> B 3 •> > » , ,. v>n » » a I > » > 3 > »" > ate> BIOLOGY LIBRARY SUR L'HISTOIRE NATURELLE DBS ANIMAUX PRECEDEES D'UN APERCU GENERAL SUR LA ZOOLOGIE II. i.i. Mori i i u .1. €. €'Ili:\I \ i CONSRHYATF.l R nr MfSfiE D'HISTOIRE NATURELLK DR M. BENJAMIN DELESSERT COJSCHIUOLOGIE PARIS .!. J. DUBOCHET, LE CHEVALIER ET (>, EDITEURS 60, RUE RICHELIEU. 1B47 <4L 0,5" /7*7 BIOLOGY LIBRARY MADAME , Vous m'avez fait 1'honneur de me demander quelques lemons sur Thistoire des coquilles et sur la methode a Taide de laquelle on parvient a classer des etres si sin- guliers et si varies. Je comprends parfaitement tout Tinteret que doivent vous in- spirer les collections precieuses de M. Benjamin Delessert, et le desir Lien nature! que vous avez de consacrer quelques moments a une etude qui vous promet les plus agreables loisirs ; mais, tout en n'hesitant pas a repondre a unedemande si flat- leuse pour moi , je suis loin d'etre, rassure sur la maniere dont je m'acquitterai d'une tache atissi difficile. Vous avez surtout augmente mes craintes, madame, en me confiant les lettres que Jean-Jacques Rousseau ecrivit a madame Delessert, pour lui permettre d'apprendre elle-meme la botanique a sa fille Marguerite-Madeleine Delessert, depuis madame Gautier, et Therbier qu'il forma pour lui faciliter Tintelligence de ses lecons. Vous n'attendez pas de moi la perfection du style de Tauteur de ces lettres admi- rables. Je n'aurai de commun avec lui que le desir de rendre la science plus acces- sible a votre fille, en vous laissant le soin de lui en tracer vous-meme le tableau dans leslimites que vous jugerez convenables, et vous serez assez indulgente pour comprendre que mes lemons ne pourraient supporter aucuneautrecomparaison. Je le vois, vous aussi, madame, vous voulez qu'aux dons de la nature, votre fille reunisse les qualiles du coeur et de I'esprjl, et vous pensez avec raison que cles sciences nalurelles doit mervcilleuscment seconder vos vues. Votre fille n'a sous les yeux que 1'exemple de toutes les vertus, que le modele des sentiments les plus nobles ct les plus gencreux ; il lui serait impossible de ne pas profiler de ces lemons de famille ; et d'ailleurs, madame, vous vous chargez de son education : on pent done lui assurer tTavance les qualiles auxquelles vous attachez tant d'im- portance. La connaissance des merveilles de la creation doit perfectionner ses idees, doit elever ses pensees vers leur auteur ; son esprit, son cffiur et sa raison trouveront beaucoup agagner dans ces douces occupations, qui, a part les avantages reels qu'clle en retirera, auront encore le meritede lui procurer, pour le present ell'avenir, des distractions toujours nouvelles, les jouissancesles plus pures, les plus independantes des circonstances et des temps, et les consolations les plus douces aux malheurs qui pourraient la frapper. En etudiant Thistoire naturelle , 1'habilude qu'elle prendra de classer dans son esprit un Ires-grand nombre d'idees est un des resultats dont generalement on me- connait 1'importance , el sur lequel j'insisterais sij'avais a vous prouver que 1'etude decette science doit elre considered comme le complement de ton te bonne education. L'hisloire naturelle, nous disait notre professeur, est la science qui exige les me- Ihodes les plus precises, comme la geometric est celle qui demande les raisonnements les plus rigoureux ; et des qu'on possede bien cette habitude de la melhode, on 1'ap- plique naturellement a tout ce qui nous occupe. Toute recherche qui suppose un elassemenl de fails, qui exige une distribulion de malieres, se fail d'apres les memes lois, et tel qui n'avail cru faire de cette science qu'un objel d'amusemeril, est sur- pris de la facilite qu'elle lui procure pour debrouiller tous les genres d'affaires. Enfin c'esl par 1'elude, el parliculierement par celle de 1'hisloire nalurelle, donl les elemenls se rencontrent partout et a chaque pas, que, loin des plaisirs du monde, qu'on a si justemenl appeles les tyrans de la jeunesse, on peut encore trouver des jouissances qui ne laissent aucuns regrets, ajouter de Tinterel a ses promenades el du charme a ses voyages. C'esl ainsi que Thisloire nalurelle, meme dans ce qu'on lui Irouve de plus frivole, reunil les plus heureuses conditions pour developper Tespril d'obser- valion el 1'esprit de methode. 11 faut que cetle elude de la nature soil d'un inlerel bieri puissanl el bien soulenu pour se preter aux besoins de Tinlelligence a lous les ages; car ce qui n'excile d'abord que Taclive curiosile de Tenfant de- vienl un sujel serieux de raedilalions pour Tage mur. « II esl inconcevable, disait Rollin, combien les enfants pourraienl apprendre de choses, si Ton savail profiler de loules les occasions qu'eux-memes nous en fournissenl. » Les impressions qu'ils regoivenl sont des germes qui, loin dc se perdre, n'atlendent que le moment de se developper. (Test ainsi qu'on pourrait fac.onner leur intelligence si flexible aux idees vraics, grandes et elevees ; qu'on eloignerait de leur imaginalion avide d'ap- prendre le danger, plus grand qu'on ne pense, des impressions fanlasliques, des idees fausses, qui les habiluenl a considerer comme reel ce qui ne peul exister, qui mettent en opposition les sens avecla raison, la memoire avecla verile, et finissent par donner a leurs pensees la direction la plus funeste. Tout en reconnaissanl celle verile exprimee par Rollin, Lacepede , Cuvier, el tout recemment encore par M. Flourens, vous etes etonnee sans doule, madame, de voir si pen de personnes, — Ill — qui d'ailleurs out rec.u une briliante education, posseder a peine les plus simples notions (Tune science qui promct de si heureux resultats. Get etat de choses s'ex- plique tres-facilement par r absence complete de livres vraiment elementaires, ou ecrits dans le but de repandre le gout de la science. En effet, les savants qui sc de- cident a ecrire, supposent tmp souvent a letirs lecteurs les connaissances indispen- sables pour Tintelligcnce de leurs travaux, et ils oublient, des les premieres pages de leurs elements, le but qu'ils se proposent. Ils masquent I'agrementde la science par une exposition effrayante des principes ou par Tinsuffisance d'un abrege. Enfin, s'il existe quelques ouvrages destines a la lecture du premier age, et dans lesquels on a voulu donncraux enfants des notions plus ou moinsexactes sur I'histoire na- turelle, en se bornant a leur presenter sans suite et sans mcthode lesrichesses infmies dela nature et la puissance immense du Createur, ces livres n'interessent que pen- dant le jeune age, et fontdesirer plus tard un ouvrage vraiment instructif, dans le- quel la science mise a la portee (Tune intelligence plus developpee, mais debar- rassee encore de ces grands mots trop multiplies et qui la surchargent, soil presentee de maniere a seconder et a entretenir le gout de Tetude. Par quelle singularity n^existe-t-il, sur un sujetque tout le monde voudraitcon- naitre, que des livres que personne ne peut comprendre sans une etude serieuse? Le langage scienlifique est sans doute indispensable aux savants; mais il faut, pour ceux qui n'ont pas la prevention de 1'etre, un langage a leur portee. La nature est si riche et si belle ! disait une jeune dame, on a tant de plaisir a r admirer ! il semble que dans 1'etude de tant de merveilles on va trouver ce qu'il peut y avoir de plus agreable pour Tesprit. On ouvre un livre, et Ton n'y rencontre qu'un assemblage de mots barbares qu'on dit formes du grec ou du latin ; quelques-uns memo, ajoute-t-on, ont une origine fort equivoque , et Ton ne sait trop a quel idiome sau- vage ils appartiennent. Suis-je grecque, romaine ou sauvage pour les comprendre, ou faut-il que je le devienne pour savoir ce que c'est qu'un insecte , un coquillage ou un oiseau? Comment se fait-il que tant de gens d'esprit n'aient pas pu trouver dans notre langue un mot qui valut autant qu'un mot grec et que nous aurions compris sans peine? En effet, les traites d'histoire naturelle sont generalement trop serieux pour les gens du monde, et le choix et la multiplicite des mots techniques lesrendent inabor- dables pour ceux qui debutent : et cela devait etre ; ces traites ne sont pas ecrits pour eux. Les mots ne se gravent dans la mernoire qu'autant qu'ils representent une idee, et les auteurs ne prennent pas la peine de donner Texplication de ceux qu'ils emploient, et dont Tetymologie ne se trouve souvent qu'avec beaucoup de peine. Aussi n'hesite-t-on pas a exclure les livres de science de ses lectures habituelles, et a leur preferer ceux pour lesquels toutes les formes de seduction sont employees, quoiqu'il soil bien reconnu que la plupart de ces derniers ont trop souvent le desavantage d'egarer Timagination, de fausser lesidees et de ne laisser a Tesprit aucune impression utile. Vous comprenez maintenant, madame, pourquoi les connaissances en histoire naturelle sont si peu repandues, malgre Tinteret qu'elles inspirent meme aux plus indifferents. Cependant, sans vouloir devenir savant naturalisle, ce qui exige des etudes se- rieuses et constantes, on doit, et Ton peut facilemcnt acquerir les connaissances usuelles qui se lient a divers besoins, aux arts, a Tindustrie ; on doit avoir certaines — 1V — notions generates sur les animaux qui nous etonnenl par leurs formes ct leur in- stinct, sur les diverses productions qui nous entourent, sur la constitution du globe, et sur les revolutions qui ont laisse dans les couches qui le composent tant de temoins de ses divers ages ; on peut vouloir former une petite collection et chercher a laclasser methodiquement : tous les enfants ramassent des insecles dont ils veulent connaitre les noms. Rodolphe, votre petit-fils, serait hien desireux de pouvoir arranger etnommerlui-meme les coquilles qui lui ont ete donnees ; mais il ne comprendrait pas les livres qui me servent a classer le riche musee de son oncle. Un livre d'histoire naturelle, ecrit pour les gens du monde, doit reunir plusieurs conditions. II faut que ce livre soit d'un prix a la portee de toutes les bourses, et que la forme de sa redaction, sans nuire a 1'exactitude des details, deguise au moins ce que la science peut avoir de trop severe. Quel autre temoignage invoquerai-je, apres avoir cite Buffon, dont le nom si populaire vient a 1'esprit des qu'il est ques- tion d'une science dont il revela le premier tout le charme par un style brillant, harmonieux et varie comme les objets qu'il decrit ! Ses travaux, promptement et universellement apprecies et lus, ont eu un succes aussi prodigieux que soutenu; ils ont fait aimer la science, et valu a 1'auteur le titre bien meritede peintrede la nature. Maintenant, quelle que soit la celebrite des savants qui lui succederent, quelle que soit rimportance et meme la superiorite incontestable de leurs travaux, quant aux progres qu'ils ont fait faire a la science, ils ne peuvent pretendre a la popularite de Buffon, et leurs ouvrages ne sont lus que par ceux qui se livrent exclusivement a 1'etude; ils sont indispensables a ceux que 1'amour de la science entraine, mais ils sont pen fails pour Tinspircr aux gens du monde qui essaieraient de les lire. Leurs descriptions ne sont, enquelque sorte, que la dissection minutieuse d'un animal, et leur but est atteint lorsqu'ils croient avoir indique la place que cbaque etre doif occuper dans legroupeauquelilappartient. Buffon, enfaisant I'histoired'un animal, cherchait a le faire voir ; ildonnaitde lacouleur aux mots qu'il employait, etiljetait de 1'interet sur les etres les plus vulgaires en apparence, en faisant connaitre leurs habitudes, leurs instincts et leurs passions. Buffon n'apu malheureusementabordcr qu'une partie de la science ; et si personne n'a complete ses travaux, en cherchant a le prendre pour modele, ce n'est pas que ce qui reste a faire soit plus difficile et sc pretc moins au style descriptif ; car quelle imagination pourrait creer des sujets plus varies, plus multiplies, plus admirables que les insectes, les papillons et les coquilles, et tant d'autres animaux dont il n'a point parle! La nature a prodigue a ces chetives creatures les couleursles plus riches, les plus brillantes, et les formes les plus singulieres; elle ne leur a refuse ni 1'activite, ni Pindustrie : on dirait meme qu'elle s'est attachee a nous les offrir comme des exemplesde sociabilite,de travail, de prevoyanceet de courage. Les petites passions qui les animent, et qui nous sem- blent si mesquines, sont cependant copiees sur les notres, et leur organisation est d'autant plus extraordinaire qu'il parait impossible de rassembler dans de si petits corps de plus etonnantes merveilles. L'etude de certaines parties des sciences naturelles a neanmoins rencontre des detracteurs, parce qu'il est d'usage de faire peu de cas de ce qu'on ne connait pas ; mais si Ton veut prendre la peine de jeter un coup d'oeil sur 1'ensemble de la crea- tion et sur la prodigieuse quantite d'etres organises qui coiiTrent le globe, on sera bienlot convaincu que ceux qui echappent a notrc vtic, comme ceux qui nous etonnent par Icur laille gigantesque , sont destines a jouer un role (Tune egale importance; les uns ne sauraient exister sans les autres, et chacun d'eux est in- dispensable a rharmonie de 1'univers. Dieti n'a rien fait d'inutile; rien n'est assez grand pour se soustraire a sa puissance, rien n'est assez humble pour n'etre pas 1'objet de sessoins protecteurs, et si, dans bien descas, nous ne pouvons compren- dre les intentions de sa sublime sagesse, c'est qu'il a su aussi tracer des bornes a notre intelligence. Les animaux les plus chetifs traversent les siecles comme ceux que nous croyons plus privilegies. L'instinct chez euxsupplee a la force, 1'agilite a la ruse ; et lorsque nous supposons dans un animal 1'absence complete de moyens de defense ou de conservation, il y a toujours quelque admirable ressource a 1'aide de laquelle sa race ne peril pas et se conserve au milieu des dangers qui 1'environ- nent. Entin, plus un animal est petit, et plus il donne d'idee de 1'infinie puissance qui l'a cree'. Le soin qu'on met a connaitre les plus faibles creatures n'a done rien de plus frivole que Te'tude de celles que nous croyons d'une utiliie plus pressante. II faut, dit Cuvier, que le naturaliste vraiment digne de ce nom connaisse 1'organi- sation de tous les animaux, qiTil les compare tous, et poursuive la vie et les pheno- menes qu'elle presente dans tous les etres qui en ont rec.u quelque parcelle. Ce n'est qu'a ce prix qu'il peut esperer de soulever le voile mysterieux qui en couvre 1'es- sence. L'observation des faits les plus insignifiants en apparence conduit souvent aux resultats les plus utiles. Comment expliquerait-on lesvarietes nombreuses que presentent les vegetaux, si Ton n'avait remarque que certains insectes, tels que les Abeilles, les Papillons, et d'autres dont le corps veloute se charge de cette poussiere jaune qu'ils trouvent sur les fleurs, vont, agents aveugles d'une volonte supreme, la deposer ensuite sur d'autres fleurs qu'ils fecondent? N'est-ce pas la decouverte dececroisement singulier, de cette fecondation artificielle, qui a donne les plus mer- veilleux resultats pour la culture des fleurs et la multiplication des arbres a fruits, dont les produits hybrides sont generalement plus nombreux, plus gros et d'un gout plusde'licat?C'est apres avoir etudie avecsoin lesmoyens qu'emploielanature, qu'on reconnait qu'il faut admettre un grand nombre de faits dont la cause nous echappe, dont on ignore le principe, et que certaines ve'rites de la morale et de la religion ne sont pas les seules auxquelles il faut croire, malgre Fabsence d'une evidence palpable. L'etude des coquilles et Thistoire des animaux qui les habitent fixent particulie- rement volre attention ; je le con^ois sans peine : vous pouvez disposer de la collec- tion la plus riche et la plus complete qui soit connue, et M. Benjamin Delessert Taugmentesanscesse. Mais vous ne voulez cependant pas rester etrangere a toutes les autres branches des sciences naturelles ; elles s'eclairent d'ailleurs Tune par Tautre, et s'il est impossible a la meme personne de les etudier toutes avec le meme soin, il est facile cependant d'avoir une idee generale de leur ensemble. On suit ainsi la marche progressive de Torganisation dans toute la serie ; on voit avec quelle admirable perfection les organes les plus essentiels a la vie se transforment danschaque classe, pour etre appropries aux divers milieux dans lesquels doivent vivre et se developper les etres qu'on etudie. La connaissance de ccs generalites augmente Tinteret et fournit le sujet de mille comparaisons curieuses. Chacun alors, selon son gout, s'occupe de telle ou telle branche, et cette etude, ainsi limitee, suffit encore a celui qui s'y livre pour captiver toute son attention. C'est alors qu'on communique aux autres ses observations ou ses decouvertes, et c'est a — VI 1'aide de ces echanges mutuels que les sciences ont fait de si rapides progres. Heurcux commerce, dit Lacepede, qui ne fait perdrc que ce que Ton ne commu- nique pas et qui produit tin bonheur sans regrets. Vous le savez, madame, la nature est inepuisable dans ses details, et il y a encore tant de recbercbes a faire avant d'avoir tout decouvert, qu'il reste toujours a celui qui debute 1'espoir de servir unjour utilementla science. L'importance de 1'etude de la conchyliologie n'a pu etre reconnue tant qu'on nc s'estoccupe que des coquilles, sans faire attention aux animaux dont elles ne sorit qu'une partie, et tant que la geologic n'a pas trouve dans les. debris fossiles, contem- porains des divers ages du globe, les temoins irrecusables des changemenls qu'a eprouves sa surface. Longtemps aussi on s'est contente de rassembler des coquilles et d'en former des collections plus ou moins nombreuses, parce que leurs formes, les couleurs ravis- santes dont elles sont ornees, leur facile conservation et la rarete de quelques espe- ces, suffisaient pour exciter la curiosite des collecteurs et souvent meme pour flatter leur amour-propre. Ce n'est cependant pas a ce point de vue qu'il faut borner 1'in- leret qui s'attache a leur etude ; la connaissance exacte de ['organisation des ani- maux qui les babitentet qui les construisent est d'une importance telle, qu'on ou— blierait peut-etre, si cela se pouvait, la coquille pour ne s'occuper que du mol- lusque. La formation du globe et sa constitution excitent au plus baut point la curiosite des naturalistes, et meme celle des gens du monde, surtout en presence des fails qui prouvent que, des couches nombreuses qui le forment, il en est peu qui ne soient composees en grande partie des debris successifs des corps organises, dont I'existcnce a precede de plusieurs siecles la creation de rhomme et celle des animaux qui s'en rapprochent le plus. Ces debris de Torganisation sont plus ou moins bien conser- ves, et ceux que la desagregation devait surtout epargner, en raison de leur com- position calcaire, sont les coquilles, que nous retrouvons souvent meme avec des traces de leurs couleurs. Maintenant qu'il est bien reconnu que les coquilles sont les medailles caracteris- tiques des terrains dans lesquels elles se trouvent, leur utilite pour la science n'a besoin d'aucun autre developpement, et il suffit de dire qu'a part 1'interet scienti- fique qui leur est propre, elles ont fourni les elements d'une science toute mo- derne plus importante et plusserieuse. L'histoire des premiers ages du monde au- rait-elle moins d'interet pour nous que celle d'un peuple ancien, et le naturaliste, en s'occupant de la recherche des faits contemporains de la creation, se livrerait-il a un travail plus futile que 1'archeologue qui, a 1'aide d'un vase, d'une medaille ou d'une statue, decouvre les usages d'une cite autrefois florissante? Quelques coquilles sont employees dans les arts, et presque tous les animaux qui les habitent fournissent une alimentation saine et abondante. Certaines especes elaient recherchees par les Tyriens et les Carlhaginois pour la couleur pourpree qu'elles produisent, couleur qui a ete detronee par celle que donne la cochenille, mais qui pendant un temps etait uniquement rt3servee aux rois et aux triom- phateurs. On file la soie doree produite par quelques mollusques marins. Cette soie remarquable par sa finesse se recolle en assez grande quantite sur les cotes de Sicile et du royaume de Naples ; elle sert a tisser des etoffes, et a faire divers ouvragesde tricot, tels que des has, des gants, qui se distinguent par le moelleux et la solidite; on a menic fabrique en France, avcc cello soie, des pieces de drap qui onleu Icshonncurs de 1'exposition. Nous nepouvons dire ici a quel usage on emploie toutes les coquilles, nous croyons moins utilc encore de parler de la passion de cerlains gourmets pour diverses cspeces auxquelles ils trouvent un gout exquis, et surtout pour les Huilres, dontonfait une consommalion extraordinaire, an'en juger que par cellos qu'on rec,oil a Paris. Faut-il s'etonner alors si Apicius, ce celebre gourmand dont parle Pline, avail cherchc et trouve le moyen de les engraisser, et s'il propo- sail de les soumeltre a un certain regime pour leurdonner des qualites superieures! Seneqiie nous apprend aussi que Ton faisait de son ternps un si grand usage de co- quilles sur les tables somptucuses des Romains, qrf on fut oblige de faire une loi spcciale, moins pour arreter la destruclion complete des habitants des mers que pour mettre un lerrne aux orgies que ce luxe enfantait. Les mollusques fournissent des aliments riches en principes nutritifs; Ton croit avoir en effet remarque une feconditc plus grande chez les populations qui en font un constant usage. Ce rTest done pas sans motifs, dit Virey, que I' antique mythologie, deguisant toujours des veriles philosophiques sous le voile ingenieux de ses allegories, faisait naitre Venus de 1'ecume des ondes, au milieu des conques resplendissantes, des nereides et des tritons. Dans 1'lnde les coquilles servcnt a faire de lachaux, et les Chinoisemploient, comme verres de vitres, certaines especes grandes, plales eldemi-lransparentes. Enfin les perles ne sont pas le seul produit qu'on retire de la coquille connue sous le nom de Pintadine rnere-perleou Huitre perliere; elle fournit encore la na- cre, qu'on emploie dans la marqueterie et Tebenisterie de luxe. La necessite de s'opposer aux degals occasionnes par certaines coquilles ne con- Iribue pas pen a ajouter de Tinleret a leur etude; car si les mollusques semblent inoffensifs, il en est aussi qu'il faut connaitre pour s'en defendre. Quelques especes parviendraient a detruire nos vaisseaux, dont ellesattaquent et creusent le hois, si Ton ne pouvait arreter leur instinct de destruclion en leur opposant les corps qu'elles ne pcuvent perforer. Ce resultat n'a pu encore etre obtenu pour mettre a Tabri de leur singulier instinct les grands pilotis et meme les digues en pierre qui pro- tegent cerlains pays, el pres de nous la Hollande, des invasions de la mer. II ne faut que quelques annees pour que des travaux d'endiguemenl soienl enlieremenl vermoulus el renverses par une vague un pen forle. Ce n'est qu'en etudiant ces animaux qu'on peut arriver a decouvrir le moyen d'arreter leurs ravages. Mais, dira-t-on, quelle peut etre rulilile des animaux nuisibles dans 1'ensem- blede la crealion? S'il nous etait toujours permis d'expliqucr les mysleres qui nous enlourent, nous serious bientol convaincus que notre ignorance seule nous pre- sente uniquement comme nuisibles un gr.and nombre d'especes dont nous avons a nous defendre, mais que le veritable role qu'ellcs jouent a notre insu est indispen- sable a Tequilibre de 1 univers. Si nous ne parvenons a le demontrer completement, nous pensons que le temps et Tetude plus avancee des etres que Ton neglige a cause de leurs formes repous- santes ou de leur inutilile supposee, finiront par soulever le voile qui couvre les ac- les de la puissance crealrice. 11 fallail des etres crees pour la destruction, et le Ver qui fait disparaitre un ca- davre infecl, auquel des animaux d'un ordre plus eleve ne toucheraient pas; 1'in- secle qui divise et red nit en poussiere uneiientc degoulanle; le Taret qui atlaque le bois el la pierre places dans des condilions horsrialure, agissenl d'apresla loi qui preside a la transformation incessante des, corps, et sont destines a hater la complete disparition de toute matiere inutile. Sans -ces agents de dissolution, commc le dit fortbieium auteur anglais, la terre, couverte de cadavres et de debris degoritants et infects, serait inhabitable ; les rivieres seraient encombrees par Tamas de tons les corps qui s'y trouvent amends on qu'on y jette, et la mer, en poussant au rivage tout ce qui s'y perd et tout ce qui succombe a Faction du temps et des causes acci- dentelles, forcerait Thomme a quitter ses bords et le confmerait a Tinterieur dcs terres, oil d'autres degouts et de dangereuses emanations Vatteindraient et le de- truiraient lui-meme. Enfin, si Ton s'etonne de voir ces animaux detruire souvent I'ceuvre de Thomme et n'etre pas avertis par leur instinct des limitesauxquelles de- vrait s'arreter leur destruction, c'est que la nature toujours sage et prevoyante, tout en leur accordant une faculte redoutable, n'a pas voulu nous exposer au mauvais usage qu'ils auraient pu faire de la moindre dose d'intelligence. Nous devons nous fehciter sans doute de cette sage distribution des facultes, en songeant a Tusage que Thomme fait souvent de celles qui le placent a la tele de la creation. Mais laissons ces considerations qui nous entraineraient trop loin, et qui se rat- tachent d'ailleurs a 1'histoire particuliere des animaux dont us allons nous oc- cuper. Je serai trop heureux, madame, si je parviens a vous rendre plus faciles les lemons que vous voulez donner a votre fille ; votre indulgence soutiendra ma temerite, et vous excuserez, a cause de Tintention, ce que mes efforts laisseront a desirer sous le rapport du style ou de la science. Je vous prie de vouloir bien agreer ce livre, inadame, comme un temoignage de la vive reconnaissance que je dois a toule votre famille, et du profond respect de votre bien humble serviteur. INTRODUCTION. L'histoire naturellc est la science qui a pour objet la connaissance des corps qui constituent Tensemble du globe terrestre. Elle comprend Tetude des caracteres exterieurs de ces corps et leur organisation particuliere, en meme temps que leur distribution methodique. Tous les corps presentent deux caracteres principaux, qui ont servi a les diviser en CORPS ORGANISES et CORPS INORGANISES. Les premiers se composent des animaux et des vegetaux ; les seconds comprennent les mineraux. Les corps organises se distinguent par un principe, appele vie, action on force vitale, qui anime les uns, entretient les autres, et preside chez tous auxfonctions que remplissent des organes plus ou moins compliques. Us ont des for- mes constantes , presque toujours arroridies ; leur developpement a des bornes, et la vie s'entretient chez eux par les transformations successives des substances qu'ils ont la faculte de s'assimiler. Ces substances, elaborees et transformers en matieres reparatrices des pertes quotidiennes , sont trans- portees dans toutes les parties par un mouvement circulatoire interieur. Les corps organises se re- produisent en transmettant a un germe les pro- prietes de Tindividu primitif. Leur existence est limitee et se termine par la cessation des fonctions vitales, ou la mort. ss Les corps inorganisesou bruts sont exclusivement sous Tinfluence des lois chimiques ; ils different des premiers par leur structure et leur mode de develop- pement; leurs formes sont anguleuses, leuraccroisse- ment est illimite et ne s'opere que par attraction mo- leculaire et juxtaposition de parties semblables a eux. Ilsne presentent, niaTinte'rieur niaTexterieur, aucune trace d'organes, et neforment qu'une masse homogene qu'on peut diviser sans rien changer a Fi6 2 Min.ra) i. :*:. •••/**• • •"* •*• /:V "::..:/•:•. -: INTRODUCTION. leur nature; leurs formes sont tres-variables, car Tagregation des molecules qui composent ces corps depend le plus souvent de circonstances accidentelles, et il en est de meme de la cause qui les produit. Leur duree est indefinie, et ne peut cesser que lorsqu'une attraction superieure a celle qui retenait leurs molecules unies parvicnt a les desunir. Linne divisait tous les corps en trois regnes: regne animal, regne vegetal, regne mineral ; et il a exprime d'une maniere aussi lieureuse que laconique les caracteres principaux qui les distinguent : Les pierres croissent, disait-il ; les vegetaux crois- sent et vivent ; les animaux croissent, vivent et sentent. En substituant la di\7ision des corps en organises et inorganises a celle de Linne, on a reuni sous une meme denomination les vegetaux et les animaux, qui tous sont pourvus d'organes; condition qui les rapproche les uns des autres, pour les eloigner essentiellement des mineraux. Si d'ailleurs les vegetaux et les animaux ue se eon- fondent pas reellement, il est assez difficile, dansl'etat actuel de la science, d'eta- blir a la premiere vue la limite qui les separe, car on ne sail pas exactement ou cesse, dans la serie des etres organises, la sensibilite, qui constitue pour Linne la propriete par excellence des animaux. Cependant il existe des differences qui permettent de distinguer deux series d'etres organises, les animaux et les vegetaux : CORPS ORGANISES ANIMAUX. Les animaux ont un tube digestif, ouvert le pi us sou vent a ses deux extremites, et garni dans sa longueur de pores qui absorbent les molecules nutritives. L'essence de Tanimal consisle dans la mobilite spontanee a 1'aide d'un sysleme musculaire, et dans une sensibilite plus ou moins active aTaided'nn systeme nerveux; ils pen vent le plus souvent distinguer les proprietes etles qualites des corps qui lesenvironnent, au moyen d'organes speciaux dont ils sont pourvus. CORPS ORGANISES VEGETAUX. Les vegetaux n'out point de canal intestinal, et leurs pores absorbants sonl repandus sur toute leur surface, ce qui les fit appeler par Aristote des animaux retournes. L'essence des vegetaux consiste dans la nutrition, • et ils sont immobiles *. Enfin les vegetaux n1ont qtruri seul element organique ; il consiste en une sub- stance homogene, transparente, formant des tubes, des cellules ou des mem- branes. Dans les animaux on trouve trois elements organiques, le cellulaire, le musculaire et le nerveux. Telles sont les differences d'organisation generale qui distinguent les vegetaux des animaux. Nous pourrions insister davantage sur les rapports qui semblent les reunir, en examinant les modifications que presente le tube digestif des animaux d'un ordre inferieur, et endisant qu'on ne retrouve plus guere cbez eux qirunseul ele- ment organique; maisces considerations exigeraient des developpements minutieux qui entraineraient trop loin. II est vrai sans doute que les vegetaux et les animaux 1 M. de Humboldt, en disant que si la nature avait donne la puissance du microscope a nos yeux et une transparence parfaite aux teguments des plantes, le regne vegetal serait loin d'offrir Taspect de 1'immobilite qui semble etre un dc ses attributs, n'a voulu parler que des mouvcmcnts circulatoires interieurs des vegetaux, mouvements propres a tous les corps organises, mais bien differents des mouvements spontanes des animaux, qui peuvent tous, plus ou moius lentement, plus ou moins facilement, sc transporter d'un point a un autre. (Cosmos, Essai d'une description physique du monde, t. i. p. 410,) INTRODUCTION. 5 out de grands rapports, puisqu'on les reunit comme corps organises dans une meiiic division ; mais ces rapports sont de ceux qu'on devrait plulot indiquer comme une des mille ressources que la nature a su employer pour passer d'un type d'organi- sation a un autre, en procedant du simple an compose et en rappelant dans laserie qu'elle commence quelques-uns des caracleres de celle qif elle lerminc ; et celle verite, qui estsi palpable pour les animaux, pent trouver aussi son application lors- qu'il s'agit d'etudier les caracteres que presentent les deux series d'etres organises. Ces considerations generates etaient indispcnsables pour donner une idee des rapports et des differences des corps, afin de faciliter I'lntelligence de ceque nous avons a dire de ceux dont il sera plus particuliercment question dans ce volume. Nous croyons aussi qu'il ne sera point inutile de donner une idee de la distribution methodique des animaux. Cet expose sommaire remplacera avantageuscmerit cc que nous pourrions dire de la place qiroccupent les Mollusques dans la serie zoolo- gique, et permettra de mieux saisir les degradations successives de Torganisation de ces animaux. CORPS ORGANISES ANIMAUX. Les corps organises animaux ont ete di vises en quatre series ou embranchements , qui representent les quatre plans principaux d' organisation d'apres lesquels tous les animaux semblent avoir ete modeles. Cesont: les VERTEBRES, les MOLLUSQUES, les ANNELES et les RAYONNES. FIG. 3. Vertebrn. FIG. 4. Miillutque. FIG. 5. Anneit FIG. 6. Ravonii, 4 INTRODUCTION. Le mot embranchement , adopte pour designer les grandes divisions du regne animal, donne Tidee des points de contact que ces divisions peuvent avoir entre elles a 1'aide des ramifications nombreuses qu'elles presentent. Si Ton ne compare que les animaux que nous venous de citer comme exemple, on trouvera certainement peu de rapports entre eux. Mais il n'en sera plus de meme si Ton poursuit la com- paraison sur quelques points et jusqu'aux extremites de chaque serie. FIG. 7. Mammifere. FIG. 8. Reptile. FIG. 9. Mammifere. FIG. 10. Oiseau. FIG. 12. Poisson. \ EMBRANCHEMENT. — YERTfiBRES. (Vertebra, vertebre, os du dos.) Lesr VERTEBRES ont une charpente osseuse interieure, solide, composee d'un grand iiombre de pieces liees les lines aux autres, et cependant mobiles, a Taide d'ar- ticulations. L'ensemble de ces pieces, connii sous le nom de systerne osseux ou squelette, comprend ton jours : 1° un crane plus ou moins developpe et une co- lonrie vertebrale, destines a loger et proteger le cerveau et la moelle epiniere; 2° des os qui constituent la partie solide des membres, ou qui, par leur disposition, pro- tegent les visceres en meme temps qu'ils determinent la forme du corps. Si Ton compare le squelette de tous les animaux de cette serie, on y remarque toujotirs INTRODUCTION. quelque analogic, meme entre ceuxqui se trouvent places aux points extremes, et Ton suit pas a pasles degradations de ce premier plan ou type, depuis rHomme, qui presente la combinaison la plus parfaite et commence la serie, jusqu'au der- nier des Poissons, qui la termine. SQUELETTES DE VERTEBRES. FIG. 13. Mammifere. FIG. 15. Reptile. FIG. 14. Oiseau. FIG. 16. Poisson. INTRODUCTION. EMBRANCHEMENT. — MOLLUSQUES. Les MOLLUSQUES n'ont plus de squelette articule ; leurs muscles nesont attaches qu'a 1'enveloppe qui les couvre; \eritable peau qui, le plussouvent, produit unc coquille calcaire exterieure, ou bien calcaire on cornee, et alors interieure. Le systeme nerveux de ces anirnaux se compose de plusieurs ganglions epars, dont le principal est considere comme le cerveau et sernhle partager avcc les organes re- producteurs la preeminence sur toutesles autres parties. Les organes de la digestion paraissent differer pen, dans leur complication, deceux des animaux vertebres. FIG. '20. Dimyaire. FIG. 21. Mojiomvaire. INTKODUCTION. 5« EMBRANCHEMENT. — ANNELfiS. (Annulatus, forme d'anneaux.) Le troisieme plan d'organisation (ANNELES) est plus simple dans sa composition generate, mais plus varie encore dans les formes que les deux premiers. En effet, les animaux qui le representent ont generalement le corps divise par des plis trans- verses ou anneaux durs,solides ou mous, servant de points d'insertion a des muscles souvent tres-nombreux ; ces anneaux, places a la suite les uns desautres, sont arti- cules entre eux, et forment unesorte de gaine ou dVHui contenant tons les organes el les protegeant. On retrouve dans cet etui beaucoup d'analogie avec le squelette intericur des Vertebres el les parties calcaires des Mollusques, et Ton voit qu'il est destine aux memes usages. On a donne aux animaux de cette grande division le nom dCAnneles, a cause des anneaux dont ils sont formes. Le systeme nerveux des Anneles consiste en deux cordons places dans la longueur du corps et presentant plusieurs renflements ou ganglions dont le premier constitue le cerveau. FIG. 23. Crustace. FIG. 24. Orlhoptere. FIG. i5. Parasite. FIG. 26. I.cpidoptere. FIG. 27. Myriapode. FIG. 28. Hymenopli-re. FIG. i9 Coleoptorc. FIG. 30. Araolmide. INTRODUCTION. 4* EMBRANCHEMENT. — RAYONNES. (Formant des rayons.) La quatrieme forme generale des animaux ne presente plus rien desymetrique (RAYONNES) : les organes sont places comme des rayons autour d'un centre ; ces ani- maux n'offrent aucune trace bien distincte d'un systeme nerveux et if ont point d'or- ganes particuliers pour les sens. L'enveloppe dure ou molle qui lescouvre paralt etre aussi, leplus spuvent, le siege de la respiration. Chez presque tousle tube digestif con- siste en un sac sans issue, et quelques-uns meme ne presentent plus qu'une sorle de pulpehomogene, mobile et plus oumoins sensible. Cesdernierssemblent par leur mode coexistence serapprocher des vegetaux: aussi les a-t-on nommes Zoophytes ou animaux- plantes. FIG. 55. Infusoire FIG. 56. Polypier, FIG. 37. Meduse. FIG. 58. Eponge. Nous allons maintenant donner quelques explications plus detaillees sur la dis- tribution methodique de chacunede ces grandes divisions ou embranchements, que nous n'avons fait connaitre que d'une maniere tres-generale. INTKODUCTION. !» PREMIER EMRRANCHEMENT. - VERTERRfiS. Aux caracteres generaux assignes aux animaux vertebres viennent s'ajouter des caracteres secondaires qui permettent de les diviser en quatre classes : les Mam- rniferes, les Oiseaux, les Reptiles etles Poissons. FIG. 39. Mammifere. FIG. 40. Oiseau. FIG. 41. Reptile. FIG. 42. Poisson Ces divisions sont etablies d'apres les modifications subies par les systemes cir- culatoire et respiratoire, ainsi que d'apres la forme de 1'appareil locomoteur et la nature de 1'enveloppe exterieure. PREMIERE CLASSE. — MAMMIFfiRES. (Mamma, mamelle ; ferre, porter.) Les animaux de cette classe sont ainsi nommes, parce qu'ils sont les seuls qui nourrissent leurs petits de lait secrete par des mamelles. 11s ont des membres organises pour la marcbe, et, par exception, pour le vol et la natation ; car quelques especes (les Chauves-Souris) volentcomme les Oiseaux, et d'autres (les Baleines) ne quittent point les mers et revetent les formes des Poissons. La classe des Mammiferesse subdivise tres-naturellement en deux sous-classes, d'apres les differences que presente le mode de reproduction de ces animaux. La pi upart des Mammiferesont, au moment de leur naissance, des formes distinctes quoique imparfaites. La mere les depose dans le lieu le plus sur pour leur conserva- tion, les allaite, et leur communique, en les couvrant de son corps, la chaleurneces- i. 2 10 INTRODUCTION. saire a leur developpement ; cependant elleles abandonnc chaque jour pendant un certain temps pour pourvoir elle-meme a sasubsistance. Mais il y a des Mammi- feres qui se distinguent par une organisation tres-singuliere et par Tetat imparfait des petits au moment de leur naissance. En effet, la femelle a un double ventre ou poche forme'e par un repli de la peau et soutenue par des os particuliers. C'est dans cette poche largement ouverte a I'exterieur, et qui devient Torgane d'une seconde gestation, que passent les petits, encore informes, au moment de leur premiere naissance, si je puis m'expri- mer ainsi. Us adherent a des mamelons qui etablissentde nouveaux rapports di- rects entre eux et la mere, pendant le temps necessaire pour qu'ils arrivent au degre de developpement que presentent en naissant les petits des autres Mam- miferes. Des lors ils ne sont plus con- tinuellement adherents aux mamelons, et la mere les allaite et les porte dans sa poche ou bourse jusqu'a ce qu'ils FIG. 43. Dideiphe. soient assez forts pour se conduire eux- memes. Cette double gestation semble etre une transition entre les Mammiferes et les Oiseaux ; car il y a tant d'analogie entre les petits informes et presque ge- latineux des animaux dont nous parlons et les oaufs des Oiseaux, que Ton compare la seconde gestation des premiers a Tincubation des seconds. On a designeces animaux singuliers sous lenom general deoiDELPHES (£t?, deuxfois; ^Xcpi?, uterus, organe dans lequelse developpent les germes), ou animaux a bourse, par opposition aux Mammiferes de la premiere sous-classe, qui sont des MOISODEL- PHES (JAOVO?, un seul; SeXcpi;, uterus). Enfin, le rapprochement des Mammiferes aux Oiseaux et aux Reptiles devient plus sensible par certains animaux classes avec les didelphes. Ce sont des Mammiferes en quelque sorte incomplets, car ils paraissent n'avoir que des mamelles sans usage; ils pondent des O3ufs; leur bouche est formee par un beccorne analogue acelui des Canards, et n'a pas de dents enchassees. Ils ont, comme les Oiseaux, un os claviculaire en fourchette, et les males presentent un ergot come au cote externe des pattes posterieures ; ils vivent dans les marais et nagent a Taide de leurs pattes palmees. Le nom d'Ornithorhynque (opvic, oiseau ; p^TX.0', bee), employe pour designer le plus extraor- dinaire de ces animaux, exprime le caractere general qui les distingue, line organisation si irreguliere a du naturellement embarras- ser les naturalistes ; aussi les unsont-ils cher- che a demontrer que les Ornithorhynques devaient etre classes parmi les Reptiles, tandis que d'autres voulaient faire prevaloir leurs rapports avec les Oiseaux. Quoi qu'il en soit, cette organisation anormale fournit un exemple des plus frappants de cette verite, dont on ne saurait trop souvent faire ressortir les applications nombreuses : la nature, pour passer d'un type d'organisation a un autre, rappelle dans la serie qu'elle commence quelques-uns des traits de celle qu'ellc termine. FIG. 44. Ornilhorhynqne. INTRODUCTION. It PREMIERE SOUS-CLASSE. — MAMMIFERES MONODELPHES. Plus les divisions se multiplient, moins les caracteres d'apres lesquels elles sont etablies presentent d'importance; les Mammiferes de la premiere sous-classc for- ment trois groupes : les On- guicules, les Ongules et les Pisci formes. Les ONGUICULES ont etc ainsi designesparceque leurs ongles sont pelits et n'en- veloppent pas en entier la partie du doigt qui pose a terre on qui sert an toucher. Les ONGULES ont 1'extremite des doigts entierement enveloppee par un ongle qui forme un sabot simple on divise. F|G- 45- FIG. 46. Ongule. Les PISCIFORMES presentent la forme generate des Poissons: ils ont des membres an- terieurs propres a la natation, et aTextremilede la queue unenageoire qui remplacc les membres posterieurs, ou bien ces membres sont disposes en nageoires caudales. FIG. 47. Piscifonne. Independamment de ces trois groupes, on divise encore les Mammifeues mono- delpbes en six ordres:les Bimanes, les Quadrumanes, les Carnassiers, les Cheiro- pteres, les Rongeurs et les Edentes. o PREMIER ORDRE. — BIMANKS. (A deux mains.) LesBimanes sont caracterises par la presence de membres superieurs impropres a la marche, destines a la prehension, et termines par une main dont le ponce est op- posable aux autres doigts. Lesmamelles, au nombre de deux, sont situees sur lapoi- trine, ct lecorps, dans la station, affecte laligneverticale.L'Hommeseulapparticnt a 12 INTRODUCTION. cet ordrc. M. Isidore Geoffroy Saint-Hilaire,conlrairement auxvuesdes autres natu- ralistes, ne veut point admeltre rHomme dans la classification desanimaux. a Si Ton a considere, ditce savant, rHomme tout entier dans sa double nature et dans sa haute « suprematie sur toutes les autres creatures terrestres, il ne saurait constituer, ni « un ordre zoologique, ni meme une classe on un groupe quelconque dans le regne « animal. II faut reconnaitre en lui un etre a part et au-dessus de tous les autres, o separe meme des premiers animaux par une distance immense, par un abime « qtie rien ne saurait combler, malgre toutes les affmites organiques qu'il presente. « Ce n'est pas sans raison qif on Ta considere comme devant constituer a lui seul « un regne distinct. Ainsi, d'un cote, rHomme se lieintimement avec les premiers « animaux, et c'est en vain qu'on chercherait a trouver entre les Bimanes et les Qua- « drumanes des differences de valeur ordinale. D'un autre cote, rHomme se separe « au contraire, non-seulement de tous les Mammiferes, mais du regne animal tout « entier, dont il forme le couronnement et dontil ne fait pas partie integrante. » II est vrai que, par le principe insaisissable qui emanede Tame et qui constitue la pensee, rHomme doit avoir une place apart. Roi de la creation, son existence semble resumer en lui toute la puissance creatrice.Sa naissance, sa vie etsa mort sont, sans nul doute, des voies pour une autre transformation: celle-la, la religion nous 1'enseigne, et la saine philosophic nous apprend a en respecter la consolante croyance. Mais si rHomme regne sur tous les etres qui peuplent avec lui le globe, s'il a assoupli a ses besoins les vegetaux, s'il a domine les corps inorganises, decompose et recornpose les Guides de son atmosphere, il redevient, en face de la puissance organisatrice, un etre petri des memes elements, soumis aux memes lois que les animaux, a la tete desquels il faut le placer quand on veut se rendre un compte exact des phases diverses de son existence. Nos pretentious sociales vou- draient en vain le nier; une unite de composition, une analogie de fonctions, les memes besoins physiques, les memes transformations materielles, ne permettent pas de separer, a certain point de vue, rHomme de la brute. Cornme elle, il nait faible, s'accroit avec lesannees, deperit quand il touche au terme de son existence, meurt, et rend a la terre les elements terrestres dont il est forme. 1/Homme constitue une espece unique, mais il presente des modifications per- manentes qu'on pent suivre dans sa charpente osseuse, dans les proportions de ses membres, dans la coloration de la peau, dans la nature des cheveux, dans Tac- centuation des traits de la face ; Ton reconnait que ces caracteres physiques se lient presque intimement aux caracteres sociaux, c'est-a-dire au langage, aux moeurs, aux religions, et Ton ne peut meconnaitre des differences reelles et pro- fondes dans les diverses races. Ainsi Cuvieradmettaituneseuleespece presentant trois varietesou racesbien tran- chees : la blanche ou Caucasique, la jaune on Mongolique, la noire ou Ethiopique. Les differences de ces varietes sont si remarquables, qu'elles ont pu -faire naitre le doute sur 1'existence d'une seule espece primitive. Mais les auteurs les plus serieux n'y ont vu que des alterations plus ou moins profondes de Tespece. Quelques naturalistes ont multipliers races a Tinfini, et nous sommes trop loin de Tepoque de la creation de THomme pour esperer trouver, dans nos recherches sur les races humaines, autre chose que des details curieux, fort interessants, mais trop souvent hypothetiques. II est certain que rHomme, examine dans les diverses parties du globe, prescnlc INTRODUCTION. 13 des differences sensibles, et nous le trouvonsdans certains pays tellement degenere, qu'il semble etablir une transition veritable entre Tespece humaine et le Singe. Les auteurs disposes a reconnaitre plusieurs especes ou types primitifs dans le genre Homme trouvent en faveur de leur systerne des arguments puises dans les lois generales qui regissent le monde. Ainsi, on a reconnu que : 1° les etres organises tendent toujours a revenir aux formes primitives que des circon- stances locales leur avaient fait perdre un instant; 2° que toutes les productions de la nature suivent une progression presque insensible, et telle que Ton passe, sans interruption et par une serie continue ascendante, des etres qui offrent a peine des traces d'organisation aux animaux qui sorit le mieux orga- nises; 3°quele croisement des races entraine presque toujours une amelioration du produit qui en resulte ; -4° enfin, que moins on descend dans Techelle des etres, et moins Tinfluence du climat se fait sentir, de sorte que celte influence, qui est si puissante sur les vegetaux., s'affaiblit progressivement sur les animaux et devient a peu pres nulle sur 1'Homme. C'est en faisant a Tespece humaine Implication de ces lois generales constam- ment observees que Ton s'est demande pourquoi THomme, le plus perfectible, le plus cosmopolite des etres crees, se trouverait, malgre ses degenerescences, faire exception aux lois qui regissent tout le reste de la creation. En effet, si la degenerescence que nous observons chez les negres et la plupart des sauvages des pays recemment decouverts dependait seulementd'une cause lo- cale, du climat, par exemple, il suffiraitde replacer quelques-unes de ces creatures degradees dans les conditions d'existence qui leur conviennent, pour qu'apres plu^- sieurs generations, dans un temps plus ou moins long, elles revinssent a leur type primitif. II suffirait encore de se trouver soumis a la meme influence qu'elles pour eprouver la meme degenerescence. L'observation demontre justement le contraire; de tous les animaux, THomme est celui qui se prete le mieux a 1'influence des cli- mats, de la nourriture , et aux variations de la temperature ou de Tatmosphere, auxquelles il oppose les ressources de son intelligence, qui lui procure presque sans peine le moyen de se soustraire au froid cornme a la chaleur trop sensibles; ou pour le moins, 1'Homme, mieux que tous les autres animaux, doit supporter ces conditions sans degenerer, parce qu'il peut les affaiblir. Les negres de 1'Afrique, transportes en Europe ou en Amerique, restent negres, conservent leurs formes et leur couleur primitives; et les Europeens qui ont, depuis des siecles, forme des etablissements sur tousles points du globe, restent blancs,et conservent, euxaussi, les formes qu'ils avaient en quittant leur pays natal; enfin, tous n'eprouvent sous Tinfluence d'un climat nouveau que des modifications passageres et non hereditaires. Le soleil du tropique brule les Europeens, donne aux parlies de leur corps qui y sont exposees une teinte plus ou moins fonceeetqui disparait promptement par un changement de climat. Chez les negres transportes dans un climat ternpere, la secretion huileuse de la peau est seulement moins abondante et re'pand moins d'odeur ; mais les uns et les autres conservent leur couleur locale. Maintenant, si nous jetons un coup d'oeil sur tous les corps organises repandus a la surface du globe, nous sommes portes a croire que la nature s'est d'abord occupee des plus simples, pour s'elever, par une gradation reguliere, jusqu'aux plus compliques, et que tous ces corps ont ete crees Tun pour Tautre, et dans des vues de conserva- tion generale. Nous devons supposer, avcc quclquc raison, que les animaux herbi- J4 INTRODUCTION. vores, par exemple, out du etre crees avantles carnivores, qui en font exclusivement leur nourriture, et qu'ils ifont paru qu'apres le developpement des vegetaux , qui leur servent de pature. Et si, tout d'abord, toutc la surface du globe aete couverte par les eaux et ne s'est desseehee qu'apres un temps dont nous ne pouvons appru- cier la duree, il ne pouvait exister a cette epoque primitive que quelques etres ve- getaux ou animaux du dernier ordre; car ce ne fut qu'apres que les debris d'aussi chetives creatures, accumulespar le temps, eurent constitue un sol, que des orga- nisations plus avancees ont pu presenter une vie plus forte, et sont devenues elles-memes la source d1 existences mieux organisees. En suivant une progression ascendante dans la serie des etres , nous reconnais- sons cet enchainement imperceptible , ce developpement gradue des animaux, de tellesorte qu'il parait n'exister aucune lacune dans cette chaine, rarnifiee, mais non interrompue. Toujours Torganisation fait un progres , et, dans la classification zoologique, nous trouvons que les extremites d'un ordre se confondent avec 1'ordre qui suit et celui qui precede; dansTordre, et meme dans le genre, nous reconnaissons un type, duquel s'eloignent plus ou moins les etres qui en font partie. Prenons, pour demontrer cette verite , Tordre des Quadrumanes ou Singes, qui se rapprochent le plus de THomme par leur organisation, la charpente generale de leur corps et la structure de leurs membres. Nous voyons que cet ordre differe de THomme par la confor- mation des membres abdominaux, dont les extremites inferieures sont terminees par de veritables mains, plulotdisposeespour saisir lesobjets et grimper aux arbres que pour marcher. Nous trouvons chez le Singe le mieux organise la plupart des caracteres que presente THomme; et bientot, en descendant au Singe qui, par son organisation, s'eloigne le plus du type de Tordre , nous Itii trouvons des carac- teres communs a ce type, et des caracteres deTordre des Carnassiers, qui vient im- mediatement apres. FIG. 48. Singe. FIG. 49. Singe Maki. Si, poursuivant la meme comparaison, nous arrivons aux Bimanes, nous observons dansTordre qu'ils constituent des hommes superieurs par leur organisation, et des etres conformes si miserablement qu'on n'a pas craint de les placer, dans la serie zoo- logique, au-dessousde quelques especes de Singes. L'ignorance, les preventions, et, INTRODUCTION 15 Ton pent le dire, les relations exagerees des voyageurs, ont pu seules conduire a de semblables erretirs; mais, apres avoir fait la part de cette exageration, il n'en reste pas moins certain qu'il y a une distance proportionnelle entre l'Homme le mieux organise etcelui qui Pest le moins bien, comme entre le Chimpanse ou TOrang-ou- tang et le dernier des Singes; et nous trouverons dans 1'espece humaine des degres d'organisation assez nombreux pour etre obliges d'en faire des races distinctes. FIG. 51. Tele de Jules Cesar, FIG. 52. Tele d'Arabe africain. FIG. 53. Nature!* dc la Nouvelle-Hollande; I'lin d'eux liahille par les malelots de 1' Astrolabe 16 INTRODUCTION. Si nous examinons le croisement des races dans Tespece humaine, nous ne pou- vons meconnaitre Tinfluence qu'il exerce sur Tamelioration du produit, qui a plus d'intelligence et de perfectibilite quand ce croisement cst d'ailleurs opcre dans de bonnes conditions ; car, quelle que soit I'influencc de ce croisement sur les chevaux, par exemple, il est evident que le produit sera toujours en rap- port avec les qualites des individus croises. Aussi ce croisement dans Tespece hurnaine s'est-il rarement fait dans les conditions les plus convenables ; ce qui n'a pas peu contribue a laisser les produits souvent fort au-dessous de Tespece. L'esclavage auquel est reduite generalement la race noire d'Afrique, et la domi- nation qui pese sur la race cuivree d'Amerique, s'opposent a 1'amelioralion qui serait la consequence d'une autre condition. Nous avons dit aussi que, moins on descend dans Techelle des etres, et moins Tinfluence du climat se fait sentir. En appliquant encore cette loi generale a Tes- pece humaine, et ne reconnaissant pour cette espece qu'un type primitif, nous de- vrons bien plus nous etonner a Texamen des degenerescences effrayantes que nous offrent certaines peuplades sauvages, chez lesquelles Thumanite se recon- nait a peine, et nous ne devrons pas etre surpris des erreurs qu'ont pu propager les auteurs qui, malgre les impossibility d'une semblable recherche, n'ont pas craint d'etablir un grand nombre d'especes, types primitifs du genre Homme. Par une exposition si longue de quelques principes qui n'ont pas toute la portee qu'on veut bien leur dormer, je n'ai pas eu Tidee d'eveiller la moindre incertitude sur un point fondamental de nos croyances religieuses; loin de la, j'ai trop de res- pect pour nos livres sacres, j'ai trop confiance dans les doctrines qu'ils enseignent pour clever des doutes sur leur authenticite, et je ne croisqu'a 1'existence d'une seule es- pece provenantdumemetype;d'ailleurs, si nous nous trompions, jenepense pas que toute Tintelligence humaine parvienne aujourd'hui a retablir la vcrite, meme apres lesrecherchesles plus serieuses. Comment determiner des especes qui n'ont pu con- server leurs caracleres primitifs? comment reconnaitre Torigine de tous les peuples apres les melanges de plusieurs siecles?!! faut cependant convenir que quelques races se sont conservees intactes; mais cette remarque est en faveur de Tunite de Tespece, car ces races sont restees sans melange. Terminonsces observations sur un sujet plein d'interet, mais qui nous a fait ou- blier les limites que nous impose un plan tres-restreint. La plupart des auteurs qui ont ecrit sur les races humaines, pour mieux faire ressortir la degradation des especes qu'ils rapprochent des Singes , ont toujours represente Thomme ou la femme avec des formes plus ou moins ideales et sous la figure de TApollon du Bel- vedere et de la Venus de Medicis. Cette comparaison un peu pretentieuse ne per- mettrait guere de retrouver des types vivants de THomme tel qu'ils veulent le re- presenter; et ellea rimmensedesavantage d'etre inexacte, et d'etablir des differences entre des extremes qui existent, il est vrai, mais qui ont de nombreux interme- diates, meme au sein des populations les plus privilegiees. INTRODUCTION 17 DEUXlfcME ORDRE. — QUADRUMANES. (A quatrc mains.) Les Quadrumanes, comme leur nom Tindique, out les membres thoraciques et abdominaux termines par des mains ; cette disposition en fait des animaux plus propresa grimper qu'a marcher. Par leur organisation generale, les Quadrumanes se,rapprochent singulierement dc THomme : ainsi leurs mamelles sont situees sur la poitrine ; ils ont trois sortes de dents, des incisives, des canines et des molaires, et tous leurs organes ne different de ceux de THomme que par des proportions re- latives. Mais, si, par la forme deleur corps et par leur station presque verticale, quelques-uns de ces animaux sont une imitation grotesque de THomme, on remar- que bientot parmi eux une degradation qui conduit insensiblement aux formes des Quadrupedes. La position du corps devient horizontale , le museau s'allonge, la queue se developpe et Intelligence se perd. Ils sont generalement vifs , petu- lants, irascibles, sensuels et gourmands, et on ne les domine que par la crainte ou les privations; caracteres qui, soil dit ens'passant,ne les distinguent pas tres- positivemcnt des Bimanes. Quelques-uns de ces animaux sont solitaires et mono- games, d'autres vivent en bandes nombreuses conduiles par des chefs qui imposent leur volonte aux plus faibles , et les femelles montrent pour leur progeniture la tendresse la plus touchante. Leur nourriture se compose de fruits etd'insectes. Par la domesticite, leurs gouts changent, et on les voit rechercher la viande, boire du vin, des liqueurs fortes, etmontrer surtout pour le sucre un gout tres-prononce. Le nombre des dents incisives et la forme des ongles ont permis de diviser les Quadrumanes en trois families : les Singes, les Ouistitis ctles Makis ; ces derniers se rapprochent des Carnassiers par leur museau tres-allonge. FIG. S4. Sine.-. FIG. 56. Mali. 18 INTRODUCTION. TR01SIEME ORDHE. — CARNASSIERS. L'ordre des Carnassiers comprend un grand nombre d'animaux, cbezlesquels on ne retrouve plus de pouce opposable aux autres doigts. Us ont, comme les Bimanes et lesQuadrumanes, trois sortes de dents, des incisives, des canines et des molaires, et leurs pattes sont garnies d'ongles efh'les ou griffes. Les Carnassiers se nourrissent d'autres animaux qiTils dechirent. Leur cerveau presente un lobe de moins que celui des ordres qui precedent. Les sensqui dominent cbez eux sont ceux de Todo- rat et de la vue : obliges d'attaquer leur proie on de la surprendre par ruse, les Carnassiers devaient pouvoir la sentir et la voir de loin. Cet ordre se compose de trois families : les Cheiropteres, les Insectivores et les Carnivores. FIG. 57. Cheiroptere. FIG. 58. Insectivore. FIG. 59. Carnivore. FIG. 60. Carnivore- INTRODUCTION. 10 ir« FAMILLE. — CHEIROPT&RES. (Xttpc;, main ; rcpepcv, ailc.) Ces animaux sont remarquables surtout par le repli delapeau, qui, se prolon- geant en membrane entre leurs quatre membres et leurs doigts, leur donne la fa- cultc de voler (les Chauves-souris), ou au moins celle de se soutenir en Fair comme aTaide d'un parachute (les Galeopitheques) (faXii, chat; wi6r,5, singe). Les Chauves-souris ont les mamelles placees sur la poitrine, ce qui les rap- proche des Bimanes et des Quadrumanes. FIG. 61. Cheiroplere. FIG. 62. Galeopithequc 2e FAMILLE. — INSECTIVORES. (Mangeurs d'insectes.) Les Insectivores sont des animaux generalement petits, faibles, nocturnes, 'dont les dents sont herissees de pointes coniques. Leurs pieds sont courts, leurs mouve- rnents peu vifs; ils se nourrissent principalement d'insectes, et beaucoup d'entre eux passent Thiver en lethargic. C'est a cette famille qirappartiennent les Ileris- sons, les Musaraignes, les Taupes, etc. FIG. 65. Taupe. FIG. 64. Macroscelide. 3« FAMILLE. — CARNIVORES. C'est dans cette famille, dit Cuvier, que Tappe'tit sanguinaire se joint a la force necessaire pour y subvenir. Les animaux qui en font partie ont toujours quatre dents canines, grosses, longues et ccartees, six incisives a chaque machoire, et des molaires tranchantes ou melees seulementde parties a tubercules mousses. On a divise cette famille nombreuse en trois tribus, d'apres la conformation et la disposition des organes locomoteurs : ce sont les Plantigrades, les Digitigrades et les Amphibies. 20 INTRODUCTION. 1re TRIBU. — PLANTIGRADES. (P/anfa, plat du pied ; gradior, je marcbe.) Les Plantigrades se distinguent facilement par la maniere dont ils posent sur le sol leurs pattes composees de cinq doigts. En effet, toute la surface inferieure des pattes est en contact avec la terre lorsqu'ils marchent. Cette disposition Jeur donne la facilile de se dresser et de se tenir assez longtemps debout. Tels sont les Ours. FIG. 65. Ours. 2e TRIBU."— DIGIT1GRADES. (Digitus, doigt ; gradior , je marche.) Les animaux de cette tribu marcbent en ne touchant le sol que par le bout des doigts. Ils ont les ongles plus ou moins retractile* ; les doigts, le plus souvent,sont libres, quelquefois reunis par des membranes (les Loutres). Quelques-uns seule- ment ont uue pocbe odorifere sous la queue (les Civettes). Tous ceux de ces ani- maux qui ont les ongles retractiles appartiennent au genre Chat, qui comprend le Lion, le Tigre, et tous les animaiix, quelle que soit leur tailleT qui ressemblent au cbat par quelque point de leur organisation. On dit que ces animaux ont les ongles retractiles, parce qu'ils sont les seuls dont les griffes se retirent a volonte dans les doigts, comme on le voit dans le chat lorsqu'il fait patte de velours; tandis qu'a 1'aide d'un muscle extenseur ils les developpent quand ils veulent se defendre ou saisir une proie. C'est a cette tribu qirappartiennent les Martres, leChien, le Lion, le Chat, le Tigre, etc. FIG. 66. Panlhere. FIG. 68. Onifle roll INTRODUCTION. 3e TR1BU. — AMPHIB1ES. i, de deux cotes ; Bto;, vie.) 21 Les caracteres qui distinguent les Amphibies sont tires de la forme de leurs membres, qui sont si courts qu'ils ne peuvent, sur terre, leur servir qu'a ramper. Mais comme les intervalles des doigts sont remplis par des membranes qui font de ces membres de veritablesnageoires, ces animaux passent la plus grande partie de leur vie dans la mer, et ne viennent a terre que pour se reposer au soleil et allaiter leurs petits. Tels sont les Phoques et les Morses. FIG. 69. Phoque. QUATRIEME ORDRE. — RONGEURS. (Qui rongent ce qu'ils mangent.) Les Rongeurs se distinguent facilement par leur systeme dentaire , qui ne se compose que de deux sortes de dents, les incisives et les molaires. L'absence de dents canines, propres a dechirer on diviser les aliments, fait que ces animaux sont exclusivement herbivores ou frugivores. Quelques Rongeurs peuvent se servir de leurs membres anterieurs pour porter leur nourriture a labouche, et il en est qui, pendant la belle saison, rassemblerit des provisions alimentaires qu'ils epuisent en hiver. D'autres ne peuvent plus se servir de leurs membres anterieurs comme or- ganes de prehension, et ces derniers n'ont point d'os claviculaire comme les pre- miers.-On remarque aussi dans cet ordre des animaux (fes Polatouches) qui, comme les Galeopitheques, ont les membres reunis sur les flancs, par un repli de la peau ; ce qui leur donne le moyen de se soutenir en l'air lorsqu'ils sautent d'une branche a une autre. FIG. 70. Rongeur. FIG. 71. Polatonclic. CINQUIEME ORDRE. — ti (Sans dents.) Get ordre est caraclerise par Tabsence de dents sur le devant de la bouche, et quelqucs-uns des animaux qui le component n'ont aucune espece de dents. Leurs 22 INTRODUCTION. doigts sont munis d'ongles tres-gros, tres-developpes, etsur lesquels ils se trainent avec difficulte. Les tins presentent dans leurs formes quelques rapports avec les Singes , les autres sont couverts d'un test dur et compose de pieces comme tine armure ou d'un grand nombre d'ecailles se recouvrant les unes les autres. Ces divers caracteres ont servi a retablissemcnt de deux groupes, les Tardigrades et les fidentes ordinaires. V PREMIERE TRIBU. — TARDIGRADES. (Tardus, lent ; gradior, je marche.) Les animaux de ce groupe ont quelques-unes des formes des Quadrumanes ; ils ont le museau court. Leur nom vient de 1'excessive lenteur de leur marche, suite d'une structure vraiment heteroclite, com- me si la nature avail voulu s'amuser a produire quelque chose d'imparfait et de grotesque. On a aussi donne a ces ani- maux le nom de Paresseux ; mais, dit Buffon d'accord avec Cuvier, chez eux c'est moins paresse que misere ; c'est defaut, c'est denument, c'est vice dans la confor- mation. La forme, les dimensions et pres- que rimmobilite de leurs ongles rendent la marche difficile , sans compensation dans Tusage qu'ils peuvent en faire pour grimper. La douleur habituelle qu'ils exprimenl par des cris plaintifs semble etre le resultat de leur conformation bizarre et negligee. Ils n'ont point d'armes pour attaquer ou se defendre ; la fuile ne leur esl pas permise, et, prisonniers dans 1'es- pace, ils sont confines a Tarbre sous lequel ils sont nes. Tout en eux annonce leur rnisere et rappelle ces monstres qui, ayant a peine la faculte d'exister, n'ont pu vivre qu'un temps et ont ele bientot effaces de la liste des etres. DEUXIEME TRIBU. — EDENTES ORDINAIRES. Parmi les lidentes ordinaires, qui semblent differer beaucoup a premiere vue des Tardigrades, les uns sont couverts d'une carapace (les Tatous) ; d'autres, d'un test compose d'ecailles tranchantes et nombreuses (les Pangolins) ; d'autres eniin sont couverts de poils sans test ui ecailles (les Fourmilliers). FIG. 72. Tardigrade. FIG. 73. Pangolin. FIG. 74. Fourmillier. INTRODUCTION. 0 S1XIEME ORDRE. — RUMINANTS. inOj je remache.) Y Les Ruminants sont ainsi nommes a cause de la complication deleur estomac, com- pose de quatre poches qui leur permettent de ramencr dans la bouche, afin de les macher de nouveau, les aliments qui ont deja sejourne dans la premiere de ces poches. Us n'ont le plus som;ent de dents incisives qu'a la machoire inferieure, et quelques males seulementde certaines especes ont deux dents canines a la machoire superieure. Us ont six molaires de chaque cote et a chaque machoire. Leurs mem- bres sont termines par un sabot divise, et la tete des males est presque toujours armee de cornes. Parmi les Ruminants, les uns ont huit dents incisives a la ma- choire inferieure seulement, ce sont les Ruminants or dinaires ; quelques autres n'ont que six dents incisives a la machoire inferieure, deux a la superieure, et de plus deux dents canines a chaque machoire ; ce sont les Cameliens. GKOLPE. — HLMliNANTS ORDINA1UES. Ce groiipe comprend le plus grand nombre des animaux de cet ordre : les uns n'ont jamais de cornes (le Chevrotairi), d'autres ont des cornes caduques et qui se renouvellent (le Cerfcommun) ; d'autres ont des cornes persistantes et creuses (le Be'lier] ; quelques-uns enfin ont des cornes persistantes et velues (la Girafe). Ces differences ont donne lieu a retablissement de quatre tribus, que les limites de ces generalites ne nous permettent pas de faire connailre. Fir,. 75. Bffit.f. FIG. 76. Bclier. 24 INTRODUCTION. Oe CROUPE. — CAMEL1ENS. (Camelus, chameau.) Les Cameliens ferment un groupe peu nombreux, et, aux caracteres que nous avons deja indiques, il faut ajouter la conformation particuliere du pied, qui sem- ble les rapprocher des animaux de 1'ordre suivant. En effet, les doigts des Came- liens sont termines par deux sabots, il est vrai ; mais le pied n'est pas fourchu, car les doigts s'appliquent sur le sol dans toute leur longueur, et sont reunis en des- sous pour former line semelle cornee avec une simple bifurcation anterieure. FIG. 77. Chameau. SEPTIEME ORDRE. — PACHYDERMES. (tlayjj;, epais; &£cy.a, peau.) Les Pacbydermes forment un ordre compose d'animaux ongules converts d'une pcau epaisse ct ne ruminant pas. Ce caractere est le seul qui puisse etre applicable a tous les animaux de cet ordre, car ils different essentiellement entre eux sous d'au- tres rapports. Parmi eux, le nombre des doigts varie de un a cinq ; les dents sont de deux ou de trois sortes. Cependant il est facile d'en former trois groupes bien distincts, d'apres la presence ou Tabsence d'une trompe, et d'apres le nombre des ongles. ler GUOLPE. — PKOBOSCID1ENS. (Proboscis, trompe.) Les animaux de ce groupe ont une trompe cylindrique fort longue, extensible, qui n'est que le prolongement du nez et qui sert d'organe de prebension. A Taide de cette trompe, ils peuvent saisir les plus petits objets pour les porter a leur bou- che, ou lancer au loin les corps autour desqucls clle s'enroule. Leurs doigts, tou- jours au nombre de cinq, sont garnis en dessous d'unc peau calleuse qui permet a INTRODUCTION. 25 peine de voir des ongles informes. Leur machoire superieure est armee d'enormes defenses, et leur systeme dentaire se borne a de grosses dents molaires. FIG. 78. Elephant. 2e GROUPE PACHYDERMES ORDIN AIRES. Les animaux de ce groupe ont des doigts dont le nombre varie de deux a quatre. C'est ace groupe qu'appartiennent le Sanglier, 1'Hippopotame, le Rhinoceros, le Tapir et le Babiroussa. FIG. 79. Babiroussa. FIG. 80. Sanglier. 3e GROUPE. — SOLIPEDES. ( Pied forme d'un seul doigt.) Le nom general de Solipedes, donne aux animaux de ce groupe, n'est pas exact, car il veut dire un seul pied, lorsqu'il devrait signifier la presence d'un seul doigt a chaque pied. Aussicelui deMonodactyle,a.dopie egalement,conviendrait-il beaucoup mieux. En effet, les Solipedes ont les extremites terminees par un sabot unique et non divise. Leur systeme dentaire comprend six incisives a cbaque machoire , deux ca- nines, qui manquent souvent chez les femelles, surtout a la machoire inferieure, et douze molaires ; et c'est a Taide des changements divers que presentent ces 26 INTRODUCTION. dents qu'on parvienta reconnaitreTage de ces animaux. C'est dans ce groupe que se trouvent le Cheval, le Zebre, 1'Ane, etc. FIG. 81. Ane. HUITIEME ORDRE. — (STAGES. (K.YITO?, baleine.) Ces animaux, long temps confondusavec les Poissons, parce qu'ils sont exclusivement marins , sont de veritables Mammiferes. Le milieu dans lequel ils doivent vivre de- vait necessiter dans leur organisation des changements de forme qui, en definitive, ne presententde modifications sensibles que dans les organes du mouvement. Ilsn'ont que des bras ou nageoires anterieures tres-developpees et soutenues par des os nom- breux. Ils viennent respirer Fair a la surface, a Taide d'events situes sur la tete. Ils donnent naissance a un petit vivant, et le nourrissent a 1'aide d'une mamelle placee dansun sillonpresderoritice anal. Ces animaux onlle gosier tres-elroit relativement au volume du corps, et ils se nourrissent de poissons et de petits animaux marins. FIG. 82. Baleine. Les Cetaces sont divises en deux tribus, d'apres Ja presence ou Tabsence des dents. En effet, les uns (Baleines) n'ont point de dents, mais seulement des fanons en forme de fer de faux a la macboire superieure; les autres (Cachalots) ont des dents, dont le nombre, la forme et la position varient suivant les especes. DEUXIEME SOUS-CLASSE. — MAMMIFERES DIDELPHES. NEUV1EME ORDRE. — MARSUPIAUX. (Marsupium, bourse.) Cet ordre, dont nous avons deja dit quelques mots, se compose d'animaux pro'- INTRODUCTION. 27 sentant sous le venire une bourse ou poche formee par un repli de la peau etsou- tenue par des os particuliers auxquels on a donne le nom d'osmarsupiaux. C'est dans cette poche que les petits, nes pour ainsi dire avant le terme, trouvent des mamelons auxquels ils adherent continuellement jusqu'au moment ou ils sont ar- rives an developpement que presentent les petits des autres animaux a Jeur nais- sance. Ils cessentalors d'etre constamment attaches aux mamelons, et rentrent dans les conditions ordinaires, sauf leur sejour prolonge dans la bourse de la mere, qui Jes porte partout avecelle pendant tout le premier age. Desqu'ilscommencent a marcher, ils montentsur ledosde leur mere en se soutenant a Taide de leur queue qu'ils enroulent autour de la sienne. C'estacet ordre qu'appartien- nent les Sarigues et les Kanguroos. FIG. 83. Sarigue. FIG. 84. Kanguroo. DIXIEME ORDRE. — MONOTRfiMES. (Movo?, seul; rjr^a, trou.) Le nom des Monotremes a etc donne aux animaux de cet ordre parce qu'ils n'ont qu'une senle ouverture posterieure, ou cloaque, donnant issue a toutes leurs ex- cretions. Leur ouverture buccale est terminee par un bee comme celui des canards. Ils n'ont de dents que dans le fond de la bouche. On ne trouve sur eux aucune trace bien distincte de mamelles. Quoique ces animaux n'aient point de poche ven- trale comme les Marsupiaux, ils ont cependant, comme eux, les os anorrnaux qui devraient la soutenir, et, de plus, ils presentent urie conformation particuliere de la clavicule qui a beaucoup d'analogie avec la fourchette des Oiseaux. Leurs pattes ont cinq doigts armes d'ongles, et reunis par une membrane qui rend leurs membres propres a la natation. Les males ont leurs pattes posterieures garnies d'un ergot solide, perfore, et communiquantpar un canal avec une glande qui doit y faire parvenir une secrelion que quelques auteurs ont signalee comme venimeuse. Le mode de reproduction dc ces singuliers animaux est encore fort incertain ; on dit de rOrnithorhynque particulierement qu'il depose deux oaufs de la grosseur et de la couleur de ceux d'une Poule, dans un nid toujours place au milieu des roseaux et a la surface de Teau, et que la fe- melle couve ces ceufs pendant fort longtemps. Les seuls animaux de cet ordre sont les Ornithorhyn- ques et les Echidnes. FIG. 85. Echidnc. 28 INTRODUCTION. DEUXIEME CLASSE. - - OISEAUX. «Parmi les Vertebres, le second rang appartient evidemment aux Oiseaux, dit le professeur Lamarck ; car si Ton ne trouve point dans ces animaux un aussi grand nombre de facultes et autant d'intelligence que dans les animaux du premier rang, ils son! les seuls qui aient, comme les Mammiferes, un coeur a deux ventricules et le sang chaud. Ils ont done avec eux des qualites communes et exclusives, et par consequent des rapports qu'on he saurait retrouver dans aucun des animaux d'une classe inferieure. Mais ils manquent essentiellement de mamelles, organes dont les animaux de la premiere classe sont seuls pourvus, et qui tiennent a un systeme de generation qu'on ne retrouve plus ni dans les Oiseaux ni dans aucun des animaux des classes qui vontsuivre. Dans les Mammiferes, la poitrine est separeede Tabdomen par une cloison mem- braneuse connue sous le nom de diaphragme, et cette cloison ne se retrouve plus dans d'autres animaux. Les Oiseaux presentent done dans leur organisation un corps sans mamelles, ayant une tete distincte et quatre membres articules ; un squelette a colonne vertebrale , un cerveau et des nerfs, des poumons sans lobes et adhe- rents, un co3ur a deux ventricules, et une circulation complete a sang chaud. Ils sont ovipares, organises pour le vol et reconverts de plumes. Leurs machoires, sans dents, sont revetues d'une couchecornee, et leurspattes sont garnies d'ecailles membraneuses. Des cavites aeriennes augmentent leur legerete specifique et per- mettent Introduction de 1'air dans la poitrine, le bas-ventre, les aisselles, et meme dans 1'interieur des os; de sorte que le fluide exterieur est non-seulement en con- tact avec le fluide interieur, mais encore avec une grande surface vasculaire du reste du corps. Les Oiseaux presentent des differences nombreuses dans la forme du bee et des pattes ; ces differences sont toujours en rapport avec le mode d'existence de ces animaux, et elles ontservi de base a leur classification. Les uns ont un bee solide, recourbe a sa pointe, et leurs doigts sont armes d'ongles crochus ou serres, qui an- noncent assez leurs habitudes et leurs moyens d'existence : ce sont les RAPACES. Les autres ont un bee de forme variable, comme leurs habitudes et leur regime ; Leurs pattes sont parfaitement en rapport avec le volume du corps, mais terminees par des doigts non palmes et des ongles greles; generalement ils se nourrissent de fruits, de graines , d'Insectes, et rarement de chair. Ce sont les PASSEREAUX. D'autres, avec 1'organisation des Passereaux, se distinguent par la disposition de leurs doigts, dont deux sont diriges en avant et deux en arriere. Les GRIMPEURS. Un grand nombre ont la partie superieure du bee voutee ; leurs ailes sont courtes, leur corps lourd, et ils ont les doigts anterieurs reunis en general par de courtes membranes. Les GALLINACES. D'autres encore se distinguent facilement par leurs pattes greles et allongees, qui leur permettent de chercher leur nourriture sur le bord des rivages. Les ECHASSIERS. Enfin, les autres ont des pattes fortes, placees vers 1'extremite posterietire du corps et terminees par des doigts reunis par des membranes qui leur permettent de nager. Ce sont les PALMIPEDES. Nous allons indiquer les caracteres les plus importants qui servent a etablir des subdivisions dans ces six ordres. INTRODUCTION. FIG. 87. Passereau. FIG. 86. Rapace. FIG. 88. Grimpeur. FIG. 89. Gallinace. FiG. 90. Ediassler. FIG. 91. Palmipede. 30 INTRODUCTION. PREMIER ORDRE. — RAPACES. (Rapax, rapace.) Get ordre, parmi les Oiseaux, est Tanalogue des Carnassiers parmi les Mammi- feres ; les animaux qui en font partie se distinguent facilement a leur bee et a leurs ongles crochus , au moyen desquels ils s'cmparent d'autres Oiseaux et meme de petits Mammiferes et de Reptiles. Ils ont des muscles forts et puissants. 11s ont tous quatre doigts armes d'ongles aceres. s*^**,. Lesuns ont lesyeuxdi- riges de cote ; leur vue perc.ante leur j^3fp& pcrmet d'apercevoir leur proie a de grandes distances ; leur ^feWfi v°l est 1>apide et assure, et ils ne chassent que le jour. Ce sont les DIURNES. FIG. 92. FIG. 93. Rapaces diurnes. FIG. 94. Les autres, avec des formes plus massives, line tete plus grosse, le cou tres-court et les yeux diriges en avarjt et enloures d'un cercle de plumes setacees dont quelques-unes recouvrent le bee, ont la pupille si grande, que le jour les eblouit: aussi ne peuvent-ils chasser qu'apres le coucher du soleil. Leur vol est mal assure. Ce sont les NOCTURNES. FIG. 95. Uapaces nocturnes. FIG. 96. INTRODUCTION. DEUXIEME ORDRE. — PASSEREAUX. (Passer, moineau.) Lcs Passereaux ont un bee dont la forme est extraordinairement variable, et Ton ne peut guere les distinguer des Oiseaux des autres ordres que par elimination, en disant qu'ils ne sont ni rapaees, ni grimpeurs, ni gallinaces, ni echassiers , ni nagenrs ; quelques-uns d'eux cependant se rapprochent des Rapaees par leurs habitudes. On les divise en cinq families , d'apres la forme du bee et la disposition des doigts : les Dentirostres, les Fissirostres, les Conirostres, les 7enuirostrcsel\esSyndactyles. FIG. 100. Tenuirostre. FIG. lOI.Syndactyle. TROISIEME ORDRE. — GRIMPEURS. (^Organises pour gnmper.) Get ordre se compose des Oiseaux dont le doigt externe sedirige en arriere commele pouce ; d'ou resulle pour eux un ap- pui plus solide, dont ils savent tirer parti pour se crampon ner au tronc des arbres et y grimper, les uns par la seule force de leurs pattes, les au- tres en s'aidantd'un bee crochu. Tels sont les Pics et les Perroquets. FIG. 10-2. Grimpenrs. FIG. 105. 52 INTRODUCTION. QUATRlfiME ORDRE. — GALLINACES. (Gallina, poule.) Les Gallinaces ont la partie superieure du bee voutee, convexe et recouvrant Tinferieure; leur vol est lourd et leurs ailes courtcs. Us vivent particulierement de grains et d'herbes traiches. C'est a cet ordre qu'appartiennent la plupartdes Oiseaux de basse-cour, tels que le Coq, le Dindon, le Paon, la Pintade, et beauconp d'Oi- seaux de chasse, le Faisan, la Perdrix, la Caille, etc. FIG. 104. Caille. FIG. 106. Faisan. FIG. 107. Tplra« INTRODUCTION. r,r, CINQUIEME ORDRE. — fiCHASSIERS. (A pattcs longues comme des echasses.) Les Echassiers sont ainsi nommes a cause de la longueur de leurs pattes, qui n'est que la consequence necessaire de leur mode d'existence. Us vivent generalement de poissons ou de petits animaux aquatiqties, qu'ils peuvent poursuivre sans mouiller leur corps et a Taide d'un con tres-allonge et proportionne le plus souvent a la longueur des jambes. Quelques-uns cependant vi\rent dans les sables, et ils sont plutot organises pour la marche que pour le vol ; et en cela, comme par leur regime, ils se rapprochent des Gallinaces. On divise cet ordre en sept families : les Brevi- pennes, les Pressirostres, les Giaroles, les Longirostres, les Cultrirostres, les Fla- mants et les Macrodactyles. \ FIG. 10S. >r»'vipenne». Fi«. 109. Fio. 110. Pressirostrc?. FIG. 111. INTRODUCTION. FIG. 113. Longirostre. FIG. 114. Cultrirostre. FIG. 115. Macrodactyle. FIG. 116. Flamants. INTRODUCTION. 55 SIX1EME ORDRE. — PALMIPEDES. (A picds palmes.) Les Palmipedes se distinguent facilement a leurs pattes courtes, robustes, situees en arriere du corps , et a leurs doigts constamment unis par une large membrane qui s'etend jusqu'a la racine des ongles. Us sont organises pour \ivre sur Feau, oil leur plume huileuse et impermeable leur permet un sejour prolonge. On les divise en quatre families : les Plongeurs , les Voiliers, les Totipalmes et les La- mellirostres , Fin. HS.^Voilier. FIG. 120. icllirostres. FIG. 121, 50 INTRODUCTION. TR01S1EME CLASSE. --REPTILES. (Reptare, ramper.) Les Reptiles, emblemes de la difformite morale et de la laideur physique, n'in- spirent generalernent qu'un degout souvent insurmonlable , degout que partagent tons les animaux, qui semblent en quelquesortefrappcs d'immobilite a leur aspect. Par un contraste singiilier, on a fait aussi du serpent I'embleme de la prudence. Les Reptiles sont des animaux vertebres, dont les uns ont quatre ou seule- inent deux membres articules, tandis que les autres n'en ont point. Leur sang est froid, et leur respiration est aerienne et imparfaite. Le cceur n'est compose que d'un seul ventricule. Dans beaucoup d'especes on trouve des branchies au lieu de poumons, dans le premier age seulement. Par leur forme generate, quelques Rep- tiles semblent pen eloignes des Mammiferes ; mais peu a peu Tanalogie se perd dans la meme proportion que les membres, qui disparaissent completement , et ulors ils se rapprochent des Poissons. La forme de leur charpente osseuse varie beaucoup; leur cerveau est peu developpe, et leurs sens semblent etre bornes a Touie et a la vue. Les uns sont carnivores on insectivores , quelques-uns seule- ment sont herbivores ; les uns ont des dents tranchantes, les autres des crochets aigus ; d'autres enfm n'ont point de dents, et ces organes sont remplaces par une lame cornee qui rappelle le bee des Oiseaux. Quelques-uns de ces animaux sont venimeux : ce sont particulierement ceux qui ont a la machoire superieure des crochets aigus, perces et en communication avec une glande situee de chaque cote de la tele, et %[ui esl facilement comprimce par la contraction des mus- cles temporaux. Le venin de ces animaux, lorsqu'il est absorbe, pent prod u ire des accidents graves, et meme la mort. 11 faut, lorsqu'on a ete mordu par un Serpent venimeux, arreter Tabsorption en appliquant une ventouse sur la piqure, Felargir et la cauteriser, soil avecun fer rouge, soil en employant un caustique. La nature, toujours prevoyante et bonne mere, a le plus souvent place le remede a la portee de ceux qui sont le plus exposes au mal : c'est ainsi que, dans les pays oil se ren- contrent les especes venimeuses, on trouve des plantes, le guaco, par exemple, qui ont la propriete de neutraliser I'effet deletere du venin ; M. de Humboldt pense meme que 1'odeur que repand cette plante suffitpourrepousser Tapproche des Rep- tiles. Quelques-uns de ces animaux sont soumis, dans leur premier age, a certai- nes metamorphoses; tons sont ovipares; ils pondent un plus ou moins grand nom- bre d'oeufs, que Tinfluence solaire seule fait eclore; dans quelques especes seule- ment les oeufs eclosent avant la ponte, et celte circonstance a fait distinguer ces animaux sous le nom d'ovovivipares. La plupart de ces animaux passent la saison froide dans un etat d'engourdissemcnt analogue a celui de quelques Mammiferes. Les Reptiles ont ete divises en quatre ordres, d'apres les caracteres qu'ils presen- tent. INTRODUCTION. PREMIER ORDRE. — CHELONIEINS. Xwvr,, tortue.) Quelques Reptiles sont converts d'une double cuirasse formee parle developpe- mcnt extraordinaire des vertebres, qui se reunissent par cote au sternum, dont le developpement est aussi fort remarquable. Cette double cuirasse, formee par un systemc osseux en partie cxturieur, semble faire de ces animaux un intermediaire entre les Mollusques et les Verlebres. Cette cuirasse presente deux ouvertures : Tune, anterieure, pourle passage de la tete etdes membres anterieurs; Tautre, pos- terieure, pour le passage de la queue et des membres posterieurs. Les Cheloniens, connus vulgairement sous le nom de Torlues, habitent la terre, les marais , les fleuves et lamer. De la, quatre subdivisions. FIG. 122. Clicloniens lerrestres. FIG. 123. Fiu. \~l' FIG. 1U5. INTRODUCTION. DEUX1EME ORDRE. — SAUR1ENS. Get ordre se compose de Reptiles a systeme osseux tout a fait inlerieur, mais dont la peau est revetue d'ecailles plus ou moins serrces et plus ou moins resistan- tes. Presque tous ont quatre pattes; quelques-uns settlement n'en ont que deux, et la queue est souvent tres-longue. Leur maniere de vivre et leurs moaurs pre- sentent des differences fort remarquables. C'est a cet ordre qu'appartiennent les Crocodiles, les Lezards, les Dragons, les Cameleons et les especes a deux pattes, soit anterieures, soit posterieures. FIG. 126. Crocodile. Fie. 127 Plesiausaure FIG. 128. Chirote. FIG. 129. Cameleon. Siiiirieii.'. FIG. 130. Dragon. INTRODUCTION. TROlSlfcME ORDRE. — OPH1D1ENS (6<£t;, serpent.) Cctordrccomprend tousles Reptiles sans pieds, et conn us generalement sous le nom de Serpents; ce sont ceux qui repondent le mieux au nom de Rep- tiles. Us ont un corps souvenl tres-allonge, et leurs mouvements s'executent au moyen des replis que le corps fait sur le sol. Les uns sont venimeux et ont a lamachoire superieure des dents longues, mobiles, aigues, en crochet, percees ou sillonnees, et communiquant avec une glande qui secrete le venin ; les autres ont des dents nombreuses qui tapissent meme la voute du palais. C'est dans cet ordre que se rangent les Boas, les Crotales ou Ser- pents asonnettes, les Viperes, les Couleuvres, etc. QUATRIEME ORDRE. — BATRACIENS. (B*Tpox.o;, grenouille.) Presquc tous les Reptiles de cet ordre sont soumis , pendant leur jeune age, a certaines metamorphoses qui changent tout a fait la forme de leur corps. Us ont quatre pattes ; quelques- FIG. unsseulement ont une queue. Leur corps est convert d'une peau lisse ou tubercu- leuse, mais jamais squammeuse ; leurs doigts, a une seule exception pres, sont sans ongles. Les Grenouilles, les Crapauds, les Salamandres, les Protees et les Sirenes. FIG. 134. Menobranche. 40 INTRODUCTION. QUATRIEME CLASSE. — POISSONS. Les Poissons, compares aux autres Vertebres, presententreunies toutes les condi- tions qui pcuvent convenir a des animaux destines a vivre dans 1'eau. Cliez eux , les poumons sont remplaces par des branchies disposees aux deux cotes du cou. L'eau qu'ils respirent entrc par la bouchc, passe par les feuillets pectines des branchies et sort lateral ement par les ou'ies. Leur forme allongee ou aplatie leur permet de fendre Feau sans trop de resistance, et leurs nageoires, extremement mobiles, sont de puissants moyens de locomotion, parfaiternent appropries a Tele- mentqu'ils habilcnt. Presqiie tons out une vessie natatoire, plaeee dans Pabdomen, remplie d'air, et qui sert a les rendre specifiquement plus legers. Leur systeme osseux presente une degradation sensible , moins par sa complication que par sa forme et sa nature : osseux chez les uns, il n'est plus que cartilagineux chez les autres. La forme des Poissons varie a Tinfini ; les nns sont allonges, les autres plats, d'autres vcntrus , quelques-uns herisses d'epines, presque tous sont couverts d'e- cailles plus ou moins brillantes. Le cerveau des Poissons est petit, relativement a leur volume; aussi, generalement, ne donnent-ils aucune preuve d'instinct. Chez eux, la vue, Todorat et le gout sont incontestables ; ce dernier sens est, il est vrai, peu delicat, et modere pen leur voracite. Les uns ont des dents acerees nombreuses, placees dans quelques especes meme jusque sur la langue, qui est en grande partie osseuse. On divise les Poissons en deux sections : Tune comprend les Poissons a squelette osseux ; Tautre, ceux a squelette cartilagineux. PREMIERE SECTION. — PREMIER ORDRE. — ACANTHOPTERYGIENS. (Axav6a, epine; 7rrspu£, nageoire.) Get ordre comprend un grand nombre de Poissons, caracterises par les epines qui tiennenl lieu de premiers rayons a leur nageoire dorsale si elle est unique, ou qui soutiennent seules la premiere nageoire s'il en existe deux ; et dans ce cas, quelques epines libres remplacent la premiere. Les nageoires pectorales et anales sont aussi arniees d' epines. Fir,. IS'i. INTRODUCTION. 41 DEUXlfiME ORDRE. — MALACOPT&RYGIENS ABDOMINAUX. (MaXaxo?, mou ; 7rrspu£, nageoire.) Dans cet ordre $e trouvent classes les Poissons a rayons mous, dont les nageoires abdominales sont suspendues sous le ventre et en arriere des pectorales, sans e"trc attachees aux os de 1'epanle. FIG. 138. Curpe. TROISIEME ORDRE. — MALACOPTERYGIENS SURRRANCHIENS. Les Malacopterygiens subbranchiens out les nageoires ventrales attacbe'es sous les pectorales et irnmediatement suspendues aux os de IVpaule. Fig. i39. Sole. 4-2 INTRODUCTION. QUATRlfcME ORDRE. — MALACOPTERYGIENS APODES. (Sans pieds ou nageoires.) Les Poissons de cet ordre n'ont point de nageoires ventrales ; leur corps est al longe , couvert d'une peau epaisse , molle et sans ecailles apparentes. Fig. 140. Anguille. CINQUIEME ORDRE. — LOPHOBRANCHES. (Aocpo;, aigrette; ppa^a, branchie.) Poissons qui se distinguent non-seulement par des branchies disposees en houppes et par paires le long des arcs branchiaux, mais encore par leur corps cui- rasse et presentant des formes anguleuses. Ces Poissons ont une tete distincte, prolongee en avanten forme de tele de cheval. FIG. 141. Hippocampe. SIXIEME ORDRE. — PLECTOGNATHES. , je noue ; pa6o;, machoire.) Les Plectognathes sont caracterises par la soudure de Tos maxillaire, qui est fortement attache sur le cote de rintermaxillaire , qui forme seul la machoire, tandis que 1'arcade palatine est engrenee avec le crane et n'a aucune mobilite. FIG. 142. Diodon. INTRODUCTION. DEUXIEME SECTION. ou^oita ccvdviccqtvieLwc ou/ 0 (Xov^po;, cartilage ; TTTSSU^, nageoire.) O SEPTlfcME ORDRE. — STURONIENS. (Sturio, esturgeon.) Ges Poissons n'ont point de veritables os; leurs parties dures sont cartilagi- neuses, et leur corps est garni d'e'cussons durs, implante's sur la peau en range'es longitudinales. FIG. 143. Esturgeon. HUITIEME ORDRE. — SELACIENS. , sans ecailles.) Les Selaciens ont les branchies adherentes par le bord externe, de sorte qu'elles laissent echapper 1'eau par autant de trous perces a la peau qu'il y a d'intervalles entre elles. Fie. 144. Ksquin. NEUVI^ME ORDRE. — CYCLOSTOMES. (KuxXo; , cercle ; , je mange) different des precedents par Tabsence de trompe et paries antennes, plus grosses vers leur extremite. ,4* FIG. 226. FIG. 227. FIG. 2-28. FIG. 250. Quelques-uns (PLATYSOMES, TrXaru;, plat; deprime, et des antennes fili formes. corps) ont un corps long, FIG. 231. FIG. 232. FIG. 233. FIG. 234. FIG. 235. Un grand nombre (LONGICORNES, longus, long ; cornu, come) se distinguent par la longueur de leurs antennes et Telegance de leurs formes. FIG. 259. FIG. 257. FIG. 240. INTRODUCTION. & D'autres (EUPODES, eu, bien; WGU;, pied) ont les cuisses des membres posterieiirs d'une grosseur souvent extraordinaire. FIG. 241. FIG. 24'2. FIG. 245, FIG. 244. FIG. 245. no. z-ti. riG. 24z. TIG. z*o. tiu. t-rt. no. Z*D. Beaucoup d'Insectes tetrameres (CYCLIQUES, *uxXo;, cercle) ont le corps presque toujours arrondi. FIG. 246. Entin quelques-uns seulement (CLAVI- PALPES, clava, massue ; palpus, antenne) ont une dent cornce an cote interne de la machoire, et leurs antennes sont terminees en massue et sont toujours pluscourtes que le corps, qui est arrondi et tres-bombe. FiG. 249. FIG. 250. QUATRIEME SOUS-ORDRE. — TRIMERES. (Tpet;, trois; jAspo;, partie.) Les Inscctes de ce sous-ordre n'ontque trois articles a tous les tarses ; lenr corps est hemispherique 011 ovale , et leurs antennes sont en massue. On donne a quel- ques-uns de ces petits Insectes le nom de Coccinelles , et vulgairement celui de Betes du bon Dieu. FIG. 2o». FIG. 2 INTRODUCTION. FIG. 254. DEUXIEME ORDRE. — DERMAPTERES. (Aepua, peau; TTTEpcv, ailc.j Get ordre , fort peu nombreux et reuni au suivant par quelques auteurs , se compose des Insectes dont les ailes membraneuses, quandelles existent, sontployees transversa- lement d'abord, comme les diverses parties d'un eventail, sous une enveloppe commune qui se replie elle-meme lon- gitudinalement. C'est a cet ordre qu'appartiennenl les For- iicules, connues generalement sous le nom de Perce-Oreilles. Leur corps est tennine par une pince qui constitue leur seul moyen de defense. TROISIEME ORDRE. — ORTHOPTERES. (Op6o:, droit; irrepcv, aile.) Les Insectes de cet ordre ont le corps moins dur que celui des Coleopteres, et leurs ailes de la premiere paire sont a demi membraneuses et chargees de grosses nervures; celles de la seconde paire sont pliees en cventail dans leur longueur. Leur tele est grosse et verticale, leurs yeux tres-grands, et leurs machoires sont recouvertes par une lame cornee. Les uns ont quatre ailes, les autres n'en ont que de rudimentaires. La forme de leurs pattes est tres-variable ; les uns les ont toutes a pen presde la meme longueur (Blattes), rnais non toujours de la meme grosseur, car quelques-uns les ont disposees de maniere a pouvoir creuser la terre (Courtil- lieres) ; d'autres les ont terminees par un crocbet resistant et solide (Mantes) ; d'autres enfin ont les pattes posterieures tres-longues et parfaitement organisees pour sauter (Sauterelles) . FIG. 255. INTRODUCTION. FIG. 256. FIG. 257. FIG. 258. FIG. 259. FIG. 260. FIG. 261. FIG. 262. INTKODUr/nON. QUATRIEME ORDRE. — NEVROPTERES. (Neupov, nerf ; Trrepov, aile. Ailes a nervures.) Les Insectes de cet ordre ont quatre ailes membraneuses , jarnais recouvertes d'ecailles , imitant un reseau de gaze glacee , a nervures serrees. Leur bouche est armee de mandibules comme celles des Carabiques ; leur corps est allonge et mou; leurs yeux sont tres-gros et saillants. FIG. 266. FIG. 264. FIG. 268. FIG. 269. FIG. 270. FIG. 271. INTRODUCTION C1NQU1EME ORDRE. — ' HYMENOPTERES. (fu.r,v, membrane; irrepov, aile.) Comme les precedents, ces Insectes ont quatre ailes membraneuses , mais les superieures sont to u jours plusgrandes que les iriferieures, et les tines et les autres, au lieu d'etre a nervures serrees , sont simplement veinees. Leur bouche , assez compliquee, est surtout remarquable par une tronipe droite qui sert de conduit aux aliments , et elle est armee de inandibules qui servent a les diviser. L' abdomen des femelles est termine le plus souvent par trois appendices plus ou moins long»s et greles. FIG. 2741 FIG. 275. FIG. *73. FIG. 276. FIG. 277. S1XIEME ORDRE. — RHIPIPTERES. . (i'uuc, eventail ; irrspcv aile.) Ces Insectes sont tres-petits, car leur larve vit en pauasite sur le corps des Hymenopteres. Le bord anterieur des ailes est dur et protege leur partie membraneuse, qui se replie eu eventail. Leurs yeux sont comme pedicules. SEPTIEME ORDRE. — LEPIDOPTERES. (Aen;, ecaille; TTTEOOV, aile.) Cet ordre tres-nombreux comprend des Insectes connus sousle nom de Papillons, et qui different essentiellement de tous les autres par une conformation toute particuliere et la regularite de leurs metamorphoses. Us sont generalement velus a Tetat parfait ; leurs ailes, au nombre de quatre, sont couvertes d'une petite pous- siere qui, vue au microscope, ressemble a des ecailles vivement colorees. Leur bou- che, sans machoires, est formee par une trompe double roulee en spirale, cachee sous la tete a Tetat de repos, et etendue lorsque le papillon cherchc sa nourriture. La tete est munie d'antennes plus ou moins allongees ; leurs yeux sont gros et failles a faceltes nombre uses ; leurs puttes toujours au nombre de six, mais plus ou 60 INTRODUCTION. moins developpees. La forme, la, legerete et Teclat des couleurs variees de ces charmants Insectes les ont fait remarquer et rechercher. 11s se nourrissent du sue des flenrs, qu'ils pompent facilement a Taide de leur trompe. Avant d'arriver a Tetat de Papillons, les Lepidopteres orit subi deux transforma- tions. Leur premier elat est celui de larve on chenille ; leur corps alors est al- longe et forme d'anneaux, et ils n'ont d'autre moyen de locomotion que six pattes grosses etcourtes, qui correspondent aux pattes plus elegantes que presente le Papillon. On remarque aussi sur un grand nombre de chenilles d'autres pattes dont le nombre varie, et auxquelles on a donne le nom de fausses pattes ; mais elles disparaissent a la premiere transformation. Arrivee a tout son developpement et apres avoir plusieurs fois change de peau, la chenille se tisse une coque de soie ou se retire dans un endroit abrite pour y vivre immobile et sans besoins a Tetat de nymphe ou de chrysalide. Dans cet etat, qu'on compare a une momie, presque lous les organes que doit avoir le Papillon sont assez bien exprimes. Enfm le Papillon brise les liens qui le retenaient, et prend bientot apres son essor. On divise les Lepidopteres en trois grandes families, les DIURNES, les CREPUSCU- LAIRES et les NOCTURNES. FIG. 278. Diurne. FIG. 279. Crepusculaire FIG. 280. Nocturne INTRODUCTION. 61 \" FAMILLE. — DIURNES. Cette famille se compose de Papillons dont les ailes sont toujours elevees per- pendiculairement pendant le repos ; leurs antennes sont plus ou moins longues, deliees, et terminees par un petit bouton ovale-allonge , ou bien elles forment un petit crochet. 11s ne cherchent leur nourriture et ne volent que pendant le jour. Leur chrysalide est presque toujours suspendue par une soie fixe'e a Textremitedu corps, et quelquefois aussi par un autre lien soyeux retenant le centre du corps. F.G. 281. FIG. 282. FIG. 283. FIG. 284. FIG. -SO. 6*. INTRODUCTION. 2* FAM1LLE. — CREPUSCILA1KES. Dans cette famille, les Papillons ont le.hord exterieur des ailes inferieures muni pres de son origine d'un crin corne, roidc, fort, tres-pointu, qui se glisse dans un anneau ou coulisse du dessous des ailes superieures, et retient les unes et les au- tres dans une situation horizoritale lorsqu'elles sont au repos. Les antennes sont en massue allongee, ordinairement prismatiques ou en fuseau ; dansquelques espe- ces elles sont pectinees on en scie. Ces Papillons ne cornmencent a sortir de leurs retraites que vers le de'clin du jour ; leur vol est rapide et saccade. TIG. ^t»:.. INTRODUCTION. 3* FAMILLE. — NOCTURNES. Tons lesPapillonsdecette famille out les ailes horizontals ou inclinees pendant lo repos. A 1'exception 2e DIVISION. - - uueo* on Les Vers out le corps generalement allonge et forme d'une serie d'anneaux plus ou moins nomhreux ; ils n'ont point de membres articules, et leur systeme ner- veux est peu developpe. On les divise en trois classes, les ANNELIDES, les ROTATEURS et les HELMINTHES. SIXIEME CLASSE. — ANNELIDES. (Annellus, petit anneau.) Les animaux de cette classe ont le corps allonge, mou et divise en un plus ou moins grand nombre de segments ou anneaux ; leur tete n'est pas toujours distincte, et souvent on remarque a chaque cote de leur corps des faisceaux de soies qui ser- vent a la locomotion. Leur respiration est presque toujours branchiale, et parmi tous les invertebres ce sont les seuls animaux a sang rouge ou au moins legere- ment colore ; leur systeme nerveux est assez distinct et se compose de ganglions. On divise les Annelides en quatre ordres : les ERRANTS, les TUBICOLES, les TERRICOLES et les SUCEURS. PREMIER ORDRE. — ANNELIDES ERRANTS. Ces animaux ont une tete presque toujours distincte et munie d'antennes, et souvent d'yeux ; leur bouche est armee d'une trompe, et souventdemachoires cor- nees. Leurs branchies, generalement dorsales, ne se presentent souvent que sous forme de tubercules ou de touffes arborisees. Ces animaux vivent dans le sable, sous les pierres, et quelquefois enduisent le trou dans lequel ils se retirent d'un mucus qui forme une sorte de fourreau qu'ils abandonnent a volonte; ils nagent et marchent avec facilite. FIG. 339. FIG. 340. DEUXlfiME ORDRE. — ANNELIDES TURICOLES. Les Annelides Tubicoles n'ont point de tete distincte; ils n'ont pas d'yeux ni d'antennes, et leur bouche n'est plus armee de machoires ; mais Textremite ante- rieure de leur corps est garnie d'appendices plus ou moins nombreux, dont les uns INTRODUCTION. 7r> servent do branches, les an Ires d'organes de locomotion ou dc prehension. Les animaux de cet ordre se constrnisent des tubes membranenx ou calcaires, le plus sou vent fixes a des corps etrangers ; ct les seuls mouvements qu'ils puissent faire consistent a sortir en partie de ces tubes pour pourvoir a leur existence, et a y ren- trer rapidement des qu'ils sont inquicles. Us sont remarqnables par la vivacite des couleiirs de leurs panaches. FIG. 341. FIG. 342. Fir.. 345. FIG 544. FIG. 545. FIG. 346. 10 74 INTRODUCTION. TROISIEME ORDRE. — ANNELIDES TERRICOLES. Ces animaux n'ont point de branchies et paraissent devoir respirer par toute la surface de leur peau. Leur corps est allonge, cylindrique, contractile, sans tete , sans yeux et sans antennes. Us vivent dans la terre humide ou dans la vase. FIG. 547. QUATR1EME ORDRE. — ANNELIDES SUCEURS. Les Annelides suceurs ont, comme ceux de Tordre precedent, un corps allonge, ride transversalement, et deprime en dessous. Les extremites anterieure et poste- rieure sont garnies d'une cavite dilatable qui, agissant comme une ventouse, per- met a ces animaux d'adherer fortement aux corps sur lesquels ils s'appliquent ; et avec leur bouche, composee de trois petites machoires formees par des replis de la peau, ils peuvent entamer Tepiderme des autres animaux et sucer leur sang. FIG. 348. SEPTlfiME GLASSE. — ROTATEURS. Cette classe se compose d'animaux microscopiques qu'on rencontre dans les eaux stagnantes ou se trouvent des corps organises en decom- position. Leur corps est transparent, annele, et muni de cils vibratiles dont les mouvements rotateurs sont tres-prononces. FIG. 349. INTRODUCTION. HUITlfiME CLASSE. HELMINTHES. (fc).(Mv;, ver intestinal.) Cettc classe comprend les Vers qui yivent dans Tinterieur des animaux, et se lo- gent dans les inlestins, et meme dans le foie, les muscles, les yeux et le cerveau. On n'explique point encore d'une maniere satisfaisante comment ces animaux pe- netrent dans la profondeur des organes, ni comment ils s'y developpent et trou- vent le moyen de respirer. Nous citerons parmi ces animaux quelques-uns de ceux surtout qui vivent dans Finterieur de Thomme : Ascaride, Taenia, Bothricocephale. FIG. 350. FIG. 351. FIG. 352. 4e EMBRANCHEMENT. — RAYONNES. Les animaux de cet embranchement sont aussi connus sous le nom de ZOOPHYTES ou animaux-plantes. Leur organisation estdes plus simples, etleursfacultes, pour ainsi dire, nulles. Les formes diverses qu'ils affectcnt permettent de reconnaitre queleur corps est forme de parties disposees d'une maniere plus ou moins reguliere autour 76 INTRODUCTION. (Tun point pris comrnc centre, mais jamais par paires symetriques. Les uns sent cou verts (Tune enveloppe plus ou moins dure , les autres sont mous , d'aulres entin membraneux et transparents ; leur systeme nerveux est rudimentaire ou nul. Quelques-uns ont un tube digestif a deux ouvertures ; chez d'autres, cet organe ne represente plus qu'im sac a une seule ouverture ; enfin , beaucoup de ces animaux n'ont, comme canal intestinal, qu'une cavite interieure, en rapport avec des pores absorbants, qui, dans quelques especes, semblent meme constituer a eux seuls lout 1'appareil digestif. Le mode de nutrition de ces derniers les rapprocbe essentielle- ment des plantes. On divise les Rayonnes en cinq classes : les ECHINODERMES , les ACALEPHES, les POLYPES, les INFUSOIRES et les SPONGIAIRES. PREMIERE CLASSE. - - ECHINODERMES. (E/.IVO;, herisson; £epaa, peau.) Les Echinodermes ont une peau epaisse, souvent dure et testacee ; leurs moyens de locomotion sont nombreux et Ires-simples, et leur marche tres-lente. On les divise en trois families, d'apres la forme generale de leur corps : les ASTERIES, les OURSINS et les HOLOTHURIES. lre FAMILLE. — ASTERIES. (Acrrjov, etoile.) Connues vulgairement sous le nom d'Etoiles de mer, les Asleries ont un corps forme le plus souvent de cinq rayons divergents d'un renflement central , oil Ton remarque une seule ouverture, qui donne passage aux aliments et aux excre- ments. Les Asteries sont surtout remarquables par la facilite avec laquelle elles peuvent se reproduire par division. En effet, si Ton coupe une des branches d'une Asterie, bientot cette branche est remplacee, et la portion coulee prend elle-meme en peu de temps la forme en etoile, et devient un individu complet. FIG. 353. FIG. 554. FIG. 555. 2e FAMILLE. — OURSINS. (Nom vulgaire aclopte.) LesOursins, Chataignes ou Herissons de mer, ont un corps spherique forme d'une croiite calcaire recouvcrte d'epines nombreuses, mobiles, et plus ou moins lon- gucs, et de plusieurs rangces regulieres de petites ouvertures qui dounont passage INTRODUCTION. 77 a. des tentacules. Lcur boucbe est situee a la partie superieure centrale, ct est amide FIG. 356. Fio. 357. FIG. 358. 3- FAMILLE. — HOLOTHURIES. (o/o;, entier ; 6uptov, petit trou.) Lcs Holothuries ont le corps allonge, cylindrique, prcscnlant a rcxtremite su- perieure une bouchc garnie dc pieces calcaires et entouree de tentacules, tandis qu'a rextremite inferieure se trouve une ouvcrturc qui sort u la respiration en Mirmc temps qu'aux dejections. Fio. 359. DELXlEME CLASSE. — ACALEPHES. ), ortic.) Lcs Acalephessontdesanimaux com me gcMatincux, qui floltcnt ct nagcnt dana la rncr, en contractant et en dilatarit alternativernent Icur corps, qui est souvent adinirablement nuance de pourpre et d'azur. On les nomme vulgairement Orties de mer, a cause de la douleur qu'on eprouve lorsqu'on les louche. Fio. 560, Fi«. 361. INTRODUCTION. TROISlfiME CLASSE. — POLYPES. ?, beaucoup ; TTG-J;, pied.) Dans cette classe , les animaux ont le corps cylindrique ou ovalaire , et n'ont qu'une seule ouverture, entouree d'une couronne de tentacules plus ou moins al- longes. Us se reproduisent par bourgeons, par division ou par des ceufs ; les uns sont mous, les autres durs et pierreux. FIG. 363. FIG. 364. FIG. 365. FIG. 366. FIG. 368. QUATR1EME CLASSE. — 1NFUSOIRES. Les Infusoires sont des animaux qu'on ne peut distinguer qu'a Taide du mi- croscope, et qui, comme les Rotateurs, dont nous avons deja parle, et avec lesquels on les a longtemps confondus , se developpent dans les eaux stagnantes ; leur corps, allonge ou arrondi, forme d'un grand nombre de petits pores absorbants, est arme de cils vibratiles. On n'est pas parfaitement d'accord sur la maniere dont ces petits animaux se reproduisent : les uns pensent qu'ils sont formes spontanement par la desagregation des corps organises vegetaux ou animaux ; d'autres, qu'ils naissent d'oeufs comme les autres animaux. Quoi qu'il en soil , ils se reproduisent par division , ainsi que beaucoup de Rayonnes. FIG. 3fi9. FIG. 570. Fir,. 571. INTRODUCTION. 79 CINQU1EME CLASSE. — SPONGIAIRES. (Spongia, eponge.) Les Spongiaires ont une forme tres-irreguliere et Ires-variable. Lenr corps est divise par un tres-grand nombre de petits anneaux , soutenus par des parties cornees chez les ims, et calcaires ou siliceuses chez les autres. Fixes aux rochers, ils vivent dans un etat d'insensibilite et d'immobilite completes: telles sont les Eponges. Fio. R FIG. 573. C,£N£RAL1TfiS SUR L'HISTOIRE DES COQUILLES ET SUR L'ANATOMIE DES MOLLUSQUES. La science qui a pour objet la connaissance, la description et Tarrangement me- thodique des Coquilles, a rec.u le nom de CONCH YLIOLOGIE. Ce mot, consacre par r usage, ne s'applique pas exclnsivement a Petude des coquilles, comme son ety- mologie semblerait Tindiquer (x.o-^uXtov, coquille; XO^G;, discours), mais encore a celle non moins importante des animaux qu'elles contiennent, et qu'on designe sous le nom de MOLLUSQUES, ou animaux mous. Quelques auteurs modernes emploient dans le meme sens le mot malacologie (uaXaxo;, mou ( animal) ; Xcfo;, discours) , qui n'exprime pas plus completement que le premier Tidee qu'on vent donner de cette^ division" du regne animal ; mais il a sur lui Tavantage de s'appliquer a tons les Mollusques, dont quelques-uns n'ont jamais de coquilles. Sous le nom de MOLLUSQUES, on distingue done un groupe particulier et tres- nombreux d'animaux aux formes les plus variees et les plus bizarres, dont le corps est mou et d'une substance comme gelatineuse ; ils sont couverts d'une peau, dans laquelle on sur laquelle se developpe le plus souvent un test cal- caire ou coquille, dont la solidite leur offre abri et protection. Ce test n'est autre chose qu'une croute dure plus ou moins epaisse, produite par le Mollusque et se developpant dans la meme proportion que lui. On peut le comparer aux os qui soutiennent et protegent les chairs et les visceres des animaux des ordres plus eleves. FIG. 374. Harpe ventrae. Tous les Mollusques, avons-nous dit, ne sont pas converts d'une coquille. Chez i. 11 82 IIISTOIRK NATIHIKLLK. quelques-uns celte partie calcaireest interieure,o/est-a-dire tonjours coiiverlo plus FIG. 375. Aplysie tigrinc. FIG. 376. Coquille inltirieure dc l'Aply.-ie. ou moins com pi element par le manteau (375 et 576), et pas ou pen apparente;chez d'autrcs, elle est rudimentaire, e'est-a-dire si peu developpee (577 et 378)ousi FIG. o77. Testacellc ormier. FlG. 378. Coquille rndimentai exterieurn dc la Tcslacelle. imparfaitc, qu'on ne la reconnait que par analogic; chez d'autrcs, enfin, ollc est absolument nulle (579). FIG. 379. Limacc roupe. Ces differences assez remarquablcs ont fait designer sous ie nom de Mollusques nus ceux chez lesquels la coquille n'est pas apparente ou manque entierement, pour les dislinguer des Mollusques a coquille. Ceux qui sont prives d'un test protecteur possedent cependant d'autres moyens de defense; leur peau secrete une humeur acre, d'une odeur repoussante, qui suffit pour eloigner la plupart de leurs ennemis ; et chez ceux dont la coquille est interne ou seulement rudimentaire, on recqnnait que ce faihle abri est place de maniere a couvrir les organes les plus importants. On remarque une tres-grande diversite dans la forme du corps des Mollusques. II represente cependant tonjours, quand Tanimal est developpe, une masse char- nue, molle et visqueuse, qu'on a cornparee au corps d'un gros ver ; ce qui fit autre- fois donner a ces animaux le nom de VERS A COQUILLES ou VERS TESTACKS. Le corps des Mollusques, malgrc sa mollesse qui ne laisse supposer qu'une ebauche d'organisation, se compose cependant d'organes bien reconnaissables et remplissant diverses fonctions. On distingue assez bien leurs muscles, souvent nom- breux, leur tube digestif et ses parties accessoires; ils ont un systeme assez com- plet de circulation sanguine et de respiration aquatique ou aerienne, des nerfs, etc. Mais il s'en faut que tons les Mollusques presentent le meme degre d 'organisation, HLSTOIRE NATURELLE. 83 et si les plus iavorises d'entre cux semblent se rapprocher en quelque sorte des Poissons, il faut avouer que la distance qui les separe de ces animaux vertebres est enorme, et que les traces d'analogie ne se renconlrentque sur un tres-pelitnombre d'especes. Les unsont une tele distincte (380), et sont designes sous lenom de Cephales (xeqxmi, tete); lesautres n'ont pas de tete apparente (381) ; cesont les Acep/iales (a privatif, /.c'-iaXn. tete) ; et dans quelques-uns de ceux de ces animaux dont la tete est visible, elle est separee du corps par une espece d'etranglement. FIG. 3SO. Cephale. Cranchie Iransparente. FIG. 381. Acephale. Glycimere silique. Leur peau, plus simple dans sa structure que celle des animaux vertebres, est toujours molle, et enduite d'une matiere visqueuse que secrete 1'animal. Cette peau est tres-sensible et plus ou moins lisse. Quelquefois elle est assez ample pour couvrir la coquille entierement ou en partie (382). Souvent aussi elle represente une FIG. 382. Porcelaine tigre. ^aine, ouverte seulement a ses extremites, ou plus ou moins dans toute sa lon- FIG. 383. Solecurte blanc. FIG. 384. Solen gaine. gueur (383 et 384). La disposition assez remarquable de cette peau, quelquefois tres- extensible, et dans laquelle, au moindre sujet d'inquielude, Tanimal peut s'envelopper par un mouvement de contraction en se relirant dans la coquille, lui a fait donner le nom de manteau. Parfois le manteau ne presente qu'une ou deux petites ouvertures, ou il offre des prolongements qui s'etendent fort au dcla de la coquille, et Ton a donne le nom de siphons a ces prolongements cbarnus cl conlractiles. 11s sont termines a leur ouvcrtnrc par une coiironnc dc papillcs dt;- 84 HISTOIRE NATURELLE. coupees ou frangees, plusou moins distinctes (585-386), et a travers lesquelles passe 1'eau necessaire aTanimal ; les siphons sont aussi en partie le sie'ge du toucher. FIG. 385. Telline onyx. L'epaisseur du manleau n'est pas toujours la meme; servant d'enveloppe pro- tectrice unique a quelques-uns, il est rude ou epais selon que 1'exigent les habi- tudes du Mollusque qu'il recouvre. Ses bords sont simples, ou divises et franges, et quelquefois garnis d'appendices plus ou moins developpes. La couleur du manteau varie autant que sa forme, et c'est a la ma- tiere colorante qui se trouve sur ses bords qu'est due la colora- tion de la coquille ; car ce sont les bords du manteau qui secretent la matiere calcaire qui constitue le test. Le depot de cette matiere ne se fait pas toujours d'une maniere continue ; il est plus abon- dant a certaines epoques. Aussi forme-t-il des bourrelets successifs (stries d'accroissement) plus ou moins prononces , qui prouvent Tintermittence de la secretion ealcaire. C/est encore a la disposition particuliere des bords du manteau Scaiaie commune. que sont dus les caracteres de la surface exterieure dela coquille. Lorsque ces bords sont simples et unis, la coquille est lisse en dehors ; tandis que lorsqu'ils sont rides, tuberculeux, lamelleux ou franges, la surface exterieure du test presente des rides, des tubercules, des lames, des franges. Ainsi Inspection seule de la coquille fait supposer la forme des bords du manteau. Le systeme musculaire des Mollusques presente des differences remarquables. En effet, ceux de ces animaux dont la coquille est composee de deux pieces ou valves, ont un ou deux muscles prin- cipaux, situes aux extremites ou au centre de ces pieces. Par leur contraction, ces muscles sont en antagonisme constant avec un ligament elastique formant charniere, destine a faire ecarter les bords libres des valves, et agissant comme un ressort qui serait tend u pendant le rapprochement de ces pieces, et au repos pen- dant leur ecartement (588). Les traces de ['insertion de ces muscles sur les valves sont plus ou moins apparentes, et on les designe sous 'e nom dYwpressz'ofts musculaires , pour les distinguer des traces que laissent les bords du manteau et qu'on nomine impressions palleales. FlG< Flo. 5- habitudes diverses qu'ils doivent avoir. Ceux qui vivent dans le sable on la vase ont une coquille allongee qui leur permet de s'enfoncer facilement , tandis que ceux qui rampent lenlement sur le sol sont suffisamment proteges par la coquille qui lessuit, et dans laquelle ils rentrent au moindre sujetd'alarmc, en opposant a Pennemi qui les force a la retraite un flot de fluide visqueux d'un aspect degou- tant et quelquefois d'une odeur repoussante. Les especes qui se trouvent pres des rochers, sur les fonds garnis de madrepores, dans les merssoumises ade frequentes tourmentes,ont une coquille epaisse etresistante, tandis que les plus freles habitent les eaux tranquillcs des etangsou nese plaisent qiradegrandesdistancesdesrivages. Quelques Mollusques s'attachent aux rochers en faisant le vide sous leur coquille, et re'sistent ainsi aux vagues les plus furieuses ; d'autres creusent, pour se mettre a Pabri, le hois et les pierres les plusdures. Les especes qui peu vent s'eleverdu fond a la surface de 1'eau sans organe locomoteur, se rendent plus legeres en intro- duisant de Pair dans leur coquille, ou plus lourdes en remplagant Pair par de Peau. L'instinct chez les animaux se developpe en raison des besoins qu'ils eprouvent, et deja nous avons pu voir que Pexistence de la plupart des Mollusques ne fournit guere le nioyen de constater chez eux a litre chose que Pinstinct indispensable a la conservation de Pespece. Prives souvent de plusieurs sens, ces animaux se re- tranchent dans leurs coquilles des qu'ils sont attaques. Le bon La Fontaine , dans sa fable du Rat et de PHuitre, met en evidence Pimprevoyance de la victime, mais il se garde bien de preter a PHuitre Pidee de s'emparer du Rat. Les Huitres n'ou- vrent leurs valves que lorsqu'elles sont couvertes par Peau, et Pon a frequemment remarque que celles qifon met dans un endroit frais hors de Peau pour les conser- ver du jourau lendemain s'ouvrent quelquefois, mais seulement aux heures de la maree montante. Quelques Mollusques cependant semblent employer la ruse, soit pour eehapper a leurs ennemis, soit pour saisir plus facilement leur proie. Ainsi la Seiche a toujours en reserve une certaine quantite d'encre ambree, a Paide de laquelle elle trouble Peau qui Pentoure pour assurer sa fuite ou entraver celle des petits animaux dont elle se nourrit. Certaines especes qui se plaisent dans les ro- chers, et dont la coquille offre trop peu de solidilc centre les chocs auxquels elles sont frequemment exposees, suppleent a cette faiblesse endoublanl en quel- que sorte la surface exterieure de leur coquille d'une couche de pierres ou defrag- ments d'autres coquilles oude madrepores. Cette precaution, qui leur a fait donner FIG. 452. Troque a??liilinant (Fripiere). FIG. 453. Troque aarplulinant (Ma?ormc). i 13 98 HIST01RE NATURELLE. le nom de Mac,onne, de Fripiere, les met a 1'abri des chocs et leur sert encore a tromper Toail avide desPoissons qui les recherchent, et qui, n'apercevant que des debris ou des pierres, passent sans se douter que ces debris cachent une proie. La Fripiere met peu de symetrie et beaucoup d'art dans la construction de sa seconde coquille ; Ja Maconne, an contraire, arrange ses pierres symetriquement et en spi- rale reguliere, en commencant par de petits cailloux qui occupent le centre, som- met de la coquille , et en terminant par de plus gros, qui peuvent couvrir et masquer Touverture. L'Argonaute, cette coquille, nne des merveilles de la nature, suivant Pline, est mince, fragile, et represente assez exactement la forme d'un navire ; ce qui fit sup- poser que c'est d'elle que rhomme a pris les premiers principes de la navigation; mais si la coquille est remarquable, 1'animal qui 1'hahite le serait bien davantage par Tinstinct qu'on lui prete. Voici la description qu'on en fait : Get animal est herbivore. Apres s'etre repu, au fond de la mer, des plantes qui font sa nourriture ordinaire, veut-il s'elevera la surface de I'onde, il tourne sa coquille, y forme un vide par Ja maniere dont il s'y place, et s'eleve, ainsi qu'un aerostat, par sa propre legerete specifique. Bien certain de poi>voir conjurer Forage et braver la tempete si Tun ou 1'autre venaient Tassaillir, TArgonaute repose au fond de sa barque legere,mollement balance par la vague. Si le temps est beau et la FIG. 454. Argonante argo. mer calme, il deploie deux legeres membranes teintees de pourpre et d'azur, qui lui servent de voiles; il les presente au vent, qui les tend par le plus leger souffle, etce sont deux de ses bras qui les soutiennent; habile navigateur, il sait multi- plier ses ressources; ses six autres bras lui servent de rames et de gouvernail et le maintiennent dans un parfait equilibre. Plus blanche que 1'ivoire, aussi diaphane que le'gere, sa coquille lui permet, par sa transparence, d'apercevoir tout ce qui se HISTOIKE NATU11ELLE. 99 passe autour de lui; car, non moins bien partage du cote des organes des sens que les Seiches et les Poulpes, I'Argonaute a la vue tres-percante, ct dans la position qu'il occupe, sesyeux, places a fleurd'eau surchaqueflancde sa coquille, lui font aperce- voir de tres-loin tout ce qui peut menacer son existence et sa surete ; il est meme plus que probable que ce Mollusquea le sens du toucher d'une sensibilite extreme, car il parait qu'une simple compression de Fair suffit pour I'avertir du danger, etil est tres-rare qu'un oiseau de proie puisse s'en emparer ; il sail fuir les serres £f le bee acere de ces rapaces voleurs, comme il sait eviter la tempete et se metlre k I'abri de la furie de 1'orage. Quel que soit le danger qui se prescnte, quel que spit celui qu'il pressent, on voil I'Argonaute, par des mouvemenls spontanes et aussi prompts que la pensee, replier ses voiles sur chacun des cotes de sa t'rele embarca- tion,etrenlreral'instant ses ramesetson double gouvernail. Danscette manoauvre aussi subite que rapide, la barque cbavire et sombre ; elle descend au fond de la mer comme dans un port assure, qui ne lui laisse plus rien a craindre du cote des vents ou des flots en furie, ou de la part d'ennemis habitants d'un autre element que le sien. Si tous nos physiciens el nos navigateurs avaient etc appeles a faire I'edueationde ce coquillage, que lui auraient-ils enseigne de mieux? Tous les naturalistes ne sont cependant pas d'accord sur les habitudes et I'in- slinct de I'Argonaute. Les uns pretendent que l'animal que nous venous de decrire n'est pas ne dans la coquille : ils veulent que ce soit un parasite qui s'y est loge apres en avoir chasse ou mange le veritable maitre. Cette opinion est facilement combattue, et,heureusement pour 1'interet qu'on porte a 1'habile constructeur, il est reconnu qu'elle est fausse. Les autres veulent que 1'instinct du Poulpe de I'Argonaute soit tres-borne, et que les organes qu'on prend pour des voiles soient tout simplement destines a maintenir l'animal dans sa coquille. Quoi qu'il en soit , cette charmante espece n'en merite pas moins radmiration de tous les curieux. DURtiE DE LA VIE DES MOLLUSQUES. On a peudedonneesexactessur la dureedelavie des Moll usqueset sur les signes auxquels on pourrait reconnaitre leur age ; on peut cependant dire d'une maniere assez exacte siune coquille est jeune ou adulte. A en juger par certaines especes, leur developpernent a lieu assez promptement, et Ton acru pouvoir fixer a trois ou quatre ans la dureede la vie de la plupart des especes terrestres. Un grand nombre de coquillcs presentent des strics transversales plus ou moins FIG. 455. Helice. FIG. 45^6. Cytheree. FIG. 457. Neritc. apparentcsqui indiquent leur accroissement successif ; mais on ne peut dire si ces 100 HISTOIRE NATUUELLE. stries sont formees a des epoques rapprochees ou eloignees. Quelques especes bi- valves sontexcoriees pres des crochets (4-58), et ces excoriations ne se remarquent que tres-rarement sur de jeunes individus. Le bord de Touverturedes coquilles est plus ou moins completement forme, et presentedans quelques especes, pendant Ie jeune age, une levre externe mince et fragile, qui sYpaissit et forme souvent un rebord ou un bourrelet terminal (4-55) lorsqu'elle's sont adultes. II existe encore d'autres caracteres suivant les families : ainsi les Nanliles ont un plus ou moins grand nombredecloisons; lestrousdes Haliotidessont plus ou moins nombreux, etc. Le developpement considerable de quelques Ammonites laisse supposer que ces FIG. 458. Glauconome de Chine. FIG. 459. Ammonite. coquilles fossiles ont eu une existence assez prolongee. On pent en dire autantdes Casques et des Tridacnes, qui parviennent a des dimensions extraordinaires. Enn'nle nombre des tours de spire sert encore de guide ; mais tons ces caracteres, isolesou reunis,ne peuventindiquerque Page relatif des coquilles, etl'on n'a aueun signe precis pour reconnai tre leur age reel et la duree de leur existence individuelle. DES DI VERSES COULEURS ET DE LA FORME DES COQUILLES. Si la forme des coquilles varie a I'infini, on peut en dire autant de leurs couleurs, souvent si viveset si belles; elles sont nuancees de rouge, denoir,de blanc,dejaune, quelques-unes de bleu ; les unes sont marbrees, les autres lacbetees regulierement sur un fond plus ou moins brillant; d'autres enfin son t richement nacrees a Tinterieur. Nous ne pouvonsrien dire de la cause qui produi t cescouleurs; chaque espece, dans HISTOIRE NATUKELLE. toutes les classes d'animaux, presente une nuance qui lui est propre etqu'onretrouve assez constamment sur les especes analogues , sauf quelques anomalies ou quelque influence locale. II en est done de la cause des couleurs des coquilles comme de celles des fleurs; on signale les differences, mais on ne peut en expliquer la raison d'une maniere bien satisfaisante. II y a des secrets que nous ne pouvons penetrer; ce sont autant de limiles placees par leCreateur entre lui et la plus intelligente de scs crea- tures, comme pour lui rappeler sans cesse son inferiorite et confondre son orgueil. L'influence d'une temperature elevee, celle d'une vive lumiere ou d'un soleil brulant, qui peuvent expliquer certains phenomenes propres aux pays chauds, rie suffisent plus lorsqu'il est question d'animaux qui vivent dans la mer et a de grandes profondeurs, ou la temperature est basse, oil les rayons solaires ne penetrent peut- etreplus et oil la lumiere est bien modifiee par le milieu qu'elle traverse. Cependant ce n'est que dans ces mers profondes que vivent et se developpent ces belles co- quilles qui etalent a nos yeux cette nacre eblouissante qu'on ne retrouve sur aucune espece lerreslre, tandis que Fon commence a la rencontrer sur quelques especes flu- viatiles. 11 faut done croire que la lumiere exerce une influence particuliere lors- qu'elle traverse Feau, et que le degre de cette influence est en raison directe de la profondeur et de la densitedu liquide. Nous ajouterons que la lumiere parait jouer un role beaucoup plus important que la temperature dans la formation des couleurs; car chez tous les animaux les teintes les plus vives seremarquent uniquement sur la partie du corps qui se trouve constamment exposee a la lumiere directe, tandis que la partie lournee versla terre et ne recevant qu'une lumiere rellechie est generalement plus pale. Cette observa- tion s'elend aux coquilles :ainsi, pour ne parlerque des especes qui restent constam- ment fixees aux rochers ou aux corps solides sur lesquels elles sont nees, on re- marque que la valve superieure est souvent tres-coloree, tandis que Finferieureest blanche ou plus ou moins pale, comme on le voit pour les Huitres et les Peignes. Cet effet ne peut done etre atlribue a la temperature, qui est la meme pour Fune et Fautre valve, mais seulement a Faction des rayons lumineux. Quoi qu'il en soil, la coloration le plus souvent superficielle des coquilles est produite par le pigmentum des bords du rnanteau, qui secrelenten meme temps et la matiere calcaire et la matiere colorante. Mais celte secretion, avons-nous deja dit , ne se fait pas toujours d'une maniere reguliere : elle produit des bandes ou des rayons lorsqu'elle est limitee a cerlaines parlies des bords du manleau ; elle forme des taches lorsque cetle secrelion a lieu allernalivement sur diverses par- ties ; elle est presque nulle dans certains cas, ou plus coloree, suivanl Falimenlation et Fhabitat. De la cette variete dans la forme, le nombre, la nuance et la dispo- sition des taches qu'on remarqiie a Fexterieur des coquilles. La coloration de leur surface interieure est plus constante; generalement elle est d'un blanc laiteux, et quelques-unes presentent des nuances de rose et de pourpre, et d'autres en assez grand nombre sont plus ou moins richement nacrecs. La nacre est, dit-on, le resultal d'un arrangement moleculaire particulier de la matiere calcaire intimement unie, dans une proportion constanle, avec la matiere animale; et Fon explique les reflets nacres par la decomposition de la lumiere sur une surface parfaitement lisse. On a observe qu'une empreinle prise a Faide d'une forte pression avec de la cire molle sur une surface nacree, presentait elle-meme des reflets nacres, t)ice ch in^ sition elant naturelle pour des coquilles nommees Scalaires, «caiariforme. on distingue toutes celles qui la prescntent sous le nom de variete scalariforme. DE LA RECHERCHE DES COQUILLES, Nous ne pouvons nous dispenser de dire quelques mots des local! tes oil Ton petit esperer trouver des coquilles; car le plaisir qu'on eprouve a rassembler une col- lection quelconque est double quand on parvient a I'enricliir par les produits de ses recherches personnelles. Chaque espece alors rappelle une promenade , et le souvenir augmente Tinteret bien naturel qui s'attache a ce genre d'etude. Les especes terrestres se rencontrent particulierement dans les lieux ombrages et humides, dans les bois, au pied et dans les crevasses des arbres, sous la mousse, au pied des vieilles murailles, dans les champs cullives, et souvent meme dans les endroits les plus arides, Les saisons les plus favorables sont le printemps et Tete. Les especes fluviatiles se rencontrent dans toutes les eaux courantes ou stagnan- tes, les ruisseaux et les fosses bourbeux. Les vines viventenfoncees dans la vase, d'oii on les retire a Taide d'un raleau a dents longueset serrees ; les autres profitent des corps etrangers, des pierres, des debris vegetaux accidentellement submerges, pour s'y refugier. Les plantes aquatiques en sont particulierement couvertes. Le meilleur moment pour se procurer les especes fluviatiles est surtout en automne, pendant les basses eaux, et au commencement du printemps, lorsque le soleil les engage a sortir de leurs retraites. En automne, ellessont peu enfoncees dans la vase, et le rateau les atteint facilement. Les coquilles marines se trouvent en toutes saisons et sur tous les rivages de la mer, apres les grands vents qui ont porte a la cote. Les douaniers, qui , sur un grand nombre de points, se font un petit revenu de ce genre de recherches , ne manquent jamais d'aller explorer les bords de la mer apres une tourmente ou un ventdu large. Us trouvent alors quelques especes pelagiennes jetees par les vagues. Les coquilles littorales, qui sont tres-nombreuses et fort belles, doivent etre re- chercbeesa lamareebasse, dans le sable vaseux, oil leur presence est indiquee par un petit trou en entonnoir, ou par des bulles d'air qui viennent crever a la surface. II faut une certaine habitude pour s'emparer des Mollusques enfonces dans le sable vaseux , car il est important de leur couper la retraite en plongeant oblique- ment , au-dessous de 1'ouverture qui est un signe certain de leur presence , une beche , dont la lame doit arreter leur fuite rapide. On se procurera ainsi de fort belles especes bien fraiches et bien intactes. i(H HISTOIRE NATURELLE. On visitera les rochers laisses a sec par la maree ; leurs crevasses cachent plu- sieurs especes. D'autres se tiennent dans des trous qui conservent une petite quan- tite d'eau. Quelques autres, enfin, restent adherenles a certaines parties du rocher, jusqu'a la maree suivante : ce sont des Patelles, des Haliotides, des Oscahrions. Les especes adherentcs, soit directement,comme les Huitres, les Spondyles, etc., on a 1'aide d'un byssus, comme les Moules, les Arches, etc., se trouvent sur les rochers que la maree ne laisse pas a decouvert; on les apercoit souvent a nn pied seulemerit au-dessous dn niveau de la plus basse maree, et, en choisissant le mo- ment favorable, il devienl facile de s'en emparer, soit en detachant avec soin le hyssus qui les rctient et qu'il faut aussi menage r, soit en brisant quelques petits fragments de rocher. C'est encore en plongeant au pied des rochers qu'on obtient d'autres especes qui se tiennent a unecertaine profondeur. On emploie aussi la drague pour se procurer les especes qui vivent loin du ri- vage; au moyen de cet instrument, dont il est facile de se faire une idee exacte, on peche en bateau , et le sable qu'on rarnene a bord contient souvent de fort belles coquilles. Enfin, on ne doit pas negliger les plantes marines, qui servent toutes de nourriture aux Mollusques qui souvent y restent attaches. Un autre moyen , connu sans doute,mais trop peu en usage parce qu'il presenle quelque repugnance que ('amour de la science pent seul faire surmonter, consiste a ouvrir Testomac des Poissons et des Oiseaux qu'on petit se procurer facilement sur le bord de la mer. Beaucoup de ces animaux se nourrissent de Mollusques, et souvent ils ont avale des coquilles que nos moyens ordinaires ne nous permettent pasd'alteindre. On suit les pecheurs, et dans leurs filets ils ramenent le plus souvent beaucoup de coquilles dont ils ne font aucun cas ct qif ils rejettent a la mer. Chaque annee, pendant la belle saison, de nombreux baigneurs se repandent sur loutes les cotes de France et sont tout etonnes de ne pas trouver sur le rivage des monceaux de coquilles ; ils rapporlent, conimc souvenir de leur voyage, quelques especes roulees par la vague ou decolorees par le soleil, et pensent que la cote qif ils ont visitee n'en produit pas davantage. D'apres ce que nous venons de dire, il est facile de comprendre leur erreur; car s'ils avaient cherche les coquilles comme on doit le- faire, ils en auraient trouve, et souvent de fort belles et de fort rares. On ne ramasse pas non plus les poissons comme les grains de sable ; il faut prendre la peine de les pe*cher, et cette peine est toujours un sujet de distraction. Les coquilles fraiches qu'on pent se procurer sur les bords de la mer contien- nent Tanimal qui les habile, et qui ne tarde pas a mourir et a se corrompre. Pour eviter la mauvaise odeur et le degout qui en resultent, il faut avoir le soin de plonger pendant quelques minutes la coquille dans de Teau chaude, mais non bouil- lante; leMollusque, contracte par la chaleur, se detache facilement, et la coquille se conserve indefmiment. On ne doit employer aucun effort pour retirer Tanimal des coquilles univalves, si Ton veut etre sur de ne pas les briser ; et cette petite operation exige une atten- tion particuliere pour les coquilles bivalves, dont il faut menager le ligament et les dents. La conservation de Panimal n'interesse que lenaluraliste, et, dans le cas oil Ton voudrait le conserver, il suffirait de plonger la coquille dans un vase conte- nant de Talcool a 25 degres. HISTOIRE NATURELLE. KKi Toutes les coquilles ne presentent pas, an moment oil on les peche, ces l)elles couleurs qu'on admire. Quelques-unes sont couvertes d'une membrane assez epaisse, d'un gris verdatre plus ou moins fonce, a laquellc on a donne le nom de drap marin. Cette croute epidermo'ide doit etre conservee avec soin, car il esl utile, dans line collection, d'avoir au moins un exemplaire qui en soil revetu. Autrefois, on ne se contentait pas d'enlever aux coquilles la premiere couchc calcaire qui les couvre, pour mettre en evidence la nacre qui se trouve sous cetle couche dans un assez grand nombre d'especes; on les polissait a la metile pour les rendre plus brillantes, et on les defigurait a plaisir. DE LA CLASSIFICATION METHODIQUE DES MOLLUSQUES. II serait impossible de bien connaitre toutes les productions de la nature, si Ton ne parvenait a rapprocher les unes des autres celles qui presentent quelques rap- ports generaux, et a reunir ensuite dans des divisions plus etroites celles que des earacteres particuliers rassemblent. Cet arrangement melbodique des corps est connu sous le nom de classification. Le but qu'on se propose dans une classification est non-seulement de donner aux objets dont on s'occupe une place distincte dans la serie ou un nom particulier, mais encore d'attacber a ce nom une signification propre et caracteristique a 1'aide de laquelle on puisse toujours reconnaitre 1'objet qu'il designe. La multiplicile des corps rend leur determination d'autant plus difficile que, pour en bien dcfmir un et le distinguer de ceux qui s'en rapprochent le plus, il faudrait, pour ainsi dire, en faire une description complete. La plus heureuse memoire n'y suffirait pas, a beaucoup pres, sans le secours d'une methode. Le mot methode vient de deux mots grecs (usTa d^o?) qui veulenl dire suivant la route ou bonne route, et il exprime 1'idee du meilleur moyen d'arriver au but qu'on se propose et celle de 1'ordre qu'on suivra. La metbode consiste done a etablir, parmi les objets que Ton veut etudier, des divisions basees sqr des caracteres saillants, generaux, et des subdivisions dont le nombre soil toujours en rapport avec les caracteres particuliers plus ou moins varies et plus ou moins nombreux de ces objets ; el, comme c'est a Taide de ces caracteres qu'on arrive jusqu'au nom de Tin- dividu, il est indispensable de les bien connaitre. II nous reste a parler de Tusage, etabli en histoire naturelle, de distinguer par deux noms, Tun de genre et Tautre d'espece, les objels qu'on veut designer d'une maniere precise et isoler completement de tous les autres. Cette distinction, dite binominale, employee par Linne dans son Systeme de la nature, remplace avanta- geusement les noms multiplies qu'on etait oblige de donner avant lui aux mine- raux, aux vegetaux et aux animaux, noms qui devaient rappeler plusieurs de leurs caracteres, et devenaient d'un emploi tres-difficile par la multiplicity et les rapports nombreux des especes. Rien n'etait plus maussade et plus ridicule, dit J. J. Rousseau, lorsqu'on vous demandait le nom d'une herbe ou d'une fleur dans un jardin, que la necessite de repondre par une longue enfilade de mots latins qui ressemblaient a des evocations magiques; inconvenient suffisant pour degouter les personnes frivoles d'une etude I. 14 106 1IIST01RE NATURELLE. charmante, avec un appareil aussi pedantesque. Aujourd'hui un corps quelconque, organise ou inorganise, est suffisamment designe par son nom d'espece precede do son nom de genre. Les noms qiTon donneaux coquilles paraissent souvent bien extraordinaires; ils devraient etre tous caracteristiques de Tespece et la dislinguer de toutes celles du meme genre. Mais comme beaucoup de coquilles, quoique d'especes differentes, ont la meme forme, la meme couleur, et presentent des caracteresdont la gradua- tion ne peut pas etre exprimee par un seul mot, on a tourne la difliculte, et, par un abus sanctionne par 1'usage, on leur a impose quelquefois des noms qui ri'in- diquent plus le caractere saillant, distinctif. Ces noms sont ou celui du voyageur qui a le premier trouve ou rapporte 1'espece, ou celui du pays qui la fournit, ou enfin celui d'un homme qui a servi utilement la science, ou auquel on veut rendre hommage. LTanalogie de forme et de couleur avec un fruit, un instrument, des objets quelconques generalement eonnus, enlin 1'usage qu'on peut faire du Mollusque ou du test, servent encore a distinguer les coquilles. Ainsi on dit : Pyrule Figue, Donace Bee de flute, Turbo Pie, Cone Damier, Porcelaine Cafe au lait, Helice de Pise, Helice de Humboldt, Cone de Delessert, Cyclostome de Cuvier, Moule co- mestible, etc., etc. Quelques norns sont aussi ernpruntesa la mythologie, comme nous le verrons par la suite. Nous ne parlerons pas des divers systemes de classification proposes par les au- 4etrrs, car cette question nous entrainerait a line critique bien motivee, mais trop longue pour trouver place dans ce volume ; et nous regretterons seulement rinstabilite des principes sur lesquels on a voulu etablir la partie des sciences natu- relles qui nousoccupe. Des changements frequents, etsurtout la multiplicity et lc double ou triple emploi des mots techniques qui en sont la consequence inevitable, sans servir au progres de la science, ont rebute et eloigne les personnes qui, ne pouvant consacrer a Telude que quelques courts loisirs, veulent du moins les occu- per agreablement. L'emploi d'une methode necessite sans doute un langage particulier, mais c'est uri motif pour chercher a simplifier ce langage au lieu de le rendre incomprehen- sible par des transformations incessantes et le plus souvent sans importance; et personne ne nous blamera, je pense, de desirer plus d'unite de plan et moins de tendance a changer ce qui est bien pour ne pas faire mieux. Nous ne nous arreterons done ici qu'a la classification adopte'e par le professeur Lamarck, tout en protitantdes modifications apportees au sysleme de ce savant par les nombreuses decouvertes faites jusqu'a ce jour. Les principes de la classification des Mollusques reposent sur les differences qu'ils presentent dans Tensemble de leur organisation ; et quoique ces differences soient, dans la plupart des cas, annoncees par la forme de lacoquille, Tinspection de cettc seule partie de Tanimal nesuffit pas toujours pour les bien determiner; maisladif- ficulte de se procurer tous les Mollusques dans un etat de conservation qui per- mette de les etudier a en quelque sorte etabli Tusage de les classer provisoirement d'apres les caracteres fournis par la coquille. Nous verrons bientot combien il est important de ne pas negliger les caracteres fournis par Tanimal pour arriver a une classification methodique des Mollusques. De tout temps on a divise les coquilles en trois groupes bien distincts : les UISTOIKE NATUKELLE. 107 UNIVALVES, les BIVALVES et les MULTivALVEs. Ces divisions se coiiiprcnneiit si facile- inent qiTil ne sera pas riecessaire d'insister beaucoup sur leur signification ; nous rappellerons seulement que le mot valve est en quelque sorte synonyme du mot coquillc, et qu'on y ajoute les augmentatifs en usage dans le langage ordinaire pour FIG. 467. Oscabrion cannele. FIG. 465. Volute robe turque. indiquer que la coquille se compose d'une, de deux ou de plusieurs pieces distinctes. On a aussi divise les Mollusques en marins, fluviatiles et terrestres, d'apres la difference des milieux ou se trouvent ces animaux. Cette classification generaleT combinee avec la precedente, demontre deja que tons les animaux ont une orga- nisation particuliere qui rend chacun d'eux apte a vivre et a se maintenir dans les conditions ou il a etc irrevocablement place, et que la difference du milieu neces- site des modifications d'organes dont la connaissance doit faciliter Fetablissement d'une methode. Aussi, ce premier pas fait, et tout en utilisant 1'ordre de cette double classifica- tion, on a du profiler de tous les caracteres dififerentiels que presentent les Mol— lusques pour les classer plus methodiquement. Ainsi nous avons deja dit que, parmi les Mollusques, les uns n'avaient point de tete apparente, landis que cet organe existait d'une maniere plus ou moins distincte chez les autres ; de la deux grandes divisions : 1° MOLLUSQUES ACEPHALES ou sans tete, comprenant les bivalves. 2° MOLLUSQUES CEPHALES ou avec une tete plus ou moins distincte, comprenant les univalves, les multivalves et quelques Mollusques ntis. Ces divisions sont trop generales, et rassemblent un trop grand nombre d animaux que des differences importantes eloigncnt les uns des autres, pour qu'il n'ait fallu etablir des subdivisions basees sur des caracteres generaux encore, mais cependant d'une moindre valeur. Ainsi le mode d'insertion et le nombre des muscles qui servent a fermer les valves des acepbales ont facilement fourni des divisions plus circonscrites de ces Mollusques. En effet, les uns ont deux muscles destines a rap- procber les valves, et ces muscles sont inseres aux extremiles anterieure et poste- rieure de la coquille ; ce sont des DDIYAIRES ($t?, deux ; y.-5?, muscle). Les autres n'ont qu'un muscle, place generalement au centre_des valves ; ce sont des M030MYAIRES .(ao'vo;, SCul ; u.O;, 108 HIST0111E NATUKELLE. D'autres enfin, ayant pi usieurs muscles par paire, et symelriques, dont le pro- Jongement a travers une ouverture de 1'une des valves fixe Tanimal aux corps sous-marins, pourraient etre distingues sous Je nom d'acephales polymyaires (TCOAU;, plusieurs; fxS;, muscle); mais Tincertitude des auteurs sur la place que devaient occuper ces animaux dans la classification, et Timportance d'un carac- lere particulier consistant dans la presence de deux bras allonges et cilies et 1'ab- sence complete de pied, ont fait donner aux Mollusques de cette division le nom de BRACHIOPODES (fipa/,ia>Xac, habitant un trou.) Cette famille se compose d'un assez grand nombre d'animaux dont les habitudes sont les memes. Ils vivent tous dans le bois et les pierres. Les petits, aussitot apres Jeur naissance, creusent les corps solides sur lesquels ils ont ete apportes par la vague, si ces corps sont de nature a etre entames par la liqueur dissolvante qu'ils secretent a volonte. Ils agrandissent successivement leur loge dans la proportion de leur developpement; et ils y sont pour toujours enfermes, car Touverture de cette loge ne s'elargit pas. C'est par cette ouverture que les Pholadaires rec.oivent 1'eau necessaire a leur entretien. Parmi les animaux de cette famille, les uns presentent des pieces accessoires dont le nombre et la dimension sont en rapport avec le baille- ment plus ou moins grand des valves, el que quelques auteurs ont considerees comme le rudiment du tube des Tubicoles , et que d'autres ont cru pouvoir comparer aux pieces multiples des Anatifes : ce sont les Pholades. Quelques co- quilles tres-baillantes , habitant aussi des cavites qu'elles creusent, comme les Pholades, dans les pierres et le bois, ont ete comprises dans cette famille, malgre Tabsence de pieces accessoires : ce sont les Gastrochenes et les Pholadomyes, aux- quels on re unit encore les Xylophages et les Galeommes. Toutes les coquilles de cette famille sont blanches ou d'un blanc jaunatre ; quel- ques-unes sont elegamment couvertes de cotes striees; les autres n'ont que des stries simples. ler GENRE. oo^e. Pholas, Linne. Coquille bivalve, equivalve, inequilaterale, baillante de chaque cote, venlrue, mince, d'une couleur lactee, a valves striees en tout ou en partie, a bords infe- rieurs et posterieurs mousses et replies en dehors; charniere sans dents, sans liga- ment propre, mais presentant sous les crochets un appendice en cuilleron, et ex- terieurement des pieces accessoires ou ecusson, supportees par un pli du manteau. 118 HISTOIKE NATUilELLE. FIG. 4^8. Phulade dactyle et ses pieces acce*soires. FIG. 489. Pholade daclyle. L'animal est epais , peu allonge , subcylindrique ; le manteau, par son ouverture anterieure, donne passage a deux tubes contractiles, le plus sou- vent reunis et entoures d'une peau commune. Ces deux tubes rem- plissent les fonctions d'une pompe aspirante et foulante : Tun sert a prendre J'eau necessaire a Tanimal, Tautre sert a la rejeter. L'ouverture posterieure du manteau donne passage au pied, qui est tres-court et tres-epais. Les Pholades vivent dans les trous qu'elles se creusent dans le bois et meme la pierre ; leurs mouvements sont tres-limites, ils se boruent a clever ou abaisser P animal dans le trou qu'il habite, et qui generalement est peu profond. Les Pholades sont phospho- FIG. 490. rhoinde. rescentes ; elles se nourrissent d'animalcules et des debris que le flot leur apporte. Ce sont des Pholades qui ont detruit les colonnes du temple de Jupiter Serapis a Pouzzoles. Les Pholades sont recherchees par les habitants des cotes, qui en sont tres- friands et les designent sous le nom de dails. Elles vivent dans toutes les rners, et Ton en connait un assez grand nombre d'especes, la plupart petites ; quelques- unes cependant ont jusqu'a cinq polices de longueur. On en trouve aussi de fossiles aux environs de Paris. Les Pholades sont des coquilles littorales : aussi doit-on consi- derer comme faisant autrefois partie du rivage des anciennes mers les terrains qui en contiennent a 1'etat fossile. Les Pholades peuvent probablement vivre dans Teau douce, car Adanson en a trouve dans le Niger a une hauteur ou la rner ne monte pas pendant la moitie de Tannee. 2e GENRE. Cycu)tftocpeite. Gastrochcena, Lamarck. , ventre; yjxtvw, je bailie.) Coquille bivalve, equivalve, cuneiforme, tres-baillante anterieurement, oil elle presente une ouverture cordiforme tres-large ; Touverture posterieure est presque I11ST01RE NATURELLE. 119 nulle; la charniere est lineaire et sans dents ni cuillerons. On apenjoit deux cro- chets a la partie la plus e'vase'e de Touverture; les valves sont blanches ou grisatres, et leur surface exterieure est couverte de petites stries fines, irregulieres, tandis que Tinterieure est lisse. L'animal est tronque anterieure- ment; le manteau est perce, au centre de la grande ou- verture de la coquille, d'un petit trou pour le passage du pied. On remarque aussi deux siphons allonges, reunis et contractiles. Les Gastrochenes, comme les animaux des genres pre- cedents, perforent les pierres et se logent dans les trous ves rdunies- qu'ils creusent. On n'en connait qif un petit nombre d'especes vivantes ou fossiles. On trouve les premieres dans presque toutes les mers, mais parliculierement a 1'ile de France, aux Antilles et sur les cotes de France. FIG 491 FIG. 492. Exterieur d'une valve du meme. 5e GENRE. '\/e Pholadomya, Sowerby (Pholade et Mye.) Coquille tres-mince, tres-transparente, blanche, transverse, ventrue, ovale, in- equilaterale, baillante des deux cotes , mais surtout posterieurement. Charmere FIG. 495. Pholadomye hlanche, valves reunies. FIG. 496. Bord cardinal grossi. formee par une petite fossette allongee subtrigone, et une nymphe marginale sail- lante sur chaque valve. Ligament externe court et insere sur la face externe des nymphes. Impressions musculaires peu apparentes, reunies par Timprcssion pal- leale. Animal non decrit. 120 HISTOIRE NATURELLE. Ce genre n'offre, jusqu'a present, que deux especes vivantes et excessivement rares, Tune decouverte depuis pen. Les especes fossiles, tres-nombreuses, ne pre- FIG. 497. Pholadoraye de Delessert. FIG. 498. Inlerieur de la sentent que Ie moule de la coquille avec tous ses details bien conserves; le test, trop mince, n'a pu resister a la decomposition de ses parties. Ces coquilles, comme letir nom 1'indique, ont de grands rapports avec les Pho- lades et les Myes, dont il sera bientot question. 4e GENRE. x/opo^. Xylophaga, Sowerby. (E'jX&v, bois; cpa-po, je mange,) Coquille equivalve, globuleuse, fermee en arriere par le rapprochement des val- ves, largement ouverte en avant. Charniere avec une petite dent courbee ets'avan- c.ant dans les cavites omboniales dans chaque valve. Les Xylophages se creusent un trou tubuleux dans le bois, et different des Tarets par r absence d'un tube calcaire et par le rapprochement des valves a la partie posterieure. FIG. 499. Xylopliage dorsal, interieur des valves. FIG. 500. FIG. 501. Le meme dan* sa loge. Se GENRE, (.yolceiuuie. Galeomma, Turton. Coquille ovale, equivalve, equilaterale , baillarite an bord ventral; charniere sans dents et fermee seulement par un petit ligament en partie in- terne et externe. On remarque aussi deux impressions muscu- FIG. 502 Gaicomme lau'es Wpproehles Tune de 1'autre sur chaque valve, et une im- du Turton. pression palleale interrompue, non sinueuse. Les seules especes connues de ce genre sont fort rares et se trou vent sur les cotes de Sicile. TROIS1EME FAMILLE. . Cumingia, Sowerhy. (Cuming, naturaliste voyageur.) Coquille equivalve, inequilaterale ; charniere composee d'une petite dent cardi nale unique, et d'une fossette allongee,faisant saillie au- dessus de la cavite omboniale dans chaque valve. Dents laterales, une de chaque cote de la charniere dans la valve gauche ; point dans la droite. Impressions musculaires irregulieres; impression pal- leale formant un large sinus. Ligament interne fixe dans la fossette cardinale. Les especes de ce genre ont etc trouvees dans le sable ct dans les fissures des rochers des mers des tropiques. FIG. 549. Cuminjrie mulique. 3e GENRE. CJUbacke. Mactra, Lamarck. (Mactra, petrin.) Coquille equivalve, inequilaterale, subtrigone, un peu baillante a Textremite FIG. 550. Charniere de la Mactre geante. FIG. 551. Fie. ooo. Prolil de la mome. posterieurc et vcrs la base anterieure. Crochets protuberants. Sur chaque valve, une dent caidinajc assez relevee, triangulaire, bifide, en V renvcrse et contigue a 134 HIST01RE NATUIIELLE. une large fossette triangulaire, faisant saillie sur la cavite omboniale. Dents late- rales lamelleuses, simples sur la valve droite, doubles sur la gauche. Ligament inte- rieur insere dans la fossette cardinale. Impressions musculaires larges et lisses. Impression palleale formant un sinus. L'animal fait sortir par le cote posterieur deux siphons, etpar Tanterieurun pied musculeux etcomprime. (Fig. 586.) Les Mactres different des Lutraires moins par leur forme generalernent subtri- gone que par la presence de dents laterales plus ou moins developpees. Les Mactres sont aussi moins baillantes que les lutraires. Les espeees de Mactres sont ti-es-nombreuses et se trouvent dans presque toutes les mers. Elles viverit enfoncees dans le sable a peu de distance de Tembouchure des rivieres. Leur coquille est generalement lisse et polie, quoique couverte d'un epiderme tres-faible. Quelques-unes sont assez vivement colorees. L'epaisseur du test varie beaucoup; les unes sont assez epaisses, les autres tres-minces. Les Mactres fossiles sont peu nornbreuses; on les rencontre dans les couches pos- terieures a la craie, dans un assez grand nombre de localites, aux environs de Paris, a Grignon , Bordeaux , dans le Plaisaritin , et, en Angleterre , dans le comte de Suffolk. 4e GENRE. Cto^i>ateffe'. Crassatella, Lamarck. (Crassus, epais.) Coquille assez epaisse, equivalve., inequilaterale, suborbiculaire ou transverse, non baillante. Gliarniere formee, sur chaque valve, de deux dents cardinales sub- divergentes, un peu chagrine'es, et d'une fossette triangulaire faisant saillie au- dessus de la cavite emboniale. Deux lalerales rudimentaires ou nulles. Impres- FIG. 554. Charni6re de la Oassatelle. FIG. obo. Crassatelle de King. sions musculaires assez profondes ; impression palleale sans sinus. Le ligament est anterieur et fixe dans les fosseltes cardinales, qui sont LMI arricrc des dents. IIISTOIRE NATURELLE. 155 Les Crassatelles vivantes se trouvent dans r Ocean Austral, la Nouvelle-Hollande - on en commit une espece dcs Antilles et deux des mers d'Afrique. Quelques especes sont tres-rares et d'un prix eleve. Les especes fossiles se rencontrent en assez grand nombre, mais seulement dans les couches qui sont au-dessus de la craie , aux environs de Paris , a Grienon Bor- deaux, etc. 5e GENRE. c/vaiuji/e. Rangia, Desmoulins. (Rang, nom d'un officier de marine, naturaliste.) Coquille subovale , equivalve , inequilaterale, couverte d'un epiderme olivatre excorie pres des crochets; charniere avec une dent cardinale unique sur chaque valve (celle de la valve droite divisee jusqu'a sa base, celle de la valve gauche fen- due au sommet) et deux dents laterales. Ligament interieur. Impression du man- teau formant un sinus. Interieur d'un blanc brillant de porcelaine. FIG. 556. Rangie cyrenoide. FIG. 557. On trouve les coquilles de ce genre dans les eaux de la NouveJle-Orleans et de la Floride occidentale. f>e GENRE, ot, ivoi tie. Erycina, Lamarck. (Surnom de Venus.) Coquille ovale on triangulaire transverse, subinequilaterale, equivalve, rarement brillante; charniere composee d'une fossette triangulaire sej>arant deux dents car- dinales divergentes sur chaque valve, et de deux dents laterales oblongues, com- primees et courtes. Ligament interieur fixe dans les fossettes cardinales. Impres- sions musculaires distinctes ; impression palleale presentant une legere echancrure. FIG. 558. Erycine cardiorde. FIG. 559. FIG. 560. Charniere. Ce genre, qui ne comprend qu'une seule espece vivante de la Nouvelle-Hol- lande, est peu nombreux en especes fossiles. Ces dernieres se rencontrent dans les couches du calcah-e grossier coquillier aux environs de Paris, a Grignon ct ii Parnes. 130 HISTOIRE NATURELLE. FIG. 561. Onguline allongee. Te GENRE. \3\\avXili&. Ungulina, Daudin. (Ungula, ongle ) Coquille equivalve, suborbiculaire , subequilaterale, a valves closes. Crochets excories. line dent cardinale courtc et subbifide dans chaque valve, et a cote une fossette oblongue, marginale , divisee en deux par un etrangle- ment. Ligament interieur s'inserant dans les fossettes. Les Ongulines sont rares et recherchees dans les collections ; on les trouve dans les mers d'Afrique ; ou n'en connait que deux espeees, encore est-on dans le doute si les legeres dif- ferences qu'elles presentent suflisent pour les separer. 8e GENRE. c/l$iupou)etfitte. Amphidesma, Lamarck. (Au-ww, deux; ^ECUC;, ligament.) Coquille transverse, inequilaterale, subovale ou arrondie , quelquefois un pen baillante. Charniere composee d'une ou deux dents et d'une fossette ctroite pour le ligament , qui est double et fixe en partie dans les fossettes cardinales , et en partie exterieuremen t. Quelquefois des dents laterales plus ou moins devoloppees. Les Amphidesmes different des Erycines par la position des dents : en effet, les dents cardinales sont placees a cote de la fossette dans les Amphidesmes, tandis que dans les Erycines le ligament interne est fixe entre les deux dents cardinales. FIG. 562. Amphidesme panache. FIG. 563. Profil. FIG. 564. Amphidesme panache. 9e GENRE. olDtWodetUmj. Mesodesma, Deshayes. (MSTC;, milieu ; ^caiAcc, ligament.) Coquille ovale, transverse ou triangulaire, epaisse et ordinairement close. Char- niere ayant une fossette en cuilleroii, etroite et mediane pour le ligament, etde chaque cote une dent oblongue et simple. Animal ovalaire ou subtrigone , aplati ; les lobes du manleau reunis dans les HISTOIRE NATURELLE. 157 deux tiers posterieurs de leur longueur, et pourvus a leur extremite posterieure de deux siphons courts, prolonges en dedans par une membrane tres-mince ; pied FIG. 565. Mesodesme come. FIG. 566. FIG. 567. Charniere. tres-aplati , qnadrangulaire , en partie cache par les branchies : celles-ci courtes, tronquees et soudees posterieurement ; la paire externe plus petite 'et subauri- culee. Ce genre a etc etabli par M. Deshayes, aux depens des genres Amphidesme et Crassatelle de Lamarck. Les Mesodesmes se trouvent dans Tocean Austral. DEUXlfiME FAMILLE. Cette famille comprend ceux des Conchiferes tenuipedes dont la coquille est ine- quivalve, inequilaterale, transverse et a ligament interieur. Ces coquilles ne sont pas sensiblement baillantes sur les cotes ; 1'un de leurs crochets est toujours plus preeminent que Tautre. L'une des valves est emboitee dans Tautre, qui la deborde. 1er GENRE. (oXiEe. Corbula, Bruguieres. (Corbula, petite corbeille.) Coquille inequivalve, inequilaterale, peu ou point baillante. Uoe dent cardinale conique, courbee, ascendante; et a cote de cette dent, une fossette sur chaque valve. Pas de dents laterales. Ligament interieur fixe dans les fos- . . , .,» . , >^ . settes. Les coquilles de ce genre sont ^ \^ \^ \J\ f^ ' SUrtOUt remarquableS par Tinegalite FIG. 568. Charniere de Corbule sillonnee. FIG. 569. de leurs valves, dont Tune s'emboite en quelque sorte dans Tautre* Peu nombreux en especes vi- vantes, presque toutes exotiques , le genre Cor- FiG.570. corbuie noyau. F". 571. bule est plus riche en fossiles, qu'on trouve dans les couches plus nouvelles que la craie. 2e GENRE. VauDoie, Pandora, Bruguieres. (Nom mythologique.) LesPandores sont inequivalves, iaequilaterales, transverses ; la valve supeneure, 18 138 HISTOIKE NATUHELLE. plus petite, est aplatie et debordee par la valve inferieure, qui est convexe. Ces petites coquilles sont toules marines et remarquables par leur aspect nacre. La charniere des Pandores est formee par deux dents cardinales , oblongues , divergentes et inegales sur la valve superieure , tandis que rinferieure ne pre-. sen teque deux fossettes qui correspondent aux dents de la valve opposee. Le li- gament est interieur. Les Pandores setrouvent dans presque toutes lesmers, etil y en adefossilesa Grignon. FIG. 572. Charniere de lu Pandore rostree. FIG. 573. Pandore rostree. TROIS1EME FAMILLK. (Ai6o;, pierre ; cpa-yw, je mange.) Les Lithophages sont des coquilles perforantes , sans pieces accessoires, sans fourreau tubuleux particulier. Elles sont plus ou moins baillantes a leur cole ante- rieur. Le ligament est exterieur. Elles s'etablissent pour toujours dans une cavite qu'ellescreusentdans lesrochers ; leur extremite anterieure est placee a Torifice du trou qui les contient^ de maniere a recevoir facilement Teau dont elles ont besoin. La forme des Lithophages n'est pas toujours reguliere; souvent la coquille a ete moulee en quelque sorte sur les corps que Tanimal a perfore's, mais dont il n'a pu dissoudre toutes les parties. Dans ce cas les valves sont plus ou moins deformees, et ont pris du developpement dans la direction qui presentait le moins d'obstacle. ler GENRE. OJctacicave. Saxicava, Lamarck. (Saxum, rocher; cavare, percer.) LesSaxicaves sont des coquilles inequilaterales, transverses, baillantes anterieu- FIG. 574. Saxicave gallicane. FIG. 575. . FIG. 576. rement. Charniere sans dents ou presque sans dents. Ligament exterieur. Les Saxicaves vivantes habilent les mers d'Europe et les mers australes ; les especes fossiles sont assez communes a Grignon. Saxicave ridee. FIG. 5: FIG. 578. Saxicave IIISTOIRE NATIRELLE. irv.i 2* GENRE. UVtti/colV. Petricola, Lamarck. (Petra, pierre ; colere, habiter.) Les Petricoles sont subtrigones, transverses etinequilaterales. Le cote posterieur est arrondi, tandis quo 1'anterieur est plus effilc et un peu baillant. La charniere se compose le plus souventde deux dents sur chaque valve. Quelquesespecesn'ont de dents quesur une seule valve. FIG. 579. Pelricolecostellee. FIG. 580. FIG. 581. Charniere. FIG. 582. Petricole lithophase. 3e GENRE. Ve^le^LU?e. Venerupis, Lamarck. (Venus ; rupis, de roche.) Coquille inequilaterale, transverse, a cote posterieur fort court et arrondi ; Pan- terieur est un peu baillant. La charniere est formeede deux dents petites, rappro- chees et peu on pas divergentes sur une valve, et de trois sur 1'autre ; rarement on remarque trois dents sur chaque valve; le ligament est exterieur. Les Venerupesont beau- coup de rapports avec les Petri- coles, quant a leurs habitudes ; mais FIG. 583. Venerupe crenelee. FIG. 584. elles se rapprochent plus des Venus par leur organisation. On lesanommees Venus de roche parce qu'elles s'enfoncent et vivent dans les roches molles ou la vase dur- cie. L'animal des Venerupes est le meme que celui des Venus. On en connait quel- quesespeces fossiles des environs de Paris. 4e GENRE, ./viatcfte. Hiatclle, Daudin. (Hio, je bailie.) Coquille equivalve, tres-inequilaterale, transverse, baillante au bord superieur; charniere ayant une petite dent sur la valve droite, et deux dents obliques, un peu plus grandes, sur la valve gauche ; ligament exterieur. On ne connait qif une espece de ce genre; elle n'est pas perforante, et se trouve sur des fucus dans les mers du Nord. QUATRIEME FAMILLE. FlG- 585> Hi-llelle- Les Nymphaces se distingucnt par la presence de deux dents cardinales .111 plus 140 HISTOIRE NATURELLE. sur lameme valve; leurcoquille est un peu baillante aux extremites laterales. Lc ligament est exterieur, et les nymphes sont en general saillantes au dehors. Les unes rappellent la forme des Solenaces, ce sont les Nymphaces solenaires ; la plupart des autres ne s'ecartent pas de celle des Tellines, ce sont les Nymphaces tellinaires. ler GENRE. . Sanguinolaria, Lamarck. (Sanguis, sang ; couleur de sang.) Coquille transverse , presque elliptique, un peu baillante aux cotes anterieur et posterieur. La charniere presente sur cba- que valve deux dents rapprochees. Les Sanguinolaires ont des couleurs assez vives et variees de bleu, de rose et de jaune ; elles viennent des mers de 1'Inde et de celles de rAmerique. FIG. 586. Charniere de la Sanguinolaire ridiie. FIG. 587. Sanguinolaire ridee. 2e GENRE. e. Psammobie, Lamarck. f sable ; .8^?> vie.) Coquille transverse, ovale-oblongue, comprimee, un peu baillante de]chaque cote, et a crochets un peu saillants. Deux dents sur une valve, une seule dent sur Tautre. FIG. 589. Les Psammo- biessontdejolies petites coquilles qu'on rencontre dans le sable et dans presque tou- tes les mers, et FIG. 590. Psammobie (leurie. quelques especes se trouvent assez abondamment dans leslagunes de Venise H1STOIRE NATURELLE. 141 5e GENRE. Rcktiuuvotee. Psammotea, Lamarck. C:, ensahle.) Coquille transverse, ovale-oblongue, legerement baillante sur les cote's; char- mere composee (Tune dent sur cbaque valve, et quelquefois d'une dent sur une seule valve. Ligament exterieur. Ce genre a tant de rapports avec le precedent, qu'ilserait convenable de les reunir. Les especes se trouvent dans les memes localites, et Tune d'elles a recu le nom de Psammotee Tarentine, parce qu'elle est commune dans le golfe de Tarente. FIG. 592. Interieurde Ja me n i« GENRE. CeflW. Tellina, Linne. i, nom grec d'unc espece de genre.) Coquille transverse, aplatie, ayantun cote plus ou moins arrondi, Tautre anguleux et offrant un pli flexueux et irregulier. Char- niere composee d'une ou deux dents cardi- nales sur la meme valve, et deux dents la- terales distantes. L'animal est represente fig. 385 et 421. FIG. 594. Tclline rostrce. Le genre Telline renferme un tres-grand sombre d'especes, remarquables par la beau- te, le brillant et la variete de leurs couleurs. L'une d'elles a etc nommee le Soleil levant, a cause des rayons d'un beau rose dore qu'elle presente sur un fond blanc de porcelaine. On FlG- 595- Chamiere de ia Teiiine Soieii levant. trouve des Tellines dans toutes les mers, et les cotes de France en fournissent quel- ques jolies petites especes, presque toutes colore'es en rayons (voyez pi. 2); lacou- leur qui domine est generalement le rouge. Les especes fossiles, tres-nombreuses aussi, ne se trouvent que dans les couches plus nouvelles que la craic. IIISTOIRE NATURKLLK. GENRE. (Ce(KiiiDe'. Tellinides, Lamarck. (Diminutif de Telline.) €oquille transverse, inequilaterale, un peu aplatie, legereinent baillantc sur les cotes, etne presentant plus le pli flexueux des Tel- lines. Les crochets sont petits. La charniere a deux dents divergentes sur chaque valve, etdeux dents laterales pen apparentes, Tune d'elles rapprochee des dents cardinales sur une valve. Les Tellinides se distinguent des Tellines par 1' absence du pli marginal flexueux que presententtoujours cesdernieres. On trouve les Tellinides dans 1'Ocean des Grandes- Indes. FIG. 596. Tellinide de Timor. 3« GENRE. CWvii'lV Corbis, Cuvier. (Coriis, corbel He.) Coquille transverse, equivalve, epaisse, ventrue ; les crochets, courbes en dedans, sont assez developpes. La charniere presenle deux dents cardinales sur chaque valve, ainsi que deux dents laterales, dont Tune est voisine des premieres. Im- pressions musculaires simples. FIG. 597. Cliarniere de la Corfoeille renlloe. FIG. 598. Les Corbeilles etaient autrefois fort rares ; elles sont toujours recherchees dans les collections. On n'en connait que deux especes vivantes, Tune de TOcean Indien, Tautre de la Nouvelle-Zelande. On en trouve de, fossiles a Grignon et aux environs de Paris. Elles sont toutes striees et ornees de lamelles onduleuses. u) . 4C GENRE. i,uciue- Lucina, Bruguieres. (Surnom de Junon.) Coquille suborbiculairc, inequilaterale , a crochets petits , pointus et obliques. HISTOillE NATURELLE. Charniere avec deux dents cardinales diver- gentes, dont Tune bifide, et deux dents la- terales, dont Tune voisinedes premieres. Ces dents varient pu disparaissent avec 1'age. Impressions musculaires tres-separees, la posteriuure forme un prolongement quel- quefois fort long. Ce genre comprend aussi des especes dont la charniere est sans dents. II est assez nom- bretti. FIG. 599. Lucine a bonds rose?. FIG. 600. Charniere grossie dj Lucine a'bords roses La forme des Lucines et leurs couleurs varient beaucoup. On en trouve dans toutes les mers, etles cotes de France en fournissent plusieurs des plus belles. On connait aussi un certain nombre de Lucines fossiles des environs de Paris et de Bordeaux. Les Mollusques de ce genre vivent dans le sable, sur lequel ils se trai- nent et dans lequel ilspeuvent s'enfoncer ade petites profondeurs. FIG. 601. Cliarniere de Lucine de la Jaimiqiie. FIG. 602. 5e GENRE. Cytatefupie- Gratelupia, Desmoulins. (Grateloup, naturaliste de Bordeaux.) Coquille equivalve, inequilate'rale, siib- cuneiforme, arrondie posterieurement, sub- rostree anterieuremerrt. Cbarniere formee de trois dents cardinales et d'une serie de cinqou six petites dents irregulieres et d'une dentlaterale anterieure dans chaque valve. Ligament externe. On ne connait d'especes de ce genre qif a 1'etat fossile. Fir.. i. Orateliipiy do 144 HISTOIRE NATURELLE. 4e GENRE. Caeuc. Egeria, Lea. (Norn mythologique.) Coquille subarrondie ou subtriangulaire, a bords in- ternes legerement creneles ; charniere composee de dents laterales et de deux dents cardinales divergentes, dont une bifide dans chaque valve. Ligament externe. Ce genre est assez nombreux en especes, toutes fos- siles ; on les trouve dans le terrain tertiaire d'Ala- bama. FIG. 604. Egerie triangulaire. 7° GENRE. . Donax, Lamarck. , roseau.) Une des especes de ce genre etait depuis longtemps connue sous le nom de Bee- de-flute, a cause de sa forme. Coquille transverse, equivalve, inequilaterale, ayant un cote tres-court et obtus. La charniere a deux dents cardinales sur chaque valve ousur une seule, et une ou deux dents laterales plus ou moins distantes. Le liga- ment est exterieur et court. L'animal des Donaces fait sortir de sa coquille deux tubes ou siphons disjoints, greles, fort longs, et uri pied lamelleux et large. Le pied a cela de particulier, que I'animal peut s'en servir pour sauter; le mou- vement subit que ce pied imprime a la coquille par son elasticite peut la lancer a une distance de trente et quelques centimetres. FIG. 605. Donace rugueuse. FIG. 606. Charniere de Donace Bec-de-fhUe. FIG. 607. Les Donaces sont rechercheescomme aliment; on les mange cuites de preference. Elles vivent enfoncees a une petite profondeur dans le sable des rivages, d'oii il est facile de les degager pendant les marees basses ; on les voit alors sauter et chercher a regagner Teau dont elles sont privees. Ces coquilles viennent pour la plupart des mersd'Asieet d'Amerique ; les coles de France fournissent aussi quelques especes. Les fossiles de ce genre sont peu nombreux. 1IISTOIRE NATURELLE. 8e GENRE. Captte. Capsa, Lamarck, (Ka<|;a, cassette.) Coquille transverse, equivalve, inequilaterale, non baillante. La charniere est formee de deux dents sur une valve, et d'une seule dent bifide et intrante sur J'autre. Le ligament est exterieur et place sur le cote le plus court. II n'y a pas de dents laterales. On ne connait qu'un tres-petit nombrc d'especes de ce genre ; elles sont peu remarquables par leur couleur, et viennentdes mers d'Asie et d'Amerique. . Capse du Bresil. FIG. 609. Charniere de la Capse du Bresil. FIG. 610. 9C GENRE. fcixtcuMuie. Crassina, Lamarck. (Diminutif de crassus, epais.) Coquille suborbiculee, equivalve, subinequilaterale, non baillante et comprimee. La charniere a deux dents fortes sur chaque valve ; ces dents sont divergen- tes sur une valve et tres-inegales sur Tautre. Le ligament est exterieur et place sur le cote le plus long. Les es- peces de ce genre sont assez epaisses ; elles ressemblent beaucoup, a 1'exte- FIG. en. crassine crassateiiee. FIG. 612. rieur, aux Crassatelles. Le nom de Crassine, donne a ce genre par Lamarck, de- vra etreremplace par celui dtAstarte, propose anterieurement par Sowerby. TROISIEME SECTION. — DIMYAIRES LAMELLIPEDES. Les Lamellipedes ont le pied aplati, lamelliforme, et place plus pres de la base de la coquille que du bord posterieur. 11s ont etc divises en six families. Les uns ont deux on trois dents cardinales sur une valve, Tautre valve en ayant autant ou moins; quelquefois des dents laterales (CoNQUEs). D'autres ont les dents cardinales irregulieres, soil dans leur forme, soil dans leur situation, et en general accompagnees d'une ou deux dents laterales (CARDIACES). i. 10 lilJ IIISTOIRE NATURELLE. D'autres ont les dents cardinales petites, nombreuses, intrantes, et disposees sur Tune et 1'autre valve en ligne, soil droite, soit arquee, soit brisee (ARCACES). Quelques-uns ont des dents lamelliformes, strides transversalement (TRIGOXES). Un grand nombre presentent une charniere tantot munie d'une dent cardinale irreguliere, simple ou divisee, et d'une dent longitudinale qui se prolonge sous le corselet; tantot n'offrant aucnne dent, et seulement garnie, dans sa longueur, de tubercules irreguliers, granuleux (NAIADES). Enfin quelques-uns sont irreguliers, inequivalves, n'ont point de dent a la char- niere ou n'en ont qu'une seule grossiere (CAMACES). PREMIERE .FAMILLE. ted. (Concha, coquille.) Les Conques ont deux ou trois dents cardinales sur une valve, 1'autre en ayant autant ou moins ; quelquefois des dents laterales. Leur coquille n'est jamais bail- lante sur les cotes ; elle est equivalve, orbiculaire ou transverse, el toujours regu- liere. Les Conques sont fluviatiles ou marines : les premieres, independamment des dents cardinales, ont des dents laterales et sont recouvertes d'un faux epiderme. L'animal a le pied allonge, etroit et peu saillant. Les secondes, pour la plupart. n'ont point de dent laterale : rarement leur coquille est couverte d'un drap marin ; Tanimal a le pied large et saillant. Les noms donnes atix subdivisions de cette famille sont tous empruntes a la my- tbologie. Les"*Conques tluviatiles habitent les eaux douces ; elles ont une coquille cou- verte d'un epiderme verdatre qui est souvent excorie et comme ronge sur les cro- chets. Elles vivent habituellement enfoncees dans la vase. 1" GENRE. d/cfcxDe. Cyclas, Lamarck. «./ (Cyclades, nymphes de la mer Egee.) Coquille ovale, bombee, tres-fragile, tres-mince, quelquefois transparente, trans- k verse, equivalve; charniere composee de dents tres- petites et quelquefois presque nulles. Les dents car- dinales sont, sur chaque valve, au nombre de deux, Tune d'elles pliee en deux, ou une valve a deux dents, et Tautre valve n'a qu'une seule dent pliee ou lobee. Les dents laterales sont allongees transversalement et FIG. 613. Cycias cornea. lamelliformes. Le ligament est exterieur. HIST01KE NATURELLE. 1 47 FIG. 614. Cyclade obtusale. FIG. 615. FIG. 616. Les Cyclades babitent les eaux douces de tous les pays; elles sont generalement petiles et recou- vertes d'un epiderme vert on brim, jamais excorie. Elles s'enfoncent dans la vase auxapproches de 1'hi- ver, com me toutes les coquilles lluviatiles, etrie reparaissent qu'au prin temps. Les Cyclades fossiles se trouvent dans les niarnes blanches qui sont entre la craieet les premiers depots de Pargile plastique. 2e GENRE. C/meuc. Cyrena, Lamarck. (Cyrene, lille du Penee.) Coquille arrondie, subtrigone, iriequilaterale, ventrue, assezepaisse.Trois dents cardinales sur chaque valve , et presque toujours deux dents laterales, dont une est pen distante des dents cardinales. Le ligament est exterieur et place sur le plus grand cote. FIG. 618. Cyrene du Beii(;ale. FIG. G19. Les Gyrenes sont toujours plus grandes et plus epaisses que les Cyclades; elles liabiteut les fleuves et les grandes rivieres, et sont couvertes d'un epiderme verda- tre, excorie sur les crochets. On n'en trouve pas une seule espece vivante en Eu- rope, mais plusieurs especes fossiles. 3C GENRE, ^afat&ee. Gatathea, Bruguieres. (Galathe'e, Nereide.) Coquille tres-epaisse, equivalve, subtrigone, dont la charniere est cornposee de dents cardinales sillonnees et de dents laterales distantes : les- premieres, an nom- bre de deux sur une valve, sont conniventes a leur base; Tautre valve en a trois, celledu milieu proeminente et calleuse. Le ligament est exterieur, court et bom- be. Les nym plies sont avancees. Les Galathees sont fluviatiles et couvertes d'un epiderme verdatre et poli ; on en connait deux especes : laGalatbeea rayons, et la Galatbee cloisonnec, decrite depuis pen par M. Duval de Rennes. Toutes deux sont encore rares, etla derniere surtout. I IN HISTOlitEtfATUitULLE. L' animal a le corps epais ; le man- tcau est ouvert en dessous et en avant, ferme en arriere et prolonge en deux tubes egaux et separes jtisqu'ala base. Le pied est large, oblong et compri- me. On trouve les Galathees enfon- FiG. 620. Charmere de la Galathee. FIG. 621. Galalhee a rayons. cees dans les banes de sable a I'embouchure des fleuves de la cote de Ma- laguette en Afrique , ou elles sont assez communes. Les negres qui vivent sur les bords de ces fleuves connaissent parfaitement la Galathee, qu'ils nomment Cokre, et se nourrissent de son animal dans les temps de disette. C'est, du reste, un mets de fort mauvais gout et qui repugne par sa fadeur. Les Conques marines n'ont, pour la plupart, point de dents lalerales et point d'epiderme. Elles se composent de coquilles fort elegantes par leur forme , leur couleur, et les striesou les epines dontquelques-unes sont ornees. ler GENRE. t>a/ptiue. Cyprina, Lamarck. (Cypri?, surnom de Venus.) Coquille equivalve, ineqnilaterale, cordiforme. Charniere compose'e, sur chaque valve, de trois dents cardinales ine- gales, rapprochees a leur base et un peu divergentes superieurement, et d'une dent laterale plus on moins de- veloppe'e et distante. Les callositcs sont terminees pres des crochets par nne fossette ; le ligament est exterieur ets'enfonce en partie sous les crochets, qui sont recourbes. Les Cyprines sont grandes et cou- verles d'un epiderme d'un brun ver- dalre terne. L1 animal a les deux lobes du manteau reunis posterieurement, et se terminant de ce cote en deux siphons tres-courts. On les trouve a Tembouchure des grands fleuves de 1' Ocean Boreal, Les especes fossiles viennent d'ltalie. FIG. 6^2. Charniere de la Cypnne d'Islande. HISTOIItE NATUKELLE. 149 2e GENRE. i/let/ee. Cythercca, Lamarck. «,/ (Cytherde, surnom de Venus.) Coquille equivalve, inequilaterale, suborbiculaire, trigone ou transverse. Char- mere composee de quatre dents cardinales, dont trois di- vergentes et rapprochees a leur base, et une isolee et siluee sous la lunule, sur une valve; 1'autre valve n'a que trois dents cardinales divergentes et une fossette un peu distante et parallele au bord. Point de dents laterales. (Voyez pi. 5.) Les Cytherees sont toutes marines. II y en a un grand nombre d'especes,remarquablespar labeaute etladiversitede leurs couleurs. On en trouve dans toutes les mers, et Ton en connait aussi beaucoup de fossiles. Les Cytherees ne sont jamais couvertes d'epiderme. Quelques-unes sontlisses; les autres ont desstriesconcentriques plus ou moins prononcees, des sillons, des lamelles ou des epines. (Voyez pi. 5.) La Cytheree epineuse, dont nous donnons la figure, est connue des collecteurs sous le nom de Conque de Venus ; cytheree^plne^e! profii. elle est remarquable par la singuliere disposition des epines , le contraste des cou- Fio. 624. Cylheree epineuse. FIG. 625. Interieur de la raeme. FlG. 626. Charniere de la Cytheree Cedo-nulli. leurs et Telegance des lames transversalesqui la couvrent. Cette jolie coquille, qu'il est bien difficile d'avoir intacte, vient des Antilles. 5e GENRE. . Venus, Lamarck. (Venus.) Coquille equivalve , inequilaterale, suborbiculaire ou transverse. La charniere est composee de trois dents cardinales rapprochees sur chaque valve ; la mediane 150 HISTOIRE NATURELLE. est droite, les deux autres divergentes au sommet. Le ligament est anterieur et recouvre Tecusson. Comme les Cytherees, les Venus sont toutes marines et tres- agreablement variees dans lenrs couleurs ; on en connait un tres-grand nombre d'especes, mais les plus belles viennent desmers des pa^s cbauds. Les habitants des bords de la mer, les Provencaux surtout, sont tres-friands d'une espece de Venus, la Verms croisee, qu'ils nomment vulgairernent Clovisse. Les Venus ne different des Cytherees que par Tabsence d'une dent lalerale qui se trouve sous la lunule de cesdernieres. Les habitudes et Forganisation des animaux de ces deux genres sont les memes; et si Lamarck a cru devoir les separer, c'est parce que leurreunion rendrait bien difficile la recherche des especes qui se confondent entre elles, faut-il dire, par des nuan- ces aussi multipliers que gra- duees. Le manteau de Tanirnal des Cytherees et des Venus consiste en une membrane fort mince, divisee, dans toute sa longueur, en deux lobes cgaux qui tapis- FIG. 628. Interieur de la mcine. SCnt leS parois illterieureS de S6S valves et adherent a leurs bords. L'exlremite anterieure du manteau se prolonge en deux siphons cylindriques assez longs, inegaux, reunis jusqu'au milieu de FIG. 629. Cliarniere de la Venus de Guide. FIG. 650. leur longueur. L'un de ces tubes sert a 1'introduction de 1'eaii necessaire a Tali- mentation et a la respiration ; Tautre est la derniere partie du tube digestif. Ces siphons sont termines par une couronne de papilles , organes principaux du tou- cher. Le pied est developpe , presque aussi large que la coquille , et prend di- verses formes en se contractant ou s'allongeant. Ces Mollusques s'enfoncent dans le sable on dans la vase, les siphons toujotirs diriges vers Touverture de leur HlSTOlRE NATURELLE. 151 retraite pourcommuniquer aved'eau. Onditquecesanimaux viennent quelquefois a la surface de Teau, lorsque la mer est calme. II y a heaucoup de Venus fossiles. 4e GENRE. 9" euetiax'iDe. Venericardia, Lamarck. (Venus ct Bucarde.) Coquille equivalve, inequilaterale, suborbiculaire, le plus souvent a cotes longi- tudinales rayonnantes. La charniere a deux dents cardinales obliques dirigees du meme cote. FIG. 651. Charniere de la Venericarde de Jouannut. FIG. 632. Les Venericardes formentle passage de lafamille des Conques a cclle des Cardia- ces ; en etfet, elles ont a peu pres la charniere des premieres et les cotes longitudi- nalesdesBucardes.On connait peu de Venericardes vivantes ; presque toutes sont fossiles. DEUXIEME FAMILLE. i, coeur.) Les Cardiaces ont les dents cardinales irregulieres , soit dans leur forme, soit dansleur situation, et en general accompagnees d'une ou deux dents laterales. 1er GENRE, . Cardium, Lamarck coeur.) Coquille equivalve, subcordiforme, presentant a la surface externe de ses val- ves des cotes longitudinales plus ou moins prononcees, des stries, des ecailles ou « *. r* * 7 * * > > K ' '^titi FIG. 633. Pncarda tnilee. FIG. 634. Bucarde Cf»ur-de-Junon. FIG. 635. 452 HISTOIRE NATURELLE. des epines ; a Tinterieur, les valves sont lisses, mais sillonnees ou plissees vers le bord. La charniere a, sur chaque valve, quatre dents, dont deux cardinales rappro- chees et obliques , s'articulant en croix avec celles de 1'autre valve, et deux dents FIG. 636. Bucarde tuberculee. FIG. 637. Charniere dc Bucarde marbree. Jaterales ecartees et intrantes. Les crochets sont tres-saillants ; le ligament est exte- rieur et tres-court, et les impressions musculaires sont peu apparentes. L'animal des Bucardes a deux siphons inegaux et cilies a leur extremite, et un pied grand, fort et recourbe. Les Bucardes vivent enfoncees dans le sable pres des cotes, et toutes les mers en fournissent. On les mange dans quelques pays, mais elles sont coriaces et peu estimees. Quelques especes ont la forme, d'un coeur, et c'est sous ce nom qu'on les desi- gnait autrefois; chacune des valves des especes cordiformes represente assez un bonnet phrygien. On trouve en Europe des Bucardes fossiles qui ont leurs analogues vivantes dans TOcean Asiatique. 2e GENRE, vtdite. Cardita, Bruguieres. (Diminutif de cardium.) Coquille equivalve, inequilaterale. Charniere compose'e, sur chaque valve, de deux dents inegales : Tune courte, droite, situee sous les crochets ; 1'autre ! oblique, marginale , se prolongeant sous le corselet. Les Cardites sont toutes marines; la charniere est presque terminale, a cause de la disproportion des cotes, dont Tun est tres-court, tandis que Tautre est fort allonge. On dit que quelques especes s'attachent aux ro- FiG.638. Cardite raboten»e. FIG. 639. cllCl'S par deS SoieS COUI'tOS, analogues HISTOIRE NATUUELLE. 155 au byssus du Jamhonneau ; mais ce fait est encore a verifier. Les Gardites vi- FiG. 640. Charniere de la Cardite. FIG. 641. vantes viennent particulierement des mers de I'lnde ; les fossiles se rencontrent dans les terrains tertiaires. 5e GENRE. Cxwptlcaw&De. Cypricardia, Lamarck. (Cypris et Bucarde.) Coquille equivalve, inequilaterale, allongee obliquement ou transversalement. La charniere a trois dents cardinales sous les crochets, et une dent laterale se pro- longeant sous le corselet. Les Cypricardes ont, avec la forme des Cardites, trois dents com me les Venus; de la le choix du nom qui les distingue, et qui indiquequ'elles tien- nent des unes et des autres. La plupart des Cypricardes s'enfoncent dans la FIG. 642. Cypncarde anguleuse. FIG. 643. Charniere de la mfime. vase durcie et les pierres tendres; on en trouve meme dans les madrepores. Les especes vivantes se trouvent dans les mers des pays chauds, et les fossiles ont etc fourniespar le calcaire oolithique de Bayeux, pres Caen, et le hassin de Paris. 4e GENRE. . Isocardia, Lamarck. (lao;, semblable; xap^ Coquille equivalve, cordiforme, tres-ven- true et bombee. Charniere composee de deux dents cardinales aplaties, intrantes, dont Tune se courbe et s'enfonce sous le crochet , et d'une dent cardinale allongee , situee sous le corselet. Le ligament est exterieur et bifurque d'un cote. Les crochets obliques, ecartes et en Spirale. FIG. 644. T^ocarde de dos-Tnde.s. FIG. 645. 20 15i H1STOIRE NATURELLE. Les Isocardes se distingucnt facilement par Icur forme globuleuse ; on en con- nait pen d'especes vivantes ; elles vienncnt des mers d'Europe, de Tlnde et de la Nouvelle-Hollande,mais on en trouve sept ou hint especes fossilcs. FIG. 646. Cliarnierc de 1'Isocarde globuleuse. FIG. 647. La coquille la plus commune du genre est souvent designee, par les collecteurs, sous le nom de Creur-de-boauf : c'est 1'Isocarde globuleuse. TROISIEME FAM1LLE. * (Area, arche.) La famille des Arcaces se distingue par une charniere composce d'un plus ou moins grand nombre de dents petites, souvent tres-rapprochees les unes des au- tres, et disposes sur chaque valve en suivant une ligne droite, courbe ou brisee. Quelques especes de cette famille sontcouvertes d'un epiderme plus ou moins velu et se fixent aux rocbers par des fils tendineux : dans ce cas, la coquille est plus ou moins baillante a son bord superieur. Les poils durs et roides dont quelques coquilles sont couvertes sont destines a les defendre des attaques des vers, et Bruguieres fait observer que Tepiderme velu ne se rencontre que sur les coquilles qui ne s'enfoncent pas dans la vase pour y chercher uri abri. ler GENRE, i^aoue. Cucullea, Lamvarck. (Cucullus, capuchon.) Coquille equivalve, inequilaterale, trapeziforrae, tres-ventrue ; la charniere est lineaire, droite, composee de petites dents transverses, et presente sur le plat de ses extremites deux a cinq cotes, qui sont les traces de ses anciens bords. Le liga- FIG. 64S. Cucullee auriculifere FIG. 649. I1ISTOIRE NATURELLE. 155 ment exterieur. Los crochets sont recourbes, ecartes, el laissent voir la trace d'in- sertion du ligament. Une des impressions musculaires est placee sur une lame saillarite a bord anguleux. LesCucullees etaient autrcfois fort rares et recherchees dans les collections ; les FIG. 650. Profil de la merae. FIG. 651 . Charniere de la meme. especes vivantessont peu nombreuses; la France etl'Angleterre fournissent les espe- ces fossiles. La plus commune de ces dernieres est connue sous le nora de Cucullee crassatine ; on la trouve en abondance dans un sable verdatre argileux, a une de- mi-lieue de Beauvais , sur la route de Clermont , dans le lieudil la Justice-de- Bracheux. 2e GENRE. cAotcSe. Area, Lamarck. (Area, arclie, bateau.) Coquille transverse, subequivalve, inequilaterale, ventrue. La charniere est lineaire et formee par des dents nombreuses seriales et intrant es ; clle n'a pas de FIG. 652. Arche auriculee. FIG. 655. cotes a ses extremites comme les Cucullees. Le ligament est exterieur ct insere largernententrelcs crocbets, qu'il separe. Un grand nom- bre d'Arcbes offrent un bail- Jement tres-sensible vcrs le milieu du bord superieur. Les Arches ne sont pas toujours rogulieres; leur surface exterieure est garnie de cotes plus ou moins ele- VCCS et de StrieS OU de Sll- FIG. 654. Arche bistoumcc. 156 HIST01RE NATURELLE. Ions ; ces coquilles sont recouvertes d'un epiderme ecailleux, epais, souvent velu. Le ligament est si mince , qu'il semble destine seulement a couvrir la charniere et a empecher Introduction de petits corps etrangers entre les dents. Les Arches sont des coquilles assez communes ; les habitants des cotes les mangent par neces- site plutot que par gout. On les trouve dans le sable baigne par la mer. Une des coquilles de ce genre est nommee Arche de Noe, a cause de Taplatisse- ment de sa ba'se, de sa forme allongee et ventrue, qui lui donne quelque ressem- blance avec un bateau. L' Arche bistournee se distingue facilement par Tobliquite et la torsion de ses valves. Les coquilles de ce genre sont generalement blanches ou brunatres , et couvertes d'un epiderme d'un brim plus ou moins fonce. Les plus remarquables viennent de 1'Ocean Indien. Les especes fossiles sont aussi fort com- munes. 3e GENRE. vdifcp0. Pectunculus, Lamarck. (Pectunculus, nom latin sous lequel on desiguait ces coquilles.) Coquille orbiculaire assez epaisse, comprimee, equivalve, subequilaterale, non baillante. La charniere est en ligne courbe, garnie drune serie de petites dents obliques etintrantes; celles du centre presque nulles ou peu marquees. Le liga- ment est exterieur, formant facette entre les crochets qui sont peu ecartes. Les bords internes des Petoncles sont toujours crene- les, et leur surface externe, souvent ornee de fort belles couleurs, presente presque toujours des cotes nombreuses. Les Petoncles n'ont pas de byssus; leur forme est orbiculaire, plus ou moins aplatie. Les valves sont exactement fermees. Ces coquilles sont couvertes d'un FIG. ess. Petoncie flammuie. epiderme ecailleux et souvent velu. On connait un assez grand nombre d'especes vivantes qu'on trouve dans toutes les mers, et pres- que autant d'especes fossiles de France. 4e GENRE. iLcite'. Nucula, Lamarck. (Nucula, petite noix.) Coquille transverse, ovale, trigone ou oblongue, equivalve et inequilaterale. La charniere est en ligne brisee et interrompue au milieu par une fossette occupee par le ligament, qui est en partie interne et en partie sur le bord des valves. Les FIG. 656. Nucule rostree. FIG. 657. dents de la charniere sont nombreuses et souvent triangulaires ; elles sont tres-pe- H1STOIRE NATURELLE. 157 tites, aigues, et celles d'une valve s'emboitent dans les intervalles des dents de I'autrc valve. Les crochets sont contigus et obliques. Les Nucules sont de fort jolies petites coquilles marines presque toujours nacrees a rinterieur, et recouvertes d'un epiderme vert a Texterieur. Leur forme est assez variable ; quelques-unes sont fort allongees. On trouve des Nucules dans toutes les mers, et les especes fossiles de ce genre sont assez communes en France et en Italic. QUATR1EME FAMILLE Les Trigones sont des coquilles regulieres, equivalves, inequilaterales, ornees de cotes et presentant a la charniere des dents lamelleuses et striees transversalemenl. Cette famille se compose particulierement d'especes fossiles. ler GENRE, v^tiooiu^. Trigonia, Bruguieres. (Tpryfrtvo?, trigone.) Coquille equivalve, inequilaterale, trigone, assez epaisse. La charniere est com- posee, sur une valve, de deux dents cardinales oblongues, aplaties sur les cotes, di- vergentes et sillonnees transversalement de chaque cote ; Tautre valve a quatre dents semblables ; mais sillonnees d'un seulcote. Le ligament est exterieur et marginal. L'on ne connait qu'une seule espece vivante de Trigonie, et pendant longtemps elle a etc extremement rare, parce qu'elle ne se trouve que dans des parages peu visites jusqu'a ces dermers temps, et a de grandes profondeurs ; elle est fort agreablement nacree a Tinterieur, et la teinte de la nacre varie du jaune au violet et au blanc. « Lorsque Y Astrolabe arriva sur les cotes australes de la * Nouvelle-Hollande, disent MM. Quoy et Gaimard, nous n'ou- FlG* 658' Tri§onie peclin6e- bliames point que nous avions a rechercher Tanimal de la Trigonie, dont Peron n'avait rapporte que la coquille. Apres de nombreuses recherches, ce ne futqu'a la sortie du detroit de Bass, par un calme plat et pendant la nuit, qu'en jetant la FIG. 659. Charniere de la Trigonie pectinee. FIG. 660. drague par quatorze brasses de profondeur, nous amenames parmi d'autres co- quilles une fort petite Trigonie vivante. 11 fallait toute Inattention que nous ypor- 158 HISTOIRE NATURELLE. lions pour la reconnaitre a la lueur d'un fanal. Nous tenions tant a rapporter cetle coquille avec son animal , que lorsque nous fumes, pendant trois jours, en. perdition sur les recifs de Tonga-Tabou, c'estle seul objcl que nous primes de notre collection. Cefait ne rappelle-t-il pas cet ofticier, amateur de coquilles, qui porta constammentdanssa pocbe, pendant la guerre de Sept Ans, unePhasianelle, unique alors, et qu'il avail achelee vingl-cinq louis ! » e GENRE. nu*. Opis, Defrance. (Op*, Opis, surnom de la terre.) Coquille cordiforme ; charniere longue , ayant sur unc valve une grande dent comprirnee, un peu oblique, pyramidale, el a cote une cavite etroite et peu profonde ; 1'autrc valve a une grande cavile conique pour recevoir la denl de la valve opposee, et a cote une petite denl al- longee pres du bord. Le ligamenl est exterieur; lescrocbels sont grands, saillanls. F.G. 66i. Opis diiaiee. FIG. 662. Le genre Opis esl exclusivcment compose d'e^- peces t'ossiles; on en Irouve en France el en Angleterre. 3e GENRE. \^aA\a\e. Castalia, Lamarck. (Castalie, Fontaine du mont Parnasse.) Coquille equivalve, inequi- lalerale, trigone, ventrue ; la charniere a deux denls la- melleuses, Iransversalemenl slriees, Tune ecarlee, raccour- cie, lamelliforme, 1'autre al- longee el lalerale. Le ligamenl esl exterieur ; les crochets sont recourbes, obliques et ex- cories. Ce genre, tres-voisin du suivanl, devra sans doute elre reuni aux Muleltes. Les Cas- talies se trouvenl dans les eaux donees, au Perou et au Chili. FIG. 663. Charnisrc dc UCasUilie ambigue. FIG. 664. HIST01RE NATURELLE. CINQUIEME FAMILLE. Les Naiades habitent les eaux donees; elles ont unc coquille rcguliere, equi- valvc, inequilaterale et eouverte d'un epidemic verdatre, qui souvent est detruit et ronge sur les crochets; ('impression musculaire posterieure est multiple ou com- posee de deux ou trois impressions distinctes et inegales. Le pied lamelliforme est allonge. ler GENUE. . Unio, Bruguieres. (f/m'o, perle.) Coquille equivalve, incquilaterale ; la charniere a, sur chaquc valve, deux dents qui s'articulent entre elles quand la coquille est fermee : Tune cardinale, courte, irreguliere, simple, ou divisee et striee; Tautre laterale, allongee et lamelleuse. Le ligament est exterieur; les crochets, quelqtiefois tres-developpes, sont le plus sou- vent excories. Les Muletles ou Moules de riviere vivent dans les fonds vaseux des eaux douces FIG. 665. Charniere de la Mulette dent opaisse. FIG. 666. FIG. 667. Mulelte variqueuse. de tous les pays. On en connait un grand nombre d'especes qu'il est tres-diflicile debien distiuguer. Les transitions, presque insensibles par lesquelles on passe de Tune a Tautre, dit M. Deshayes, feraient presque croire a une espece unique, va- riant a rinfmi, selon les climats et les localites. 160 HISTOIRE NATURELLE. Les Mulettcs sont nacrees h Tinterieur, et cette nacre offre plusieurs nuances de pourpre violet, cuivre et irise. Ces coquilles produisent des perles, mais elles ont peu de valeur. Linne, ayant remarque que les perles n'etaient autre chose que des excroissances dues a uneblessure ou a une maladie de I'animal, avait propose de faire FIG. Mulctte li FIG. 668. Mulettes des peintrus. pecher un grand nombre de Mulettes, de les percer sur un point avec une tarierc tres-n'ne, de les parquer comme on le fait pour les Huitres, et d'attendrc le temps necessaire pour que les perles fussent formees. Ce precede, que le gouvernement suedois crut assez important pour en faire un secret, a bien reussi a fournir quel- ques perles ; mais la depense Temportant de beaucoup sur la recette que ces perles mediocres pouvaieut produire, on fut oblige d'y renoncer. Les plus belles especes viennent des grands fleuves de TAmerique. Les Motile* de riviere ne sont pas mangeables ; elles sont coriaces et ontun gout extremement fade. 2C GENRE. yuffi* Hyria, Lamarck. (Hyrie, nymphc de Thessalic.) Coquille equivalve, auriculee, obliquement trigone. La charniere a deux dents : Tune cardinale, decoupee en plusieurs parties ; Tautre laterale, fort longue et lamel- liforme. Le ligament est exterieur, lineaire ; les crochets sont assez developpes et presque toujours excories. Fin. f>70. Hyri« avirnlaire. HISTOIRE NATURELLE. 161 Les Hyries, voisines des Mu- lettes par leur charniere, ont aussi, par leur forme, de grands rapports avec les Avicules. Elles sont brillamment nacrees a 1'in- terieur, et le hord cardinal, presque droit, est termine par des prolongements caudiforme's. Les Hyries constituent un genre peu nombreux en especes; elles vivent dans les eaux donees des pays chauds. FIG. .671. Charniere de la meme. 3e GENRE. G/VDuodoiit>e'. Anodonta, Bruguieres. (A privatif; o^ou;, O^OVTO;, dent.) Coquille equivalve, inequilaterale, legere, mince et ventrue. Charniere lineaire, sans dents. Les crochets sont assez developpes, obliques et souvent excories. La charniere des Anodontes est sans dents, ainsi que I'indique leur nom generique; les valves ne sont articu- lees qu'a 1'aide d'un ligament etendu exte- rieurement. Les Anodontes sont minces, na- crees a I'interieur et couvertes d'un epiderme verdatre a 1'exterieur; elles vivent dans les eaux douces de tous les pays. On les mange dans quelques localites, quoiqu'elles soient dures et coriaces et que leur chair soit tres- fade. Les valves, grandes, profondes et legeres, sont les seules parties dont on puisse tirer quelque utilite; elles servent, dans le Nord, a ecremer le lait, et on les connait sous le nom , % FIG. 672. Charniere de 1'Anodonte exotique. 4e GENRE. c^ycetopoc)^. 'Mycetopus, d'Orbigny. (MUXYIS, u-uxero;, champignon; TTCU:, pied.) Coquille transverse, equivalve, inequilaterale, mince, presque close d'un cote, mais fortement baillante de Tautre. Charniere sans aucune dent ni saillie ; ligament lineaire, exterieur, occupant toute la longueur de la coquille. Impressions muscu- laires compliquees et tres-prononcees ; crochets peu developpes. Ces coquilles, dont la forme rappelle celle du genre Solen, ont de grands* rapports avec les Mulettes par r animal, dont on a compare le pied a un champignon, et i. 21 162 HISTOIRE NATURELLE. avec les Anodontes par 1'absence de dents a la charniere ; elles en different par la |forme et la disposition des impressions musculaires. FIG. 674. Mycetopode soleniforme. Les Mycetopodes vivent enfonces dans 1'argile durcie , et montent et descendent dans la cavite cylindrique qu'ils ont creusee, comme le font les Solens. Us vivent en grand nombre dans les memes lieux, et habitent les eaux douces de rAme'riqtie nieridionale. FIG. 673. Mycetopode silique £ENRE. utime . Iridina, Lamarck. (7m, couleur irisee de la coquille.) ique. Coquille transverse, equivalve, inequilaterale. La charniere est longue, lineaire, un peu retrecie au centre, et garnie de petits tubercules ou de crenel ures. Le liga- FIG. 675. Cliarniere de 1'Iridine exolique. ment est exterieur et marginal. Les crochets sont peu developpes et presque droits. Les Iridines sont de fort jolies coquilles fluviatiles ; nacrees, pourprees ou irisees a Tinterieur, elles sont revetues a Texterieur d'un epiderme d'un brun verdatre plus ou moins fonce et le plus souvent excorie pres des crochets. Les Iridines ap- partiennent exclusivement aux eaux douces de TAfrique. SIXlftME FAMILLE. Les Camaces out une coquille inequivalve, tres-irreguliere parcc qu'elle est adherente. La charniere presente chez quelques-uns une grosse dent slriee ; les autres n'en ont point. HISTOIRE NATURELLE. 165 Us etablissent le passage des Conchiferes dimyaires aux Conchiferes monomyai- res. Ces coquilles vivent en groupes nombreux et iixe'es aux rochers par la valve inferieure ; quelquefois elles sont les unes sur les autres. Cette petite famille et celle qui la suit fournissent une preuve de cette verite si bien exprimee par La- marck, que nulle part la nature ne passe brusquement d'un ordre a un autre sans laisser quelques traces de celui qu'elle termine au commencement de celui qu'elle etablit. ler GENRE. (Dictate'. Diceras, Lamarck. (Ai;, deux ; xepa;, come.) Coquille inequivalve, adherente ; charniere compose'e dans la plus grande valve d'une dent fort epaisse, concave, subauriculaire et faisant saillie. Deux impressions musculaires. Les crochets sont coniques, tres-developpe's, divergents, et contournes en spirale irreguliere. La forme de cette coquille semblerait la rapprocher des Isocardes; mais elle en differe sensiblement par la charniere, et parce qu'elle est adherente. Les Dicerates COnnueS SOnt tOUteS foSSileS , elleS adhe- FIO. 676. Dicerate arietine. FIG. 677. rent aux corps etrangers par un petit point de Tune des valves. 2e GENRE. Come'. Chama, Bruguieres. (ChamcB, nom ancien de ces coquilles.) Coquille tres-irreguliere, inequivalve et adherente. La charniere n'est composee que d'une seule dent epaisse, oblique et tres-rugueuse, s'articulant dans une fos- sette de la valve opposee. Le ligament est exterieur et enfonce sous les crochets, qui sont recourbes et inegaux : Tun d'eux seulement fait saillie. Les Games sont tres- singulieres par leur for- me accidentee. Elles sont presque toutes ru- gueuses a Texterieur, ecailleuses ou epineu- ses. Elles vivent a une petite profondeur, et on les trouve attachees en groupes, et par leur plus grande valve, aux rochers ou aux coraux, sur lesquels elles for- des masses COri- FIG. 678. Came feuilletee. • FIG. 679. Charniere de la Came feuillelce . 164 HISTOIRE NATURELLE. siderables. Leur developpement irregulier tient a ce qu'elles se genent mutuelle- ment dans leur accroissement. 3a GENRE. idcew . Cleidothcerus, Sowerby. (KXsi;, clef; 6aipd<;, charniere.) Coquille inequivalve, irreguliere, adherente ; une dent cardinale libre recue dans une fossette de la valve opposee. Un osselet calcaire allonge, irregulier, retenu dans des impressions profondes de chaque valve par un ligament convexe ; deux impressions musculaires sur chaque valve ; ligament externe. On ne connait qu'une seule espece dc ce ^ genre qui represenle a Texterieur <^A une Came senestre, mais qui dif- FIG. 680. cieidothere bianc. FIG. 68i. FIG. 682. fere essentiellement des Games par la presence de Tosselet loge dans la cavite des crochets, et retenu par un ligament particulier. Le Cieidothere vient des mers de 1'Inde. 4e GENRE. Ci^en'w. Etheria, Lamarck. (Ethdrie, nymphe, une des Oceanides.) Coquille adherente par Tune ou Tautre valve, irreguliere, inequivalve. Charniere subsinueuse, sans dents. Le ligament est exterieur, irregulier, et penetre en partie dans la coquille. Les crochets sont courts, comme enfonces dans la base des valves et excories. Les fitheries ont a peu pres la forme des Huitres, dont elles se distinguent par FIG. 683. Etherie de Carteron. FIG. 684. la presence de deux muscles adducteurs des valves. Ces coquilles sont nacrees et souvent comme boursouflees a rintericur ; leur surface externe est ecailleuse. HISTOIRE NATURELLE. 165 Elles vivent dans la mer, attachces aux rochers, a de grandes profondeurs ct en groupes nombreux. On en trouve dans le haut Nil et dans le fleuve Senegal. Les negres savent appreter ces coquilles et les rend re supportables meme pour les Europeens. DEUXIEME ORDRE. — ACEPHALES MONOMYA1RES. Tous les Mollusques de cet ordre n'ont quun muscle adducteur des valves ; cc muscle semble traverser leur corps , et son point d'insertion unique sur chaque valve est marque par une impression subcentrale. Les coquilles qui appartiennent aux animaux de cet ordre sont generalement irregulieres, inequivalves, et d'un tissu ordinairement feuillete. Le systeme nerveux des Mollusques de cet ordre n'est plus symetrique comrne celui des Acephales dimyaires. Cependant ces derniers carac- teres ne sont pas rigoureusement exclusifs, car parmi les Acephales monomyaires, on remarque des coquilles equivalvcs, regulieres, etdont le tissu n'est pas feuillete, et des animaux dont le systeme nerveux est symetrique. La forme du pied et les rapports de cet organe avec le manteau ont servi a eta- blir trois groupes principaux d'Aeephales dimyaires. Les caracteres generaux qui servent a former des groupes analogues parmi les Acephales monomyaires sont tires des rapports du ligament avec la coquille. En effet, les uns (tre section) ont un ligament marginal allonge sur le bord et sublineaire ; les autres (2e section) ont un ligament non marginal, resserre dans un court espace, sous les crochets. La 5e sec- tion se compose des coquilles dont le ligament, la charniere et Tanimal sont pen connus. PREMIERE SECTION. Toutes les coquilles de cette section ont un ligament marginal allonge sur le bord sublineaire. PREMIERE FAMILLE. La famille des Tridacnes se compose des bivalves les plus grandes et les plus pesantes, car on a vu des especes qui avaient un metre quarante centimetres de longueur, et qui pesaient deux cent cinquante kilogrammes. Les Tridacnes, connus aussi sous le nom de Benitiers, parce que les grandes especes de cette famille sont employees comme beni tiers dans quelques eglises, se composent des genres Tridacne et Hippope. IVapres Lamarck, les Tridacnes se- raient adherents a Taide d'un tendon byssoide, tandis que les Hippopes seraient libres. Les Tridacnes, pendant le jeune age, il est vrai, vivent attaches aux ro- chers a Taide d'une forte expansion tendineuse qui sort de la coquille par une large oiiverture placee pres de la charniere. Us sont fixes avec tant de force, qtfil faut, 166 HISTOIRE NATURELLE. pour les detacher, couper le tendon. Ces deux genres devront etre reunis en un seul, car le caractere qui les distingue est sans valeur, ranimal etant le meme dans 1'un et Tautre genre. M. de Blainville ade plus remarque que, si les Tridacnes sont fixes aux rochers pendant leurjeune age, il n'en est plus de meme lorsqu'ils attei- gnent de grandes dimensions, et par consequent un age avance. J'ai fait la remar- que, dit le savant professeur, que, dans les jeunes individus, Touverture de la lunule esl proportionnellement plus grande que lorsqu'ils sont d'une taille moyen- ne; et qu'a mesure qu'ils deviennent plus grands, la lunule se denticule d'abord, se retrecit peu a pen, et finit par disparaitre completement. Les bords de la coquille se touchent bien exactement partout ; il faut done croire que la masse bysso'ide ne sort plus en dehors des que Tanimal a cesse d'adherer et est reste soutenu par les rochers. ler GENRE. uDacue'. Tridacna, Lamarck. (Tridacna, nom ancien de certaines Huitres.) Coquille reguliere, equivalve, inequilatcrale , transverse, a lunule baillante. Charniere a deux dents comprimees, inegales, intrantes. Ligament marginal exte- rieur. Les Tridacnes sont d'assez belles coquilles, souvent d'une tres-grande dimen- sion; leur forme est assez remarquable; leur bord superieur est toujours sinuenx ou onduleux : les unes ont des cotes rayonnantes, legerement ecail- leuses ; les autressont couvertes de grandes ecailles en forme de tuiles. On dit que leur chair, quoique coriace et peu agreable, est cependant une ressource pour les Indiens. Les benitiers de Teglise Saint- Sulpice sont les valves de 1'espece connue sous le FIG. 635. Tridacne gigantesque. FIG. 686. Tridacne mutique. nom de Tridacne gigantesque. Cette coquille remarquable fut donnee a Frangois Ier par la republique de Venise. Les Tridacnes vivent dans I'Ocean Indien ; on en connait quelques especes fossiles en Fraoce, en Egypte, et dans les terrains tertiaires des environs de Nice. II1STOIRE NATURELLE. 167 GENRE. e'. Hippopus, Lamarck. , cheval ; ir&u;, pied.) Coquille equivalve, reguliere, inequilaterale, transverse, a lunule close. Char- niere a deux dents comprimees, inegales et intrantes. Ligament marginal exte- neur. Les Hippopes ne different done des Tridacnes que par un caraclere qui n'existe que pendant un temps et qui n'est d'aucune valeur. On ne connait qu'une seule espece d'Hippope ; elle a des cotes nombreuses, est fort agreablement tachetee de rouge ou de jaune sur un fond blanc, et se trouve FIG. 687. Hippope maculee. FIG. 688. Proiil de la mfime. souvent couverte d'ecailles. Cette coquille n'atteint jamais les dimensions des Tri- dacnes; elle est plus vivement coloree, et sert aussi de petit benitier ou d'ornement de cheminee. L'Hippope maculee, la seule espece du genre, se trouve dans 1'ocean des Grandes-Indes. L1 animal des Tridacnes et des Hippopes offre de fort belles couleurs. Celui de la Tridacne safranee, decrit par MM. Quoy et Gaimard, est d'un superbe bleu de roi sur les bords, lineole en travers de bleu de ciel ; plus en dedans, est une rangee de lunules d'un jaune verdatre ; le centre est d'un violet clair^vec des lignes longi- tudinales ponctuees de brun. On a sous les yeux Tun des plus charmants spectacles que Ton puisse voir, lorsque, par une petite profondeur, un grand nombre de ces animaux etalent le veloute de leurs brillantes couleurs, et varient les nuances de ces parterres sous-mafins. Comme on n'aperc,oit que leur ouverture baillante, on ne peut pas se iigurer ce que c'est au premier aspect. DEUXIEME FAMILLE. Les Mollusques de cette famille ont le manteau adherent vers les bords, epais et fendu dans toute sa partie inferieure ; un pied linguiforme, canalicule, avec un 108 H1STOIRE NATURELLE. byssus en arriere do sa base. Le ligament est subinterieur, marginal, lineaire, et occupe une grande partie du bord. Cette famille se compose de quatre genres. 1er GENRE. Qoie'. Modiola, Lamarck. (Modiolus, mesure.) Coquille subtransverse, equivalve, reguliere, a cote posterieur Ires-court ; cro- chets presque lateraux, abaisses sur le cote court. Charniere laterale, lineaire, sans dents. Ligament presque interieur, rec.u dans une gouttiere marginale. Une im- pression musculaire sublate'rale, allongee et en hache. FIG. 689. Modiote de la Guyane. FIG. 690. Modiole cote blanche. FIG. 691. La coquille des Modioles ne differe de celle des Moules que parce qu'au lieu d'etre longitudinale comme ces dernieres, elle est transverse, et que les crochets ne sont pas terminaux. Les Modioles sont aussi bonnes a manger que les Moules. On en connait un grand nombre d'especes vivantes dans toutes les mers; quelques-unes sont fort belles et ornees de brillantes couleurs sous un e'piderme dont la nuance varie du noir au brim verdatre. Une des plus remarquables est la Modiole tulipe, qui est transpa- rente et presente des rayons de diverses couleurs, comme les petales d'une tulipe. On connait une vingtaine d'especes fossiles. 2e GENRE. dliboulV Mytilus, Lamarck. (Myt-ilus, ancien nom de ces coquilles.) Coquille longitudinale, equivalve, reguliere, pointuc a sa base, se fixant par un byssus! Les crochets presque droits, ter- minaux, pointus. Charniere laterale, plus souvent edentee. Ligament marginal , subinterieur. Une impression musculaire allongee en massue et sublaterale. Les Moules sont des coquilles bien con- nues; moins recherchces que les Huitres, FIG. 692. Mouic ronairc. dies ne sont pas moins utiles, puis- H1STOIUE NATURELLE. 109 qu'elles servent a Talimentation d'un grand nombre d'individus. La charniere consiste seulement en un sillon grele et allonge, qui se termine quelquefois au sommet de chaque valve par une petite protuberance a peine sensible, et qu'on ne peut regarder comme une dent. Le ligament est loge dans ce sillon et ne fait aucune saillie au dehors; il se pro- longe jusque vers le milieu de la coquille. L'animal de laMoule est ovale allonge; les lobes du manteau sont divises chacun, sur leurs bords, en deux feuillets dont rinlerieur est tres-court et porte une frange de petits filets cylindriques et mobi- les ; 1'exterieur est uni a la coquille, fort pres de ses bords. l/ouverture par laquelle s'introduisent 1'eau et les principes nutritifs qu'elle conticnt, fournit en meme temps ce fluide aux branchies. L'estomac est forrne par une membrane blanche, mince, comme opaline, et qui offre des plis longitudinaux. Le foie est comme gra- nuleux; il est compose de grains d'un vert plus ou moins fonce, contenus dans des mailles d'un tissu blanc ; il forme une couche assez peu epaisse qui entoure 1'esto- mac. Les intestins se dirigent vers la ligne mediane et dorsale , s'appliquent au- dessous du coeur, se recourbent, et se terminent par un petit appendice flottant dans la cavite du manteau, pres de la charniere. Le pied est la partie la plus re- marquable de P organisation des Moules ; il est petit , semi-lunaire lorsqu'il n'est pas en mouvement, mais il est susceptible de s'allonger beaucoup. II ressemble alors a une languette coniqueayant sur ses cote's un sillon longitudinal, et il est mis en mouvement par plusieurspaires de muscles qui tous penetrent dans son tissu et s'y entrelacent. Lorsque Tanimal veut s'attacher a un corps etranger, la pointe du pied se re- courbe pour saisir une secretion visqueuse fournie par une glande situee a sa base et la tirer comme un fil dans le sillon dont nous avons parle. II applique ensuite Tcxtremite de ce fil a la surface des corps environnants sur lesquels il veut se sus- pendre. Cette secretion, solidifiee aussitot, forme, en repetant cette operation plu- sieurs fois, une toufle de soie flexible que nous avons deja fait connaitre sous le nom de byssus. Lorsque quelque cause accidentelle dechire ce byssus, Tanimal peut le renouveler; mais on ignore si ces animaux ont la faculte de detacher ce faisceau de soie pour se fixer ailleurs. Les Moules paraissent ne pas jouir d'une grande sensibilite, ce qui s'explique assez par r absence de filaments tentaculaires. La meme Moule pond et feconde ses oeufs , qui sont enveloppes d'une gelee dans laquelle on voit, a Taide du micro- scope, les petites Moules avec leurs coquilles deja formees. Les Moules vivent eri groupcs nombreux sur les plages couvertes de rochers de presque toutes les cotes d'Europe, oil Ton en fait une grande consommation ; on les expedie meme a Tin- terieur, et ce commerce n'est pas sans importance. Quoique les Moules soient moins bonnes a manger que les Huitres et les Clovisses, ellesne manquent cependant pas d'amateurs; mais souvent, dans certaines loca- lites, ceux qui en mangent eprouvent des accidents tres-graves, dont nous croyons devoir parler. Un medecin de Bruxelles, M. Durondeau, qui a eu souvent Toccasion d'observer ces accidents, en fait la description suivante : « Les signes qui annoncent les effets nuisibles des Moules cuites sont un malaise on un engourdissement general qui se declare* ordinairement trois ou quatre heures apres le repas ; ces symptomes sont suivis d'une constriction a la gorge, de gonflement dans toute la tete e.t surtout i. 2-2 170 H1ST01RE NATURELLE. aux yeux, (Tune soif inextinguible, de nausees et quelquefois de vomissements. Si le malade n'a pas le bonheur dc vomir en tout ou en partie les Moules ingerees , la constriction de la gorge , le gonfleraent du visage , des levres , des yeux et de la langue augmentent au point de rendre la parole difficile ; la couleur de ces parties devient si rouge qu'elles semblent excoriees, et elle s'etend exterieurement, d'a- bord au visage, au cou, a la poitrine, puis au ventre et enfin a toute la surface du corps. Cette eruption esl le symptome le plus caraeteristique de la maladie; elle est constarnment accompagnee de delire, d'une demangeaison insupportable, et quelquefois d'une grande difficulte de respirer, ainsi que d'une extreme roideur, comme dans la calalepsie. Cette eruption ne peut etre comparee a aucune autre ; ainsi la peau, quoique de'ja tres-rouge, est parsemee de petits points d'un rouge plus fonce encore. On a vu des spasmes, des suffocations, des convulsions compli- quer cet etat, lui donner beaucoup de gravite et meme determiner la mort. Ces symptomes sont effrayants, mais ils ne sont cependant pas aussi redoutables qu'on le croirait; et si les soins convenables sont administres a temps, la guerison ne se fait pas longtemps attendre, quoique rengourdissement persiste quelquefois pen- dant plusieurs jours. « Letraitement consiste a faire vomir le malade et a lui donner, apres, de Teau vinaigree comme boisson, quinzeou vingt gouttes d'ethersur un morceau de sucre, et souvent il convient de le saigner. Ce traitement est habituellement suivi de tran- spirations abondantes; et aprescinq ou six heures tous les symptomes facheuxdispa- raissent , Tengourdissement seul persiste pendant quelque ternps.Le vinaigre parait neutraliser Teffet du poison, qui perd de son acti vitelorsque les Moules sont cuites. a La cause de cette qualite malfaisante des Moules a etc successivement, mais a tort, attribueVa la matiere colorante orangee de leur manteau, a leur corruption, a leur maigreur, aux phases de la lune, a une maladie particuliere de Tanimal, et surtout a la presence d'un petit Crabe du genre Pinnothere, qu'on trouve souvent loge dans leurs valves. Des observations suivies prouvent que les Moules ne pro- duisent ces facheux effets que lorsqu'elles ont mange du frai d'un animal tres- commun, Tfitoile de mer, appelee Qual par les pecheurs. « C'est depuis le commencement de mai jusqu'a la fin d'aout que les fitoiles de mer deposent leur frai; ce qui explique assez bien Topinion vulgaire que les Mou- les et beaucoup d'autres coquilles ne sont mauvaises que pendant les mois dans le norn desquels il n'entre pas dV. » & GENRE. dodouw. Lithodomus, Cuvier. (Ai8o;, pierre ; £waa, chambre.) Coquille oblongue, presque egalement arrondie aux deux bouts ; les crqchets places pres de rextremite posterieure. Les Lithodomes se suspendent aux pierres, les percent pour s'y introduire, et y creusent des cavites dont ils ne sortent plus. Une fois qu'ils y ont penetre, leur byssus ne prend plus d'accroisse- ment. ^ FIG. 692. Lilhodome lithophage. HISTOIKE NATURELLE. 171 4° GENRE, ytuuco. Pinna, Lamarck. (Pinna, aigrette.) Coquille longitudinale, cuneiforme, equivalve, baillante a son sommet, pointue a sabase, a crochets droits; charniere lateral e sans dents; ligament marginal li- ueaire, fort long, presque inte- rieur. Les coquilles de ce genre ont etc nommees ainsi a cause de la ressernblance du byssus avec 1'ai- grette que les soldats remains portaient a leur casque. On les connait aussi sous le nom de Jam- FIG. 693. Pinue bonneaux, a cause de la forme triangulaire de la plupart des especes, et de leur teinte brune et enfumee. Ces coquilles sont extremement minces, presque transparenles, et plusou moins couvertes d'ecailles tubuleuses et inclinees sur les cotes longitudinales. Elles par- viennent souvent a de tres-grandes dimensions : on en trouve qui ont plus d'un metre de longueur. Les Jambonneaux ont les plus grands rapports d'organisation avec les Monies ; ils ont un pied tres-developpe et s'attachent aux rochers a Taide de soies qu'ils filent. Le byssus long et soyeux de ces Mollusques est employe par les Napolitains et les Maltais pour faire divers tissus qui ne sont plus recherches aujourd'liui que comme objets de curiosite, mais qui sorit tres-moelleux et qu'on dit tres-chauds et tres-solides. La sole du byssus estd'une finesse etd'une egalite de grosseur remar- quables ; sa couleur vert-dore brillant est inalterable. Les Jambonneaux vivent a diverses profondeurs, fixes constamment par leur byssus et dans une position verticale, le gros cote de la coquille en haut. Us re- cherchent les fonds sablonneux et s'y reunissent en troupes nombreuses. La presence assez frequente d'un petit Crabe qui se loge entre les valves du Jam- bonneau a donne lieu au prejuge gcncralcment accreditequece petit Crabe, connu sous le nom de Pinnothere, est le gardien fidele de la coquille et le pourvoyeur de 1'animal. Lorsqu'il revient charge de butin, dit-on, la coquille s'ouvre a un signal convenu, le Pinnothere s'y refugie et fait le partage de ses provisions. II le previent aussi du moindre danger qui les menace, pour qu'aussitot la coquille se referme. II est certain qu'on trouve souvent dans les valves des Jambonneaux, comme dans celles des Moules, un petit Crabe dont Tenveloppe est si molle qu'il est oblige de chercher dans les coquilles un abri contre les attaques de ses ennemis. Mais une association raisonnee et des moyens de conservation aussi compliques ne parais- sent pas pouvoir s'etabiir entre des animaux de nature et de mo3urs aussi differen- tes , surtont lorsque la nourriture qui convient a Tun et a Tautre n'cst pas la ineme. 172 HIST01RE NATURELLE. TROlSlfcME FAMILLE. La famille des Malleaces, etablie par Lamarck, se compose de coquilles plus ou moins inequivalves, irregulieres, dont le test est feuillete, souvent mince, tres- fragile, et qui paraissent liees entre elles par de grands rapports. Presque tous les Malleaces se tixent aussi aux corps marins par un byssus. 1er GENRE, e. Crenatula, Lamarck. (Crenatus, crenele.) Coquille subequi valve, aplatie, feuilletee, un pen irreguliere. Charniere late- rale, lineaire, marginale, crenelee; crene- lures seriales creusees en fossettes , et recevantle ligament. Quoique les Crenatules forment le pas- sage de la famille precedente a celle des Malleaces, leur adherence aux corps marins n'a pas lieu par un byssus, et le contour des valves n'offre aucune ouverture. Elles FIG. 694. Crenatule modiolaire. FIG. 69b. Charniere de la meme. vivent en groupes nombreux dans les Sponges, dont le tissu les enveloppe en partie, et dont la mollesse permet Tecartement des valves. Les Crenatules sont minces, presque membraneuses, fragiles, feuillete'es, et plus ou moins irregulieres. Ce sont des coquilles encore rares et qui habitent les mers des pays chauds. 2e GENRE. vva\u. Perna, Bruguieres. (Perna, nom employe par Pline pour designer ces coquilles.) Coquille subequivalve, aplatie, irreguliere, feuilletee. Charniere lineaire, mar- ginale, composee de dents sulciformes, transverses, paralleles, non intrantes, entre lesquelles s'insere le ligament; un sinus situe sous rextremite de la charniere pour le passage du byssus. 1I1STOI11E NATUltELLE. 175 Les Perncs se distinguent facilemcnt par la structure de leur charniere, qui est eomposee, sur chaque valve, d'une serie de dents qui ne s'articulent pas entre elles quand la coquille est fermee, et s'appliquent seulement Tune sur Tautre lorsqu'elle FIG. 696. Perne aviculaire. FIG. 697. est ouverte ; et c'est exterieurement , et dans les intervalles de chacune de ces dents, que s'insere le ligament. La coquille des Pernes est lamelleuse et mince ; a I'interieiir, elle est unie et hrillante, et quelquefois nacree. La plupart des Pernes viennent de TOcean Indien et des mers de la Nouvelle-Hollande. 5e GENRE. e^vlle. Gervillia, Defrance. (Gcrville, nom d'un naturaliste.) On trouve dans les couches du calcaire compacte des communes de Sainte-Co- lombe et d'Amfreville, departement de la Manche, les traces d'une espece de co- quille bivalve qui ne se rapporte a aucun des genres connus. Malheureusement, FIG. 698. Gervillie aviculo'ide. on ne peut se procurer que les monies de ces coquilles, dont le test n'a pas resiste a la dissolution. Mais ces moules interieurs et exterieurs sont si bien conserves et exprimes, que Ton peut aisement en saisir tous les caracteres. Coquille inequilaterale, tres-allongee, un peu courbe et aplatie, baillanle tres- probablement a rexlremite anlerieure oil se trouve situee la charniere, et ou cha- que valve est un peu retroussee dans le plan de la courbure de la coquille. Trois fossettes obliques, qui ont du contcnir autant de ligaments, dont deux vis-a-vis les 174- HISTOIRE NATURELLE. crochets, et 1'autre un pen plus eloignee. Cinq a six petites dents obliques, au- dessous des deux premieres fossettes; deux longues, paralleles, et quelques autres plus petites, au dela de la troisieme fossette. Une impression musculaire vis-a-vis de la charniere. Les Gervillies ont des rapports , de forme seulement , avcc quelques Solens. (Defrance.) ¥ GENRE. at Catillus, Brongniart. (Catillus, petite ecuelle.) Coquille tantot aplatie, allongee on suborbiculaire, tantot bombee, cordiforme, subequivalve, inequilaterale, a crochets plus ou moins saillants. Charniere droite, peu oblique ou perpen- diculaire a 1'axe longi- tudinal ; son bord garni d'une serie de petites ca- vitestres-courtes, graduel- lement croissantes. Test fibreux. Les Catilles ont quel- quefois soixante centime- tres de longueur ; mais quelques especes sontbeau- coup plus petites. Quel- ques-unes sont cordifor- mes ; on ne les trouve qu'a Telat fossile, dans la craie blanche, en France et en Angleterre. FIG. 699. Catille striee. Fir,. 700. 5e GENRE. . Inoceramus, Sowerby (i';, tvo;, fibre ; xspaaoc, argile.) Coquille grypho'ide, inequivalve, irreguliere, subequilaterale, a crochets forte- ment recourbes et pointus. Charniere courte, droite, etroite, formant un angle droit avec Taxe longitu- dinal et presentant une serie de crenelures graduelle- ment plus petites, pour recevoir un ligament multi- ple. Test lamelleux. Ce genre est confondu avec. le precedent. On n'en trouve que des debris, dont la contexture lamelleuse est analogue a celle des Pernes. Ces coquilles, fossiles de la craie, ont etc brisees avant ou pendant le depot de la craie; car leurs debris sont presque tons isoles, et la craie les enveloppc completement. FIG. 701. Inocerame sillonnti HISTOIRE NATURELLE. 175 6« GENRE. uitcu)iiie. Meleagrina, Lamarck. (Melcagris, Pintade.) Coquille subequivalve, arrondie, ecailleuse en dehors, surtout pendant le jeune age, nacree a Tinterieur, a bord cardinal droit, presentant a son extremite sur chaque valve une echanerure calleuse pour le passage du byssus; charniere sans dents; facette du ligament FIG. 707. La meme jeune. FIG. 708. Charniere de la meme. marginale,allongee, presque exlerieure, et dilatee dans sa partie moyenne. Le genre Pintadine est pen nombreux en especes ; la plus remarquable est connue sous le nom d'Huitre perliere ou de Mere-Perle. Cette coquille, dit M. de Roissy, produit les veritables perles fines , aussi estimees que les diarnants chez presque tons les peuples, et que le luxe met aurang des ornements les plus precieux. Ces perles sont des excroissances nacrees, accidentelles, qui se trouvent quelque- fois dans I'inlerieur des valves, ou elles sont rarement libres et oil le plus souvent meme elles adherent a la substance meme de la coquille. La cause de ces protu- berances n'a pas ete bien determinee jusqu'a present; on croit qu'elles sont dues a une maladie particuliere de Tanimal, qui, en occasionnant une grande surabon- HISTOIHE NATURELLE. 177 dance de la matiere naeree, ne lui permet plus de s'appliquer par couches au fond des valves, mais la fait couler en gouttes qui se coagulent plus ou moins reguliere- ment. Quelques naturalistes pretendent que 1'animal accumule cette substance pour donner plus de force et plus d'epaisseur a sa coquille lorsqu'ellc a etc percee exterieurement par des vers inarins, ou qu'elle a ete fracturee par un accident quelconque. Les qualites essentielles qui constituent une belle perle sont d'etre grosse, par- faitement reguliere dans sa forme, soil ronde, ovale ou en poire, d'etre vivantc, et d'avoir une belle eau, c'est-a-dire d'etre extraite de 1'animal et d'avoir une teinte blanche a reflets brillants, semblables a ceux de 1'opale. S'il est rare de rencontrer toutes ces conditions reunies, il 1'est encore plus de rassembler un assez grand nombre de perles toutes du meme volume , egalement belles et bien assorties. Le plus souvent on ne trouve que des perles imparfaites , jrregulieres, appelees perles baroques , ou de petits grains de differentes tailles , appeles sentences de perles, ou meme des concretions irregulieres et trop fortement attachees au test pour en etre separees. Ce sont la forme particuliere, la grosseur et la rarete, plutdt que la substance et 1'eclat meme des perles, qui leur donnent une grande valeur ; car les valves larges et e'paisses de la coquille Mere-Perle sont infiniment moins recherchees, quoiqu'ellessoient absolument formees de la meme matiere etqu'elles presentent interieurement les memes reflets chatoyants. On en retire la nacre de perle du commerce, dont on fait des bijoux, des garnitures, et qu'on emploic dans divers ornements. 11 y a plusieurs autres genres de coquilles marines dont 1'interieur nacre pent produire, dans certains cas, des excroissances semblables aux perles : telles sont les Monies, les Huitres, les Pernes, etc., etc. Quelques coquilles fluviatiles du genre Mulette fournissent aussi des perles, mais ces perles sont d'une teinte laiteuse , sans eclat et pen recherchees. La Pintadine Mere-Perle, celle qui renferme les veri- tables perles orientales, se rencontre dans differents pays ; on en trouve dans le golfe Persique, sur les cotes de 1'Arabie Heureuse, sur celles du Japon ; mais c'est surtout dans le golfe de Manaar, ile de Ceylan, qu'est etablie la peche de perles la plus celebre et la plus productive. Nous entrerons dans quelques details a ce sujet , d'apres les relations authentiques de plusieurs voyageurs modernes. Le rendez- vous le plus considerable des barques occupees a la peche des perles est a la bale de Condatchy, a environ douze milles dc Manaar. Les banes formes par les Pinta- dines sont au fond de la mer, a une certaine distance du rivage, sur des rochers, oil elles se tiennent attachees par leur byssus. Le plus considerable de ces banes occupe en mer un espace de vingt milles vis-a-vis de Condatchy. Avant de com- mencer la peche, on reconnait la richesse des banes, et, s'ils sont en etat d'etre exploiters, on les met a 1'enchere ; quelquefois aussi le gouvernement trouve plus avantageux de faire la peche a ses frais et d'en vendre ensuite les produits aux marchands. Pour ne pas depouiller tous les banes a la fois, on les a divises en plu- sieurs portions tres-distincles, qu'on exploite successivement; ce qui laisse aux co- quilles le temps de grossir et permet d'en faire une re'colte a pen pres tous les ans. Elles atteignent en sept ans la taille convenable, et on assure que si on les laisse plus longtemps, les perles non adhcrentes augmentent de volume etdeviennent in- commodes a I1 animal, qui les rejette alors de sa coquille. La peche commence au mois de fevrier et doit etre finie au commencement d'a- i. 23 178 HISTOIRE NATURELLE. vril. Lcs pecheurs qui passent pour les meilleurs de tous sont ceux de Colang sin- la cote de Malabar. Au signal donne par un coup de canon, loutes les barques par- tent ensemble a dix heures du soir ; elles approchent des banes a la pointe du jour et commencent la peche, qui se continue jusqu'a midi. Un second coup de ca- non leur indique alors de revenir a la baie, oil les proprietaires les attendent ; on travaille aussitot a les dechargcr, car il faut qu'elles soient entierement vides avant la nuit. 11 y a vingt hommes sur chaque barque et un patron ; dix d'entre eux ra- ment et rcmontent les plongeurs, les dix autres descendent a la mer, cinq a la fois ; ce qui fait que, se reposant et plongeant ainsi alternalivement, ils conser- vent des forces jusqu'a la fin. II y a dans la barque plusieurs cordes liees a des pierres, dent les plongeurs se servent pour descendre plus rapidement au fond de Teau. Quand Tun d'eux s'apprete a plonger, il prend dans les doigts du pied droit line corde a pierre, et a Tautre pied est attache un filet en forme de sac ; il tient une seconde corde de la main droite, se bouche les narines avec la main gaucbe, et arrive rapidement au fond. La il remplit son filet avec une grande adresse, car il ne pent employer a ce travail qu'environ deux minutes, seul temps qu'il puisse passer sous 1'eau. II avertit qu'on le retire en tirant la corde qu'il tient de la main droite. Comme ces plongeurs sont accoutumes a ce travail depuis leur enfance, ils ne craignent point de descendre jusqu'a la profondeur de cinq a dix brasses et de repeter plusieurs fois ce penible exercice. Cependant ils font quelquefois des ef- forts si douloureux que, revenus dans la barque, ils rendent souvent le sang par la bouche, le nez et les oreilles. Ils plongent jusqu'a cinquante fois dans la matinee, et rapportent chaque fois une centaine de coquilles. Quoiqu'ils ne restent ordinaire- ment que deux minutes sous l'eau, il y en a quelques-uns qui y demeurent quatre ct cinq minutes. Au moment de la peche, il se trouve toujours sur le rivage des devins et des pretres de chaque caste, qui emploient differents exorcismes pour pre- server les plongeurs de la voracite des requins. Ces ariimaux inspirent une grande frayeur aux pecheurs, mais leur confiance dans les talismans et dans les prieres des devins est telle qu'ils negligent de prendre des precautions plus sures ; autrement au- cun Indien ne consentirait a descendre ; souvent meme la peche est entierement interrompue lorsqu'il arrive quelque accident. On fait differents marches avec les plongeurs et avec ceux qui louent les bar- ques ; quelquefois on les paye en argent, on bien on leur accorde un certain nom- bre de Pintadines encore fermees, en proportion de la quantite qui a ete pechee. II faut surveiller de tres-pres ceux qu'on emploie a ce travail, car ils se permettent tous un grand nombre d'infidelites ; souvent ils avalent les perles qu'ilsont pu saisir, meme au fond de la mer, en visitant les coquilles entr'ouvertes ; mais elles n'echap- pent pas pour cela aux recherches tres-minutieuses des marchands. Arrivees a terre,les Pintadines sont emportees par les proprietaires et dt5- posees sur des nattes , dans des espaces carres , entoures de palissades , chaque marchand ayant une enceinte parliculiere. Elles y restent jusqu'a ce que les ani- maux soient morts ; on peut alors ouvrir aise'ment les coquilles, ce qu'on ne pour- rait faire sans de grandes difticultes pendant la vie de Tanimal. Le Moll usque etant separe, on Texamine attentivement ; souvent meme on le fait bouillir, parce que les perles nori adherentes se trouvent quelquefois dans Tinterieur du corps et sous les lobes du manteau. Lorsque la recherche des perles libres et adherentes est achevee, on choisit les valves qui, par leur dimension, leur epaisseur et leur IUSTOIKE NATURELLE. H9 eclat, sont destinees a fournir la nacre du commerce. Le reste esl enlieremenl abandonne, et ces amoncellemcnls considerables de Mollusques repandent pendant quelqiie temps des exhalaisons funesles pour les environs. Malgre cetle odeur infecte el dangereuse, beaucoup d'lndiens vieunent, plusieurs rnois apres la peche, exa- miner les lieux ou elle s'est faile, avec I'espoir d'y trouver encore quelques perles oubliees. Les perles sont toujours perforees et entilees dans le pays meme, el les ouvriers noirs qui sont charges de ce travail 1'executent avec une adresse el une prompti- tude remarquables. Ce sont eux aussi qui detachent les perles adherentes; ils se servent, pour les nelloyer, les arrondir et leur donner le poli, d'une poudre oblenue en ccrasant des perles. La peche des perles de Ceylan n'esl plus aussi produclive qu'aulrefois, parce que le gouvernement hollandais a epuise les banes en les faisanl pecher trop frequent! ment. Cependanl le revenu qu'en retirent actuellemenl les Anglais est encore Ires-considerable, el ce commerce avec celtii de la cannelle sonl les plus imporlanls de Tile. Les mers de rin,de ne sont cependant pas les senles qui fournissent des perles ; on en peche dans plusieurs aulres parlies du monde , parliculieremenl en Ameri- que. Celles qui viennent de la Californie et de Tile d'Olahili sonl jusqn'a presenl assez raresdansle commerce, etn'ontni la regularity ni I'eclal des perles d'Orienl. Onraconle que Cleopalre, pour surpasser Anloine en magnificence, pril une des grosses perles qu'elle avail aux oreilles, la mil dans du vinaigre pour la dissoudre, et 1'avala. Celte anecdole, raconlee par les historiens du lemps, ne peul etre \raie ; car si les perles sont dccomposees par les acides, ce n'est qif apres un temps encore assez long, el le vinaigre n'esl pas assez forl pour les dissoudre. Les perles nean- inoins s'alterent avec le temps; elles perdenl de leur eclat lorsqu'elles sont porlees par des personnes donl la respiralion est acre, et Ton a remarque qu'elles sc ter- nissaienl aussi a la longue lorsqirelles n'elaienl pas souvenl portees. II y a des perles de diverses nuances; le plus generalement elles sonl blanches et nacrees ; on en a vu de jaunes, de verdatres el de noires. La difference de ces couleurs lienl sans doute a la nature du sol sur lequel vivait la coquille, ou a ce que ces perles n'onl ele enlevees que longlemps apres la morl du Mollusque, donl la decomposilion a nuance laperle. DEUXIEME SECTION. Celle section comprend loules les especes donl le ligament , non marginal , est rcsserre dans un court espace sous les crochets, et ne forme point de cordon tendi- neux sous la coquille. QUATIMEME FA MILL 1C. (]elle famille a ele elablie par Lamarck pour des Mollusques voisins des Huilres, mais donl la coquille generalemenl reguliere , d'un tissu compacte non feuil- lele dans son epaisseur, esl garnie de slries ou coles rayonnanles , el preseule le plus souvent une ou deux oreillelles au bord cardinal. 180 HISTOIRE NATURELLE. 1" GENRE. £oittelte. Pedum, Lamarck. (Nom lire de la forme de la coquille.) Coquille inequivalve, un peu auriculee ct baillante par sa valve inferieure. Crochets inegaux , ecartes. Charniere sans dents. Ligament en partie exterieur, insere dans une fossette allon- gee et canaliforme, creusee siir la face interne des crochets. Valve inferieure echancree pres de sa hase posterieure. Le nom de Houlette a ete donne a ces coquilles a cause de leur forme, qui rappelle celle du fer d'une houlette. Elles sont tres-rares, et vivent en- foncees dans les madrepores, auxquels elless'attacherit a Tai- de d'un byssus assez gros et Fio. 7C9. Houlelte spondylolde FIG. 710. Sa charniere. SOVCUX. On tl'OUVC leS HOU- letles dans la mer Rouge, TOcean Indien et les mers de la Nouvelle-Hollande. LV nimal des Houlettes est orne de couleurs assez vives ; les bords du manteau sont d'un vert bleuatre avec un lisere jaunatre a Texterieur ; en dedans, ils sont d'un beau vert eclatant horde de noir. Les cirres sont jaunes, avec une ligne brune sur la longueur. 2« GENRE. j?uue. Lima, Bruguieres. (Nom tire des asperites de ces coquilles.) Coquille subequivalve, auriculee, un peu baillante d'un cote entre les valves, a crochets ecartes. Charniere sans dents. Fossette cardinale en partie exterieure, re- cevant le ligament. Les Limes sont blanches ; leurs valves ont des cotes rayonnantes ou des ecailles petiteset rapprochees, qui rendent leur surface tres-rugueuse. F*G. 711. Sa charniere. FIG. 712. Lime subcquilaterale. FIG. 713. Lime enflee. L'animal n'est pas entierement contenu dans sa coquille, qui, toujours baillante, 1IIST01RE NATURELLE. 181 lui permet de fuire sorlir les appendices de son manteau, dont lepourtou rest garni de cirres tcntaculaires delies , roses et blancs. Les Limes volent, pour ainsi dire , dans 1'eau par les hattements brusques et reiteres de leurs valves. MM. Quoy et Gaimard , qui firent partie de {'expedition autour du monde commandee par M. Dumontd'Urville, racontent qu'ils furent obliges de courir apres des Limes pour s'en emparer. Les Limes viennent des mers d'Amerique, de K Ocean Indien et de la Nouvelle- Hollande; on en connait un assez grand nombre d'especes fossiles de France et d'Angleterre. 3e GENRE . Svl ttaicMlcmc'. Plagiostoma, Sowerby 'to;, oblique ; arc (A a, bouche.) Coquillernince, oblique, subauriculee, inequilaterale; charniere sans dents ; une fossette cardinale conique situee au-dessous des crochets, souvent en dehors, et recevant le ligament. r FIG. 714. Sa charnifere. Fio. 715. Plagiostome sillonne. Les Plagiostomes sont des coquilles qu'on ne connait qu'a Tetat fossile, et qui ont les plus grands rapports avec les Limes, dont elles different par Pabsence d'un baillement des valves pour le passage d'un byssus. 4e GENRE. £relyiie. Pecten, Bruguieres. (Nom tire de la forme.) Coquille inequivalve, auriculee, a bord inferieur transverse, droit, eta crochets conligus. Charniere sans dents. Ligament interieur, regu dans une fossette trigone. \t FIG. 716. Cliarniere du Peijrnt; coles rondes. FIG. 717. Peigne operciilaire. II y apeu de genres, parrni les Acephales, qui soient plus nombreux que celui des Peignes, et qui renferment autant d'especes rernarquables par Teclat, la variete 18*2 HIST01HE NATUKELLE. des couleurs, 1'elegance des formes , la regularite des cotes et la tinesse des stries» dont les valves sont ornees. La forme des Peignes eslcirculaire, plusou rnoins al- FIG. 718. Peigne Manteau b!anc. FIG. 719. Peigne Sole. FIG. 720. Peigne Mantelet. longee, et se termine vers le sommet par une ligne droite dont les extremites se prolongent de chaque cote de la charniere en deux appendices triangulaires, appe- les les oreillettes. Ces deux pieces, tantot egales,tantot inegales entre elles, fournissent deux divisions bien tranchees et utiles dans un genre aussi nombreux. Les valves sont regulieres, quoique dissemblables entre elles ; dans quelques especes, 1'infe- rieure est plus ou moins convexc, et la superieure plate : ces especes ferment exactement. Dans d'autres, elles sont toutcs deux convexes; mais on apercoit une echancrure particuliere sous Tune des deux oreillettes, ce qui etablit une difference entre chaque valve et les rend un peu baillantes dans cette partie. La surface de presque tous les Peignes est garnie de cotes et de sillons longitudinaux qui partent du sommet et divergent en rayons vers la circonference : ces cotes sont rarement lisses; ony remarque le plus souvent une multitude de ciselures, de stries, d'ecail- les variees a Tinfini. II iTy a point de dents a la charniere , et chaque valve ne presente qu'une fossette triangulaire dans laquelle se loge un ligament tres-fort qu'on n'apercoit point en dehors : quelques especes out a cet endroit deux ou trois petits tubercules obliques, assez sensibles, mais peu saillants. Les Peignes ne sont jamais adherents, ni par une de leurs valves, ni par unbyssus;ils sontentierement libres, et ont la faculte de changer de place sans qu'ils aient un organe saillant bien prononce qui puisse lenr servir de pied. Us peuvent se mouvoir avec agi- lite dans 1'eau , et meme , lorsqu'ils sont a sec, regagner le rivage; la prompte agitation de leurs valves est le moyen qu'ils emploient. Les pecheursattestentqu'ils s'echappent ainsi facilement de leurs mains et qu'ils s'elancent dans la mer. On pretend mcme que les Peignes viennent quelquefois a la surface, qu'ils entr'ou- vrent alors leur coquille de maniere a ce que la valve superieure serve de voile tandis que Tautre fait Toffice de nacelle (de Roissy). Les Peignes sont tres-delicats, et on les mange comme les Huitres. Leur coquille figure parmi les plus belles de nos collections. On donne aux Peignes le nom dePe- lerines, parce que les pelerins qui visitent les lieux de devotion dans le voisinage de la mer ont Tusage d'orner leurs habits et leurs chapeaux avec les valves de ces coquilles. On trouve des Peignes dans toutes les mers,et les cotes de France en fournissent de fort beaux. On en commit aussi un grand nombre de fossiles. IIISTOIRE NATITRELLE. 185 5e GENRE. Aiumtc. Hinnites, Defrance. (//inwa, mule.) Coquille ovale, irreguliere, adherente par la valve droite, inequivalve, subequj- laterale, exaclement fermee. Bord cardinal droif, sans dents, termine de chaqtie FIG. 721. Hinnitc irreguliere. FIG. 722. cote par des oreillettes ; ligament epais, content* dans une gouttiere etroile et tres- profonde. Lc genre Hinnite a etc etabli par M. Defrance pour quelques cpquilles dont les caracteres ne s'accordent pas parfaitement avec ceux des Peignes , puisqirelles sont adherentes, raais qui ont avec eux les plus grands rapports. 6C GENRE. $({ cahtlV. Plicatula, Lamarck. (Plicatus, plisse.) Coquille epaisse, adherente, irreguliere, sans oreillettes, retrecie au sommet, arrondie et plissee en arriere. Valve inferieure sans talon, mais avec une facette externe ; charniere formee de deux fortes dents formant une fossette intermediaire pour le ligament. Une seule impression musculaire centrale. Les Plicatules sont de petites coquilles dont les valves sont comme plissees ; elles sont toutes marines et viennent des mers d'Amerique. Les especes fossiles se trou- vent dans les couches anterieures a la craie, dans la craie et dans les couches pins nouvelles. FIG. 723. S;i charniere. FIG. 724. Plicatnle en crele. 181 HISTOlliE NATUUELtE. 7e GENRE. O/pouDi/li'. Spondylus, Linne. :, jcton flc scrulin.) Coquille inequivalve, adherente, auriculee, epineuse on rude, a crochets ine- gaux , la valve inferieure offrant une facette cardinalc extcrne on talon aplati et divise par un sillon, et grandissant avec Page. Charniere ayant deux fortes dents sur chaque valve et une fossetteinter- mediaire pour le ligament , commu- niquant par sa base avec le sillon externe. Ligament interieur, dont les restes anciens se montrent au dehors, dans le sillon. Les Spondyles, aussi connus sous le nom diHuilres epineuses, sont des co- quilles tres-recherchees dans les col- lections, a cause des longues epines qui les convreiil et de la varictc de leurs conleurs. Les Spondyles vivent, comme les Huitres et les Games, fixes sur les ro- cbers et les corps sous-marins; sou- vent ils sont groupes les uns sur les autrcs. Leur chair est moins bonne que celle des Huitres; cependant on les mange. Les Spondyles sont descoquilles marines, qui ne se trouvent que dans les mers des pays chauds. La Mediterranee en fournit une fort belle espece. Les Spondyles fossiles appartiennent aux couches plus nouvelles que la craie. FIG. 725. Charniere du Spondyle orange. FIG. 726. Spondyle royal. II est difficile d'en trouver une collection plus complete que celle de M. Ben- jamin Delesserl ; aucun rnusee n'en presente un aussi grand nombre d'especes, 1I1STOIRE NATURELLE. 185 ni d'aussi riches varie'tes. L'espece la plus remarquahle de ce genre est nommee Spondyle royal : M. Delessert possede les deux plus beaux echantillons qu'on connaisse de cette coquille tres-rare , car on en compte trois a peine dans les col- lections ou musees royaux franc.ais et etrangers. L'acquisition du Spondyle royal a donne lieu a un acte pen commun de devoue- inent a la science, et qui prouve le fol enthousiasme des collecteurs. M. R***, pro- fesseur de botanique d'une faculte de Paris, el plus savant que riche, voulut, sur la proposition d'un marchand etranger, acheter cette coquille a un prix tres-eleve, qu'on dit etre de 3,000 a 6,000 fr. Le marche debattu et le prix convenu, il fallait payer. Les economies en reserve ne faisaient qu'une faible partie de la somme, et le marchand ne voulait pas abandonner sa coquille sans en recevoir la valeur. M. R***, consultant alors plus son desir de posseder une espece unique encore que ses faibles ressources et 1'etendue du sacrifice, fit secretement un paquet de sa modeste argenterie, et alia la vendre pour completer la valeur de son acquisition ; et, sans oser en parler a sa femme,il remplac.a de suite son argenterie par des cou- verts d'etain, et courut chercher le malheureux Spondyle, qu'il nomma fastueuse- ment Spondyle royal. Mais Pheure du diner arriva : on comprend aisement la stupefaction de ma- darne R***, qui ne put expliquer de suite une telle metamorphose , et se livra a mille conjectures penibles. M. R***, de son cote, revenait heureux chez lui, et sa coquille bien emballee dans une boite placee dans la poche de sa capote ; mais, en approchant, il ralentit le pas, devint soucieux, songeant pour la premiere fois a la reception qui allait lui etre faite. Les reproches qu'il attendait etaient bien un peu compenses par la jouissance du tresor qu'il rapportait. Enh'n il arrive , et madame R*** ful d'une severite a laquelle le pauvre savant ne s'attendait peut-etre pas ; aussi son courage 1'abandonna: tout penetre du chagrin qu'il causaita sa femme, il oublia sa coquille, et, se plagant sans precaution sur une chaise, il eut la douleur d'etre rappele a son tresor en entendant le craquement de la boite quile protegeait. Heureusement le mal ne fut pas grand : deux epines seulement de la coquille fu- rent cassees, et la peine qtf il en eprouva fit a son tour tant d'impression sur ma- dame R***, qu'elle n'osa plus se plaindre , et ce fut encore M. R*** qui eut besoin de ses consolations. Nous reunissons aux Spondyles trois genres etablis par divers auteu^rs, sur des coquilles dont les caracteres ont etc mieux observes par M. Deshayes. Ce savant conchyliologiste a reconnu que \esPachytes de Cuvier, les Podopsides de Lamarck, et les Dianchores de Sowerby, avaient une charniere en tout semblable a celle des Spondyles, et que Tabsence du talon s'expliquait par la dissolution de cette partie de la coquille; fait qui, s'il n'est pas encore explique d'une maniere satisfaisante, n'est pas sans exernple dans les fossiles repandus dans les couches crayeuses. L'es- pace triangulaire qu'on remarque au crochet de la grande valve de ces coquilles, etaut rempli par la couche interne, formait ce talon singulier que 1'on ne voit que dans les Spondyles. On ne peut supposer aux Mollusques deux moyens de se fixer aux corps sotis-marins. II est certain, dit M. Deshayes, que dans les animaux mol- lusques actuellement connus , Tun de ces moyens d'attache exclut 1'autre ; les animaux qui se lixent par la coquille n'ont point de byssus ou de tendon, et ceux qui se fixent par un tendon ou un byssus n'ont point d'adherence immediate. Les figures qui suiv.ent ivprescntent les types de ces genres reformes; il conviendra 486 HISTOIKE NATUUELLE. de changer le nom generique de chacune de ces especes en celui de SpondyK FIG. 727. Pachyte epineux. FIG. 728. Podopside tronque FIG. 720. Dianchore slriee. CINQUIEME FAMILLE. acc-j. Toutes les coquilles de cette famille ont le test feuillete ou papyrace ; elles sont presque toules irregulieres et n'orit jamais d'oreillettes. Les unes sont adherentes aux corps sous-marins par leur valve inferieure, les aulres sont libres.L' animal des Ostraces n'a point de pied, point de siphon saillant ni de bras. ler GENHE. Cyt/i/pbee. Gryplicm, Lamarck. (Gryphite, nom ancien de ces coquilles.) Coquille non adherente, inequivalve; valve inferieure grande, concave, terminee par un crochet saillant, reconrhe ; la valve superieure petite, presque aplatie et oper- FIG. 730. Gryphee arqin'-c. FIG. 731. Gryphee an.t6o;, pierre.) Coquille inequivalve, orbiculaire-globuleuse, un peu deprimee en dessus, he- HISTOIRE NATURELLE. 195 rissee a Texterieur d'ecailles grandes, subangulaires, horizontales. Valve superieure plus petite, planulee, operculaire, munie a sa face interne de deux tuberosites incgales , subconiques, courbees et en saillie; valve inferieure plus grande, un pett ventrue, a ecailles rayonnantes hors de son bord, ayant sa cavite obliquement conique, et formant d'un cote, par un repli de son bord interne, une crete ou une carene saillante. Paroi interne de la cavite striee transversalement; charniere pen connue. Lamarck. Les Spherulites sont des coquilles fos- siles de la craie ; elles sont assez grandes Fic- 746- Sphcruiite de j«Uannet. et rares. Ces coquilles, d'apres M. Deshayes, qui en a fait une etude particuliere, n'apparticnnent pas a cette section, ni meme a Tordre des Monomyaires, et de- vraient, d'apres leur organisation, etre classees a la fin de 1'ordre des Dimyaires. 2e GENRE. . Hyalcea, Lamarck. (Hyalus, verre ) Petite coquille cornee, tres-mince, transparente , globuleuse ouallongee, ou- verte anterieurement, fendue sur les cotes ; Textremite posterieure tricuspide. Le Mollusque a deux grandes nageoires (pieds), placees de chaque cote de la bouche; la tete estpeu distincte et les branchies correspondent aux fentes laterales de la coquille. Les bords du manteau s'epanouissant par ces memes fenles, donnent naissance a un epiderrne mince qui recouvre exterieure- ment la coquille. Ces petits Mollusques FIG. 781. Hyalea trois poinles. FIG. 782. FIG. 785. Hyale globuleuse. Fio. 784. sont generalement d'un jaune bleualre ou violet. Les Hyales ne se trouvent generalement qu'a de grandes distances des rivages ; elles sillonnunt la surface de la mcr, avec une grande vitesse, a I'aidc de leurs na- 206 HISTOIRE NATURELLE. geoires, qu'elles agitent sans cesse.Au moindre danger, Tanimal retire ses nageoi- res sous la lame anterieure de la coquille, etcoule promptement au fond de la mer. Les Hyales vivent dans TOcean Atlantique , les mers de la Nouvelle-Hollande , et line espece, dont nous donnons la figure (784), estassez commune dans la Medi- terranee. On trouve peu d'Hyales a Fetal fossile. 2« GENRE OeoDote. Cleodom, Peron. (Cleodore, une des Danaides.) Coquille tres -mince, presque cartilagincuse, transparente , ayant la forme d'un demi-fer de lance. L'animal est gelatineux ; sa tete est distincte,etil a deux nageoi- res contractiles echancrees en cceur et attache'es a la base du cou. Ce charmant petit animal, dit Brown dans son Histoire natu- relle de la Jamai'que, a rarement plus d'un pouce de longueur, y eompris sa coquille. Son corps supporte une petite tete ronde, munie d'une espece de petit bee pointu et de deux petits yeux d'un tres-beau vert'. Ses epaules sont garniesde deux expansions membraneuses, transparentes, au moven desquelles Tanimal se nieut avec beaucoup de celerite dans Teau et a sa surface. Les Clcodores sont trcs-voisines des Hyales, et ces deux genres devront sans doute etre confondus en un seul. On les trouve dans toutes les mers ; on en connait pen de fossiles. 5« GENRE. CteWu*. Creseis, Rang. (Nom mythologique.) Coquille tres-eftilee , extremement mince, fragile et diaphane, en forme de cornet droit ou recourbe ; Tanimal a la meme forme que la coquille, et il presenle deMix expansions membraneuses, ou nageoires. Ces Mollusques sont tres-petits; leurs mou- vements sont vifs et saccades ; ils ont la fa- culte de se fixer aux corps flotlants a Taide de leurs nageoires, qui embrassent Tobjet auquel ils veulent s'attacher. Lorsqu'ils sont inquieles par Tapproche de quelque danger, ils rentrent spontanement leurs nageoires , et leur poids seul les fait descendrc vers le fond de la mer. FIG. 786. Crcsei? subult-c. HISTOIRE NATURELLE. 207 4e GENRE. C/tivietle/. Cuvieria, Rang. (Cuvier.) Tres-petite coquille en forme d'etui cylindrique, un peu aplatie pres de son ou- verture , qui est cordiforme , et dont les bords sont tranchants; le cote oppose a 1'ouverture est ferme par un diaphragme convexe a 1'exterieur, non terminal et deborde par Textremite du cy- lindre. L'animal est allonge ; il est muni de deux nageoires assez grandes, et d'un lobe intermediate demi-circulaire. Les branchies sont exterieures et placees a la base de ce lobe. Les Cuvieries sont tres communes dans la mer des Indes, 1'Ocean et les mers du Sud; on en con- nait une espece fossile des sables coquilliers du Pie- mont. Ces petites coquilles n'ont que quelques lignes de longueur ; la figure "que nous en donnons est forte- ment grossie. FIG. 787. Cuvierie colonetlc. 5e GENRE. Outline'. Euribia, Rang. (Euribie, (ille de 1'Ocean.) Coquille membraneuse, mince, transparente, reguliere et en forme de calotte renversee. L'animal est blanc ; il a deux nageoires hori- zontales a la base desquelles est la bouche ; le lobe intermediate est tres-petit ct de forme triangulaire. Les Euribies habitent TOcean Atlantique. FIG. . Euribie de Gaiidich.uid. 6e GENRE. Cp^^le. Spiratella, de Blaiuville. (Spira, spire ; telum, arme.) Coquille papyracee, tres-fragile , planorbique, subcarenee , enroule'e un peu obliquement, de maniere a etre largement et profondement ombiliquee d'un cote, et pour- vue de 1'aulre d'une spire un peu saillante et pointue; ouverture grande, elargie de chaque cote. L'animal est allonge, rnuni de deux na- geoires subtriangulaires, et il a sa parlie poste- rieure contournee en spirale. FIG. 7S9. Spirateiie 208 HISTOIRE NATURELLE. Le nom de Limacine avait etc donne a ce genre par Lamarck et Cuvier ; mais comme ees Mollusques ne rappellent point Tidee d'une Limace par leur aspect , et pour eviter la confusion que pourrait occasionner Tanalogie de nom, M. de Blain- ville a propose celui de Spiratelle. Les Limacines sont tres-communes dans les mers du Nord. 7* GENRE. OymBuli*. Cymbulia, Peron. (Cymbuldj gondole.) Coquille cartilagineuse, tres-transparente, oblongue, en forme de sabot, tron- quee au sommet, a ouverture laterale et anterieure. L'animal est transparent, termine en avant par une tete peu distincte, pourvue de deux tentacules, de deux yeux et d'une trompe ; en arriere, par un appendice natatoire filiforme et pourvu de chaque cote d'une nageoire fort large, sur laquelle les bran- chies sont disposees en reseau. On ne connut. pendant longtemps qu'une seule espece de ce genre ; elle avait ele trouvee pres de Nice par MM. Peron et 'IG' 79pe"rol.rabu Lesueur; depuis, MM. Quoy et Gaymard en ont decouvert plusieurs especes a Amboyne et a la Nouvelle-Hollande. DEUXIEME FAMILLE. l*r GENRE. CCo. Clio, Bruguieres. (Nom mythologique.) Les Clios sont des Mollusques sans coquille; leur corps est gelatineux, de forme oblongue; I'extr&nite posterieure se termine en pointe; Tante- rieure presenteun etranglement on cou qui supporteune tete gar- nie de plusieurs tentacules retractiles. La bouche est terminale. Deux nageoires triangulaires, placees sur les cotes du cou, sont en meme temps les organes du mouvement et de la respiration, car leur surface presente un reseau branchial qui communique avec le coeur. Les Clios ont le corps d'un beau bleu ou \iolet fence, mele de rouge vif. Ces petits Mollusques sont tres-nombreux dans les mers du Nord ; par les temps chauds et calmes, ils s'elevent en grand nombre a la surface de Teau, comme s'ils venaienty respi- rer, et replongent aussitot. Les Baleines en sont tres-friandes, et la grande consommation qu'elles en font a valu particulierement longire queue, a ces petits Mollusques le nom de Pdture de Baleine. HISTOIRE NATURELLE. 209 GENRE. Svueuiuodetiue. Pneumodermon, Cuvier. *, poumon ; $eptua, peau.) Mollusquc nu, a tete distincte. Bouche terminate, a deux levres. Deux faisceaux de lentacules retractiles places aux cotes de la bouche. Point d'yeux. Deux ailes opposees, petites, ovales, inserees sur les cotes du ecu. Deux lignes branchiales situees exterieurement sur la partie postcrieure du corps. Anus lateral, s'ouvrant au-dessous de Taile droite. Les Pneumodermes, comrae les autres Pteropodes, ont des mouvements rapides. On les trouve dans la Mediterranee et a Amboyne. FIG. 793. Pneumoderrae de Peron. DEUXIEME ORDRE. — GASTEROPODES. L'ordrc des Gasteropodes a etc etabli pour tons les Mollusques qui rampent sur an disque abdominal , oupied. Les Gasteropodes ont une tete assez distincte, sur- montee d'une ou de plusieurs paires de tentacules; presque toujours des yeux pla- ces, soita Textremite, soit a la base des tentacules, ou pres deces organes. Leur corps est droit ou spiral. Us ont des poumons ou des branchies, suivant le milieu dans lequel ils vivent. Les uns, et c'est le plus grand nombre, ont une coquille d'une seule piece, spirale ou conique, avec ou sans opercule ; les autres sont mis, avec une coquille interieure ou sans coquille ; d'autres enim ont tin test compose de plusieurs pieces ou valves. L'appreciation plus exacte de Torganisation des Mollusques a amene la suppres- sion de deux ordres etablis par Larnarck, celui des Trachclipodes, et celui des Hete- ropodes, qui sont reunis maintenant aux Gasteropodes. Nous avons deja fait observer que la nature ne precede jamais par des transitions brusques, et qu'elle ne passe d'un type d'organisation a un autre qu'en apportant dans celui qu'elle commence quelques-uns des traits de celui qu'elle abandonne. Les Mollusques qui commencent cet ordre nous en fourniront une nouvelle preuve par leurs rapports avec les Pteropodes. L'ordre des Gasteropodes est le plus nombreux en especes, et il renferme des Mollusques marins, tluviatiles et terrestres; il se partage en un grand nombre de families, dont nous allons donner successivement les caracteres. PREMIERE FAMILLE. L'organisation des Firolide's rappe41e celle des Pteropodes ; le pied dont ils sont munis presente encore la forme d'une nageoire, et il a une ventouse a son bord i. 57 210 HISTOIRE NATURELLE. superieur ; mais ce u'est qu'tine modification du pied des Gasteropodes ; les bran- chies sont externes, pectinees ou en forme de panaches. Parmi les Mollusques de cette famille, lesuns sont nus; les autres ont une coquille rudimentaire, beaucoup trop petite pour contenir r animal, dont elle ne rec.oit que les organes principaux. i" GENRE. cTlerBe. Sagitta, Quoy et Gaimard. (Nom lire de la forme.) Mollusquenu, allonge, gelatineux, transparent, cylindrique, a tete seulement indiquee par 1'appareil buccal. Queue horizontale, aplatie; quelquefois desnageoi- res laterales paires, on superieures impaires. FIG. 794. Fleche exaplere. Les Fleches vivent dans presque toutes les mers, et se montrent plus particulie- rement apres le coucher du soleil. Elles se fixent momentanement aux corps flot- tants a 1'aide de leur bouche. Ces petits animaux sont si transparents, qu'on les perd facilement de vue ; leurs mouvements ressemblent a ceux des Poissons. 2« GENRE. cWoj'. Firola, Peron et Lesueur. (Etymologic inconnue.) Mollusque nu, allonge, gelatineux, transparent, termine en arriere par une queue plus ou moins longue et pointue ; muni d'une ou plusieurs nageoires. La Fio, 795. Firole de Keraudren. bouche situee a Textremite d'une trompe. Point de tentacules, ou seulement deux rudiments tentaculaires porlant les yeux a leur base exterieure. Branchies en forme de panache, groupees avec le coeur sous le ventre. Les Firoles sont tres-transparentes, quoique teintees de couleurs irisees. Leurs rapports avec les especes du g-«nre suivant sont tres-evidents. Les mouvements de ces animaux s'executent a Taide de la nageoire placee vers le milieu de Jeur face abdominale, lorsqif elle est unique. On trouve ces Mollusques dans la Mediterra- nee et TOcean Atlantique. II est difficile de les bien observer, parce que leur corps gelatineux et hyalin passe en quelque sorte inapergu dans Teau de la mer, et que leur decomposition est tres-prompte. HISTOIRE NATURELLE. 211 5' GENRE, t^cvtiucu^e. Carinaria, Lamarck. , carene.) Coquille univalve, tres-mince, tres-legere, transparente, coriique, aplatie sur les cotes, a sommet reflechi, contourne en spirale. Ouverture oblongue. Le bord dorsal quelquefois carene. L'animal est allonge, gelatineux, transparent, et un peu comprime sur les cotes. La tete est retractile, se ter- mine en trompe tronquee ; elle est munie de deux tenta- cules a la base desquels se trouvent les yeux. Vers le mi- lieu de la face ventrale est at- tachee une large nageoiredont le bord posterieur se dedouble pour former un petit disque en forme de ventOUSC. TOUS FIG. 796. CaHnaire gondole. les visceres, formant une masse pedoncule'e, dorsale, sont contenus dans la co- quille. On connait un petit nombre de Carinaires ; la plus belle, et aussi la plus rare, vientdes mers de 1'Inde ; on la nomme Carinaire vitree ; elle a encore une valeur de mille a douzc cents francs. Les autres especes sont plus communes ; elles viennent des mers australes. On en trouve aussi assez frequemment une espece dans la Mediterranee : cette derniere a le corps blanc, transparent comme le cristal, a Texception de sa nageoire, qui est d'un rose pale. Les Carinaires viventloin des rivages ; elles nagent presque continuellement, et se h'xent quelquefois aux corps flottants a 1'aide de la ventouse de leur pied- na- geoire. DEUXlfiME FAMILLE. Cette famille ne se compose que d'un seul genre, dont les caracteres sont : GENRE cAotlWc. Atlanta, Lesueur. (Atlantides.) Coquille transparente, tres-fragile, disco'ide, comprimee, fortement carenee, a ouverture echancree ou fendue anterieurement, a bord tranchant. Spire terminee par un bouton au fond de 1'ombilic du cote droit. Opercule vitre, mince, fragile, portant Timpression musculaire dans son centre. 212 HIST01RE KATURELLE. L'animal a le corps comprime lateralement, spiral, portant une nageoire assez grande, foliacee, et munie d'une Tentouse a son bord posterieor; tele en forme de longue trompe ; deux len- tacoles cylindriques en avant d'yeux fort gros, com me pedicules a leur base ; bouche a Fextremite de la trompe ; les branchies, en forme de peigne, dans la cavile pul- monaire. Les Allan tes sont communes dans les mers chaudes, oil elles vivent en troupes nombreuses ; elles nagent avec rapid ite. TROISlfcME FAMILLE. Cette farnille ne comprend qu'un seul genre, dont les caracteres sont : GENRE ioe. Phylliroe, Peron et Lesueur. Fille de POcean.) Moll usque gelatine ux, transparent, tres-aplali sur les cotes. La tele est surmontee de deux tentacules qui rcssemblent a des cornes. Get animal nage vague- rncnt dans les eaux, et il a une trans- parence si grande qu'on n'apercoit guere que sa tele et ses branchies^ Fie. 798. Phyiiiroc piqneie. qui paraissent au travers de son corps. Sa nageoire caudale parait coupee comme celle de beaucoup de yK)issons. Ces Mol- lusques se trouvent dans la Mediterranee ct FOcean. QUATRIEME FAMILLE. Cette famille comprend lous les Mollusques gasteropodes dont les branchies sont symetriques, exterieures, et placees au-dessus du manteau, soit sur le dos, soil sur les c6tes, sans cavite particuliere. Tous les Tritoniens habitent la rner et ne respi- rentquePeau; ils n'ont point de coquille ; leur corps est allonge, et leur tete est munie d'une ou deux paires de lentacules. Quelques-uns de ces animaux habitent les rivages et rampent au moyen d'un pied assez developpe; d'autres habitent la haute mer et s'attachent aux fucus par un pied etroit ou allonge, ou bien ils nagent le corps renverse et le pied a la surface de la mer; dans ce cas, les bords de leur manteau et de leurs branchies leur servent de rames. mSTOIRE NATURELLE. 215 .. .-ft ler GENUE. Gfau-ciue. Glaucus, Lamarck. (Dieu marin.) Mollusque allonge, gelalineux, termine posterieurement par une queue grele. Tele distincte, munie de quatre tentacules coniques el. syme- triques. Branchies palmees, disposees par paires sur les cotes et servant aussi de nageoires. Les Glauques sont remarquables par I'elegance de leur forme et par les riches couleurs dont ils sont ornes. L'espece dont nous donnons la figure est d'un gris perle, avec deux bandes longitudinales d'un beau bleu. Ces animaux vivent en troupes nombreuses dans TOcean et la Mediterranee ; ils nagent avec assez de vitesse. FIG. 799. Glauqua ca(rtlo\). Chiton, Linne. (Oscabiorn, nom islandais. XITOJV, manteau de pierre.) Mollusque ovale-oblong, arrondi aux extremites, deborde tout autour par une peau coriace, souventcouverte d'epines ou de petits tubercules. Au centre, le corps est reconvert par une serie reguliere de pieces lestacees, imbrique'es, transverses, mobiles, enchassees dans les bords du manteau. Les branchies sont dispo- sees tout autour du corps, sous le rebord de la peau. Les Oscabrions s'allongent et se contractent comrne les Limaces, ou se roulent en boule comme les Cloportes. FIG. 808. Oscabrion cannele. FIG. 809. Oscabrion pirogue. FIG. 810. Oscabrion epineux. Le nom d'Oscabrion, donne aux especes de ce genre, vient de deux mots islandais : biorn, qui veut dire oursin, et oosk, qui signifie voeu ou soubait. II a etc cKoisi pour ces animaux, dit M. de Blainville, d'apres un auteur ancien, parcequ'un pre- jnge accorde, a Thomme qui peut avaler une pierre cachee dans le corps de ces Mollusques, Taccomplissement certain de tous ses desirs. Les Oscabrions vi vent dans la mer, pres des rivages ; ils adherent aux corps submerges. Souvent, dit encore M. de Blainville, ils restent a decouvert pendant toute une marec basse, et alors ils ne changent en aucune maniere de place. Leur adherence est tellement forte, qu'il IIISTOUIE NATURELLE. 217 est difticile de les detacher sans les dechirer. Ce mode d'adherence est evidemment forme', non-seulement par le pied lui-merne, mais surtoul par les bords du man- teau, qui forment une espece de ventouse. En eft'et, dans le moment oil ces animaux cherchent a s'attacher aux corps, on voit sortir de toutes parts 1'eau ou Fair corn- prime cntre le corps et le pied ou le manteau. Les Oscabrions se Iron vent dans toutes les mers, meme les plus froides ; mais les grandes especes appartiennent aux rners du Sud. On en trouve aussi une espece fossilea Grignon. 4e GENRE. ^Eoteffe. Patella, Lamarck. (Patella, petit plat.) Coquille univalve, ovale ou circulaire, symetrique, non spirale, recoil vrante, en cone surbaisse, concave et simple en dessous, sans fissure a son bord, et a sommet entier, incline anterieurement. L'animal a deux tentacules oculiferes a leur base exterieure ; ses branchies sont dispose'es en serie tout autour du corps, sous le reborddu manteau. Les Patelles sont les premiers animaux de la serie FIG. 811. Patelle ceil de rubis. FJG. 812. des Gasteropodes qui soient cou verts d'une veritable coquille calcaire et entiere- ment visible a I'exterieur. Cette coquille est lisse ou ornee de cotes rayonnantes et souvent couvertes d'ecailles ; ses bords sont fre- quemment garnis de dentelures, qui ne sont que le prolongementdes rayons. Elles presentent des cou- leurs vives et variees. L'interieur est tres-lisse, tres-brillant, et remarquable par la vigueur des FIG. 813. Patelle crepue. FIG. 814. teintes. Une Patelle renversee reprosente une coupe tres-evasee, et il y en a de fort grandes qui pourraient, au besoin, servir de plat ou d'assietle. Les Patelles vivent sur les rochers des bords de la mer; elles adherent si for- tement qu'on ne peut les detacher qu'en passant, entre le rocher et Tanimal , une lame decouteau qui, le plus souvent, divise le pied du Mollusque. Elles sont quelquefois en grand nombre sur le meme point, et un ancien auteur les compa- rait a des tetes de clous enfonces dans la pierre. Ce genre est tres-riombreux en especes qu'on trouve dans toutes les mers. i. 28 218 HISTOIRE NATURELLE. 11 est etonnant, dit M. Defrance, qu'on ne rencontre a 1'etat fossile qu'un petit nornbre d'especes de Patelles, quand celui des coquilles de ce genre a Petal vivant est si considerable. Elles se presentent dans les couches anterieures a la craie, dans la craie et dans les couches plus nouvelles. Se GENRE. ttUlToi'De'. Patelloida, Quoy et Gaymard. (Diminutif de patelle.) Coquille patelliforme, le plus sou vent mince etde'primee, symetrique, reguliere, et dont le sommet, median, est generalement incline en avant. LTanimal est assez semblable a celui des Palelles; une des differences consiste dans la presence d'une petite branchie pectinee, inseree au cote droit de la tele et saillant en dehors du sac cervical. Les coquilles de ce genre ressemblent tellernent aux Patelles, qu'on ne pent les distinguer re'ellement qu'en examinant les animaux. Les Patelloides connues viennent toutes des mers de I'O- FIG. 81b. Patelloide stellaire. 6e GENRE. Gpouawe. Siphonaria, Sowerby. (Stoov, siphon.) Coquille patello'ide, non symetrique, elliptique ou suborbiculaire, a sommet bien marque, un peu senestre et posterieur; une espece de canal ou de gouttiere sur le cote droit, rendu sensible en dessus par une cote plus elevee et le bord plus saillant; Tirnpression musculaire divisee comme le muscle qu'elle represente. L'animal est suborbiculaire, conique, plus ou moins deprime ; tete subdivisee en deux lobes egaux, sans tentacules ni yeux evidents ; bords du manteau creneles et depassant un pied subcirculaire, cornme dans les Patelles. Cavite branchiale transverse, contenant une branchie pectinee ega- lement transverse, ouverte un peu en avant du centre du cote droit, et pourvue a son ouverture d'un lobe cliarnu de forme carre'e, situedans le sinus entre le manteau et le pied ; muscle retracteur du pied en fer a cheval, et partage inegalement en deux parties separees par une espece de siphon. Les Siphonaires vivent dans les mers des pays chauds : on en trouve de fossiles aux environs de Dax . SIXIEME FAMILLE. Cette famille a ete etablie pour les Moll usque* ne respirant que Teau, et dont les branchies, placees, comme chez les Phyllidiens, sous le rebord du manteau, sont encore disposees en serie longitudinale, mais seulement sur le cote droit du corps. HISTOIRE NATURELLE. 219 ler GENRE. Ssfetuoutoucpe- Pleurobranchus, Lamarck. a, cote ; Cpay/^ia, branchies.) Mollusque charnu, ovale, elliplique, convert par un manteau qui deborde de toutes parts, et distin- gue par un pied large, le dehordant egalement; d'ou resulte un canal qui regne autour de lui, en Ire le manteau et le pied. Branchies sur le cote droit, in- serees dans le canal, et disposees en serie sur les deux faces d'une lame longitudi- nale. Bouche antcrieure, ayant la forme d'une trompe ; deux ten- tncules cylindriques, creux, fen- dus longitudinalement au cote externe , et attaches sur le voile qui couvre la Louche. La coquille est interne, dorsale, mince, apla- tie et rudimentaire, fort analogue a celle des Aplysies. n i FIG. 817. FIG. 818. Ce genre est peU nOmbreUX en Pleurobranche mamelonne. Plenrobranche de Meckel. especes; on en trouve quelques-unes dans la Mediterranee et la mer des Indes. 2e GENRE. CUPnelTe, Umbella, Lamarck. (Umbella, parasol.) Coquille petite relativement a 1'animal, qu'elle couvre en partie seulement, un pen irreguliere, presque plane, legerement convexe en dessus, blanche, avec une petite pointe apicale vers son milieu, a bords tran- chants ; sa face interne un peu concave et offrant un disque calleux , colore, enfonce au centre et entoure d'un liml)e lisse. L'a- nimal est fort epais, ovalaire, a pied tres- ample, lisse et plat en dessous, debordant de toutes parts et echancre anterieurement et en avant de la bouche. Branchies foliacees, disposees'en cordon entre le pied et le leger rebord du manteau, sur le cote droit ante- rieur. . On trouve une Ombrelle dans la Medi- terranee et une dans les mers de 1'Inde ; cette derniere, dont nous donnons la figure, est connue vulgairement sous le nom de Pa- rasol Chiliois. FlG. 819. Ombrellede Tlnde. 220 IHSTOIRE NATUUELLE. SEPTIEME FAMJLLE. Les Calyptraciens ont les branchies placees dans une cavite particuliere sur le dos, dans le voisinage du cou, et saillantes, soit seulement dans cette cavite, soil meme au dehors. Us ne respirent que Teau, et leur coquille est toujours recou- vrante et exterieure. 1er GENRE. Aa-auopbote. Parmophorus, de Blainville. (Parma, bouclier ; fero, je porle.) Mollusque epais, ovale, allonge, pen bombe en dessus et convert dans une plus ou moins grande partie du dos par une coquille exterieure, a bords retenus dans un repli de la peau ; manteau debordant tout le corps; tentacules epais, coniques, avec des yeux saillants a leur base externe. Coquille allongee, tres-deprimee, clypeiforme ; le sommet recule et incline en arriere. Oiiverture aussi grande que la FIG. 820. Parmophore austral. FIG. 821. La coquille vue de face et de prolil.Fio. 822. coquille; bords lateraux droits et paralleles : le posterieur arrondi ; Tanterieur tranchant, plus ou moins ecbancre, ou au moins sinueux. Les Parmopbores sont apathiques et fuient la lumiere en se cachant sous les pierres des rivages. Us vivent de Polypiers flexibles, dont leur vaste estomac et leurs longs intestins sont toujours remplis. On les irouve a la Nouvelle-Hollande, a la Nouvelle-Irlande et dans la mer Rouge. Les especes fossiles, que Ton ne ren- contre que dans les couches plus nouvelles que la craie, sont beaucoup plus petites et plus minces que celles que Ton connait a 1'etat vivant. 2e GENRE. Ciuatquiule. Emarginula, Lamarck. (Emargino. je rogne ; bord echancre.) Coquille ovale, conique, plus ou moins elevee, a sornmet incline en arriere ; ouverture grande, avec une echancrure a son bord anlerieur. L'animal est ovale, hombe; il a des yeux gros, places sur des tubercules a la base exterieure des tenta- HISTOIRE NATURELLE. 221 cules, qui sont courts et coniques. Le pied est large, et muni dans sa circonference d'appendices tentaculiformes. Le manteau est Ires-ample, et recouvre en partie la coquille par scs bords replies. On trouve des Emarginules dans presque toutes les Fio. 823. Emargbuie treiiiissee. FIG. 824. mers. Les especes fossiles sont peu nombreuses; elles \iennent de Grignon et de Panics. 5e GENRE. (Qenlatc. Dentalium, Linne. (Dens, dent.) Coquille tubuleuse, solide, lisse on striee, que Ton a comparee a une dent d'ele- pbant. Ce tube est plus ou moins arque, regulier, se terminant en pointe a son oxtremite posterieure , ouvert aux deux bouts, et presentant souvent a son extrc- mite la plus petite une legere fissure longitudinale. L'animal a une tete distiricte pediculee; bouche munie de tentacules ; point d'yeux ; branchies composees de cirres symetriques. On ne sail rien des habitudes des Dentales ; elles se ren- contrent sur les cotes sablonneuses de presque toutes les mers, mais surtout dans les pays chauds. Ce genre est assez nombreux en especes : nous citerons parmi les plus belles la Dentale elephantine, decrite par Linne, et la Dentale de Delessert, que nous avons decrite depuis peu. FIG. 825. Dentale striolec. Fio. 826. Denlale de Delessert. FIG. 827. Dentale elephantine. FIG. 828. Animal de la Dentals lisse. HISTOIKE NATCHELLE. 4e GENRE. t^iuct. Fissurella, Bruguieres. (Diminutif de fissura, fissure.) Cuquille patelliforme on en cone surbaisse, ohlongue, largement ouverte en dessous et perforce a son sommet pour le passage deTeau sur lesbranchies.L'animal est allonge, sa tete est tronquee en avant, les yeux sonl situes a la base exterieure de deux tentacules coniques. Les brnncbies, pectinees dans leurpartie superieure, s'elevent de la cavite bran- chiale, forrnent une saillie de cbaque cote du cou, et correspon- dent a Touverture superieure de la coquille, qui donne aussi pas- sage a Teau rejetee des branchies. Le manteau esl tres-ample et deborde la coquille; le pied est large et epais. Les Fissurelles ont les memes babitudesque les Palelles, et babi- FIG. 829. Fiwureiie.de Magellan. FIG. sso. tent les memes localites. Ce sont en general de jolies coquilles, ornees de rayons dediverses couleurs. On n'en connait qu'un petit nomhrc de fossiles. 5e GENRE, aoockoi;. Pileopsis, Lamarck. ;, chapeau; o^ic, aspect.) Coquille irreguliere , en cone oblique, plus ou moins eleve , a sommet incline et un peu spiral en arriere ; ouverture large, irregulierement arroridie. L'animal a la meme forme que la coquille; sa tete est distincle ctmunie d'une trompequi FIG. 851. Cabochon bonnet hongrois. FIG. 832. FJG. 835. Cabochon a trois c6tes. FIG. 854. termine la boucbe. Los tentacules sont gros et portent les yeux sur de petits rentle- ments places a leur base exterieure. Le pied est grand et mince. Les brancbies sont disposees en une rangee sur le bord anterieur de leur cavite , pres du cou. Ce genre n'est pas tres-nombreux en especes. On trouve ces Mollusques dans presque toutes les mers ; les especes fossiles sonl communes aux environs de Paris, a Parnes, a Grignon et a Houdan. Le Cabocbon a trois cotes, dont nous donnons la figure, a etc pendant long- temps considere commc une Patelle. IIISTOIUE INATURELLE. 2*5 Ce GENRE. A ippemce. Hipponix, Defrance. (hr-c,:, cheval ; ovu£, sabot.) Coquille univalve, conique, non spirale, concave et simple en dessous, a sommet porte en arriere; support adherent; impression musculaire en fer a cheval, tant dans la coquilleque dans le support. L'animal est ovale on suborbiculaire, conique FIG. 855. FIG. 836. Hipponice come d'abondance. FIG. 837. on deprime; le pied fort mince, un peu epaissi vers ses bords; tete globuleuse, portee a 1'extremite d'une espece de cou, de chaquecote duquel est un tentacule renfle a la base et tcrmine par une petite pointe conique : yeux surles renflements tentacu- laires ; le muscle d'attache en fer a cheval, et aussi marque endessus qu'en dessous. A la premiere vue, Jes Hipponices semblent etre des coquilles a deux valves; mais un examen plus approfondi demontreque la partie inferieurede cette coquillc, qui n'a d'ailleurs pas de charniere, n'est autre chose qu'un support secrete par le pied de 1'animal. Dans ce cas, le pied anticipe sur les proprietes du manteau, et produit une surface calcaire adherente, qu'on pent considerer comme une ebauche de Fopercule qui ferme Touverture d'un assez grand nombre de coquilles. L'ani- mal des Hipponices, dit M. Deshayes, reste done de toute necessite attache aux corps sous-marins, comme les Huitres et les Cranies. Cette maniere de vivre d'un Moll usque cephale, et la propriete qu'il ade secreler un support, lui donnent de la ressemblance avec une coquille bivalve sans charniere. Le support de ces Mollus- ques, tres-epais dans certaines especes, diminue insensiblement dans d'autres, et devient quelquefois tres-mince. Nous connaissons certaines especes qui, au lieu de secreter un support, s'attachent a d'autres coquilles et y creusent assez profonde- ment la place sur laquelle elles vivent. Cette impression offre exactement la meme forme et les memes accidents que le support. De ces especes a celles qui vivent se- dentaires et ne laissent point de traces sur les corps qui leur ont servi de point d'appui, il n'existe que bien pen de difference, et il est a presumer que dans Tor- ganisation de ces animaux cette difference n'est pas considerable. C'est ainsi que s'etablirait le passage des Cabochons aux Hipponices, et que se trouverait justifiee 1'opiniori de Lamarck, qui reunit ces deux genres en un seul, qu'il divise en deux sections. MM. Quoy et Gaymard ont decouvert des Hipponices a Tetat vivant, el, d'apres leurs observations, quelques especes du genre Patelle de Lamarck devrorit etre classees dans le genre qui nous occupe, lorsqu'on parviendra a trouver ces coquilles reunies a leur support. Jusqu'ici on ne connait que quelques especes vivantes d'Hipponices ; elles vien- nent de la Nouvelle-Hollande : les especes fossiles nc sont pas fares dans les envi- rons de Paris, de Bordeaux, el dans les faluns de la Touraine. 22* HISTOIRE NATURELLE. 7e GENRE. C' a/by p foe ee>. Calyptrwa, Lamarck. (Calyptra, voile.) Coquille irreguliere, cono'ide, quelquefois spirale, a sommet vertical et un peu posterieur, a base subcirculaire ou oblongue ; inte- rieur lisse, contenant vers le sommet une lame de forme tres-variable, en languette on en cornet, sur laquelle se trouve Fimpression musculaire. L'animal est ovale ou suborbiculaire, plus ou FIG. 838. FIG. 859. Calyplree rayonnante. moins deprime ; sa tete est large, bifurquee en avant ; les tentacules sont minces et portent les yeux sur un reriflement du milieu de leur-bord exterieur. Le pied est mince, surtout en avant. La cavite branchiale est tres-grande, elle s'ouvre largement en avant et con- tient une branchie formee de longs filaments roides et exsertiles. Un seul muscle d'insertion subcentral. FIG. 840. Calyptree cepacee. FIG. 841. Les Calyptrees n'ont point de couleurs remarquables ; elles sont generalementd'un blanc grisatre ou brunatre ; mais elles sedistinguent par la presence de la lame fixee au fondde leur cavite, lame dont la forme et le mode d'insertion ont fourni le moyen d'etablir quatre groupes principaux. Le premier eomprend les especes trocbiformes, avec une lame inte'rieure en spirale plus ou moins eteridue : lig. 838,839. Le second renferme les especes dont la lame adherente au fond de la cavite est ployee en gout- liere ou en demi-cornet: fig. 840, 841. Dansle troisierne, on place tons les Calyp- trees dont la lame interieure, infundibuliforme eten cornet, est adherente par son sommet au fond de la cavite : fig. 842. Enfin les especes dont la lame en cornet est adherente par un des cotes forment le quatrieme groupe : fig. 843. On trouve des Caly[> trees dans presque tou- tes les mers, et Ton en commit un assez bon nombre d'especes fos- siles des environs de FIG. 842. Calyplrec hispide. FIG. 843. Calyptree minre. Paris Ct de Bordeaux. HISTOIRE NATURELLE. 225 8e GENRE. . Crepidula, Lamarck. (Crepidula, petite pantoufle.) Coquille irreguliere, ovale ou oblongue, presque toujours convexe en dessus, ayant une spire peu formee et tres-inclinee sur le bord posterieur. La cavite est grande , a bords tranchants, et elle est en partie fermee par une lame ou cloison horizontal qui part du cote posterieur. L'animal est ovale, un peu spiral au sommet ; il a deux ten- tacules coniques portant les yeux a leur base exlerieure ; la tete est bifurquee, le pied peu epais et le manteau mince. Une branchie en panache, saillante hors de la cavite branchiale, et flottant sur le cote droit du cou. Les Crepidules habitent les bords de la mer, et se trouvent ordinairement sur les rochers, ou elles se iixent pour ne plus changer de place, et sur lesquels elles se moulent souvent. On les trouve dans toutes les mers, mais elles sont plus com- munes au cap de Bonne-Esperance et sur les cotes d'Amerique; on en connait quelques especes fossiles. 9e GENRE, em Ancilus, Lamarck. (Ancile, bouclier.) Petite coquille mince, en cone oblique , a sommet pointu et incline en arriere ; Touverture est large et a les bords tres-simples. L'animal est petit , entierement reconvert par la coquille ; il a deux tentacules courts, tronques, et portant les yeux a leur base externe. Le pied est court, elliptique et moins large que le corps. Les Anciles sont de petites coquilles fluviatiles, tres- FlG- 845> Ancile con transparentes, flexibles, qui ont de grands rapports avec les Patelles. On les trouve dans les eaux douces, particulierement en France ; elles rampent sur les pierres et les plantes aquatiques; le genre est peu nombreux en especes vivantes, et Ton n'en cite qu'une ou deux de fossiles. 10* GENRE. G^ciiiefc. Scutella, Broderip. (Scutella, ecuelle.) Ce genre a ete etabli pour une petite co- quille nacree et irisee interieurement, qui a beaucoup de rapports avec les Anciles, et dont la forme se rapproche de celle des Patelles, et plus encore de celle des Navicelles. Les Scutelles ont le sommet non spiral, peu eleve et incline en arriere. FIG. 846. Scntciie de Broderip. FIG. 847. 29 2-20 IIISTOIRE NATURELLE. HUITIEME FAM1LLE. La famille des Bulleens se compose des Mollusques dont les branchies , placees dans une cavite particuliere vers le cote posterieur du dos, sont recouvertes par le manteau. La tete de ces animaux est a peine distincte et sans tentacules. Les uns n'ont point de coquille, les autres en ont une qui se trouve cachee par le manteau ; d'autres enfin ont une coquille apparente spirale, mais renroulement est si lache qu'on ne trouve point de columelle. ler GENRE. oAocete. Acera, Cuvier. (A privatif, Xcpa;, come, tentacule.) Mollusque nu, sans coquille, divise en lobes distincts, dont les lateraux sont comme ailes inferieurement par les dilatations du pied. La tete est peu distincte, et indiquee par un disque tentaculaire anterieur. Les branchies sont placees sur le dos, un peu en arriere et a droite, et recouvertes par le rnanteau. Les trois especes connues viennent de la FIG. 848. Acere aplyj>iforme. 2e GKNRE. uec. Bulla>a, Briiguieres. (Diminutif de bulla, boule.) i Coquille tres -mince, tres- fragile, un peu enroulee en spirale d'nncote, sans co- lumelle et sans spire; a ouverture tres-ample. Cette coquille est cachee dans Te- paisseur du man lean et protege les branchies et les visceres princi- paux. L'anirnal est ovale-allonge, les lobes lateraux du pied se re- plient sur la coquille. Sa tele ne presente aucune apparence de tentacules ni d'appendices qui en tiennent lieu. I/estomac des Bui- lees presente une disposition tres-remarquable ; il offre interieure- ment une armurecomposee de trois petits osselels destines a broyer les aliments. On ne commit qif un petit nombre d'especcs de Bul- deni,e. lees, soit vivantes, soit fossiles : les premieres sont des mers dn Eu- rope et de TOcean Indien ; les secondes se rencontrent a Grignon, a Mouchy et dans les terrains tertiaires du Plaisantin. 3« GENRE, fujfc. Bulla, Bruguieres. (Bulla, boule.) Coquille ovale, globuleuse, generalement mince et fragile, plus ou moins com- HISTOlltE NATUKELLE. 22' pletenient enroulee, aspire ombiliqueeou peu saillante, ouverte dans toute sa lon- gueur; a bord droit, evase et trancbant. Fir,. 850. Bulle ouhlie. FIG. 851. L'animal a le corps ovale-oblong, obtus aux deux extremites. La tele est peu distincte, et le plus souvenl sans tenlacules apparents. Les branchies sont situees FIG. 852. FIG. 853. Bulle ampoule. sur le dos, un peu a dr,)ite et en arnere, sous la coquille, qui se trouve en partie caehee par le manloan. FIG. 854. Bui!,; lunderolc. FIG. 855. Rullu fast-ice 228 H1STOIRE NATURELLE. Les Bulles sont de fort jolies coquilles marines, ornees souvent des plus riches couleurs et de bandes rouges, noires ou blanches, separees par des fascies de cou- leurs diverses. L'une de celles dont nous donnons la figure est connue vulgaire- ment sous le norn de Bouton de rose. On ne connaissait qu'un petit nornbre de Bulles, mais les voyages autour du monde executes dans ces derniers temps ont enrichi les collections des plus belles especes. On trouve des Bulles dans toutes les mers, mais principalement dans FOcean In- dien et sur les cotes de TOceanie. Les especes fossiles sont assez nombreuses et communes, surtoul en France. NEUV1EME FAMILLE. Les Mollusques de cette famille ont les branchies placees dans une cavite parti - culiere, vers la partie posterieure du dos, et recouvertes par un ecusson opercu- laire et une coquille rudimentaire. Us ont des tentacules. 1er GENRE. JWifWie. Aplysia, Linne. (Aplysia, eponge.) Mollusque oblong, convexe endessus, aplati en dessous, ayant Tapparence d'une grosse Limace , horde de chaque cote d'un manteau large dont les expansions se FIG. 856. Aplysie tigrine. FIG. 857. replient sur le dos et servent parfois a la natation. La tete est distincte et surmontee de quatre tentacules auriformes au centre desquels so trouvent les yeux. Le pied est grand et calleux ; les branchies, renfermees dans une cavite dorsale, sont pro- tegees par une coquille rudimentaire situee sur le dos et recouverte par le man- teau. Cette coquille est tres-minee , cornee, transparente, jaunatre comme une pelure d'oignori ; sa forme est ovale , et elle est legerement recourbee vers Textre- mite. Les Aplysies se trouvent dans toutes les mers. Elles habitent les rochers des rivages et rampent sur les plantes marines ; quelques especes ont la faculte de na- ger. On les connait vulgairement sous le nom de Lievre marin. Autrefois on suppo- sait a ces animaux des qualites malfaisantes, et Ton croyait que le fluide visqueux HISTOIRE NATURELLE. 229 qu'ils repandeiit assez dbondamment lorsqu'on les touche pouvait bruler la peau : ce qui a fait donner a une espece des cotes de France le nom de depilante. Ce prejuge tient a ce que 1'on a generalement Thabitude de regarder comme. dangereux les animaux dont les formes sont extraordiriaires ou desagreables. Ce qu'il y a de vrai, c'est que les Aplysies peuvent, lorsqu'on les touche, rejeter un fluide acre et d'une odeur repoussante. \ 2e GENRE. ££)oPa6ePPe. Dolabella, Lamarck. (Dolabella, petite doloire.) Mollusque oblong , retreci en avant , elargi a sa partie posterieure et ayant les bords du manteau replies et serres sur le dos, et impropres a la natation. Tete assez distincte et surmontee'de quatre tentacules. Branchies dorsales , recouvertes par FIG. 858. Dolabelle de Hasselt. FIG. 859. Coquille de Dolabelle. un ecusson renfermant une coquille triangulaire, epaisse, calleuse, et presque en spirale d'un cote. Cette coquille rudimentaire a quelque ressemblance avec Tinstru- ment nomme doloire, a Tusage des tonneliers. Les Dolabelles ont les memes habitudes que les Aplysies; la forme de leur corps est aussi la meme, elles ne s'en distinguent que par la nature calcaire et la forme de la coquille. On les trouve dans les memes localites. DIXlftME FAMILLE. Cette famille a etc etablie pour les Mollusques dont les branchies, sous la forme d'un reseau vasculeux, tapissent la paroi d'une cavite particuliere dont Touverture se contracte ou se dilate a la volonte de Tanimal. Us ne respirent que Pair libre. Ces Mollusques sont nus ou presque entitlement nus, dit Lamarck: leur corps est allonge et borde sur les cotes d'un manteau le plus souvent fort etroit; ils ram- pent sur un disque ventral qui n'est pas separe du corps. Originaires des eaux , ils vivent habituellement dans leur voisinage; quelques-uns, cependant, habitent dans des endroits qui en sont eloignes , mais presque toujours dans des lieux frais et hurnides. 230 HISTOIRE NATUKELLE. ler GENRE. Ouclnde'. Onchidium, Buchannaii. (Par corruption de orchis, grosse olive.) Mollusque nu , sans coquille , elliptique , convexe en dessus , plat en dessous , horde de tous coles par le manteau. Tete aplatie, ayant deux tentacules cylindraces et retractiles. Yeux non obser- ves ; cavite pulmonaire occupant la partie posterieure de • 'animal sous le manteau, et s'ouvrant en arriere sous le rebord du manteau, par un oritice arrondi. Le genre Onchide est peu nombreux en especes, vivant toutes dans r Ocean Indien et sur les cotes de K Oceanic. FIG. 860. Onchide noiratre. FIG. 861. Parmacelle a pelil manteau. 2e GENRE. o*uicw>e(lk Parmacella, Cuvier. (Parma, petit bouclier; celo, je cache.) Mollusque allonge, oblong, renfle dans son milieu, ou il est reconvert d'une cuirasse arrondie, charnue, adherente seulement a sa partie posterieure, echancree au bord droit et contenant une petite coquille aplatie, calcaire, legere- ment courbe dans sa largeur. Tete assez distincte, por- tant deux pair-es de tentacules retractiles, les uns supe- rieurs, longs et oculiferes, les aulres anterieurs et courts. Pied tres-developpe et large; cavite pulmonaire sous la partie posterieure de la cuirasse, et s'ouvrant sous Te- cbancrure du bord droit. Les Parmacelles sont terrestres; elles habitent les forets du Bresil. On en trouve a Bourbon et a Madagascar, au hord des co u rants d'eau douce. FIG. 862. Coquille de Parmacelle. 5e GEiNHE. Miiutcc. Limax, Liune. (Nom anciennement employe.) Mollusque nu, charnu, contractile, allonge, cylindrique en dessus et aplati en dessous pour former le pied; convert d'une peau plus ou moins coriace, unie, FIG. 863. Limace roujie. HIST01RE NATURELLE. 251 sillonnee, tuberculeuse, suivant Jes especes; muni anterieurement (Tune cui- rasse ou bouclier coriace. Tete distincte ; quatre lentacules, les posterieurs grands et oculiferes au sommet. Cavite branchiale situee sous la euirasse, a la partie ante- rieure du corps, et ouverte au cote droit. Lorsque Tanimal se contracte, la tete et les autres parties du corps se retirent incompletement sous I'e'cusson, qui contient ou une petite coquille rudimentaire, ou quelques corpuscules arenaces qui repre- senlent les elements desunis d'une coquille. Les Limaces, dit Lamarck, s'allongent et se trainent avec lenteur ; leur tete est garnie de quatre lentacules inegaux, qu'elles font sortir ou renlrer a volonte, et qui paraissent leur servir a palper les corps. On remarque que 1'animal les fait sortir ou rentrer a volonte, de la meme rnaniere qu'on developpe les doigts d'un gant. Le corps de ces animaux exprime, a la moindre contraction, une humeur glutineuse qui serta les faire adherer aux surfaces stir lesquelles ils rampent; cette have, devenue friable et luisante en se sechant, indique la trace qu'ils ont suivie. La poussiere, le sable, les brins de paille et tons les corps qui sont accidentellement agglutines par les Limaces, deviennent un irritant qui augmente la secretion visqueuse , les epuise promptement et les fait mourir. L'exposition prolongee au soleil produit aussi le meme effet. Les Li- maces sont assez communes dans tous les pays, mais particulierement dans les re- gions temperees. Elles se plaisent dans les pres, dans les bois, sous les pierres, dans les fentes des rochers et dans tous les lieux sombres et humid es. Les Limaces sont herbivores; elles mangent les jeunes pousses des plantes, et font de grands ravages dans les plantations et les jardins. Le meilleur moyen pour les eloigner ou les de- truire consiste a repandre autour des jeunes plants des cendres, du sable fin, des ecailles d'Huitres pilees ou de la paille hachee ; ces corps les tuent en epuisant la secretion visqueuse. On conseille aussi de placer dans le voisinage des semis, des espaliers ou des jeunes plantations qui soufifrent beaucoup de leur presence, des planches ou des pierres un peu ecartees du sol, et qui puissent leur offrir un abri sous lequel elles se retireront inevitablement pendant la grande chaleur du jour, ce qui permettra de les detruire facilement. Les Limaces se rencontrent particulierement le matin ou le soir, lorsque Tat- mosphere est chargee d'humidite : aussi les trouve-t-on en grand nornbre apres une pluie d'ete. Pendant Thiver, elles se retirent dans laterre et y supportent facile- ment une abstinence prolongee. Longtemps on a cru que les Limaces reproduisaient les parties de leur corps qui se trouvaient accidentellement detruites ou coupees : ce prejuge s'explique par la prompte contraction de Tanimal au moment de 1'opc- ration : ce qui ne permet guere a Texperimentateur que de couper les teguments. Des Limaces qui if ont point de coquilles, on passe, par des gradations insensi- bles, aux Helices, qui en ont une tres-developpee, et dans laquelle elles se retirent completementet s'abritent. Dans plusieurs especes on ne remarque aucune trace de coquille ; d'autres presentent quelques corpuscules granuleux et calcaires envelop- pes dans Tecusson ; dans quelques especes la reunion de ces grains forme une lame aplatie, ou coquille interieure rudimentaire ; chez d'autres, cette lame se montre a rexterieur et commence a se contourner en spirale. Elle se developpe graduelle- ment, et, comme le fait observer M. Deshayes, elle change de place lorsque Torgane dela respiration en change lui-meme, et elle finit par prendre insensiblemenl, et en passant d'une espece a 1'autre, un developpement assez considerable pour |>ou- voir contenir Tanimal tout entier. De ces divers degres qui exislent entre ces deux 252 HISTOIRE NATURELLE. extremes de la serie , de ces modifications diverses , on a fait autant de genres par- ticuliers. 4e GENRE. eoloc. Testacella, Lamarck. (Testa, coquille ; celo, je cache.) Mollusque semblable a une Limace, a tete distincle, ayant quatre tentacules, les deux plus grands oculiferes. Ouverture branchiale situee a 1'extremite posterieure et couverte par une petite coquille rudimentaire, blanche, aplatie, ovale,auri forme FIG. 864. Testacelle ormier. FlG.865. Sa coquille. et legerement spirale a son sommet. L'ouverture de cette coquille est tres-evasee. Les Testacelles different essentiellement des Limaces par la place qu'occupe Tou- verture de la cavite branchiale. Elles se tiennent presque constamment enfouies dans la terre, oil elles s'enfoncentplus ou moins, suivant les degresde chaleurou de froid, d'humidite et de secheresse, suivant en quelque sorte la marche des Lom- brics ou Vers de terre, dont elles se nourrissent et qu'elles avalent par succion. L'espece dont nous donnons la figure se trouve dans le midi de la France. 5e GENRE. S/^itaiw/e'. Vitrina, Draparnaud. (Vilreus, transparent.) Mollusque allonge, limaciforme, contourne posterieurement en spirale, en grande partie droit et ne pouvant entrer entierement dans sa coquille, qui se trouve plus FIG. 866. Vilrine vert ou moins recouverte par les appendices posterietirs du manteau. Quatre tentacules, les deux anterieurs fort courts. La coquille petite, tres-mince, deprimee et termi- nee superieurement par une spire assez courte. Ouverture grande, arrondie-ovale ; a bord gaucbe arque, legerement flechi en dedans. Les Vitrines forment un des points de transition des Limaces aux Helices ; leur manteau semble representer Tecusson des premieres, et la coquille, ne les conte- nant pas encore entierement, se trouve elle-meme recouverte en partie par une portion du manteau. L' orifice branchial est situe fort en arriere. IHSTOIRE NATURELLE. 255 Les Vilrines sont descoquilles terrestres qui babitent les lieux frais et humides; on en trouve en France, a Teneriffe, a la Nouvelle-Hollande, etc. L'espece dont nous donnons la figure est d'un beau vert ; son dernier tour est carene dans le mi- lieu. L'animal est aussi d'un vert emeraude, avec des reflets bleus. Cette espece vient des iles Celebes. ONZIEME FAMILLE. C^ Les Mollusques de cette famille ont une coquille spirale dont le bord droit de Pouverture est souvent recourbe ou reflechi en dehors. Quelques-uns ont un oper- cule ; les autres n'en ont pas. Le nombre des tentacules varie aussi de deux a qua- tre. Ces anirnaux sont tons terrestres; ils recherchent les lieux frais et couverts. Parmi les Colimaces qui n'ont point d'opercule persistant, quelques-uns s'enfer- menl pendant Thiver dans leur coquille, et secretent une membrane qui en bou- che Pouvcrture, n'est jamais adherenle au pied de Tanimal, et tombeau retourde la belle saison. La forme des Colimaces varie beaucoup : les uns sont subspheri- ques, les autres aplatis, d' autres tres-allonges ; quelques-uns enfin presentent des formes tres-irregulieres, mais ils ont toujours des airs de famille qui ne permettent pas de les meconnaitre. 1" GENRE. ftJiiw. Helix, Linne. (EXi£, circuit.) 9 Depuis Linne, le genre Helice a subi de nombreuses modifications , et il a etc en de- finitive reduit aux coquilles terrestres, deja fort nombreuses, qui sont orbiculaires, convexes ou conoides, qiielquefois globuleuses et a spire pen elevee. L'ouverture est entiere, plus large que longue, fort oblique, contigue a 1'axe de la coquille, et a ses bords desunis par la saillie de Tavant-dernier tour. L'animal des Helices res- FIG. 867. Helice chagrinee. FIG. 86R. Helice cKagrinee, »ariete. 30 254 HISTOIKE NATUKELLE. semble beaucoup a celui des Limaces; il a quatre tentacules : les poslerieurs, plus grands, portent les yeux a letir extremite; rnais Ja masse des organes les plus im- :F«G. 869. Helice magique FIG. 870. Helice emperenr. portants, quoique enveloppes par la peau, fait saillie vers le tiers moyen de la face dorsale, se contourne en spirale, et estcontenue dans la coquille. Lf orifice de laca- vite pulmonaire se trouve au bord droit du cou. Les Helices possedent, dit-on, cbmme les Li- maces, Tetonnante facultede regenererplusieurs parties de leur corps, meme les yeux et la bou- FIG. 871. Helice polygyre. FIG. 872. Helice mamelon. FIG. 873. Helice lamellee. FIG. 874. Helice pyramidelle. FIG. 875. Helice ongle. die, lorsqu'elles ont ete coupees. Ce que nous avons dit a ce sujet des Limaces s'applique aussi aux Helices, et nous croyons devoir conserver des doutes sur ce mode de regeneration, qui, sans etre im- possible, ne nous parait pas suffisamment observe et explique. Au commencement du printemps, les Helices ponderit des oaufs en assez grand nombre ; ilssont blancs, de lagrosseur d'un petit pois, et cou verts d'une enveloppe membraneuse qui durcit en se dessechant. Au moment de Teclosion, les petits sortent munis d'une coquille tres-mince, et sur laquelle on decouvre deja un commencement de spire. Les Helices sont herbivores et frugivores, et font de grands degats dans les jardins. Elles voyagent particulierement pendant la nuit, et lorsque ratmosphere est chargee d'humidite ; dans le milieu du jour elles s'abri- tent sous des pierres ou dans des lieux couverts. Des les premiers froids, les Helices se retirent dans les excavations des vieux murs, des rochers, sous Tecorce des ar- bres, et meme dans la terre, ou elles s'enfoncent assez profondement pour y passer Thiverdansun etat d'engourdissement et d'inaction complete. Elles ferment alors HISTOIRE NATURELLE. 255 I'ouverturc dc lour coquille a 1'aide d'une cloison calcaire on faux operculc qu'ellcs secretent, qui n'est point adherent a leur pied, et qui tombe au commencement du printemps. C'est pendant ce temps d'engourdissement qu'on cherche a se procurer les especes qu'on mange dans certains pays. (Test en general, dit M. de Blainville, pour aller a la recherche de leur nourri- ture, ou d'un individu de leur espece, que les Limac.ons sortent de leur retraite. Us sont avertis de la presence des corps exterieurs seulement par la finesse de leur toucher : en effet, au moindre contact d'une partie quelconque de leur corps, mais surtout de leurs tentacules, ils se retirent plus ou moins completement dans 1'in- terieur de leur coquille, et n'en ressortent que peu a peu et avec la plus grande precaution. Le choix qu'ils font de certaines plantes ne permet pas de douter qu'ils soient pourvus du sensdu gout. II parait qifils sentent a distance plutot qu'ils ne voient les corps, et que le siege de 1'odoratest dans la premiere paire de tentacules, et cela d'une maniere assez complete, puisque Ton sail que ces animaux sont atti- res d'assez loin par J'odeur des plantes qu'ils preferent. II n'est pas probable que Torgane de la vision, qui se trouve a Textremite des longs tentacules, leur soit drun grand usage. D'abord, c'est pendant la nuit qu'ils agissent le plus ; ensuite il est bien evident que la structure de 1'organe est bien incomplete, et P experience montre, en outre, qu'en approchant un corps de ces tentacules, le Limacon ne I'apergoit pas plus tot que lorsqu'on 1'approche de meme de la premiere paire. D'ailleurs, leur extreme timidite, les precautions qu'ils prennent, en marchant, d'etendre autant que possible les deux paires de tentacules en avant de leur corps pour explorer tous les obstacles , indiquent evidemment un animal a peu pres aveugle. Le genre Helice, elabli par Linue, a subi de nombreuses transformations, el Bru- guieres et Lamarck 1'ont reduit aux especes globuleuses et plus ou moins aplaties, et non turriculees, dont 1'ouverture, plus large que longue, est retrecie interieure- ment par la saillie convexe de 1'avant-dernier tour. La base, comme le fait obser- ver M. de Roissy, est toujours perforce dans le jeune age, meme dans les especes qui ne sont point ombiliquees etant adultes. Le bord droit forme un bourreletplus ou moins considerable lorsque 1'animal est parvenu a son accroissement complet ; avant cette epoque, ce bord droit est mince et tranchant. Le genre Helice est tres-nombreux en especes dont la forme varie beaucoup, et passe par des nuances insensibles des Helices globuleuses, ou a spire aplatie, a cel- les dont la spire est turriculee et tend a se confondre avec les genres qui suivent , et particulierement avec les Bulimes. Pour faciliter les recherches on a etabli trois groupes dans le genre : le premier comprend les especes globuleuses et celles qui se rapprochent de celte forme ; dans le second, on reunit toutes les especes a spire aplatie; dans le troisieme, entin, on rassemble les especes a spire un peu elevee , dont 1'ouverture est plus large que longue. Quelques especes d'Helices ont les tours de spire renverses de droite a gauche : on les dit alors senestres ; cette anomalie pa- rait accidentelle. Quelques Helices ont les tours desunis, souvent fort ecartes, et pre- senlent la forme d'un tire-bouchon : ce sont des varieles scalariformes (fig. 868). Les Helices se rencontrent sur tons les points du globe ; elles sont souvent ornees des plus belles couleurs; et si les especes communes de France n'ont rien de remar- quable, il n'en est pas de meme de celles de certains pays, qui ne le cedent en rien aux plus brillantcs coquillcs. La science doit au zele infatigable dc M. Curning , 236 1IIST01RE NATURELLE. naturaliste anglais, la deeouverte d'un bon nombre d'especes admirables qu'il rap- porta, il y a quelques annees, des iles Philippines, et qui peuvent etre considerees comme les plus belles du genre. Les Remains faisaient une grande consommation d'HeJices ; ils recberchaient ces animaux et les parquaient, pour les engraisser, dans des enelos nommes cochlea- ria. Pline dit que ce fut Fulvius Harpinus qui, le premier, mit les Escargots en vogue, et fit de grands frais pour trouver le moyen de leur donner certaines qua- lites auxquelles il attachait beaucoup d'importance. On dit qu'il ne les nourrissait qu'avec du son et de la lie de vin. Depuis, en Angleterre, Charles Howard, de la famille d'Arundel, donna un nouvel exemple d'un gout prononce pour une frian- dise generalement peu appreciee de nos jours. Dans le but de propager ces ani- maux, il en fit venir un grand nombre d'ltalie et de France pour les repandre dans ses proprietes, oil ils reussirent si bien qu'ils mangerent les recoltes et qu'on cut beaucoup de peine a les detruire. En France, les Escargots n'ont qu'une reputation de caprice ; on en mange, il est vrai, dans quelques-uns de nos departements me- ridionaux, et c'est une des ressources des malheureux. S'il existe quelques ama- teurs qui les recherchent, il faut dire a leur justification, et pour me servir d'une expression vulgaire, que la sauce leur fait manger lepoisson. On vantait autrefois les proprietes medicales des Limacons, et ils faisaient partie de quelques preparations pharmaceutiques ; leur coquille meme etait en reputation. De nos jours, il neres- terait que le souvenir des proprieles des Limacons, si Ton ne se servait encore, rie fut-ce que du nom, pour faire une pommade qui adoucit la peau, et preparer un bouillon qui guerit certaines affections de poitrine. Pour cornpleter ce que nous pouvons dire de Thistoire des Escargots, nous ajouterons que si nous avons peu de con fiance dans leur merite culinaire ou pharmaceutique, nous savons qu'ils sont tres-redoutes des jardiniers. On connait quelques especes fossiles des terrains d'eau douce ; on rencontre aussi ces memes especes dans les depots marins, mais il est facile de comprendre qu'elles ont ete transporters dans ces derniers par les courants ou a la suite des irruptions de la mer. 2e GENRE, ^anacotte. Caracolla, Lamarck. (Nom espagnol du limacon.) Ce genre a ete propose par Lamarck pour des coquilles qui ne different de celle FIG. 876. Caracolle soeur. FIG. 878. Caracolle labyrinthe. FIG. 877. Caracolle de Lister. des Helices que par leur forme carenee ou anguleuse ; et, cornme il le dit lui-meme, UISTOIIIE NATURELLE. 237 les caracteres des deux genres se confondent tellement, qu'il serait plus naturel de ne considerer les Caracolles que comme une division dans le genre Helice. Les Caracolles sont toujours orbiculaires, plus ou moins con vexes ou cono'ides en dessus, et a pourtour anguleux et tranchant. L'ouverture est plus large que lon- gue, et a bord droit subanguleux. Le nombre des Caracolles connues est peu considerable ; ce sont des especes ter- restres qu'on trouve a peu pres dans les memes localites que les Helices. 3e GENRE. cAsHiOeJtoittc. Anostoma, Fischer. (Ava, en haul; arc^a, bouche.) Coquille orbiculaire, a spire convexe ou obtuse. Ouverture arrondie, dentee , grimac.ante, dirigee vers la partie superieure et dans le plan de la spire. Les Anostomes sont de veritables Helices, et devraient faire partie de ce genre au meme titre que les Caracolles. On a attache beaucoup FIG. 879. Anoslome deprime. FIG. 880. Anostome globuleux. FIG. 881. trop d'importance a la direction de Touverture et a la deviation du dernier tour. On n'en connait encore que deux especes, dont nous donnons la figure. L'Anostome de- prime vient des grandes Indes : il est connu vulgairement sous le nom de Lampe antique. GENRE. Coquille ayant beaucoup de rapports avec les Ano- stomes, par la deviation de Touverture dirigee vers la parlie superieure. Les Strophostomes sont ombiliques et ont un opercule assez semblable a celui des Cyclo- stomes. . Strophostoma, Deshayes. w, je lords ; aTo'^ot, bouche.) FIG. 882. Slrophoslome de Grateloup. 5e GENRE. eWet>la«u>. Streptaxis, Gray. (Srpecpti), je lords; a£wv, axe.) Coquille ovale ou oblongue, subhemispherique, pro- fondement ombiliquee, surtout pendant le jeune age, et remarquable par la deviation oblique des tours. On en connait plusieurs especes, ou plutot varietes, dccrites par M. d'Orbigny, qui les ditde la province de Bolivia. FIG. 883. Slreptaxiscombo'ide. £2r>S HIST01RE NATURELLE. 6e GENRE. /veKciue. Helicina, Lamarck. (Diminutif d'Helice.} Coquille subglobuleuse, non ombiliquee; ouverture entiere, demi-ovale ; colu- melle calleuse, forrnant un angle a la base inferieure du bord droit. L' animal a une tete proboscidiforme, munie de deux tentacules filiformes et portant les yeux a leur base exierne sur des tubercules peu saillants ; le pied est court, et la cavile pulmonaire s'ouvre, en avant du man- teau, par une grande fente transversale. Les Helieines ont un opercule corne, calcaire a Texterieur, et a accroisse- FIG. 884. Heiicine neriteiie. ments C0ncentriques. La presence d'un opercule eloigne les Helicines des Helices et les rapproche des Cyclostomes; a ce caraclere il faut ajou- ter que les Helicines n'ont que deux tentacules, comme les Cyclostomes. Ce genre se compose de petites especes vivantes, toutes exotiques, et de deux ou trois especes fossiles du calcaire coquillier. 7e GENRE. eKtaOKotui,. />«#«**, Vignard. (Diminutif de maillot et de pupa.} Coquille subcylindrique, pupiforme, turbinee, ovale, mince, transparente, lisse, luisante; spire retuse, a sommet papillaire, a cinq tours un peu convexes. Ouver- ture ronde, marginee, avec line ecbancrure au bord gauche et evasee exterieurement ; une lamelle denti- forme an cote droit. Columelle tronquee, recourbee, tres-faiblement calleuse a sa base. F.G. 885. Maiiioiinbriiuut. F.G. 886. Ce genre est, jusqu'ici, pen nombreiix en especes, qu'on suppose venir de la Nouvelle-Guinee. 8e GENRE. .oJll\9aIft?OL. Pupa, Lamarck. (Pupa, poupce.) Petite coquille cylindracee, en general epaisse, a tours de spire nombreux, pres- ses, elroits. Ouverlure irreguliere, demi-ovale, arrondie et subanguleuse infeneu- rement, a bords presque egaux et reflechis en debors. L'animal a quelqucs rapports avec celui des Helices; sa tele est munie de quatre tentacules, les plus grands, posterieurs et ocules a leur sommet. On trouve un assez grand nombre d'especes de Maillots en France ; . 887: FIG. Sss. FIG. 889. Pip. 890. FIG. SIM. M.iillol mom!.:. M^iliot jirisalrc. Maillut haril. .M.iillof i|ii.ili •<• donl>. Maillnt unirarcn UISTOIRE NATURELLE. 239 les plus grandcs vicnnent des Antilles, el Ton en connait de presquc toutes les parties du monde. Les especes fossiles sont pen nombreuses. M. de Blainville, pour faciliter les recherches, a divise ee genre en cinq sections : dans la premiere il comprend toutes les especes sans plis ni dents ; dans la seconds il range les especes qui n'ont que le pli columellaire plus ou moins marque ; la troisieme se compose des Maillots qui n'ont que la dent columellaire posterieiire ; dans la quatrieme, il place les Maillots qui ont deux dents ou plis columellaires seulement; la cinquieme section comprend toutes les especes qui, independam- ment des dents ou plis columellaires, simples ou non, out un plusou moins grand nomhre de dents au bord droit. Les Maillots vivent, comme les Helices, dans les lieux frais et ombrages; ils ne sortent de leurs retraites qu'apres les pluies du printemps ; on les trouve au pied des arbres et des vieilles murailles. 9e GENRE. ettcWLH^e . Megaspira, Lea. (Ms-fa;, grand ; u(iiiiv. Bulimus, Lamarck. (Bulimus, insatiable.) « • Coquille ovale, oblongue ou turrieulee. Ouverture entiere, plus longue que large, a bords fort inegaux, desunis superieurement ; le bord droit reflechi en dehors et formant un bourrelet; colunielle droite, lisse, sans troncature et sans evasement a sa base. L/ animal des Bulimes a de tres grands rapports avec celui des Helices, dont il ne differe souvent que par de plus grandes dimen- sions. Le bord droit de 1'ouverture des Bulimes n'est re- flechi et ne forme de bourrelet que lorsque 1'animal est adulte : aussi peut-on confondre les jeunes indi- vidus avec ceux du genre suivant. Les Bulimes ha- FIG. 894. Bulime senestre. FIG. 89b. Hemaslome dans son ocuf. FIG. 896. Bulime sultan. bitent les lieux frais et ombrages des climats chauds ; on en trouve de grandes especes au Bresil. M. Benjamin Deles- sert possede line serie remarquable de tons les ages du Bulime he- mastome et de plusieurs autres especes. La fi- gure 895 represente un jeune Bulime hemastome encore dans son oeuf, dont on a brise une partie. Le genre Bulime est tres-nombreux en especes vivantes et fossiles , et comprend de fort jolies coquilles. FIG. 898. Bulime senestre. 12e GENRE. attue'. Partula, Ferussac. (Partus. Les Partules sont ovovivipares.) Coquille ovale, pointue, a spire conique ; le dernier tour renfle et plus long que HISTOiRE NATURELLE. Jes autres reunis. Ouverture droite dans la direction de Taxe, quelquefois dentee ou munie de lames elevees ; bord reflechi. L'animal est allonge; it a deux tentacules cylindriques, retrac- tiles, et oeulesa leur sommet. Ce genre a ete etabli par Ferussac, aux depens des Bulimes ; il comprend des especes pen nombreuses et qu'on trouve sou- vent avec la bouche a gauche. FIG. 899. Partuleauslrale. 13e GENRE. ^oneKw. Bonellia, Desbayes. (Bonelli, nom propre.) Coquille turriculee, lisse, polie, a sommet tres-pointu et incline laleralement; axe perfore dans toute sa longueur. Ouverture petite, entiere, anguleuse a ses extremites; columelle simple et sans pli ; bord droit mince, simple, presque parallele a Taxe longitudinal. Ani- mal inconnu. Ce genrfc, peu nombreux, a ete etabli par M. Deshayes aux depens des Bulimes de Lamarck. L'axe des Bonellies est perfore dans toute sa longueur, et la base du dernier lour offre, par con- sequent, un ombilic regulier doiit la circonference exterieure est indiquee par un angle peu saillant. 14e GENRE. FIG. 900. llondlic en taricro. . Achatina, Lamarck. (Achates, agate.) Coquille ovale ou oblongue. Ouverture entiere, plus longue que large, a bord droit tranchant, jamais re- flechi. Columelle lisse, tron- queea sabase. L'animal des Agathines parait ne differer en rien de celui des Bulimes. La coquille differe de celle des animaux de ce dernier genre , en ce que le bord droit n'est jamais reflechi, meme dans les individus ages, et qu'elle manque de bord gauche, la base de la columelle etant tronquee obliquement, de maniere a former un commencement de canal, sans que Touver- ture cesse d'etre entiere. L'espece dont nous donnons la tig ure reduite est une des plus belles et des plus gran- i. FIG. 901. A?iil!iino z6hre. 242 H1STOIRE 1NATURELLE. des du genre ; elle est blanchatre, marquee de bandes brunes, violacees, longitu- dinales ou ondule'es; rouverture est toute blanche. On la trouve a Madagascar. Ce genre est aussi assez nombrenx en especes dont les couleurs sont tres-variees et fort belles; on en cite une espece fossile de France. « GENRE. ittiit. Priamus, Beck. (Priam, nom mythologique.) Le docteur Beck, savant naturaliste danois, a propose re'tablissement de ce genre pour une espece classee jusqu'a present parmi les Agathines, mais qui, d'apres scs obser- vations, ne peut plus y rester. L'espece dont il s'agit est connue sous le nom d'Agathine Priam, et n'est point ter- restre, mais marine, et de plus operculee ; on la trouve sur les cotes .d'Espagne et du Portugal. Le genre Priam devra naturellement faire partie d'unc autre famille; Sowerby le classe parmi les Purpuriferes. FIG. 903. Priam agathine. 16e GENRE, '. Polyphemus, Montfort. (Nom mythologique.) Coquille allongee, etroite, tres-voisine des Agathines par la troncature de lacolumelle; aspire courte, le dernier tour representant les cinq sixiemes de la coquille. Ouverture etroite, allongee; levre externe onduleuse. Ce genre ne peut etre considere que comme une division des Agathines, aux depens desquelles il a ete etabli. FIG. 904. Polyphemc g 17e GENRE, c/loiuhtclbc. Succinea, Draparnaud. (Succinus, ambre jaune.) Coquille ovale ou ovale-conique. Ouverture ample, entiere, plus longue que large; a bord droit tranchant , non refle'chi, s'unissant infe'rieurement a une columelle lisse, amincie, tranchante. Le plan de rouver- ture tres-incline en avant, par rapport a Taxe de la coquille. L'animal peut a peine etre con- lenu dans la coquille; il a quatre tentacules, dont les deux plus longs ou superieurs sont ocules a leur sommet. L'espece qui a servi a Draparnaud pour retablissement du genre est ovale -allongee, FIG. 905. Ambrctte capuciion. FIG. 906. HISTOIRE NATURELLE. 243 mince, diapliane, d'un jaune de succin pale, et marquee de stries longitudinales tres-serrees et tres-fines. La spire est composee de trois tours obliques et inclines. Elle est commune dans les provinces meridionals de la France, oil on la Irouve dans la mousse, au Lord des ruisseaux ; ce qui, pendant un temps, la fit supposer amphibie. L'espece dont nous donnons la figure vient de la Guadeloupe. 18e GENRE. GJloimcufe. Auricula, Lamarck. (Diminutif d'awm, oreille.) Coquille ovale-oblongue, assez epaisse. Quverture longitudinale, relrecie au cen- tre, arrondie anterieurement, avecdeux ou trois gros plisa la levre interne ; la levre externe plus mince, reflechie ou dentelee; spire courte. L'animal a etc dirrit par FIG. 907. Auricula de Midas. MM. QuoyetGaymard. La tete est grosse etallongce; elle porte a son sommetdeux tentacules assez longs, nn peu coniques, rugueux, non elances et roides, comme ceux des Helices, sans aucune trace d'yeux a la partie interne de leur base ni a leur sommet. Le pied est gros, ovalaire, dirige en arriere et se terminant en pointe obtuse; il est separe de la tete par unerainure transverse et profonde. II est d'un brun fonce. Les Auricules sont essentiellement terrestres, quoiqu'en general elles se tiennent pen eloignees de la mer. L'espece dont nous donnons la figure (907) est la plus grosse du genre; elle est tres-commune a la INouvelle-Guinee. FIG. 909. Auricule Clievrotin. 19e GENRE. Gavcae. Scarabus, Montfort. (Nora empruiite a 1'entomologie.) Coquille ovale, pointue, comprimee dans le sens de sa longueur et parallelement au plan de rouverlure, de maniere a former deux aretes laterales ; spire envelop- 244 111STOIKE NATUKELLE. jjante, de hull a neuf tours contigus, le dernier formant les deux tiers du test; su- tures recouvertes. Ouverture longue, arquee, etroite, garnie de dents ou de lames sur chaque levre; peristome coutinu et tranchant, le bord inte'rieur replie vers la base de la columelle. L'animal est allonge, et muni de tentacules triangulaires ocules a leur base interne. FIG. 910. Scarabe austral. FIG. 911. 20« GENRE, e'. Melamptu, Monlfort. (N(,m mythologique.) Coquille conique, a spire reguliere, ecra- see. Ouverture allongee et garnie de dents saillantes qui en retrecissent Tentree. Ce genre, de'signe aussi sous le nom de Cono- vule, differe pen des Auricules et pourrait etre supprime. FIG. 912. Melampe aveline. FIG. 915. Melampe angulifere. 21e GENRE, Ringicula, Deshayes. (Ringor, je me ride.) Coquille petite, ovale, globuleuse, a spire courter sube- chancree a sa base. Ouverture parallele a 1'axe longitudi- nal, etroite, calleuse; la columelle courte, arquee, ayant deux ou trois plis presque egaux et une dent saillante vers Tangle posterieur de Touverture. Bord droit tres-epais, ren verse en dehors, FlG. 914. Riiiiiirule, $emi-strice. / 22e GENRE. t^i/cu»t»touve. Cyclostoma, Lamarck. u (Ku»Xo?, rond ; oTo'aa, bouche.) Coquille conmde, discoide ou turriculee, plus ou moins elevee, a sommet aigu ou mamelonne, ayant tous les tour& arrondis. Ouverture ronde, a bords continus et reflechis. Animal spiral, a tete tres-distincte, portant deux tentacules renfles a leur H1STOIRE NATURELLE. 243 sommet, contractiles el ocules a leur base externe; pied allonge et oblong, garni d'un opercule calcaire a accroissement concentrique; cavite pulmonaire communi- FIG. 9io. Cyclostome venlru. FIG. 916. Cyclostomede PrSlre. FIG. 917. Cyclostome k levres Urges. quant a I'exterieur par une large fente a la partie superieure et anterieure du manteau. Les Cyclostomes sont remarquables par lenr ouverlure arrondie et a bords re'fle- ehis en dehors. Leur forme generate varie beaucoiip, les uns etant turricules, les autres discoides, d'autres enfin presque cylindriques. Presque toutes les especes sont exotiques, et quelques-unes sont fort rares; on n'en cite qu'une seule de France. Les especes fossiles sont assez communes a Grignon. 23« GENRE. tciicatce. Truncatella, Risso. (Diminutif de truncatus, tronque.) Coquille turricule'e, cylindrique, decolleeou tronqueeau sommet, sans epiderrne. L'ouverture est ovale, courte, a bords continus, sim- ples, perpendiculaires, c'est-a-dire dans le meme plan que Taxe. L'animal a la partie anterieure de la tete tres-epaisse et bilobee ; les tentacules sont courls, ob- tus au sommet, et ocules a leur base externe. Le pied est tres-court, arrondi ou ovale ; il ne se continue pas FIG. 9ts. Troncateiie en disque jusqu'a la partie anterieure du corps de Tamma!. II esl divise en deux par un sillon median, et cette disposition force 1'animal a marcher comme les Che- nilles connues sous le nom d'Arpenteuses. L'opercule est corne et tres-mince. DOUZIEME FAMILLE. Cette petite famille se compose de coquilles d'eau douce, ge'neralement minces, fragiles et a bord droit tranchant. Les Limneens se nourrissent de plantes aquati- ques, et peuvent, en se tenant dans une position renversee, s'elever a Ja surface de Teau pour respirer. Us sont probablement maintenus en equilibre par 1'air dont ils remplissent leur cavite branchiale. 246 HISTOIRE NATURELLE. 1er GENRE. ouotc . Planorbis, Bruguieres. (Planus, plat; or&ts, cerclc.) Coquille disco'ide, a spire aplatie, enroulee dans le meme plan, concave des deux cotes; ouverture ovale-oblongue, embrassant la convexite du second tour, a hord tranchant non reflechi. Animal allonge, grele, spiral; tete distincte, munie de deux tenlacules contractiles, longs et ocules a leur base interne ; pied ovale et court, sans opercule. Les Planorbes se recon- naissent facilement ; la spire se contourne sur elle-rneme en suivant un plan horizon- tal, et se montre dans toute son etendue sur les deux faces opposees. On trouve ces Mol- Jusques dans les eaux douces FIG. 919. Planorbe corne. FIG. 920. de tOUS leS pays, et parlicil- lierement dans les regions ternperees. Us peuvent nager, et souvent on les voit ve- nir a la surface de 1-eau. Les especes fossiles sont assez nombreuses aux environs de Paris. 2e GENRE, Vrhwej. Physa, Draparnaud. (Nom employe par les anciens naturalistes.) Coquille ovale-oblongue, ou presque globuleuse, generalernent senestre, tres- mince, tres-fragile, Jisse; ouverture longitudinale, re- trecie superieurement, a bord droit mince et tranchant; le dernier tour plus grand que les autres reunis. Animal ovale, plus ou moins spiral; tete distincte, munie de deux tentacules aplatis, allonges et ocules a leur base interne ; pied arrondi anterieurement, aigu en arriere, sans oper- Fio. 921. Physe marron. CUle. Les Physes vivent dans les eaux douces stagnantes et courantes; on n'en connait qu'un petit nombre d'especes : elles peuvent nager, et viennent quelquefois a la surface de Teau. 5e GENRE, vuiuiee'. Limnea. (AIJ/.VYI, etang.) Coquille mince, ovale-oblongue, a spire plus ou moins saillante, quelquefois turriculee. Ouverture ovale, tres-ample. Bord droit tranchant, non continu a cause de la convexite du second tour. Ce bord, a sa partie inferieure, rcmonte sur la co- lurnelle et y forme un pli tres-oblique en rentrantdans Touverture. Animal ovale, spiral ; tete munie de; deux tentacules aplatis, triangulaires, ocules a leur base in- terne. Pied ovale, retreci en arriere, sans opercule. HISTOIRE NATURELLE. 247 Les Limnees sont tres-fragiles et le plus souvent ventrues; on en distingue un assez grand nombre d'especes de tous les pays. Elles habitent les eaux douces et peuvent, comme les Planorbes et les Phy- ses, nager a la surface de 1'eau. FIG. 922. Limmie des elands. FIG. 924. Limnee auriculairo 4e GENRE. Qufuie. Ckilina, Gray. (Chili; on y trouve plusieurs especes de ce genre.) Le genre Chiline a etc etabli aux depens des Limnees, par M. Gray, directeur du British Museum, pour des coquilles assez epaisses, a spire courte, composee d'un petit nombre de tours, et couvertes d'uri epiderme vert-olivatre. L'otiverture est large, ovale, arrondie anterieurement ; la levre ex- terne est tranchante et forme un sinus a sa reunion avec. Tautre levre, qui presente un ou deux gros plis. L'animal est assez large ; sa tete aplatie a deux tentacules anguleux legere- ment contractiles, ocules sur le milieu de leur largeur. Pied plus ou moins large, sans oper- cule. Les especes de ce genre viennent des eaux douces, courantes et limpides de 1'A- merique. FIG. 925. Chiline bulloide. Fir,. 926. Chiline des fleuves. TREIZlfiME FAMILLE. La famille des Melaniens se compose de coquilles fluviatiles et marines ayantles bords de Touverture desunis, le droit toujours tranchant. Les animaux ont tous deux tentacules, ne respirent que Teau, et ils sont opercules. Les Melaniens fluvia- tiles ont, pour la plupart, leur coquille recouverte d'un epiderme vert fonce ou noiratre : de la leur nom, p.eXa; — noir. 248 HISTOIRE NATtJRELLE. ler GENRE. . Melania, Lamarck. ;, noir.) Coquille assez epaisse, ovale-oblongue, a spire souvenl allongee et turriculee, et parfois couverte de rides ou d'asperites. Ouverture ovale, evasee a sa base, et a bord extcrne tranchant.Columellelisse, arquee en dedans. Animal allonge, a tete proboscidi forme, tcrminee par une fente buccale, et inunie de deux tentacules Fin. 927. Melanie froncee. FIG. 928. Meianie tiare. FIG. 929. MiVianie epineiise. filiformes ocules a leur cote eiterne, plus ou moins loin de la base. Pied court et peu epais, avec un opercule corne, mince et subspiral. Les Melanies sont des coquilles fluviatiles, toutes exotiques quant aux especes vivantes; on en trouve quelques-nnes fossiles en France. Os coquilles ontsouvent le sommet de leur spire excorie. (Voyez pi. V, fig. 4 et 4 «.) FIG. 9^0. lo epineuse. 2e GENRE. o. /o, Lea. (Norn mytliologique.) Cc genre a etc etabli, aux depens des Melanies, pour des coquilles dont le bord droit de Touverture se prolonge en pointe et presentequelques rapports avec des coquilles marines de la famille des Canaliferes. Les especes sont peu nombreuses; elles viennent des eaux douces d'Ame- rique. (Voyez pi. V, fig. 5.) 5e GENRE. Cu fiuie'. Eulima, Risso. (Nom mythologique.) Coquille allongee, subnlee, lisse, polie, brillante, souvent inflecbie ou contour- nce dans sa longueur, et presentant quelquefois des varices aplalies se suivaut d'un HISTOIRE NATURELLE. tour a 1'autre, sa base n'ayant jamais de fente ou de trou ombilical ; ouverture ovale, oblongue, arrondie anterieure- ment, terminee a 1'extremite posterieure par un angle aigu; columelle simple, etroite , courte , arquee; bord droit un peu epaissi, simple, obtus ; un opercule come. Les Eulimes sont des coquilles marines qui vivent dans toutes les mers; on en cite quelques especes fossiles. FIG. 951. Eulime de Chemnit!!. 4e GENRE. G/vu^ooi/te'. Rissoa, Freminville. (Risso, naturaliste de Nice.) Coquille tres-petite, allongee, turriculee, quelquefois courte et subglobuleuse, re- marquable par ses cotes longitudinales. Ouver- ture ovale, semi-lunaire, subcanaliculee, sans dents ni plis, ayant le bord droit epaissi et presque toujours saillant en avant et arque dans sa longueur. Animal a tete proboscidiforme, munie d'une paire de tentacules subules et 1 VIG. yoz. ocules a leurbase externe. Pied court et rond, Buwaire ae chesnei. avec un opercule calcaire ou corne, rentrant assez profonde'ment. Ce genre se compose de tres-petites coquilles marines, reconnaissables surtoutaux cotes longi- tudinales dontelles sont ornees. Les figures 932 ct 933 represented des indi- vidus fortement grossis. On connait un bon nombre de Rissoaires vivantes et fossiles ; la Mediterranee fournit presque toutes les premieres. VIG. 933. 5e GENRE. . Melanopsis, Ferussac. noir; o^t;, aspect.) Coquille allongee, turriculee, a sommet aigu; formee de tours plus ou moins nombreux, le dernier representant souvent les deux tiers de la coquille. Ouverture ovale- oblongue. Columelle calleuse superieurernent, tronquee a sa base et separee du bord droit par un sinus. Animal spi- ral; tete munie de deux gros tentacules coniques, ocules a leur base externe. Pied court, arrondi, avec un opercule corne. Les Melanopsides sont fluviatiles; on les trouve parti- culierement dans les provinces meridionales de 1'Europe. Elles sont communes a Tetat fossile dans la pluparl des terrains tertiaires. 934. Molanopside dc Marlii 52 250 HISTOIRE NATtlRELLE. FIG. 955. Pir*ne terebrale. 6e GENRE. 'vtwe. Pirena, Lamarck. (Perewe, Fontaine dediee aux Muses.) Coquille turriculee, a sommet souvent excorie. Ouver- ture tres-petite, plus longue que large, a bord droit tran- chant, ayant un sinus a sa base et un autre an sommet. Base de la columelle courbce vers le bord droit. Un opercule come. Les Pirenes sont fluviatiles ; elles ont de grands rapports avec les Melanies et les Melanopsides, mais elles se distin- guent des premieres par les deux sinus du bord droit, et des secondes par r absence de callosite a la columelle. On connait un petit nombre d'especes de Pirenes : elles sont toutes exotiques. QUATORZI&ME FAM1LLE. Les Peristomiens de Lamarck sont des Mollusques fluviatiles tous opercules, et dont la coquille est recouverte d'un epiderme mince, verdatre, ou d'un brun plus ou moins fonce. Les bords de Touverture sont reunis, et ils ne respirent que Teau. 1er GENRE. o^e. Valvata, Muller. (Nom anciennement employe.) Coquille discoide ou cono'ide, a toiirs de spire cylindraces; ouverture ronde, ou presque ronde, a bords reunis, tranchants. Animal a tete distincte, proboscidiforme, munie de deux tentacules longs, tres-rapproches , incompletement FIG. 936. vaivee piscinaie. contractiles, et ocules au cote posterieur de leur base. Pied bilobe en avant, avec un opercule corne et rond. Les Valvees sont des coquilles d'eau douce ; on n'en connait qu'un petit nombre cTespeces vivantes ou fossiles. 2« GENRE. SPafuc)uie/. Paludina, Lamarck. (Diminutif de palus, marais.) Coquille mince, ovale, globuleuse, cono'ide, a tours arrondis ou convexes, a sommet mamelonne; ouverture ovale-arrondie, plus longue que large, anguleuse IllSTOIKE NATURELLE. 231 au sommet, a hords reunis, tranchants, jamais recourbes en dehors. L'animal a deux tentacules contractiles, ocules a leur base externe. Le pied est large et muni d'un sillon marginal anterieur ; oper- cule orbiculaire, come, non spiral. ... Les Paludines vivent presque generalement dans les eaux douces; quelques especes seulement se rencontrent dans les FIG. 937. Paludine pesante. FIG. 938. eaux saumatres ou salees. Elles ne respirent que 1'eau. Ce genre est assez nom- breux en especes vivantes et fossiles. 5e GENRE. G/V9iupu(3uxi*e. Ampullaria, Lamarck. (Ampulla, vase ventru.) Coquille globuleuse, ventrue, generalement assez mince, ombiliquee a sa base ; spire tres-courte, le dernier tour beaucoup plus grand que tons les autres reunis ; ouverture ovale, plus longue que large, a bords reunis, le droit non rcflechi. Ani- FIG. 959. Ampullaire idole. FIG. 940. Ampullaire come. FIG. 941. Ampullaire canalicule mal spiral, globuleux ou planorbiforme, a tete large, aplatie, portant quatre ten- tacules, dont deux superieurs, grands, coniques, pedoncules a leur base externe pour supporter les yeux. Pied ovale, avec un sillon transverse en avant et muni d'un opcrcule corne, rarement calcaire, mince, non spiral. Les Ampullaires sont des coquilles d'eau douce qui vivent dans les climats chauds : il y en a de fort grandes ; quelques-unes sont aplaties comme les Planor- bes. Les especes fossiles sont assez nombreuses, et communes aux environs de Paris. 25* HISTOIUE NATURELLE. /; !n;tt:'rVr.! • .*vv >•• :: • • .I'Xvr-i^.s .;-•" j V-'-; '"-^ r "•••-.' **••'.«• - •4** GENRE. G/vOUtpuuacete. Ampullacera, Quoy et Gaimard. , et cera, jaune de cire.) Coquille assez epaisse, globuleuse, ventrue, profondement ombiliquee, a ouver- ture ronde ou oblique, a bords reunis; spire courte, mais saillanle. Animal glo- buleux, a tete large, echancree en deux lobes arrondis, ayant deux yetix assez gros, sans tentacules. Pied court, quadrilatere, avec un opercule membraneux, mince et legerement spire. FIG. 942. Ampullaire aveline. FIG. 943. Ampullaire fragile. Les Ampullaceres n'ont etc trouves jusqu'ici qu'a la Nouvelle-Zelande, ou ils sont tres-communs sur les herbes des eaux saumatres. QU11NZIEME FAMILLE. La famille des Neritaces a etc etablie par Larnarck pour des coquilles remar- quables par leur forme parliculiere ; elles ont toutes le bord gauche tranchant, transverse, et imitant une demi-cloison, sans presenter la moindre apparence de columelle. Les unes n'ont aucune trace d'ombilic, les autres ont un ombilicplus ou moins ouvert et recouvert d'une callosite quelquefois tres-prononcee. Elles sont toules operculees. Les unes sont fluviatiles, les autres marines; elles sont pour la plupart couvertes d'un epiderme. 1er GENRE. cu'oc. Navicella, Lamarck. (Diminutif de navis, vaisseau.) Coquille patello'ide, elliptique ou oblongue, convexe en dessus, a sommet non spire et abaisse sur le bord posterieur, concave en des- sous et presentant, sous forme de demi-cloison, son bord gauche aplati, tranchant, etroit et sans dents. L'animal est ovale-ohlong, droit, a tete semi-lunaire et deprirnee, nuinie dedeux tentacules contractiles, allonges, portant les yeux a leur base externe sur de petits appendices lentacu- liformes. Le pied est large et muni d'un opercule calcaire cache sous la masse yiscerale : cet opercule est quadran- gulaire, mince, subrayonne, et presente une epine laterale FIG. 944. Navicelle de Cuming. et pOSterieUl'e. Ce genre est peu nombreux en especes, qui habitent exclusivement les eaux HISTOIKE NATUHELLE. 255 donees et courantes des Grandes-Indes ; on les dit tres-communes a Hie Bourbon : elles s'appliquent sur les rochers converts d'eau, et les negres les recherchent pour les manger. On voit souvent, sur la partie convexe de la coquille, de petits corps ovales et aplatis qui ne se detachent que difficilement ; ce sont des oaufs ou de jeunes coquilles, qui ne quittent leur mere que lorsqu'elles sont assez avanceesen age pour vivre seules. 2e GENRE. 91 entitle. Neritina, Lamarck. (Diminutif de Ne'rite.) Coquille mince, subglobuleuse ou ovale, souvent aplatie en dessous. L'ouverture semi-lunaire; le bord gauche aigu et saillant, le bord droit lisse et arrondi. L'ani- mal est spiral, a tele pen avancee et munie d'une paire de tentacules coni- ques, fins et allonges, ayant a leur base externe un appendice tentaculiforme ocule. Le pied est ovale-allonge , et porte un opercule calcaire mince, sub- spiral, garni d'une epine laterale. Le genre Neritine est assez nombreux ; il est compose de fort joliescoquilles, re- FlG" 945' N6riline slri£ill'e- marquables par leur forme gracieuse, la beaute d« leurs couleurs et Pelegance des bandes ou laches diverses qui les decorent. Les Neritines habitent les eaux douces et courantes de tons les pays. (Voyez pi. VI, fig. 2 a 9.) FIG. 946. Neritine commune. Fig. 947. FIG. 948. Neriline itrigillee. Fio. 949. Les Neritines sont pour la plupart fluviatiles, surtout celles d'Europe ; mais M. De- france a reconnu que quelques especes etaient marines. Ce conchyliologiste, aii- quel la science doit de nombreuses observations du plus grand interet, a regu de la Martinique une Neritine pul- ligere dans un etat de conservation parfaile, munie en- core de son opercule, qui n'a pas permis a Tanimal d'en sortir, et qui porle une Balane adherente au sommet de sa spire. Jusqu'a present on n'a point trouve de Ba- lane dans Peau douce ; on pense done, avec quelque raison , que cette Neritine est marine. M. Defrance suppose, et FIG. tso. probablement il est dans le vrai, que plusieurs especes autrefois marines, car on ne les rencontre a 1'etat fossile que dans des depots marins, ont pu s'acclimater dans Teau douce, oil on les trouve exclusivcment de nos jours. On ne cite que quelques especes fossiles. 254 HISTOIRE NATURELLE. 3e GENRE. D^&L&V. Nerita, Linne. (NYipirr,;, nom grec de ces coquilles.) Coquille epaisse, subglobuleuse, apla- tie en dessous, a spire peu ou point sail- lante. L'ouverture estsemi-lunaire,a bord gauche, aplati , septiforme, droit, uni, dente ou crenele ; le bord droit quelque- fois crenele a rinterieur. L'animal est le merne a peu pres que celui des Neritines. Le pied est muni d'un opercule garni d'un FIG. 951. Nerite poiie. ou deux appendices spinifomies. Le genre Nerite, aussi beau et aussi varie que le precedent, se compose d'es- peces a coquilles plus epais- ses et toutes marines; leur forme hemispherique et leur ouverture semi-lunaire per- mettent de les distinguer facilement. La spire ne se compose qued'un petit nom- bre de tours ; le dernier si grand, qu'il constitue en quelque sorte a lui seul toute la coquille. On trouve les Nerites dans les mers des pays chauds, oil el les sont assez communes sur les ro- chers des rivages. ( Voyez FIG. 954. Nerite albicille. FIG. 955. pi. VI, fig. 10 et H.) Le nombre des especes fossiles est assez considerable dans les couches plus nouvelles que lacraie. Nerite saignante. 4e GENRE. ii<)e. Neritopsis, Sowerby. ?, Nerite; o«pi;, aspect.) Coquille subglobuleuse, epaisse, cancellee, a spire courte etcomposee d'un petit nombre de tours; ouverture transverse, suborhiculaire ; bord colurnellaire epais, aplati, avec une echancrure a son centre; 1'autre.bord epais interieurement. Ces coquilles ne different des Nerites que par Tabsence de dents au bord columellaire; elles sont encore rarcs ; on en trouve de fossiles dans les terrains tertiaires. FIG. 956. Neritopxide dc Robineau. HISTOIRE NATURELLE 255 GENRE. eoe. Pileolus, Cookson. (Diminutif de pileus, chapeau.) Coquille patelliforme, reguliere, elliptique ou circulaire, conique, a sommet droit ou legerement spire, incline en ar- riere; face inferieure concave, tranchante sur ses bords, Ouverture entiere, petite, a peine du tiers de la face in- ferieure; bord colurnellaire dente ou strie ; bord droit lisse. Ce genre se compose exclusivement d'especes fossiles. FIG. 957. Pileole plisse. 6e GENRE, ty Calico. Natice, Adanson. (Na/o, je nage.) Coquille subglobuleuse ou orbiculaire, lisse en dehors, a spire surbaissee. L'ou- verture entiere, demi-ronde, a bord gauclie oblique, sans dents, mais couvert d'une callosite souvent tres-prononcee, modifiant la forme de Tombilic ou le masquant totalement ; le bord droit tranchant et lisse a Tinterieur. L'animal est ovalaire; le manteau est tres- large et enveloppe une grande par tie de la co- quille ; la tele est large, aplatie, formee de deux levres inegales, et muniesde deux tenta- cules ocules a leur cote externe, saillants a Texterieur entre le bord de la coquille et la tete. Pied grand et mince, a-yant un opercule calcaire, sans appendices, et marque a la face interne d'un sillon spiral, FIG. 958. Nalice bouche noire. FIG. 959.Natice de Gould. FIG. 960. Nalice -laucine. Les Natices sont toutes marines; elles form en t un genre assez nombreux en especes vivement colorees, sans epiderme et toujours ombiliquees. (Voyez\>\. VI, fig. 1.) On en connait un bon nombre d'especes fossiles de France dans les couches plus nouvelles que la craie, et particulierement dans le calcaire grossier. 25G HISTOIRE NATURELLE. SEIZIEME FAMILLE. Les Mollusques marins qui appartiennent a cette famille etaient classes par Linne parini les Helices, a cause de la forme de leur coquille seulement. Lamarck les se- para de ce genre et les reporta a la suite des Neritaces. Quelques auteurs ont pro- pose d'en former provisoirement une famille distincte. GENRE cJ anil? MI e. Janthina, Lamarck. (Janthis, violette.) Coquille tres-mince, transparente, ventrue, globuleuse, a spire peu elevee; le dernier tour plus grand que tous les autres reunis. Ouverture grande, subtriangu- laire. La columelle droite allongce et formant tout le bord gauche ; bord droit tran- chant et presentant souvent un sinus a son milieu. L'a- nimal est subglobuleux, a tete grosse , prolongee en trompe, a Textremite de laquelle se trouve une fente buc- cale, garnie de plaques cornees et couvertes de petits cro- chets. Deux tentacules coniques, peu contractiles et tres- distants, portant chacun a leur base exterieure un pe- doncule assez long et ocule au-dessous de son extremite. Le pied est ovale, court, divise en deux parties, Tante- FIG. 961. janthine fragile. rieure concave et en forme de ventouse, la posterieure aplatie et charnue. Sous le pied se trouve an amas de vesicules qui servent a la na- tation ; a la partie posterieure du pied se trouve un opercule vesiculeux qui sert a suspendre 1'animal a la surface de Teau. Les Janthines ont une coquille tres-Iegere,*transparente et violacee. Lorsque la mer estcalme, elles viennent en nombre considerable nager a la surface, ou elles forment des banes considerables et se tiennent dans une position renversee. Si quel- que chose les effraie, elles absorbent Tair que con tiennent leurs vesicules et se lais- sent couler a fond. On ne connait que trois especes de ce genre ; on les trouve dans 1'Ocean Atlantique et la Mediterranee. On les dit phosphorescentes, et elles pro- duisent une liqueur violette qui doit avoir beaucoup d'analogie avec la pourpre. DIX-SEPTIEME FAMILLE. La famille des Macroslomes (a bouche large) se compose de Mollusques a co- quilles auriformes, a ouverture tres-evasee et a bords desunis, sans columelle ni opercule. Presque toutes cescoquilles sont brillamment nacrees a Tinterieur et peu profondes. Un seul genre est sans coquille. HISTOIRE NATURELLE. 257 1" GENRE. (SouoceftV Coriocella, de Blainville. (Diminutif de cort'um, cuir.) Mollusque elliptique, fort deprime, ayant les bords du manteau tres-minces, echancres en avant, debordant large- rnent de toutes parts ; le pied ovale, tres-petit, et la tete peu distincte ; deux tentacules caches sous le bouclier, assez gros, courts, contractiles, ocules a leur base externe; le dos peu bombe, sans trace de coquille exterieure ni interieure. Ce genre rie contient qu'une espece, des mers de Tile de France. FIG. 962. Coriocelle noire. GEJNRE. e)i>ae GEMIE. AalioliDe'. Haliotis, Linne. (AX;,raer; w;, WTO;, oreille.) Coquille auriforme, a spire courte, deprimee, laterale, richement nacree a Tin- FIG. 971. Haliolide concave. FIG. \>1±. terieur. Ouverture tres-ample, entiere, plus tongue que large, a bords continus, le droit mince et lranchant,.le gauche epais et quelquefois aplati. Disque perce de Irous, disposes en arc de cercle, sur une ligne parallele au bord gauche, chacun d'eux s'agrandissant en s'eloignant du sommet. L'animal est deprime, ovalc-oblong; sa tete, large et aplatie, est munie d'une paire de tentacules pedicules et ocules h leur base externe. Manteau court, mince; pied tres-large et comme festonne. Les trous rapproches de la spire se bouchent a mesure que la coquillc se developpe, et paraissent servir aux organes de la respiration. Les Haliotides sont de fort belles coquilles, richement nacrees a 1'interieur, et teintees de rouge, de vert et de jaune a rexterieur, lorsqu'elles ne sont pas encrou- tees. Elles sont tres-communes dans les localites qu'elles preferent, prennent sou- vent un grand developpement, et servent de nourriture aux pauvres. On s'en sert aussi comme d'appat pour la pcche. Ces coquilles sont connues vulgairement sous le nom d'Oreilles de mer. La nacre des Haliolides est employee pour les ornemenls do marqueterie et d'ebenisterie de luxe. On n'en connait point d'espece fossile. 7e GENRE, Pleurotomaria, Defrance. a, cote ; TSU.VW, je fends.) Coquille conique ou deprimee , generalement trocho'ide, ombiliquee ou non. Bouche rondet rhomboidale, ovale ou de- primee, echancree par le relour de la spire ; a labre non borde et a columelle simple, quelquefois encroutee. Un sinus en fenle, occupant plus ou moins le tiers du dernier tour, vient interrompre le labre. Ce sinus, a mesure qu'il se forme en arriere, laisse toujours apparente , a Texterieur de la coquille, une bande qu'on apergoit a tons les tours, et dont les lignes d'accroisse- ment sont imbriquees, tandis que celles du labre s'inflechissent , dc chaquc cote, i-ic. 260 HISTOIRE NATURELLE. vers le sinus. Animal inconnu. Ce genre se compose de coquilles fossiles qu'on trouve, en assez grand nombre, dans les couches meme les plus anciennes. 8e GENRE-. GcuMu^e'. Scissurella, d'Orbigny. (Scmwra, fente.) Coquille subglobuleuse, ombiliquee, avec une bande spirale terminee a Textre- mite centrale du dernier tour par une echancrure etroite etprofonde. Spire courte; ouverture ovale, retrecie par Tavant-dernier tour. Ces coquilles, encore peu etudiees, ont beaucoup de rapports avec les Pleurotomaires et les , Haliotides. L'animal n'est pas connu. L'espece dont nous FIG. 874. scissureiie v«>ntrue. donnons la figure a ete trouvee sur les cotes d'Angleterre ; M. d'Orbigny en a decrit une autre des iles Malouines. Ce sont lesseules connues jusqu'a ce jour. DIX-HUITIEME FAMILLE. Cette famille se compose de coquilles marines a ouverture non evasee, sans echancrure a sa base et presentant des plis a la columelle. ler GENRE. e/oiiwrtette'. Tornatella, Lamarck. (Tornatus, tourne.) Coquille enroulee, ovale, cylindrique, le plus souvent striee transversalement, sans epiderme. Ouverture oblongue, entiere, a bord droit tranchant, n'ayant jamais de bourrelet, ni en dedans ni en dehors; le bord columellaire presentant un ou plu- sieurs plis. Animal inconnu, muni d'un opercule corne. Ce genre est peu nombreux en especes vivantes des mers de Tlnde et des cotes d'Europe; les especes fossiles, FIG. 975. Tortile mouchetee. <\™ Ton ne trouve que dans les couches plus nouvelles que la craie, sont aussi pen nombreuses. 2e GENRE. yvelui. Pedipes, Adanson. (Pied double.) Coquille epaisse, subglobuleuse, striee transversalement, a spire courte et sans epiderme ; ouverture entiere, oblique, grimac,ante ; la columelle portanttrois grands HISTOIRE NATURELLE. 261 plis inegaux ; le bord droit avec une dent me'diane. Animal subglobuleux, a pied aplati et divise en deux parlies inegales par un sillon transverse profond. Tete courte, munie de deux tenta- cules coniques, ocules a la partie interne de leur base. Sans opercule. Les Pietins babitent les eaux des rochers battus par la mer; on n'en connait que trois ou quatre especes vivantes, et une fossile dont on ignore le gise- ment. FIG. 976. Pielin d'Adan»on. 3e GENRE. ^VmauuDelie, Pyramidella, Lamarck. (Diminutif de pyramis^ pyramide.) Coquille plus ou moins allongee, turriculee, sans epidemic ; ouverture entiere, demi-ovale , a bord exterieur trancbant ; bord columellaire saillant, garni de trois plis transverses et couvrant en partie I'ombilic. Animal spiral, allonge, ayant un pied court, subquadrangulaire, muni d'un opercule cor- ne, tres-mince, non spiral. Tete triangulaire portant un voile buccal bilobe et deux tenta- cules fendus anterieurement et ocules a leur base interne. On connait peu d'especes de ce genre, soit vivantes, soit fossiles ; ces der- nieres ne se rencontrent que dans les couches plus nouvelles que la craie. Fia. 977. Pyramidelle plissee. FIG. 978. Pvramidelle canalieulee. DIX-NEUVIEME FAMILLE. La famille des Scalariens se compose de coquilles que des differences notables eloignent les unes des autres, et que Lamarck crut devoir reunir, a cause de leur dis- position a ne former qu'une spirale dont les tours sont souvent ecartes entre eux, et a cause de la forme circulaire de leur ouverture. Les Scalariens de Lamarck ne formaient que trois genres, auxquels, d'apres les memes considerations, on en a ajoute d' autres que nous aliens faire connaitre ; mais cette famille devra subir de nombreuses modifications, quelques-uns des genres qui la composent devant etre classes dans d'autres families. 1" GENRE. A4 HISTOIRE NATURELLE. servation des bourrelets successifs de 1'ouverture, qui est petite, arrondie, et fournit un dernier hourrelet un peu reflechi. L'ariimal est spiral, a lete conrte,]portant deux tubercules coniques, pointus, ocules a leur base externe. Le pied est court, subquadran- gulaire, muni d'un opercule corne, mince et paucispire'. Les Scalaires sont tres-recherchees dans les collections : une des especes de ce genre, la Scalaire precieuse (voyez pi. V, fig. 7), autrefois fort rare, a valu cent louis, et les beaux exemplaires sont encore d'un prix assez eleve. Le genre Scalaire se compose d'un assez bon nombre d'especes, fort remarquables par la disposition de leurs bourrelets, FIG. 984. Scalaire commune, dont les uns sont arrondis et les autres tranchants. Les es- peces fossiles, un peu moins nombreuses, ne se trouvent que dans les couches plus nouvelles que lacraie. 6e GENRE. 0c)aupl?uiule. Delphinula, Lamarck. (Delphinus, dauphin, ancien nom de ces coquilles.) Coquille tres-epaisse, ombiliquee, agreablernent nacree a 1'interieur, a tours de spire rudes ou epineux, le dernier souvent dis- joint; ouverture ronde sans columelle, a bords com- pletemerit reunis, le plus souvent franges ou munis d'un bourrelet. L'animal est cylindrace, a tete pro- boscidiforme, tronquee en avant et portant en ar- riere une paire de tentacules coniques, pedicule's a la partie externe de leur base ; c'est au sommet de FIG. 985. Danphinule laciniee. ces pediculeS qUC S6 trOUVCnt leS yCUX. Pied COUl't, epais, muni d'un opercule calcaire tuberculeux a 1'interieur. On ne connait qu'un petit nombre de Dauphinules vivantes, des mers de 1'Inde ; les especes fossiles sont plus nombreuses et se trouvent dans les couches dti calcaire coquillier. 7e GENRE. Qvtw. Cirrus, Sowcrby. (Cirrus, boucle de cheveux.) Coquille spirale conique, sans columelle, sans ombilic, forrnant 1'entonnoir en dessous, et a tours de spire reunis, le dernier disjoint. Animal inconnu. Ce genre a ete etabli par M. Sowerby, conchyliologiste anglais, pour deux ou trois especes fossiles qui ont de grands rapports avec lesTroques. Les Cirresn'ont encore ete trou- ves qu'en Angleterre, dans le Derbyshire. FIG. 986. Cirre noueux. HISTOIRE NATURELLE. 2G3 8e GENRE. Cxa'Oiupkaie. Exomphalus, Sowerby. (Ex, omphalos, ombilic.) Coquille orbiculaire, a spire deprimee comme celle des Planorbes, formee de trois lours canines superieurement, convexes et lisses en des- sous ; ouverturc anguleuse ; ombilic large, sans crenel lire, visible jusqu'au sommet de la spire. Ce genre a aussi ete etabli par M. Sowerby pour des coquilles fossiles des couches carboniferes de PAngleterre et de I'lrlande. On n'en connait que cinq especes. Les Exomphales ont beaucoup de rapports ICS CadranS. Exomphale de Sowerby. VINGTIEME FAMILLE. Celte famille se compose de coquilles turriculees ou cono'ides, a ouverture arron- die, oblongue ou qnadrangulaire, non evasee, et ayant les bords desunis, mais non echancres. ler GENRE. aDtan. Solarium, Lamarck. (Solarium, cadrnn solaire.) i Coquille orbiculaire, en cone deprime, a ombilic ouvert, crenele sur le bord in- terne des tours de spire. Ouverture subquadrangulaire , sans columelle. Animal allonge, peuepais, a tete courte et aplatie, munie de deux tentacules ocules a leur base externe. Pied court, ovalaire, portant un opercule come. FIG. 988. Cadran strie. FIG. 989. Les Cadrans sont de jolies coquilles marines qu'on reconnait aisement a leur ombilic profond, evase en entonnoir, et dans I'inlerieur duquel on apercoit de nombreuses crenelures ou des dents qui suivent tout le bord des tours jusqu'au sommet. Les especes vivantes se trouvent dans presque toutes les mers; le nornbre des especes fossiles estassez considerable a Grignon. i. 54 266 HISTOIRE NATURE.LLE. ie GENRE, ioiLl^. Bifrontia, Deshayes. (Bifrons, a deux faces.) Coquille discoide, planorbulaire, a tours de spire quelquefois disjoints; ombilic profond, earene surle bord ; ouverture subtrmngulaire, un peudilatee, le bord droit mince et tranchant, profondement detache du reste du peristome par une echancrure dans le bord inferieur et dans le bord superieur. Animal inconnu. Ce genre a ete etabli par M. Deshayes aux depens des Cadrans fossiles de Lamarck. Les especes qui lui appartiennent sont FIG. 990. Bifroniie de Laon. generalement pctites ; elles sont disco'ides, tres-aplaties de chaque cote, et ressemblent en cela a des Planorbes dont la surface serait presque plane. M. Desbayes decrit trois especes des environs de Paris, et une des terrains inferieursde TAllemagne. 3e GENRE. oR,ouPelte. Rotella, Lamarck. (Rotula, petite roue.) Coquille orbiculaire, luisante, sans epiderme, a spire tres-basse, subconoide; a face inferieure convexe, avec une large callositesur la colu- melle et rombilic; ouverture demi-ronde. Animal inconnu; opercule mince, orbiculaire, corne, multispire et a sommet central . A premiere vue, les Roulettes ressemblent beaucoup aux FIG. 99i. Roulette iin«oiee. Helicines, dont elles different par la callosite qui s'etend a presque toute la surface inferieure, et par la nature de leur babitat. Elles sont toutes marines. Les Roulettes sont d'un brillant rernarquable, et offrent les plus jolies couleurs; elles vienrient des mers de Tlnde, et Ton en connait une espece des cotes de France. 4e GENRE. \^toaue. Trochus, Linne. (Trochus, toupie.) Coquitle conique, epaisse, a spire plus ou moins elevee, elargie et anguleuse a la base ; a ouverture entiere, deprimee transversalement; a bords desunis dans sa partie superieure. Columelle arquee, plus ou moins saillante a sabase. Animal en spirale, a tete munie de deux tentacules coniques, portant des yeux subpedoncules a leur base; pied court, arrondi a ses extremites, borde ou frange dans son con- tour, et munid'un opercule corne, circulaire et regulierement spire. Les Troques sont descoquilles marines, nacrees pour la plupart a rinterieur ; leur ouverture deprimee coupe de biais la direction du dernier tour, et laisse voir la portion inferieure de la columelle, qui est constamment torse ou arquee. La co- quille des Troques est epaisse et remarquable par la beaute et la diversite de ses UISTOIRE NATURELLE. 207 couleurs. On trouve des especes de ce genre dans toules les mers, a peu de distance des rivages, dans les anfractuosites des rochers et dans les lieux ou croissent beau- coup de plantes marines. Quelques Troques ont le grand tour horde d'une serie FIG. 992. Troque noir. FiG. 995. Troquc pie. FIG. 994. Troque nodulifere. d'epines regulieres : on les distingue par les noms d'fiperon royal, d'Eperon soleil, etc., etc. D'autres se couvrent de pierres ou de debris de coquilles. Nous avons deja dit qu'ils etaient connus sous les noms de Magonne et de Fripiere, Presque tous les Troques, depouille's de la couche calcaire coloree qui les couvre, laissent voir une fort belle nacre, souvent irisee, comme dans le Troque iris, vulgairement appele la Cantharide. Les especes fossiles se trouvent, mais rarement, dans les couches plus anciennes que lacraie; elles sont assez communes dans les couches plus nouvelles. 5e GENRE. Sietfe. Margarita, Lamarck. (Margarita, perle.) Coquille nacree a Tinterieur, turbinee, a spire courte, composee de tours arrondis et formant un ombilic souvent tres-developpe ; ouverture orbiculaire, a bords interrompus; le droit simple, mince et tranchant. L'animal, comme celui des Troques, est muni d'un opercule corne et spiral. Les coquilles de ce genre ont beaucoup de rapports avec les Tro- ques, les Toupies et les Monodontes. Elles viennent des mers du Sud. FIG. 99b. Perle a bande*. 6« GENRE. CJllboifoDoute. Monodonta, Lamarck. (Movo?, seul ; o^ou;, O&GVTO:, dent.) Coquille ovale ou conoide, subglobuleuse, a ouverture entiere et arrondie, a bords desunis superieurement. Columelle arquee, tronquee a sa base, qui souvent forme une saillie ou dent. L'animal est semblable a celui des Troques ; son pied est court, muni de quelques filets allonges, et (Tun opercule corne et spiral en dehors. Les Monodontes sont de jolies coquilles marines, qui diffe- F.996. M rent des Troques par leur ouverture plus arrondie, et des especes du genre suivant 268 HISTOIRE NATURELLE. par la forme de lour columelle. Une des especes de ce genre est represented, dans la collection de M. Benjamin Delessert, par deux individus qui ont servi de pen- dants d'oreilles a lareine d'Otahiti, qui les donna au capitaine Cook pendant son troisieme voyage. Le nom de cette espece est Monodonte semi-noire. Les Monodontes se trouvent dans toutes les mers : on en connait peu d'especes 7« GENRE. iuo. Turbo, Linne. (Turbo, sabot.) Coquille cono'ide on subturriculee, epaisse, nacrce a I'interieur, a pourtour ja- mais comprime. Ouverture entiere, arrondie, a bords desunis dans leur partie su- FIG. 997. Turbo marbre. FIG. 998. Turbo de Jourdain. perieure; columelle arquee, aplatie, sans troncature a sa base. L'animal est sem- blable a celui des Troques et des Monodontes : son pied, court et obtus aux deux extremites, est muni d'un opercule calcaire paucispire. Les coquilles de ce genre se rapprochent beaucoup de celles des deux genres qui precedent; mais elles se distinguent des unes par la forme arrondie de Tonverture, et des autres par 1'absence d'une dent a la base de la columelle. Les Turbos vivent dans toutes les mers, sur les rocbers battus par la vague ; les habitants des cotes les connaissent sous le norn de Vignots. On les mange, mais ils sont generalement peu recherches. Les grandes especes fournissent une fort belle nacre, employee pour les ouvrages de marqueterie. Quelques especes ont recu des noms sous lesquels les marcbands les dislinguent : il y a le Burgau on Nacre ; la Veuve perlee, dont les tubercules exterieurs uses ressemblent a des perles ; la Bouche-d'Or, dont la nacre est d'un beau jaune dore ; la Bouche-d' Argent ; le Perroquet ou Turbo im- perial, etc., etc. Les especes fossiles sont assez nombreuses ; on les trouve dans les memes terrains que les Troques. 8e GENRE, ifclomie'. Littorina, Ferussac. (Dimirjutif de littus, rivage.) Coquille lurbinee, non nacree, epaisse, solide, ovale ou globuleuse ; ouverture HISTOIRE NATURELLE. 269 arrondie et 1111 pen evasee en avant ; columelle large, arquee dans sa longueur. L'animal est spiral, a tete proboscidiforme, nmnie dedeux tentacules ocules a leur base cxtcrnc ; pied aminci et portant un opercule corne. FIG. 999. Liltorine angulifere. FIG. 1000. Littorine carenee. FIG. 1001. Liltorine scabre. Les Littorines, comme leur nom Tindique, ne s'eloignent pas des nvages, et se plaisent meme sur les rochers bors de la iner. On n'en connait qu'un petit nombre d'especes fossiles. 9e GENRE. OTOiratoft Planaxis. (Planus, uni; axis, axe.) Coquille ovale, conique, solide, sillonnee transversalement; ouverture oblongu columelle aplatie et tronquee a sa base, separee du bord droit par un sinus etroit ; bord droit sillonne ou raye en dedans, et epaissi par une callosite courante sur son sommet. L'animal des Planaxes a les plus grands rapports avec celui des Litto- rines : son pied est court, epais, et porte a Textremite poste- rieure un opercule corne, mince et paucispire. Les Planaxes sont des coquilles marines generalement pe- tites, et qui presentent des caracteres communs aux Littorines, FlG- 1002> Planaxe 9i'i<>n"ee. qui les precedent, et aux Phasianelles, qui les suivent. On les trouve dans TOcean des Grandes-Indes et sur les cotes de TOceanie. 10e GENRE. o^attel. Phasianella, Lamarck. (Phasianus, faisan, nom vulgaire de ces coquilles.) Coquille tres-lisse, solide, ovale ou conique, a spire pointue; ouverlure entiere, plus longue que large, a bords desunis superienrement; bord droit, tranchant; columelle lisse, comprimee, attenuee a sa base. Animal oblong, spiral, a tete mu- nie de tentacules longs et coniques, avec deux pedoncules de meme forme sillies a leur base externe et portant les yeux ; pied oblong, muni d'un opercule calcaire subspire. Les Phasianelles sontde fort jolies coquilles, remarquables par le poli et la ri- 270 HISTOIRE NATURELLE. chesse des couleurs de leur surface externe. Les grands individus sont encore tres- rares dans les collections ; autrefois on les payait jus- qu'a cinq cents francs. Ces Mollusques habitent les mers de la Nouvelle-Hol- lande, TOce'an Indien, et Ton en trouve une petite espece sur les cotes de France. Les Phasianelles fossiles sont pen nombreu- ses : on en trouve a Gri- gnon. FIG. 1003. Phasianelle bigarree. FIG. 1004. Phasianelle bulimo'ide. lle GENRE. CCu*tit(A. Turritella, Lamarck. (Diminutif de turritus, garni de tours, tourelles.) Coquille turriculee, pointue, un peu mince, generalement stride dans le sens de la longueur des tours de spire, qui sont peu nombreux. Ou- verturearrondie, entiere, ayant les bords desunis superieure- ment; bord droit avec un sinus. Animal a lete munie d'une trompe et de tentacules allonges et ocules sur un renflement externe de leur base. Pied court, ovalaire, decoupe a sa cir- conference et portant un opercule corne et multispire. Les Turritelles se trouvent dans toutes les mers. Une des especes les plus remarquables est vulgairement connue sous le nom de Vis-de-Pressoir, a cause de sa forme. Des Tur- ritelles fossiles, les lines appartiennent aux terrains tertiaires. FIG. 1005. . ri „. , . fr . -, Turriteiie de Caiifomie. quelques-unes aux terrains cretaces inteneurs ; ily en a meme de citees dans des terrains plus anciens. VINGT ET UNIEME FAMILLE. Toutes les coquilles de cette famille, fort nombreuse et tres-variee, ont un canal droit ou recourbe etplus ou moins developpe a la base de Touverture, dont le bord droit ne change pointde forme avec Tage. Toutes sont operculees. Les unes ont uri bourrelet constant sur le bord droit, les autres rf en ont point, ce qui a servi a Te- tablissement de deux divisions. HISTOIRE NATURELLE. 271 § I . <%a*n/ c/e ve-aiie-ScJ cand/awS Jtt?- & vata (/tat/. ler GENRE. Qj\3e/iluee. Nerinea, Lamarck. (Nora mythologique.) Coquille turriculee, allongee, a tours nombreux ; axe perfore; columelle fort grosse, presentant trois plis dont le premier et le dernier sont lesplus grands, celui du milieu n'existant pas toujours; un on deux plis sur le cote droit de chaque tour. II existe done dans la coquille au moins trois plis, et pas plus de cinq dans les especes oil ils se voient tons. 11s sont parfois diversement contournes ou tres-flexueux ; ils presentent une, deux et quelquefois trois gouttieres, separees par des carenes aigues; d'autres fois ils sont simples, seulement plus ou moins incli- nes sur le plan ou ils reposent. Ce genre a ete etabli par M. Defrance pour deux coquilles fossiles des coteaux de la vallee de la Touque, pres de Li- sieux. Ces coquilles, singulieres par les plis de leur columelle et leur forme interieure, se distinguent aisement des Cerites, et appartiennent a des couches plus anciennes que celles dans lesquelles on a Je plus ordinairement rencontre ces dernieres. On connait maintenant huit ou neuf especes de Nerinees. Si Ton parvient a scier une Nerinee dans sa longueur et a la diviser ainsi en deux parties egales, on distingue parfaite- ment la perforation de Taxe et la disposition particuliere des plis, qui, en s'etendant, en se contournant quelquefois dans la cavite interieure de la spire, ont laisse peu de place pour FIG- i°°6-NerineedeReciuien- la partie posterieure de Tanimal. D'apres cette disposition, M. Deshayes, auquel nous empruntons ces details, ditque les moulesinterieursdes Nerinees ressemblenl en quelque sorte a des rubans gaufres dans leur longueur. 2e GENRE. ^&tite>. Cerithium, Bruguieres. (Ksfa;, cornet.) Coquille allongee, turriculee ; ouverture oblongue, obli- que, tcrminee a sa base par un canal court, tronque ou re- courbe, jamais echancre. line gouttiere a Textremite supe- rieure du bord droit. L'animal a la tete proboscidiforme , surmontee d'un voile membraneux et de tentacules ocules a leur partie moyenne et externe; le pied est court et muni d'un opercule corne. Les Cerites sont des coquilles marines qu'on trouve sur Jes fonds vaseux, et le plus souvent a 1'embouchure des fleuves, rarement au dela du point oil la mer remonte. Le genre Cerite est tres-nombreux en especes vivantes et Fio. 1007. C.erite granulcusc. 272 HtSTOIRE NATURELLE. fossiles; les premieres habitent toutes les mers; les Cerites fossiles se rencontrent dans les couches de nouvelle formation. Le calcaire coqtiillier des environs de Paris fournit assez abondamment la Cerite geante, remar- quable par 'ses dimensions extraordinaires, qui depas- sent de beaucoup celles des especes du rneme genre. Cette coquille a son analogue vivant dans les mers du Sud, et le seul exemplaire connu se trouve dans la col- lection de M. Benjamin Delessert. II est accompagne d'une note manuscrite de Lamarck, et d'une autre note qu'on altribue a Denys de Montfort. Nous croyons devoir donner communication de la premiere, que nous reproduisons textuellement : « Cerithium giganteum. Analogue vivant de la co- « quille fossile connue sous ce nom. Cette coquille, « qui parait unique, et la premiere observee vivante de « cette espece, fut apportee a Dunkerque, en decem- « bre 1810, par un Anglais nomine Mathews Tristram, « qui faisait partie d'un batiment anglais alors a Dun- ce kerque. Ce marin anglais avait encore differents au- « tres coquillages, dont plnsieurs sont connus pour « habiter les rners de la Nouvelle-Hollande, tels que « des Faisans, le Trochus Cookii, etc., etc. Interroge « sur la maniere dont il s'etait procure la belle Cerite « qu'il possedait, il repondit qu'etant embarque sur « la flute le Swalow, il avait navigue dans la mer « du Sud, et qu'un jour, ayant attaque, la sonde a la « main, les banes de rochers en avant de la Nouvelle- « Hollande, et lui-meme, charge d'une partie de a ces operations, se servant alors d'une sonde de « nouvelle invention qui rapporte avec elle ce qu'elle cc peut ramasser an fond des eaux, il avait ainsi retire FIG. 1008. Cerite geante. « cette coquille du tond de la mer avec des coraux « blancs (des madrepores) et autres objets marins. II ajouta qu'il n'avait eu que « ce seul individu, et que, comme il etait « casse, on n'en voulut point a son re— « tour en Angleterre, on du moins on en « fit assez peu de cas pour ne lui en point « donner ce qu'il en demandait. Denys de « Montfort en fit Templette, ainsi que de « quelques autres des coquilles de cet An- « glais, qui contenaient un sable conchy- « lifere assez interessnnt. C'est de ce der- « nierquej'en fis racquisition,connaissant « Timportance pour la zoologie du nou- « veau fait que presente cette belle CO- FIG. 1009. Cerite sillonnee. FIG. 1010. Cerite rubannee. (( quille. 7 JanVlCI' 1811. LAMARCK. )) IHSTOIRE NATURELLE. 275 3e GENRE. Svleiixotouu'. Pleurotoma, Lamarck. (nXsupa, cote ; rsavto, je fends.) Coquille fusi forme on turriculee, terminee inferieurement par un canal droit plus ou moins long ; ouverture ovale , remarqiiable par Techancrure de la partie superieure du bord droit; le bord columellaire simple et lisse. L'animal a la tete aplatie, munie de tentacules a la base desquels se montrent les yeux ; le pied est ovale, court, a bords minces, et son extremite posterieure porte un opercule come assez epais. On connait tin grand nombre de Pleurotomes dont le ca- raclere le plus saillant consiste dans 1'echancrure de la partie superieure du bord droit. Us viennent pour la plupart des mers de Tlnde. Les especes fossiles, fort nombreuses aussi, se trouvent dans les couches plus nouvelles que la craie, et plus particulierement dans le calcaire grossier. FIG. 1011. Pleurotome austral. FIG. 1012. Pleurolome auriculifere. FIG. 1015. Pleurotomc tour do Babel. 4e GENRE, X^iittbuiee. Turbimlla, Lamarck (Turbineus, tournant en rond.) Coquille generalement epaisse, turbinee ou sub- fusiforme, souvent tuberculeuse, a spire quel- quefois surbaissee et mamelonnee au sommet ; a ouverture etroite, canaliculee, et presentant a la columelle des plis transverses au nombre de trois a cinq. L'anirnal est imparfaitement connu. II a des tentacules ocules a leur base. Le pied est ovalaire, grand, dilate, et porte un opercule epais et un peu recourbe. Les Turbinelles sont des coquilles marines assez lourdes, solides, couvertes d'un epiderme epais; elles viennent pour la plupart de TOcean Indien. Les especes fossiles sont jusqu'ici tres-peu nom- breuses; on n'en cite qu'une seulc des environs de Paris. FIG. 1014. Turhinelle artichaut. 35 274 HISTOIRE NATURELLE. 5« GENRE, aiiceliaiie. Cancellaria, Lamarck. (Cancellatus, treillisse.) Coquille reticulee ou rugueuse , ovale , globuleuse ou turriculee ; ouverture demi-ovale, subcanaliculee a sa base; bord droit tranchant, sillonne a Tintericur ; columelle droite, avec un plus ou moins grand nonibre de plis tres-saillants. L'anirnal a la tete large et aplatie, munie dedeux tentacules greles et allonges, ocules au cote externe de leur base ; le pied est mince, aplati, et ne porte point d'opercule. Les Cancellaires vivantes ne sont pas tres- nombreuses ; elles viennent pour la plupart des mers de 1'lnde. Les especes fossiles, plus norn- 1015 FIG 1016 breuses, ne se trouvent quo dans les terrains Cancellaire a cotes obliques. Cancellaire reticulee. tertiail'CS, et deviennent de plus Cll plllS abon- dantes a mesure que ces terrains sont plus recenls. L'espece la plus remarquable de ce genre est la Cancellaire trigonostome, nom- mee aussi Bordstmp, et dont le plus bel exemplaire connu fait parlie de la collec- tion de M. Benjamin Delessert. Cette coquille est des plus rares et a une grande valeur; elle est oblongue, turbinee, etcomposee de tours triangulaires qui ne s'at- tachent entre eux que par Tangle interne. Celte coquille singuliere est sillonnee sur toute sa surface exterieure. (Voy. pi. V, fig. 2.) 6e GENRE. FIG. 1017. Fasciolaire trapse. . Fasciolaria, Lamarck. (Fasciola, bandelette.) Coquille de forme variable, subfusiforme, a spire mediocre, pointue, le dernier tour plus grand que tous les autres ensemble ; ouverture ovale-allongee, terminee parun canal assez long, en gouttierc. Bord externe souvent ride, tranchant; bord columel- laire presentant quelques plis Ires-obliques. L'ani- mal a la tete assez large et epaisse, et se termine par deux tentacules a la base externe desquels sont les yeux. Le pied est ovalaire, tronque en avant.et tres-epais; il est muni a son extremite posterieure d'un opercule corne, solide et ongui- cule. Lc genre Fasciolaire est peu nombreux en es- peces ; elles vivent dans les mers des Grandes- Indes, aux Antilles et a la Nouvelle-Hollande. Les especes fossiles appartiennent aux terrains tertiaires : on en trouve aux environs de Bordeaux et de Paris. HISTOIKE NATURELLE. 275 7e GENRE. etdcau'. Fusm, Lamarck. (Fusus, luscau.) Coquille fusiforme, souvent ventrue dans sa parlie inoyenne ; a spire allongee, ridee, striee on tuberculeuse, couverte d'un epidemic verdatre. Ouverture ovale, pro- longee en un long canal droit. Bord droit tranchanl; bord colurnellaire lisse. L'animal a la tele petite, munie de tenlacules ocules a leur base ou vers le milieu de leur longueur. Le pied est subquadrangu- laire, tres-court, etmuni d'un opercule corne. Les Fuseaux se distinguent par 1'e- legance de leur forme plutot que par 1'eclat de leurs couleurs ; on en trouve dans toutes les mers, mais particuliere- ment dans celles des pays chauds. Les especes fossiles apparliennent particu- lierement au calcaire coquillier. FIG. 1018. Fuseau pagode. FIG. 1019. Fuscau quenouille. 8e GENRE. Caytfufe. Cyrtulus, Hinds. (Etymologie inconnue.) Coquille fusiforme, ombiliquee, le dernier et l'a- vant-dernier tour turbines, a spiresaillante; ouverlure allongee , se terminant inferieurement par un canal court. Columelle irregulierement arquee, calleuse superieurement; bord droit tranchant. Animal non decrit. Cette coquille, nouvellement decouverte aux iles Marquises, est couverte d'un epiderme tres-mince ; elle est encore fort rare dans les collections, et a etc rapportee, en 1842, par le capitaine anglais Belcher, commandant du Sulphur, envoye en exploration dans les mers du Sud. On ne connait encore qu'une' seule espece, et M. Hinds, qui en donne la description, ne dit sur cette nouvelle coquille rien de particulier que nous puissions indiquer. FIG. 10JO. Cyrtulc du soir. 276 HISTOIRE NATUBELLE. 9« GENRE. wue. Pyrula, Lamarck. «7 (Pirum, poire.) Coquille de forme variee, piriforme, ventrue, a spire courle ou surbaissee , ouverture ovale, terminee par un canal droit plus ou moinslong. Bord droit sans echancrure ; columelle lisse, un peu excavee. L'animal a la meme forme que ceux des genres qui precedent, et comme eux il est opercule. Le genre Pyrule se compose d'especes qui presentcnt entre elles des differences si prononcees, soit dans la forme, soit dans Tepaisseur, que depuis longtemps on a senti la necessite d'y faire quelques changements. Quelques especes, comme la Pyrule me- longene, semblent devoir etre rapprochees des Pourpres, et la FIG. 1021. Pyruie iigue. Pyrule figue, dont Tanimal n'est point opercule, doit devenir le type d'un genre a former. Cette coquille est tres-mince, tres-legere, fragile, et differe essentiellement des vraies Pyrules, qui sont epaisses et solides. On trouve des Pyrules dans toutes les mers; les especes fossiles se ren- contrent particulierement dans le calcaire grossier et dans les couches plus nouvelles. Nousavons figure, pi. IX, nos2, 3 FIG. 1022. Pyrule candelabra. FIG. 1023. Pvrule melongcne. et 4, et pi. VIII, n° 1, quatre Pyrules encore peu connues ou nouvelles, et nous avons decrit Tune d'elles sous le nom de Pyrule de Delessert. Parmi ces especes, la Pyrule tubuleuse se rapproche des Figues, et les autres ont de grands rapports a,vec les Pourpres. IIISTOIKK NATURELLE. 277 Se -vo 10e GENRE. cH-ml&IoS'ane. Struthiolaria, Lamarck. (Struthio, autruche.) Coquille ovale, a spire elevee ; ouverhire evasee, sinueuse, terminee a sa base par u n canal ires-court, droit, non echancre. Bord droit sinue, muni d'un bourrelet en dehors ; bord columellaire calleux. L'animal a une tete prolongee en trompe plus longue que la coquille, et terminee par une petite troncature dans laquelle se trouve Touverture de la bouche, Tentacules coniques et ocules au cote externe deleur base. Le pied est ova- laire, epais, pedicule, et porte un petit opercule cor- ne, rudimentaire. Les Struthiolaires sont toutes des mers de la Nou- velle-Hollande ; elles sont rares et peu nombreuses, car on n'en cite encore que quatre ou cinq especes. On n'enconnaitpointdefossiles^irespecedecriteavec doute par M. Defrance n'appartient pas a ce genre. FIG 1024. Strulhiolaire crenelw GENRE. c^auec. Ramlla, Lamarck. (Diminutif de rana, grcnouille.) Coquille ovale ou oblongue, subdeprimee, canaliculce a sa base, et presentant deux rangees de bourrelets droits ou obliques, mutiques, tuberculeux ou epineux, a intervalle d'un demi-tour ; ' ouverture ovalaire. Les bourrelets sont formes par les accroissements successifs de la coquille, et, en Pelargis- sant a droile et a gaucbe, ils lui donnent un aspect un peu deprime. L'animal a la tete large, proboscidiforme, munie de gros tentacules a la base externe desquels sont des yeux saillants. Le pied est large, quadrilateral, et porte a son extremite posterieure un opercule come et allonge. Les Ranelles viennent des mers de Tlnde, de la Chine et de la Nouvelle-Hollande. Les especes fossiles FlG' 10-5' Rancllc ?ranuleusc • se rencontrent dans les couches plus nouvelles que la craie, mais on n'en a poin-t trouve encore aux environs de Paris, 278 HISTOIRE NATURELLE. 12e GENRE. o^occv- Murex, Lamarck. (Murex, chaussc-trnpe.) Coquilleovale-oblongue, a spire plus on rnoinselevee; la surface exterieure tou- jours interrompue par des rangees de varices en forme d'cpinos ou de ramifications, FIG 1026. Rocher pal me de rosier. FIG. 1027. Rocher tete de becasse. ou seulemenl de tuhcrcules generalement dans un ordrc rcgulier. et constant. Ou- verture ovalaire, seprolongeant en un canal droit, souvent tres-developpe ; bord externesouvent plisse on ride; bord columellaire parfois calleux. L'ani- mal a deux tentacules longs et rapproches ; le pied est arrondi, generalement court et muni d'un opercule come. Ce genre est un des plus nombreux en especes : les lines ont I'ouverture terminee par un canal tu- buliformc couvert d'epines (fig. 1028), ou sans Fis. 1028. Rocher lin FIG. 1029. Rocher herisson. HLSTOIilE NATURELLE. 279 e'pines(fig. 1027); lesautres sont couvertesdc palmettos (tig. 1026) ; d'autres cnfin prcsentent sur toute leur surface des lubercules regulicrs, spiniformes et eanalicu- les (fig. 1029). Lcs Rochcrs formcnt un genre remarquahle par la couleur et la variete des especes. On les trouve dans toutes les mers. ( Voy. pi. VIII, fig. 2 et 3.) Les Rochers fossiles se rencontrent dans les couches plus nouvelles que la craie, et particulierement dans le calcaire grossicr. II parait que ce sont ces Mollusques, que les anciens connaissaient sous le nom de Muriccs, qui fournissaient la belle couleur de pourprc, si precieuse et si recherchee. 13e GENRE. CC'utou. Triton, Lamarck. (Triton, nom mythologique.) Coquille ovale ou oblongue, a spire generalement assez elevee, couvertede bour- rclets irregulierement epars, et ne formant jamais de rangees longitudinales. Ouverture ovale, oblon- gue, et souvent tres-irreguliere; bord droit fre- quemment charge de plis ou de denticules; bord FlG. 1030. Triton cmaillc. FIG. 1051. Triton grimafant. FIG. 1032. Triton bouclie blanche. columellaire'tapisse par unecallosite quel- quefois tres-ridee. I/animal des Tritons est a peu pres le meme que cclui des Rochers ; sa tete est grosse, saillante, mu- nie d'une paire dc tenlacules coniques, assez longs etoculesvcrs le milieu de leur cote externe. Le pied est court, epais, tronque, et porte un opercule allonge. On trouve des Tritons dans toutes les mers, et les especes fossiles se rencontrent toutes dans les terrains tcrtiaires. FIG. 1033. Trilon enlace. FIG. 1034. Triton rongct. '280 IHSTOIUE NATURELLE. VINGT-DEUXIEME FAMILLE. Cette famille se compose de coquilles de forme tres-variee, ayant un canal plus ou moins long a la base de Touverture, et dont le hord droit change de forme avec Fage, et a un sinus inferieurement. ler GENRE. o^OcjuCPcwYC' Rostellaria, Lamarck. (Rostellum, petit bee.) Coquille fusiforme ou subturriculee, a spire generalement assez elevee; ouver- ture ovalaire, terminee par un canal saillant et en bee pointu ; bord droit simple, dente, digite ou dilate en aile, ct formant un sinus pres de sa reunion au canal. L'a- nimal est en spirale, allonge ; sa lete, grosse et epaisse, se prolonge en une trompe fen- due en avant; elle est munie de deux tenta- cules assez gros et bifurques, la branche interne de la bifurcation plus grele et poin- tue , Pexterne tronquee et oculee au som- met. Le pied est divise en deux parties, la posterieure munie d'un opercule corne et unguiforme. Les Rostellaires sont des coquilles assez recherchees dans les collections : on en trouve particulierernent dans les mers de la Chine. Une espece vient de la Mediterranee, et une aulre de la mer Rouge. D'apres M. Defrance, quelques especes de ce genre se monlrent a Tetat fossile dans des couches plus anciennes que la craie ; mais la plus grande partie rie se rencontre que dans celles qui sont plus nouvelles, et il est tres-probable que la solubilite de leur test est la cause qu'on n'en trouve pas dans la craie. FIG. 1055. llostcllaire de Fowls. FIG. 1056. Rostcllaire bee droit. GENRE. Chenopus, Philippi (Anserina, patte d'oie.) Coquille allongee, fusiforme, terminee a la base par un appendice court, a peine canalicule; columelle droite, garnie d'une callosite plus ou moins epaisse; bord droit dilate, detache superieurementpar un sinus large et pen profond, tantot sim- ple, tantot decoupe en digitaiions plus ou moins longues. L'animal est spiral; sa tetc est grosse, proboscidiforme, tronquee obliquement en avant et munie de ten- HISTOIRE NAT11RELLE. 281 tacules tres-allonges, greles, pointus et garnis a leur base d'un petit pedicule ocule a son sommet. Manteau mince, simple ou lobe selon les especes, le nombre des lobes correspon- dant acelui des digitations de la coquille. Pied ova- laire, tronque en avantet garni d'un petit opercule corne et oblong. Le genre Anserine est pen nombreux en es- peces ; il a etc forme aux depens des Rostellaires de Lamarck. Les especes vivantes se trouvent dans la Mediterranee et TOcean Atlantique ; les especes fossiles appartiennent aux terrains tertiaires et crctaces. FIG. 1037. Anserine pied de pelican. 5e GENRE. Strtftoci^e. Pterocera, Lamarck. (ITrepov, aile; xspa;, corne.) Coquille ovale - oblongue , ventrue, terminee inferieure- ment par un canal assez al- longe'. Le bord droit se de- veloppe, avec Tage, en aile digitee, et presente un sinus vers sa base ; le bord columel- laire est souvent ride. L'ani- mal a la tete grosse, probos- cidiforme , munie de gros tentacules renfles au sommet, tronques et largement ocules sur la troncature. Le manteau a le bord droit decoupe en un nombre plus ou moins consi- derable de lanieres qui secre- tent les digitations de la co- quille. Ces digitations paral- leles s'atropbient a mesure que leur secretion remplit les digitations calcaires. Lepied est large en a van t , comprime en arriere, et porte un opercule corne, long et etroit. FIG. 1038. Plerocere mille-pieds. FIG. 1040. Pterocere scorpion. 282 HISTOIRE NATURELLE. Les Pteroceres, connus vulgairement sous les noms d'Araignees de mer ou de Scorpions, sont plus remarquables par la singularite de leur forme que par leur couleur. On les trouve dans les mers des deux hemispheres. Le nombre des especes vivanles est pen considerable ; les especes fossiles appartiennent pour la plupart aux terrains anciens. 4e GENRE. C^homCe. Strombus, Linne. (Strombus, conque marine.) Coquille ventrue, terminee a sa base par un canal court, echancre ou tronque. Bord droit, se dilatant avec Tage en une aile simple, lobee ou crenelee a la partie superieure, etayant a Tinferieure un sinus se- pare du canal ou de Techancrure de la base. L'animal csl spiral, a tete tres-distincte, pro- boscidiforme, large, munie de deux tenta- cules gros, cylindriques, ocules a leur som- met ; les yeux sont gros, vivement colores, et surmontent deux pelits appendices delies et pointus, places a la partie superieure et interne des tentacules. Le pied est comprimeet forme FIG. io4i. sirombe pouie. de deux parlies i la posterieure, longue, porte un opercu'le allonge, corne et unguicule. , Ce n'est qu'a une certaine epoque de leur vie que les Strombes presentent le deve- loppement complet du bord droit de cette expansion, qui les rend si remarquables. FIG. 1042. Strombe aile d'ange. FIG. 1043. Strombe aile d'aigle. Les Strombes viennent des mers des pays chauds: la plupart des especes sont vive- rncnt colorees a Tinterieur ou a 1'exterieur, et recouvertes d'un epiderme mince HISTOIKE NATURELLE. 285 et verdatre. Une des especes , tres-commune quoique des plus belles , esl souvent employee comme ornement ; elle est blanche a rexterieur, et son ouverture est d'un rose tres-vif : c'est le Strombe aile d'aigle. On trouve des Strombes dans tou- tes les mers, et surtout dans celles de 1'Inde. Les especes fossiles sont pen nom- breuses ; elles viennent de Grignon, de Dax, de Bordeaux et des faluns de la Touraine. VINGT-TROISIEME FAMILLE. La famille des Purpuriferes se compose de coquilles dont la forme varie beau- coup, les unes globuleuses, les autres tres-allongees ; mais elles ont toutes un canal court, ascendant posterieurement, ou une echancrure oblique en demi-canal a la base de Touverture et se dirigeant vers le dos. Lamarck a donne a cette famille le nom de Purpurifere, parce que, selon lui, les especes qui la composent, et surtout celles qu'il distingue sous le nom de Pourpres, contiennent dans un reservoir par- ticulier la matiere coloranle pourpree qu'on accorde peut-elre avec autantde raison ad'autres Mollusques du genre Rocher. ler GENRE. OiXdtUi\xtw. Cassidaria, Lamarck. (Diminutif de cassis, casque.) Coquille ovale , renflee, a spire courte , cono'ide , beaucoup plus courte que le dernier tour, celui-ci termine a sa base par un canal assez long, courbe, subascen- dant, a peine echancre a son extremite. Ouver- ture longitudinale retrecie a ses extremites, peu large dans le milieu. Columelle sinueuse, cou- verte par le bord gauche, lisse, granuleux ou ride. Bord droit, epais, renverse en dehors, simple, plisse ou dentele interieurement. L'ani- mal a la tete grosse et epaisse, portee par un cou cylindrique et munie d'une paire de ten- tacules allonges et ocules a leur base externe. Le pied est large, ovalaire, subtronque en avant FIG. 1044. Cassidaire echinophore. et opercule posterieurement. L'opercule est lisse, allonge, et forme d'elements subecailleux. Le genre Cassidaire est peu nombreux en especes vivantes qu'on trouve sur les cofes d'Europe, ou en especes fossiles de France. 2e GENRE. OuuicLe. Oniscia, Sowerby. (Oniscus, Cloporle, nom d'espece devenu nom de genre.) Coquille oblongue, subcylindrique, un peu conoide, a spire courte, obtuse ait 284 HISTOIRE NATURELLE. sommet, retrecie a la base. Ouverture longitudinale, etroite, a bords paralleles. Columelle droite, simple, revetue d'un bord gauche assez large et granuleux ; bord droit epaissi, dentele, renfle dans le milieu ; canal terminal court, etroit, a peine echancre. Animal inconnu. (le genre, etabli par M. Sowerby aux depens du genre Cassidaire de Lamarck , pour des coquilles dont Touverlure est allongee, etroite et a bords paralleles. On n'en connait qu'un pelit nombre d'especes , des mers de Tlnde et de la Chine. FIG. 1045. Oniscie de Lamarck. FIG. 1046. Oniscie gaufree. 5e GENRE. Commie. Cassis, Lamarck. (Cassis, casque.) Coquille ovalaire, bombee, a spire pen eleve'e, souvent presque plane. Ouver- ture longitudinale un peu oblique, etroite, et terminee a sa base par un canal tres- court etrecourbe vers le dos. Columelle plis- st3e ou dentee transversalement ; bord droit, epais, muni d'un bourrelet exterieur et dente en dedans. L'animal a la tete assez grosse et epaisse, proboscidiforme, muniede FIG. 1047. Casque de Madagascar. FIG. 1048. Casque hezoar. deux tentacules coniques, allonges, a la base desquels se trouvent les yeux. Le manteau revet Tinterieur de la coquille et vient se reflechir sur les bords de 1'ou- verture, sur lesquels il s'applique exactement. L'extremite anterieure du manteau se prolonge en uri long canal cylindrique, fendu en avant, passant par Techancrure de la base de la coquille et servant a diriger Teau dans la cavite branchiale. Le pied est large, deborde quel(|uefois la coquille, et est muni d'un opercule corne, demi-ovale et presentant des stries rayonnantes. HISTOIRE NATUUELLE. 285 Le genre Casque se compose de coquilles souvent fort belles et fort grosses , qu'on trouve particulierement dans la mer des Indes. Les grandes especes servent dans Tlnde, oil elles sont tres-communes, a faire de la chaux, et on les emploie meme an lieu de pierres pour la construction des murs de cloture. Les especes fos- siles sont peu nombreuses : on les trouve aux environs de Paris et de Bordeaux. 4e GENRE. G/vicimife. Ricinula, Lamarck. (Ricinus, ricin, graine de ricin.) Coquille ovale ou subglobuleuse, epaisse, herissee de pointes ou de tubercules, a spire tres-courte. Ouverture oblongue, presentant inferieurement un demi-canal recourbe vers le dos et termine par une echancrure oblique. Des dents inegales sur la columelle ; le bord droit souvent digite en dehors et garni interieurement de dents qui re- trecissent Touverture. L'animal esl en tout semblable a celui des Pourpres : aussi a-t-on propose de reunir les Ri- cinules aux Pourpres. Les Ricinules sont generalement de petite taille ; elles sont remarquables par la singularite de leur forme. L'ou- verture de ces coquilles est grimagante et souvent d'une F«G. i049.Ricinuiemuriquee. jolie couleur rose ou violacee. Elles viennent toutes des mers de Tlnde. 5e GENRE. i'cu' i. Purpura, Adanson. (Purpura, pourpre.) Coquille ovale, epaisse, mutique, tuberculeuse ou anguleuse, a spire courte, le dernier tour plus grand que tous les autres reunis. Ouverture dilatee, terminee in- ferieurement par une echancrure oblique et subcanaliculee. Bord columellaire FIG. 1050. Pourpre noritoide. FIG. 1051. Pourpre antique. FIG. 1052. Pourpre bezoar. lisse, souvent concave, termine en pointe. Bord droit souvent digite, epaissi inte- rieurement et plisseou ride. L'animalaune tete large, subproboscidiforme, munie de deux tentacules rapprocbes, coniques , renfles et ocules vers la partie moyenne 28G de leur cote externe. HISTOIRE NATURELLE. Le pied est grand et comme bilobe en avant , et garni d'un opercule come, demi-circulaire et a sommet poste- rieur. Les Pourpres sont de jolies coquilles , la plupart exotiques, de forme singuliere , et que Ton croit aussi contenir la matiere coloranle de la pourpre. On trouve les Pourpres dans toutes les mers. On en connait une centaine d'especes vivantes, et deux especes fossiles des faluns de la Touraine. FIG. 1053. Pourpre planospire. 6e GENRE. u*. Trichotropis, Sowerby. poil ; TOO'TCI:, carene.) Coquille mince, turbinee, carenee et ombiliquee. Ouverture entiere, plus longue que la spire. Columelle tronquee obliquement ; bord droit mince et tranchant. Epiderme mince, verdatre, couvrant toute la coquille et la debordant a la levre droite. Animal non decrit, ayant un opercule corne. On ne connait encore qu'une ou deux especes de ce genre, que M. Sowerby classe, provisoirementsansdoute, parmi les Purpuriferes. Le Trichotropis bicarene a ete FIG. 1054. Trichotropis bicarenc. trouve dans les mers du Nord. Celte coquille, qu'on ju- gerait a premiere vue devoir etre fluviatile, sera sans doute, quand on en connaitra mieux Tanimal, reportee a une autre famille. 7e GENRE, ilicowic. Monoceros, Montfort. (Mcvo;, un ; x,epa:, corne.) Coquille ovale, tres-voisine des Pourpres, dont elle ne difiere que par la presence d'une dent conique, aigue et assez prononcee, a la base interne du bord droit, qui FIG. 1055. Lieorr.e lugnbre. FIG. 1056. Licorne cerelc HIST01RE NATURELLE. 287 est tranchant, lisse ou ondule ; le bord columellaire est lisse ; Pouverture cst large et terminee inferieurement par une echancrure oblique. L'animal des Licornes est le meme que celui des Pourpres. Le genre Licorne est peu nombreux en especes, presque toutes des mers d'A- merique : on en connait de fossiles des terrains tertiaires d'ltalie. 8e GENRE. Ooiu&ofeftHX*. Conc/tolepas, Lamarck. (Concha, coquille; lepas, nom donne aux coquilles qui s'attachcnt aux rochers.) Coquille assez epaisse, ovale-bombee, en demi-spirale, a spire tres-petite, a peine saillante, et dont le sommet est incline vers le bord gauche. Ouverture longitudinale tres-ample, un peu oblique, et presentant une legere echancrure a son extremite inferieure, et deux appendices dentiformes a la base du bord droit. Sans columclle, Jes bords reunis. L'animal est encore le meme que celui des Pourpres; son pied est muni d'un opercule corne, mince et oblong. Ce genre ne se compose que d'une seule espece, des cotes du Perou. La surface exterieure du Concholepas est rude et sillonnee transversalement. FIG. 1057. Concholepas du Perou «« GENRE. p^l (Harpa, harpe. ffarpa, Lamarck. Coquille ovale-oblongue, plus ou moins bombee, assez mince, e'maillee en de- dans et en dehors, et ornee a Texterieur de cotes longitudinales un peu obliques, paralleles et regulieres, a spire courte et terminee en pointe tres-fme. Le dernier tour plus grand que tons les autres reunis. L'ouverture est ovale-allongee et echan- Fio. 1058. Harpe venlrue. cree inferieurement. Le bord columellaire est simple ; le bord droit est toujours garni d'un bourrelet exterieur forme par la derniere cote. L'animal a une tete assez petite, aplatie, muniede deux tentacules coniques, rap- proches et portant les yeux sur un renflement situe un peu au-dessus de leur par- tie moyenne et externe. Le pied est tres-grand et muni en avant d'une sorte de 288 HIST01RE NATURELLE. talon. Le manteau se prolonge en avant, et forme un tube long, grele et cylindri- que, qui sert a porter 1'eau dans la cavite hrancliiale. Les Harpes sont de fort belles coquilles, auxquelles il ne manque, pour etre pre- cieuses, que d'etre plus rares, dit Lamarck. Cependant quelques especes du genre sont tres-rares , d'uri prix eleve et fort recherchees dans les collections. La plus rare est la Harpe noble, a cotes serrees. Toutes les especes sont belles , \ivement colorees et ornees de faisceaux de lignes noires et interrompues sur les cotes. L'ani- mal est orne a peu pres des memes couleurs que la coquille. Toutes les Harpes sont exotiques et viennent des mers de 1'Inde : Ton en connait deux especes fossiles, 1'une a Grignon, Tautre a Valmondois : cette derniere tres-rare. 10e GENRE. ouvie. Dolium, Lamarck. (Dolium, tonneau.) Coquille mince, legere, tres-ventrue, globuleuse, cerclee transversalemeut par des cannelures decurrentes et jamais tuberculeuses, a spire peu elevee ; le dernier tour beaueoup plus grand que tous les autres reunis, et formant presque toute la coquille. Ouverture ample, ovale, oblongue ; bord columellaire tordu et canalicule; bord droit dente ou crenele dans toute sa longueur, echancre en avant. L1 animal a une tete assez large et apla- tie, munie a chacnn de ses angles d'un long tentacule conique ocule pres de sa base externe, et d'une trompe fort longue, FIG. 1059. Tonne perdrix. FIG. 1060. Tonne tachetee grosse et contractile. Le manteau se termine en avant par une trompe fendue dans toute sa longueur, etqui passe par Techancrure de la coquille, se releve sur le dos et sert a faire passer Teau aux branchies. Lepied est ovale-oblong, subauncule en avant, tres-large et tres-epais; il se gonfle en se remplissant d'eau pour facihter les mouvementsde r animal, et ne presente aucune trace d'opercule. Les Tonnes sont remarquables par leur legerete ; clles atteignent souvent de grandes dimensions. Elles viennent presque toutes des mers des pays chauds : une HISTOIRE NATURELLE. 289 seule especc se trouve dans la Mediterranee. Ce genre est d'ailleurs peu nombreux en espeees vivantes, et 1'on n'en connait que tres-peu de fossiles. He GENRE. Vouccii). Buccinum, Adanson. (Buccinum, trompette.) Coquille ovale-oblongue, epidermee, echancree a la base. Columelle arrondie, sanscallosite sur le bord gauche. L'animal a la tete petite, elroite, aplatie, portant FIG. lOGl.Buccin lime. FIG. 1062. Buccin papyrace. deux tentacules cylindraces, obtus au sommet, et a la base externe desquels se re- levent de petits pedicules ocules. Le pied est etroit et allonge en avant; il est muni d'un opercule unguicule, a sommet pointu, terminal et inferieur. Ce genre, tres-nornbreux en especes, se trouve modifie par Tetablissement des genres Tri- tonie et Nasse, formes ases depens. L'on a aussi propose Tadoption du gemePhos de Denys de Montfort, mais ce genre se reunit aux IN asses par de nombreux rap- ports. Les Buccins se trouvent dans toutes les mers, et les especes fossiles nombreuses qui en dependent appartiennent aux terrains tertiaires. 12e GENRE. utoitie/. Tritonium, Muller. (Nom mythologique.) Coquille ovale ou ovale-conique, epidermee, ayant Touverture longitudinale, echancree a la base, quelquefois subcanaliculee. Co- lumelle arrondie, simple, sans callosite's sur le bord gauche. I/animal a la tete aplatie, etroite, munie de deux tentacules coniques a la base exterieure desquels se trouvent lesyeux.Une trompe allongee, cylindrique, sort par une fente buccale etroite, placee au-dessous de la tete. Le pied est ovale, un peu plus court que la coquille, et porte un opercule corne, ovale, a elements subconcentriques. Ce genre, etabli par Muller, se compose de coquilles que les auteurs classerent dans I e genre Buccin, qui se trouve aujouixThui completement modifie. Les especes de ce genre se trouvent dans toutes les mers. '• 37 HISTOIIU: NATURELLE. 15e GENRE. OTcXcUte- Nassa., Lamarck, (Nasse, nom vulgaire ancien.) Coquille subglobuleuse, ovale on subturri- culee, a spire quelquefois tres-surbaissee on assez elevee. Ouverture oblongue, echancree en avant. Le bortl droit tranchant, souvent plisse en dedans; le bord columellaire recon- vert d'une large plaque calleuse plus on moins etendue. L'animal a la tete aplatie, Ires-large, lermineede chaque cote par un long tentacule FJG. 1064. Nasse olivalre. FIG. 10o5. Nasse lisse. conique, renfle au cole externe de la base et portant le point oculaire sur 1'extremite anterieure de ce renflement. Le pied est large, mince, plus long quelacoquille, sub-semi-circulaire FIG. 1066. Nasse reticulee. FIG. 1067. Nasse bosiue. FIG. 1068. FIG. lC6i>. Nasse casquillon. en avant et termine de chaque cote par une courte oreillette L'extremite posterieure est bifurquee ou porte deux petits tentacules. L'opercule est petit, come, mince et dentele sur les bords. Le genre Nasse nefutd'abord considere quecornme Fie. 10"0. Nasse coimmnee. FIG. 1071. Nasse neritoldc. FIG. 1072. Nasse luisanie. HISTOIKE NATURELLE. une section des Buccins. Les especes vivantes so trouvent a pen pros dans toutes les iners; Ics especes fossiles apparticnnent anx couches plus nouvelles (juc la craie. 14« GENRE. cituie- Eburna, Lamarck. (Eburneus, semblable a 1'ivoire.) Coquille ovale on allongee, lisse a Texterieur, assez semblable aux Buccins par sa forme gcnerale et Techancrure do sa base ; mais elle s'en distingue essenlielle- ment par un oml)ilic qui sc prolonge inferieurement en un canal occupant Textremite du bord gauclic. Le bord droit sans rides. L'animal est assez semblable a celui des Buc- cins; sa tete est grosse, bifurquee en avant et munie de tcnlacules allonges et coniqucs, a la base exlerieure desquels se montrent les points oculaires. La bouche est prolongee en pointe cylindrique, et le manteau forme en avant un tube fendu, assez long, et destine a porter Teau aux bran- chies. Le pied est epais, ovalaire en avant, pointu en ar- riere et garni d'un opercule assez developpe. l^e genre Eburnese compose de coquilles tres-lisses et brillanles ; il est peu nombreux en especes, qu'on trouve dans les mers FIG. 1075. Ehurneboueusc. des Indes. 15« GENRE. i«>. Terebra, Lamarck. (Terelra, vis.) Coquille tres-allongee, turriculce, rnultispiree, tres-pointue au somrnet. Ouver- ture ovale, ecbancree a sa base posterieure ; base de la columelle torse ou oblique; bord droit tranchant. L'animal a line tete grosse, [iroboscidiforme, cylindracee, munie de cha- que cote d'un tenlacule court, conique, et ocule a sa base externe. Le manteau se prolonge en avant en un canal cylindrique qui passe par Tecbancrure anterieure de lacoquille. Le pied est tres-court, epais, adhere fortement aux corps sous-jacents, et porte un opercule corne, forme d'elements imbriques. Le genre Vis se compose de coquilles remar- quables par leur forme elancee , le poli de leur surface et la vivacite de leurs couleurs. Elles viennent de TOcean Indien, des mers d'Afrique et de TOceanie. Les especes fossiles appartiennent aux couches plus nouvelles que la craie. Une des especes de la collection de M. Benjamin Delessert, la Vis tachetee, a etc I'm. i»7* vi« cn-ncioe. FIG. 1075. 292 HISTOIRE NATUUELLE. recueillie sur les cotes (Tune des Sandwich, Tile Owyhce, oil le capitaine Cook fut tue par les sauvages. Le certificat d'origine tient a la coquille par un cachet que Lamarck a respecte et qui se trouve encore intact. VINGT-QUATRI&ME FAMILLE. Les coquilles de cette famille n'ont point de canal a la base de Touverture, mais seulement une echancrure subdorsale plus ou moins- distincte et des plis dentifor- mes. La famille des Columellaires est compose'e de coquilles fort belles et remar- quables par la vivacite de leurs couleurs. ler GENRE. (PoPomBeftV Culumbella, Lamarck. (Diminutif de columba, colombe.) Coquille epaisse, ovale, turbinee , a spire courte. Ouverture longue, etroite, echaricree et sans canal. Columelle plus ou moins plissee. Bord droit presentant un ren- flement au milieu de son cote interne. L'a- nimal a la tete petite, aplatie, munie de deux tentacules coniqucs ayant vers le tiers de leur longueur un petit pedicule adherent par le cole et ocule. La bouche est placee sous la tete et laisse sortir une trompe tres-longue. Le manleau se prolonge en avant en un tube qui passe par Techancrure de la coquille. Le pied est allonge, etroit, peu epais et muni d'un pelit opercule corne. Les Colombelles sont generalement petites , vivement colorees et d'une forme elegante; elles vivent sur le sable des rivages. Le genre est assez nombreux en es- peces des mers des pays chauds. Les especcs fossiles appartiennent aux terrains ter- tiaires. Co.oFi!e°Iy6siska. GENUE. oke. Mitra, Lamarck. (Mitra, mitre.) Coquille allongee, turriculee ou subfusiforme, a spire pointue au sommet. Ou- verture generalement petite , etroite, plus ou moins triangulaire, echancree en avant et sans canal. Bord columellaire recouvert d'une lame mince, chargee de plis paralleles entre eux et obliques, les anterieurs plus petits ; bord droit tran- chant. L'animal a la tete tres-petite, munie dc deux tentacules grclcs, coni- FIG. 1078. Mitre ridee. IHSTOIRE NATURELLE. 293 ques, pointus, avec des yeux places generalement a Textremite d'un petit appen- dice tentaculiforme et adherent aux tentacules dans toute sa longueur. La bouche laisse sortir une trompe tres-longue. Le manteau se prolonge en avant et forme un tube qui passe par Pe- chancrure de la coquille. Les Mitres sont des animaux qui habitent par- tic u I ierement les mers des pays chauds : leur coquille est tres-vive- ment coloree et des plus belles. (Voy. pi. VII.) Les especes greles, allongees et pointues sont connues sous le nom de Minarets. Les plus grandes et les plus belles viennent de TOcean Indien et des rners de la Nouvelle-Hollande. On en trouve ce- pendant quelques especes sur les cotes de France, et le nombre des especes connues estau moins de cent. On en connait aussi un assez grand nombre de fossiles a Grignon, aux F|G- 1079> Mitre p°ntificaie. FIG. ioso. Mitre episcopate. environs de Bordeaux, de Paris, et en Sicile. 5e GENRE, ^otule- Valuta, Lamarck. (Volvo, je tourne.) Coquille ovale, plus ou moins ventrue, a spire generalement peu elevee et ma- melonnee. Ouverture grande , plus longue que large, a base echancree et sans canal. Bord columellaire un peu excave et garni de plis obliques dont les anterieurs FIG. 1081. Volute robe turque. FIG. 1082. Volute zebree. FIG. 1083. Volute couronnee. sont les plus grands. Bord droit arque , tranchant ou epais , suivant les especes. 294 IIISTOUIE NATURELLE. L'animal est ovale, a tete tres-dislincte, grosse, munie de tenlacules oeules a lew base et un peu en arriere. Douche armee d'une trompe epaisse et garnie de dents en crochets. Le pied est tres-large, sillonne en avant, debordant de toutes parts et sans oper- cule. Le genre Volute se compose dc coquilles de formes tres-variees, ornees de couleurs vives et couvertes de lignes irregulieres, ondulees, dorit la nuance tranche toujuurs sur celle du fond. Les unes ont la spire couronnee d'epines sail- Jantes, les autres ont destubercules. Les Volutes vivent sur le sahle pres des cotes, ou on les trouve quelquefois a sec dans I'intervalle d'une maree. Elles viennent exclusivement des mers des pays chauds. Quelques especes sont tres- precieuses, tres-rares et d'un prix eleve : nous citerons particulierement la Volute queue de paon ct la Volute couronnee. On connait un as- sez grand nomhre de Volutes fossiles des envi- rons de Paris, de Bordeaux, et des faluris de la Touraine. Pour faciliter les recherches, on a divise les Volutes en cinq groupes, les Condoles, les Muricines, les Musicales, les Fuso'ides et les Pyruloides. Les animaux de chacun de ces groupes ont des caractcres semblahles et la meme maniere de-vivre. FIG. 1084. Volute ondu'.ee. ler groupe. Les Condoles. Coquille ventrue, bombee. FIG. 1085. Volute annt-c. FIG. 10*0. II1STOIUE NATUKKLLE. 295 FIG. 10S7. Volute elliiopienne. FIG. 1088. Volute bouton. 2e groupe. Los Muricines. Coquille ovale, c'pineusc ou tuber culeuse. 3e groupe. Les Musiqucs. Coquille subtuberculeuse. FIG. If 89. Volute imprriale. FIG. 1090. Volute musique. 296 HISTOIRE NATURELLE. 4e groupe. Les Fuso'ides. Coquille allongce, ventrue, presque en fuseau. FIG. 1091. Volute queue de paon. FIG. 1092. Volute de Delessert. FIG. 1093. Volute queue de paon. 5e groupe. Pyrulo'ides. Coquille subpyri forme , ventrue a la partie super ieure. FIG. <094. Volute pied dc bichc. HISTOIKE NATURELLE. 297 4C GENRE. 0 Marginella, Lamarck. (Diminutif de mar go, bordure a bourrelet exterieur.) Coquille polie, ovale-oblongue, aspire generalement eourle, lisse ou costulee. Ouverture etroite, ovalaire, allongee, peu ou point echancree a sa base. Bord co- lumellaire garni de plis obliques et dont le nombre varie avec 1'age. Bord droit ren- fle ou garni d'un bourrelet en deHors. L'animal est comprime, muni d'une tele distincte, avec un voile echancre dans son milieu, et deux tentacules FIG. 1095. Marginelle sillonnee. FIG. 1096. Marginelle bullee. FIG. 1007. Marginelle nubeculee. FIG. 1098. Marginelle feverolle. coniques, ocules a leur base externe ; la bouche forme une petite trompe. Le manteau deborde de chaque cote, peut se reflechir sur la coquilleet forme en avant un petit siphon. Le pied est large, elliptique et sans opercule. Les Marginelles sont de jolies petites coquilles brillantes, polies, vivement colorees, qu'on trouve dans les mers des pays chauds. II y en a de fort rares. Les especes fossiles appartiennent aux terrains tertiaires. 5e GENRE. ocaw-e- Volvaria, Lamarck. (Volva, enveloppe.) Coquille cylindracee, enroulee sur elle-meme, a spire non saillante. Ouverture etroite, de la longueur de la coquille. Columelle offrant plusieurs plis a sa partie inferieure. Bord droit mince et tranchant. Animal inconnu. Ce genre semble plutotn'etre qu'une division des Margi- nelles, avec lesquelles les coquilles qui le composent ont les plus grands rapports. Les especes vivantes viennent des FIG. 1099. voivaire cotes d'Afrique (Senegal) et de la Mediterranee ; on en trouve de fossiles aux en- virons de Paris. VINGT-CINQUltME FAMILLE. La famille des Enroules se compose de coquilles dont la base de Touverture est echancree ©u versante, et dont les tours de spire sont ventrus, enroule's, le dernier enveloppant tous les autres etcomprime a ses extremites. i. 38 298 HISTOIKE NATUKELLE. ler GENRE. oue. Ovula, Bruguieres. (Diminutif de ovum, oeuf.) Coquille ovale on oblongue, bombee, attenuee et acuminee aux extremites, sans spire apparente, a bords rou- tes en dedans. Ouverture longue, etroite, courbe, sou vent prolongee en tube et versante aux extremi- Fio. 11 04. Ovule gibbeuse. FIG. 1102. Ovule inc.irnate. Flo. 1103. tes ; sans dents sur le bord gauche, quelquefois des rides ou des dents sur le bord droit. L'animal a une tete peu distincte, raunie de ten- tacules allonges, pointus, ocules a leur base externe ; la bouche donne passage a une petite trompe retrac- tile. Le manteau est lisse, a bords FIG. 1105. ovule birostre. FIG. 1106. inegaux i le gauche, plus grand, enveloppe a lui seul presque toute lacoquille. Le pied est grand, lin- guiforme et sans opercule. Les Ovules ont pour la plupart un brillant de porcelaine ; quel- ques-unes sont blanches, les autres roses ou rosees. Elles viennent de la mer des Indes et de la Chine. On en trouve aussi dans la Me- diterranee et la mer Noire. On trouve quelques especes fossiles en Italie. Les Ovules ont ete divisees en trois groupes : le premier com- prend les especes dont le bord droit est dent£ ou plisse, et dont les ex- tremites sont pcu proeminentes : Ovules; le second est compose des coquilles presentant un renflement transversal sur le dos : Ultimes ; le troisieme enfin reunit les especes FIG. 1107. Ovule navclte. FIG. 1108. HISTOIRE NATURELLE. 299 allongees, acuminees a chaque extremite, et dont I'oiiverturc a le bord droit non dente : Navettes. FlG. 1109. Ovule des Moluques de'grandeur naturelle. FIG. 1110. 2* GENRE. Votceauie. Cyprcea, Linne. (Poll comme de la porcelaine.) Coquille ovale ou oblongue, convexe, abords rotiles en dedans, a surface exlerieure lisse et d'un brillant de porcelaine, et quelquefois tuberculcuse ou striee transversale- ment. Ouverture longitudinale, etroite, arquee, dentee sur ses deuxbords, versante aux extremites^ou elleest ecbancree. Spire a peine apparente, sou vent cachee par nn depot calcaire vitreux. L'animal est allonge, a tete distincte, munic de deux tenta- FIG. 1111. Porcelaine tigre. FIG. 1112. Porcelaine de Kunth. 'Fio. 1113. cules coniques assez longs, renfles vers leur base exterieure par le support des yeux. Manteau presentant deux lobes lateraux souvent inegaux, tres-developpes, se repliant sur le dos de la coquille et se reunissant en avant pour former un siphon tres-court, simple ou frange. Les lobes du manteau sont quelquefois couverts de 1500 HISTOIRE NATURELLE. tubercules tentaculiformes. Le pied est ovale, allonge, assez grand et sans oper- cule. Les Porcelaines forment un genre tres-nombreux en especes le plus souvent lisses, brillantes , sans epiderme , tres-variees dans leurs couleurs toujours vives ; leur forme et leur coloration varient avec Tage, au point que la meme espece, exa- minee aux diverses periodes de son accroissement, semble devoir appartenir a des genres differents. Dans le premier age, les Porcelaines sont minces, coniques, al- FIG. tl!4. ier age. FIG. 1115. 2e age. Porcelaine de Scott. FIG: 1116. 3e a^e, adulte. longees, a spire saillante ; elles ont un bord columellaire courbe et tronque a sa base. Le bord droit est mince et tranchant, et Touverture est large. Bientot apres, la coquille, sans prendre beaucoup d'epaisseur, devient plus large par les accrois- sements successifs du bord droit, qui commence a s'epaissir, a se replier en dedans ; Touverture se retrecit. A cette epoque de developpement, la spire est encore sail- lante. Pendant ces deux premiers ages, les Porcelaines n'ont pas les couleurs qu'on leur voit a Tage adulte ; elles sont seulement nuancees de teintes pales ou presen- tent quelques fascies transversales sur le dos. Enfin la periode de developpement complet commence avec le cinquieme tour: la 'spire se trouve masquee par Ten- roulement successif du bord droit qui s'agrandit en le recouvrant, devient plus ventru, plus bombe, et par un depot de matiere vitreuse qui, en se faisant egale- ment sur toute la surface, epaissit la coquille. Souvent alors la spire parait enfon- cee ; le bord droit prend les caracteres qu'il doit conserver ; Touverture se retrecit encore, ses extremites se forment et s'ecbancrent, les dents se developpent sur ses deux bords, et les couleurs que doit avoir la coquille se deposent par bandes ou par taches. Ce changement s'opere par le depot de la matiere calcaire vitreuse secre- tee par les deux lobes du manteau, dont le point de jonction sur le dos de la co- quille reste indique' par une ligne longitudinale irreguliere et ordinairement pale. Les Porcelaines, ainsi couvertes par le manteau, pourraient etre prises pour des Mollusques nus: leur coquille n'a jamais d'epiderme. Les Porcelaines vivent enfoncees dans le sable , a peu de distance des rivages : ce sont des animaux tres-timides , qui fuient le grand jour, et ne sortent de leurs retraites que pendant quelques heures de la journee. On en trouve dans toutes les mers ; et si quelques-unes sont tres-communes , il en est beaucoup de tres-rares, tres-precieuses et d'un prix fort eleve. De tout temps on a beaucoup recherche ees coquilles, qui plaisent par leurs couleurs vives et leur brillant poli. Les sauva- 1I1STOIRE NATURELLE. 301 ges habitants des cotes cTAfrique, et generalement tous les habitants des cotes, ont employe les Porcelaines pour faire divers ornements : les uns des bracelets, des colliers ; les autr.es des boites,des coiffures ; d'autres enfin des garnitures deharnais. Quelques Indiens les portent comme des atnulettes. Ala Nouvelle-ZelandeJaPor- celaine aurore, une des plus precieuses de ce genre, sert de signe de distinction aux chefs de tribu, qui la portent suspendue a leur cou ; c'est pour cette raison que la plupart de celles qui se trouvent dans les collections ont un trou qu'on reconnait fait par frottement et par une main peu habile. Cette espece a valu jusqu'a mille francs; mais depuis quelques annees elle a ete' rapportee par les marins, al- leches par un si beau prix, et elle est un peu moins rare. On dit qu'une des pre- mieres a ete donnee a un matelot par un chef zelandais qui a demande en echange un de ces couteaux de pacotille connus sous le nom d'eustaches. Dans quelques parties de Tlnde et de TAfrique, on se sert, comme monnaie courante, d'une petite Porcelaine, la monnaie de Guinee, dont le nom local est cauhs. On a divise les Porcelaines en trois groupes : les globuleuses, les pustuleuses et les striees. Toutes les especes lisses font partie du premier groupe ; le second se compose des Porcelaines dont la surface est couverte de petits tubercules arrondis et plus ou moins eleve's; le troisieme enfin comprend les especes couvertesde stries transversales. (Voyez planches X et XI.) On connait un assez grand nombre de porcelaines fossiles : elles appartiennent toutes aux couches du calcaire grossier. 3e GENRE. Co/u/tw. Terebellum, Lamarck (Terebella, tariere.) Coquille subcylindrique, enroulee , mince, polie, a spire assez elevee et pointue. Ouverture longitudinale, etroite superieurement, echan- cree a sa base. Columelle lisse, longue, tron- quee inferieurement ; bord droit simple et Iran- chant. L'echancrure dc la base est irre'guliere. L'animal n'est pas connu, mais il est probable - ment sans opercule. Ce genre ne se compose que de quelques especes, les unes vivantes des mers de I'lnde, les autres fossiles de France. FIG. I!17. Tariere subulee. FIG. 1118. 4e GENRE. c)\9ucill\me. Ancillaria, Lamarck, (^tymologie inconnue.) Coquille lisse, oblongue, subcylindrique, a spire courte ou mediocrement elevee, pointue, a sutures non canaliculees. Ouverlure longitudinale large eta peine echan- 302 FIG. 1119. Ancillaire a sillons blancs. HISTOIRE NATURELLE. cree a sa base. Bord droit simple; bord columellaire charge d'un bourrelet calleux et oblique. L'animal parait trop grand pour pouvoir entrer tout a fait dans sa coquille, qu'il couvre presque com- pletement. Le pied est bifurque a son -extremite posterieure, et se prolonge anterieurement ; la tele est munic d'une trompe grele et cylindrique. Les Ancillaires vivent sur le sable, a peu de distance des cotes : elles sont lisses etbrillantes ; quelques especes ont le test ride. Les Ancillaires fossiles ap- partiennent aux terrains tertiaires. FIG. 1120. Ancillaire mauritienne. 5e GENRE. . Oliva, Bruguieres. (0/tva, olive.) Coquille subcylindrique, enroulee, lisse, epaisse, a spire peu elevee, et dont les tours sont separes par une suture canaliculee. Ouverture longue , etroite, echan- cree a sa base; bord columellaire epaissi , strie obliquement dans presque toute sa longueur, et presentant a son extremite superieure une callosite qui concourt a la formation du canal de la spire. Le bord droit est simple et tranchant. L'animal a une tete petite , munie de deux tentacules reunis a leur base et ocules vers la FIG. 1121. Olive erythrostome. FIG. 1122. Olive porphyre. partie moyenne et externe de leur longueur. Au-dessous de la tete se montre une petite fente buccale. Le manteau , apres s'etre eriroule en avant pour former un tuyau cylindrique, se replie encore en debors et forme une petite languette trian- gulaire libre et flottante, sortant par Techancrure et placee derriere le sipbon. Le canal des tours de la spire contient un petit appendice tres-grele et dont on ne con- nait pas encore Tusage. Le pied est allonge, etroit, epais, se releve de chaque cote pour s'appliquer sur la coquille ; il est divise en avant par un sillon assez profond, et n'a pas d'opercule. Les Olives, observees par MM. Quoy et Gaimard, se plaisent sur les fonds sa- blonneux et dans les eaux claires. Elles rampent avec beaucoup d'agilite, et se re- dressent promptement lorsqu'elles ont etc renversees. Les Olives sont des animaux carnassiers; on les prend a Tile de France, en se servant de viande pour appat. HISTOIRE NATUKELLE. 505 Toutes les especes de ce genre hahitent les mers des pays chauds. On en commit un grand nombre d'especes, qui ont ele divisees en quatro groupes, d'apres leur forme generate : 1° Les especes qui ont quelque rapport avec les Ancillaires, et dontlesplis colu- mellaires sont en forme de torsade : Ancilloides; / \ ••> j 2° Coquille cylindrace'e, a spire fort pointue, avec des plis columellaires tres- nombreux, occupant presque tout le bord gauche : Cylindroides ; 5° Coquille globuleuse, ventrue, aspire tres-courte : Glandi formes ; 4° Coquille dont la spire est pointue et dont le canal s'oblitere vers le commen- cement du dernier tour : Volutelles. Les especes vivantes sont tres-nombreuses et viennent particulierernent des mers des pays chauds. Les Olives sont brillantes et lisses comrne les Porcelaines; leurs couleurs sont tres-variees, et la meme espece varie du blanc au noir en passant par des nuances differentes et intermediaires. Les lines sont ornees de bandes trans- versales, et les autres de lignes ondulees, irregulieres et entrecroisees. Les especes fossiles , beaucoup moins nombreuses , appartiennent aux couches plus nouvelles que la craie. 6e GENRE. Cone- Conus, Linne. (Cornts, cone.) Coquille epaisse, solide, en forme de cone, roulee sur elle-meme, a spire peu ou pas elevee, lisse ou luberciileuse. Ouverture longue , etroite, a bords paralleles , sans denls et versante a sa base. L'animal a une tete grosse , proboscidiforme , munie de deux tentacules greles et ocules vers leur extremiteanterieure et externe. Le manteau est court et ddpasse rarement les bords de la coquille , qui est recou- verte d'un epiderme plus ou moins epais. Le manteau forme en avant un siphon cylindrique qui se renverse sur la coquille. Le pied est tres-etroit, tronque en avant FIG. 1125. Cone hebrai'que. FIG. 1124. Cone drap d'or. et muni en arriere d'un opercule corne, rudimentaire et insuffisant pourfermer 1'ou- verture. Le genre Cone est un des plus riches en especes et un des plus beaux et des plus varies; toutes les coquilles qui le composent sont fort recherchees des collec- teurs; elles sont generalement de taille moyenne , cependant quelques especes at- teignent un developpement tres-considerable. Les Cones vivent pres des rivages, dans les rners des pays chauds; quelques especes sont tres-rares et d'un prix fort eleve. La plus belle collection des Cones appartenait aM. Hwass, qui permit a Bru- 304 HISTOIRE NATURELLE. guieres de les decrire et de lesfigurer dans \" Encyclopedic. Cette riche collection, reunie a celle de M. Sollier, fait aujourd'hui partie du musee de M. Delessert, qui, independamment de la collection de Lamarck, y a ajoute celle non moins importante du colonel Teissier. Ce genre, aussicompletque possible, estrepresentedansle musee Delessert par plus de deux cents especes et au moins quinze cents individus. On citeparmi les plus beaux cones : leDamier,le Cone noble, le Coned1 Orange, le Cedo- nulli, le Cone de Delessert et le Cone gloire de lamer. Le nombre des especes fos- siles est peu considerable : on en trouve a Grignon, a Dax et en Italic. Les Cones ont ete divises en trois groupes pour la facilite des recherches. Le premier comprend toutes les coquilles dont la spire est tuberculeuse ; ce sont les Cdnes couronnes. Dans le second se placent toutes les especes coniques a spire lisse : Cdnes lisses. Dans le troisieme, on range les especes allongees et plus cylindriques que coniques; ce sont les Cdnes cylindriques. (Voyez planche IX, iig. 5, et plan- cheXII.) TROISlfiME ORDRE. — CEPHALOPODES. L'ordre des Cephalopodes comprend des Mollusques dont la tete est en quelque sorte entouree d'une rangee circulaire d'appendices ou bras plus ou moins longs, non articules et garnis de ven louses ou de crochets. Leur bouche est armee de deux mandibules cornees qui ont assez la forme d'un bee de perroquet. Ces animaux sont eminemment carnassiers : ils vi vent de Poissons et de Crabes, dont ils font un grand carnage ; mais les pauvres victimes de leur voracite trouvent con- tinuellement des vengeurs dans les Marsouins, pour qui la tete des Cephalopodes parait etre un mets des plus friands. Tons les animaux qui nous occupent ne sont pas pourvus d'une coquille exte- rieure; quelques-uns de ceux chez lesquels elle manque portent inte'rieurement et sur le dos un corps ou rudiment testace ou corne, ayant la forme de lame, plus ou moins epais , et dont Taccroissement a lieu par couches , comme dans les co- quilles exterieures. La Seiche, par exemple, est pourvue d'une coquille calcaire interne qu'on trouve frequemment a sec sur les rivages de nos cotes. La peau des Mollusques Cephalopodes offre cette singularite qu'elle est parsemee d'un grand nombre de petites taches de diverses couleurs, chacune ayant sa teinte propre, et ou do- minent principalernent le jaune, le rose et Tindigo. Ces taches ne paraissent pas quand Tanimal est dans son etat habituel de repos et de tranquillite ; mais s'il croit avoir quelque danger a redouter, ou s'il est place sous Tinfluence d'une excitation exterieure, ces taches se mettent aussitot en mouvementet pa- raissent et disparaissent avec la plus grande rapidite. On ne saurait dire quel parti Tanimal espere tirer de la contraction et de Texpansion de ses taches. Peut-etre pense- FIG. 1125. j_j] que ieurs mouvements repetes doivent imposer et faire peur a Tennemi qui le tourmente ou dont il prcvoit que I'atteiute lui sera funeste. IIISTOIRE NATUKELLE. 505 Cette explication fera peut-etre sourire ; mais pourquoi ('irritation et la eolere, portees a un certain degre chez cesanimaux, ne mettraient-elles pas en raouvement quelque liquide interieur qui augmenterait ou changerait momentanement leur couleur? L'homme lui-meme n'est-il pas soumis aces alternatives, selon que les mouvements d'une passion vive viennent Tagiter? Quoi qu'il en soil, s'il etait possible que le jeu de ces taches fut un epouvantail pour quelques animaux , les Pouipes possederaient encore un moyen de se derober aux atlaques de leurs ennemis. En effet, ces Mollusques sont-ils poursuivis par un animal dont la pre- sence leur donne quelque inquietude, ils disparaissent dans un nuage noir; leur trace se perd dans la teinte soudainement obscure de Feau qui les environne, et ce sont eux qui produisent a volonte ce nuage, en laissant echapper de leur corps une li- queur d'un noir tres-fonce, soigneusementrenfermee dans un sac, etqu'ils tiennent en reserve pour en faire usage dans des cas urgents. En parlant de quelques especes de Cephalopodes, et de la Seiche en particulier, nous dirons ce qu'on sail de cette fiqueur, qu'on supposait faire partie de Tencre de Chine. On pense aussi que Tin- stinct porte ces animaux a troubler 1'cau de cette facon, afin de n'etre pas aperc,us de la proie qui les tente, et qu'ils veulent saisir a 1'improviste. Quelques natura- listes, mettant en doute le courage des Pouipes, attribuent exclusivement cette ac- tion au sentiment de la peur; ce qui, par parenthese, ferait peu d'honneura ces animaux, et ne s'accorde guere avec la force et la voracite qui les distinguent. M. d'Orbigny donne sur les Cephalopodes des details trop curieux pour que nous ne lesreproduisions pas, du moinsen partie. Considered sous le rapport deschangements qui sesont operes dans la forme des Cephalopodes, depuis la premiere animalisa- tion jusqu'a nos jours, ces animaux, dit-il, offrent les resultats Jes plus curieux et les plus importants, puisqifils peuvent utilernent guider le geologue dans la recon- naissance de 1'age relatif des terrains. Deja tres-nombreux, deja tres-varies dans leurs details, ils se montrent avec les premiers animaux qui parurent sur le globe. Leurs formes sont alors fort simples: ils ont des coquilles droites ou enroulees sur le meme plan , divisees par des cloisons enlieres. Les terrains siluriens nous en montrent diverses especes de plusieurs genres. Mais ces premieres especes dispa- raissent bientot et sont remplacees par d'autres dans les couches devoniennes, et par d'autres encore au sein des terrains carboniferes, ou les Goniatites acquierent leur plus grand developpement specifique. Apres les terrains carboniferes, les Or- thoceres, les Cyrthoceres, les Phragmoceres, totalement aneantis, deviennent des formes perdues qui ne doivent plus se montrer sur notre planete, et, de tous les genres qui existaient, il ne reste que les Nautiles, auxquels se joignent, pour la premiere fois, des Ammonites pendant la periode des terrains triasiques. Cas pre- mieres Ammonites ont des cloisons toules particulieres, peu divisees, et bien diffe- rentes de celles des etages superieurs. Avec les terrains triasiques, les Cephalopodes existants disparaissent encore, et, dans les terrains jurassiques qui les recouvreht, ils sont remplaces par tin plus grand nombre d'etres tout a fait distincts. En meme temps que d'autres Nautiles, se montrent beaucoup de Belemnites rondes et de nombreuses Ammonites a cloisons decoupees et ramifiees, si remarquables par la diversite de leurs formes et par leurs details. Elles couvrent alors les mers de leurs especes souvent gigantesques , dont nous n'avons plus .d'analogues, quoiqu'a cette epoque elles composassent des couches entieres. Aux series d'especcs d1 Ammonites toujours distinctes, qui se suc- i. 39 506 HIST01RE NATURELLE. cedent dans les couches du lias, de Toolilhe, etc., etc., se joignent des animaux representant des types de formes jusqu'alors inconnues. Remonte-t-on d'un etage, passe-t-on des terrains jnrassiques aux terrains cretaces, on voit une faune toute nouvelle : non-seulement des Ammonites ornees exterieurement de points d'arret, des Belemnites comprimees, mais encore une serie nouvelle de types generiques. Bientot Tensemble change encore d'aspect. Les Ammonites sont ornees de pointes sur les cotes du dos ; les Belemnites ii'ont plus qu'un seul representant, et de nou- velles formes apparaissent encore sur ce nouvel horizon. Avant les premiers depots de la craie chloritee, la fuune se renouvelle encore ; les especes sont distinctes, leur proportion numerique n'est plus la meme, etTensemblede la zoologie est hien dif- ferent. Apres ce maximum de developpement de formes, les Cephalopodes a cloi- sons sinueuses s'eteignent peu a peu, et cessent entitlement avec la craie blanche, ou les Belemnitelles seules existent comme dernier vestige des Belemnitides. Les terrains tertiaires les plus rapprochesde notre epoque ne nous montrent que quelques especes de Cephalopodes comme representants de cet ordre. Plus de ces nombreuses coquilles droites ou contournees et a cloisons enlieres des terrains anciens ; plus de ces coquilles elegammenl enroulees, a cloisons sinueuses ou rami- iiees, des terrains jurassiques et cretaces. Dans ce nouvel horizon, onne voit d'au- tres Cephalopodes que les Nautiles, les Seiches, les Belopteres et les Spirulirostres, seuls restes de cette faune si variee et si multiplied des couches inferieures, ou seu- lement des genres qui devaient prolonger leur existence jusqu'a nous, et devenir nos contemporains. Si, apres toutes ces series successives , nous voulons jeter un coup d'reil sur les Cephalopodes cloisonnes d'aujourd'hui, nous pourrons dire qu'il n?en existe plus que des representants peu nombreux, deux Nautiles et une Spirule, en tout trois especes vivantes ; mais une partie des autres Cephalopodes nous offre un grand nom- bre d'especes les plus singulieres par leur organisation, par leurs mceurs et par le role qu'elles jouent actuellement. Leurs troupes innombrables peuplent le seindes mers sous toutes les latitudes, et presentent un aliment abondant aux habitants du littoral des deux hemispheres. Quelques-uns de ces animaux vivaient des Tepoque des terrains jurassiques, tandisque d'autres ne nous sont connus qu'a 1'etat vivant, et pourraient bien etre speciaux a notre epoque. Le professeur Lamarck comprenait parmi les Cephalopodes un assez grand nom- bre de petits animaux pour la plupart microscopiques, et que M. d'Orbigny desi- gne sous le nom de Foraminiferes. D'apres les decouvertes de M. Dujardin, ces animaux s'eloignent des Mollusques et se trouvent classes aupres des Zoophytes, opinion generalement admise par tons les zoologistes ; nous n'en parlerons done pas ici , et nous adopterons pour Tordre des Cephalopodes la classification proposee par M. d'Orbigny, qui s'est livre a de nombreuses recherches sur les animaux qui nous occupent en ce moment. Ce naturaliste, que recommandent des travaux conside- rables justement apprecies et des voyages entrepris dans Tinteret des sciences na- turelles, divise les Cephalopodes en deux sections : les Acetabuliferes etlesTenta- culiferes. HISTOIRE NATURELLE. PREMIERE SECTION. — CEPHALOPODES ACETABULIFERES. Cette section comprend des animaux lihres, symetriques, formes de deux parties distinctes : Tune posterietire, arrondie ou allongee , cylindrique ou deprimee , ou- verte en avant et coritenant deux branchies paires ; Tautre, anterieure ou cephali- que, portant en avant les bras armes de ventouses ou de crochets pedoncules ou sessiles. Lateralement, desyeux, un orifice auditif; au-dessous, un tube locomoteur entier. L'animal est contenu dans une coquille non cloisonnee, ou renferme dans sa partie mediane , soit un osselet interne deprime , soit une coquille formee de loges aeriennes. Cette section se divise en deux tribus , les Octopodes et Jes Decapodes. PREMIERE TRIBU. — OCTOPODES. Les Octopodes ou a huit bras ou pieds ne forment qu'une seule famille, dont les caracteres sont : Huit bras; yeux fixes et unis aux te'guments. Point d'osselet median. Corps char- nu. Nageoires nulles; ventouses sessiles sans cercle come. Point de membranes buccales. 1er GENRE, onp^. Octopus, Lamarck. (Ocfo, huit; pes, pied.) Animal charnu, hursiforme, couvert d'une peau rugueuse, sans appendices mem- braneux sur le corps. Tete large , surmontee de huit bras allonges , munis d'une FIG. 1126. Poulpe commiin. double rangee de ventouses sessiles. Bouche terminale et placee au centre de la couronne des bras. Point d' osselet dorsal interieur ni de lame cornee, mais seule- 508 HISTOIRE NATURELLE. ment un ou deux petits corps durs et allonges. Les Poulpes se trainent sur les ro- chers pres des rivages, ou ils se montrent assez sedentaires; quelques-uns cepen- dant sont voyageurs et se rencontrent en pleine mer. Ces derniers vivent en troupes assez nombreuses, tandis que les premiers sont assez solitaires. Les Poulpes ont la faculte, comme d'autres animaux du meme ordre , de repandre subitement une liqueur noire qui trouble la transparence de 1'eau ; mais on a observe qu'ils usaient tres-peu de ce moyen de defense. Ils vivent pour la plupart retranches dans les anfractuosites des rochers, ou dans des trous qui leur servent de repaires ; car ces animaux sont carnassiers, et vivent particulierement de Poissons etde Crustace's. Ils enlacent leur proie dans leurs longs bras et ne la lacherit plus. Ces bras sont garnis dans toute leur longueur et du cote interne de deux rangees de ventousesou sucoirs, FIG. 1127. Poulpe hawaiien. dont la force et le nombre font des Poulpes un animal redoutable. On trouve des Poulpes dans toutes les mers , mais particulierement dans celles des pays chauds. Ce genre se compose d'un assez grand nombre d'especes, dont il est difficile de determiner au juste les dimensions. On pretend qu'il en existe dans TOcean Paci- tique une espece qui a pres de six pieds de developpement ; et M. Sander Rang, ofiicier de marine et naturaliste distingue, dit avoir rencontre, au milieu de TO- cean, un Poulpe ayant les bras courts et de la grosseur d'un tonneau. Ces mesures ne sembleront que mediocres, si on les compare a celles que Ton trouvc dans d'au- I1ISTOIRE NATURELLE. 309 tres auteurs moins dignes de foi. En effet, ils citent un Poulpe dont les bras avaient trente pieds do long, et etaient si gros qu'apeine un homme aurait pu lesernbras- ser. Un fait de ce genre est encore rapporte par des voyageurs modernes qui , du ton le plus grave et avec un serieux qui ne se dement pas , evaluent meme a soixante pieds la longueur des bras d'un Poulpe qu'ils disent avoir vu, ce qui jus- tifierait asscz bien le nom de Poulpe colossal donne acct animal ; d'autres n'ont pas craint de repeter ce fait, et d'appuyer de I'autorite de leur nom les recits les plus fantastiques et les plus invraisemblables. En admettant cette enorme dimension, la force attribuee a un tel animal ne doit pas laisser que d'etre merveilleuse. Arrive a une certaine taille, il pourrait,dit-on, se defendre centre le lion le plus vigoureux et le terrasser. S'il en etait ainsi, on ne devrait plus s'etonner de voir ce meme Poulpe attaquer un vaisseau , s'y cramponner et le faire chavirer par son poids , ou s'emparer des hommes que ses bras rencontrent sur le pont, et qu'il entraine avec la plus grande facilite pour s'en repaitre au fond de la mer. Nous avons sous les yeux une gravure faite a plaisir, quoique faisant partie d'un ouvrage serieux dans son temps; elle represente ce terrible animal embrassant toute la circonference d'un vaisseau et 1'etreignant de ses bras formidables , dont trois s'enroulent autour des mats et en atteignent Textremite. Quel batiment pour- rait resister a un tel choc, a un tel ennemi? Aussi ce navire est-il pres de couler bas, et, si Von admettait la possibilite d'une telle rencontre, il semblerait tout sim- ple que des marins, surpris a 1'improviste par une attaque de cette nature , aient ete saisis d'une terreur profonde, et qu'ala vue d'un pareil danger, ils aient fait un vceu de pelerinage a saint Thomas, si par son intercession ils parvenaienta echap- per ace peril. C'est ce qu'on raconte etre arrive a des marins de Saint-Malo, qui, ayant puise dans ce voeu un courage nouveau , couperent a 1'aide de baches et de sabres, mais non sans peine, les bras da Poulpe immense , dont le corps disparut dans les flots. Quelque fabuleuses que soient ces dimensions donnees a un Poulpe, elles n'ap- prochent pas encore de celles d'une espece celebre connue generalement sous le nom de Kraken. Un auteur grave, qui vivait dans le siecle dernier et qui parle du Kraken , le re- garde comme le plus grand et le plus surprenant de tous les animaux de la crea- tion. A Ten croire, son dos ou sa partie superieure n'aurait pas moins d'une demi- lieue de circonference ; et, pour donner plus de poids a son assertion , il ajoute que quelques-uns disent plus, mais que , pour plus grande certitude, il prefere le moins. Au sujet des apparitions et disparitions soudaines d'iles qu'on a signalees dans les mers du Nord, et que Jes marins de ces contrees attribuent au diable, le meme auteur explique ces phenomenes par la presence des Krakens dans ces mers. II est au moins singulier qu'avec une pareille idee, qu'il soutient fort gravemerit , notre auteur puisse regarder comme notoirement fabuleux, et traite de roman ridicule, ce que dit un auteur plus ancien d'une Baleine, qui etait si grande que son dos pou- vait etre considere comme une ile, avec d'autant plus -de raison qu'une certaine quantite de sable le recouvrait quelquefois. On aurait pu y aborder, enfoncer des pieux, allumer du feu pour la cuisson des aliments , derniere operation qui, du reste, paraissait n'etre pas toujours du gout de 1'animal, qui, pour se debarrasser de 510 HISTOIRE NATUIIELLE. cette sensation importune , ne trouvait d'autre moyen que de s'enfoncer douce- ment dans la mer et de disparaitre aux regards des matelots e*bahis qui se croyaient sur une ile. Les Poulpes, dit-on, quittent quelquefois pendant la nuit leur element nature!, et viennent a terre a la recherche d'une proie. Nous ne parlerons pas des recits des voyageursa ce sujet ; on excuse chez eux 1'exageration, parce qu'on est prevenu. II n'en est pas de meme des naturalistes, qui doivent. apporter la plus grande exacti- tude dans leurs descriptions; malheureusement, il s'en trouve qui abusent de la confiance qu'on leur accorde et qui trouvent des dupes. Denys de Montfort, qu'il faut signaler parce qu'il a public une histoire assez etendue des Mollusques, a cru donner beaucoup d'interet a son ouvrage en racontant des histoires faites a plaisir au sujet du Poulpe commun ; et si nous reproduisons une de celles que contientson livre, c'est pour faire mieux apprecier le degre.de confiance qu'on doit lui ac- corder. « J'ai pu observer, dit-il, ce Poulpe sur les memes rivages du Havre qu'avait parcourus Dicquemare; quoiqu'il n'y soit plus aussi commun que ce savant parait l'avoir indique, j'ai cependanl ete assez heureux pour en rencontrer plusieurs sur les bords de la plage, et deux autres dans la mer, dont Tun faillit a me faire perir. En me livrant avec ardeur a leur recherche, je rencontrai le premier sur le sec, entre les rochers qui sont au sud de lacitadelle du Havre; des que je I'apercus, je courus a lui ; un chien qui m'accompagnait mepreceda, et en le harcelant il 1'em- pecha de fuir ou de se blottir pour le moment sous les rochers ; ce chien etait un animal intrepide et terrible; il portait le nom de Tartare, nom sous lequel tous mes amis 1'ont parfaitement connu ; inaccessible a la crainte , il ne reculait pas, quelque nombreux qu'eussent ete les assaillants; et quand il etait en fureur, a peine me respectait-il moi-meme. Ce dogue irlandais et d'une forte taille tournait au- tour du Poulpe , lorsque j'arrivai dessus et cherchai a le prendre au corps; mais celui-ci, dont les bras avaient trois pieds de longueur, se defendait courageusement par leur moyen ; il les faisait siffler dans Fair en tout sens, et lancait au chien de vi- goureux coups de fouet ; dans sa fureur, il en frappait le rocher avec violence , et il ronflait avec force. Cependant mon arrivee parut le deconcerter, et je vis qu'il tachait debattre en retraite. Je n'avais ni armes ni baton ; mais, decide a me saisir de ce Poulpe , je me melai dans la querelle , et prenant une pierre plus grosse que le poing, je la lui jetai au milieu des bras ; mon chien, profkant de 1'instant, se lanca apres elle a corps perdu sur ce Mollusque, en le saisissant des dents a la base des bras : dans un instant il fut enlace. Rien ne peut depeindre la fureur qui s'empara de lui quand il se sentit ainsi douloureusement lie ; il remplit 1'air de ses hurlements et de ses cris, mordant et dechirant son ennemi avec une rage que je ne lui avais pas encore vue, meme danfc un combat centre un loup dont il etait sorti vainqueur. Le chien et le Poulpe ne formaicnt plus qu'une seule masse. Ce Mollusque changeait de couleur ; dans la fureur qui devait aussi I'animer, sa peau prenait toutes les teintes, depuis le violet le plus fonce jusqu'au rouge le plus vif ; et malgre les pierres dont je 1'accablais, malgre les blessures nombreuses qu'il re- cevait , il parvint a entrainer dans un creux de rocher un chien que je pouvais comparer a Cerbere. Le danger qu'il courait ne me permit plus de balancer ; je me jetai a mon tour sur ce Poulpe, je saisis ses liens avec force, et, me roidissant des pieds centre les flancs du rocher, je parvins a arracher ses bras, dont enveloppant 1USTOIRE NATURELLE. 311 les miens, il essayait de me saisir aussi, quoique par les morsures du chien ils fussent deja a demi detaches de son corps : par ce moyen, le dogue fut delivre ; il put s'arracher de lui-meme , en y laissant cependant du poil , du reste des bras qui Tavaient saisi , et je parvins a tirer ce Poulpe en lambeaux de ce trou , qui , s'il eut ete plus profond, cut servi de tombeau a mon chien. Son corps etait gros comme une citrouille ; il avait un pied et demi de long, et ses bras etendus auraient pu offrir neuf pieds d'envergure. Lorsqu'il futmort, le chien ne pouvait se lasser de le fouler et de le dechirer ; il hurlait de colere; a peine pus-je emporter avec moi un des bras, et, en retournant a la ville, il lui prenait des acces de rage qui le faisaient retourner sur ses pas comme un trait, pour aller dechirer encore les restes d'un ennemi qui lui avait fait courir un si grand danger. Dans la nuit il mil meme en pieces le bras que j'avais pu sauver la veille de ses dents. < Dcpuis lors, je ne fus plus a larecherdie des Mollusques sans etre arme d'nn baton ; et Tartare me lit trouver encore quelques autres de ces Poulpes, mais plus petits, qui etaient blottis sous des rochers. Enlinjedevaiscourirleplus grand dan- ger par la rencontre d'un de ces animaux. Un jour, m'etant debarrasse de mes ha- bits que je laissai sur les rochers sous la garde de mon fidele compagnon, j'entrai dans Teau et me mis a nager; le temps etait parfaitement calme ; Teau, echauffee par la saison, permet^ait aux Anemones de mer et aux Meduses de developper tous leurs rayons. Altentivement occupe a examiner leurs manoeuvres , leur deploie- ment, leurs ravissantes couleurs, je ne pensais plus a la terre, et il rne semblait etre devenu comme eux un habitant des eaux ; quand mes membres fatigues me refusaierit le service, je prenais fond sur des rochers, qui m'elevaient assez pour que 1'eau ne vint plus me baigner que jusqu'au creux de Testomac ; ainsi place', mes regards planaient sur la surface des eaux, et lorsqu'il se presentait quelque Mollusqtie, soit Meduse ou quelque autre espece, je me remettais a la nage pour aller P observer en tournant autour de lui. En regagnant une de ces stations et me rapprochant du bord de la mer, je vis sous la crete d'un rocher baigne par les eaux des debris tres-considerables de coquilles et de Crustaces qui me parurent colles et agglutines a la base de ce rocher : cette vue me fit le plus grand plaisir, et je ne doutais pas que je n'eusse rencontre enfm un repaire ou un nid de Poulpe , dont Aristote, Pline, Elien, Aldrovande, etc., avaient parle. Reprenant haleine, debout sur une roche que je regagnai, je m'arretai longuement, reflechissant quelquefois a I'entVeprise que je meditais, et ne me dissimulant aucun des risques que je pou- vais courir. Je savais que le Poulpe male rodait autour du nid oil se tenait con- stamment sa femelle ; et je savais aussi que, n'ayant rien a redouter de celle-ci si je nc Tattaquais pas, le male, dans Tinstant, n'hesiterait pas au contraire a se jeter sur moi et a m'enlacer de ses bras, dont Texperience m'avait appris a redouter la moindre atteinte. Mais, comme j'ai re^u de la nature une force physique qui me perrnet de latter avec avantage dans le danger, que cette force s'est augmented en moi par une occupation agreste, et que je Tai encore developpee par les fatigues de toute espece et par les voyages, je me remis a la nage et j'attaquai 1'ennemi que je voulais braver dans son fort. Pendant mes irresolutions , Je male avait rejoint sa femelle; j'aperc.us Tune tapissant r entree de son antre, et 1'autre en arret presque a cote d'elle, un peu sur la droite de la roche qu'elle occupait. J'arrivai en nageanl a la distance d'environ douze pieds, et, moitie hesitation, moitie curiosite, je ra- lentis mon elan , me contentarit de deriver en me soutenant sur Peau, en la frap- 312 I11STOIKE NATUUELLE. pant de la paume de mes mains ; j'esperais pouvoir examiner la manoeuvre de mes Poulpes , les voir saisir quelque proie ; mais le male ne m'en laissa pas Ie temps ; en trois bonds il vint a moi. Je plongeai en vain ; il me saisit au travers du corps, se cramponna sur mes reins, et dans ce peril, trop heureux qu'il ne m'eilt pas en- lace les jambes , les cuisses ou les bras, je nageai vigoureusement vers la cote dont j'etais peu eloigne ; dans quelques minutes je pris fond, me roidissant centre la douleur que me faisaient eprouver ses etreintes. line fois pris, ses bras une fois en- Irelaees et serres, ce Poulpe ne quitta point sa prise; il me serrait de plus en plus, et je sentis qu'il me saisissait de son bee en me mordant. J'avoue que cette der- niere explosion de sa rage me tit retourner la tete au milieu des flots et regarder Tennemique j'emportais avec moi ; aussi, des que j'eus quitteTeau, jecourus avec force vers le rivage, enlevant avec moi et autour de rnes reins ce Poulpe, qui aurait pu me faire perir. Sans chercher a me debarrasser de ce fardeau, conquis par une loyale guerre, je volai vers mes habits que gardait mon chien. Celui-ci, me voyant accourir, levait deja la tete ; il examinait son maitre, qui veillait a son existence et qu'il defendait par un juste retour. Un clin d'oail , plus prompt que 1'eclair, lui apprit que je porlais un Poulpe au travers du corps ; voir ses bras qui m'envelop- paient anterieurement et deviner qu'il etait derriere , ne fut pour lui que Tinstant de la pensee ; il quitte mes habits, me tourne avec v.ivacite ; et force, pour conserve!1 mon Poulpe, de suivre ses mouvements, je dus eviter ses atteintes, lutter contre lui , et maitriser un animal qui, brulanl de me defendre , s'elevait meme contre moi. Maitre enfin du champ de bataille, je restai debout en examinant mon Mollusque. Le calme avail succede a la tempete ; j'etais sur terre au lieu d'etre en mer ; et ce Mollusque, ouvrant son bee, delac.anl ses bras, tomba a terre et fit le mort. Le sang coulait sur mon sein gauche ; j'en garderai la cicatrice toute ma vie. J'avais saisi mon baton ; et lorsque je vis que cet animal reprenait la volonte de s'eloigner en gagnant le cote de la mer, et de se perdre dans les rochers, je Tas- somrnai du premier coup. J'aurais bien desire de Temporter pour 1'etudier et le dissequer de suite ; mais je voulais avoir la femelle snil etait possible, et considerer leur nid, que d'anciens auteurs ont pretendu etre tapisse d'reufs en grappes de rai- sin, suspendus sur toutes les parois de la cavernc qui leur sert de repaire et de re- traite : heureusement je trouvai un pauvre pecheur de la cote, que.je chargeai de ce fardeau. II le porta a mon auberge , et le soil1, lorsque j'y rentrai, je vis, en le developpant, que ce Poulpe avail environ cinq pieds d'envergure. S'il eute*teplus grand, peul-etre m'eul-il lie et abatlu ; et meme, d'apres la force et rimpression de ses bras que j'ai ressenties, je doule beaucoup que je m'en fusse si bien lire en me mesurant avec un Poulpe plus fort que lui. Encourage par ce premier succes, je retournai vers Fendroit oil j'avais vu la femelle dans son nid ; elle y etait encore et ne paraissait point inquiele de Tabsence de son male. Elle etait aussi forte que lui, et la maniere dont il m'avait ernbrasse me donnait des craintes pour une se- conde aventure du meme genre ; en consequence je resolus de prevenir une allaque , si elle en medilait une, et, en frappant le premier, de la forcer a la defense. Arme done d'une pierre que je pris sur le fond, je la lui jetai au cenlre de ses bras; dans un instant ils se roulerent sur elle, 1'envelopperenl elroite- menl; mais le Poulpe se relira au fond de son trou, oil je ne jugeai pas a propos de le suivre; el je fus force de rabandonner, apres avoir examine ce repaire d'assez pres !!!» HISTOIUE NATURELLE. 313 2* GENRE. £toouc. Eledon, Cuvier. i, ancicn nom du Poulpe musque.) Animal ayant le corps arrondi ou oblong, bursi- furinc, portant huit bras egaux sur la lete, et tine seule rangee de ven louses sur leur face interne. Ce genre a ete etabli aux depens du genre Poulpe, pour les especes dont les bras ne presentent qu'une seule rangee de ventouses. Ces animaux out d'ailleurs les merries habitudes que les Poulpes, et, comme eux, ils vivent dans les anfractuosites des rochers. On n'en con- nait encore que deux especes de la Mediterranee; Tune d'elles repand une forte odetir de muse, qui se conserve meme apres la mort. FIG. 1128. Eledone musquee. * 3e GENKE. CmBoleulKu*. Cirrhoteuthis, Escliricht. (Ct'rr/jt, cirres; T£u6t;, Seiche.) Corps bursiforme, obtus, allonge, subcylindrace ; tete grosse, largement reunie au corps ; ouverture branchiale mediocre, obliquement coupee d'avant en arriere ; deux nageoires laterales, etroites, a la partie superieure du corps ; huit bras reunis du sommet a la base par de larges membranes, dont le bord superieur est un peu inflechi en dedans ; une seule rangee de ventouses sur les bras, mais accompagnees, de chaque cote, de fins tentaculescharnus, disposes par paires. Le genre Cirrhoteuthis a ete etabli par M. Eschricht aux depens des Poulpes, et pour les especes dont les huit bras, garnis d'une seule rangee de ventouses, sont reunis par des membranes minces, qui vont en s'elargis- sant depuis I'lnsertion de ces bras sur la tete FlG- nw.cirriiotcuthis de jusqu'a leur somrnet, et forment ainsi un large entonnoir, au fond duquel se trouve la bouche. Un autre caraclere, qui distingue encore ce genre, consiste dans la presence d'une paire de petits tentacules fins et flexueux, destines sans doute a donner plus de sensibilite an sens du toucher. Ce genre est peu nombreux en especes, toutes des mers du Nord. i. 40 314 E NATURELLE. 4e GENRE. onexe. Philonexis, d'Orbigny. (. Spirula, Lamarck. (Diminutif de spira, spire.) Coquille multiloculaire, cylindrique , disco'ide, mince, presque transparente, contournee en spirale, a tours distants les uns des autres ; cloisons transverses , egalement espacees, concaves et nacrees en dehors. Siphon lateral ; ouver- ture orbiculaire. Animal bursiforme, ayant la tetc armee de dix bras, dont deux contractiles, tous munis de ventouses. Corps termine posterieurement par deux lobes, cachant presque entitlement la coquille, qui est uniformement blanche. Cette petite coquille, fort curieuse, n'est plus rare FlG' 1158> Spirulc dc p"on' FlG' li59' dans les collections; longtemps on ignora la forme de 1'animal, que MM. Peron et Lesueur ont fait connaitre. Ce Mollusque parait etre tres-commun dans 1'Occan 528 HISTOIRE NATURELLE. Atlantique. A Saint-Domingue et dans d'autres iles de Tarchipel americain , les Spirnles sont si communes sur certains rivages, qu'elles couvrent le sable. DEUXIEME SECTION. — CEPHALOPODES TENTACULIFERES. Cette section comprend les Cephalopodes dont la tete est peu distincte du corps ; ils ont un appendice pediforme servant a la reptation. Leur bouche est entouree d'un grand nombre de tentacules cylindriques, retractiles, anneles, sans cupules. L'appareil respiratoire se compose de quatre branchies ; le tube locomoteur est fendu dans toute sa longueur. Enfin Tanimal est contenu dans la derniere loge d'une coquille symetrique ou non, droite, arquee, enroulee sur le merne plan ou turriculee. Celte coquille est formee d'un grand nombre de loges aeriennes. PREMIERE FAMILLE. Cette famille se compose de Cephalopodes ayant line coquille spirale ou droite, a cloisons simples ou onduleuses, non decoupees sur leurs bords. Le siphon n'est pas marginal, et les lignes d'accroissement sout convexes en avant. \" GENRE. 3Txuitl£e. Nautilus, Linne. (NauriXo?, matelot.) Coquille disco'ide, multiloculaire, en spirale reguliere, roulee sur le meme plan, a tours conligus, le dernier enveloppant les autres. Loges nombreuses, formees par des cloisons transverses, concaves en avant et perforees vers le centre. Les Nau- tiles sont richement nacres aTinterieur, et ornes de flammes ou de taches noires et d'un brun roux, sur un fond blanc a Texterieur. L'animal est contenu dans la derniere loge; il est couvert d'un manteau qui tapisse Tinterieur FIG. 1160. Coupe inlerieure du Nautile FIG. 1161. Nautile flambe. de cette loge en suivant toutes ses sinuosites. Ce manteau ne scrt point a cacher HISTOIRE NATURELLE. 529 FIG. 1162. Animal du Naulile. Tanimal, qui est pourvu, a cct efifet, d'une sorte de capuchon propre a fcrmer Kouverture de la coquille, et qui consiste en une piece charnue, epaisse, subtrian- gulaire, et tronquce en avant pour s'accommo- dera lasaillie de ravant-dcrnier tour. De cha- que cote de la tetedu INautile on remarque un grand nombre de tentacules contractiles qui rentrcnt dans des gaines charnues, incgales et reunies a leur.base ; et entre la tete et le capu- chon, Ton trouve deux tentacules isoles des premiers et plus gros, reunis dans une seule gaine; enfin d'autres tentacules plus petitssont places dans la cavite an fond de laquelle se voit la bouche. Les tentacules ou bras des Nautiles n'ont point de ventouses, mais a leur place on remarque des tentacules plus petits et garnis d'un grand nombre de lamelles profondernent detachees et qui servent sans doute aux memes usages. Les yeux sont gros , pedi- cules, et font saillie de chaque cote de la tete. Les branchies sont au nombre de quatre. En examinant Tinterieur d'un Nautile scie en deux parties egales, on decouvre, au centre de toutes lescloisonsqui forment les loges, un trou en entonnoir dont 1'ouverture se retrecit dans la rneme proportion queles loges. Ce trou donne passage a un siphon dont 1'usage est encore peu connu. Quelques naturalistes ont pense que ce siphon etait destine a remplir ou a vider les loges du Nautile, etalerendre, a son gre, plus lourd ou plus leger, et a faciliter ainsi ses mouvements dans la mer ; mais on a oppose* a cette opinion I'absenee de communication du siphon avec Texterieur, ce qui ne la detruit pas completement. MM. Owen en Angleterre et Valenciennes en France ont public depuis quelques annees, sur Tanimal du Nautile, des travaux anatomiques precieux. On ne connait que deux especes vivantes de cette belle coquille ; mais les especes fossiles sont beaucoup plus nombreuses a toutes les periodes geologiques. II est difficile de bien caracteriser ces especes fossiles, parce qu'on n'en retrouve souvent que le moule interieur, le test ayant disparu. 2C GENRE. . Cyrthoceras, Goldfuss. (KupOo;, difforme ; xepa?, come. Animal inconnu; coquille conique , oblique ou en spirale disjointe, plus ou moins enroulee dans le plan horizontal ; cloisons trans- verses, simples, percees d'un siphon subdorsal ; derniere loge tres-grande, engainante, pouvant contenir 1'animal ; ouverture simple, comprimee ou subcirculaire. Ce genre a etc etabli des 1830 sous le nom de Campu- lite par M. Deshayes, et plus tard sous celui de Cyrthocere par M. Goldfuss, qui 1'a caracterise d'une maniere plus com- plete ; aussi avons-nous conserve les deux noms, Tun fran- Fio. 1163. Campulile doprimee. i 42 330 HISTOIRE NATURELLE. cais, Fautre latin. Lcs Campulites presentent tantot la forme d'une corne plus on moins allongee , et tantot la forme spirale a tours disjoints, sans que le dernier se prolonge en ligne droite. Dans ces coquilles le siphon est situe vers la partie con- vexe. Les Campulites sontdes coquilles fossilesde 1'Eifel. FIG. 1164. Liluilede Br 5e GENRE, ttuito. Lituites, Breyne. (Lituus, crosse.) Animal inconnu. Coquille conique, spirale, a tours conjoints ou separes, le dernier se pro- longeant en ligne droite; cloisons transverses, la derniere grande, engainante,'pouvant con- tenir 1'animal. L'ouverture est Circulaire, a bords simples et tranchants. Le siphon est ven- tral Les Lituites, qu'il ne faut pas confondre avec le genre Lituole de Lamarck, appartien- nent aux terrains siluriens de TAngleterre et de TAllemagne ; elles ont le sommet tourne en spirale reguliere, symetrique, compose d'un plus on moins grand nombre de tours enrou- les sur un plan horizontal, et ordinairement desunis en se touchant a peine. Le dernier tour, au lieu de s'enrouler comme les prece- dents, se continue en ligne droite, de sorte que, dans son ensemble, la coquille ressemble en petit a une crosse d'eveque. 4e GENRE. G-cl&ecvcc. Orthoceras, Breyne. (OpOo?, droit ; xspa;, corne.) Animal inconnu. Coquille conique, droite, a tranche circulaire, cloisonnee dans la plus grande parlie de sa lon- gueur; cloisons simples, concaves d'un cote, convexes de Tautre, et percees d'un siphon central ou subventral ; derniere loge grande, engainante, et pouvant contenir Ta- nimal en entier; ouverture circulaire, simple, quelquefois garnie d'un bourrelet et presque toujours dans un plan horizontal. Ce genre Orthocere differe essentiellement de celui etabli par Lamarck. Ces coquilles ont un sommet tres- aigu, et prennent en se developpant la forme d'un cone plus ou moins allonge , a base circulaire, quelquefois subtriangulaire. Une grande partie de la coquille est rem- plie par des cloisons minces, transverses, simples, concaves FIG. 1165. Orthoceve regu- lier. FIG. 1166. Orlhocere repuliei iviso par le milieu. HISTOIRE NATURELLE. 531 en avant et percees d'un trou pour un siphon. Quelques-unes de CGS coquilles sont lisses, les autres ont des stries ou des cotes transverses. Les Orthoceresse rencontrent dans les terrains jurassiques et ceux de transition ; on en a trouve qui devaient avoir plus d'un metre de longueur. DEUXIEME FAM1LLE. FlG- ll67- Gonialite de Les coquilles de cette famille sont spirales, arquees ou droites, a cloison decou- pees, anguleuses ou digitees, divisees sur leurs bords en lobes profonds. Le siphon est marginal, et les lignes d'accroissement sont concaves en avant. ler GENRE (?oiita4ile. Goniatites, de Haan. (roma, angle.) Animal incorinu. Coquille discoide, reguliere, symetrique, a tours nornbreux et embrassants; cloisons transverses, profondement sinueuses, a inflexion symelrique, simple ; un lobe dorsal saillant; siphon dorsal. Les Goniatites ont des rapports de forme avec les Clymenes et les Ammonites. Le dernier tour recouvrant tous les autres, il existe a peine un petit ombilic: les sinuosites profondes que pre- sentent les cloisons sont simples et non dentelees, disposition qui rapproche ces coquilles des Cly- menes; mais le lobe dorsal de ces dernieres est simple, et le siphon est ventral, tandis que dans les Goniatites le memo lobe est saillant et le siphon dorsal. Ces coquilles appartiennent aux couches les plus inferieures, et les modifications de ce type vers celui des Ammonites, comme le fait observer M. Deshayes, se rnontrent dans des terrains plus recents , de sorte que Ton voit les Ammonites succeder aux Goniatiles par une serie de modifications qui se manifestent a la fois dans Tespace et dans le temps. 2e GENRE. (Qa/meue. Clymenia, Minister. (Nom mythologique.) Animal inconnu. Coquille discoide, le plus souvent ombiliquee, a cloisons sim- ples, onduleuses sur les cotes, une ou deux ondulations plus ou moins profondes; siphon ventral; derniere loge grande, poiivant contenir Tanimal. Le genre Clymene a ete etabli aux depens des Nautiles; les coquilles qui le composent sont le plus souvent ombili- quees; les cloisons presentent sur les cotes, et d'une ma- niere symetrique, une inflexion plus ou moins profonde, FIG. lies, ciymene 332 HISTOIRE NATURELLE. que Ton peutcomparer a Tun des lobes dcs cloisons des Ammonites, maiselles son t sans decoupures. Le siphon est ventral, tandis que dans tes Ammonites il est central. Les Clymenes appartiennent aux terrains de transition de TAllemagne ; on en trouve aussi quelques especes aux environs de Paris, de Dax el de Bordeaux. 3e GENRE. G/lotuiucuile'. Ammonites, Lamarck. , Jupitcr-Ammon.) Coquille disco'ide, a spire enroulee sur le merne plan, a tours contigus et a pa- rois internes, articulees par des sutures siriueuses. Cloisons transverses, lobees et decoupees dans leur contour, sans siphon dans leur disque, mais percees par une sorte de tube marginal. Les Ammonites, connuesvul- gairement sous le nom de Cor- nes d'Ammon, a cause de leur ressemblance avec les cornes d'un belier , constituent un FIG. 1169. Ammonite noueuse. FIG. 1170. Ammonite de Deveria. genre fort nombreux en especes et fort interessant pour la geologic. On ne les trouve plus qu'a Tetat fossile dans les couches calcaires ou schisteuses, ou elles sont en tres-grande quantite. Ces coquilles ont une forme circulaire ; elles sont eomprimees sur les cotes. Les tours qui les composent se touchent sans s'enve- lopper ; leur cavite est partagee en une multitude de loges par des cloisons transverses dont les bords sont profondement decoupes et sinueux. Les cloisons sont percees d'un tube place pres de la carene dorsale. Tout fait presumer que les ani- maux des Ammonites avaient la plus grande analogic avec ceux des Nautiles. On connait beaucoup d'especes d' Ammonites, et dans ces derniers temps M. d'Or- bigny en a considerablement augmente le nombre. Quelques especes offrent une singularile remarquable : les levres de Touverture sont quelquefois munies d'tin HISTOIRE NATURELLE. 333 bourrelet epais et rdflechi en dehors ; ou bien elles presentent, dc cbaque cote, une languette allongee en pointe ou digitee, et parfois un troisieme appendice qui part du milieu des deux languet- tes et se replie sur 1'entree de la bouche. Les Ammonites arrivent quelquefois a un tres-grand developpement, et si beaucoup d'especes oftVentdes dimensions moyennes et meme petites, il en esl dont le diametre est quelquefois de plus d'un pied. Fia. 1171. Ammonite Jason. 4e GENRE, iloc&ce. Crioceras, Leveille. (Kpto?, belier; *£pa;, come.) Animal inconnu.Coquille disco'ide, reguliere, a tours plus ou moins nombre arrondis ou ovalaires , toujours disjoints; cloisons transverses, lobees , ayant les bords profondement decoupes; siphon dorsal. Les Crioeeres se distinguent des Ammonites par leurs tours de spire disjoints , et des Ancyloceres par la courbure reguliere et spirale de toute 1'eten- due de ces tours, qui sont comprimes lateralement ; 1'ouverture est ovalaire. On ne connait encore qu'un petit nombre d'especes des coucbes inferieures de la formation crelacee. FIG. 1172. Criocere de Puzos. UX, 5e GENRE. . Toxoceras, d'Orbigny. arc; xepoi^, corne.) Animal inconnu. Coquille conique, subcylindracee ou comprimee, symetrique, tres-allongee, plus ou moins ar- quee, mais ne formant jamais la spirale; eloisons trans- verses, profondement sinueuses et presentant six lobes inegaux, foliaces sur leurs bords; siphon dorsal. Le genre Toxocere a ete etabli par M. d'Orbigny pour des coquilles qu'on confondrait avec les Baculites si elles n'etaient plus ou moins courbees dans leur longueur. Le siphon se trouve toujours du cote de la convexite. Les especes de ce genre appartiennent aux terrains neoco- miens. FIG. 1175. Toxocere d'fimerir. 33* 6e GENRE. HISTOIRE NATURELLE. ry facet*'. Ancyloceras, d'Obigny. ;, crochu; xspa;, corne.) Animal inconnu. Coquille commencant par une spire a tours disjoints, se prolongeant ensuite en une ligne droite ou mediocrement arquee, et se terminant par un coude oppose a la spire; cloisons transverses, decoupees en six lobes symetriques, dont les bords sont profondement foliaces ; siphon dorsal. Les Ancyloceres ont de grands rapports avec les Ha- mites,dont ils se distinguent par la forme constamment spirale de rextre'mite postericure. Le dernier tour s'e- tend loin de la spire en ligne droite ou tres-legerement courbee, et se termine par un retour vers la spire, l/ouvertiire est arrondie ou ovalaire. Les Ancyloceres prennent sou vent un developpement tres-considerable ; on les trouve dans les couches du terrain neocomien. Les especes decrites en Angleterre appartiennent aux gres verts. Fio. 1174. Ancylocere de Mathuroii. 1* GENRE. G^cap&ite. Scaphites, Parkinson. (Scrtp/ta, chaloupe.) Animal inconnu. Coquille symetrique, ovalaire, com- mencant par une spirale a tours conjoints, plus ou moins embrassants ; le dernier tour detache de la spire, se portant en avant et se courbant pour se terminer par une ouverture opposee a la spire. Cloisons trans- verses, decoupees en lobes symelriques, et dont les bords sont divises en folioles. Siphon dorsal. Lescoquillesdece genre, dit M. Defrance, paraissent ne differer des Ammonites que par leur ouverlure, qui, a partirde laderniere cloison, s'elargit et se prolonge d'abord en ligne presque droite, ensuite se recourbe pour se diriger vers la spire, qui est composee de quatre a cinq tours garnis de cloisons sinueuses, lobees et de- coupees. Les Scaphites appartiennent aux terrains cre- taces; on les rencontre depuis les couches inferieures FIG. 1175. Scaphite d'lvan. ju terrain neocomien jusque dans la craie chloritee, oil elles sont abondantes. On n'en connait encore qu'un petit nombre d'especes. IllSTOIRE NATURELLE. r>5.i 8e GENRE. A -aittite. flamites, Parkinson. (Hamus, hamegon.) Animal inconnu. Coquille conique, symetrique, en spirale elliptique, dont les tours peu nombreux sont largement disjoints ; cloisons transverses,asix lobes syme- triqnes, profondement decoupes sur les bords; siphon dorsal. FIG. 1176. Hamite atttinuee. Le genre Hamite se compose de coquilles courbees plusieurs fois dans leur lon- gueur et conservant des parties droites ou presque droiles entre leurs courbures ; elles sont comprimees lateralement. Les coquilles assez nombreuses de ce genre appartiennent aux terrains cretaces. 9e GENRE. . Ptychoceras, d'Orbigny je double ; xepa:, corne.) Animal inconnu. Coquille conique, cylindracee ou comprimee, tres-allongee, composee de deux parties droites, coudees a un certain point de leur longueur, et FIG. 1177. Plychocere d'Emeric. soudees entre elles ; cloisons transverses, profondement sinueuses, en six lobes sy- metriques decoupes sur leurs bords ; siphon dorsal. Ce genre comprend des especes bieri singulieres et bien remarquables. Le som- met des Ptychoceres n'est jamais spiral ; il est tres-aigu etgrossit lentement.A une certaine periode de son developpement, la coquille fait brusquement un coude et continue a croitre en se soudant a la premiere partie formee. Ces coquilles appar- tiennent aux terrains neocomiens des Alpes. 10e GENRE. To^cut^. Baculites, Lamarck. (Baculus, baguette-) Coquille droite, cylindrique ou comprimee, conique, a parois articulees par des 356 HISTOIRE NATURELLE. sutures sinueuses. Cloisons peu distantes, perforees, decoupees dans leur contour, la derniere tres-grande et engainante ; siphon mar- ginal. Longtempson ne connutces coquilles singulieres que par leur moule interieur, et Ton croyait que leurscloisons etaient imperfore'es. Quelques auteurs appelaient ces coquilles Vertebres fossiles, a cause deleurs sutures sinueuses, etles regardaientcomme des pierres formees ou moulees dans des cellules d'Ammonites. Ces sutures, ou articulations des Ba- culites, sont tres-remarquables ; elles sont profon- dement decoupees et forment, par leur reunion, un engrenage qui suffit pour retenir toutes les par- ties souvent mobiles de la coquille, qui presente une longueur qu'on peut evaluer, pour certains exemplaires, a pres d'un metre. Si les Baculites n'etaient, comme le test des Spi- rules, qu'une coquille interne, on devrait supposer aux animaux qui les contenaient des dimensions beaucoup plus grandes encore. Les premieres es- peces de ce genre ont ete trouvees dans la mon- tagne de Saint-Pierre de Maastricht; depuis, on en a rencontre d'autres dans le departement de la Manche, aux environs d'Aix-la-Chapelle et de Ve- rone. il« GENRE. Ssbto/aiuocct:^. Phragmoceras, Broderip. , cloison ; x£pa;, corne.) Animal inconnu. Coquille comprimee laterale- ment, conique, regulierement arquee dans sa lon- gueur, mais non en spirale ; cloisons transverses, simples, percees d'un tres-grand siphon subventral ; derniere loge grande, engainante, terminee par une ouverture longitudinale, contractee, en fente, dont Textremite posterieure est dilatee en un large sinus plus petit, subcirculaire, et formantune sorte de tube en avant. Les Phragmoceres sont des coquilles d'une assez grande dimension, comprimees lateralement et presentant une coupe transverse, ovalaire, plus ou moins allongee. Elles sont en cone court, courbees dans leur longueur, mais ne se terminent point en spirale au sommet. Les cloisons sont nombreuses, transverses, rapprochees ; la FIG. 1178. Baculite de Faujas. FIG. 1179. Baculite baculoide. HIST01KE NATURELLE. dermere est grandc et terminee par une ouvertere en fente tres-lroite au milieu , par le rapprochement de deux levres qui prennent une forme arquee et presque demi-circulaire. A son bord dorsal, rouver— ture presente une dilatation transverse, et Textremite anterieure est retrecie en un bee saillant, de forme circulaire. Le siphon est toujours ventral. Ces coquilles appartiennent aux terrains siluriens de TAngleterre et de TAllemagne. 537 FIG. 1180. Phragmocere ventru. lie GENRE. lCu*>tifcte'. Turrilites, Denysde Montfort (Turris, tour; Xi8c;, picrrc.) Coquille en spirale, turriculee , multiloculaire , a tours contigus et tous apparents, et a parois articulees par des sutures sinueuses. Cloisons transverses, lobees et decoupees dans leur contour; ouverture arrondie. Animal inconnu. Les Turrilites sont des coquilles fossiles des couches inferieures de la craie; elles ont le test tres-mince, et quelques exemplaires permettent de distinguer encore les traces d'unetres-belle nacre. Elles sont ombiliquees dans toute leur longueur et ont 1'ouverture a gauche. Le siphon est marginal. Les Turrilites sont des Ammonites a spire verticale, dit M. Deshayes, comme les Baculites sont des Am- monites droites. FIG. 1181. Turrilite tubcrcnleuse. 12e GENRE. . Gomphoceras, Munster. ;, coin, cheville; xspa;, corne.) Animal inconnu. Coquille droite, courte, conique, s'e- largissant en avant en une derniere loge ovo'ide, subfusi- forme, pouvant contenir 1'animal, et terminee au centre par une ouverture triangulaire, retrecie par trois lobes du bord ; cloisoris transverses, nombreuses, simples, percees d'un siphon petit, sub ventral. Les Gomphoeeres sont des coquilles de moyenne dimen- sion, commenc.ant par un cone cloisonne, regulier, qui FIG. 1182. Gomphocei-e subfusiforme 45 538 HISTOIRE NATURELLE. bient6t se dilate en une poche ovo'ide ou subfusiforme, au fond de laquelle se trou- vent quelques cloisons plus grandes que les premieres et percees d'un trou pour un siphon. L'ouverture anterieure est trigone, retrecie, a bords simples et ren- verses audehors. Les Gomphoceres n'ont ete trouves jusqu'ici que dans les terrains de 1'Eifel. 13e GENRE, ICQC&W. Helicoceras, d'Orbigny. , helice; xspa;, come.) Animal inconnu. Coquille turbinoide, composee d'un petit nombre de tours de spire disjoints et fortement ecartes ; cloisons transverses, obliques, profondement sinueuses etdecoupe'es sur leurs bords ; siphon dorsal. FJG. 1183. Helicocere gracieux. Fio. 1184. Les Helicoceres, a premiere vue, se distinguerit des Crioceres par la forme turbi- noide de la spire, qui s'eleve au-dessus du plan du plus grand tour, donne a ces co- quilles un aspect scalariforme, et les rapproche un peu des Turrilites. CIRRHIPEDES TUNICIERS. CIRRHIPEDES. Le nom de Cirrhipedes a etc donne* aux animaux de cette classe a cause de leurs pieds barbus ou cirrhes ; et les caracteres generaux qui les distinguent se resument ainsi : animaux mous, sans tete, sans yeux ; corps non articule, muni d'un man- teau et de pieds ou cirrhes comme comes, plus ou moins nombreux, antennifor- mes, multi-articules et disposes sur deux rangs ; bouche a machoires transversales ; branchies externes, mais cache'es ; moelle allongee, forme*e de ganglions; un coaur et des vaisseaux; corps convert en tout ou en partie d'un test compose de plusieurs pieces ou valves iriegales, mobiles ou soudees, mais non reunies par des charnie- res ; ils sont sessiles ou sans pedoncules, ou bien supportes par un pedoncule con- tractile, flexible et plus ou moins developpe. Les avis sont partages sur la place que doivent occuper les animaux de cette classe (iO classe des Invertebres de Lamarck). En effet, ils semblent etre voisins des Annelides, des Crustaces et des Mollusques, car ils presentent des caracteres ge- neraux propres a ces trois classes, et des caracteres particuliers qui les en eloignent assez pour former un groupe de transition entre chacune d'elles. Par 1'organisation de Testomac et du canal intestinal, ils se rapprochent des An- nelides; leurs cirrhes ou pieds articules leur donnent de grands rapports avec les Crustaces; enfin le manleau et le test calcaire dont ils sont converts , en tout ou en partie, paraissent leur donner beaucoup d'analogie avec les Mollusques. Cependant, dit Lamarck, des animaux qui ont une moelle longitudinale noueuse, des pieds ou cirrhes articules, une peau cornee et plusieurs paires de machoires qui se meu- vent transversalement, ne sont assurement pas des Mollusques. Des animaux dont le corps est, a Texterieur, enveloppe d'un manteau en forme dc tunique, sans ofFrir d'anneaux transverses ni de faisceaux de soies, ne sauraient etre des Annelides. Enfin, des animaux qui n'ont point de tete, point d'yeux, et dont le corps, muni d'un manteau, se trouve enferme dans une veritable coquille, ne pcuvent £tre non plus des Crustaces. Si maintenant Ton considere les caracteres que fournissent les plus importants de leurs organes, on trouvera sans contredit que c'est des Cruslaces 542 HJSTOIRE NATURELLE. que les Cirrhipedes se rapprochent le plus, car ils en out le sysleme nerveux ; ils ont meme des machoires analogues a celles des Crustaces, et leurs bras ou pieds tentaculaires semblent tenir des antennes des Astaciens; ce sont aussi des filets setaces, a peau eornee, partages en une multitude d'articulations. Les Cirrhipedes completent et terminent la grande division des animaux artieu- les. Si leur corps n'offre plus d'articulations ni de peau solide, leurs bras en pre- sentent encore, et c'est uniquemerit parmi les animaux articules que Ton trouve une moelle longitudinale ganglionnee dans toute sa longueur. Cette conclusion du celebre auteur de 1'Histoire des animaux sans vertebresse trouve confirmee paries decouvertes rdcentes. On ne connait qu'imparfaitement la plupartdes Cirrhipedes, quoique leur nom- bre soit assez considerable. Lamarck divise aussi les Cirrhipedes en deux ordres : le premier comprenant les genres Tubicinelle, Coronule, Balane, Acaste,Pyrgome et Creusie; le second, les genres Anatife, Pouce-Pied, Cineras et Otion. Les auteurs anglais et americains, par suite de nouvelles decouvertes, ont etabli un plus grand nombre de genres que nous croyons devoir faire connaitre; mais nous pensons qu'une etude plus complete de ces animaux necessitera de nombreuses modifica- tions dans la distribution de ces genres, qui ne presentent pas, quant a present, de differences caracteristiques suftisantes pour des etres dont le developpement depend de circonstances locales qui peuvent alterer leur forme, la plupartdes Cirrhipedes vivant sur des corps ou dans des corps plus ou moins durs qui genent leur accrois- sement ; et il ne serait pas etonnant de voir quelques especes modifiees quant a la dimension des lames qui les composentou quanta leur forme generale. On a divise les Cirrhipedes en deux ordres, pour separer ceux qui sont sessiles, immobiles ou sans pedo«cule et adherents immediatement a d'autres corps, de ceux qui sont pedoncules et peuvent executer quelques mouvements a Taide de leur pedoncule flexible. PREMIER ORDRE.— CIRRHIPEDES SESSILES. Animaux enfermes dans un test compose de plusieurs parties, et fixes par la base sur des corps marins. Bouche situeea la partie superieure du corps ; opercule qua- drivalveou bivalve. PREMIERE FAMILLE. Opercule quadrivalve. La base adhercnte formee par une membrane que fournit 1'animal. Test commc osseux. HISTOIRE NATURELLE. 345 ier GENRE. uvuv. Tubicinella, Lamarck. (Tubus, tube, petit tube.) Animal mou, enfermc dans un test et prescntant un assez grand nombre debras petits, setaces, cirrhcux ct inegaux, faisant, a volonte, saillie au-dessus de Touver- ture superieure. Test tubuleux, cylindrique, forme de quatre parties faiblement soudees entre elles, entoure de bourrelets en an- neaux, tronqueaux deux bouts, ouvert au sommet, adherent par sa base a la peau de certains ani- maux marins. Opercule compose de quatre pieces obtuses, mobiles, situees a Touverture. Si Ton pouvaitapprecier le temps que met Tanimal pour former un de ses bourrelets, on pourrait en quelque sorte reconnaitre son age ; car chacun des bourrelets a successivement constitue le bord de 1'ouverture, et ils indiquent les divers accrois- sements de Tanimal. Les Tubicinelles vivent ordinairement en grou- pes nombreux sur les baleines; elles s'enfoncent FIG. lisa. Tubicineiie des baleines. dans la peau des Cetaces, et ne laissent voir quelquefois que Torifice superieur. La couleur du test est d'un jaune fauve , sa texture est plutot osseuse et differe de celledes coquilles. La seule espece de ce genre est la Tubicinelle des baleines. 2e GENRE. L.oioiuue'. Coronula, Lamarck. (Corona, couronne, diademe.) Animal semblable au precedent, mais enferme dans un test suborbiculaire, co- noide, adherent par sa base, tronque aux extremites, forme de six pieces assez solidement soudees entre elles, creuse'es interieurement de cellules rayonnantes, et FIG. 1186. Coronule diademe. FIG. 1187. Coronule touffue. presentant plusieurs bourrelels longitudinaux au point de reunion des pieces ; oper- cule compose de quatre pieces obtuses, mobiles, situees a Touverture, qui est regti- liere et legerement hexagone. Dans les Coronules, nous ne remarquons plus les bourrelets circulaires qui indi- quent les divers accroissements des Tubicinelles, mais des series de bourrelets Ion- 344 HISTOIRE NATURELLE. gitudinaux , serres les uns centre les autres au point de reunion des pieces. Les Coronules sont plus larges : Touverture superieure, plus developpee, n'est pas seu- lement fermee par les valves operculaires, trop petites pour la remplir, mais en- core par une membrane mince qui tient au pourtour etsoulient les valves opercu- laires qui sont au centre. Le test des Coronules est divise a Tinterieur par un grand nomhre de petites lames formant des cellules fort remarquables , tapissees par le prolongement du manteau. De la meme couleur que lesTubicinelles, et adherentes comme elles par leur base, les Coronules sont plus solides, plusepaisses : aussi s'enfoncent-elles moins dans la peau des animaux marins sur lesquels elles se fixent. On en trouve sur les Baleines, sur un grand nombre de Cetaces et quelquesTortues. Les Tubicinelles et les Coronules paraissent etre des parasites peu incommodes pour ces animaux : on les confond generalementsouslenom de Pou de Baleine. Onne connaitque pen d'especes du dernier genre. Celles que nous figurons sont la Coronule diademe et la Coronule touffue. 5e GENRE. lamoe/. Chthamalm, Ranzani. (Etymologic inconnuc.) Ce genre, adopte par M. de Blainville, se compose des especes dont la base est membraneuse et dont le tube offre a Texterieur des aires saillantes presque inegales, et a son ouverture tetragonale ; dont la lame interne est tres-courte, et dont 1'opercule, FIG. U88. ciithamaiedeRanfcani. compose de quatre valves, est a peine pyramidal. DEUX1EME FAMILLE. On a donne en general a ces coquilles le nom de Glands de mer, a cause de la ressemblance un peu forcee qu'on leur trouve avec le fruit du chene ; et celui de Tulipes de mer, a cause de la disposition de leurscouleurs. Les Balanes ne choisissent pas particulierement les animaux vivants pour s'y fixer ; tous les corps sous-marins leur sont bons. On en trouve sur les rochers, les vieilles coquilles, les plantes marines, le bois submerge, les crustaces, etc. 11s adhe- rent par leur base, qui n'est plus membraneuse comme celle des Tubicinelles on des Coronules, mais bien testacee. Les Balanes ont des formes irregulieres qui dependent de celles des corps aux- quels ils sont fixes, et des obstacles que rencontre leur developpement. Us formerit souvent des cones allonges, mais le plus ordinairement ils sont regulierernent coni- ques. La partie superieure du cone est plus ou moins evasee et se trouve formee par deux ou quatre valves operculaires dont les pieces mobiles s'ouvrent a la vo- lonte de Tanimal pour laisser passer les cirrhes. Ces valves sont liees assez solide- IUSTOIRE NATURELLE. 545 ment a la coquille, soit pros de sa base interne, soit vers le milieu des parois. On remarque dans les Balanes une lame testacee, en grande partie libre, qui tapisse la portion superieure et interne du cone, et ne descend pas jusqu'a sa base. Le test des Balanes estcomme poreux, et il parait probable qu'aucune partie du manteau ne penetre dans les petites excavations qu'il presente. Le developpement en hauteur est indique sur Je test par des stries transverses placees dans les inter- stices des rayons, et celui en largeur par les divers diametres de la lame du fond. Les Balanes forment quatre divisions distinctes : les deux premieres secomposent des genres Balane et Acaste, tous deux a opercule quadri valve, et differant entre eux par la lame du fond, qui, dans les Acastes, est tres-concave ouen forme de cone ren- verse. Ces derniers ne se fixent pas sur les corps durs, mais s'etablissent particuliere- ment sur les eponges. Les deux autres divisions, genres Creusie et Pyrgome, ont un opercule bivalve qui les distingue suffisamment des deux premiers, et ils different entre eux par divers caracleres. Les Creusies sont composees de quatre pieces dis- tinctes par leur suture ; les Pyrgomes semblent n'etre formes que d'une seule piece : ils sont subglobuleux, et 1'interieur est sillonne longiludinalement. La partie su- perieure de la coquille est convexe et circonscrite par unbord crenele ; Touverture placee au centre est tres-petite et arrondie. On a propose un grand nombre de gen- res intermediaires, bases sur des caracteres le plus souvent si peu importants qu'il serait facile, en suivant la meme marche, de faire autant de genres qu'il y a d'es- peces. Cette multiplicity des genres decourage ceux qui debutent, et ne sert qu'a jeter la confusion dans 1'esprit de ceux qui, plus avances dans 1'etude, trouvent la meme espece decrite sous plusieurs noms, et ne savent plus auquel ils doivent donner la preference. La difficulte augrnente encore par Texiguite et Tirregularite des especes , qu"il est bien rare d'obtenir dans un etat parfait et sans qu'il man- que quelque partie. Notre intention, d'ailleurs , n'estpas d'entrer dans des details qui exigeraient une etude speciale, a laquelle il sera toujours facile de se livrer en consultant les auteurs et les grandes collections. Base ou troncature infe'ricure formee en partie par le prolongement des pieces de la coquille et par une lame testacee adherente. ier GENRE. TOxxaive'. Balanus, Bruguieres. (Balanus, gland.) Animal enferme dans un test calcaire. Bras nombreux sur deux rangs, ine'gaux , articules, cilies, et composes chacun de deux cirrhes, divisions d'une rn£me,tige ; quatre machoires transverses, dentees,a labouche, qui nefait pas saillie, et quatre appendices veins en forme de palpes. Coquille conique irreguliere, composed de six i. U 346 HISTOIKE NATUIIELLE. pieces calcaires fortement soudees entre elles , se prolongeant interieurement sur la base adherente, qui se compose d'une lame calcaire et aplatie. Ouverture FIG. 1189. Balane tulipe. Fio. 1190. Anima du Balane. subtrigone ou elliptique. Opercule compose de quatre pieces symetriques, par paires, mobiles, inserees pres du bord interne et superieur, quelquefois au-dessous de ce bord; adherent aux corps durs. °2e GENRE. Gscarfle'. Acasta, Leach, (ttymologie douteuse.) FIG. 1191. Acasle de Montagu. FIG. ll!)^. Animal inconnu, mais probablement tres- voisin des Balanes. Coquille ovale, subco- nique, composee de six pieces inegales, reu- nies faiblement, se terminant a la base par line lame concave a Tinterieur, legerement soudee a la partie inferieure des pieces, et convexe exterieurement. Ouverture tres-irre- guliere fixee a des corps mous, aux Eponges. 5e GENRE. \^}c\oi\ie'te. Octomeris, Sowerby. TO, huit ; aepo;, partie.) Ce genre, propose par M. Sowerby, com- prend les Balanides, dont le test est com- pose de huit valves inegales, et dont Toper- cule est quadrivalve. FIG. 1193, Octumire angnleax. HISTOIKE NATlHtE-LLfl. 4e GENRE. al opta'4 me. CatophragmetSo\\ev\)y. (KaTco, dessous; (ppa-fao?, cloison.) Cc genre du meme auteur differe du pre- cedent par la presence de petites pieces tes- tacees supplementaires, disposees par ran- gees transversales, et dont le nombre parait augmenter avec 1'age. F,G.ii94. catophng.. imbrique. F.GM195. 5e GENRE. C/oui^. Conifi, Lamarck. Genre propose pour les Balanes dont le test, compose de quatre pieces , est comme poreux. Base formee par une plaque ecail- leuse ; opercule quadrivalve. 4§L0 FIG. 1196. Conie poreuse. FIG. 1197. 6e GENRE. Cfmu4/t0. Elminius, Leach. (fcXuuvc, ver.) Balane compose de quatre pieces inegales, formant un cone quadrangulaire. Ouverture large, subquadrangulaire, irreguliere ; opercule quadrivalve. FIG. 1198 Elminie de Leach. 7e GENRE. (SouoCepe/. Conolepas, Say. (Conus, cone ; lepas, coquille.) Balane compose de six valves eten- dues, distinctes, tronquees, par paires: une paire ventrale, une paire dorsale et une laterale. Les paires laterale et ventrale sont etroites ; Topercule est COnique, pointll, quadrivalve. FIG. 1199. Conolepe macul.-. FIG. 1200. Conolepede Say. 8e GENRE. cloDua. Adna, Leach. (Diminutif de adnecterc, altaclier.) Balane compose d'une piece conique supportee par une autre piece conique aussi, et non enchassee dans les corps sur lesquels il se fixe. Opercule quadrivalve. FIG. 1201. Adna anglai 348 HIST01RE NATURELLE. FIG. 1202. Creusie en groupe. FIG. 1203. GENRE. t-xteiwie. Creusia, Lamarck. (Creux, cavite.) Animal subgtebuleux, ayant trois ou qua- tre paires de bras tentaculiformes. Bouche sans saillie, situee a la partie superieure. Coquille orbiculaire, convexe, conique, com- posee de qualre pieces inegales, soudees, mais distinctes par leur suture. Opercule compose de deux valves? de quatre suivant M. Gray. 10e GENRE. m-ooiua. Pyrgoma, Leach. (Pyrgus, forteresse.) Animal inconnu. Coquille subglo- buleuse, ventrue, convexe en des- sus, percee au sommet par une petite ouverture elliptique, enchassee dans les polypes pierreux , dont la sub- stance meme la couvre et quelque- fois en change Taspect. Opercule compose de deux valves. FIG. 1204. Pyrgome radie. FIG. 1205.Pyrgome cancelle lle GENRE. . Clitia, Savigny. , tente.) Voisin des Pyrgomes. Coquille subconique, com- primee, composee de quatre pieces inegales, deux larges et deux etroites. Opercule bivalve. I2e GENRE. 2R_o(5i/e. Nobia, Leach, (fitymologie inconnue.) Voisin des Creusies. Coquille composee d'une piece conique supportee par une autre piece coni- que aussi, mais renversee et enchassee dans les madrepores. Opercule bivalve. FlG. 1207. Nobicslricc. FiG. 12G8.Nobie ;;rande. HISTOIRE NATURELLE. 549 13e GENRE. oHllDeaahem^, Megatrema, Leach. (Mept;, grand ; Tpr,u.a, trou.) Voisin des Pyrgomes, et n'en differant que par une plus large ouverture. FIG. 1209.Megatr6uaesemico$lule. 14e GENRE. CQatctci^. Daracia, Gray. (De 1'anglais dare, defi.) Genre propose pour une espece de Pyrgome remarquable par Tirregularite de sa forme. La Daracie est adherente a une espece de polypier forme de pe- tits mamelons entre lesquels elle s'en- chasse, et qui 1'entourent en depas- sant sa surface. Ouverture large et completement fermee par un oper- cule bivalve. FlG- 121°- FIG. 1211 Daracie monlicole. FIG. 1212. DEUXIEME ORDRE. — CIRRHIPEDES PEDONCULES. Animaux enfermes dans une coquille multivalve, dans quelques cas rudimen- taire, composee d'un plus ou moins grand nombre de pieces laterales symetriques, par paires, et d'une dorsale impaire chez les uns, plus irreguliere et moins syme- trique chez les autres. Corps soutenu par un pedicule membraneux quelquefois assez long, et dont la base est lixee aux corps marins fixes ou flottants. FAMILLE JaSi/ie ' Aa£ 4e ler GENRE. cJl9ucaij?e'. Anatifa, Lamarck. (Anas, canard; feme, porter.) Animal mou. Bras tentaculaires, longs, ine- gaux, articules, cilies, sortant d'un cote, sous IMG. 1213. Animal d'Anatife. FIG. 1214. Anatife li»se. FIG. 350 HISTOiRE NATURELLE. ie sommet du corps ; Louche munie de deux paires de machoires dentees cl trans- verses, et de deux paires de tentacules en forme de palpes. Coquille aplatie, com- posee de cinq pieces ; deux paires syme- triques, les inferieures beaucoup plus grandes que les superieures, et une piece impaire, allongee , etroite, courbee et placee sur le bord dorsal. Ces pieces sont reunies par une membrane interne, et FIG. 1216. Anatife lisse. FIG. 1217. Anatife dentele. forment un triangle supporte a sa base par un pedicule tubuleux, lisse, membra- neux, flexible, contractile a la volonte de Tanimal, et fixe lui-meme par Textre- mite opposee a divers corps submerges. 2' GENRE. ca. Scalpellum, Leach. (Scalpellum, scalpel.) Anatife de forme quadrangulaire, aigu au sommet. Six paires de pieces symetriques et une piece impaire dorsale. Des valves paires : deux sont terminates, deux ventrales et huit laterales. Pedoncule ecailleux. FIG. 1218. Scalpel oblique. 3e GENRE. G/iuiPiuwv. Smilium, Leach. i, lancette.) Anatife de forme quadrangulaire, aigu an sommet. Treize valves, dont dix laterales, subtriangulaires ; deux dorsales lineaires, courbees, et une anterieure. Pedoncule lisse. FIG. 1210. Smilium de Pirils. IlISTOIHE NATUKELLi:. 4e GENRE. Octctfcumie. Octalasmis, Gray. (OKTO, huit; eXati'il tt'^aui ft . 9- auU- Tm mf :'n n 7' C'^CICC y an. >lt Ai • , ,*1>1^. t'^iauutf • PI. ;> X- 7 6 a N.Jtet - v, < Q • . *" MC'i'lait .'>. CS'iJ iuii l\ i«^ iVIlU' f>/7 • f> G. I lau.Mlic .III' |» i ccie i !.»«.• . :> . l U ••Ci lllIU' iiiix fmi«'< t'jMiif 8 A £ tx iu> i* fc I [tf . » I. ' f Vl tUli' <:V> I /* iv . , '\*>t'P<'I > .X lilt" lit* H.V - s. I l|i Illi' pt-»titpit*i* . s^ r r -r :'>. I ijiiilj |u.u(t il • __ t^4« 3-4' l utuxi'utt* I1!. II :'.-4- _ ;> - r> . _ t» 7-18 .1 10 II UC . IlliMllUXU* i)c C.'llUti •2 . ) - - 4 _ PI. IU -. ('till' Jf Lt M90544 THE UNIVERSITY OF CALIFORNIA LIBRARY i : ^rtaBES? -' jf c ^<^cr^ UCfe :«m stisss