité libre de la langue; le basio-glosse ou grand hyo-glosse (16), le plus volumineux de tous, s'élendaut du corps de l'hyoïde sur la langue, dont il occupe toute la face latérale, immédiatement sous la muqueuse buccale ; le génio- glosse (17), dont les fibres, disposées en éventail dans le plan ver- tical et médian de la langue, se dirigent de la surface géuieune du maxillaire inférieur sur toute la face supérieure de la langue (19); enfin, le petit hyo-glosse et le pharyngo-glosse, très petits faisceaux invisibles sur la pi. Vil, situés à la base de la langue. TETE. 319 En se contractant, ces muscles portent la langue en avant, en arrière, ou (le coté. 5° Muscles du voile du palais. — Les muscles du voile du pa- lais sont tous pairs et au nombre de quatre : Le pharyngo-stuphylin et le pnlato-staphylin, situés dans l'épaisseur même du voile du palais, et non figurés, pour cette raison, sur la pi. Vil; enfin, les péristaphylins externe et interne [o), s'étendant de l'apophyse styloïde de l'occipital jusqu'à la charpente fibreuse du voile. Ces muscles tendent le voile du palais et rapprochent son bord libre de rinfundibuliim (esophayien pendant la déglution pharyngienne. 6° Glandes maxillaire et sublinguale. — L^ glande maxil- laire, la plus importante des deux, est située sur le plan latéral du larynx, en dedans de la parotide (voy. fig. 113 du texte) et se termine par un canal excréteur, dit caaal de Warton, qui vient s'ouvrir, près du frein de la langue, sur un tubercule nommé barbillon. Quaulhln glande sublinguale {\'0Y. fig. 113 du texte), placée immédia- tement à la face interne du muscle mylo-hyoïdien, elle se termine par quinze ou vingt petits canaux qui, partant deson bord supérieur, s'ou- vrent directement dans la bouche. XII. — DOUZIÈME PLAN La coupe verticale de la tête à droite de la ligue médiane, que figure leXlP plan, nous fait pénétrer à l'intérieur de cavités très importantes, dont nous allons avoir h nous occuper : la bouche, le pharynx, les poches gutturales, le larynx et la boîte crânienne. Eu respectaut la cloison médiane du nez (G), celte section de la tête laisse de côté les cavités nasales, qui ont d'ailleurs été étudiées à dessein à propos du plan X. A. — BOI'CIIE Premier vestibule du tube digestif, la bouche est située entre les deux mâchoires, allongée suivant le grand axe de la tête, et percée de deux ouvertures : l'nue antérieure, circonscrite par les lèvres; l'autre postérieure, séparée du pharynx par le voile du palais. Six régions principales sont à étudier dans la bouche : les lèvres les 320 STRUCTURE. — FONCTIONS. joues, le palais ou voûte palatine, le voile du palais, les dents, et la langue. a. — LÈVRES Les lèvres (27) sont au nombre de deux : une supérieure &[ une infé- rieure, réunies de chaque côté par une commissure. Elles sont recouvertes, extérieurement, par la peau qui est fine et tapissée de poils soyeux et courts, parmi lesquels on remarque de longs crins raides servant d'organes de tact ; intérieurement, par la mu- queuse buccale. Entre ces deux membranes existent des vaisseaux (artères palato-labiales et coronaires), des ?ier/'s (facial et cinquième paire encéphalique), des glandules saliraires et des muscles. Ceux-ci ont été précédemment étudiés à propos du HT plan. h. — JOUES Les joues closent latéralement la cavité buccale et comprennent dans leur structure : une couche externe, cutanée; une couche moyenne, glandulaire et musculaire (voy. III' plan); uue couche interne, muqueuse; des vaisseaux et des nerfs. C. — PALAIS Le palais, ou voûte palatine (J), constitue la paroi supérieure de la bouche. Il se trouve circonscrit par les dents molaires, les incisives supérieures et le voile du palais. La muqueuse qui tapisse cette région est plus épaisse que sur les autres points de la bouche et présente un sillon médian qui la par- tage en deux moitiés égales. Chacune de celles-ci est elle-même di- visée en un certain nombre de sillons transversaux (vingt environ), à concavité tournée en arrière. Le palais renferme des ner/s et deux artères volumineuses dites pa- lato-labiales. Celles-ci marchent parallèlement l'une à l'autre sur les côtés de la région, jusqu'au trou incisif (Voy. Appendice, I, Os de la tête, petit sus-maxillaire), dans lequel elles s'engagent après s'être réunies en un tronc unique. TÊTE. 321 '/. — VOILE DU PALAIS Le voile du palais {]') représente uue espèce de soupape inusculo- membraneuse située entre la bouche et le pharynx, qu'elle sépare. Sou bord autérieur, coulinu avec le palais, est attaché sur l'arcade palatine. Son bord postérieur, seul libre, embrasse étroitement la base de l'é- piglotte, le plus généralement reuversée sur la face postérieure du voile ; il est continué à ses extrémités par deux prolongements amincis, les piliers postérieurs, qui gagnent les parois latérales du pharynx. En raisou du grand développement du voile du palais chez les soli- pèdes, son bord postérieur ferme complètement, dans les intervalles de la déglutition, l'ouverture par laquelle la bouche communique avec le pharynx, c'est-à-dire Vialhme du gosier : d'où l'impossibilité à peu près absolue, pour le cheval, de respirer par la bouche. Le voile palatin comprend dans sa structure : une membrane fibreuse, une membrane muqueuse, des glandules salivai/ es, des vaisseaux^ des «e//s,etdes »2«4c/e*. Ceux-ci ayant été précédemment étudiés (XI'' plan), nous n'y reviendrons pas ici. La langue (24) s'étend depuis le fond de la bouche jusqu'aux dents incisives, entre les deux branches du maxillaire inférieur, où elle repose sur l'espèce de sangle que forment, en se réunissant, les deux muscles mylo-hyoïdiens. On peut y reconnaître trois faces, trois bords, et deux extrémités. La face supérieure ou dorsale est hérissée de nombreux prolonge- ments ou papilles qui lui donnent un aspect tomenteux. « Deux de ces papilles, remarquables par leur énorme volume, leur apparence Ioi)uIée et la situation qu'elles occupent au fond de deux excavalions placées côte à côte, près de la base de l'organe, sont nommées lacunes de li langue, ou trous borgnes de Morgngni (1). » Les faces latérales présentent des orilices de quelques glandules lin- guales. (I) A. Ghauveau et S. Arloiug, /oc. cit., p. 3o(i. Le Cheval. 21 3:>2 STRUCTURE. — PONCTIONS. h'eah'émité poslérieiire, ou hase, offre deux replis la réunissaut, de chaque côté, au voile du palais ; ce sont \e?. piliers postérieurs de la hm- (jue, comprenant daus leur inlérieui' un volumineux amas de gltaidules salivaires. \J extrémité antérieure est tout à fait indépendante à partir du milieu de l'espace inlerdentaire et prend, pour celle cause, le nom Repartie /i'NERVAriON " Centre perceptif, qui reçoit les excitations développées à la péri- phérie des organes et dans l'épaisseur de leur substance, centre excitateur, qui porte le mouvement à tous les autres tissus, siège des- facultés instinctives et intellectuelles, préposé ainsi à la plus grau- diose finalité physiologique (2) », l'appareil de l'innervation comprend une partie centrale logée dans le canal rachidieu [axe encéphalo-rachi- dien constitué par la modle épinière et Y encéphale), et une partie périphérique représentée par une double série de cordons blancs, les nerfs, s'échappant latéralement de la tige centrale et se distribuant dans toutes les parties du corps (voy. I" partie. Généralités). Seul visible sur la coupe verticale de la tête et de l'extrémité supérieure du cou, que figure le plan Xll, l'axe central de l'appareil nerveux sera spécialement examiné dans ce paragraphe. (1) G. Colin, loc. cit.,]). 491. (2) A. Chauveau et S. Arloing, loc. cil., p. Gi>i. TÈTE. 333 Toutefois, afin d'éviter certaines répétitions inutiles, certains détails superflus quand nous examinerons les différentes régions du ■corps ou des membres et qu'il nous faudra figurer les nerfs qui se distribuent dans ces régions, nous dirons en même temps un mot de l'ensemble du système nerveux ou plutôt des rapports que chacune de ses divisions ou subdivisions entretient avec le reste de l'appareil. L'axe central du système nerveux comprend une partie allongée, la moelle épitiière, terminée par un renflement antérieur, Xencéphale. 11 est doublement protégé par un étui osseux, le canal rachidien et la holte crânienne, et par trois enveloppes, qui le séparent de l'élui précédent. Nous allons tout d'abord dire un mot de ces parties enveloppantes et protectrices. « a. — PARTIES ENVELOPPANTES ET PltOTECTRICES 1. Étui osseux. 1° Canal rachidien (P). — Étui protecteur de la moelle épi- nière, ce canal communique en avant avec la cavité crânienne et résulte de la réunion des trous vertébraux, ouvertures dont chaque vertèbre se trouve percée d'avant en arrière. Très large au niveau de r«//«i'(CC), il se rétrécit subitement dans Vaxis (DD), pour se dilater vers la base du cou et le commencement de la région du dos, diminuer de nouveau dans la partie moyenne de cette dernière région, s'agrandir encore au niveau de l'articulation de la tige rachidienne avec le membre postérieur, et enfin disparaître vers la quatrième ou cin- quième vertèbre coccygieune. 2° Cavité crânienne (0). — Destinée à loger l'encéphale, cette cavité constitue une boîte irrégulièrement ovoïde dont les parois sont formées par le frontal, le pariétal, l'occipital, l'elhmoïde et les tem- poraux (voy. appendice, 1, Os de la tête). En haut et en arrière, sur la ligne médiane, elle présente la protubérance occipitale interne (A) qui, avec ses deux crêtes latérales, concourt à diviser la cavité en deux compartiments : l'un, postérieur, contenant lecervelet (2); l'autre, an- térieur, plus grand, venïevmaiUl les hémis/t/ières cérébraux (1). Inférieurement, elle est en grande partie constituée par la face supé- '■rS'i STRUCTURE. — FONCTIONS. rieiire de Vapophyse hasilairc, comme le figure Irès bien la plan- che Vil (B). Vexirémilé postérieure de la cavité crânienne présente le trou occipital, qui la fait communiquer avec le canal racliidien. Enfin, Ve.rtréinité antérieure offre, dans le plan médian, Vapopliyse erista-galH (Nj de l'ethmoïde. 2. Enveloppes membraneuses. Désignées d'une façon générale par le nom de méninges et dis- tinguées en méninge externe, méninge moyenne et méninge interne, ces membranes sont plus connues sous les noms de dure-mère, d'arar//- noide, et de pie-mère. r Dure-mère. — De nature fibreuse, cette membrane est immé- diatement en rapport avec l'étui osseux ëucépl;ialo-racliidlen. 2° Arachnoïde. — L'arachnoïde représente une séreuse formée de deux feuillets : l'un, externe, se déploie à la face interne de la dure- mère ; l'autre, interne, s'étend par l'intermédiaire de la pie-mère sur l'axe encéphalo-rachidien, dont le sépare encore le hquide ou fluide céphalo-rachidien. 3° Pie-mère. — Membrane cellulo-vasculaire, la pie- mère se trouve placée entre l'arachnoïde et l'axe cérébro-spinal, dont elle est l'enveloppe immédiate. b. — MOELLE ÉPINIÉRE La moelle épinière (XU, 10', et ^fig. 128 du texte), mise cà nu dans sa partie antérieure seulement par la section verticale de la tète ot de l'extrémité supérieure de l'encolure, que représente le plan XII, est la portion de l'axe central du système nerveux occupant le canal rachidieu. Quoique sa description ne trouve pas logiquement sa place dans ce chapitre, nous avons cru devoir l'y faire rentrer, tant par suite de la disposition particulière de la planche VU, que pour bien montrer les rapports intimes qui existent entre la moelle épinière et l'encéphale, et ne pas scinder, enfin, la description des deux parties d'un même tout : l'axe eucéphalo-rachidieu. TETE. 33.-: Conformation extérieure. — La moelle fait suite au bulbe (voy. Encéphale) et se termine en poiutë dans le canal sacré, oîi on la voit se diviser en uue iufinilé de cordons nerveux dont l'ensemble est connu sous le nom de qunie do cheval . Son poids est de 300 giammes environ chez l'animal de taille moyenne. Elle a la forme générale d'un cylindre légè- rement déprimé de dessus en dessous et pré- sente, de distance en distance, des renflements correspondant aux dilatations du canal raclii- dieu. Sur la ligne médiane régnent, dans toute la longueur de l'organe, deux sillons profonds et très étroits : l'un supérieur^ l'autre inférieur, dans lesquels s'enfonce la pie-mère. 11 s'ensuit que l'axe médullaire est divisé eu deux moitiés latérales, dont chacune donne naissance à la double ligue d'origine des racines supérieures et inférieures des nerfs rachidiens, racines qui viennent se rassembler en faisceaux en regard des trous de conjugaison du rachis (tig. J28 du texte), ainsi que nous l'avons vu dans nos gé- néralités, en parlant de l'appareil de l'innerva- tion dans son ensemble. Il est à remarquer, d'un autre cùté, que la moelle épinière ne remplissant jamais tout le canal rachidien, celui-ci peut se plier dans tous les sens et exécuter des mouvements très éten- dus sans la comprimer ou la tirailler. Conformation intérieure. — La moelle épinière se trouve constituée par une colonne de mhs- tance blanche renfermant une autre colonne de substance grise dont l'axe est occupé par un canal central. Une coupe verticale de l'axe médullaire Fig. 128. — \'ue générale de la moelle épinière. A, i-enflemcnt cervical. Ij, renflement lombaire. C, nerfde laqueue de clieval. 336 STRUCTURE. — FONCTIONS. (fig. 129 du texte) montre encore les deux sillons (1) que nous avons décrits àpropos de la conformation extérieure de l'organe. Elle fait voir, enfin, que, par suite de la disposition de la substance grise en forme d'H majuscule, la matière blanche se divise, dans chaque moitié latérale de l'axe spinal, en trois cordons secondaires : l'un, supérieur, donnant Fig. 129. — Coupe verticale de la moelle épiiiière du cheval grossie deux fois (région lombaire). 1, sillon médian supérieur. 2, sillon médian inférieur. 3, 3, sillons collatéraux supérieurs. 4, k, sillons collatéraux inférieurs. .'>, commissure grise. G, commissure blanche. 7, 7, cornes grises supérieures. 8, 8, cornes grises inférieures. 0, canal ccjitral. naissance aux racines sensilives des nerfs rachidiens; un autre, infé- rieur, duquel émergent les racines motrices; le troisième, latéral, mal séparé de l'inférieur, avec lequel il se confond superficiellement. Structure. — Deux substances entrent, comme nous le savons, dans la structure de la moelle : l'une, ô/a/it/^c, extérieure; l'autre, (/risc, intérieure. Propriétés de la moene épinière. La moelle épinière est à la fois sensible et excitable; mais toutes ses parties ne jouissent pas des mêmes propriétés : les cordons supérieurs sont sensibles; les inférieurs sont excitables ou excite - moteurs. Quant à l'axe gris, il est insensible aux stimulations ordi- naires, et inexcitable, comme l'est la substance grise dans les diverses parties de l'encéphale; c'est par lui que s'effectue la transmission des (1) Il est à remarquer que ces sillons restent séparés par deux minces rubans de matière nerveuse : l'un, inférieur, formé de substance blanche (commissurv blanche); l'aulre, supérieur, constitué par de la substance grise {commissure grise). TÊTE. 337 impressions sensitives. Si l'on irrite les cordons supérieurs de la moelle dénudée sur l'animal vivant, celui-ci éprouve immédiatement nue violente douleur se traduisant par des gémissements et des cris accompagnés de fortes secousses musculaires dues à l'action réflexe, comme nous le verrous dans un instant. Au contraire, les piqûres de slylet faites à leur surface, la compression de leur substance à l'aide de pinces très fines, provoquent excliisivemenl des contractions plus ou moins violentes dans les membres postérieurs. La moelle jouit, en outre, àe jiropriétés conductrices très importantes : elle transmet de l'encéphale aux muscles les ordres de la volonté, et porte à l'encéphale les diverses impressions sensilives reçues dans toutes les parties du corps. « Les expériences les plus simples le montrent très clairement, dit M. Colin : Si l'on coupe la moelle épinière en travers, sur un point quelconque de son étendue, comme l'a fait M. Floureus, et qu'on vienne ensuite à irriter les parties en arrière delà section, l'animal n'eu éprouve aucune douleur, parce que les impres- sions ne peuvent plus, par suite de la solution de continuité, se pro- pager aux centres sensitifs; mais ces parties sont encore susceptibles de se contracter, puisque le principe de leurs mouvements non volon- taires vient directement de la moelle épinière, comme nous le verrons plus loin. Si, au coutraiie, on porte l'irritation sur les parties en avant de la section et liées au tronçou antérieur, il y a douleur et convulsions, comme si l'organe était intact (1)» Il est à remarquer, d'un autre côté : 1° que les impressions sen- sitives sont transmises de la périphérie à l'encéphale par l'intermé- diaire de l'axe gris de la moelle, et que les incitations motrices le sont de l'encéphale à la périphérie par les cordons inférieurs et laté- raux, et par la substance grise; 2° que l'action de la moelle, sans être entièrement directe, l'est au moins en grande partie et en faible partie croisée; c'est ainsi qu'une hémisectiou de la moelle, dans la région cervicale, détermine, en général, la paralysie complète du côté de la lésion et un certain affaiblissement du côté opposé. L'axe gris de la moelle n'agit pas seulement comme conducteur; il possède encore une propiiété très curieuse à étudier : celle connue sous la dénomination d'aef/on réflexe. Cette action consiste (I) G. Colin, loc. cit., p. i:J6. Le Cheval. 338 STRUCTURE. — FONCTIONS- dans une impression produile sur un nerf seusilif [voie centrrpèlé) et transmise à la moelle qui, la réfléchissant sur un nerf moteur [voie cen- Irifuge), détermine des mouvemeuls très variés. Ainsi, la substance grise de la moelle suffit pour transformer la sen- sibilité en mouvement^ et, le plus souvent, elle le fait toute seule, sans qu'il y ait intervention delà fonction cérébrale. Elle joue donc un rôle de centre très important. Parmi les nombreux exemples de mouvements réflexes que' cite M. Colin, nous choisirons ceux-ci : la rétraction d'an ou de deux membres, à la suite du pincement de la peau d'un des membres surun animal décapité, mammifère ou reptile; les mouvements ondulatoires du corps des serpents privés de la tête; les secousses coiivulsives des muscles abdominaux et autres, lors des efforts de vomissement; la contraction de la vessie ou du rectum sous l'influence de la distension exagérée de ces réservoirs par l'urine ouïes matières stercorales, etc. D'ailleurs, tous les organes, d'après M. Malhias Duval, présentent à étudier dans leur fonctionnement une série de réflexes oti l'on voit la moelle agir, «non comme un auxiliaire du cerveau, mais comme un cen- tre qui, dans certains cas, peut se suffire parfaitement à lui-même (1). » La locomotion, par exemple, est un simple phénomène réflexe. La plupart du temps, en effet, les animaux marchent sans le savoir; le cerveau n'intervient qu'à certains moments, pour régler la marche. Le mouvement respiratoire dépend également de la moelle ; c'est elle qui préside à son rythme régulier. Les phénomènes de sécrétion, enfin, sont d'autres réflexes qui se font encore plus que les précédents à notre insu, etc,, etc. Les actes nerveux réflexes s'exécutent par l'intermédiaire des nerfs du système cérébro-rachidieu ou des branches du grand sympathique. Ils sont, dans tous les cas, involontaires. « Pour que l'action réflexe se produise, dit d'autre part M. Colin, il faut que la moelle puisse réagir. Les réactions sont d'autant plus prononcées qu'elle est mieux isolée de l'encéphale. Tous les expéri- mentateurs ont effectivement remarqué que les phénomènes réflexes présentaient leur maximum d'intensité après la décapitation ou la section de la moelle (2). » (1) Mathias Duval, loc. cit., p. 74. (2) G. Colin, loc. cit., pp. 143 et! 45. TÊTE. 339 Il existe des centres réflcres spéciaux de la moelle, c'est-à-dire « àe% localJsatio)is fonctionnelles médullaires ïovva^ni comme le premier échelon de la série des localisations plus élevées qu'on a établies dans les organes de la base de l'encéphale (1). » Aussi, est-ce tou- jours tel ou tel muscle, tel ou tel groupe de muscles qui entre en action, selon que telle ou telle partie de la peau a été excitée, si, tou- tefois, le phénomène réflexe est resté circonscrit et ne s'est pas irra- dié de manière à produire des contractions générales. V encéphale est le renflement antérieur de l'axe central du système nerveux logé dans la boîte crânienne. 11 représente une masse ovalaire allongée d'avant en arrière et légè- rement déprimée de dessus en dessous. Contrairement ta ce que nous avons vu pour la moelle, cet organe remplit à peu près entièrement la cavité qui le contient. Il s'ensuit qu'il ne peut se mouvoir que difficilement dans sa cavité de réception. Le poids moyen de l'encéphale du cheval est de 650 grammes. Il se divise en trois parties : le cerveau, le cervelet et Yisthme de r encéphale , que nous allons étudier successivement. r Cerveau. — Situé en avant de l'encéphale, dont il constitue la partie la plus importante, le cerveau (XII, 1, et fig. 130 du lexte)est divisé en deux lobes, dits hémisphères cérébraux, allongés d'avant en arrière, déprimés de dessus en dessous, et profondément divisés en haut, en avant et en arrière, par une scissure médiane, ou scissure interlobaire. La masse du cerveau doit être examinée extérieurement et inté- rieurement. Conformation exiérienre . — Chaque hémisphère cérébral représente un segment d'ovoïde symétrique avec celui du côté opposé, dans lequel on peut considéi-er quatre faces et deux extrémités. Les faces supérieure et externe sont convexes et répondent au iila- fond et aux parois latérales de la cavité crânienne. L'inférieure repose sur le plancher de cette même cavité. L'interne, plane, répond à l'autie (1) Malhias Diival, /of. cit., p. 81. 3'iO STRUCTURE. FONCTIONS. li(''niisplière par rintermédiaii'e di; la f'aulc du cerveau, lame verticale émanaul de la dure-nière encéphalique. V extrémité poslérieitro répond an cervelet, h'e.rtréinité antérieure ne. loge dans l'excavalion formée par le frontal et le spliéuoïde de chaque côté de l'apophyse cristn-galli. Si l'on recherche les particularités auatomiques qui se dessinent à 'l Fig. I3U. - I, bulbe rachidien. ?, lobe moyen du cervelet. •!. 3, lobes latéraux du môme. Vue goiierdli' de l'ciiceplioli» (face «up^iieure) 4. 4, licmispliores cérébraux. U, scissure intorlobairo. G. G, lobules etlimoîdaus. la surface extérieure de chaque hémisphère, on trouve : 1° sur les faces supérieure et latérales, un grand nomhre de saillies dites cir- convolutions cérébrales (XII, 3), conlouruées de mille manières diffé- rentes et séparées par des sillons plus ou moins profonds auxquels on a donné le nom iVurifractuosités (Xll, ]); 2° sur la face inférieure, une éminence allongée, le lobuie mastdide oO sphèndidal (fig. 1.31 du texte, 10); un sillon Iransverse appelé sdsHure de Si/lvius (fig. 131 du texte, 12); enfin, un lohule détaché constituant le A'/'(//e o//ffC///' nu et/imoïdal {i\g. 131 du texte, 13). Conformation mtérioure . TÈTE. 341 En écarlaut l'un de l'aiifre les deux Fig. 131. — Vuo générale de l'encéphale iface inférieure 1, extrémité postérieure du bulbe rachidiin. 2, ?, pyramide du bulbe. 3, 3, faisceau latéral ou intermédiai^-e du bulbe. 4, 4, bandelette transverse qui formo le faisceau en avant. 5, protubérance annulaire. 6, G, pédoncules cérébraux. 7, glande pituitaire. 8, tubercule cendré. 9, hémisphères cérébraux. 10, lobule mastoïde. 11, noyau extra-venticulaire du corps strié, com- pris entre hs deux racines du lobe olfactif. 13, scissure de sylvius. 13. 13, lobules olfactifs. 14, commissure des nerfs optiques. 1."), troisième pnire crânienne. IG, racine seiisitive de la cinquième paire, n, racine motrice de la môme. 18, ganglion de Casser. Il), tronc commun au nerf maxillaire supérieur et au nerf ophtlialinique. 20, origine du nerf maxillaire inférieur. 21, sixième paire. 22, septième paire. 23, huitième paire. 24, neuvième paire. 25, dixième paire. 2G, onzième paire. 27, douzième paire. 2fi, plexus choroïde du cervelet. hémisphères cérébraux daus leur partie supérieure, on découvre, ;i't2 STRUCTURE. — PONCTIONS. au fond de la scissure interlobaire, la grande commissure dési- gnée sous le nom de corps calleux (XH, 4, et fig. 132 du texte, 1). « Si l'on enlève ensuite, avec l'instrument tranchant et au moyen d'une coupe horizontale, toute la portion des hémisplières qui recou- vre cette commissure; si, de plus, on excise celle-ci dans une certaine étendue à droite et à gauche de la ligne médiane, on pénètre dans deux cavités symétriquement disposées au centre de chaque hémis- phère. Ces cavités portent le nom de ventricules latéraux ou cérébraux. « Elles sont séparées, dans le plan médian, par une mince cloison, le septnm Iticirlum, attachée au corps calleux par son bord supérieur, ^^^^.^' Fig. i:!2. — Partie antérieure des ventricules latéraux, ouverte par l'ablation du plafond (chez le cliien). 1, corps calleux. 2, partie antérieure de ce corps calleux renversée en avant apris la destruction du septum luci- duni pour découvrir le trigone cérébral (•!. 3). 1, liippocampe. 5, bandelette de l'iiippocanipe. G, plexus choroïde. 7, corps strié. implantée par son bord inférieur sur le trigone cérébral (fig. 132 du texte, 3.3), sorte d'arcade impaire et médiane sous laquelle existe le trou de 31onro, c'est-à-dire l'orifice chargé d'établh- une communica- tion entre les deux ventricules. « Sur le plancher de ces cavilés s'observent deux grosses éminences, les corps striés [fig. 132 du texte, 7.7), eiV/ùppocaiupe ou corne (fAni- mon (fig. 132 du texie, i), avec un cordon vasculaire, d'apparence grenue, formant le plexus choroïde cérébral (fig. 132 du texte, 6), dépendance de la toile choroïdienne [l) » , laquelle n'est autre chose qu'une expansion vasculaire émanant elle-même de la pie-mère. (1) Chauveau et Arloing, loc. cit., p. 73o. TETE. 34.'{ Structure. — Deux substances : Vane grise, exlérieiire, l'autre b/ait- c/ic, intérieure, eulreiitdans la structure du cerveau. Il est à remarquer que ces deux substances affectent là une dispo- sition contraire à celle qu'on observe dans la moelle épinière, où la substance grise occupe la profondeur de l'organe. 2° Isthme de l'encéphale. — L'ist/ime, ou moelle allonger (XII, 6, 7, 8, 9, lOetfig. 130, 131, 133 et 134 du texte), comprend des parties blancbes et grises qui supportent le cervelet et établissent l'union de celui-ci et de la moelle épinière avec le cerveau. Ces parties sont, d'après MM. Cliauveau et Arloing : 1° le bulôe rachidien; 2° la protubérance annulaire; 3° les pédoncules cérébraux; 4° les pédoncules cérébelleux; 3° la valvule de Vieussens ; Q" les tubercules (jvadrljumeaux ; 7° les couches optiques ; 8° les glandes pinéale et piluiluire. Conformation extérieure. — L'isthme de l'encéphale peut être divisé en quatre faces et deux extrémités. La face inférieure (fig. 131 du texte) est convexe et repose sur la gouttière basiiaire. Elle se trouve croisée, à peu pi'ès dans sa partie moyenne, par un épais faisceau de fibres arciformes consti- tuant la protubérance annulaire, le jwnt de Varole ou le mésocéphale (tig. 131 du texte, 5), qui présente l'origine apparente des nerfs de la cinquième paire encéphalique ou nerfs trijumeaux. Tout ce qui se trouve en arrière de ce faisceau appartient au bulbe rachidien (XII, 10, et fig. 131 du texte, 1, 2, 3, 4), gros pédoncule de couleur blanche, aplati de dessus en dessous et plus lariie en avant qu'en arrière, sur lequel prennent naissance les sixième, septième, huitième, neuvième, dixième, onzième et douzième paires nerveuses encéphaliques. Ce qui existe eu avant du mésocéphale forme le?, pédoncules cérébraux (Xir, 9, et fig. 131 du texte, 6.0), fournissant les nerfs de la troisième paire. On peut encore considérer comme faisant partie de la face inférieure de l'isthme la. glande pitui/aire (XII, 7, et fig. 131 du texte, 7), pelil tubercule discoïde situé à l'extrémité antérieure de la scissure qui sépare les deux pédoncules cérébraux. La face supérieure (fig. 133 du texte), sur laquelle reposent le cer- velet et l'extrémité postérieure des lobes cérébraux, présente, d'ar- rière en avant : 1° la face supérieure du bulbe rachidien, creuset) 3i4 STRUCTURE. - FONCTIONS. d'une excavation qui constitue le plancher du qualrième ventricule et se termine, en arrière, par un angle taillé en forme de bec de plume, le calamus scriptor/us (fig. 133 du texte, 5); 2' \q% pédoncules du cervelet ou pédonailes cérébelleux (lig. 1 33 du texte, 2, 3, 4), gros et courts funi - cules latéraux atlachaut le cervelet sur la face supérieure de l'islhme et comprenant chacun trois fa'sceaux : un anlériew\ un postérieur, Fig. 133. — Vue supérieure de l'isllime encéphalique. ?, 3, 4, coupes des pédoncules du cervelet. 5, plancher du ventricule postérieur. G, valvule de Vieussens. 7, 7, tubercules testes. 8, 8, tubercules nates. 9, 9, couches optiques. 12, corps strié. H, glande pinéale. 15, pédoncule di'. cette glande. 10, ouverture commune antérieure. 17, 17, piliers antérieurs du trigone. 18, nerf irijumeau. 19, nerf f.cial. 20, nerf auditif. 21, nerf glo-iso-pliaryngien. 22, nerf pneumogastrique. 23, nerf spinal. un moyen; 3" la valvule de Vieussens, mince lamelle blanche qui réunit l'un à l'autre les deux pédoncules cérébelleux antérieurs ; 4° les tuber- cules quadrijumeaua: ou hit/éminés {i\g. 133 du texte, 7.7, 8.8), qui for- ment, en arrière des pédoncules cérébraux, quatre éminences arron- dies accolées deux à deux, et divisées en postérieures ou éminences testes, et antérieures, ou éminences nates; 5° les couches optiques TETE. 3 '.5 i(XlI, 0, et lig. 133 du lextc, 9.9), qui représentent l'iiue et l'autre .une surface de couleur grise située en avant des tubercules quadri- juineaux, au-dessus de la partie antérieure des pédoncules cérébraux. -Ou trouve encore, sur la face supérieure de l'isthme encéphalique, ■nue espèce de petit tubercule ou de ganglion appendiculaire, de cou- leur rouge-brun, en forme de pomme de pin, auquel on a donné le ;iiom de g/ande pméale ou coiarium {\ll, 5, et fig. 134 du texte, 10). Fig. 1-34. — Coupe médiane etvoiticale de roncépliale. 1, coupe de bulbe radiidien. 2, coupe de la protubérance annulaire. :i, foiipe des pédoncules cérébraux. 1, coupe du cervelet montrant l'arbre de vie. h, ventricule postérieur couvert par le cervelet. 6, aqueduc de Sylvius. 1, coupe de la valvule de Vieussens. 8, tubercules nettes. 0, extrémité interne de l'iiippocampe. 10, coupe de la glande pinéale. 13, ventricule moyen. Il, ouverture commune antérieure ou trou de Monro. 1(1, commissure grise. 17, commissure Ijlaiiclie antérieure. 19, coupe de la glande pituilaire. 21, coupe du cliiasma des nerfs optiques. 2?, coupe du tiigone cérébral. 3.3, coupe du corps calleux. 24, SI ptum lucidum. 25, circonvolutions cérébrales. 2G, lobule olfactif. •Les faces latérales ne présentent rien de particulier à signaler. Uextréinité postérieure se confond insensiblement avec la moelle <^pinière. h' extrémité antérieure se prolonge dans la partie des hémisphères du •«erveau connue sous le nom de corps striés. Conformation intérieure. — L'isthme de l'encéphale est creusé, au ■niveau des couches optiques, d'une cavité centrale dite ventricule moyen, allongée dans le sens antéro-postérieur et aplatie d'un côté à l'autre (fig. 134 du texte, 13). •■i1« STRUCTURE. — FONCTIONS. Celle cavité communique avec les ventricules latéraux par Voiiver- ture commune antérieure (fig. 134 du texte, 14), ou trou de Monro et se prolonge en arrière, sous les tubercules quadrijumeaux, par un con- duit nommé aqueduc de Sylvius (tig. 134 du texte, G), qui aboutit, sous la valvule de Vieussens (fig. 13i du texte, 7), dans le ventricule postérieur ou cérébelleux (fig. 134 du texie, 5), autre cavité comprise entre le cer- velet et la face supérieure du bulbe rachidien, qui lui sert de plancher. Structure. — L'isthme de l'encéphale n'étant qu'un prolongement de la moelle épinière se rapproche beaucoup de celle-ci par sa struc- ture, surtout dans la partie postérieure de l'organe, « les caractères communs d'organisation s'effaçant au fur et à mesure qu'on se rap- proche de l'extrémité antérieure n (1). La substance grise, beaucoup moins abondante que la substance blanche, se trouve reléguée profondément dans la profondeur de l'or- gane, de même que dans la moelle. Une parlicularilé très importante à signaler, c'est la disposition spé- ciale des cordons de la moelle à son extrémité antérieure : Les cordons latéraux inférieurs se massent en petits faisceaux distincts, qui pénètrent dans la substance grise et vont bientôt la traverser en- tièrement de dehors en dedans et d'arrière en avant, pour s'entre- croiser, ceux de droite avec ceux de gauche, au niveau du collet du bulbe. Quant aux cordons supérieurs, ils ne commencent à s'entre-croiser que lorsque l'entre- croisement des précédents est terminé. 3° Cervelet. — Le cervelet est situé à la partie postérieure de l'encéphale, au-dessus de l'isthme, sur lequel il se trouve fixé à l'aide de deux pédoncules latéraux; il occupe le compartiment postérieur de la cavité crânienne (XII, 2, et fig. 130 et 131 du texte). Conformation extérieure. — Cet organe constitue une masse pres- que réguhèrement sphéroïdale parcourue à sa surface par de nombreux sillons. Entre sa face inférieure et le bulbe rachidien se trouve une petite masse grenue etrougeàlre, formée de houppes vasculaires, dite/y/^jv/v chordide cérébtdleux. Conformation intérieure. — Par sa face inférieure et la face interne (1) A. Chauveau et S. Arloing, /oc. dU, p. 720. TETE. 347 de ses pédoncules, le cervelet concourl à former la cavilé que nous connaissons déjà sons le nom de ventricule iiostérieur ou cérébelleux. Structure. — Comme toutes les autres parties de l'axe central du système nerveux, le cervelet est composé d'une substance grise, exté- rieure, et d'une substance blanche, intérieure, aiïectant une belle dis- position arborisée, que les anciens anatomistes ont désignée sous le nom A' arbre de vie (lig. I3i du texte, 4). Propriétés de l'encéphale. 1° Propriétés du cerveau. — Bien que doué de propriétés extrêmement importantes, le cerveau est insensible à la douleur phy- sique et inexcitable. « Il m'est arrivé souvent, dit M. Colin, de mettre à découvert le cerveau du cheval dans une assez grande éten- due, puis d'apphquer sur les circonvolutions un pinceau d'acide azo- tique, d'y enfoncer ensuite à plusieurs reprises une aiguille, un stylet ou un autre instrument tranchant, dans diverses directions et à diverses profondeurs, et enfin d'enlever des couches de substance cérébrale, sans que l'animal parût en éprouver la moindre douleur, sans qu'il lit le moindre effort pour se soustraire à ces actions mécaniques (I). » Nous allons passer successivement en revue chacune de ses parties. Hémisphères cérébraux. — Le rôle des hémisphères cérébraux est complexe ; s'ils sont insensibles aux lésions physiques et incapaltles de provoquer, sous l'iufluence de ces lésions, la moindre action motrice, ih perçoivent les impressions produites sur les se/is, les convertissent en sensations et donnent conséquemmeut à l'animal conscience de lui- même et du monde extérieur; ils exercent, déplus, une influence inci- tatrice sur les mouvements et sont le siège des manifestations de r instinct et de r intelligence. Les phénomènes de perception se divisent en ceux qui nous donnent des renseignements précis sur les objets extérieurs : ce sont les sen- sations spéciales (vision, audition, etc.), et ceux nommés sensations générales: la douleur est le type de cette seconde espèce de sensations. Les sensations générales, dont nous nous occuperons exclusivement ici, peuvent ^tre vagues, comme le malaise général que fait éprouver (I) (i. Colin, loc. cit., p. 92. '•^''^ STRUGTURI-:. — FONCTIONS. un commencemenl d'aspliyxie, ou ioca/isres, comme celle d'une brû- lure sur un point de noire tégument. Dans ce dernier cas, il est à remarquer que la sensation est toujours excentrique, quel que soit le point où le nerf est atteint; même quand le centre nerveux est direolement atteint, c'est à l'extrémité périphé- rique du nerf sensitif en rapport aven le centi-e que nous localisons la sensation. " Ces considérations, dit M. Matliias Duval, nous donnent la clef du mécanisme par lequel se produisent les halhicinations, dont la caus(^ réside dans l'encéphale et qui donnent lieu à des sensations que le malade rapporte à la périphérie (i). » Enfin, les sensations présentent encore ce fait particulier qu'elles peuvent être comme cminagasinêes dans les organes cérébraux; les impressions s'y fixent, pour reparaître plus tard : ainsi se produisent les phénomènes désignés sous le nom de mémoire. «Tous ces phénomènes (perception avec mémoire, idées, volonté) sont aujourd'hui parfaitement localisés dans la couche grise corti- cale des circonvolutions cérébrales; cette partie des hémisphères cérébraux est, en un mol. le siège des facultés intellectuelles et ins- tinctives (2). » Les propriétés du cerveau onl, d'ailleurs, été mises hors de doute par l'expérimentation directe sur des animaux vivants. Ainsi, lorsqu'on enlève les hémisphères cérébraux sur un mammifère ou un oiseau, sans léser les autres parties de l'encéphale, « l'animal continue à vivre pendant quelque temps dans une sorte de torpeur. Sa sensibilité générale estémonssée et ses mouvements affaiblis. 11 semble avoir perdu l'usage de ses sens, la spontanéité, l'intelligence, la volonté Dès qu'un cheval a le cerveau enlevé, il est à peine affecté par de profondes piqûres ou de grandes incisions cà la peau; le bruit que l'on fait autour de lui ne paraît pas l'émouvoir; la lumière la plus vive ne fait pas varier l'ouverture de la pupille ; le doigt porté brus- quement vers l'œil ne détermine pas de mouvements des paupières; l'ammoniaque mise à l'entrée des naseaux n'occasionne ni ébroue- ment ni rien qui indique une action sur la pituitaire; des substances amères placées sur la langue ne provoquent, ni dans get organe ni (1) Mutliias nuval, loc. cit., p. 108. (2) Malhias Uuval, hic. cit., p. 107. TETE. 349 dans les mâchoires, le moindre mouvemeul qui puisse poiler à peuser que ces substances ont impressionné les papilles guslalives; en nn mot, toutes les sensations semblent anéanties (1)... » Les hémisphères cérébraux sont encore le point de départ des vo- lilions qui commandent les mouvements; c'est ainsi que le cheval perd l'équilibre et tombe dès que ces organes sont enlevés; alors, dit M. Colin, l'affaissement musculaire est extrême, l'animal reste étendu sur le côté, avec les membres dans l'extension, le cou et la tête im- mobiles, la langue pendante hors de la bouche, les lèvres flasques, les paupières baissées^ les naseaux à peine dilatés, et cet élal, qu'aucune convulsion ne vient troubler, persiste jusqu'au moment de la morl. Toutefois, si l'on se borne à la destruction partielle d'un seul hé- misphère, l'animal peut quelquefois rester debout pendant un certain temps; à ce propos, M. Colin rapporte l'expérience suivante : un âne, auquel il avait enlevé la couche superficielle du lobe cérébral droit, se tint debout pendant une heure, tout en penchant un peu à gauche. Abandonné à lui-même, il restait immobile; mais, dès qu'on venait à l'exciter par des piqûres ou des coups sur les oreilles, il se met- tait à marcher très vite. Par moments même, il tournait du côté op- posé h la lésion. Eu se heurtant contre les murs, il tombait; mais on parvenait sans trop de peine à le faire relever. Puis, insensiblement, la prostration fit des progrès, et bientôt il ne fui plus possible de le faire marcher sans le soutenii'. 11 y a lieu de faire remarquer que l'action des hémisphères cérébraux sur les mouvements est croisée. C'est l'hémisphère droit qui stimule les muscles de la moitié gauche du corps, et vice versa (par suite de l'en- tre-croisemenldes cordons blancs de l'isthme). D'un autre côté, il est bon de dire que les lésions des hémisphères produisent plus difficile- ment la paralysie sur les animaux que sur l'homme. Il y a quelques mois, nous avons eu l'occasion de faire l'autopsie d'un cheval chez lequel, par suite d'un coup de pied dans la région du front, un abcès s'était développé à la face interne de l'os pariétal, entre celui-ci et la dure-mère, en avant de la face supérieure de l'hémisphère gauche. Du volume d'une grosse noix, cet abcès avait tellement comprimé la subs- tance cérébrale que celle-ci, débarrassée de ses enveloppes, conservait (1) G. Colin, lue. cil., 'p. 9i-. ."iSO STRUCTURE. — FONCTIONS. l'empreinte exacte de la lésion. Or, chirant les quinze jours qui se sont écoulés entre l'accident et la mort, l'animal n'a jamais manifesté les moindres symptômes d'hémiplégie, la plus petite tendance au tour- noiemenl. Enfin, la fonction essentielle et la plus élevée des hémisphères est celle qui a trait aux opérations instinctives et intellectuelles. « Après l'ahlation de ces hémisphères, dit M. Colin, l'animal peut vivre encore longtemps, se mouvoir automatiquement, respirer, digérer; mais il perd, avec ses sensations, la mémoire, le jugement, la volonté et les instincts les plus vivaces de son espèce; il devient tout à fait stupide; son existence se passe dans la torpeur, dans le sommeil... Il n'a pas même l'idée de pi-endre la nourriture qui lui est ofTerle, et se laisse- rait mourir de faim sur un tas d'aliments si une main étrangère ne les lui mettait dans la bouche... (1) ». On a remarqué que les facultés intellectuelles sont d'autant plus dé- veloppées que les circonvolutions cérébrales sont plus nombreuses, plus profondes ; c'est ainsi que, chez les animaux à cerveaux lisses, tels que les rongeurs et les ovipares, l'intelligence est bien inférieure à • celle des animaux à circonvolutions cérébrales bien marquées, comme l'homme, les singes anthropomorphes, la plupart des carnassiers, elc. On admet aussi que la masse de l'encéphale, et spécialement le cerveau, diminue en général de volume à mesure que l'intelligence s'affaiblit. Toutefois, cette diminution de volume ne suit pas exacte- ment la dégradation des facultés intellectuelles, comme il est facile de s'en rendre compte en comparant entre eux les animaux les mieux connus sous le rapport de leurs facultés. Le cheval;, par exemple, si on le classait d'après le poids proportionnel de son cerveau, viendrait après le plus obtus de tous les solipèdes, le plus stupide de tous les ruminants, et serait à peu près sur le même rang que le bœuf et la vache. Cet exemple prouve surabondamment que le volume de l'en- céphale ne peut faire apprécier exactement le degré d'intelligence de chaque espèce. Quoique toutes leurs parties n'aient pas exactement les mêmes fonctions ni les mêmes propriétés, comme nous le verrons dans un instant, c'est par leur ensemble et en masse que les hémisphères cé- (I) G. Colin, 'lcspari>:'talcs{P\. VII; fig. 1, D) et porte, à l'endroit où l'os se coude, une grosse éminence trans- versale dite protubérance occipitale externe (PI. VII ; fig. i. A), formant la base de la nuque. En arrière de cette éminence existe encore une autre saillie, la tubérosité cer- vicale, sur laquelle s'attache le ligament cervical. Enfin, plus bas, on trouve le trou occipital, qui fait communiquer la cavité crânienne avec le canal rachidien, el sur les côtés duquel sont : 1° deux condyles (PI. VII ; fig. 2, X, B, et fig. i39, 2.2, du texte) ; 2° deux apophyses slyloides (PI. VII ; fig. 2, X, C, et fig. 139, 3, du texte) séparées des condyles par l'échancrure st ijlo-condy tienne ; puis Vapophyse badlaiie, qui va à la rencontre du sphénoïde (PI. VII; fig. 2, X, L, et fig. 139 du texte, S), et, en dernier lieu, la ligne courbe supérieure (PI. VII; fig. I,B.B), prolongeant latéralement la protubérance occi- pitale. La face interne, concave, présente en avant une saillie trifaciée, la protubé- rance occipitale interne; en bas, la face supérieure de l'apophyse basilaire, et répond à l'encéphale. Par son contour, l'occipital s'unit au pariétal, à la portion tubéreuse du temporal et au sphénoïde. Postérieurement, ce contour est marqué par les côtés de l'apophyse basilaire et concourt ;\ la formation du trou déchiré (fig. 139 du texte, 6), vaste ouverture irrégulière pénétrant dans le crâne, et divisée par un ligament, à l'état frais, en trou déchiré antérieur et en trou déchiré poste- rieur. 2° Pariétal (PI. Vil ; fig. 1, C). — Cet os s'incurve en voûte pour former le plafond de la boîte crânienne et se trouve borné, en haut, par l'occipital; en bas, par le frontal; latéralement, par les temporaux. Il présente à étudier une face externe, une face interne et un contour. La face externe, convexe, rugueuse, est divisée par deux crêtes courbes dites pariétales (PI. VII; fig. 1, D), qui, divergeant en bas, vont se réunir au bord supérieur de chaque orbite. La face interne, concave, porte sur la ligne médiane une crête dite gouttière sagittale, et forme le plafond de la boîte crânienne. Par son contour divisé en quatre bords, le pariétal s'articule avec les os voi- sins. 3° Frontal (PI. VII ; fig. 1 , E). — Coudé à angle droit sur les côtés, le fron- tal concourt à former la voûte crânienne et une partie de la face. Il est borné : en haut, parle pariétal ; en bas, par les sus-nasaux et les lacry- maux; de chaque côté, par les temporaux. On lui reconnaît une face externe, une face interne, et quatre bords. La face externe est divisée par la double coudure de l'os en trois parties : une médiane et deux latérales. La première, convexe dans le jeune âge, aplatie à l'âge adulte, présente, de chaque côté, une éminence dite apophyse orbi- TETE. 365 Fig. 137. — Os antérieurs de la têle d'un fu3tus à tenue (clieval), désarticulés et vus en an-icre. A, occipital. 1, condyle. 2, trou condylien. 3, apopliyse styloide. 4, sommet de l'apnpliyse basilairc. B, pariétal. 8, protubérance pariétale. 9, gouttière qui concourt à la formation du con- duit pariéto-tcmporal. C, frontal. 10, relief transversal qui sépare la portion crâ- nienne de l'os de la fraction faciale. 11, sinus frontaux. 14, sommet de l'apophyse orbitaire. 15, trou sourciller. D, tanic i.er/iendiculaire de l'ethmoïdc. E, E, utd'Ses lalcrales de l'ethmoïdc. IG, 1.1 grande volute etbmoidale. F, poi-lion écailleuse du temporal, 17, apopliyse sus-condylienne. G, portion tuljércuse du temporal. 5, apophyse mastoide. G, hiatus audiiif intoiiic. 7, trou pour l'entrée de la trompe d'iiuîilaclio dans le tympan. H, lacrymal. I, os nasal. J, cornet supérieur. 366 STRUCTURE. — FONCTIONS. taire (PI. VII; fig. I, F), recourbée en arrière pour former Varcade orbi- taire, et percée à sa base d'un trou appelé sus-orbilaire ou sourcilier (PI. VII; fig.l.G). Les deux parties latérales de la face externe concourent en grande partie à la formation des orbites. La face interne, concave, se trouve divisée en deux parties inégales par un relief transversal ; la partie supérieure, la plus étendue, présente une crête médiane qui se continue, en haut, avec une crête semblable du pariétal, en bas, avec l'apophyse crista-galli. La partie- inférieure concourt à la formation de l'arrière- fond des cavités nasales et présente, latéralement, deux larges ouver- tures qui pénètrent dans les sinus frontaux, vastes anfractuosités creusées entre les deux lames de l'os. Par ses bords, le frontal se met en rapport avec les os voisins. 4° Ethmoïde (PI. VII; llg. 2, X, verso. G, H). — Situé à la partie antéro-infé- rieure du crâne, l'etlimoïdeest un os léger, fragile, enclavé entre le frontal, le sphénoïde, le vomer, les palatins et les maxillaires supérieurs. Il comprend trois parties : une lama perpendiculaire et deux masses latérales (fig. 137 du texte, D, E.E). Située sur la ligne médiane et aplatie d'un côté à l'autre, la lame perpendicu- laire de l'ethmoïde offre à étudier deux faces, l'une droite, l'autre gauche, tapis- sées par la muqueuse dite pituitaire, elijiiatre bords. Les bords seuls exigent une description spéciale : Le bord supérieur regarde le centre de la cavité crânienne et constitue l'apo- physe crista-galli (PI. VII; fig. 2, X, verso, D). Le bord inférieur se continue avec la lame cartilagineuse qui sépare les fosses nasales. Le bord antérieur se soude avec la cloison verticale qui sépare les sinus fron- taux. Le bord postérieur s'unit, en haut, à la lame médiane qui sépare les sinus sphénoïdaux; en bas, il se confond avec le vomer. Les masses lalérales de l'ethmoïde sont représentées par deux grosses tu- bérosités piriformes placées de chaque côté de la lame perpendiculaire et résultant de la réunion d'un grand nombre de lamelles osseuses très minces, roulées en petits cornets excessivement fragiles connus sous le nom de volutes elhmoidales. Leur surface intérieure est creusée de canaux très diverliculés s'ouvrant dans les cavités nasales. 5° Sphénoïde (PI. VU ; lig. 2, X, verso, F, cl fig. 139, 16, IG', du texte). — Situé à la partie postérieure du crâne, dont il forme la base, entre l'occipital, l'ethmoïde, les palatins, le vomer, les ptérygoïdiens, le frontal et les tempo- raux, cet os est incurvé d'un côté à l'autre, épais dans sa partie moyenne, qui prend le nom de corps, et aminci sur les côtés, qui se prolongent intérieurement en forme A' ailes. Il présente deux facts et quatre bords. La face externe, dont la partie médiane est figurée par le corps, présente sur ses côtés et en bas Vaiiophysesous-sphénoidale ou ptérygoide (fig. 139 du texte, 17), aplatie d'un côté à l'autre et articulée avec le palatin et le ptérygoïdien; puis, un peu en arrière, le conduit sous-sphéno'ide (lig. 139 du texte, 18) et enfin TETE. 367 Vhiatus orb'Uaire (fig. 139 du texte, 19), vestibule où aboutissent plusieurs con- duits. La face interne, concave d'un côté à l'autre, soutient le cerveau et offre sur la ligne médiane : la fossette optique (fig. 138 du texte, a), présentant à son fond l'orifice supérieur du conduit optique; la fosse sus-s/ihénoidale ou pituitaire, en- core appelée selle lurcique; puis, de chaque côté, les trois conduits sus-sphénoi- (laux qui viennent aboutir dans l'hiatus orbitaire. Fig. 138. — Os postérieurs de la tête dun fœtus k terme (cheval) désarticulés et vus eu avant. A, sphénoïde. 5, fossette optique. G, grande aile. B, vomer. C, palatin. D, zygomatique. E, maxillaire supérieur. 8, orifice inférieur du conduit sus-maxillo- deii taire. F, os intermaxillaire. Le bord supérieur s'articule avec le sommet de l'apophyse basilaire. Le bord inférieur, dans sa partie moyenne, est creusé de deux larges cavités qui appartiennent aux sinus sphénoïdaux. Ces cavités sont séparées l'une de l'autre par une lame osseuse verticale qui se soude avec la lame perpendicu- laire de l'ethmoïde. Les deux bords latéraux s'articulent avec le frontal et le temporal. 6° Temporal (PI. Vil; fig- 1, H, et fig. 2, X, E). — Placés de chaque côté de la boite crânienne, les temporaux s'articulent avec l'occipital, le pariétal, le frontal, le sphénoïde, le zygomatique, le maxillaire inférieur et l'hyoïde. 368 STRUCTURE. — FONCTIONS. Chacun d'eux comprend deux pièces non soudées chez le clieval : la portion écailleuse et la pi rtion tubéreuse. l'"ig. 139. — Tête de cheval (l'uce postérieure). 1, protubérance occipitale. 2, 2, condyles do l'occipital. 3, apophyse slyluïtle. 5, apophyse basilaire. 6, trou déchiré. 7, condyle du temporal. 8, cavité glénoidc. 9, éniinencc sus-coudylienne. 11, protubérance mastoïdienne. 12, prolongement hyoïdien. 15, apophyse mastoïde. 16, corps du sphénoïde supérieur. IC, corps du sphénoïde inférieur. n, apopliyso sous-sphénoïdalc. 18, orifice supérieur du conduit sous-sphénuî la! 19, hiatus orbitaire. 20, ptérygoidien. 20', son apophyse. 21, vomer. 22, extréniilc antérieure des palatins. 23, face interne de la croie palatine. 24, 2i', ouvertures gutturales des cavités nasalo.- 25, face palatine des grands sus-niaxillaircs. 27, tubérosité alvéolaire. 28, ouvertures incisives. 29, trou incisif. Portion éraiUcuse (PI. VII; fig. 1, 11). — Légèrement incurvée en écaille, celle portion présente une face externe, une fdcc interne et un contour. TÊTE. 369 La face externe fait partie de la fosse temporale, et donne naissance, vers son milieu, à Yapophyse zygomalique (PI. VII; fig. 1, I), dont la base porte, en arrière, pour répondre au maxillaire inférieur, un condyle (PL VII; fig. 2, X, J') allongé transversalement et une cavité gléno'ide (PI. VII; lig. 2, X, K), celle-ci limitée en bas par le condyle, en haut par une éminence dite sus- condylienne (PI. VII; fig. 2, X, J.) La face interne ou cérébrale est divisée en deux parties par une gouttière ver- ticale qui, en se réunissant à une semblable gouttière du pariétal, forme le conduit pariélo-temporal. La partie supérieure s'articule avec le rocher. Par son contour, la portion écailleuse du temporal répond au pariétal, au frontal, au sphénoïde et à l'occipital. Portion tubéreuse. — Cette pièce du temporal est excessivement intéres- sante à étudier, en ce sens qu'elle est creusée de deux systèmes de cavités qui renferment les principaux organes de l'appareil diUàWiï -.Y oreille interne etVoreilte moyenne; mais ces cavités ayant été décrites en même temps que l'appareil de l'audition, nous nous contenterons de dire un mot ici de la surface extérieure de la portion tubéreuse du temporal, à laquelle nous reconnaîtrons quatre faces, un sommet et une base. La face externe s'unit à. la portion écailleuse. La face interne présente le conduit ou l'hiatus auditif interne, petite fossette percée de plusieurs trous qui livrent passage à des nerfs, et dont la plupart pénètrent dans les cavités de l'oreille interne. Au point de réunion de la face externe et de la face postérieure, on voit la a-ête mastoïdienne, qui se termine vers la base de l'os par une tubérosité dite apophyse mastoide (PL VII; fig. 2, X, G). La base est irrégulière et présente, en dehors, le conduit auditif externe, qui pénètre dans l'oreille moyenne, et dont l'orifice extérieur a été nommée hiatus auditif externe (FI. VII ; fig. 2, X, F). Le sommet s'articule avec l'occipital. B. — OS Dli LA FACE Beaucoup plus étendue que le crâne, chez le cheval, la face se compose de deux mâchoires : une supérieure, une inférieure. La mâchoire supérieure est formée de dix-neuf os larges, dont un seul, le vomer, est impair ; les os pairs sont : les maxillaires supérieurs, les inter-maxil- lai/'es, les pialatins, les pténjgoidiens, les zygomatiques, les lacrymaux, les nasaux, les cornets supérieurs et les cornets inférieurs. La mâchoire inférieure comprend un seul os : le maxillaire inférieur. a. — MACHOIRE SUPÉRIEURE 1° Maxillaire supérieur ou grand sus-maxillaire (PL VII; fig. 1, P). — Cet os, le plus volumineux de la mâchoire supérieure, s'articule : en haut, avec le frontal, le palatin, le zygomatique et le lacrymal ; en bas, avec l'inter- Le Cheval. 24 370 STRUCTURE. — FONCTIONS. niaxillaii-e ; en avant, avec le sus-nasal; en arrière et en dedans, avec celui du côté opposé. On lui reconnaît h-ois faces, (rois bords et deux extrémités. La face externe présente : i" une crête verticale se continuant, en haut, avec le zygomatique; c'est Vépine maxillaire (PI. VII; fig. 1, P'); 2° le trou sous- orbitaire, orifice inférieur du conduit sus-maxillo-denlaire (PI. VII; fig. 1, Q). La face interne, excavée et diverticulée, concourt à former la paroi externe des cavités nasales. Elle est divisée en deux parties : 1° une supérieure, qui donne attache au cornet maxillaire et présente l'orifice inférieur du conduit lacrymal, lequel se continue ensuite par une scissure jusqu'à l'extrémité inférieure de l'os ; 2° une inférieure, légèrement concave, formant le plancher des fosses nasales. La face inférieure ou postérieure, à peu près plane, prend encore le nom de face palatine (fig. 139, du texte, 25), et se trouve parcourue, suivant sa longueur, par la gouttière ou scissure palatine. Le bord antérieur répond au sus-nasal, à l'intermaxillaire, au lacrymal et au zygomatique. Le bord externe ou inférieur est très épais et creusé de six grandes cavités nommées alvéoles, dans lesquelles sont implantées les dents molaires (PI. VII ; fig. 2, X, S). Au-dessous du premier alvéole, ce bord devient tranchant et fait partie de Yespace inter dentaire, qui sépare les dents molaires des dents in- cisives (PI. VII ; fig. 2, X, Y). Le bord interne met en rapport la face palatine avec l'analogue du côté opposé. Uextrémitc supérieure, la plus grosse, forme une protubérance à l'intérieur de laquelle existe un diverticulum du sinus maxillaire. Extérieurement, elle présente une excavation assez profonde, au fond de laquelle s'ouvrent le iroïc nasal et le conduit sus-rnaxillo-dentaire ; c'e&lïhialus maxillaire, situé immédiatement en regard de l'hiatus orbitaire. L'extrémité inférieure est creusée d'une cavité qui, ens'unissant à une cavité semblable du petit sus-maxillaire, forme l'alvéole du crochet (PI. VII ; fig. 2, X, X). 2° Intermaxillaire, Petit sus-maxillaire, ou os incisif (PI. VII ; fig. 1, R). — Situé à l'extrémité inférieure de la tôle, cet os se compose d'un corps ou base et de deux apophyses. La face interne de la base s'unit à l'os du côté opposé, et se trouve traversée, d'avant en arrière, par une scissure qui forme avec la scissure correspondante de l'autre intermaxillaire, le conduit ou trou incisif [Pi. VII; fig. 1, S). La face externe ou labiale est recouverte par les lèvres. La face postérieure, ou buccale, présente la continuation de la scissure palatine. Des trois bords, l'externe mérite seul d'être étudié: il présente une ligne courbe à concavité tournée en haut, qui se trouve creusée de trois alvéoles pour loger les dents incisives. L'apophyse externe (PI. VII; fig. 1, R'), continue la base et s'insinue, par son sommet, entre le maxillaire supérieur et le sus-nasal. L'apophyse interne figure une languette osseuse mince et aplatie, séparée du reste de l'os par l'échancrure dite ouverture ou fente incisive (PI. VII; fig. I, V). TETE. 371 3° Palatin (fig. 139, du texte, 22). — Les os palatins circonscrivent, en se réunissant, l'ouverture gutturale des cavités nasales et s'articulent avec le maxillaire supérieur, le sphénoïde, l'ethmoïde, le vomer, le frontal, et les plérygoïdiens. Ils sont allongés de haut en bas, aplatis dans le sens latéral, et recourbés l'un vers l'autre à leur extrémité antéro-inférieure, qui s'aplatit d'avant en arrière. 4" Ptérygoïdien Tig. 139, du texte, 20). — C'est le plus petit des os de la tête. Situé en dedans du palatin, juxtaposé sur cet os, il représente, il proprement parler, une simple apophyse palatine. 5° Zygomatique (PI. Yll ; fig. 1, N, et flgr 2, X, P). — Encore appelé os malaire, osjugal, le zygomatique est aplati d'un côté à l'autre, situé sur le côté de la face et articulé avec le maxillaire supérieur, le lacrymal et le temporal. Sa face externe, par sa partie supérieure, concourt à la formation de la cavité orbitaire. Sa face interne est excavée et répond au sinus maxillaire. Des deux bords, le postérieur ou massétérin constitue la crêle zygomatique, qui se soude : en haut, avec l'apophyse de même nom ; en bas, avec l'épine maxillaire. G° Lacrymal (PI. VII; fig. 1, L). — Petit os très mince coudé sur lui-même à angle droit, placé sous l'orbite qu'il concourt ii former, le lacrymal se trouve compris entre le frontal, le zygomatique, le sus-nasal et le grand sus- maxillaire. Sa /'ace externe, divisée en deux parties par la coudure de l'os, présente, dans sa partie supérieure, l'orifice du conduit laci-ymal et la fossette lacrymale. Dans sa partie inférieure, cette même face est pourvue d'un tubercule où s'attache l'orbiculaire des paupières, le tubercule lacrymal (PI. A'II ; fig. 1, M). Sa face interne concourt à la formation des sinus frontal et maxillaire. 7° Sus-nasal (PI. VII; fig. 1, K). — Situés tout à fait à la partie antérieure de la tête, entre le frontal, les lacrymaux et les grands sus-maxillaires, les sus-nasaux, ou os propres du nez, présentent à étudier deux faces, deux bords, une base et un sonwief. La face externe est convexe d'un côté à l'autre. La. face interne, concave, forme, avec celle de l'os opposé, le plafond des fosses nasales proprement dites. La base occupe l'extrémité supérieure de l'os. Le sommet, pointu, constitue le prolongement ou l'apophyse nasale (PI. VII; fig. 1, X). 8° Cornets (PI. VII; fig. 2, X, verso, J, H). — Au nombre de quatre, deux de chaque côté, les cornets sont couchés verticalement, côte à côte, sur la paroi externe des fosses nasales, qu'ils divisent en trois méats ou gouttières. Le cornet antérieur, supéiieur ou ethmuidal (PI. VII ; fig. 2, X, verso, H), est constitué par une lame de tissu mince, fragile, papyracée, fixée à la face interne du sus-nasal, roulée sur elle-même, et prolongée inférieurement par une charpente fibro-cartilagineuse jusqu'à l'orifice externe du nez. Le cornet postérieur, inféiieur, ou maxillaire (PI. VII, fig. 2, X, verso, J), ressemble sensiblement au premier et s'attache à la face interne du grand sus- maxillaire. 372 STRUCTURE. — FONCTIONS. Les yn/'als sont distingués en antérieur ou supérieur, moyen et postérieur ou inférieur (PI. VII; fig 2, X, verso. M, N, 0). Les cornets ont pour but principal de fournir à la membrane du nez [piluilairé) une vaste surface de développement. 9° Vomer (fig. 139 du texte, 21). — Cet os impair, aplati d'un côté à l'autre, s'étend, sur la ligne médiane, du corps du sphénoïde au petit sus-maxillaire, sous le bord inférieur de la cloison du nez, à laquelle il sert de support. b. — MACHOIRE INFÉRIEURE 10° Maxillaire inférieur (PI. VII ; fig. 2, VI). — Non soudé avec aucun des os précédents, le maxillaire inférieur s'articule avec les temporaux par son extrémité supérieure. 11 a la forme d'un V et présente un corps et deux branches. Le corps (A), arrondi extérieurement, soutient la lèvre inférieure et la partie libre de la langue, porte les incisives (D), les crochets inférieurs (E), et sert de base aux barres (L). Il présente également, sur ses côtés et en haut, le trou meiitonnier (C), orifice inférieur du conduit maxillo-dentaire. Les branches (B), aplaties d'un côté à l'autre, plus larges en haut qu'en bas, recourbées en avant dans leur tiers supérieur, réunies inférieurement au corps, limitent entre elles un espace dît intra-maxillaire. On leur reconnaît deux faces, deux bords et deux extrémités. La face externe est lisse inférieurement, rugueuse supérieurement. La face interne présente, en haut, l'orifice supérieur du conduit maxillo- dentaire. Le bord antéiieur présente six alvéoles pour recevoir les dents molaires inférieures (F). Le bord postérieur, divisé comme le précédent en une partie droite et en une partie recourbée par la scissure maxillaire (G), est épais dans sa partie rectiligne, chez le jeune animal, et devient plus ou moins tranchant avec les pro- grès de l'âge. L'extrémité supérieure porte une surface articulaire pour répondre au tem- poral : un condyle [i) et une apophyse dite coronoide (H), séparés par Véchan- crure sigmoide (K). 11" Hyoïde (fig. 140 du texte). — Bien que l'hyoïde ne puisse être compris dans les os de la tête, nous le décrirons immédiatement après ceux-ci, grâce aux connexions qu'il a avec eux. Situé entre les deux branches du maxillaire inférieur, dans une direction oblique de haut en bas et d'arrière en avant, l'hyoïde sert de support à la langue, au larynx, au pharyn.x, et résulte de la réunion de plusieurs pièces distinctes disposées en trois séries : le corps (5) eldeitx b7-anches (3. 3, 7. 7,). Le corps présente un prolongement ou appendice antérieur (G), qui se plonge dans la langue, et deux appendices latéraux dits cornes thyroïdiennes, répon- dant au larynx (4. 4). TETE. 373 Les branches se composent de deux pièces : la première, corne s'yloidimne ou kératoidienne, pelile corne {1.1), est en rapport avec le corps. La deuxième, la Fig. 140. — Hyoïde. 1. 1, extrémité supérieure des os kératoïdcs. 2. le coude décrit par leur bord postéiieur. 3. 3, ces os kératoides. 4. 4, l'extrcmito des cornes thyroïdiennes. 5, la surface articulaire du corps qui répond aux petites brandies. (1, appendice antérieur du corps. 7. 7, petites branches, cornes styloidionnes ou kératoïdiennes. plus grande, constitue l'os, Vapophyse kcratolde, ou encore la granle branche (3. 3), dont l'extrémité supérieure s'unit au prolongement hyoïdien du tem- poral. II. — NERFS CRANIENS OU ENCÉPHALIQUES (Voy. fig. 115 et I IC du texte) L'encéphale donne naissance à un certain nombre de nerfs dits crâniens, régulièrement disposés à droite et à gauche de la masse encéphalique, et distingués, par ce fait même, en première, deuxième, troisième paires, etc. Le tableau que nous intercalons (pages 374 et 375) permettra au lecteur d'embrasser d'un seul coup d'œil l'ordre de sticcesihm, l'origine, les divisions principales, la dislribulion et les propriétés de ces nerfs. III. — VAISSEAUX ARTÉRIELS DE LA TÊTE (Voy. fig. 115 et IIG du texte) Les artères carolides primilices, dont les branches terminales amènent le sang dans les différentes parties de la tôle, naissent de l'artère axillaire, près de son origine, par un tronc commun, le tronc céphalique (Voy. III" partie, chap. II, § 1, Cou, et fig. iW du texte), qui se termine, vers l'entrée de la poitrine, par une bifurcation commençant les deux carotides primitives. Chacune de celles-ci monte alors le long de la trachée el arrive ainsi près du larynx et de la poche gutturale, où elle se divise en trois branches : les 374 STRUCTURE. — FONCTIONS. g g 3 4 3 V É s .<3 ■a f \ H -es • ■ijj H P O ■ es m S O c 2 1 o "S'I S 2 0 " ■ If. .--S^v^-^ Z t Il 1 C ^ 0 '3 g i ^ ? Ci Tr 1 ?=è , O Cli H C . 11 13 .^ . '.— a o *^ -a — — •g c g si Z fil 2; = t. 0 • ^'"B Mit tcï" £ ►<'Ô.3t,-J5 g. 'EJ °5 o J2 a ai a> s tllslt ■5. 0 3 ~ • 0 ^ ^ -D 3 « -a 3 § -2 IliP lli^llf 11 O 5 S S cl ^ -< C- > So S CL "5s:Sj 5 ^ 0 ao £ ii ^ é s s ■^ ^ ^ "^ S :5 a,-| s ~ ^- . fi 'i ? 1 .^1 -S •5 ■? s^ fil 1 1 il ^ ' - = ."5 ? ^1 « ~ •- .S- Sa « =^.i: sa. •t; a, 8 K fil 4 1 1 S S § =- -Ea-^i Oj =>-V S- |« llll ^ 1 1 1 g é'< ^< i§-3 ^ ' ' ' ' a;a ;5 a. Ct,to 5 » •' 1 o ~ji_r. ~ir( jtz^ ZI1^L_Z^ ^-.z-t^x ^ s~> co-âJ g i >■ s 0 a: s 2 b: -1 'ë o "^ s s tS £• "è~ o ^S S o — ^ -= "?î f^ 'H jz s. ^H o-S eu ^ o, " Q. ^ c.^ ^^H ?^ " =^ S i oo " •œ S ■s -g l« "^ S "^ "" ? o œ S S ■a s. e Il 1 'h ■5 -3 C ^D .3 -^ 1 fc^ c/ 2 ^ ^ i h ;;^ ô £' H 6 < J H S ^ H P -H S ,; • ij u . m o o es g 53 t. H ^ g O t3 tfi ^ 01= g D 0 g« 1 5 ' K ^ 0. (a S M 2 2 • ii < tr* :•= > -a 1 g 3 c c -a ^ 3 c 3 3 ■3 3 3 ~ 2 3 >, "3 ~ |è "a. 8 .3 3 S |§ S -=5 ■=■ as ■a c 3 3 3 Cl. S 5 1 3 3 o rt i -^ ^ 3 •3 t^ 8 3 1^ c-- *3 .3 rt ■as ^ s s s i 1 îjoint 1 uscle s uscle d ■i g s? CM ■e 1 3 c = i 3 3 t3 3 g i s a 3 II" 3 M .3 C c >5 3 3 II 3 C c 3 3 C '2 B 3 c ^ 3-3 5 35^- .2 '^ ô ç 1 3 •g =3 « gss S O. s_ H g H o 1 O S S 0 S *5. 0 s St« 0 S ■S S-^B «; S l'I'iP «Il -s ■s g §"&§>? '^ S'S^ «sa 1 Si .« a, -S 3 "1 -h 3 s ;3- 1 S 1 s S o S "S c ,^ S s s 1 ^3 5 'S .^3 S •s S 5> S) -c a. 5 •S S S 1. S ■s 1 K S) g S s s i 1 -s S; .g s -Si. 5, S 5* Rameau du pni Nerf du Nerf du Nerf du IwoïdU go. Il "S s tj S a S s •« 5j 5 "S (5 1 o; •B c 3 S ■^ £! « s s \n o t-^ 00 ci o _; t\ M -# _; j,; :i J, J^ n ^ •A ^ Î-) ^i z "] Z ] d z _: a: u E -^ ^ K < 2 -.5 < < 5 •< Z Ê 2 C2 è ca «1 S ■* II • -J — O c-* f- °< f C ^ ^ a " _a; "^ a) "* "' " 0 ■ ^ "* — — "'^ "- — "T" ~ ~i t^"^ 0 "H, ¥ ■q-S "H. 'S t.ï i-S "S 1 «"§ S "S ^ "S^ -o ■3 "S^ ■5 2 -^ e 2|« ■§■« c ■o 1 •o c ■a .3 C'3 ■a « p a "3 0 ■3 o^S • 3^ s "3 c2 S "3 0 S S 0 ^ ■^ ■3 l§1 HH — . ^H >-H s •^ g § g c; 3 -y^j 0 a z ■r. . < O H I^ ■< fcj H 5 o i g 0 •< 5 il s i» i z il ^ se ^ 0 '-' a ^ r? s o Q Q* ■a' a a g ë K g a £ ^ 3 z < < ei c g ^^ ^ ^_ __ * __ Cî ^ ^ ^ 0 ^ = ^ ^ - 376 STRUCTURE. FONCTIONS. artères occipitale, carotide interne et carotide externe, dont le tableau ci-dessous nous montrera la distribution et les divisions principales : BilANCUES COLLATÉRALES , d" Artère OCaPITALE. i \ ' \ BnA>XHES TERMINALE? ' ' 2, c 2° Artère carotide interne / Branches collatérales. 3° Artère CAROTIDE ex- terne. Branches terminales. 1 0 Artère maxillaire cxlerne , faciale, ou glosso-faciak . . . 2» Artère maxillo-museulaire. 3° Artère auriculaire postérieure. >{" Artère temporale superfi- ' cielle Branches collatérales. 2° Artère maxil- laire interne ou giitturo- maxillaire. . Branche terminale. . Arlère pré-vertébrale. . — mastoïdienne. . — atloiJo-muscu- laire. . Altère occipilo-muscu- laire. . Artère cérébro-spinale' Arlère communicante postérieure. Artère cérébrale moyenne. Artère cérébrale anlé- lieure. Artère pharyngienne. — linguale. — sublinguale. — coronaire infé- rieure. — coronaire supé- rieure. 1. Artère auriculaire an- térieure. 2. Arlère sous-zygomali- que. i. Artère dentaire infé- rieure. 2. Arléres ptérygoïdien- nes. 3. Arlère tympanique. 4. — sphéno-épineuse 5. Artère temporale pro- fonde postérieure. 6. Artère temporale pro- 1 fonde antérieure. I 7. Arlère opbtbalmique. f 8. — buccale. 9. — stapbyline. 10. Artère dentaire supé- rieure. H. Artère nasale ou spbé- no-palaline. [Arlère palato- labiale ou [ palatine. * Cotto artùro se divise en deux branches, sous la face iiiforicuro de la raoello, au niveau de l'atlas. L'une de ces branches se réunit h la brandie analogue de l'artère opposée et forme le tronc basilaire, qui rampe sous le bulbe rachidien. L'autre lirauche constitue l'origine de Vartire spinale médiane et se porte en arrière, dans lo sillon inférieur de la raoello. CORPS OU TRONC. 377 CHAPITRE II CORPS OU TRONC Le corps ou tronc est la plus importaufe des trois grandes divisions du cheval; c'est lui qui, eu dehors de la tête et des membres, forme toute la masse de l'animal. Afin de faciliter la description des différents organes qu'il renferme, nous le subdiviserons eu deux régions secondaires : 1° le cou ou encolure; 2" le troîic proprement dit, comprenant lui-môme le tliorax, V abdomen et le bassin. § I- - COU OU ENCOLURE (PI. vni) Le cou supporte antérieurement la tète et se trouve situé entre celle-ci et le tronc, dans une direction qui varie suivant les animaux, mais que nous supposerons toujours oblique à 45 degrés. Nous avons vu quelle était son importance en extérieur (Voy. IT partie, Encolure) ; les quelques lignes que nous allons consacrer ici à sa structure et au rôle physiologique des organes qu'il renferme feront mieux ressortir les avantages et les inconvénients de telle ou telle conformation de cette région. Eu égard à la forme générale de l'encolure, on peut la comparer à une pyramide aplatie d'un côté à l'autre, dont la base répondrait à son extrémité postéro-inférieure , et le sommet à son extrémité antéro-supérieure. On lui reconnaît, en outre, nue face gauche et une face droite, un bord supérieur et un bord inférieur. Enfin, les anato- mistes distinguent encore, dans le cou, une région supérieure ou spinale et une région inférieure ou Irachélienne. I. — PREMIER PLAN MUSCLE PEAUCIEn Dn COU Immédiatement sous la peau, qu'elle sépare des différents organes 378 STRUCTURE. — FONCTIONS. du COU, de l'auge et de la face, se trouve l'expansiou membrauiforme couuue sous le uora de peaucier du cou. Celte expansion comprend une pnrlk charnvc (1) et une partie aponévrotique (2). La première forme, au bord inférieur de la région, une mince l)andeletle qui part du prolongement trachélien du sternum, s'unit sur la ligne médiane à celle du côté opposé, et gagne, en s'amincissant graduellement, le fond de l'auge et les joues. L'apo- névrose, qui continue en dehors et en haut la portion charnue, est très mince et se répand sur les faces latérales de l'encolure, la région parotidienne, les joues et la crête zygomatique, oia elle s'attache. Près de la commissure des lèvres, le peaucier cervical s'unit à l'alvéolo-labial par un faisceau charnu appelé, chez l'homme, rhorius de Santon/ri (Voy. PI. VII; fig. 2, III, 13). Par suite de la présence et des caractères particuliers de cette expansion musculo-aponévrotique, les rehefs musculaires ne sont guère apparents, sous la peau de la région cervicale, qu'au-dessus de la saillie arrondie qui, répondant aux vertèbres cervicales, parcourt toute la longueur des faces latérales de l'encolure. Dans ce point, en effet, chez les chevaux fins et énergiques, existe un espace réguliè- rement triangulaire où se voient les digitations et la direction des muscles spléuius et angulaire de l'omoplate. C'est là une particularité sur laquelle les peintres feront bien de s'arrêter un instant. Le peaucier affermit la contraction des muscles sous-jacents; mais il lie pieut guère avoir d'action sur la peau, à laquelle il n'adhère que fai- blement. II. — DEUXIÈME PLAN MUSCLF. PAROTIDO-AUniCOLAIRF, ET GLANDE PAROTIDE A la face interne du peaucier cervical, vers la limite de la tête et de l'encolure, on trouve le muscle parotido-auriculuire (2) recouvrant la glande parotide et son canal excréteur (I), Ces organes ayant été décrits à propos de la tète (Voy. pi. VII ; fig. 2, I, 1, 12), nous n'y reviendrons pas ici. CORPS OU TRONC. 379 III. — TROISIÈME PLAN MUSCLES MASTOiDO-HUMÈBAL ET STERNO-MAXILLAIRE. VEINE JCGlI.Air.E Situé au-dessous de la glande parolide et des muscles de l'oreille à son extrémité supérieure, direclemeut en rapport avec la face interne •du peaucier dans le reste de son étendue, le muscle ma s t oui o- h amer al {1, 2, 3, 4) occupe presque à lui seul le troisième plan. Étendu du sommet de la tête au bras, ce muscle s'applique sur l'angle scapulo- humerai (Voy. PI. YIII, IV, D) et le côté de l'encolure, en suivant une direction oblique de bas en haut et d'arrière en avant. On lui reconnaît deux portions accolées longitudinalement l'une à l'autre, et distinguées en antêneure et en postérieure. La portion antérieure ou superficielle (1) s'étend de l'humérus (empreinte delloïdienne) à la tête (apophyse mastoïde du temporal). Son bord antéro-inférieur, parallèle au sterno-maxillaire, s'en trouve séparé par un interstice qui loge la veine jugulaire (6), dont nous <]irons un mot dans un instant. Ld, portion postérieure on profonde (3), plus courte que la première, s'attache, en haut, sur les apophyses trausverses des quatre premières vertèbres cervicales par autant de languettes charnues que recouvre la portion superficielle; inférieurement, elle s'élargit sur l'angle scapulo- huméral, s'unit intimement à cette dernière portion et se termine avec elle sur l'humérus. Ce muscle recouvre en partie les 4% 5°, 6°, 1' et 8° plans. Il joue un rôle différent suivant que son point fixe est supérieur ou inférieur : si celui-ci est inférieur, le mastoïdo-huméral incline de côté la tête et le cou; si, au contraire, ce point fixe est supérieur, il porte le membre atitérieur tout eniier en avant, quand t animal le soulève pour çntamer le terrain. 11 s'ensuit que l'action de ce muscle est d'autant plus facile et éner- gique qu'il aune meilleure direction par rapport au bras de levier sur lequel il agit, une plus grande longueur, et un volume plus considé- rable. Or, ces diverses conditions se trouvant réunies avec une enco- lure modérément oblique, longue et bien musclée, on comprend maintenant pourquoi nous avons avancé, en extérieur (Voy. 11° partie, Épaide), que l'épaule est d'autant plus belle et ses mouvements plus faciles que l'encolure est elle-même mieux conformée. 380 STRUCTURE. - FONCTIOxXS. Le muscle sterno-maxillaire (5) concourt, de concert avec le pré- cédent, à former le troisième plan. Situé en avant du cou, sous le peaucier, ce muscle étroit, allongé, parallèle au bord antérieur du mastoïdo-liuméral, dont il se trouve séparé par la dépression lon- gitudinale dite gouttière de la jugulaire, qui loge la veine du même nom, s'étend du prolongement trachélien du sternum (insertion fixe) au bord refoulé du maxillaire inférieur (insertion mobile). Par son bord interne, il s'unit, inférieurement, avec celui du côté opposé. Il fléchit la tête directement ou de côté, suivant qu il agit ch; concert avec son congénère ou suivant qu'il entre seul en action. Quant à la veine jugulaire (G), dont l'importance mérite une des- cription spéciale , elle commence en arrièie du maxillaire inférieur par deux grosses racines; elle se dirige ensuite eu bas, traverse la parotide, s'engage dans la gouttière de la jugulaire, et gagne enfin l'entrée de la poitrine (Voy. fig. ë du texte, Vue générale de l'appareil de la circulation), où elle se réunit à celle du côlé opposé, formant le confluent des jugtilaires, auquel aboutit encore, latéralement, la veine axillaire, confluent de toutes les veines du membie antérieur. Englobée par la parotide à son extrémité supérieure et recouverte parle peaucier du cou dans le reste de son étendue, la jugulaire suit le trajet de l'artère carotide primitive et répond, en dedans et en haut, au muscle scapulo-hyoïdien, qui la sépare de l'artère précédente, du nerf laryngé inférieur et du cordon nerveux résultant de la réunion du pneumogastrique avec la chaîne sympathique (Voy. Ill" partie, chap.ii, appendice, \\\, Nerf grand sympathique); tandis que, par son tiers infé- rieur, elle est en rapport direct avec le vaisseau artériel, placé au-dessus d'elle. On sait que la jugulaire est la veine oti se pratique ordinairement la saignée chez le cheval. Or, maintenant que nous connaissons ses rap- ports avec l'artère carotide, il est facile de se rendre compte qu'une saignée pratiquée maladroitement peut, non seulement intéresser la jugulaire, mais encore traverser la mince bandelette charnue qui la sépare de l'artère carotide dans le tiers supérieur du cou — où se fait d'ordinaire l'opération — et ouvrir cette artère. D'où hémoirhagie toujours difficile à arrêter, souvent même mortelle, et, conséquem- ment, indication absolue de ne pas pratiquer la saignée sans raison majeure et à la légère. CORPS OU TRONC. 381 IV. — QUATRIÈME PLAN JIL'SCLES TRAPÈZE ET ANfiULAlnE DE l'oMOPLATE Recouvert en avant par le peaucier cervical et le mastoïdo-liuméral, eu arrière, par le paiiicule charnu (Voy. PI. Vlll, I, 1), le quatrième plan comprend les muscles superficiels de la base de l'encolure : le trapèze et l'angulaire de F omoplate, ainsi que le premier rayon du membre antérieur, qui leur sert d'attache postéro-inférieure. Le muscle trapèze (PI. Vlll, IV, I, 2) se divise en deux parties : la portion dorsale (1) et la portion cervicale (2); la première s'attache sur le sommet des apophyses épineuses des premières vertèbres dorsales; la seconde, sur la corde du ligament cervical (Voy. PI. VIII, X, J), et toutes deux viennent se terminer sur la tubérosité de l'épine acro- mienne de l'omoplate (3). Ce muscle, dont la portion cervicale appartient seule à la région de t encolure, élève t épaule et la porte en avant ou en arrière, suivant que rime ou r autre de ses portio?is entre eti action. \J angulaire de Fomoplate (4), situé en avant de l'épaule et de la por- tion cervicale du trapèze, prend son origine sur les apophyses trans- verses des cinq dernières vertèbres cervicales par autant de languettes distinctes, parfaitement visibles sur la planche VIII. Ces languettes se confondent bientôt en arrière, s'engagent sous le trapèze cervical, et vont s'insérer à la face interne de l'omoplate. V angulaire tire en avant l'extrémité supérieure de F épaule, pendant que F angle scapulo-huméral se porte en arrière. Toutefois, sisonpoinl fixe est à F épaule, il peut incliner [encolure de côté. Ce que nous avons dit de l'influence de la conformation de l'enco- lure sur les mouvements de l'épaule, à propos du mastoïdo-huméral, peut également s'appliquer au trapèze et à l'angulaire de l'omoplate. Car il est évident que ces muscles auront d'autant plus d'action sur le rayon scapulaire qu'ils seront plus longs et plus volumineux, consé- quemment que l'encolure sera elle-même plus longue et mieux musclée. Quant à Y omoplate (A. B) et à V humérus (C), ils seront étudiés en même temps que le membre antérieur (Voy. 111° partie, chapitre m, Membres). 382 STRUCTURE. — FOiNCTIONS. V. — CINQUIÈME PLAN MUSCLE RHOMBOÏDE Le muscle rhombdide (V) forme à lui seul le cinquième plan. Silué à la face interne de la porlion cervicale du trapèze et du car- tilage de prolongement de l'omoplate, ce muscle s'attache supérieure- ment sur la corde du ligament cervical et sur le sommet des apophyses épineuses des quatre ou cinq vertèbres dorsales qui suivent la première (Voy. lir partie, chap. ii, Face latérale du tronc)] inférieuremeut, il se fixe à la face interne du cartilage de prolongement du scapulum_ Il tire F épaule en haut et en avant. VI. — SIXIÈME PLAN MUSCLE SPLÉNIUS Le sixième plan est représenté par un muscle triangulaire considé- rable, le splénius (VI), formé de gros faisceaux charnus se dirigeant tous en avant et en haut pour gagner la tête et les premières vertèbres cervicales. Fixé par son bord postérieur à la corde du ligament cervical et aux apophyses épineuses des premières vertèbres dorsales, ce muscle s'in- sère, par son bord antérieur, découpé en quatre ou cinq languettes : 1° sur la crête mastoïdienne de l'os temporal, en commua avec le petit complexus (première languette, 1); 2° sur l'apophyse fransverse de la première vertèbre cervicale, à l'aide d'un tendon commun au splénius,. au petit complexus et au mastoïdo-huméral (deuxième languette, 2); 3° sur les apophyses transverses des troisième, quatrième et cinquième vertèbres du cou (deux ou trois dernières languettes). Le splénius étend la tête et le cou de côté ou directement, suivant qu'il agit seul ou de concert avec son congénère. VII. — SEPTIÈME PLAN MUSCLES GRAND ET PETIT COMPLEXUS. AIHÈUE CLIIVICALE SUPÉUIEURE Entièrement recouvert par le splénius, le septième plan comprend les muscles grand et petit complexus. CORPS OU TRONC. 383 Le cjvand complexiis (1 , 2) est un muscle puissant, triangulaire, aplati d'un côté à l'autre, appliqué immédiatement contre les faces latérales du ligament cervical, et divisé longitudiualement en deux pariions : l'une postérieure (1), l'autre antérieure (2). hd, portion postérieure^ la plus volumineuse, entrecoupée d'intersec- tions tendineuses qui croisent obliquement sa direction, comme le représente très bien la planche VllI, prend naissance sur le sommet des apophyses épineuses des premières vertèbres dorsales et sur les apophyses transverses de ces mêmes vertèbres, à l'exception de la première et de la seconde. La portion antérieure se fixe sur les apophyses Iransverses des deux premières vertèbres dorsales et sur les côtés des vertèbres cervi- cales. Toutes les fibres des deux portions du grand complexus se réunis- sent supérieurement sur un tendon qui s'insère à la face postérieure de la protubérance occipitale. L'interstice compris entre ces deux portions livre passage à Vartère cervicale supérieure (fig. 142 du texte, G), dont les branches se distri- buent dans les muscles et les téguments de la région du cou. Le grand complexus est un puissant extenseur de la tête. C'est lui surtout qui la rapproche de l'horizontale chez les chevaux portant au vent (Yoy. 11° partie. Tête et Encolure) et chez ceux lancés aux grandes allures. hQ petit complexus (3,4,5) longe le bord antérieur du muscle précé- dent et semble continuer jusqu'à la tête les faisceaux inférieurs de l'ilio-spinal, comme il est facile de s'en rendre compte par l'examen de la planche VIII (6). Divisé en deux portions fusiformes parallèles, ce muscle prend sou attache fixe ou postérieure en commun avec la portion antérieure du grand complexus. Le tendon terminal de la portion postérieure (4) se rend à l'apopliyse mastoïde du temporal; celui de la portion anté- rieure (5) va à l'apophyse transverse de l'atlas. Le petit complexus étend également la tête; mais il T incline surtout de côté, en même temps que l'extrémité supérieure de F encolure. 384 STRUCTURE. — FONCTIONS. VIII. — HUITIÈME PLAN MUSCLES STERNO-IlYOiDIBN, STERNO-THYllOÏCiIEN ET OMOPLAT-HYOÎDIEN Situé au bord inférieur de l'encoluie, dans la région cervicale infé- rieure ou trachélienne, le huitième plan comprend les muscles sterno- hyoïdien, sterno-thyro'idien^ et omoplat-hydklien. Le sterno-hyoldieii et le stcrno-thyroldien (1) représentent deux petits muscles rubanés placés en avant de la trachée, réunis à ceux du côté opposé sur la ligne médiane, confondus iuférieurement en un faisceau unique qui s'attache sur l'appendice antérieur du sternum, et enfin isolés au-dessus de ce faisceau pour aller se terminer, le premier sur la face inférieure du corps de l'hyoïde, le second sur la face infé- rieure du larynx. V omoplat-hydidien (2) forme une large bandelette appliquée sur les côtés de la trachée ; il prend son insertion fixe à la face interne du sous-scapulaire (Voy. IIP partie, chap. m, § 1, Membre antérieur^ face interne)^ et se termine sur la face inférieure du corps de l'hyoïde. C'est le muscle, avons-nous dit, qui sépare, en haut, la veine jugu- laire de l'artère carotide primitive. Les muscles du huitième plan ont pour usage d'abaisser les appareils hyoïdien et laryngien. IX. — NEUVIÈME PLAN musci.es grand obliqce et petit oblique ; grand droit postérieur et petit droit postérieur; grand droit antérieur, petit droit antérieur et petit droit latéral de la tète, scalène, transversaire épineo.x, intertransversaires et long du cou Le neuvième plan nous fait voir un grand nombre de muscles direc- tement appliqués sur les vertèbres cervicales; ce sont les muscles ^ranrf oblique et petit oblique, grand droit postérieur et petit droit postérieur, grand droit antérieur^ petit droit antérieur et pietit droit latéral de la tête, traiisversaire épineux, intertransversaires , scalène et long du cou. Nous allons successivement dire un mot de chacun d'eux. Le grand oblique de la tête (1), dont nous parlerons tout d'al)ord, se trouve appliqué obliquement d'avant en arrière sur la face supérieure de l'articulation des deux premières vertèbres du cou. Ses fibres par- CORPS OU TRONC. 385 (eut de la face externe de l'apophyse Iransverse de l'atlas. // fait pivoter l'atlas si/r r apophyse odontoide de l'axis (voy. X" plau, Vertèbres cervicales) et agit, par cela même, comme rotateur de lu tête. Lq petit oblii/ue{2), épais et court, s'étend de l'apophyse transverse de l'atlas sur les parties latérales de l'occipital et la crête mastoï- dienne du temporal. // incline et étend légèrement la tête. Le grand droit postérieur de la tête (3), silué au-dessus de la corde du ligament cervical, entre les muscles obliques, se dirige de l'apo- physe épineuse de l'axis sur l'occipital. Extenseur de la tête, ce muscle vient en aide à la puissante action du grand complexus. Entre le muscle précédent, qui le cache sur la planche VIII, et la capsule fibreuse de l'articulation atloïdo-occipitale, se trouve le petit droit jjostérieur, dont Paction est la même que celle du grand droit pos- térieur. Le grand droit antérieur (4) s'attache, en arrière, sur les apophyses transverses des troisième, quatrième et cinquième vertèbres cervi- cales par autant de languettes qui se réunissent antérieurement pour se terminer sur l'apophyse basilaire de l'occipital (voy. HT partie, appendice, Tête). Cest un fléchisseur de la tête. Sous le muscle précédent, et invisibles pour cette raison sur la planche YUI, se trouvent encore le petit droit antérieur et le petit droit latéral de la tête, congénères du grand droit antérieur. Le transversaire épineux du cou (5.5), qui continue dans la région cervicale le transversaire épineux du dos et des lombes, dont la planche VIII fait voir la dernière division (IX, 6), est constitué par cinq faisceaux fortement aponévrotiques se dirigeant des cinq derniers tubercules articulaires des vertèbres du cou sur les sixième, cinquième, quatrième, troisième et deuxième apophyses épineuses des mêmes vertèbres. // étend et ijicline la région cervicale du rachis. Les intertransversaires du cou (7.7), recouverts par la plupart des muscles de l'encolure, occupent l'espace compris entre les apophyses transverses et les apophyses articulaires des vertèbres cervicales et se portent d'une vertèbre à l'autre, excepté de la première à la deuxième. Le Clieval. 23 38G STRUCTURE— FONCTIONS- Ils inclinent de côlé la tir/e cervicale. Le *ca/è/;e (8,9.9) comprend deux portions placées l'une au-dessus de l'autre, à la partie inférieure du cou, sous le niastoido-huméral el l'omoplat- hyoïdien. La portion supérieure (9.9), qui correspond au scalène postérieur de l'homme, la plus petite, se compose de trois ou quatre faisceaux fixés sur les apophyses transverses des dernières vertèbres cervicales. Le dernier aboutit à la première côte. Sa portion inférieure (S), qui correspond au scalène antérieur de r homme, la plus considérable, se dirige des apophyses Iransverses des quatre dernières vertèbres cervicales, sur le bord antérieur et la face externe de la première côte. Ce muscle fléchit r encolure de côté quand son point fixe est à lu pre- mière côte. Mais, en raison de la mobilité presr/ue nulle de celle-ci, ii n'agit pas, comme chez lliomme, dans Finspiration (voy. IIP partie, chap. Il, § 2, I, Face latérale du tronc et thurajc). X. — DIXIÈME PLAN Situé sur la section longitudinale et médiane de l'encolure, le dixième plan comprend des parties très importantes et très intéres- santes à étudier, telles que les vertèbres cervicales, le ligament de même nom, \a trachée, Y œsophage, Y artère carotide primitive, \di veine jugulaire et le muscle long du cou. A. — VEIVTÈBRES CEUVICALES Les vertèbres cervicales (X), qui forment à elles seules le squelette de la région du cou, sont au nombre de sept et présentent, outre les caractères communs à toutes les vertèbres, dont nous avons dit un mot dans nos généralités (Voy. I" partie, Squelette), des caractères généraux les distinguant des autres pièces de la colonne vertébrale, et enfin des caractères spécifiques permettant do ne pas les confondre l'une avec l'autre. Comme, caractères généraux des vertèbres cervicales, nous signale- rons les suivants : la léte est très bien détachée du reste de l'os; la cavité postérieure est large et profonde; Yarête inférieure du corps (D) CORPS OU TRONC. 387 est fortement prononcée; Y apophyse épmeiise (E') forme une crêle supérieure peu saillante; les apophyses transverses (E) sont très dé- veloppées et traversées d'avant en arrière, tout à fait à leur base, d'un trou dit trou trachélien (G) ; les apophyses articulaires, au nombre de quatre, deux au bord antérieur (H), deux au bord postérieur (1) de la partie annulaire, sont larges et saillantes; les échancrures, enfin, sont profondes (situées en dessous de chacune des apophyses articulaires, elles forment, par leur réunion avec de semblables échancrures des vertèbres précédentes, le trou de conjugaison (M), par ofi passent les vaisseaux et les nerfs de la moelle). Quant aux caractères spé- cifiques des vertèbres cervicales, ils sont assez tranchés pour que les anatomistcs se soient vus dans l'obligation de décrire chacune de ces vertèbres à part, sous les noms de première, deuxième, etc. Eu égard à leur importance, aux nombreux caractères particuliers qu'elles présentent, les deux premières vertèbres du cou ont même reçu des noms spéciaux. La première s'appelle atlas, la se- conde axis. h'atlas (A) se reconnaît tout d'abord à son grand diamètre trans- versal, aux dimensions considérables du trou vertébral et au peu d'é- paisseur de son corps, dont la face intra-rachidienne forme, en arrière, une surface articulaire dans laquelle est reçue l'apophyse odontoïde de l'axis. La tête manque dans l'atlas et se trouve remplacée par deux facettes concaves qui répondent aux condyles de l'occipital. Vaxis (B) est surtout remarquable par sa longueur. Cette vertèbre porte, au lieu de tête, une apophyse antérieure conique, d'ûe odontoïde , espèce de demi-gond articulaire autour duquel ghsse la surface articu- laire qui existe à la face supérieure du corps de l'atlas, dans la partie antérieure du trou vertébral. L'apophyse épineuse est très puissante ; au contraire, les apophyses transverses sont peu développées. A partir de l'axis, les vertèbres cervicales diminuent de longueur et augmentent d'épaisseur. Les autres caractères différenciels sont assez peu importants dans les troisième, quatrième, cinquième et sixième. La septième (Cj est encore A\[q proéminente, parce que son apophyse épineuse est plus prononcée que dans les vertèbres précédentes, l'axis exL-eptée. 388 STRUCTURE. — FONCTIONS- a. — ARTICULATIONS DES VERTÈBRES ENTRE ELLES Les ariici/la/mis mlcrve/iébra/cs différanl peu l'iiue de l'autre dans chacune des régions de la colonne vertébrale, nous ferons ici une description générale de ces articulations, afin de ne pas être obligé de nous répéter inutilement quand nous décrirons la région dorsale du tronc. Toutefois, nous nous réservons de noter eu passant les quelques particularités que présentent les vertèbres de l'encolure, et de décrire à part les articulations utldhlo-occipitale et axdido-atldidienne, qui s'é- loignent absolument, parleur conformation et leurs usages tout spé- ciaux, des autres articulations intervertébrales. Les vertèbres se correspondent par leur corps et par leur partie annulaire (Voy. V° partie, Squelette). r Union des vertèbres par leur corps. — Les corps ver- tébraux se mettent en rapport à l'aide des surfaces articulaires qu'ils présentent en avant et en arrière. La tête de chacun d'eux est reçue dans la cavité cotyloïde de celui qui précède, non directement, mais par l'intermédiaire de disques circulaires fibro-cartilagineux, dits fihro- Fig. 141. — Articulations intervertébrales. A, B, G, corps de trois vertèbres dorsales sciées 3, ligament interépineux. ongitudiiialement ot vcrticaloment pour mon- 4, faisceau fibreux constituant la capsule propre trer la coupe des disqnes intervertébraux. aux apophyses articulaires dans la région dor- 2, ligament surépinoux dorsal lombaire. | sale. cartilages intervertébraux [?\^. 141 du texte, 1.1), si solidement fixés sur les plans articulaires qu'ils séparent, qu'on les rupturerait plutôt que de les détacher de ces plans. Outre ce moyen d'union, les corps vertébraux sont encore reliés entre eux par deux ligaments : le premier, ou ligament vertébral CORPS OU TKONC. .'iS'J commun si/pcrieur, étendu de l'axis au sacrum et logé daus le caual racliidien, se fixe sur la face supérieure du corps de chaque vertèbre; le second, ou ligament vertébral commun inférieur, situé sous le rachis, n'existe pas dans la région cervicale. 11 ne commence que vers la sixième ou huitième vertèbre dorsale. 2" Union des vertèbres par leur partie annulaire. — Les vertèbres se mettent en rapport, par leur partie annulaire, à l'aide des facettes sculptées sur les apophyses articulaires antérieures et pos- térieures, et l'articulation qui eu résulte se trouve maintenue en place par une suite de ligaments dont nous allons dire un mot : Le plus important, ou ligament commun surêpineux, se divise en deux portions : l'une postérieure, appelée ligament surépineux dorso- lombaire; l'autre antérieure, connue sous la dénomination de ligament surépineux cervical, ou simplement ùq ligament cervical. Le ligament surépineux dorso-lombaire (fig. 141 du texte, 2) repré- sente un cordon de tissu fibreux blanc reliant entre eux les sommets des apophyses épineuses de toutes les vertèbres lombaires et des dix ou douze dernières dorsales. Le ligament cervical [i , K), entièrement constitué par du tissu fibreux jaune élastique, comprend lui-même une portion funiculaire et une portion lamellaire. La première, plus connue sous le nom de corde du ligament cer- vical {i), continue eu avant le ligament dorso-lombaire et s'étend des premières apopliyses épineuses dorsales au sommet de la tête (tubé- rosité cervicale de l'occipital). Elle est recouverte, en haut, par une masse de tissu fibro-graisseux d'autant plus développée que les che- vaux sont de race plus commune. La portion lamellaire (K) comprise entre la corde et les vertèbres cervicales sépare les muscles cervicaux supérieurs du côté droit de ceux du côté gauche et répond, en dehors, à la branche supérieure de l'ilio-spinal (3), au transversaire épineux du cou et au grand complexus; elle résulte de l'adossement de deux lames de tissu fibreux élastique dont les fibres partent, soit de la corde, soit des apophyses épineuses des deuxième et troisième vertèbres dorsales, et se dirigent, en avant ou en bas, sur les apophyses épineuses des six dernières ver- tèbres cervicales. On remarquera que le ligament cervical iouc plutôt le rôle (Fune 390 STRUCTURE. — FONCTIONS. puissance permanente chargée de faire équilibre an poids de la lêle et des vertèbres cervicales^ que celui d'un lien articulaire. Viennent ensuite les ligaments interépineux ((îg. 141, du texte, 3), qui remplissent les espaces situés entre les apophyses épineuses; puis les ligaments intcrlatnellaires ou inter annulaires^ situés entre les lames vertébrales. Constitués par du tissu fibreux blanc dans la région dorso-loni- baire, ces ligaments sont jaunes et élastiques dans la région du cou; d'oii nouvelle cause de la mobilité plus grande des vertèbres cervicales (Voy. r° partie. Squelette]. Enfin, ces moyens d'union sont complétés par les capsules propres aux apophyses articulaires. Attachées sur le pourtour des facettes diar- throdiales, ces capsules sont doublées intérieurement par une mem- brane synoviale, et présentent elles-mêmes cette particularité que, constituées par du tissu fibreux blanc dans les régions du dos et des lombes, elles sont formées de tissu fibreux jaune élastique dans la région cervicale. b. — ARTICULATION ATtOIDO-OCCIPITALE U articulation atloïdo-occipitale , ou articulation de la première vertèbre cervicale avec la tête, résulte de la réception des deux con- dyles de l'occipital (Voy. IIP partie, chap..i", appendice, I, Os de la tête)^ dans les facettes concaves de l'atlas, qui remplacent la tête des autres vertèbres. Un seul ligament capsulaire entoure l'articulation et la maintient en place; il est tapissé à sa face interne par deux membranes syno- viales (une pour chaque condyle et chaque cavité atloïdienne corres- pondante). Les mouvements possibles dans cette articulation sont : la flexion, l'extension et F inclinaison latérale. C. — ARTICULATION AXOIDO-ATLOIDIENNE Pour former Vurticulation axdido-atldidienne ou articulation de la première vertèbre avec la seconde, l'axis i)résente son pivot odon- toïdien antérieur, et l'atlas la surface creusée sur la face supérieure du corps. CORPS OU TRONC. 391 Trois ligaments concourent h consolider cette arliculation : un ligament odontoïdo-atloïdien, continu au ligament vertébral commun supérieur; un ligament axoido-atloidien inférieur, figurant, dans les deux premières vertèbres cervicales, le ligament vertébral commun inférieur que l'on rencontre dans la région dorso-lombaire; un liga- ment axoido-atldidien supérieur, représentant les ligaments iuterépi- neux des autres articulations cervicales; enfin, un ligament cnpsidaire recouvrant la synoviale articulaire. Le seul mouvement possible dans rarticulation axdido-alldidienne est la rotation, qui s'effectue de la manière suivante : « l'axis reste immo- bile, et la première vertèbre, tirée de côté, principalement par le muscle grand oblique, ironie autour du pivot odontdidicn, en entraînant la tête avec elle (1). » Direction générale et mouvements d'ensemble du rachis (hégion CEnviCALE) La colonne vertébrale ne décrit pas une ligne droite de la fête à l'extrémité postérieure du corps. Tout à fait en arrière, elle forme une inflexion à concavité inférieure répondant au plafond du bassin. Dans la région lombaire et la moitié postérieure de la région dor- sale, elle est à peu près recfiligne et horizontale. Elle s'abaisse ensuite jusqu'à la région cervicale, oii elle se relève en décrivant une cour- bure en S, dont le but est d'en faciliter l'élenduo et les mouvements. Examinée isolément, chaque articulalion intervertébrale est le siège de mouvements assez oliscurs; mais, ajoutés à ceux des autres articulations, ces mouvements peuvent produire la flexion, Vexten- sion, V inclinaison latérale, et enfin, giâce à l'élasticité des fibro-car- tilages intervertébraux, la rotation ou plutôt la torsion de la colonne vertébrale. La mobilité de cette tige flexueuse varie, d'ailleurs, suivant les points que l'on examine. Dans la région cervicale, l'absence presque complète d'apophyses épineuses, le grand développement des apophyses articulaires, de la tête et de la cavité postérieure des corps vertébraux, les caractères (I) A. Chauveau et S. Arloing, loc. cit., p. 149. 392 STltUCTURE. — FONCTIONS. spéciaux du ligament cervical et des différents liens arliculaires qui, au lieu d'être constitués par du tissu tibi'eux Ijlanc, comme dans les autres points du racliis, sont entièrement formés de tissu fibreux jaune élastique, permettent à la tige vertébrale des mouvements très étendus et très variés, que facilite encore la direclion en S de celte tige. L'i région cervicale constitue, en somme, le levier moldie du racliis. Elle forme, de concert avec la tête, une sorte de balancier qui dé- place facilement le centre de gravité, soit en avant, soit en arrière, soil sur les côtés, et donne, par suite des directions diverses qu'il prend, un point d'appui solide aux muscles qui s'y attachent. Grâce à cette disposition et à l'organisation spéciale des articula- tions atloïdo-occipitale et axoïdo-atloïdieune, la tête peut se porter dans fous les sens, prendre toutes les directions, et modifier ainsi, au gré de l'animal, l'équilibre du corps. Les quelques considérations dans lesquelles nous venons d'entrer permettront au lecteur de mieux se rendre compte pourquoi telle conformation de l'encolure est plutôt à rechercher que telle autre pour un service donné (voy. 11° partie, Eiicohiro). Sur le même plan médian que la tige cervicale, au bord inférieur de l'encolure, se trouve un tube fiexible et élastique, la trachée (X, I), succédant au larynx et se terminant au-dessus de la Ijase du cœur par deux divisions qui constituent les bronches (voy. 111° partie, chap. H, § 2, I, Face latérale du tronc et cavité thoracique). La trachée représente un cyliudroïde déprimé de dessus en dessous, et plus spacieux à ses deux extrémités qu'à son centre. Elle est formée de cinquante à cinquante-deux anneaux cartilagineux incomplets, placés les uns au-dessous des autres, unis par un ligament intermé- diaire, et recouverts en dedans par une membrane musculcuse à fihies transversales, qui, en se contractant, jouit de la propriété de les res- serrer. Cette membrane charnue est elle-même tapissée par une membrane muqueuse, continue avec celle du larynx, mais incompara- blement moins sensible. Chacun des cerceaux trachéaux figure un cercle inlerrtunpu du CORPS OU TRONC. 393 côlé de la face supérieure de la trachée, où il se termine par deux extrémités aplaties, qui se rejoignent ou se superposent, et peuvent, en glissant l'une sur l'autre, élargir ou resserrer le conduit trachéal. Du larynx, la trachée descend, en suivant le bord inférieur de l'encolure, jusqu'à l'entrée de la poitrine; arrivée là, elle passe entre les deux premières côtes (X, L) et pénètre dans la cavité thoracique, où nous la retrouverons quand nous examinerons celte région. Dans tout son trajet, elle est placée au-dessous du muscle Iimç du cou (X, G;, qui la sépare des vertèbres cervicales (1). En avant et latéralement, elle se trouve enveloppée comme dans une gouttière, par la plupart des muscles de la région Irachélieune : les sterno-hyoïdiens et thyroïdiens, les sterno-maxillaires, les omo- plat-hyoïdiens, les scalèues et l'expansion superficielle qui constitue le peaucier du cou. Cette enveloppe présentant son minimum d'épaisseur en avant de la moitié supérieure de la région du cou, c'est cet endroit que l'on choisit comme lieu d'élection de la trachéotomie, opération qui a pour but d'ouvrir la trachée et d'introduire dans l'ouverture un tube spécial, permettant l'entrée de l'air extérieur dans le poumon, sans passer par les cavités nasales et le larynx, quand ceux-ci sont obstrués par une cause quelconque (tumeurs, abcès, iutlammation du larynx ou du pharynx, etc.), et que l'animal est menacé d'asphyxie. C'est pour cette raison aussi que l'on comprime la base du larynx ou les pre- miers cerceaux de la trachée quand ou veut faire tousser le cheval. La trachée reçoit un grand nombre de nerfs et de petites arté- rioles. Rôle de la trachée dans la respiration. La trachée n'a pas d'autre rôle à remplir dans la respiration que de servir de tube conducteur à l'air inspiré ou expiré. La résistance et les propriétés de ses cerceaux ne lui permettent pas de se déprimer (1) Formé de deux portions lalérales, ce muscle comprend une succession de faisceaux tendineux. Le plus postérieur de ces Taisceaux s'étend du corps des six premières ver- tèbres dorsales sur la sixième apophyse Irachélienne; tandis que les autres se portent des apophyses transverses des six dernières vertèbres cervicales à la crête inlerieure du corps des six premières. Il fléchit les vcitcbres cervicales les unes sur les autres et l'encolure tout entière. ■i^i STRUCTURE. — FONCTIONS. OU de s'affaisser sur elle-même par la pression atmosphérique, au momeni où la tension des fluides intérieurs est diminuée. C. — OESOPHAGE Situé derrièie la trachée jusque vers le milieu du cou, puis au côté gauche du tube aérien h partir de là, Vœsn/j/iat/e (X, 2) pénètre ainsi dans la cavité thoracique, en passant au côté interne de la première côte gauche, se replace bientôt au-dessus de la trachée, franchit la base du cœur et gagne l'ouverture du pilier droit du diaphragme, comme nous le verrous plus loin (Voy. 111° partie, chap. n, § 2, I, Face latérale du tronc et cavité thoracique). C'est un long canal membraneux, contractile, dilatable, s'éten- dant du pharynx à l'estomac, auquel il couduit les aliments. Deux tuniques entrent dans la constitution de l'œsophage : nue charnue, externe, el une muqueuse, interne, disposées en forme de tubes superposés. La membrane charnue est composée de fibres longitudinales super- ficielles et de fibres spiroïdes ou circulaires plus profondes. Elle présente la couleur rouge des muscles de la vie animale dans toute sa portion cervicale, la seule que nous ayons à examiner pour le moment. La membrane muqueuse, continue avec celle du pharynx et de l'es- tomac, présente de nombreux plis longitudinaux qui permettent la dilatation du canal. Elle n'adhère que faiblement à la tunique muscu- leuse et jouit de peu de sensibilité. Ces deux membranes sont toujours affaissées sur elles-mêmes, hormis le temps du passage des aliments. Dans son trajet cervical, le tube œsophagien est longé, de chaque côté et en haut, par l'artère carotide accompagnée de ses nerfs satel- lites : le cordon commun au grand sympathique et au pneumogas- trique, et le laryngé inférieur; en bas, l'œsophage n'est plus en rapport qu'avec les vaisseaux et les nerfs ci-dessus du côté gauche, y compris la veine jugulaire (Voy. HT partie, chap. ii, appendice. Grand sym- pathique). Rôle de Tœsopbage dans la digestion. L'œsophage est chargé du transport des aliments de l'arrière- bouche dans l'estomac. Ce transport, qui constitue le troisième temps CORPS OU TRONC. 395 de la déglutition, s'opère à l'aide de coutraclious des fibres spiroïdes de la membrane charnue. D. — VAISSEAUX ET NEUFS Le sang est amené dans le cou par les artères dorsale, cervicale supé- rieitre, vertébrale, cervicale inférieure, branches collatérales des deux troncs brachiaux ou artères aaillaires qui terminent l'aorte antérieure (fig. 1 i2 du texte). Indépendamment de toutes ces branches, on trouve encore, de chaque côté du cou, une artère extrêmement importante, la carotide primitive (X, 4, et fig. 141 du texte, 14), dont il a déjà été plusieurs fois question dans ce paragraphe. Ce vaisseau naît de l'artère axillaire droite (fig. 141 du texte, 3) par un tronc commun, le tronc céphalique, qui se dirige en avant, sous la face infériein-e de la trachée, pour se terminer, vers l'entrée de la poitrine, par une bifurcation qui commence les deux carotides primi- tives. Chacune de celles-ci monte ensuite le long du tube trachéal, d'abord au-dessous de ce tube, puis sur le côté, et enfin en arrière; arrivée près du larynx, la carotide se divise, ainsi que nous l'avons vu, en trois branches : les artères occipitale, carotide interne et carotide externe (Voy. Hl" partie, chap. i", l'été, appendice, 11, Vaisseaux arté- riels) . Outre ses connexions avec la trachée et la jugulaire, sur lesquelles nous nous sommes suffisamment étendu à propos des plans précé- dents, l'artère carotide primitive est accompagnée par le 7ierf ré- current elle cordon qui résulte de la réunion au pneumogastrique avec le grand sympathique (Voy. 111° partie, chap. ii, appendice. Grand sympathique). Quant aux nerfs qui se distribuent dans les difféientes parties de la région qui nous occupe, ils émanent de la moelle par deux ordres de racines, les unes motrices, les autres sensitives, et sortent, comme tous les nerfs rachidiens, par les trous de conjugaison (Voy. IIP par- lie. Moelle épinière). On les distingue sous la dénomination générale de nerfs cervicaux (8 paires). ;$!)c STRUCTUlilv FONCTIONS. l'"ig. 142. — Anère.s du aorte anlcrjeure. artère axillairo^gauclic. artère axillairc droite. artère dorsale. artère sous-coslale. artère cervicale supérieure. artère vertébrale. 8', artère cervicale inrérieure. origine de la tlioracique interne. artère tlioracique externe. origine de la sus-srapulaire. artère carotide priniiiivc. artère atloido-niusculairo. artère occipito-niusculaire. aorte postérieure. A, artère pulmonaire. B, trachée. C, œsophage. D, ligament cervical. E, branche supcric^ure do l'ilio-spiiia!. F, branche inférieure i!u même. G, grand coniplexus. H, splcnins. I, J, aponévrose d'origine du splénius et du petit dentelé antérieur. K, coupe du grand obli(|ue de la tète. I., grand droit postérieur de la tète. M, grand droit antérieur. N, slerno-maxiUaiie. O, P, sterno-lrochinieii et sterno-pré-scapu- laire. CORPS OU TRONC. 397 § 2. - TRONC PROPREWENT OIT Le tronc, d'après la division que nous avons adoptée, comprend tout le corps du cheval en dehors de la lète, de l'encolure et des membres. Il est partagé intérieurement en deux grandes cavités : la caché thomciqiie et la cavité abdominale, par le diaphragme, vaste cloison muscuJo-aponévrotique dirigée obliquement de haut en bas et d'arrière en avant. Ou lui reconnaît deux faces latérales, une face supérieure, une face in- férieure, une extrémité antérieure et une extrémité postérieure. I. FACE LATÉRALE DU TRONC ET THORAX (PI. IX). La région latérale du tronc s'étend à peu près, d'avant en arrière, de la première côie à la face antérieure du membre abdominal; de haut en bas, de la ligne dorso-lombaire à celle qui, suivant les bords latéraux du sternum, se terminerait à l'articulation fémoro-rotulienue. Elle répond, en somme, aux régions étudiées à l'extérieur sous les noms de côtes et de flanc, et se trouve eu grande partie constituée par la face latérale correspondante du thorax, espèce de cage osseuse logeant le poumon, le cœur, les gros vaisseaux qui paitent de cet or- gane ou qui s'y rendeul, etc. Suspendue sous la partie moyenne du rachis, la cage thoracique a pour base les côtes, le steruum, le corps des vertèbres dorsales, et se trouve transformée eu cavité close par le diaphragme et les muscles intercostaux recouverts eux-mêmes par plusieurs plans musculaires que nous passerons successivement eu revue. Sa forme est celle d'un cône creux couché horizoutalement, dé- primé d'un côté à l'autre, surtout eu avant, entre les deux épaules, et dont la base, constituée par le diaphragme, se trouve coupée très obliquement, eu raison même de la direction de ce muscle. Grâce à sou aplatissement antérieur, on peut reconnaître six faces à cette région : deux latérales, une inférieure, uue supérieure, une an- térieure ou sommet, et uue postérieure ou base. 398 STRUGTUUE. — PONCTIONS- C'est par l'une de ses faces lalérales que nous pénétrerous à l'in- térieur de la cavité thoracique. I. — PREMIER PLAN PANNICULE CIIAnNU ET VEINE DE L'iCPEliON Si on enlève la peau recouvrant la région latérale du tronc, on aperçoit tout d'abord une large expansion musculaire formant à elle seule le premier plan de la planche IX. Cet immense muscle, désigné sous le nom de pa/inictde charnu (1), fait trémousser^ en se contractant, la peau qui recouvre le tronc, et em- pêche ainsi les insectes de venir se poser sur le corps. A sa surface rampe la veine de l'éperon ou sous-cutanée thora- cique (2), importante à connaître en ce sens qu'on y pratique quel- quefois la saignée, et qu'elle peut être blessée par l'éperon du ca- valier. II. — DEUXIÈME PLAN MUSCLE TRAPÈZE Immédiatement au-dessous du panuicule charnu, en avant, on trouve le muscle trapèze, avec ses portions cervicale (2) et dorsale (I). Ce muscle ayant été précédemment décrit (Voy. IIP partie, chap. i*', § 1, Cou), nous nous contenterons de le signaler ici. D'ailleurs, une seule de ses divisions, la portion dorsale, appartient au tronc. III. — TROISIÈME PLAN MUSCLE GRAND DORSAL Également sous le panuicule charnu, un peu en arrière du muscle précédent, et sur un plan légèrement plus profond, on rencontre le muscle (/rcmd dorsal (III), qui s'attache supérieurement aux vertèbres lombaires et dorsales, iuféi'ieLiremeni, à la tubérosité deltoïdienne de l'humérus. // jjorte le bras et l'épaule en arrière et en haut. CORPS OU TRONC. 399 iV. — QUATRIÈME PLAN os DE l'ÉPAI'LE. muscles rhomboïde, ANGtLAinE DE l'uMOPLATE ET GRAND DEXTELÉ Les muscles grand dorsal et trapèze recouvrent en partie le qua- trième plan. Celui-ci comprend Yos de répaule, encore appelé scapu- luin ou omopldte (IV), les muscles rliomboide (2), angulaire de Pomo- plate (3) et grand dentelé (1). Le scapu/um devant être décrit à propos des membres antérieurs, et les muscles rhomboïde et angulaire ayant été examinés en même temps que l'encolure, nous n'en parlerons pas ici. Quant au grand dentelé^ attaché à la face externe des huit côtes sternales et sur la face interne de l'omoplate, son rôle est assez complexe : il constitue, avec celui du côté opposé, une large soupente sur laquelle s'appuie le thorax. De plus, quand il se contracte, son point fixe étant au thorax, il tire P extrémité supérieure de t épaule en bas et en arrière, tandis que t angle scapulo-huméral se porte en haut et en avant. S'il prend son point fixe au scapulum, il soulève le thorax et facilite les mouvements d'inspiration en ramenant en avant et élevant les côtes. Verso. — Si nous relevons l'épaule, nous voyons sa face interne recouverte par les attaches scapulaires des muscles compris dans le quatrième plan; nous voyons, en outre, le sommet ou bec de t apo- physe coracoïde (A) se détacher du reste de l'os et se recourber en dedans. V. — CINQUIÈME PLAN MUSCLE GliAND OBLIQUE DE l'aBDOMEN A peu près sur le même plan que le grand dorsal, mais plus bas et plus en arrière, se trous eni la portion charnue du muscle grand oblique ou oblique externe de P abdomen (1), et une partie de sou aponé- vrose (2). Celle-ci n'est figurée, dans la planche LX, que jusqu'à la partie inférieure de la face latérale du troue. La portion visible est, d'ailleurs, limitée à ce point par la coupe de la tunique abdominale (3). Recouverte par le pannicule charnu, bipartie musculaire s'attache sur l'aponévrose du grand dorsal et à la face externe des treize ou 400 STRUCTURE. — FONCTIONS- quatorze dernières côtes, où elle s'entre-croise avec les dentelures du grand dentelé. Nous reviendrons sur ce muscle quand nous étudierons la face infé- rieure du tronc. VI. — SIXIÈME PLAN MUSCLE PETIT DENTELli ANTÉRIEUH A la face interne du plan précédent, en haut et en avant de la ré- gion latérale du thorax, nous trouvons une expansion musculaire mince, le petit dentelé antérieur (Vlj constituant le sixième plan. Dirigé d'avant en arrière et de haut en bas, ce muscle s'attache supérieure- ment, par sa portion aponévrolique, sur les apophyses épineuses des douze côtes qui suivent la première ; inférieurement, par sa por- tion charnue découpée en neuf festons irréguliers, sur le bord des neuf côtes qui suivent la quatrième. // agit dans P inspirât ion en ramenant les côtes en avant et en haut. VII. — SEPTIÈME PLAN MUSCLE PETIT DENTELÉ POSTÉRIEUR Presque sur le même plan que l'expansion musculaire précédente, mais plus en arrière, on en trouve une autre absolument semblable ; c'est le muscle jyetil dentelé postérieur (Vil). 11 diffère du petit dentelé antérieur en ce que ses fibres sont dirigées de haut en bas et d'arrière en avant. Grâce à cette particularité, il agit dans f expiration en rame- nant les côtes en arrière cl e/i haut. VIII. — HUITIÈME PLAN CÔTES. MUSCLES INTERCOSTAUX INTERNES ET EXTERNES, ILIO-SPINAL, TKANSVERSAIBE ÉPINEUX DU DOS ET DES LOMBES, IHTERTHANSVERSAIRES DES LOMBES ET INTERCOSTAL COMMUN. Le huitième plan nous montre à nu la face externe des côtes (A); au nombre de dix-huit chez le cheval, pour chacune des moi- tiés latérales du thorax, celles-ci sont des os allongés, asymétriques, obliques de haut en bas et d'avant en arrière, aplatis d'un côté à l'au- tre, courbés en arc, et divisés eu une partie moi/e?ine et deux extrémités. hsi partie moijenne offre deux faces et deux bords. CORPS OU TRONC. 401 La face externe^ convexe, est creusée en large goutlière ; la face interne, concave, est lisse et tapissée par la plèvre. L'extrémité si/pétieure porte deux éminences : une tcte et une ti/ôé- rosité, qui servent à l'appui de la côte sur le rachis, en s'articulant avec deux vertèbres dorsales. Vextrémité inférieure répoud à un cartilage qui termine la côle en bas, le cartilage costal. C'est justement grâce à la disposition variable de ce cartilage que les côtes se divisent en deux catégories : 1° les côtes sttrnales ou vraies côtes, au nombre de huit, dont le cartilage de prolongement s'articule directement sur le sternum ; 2° les côtes astcrna/es, ou fausses côtes, au nombre de dix, qui s'appuient les unes sur les autres par l'extrémilé inférieure de leur cartilage, dont le premier seul s'unit, d'uue manière étroite, au dernier cartilage sternal, lequel donne aiusi à toutes les côtes asternales un appui indirect sur le sternum. Considérées en masse, les côtes se distinguent les unes des autres par les principaux caractères suivants : 1° leur longueur augmente de la première à la neuvième, et diminue ensuite progres- sivement jusqu'à la dernière; 2" la courbe décrite par chacune d'elles est d'autant plus brève et plus prononcée que la côle est plus posté- rieure. Les côtes sont réunies entre elles par deux plans de muscles : les intercostaux externes (I. 1. 1) et les intercostaux internes (2. 2), qui transforment la cage thoracique en cavité close. Ou n'est pas encore bien fixé sur le rôle des intercostaux dans les actes respiratoires ; tou- tefois, la plupart des physiologistes considèrent les intercostaux exter- nes comme des inspirateurs; mais, pour les intercostaux internes, les opinions sont absolument partagées. En haut des côtes, et sur le même plan, le long de l'épine dorso- lombaire, depuis l'angle exterue de l'ilium (X. E) jusqu'aux dernières vertèbres cervicales (Voy. 111° partie, chap. i'', § 1, Encolure), s'étend le muscle ilio- spinal {2, 4), le plus puissant et le plus complexe de l'économie. Aplati de dessus eu dessous dans sa moitié postérieure, il présente là ce qu'on appelle la inasse commune chez l'homme. // étend la colonne vertébrale et la rend ainsi suffisamment rigide pour la transformer en une tige inflexible susceptible de pivoter sur la tête du fé- Le Cheval. 26 i02 STRUCTURE. — FONCTIONS. ?)ittr par l'iitfermédiaire des coxcaix, dans certaines actions, le cadrer par exe/np/e. Il peut é(jalement jouer le rôle cF e.r pirateur. Eiilre l'ilio-spinal et les vertèbres dorso-lombaires existent encore deux autres muscles : le Iransversaire épineux du dos et des lombes et \.''i?itertransversaire des lombes, invisibles sur la planche IX, cacbés qu'ils sont par le muscle précédent. Le traiisversaire épineux dorso-lombaire est un très long muscle appli- qué contre l'épine sus-sacrée et dorso-lombaire, et continué en avant parle transversaire épineux du cou, dont il ne diffère que par sa si- tuation. Cest un extenseur du rachis. Quant aux intertransvcrsaires des lombes, ce sont de très petits muscles remplissant les inlervalles compris entre les apophyses trausverses des vertèbres lombaires. En se contractant, ils inclinent de côté la région des lombes. Plus bas, accolé au bord externe de l'ilio-spinal et recouvrant l'articulation vertébrale des côtés, se trouve Vintercostal commun (5), muscle formé de faisceaux tendineux dirigés obliquement en avant, en dehors et en bas, naissant et se terminant sur la face externe des côtes. Son rôle est identique à celui de rHio-spinal. Le verso du huitième plan, immédiatement en contact avec les oiganes de la cavité thoracique, fait voir la face interne des côtes (A. A) et les muscles intercostaux internes (1. 1, 1). Ca%i(é llioraciciiio. Nous voici dans l'intérieur de la Cffiv"/^ thoracique, mise complète- ment cà découvert avec les organes qu'elle renferme : les poumons, le cœur, les gros vaisseaux, etc. La surface intérieure de cette cavité conique peut se diviser, comnie la cage thoracique elle-même, en six régions: une supérieure, une inférieure, deux latérales, une postérieure ou base, une antérieure ou sommet. Le plan supérieur présente, sur la ligne médiane, une forte saillie résultant de la réunion des corps vertébraux. Le plan inférieur, plus court et plus étroit que le précédent, a pour base la face supérieure du slei'iium. CORPS OU TRONC. 403 Les plans latéraux se trouvent constitués par la face interne des côtes et les muscles intercostaux internes. La paroi postérieure répond à la face convexe du diaphragme. Le sommet (entrée du thorax) représente une ouverture ovalaire comprise entre les deux premières côtes. Plèvres. — La cavi té thoracique est pourvue d'un revêtement séreux constitué par deux membranes distinctes désignées sous le nom de plèvres. Adossées l'une à l'autre sur le plan médian pour former une cloison dite médiastin, divisant la cavité thoracique eu deux compar- timents latéraux, les plèvres représentent deux sacs absolument sépa- rés. Après avoir tapissé une des parois costales de la cavité du thorax et la moitié correspondante du diaphragme, chaque plèvre se replie sur la ligne médiane pour concourir, avec celle du côté opposé, à la formation du médiastin [feuillet pariétal) ; de là elle se porte sur le poumon, qu'elle enveloppe complètement (/i'(/?7Av viscéral). A l'état sain, la cavité pleurale est vide et les plèvres sont tout sim- plement lubrifiées par un fluide séreux qui facilite le glissement du poumon sur les parois de la cavité thoracique dans les mouvements respiratoires. Mais, par suite d'une irritation quelconque (coups, re- froidissement, etc.), la séreuse peut s'enflammer, sécréter une quan- tité anormale de liquide, et la cavité qu'elle tapisse se trouver plus ou moins remplie par ce liquide, auquel on voit souvent mélangés des globules de pus. Cet état inflammatoire des plèvres est connu sous le nom de pleurésie. Chose digue de remarque, la pleurésie, chezle cheval, atteint géné- ralement les deux sacs pleuraux en même temps, grâce à la disposi- tion particuhère delà cloison niédiastine, qui est découpée à jour dans sa partie postérieure. Chez l'homme, et la plupart des autres animaux domestiques, le médiastin étant fermé, la pleurésie est, au contraire, ordinairement simple. Autre particularité non moins remarquable : la pleurésie, relative- ment bénigne chez l'homme, est presque toujours mortelle chez le cheval, les séreuses de cet animal étant toutes d'une extrême sen- sibilité. Si, par suite de l'ouverture d'un abcès pulmonaire à l'extérieur, une communication s'établit entre un conduit bronchique quelconque 404 STRUCTURE. — FONCTIONS- et la cavité pleurale, il se produit ce qu'on est convenu d'appeler le pneumo-thorux ou YltijJro-pncuino-tliorax. Ces affectioiis peuvent éga- lement èti'e la suite d'une Iilessure pénétrante de la paroi thoracique. On soutire quelquefois le liquide de la pleurésie au moyen de l'opé- ration de la thoracentèse ou empijème. NEUVIEME PLAN Les côtes et les intercostaux relevés, nous apercevons tout d'abord le poumon gauche (face externe) constituant à lui seul le premier plan des viscères thoraciques. Le poumon^ organe essentiel de la respiration, est nn viscèr{! spongieux divisé en deux moitiés latérales indépendantes, occupant chacune un des sacs pleuraux. Par suite de cette disposition, on dis- tingue à volonté deux poumons ou deux lobes pulmonaires : l'un droit, l'autre gauche. Les poumons, daus leur ensemble, afi'ectenl la forme de la cavité thoracique ; chacun d'eux offre à étudier : une face externe, une face interne, une base, un sommet, un bord supérieur, un bord inférieur, un bord postérieur. La face externe (IX) est convexe et se moule sur la paroi inlcrne des côtes ; c'est la seule visible au recto du neuvième plan. La face interne, que nous examinerons tout à l'heure au verso de ce plan, est verticale et séparée du poumon opposé par le médiaslin. Ces faces sont réunies par le bord supérieur et le bord inférieur. Ce- lui-ci offre cette particularité, daus le lobe gauche, qu'il est plus échaucré au niveau du cœur que dans le lobe droit. Le sommet de chaque poumon, situé derrière la première côte, représente une espèce d'appendice délaché constituant le lobule anté- rieur (1). La base répond au diaphragme et se trouve circonscrite par le bord postérieur. Le (issu pulmonaire a une belle couleur rosée chez l'adidte. Il est très élastique et très léger; plongé daus l'eau, il surnage. Celle pro- priété est due à la présence de l'air dans les vésicules pulmouaii'es, ainsi que le prouve le poumon du fœtus qui n'a pas eucore respiré, daus lequel on insuflle de l'air : plus lourd que l'eau avant celle opé- CORPS OU TRONC. 40."> ralioli, il devieut alors plus léger et surnage sur l'eau comme le pou- mou de l'adullG. Le (issu pulmonaire est partagé en un nombre considérable de pelils lobules po/i/éc/rn///cs, dont Forganisation explique jusqu'à un certain poiut les propriétés physiques du poumon. Il est à remarquer que, grâce au peu d'épaisseur des cloisons iuterlobulaires, celte segmen- tation eu lobules est beaucoup moins évidente extérieurement que chez l'homme. Chaque lobule reçoit un tuyau bronchique qui se prolonge dans son intérieur par plusieurs branches formant des culs-de-sac sur lesquels s'ouvrent les vésicules élémentaires dites vésicules pulmonaires. Les poumons sont en communication avec les premières voies res- piratoires, les cavités nasales et le laiynx, par la /rac/iée {X, 13), tube flexible formé d'une suite d'anneaux incomplets (Voy. 111° partie, chap. II, § 1, Cou), se terminant au-dessus de la base du cœur par deux divisions qui constituent les bronches [verso, 4). Branches terini- uales du tube trachéal, chacune de celles-ci se plonge dans l'épaisseur du poumon pour s'y diviser en une multitude de rameaux dont les plus ténus s'abouchent dans les vésicules pulmonaires; d'oii la déno- mination d'arbres bronchiques dounée à ces deux troncs. Parallèlement aux bronches rampent dans le tissu propre du pou- mou : Y artère et les veines pul/nonai/rs (X, 19, 20), les artères et \e?, vei- nes bronchiques, des vaisseaux l y m pi uniques et des divisions des nerfs pneumogastrique et grand sympathique. Ces vaisseaux et ces nerfs se résolvent en fins ramuscules sur les cloisons de séparation des lobules et des vésicules pulmonaires. En jetant un coup d'œil sur le verso dn plan L\,ou voit non seulement l'endroit exact oii pénètrent la bronche (4), l'artère et les veines pulmonaires gauches (o, G), dont la réunion au point de pénétration constitue les racines lailmonaires; mais encore dilférentes dépressions de la face interne du lobe pulmonaire du même côté, qu'il nous reste à examiner : la plus antérieure de ces dépressions (1) sert <à loger le cœur; les deux autres (2, 3), dirigées d'avant en arrière, reçoivent: l'inférieure, l'œsophage [gouttière œsophagienne); la supérieure, l'aorte postérieure [gouttière aor tique). Dans l'inflammation du poumon, ou pneumonie, le tissu propre preud une teinte plus foncée, devient plus dense, moins élastique, etc. 406 STRUCTUllE. — FONCTIONS. Il présente alors l'aspect du tissu hépatique; d'où le nom d'/u'pa/isa- tion que l'on a donné à la partie du poumon eutlamméo. Dans ce cas, si l'on en jetle un morceau dans un vase rempli d'eau, il tombe au fond du vase. Le peu de détails daus lesquels nous sommes enlié relativement aux caractères physiques et auatomiques du poumon vout uous permettre d'aijorder l'étude des fonctions physiologiques de cet organe. Respiration. La rcxpu-alion est la fonction physiologique par laquelle l'air, d'abord appelé daus le poumou pour servir à Vhématose, ou transfor- mation du sang veineux eu sang artériel, en sort ensuite privé d'une partie de son oxygène et chargé d'un excès d'acide carbonique. Il résulte de cette définition que nous devons étudier dans la res- piration : d'abord les phcnomènes méavàques, qui donnent lieu au renouvellement et à la sortie de l'air du poumon ; ensuite, les phéno- mènes chimiques, qui résulleut du contact de l'air avec le sang. 1. — Phénomènes mécanifiues. Les actes qui donnent lieu au renouvellement de l'air dans le pou- mon, qui l'appellent dans cet organe et l'en expulsent, constituent le mécanisme respiratoire, lequel comprend deux actious opposées : Y inspiration et \ expiration . Les agents des mouvements respiratoires appartiennent à trois espèces distinctes : 1° les os du thorax, dont l'action est toute passive; 2° les muscles moteurs de cet appareil, qui sont actifs; 3° les nerfs, qui agissent comme régulateurs des mouvements d'inspiration et d'expiration. r Inspiration. — L'inspiration consiste daiisla. dilatation simul- tanée (les naseau.v, du lai'i///j', de la trachée, des bronches et du thorax, dont le diamèti'C transversal et le diamètre longitudinal s'agi'andis- sent : le premier, par le mouvement des côtes, qui sont portées en avant et eu dehors; le second, par le mouvement rétrograde ou mieux par la contraction du diaphragme. C'est à la contraction des muscles sus-costaux, intercostaux, inter- CORPS OU TRONC. ^t*^"^ costal commun, et petit dentelé antérieur, que les côles doivent d'èlre mises en niouvemeut. Dans les inspirations profondes, nécessitées, soit par un effort violent, soit par une alîection quelconque de l'appareil respiratoire, telles que \& pousse outrée, Yasphi/xie, etc., où il y n rjéne respiratoire, dyspnée ou orthopnée, les muscles inspirateurs ordinaires sont aidés dans leur action par le cjrand dentelé (les pectoraux, le grand dorsal, etc., n'agis- sent pas, comme chez l'homme) , à condition, toutefois, que le cheval soit dans la station verticale, les membres solidement appuyés sur le sol donnant de la fixité aux attaches scapulaires du muscle. L'inspiration énergique qui précède Xeffort est généralement suivie d'un temps d'arrêt plus ou moins prolongé pendant lequel l'ouverture du larynx se ferme complètement; de sorte que le thorax, compri- mant l'air qui ne peut s'échapper, forme un solide point d'appui aux muscles qui doivent entrer en action. L'effet des muscles précédents est continué par la contraction ou l'effacement du diaphragme, qui agrandit ainsi, non seulement le dia- mètre longitudinal du thorax, mais aussi son diamètre transversal par suile de la réaction des \iscères abdominaux qui, refoulés en arrière et eu dehors, tendent à écarter les hypochondres et la partie inférieure des dernières côtes. Chez le clieval, il n'y a pas d'agrandissement sensible du diamètre verlébro-sternal, comme cela a heu d'une façon si prononcée chez l'homme. En même temps que la cage thoracique s'agrandit d'un côté cà à l'autre et d'avant en arrière, le poumon se dilate par suite du vide qui existe, à l'état normal, entre sa face externe et les parois inlernes du thorax. Or, de l'amplialion de la cavité du poumon résultent une raréfaction de l'air intérieur, une différence de pression entre celui-ci et l'air extérieur, qui en profite alors pour faire irruption dans le ré- servoir pulmonaire. Quand la respiration est calme, il n'entre qu'un litre ou un litre et demi d'air cà chaque inspiration; mais, comme le poumon en cou- serve, après l'inspiration achevée, environ huit hires, il s'ensuit que l'air de la cavité pulmonaire ne se renouvelle totalement qu'après uae série d'inspirations. Le rôle (!^&% naseaux , du larynx et de la trachée ayant été précédem- 408 STRUCTURE. — FONCTIONS. meut examiné (Voy. IIP paitie, Tête et Cou), nous u'y revieudrons pas ici. 2° Expiration. — Après s'être dilaté pour faire aflluer dans le poumon une nouvelle quantité d'air, le thorax revient sur lui-même pour en chasser une quantité à peu près égale qui a servi à l'hé- matose. Cet acte, diamétralement opposé au précédent, constitue l'expiration. Son exécution se traduit par une réductio;i des denx grands diamètres du tliorax. Dans le resserrement selon le sens transversal, les côles, qui s'é- taient portées en dehors et en avant, reviennent eu arrière et en de- dans. Ce mouvement de retrait s'accomplit presque sans le secours des muscles, par la seule élasticité des parties dilatées. Les puis- sances musculaires préposées à l'abaissement des côles n'intervieu- uent guère qu'à titre d'agents complémentaires et régulateurs. Ces puissances sont représentées par les muscles petit dentelé postérieur, intercostal commun, transversal des côtes, triangulaire du sternum, abdominaux et intercostaux internes (si toutefois ces muscles agissent réellement dans l'expiration). Le resserrement du thorax dans le sens longitudinal est dû au relourdu diaphragme à sa forme primitive, à la réaction des viscères abdominaux, qui reprennent leur situation et leur volume primitifs. Les muscles abdominaux n'interviennent que faiblement, pour aider à la réaction passive des intestins. En même temps que le thorax reprend sou volume primitif, le pou- mon revient sur lui-même par le triple effet de sa propre élasticité, de la contraction du tissu musculaire, des ramifications bronchiques, et eufin du jeu des parois thoraciques. * Toutefois, dans Yemphysénie pulmonaire, par suite de la dilatation outrée des vésicules, celles-ci ont perdu leur élasticité, et le pou- mon, dans les points emphysémateux, revient difliciiement sur lui- même; il en résulte une gêne de la respiration se traduisant à l'ex- térieur par certains symptômes que nous examinerons eu parlant du rhythme des mouvements respiratoires. Le retrait de la cavité tlioracique et du poumon est suivi d'un léger resserrement de la trachée et de l'ouverture du larynx. Par suite d'une irritation quelconque des bronches, de la trachée, du larynx, ou môme de la muqueuse nasale, il se produit souvent une COIiPS ou TRONC. 49.1 expiration violente, dont l'effet est d'entraîner au dehors les muco- sités ou tout autre corps étranger qui auraient pu s'introduire dans les premières voies respiratoires. Cette expiration violente constilue, ou la toux^ ou V ébrouement . Chez le cheval, l'air ne revenant jamais des poumons dans la hou- che, c'est par les naseaux seuls qu'il sort, ainsi que les matières de 'expectoration. Dans la toux, il vient vihrer contre la glotte et le voile du palais. Dans \\'ùro>/emcnf, il vibre surtout contre les parois supé- rieures des cavité nasales. 3° Rhytlime de 1 inspiration et de l'expiration. — Pour bien saisir le rhythme normal des mouvements respiratoires, il faut soumettre le cheval à un léger exercice. On reconnaît facilement alors : 1° que l'inspiration est plus courte que l'expiration (1) ; 2° qu'il y a une pause très courte entre l'inspiration et l'expiration ; 3° qu'en- tre 5, 6 et 7 respirations de même étendue, il s'en opère une beau- coup plus profonde; 4° que certaines affections modifient profondé- ment le rhythme des mouvements respiratoires; c'est ainsi que dans l'emphysème pulmonaire, cause ordinaire de cet ensemble de symp- tômes qu'on désigne sous le nom de pousse, l'expiration se fait en deux temps, entre lesquels il y a un arrêt ou un soubresaut particu- culier : Fhypochoudre et le liane, après avoir effectué la moitié de leur abaissement, s'ari'ètent, rebondissent légèrement, pour descendre de nouveau jusqu'à leur limite ordinaire. D'autres conditions peuvent influer sur le nombre des respirations; tels l'âge, la température, l'état de repos ou d'activité musculaire, les impressions morales, la veille, le sommeil, le travail digestif, une foule d'états pathologiques, etc. C'est ainsi que l'on compte 10 à 12 mou- vements respiratoires chez les jeunes chevaux, tandis qu'on n'en trouve plus que 9 ou 10 à l'âge adulte. (.'exercice, au contraire, augmente le nombre des mouvements dans une proportion considérable. Un cheval au repos, qui respire 10 fois par minute, respirera 30, 40, 70, 90 fois, et même plus, si ou lui fait exécuter un certain temps de trot ou de galop. Il est à re- marquer que, pendant l'exercice, la respiration n'est pas très accé- lérée; ce n'est qu'après, quand le cheval est au repos, qu'on voit (1) D'après certains auteurs, les deux mouvements mettraient, au cjntraire, un temps égal à s'elTectuer. 410 STRUCTURE. — FONCTIONS. s'élever rapidemeut le nombre des mouvements respiratoires. 4° Murmvire respiratoire. — A l'étal normal, l'air, eu entrant dans le poumon et eu sortant de cet organe, détermine nu biuit par- ticulier, une espl'C3 de souffle léger appelé murmure respiratoire. Dans les affections de l'appareil respiratoire, les caractères de ce bruit s'altèrent [souffle luhaire, hruii de souffle). C'est sur les variations des bruits qu'où peut percevoir en appliquant l'oreille sur les parois latérales du thorax que le célèbre médecin français Laëunec a liasé sa méthode de Vauscultaiion. 2. — Pliénomènes chimiques. Les phénomènes qu'il faut examiner maintenant résullent du contact médiat de l'air atmosphérique, introduit pendaut l'inspira- tion dans les vésicules pulmonaires, et du fluide sanguin qui traverse les fines parois de ces vésicules. L'air qui pénètre dans le poumon contient près de 2t parties d'oxygène, 79 d'azote, 4 à 5 millièmes d'acide carbonique et une pro- portion variable de vapeur d'eau. En arrivant dans les vésicules pul- monaires, il fait subir au sang divers changements physiques et chi- miques. L'oxygène atmosphérique, séparé du sang seulement par les parois extrêmement déliées des vaisseaux qui se ramifient à la surface de la muqueuse des vésicules pulmonaires, traverse ces membranes minces et humides en vertu des lois qui régissent les phénomènes d'osmose, se mélange au sang noir ou veineux qui arrive au poumon par l'artère pulmonaire, et le transforme en sang rouge, vermeil ou artériel. Le sang qui traverse les capillaires du poumon, en même temps qu'il emprunte de l'oxygène à l'air (6 p. 100), lui rend, eu échange, une certaine proportion d'acide carbonique résultant de la combus- tion qui s'opère au sein des tissus vivants (4 1/3 p. 100). On crut pendant longtemps que les phénomènes d'oxydation et de combustion avaient le poumon pour foyer exclusif. Depuis, on s'est rendu compte que ces phénomènes commencent dans le poumon pour se continuer dans toute l'étendue du système vasculaire, notamment dans les ca- pillaires, et, en dehors des vaisseaux, dans la sul)stauce propre des divers tissus. Dans tous les cas, l'oxygène se combine avec le carbone que contient le sang ou que lui abandonnent les tissus vivants, et l'a- CORPS OU TRONC. 411 cide carI)oniqiie engendré par celle combinaison est transporlé parle sang veineux aux poumons, et ainsi de suite. Par suite d'une des plus merveilleuses harmonies de la nature, le gaz que les animaux expirent et qui est impropre à l'entretien de leur vie, est Justement le gaz nécessaire à l'entretien de la vie des plantes. Celles-ci l'absorbent par leurs feuilles, le décomposent, re- tiennent le cliarl)OU qui entre dans sa composition, et rejettent l'oxygène dans l'almosplière. La quantité d'acide carl)onique versée dans l'air par le poumon ^tant à peu près de 200 litres par heure, on tire parti de celle donnée pour la ventilation des écuries. L'air expiré a aussi acquis un léger excédent d'azote et de vapeur d'eau, en même temps qu'il a perdu 1/ 100 de son volume. La vapeur d'eau provient, eu grande partie, de la volatilisation des tUiides qui imprègnent la muqueuse des vésicules pulmonaii'es, des bi-onches, de la trachée, etc. ; c'est elle qui, dans les temps froids, produit ces deux colonnes de vapeur qu'on voit sortir des naseaux du cheval. Enfin, on rencontre quelquefois encore, dans l'air qui sort des pou- mons, des substances volaliles accidentellement contenues dans le sang (étlier, essence de téi'ébenlhine, etc.). Asphyxie. — Quand le travail chimique de la respiration cesse ou se fait mal, il y a asphyxie. Celle-ci peut tenir, soit à rinsuffisance de l'oxygène dans le milieu où se trouvent les animaux, soit à la pri- vation totale d'air, soit enfin à la présence d'une grande quantité d'a- cide carbonique. L'asphyxie produite par des gaz délétères est un véri- table empoisonnement. La première espèce d'asphyxie est celle qui se produit dans nue atmosphère confinée, oîi l'oxygène s'épuise rapidement et se trouve remplacé par une quantité à peu près équivalente d'acide carbonique. Elle tend à se manifester dans tout local resserré et fermé; c'est pour- quoi il importe, à défaut d'espace, de faciliter le renouvellement de l'air que respirent les animaux par la ventilation. Les phénomènes asphyxiques qu'on observe sur les hautes monta- gnes, par suite de la diminution de la pression atmosphérique, peuvent également être rangés dans la première espèce d'asphyxie. Enfin, l'asphyxie par insuffisance d'air se produit encore dans les cas d'ubsirucliondes canaux aériens, d'épanchement plcurétique abon- 412 STRUCTUliE. — FONCTIONS. daut — qui réduit le poumon à un très polit volume — de tui)oiculi- salion étendue. La seconde espèce d'asphyxie se produit, soit dans le vide, soit par strangulation, soit par submersion. L'asphyxie de la troisième espèce, due à la présence dans l'air d'un excès d'acide carbonique, tend à se produire, dans les conditions expérimentales, dès que le sang renferme 2 à 3 p. 100 d'acide carboniciue. Quel que soit le mode d'asphyxie, les symptômes sont les mêmes : mallise général; naseaux dilalés; mouvements respiratoires très accé- lérés ; yeux fixes, proéminents; muqueiises apparentes rouge foncé ou violacées ; battements du cœur forts et tumultueux ; pouls petit et vite ; face grippée et pleine d'angoisse. Puis, au dernier moment, les animaux s'agitent, se couchent, se relèvent et retombent enfin épuisés; alors, les mouvements des côtes et des flancs s'affaissent, les mouvements du cœur deviennent très faibles, les sensations s'émoussent, la sensibilité disparaît, et les ani- maux s'éteignent au milieu d'un calme qui contraste avec l'agitation du début. 3. — Influence du système nerveux sur les iiliénoraènes do la respiration. 1° Centre nerveux respiratoire. — Les phénomènes mécaniques de la respiration sont des actes réflexes dont le centre nerveux se trouve dans le bulbe rachidien., près de l'origine des nerfs pneumogastrique et spinal. Aussi, ladestruclion de ce centre, o\.\ nœud citai, suspend-elle immé- diatement le jeu de toutes les parties de l'appareil respiratoire. 2° JSerfs centripètes. — Les nerfs centripètes de la respiration sont (ont d'abord les pneumogastriques, qui aboutissent au bulbe rachidien, au niveau du uœud vilal. Ces nerfs transmettent à ce point les impressions vagues de la surface pulmonaire qui constituent le besoin de respirer. Par ce fait même, leur section, comme celle du laryugé inférieur (Voy. 111° partie, chap. 1", tête, larynx), détermine la paralysie du la- rynx ; mais cette section des pneumogastriques a d'autres résultats que la paralysie de la glotte, puisque l'ouverture faite à la Irachée n'em- pêche, dans aucun cas, l'animal de mourir au bout de 80 à 9o jours. CORPS OU TRONC 413 Toulefois, les pueumo£]faslriques ne sont pas les seuls nerfs ceulri- pèles de la respiration, puisque leur section n'eniraîne pas l'arrêt complet, au moins immédiatement, des phénomènes respiratoires. « Il y a d'autres voies sensitives qui viennent mettre en jeu le centre respiratoire, et d'autres surfaces que la surface pulmonaire servant de départ à ces nerfs centripètes. C'est la peau et ses nerfs qui jouent ce rôle... Sil'ou couvre la peau d'un enduit imperméable, d'un vernis, on voit aussitôt la respiration s'afTaiijlir, se ralentir, s'arrêter môme parfois, et en tout cas devenir insuffisante (1)... » 3° Ner/s centrifuges. — Quant aux nerfs centrifuges de la respiration, ils se distribuent dans les différents muscles inspirateurs et expi- rateurs. X. — DIXIÈME PLAN DIAPIinAGMB. rOL'MON UnOIT. COELR. AOUTE PRIMITIVE ET SES PUINCIPALES DIVISIONS. ARTÈnE ET VEINES PULMONAIRES. VEINES CAVES ANTÉRIEURE ET POSTÉRIEURE. STERNUM. VERTÈBRES DORSALES. MUSCLES LONG DU COU, SCALÈNE, GRAND DROIT DE L'ABDOMEN ET PETIT OBLIQUE DE L'ABUOMEN. En relevant le lobe gauche du poumon, on met immédiatement à découvert : 1° le cœur et les gros vaisseaux qui procèdent de cet organe ou qui s'y abouchent ; 2° la face interne du poumon droit; 3" le dia- phragme; 4° V œsophage, la trachée, le sternum, le corps des vertèbres dorsales, et différents muscles. Laissant un instant le cœur de côté pour l'examiner plus loin avec tous les détails que comporte son rôle dans la machine animale, nous allons tout d'abord passer successivement en revue chacune des autres parties qui entrent dans la composition du plan X. Commençons par le diaphragme (7, 8, 9, 10), cette vaste cloison musculo-aponévrotique qui sépare la cavité thoracique de la cavité alxlominale : c'est un muscle elliptique, dirigé de haut en bas et d'arrière en avant, concave sur sa face postérieure, convexe sur l'an- térieure. Il comprend : 1° une partie centrale, aponévrolique, le centre phrénique (7, 8) ; 2° une portiofi charnue périphérique (9). Le centre phrénique est partagé incomplètement en deux folioles par les piliers (10) du diaphragme, colonnes charnues descendant de la région sous-lombaire. Inférieuremeut, 1% pilier droit offre un trou qui (1) Malhias Duval, loc. cit., pp. 474 et 47o. 414 STRUCTURE. — FONCTIONS. laisse pénétrer Yœsopltagc (14) dans la cavilé abdominale. De même, le pilier gauche présente, eu haut, vers la ligne de séparation des deux piliers, un orillce destiné au passage de l'aorte postérieure (28) et du canal thoracique. La portion charnue se continue par son bord concentrique avec l'aponévrose centrale. Son bord excentrique est divisé en dentelures s'atlacliant sur la face supérieure de l'appendice xiphoïde du sternum et sur la face interne des douze dernièies côtes. En se contractant, ce muscle tend à devenir plan et à agrandir le diamètre antêro-postérieur de la poitrine. C'est donc un inspirateur. En avant du diaphragme, on \o\\.\a, face interne du poumon droit, en- partie cachée par le cœur et les gros vaisseaux artériels ou veineux. Le lobe pulmonaire droit présente cette seule particularité qu'il est pourvu d'un lobule spécial (12) manquant du côlé gauche. Avant de pénétrer dans le cœur ou à la sortie de cet organe, les gros vaisseaux artériels et veineux parcourent une certaine partie de la cavité thoracique. C'est ainsi qu'eu quittant le ventricule gauche, l'artère aorte, ou aorte primitive, se divise en deux brandies princi- pales : l'une se dirigeant eu haut et eu arrière, l'autre en avant. La première, ou aorte postérieure (28), gagne le côté gauche de la face interne du rachis, traverse l'anneau circonscrit par les deux piliers du diaphragme, et pénètre dans la cavité abdominale. Elle fournit, dans la cavité thoracique, treize artères intercustales (29,29), s'échap- pant à angle droit de la branche priucipale et se divisant, à l'extré- mité supérieure des espaces intercostaux, eu deux branches ; l'une inférieure, ou intercostale proprement dite, l'autre supérieure, ou dorso- spinale. La seconde branche aortique, l'aorte antérieure, se divise, à 5 ou 6 ceulimèlres de son origiue, eu deux branches : les artères uxillairei gauche et droite (22, 23), destinées aux membres antérieui's. Dans son trajet thoracique, chacuu de ces troncs artériels fournit quatre branches collatérales : trois supérieures, les artères dor- sale (24), cervicale supérieiae (2o) et vertébrale {^G); une inférieure, la thoracique interne, rampant à la face interne de la première côte et invisible, par ce fait même, sur le X° plan. A la sortie des artères axillaires de la cavilé du thorax, au niveau de la première côte, deux branches se détachent encore de chacune CORPS OU TRONC. 4lo d'elles : l'une en avant, la cervicale inférieure, cachée sur le X° plan; l'auli-e par en bas, la tlmracique externe (27), que nous voyous con- tourner le bord antérieur de la première côte (A), pour se diriger ensuite en arrière et s'épuiser dans les muscles pectoraux. De l'aorte primitive s'échappent encore les artères cardiaf/ues droite et gauche, que nous examinerons eu parlant du cœur. Les veines caves antérieure (30) et postérieure, dont la première seule est figurée sur le plau X, doivent être considérées comme les veines correspondantes de l'aorte antérieure et de l'aorte postérieure. Elles suivent à peu près le même trajet dans la cavité thoracique. Toujours sur le plan médian, entre les artères axillaires, dans une même direction que l'aorte et la veine cave antérieures, au-dessus des oreillettes (17,18), se trouve la trachée {{?>), long tube flexible et élastique chargé d'apporter Tair extérieur aux poumons. (Voy. 111° partie, chap. ii, § 1, Cou.) Plus haut que la trachée, le plan X figure encore un long canal membraneux, cylindrique, destiné cà la conduite des aliments de l'arrière-bouche dans l'estomac : c'est ïœsophage, qui s'engage dans la cavité abdominale par l'ouverture du pilier diaphragmatique droit. Quant kïartère (19) et aux veines pulmonaires (20), nous connais- sons suflisamment leur trajet dans le poumou pour qu'il soit inutile d'y revenir. Enfin, le plan X nous montre aussi d'autres parties entrant direc- tement ou indirectement dans la composition des parois tlioraciques iuterues : eu haut, ce sont les cor/is des douze dernières vertèbres dor- sales (F. F), entre lesquels rampent les artères intercostales (29. 29). Bien qu'aucun des plans de la PI. IX ne nous fasse voir complè- tement les vertèbres dorsales, nous devous cependant, eu égard à leur rôle très complexe, en dire un mot ici. 11 sera, d'ailleurs, facile au lecteur de nous suivre dans notre descriptiuu en s'aidaut de la pi. 1 (IP plau) et de la fig. 1 du texte. Outie les caractères communs à toutes les vertèbres (Voy. Impartie, Squelette), celles de la région dorsale, au nombre de 18, présentent certaines particularités que nous allons résumer : Le corps, très court, est pourvu, en avant, d'une tête large, peu saillante, et, en arrière, d'une cavité peu profonde. Latéralement, à la base des apophyses Iransverses, ou trouve quatre facettes articulaires, 4IG STRUCTURE. — FONCTIONS, dont deux antérieures et deux postéiieurcs qui, par leur réunion avec celles de la vertèbre voisine, forment une petite cavité pour loger la tête de la côte correspondante. Vapophyse épineuse est très haute, aplatie d'un côté à l'autre, cou- chée eu arrière et terminée par un sommet renflé. Les apophyses trans- verscs, assez développées, sont dirigées ohliquemmt en dehors et en haut. Les apoplnjscs arliculaires sont représentées par de simples fa- cettes taillées sur la base même de l'apophyse épineuse. Quant aux caractères qui peuvent servir à distinguer une vertèbre dorsale d'une autre, ils résident surtout dans la longueur différente des apophyses épineuses, dont les plus longues appartiennent aux troisième, quatrième et cinquième verlèbies; tandis que celles qui suivent s'abaissent graduellement jusqu'à la dix-huitième. Les arlkulalions des vertèbres entre elles ayant été examinées dans le paragraphe précédent, nous n'y reviendrons pas ici. Nous ne nous occuperons pas plus de la partie de l'axe central du système nerveux logée dans le canal rachidien, les détails que nous lui avons déjà consacrés nous paraissant très suffisants (Voy. 111'' partie, chap. i", Tête, Moelle épinière). Nous dirons, toutefois, que les nerfs rachidlens, vertébraux ou spinaux, c'est-à-dire ceux qui émanent de la moelle épinière et sortent du canal vertébral par les trous de conju- gaison pour se porter aux organes, sont au nombre de 42 ou 43 paires ainsi réparties dans les cinq régions du rachis : 8 paires cervicales^ 17 paires dorsales^ G paires lombaires, o paires sacrées, et 6 ou 7 paires coccfjyiennes. La face inférieure du corps des six premières vertèbi'es dorsales est i-ecouverte par le muscle long du cou (6), qui y prend ses atta- ches postérieures. (Voy. 111° partie, chap. ii, § 1, Cou.) En avant de la preuiiiTe côte (A), le long du cou est lui-même en partie recouvert par le muscle scalène (5), qui a été également étudié dans le paragraphe précédent. Jusque-là, nous n'avons guère fait que nommer le sternum (D) ; il nous reste maintenant à entrer dans quelques détails à son sujet : c'est une pièce ostéo-cartilagineuse, allongée d'avant en arrière, comprimée d'un côté à l'autre, excepté eu arrière, où elle est aplatie de dessus en dessous. On y reconnaît une face supé- rieure, deux faces latérales, trois bords et deux extrémités. La face COUPS ou TRONC. 'il7 supérieure sert de plancher h la cavité tlioracique, tandis que chaque face latérale reçoit l'extrémité inférieure des huit cartilages des vraies côtes. Les deux bords latéraux séparent la face supérieure des faces latérales ; le bord inférieur, opposé à la face supérieure et très proéminent antérieurement, simule assez bien la carène d'un navire. L'extrémité antérieure constitue le prolongement trachêlien du sternum ; l'extrémité postérieure, large palette cartilagineuse, a reçu la dénomi- nation (ï a ppendice iphokle. Le sternum ne donne appui, en définilive, qu'aux vraies côtes; mais, comme les fausses côtes s'unissent par leurs cartilages cos- taux (C) au dernier cartilage sternal, il s'ensuit que le sternum sert d'appui indirect à l'extrémité inférieure de toutes les côtes. Sur la face inférieure du sternum et les cartilages des quatre dernières côtes sternales et des premières asternales s'attache une large et puissante bande musculaire qui s'étend de là jusqu'au pubis ; cette bande représente le muscle grand droit do F abdomen (3), dont nous parlerons plus longuement à propos de la planche X. Plus en arrière et eu dehors, au-dessous du grand oblique, recou- vrant en partie le muscle précédent, s'étend le petit oblique ou oblique interne de l'abdomen (1), qui complète en arrière les parois latérales du tronc. Composé d'une portion charnue et d'une aponévrose aulé- ro-inférieure, ce muscle occupe la région du liane. Les fibres qui entrent dans la composition de sa portion charnue, étalées comme les rayons d'un éventail, partent de l'angle externe de l'iliura (E) et de l'arcade crurale pour rayonner vers le bord antéro-inférieur. Le bord supérieur de cette même portion charnue est uni par une épaisse production jaune élastique à un petit muscle particulier, le rvtracteur de la dernière côte (2) [Retractor costœ des Allemands), que certains auteurs considèrent comme une dépendance du petit oblique. Quant à l'aponévrose de ce dernier muscle, nous la décrirons en même temps que la face inférieure du tronc. Organe central de la circulation, le cœur (15) est un muscle creux formé de fibres striées complètement indépendantes de la volonté. Il est renfermé dans un sac fibro-séreux qu'on désigne sous le nom de Le Clicval. 27 418 STRUCTURE. — FONCTIONS. péricarde, et silué entre les deux lames du niédiasliii antérieur, en regard des 3°, 4% 5° et 6° côtes, en avant du diaphragme, au-dessus du sternum, qui semble le supporter, au-dessous de la colonne verté- brale (F. F), à laquelle il est suspendu au moyen des gros vaisseaux. Cet organe présente la forme d'un couoïde renversé, légèrement dé- primé d'un côté à l'autre, dirigé de haut en bas et d'avant en arrière. On lui reconnaît deux faces^ deux bords, une base et un sommet ou poinic du cœur; celle-ci, dirigée en arrière et en bas, est un peu con- tournée ou déviée à gauche. Le conoïde figuré par le cœur est divisé par une cloison verticale en deux poches parfaitement indépendantes, qu'on désigne sou- vent sous les noms de cœur gauche et de cœur droit. Ces poches sont subdivisées chacune en deux coaiparlimeuts superposés, ïoreilletle et le ventricule, par un étranglement circulaire au niveau duquel existe l'ouverture appelée orifice auriculo-vcntriculaire. Très largement béant et à peu près circulaire, cet orifice met en communication l'oieillette et le ventricule du même côté; il est pourvu d'un repli valvuleux jouant le rôle de soupape et chargé de boucher exactement l'orifice quand le ventricule se contracte pour chasser le sang dans les arbres artériels (artères pulmonaire et aorte). La valvule auriculo-ventriculaire droite est désignée sous le nom de valvule tricuspide; celle de gauche, sous la dénomination de valvule bicuspide ou mitrale, en raison de la disposition particulière de ses festons, qui simulent, dans leur ensemble, les deux valves d'une milre d'évèque. Les valvules tii- cuspides et mitrales s'ouvrent de haut eu bas. C'est la masse ventriculaire qui détermine la forme couoïde du cœur, dont elle constitue la plus grande partie. La niasse auriculaire représente une sorte de couvercle fortement concave qui surmonte l'orifice auriculo-ventriculaire. 11 est à remarquer que, si le septum médian de la masse auriculo- ventriculaire empêche toute communication entre le cœur gauche et le cœur dioit, la disposition des fibres musculaires établit, par contre, une telle sohdarité entre la masse ventriculaire d'une part et la masse auriculaire d'autre part, que les deux ventricules, de même que les deux oreillettes, ne peuvent se contracter l'un sans l'autre , tandis qu'une oreillette et un ventricule peuvent agir séparément. En incisant l'uue des poches auriculo-ventriculaires, de manière CORPS OU TRONC 419 à ouvrir du même coup l'oreilletle et le ventricule droits ou gauches, on voit les parois internes du coeur hérissées de colonnes c/tamiies qui, en s'entre-croisant, forment des aréoles plus ou moins irrégulières. Un certain nombre de ces colonnes s'attachent par une de leurs extré- mités au bord libre des valvules auriculo-ventriculaires. Dans le ventricule droit (15), en avant et à gauche de l'ouverture auriculo-ventriculaire, on aperçoit encore l'embouchure de l'artère pulmonaire (19), ou orifice pulmonaire, garnie de trois valvules dites sigmdides, suspendues à l'entrée de l'artère pulmonaire comme trois nids de pigeons réunis en triangle. Au contraire des valvules auriculo- ventriculaires, elles s'ouvrent de bas en haut. Dans le ventricule gauche (16), l'origine de l'aorte primitive, ou orifice aortiçue, occupe une situation analogue à celle de l'artère pul- monaire dans le ventricule droit et est, comme elle, pourvue de trois valvules sigmoïdes. A sa naissance, l'aorte primitive fournit deux branches collatérales [artères cardicujucs ou coronaires) : l'une droite, l'autre gauche, exclusivement destinées au tissu du cœur (31, 32). Uoreillette droite est percée, en haut et en dehors, de quaire ouver- tures; ce sont les embouchures de la veine cave postérieure, de la veine cave antérieure, de la veine azijijos et de la grande veine coronaire (cette dernière suit, autour du cœur, le trajet de l'artère de même nom). Les veines coronaire et azygos sont pourvues de petites val- vules. Quant à \ oreillette gauche, sa partie supérieure est également per- cée de plusieurs orilices; ceux-ci, au nombre de quaire à huit, sont les embouchures des veines pulmonaires et ne présentent pouit de valvules. Les cavités du cœur sont tapissées par une membrane séreuse &\)'Çii\è& endocarde , dont rinflammalion a recule nom lY endocardite. Le péricarde peut également s'enflammer ; il y a alors péricardite, all'ection qui s'accompagne généralement d'une hydropisie de la séreuse. Circulation. La circulatinn est la fonction physiologique par laquelle le sang est distribué dans toutes les parties du corps, afin de fournir aux or- ganes les matériaux nécessaires à leur nutrition; c'est Ilarvey, méde- 420 STRUCTURE. — FONCTIONS. ciii (lu roi d'Angleterre Charles l" (I6I!J), qui expliqua et démonlra la circulation. L'appareil qui sert à cette foiictiou se compose essentiellement de deux espèces d'organes : 1° d'un organe central, le cœur, chargé de recevoir le sang de toutes les parties du corps et de le pousser dans ces mêmes parties; 2° d'un système de canaux ou de tubes membra- neux s'irradianl dans tous les sens et opérant la locomotion du sang. I. — Circulation cardiaque. Le mouvement du sang tient essentiellement à l'impulsion puis- saute que le cœur communique à ce fluide. Le cœur est placé à la fois sur le trajet du sang veineux et du sang artériel; mais sa division en deux poches ou plutôt en deux cœurs n'ayant entre eux aucune communication ne permet pas le mélange du sang rouge et du sang noir. Pour analyser l'action du cœur el se faire une idée exacte de cha- cun des éléments dont elle se compose, il convient de prendre l'or- gane au moment d'une pause ou lorsqu'une révolution vient de finir. La révolution qui va commencer s'opère dans l'ordre suivant : 1° con- traction ou systole des oreilleUes, coïncidant avec le relâchement ou la diastole des ventricules; 2° contraction ou systole des ventricules, coïn- cidant avec le relâchement ou la diastole des oreillettes. Puis, après une pause pendant laquelle toutes les cavités tombent dans l'inertie, le jeu de Forgane recommence dans le même ordre. \° Systole des oreillettes et des ventricules. — En se contractant, les oreillettes projettent chacune une partie de leur con- tenu dans le ventricule correspondant, dont l'orifice supérieur est alors béant, par suite de l'abaissement des valvules auriculo-ventriculaires résultant à la fois de la contraction des oreillettes et du poids du sang. A la contraction brève, faible el aphone des oreillettes succède la contraction plus longue et plus énergique des ventricules. Celle-ci déplace le cœur en masse, le projette à gauche sur les parois cos- tales, donne lieu à un choc plus ou moins violent, à un biuit plus ou moins perceptible, et lance le sang dans le système artériel. Chez le cheval, c'est à la fois sur les cartilages de la 5° et de la G'' côtes, près de leur articulation avec la partie osseuse, et très exactement sur le cinquième espace intercostal, que se trouve le centre du choc COUPS ou TRONC. m. systolique. La pointe du cœur demeure presque étrangère à ce phé- nomène, dautaut plus que, par une bizarre singularité, ello est incurvée à droite au lieu de demeurer courbée à gauche, comme dans la généralité des animaux. 11 t'Sl à remarquer que, pendant la systole des \cutricules, les \alvules auriculo-ventriculaires se relèvent et obstruent à peu près complètement les ouvertures qui font communiquer les oreillettes avec les ventricules, tandis que les valvules sigmoïdes des orilices pulrao- naiie et aorlique s'ouvrent et donnent libre passage au sang que la contraction des ventricules chasse dans le courant circulatoire. 2° Diastole auriculo-ventriculaire. — A peine les oreil- lettes se sont-elles resserrées qu'elles reviennent brusquement sur A, venti icule droit. 15, oreillette droite. G, artère pulmonaire. E, \eiiio cave. Fig. 143. — Scliéma du cours du sang. D, ventricule gauche. C, oreillette gauche. F, aorte. H, veines pulmonaires. (G. Colin, t. W. elles-mêmes pour rendre libre l'afllux du sang veineux dans leurs cavités. Dans la diastole ventriculaire, la cavité des ventricules se dilate, le cœur se gonfle dans fous les sens, sa pointe revient en arrière et se rapjiroelift de la ligne médiane; enfin, les valvules mitrales et Iricus- pides s'abaissent et laissent affluer dans les ventricules le sang des oreillettes, pendant que les valvules sigmoïdes se ferment et empè- chenf leliqui.le des ventricules de s'échapper par les orilices aortique et pulmonaire. 3" Cours du sang- dans les cavités du cœur. — Le sang 422 STRUCTURE. — FONCTIONS. veineux, qui arrive de toutes les parties du corps, pénètre dans l'oreil- lette droite du cœur par les veines caves antérieure et postérieure, les veines coronaires et la veine azygos; puis, jiar suile de la systole auriculaire, iFpasse de la cavité des oreillettes dans le ventricule situé au-dessous, pour se rendre enfin dans le poumon par l'artère pulmo- naire. Là, il est hématose et ramené par les veines pulmonaires dans l'oreillette gauche. Ces phénomènes constituent ce qu'on appelle la petite circulation ou circulation pulmonaire. Arrivé dans l'oreillette gauche, le fluide sanguin est refoulé par la systole auriculaire dans le ventricule correspondant qui, en se contrac- tant à son tour, le chasse par l'artère aorte dans toutes les parties du corps. De là, il est ramené par les veines caves, les veines coro- naires et la veine azygos dans le cœur droit, et la même série de phénomènes recommence. Celte circulation périphérique constitue lar/ra/ide circulation (fig. 143 du texte). 4° Bruits du cœur. — Les mouvements du creur s'accompa- gnent de deux bruits : le premier est prolongé et fort ; le deuxième est clair, éclatant et bref. Le premier bruit, qui est systolique, coïncide avec le choc du cœur sur les parois du thorax. Il est isochrone avec la contraction des ventricules et la pulsation artérielle. Le second bruit coïncide avec le moment où les valvules sigmoïJes des orifices aorlique et pulmonaire se ferment sous le poids de la colonne sanguine, qui tend à revenir par le cœur. Entre ces deux bruits, il y a un temps de silence qui répond au relâchement de toutes les parties du cœur et à la fin d'une révohilion. Le nombre des contractions que le cœur effectue en un temps donné varie suivant l'âge et une foule de conditions physiologiques et pathologiques. Normalement, on compte 36 à iO battements du cœur par minute chez le cheval. La fréquence de ceux-ci est en raison inverse de l'âge. Le sommeil, les efforts, le froid, l'immersion dans l'eau froide, certains médicaments, tels que la digitale et la véralrine, l'injection dans les veines de substances étrangères, diminuent également les contractions cardiaques. Au contraire, l'exercice, l'agitation, les cris, CORPS OU TRONC. 4-23 la chaleur, la diminulion de pression extérieure, la décapilalion ou la section de la moelle allongée, l'asphyxie, les hémorrhagies mortelles, augmentent le nombre des batiemenis du cœur. Les bruits du cœur sont quelquefois modiliés, non seulement dans leur fiéquence, mais encore dans leur timbre et leur intensité, par suite de maladies de cet organe; c'est ainsi qu'on distingue le bruit de souffle^ le biuH de râpe, le bniil mélalUque (charbon), etc. Ces bruits anormaux s'entendent, soit à côté des bruits ordiuaiies, soit en leurs lien et place. 1. — Circulation artéi'ielle. Au moment de la systole veutriculaire, l'ondée sanguine, projetée avec une grande force, soulève les \alvules sigmoïdes, les écarte, les applique à la face interne des parois vasculaires et passe librement de la cavité ventriculaire dans le système artériel. La poussée du sang dans les artères est donc déterminée par la contraction des ventricules; toutefois, cette force d'impulsion n'agit pas seule et se trouve aidée dans son action par d'autres forces auxiliaires provenant de la contractilité et de l'élaslicilé dos artères. L'élasticité des parois aitérielles agit eu même temps que la foi'ce systolique et tend à transformer un mouvement intermittent en un mouvement continu; leur contractilité peut à la l'ois servir d'auxiliaire à l'action impulsive du cœur et régler la quantité de sang distribuée aux organes. Dans leur trajet^ il arrive souvent que deux artères très éloignées de leui' point de départ se rejoignent et s'abouchont, de manière que le sang de l'une peut passer dans l'autre, et réciproquement; c'est ce qu'on appelle une anaitomoxe. Pouls. — Lorsque le doigt vient à comprimer légèrement une artère reposant sur une partie suflisamment résistante, il perçoit la sensation d'un choc plus ou moins fort, qui se répète, avec un léger retard, à chaque battement du cœur. C'est ce phénomène qu'on désigne sous le nom da pouls. Les pulsations artérielles étant isochrones avec les battements du cœur, il s'ensuit que le pouls bat normalement 36 ou 40 fois à la minute et que les conditions physiologiques ou pathologiques ayant une influence quelconque sur le nombre des battements cardiaques ''^4 STRUCTURE. — PONCTIONS, agissent daus le même seus relativement à la fn''quence du pouls Aussi, les caractères fournis par le pouls sout-ils d'une grande utiliir! pour le diagnostic de la plupart des maladies. .3. — Circulation capillaire. Le sang, pour passer des artères dans le poumon, doit traverser des vaisseaux extrêmement déliés, formant ce que l'on appelle des cff/;?'/- laires. La direction des courants capillaires a lien des artères vers les veines. Leur vitesse est subordonnée à la fois à celle de la circulation générale et peut-être aussi à l'action des parois capillaires; elle paraît plus grande du colé des arlérioles que vers les radicules des veines. Dans tous les cas, les globules placés au même point n'ont pas la même vitesse : ceux de la périphérie progressent lentement; ceux eu dedans des premiers marchent plus vite; enfin, ceux du reste du cou- rant ont la vitesse maxima. Celte particularité est très avantageuse pour les échanges moléculaires qui doivent avoir lieu au niveau des capil- laires. L'air froid, l'eau froide, la glace, agissent immédiatement sur les vaisseaux capillaires; ils les rétrécissent, font pâlir les parties, y dimi- nuent l'apport du sang et y rendent son mouvement plus lent et plus difficile. La chaleur produit l'elTet inverse. ■4. — Circulation veineuse. Le sang que le cœur a lancé dans les artères et les capillaires doit être ramené à son point de départ en suivant un trajet inverse h celui qu'il a déjà parcouru; c'est par les reines que ce retour s'efTectae et que se comjilète l'itinéraire de la circulation. La vitesse avec laquelle le sang se meut dans les veines est beau- coup moins grande que celle des mouvements de ce tluide daus le système artéiitd. Sa progression est régulière, continue, sans intermit- tence sensible. Les veines, enfin, ne donnent au doigt aucune pulsa- tion. Le sang se meut daus le système veineux en vertu des impulsions initiales et successives qu'il a reçues daus les sections précédentes de l'appareil circulatoire. 11 est, en outre, soumis à l'impulsion des parois veineuses elles-mêmes, aidée par l'action éventuelle de diverses causes : CORPS OU TRONC. 425 La dilalalion du thorax, par exemple, lors de l'inspiration, exerce sur les oreillettes du cœur, sur les grosses veines qui y aboutissent, etc., une action aspiralrice accroissant l'impulsion du sang; l'expiration, au contraire, diminue la vitesse du sang dans les veines. Toute cause mécanique s'opposaut, pendant un certain temps, à la libre circulaliou du sang dans le système veineux, ralentit également le cours de ce liquide, augmente sa pression et, par suite, provoque la transsudatiou de sa partie fluide en dehors des veines. C'est ainsi que se produisent les œdèmes sous le ventre à la suite de compression trop forte du surfaix maintenant la couverture. C'est également par le même mécanisme que les membres du cheval au repos s'engorgent au bout d'un certain temps : par le fait de l'inaction forcée dans laquelle se trouvent les extrémités, la circulation du sang languit dans les veines, sa tension augmente, et sa partie liquide ne tarde pas à transsuder eu dehors des vaisseaux veineux. La circulation dans les veines est favorisée par la présence de valvules placées dans leur intérieur, de distance en distance, et soute- nant la colonne sanguine qu'elles divisent. Ces valvules ont encore pour usage, dans les veines des membres, d'atténuer l'influence que la pesanteur exerce sur le cours du sang. 5. — liiduonco du système nerveux sur la circiilalion. Cœu)'. — Le cœur, si prompt à s'affecter de toutes les sensations de l'économie, n'est cependant pas doué d'une sensibilité exquise. On l'a pincé, lacéré en plusieurs points, piqué dans fous les sens, sans provoquer une douleur manifeste. C'est même pourquoi Ton a cru longtemps, avec Ilaller, qne le cœur était indépendant du système nerveux. Pourtant, comme beaucoup d'autres, cet organe a une sensibilité spéciale, qui est mise en jeu par certains excitants et se trouve réglée, quant à son exercice, par des filets nerveux du pneumogastrique et du [/raml si/mpalliiquc. Le pneumogastrique agit comme nerf modérateur ou paralysant du cœur. Par suite, sa section accélère les mouvements de cet organe, tandis que son excitation les ralentit (1). (1)MM. ArloiiigctTripier onl remarqué que l'excitation du pneumogaslrique droit a plus d'action sur le cœur que celle du gauche. Celui-ci agit plus spécialement sur le poumon. 426 STRUCTURE. — FONCTIONS- Le grand sympathique, au contraire, joue h rôle de ver/ accrh'va- teur. ((De plus, le cœur coiilieut, dans l'épaisseur même de ses parois, de petits ganglions dont les uns agissent comme centres modérateurs, les autres comme centres accélérateurs. C'est pour cela que le cœur, arraché de la poitrine^ pont conlinner encore à Lattre plus on moins- longtemps, selon les espèces animales (1). » Vaisseaux. — Les vaisseaux, qui, nous le savons, peuvent se con- tracter par suite d'excitations directes (froid, chaleur, choc, etc.), sont aussi soumis à l'influence du système nerveux. Les nerfs qui agissent ici appai tiennent, pour la plupart, au grand sympathifjite (Voy. 111" partie, chap. u, § 2, Tronc, appendice), d'après les expériences de Claude Bernard. Connus sous la dénomination générale de vaso-moteurs, ces nerfs produisent dans les parois musculaires des vaisseaux, qu'ils innervent, tantôt des contractions, tantôt des paralysies. Les uns, eu somme, sont vaso-constricteurs , les autres vaso-dilatateurs. L'action de ces derniers s'explique par une action suspensive ou à'arrèt analogue à celle que la pneumogastrique exerce sur le cœur. La fièvre résulte d'une action exagérée des nerfs vaso-dilatateurs,. qui sont en même temps calorifiques. Le sang du cheval est un liquide assez consistant, possédant une odeur faible, mais particulière à l'espèce. Sa réaction est alcaline; soa poids spécifique, de 1 ,060, varie d'une manière notable dans les difTé- renls états pathologiques et même à l'état normal, suivant les indi- vidus; sa couleur rouge est rutilante dans les artères, plus foncée dans les veines. D'oii la division qu'on a établie en sang artériel elen sang vei- neux. M. le professeur Colin, d'Alfort, a observé que la proportion du. liquide sanguin, comparée au poids du corps, varie dans des limites assez gi'andes suivant les animaux; toutefois, il a pu constater que le cheval donne, en moyenne, une quantité de sang équivalente à 1/18. de son poids; soit 26 à 30 kilogrammes de liquide sanguin pour ua cheval pesant 500 kilogrammes. (1) Kuss et Malhias Duval, Cours de plnjsiologic, a' édition, lt583, p. 238. CORPS OU TRONC. 427 Le sang se compose de deux parties : une liquide, transparenle, incolore, le plasma, au milieu de laquelle nage la paitie solide consti- tu^'e par les globules rouges et les globules blancs. De beaucoup les plus nombreux, les globules rouges donnent au sang sa coloration. Ils se présentent sous la forme de disques légère- ment biconcaves, dont le diamètre est de 0""",00b7 chez le cheval. Leur nombre, dans une goutte de sang, est considérable; on admet qu'il en existe cinq millions dans un millimètre cube, soit cinq milliards environ dans un litre. Les femelles ont moins de globules rouges que les mâles. D'un autre côté, les individus bien musclés, énergiques, san- guins, en ont plus que les individus mous, lymphatiques. Une foule d'étals pathologiques font aussi varier le chiffre des globules; la plu- part le descendent : telle l'anémie. Il y a altération des globules dans plusieurs maladies : dans les maladies charbonneuses, par exemple, ils changent de forme, de- viennent ratatinés, déchiquetés. Le rôle des globules rouges est très important, en ce sens surtout qu'ils absorbent presque à eux seuls l'oxygène destiné à l'hématose. Les globules blancs figurent de véritables cellules en voie de forma- tion. Ils sont absolument identiques aux globules de la lymphe. Le corps des globules rouges est formé par de l'eau et par deux substances: l'une, albuminoïde, \i\ globuliue, incolore, insoluble dans le sérum ordinaire; l'autre, co\o\' outre, être digestible et présenter une bonne relation iiulritive (rap- port existant entre les matières azotées et les matières non azotées). Les animaux ue prennent les matières alimentaires que lorsqu'ils y sont sollicités par la faim, sensation d'autant plus vive et plus fré- quente que le sujet est mieux portant et plus jeune, à cause de l'acti- vité de la nutrition et de l'accroissement dans les premiers âges de la vie. De même, l'impulsion qui porte le Cheval à la préhension des li- quides est le résultat d'une sensation interne, la soif\ qui se développe surtout après le repas et lorsque le sang a éprouvé une déperdition cousidéraijle d'éléments aqueux. Chaque espèce animale a un régime, c'est-à-dire un mode d'ali- mentation propre, réglé par son organisation et ses instincts. C'est ainsi que le Cheval, animal herbivore, ne prendra jamais de plantes vénéneuses, à moins que celles-ci se trouvent mélangées à d'autres plantes ou qu'il soit pressé par la faim. Privé d'aliments, ou sous le coup de ïabi/inence, le Cheval résiste d'autant mieux qu'il est plus gras et se rapproche plus de l'âge adulte. Dans tous les cas, il se nourrit plus ou moins longtemps aux dépens de sa propre substance [uutophaijie), puis s'émacie petit à petit, et finit enfin par mourir quand l'absorption ne recueille plus la somme des matériaux nécessaires à l'entretien de la vie. 1° Préhension des aliments. Mastication. Insaliva- tion. Dég-lutition. — Le Cheval se sert de ses lèvres et de ses dents incisives pour prendre les aliments. Une fois introduits dans la bouche, ceux-ci y sont divisés, écrasés, réduits en pâte pour être plus facilement attaqués par les liquides du tube digestif. En même temps, les matières alimentaires se trouvent en contact avec la salive, liquide filant produit par les glandes salivaires, dont le rôle est de ramoUir les aliments, de dissoudre leurs matières sucrées, mucilagi- neuses, la plupart de leurs sels, et enfin de transformer en sucre les principes amylacés que ces aliments renferment. Agglomérés ainsi sous forme de bol, les aliments passent de la bouche dans le pharynx et l'œsophage; puis, de là, dans Ves[om3Lc{Déglutitioti) (Voy. 111° par- lie, chap. I et II, tête et cou, Cavité buccale, Glandes salivaii'es, Pharynx et Œsophaye). 2° Digestion gastrique. — Les aliments, une fois arrivés dans Le Clieval. 29 4oO STRUCTURE. — FONCTIONS. l'estomac, s'y accumulent, le distendent, y séjournent pendant un certain temps, et se transforment en une masse pulpeuse appelée chyme sous l'action du suc gafitriipie sécrété par le cul-Je-sac droit. La chymificalion se trouve aidée par les contractions du viscère, qui favoriseul la désagrégation des aliments, leur passage dans l'in- testin et la sécrétion des glandes pepsiques. Le suc gastiique, grâce à son principe excitant particulier, la. pe//sine, qui lui donne ses principales propriétés, dissout et rend assimilables la fibrine, l'albumine coagulée (qu'il transforme eu pepfoiies), ainsi que toutes les substances azotées. Par contre, il n'a pas d'action sur les matières grasses, qui ne peuvent être modifiées que dans l'intestin. La digestion gastrique est plus ou moins puissante suivant les espèces animales; elle est à son maximum chez les carnivores et chez certains oiseaux de proie, qui digèrent assez facilement des os, des pierres, et même des pièces métalliques, grâce au long séjour des aliments dans l'estomac, à la structure et aux contractions énergiques du viscère. Si l'importance de la digestion gastrique se trouve diminuée chez le Cheval, cela tient à ce que la muqueuse sécrétante de l'eslomac de cet animal est réduite de moitié, et surtout à ce que les aliments ne font que passer dans sa cavité. D'ailleurs, chez les animaux d'une même espèce, l'action de l'esto- mac varie suivant la composition et la quantité des aliments ingérés, suivant leur degré de consistance et les préparations diverses qu'on leur a fait subir : Ainsi, la digestion gastrique est d'autant plus active que les ali- ments sont plus riches en matières azolées ; c'est pourquoi l'orge et l'avoine, qui renferment environ 12 p. 100 de matières azotées, éprou- vent dans l'estomac du Cheval des changements importants et y séjour- nent plus longtemps que le foin et la paille. D'autre part, les contractions des parois stomacales deviennent à peu près insensibles, la sécrétion du suc gastrique se ralentit, toutes les fois que festomac est trop ou trop peu distendu. Pour que l'action de ce réservoir s'exerce convenablement, il faut que les aliments s'y accumulent eu quantité modérée, peu à peu, et non brusquement. Enlui, il est évident que le degré de consistance des aliments et les préparations diverses qu'ils ont subies doivent exercer aussi une in- CORPS OU TRONC. 451 fluence notable sur la durée de la digestion stomacale. Les aliments de consistance molle, ceux qui ont été bien mastiqués, ceux que l'on a soumis à certaines préparations, comme la cuisson, la division, la fer- mentation, etc., subissent dans l'estomac une digestion plus complète que les autres. Il s'ensuit que les aliments passent d'autant plus vite dans l'intes- tin qu'ils sont plus divisés et plus liquides. L'eau, par exemple, ne séjourne pas dans le réservoir gastrique. Notons, d'ailleurs, que les aliments les plus durs ne paraissent pas séjourner plus d'une heure ou d'une heure et demie dans l'estomac du cheval. 3° Vomissement. — Le vomissement consiste dans la réjectiou convulsive et en masse des aliments contenus dans l'estomac. C'est, dans la majorité des cas, un acte moins physiologique que patholo- gique. Le vomissement ne se produit pas, à beaucoup près, chez tous les animaux. Il en est qui vomissent facilement : les carnassiers, un cer- tain nombre d'omnivores, et, parmi ces derniers, l'homme, par exemple. D'autres vomissent rarement, comme les ruminants. Enfin, les sohpèdes vomissent encore plus rarement, et, presque toujours, chez ces animaux, le vomissement indique une lésion grave, sinon mortelle. Il s'effectue par suite d'une impulsion nerveuse appelée nausée, et par l'action simultanée et combinée de l'estomac, du diaphragme, des muscles abdominaux et de l'œsophage. Diverses causes sympathiques relatives à l'imagination, chez l'homme, provoquent la nausée ; mais elles ne paraissent pas avoir d'action sensible chez les animaux. Le point de départ et la nature de cette sensation restent indéterminés. Quoi qu'il en soit, l'impossibilité du vomissement, chez le cheval, est due à la présence, autour du cardia, d'un sphincter énergique qui tient constamment fermée l'ouverture de l'œsophage dans l'estomac; tandis que l'orifice pylorique reste largement béant. De nombreuses expériences ont mis ce fait hors de doute. 4° Dig-estion intestinale. — La pâte molle et grisâtre (chyme) résultant de la transformation des aliments féculents en glycose par la salive, et des matières azotées eu substance également soluble et assi- 452 STRUCTURE. — FONCTIONS. milable par le suc gastrique, est poussée insensiblement, et par ondées, dans le tube intestinal, où elle se met en contact avec la bile, le Stic pancréatique, et les fluides intcsthmax. Le suc pancréatique, dont nous avons déjà dit un mot en parlant de la glande qui le sécrète, agit sur les corps gras, les matières féculentes et les principes azotés. 11 émulsioune les graisses et les rend ainsi absorbables. Il convertit la fécule en dextrine et en glycose, et con- tinue dans l'intestin grêle les transformations commencées dans la bouche par la salive. 11 jouit, enfin, de la propriété de digérer les matières azotées qui n'ont pas été attaquées dans l'estomac par le suc gastrique. La bile, dont nous avons également parlé à propos du foie, paraît avoir, comme le suciiancréatique, la propriété d'émulsionner les corps gras, mais à un degré plus faible. Elle semble, d'un autre côté, sans action sur les aliments féculents, les sels et les principes azotés. Ce ne sont là, toutefois, que des hypothèses; car le rôle de la bile est loin encore d'être bien déterminé, et même, pour certains phy- siologistes, M. Mathias Duval entre autres, la bile » paraît plutôt des- tinée à favoriser l'absorption intestinale, en rendant plus actif l'acte de renouvellement, la desquamation et la végétation de répitliéhum(l) ». Quant au suc intestinal, il a pour but de continuer les effets de la salive et du suc gastrique et d'émulsionner les matières grasses. Ces métamorphoses des aliments ont surtout leur siège dans l'intes- tin grêle; mais elles continuent aussi dans le caecum et le côlon. Elles sont de la plus haute importance, et la digestion intestinale, chez le cheval, joue un rôle beaucoup plus grand que la chymificalion. Toutefois, les matières alimentaires, pour parcourir toutes les sec- tions du tube digestif, ne paraissent guère mettre plus de 30 heures en moyenne. Leur expulsion de l'économie a lieu à des intervalles variables et est connue sous le nom de défécation. Influence du sjslèmc nerveux sur la iligeslioii. 1° Estomac. — L'estomac reçoit ses nerfs de deux sources : des pneumoyastrtqucs d'une pari, du (jrand s i/ m pa t It i q ue iV-diûve part. (1) Mathias Duval, loc. cit., p. oOl. CORPS OU TRONC W3 La section des pneumogastriques détermine une paialysie à peu près complète des parois stomacales ; mais le suc gastrique couliuue h se former, quoique en moindre abondance, et la digestiou s'exécute encore. Ces nerfs ne sont donc pas indispensables à l'accomplissemout de l'acte digestif. C'est en général le grand sympathique qu'on regarde comme diri- geant la digestion stomacale. l'Intestin. — La production des liquides intestinaux est sous la dépendance des nerfs de l'intestin, et particulièrement des vaso-mo- teurs, dont la section ou la lésion, dans un point quelconque, déter- mine la paralysie du tube intestinal en ce point et la sécrétion d'une grande quantité de liquide. C'est ainsi que se produiseut les diar- rhées séreuses, parfois si considérables. Absorption. Vabsorption n'a pas, comme toutes les autres fonctions, un appa- reil spécial, isolé; ses agents immédiats ne peuvent être parfaitement précisés. C'est un phénomène général dout le but est de faire pénétrer dans le courant circulatoire, d'une part, les matières assimilables qu'elle fournit à la nutrition, et, d'autre part, les molécules non assimilables ou désassimilées dont elle prépare l'élimination. De là résultent deux espèces d'absorptions : Vabsorption externe et Vabsorption interne. L'absorption se produit à travers les tissus fermés, par suite des phénomènes physiques connus sous les noms (['endosmose et à.'exos- mose. Les matières que l'absorption saisit sont gazeuses, Hquides ou solides. (Ces dernières doivent être en solution, solubles dans les sucs dont les tissus sont imprégnés, ou susceptibles de se décomposer au contact des éléments organiques.) L'activité de l'absorption est modifiée par certains états de l'orga- nisme et par diverses causes dont l'influence est facile à apprécier. La chaleur, la pression, Vélectricité, le mouvement, favorisent cette fonction. Le degré de plénitude du système vasculaire exerce également sur l'absorption une action très remarquable : Magendie ayant injecté 434 STRUCTURE. — FONCTIONS. environ un litre d'eau dans les veines d'un chien, mit dans la plèvre une faillie dose d'une substance vénéneuse : Les effets du poison ne se manifestèrent que plusieurs minutes après l'époque à laquelle ils se montrent ordinairement. Dans une seconde expérience, deux litres d'eau tiède à peu près furent injectés dans les veines : Le poison resta sans action. Une large saignée ayant alors été pratiquée, les effets de l'agent toxique se manifestèrent à mesure que le sang coulait. Pour prouver que la difficulté d'absorption n'était pas due à une modification dans la qualité du sang, Magendie fit une saignée à l'animal et lui rendit par les veines une quantité d'eau tiède égale au sang retiré des vaisseaux. L'intoxication se produisit comme dans les circonstances ordinaires. L'absorption est encore influencée par diverses substances : les astringents, par exemple, la rendent plus difficile ; les émollienls, au contraire, l'aident plus ou moins. De même, Vétat de la circulation a une action très marquée sur l'absorption : Lorsque le cours du sang se ralentit dans une partie, par suite de l'oblitération incomplète de quelques artères, et surtout par un obstacle au cours du sang veineux, l'absorption s'y affaiblit eu même temps que tous les tissus s'œdématient. Lorsqu'elle est gênée par une compression momentanée, l'absorption peut même se sus- pendre à peu près complètement, comme on le voit dans le cas d'ap- plication de liens circulaires plus ou moins serrés sur les membres, après la morsure des animaux enragés ou des reptiles venineux. Au contraire, lorsque la circulation est excitée localement, elle ugmente l'activité de l'absorption. C'est ainsi que les frictions sèches, excitantes ou vésicantes, agissent sur cette fonction. D'ailleurs, dans toute maladie où il y a fièvre, couséquemmcnt augmentation de la température et suractivité de la circulation, l'absorption se trouve favorisée. Enfin, bien que la rapidité avec laquelle s'opère l'absorption soit généralement très grande, puisque certaines substances toxiques peu- ventdéterminer la mort en moins d'une minute, cette rapidité dépend : 1° De la perméabilité des surfaces qui absorbent; ±° du degré de misci- bilité de la substance fi absorber avec les fluides qui imprègnent les tissus ou qui remplissent les vaisseaux; 3° de l'activité de la circulation. CORPS OU TRONC. 433 V//}/}ae>ice du système nerveux sur l'absorption est encore mal connue; mais, quelque incomplètes que soient les tentatives faites pour l'apprécier, elles prouvent cependant que les nerfs céréliro- spinaux ne sont pas nécessaires cà l'accomplissement de celte fonction. Quant à la part d'action qui peut revenir aux nerfs ganglionnaires, elle reste tout cà faire problématique. Voies de l'absorption. — Nous avons -vu que l'absorption n'a pas d'appareil spécial et bien isolé. « Mais, comme il est deux ordres de vaisseaux chargés du transport des produits qu'elle a recueillis, il est probable que ce sont les radicules de ces vaisseaux, c'est-à-dire celles des veines et des lymphatiques, qui saisissent les produits tels qu'ils sont, ou après leur avoir fait subir quelques modifications. Les veines et les lymphatiques seuls peuvent avoir cet oifice, en raison de la direction centripète du courant des fluides qu'ils charrient (1). » 1° Absorption par les lymphatiques. — Les vaisseaux lymphatiques, qui forment un immense réseau dans presque toutes les parties de l'économie, paraissent exclusivement créés pour absorber. Grâce à leur rôle spécial, et bien qu'au point de vue anatomique ils ne se différencient pas de ceux du reste de l'organisme, les lympha- tiques de l'intestion ont reçu la dénomination de chylifèrcs. D'oîi la division du système lymphatique en deux ordres de vaisseaux : les lymphatiques propreme)it dits et les chylifères. Nous allons tout d'abord nous occuper des premiers : Les vaisseaux lymphatiques paraissent manquer dans quelques organes, tels que l'œil, le cerveau; ils sont, au contraire, abondants dans d'autres : par exemple, autour des articulations. Ces vaisseaux naissent par des réseaux à mailles étroites ou par des cellules communiquant entre elles, mais dépourvues d'orifices visi- bles. Dès qu'ils ont acquis un certain volume, ils se présentent sous l'aspect de canaux flexueux, étranglés et renflés par intervalles, à parois minces et munies à leur face interne de valvules destinées à s'opposer au cours rétrograde du fluide qu'ils charrient. Les lymphatiques, après avoir parcouru un certain trajet, à la sur- face ou dans l'épaisseur des parties, se portent vers \q% ganglions, qu'ils traversent en s'y divisant. (1) G. Colin, loc. cit., t. II. 45G STRUCTURE. — FONCTIONS. Chez les mammifères, les lymphatiques de presque loutes les par- ties du corps s'ouvrent au sommet de la veine cave antérieure, en haut du golfe des jugulaires, par un canal thoraàqne simple ou doiilde (Voy. plusloiu, A/;.fr)r/>//w? par les chyUfh'es). Seuls, les lymphatiques du membre antérieurdroit, des régions axil- laire et costale superficielles droites, de la moitié droite de la tête, du cou et du diaphragme, aboutissent à un deuxième gros tronc de réception des vaisseaux blancs, la grande veine lymphatique, qui part des ganglions pré-pocloraux du côté droit et s'ouvre h. la jonction des jugulaires, à côté du canal. Le fluide que charrient les lymphatiques, ou la lymphe, est un liquide transparent, d'une légère teinte citrine, à odeur qui rappelle parfois celle de l'animal dont il provient, à saveur légèrement salée et à réaction alcaline. On peut le considérer comme le plasma du sang; celui-ci, eu effet, sort à travers les parois vasculaires, baigne les organes qu'il sert à nourrir, leur prend certains éléments, leur en donne d'autres, et rentre par absorption dans les vaisseaux lymphatiques. Toutefois, le plasma sanguin ne sort pas des vaisseaux avec les pro- portions de ses divers éléments : la partie qui s'éciiappe est moins chargée d'all)uinine que celle qui reste et, conséqiiemment, moins coagulable. De plus, comme nous l'avons vu, à ce plasma s'ajouleut des matériaux piis dans les tissus, dans les produits de sécrétion, etc. ; des globules, entin, se forment dans l'intérieur des vaisseaux lympha- tiques, qui donnent à la lymphe des propriétés parlicuHères la dilTé- rencianl sensiblement du plasma sanguin. Les ganyliona, que la lymphe doit traverser au moins une fois, avant d'arriver au canal Ihoracique, la filtrent, ralentissent son cours, et lui permettent, par de nouveaux échanges entre ses éléments et ceux du sang, de se modifiera la fois dans sa conslilution chimique et ses propriétés physiques. Les variations dans la quantité de lymphe absorbée sont énormes suivant les espèces, le tempérament des individus et les conditions physiologiques ou pathologiques : L'herbivore paraît en absorber plus que le carnassier, le jeune sujet plus que l'adidte ; l'animal dit lymphatique en a les vaisseaux pleins, les ganglions gonllés. L'absorption par les lymphatiques a plus d'une analogie avec celle par les chylifères ; elle doit, comme cette dernière, recueillir des maléiiaux CORPS OU TRONC 457 propres à la reconstitution du fluide nutritif. Mais, au lieu de les prendre dans les matières étrangères, elle les recueille dans la propre substance de l'être; l'iiue prend les produits des mutations de l'ali- ment; l'autre, ceux des mutations des tissus de l'organisme. Tout en se chargeant d'absorber les matières organiques destinées à la formation de lahmphe, les vaisseaux lymphatiques puisent encore des substances qui se trouvent accidentellement déposées, soit à la surface des membranes, soit dans l'épaisseur des tissus. De nombreuses expériences ont mis ce fait hors de doute. Citons, entre autres, la suivante de M. Colin : sur un cheval affecté d'une plaie de la région inférieure d'un des membres, l'éminent phy- siologiste d'Alfort établit une fistule à un lymphatique satellite de la saphèue, vers le milieu du plat de la cuisse; puis il plonge le pied du membre malade daus un baquet conleuant une solution étendue de cyanure de potassium : Ce sel apparaît dans la lymphe à lavingtième minute. Dans les conditions pathologiques, l'action des lymphatiques s'exerce aussi évidemment : ils transportent les matières virulentes ou septiques et les disséminent parlout. Ils prennent souvent aussi la partie séreuse du pus, et même ses globules. Leuractionparaîl, enfin, s'exercer éga- lement sur la matière tuberculeuse insérée dans les plaies ou le tissu cellulaire sous-cutané. Il y a alors irritation des vaisseaux et tuméfaction des ganglions. Ainsi donc, les lymphatiques prennent une part évidente à l'absorp- tion; mais il faut dire que celte absorption est moins rapide que celle des veines. Lapénéfration delà matière dans les éléments des tissus se fait à peu près avec la mrme vitesse; la difï'érence apparente tient à l'inégale vélocité du transport des produits absorbés. 2° Absorption puricschylifères. — Les vaisseaux chylifères naissent de tous les points del'inlestiu grêle, se placent entre les lames du mé- sentère, soit autour des vaisseaux, soit dans les espaces que ceux-ci laissent entre eux. Ils acquièrent un diamètre de plus en plus consi- dérable à mesure qu'ils s'éloignent de l'intestin, s'auastomoseut entre eux, puis se rendent aux ganglions mésentériques qu'ils traversent. A leur sortie de ces gauglions, ils se déversent dans une espèce d'am- poule connue sous la dénomination de réservoir de Pecqiwt, située h. la région sous-lombaire, et terminée elle-même, en avant, par le canal 438 STRUCTURE. — FONCTIONS. thoraciquc, long conduit s'élendant sous la coloune vertébrale, depuis- la première vertèbre lombaire jusqu'en dehors de l'entrée du thorax, oîi il débouche dans la veine cave antérieure. Les chylifères proviennent des petits prolongements de la muqueuse intestinale connus sous le nom de villosUés. Ces prolongements sont constitués, de dehors en dedans : 1° par une couche épilhéliale qui leur forme une enveloppe complète; 2° par une substance homogène translucide ; 3° par un réseau de vaisseaux sanguins immédiatement étalés au-dessous de la couche épilhéhale; 4° enfin, par des vaisseaux lymphatiques qui occupent le centre de la substance homogène, el deviennent le point de départ des chylifères. D'après cette disposition des parties constituautes des villosités, il paraît évident que le courant sanguin, placé très superficiellement, se trouve le mieux disposé pour absorber ce que lui livre l'épithélium. Aussi, admet-on généralement que c'estpar les vaisssaux sanguins que sont entraînées la plupart des matières absorbées. « Mais en même temps que la graisse disparaît de la villosité, on voit que le chylifère central devient fout blanc et on y constate' un grand nombre de mo- lécules graisseuses finement émulsionnées (1). » 11 y a donc lieu d'admettre que le chylifère est spécialement préposé à l'absorption des graisses. Toutefois, celles-ci ne passent pas exclusivement par la voie lym- phatique : il y en a dans le sang de la veine porte; mais en très petite quantité. C'est après leur division en une infinité de particules par l'action des sucs biliaire et pancréatique (2), et non comme matières dissoutes et diffusibles, que les graisses pénètrent dans la villosité. Quand l'animal est eu pleine digestion, les villosités sont énormes, comme turgescentes; les ganglions sont également très goutlés. Ce que nous venons de dire du mécanisme de l'absorption par les chylifères ne nous permet pas, en bonne logique, de supposer que les matières albumiuoïdes, le sucre, l'eau, les sels, qui enlrent avec les graisses dans les cellules épithéliales des villosités, s'en séparent, (!) Kuss et Malhias Duval, Cours de phijsiolog'.e, '6'^ édilion, 1883, p. 342. (i) Il a été démoatré que l'action du suc pancréatique n'est pas indispensable ;i l'absorjition des graisses ; M. Colin a effeclivement enlevé le pancréas tout entier à un porc, sans que celui-ci en souffre et que son embonpoint diminue. CORPS OU TRONC. 459 comme l'admettent certains auteurs, juste à la surface des parois \as- culaires, pour entrer, les unes dans les chylifères, les autres dans les veinules mésaraïques. Doués de la propriété de prendre la graisse, le principe le plus difficile à saisir, les chylifères absorbent également l'eau, les sels, le sucre, etc. Ils puisent, en somme, tous les principes du chyle dans les aliments; ils les y prennent à la fois déjà métamorphosés et ils les métamorpho- sent encore en les associant à une certaine quantité de matériaux plasmiques que ces vaisseaux, à titre de lymphatiques, prennent dans les tissus des parois intestinales. (( Le dnjle^ dans toute sa pureté, est un fluide dont les caractères physiques et les propriétés varient un peu suivant les espèces, la nature des aliments et l'état de la digestion. Il est d'un beau blanc laiteux chez les carnivores et même chez les herbivores tant qu'ils sont à la mamelle ; il est plus clair et très légèrement lacté chez les herbivores dans les circonstances ordinaires (t) ». Il doit à la présence des globules graisseux dans sa composition les propriétés qui le distinguent de la lymphe. 3° Absorption par les veines. — Les vaisseaux veineux absorbent très rapidement, au point qu'on a cru longtemps qu'ils étaient les seules voies de l'absorption. Ce sont surtout les radicules des veines qui sont absorbantes, leurs parois étant très fines. Cependant, il est certain que les grands vaisseaux absorbent aussi. La participation des veines à l'absorption est démontrée par de nombreuses expériences. Citons-en une au hasard : Magendie etDelile ayant séparé du tronc le membre postérieur d'un chien au niveau de la cuisse, en laissant intactes la veine et l'artère crurales, dont la tunique celluleuse seule fut enlevée, afin de détruire les lymphatiques qui pouvaient ramper autour de ces vaisseaux, deux grains d'un poison très violent, l'upas tieuté, furent enfoncés dans la patte : l'empoisonnement fut aussi prompt que si la cuisse n'avait pas été séparée du tronc. Les matières colorantes, qui paraissent ne point passer dans les lymphatiques, sont probablement absorbées par les veines, puisqu'on (1) G. Colin, Physiologie comparée, t. il. '*00 STRUCTURE. — FONCTIONS, les retrouve dans les produits des sécrétions ou dans les tissus. Les matières odorantes passent également très vile dans les veines, sans qu'où puisse, le plus souvent, les reconnaître dans le cliylo; c'est ainsi que le saug prend l'odeur de ces matières, aloi's qu'elles ont élé ingérées dans l'estomac et l'intestin. On s'en assure eu injectant, dans une anse iuteslinale fermée, de l'acide cyanhydiique, après avoir adapté aune veine de cette anse un long tube eu caoutchouc qui sort de l'abdomen et conduit le sang à l'extérieur : celui-ci répand longtemps une odeur forte d'amandes amères. Absorption parla muqueuse digestive. La muqueuse des voies di(jestïves constitue l'une des principales sur- faces absorbantes de l'organisme; elle donue accès aux liquides et aux matières dissoutes. r Absorption dans les parties de l'appareil dig-estif situées en avant de l'estomac. — Considérons d'abord l'absorp- tion dans les parties de l'appareil digestif qui précèdent l'estomac. Cette absorption est incontestable, quoiqu'elle soit peu marquée : Le fait de l'impression guslative démontre celle qui est effectuée par la muqueuse linguale. Les phénomènes d'intoxication observés lors de la projection sur la langue, ou sur toute autre partie de la muqueuse buccale., de quelques gouttes d'un poison violent, de nicotine par exemple, donneut la même démonstration. Toutefois, la faculté absorbante de la muqueuse buccale semble être assez faible et ne s'étend pas à toutes sortes de substances. HdiiisY œsophage, l'absorption est encore plus faible. 2° Absorption stomacale. — Les diverses transformations que subissent les matières alimentaires dans le tube digestif ont, nous l'avons vu, pour résultat final de les rendre susceptibles d'être absor- bées et entraînées dans le torrent circulatoire. La faculté absorbante de l'estomac du cheval est presque nulle. Si, après avoir fait la ligature du pylore ou la section des nerfs pneumo- gastriques, qui amène la paralysie du viscère, on introduit du poison (extrait alcoolique de noix vomique, par exemple) dans l'estomac d'un cheval à jeun, les effets ne se manifestent pas. Cependant, la noix vo- mique a conservé ses propriétés, puisqu'elle lue si, au bout d'un cer- CORPS OU TRONC. 461 tain temps, ou enlève la ligature pour lui permettre dépasser dans l'in- testin. De nombreuses expériences ont été faites à ce sujet par MM. H. Bouley et G. Colin (1). Contrairement à celui des solipèdes, l'estomac des carnivores jouit de propriétés absorbantes très actives. 3° Absorption intestinale. — Si l'estomac n'absorbe point ou n'absorbe que d'une manière peu sensible, chez le cheval, l'intestin possède à un haut degré, dans toutes ses parties, et chez tous les ani- maux, la faculté d'absorber, comme le prouve l'expérience ci-dessus. L'intestin grêle est incontestablement, de toutes les parties du tube digestif, celle où l'absorption s'opère avec le plus d'activilé, grâce à l'organisation délicate de sa muqueuse et à la présence des villosités. Le caecum absorbe aussi, mais avec moins de rapidité. C'est lui qui absorbe, chez les solipèdes, une grande partie des liquides qui ne sé- journent pas dans l'estomac et traversent rapidement l'intestin grêle. Le côlon et le rectum jouissent également, à un degré très prononcé, de la faculté absorbante; d'où l'indication des lavements. L'absorption s'opère également sur la. peau, iQsmuqueuses de l'ap- pare'il resiiiratoire, sur les canaux excréteurs des glandes et les réser- voirs qui leur sont annexés, sur les membranes séreuses , les surfaces acci- dentelles, et enfin dans la trame des tissus. En ce qui concerne l'absorption cutanée, les détails que nous avons consacrés aux membranes tégumentaires, dans la première partie de notre hvre^ nous dispensent d'y revenir ici (Voy. I" partie, Membranes tégumentaires). Nous ne nous étendrons guère plus sur Vabsurption dans les voies aériennes, dont il a été longuement question à propos de la respiration. Nous nous contenterons de faire remarquer qu'en, dehors de l'oxygène nécessaire à l'hématose, la muqueuse des voies respiratoires absorbe les gaz délétères, les substances volatiles, les hquides et les matières en dissolution. Elle s'en empare même peut-être encore avec plus de facilité que la muqueuse de l'intestin grêle, si admirablement bien organisée pour l'absorption. Les canaux excréteurs des glandes et lesréservoirs qui leur sont annexés (1) Bulletin de l'Académie de médecine, t. XVII, pp. 047 et suivantes, mai 18;i2. 462 STRUCTURE. — FONCTIONS. jouissent également d'une faculté absorbante souvent très active. Les voies biliaires, lactées, urinaires et génitales nous donnent tous les jours des preuves incontestables de celte absorption. Le pouvoir absorbant des membranes séreuses est non moins actif. C'est ainsi que MM. H. Bonley et G. Colin, par une injection d'extrait alcoolique de noix vomique étendu d'eau dans le péritoine, déterminè- rent le tétanos et la mort beaucoup plus vite que lorsque cette subs- tance est introduite dans les voies digestives. Quant hVabsorpfion par les surfaces accidentelles et dans la trame des tissus, nous en avons donné la preuve en parlant des voies de l'ab- sorption. II. — Appareil «le la «lépurntioii iirlnalre. Chargé d'éliminer l'urine du sang et de la contenir depuis le mo- ment de sa formation jusqu'à celui de son expulsion au dehors, l'appa- reil de la dépuration urinaire se compose de deux glandes : les reins, d'oti partent les conduits excréteurs, ou uretères, qui s'ouvrent dans un réservoir spécial, la ve>:sie. A celle-ci fait suite le canal de Furèthre, qui débouche à l' extérieur. Nous allons dire un mol de tous ces organes, à l'exceplioa de l'urè- thre, qui sera décrit avac les organes génitaux. A. — REI\S Lesrrài.s (19, 20), au nombre de deux, sont les organes essentiels de la dépuration urinaire. Placés à droite et à gauche de la région sous-lombaire, en arrière du foie, de la rate et du pancréas, au-dessus du péritoine, chacun de ces organes glanduleux n'a pas tout à fait la même situtition : \q gauche {l(i) est plus postérieur que le droit (19). Ils sont l'un et l'autre aplatis de dessus en dessous et offrent à étudier deux faces et une circonférence ; celle-ci, du côté de la ligne médiane, est échancrée pour former la scissure ou le h/le du rein, qui loge les vaisseaux, les nerfs, et l'origine du canal excréteur de l'organe. Les reins répondent, par leur /«ce supérieure, aux muscles grands psoas et au diaphragme ; \Mir\euv face inférieure, ils sont plus ou moins CORPS OU TRONC. ^63 directement eu contact avec la masse intestinale et la capsule surré- nale. Le bord interne de la circonférence du rein droit est en rapport avec la veine cave postérieure {2,^) \ celui tlu rein gauche est longé par Y aorte postérieure (23). Recouvert par une luniijue d' enveloppe, le tissu propre des reins est lourd, friable, de couleur rouge brun, et se compose de deux couches superposées se pénétrant réciproquement h leur point de jonction : une extérieure, très foncée, dite couche corticale; une intérieure, blanchâtre, appelée couche médullaire. Ces deux couches se distinguent par uu autre caractère que celui de la coloration : la substance corti- cale, eu effet, présente un aspect grenu et se montre parsemée de petites sphères rougeâtres facilement visibles à l'œil nu, dites corpus- cules de Malpiijhi, emprisonnant un peloton de capillaires artériels; taudis que la substance médullaire paraît composée de libres rayon- nant jusqu'à la périphérie de l'organe. Or, l'examen microscopique démontre que ces fibres sont creuses intérieurement et qu'elles for- ment de véritables canaux appelés tubes urinifères, qui, sinueux dans la partie corticale et droits dans la partie rayonnée du rein, s'abouchent sur les corpuscules de Malpighi h leur extrémité périphérique et s'ouvrent à leur extrémité centrale dans une cavité dite bassinet rénal, placée au centre du rein, près du hile, et servant d'origine à ïuretère. Ou s'accorde pour regarder aujourd'hui la sécrétion urinaire comme une simple filtration des éléments de l'urine renfermés dans le sang à travers les parois des vaisseaux et des tubes urinifères. Les maladies des reins sont nombreuses et reconnaissent généra- lement pour causes un vice de nutrition [diabète, albuminurie, calculs rénaux, etc.) ou une iutlammalion (néphrite). Caractérisée par une douleur extrême de la région lombaire, des coliques, etc., celle-ci est le plus souvent due à un refroidissement, à des coups, à la pré- sence de calculs, à l'administration d'aliments acres, etc. Urine. — Les propriétés et la composition du produit de la sé- crétion urinaire varient beaucoup tuivaut les espèces d'animaux, leur mode d'ahmentation, et une f(jule de circonstances diverses qui se rapportent à l'état de santé ou aux maladies. L'urine des herbivores est un liquide jaunâtre, alcalin, trouble, visqueux et ordinairement 4ti4 STRUCTURE. — FONCTIONS. |)eu puirescible; la partie essentielle de ce liquide est l'urée, matière azotée et cristallisaljle qui représente le produit de la combustion des éléments albuniinoïdes. A côté de cette dernière substance, ou trouve une petite quantité à'acide itriqiie, iVacu/c hippurique, de ma- tières animales extractites (créaline, créatinine, etc.), du mucus et di- vers sels (carbonate de cbaux et de soude, hippurale de soude, cblo- rure de potassium, etc.). L'urine des lierbivoies ne contient pas ou ne renferme que des traces d'acide urique; celui-ci est remplacé par de l'acide hippurique. Mais il suffit de donner à un herbivore l'alimen- tation du carnassier pour que les urines du premier deviennent sem- blables à celles du second, c'est-à-dire acides, etrécipi'oquement. L'urine éprouve des modifications notables et très variées sous l'in- fluence des maladies; ces modifications portent à la fois sur ses pro- priétés physiques et sur sa composition chimique : L'urine est pâle dans le diabète, l'auémie; jaune dans les maladies inflammatoires et surtout dans l'ictère ; rouge dans l'hématurie, etc. Elle devient acide, chez les herbivores, dans les fièvres graves, dans les inflammations aiguës, et contient plus ou moins d'albumine dans la plupart des états pathologiques, et notamment dans les affections charbonneuses et typhoïdes, dans les hydropisies, la néphrite, etc. Enfin, l'urine laisse souvent déposer des matières solides non dissoutes qui, lorsqu'elles se forment déjà dans les voies urinaires (reins, uretères, vessie), consti- tuent, suivant leur volume, des calculs ou la. gravelle. Elles déterminent, par leur déplacement, des coliques excessivement violentes et doulou- reuses, dites néphrétiques, quaud les sédimenls urinaires séjournent dans les reins, les bassinets ou les uretères. La sécrétion de l'urine peut être exagérée (diurèse), et son excrétion douloureuse [stramjurie), impossible [ischurie], ou involontaire [énurésie). B. — CAPSULES SUailÉNALES Les capsules surrénales, au nombre de deux, sont des petits corps glan- dulaires placés sur la face inférieure et près du bord interne des reins. Elles ont des usages encore inconnus. CORPS OU TKONC. C. — URETERES Canal membraneux du diamètre d'une grosse plume, \'i(reière{2i.'2,l) fait suite au bassinet rénal et sort du rein par la scissure interne. 11 s'infléchit ensuite en arrière et se dirige vers la cavité du bassin, lon- geant l'aorte ou la veine cave postérieure, selon le côté auquel il appartient; croise les branches terminales de l'aorte à l'entrée du bassin, et gagne eulin la partie supérieure et postérieure de la vessie. D. — VESSIE La vessie (22) est un réservoir musculo-membraneux logé dans la cavité du bassin, oti il occupe un espace qui varie avec la quantité d'urine qu'il renferme; il peut même déborder le pubis en avant et s'avancer dans la cavité abdominale. Dans un état moyen de plénitude, cet organe figure un ovoïde dont l'extrémité postérieure se termine par un rétrécissement très pro- noncé connu sous le nom de col de la vessie, d'où part le canal de l'urèthre. Chez le mâle, la vessie répond : en haut, aux vésicules séminales, aux renflements pelviens des canaux déférents et au rectum; en bas et par côté, aux parois inférieure et latérales de la cavité du bassin. Chez la femelle, le vagin sépare complètement la face supérieure de la vessie du rectum (voy. 111° partie, chap. II, § 2, III, Bassin, Orga- nes génitaux). Comme nous l'avons vu déjà, le péritoine n'enveloppe pas complè- tement la vessie; après avoir tapissé les parois du bassin, il se réflé- chit sur l'extrémité antérieure ou cul-de-sac de la vessie, et forme là un simple repli orbiculaire. Examinée à l'intérieur, la vessie offre : en arrière, l'ouverture du col; un peu plus haut et latéralement, l'embouchure des uretères. Deux membranes seulement entrent dans la structure du réservoir vésical : une interne, jnuqueuse; une externe, musculaire. Doublée en dehors et en avant par la calotte séreuse dont nous avons dit un mot plus haut, la couche charnue a pour but, par ses contractions, de faire passer l'urine dans le canal uréthral. Le Cheval. 30 466 STRUCTURE. — FONCTIONS. Complètement vide, la vessie pèse, en moyenne, 450 grammes. 11 y a lieu de faire remarquer que le réservoir urinaire est plus étroit et plus allongédansle fœtus que chez l'adulte. «11 occupe alors la cavité abdominale et s'avance sur la paroi inférieure de cette cavité jusqu'à l'ouverture ombilicale, flanqué parles deux artères de même nom(l). » C'est seulement vers l'époque de la naissance que, se retirant peu à peu au fond de la cavité pelvienne, la vessie finit par prendre la position qu'on observe à l'âge adulte. Mécanisme de la sécrétion urinaire. Les reins sont seuls chargés de la sécrétion de l'urine. Les autres organes de l'appareil urinaire ont tout simplement pour fonction de transporter ce dernier liquide d'un point à un autre ou de le conserver jusqu'au moment de son expulsion au dehors. L'une des plus importantes de l'économie, la sécrétion urinaire a pour objet l'élimination des matériaux superflus que l'absorption a fait entrer dans le sang (eau excédente des boissons et des aliments, ma- tières étrangères) et celle des produits azotés et salins qui résultent des mutations des tissus. Cette sécrétion est continue ; l'excrétion de son produit seule est intermittente. Elle s'opère, d'un autre côté, suivant un mode à peu près uniforme chez la plupart des mammifères : le liquide qui suinte par les petits orifices des tubes urinifères (voy. Reins) s'accumule dans le bassinet rénal en petite quantité et coule lentement dans l'uretère, qui le pousse goutte à goutte vers la vessie, d'oti il ne peut refluer dans le canal précédent, à cause de l'obliquité même de son insertion. A mesure que de nouvelles quantités d'urine arrivent dans la vessie, celle-ci se distend, et, quand la distension approche de son terme, elle a reçu 3, 4, 5 fitres de liquide et plus. C'est alors que naît le besoin d'uri- iier, sensation interne déterminant, à l'aide des nerfs spinaux que reçoit la vessie, une action réflexe des centres nerveux, en partie soumise à la volonté, qui <( fait cesser la contraction du sphincter du col vésical, et met eu jeu le diaphragme et les muscles abdominaux; de même (1) A. Ctiauveau et S. Ailoing, loc. «<., p. 522. CORPS OU TRONC. 467 que pour l'expulsion des matières fécales, il se produit un efTort qui est, pour beaucoup d'animaux, incompatible avec la marche, la course, et la plupart des exercices musculaires un peu pénibles Les soli- pèdes mâles ou femelles se campent, c'est-à-dire écartent les membres postérieurs des antérieurs, redressent les jarrets et les arliculations métatarso-phalaugieunes. Le mâle entier sort en partie le pénis du fourreau et lance l'urine avec force par un jet continu. Les dernières portions seules sout rejetées par saccades, coïncidant chacune avec une forte contraction des muscles abdominaux et du muscle accélé- rateur Chez les femelles, on voit, dans les derniers moments, de vives contractions des lèvres de la vulve, qui s'écartent et se rapprochent alternativement, et un mouvement particulier du clitoris encore mouillé d'urine (1).» La sécrétion urinaire est très active; elle fournit en moyenne, chez le cheval, de 15 à 23 litres d'urine en 24 heures. Toutefois, il est bon de faire remarquer qu'elle varie suivant une foule de circonstances. D'une manière générale, elle est d'autant moins abondante que la température est plus élevée, que les mouvements sont plus fréquents, que les aliments sont moins aqueux. Néanmoins, elle ne se suspend jamais tout à fait; elle dure même tout le temps que les animaux sont privés d'aliments et de boissons. Tout le monde sait, d'autre part, que l'activité de la sécrétion uri- naire est toujours en raison inverse de celle de la transpiration cutanée. Les substances étrangères introduites dans l'économie sous forme de médicaments ou avec les aliments elles boissons agissent sur la sécré- tion urinaire; celle-ci est alors surexcitée pour opérer plus vite l'éli- mination de ces matières et ramener ainsi le sang à sa constitution normale. Cette élimination des matières étrangères par les voies urinaires, en général très rapide, ne l'est pas au même degré pour toutes les substances. Les unes, le cyanure de fer et de potassium, par exemple, se montrent déjà dans l'urine de la quatrième à la dixième minute; tandis que d'autres n'apparaissent dans ce fluide qu'après un quart d'heure, une demi-heure et même une heure. Chose non moins digne de remarque, l'élimination de ces subs- (() G. Colin, loc.cit., t. II, 468 STRUCTURE. — FONCTIONS, tances continue plus ou moins longtemps, suivant leur quantité, leur nature, etc. Certaines sont complètement éliminées au bout de quelques minutes; d'autres demandent plusieurs heures; pour quelques-unes, enfin, l'éliiuinatiou se prolonge pendant des mois entiers. APPENDICE 1. — Nutrition. On entend par nutrition l'ensemble des échanges qui s'établissent entre le sang et les tissus. Celte fonction entretient des rapports tellement intimes avec les phéno- mènes que' nous venons d'analyser (digestion, absorption, respiration, circu- lation), qu'on a pu considérer ces phénomènes comme les actes préparatoires de la nutrition. La digeslion, l'absorption, la respiration et la circulation préparent et distri- buent à toutes les parties de l'organisme le fluide nécessaire à leur entretien, à leur rénovation et à leur accroissement. La nutrition comprend la série des phénomènes dont le résultat final est la formation, le renouvellement de ce fluide, et la conversion de ses éléments en substance organisée. 1. — Rôle du sang dans la nutrition. Son mode de répartition aux parties solides. « Le sang est le milieu intérieur dans lequel vivent les éléments anatomiques ; il leur apporte les matériau.x à assimiler, il entraîne loin d'eu.x les substances résultant de la désassimilation (1). » La partie fluide seule, c'est-à-dire le plasma, peut sortir des vaisseaux à travers les porosités invisibles de leurs parois, s'infiltrer dans l'épaisseur des tissus et baigner chacun de leurs éléments. Aussi, pour que la nutrition de ces éléments anatomiques s'effectue norma- lement, la composition du liquide sanguin ne doit-elle pas subir des oscillations trop considérables. Si le sang est trop concentré, soit par perte d'eau, soit par excès de substances salines ou autres en dissolution dans le plasma, les élé- ments des tissus subissent des modifications fonctionnelles qui se traduisentsou- vent par des altérations matérielles faciles à constater. C'est ainsi que, chez les individus atteints du diabète, se produit la cataracte diabétique: par suite de la concentration du sang, le cristallin cède une partie de son eau au sérum sanguin. Les globules du sang, toutefois, ne restent pas étrangers au travail de la nutrition : Après avoir pris dans les poumons une teinte vermeille, sous l'in- fluence de l'oxygène atmosphérique, ils deviennent noirs à leur passage dans les capillaires généraux, où ils paraissent céder aux tissus une certaine quantité (i)Mathias Duval, loc. cit., pp. SO'.t et 510. CORPS OU TRONC. 469 d'oxygène qui joue là un rôle capilal en déterminant les métamorphoses de diverses substances et en brûlant peu à peu l'hydrogène et le carbone des composés organiques. 2. — Phénomènes successifs de la nutrition. Si, malgré l'intermittence des ingestions, la composition du milieu sanguin intérieur reste relativement constante, « c'est que la masse sanguine établit des rapports complexes entre les différents départements de l'organisme : en tel lieu, certaines substances sont emmagasinées, mises comme en 7-éserve et ne reparaissent dans le sang qu'au fur et à mesure des besoins des autres tissus... D'un autre côté, quand les tissus ont rejeté dans le sang leurs produits de désas- similalion, ce milieu intérieur peut servir semblablement à établir des rapports divers entre ces tissus et des organes où s'achèvent les métamorphoses chimi- ques des produits de désassimilation (1). » Il s'ensuit qu'il y a lieu d'étudier dans la nutrition : i° Les fonctions par lesquelles des substances introduites dans le sang sont mises en réserve dans des organes plus ou moins nettement déterminés. 2° Les actes de nutrition proprement dite, c'est-à-dire d'assimilation et de désassimilation au niveau des éléments analomiques en général. 3° Les actes complémentaires ou d'achèvement de la désassimilation. 1° Matériaux de réserve. — Le sang apporte à la fois aux tissus les substances que ceux-ci doivent s'assimiler et le gaz oxygène, dont la combi- naison avec ces substances sera la source de toutes les activités nutritives et fonctionnelles. « Or, dit M. MalhiasDuval, le fait d'emmagasinement, d'état de réserve, s'observe aussi bien pour les matériaux combustibles que pour le gaz comburant (oxygène). » Cl. Bernard a jeté les premières lumières sur les phases préliminaires de la nutrition. Il a dén]ontré, par exemple, que les matières sucrées pénètrent dans le sang de la veine porte à l'état de glycose; qu'une faible partie de celte glycose traverse directement le foie pour aller immédiatement servir aux combustions organiques, tandis que la plus grande partie s'arrête au niveau du foie, s'y entrepose à l'état de matière glycogène, pour être ensuite distribuée, après une nouvelle transformation en glycose, au fur et à mesure des besoins de l'orga- nisme. Le foie, dit-il, est donc une sorte de grenier d'abondance où vient s'ac- cumuler l'excès de la matière sucrée fournie par l'alimentation. C'est poui'qnoi, lorsque, pour une cause quelconque, cette action du foie est supprimée, il y a ijlycosurie, c'est-à-dire présence du sucre dans les urines. Pendant la vie embryonnaire, il se forme aussi des amas de réserve de cer- tains sels calcaires, en attendant le moment de leur utilisation. De même pour la graisse, qui s'accumule dans les cellules adipeuses et y reste comme une réserve pour fournir aux besoins de la combustion respi- ratoire, etc., etc. 2° Assimilation et désassimilation. — La propriété que possèdent les éléments organiques d'attirer les matériaux du sang qui les imprègnent, de se (1) Mathias Duval, lac. cit., p. 511. 470 STRUCTURE. — FONCTIONS- les incorporer pour un certain temps, puis de les rejeter après leur avoir fait subir certaines modifications, constitue les phénomènes d'assimilation et de désassimilation. 1° Assimilation. — Les simples lois do la physiiiiie sont impuissantes à expli- quer comment la cellule vivante, l'élément anatomique, attire à lui telle substance du milieu ambiant. Ici, pas plus qu'en ce qui concerne la pénétration de l'oxygène du sang dans les éléments anatomiques pour y donner lieu à la combustion des substances tertiaires et quaternaires, les lois de l'endosmose ne sauraient être invoquées ; car, le plus souvent, les choses se passent à l'in- verse de ce que pourrait faire supposer à prioin la réalisation d'un simple phé- nomène d'endosmose. Chaque éli^ment anatomique choisit, pour ainsi dire, dans le milieu intérieur, les substances qu'il s'incorpore. Le sang, homogène, partout identique, se con- vertit ici en muscle, là en cartilage, plus loin en os, en membrane séreuse muqueuse, en production cornée. 11 y a, en somme, une véritable sélection exercée par les éléments des tissus siti- ceux du sang. D'ailleurs, au moment de l'assimilation des substances du milieu ambiant des actes se produisent qui les modifient en combinant des éléments em- pruntés aux unes et aux autres : H Dans les mutations nutritives qui s'opèrent au contact des cellules orga- niques, dit M. Sanson, la plus forte part des matières extractives non azotées fournies au sang par la digestion est transformée en matières grasses par des réactions dont la chimie ne nous peut encore donner qu'une idée impar- faite (1). » «L'observation la plus vulgaire, écrit d'autre part M. Mathias Duval, montre que les féculents sont, de toutes les substances alimentaires, les plus aptes à l'engraissement, ce qui indique que les hydrates de carbone sont très propres à fournir les matériaux avec lesquels l'organisme peut former de la graisse ; mais l'ingestion directe de ces hydrates de carbone n'est pas indispensable à la formation des graisses des cellules adipeuses; il suffit, pour cela, que des hydrates de carbone soient formés dans l'organisme (2). » Or, il est prouvé qu'ils peuvent prendre naissance aux dépens des éléments albuminoïdes, que l'économie, en somme, peut remplacer une substance par une autre, faire servir une même matière à bien des usages divers. 2» Désassimilation. — La désassimilation peut être considérée comme un phénomène chimique d'oxydation, par lequel les substances faisant partie de l'élément anatomique sont transformées en produits cristalluVles (acide urique. urée), qui doi\ent être rejetés. Le but de ces oxydations est la production, par la chaleur développée, de différentes forces qui sont le résultat du fonctionnement dfs éléments anato- miques (chaleur, travail mécani(iue du muscle, phénomène de conduction ner- veuse, etc.). Mais il faut distinguer, dans les substances assimilées et désassimilées, relies qui peuvent être considérées comme servant spécialement à la réparation des (t) A. Sanson, toc cit., p. 303. (2jMalhias Duval, /oo. cit., pp. j18 et 519. CORPS OU TRONC ^"^^ tissus, et celles qui sont employées par ces tissus pour produire les combustions fonctionnelles auxquelles nous venons de faire allusion. En somme, la machine animale étant identiliée au fourneau d'une machine à vapeur qui produit de la chaleur et, par suite, le travail de la vapeur, en brûlant du charbon, nous devons tenir compte de ce fait que l'organisme, comme les machines industrielles, s'use en même temps qu'il brûle du com- bustible. Les éléments analomiques, sièges des combustions, perdent de leur propre substance et ont, conséquemment, besoin à la fois de substances répa- ratrices et de matériaux nécessaires à de nouvelles combustions. Quels sont donc les matériaux les plus propres à produire de la substance? Quels sont, au contraire, ceux qui paraissent les plus favorables à la production de la force? Les opinions sont encore partagées à cet égard. M. Sanson est d'avis que les aliments de force par excellence sont les plus fortement azotés. Au contraire, la plupart des physiologistes et des agronomes pensent que ce sont les aliments non azotés. C'est, d'ailleurs, ce qui semble résulter des récentes expériences entreprises par M. Wolff et ses collaborateurs ;\ Hohenheim. D'après ces expé- riences, en eflet, les matériaux non azotés (graisse, amidon, etc.) sont d'abord transformés pour la production de la force, et c'est seulement lorsqu'ils sont détruits ou insuffisants que la transformation de l'albumine a lieu. D'où il suivrait que ce serait surtout la quantité de matières non azotées qu'on devrait accroître dans la ration des animaux auxquels on demande un fort travail. Nous n'avons pas à aller plus au fond de la question. La seule conclusion que nous puissions tirer des lignes précédentes, c'est que, ni les matières azotées, ni les matières non azotées, ne peuvent, administrées isolément et exclusivement, constituer une ration à la fois capable de réparer les pertes de substance et de fournirles matériaux nécessaires à de nouvelles combustions. 3» Phénomènes complémentaires de la désassimilation. — Ces phéno- mènes n'ont été étudiés récemment que pour les produits de désintégration des substances albuminoïdes, dont la transformation définitive en urée semble s'accomplir dans le parenchyme hépatique. Dans les muscles, comme dans la plupart des tissus, en effet, on ne trouve pas d'urée, les albuminoïdes ne subis- sant là que les premières phases de leur oxydation. 3. — Circonstances qui favorisent ou qui entravent la nutrition. 1° Influence de l'â-ge. — L'activité du mouvement nutritif n'est pas la même aux différentes époques de la vie et dans tous les organes. Pendant la vie embryonnaire, le travail de nutrition jouit d'une extrême activité : il y a assimilation prompte, sans décomposition corrélative bien mani- feste pour le plus grand nombre des organes. Dansl'ft^'e adulte, il y a à peu près équilibre entre le mouvement de composi- tion et celui de décomposition. Enfln, dans la vieillesse, les phénomènes de décomposition tendent à prédo- miner sur ceux de l'assimilation. L'activité de la nutrition, dans le jeune âge, explique très bien le mode d'ac- croissement des poulains, qui a lieu de la manière suivante : « Dans la première 472 STRUCTURE. - FONCTIONS. année, le poulain grandit en moyenne de 0", 45; dans la seconde, de fl^lO; dans la troisième, de C'.OG; dans la quatrième, de 0'",03; dans la cinquième, de 0",02 (1). » Divers organes cessent de grandir à la naissance (thymns); d'autres arrivent au terme de leur accroissement à l'âge adulte (os, muscles, etc.); d'autres, enfin, croissent toujours (poils, corne, etc.). 2° Influence de certaines époques déterminées de la vie sur quel- ques organes. — Généralement, les organes s'accroissent lentement et pro- gressivement. Quelques-uns, cependant, sont, à certaines époques déterminées de la vie, le siège d'un développement nutritif très intense. Ainsi, au moment de la puberté, l'utérus, les testicules, les ovaires, le pénis, se développent avec rapidité; de môme, les parties antérieures du corps du cheval entier prennent un accroissement remarquable qui se trouve arrêté toutes les fois que, par la castration, le jeune sujet a été privé de ses organes génitaux. 3° Influence du climat. — Le climat exerce une action puissante portant à la fois sur la taille, les formes, le développement proportionnel des parties : Sous les plus froides latitudes, comme dans les régions équatoriales, lesanimaux do- mestiques conservent une petite taille. Les pays humides, au contraire, produi- sent des animaux massifs, lymphatiques. Dans les pays froids, les animaux ont une fourrure épaisse; tandis que dans les pays chauds le pelage est clair, etc., etc. 4° Influence de la nourriture. — Le régime, suivant qu'il est pauvre ou abondant, réduit ou développe la taille, ralentit ou accélère l'accroissement. D'ailleurs, il n'est pas suffisant que les aliments soient donnés en quantité convenable, il faut encore qu'ils soient bien composés, que tous les principes organiques soient représentés, et qu'à ceux-ci se trouve associée une certaine proportion d'eau et de sels. Nous avons vu, en effet, que chaque tissu s'incorpore les éléments consti- tutifs du fluide nutritif qui lui conviennent; que ces éléments, en se combinant les uns aux autres, s'aident réciproquement pour faciliter leur assimilation; que les uns, enfin, sont plus spécialement préposés à la réparation des pertes subies parles tissus; que les autres, au contraire, ont pour résultat final de fournir les matériaux nécessaires à de nouvelles combustions. Nous savons, d'autre part, qu'en outre des matières organiques, il entre dans la composition des tissus et des liquides de l'économie un grand nombre de sels qui ont besoin d'être renouvelés sans cesse par la nutrition. Le sel marin, en particulier, est indispensable h la bonne exécution de la nutrition, surtout chez les jeunes animaux et les juments en état de gestation. L'insuffisance des matières salines dans l'alimentation rend, d'ailleurs, les animaux rachiliques. Quant à l'eau, outre qu'elle dissont toutes les substances qui doivent être mises en présence, nous savons qu'elle donne au sang la fluidité sans laiiuelle la nutrition des éléments anatomiques ne s'exécute plus normalement, ceux-ci subissant, au contraire, des modifications fonctionnelles se traduisant par des altérations matérielles plus ou moins profondes. (1) Vallon, loc. cit., t. I, pp. 254 et 2oo. CORPS OU TRONC A13 5° Influence de l'hérédité. — L'hérédilé, ou la transmissibililé, par la voie de la génération, des modifications imprimées à l'économie, influence profondé- ment le travail nutritif. Par son secours, on augmente considérablement la taille des races domes- tiques, on ihange les proportions du squelette, etc., etc. 6" Influence de l'exercice. — L'exercice développe le système musculaire et restreint la production de la graisse. Le cheval élevé en liberté a les os et les muscles plus volumincu.v et plus puissants que celui qui l'est à l'écurie. Le travail d'une partie développe les organes de la locomotion de cette partie : Les chevaux dont les membres fonctionnent activement ont les muscles des épaules, des avant-bras, des jambes, très puissants. Les sauteurs ont les reins et l'ariièrc- main fortement musclés. « Ainsi, dit M. Colin, s'opère le travail de la nutrition considéré dans son ensemble, sorte de lutte perpétuelle entre l'assimilation et la destruction, la composition et la décomposition, comme si la vie devait résulter d'un antago- nisme incessantet réglé entre les forces qui édifient et celles qui détruisent (1). » 2. — Chaleur animale. La faculté de produire de la chaleur paraît appartenir i\ tous les animaux ; mais quelques-uns développent si peu de calorique qu'il ne peut être apprécié par nos thermomètres ordinaires ; tandis que, chez d'autres, la production de chaleur est si grande, qu'on n'a pas même besoin d'instruments de physique pour en constater l'existence. On appelle animatu à sanij froid ou à tenipérature variable, ceux qui ne produi- sent pas assez de chaleur pour avoir une température propre et indépendante des variations atmosphériques, et l'on réserve le nom A'animaux à sang chaud ou à tenipérature constante pour ceux qui conservent une température ;\ peu près constante au milieu des variations ordinaires de chaleur et de froid auxquelles ils sont exposés. Le cheval appartient au groupe des animaux ;^ sang chaud, qui comprend, d'ailleurs, tous les mammifères et les oiseaux. 11 est bien démontré aujourd'hui que les sources de la chaleur animale sont les combustions qui se produisent dans l'organisme, et que la température perçue représente la partie libre du calorique produit en excès. L'animal peut produire des quantités considérables de chaleur en vingt-quatre heures, et, dit M. Mathias Duval, «ces quantités seront d'autant plus élevées que la nutrition sera plus active, les aliments plus abondants et plus riches en car- bone et en hydrogène; aussi, ajoute- t-il, la nourriture des habitants des pays froids doit-elle être bien plus riche que celle des habitants des régions tropi- cales, et surtout beaucoup plus riche en hydro-carbures peu oxygénés, comme les graisses, que les Lapons absorbent en si giande abondance (2). » Chez le cheval, la chaleur ainsi produite maintifut le corps à une tempéra- ture moyenne de 38 degrés. Ce chiffre, toutefois, n'a pas une exactitude mathé (1) G. Colin, /oc. cit., t. II. (2) Mathias Duval, ioc. Ci(., p. 478. 'i74 STRUCTURE. — PONCTIONS. matique, la température, chez l'animal absolument sain, pouvant n'être que de 37», 5 et pouvant monter à 38", 75. Quant aux lieux où se font les combustions desquelles naît la chaleur, nous savons que c'est au niveau des capillaires, dans l'intimité des tissus. Une fois produit, le calorique est réparli dans le corps par la circulation du sang : aussi, plus une partie est vasculaire, plus la circulation y est active et plus la température de cette partie se rapproche du maximum qu'elle puisse atteindre. Des déperditions de chaleur se font par la surface du corps quand le milieu ambiant est d'une température inférieure à celle de l'animal ; mais l'économie, par suite de sa faculté de produire de la chaleur, grâce aussi à l'organisation spéciale de la surface cutanée (1), à la riches.se en vaisseaux sanguins des par- ties les plus exposées au refroidissement (oreille externe, naseaux, mem- bres, etc.), parvient assez facilejiient à diminuer les fâcheux résultats de ce rayonnement. 11 est plus difficile à l'organisme de lutter contre la chaleur. Toutefois, il y arrive encore avec assez de facilité, grâce surtout à l'évaporation d'eau qui a lieu continuellement à la surface de la peau ou dans l'appareil de la respiration, et qui constitue la li-anspiralion cutanée et pulmonaire ; car l'eau, pour se trans- former en vapeur, enlève du calorique à tout ce qui l'environne, et, par consé- quent, refroidit le corps à mesure que la chaleur extérieure l'échauffé. La température du corps varie, d'ailleurs, suivant Vâge, le volume des ani- maux, l'état de veille ou de sommeil, le genre de nourriture, Vétat de la digestion, V heure de la journée, le sexe, la race, le climat. Va saison et surtout l'e'/oi de santé. Chez le poulain qui vient de naître, la chaleur animale est moins élevée que plus tard (2). Elle augmente donc depuis la naissance jusqu'à l'époque où la croissance est achevée. Mais, à partir de celte époque, elle diminue un peu; aussi, chez les vieux chevaux, où les phénomènes de nutrition et de combus- tion diminuent, la chaleur animale est-elle plus faible que chez l'adulte. D'autre part, plus le corps est volumineux, moins les causes de déperdition par rayonnement sont prononcées. C'est pourquoi les chevaux de petite taille produisent, relativement à leur poids, à leur volume, plus de chaleur que les grands animaux ; car ils en perdent plus par rayonnement et par contact, vu leur plus grande surface, toujours relativement à leur volume. La température du corps diminue un peu pendant le sommeil ; elle augmente, au contraire, sous l'influence de l'exercice. Une nourriture abondante et riche en aliments respiratoires élève la chaleur animale, tandis qu'une nourriture aqueuse en produit l'abaissement. La diges- tion, d'ailleurs, augmente toujours un peu la température. Le matin, la chaleur du corps est toujours un peu plus basse que le soir, et cette différence peut varier depuis un dixième jusqu'à un degré. Il en est de môme du mâle par rapport à la femelle : la température du che- val entier se trouve toujours de 0°, 3 au-dessous de celle de la jument. (1) Celle-ci présente, en effet, un revêtement épidermique, des poils et une couche spéciale de graisse {panicide adipeux), dans l'épaisseur du derme, qui la rendent très mauvaise conductrice du calorique. (2) De là l'indication de placer les jeunes animaux dans des écuries chaudes. CORPS OIT TRONC 475 La race, le climat, la saison n'exercent qu'une action insensible sur la tempé- rature du corps. C'est surtout pendant le cours des maladies que la chaleur ani- male est le plus variable. Certaines affections l'augmentent; d'autres, au con- traire, l'abaissent. Aussi, l'exploration de la température donne-t-elle des renseignements précieux pour juger de la marche d'une maladie et en établir le diagnostic. La chaleur morbide peut monterde deux ou trois degrés, rarement plus; on admet, en général, qu'une augmentation ou un abaissement de qua- tre ou cinq degrés sont des signes de mort (1). Résistance du cheval à. la chaleur et au froid. — Pour les raisons que nous avons données, le cheval, à l'état de santé, conserve toujours sa température propre, quelle que soit celle des milieux dans lesquels il vit. En Asie et en Afrique, il supporte sans grande difficulté des températures ambiantes de 50° centigrades el plus; tandis qu'en Russie, il vit très bien dans des milieux de — 20° à — 25° centigrades, et même quelquefois de — 46°, comme en Sibérie. L'abondance et la richesse des aliments augmentant la chaleur animale, il s'ensuit que l'alimentation des animaux vivant sous les climats chauds doit être moins substantielle que celle des animaux habitant les pays froids, qui ont besoin d'une plus grande quantité de combustibles intérieurs pour subvenir aux pertes plus considérables que fait l'économie. 3. — Vaisseaux et nerfs abdominaux. 1° Artères. — Les vaisseaux artériels qui se distribuent aux organes compris dans la partie du tronc que nous venons d'examiner (II, face inférieure du tronc et abdomen) émanent à peu près exclusivement de Vaorie abdunimale, branche postérieure de la double bifurcation du tronc aortique (voy. III'' partie, cbap. II, § 2, 1, Face latérale du tronc et thorax). D'un calibre beaucoup plus considérable que la bifurcation antérieure, Vaorie jiostérieure (PI. IX, X, 28 et PI. X, X, 23) parcourt aussi un trajet plus grand et fournit des divisions plus nombreuses. .\près sa naissance, elle se porte en arrière, traverse la cavité tboracique et envoie des rameaux à tous les organes qui y sont contenus. Elle pénètre ensuite dans l'abdomen, en passant au travers des piliers du diaphragme. Une fois arrivée dans la cavité abdominale, l'aorte postérieure longe la face inférieure du corps des vertèbres jusqu'à la dernière articulation interverté- brale, et se termine là par la double bifurcation d'où résultent les artères iliaques externes et iliaques internes, destinées surtout au membre abdominal. Les principales divisions qui émanent de l'aorte postérieure, dans sa portion abdominale, sont : le tronc cœliaque, qui fournit des branches à l'estomac [artère gastrique), à la rate [artère splénique) et au foie [artère hépatique); les artères grande mésentérique ei petite mésentérique , dont les divisions se distribuent aux différentes portions du tube intestinal ; les artères rénales, spermatiques etpetites testiculaires, ou utérines, qui envoient des rameaux aux reins el aux organes génitaux (voy. fig. 5 du texte). (1) Pour déterminer la lenipérature du cheval, on se sert d'un thermomètre spécial, qu'on introduit dans le rectum. 47»! STRUCTURE. — FONCTIONS- 2° Veines. — Les vaisseaux veineux se rendent Ions ou presque tons dans la veine cave poslénhire (PL X, X, 24). D'un volume supérieur à celui de tous les vaisseaux de l'économie, ce tronc veineux commence à l'entrée du bassin par deux grosses racines : les (7-nncs pelvi- crui'aux. De là il se dirige en avant et à droite de l'aorte, sous ce corps des ver- tèbres lombaires, atteint la scissure antérieure du foie, et traverse enfin le diaphragme. Dans ce trajet, la veine cave postérieure reçoit des divisions nombreuses et considérables; ce sont, d'arrière en avant : les veines lornhaires, spermaliques, rénales, porte (voy. 111° partie, cbap. II, § 2, II, Face inférieure du tronc et abdomen, X" plan), et diapliragmatiques. 3° Nerfs. — Les nerfs de la région dont nous nous occupons émanent, ou des paires rachidiennes dorsales et lombaires, ou du pneumogastrique, ou du grand sympathique. En ce qui concerne les paires dorsales et lombaires, dont nous connaissons les modes d'origine etde distribution, nous nous contenterons de dire ici qu'elles en- voient des divisions aux muscles et à la peau des lombes, des flancs et du ventre. A propos du nerf pneumogastrique , que nous n'avons pas encore eu l'occasion d'étudier dans son ensemble, nous rappellerons qu'il s'étend de l'isthme de l'encéphale [bulbe ?'ac/»W<'e«) jusqu'au delà de l'estomac, où il envoie, ainsi que dans l'œsophage, le pharynx, le poumon, les bronches, la trachée, le larynx (voy. IIP partie, chap. I", Têle, Larynx), une multitude de filets, qui tiennent sous leur dépendance les mouvements, les sécrétions et les phénomènes de pure sensibilité dont ces organes sont le siège. A sa sortie du crâne, le pneumogastrique traverse un gros ganglion, dit ganglion jugulaire; puis il s'unit à la portion cervicale du grand sympathique (voy. ci-dessous ce nerf), qu'il quitte à l'entrée de la poitrine pour pénétrer dans le thorax un peu au-dessous de lui. De là, les deux pneumo-gastriques gagnent la bifurcation de la trachée et se terminent au-dessus d'elle en formant le plexus bronchique et les cordons œsophagiens, ceux-ci prolongés jusqu'à l'estomac et au plexus solaire. Quant au grand sympathique, sa position, son importance, sa destination spéciale nous obligent à en faire une description à part. 4. — Nerf grand sympathique. Le grand sympathique est l'appareil nerveux des organes de la vie végétative. Il se compose de deux longs cordons étendus de la tète à la queue, sous la co- lonne vertébrale, à droite et à gauche de la ligne médiane (voy. fig. 6 du texte). Chaque cordon présente sur son trajet une série de ganglions qui lui donnent l'aspect d'une vraie chaîne. Ces ganglions sont en nombre égal à celui des ver- tèbres, excepté dans la région cervicale, oîi on ne trouve que deux ganglions : l'un en haut, l'autre en bas. De forme elliptique, semi-lunaire ou arrondie, les ganglions du grand sympathique reçoivent du bulbe rachidien et des branches spinales inférieures un grand nombre de rameaux afférents qui constituent la chaîne par leur réu- nion. Ils envoient à leur tour des rameaux efféreuts aux différents viscères; ces CORPS OU TRONC. «7 rameaux enlacent les artères pour gagner leur destination et forment à la sur- face de celles-ci ce que l'on appelle des plexus. A une certaine distance de la chaîne du grand sympathique, sur le trajet dt's rameanx eCférents, allant soit à la moelle, soit aux viscères, se trouvent de nouvelles masses ganglionnaires : ce sont de nombreux amas globulaires éche- lonnés sur les nerfs du grand sympathique. Le plus remarquable de ces amas est le tjanglion semi-lunaire ou solaire, que Bichat appelait le cerveau abdomi- nal; enfin, encore plus loin, sur le trajet des nerfs viscéraux, au moment oii ils se distribuent dans les viscères, on trouve une nouvelle série de ganglions dissé- minés dans l'épaisseur des parois des organes, et d'ordinaire de dimensions microscopiques : tels sont ceux que l'on trouve dans l'épaisseur des parois intes- tinales, dans la charpente musculaire du cœur, sur les bronches, etc., etc. [ganglions viscéraux ou parenchymateux). Rôle du grand sympathique. — Les fonctions du grand sympathique sont encore assez obscures. Toutefois, on sait maintenant qu'il ne constitue pas un système à part, mais qu'il partage les propriétés et les fonctions du système médullaire et s'associe à lui. Ses filets nerveux sont excitables par les mômes agents que les nerfs rachi- diens; mais la volonté n'a pas d'action sur eux. Aussi, les mouvements qui se produisent dans le domaine du grand sympathique sont-ils tous involontaires. Ces mouvements présentent, d'autre part, cette propriété d'être lenls à se pro- duire et à disparaître. Les rameaux du grand sympathique sont également sensibles, mais à un faible degré; toutefois, cette propriété s'accentue dans les états pathologiques. Enfin, ils peuvent prendre part à des réflexes. 11 est reconnu aujourd'hui que la plupart des phénomènes nerveux des fonc- tions viscérales ont pour centre la moelle épinière, et que le grand sympa- thique conduit tout simplement aux organes les excitations motrices incions- cientes qui prennent naissance dans celle-ci. Par les filets qu'il fournit aux vaisseaux [nerfs vaso-moteurs), il tient sous sa dépendance les phénomènes circulatoires, surtout dans les capillaires; il peut faire contracter les canaux [nerfs vaso-con^lrictews), ou bien produire leur dila- tation [nerfs vaso-dilatateurs), par conséquent ralentir ou accélérer la vitesse du cours du sang. « L'action des vaso-moteurs s'explique par une action suspensive ou à'arrèt analogue à celle que le pneumogastrique exerce sur le cœur. « La fièvre résulte d'une action exagérée des nerfs vaso-dilatateurs, qui sont en même temps caloi-ifiques (1). » III. - BASSIN OU PELVIS {PI. XIII et XIV). Le bassin ou pehh est uiie sorte de cavilé conique, de canal à parois eu partie osseuses et en partie ligamenteuses, qui prolonge en (I) Malhias Uuval, lue. cit., p. I2U. 478 STRUCTURE. — FONCTIONS. arrière la cavité abdominale, avec laquelle il communique largement en avant. Il occupe donc la partie posiérieure du tronc et loge, outre les or- ganes de la génération, le rectum et la vessie, que nous avons exa- minés précédemment (voy. III' partie, cliap. II, § 2, II, Face inférieure du tronc et abdomen). A. — PAROIS OSSEUSES ET MEMCRAiNEUSES. 1° Os. — Trois os principaux concourent à former le bassin : les deux co.raux et le sacrum, auxquels il faut ajouter les trois ou quatre premiers coccygiens. Fig. 1 iC. — Ensemble des os du bassin (cheval). r Lecox«/(pl. XlII,rig. 1, IX, C; PI. XIV, fig. I , IV, D, et fig. 146 du texte) est un os pair appartenant au membre postérieur dont il forme le premier rayon, ainsi que nous l'avons vu dans nos généra- lités (voy. r° partie, cbap. I", Squelette). Sa forme générale est celle d'un os plat étranglé vers le milieu et CORPS OU TRONC. ■4'Ï9 fortement élargi à ses deux extrémités. « Il est ea outre incurvé dans deux sens difîéreuts, comme s'il avait été coudé vers son milieu et tordu sur lui-même; de telle sorte que, quand sa moitié postérieure repose sur un plan horizontal, sa moitié antérieure fait avec la pre- mière un augle obtus, à sinus ouvert en haut et en arrière... (1). » Vers sa partie moyenne et en dehors, le coxal présente une cavité articulaire, dite cotyloïde, qui sert à l'articulation du fémur. Inférieurement et en dedans de la cavité colyloïde, on trouve une grande ouverture, ronde ou ovale, dite trou ovaiaire ou ouverture sous- piibienne (pi. XIV, fig. t, IV, E), fermée sur l'animal vivant par les muscles obturateurs. Les deux coxaux s'infléchissent en dedans et en bas pour s'unir l'un à l'autre, sur la ligne médiane, à l'aide d'une espèce de suture très solide dite symphyse ischio-pubieiine (pi. XIV, fig. 1, IV, G). Par leur partie élargie supérieure, ils s'articulent avec le sacrum. Chaque coxal est formé, dans le fœtus, de trois parties distinctes réunies au centre de la cavité cotyloïde, que toutes trois concourent à former. Bien que ces parties se soudent de très bonne heure, on est daus l'habitude de les décrire comme trois os distincts, sous les noms à'iliwn, de pubis et d'isc/iium. Nous nous réservons de les examiner en même temps que le membre postérieur. 2° Le sacrum (pi. XIV, fig. 1, IV, B. B, et fig. 146 du texte), os impair, de forme pyramidale, clôt supérieurement la cavité du bassin. 11 s'articule par son extrémité antérieure, ou base, avec la dernière vertèbre lombaire ; par les côtés, avec les deux coxaux; par son extré- mité postérieure, avec le premier coccygien. La face inférieure, lisse et incurvée d'avant en arrière, constitue le plafond de la cavité du bassin. Elle présente quatre trous, dits sous- sacrés, par lesquels s'échappent les nerfs de même nom. La /«ce supérieure est occupée ^^^vX épine sus-sacrée, résultant de la soudure des apophyses épineuses des cinq vertèbres sacrées, et les trous sus-sacrés, analogues à ceux de la face inférieure. 3° Les trois premiers os coccygiens seuls concourent à la formation du bassin. Irrégulièrement cylindriques ou prismatiques, les os coccy- giens offrent tous les caractères des vertèbres dégénérées. (1) Saint-Cyr, Traité d'obstétrique vétérinaire, Paris, 1875, p. 6. 480 STIIUCTUUE. — PONCTIONS. 2° Articulations. — Les os précédents sont unis entro eux par des articulations dont il est l)on de rappeler la disposition générale : 1° L'artkulalion du sacrum avec la dernière vertèbre lombaire, ou sacro-lombaire, ayant beaucoup d'analogie avec les articulations inter- vertébrales, que nous avons précédemment examinées, il est inutile de la décrire ici. 2° U'articidalion du sacrum avec les coxaux ou sacro-iliaque est affermie au moyen de quatre ligaments puissants qui ne lui permet- tent que des mouvements excessivement bornés. Trois de ces ligaments enveloppent l'articulaliou de toutes parts et ne nécessitent pas une description spéciale. Le quatrième seul, en raison de son volume et de son lôle, doit être examiné en particulier. C'est une vaste expan- sion membraneuse formée de fibres blanches entre-croisées, située sur le côté du bassin, entre le sacrum et le coxal, et servant plutôt d'appa- reil de clôture pour la cavité pelvienne que de moyen d'assujettisse- ment. Connue sous le nom de ligament sacro-scialique (pi. XIII, fig. 1, L\ d, et pi. XIV, fig. 1, IV, M), cette expansion a une forme irrégu- lièi ement quadrilatère, comme l'espace compris entre la crête rugueuse latérale du sacrum et la crête sus-cotyloïdienne (voy. IIP partie, chap. III, § 2, 3Ienibres postérieurs) qu'eWe remplit. Sa face externe est recouverte parles muscles long vaste et demi- tendineux. Sa face interne, tapissée antérieurement par le péritoine, se trouve en rapport, postérieurement, avec les muscles ischio-coccygien et ischio-anal. 3" La symphyse ischio-pubicime réunit les deux coxaux sur la ligne médiane à l'aide d'un cartilage interosseux et de fibres périphéiiques qui s'ossifient dès l'âge adulte. B — SURFACE ii\ti:kikuri: Examiné à l'intérieur, le bassin représente une simple cavité conoïde dans laquelle on peut distinguer quatre faces ou réyions et deux orifices appelés déiroils. La région inférieure ou plancher du bassin, concave d'un côté à l'autre et rectiligue d'avant eu arrière, présente : sur la ligue médiane, COUPS ou TRONC 481 la symphyse ischio-pubienue ; sur les côtés, les deux ouvertures sous- pubieunes bouchées par les muscles obturateurs, et par lesquelles s'échappent les vaisseaux et les uerfs de même nom. C'est sur cette surface lisse et arrondie que glisse le fœtus lors de l'accouchement. La réf/ion supérieure, ou plafond du bassin, est formée par la face infé- rieure du sacrum. Quant aux rê(/ions latérales, elles sont constituées par une petite portion de la face interne des iliums et en très grande partie par les ligaments sacro-sciatiques. Le détroit antérieur, à peu près circulaire, est situé au-dessus du pubis ; c'est par lui que le fœtus s'engage dans la cavité du bassin. Le détroit postérieur, plus étroit, représente l'orifice de sortie du canal pelvien et livre passage au rectum et aux organes génilo- urinaires. Le péritoine tapisse la surface intérieure du bassin, mais non tota- lement. Vers l'arrière-fond de la cavité pelvienne, il se réfléchit en avant, autour du rectum et des organes génito-urinaires ; de sorte que la partie terminale de ces organes se trouve placée en dehors de la séreuse péritonéale. C. — DIFFÉRENCES ENTRE LE BASSIN DU CHEVAL ET CELUI DE LA JUMENT Le bassin de la jument, comparé à celui du cheval, l'emporte sur ce dernier par toutes ses dimensions : le détroit antérieur forme une circonférence plus vaste; le bord interne de l'ilium décrit une courbe beaucoup plus concave ; le plancher du bassin et l'arcade ischiale sont plus larges; les trous sous-pubiens sont également plus larges et plus arrondis. I. — ORGANES GÉNITAUX Les organes génitau.r sont ceux à l'aide desquels, chez les mammi- fères, deux individus, l'un mâle et l'autre femelle, peuvent^ en s'ac- couplant dans certaines circonstances déterminées, se reproduire et propager l'espèce à laquelle ils appartiennent. La femelle fournit un germe, l'ovule, et le mâle, une liqueur fécondante, le sperme, qui anime le germe et le rend apte à se dé- velopper. Lo Cheval. 3( ■482 STRUCTURE. — FONCTIONS. Nous allons successivemeal examiner ces organes dans l'un et dans l'autre sexe. ORG.VKES GILXITAl'X DU MALIÎ Les orijanes génitaux du mâle compoitent les organes sécréleurs du sperme, ou les teslicules, et l'appareil d'excrélioii, comprenant lui- même : Yépididyme, le canal déférent, les vésicules séminales, les canaux éjaculatews, la prostate, les glandes de Cowper ; enfin, un canal impair, Yurèthre, commun aux organes de la génération et de la dépuration urinaire, et supporté par une tige érectile, le corps caverneux, avec lequel il forme un organe allongé, le pénis ou la verge qui, lors du rapprochement des sexes, est introduit dans le vagin, au fond duquel il va porter le fluide spermatique. «. — TESTICULES OU ORGANES SÉCllÉTEURS DU SPERME Les testicules sont deux glandes ovoïdes suspendues dans le pli de l'aine, l'une à droite, l'autre à gauche, où elles occupent une poche séreuse particulière dite_^rt//*e vaginale (fig. 147 du texte, E.E). Chacune des glandes testiculaires est formée d'un tissu propre, faune grisâtre^ marbré, renfermé dans une coque fibreuse connue sous la dénomination de tun/çi/ealÙNgince. Celle substance propre du testicule est divisée par les prolongements de la membrane d'enve- loppe eu petits lobules distincts résultant du pelotounement de deux ou trois tubes filiformes, les canalicules séminifères qui, après être de- venus droits [canalicules droits), se dirigent vers le bord supérieur du testicule et se continuent dans l'épidiiyme par les canaux efférents, que nous examinerons dans un instant. 1° Gaine vag-inale. — La gaine vaginale, chez le cheval, n'est qu'un diverticulum de la cavité abdominale, dout la membrane péri- tonéale a fait hernie dans le trajet inguinal (voy. IIP partie, cluip. H, § 2, Face inférieure du tronc et abdomen) et s'est prolongée petit à petit jusqu'au-dessous de l'anueau inguinal inférieur, de manière à consti- tuer uu sac séreux recouvert de parois membraneuses connues sous le nom àe bourses. Le sac vaginal est allongé verticalement, rétréci dans sa partie moyenne, qui contient le cordon testiculaire, ouvert à son extrémité CORPS OU TRONC. /iS3 Fig. Ii7. — Vue générale et supérieure de l'appareil génito-urinaire du mâle. A, rein gauche. Bj rein droit. C, C, capsules surrénales. D, vessie. E, E, testicules. e, tête de l'épididynie. e', queue de l'épididynie. F, canal déforent. G, renflement pelvien du canal déférent. H, vésicule séminale gauche. I, prostate. J, glandes de Cowper. K, portion membraneuse ou intra-pelvienne du canal de l'urètlire. L, portion bulbeuse du même. M, cros caverneux du pénis. m. »i, ses racines. N. tête du pénis. 1, a'irie abdominale. 2, '2, artères rénales. 3, arière grande testiculaire ou spermatique 4, origine commune des artères honteuse Interne et ombilicale. 5, arière ombilicale. 7, altère honteuse interne. 8, sa branche vésico-prostalique. 484 STRUCTURE. — FONCTIONS. supérieure pour livrer passage au caual défirent et aux vaisseaux sper- matiques, et enfiu renflé à son cxtrémilé inférieure, qui forme le fond ou le cul-de-sac de la cavité et loge le testicule et l'épididynie. La membrane péritonéale qui constitue la gaine vaginale comprend, comme les séreuses de la cavité abdominale, deux feuillets : l'un /;«- riétal^ l'autre viscéral. 2° Membranes enveloppantes ou bourses. — Les parois extérieures de la gaine vaginale, au nombre de quatre, sont, en procé- dant de dedans en dehors : 1° la tunique fibreuse qui revêt immédiate- ment le feuillet externe; 2° le muscle crémasler, plus généralement connu souslenom de twiiçite éryt/uoïde, dont la contraction détermine les mouvements d'ascension brusque du testicule; 3° le clartus, mem- brane très contractile formée de tissu fibreux élastique déterminant le mouvement vermiculaire dont les bourses sont le siège; 4° le scrohmi, constitué tout simplement par la portion de la peau qui recouvre la ré- gion testiculaire. b, C. — ÉPIDIDYME ET CANAL DEFERENT. Première partie du caual excréteur du sperme, Véindyclime (fig. 147 du texte, e, e') est un corps allongé d'avant en arrière, appliqué contre le bord supérieur du testicule et constitué par la réunion de douze à vingt petits tubes, les canaux efférents, formant un long conduit replié un très grand nombre de fois sur lui-même. De ses deux extrémités, l'une, antérieure, renflée, porte le nom de lête de iépididijme; l'autre, postérieure, moins volumineuse, est connue sous la dénomination de queue de l'éindidijme. Réduite à un seul conduit, celle-ci se recourbe en baut pour constituer le canal déférent (fig. 147 du texte, F). De la grosseur d'une plume à écrire ordinaire, ce canal s'unit au cordon testiculaire jusqu'à l'ouverture de la gaiue vaginale ; puis il pénètre dans la cavité abdominale, gagne l'enlrée du bassin, s'infléchit en arrière, se place au-dessus de la vessie en se renflant subitement, et se termine au col de ce dernier réservoir par un rétrécissement brusque, à l'origine duquel aboutit, en dehors, la vésicule séminale. Il se continue ensuite parles canaux éjaculaleurs. CORPS OU TRONC. W3 '/. — VÉSICULES SÉMINALES. Placées au-dessus de la vessie et du canal déféreut, les vésicules séminales, au nombre de deux, l'une droite, l'autre gauche, parais- sent servir tout à la fois de réservoirs et d'organes sécréteurs. « Leur produit liquide se joindrait au sperme, comme le produit de la prostate et des glandes de Cowper(l). » Elles s'effilent postérieurement en un col étroit qui s'insinue sous la prostate et se termine avec le conduit déférent pour constituer le canal éjaculateur (fig. 147 du texte, H). e. — CANAU.>C ÉJACULATEURS Les camiujc éjaculateurs sont deux conduits formés par la réunion du caual déférent et du goulot de la vésicule séminale. Ils rampent entre la prostate et l'urèthre et vont s'ouvrir dans la partie pelvienne de l'urèthre. Leur usage est de lancer le sperme dans le canal uréthral pendant la copulation. f. — CANAL DE L'L'RÈTlllilî Uiirètlire (fig. 147 du texte, K, L) est un conduit à parois membra- neuses et érectiles, s'etendant du col de la vessie à l'extrémité libre de la verge. D'abord horizontal, le canal uréthral décrit, à sa sortie du bassin, en arrière de l'arcade ischiale, une courbure qui le rend oblique de haut en bas et d'arrière en avant. Il s'ensuit qu'on peut le décomposer en deux portions bien distinctes : l'une, intra-pelrienne ; l'autre, e.xtra- peivienne, la plus étendue, supportée par le corps caverneux. En arrivant vers la tête du pénis, l'urèthre se termine par un petit prolongement connu sous le nom de tube urcthval, succédant immédia- tement aune petite dilatation ovoïde, dite fosse 7iaviculaire. Le canal de l'urèthre présente dans sa structure : 1° une membrane muqueuse; 2° ime enveloppe érectile; 3° des muscles; 4° des vaisseaux el des 7iei'fs. (1) A. Chauveau et S. Arloing, Iw. cit., p. 90o. 48r> STRUCTURE. — FONCTIONS. r Membrane muqueuse. — La muqueuse uiéllirale, assez sensible, continue en arrière celle de la vessie. 2" Enveloppe érectile. — Immédiatement en dehors de la muqueuse se trouve l'enveloppe érectile de l'urèthre dont la structure est identique à celle du corps caverneux, que nous examinerons dans un instant (voy. Pénis). Celte enveloppe commence un peu au-dessus du contour ischial par un renflement auquel ou donne le nom de bulbe de furèthre, et se termine par un autre renflement constituant la ic/e (le la verge. 3° Muscles. — Dans sa portion inira-pelvienne, en arrière de la prostate, la membrane muqueuse de l'urèthre est doublée, extérieu- rement, d'une couche charnue circulaire formant le muscle de Wilson. Une autre enveloppe musculeuse, le bulbo-cavevneux ou Yaccéléra- teur, recouvre le tissu érectile du canal uréthral, depuis l'arcade ischiale jusqu'à l'extrémité libre du pénis. A ces deux muscles principaux s'ajoutent encore deux paires de faisceaux secondaires : 1" le muscle ischio-uréthral, se dirigeant de l'arcade ischiale sur la face inférieure de la glande de Cowper; 2° le muscle transverse du périnée, très mince bandelette qui s'étend trans- versalement de la tubérosité ischiale à la hgne médiane du périnée. Le muscle de Wilson s'oppose à la sortie de F urine et à la rentrée du sperme dans la vessie. Le bulbo-caverneux est V organe essentiel de la projection du sperme hors du canal. Uischio-iiréthral lire en arrière la portion membraneuse de furèthre, ainsi que les glandes de Cowper, rjuil comprime. Quant au transverse du périnée, il dilate la portion bulbeuse du canal. 4° Vaisseaux et nerfs. — Le sang est amené au canal de l'urèthre parles artères bulbeuses et dorsales du pénis. Les filets ner- veux émanent du honteux interne et du grand sympathique. g. — GLANUliS AiNiNEXÉES AU CAiSAL DE L'URÉTllRli 1° Prostate. — Cette glande impaire est située à l'origine du canal de l'urèthre, en travers du col de la vessie. Elle sécrète et verse à l'intérieur du tube uréthral un liquide destiné à faciliter le passage du sperme dans ce tube. CORPS OU TRONC. 487 2° Glandes de Gowper. — Placées de chaque côté de l'urt;- thre, au-dessus (le l'arcade des ischions, ces petites glandes sécrètent un fluide qui jouit des mêmes propriétés physiques que celui de la prostale. II. — PÉNIS ou VERGE Le jiênis ou la verge (fig. 147 du texte, M, N) est un corps cylin- dioïde résultant de l'accolement du corps caverneux et de \a. portion sponfjieitse du canal de fiirèthre. Nous avons dit un mot de celte dernière partie; il nous reste à décrire le corps caverneux, avant de parler du pénis dans son ensemble. r Corps caverneux. — Situé entre k>s deux cuisses, prolongé sous le veutre, attaché en arrière sur l'arcade ischiale, et terminé en avant par une extrémité libie englobée dans le renllement de la tète de la verge, le corps caverneux est une tige érectile déprimée d'un côté à l'autre, et creusée inférieurement d'une gouttière dans laquelle est logé le canal de l'urèthre. L'organe érectile représenté par le corps caverneux forme la base principale du péuis, auquel il donne la propriété de se gonfler, c'est-à- dire d'entrer en ércclioii lorsque le sang y arrive en abondance. 2° Verg-e dans son ensemble. — La partie du pénis com- prise entre l'arcade ischiale et les bourses prend le nom de portion fixe; le reste de l'organe s'appelle, au contraire, partie libre de la verge. Celle-ci, enveloppée par le fourreau dans les conditions ordi- naires, sort de ce repli quand la verge s'allonge et se goutle au mo- ment de l'érection. Son extrémité, tète de la verye ou gland, constitue un renflement circulaire limité en arrière par un rebord saillant [cou- ronne du (jlund) et présentant, sur son plan antérieur, le tube urélhral , entouré d'une fosse circulaire. Deux bandelettes aplaties, dites cordons suspenseurs et rétravteurs, partant de la face inférieure du sacrum, enveloppant l'extrémité ter- minale du rectum, puis se prolongeant, accolés l'un à l'autre sur le muscle bulbo-caverneux, concourent à ramener la verge à sa position de repos quand cesse le phénomène de l'érection. Enfin, ainsi que nous l'avons vu déjà, la partie libre du pénis est enveloppée par un repli tégumentaire, le fourreau, dont nous allons dire un mot. 488 STRUCTURE. — FONCTIONS. 3" Fourreau. — Le fourreau est une cavité formée par un repli (le la peau qui, une fois arrivée à la partie libre du pénis, forme un cul- de-sac circulaire en se réfléchissant sur cet organe, qu'elle enveloppe. B. — OK^.A^ES GEMTAUX DE L\ FEMELLE 11 existe une parfaile analogie entre ces organes et ceux du màlc. Ainsi, l'appareil génital de la femelle comprend : 1° les ovaires, chargés de préparer le germe; 2" la trompe utérine^ dans laquelle s'engage l'ovule en sortant de l'ovaire ; 3" Viiiérus, réservoir impair formé de deux moitiés latérales rappelant les vésicules séminales; 4° le vat/in, canal analogue à l'urèlhre ; 5" la ru/ve, ouverture exté- rieure du vagin, présentant à sa partie inférieure un corps éreclile, le clitoris, véritable rudiment du corps caverneux du mâle; G" les ma- melles, organes préposés à la sécrétion du lait, et dont ou trouve le vestige chez le mâle. a. — OVAIliES Les ovaires (fig. 148 du texte, 3) sont deux glandes ovoïdes, plus petites que les testicules, situées dans la cavité abdominale, un peu eu arrière des reins, et suspendues à la région sous-lombaire au moyen des ligaments larges ou siispcnseurs de l'utérus. Chacune de ces glandes comprend un tissu propre^ de teinte gri- sâtre plus ou moins marbrée, renfermé dans une coque fibreuse exac- tement semblable h la tunique albnginée du testicule, et recouverte elle-même par une twiirpie séreuse continue avec les ligaments larges. Le tissu propre de l'ovaire, depuis la naissance, mais principale- ment quand la jument est apte à concevoir, renferme dans son épais- seur des espèces de petits sacs membraneux dits vésicules de Graaf, à divers états de développement, qui contiennent les ovules ou les œufs des mammifères (fig. 130 du texte). Rupture des vésicules de Graaf. — C'est à l'époque de la puberté seulement que ces vésicules sont le siège de phénomènes bien marqués. Elles se vascularisent, se distendent, forment une saillie plus ou moins considérable à la surface de l'ovaire, et finissi'ut par se déchirer pour donner passage à l'ovule qui tombe dans l'oviducte. CORPS OU TRONC. 48'.l La cicatrice résiillant de la rupture d'une vésicule de Graaf est connue sous le nom de corps jainic. h. — TROMPES UTERINES, DE FALLOI'E OU OVIDUCTES L'oi-hhicfe est un petit conduit flexueux qui commence par un é\a- sement frangé, libre, formant le pavillon de la trompe (fig. 148 du texte, 3), et se termine sur la corne utérine en s'abouchant avec elle. Dansles conditions ordinaires, l'oviducte tlotte libremeutàrintérieur de la cavité abdominale; mais, au moment où les ovules se détachent, son pavillon s'applique étroitement sur l'ovaire, saisit le germe et r V.\-Br,;crc.-;i 1 Fig. lis. — Vue d'ensemble des organes génitaux de la jument. corps'de l'utérus. 2, cornes utérines. ovaire avec le pavillon de la trompe. ligament large. rudiment du ligament lond. col de rutérus. vagin. constricteur antérieur do la ^ulvc. constricteur postérieur de la vulve. 10, spliincter de l'anus. 11, vessie. 12, uretère. 13, rectum. 14, repli circulaire du pcriioino embrassant le rectum. 15j rein. IG, bulbe du vagin. l'amène à l'orifice abdominal de la trompe, d'où il est transporté dans la matrice. C'est aussi l'oviducte qui porte la liqueur fécondante du màle à la rencontre de l'œuf. 490 STRUCTURE. — PONCTIONS. Il ariive quelquefois que le pavillon de la trompe utérine fonction- nant mal, l'cpiif tombe dans la cavité abilominale el s'y dévebjppe s'il a été fécondé, fait qui constitue la variété la plus remacquable des gf'stations exti'a- utérines. C. — UTÉliUS ou MATniCE L'ulén/s est un sac musculo-membraneux dans lequel l'ovule arrive et se développe. Il est situé en avant du vagin, partie dans la cavité abdominale, partie dans le bassin. « Dans sa moitié postérieure, la matrice représente un réservoir simple, cylindrique, légèrement déprimé de dessus eu di'ssous, et nommé le corps de rulérus. Dans sa moitié antérieure, il est bifide et divisé eu deux cornes recourbées par en haut (1). » Le corps (fig. 148 du texte, 1) répond, par sa face supérieure, au rectum; par ses faces latérales et inférieure^ aux circonvolutions intestinales. Postérieurement, il est séparé du vagin p;ir un rétrécis- sement qui prend le nom de col de F utérus (fig. 148 du texte, 6). Les cornes (fig. 148 du texte, 2.2) se trouvent mêlées aux divei-ses portions de l'intestin. L'utérus est attaché à la région sous-lonibaire par des liens lamel- leux connus sous la dénomination de ligaments larges ou suspenseurs de l'utérus (fig. 148 du texte, 4). La surface intérieure de cet organe se divise en trois compartiments : la cavité du corps et les car/tés des cornes. La cavité du corps se termine postérieurement par un étroit canal traversant le col de l'utérus et se prolongeant au fond du \agin à la manière d'un robinet dans un tonneau. C'est cette saillie qui a reçu le nom de fkw épafiouie (museau de tanche chez la femme), par suite des plis transversaux, disposés circulairement, que présente la mu- queuse utéro-vagiuale au pourtour de l'orifice postérieur du canal dont nous parlons. Les parois de l'utérus comprennent trois membranes : une externe,. séreuse; une moijenne, charnue; une iiUerne, muqueuse. (1} K. Ch;iave;ui et S. Arloiiig, loc. cit., p. '.120. CORPS OU TRONC. 491 Le vagin (fig. 148 du texte, 7) est uu caual membraneux, à parois minces et exteusibles, servant à l'accouplemeut et au passage du .'œtus. 11 fait suite à l'utérus et se termine en arrière par la vulce. Situé daus la cavité du bassin, qu'il traverse d'avant eu arrière, cet organe répoud : en haut, au rectum; en bas, à la vessie. Il est formé de deux membranes: uuo interne, muqueuse; une externe, musculaire. e. — VULVE Orifice externe des organes génitaux de la femelle, la vulve est située daus la région périnéale, au-dessous de l'anus. C'est une fente allongée verticalement, présentant deux lèvres latérales et deux comniissures : l'une supérieure, l'autre inférieure. Sa surface intérieure offre à étudier : 1° la membrane hymen, qui, lorsqu'elle existe, la sépare du vagiu; 2° le 7néat uritiaire, orifice pos- térieur du court canal urélhral de la jument, percé sur le plan infé- rieur de la cavité de la vulve et couvert d'une large valvule muqueuse qui semble destinée à diriger les urines vers l'extérieur; 3° le clitoris, orgaue éreclile faisant saillie vers la commissure inférieure et corres- pondant au corps caverneux du mâle, dont l'atlouchemeut par la verge, pendant la copulation, détermine surtout l'excitation vénérienne. La vulve présente dans sa structure : 1° une membra^ie muqueuse; 2° un corps érectile, le bulbe vaginal (fig. 148 du texte, 10), appliqué sur cette membrane; "i" deux muscles constricteurs (fig. 148 du texte, 8, 9), compris dans l'épaisseur des lèvres; 4" la peau extérieure, fine, noirâtre, onctueuse, lisse et dépourvue de poils. f. — MAMELLES Les mamelles, au nombre de deux, sont des organes glanduleux silués dans la région inguinale et destinés à sécréter le lait. Chacune d'elles représente uue niasse hémisphérique renfermant dans son intérieur un grand nombre de canaux excréteurs qui se réunissent de proche eu proche pour aboutir au centre d'un prolon- im STRUCTURE. — FONCTIONS. gement dit trai/on. nuunelon ou léline, prolongement percé à son extrémité libre de plusieurs orifices d'où s'échappe le lait, et par lequel le petit sujet opère la succion. La peau qui recouvre les mamelles est mince, noirâtre, couverte d'un léger duvet, qui disparaît même vers le mamelon. Les mamelles croissent jusqu'à l'âge adulte. A partir de cet âge, elles restent stationnaires, excepté vers la fin de chaque grossesse, époque à laquelle elles augmentent considérablement de volume. Génération. Les fonctions que nous avons examinées jusqu'ici avaient pour but la conservation de l'individu. Celle qu'il nous reste à étudier donne à cet individu la faculté de produire des êtres semblables à lui pour renouveler et perpétuer son espèce. Chez le cheval, comme chez Ions les animaux d'un rang élevé dans la série animale, la génération exige le concours de deux ordres d'organes : les uns, mâles, destinés à la formation du fluide fécondant; les autres, femelles, préposés à la production et à l'expulsion des œufs. Ces organes ayant été précédemment décrits, nous nous occuperons exclusivement ici du mécanisme de la génération. 1. Plicnomènes qui provoquent et préparent à racconiprissenient des actes intimes de la reproduction. L'aptitude à la reproduction se montre généralement avant que les animaux aient atteint l'âge adulte. C'est ainsi que la jument peut concevoir de la deuxième à la troisième année. A celte époque, d'ailleurs, des changements assez saillants se mani- festent dans la constitution générale des animaux : chez le mâlC; l'encolure devient plus forte et plus épaisse, la crinière plus fournie, les naseaux plus larges, les testicules plus volumineux. Le sperme, enfin, est sécrété en abondance, et les animalcules y apparaissent. Chez la femelle, les mamelles prennent du développement, les ovaires se gouttent et des vésicules de Graaf s'y développent, etc., etc. D'autre part, les animaux, une fois parvenus à l'âge de la fécondité, CORPS OU TRONC. 493 éprouvent périodiquemeut une excitalion parliculière qui les porte à perpétuer leur espèce. r Chaleurs. — Cet état dout nous venons de parler constitue ce qu'où appelle le rut chez les animaux sauvages et les chaleurs chez les espèces domestiques. Il est caractérisé par une excitation générale coïncidant, chez les femelles, avec le travail de l'ovulaliou. Les chaleurs ne se manifestent qu'au printemps chez les individus qui vivent à Tétat sauvage. C'est aussi au printemps qu'elles appa- raissent chez les animaux domestiques; mais, en ce qui concerne ces derniers, il est facile de les provoquer à toutes les époques de l'année par une nourriture abondante et les approches de l'étalon. « En France, dit Vallon, l'époque des chaleurs varie, du nord au midi, d'un mois environ; c'est du 1" avril au l" juin qu'elles sont le plus intenses. Eu Algérie, elles commencent eu février et finissent en mai (1). » Les phénomènes et les signes qui annoncent le rut varient suivant les sexes : L'étalon hennit souvent, s'agite sans cesse, trépigne, porte les oreilles dans toutes les directions; il entre fréquemment en érection, éprouve quelques pertes séminales, boit beaucoup et mange peu. Quelques sujets nerveux, les chevaux anglais surtout^ deviennent d'un caractère méchant et dangereux pour ceux qui les approchent. « La jument en chaleur est inquiète, triste, moins impressionnable à l'action des agents extérieurs. Plus fréquemment, elle est dans un état de surexcitation prononcée qui la porte à s'agiter, à se tour- menter, à trépigner, à gratter, à regarder autour d'elle; sous la pres- sion des sangles et la piqûre de l'éperon, elle se campe, urine, rue; le contact des effets de pansage produit sur sa peau une action désa- gréable qui la porte à s'y soustraire. « Dans tous les cas, elle hennit eu voyant passer un cheval et se campe souvent pour uriner; ses organes génitaux sont le siège d'un éréthisme qui les rend rouges, chauds, tuméfiés, provoque de fré- quentes contractions, ce qui donne lieu à l'écoulement, par la vulve, d'un liquide visqueux et gluant. (0 Vallon, /oc. cit., p. 430. 494 STRUCTURE. — FONCTIONS. « La tl niée des chaleurs, dans chaque jument, est variahle. Elle esl de vingt-quatre, trente six, quaraiile-huil heures chez l'une, de huit à quinze jours chez une autre; puis elles disparaissent pendant vingt ou vingt-cinq jours pour revenir ensuite. (I 11 en est de même de leur intensité. Chez quelques juments, le paroxysme amoureux échappe à l'observateur le plus exercé; tandis que, chez d'autres, il est porté au plus haut degré d'action (1). » Le rut, chez le cheval, peut se renouveler à peu près pendant toute la durée de la vie. Aristole cite un étalon qui pouvait encore efTectuer la monte à l'âge de quarante ans. 11 y a quelques mois, nous avons pu admirer nous-même, dans uae de nos meilleures écuries de course, dix-huit magnifiques yearlings dont le père était âgé de vingt-cinq ans. Les chaleurs cessent, en général, après la fécondation; toutefois, il n'est pas rare de voir des juments pleines redemander et recevoir le mâle. 2° Sécrétion spermatique et ovulation. — Maintenant que nous connaissons l'impulsion instinctive, irrésistible, qui porte les animaux à se reproduire, il nous reste, avant de passer en revue les actes intimes de la fécondation, ~ à dire un mot de la sécrétion de deux éléments, le fluide séminal et l'œuf, dont l'union est la condition pré- liminaire indispensable à la reproduction. 1° Sécrétion spermalique. — Le fluide destiné à aviver les ovules, ou le sperme, est sécrété par les testicules. C'est un liquide blanchâtre, assez épais, d'une odeur particulière, sui ge/ieris, d'une réaction faiblement alcaline, te- nant en suspension nue multitude de filaments microscopiques, cylindriques ou fusiformes, qui se meuvent dans tous les sens avec une grande rapi- dité. Ces filaments, connus sous le nom de sper- matozoïdes , d'an/md/ci/les spermatiques, sont consi- dérés comme les éléments essentiels, fécondants Fig. — 149. Spermato- du spei'me. lls sout formés d'une partie renflée et ovoïde appelée tête, d'un corps ovale et a[)lali, et d'un appendice long et effilé nommé queue (fig. 149 du texte). Les spermatozoïdes n'existent dans le sperme qu'au moment où le j '1 I I (1) VciUon, loc, vit., p. 431. CORPS OU TRONC. 4'J5 «heval acquiert la faculté de se reproduire, et ils disparaissent tota- lement lorsque les mâles perdent cette faculté par les progrès de l'âge, par le fait de la maladie ou d'autres causes analogues. D'après les observations de MM. Goubaux et FoUin (1), le sperme des testicules arrêtés dans leur développement et retenus dans l'ab- domen (chevaux cryptorchides) reste dépourvu de spermatozoïdes et, par conséquent, impropie à féconder l'ovule. Nous ne douions pas ■que ce soit là le cas ordinaire; mais certaines observations, que nous espérons compléter par la suite, nous permettent de supposer qu'il ii'en est pas toujours ainsi et que les chevaux cryptorchides peuvent être exceptionnellement féconds (2). » Le sperme des mulets et des bardots, d'après de nombreux obser- vateurs, est également dépourvu de spermatozoïdes. Les mouvements des animalcules spermatiques, qui semblent pro- duits par les ondulations ou les inflexions de la queue, peuvent persister plusieurs heures après que le sperme a été recueilli [3], mais cessent sous l'influence de l'électricité, du froid, de la chaleur, de l'opium, de la sh'ychnine, de l'alcool, des acides. Au contraire, les solutions légèrement alcalines leur sont favorables et augmentent la vivacité de leurs mouvements. 2° Ovulation. — L'ovulation est le travail par lequel les ovaires don- nent naissance à un œuf dont le développement pourra avoir lieu «ousl'influeuce vi\iflante du fluide séminal. Cet œuf, ou l'ovule, que (1) Goubaux el FoUiu, Mémoire sur la ciijptorchidie, in Recueil de médecine vétérinaire, minée 18o(i, p. 820. (2) Dans le même escadron d'un régiment de cavalerie monté en chevaux français et, par conséquent, castrés, nous avons vu trois juments devenir successivement pleines ■sans qu'il ait été possible, tout d'abord, de déterminer, même approximativement, dans quelle circonstance s'était faite la fécondalion. Ce n'est que plus tard, quand nous avons iicquis la certitude, non seulement qu'il existait un cheval cryptorcliide dans l'escadron, mais que des gardes d'écurie s'étaient souvent amusés à lui faire saillir les juments de la travée où il se trouvait, qu'il nous a été permis de rattacher l'état de pléni- tude des juments en question à la présence d'un cheval cryplorchide au milieu d'elles. D'ailleurs, ce dernier ayant été réformé par la suite, nous n'avons pas vu, depuis, se produire des cas de gestation parmi les juments du régiment autres que celles arrivant des dépôts de remonte. D'un autre côté, il y a lieu de noter que l'un des produits était le portrait frappant de l'étalon incriminé. (3) D'après Marion Sims (Notes cliniques sur la chirurgie utérine, traduction française, Paris, 187:2), les spermatozoïdes peuvent même vivre dans le col de l'utérus jusqu'à huit jours après le dernier coït. i'JO STRUCTURE. FONCTIONS. nous savons renfermé dans les vésicules de Graaf, est une cellule de l/IO de millimèlre de diamètre comprenant dans sa composition trois parties essentielles : 1° la membrane vitclline, amorphe, épaisse, sans texture déterminée; 2° le vitellus ou jaune, substance granuleuse ren- fermée dans l'enveloppe précédente ; 3" la vésicule genninadve, ou noyau de l'ovule, incluse dans celle-ci et présentant à son centre une tache blanchâtre dite tache (jcvininalice (tig. 150 du texte). L'ovule, de même que les vésicules de Graaf, apparaît dans l'ovaire dès le tout jeune âge; mais il y est alors à l'état microscopique. C'est seulement à l'époque de la puberté qu'il s'accroît et déchire la vésicule qui le contient. La chute de l'ovule coïncide avec la période des chaleurs et se pro- duit même quand la copulation n'a pas lieu. Fig. làO. — Vésicule de Graaf renfermant l'ovule. A, membrane externe de la vésicule. B, sa couche interne. C, nienibrani' granuleuse. D, cavité de la vésicule. E, ovule. G, cumulus proligère. 1, membrane vitelline. 2, vitellus. 3, vésicule germinative. Aussitôt détaché de la vésicule, l'œuf est recueilli par le pavillon de la trompe plus ou moins bien appliqué à la surface de l'ovaire; puis il descend dans la trompe, parvient dans l'utérus où il se développe s'il a été soumis àl'action vivifiante du fluide séminal. T Accouplement. — L'union des sexes, indispensable pour que le sperme puisse exercer son action fécondante sur l'ovule, constitue ce qu'on d^^^eW&Y accouplement ou la copulation, et s'effectue par la péné- CORPS OU TRONC. 497 Iration du pénis dans les voies génitales de la femelle, où doit être lancée la liqueur séminale. Cet acte, qui n'exige de la femelle qu'une participation à peu près passive, nécessite, de la part du mâle, d'abord Vérection dit pénis, puis V émission du fluide spermatiquc . Premier terme, en somme, de l'acte dont l'émission du liquide fécondant est le dernier terme, l'érection consiste essentiellement eu une accumulation de sang dans la trame du corps caverneux et spon- gieux de l'organe érectile, par suite de laquelle le pénis se gonfle, sort de son enveloppe protectrice, et devient apte à pénétrer dans les voies génitales de la femelle pour y aller déposer la liqueur séminale en vertu des contractions des muscles de Wilsou et bulbo-caverneux. Aussitôt l'éjacnlation terminée, les oreilles du cbeval tombent, sa tête s'abaisse, un afTaissement subit très prononcé semble succéder, enfin, à l'excitation de tout à l'heure. Souvent, au contraire, après l'accouplement, les femelles éprouvent des spasmes et rejettent une grande partie, sinon la totalité, du fluide qu'elles ont reçu. C'est pourquoi on a généralement l'habitude de soumettre à une course les juments qui viennent d'être couvertes et de leur jeter de l'eau froide sur les reins et la croupe. « Par là, dit M. Culin, ou apaise l'orgasme vénérien et l'on prévient les efforts que l'animal peut faire pour l'expulsion des urines, efforts qui entraînent en même temps la liqueur spermatique mêlée aux mucosités vaginales, sécrétées abondamment sous l'influence du rut et à la suite de l'exci- tation causée par le contact des organes du mâle (1). » L'accouplement ne fait pas cesser immédiatement le rut des fe- melles; aussi, peut-il être répété plusieurs fois à des intervalles fort rapprochés. Les chevaux, d'après M. Colin, surtout quand ils sont fougueux, peuvent faire plus de vingt saillies dans une matinée. On observe rarement, chez les animaux, des sympathies ou des an- tipathies particulières entre les mâles et les femelles de la même espèce. Le chi'val couvre iudislinclement toutes les femelles en chaleurs, et celles-ci reçoivent, sans préférence marquée, les caresses de tous les mâles qui les approchent. La parenté même n'est aucunement un (1) G. Colin, loc. cit.,t II. Le Clieval. 32 498 STRUCTURE. — FONCTIONS, motif d'exclusion pour eux : le frère s'allie à la sœur, le père avec la fille, le fils avec la mère, dès que les iiislincts génésiques s'éveilleiil, el cela au graud avantage de la conservation et du perfectionnement de nos races^ à la condition, toutefois, que le choix des reproducteurs, quant à la conformation et aux aptitudes, soit judicieusement fait (1). Enfin, pressés par des besoins qu'ils ne peuvent librement satisfaire, certains chevaux oisifs et bien nourris se livrent volontiers à la mas- turbation en imprimant à leur pénis en érection un mouvement de va- et-vient sur la face inférieure du ventre. Nous avons dû nous débarrasser d'un cheval arabe qui présentait ce vice à un tel degré qu'il était devenu absolument étique. 2. Fécondation. Vi'A. fCcondatkm est le phénomène à la suite duquel l'ovule, mis en contact avec les spermatozoïdes, acquiert la propriété de pouvoir donner naissance à un individu nouveau. Far quel mécanisme se produit cet acte? i\ous avons vu que, chez le mâle, les sensations sexuelles volup- tueuses qui accompagnent la copulation sont indispensables pour amener le réllexe de l'éjaculation. Chez la femelle, au contraire, ces sensations ne paraissent pas devoir accompagner nécessairement l'accouplement pour amener la fécondation ; il suffit que l'ovule soit introduit et puisse être retenu dans la matrice. Quoi qu'il en soit, le phénomène même de la fécondation résulte de la pénétration des spermatozoïdes dans fépaisseur de l'ovule, oîi ils fondent et disparaissent. Aussi, pour que l'ovule soit fécondé, faut-il que l'accouplenient coïncide avec son émission ou, tout au moins, la précède ou la suive de très près. Reste à savoir maintenant eu quel lieu s'opère la rencontre des sper- matozoïdes et des ovules. Pour les uns, c'est exclusivement sur l'ovaire, au niveau du pavillon de la trompe utérine. Pour les autres, au contraire, la fécondation peut se produire dans l'utérus, dans les trompes, dans l'ovaire même, partout, en somme, où le sperme est mis en contact avec fovule. (1) I.a. consun(juiiiité, en effet, ne peut qu'accentuer les bons comme les mauvais caractères. CORPS OU TRONC. 49!l D'ailleurs, la fécoudatiou n'a pas lieu instantanément et aussitôt après la copulation; cela peut dépendre de la vitesse avec laquelle se meuvent les spermatozoïdes et de l'endroit où ils rencontrent les ovules. (I La fécondation, dit Vallon, est possible dans toutes les saisons de l'année, mais jamais elle n'est plus sûre qu'au moment du rut, c'est- à-dire au printemps (t). » En général, un seul ovule se trouve fécondé. Les exemples oii il y a fécondation de deux ovules et, comme conséquence, parturition double, sont très rares. r Fécondation entre animaux de même espèce ou d'espèces différentes. — La fécondation n'a lieu habituellement qu'entre des individus d'une même espèce. Dans certains cas, cepen- dant, on la voit s'opérer enire des sujets appartenant à des espèces différentes, mais voisines l'une de l'autre; il résulte alors de cette alliance des hyhvides géncrakmenl slénles ou d'awe fécondité bornée à quelques générations : tels le mulet et le bardot, produits de l'âne avec la jument et du cheval avec l'ànesse. Nous avons souligné le mot généralement à dessein, car il paraît bien démoniré aujourd'hui que certains hybrides, même bigénères, sont indéfiniment féconds, comme ceux de la vigogne et du lama, du bouc et delà brebis {Chubins), de l'yak et du zèbre [Dzo), etc., etc. La fécondité, parce fait même, ne peut être considérée comme le critérium absolu de l'espèce etilyalieu d'admettre que Ih j^arenlé à^s êtres s'étend, au moins exceptionnellement, au delà des variétés spé- cifiques. L'aptitude des animaux à la reproduction est, d'ailleurs, propor- tionnée à la brièveté de la vie et à la multiplicité des causes de des- truction auxquelles ils sont exposés. Notons, d'autre part, que les exemples de stérilité sont beaucoup plus larcs parmi les animaux que chez l'homme. 2° Hérédité. — Dans tous les cas, que la fécondation s'opère entre des animaux de même espèce et de même race, ou entre des animaux d'espèces et de races différentes, il y a toujours transmission, aux êtres procréés, de l'organisation, des formes, de l'instinct, de l'ia- (1) Vallon, loc. cit., p. 283. 500 STRUCTURE. — FONCTIONS, telligence, des apliludes diverses des êli'es procréateurs, que ceux-ci tienuent les caractères qui les distingiieut de leurs ascendants (1), ou qu'ils les aient acquis spontanément, naturellement, sous l'action directe ou indirecte des condilions de la vie (sélection, croisement, nourriture, climat, etc.) et de l'usage ou du défaut d'exercice des or- ganes (2). Par cette transmission, connue sous le nom i^hri- édité, le descen- dant répète et reproduit l'ascendant; d'où cet axiome fondamental de la loi d'hérédité : « Le semblable produit le semblable. » L'hérédité des caractères est si bien regardée comme la i-ègle, que leur intransmission passe pour une anomalie. La faculté de transmettre ses caractères à ses descendants est d'au- tant plus marquée chez un animal, qu'il appartient à une race mieux constituée et plus ancienne. «L'empreinte que portent l'organisation et les facultés de chaque être vivant, pour être stable, pour avoir de la durée, doit être fixée déjà depuis une série de générations. Sans cela, elle ne représente pas un type permanent ; elle est fugace, éphémère ; elle se transmet difficilement et s'efface par l'action des moindres causes (3). » La part d'influence que chacun des reproducteurs exerce sur le pro- duit de la conception (4) est complexe et multiple : la vigueur, l'énergie, la solidité de la constitution, la rusticité, tiennentdes deux ascendants, mais principalement du père, si toutefois il se trouve dans de bonnes conditions hygiéniques. Tout le monde sait, en effet, que les mâles trop jeunes ou épuisés par les fatigues de la monte donnent des produits souvent mous, débiles, plus disposés à l'engraissement que propres au travail. Le naturel, le caractère, l'intelligence, les instincts, les aptitudes diverses, dérivent encore de l'un ou de l'autre des ascendants, et prin- cipalement du père. Le mulet et le bardot, par exemple, tiennent leur caractère entêté, le premier, de son père, le second de sa mère. D'autre part, quand on accouple deux individus présentant des caractères différents, un grand cheval avec une petite juineiil, par (1) Hérédité ancestrale, de race, ou atavisme. (2) Hérédité individuelle. (3) Colin, loc. cit., t. II. (4) Hérédité sexuelle. CORPS OU TRONC. 301 exemple, il ne faut pas espérer obtenir un produit mixte, un produit enfin chez qui les défauts de l'un des procréateurs seront compensés par les qualités de l'autre : ccst en quelque sorte par lambeaux que les ancêtres passent leurs caractères aux héritiers. L'hérédité présente encore cette particularité que souvent les enfants ressemblent plus à leur aïeul ou à leur aïeule qu'à leur père ou à leur mère; que, sur les produits de nos animaux domestiques, des tares, des défectuosités apparaissent, qui avaient épargné une et même deux générations. Enfin, il n'est pas rare de rencontrer des femelles dont les produits, quels que soient leurs pères, présentent toujours un certain nombre de caractères du mâle qui a fécondé ces femelles une première fois. On cite à ce propos une jument arabe qui, ayant produit un mulel, après avoir été saillie par un couagga, fit dans la suite plusieurs poulains dont la robe était marquée de bandes noires comme celle du solipèdc sauvage. C'est ce phénomène que les uns expliquent par V/n/ection de la mère; les autres à l'aide de V hérédité par influence. Peut-êire y a-t-il là une simple habitude or(janique, une simple apti- tude de la matrice à reproduire ce qu'elle a déjà fait un grand nombre de fois. 3. Développement de l'œuf féconde. 1° Développeraent de l'enabryon. — Le premier résultat de la fécondation de l'ovule est la se(jnwntation du citellus, qui cesse de former une masse homogène et se divise en deux sphères, puis en quatre, eu huit, en seize, etc., de plus en plus petites. Aussitôt la segmentation du vitellus achevée, une membrane nou- velle, le blastoderme, se développe à la périphérie de celui-ci et à la face interne de l'enveloppe vilelline, qui s'épaissit. Cetle production membraneuse se dédouble bientôt en feuillet externe et en feuillet interne., entre lesquels apparaît même plus tard un feuillet moyen. Puis, dans la lame externe se dessiue une sorte d'épaississement arrondi et blanchâtre, dû à une muUiplicalion de cellules, que l'on nomme Yaire germinalive et qui constitue la première trace de Vembryon. D'abord petite et circulaire, cette tache s'agrandit et s'al- longe, en même temps qu'à sa partie centrale se creuse nu sillon, dit lioni arrondis. Les deux extrémités -^véi&wiQui des surfaces articulaires moulées, la supérieure, sur la surface correspondante de l'humérus, V inférieure, sur les quatre os de la rangée supérieure du carpe. 4° Cubitus (pi. XI, fig. 1, VI, R). — Cet os se trouve appliqué contre la face postérieure du radius, avec lequel il est soudé chez MEMBRES. 323 les chevaux adultes. Il offre à étudier un corps et deux extrémités. Le corps présente trois faces et trois bords, qui viennent se réunir à l'extrémité inférieure de l'os. Des trois faces, Yantérieitre seule mérite d'être signalée, en ce sens que c'est elle qui répond au radius. Vextrémité supérieure comprend tout ce qui dépasse la surface arti- culaire du radius et constitue ce qu'on appelle Volécrâne (S), énorme apophyse aplatie d'un côté à l'autre et surmontée d'un prolongement saillant, le bec de folécrdtie. L'extrémité inférieure se termine vers le quart inférieur du radius par une pointe aiguë. 5° Os du carpe (pi. XI et XII, fig. 3). — Situé entre l'extrémité inférieure du radius et l'extrémité supérieure des os métacarpiens, le carpe sert de base au genou. Il est constitué par plusieurs petits os réunis entre eux au moyen de ligaments articulaires très solides et disposés sur deux rangées superposées. La rangée supérieure comprend quatre os désignés sous les noms numériques A.Q premier ou os sus-carpien (pi. XI et XII, fig- 3, A), de deuxième ou pyramidal {]^\. XI, fig. 3, C, et pi. XII, fig. 3, B), àe troisième ou semi-lunaire (pi. XI, fig. 3, D), et àQ quatrième ou scaphdide [^\.W, fig. 3, E, etpLXII,fig. 3, B). La rangée inférieure n'en possède que trois, que l'on distingue également en pre- mier ou os crochu (pi. XI, fig. 3, F), deuxième ougrand 05(pl. XI, fig. 3, G, et pi. XII, fig. 3, C) et troisième ou os trapézoïde (pi. XII, fig. 3, D). Le quatrième (pi. XII, fig. 3, E), analogue du trapèze de l'homme, manque très souvent. L'assemblage de ces os forme une masse à peu près quadrilatère rendue un peu irrégulière par la présence d'une éminence que forme, eu arrière et ou dehors, le premier os de la rangée supérieure ou os sus-carpien, qui mérite une description spéciale : cet os présente deux faces et un contour. La face externe (pi. XI, fig. 3, A) est convexe et creusée, de haut en bas, d'une couhsse (B) dans laquelle glisse le tendon du fléchisseur externe du métacarpe. La face interne (pi. XII, fig. 3, A), concave et lisse, concourt à former la paroi externe de la gaîne carpienne. 6" Métacarpien principal (pi. XI, fig. 2, II, C, et pi. XII, fig. 2, B). — Situé verticalement entre le carpe et la première phalange, le mé- tacarpien principal constitue la pièce principale des trois os du canon. On lui reconnaît un corps et deux extrémités. Le corps lui-même pré- 524 STRUCTURE. — FONCTIONS. sente ci considérer deux faces et deux bords. La fuce anh'rieure est arrondie; la face postnienre est plate et munie sur les côtés de deux surfaces rugueuses parallèles, répondant aux métacarpiens rudimcn- taires par l'intermédiaire d'un ligament interosseux généralement ossifié chez les vieux chevaux. Les deux bords n'offrent rien de particulier. V extrémité supéneure est moulée sur les os de la rangée inférieure du carpe. Vexlréimlé inférieure répond à la première phalange et aux deux sésamoïdes par une surface articulaire composée de deux cotidyles la- téraux séparés par une arête médiane. 7° Métacarpiens rudimentaires (pi. XI, fig. 2, II, D, et pi. XII, fig. 2, C). — De chaque côté du métacarpien principal et en arrière existent deux petits os allongés, l'un en dedans, l'autre en dehors. Distingués, pour cette raison, en métacarpien rudimentaire externe et en métacarpien rudimentaire interne, ces os affectent la forme d'une pyramide renversée et diffèrent très peu l'un de l'autre. L'extrémité supérieure prend le nom de tête et répond h un ou deux os de la rangée inférieure du carpe. V extrémité inférieure se termine vers le quart inférieur du méta- carpien principal par un renfiement appelé Iwulon, qu'il faut se garder de prendre pour un petit suros. 8° Grands sésamoïdes (pi. XI, fig. 2, II, I, et pi. XII, fig. 2, D). — Os courts au nombre de deux, placés l'un à côté de l'autre en arrière de l'extrémité supérieure de la première phalange. Leur face posté- rieure, revêtue de cartilage à l'élatfnu's, forme, avec celle de l'os opposé, une coulisse de glissement et une poulie de renvoi pour les tendons fléchisseurs des phalanges. 9° Première phalange (pi. XI, fig. 2, IL E, et pi. XII, fig. 2, E). — Situé obliquement de haut en bas et d'arrière en avant, entre le mé- tacarpien principal et la seconde phalange, cet os forme la base du paturon et présente h étudier un corps et deux extrémités. Le corps est arrondi eu avant et sur les côtés, aplati en arrière. L'extrémité supérieure présente une surface articulaire constituée par deux cavités glénoides séparées par une gorge antéro-postérieurc. Vextrémité h\férieure poite une surface articulaire formée de dvux condyles séparés par une gorge médiane. MEMBRES. 323 10° Deuxième phalange (pl.Xl,fig. 2, II, F, et pi. XII, fig.2,F). — Os court situé daus la même direction que la première phalange, entre celle-ci et la troisième. Sa forme générale est celle d'un cuboïde aplati d'avant en arrière, dont les faces supériewe et inférieure sont conformées comme les extrémités de la première phalange. 11° Troisième phalange ou os du pied. — La troisième phalange termine le doigt et supporte l'ongle ou le sabot, à l'intérieur duquel elle est renfermée avec le petit sésamo'kle. Ces deu.x os ayant été examinés à propos du pied, en otérieur, nous nous contenterons de renvoyer le lecteur à celte partie de notre travail (Voy. 11° partie, cliap. II, Pied). b. — ARTICULATIONS Les articulations résultant de l'union des différentes pièces osseuses que nous venons d'examiner appartiennent toutes au genre des diar- throses ou articulations mobiles (Voy. 1" partie, chap. 111, Appareil de la locomotion, Articulations). Eu égard aux mouvements variés et géné- ralement très étendus dont elles sont le siège, leur étude présente une importance toute particulière et mérite, par ce fait même, que nous lui consacrions quelques lignes. 1° Articulation du scapulum avec l'humérus ou sca- pulo-humérale. — Formée par la réception de la tète de l'humérus dans la cavité glénoïde du scapulum, cette jointure articulaire est affermie par un seul ligament capsidaire (pi. XI, fig. 1, VI, a, et pi. XII, fig. IV, a), qui l'enveloppe à la manière d'un manchon renfermant la synoviale, ei se trouve consolidée par les puissances musculaires l'en- tourant. L'articulation scapulo-humérale [^evmelVexlension, la flexion, l'adduc- tion, l'abduction, la circumduction et la rotation (1). (I) La flexion est le mouvement qui rapproche l'un de l'autre deux rayons osseux, en fermant de plus en plus leur angle de réunion. L'extension est l'inverse de la flexion. C'est le mouvement par lequel deux rayons os- seux se redressent l'un sur l'autre. L'adtiî(C(io/i rapproche de la ligne médiane l'extrémité inférieure du rayon osseux mobile. L'abduction est le mouvement opposé au précédent. La circumduction fait passer successivement un rayon osseux par les quatre positions ci-dessus. La rotation fait pivoter l'une des pièces sur l'autre. 326 STRUCTURE. — FONCTIONS. 2° Articulation du coude ou huméro-radiale. — Cette articulation résulte de l'uuion de l'extrémité inférieure de l'humérus avec l'extrémité supérieure des deux os de l'avant-bras ; elle se trouve maintenue en place par trois ligaments : deux latéraux (pi. XI, fig. 1, VI, b, et pi. Xll, fig. 1 , IV, b) et un antérieur (pi. XI, fig. 1 , VI, c), à la face interne desquels se déploie la synoviale. Les mouvements que permet l'articulation huméro-radiale sont Y extension et la flexion. 3° Articulation du radius avec le cubitus ou radio- cubitale. — L'articulation radio-cubitale établit Tuuion entre la face postérieure du radius et la face antérieure du cubitus ; elle se trouve assujettie par dei/x ligaments interosseux et deux ligaments périphéri- ques, Van externe {[A. XI, fig. 1, VI, d), l'autre interne. Des deux liga- ments interosseux, l'inférieur s'ossifie constamment, le supérieur, très rarement. 4° Articulations du carpe. — 11 y a à distinguer dans ces ar- ticulations : 1° les articulations qui unissent entre eux les os carpiens d'une même rangée ; 2° V articulation du carpe avec le radius; "à" Y arti- culation des deux rangées entre elles ; 4° \ articulation du carpe avec les tnétacarpiens. 1° Articulations qui unissent entre eux les os carpiens (l'une même rangée. — Ces os se joignent par les facettes diarthrodiales qu'ils pré- sentent sur leurs faces latérales et sont maintenus en place à l'aide des petits ligaments qui se portent de l'un à l'autre : les ligaments antérieurs et interosseux . 2° Articulation radio-carpienne. — Cette articulation est constituée par l'union de l'extrémité inférieure du radius avec les os carpiens de la rangée supérieure et se trouve assujettie par trois ligaments propres et par quatre ligaments commims aux articulations suivantes : Des trois ligaments propres, l'un s'étend du radius et du cubitus au quatrième os; le second (pi. XI, fig. 2, II, a) se porte de l'os sus- carpien à l'extrémité inférieure des os de l'avant-bras; le troisième, très petit, est situé sous le second. Ils sont tapissés à leur face interne par la synoviale. 3° Articulation des deux rangées entre elles. — En sus des grands ligaments communs, cette articulation comprend trois ligaments par- ticuliers : àm\ enarrièredu carpe, sous leliganientcommunpostérieur; MEMBRES. 527 le troisième, au côté externe. G"lui-ci s'étend de l'os suscarpien à la lêle du métacarpien externe. Comme les précédents, ces ligaments se trouvent tapissés par la synoviale. 4° Ardridadon carpo-mêtacarptenne. — Cette articulation résulte de l'union des os carpieus de la rangée inférieure avec l'extrémité supé- rieure des métacarpiens. Elle est maintenue en place par les quatre grands ligaments communs et par six ligaments spéciaux: deux anté- rieurs, deux postérieurs, dont un seul est visible sur la planche XII (fig. 2, II, b), et deux interosseux, également tapissés par une syno- viale, en communication avec celle de l'articulation précédente. Ligaments communs aux articulations précédentes. — Ces ligaments sont au nombre de quatre : deux latéraux, un antérieur et un postérieur. Les liga?ncnts latéraux {[A. XI, fig 2, II, c, et pi. XII, fig. 2, a) sont de gros cordons funiculaires s'étendant de chaque côté du carpe, depuis la tubérosité externe ou interne de l'extrémité inférieure du radius jusqu'à la tête du métacarpien rudimeutaire correspondant. Le ligament antérieur ou capsulaire (pi. XI, fig. 2, II, cl) recouvre la face antérieure des articulations carpiennes. Le ligament postérieur, très fort, recouvre la face postérieure du carpe, et s'étend de l'extrémité inférieure du radius à l'extrémité supé- rieure du métacarpien principal. Les mouvements des articulations carpiennes sont la flexion et X ex- tension, auxquelles viennent s'ajouter d'autres mouvements très bornés : Vabduction, Vadduction et la circumduction. 5° Articulations du métacarpien principal avec les métacarpiens rudimentaires. — Chaque métacarpien rudi- meutaire est relié au métacarpien médian par un ligament interosseux qui s'ossifie généralement avec l'âge. 6° Articulation du métacarpe avec la première pha- lange ou métacarpo-phalang-ienne.— Cette articulation résulte (le l'opposition de l'extrémité inférieure du métacarpien principal à l'extrémité supérieure de la première phalange et aux grands sésa- moïdes. Comme moyens crunion, il y a d'abord lieu de distinguer : i° ceux qui joignent les sésamoïdes entre eux el à la première phalange; 2° ceux qui rnuinliennent en rapport les deux surfaces articulaires . Les premiers, on ligaments sésamoidiens, sont au nombre de six: un 328 STRUCTURE. — FONCTIONS. ligament intersésamoïdien ; trois ligaments shamoidieits inférieurs, et deux latéraux. Le ligament intersésamoïdien rassemble les deux s6sa- moïdes. Les cinq autres sont chargés d'unir ces os à la première pha- lange. Situés à la face postérieure de celle-ci, les ligaments sésamoi- diens inférieurs (pi. XI, fig. 2, II, y) ont été divisés en superficiel, mogen et profond. Les ligaments destinés à maintenir en rapport les deux surfaces arti- culaires sont au nombre de quatre : deux latéraux (pi. XI, fig. 2, II, g), un antérieur (pi. XI, fig. 2, IL >) et un postérieur, et se dirigent tous de l'extrémité inférieure du métacarpe sur la première phalange. De beaucoup le plus important, le ligament postérieur ou ligament suspenseur du boulet (pi. XI, fig. 2, H, e, et pi. XII, fig.2,f) figure un(! foile lanière comprise entre les deux métacarpiens latéraux, depuis les deux premiers os de la rangée inférieure du carpe et la face posté- rieure du métacarpien principal jusqu'aux sésamoïdes, sur lesquels elle se termine par deux brides fibreuses se réunissant, chacune de leur côté, au tendon de l'extenseur antérieur des phalanges (pi. XI, fig. 2, II, g, et pi. XII, fig. 2, d). Ce ligament est en rapport, par sa face pos- térieure, avec le tendon du perforant. La membrane sgnoviale se prolonge en cul-de-sac entre les deux branches terminales du ligament précédent. C'est sa distension qui produit les molettes articulaires. L'articulation métacarpo-phalangieuue permet la //cuv'o/i ciV extension des phalanges. 7° Articulation de la première phalange avec la se- conde. — Celte articulation résulte de la réception des coiulyles de l'extrémité inférieure de la piemière phalange dans les cavités glé- uoïdales de la seconde. Elle est maintenue en place à l'aide de deux ligaments latéraux et complétée en arrière par un fibro-carlilage dit glénoulien (pi. XII, fig. 2, II, /■), faisant à la fois l'office de ligament et de surface de glissemeut pour le tendon du perforant. Les mouvements que celle articulation permet sont : la flexion, {'extension, le pivotement et quelques mouvements latéraux. 8° Articulation de la seconde phalange avec la troi- sième. — Celle arliculaliou ayant élé étudiée avec détails à piopos du pied, nous n'y reviendrons pas ici (Voy. IL partie, cliap. Il, Pied). MEMBRES. 52'J APPENDICE A. — VAISSEAUX AUTliniICLS ET VEI.NEUX. 'I. — ARTÈRES. Les artères du membre antérieur émanent toutes des froncs axil- Inircs (voy. fig. 142 du texte), branches de terminaison de l'aorte antérieure. Ceux-ci sortent de la poitrine en contournant le bord anté- rieur de la première côte, puis s'infléchissent en arrière et en bas pour se placer, l'un à droite, l'autre à gauche, à la face interne du membre antérieur, et se continuer chacun en dedans du bras sous le nom d' artère humer aie. Sur leur trajet, les artères axillaires laissent échapper/////^ branches colhitérales (1), dont la plupart se distribuent dans les muscles du cou. Aussi, renvoyons-nous, pour leur description, à cette dernière région et à la figure 142 du texte y annexée (IIP partie, chap. II, § 1, Cou). Nous nous contenterons de signaler ici les deux branches qui ap- partiennent spécialement à la portion axillaire du tronc et se distri- buent dans le membre thoracique : les artères sus-scapulaire et sous- scapii/aire, pénétrant, la première entre les muscles sus- épineux et sous-scapulaire, la seconde entre ce dernier et l'adducteur du bras. Quant à Yartère humérale, qui continue le tronc axillaire, elle des- cend en dedans du membre thoracique, fournit dans son trajet quatre branches collatérales principales : les artères pré-humérale (muscles mastoïdo-huméral, omo-brachial et biceps), collatérale externe du coude (muscles olécràniens, fléchisseur oblique de l'avant-bras, et extenseur antérieur du métacarpe), collatérale interne du coude (muscles long et moyen extenseurs de l'ayant-bras, sterno-aponévrotique), jon>îc?/j«/e du muscle biceps, et se termine au-dessous de l'extrémité inférieure de l'humérus par deux branches terminales : les artères radiales anté- rieure et postérieure. V artère radiale antérieure descend sur la face antérieure de l'articu- lation du coude, se plonge avec le nerf radial en avant du radius, au- dessous du muscle extenseur antérieur des phalanges, et s'épuise enfin auprès du genou par plusieurs ramuscules. (I) Non compris le tronc commun des deux artères carotides, qui émane de l'arlère axillaire droite, près de son origine. Le Cheval. 34 530 STHUCTUHE. — FUNGTIUNS- V artère radiale postérieure , la plus volumineuse, descend avec le nerf cubito-planlaire au côté interne du coude, puis sous le fléchisseur in- terne du métacarpe, et se termine enfin, après avoir laissé échapper un certain nombre de branches collatérales, vers l'extrémité inférieure du radius, par deux branches terminales : le tronc commun des interos- seuses métacarpiennes et Vartère collatérale du canon. La première branche (voy. fig. 06 du texte) descend en dedans et en arrière du carpe, arrive sur la tête du métacarpien interne, s'in- fléchit du côté externe, et va s'anastomoser, au-dessous du carpe, avec d'autres divisions artérielles. De l'arcade formée par celte anastomose, ou arcade sous-carpienne, naissent quatre branches principales : les interosseuses métacarpiennes postérieures et antérieures descendant : les premières en arrière et de chaque côté du métacarpe, les secondes en avant et de chaque côté de ce même os, pour s'anastomoser, les unes et les autres, avec une branche de la collatérale du canon, au niveau de l'extrémité inférieure des métacarpiens rudimenlaires. Vartère collatérale du canon (voy. fig. 66 du texte), véritable con- tinuation de la radiale postérieure, s'engage sous l'arcade carpienne, se place au côté interne des tendons fléchisseurs, accompagnée par le nerf plantaire interne, descend ainsi jusqu'au-dessus du boulet et se partage là, après avoir fourni un certain nombre de rameaux collaté- raux aux parties environnantes, en deux branches qui constituent les artères digitales (voy. fig. 66 du texte), dont la disposition, semblable dans le membre antérieur et dans le membre postérieur, sera étudiée à propos de ce dernier. b. — VEINES, De même que chaque artère axillaire est le point de départ du vaisseau artériel du membre antérieur correspondant, de même chaque veine axillaire est le confluent général de toutes les veines de ce membre. Si on étudie de leur origine à leur embouchure les nombreuses branches qui concourent à la formation du tronc axillaire, on recon- naît qu'elles affectent, eu général, une disposition identique à celle des artères, dont elles suivent, d'ailleurs, plus ou moins exactement le trajet. Cette particularité uous dispensera d'eu faire une dcscriplion spéciale. MKMBUliS- §31 13. — .\Eiirs. Les divisions nerveuses du membre aulérieur proviennent du plexus brac/iiai, énorme faisceau de nerfs situé entre la paroi thoracique et la face interne du membre antérieur. Ce faisceau d'origine, fourni par les branches inférieures des sixième, septième, huitième paires cervicales, et des deux premières dorsales, se trouve d'abord compris entre le scalèue et le long du cou; il contourne ensuite la première côte par son bord postérieur, et arrive enfin sous l'épaule, près de l'angle scapulo-huméral, où il se divise eu un certain nombre de branches qu'il n'est guère possible ici de distinguer en collatérales et terminales. Nous nous contenterons de les examiner en procédant des plus petites vers les plus grandes. Ce sont : 1° les branches diaphrag- matiques; 2° la branche du grand dentelé; 3° les branches des tnuscks pectoraux ou nerfs axillaires; 4° la branche sous-cutanée thoracique (sateUite de la veine de l'éperon); 5° la branche du grand dorsal ; 6" le nerf scapulaire postérieur ou circonflexe; 7° le nerf de l'adducteur du bras; 8° les branches du sous-scapulaire ; 9° le nerf sus-scapulaire ; 10° le nerf brachial antérieur ou pré-huméral (se prolonge par plusieurs rameaux dans l'épaisseur du biceps brachial); IT le nerf radial; 12° le nerf cubito-cutané ou cubital; 13° le nerf cubito-plantaire ou médian. De tous ces nerfs, les trois derniers seuls seront l'objet d'une des- cription spéciale : Lq nerf radial, le plus volumineux du plexus brachial, marche d'a- bord parallèlement à l'artère humérale, de laquelle il est séparé parle nerf cubital, s'engage ensuite entre le gros extenseur et le court flé- chisseur de l'avant-bras, gagne de là la face antérieure de l'articulation du coude, et se termine enfin par deux branches qui se plongent dans l'épaisseur de l'extenseur oblique du métacarpe. Ce nerf fournit des rameaux à la masse des extenseurs de l'avant-bras et du pied, au flé- chisseur externe du métacarpe et à la peau de la région auli-brachiale antérieure. Le nerf cubital se place derrière l'ailère humérale, qu'il croise en- suite pour s'engager entre le long et le moyen exienseurs de l'avant- bras, gagner la face interne du coude et longer de là le bord postérieur 532 STHUGTURE. — FONCTIONS- du fléchisseur oblique du métacarpe, jusqu'auprès de l'os sus-corpieu, où il se termine par deux branches : l'une cutanée, l'autre constituant, avec un rameau du nerf médian, le nerf plantaire externe. Le nerf médian se détache de la partie postérieure du plexus, se porte sur l'artère axillaire, puis en avant de l'arlèie humérale, continue à descendre en dedans du membre avec l'artère radiale postérieure, ar- rive ainsi sur l'articulation du coude, devient postérieur à partir de là, après avoir fourni un cerlain nombre de branches collatérales, se bi- furque entin au-dessus du tiers de l'avant-bras pour former les nerfs plantaires. Distingués en interne et en externe^ chacun de ces nerfs s'accole à l'artère collatérale du canon correspondante, le long du ten- don perforant, jusqu'au boulet, où il se termine par trois branches di- gitales : une antérieure^ une moyenne et une postérieure. La première descend en avant de la veine, la seconde s'engage entre les deux vaisseaux, la troisième suit l'artère en arrière. Toutes ces branches se dispersent dans l'appareil kéralogène du pied (voy. fig. 67 du texte). § 2. MEIVIBRES POSTÉRIEURS Les membres postérieurs ou abdominaux, au contraire des membres antérieurs, sont en rapport direct avec le tronc par l'intermédiaire des oscoxaux ou du bassin, qui s'articulent sur la partie postérieure du rachis et concourent même à compléter, eu arrière, la grande cavité abdominale. Rappelons en passant que cette dernière dispositiouélait nécessaire pour que les membres postérieurs pussent transmettre intégralement l'impulsion à la colonne vertébrale, et, par suite, ù l'avant-main. Ou reconnaît également un membre postérieur droit etun membre postérieur gauche, parfaitement symétriques. Chacun d'eux se dé- compose encore en quatre régions : la croupe, dont chaque moitié la- térale a pour base osseuse les trois pièces du coxal; hiCxnsse, dont le squelette est constitué par un seul os, le fémur ; \a jambe, qui a pour base osseuse le tibia et le péroné ; enfin, \e pied postérieur, qui comprend les régions du tarse, du métatarse et des phalanges. MEMBRES. 533 MEMBRE POSTÉRIEUR (FACE EXTERNE) PI. XIII. 1 La plupart des muscles des régions supérieures du membre abdo- minal sont recouverts d'un épais fascia fibreux, dit aponévrose fcssière, qui les sépare de la peau. Ceux des autres régions du membre sont enveloppés par r«/)o?ieVo5e jambière, manchon fibreux très solide s'amincissant singulièrement sur le tarse elle métatarse et répondant de tous points à l'aponévrose anti-brachiale. Ces expansions aponévrotiques séparent directement la peau des organes qu'elles recouvrent, le membre postérieur n'étant, en aucun point, recouvert par le panicule charnu. Aussi, malgré leur épaisseur^ les reliefs et les interstices musculaires, surtout l'interstice qui sépare le demi-tendineux de la portion posté- rieure du long vaste, sont-ils très apparents sous la peau des chevaux fins et vigoureux dans toutes les régions des membres postérieurs. Comme dans le membre antérieur, les aponévroses du membre pos- térieur ont pour usage de maintenir les muscles dans leur position et de les affermir pendant leur contraction. Comme dans le membre antérieur aussi, nous supposerons la planche XIII formée d'une seule figure, la figure 1, à laquelle nous rattacherons les autres, la figure 2 pouvant, en effet, être considérée comme la con- tinuation, et la figure 3 comme une annexe explicative de celle même figure 1. C'est ainsi que le septième et le neuvième plans de la figure 1 sont continués, le premier par le plan I, le second par le plan II de la figure 2. I. — PREMIER PLAN MOSCLES FESSIER SUPEnFICIEl, I.O.NG VASTE, DEMI-TENDINEUX ET DU FASCIA LATA. Situé immédiatement sous la peau et l'aponévrose jambière, le premier plan est constitué par la masse des muscles superficiels et externes des premiers rayons du membre : le fessier superficiel, le long vaste, le demi-tendineux et le muscle du fascia luta. hQ fessier superficiel (1,1) comprend unQ portion charnue profondé- ment échancrée à son bord supérieur, comme le montre très bien la 534 STRUCTURE. — PONCTIONS, planche XIII, et une portion aponévwtirjiie cachée par le long vaste. Il prend son insertion fixe à la face interne de l'aponévrose fessière et sur la tubérosité ischiatique; il opère son insertion mobile sur le fémur (crête sous-trochantérienne). Cest un abducteur de la cuisse. Le lonf/ vaste, ou ischio-tibial citerne, présente un énorme volume et s'étend du sacrum à l'extrémité supérieure de la jambe. Il se divise en trois portions : une antérieure (2), une moyenne (3) et une posté- rieure (3'). La portion antérieure, la plus considérable, prend son origine sur l'épine sacrée, le ligament sacro-sciatique, la tubérosité ischiatique, et se termine à la fois sur le fémur, derrière la crête sous-trochanté- rienne, et sur la face antérieure de la rotule. Les portions moyenne et postérieure partent de la tubérosité ischia- tique, se répandent de là, par leur aponévrose terminale, sur les muscles tibiaux, pour constituer l'aponévrose jambière, et vont enfin s'insérer à la crête du tibia. La portion antérieure du long vaste, tirant la rotule en dehors et le fémur en arrière, représente un abducteur du membre tout entier et un ex- tenseur de la cuisse; tandis que les portions moyenne et postérieure dé- terminent simplemetit la flexion de la jambe et la tension de l'aponévrose jambière. D'autre part, si ce muscle a son point fixe sur la jambe, il fait basculer le coxal sur la tête du fémur et joue ainsi un rôle important dans le cabrer. Le demi-tendineux, ou ischio-tibial moyen (4), est situé en arrière du long vaste, et s'étend, comme lui, de l'épine sacrée à la crête antérieure du tib'a. Ses usages sont, d'ailleurs, identiques à ceux des portions moyenne et postérieure du muscle précédent. Le muscle du fascia lata, ou encore muscle tenseur du fascia lata (5,0), plat et triangulaire, est situé en avant du fessier superficiel et un peu en dehors du long vaste. Il comprend une portion charnue (5) partant de l'angle externe de l'ilium et une portion aponévrolique (6), dite fascia lata, continue avec le bord inférieur de la portion précé- dente. La porlion aponéviotique présente cette particularité qu'elle se divise en deux feuillets superposés : l'un, profond, s'insinue entre le long vaste et le vaste externe et se réunit au tendon terminal du fessier MEMBRES. 535 superficiel; l'aulre, superficiel, se dédouble lui-même en deux lames, se confond en dedans et en dehors avec les aponévroses fémorale et fessière, et s'insère en has sur la rotule. Ce muscle fléchit le fémur et élève le membre tout entier. II. — DEUXIEME PLAN Ml'SCLB FESSIEB MOYEN. Recouvert en arrière seulement par le plan précédent, qui laisse voir sa partie antérieure, le deuxième plan est constitué par le fessier moyen (II). Le plus volumineux des fessiers, ce muscle prend son origine sur l'aponévrose fessière, sur celle de l'ilio-spinal, sur la face supérieure et l'angle externe de l'ilium, sur la tubérosité ischiatique, sur les ligaments ilio-sacrés et sacro-sciatique. Il se termine par trois branches postéro-inférieures sur le h'ochanter. Quaml son point fixe est supérieur, il éteiul la cuisse et la porte dans r abduction. Si, au contraire, ce point fixe est au fémur, il fait basculer le coxal sur la tête fémorale et agit ainsi dans le cabrer. Iir. —TROISIÈME PLAN MCSCI-E FESSIEB PnOFONn. Entièrement caché par le précédent, le troisième plan est, comme lui, constitué par un seul muscle, \e fessier profond (III). Petit, court et épais, ce muscle recouvre l'articulation coxo-fémo- rale et s'étend du col de l'ilium en dedans du trochanter. C'est l'abducteur de la cuisse par excellence. IV. — QUATRIÈME PLAN MUSCLES DROIT ANTÉHIEUII DE LA CUISSE ET VASTE EXTEnNB. Les plans I et II rabattus mettent encore à découvert le qua- trième plan, que nous voyons occuper les faces antérieure et externe de la cuisse. Ce plan est représenté par le droit antérieur de la cuisse et le vaste externe, qui font tous les deux partie d'une masse musculaire énorme ri36 STRUCTURE. — FONCTIONS, le triceps crural, appliquée contre la face antérieure et les faces laté- rales de la cuisse et composée de trois portions : les deux muscles ci- dessus et le vaste interne (1). Le droit antérieur de la cuisse (IV, 1) se trouve enclavé entre le vaste externe et le vaste interne, et s'étend, en avant du fémur, de l'angle cotyloïdien de l'ilium à la rotule. C'est wi extenseur de la jambe et un fléchisseur de la cuisse. Le vaste externe (2), aplati d'un côté à l'autre, s'étend de la face externe et de la moitié externe de la face antérieure du fémur, soit sur le droit antérieur, soit sur la face supérieure et le côté externe de la rotule. C'est également un extenseur de la jambe. V, ^ CINQUIÈME PLAN MUSCLES IlE LA QUEUE. Des quatre muscles pairs que possède la queue, trois sont visibles sur le cinquième plan. Disposés lougitudinalemeut autour des vertèbres coccygiennes, qu'ils enveloppent complètement, ces muscles sont connus sous la dénomination de sacro-coccygiens (V, 1, 2, 3) et distingués, eu égard à leur position, en sacro-coccygien inférieur (3), sacro-coccygien supé- rieur (1) et sacro-coccygien laléral (2). Le premier abaisse la queue, le second l'élève et le troisième l'incline latéralement. Le quatrième muscle de la queue, ou ischio-coccygien, non visible sur le cinquième plan, part du ligament sacro-sciatique et de la crête ischiatique et se dirige sur le côté des deux premiers coccygiens (voy. pi. XIII, IX, 1, et pi. XIV, IV, 2). C'est un abaisseur de la queue. (I) Les anciens anatomistes ne comprenaient point le droit antérieur dans le /n'ceps crural, lis désignaient sous celte dénomination le vaste externe, le vaste intime et le muscle crural ou sous-crural, petit faisceau charnu situé en avant de l'extrémité infé- rieure du fémur, entre cet os et le droit antérieur, et que l'on rattache aujourd'hui au vaste interne {voy. Membre postérieur, face interne, IV iilan). MEMBRES. 537 VI. — SIXIÈME PLAN MUSCLES JIMEMJX DE L\ JAMDE ET SOLÉAIIIE. Recouvert parles muscles du premier plau et l'apouévrose jambière, le sixième plan comprend \e?, jumeaux de la jambe ou bi-fémoro-cal- ca?iéeti, le soiéaire et le fléchisseur superficiel des phalanges ou perforé. Les jumeaux de la jambe (1, 3) constituent deux gros faisceaux charnus, l'un externe, l'autre interne, qui enveloppent les muscles profonds de la jambe, se fixent en avant de la fosse et sur la crête sus-condylienne (1), et se continuent inférieurement par un tendon unique (3) s'étendant jusqu'à la pointe ducalcanéum. Ce tendon reçoit celui du soiéaire (2) et va se fixer à la partie postérieure du sommet du calcanéum, après s'être accolé à celui du perforé qui s'enroule même autour de lui et l'enveloppe complètement à son extrémité in- férieure. C'est la réunion de ces deux tendons qui constitue la corde du jarret ou le tendon d'Achille. « Les jumeaux de la jambe étendent le pied tout entier sur le tibia, soutiennent ï angle tibio-tarsien pendant la station et impriment au jarret., pendant la marche., la dé lente qui pousse le corps en avant (1). » Le soiéaire (2) est un petit muscle rudimentaire s'étendant au côté externe de la jambe, depuis la tubérosité externe et supérieure du tibia jusqu'au tendou des jumeaux de la jambe, dont il est un faible auxiliaire. VII. — SEPTIÈME PLAN MUSCLES EXTENSEUR ANTÉRIEUB, EXTENSEUIl LATÉIHL ET FLÉCHISSEOn PROFOND DES PHALANGES. Caché en arrière et eu haut seulement par le plan précédent, recou- vert dans le reste de son étendue par l'aponévrose jambière, le sep- tième plau, que nous savons continué par le premier plan de la figure 2, comprend trois muscles : V extenseur antérieur, \ extenseur latéral et le fléchisseur profond des phalanges ou perforant. U extenseur antérieur des phalanges (VII, 1) est situé en avant de la jambe et du pied. Il comprend un corps charnu fusiforme et un /ey^- fl'on d'abord arrondi, puis aplati. Le corps charnu prend son insertion (I) A. Chaiiveau el S. Arloing, /oc. cil., p. 32k o;W STRUCTURE. — FONCTIONS- fixe à l'extrémité inférieure du fémur par l'intermédiaire de la portion tendineuse du fléchisseur du métatarse. Le tendon qui lui succède commence vers le quart inférieur du tibia, recouvre le ligament cap- sulaire antérieur du tarse, reçoit le muscle pédieux, le tendon de l'ex- tenseur latéral, et descend ensuite sur le boulet et les phalanges, où il se comporte comme le muscle correspondant du membre antérieur (voy. ce muscle). 11 est recouvert par l'aponévrose jambière et par trois brides fibreuses annulaires qui le maintiennent dans le pli du jarret (fig. 2, I, 1). L'extenseur antérieur étend les phalanges sur le métatarse et fléchit le pied tout entier. Il étend aussi la jambe sur la cuisse. V extenseur latéral des phalanges (2) est situé enire le muscle précé- dent et le perforant. Il se compose également d'un corps charnu et d'un tendon. Le premier, sensiblement penniforme, prend son origine sur le ligament fémoro-tibial externe et sur le péroné. Le tendon qui lui succède passe au côté externe du tarse, oii il se trouve renfermé dans une gaine très solide, et va s'unir au tendon de l'extenseur anté- rieur vers le milieu de la région métatarsienne (fig. 2, I, 2). Ce im/scle agit comme le précédent. Le fléchisseur profond des phalanges ou perforant (3) est situé der- rière le tibia et le pied et se compose d'un corps charnu et d'un tendon. Le corps charnu, imparfaitement divisé en deux portions, prend son origine sur les empreintes linéaires de la face postérieure du tibia, sur la tubérosité externe et supérieure de ce même os et sur le péroné. Le tendon qui lui succède, double lui-même à son origine, commence au-dessus de l'extrémité inférieure du tibia, devient bientôt unique et s'engage dans la coulisse de la face interne du calcauéum, où il est maintenu par une arcade fibreuse qui fait de cette coulisse une véri- table gaine dite gaine tarsienne, et où il ghsse à l'aide d'une syno- viale vaginale étendue à la face interne de la gaine précédente. A partir du tarse, ce tendon se comporte exactement comme celui du membre antérieur (voy. Membre antérieur., face externe, YL plan). Le perforant fléchit les phalanges les unes sur les autres et sur le métatarse. MEMBRES. 539 VIII. — HUITIÈME PLAN MUSCIE FLÉCHISSEim IlU MÉTATAHSE. Silué sous rexlenseuf antérieur des phalanges, le fléchisseur du viétalarse ou tibio-pré-métatarsien (Vill, 1, 2), qui constitue à lui seul le huitième plan, se compose d'une portion charnue (2) et d'une ^jo;- tion aponévrotique (1) placées parallèlement l'une au devant de l'autre. La portion tendineuse est une forte corde fibreuse qui prend sou ori- gine sur l'extrémité inférieure du fémur, entre la trochlée et le condyle externe, passe dans la coulisse supérieure du tibia, arrive en avant du pli du jarret où elle s'engage sous la bride supérieure avec l'extenseur antérieur, gagne la poulie astragalienne, se perfore là pour constituer un anneau dans lequel s'engage la portion charnue, et se termine enfin par deux branches : l'une qui s'insère en avant de l'extrémité supé- rieure du métatarsien principal, l'autre qui se dévie en dehors pour gagner le premier os de la rangée inférieure du tarse et le côté externe du calcanéum. (1 Ce tendon jouit de la curieuse propriété de plier le jarret par une action toute mécanique, lors de la flexion des rayons supérieurs du membre (1). » La portion charnue est située entre la corde et le tibia. Elle prend son origine sur cet os, au-dessous de la coulisse qui passe entre les tubérosités externe et antérieure, et se termine par un tendon bifide. Celui-ci s'engage dans l'anneau de l'extrémité inférieure de la por- tion tendineuse et s'insère par l'une de ses branches en avant de l'ex- trémité supérieure du métatarsien principal, tandis que l'autre rameau se dirige en dedans du tarse pour gagner le troisième os de la rangée inférieure du tarse et la tête du métatarsien rudimentaire interne. Cette portion du fléchisseur du métatarse fléchit le pied sur la jambe. (1) A. Chauveau et S. Arloing, \oc. cit., p. 321. 540 STRUCTURE. — FONCTIONS. IX. — NEUVIÈME PLAN MUSCLES GRAND l'SOAS, PSOAS ILIAQUE, ODTlIiATEUn INTERNE, JUMEAUX IIU DASSIN, CABUÉ CRUnAL, GRAND ADDUCTEUR DE LA CUISSE, DEMl-MEMRRANEUX, GRÊLE ANTÉRIEUR ET POPI.ITK. OS ET ARTICULATIONS. Le plan qu'il nous reste à examiner se trouve en rapport avec le quatrième plan du membre postérieur vu par sa face interne. Seul, le trait de scie anléro-postérieur que nous avons supposé diviser le membre abdominal eu deux parties latérales pour la facilité de nos descriptions les sépare l'un de l'autre. Parmi les muscles qu'il comprend, deux, le grand psoas et le psoas iliaque (2, 3), ayant été précédemment décrits (voy. HT partie, chap. H, § 2, II, Face inférieure du tronc, X° plan), nous nous conten- terons de les signaler ici. Les autres seront successivement examinés, à l'exception, toutefois, du demi-membraneux (8) et du poplité (10), que nous nous réservons d'étudier, le premier à propos du deuxième plan, le second en même temps que le quat rième plan du membre abdominal vu par sa face interne. Commeuçons par Y obturateur interne (4) : Ce muscle se trouve situé dans la cavité du bassin, au-dessus du trou ovalaire, à l'opposé, par conséquent, de l'obturateur externe. Il est formé de deux portions prenant leur insertion fixe, l'une au pourtour de l'ouverture ovalaire, l'autre à l'angle antérieur du sacrum, et se terminant par un tendon unique qui s'infléchit en dehors, s'unit aux jumeaux du bassin, et vient se terminer à l'extrémité supérieure du fémur, dans le fond de la fosse trochantérienne. Dans sa portion intra-pelvienne, le muscle obturateur interne a sa face supérieure tapissée par le péritoine. C'est un rotateur de la cuisse en dehors. Viennent ensuite les jumeaux du bassin (5, 5), petits muscles dont la disposition est variable, mais qui partent généralement du bord externe de l'ischium, suivent la direction du tendon de l'obturateur interne en se plaçant, l'un au-dessus, l'autre au-dessous, et finissent par s'insérer sur ce tendon par l'extrémité externe de leurs fibres. Ils sont conijénères du précédent. Plus en arrière que lesjumeauxdu bassin se trouve le carré crural {(i), petite bandelette charnue s'étendant de la face inférieure de l'ischinm MEMBRES. 541 à la face postérieure du fémur, et dont F usage est iT étendre et de porter le fémur en dehors. Encore plus postérieurement, sous le muscle du plat de la cuisse, entre le petit adducteur et le demi-membraneux, nous rencontrons le grand adducteur de la cuisse (7), muscle long, déprimé d'avant en arrière, prenant son origine sur la face inférieure de l'ischium et opérant son insertion mobile par deux branches d'inégale grandeur : 1° sur la face postérieure du fémur; 2° eu dedans et au-dessus du condyle interne du même. C'est un adducteur., un extenseur et un rotateur en dehors du fémur. Le dernier muscle qu'il nous reste à examiner, ou le grêle anté- rieur {Q)., est un petit faisceau charnu situé eu avant de la capsule articulaire coxo-fémorale. Il prend son origine sur l'ilium, en dehors du sourcil de la cavité cotyloïde, et se termine sur la face antérieure du fémur. Cest un léger fléchisseur de la cuisse sur le bassin. Quant aux os et aux articulations du membre postérieur, nous sui- vons la marche précédemment adoptée à propos du membre thora- cique, c'est-à-dire que nous renvoyons le lecteur à la description d'ensemble qui en sera faite lorsque nous aurons étudié les différents plans de muscles qui les recouvrent (Yoy. Membre postérieur, face interne., IV° plan). II. - MEMBRE POSTÉRIEUR iFACE INTERNE) (P\. XIV.) Recouverte en haut par l'arcade et l'aponévrose crurales., en bas par Vaponévrose jambière, dont nous avons étudié précédemment la position (voy. IIP partie, chap. Il, § 2, II, Face inférieure du tronc, et chap. III, § 2, I, Membre postérieur, face externe), la face interne du membre abdominal comprend les régions situées en dedans de la cuisse, de la jambe et du pied. Ici encore, pour faciliter l'étude des différents plans que nous allons rencontrer et aussi pour ne pas nous écarter de l'ordre précédemment adopté, nous considérerons la planche XIV comme ne comprenant . qu'une seule figure, les figures 2 et 3 u'étunt, en réalité, que des U± STRUCTURE. — FONCTIONS. annexes explicatives de la figure 1, ;i laquelle, par ce fait même, nous rattacherons les deux autres. I. — PREMIER PLAN MUSCLE COURT ADDUCTEUR DE LA JAMBE OU DU PLAT DE LA CUISSE. Recouvert par l'arcade et l'aponévrose crurales, qui le séparent de la peau, le premier plan comprend un seul muscle, le court adducteur de la jambe (I). Situé en dedans de la cuisse, large, quadrilatère, aminci sur ses bords, ce muscle forme la hase de ce que nous avons designé en extérieur sous le nom de plat de la cuisse. 11 s'étend de la symphyse ischio-pubienne sur le ligament rotulien interne et la face interne du tibia. L'artère saphèue et la veine saphène interne rampent à sa surface. Ce muscle est adducteur, extetiseur et rotateur en dehors de la cuisse. II. — DEUXIÈME PLA.N MUSCLES GRAND ADDUCTEUR DE LA CUISSE, DEMI-.«EMBllANEnX ET DEMI-TENDINEUX. Situé eu dedans du court adducteur de la jambe et recouvert en partie par uu prolongement de l'aponévrose jambière, le deuxième plan est formé de trois muscles: le grand adducteur de la cuisse (10), le dcmi-membraneuûc (11) et le demi-tendineux (12). Ce dernier et le grand adducteur ayant été précédemment étudiés eu même temps que la face externe du membre abdominal, nous nous contenterons de signaler ici les rapports qu'ils entretiennent parleur face interne, seule visible sur le deuxième plan de la pi. XIV, avec le demi-membraneux. Celui-ci s'étend, compris entre la face interne du demi-tendineux et le court adducteur, de l'ischium au condyle interne de l'extrémité in- férieure du fémur. Ccst un adducteur du membre el un extenseur de la cuisse. Il peut même agir dans le cabrer s'il prend son point fixe au fémur. MEMBRES. S43 III. — TROISIÈME PLAN MUSCLE JUMEAU INTERNE DE LA JAMUE. Le troisième plan est à la fois situé uu peu en dedans et plus bas que les deux plans précédents. 11 se trouve représenté ])ar\e faisceau charnu inlerne des jumeaux de la jambe (III). Or, ceux-ci ayant été précé- demment étudiés dans leur ensemble, nous n'y reviendrons pas ici (voy. Membre pontérieiir, face externe, VI° pian). IV. — QUATRIÈME PLAN MUSCLES OBAND PSOAS, SACnO-COCCYGIENS, ISCUlO COCCÏOIEN, DU FASCIA L*TA, DROIT ANTÉRIEUR DE LA CUISSE, VASTE INTERNE, LONG ADDUCTEUR DE LA JAMBE, MOYEN ADDUCTEUR ET PETIT ADDUCTEUR DE LA CUISSE, OBTURATEUR EXTERNE, PECTINE, JUMEAU EXTERNE DE LA JAMDli, FLÉCHISSEUR SUPERFICIEL, FLÉCHISSEUR PROPOND ET FLÉCHISSEUR OBLIQUE DES PHALANGES, POPLITÉ, FLÉCHISSEUR DU MÉTATARSE ET EXTENSEUR ANTÉRIEUR DES PHALANGES. OS ET ARTICULATIONS. La plupart des muscles visibles sur le quatrième plan ayant été examinés en même temps que les plans profonds delà face externe du membre postérieur, où ils figurent également, nous nous contenterons de les signaler ici. Leur reproduction sur la planche XIV n'a d'autre but, d'ailleurs, que de faciliter la tâche du lecteur eu lui faisant bien voir les rapports qu'entretiennent entre eux les deux plans profonds des planches consacrées au membre abdominal. Parmi les muscles du quatrième plan précédemment examinés, signa- lons les grand psoas (1 ; voy, pi. X, fig. 1, X, ), les sacro-coccygiens (3; voy. pi. XIII, fig. 1 , V, 1,2, 3), le muscle du fascia lata (4; voy. pi. XIII, fig. 1, I, 5, 6), le droit antérieur de la cuisse (5; voy, pi. XIII, fig. 1, IV, 1), \e jumeau externe de la jambe [{2; voy. pi. XIII, fig. 1, VI, i),\Q fléchisseur profond des phalanges (18; voy. pi. XIII, fig. 1, VII, 3), \& /léchisseur dumétatarse{m,i\ ; voy. pi. XIII, fig. 1 , VIII, 1 , 2) q{Y extenseur antérieur des phalanges [11 \ voy. pi. XIII, fig. 1, VII, 1). Quant aux autres muscles, nous allons les décrire sommairement, en procédant de haut en bas (1). (1) Nous laisserons toutefois de côté l'ischio-coccygien qui, bien que non visible sur le V" plan de la pi. XllI, a été étudié en même temps que les autres muscles de ce plan dans le but de ne pas scinder en deux parties la description de l'appareil locomoteur de la queue. 34Î STRUCTURE. — FONCTIONS. Les premiers que uous rencoufrons eu suivant cet ordre sont les muscles long adducteur de la jambe^ vaste interne, pectine, obturateur externe, moyen adducteur et petit adducteur de la cuisse, situés immé- diatement au-dessous des premier et deuxième plans, à la face in- terne de la cuisse. Le long adducteur de la jambe il), situé d'abord dans la cavité ab- dominale, où il prend son insertion fixe (face inférieure du fascia iliaca, près du tendon du petit psoas), se porte ensuite en dedans de la cuisse et opère enfin son insertion mobile sur le ligament rotulien interne, en commun avec le court adducteur. Ce muscle tire la jambe dans V adduction et fléchit le fémur. Le vaste interne (6), l'une des portions du triceps crural, ressemble de tous points au vaste externe. Ses fibres partent de la face interne et de la moitié interne de la face antérieure du fémur et vont s'insérer, soit sur le ligament rotulien interne, soit sur le côté correspondant et la face supérieure de la rotule, soit, enfin, sur la synoviale, à la partie supérieure de laquelle le faisceau charnu qui porte le nom de muscle crural ou sous-crural (voy. Membre postérieur, face externe, IV plan) vient se perdre. Comme le vaste externe, ce 7nuscle concourt à l'extension de la jambe; par sa portion crurale, il parait, en outre, s'opposer au pincement de la capsule synoviale de t articulation fémoro-rol ulienne . Le pectine (8), bifide à son extrémité supérieure, rétréci à son extré- mité inférieure, part du bord antérieur et de la face inférieure du pubis pour se terminer sur le côté interne du fémur. C'est un adducteur, un fléchisseur et un rotateur en dedcms delà cuisse. Le moyen adducteur de la cuisse (9) est situé sous le court adducteur do la jambe, entre le pectine et le grand adducteur de la cuisse, et s'étend de la face inférieure du pubis à la face postérieure du fémur. C'est un adducteur, un extenseur et un rotateur en dehors du rayon fémoral. Uobturateiir externe est placé presque horizontalement sous le bassin, au pourtour du trou ovalaire, et se trouve recouvert par le pectine, le carré crural, le grand el le moyen adducteurs de la cuisse. Il s'étend de la face inférieure du pubis et de l'ischium dans la fosse digitale du fémur. C'est un adducteur el un rotateur en dehors de la cuisse. MEMBRES. S45 Le petit adducteur de la cuisse est situé en avant de l'obturateur externe, dont il se trouve séparé par un petit nerf, dans une direc- tion oblique de haut en bas et d'avant en arrière. Ses attaches et ses usages sont les mêmes que ceux du muscle précédent. Comme lui égale- ment, il est invisible sur la planche XIV, grâce à sa situation profonde. Plus bas et plus en arrière que les muscles précédents, immédiate- ment cà la face postérieure du tibia et en partie cachés par le troi- sième plan, on trouve plusieurs autres muscles : \q jumeau externe de lajambe (13), lepoplité {il), les fléchisseurs super^ciel (li), profond [IS) et oblique (19) des phalanges, parmi lesquels le poplité, le fléchisseur superficiel Qi \q fléchisseur oblique des phalanges seuls, n'ayant pas été décrits, seront examinés ici. Le poplité (17) est situé derrière le tibia et s'étend du condyle externe du fémur sur la surface triangulaire postérieure et supérieure du tibia. C'est un fléchisseur et un rotateur en dedans de la jambe. Le fléchisseur superficiel des phalanges (14) figure une longue corde tendineuse, comme le fait très bien voir la planche XIV, charnue vers son cinquième supérieur seulement, comprise entre les jumeaux de la jambe et intimement accolée à l'externe. 11 prend sou origine supé- rieurement dans le fond de la fosse sus-coudylienue, descend dans la gouttière formée par les jumeaux, sort de dessous ces muscles, se place au côté interne, puis en arrière de leur tendon, gagne ainsi le sommet du calcanéum après s'être élargi de manière à former une calotte fibreuse tapissée par une synoviale vésiculaire, et se prolonge enfin der- rière le tendon du perforant jusqu'à la deuxième phalange (voy. pi. XIII, fig. 1, VI, 4. 4, etfig. 2, 11, 3) en se comportant comme le muscle ana- logue du membre antérieur. Le fléchisseur oblique des phalanges (19) se trouve compris entre le poplité et le perforant. Composé d'un corps charnu supérieur et d'un tendon inférieur, il s'étend de la tubérosité externe du tibia au tendon du perforant, avec lequel il s'unit vers le tiers supérieur de la région métatarsienne. C'est un congénère du flécldsseur profond. Quant aux 2H?«c/e5 extenseur antérieur des plmlanges (22) Qi fléchisseur du métatarse (20), situés en dehors et eu avant du tibia, comme ils ont été examinés tous les deux précédemment, nous n'en parlerons pas ici. Le Cheval. SS 540 STRUCTURE. — FONCTIONS. Nous allons maintenaut nous occupei" d'une façon spéciale, ainsi que nous l'avons fait pour le membre antérieur, des os et des articulations du membre abdominal. os ET AUTICULATIOKS Comme pour le membre antérieur, et pour les mêmes raisons, nous avons reporté l'étude des os et des articulations du membre pos- térieur après celle des muscles qui les recouvrent en dedans et eu dehors. Pour nous suivre dans nos descriptions, le lecteur n'aura qu'à consulter les planches XIII (fig. I, IX, fig.2, II, etfig. 3) et XIV (fig. 1, fig. 2, et fig. 3). 1° Goxal (pi. XIII, fig. 1, IX, G, et pi. XIV, fig. 1, D). Os de forme très irrégulière, plat et pair, situé entre le sacrum et le fémur, dans une direction oblique de haut en bas et d'avant en arrière. Rétréci dans sa partie moyenne, il présente, en ce point et en dehors, une cavité articulaire, dite cavité cotyldide^ qui reçoit la tête du fémur; puis il s'élargit et s'infléchit en dedans pour s'unir, sur la hgne médiane, à l'os du côté opposé et concourir à la formation de la cavité pelvienne ou du bassin. Bien que soudé intimement au tronc, le coxal constitue le premier rayon du membre postérieur et comprend trois pièces distinctes dans le fœtus, mais réunies à l'âge adulte : l'ilium, le pubis GiVischium (voy. fig. 147 du texte). Ilium (pi. XIII, fig. 1 , F). — Plat et triangulaire, dirigé obliquement de haut en bas et d'avant en arrière, l'ilium est le plus grand des trois os du coxal, celui qui répond au sacrum. On y considère deux faces^ trois bords et trois angles. La face externe ou supérieure est excavée et porte le nom de fosse iliaque externe (F). La face interne ou inférieure présente une portion mamelonuée, rugueuse, occupée en arrière par la facette auriculaire^ qui répond au sacrum. Les trois bords sont amincis, concaves; Yinterne constitue la grande chancrure sciatiqiie. MEMBRES. 547 Vangle erlenie, ou angle Je la hanche^ porle quatre tubérositc^s (D). Vinterne, ou angle de la croupe (E), représente une tiihérosilé rugueuse, recourbée en arrière et en haut. Le postérieur^ ou cotyloiilien, con- court à former la cavité cotyloïde, laquelle est surmontée de la crête sus-cotyloidienne (G), émiueuce allongée se continuant antérieu- rement avec le bord interne de l'os. Pubis. — La plus petite des trois pièces du coxal, le pubis est situé entre Tilium et l'ischium, aplati de dessus en dessous, et présente à C0i\i\àév&v deux faces, trois bords et trois angles. La face supérieure concourt à former le plancher du bassin ; Yinfé- newre n'offre rien de bien particulier. Le bord antérieur est mince et recourbé en haut. Le postérieur circonscrit antérieurement une large ouverture, le trou ovalaire ou obturateur (pi. XIV, fig. 1, IV, E). Uinterne se soude avec celui du côté opposé pour former la portion pubienne de la symphyse du bassin. V angle extcr/w ou cotglo'klien forme l'arrière-fond de la cavité coty- loïde. L'interne s'uuit avec celui du pubis opposé. Le postérieur se soude avec l'ischium. Ischium. — Comme le pubis, en arrière duquel il se trouve situé, l'ischium est aplati de dessus eu dessous et de forme quadrilatère, il présente à étudier : deux faces, dont une, la supérieure, fait partie du plancher de la cavité pelvienne; quatre bords, dont le postérieur forme avec celui du côté opposé une échancrure appelée arcade ischiale; quatre angles : un antérieur interne, un antérieur externe ou cotyldidien, un postérieur interne et un postérieur externe ou tubérosité ischiatique (pi. XIII, fig. 1, IX, II, et pi. XIV, fig. 1, IV, F). 2°Féniur(pl. XIlI,fig. 1,IX, I,etpl.XIY,fig. 1,IV, H). — Osloug, pair, situé obliquement de haut eu bas et d'arrière en avant, entre le coxal et le tibia, le fémur constitue la base osseuse de la cuisse et offre à étudier im corps et deux extrémités. Des quatre faces du corps, l'externe, ïinterne et Vantérieure sont arrondies et confondues l'une avec l'autre. La postérieure, à peu près plane, est rugueuse. Vers le tiers supérieur de l'os, séparant la face externe de la face postérieure, ou trouve une éminence aplatie et recourbée, la crête sous- trochantérienne (J); plus bas, une fosse profonde dite sus-condy Henné (pi. XIII, fig. 1, IX, K}. 348 STRUCTURE. — FONCTIONS. Enfin, sur la limite de la face postérieure et de la face interne, vers le quart supérieur de l'os, on remarque, entre autres particularités, une grosse tubérosité connue sous la dénomination de trochantin ou petit trochanter. U extrémité supérieure porte : 1° eu dedans, une tète articulaire sé- parée du reste de l'os par un col et reçue dans la cavité cotyloïde du coxal; 2" eu dehors, une grande émineuce, le trochanter [L, M, N); 3" en arrière, \a fosse trochantérienne ou digitale. V extrémité inférieure se distingue par la présence de deux condyles et d'uue large poulie articulaire ou trochlée (pi. XllI, fig. 1, IX, 0). Des deux condyles, l'un est externe (pi. Xdl, fig. 1, IX, P), l'autre interne. Ils sont séparés par une échancrure profonde dite intercondy lienne, qui loge l'épine du tibia. 3° Rotule (pi. XIII, fig. 1, IX, Q). — Petit os court, compact, aplati d'avant en arrière, situé en avant de la trochlée fémorale, sur laquelle sa face postérieure se moule, et fixé au tibia par trois liga- ments extrêmement solides. 4" Tibia (pi. XIII, fig. 1 , IX, R, et pi. XIV, fig. 1 , IV, J). — Os long situé entre le fémur et l'astragale, dans une direction oblique de haut en bas et d'avant en arrière, le tibia constitue la pièce principale de la jambe et présente trois faces et trois bords. hd, face externe est concave en haut et convexe eu bas. Vinterne est convexe et très rugueuse supérieurement. La postérieure^ à peu près plane, est partagée en deux surfaces triangulaires, dout l'une, l'infé- rieure, estsillonnéepar de nombreuses crêteslongitudinales où s'attache le muscle perforant. Le bord antérieur T^\'é?,Qni6, dans son tiers supérieur, une crête courbe à concavité externe, la crête du tibia. Le bord externe est très épais et concave en haut, oii il constitue Varcade tibiale, de concert avec l'os péroné. L'interne est également épais et rugueux. L'extrémité supérieure forme trois tubérosités : une antérieure et deux latérales. La partie supérieure de ces dernières est occupée par deux surfaces articulaires irrégulières moulées sur les condyles du fémur et séparées l'une de l'autre par Y épine tibiale. Vextrémité inférieure présente une surface articulaire formée de deux gorges profondes séparées par un tenon médian. Cette surface articulaire est, eu outre, flanquée de chaque côté par uue tubérosité. MEMBRES. S'*'J V externe [malléole externe chez l'homme) est peu saillante. U interne [malléole interne) est mieux détachée. S° Péroné (pi. XIII, fig. 1, IX, S). — Petit os avorté, styloïde, situé en dehors du tibia, étendu de la tubérosilé externe de cet os, avec laquelle il s'arlicule, à la moitié ou au tiers inférieur de son corps. 6° Os du tarse (pi. XIII et XIV, fig. 3). — Ces os sont courts, très compacts, au nombre de six ou de sept, situés entre le tibia et les méta- tarsiens, et disposés, comme ceux du carpe, en deux rangées : l'une su- périeure, l'autre inférieure. Ils forment la base du jarret. La rangée supérieure comprend deux os, le calcanéum et l'astragale (pi. XIII et XIV, fig. 3, B, C), qui, en raison de leur volume, de leur disposition et de leur rôle, méritent une description spéciale : L'astragale est un os polyédrique situé en avant du calcanéum, entre le tibia et le deuxième os de la rangée inférieure; il pré- sente cin(/ faces, dont l'une, la supéro-antéricure, est conformée en poulie articulaire pour répondre à l'extrémité inférieure du tibia. Le calcanhim est aplati d'un côté à l'autre et offre à étudier : deux faces, dont l'une, \ interne, est excavée en coulisse de glissement pour former r^rcrtir/e tarsienne, dans laquelle passe le tendon du perforant; deux bonis, un antérieur et un postérieur; enfin, deux extrémités, une supérieure constituant le sommet du calcanéum et une inférieure qui répond à l'astragale et au premier os de la rangée inférieure ou cuboïde. 7° Métatarsien principal et métatarsiens rudimen- taires (pi. XIII, fig. 2, C, D, et pi. XIV, fig. 2, II, 1, J). — Ces os out une telle analogie avec les métacarpiens que nous croyons inutile d'eu faire une description spéciale. 8" Sésamoïdes et phalanges. — La région digitée du memure postérieur ressemble également à celle du membre antérieur. Ij. — ARHCULATIONS Les arficulatio/is du membre postérieur ayant une importance iden- tique à celles du membre antérieur, nous les étudierons aussi en particulier. 1° Articulations du bassin. — Ces articulations comprennent Y articulation du sacrum avec lescoxaux ou sacro-iliaque, et l'articulation des deux coxaux entre eux ou symphyse ischio-pubienne, qui ont été pré- 550 STRUCTURE. — FONCTIONS, cédemmenl examinées à propos du bassin et dont nous nous dispen- serons, pour cette raison même, de parler ici (voy. 111° partie, chap. II, m, Dassin). 2° Articulation du coxal avec le fémur ou coxo-fémo- rale. — Cette articulation est formée par la réception de la tête du fémur dans la cavité cotyloïde du coxal, et se trouve affermie par un ligament capsidaire périphérique (pi. XIII, fig. \, IX, E), et deux liens interarticulaires : les ligaments coxo-fémoral et pithio-fémoral procé- dant, le premier du fond de la cavité cotyloïde, le second du bord antérieur du pubis, et s'insérant en commun dans la fossette creusée sur la tête du fémur. La synoviale tapisse la face interne du ligament capsulaire. Quant aux mouvements permis par l'articulation coxo- fémorale, ce sont : ïej'tension, la jlcrion, Wibduclion, Y adduction, la circunidiictinn et la rotation. 3° Articulation du fémur avec le tibia et la rotule ou fémoro-tibiale. — Pour former cette articulation, le fémur oppose ses deux condyles aux facettes de la face supérieure des tubérosités latérales du tibia, et sa poulie articulaire à la face postérieure de la rotule. C'est la jointure la plus compliquée de l'économie. En outre des moyens d'union très nombreux dont elle dispose, l'ar- ticulation fémoro-tibiale est complétée par deux fibro-cartilages eu forme de croissants, dits ménisques interarticulaires, interposés aux con- dyles du fémur et aux facettes tibiales pour en assurer la coapiatiou. Les liens qui assujettissent cette joiuture comprennent : 1° ceux qui fixent la rotule au tibia; 2° ceux qui unissent le fémur au tibia. V Ligaments qui attachent la rotule au tibia. — Désignés sous la dé- uomiuation de rotuliens et distingués, d'après leur position respective, en externe (pi. XIII, fig. 1, IX, g), interne [^X. XIV, fig. I, IV, 0) et médian (pi. XIII, fig. 1, IX, f), ces ligaments ont pour usage de traus- mettre à la jambe l'action des muscles qui s'insèrent sur la rotule. 2° Ligaments qui unissent le fémur au tibia. — On en compte six : r une capsule fémoro-rotulienne maintenant la rotule appliquée contre la trochlée fémorale; 2" cinq ligaments fémoro-tibiaux dont deux laté- raux, l'un externe (PI. XIII, fig. 1, IX, h), Vautre interne (pi. XIY, fig. 1, IV, P), un postérieur, et deux interarticulaires plus connus sous la déDomiualion de ligaments croisés, parce qu'ils se croisent en X MEMBRES. 531 dans leur partie moyenne, et distingués, eu égard à leur insertion inférieure, en antérieur et en postérieur. L'articulation fémoro-tibiale comprend trois synoviales : une supé- rieure située à la face interne de la capsule fémoro-rotulienue et des- tinée à faciliter le glissement de la rotule sur la trochlée fémorale; dei/x latérales, chargées de lubrifier les surfaces articulaires de la join- ture fémoro-tibiale proprement dite. Cette articulation peut exécuter deux mouvements principaux : la flexion et l'extension, et un mouvement accessoire, la rotation. 4" Articulation du tibia avec le péroné. — Cette arl iculation se trouve constituée par l'union de la face interne de la tête du péroné avec la tubérosité externe et supérieure du tibia. Des fibres courtes et fortes, interosseuses ou périphériques, maintiennent solidement en contact les pièces osseuses qui la constituent. 5° Articulations du tarse ou du jarret. — 11 y a lieu de dis- tinguer dans ces articulations : Via. jointure tibio-t ar sienne ; T celle qui réunit les os tarsiens de la première rangée, V astragale et le calcanéum; 3° celles qui rassemblent les os de la rangée inférieure; i^" ï articulation des deux rangées entre elles ; 5° l'articulation tarso-métatarsienne . V Articulation du tibia avec le tarse ou tibio-t ar sienne. — Celte arti- culation est exclusivement formée par l'union du tibia avec l'astragale et se trouve assujettie par sept ligaments : deux latéraux externes (pi. XIII, fig. \ , IX, i,j, et fig. 2, II, G, H), distingués, eu égard à leur position, en superficiel et profond; trois latéraux internes (pi. XIV, fig. 1 , II, Q), également superposés les uns aux autres et divisés en 5;//;er/?«V/, moyen el profond; un antérieur (pi. XIII, fig. \, IX, m, et fig. 2, II, I) ei un postérieur, tous deux capsulaires. La synoviale se développe à la face interne des deux ligaments capsulaires. « Quand elle devient le siège d'une hydropisie, elle se distend toujours en avant et en dedans, parce qu'elle n'est soutenue à cet endroit que par le ligament capsulaire antérieur. Mais elle peut aussi soulever le ligament postérieur et faire hernie dans le creux du jarret, en arrière des ligaments latéraux (I). .> Les seuls mouvements \iQvm\?, par celte articulation sont la flexion et l'extension. (1) A. Chauveau et S. Arloing, loc. cit., p. 184. 552 STRUCTURE. — FONCTIONS. 2° Articulation des os de la première rangée entre eux. — Ed outre des ligaments latéraux de l'articulation précédente, cette jointure possède quatre ligaments astragalo-calcanéens qui l'assujettissent : un supérieur^ un externe^ un interne et un interosseux. Pas de synoviale propre ordinairement et mouvements à peu près nuls. 3° Articulations des os de la seconde rangée entre eux. — Ces os sont maintenus en contact par deux des ligaments de l'articulation suivante et par six ligaments propres : deux antérieurs et quatre interosseux. La disposition des synoviales varie avec celle des facettes arti- culaires. Quant aux mouvements^ ils sont presque nuls. 4° Articulation des deux rangées entre elles. — La solidité de cette articulation est assurée par six liens principaux : deux ligaments laté- raux superficiels de l'articulation tibio-tarsienne, un ligament calcanéo- métatarsien (pi. XIII, fig. 1, IX, n, et fig. 2, J), un ligament astragolo- métatarsien, un ligament tarso -métatarsien postérieur, et enfin un liga- ment interosseux. Elle est pourvue d'une synoviale •çyo^vq, toujours en communication avec la capsule tibio-tarsienne. Les mouvements qu'elle permet sont à peu près nuls. 5" Articulation du tarse avec le métatarse ou tarso-métatarsienne . — Cette jointure est fixée par les ligaments latéraux superficiels de l'arti- culation tibio-tarsienne, les ligaments pjériphériques de F articulation pré- cédente, et par un ligament interosseux propre. Elle possède une synoviale particulière et ne permet également que des mouvements presque nuls. Pour les articulations des rayons inférieurs du membre postérieur, comme elles sont absolument identiques à celles de ces mêmes rayons dans le membre thoracique, nous renvoyons à la description qui en a été donnée à propos de ce membre. MEMBRES. 333 APPENDICE A. — VAISSEAUX AUTÉRIELS ET VEI\EUX. (I. — ARTÈRES. Le sang est amené au membre postérieur par les artères iliaques in- ternes et iliaques externes (fig. loi du texte) résultant de la double bi- furcation de l'aorte postérieure, eu avant de la cavité pelvienne. r Artères iliaques internes. — Étendues depuis l'entrée du bassin jusqu'à l'angle cotyloïdien de l'ilium, les artères iliaques in- ternes sont destinées aux organes génito-urinaires et aux régions supé- rieures du membre abdominal. Elles fournissent sur leur trajet les brauches suivantes : 1" \] artère ombilicale, qui porte le sang du jeune sujet au placenta et se trouve en partie oblitérée chez l'adulte, où elle gagne le fond de la vessie ; 2° \J artère honteuse interne, qui fournit des divisions à la vessie, à la prostate, aux glandes de Cowper, et se jette enfin dans le bulbe de l'urèthre après avoir contourné l'arcade ischiale ; 3 \J artère sous-sacrée, qui, après avoir rampé sous le sacrum, eu regard des trous sacrés, se termine à l'extrémité postérieure de ce dernier os par trois branches : Yarlère ischiatique, traversant le liga- ment de même nom pour aller se jeter dans les muscles ischio-tibiaux, les artères coccygienne latérale et coccygienne médiane destinées aux muscles de la queue ; 4° Vartère iliaco-musculaire , qui se porte en dehors, fournit des rameaux aux muscles de la région sous-lombaire, gagne l'angle de la hanche et se plonge dans le fessier principal et le muscle du fascia lata. 5° Vartère fessière, qui sort du bassin par la grande échancrure sciatique et s'épuise dans l'épaisseur des muscles fessiers moyen et profond. Après avoir fourni ces branches collatérales, l'iliaque interne se divise en deux branches terminales, à cheval sur le tendon du muscle petit psoas, l'une en dedans, l'autre en dehors : la première, ou artère obturatrice, sort du bassin en traversant l'ouverture ovalaire, s'insinue S54 STRUCTURE. — FONCTIONS. entre l'obturateur externe et la face inférieure de l'ischium, el se ter- mine par plusieurs divisions dans les muscles cruraux internes et ischiolibiaux ; la seconde branche terminale de l'iliaque iuterue, ou ai'tère iliaco- fémorale, passe en dehors du tendon du petit psoas, des- cend au côté externe du droit antérieur de la cuisse et va se plonger dans la masse des muscles rotuliens. 2° Artères iliaques externes. — Les artères iliaques externes se dirigent d'avant eu arrière et de dedans en dehors, gagnent le bord antérieur du pui)is, s'engagent dans l'interstice qui sépare du pectine le long adducteur de la jambe, et chacune d'elles se prolonge sur la cuisse en prenant le nom A' artère fémorale, puis celui à'arlère poplilée, à partir du pli de l'articulation fémoro-tibiale. Avant de changer de nom, l'iliaque externe laisse échapper deux branches collatérales principales : la petite tesliculaire ou Vutérme, qui gagne le cordon lesticulaire ou la matrice, et la circonflexe iliaque^ dont les rameaux se distribuent dans les muscles transverse, petit oblique de l'abdomen et du fascia lata. \] artère fémorale naît en regard du bord antérieur du pubis et des- cend, accompagnée de sa veine satellite et du nerf saphène interne, le long du pectine et du vaste interne, accolée au bord postérieur du long adducteur de la jambe. Puis elle passe entre les deux branches du grand adducteur de la cuisse, arrive ainsi au niveau de l'extrémité supérieure des jumeaux de la jambe et se continue entre ces deux muscles sous la dénomination à'artère popUtée. Pendant ce parcours, l'artère fémorale distribue aux parties avoisi- nantes un certain nombre de branches collatérales, qui sont : les ar- tères prépuhïenne (1), musculaire profomk (muscles cruraux internes et postérieurs), musculaire superficielle (muscles psoas et du triceps cru- ral), petites musculaires (fémur et différents muscles l'environnant) et saphène (peau de la face iuterue de la cuisse et de la jambe). L'artère pjo/tlitée, qui continue la fémorale, descend derrière l'arli- culalion fémoro-tibiale, entre les deux jumeaux et vient se bifurquer au niveau de l'arcade péronière pour former les artères tilnules posté- rieure et antérieure. (1) Celle branche se subdivise à son tour en artcrcs abdominale postérieure (paroi ab- dominale inférieure) et honteuse externe, laquelle se partage elle-même en artère sous- eulanée abdominale el dorsale antérieure de la verge ou mammaire. Fig. 154. — Distribulioii des anères iliaques interne et externe (cliez la femelle) 1, aorte abdominale. 2, artère iliaque interne . 3, origine commune de la honteuse interne de l'ombilicale. i, artère honteuse interne. 5, artère vaginale. 6, artère sacrée latérale. 7, origine de la fessière. 8, origine de riliaco-niusculairc. 9, origine de l'iliaco-fémorale. 10, artère obturatrice. ~11, artère iliaque externe. 12, artère circonflexe iliaque (coupée). ^ 13, artère fémorale. 14, origine commune de la grande musculaire postérieure do la cuisse et de la prépubienne. 15, origine de la grande musculaire antérieure. IG, origine de la saphène (l'artère coupée). n, artère musculaire innominée. 18, artère poplitée. 19, artère fémoro-poplltée. 20, artère satellite du nerf grand fémoro-poplité. 21, artère tibiale postérieure. 22, son rameau de communication avec la sa- phène. 23, artère plantaire externe. 24, artère satellite du nerf plantaire interne. 25, artère digitale. 556 STRUCTURE. — FONCTIONS. Dans son trajet, l'artère poplitée ne fournit guère qu'une branche collatérale digne d'être signalée : Y artère fêmoro-popUtée destinée aux muscles jumeaux et ischio-iibiaux. Varlère libiale postérieure, d'abord située profondément derrière le tibia, devient peu à peu superficielle, traverse l'arcade tarsienne et se partage, au niveau de l'astragale, en deux branches terminales : les artères plantaires qui se placent l'une en dedans, l'autre en dehors du tendon perforant, jusqu'au niveau de l'extrémité supérieure du liga- ment suspenseur du boulet, oîi elles forment, avec la pédieuse perfo- rante, une espèce d'arcade profonde de laquelle s'échappent quatre longs rameaux descendants qui rampent derrière le métatarse. Quant à Vartère tibiale antérieure, elle traverse l'arcade libiale, se place sur la face antérieure du tibia et arrive au-devant de l'articu- lation tibio-tarsienne, oîi elle prend le nom (ï artère pédieuse. Au bas du tarse, cette dernière se partage en deux branches dites pédieuse perforante et ptédieuse métatarsienne, celle-ci continuée, à partir de l'extrémité supérieure de l'articulation du boulet, par les artères digitales, qui descendent l'une à droite, l'autre à gauche du pa- turon, jusqu'à l'apophyse basilaire, oii elles se bifurquent pour former les artères ungucales plantaires q{ pré-plantaires (voy. W partie, ch. 11, Pied, et fig. 66 du texte). Comme dans le membre antérieur, la distribution des veines diffé- rant, en général, assez peu de celle des divisions artérielles correspon- dantes, nous nous dispenserons d'en faire une description spéciale. Lq pAexus lombo-sacré (fig. 155 du texte), d'oii émanent les divisions nerveuses du membre abdominal, résulte de la fusion des deux der- nières paires nerveuses lombaires et des trois premières sacrées. Il ré- pond de tous points au plexus du membre thoracique et se divise en deux portions, l'une antérieure, l'autre postérieure, ayant chacune un gros tronc pour centre. La portion antérieure fournit quelques rameaux aux psoas, puis se termine par deux grosses branches : les nerfs fémoral antérieur ai ob- MEMBRES. 537 furatew. Le premier descend entre le petit et le grand psoas et va Fig. 155. — Plexus lombo-sacré et nerfs internes da membre postérieur. 1, 1, plexus lombo-sacré. 2, nerf fémoral antérieur. 3, nerf sapliène interne. 4, nerf obturateur. .'), faisceau d'origine du nsrf grand sciatique. C, rameaux superficiels du nerf petit sciatique. I, nerf grand sciatique. S, nerf honteux interne. 9, nerf liémorrhoîdal ou anal. 10, nerf plantaire interne. II, 12, ses ramifications digitales. s'épuiser dans la masse des muscles rotuliens, après avoir laissé échap- per deux branches, les iierfs accessoires du saphène interne et saphène oo8 STRUCTURE. — FONCTIONS- interne, dont les divisions entourent l'artère et la veine de même nom. Le nerf obturateur snit l'artère obturatrice et présente une distribu- tion à peu près identique. Ldi portion postérieure au. \AQxu?,\om\)0-TS l>lî LAMIîKIQl'i; Dll SUD On trouve encore dans l'Amérique du Sud de nombreuses troupes de chevaux errants, sur lesquels certains voyageurs nous ont laissé des délails intéressants. DES RACES CHEVALINES EN PARTICULIER. 391 D'après ces derniers, la population chevaline errante de l'Amérique du Sud serait née de juments andalouses importées par les Espagnols vers le milieu du seizième siècle : « Don Pierre de Mendoze, dit d'A- zara (1), venu avec une (lotte, fonda en 1535 la cilé de Buenos-Ayres. Elle se dépeupla bientôt après, parce que les habitants passèrent au Paraguay, mais d'une manière si incommode et si précipitée, qu'ils ne purent emmener avec eux toutes les juments et qu'ils se virent obligés d'eu abandonner plusieurs. « Don Jean de Garay établit Buenos-Ayres de nouveau, le f 1 août 1 580, avec soixante habitants du Paraguay, qui y trouvèrent déjà un assez grand nombre de chevaux sauvages, provenus de ces juments » Telle est l'origine de l'innombrable quanlilé de chevaux sauvages qu'on rencontre dans l'Amérique du Sud. a. — CIMARRONES Les cimarrones habitent maintenant tous les pampas situés au sud de la rivière de La Plata; ils se sont même, dit-on, propagés dans toute la terre des Patagons. Ce sont des animaux très vigoureux, très résistants, de taille moyenne et ordinairement bai-châtain ou bai-brun. Ils ont la tète et les membres plus gros, l'encolure et les oreilles plus longues que les chevaux domestiques. On les rencontre en troupeaux nombreux, comprenant quelquefois jusqu'à 1,200 individus. Les habitants considèrent ces chevaux marrons comme nuisibles, en ce sens qu'ils dévastent les pâturages et entraînent les chevaux domestiques, comme font les tarpans. Les Indiens mangent la viande des cimarrones; mais les Espagnols la dédaignent. On prend rarement un de ces chevaux pour le dompter ; seuls, les Indiens le font quelquefois. (1) D'Azara, Essai sur l'histoire des quadrupèdes du Paraguay. Paris, 1801, t. H, p. 29G. 592 RACES CHEVALINES- Les mustangs habitent le Paraguay et ne sont qu'à demi errants. Cependant, l'indépendance dans laquelle ils vivent ne diffère guère de l'état sauvage. Abandonnés presque à eux-mêmes, ils passent l'année à la belle étoile. On se contente de les réunir tous les huit jours pour qu'ils ne se dispersent pas trop. Ils ont une taille moyenne, une tête grosse, des oreilles longues, des jointures épaisses, etc. Sur le sol tour à tour desséché ou inondé des llanos du Paraguay, la vie du cheval errant ne peut être, d'ailleurs, que misérable. Quand l'ardeur du soleil a tari l'eau sur la surface delà terre, on voit des troupeaux de chevaux, tourmentés par la soif et la faim, errer de tous côtés, le cou tendu contre le vent et aspirant avec force, afin de reconnaître, à l'humidité de l'air, la présence d'une flaque d'eau qui ne soit pas encore entièrement évaporée. Puis, lorsque la saison des pluies est arrivée, que les rivières ont inondé la plaine, ces mêmes animaux qui, dans la première moitié de l'année, languissaient épuisés de soif sur un terrain poudreux et desséché, se trouvent contraints par la nature à vivre en amphibies, à chercher à la nage, dans le domaine des crocodiles, qui leur bri- sent quelquefois les os avec leur queue dentelée, de misérables panicules fleuries de graminées qui s'élèvent au-dessus des eaux fermentées et noirâtres. Que l'on joigne à cela la présence du jaguar et de nombreux essaims d'insectes armés d'aiguillons, et l'on s'expliquera facilement pourquoi les chevaux du Paraguay abandonnés à eux-mêmes vont en périclitant chaque jour. D'ailleurs, ces animaux, dit Brehm, portent encore en eux nu ennemi plus dangereux et jusque-là inconnu. « Plus que les chevaux qui errent dans l'Amérique du Sud, les mustangs sont souvent pris de panique. Ils se précipitent, comme des furieux, par centaines, par mifliers: rien ne les arrête; ils vont se briser contre les rochers, ou disparaissent dans les précipices. L'homme qui est témoin d'une pareifle scène est saisi d'horreur; l'Indien, le froid Indien lui-même, sentson cœur courageux rempli de crainte... (1). » (I) Brehm, loc. cit., p. 318. DES RACES CHEVALINES EN PARTICULIER. 393 Bien nourris et bien soignés, les mustangs acquièrent vivement un poil court et luisant, des chairs fermes, un port noble et fier, etc. Ils se monirent, d'un autre côté, 1res vigoureux et très résistants à la fatigue. A ce propos, nous devons noter en passant que, dans ces dernières années, de notables progrès ont été réalisés en ce qui concerne l'élevage et l'hygiène du cheval. Espérons donc que bientôt le tiiste tableau qu'il nous a fallu tracer des mustangs aura passé dans le domaine de la légende. On chasse beaucoup ces chevaux pour se procurer leur peau et leur chair. G. — CIIICV.IIX URKANTS DE L'AMÉRIQUE DU >'ORD On rencontre aussi un assez grand nombre de chevaux sauvages dans les plaines de l'Amérique du Nord, et notamment dans les prairies du Mexique. Comme ceux de l'Amérique du Sud, ces ani- maux descendent des chevaux domestiques primitivement amenés d'Espagne. D'après Audubon (1), ils sont loin d'être élégants : leur tête est grosse, dit-il, avec une proéminence considérable au milieu du front; leur crinière, épaisse et en désordre, pend jusque sur le poitrail; leur queue, quoique peu fournie, balaye presque la terre; mais, en re- vanche, ils ont une poitrine ample et profonde, des membres fins et nerveux, des pieds excellents, des yeux aussi bien que des naseaux annonçant beaucoup de vigueur et de fond. Aussi, la conclusion de l'auteur précité est-elle celle-ci : « L'introduction dans notre pays (États Unis) de cette espèce de chevaux des prairies de l'ouest devrait servir généralement à améliorer nos races; et, si j'en juge d'après ceux que j'ai vus, je suis porté à croire que certains d'entre eux pour- raient devenir propres à la course... » La robe de ces animaux est baie. D. — CIIliVAUX ERRANTS DE L'OCÉAME « La Nouvelle-Galles du sud et la côte orientale de l'Australie ont aussi leurs chevaux errants. Ces chevaux, en grande partie importés (1) Audubon, Schws de la nature dans les États-Unis. Paris, 1857, t. II, p. (69. Le Cheval. liS 59-4 RACES CHEVALINES. (lu cap (le Bonne-Espérance elde l'Inde, oui une poitrine étroite, un dos effilé, des hauches peu saillantes ; ils sont uaturellement ombra- geux et out le pied peu sîir; aussi sont-ils peu estimés (1). » E. — CHEVAUX EKUANTS DE L'AFKIQUE Ces chevaux sont très mal connus et paraissent peu nombreux. « Le cheval que les Arabes des bords du Niger nomment kiunrah^ dit Brehm, ressemble beaucoup au poney : il est petit, mais bien proportionné ; il a la tête grosse, le front large, les oreilles assez grandes, les yeux médiocres, la queue et la crinière touffues, les poils plats, excepté sur le front, où ils sont laineux. La couleur de sa robe est le gris cendré ouïe blanc Sa voix tient le miheu entre le henuissement du cheval et le braiment de l'âne. Les indigènes le prenueut et le domptent. Quoique d'abord très sauvage, il ne tarde pas à se soumettre et h s'apprivoiser (2). » § 2. - CHEVAUX DOMESTIQUES La plupart des auteurs, se basant sur ce fait que le cheval porte ou tlre^ divisent les races chevalines domestiques en deux grandes caté- gories : les races de selle et les races de trait. Cette division, exacte au fond, a le tort de confondre certaines apti- tudes qu'il est utile de distinguer. La plupart des races, en effet, ne sont ni exclusivement de selle, ni exclusivement de trait, et ne peuvent être, par ce fait même, raison- nablement rangées dans un groupe plutôt que dans l'autre. Pour les raisons que nous avons fait valoir précédemment (voy. Dé- finition de la race), nous n'adoptons pas non plus la division des races chevalines en races bracliycép/iaks et en racea dolic/iocé/j/ialcs. Cette division présente, d'ailleurs, l'inconvénient de ne donner, à pre- mière vue, aucune indicatiin sur la conformation d'ensemble Ct (t) Brehm, loc. cit., p. 'Sîi, (2) lirehm, loc. cit., p. 3U. DES RAGES CHEVALINES EN PARTICULIER. 595 les aptitudes générales des animaux compris dans chaque catégorie. D'autre part, la détermination rigoureuse du type céphalique né- cessite rintervenlion de procédés de précision, d'instruments crânio- métriques peu pratiques; si même il est possible d'obtenir un résultat suffisamment exact en comparant la distance qui sépare la base de l'oreille de l'angle externe de l'œil (diamètre longitudinal), avec celle qu'il y a entre les deux bases des oreilles (diamètre transversal), il n'en résulte pas moins qu'il faut encore, pour cela, une grande habi- tude et une faculté d'observation toute spéciale. Or, il n'est pas dou- teux que de telles exigences ne répondent qu'imparfaitement au but que nous poursuivons. Nous rejetons également la division en l'aces dont ï allure naturelle e^t le trot et en rares dont T allure naturelle est le pas, cette division, comme la première, englobant dans un même groupe des chevaux dont les aptitudes sont absolument différentes. Nous n'acceptons pas plus la division des races d'après la situation géographique du pays qui les produit, c'est-à-dire en races de fouest, de l'est, etc. A notre avis, cette division ne peut être utilisée qu'en second lieu. Quant à la division en chevaux de course, de guerre, de luxe, d'indus- (rie et de commerce, que nous avons adoptée pour la description des aptitudes (voy. IT Partie, Aptitudes), elle n'est plus acceptable ici, certaines races fournissant des chevaux qui peuvent être rangés indis- tinctement dans l'un ou dans l'autre des groupes ci-dessus. Nous préférons la division en races fines et en races communes; mais, eu égard aux nombreux croisements qu'ont subis la plupart de nos races domestiques, aux tendances déplus en plus marquées des éle- veurs vers le cheval fin, etc., nous nous voyons obligé, sous peine de nous butter à des inconvénients analogues à ceux qui nous ont fait rejeter les divisions précédentes, de proposer une classification nou- velle qui, intercalant uù groupe intermédiaire entre les races fines et les races communes, permettra au lecteur de se faire plus facilement, à première vue, une idée des différents types renfermés dans chaque division. Cette classification que nous proposons, et qui se rapprochej d'ailleurs, de celle adoptée par M. Gayot, partage nos races chevalines domestiques en trois groupes : les races fines ou légères, lesrace* inter- S90 liACES CHEVALINES. médiaires ou demi-fines^ et les races communes ou hjurdes^ sul)divisées elles-mêmes en races de iest, du nord, du centre, de F ouest, elc, Maintenant, afin d'éviter toute ambiguïté et de prévenir certaines critiques, nous ferons observer que, par races fines, nous n'entendons pas exclusivement «celles qui sont de pur sang ou qui ont été croisées avec un animal de pur sang » , de même que, dans la catégorie des races communes, nous ne comprenons pas seulement « celles qui n'ont jamais été croisées avec une race de pur sang » . Tenant relativement peu compte de l'origine, nous nous laisserons surtout guider, pour ranger une race dans telle ou telle catégorie, par les caractères extérieurs et les aptitudes. Noire division, enfin, est basée sur la forme et les aptitudes, et non sur l'origine. I. RACES FINES OU LÉGÈRES Parmi les races fines, nous comprenons celles dont les rcprésenlauts, utilisables au trot ou au galop, peuvent se monter ou s'atteler, et même souvent s'atteler et se monter tout à la fois. C'est dans cette catégorie que l'on range les races dites de pur sang (cheval anglais de course, cheval arabe), et celles qui fournissent la plupart des chevaux de cavalerie légère et môme de ligne. Nous étudierons successivement ces races dans les différents pays où ouïes rencontre. A. — KACICS FI.NES OItIKINTALES Beaucoup d'auteurs, avec M. Sanson, n'admettent qu'une seule race orientale : la race asiatique [E. C. asiaticiis), donl le principal repré- sentant est Varabe. D'autres, au contraire, avec M. Piètrement, aftirnienl que deux races sont nées eu Asie : la race asiatique proprement dite, à laquelle ils donnent le nom de race aryenne [E. C. aryamis), et la race niongolique, dongolâwiou turcomane {E. C. mongoliens), représentée principalement par le cheval /';«r(6e, et que M. Sanson croit originaire de la Nui)ie ; d'oti le nom de race africaine ou nubienne [E. C. africamis) qu'il lui donne. Sans prendre catégoriquement parti pour les uns contre les autres, DES RAGES CHEVALINES EN PARTICULIER. 597 nous avons fait valoir, à propos de l'origine du cheval, les raisons qui nous semblent militer en faveur delà thèse de M. Piètrement, et nous avons accepté sa manière de voir. C'est pourquoi nous décrirons, parmi les races orientales, les races arabe et barbe (1). Que celles-ci, d'ailleurs, soient origiuaires ou non d'Orient, cela n'a guère d'importance en ce qui concerne leur description. Le prin- cipal est que nous connaissions leurs caractères et leurs aires géo- graphiques actuelles. a. — RACE ARADE Considéré avec raison comme le modèle achevé du cheval de selle et de guerre, \ec//cvai ara/ie(P\.X\\ fig. 1) se distingue entre tous par son élégance, l'harmonie de ses formes, son énergie, sa résistance à la fatigue et aux privations. Nul autre cheval ne possède à un aussi haut degré que lui les qualités fondamentales de l'espèce. Dans son organisation, tout est au tilre le plus élevé et dans un équilibre parfait. Pur de tout mélange, il est le type de la beauté artistique dans son espèce; c'est une œuvre d'art. Sa tête surtout est remarquablement belle par sa forme, par son attache et par son expression. Le front est large, carré; l'œil grand, bien ouvert, à fleur de tète, annonce l'intelligence et l'énergie; les paupières sont entourées d'un cercle noirâtre qui donne à la physio- nomie une expression particulière de douceur et fait dire du cheval arabe qu'il a le rerjard ami ; les oreilles sont bien dirigées, petites et très mobiles; la face est relativement courte et le chanfrein droit; les naseaux sont larges, très ouverts; la bouche est moyennement fendue ; les lèvres sont minces et fermes; les joues sont plates ; l'auge est bien évidée. L'encolure, bien sortie et gracieuse, ne paraît un peu courte que parce qu'elle est très musclée. Le garrot, sec et élevé, se prolonge fortement en arrière; la ligne (1) n Qu'on appelle les clievaux arabes, barbes, turcs, persans, peu imporle, dit le gé- néral Daumas, toutes ces dénominations ne sont que des prénoms. Le nom de famille est cheval d'Orient. » ((lénéral E. Daumas, /oc. rit., p. 2il.) 51)8 RACES CHEVALINES. dorso-lombaire, bien dirigée, bien musclée, bien soudée à la croupe, peut être donnée comme un type de beauté; la croupe a une confor- mation irréprochable; la queue est élégamment portée et garnie de crins très longs, fins et soyeux; la poitrine est ample; les côles sont bien des- cendues et arrondies, surtout en arrière de l'épaule; les flancs sont courts. Les membres sont ordinairement bien dirigés et toujours solidement charpentés: l'épaule surtout est remarquable par sa longueur, sa musculature et sa direction; l'avant-bras est long, bien musclé; le genou large; le canon court; les tendons sont forts, denses, nettement détachés; le paturon est souvent un peu long; la jambe bien des- cendue et bien musclée ; les sabots, enfin, sont grands, larges, et cons- titués par une corne dure et élastique (1). La taille du cheval arabe est un peu petite : l'",48 en moyenne, mais « dans cette race, comme dans toutes les autres, dit Vallon, elle est en rapport avec la quantité et la quahté des aliments que les animaux reçoivent. Elle est élevée dans les pays fertiles ;. petite dans ceux qui ne le sont pas. Le cheval des contrées arides, rocheuses et accidentées, comme le Nedj, n'a que 1"'40, au plus ; tandis que celui qui vit dans les pays riches et fertiles, tels que les plaines de la Mésopotamie arrosées par l'Euphrate ou le Tigre, dans les vallées de la Bekaka, d'Antioche et de l'Oroute, dans le Ilaurau, eu Syrie, atteint jusqu'à 1°',58 (2) ». La robe est le plus souvent blanche ou gris clair; mais les sujets de robe foncée, noire, baie ou alezane ne sont cependant pas rares. Le cheval arabe est doué d'un tempérament sanguin et nerveux que décèlent la finesse de sa peau, de ses crins et de ses poils, la fermeté de ses chairs et la densité de sa corne. 11 supporte admirablement les privations et se contente d'aliments et de boissons que ne prendraient pas les chevaux européens. 11 résiste supérieurement aux fatigues, et sa robuste organisation lui permet de vivre sous tous les climats, dans les contrées très chaudes et dans les contrées très froides. Sa douceur et sa docilité le rendent d'un dres- sage facile et prompt. (1) En France, cependant, surtout dans les pays du nord, tout le monde sait que les pieds des chevaux arabes et barbes présentent l'inconvénient de se resserrer et do s'encarteler tics fréquemment, par suite des brusques alternatives de sécheresse et d'humidité auxquelles ils se trouvent souvent exposés. (-2) Vallon, loc. cil., t. H, p. 583. DES RAGES CHEVALINES EN PAUTIGULIEll. 599 « On pense encore généralement en Europe, dit Vallon, que depuis plus de 2000 ans, les Arabes inscrivent la généalogie de leurs chevaux sur des registres; que la saillie de leurs juments et la naissance de leurs poulains ont lieu en présence de témoins; qu'un acte authen- tique, diiment légalisé, est établi pour constater la généalogie des produits. Rien n'est moins vrai que cette opinion, introduite chez nous par des voyageurs européens, et qui a pris sa naissance dans les récits inventés à plaisir par les maquignons des bords de l'Euphrate, de Damas, d'Alep, de Hamah, etc., pour exploiter la crédulité des Européens et vendre leurs chevaux bien au-dessus de leur valeur Si, au désert, on demandait à un Anezé, ou à tout autre nomade, l'extrait de naissance du cheval qu'il vend, il se rirait de notre cré- dulité. 11 est vrai que les maquignons qui conduisent des chevaux aux marchés de Bagdad, de Bassora, de Damas, d'Alep, de Médine, de la Mecque, ont soin de leur mettre au cou des sachets contenant un soi-disant extrait de naissance, mais ce sont là, nous le répétons, des moyens frauduleux, employés pour exploiter la crédulité des Euro- péens. Il serait, du reste, très curieux, ajoute l'auteur précité, qu'un peuple qui n'a pas d'état civil, eût, pour ses chevaux, une généalogie établie depuis plus de 2000 ans et tenue parfaitement en règle (1) ». La vérité est que les Arabes ne connaissent la généalogie de leurs chevaux que jusqu'à la deuxième et rarement à la troisième géné- ration. Ils ne s'entendent, d'ailleurs, ni sur le nombre des variétés ou familles diverses que comprend la race arabe, ni sur les caractères propres à chaque variété. Tous les habitants de la Syrie s'accordent pourtant pour diviser les chevaux en deux grandes classes: 1" les chevaux nobles, koheil ou nedjdi; 2° les chevaux communs, ou guédich. Quoi qu'il en soit, le coursier arabe fait partie intégrante de la famille nomade; il est le compagnon aimé du musulman, l'agent prin- cipal de sa puissance, et il inspire aux poètes de la tente leurs chants les plus enthousiastes. « Chez un peuple pasteur et nomade, dit le général Daumas, qui rayonne sur de vastes pâturages, et dont la population n'est pas en rapport avec l'étendue de sou territoire, le cheval est une nécessité (I) Vnllon, Joe. cil., f. Il, pp. 388 et 489. COO RAGES CHEVALINES. de la vie. Avec son cheval, l'Arabe commerce et voyage, il surveille ses nombreux troupeaux, il brille au combat, aux noces, aux fêtes de ses marabouts; il fait l'amour, il fait la guerre; l'espace n'est plus rien pour lui (1). » Aussi, de tout temps, chez les Arabes, le cheval a-t-il été l'objet de la plus grande sollicitude, et celte sollicitude, le Prophète n'a négligé aucune occasion de l'entretenir, de la développer ou de l'augmenter par le sentiment religieux. C'est lui qui a dit : « Le bonheur daus ce monde, un riche butin et les récompenses éternelles sont attachés au toupet des chevaux... « L'argeut qu'on dépense pour les chevaux passe, aux yeux de Dieu, pour une aumône qu'on fait de sa propre main (( Chaque grain d'orge qu'on donne au cheval est inscrit par Dieu dans le registre des bonnes œuvres etc., etc. » Alliés à des exercices gradués, les soins que les Arabes prodiguent à leurs chevaux conduisent rapidement ceux-ci à ce haut degré de puissance qu'ils atteignent à l'âge adulte. Malheureusement, nous devons à la vérité de dire que, dans un grand nombre de contrées oii jadis il atteignait ses plus hautes qualités, le cheval arabe n'est plus aujourd'hui que l'ombre de lui-même. Sa production, d'ailleurs, n'est pas seulement moins soignée, mais elle diminue dans des proportions considérables. Nous constaterons surtout ce fait en ce qui concerne le cheval des États Barbaresques. Les principaux centres de production du cheval arabe sont mainte- nant en Arabie^ eu Syrie et en Mésopotamie, surtout en Syrie. C'est de là que se tirent les étalons les plus estimés. Mais la race peuple actuel- lement tous les pays musulmans de l'Asie, de l'Afrique et de l'Europe, depuis la Perse jusqu'au Maroc, en passant par l'Arabie, l'Egypte, la Turquie, la Tunisie et l'Algérie. b. — RACE DAUBE OU DERBÈRE La race barbe, que nous avons considérée, avec la race arabe, comme originaire de l'Asie, d'où elle aurait été introduite en Egypie lors de (I) Général E. Damnas, hc. cit.. p. rtO. DES UAGES CHEVALINES EN PARTICULIER. 601 l'invasion des Hyksos (1), est décrite par M. Sanson sous le nomd'espèce africaine [Equus cabaîhis africains), cet auteur la considérant comme née en Nubie. C'est elle qui est connue deségyptologues sous le nom de race don- golâwi et que M. Piètrement propose d'appeler race louranienne ou mongolique [E. C. mo/iffoHcus), en raison de l'origine qu'il lui assigne. Le cheval barbe est plus anguleux que l'arabe. Sa tête est busquée ; ses oreilles sont bien dirigées; ses naseaux relalivement étroits. Son encolure, généralement grêle et renversée (encolure de cerf), présente souvent le coup de hache. Sa poitrine est moins ample, sa croupe plus étroite et plus oblique que chez le cheval arabe. Son garrot est bien sorti et sec. Ses membres sont un peu longs, avec des cuisses généralement grêles et des aplombs souvent défectueux. Le cheval barbe, en effet, est fréquemment panard du devant et clos du derrière. De plus, les avant-bras et les jambes sont un peu courts. Il a, d'ailleurs, tous les caractères de finesse et de distinction qui appartiennent aux chevaux orientaux sans exception. Ce cheval est peut-être le plus sobre et le plus rustique de tous ceux de l'Orient. Suivant l'émir Abd-el-Kader, le cheval berbère, loin d'être une dé- générescence du cheval arabe, lui serait au contraire supérieur. Les Berbères auraient autrefois occupé la Palesline et c'est là qu'ils au- raient élevé ce cheval, qui est devenu le modèle des chevaux de guerre. Amenés eu Afrique par les vicissitudes de leur vie aventu- reuse, ils y auraient soigneusement conservé l'hôte de leurs tentes, l'instrument de leurs chasses, le compagnon de leurs combats. Leurs chevaux auraient gardé des qualités si éminentes qu'un souverain d'Asie, engagé dans une guerre périlleuse, aurait fait venir des cour- siers berbères (2): Cinquante années de guerre en Afrique et surtout la campagne de Crimée ont, d'ailleurs, démontré qu'il est excellent cheval de guerre et qu'il résiste aussi bien aux plus grandes chaleurs qu'au froid le plus rigoureux. « Tandis que les beaux chevaux anglais tant vantés, et d'ailleurs pouvant rendre de bons services dans certaines conditions données, dit M. Richard, périssaient si rapidement en Orient, nos (1) Regardés généralement comme Touraniens. (2) Voy. général E. Daiimas, loc. cit. {Lettre de l'émir Abd-cî-Kade)-), p. ^10. 602 RACES CHEVALINES, petits chevaux d'Afrique y supportaient la fatigue d'une manière ad- mirable (1).» M. le général Daumas a publié à ce sujet un certain nombre de lettres qui, toutes, se rapprochent plus ou moins de la suivante : Devant Sébaslopol, le 30 mars 1855. « Nos clievaux d'Afrique ont admirablement supporté les rigueurs de l'hiver, les privations et les fatigues. On croyait qu'ils ne pourraient endurer ni le froid, ni la neige, ni la gelée, et cependant ils sont sortis victorieux de toutes ces épreuves qui, Dieu le sait, ne nous ont pas fait défaut, sans autre abri qu'une simple couverture. « C'est une race admirable ! Vous l'avez popularisée en France par votre ouvrage des Chevaux du Sahara; la guerre d'Orient vient de la populariser en Angleterre. « Les Anglais nous offrent des prix fabuleux des chevaux barbes que nous avons ici, mais vous comprenez que les marchés sont très rares : nous en avons besoin et nous les gardons n Le Général chef d'Étal-major du 2° corps, « De Cissey. » La taille du cheval barbe est généralement plus élevée que celle de l'arabe. La robe est la même. Le cheval berbère se trouve en Perse et surtout en Egypte, en Nubie, en Algérie, en Tunisie et dans le Maroc. Bien que ses caractères généraux restent les mêmes dans les diffé- rentes contrées où on le rencontre, il présente cependant, dans cha- cune d'elles, quelques particularités assez saillantes pour qu'il soit utile d'en dire un mot. C'est pourquoi nous allons décrire brièvement ici les chevaux algé- riens, marocains et tunisiens. r Chevaux algériens. — Les trois départements algériens sont loin d'avoir une population chevaline homogène. Celle-ci pré- sente, dans chacun d'eux, des différences assez notables, tant comme nombre que comme qualité des individus. Relativement au nombre, la division de Constantine est la plus riche ; celle d'Alger la plus pauvre. Quant à la qualité, le cheval qui vient à'Oran est plus grand, plus (I) l^ichard, loc. cit., p. 432. DES RAGES CHEVALINES EN PARTICULIER. 603 éloffé, mieux membre, présente plus d'harmonie que ceux des autres provinces, et la renioute est aussi plus homogène. Le cheval à' Alger a généralement moins de taille, le corps bien développé ; mais ses membres sont souvent un peu grêles. Le cheval de Comtantine a la taille élancée, de la force, de l'éner- gie ; mais il laisse aussi à désirer sous le rapport des membres, dont les articulations sont étroites, notamment celle du jarret. 2° Chevaux tunisiens. — Les chevaux de la Régence de Tunis furent longtemps les plus beaux représentants de la race barbe. Mais, actuellement, à part quelques exceptions, la population chevaline est dans un complet étal d'abâtardissement. Voici, d'ailleurs, les princi- paux caractères du cheval tunisien, d'après la notice que nous faisions paraître en 1883 (1) : Tête expressive, bien portée ; oreilles un peu longues, mais droites et bien plantées; œil vif, intelligent; chanfrein ordinairement busqué, plus rarement droit ; naseaux généralement étroits ; ganaches très rapprochées ; poitrine étroite ; dos court, droit, souvent de mulet ; garrot élevé, sec, tranchant, très reporté en ar- rière ; reins assez bien attachés, quoique un peu longs la plupart du temps; croupe légèrement oblique et longue ; fesses bien descendues; cuisses et jambes longues, obliques, bien musclées ; épaules géné- ralement droites; avant-bras longs, bien musclés; canons faibles et tendons presque toujours fortement faillis; paturons longs et obli- ques; jarrets assez larges et épais, mais ordinairement beaucoup trop coudés. La taille est petite et oscille entre 1"',38 et 1°,48. Les aplombs se montrent généralement défectueux: les chevaux tunisiens sont presque toujours sous eux du devant et du derrière; ils sont, en outre, la plupart du temps, panards des membres antérieurs et clos du derrière. Aussi, malgré une énergie, une force de résistance étonnantes, le cheval tunisien ne peut-il faire, dans la plupart des cas, qu'un piètre cheval de cavalerie. Le plus regrettable, c'est que cette décadence du cheval arabe est plus ou moins manifeste dans tout le nord de l'Afrique. 3° Chevaux marocains. — Comme le cheval tunisien, et peul- (I) E. Alix, loc. cit., pp. 7 à 30. 60i IIACES CHEVALINES. être plus encore, le cheval marocain est en pleine décadence. D'après VuUon, c'est le plus mauvais des chevaux harhes. n. — n\ci;s Liitiiiirs rnvxçvisiis La France possédait autrefois nu grand nombre de races chevalines légères, en général très estimées. Toujours soumises aux mêmes con- ditions de milieux et de nourriture, pures de tout mélange, ces races se conservaient avec leurs caractères particuliers et se distinguaient facilement l'une de l'autre. Mais aujourd'hui, grâce aux progrès de l'agriculture, à la facilité des moyens de communication, et surtout aux croisements souvent intempestifs dont nos anciennes races légères ont été l'objet, fréquem • ment même les victimes, « elles se sont plus ou moins profondément modifiées, à tel point qu'on a de la peine à retrouver, dans les che- vaux de nos jours, les types d'autrefois ; quelques-uns ont même complètement disparu (1) ». « Aujourd'hui, dit d'autre part M. Richard, il n'y a plus de trace des anciennes races légères de chevaux français. En examinant nos régi- ments de cavalerie, ce que nous avons fait bien souvent, il est impos- sible de reconnaître un cheval né eu Auvergne, eu Limousin, aux Pyrénées, ou ailleurs : on a défait les races (2). » C'est donc surtout aux races légères que s'apphque la conclusion que nous avons cru devoir tirer de notre définition de la race. Comme nous le verrons, la plupart ont une origine oi'ientale. 1. — Races légères du Centre a. — CHEVAL LIMOUSIN Le cheval limousin occupait jadis le premier rang parmi les che- vaux fins français; il était même considéré ta juste titre comme le type du cheval de guerre : (I Dans le passé, la race limousine plane, sur toutes les autres et les (1) A. Vallon, lue. cit., p. 488, I. 11. (2) Richard, loc. cit., p. 4H. DES RACES CHEVALINES EN PARTICULIER. 603 domine; de toutes, elle a élé la plus accréditée en Europe; ou eu avait fait une gloire nationale (1). » D'après Vallon, le cheval limousin était plein de bonnes qualités ; il était doux, souple, élégant, adroit, sûr dans les mauvais chemins, in- telligent et sobre. « C'était, dit d'autre part M. Sanson, le cheval de selle le plus élégant et le plus estimé de nos pères. Il avait les mem- bres fins et nerveux, d'une solidité comparable à celle de l'acier, et avec cela un courage et une énergie sur lesquels son cavalier pouvait toujours compter (2). » « Lorsque la race limousine, la plus belle de France, écrit enfin Grognier, était dans toute sa vigueur productive, elle fournissait les écuries de la cour, motilait les grands seigneurs et les officiers géné- raux ; ce qu'elle offrait de moins distingué servait aux remontes de deux régiments de hussards et de deux régiments de dragons. » Cette opinion des auteurs précités sur l'ancien cheval limousin est, d'ailleurs, celle de tous les hippologues réellement dignes de ce titre. Aussi, nous dispenserons-nous de réfuter les dires de certains auteurs fantaisistes qui, dans ces derniers temps, ont voulu nous prouver que les qualités de certaines de nos anciennes races, parmi lesquelles la race limousine, étaient absolument négatives. La plupart des hippologues s'accordent à regarder le cheval limou- sin comme datant de l'occupation de l'Espagne par les Maures et de l'invasion des Sarrasins dans toute la partie méridionale de la France. Ce cheval, dont les caractères distinclifs étaient ceux du barbe, avait son centre de production dans la Haute-Vienne ; mais ou ignore l'époque de sa plus grande splendeur: Dès 1770, en elTet, Bourgelat écrit qu'il est en pleine décadence; tandis que, d'après Ilouël, il aurait atteint son apogée vers la fin du règne de Louis XV. Quoi qu'il en soit, sous la première République et le premier Empire, le Limousin fournit encore un grand nombre de bons chevaux de troupe. Tout le monde sait, en effet, que les vieux soldats de celte époque les avaient baptisés du titre pittoresque de mangeurs de baïonnettes^ voulant par là faire allusion à l'ardeur avec laquelle ils se précipitaient sur les rangs ennemis. (1) L. Moll et E. Gayot, loc. cit., p. 4S8. (2) A. Sanson, loc. cit., t. IH, p. 30, 606 RAGES CHEVALINES. D'ailleurs, en 1814, on a remarqué que, de tous les types de che- vaux utilisés par les armées françaises et alliées, le cheval limousin avait incomparablement le mieux résisté. Les différents croisements que l'ancienne race limousine a successi- vement subis avec le cheval arabe, le cheval espagnol, le pur sang anglais, l'ont profondément modifiée. Aussi, le cheval limousin actuel n'a-l-il plus la même conformation physique et les mêmes qualités que son ancêtre. L'étalon anglais, qu'on a presque exclusivement employé dans les croisements à partir de 1830, agrandi sa taille et lui a donné des allures plus rapides ; mais ses membres sont devenus moins solides, ses côtes se sont aplaties, et sa résistance aux fatigues, sa sobriété, sa douceur même, ont considérablement diminué. En somme, l'introduction du pur sang anglais dans le Limousin a été plus nuisible qu'utile. <( Aussi, dit M. Richard, le pays renonce-l-il à l'accepter aujourd'hui après des épreuves qui lui ont coulé cher ; il livre ses juments au baudet, malgré sou goût naturel pour l'élevage du cheval léger. « Pour multiplier et améliorer le cheval auvergnat, produit brut de la nature des montagnes et si renommé comme cheval de guerre, il faut, poursuit l'auteur précité, un cheval qui, comme lui, soit produit brut et ne doive pas ses qualités aux raffinements longtemps étudiés d'un élevage artificiel. Non seulement une saine théorie l'indique, mais les faits le prouvent (I). » Malgré tout, le Limousin est encore un centre important de pro- duction. Les départements de la Haute-Vienne, de la Creuse et de la Corrèze élèvent un assez grand nombre de chevaux ; mais la produc- tion dépassant de beaucoup l'élevage, une partie des poulains est exportée chaque année, dès l'âge de un an à deux ans, dans les diffé- rents départements du sud, du sud-ouest et de l'est. C'est dans la Haute-Vienne que se trouvent les plus beaux représen-» lants du cheval limousin ; toutefois, leur conformation les rend plus propres aux services du luxe qu'au rude métier de la guerre. Moins grands et moins distingués que ceux de la Haute-Vienne, les chevaux de la Creuse sont plus solides, mieux proportionnés etfor- (1) Richard, loc. cit., p. 402. DES RAGES CHEVALINES EN PARTICULIER. C07 ment la majeure partie des animaux que le dépôt de remoule de Guéret envoie dans les corps de troupe. b. — CHEVAL AUVERGNAT Lq?> chevaux auvergnats, également d'origine orientale, diffèrent des chevaux limousins par une moindre élégance. « Leurtêle paraît plus forte, parce qu'ils sont plus petits; leur croupe est plus courte, plus anguleuse et plus basse ; leurs membres postérieurs sont moins longs ; ils ont les jarrets crochus et ils sont clos, avec des paturons courts (1). » Comme le cheval limousin, l'auvergnat a été complètement modifié par les croisements étrangers, surtout par le pur sang anglais : il est plus grand, plus distingué de l'encolure, de la tête, de la croupe, que celui d'autrefois ; mais il a la côte plate, les reins mal attachés, les membres grêles, et se montre beaucoup moins sobre, moins rustique, en même temps que très quinteux. « C'est un des effets ordinaires de l'intervention de l'étalon anglais, dit M. Sanson. Avec l'énergie native de cet étalon, les produits héri- tent d'une constitution physique insuffisante, dont ils souffrent; leurs membres longs, grêles et mal articulés, ne peuvent répondre aux mouvements que commande la volonté; le caractère s'aigrit et ils de- viennent promptement vicieux (2). 1) Le Cantal fournit les meilleurs chevaux de l'Auvergne. Ceux-ci, d'ailleurs, quoique moins bons qu'autrefois, font un service convenable dans les régiments de chasseurs et de hussards. 2. — Races légères du Midi a. — CHEVAL NAVARRIN, DE TARDES, OU BIGOURDAN Introduit en France, selon les uns, après qu'il eut été implanté eti Andalousie par les Maures, en même temps, d'après les autres, mais, comme toujours, accompagné de l'autre type oriental, le cheval arabe a formé, dans le sud-ouest de la France, une population chevahne très renommée, connue autrefois sous le nom de race navurrinc. (1) A. Sanson, loc. cit., t. III, pp 30 et 31. (2) A. Sanson, lac. cit., t. 111, p. 31. 608 ItACES CllliVALlNliS. 1° Cheval navarrin. — Bien qu'où ne sache pas au juste quelle était la conformation de l'ancien cheval navarrin, il y a tout lieu de croire qu'il tenait le milieu entre le cheval arabe et le cheval andalou. On n'est pas plus fixé, d'ailleurs, sur l'époque de sa plus grande prospérité. Tout ce que l'ou sait à ce sujet, c'est que déjà les auteurs de la fin du siècle dernier le représentent comme en pleine dégénéres- ceuce ; il lui manquait, disait-on, « des membres et du corps ». l''ig. loi. — Le cheval bigourdan. Quoi qu'il en soit, depuis longtemps ce cheval n'existe plus à l'état de pureté; les croisements qu'il a successivement subis avec le cheval arabe et le cheval anglais l'ont profondément modifié. Sous l'Empire et la Restauration, le cheval arabe fut à peu prés ex- clusivement employé à améliorer la race navarrine, dont on fit ainsi le cheval tarbéen. 2° Cheval tarbéen. — Le cheval tarbéen avait une taille moyenne DES RACES CHEVALINES EN PARTICULIER. 005 de r, 50; une lêtepelile, expressive, large supérieurement comme celle du père ; une encolure bien sortie et bien musclée; un poitrail laro-e; une croupe puissante; des membres courts, bleu musclés, secs et d'aplomb. A ces qualités, le cheval tarbéen joignait une douceur, une sobriété et une rusticité qui le faisaient très estimer dans les corps de troupe. 3" Cheval bigourdan. — A partir de 1833, on voulut élever la taille du cheval tarbéen, allonger ses allures, sous prétexte de le mettre plus en rapport avec les besoins de l'époque. Dans ce but, on intro- duisit à Pau et à Tarbes l'étalon de pur sang anglais, et le cheval hujourdun (tig. 161 du texie) fit place désormais au cheval tarbéen. Le cheval bigourdan a plus de (aille que son prédécesseur : il arrive jusqu'à r,60. Par son encolure, il ressemblée sou père; mais sa tète, quoique large dans la région du front, est plus longue que celle du type améliorateur. Il a, d'autre part, un garrot bien sorti, une croupe longue et horizontale; mais ses côtes sont plates; ses membres, longs et grêles, ont des articulations étroites et sont très prédisposés aux tares. Il s'ensuit que ses allures sont plus allongées et plus viles, mais qu'il est beaucoup moins doux, moins sobre, moins résistant aux fatigues que le cheval tarbéen. « On en a fait, disent MM. MoU et Gayot, une bêle bâtarde et disgracieuse, plaie et décousue, qui n'a plus rien d'harmonique dans la structure et qui ne présente plus aucune des conditions qu'on recherche avec raison chez les types, chez les repro- ducteurs d'élite, même dans les races secondaires (1). » « Si on avait bien étudié les ressources des cultivateurs éleveurs, écrit d'autre part M. Richard, on se serait gardé de les prendre pour des lords anglais, de les croire capables d'élever des chevaux comme eux. Au lieu de leur imposer des Fang, des Kam, des RcvclUr, des Marc-Antoiiw, etc., etc., qui ont empoisonné leurs races, on leur aurait donné des étalons bien adaptés à leur genre de culture, cà leurs res- sources elcà celles de leur sol (2). » Seules les contrées riches et fertiles produisent quelques beaux chevaux bigourdans; encore est- il indispensable que les éleveurs s'en tiennent à un premier ou à un second croisement. Les Hautes et les (1) L. MuU et E. Guyol, loc. cit., p. 402. (2) Richard, loc. cit., pp. 405 et 406. Le Cheval. 39 CAO RACES CHEVALINES. Basses-Pyrénées sont les principaux centres de production des che- vaux bigourdans; mais on en trouve aussi dans le Gers. Les plus beaux viennent des plaines de Tarbes, des euvirous de Bagnères, de Lourdes, de Vie, de la vallée d'Argelès. Tel qu'il est, le cheval dont nous nous occupons est une précieuse ressource pour la remonte de la cavalerie légère. Avant de terminer ce qui a trait au cheval bigourdan, nous devons insister sur ce point que, malgré ses défauts, c'est encore un cheval d'élite. 11 pourrait même, à notre avis, constituer la matière première d'un cheval au moins égal en son genre au pur sang anglais. Grâce à ses caractères mixtes entre ceux du cheval de luxe et ceux du cheval de guerre, rien ne s'opposerait, d'ailleurs, à ce qu'on en fit deux va- riétés : l'une qui tournerait vers le luxe par la gymnastique fonction- nelle, les soins, la nourriture, etc. ; l'autre, plus robuste, qu'on des- tinerait à l'armée. Nous livrons cette réflexion, sans plus de commentaires, aux hommes spéciaux qui voudront bien nous lire. i. — CHEVAL ARIÉGEOIS Le cheval de fAriège a tous les caractères du type des montagnes. Sa taille est petite : l^jiS à ï'^^ï^d au plus; sa tête est lourde et son encolure grêle; son garrot est bas et sa croupe avalée; ses pieds an- térieurs sont panards et ses jarrets clos ; sa poitrine, enfin, est étroite. Tous ces caractères, que n'a fait qu'accentuer l'introduction dans le pays de quelques étalons anglais, rendent le cheval ariégois plat, anguleux et disgracieux. C'est, toutefois, un animal qui joint à une grande agihté et à beaucoup d'adresse un tempérament robuste, une santé à toute épreuve et une cirdeur infatigable. Aussi s'acclimate-t-il très bien dans les corps de troupe et y rend-il de bons et longs services. C. — CHEVAL CERDAN Quoique élevé sur un des plateaux des Pyrénées-Orientales appelé la Cerdagne, situé à 1600 mètres au-dessus du niveau de la mer, le cheval cerdan a une taille relativement élevée : celle de la cavalerie de ligne DES RAGES CHEVALINES EN PARTICULIER. 6U (dragons). Cela tient à l'abondance et à la bonne qualité de la nour- riture. Tout porte à croire qu'il est originaire d'Espagne, car il a conservé en grande partie les caractères du cheval andalou : de robe ordinai- rement noire, il ne manque ni de cachet ni de distinction. Sa tête est busquée, son encolure rouée, sa poitrine ample, son garrot bas, sa croupe tranchante; ses membres, enfin, sont solides, et ses pieds excellents. La remonte et le commerce français achètent peu de chevaux dans la Cerdagne; le principal débouché de la race est l'Espagne. d. — CHEVAL LANDAIS Le cheval landais naît dans le département des Landes, y vit sans abri, à demi sauvage, et n'a pour foute nouiriture que celle qui lui est fournie par le sol aride des laudes. Aussi est-il d'une sobriété remarqual)le et d'une grande rusticité. (c Sa taille, disent MM. Moll et Gayot, varie de l'",10 à l'",30; sa tète est petite et carrée, son œil vif et intelligent; il a le garrot saillant, le, poitrail étroit, la croupe décHve, la membrure mince, mais nette et solide. Ces imperfections ne rendent pas le cheval gracieux; elles n'ôtent rien cependant aux qualités réelles dont le cheval landais fait preuve au travail : il y est plein de bonne volonté et infaligable (1). » Ou a toujours obtenu de mauvais résultats du croisement de ce cheval avec des étalons de haute taille, en particulier avec le pur sang anglais; n mais, dit M. le vétérinaire principal Goux, on a eu de bons chevaux, lorsqu'aux petites juments indigènes on a donné des étalons arabes, petits eux-mêmes, et que les produits ont été conve- nablement nourris. » Malgré tout, le cheval landais est rarement propre aux services mihtaires; mais il convient pour les travaux agricoles. e. — CHEVAL MÉDOCAIN Ce cheval naît dans la partie sud du département de la Gironde (I) L. Moll et E. Gayot, loc. cit., pp. 480 cl 4SI. 612 RACES CHEVALINES- (Bas-Médoc) et résulle du croisement de la jument indigène avec l'étalon anglais ou anglo-normand. Par sa taille relativement grande il est propre au service de la cavalerie de ligne ; mais^, par ses autres caractères, il convient peu à l'armée. Il a la tête forte et empâtée, l'encolure droite, le garrot bas, les reins longs, la croupe courte, les côles plaies, le ventre volumineux, les membres faibles, les articulations étroites et les aplombs irréguliers. D'autre part, « la fierté sauvage de la variété naturelle a fait place au caractère quinteux qui est le propre de la faiblesse corporelle, associée avec une grande susceptibilité nerveuse, des natures nobles que la misère a dégradées (1). » f. — CHEVAL CAMARGUE La Camargue nourrit, à l'état demi-sauvage, une race équestre que l'on fait descendre, comme toutes celles que nous venons d'examiner, du cheval oriental. « S'appuyant sur l'histoire, dit M. Gayot, la tradition voit l'origine du cheval Camargue dans l'introduction de chevaux arabes ou numides aux environs d'Arles, lorsque, vers l'an 629 de Rome, Flavius F'iaccus vint pour occuper le pays. Cette première importation aurait été fortifiée, accrue, lors de l'établissement de la colonie de Julhi, puis renouvelée à deux reprises différentes pendant le séjour des Sarrasins en Pro- vence, vers 730, et ensuite à l'époque plus récente des croisades (2). » Dans le delta du Rhône, comme dans les landes de Gascogne, d'ail- leurs, l'usage des ferrades, ou courses pour marquer les taureaux et les vaclies, a été conservé, non seulement pour fournir aux hommes et aux chevaux l'occasion de montrer leur vigueur et leur adresse, mais encore pour faire les preuves à la suite desquelles le plus digne des coursiers est choisi comme étalon ou grignon de ces troupeaux de chevaux qui, dans la Camargue, forment de véritables haras sauvages connus sous le nom de manades. Le cheval de la Camargue est petit et ne dépasse guère 1",32 ou t°',34. Sa robe est toujours grise. Sa tête est un peu grosse, mais bien attachée; son œil est vif; son encolure grêle; son garrot ne manque (1) A. Siinsoii, loc. cit., PII. 33 et 3i. (2) L. Moll et E. Guvot, hic. cit., p. 433. DES RACES CHEVALINES EN PARTICULIER. Gi3 pas d'élévation, quoique l'épaule soit droite et courte; ses reius sont longs et mal attachés; sa croupe est courte et avalée; ses cuisses sont maigres ; ses jarrets clos, mais épais et forts ; l'articulation du genou est faible et le tendon failli; le pied est solide, très sûr, mais large et souvent un peu plat. Cet animal est sobre, robuste, très résistant; mais il est à peu près perdu aujourd'hui, et perdu sans retour. « C'est devant une agriculture progressive qu'il s'efface et s'éteini; le dépiquage était sa spécialité, et voilà que le battage des grains s'ef- fectue par un procédé meilleur, plus économique, à l'aide d'un moyen plus rationnel; c'est le sort inévitable de toutes choses dont l'usage est aussi restreint (1). » II est pourtant certain qu'à l'aide d'étalons utiles à la bonne repro- duction, d'étalons arabes, par exemple, et d'une très légère améliora- tion dans la nourriture et l'hygiène, on peut arriver à donner aux ani- maux une plus-value considérable. L'expérience a toujours été tentée avec un plein succès; mais elle n'a malheureusement pas été pratiquée avec l'esprit de suite nécessaire par les propriétaires, toujours absents de leur île. Toutefois,, comme le besoin du cheval ne disparaîtra pas, il est à présumer que celui-ci s'améliorera, petit à petit, tout naturellement, comme l'agriculture elle-même. D'autres individualités naîtront alors; la population renouvelée, d'abord incertaine et mêlée, se confirmera plus tard sous les efforts du temps et sous l'action d'une nourriture meilleure, de soins mieux entendus, toutes influences nouvelles issues d'un système général d'agriculture plus avancée. g. — CHEVAL CORSE « En Corse, dit xM. Sanson, les chevaux ont de \'",\^ à l'",35; ils sont de robe noire ou alezane, baie quelquefois, rarement grise. Quant à leur conformation générale, elle ne diffère point de celle des variétés voisines du continent (2). » Ils en possèdent, d'autre part, toutes les qualités et tous les défauts. Tout ce que l'on pourra tenter en faveur de la population chevaline (1) L. Moll. et E. Gayol, loc. cit., p. 459. (2) A. Sanson, loc. cit., t. IIF, p. 33. 6i4 RACES CHEVALINES. de la Corse sera inutile si l'on ne révolutionne [)as auparavant l'agri- culture du pays. C'est, d'ailleurs, une vérité applicable à tous les pays pauvres ou arriérés dont on veut améliorer les chevaux. Pour ne pas l'avoir comprise, nous avons perdu quelques-unes de nos meilleures races chevalines. 3. — Races légères de l'Ouest CHEVAL DES LANDES DE BRETAGNE Les déparlemenis de l'ouest fournissent peu de chevaux fins. Seule, « la vieille terre de Bretagne possède de temps immémorial une popu- lation chevaline d'une rusticité, d'une sobriété et d'une vigueur à toute épreuve, d'un aspect sauvage comme ses landes et ses halliers, qui se rattache en toute évidence au type asiatique, et dont l'intro- duction en occident remonte certainement jusqu'à l'époque celtique des menhirs et des dolmens (1) » . C'est cette population que nous allons passer en revue sous le nom de race hidetle ou dea landoa de Dretugue. Le bidet breton est élevé partout dans les contrées montagneuses et les laudes de la Bretagne; mais son principal centre de production comprend les environs de Guingamp, de Carhaix, de Loudéac, de Brest, de Morlaix et de Redon. 11 a la tète carrée, courte, camuse, expressive, l'encolure courte et rouée, le garrot bien sorti, les reins bien attachés, la croupe un peu courte et oblique, les membres secs, les jarrets larges, mais souvent clos. Sa taille ne dépasse pas l^jSO. Il est sobre, rustique, vigoureux et docile. Ce type existe encore au- jourd'hui; mais il est rare de le rencontrer pur. Par suite des croi- sements qu'il a subis avec l'anglais, il a perdu une grande partie de ses bons caractères. Parmi les chevaux fins de Bretagne, ce qui domine maintenant, ce sont les individus à encolure fine, à côtes plates, à meml)res grêles, très irritables, mais incapables de résister à la fatigue et aux moindres privations. « C'est, dit M. Sanson, à quoi l'on aurait pu s'attendre en opérant des mariages aussi disproportionnés par les (1) A. Sanson, loc. cit., t. III, p. 27. DES RACES CHEVALINES EN PARTICULIER. 615 mœurs que par les qualités physiques entre les juments bretonnes et l'étalon anglais, quel qu'il fût (I). » Déjà, en 1879, dans un rapport que nous adressions à M. le vété- rinaire principal de l'école de cavalerie, au retour d'une tournée en Bretagne, nous signalions les funestes effets du croisement des chevaux fins et même des gros chevaux de Bretagne avec le pur sang anglais ou avec l'anglo-normand très près du sang. Nous insistions surtout sur ce fait que la nature avait acquis là une force, une puissance, des droits contre lesquels il était imprudent de lutter et dont on n'aurait raison qu'en bouleversant complètement le système d'élevage. Tenter l'amé- lioration d'une race sans assurer à ses produits des moyens d'existence en rapport avec leur organisation nouvelle nous paraissait, en effet, une fatale utopie, une coupable négligence. Or, nous ne sachions pas que dans les landes de Bretagne on ait encore remplacé les ajoncs et les genêts par l'avoine. Aussi, nous avons vu quels résultats ont été obtenus. 4. — Races légères du Nord-Est a. — CHEVAL LORRAIN Les petits chevaux des départements de la Meuse, de la Moselle, de la Meurthe et des Vosges, que M. Sanson considère comme issus du sang arabe, ne le cédaient jadis à aucun pour leur courage inépuisable, leur résistance à la fatigue et leur longévité. « De formes très irrégu- lières, dit l'auteur précité, h la croupe avalée et aux jarrets crochus, l'absence de toute élégance était rachetée chezles chevaux de l'ancienne province de Lorraine par des qualités de fond fort appréciées lorsque, attelés jusqu'à quatre de front à la charrue, ils en défrichaient le sol si compacte. A l'heure qu'il est, la race en est à peu près perdue. C'est à peine si l'on en rencontre encore quelques rares débris chez les paysans les plus pauvres du pays (2). » Aussi, M. Servoles (.3), qui a fort bien étudié le cheval de la Meuse (1) A. Sanson, loc. cit., t. III, p. 28. (2) A. Sanson, loc. cit., t. HI, p. 38. (3) D'' Servoles, vétérinaire en I", secrétaire de la commission d'hygiène hippique au ministère de la guerre. Étude des chevaux de la Meuse (Recueil des mémoires et obser- vations sur l'hygiène et la médecine vétérinaires militaires, 2" série, t. Vit, pp. 13 ù 28). 616 RACES CHEVALINES. regrette-l-il qu'au lieu de continuer l'amélioration de ce cheval par le croisement avec celui de l'Ukraine, de même nature que lui, introduit par le prince Stanislas à son arrivée en Lorraiue, on ait livré les pro- duits issus de ce croisement à des étalons normands, belges, de Deux- Ponts, provenant du haras de Rozière, institué en 1767. Ce mode de reproduction fut, en cfFel, pour l'ancienne race, le point de départ d'une décadence que ne firenl qu'accentuer, à partir de 1807, époque à laquelle ou réorganisa les haras supprimés par la première République, de nouveaux croisements avec les chevaux belges, percherons et anglo-normands. Incontestablement supérieurs au point de vue de la taille et de la distinction, les produits de ces derniers ont malheureusement trop souvent des reins mal attachés, des membres grêles et des aplombs irréguliers. 11 est vrai de dire que ces mauvais résultais sont en grande partie dus, d'après M. Servoles, aux imperfections des mères, h une nourriture insuffisante et à des soins hygiéniques mal entendus. Quoi qu'il en soit, les groupes chevalins plus ou moins hétérogènes qu'ont laissés en Lorraine les différents croisements dont nous venons de parler ne peuvent nous empêcher de regretter les anciens petits chevaux du type asiatique, dont l'énergie, la sobriété et la force de ré- sistance étaient vraiment remarquables. h. — CHEVAL ALSACIEN Anciennement, l'Alsace possédait de petits chevaux du type asia- tique, rustiques et très sobres. Aujourd'hui, les chevaux alsaciens sont grêles, décousus et sans fond. D'ailleurs, la population chevaline du pays comprend surtout des chevaux étrangers : allemands, belges, etc. C. — CnEVAL DU MORVAN Dans le Mitrvan (Saône-et-Loire et Nièvre) existe également une po- pulation chevaline du type asiatique, absolument identique à celles des landes de Bretagne, des monts d'Auvergne et des Pyrénées arié- geoises. Autrefois 1res estimés, les chevaux du Morvan ont bien perdu LES RACES CHEVALINES EN PARTICULIER. 617 aujourd'hui de leur réputation. « Sous Louis XIY, dit M. le vétérinaire Quivogne, le marquis de Brancas signalait le iMorvau comme pouvant offrir, au point de vue de la production chevaline, d'immenses res- sources à l'Etat... «Sous le règne de Louis XV, cette race chevaline du Morvan n'avait pas perdu sa brillante réputation, car le duc de Choiseul, alors qu'il était ministre de la guerre, s'en occupait tout spécialement dans le haras qu'il avait institué sur sa belle terre de Chassy... (i). » En ce moment même, malgré sa décadence, la race morvandelle a encore conservé assez de qualités, assez d'énergie et de fond, pour être i-echerchée par les courtiers étrangers, qui viennent en grand nombre dans le Morvan et y achètent à tout prix les chevaux à l'état de poulain. Aussi n'y a-t-il guère qu'une sélection rigoureuse et des soins bien entendus qui puissent conserver et accentuer ces brillantes qualités originelles du cheval dont nous nous occupons. Le croisement avec les étalons anglais et anglo-normands a, d'ailleurs, donné d'assez piètres résultats dans la contrée pour que sa condamnation soit définitive. G. — «ACES LÉGÈnES ANGLAISES L'Angleterre possède une population chevaline fine très nombreuse et généralement très estimée, au premier rang de laquelle se trouve le cheval anglais de course. a. — CHEVAL ANGLAIS DE COURSE Les auteurs ne sont pas d'accord sur l'origine du c/ieval anglais de course ou de pur sang (PI. XVI, fig. 1). Les uns le font descendre de juments barbes et d'étalons arabes introduits en Angleterre au dix- septième siècle; les autres prétendent qu'il résulte de l'union des chevaux orientaux avec les juments du pays, « car, dit M. de Lagondie, quoique le pur sang passe pour être uniquement de sang oriental, le fait n'est point exact si l'on remonte au temps où l'on a commencé à (1) V. Quivogne, Des ressources chevalines de la Fr.mce considérées au point de vue du service de la guerre (Conférence faite au Congrès d'août 1870 de lAssocialion française pour l'avancement des sciences). 618 RAGES CHEVALINES- enregisirer les faits. Dans la généalogie à'Eclipxe^ ou trouve les noms de non moins de treize juments de sang non tracé, et la même quantité de sang impur, ou presque autant, se trouve dans tous les chevaux de son époque, c'est-à-dire éloignés au môme degré des sources primitives de nos meilleures familles chevalines (1). » Quoi qu'il en soit, un grand nombre de chevaux orientaux ont servi à la création du cheval de pur sang anglais : « Le premier étalon étranger, dit M. Sanson, dont l'introduction soit mentionnée dans les anciennes Chroniques saxonnes, est un cheval turc appelé thc W/iiie- Tiirk (le turc blanc), acheté par Jacques I" d'un sieur Place, qui devint plus tard, dit le chroniqueur, maître des haras d'Olivier Cromwell. « Villiers, premier duc de Buckingham, introduisit ensuite //?y-//crof/. Des trois chevaux précédents : Dijcrlcy-Turh, Daricy-Arahian et Godolphïn-Arabian, sont, en somme, dérivés les meilleurs types des chevaux de course, bien qu'on rencontre dans leur généalogie bon (1) Comte de I.agondie, loc. cit., p. lii. (2) A.. Sinson, loc. cit., t. II, p. 17. DES RACES CHEVALINES EN PARTICULIER. 619 nombre de descendants d'aulres chevaux ou juments. Les particula- rités qui distinguaient jadis les descendants de Darley-Arabian de ceux de Godolphin-Arabian on à& Byerley-Turk n'existent plus aujourd'hui, et tous les chevaux de pur sang anglais actuels ont des caractères identiques. Presque toujours plus hauts de taille que les chevaux arabes, ils ont la tête carrée, un peu allongée et sèche ; les oreilles plus longues que celles du cheval oriental; les yeux vifs et expressifs; le chanfrein droit; les naseaux bien ouverts; l'encolure droite, longue et fine; le garrot élevé et sec; la croupe horizontale; la poitrine haute et profonde. Les membres sont conformés pour embrasser un grand espace de terrain : l'épaule est longue et oblique; l'avant-bras, la jambe et la cuisse sont également longs; le canon est court et le paturon long-jointé. Parti- cularité digne de remarque, l'arrière-main est plus élevé que l'avant- main. Enfin, plus long que l'arabe dans toutes ses parties, le cheval de pur sang anglais en diffère encore par sa robe, oh le bai et l'alezan sont dominants, presque tout à fait exclusifs. « Du reste, ajoute M. Sanson, il a toute la noblesse, toute la distinction et toute la finesse de l'arabe, ainsi que sa vigueur et son énergie foncière, moins la rusticité et la sobriété que ne comporte point le régime d'après lequel il est élevé (1). » Tels sont les principaux caractères du cheval que Percivall, avec cet orgueil anglais qu'une suite de défaites sur la terre d'Orient n'a point réussi ta abattre, appelait « une perfection que le monde ignorait avant nous )) . Mais aux brillantes qualités que nous venons d'énumérer succinc- tement, le cheval anglais de pur sang oppose de grands défauts : il a les sabots secs, cassants et très sujets k se resserrer. Il est très exigeant comme nourriture et très sensible aux intempéries : « Sous l'influence d'une nourriture peu riche en principes alibiles, dit M. Magne, il perd ses formes, devient ventru, sans que les parties essentielles, la poitrine, les muscles, prennent un développement proportionnel à celui des organes digestifs. Même parvenu à l'état adulte, après son dévelop- pement complet, il ne peut être conservé que par un très bon régime et en étant préservé avec soin des intempéries (2). » (1) A. Siinson, loc. cit., t. Ill, p. 19. (2) Magne, Traité d'hygiène vétérinaire appliquée. 620 RACES CHEVALINES. Son tempérament nerveux, sa peau mince, son poil fin, ne peuvent le garantir ni d'un mauvais légime alimentaire, ni du froid, ni de l'hu- midité, ni des insectes. C'est ainsi, nous a assuré un officier supérieur d'artillerie, qui a fait la guerre dans les Indes avec les Anglais, que ceux-ci sont souvent obligés, en campagne, non seulement d'attacher leurs chevaux à la corde, mais encore de leur entraver les quatre membres. Ces défauts, toutefois, seraient presque secondaires si le cheval de pur sang anglais était resté avec les caractères qu'il présentait dès le principe, c'est-à-dire « un puissant animal aux formes élégantes, qui avait autant de vitesse qu'on en peut désirer, et qui joignait à cela une puissance d'action inépuisable (1). » Mais, le but pour lequel on l'avait créé étant la vitesse, il n'appartenait pas à la nature humaine d'être satisfaite, même de la perfection, et on essaya si l'on ne pour- rait pas obtenir plus de vitesse encore. On réussit, on eut des chevaux plus rapides, plus longs, plus lé- gers, « aussi beaux que leurs prédécesseurs, sinon plus, dit William Youatt, mais laissant voir aux yeux du véritable connaisseur des muscles moins développés, des tendons moins saillants, un garrot plus tranchant, recouvert de muscles moins puissants. La vitesse fut portée au degré le plus extrême qui ait jamais pu être rêvé ; mais le fond, la force de résistance à la fatigue, V endurance^ furent incroyablement di- minués. On ne tarda pas à en avoir la preuve. Ces chevaux de nouvelle création ne purent parcourir la distance que leurs prédécesseurs franchissaient avec tant de facilité. Les épreuves tombèrent de mode; on les quahfia, avec trop de vérité, hélas ! de dures el de cruelles, et force fut bien de raccourcir la moitié des distances consacrées aux épreuves ordinaires... » « Aujourd'hui, ajoute l'auteur précité, une seule course, comme celle du Derby, rend le gagnant incapable de courir jamais, et cepen- dant la dislance est de un mille et demi... (2). » « Le cheval de pur sang, écrit d'autre part M. Gayot, qui enlendque son jugement soit applicable au cheval anglais élevé en France, a perdu (1) Pfircivall, Leçon d'introdudmi au Collège de IVnivenilé de Londres, en 1834. Citation de Youatt dans The Horse. (2) William Youatt, Histoire du cheval anglais, dans The Horse, Londres, 1846 ; traduc- tion de IL Boulcy, Bibliothèipte vétérinaire. Paris, 1849. DES RACES CHEVALINES EN PARTICULIER. 621 la meilleure partie de lui-même en cessant d'être symétrique, en per- dant ce qu'on nomme \e gros, eu achetant l'élégance au prix de l'am- pleur. Il est plus fashionable si l'on veut, il est moins fort de toute part, des os, des tendons et des muscles. Tout le système s'est atté- nué, aminci plutôt en s'allongeant ; l'élongatidn s'est faite, répétons- le, aux dépens de la force ou de l'épaisseur de la charpente, aux dé- pens du volume, de la grosseur des muscles (I). » Quoique M. de Lagondie ne considère pas le cheval de pur sang actuel comme réellement dégénéré, il avance cependant qu'en s'alla- chant à produire des poulains qui, à deux ans, soient formés comme de vieux chevaux et en état de lutter avec eux pour de courtes dis- tances, l'éleveur sacrifie en grande partie leur durée par une diminu- tion de force de leur constitution et de leurs organes locomoteurs. » Le bois dont on les fait n'est plus du chêne, dit-il, mais du sapin, et ne peut pas plus être comparé aux matériaux dont ou faisait les che- vaux à l'ancienne mode que l'on ne peut assimiler ces bois de cons- truction (2). » Seul, ou à peu près, William Day considère le cheval de course ac- tuel comme supérieur à l'ancien ; mais il est utile de prendre eu con- sidération que cet auteur fut jockey et entraîneur pendant trente ans et que, reléguant au second rang le rôle du pur sang anglais en tant qu'améliorateur de nos races chevalines, il admire naturellement ce que nous lui reprochons, c'est-à-dire sa spécialité comme cheval de vitesse. Eu somme, l'immense majorité des hippologues est d'avis que le cheval de course actuel arrive, par une pente rapide, à un état de décadence dont il aura bien de la peine à se relever : « C'est un pro- dige, sans doute, dit M. Gayot, qu'une race capable de courir si vite; mais où donc est l'utilité pratique d'un tel déploiement d'activité? 11 a détourné la race anglaise de sa voie en la spécialisant, résultat tout moderne, provoqué par la passion du jeu et né de l'exagération du système auquel elle a dû ses plus grands avantages (3). » Car il est évident que les courses, telles qu'on les comprend aujourd'hui, ne peuvent qu'être funestes à l'amélioration du cheval de pur sang an- (1) E. Gayot, loc. cit. (2) Comte de Lagondie, loc. cit., p. 32. (3) E. Gayot, loc. cit., p. 343. 622 RAGES CHEVALINES. glais cousidérô comme type améliorateur. « Que fait-on, eu effet ? quel est le but? Il s'agit d'abord de gagner le prix. C'est là la première condition du coureur, nous pouvons dire même presque l'unique. Que lui importe l'amélioration des races, s'il perd toujours? Que lui fait aussi leur dégénérescence, s'il gagne? Le joueur songe-l-il à autre chose qu'à gagner? Eli bien! qu'a-t'on fait pour gagner? On a tout sacrifié à la vitesse; rien au fond, rien à la puissance de la conslitu- liou... Ou a cherché, en un mot, à disposer toute la machine pour une grande vitesse de quelques minutes. C'est un tour de force de la science des Anglais, rien n'est plus vrai; mais il en est résulté qu'un rès bon cheval peut être battu par un grand échassier, chargé d'un poids léger, sur un terrain choisi et préparé à l'avance (1). « Jointe aux épreuves prématurées et excessives de l'entraînement, cette spécialisation du cheval de course a eu pour résultat de multi- plier les individus aux membres faibles, tarés, nerveux à l'excès, et dont la force de résistance n'est plus en rapport avec l'énergie. Pourtant, nous devons à la vérité de dire, avant de terminer, qu'il nous a été donné de visiter tout dernièrement plusieurs grandes écu- ries de course où nous avons eu le plaisir de constater une tendance marquée de quelques produits vers l'ancien beau cheval de pur sang anglais. Serait-ce l'aurore d'une rénovation delà race? Si oui, nous la sa- luons avec joie ; mais nous n'avons guère d'espoir quant à présent. Car il est bien évident que rien de sérieux ne se fera dans le sens que nous désirons sans une réforme complète du règlement des courses. b. — PONEYS En Angleterre, tous les chevaux de petite taille sont connus sous la dénomination générale de poneys. On trouve plus particulièrement ces chevaux dans l'Irlande, le pays de Galles, l'Ecosse et les îles Shetland. D'après M. Sansou, ils sont tous originaires de l'Irlande et appar- tiennent, ainsi que les chevaux du littoral de la Bretagne, à l'espèce Equus caballus liibeiniciis i^nice irlandaise). (I) Richard, loo. ci<., p. 371. DES RACES CHEVALINES EN PARTICULIER. 623 1° Poney irlandais et du pays de Galles. — Les chevaux irlandais et du pays de Galles sont plus spécialement appelés doubles po7ieijs, parce qu'ils joiguent à uue taille peu élevée une corpulence relativement forte. Ils ont la tête courte, camuse et très expressive, l'encolure assez forte et pourvue de crins longs, abondants, leur donnant une physio- nomie un peu sauvage, qu'accentue encore un toupet de crins qui leur descend au-dessous des yeux. Le poitrail est large; le corps ar- rondi, près de terre ; la croupe un peu courte et bien musclée; la queue touffue. Les membres sont solides et couverts de crins depuis le genou jusqu'aux talons. Le pied est petit et solide. L'allure des doubles poneys irlandais n'est pas très allongée; mais ils rachètent ce défaut par une sobriété, une énergie, une force de résistance au-dessus de tout éloge. Gracieux et souples, d'un caractère très doux, ces petits animaux rappellent, d'ailleurs, plus ou moins le type oriental de l'ancien cheval andalou. La couleur de leur robe varie ; mais la teinte qui domine est le bai ou l'alezan. Leur taille, ainsi que nous le savons déjà, est petite et dépasse ra- rement 1"',45. Ceux qui atteignent celte hauteur sont généralement les plus estimés. Jadis utilisés surtout par les tenanciers du Royaume-Uni pour visi- ter à cheval les pâturages et les terres de la verte Erinn, de l'Angle- terre et de l'Ecosse, et par les jeunes filles des lords pour leurs prome- nades, les poneys d'Irlande et du qays de Galles ont aujourd'hui des aptitudes beaucoup plus multiples. Croisés avec le pur sang anglais étolTé, qui a grandi leur taille, en même temps qu'il les a rendus plus élégants, les chevaux irlandais sont maintenant partout utilisés pour la selle, le trait léger et même les attelages de luxe. Les anglo-irlandais ont une taille moyenne, de la distinction, beau- co'up d'énergie, et sont en général assez harmoniques. Aussi, les re- cherche-t-on pour la cavalerie légère et, en général, pour tous les services qui exigent à la fois de la vitesse et du fond. Nous avons souveut eu l'occasion de les admirer aux cabs de Lon dres, sous les cavahers anglais, etc., et toujours nous sommes resté 624 RACES CHEVALINES. persuadé que ces chevaux niérilent d'être mieux connus en France. Les noies que nous avons prises sur place, et que nous feuilletons après plusieurs années d'oubli, trahissent toutes une grande admira- tion pour le cheval irlandais amélioré, bien que de temps en temps nous exprimions le regret qu'un croisement poussé trop loin ait répandu par-ci par-là un certain nombre d'individus sans harmonie, c'est à-dire pleins d'énergie, assez élégants, mais manquant de fond. 2" Poney écossais. — Cet enfant des montagnes et des bruyères de l'Ecosse a la tête petite et camuse, le poitrail bien ouvert, la croupe large, le corps arrondi, les membres robustes, le pied bien fait et sûr. Ses poils, longs et abondants, sont le plus souvent d'un noir mal teint. La taille est toujours petite. « Il semble fait pour gravir les montagnes, dit M. Gayot, et se fraye un passage à travers les marais et les marécages avec une saga- cité merveilleuse. Hors cela, il est lent et paresseux ; il manque d'ar- deur, mais il est sobre, vit de peu et n'exige presque aucun soin d'hygiène (1). » 3° Poney des îles Shetland. — Le poney des îles Shetland est très petit. Il a la lête forte; l'encolure épaisse; les épaules courtes, charnues et peu obliques; la croupe large ; mais les membres sont un peu minces. Ses poils sont très longs et généralement bais ou noir mal teint. Il est intelligent, doux, rusé et très robuste. D. — UACLS LlîGÈUIiS ALLEJlAM>i;S n. — CIlliVAL DE TRAKEIINEN (PRUSSE ORIENTALE) Véritable pépinière du cheval de guerre prussien, le /larm de Tra- kehnen (Prusse orientale) fut fondé à l'aide des ressources locales et de quelques étalons étrangers, au commencement du dix-huitième siècle, par le roi Frédéric-Guillaume I". Mais c'est seulement sous le règne de Frédéric-Guillaume II, à partir du moment où, rompant avec les traditions du passé, le gouvernement comprit qu'au lieu d'imposer au producteur l'élève du cheval comme une taille ou une corvée, il (1) L. Moll et E. Gayot, hc. cit., p. S24. DES RACES CHEVALINES EN PARTICULIER. 623 fallait l'en récompenser en raison de ses peines et de ses déboursés ; que la production du cheval de Trakehnen prît son véritable essor. Les étalons défectueux furent réformés et remplacés par les meil- leurs étalons orientaux, anglais et de Deux-Ponts qu'on put trouver. « Tout allait donc pour le mieux, dit M. Schwarznecker (1), quand, vers la fin des guerres (de 1815 à 1830), par une réaction assez ordi- naire après les temps de crise, les mœurs tournèrent à l'amollisse- ment et à la frivolité. L'engouement fut aux modes grecques ou pré- tendues telles. Ce fut le temps des vêtements collants et des tailles courtes, des cravates montantes et empesées, des perruques h queue de rat, et où les élégants ne marchaient qu'à jarret tendu. 11 fallut bien que le cheval fût accommodé à ce singulier goût. On le façonna et on le bichonna si bien qu'en fait de ridicule il ne le céda en rien à son maître. Avec sa queue écourtée et en trompette, ses boyaux vides et son long cou, il s'en venait avec ses grandes quilles raides, tout comme les grenadiers qui le suivaient ! « 1830 vit à Berlin les premières courses à la mode anglaise. L'an- glomanie envahit toute la société élégante. Dans le pur sang de course, quelles qu'en fussent les défectuosités de formes, on pensa avoir trouvé la panacée universelle. « Mais la grande masse des éleveurs ne se laissa pas prendre à cet engouement de fashionables désœuvrés. L'idée du sang, si bonne et si parfaite en soi, mais gardée de tout exclusivisme en faveur de la seule origine, finit cependant par pénétrer peu à peu daus l'esprit des éleveurs. « Aussi, l'étoffe ne se perdit-elle pas dans la race aussi complète- ment qu'on eût pu le craindre tout d'abord, et l'on put dès lors espé- rer, en continuant d'user d'un pur sang ample et symétrique, obte- nir, avec les résultats déjà acquis, une espèce qui, par un dressage spécial, pût devenir un cheval de guerre supérieur. » Après avoir jeté dans leur population chevaline le réactif qui devait faire naître la distinction et l'énergie, les éleveurs allemands s'adres- sèrent aux meilleurs parmi les chevaux de choix qu'ils avaient déjà obtenus elles employèrent à la reproduction. (I) Von G. Schwarznecker, Die Pferdezucht nuch ihrem jetzlgcn rationellen Standptinkt. Berlin, 187S. Traduclion de M. J. Mandel insérée dans le hecueil de médecine vétérinaire du 15 août 1878. Le Clieral. 40 620 IUCI-:S CHEVALINES. A l'aide de celte sélection rigoureuse et sous l'impulsion des diri- geants du haras de Trakeliuen qui, selon leurs instructions, n devaient se pénétrer, avant tout, de l'idée de la création d'un cheval de guerre, » les producteurs obtinrent uu cheval à la fois élégant, bien musclé, vigoureux, et, par conséquent, admirablement propre au ser- vice de l'armée. Jointe, d'autre part, à une persévérance qui ne s'est jamais démen- tie, cette méthode de militarisation a encore eu pour résultat l'homo- généité du cheval de Trakehnen ; mais, bien que cet animal soit à peu près exclusivement de sang oriental, c'est plutôt là de l'adaptation convergente que de la pureté ethnique. Le cheval militaire de selle que nous venons de passer en revue n'est, d'ailleurs, pas le seul produit du haras de Trakehnen. Un se- cond type destiné aux attelages de luxe et aussi à la selle est né du croisement du premier type avec celui de l'Allemagne du Nord. De sorte, en somme, que le cheval militarisé de Trakehnen peut être considéré comme la souche, le point de départ, le centre d'irradiation des chevaux connus sous la dénomination de trakens. Ces chevaux, à quelque type qu'ils appartienuent, ont tous conservé l'énergie du cheval oriental; mais ils n'en ont ni la solidité physique ni la sobriété. Ceux du type militaire ressemblent beaucoup cà nos anciens bons limousins, quoique moins robustes qu'eux. Les autres ont plus de taille et se rapprochent plus ou moins du cheval anglais de pur sang; ils s'en distinguent cependant par plus d'élégance et de souplesse dans leurs mouvements. b. — CHEVAL WURTEMBERGEOIS La population chevaline du Wurtemberg résulte de l'union des deux types orientaux avec un mélange, en faible quantité, d'anglo-arabcs et de trakens. Cette population est composée de chevaux de selle et d'attelage lé- ger, souples et élégants comme leurs ancêtres orientaux, avec plus d'ampleur de formes. Aussi ont-ils des qualités éminentes de fond, d'énergie et de vitesse. La race est maintenue aussi pure et homogène que possible par DES RACES CHEVALINES EN PARTICULIER. 627 trois haras privés du roi de Wurlemberg installés piès de Slullgard, où se reproduisent, depuis 1817, des étalons et des juments des deux souches orientales, importés h diverses reprises. CHEVAL BAVAROIS Jadis exclusivement peuplée de chevaux d'origine orientale, la Bavière a maintenant, grâce à l'intervention du pur sang anglais, une population chevaline dont les représentants sont plus grands, plus corsés que l'arabe, et moins exigeants que le véritable anglais. E. — RACES LEGERES RUSSES TROTTEURS D'ORLOFF « Le vaste empire de Russie, dit M. Sanson, est en général peuplé de chevaux du type asiatique réduits à un état assez misérable par la rudesse du climat, notamment ceux des Cosaques et ceux de la Lithuanie. Sur divers points, les riches boyards ont établi des haras où ils se sont appliqués, par une sélection plus ou moins suivie et attentive, à créer des familles améliorées de ce même type, en em- pruntant des reproducteurs aux contrées musulmanes, à l'Angleterre et à la Prusse (1). » Mais, parmi les différentes populations chevalines de la Russie, une, celle des trotlcws itOrloff, appelle particulièrement notre attention. La pépinière des trotteurs d'Orloff est le célèbre haras de Khréno- vaya, dans le gouvernement de Voronège, créé en 1778 par le comte Orloff Tchesmensky, qui y accoupla d'abord des étalons arabes avec des juments danoises renommées pour leur élégance et leur rapidité à l'allure du trot. Puis, après un croisement indiscontinu des pères avec leurs filles et petites-filles, qui dura environ cinquante ans, on considéra la population chevaline obtenue comme suffisamment homogène et constante pour ne plus recourir, par la suite, aux importations étrangères. (1) A. Saiison, loc. cit., t. III, p. 4t. .^ 628 RACES CHEVALINES. A partir de ce moment, les trotteurs d'Orlotr se reproduisirent par eux-mêmes : la population chevaline de ce nom était définitivement constituée. Dans leur ensemble, les trotteurs russes ressemblent beaucoup aux chevaux anglais de pur saug. L'arrière-maiu, cependant, est moins élevée. Fig. IC'J. — Cheval cosaque et son cavalier (tonne de voyage). Ils sont, comme leur nom l'indique, exclusivement entraînés au trol, et présentent beaucoup d'élégance et d'énergie. Tout le monde, d'ailleurs, se rappelle quel légitime et grand effet ont produit sur le public les chevaux russes à l'exposition hippique de 1878 : «Les trotteurs russes^ dit M. Desbons, rapporteur du jury international, race aujourd'hui confirmée et provenant de croise- ments très divers, sont évidemment fort vites. Us l'ont pi'ouvé aux DES RACES CHEVALINES EN PARTICULIER. 629 courses de Maisons-Lafitte eu gagnant les épreuves internationales pour chevaux attelés (1). » b. — CHEVAL COSAQUE En outre des trotteurs d'OrlofT, on trouve en Russie, nous le ré- pétons, un grand nombre d'autres chevaux légers du type oriental, dont les caractères varient beaucoup suivant qu'on les considère dans telle ou telle partie de cette immense empire. Les uns ont été améliorés par la venue d'étalons d'Orient, de Pologne, de Prusse, d'Angleterre, Orloff, etc. ; les autres sont restés avec tous leurs carac- tères primitifs; tels la plupart des chevaux cosarjues. Ceux-ci ont tout à fait la physionomie du cheval arabe, avec des formes plus empâtées, une tète plus lourde, une encolure plus courte, plus épaisse; cependant, ils sont hardis, vigoureux, pleins de fond, et surtout d'une sobriété et d'une rusticité à toute épreuve. On leur reproche une seule chose : c'est de manquer un peu de taille. La cavalerie légère russe et les chevaux ordinaires se recrutent en- core eu majeure partie parmi eux, et l'on sait quels précieux auxiliaires ces infatigables petits chevaux sont pour l'armée russe en campagne. F. — UACES LÉGÈKES AUTRICHIENNES CHEVAUX IlONGHOIS Grâce à l'immense étendue de ses pâturages et de ses steppes, la Hongrie possède une population chevahne nombreuse et justement renommée. Les chevaux hongrois appartiennent, pour la plupart, au type oriental plus ou moins modifié. Aussi, sont-ils généralement de petite taille en même temps qu'un peu minces et décousus; mais leur distinction, leur énergie, leur sobriété, leur force de résistance, ra- chètent amplement ces quelques défauts. Ce serait, d'ailleurs, une erreur de croire que tous les chevaux (I) Desbons, ancien député, membre du Conseil supérieur des haras, Rapport du jury internatiojial de l'exposition hippique de Parisen 1878. Paris, Imprimerie nationale, 1878. 630 RACES CHEVALINES. hongrois sont de taille au-dessous de la moyenne, comme il ressort des lignes suivantes du rapporteur général du jury international de l'exposition hippique de 1878 : U RACES CHEVALINES. il a cependant conservé de la souche primitive une certaine éner- gie et un certain fond qui le rendent, malgré ses mauvais caractères, propre au service du trait léger et surtout de l'artillerie. On rencontre même, mélangés au type précédent, dont l'analogie avec celui du littoral breton est frappaule, un certain nombre de che- vaux à tête plus légère, à encolure plus longue et moins épaisse, à côtes plus arrondies, à croupe moins avalée, à membres enfin plus Fig. 165. — Cheval ardeiinais (type de selle). solides, susceptibles d'être utihsés à la selle (cavalerie de hgne) et même comme carrossiers (fig. 165 du texte). C'est dans les arrondis- sements de Réthel et de Vouziers que l'on trouve surtout cette élite de la nouvelle famille ardennaise. ' ' cl. -^ CIIEVAUK DE LA CnAMPAGNE, DE LA BOURGOGNE ET DU NIVERNAIS La Bourgogne, la Champagne et le Nivernais ne possèdent pas de races propres. Tandis que les chevaux bourguignons et nivernais se DES RACES CHEVALINES EN PARTICULIER. 64 confondent avec les comtois, ceux de la Champagne ne diffèrent pas sensiblement des lorrains. Les quelques caractères secondaires qai distinguent ces animaux les uns des autres résultent exclusivement, ou à peu près, des sols différents sur lesquels ils doivent vivre. D'ail- leurs, aussi bien dans la Champagne, la Bourgogne et le Nivernais que dans la Franche-Comté et la Lorraine, les chevaux ont subi tant de croisements, soit avec le cheval percheron, soit avec l'anglo-hormand, soit même avec le cheval de pur sang, qu'il est difficile de se recon- naître au milieu de la population chevaline hétérogène actuelle des pays que nous venons de nommer. A peu près exclusivement composée de métis, ayant de la taille et une certaine élégance, mais en général décousue, cette population ne se distingue plus que par certaines qualités de sobriété, de rusticité et d'énergie qu'elle tient de la souche primitive. Toutefois, nous devons à la vérité de dire qu'en Champagne surtout de sérieux efforts ont été tentés pour l'amélioration de la popula- tion chevaline, et ce avec un certain succès. Grâce à un meilleur choix de reproducteurs (anglo-normands généralement), à des soins mieux entendus, certains éleveurs ont transformé les anciens types en che- vaux plus forts et mieux conformés. Malheureusement, ces bons résultats ont des chances de rester iso- lés, les conditions d'une bonne production chevaline n'existant point et ne pouvant guère être réahsées en un tel pays. e. — CHEVAL DE LA FRANCHE-COMTÉ Le cheval franc-comtois se rencontre dans les départements du Doubs, du Jura, de la Haute-Saône et de l'Ain. On le trouve égale- ment dans la Haute-Marne, l'Aube et en Suisse, de l'autre côté de la chaîne du Jura. Jadis fort renommé, ce cheval est actuellement en pleine décadence. Et ce n'est pas seulement dans son mérite, dans ses qualités plus ou moins élevées que le cheval de la Franche-Comté s'est affaibli, c'est aussi dans son importance numérique. « Au temps de sa prospérité, dit M. Gayot, le cheval franc-comtois avait la tête carrée, le front large et l'œil vif; l'encolure, un peu forte et rouée, sortait du tronc avec quelque grâce, bien que le garrot fût épais et charnu ; le poitrail était musculeux et largo, la 646 RACES CHEVALINES. côte ronde et bien faite, le rein fort et double, la croupe un peu commune et basse, les membres un peu minces pour le poids a porter, et laissant presque toujours à désirer dans le jarret, qui était le côté faible de la race; les allures ne manquaient ni de légèreté ni de régularité (1). » Qu'est devenu ce cheval? un animal de taille moyenne {{'",^0 à l^jôO), de robe baie ou grise, à grosse tête, à encolure maigre, au corps anguleux, à la croupe très oblique et aux membres faibles ter- minés par de grands pieds. Pourtant, malgré ces mauvais caractères, le cheval comtois peut encore rendre de bons services : il est, en effet, très doux, très sobre, très dur à la fatigue et va longtemps, pourvu que la tâche qu'on lui impose n'exige pas une trop grande activité dans les mou- vements. Aussi, est-il assez avantageusement utilisé au trait et convientil quelquefois à l'artillerie. M. Gayot propose de l'améhorer par un métis anglo-boulonnais. Le croisement lui a trop peu réussi jusque-là pour que nous parta- gions cette manière de voir. A moins que les conditions d'une bonne production chevaline n'existent point et ne puissent être réalisées dans la Franche-Comté, comme le pense M. Sanson, nous croyons que la seule tentative d'amélioration qui aurait des chances de succès consisterait dans la, mise en pratique d'une sélection rigoureuse agissant de concert avec des soins hygiéniques et un élevage mieux entendus. Seulement ainsi, à notre avis, on pourrait peut-être refaire cette race franc-comtoise que Huzard père appelait « une race mère, douée de caractères distinctifs qu'elle tient de la nature ». /. — CHEVAL ANGLO-POlTEVlN Le cheval a?iglo-poitevin résulte du croisement do la race poitevine, que nous étudierons dans la catégorie des races lourdes sous le nom de race mulassière, avec le pur sang anglais et l'anglo-normand car- rossier. (!) E. Gayot, loc. cit., DES RACES CHEVALINES EN PARTICULIER. 647 On le rencontre dans toute la circonscription habitée par l'ancienne race, mais particulièrement dans les prairies de la Vendée et de la Charente-Inférieure, qu'on continue à appeler les maraia (marais de Saint-Gervais en Vendée, marais de Saint-Louis dans la Charente- Inférieure), bien que le dessèchement les ait transformés et qu'au lieu et place des terres détrempées et malsaines sur lesquelles ne vé- gétaient que des herbes aqueuses, plus grossières que nourrissantes, on trouve aujourd'hui ces pâturages produits par une alluvion puis- sante et salés parle vent de la mer, sur lesquels vivent abondamment, en pleine liberté, toutes les sortes de bétail. Encore appelé Cheval de Saint-Gervais, du nom du village oti il se vend, à la foire du 15 juin, l'anglo-poilevin a la tête plus légère, plus expressive que l'ancien cheval du pays ; il est fort de corps, haut de taille, mais grôle de membres et supporté par de larges pieds. D'un autre côté, quoique plus vite, plus énergique, plus élégant que son pré- décesseur, il en a conservé le tempérament peu robuste, de môme qu'une certaine prédisposition aux tares dures ou molles et à la fluxion périodique. Il y a toutefois heu de noter que, dans ces dernières années, un grand pas a été fait dans la voie de l'amélioration rationnelle de la race. Quelques éleveurs intelligents, n'écoutant que leur longue expérience, ont mieux choisi leurs étalons, ont refusé systémati- quement de conduire leurs juments à ceux qui étaient de trop haute taille, ont joint, enfin, aux herbes rares et trop humides, dans la saison d'hiver, des rations de fourrage sec et même d'avoine, mises à la disposition des produits sous des abris installés dans la prai- rie : Ils sont arrivés, par cette sélection attentive, à constituer des familles « d'où sortent maintenant assez souvent des sujets distin- gués, près de terre, bien proportionnés et se rapprochant du type anglais de service. Ces sujets ont été remarqués aux expositions annuelles de Paris. « D'ailleurs, les beaux sujets anglo-poitevins ne diffèrent point sen- siblement des anglo-normands réussis, et cela n'a rien qui puisse être trouvé surprenant (I). » (1) A.. Sanson lue. cit., t. III, p. 126. 648 BAGES CHEVALINES, D. — RACES INTERMEDIAIRES ANGLAISES. a. — CHEVAL DE CHASSE ANGLAIS (TIIE IIUNTER) On désigne sous le nom de Him/er (fig. 166 du texte) un cheval qui se montre plus particulièrement apte h soutenir les rudes fatigues de la chasse à courre. Bien que ce cheval n'appartienne pas h Fig. IGG. — Le cheval do chasse anglais [tlie liunter). une race réellement distincte, il a acquis, grâce à sa destination spé- ciale, une conformation et des aptitudes qui permettent néanmoins de le classer à part. Créé parallèlement au cheval de pur sang avec des étalons de race pure et des poulinières bien douées (1), ayant beaucoup d'ampleur, une forte structure et les éminentes qualités qu'on recherche dans un cheval énergique, solide et résistant, le cheval de chasse anglais (I) Appartenant, d'après M. Sanson, au type germanique introduit en Angleterre ave les Anglo-Saxons. DES RACES CHEVALINES EN PARTICULIER. 649 avait, dans le principe, un mérite tout à fait exceptionnel ; il était ca- pable d'un grand labeur, portait des poids très lourds et suffisait à toutes les exigences d'un exercice aussi difficile et aussi violent que la chasse. Aujourd'hui, ce cheval n'est plus guère métis que par l'origine pre- mière des familles auxquelles il appartient, et « on lui reproche, sans doute ajuste titre, de s'être trop rapproché de la conformation et de l'aptitude des chevaux de course, par une intervention trop fréquente du pur sang dans sa reproduction (1). » Ce rapprochement est même, eu général, tellement marqué qu'on ne saurait souvent distinguer un hunter d'un cheval de course que par l'absence des effets de l'entraînement. Voici, après tout, quels sont les principaux caractères du bon hunter : taille variant entre l"',5i et 1"',60 ; formes amples ; légèreté de l' avant-main ; garrot bien sorti et sec ; dos court ; reins larges et bien soudés ; croupe longue ; poitrine ample ; épaules longues et obliques ; avant-bras et jambes longs et bien musclés; rayons inférieurs des membres courts et so- lides; articulations larges. « Le parfait cheval de chasse anglais, dit David Lowe, est incontestablement la plus belle variété chevaline qui existe dans aucun pays ; elle réunit, dans des proportions plus heu- reuses que celles du cheval de course, la légèreté des chevaux de sang originaires des pays chauds h la force des anciennes races eu- ropéennes. En comparant le cheval de chasse au cheval de course, dans sa conformation, nous trouvons que, s'il lui est inférieur dans les qualités qui dénotent la vitesse, il le surpasse dans celles que ré- clame une destination plus utile. » à. — CHEVAL DE CHASSE IRLANDAIS A côté du hunter se place le cheval de chasse irlandais. « Celui-ci a fait moins de bruit, dit Gayot, mais il s'est mieux conservé ; il a moins de sang, il est resté plus compact. Moins haut que le hunter, car il dépasse rarement r'j.'jS, il est doué d'une force musculaire re- marquable, doué de beaucoup de fond et d'une aptitude toute particu- lière pour le saut (2). » (I) A. Sanson, loc. cit., t. III, p. HO. 2) MoU et Gayot, loc. cit., p. 61b. 630 RACES CHEVALINES. Le cheval de chasse irlandais résulte du croisement du cheval de pur sang avec les poneys du pays, ainsi que l'indique sa conformation trapue, et « l'habileté des éleveurs, dit M. Sanson, consiste à le main- tenir à uu juste degré de pondération, en ne faisant pas trop domi- ner, dans son économie, les aptitudes delà variété de course (1) » . C. — CLEVELAND UAI OU CARROSSIER DU YORKSIIIRE Ainsi nommé à cause du lieu où se trouve son principal centre de production, dans le comté d'York, sur la Tees, et de la couleur or- dinaire de sa robe, le clevelaud bai est le cheval carrossier de l'An- gleterre. On l'élève non seulement dans le comté d'York, mais encore dans les comtés de Lincoln, de Durham et de Northumberland. C'est le produit du croisement de l'ancienne race cleveland (2) avec le cheval de course. Plus fin, plus vigoureux, plus énergique que son prédécesseur, il semble réunir en lui, d'après David Lowe, l'énergie du pur sang avec la vigueur et la puissance des races plus communes ; mais, à force de vouloir donner plus de finesse à ses formes, on en a souvent fait un cheval trop près du sang, « ne possédant pas, disent très judicieusement les auteurs de the Horse, toutes les qualités dési- rables pour un service ordinaire ». d. — TROTTEUR DU NORFOLK Comme tous les trotteurs, ceux du Norfolk sont des animaux bien conformés, bien charpentés, énergiques, rapides, très résistants et très sobres, tenant le milieu entre l'animal distingué et l'animal com- mun. Ils résultent de métissages très divers. « Ceux qui les produisent, dit M. Gayot, s'y prennent avec art et réussissent sans trop suivre la même route. Ils sont le résultat d'intelligentes combinaisons pra- tiques entre l'étalon de pur sang et diverses variétés carrossières, de chasse ou de trait, améliorées par des alliances antérieures (3). » Mais, quelles que soient leurs qualités, les trotteurs du Norfolk ne peuvent faire oublier notre admirable percheron, dont « la supério- (1) A. Sanson, loc.cit., t. III, p. 110. (2) Qui ne serait elle-inûme, d'après M. Sanson, qu'une variété de sa race germanique. (3) Moll et Gayot, loc. cit., p. 654. DES RAGES CHEVALINES EN PARTICULIER. 651 rilé, dit M. Guy de Charnacé, est reconnue d'une extrémité à l'autre de l'Europe (1) ». RACKS INTi:nMi:i)I.VIUUS ALLEMANDES. Les ruccs chevalines intermédiaires allemandes, dont fll. Sanson fait de simples variétés de sa race germanique [E. C. germaiiicus), habi- tent toutes l'Allemagne du Nord. Leur centre de production paraît être le Sleswig-IIolstein ; mais elles se sont ensuite répandues de là dans le Mecklembourg, l'Oldenbourg, le Hanovre, le Danemark, etc. « Les barbares germains et Scandinaves, d'après M. Sanson, quand ils se sont rués sur le monde romain, aux premiers siècles de notre ère, ont, d'autre part, entraîné la race germanique dans leurs excursions vers l'occident et l'ont fait établir, avec les Angles et les Saxons, dans l'île de Bretagne; avec les Teutons ou Nortlimans, sur la côte gauloise de la mer Britannique, à laquelle ils ont donné leur nom; avec les Bur- gondes ou Bourguignons, dans le bassin du Rhône, en France et en Suisse; enfin, en Italie avec les Lombards, et jusqu'en Espagne et dans le nord de l'Afrique avec les Vandales (2). » Malgré un air de famille assez marqué que présentent tous les che- vaux intermédiaires allemands, il a été possible de les diviser en trois groupes principaux : les chevaux danois, hanovriens et mecklembour- (jeois, que nous allons successivement passer en revue. a. — CHEVAL DANOIS Bien que le cheval danois de la variété allemande soit considéré, dans le commerce, comme originaire du Holstein, son principal centre de production, d'après M. Riquet, ancien vétérinaire de l'armée fran- çaise, est dans la Marche du Oldenbourg. C'était jadis un animal pré- sentant une taille élevée ; une charpente osseuse forte, mais peu com- pacte; une tête lourde et souvent busquée; une encolure longue et bien sortie; un bon garrot; une croupe oblique; des membres grêles et cou- verts de poils à la partie inférieure; des pieds plats; un tempérament lymphatique et des allures plus brillantes qu'allongées. (1) Guy de Charnacé, Les races chevalines en France, Paris, 1869, p. 63. (2) A. Sanson, loc. cit., p.p. 73 et 74. 632 RAGES CHEVALINES. Ainsi conformé, on l'utilisait comme carrossier. Le cheval danois propre à la selle était plus léger, meilleur, moins haut de taille, avait des formes moins lourdes, moins communes; mais il était beaucoup plus rare. Aujourd'hui, le type que nous venons de décrire n'a plus aucune ré- putation et sert aux travaux agricoles du pays qui le produit. Aussi, s'explique-t-on difficilement la faveur dont il a joui comme reproducteur et comme cheval d'attelage. 11 n'a pas moins fallu que le caprice d'une courtisane toute puissante pour imposer un tel animal comme type améliorateur de nos races intermédiaires. Quant à la concurrence qu'il faisait naguère encore à nos races car- rossières, il y avait dans ce fait, de la part des consommateurs et des marchands, une telle absence de bon sens, de bon goût, de patrio- tisme et d'amour-propre, qu'il vaut mieux ne pas en raisonner la cause, ne pas en rechercher la raison. Actuellement, l'ancien cheval danois est complètement transformé par suite de son croisement avec le pur sang anglais : la tête a dimi- nué de volume ; les régions supérieures des membres se sont allongées; la croupe est devenue plus horizontale; la poitrine s'est élargie; les pieds se sont rétrécis, etc.; mais, malgré cette amélioration manifeste, malgré qu'il ait acquis plus de brillant et d'énergie, le danois actuel, ou mieux l'anglo-danois, en outre de l'excès de sang qu'il présente souvent, a conservé un peu du lymphatisme de sa mère. Il s'ensuit qu'il constitue assez peu souvent un vraiment bon ser- viteur. Sa seule réelle qualité, c'est d'être très doux et très docile. b. — CHEVAL nANOVRIEN « La race hanovnenne proprement dite, écrit M. Riquet, répandue dans plusieurs parties du royaume, a totalement disparu dans quelques contrées. Sa taille est plutôt moyenne que grande; elle est assez dis- tinguée; sa tête est légère, parfois un peu busquée; l'œil petit, haut placé, ce qui donne à la tête une expression particulière et la fait nommer tôte d' oiseau (1). » (1) A. Riquet, Documents sur le commerce, l'élève des poulains et les ressources chevalines dans la plupart des pi-ovinccs de l'Europe situées au nord et au nord-est de la France (Re- cueil de médecine vétérinaire, 3° série, t. RI, pp. 819 et suivantes). Paris, IRlfi. DES RACES CHEVALINES EN PAHTIGULIEn. 033 Depuis l'époque à laquelle ont paru ces lignes, c'est-à-dire de- puis 1846, l'ancienne race du Hanovre a fini de disparaître sous l'in- fluence du croisement anglais, dont on a, d'ailleurs, usé si abon- damment et si brusquement qu'on a eu beaucoup à se plaindre, là comme ailleurs, de l'abus du pur sang. Le cheval hanovrien actuel jouit, toutefois, d'une certaine réputa- tion et constitue la principale source de revenu pour les agriculteurs du pays qui le produit. c. — CHEVAL MECKLEMDOURGEOIS Lk population chevaline' du Meckleinbowjj comprenait autrefois un type de luxe ou carrossier, un type de selle et un type commun ; mais ce dernier peut être considéré comme disparu de nos jours. Les individus composant cette population avaient, toutefois, des caractères généraux communs bien tranchés, qu'on retrouve encore chez quelques-uns d'entre eux : « la tête carrée, le front large, les yeux grands et beaux, les oreilles un peu longues^ l'encolure fournie, droite, le garrot saillant, le poitrail assez ouvert, l'épaule oblique, l'avant-bras bien musclé, la cuisse forte, les jarrets étroits et peu évidés, les canons longs, les pieds volumineux, les allures bonnes, trottant en retroussant Parl'intluence du sang anglais, ces formes se sont modifiées pour se rapprocher du type de ce dernier, et au- jourd'hui, presque tous les chevaux de luxe achetés dans le Mec- klembourg sont exportés comme chevaux venant d'Angleterre (( Au dire des marchands étrangers et de ceux du pays, le cheval du Mecklembourg est le meilleur et le plus élégant des chevaux du Nord; la manière de l'élever en augmente le prix; il est aussi très re- marquable parla douceur de son caractère, par la bouté et la durée de ses services, par sa souplesse, sa légèreté et la bonté de son pied (1). » Tel était, toutefois, le cheval mecklembourgeois eu 184G; aujour- d'hui^ il s'est beaucoup modifié, et, comme celui du Hanovre, comme l'anglo-normand, il a souvent trop de sang anglais. Aussi, beaucoup d'éleveurs regrettent-ils l'ancienne race, d'après Brehm (2), et cher^ Chent-ils à en réunir les débris pour la refaire* (1) A. Hiquet, loc. cit., 3-' série, t. IV, p. 439, 1847. (2) Brehm, la France est divisée en un certain nombre d'arrondissements d'inspection et en circonscrip- tions, qui sont en nombre égal à celui des dépôts. Chaque circonscription est à son tour subdivisée en stations. Les directeurs des dépôts d'étalons répartissent ceux-ci, d'après leurs propres appréciations, entre les stations et leur circons- cription... L'administration elle-même est dirigée par l'un des inspecteurs géné- raux, qui siège au ministère de l'agriculture. Il est assisté par un conseil supé- rieur des haras, appelé une fois par année à donner son avis sur les questions qui lui sont posées... De ce conseil, en France, comme partout ailleurs où il en existe d'analogues, l'élément scicntiûque a été jusqu'ici à peu près complètement exclu (l)... » Les services de l'adminislration des haras ne coûtent pas à l'Etal moins de 8 à 9 millions par an. C. — ÉTALONS DÉ1\\RTEMENTAUK OU PROVI.NCIAUK En présence des résultais dépbuMbh's iju'avail donnés, dans certains départe- ments, particulièrement dans ceux appartenant aux aires géographiques des {I; A. Sanson, loc.cit.i t. III, pp. 2,8el2Sli. PRODUCTION ET AMÉLIORATION DU CHEVAL. 'i77 races de trait, la méthode de régénération de toutes nos races chevalines à l'aide d'une « infusion » de sang noble à dose variable, préconisée par l'administration des haras, les conseils généraux de ces départements prirent la résolution de pour- voir eux-mêmes aux besoins de la production chevaline, en votant les fonds néces- saires pour l'acquisition d'étalons déparlementaux plus appropriés à ces besoins. Ces étalons sont confiés à des particuliers qui prennent l'engagement de les livrer à la monte durant nn temps déterminé et à des conditions convenues, pour en devenir gratuitement propriétaires à l'expiration du délai, ou ils sont adjugés aux enchères publiques et à perte, toujours sous la condition expresse d'être employés à la monte dans le département durant un certain temps. d. — ÉTALONS APPROUVÉS Le nombre des étalons nationaux étant insuffisant, l'administration des haras a, parmi ses attributions, celle d'approuver les étalons qui, bien que ne lui appai tenant pas, sont conformes à ses vues. A son approbation se rattache une prime en argent, dont il lui appartient de fixer la quotité et tlontle maximum est seulement déterminé. e. — ÉTALONS AUTORISÉS Ces étalons sont également «((/or/sr*- par les fonctionnaii-es de l'administration des haras; mais l'autorisation n'est accompagnée d'aucune prime; elle confère seulement à la descendance de l'étalon des droits à concourir aux encourage- ments distribués par l'administration. /. — ÉTALONS ROULEURS Les étalons roulfurs sont ceux que des propriétaires entretiennent à leurs frais, et qu'ils conduisent de village en village, de ferme en ferme, pour faire la monte. Non compris autrefois dans le système de protection de l'Etat, ces étalons ne peuvent, aujourd'hui, être employés à la monte sans posséder un certificat constatant qu'ils ne sont atteints ni decornage, ni de fluxion périodique. Valable pour un an, ce certificat est délivré gratuitement après examen de l'étalon par une commission nommée par le ministre de l'agriculture. D'autre part, d'après cette nouvelle loi relative à la surveillance des étalons (promulguée le 14 août 1883), tout étalon employé à la monte, qu'il soit approuvé, autorisé ou muni du certificat indiqué ci-dessus, sera marqué au feu sous la crinière. Beaucoup d'hippologues reprochent aux étalons rouleurs de ne se recom- mander par aucun titre positif, d'être souvent couverts de tares, de faire trop de saillies et de se montrer, par cela même, fréquemment inféconds. u Ils ne sont cependant point les plus excédés, dit M. Sanson. La raison en est qu'ils sont les plus fortement nourris. Les paysans n'aiment pas à donner de l'argent, mais ils sont moins regardants pour les denrées (1). » Aussi la vérité est-elle que les étalons rouleurs résistent mieux, en général, aux fatigues de la (I) A. Sarson, lor. éd., I. III, p. 227. ^>^^ RACES CHEVALINES. monte que les autres, et qu'il suffit aux départements, pour obtenir de bons résultais avec eux, surtout depuis la loi protectrice du 14 août 1883, de fonder (les prix ou de distribuer des subventions aux éleveurs qui introduisent et entre- tiennent les meilleurs reproducteurs. g. — ÉTALONS DE TRIBUS Quant aux étalons de tribus^ que l'on rencontre en Algérie, leur institution est due à M. le maréchal Randon. Ils sont achetés aux frais des tribus, et restent leur propriété; mais leur acceptation, comme reproducteurs, est confiée aux commandants des dépôts, qui statuent aussi sur leur réforme. B. — ENCOURAGEMENTS DONNÉS A LA l'UODUCTION CHEVALINE a. — PKIX ET PRIMES Les prix sont des encouragements accordés à ceux qui ont le mieux rempli les conditions d'un programme connu d'avance. Fondés par l'État, par les administrations locales, par les sociétés savantes, par des souscriptions volontaires ou par de simples particuliers, ils sont toujours donnés en nombre déterminé. Les primes difîèrent des prix en ce que, au lieu d'être accordées en nombre déterminé et annoncé d'avance, à ceux qui ont produit le mieux un effet désiré, elles sont instituées en nombre indéfini, ou plutôt, il n'y a qu'une prime, que l'on distribue à tous ceux qui remplissent les conditions du programme. « Ce qui contribue à faire confondre les prix et les primes, c'est l'exhibition quia lieu le plus souvent quand on distribue ces dernières : on réunit dans le même lieu les juments et les poulains des éleveurs qui ambitionnent cette récompense, pour apprécier leurs droits; mais cette exhibition n'est que facul- tative, et du moment que les animaux à primer ne sont pas comparés, il ne serait pas nécessaire de les réunir (1). » Seules les juments poulinières, les pouliches et les poulains dressés, issus des étalons nationaux, des étalons approuvés ou autorisés, peuvent concourir aux primes nationales. Tous les autres en sont exclus. L'institution des primes nationales a donc visiblement pour but d'attirer aux étalons appartenant à l'Etat ou patronnés par lui la clientèle des juments. Elle ne vise point à exciter l'émulation entre les éleveurs, en leur laissant le libre choix des moyens de production. Ce n'est qu'un moyen de plus pour étendre l'influence de l'administration. En France, les Equidés ne sont pas admis dans les concours et expositions d'animaux institués par le gouvernement : « Ils y figurent, dit M. Sanson, dans un certain nombre de régions où la production chevaline en particulier, oîi la production équine en général, a de l'importance ; mais c'est seulement à titre d'annexé et par l'initiative des associations agricoles ou hippiques locales, qui font en ce cas les frais de leur exposition spéciale. (I) II. Mngiie, toc. cit., t. I, p. 3.ï. PRODUCTION ET AMÉLIORATION DU CHEVAL. 679 « Il existe, en outre, depuis quelque temps, en France, une société puissante par l'argent dont elle dispose, sous le nom de Société hi/ipique française pour l'encouragement des chevaux de service, et qui, chaque année, organise, sur divers points de la France, des concours de circonscription, couronnés par un concours général à Paris (1). » Instituée sur les bases les plus solides, guidée par le sentiment de l'intérêt public, cette société rend de véritables services à la production et ne saurait être trop encouragée, tant qu'elle restera dans la voie pratique où elle s'est engagée jusqu'ici. b. — COURSES Le but des épreuves connues sous le nom de coio'ses peut se résumer ainsi : « Régénérer les races communes par l'étalon de pur sang éprouvé par les courses (2). » Ces épreuves datent de la plus haute antiquité : les fêtes de la Grèce antique, delà Rome impériale, de l'ancienne Byzance, empruntaient aux courses en char, auxquelles prenaient part la noblesse, les princes, les rois eux-mêmes, leur plus brillant éclat. Mais, dans les luttes d'autrefois, le cheval était relégué au second plan; elles avaient surtout pour but de mettre en évidence la force, l'adresse, l'audace de l'homme. Les courses modernes, par contre, ne visent que le cheval. Elles ont pris nais- sance en Angleterre, on ne sait pas exactement en quelle année; mais l'iiistoire nous apprend que sous Henri II (Hoi-83) elles existaient déjà; qu'Edouard III et Henri IV s'en occupèrent sérieusement; que Jacques I" créa celles de New- niarket. de Croydon, d'Enfield-Chase (1003-23); que Charles II (1600-83) les protégea beaucoup. « Dans le principe, les courses n'étaient pas ce qu'elles sont aujourd'hui. Alors, pas de système d'entraînement, pas d'hippodrome, pas de prix énormes ; elles n'étaient ni un jeu ni une spéculation. En quittant leurs travaux, les chevaux entraient en lice, couraient sur des terrains accidentés, portaient de 70 à 80 kilo- grammes, et parcouraient de 6 cà 7 kilomètres. Le prix consistait en une cravache ou en une sonnette d'or ou d'argent; et, après la course, les vainqueurs et les vaincus reprenaient leurs travaux. En 1770, époque à laquelle Éclipse brillait sur les hippodromes, les courses étaient encore de 6 kilomètres, et le poids imposé aux coureurs considérable 1,77 kilogrammes) ; mais déjà la mode des paris était grande et les prix très élevés, puisque ce célèbre coureur gagna, en dix-sept mois, 623,000 francs à son maître. Aujourd'hui, les courses sont très répandues en Angleterre, et chaque ville a son hippodrome. Les plus renommés sont ceux de Newmarket, de Doncaster, d'Epsom, de Liverpool, d'York, etc. (3) « Il y a eu des courses en France de temps immémorial ; mais celles de vitesse, imitées des Anglais, n'ont été introduites que dans le milieu du siècle dernier. Elles ne furent même régulièrement établies et encouragées par l'État qu'à partir du 31 août 1803. (1) A. Sanson, loc. cit., t. III, p. 306. (2) Cai'iut des courses, publié sous les auspices de la Société d'enowagement {Jockey-Club). (3) Vallon, /oc. cit.,i. Il, p. 403, 680 RACES CHEVALINES. A cette époque les règlements des courses étaient beaucoup mieux raisonnes, beaucoup mieux établis que ceux des courses actuelles, où l'on a tout sacrifié à la vitesse, rien au fond, rien à la puissance de conslilulion, comme le lecteur pourra s'en convaincre plus loin. Dans une brochure que le comice hippique, dont les membres avaient été choisis parmi les hommes les plus recommandables et les plus instruits sur la question des courses, adressait au pays et aux chambres en 1844, nous trouvons le passage suivant : « Les courses ne sont plus en Angleterre, et même en France, ce qu'elles étaient k l'origine, ce qu'elles devraient être uniquement, une épreuve nécessaire pour s'assurer de la vigueur et du fond d'un cheval destiné à la génération. Elles sont devenues pour les uns une spéculation, pour les autres une occasion de ruine et d'élégance, pour tous un jeu. » « Que peut-on attendre de bon d'une semblable institution, poursuit à ce propos M. Richard, auquel nous allons laisser la parole un instant? « Que peut-on améliorer par un principe qui a pour conséquence l'escroquerie perfectionnée et organisée, le jeu, la ruine, etc., d'après l'aveu des hommes les plus désintéressés personnellement, comme les plus instruits en semblable matière? Quels avantages peut en retirer l'agriculture avec sa bonne foi natu- relle ? Que peuvent y gagner les éleveurs honnêtes pour l'amélioration de leurs produits? « Puisqu'il ne s'agit plus aujourd'hui que de gagner un prix de vitesse, on a disposé les coursiers de manière à être vainqueurs : on ne s'occupe plus des conditions indispensables aux améliorateurs types. On conçoit donc quelle influence ont pu exercer les courses sur le perfectionnement des races. Nous avons suivi les hippodromes, autant qu'il nous a ^té possible de le faire, partout oli nous avons voyagé, et nous y avons rarement vu des modèles comme Agar, Corysandre, Sylvia et même Pitz-Emilius, quoiqu'il ne soit pas d'une forte charpente, comme tant d'autres. Nous avons presque toujours remarqué des chevaux à membres longs et grêles, à corps allongé et aplati. Ces animaux avaient, d'ailleurs, les qualités exigées pour la vitesse ; mais ils péchaient par la courbure des côtes, par trop de longueur des reins et des flancs, par le défaut de développement général des muscles; ils manquaient aussi par l'écartement des tendons, par la puissance des articulations, par tout ce qui caractérise, enfin, la force unie à la résistance, à la vigueur. On peut dire, en un mot, que les constitutions robustes, fortement charpentées, sont les exceptions sur les hippo- dromes de notre époque. Cela s'explique. L'expérience a prouvé à tous les cou- reurs eux-mêmes que ces qualités sont généralement incompatibles avec la grande vitesse exigée. Pour bien courir le temps voulu, il faut un sujet nerveux, irritable, avec de longues jambes, quelque grêles qu'elles soient, un corps allongé et de longs muscles pour une grande étendue de jeu. Avec du sang et cette confor- mation, le cheval d'hippodrome réunit toutes les conditions de succès éphémère, qui est l'unique but des spéculateurs. Ils n'en veulent pas d'autres. « Si le mal se bornait là, ce serait peu de chose, mais il réagit sur la produc- tion générale du cheval léger, et les résultats sont aujourd'hui malheureux. Puisque les courses sont la meilleure épreuve à laquelle on peut soumettre les reproducteurs, dit-on, ce sont les vainqueurs qui [sont les meilleurs types; ce PRODUCTION ET AMELIORATION DU CHEVAL. G8I sont donc les ainéliorateurs qu'il faut choisir d'abord pour croiser nos races et leur donner du sang. La conséquence est digne, comme on le voit, de son prin- cipe. Celte triste théorie, soutenue par des hommes influents, et, d'ailleurs, les mieux intentionnés, a déterminé sur beaucoup de points l'industrie agricole à en faire l'application. Mais aujourd'hui l'épreave est faite. L'agriculture ne veut plus de ces producteurs t3'pes de nouvelle espèce; elle a cent fois raison : elle a été embarrassée de leurs produits, qu'elle a élevés avec perte. Le commerce n'en voulait à aucun prix, on ne savait à quel service les employer. « La vicieuse conformation de la locomotive pur sang anglais, que nous avons préconisée à tout prix et par tout moyen, a dégoûté nos éleveurs. Voyez maintenant quelles en sont les conséquences: vous vouliez des chevaux de guerre, vous avez fait faire des mulets (1). » D'ailleurs, les courses ne fout pas toujours connaître les meilleurs coureurs; car la manière dont les chevaux ont été dressés, entraînés, dont ils sont montés, l'habileté des jockeys, erxercent une grande influence sur le résultat de ces con- cours. Combien de bêtes de bonne race, bien conformées, pleines de fond et d'énergie, sont vaincues par des chevaux médiocres, mais bien préparés! Et puis, les espérances les mieux fondées ne peuvent pas toujours suffire à contrebalancer, à combattre avec avantage les efforts de ceux qui, n'ayant pas les mêmes chances, « n'hésitent pas, dit M. le comte de Montendre, à employer la ruse et les moyens les plus coupables et les plus étrangers à l'honneur et à la délicatesse (2) ». « Ce sont, écrit d'autre part M. Magne (3), des charlatans qui prônent un cheval qui n'a aucune valeur pour le faire vendre cher; ce sont des entraîneurs, des jockeys, (]ui rendent des chevaux malades, qui les empoisonnent avec l'arsenic, qui les engourdissent avec l'opium, qui s'entendent entre eux, qui font les maladroits pour faire gagner celui qui a fait les plus grands sacrifices pour payer ces friponneries. » Il est vrai de dire que ces manœuvres ont surtout pour théâtres les hippo- dromes anglais; elles sont beaucoup plus rares en France, grâce à la surveillance rigoureuse qui y est exercée par l'administration et la Société d'encouragement. Il est évident, d'après cela, que les courses actuelles sont loin de pouvoir être considérées comme moyens d'amélioration de nos races chevalines. Et pourtant, il n'est pas douteux qu'elles doivent constituer un bon point de départ de toute amélioration de nos races. « Mais il faut renoncer au passé; il faut qu'on en fasse justice d'un seul coup ; rien n'est plus facile. Commencez par exclure du concours tout animal taré, quelle que soit son origine ; n'admettez (pie des coursiers de cinq ans et plus, jamais au-dessous de cet âge ; chargez-les du poids que porte un cheval de dragon en campagne; puis établissez des distances de 25 à 30 kilomètres et plus, si vous voulez, après avoir modifié la charge suivant les conditions reconnues par une expérience raisonnée; ou bien mesurez le temps pendant lequel devra durer l'épreuve, ce qui vaudrait peut-être mieux encore; vous verrez alors les mauvais chevaux coureurs retourner à l'écurie ou rester en route ; les spéculateurs de mauvaise foi, désappointés, dispa- (1) A. Ricli;u-.i, Ion. cit., pp. 376, Z',1 et 378. (2) Comie de Monlendre, lustitutions liippiqucf, I. III, p. 247. (3) H. Magne, loc. cit., p. 51. 682 H ACES CHRVALINES. raîtront, et les véritables bons chevaux auront enfin leur tour; ils amélioreront véritablement alors nos races... Voilà la vérité; pi vous ne voulez pas y croire, le temps, la raison et l'expérience vous y forceront un jour, après bien du mal et bien de l'argent inutilement dépensé (1). » Nous n'avons rien à ajouter à ces réflexions d'un de nos hippologues les plus autorisés. On distingue plusieurs sortes de courses : la course plaie, la course de haies, le slei'ple-chase et la course au (rot. i" Courses plates. — Les courses plates sont dirigées et subventionnées par la Société cF encouragement, plus connue sous le nom de Jockey-Club. « Cette société, dit l'auteur du Carnet des courses, aujourd'hui puissante et prospère, a créé des hippodromes (2), fondé les courses et les prix, patronné et subventionné les courses de province, institué le salon des courses et réglementé les paris. Elle est représentée par le comité des courses, composé de quinze membres fondateurs et de quinze membres adjoints. » Tout cheval, pour être admis à prendre part aux courses, doit présenter certaines conditions déterminées, sous peine d'être disqualifié, c'est-à-dire de se voir le droit de courir retiré. « Sont admis, sauf conditions contraires, les che- vaux entiers et juments inscrits au Stud-hook, nés et élevés en France jusqu'à l'âge de deux ans et régulièrement engagés. Les engagements doivent se faire par écrit, dans les termes exigés par les règlements et en temps opportun. Au moment de l'engagement, le propriétaire doit pa3'er Ventrée ou le forfait ; sinon, il n'a pas le droit de faire courir. L'entrée est une somme d'argent fixée par le programme et variant de 23 à 1000 francs. Le forfait est une somme inférieure à celle de l'entrée, qui doit être payée par le propriétaire dont le cheval est en gagé et ne court pas. « La distance de la course est toujours indiquée au programme. Elle varie de 800 à 6,200 mètres. Au-dessous de 1,C00 mètres, les courses sont dites à courtes distances. La distance moyenne est de 2,i00 mètres. « Les ]m.x de course sont donnés par les sociétés de courses, par l'administra- tion des haras, par les conseils généraux, les villes, les compagnies de chemins de fer, les cercles, les particuliers, etc. Plus de 1,500,000 francs sont annuelle- ment distribués. Au montant du prix, ou à la somme inscrite au programme, viennent s'ajouter les entrées et les forfaits, qui, parfois, en doublent ou en triplent la valeur. «L'administration des haras donne dos prix classés dits nationaux, princi- paux, spéciaux, variant de 4,000 francs à 1,300 francs, attribués aux courses plates, et des prix non classés. Un arrêté ministériel répartit les prix classés (1) A. Richard, lac. cit., p. 379. (2) Les hippodromes sont des lieux de réunion appropriés pour les courses aux chevaux et comprenant une ou plusieurs pistes. Toute piste est limitée par deux rangées dû piquets reliés à l'aide de cordes et décrit autour de l'iiippodrome, en face des tribunes, un circuit de forme ovale sur lequel courent les chevaux. L'intéiicw de la fiste est l'espace entouré par la piste où se tiennent les cavaliers, les voitures et la foule des piétons. Quant aux tribunes, elles sont exhaussées, de manière à permettre aux specta- teurs de bien embrasser toute l'étendue de la piste. Enfin, dans Venceinte du pesage se tiennent les chevaux de course, les propriétaires, les entraîneurs, les jockeys, l'élite des sporslmen et des parieurs. PRODUCTION ET AMÉLIOll ATION DU CHKVAL. 683 entre les hippodromes; quant aux prix non classés, le ministre, ou plus exacte- ment le directeur de l'administration des haras, en dispose chaque année sui- vant qu'il lui plaît. « Il y a des prix à poids éyaux, dans lesquels les chevaux et les juments étant du même âge, les premiers rendent seulement aux secondes le poids pour sexe, qui est fixé à 1,300 grammes; des prix à poids pour âge, dans lesquels une échelle a été établie réglementairement, en vue de permettre aux chevaux d'âges différents de courir ensemble dans des conditions d'égalité, et en faisant varier le poids, non seulement suivant l'âge, mais encore suivant la distance, parce que les chevaux âgés sont considérés comme ayant plus de fond « Il y a aussi des prix avec surcharges et décharges, ayant pour but d'empê- cher les meilleurs chevaux de gagner tous les prix. Dans ce cas, il est stipulé que le gagnant de tel prix portera dans les autres courses une surcharge déter- minée. Ceux qui n'ont pas gagné sont au contraire déchargés. " Enfin, il y a les handicaps, dans lesquels, à l'aide du poids, on cherche à égaliser les chances de succès de tous les chevaux. Un commissaire, dit handi- capeur, est chargé de la lâche difficile d'établir l'cclielle des poids, à chaque course, depuis le meilleur cheval jusqu'au plus médiocre, en prenant pour base le pedigree et les performances. 'oirf stimule la sensibilité et la circulation capillaire de la peau; il augmente l'hématose cutanée et la chaleur périphérique, provoque à l'exercice musculaire et, conséquemment, à la dépense du combustible, aiguise l'appétit et rend plus actives les fonctions digestives. Il appelle ainsi des aliments plus substantiels et favorise la nutrition. En définitive, il développe la masse du corps et crée le tem- pérament sanguin. La chaleur dilatant l'air, celui-ci fournit, à chaque inspiration pulmonaire, une moindre quantité d'oxygène. Par suite, la combustion des aliments ne peut que se faire d'une manière incomplète, et il est nécessaire que le foie sécrète une quantité plus considérable de bile afin d'éliminer les matières incomburées. Cette sécrétion active amène un plus grand développement de l'organe sécréteur; d'où le tempérament hépatique propre aux peuples tropicaux. Aussi, quels que soient son génie et ses inépuisables ressources, faut-il que l'Européen, devenu habitant des régions polaires, prenne quelque chose de l'Es- quimau, ou que, transplanté sous les tropiques, il se plie dans une certaine mesure au régime des Africains. En ce qui concerne les chevaux originaires des paj's chauds, ils ont, en géné- ral, des formes élancées, un système nerveux développé, des tissus fermes, une peau serrée, une vigueur et une énergie exceptionnelles. Somme toute, l'action incessante du climat sur les organes élève, abaisse on pervertit les actes physiologiques. Consécutivement, les phénomènes nutritifs et plastiques subissent un changement analogue, car l'activité des fonctions est le véritable régulateur de la nutrition. L'organisme, pour résister à la pression exté- rieure, réagit avec force, et cette lutte engendre à la longue des altérations de forme, d'étendue, de rapports, que l'iiabitude fixe et que l'hérédité transmet. Un sol riche, ombragé, humide, élève la taille et fait prédominer les tempéra- ments lymphatiques, sanguins. Un terrain sableux, aride, insolé, produit des effets opposés : brièveté de la taille, sécheresse des tissus, coloration plus intense, etc., etc. Veau salée, Vatmosphcre maritime, produisent des animaux à taille relativement peu élevée, mais robustes, etc., etc. Maintenant, il est bon de dire que ces influences extérieures, chez les animaux à l'état domestique, sont modifiées, tempérées par l'homme, qui favorise l'action de certaines d'entre elles et neutralise celle de quelques autres. Malgré tout, il est indispensable, lorsqu'on veut améliorer une race, de tenir grand compte de l'influence du milieu ambiant. 2° Action de la nourriture. — L'action de la nourriture sur le perfection- nement de nos chevaux est tellement considérable qu'on a pu la comparera celle des reproducteurs eux-mêmes. " Une bonne nourriture, en fournissant un chyle riche, dit Magne, produit un sang abondant, active la respiration et rend les voies aériennes spacieuses. 692 RACES CHEVALINES. Sous l'influence du sang ûbrineux qui se produit, les muscles deviennent volumi- neux relativement aux os. En outre, une petite quantité d'aliments substantiels nourrit suffisamment sans distendre les viscères abdominaux. « Ainsi se produit, avec de belles formes, la constitution sanguine, qui rend les animaux forts, vifs, énergiques, plutôt qu'ardents et irascibles (1). » Aussi, avant toute tentative d'amélioration, doit-on s'enquérir des matières alimentaires, ou matières premières de la production animale, fournies par le sj's- tème de culture. Ces matières, en eflel, doivent non seulement être en quantité suffisante, mais présenter telles qualités qui permettent au tj'pe chevalin que l'on veut produire de les utiliser avec le plus de profit, le moins de déchet possible. Or, les matières premières dont on dispose dans un pays dépendant du système de culture suivi, il en résulte que la question agricole est peut-être la plus im- portante de celles dont il est indispensable de tenir compte dans toute entreprise zootechnique bien conduite. « Chaque pays, écrit M. Richard, comporte son climat, ses habitudes, son genre d'industrie, son agriculture riche ou pauvre, ses ressources morales et physiques, toutes les conditions, enfin, qui guident l'homme de savoir dans ses opérations d'ensemble ou de détail. La nature a ses lois toujours uniformes, im- muables; leur action est incessante, rigoureuse, comme la marche des éléments qui la subissent; ceux qui n'en tiennent pas compte en amélioration des races, ceux qui prétendent que l'on peut faire partout les mêmes individus par les mêmes moyens, manquent d'esprit d'observation ou de jugement, ou n'ont pas étudié le principe qui régit la marche de la création; ils erreront toujours en aveugles. Si des intelligences supérieures luttent avec un certain avantage passager, par des procédés factices que la science enseigne, ce ne sont que des exceptions favorisées par la fortune et les moyens dispendieux dont elle peut disposer sans préju- dice (2).... » C'est pour avoir méconnu cette judicieuse manière d'envisager la question de l'amélioration des races chevalines; c'est pour ne pas s'être assuré auparavant que les produits en voie d'amélioration trouveraient sur le sol oîi ils étaient ap- pelés à vivre une nourriture en rapport avec leur nouvelle organisation, que l'on a eu tant de mécomptes avec le croisement de nos anciennes races par le pur sang anglais. B. —INFLUENCE DELA GYMNASTIQUE FONCTIONNELLE t< Nous appelons gymnastique fonctionnelle, dit M. Sanson, l'exercice métho- dique ou réglé, dans un sens déterminé, de toute fonction physiologique quel- conque (3). » C'est par la gymnastique fonctionnelle, ])ar les pratiques métliodiques de l'en- Irainement que l'on arrive à habituer progressivement le système nerveux et le système musculaire des chevaux de course à cette conductibilité nerveuse et à (1) H. Magne, (oc. cit., l. l", p. 976. (2) A. Richard, loc. cit., pp, '538 et 439. (3) A. Sanson, toc. cit.. t. II, p. 332. PRODUCTION ET AMÉLIORATION DU CHEVAL 093 celle excitahililé instantanée, qui ont pour conséquence une accélération corres- pondante des échanges moléculaires, un grand développement du système mus- culaire et enfin une production considérable de force vive ou d'énergie. Le développement du système musculaire sous l'influence du travail est, d'ailleurs, un fait de connaissance vulgaire. Tout le monde sait que les muscles des bras des forgerons, ceux des jambes des danseurs, etc., etc., acquièrent un volume supérieur à la moyenne. La sève réparatrice de l'aliment se fixe de préférence là. où est le siège de l'activité. C. — I.NTUJEKCE DIÎ LA GÉMÎHATION La généralim est certainement l'un des moyens d'amélioration les plus effi- caces, mais non le premier de tous, comme on le croit trop souvent, son action, sous ce rapport, se bornant, en général, à reproduire les modifications créées par les agents extérieurs qui jouent, en somme, le premier rôle dans l'améliora- tion des races. C'est môme dans la méconnaissance de cette vérité qu'il faut chercher la prin- cipale raison des échecs si souvent observés, particulièrement en ce qui concerne la production de ce qu'on appelle les races chevalines légères ou distinguées, dont le perfectionnement est fondé presque exclusivement sur l'intervention des étalons dits de pur sang. Trois opérations se rattachent à l'amélioration de nos races par la génération : 1" La sélection, ou accouplement de deux individus choisis de la même race, en vue de conserver, de perfectionner celle race autant que le climat, la nourri- ture, les soins le comportent; 2° Le crohement, ou accouplement d'un mâle d'une race avec une femelle d'une aulre race, dans le but de créer des produits mieux appropriés à nos besoins que leurs ascendants; 3° Le métissage, ou accouplement, soit des produits du croisement entre eux, soit tout simplement d'un mâle métis avec une femelle de race pure. Ces difiérenles opérations ayant pour objet la transmission aux descendants des propriétés qui appartiennent à un titre quelconque aux ascendants, nous de- vons tout d'abord dire un mot du phénomène en vertu duquel a lieu cette trans- mission, c'est-à-dire de l'hérédité. Le présent paragraphe comprendra donc l'analyse succincte des principales lois de l'hérédité et de chacune des méthodes de reproduction que nous venons d'é- numérer. a. — HÉRÉDITÉ On entend par hérédité la faculté qu'ont les êtres organisés de transmettre leurs formes, leurs qualités aux individus qu'ils engendrent; d'où l'axiome fon- damental de la loi d'hérédité : le semblalile engendre le semblable. Cette faculté, ou puissayice héréditaire, se manifeste sous divers modes; c'est ainsi que l'on distingue : 1° l'hérédité individuelle ou hérédité des modifications acquises; 2" l'hérédité sexuelle on influence du sexe; 3° l'hérédité de race, encore appelée hérédité des ancêtres ou ancestrale; 4° la consancjuinité, ou influence plus ou moins proche des individus accouplés. 091 RACES CHEVALINES. 1° Hérédité individuelle. — L'hérédité individunlle est la propriété que possède chaque individu de transmettre à ses descendants les qualités ou les dé- fauts qu'il a acquis sous l'influence de conditions plus ou moins bien détermi- nées et qui le distinguent des autres individus de la même race. Cette propriété n'est pas également marquée chez tous : certains la possèdent à un degré relativement faible; d'autres, au contraire, ont une puissance hérédi- taire individuelle telle qu'ils transmettent toujours sûrement leurs propres carac- tères k leurs produits, quels que soient ceux de leur conjoint. Dans tous les cas, l'hérédité individuelle ne s'exerce que sur les modifications organiques spontanées naturelles (1), ou résultant de nos méthodes zootechni- ques. Celles qui sont purement accidentelles ne sont pas héréditaires. C'est ainsi que le chien dressé pour la chasse transmet son aptitude à ses descendants, tandis qu'on a beau lui couper les oreilles, les petits qui naissent de couples ainsi mutilés ont des oreilles. 11 est, d'ailleurs, un autre fait d'observation que nous devons noter : c'est que la transmission des modifications héréditaires saute quelquefois une ou plusieurs générations ; ce n'est qu'à la deuxième et quelquefois à la troisième qu'on les voit se reproduire. 2° Hérédité sexuelle. — Dans l'hérédité sexuelle, ou influence du sexe, il y a lieu d'étudier la part d'influence qu'exerce chacun des deux sexes : 1° sur la conformation générale de l'être créé ; 2° sur le sexe même de cet être créé. 1° Influence respective des sexes sut' la conformation générale des êtres créés. — Des observations faites sur toutes les espèces démontrent que les deux sexes exercent, dans les circonstances ordinaires, une influence à peu près égale. Les caractères paternels et les caractères maternels se présentent répartis selon des proportions très diverses : tantôt les uns prédominent, tantôt les autres; tantôt il y a partage à peu près égal. Cela dépend évidemment, comme toujours, des puissances héréditaires individuelles en présence dans la reproduction. Toutefois, plusieurs circonstances, la vigueur, l'ancienneté de race, une pro- pension à l'acte génital, peuvent faire prédominer l'un ou l'autre sexe. « Le reproducteur fort, vigoureux, jouissant d'une bonne santé, dit Magne, est bien disposé pour imprimer ses caractères au produit de la conception, et il les lui imprime constamment s'il s'accouple avec un individu faible, lymphatique, exténué par la privation d'aliments, par l'excès du coït, du travail, ayant, enfin, une constitution altérée (2)... » 2° Influence respective des sexes sur le sexe même de L'être créé. — L'influence de l'individualité sur le sexe ne paraît guère discutable : certains étalons pro- créent plus de mâles que de femelles; d'autres, au contraire, produisent plus de femelles que de mâles. Mais toutes les explications qu'on a données de ce fait sont plus ou moins erronées. A propos de l'influence respective des procréateurs sur le produit, nous devons également dire un mot de ce que les uns appellent Yinfeclion de la mère, les (1) Au nombre de celles-ci, il y a lieu de ranger certaines maladies, certaines lares, parmi lesquelles nous citerons : la phthisie pulmonaire, la fluxion périodique, les tumeurs dures des membres, etc., etc. Mais, dans ce cas, c'est plutôt la prédisposition à contracter telle maladie ou telle tare qui est héréditaire que l'afl'ection elle-même. (2) H. Magne, toc. cit., t. 1", p. 144. PRODUCTION ET AMELIORATION DU CHEVAL. fi95 autres Vhcrédilé par influence, phénomène, dans tous les cas, par suite duquel le mâle qui féconde pour la première fois une jeune femelle l'imprégnerait de telle sorte que toute sa descendance ultérieure se ressentirait de ce premier rapprochement, quels que fussent les autres mâles auxquels seraient dues les nou- velles fécondations. Quoique les faits de cette nature soient beaucoup plus rares qu'on l'a avancé, et que le croient surtout les chasseurs éleveurs anglais, qui considèrent comme absolument perdue, au point de vue delà reproduction, toute chienne qui a subi une première mésalliance; bien que la doctrine de l'infection soit même consi- dérée comme erronée par quelques-uns de nos zootechniciens les plus autori- sés, nous croyons, pour notre part, que, par suite d'une simple habitude orga- nique, la matrice peut acquérir exceptionnellement une aptitude particulière à reproduire ce qu'elle a fait une première fois. Nous citerons à ce propos l'exemple de la jument de lord .Alorton qui, en 1813, ayant produit un mulet après avoir été fécondée par un couagga, fit ensuite, par trois fois, avec un étalon arabe noir, des poulains dont la robe était marquée de bandes noires transversales comme celle du solipède sauvage. U" Hérédité ancestrale. — L'hérédité ancestrale ou de race est celle en vertu de laquelle le descendant répète et reproduit l'ascendant. Selon Hœckel, « c'est la force formatrice centripète ou interne; elle travaille à maintenir les formes organiques dans la limite de leurs espèces, à faire que la descendance ressemble aux ancêtres, à produire des générations toujours frap- pées à la même effigie. L'influence des milieux, ou plutôt l'adaptation, au con- traire, fait contre-poids à l'hérédité. C'est la force formatrice centrifuge ou externe; elle tend perpétuellement à transformer les formes organiques sous la pression des influences extérieures, à tirer de nouvelles formes des formes préexis- tantes (1)... » Par ce fait même, suivant que la prépondérance dans la lutte appartient à l'une ou à l'autre de ces deux forces, la race reste avec ses caractères ou change et s'améliore. Or, les caractères ancestraux se transmettent d'autant plus sûrement qu'ils sont plus anciens, mieux fixés dans la race : «. L'influence de celle-ci sur la repro- duction, dit Magne, est bien sensible quand on croise deux races dont l'une est ancienne, bien formée, et l'autre nouvelle, sans caractères fixes. On voit alors que les individus de cette dernière influent très peu sur la forme de leurs descen- dants ; que le produit de la conception ressemble principalement à la race an- cienne et qu'il peut n'avoir aucun rapport avec l'autre (2)... » Atavisme. — On entend par atavisme (du latin atavus, ancêtre) la tendance qu'ont les descendants modifiés et croisés à reprendre un ou plusieurs caractères de la souche primitive. En voici un exemple frappant rapporté par Girou de Buzareingues : un chien, braque par caractère, mais qui provenait d'une famille métisse de braque et d'épagneul, fut uni <à une femelle braque de race pure : il engendra des épagneuls. Retour au type, retour ou pas en arriére, réversion. — I^orsqu'on croise deux (1) llœckel, hic. cit. (2) H. Magne, /oc, cit. t. l"', p. 146. 696 RACES CHEVALINE?. métis provenant d'une première union entre deux races distinctes, les produits du croisement de ces deux métis retournent en totalité à l'une des races mères, ou ils se partagent entre l'une et l'autre. Le caractère commun des métis et aussi des hyljrides e?t la ressemblance, soit avec l'un des parents : alors la ressemblance est dite nnilalérale ; soit avec les deux parents : alors la ressemblance est bilatérale. 4° Consanguinité. — La consanguinité, que M. Sanson fait rentrer avec rai- son, croyons-nous, sous l'empire des lois naturelles de l'hérédité, sert à désigner la reproduction par des accouplements incestueux. On la met en usage quand on fait reproduire le père avec la fille, la mère avec le fils, le père avec la sœui\ le cousin avec la cousine. Les produits sont dits consanguins, et particulièrement utérins quand ils sont parents du côté maternel. « Un préjugé fort ancien et très répandu attribue à la consanguinité des repro- ducteurs une influence préjudiciable à la constitution du produit de leur accou- plement. D'après ce préjugé, que la plupart des éleveurs partagent encore à des degrés divers, l'influence se manifesterait par des malformations nombreuses et variées, par des altérations constitutionnelles, des afTaiblissements de la vitalité et surtout de la fécondité, allant jusqu'à l'extinction de la faculté procréa- trice (1)... » Pourtant, la consanguinité n'a par elle-même aucune de ces influen- ces malfaisantes ; son rôle se borne à accentuer les caractères des procréateurs, les bons comme les mauvais, à élever, en somme, l'hérédité à sa plus haute puis- sance. Si donc, par le fait même de l'impossibilité de la sélection dans l'espèce hu- maine, les lois civiles et religieuses ont, avec raison, prohibé l'union entre parents jusqu'à un certain degré, il ne doit plus en être de même lorsqu'il s'agit de nos animaux domestiques. Car ici, la consanguinité est entre les mains des éleveurs l'une des armes les plus puissantes dont ils peuvent disposer; mais, qu'ils ne l'oublient jamais, une arme à deux tranchants, dont l'usage à contre-sens serait rapidement fatal à la production chevaline. C'est, d'ailleurs, à l'aide de la consanguinité que les Anglais ont créé leurs races les plus précieuses. b. — MÉTHODES DE REPRODUCTION Nous distinguons trois méthodes pour reproduire les animaux sujets de la zootechnie : la sélection, le croisement et le métissage, dont la pratique n'est que l'application des lois de l'hérédité. Elles ont pour but d'imprimer et de perpétuer chez les animaux telles modi- fications, telles améliorations qui puissent les mettre dans le cas de servira la satisfaction des besoins nés de l'état social civilisé. IMais, comme ces méthodes, pour être menées à bien, exigent toutes un choix judicieux des animaux que l'on veut employer à la multiplication de l'espèce, nous devons tout d'abord dire un mot des conditions générales que doivent réunir les reproducteurs. Choix des reproducteurs. — Les re[)roducteurs doivent avoir une bonne (I) A. Sanson, loc cit., t. II, p. 41. PRODUCTION ET AMÉLIORATION DU CHEVAL. 697 santé, une forte constitution, toutes les parties du corps saines, mais principale- ment les organes qui, comme les poumons, les intestins, sont essentiels à la vie. Les maladies seront considérées comme des défauts absolus ; mais on placera en première ligne celles qui se montrent héréditaires (fluxion périodique, exos- toses, pieds défectueux, etc.). En ce qui concerne la conformation, on s'attachera à ce que les animaux aient une poitrine spacieuse, des organes génitaux bien conformés, des membres solides, des aplombs réguliers, une taille convenable, une croupe large (pour les femelles surtout). Ils devront, en outre, être [ileins de force, vifs, énergiques, obéissants et doux. Leur robe, enfin, sera celle qui répondra le mieux auxidées reçues dans la localité. Quant à l'âge, si l'on veut obtenir des animaux forts, robustes, on recher- chera des mâles parvenus à l'âge adulte. Toutes les qualités de santé, de conformation, de taille, etc., doivent aussi bien se rencontrer chez les femelles que chez les mâles. Le peu de soin qu'on apporte, en général, dans le choix des mères, contribue beaucoup à produire l'état d'abâ- tardissement de nos races. D'un autre côté, l'expérience seule pouvant apprendre d'une manière positive la valeur des animaux, il est toujours bon d'employer les reproducteurs à titre d'essai. 1° Sélection. Le mol. lélectioti (du latin seligerc, choisir, et sekctio, choix) est usité aujour- d'hui pour qualifier l'opération par laquelle l'homme, voulant créer une race capable de briller par une qualité déterminée, choisit avec soin ceux des ani- maux de cette même race qui, déjà, possèdent à un certain degré la qualité voulue, et les accouple. En vertu de la loi d'hérédité, cette qualité se fixe dans la progéniture et y prend d'ordinaire un épanouissement croissant. Telle est, du moins, la sélection de l homme, car la sélection naturelle ne se borne pas à ce qui concerne la reproduction; elle s'étend, au contraire, atout ce qui agit en même temps pour développer les aptitudes en modifiant la con- formation (climat, nourriture, habitude, exercice, lutte pour la possession des femelles, etc.). L'objection la plus sérieuse qui ait été faite à la méthode d'amélioration des races par elles-mêmes, c'est qu'elle agit avec trop de lenteur comparativement à celle du croisement qu'on lui oppose. Mais, quant à ses effets, ils sont reconnus comme certains, et persimne, au moins en France, ne conteste que la méthode de sélection soit efficace pour con- tribuer à l'amélioration des populations animales. Sous son influence, la trans- mission des améliorations créées est sûre, infaillible. Aussi, ne saurions-nous la proclamer trop haut supérieure à toutes celles dans lesquelles cette même transmission est nécessairement précaire et aléatoire, à quelque degré que ce soit. Car, si la sélection a le tort d'agir un peu lentement, elle a cet immense avan- tage de conduire à des résultats toujours certains pour le présent et surtout pour l'avenir, 698 HACRS chevalines. Ses effets étant subordonnés à l'état de l'agriculture du pays où on l'applique, c'est-à-dire plus ou moins sensibles et rapides suivant que le terrain est riche ou pauvre, bien ou mal cultivé; les types amélioratcurs étant, d'autre part, tous semblables à eux-mêmes, parfaitement identiQés au sol qui les a vus naître, et ciioisis parmi ceux qui présentent déjà au plus haut degré les qualités que l'on recherche, les produits obtenus ne peuvent être que l'expression du maximum d'amélioration possible, eu égard aux ressources agricoles locales. Avec la sélection, aucun de ces mécomptes, aucun de ces coups en arrière qui caractérisent si souvent la méthode de croisement; aucun de ces sujets décousus, nerveux à l'excès, sans puissance héréditaire, enfin, dont les exigences nouvelles ne peuvent plus se contenter des produits du sol. A la place, des animaux plus ou moins irréprochables sans doute, quelquefois même médiocres, mais dont l'autorité héréditaire intacte est une garantie de succès pour toute tentative d'amélioration nouvelle bien entendue. Ce n'est pas à dire, toutefois, que la sélection soit une méthode de reproduc- tion dont tout le monde puisse user avec fruit. Elle exige, au'contraire, plus que toute autre, des connaissances étendues jointes à un tact, à un savoir-faire par- faits. Son application intelligente, raisonnée, fructueuse, repose, en effet, sur la détermination exacte des caractères de la race, des aptitudes diverses des ani- maux, des lois de l'hérédité, et surtout de la consanguinité, qui est la réalisation la plus complète de la méthode, etc., etc. Voici, d'ailleurs, quelles sont les principales règles d'une bonne sélection : 11 faut, avant tout, choisi)' des reproducteurs présentant les caractères de leur race au plus haut degré et écarter de la reproduction ceux qui s'éloignent du type, fussent-ils même supérieurs sous certains rapports. Le père et la mère doivent être de taille à peu près égale et autant que possible de même robe. Relativement à l'âge, « on a toujours remarqué, dit Magne, que les mâles qui ont couvert un grand nombre de femelles sont plus habiles à faire la monte que ceux qui s'accouplent pour la première fois. D'un autre côté, on sait que beau- coup de femelles jeunes, n'ayant jamais porté, ne se laissent couvrir qu'avec difficulté. On doit donc donner aux mâles qu'on emploie pour la première fois à la reproduction, des femelles ayant déjà eu des produits et bien disposées à se laisser féconder {\). » Mais, où l'éleveur doit surtout concentrer son attention, c'est en ce qui concerne la conformation des animaux : outre les qualités générales de tout bon reproduc- teur, celui qu'on emploie à l'amélioration des races par elles-mêmes doit présenter au plus haut degré les qualités que l'on veut fixer et accentuer chez les produits. Et celte recommandation s'applique aussi bien à la mère qu'au père. Car il est démontré aujourd'hui que la jument n'a ni un rôle prépondérant, ni un rôle elfacé dans la reproduction, et que l'opinion suivante du général Daumas : « Choisissez l'étalon et choisissez-le encore; souvenez-vous que la jument n'est qu'un sac; vous en retirerez de l'or, si vous y avez mis de l'or, et vous n'en retirerez que du cuivre, si vous n'y avez mis que du cuivre (2) », repose sur (i) H. Magne, loc. cit., t. I, p. 168. (2) Général E. Daumas, loc. cit., p. 66. PRODUCTION ET AMÉLIORATION DU CHEVAL. 699 une erreur d'observation. Il est non moins certain, d'ailleurs, que les défectuo- sités de l'un des reproducteurs ne peuvent être corrigées, dans la généralité des cas, par des beautés correspondantes ou des défectuosités inverses existant chez l'autre; aussi, la méthode d'amélioration, ou appaveiUement, basée sur cette doctrine, doit-elle être rejelée, l'hérédité étant le plus souvent unilatérale (Voy. Hérédité). 2» Croisement. Le croisement est une opération qui consiste à accoupler denx individus de races ou d'espèces différentes, pour les faire reproduire. Le croisement de nos races chevalines domestiques, le seul dont nous ayons à nous occuper ici, a pour objet la création de produits mieux appropriés à nos besoins que leurs ascendants. Des deux races que l'on croise, l'une est appelée race croisante ; c'est la race améliorante, celle qu'on introduit dans le pays. L'autre est dite 7-ace croisée, race (i améliorer; c'est celle que l'on veut modifier. Quant au produit du croisement, il est généralement connu sous la dénomi- nation de métis. A l'exemple de M. Sanson, nous distinguerons des métis de trois degrés seulement et nous les nommerons premier métis ou métis de premier degré, deuxième métis, ou métis de deuxième degré, et troisième métis, ou métis de troisième degré, désignations correspondant aux expressions demi-sang, trois quarts de sang, et sept huitièmes de sang, par lesquelles sont indiqués communé- ment les degrés de croisement dont il s'agit, c'est-à-dire ceux dans lesquels le reproducteur de l'une des races est intervenu une, deux ou trois fois successives, à l'état pur, dans les générations. Reste à savoir si la pureté du sang, une fois altérée ou souillée par un mélange d'un degré quelconque, peut se rétablir ou si elle reste à jamais atteinte ? Les uns pensent que, dans ces conditions, il arrive toujours un moment où la frac- tion d'impureté devient tellement petite, qu'il y a lieu de la négliger dans la pratique. Les autres, au contraire, soutiennent que le sang restera pour toujours impur. Ce sont là des questions qu'il serait trop long de traiter ici; il nous suffit de savoir qu'au bout de cinq à six générations, le métis est revenu plus ou moins complètement au type améliorateur. Le nombre des générations nécessaires pour réduire l'impureté du sang à une valeur plus ou moins négligeable varie, d'ailleurs, suivant que la puissance héréditaire ancestrale est la même chez les ascendants ou qu'elle prédomine chez l'un d'eux : Si l'hérédité de la ligne paternelle et celle de la ligne maternelle ont des va- leurs égales, — et c'est, en principe, toujours le cas, — les produits de la pre- mière génération héritent au même degré des caractères du père et de la mère, et dans les générations ultérieures, où la puissance héréditaire maternelle se trouve en conflit avec la puissance héréditaire paternelle, toujours renforcée par l'intervention continuelle d'un père pur accouplé avec une mère métisse, cette puissance héréditaire ne tarde pas à s'affaiblir jusqu'à devenir à peu près nulle. "00 11 AGES CHRVALINES. Si, d'autre part, la plus forte puissance héréditaire ancestrale appartient au reproducteur mâle, il n'est pas rare de voir des premiers métis reproduire à. peu près tous les caractères morphologiques de leur père (hérédité unilatérale). Il suffit même que la prédominance paternelle se renouvelle en' présence de la femelle métisse, chez laquelle l'hérédité maternelle n'agit plus qu'à un faible degré, pour que, dès la seconde génération, le produit n'ait plus qu'une fraction d'impureté k peu près négligeable. Mais, que la prépondérance héréditaire soit, au contraire, du côté maternel, et il faudra cinq, six, sept générations, et plus, pour obtenir le même degré de pureté que dans le cas précédent. Aussi, les auteurs qui se sont livrés <à des dosages mathématiques du sang dos métis jusqu'à la vingtième et même jusqu'à la trentième génération n'ont-ils pu obtenir do résultats aussi positifs qu'en négligeant plus ou moins les lois de l'hérédité. La vérité est que les résultats du croisement sont, en général, très aléatoires et qu'il n'est pas possible de dire exactement quelle quantité de sang possèdent les métis. Ce dosage, dépendant de la puissance héréditaire individuelle ou ances- trale de chacun des procréateurs, ne saurait être déterminé mathématiquement. On ne peut avoir, à ce sujet, que des présomptions plus ou moins sérieuses basées sur la connaissance certaine de la race à laquelle appartient chacun des parents et l'observation attentive des caractères des mères métisses, caractères qui, nous le savons, les rapprochent plus ou moins de la souche paternelle ou maternelle. Si, par exemple, on accouple un étalon arabe de pur sang successivement avec une jument ardennaise et des juments métisses résultant d'un premier, d'un deuxième et d'un troisième croisement, en ayant bien soin de choisir ces juments métisses parmi celles qui ont hérité au plus haut degré des caractères de leur ligne paternelle, il est évident qu'on aura bien des chances, à la quatrième génération, d'obtenir des produits différant peu de l'étalon arabe. Ce n'est donc que théoriquement et en thèse générale que les premier, deuxième et troisième métis sont des demi-sang, des trois quarts de sang et des sept huitièmes de sang. Le croisement est né de ce principe posé par Buffon et soutenu par Bourgelat, en ce qui concerne le cheval, que tous nos animaux domestiques, étant d'origine orientale, avaient une tendance naturelle à dégénérer dans nos climats et qu'il y avait lieu, par conséquent, pour y remédier, de les retremper sans cesse à leur source, c'est-à-dire de les croiser avec les types d'Orient. Or, c'est là une doctrine tout au moins exagérée, sinon absolument fausse ; « car les races ne renferment pas en elles-mêmes un principe de destruction réclamant absolu- ment le croisement. Quand elles dégénèrent, c'est parce qu'on néglige de leur donner les soins que nécessite la perfection à laquelle elles sont par- venues (1). » Cette doctrine, d'ailleurs, qui est celle de <> de l'infusion » du sang noble dans les veines de tous nos chevaux pour leur restituer l'énergie, la vigueur et la dis- tinction perdues, a été exagérée outre mesure. Sans tenir le moindre compte des ressources locales, des besoins multiples et absolument divers de l'industrie, du commerce, de l'agriculture, de l'armée, du luxe, etc. ; sans réfléchir que les {{} H. Magne, toc. cit., t, I, pp. 178 et 179, PRODUCTION ET AMELIORATION DU CHEVAL. 701 chevaux boulonnais, ardennais, percherons, etc., ont leur utilité tout comme le cheval de course et le cheval arabe ; sans pi'endre en considération, enfin, qu'il faut des chevaux, comme des hommes, pour tous les métiers, on a diffusé par- tout et sans mesure le pur sang arabe et principalement le pur sang anglais. Le Nord et le Midi, l'Est et l'Ouest, les pays riches comme les pays pauvres, ont dû subir leur petite infusion de sang noble. Par malheur, cette panacée n'eut même pas, comme toutes les panacées, la vertu de guérir au début. Les doses furent si exagérées, si mal distribuées dés sa mise en expérience, que le mot suivant d'un de nos spirituels médecins du siècle : « Hâtez-vous d'en prendre pendant qu'il guérit », ne put jamais être appliqué sans danger au cheval anglais de pur sang comme améliorateur. Malgré tout, il ne manque pas, aujourd'hui encore, d'hommes de cheval, d'hippologues même, qui considi-Tcnt sérieusement le cheval anglais de course comme le seul vrai régénérateur de toutes nos races chevalines. N'avons-nous pas vu dernièrement un de nos écrivains autorisés soutenir dans une revue très répandue, qu'aucune de nos anciennes races ne pou.vait rivaliser avec celles que nous possédons actuellement, que les qualités des anciens chevau.x limousins, ardennais, etc., étaient tout à fait négatives! Et cependant, tous les anciens auteurs sont d'accord sur les précieuses qualités de nos anciennes races, surtout pour la guerre ; tous en parlent de telle façon que nous serions fort heureux.de les retrouver aujourd'hui avec l'aptitude que nous cherchons partout, et qu'elles n'ont plus. Sans doute, il leur manquait généralement la taille ; mais ne sait-on pas que c'est là une simple question de progrès agricole, une affaire de quelques boisseaux d'avoine ? Ignore-t-on que le développement est là? Nous avons laissé de coté la cause, pour tout sacrifier à l'effet; et à quel effet? Nous avons détruit, d'accord ; qu'avons-nous construit? Des chevaux en général plus élégants que leurs prédécesseurs, mais sans har- monie, où « les rouages de la locomotive sont si mal coulés, généralement si mal agencés, partout où on les étudie, qu'il est impossible qu'ils fonctionnent conve- nablement et longtemps (1) ». Nous ne prétendons pas dire, toutefois, que le croisement soit toujours un mauvais moyen d'amélioration ; nous croyons,. au contraire, que, judicieusement appliquée, et à propos, cette méthode doit être considérée comme excellente. Ce que nous avons voulu meltre en évidence, c'est l'erreur dans laquelle on est tombé en proclamant le croisement supérieur à la sélection pour l'amélioration générale de notre population chevaline: c'est l'emploi inconsidéré qu'on a fait de cette méthode ; c'est la faute qu'on a commise, enfin, que l'on commet mal- heureusement trop souvent encore en choisissant le cheval de pur sang anglais comme type régénérateur de toutes nos races de chevaux. Aussi, allons-nous terminer ce qui a trait au croisement par quelques mots sur les règles à suivre pour sa bonne exécution : La première condition de succès, en outre des précautions générales que nous avons énumérées précédemment, est la nécessité de bien appareille)- les deux races croisées, quant n la conformation et au tempérament : « On ne croisera pas le cheval arabe ou le cheval de course avec la grosse jument cauchoise, ou flamande, ou (1) A. Kichard, lor. cit., p. 411. 702 RACES CHEVALINES. bretonne, propre au gros trait. C'est à tort qu'on a dit : Le cheval noble, anglais ou arabe, donne d'e.xcellents produits avec toutes nos poulinières, avec les plus massives, comme avec les plus légères. Les fauteurs de cette doctrine sont cause qu'on a rempli quelques-unes de nos provinces d'animaux décousus, sans valeur, à jambes grêles, à tète lourde, à croupe charnue (1). La deuxième condition est à'infuser gi-aduellement le sang étranger dans les races indigènes, de ne pas revenir à chaque génération à la race croisante, au type étranger, de ne pas faire, enfin, de croisement suivi ou continu, sous peine d'obtenir une ressemblance trop grande des métis avec le type améliorateur. Enlin, comme autres règles à suivre, il y a lieu de signaler : 3° Vimportation des mâles de préférence aux femelles; 4° la fixité aussi grande que possible de la race importée; 5° la surveillance et la sélection attentives des reproducteurs; 6° enfin, le choix de ceux-ci d'après les ressources de la localité où on veut les introduire; importer, comme on l'a fait, le cheval anglais de pur sang dans des contrées où les produits sont destinés à ne vivre que d'ajoncs et de genêts, c'est vouloir charger ces produits d'un bagage de qualités fatalement encombrant et nuisible. Est-ce qu'une huître serait améliorée par le seul fait qu'on l'aurait dotée du cerveau de Pascal I Est-ce que ce bagage intellectuel ne serait pas pour elle un véritable supplice ! Quant aux avantages et aux inconvénients du croisement, nous les résumerons en quelques mots : Par le croisement, on peut créer rapidement les types les mieux appropriés au but que l'on vise ; mais cette méthode a l'inconvénient de donner des produits sans autorité héréditaire et souvent sans harmonie, dé- cousus, mal charpentés, grâce à ce que les caractères des parents ne se fusion- nent pas généralement chez les produits, mais s'y retrouvent le plus souvent par lambeaux. 3° Métissage. Le métissage est la méthode de reproduction dans laquelle les produits du croisement sont accouplés entre eux. On la caractérise de la façon la plus géné- rale en disant qu'il y a métissage toutes les fois que, dans la reproduction, le mâle est un métis, quelle que soit la quahté de la mère, que celle-ci soit pure ou métisse elle-même. Peut-on, par le métissage, créer des races fixes? La plupart des auteurs ont résolu celte question négativement; d'autres, au contraire, et, parmi ceux-ci, Magne, affirment que l'on peut conserver dans la population métisse les carac- tères que l'on y a introduits. En ce qui nous concerne, nous nous contenterons de faire observer que les métis possédant, en général, une très faible puissance héréditaire, les produits ont plus ou moins de tendance à retourner par réversion à l'une des races mères : à la souche paternelle le plus généralement si les deux procréateurs sont métis; à la souche maternelle, au contraire, si le père seul est métis. Il ne manque pas, toutefois, d'exemples de métis possédant une puissance héréditaire assez forte pour conserver et transmettre à leur postérité les carac- (0 H. Magne, /oc. cit., t. 1, p. 180. PRODUCTION ET AMÉLIORATION DU CHEVAL. 703 tères qu'ils ont acquis s'ils se trouvent dans des conditions de milieux conve- nables : « II a suffi, dit Magne, d'importer, au dix-huitième siècle, des étalons danois dans la Normandie, pour donner aux chevaux de la province une enco- lure rouée et un chanfrein busqué que nous avons de la peine à corriger... « Dans le cas où une race améliorée tend à reprendre les caractères de la race propre au pays, c'est que les modifications qu'on lui a imprimées ne sont pas en rapport avec les forces hygiéniques qui entourent les animaux (1). » Malgré tout, il est évident qu'en principe les métis ne doivent pas être em- ployés comme reproducteurs, que le métissage est la plus incertaine, la plus aléatoire, la plus précaire de toutes les opérations de reproduction. Le seul réel avantage de cette méthode, c'est qu'elle permet, si on lu combine avec une sélection rigoureuse, de rétablir l'une ou l'autre des races qui sont intervenues pour former les métis et de réparer ainsi le mal qu'avait fait le croisement. (I) H. Magne, /oc. cit., t. I, pp. l'JO et 198. — Typ. cl slér. Cil