mu v<' ' '! >V! \ U V'ji'vï: liilii: 7 m. J LEÇONS ÉLÉMENTAIRES D’ H I S T O I R E NATURELLE ET DE CHIMIE. TOME SECOND. LEÇONS ÉLÉMENTAIRES D’HISTOIRE NATURELLE ET DE CHIMIE. LEÇONS XXXI, XXXII & XXXIII. Suite des Sues tances me TALtiq ussii Sorte VII ï. Mercure. J_j E mercure a Popacité Sc le brillant métalli¬ que ; c’eft après For 6c la platine , la fublîance la plus pefanie qu’on connoilTe. Un pied cube de mercure bien pur pèfe neuf cens quarante-fept li¬ vrés ; il perd dans Peau un treizième de Ton poids. Coinmeil efl habituellement fluide , on ne con- noît bien ni fa ténacité ni fa duélilité j 6c Pon Tome I/, A a,. Leçons -èlé mentaîbes eft encore embarraffe pour favoir quel rang lui affigner. En effet , il fe volatilife comme les demi-métaux j il aune efpèce de dudilité comme les métaux. Cependant fa pefanteur énorme ^ fa fluidité habituelle /fa volatilité extrême , &:les altérations fingulicres qu’il efl fufceptible d’éprou¬ ver par beaucoup de combinaifons 5 le font re¬ garder avec vraifemblance comme une fubf- tance particulière , qui femble n’appartenir aux matières métalliques que par fon brillant , fa pefanteur & fa combuflibilité, qui doit être rangée à part. Nous plaçons fon hifloire entre celle des demi-métaux Sc des métaux. On a cru pendant long-tems , que le mercure ne pouvoir pas perdre fa fluidité. Mais les Aca¬ démiciens de Péterfbourg ont prouvé le con¬ traire. Ces Savans profitèrent du froid excefiif de 1JS9 5 augmentèrent encore le froid na¬ turel à l’aide d’un mélange de neige Sc d’efprit de nitre fumant , Sc parvinrent par ce moyen à faire defcendre un thermomètre de mercure , fuivant la graduation de Réaumur , au cent vingt- cinquième degré au-deffous de o. Obfervant qu’à ce degré le mercure ne defcendoit plus , ces Mef- fieurs cafsèrent la boule de verre , Sc trouvèrent ce fluide métallique gelé , Sc formant un corps folide qui fe iaiiïbit comprimer par le marteau» Cette expérience démontre que le mercure ^ Nat. ET DÊ C HÎMIE« 5 comme toutes les autres fubllaoces métalliques > peut devenir concret -, qifil jouit alors d^un cer¬ tain degré de dudilité. On ne fait pas jufqu’où. peut aller cette dernière propriété 3 parce que dès qu’il vient à perdre ce grand degré de froid > il reprend fa fluidité. M, F allas qui a réufli à congeler du mercure en l’expofant en plein air & du côté du nord dans le pays très-froid qu’il habite , a obfervé qu’il reflembloit alors à de l’étain mou , qu’on pouvoit le battre en lames, qu’il fe rompoit facilement , & que fes mor¬ ceaux rapprochés fe réuniflbient. Ce métal efl donc le plus fufible de tous ceux que nous con- noiiTons; le plus grand froid connu dans la nature ne peut pas le rendre folide. Il efl vraifemblable que fi dans l’expérieuGe de PéterR)ourg le froid qui a gelé le mercure avoir été conduit par de¬ grés infenfibles , cette matière métallique auroit pris une forme criflalline &: régulière. La fluidité habituelle du mercure l’a fait re¬ garder comme une eau métallique particulière , on l’a appellé aqua non madefaciens manus : l’eau qui ne mouille pas les mains. Il efl vrai que le mercure ne mouille ni les mains , ni aucuns des autres corps cpi peuvent être mouillés par l’eau , par les huiles ou les autres liqueurs ; mais ce phénomène ne dépend que de ce que ce fluide métallique n’a aucune aflinité avec ces corps, Aij ^ Leçons ^é-LlMENTAiEES Car quand ii eft en contaél: avec quelques-unes des fubflances auxquelles il peut s’unir , comme For 5 l’argent ^ l’étain ^ Scc, alors il s’applique intimement à ces corps , Sl les mouille au point qu’on ne peut les deiïecher qu’en faifant évapo¬ rer au feu le mercure qui les enduit. Le mercure étant un métal fondu , afîeéte toujours la forme de globules parfaits lorfqu’on le divife ; quand il eft renfermé dans un flacon , fa furface paroit convexe. Cet effet dépend & du peu d’affinité qu’a le mercure avec le verre , de la grande attraclion qui tend à rapprocher les parties. Car fi on met ce fîuidq dans un vafe de métal avec lequel il ait de l’affinité , alors fa furface paroît concave comme celle de tout au¬ tre fluide , parce qu’il fe combine avec les pa¬ rois de ce vaiffeaii. Le mercure a une faveur que les nerfs du goût ne peuvent point perce¬ voir 3 mais qui cependant produit un effet très- marqué dans l’effomac 8c les inteftins , auffi bien qu’à la furface de la peau. Les infedes 8c les vers font infiniment plus feiifîbles que les autres animaux à cette faveur ; c’efl pour cela que le mercure les tue très-vite , 8c que les Médecins l’emploient comme un excellent vermifuge. C’eff même en raifon de la propriété qu’il a de gué¬ rir la galle 8c plufîeurs autres maladies de la peau I que pliifieurs Sa vans ont penfé que ces D^îrîîST, Nat. et de CDîMrË. % Bialadies étoieiit produites par la préfence de certains infedes qui pénétroient le tififu de cet organe. Mais cette opinion n’^ point été généra¬ lement adoptée , quoique quelques Naturaiifles aient décrit le ciron de la galle , &c. Le mercure , frotté quelque tems entre les doigts 5 répand une légère odeur particulière. Lorfqu’il eft bien pur , Sc qu’on l’agite , on ob- ferve quelquefois , Sc fur - tout dans les tems chauds 5 qu’il brille d’une petite lueur phofpho- rique alTez fenfible ; ce phénomène a été conf- taté fur le mercure du baromètre par plufieurs Phyficiens. Si l’on plonge la main dans ce fluide métallique , on éprouve une fenfation de froid qui fembieroit indiquer qu’il efl d’une tempéra¬ ture plus froide que l’air atmofphérique ; ce¬ pendant en y plongeant un thermomètre , on s’afllire bien vite que le mercure efl à la tem¬ pérature de l’atmofphère. Cet effet qui nous trompe , Sc qui appartient entièrement à notre fenfîbilité , dépendroit-il de la pefanteur énorme de cette fubflance métallique , ou bien de ce qu’il accélère l’évaporation du fluide qui fort fans cefle par les pores de la peau f Le mercure divifé à l’aide d’un mouvement rapide Sc continuel , comme celui d’une roue de moulin , fe change peu à peu en une poudre lîoire très-fine, qu’on appelle Ethiops per Je ^ à A iij Leçons ÉLéMENTAiEES caufe de fa couleur ; le mercure n’éprouve an- cune altération dans cette expérience , Sc on peut en le chauffant légèrement , ou en le tri¬ turant 5 le faire reparoître avec fa fluidité ordi¬ naire 8c fon brillant métallique» Le mercure efl peu abondant dans la nature , & il fe rencontre dans la terre ou dans Fétat vierge Sc jouiffant de toutes fes propriéLés ^ ou combiné avec le foufre & quelques autres ma¬ tières métalliques , il efl alors minéralifé par ces fubflances. Le mercure coulant fe trouve en globules ou en plus grandes maffes , dans les terres , les pier¬ res tendres , Sc le plus fouvent il eff interpofé dans fes mines. Ceff: ordinairement avec le foufre que le mercure eff combiné. Il forme alors un compofé connu fous le nom de cinabre. Cette fubftance minérale eff rouge , 6c n’a en au¬ cune manière Fafpeél métallique , quoiqie le foufre s’y trouve en petite quantité relativement au mercure , parce que la combinaifon de ces deux corps eff très-exaéle. Le cinabre fe ren¬ contre dans le Duché de Deux-Ponts , dans le Palatinat , en Hongrie , dans le Frioul , en Ef- pagne à Almaden , & dans l’Amérique méri¬ dionale, fur-toilt à Giiamanga au Pérou. Il eff tantôt en malFe compaéle , dont la couleur va¬ rie depuis le rouge pâle jufqu’au rouge foncé D’HtsT. Nat. et de Chimie. 7 & noirâtre , quelquefois en criüanx tranfparens couleur de rubis. On le nomme vermillon na¬ tif ou cinabre en fleurs , lorfqu’il efl: fous la forme d’une poudre rouge très-brillante. Enfin on le trouve difperfé dans differentes terres, dans la félénite, mêlé au fer, aux pyrites Sc à l’argent, M. Cronfledt parle, dans fa Minéralogie, d’une mine de mercure , dans laquelle cette fubflance efl unie à l’arfenic & au cuivre. Cette mine efl en criftaux d’un gris jaunâtre , afTez femblable aux criftaux de la mine d’argent grife , dont elle ne diffère que très- peu; elle eft très -rare. Le même Minéralogifte afflire qu’on a quelquefois trouvé dans la mine de Sahlberg en Suède du mercure amalgamé avec de l’argent vierge. M. Rome de Lïfle pofsède dans fon Cabinet un morceau qu’il croit être de cette efpèce. Les differens étals que préfente le mercure dans l’in¬ térieur de la terre , peuvent être réduits aux va¬ riétés fui vantes. Etat L Mercure natif. DîfTémlîié dans des terres 8c des pierres , & le plus (bu* vent dans fes mines mêmes. Etat 1 L Mercure minéraiifé par le foufre | Cinabre. Variétés. I. Cinabre tranfparent, ronge & criflallifé en prifnies triangulaires très -courts, terminés par des pyra-^ mîdes triangulaires. A iv 8 Leçons îIlèmentaires yanécés. 2. Gînabre traniparenÉ rouge en crlfiaux oâiaëdreSj formés de deux pyramides triangulaires , réunies par leurs bafes, & tronquéer» 3. Cinabre Iblide, compade, d’un rouge brun , ou d’un rouge clair» 11 eft quelquefois formé de feuillets. 4. Cinabre rouge difpofé en lîries (ur une gangue pîerreufe , ou fur du cinabre folide. îl eÜ quelque» fois aiguillé comme le cobalt. Cinabre en fleurs,, vermillon natif; c’eft un cina¬ bre d’un rouge brillant fatiné , qui adhère à diffe¬ rentes gangues fous la forme d’une pouffière très- fine ; il eft quelquefois criffallifé en aiguilles , alors il reffemble beaucodp au précédent. Etat IIL Mercure falin. Variétés. 1, Mercure corné, ou mercure doux natif. Cette mine a été découverte à Mufchel-Landfberg dans le Duché des Deux -Ponts. Elle eft ordinairement dépofée dans une mine de fer terreufe , fous la forme de criftaux prifrnatiques à quatre faces, ' terminés par des pyramides tétraèdres. Sa couleur varie , ainfî que fa tranfparence ; elle eft blanche , grîfê ou verdâtre. M. Sage la regarde comme une véritable combînaifon de mercure avec l’acide marin , analogue au mercure doux avec lequel il lui trouve beaucoup de reffèmblance , pour la forme, l’infipidité, la volatilité, &c. 2, Mercure corné brun. Cette mine eft en maffès Irré^ gulières, pelantes ^ folidss; on ne connoit pas 9 b’Hist. Nat. et de Chimie. Vadi^cés. bien fa nature. Le feu la décompofé fans addi¬ tion , & en dégage du mercure coulant. Etat IV, Mercure combiné aux métaux; Amalgames naturelles. On a trouvé à Mufchel-Landfberg une amaîganie d*ar- gent qui co.ntenoit un tiers de mercure. Peut-être rencon- trera-t- on par ia fuite ce fiuide métallique uni à d'autres métaux dans les mines. Pour connoïtre une mine qui' contient du mer¬ cure, on la pile, on la mêle avec de la chaux, des alkalis , d:c. On en jette fur une brique chaude, on couvre le tout d’une cloche, le mer¬ cure fe réduit en vapeurs , & fe condenfe aux parois de la cloche. Si Fon veut connoïtre la quantité de mercure qui y eil contenu , après l’avoir pulvérifée & lavée, on la difhlîe avec des matières capables de s’emparer du fonfre & d’en dégager le mercure. On a foin de mettre de l’eau dans le récipient , afin de raffembler le mercure au fond de ce fluide. En pefant exac¬ tement la mine avant de l’eflayer , & le mer¬ cure qu’on en obtient par la diftillation , on con- noit ce qu’elle en peut fournir. Le mercure vierge fe fépare facilement , eu broyant les pierres avec lefqueües il efl mélangé, & en les délayant dans de Feau 3 le mercure fe 'ïo Lêçons élémentaires précipite 5 & Feau entraîne la terre ; c’ell aiiiG qiFoi'i le retire des mines dldria dans le FrioiiL . On ne grille point le cinabre 5 parce quêtant volatil 5 il fe diiriperoit au feu ; mais , comme la nature Fa prefque toujours mélangé avec une fubüance calcaire ou martiale, cette fubüance devient un intermède propre à décompofer le cinabre à l’aide du feu. M. de Juÿleu a décrit dans les Mémoires de l’Académie , en lyyp 3 le travail qu’on fait à Almadeii en Efpagne , pour retirer le mercure du cinabre. Cette mine contient du fer & un peu ^de pierre calcaire; on la met dans des fours qui ont la forme de fourneaux de réverbère ; on chauffe ces fours , en mettant les matières coinbiifiibles dans le , cendrier. Le fourneau n’a d’ouvertures que huit trous pratiqués à fa partie poftéiieiire ; à chacun de ces trous , on ajufle line file d’aludels , dont le dernier aboutit à un petit bâtiment affez éloigné di- fourneau. Entre ie fourneau Se le bâtiment , où fe terminent les aludels, eil une petite terraffe qui s’arafe avec les ouvertures du fourneau & celles du bâti¬ ment. Cette terraffe forme deux plans incÜnés, Se foutient les aludels. Si quelque jointure mal bouchée iaiffe échapper du mercure , il fe raf- femble dans la jonâion des plans inclinés de la terraffe, Lorfque le feu eft appliqué au cinabre ^ p^Hist. Nat. et de Chimie, iî- le fer & la pierre calcaire abforbent le foufre ; le mercure réduit en vapeurs paiTe dans les alu- dels, ôc va gagner le petit bâtiment. Après la diflillation 5 on tranfporte tous les aîudels dans une chambre quarrée, pour les vider 8c réunir îe mercure dans une foiïe pratiquée au milieu de cette chambre , dont le fol ed incliné en talus vers cette foiïe moyenne. M. de Jiijjîeu a obfervé que les mines de ci¬ nabre ne donnoient aucune exhalaifon funeiïe aux végétaux ^ 8c que les environs 8c le deiïlis des mines d’Almaden étoient très-fertiles. Il a également obfervé que l’exploitation de cette mine n’étoit pas funeiïe aux Ouvriers, comme on l’avoit cm; que ceux qui travaillent dans l’in¬ térieur de la mine , comme forçats , font les feuls qui foient fujets à des maux graves, parce que le feu qu’ils font obligé d’allumer, voiati- lifant une portion du mercure, ils fe trouvent continuellement plongés dans une vapeur mer¬ curielle. M. Sage a décrit dans les Mémoires de l’Académie, année 1776, le procédé que l’on em¬ ploie pour extraire le mercure du cinabre, dans le Palatinat. Le fourneau eiï une galère chargée de quarante -huit cornues de fer de gueufe , dont l’épaiiïeur ef d’un pouce , la longueur de ' trois pieds neuf pouces , 8c qui contiennent en¬ viron foixante livres de matière. Ces cornues 22 LêÇONS éLéMENTAlRES* font fixées à demeure fur le fourneau ; on y în- trodiîit, à Faide de cuillers de fer, un mélange de trois parties de la mine , bien bocardée avec une partie de chaux éteinte; on chaufie avec du charbon de terre, que Fon introduit par les deux extrémités du fourneau, dont les côtés font percés de plufieurs ouvertures qui établiiïent des courans , 8c font brûler le charbon. Le mercure fe volatilife à Faide de la réaélion de la chaux fur le foufre; on le recueille dans des récipieiis de terre adaptés aux cornues, 8c remplis d’eau jufqu’au tiers de leur capacité. Cette opération dure dix à onze heures. Le mercure retiré ou revivifié du cinabre, eft très-pur 8c ne contient aucune particule étrangère ; on eni trouve peu qui foit de cette pureté dans le commerce. Tout celui que vendent les Marchands eft plus ou moins mêlé de plomb ou d’étain; il paroît un peu terne, Sc au lieu de fe divifer en globules lorfqii’il coule , il s’appîatit 8c paroît hériffé de quelques pointes. Les Marchands difent alors qu’il fait la queue. Le mercure ne paroît point éprouver d’alté¬ ration de la part de la lumière. C’efl une des matières fluides qui s’échauffe le plus vite 8c le plus régulièrement , c’efl-à-dirc , dont la marche de la dilatation efl la plus confiante , comme l’ont démontré MM, Bucquet A Lavoljîer par b^Hï-st. Nat. et de Chimie. îj leurs recherches fur la marche de la chaleur dans les differens fluides , lues à FAcadémie des Sciences. Ce phénomène indique que le mer¬ cure eh le fluide le plus propre à marquer exac¬ tement les degrés de chaleur, ôc à former les thermomètres les plus exads. Ce fluide métallique expofé au feu dans les vaifleaux fermés , bout à la manière des liquides- Cette propriété ne lui efl point particulière ; il la partage avec l’argent, l’or, Sc la plupart des autres métaux. Il efl vrai que comme le mer¬ cure efl plus fufible qu’aucun autre, il bout plus vite & long-tems avant d’être rouge. L’ébulli¬ tion n’efl autre chofe que fon paflage de l’état liquide à l’état de vapeur. Cette vapeur qui efl très-apparente fous la forme d’une fumée blaur. che , 8c qui trouble la tranfparence des vaifleaux dans lefquels on la reçoit, fe condenfe par le froid en gouttelettes de mercure , qui n’ont -éprouvé aucun déchet , ni aucune altération , iorfqu’on fait cette diflillation avec foin. Le mer¬ cure efl donc une fubflance très-volatile, qu’on peut difliller comme de l’eau, 8c qui fe rap¬ proche par-là des demi-métaux. Boerhaave a diflillé cinq cens fois de fuite la même quantité de mercure , il n’étoit altéré en aucune manière ; il lui a feulement paru un peu plus brillant, plus pefant 8c plus fluide^ ce qui Leçons élémentaîkes ne dépendoit fans doute que d’une purification très-exade. li a obtenu dans cette diflillation une petite quantité de poudre grife , qui n’étoit que du mercure trcs-divifé, & qui n’avoit be- foin que d’être tiituré dans un mortier , pour devenir fiuide Sc brillant ; c’étoit un peu d’é- thiops per fe. La diflillation efl un moyen de purifier le mer» cure 5 &: de le féparer des métaux fixes qui l’al¬ tèrent ordinairement dans le commerce ; on re¬ trouve dans la cornue le métal étranger en une croûte brillante dans quelques endroits , 8c noi¬ râtre dans d’autres. On connoît en pefant ce réfidu , la quantité de matière qui aitéroit le mer¬ cure. La pefanteiir extrême du mercure a fait croire aux Chiinifles que cette fubüance contient abon¬ damment le principe terreux pur , ou la terre vitri- fiable. Mais d’un autre côté, ce principe, lorfqu’il domine dans les corps , leur donne de la foü- dité , Sc le mercure eft au contraire très-fufible ; le principe terreux efl éminemment fixe , Sc le mercure efl très-volatil. Ces qualités qui paroif- fenî oppofées ont engagé Beccker à admettre dans ce lîuîde métallique une terre particulière, qu’il nommoit terre mercurielle , à laquelle il attri- buoit en même-tems la pefanteur 8c la volatilité. Le mercure étoit donc, fuivaot ce Chimifie, f D^HiST. Nat« et de Chimie. ly on compofé de ces trois terres ^ de la vitrifîable^ de Finflaminable & de la merciirkiie. Perfomie n’a encore démontré l’exiilence de la dernière dans aucun corps 5 & on ne doit regarder cette opinion que comme une affertioii dénuée de preu¬ ves. Le mercure nous paroît, comme toutes les autres fubftances métalliques 5 un corps combiif- îible fimplcj & qu’on n’a jamais pu fcparer en dif- féreiis principes. Quant à la terre vitriliable dont nous avons examiné les propriétés dans le com¬ mencement de cet Ouvrage, nous ne croyons pas qu’on puilTe l’admettre plus dans le mercure que dans les autres métaux , puifqii’on n’en a encore extrait aucun principe femblabîe. Ce que Beccher 8c Stakl appeloient ainfi dans le mercure 8^ dans les autres fubflances métalliques, n’elî: rien moins qu’un corps fimple 8>c terreux, ainü que nous l’avons dit en parlant des chaux des métaux en général. Le mercure réduit en vapeurs a une force expanfive confîdérable , & eit fufceptible de pro¬ duire des explorons vives lorfqu’il eft enfermé* M. llellot a rapporté à l’Académie qu’un Parti¬ culier ayant voulu fixer le mercure , en avoir mis une certaine quantité dans une boule de fer très-bien fondée; on jeta cette boule au milieu, d’un brafier ardent , mais à peine fut-elle rouge que le mercure déchira fou enveloppe avec luv i6 Leçons élémentaires bruit coiifidérable, Sc s’élança à perte de vue. M. Baume rapporte dans fa Chimie expérimen” tale^ &c, tome II ^ 393 y pareil, dont M. Geoffroj T Apothicaire avoir été témoin. Le mercure chainTé avec le concours de Pair , fe change au bout de quelques mois en un e poudre terreufe ^ rouge , brillante , difpofée en petites écailles. Cette poudre , qui n’a plus l’af-» peél métallique 5 eil une vraie chaux de mer¬ cure. Les AichimiPces , qui ont cru que le mer¬ cure Te lixoit dans cette expérience, l’ont appelée improprement mercure précipité par lui-même, ou per fe. Comme le mercure eil très- volatil , & que cependant il a befoin du concours de l’air pour fe calciner , on a imaginé pour cette obération un inilrument alTcz commode nommé X. enfer de Boyle, C’eil un flacon de criflal très- large & très-plat; on y renferme le mercure qui y forme une couche mince, & préfente par confé- qiient beaucoup de furfaces. Le bouchon qui s’a- juRe exadement au goulot de ce flacon, efl un cy¬ lindre de criflal percé d’un tii^^au capillaire. Oii place le flacon fur un bain de fable ; on chauffe le mercure jufqu’à faire bouillir. L’ouverture du cylindre efl telle, que l’air a de l’accès dans le flacon , fans que le mercure puilTe fe diffi- per. Au bout de piufieurs mois de digefiion on fépare 'îD^HtsT, Nat. et de Chimie, 17 fépare la chaux qui s’eft formée à la furface du mercure. Pour cela on jette le tout fur une toile ferrée ) le mercure palTe à Faide de la preiïion , Sc la chaux rouge relie fur le linge. On peut fe fervir, avec tout autant de fuccès, d’un matras à fond plat, dans lequel on verfe affez de mer¬ cure pour y former une couche mince ; on tire à la lampe le col de ce matras en un tuyau capil¬ laire, &: on en cafTe la pointe. Ce moyen, indiqué par M. Bauméj fournit un vaifleau plus propre à la calcination du mercure, parce qu’il contient plus d’air ; il efl aufli plus aifé à chauffer, moins difpendieux & moins fujet à cafler que l’enfer de Boy le. Pour que l’expérience réuffifïè , il faut entretenir le mercure dans une chaleur capable de le faire bouillir légèrement nuit & jour pen¬ dant plufieurs mois; en multipliant les matras fur le même bain de fable , on obtient une plus grande quantité de précipité per fe; Si. l’on peut même en obtenir une certaine quantité en quinze ou vingt jours. Le précipité per fe éft une vraie chaux de mercure , ou une combinaifon de cette matière métallique avec l’air. Lorfqu’on la chauffe , elle s’empare de l’air pur contenu dans Fatmofphère, Si forme avec lui cette poudre rouge. Ce qui le prouve d’une manière convaincante , c’ell que , on ne peut jamais réduire le mercure en pré- sToîîiq il b î8 Leçons élémentaires cipité per fe , fans le coiitad de Pair. 2®. On ne peut former cette combinaifon qu’avec l’air pur 3 &; elle -n’a pas lieu dans les différens gaz qui ne font point de l’air. 3®. Le mercure dans cette expérience augmente de poids. 4^^ En le chauf¬ fant dans des vaifleaux fermés , on le réduit tout entier en mercure coulant , & il fe dégage en même tems une grande quantité d’air dans lequel les corps combiülibles brûlent quatre fois plus rapidement que dans l’air de l’atmof- phère , & que M. FrieflLej a le premier reconnu fous le nom d’air déphlogiftiqué. Le mercure a perdu dans cette réduétion le poids qu’il ayoit acquis en fe calcinant. Ce dernier fait, joint aux phénomènes de la calcination , relativement à la néceffité à la di¬ minution de l’air dans cette opération , eft ce qui a engagé les Chimiftes modernes à croire par une analogie auffi bien fondée que toutes celles que l’on établit en PhyGque que les chaux mé¬ talliques ne font que des combinaifons des mé¬ taux avec l’air. Comme le précipité peut être très-bien analyfé par la chaleur, de comme il fe fépare en deux principes , l’air pur & le mercure coulant , on fent combien cette belle expérience répand de lumières fur la théorie pneumatique , Sc combien elle lui ed favora¬ ble. La combin^fon de l’air & du mercure n’efl Nat. et de Chïmie. 19 donc pas très-forte , püifqu'elie peut être dé-- truite par Fadion du feu. Pour réduire ainfi le précipité per fe , il faut le chauffer dans des vaiffeaux exaèLement fermés ; s’il a le contad de Pair, il refte dans l’état de chaux, parce qu’il trouve toujours dans i’atiiiofphère , le corps avec lequel il peut s’unir , Se qui a feul la propriété de le' calciner. C’eft pour cela que M. Baumé a foutenu que le précipité per fe n’étoit pas réduc-? tible , qu’il fe fublimoit au contraire en cridaux rougeâtres , de la couleur du rubis ; tandis que M. Cadet a prétendu que tous les précipités per fe pouvoient également fe réduire en mercure cou¬ lant. M. Macquer a prouvé par une explication ingénieufe Sc bien d’accord avec les faits , que l’un & l’autre de ces Chi milles avoient raifon , & que fi on chauffoit la chaux de mercure avec le contad de l’air , elle fe fublimoit en entier f pouvoir même fe fondre en un verre de la plus belle couleur rouge, comme l’a dit M. Keir^ favant Chimifle Ecoffois , dans fa tradudion du Didionnaire de Chimie *, tandis que la même chaux fufceptible de fe fublimer lorfqu’elle a le contad de l’air , fe réduit eil mercure coulant Sc fournit de l’air pur fi on la chauffe fortement dans des vaiffeaux bien fermés. Le mercure ii’efl point altérable à Pair | on obferve feulement qu’il fe ternit par les mole- Bij 20 Leçons ^lémentaïres cules depouflière que Pair entraîne , & qui en fe dépofant à fa furface en diminuent le brillant ; on a même nommé d’après cela le mercure l’aimant de la pouffière. Mais il paroît que tous les corps ont cette propriété , &; qu’elle n’eft très-feiifible dans ce métal qu’en raifon de fon brillant. D’ailleurs il n’eft nullement altéré, &: il fuffit de le filtrer à travers une peau de cha¬ mois pour le réparer de fes impuretés , & pour lui rendre tout fon éclat. Le mercure ne paroît pas fe diffoudre dans l’eau ; ceptPidant les Médecins font dans l’ufage de faire fufpendre un nouet plein de ce métal dans les tifannes vermifuges pendant leur ébul¬ lition. L’expérience a même conftaté les bons effets de cette pratique. Lémery s’efl affuré que le mercure ne perdoit rien de fon poids dans cette décodion. Il ed vraifemblable qu’il s’émane du mercure un principe fans doute femblable à celui de l’odeur , fi fugace &: fi tenu , qu’on ne peut en connoître la pefanteur , à caufe de fon extrême ténuité ; c’eft ce principe qui commu¬ nique à l’eau la vertu anthelmintique. Le mer¬ cure ne s’unit pas plus aux terres que ne le font les autres fubftances métalliques. Peut-être fa chaux rouge , ou précipité per fe , pourroit-elle fe fixer dans les verres , &: les colorer , comme on l’obferve pour la chaux d’arfenic. On ne con- d’Hist. Nat. et de Chimie. iioît point l’adion de la magnéfîe , de la chaux Sc des alkalîs fur le mercure. L’acide vitriolique n’agit fur cette fuMance métallique , que quand il efl très-concentré. Pour faire cette dilTolution , on met dans une cornue de verre une partie de mercure , Sc on verfe par- deffiis une partie Sc demie ou deux parties d’huile de vitriol. On chauffe le mélange *, peu à peu il s’excite une effervefcence vive ; la furface du mercure devient blanche; il s’en fépare une pou¬ dre de la même couleur , qui trouble l’acide en s’y difperfant. Il fe dégage une grande quantité de gaz fulfureux , Sc on peut le recueillir au- defTus du mercure. C’eft , comme nous l’avons vu en parlant de l’acide vitriolique , le procédé qu’on met en ufage pour obtenir ce gaz. Il pafle auffi une portion d’eau chargée de gaz ful¬ fureux, Sc dans l’état d’efprit fulfureux. volatil. Lorfqu’on pouffe cette diflillation jufqu’à ce qu’il ne paffe plus d’acide fulfureux, on trouve dans le fond de la cornue une maffe blanche, opaque, très - cauflique , qui pèfe un tiers de plus que le mercure qu’on a employé , Sc qui attire un pea_ l’humidité .de l’air. La plus grande partie de cette maffe efl une chaux de mercure unie à une petite portion d’acide vitriolique. Cette matière efl affez fixe , fuivant la remarque de Kunckel , de M. M^cqiier Sc de M, Bucqmu Dans cette opé- B iij 22 Leçons élémentaires ration Fhuile de vitriol a été décompofée; le mercure , qui efl une fubftance combüflible , s’eÜ uni à l’air pur contenu dans cet acide , 8c en a dégagé le gaz fulfureux 8c l’eau. Il doit donc être dans l’état de chaux , & conféquemment avoir beaucoup • plus de fixité que le mercure coulant. Une portion de cette mafie mercurielle vitrioliqne efi diiïbluble dans l’eau ; lorfqu’on y verfe ce fluide en grande quantité , il délaie cette mafie , Sc lailTe précipiter une poudre blan¬ che Il l’eau eft froide; fi on emploie de l’eau bouillante , cette poudre prend une belle cou¬ leur jaune brillante, 8c d’autant plus vive qu’on y verfe plus d’eau , 8c qu’elle eft plus chaude. On a donné très-anciennement le nom de tur- bith minéral, ou de précipité jaune à cette ma¬ tière. On décante l’eau qui a fervi à le laver j oh verfe fur le turbith une nouvelle quantité dé' ce fluide bouillant , il devient d’un jaune plus éclatant ; on le lave encore à une troifième eau pour lui enlever tout l’acide vitriolique qu’il contient. Dans cet état il n’a plus de faveur, c’eft une chaux mercurielle , qui , poufiee au feu dans une cornue , devient d’une couleur rouge comme le précipité per fe ^ 8c fe réduit en mercure cou¬ lant en fourniflant une grande quantité d’air pur» Kunckel annonce cette expérience; elle a réufii à MM, Monnet^ Bucquet & Lavoifier^ qui l’oni p’Hist. Nat. et de Chimie. 23 fuivie dans tous fes détails. Je l’ai répétée plufieurs fois avec fuccès. Elle prouve , comme nous l’avons vu, que l’acide vitriolique efl formé de gaz fulfureux , d’eau & d’air pur. Mais il faut , pour la réduire , un feu aflez violent. C’eil peut- être parce que M. Baume ne l’a pas chauffée fuf- fifamment , qu’il n’a pas obtenu de mercure $ Sc qu’il annonce qu’elle ne peut reparoître fous fa forme métallique , que par l’addition d’une matière phlogiflique ou combuhible. En conti¬ nuant de chauffer la maffe vitriolique mercurielle dans la même cornue où 611 l’a diffoute, fans rien déluter 8c fans laver cette maffe pour en enlever la portion d’acide , on décompofe de même cette chaux j elle prend d’abord une cou¬ leur rouge 8c fe réduit enfuite en mercure cou¬ lant , à mefure qu’elle donne l’air qu’elle avoit enlevé à l’acide vitriolique. L’eau que l’on a verfée fur la maffe mercu¬ rielle vitriolique blanche , s’efl chargée de l’acide qui étoît encore contenu dans cette maffe. Mais comme la chaux de mercure eft trcs-foluble dans l’acide vitriolique , cette fubffance faline en em¬ porte toujours avec elle ; de forte que l’eau tient en diffolution un vrai vitriol de mercure. En l’évaporant fortement , elle dépofe ce fel en petites aiguilles dont on ne peut déterminer la forme , parce qu’elles font molles Sc très-déli- B iv ^4 Leçons élémenItaïkes quefcentes. En jetant de Peau bouillante fur ces criftaux de vitriol de mercure , ils deviennent jaunes Sc dans l’état de turbith minéral, parce que l’eau en fépare l’acide qui eft peu adhérent Sc lailTe la chaux pure. La même chofe a lieu lorfqu’après avoir fortement évaporé la première leffive de la maffe mercurielle, on l’étend dans beaucoup d’eau bouillante au lieu, de la faire criilallifer ; elle précipite une poudre jaune dans l’état d’un vrai turbith. Si on fe fert d’eau froide , le précipité efl blanc , mais il fuffit de reverfer fur ce précipité blanc de l’eau bouillante pour lui faire reprendre la couleur jaune. On peut rendre ainfi à volonté la diiïblution de chaux de mercure décompofable ou non par l’eau ; il fuffit pour cela de l’évaporer fortement ou de charger l’acide de toute la chaux qu’il ell ca¬ pable de diffoudre, alors l’union de ces deux corps ell facilement féparée par l’eau. Si l’on y ajoute un peu d’acide , elle ne précipite plus par ce fluide. Je me fuis convaincu de cette vérité , en diffiolvant du turbith minéral bien lavé dans de l’efprit de vitriol foible. Cette diffi> îution n’efl: pas furchargée de mercure , elle ne précipite pas par l’eau. Mais fi on charge cet acide de tout ce qu’il peut diffioudre de turbith à l’aide de la chaleur, ce qui fe fait en ajoutant cette matière jufqu’à ce qu’il refufe d’en d’Hist. Nat. et de Chimie. difToudre, alors cette diffblutioii verfée dans de Feaii froide, forme un précipité blanc, ou une poudre jaune dans l’eau chaude; fi on y ajoute dans cet état un peu d’efprit de vitriol, elle cefïe de précipiter. La chaux blanche que le vitdol de mercure très - chargé dépofe lorfqii’on le verfe dans l’eau froide, eft très- düToluble 5 on peut la faire difparoître en ajoutant de l’efprit de vitriol dans le mélange. La combinaifon d’acide vitriolique 8c de mer-’ cure peut être décompofée par la magriélie Sc la chaux qui la précipitent en jaune. Les alkalis fixes en féparerit une chaux de mercure à peu près de la même couleur; l’alkali volatil caiif- tique ne précipite que très-peu Sc très-lentement le vitriol de mercure. Il faut obferver que ces précipités de mercure varient pour la couleur fuivant l’état de la dilTolution Sc fuivant la fubf- tance précipitante ; la quantité en eh auffî dif¬ férente. Ils font très-abondans dans une dilïb- lution chargée ; fi l’on décompofe au contraire une dilTolution qui n’eü pas faturée de mercure, chaque floccon de chaux qui s’en fépare par les premières gouttes de la matière précipitante , eft rediiïbus à mefure par l’acide excédent ; quand cet excès d’acide ell faturé , le précipité eh permanent. Il paroit , d’après cela , que les alkalis agilTent fur l’acide combiné au mercure CLÔ Leçons é Lé me n ta ires plutôt que fur l’acide libre. Ces différentes chaux de mercure précipitées par les fubftances alka- lines 5 peuvent fe réduire feules dans les vaif- féaux fermés. Pour les obtenir pures , il faut les laver à plufîeurs reprifes avec de l’eau diflillée. L’acide nitreux efl: décompofé par le mer¬ cure avec la plus grande rapidité. La diflblution fe fait à froid Sc avec plus ou moins d’adivité, fuivant l’état de l’acide. L’éau - forte ordinaire du 'commerce agit fur le mercurè , fans répandre beaucoup de vapeurs rouges. Si d’on y ajoute un peu d’efprit de nitre fumant , ou fi on chauffe le mélange, l’adion devient très-rapide, il fe dégage une très-grande quantité de gaz nitreux, & le mercure réduit en chaux relie en diffolu- tion. La liqueur efl verdâtre , elle perd cette couleur au bout d’un certain tems. L’acide ni¬ treux peut fe charger par ce procédé d’une quan¬ tité de mercure égale à fon poids. M. Bergman a fait obferver dans fa Differtation fur l’analyfe des eaux , que les diffolutions mercurielles ni- treufes diffèrent les unes des autres , fuivant la manière dont elles ont été préparées. Celle qui a été faite à froid Sc fans dégagement de beau¬ coup de vapeurs rouges , n’efl point décompo- fable par l’eau dihillée ; fi on a aidé la diffolu- tion par la chaleur, fi elle a produit une grande quantité de gaz nitreux ,, elle précipitera par B'^Hî ST.- N AT. ET DE ChîMIE. FeaUj & ne pourra plus ctre employée avec sû¬ reté dans Fanalyfé des eaux^ comme nous le dirons en parlant des eaux minérales. Je penfe que ce phénomène eft dû -à la même caufe dans la diffblution iiitreufe, que dans celle par Fa^ eide vitriolique. L’acide nitreux peut , à' Faide de la chaleur , fe furcharger de chaux de mer¬ cure, & la tenir, pour aiiifî dire, en fufpenrion. Cette forte de- dîffbîution , avec excès 'de mer¬ cure, fera précipitée par Feau diûillée, qui change la denfîté de la liqueur, Sc diminue Fadhërence de la chaux au nitre mercuriel. Aulîî le préci¬ pité eft-il un vrai tiirbith, qui eft très -jaune fî on verfe la difTolution furchargée dans de Feau chaude , mais' qui n’efl que blanche fi on la verfe dans de Feau froide. On peut lui donner fur le champ de la couleur, en le lavant à Feau chaude. Comme la düTolution ne contient que du nitre mercuriel . fans' chaux excédente lorL qu’elle a été^faite à froid , puifqu’elle ne peut fe charger dé chaux -fiirabondante à fa combi- naifoiT, qu’à Faide de' la chaleur, Feau diftillée n’y occafîonne pas de précipité. Je fuis fondé à penfer ainfî, d’après un fait dont je me fuis af« furé un •grand- nombre de fois; c’eil qu’on peut rendre’ -'l- volonté la inême diffblution mercu¬ rielle nitreufe, décompofable ou non par Feau, en ajoutant ou du mercure v'Oti de ’Facide , & a8 Leçons élémentaires la faire pafTer plufieurs fois à Fun ou Fautre état* Il fuffit pour cela de dilToudre à froid du mer- cure dans de Facide nitreux , & de laifler cet acide fe charger d’autant de mercure qu’il eft poffible; cette difTolution n’eft pas décompo- fable par l’eau, quoiqu’elle ait lailTé échapper du gaz nitreux. En y ajoutant du mercure, Sc la laiiïant fe charger de tout ce qu’elle en peut diffbudre à l’aide de la chaleur , elle devient ca¬ pable de précipiter avec Feau. On entend très- bien, pàr la même théorie, pourquoi une dif- folution nitreufe qui ne précipite pas par Feau, acquiert cette propriété, ii on la chauffe; la cha¬ leur en dégage en effet du gaz nitreux, Sc ce dégagement ne peut fe faire fans qu’une portion de Facide. foit détruite ; dès-lors la proportion de la chaux mercurielle plus forte, relativement à Facide , n’eJl plus combinée , mais adhérente au nitre mercuriel , & fufpendue de manière que l’eau pourra la précipiter fort aifément. Je me fuis affuré que les diffolutions mercurielles ne précipitent par Feau qu’une chaux excédente , 8c qu’elles retiennent encore une portion de vrai nitre mercuriel , qu’on peut décompofer par les alkalis , comme cela a lieu pour la maffe mer¬ curielle yitriolique leffivée pour la préparation du turbith minéral. La diffolution de mercure dans Facide nitreux Nat. jEt de Chimie. 2g eft d’une très-grande cauflicité i elle peut ronger Sc détruire nos organes. Lorfqu’elle tombe fur la peau 5 elle y forme des taches d’un pourpre foncé , & qui paroilTent noires. Ces taches ne fe diffipent que par la féparation de l’épiderme qui tombe en écailles ou en efpèce d’efcarres* On s’en fert comme d’un puilTant efcarrotîque en Chirurgie , & on l’appelle eau mercurielle. La diflblution de mercure dans l’acide ni¬ treux eft fufceptible de fournir des criflaux qui diffèrent les uns des autres par leur forme , fui- vaut l’état de la diffolution , de fuivant les cir- confiances qui accompagnent la crillaîlifation* En obfervant avec foin ces variétés , j’en ai re¬ connu quatre efpeces bien difîinâes^ que je vais décrire. v 1°. Une diffolution faite à froid donne, par une évaporation fpontanée de plufîeurs mois , des crillaux tranfparens très-réguliers. M. Romé de Lijle les a très-bien définis. Ce font des fo- lides applatis à quatorze faces , formés par la réunion de deux pyramides tétraèdres, coupés très-près de leur bafe , Sc tronqués aux quatre angles qui réfultent de la jondion des pyra¬ mides. 2^. Si on évapore la même diffolution faite à froid, & qu’on la laiffe refroidir, il s’y dépofe au bout de vingt-quatre heures des efpèces de 30 Leçons élémentaîkes prifmes aigus 8c üriés obliquement fur leur lar^ geur , qui font formés par l’application fuccef- fiv;e de petites lames pofées en recouvrement les unes fur les autres , comme les tuiles ; ce que les Botaniftes nomment imbricatîm. En exa¬ minant de près les élémens de ces prifmes in¬ formes, j’ai vu que les lames qui les conf- tituent font des folides à quatorze facettes fem- blables aux criilaux qu’on obtient par l’évapo¬ ration fpontanée , mais plus petits 8c plus irré¬ guliers. 3®. Si l’on fait une dilTolution nitreufe, à l’aide d’une chaleur douce 8c ménagée , elle fournit par le refroidilTement des criilaux en aiguilles plattes très-longues 8c très-aigues , ilriées fur leur longueur. Ce font ceux que l’on obtient le plus foiivent 5 8c qui ont été décrits par le plus grand nombre des Chimiiles , fpécialement par MM. Macquery Rouelle y Baume y 8cc, 4®. Enfin, h l’on chauffe davantage cette dif- folution , 8c qu’elle devienne décompofable par l’eau, ordinairement elle fe prend en une malTe blanche 8c informe , femblable à la maffe vitrio- îique. Quelquefois j’ai eu dans cette circonilance un amas confus de petites aiguilles très-longues, fatinées 8c flexibles , qui fuivoient le mouvement de la liqueur ; elles étoient tout-à-fait fembla- bles aux dendrites brillantes 8c argentées , que d’Hîst. NiT. ET r>E Chimie. 31 j’aî plufieurs fois obfervées fur les parois des bouteilles où l’on conferve de la terre foliée de tartre. Il eR elTentiel d’ajouter que cette der¬ nière diffblutioR qui ne fournit que des criüaux irréguliers Sc confus , ou des maiïes informes , parce qu’elle contient beaucoup de chaux de mercure furabondante 5 peut être ^rendue fuR* ceptible de criRallifer plus régulièrement, en y ajoutant de l’acide. Ces différens nitres de mercure préfentent a peu près les mêmes phénomènes. Ils font très- caulliques Sc rongent la peau comme leur diC» folution; ils détonnent lorfqu’on les met fur des charbons ardens. Il faut obferver, à l’égard de cette propriété, qu’elle eft beaucoup plus fen-^ fible dans les criilaux très-réguliers à quazorze faces, que dans ceux qui font en petites aiguilles, Sc qu’elle eR nulle dans la mafle blanche pré¬ cipitée de la diRblution fortement chauffée. La détonnation du nitre mercuriel n’eR que très- peu apparente dans les criRaux nouvellement formés ; il faut , pour bien Pobferver Sc h ren¬ dre très - fenfible , les laifler égoutter quelque tems fur du papier brouillard. Si on les met alors fur un charbon bien allumé, ils fe fondent, noir- cillent 8c éteignent l’endroit où. ils font pofés ; mais leurs bords qui font deflechés , jettent de petits éclairs rougeâtres ayec un bruit femblable 52 Leçons élémentaires à une décrépitatjon légère. Lorfqu’ils font fecs, il s’en échappe une flamme blanchâtre plus vive^ qui ceffe très-vite. Le nitre mercuriel fe fond lorfqu’on le chaufîe dans un creufet; il s’en exhale des vapeurs rou¬ ges très-épaifles I à mefure qu’il perd fon eau 8c fon gaz nitreux , il prend d’abord une cou¬ leur jaune foncée qui palTe à Fbrangé^ Sc enfin au rouge brillant; on le nomme dans cet état précipité rouge. Il doit être fait dans des ma- tras 8i à une douce chaleur , fi on le deftine à être employé comme cauftique en Chirurgie , afin qu’il retienne une portion d’acide à laquelle eft due la vertu rongeante. Mais fi on le chauffe fortement , ce n’efl: plus qu’une chaux de mer¬ cure formée par ce métal uni à l’air pur de l’acide nitreux. Le nitre mercuriel diftillé dans une cornue, donne un phlegme acidulé Sc du gaz nitreux dans le premier tems , il eft alors dans l’état de précipité rouge ; en le chauffant fortement , il s’en dégage une grande quantité d’air purÿ^ & le mercure fe fublime fous la forme de mercure coulant. C’efl cette expérience qui , faite avec la plus grande précifîon par M. voifier^ l’a conduit à démontrer la compofition de l’acide nitreux , comme nous l’avons dit en faifant l’hiftoire de cet acide. Le nitre mercuriel devient jaunâtre à l’air j, 8c Nat. et de Chimie. 35 & s’y.décompofe très-lentement. Il eH alTez dif* foliible dans Peau diftillée , plus dans Peau bouil¬ lante que dans Peau froide , & il criftallife par refroidiiïement. Lorfqu’on diiïbut ce fel dans Peau, il y en a une portion qui fe précipite fans s’y diffbudre^ Sc qui eft jaunâtre. M. Monnet ap¬ pelle cette matière turbith nitreux *, Sc il obferve qu’on peut , en obtenir beaucoup en lavant une maffe mercunelle nitreufe évaporée à ficcité^ comme celle que Pon fait pôur calciner en pré¬ cipité rouge. Si Pon veut dilToudre entièremenç le nitre mercuriel , il faut employer de Peau diC tillée 5 dans laquelle on doit verfer de Peau-forte jufqu’à ce que le précipité difparoifle. J’ai obfer- vé que lorfqu’on verfe de Peau bouillante fur le nitre mercuriel le plus pur^ il jaunit fur le champ , Sc donne du turbith nitreux d’une cou* leur plus foncée, Sc qui, expofée au feu, devient rouge beaucoup plus vite que celui qui eft fait par Pacide vitriolique. Le turbith nitreux eft en général plus exadement calciné que le turbith vitriolique ; ce qui vient , comme nous Pavons déjà fait obferver fur d’autres fubftances coîn« buftibles, de ce que Pacide nitreux contient beau* coup plus d’air que Pacide vitriolique , & de ce que Pair paroît être beaucoup moins adhérent au gaz nitreux dans ce premier acide, qu’il ne fem- ble Pêtre au foufre dans le fécond. Ceft pour Tome IL G 54 Leçons i l é m e n t a i r £ s cela que Facide nitreux eil plus décompofable que Fhuile de vitriol. La terre pefante , la magnéfie , la chaux 8c les alkalis décompofent le nitre mercuriel , Sc en pré¬ cipitent le métal dans l’état de chaux. Ces pré¬ cipités varient par la couleur , la pefanteur 8c la quantité 5 fuivant l’état de la dÜTolution. Les alkalis fixes caufliques , forment un précipité jaune , plus ou moins brun ou briqucté , fuivant leur cauflicité. L’alkali volatil précipite en gris ardoifé la diiïblutipn mercurielle nitreufe en bon état, c’eft-à-dire , que Feau ne peut point dé- compofer ; tandis que le même Tel produit un dépôt blanc dans une dilTolution faturée de mer¬ cure que Feau eil fufceptible de précipiter ; ces différences ont été bien obfervées par M. Berg^ man. Ces précipités ne font que des chaux de mercure plus ou moins calcinées. Elles font toutes réduélibles fans addition dans des vaiffeaux fer¬ més , & elles donnent de Fair pur dans leur ré- dudion. Celles qui ont été précipitées par les al¬ kalis crayeux , fourniffent un certaine quantité d’acide de la craie par Faélion de la chaleur. Les précipités de mercure , formés par les intermèdes alkalins , préfentent un propriété découverte par M. en 8c que nous ne devons pas paffer j fous filence ; c’eft de détonner comme la pom- ; dre à canon ^ lorfqu’on les expofe dans une j I D’MrsT. Nat. et de Chimie. 3/ cuiller de fer à un feu gradué , après en avoir trituré un demi-gros avec fix grains de fleurs do foufre ; il relie après la détonnation une pouflière violette fiifceptible de fe fublimer en cinabre. L’acide vitriolique & les fels dans lefqueis il entre , peuvent décompofer aufli le nitre mer¬ curiel , parce que l’acide vitriolique a plus d’af¬ finité avec le mercure que n’en a l’acide nitreux. Si l’on verfe de FeApric de vitriol , ou une dif- folution de fel de Glauher y de tartre vitriolé , de félénite , de tous les fels vitrioliques en général , dans une diflblution mercurielle ni- treufe , il fe forme un précipité blanchâtre , fi la diflblution nitreufe n’efl pas faturée , &: d’au¬ tant plus jaune que le nitre mercuriel contient moins d’acide Sc plus de métal. Ce précipité eft ou du vitriol de mercure , ou du turbith vitrio¬ lique. M. Bqyen a reconnu qu’il retenoit tou¬ jours un peu d’acide nitreuxi L’acide marin n’a pas d’aèlion fenflble fur le mercure , quoique cet acide fait celui de tous qui a le plus d’affinité avec ce métal j mais il en a une très-marquée fur la chaux mercurielle , Sc il forme avec elle un fel neutre particulier. Cette combînaîfon a lieu toutes les fois que l’acide marin fe trouve en contad avec cette chaux très-divifée* Si l’on verfe un peu d’acide marin fur une diflblution nitreufe de mercure -C ij 55 LeÇOMî iLÉMENTAtRES cet acide s^empare dü métal , 8c forme avec lui un fel qui fe précipite en une efpcce de coagu- lum blanchâtre qu’on nomme précipité blanc* Les fels marins à bafe d’alkalis , ou de fubftan- ces falino-terreufes , produifeiit abfolument le même effet 8c ils forment de plus des fels ni¬ treux différens fuivant leur bafe. Mais il eft im¬ portant d’abferver au fujet de cette opération , que le précipité peut fe trouver dans deux états différens , fuivant la nature de la diffolution ni- treufe , 8c fuivant la quantité de fel marin que l’on emploie. En effet M. Monnet a fait voir que fi Ton fe fert d’une diffolution peu chargée de mercure , & qu’on la mêle avec une diffo- lution très - chargée de fel marin , le fel qui fe précipite ne contient que la quantité de mer¬ cure néceffaire pour le: fatiirer ; 8c que fi l’on mêle une diffolution nitreufe furchargée de ce métal avec une difiblution de fel marin qui n’ell pas faturée le précipité eft formé d’acide ma¬ rin avec le plus de mercure poffible. Or on verra tout-à-l’heure que ces deux combinaifons dont les quantités refpeéfives de métal Sc d’acide varient^ diffèrent beaucoup l’une de l’autre. L’acide ma¬ rin a auffi plus d’affinité avec le mercure que n’en a l’acide vitriolique , 8c il occafionne dans les diffolutions de ce métal par le dernier acide les mêmes précipités qu’il forme dans les diffo- b^Hîst. Nat. et de Chimie, '57Î liitions mercurielles nitreufes. Ce conipofé d’a-* eide marin & de mercure peut être dans deux ctats , comme nous Pavons dit plus haut , fuivant la quantité de métal qu’il contient ; ces deux ctats conflituenî le fublimé corrofif 8c le mer¬ cure doux. Il y a plufieurs procédés pour préparer le fublimé corrofif. Le plus foiivent on mêle par- dès égales de niire mercuriel defieché , de Tel marin décrépite 5 8c de vitriol martial calciné au blanc ; on met ce mélange dans un matras dont les deux tiers de la tapacité doivent refier vi¬ des 9 on plonge ce vaifieau dans un bain de fa¬ ble 5 Sc on le chaufie par degrés , jufqu’à faire rougir obfcurément fon fond. L’acide du vitriol dégage celui du fel marin. Ce dernier décom- ■pofe le nitre mercuriel , 8c fe fublimé avec le mercure fous la forme de crifiaux applatis Sc poin¬ tus, qui garnifient la partie fupérieure du ma¬ tras. L’acide nitreux fe difîipe. Le réfidu eft rou¬ geâtre ou brun ; il contient du fel de Glauher, formé par l’union de l’acide vitrioliqne avec la bafe du fei marin , Sc une chaux de fer. En Hollande on prépare ce fel en grand , en tritu¬ rant parties égales de mercure , de fel marin & de vitriol , Sc en expofant ce mélange à un fett violent. On peut également le former en fubli- mant des mélanges de vitriol martial , de fel C iij Leçons èlémentaîrès fiiann & de précipités mercuriels par les alkalîs 6%<^ , ou de turbith minéral. Boulduc a donné aufîî un très-bon procédé pour préparer le fu- blimé corrofif. M. Spielman remarque qu’il avoit été indiqué par Kunckei dans fan Laboratoire Chimique. Il confiée à chaiilTer dans un matras une quantité égale de vitriol , de mercure & de fei marin décrépité. Le fublimé fe volatilife 5 8c le réhdu n’eft que du fel de Glauber, Ce moyen fournit un fublimé corrofif très - pur ^ tandis que celui du commerce, & même celui que Pon prépare en petit avec le vitriol mar¬ tial , contiennent toujours un peu de fer. Il efi en même-tems plus facile &; plus économiquCo M. Monnet affure encore avoir obtenu ce fel en traitant à la cornue du fel marin bien fec , 8c du mercure précipité de fa diiToIution nkreufe par Palkali fixe. Dans toutes ces préparations du fublimé corrofif, on doit avoir foin de ne cafier îe vaiiTeau fublimatoire que lorfqii’il efl entiè¬ rement refroidi , afin d’éviter les vapeurs de ce feL Le fublimé corrofif efi une fubfiance faline neutre , qui mérite toute Pattention des Chi- milles ex des fvîédecins. Il jouit d’un grand nombre de propriétés qu’il efi; important de bien connoïtre , 8c dont nous allons faire Phifioire» Ce fel a une faveur trcs«caufiiquc. Ivlis en très- d’Hist. Nat. et de Chimïe.' 3^ ÿetite quantité fur la langue, il laiiïe pendant îong-tems une imprelîion ftiptique 8c métalli¬ que très-défagréable. Cette impreffion fe porte même jufqu’au larynx qu’elle relTerre fpafmodi* quement , & elle dure quelquefois long-tems , fur-tout chez les perfonnes fenfibles. L’aélion de ces fels e(l encore beaucoup plus vive fur les tuniques de i’ellomac 8c des inteRins. Lorf-. qu’il y relie appliqué pendant quelque tems ,, il les corrode Sc les fait tomber en efcarres 5 c’efl aiiOTi un des plus violens poifons que Fon coiinoilTe. Cette cauflicité du fublimé cor- rofif paroît dépendre de Fétat du mercure dans ce fel , comme Fa très-ingénieufement expliqué M. Macqiier, On ne peut l’attribuer à l’acide marin , comme quelques Auteurs Font penfé , puifque cet acide n’efl pas furabondant dans le fublimé corrofif ; le mercure y eft en quantité plus que triple de celle de cet acide marin. Aufîi ce fel verdit-il le firop de violettes plutôt que de le rougir , fuivant Fobfervation de M. Rouelle» D’ailleurs la faveur du fublimé corroffeü bien au-delfus de celle de l’acide marin. En effet , on peut impunément prendre un gros d’efprit de fel étendu d’eau , tandis qile quelques grains de fublimé corrofif düTous dans la même quan¬ tité d’eau empoifonneroient immanquablement. M. Bucquet pcnfoit que cette extrême faveur C iv ^IÇOKS ÉLêMENTAlRES dépendoit de la combinaifon même des deiut ‘corps de ce compofé ; & il droit de là une de^ grandes preuves de la loi d’affinité qui établit que les compofés ont des propriétés nouvelles , Sc très - différentes de celles de leurs compo- fans. Le fubîimé corrofif n’eft pas fenfiblement al¬ térable par la lumière. La chaleur le volatilife Sc lui fait éprouver une demi -vitrification. Si on le chauffe fortement 8c à l’air libre , il fe diffipe en une famée blanche dont les effets fur ï’jéconomie animale font trcs-adifs 8c très-dange¬ reux. Chauffé lentement 8c par degrés, il fe fublime fous une forme crifîalline 8c régulière. Ses criflaux font des prifmes fi comprimés , qu’il efi impoffible de déterminer le nombre de leurs faces. Ils font terminés par des fommets très- aigus ; 8c on les a comparés avec raifon à des lames de poignard jetées pêle-mêle les unes fur les autres. Le feu n’efi pas capable de décom- pofer ce fel- Il n’éprouve aucune altération à Fair,. Il fe diffout dans dix-neuf parties d’eau , 8c il criftallife par l’évaporation en prifmes appla- tis 8c très - aigus à leurs extrémités , comme ceux que l’on obtient par la fublimation. L’éva¬ poration fpontanée de fa diffolution a fourni à M. Bucquet des parallélipipèdes obliqiiangles , dont ^cs extrémités étoient tronquées de biais. b’Hist» Nat. et de Chimie. 41 M.^'TkoiLvenel a obtenu des cridaux de ce fel prifmes hexacdres un peu comprimés. La terre pefante , la magnéfie & la chaux décompofent le fublimé corrofif , & en précipi¬ tent la chaux mercurielle. On prépare l’eau pha» gédénique dont fe. fervent les Chirurgiens pour ronger les chairs, en jetant un demi-gros de fublimé corrofîf en poudre dans une livre d’eau de chaux ; il fe forme un précipité jaune qui trouble la liqueur, s Ciîïj^xe. ji étaîn 5 il y en a une portion qui ne peut plus fe réduire en métal. L’étain ne s’altère pas beaucoup à l’air ; il ne fe ternit même que difficilement lorfqu’il ed bien pur. Celui du commerce fe couvre à la longue 'd’une pouffière grife, mais qui, fuivant M. Mac-> ’^uer y n’appartient jamais qifà la ffirface la plus légère, 8c ne pénètre pas à l’intérieur comme dans le cuivre Sc dans le fer. L’eau ne diiïbiit point l’étain ; elle en ternit 8c en calcine à la longue la furface. Les matières terreufes ne contraêlent aucune union avec ce métal. Sa chaux qui ed très-infm iible ne forme point de verre tranfparent ni co¬ loré , avec les fubdances capables de fe vitrifier. Mais, comme elle ed très - blanche , elle peut ■s’interpofer entre les molécules du verre , Sc le arendre d’un blanc mat 8c très-opaque. Cette forte de fritte vitreiife porte le nom d’émail. La po¬ tée d’étain , à catife de fon infufibilité , ôte la tranfparerxe â tous les verres poffibles , 8c en fait des émaux colorés. On ne connoît point l’adion de la chaux , de la magnéfie 8c des alkalis fur l’étain ; cepen¬ dant Ton ne peut clouter que ces derniers Tels foient capables d’altérer ce métal, puifqu’ils lui font prendre en très-peu de tems les couleurs de Piris» JH LeçÔNS ÉLéMENTAîEES L’acide vitriolique concentré ou l’huile de vi¬ triol dilToiit, fuivant Kunckel^ la moitié de fon poids d’étain ; cette diffbkuion fe fait bien à l’aide de la chaleur. Il s’en dégage , fans mou¬ vement ni efFervefcence bien fenfibles ^ du gaz fiîlfureux très -piquant. L’étain s’empare dans cette expérience de l’air de l’acide vitriolique; , auiïi il eh promptement calciné , & l’huile de vitriol en contient aiïez pour pouvoir précipiter par l’eau. L’huile de vitriol étendue d’un peu d’eau agit de même fur l’étain , mais cette dif- folution eh plus permanente & précipite moins par l’eau que la première. L’efprit de vitriol ou l’acide vitriolique foible ne le diiïbut pas. Dans cette combinaifon l’étaiii enlève tant d’air à l’huile de vitriol , qu’il fe forme très -vite du foufre. C’eh ce dernier qui donne à la dihblu- tion une couleur brune tant qu’elle eh chaude, 6^ qui fe précipite quand elle refroidit. ?viM. Mac- quer & Baume fe font ahltrés de la préfence du foufre dans cette combinaifon. En chauffant da¬ vantage cette-diholution 5 l’étain fe précipite en chaux blanche. Le même phénomène a lieu à îa longue &: fans le fecours de la chaleur. La diiïblution vitriolique d’étain eh très-canhique. Mi Monnet en a obtenu par le refroidiiTement des crihaux fembiables à la félénite , ou en ai¬ guilles fines & entrelacées les unes dans les au- d’Hist. Nat. et de Chimie. 73 très. La chaux d’étain précipitée de cette diiTo- lution par îe repos Sc par la chaleur , eh fo- luble dans l’acide vitrioliqiie. Si on évapore à Cccité la diirolutîon vitriolique d’étain , la chaux qu’on obtient alors eii très-difficile à ré¬ duire, Sc ne peut plus fe dlifoudre dans cet acide. -Les alkalis précipitent l’étain diffious-dans l’acide vitriolique , en une chaux de la plus grande blancheur. L’acide nitreux eil décompofé avec une ra¬ pidité fingulière par l’étain , Sc même It froid. C’eft une des dinToliitions les plus rapides 8c les plus frappantes que la Chimie préfente. Il pa- roit que Fétain a une tendance très-forte pour s’unir à l’air pur, Sc comme le gaz nitreux n’ell: pas à beaucoup près auffi adhérent à l’air pur dans l’acide nitreux , que l’eh le foufre à ce même air dans l’acide vitriolique , il n’eh pas étonnant que la décompoOtion de l’acide nitreux par l’étain foit beaucoup plus prompte Sc beau¬ coup plus vive que celle de l’acide vitriolique par le même métal. Î1 fe dégage avec une vi¬ vacité prodigieufe une grande quantité de gaz nitreux très-rouge. J’ai même obfervé que cetî-iî combiiiaifon fournilToit un des moyens les plus avantageux d’obtenir fur le champ beaucoup de ce gaz. L’étain eft réduit en poudre blanche ou en chaux , que M. Macquer a effayé en vain d 74 Leçons élément aie es réduire ; il femble alors que ce métal efl fur- chargé d’air. L’acide nitreux n’en retient que très- peu en difTolution , Sl lorfqu’on l’évapore pour en obtenir des criflaux de nitre d’étain, ce qui étoit difTous fe précipite bientôt, Sc l’acide rehe prefque pur. M. Bucquet, dans fon Introduâtoit à V étude du Règne minéral^ dit que l’on peut retirer de cette difTolution un nitre d’étain très- déliqnefcent, dont il n’a pas déterminé la former Il affiîre aufïi qu’en lavant la chaux d’étain pro¬ duite par la décompofition de l’acide nitreux , l’eau difTout un, peu de nitre d’étain , qu’on peut obtenir par évaporation. L’acide nitreux retient nn peu plus d’étain en difTolution , lorfqu’on l’emploie très-étendu d’eau; mais il laifTe pré¬ cipiter cette chaux , fok par le repos , foit par îa chaleur. MM. Boy en Sc Charlard ont décou¬ vert dans leurs belles recherches fur Tétain, que lorfqii’on charge l’acide lîitreux de tout l’étain qu’il peut calciner , jurqu’à ce que cet acide foit épais Sc incapable d’agir fur de nouveau métal, on obtient , en lavant cette mafTe avec beau¬ coup d’eau diflillce Sc en évaporant cette lef- hve à ficcité , un fel flanno-nitreux qui détonne feul dans un têt bien échauffé , Sc qui brûle avec une flamme blanche Sc épaifTe comme celle du phofphore. La chaux d’étain bien leflivée donne par Texficcation une mafTe deiiii-tranrparente j d’Hist. Nat. et de Chimie, yf femblable à récailîe. Le fel ilanno-mtreux dil^ tillé dans une cornue , fe boiirfouffle , bouil¬ lonne 8c remplit tout-à-coup le récipient d’une vapeur blanche 8c épaiffe , dont l’odeur efl ni- treufe. L’acide marin fumant agit bien fur Fétain ; il le dilTout à l’aide d’une douce chaleur, 8c même à froid ; il perd fur le champ fa couleur fa propriété de fumer. L’efFervefcence très-légère qui a lieu dans cette combinaifon , dégage du mélange un gaz fétide , mais qui ne reiïemble point à l’odeur arferiicale , comme quelques Chi- milles Font annoncé. L’acide marin peut diiïbu- dre par ce procédé plus de moitié de fon poids d’étain. La difTolution efl jaunâtre , elle a une odeur très-fétide ; il ne s’y forme point de pré¬ cipité de chaux d’étain, comme avec les deux acides précédons. Cette dilFoiiition évaporée fournit des aiguilles brillantes 8c très-régulières qui attirent un peu l’humidité de l’air. M. Monnet dit que ces aiguilles , après être tombées en dé- liquefcence , fe criÜallifent 8c rehent sèches à l’air. M. Baumé qui a préparé le fel d’étain en grand, comme à la dofe de cent cinquante livres d’acide fur vingt -cinq livres d’étain, pour les manufadures de toiles peintes, nous en a dé¬ taillé avec foin quelques propriétés. Sur douze livres d’étain, dilTous dans quarante-huit livres 7^ Leçons élémentaires d’acide marin, il lui efl: refté deux onces fix gros d’une poudre grife , qui n’a pas pu fe dif- foudre dans une livre d’acide marin, avec le¬ quel il l’a mife en digeftion pendant plufieurs jours. M. Margraff croit que c’eft de l’arfenic. M. Baume ne l’a point examinée. Il compare î’odeur de cette diffblütion concentrée à celle des terres noires qu’on retire des latrine^ , il fait remarquer que lorfqu’il en tombe fui* les doigts, rien ne peut enlever l’odeur métallique, particulière à l’étain, qu’elle leur communique, 3c qu’elle ne fe didipe qu’au bout de vingt-quatre heures. Il obferve que , fuivant l’état de l’acide , les cridaux de fel d’étain font différcns. Tantôt ils forment de petites aiguilles blanches; la même diiïblution lui en a donné de blanches Sc de cou¬ leur de rofe. Ce dernier, puriiié par la dilTolu- îion & l’évaporation , lui a donné par refroidif- fement de gros criftaux à peu près femblables à ceux du fel de Glaiiher, D’autres fois , en em¬ ployant de l’acide marin ordinaire , il n’a eu ce fel qu’en petites écailles d’un blanc de perle , femblables a celles du fel fédatif. Il n’a point parlé de l’aélion du feu fur ce fel. M. Monnet qui a difdllé la diffolution marine d’étain , afflire en avoir obtenu une matière gralTe très-fufble & gelable ; epfin , un vrai beurre d’étain Si une liqueur fumante femblable à celle de Libavius'^ d’Hist. Nat* e't de Chimie, 77 dont nous parlerons plus bas. Ce fait s’accorde avec ce qu’a obfervé M. Macquer fur une dif» folution d’étain dans l’acide marin , qui s’efl mife prefque toute en criftaux pendant l’hiver , & qui eil redevenue fluide l’été ; propriété qui fe ren¬ contre aufli dans le beurre d’étain, comme nous le verrons. Cet iiluflre Chimifte a auQi obfervé qu’il s’étoit formé au bout de quelques années un dépôt blanc dans cette dilTolution. La com- binaifon de l’acide marin oc de l’étain donnç un précipité beaucoup plus abondant que les autres diflbliitions , à l’aide des alkalis de de la chaux j les alkalis redüTolvent une partie de la chaux précipitée, de prennent une couleur d’un jaune brun. C’ell en diflblvant l’étain d’An¬ gleterre en gros faumons, de tous les étains impurs en général dans l’acide marin, que MM. Bajea de Charlard ont découvert la préfence du régule d’arfenic dans ce demi-métal. Lorfqu’en effet il en contient , à mefure que l’acide agit fur l’étain , ce métal prend une couleur noire , de lorfqu’il eft entièrement dilTous , il refle une poudre noirâtre qui eft de l’arfenic pur ou uni à un peu de cuivre. On peut donc employer cet acide pour s’aftlirer de la préfence de de la quantité de régule d’arfenic contenue dans l’étain. L’eau régale faite avec deux parties d’acide nitreux de une d’acide marin , fe combine avec ^8 Leçons é l é m e n ta r k e s ■ effervefcence à Fétain. Il s’excite une chaleur vive qu’il eft important de diminuer en plongeant le mélange dans de l’eau froide. Pour faire une diirolution d’étain dans Feau régale qui foit per» manente , il faut avoir la précaution de ne met¬ tre le métal que peu à peu , d’attendre pour en ajouter une fécondé portion que la première ait été entièrement diffoute -, fi on le mettoit tout à coup 3 une grande partie de ce métal feroit calcinée. L’eau régale peut fe charger ainfî de îa moitié de fon poids d’étain. Cette difiblu» tion eft d’un brun rougeâtre ; elle ira que peu de faveur ; elle forme fou vent en quelques inf- îans une gelée tremblante , vifqiieiife comme une réfine. Cette fiibftance devient plus folide au bout de quelques jours , & elle peut fe couper comme une gelée animale folide. Elle eft tranfpa- rente 5 d’une couleur claire , prend quelquefois une couleur plus foncée. Quelques portions pré- fentent la demi - tranfparence 8c la blancheur de l’opale ; elle exhale une odeur d’acide ma¬ rin piquant , mais qui n’a point la fétidité de celle de la diffbiudon marine. J’en conferve depuis plus de deux ans dans un bocal aftez mal bou¬ ché ; elle n’a rien perdu de fa fôlidité & de fa ' tranfparence. Pour que la dilTolution d’étain par l’eau régale forme une gelée , il faut qu’elle foit chargée de beaucoup de métal. Quelque- p’Hist. Nat. et de Chimie. 75^ fois en y ajoutant moitié de fon poids d’eau , elle devient concrète , quoiqu’elle ne le fût nul¬ lement avant cette addition ; mais alors cette gelée, faite à l’aide de l’eau , eft couleur d’opale; parce que , fuivant la remarque de M. Macquer ^ cette dilTolution étant fufceptible d’é!;re décom-« pofée par l’eau , une portion de la chaux d’étain précipitée détruit la tranfparence de la gelée. Ce favant Cliimifle a encore obfervé que fi l’on chauffe une diffolution d’étain dans l’eau régale , il s’y excite une effervefcence due à ce que l’acide mixte réagit fur le métal fur lequel ü n’a pas épuifé fon adion. Cette diffolution perd alors toute fa couleur & fe fige en fe refroi- diffant. La gelée qu’elle forme en ce cas efl de la plus belle tranfparence. Il fe dépofe fou vent par le repos d’une diffolution régaline Sc liquide d’étain , des criflaux en petites aiguilles. On ne les a pas encore examinés , non plus que le gaz dégagé pendant l’adion de l’eau régale fur l’étain. MM. Bay en 8c Charlard ont trouvé que ce dif* folvant pouvoir auffi faire connoître la préfence du régule d’arfenic dans l’étain , mais que comme il a une adion affez fenfible fur le demi-métal 3 il n’indiquoit pas fa quantité avec autant de pré- cifion que peut le faire l’acide marin. On ne connoît point l’adion des autres acides fur l’étain. So Leçons élémentaires Ce métal fait détonner le nitre avec rapidités Pour cela on le fait fondre 8c rougir obfcuré- ment dans un creiifet; on projette deiïlis du nitre bien fec en poudre. Il fe produit une flamme blanche Sc brillante. Lorfqu’en ajoutant du nitre il ne fe fait plus de détonnation , l’étain efl en¬ tièrement calciné. La poudre blanche qui refle contient de Falkali rendu cauÜique par la chaux d’étain , 8c qui efl même uni à une certaine quan¬ tité de cette chaux. En le leflivant , on peut en précipiter Pétain par un acide. Si la chaux grife d’étain fufe avec le nitre , ainfl que l’a obfervé Geoffroy , c’efl qu’elle contient encore de Pétain qui n’efl que divifé ; car en prenant une chaux parfaite de ce métal , celle par exemple qui a été chauffée long-tems , 8c qui efl très-blanche , ou bien celle que forment les acides , elles ne préfenteni poipt le même phénomène. L’étain décompofe très-bien le fel ammoniac ; H en dégage de Palkali volatil très-cauflique , 8c dans l’état de gaz. M. Bucquet , qui a fait des recherches fui vies fur la décompofîtion du fel ammoniac par les matières métalliques 8c par ^ leurs chaux , obferve qu’il fe dégage beaucoup de gaz inflammable par la réaélion de Pétain fur l’acide marin. Suivant les expériences de ce fa- vant Chimifle , les métaux décompofent ce fel en raifon de Paclion que Pacide marin a fur eux. Comme d’Hist. Nat. et de Chimie. 8i Comme nous avons vu que Pacide marin avoit beaucoup d’affinité avec Pétain , nous pouvons en conclure que la théorie donnée par M. Buc-^ quel efl très-fatisfaifante , lique a moins de tendailce avec Pétain que n’en a Pacide marin. M. Bucquet ohïcïYQ encore que Pétain étant très-fufible , fe raffiemble en culot au fond de la cornue , & qu’en conféquence le fel ammoniac n’ed pas auffi complettement dé¬ compofé qu’il le pourroit être par ce métal. Voilà pourquoi Pétain ne décompofé pas ce fel aufîi parfaitement que les métaux peu fufîbles. Le ré- fidu de cette décompofition eft un étain corné ou beurre d’étain , décompofable par Peau , & femblable à celui que Pon forme avec le fu- blimé corrofif Sc ce métal, dont nous parlerons plus bas. On combine aifément Pétain avec le foufre ,, en jetant une ou deux parties de cette matière combufiible en poudre fur cinq à fix parties d’étain fondu dans une cuiller de fer; le mélange agité avec une fpatule de fer, fe noircit & s’en¬ flamme. Si on le fond dans un creufef, on en Tomelt E '$2 L E Ç O N S É L É M E N TA I RK 5 obtient une mafTe cafTante , difpofee en aiguil¬ les plattes réunies en faifceaux. Cette com- binaifon efl beaucoup plus difficile à fondre que Tétain , comme toutes celles des métaux moux & fuObles avec le foufre. Mais ce qu’il êll important de noter, c’eft que quoique l’étaio s’allie facilement au foufre par la fufion , la na¬ ture ne l’offie jamais dans cet état, C’ed abfolu- ment l’inverfe du zinc qui fe trouve fréquem¬ ment combiné avec le foufre dans fes mines , & qui ne peut pas s’y unir dans nos Laboratoires, La nature efl fouvent très-différente de Part dans fes opérations-, mais fi elle fait quelquefois des combinaifons que Part ne peut pas imiter , il arrive auffi que ce dernier opère des compofi- tions dont elle ne lui fournit point de modèles; " L’arfenic ne s’unit que peu à Pétain par la fufion , parce qu’il fe diffipe en grande partie» Le fel neutre arfenical s’y combine mieux , 8c M. Baumé a obfervc qu’il réfulte de cette com- binaifon , dans laquelle Parfenic quitte l’alkali pour s’unir à Pétain , un culot aigre , très-bril¬ lant , difpofé à facettes comme le régule d’an¬ timoine. Les expériences que M. NLargraJf a faites fur l’union de Pétain avec Parfenic par la dillillation , nous ont appris qu’une partie de Parfenic fe réduit en régule , tandis qu’une por¬ tion de Pétain fe calcine j que Pétain uni à Par- Ï)M I S:T. -N AT. Ê T ÙE -'C PI I M ï E. S j-: fenic ne peut plus en être féparé par Paêlioii dü, feu ie plus yi, oient ; 8c que. comme les mines iPétain contiennent beaucoup de ce demi-métal , il eü vraifeniblable qu’il en retient toujours quel¬ que partie qui rend fon ufage, dangereux dans la cuiGne. En diflillant de la chaux d*' étain chargée; d’arrenic , M. Margraff a obtenu un peu de liqueur qui ayoit Podeur du phofphore. Depuis le Chimifte de Berlin , MM. Bayert 8c Charlard ont examiné , la combinaifon de Parfenic 8c de, Pétain. ÎIs; ont obfervé que la .chaux d’arfenic j, appelée fimplement arfenic- 5 ne peut- fe combi¬ ner avec. Pétain qiPautant qu’elle paffe à l’état métallique;, que cette combinaifon fe fait beaucoup mieux en uniffant direélement le ré’» gule d’arfenic avec Pétain. Si l’on met dans une, cornue trois onces fix, gros d’étain^ avec deux gros de régule d’arfenic en poudre grofîière , 8c fi après avoir adapté un récipient on chauffe la cornue jufqu’à la faire rougir , il s’élève à peine .deux grains d’arfenic dans le col de ce yaiffeau 3 l’on trouve dans le fond un culot .métallique pefant quatre onces. Cet alliage qui contient un feizième de régule d’arfenic efi criP tallifé en grandes facettes comme le bifmuth * il efi plus fragile que le zinc, 8c plus difficile à fondre que Pétain-, il fe ramollit d’abord , 8c fl on le touche dans cet état avec une baguette EiJ 84- Leçons élémentaires de fer, on entend un cri produit par le frot» teriient de fes lames les unes contre les autres* Sa fonte ed pâteufe , Sc il fume en perdant peu à peu le régule d’arfenic qui lui ell uni* Le cobalt s’unit par la fulîon à l’étain , 6c forme un alliage à petits grains ferrés &; d’une cou* leur légèrement violette. L’éiain Sc le bifmuth donnent, fuivant M. Gellert^ un alliage caflTant 6c à facettes cubiques. Les Potiers allient quelquefois ce dernier métal à l’étain pour lui donner de la blancheur 6c de la dureté. Comme il lui commu¬ nique beaucoup de roideiir , 6c qu’il eft plus cher que le zinc , qui produit les mêmes effets fur l’étain , les Ouvriers ne peuvent pas l’employer à plus d’une livre ou d’une livre 6c demie par quintal , 6c l’on n’a rien à craindre de fes effets fûr l’économie animale ; effets qu’une analogie marquée avec le plomb dans toutes les proprié¬ tés du bifmuth , fait foupçonner être fembla- blés à ceux de ce métal dangereux. On peut départir le bifmuth de l’étain à l’aide de l’acide marin qui diffoiu le dernier , 6c lailfe le premier foiis la forme d’une poudre noire , pourvu qu’on l’emploie foible. L’eau régale produit le même ef¬ fet lorfqu’elle elt étendue d’eau. Le régule d’anti¬ moine uni à ce métal donjie , d’après M. GelLen ^ un métal blanc très-aigre , 6c dont la pefanteur fpéciüque efl moindre que celle de ces deux fubf- % d’Hïst, Nat. et db CfîiMîi. tances métaliiques prifes féparément. Le zinc s’allie bien à l’étain, & il en réfiilte un métal dur à petits grains ferrés , d’autant plus dudile que la proportion de l’étain ell plus grande. M. Cronfiedt affiire que le nickel uni à l’étain , forme une mafTe blanche & brillante , qui étant calcinée fous une moiiffle, s’élève en forme de végétation* , Le mercure diflbut l’étain avec beaucoup de facilité , ôr en toutes proportions. Pour faire cette conibinaifon , on verfe le mercure dans de l’étain fondu. L’amalgame qui en réfulte dif¬ fère pour la folidité 5 fiivant les dofes relati¬ ves de ces deux fubftances métalliques. On fai- foit autrefois avec quatre parties d’étain & une de mercure, une amalgame que l’on couloit en boules, qui prenoit de la folidité en fe refroi* diflant. On fufpendoit ces boules dans l’eau pour la purifier. Comme on la faifoit en niême-tems bouillir, c’étoit à l’ébullition feule qu’étoit due la précipitation des matières étrangères qui alté- roient l’eau. L’amalgame d’étain eft fufceptible de criftallifer. Elle forme des petits criflaux quarrés, comme M. Daubenton l’a obfervé fur l’amalgame d’étain qu’il employoit pour boucher les bocaux dir Jardin du Roi. M. Sage dit que ces criflaux font gris, biilians, en lames feuilletées, amincies vers leurs bords , ëc qui laifTent entr’elles des cavités polygones. F iq ' X E Ç O N s é L è M E N T A t R E S : Uéîaiii a plus d^affinité avec Pacide marin que rfen a le mercure, & il décompofe le fublime corrofif. Pour opérer cette décompolîtion , on divife rétain, à l’aide d’une petite portion de mercure; on triture parties égales de cette amal¬ game Sc de fublimé corrofif , & on diftille ce .mélange dans une cornue de verre à une très.- .douce chaleur. Il palTe d’abord une liqueur fans couleur , & il s’élance enfuite , avec une efpccé d’explofion , une vapeur blanche épaiüe , qùî -tapiffe les parois du récipient d’une croûte très- mince. Cette vapeur fe condenfe en une liqueur tranfparente, qui exhale une fumée épaiiïe, bîan- ■che &L très-abondante , Sc à laquelle on a donné ■lé nom de liqueur fumante de Lïbavms, C’eil une combinaifon d’acide marin & d’étain, dans .laquelle l’acide paroît être plus abondant que la xhaux d’étain. Cette liqueur, renfermée dans un flacon , ne répand point de vapeurs vifibles. Il s’en dégage cependant une certaine quantité, qui dépofe de la chaux d’étain en criflaux ai¬ guillés à la partie fupérieure du flacon , de forte /que l’extrémité du goulot fe trouve exaèlcment bouchée au bout de quelques mois. Il fe préci¬ pite aufli un peu de cette chaux au fond de k liqueur ,. fous la forme de feuillets irréguliers. .Elle a une odeur très-pénétrante , & qui excite la toux. Elle n’efl point décompofable par l’eau^’ ï)’Hist. Nat, ét be Chimie, 87^; fuivant la remarque de M. Bucquet y parce qu’elle n’efl pas furchargée de chaux d’étain. Il faut obferver aulTi que les vapeurs qu’elle répand ne font vifibles que lorfqu’elles ont le contad de l’air. Il femble qu’elles foient formées par un gaz d’une nature particulière, qui eft décompofable par l’air, Sc qui, par fou contad, laiile préci¬ piter la chaux d’étain , comme le gaz acide fpa- thique laifTe précipiter la terre quartzeufe par Je contad de l’eau , & comme le gaz hépatique de M. Bergman dépofe du foufre à l’air. Seroit-ce une combinai fon de gaz acide marin & de chaux d’étain ? Lorfqu’on verfe la liqueur fumante de Libavius noiivellement préparée dans de l’eau diftillée, elle y occafionne un petit bruit comme celui que produit l’huile de vitriol en s’unifiant à l’eau. Il s’en dégage de petites molécules tranC» parentes, irrégulières, qui femblent n’avoir pas d’adhérence avec l’eau. En obfervant de près ce qui fe pafTe dans le mélange, on voit s’échapper de ces molécules une bulle qui vient crever à la fiirface de l’eau, & s’y répandre en une va¬ peur qui blanchit par le contad de l’air. En agitant l’eau, ces molécules s’y dilTolvent très-, vite , & cette difTolution ne répand plus de va- peurs.^M. Macquer afTure qu’en étendant la li¬ queur fumante de beaucoup d’eau, elle préci¬ pite une chaux d’étain en petits floccons blancs F iy ^8 Leçons ÉLéMENTAiRES êc légers. Le gaz de la liqueur fumante n’eft que peu élaflique. Il ne fait jamais fauter le bouchon du flacon où elle ell renfermée , comme cela arrive aux acides nitreux &: marin , Palkali volatil , &c. Le réfidu de la diflillation de la liqueur fumante de Lf- havius préfente autant de phénomènes intérefîans que la liqueur elle-même. La voûte & le col de la cornue font enduits d’une légère couche blanche grîfe , qui contient , d’après les expériences de M. Rouelle le cadet , un peu de liqueur fu¬ mante J de l’étain corné , du mercure doux & du mercure coulant. Le fond de ce vaiiTeau offre une amalgame de mercure & d’étain, au-deffus de laquelle fe trouve un étain corné d’un gris- blanc , folide Si compade , qui peut être volati- lifé par une chaleur plus forte. Si on met dans une cornue cette fubflance , elle y fond , Sc fe fépare en deux couches; l’une noire, placée au- deffous de l’autre , qui efl blanche 8c femblable au premier étain corné. On pourroit peut-être donner le nom de beurre d’étain plutôt que celui d’étain corné à ces combinaifons. M. Rouelle pa- roît foupçonner que ces deux fubflances , qui diffèrent l’une de l’autre , Sc qui ne fe mêlent pas, font dues à l’alliage contenu dans i’étain. Plus çe métal efl allié, moins il donne de liqueur fu¬ mante, fuivant cet habile Chimiile. L’étain corné attire l’humidité de l’air, 8c fe diffout très-bien d’Hist. Nat. et de Chimie. 89 . dans l’eau. Ce qui le diflingue du plomb corné. M. Baumé a donné fur la combinaifon de l’étain -avec l’acidé marin , une théorie qui efl tout à fait femblable à celîe de MM. Schéele 3c Berg-» man. { Chimie expérimentale ^ tome II, page 5oB à 5i Z») Il penfe que l’acide marin perd fon phlo- giftiqiie dans cette opération , comme ces Chi- miftes croient qu’il le perd en le diftillant fur de la chaux de manganèfe. Il foiipçonne qu’on obtiendroit cet acide parfaitement pur, en dif¬ tillant la liqueur fumante de Libavius ; ce qui fait voir qu’il regarde l’acide marin ordinaire comme furchargé de phlogifhque. M. Baume a donc, d’après cette obfervation, l’antériorité fur M. Schéele, pour la découverte des deux états de l’acide marin. Les ufages de l’étain font très-multipliés. On s’en fert dans un grand nombre d’arts. On en fait des doublures de beaucoup de vaifTeaux, des tuyaux d’orgue , &c. On en garnit les décora¬ tions , &:c. Son amalgame efl employée pour éta- mer les glaces ou leur donner l’étain. Les Chau- dronriîers le coulent allié avec le plomb fur le cuivre pour l’étamer : 011 J’allie avec le cuivre pour faire le métal des cloches &; des flatues. Les Potiers d’étain FunifTent aubifmuth^ au ré¬ gule d’antimoine , au plomb 3c au cuivre , pour faire des uflenfiles de toutes efpèces ^ qui font pô Leçons élémentaires' très-altérables à Pair. La potée d’étain fert à polir beaucoup de corps durs. On la fond avec de îa chaux de plomb &: du fable pour faire Pémail, ainfi que la couverte de la faïence , &c. Le fel marin d’étain criftallifé eil utile dans le travail des toiles peintes : fa diffblution dans Peau ré¬ gale exalte la teinture de cochenille , de gomme îacque, &c. de forte qu’elle la fait palTer à la couleur du feu le plus vif. Les Teinturiers fe fervent de cette düTolution , qiPiis nomment com- pofition , pour faire Pécarlate. Lorfqu’on la mêle au bain de ces teintures , elle y forme un pré¬ cipité qui entraîne la partie colorante , Sc la dé- pofe fur l’étoffe que l’on teint. Cette obferva- tion eft due à M. Macquer , dont les travaux ont rendu de grands fervices à cet art. ' L’ufage de Pétaiii dans la cuifine a été re¬ gardé comme très-dangereux par quelques Chh mifles. M. Navkr rapporte dans fon Ouvrage fur les contre - poifons 3 &e. que des ragoûts dans lefquels on avoit laifTé des cuillers d’étain , ainfi .que du fucre contenu dans un vaifTeau de ce métal, ont empoifonné plufîeurs perfonnesron a attribué prefque généralement ces funefles eL fets à Parfenic que Geoffroy avoit annoncé en 1738 dans Pétain, Si que M. Margraff avoit cm trouver dans les étains les plus purs , & même â une dofe confidérablct b’- H IS T. N A t. 'ï: T * D E C H î M ffe. ÿ I ^ Mais les craintes élevées fur cet objet viennent • d’être bannies par les travaux de MM, Bayen , ôc Char lard ^ que nous avons déjà eu occalion de citer dans l’hiiloire de ce métal. Ces Chi- milles ont prouvé par les expériences les plus décil] ves , i"". que la quantité d’arfenic retiré par M. Margraff\ de l’étain de Morlaix , &: qui va à près d’une demi-drachme par demi-once , fe- roit beaucoup plus que fuffifante pour ôter à ce métal la mollelTe & la flexibilité qu’on lui con- noît 3 Si pour le rendre aufli fragile que le zinc ; ■2S, que les étains de Banca & de Malaca ne contiennent pas un atome de ce dangereux demi- métal ^3'’. que l’étain d’Angleterre en gros faii- mons 3 donne par l’adion de l’acide marin , une légère quantité de poudre noirâtre, fouventmê- ^ lée de cuivre & d’arfenic 3 dans laquelle ce der¬ nier ne va jamais au-delà de trois quarts de grains par once d’étain, & fe trouve fouvent au-deflbus; 4°. que le mélange fait par les Potiers d’étain du gros faumon Anglois avec les étains purs de Ma- laca ou de Banca , diminue encore cette dofe j J®, que le régule d’arfenic uni à l’étain perd une partie de fes propriétés Si de fon aèlion corro^ flve ; 6"" , enfin 3 que la petite quantité d’étain .. allié qui peut entrer dans les alimens par l’u- ' fage journalier de la vaiflelle faite avec ce .métal, ne peut influer fur l’économie animale^ p2 Leçons éLÉMENTAiBEs puifque d’après le calcul fait fur ce qu’un plat d’étain avoit perdu pendant deux ans , on n’en avale tout au plus que trois grains par mois j êc conféqiiemment la cinq mille fept cens foixan- tième partie d’un grain de régule d’arfenic par jour, en fuppofant encore que l’étain ouvragé de Paris contînt autant de ce demi-métal véné¬ neux que l’aiïiette de Londres mife en expé¬ rience par M. Baj^en , en contenoit. Obfervons que fi les Chimiftes de Paris ne font pas du tout d’accord avec M. Margraff^ cela vient peut-être de la différence qu’il y a entre l’étain de Saxe, fur lequel ce dernier a fait fes expériences, & l’étain que l’on emploie «en France , &. qui vient des Indes Sc de l’Angle-^ terre. Au refie, pluGeurs Médecins , qui fe font oc¬ cupés des fubfiances métalliques , confidérées comme médicaniens, avoient déjà reconnu l’in¬ nocuité de ce métal, & Pavoient même confeillé en limaille dans les maladies du foie, de la ma¬ trice, & dans les affeélions vermineufes. Schul^, dans fa Difiertation fur l’ufage des vaiffeaux de métal, dans la préparation des alimens & des nié- dicamens, a regardé l’étain bien pur comme très- falubre. Lapoterie a fait entrer la chaux d’étain dans un médicament, qu’il a défigné fous le nom d’anti --hedique , d: qui n’efi qu’une lefiive de d’Hist. Nat. et de Chimie. p5 chaux du régule d’anîimoiiie Sc d’étain , formé par la détonnation du nitre. L’alkali que l’eau dilTout 5 retient toujours une portion de chaux métallique. On a recommandé Fufage de l’étain comme vermifuge. On m’a afliiré qu’on l’employoit en grandes dofes Sc fans fuccès à Edimbourg. Quel¬ ques gens de la campagne font dans l’ufage de laiffer infufer à froid pendant vingt-quatre heures du vin fucré dans un vailTeau d’étain , 8c de donner un verre de cette liqueur à leurs enfans qui ont des vers. M. Navier a vu une fille de quinze à feize ans rendre ainfî , par les felles , trente vers flrongles, avec des déjeâions abon¬ dantes , quelques heures après avoir pris un pa¬ reil breuvage. Ce médicament agit donc comme purgatif violent. LEÇON XXXV. Sorte X. P L O M B. T ^ E plomb eft un métal imparfait, d’un blanc fombre qui tire un peu fur le bleu. Les Alchi*- milles lui ont donné le nom de Saturne. Il eH le moins duélile , le moins élaflique Sc le moins fo- nore de tous les métaux. On peut; le réduire en 94 L E ç 0 N s :e l e m e n t a i k e § ^ laines minces fous ie marteau ; il ne s’écrouît que peu. Aucune matière- métallique n’a moins de ténaéké que lui , un fil de plomb d’un dixième de police de xiiamètre ne foutient qu’un poids- de vingt-neuf livres un quart fans fe rompre» Il efi la troifième des fubfiances métalliques dans l’ordre de la pefanteur. Un pied cube de plomb pèfe huit cens vingt-huit livres; il perd dans l’eau entre un onzième 8c un douzième de fôn poids ; il efi; très-moü j & on le coupe très- facilement avec le couteau ; il a une odeilr par¬ ticulière tfes-marquée , Sc qui devient bien plus fenfible par le frottement ; il a une faveur peu énergique fur le palais,' mais qui fe manifefte dans l’efiomac 8c lés intefiins , en irritant leurs lierfs Sc en produifant d’abord des douleurs , des corivulfions , enfaite la flupèur &']â .parad lyfîe. Il efi fufceptible de prendre une forme ré¬ gulière. M, l’Abbé Monge:^ l’a obtenu en py¬ ramides qiiadrangulaireô couchées fur le côté , de façon que des quatre faces il y en a toujours une très-étendue . & dont la bafe va en s’élar- gilTant. Chaque pyramide efi compofée , pour àiiiiï dire, de couches ou zones d’autres petites pyramides couronnées ordinairement par un© feule aiguë, • Le plomb'fe trouve rarement natif. MM. JP^aU térim & Fadmettent dans cet état. Sou d’Hist. Nat. et be Chimie. 95* exiflence eü niée par MM. Cronfiedt^ Le plus ordinairement il eft dans l’état terreux ou dans l’état de mine uni au foufre 5c formant la galène. Les minières de plomb font com¬ munément à d’aiïez grandes profondeurs dans la terre; elles font fituées dans les monragoes ou dans les plaines. Les Naturaliftes ont diüingüé un grand nombre d’eb3èces de mines de plomb* Les plus elTentieiles à connoître font les fui- vantes. , ' 1°. L’ochre de plomb.- C’eft une forte d’ar¬ gile de couleur de plomb mêlée d’un peu d’o- dire de fer. ; , 2^ La céiTife naturelle; elle paroît provenir d’une mine de plomb réduite par l’eau à l’état d’une terre blanche. . . , ' 3®. Le plomb fpathique blanc. C’ed une chaux de plomb dépolée lentement par les . eaux 5c criftallifée. Ce plomb a quelquefois une deiiii- tranfparence comme le fpath. Ses criftaux font ordinairement en prifmes hexaèdres tronqués , ou en colonnes cylindriques llriées 5c qui pa- roiflent compofées d’un grand nombre de filets-, ou en petites aiguilles- très-fines. On en trouve qui efl d’un blanc brillant comme le gyps foyeiix. D’ autres échantillons font d’un blanc jaunâtre. Quelques-uns de fes piifiiies font fouvent Mil¬ ieux. Le plomb blanc fpathique efl très-abondant 9.6 Leçons élkmentaïres €îi BafTe -Bretagne dans les mines d’Hueîgoat Sc de Pouliaouen. ?vï. Sage avoit annoncé que le plomb blanc étoit du plomb minéralifé par l’a¬ cide marin. M. Laborie a afTuré que ce n’étoit qu’une pure terre de plomb unie à l’air fixe ou acide crayeux , 8c cridallirée par l’eau. L’Aca¬ démie des Sciences de Paris, ayant fait répéter les expériences de ces deux ChimÜles, a adopté l’opinion de M. Laborie , Sc M. Macquer l’a con- lignce dans fon Diélionnaire , à l’article Mines de plomb. Le plomb fpathique fe trouve toujours dans les mêmes endroits que la galène; & il paroît que ce n’eft qu’une décompofition de cette mine qui a perdu fon foufre, 8c dont le plomb a été calciné ; car il n’eft pas rare de trouver des ga¬ lènes qui commencent à paiTer à l’état de plomb blanc., comme M. Romé de Lifte Pa très-bien obfervé. Quelques Naturalilles ont admis une mine de plomb noire ; c’eft du plomb blanc altéré par quelques vapeurs hépatiques , & qui fe métallife ; il peut être regardé comme une efpcce moyenne entre le plomb blanc la galène. 4®. Le plomb fpathique vert. Ce minéral ed d’un vert plus ou moins tranfpareriî, le plus fou- vent jaunâtre , toujours mêlé d’ochre 8c de fer iimonneux. Il eh quelquefois fans aucune forme régulière, & repréfentc une efpèce de moulTe^ Teix d’Hist. Nat. et de Chimie# 97 Tels font la plupart des échantillons des mines d’Hoffsgrund J près de Fribourg en Brifgaw. Le plomb vert eft ordinairement criftallifé en prif mes hexaèdres tronqués 5 ou terminés par des pyramides hexaèdres entières ou coupées près de leur bafe. On en trouve beaucoup à Sainte- Marie-aux-Mines , à Tfchoppau en Saxe. Il efl probable que c’efl au mélange du fer que ce plomb eil redevable de fa couleur verte, puif- qifil fe rencontre toujours dans des mines de ce métal. M. Spielman croit que c’eft le cuivre qui le colore. y"". Le plomb fpathique rouge. Ce plomb très -rare, M. Lehman en a fait connoître , en ï7<5(53 une efpèce criftallifée en prifmes tétraè¬ dres rhomboïdaux , courts &; tronqués oblique¬ ment. Il a été trouvé dans une mine de Sibérie. On en a rencontré depuis dans plufieurs autres mines. Il efl ordinairement d’une couleur de carmin aiïez vive , &: n’atfeéle que rarement une forme criftalline. On en trouve cependant à Sainte-Marie-aux-Mines , qui eh crihaliifé en prifmes comme le plomb fpathique blanc. M. Lehman attribue la couleur rouge de c@ plomb à du fer. 6°. La galène. C’eft la vraie mine de plomb, ou la combinaifon de ce métal avec le foufre. Ces mines font toutes très-pefantes ; elles ont Tome I, G pS Leçons élémentaires à peu près la couleur & l’afp eèt du plomb , mais elles font plus brillantes Sl très -fragiles. On a diüingué un grand nombre de variétés dans la galène ; favoir , Variétés, I, La galène cubique. Ses cubes plus ou, moins gros, Te trouvent ifolés ou grouppés. On en rencontre fouvent dont les angles font tronqués j elle ell commune à Freyberg. 4. La galène maffive. Oefl celle qui efl en malîè fans aucune configuration régulière j cette elpèce efi; très-fréquente à Sainte-Marie. 5. La galène à grandes facettes. Elle ne paroît pas former des crifiaux réguliers , mais elle efi toute compofée de grandes lames. / 4. La galène à petites facettes. Cette galène paroît formée , comme le mica , de petites écailles blan¬ ches & fort brillantes. On la nomme mine d'ar¬ gent blanche , parce qu'elle tient une affez grande quantité de ce métal. Telle eft celle des mines de Pompéan en Bretagne. f, La galène à petits grains , aînli nommée parce qu’elle ne prélènte qu'un grain très-fèrré; elle eft aufîl fort riche en argent , Sc Ce trouve avec la précédente. En général , toutes les galènes tiennent de l'argent. On ne connoît guère que celle de Carynthie qui n'en contienne pas. Mais on a obfervé que la galène dont les facettes ou les grains étoient les plus petits, en donnoient davantage. Il paroît que l'argent étant en quelque d’Hist. Nat. et dk Chimie. 5)9 Variétés. forte un corps étranger â la combinaifon de la galène , dérange la crîdallifâtion régulière de cette mine. 6. La galène ftrîée ou antîmonîéej elle paroit maffive à l’extérieur , mais fa caffure offre des aiguilles plattes & brillantes comme celles de Tantimoine* 7. La galène criftallifée comme le plomb fpathîque, en prifmes hexagones , ou en colonnes cylindri¬ ques. On la trouve, comme la précédente, dans les mines d’Huelgoat en baffe -Bretagne. Elle efl peu riche en argent , & paroît n’ètre que du plomb fpathîque qui s’elî minéralifé fans avoir rien perdu de fà forme. En effet, on obfêrve quelquefois fur le même morceau des criftaux de plomb fpa¬ thîque pur , entièrement recouverts d’une galère très-fine ; d’autres qui font abfblunient changés en galène jufque dans l’intérieur de leurs prîfines. M. Rome de Li/le en pofsède plufieurs de cette efpèce. J’ai dans mon Cabinet un échantillon de mine de plomb blanche , dont la bafè des prlfines efl abfolument à l’état de galène , & qui démontre le changement dont je parle. La gatêne fe trouve fouvent placée entre deux üfières de quartz noirâtre ochracé qui contient beaucoup d’argent , quoique ce métal n’y foit point apparent, M. le Chevalier de Dolomieu, à qui eft due cette obfervation 5 préfume que le plomb étoit d’abord mêlé avec cet argent , mais G ij loo Xeçons élémentaires que Peau ayant entraîné ce métal imparfait , a laifTé le métal fin dans la gangue. M. Monnet dit avoir découvert que la galciie fe vitriolife comme une pyrite, avoir retiré du lavage de cette mine , dont la furface s’étoit blanchie & comme effleurie , un vrai vitriol de plomb. Comme prefque toutes les mines de plomb contiennent une allez grande quantité d’argent, il eft important d’en faire l’elTai avec foin. A cet elTet, après avoir pilé & lavé une certaine quan¬ tité de mine lotie, on la grille avec foin dans un têt couvert , de peiir qu’elle ne fautille. La galène perd peu par le grillage. On la pèfe après qu’elle a fiibi cette opération , & on la fond avec trois fois fou poids de fiux noir & un peu de feî marin décrépiîé. L’alkali fixe du fiux noït abforbe le foufre uni au plomb ; le charbon du tartre qui fait partie du même flux, fert à ré¬ duire la portion du métal qui eft à l’état de chaux, c les alkalis. L’acide vitriolique , quoiqu’il n’ait qu’une foible adion fur le plomb , a cependant avec ce métal plus d’affinité que l’acide nitreux. Si on verfe de l’acide vitriolique pur , ou dans l’état d’un fel neutre terreux ou alkalin , dans une diffiolution nitreufe de plomb , il fe fait au bout de quel¬ ques inftans un précipité blanc. Cette précipi¬ tation a lieu 5 parce que l’acide vitriolique enle¬ vant la chaux de plomb à l’acide nitreux , forme avec elle du vitriol de plomb 3 femblable à ce- iio Leçons élémentaires' lui que Fon prépare en combinant immédiate» ment Fhuile de vitriol avec ce métal. L’acide marin pur ^ aidé de la chaleur ^ cal¬ cine afféz bien le plomb , & diffbut une partie de fa chaux ; mais il eft difficile de le faturer complètement. Cette diffbliition eft toujours avec excès d’acide ; elle peut cependant fournir par . une forte évaporation , des criilaux en aiguilles fines & brillantes , comme Fa obfervé. M. Mon¬ net» Le fel marin de plomb n’efi que peu déli- quefcent. La chaux & les alkalis le décompo- fent comme le vitriol de plomb. Ou combine plus promptement & plus intimement ce métal avec Facide marin, en verfant cet acide libre ou uni à une bafe alkaliiie ou terreiife , dans une diirohuion de nitre de Saturne ; il s’y forme fur le champ un précipité blanc ^ beaucoup plus abondant que celui produit par Facide vitrioli- que, & femblable à un coaguluiii, C’eft la com- binaifon du plomb avec Facide marin qui a féparé ce métal d’avec Facide nitreux. Ce fel fe dépofe parce qu’il eft trop peu diffbliible dans Feau ; fi on Fexpofe au feu , il s’en dégage des vapeurs dont la faveur eft fucrée , & il fe fond en une mafte brune nommée plomb corné, parce qu’il a quelque reffemblance avec Fargent qui porte le même nom. La diffolution de ce fel évaporée , fe criftallife en petites aiguilles fines d’Hist. Nat. et de Chimie, iiî ^ brillantes, qui forment ries faifceâux, ou qui s’uniflent par une de leurs extrémités fous un angle obtus. M. Sage dit que cette diflblution fournit , par l’évaporation infenfible, des criftaux en prifmes hexaèdres flriés. La dilToIution de plomb corné eft décompo fable par l’acide vi- triolique, qui y occafîonne un précipité blanc comme dans la diffolution nitreufe. Cette dé¬ couverte , due à M. Grojfe , a été reconnue par M, Baume y Sc peut l’être par tous les Chimifles, Elle rend fauiïe la huitième colonne de la table des affinités de M. Geoffroy ^q\xi préfente le plomb comme ayant plus d’affinité avec l’acide marin qu’avec les autres acides minéraux. Toutes les diffblutions de plomb font pré¬ cipitées en noir ou en brun par le foie de fou- fre , & il fe forme alors une forte de galène par le tranfport du foufre fur la chaux de plomb; ce qui femble indiquer que le plomb eü en état de chaux dans cette mine. Toutes les chaux de plomb fe dilTolvent dans les acides auffi facilement que le plomb même, & fouvent plus facilement que ce métal. Le minium perd fa couleur dans ces diflblutions. Les chaux de plomb fe rapprochent de l’état métallique par le contad: du gaz hépatique. Le plomb ne produit pas de détonnation fen« fible avec le nitre. Si on projette ce fel neutre ÏI2 Leçons élémentaires en poudre fur ce métal fondu Sc un peu rouge , il ne s’excite que très-peu de mouvement 8c point de flamme apparente. Cependant le plomb eH calciné 8c vitrifié par i’alkali du nitre , 8c on îe retrouve en petits feuillets jaunâtres fembla- blés à la litharge. Le plomb décompofe très-bien le fel ammo¬ niac à l’aide de la clialeiir. Cette propriété lui eft commune avec beaucoup de métaux. Les chaux de plomb triturées avec ce fel en déga¬ gent le gaz alkalin à froid. Mais fi on chauffe ce mélange dans une cornue , la décompofition efl très-rapide. On retire un efprit alkali volatil cauftique 8c trèsqiénétrant. Quelques Chimifles ont avancé que l’alkali volatil extrait par le mi¬ nium 5 faifoit effervefcence avec les acides ^ 8c ils ont conclu de là que cette chaux de plomb contient de l’acide crayeux. Mais M. Bue guet a obfervé que cette effervefcence n’eft due qu’à \une portion de gaz alkalin volatilifé par la cha¬ leur qui réfulte de la combinaifon de l’alkali 8c de l’acide , 8c qu’elle n’a lieu qu’avec des acides concentrés. Il a fait ffir cet objet une expérience ingénieufe 8c fort décifive. Après avoir introduit dans une cloche au-deffiis du mercure , de l’ef- prit alkali volatil obtenu par le minium, il y a fait paffer de l’acide vitriolique un peu fort 8c en quantité fuffifante pour la faturation de l’al¬ kali ; d’Hist, Nat* et de Chimie. îîS taîi; il s’eft excité dans rinftant du mélange un foouillonnement Sc un dégagement de gaz qui a été promptement abforbé, & qui n'étoit que du gaz alkalin. La malTe qui rede dans la cor¬ nue , après la décompofîtion du fel ammoniac ; par le minium , efl un fel marin de plomb qui fe fond à une chaleur médiocre en plomb corné, & qui peut fe dilToudre en totalité dans Peau. G’eft cette maflTe fondue que M. Margraff" . ploie pour Fopération du phofphore dourine. Le gaz inflammable altère le plomb d’une manière bien fenfible ; il en colore la furface , lui donne les nuances changeantes de Piris , 8c il femble revivifier les chaux de plomb. Le foufre s’unit facilement à ce métal. En fondant ces deux fubflances , il en réfulte une forte de minéral caflTant, à facettes, d’un gris foncé & brillant. Cette matière, à peu près fem- blable à la galène, eft beaucoup plus difficile à fondre que le plomb ; c’efl: un phénomène qui efl; particulier aux combinaifons des métaux avec le foufre. Ceux qui font très-fufibles de¬ viennent difficiles à fondre par cette union , tandis que ceux qui fondent difficilement ac¬ quièrent dans cette combinaifon une grande fu- fibilité. On ne connoît pas l’alliage du plomb avec rarfenic. Le nickel & la manganèfe, le cobalt Tome II, B I ÎÎ4 Leçons élémentaires & le zinc ne s’uniffent pas par la fuGon avec ce métal. Le régule d*antimoine forme avec lui un alliage cafTant, à petites facettes brillantes qui imitent le tiïlîi Sc la couleur du fer ou de l’a¬ cier, fuivantles proportions du mélange, ôc qui efl d’une pefanteur fpéciGque plus conGdérable que les deux fubftances métalliques qui le com- pofent, prifes féparément. Le plomb fe combine avec le bifmuth , 8c donne un métal mixte d’un graia Gn & ferré, qui eft aigre ôc caflTant. Le mercure dilTout le plomb avec la plus grande facilité. On fait cette amalgame en verfant du mercure chaud dans du plomb fondu; elle eft blanche Ôc brillante, elle acquiert de la folidité au bout d’un certain tems ; triturée avec celle de bifmuth, elle devient aulîi fluide que du mercure coulant. Il efl bon d’obferver que ce Gngulier phénomène a lieu dans runi^n de trois matières métalliques très- fufibles, très-pefantes ôc plus ou moins vo¬ latiles. Le plomb s’allie très-bien à l’étain par la fu- fion. Deux parues de plomb Ôc une d’étain for¬ ment un alliage plus fuGble que ces deux mé¬ taux féparés , ôc conftituent la foudure des Plom^ biers. Huit parties de bifmiith, cinq de plomb Sc trois d’étain donnent un alliage G fuGble , que la chaleur de l’eau bouUlantç fufiît pour le ©’Hist. Nat. et de Chimie, iiy fondre, fuivant l’obfervation de M. d'Arceu L’alliage du plomb avec Fétain étant employé fréquemment dans les ufages économiques , & le premier de ces métaux étant Pafceptible de gendre très-dangereux les uftenfiles faits avec le fécond, dont on fe fert pour la cuiline, la Phar¬ macie , dre. il efl important de connoître des moyens de s’affl\rer de la proportion du plomb , qui va fouvent beaucoup au-delà de celle qui eft preferite pat les ordonnances. MM. Bqyen dr Charlard ont donné un très-bon procédé pour déterminer la quantité de ce vil dr dangereux métal contenu dans Fétain. Il conMe à düTou- dre deux onces d’un étain foupçonné dansminq onces de bon acide nitreux bien pur, à laver la chaux d’étain qui en provient avec quatre livres d’eau diflillée , & à évaporer cette eau au bain-marie. Ou obtient par cette évaporation du îiitre de plomb, qu’on calcine, de on compte le réfidu pefé pour la quantité de ce métal con¬ tenu dans Fétain , en en défalquant quelques grains pour l’augmentation de poids qu’il doit éprouver par la calcination, ainh que pour les autres fubftances mérnlliques , tels que du zinc de du cuivre que l’étain examiné peut contenir. Ces Chimiiles fe font aiïiirés par ce moyen que l’étain fin ouvrage contient -environ dix livres de plomb par quintal, de que Fétain vendü fous le Iî6 LeçON^S éLéMENTAïRK^ îK)m de commun , en contient fouvent vingt«ciiîc| livres fur la meme quantité. Cette dofe eft énor¬ me, Sc elle expofe aux plus grands dangers ceux qui fe fervent des uftenfiles d’étain commiinr Elle fe^rencontre prefque contaminent dans les vaif- feaux dont on fait un ufage habituel trcs-étendu^ tels que les mefures pour diftribuer les fluides, Sc fur-tout le vin. On conçoit comment une liqueur qui s’aigrit facilement peut s’unir au plomb, & porter, dans les vifcères des malheu¬ reux condamnés à la boire par la néceflité, le germe de maladies d’autant plus graves que leur caufe efl fouvent ignorée. Les Potiers d’étain ont plufieurs moyens de reconnoitre le titre de l’é¬ tain Sc la quantité de plomb qu’il contient. La Ample infpeâion leur réuflit fouvent , la pefan- leur Sc le cri complètent leurs connoiflances fur cet objet. Ils ont deux efpèces d’elTai ; l’un , ap¬ pelé eflai à la pierre , fe fait en coulant l’étain fondu dans une cavité hémifphérique , creufée fur une pierre de Tonnerre, Sc terminée par une rigole. Les phénomènes que l’étain préfente en fe refroidiflant , la couleur, la rondeur, la dc- preflion de fa partie moyenne , le cri que fait entendre la queue de l’effai pliée à diverfes re- prifes , font autant de figues que faifît l’Ouvrier intelligent, Sc qui, par l’habitude d’une longue obfervation , lui font copnoître alTez exaélement d’Hist. Nat. et Chimie. 117, îe titre du métal qu’il examine. Quoi qu’il en foit, cet eiïlii employé par les Maîtres de Paris, ne paroît pas être auffi exaél que celui mis en pratique par les Maîtres de Province , Sc rejeté avec dédain par les premiers. Ce fécond eflài , ell appelle à la balle ou à la médaille , parce qu’il confifle à couler l’étain à elTayer , dans un moule qui lui donne la forme d’une balle ou d’une maffe applatie & femblable à une médaille# On compare enfuite la pefanteur de cet échan¬ tillon moulé à un pareil volume d’étain fin coulé dans le même moule. Plus l’étain qu’on exa¬ mine a de poids au-defflts de celui de l’étalon , plus il eft allié de plomb. MM. Bqyen Sc Char^ ; lard donnent la préférence à ce dernier efiaî , : dont . les principes font plus sûrs & beaucoup moins' fiijets à erreur ^ que ne le font les cir- eonftances qui établiflent le jugement de l’Ou-; ’ Vrier dans l’efiai à la pierre. Le plomb a un très-grand nombre d’ufages. Il entre dans beaucoup d’alliages; on en fait des tuyaux pour tranfporter l’eau. Sa chaux efl: employée dans la verrerie , Sc pour la prépara¬ tion des émaux. On. s’en fert pour imiter la cou- leur des pierres précieufes jaunes, Sc pour don¬ ner de la'fufibilité aux couvertes des poteries* On fait avec ce métal des ufienfîles Sc des vaif- féaux propres aux ufages économiques ; mais il H iij ïi8 Leçons étéMENTAiRES n’efl pas fans danger pour la faute. Les fontaines ou baffins de plomb dans lefquels on lailTe fé- journer Peau , lui communicpent fouvent une qualité nuifible. Sa vapeur efl dangereufe pour les Ouvriers qui le fondent, Sc fa pouffière a encore plus de danger pour ceux qui le liment GU qui le grattent. Ce métaP, cantonné dans quelques coins de Feflomac 8c des inteflins , pro» ‘ duit des coliques vives , fouvent accompagnées de vomiflement d’une bjile très- verte, 8c carac- térifées par l’applatifTement du ventre 8c l’en» foncement du nombril. On a obfervé qu’alors les émétiques 8c les purgatifs antimoniaux ont beaucoup de fuccès. M. AWier confeiile les difié- rens foies de foufre, pour les empoifonnemens occafionnés par la préparation de plomb, comme pour ceux qui font produits par l’arfenic 8c le fublimé corrofîf. C’eft fur-tout dans la paralyfie 6c les tremblemens qui relient ordinairement aux malades après la colique des Peintres , que ce Mé¬ decin vante les bons effets du foie de foufre 8z des eaux hépatiques. On doit donc , d’après ces faits , renoncer à employer des préparations de plomb à rintérieur, 8c ne s’en fervir que comme d’un médicament externe ; encore faut-il ne l’ad- miniürer à l’extérieur qu’avec toutes les précau¬ tions convenables dans l’emploi d’un réperculTif violent. p^Hist. Nat. bt de Chimie, tiÿ LEÇONS XXXVI, XXXVII & XXXVIH. Sorte X î. F B R. I^E fer, appelé Mars par les Alchimifles, cli un métal imparfait d’une couleur blanche , lî* vide &: tirant fur le gris , difpofé en petites fa- cettes« Il eft fufceptible de prendre un très*- beau poli , Sc de devenir très-brillant. Sa dureté Sl fon élafhcité font telles , qu’il eft capable de détruire l’aggrégation de tous les autres métaux* Le fer a de Todeur , fur - tout lorfqu’on le frotte ou qu’on le chauffe. Il a auffi une faveur ftiptique très- marquée, qui agit fortement fur Féconomie animale. Le fer eft après l’étain, la plus légère des fubftances métalliques ; un pied cube de ce -métal forgé pèfe cinq cens quatre-vingts livres. Il s’é¬ tend fous le marteau ; mais comme il eft fort dur & comme il s’écrouit beaucoup , on ne peut pas en faire des feuilles laminées j fa dudilité à la filière eft beaucoup plus marquée ; on le tire en fils très -fins , dont on fait des cordes de cla¬ vecins. Cette propriété paroît dépendre de fa ténacité ; le fer eft en effet le plus tenace de cous les métaux après l’or; un fil de fer d’ua Hiv Î20 L wç^ô N s • i L È m e n' t a r r e s dixième de., pquce de diamètre , fputient ui^ poids de quatre cens cinquante livres fans fe rompre* Le fer pur a une forme criftalline qui lui ef! particulière* On a trouvé dans des fourneaux où ce métal s’étoit refroidi lentement , des pyrami- ides : quadrangulaires , articulées 8c branéhues ^ formées d’odaëdres implantés les uns fur les au- ’tres. * Oejd à M. Grignon , Maître de forges à Bayardjen Ghampagne, qu’on doit cette obfer^ yation. Enfin, outre toutes les propriétés que le fer partage avec les autres fubflances jnétalli- jques jtoe métal en préfente encore trois qui lui font^tôutTà^fait particulières : l’une eû le magné- tifuie^ou la propriété d’être attirable.à l’aimant, de^ pouvoir devenir lui - même un très -bon aimant, foit lorfqu’il refte long-tems dans une pofitîon élevée 5^ ou dans 'Une direction du fuel au nord 5 foit lorfqu’il aifervi de condudeur au feu éledrique du tonnerre , comme plufieurs faits i’atteflenti, foit lorfqu’on; frotte fortement deux morceaux -de fer Fun contre l’autre. La fécondé propriété, cîefi; de s’enflammer Sc de fe fondre fu- bitement par le choc des cailloux, phénomène auquel les Poètes attribuent de concert , la dé¬ couverte du feu par les premiers hommes. La troifième propriété qui le diüingiie , c’efl d’être la feule fubflance métallique ejui fe trouve dans d’Hist. Nat. et de Chimie. ï^ï les plantes & dans les animaux . dont elle co¬ lore une partie des humeurs, îl eil même vrai*^ iemblable que ces êtres organiques forment eux- mêmes ce métal; car les plantes élevées dans l’eau pure contiennent du fer , qu’on peut re- . tirer de leurs cendres. . Le. fer eil un "métal très-abondant dans la na¬ ture 5 puifqu’indépendamment de celui que con¬ tiennent les plantes Sl les animaux , il fe trouve dans prefque toutes les pierres colorées , dans les -bitumes &‘dans la plupart des mines métal¬ liques. Mais il ne fera queilion ici que des ma¬ tières minérales qui contiennent beaucoup de cetiiétal, & qu’on peut exploiter pour en tirer le fer. Dans ces mines qui font en très -grand nombre, le fer eil, ou à l’état métallique , ou à l’état de chaux , ou minéralifé’ par diiférentes fubilances. ■ *. Le fer natif Te reconnoît à fa couleur 8c àTa malléabilité. Il eil fort rare, 8< ne fe. trouve qu’accidentellement dans les mines de fer. M. Margraff en a trouvé en filons à Eibenftoclc en Saxe ; le Docteur F allas en a découvert en Sibérie M. Adanfon alTiire qu’il efl commun au Sénégal, 2”. Le fer eil très - fouvent dans l’état de •rouille , pins ou moins calcinée. Il forme alors les mines de fer . limoneiTes, On le diiïingue X22 Leçons élémentaires en fer riche Sc en fer pauvre, fer fufîble 6c fer fec. Le fer riche n’ell qu’un fer peu rouillé 8c qui ne contient qu’une fort petite quantité de terre. Le fer fufible efl celui qui fe fond aifé- ment 8c donne une fonte de bonne qualité ^ le métal n’y eft uni qu’à pluheurs pierres faciles à fondre. Le fer fec eÜ plus calciné 8c mêlé avee des fiibflances très-réfradaires.Tout le fer limo¬ neux eft ordinairement difpofé par couches , à manière des pierres , Sc il paroit avoir été dépôfé par les eaux. Il efl fouvent formé en efpèces de galets ou de corps fphériques , applatis Sc irrégu¬ liers. Il n’eft pas rare d’y trouver des matières organiques , tels que du bois , des feuilles , des écoices, des coquilles changées en fer. Il efl né- cefFaire d’obferver qu’on ne rencontre jamais de matières organifées converties en un métal autre que le fer , 8c il paroit que cette converfion dé¬ pend beaucoup de l’analogie qui fe trouve entre ce métal 8c les corps organiques. Il y a dans le bois de Boulogne près d’Auteuil , une mine de ‘ fer limoneufe , dans laquelle les fuflances vé¬ gétales fe changent en fer prefque fous nôS yeux. 3°. La pierre d’aigle ou ætite efl une variété du fér limoneux. Ce font des corps de différentes formes , communément ovoïdes ou polygones , formés de couches concentriques , dépofées d’Hist. Nat. et de Chimie. 123 autour d’un noyau , qui fouvent ell mobile au centre de la pierre. Cette pierre a reçu le nom qu’elle porte, parce qu’on a cru que les aigles en dépofent dans leurs nids , & qu’elle a la pro¬ priété de faciliter leur ponte. On en a conclu que cette pierre agiffbit fortement fur le fœtus renfermé dans le fein de fa mère; quelques Auteurs ont même afliiré qu’il étoit poffible d’ac^ célérer le travail d’une femme en couche , en attachant une pierre d’aigle à fa jambe , ou de le retarder en l’attachant au bras. 4*’. L’hématite eh une forte de fer limoneux qui paroît formé à la manière des ftaladites. Son nom lui vient de fa couleur, qui eh ordinaire¬ ment rouge ou de couleur de fang , quoique ce¬ pendant cette couleur varie. L’hématite eh oiv dinairement compofée de couches qui fe recou¬ vrent les unes les autres, 8l qui font elles-mêmes formées d’aiguilles convergentes. L’extérieur de cette mine offre beaucoup de tubercules , ou de mam melons. On dihingue les hématites non-r feulement par la couleur , mais encore par la forme. Telles font l’hématite en aiguilles, qui fe trouve en Lorraine; l’hématite mammelonnée, celle qui eh en grappes de raihns , ou hématite botrite ^ &c. Ces mines fe rencontrent affez fou- vent avec le fer limoneux, j'’. L’aimant n’eh qu’une mine de fer Kmoneufe. 'Ï2‘^ "Tj EÇONS s lamenta ires On le reconnoît à fa propriété d’attirer la limaille d’acier. Il fe trouve en Auvergne, en Efpagne, dans la Bifcaye. On en dÜfingue les variétés par la couleur, ô"", U émerïl J fmy ris ^ efl une mine de fer grife . ou rougeâtre, que plufieurs Minéralogiftes re¬ gardent comme une forte d’hématite. Il eil très- dur & très - réfradaire ; il fe trouve abondam¬ ment dans les ifles de Jerfey 8c Guernefey. On le réduit en poudre dans des moulins , ôc on fe fert de cette poudre pour polir le verre 8c les métaux. 7°. Le fer fpathique efl une chaux de fer combinée avec de l’acide crayeux, & chariée par l’eau. Il eil ordinairement d’une couleur blan- die ; if y en a . cependant de toutes fortes de teintes de gris j de jaune 8c> de rouge. Il eil tou¬ jours^ difpofé par lames plus oii moins grandes, demi-tranfparentes comme le fpath ; il eil aifez pefanr Sc fôuvent'criilaîlifé régulièrement; il fe trouve en carrières confidérables , fpuyênt mêlé -à de la- pyrite 5 comme celui d’Allevard en Dau¬ phiné ; quelquefois. avec la mine d’argent grife, comme le fer de Baigorry, ou avec la manga- nèfe, comme celui de Styrie. Quelques Miné- ralogiiles penfent que c’eil un fpath dans le- queMa chaux métallique a été dépofée. Le fer fpathique fe décompofe tout feul dans les vaif- féaux fermés, & donne de l’acide crayeux, Il ï)’Hist. Nat. et de Chimie. 125* refte du fer en poudre noire très-attirable à Faimant, & qui fe fond aifément par Padiou d’un grand feu. 8®. La nature offre auffi le fer dans l’état fa« lin, uni à l’acide vitriolique, Sc formant le vitriol martial ou couperofe verte. Ce vitriol fe ren¬ contre dans les galeries des mines de fer, fur- tout de celles qui contiennent des pyrites. Quel¬ quefois on le trouve en criftaux verts ou fous la forme de belles ftaîadites ; d’autres fois il n’efi pas auffi pur & a éprouvé quelqu’altération. S’il n’a Lait que perdre l’eau de fa criftallifation, il €Ü d’une couleur blanche ou grisâtre; on le nomme fori, Lorfqu’il a effuyé une calcination un peu plus forte , il efl jaune & fe nomme mijjy. Si la calcination a été au point d’empor¬ ter une portion confîdérable de l’acide, le vi¬ triol fera rouge 8l portera le nom de colcothar ou chalcîte naturel ; mêlé à quelques matières inflammables, ce fel s’appelle melanteriy à caufe de fa couleur noire. Toutes ces différentes ma¬ tières ont reçu le nom de pierres attramentaires ^ parce qu’elles font propres à faire de l’encre 3 comme le vitriol de fer. On trouve fouvent le fer uni au foufre | il forme alors la pyrite martiale. Cette forte de mine a reçu le nom de pyrite , parce qu’elle efl allez dure pour donner beaucoup d’étinceljes , 126 Leçons élémentaires lorfqu’on la frappe avec Faeier. Les pyrites mar¬ tiales font communément en petites malTes rou¬ lées 5 quelquefois régulières. Le plus fouvent elles font fphériques , cubiques ou dodécaèdres» Leur forme varie beaucoup , comme on peut s’en convainére en lifant la Pyritologie de Hen-* ckel. Il y en a qui font brunes à l’extérieur & de couleur de fer ; d’autres font jaunâtres & refïèmblent affez à des mines de cuivre, même à leur furface. Toutes font jaunes comme ciiivreufes à l’intérieur , & elles font pour la plu¬ part formées d’aiguilles ou de pyramides à plu- fieurs pans , dont les fommets convergent vers un centre commun. Ordinairement les pyrites font difperfées dans le voifinage des mines de fer , & répandues dans les glaifes de dans les carrières de charbon de terre. La couche fu- périeure de ces dernières eil prefque toujours pyriteufe. Toutes les pyrites fe décompofent fa¬ cilement. Un degré de chaleur affez foible fuffit pour leur enlever leur foufre. Prefque toutes s’altèrent d’elles-mêmes, loiTqu’elles font expo- fées à l’air, de fur-tout dans un endroit humide; elles fe renflent, fe brifent, perdent leur éclat & fe couvrent d’une efflorefcence d’un blanc verdâtre , qui n’eft que du vitriol martial. Il pà- roit que cette altération , que l’on nomme vi- îriolifation des pyrites 5 dépend de Faâion réunie d^Hïst, Nat. et de Chimie, 127 de Pair Sc de Peau fur le foufre. Il fe forme de Pacide vitiiolique qui diiïbut le fer , Sc s’élève au dehors de la pyrite , comme une efpèce de végétation , en écartant peu à peu les petiîes pyramides qui compofent ce minéral. Toutes les pyrites he s’effleuriflent pas auffi facilement les unes que les autres. Les pyrites globu^eufes, dont la couleur eft très-pâle 8c le tilTu peu ferré, fe vitriolifent très vite. Celles qui font d’un jaune brillant , de couleur de cuivre , Sc qui font for¬ mées de petites lames appliquées très-exadement les unes fur les autres , ne s’efHeurilTent que très- difficilement, Sc doivent être difliuguées foigneu*» fement d’avec les premières , puifqif elles en dif¬ fèrent par leur couleur, leur forme, leur tiflu Sc leurs propriétés, 10°. Le fer fe rencontre auffi combiné avec Parfenic, On nomme les mines de fer arfenî- cales wolfram ou fpuma Lupi ; elles font d’une couleur plus ou moins violette , rouge ou noi¬ râtre , aiïez femblable à celle des mines d’é¬ tain , dont elles fe rapprochent encore par leur pefanteur conlrdérable. On peut en féparer Par- fenic par le grillage. On les diflingue de la vraie pyrite aiTenicale , ou du mifpikd par la couleur* Gette dernière efl blanche , fouvent cridallifée en gros cubes, Sc ne contient que très-peu de fer* L’autre reiïemble à la mine d’étain , & plu- 128 Leçons élémentaires fieurs Minéralogifies ont penfé qu’elle en cou- îenoit. On trouve le wolfram en Franche-Comté, dans les Vofges, en Saxe, &c. ï i"". Le fer noir eil reconnoiifable par fa cou¬ leur, par la propriété qu’il a d’être attirable à Faimant, 8c de n’être aucunement diiïbluble dans les acides. Ce fer eft quelquefois criflallifé en forme de polyèdres ou en lames arrondies, & préfente différentes nuances de couleurs iri- fées très-brillantes ; tel eft celui de l’ifte d’Elbe. Ce fer forme une montagne conftdérable , qu’on exploite à ciel ouvert. La mine de Suède eft aufti du fer noir , mais il n’eft pas criftallifé ; il eft en maiïes plus ou moins folides, mêlé à du quartz , du fpath , de l’afbefte , dre. Il eft fou- vent aftez dur pour prendre le poli, 8c fa fur- face paroît comme miroitée. Aufti on lui a donné , ainft qu’au précédent , le nom de mine fpéculaire ; on le trouve réuni en carrières con- fidérables. Ce fer varie pour le ton de fa cou¬ leur ; il y en a de parfaitement noir qui eft très- atîirable à l’aimant, de bleuâtre qui Feft moins, 8c de gris qui Feft fort peu. Le fer de ÎNorwège eft auffi du fer noir *, müis il eft ordinairement en petites écailles comme le mica, fouvent mêlé de grenat & de fchorl. Le fer noir prend quel¬ quefois la forme de grains. Il eft aufTi criftallifé en cubes i ce qui Fa fait nommer par quelques Naturalifte.s ^ b^Hist. Nat. et de Chimie. 125^ NaturaEfles, galène de fer où eïfeng4ants. Lorf- que la mine de fer micacée eft de couleur noire ^ on Fappelle eifett^mann , fur-tôut fi les écailles font fort grandes ; quand ces écailles font rouges , & quand la pouffière qui le recouvre a la même couleur , elle porte le nom âieif en-ram* La mine de fer en criftaux odaèdres noirs, très-réguliers difperfés dans une efpèce de colubrine ou de ftéatite dure , qui nous vient de Suède , de Corfe, &c. paroît appartenir à cette clalfe de mine de fer. Elle eft attirable à l’aimant, Sc très-» cafiante. Les mines de fer s’eflaient de la manière fuî- vante : après les avoir réduites en poudre, on les mêle avec le double de leur poids de verre pilé & une partie de borax calciné ; on triture ' exaélcment le mélange; on le met dans un creufet brafqiié, on y ajoute un peu de fel marin, on couvre le creufet 5c on poulTe à la fonte. Lorfque le tout eft refroidi très - lentement , on trouve ordinairement le fer malléable en un petit culot fphérique fouvent criftallifé à fa furface. Le traitement des mines de fer varie fuivant l’état où fe trouve ce métal. Il y a des mines qui n’ont befoin d’aucune préparation avant d’être fondues; d’autres doivent être pilées 8c lavées, quelquefois même grillées, pour devenir plus tendres 5c plus fufibles. Tome IL I ijo Leçons élémentaires Le fer iimonevjx Sc le fer fpatliique s’exploi¬ tent de la même manière, en les fondant à tra¬ vers les charbons. Les fourneaux dans lefquels on fond le fer, varient par la hauteur, qui eil: de douze à quinze pieds. Leur cavité repréfente deux pyramides quadrilatères , qui fe joignent par leur bafe , vers la moitié de la' hauteur du fourneau; cet endroit porte le nom d’étalage. On pratique au bas du fourneau un trou , pour donner ifllie au métal fondu; ce trou, qui eh bouché avec de la terre , répond à un canal triangulaire , creufé dans le fable 8c dehiné à recevoir le fer fondu. On commence par mettre dans le fond du fourneau quelques tifons allu¬ més , on jette enfuite du charbon, puis de la mine 8c quelques matières fondantes ; le plus ordinai¬ rement ces matières font des pierres calcaires qu’on nomme cafline , & quelques pierres ar- gileufes nommées arbue, quelquefois du quartz ou des cailloux ; on jette alternativement dans \ le fourneau la mine , les pierres 8c le charbon , obfervant de recouvrir le tout d’une couche de ce dernier, qui doit monter jufqu’à l’ouverture fupérieure du fourneau, nommée gueulard. On pouffe à la fonte à l’aide de deux forts fouflîets. Le fer fe fond en paflant à travers le charbon qui le réduit. Les matières pierreufes qü’on ajoute à la mine, venant à fe fondre ôc à fe vitrifier, fa- Nat. et de Chimie. 131 ,€ilitent la fufîoii du fer , qui commence à la hauteur des étalages du fourneau. Ce métal fondu fe raffemble au fond du fourneau, dans la partie nommée le crcufet ; on le fait couler par Tou- verture antérieure du fourneau dans le canal creufé dans le fable ; il forme ce qu’on nomme la fonte ou la gueufe. Il paiTé après le fer une matière vitreufe, nommée laitier; elle eJl formée par la vitrification des pierres qu’on avoit ajou¬ tées au fer pour en faciliter la fufîon ; elle eh d’une couleur verte , blanchâtre ou bleue, que lui communique une portion de chaux de fer fondues La fonte ell caiïante Sc n’a pas la duélilité du fer. Les Métallurgifles ne font pas d’accord fur la caufe de cette propriété de la fonte ; quel¬ ques-uns croient qu’elle eh due à la préfence d’une portion de laitier. D’autres l’attribuent' à ce que le fer n’eh pas bien réduit , Sc contient une portion de chaux. Brandi croyoit que;c’étoît Farfenic, Sc M. Sage penfe que c’eh du zinc qui rend là fonte cahante. M. Bucquet confidéroit la fonte comme un fer mal réduit , Sc qui con¬ tient encore une portion de chaux métallique interpofée entre fes parties. Les Métallurgihes dihinguent pluheurs efpèces de fontes ; la blan¬ che 5 la grife , la noire , Sec, Ils appellent fonte truitée, celle qui, fur un fond gris, a des taches noirâtres. La fonte blanche eh la plus mauvaife ; 152 Leçons élémentairis elle fe rapproche du caractère des demi-métaux^^ La grife tient le milieu entre la première & la noire , qui ell la meilleure Sc qui fournit du fer d’une bonne qualité. Le fer fondu eft porté au fourneau d’affinage. C’ell une forge un peu creufe , dans laquelle on met une maffe de fonte , qu’on recouvre de beaucoup de charbon. On fouffle le feu jufqu’à ce que le fer commence à fe ramollir; lorf- qii’i! efl en cet état^ on le pétrit à plufieurs re- prifes. Ce pêtriiïage lui fait préfenter plus de iuiface 5 en forte que la portion de fer qui eli à l’état de chaux peut fe réduire. Le métal fe fc- pare auffi d’une portion du laitier qui y étoit relié. On le porte enfuite fous le marteau pour le réduire en barres. Le martelage, en rappro¬ chant les parties du fer , facilite la féparation du peu de laitier Sc de la portion de chaux que ce métal contenoit encore ; il achève en confé- quence ce que la fufion n’avoit pu faire , faute d’être affez complette. On chauffe Sc on bat le fer à plufieurs reprifes, jufqu’à ce qu’il foit au point de perfeélion qu’on veut lui donner. Le fer forgé fe diffingue en fer doux Sc fer rouvrairi ou acier. L’acier efl le meilleur fer , le plus dur, celui dont le grain ell le plus lin Sc le plus ferré. Le fer doux fe rapproche affez des qualités de l’acier; foii grain eh cependant moins ferré, & p’Hist. Nat. et de Chimie. 133 loifqu’on le cafTe en le faifant plier , il fe tiraille & paroît compofé de filets ou de fibres; c’efl ce qu’on nomme fer nerveux. Mais ce nerf n’efi produit que jDar accident, car fi on eaffe net de d’un feul coup le fer le plus doux , il ne paroît pas nerveux; tandis qu’en calTant avec précau¬ tion le plus mauvais fer , on peut le faire pa- roître nerveux. Il convient plutôt de s’attacher au grain de ce métal, lorfqu’on veut prononcer fur fa qualité. Le fer rouvraîn eft plus aigre; fon grain eft gros & paroît formé de petites écailles; on le diftingue en fer caftant à chaud, de fer caftant à froid. Cette diftinâion eft fondée fur l’expérience , de on ne fait pas bien d’où elle procède. Il n’eft pas rare de trouver dans une même barre du fer aigre , du fer doux de de l’acier. Rarement l’acier formé par la forge eft de l’acier bien parfait 3 il eft d’ailleurs eri’^^tîte quantité. L’art peut parvenir à convertir le fer en acier. Pour cela on prend des barres de fer de peu de longueur ; on les renferme dans une boîte de terre, pleine d’un cernent ordinaire¬ ment compofé de matières très - combuftibles , comme de la fuie de cheminée , ou des char¬ bons de matières animales; on y ajoute fou vent des cendres , des os calcinés , du fel marin , ou du fel ammoniaje, La boîte étant bien fermée , • liij 134 Leçons élémentaires on la chauffe pendant dix à douze heures , jurqu’à ce que les barres foient bien blanches 8c commen¬ cent à fondre. Dans cette opération le fer fe purine 8c fe réduit complètement à l’aide des ma¬ tières combuftibles 5 qui l’entourent de toutes parts. Les portions qui n’étoient pas parfaitement dans i’état métallique, reprennent cet état. ^ A l’égard des matières falines Sc terreufes qu’oa y ajoute , on ne fait pas bien quels rôles elles peuvent jouer. L’acier, préparé de cette manière fe nomme acier de cémentation ; il paroît que c’eft le fer le plus pur. L’acier peut repaffer à l’état de fer , fi on le traite par la cémentation avec des matières mai¬ gres, Sc particuliérement avec des terres calcaires Sc de la chaux , qui paroiffent propres à en cal¬ ciner une partie. évident que toutes les préparations qu’on faiSSftir àü fer , ne font néceffaires que parce que ce métal étant plus difficile à fondre que les autres , il ifefi jamais parfaitement purifié par une feule fufion, il efi des mines de fer , 8c particulièrement le fer noir, comme celui de Pille d’Elbe, dans lequel ce métal efi fi abondant 8c fi peu alté¬ ré 5 qu’on n’a pas befoin de le fondre. On fe contente de le ramollir fous les charbons dans le fourneau dfaffinage, 8c on le paffe au marteau^. d’Hist. Nat. et de Chimie. 155* C’efl ce qu’on nomme la méthode Catalane ; elle ne peut avoir lieu que pour des mines qui contiennent peu de matières étrangères , fufcep- îibles de fe convertir en laitier. Les propriétés chimiques du fer font très-éten» dues , Sc pour les bien connoître , il faut les confidérer dans l’acier très-pur. L’acier expofé à un fem qui n’efl pas capable de le faire rougir, prend pluiieurs nuances de couleurs*, il blanchit, devient jaune ^ orangé, rouge , violet & enfin bleu j il refte afiez long- tems à cette dernière couleur ; mais fi on le chauffe davantage , il fe change en une cou¬ leur d’eau défagréabJe. L’acier chauffé un peu fortement devient rouge , étincelant ; enfuite il paroît couleur de cerifes ; enfin il efl très-blanc & éclatant , 8c il brûle avec une flamme bien fenfibie. Il ne fe fond qu’à une extrême cha¬ leur. Si on le jette en limaille au milieu d’^i brafier ardent, ou même à travers la flanïire d’une bougie, il s’allume fubitement 8c produit des étincelles très-vives ; telles font aufii celles qui ont lieu dans la pereuflion du briquet. L’acier ramaffé fur un papier blanc fe trouve fondu 8c femblable à une efpèce de feorie ou de mâche-fer. Le fer ordinaire expofé au foyer de la lentille de M, de Trudaine, jette fubite¬ ment des étincelles enflammées & brûlantes. liv Leçons élémentaires M. Macquer qui a fondu de l’acier &; du fer à cette lentille , a obfervé que l’acier étoit plus fufible ; ce qui vient fans doute de la pureté & de Fhomogénéïté de ce métal» Le fer fondu qui fe refroidît ientementj prend une forme crillal- line particulière 3 comme nous l’avons déjà ob¬ fervé. M. Monge^ la définit une pyramide à trois ou quatre côtés. L’acier, quoique très-dur & très-réfradaire, fe calcine très-aifément; dès qu’il commence à rougir, il fe combine avec l’air 5 & il brûle fans flamme apparente. Une barre de fer tenue rouge pendant long - tems , offre à fa furface des écailles qu’on peut enle¬ ver avec un marteau , & qu’on appelle batitures de fer ; le métal n’y efl qu’en partie calciné , puifqu’elles font attirables à l’aimant. On peut faire une chaux de fer plus parfaite , en expo- fant fous une mouffle de la limaille d’acier; elle fe convertit en une poudre d’un brun rougeâtre non âttirable à l’aimant , qu’on nomme fafran de mars aftringent. Cette chaux martiale dif¬ fère, fuivant l’état du fer &; le degré de calci¬ nation qu’il a éprouvé. Il y a des fafrans de mars aftringens d’un brun jaune ; d’autres font cou¬ leur de marron ; d’autres enfin du plus beau rouge & femblables au carmin. Le fafran de mars aflrin- gent 5 expofé à une très-forte chaleur , fe fond en un verre noirâtre & poreux. Il fe réduit en b’Hist. Nat. et de Chimie. 137 partie en le chauffant lentement dans des vaif- feaiix fermés ; il donne en fe réduifant ainfi une certaine quantité d’acide crayeux ; ce qui fem- bleroit indiquer que le fer s’empare de cet acide pendant la calcination 5 ou bien que Pair pur qui efl uni à la chaux métallique, trouve un prin¬ cipe avec lequel il conftitue Pacide crayeux, J’aî donné ailleurs un apperçu , d’après lequel il pa- roît que cet acide eft un compofé de gaz in¬ flammable 8c d’air pur. Si cet apperçu étoit dé¬ montré , il feroît facile d’expliquer ce qui fe pafle ici. Ori fait que le fer chauffé dans un';appareil pneumato-chimique, fournit du gaz inflammable. Ce fait a été démontré par M. PrieJIley, Ce ga^ combiné avec Pair qui conflitiie la chaux de fer, forme de Pacide crayeux. Quelle que foit la théorie de cette expérience fingulière, on ne peut s’empêcher de convenir qu’elle efl con¬ traire à la doélrine nouvelle fur la calcination , mais aufli qu’elle ne favorife pas davantage celle du phlogiftique, La qualité d’Hiflorien que j’ai prife, exige que je préfente ce qu’il y a de con¬ traire 5 auffi bien que ce qui efl favorable à la théorie des gaz 8c à celle de StahL Le fafran de mars aflringent fe réduit très- facilement à l’aide des matières combuflibles. En le mêlant avec un peu d’huile 8c le chauf¬ fant légèreiuent dans un creufçt , il devient x^S Leçons élémentaires Boir & très-atiirable à Faimanî; on peut faire par ce procédé une efpèce d’éthiops martial très-bon. Le fer le plus pur expofé à Pair humide y perd bientôt fou brillant métallique; il fe couvre d’une croûte pulvérulente 5 jaunâtre Sc plus claire que !e fafran- de mars aftringent. On donne à cette matière le nom de rouille. Le fer ordinaire y efl beaucoup plus fujet que l’acier. Plus ce métal eft divifé, plus fon altération à l’air efl rapide. C’efl de cette manière qu’on prépare le médicament connu qeiT Pharmacie fous le nom de fafran de mars apéritif. On expofe de la limaille d’acier à l’air 5 Sc on l’arfofe avec de l’eau ; par ce moyen elle fe rouille très-vite. On en fait en¬ core plus vite avec le fer en état d’éthiops traité par le même procédé. Dans cette altération ce métal s’agglutine 8c forme des maffes que l’on porphyrife pour l’employer en Médecine. On ne fait pas encore pofitivement ce qui arrive dans le fer qui fe rouille. Des expériences qui me font particulières 5 me portent à regarder la rouille ou le fafran de mars apéritif, comme une combinaifon de fer 8c d’acide crayeux. J’ai didillé ce fafran de mars à l’appareil pnéiimato- chimique , Sc j’en ai obtenu une grande quan¬ tité d’acide crayeux; le fer étoit changé en pou» dre noire très-attirable à l’aimant. M. Joffe ^ d’Hist. Nat. et de Chimie. 139 Apothicaire dé Paris , a communiqué à la So» ciété Ro3^ak de Médecine un procédé pareil 5 pour obtenir promptement de Fétliiops martiaL Il recommande de faire rougir lé fafran de mars apéritif dans une cornue , à laquelle 011 adapte un ballon percé d’un petit trou, fans le lutter; par ce moyen la chaleur dégage l’acide crayeux, que M. Jojfe laifle échapper par le trou du bal¬ lon 5 & le fer rede pur. J’ai plufîeurs fois fait criflallifer par ce. moyen l’alkali végétal cauftî- que, dont 'j’a vois imprégné les parois, du ballon adapté à là comue; il s’ed formé,, par le tranfJ port de l’acide crayeux du fafran de mars apé^ ritif fur cet aîkali , une efpèce de fel neutre , que j’ai appelle tartre crayeux, d’apres M. Biic-- quet. J’ai fait fur la rouille de fer beaucoup d’aiH très expériences , que je rcferve pour un Mé¬ moire particulier ; toutes m’ont convaincu que cette matière ed un vrai fel neutre formé par le fer & l’acide crayeux. J’ai cru devoir, lui don¬ ner le nom de craie martiale, pour la didin- guer d’avec la vraie chaux de ce métal. Ce fel ed abfoliiment le même que M. Bergman; ap¬ pelle fer aéré. Cette théorie a l’avantage d’avoir été adoptée par M. Macqner; elle explique bien pourquoi le fer ed rouillé très -promptement dans un air humide & impur ; pourquoi il s’al¬ tère fi vite fi profondément dans un en- 140 Leçons iLÉMENTAiREs droit dont Pair eft gâté par la refpiration des ani« maux , par la combiiftion , par les vapeurs des^ matières animales , comme dans les écuries, les étables, les latrines^ Le fer efl le plusalté- ïable de toutes les fubftances métalliques par îe côntad de l’air, & cette altération ne fe borne pas à la furface ; fouvent des barres de fer alTez épaiffes fe trouvent rouiilées jufque dans leur milieu. L’eau a beaucoup d’aélion fur le fer ; elle le divife (Sc en dilTout même une partie, fuivant les expériences de M. Monnet, Elle s’en charge d’autant plus que le fer eft plus pur Sc qu’elle contient plus d’air. Lorfqu’on agite pendant quel-» que tems du fer dans l’eau , il efl peu à peu ex» trêmement divifé ^ & en décantant l’eau un peu trouble, elle laifTe dépofer une poudre de fer très-noire & très-tenue, à laquelle on a donné- le nom d’éthiops martial de Lémery. On a foin de faire fécher cette poudre à une chaleur douce Sc dans un vaiffeau fermé, comme dans un alam¬ bic , de peur que le contaél de l’air ne la rouille. Cet éthiops martial efl très-atîifable à l’aimant ; ce n’efl que du fer atténué & réduit en une pouf- fière fine. Comme cette opération efl très-longue & très-délicate , plufieurs Chimifles ont cher¬ ché à la fimplifier. M. Rouelle employoit pour cette préparation les moufibirs de la Garaje , Nat. et de Citimie. & obtenoit par ce moyen un éthiops très-beau 9 &: en beaucoup moins de tems que le procédé de Lémerj n’en exige. Je crois qu’on peut y fubdkuer avec avantage celui de M. Joffe^ qui ef! beaucoup plus expéditif. On trouvera plus bas quelques autres procédés auffi bons pour prépa¬ rer l’éthiops martial. L’acier en barres chauffé jufqu’à un certain degré , & plongé fubitement dans l’eau froide 9 acquiert une dureté très-conlidérable & devient très-fragile. Ces qualités font d’autant plus fen- fibles que l’acier étoit plus chaud , & que la liqueur dans laquelle on l’a plongé étoit plus froide. Cette opération fe nomme la trempe. On peut varier les degrés de dureté de l’acier à vo¬ lonté ; on peut auffi le détremper facilement j en le chauffant au même degré où il étoit avant la trempe , &: en le laiffant refroidk lentement. Il paroît que cet effet de l’eau dépend de çe que le refroidiffement fubit de l’acier change la difpofition de fes parties & nuit à fa çriftallifa- tion. Tous les métaux font fufceptibles d’ac¬ quérir de la dureté par la trempe ; mais cette qualité eft d’autant plus fenfible que le métal efl plus infufible ; c’ell: pour cela que le fer la pofsède dans un fi haut degré. Le fer dans fon état métallique ne s’unit point mx matières pierxeufes , mais la Qhaux de fer '1^2 Leçons êlÉx^eNTaires facilite la vitrification de tontes les pierres , les colore en vert.* La chaux , la magnéfie Sc les aîkalis fixes cauf- tiques 5 n’ont point une adion marquée fur le fer : Talkali volatil agit un peu fur ee métaL Au bout de quelques jours de digeilioîij il de¬ vient louche & laiiïe précipiter un peu d’éthiops. Cette expérience , due à MM. les Chimiftes dé l’Académie de Dijon ^ prouve que i’alkali vo¬ latil divife le fer à la manière de l’eau. Le fer efi: difibluble dans tous les acides. Mo Monnet d. obfervé que l’huile de vitriol n’agit que bouillante fur le fer; en diflillant ce mélange à ficcité 5 on trouve dans la cornue des fleurs de foufre fublimées & une mafTe blanche vi- triolique , difibluble en partie dans l’eau , mais qui ne peut point fournir des crifiaux, parce que la chaleur l’a décompofée. Si l’on verfe fur de la limaille de fer cet acide étendu avec deux parties d’eau a il difibut très -bien ce métal à froid ; la difiblution efi accompagnée du dé¬ gagement d’une grande quantité de gaz inflam- piable. On peut le faire détonner avec un grand bruit, en approchant une bougie allumée de l’ou- vertiire du matras , après l’avoir bouchée avec la main pendant quelque tems. Ce gaz brille avec une flamme rougeâtre, & préfente fouvent de très-petites étincelles femblables à celles de la b’Hist. Nat. et de Chimie, limaille de fer, M. Macquer penfe que dans cette côiîîbinaifon l’acide vitriolique dégage une grande quantité de phlogiftique du fer , & que le gaz inflammable appartient entièrement à ce métaL Cette opinion efl fondée fur ce que ce gaz peut être extrait du fer feul & fans intermède, par la feule adion du feu , de fur ce que M. de Laffom en a retiré un pareil par Fadion de Falkali fixe de de Falkali volatil cauflique fur le fer. Les partifans de la dodrine nouvelle croient que le gaz inflammable efl une modification du foufre^ de appartient à Facide vitriolique, ainfî que nous Favons expofé en traitant de cet acide. Mais les faits que je viens de préfenter favorifent plus la théorie de M. Macquer ^ que celle de Fair. A mefure que Facide vitriolique agit fur le fer, une portion de ce métal efl divifée & forme une poudre noire , prife pour du foufre par Stahl^ dr que M. Monnet a trouvée être de Féthiops martial. Il femble que cette portion de mars n’ait éprouvé qu’une divifion méchanique , fem- blable à celle produite par Feau. Dès qu’une par¬ tie du fer efl combinée avec une partie de Fa¬ cide -» quoique ce dernier ne foit pas , à beau¬ coup près, faturé, la dilTolution s’arrête, & iî n’agit plus fur le métal. M. Monnet , qui a fait cette obfervation, dit qu’en verfant de Feau fur ie mélange ^ Fadion de Facide recommence j ce 'J44 EeÇQNS ÈLêMENTAÏÏlÊè phénomène vient de ce que Peau de Pefprît dü vitriol eft combinée avec le vitriol martial déjà formé, Sc que la portion d’acide qui n’ell; pas faturée , a befoin d’être étendue d’une nouvelle quantité d’eau pour diffoudre le fer. L’acide vitriolique diflbut plus de la moitié de Ton poids de fer ; cette diiïblution , filtrée & évaporée g fournit , par le refroidifTement , un fel tranfpa- rent d’une belle couleur verte , criüallifé en rhombes ^ c’efl le vitriol martial , ou couperofe verte. On ne fe donne pas la peine de faire le vi¬ triol martial , parce que la nature le fournit abon¬ damment 5 Sc que Part l’extrait facilement des pyrites martiales. Il fuffit de lailTer ces pyrites expofées à Pair pendant quelque tems ; l’humi¬ dité facilite leur décompofition ; elles fe couvrent d’une efÏÏorefcence blanche , qui n’a befoin que d’être diiïbute dans Peau Sc criftallifée pour four¬ nir du vitriol. Cette décompofition des /pyrites dépend, fuivant Stakl , des doubles affinités. Le foufre eft compofé de phlogifiique &: d’acide vi- iriolique^niPeaUjiii le fer feul ne peuvent le dé- compofer ; mais en réunifiant ces deux fubf- tancesjle fer s’empare du phlogifiique, du fou¬ fre, fon acide s’unit à Peau Sc diflout le métal j les pyrites qui font moins fufceptibles de s’ef- jîeurir J comme celles qui font brillantes , étant grillées 3 d’Hïst. Nat. et de Chimie. 145: grillées , pour leur faire perdre une portion de foufre qu’elles contiennent , expofées enfuite à J’air 5 s’effleuriflent promptement r on en fépare le vitrk)l par le lavage. La diffolution de ce fel dépofe d’abord une certaine quantité de fer dans l’état d’ochre ; ce n’efl que lorfque ce dépôt s’efl précipité , qu’on fait évaporer & criftallifer la liqueur. Les partifans de la dodrine de l’air croyent que dans la vitriolifation des pyrites ^ le foufre qui y eft divifé comrne dans fes corn- hinaifons avec les fubflânces alkalines , fe corn.- bineavecune portion d’air pur Sl forme de l’huile de vitriol, qui, étendue par l’eau en vapeurs de l’atmofphère s’unit avec chaleur au fer Sc le dif- fout. La néceffité du contad de l’air pour l’efflo- refcence des pyrites , donne un certain degré de force à. cette opinion , ainfi que nous l’avons fait ©bferver pour la combultionj mais on ne doit point oublier que la théorie de M. Macquer con¬ cilie ces deux dodrines , puifqii’il fe dégage dans . la vitriolifation beaucoup de gaz inflammable. Nous reviendrons plus en détail fur ce fait , en parlant de la combinaifon du fer avec le foufre. Le vitriol martial a une couleur verte d’éme-» raude, & une faveur aflringente très-forte. Ilxqu- git quelquefois le firop de violettes 3 cet effet n’efl; pas conflant. Ses criflaiix contiennent, dia¬ prés les recherches de Kunckd Sc de M. Mùji^ Tome IL K, '1^6 Leçons élémentaikes net, plus de la moitié de leur poids d’eau. SI on le chauffe brufquement , le vitriol martial fe liquéfie comme tous les Tels plus diffolubles à chaud qu’à froid ; en fe léchant , il devient d’un gris blanchâtre. Si on le chauffe à un feu plus violent , il laiffe échapper une portion de foti acide fous la forme de gaz fulfureux, Sc il prend une couleur rouge -, dans cet état , on le nomme colcothar. Le vitriol martial calciné au rouge attire très - fenfîblement l’humidité de l’air , en raifon d’une portion d’acide vitriolique qu’il con¬ tient. Le vitriol martial diMlé dans une cornue au fourneau de réverbère , donne d’abord de l’eau légèrement acide , nommée rofée de vitriol. On changé de ballon pour obtenir féparément l’huile de vitriol , qui, lorfque le feu eft violent, paffe noire & exhale une odeur fuffoquante d’acide ffùlfufeux volatil. Ces caraélères dépendent ou d’une' portion de phlogiflique qu’elle fépare du fer fuivant Stakl ; ou de ce qu’elle eft privée d’une partie de fon air qui fe fixe dans le fer, fui¬ vant la dodrine des gaz. Sur la fin de l’opération, l’acide qui diflille prend une forme concrète Sa crifialline ; on le nomme huile de vitriol gla¬ ciale. Cette expérience décrite par M. Helloé , n’a pas réuffi à M. Baumé, mais elle paffe pour confiante parmi les Chimifies. En difiillant l’huile | de vitriol glaciale dans une petite cornue , elle d^Hist. Nat. et de Chimie*' 147 donne du gaz fiilfureux , 8c paffe blanche 8c fluide, Devrok-eile fon état concret à la préfence de ce gaz f Elle s’unit à i’eau avec bruit chaleur , 8c €ii laiiTant dégager du gaz fulfureux. Le réfidu du vitriol martial diftillé efl rouge , 8c on le nomme €olcothar;en le lavant avec de l’eau ^ on en fépare un fel blanc peu connu , nommé fel de colcothar où fel fixe de vitriol ^ il refie une terre rouge , infipide , qui elt une pure chaux de fer , 8c qu’on nomme terre douce de vitrioL Le vitriol martial expofé à l’air, jaunit un p.eu, 8c fe couvre de rouille. L’eau froide diflbut moi¬ tié de fon poids de ce fel ; l’eau chaude en dif- fout davantage, mais lorfqu’elle en eft chargée ^ elle paroît troublée par une quantité plus ou moins confidérable d’ochre. On fépare cette ochre par la filtration ; 8c en laiflant refroidir cette dilTolution , on obtient des criftaux rhom- boïdaux , d’un vert pâle 8c tranfparent. La li¬ queur qui fumage étant foumife à l’évaporation , donne par le refroidiiïement une nouvelle quan¬ tité de criflaux j & lorfqu’on a retiré tout ce qu’elle peut fournir par la crifiallifation , il refie une eau mère d’un vert noirâtre, ou d’un jaune brun, qui ne peut plus crifiallifer. En l’évaporant à une chaleur forte , 8c en la laiflant refoidir , elle forme une mafle molle , ondueufe , qui attire fortement rhiimidité de l’air* Cette mafle entièrement deC» î^S Leçons êlémentaikes féchée 5 donne une poudre d’un jaune verdâtre. Suivant M. Monnet , l’eau mère du vitriol mar¬ tial contient du fer dans l’état de chaux. Ce Chi« miüe s’en efl convaincu en faifant immédiate¬ ment, 8i à l’aide de la chaleur, une düTolutioa de chaux de fer dans cet acide; cette diffolution ell brune, Sc ne peut point criÜallifer. La chaux de fer peut être féparée de fon acide , non-feu¬ lement par la terre de l’alun , mais encore par le cuivre 8c par la limaille de fer , ce qui n’ar¬ rive pas au vitriol martial parfait. Une diffblu- tion bien chargée de vitriol martial parfait ex- pofée à l’air , fe change au bout de quelque temps en eau mère vitriolique femblable aux pré’ cédentes. Le vitriol martial peut être décompofé par la chaux 8c les alkalis. L’eau de chaux ver- fée dans une diiïblution de ce fel , y forme un précipité en fioccons d’un vert d’olive foncé ; une portion de ce précipité fe redüTout dans l’eau de chaux 8c lui communique une couleur rou¬ geâtre. J’ai lu à l’Académie en 1777 8c 17783, deux Mémoires fur les précipités martiaux , ob¬ tenus par les alkalis cauftiqiies ou non cauftiques , dans lefquels j’ai décrit avec foin les phénomènes de ces précipitations , 8c l’état du fer dans ces différentes circonltances. Je vais en donner les principaux réfultats relatifs au vitriol. L’alkalî fixe cauftique précipite la düTolution vitriolique d’Hist. Nat. et de Chimie. 14g martiale en fîoccons d’un vert foncé qui fe rediG- folvent à mefure dans l’alkali, & fomient une ef- pèce de teinture martiale d’un très-beau rouge. Lorfqii’on met moins de cet aîkaîi , on peut re¬ cueillir le précipité, Sc l’obtenir en éthiops noi¬ râtre fi on le fait deffécher rapidement ôl dans les vailTeaux clos. Sans ces deux précautions ^ le fer fe rouille très- vite , parce qu’il eft divifé 8c humide. L’alkali végétal, faturé d’air fixe, ou le tartre crayeux , forme un précipité d’un blanc verdâtre qui ne fe diflbut pas dans l’alkali ; cette différence efi due à la préfence de l’acide crayeux qui fe reporte fur le fer à mefure qu’il efi féparé de l’alkali par l’acide virrioliqiie. L’alkali volatil pur ou caufiique , fépare du vitriol de fer dif- fous dans l’eau im précipité vert fi foncé qu’il pa- roît noir, Sc qui ne fe rediffbut point dans l’alkalî volatil : on peut , en le féchant fubitement fans îe contaâ de l’air , l’obtenir noir Sc attirable à l’aimant. Le précipité formé par l’alkali volatil concret , ou par le fel ammoniacal crayeux , efi d’un gris verdâtre; il fe rediflbut en partie dans ce fel , Sc il lui communique une couleur rouge ; ce qui efi l’inverfe de ce qui fe pafle dans ces précipitations par l’alkaii fixe, puifque ce der¬ nier fel caufiique difibut très-vite le fer préci¬ pité , tandis que le tartre crayeux ne le diffbuÊ que difficilement. K iij Il J® Leçons. 'Èlémentatres Les matières aftringentes végétales , comme îa noix de galle , le fumac , l’écorce de grenade, le brou de noix , le quinquina , les noix de Cy- près , le bois de campêche , Scc. ont la pra-- priété de précipiter le vitriol martial en noir» Ce précipité que l’on ne peut méconnoître pour du fer , efl fi extrêmement divifé , qu’il refie fufpendu dans la liqueur. Lorfqu’on ajoute de la gomme arabique à ce mélange , la fufpenfion du fer précipité efl permanente , il en ré- fulte une liqueur noire , qu’on connoît fous le nom d’encre. On ne fait point encore au jufie ce qui fe pafie dans cette expérience. M. Mac- quer 5 M, Monnet , & la plupart des Chimifies regardent le précipité de Pencre comme uni à un principe de la noix de galle , qui le dégage de l’acide. Ils paroifient portés à croire que ce principe efi dans l’état huileux. MM. de l’Aca¬ démie de Dijon ob fer vaut que cette précipita¬ tion par la noix de galle n’a pas lieu dans une diffblutîon acide , &: que ce précipité difparoîr par l’addition d’un acide , penfent que les aftrin- gens fe portent fur l’acide vitrioliqiie , 6c pré¬ cipitent le fer pur ; parce que le principe de l’aflriélion a plus d’affinité avec ce fel que n’en a le métal, M. Gioanetti , Médecin de Turin , a fait plufieurs expériences fur le fer précipité de fes diffolutions par les afiringen^. Il réfulte de d’h I s T. Nat. et de Chimie. îft fes‘ recherches confignées dans fon analyfe des eaux de Saint-Vincent , que ce métal n’eft point attirable à l’aimant; qu’il le devient lorfqu’on le chauffe dans un vaiffeau bien clos ; qu’il fe diffout dans les acides , mais fans effervefcence ; que ces diffolutions ne noirciflent plus par la noix de galle ; ce qui indique que le fer eft uni au principe aflringent , Sc qu’il efl dans l’état d’une forte de fel neutre. On trouve dans le troi- fième volume des Elémens de Chimie de PAca- démie de Dijon , une fuite d’expériences fur le principe aflringent végétal , qui femblent affi- niiler cette fubflance aux acides. En effet , il rougit les couleurs bleues végétales ; il s’unit aux alkalis ; il décompofe les foies de foufre ; il dif¬ fout & paroît neutralifer les métaux ; il dé¬ compofe toutes les diffolutions métalliques avec des phénomènes particuliers ; il s’élève à la dif- tiilation fans perdre fon aélion fur les métaux ; &: il préfente un grand nombre d’autres pro¬ priétés 3 fur lefquelles l’ordre que nous fuivons ne nous permet pas d’infiller ( <2 (a) On ne peut mieux faire que de lire & de méditer les belles recherches des Académiciens de Dijon fur le principe aflringent. Elles ajoutent aux travaux de MM. Ji4ac^i^er, Monnet 8c Gioanetti, fiir cet important objet. Cependant la matière n’efl: pas encore épuifée, $c elle demande à être Kiy Leçons elementaîess Un phénomène encore plus difficile à coîi« noître que Taélion de la noix de galle fur le vi- triol de mars , c’ell la décompofîtion de ce fel par un alkali calciné avec du fang de bœuf. On obtient alors un précipité d’une belle couleur bleue 5 indiiïbluble dans les acides. Ce précipité fe nomme bleu de Pruffie ou de Berlin , parce qu’il a été découvert dans cette Ville. SiaÂl rap¬ porte qu’un Chimifle , nommé Diesbach , ayant emprunté de Dippel de l’alkali fixe pour préci¬ piter une dilTolution de cèchenille mêlée avec un peu d’alun & de vitriol martial , ce der¬ nier lui donna un alkali fur lequel il avoit dif- tillé fon huile animale. Ce fel précipita en bleu la diffblution de Diesbach, Dippel chercha à quoi étoit du ce précipité , & prépara par un procédé moins compliqué le bleu de Priiffe qui fut annoncé en 1710 dans les mélanges de l’Aca¬ démie de Berlin , mais fans aucun détail fur cette opération. Les Chimifies travaillèrent à examinée en détail , fiir-tout pour découvrir la nature de ce principe fîngulier qui (e trouve dans toutes les matières aftringentes végétales , & qui paroît être diffoluble dans un grand nombre de menflruesj tels que TeaUjles acides, les alkalis, les huiles, Te fp rit- de-vin , Téther, &c. Voyez les Elémens de Chimie théorique & pratique , &c, pour (êrvir aux Cours publics de l'Académie de Dijon, tome îllp page 405 à 421, d’Hist. Nat. et de Chimie, if? Fenvi pour y réuffir , Sc y parvinrent. Ce ne fut qu’en 1724 que M. W 00 dward publia dans' les Tranfadions Philofophiques 5 un procédé pour préparer cette fubüance colorante. Pour faire le bleu de Prufle , 011 mêle quatre onces de nitre fixé par le tartre , avec autant de fang de bœuf deffeché ; on calcine ce mélange dans, un creufet jufqu’à ce qu’il foit en charbon , & ne produife plus de flamme ; on le lave avec la quantité d’eau fuififante pour diflbudre toute la matière faline , qu’on nomme alkali phlogifli- qué; on concentre cette leflive par l’évapora¬ tion. On fait diflbudre enfuite deux onces d^ vitriol martial &: quatre onces d’alun dans une pinte d’eau ; on mêle la diflblution de ces fels avec la leflive d’alkali ; il fe fait un dépôt bleu⬠tre que l’on fépare par le filtre , de fur lequel on verfe de l’acide marin. Le dépôt devient alors d’un bleu plus beau & plus foncé ; on le fait fécher à une chaleur douce ou à l’air. Depuis M. Woodward , beaucoup de Chimifles fe font occupés , & de la préparation &: de la théorie du bleu de PrulTe. Quant à fa prépa¬ ration , on fait aujourd’hui qu’un grand nom¬ bre de fubftances font capables de donner à l’alkali la propriété de précipiter le fer en bleu. Geoff'roy 5 dans les Mémoires de l’Académie de 172/ J a donné cette propriété à l’alkali avec 'ïy4 Leçons ÉLéM'ENTAiREs tous les charbons de matières animales. M. Baume aiïlire qu’on peut auffi préparer l’alkali phlogif- tiqiié avec les charbons des fiîbftances végétales à i’aide d’une chaleur plus vive, M. Spielmart en a fait avec des bitumes ; MM. Brandt 8c Monnet avec de la fuie. Les Manufadures de bleu de PrulFe fe font multipliées , 8c chacune d’elles emploie à ce qu’il paroît, des matières differentes pour cette préparation. M, Baunack nous a appris qu’en Allemagne, ou fe fert des ongles , des cornes 8c de la peau de bœuf. Toutes les matières animales ne paroiifent cependant pas propres à phlogiffiquer l’alkali. J’ai effayé en vain d’en préparer avec la bile de bœuf, par un procédé femblable à celui qu’on exécute avec le fang. Je n’ai obtenu qu’un alkali qui précipi- toit le vitriol en blanc verdâtre , 8c ce préci-* pité s’eft diiTous en entier dans l’acide marin. Les Chimiftes ont beaucoup varié fur la théo¬ rie du bleu de Pruffe. MM., Brown 8c Geoffroy le regardoient comme la partie phlogiffique du fer , développée par la leffive du fang , 8c tranf- portée fur la terre de l’alun. L’Abbé Menon ( premier V olume des Savons Etrangers ) pen- foit que c’étoit le fer très-pur 8c débarraffe de toute fubilance étrangère par l’alkali phlogif- tiqué. M. Macquer , dans un Mémoire qui a juf- tement mérité le nom de chef-d’œuvre de la ©•Hist. Nat. et de Chimie. lyy part de tous les Chimiftes , 8c qui ell inféré dans le Volume de TAcadémie pour Pannée 175*2 , a réfuté les opinions de ces Auteurs, Il penfe que le bleu de PrulTe n’eft que du fer combiné avec un excès de principe inflammable ,, qui lui efl fourni par Falkali phlogifliqué , 8c que ce dernier a pris du fang de bœuf. Il obferve , 1®. que le bleu de Prufle expofé au feu, perd fa couleur , 8c redevient fer Ample ; 28, que ce bleu n’efl en aucune manière diflbluble par les acides , même les plus forts ; 3°. que les al- kalis peuvent diflbiidre la matière colorante du. bleu de Prufle , 8c s’en charger jufqu’au point de fatiiration. Il fuflit pour cela de faire chaufler une îeflive alkaline fur du bleu de Prufle , jufqii’à ce que l’alkali refufe de le décolorer. Cet alkali faturé de la matière colorante du bleu de Prufle , a perdu la plupart de fes propriétés. Il n’efl; plus cauflique , il ne fait pas eflervefcence avec les acides ^ il ne décompofe point les fels à bafe terreufe ; mais il précipite tous les fels à bafe métallique ^ Sc .il paroit que cette décompofl- tion fe fait en vertu d’une double affinité , celle de l’acide fur l’alkali , 8c celle du métal fur la partie colorante unie à ce fel. L’alkali peut dé¬ colorer ainfl le vingtième de fon poids de bleu de Prufle 5 alors il efl faturé de partie colo¬ rante, Les acides en dégagent une petite quan- Leçons élémentairés tiré de fécule bleue ; & il précipite fur le champ le vitriol martial en bleu de Pruffe parfait. A Pégard de l’alkali préparé par la voie or¬ dinaire , M. Macquer obferve qu’il n’eft pas à beaucçup près , entièrement faturé de partie co¬ lorante, & que c’efl: pour cela qu’il précipite d’abord en vert la diiïblution de vitriol mar¬ tial. En effet, la portion d’alkali qui efl faturée , précipite du bleu ; mais la portion qui ne l’efl pas , précipite du fer à l’état d’ochre , qui ver¬ dit le précipité bleu par le mélange de cette dernière couleur avec le jaune. Suivant cette in- génieufe théorie , l’acide qu’on verfe fur le pré¬ cipité , fert à diffoudre la portion qui n’eff pas dans l’état de bleu de Pruffe , & à ren¬ dre la couleur de ce dernier plus vive. L’alun qu’on ajoute à la diffolution de vitriol, fatiire l’alkali qui n’eH point chargé de matière colo¬ rante , Sc la terre de ce fel dépofée avec le bleu de Pruffe , en éclaircit la nuance. Comme il eft néceffaire de verfer l’acide fur le précipité du vitriol martial, afin d’aviver le bleu de Pruffe, on peut ajouter cet acide à l’aîkali avant de s’en fervir pour précipiter le fer ; parce que l’acide en faturant la portion d’alkali pure , ne s’unit point à celle qui efl chargée de partie colorante , Sa qui peut fur le champ former de beau bleu de Pruffe. On peut auffi faturer cet alkaliphlc- d^Hist, Nat. et de Chimie. giftiqué par le fang de bœuf , en le faifant di¬ gérer fur du bleu de Prufle , jufqu’à ce qu’il celle de le décolorer. M. Macquer avoir donné cet alkali faturé d’acide , comme une bonne 1k queur d’épreuve pour connoître la préfence du fer dans les eaux minérales ; mais M. Baumé a obfervé que cette liqueur contenoit elle-même une certaine quantité de bleu de PrulTe ; cé qui pouvoît induire en erreur. Il propofe en coi> féquence de la mettre quelque tems en digellion avec un peu de vinaigre à une chaleur douce , pour qu’elle dépofe tout ce qu’elle contient de matière bleue. Tel étoit le beau travail de M. Macquer fur le bleu de PrulTe; mais ce cé-» îèbre Chimille fentoit bien lui-même ce qu’il y manquoit , fur-tout relativement à la nature de !a fubllance colorante. Il ne pouvoir pas être per- fuadé que cette dernière fût du phlogillique pur, puifqu’on ne concevroit pas, dans cette hypo- îhèfe, comment du fer furchargé de ce prin¬ cipe , perdroit tout à la fois la propriété d’être attirable à l’aimant , & celle d’être dilToluble dans les acides, qui font dues, fui vaut Stahl j à la préfence du phlogilliqiie dans ce métal. M. de Morveau ell le premier , qui , dans fon excel¬ lente Dzjfertation fur le phlogiftique ^ a cherché à connoître la nature de la partie colorante du bjeu dp Pruflfe» Il a retiré de la dillillation de IjS Leçons élémentaires, ' deux gros de ce compofé^ vingt -deux grains d’une liqueur jaune empyreumatiquej qui faifoit effervefcence avec les aikalis aérés, roiigiffbit' fortement le papier bleu , & dont MM. Geoffroy & Macquer ^ qui ont auffi difdiié le bleu de PrulTe, n’avoient fait aucune mention. M. Sage a envoyé en 1772, à l’Académie Eledorale de Mayence , un Mémoire-fiir Falkaii phlogiJliquéj qu’il appelle fel animaL La leffive. de Falkaii fixe traité avec le fang & fatiiré par fa digeliion fur le bleu de Pruiïe , à la manière de- M. Macquer J eft , fuivant M. d’^z^^^-un fel neutre formé par Facide aniinal & Falkaii fixe. Elle donne, par l’évaporation infeiifible, des criflaux cubiques, odaè'dres, ou en prifmes à quatre fa¬ ces, terminés par des pyramides auffi à quatre faces. Ce fel décrépite fur les charbons' -, il fe fond à un feu violent en une malFe demi-tranf- parente , foluble dans Feau y Sc propre à faire du bleu de Pruiïe. M. Sage croit que Facide qui neutraiife Falkaii dans ce fel ' neutre , efl Facide phofphorique, parce qu’en chauiïaiit fortement le mélange d’alkali & de fang de bœuf, il fe fond , exhaleune vapeur âcre , accompagnée d’étincelles blanches & brillantes , qui ne font , fuivant lui , que du pliofphore qui brûle. Cette opinion fur Facide de Falkaii Pruffien feroit démontrée, fi* d’un côté, en le diflillant avec du charbon^ on d^Hist. Nat. et de Chimie. obtenoic du phofphiore , ce qui auroit aiini lieu pour ie bleu dePrulTe; (Sc fi d’une autre part, on formoit du bleu de Pruiïe , en combinant le fel fuiible ou phofphorique à bafe d’alkaîi végétal , 8c une diffolution martiale. Comme M. Sage n’a point configné d’expériences de cette nature dans fon Mémoire , on ne peut admettre fa théorie. MM. les Chimifies de l’Académie de Dijon ont adopté une partie de cette dernière doc¬ trine dans leurs éiémens. Ils regardent la lefTive. phlogilliquée comme la dilTolution d’un fel neu¬ tre ; ils confeillent de la faire crifiallifer par l’é¬ vaporation, au lieu de la purifier par le vinaigre, comme l’avoit propofé M. Baumé. Ce fel efl très - pur 5 fuivant eux. Projetté fur le nitre en fufion , il le fait détonner. Ils ne nous ont rien dit fur fes décompofitions Sc fur la nature de fes principes ; ils l’appellent alkali PrulTien crif- tallifé. M. Bucquet , ayant précipité par l’acide ma¬ rin 8c filtré de la lefiive préparée pour le bleu de PrulTe , a obfervé que cet alkali , quoique très-clair de privé en apparence de tout le bleu de Pruffe qu’il paroilToit contenir , lailToit ce¬ pendant dépofer une poudre bleue. Après l’a¬ voir filtrée plus de vingt fois dans l’efpace de deux ans , pour en féparer la portion de bleu î6ù Leçons élémentaïees qui s’en précipitoit après chaque filtration, il s’efi enfin trouvé que cette liqueur ne pouvoir plus fournir de bleu de Prufie avec la diffblution de vitriol martial. Je conferve encore une petite portion de cette leffive préparée 5 il y a plus de cinq ans* elle n’a rien laiffe précipiter depuis deux ans , mais elle a dépofé un léger enduit bleuâtre fur les parois du flacon où elle efl con¬ tenue, 8c elle a confervé une couleur pareille. J’ai eu occafion d’obferver deux fois ce phé- jîomène, depuis que je l’ai entendu annoncer par M. Bucquet y dans fes Cours, Sc je crois qu’il efl confiant. M. le Duc de Chaulnes a fait voir à M. Macquer une leffive phlogifiiquée qui ne donnoit point de bleu de Prufie , lorfqu’on la mêloit auparavant avec un acide. Ce Chi- mifie penfe que cela efi dû à ce que cette lef¬ five a été préparée dans des vaifieaux de métal. M* Bucquet croyoit , d’après l’obfervation rap¬ portée plus haut, I®. que le bleu de Prufie efi tout contenu dans l’alkali qui fert à le préparer; 2^. que les acides fiiffifent fculs pour le préci¬ piter ; 3®. que lorfque cet aîkali a dépofé , au bout d’un tems plus ou moins long , toute la partie colorante qu’il contient , il n’efi plus pro¬ pre à donner du bleu de Prufie. Le Journal de Phyfique du mois d’ Avril 1778, contient des obferyations fur Ijg bleu de Prufie, par d^Hist. Nat. et de Chimie. î6î par M. Bautiach , Apothicaire à Metz , qui favo- rifent beaucoup Fopinion de M. Eucquet. Après avoir décrit le procédé que Ton emploie dans les manufaélures d’Allemagne, pour préparer le bleu de Pruiïe , M. Baunach afflire que la lelTive faite dans ces manufadures par la fufion de l’alkali & du charbon d’ongles , de cornes &: de peau de bœuf , précipite tous les métaux , & même , la terre calcaire en bleu. Cet alkali dilTout les métaux, après les avoir précipités, & on peut les en féparer, fous une très-belle couleur bleue, par l’acide marin. Les faits finguliers annoncés dans ce Mémoire, tels que la diflillation du bleu de Prufle produit par cette lelTive , qui ne donne point d’huile ni d’alkali volatil , la diflblubilité du précipité bleu formé par l’acide marin verfd fur cette leffive dans l’acide nitreux , la terre calcaire retrouvée en diffblution dans ce dernier acide qui a décoloré le bleu, une terre particu¬ lière phlogihiquée qu’il n’a pas pu diflbudre , ne femblent-ils pas annoncer que ce bleu n’ell pas de la même nature que celui que l’on préci¬ pite de la leffive phlogifliquée ordinaire, dans laquelle M. Macquer a trouvé du fer qui ne peut provenir que du fang f De tous ces faits il me femble que l’on doit conclure qu’il relie encore de grands travaux à faire fur le bleu de Prufle, & que nous fommes Tome IL L ï62 LiçOMS ÊLIÊMENTAIKES éloignés de favoir exadement quelle eft fa na¬ ture. J’ajouterai à tout ce que j’ai dit fur le bien de PruiTe 5 quelques obfervatioiis qu’il eü indif- penfable de connoitre. ■ I®, Le bleu de Priiffe diflillé à feu nudj donne une très-grande quantité de gaz inflammable, en même-tems que de Fhuile , de Falkali volatil concret 3 & un peu de phlegme acide. Ce gaz brûle en bleu comme celui des marais ; il a une odeur empyreuinatique ; Feau de chaux lui donne la propriété de brûler en rouge & de détonner avec Fair, parte qu’elle abforbe Fa» eide crayeux qui lui eft uni ; il fe retrouve dans Falkali phlogifliqiié. M. de Laffone a regardé le gaz du bleu de PruflTe comme un gaz infîam» mable particulier. Le bleu de Prufle, après cette anaîyfe^ eft fous la forme d’une poudre noirâtre & atti» rabie à Faimant. Avant de prendre cette cou¬ leur , il en a une orangée , que M. de Morveau a obfervée. Ce dernier Chimifte a même penfé que le bleu de Prufle que la chaleur a fait paffer à l’orangé , pourroit être utile dans la peinture. 3'’. L’alkali volatil chauffé fur du bleu de PruflTe 3 le décompofe en s’emparant de fa ma¬ tière colorante , & il laifTe le fer dans Fétat d’o». / chre. M, Mac^uer avok annoncé ce fait en I75'2» d’Hîst^ Nat. et de Chimie. 163 Mejrer qui Pa fuivi , a donné le nom de liqueur teignante à cet alkali volatil fatiiré de la partie colorante du bleu , & il Pa confeillé dans Pana- lyfe des eaux minérales. J’ai obfervé que lors¬ qu’on didille Palkali volatil cauftique fur du bleu de PmlTe , la liqueur qui paffe n’^a point la pro¬ priété de colorer en bleu les diffolutions mar¬ tiales j d’où il fuit que le principe colorant n’eit pas auiïi volatil que Peil Palkali. Lorfqu’on n’a extrait qu’une portion de ce fel par la diftilla-» tion , le réfîdii eft d’un vert d’olive ; en l’éten¬ dant d’eau diflilîée Sc le filtrant , cette liqueur eft chargée de la partie colorante , Sc donne un bleu de PrulTe très -vif avec le vitriol mar¬ tial. 4°. J’ai découvert que Peau de chaux mife en digehion fur le bleu de PrufTe, diffbut la matière colorante à l’aide d’un peu de chaleur» La combinaifon efl très-rapide. L’éau de chaux fe colore , le bleu de Pruffe prend la couleur de la rouille. L’eau de chaux filtrée eft d’une belle couleur jaune claire j elle ne verdit plus le firop de violettes ; elle n’a plus de faveur alkaline , elle n’ejJ plus précipitée par l’acide crayeux , elle ne s’unit point aux autres acides | en un mot, elle eft neutralifée par la matière co-» lorante PriuTienne, Sc elle donne, en la verfant fur une diftblution de vitriol martial , un bleu 1^4 Leçons élêmen ta fiiperbe qui n’a pas befoin d’être avivé par urs acide. J®, Les aîkalîs fixes caufliques décolorent à froid 8c fur le champ le bleu de PruiTe. J’ai obfervé qu’il fe produit une chaleur aiïez vive dans ces expériences; que les alkalis dans leur état de pureté décolorent une beaucoup plus grande quantité de bleu de PrulTe , que ceux qui font faturés d’acide crayeux , 8c qu’ils don¬ nent avec les dilTolutions martiales beaucoup plus de bleu que ces derniers, 6®. La magnéfie m’a également préfenté la propriété de décolorer le bleu de PrulTe ^ mais beaucoup plus foiblement que l’eau de chaux (<^). 7°. Le bleu de PrulTe jeté en poudre fur du nkre en fuhon produit quelques étincelles qui dénotent qu’il contient une matière combuflible. 8’’. Le bleu de PrulTe préparé fans alun de¬ vient très-attirable - à l’aimant par une légère cal¬ cination; mais celui du commerce n’acquiert ja¬ mais cette propriété par l’adion du feu. Le vitriol martial décompofe très-facilement le nkre; cette décompolition eft due en partie ( a ) Je ne donne ici que les réfukats généraux de plu- fîeurs faits importans , que m'a offerts la décompo/ition dis bleu de Pruffe, par les fubflances alkalines; j"en rétèrve les- détails pour des Mémoires particuliers. b’Hist. Nat. et de Chimie. i6^ à l’acide vitrioliqiie , qui en s’iinifTant à l’alkalî du nitre, chaiïe l’acide nitreux; mais elle eft au/îi occafionnée en grande partie par la réac¬ tion du fer fur ce dernier acide. Si, pour décom- pofer le nitre, on prend du vitriol martial peu defféché , on obtient une aiTez grande quantité d’acide nitreux bien rouge 8c bien fumant ; le ré- Cdu lelîivé fournit du tartre vitriolé, du fel alkali fixe , Sc il relie fur les filtres une terre douce de vitiioL Mais , fi on a employé un vitriol for¬ tement calciné , on retire très-peu de produit. Ce produit paroît formé de deux liqueurs , dont l’une , d’une couleur fombre Sc prefque noire , fumage une autre rouge Sc pefante, comme le feroit une huile fur de l’eau. Aufli M. Baume regarde-t-il cette liqueur comme une efpèce d’huile. Il pafie enfuite dans le col de la cornue Sc dans l’allonge, une malTe faline blanche, qui attire l’humidité de l’air, fe difibut avec chaleur Sc rapidité dans l’eau, en exhalant une forte odeur d’eiprit de nitre Sc des vapeurs ronges très-épaif- fes-, cette diffbluiion, faturée de fel de tartre, donne du tartre vitriolé ; la mafie blanche n’efi: donc que de l’huile de vitriol rendue concrète par une portion de gaz nitreux, La liqueur pefante du ballon ne paroit différer en rien de l’efprit de nitre tire par la méthode de Glauher ; mais la liqueur légère qui la fumage , étant mêlée avec h iij i66 Leçons élémentaires Fhuile de vitriol , produit une vive effervefcencej Sc même une explofion dangereufe ; prefque tout Facide nitreux fe diffipe Sc Fhuile de vitriol refie, mais fous la forme concrète Sc criflallifée. M, Bucquet, qui a communiqué cette découverte à FAcadémie , avoit d’abord obfervé que Fhuile de vitriol concrète, obtenue dans cette dillilla- tion , exhale des vapeurs rouges nitreufes , lorf- qu’on la difTout dans Feau. 11 penfoit que cet acide devoir fa folidité à la préfence du gaz nitreux, 8c pour s’en convaincre , il a eiïayé de mêler Facide nitreux brun noirâtre, qui fuma» geoit le rouge , avec de Fhuile de vitriol très- concentrée. Mais à Finllant même du mélange de ces deux matières, il s’efl fait un mouvement fi rapide , que Facide nitreux qu’on verfoit fur le vitriolique, a été lancé avec fracas 8c à une très - grande diflance ; la perfonne qui faifoit le mélange a été couverte de ce fel , il s’ell élevé à Finllant même fur fon vifage une grande quan¬ tité de boutons rouges 8c enflammés , qui ont fuppuré comme ceux de la petite vérole. L’huile de vitriol efl; devenue concrète 8c abfolument femblable à celle qu’on obtient dans la diflilla- îion dont nous venons de faire Fhilloire. Il pa- roit que cet acide peut devoir fon état con» cret à des gaz de différente nature ; 8c peut- être celle que M. Hellot a obtenue du vitrioi d’Hist* Nat. et de' Chimie* ï6j. martiaî diflilié fans intermède, eft-elle rendue glaciale par la prëfence du gaz fuifureiix. Le ré- lidu de la diftiflation' du nitre avec le vitriol martial calciné au rouge , n’eû qu^une -forte de fcorie de fer , dont on ne peut tirer que très- peu de tartre vitriolé par le lavage. On ne fait fi la diffolution de vitriol martial feroit précipitée par le gaz inflammable ; il paroît que dans cette expérience le fer reprendroit ce qifii a perdu dans fa diflblution par Facide vi- îrioliqu:e , puifqiie M. Monnet a obfervé que le gaz du foie de foiifre précipité par un acide, don- noit à une eau mère vitriolique la propriété de fournir des criflaiix. Le foie de foiifre précipite en une couleur noirâtre le vitriol martial. Ce précipité eft une çfpèce de combinaifon de fer avec le foiifre. If acide mtrenx eft rapidement décompofé par le fer, qui en dégage beaucoup de gaz nitreux, fur-tout fi Facide employé eft concentré & fi le ,fer eft divifé. Ce métal , en ce cas , eft prefqu’en- tièrement calciné par Fair qu’il enlève à Facide nitreux : la diflblution eft d’un rouge brun ; elle laifte dcpofer de Fochre martiale au bout d’un certain teins , parce qu’elle contient un fer très- calciné* Si , dans cet état , on lui préfente de ■nouveau fer, Facide le düToiit, comme Fa indi¬ qué SiüM^ & la chaux de fer qu’il tenoit en dif« ’ L iv i6S Leçons éLÊMENTAiKES folution fe précipite fur le champ* On peut ce¬ pendant , en employant un acide nitreux foible Sc du fer en morceaux , obtenir une dilTolution plus permanente 4ans laquelle le métal ell plus adhérent à cet acide. Cette dernière combinaifon eh verdâtre &: quelquefois dhin jaune clair ; Fune Fautre de ces dilTolLitions évaporées fe trou¬ blent & dépofent de Fochre martiale d’un rouge brun. Si on la rapproche fortement , au lieu de fournir des crihaux, elle fe prend en une gelée rougeâtre qui n’eh qu’en partie difloluble dans l’eau 5 Sc dont la plus grande portion fe préci¬ pite. En continuant de chaulfer le nitre de fer , il s’en dégage beaucoup de vapeurs rouges , le magma fe defsèche de donne une chaux d’un rouge briqueté. Ce magma difdllé dans une cor¬ nue 3 fournit un peu d’acide nitreux fumant , beaucoup de gaz nitreux , & de l’acide crayeux. On n’en peut point tirer d’air pur ou déphlo- gUliqué 3 fans doute parce que la chaux de fer très-bien calcinée, qui fe forme dans cette dÜTo- lution 3 n’eil: pas réductible. Le dernier gaz que j’ai obtenu dans cette difiblution , vient à l’ap¬ pui de Fapperçu que j’ai donné fur la préfence de l’acide de la craie dans celui du nitre; La chaux qui* relie après la difiillation du nitre de fer eft d’un ronge vif, & pourroit fournir une belle couleur à la peinture j&c. La dilTolutioii d^Hist. Nat. et de Chimie. i6ÿ iiitreiire de fer , quelque chargée qu’elle foit , ne m’a pas paru précipiter par i’eau dihiliée. Les alkalis la décoiiipofeiit avec des phéno¬ mènes difFérens , fuivant leur nature. L’alkali fixe caullique la précipite en brun clair ; le mélange palTe très-vîte au brun noirâtre Sc beaucoup plus foncé que la couleur de la première difTolution. Ce phénomène efl du à ce qu’une portion du pré¬ cipité eft diiïbute par l’alkaü , quoiqu’en très-pe¬ tite quantité. Le tartre crayeux en fépare une chaux jaunâtre qui devient très-vîte d’un beau rouge orangé. Si on agite le mélange à mefure que l’efïervefcence a lieu , le précipité fe redifTout beaucoup plus abondamment que celui fait par Palkali cauRique. M. Monnet a bien noté ce phénomène , Sc il Fa attribué au gaz qui fe pro¬ duit. Cette difTolution de fer par l’alkali fixe , porte le nohi de teinture martiale alkaline de StahL Elle efi: d’un très-beau rouge. M. Baiimé recommande pour la préparer, de prendre une difTolution nitreufe de fer, qui ne foit que peu chargée. Stahl confeilloit au contraire une dif- folution très-faturée. M. Monnet a obfervé qu’une difTolution jaune donnoit beaucoup de précipité qui ne fe redifTout prefque pas dans l’alkaü, Sc qui ne le colore pas comme doit l’étre la tein¬ ture martiale ; tandis qu’une difTolution bien rouge en fait une fur le champ avec le même 170 Leçon-S é l é m e n t a i r e s alkali. La teinture martiale alkaline de Stahl le décolore au bout d’un certain tems , & lailTe dépofer la chaux de fer qu’elle contient. On peut la décompofer à l’aide d’un acide ; celui du nitre en fépare une chaux d’un rouge bri- queté qui efl foluble dans les acides , & que l’on appelle fafran de mars apéritif de StêkL L’ alkali volatil pur ou caullique précipite la dilTolutioii nitreufe de fer en vert foncé & prefque noir⬠tre. Le Tel ammoniacal crayeux redilTout le fer qu’il a féparé de l’acide , Sc prend une cou¬ leur d’un rouge encore plus vif que la teinture de Stahl, Cette diiïblution de fer par l’alkali volatil crayeux , pourroit être d’un grand avan- ' îage dans les cas de pratique dans lefquels on a befoin d’un tonique puiffant joint à un fondant très-aâif. La diiïblution nitreufe de fer chârgée Sc rou¬ ge 5 ne m’a jamais donné que très-peu de véri¬ table bleu de Prniïe , par l’alkali faturé de la ma¬ tière colorante de ce compofé; je n’ai eu qu’un précipité noirâtre qui s’eft rediiïbus par l’acide marin ; la liqueur avoit alors une couleur verte, M, Mar et , Secrétaire de l’Académie de Dijon , a envoyé à la Société Royale de Médecine un procédé pour faire très-vite de l’éthiops martial ; il confifte à précipiter la diiïblution nitreufe de fer par l’alkali volatil cauftique , à laver & fécher d’Hist. Nat. et de Chimie. 171 rapidement ce précipité. M. d\4rcet , chargé par cette Compagnie d’examiner le procédé de M. Maret , n’a pas obtenu conflamment le meme réfultat que ce Médecin, Dans mes Mémoires fur les précipités martiaux , préfentés à l’Acadé¬ mie en 1776 &: 1777, fai déterminé les cas où l’expérience de M. Maret réuffit, & ceux où elle n’a pas de fuccès, II faut pour obtenir cet éthiops , 1°. que la diflblutioii de fer foit nouvelle, Sc qu’elle ait été faite à froid très - lentement , avec un acide nitreux foible , Sc du fer peu divifé ; 2°. que l’alkali volatil foit récemment préparé , très-cauftique , 8c fur-tout privé parle repos, de la petite portion de terre calcaire Sc de matières combuflibles noirâtres qu’il a coutume d’enlever du fel ammoniac, Sc de la chaux ; 3®. que le pré¬ cipité foit féparé fur le champ de la liqueur , Sc féché rapidement dans des vaiiTeaux fermés. Malgré toutes ces précautions , quelquefois ce précipité n’eft pas très-noir ; il a alors une cou¬ leur brune légère ; il s’enlève en écailles dont la furface inférieure ell noirâtre ; ce qui prouve que c’eft le contaél de l’air qui en rouille légèrement la furface fupérieure. J’ai obtenu un éthiops plus beau Sc plus confiant , en précipitant la düTolu- tion marine Sc acéteufe du fer par l’alkali fixe Sc l’alkali volatil caufiiques , Sc en faifant fécher raph dement dans des vaiffeaux fermés ces précipités 1J2. Leçons été ment aires bien, lavés; mais je penfe, malgré cela, que ces éthiops , quelque purs qü’on les fnppofe, re¬ tiennent toujours une petite partie de leurs pré- cipitans Sc de leurs premiers dilTolvans , comme M. Bayen l’a obfervé fur les précipités de mer¬ cure ; &: qu’on ne^doit pas les employer en Médecine avec autant de fureté que ceux dont i’ai parlé précédemment. M. d'Arcet , dans fon rapport à la Société Royale de Médecine , fur le procédé de M. Maret , en a communiqué un de M. Croharé pour faire l’éthiops martial. Ce Pharmacien , connu par plufieurs travaux chimiques bien faits , prépare ce médicament en faifant bouillir de l’eau aiguifée avec un peu d’a¬ cide nitreux fur de la limaille de fer. Ce métal eil fur le champ très-divifé & donne beaucoup d’éthiops; mais comme on pourroit craindre qu’il ne retînt une petite quantité de l’acide, ne feroit- il pas plus fur de préférer le procédé de M. Jojfe, qui eft d’une exécution très-facile Sc dont l’ufage ne peut infpirer aucune crainte f L’acide marin diiïbut le fer avec rapidité ; il fe dégage de cette dilTolution une grande quan¬ tité d’un gaz inflammable , Sc qui paroît même l’être un peu plus que celui de la diflblution de ce métal dans l’efprit de vitriol. Il a aufli une odeur un peu différente de celle du gaz inflam¬ mable vitrioliqiie, Ce phénomène ne feaible-t-ii b’Hist. Nat. et de Chimie. 175 pas annoncer qu’un des principes de Pacide ma¬ rin eü un corps combuflibie f M. Lavoifier pen¬ che pour cette dernière opinion , il croit que le gaz inflammable diffère fuivant Pacide qu’on em¬ ploie pour Pobtenir ; Sc que celui qui fe dégage delà diflblution du fer par Pacide marin, ell un des principes de cet acide. La difloliuion de fer par Pacide marin produit beaucoup de cha¬ leur ; elle continue avec la même force jufqii’à ce que cet acide foit faturé j une portion du fer fe précipite en véritable éthiops , comme dans toutes les autres diflblutions. LorfqiPon Pa fil¬ trée 5 elle efl d’une couleur verte , tirant fur le jaune *, elle efl; beaucoup plus flable que les deux précédentes. Si on la met dans un flacon bien bouché 5 &L qui en foit rempli , elle ne préci¬ pite que très-peu. J’en conferve depuis quatre, ans dans cet état , qui n’a dépofé qu’une très- légère pouflière d’un jaune pâle ; fi au contraire on la laifle à Pair , elle précipite en quelques fe- maines prefque tout le fer qu’elle contient , & ce précipité efl d’une couleur plus foncée que celui de la précédente. Enfin , en la mettant dans un flacon bien bouché , mais à moitié vide , elle dépofe plus que la première , &; moins que la fécondé. Cette expérience , que j’ai faite avec beaucoup d’exaélitiide , prouve que Pair entre pour quelque chofe dans la décompofition lente 174 t'EÇOMS ÉLÊMENTAIKES des diffoluîions métalliques. Ce phénomène a îieu dans toutes les dilFolutions de fer ; Sc on Fobferve en général fur celles de prefque tous les métaux. S tahi'm oit annoncé que dans la corn- binaifon du fer avec l’acide marin , cet acide prenoit les caradères de celui du nitre ; mais ce fait n’a été obfervé par aucun Chimiüe : il pa- roît que Stahl ne s’en étoit rapporté qu’à la cou¬ leur jaune de cette dilTolution , &; à l’odeur qu’elle répand ; odeur en effet un peu différente de celle de l’acide marin pur. La diffolution de fer par l’acide marin évaporée ne criflallife pas régulière¬ ment. M. Monnet a obfervé que fi on la laifîe refroidir lorfqu’elle ef! en confiflance firupeufe ^ elle forme une efpèce de magma^ , dans lequel on entrevoit des crîftaux aiguillés & applatis qui attirent puiffamment l’humidité. Ce magma fe fond à un feu très-doux , & femble mériter le nom de beurre de fer ; en le chauffant davan¬ tage il fe décompofe , mais moins facilement que le nitre martial , & il prend une couleur de xouilk lorfqu’il eft fec. Il s’en dégage de l’acide marin , que l’on peut obtenir par la diflillation ^ 6c qui 5 fuivant la remarque de Brandt , entraîne avec lui un peu de chaux de fer. M. le Duc d'Ayen , dans un des quatre excellens Mémoires qu’il a donnés à l’Académie fur les combinai- fons des acides avec les métaux ^ a examiné eu d’HiST. NA-t. ET DE C H I M I E. I7; detail ce qui fe pafle dans cette décompofition du fel marin de fer à la cornue. Cette opéra» don lui a fourni des produits très - finguliers ; d’abord un phlegme légèrement acidulé à une chaleur douce , l’acide marin s’eil donc con¬ centré 5 & fon gaz beaucoup plus volatil que Peau , a été en partie fixé par le fer. A une chaleur beaucoup plus forte ^ une partie de cet acide a été enle vée avec un peu de fer ; 8c il s’efl formé quelques criftaux non déliquefcens dans le ballon. Il s’efl fublimé en même tems à la voûte de la cornue des crihaux très-tranfparens g très-légers , Sc en forme de lames de rafoirs 3 qui décompofoient la lumière comme les meil¬ leurs prifmes , Sc offroient de fort belles nuances de rouge, de jaune, de vert Sc de bleu. Il refloic au fond de la cornue un fel üip tique Sc déliquef- cent, d’une couleur brillante &: d’une forme feuil¬ letée , qui refTembloit parfaitement à l’efpèce de mica à grandes lames , qu’on appelle impropre¬ ment talc ou verre de Mofcovie. Ce dernier feî expofé à un feu violent , dans une cornue de grès 3 s’efl décompofé , Sc a fourni une fublimation encore plus étonnante par fa nature que les pre¬ miers produits. C’étoit une matière opaque , vrai¬ ment métallique', qui , examinée au microfeope , préfentoit des criflaiix réguliers ou des tranches de prifmes hexagones , que M, le Duc d'Ayen i’^6 Leçons ÉLéMENXAîEES compare aux carreaux dont on garnit le plan¬ cher des chambres. Ces criftaux ctoient aiiffi brillans que Pacier du poli le plus vifs & Pai- inant les attiroit alTez fortement : c’étoit donc du fer réduit & volatilifé {a). On voit par ces details combien la Chimie eil riche enphcnomcnesringuliers , 8c combien cette belle fcience promet de découvertes à ceux qui voudroient faire des expériences avec toute l’exac¬ titude 8c toute l’étendue que M. le Duc d'Ayen a mifes dans fes recherches. N’oublions pas d’ob- ferver que cette réduétion du fer favorife la doc- trine des gaz 5 8c qu’on en obtiendroit peut-être de femblables de beaucoup d’autres diirolutions inétaPiiques 5 traitées par le même procédé. La dilTolution marine de fer eft décompoféc par Peau de chaux 8l les alkalis, comme toutes les dilToliitions martiales ; mais ces précipités font moins altérés, 8c peuvent fe réduire très- (æ) J’ai, dans mon Cabinet, une mine de fer noir, qui èffre de petites lames très- brillantes, d’une demi -ligne de largeur , dont la forme ap'proche beaucoup des crilîaux obtenus par M. le Duc dAyen. Ce font de petites écailles très-minces, d’un gris de fer très-éclatant, poféesde champ, qui s’entrecroifent en toutes fortes de fens, & qui font dif^ perfées dans un quartz opaque rougeâtre, ou dans une pèce de jafpe greffier. Ce joli morceau vient de Lorraine. hicilement b^Hïst. Nat, et be Chimie. 17'^^ , fadlement , fur-tout ceux qui font produits par ks alkàlis cauûiques. J’ai déjà fait obferver que cette combinaifon fournilToit Féthîops le plus pur par la précipitation. Le foie de foufre , le gaz hépatique ôc le gaz inflammable la déco m- pofent cômme les deux autres. L’eau chargée d’acide crayeux diflbut faci- ‘ lement le fer ; il fufîit pour opérer cette com^ binaifon 5 de mettre de la limaille dans cet ef^ prit acide, Sc de laifler le mélange en diges¬ tion pendant quelques heures. Cette liqueur fil¬ trée a une faveur piquante 8c un peu ftiptique» MM. Lane 8c Rouelle ont reconnu cette pro¬ priété dans l’acide crayeux. M. Bergman^ qui nomme cette combinaifon, fer aëré , dit qu’expo- fée à l’air, elle fe couvre d’une pellicule irîfée; qu’elle efl: décompofable par les alkalis ' purs ; mais que ces fels aërés ôu crayeux n’y opè¬ rent pas le même effet. Cette diflblution ver¬ dit le firop de violettes , 8c donne du bleu de PriifTe avec Falkali phlogiftiqué ; elle pré¬ cipite de Fochre martiale , lorfqu’on, la laifle expofée à Fair, ou lorfqu’on l’évapore. Je penfe qu’on doit lui donner le nom de craie mar¬ tiale. Le fer a beaucoup de tendance pour s’unir à l’acide crayeux. La nature nous le préfente très-fréquemment dans cet état ; les mines . de fer limoneufes , le fer fpathique, paroifTent être Tome IL M ij8 Leçons iLÉMENTAiKES entièrement formés par cette combinaifon. Les eaux minérales ferrugineufes contiennent fouvent le fer dans l’état de craie martiale. Ce fel , féparé de Peau & fec; eft peu foluble dans ce fluide*, mais il fe difTout en grande quantité dans l’efprit d’acide crayeux, dont il fe précipite à mefure qüe l’acide fe volatilife. Le fer fait détonner le nitre. En projettant dans un creufet bien rouge un mélange de par¬ ties égales -de limaille d’acier Sc de nitre bien fec , il s’excite au bout de quelque tems un mou¬ vement très-rapide ; il s’élève du creufet beau¬ coup d’étincelles très-éclatantes. Lorfque la dé- tonnation eft finie, le creufet contient une chaux de fer rougeâtre , dont une petite portion eft combinée avec l’alkali *, en lavant cette matière l’eaü diftbut l’alkali', & la chaux martiale refte fur le filtre. On lui donne le nom de fafran de mars de Zwelfer. Il eft d’un jaune rougeâtre, peu diftbluble dans les acides. L’alkali qu’on en a féparé par le lavage , eft cauftique , fuivant la plupart des Chimiftes , qui penfent que les chaux métalliques agiffent comme la chaux pure fur ce fel chargé d’acide crayeux {a). ÇàyilhMt obfèrver que depuis la théorie de Black lûr la caufticité , on n*a pas fait les expériences nécelTaires pour alTurer cette parité d’adion entre la chaux proprement dite d’Hist. Nat. et de Chimie. 17^ Le fer décompofe très-bien le fel ammoniac. Deux gros de limaille d’acier ^ triturés avec un gros de fel ammoniac , ne lailTent point déga¬ ger de gaz alkalin. M. Bucquet^ qui a diftillé ce mélange à l’appareil pneumato-chimique au mer¬ cure, en a obtenu cinquante-quatre pouces cubes d’un fluide aèriforme , dont moitié étoit du gaz al¬ kalin 5 & l’autre moitié du gaz inflammable. Quatre onces de la meme limaille, deux onces de fel ammoniac, diffillés à la cornue avec un récipient ordinaire, fournilTent environ deux gros d’efp rit alkalin chargé d’un peu de fer, qu’il laifle bien¬ tôt dépofer dans l’état d’ochre. Le réfidu de ces opérations efl: un fel marin martial. La dé- compofition du fel ammoniac par le fer, efl; fon¬ dée fur ce que ce métal s’unit très-bien à l’acide marin ; ce qui efl prouvé par le dégagement du gaz inflammable que l’on obferve dans cette expérience. On prépare en Pharmacie , avec le fel ammoniac & le fer , un médicament que l’on appelle fleurs de fel ammoniac martiales , ou ens martis. On mêle enfemble une livre de fel ammoniac en poudre , &: une once de limaille de fer; on expofe ce mélange dans une terrine recouverte d’un pareil vaiffeau , à un feu capable & les chaux métalliques. On ne peut donc rien dire d’exad: {ut cet objet, avant que rexpérience ait prononcé. Mij ïSo Leçons élémentaires de faire rougir la partie inférieure de cet appa¬ reil. En cinq à fix heures il s’ell: fublimé une matière jaune que l’on conferve dans un fla¬ con ; ce font les fleurs martiales. Cette fubflance eft formée en très-grande partie de fel ammoniac fublimé avec un peu de chaux de fer. Comme ce métal décompofe très-bien le fel ammoniac , il faut n’en employer qu’une petite quantité, afin que la plus grande partie du fel fe fublimé en nature. La portion de chaux martiale, qui efl volatilifée à l’aide de Pacide marin Sc de l’alkali volatil 5 colore le fel ammoniac. La chaux de fer décompofe ce fel mieux que le métal lui-même , puifqu’elle en dégage l’al¬ kali volatil à froid. Celui qu’on en . obtient par la diftillation eft très - fluide Sc alTez cauftique. J’ai eu .de l’alkali volatil qui faifoit une légère èffervefcence avec les acides, en. diftillant le fel ammoniac avec la moitié de fon poids.de fafran de mars apéritif. Dans cette expérience l’acide crayeux dégagé du fer s’eft uni à l’alkali volatil, qu’il a rendu eflfervefcent. Le fer eft altéré par le gaz inflammable ; mais cette altération qui eft bien fenfîble dans la cou¬ leur , n’a pas été examinée dans les autres pro¬ priétés de ce métal. Le foufre fe combine rapidement avec le fen Ün mélange de limaille de fer & de foufre eg b’Hist. Nat. et de Chimie. i8i poudre , hume6lé avec une petite quantité d’eau ^ s’échauffe au bout de quelques heures ; alors il fe gonfle , s’agglutine , abforbe Feau , fe fend avec un bruit ou pétillement fenfiblcj 8c ex¬ hale beaucoup de vapeurs aqueufes accompa¬ gnées d’une odeur hépatique très-manifefle , 8c qui tient un peu de celle du gaz inflammable. Si le mélange efl fait en grande maffe , il s’en¬ flamme en vingt-quatre ou trente heures ^ 8c dè« que les vapeurs aqueufes ont ^effé. Sur la/ fln de Fadion de ces fubflances Fune fur Fautre , la^ chaleur va en augmentant avec beaucoup de rapidité, 8c l’inflammation a bientôt lieu. L’o¬ deur efl alors bien plus exaltée , elle paroît être due à du gaz inflammable produit par la réac¬ tion du foufre 8c du fer. Cette odeur efl mêlée de celle du foie de foufre df de celle du gaz inflammable pur; c’efl fans doute à ce gaz dé¬ gagé en grande quantité qu’éfl due l’inflamma¬ tion qu’on obferve dans cette expérience , puif- que la flamme efl beaucoup plus vive que celle du foufre. Elle s’élève à un pied , fuivant le rapport de M. Baumé^ qui a obfervé ce phé- monène fur un mélange de cent livres de limaille 8c d’autant de foufre en poudre ; elle n’a duré que deux ou trois minutes. Le mélange refla embrafé 8c rouge pendant quarante heures. M, Baumé explique cette inflammation par le M iij iS2 Leçons élémentaires dégagement du phlogiflique du fbufre en feu libre. Lémery le père a donné le nom de vol¬ can artiticiei à cette expérience , di; il a imaginé que les feux qui s’allument dans l’intérieur de notre globe , Sc qui en foulevant fa furface pro- duifent les tremblemens de terre & les volcans, étoient dus à une combullion femblable des pyrites entaffees & humedées. On peut imiter ces terribles effets, fuivant le même Chimiüe, en enfouiffant dans la terre un mélange de foufre en poudre Sc de limaille , réduit en pâte avec l’eau, Sc en le recouvrant de terre que l’on bat fortement. Cette expérience n’a pas réuffi à M. Bucquet^ qui l’a répétée avec beaucoup d’exaditude; Sc depuis les expériences de Priejl» lej y on peut en concevoir la raifon. Ce Phy- Ccien a obfervé que le mélange de fer Sc de foufre humedé abforboit une certaine quantité d’air , qui , fans doute , eft néceffaire pour fon inflammation. Ce dernier fait s’accorde très-bien avec la théorie de M. Lavoifier. En effet il fem- ble que le foufre très-divifé par la réadion du fer humedé, s’empare d’une portion de l’air pur de l’atmofphère , pour paffer à l’état d’acide vh triolique^ alors il diflbut le fer, produit du gaz inflammable qui s’allume par la chaleur vive oc- cafionnée dans le mélange. Aufli on peut retirer du réfidu une grande quantité de vitriol martiaU i jo’Hist. Nat. et de Chimie. 183 Il y a beaucoup d’analogie entre cette coinbi- iiaifon du fer & du foufre par la voie humide , l’efflorefcence des pyrites. Le foufre fe combine très-aifément au fer par la fuiion; il en réfulte une matière pyriteufe dif^ pofée en aiguilles. Comme le foufre augmente ^ beaucoup dans ce cas la fufibiüté du fer , on peut faire fondre fur le champ ce métal à Paide de ce corps combullible. Il faut pour cela faire pafler une petite barre de ce métal rougi à blanc dans un canon de foufre , 8c recevoir dans de Peau la matière fondue qui s’écoule. On retrouve dans ce fluide des globules noirâtres caflans^ fembîables à des pyrites , Sc formés comme elles de petites pyramides très-albngées 8c con¬ centriques. Le fer donne avec Parfenic un alliage aigre cafTant 8c très-peu connû; avec le cobalt il conf- titue un métal mixte à petits grains ferrés , dur 8c très -difficile à caOTer, On préfume qu’il ne s’unit pas au bifmuth. Combiné au régule d’antimoine , il préfente un alliage dur , à petites facettes , que le mar¬ teau n’applatit que légèrement. Le fer a plus d’affinité avec le foufre que n’en a ce régule; il eft conféquemment fufceptible de décompofer Pantimoine. On fait rougir dans un creufet cinq onces de pointes de clous de Maréchal , on y M iv 184 LeÇOMS ELéMENTAîRÊS Jette une livre d’antimoine concafle; on donne promptement un bon coup de feu, afin de faire fondre le mélange ; lorfqu’il eü bien fondu, on projette une once de nitre en poudre, pour fa¬ ciliter par une bonne fulian la fépàràtion des fcories d’avec le régule ; on lailTe refroidir le mélange , Sc on trouve dans le creufet un ré¬ gule d’antimoine qui ne contient pas de fer. Sî Ton a employé une partie de fer fur deux d’ai> timoiiie , le régule fera martial. Les fcories que l’on trouve au-deiïus de ce dernier régule pré¬ paré avec le nitre Sc le tartre , ont une couleur jaunâtre femblable à celle du fuccin. Stahl les a nommées , à caufe de cela , fcories fuccinées. Il prefcrit de les réduire en poudre , de les faire bouillir dans l’eau; ce fluide en entraîne la partie la plus divifée, on la décante, on la filtre, Sa on fait détonner trois fois avec le nitre la pou¬ dre qu’elle a lai (fée fur le filtre. On la lave, on la fait fécher ; c’çü le fafran de mars antimonié apéritif de StàaL Il efl encore incertain fi le zinc peut s’unir avec îe fer, M. Malouin , dans fon Mémoire fur le zinc ( Académie , ij/jz ) a fait voir que ce demi- métal pouvait s’appliquer , comme Pétain , à la furface du fer, & la défendre du contad de l’air , ce qui indique que ces deux matières métalliques fcnî fufceptibies de fe combiner» d’Hist. Nat. et de Chimie. iSj II paroît que le nickel s’allie très-intimement au fer, puifqu’on ne peut jamais féparer entière¬ ment ces deux fubüances métalliques , comme l’a démontré M. Arvidfon. Le mercure ne contrade aucune union avec le fer dans fon état métallique. ‘ On a tenté en vain d’unir ces deux métaux immédiatement ; mais on y eft parvenu en les préfentant l’un à > l’autre dans l’état de chaux. M. Navier a obfer- vé qu’on obtenoit un précipité neigeux blan¬ châtre en mêlant une dilToiution de fer & de mercure par l’acide vitriolique ; Sc en évaporant le mélange , il fe forme dans cette opération des petits criilaux plats très-légers & fei^iblables an fel fédatif ; M. Navier s’ell alluré que ces crif- taux font une combinaifon de fer & de mer¬ cure. Le plomb ne peut contraéler aucune union avec le fer. On ne fait fi le fer & l’étain peuvent s’unir par la fulîon. L’art qui conlîlle à enduire la fur- ^ face du fer d’une couche d’étain , ou la prépa¬ ration du fer-blanc , femble indiquer que cette combinaifon a lieu comme nous allons le voir* Pour étamer le fer , il faut que la furface de ce métal foit très-propre & brillante ; pour cela, on le décape avec un acide, ou avec la lime, ou avec le fel ammoniac : on le plonge enfuite verticale- i86 Leçons élémentaires ment dans une chaudière pleine d’étain fondu-, on le retourne afin de multiplier le contaél; de lorfqu’il efl affez étamé, on le retire Sc on le frotte avec de la fciure de bois ou du fon , pour enlever le fuif ou la poix dont on avoit recouvert Pétain fondu , Sc qui s’eft appliqué à la furface du fer étamé. Si l’on étame le fer, réduit en lames minces comme la tôle , l’étain ne s’appliquera pas feulement à fa furface ^ mais il pénétrera dans fon intérieur , il fe combinera à toutes fes par¬ ties ; en le coupant , on obfervera la même couleur blanche dans fon milieu qu’à fa furface ; ce qui indique que le fer-blanc bien fait efl: une vraie combinaifon chimique. D’ailleurs , il efl plus malléable que le fer, & l’on en fabrique des vaiffeaux d’une forme qu’il feroit impolTible de faire prendre par le marteau à ce métal pur. Les grands ufages du fer font fi étendus, Sc d’ailleurs fi connus , qu’il feroit inutile d’y infifler : il efl feulement important de favoîr qu’aucun art ne peut abfolument s’en pafler , Sc qu’il efl l’ame de tous les arts , comme le dît M. Mac- quer. Les différentes modifications qu’il efl fuf- ceptible de prendre , le rendent très-propre à la multiplicité des ufages divers auxquels on le defline. La fonte fert à couler des uflenfiles plus ou moins folides, plus ou moins réfiflans fuivant d’Hist. Nat. et de Chimie. ï87 îe befoin. La dureté 8c la ténacité des différentes efpèces de fer forgé s’accordent très-bien avec les ufages variés auxquels on l’applique. II en eft de même des aciers * la fineiTe du grain & la trempe en conllituent de beaucoup d’efpèces, qui toutes^ trouvent leur application dans une infinité d’arts différens où elles conviennent. Les chaux de fer fervent à colorer en rouge ou en brun les por¬ celaines 5 les faïences , les émaux , Scc. On les emploie auffi dans la préparation des pierres pré- cieufes artificielles , 8c on les combine avec l’huile pour la peinture. Le fer fournit h la Médecine un remède impor¬ tant 8c auquel elle doit foiivent les plus grands fuccès. C’eft le feul métal qui n’ait rien de nuifible , 8c dont on ne puiffe pas redouter les effets. Il a même , comme nous l’avons vu , une telle analogie avec les matières organiques, qu’il femble en faire partie, 8c devoir fouvent fa produétion au travail de la vie , ou à celui de la végétation ; les effets du fer fur l’économie animale , font affez mul¬ tipliés. Il flimule les fibres des vifcères membra¬ neux , 8c paroît agir fpéciaiement fur celles des mufcles dont il augmente le ton. Il fortifie les nerfs 8c donne à la machine affoiblie une force 8c une vig(ieur remarquables. Il excite plufieurs fecrétions , fur-tout celle des urines. 8c celles qui fe font par une évacuation du fang. Il provoque lïB8 Leçons élémentaires les hémorragies naturelles, comme le fiux menf- îruel , Sc les hémorroïdes. Il augmente 8c mul¬ tiplie les contrarions du cœur , & par confé- quent la force Sc la vîteffe du pouls> H n^agk pas avec moins d’énergie fur les fluides. Il palFe facilement dans les voies de la circulatio'n , Si va fe combiner au fang auquel il donne de la denfité, de la confiflance, de la couleur, Sc qu’il rend plus concrefcible ; il lui communique en mêmè-tems une adivité telle qu’il palTe facile¬ ment dans les plus petits vaifleaux , qu’il flimule lui-même les parois des canaux qui le renfer¬ ment , Sc qu’il porte par-tout la force Sc la vie. Les belles expériences de M. Menghini. publiées dans les Mémoires de l’Inflitut de Bologne, ont prouvé que le fang des perfonnes qui font ufage du fer efl plus coloré Sc contient une plus grande quantité de ce métal qu’il n’en contient naturel îement. M. Lorry y qui a porté dans l’exercice de la Médecine cette fineffe d’obfervaiion , Sc ces grands apperçus qui caradérifent le fa- vant profond Sc le Médecin Philofophe , a vu lès urines d’un malade auquel il adminillroit le fer très-divifé , fe colorer manifeflement avec la noix de galle. Ce métal efl donc tonique, for tifiant , flomachique, diurétique, altérant, incifîf , Sc on trouve réunies dans fon adion les propriétés d’un gland nombre de médicamens. Il reflerre î).^HisT. Nat. et de Chimie. iSp ks fibres comme les afiriogens il en augmente r-efcillation , &: il a: fur beaucoup d’autres remèdes qui jouiffent de là même vertu, l’avantage d’être plus confiant ôc plus durable dans fes effets, parce qu’il fe combine aux organes eux -mêmes, par le moyen des fluides qui fervent à leur nutrition» Il convient donc dans tous les cas où les fibres des vifcères, celles des mufcles Sc même celles dés nerfs, n’ont qu’une adiontrès-foible; dans la langueur de l’eftomac Sc l’inertie des intefiins , dans les foibleffes produites par ces caufes ; enfin dans tous les cas où les fluides font peu çonfifians , peu concrefcibles , trop délayés , comme dans les pâles couleurs, la propenfion Ù J’Jiydropifîe., &0. On l’emploie fous beaucoup de formes; différentes ; tels font la limaille por*- pfeyrifée , l’éthiops maitial , des fafo de mars afiringent Sc apéritif, la teinture martiale alka- Une de StaàJ.l les ' fleurs dê fel ammoniac mar¬ tiales, &c. Pefit-ltre pourroit-on ajouter à ces mé. dicamehs de fer précipité des acides Sc rediffous par l’alkali voktil,;.;Jefel fédatif martial, le bleu de PmflTe propofé par MM^ des Ghimifles de l’Académie de .Pijon;, &:c. On fe fert à l’exté¬ rieur du vitripl martial, pour arrêter les hémor¬ ragies, &c. ’i t Le fer jouiflfant de la propriété magnétique, ou l’aimant artificiel , produit aufïï des effets très- ïpo Leçons êlémenta^ires finguliers fur réçonomie animale. Appliqué fur la peau, il calme les douleurs , il appaife les cohvulfîons, il excite de la rougeur, de la fueur, fouvent même une éruption de petits boutons ; il paroît auffi rendre moins fréqiiens les accès épileptiques. Laiffé dans de Teau pendant douze heures , on aflTure qu’il communique 'à ce fluide la propriété purgative. Quoique tous ces faits demandent à être confirmés par des expériences multipliées , on ne peut douter que l’aimant ait des vertus bien fenfîbles. Tkouret^ Médecin de la' Faculté de Paris Sc. de la Société Royale de Médecine , a communiqué dans le premier Volume dé l’Hiftoire de cette dernière Compa¬ gnie, une belle obfervation relative à cet objet. Un malade à Rouen-, promenoit-une douleur fixée dans les differentes branches de la feptième paire de nerfs qui ïe répandent fur la joue , en conduifant un aimant dans lés differentes parties de cette région; la peau -Fehibloît venir au-devant de l’aimant. Saris d^üte 'que de nou¬ velles obfervations viendrônt à' Pappui dé ces découvertes , de éclaireront du flariibêau de la Phyfîque, une partie que quelques perfonnes ont voulu rendre plus piejuarite , en la couvrant du voile du myftère. ^ . ©’HrsT. Nat. ei^^de Chimie. îÿt ,1'. ,., ' - — - - s. LEÇON XXXI Xo Sorte X I r. Cuivre. T J E cuivre efl un métal imparfait, d’une cou¬ leur rouge affez brillante , auquel les Alchimifles ont donné le nom de Vénus. Il a une odeui; défagréable qui fe manifefle lorfqü’on le frotte ou qu’on le chauffe ; fa faveur eft ftiptique Sc nauféabonde, moins fenfible cependant que celle du fer. Ce métal eff dur, très - élaflique & très* fonore. Il jouit d’un affez grand degré de duc¬ tilité ; on le réduit en feuilles très-minces 8c eu fils très-tenus. Il perd entre un huitième 8c un neuvième de fon poids à la balance hydrof- tatique. Sa ténacité eft telle , qu’un fil de cuivre d’un dixième de pouce de diamètre peut foute?* nir un poids de deux cens quatre-vingt-dix- neuf livres un quart avant de fe rompre. Sa caffure paroît compofée de petits grains. Il ell fufceptible de prendre une forme régulière* M. l’Abbé Monge^ définit fes criftaux des py¬ ramides quadrangulaires , tantôt folides , tantôt ^ compofées d’autres petites pyramides femblabies implantées latéralement. Le cuivre fe trouve dans la terre en diffe% t$2 Leçons Ïl ê m e n.tai k e.s rens états. Ses mines font irès»multipliées ; oit peut les rapporter toutes aux fuivames. Le cuivre natif, ayant la couleur rouge 5 Ja malléabilité & toutes les autres propriétés de ce métal. On le diffingue en deux efpèces ; le cuivre de première formation , & le cuivre de fécondé formation ou de cémentation^ Le cui¬ vre de première formation eiî difperfé en lames ou .en- filets , dans, une gangue prefque toujours quartzeufe. II. y en à d-ont les criilaux imitent une -efpecè de végétation |;d^autres écliantillons font. -en mafré’&- en grains. Le cuivre de cé¬ mentation eft ordinairement en grains ou en la¬ mes fuperfîcieiies fur les .pierres ou fur le fer ; ce dernier- paroît,. .avoir,, ité 'dépofé dans des eaux 'chargées , de vitriol de cuivre., -qui ont été précipitées par diiLer. On trouve le. cuivre na¬ tif en pîufieiirs endroits de l’Europe ; à Saint- Bel dans le Lyonnois , à Morgberg-en Suède , à Newfobén Hongrie 3 Sc dans- plufîeurs contrées de- rAmérique, .... ‘,- a®. Le cuivre., .rouge ; il eft recônnoiffable à fa couleur rouge,' fombre , femblable â celle des, écailles, qui fe détachent du cuivre ro-ügi au feu 5 lorfqu’on le bat fous.- le marteau. M. Mo/z-^ net regarde cette mine comme une chaux d© cuivre naturelle. Elle eft ordinairement, mêlée de cuivre natif & de Vert de montagne. Elle eft aiïez b’Hist. Nat. et de Chimie, ipj aiTez rare , quelquefois criRallifée en odaëdres ^ ou en fibres foyeufes nommées fleurs de cuivre- 3°. Le cuivre terreux , le vert de montagne ou chryfocolle verte. Cette mine efl une véri¬ table ochre de cuivre , d\m vert plus ou moins fombre , aflez légère , inégalement diflribuée dans fa gangue. Elle efl quelquefois fort pure : on en diflingue trois variétés. Variétés. I. Le vert de montagne fimplê , terreux ou Impur. Z» Le vert de montagne crlflallifé ou cuivre (byeux de la Chine 5 cette etpèce , qui efl aflèz commune dans les Votges & au Hartz , (h trouve aufli en Chine j elle efl très - pure & criflallifée en longs faifleaux Ibyeux aflèz folides, 3. Le vert de montagne en fialadites , ou la malan chîte J cette (ùbftance , qu’on trouve aflèz fré¬ quemment en Sibérie, efl compofée de couches qui reprélèntent des mammelons plus ou moins gros ; quelques échantillons font formés d’ai- guilies convergentes vers un centre commun. Les différentes couches n’ont pas les mêmes nuances de vert. La malachite efl aflèz dure pour recevoir un beau poli 5 aufli en fabrique -t- on différens bijoux, 4.°. Le bleu de montagne ou chryfocolle bleue ; c’efl une ^haux de cuivre 1 d’une couleur bleue foncée 3 elle efl quelquefoi^foAs forme Tomg 11^ N îj>4 Leçons êlémentaîkb^ régulière , & en criftaux prirmatiques rhomboï- daux , d’un très-beau bleu. On lui donne alors le nom d’azur de cuivre ; d’autres fois elle pré¬ fente des petits grains dcpofés dans les cavités de différentes gangues , Sc fur-tout dans du quartz. Le plus fou vent elle forme des couches fuper- ficielles dans des cavités de mines de cuivre gri- fes Sc jaunes. îl paroît que toutes ces chaux de cuivre ont été précipitées des diffolutions vi- trioliques cuivreufes , par l’intermède des terres calcaires à travers defquelles coulent ces eaux. M. Sage regarde ces mines de cuivre bleues , comme des combinaifons de cuivre avec l’alkali volatil ; il dit qu’elles n’en diffèrent que par l’infolubilité. Il croit que la malachite n’efl qu’une altération de ce bleu qu’il appelle mine de cui- vre azurée tranfparente. 5*°. Le cuivre uni au foufre ; la mine de cui¬ vre jaune ou pyrite cuivreufe ; car les Natura- lilles emploient indiüinélement ce nom. Cepen¬ dant dans l’ufage des Mineurs , on appelle mines de cuivre tous les échantillons de cuivre uni au foufre , qui font affez riches en métal pour pou¬ voir être exploités avec avantage ; Sc on réferve le nom de pyrites aux échantillons qui con¬ tiennent une grande quantité de foufre Sc peu de métal. Les mines de cuivre riches font ordi- nairemefit d’une couleur jaune brillante , tirant d’Hîst. Nat, et be Chimie. ïpj, plus ou moins fur le rouge ou fur le vert. Elles forment dans la terre des filons plus ou moins confidérables. Quelquefois ce cuivre eft maffif 8c fombre ; fouvent il paroît écailleux & comme micacé. Telle eif la forme des mines de cuivre de Dannen:iarck , de Norwege, de Suède, de Sainte-Marie-aux-Mines. D’autres fois cette mine efl difféminée dans fa gangue comme le cuivre d’AIface ; on la nomme alors mine de cuivre tigrée : cette variété efl mêlée d’un peu d’azur * fouvent les mines de cuivre préfentent à leur fuperfrcie des couleurs très-brillantes , bleues ou violettes , qui font dues à la décompofition de leurs principes. Si ces couleurs ne font qu’à la furface*, on les nomme mines de cuivre cha~ toyantes , azurées , ou mines à queue de paon ; mais fi la couleur pénètre plus ou moins dans l’intérieur , on les appelle mines de cuivre vi- treufes blanches ou violettes. Elles contiennent ordinairement une grande quantité de foufre , un peu de fer , & ne font pas fort riches en cui¬ vre. Lorfque ces fortes de mines ne font que fuperficieliement dilTéininées fur leur gangue , on les appelle pyrites j telles font les mines du Comté de Derbi en Angleterre, quelques-unes de celles de Saint-Bel dans le Lyonnois 8c plu- iieurs mines d’AIface , comme celles de Cau- lenbach 8c de Feldens * d’ailleurs elles fe trou- N ij Leçons 11 ïmen tairez vent adhérentes à toutes fortes de gangues ^ àn criftal de roche j au quartz ^ au fpath ^ au ^chiite , au mica 5 &c. La mine de cuivre grife ^ ou le Faklert^ des 'Allemands ^ eft une combinaifon du foufre & de Farfenic avec le cuivre 5 le fer Sc Fargenu Elle reffemble beaucoup à la mine d^argent grife ; elle eft feulement un peu moins brillante ^ ëc n’en diffère réellement que parce qu’elle con¬ tient moins d’argent qu’elle. M. Rome de Lijle diftingue encore une mine de cuivre blanche , qui contient 3 fuivant lui , un peu plus d’argent que la grife ; mais c’eft une vraie mine d’argent. 7®. La mine de cuivre hépatique ou brune. Ç’eft une combinaifon de fer ^ de foufré & de cuivre. M. Romé de Lijle la regarde comme une mine de cuivre grife altérée 3 Sc qui a perdu l’arfenic avec une partie de fon foufre. Il ob- ferve qu’il faut bien la diftinguer de la faufle mine de cuivre hépatique 3 qu’il dit n’être autre chofe qu’une mine de fer brune 3 qui ne contient prefque pas de cuivre. 8^. La mine de cuivre noire ou couleur de poix. M. Gellert l’appelle mine de cuivre en fcories ; c’eft un réfidu de la décompofîtion des mines de cuivre jaunes Sc grifes , qui ne con¬ tient ni foufre ni arfenic, & qui fe rapproche de l’état de la malachite. d’Hist# Nat. et de Chimie. ip7 Pour faire l’eiïaî d’une mine de cuivre, U faut après l’avoir pilée 8c lavée , la foumettre à de longs 8c forts grillages , 8c la fondre avec quatre fois fon poids de flux noir 8c du fel marin. On prend le culot , qui fouvent eft encore noirci par un relie de foufre , on le fond avec quatre parties de plomb , 8c on le pafTe à la coupelle , pour réparer l’argent 8c l’or qui pourroient s’y trouver 5 parce qu’il ellpeu de cuivre qui ne con¬ tienne une certaine quantité de ces métaux pré¬ cieux. Dans le travail en grand qu’on fait fubir aux mines de cuivre, on les pÜe 8c on les lave ; après quoi on les grille d’abord à l’air, 8c prefque fans bois , parce que dès que le foufre qu’elles contiennent a commencé à s’allumer , il con¬ tinue de brûler de lui-même. Lorfqu’il s’efl éteint , on grille de nouveau , 8c même deux fois de fuite la mine fur du bois après quoi on la fond à travers les charbons pour avoir ce qu’on nomme matte de cuivre. C’efl la mine qui n’a perdu encore qu’une portion du foufre qu’elle contenoit. La fufion qu’on lui fait fubir fert à faire préfenter au métal de nouvelles fur- faces , afin qu’il puilTe être grillé plus facile¬ ment. On lui fait éprouver fix ou fept grillages , fuivant la quantité de foufre que contient la mine , & on la fond enfuite pour avoir le cui- Niij 'i|)8 Leçons éLÉMENTAî^ss vre noir. Ce cuivre efl malléable ; il eft cepen¬ dant encore uni à un relie de foufre , qu’on n’en fépare qu’en retirant les métaux parfaits qu’i! contient. On fond le cuivre noir avec trois fois autant de plomb 5 ce qu’on appelle rafraîchif- fement du cuivre ^ on moule ce mélange fous la forme de pains 3 qu’on nomme pains de liquation. On les pofe de champ fur deux plaques de fer inclinées de manière qu’elles laif- fent entr’elles une rigole. Ces plaques terminent le delTus du fourneau de liquation , dont le foi ell iiicliné vers le devant. Le feu mis au-delTous des plaques échauffe les pains; le plomb fe fond Sc tombe fous les charbons, en entraînant l’ar¬ gent Si l’or , qui ont plus d’affinité avec lui qu’ils n’en ont avec le cuivre. Après cette opération ^ qu’on nomme liquation , les pains fe trouvent con~ fidérablement diminués , tous déformés. On les expofe à un feu plus fort, Sc tel que le cuivre com¬ mence à fondre pour en féparer exaélement tout le plomb ; cette troifième opération s’appelle ref- fuage. Le plomb chargé des métaux parfaits ef! porté à la coupelle. A l’égard du cuivre , on le raffine en le faifant fondre dans un creufet , Sc on Fy laiffe un tems ffiffifant pour qu’il piiiffe rejeter fous la forme d’écume tout ce qu’il conîenoit d’étranger. On l’effaie en y trempant des verges de fer qui fe recouvrent d’un peu dexuivre 5 & B^HiST. Nat. et de Chimie. 199 c’elî à la coLiîeur ronge plus ou moins éclatante qu’on juge de fa pureté. On coule le cuivre raf¬ finé en plaques , ou on le fépare en rofettes. Pour former une rofette^ on enlève avec foin les fcories qui couvrent îe cuivre en fufion ; on lailTe enfiiite figer la furface du métal j lorf- qu’elle n’efl plus fluide^ on applique delTiis un balai humide ; l’impreffion du froid le fait ref* ferrer; la portion qui s’efl . congelée fe détache non-feulement des bords du creufet , mais du refie du métal fondu , Sc on Fenleve avec des pinces. On continue de débiter ainfi en rofeites la plus grande partie du cuivre contenu dans le creufet. La portion qui refie au fond fe nomme le roi. Les pyrites de cuivre qui contiennent peu de métal 5 ne s’exploitent que pour en tirer du fou- fre Sl du vitriol. On les grille Sc on les diflille pour en féparer le foufre. Pendant le grillage , une portion d’acide vitriolique réagit fur le mé¬ tal , le diiïbut Sc commence à former du vi¬ triol. Les pyrites grillées font enfuite expofées à l’air, Sc lorfque la vitriolifation eft achevée, on leifive les pyrites effleuries, on filtre la lef- five , Sc on obtient par l’évaporation Sc la crif- îallifation un fel bleu rhomboïdal , nommé vi¬ triol de cuivre , vitriol bleu , couperofe bleue ou vitriol de Chypre. Nous en parlerons en N iv îâOO LEÇÔyrS II EMEN TAISES examinant les combînaifons de ce métal. Le cuivre expofé au feu prend des couleurs à peu près comme l’acier ; il devient bleu , jaune, &: enfin violet. Il ne fe fond que lorf- qu’il efl: bien rouge. Quand il efi en belle fu- fion , il paroît recouvert d’une flamme verte ; il bout & peut fe volatilifer , comme on l’ob- ferve dans les cheminées des Fondeurs. On trouve aufli dans les creufets où on l’a fait fon¬ dre , des fleurs de cuivre. Si l’on jette ce mé¬ tal en limaille fine à travers les flammes , il leur donne une couleur bleue Sc verte 5 on s’en fert dans l’artifice , à caufe de cette propriété. Si on laifle refroidir lentement ce métal fondu , & fi, lorfque fa furface fe fige , on décante la por¬ tion qui efl; encore fluide , celle qui adhère aux parois du creufet ou du têt à rôtir employé dans cette expérience , fe trouve criflallifée en pyramides d’autant plus régulières Sc volumi- neufes, que le métal a été en fufion plus com¬ plète , Sc que fon refroidiflement a été plus ménagé. Le cuivre chauffe avec le concours de Pair, brûle à fa furface Sc fe change en une chaux d’un rouge noirâtre. On obtient aifément cette chaux en faifant rougir une lame de cuivre, Sc en la frappant enfuite avec un marteau ; elle s’échappe fous la forme d’écailles. La même b’Hist. Nat. et be Chimie. 201 cliofe a lieu , fi après avoir fait rougir une lame de cuivre , 011 la trempe dans l’eau froide ; le refierrement fubit des parties du métal facilite ïa féparatiçn de la portion de chaux qui en couvre la furface. Cette chaux tombe au fond de l’eau ; on la nomme écailles ou battitures de cuivre. Comme cette chaux n’eft pas parfaite¬ ment brûlée , on peut la calciner de nouveau fous la mouffle d’un fourneau de coupelle; elle prend alors une couleur rouge brune afiez fon¬ cée; pouflee à un feu violent, elle fe fond en* un verre noirâtre ou d’un brun marron. La chaux de cuivre peut être décompofée Sc privée de l’air qui lui ôte fes propriétés métalliques , par les corps combufiibles végétaux ou animaux. Les battitures font rédudibles en partie par elles- mêmes , puifque les Fondeurs qui les achètent des Chaudronniers 5 fe contentent de les jeter dans de grands creufets fur du cuivre fondu , avec lequel elles s’incorporent en entrant en fu- fion. Ils fui vent le même procédé pour fondre la limaille. L’air attaque le cuivre d’autant plus facile¬ ment que ce fluide eft plus chargé d’humidité Sc plus altéré ; il le convertit en une rouille ou chaux verte qui paroit avoir quelques qualités falines, car elle a de la faveur, Sc elle efl atta¬ quée par l’eau ; c’eft pour cela que les anciens S02 Leçons élémentaires Ghimifles adraettoient un fel dans le cuivre. Cette rouille a cela de remarquable , qu’elle u’attaque jamais que la furface du cuivre 5 Sc qu’elle femble même fervir à la confervation de Finiérieur des maffes de ce métal, comme on peut en juger par les médailles 8c par les lia- tues antiques, qui fe confervent très-bien fous l’enduit de rouille qui les couvre. Les Anti¬ quaires appellent cette croûte Patine^ 8c ils en font beaucoup de cas , parce qu’elle attelle la vétuRé des pièces qui en font recouvertes. L’eau ne paroît pas attaquer le cuivre , à moins qu’elle ne foit réduite en vapeur; c’efl pour cela qu’il efl plus dangereux de laifTer refroidir des liqueurs dans les vaififeaux de cuivre , que de les y faire bouillir , parce que tant que la liqueur efl bouillante 8c le vafe chaud, la vapeur aqiieufe ne s’attache point à fa furface ; il en arrive tout autrement lorfque le vafe efl froid. Le cuivre ne s’unit point aux matières ter- reufes; fa chaux facilite leur fufion 8c forme avec elles des verres verdâtres. La’ chaux 8c la magnéfie n’ont point une ac¬ tion marquée fur le cuivre , 8c l’on n’a point fuivi les altérations que ces fubflances font ca¬ pables de lui faire éprouver. Les alkalis fixes cauftiques mis en digeflion à froid avec la limaille de cuivre , prennent au b’Hist. Nat. et de Chimie. 203 bout de quelque tems une couleur bleue très- légère; le cuivre fe couvre d\ine poufTière de la même couleur. Ces dilTolutions s’opèrent mieux à froid qu’à chaud , fuivant M. Monnet, II, eft cependant eflentîel d’obferver que ce Chi- mifle a fait ces combinaifons avec le tartre crayeux , & non avec l’alkali fixe pur ; ce der¬ nier auroit fans doute beaucoup plus d’aélion fur le cuivre. L’alkali volatil diflbut beaucoup plus rapide¬ ment ce métal. Ce fel mis en digefiion fur la limaille de cuivre , fe colore au bout de quel¬ ques heures en un bleu foncé de la plus grande beauté; il ne diffbut cependant que très -peu de cuivre. J’ai obfervé les phénomènes de cette dilTolution pendant un an. J’ai mis dans un petit flacon de l’alkali' volatil cauflique fur de la li¬ maille de cuivre ; au bout de quelques mois la furface de ce métal étoit couverte d’une chaux bleue, les parois du flacon étoient enduites d’une chaux d’un bleu pâle, & la partie inférieure du flacon qui contenoit le cuivre, offroit à la furface du verre une chaux brune dont le haut étoit jaunâtre. Cette liqueur perd entièrement fa couleur lorfqu’elle eft renfermée ; il fuifit de déboucher le flacon pour la faire reparoître ; elle ne préfente ce phénomène, d’une manière bien marquée ^ que dans les commencemens 'â04 Leçons élémentaires îorfqu’elle efl décantée de delTus le cuivre. Sî la diffblution efl ancienne , Sa fi elle contient encore le cuivre, fa couleur efl d’un beau bleu, quoique dans des vaifTeaux fermés ; cependant en l’expofant à Pair , elle fe fonce davantage. Lorfqu’on évapore lentement cette difTolution à l’aide du feu , la plus grande partie de l’alkali volatil fe difîipe , une portion refie fixée avec la chaux de ce métal , Sc fe dépofe en criflaux mous , ainfi que l’a obfervé M. Monnet, M. Sage afTure qu’on peut en obtenir de très-beaux crif- taux par une évaporation lente 5 il les compare à l’azur de cuivre naturel. Cependant ce der-^ nier ne donne pas d’alkali volatil lorfqu’on le chauffe ; il n’efl pas diffoluble dans l’eau ; il ne s’effleurit point à l’air , comme celui qui efl pré¬ paré par l’art. M* Baumé dit que ce compofé forme des criflaux très-brillans d’un très-beau bleu. Cette difTolution expofée à l’air fe defsèche afTez vite , & laifTe une matière d’un vert de pré qui n’efl qu’une chaux de cuivre. M. Sage croit que c’efl là l’origine de la malachite. Si on verfe un acide dans la difTolution de cuivre par l’ai- kali volatil, il ne s’y forme point de précipité, mais la couleur bleue difparoît totalement & fe change en un vert pâle très-léger. Ce phéno¬ mène qui a été obfervé par MM. Fou Sc Mon- net , indique qu’il n’y a que très-peu de chaux d’Hist. Nat. et de Chimie. 205* de cuivre dans Falkali volatil , 8c qu’elle eft re- dilToute par l’acide ou par le fel ammoniacal formé par l’addition de l’acide. On peut ce¬ pendant faire reparoître la couleur bleue , en ajoutant de Falkali volatil dans le mélange. La chaux de cuivre faite par le feu , Sc toutes les autres chaux de ce métal fe diflblvent fur le champ dans Falkali volatil pur, 8c ce fel peut fe charger par ce procédé d’une bonne quan¬ tité de ce métal. Il prend fur le champ la plus belle couleur bleue; c’ell pour cela qu’on Fa propofé comme une pierre de touche , pour reconnoître la plus petite portion de cuivre dans toutes les matières dans lefquelles on foupçonne fon exillence. L’acide vitrfolique n’agit fur le cuivre qu’au- tant qu’il ell concentré 8c bouillant ; il fe dé¬ gage beaucoup de gaz fulfureux pendant la dif- folution. Lorfqu’elle ell achevée , on trouve une matière brune en bouillie qui contient de la chaux de cuivre , 8c une portion de cette chaux combinée avec l’acide vitriolique. En la leffi- vant 8c en filtrant la lelTive , on a une dilTolu- tion bleue; fi 011 la fait évaporer à un certain point , & fi on la laiffe refroidir , elle fournit des crillaux rhomboïdaux alongés , d’une belle couleur bleue , qu’on appelle vitriol de cuivre. Si au lieu de faire évaporer cette dilTolution, oii 2.o6 Leçons élémentaires î? laiffe long-tems expofée à Tair, elle donne des criilaux; mais il s’en précipite une chaux verte, couleur que prennent toutes les chaux de cuivre formées ou féchées à l’air. Le vitriol de cuivre a une faveur fhptique très-forte; elle va même jufqu’à la cauftîcité. Lorfqu’on l’expofe au feu, il fe fond très-vite ; il perd fon eau de criüal- lifation , & devient d’un blanc bleuâtre. Il faut une chaleur très-forte pour en féparer l’acide vitriolique , qui adhère beaucoup plus au cui¬ vre qu’au fer. 'Le vitriol de cuivre eft décom- pofé par la magnéfîe Sc par la chaux; le pré¬ cipité formé par ces deux fubhances, eh d’un blanc bleuâtre ; fi on le sèche à l’air , il devient vert : voilà pourquoi quelques Chimihes difent que les précipités de vitriol de ciîivre font verts. Il en eh abfolument de même de ceux que l’on obtient par les alkalis fixes dans difierens états ; ils font d’abord bleuâtres & prennent une cou¬ leur verte en fe féchant : peut-être efi-ce ainfi que fe forme le vert de montagne. Il efi; elTen- tiel d’obferver que lorfqu’on précipite du vitriol de cuivre par la diiïblution du tartre crayeux, il ne s’excite pas d’effervefcence ; ce qui indique que l’acide crayeux s’unit très -bien aux chaux de cuivre ; phénomène que ne préfentent pas toutes les diflblutions métalliques. L’alkali vo¬ latil précipite de même en blanc bleuâtre la d’Hîst. Nat. et de Chimie. 207 tliffbluiion de vitriol de cuivre ; mais le mélange prend bientôt une couleur bleue très - foncée , parce que i’alkali volatil diffbut à mefure le cuivre précipité; il ne faut même que très-peu de ce fel pour redilToudre toute la chaux de cuivre féparée de l’acide vitriolique. L’acide nitreux dilTout le -cuivre à froid avec rapidité. Il fe dégage de cette diiïblution beau¬ coup de gaz nitreux très-rutilant. C’eÜ un moyen que M. Priejîley a employé pour -obtenir ce gaz très-fort. Une portion de ce métal , réduite à l’état de chaux , fe précipite en poudre brune ; on la fépare par le liltre. La diiïblution filtrée efi d’un bleu beaucoup plus foncé que celle par l’acide vitriolique ; ce qui indique que le cuivre y efi mieux calciné. Si on l’évapore avec pré¬ caution , elle crifiallife par le refroidifiement, M. Macquer efi un des premiers Chimifies qui aient reconnu cette propriété, dans fon Mémoire fur la diflblubilité des fels dans l’efprit de vin. Si fes crifiaux fe forment très-lentement, ils offrent des parallélogrammes allongés ; s’ils fe dépofent plus vite, ils font en prifmes hexaèdres dont la pointe efi obtufe , irrégulière , & qui imitent des faifceaux d’aiguilles divergentes ; enfin , fi on évapore trop fortement cette difiblution , elle ne donne qu’un magma fans forme régulière : c’eft fans doute ce qui a fait dire à quelques S08 LeÇOÎ-^S ÉLÉM en TAXEES Chimifles que cette diiTolution n’étoit point fuf- ceptible de cridallifer. Le nitre cuivreux eft d’un bleu très-éclatant ; il a une faveur tellement cauC* tique 5 qu’il pourroit être employé pour ronger les excroiiïances qui viennent fur la peau. Il fe fond, fuivant M. Sage^ à une température de vingt degrés du thermomètre de Réaumur. Il détonne fur les charbons ardens ; mais comme il contient beaucoup d’eau, ce phénomène n’eft que peu fenfîble. Lorfqu’on le fond dans un creufet , il exhale beaucoup de vapeurs nitreufes, qu’on peut recueillir en le dilhllant; quand il eft defte- ché , fa couleur eft verte; en le chauffant davan¬ tage il devient brun ; ce n eft plus alors qu’une chaux de cuivre. Je l’ai diftillé à l’appareil pneu- mato-chimique , il m’a donné beaucoup de gaz nitreux , un peu d’acide crayeux , pas un atome d’air pur, il a été réduit par cette opération à l’état d’une chaux brune. Le nitre de cuivre attire l’humidité de l’air. On peut cependant le conferver long-tems dans des vaifTeaux fermés. Il fe couvre à l’air chaud & fec, d’une effloret cence verte. Il eft très-diftbluble dans l’eau, 6c un peu plus dans Feau chaude que dans la froide, La diftblution expofée à l’air dans des vaifTeaux plats , ou évaporée rapidement dans un tems fec Sc chaud , laiffe une chaux verte , comme le font les criftaux de ce fel dans les mêmes circonL- tances» d’Hîst« Nat. et de Chimie. 2op tances. Eile eft précipitée par la chaux en bleu pâle; par les alkalis fixes en blanc bleuâtre; par Falkali volatil en flocons d’une même couleur , qui fe diflblvent très-vite, Sc donnent un bleu foncé très-brillant ; par le foie de foiifre en brun rougeâtre fans odeur hépatique ; par la teinture de noix de galle en vert olive. L’acide vitric- lique décompofe aufii le nitre cuivreux, Sc on obtient des criflaux de vitriol bleu , fi on a employé cet acide très - concentré. Stahl avoit annoncé cette décompofition ; M. Monnet l’a confirmée depuis , &: j’ai eu occafion de l’obfer- ver plufieurs fois. Le fer a plus d’affinité avec îa plupart des acides , que n’en a le cuivre. En plongeant une lame de ce métal dans une difi» folution de cuivre par l’acide nitreux, le cuivre fe précipite fous fa forme métallique, Sc dore îa furface du fer ; foit qu’il reprenne le phlo- giftique de ce dernier métal , fuivant la doc¬ trine de Stahl ^ foit qu’il fe décharge fur lui de i’air qui le mettoit dans l’état de chaux, fui¬ vant la théorie pneumatique. Le vitriol de cuivre préfente le même phénomène, &; c’efl un procédé que plufieurs perfonnes ont em¬ ployé pour faire croire que le fer fe changeoit en cuivre. L’acide marin ne diflbut le cuivre que lorf- qu’il efi concentré & bouillant ; il ne fe dégage Tome IL O a,îO Leçons étéMENTAiRES que peu de gaz pendant cette diffolution ^ Sc Forr ne connoit pas fa nature ; il paroît cependant que c’efl du gaz inflammable. L’acide marin prend une couleur verte très-foncée ôc prefque brune. Cette combinaifon forme Un magma très- diffbluble dans l’eau ; fi on le lefiive , l’eau eft d’une belle couleur verte qui difiingue cette difiblution des deux précédentes. En l’évaporant lentement 8c en la laifiant refroidir ^ elle dépofe des crifiaux prifmatiques Sc aiïez réguliers fi l’évaporation a été faite avec précaution ; ils ne préfentent au contraire que des aiguilles acérées , très-petites Sc fort aiguës , lorfque l’évaporation a été trop rapide Sc le refroidiiTement trop fubit. Ce fei ^ marin de cuivre eft d’un vert de pré fort agréa¬ ble ; il eft d’une faveur cauftique Sc très-aftrin- gente ; il fe fond à une chaleur fort douce 5 Sc il fe congèle en malTe lorfqu’on le laiffe refroi¬ dir. M. Monnet alTure que l’acide marin y eft très-adhérent , Sc qu’on ne peut l’en volatilifer qu’à l’aide d’une chaleur très-confidérable ; il attire fortement l’humidité de l’air ; il eft décom- pofable par les mêmes intermèdes que les feîs de cuivre précédens. J’ai obfervé que l’alkali volatil ne difTolvoit point auffi-bien la chaux de cuivre qu’il avoit féparée de l’acide marin , que celle du vitriol Sc du nitre cuivreux. Le bleu ^qu’il forme alors n’eft pas aulTi vif, Sc il refte d’Hist. Nat. et de Chimie. 21 T \ line portion de cette chaux que Talkali volatil ne diiToiit pas entièrement. Les acides vitrio- lique & nitreux ne décompofent point le fel marin de cuivre. La difiblution nitreufe de mer¬ cure Sc d’argent le décompofent, &: font elles- mêmes décompofées dans l’inilanî du mélange ; Si il fe forme un précipité blanc par le tranfport de l’acide marin fur le mercure ou fur l’argent , Sc la chaux de cuivre s’unit à l’acide nitreux. J’aî cependant obfervé que la liqueur ne prend pas la couleur bleue que doit avoir la diffblution de cuivre par l’acide nitreux , Sc qu’en^ général la chaux de cuivre formée par l’acide marin ne prend que très -difficilement cette couleur , comme nous l’avons déjà vu à l’égard de l’al- kali volatil. Il m’a paru qu’en général les chaux de cuivre paffient très - facilement du bleu au vert 5 8c très-difficilement du vert au bleu. L’a¬ cide marin diffiout la chaux de cuivre avec beau¬ coup plus de facilité qu’il ne fait le cuivre lui- même. Ce fait a été bien obfervé par M. Brandi. La diffblution eil d’un beau vert , & elle crif- tallife auffi facilement que la première , ce qui prouve que dans les combinaifons falines métalli¬ ques, les métaux font toui ours à l’état de chaux, comme nous l’avons déjà fait obferver. Le nitre détonne difficilement à l’aide du €uivre« Il faut que ce fel foit fondu , 8c que le Oij 2Î2 Leçons ê l é m en ta î r e s cuivre foit très-chaud pour que la déflagration ait lieu ; encore n’efl-elle que très-foibie. On fait cette opération en jetant le cuivre en liiuaille fine fur du nitre en fiifion dans un creufet large 3, afin que le contaél foit plus multiplié. Lorfque le métal efl bien échauffé , on apperçoit un léger mouvement accompagné d’éclairs peu rapides» Le réfidu efl; une chaux d’un gris un peu brun y mêlée avec l’alkali fixe ; on la lave , l’eau s’em¬ pare de l’alkaîi qui retient un peu de cuivre , Sc la chaux de ce métal refle pure. Elle fe fond toute feule en un verre d’un brun foncé Sc opa¬ que ; elle efl employée pour colorer les émaux : on croit que l’alkali efl rendu cauflique ; mais il n’y a point encore d’expérience exade fur cet objet. Le cuivre décompofe très-bien le fel ammo¬ niac. M. Bucquet 5 qui a examiné cette décom- pofition avec beaucoup de foin , a obtenu , en faifant l’expérience à l’appareil pneumato-chi- mique au mercure, fur deux gros de limaille de cuivre Sc un gros de fel ammoniac , cinquante-huit pouces de fluide élaflique, dont vingt-fix pouces étoient du gaz alkalin très-bon , vingt-fix étoient du gaz inflammable détonnant, Sc fix un gaz mé¬ phitique qui éteignoit les bougies fans être ab- forbé par l’eau , Sc fans précipiter l’eau de chaux» Il s’efl dégagé un peu d’efprit alkalin volatil d’une d'Hist. Nat, ET DE Chimie, 213 belle couleur bleue qui furnageoit le mercure. Cette expérience nous apprend que l’acide marin produit du gaz inflammable en diflblvant le cui- vre. Le réfidu éîoit une malTe d’un vert noirâtre dont une moitié a été diflbute par l’eau , 8c lui a communiqué une belle couleur verte , carac¬ tère diftinélif du fel marin de cuivre ; l’autre moi¬ tié üffi'oit une efpèce de chaux de cuivre formée par l’acide marin. En répétant cette décompo- fition à la dofe de quatre onces de cuivre fur deux onces de fel ammoniac avec l’appareil or¬ dinaire du ballon , M. Bucquet a obtenu deux gros dîx-huit grains d’efprit alkalin volatil bleu , qui faifoit eflérvefcence avec les acides, 8c con- tenoit un pouce environ de gaz acide crayeux par gros. Ce Chimifle ne favoit abfolument à quoi attribuer le dernier gaz; mais je crois qu’il pouvoir venir de quelques impuretés du fel am¬ moniac ; car ayant répété cette expérience avec du fel ammoniac purifié par la fublimation , j’ai eu un alkali volatil très-cauflique , 8c ne faifant pas la plus légère effervefcence avec les acides, La chaux de cuivre décompofe aufli le fel am¬ moniac , 8c donne à l’efprit alkali volatil qu’elle en dégage , une portion d’acide crayeux qui le rend efîervefcent. Cet alkali eft toujours bleu , parce qu’il entraîne avec lui une petite portion de chaux de cuivre à laquelle il doit cette cou- O iij Leçons 'él'émentaïres leur ; cependant les acides ne précipitent pas un atome de ce métal. On prépare, en Pharma« cie, deux médicamens avec le fel ammoniac & le cuivre, dont le premier a reçu le nom de fleurs ammoniacales cuivreufes, ou ^vens veneris. Ce n’eil autre chofe que du Tel ammoniac coloré par un peu de chaux de cuivre. On fait fublimer un mélange de huit onces de ce fel avec un gros de chaux de cuivre dans deux terrines pofées l’une fur l’autre. Tout le fel ammoniac fe volatilife fans être décompofé , &: il entraîne un peu de cuivre qui lui donne une couleur bleuâtre. Le fécond qu’on appelle eau célefle, le prépare en laiflant féjourner pendant dix à douze heures une livre d’eau de chaux une once de fel ammoniac dans une baffine de cuivre. La chaux dégage l’alkali volatil qui diffbut un peu de cuivre de la baffine , & fe colore en bleu : on peut faire l’eau célefle dans un vaiiïeau de verre ou de $ terre , en ajoutant un peu de limaille ou de chaux de cuivre à l’eau de chaux 3c au fel am¬ moniac. îl paroît que le cuivre décompofé l’alun ; car fl on fait bouillir une diflblution de ce fel dans un vaifleau de cuivre , il fe dépofe un peu d’ar¬ gile ; 3c lorfqu’on précipite cet alun par l’alkali volatil , fa terre prend une petite couleur bleue qui décèle la préfence du cuivre* d^Hist. Nat. et de Chimie. 21^^ On ne connoît point Faâion du gaz inflam¬ mable fur le cuivre. Ce métal s’unit très -bien au foufre. Cette combinaifon peut fe faire par la voie humide, c’efl-à-dire , en faifant un mé¬ lange de fleurs de foufre Sc de limaille de cuivre qu’on humeâe avec de l’eau ; mais elle réuflit beaucoup plus promptement par la voie sèche. On eirpofe au feu un mélange de parties égaies de foufre en poudre 8c de limaille de cuivre dans un creufet , qu’on chauffe par degrés juf- qu’à le faire rougir ; il réfulte de cette combinai¬ fon une mafTe d’un gris noirâtre , une forte de matte de cuivre qui eft aigre , caflante Sc plus fuffble que le cuivre : on prépare ce compofé pour la teinture 8c pour la peinture fur les in¬ diennes 5 en ftratifiant dans un creufet des lames de cuivre 8c du foufre en poudre , 8c en chauf¬ fant ce creufet , comme nous l’avons dit ; on pulvérife l’efpèce de matte qui en réfulte , 8c on lui donne le nom d’ces veneris. Le foie de foufre 8c le gaz hépatique ont une aéiion marquée fur le cuivre ; le premier dilTout ce métal par la voie sèche 8c par la voie humide ; le fécond en colore fortement la furface , mais on n’a point encore examiné l’effet de ces fubflances les unes fur les autres. / Le cuivre s’allie à pluffeurs métaux : avec Far- fenic, il devient blanc & calTantj & forme le O iv aî6 Leçons élémentaires tombac blanc. Il s’unit au bifmuth , Sc forme 3, fuivant M. Gellert , un alliage d’un blanc rou¬ geâtre à facettes cubiques. Il s’allie très -bien avec le régule d’antimoine , & donne le régule cuivreux qui fe diilingue par une belle couleur violette. Il décompofe l’antimoine Sc. s’unit au foufre qu’il enlève au régule. Il fe combine très-facilement au zinc. On peut faire cette combinaifon de deux manières; par la fufion , on a un métal dont la couleur imite celle de l’or , qui eü beaucoup moins fuf- ceptibîe de la rouille que le cuivre pur , mais qui a moins de dudilité que lui. Plus fa couleur imite celle de l’or , plus le métal eft fragile : d’ailleurs il varie fuivant la proportion du mé¬ lange Sc les précautions qu’on a prifes en le fon¬ dant ; fes variétés font le fîmilor , le pinche-bec ^ le métal du Prince Robert , Sc for de Manheim» 2°. Si on cémente des lames de cuivre avec de îa pierre calaminaire réduite en poudre Sc mêlée avec du charbon , Sc fi l’on fait rougir le creiifet au feu 5 le cuivre s’unit au zinc Sc forme le lai¬ ton. Ce dernier fe rouille moins facilement que le cuivre ; il efi: aufii malléable & plus fufible que lui j mais pour peu qu’on le chauffe for¬ tement 5 il perd le zinc qui lui étoit allié ^ Sc re¬ devient cuivre rouge. Le cuivre s’allie difficilement au mercure ; d’Hist. Nat. et de Chimie, cli^ on parvient cependant à former une forte d’amal¬ game en triturant du cuivre en feuilles trcs-min- ces avec du mercure. Une lame de ce métal , plongée dans une dilToiution de mercure par un acide , fe couvre d’une belle argenture due au demi-métal précipité par le cuivre. Le cuivre & le plomb s’uniiïent très-bien par îa fufion , comme le prouve la formation des pains de liquation. On le combine à l’étain de deux manières , ou en appliquant de l’étain fondu fur du cuivre , ou en fondant enfemble ces deux métaux. La première opération eft employée dans l’étamage du cuivre ; la fécondé forme le bronze. Pour étamer des vaifTeaux de cuivre , on commence par les bien gratter , afin de rendre leur fiirface nette & brillante. On les frotte enfuite avec du fel ammoniac pour les nettoyer parfaitement ; on les fait chauffer , & on y jette de la réfine en poudre. Cette fubfiance , en recouvrant la furface du cuivre , empêche qu’il ne fe calcine ; enfin on y verfe l’étain fondu , & on l’étend avec des étoupes. Plufieurs perfonnes fe plaignent que Fétamage des vaiffeaux de cuivre n’efi pas fuf- fifant pour les défendre de l’adion de l’air, de l’humidité & des fels , parce qu’on voit fouvent ces vaiffeaux fe couvrir de vert-de-gris. Il fe- roit poffible de remédier à cet inconvénient ^ en Sî8 Leçons ÉLéMENTAiBEs _ mettant une couche d’étain plus épailTe, fi l’on n’avoit à craindre que le degré de chaleur fu- périeur à celui de l’eau bouillante , auquel font fouvent expofés ces vaiiTeaux , ne fondît l’étain , <& ne mît la furface du cuivre à découvert. On efi jufiement étonné de la petite quantité d’é¬ tain nécefiaire pour étamer le cuivre , puifque MM. Bayen Sc Charlard ont confiaté qu’une cafiçrole de neuf pouces de diamètre , &; de trois pouces trois lignes de profondeur , n’avoit acquis que vingt-un grains par l’étamage. Cepen¬ dant cette petite quantité fufîit pour prévenir les dangers que le cuivre peut faire naître , lorf- qu’on a l’attention de ne pas laiiTer féjourner trop long-tems dans des vailTeaux étamés des fubfiances capables de düToudre l’étain , Sc fur- tout de renouveler fouvent l’étamage , que le frottement des mets , la chaleur , Sc l’aclion des cuillers avec lefquelies on agite les fubfiances qu’on y fait cuire , détruifent afiez promptement, îl efi cependant une crainte qu’on ne peut s’em¬ pêcher d’avoir relativement à l’étain dont fe fer¬ vent les Chaudronniers pour étamer les calTe- roles 5 SiC, Il efi fouvent allié à un quart de fon poids de plomb , S>c l’on a alors à craindre les mauvais effets de ce dernier , qui , comme on fait 5 efi fort diffoluble dans les acides Sc dans les grailles. Il feroit donc nécefiaire que le Gou- r)’HiST. Nat. et de Chimie. 219 vernement prit des mefiires pour que les Chau¬ dronniers ne fuiïent point trompés dans l’achat de fétain , Sc qu’ils ne piilTent employer que ce¬ lui de Màîaca ou de Baiica , tel qu’il nous ar¬ rive des Indes , & fans qu’il ait été allié 8c re¬ fondu par les Potiers d’écain. M. de La Folie ^ citoyen de Rouen , recom¬ mandable par fes travaux chimiques relatifs aux arts 5 de par les découvertes utiles dont il a en¬ richi la teinture , la faïencerie , 8c un grand nom¬ bre de Manufaélures de Rouen , a propofé pour éviter les inconvéniens de les dangers du cuivre étamé , des calTeroles de fer battu recouvertes de zinc, qui, comme on l’a déjà vu , n’a rien de dangereux. Plufieurs perfonnes en ont déjà fait un ufage avantageux ; & il efl à defirer que ces vailTeaux fe multiplient. Lorfqu’on fond l’étain avec le cuivre , on a un métal plus pefant que la fomme des deux métaux employés. Cet alliage eil d’autant plus blanc , plus caflant 8c plus fonore , qu’on y a fait entrer plus d’étain -, lorfqu’il efl très-blanc ^ on le nomme métal des cloches. Lorfqii’il contient plus de cuivre , il efl jaune , 8c porte îe nom d’airain ou de bronze -, on s’en fert pour couler des fiâmes , 8c pour faire des pièces d’ar¬ tillerie qui doivent être aiTez folides pour ne pas s’éclater au moindre eAport 5 8c cependant S20 Leçons éléi^entaîkes aiïez peu dudiles pour n’être pas déformées par le choc des boulets. Le cuivre Sc le fer font fufceptibles de s’unir par la fufion Sc par la foudure. Cependant cette combinaifon ne réuffit pas facilement. Lorfqu’on fond dans un creufet un mélange de ces deux métaux , le fer fe trouve fouvent femé dans le cuivre, fans avoir contraâé une union parfaite. Le cuivre décompofe l’eau mère du vitriol mar¬ tial , quoique le fer ait avec les acides une plus grande affinité que le cuivre. Les ufages du cuivre font très-miiltipliés & très-connus. On en fait une multitude d’uilenfiles très-variés. C’efl fur-tout le cuivre jaune , ou fon alliage avec le zinc , qui eh le plus em¬ ployé à caufe de fa grande duéblité 8c de fa beauté. Comme le cuivre eh un poifon très- violent , on ne doit jamais fe permettre de l’ad- minihrer en Médecine. Les remèdes les plus ap¬ propriés dans les cas d’empoifonnement par le cuivre réduit en chaux ou en vert-de-gris , font les émétiques , l’eau en abondance , les foies de foufre, les alkalis , &c. 3d’Hist. Nat. et de Chimie, 22s LEÇON XL. Sorte XIÏÏ. Argent. ’f j’ Argent , nommé lune ou Diane par les Aîchimifles 5 efl un métal parfait , d’une couleur blanche , 8c du brillant le plus vif. Il n’a ni fa¬ veur ni odeur. Sa pefanteur fpécifiqiie eft telle qu’il perd à la balance hydroftatique environ un onzième de fon poids. Un pied cube de ce mé¬ tal pèfe fept cens vingt livres. L’argent eft d’une fi grande dudilité qu’on le bat en lames auffi min¬ ces que le papier , 8c qu’on le réduit en fils plus fins que les cheveux. Un grain d’argent peut for¬ mer par fon extenfion un vaifTeau capable de contenir une once d’eau. Il efi d’une ténacité afiez confidérable pour qu’un fil d’argent d’un dixième de pouce de diamètre puifie foutenir un poids de deux cens foixante-dix livres fans fe rompre. Sa dureté 8c fon élafiicité font moin¬ dres que celles du cuivre. Il efi le plus fo- nore des métaux , après celui que nous venons de citer. Il s’écrouit fous le marteau , il efi îrès-fufceptible de perdre l’écrouifiement par le recuit. MM. Tillet 8c Monge^ ont fait crifial- lifer de l’argent. Ils ont obtenu des pyrami- 2.22 Leçons élémentaires des quadrilatères , quelquefois ifoîées cpinme celles qui fe trouvent aux bords du creufet où on a fondu ce métal , ou groiippées & pofées latéralement les unes fur les autres. L’argent fe trouve en plufîeurs états dans la nature. Les principales mines de ce métal peu¬ vent être réduites aux fuivantes : 1°. L’argent natif ou vierge. On le reconnoît à fon brillant & à fa duâilité. Il offre un grand nombre de variétés pour la forme. Il efl fouvent en maffes irrégulières plus ou moins confidéra- blés. Quelquefois il eit en filets capillaires contour¬ nés 5 (Sc il paroît alors devoir fa formation à une mine d’argent rouge décompofé , comme Font obfervé Henckel 8c M. Rome de Lzjle, On le rencontre auffi en lames , en réfeaiix qui imi¬ tent les toiles d’araignées , Sc que les Efpagnols appellent à caufe de cela arané ; en végétation, ou en rameaux formés par des oélaëdres im¬ plantés les uns fur les autres. Quelques-uns de ces échantillons offrent une feuille de fougère ; d’autres préfentent des cubes & des oâaè’dres ifolés 5 dont les angles font tronqués -, ces der¬ niers font les plus rares. L’argent iiatif efl pref- que toujours difperfé dans une gangue quart- zeufe. Il fe trouve au Pérou , au Mexique , à Konfberg en Norwege , à Johan-Georgenfladt & à Ehrenfriederfdorf en Saxe 3 à Sainte-Ma- b’Hîst, Nat. et de Chimie. 225 lie 3 8cc. SiC. On ne connoît point dans la na¬ ture ce métal en état de chaux. 2"". La mine d’argent vitreiife efl 5 fiiivant la plupart des Minéralogiftes , formée d’argent & de foufre. Elle ed d’un gris fale , femblable an plomb ; on la coupe au couteau comme ce métal. Elle eft fonvent informe , quelquefois en cubes dont les angles font tronqués. M. Monnet en didingne une variété qui fe réduit en pou¬ dre au lieu de fe couper. Cette mine donne de¬ puis foixante-douze jufqu’à quatre-vingt-quatre livres d’argent par quintal. 3°. La mine d’argent rouge ed fouvent fon¬ cée en couleur, quelquefois tranfparente, cridal- lifée en cubes dont les bords font tronqués , ou en prifmes hexaèdres , terminés par des pyramides trièdres; on la nomme roiTi-cIero au Potod. L’ar¬ gent y ed combiné avec le foufre & i’arfenic. Elle contient peut-être de l’acide crayeux , puif- que M. Sage en la didillant , &: en recevant fes produits dans un ballpn enduit d’alkali fixe végétal 5 a obtenu des cridaux. Lorfqu’on la caffe 5 fa couleur ed plus claire en dedans , & elle paroit formée de petites aiguilles ou de prifmes convergens comme les daladites. Si on l’expofe à un feu bien ménagé, &: capable de la faire rougir , l’argent fe réduit , & forme des végétations capillaires femblables à l’argent na- ■ ^24 Leçons' élémentaires tif. Elle donne depuis cinquante - huit jurqu’à foixante-deux livres d’argent par quintal. q'’. La mine d’argent grife & blanche qui ne diffère de la mine de cuivre appelée Fahlen^ que parce qu elle contient plus de métal pré¬ cieux. Elle eft en maffes ou bien en criffaux triangulaires , dont les bords font taillés en bi» feau. Les plus gros de ces cridaux font d’une couleur peu éclatante ; les plus petits difperfés fur une gangue platte forment un fpeffacle fort agréable à la lumière g à caufe de leur brillant très-vif. L’argent gris donne depuis deux jufqu’à cinq marcs d’argent par quintal. Quelquefois l’argent gris s’eff introduit dans des matières or¬ ganiques dont il imite parfaitement la forme. On le nomme alors mine d’argent figurée ; telle eft celle qui reflemble à des épis de blé, & que M.,:Romé de Lzjle a reconnue pour des cônes Sc des écailles de pin ; on a trouvé auftî du bois minéralifé de cette efpèce. 5^, La mine d’argent noire , appellée nlgrillo par les Efpagnols , n’eft , fuivaiit MM. Lehman Sc Rome de Lijle , qu’une dccompofttion de la mine d’argent rouge ou 4c L grife , Sc une forte d’état moyen entre celui de ces mines & l’argent natif; on y rencontre fouvent de ce dernier. Ce dernier Minéralogifte obferve que celle qui efl folide , fpongieufe ou vermoulue , provient des mines d’Hist, Nât. et de Chimie. 22J Biînes rouges Sc vkreufes , Sc eft beaucoup plus riche que celle qui eh friable & de couleur de poix, dont Forigine eh due à Faltération des mines d’argent blanches ou giifes. Auffi eh-elle fort fujette à varier pour le produit. Elle donne en général depuis fix à fept livres jufqu’à près de foixante livres par quintal. 6°. La mine d’argent cornée efl d’un gris jau~ nâtre fale ; quelquefois elle tire fur le gris de lin; elle a, quoique rarement , une demi-tranf- parence -, elle eh molle , s’écrafe Sc fe coupe facilement ; elle fe fond à la flamme d’une bou¬ gie. On la trouve criflallifée en cubes , le plus fou vent en maffes informes. Elle contient fré¬ quemment des portions d’argent natif. Les Mi- néralogiftes ne font point d’accord fur la nature de cette mine. Les uns croient qu’elle contient du foufre Sc de l’arfenic. MM. Cronjledt , Lehman 8c Sage penfent qu’elle eh minéralifée par l’acide marin. îl paroît que ce dernier fentiment a été plus généralement adopté. M. JVoulfe l’a con¬ firmé, en alTurant que l’argent 8c le mercure font les feuls métaux minéralifés par l’acide mariiic M« Proufl reconnoît auffi ce minéralifateur pour ces deux métaux, 7°. La mine d’argent molle de M. W^allerius ^ n’eft que de l’argent natif ou minéralif^ femé en plus ou moins grande quantité dans des terres Tome IL Ç 220 Leçons élémentaibês colorées. La mine d’argent merde d’oie, ainfî appellée à caufe de fa couleur jaune 8c verte mêlée , n’efl qu’une variété de cette efpèce, 8°. Enfin, l’argent fe trouve fouvent combiné avec d’autres matières métalliques, dans des mi¬ nes dont nous avons fait l’hifloire. Tels font le mifpickel, la mine de cobalt grife, le kupfer- nickel ou mine de nickel , l’antimoine qui offre fouvent la variété appelée mine d’argent en plu¬ mes , la blende, la galène, les pyrites martiales Sc les mines de cuivre blanches | ces dernières ne font même que des mines d’argent grifes.. Toutes ces fubflances contiennent fouvent affez d’argent, pour qu’on puiffe en retirer avec profit ce métal précieux j mais il eft facile de conce¬ voir qu’on ne doit point les décrire comme des mines d’argent particulières , 8c qu’il fuffit d’indiquer qu’elles font en partie compofées de ce métal (a), L’effai des mines d’argent doit varier fuivant {a) M. Dauhenton a rendu un grand fèn?ice à la Mi¬ néralogie, en diftinguantles mines métalliques par le nombre des métaux qu^elles contiennent, & en donnant des carac¬ tères pour reconnoître la préfence de ces différentes tances. Sa nouvelle méthode eft beaucoup plus exade , plus fûre & plus fatisfaifante que celles des Minéralogiftes qui Tont précédé. d’Hist, Nat. et de Chimie. 227 leur nature. Celles qui contiennent l’argent na¬ tif ne demandent 3 à la rigueur, que d’être bo- cardées Sc lavées ; on peut , pour féparer exac¬ tement ce métal des fubilances étrangères qui l’altèrent , le triturer avec du mercure coulant. Ce dernier diiïbut l’argent , on le volatilife enfuite à l’aide du feu , pour avoir le métal par¬ fait. Les mines d’argent fulfureufes demandent à être grillées, enfuite fondues avec une plus ou moins grande quantité de flux. On obtient dans cette fonte l’argent, ordinairement allié avec du plomb, du cuivre, du fer, &c. On emploie pour le féparer Sc pour favoir exadement la quantité de métal précieux que cet alliage con¬ tient, un procédé entièrement chimique, fondé fur les propriétés des métaux imparfaits. Le plomb étant fufceptible de fe vitrifier Sc d’en¬ traîner dans fa vitrification les métaux imparfaits, tels que le fer Sc le cuivre , fans toucher à l’ar¬ gent I 011 fe fert de cette propriété pour féparer ce métal parfait d’avec ceux qui l’altèrent. On fond l’argent avec d’autant plus de plomb , qu’il contient plus de métaux étrangers ; on met en- fuite cet alMage dans des vaifleaux plats Sc po¬ reux , faits avec des os calcinés Sc de l’eau. Ces efpèces de têts, qu’on appelle coupelles, font propres à abforber le verre de plomb qui fe forme dans l’opération de la coupellation. L’ar- Pij ii2S Leçons ÉLémENTAiKES gent refie pur après cette opération. Pour fa- voir combien ii contenoit de métaux imparfaits ou à quel titre il étoit, on fuppofe une maffe d’argent quelconque compofée de douze par¬ ties 5 qu’on appelle deniers , Sc chacun de ces deniers elf formé de vingt- quatre grains. Si la maffe d’argent examinée a perdu un douzième de fon poids, c’eft de l’argent à onze deniers; Il elle n’a perdu qu’un vingt-quatrième , l’argent efl à onze deniers douze grains de fin , Sc ainfi de fuite. La coupelle , après cette opération , a acquis beaucoup de poids ; elle efl chargée du verre de plomb Sc. de celui des métaux impar¬ faits qui étoient alliés à l’argent, Sc que le plomb en a féparés. Comme le plomb contient pref- que toujours un peu d’argent, il efl néceifaire de le cqupeller d’abord tout feul , afin de dé¬ terminer la quantité d’argent qu’il contient ; on doit enfuite défalquer du bouton de retour que l’on obtient en coupellant fon argent , la petite portion que l’on fait être contenue dans le plomb qu’on a employé , Sc que l’on appelle le témoin. La coupellation préfente un phéno¬ mène qui avertit l’Artifle du degré où en efl fon opération. A mefure que l’argent devient pur par la vitrification Sc la féparation du plomb , il paroît beaucoup plus brillant que la portion qui ne l’efl pas encore* La partie brillante aug- r>^HrsT. Nat, et de Chimie. 225 mente peu à peu , ôc lorfque toute la furface de ce métal devient pure Sc éclatante de lu- niièrè, Finilant où il palTe à cet état préfente une forte d^éclair ou de fulguration qui annonce que l’opération efl finie. L’argent de coupelle eft très'pur , relativement aux métaux imparfaits qu’il contenoit auparavant 5 mais il peut conte¬ nir de l’or , 8c comme il en contient toujours une certaine quantité , il faut employer un autre procédé pour féparer ces deux métaux parfaits. Comme l’or efl beaucoup moins altérable que l’argent par la plupart des menflrues , on diflbut l’argent par les acides nitreux ou marin Sc le fou- fre; Sc l’or fur lequel ces dilTolvans n’ont que très-peu ou point d’aébon , refle pur. Cette ma¬ nière de réparer l’argent de l’or efl nommée départ. Nous parlerons des difiérentes fortes de départs , après avoir fait connoître l’action de cliaciin. des diflbivans qu’on y met en ufage fur l’argent, Sc lorfque nous traiterons de l’alliage de ce métal avec l’or. Les travaux en grand , pour extraire l’argent de fes mines Sc pour l’obtenir pur, font à peu près femblables à ceux que nous avons décrit^ pour l’eiïai des mines de ce métal. Il y a en général trois manières de traiter l’argent en grand, La première confifle à triturer l’argent vierge avec du mercure ; on lave cette amal- ^^0 LiçOKS éLéMENTÂÎKES game pour en féparer toute la terre ; on Fex- prime à travers des peaux de chamois, &: on la diililie dans des cornues de fer; on fond en- fuite l’argent & on le coule en lingots. On ne peut pas fuivre ce procédé pour les mines d’ar¬ gent qui contiennent du foufre; alors on les grille Sc on les mêle avec du plomb pour affi¬ ner le métal précieux par la coupellation. Tel eft le procédé qu’on met en pratique pour les mines d’argent riches ; quant à celles qui font pauvres , on fuit une méthode différente des deux premières. On les fond fans grillage pré¬ liminaire 5 avec une certaine quantité de pyrites^ Cette fufion , appelée fonte crue , donne une matte de cuivre tenant argent , que l’on traite par la liquation avec le plomb ; ce dernier qui a entraîné l’argent pendant la fonte, eft fcorifié ei> fuite par la coupelle , Sc le métal parfait rehe pur, La coupellation en grand diffère de celle que l’on fait en petit, en ce que dans la première le plomb fcorifié eft chaffé de deffus la coupelle par l’aéiîon des fouffîets , tandis que dans les effais le verre de plomb eft abforbé par la cou¬ pelle. L’argent obtenu par les procédés que nous venons d’indiquer , eft en général beaucoup .moins altérable que tous les métaux dont nous avons jufqu’à préfent fait l’hiftoire. Le contaél d’HîsTo Nat. et de Chimie. 23Ï de la lumière , quelque long-temps que ce mé¬ tal y relie expofé , n’en change en aucune ma¬ nière les propriétés. La chaleur le fond , le fait bouillir Sc le volatilife , mais fans altératioiL II faut pour le fondre , une chaleur capable de le faire rougir à blanc ; il efl plus fufible que cuivre. Lorlqu’il efl tenu en fufion pendant quel¬ que tems , il fe bourfouffle , Sc il exhale des va¬ peurs qui ne font que de l’argent volatilife. Ce fait efl prouvé par Fexiflence de ce métal dans le tuyau des cheminées où on en fond conti¬ nuellement de grandes quantités. Il efl confirmé par la belle expérience de MM. les Académi¬ ciens de Paris • en expoflint de l’argent très- pur au foyer de la lentille de M. de Trudaine^ ces Savans ont vu ce métal fondu répandre une fumée épaifle qui a blanchi une lame d’or fur laquelle elle avoit été reçue. L’argent en fe refroidiflant lentement efl fuL ceptible de prendre une forme régulière 5 ou de fe criflallifer en pyramides quadrangulaires. M. Baumé avoit déjà fait obferver que ce mé¬ tal prenoit en fe refroidiflant une forme fym- ^ métrique qui s’annonçoit à fa furface par des fi¬ lets femblables à la barbe d’une plume. J’avois obfervé que le bouton de fin que l’on obtient par la coupellation , ofFroit fouvent à fa fur- face des petits efpaces à cinq ou fix côtés , arran- P iv '2^2 Leçons Ï:lémentaikes gés entr’eux comme les carreaux d’une cham¬ bre ; mais] la criilallifation en pyramides n’a été bien obfervée que par MM. Tille t •&: l’Abbé Monge:^. On a cru pendant long-temps , Sc quelques Chimifles penfeiit encore , que l’argent elt in- dedruélible par l’adion combinée de la chaleur Sc de l’air. Il ell certain que ce métal tenu en fu- hon avec le contad de l’air ne paroit pas s’alté¬ rer fenfîblement. Cependant /z//z<;^^ravoit avancé qu’en le traitant pendant long-tems par la réver¬ bération, à la manière d’^^z^^le Hollandois , l’ar¬ gent fe changeoit en une chaux vitrefcente. Cette expérience a été confirmée par M. Macquer, Ce lavant Chimifle a expofé de l’argent jufqu’à vingt fois de fuite dans un creufet de porce¬ laine au feu qui cuit celle de Sèves , & il a ob¬ tenu à la vingtième fufion , une matière vitri- forme d’un vert d’olive qui paroît être un véri- » table verre d’argent. Ce métal chauffé au foyer du verre ardent a toujours préfenté une matière blanche pulvérulente à fa furface , un enduit vitreux verdâtre fur le fupport fur lequel il étoit placé. Ces deux faits ne peuvent, laiffer de doute fur l’altération de l’argent ; quoiqu’il foit beaucoup plus difficile à calciner que les au¬ tres matières métalliques , il efl cependant fuf^ ceptible de fe changer à la longue en une chaux b’Hist. Nat. et de Chimie. 235 blanche , qui , traitée à un feu violent , donne un verre couleur d’olive. Peut-être feroit-il pof- fible d’obtenir une chaux d’argent en chauffant péndant long-tems ce métal réduit en lames très- fines ou en feuilles dans des matras, comme on le fait pour le mercure. L’argent n’éprouve aucune altération de la part de l’air ; fa furface n’eil que très-peu ternie , & même au bout d’un tems très-long. L’eau n’a pas plus d’aélion fur ce métal. Les matières ter- reufes ne fe combinent point avec lui ; il efi vraifemblable que fa chaux coloreroit en olive les verres avec lefquels on la feroit entrer en fiifion. Les matières falino > terreufes 8c les alkalis n’agi iTent pas d’une manière fenfibie fur l’ar¬ gent. Au refie on n’a pas encore fuivi avec beaucoup de foin l’aélion de ces fubfiances fur ce métal. L’acide vitriolïque diffout l’argent , lorfqii’il eft très-concentré 8c bouillant , 8c lorfqu’on lui préfente ce métal dans un grand état de divifion. Il fe dégage beaucoup de gaz fulfureux de cette diffolution ; l’argent efi réduit en une ma¬ tière blanche fin: laquelle il faut verfer de l’eff prit de vitriol ii on veut l’avoir en diffolution. En faifant évaporer cette liqueur , on obtient de très-petites aiguilles de vitriol de lune. Ce ^34 Leçons élémentaires fel fe fond au feu j il efl très-fixe. Il efi décom- pofable par les alkalis , par le fer ,, le cui¬ vre , le zinc , le mercure , Sec, Tous les préci¬ pités qu’on en obtient peuvent fe réduire fahs addition Sc en argent fin dans les vaifTeaux fermés. * L’acide nitreux difibut l’argent avec rapidité , même fans le fecours de la chaleur. Cette diffblutîon fe fait même quelquefois fi vive¬ ment , qu’on efi obligé pour prévenir les in- convéniens que cette rapidité fait naître , de réem¬ ployer que l’argent en mafi'e. Il fe dégage beau¬ coup de gaz nitreux , & il fe fait un précipité blanc plus ou moins abondant, fi l’efprit de ni- tre contient quelques portions d’acid.e vitrioli- que ou d’acide marin. L’efprit de nitre fe co¬ lore ordinairement en bleu ou en vert ; il perd cette couleur Sc devient tranfparent lorfque la difiblution efi finie , Sc fi l’on a employé de l’ar¬ gent pur ; il refte au contraire avec une nuanc® plus ou moins verdâtre lorfque l’argent conte- noit du cuivre. Souvent l’argent le plus pur qu’on puifie employer contient de l’or ; alors comme l’acide nitreux n’a que peu d’aélion fur ce mé¬ tal parfait , mefure qu’il agit fur l’argent , il s’en fépare de petits fioccons noirâtres qui fe rafiemblent au fond du vaifibau , Sc qui ne font que de l’or, C’eft d’après cette action diverfe b’Hist. Nat. et de Chimie. ^235* de l’acide nitreux fur ces deux métaux , cju’on l’emploie avec fuccès pour les féparer l’uii de l’autre dans l’opération du départ à Peau - forte. L’acide nitreux peut dilToudre plus de moitié de fon poids d’argent. Cette diffblution eil d’une très-grande cauflicité ; elle tache l’épiderme en noir 5 Sc elle le corrode entièrement. Lorfqu’elle eft très-chargée , elle dépofe des crillaux min¬ ces brillans , femblables au fel fédatif ; en l’éva¬ porant à moitié , elle donne par le refroidif- fement des criflaux plats , qui font ou hexa¬ gones*, ou triangulaires , ou quarrés , Sc qui pa- roüTent formés d’un grand nombre de petites aiguilles pofées les unes à côté des autres. Ces lames fe placent obliquement les unes fur les autres. Elles font tranfparentes Sc très-cauhiques ; on les nomme nitre d’argent , nitre lunaire criftaux de lune. Ce fel eft promptement altéré par le contaél de la lumière , Sc noirci par les vapeurs combuflibles. Si on le met fur un char¬ bon ardent , il détonne bien , Sc il laiiïe une pou¬ dre blanche qui eh de l’argent pur : il eh très- fufible. Si on l’expofe au feu dans un creiifet , il fe bourfoulïle d’abord en perdant l’eau de fa crihallifation j en fuite il rehe dans une fonte tranquille. Si on le laiffe refroidir dans cet état , il fe prend en une maiïe grife légèrement ai¬ guillée 3 Sc forme une préparation connue en 2^6 Leçons élémentaires Pharmacie 8l en Chirurgie fous le nom de pierre infernale. On n’a pas befoin pour l’obtenir de fe fervir des criflaux de lune , qui font très-longs à faire Sc très-difpendieux. Il fuffit d’évaporer à ficcité une diirolution d’argent par l’acide ni- îreux • de mettre ce réfidu dans un creufet gu dans une timbale d’argent , comme le confeille M. Baume y ^ de la chauffer lentement jufqu’à ce qu’elle foit dans une fonte tranquille ; alors on la coule dans une lingotière pour lui donner la forme de petits cylindres. Si l’on caffe des crayons de pierre infernale , on obferve qu’ris font formés d’aiguilles, qui partent en rayonnant du centre de chaque cylindre , & qui vont fe ter¬ miner à fa circonférence. îl ne faut pas chauffer trop long-tems le nitre lunaire pour en faire la pierre infernale ; fans cela une partie de ce fei fe décompofe, & l’on trouve un culot d’argent dans le fond du creufet. Pour voir ce qui fe pafTe dans cette opération , j’ai diRillé des crif- tapx de lune dans un appareil pneumato- chi¬ mique. Iis m’ont donné du gaz nitreux & une grande quantité d’air déphlogifliqué le plus pur que je connoiffe. J’ai retrouvé dans mon matras l’argent entièrement réduit; le verre avoit pris l’o¬ pacité de l’émail , & il étoit coloré en un beau brun couleur de marron. C’efl fans doute à la manganèfe ou à quelqu’amre fubilance conte- d’Hist. Nat. et de Chimie. 237 nue dans ce verre , qu’efl due la couleur brune qu’il a prife dans cette expérience , car celle du verre , formé par la chaux d’argent , tire fur le vert d’olive, comme nous l’avons déjà fait ob- ferver. — ^ Le nitre de lune, expofé à Pair, n’en attire pas l’humidité, il fe düTout très-bien dans Peau, 8c on peut le faire criftallifer par l’évaporation lente de ce fluide. La diflblution nitreufe d’argent efl décompo- fée par les fubflances faiino - terreufes & par les alkalis , mais avec des phénomènes très- diflerens, fuivant l’état de ces matières. L’eau de chaux y forme un précipité couleur d’olive très-abondant. Les alkalis fixes crayeux la pré¬ cipitent en blanc; Palkali volatil caufiique, en un gris qui tire fur le vert de Polive. Quoique l’acide nitreux foit celui qui agifle avec le plus d’énergie fur l’argent, ce n’eft pas celui qui a plus d’adhérence 8c plus d’affinité avec ce métal ; l’acide vitriolique 8c l’acide marin font fufceptibles de lui enlever l’argent qui lui eft uni. C’efl pour cela qu’en verfant quelques gouttes de ces acides dans une dilToIution ni¬ treufe d’argent , il fe forme un précipité en une poudre blanche, lorfqu’on emploie Pacide vi¬ triolique, 8c en floccons épais comme un coti- gulum 3 fi Pon fe fevt d’acide marin. Dans le 258 Leçons élémentaires premier cas, il s’ell formé du vitriol d’argent; dans le fécond , un fel marin de lune : ces deux fels n’étant pas très-folubles fe précipitent. Il u’eft pas néceffaire de fe fervir des acides vitriolique 8c marin libres , pour opérer ces décompofitions ; 011 peut auffi employer les fels neutres qui réful- tent de leur union avec les alkalis Sc les matières terreufes ; alors il y a double décompofîtion Sc double combinaifon, parce que l’acide nitreux féparé de l’argent , s’unit avec la bafe des fels vitrioliques ou marins. ^ . r I C’eH fur cette différence de rapport entre les acides ôc l’argent qu’elt fondé un procédé que l’on met en ufagc pour fe procurer un acide nitreux, bien pur 8c exempt du mélange des autres acides , tel en un mot , qu’il le faut pour plufieurs opérations de métallurgie , 8c pour la plupart des recherches chimiques. Comme en difliilant l’efprit de nitre , il eft rare que ce fluide ne foit point mêlé avec une certaine quan¬ tité d’acide vitriolique ou d’acide marin, les Chi- milles ont cherché des moyens de féparer ces fluides étrangers , 8c ils fe fervent avec fuccès de la diffolution nitreufe d’argent , pour parvenir à ce but. On verfe dans l’acide nitreux impur, cette diffolution lunaire jufqu’à ce qu’on s’ap- perçoive qu’elle n’y occalionne plus de précipité ; on laiffe raffembler le dépôt formé de vitriol d’Hist. Nat. et de Cpîimie. 259 d’argent ou de lune cornée; 011 décante l’acide Sl on le diHiile à une chaleur douce pour le fé- parer d’avec la petite portion de fels lunaires qu’il peut contenir. Le produit que^ l’on obtient eil de l’acide nitreux très-pur ; on lui donne le nom d’eau forte précipitée. La plupart des matières métalliques font fuL ceptibles de décornpofer la diiïblution nitreufe d’argent , parce qu’elles ont plus d’affinité que ce métal avec l’acide nitreux. Le fel neutre ar- fenical diiïbus dans l’eau produit dans la diiïb-> lution nitreufe un précipité rougeâtre formé par l’union de l’argent avec l’arfenic. Ce précipité imite la mine d’argent rouge. On peut obtenir l’argent précipité dans fon état métallique par la plupart des métaux & des demi-métaux , mais c’efl fur- tout la féparation de ce métal parfait opérée parle mercure Sc par le cuivre, qu’il nous importe de confidérer ici , à caufe des phéno¬ mènes que préfente la première , Sc de l’utilité de la fécondé. L’argent féparé de l’acide nitreux par le mer¬ cure , eft dans fon état métallique , Sc la lenteur de fa précipitation donne naiflance à un arran¬ gement fymmétrique particulier connu fous le nom d’arbre de Diane , ou arbre philofophique. Il y a plufieurs procédés pour obtenir cette crit îallifaüon, Lémery preferivoit de prendre une '240 Leçons èlémentâikes once d’argent fin , de le diiïbiidre dans de l’a¬ cide nitreux médiocrement fort , d’étendre cette difibliition avec environ vingt onces d’eau dif- tiliée 3 Sc d’y ajouter deux onces de mercure. En quarante jours de tems , il s’y forme une végétation très-belle. Homberg a donné un autre procédé beaucoup plus court. On fait , fiiivant ce Chimifie 3 une amalgame à froid de quatre gros d’argent, en feuilles avec deux gros de mercure ; on difibut cette amalgame dans fiiffifante quan¬ tité d’acide nitreux, on ajoute à cette difiblution une livre & demie d’eau difiillée. On met dans une once de celte liqueur une petite boule d’une amalgame d’argent molle, & la précipitation de Fargent a lieu prefque fur le champ. L’argent* précipité Sc uni à une portion de mercure fe dé- pofe.en filets comme prifmaîiques à la furface de l’amalgame. D’autres filets viennent s’implan-^ ter fur les premiers , de manière à oifrir une végétation en forme de buiiTon. Enfin, M. Baumé a décrit un moyen d’obtenir l’arbre de Diane 5 qui diffère un peu de celui de Homberg^ Sc qui réuffit plus furement. Il confeille de mêler fix gros de difiblution d’argent , Sc quatre gros de difiblution de mercure par l’acide nitreux, de toutes deux bien faturées , d’ajouter à ces liqueurs cinq onces d’eau difiillée , Sc de les verfer dans im vafe de verre fur fix gros d’une amalgame faite d’Hist. Nat. et de Chimie, faite avec fept parties de mercure & une partie d’argent. Ces deux méthodes réuOTiiïent avec beaucoup plus de promptitude que celle de Lé- mery,par l’adion réciproque & le rapport qui exifle entre les matières métalliques. En effet, le mercure contenu dans la diffolution, attire celui de l’amalgame; l’argent contenu dans cette der¬ nière, agit auiïi fur celui qui eft tenu en diffo- îution 3 Sc il réfulte de ces attradions une pré¬ cipitation plus prompte de l’argent. Le mercure qui fait partie de l’amalgame étant plus abondant qu’il ne feroit néceffaire pour précipiter l’argent de la diffolution, produit encore un troilrème effet bien important à confîdérer : c’eft qu’il attire Fargent par l’affinité Sc la tendance qu’il a à fe combiner avec ce métal ; il s’y combine effec¬ tivement 5 puifque les végétations de l’arbre de Diane ne font qu’une véritable amalgame caf- fante Sc criftallifée. Cette criftallifation réuffit beaucoup mieux dans les vaiffeaux coniques , comme des verres j que dans des vaiffeaux ar¬ rondis ou évafés , tels que la cucurbite recom¬ mandée par M. Baume, On conçoit auffi qu’il efl néceffaire de mettre le vafe où fe fait l’ex¬ périence 5 à l’abri des fecouffes qui s’oppoferoient à l’arrangement fymétrique Sc régulier de l’a¬ malgame. Le cuivre plongé dans une diflfolution d’ar- Tome IL ' Q Leçons é l é m e n ta i k i gent en précipite de même ce métal fous la forme brillante Sc métallique. On emploie ordinaire¬ ment ce procédé pour féparer l’argent de fou dilTolvant après avoir fait le départ. On trempe des lames de cuivre dans la dilTolution , ou bien on met cette dernière dans un vailTeau de cuivre j l’argent fe fépare fur le champ en flocons d’un gris blanchâtre. On décante la liqueur lorfqu’elle efl bleue Sc qu’il ne s’en précipite plus d’argent. On lave ce dernier à plufieurs eaux ; on le fond dans des creufets , Sc on le pafTe avec du plomb à la coupelle pour en féparer une portion de cuivre auquel il s’eft uni dans la précipitation. L’argent que fournit cette opération ell le plus pur de tous ; il ell à. douze deniers de fin. On voit 5 d’après ces deux précipitations de l’argens par le mercure Sc par le cuivre , que. les métaux réparés de leurs diffolvans par des matières mé» talliques , fe précipitent avec toutes leurs pro« priétés. L’acide marin ne düTout point immédiatement l’argent dans fon état de fluidité ; mais il paroit très-fufceptible 4e dilToudre ce métal lorfqu’iî efl dans l’état de gaz, comme le prouve l’opéra¬ tion du départ concentré, qui confifle àexpofer au feu des lames d’or allié d’argent, cémentées avec un mélange de vitriol martial Sc de fel commun | l’acide vitriolique dégage l’efprît de fel qui fe d’FIist. Nat. et de Chimie. 243 porte fur Fargent Sc le difTout. On fuit un pro¬ cédé beaucoup plus prompt Sc pins facile pour combiner Facide maria avec l’argent. On verfe de Fefprit de fel dans une diiToliition nitreufe de ce métal ; le précipité très-abondant qui fe forme fur le champ , eh; la combinaifon de Fa¬ cide marin aŸec Fargent qui a plus d’affinité avec cet acide qu’avec celui du nitre , Tfchirnaufen , qu’il fumoit , fe vo- latilifoit, & même qu’il fe vitrifioit. M. Macqmr '25*5 Leçons élémentaires a vu que For expofé au foyer de la lentille de M* de Trudaim , fe fondoit 5 exhaloit une fumé-e qui doroit Fargent , & qui iFétoit que de For volatilifé; que le globule d’or fondu étoit agité d’un jiioiiveiucnt rapide fur lui-même , qu’il fe couvroit d’une pellicule matte , ridée &c comme calciforme ; qu’enfin il fe formoit dans fon mi¬ lieu une vitrification violette. Cette vitrificatioo s’étendoit peu à peu & donnoit naiffance à une efpèce de calotte d’une plus grande courbure que celle de la inalTe d’or , qui étoit eiichâffee dans cette malTe comme la cornée tranfpa- rente l’efl fur la felérotique. Ce verre aug¬ mente d’étendue tandis que For diminue. Le fiipport s’eft toujours trouvé coloré d’une trace de couleur purpurine qui paroilToit être due à une portion du verre qui a été abforbé. Le tems n’a pas encore permis à M. Macquer de vitrilier en entier une quantité donnée d’or ; ce cé¬ lèbre Chimifte fait obferver qu’il feroit nécelTaire de réduire ce verre violet avec des matières coin» biiüibles 5 pour être affuré qu’il donneroit de For, & pour, en conclure conféquemment qu’il' eft dû à la cliaux de ce métal parfait. Quoi qu’il en foit, nous penfons qu’on peut le regarder comme une véritable chaux d’or vitrifié, avec d’autant plus de fondement^ que dans pliifîeurs opérations fur ce métal , que nous décrirons tout Nàt, et de Chimie. tout à Fheure, il prend conftamment la couleur pourpre, ôc que plufieurs de Tes préparations font employées pour donner cette couleur à Fémail & à la porcelaine. L’or efl; donc calci- nable comme les autres métaux • feulement il demande s ainfi que l’argent, pour s’unir à Fairj mie plus grande chaleur & un tems plus long que toutes les autres fubftances métalliques : ces circonftances ne font fans doute que rela¬ tives à fa denfité. L’or n’eft point altérable à l’air. Sa furface ne fait que fe ternir par le dépôt des corps étran¬ gers qui voltigent fans ceiïe dans l’air. L’eau ne l’altère non plus en aucune manière ; elle paroît cependant fufceptible de le divifer à peu près comme elle fait le fer , d’après les recher¬ ches de M. le Comte de la Garaye, L’or ne fe combine point dans fon état mé¬ tallique aux terres &: aux fubÜances falino-ter- reufes. Sa chaux peut entrer dans la compofition des verres , auxquels elle donne une couleur vio¬ lette ou purpurine. L’or n’eft nullement attaqué par l’acide vî- triolique le plus concentré, aidé même de la chaleur. L’acide nitreux paroît fiifceptible d’en diftbu- dre quelques atomes; encore eft-ce peut-être d’une manière méchanique , plutôt que par une Têtue IL R 2j:S Leçons élémentaires véritable combiiiaifon. M. Brandt elt un des premiers Chimiiles qui ait annoncé la difTolubi- lité de For dans Facide nitreux • elle a été con¬ firmée par MM. Sckeffèr & Bergman, Mais il faut obferver que d’après lés expériences faites par la clafle entière des Chimiftes de l’Acadé¬ mie 3 Facide nitreux ne fe charge de quelques ‘ parcelles d’or , que dans des circonfiances par¬ ticulières, dont ces S a vans n’ont point encore fait mention. M. Dey eux ^ Membre du Collège de Pharmacie , a découvert que Facide nitreux n’efi fufceptible de difibudre For , que lorfqu’il efi rutilant & chargé de gaz nitreux. Il penfe que cet acide dans cet état n’efi pas pur; il l’ap¬ pelle acide chargé de gaz , il le compare à ,une forte d’eau régale. L’acide marin feul &; dans fon état de pu-» reté n’attaque pas For d’une manière fenfible» MM. Schéele Sc Bergman aflurent que cet acide déphlogiftiqué ou diftillé fur la chaux de man- ganèfe , qui , fuivant ces Chimifies , lui enlève fonphlogiftique, diflbut For abfolument comme l’eau régale, de forme avec^ce métal le même fel , qu’il a coutume de former avec Facide mixte qu’on emploie ordinairement pour le difibudre. Ces expériences n’ont point encore été répétées d’une manière exade, de leur ré- fultat n’a pas encore reçu des Chimifles la fanc^ ï)’Htst* Hait, êt de Cet mie. tïon qui doit fixer la confiance qu’il mérite* L’eaü régale efi encore regardée comme le véritable dilTolvant de Tor. Nous ne répéterons pas ce que nous avons dit ailleurs fur la nature , les propriétés Si les diflérences de cet acide mixte 5 fiüvant la quantité des deux acides que l’on combine enfemble pour le former. Ici nous ne nous occuperons que de fon aétion fur Por<. Des que Peau régale efi en contad avec ce mé¬ tal , elle l’attaque avec une efiervefcence d’au¬ tant pins vive qu’elle efi plus concentrée , que la température efi plus chaude 5 Sc que Por efi plus divifé* On peut à Paide d’une chaleur douce accélérer cette opération , ôn au qioins en fa- vorifer le commencement. Enfuite les bulles fe fuccèdent fans interruptiori Si jufqu’à ce qu’une portion du métal foit diifjute. Cette adion s’ar¬ rête peu à peu, & elle ne continue que par l’agi¬ tation ou la chaleur. On n’a point examiné le gaz qui fe dégage dans cette difibluîion. L’eau régale chargée de tout ce qu’elle peut diiTou- dre d’or, efi d’un jaune plus ou moins foncéj elle efi d’une caufiieité coiifidérablèj elle teint les matières animales d’une couleur pourpre fon¬ cée, Si elle les corrode. Lorfqu’on Pévapore avec précaution , elle donne des crifiaux d’une belle couleur d’or, femblables à des topazes, Sc qui paroilTent être des odaëdres tronqués , Sc quel- R i j 2<5o Leçons élementaikes quefois des prifmes tétraèdres. Cette criflallifa- lion efl affez difficile à obtenir. M. Monnet penfe . qu’elle n’eft due qu’au Tel neutre formé dans l’eau régale , &; il avance qu’il efl néceffiaire , pour l’obtenir , d’employer une eau régale faite avec l’acide nitreux & du fel ammoniac, ‘ ou du fel marin ; on conçoit que cet acide mixte contient alors , ou du nitre cubique , ou du fel ammoniacal nitreux. C’efl l’un ou l’autre de ces fels neutres , fuivant le Chimifle que nous ve¬ nons de citer , qui eft la caufe de la criflallifa- tion de l’or. Il n’efl cependant pas entièrement démontré qu’une diffolution d’or dans une eau régale faite avec les acides marin Sc nitreux purs, ne foit aucunement fufceptible de don¬ ner des criflaux , d’autant plus que M. Bergman croit que le fel d’or ne contient que de l’acide marin, qu’on peut en extraire par la diffillation. Si on chauffe les criflaux d’or , ils fe fondent Sc prennent une couleur rouge ; ce fel attire for¬ tement l’humidité de l’air. Si on diflille une dif¬ folution d’or dans une cornue ^ on obtient une liqueur d’ur; beau rouge , qui a enlevé un peu d’or avec elle , & qui paroît être de l’acide ma¬ rin. Les Alchimifles qui ont fait de grands tra¬ vaux fur l’or, ont donné le nom de lion rouge à cette liqueur. Il fe fublime auffi quelques crif- taux d’or d’un jaune rougeâtre , la plus grande d’Hist. Nat. et de Chimie. 261 partie de ce métal relie au fond de la cornue, & elle n^a befoin que d’être fondue pour être très-pure , & jouiffant de toutes fes propriétés. La diOTolution d’ôr eH fufceptible d’être dé- compofée par un grand nombre d’intermèdes. La chaux Sc la magnéfîe en précipitent l’or fous la forme d’une poudre jaunâtre. Les alkalis fixes préfentent le même phénomène ; mais il faut obferver que le précipité ne fe forme que très- lentement, Sc que la dilTolution prend une cou¬ leur rougeâtre , fi l’on a mis plus d’alkali qu’il ii’en falloir , parce que l’excédent de ce fel re^ difibut l’or précipité. Le précipité d’or efi fuL ceptible de fe réduire par la chaleur Sc dans des vaifieaux fermés ; c’efi une chaux de ce mé¬ tal qui laifie dégager facilement l’air qui lui efi uni. Cependant elle efi fufceptible de fe fondre avec les matières vitreufes , Sc de les colorer en pourpre , puifqu’on fe fert pour les émaux Sc les porcelaines d’un précipité d’or formé par le mélange d’une difiblution d’or Sc de la liqueur des cailloux. L’or précipité par les alkalis fixes , préfente encore une propriété très- differente de celles de l’or dans fon état métallique; c’eft fa difiblubi- lité dans les acides vîtriolique , nitreux Sc marin îfolés. Tous ces fels chauffes fur le précipité jaunâtre d’or j le diflblvent facilement, mais il Riij 2^2 Leçons .élismentaîres ne peiiyent s’en charger au point de donner des crihatix. Lorfqu’on évapore ces diflroliidons, For s’en précipite très-promptement , comme il le fait par ie fimple repos, M. Monnet a obfervé, fur la précipitation de la dilTolution d’or par la noix de galle (<2), un fait qui ne doit pas être oublié ; c’eft que ce précipité qui eft rougeâtre (a) Comme nous n’avons parlé que de la précipitation du fer par la noix de galle, nous croyons devoir donner ici une notice des phénomènes que préfènte cette flibfîance aÜrin- gente avec la plupart des autres düTolutions métalliques. La noix de galle précipite la dilToluîîon de cobalt en bleu clair; celle de zinc en un vert cendré; celle de cuivre en vert qui devient gris & rougeâtre ; celle d’argent d’abord en firies rougeâtres , qui prennent bientôt la couleur du café bmîé ; celle d’or en poupre ; celle de plat ne en noir. Tels font les faits obfêrvés & décrits par M. Monnet^ qui a vu d’ailleurs que ces précipités font folubles dans les acides , & que les alkalis s’unilTent à ces dernières diffolutioiis fans les précipiter. MM. les Académiciens de Dijon ont ajouté â ces faits les oblervations fuivantes. La diiïolutîon d’arfenic n’etî point altérée par la noix de galle; celle du hi'lnuth donne un précipité verdâtre; celle du nickel e(l précipitée en blanc; celle de l’antimoine en gris bleuâtre ; celle du plomb forme un dépôt ardoifé , dont la riîrface fe couvre de pellicules mêlées de vert & de rouge; enfin celle de i’érain devient d’un gris fale par ie mélange de la noix de galle, & elle donne un précipité abondant comme mucilagineux® d’Hist. Nat. et de Chimie. 2.6^ fc dilFoiit très-bien ■ dans l’acide nitreux ^ & lui donne une belle couleur bleue. L’alkali volatil précipite beaucoup plus abon¬ damment la difTolution d’or. Ce précipité qui ell d’un jaune brun , Si quelquefois orangé , a la propriété de détonner avec un bruit confîdé- rable, lorfqu’on le chauffe doucement; on lui a donné le nom d’or fulminant. L’alkali volatil eR abfolument néceffaire pour le produire ; on peut le former , foit en précipitant par l’alkali fixe une diffolution d’or faite dans une eau ré¬ gale compofée avec le fel ammoniac, ou bien en précipitant par l’alkali volatil une diffolution d’or faite dans une eau régale compofée d’acide nitreux 8c d’acide marin purs. On obtient tou¬ jours un quart de plus d’or fulminant, qu’on n’avoit d’or diffous dans l’eau régale. Il y a plu- fieurs précautions importantes à prendre , rela¬ tivement aux terribles effets de l’or fulminant. On doit d’abord ne le faire fécher qu’avec pré¬ caution & à l’air, fans l’approcher du feu. Com¬ me il n’eft pas néceffaire qu’il foit expofé à une forte chaleur pour fulminer , 8c comme le feul frottement fuffit pour lui faire produire fon ex- plofion , il faut ne boucher les vaiffeaux qui le contiennent qu’avec des bouchons de liège. Une malheureofe expérience a appris que les bou¬ chons de criftal expofent, par le frottement qu’ils R iv 2.6^ Leçons élémentaîkes produifent fur les goulots des flacons , aux dan¬ gers de la fulmination de l’or qui peut refler dans ces goulots. Il eft arrivé chez M. Baume un accident terrible , dont on trouve le détail dans fa Chimie expérimentale Sc raifonnée , îom. III , p. Les Chimiftes ont eu différentes opinions fur la caufe de la détonnation de For fulminant. M, Baumé penfoit qu’il fe formoit dans çette expérience un foufre nitreux , auquel il at- tribuoit la propriété fulminante de ce compofé. Mais M. Bergman a prouvé que cette théorie ne peut être admife , puifqu’il efl parvenu à faire de l’or fulminant fans acide nitreux, en düTol- vaut un précipité d’or dans de Facide vitrioli- que , &: en le précipitant de nouveau par l’al- kali volatil. Ce n’efl pas non plus du fel ammo¬ niacal nitreux que peut dépendre la fulmination de For, puifqu’en lavant de For fulminant avec beaucoup d’eau , qui enleveroit certainement tout le fel , s’il en contenoit , ce compofé n’a point perdu fa propriété fulminante. En exami¬ nant avec attention ce qui fe palfe dans la dé« îonnation de For fulminant, on obferve qu’iî s’enflamme dans Finflant qu’il éclate. Si on le chauffe fur un feu doux de cendres chaudes , Il s’en échappe avant fon explofion des aigrettes brillantes, femblables aux étincelles éledriques; il détonne lorfqu’on Fexpofe à Fétînçelle pro^ d’Hist. Nat: et de Chimie. duite par la bouteille de Leyde ; une fîmple étincelle fans commotion ne l’allume pas; enfin, lorfqu’il a fulminé , il laifTe une partie de l’or en chaux pourpre , & une autre dans fon état métallique. Il paroît donc que c’efl à une ma¬ tière combufiibie contenue dans For fulminant , qu’eft due fa fulmination ; & comme le gaz al- kalim , auquel nous avons reconnu une forte de combufiibilité , eft néceffaire pour la produdion de l’or fulminant , n’eft-il pas très-vraifemblable que c’eft à ce gaz qu’il faut attribuer l’explofion de cette fubftance f Cette théorie efi; d’autant mieux fondée , que M. Berthollet mon Con¬ frère a obtenu du gaz alkalin , en chauffant de l’or fulminant dans des tubes de cuivre , dont Fextrémité plongeoir, à l’aide d’un fyphoii, dans un appareil pneumato -chimique au mercure» Après cette expérience hardie, l’or n’étoit plus du tout fulminant , & il étoit réduit en chaux, M. Bergman en a fait une dans le même genre, Sc qui prouve abfolument la même chofe; en expofant de l’or fulminant à un degré de cha¬ leur qui n’étoit pas capable de le faire fulminer, il lui a ôté cette propriété, fans doute en vo- latililant peu à peu le gaz alkalin. Cependant il faut obferver que ce gaz eil véritablement combiné, Sc même très-intimement avec For, puifque Feau bouillante ne FeuIèYe pas^ & puif- Leçons éLÉMENTAiREs que l’acide vitriolique & l’alkali fixe ne font pas capables de lui ôter fa vertu fulminante , fuivant M. Bergman, Cependant M. Baume qui cite les expériences du Chimifie d’Upfal , dont il pa- roît connoître le travail , dit que l’acide vitrio¬ lique & l’alkaü fixe décompofent l’or fulminant. X’or fulminant paroit fufceptible de perdre fa propriété j lorfqu’on le mêle avec le foufre. On la lui ôte très-facilement avec l’huile , comme l’ont découvert MM. Rouelle Sc d' Arcet, L’é¬ ther 5 ainG que plufieurs autres corps inflamma¬ bles, dont nous examinerons les propriétés dans l’hifioire du Règne végétal , font propres à em¬ pêcher l’or de fulminer, fuivant les expériences de M. Bergman, Une fingulière propriété de l’or fulminant , Sc qui annonce combien fon aélion efi forte , c’efi que lorfqu’on le fait fulminer fur une lame de métal, de plomb, d’étain Sc même d’argent , il fait une marque ou un trou fur cette lame ; de plus il ne paroît pas fufceptible de s’allumer dans des vailTeaux fermés, puifque ren¬ fermé dans une boule de fer & chauffé forte¬ ment , il n’a produit aucune explofion , au rap¬ port de M. Lewis, L’or fulminant efi: très-fuf- eeptible de fe düToudre dans les acides; lorfi qu’on le fépare de ces fels par l’alkali fixe , il n’efi plus fulminant; Sc fi on emploie l’alkali vo¬ latil, il l’efi comme auparavant. d’Hist. Nat. et de Chimï'E. 26j La diffolution d’or efl précipitée par îe foie de foufre. Tandis que l’aîka'i fixe s’unit à l’eau régale, le foufre qui fe préci ite fe combine à Por ; mais cette combinaifon eft peu durable | il fuffit de chauffer l’or nui au foufre pour vo- latilifer ce dernier , 8c obtenir le métal parfait dans fon état de pureté. Obfervons ici que l’or précipité de l’eau régale par un intermède quel¬ conque 5 e(t parfaitement pur, Sc qu’il l’efl: même plus que l’or de départ, parce qu’il eft féparé de l’argent qu’il auroit pu contenir par la pré¬ cipitation de ce dernier en lune cornée , qm a lieu pendant la diffolution même de l’or , comme nous avons eu foin de le faire obferver plus haut. L’or n’eü pas îe métal qui a le plus d’affinité avec Feaii régale ; prefque toutes les autres fubf- tances métalliques font au contraire capables de le féparer de fon diffoîvant. Le bifmuth , le zinc- Sc le mercure précipitent For. Une lame d’étaia plongée dans une diffolution d’or fépare ce mé¬ tal parfait en une poudre d’un violet foncé , qu’on appelle précipité pourpre de CaJJius» On prépare ce précipité , qu’on emploie pour pein¬ dre fur les émaux Sc fur la porcelaine , en éten¬ dant une difTolinion d’étain par l’eau régale dans une grande quantité d’eau diilillée , Sc en y ver- faut quelques gouttes de diffolution d’oi% Il fe 2(58 Leçons élémentaires forme fur le champ ^ loiTque les dilTolutîons font bien chargées , un précipité d’un rouge cra- moifi , qui devient pourpre au bout de quelques jours ; ce précipité efl léger , 8c comme mucila- gineux ; on filtre la liqueur , on lave le préci¬ pité 5 on le fait fécher. Cette matière efl; un compofé de chaux d’étain 8c de chaux d’or ; fa préparation efl une des opérations les plus fîngulières de la Chimie , par la variété 8c l’in- conflance des phénomènes qu’elle préfente» Tantôt elle fournit un précipité d’un beau rouge ; quelquefois fa couleur n’efl qu’un violet foncé ; ce qu’il y a de plus étonnant , il arrive aflez foiivent que le mélange des deux diflblutions n’occafionne aucun précipité. M. Macquer , qui a très-bien détaillé ces variétés , obferve qu’el¬ les dépendent prefque toujours de l’état de la diflblution d’étain que l’on emploie. Si cette dîflbiution a été faite trop rapidement , le mé¬ tal y efl trop calciné , 8c elle en contient trop peu pour que l’eau régale de la diflblution d’or puifle agir fur lui ; car c’efl à l’aélion de cette dernière fur l’étain qu’il attribue la formation du précipité pourpre de Cajjius, On doit donc pour réuflir , fuivant lui , dans cette opération , n’employer qu’une diflblution faite très -len¬ tement 3 8c de forte qu’elle contienne le plus d’étain poflible fans que ce métal y foit en- d^Hist. î^at. et de Chimie. 26^ tièrement calciné. V oici d’après cela comment il prefcrit de préparer le précipité pourpre. On diffbiidra Pétain par parcelles dans une eau ré¬ gale faite avec deux parties d’efprit de nitre 8c une partie d’efprit de fel , affoiblie avec fon poids égal d’eau diilillée ; d’une autre part , on diffbudra à l’aide de la chaleur de l’or très-pur dans une eau régale compofée de trois parties d’efprit de nitre , & d’une partie d’efprit de fel. On étendra la diiïblution d’étain dans cent par¬ ties d’eau difiillée , on la partagera en deux por¬ tions ; on ajoutera à Pime des deux une nouvelle quantité d’eau , 8c l’on elTaiera l’une 8c l’autre avec une goutte de dÜTolution d’or; on obfervera alors celle qui donnera le plus beau rouge , pour les traiter toutes deux de la même manière; alors on y verfera la diiïblution d’or jufqu’à ce qu’elle ceiïe d’y occafionner de précipité. Le plomb , le fer , le cuivre 8c l’argent ont auiïi la propriété de féparer l’or de fa diiïblu¬ tion. Le plomb 8c l’argent le précipitent en un pourpre fale 8c foncé. Le cuivre 8c le fer le ré¬ parent avec fon brillant métallique ; la diiïblu¬ tion nitreufe d’argent 8c celle du vitriol martial ^ occafionnent aufli un précipité rouge ou brun dans la diiïblution d’or. Les fels neutres n’ont pas d’aéhon bien mar¬ quée fur l’or. On obferve feulement qite le bo- Qfjo Leçons éiÊMENTAîKrs rax fondu avec ce métal altère fa couleur & la pâlit fingiilièrement , tandis que le nitre & le fel marin la retabliTent. La difTolution de bo¬ rax verfée dans une difTolution d’or , y forme un précipité de fel fédatif chargé de molécules de ce métal. Le foufre ne peut pas shinir avec l’or ; on fe fert avec avantage de ce minéral pour lépa- rer les métaux unis avec l’or , mais fpécialemeiit Fargent. On fait fondre cet alliage dans un creu- fet ; lorfqu’il eft fondu , on jette des fîeurs de foufre ou du foufre en poudre à fa furface ; cette fubftance fe fond & fe combine avec l’ar¬ gent , & vient nager en fcorie noirâtre aii-deiTus de l’or. Il faut obferver qu’on ne fépare jamais exaâement ces deux métaux par cette opéra¬ tion , qu’on appelle départ fec , Sl qu’on ne l’emploie que fur une maîTe d’argent qui con¬ tient trop peu d’or pour pouvoir indemnifer des frais du départ à l’eau forte. Le foie de foufre difTout l’or complètement» Stahl penfe même que c’eh par ce procédé que Mqyfê a fait boire aux Ifraeütes le veau d’or qu’ils adoroient. Pour faire cette combinaifon 3 on fait fondre rapidement un mélange de par¬ ties égales de foufre & d’alkali fixe avec un huitième du poids total d’or en feuille. On coule cette matière fur un porphyre ; on la pulvérife ; d’Hist. Nat. et de Chimie, 271 on y verfe de Teau didillée chaude ; elle forme une difToiiitioii d’un vert jaunâtre qui contient un foie de foufre aurifère. On peut précipiter ce métal par le moyen des acides , & le féparer du foufre qui fe dépofe avec lui , en le chauifant dans un vaiiTeau ouvert. L’or fe combine avec la plupart des matières métalliques , Sc préfente pluheurs phénomènes importans dans fes combinaifons. Il s’unit à l’arfenic. Ce demi-métal le rend aigre , caffant , & il /én pâlit beaucoup la cou¬ leur. On a de la peine à féparer par l’aclion du feu les dernieres portions d’arfenic de cet al¬ liage ; il femble que l’or lui donne de la fixité. On ne connoît point fon alliage avec le co¬ balt. II s’unit au bifmuth , qui le rend aigre Sc caiïant. Il en efl de même du nickel Sc du ré¬ gule d’antimoine 3 comme ces demi-métaux font tous très-calcinables Sc la plupart fufibles , il efl très-aifé de les féparer d’avec l’or par l’aâion du feu combinée avec celle de l’air. L’antimoine crud a été vanté par les Alchimiftes pour puri¬ fier l’or ; lorfqu’on le fond avec ce métal allié de quelques fubflances métalliques étrangères , comme le cuivre , le fer ou l’argent , le foufre de Fantimoine s’unit à ces fubflances , Sc les fépare d’avec l’or que l’on retrouve au fond du vaif- feau. Cet or eft allié de régule d’antimoine ; ou ^7^ L E Ç ONS ÉLÉMEM TAIREZ le purifie en le chaiiffaiit jurqu’ati rouge blanc*. Le régule d’antimoine fe volatilife ; les dernières portions demandent un feu très-violent pour être enlevées , Si l’on obferve que le demi-métal en¬ traîne quelques portions d’or dans fa volatilifa- tion. Ce procédé fi célèbre parmi les Alchimifles n’a donc point d’avantage fur celui dans lequel on n’emploie que le foufre. L’or s’allie facilement au zinc ; il en réfulte un métal mixte , d’autant plus caffant & d’autant plus blanc que le demi-métal eft en plus grande pro¬ portion. Cet alliage fait à parties égales eft d’un grain très-fin ; Sc il prend un fi beau poli qu’il a été recommandé par Hellot pour faire des miroirs de télefcopes qui ne font point fuj.ets à fe ternir. Lorfqu’on fépare le zinc de l’or par la calcination ^ les fleurs que donne ce demi- métal font rougeâtres , Sc elles entraînent un peu d’or avec elles , comme l’a annoncé StahL L’or a plus d’affinité avec le mercure que les autres fubflances métalliques , & il efl fuf= ceptible de décompofer leurs amalgames. Il s’unit au mercure dans toutes fortes de propor» tions , Si il forme une amalgame d’autant plus colorée Sc d’autant plus folidc que l’or y efl en plus grande proportion. Cette amalgame fe li¬ quéfie par la chaleur , Sc fe criflallife par le re- froidiffenient j comme tous les compofés de ce genre ; b’Hist. Nat. et de Cmîmîe. ^75 genre; on ne connoît pas bien la forme régulière qu’elie ell; fufceptible de prendre. M. Sage dit que fes criftaux relTemblent à Fargent en plu¬ me 5 qiFà la loupe ils paroilTent être des prifmes quadrangulaires ; il alTure auffi que le mercure acquiert de la fixité dans cette com- binaifon. On emploie cette amalgame pour do¬ rer en or moulu. Quoique For ne foit pas fuf- ceptible de fe calciner par Faclion du feu de nos fourneaux jointe au contact de Fair, il le devient cependant lorfiqu’oii le chauffe conjointement avec le mercure. En mettant du mercure avec un quarante-huitième de fon poids d’or dans un matras à fond plat , dont on a tiré le col à la lampe d’Emailleur , pour n’y laifier qu’une très- petite ouverture, Sc en chauffant ce mélange dans un bain de fable , comme on le fait pour préparer la chaux de mercure nommée précipité j)er fe , ces deux matières métalliques fe calci¬ nent en même tems ; elles fe changent en une poudre rouge foncée , & on obtient même cette double chaux beaucoup plus promptement que celle de mercure chauffe feul, fuivant M. Baumé^ Voilà donc un métal qui, quoique très-difficile à calciner feul, hâte & facilite cependant la calcina¬ tion d’une autre matière métallique , -qui par elle- même n’éprouve que difficilement cette altération. L’or s’allie très-bien à Fétain &: au plomb j Tome IL S 274 Leçons éréMENTAîRES ces deux métaux lui ôtent toute fa dudilité. Soa alliage avec le fer eft très^dur , & on peut Fem’- ployer à former des inilrumens tranchans bien fupérieurs à ceux qui font faits avec l’acier pur® Ce métal mixte ell gris Sc at di able à l’aimant» M. Lewis propofe de Ce fervir d’or pour fouder proprement Sc très-folidement les petites pièces d’acieiv L’or fe combine au cuivre qui lui donne une couleur rouge & beaucoup de roideur , & le rend plus fufible. Cet alliage ell permis à différentes proportions pour les pièces de mon- noie , la vaifîelle Sc les bijoux. Enfin , l’or s’al¬ lie à l’argent , qui lui ôte fa couleur Sc le rend très-pâle. Cet alliage ne fe fait cependant qu’avec une certaine difficulté, à caufe de la différente pefanteur de ces deux métaux , ainfi que l’a fait obferver Homberg^ qui les a vus fe féparer pen~* dam leur fufîon. L’alliage de l’or Sc de l’argent forme l’or vert des Bijoutiers. * Comme l’or efl d’un ufage très-étendu , comme il tîï devenu avec l’argent , par une convention humaine, le prix de toutes les autres produdions de la nature Sc de l’art , il eft très-important de pouvoir connoître le degré de pureté de ce métal précieux ^ afin de prévenir les excès auxquels la cupidité pourroit porter, S< de faire en forte, que la valeur de toutes les mafies ou pièces d’or répandîtes dans le commerce foit toujours là d’Hist. Nat, et de Chimie. ^277 même. Des loix jiifles & févères ont prefcrit les dofes des alliages qu’il eft iiéceffaire d’employer pour donner de la dureté , de la roideur à For deftiné à former des uilenfiles dans Icrqueis ces propriétés font néceffaires. La Chimie a fourni des moyens de s’aiïurer de la quantité de mé¬ taux imparfaits introduits dans l’or. L’opération que l’on fait pour cela s’appelle elTai du titre de For. On coupelle vingt -quatre grains de l’or que l’on veut effayer 3 avec quarante - huit grains d’argent & quatre gros de plomb pur» Ce dernier entraîne dans fa vitrification les mé« taux imparfaits , tels que le cuivre , &c. L’or relie combiné avec l’argent après la coupella¬ tion. On fépare ces deux métaux, par une opé¬ ration qui porte le nom de départ. Départir un alliage d’or 3c d’argent , c’eli féparer les deux métaux à laide d’un dilTolvant qui agit fur l’ar¬ gent fans toucher à l’or. On fe fert ordinaire¬ ment de l’eau forte. On a ajouté de l’argent à l’or , parce que Fexpérience a appris qu’il étoit nécelTaire que For contînt au moins le double de fon poids d’argent pour que Facide nitreux pût dilToudre entièrement ce dernier métal. Comme on ajoute fouvent trois parties d’argent à For, on appelle cette opération inquart ou quartation , parce que For fait en effet le quart de l’alliage» Après avoir applati fous le marteau le bouton Si] '^7^ Leçons éLÉMENTAiRES de retour , en ayant foin de le chauffer 8c de le remuer fouvent afin qu’il ne fe fendille pas^^ 8c qu’il ne s’en fépare pas quelques portions par l’écrouilTement de la maffe , on le roule fur une plume , 8c on en forme une efpèce de cor¬ net ; on le met dans un petit matras 8c on verfe defflis cinq à fix gros d’eau forte précipitée ^ étendue avec moitié de fon poids d’eau* On chauffe doucement le vaifTeau jufqu’à ce que i’efîervefcence foit bien établie ; alors l’argent fe dilTout , le cornet prend une couleur brune, Lorfqiie l’aélion de l’acide eff pafTée , on décante l’acide j 8c on en remet de nouveau qu’on fait bouillir fur le métal pour enlever tout l’argent» Cette fécondé opération fe nomme la reprife. On décante l’acide , on lave le cornet, qui elt devenu très-mince Sc criblé d’un grand nombre de trous ; on le fait tomber avec l’eau dans un creufet , on décante l’eaut , on fait rougir le creu- fet, Sc l’or recuit jouit alors de toutes fes pro¬ priétés. On le pèfe , Sc on juge par fon poids de l’alliage qu’il contenoit, ou de fon titre. Pour connoître exaélement la quantité de métaux im¬ parfaits qu’il contenoit, onfuppofe une maffe quel¬ conque d’or compofée de vingt-quatre parties qu’on appelle karats , 8c pour plus de précifîon , on divife chaque karat en trente-deux parties , qu’on nomme trente - deuxièmes de karat, Si d’Hist. Nat. et be Chimie. ^277 î’or qiion a elTayé a perdu un grain fur vingt- quatre , c’étoit de l’or à vingt -trois karats; s’il a perdu un grain Sc demi , c’étoit de l’or à vingt -deux karats, feize trente -deuxièmes & ainfi de fuite. Le poids que J’on emploie dans les effais d’or eft nommé poids de femelle , 8c eft ordinairement de vingt-quatre grains , poids de marc ; il eft divifé en vingt-quatre karats , qui font eux-mêmes fubdivifés en trente-deux parties. On fe fert auffi de la demi-femelle , qui pèfe douze grains , mais divifée en vingt-quatre ka¬ rats , & le karat en trente- deux trente-deuxièmes. îl y a deux obfervations importantes à faire fur l’opération du départ. i"’. Quelques Chimifles ont cru que l’acide ni¬ treux diiïbivoit un peu d’or avec l’argent. M. Bau¬ me a obfervé ( pages 11 j & 118 du tome 111 de fa Chimie ) que l’argent de départ retenoit une quantité confîdérable d’or. Sur deux livres de grenaille fine employée par ce Chimifte pour faire la pierre infernale , il dit avoir féparé or¬ dinairement près d’un demi-gros d’or en poudre noire. Cependant , en faifant le départ avec un acide qui ne foit pas trop concentré , 8c en ne poufiant pas trop loin la difiblution , l’or refie pur (Sr intaél, 8c l’argent n’en retient pas. MM. de la ClalTe de Chimie de l’Académie ayant été chargés par l’Adminifiration d’examiner fi , dans S iii üjS Leçons^ élémentaiees le procédé employé pour le départ , l’acide ni¬ treux dilTolvoit l’or ; ils ont fait une grande fuite d’expériences , d’après lefquelles ils ont conclu cc que dans le départ pratiqué fuivant les règles 8c 33 lufage reçu , il ne peut jamais y avoir le moin- 33 dre déchet fur l’or , Sc que cette opération doit 33 être regardée comme portée à fa perfedion 3^. Cette décifion extraite du rapport publié par l’Académie , eft bien faite pour éclairer le Pu¬ blic fur cet objet, Sc raffurer promptement le commerce. 2°. Plufieurs Docimafliques , Sc entr’autres Schindler Sc Schlutter ^ ont penfé que le cornet d’or départi retenoit un peu d’argent. îls ont donné à cette portion le nom de furcharge ou inter-halt. MM. Hellot^ Macquer & Ti/Zer, char¬ gés d’examiner l’opération des Eiïayeurs de la Monnoie , ont prouvé qu’il n’en contenoit pas. Cependant M. Sage aiïlire , dans fon dernier Ouvrage , intitulé VAn d\j]'ayer Vor & V argent ^ p. 6!^ 5 que l’or en cornet retient toujours un peu d’argent , Sc qu’on peut le démontrer en dilTol- vant ce métal dans douze parties d’eau régale ; la diflbiution refroidie dépofe au bout de quelque teins 5 Si fouvent même douze heures après avoir été faite , un peu de lune cornée fous la forme d’une pondre blanche. L’or ell employé à un grand nombre d’ufages^ d’Hïst. Nat, et de Chimie. 279 Sa rareté Sc fon prix empêchent qu’on ne s’en ferve pour faire des uüenfiles & des vaifTeaux comme on en fait avec l’argent ; mais comme fon brillant & fa couleur flattent agréablement la vue , on a trouvé l’art de l’appliquer à la fur- face d’un grand nombre de corps , qu’il défend en même-tems des impreflions de l’air. Cet art conflitiie en général les dorures dont les efpèces font aflez variées. On applique fouvent à l’aide d’une colle des feuilles d’or fur le bois. L’or en chaux fe prépare en broyant avec du miel des rognures de feuilles d’or, en les lavant dans l’eau Sc en fai faut fécher les molécules d’or qui fe précipitent. L’or en coquille efl de l’or en chaux délayée avec une eau mucilagineufe , ou une diflbiution de gomme. On donne le nom d’or en drapeaux à la préparation fui vante. On trempe des linges dans une diflolution d’or : on les fait lécher 5 on les brûle, Lorfqu’on veut s’en fervir, on trempe un bouchon mouillé dans ces cen¬ dres , & on en frotte l’argent fur lequel l’or très- divifé s’applique facilement. Nous avons déjà parlé de la dorure en or moulu. Pour l’em¬ ployer , on néioye bien la pièce de cuivre que l’on veut dorer , à l’aide du fable Sc d’une eau forte aflbiblie nommée eau fécondé, par les Ou- viiers ; on la plonge dans une diflolution de mer¬ cure très-étendue , le mercure qui fe précipite S iv ’s8o Leçons êl^mentaikes fait adhérer l’amalgame d’or qu’on étend fur k pièce après l’avoir lavée dans l’eau pour empor¬ ter l’acide. Lorfque l’amalgame efl étendue uni- formémentj on chauffe la pièce fur les charbons 3 afin de volatilifer le mercure ; on termine le tra¬ vail en paffant fur l’or la cire à dorer 3 qui efl; compofée de bol rouge, de vert-de-gris, d’alun ou de vitriol martial incorporés avec de la cire jaune, & en chauffant une dernière fois la pièce dorée pour brûler la cire. Les autres iifages de l’or pour les bijoux , les gallons 5 font affez connus, fans qu’il foit befoin d’y infifler davantage. Quant aux vertus mé¬ dicinales qu’on lui a attribuées , les bons Méde¬ cins s’accordent à les lui refufer aujourd’hui, & ils penfent que les effets des différens ors po¬ tables propofés par les Alchimifles , ne font dus qu’aux matières dans lefquelles on mêloit ou l’on diffolvoit ce métal. Sorte XV. Platine. La platine , qui n’eft connue que depuis qua¬ rante ans pour un métal particulier , n’a encore été trouvée que dans les mines d’or de l’Améri¬ que, & fpécialement dans celles de Santa- fé ,près Carthageiie , Sc du Bailliage de Choco au Pérou. Les Efpagnols lui ont donné ce nom d’après celui de plaid , qui Ognifle argent dans leur langue ^ d’î-îist. Nat. et de Chi?æîe. 281 en la comparant à ce métal dont en effet elle a la couleur. Cependant le nom d’or blanc paroit lui mieux convenir que celui de petit argent , parce qu’en effet elle fe rapproche beaucoup plus de l’or que de l’argent par la plupart de fes prc- priétés. Il exiftoit avant l’époque que nous avons citée, quelques bijoux de platine ; mais comme ce mé¬ tal ne peut être fondu 8c travaillé tout feul , il ell vraifemblable que les tabatières , les pommes de cannes 8c autres uüenfiles de cette efpèce que Ton vendoit fous le nom de platine , étoient des alliages de ce métal avec quelques fubdances métalliques qui lui donnent de la fufibilité , comme nous le verrons dans l’hiltoire de fes alliages. La platine qui exiile dans les cabinets eft fous la forme de petits grains ou de paillettes d’un blanc livide 5 8c dont la couleur tient tout à la fois de celle de l’argent 8c du fer. Ces grains font mêlés de plufieurs fubflances étrangères j on y trouve des paillettes d’or , du fable ferrugineux noi¬ râtre , des grains qui à la loupe paroiffent fco- lihés comme le mâche-fer 5 8c quelques raolé- ' cules de mercure. En chauffant ce mélange , on •en fépare le mercure ; le lavage enlève le fable Sc les grains de fer , que l’on peut encore féparer par le barreau aimanté j il ne rede plus enfuite s§2 Leçons élémentaires que les molécules d’or &; les grains de platine qu’il eft facile de trier féparémentj comme l’a fait M. Margraf. Si l’on examine à la loupe les grains de platine ; les uns paroilTent anguleux , d’autres arrondis & applatis comme des efpèces de gallets. En les battant fur un tas d’acier , la plupart s’appIatiiTent &: paroifTent dudiles ; quelques-uns fe calTent en plufieurs morceaux. Ces derniers examinés de près , paroifTent être creux, & on a trouvé dans leur intérieur des par¬ celles de fer &: une pouffière blanche. C’eft fans doute à ces atomes ferrugineux contenus dans quelques grains de platine, que Ton doit attri¬ buer la propriété d’être attirables à l’aimant , qu’on trouve dans ces grains , quoique féparés exadement du fable ferrugineux qu’ils contien¬ nent. La pureté de ce métal paroit fort voifine de celle du fer. La pefanteur fpécifique de la platine mélangée. de toutes les matières étrangè¬ res dont nous venons de parler , fe rapproche beaucoup de celle de For ^ elle perd dans l’eau depuis un feizième jufqu’à un dix-huitième de fon poids. MM. de Buffon Se Tillet , en com¬ parant par le poids un égal volume de platine êx d’or réduit en molécules femblables à celles de la platine , ont trouvé que la pefanteur fpéci- iique de cette dernière étoit moindre d’environ un douzième que celle de l’or. Elle fe rappro- ) / b’Hîst. Nat. et de Chimie. 2§3 elle de celle de ce dernier métal, lorfcp’elle a été purifiée 'par la fiifion. ~ Il efi vraifemblable que la platine ne fe trouve pas dans les mines telle qu’on nous l’apporte , Se qu’elle ne doit fa forme de grains ou de pail¬ lettes ) qu’aux opérations qu’on fait fubir aux mi¬ nes d’or pour en féparer ce dernier métal. Comme elle eü toujours mêlée avec l’or , elle efl réduite en poudré & même à demi polie par la tritu¬ ration qu’on fait fubir à l’or pour l’amalgamer' avec le mercure. C’eft fans doute auffi pour cette raifon qu’elle eft toujours mélangée de grains d’or *Sc de molécules de mercure. Quoiqu’on vendît depuis long-temps des btf joux de platine, ce métal n’étoit point connu en particulier. Les Ouvriers des mines n’y avoient même pas fait une attention particulière , 8c avoient méprifé une matière dont l’afpeél n’avoit rien de flatteur , Sc qui d’ailleurs étoit fi difficile à traiter. C’eft à un Mathématicien Efpagnol nommé Dom Antonïo de ülloa^ qui fut du fa¬ meux voyage des Académiciens François en¬ voyés au Pérou pour déterminer la figure de la terre , qu’efl due la première connoiiïance qu’on a de la platine. Ce Savant en a dit quelques /mots dans la relation de fon voyage publiée à Madrid en 1748: M. Charles Wood ^ Métallur- gifle Angiois , en avok apporté de la Jamaïque ■5^84 Leçons ïlémemtaiees en 1741. Il Ta enfuice examinée, & il a détaillé fes expériences dans les Tranfaclions Phiîofo- phiques des années 1749 Sc 1770. A cette épo¬ que 5 plufieurs des plus grands Chimiiles de FEu- rope s’occupèrent à l’envi de ce nouveau métal qui promettoit tant d’avantages par fes fingu- îières propriétés. M. Sckeffer y ChimÜle Suédois 3s publia fes recherches fur la platine dans les Mémoires de l’Académie de Stockholm en 1771, M. Lewis , Chimihe Anglois , a fait un travail fuivi de prefque complet fur ce métal; on le trouve dans les Tranfaclions Philofophiques pour l’année 1774. xM. Margraf a configné dans les Mémoires de l’Académie de Berlin 17775 le détail de fes expériences fur ce nouveau métal. La plupart de ces xMémoires particuliers ont été recueillis par M. Morin ^ dans un Ouvrage intitu¬ le 3 la Platine , For blanc y ou le huitième métal y Paris, 1778. Dans le même tems, MM. Macquer 3c Baumé firent en commun un grand nombre O d’expériences importantes fur la platine, qui ont été publiées dans les Mémoires de l’Académie pour l’année 1778. M. de Buffon r rapporté dans le tome I du Supplément à fon Hiftoire Naturelle, une fuite de recherches fur la pla¬ tine faites par lui , M. Monceau Sc M. le Comte de Milljy, Eniin , M. le Baron de Sickengen a aulTi entrepris des recherches fur ie métal dont b’Hïst. Nat. et de Chimie. 285^ nous nous occupons ; c’eft des travaux combi¬ nés de tous ces Savans , que nous emprunterons la plus grande partie des détails que nous allons donner fur les propriétés chimiques de la pla¬ tine. La platine expofée au feu le plus violent des fourneaux , n’éprouve aucune efpèce d’altéra¬ tion , feulement elle s’agglutine un peu. Tous les Chimihes qui ont travaillé fur ce métal s’ac¬ cordent fur ce point. MM. Macquer 8c Baumé en ont tenu expofée pendant plufeurs jours au feu continuel d’une verrerie , fans que fes grains aient fouffert d’autre altération que celle de fe lier légèrement les uns aux autres ; cette agglu¬ tination étoit même fi foible , qu’en les touchant on les féparoit facilement. îls ont obfervé que dans ces expériences , la couleur de la platine devenoit brillante lorfqu’elle avoit roiigi à blanc; qu’elle prenoit une couleur terne & grife quand elle avoit été chauffée très-long-temps ; 8c enfin qu’elle augmentoit conftamment de poids, comme l’ avoit dit Margraf\ • ce qui ne peut venir que de la calcination de quelques-unes des fiibflan- ces étrangères qui lui font mêlées. Ce^ Chimifces ont expofé de la platine au foyer d’un grand miroir ardent -, elle a commencé par fumer ; elle a donné des étincelles vives 8c très-arden¬ tes j enfin les portions de ce métal expofées au 285 Leçons élémentaires centre du foyer , fe font fondues au bout d’une minute. Ces portions fondues étoient d’une cou¬ leur blanche , brillante , & préfentoient la forme d’un bouton. Elles fe laiiToient couper en lames avec le couteau. Frappée fur un tas d’acier, une de ces mafles s’efc applatie Sc s’elî réduite en une lame mince fans fe fendre ni fe gercer ; elle s’eü écrouie foüs le marteau. Cette belle expérience apprend c|ue la platine efl fufible à un feu de la dernière violence , qu’elle efl auffi malléable que l’or Sc que l’argent , Ôc qu’elle efl inaltérable par l’aélion du feu ; car dans toutes ces expériences , dont la plupart ont été faites en plein air, la platine n’a offert aucune marque de calcination. M. de NLorveau efl auffi parvenu à fondre la platine en la chauffant dans le four* neau à vent décrit par M. Macquer^ avec fon flux réduélif, compofé de huit parties de verre pilé , d’une partie de borax calciné , Sc d’une demi-partie de charbon en poudre. La platine expofée à l’air ne s’altère en au¬ cune manière. Cependant on ne fait pas ce qu’elle deviendroit fi on la chaufioit pendant long-tems , jufqu’à la faire rougir , avec le con¬ tact de l’air; peut-être fe calcineroit-elle, comme Juncker alTure que le font l’or Sc l’argent traités de la' même manière. Ce métal n’éprouve aucune altération de k d’Hist. Nat. et de Chimie. 287 part de l’eau , des matières terreufes , falino- terreufes Sc des alkalis. L’acide vitrioliqiie le plus concentré, l’acide nitreux & l’acide marin les plus forts Sc les plus fumans , n’agiffent point du tout fur la platine , même par le fecours de la chaleur de l’ébulli¬ tion. La dillillation, moyen reconnu fi efficace par tous les Chimifies pour favorifei l’adion des acides fur les matières métalliques, ne préfente pas plus de diiïblution & d’altération dans ces mé¬ langes. Seulement l’acide vitriolique ternit les grains de platine , fuivant MM. Lewis 8c Baumém L’acide nitreux au contraire la rend brillante. M. Margraf dit avoir obtenu fur la fin de la dillillation de cet acide avec la platine , quelque peu d’arfenic, phénomène que n’ont point ob- fervé les autres Chimifies. L’acide marin n’a changé en aucune façon les grains de platine. M. Margraf a de même obtenu de cet acide difiillé fur ce métal , un fublimé blanc , qui lui a paru être de l’arfenic , 8c un fublimé rougeâtre dont il n’a pu examiner les propriétés parce qu’il étoit en trop petite quantité. Toutes ces fiibfiances paroiffent évidemment étrangères à la platine. Ce métal refiemble donc à l’or par îe peu d’adion qu’ont fur lui les acides fimples| mais cette analogie eft encore plus marquée par fa difiblubilité dans l’eau régale. s88 Leçons élémentaires L’eau régale qui diiïbut le mieux la platine^ eft celle que Ton fait en mêlant parties égales d’acide nitreux Sc d’acide marin. Pour opérer cette dilTolution , qui eft en générai moins facile que celle de For , il faut mettre dans une cornue une once de platine, fur laquelle on verfe une livre d’eau régale faite dans les proportions in¬ diquées ; on met la cornue fur un bain de fable ^ & on y adapte un récipient. Dès que Facide eft chaud 5 il s’élève quelques bulles de Facide mixte, qui commence à agir fur la platine; on îfa point examiné le gaz qui fe dégage de cette diffolodon. Il paroît être peu abondant, Faélion de Feau régale s’opère fans violence & fans ra¬ pidité ; cependant cet acide prend d’abord une couleur jaune qui pafte à Forangé, 8c fe fonce peu à peu au point de devenir d’un rouge brun très-obfcur. Lorfque la diftblution eft achevée ^ on trouve au fond de la cornue des molécules de fable rougeâtre & noir qu’on fépare par dé¬ cantation; la liqueur faturée laifte dépofer peu à peu des petits criftaux informes d’une couleur fauve 5 qui font une combinaifon d’acide 8c de platine. La diftblution de platine eft une des diftbliitions métalliques les plus colorées ; quoi» qu’elle paroilTe d’un brun foncé, fi on Fétend d’eau, ce ftuide p^end une couleur d’abord oran¬ gée | qui devient bientôt jaune 8c très-femblable à i Nat. et de CiiuviiE. àSp à la difTolution d’orj elle* teint les matières ani¬ males .en brun noirâtre, mais nullement pourpre* M. Baumé dit que la platine fondue au foyer du miroir ardent, diiïbute dans l’eau régale, ne prend jamais une couleur brune comme celle de la platine en grains , & que cette diffolution eft d^un jaune orangé foncé* M. Macquèr alTure qu’en faifant évaporer la difTolution de platine , & en la lailTant refroidir , On en obtient des criftaüx beaucoup plus gros &; beaucoup plus beaux que ceux qu’elle lailTe dépofer d’elle -même lorfqu’elle efl faturée* M. Lewis ayant lailTé évaporer cette dilToIution à Pair libre, à obtenu des criÜaux d’uiî rouge foncé , paiPablement grands , de figure irrégu¬ lière Sl afPez femblables aux fleurs de benjoin , quoiqu’ils fuflent plus épais. Ce fel efi âpre 8c peu cauflique, il fe fond en partie, laifle difli-® per fon acide , 8c donne pour réfidu une chaux d’un gris obfcur. L’acide vitriolique concentré occafionne Un précipité d’une couleur foncée ^ qui èfl fans doute Un vitriol de platine. L’acide marin y produit au bout de quelque tems un dépôt jàunâtrèé Les alkalis & les matières falino-terreufès dé- cômpofent la difTolution de platine, 8c préci¬ pitent ce métal dans l’état de chaux. L’alkaii fixe du tartre Uni à l’acide crayeux, occafiomie Tome il T 2^0 Leçons élémentaires dans la difroiiuion de platine un précipité orangé. Ce précipité n’ed pas la chaux de platine pure. MM. Macquer Sl Baumé ont obfervc qu’il de¬ voir fa couleur à une certaine quantité d’acide qu’il contenoit. On doit donc le regarder comme un mélange d’une portion de chaux de platine avec une portion de Tel de platine , auquel eft due fa couleur. Cette opinion ell démontrée, parce qu’en lavant ce précipité avec de l’eau chaude, , ce fluide fe colore en diiïblvant le fel de platine , 6c le rélidu, qui efl une pure chaux de ce métal , efl gris, L’alkali fixe bouilli fur ce précipité lui enlève promptement fa couleur en décompofant le Tel, Sc laifle une chaux de pla¬ tine qui efl d’un blanc gris de perle , fuivant les expériences de M. Baumé* Ce Chimifle s’efl convaincu que le précipité de platine efl dilTo- luble dans l’alkali , puifqu’en verfant goutte à goutte la diflblution de ce métal dans de l’al¬ kali flxe chaud, il ne s’efl point fait de préci¬ pité ; c’efl pour cela que cette cliiToliuion pré¬ cipitée par l’alkali fixe retient toujours une cou¬ leur foncée , 6c qu’on en retire facilement de la platine par l’évaporation à ficcité. M. graf a découvert que l’alkali minéral ne pré¬ cipite point la dilTolution de platine; ce phéno¬ mène efl fans doute dû à ce que la platine fe diflTout fur le champ dans cet alkali, L’alkali d’Hist. Nat. et de Chimie. 2ÿi fatiiré de la partie colorante du bleu de Pruffe, forme un précipité bleu abondant, qui, fuivant M. Baume, ed du au fer contenu dans l’alkali, puifqiie fi Poil fe fert de l’alkali Pruffien privç du fer qu’il contient , par le procédé indiqué par ce Chimifie , il ne donne plus avec la diOTo- lution de platine que quelques atomes de bleu , dus à la petite portion de fer que ce métal con-- tient toujours. L’alkali volatil Pruffien forme deux précipités dans cette difTolution , comme l’a obfervé M. Lewis ; l’un qui eft jaune Sc très* abondant^ occupe la partie inférieure du mé¬ lange ; l’autre efi bleu Sc placé à la partie fu- périeure. Ce dernier eft fi peu abondant, qu’il difparoît en agitant la liqueur. L’alkali volatil cauftique précipite la platine en jaune orangé. Ce précipité eft prefqu’entiè- rement falin , puifque l’eau erî diffiout la plus grande partie, Sc fe colore comme une diftb- iution d’or. Il refte , après l’aélion de l’eau fur ce précipité, une fübftance noirâtre qui paroît être ferrugineufe. Une grande différence entre le précipité de platine Sc celui d’or par l’alkali volatil, c’eft que le premier n’eft pas fulminant comme le fécond. La noix de galle précipite la difTolution de platine en un vert foncé qui pâlit peu à peu pas le repos, ... . Tij . 2^2 Leçons élémentaires Tous les précipités obtenus de la diiïblution de platine par les matières alkalines , ne font point fufceptibles de fe vitrifier Sc de colorer le verre par le feu des fourneaux. Dans les ten- tativès faites par MM. Lewis Sc Baumé fur cet objet 5 la platine s’efl conftamment réduite en grenailles , en ramifications ou en efpèces de dentelles. On peut obtenir une efpcce de culot de platine, en expofant ces précipités avec quel¬ ques fondans rédiidifs , comme le borax , la crème de tartre , le verre , Sec, MM. Macquer 8c Baumé font parvenus à fondre ainfi en trente- cinq minutes, à un feu de forge animé par deux forts foufflets , un précipité de platine mêlé avec des fondans. Ils ont obtenu fous un verre noi¬ râtre dur , femblable à celui des bouteilles , un culot de platine brillant qui paroiiïbit avoir été bien fondu. Ce culot ifétoit point dudile, il s’efl caffé en deux morceaux, dont l’intérieur étoit creux. Ce métal préfentoit un tiffu grenu 8c groffier dans fa cafîlire *, il étoit d’une dureté à peu près femblable à celle du fer forgé , il a rayé profondément l’or , le cuivre , 8c même le fer. Quoique nous ayons dit que les précipités de platine ne paroifToient pas fufceptibles de fe vitrifier ou de fe mêler au verre , M. Baumé efl cependant parvenu à les fondre en une matière vitriforme par deux procédés différens. Le pré- d’Hist. Nat. et de Chimie. 2p3 cipité de platine mêlé avec du borax calciné Sc un verre blanc très-fufible , Sc expofé pen» daiit trente -fix heures dans l’endroit le plus chaud du four d’un Faïencier , lui a donné un verre verdâtre tirant fur le jaune, fans globules de métal apparent. Ce verre traité par la crème de tartre à un feu violent, lui a offert la pla¬ tine réduite 8c en grenailles, qu’il a féparées du verre noirâtre dans lefquelles elles étoient dit perfées , en pulvérifant ce verre Sc en le lavant. Ce Chimifle a enfuite expofé, conjointement avec M. Macquer ^ du précipité de platine au foyer du même miroir ardent avec lequel ils avoient fondu ce métal. Ce précipité a exhalé une fumée très-épaifle Sc très-Jumineufe qui fentoit vivement l’eau régale ; il a perdu fa cou¬ leur rouge Sc repris celle de la platine , &: il s’ell fondu en un bouton lifTe & brillant , qui n’étoit qu’une matière vitrefeente opaque , de couleur d’hyacinthe à fa furface, Sc noirâtre à l’intériedr, que l’on peut regarder comme un véritable verre de platine. Il eft cependant né^ cefïaire d’obferver que les matières falines dont il étoit imprégné , ont fans doute contribué à fa vitrification. Le précipité de platine ne paroît pas être diffoluble dans les acides fimples; mais il fe diffout bien dans l’eau régale , à laquelle il ne Tiij :2p4 Leçons élémentaires donne qn’une couleur orangée, qui n’imite ja* mais le brun de celle de platine en grains. La diflblution de platine n’eft point préci¬ pitée par les fels neutres alkalins ou parfaits | mais le fel ammoniac y occafionne un précipité abondant* On ne fait pas encore bien ce qui fe paffe dans cette expérience. Il par oit que le pré¬ cipité orangé que l’on obtient en verfant une dilTolution de fel ammoniac dans une diflblution de platine, efl: une véritable fubflance faline en¬ tièrement diflbluble dans l’eau. Ce précipité pré- fente une propriété bien importante , qui a été découverte par M. de Lijle ; c’efl qu’il efl fu- fible, feul & fans addition, à un bon feu de fourneau , ou à un feu de forge ordinaire. La platine fondue par ce procédé efl en un culot brillant alTez denfe Sc aflTez ferré ; mais elle man¬ que de malléabilité, Sc ne devient dudilê que îorfqu’on l’expofe à une chaleur allez forte. M. Macquer penfe qu’il en efl de cette fulion , comme de celle des- grains de platine expofés feuls à Faélion d’un feu violent ; que ce n’ell qu’une agglutination des molécules ramollies , qui, étant infiniment plus divifées &: plus tenues que les grains de platine, fe rapprochent mieux, fe touchent par beaucoup plus de points que ces derniers i ce qui rend le tilïii de ce métal beaucoup plus ferré, quoiqu’il n’ait point éprouvé rD’HisT. Nat. et de Chimie. une véritable fufîon. Cependant , qu’il nous foit permis d’obferver que fi la platin^n grains efl fufceptible de fê fondre au miroir ardent, Sc d’acquérir une duâilité aiïez confidérable , le précipité de ce métal fait par le fel ammoniac , peut bien auffi fe fondre , à caufe de fon ex¬ trême divifion j Sc que s’il n’eft pas auffi dudile que le bouton de platine fondu par les rayons du foleil, cela dépend peut-être de ce qu’il re¬ tient encore quelque matière qu’il a entraînée dans fa précipitation , dont il eft poffible de le priver par l’adion du feu. M. Margraf a dilTous la platine dans une eau régale compofée de feize parties d’acide nitreux Sc d’une partie de fél ammoniac. En diftillant cette' diiïblution à ficcité Sc jufqu’à faire rougir la cornue , il s’efl fublimé un fel d’un rouge foncé , Sc le réfidu étoit fous la forme d’une poudre rougeâtre. On ne fait pas fi la difiblu- tion de platine dans une eau régale fimple , c’efi- à-dire , faite avec les acides nitreux Sc marin ^ donneroit le même fublimé par la difiillatioii. MM. Margraf y Bautni Sc Leu^is ont mêlé la diffblution de platine avec les diflbîutions de toutes les autres fubftances métalliques. Il ré- fulte de leurs expériences, que prefque tous les métaux précipitent la platine fous la forme d’ilne poudre d’un rouge briqueté ou brun , Sc qu’au- T iv ^p6 Leçons' ê e é m e n ta r r e s . . çun de ces précipités ne jouit des propriétés îuétalliques ^ tomme cela a lieu pour la plupart des autres nîetaux. C’eft une analogie qui exifte encore entre Tor 8c la platine , quoique cette dernière ne donne point avec Pétain un préci¬ pité pourpre , comme le fait Por , mais bien un précipité brun tirant fur le rouge. Quant à Peffet des différentes diiïblutions métalliques fur celle de platine , il fuffira d’obferver que celles de bîfinuth & de plomb par Pacîde nitreux , de fer Sc de cuivre par les différons acides , 8c d’or par l’eau régale, ne produifent aucun précipité dans celle de platine , fuivant M. Margrafy 8c qu’au contraire celles de fel neutre arfenical , de zinc 8c d’argent ^ par l’acide nitreux , la précipitent ÿ îa première , en une fubflance criftallifée ,* peu abondante, d’une belle couleur d’or; la fécondé, en une matière rouge orangée , 8c la troifième , en une matière de couleur jaune. On n’a pas encore bien examiné ces différens précipités , & on ne fait pas quelle efl la décompofition qui les occafîonne. La plupart des fels neutres n’ont pas d’aélion fur la platine. M. Margraf a chauffé à un feu violent de la platine avec le tartre vitriolé & le fel de Glauhcr ; ces fels fe font fondus , & la platine eft reftée en grains fans altération; elle a feulement donné une petite couleur rougeâtre d’Hist. Nat. et ©e Chimie. 25)7. aux matières falines , fans doute à caufe du fer qui eÜ mêlé avec elle. Le nitre altère la platine d’une manière guîière , fiiivant les expériences de MM. Lewis 6c Margraf, Quoiqu’il ne fe falTe pas de dé- tonnation lorfqu’on projette dans un creufet rouge un mélange de ces deux fubftances , cependant en chauffant fortement 6c pendant long-tems , ainfi que M. Lewis l’a fait pendant trois jours 6c trois nuits de fuite , un mélange d’une partie de platine 6c de deux parties de nitre , ce métal acquiert une couleur de rouille. Si Ton fait bouillir le mélange dans l’eau ^ ce fluide diffout l’alkali , qui entraîne avec lui une poudre brunâtre , 6c la platine féparée de ce lavage , fe trouve diminuée de plus d’un tiers. On fépare la poudre brune enlevée par l’alkalî à l’aide d’un filtre. Cette poudre paroît être une efpèce de chaux de platine , mêlée d’un peu de fafran de mars, M. Lewis efl parvenu à donner à cette chaux une couleur grife blanchâtre , en la diftillant un grand nombre de fois avec le fel ammoniac. M. Margraf y qui a répété cette belle expérience , y a ajouté deux faits impor- tans ; l’un , c’eft que la platine combinée avec lalkali du nitre 3 & délayée dans une certaine quantité d’eau , forme une gelée ; 6c l’autre ^ qu’eu calcinant la portion de ce métal féparée 5p8 Leçons éLÉMENTAiRES de cette gelée étendue d’eau 8c filtrée , elle â pris une couleur noire comme de la poix. Ce travail annonce certainement une grande alté¬ ration de la platine ; il feroit bien important de le continuer , pour favoir fi à force de cal¬ cinations répétées avec le nitre , il feroit poffible de réduire tout ce métal en poudre brune comme celle dont nous avons parlé, & fur-tout pour déterminer l’état de la platine ainfi calcinée. Le fel marin , le fel fébrifuge , le borax , les fels terreux , ne font éprouver aucune altération à la platine , 8c n’en facilitent point la fufion. Le fel ammoniac difiillé avec ce métal , donne un peu de fleurs martiales , en raifon du fer que contient la platine. \ Les Chimifles ne font point d’accord fur l’ac¬ tion réciproque de l’arfenic 8l de la platine^ M. Scheffer dit que l’arfenic fait fondre ce mé¬ tal ; mais l’expérience n’a réuffi qu’en partie à M. Lewis , 8c elle n’a pas réuffi du tout à MM. Margraf ^ Macq uer 8c Baume', On n’a point elTayé de combiner le cobalt j le nickel. & la manganèfe avec la platine. Ce métal parfait s’allie très-bien avec le bif- muth , qui le rend d’autant plus fufible que ce dernier efl en plus grande quantité. Cet alliage efl: aigre Sc calTant ; il devient jaune , pourpre 8c noirâtre à l’air • on ne peut coupeler ce d’Hist. Nat. et de Chimie. 2^^ métal mixte qu’avec . la plus grande difficulté ; il ne forme jamais qu’une maffia peu duétile. La platine fe fond facilement avec le régule d’antimoine ; il en réfulte un métal caffiant à facettes , dont on peut féparer le régule par l’aélion du feu; mais qui en retient toujours affiez pour rendre la platine plus légère Sc caffiant e. Le zinc rend la platine très-füfible , Sc fe com¬ bine très-facilement avec elle ; cet alliage eft caffiant , dur à la lime ; il tire fur le bleu , lorf- qiie la platine efl plus abondante que le zinc. On fépare ces deux matières métalliques par l’aélion du feu qui volatilife le ^inc ; cependant la platine en retient toujours un peu. La platine ne s’unit point au mercure , &: elle ne peut point former d’amalgame , quoi¬ qu’on la triture pendant plufieurs heures avec ce fluide métallique. On fait d’ailleurs qu’on em¬ ploie le mercure en Amérique pour féparer l’or d’avec la platine. Plufleiirs mtermèdes, tels que l’eau dont fe font fervis MM. Lewis Sc Baume , Se l’eau régale que M. Scheffer a employée , ne facilitent en aucune manière l’union de la platine avec .le mercure ; cette propriété femble la rap¬ procher du fer , dont elle a d’ailleurs la cou¬ leur & la dureté. La platine s’allie très-bien avec Pétain. Cet alliage eft très-fiifible & coule bien, Il efl aigre ^ 300 Leçons élémentaires & cafle même par le choc , lorfque ces deux métaux font unis à parties égales. Lorfque l’étain cfl à la dofe de douze parties 8c même plus fur une de platine, ce métal mixte efl affez dudile; mais il a le grain rude 8c groffier, &:il jaunit à l’air. La platine diminue fingulièrement la duc¬ tilité de l’étain , & il ne paroît pas qu’on puifTe tirer parti de cet alliage. Cependant lorfqu’il efl bien poli , il peut reüer long-tems à l’air fans s’altérer. Il paroît que M. Lewis , à qui font dues prefque toutes les connoilTances qu’on a acqiiifes fur les alliages de la platine , efl par¬ venu à calciner ce métal , & à le dilToudre dans l’acide marin par le moyen de l’étain. Le plomb 8c la platine s’allient très-bien par la fufion ; mais ils demandent un feu plus fort pour être fondus , qu’il n’en faut pour fondre l’alliage précédent. La platine ôte la dudilité du plomb *, il réfiilte de la combinaifon de ces deux métaux , un métal mixte , tirant fur le pourpre , plus ou moins caiïant, fuivant les proportions de la platine , flrié 8c grenu dans fa caflure , 8c qui s’altère promptement à l’air. La coupella¬ tion par le plomb , étoit une des expériences les plus importantes à faire fur la platine ; en effet , cette opération étoit feule capable de la purifier des métaux étrangers qu’elle pouvoir contenir, M, Lewis 8c plufieurs autres Chimifles ^ d’Hist. Nat. et de Chimie. 301 ont tenté en vain de coupeîer la platine dans les fourneaux de coupelle ordinaires ^ quelque chaleur qu’ils pulTent exciter dans ces fourneaux. La vitrification & l’abforption du plomb ont lieu dans le commencement de l’opération , à caufe de l’excès du métal fufible ; mais à me- fure que ce dernier diminue , la platine reprend fon infufibilité , Sc elle la communique aux der¬ nières portions de plomb , de manière qu’elle fe fige fur la coupelle , ^ qu’elle pèfe plus après cette opération qu’elle ne pefoit auparavant , à caufe du plomb qu’elle a retenu. MM. Macquer Sc Baumé font cependant parvenus à la féparer complètement du plomb. Ils ont expofé, fur une coupelle , une once de platine &; deux on¬ ces de plomb dans l’endroit le plus chaud du four qui cuit la porcelaine de Sèves. Le feu de bois qu’on y allume dure cinquante heures de fuite. Au bout de ce tems la platine étoit ap- platie fur la coupelle , fa furface fupérieure étoit fombre & ridée ; elle s’eft détachée facilement % fa furface inférieure étoit brillante , & ce qui eft plus précieux , elle s’eft laifTée étendre très- bien fous le marteau. Ces Chimiftes fe font af- furés par tous les moyens poiïîbles , que cette platine ne contenoit pas de plomb , 6c qu’elle étoit très -pure. M. de Morveau -a également réiiffi à coupeîer un mélange d’urrgros de pla- 502 L E Ç G N s É L E M E N T A î R E § ■ tine Sc de deux gros de plomb , en fe fervant du fourneau à vent de M. Macquer, Cette opé¬ ration faite en quatre reprifes , a duré onze à douze heures. M. de Morveau a obtenu un bou¬ ton de platine , non adhérent , uniforme , d’une couleur femblable à celle de Pétain , un peu ra¬ boteux , qui pefoit un gros juhe , Sl ne paroif» fbit nullement fenfîble à l’aimant. Voilà donc un procédé convenable pour obtenir la platine fondue en plaques , qui peuvent fe forger , Sc être conféquemment employées pour faire dif- férens uhenfiles précieux par leur dureté & leur inaltérabilité, M. Baume lui a encore reconnu une propriété fort utile ; celle de fe laiiïer fon¬ der de forger comme le fer , fans le fecours d’aucun autre métal. Après avoir fait rougir à blanc deux morceaux de platine qui avoient été coupelés fous le four de Sèves, il les a pofés i’un fur l’autre , de frappés promptement d’un coup de marteau -, ces deux morceaux fe font foudés auffi bien d: auffi folidement que l’au- roient fait deux morceaux de fer ; il n’eft pas befoin d’infîfter long-tems fur cette expérience pour faire fentir tous les avantages qui en réfulte- i:ont pour les arts. M. Lewis n’a pas pu obtenir d’alliage entre le fer forgé d: la platine. Ce métal mixte auroit le grand avantage de réunir la dureté de l’acier d’Hîst. Nat. et de Chimie. 303 trempé avec une forte duélilité ^ au moins il ne feroit point aigre & caiïlmt comme Pacier. Le Chimifte Anglois que nous venons de citer , fit fondre un mélange de fer de fonte 8c de platine. Cet alliage étôit ü dur que la lime ne put Pentamer ; il avoit un peu de duélilité , mais il fe caffbit net lorfqu’il étoit rouge. La platine donne de la dureté au cuivre , avec lequel ^elle fond affez facilement. Cet alliage a de la duélilité , lorfque la dofe du cuivre ell trois ou quatre fois plus confidérable que celle de la platine. Il eft fufceptible de prendre un beau poli 5 8c ne s’eft point terni à Pair dans Pefpace de dix ans, La platine détruit en partie la duélilité de Par- gent 5 augmente fa dureté , 8c ternit fa couleur. Ce mélange ed fort difficile à fondre; les deux mé¬ taux fe réparent par la fufion 8c le repos. M. Lewis a obfervé que Pargent que Pon fond avec la pla¬ tine 3 ed lancé aux parois du çreufet avec une efpèce d’explofion. Ce phénomène paroît ap¬ partenir à Pargent feul , puifque M. d'Arcet a vu ce métal rompre des boules de porcelaine dans lefquelles il étoit renfermé , 8c être lancé au dehors* de ces vaideaux par Paélion du feu. La platine ne fe combine bien avec Por qu’à l’aide d’un violent coup de feu. Elle altère beau^ coup la couleur de Por , à moins qu’elle ne foit I 504 Leçons é l ê m e n t a i e e s en très-petite quantité; par exemple un quarante- feptiènie de platine , & toutes les proportions au-deflTous de celle-là , ne changent pas beau¬ coup la couleur de For. La platine n’altère que peu la duètilité de For ; c’eft même un des mé¬ taux qui la diminue le moins. La pefanteur de la platine , prefque égale à celle de For , pou¬ voir favorifer la fraude ; Sc c’efl pour cette rai- fon que le Miniftère d’Efpagne a fait fermer les , mines de platine. Cependant , depuis que la Chimie a découvert des moyens de reconnoître de For allié de platine , 8c même de la platine al¬ liée d’or 5 les mêmes craintes ne peuvent plus fubfifler ; Sc il eft fort à defirer que les mines de platine foient rouvertes , afin que le com¬ merce piiifTe jouir d’un nouveau métal qui pro¬ met tant d’avantages à la fociété. La dilTolution de fel ammoniac a, comme nous l’avons fait obferver , la propriété de pré¬ cipiter la platine. Si donc on foupçonne de For d’être allié de platine , on pourra efiTàyer fa dif- folution dans l’eau régale , avec une dilTolution de fel ammoniac , le peu de platine qu’elle con¬ tiendra occaGonnera un précipité orangé ou rougeâtre ; s’il ne s’y fait point de précipité j, c’efl: une preuve que For ne“ contient pas de platine. S’il arrivoit que les belles propriétés de la platine la rendiflent quelque jour plus rare ôc plus d^Hist. Nat* et de Chimie. 305^^ plus recherchée que For 5 k cupidité ne pourroit pas nous tromper davantage en alliant For à ce ' métal 5 puîfqiFune diffblution de vitriol martial qui a la propriété de précipiter la difrolution d^or 5 fans changer en aucune maijière celle de platine 5 feroit reconnoître fur le champ la fraude. Une lame d’étain plongée dans une diffoiiitiorî de platine alliée d’or 1 feroit auffi reconnoître la préfence de ce dernier, en fe couvrant d’un pré¬ cipité pourpre , tandis que la platine ne lui donne qu’une couleur brune fale tirant fur le rouge ; d’ailleurs ce dernier précipité ne colore point le verre , tandis que le précipité d’or lui donne une couleur pourpre. ■ Toutes les propriétés de la platine que nous avons examinées , paroiflent prouver que • cette fubftance eft un métal particulier , le plus parfait & le plus inaltérable de tous. Son peu de duc¬ tilité & de fufibilité regardées par quelques per- fonnes comme deux fortes objedions contre ce fentimeiit , ne font pas capables de le réfuter ^ puifqrPil y a peut-être moins loin de la fufibilité de la platine à celle du fer forgé, qu’il n’y a de celle de ce dernier métal à la fufibilité du plomb; & puifqu’elle n’a été fi peu duâile jufqii’à pré-» fent , que^parce qu’on n’eft point encore parve¬ nu à lui donner une fufîon bien complette. Quant à Fopinion des Savans qui regardent la platine Tome 'IL So6 Leçons élémentaires comme un alliage naturel d’or 8c de fer, quel- qu’ingénieufe 8c quelque fatisfaifante qu’elle pa-» roilTe , il eft impoflible de l’admettre tant qu’on ne réparera pas ce métal en deux autres par une analyfe exade ; 8c tant qp’on n’imitera pas mieux la platine qu’on ne l’a fait jufqu’aujourd’hui par l’alliage artificiel de l’or 8c du fer. Enfin, M. Mac- ^uer a fait une très-forte objeâion contre ce der¬ nier fentiment, en obfervant que plus on prive la platine du fer qu’elle contient , 8c plus elle s’é¬ loigne des caraélères extérieurs 8c des propriétés de l’or. On conçoit aflez de quel important ufage feroit ce métal précieux introduit dans le com¬ merce , lorfqu’on fait qu’il réunit l’indeflruéfibi- lité de l’or à une dureté prefque égale à celle du fer , qu’il réfifle à l’aélion du feu le plus violent, 8c des acides les plus concentrés. Les arts 8c la Chimie en retireroient fans doute les plus grands avantages. Nat. et de Chîmie. 307 LEÇON XLIL Genre V. Bitumes (a), J* J E S bitumes font des fubllances combuf- tibles , folides , molles ou fluides , dont l’odeur eft forte , âcre , aromatique , Sc qui paroiflent être beaucoup plus conipofés que les corps du Régné minéral que nous avons déjà examinés. On les trouve , ou formant des couches dans l’intérieur de la terre , ou fuintant à travers les rqchers , ou nageant à la furface des eaux. Leur caradère efl de brûler le plus fouvent avec flamme, lorfqu’on les chauffe avec le contad de l’air, comme le font les matières formées par les organes des végétaux 8c des animaux auxquelles on a donné le nom d’huiles. Leur analyfe eft beaucoup moins exade que celles des matières terreufes , falines ou métalliques , parce que l’adion du feu les altère fingulière- ment , Sc en extrait des principes qui réagiflent [a) On doit (ê rappeler que nous avons dlvifé les ma-« ÉÎères combuftibles minérales en cinq Genres , qui font , le diamant , le gaz inflammable , le fbufre , les matières métalliques & les bitumes. 5o8 Leçons iLÉMENTAïRSS les uns fur les autres à mefure qu’ils fe volatw lifent. Cell une analogie que les bitumes ont avec les fubflances végétales 8c animales. Ou en retire par la dillillation , une eau ou flegme odorant plus ou moins xoîoré 8c falin, un fei acide fouvent concret, quelquefois de l’alkaîi ^ volatil 5 8c des huiles qui de légères qu’elles font dans le commencement , deviennent d’autant plus épaifles 8c colorées que la diftillation eif plus avancée 8i que le feu efl plus aélif. Il relie après cette analyfe un charbon plus ou moins ^ volumineux , épais , léger , rare , brillant ou compade , fuivant les differentes efpèces de bi¬ tumes. Cette analyfe indique que les corps inflammables ont une origine végétale ou ani¬ male, comme nous le dirons avec plus de dé¬ tail , lorfque nous aurons fait l’hiffoire de leurs propriétés. Les bitumes éprouvent quelques altérations de la part de la lumière ; lorfqu’ils font fluides , leur couleur fe fonce , 8c leur odeur fe modifie dans des vaiflTeaux tranfparens. L’air les épaiffit par l’évaporation fucceffive de leur humidité, dont l’atmofphère fe charge d’autant plus promp¬ tement que l’air èfl: plus fec. Leur principe rec¬ teur ou odorant fe diflipe en même proportion, 8c ils paflent peu-à-peu de l’état de fluidité à la ténacité & à la folidité j mais il faut un grand b^Hist* Nat. et de Chimie. 309 nombre d^années pour leur faire éprouver cette dernière altération. L’eau dans laquelle on fait bouillir les bitumes ne les diflbut pas 5 mais elle fe charge de leur principe reâeiir , & elle exhale Fodeur qui leur elî propre ; il femble donc que Feaii a plus d’af¬ finité avec leur principe odorant que la matière hiiileufe du bitume ^ & peut-être pourroit-on ôter ainfî à ces corps toute leur odeur. On n’a point ciïayé Fadion des matières fali- no-terreufes furies bitumes. Cependant ,1a chaux paroît capable , ainfi que les alkalis purs , de s’unir avec ces matières combuftibles , 8c de former avec elles des compofés folubîes dans Peau , auxquels on donne le nom de favons. On ne connoît pas la manière dont les acides minéraux font fufceptibles d’agir fur les bitumes; il ell vraifemblable qu’ils les diffbudroient Sc les mettroient dans un état favonneux comme ils font à Fégard des huiles. On n’a pas plus examiné Fadion des fels neu¬ tres 5 du gaz inflammable , du foufre Sc des mé¬ taux fur les bitumes ; Sc en général les propriétés chimiques ^ de ces corps ne font que très -peu connues. Ce travail eft entièrement neuf, & il offriroit certainement des réfultats utiles. Les Natnraliftes fe‘ font beaucoup plus occu¬ pés de Forigine Sc de la formation' des bitumes, Viij 5îO Leçons élémentaires que les Chimifles ne l’ont fait de leur analyfe* Il y a eu plufieurs opinions fur cet objet. Les uns ont peiifé que ces corps combuliibles ap» partiennent en propre au Règne minéral , qu’ils font aux minéraux ce que les huiles & les rélines font aujc êtres organiques. Cette analogie , qui a quelque chofe de féduifant pour l’imagination, ne s’accorde pas avec les faits : car on ne con- noît rien dans le Règne minéral qui ait le carac¬ tère huileux. AulTî l’opinion de ceux qui attri¬ buent les bitumes à des fubfîances végétales en¬ fouies dans l’intérieur de la terre , Sc altérées par l’adion des acides minéraux , a-t-elle eu beaucoup plus de partifans que la première. En efîèt , tout attelle que les bitumes proviennent de ma¬ tières organiques. Il fe rencontre conllamment dans leur voifînage un grand nombre de ces matières dont la forme eil reconnoilTable ; d’ail¬ leurs ils ont eux-mêmes les caradères chimiques des fubJlances formées par la vie , Sc l’on ell parvenu à les imiter jufqu’à un certain point , en combinant des huiles avec l’acide vitrioliqiie concentré. Nous verrons dans l’Hiiloire chimi¬ que des matières végétales , que l’huile de vi¬ triol mife en contad avec les huiles elTenti el¬ les les durcit, les noircit, leur donne une odeur forte & piquante femblable à celle des bitumes. Mais ces corps font-ils uniquement formés parles d’Hist. Nat. et de Chimie, jiî végétaux enfouis 5 comme l’ont avancé la plupart des Naturaliftes, Sc les animaux n’y contribuent^ ils point pour quelque chofe f La grande quan¬ tité de bitumes qui exigent dans l’intérieur de la terre , comparée avec ie peu de bois ou d’ar¬ bres qu’on rencontre dans leur voifinage , Sc fur- tout le peu d’abondance des matières huileufes^ que ces végétaux contiennent, femblent s’oppo- fer à ce qu’on attribue entièrement l’origine des bitumes aux individus du Règne végétal : d’un autre côté , i’abondarice de ces corps combufti- bles dans des endroits ou l’on ne trouve que quelques traces de végétaux^ Sc l’exiflence pref- que confiante de dépouilles d’aniniaux entafTés aii-deiïlis des bitumes , doivent porter à croire que les êtres organiques ont contribué pour beau¬ coup 5 Sc peut-être même plus que les végétaux , à leur formation. Obfervons encore que les couches fucceflives de quelques bitumes qui fe trouvent en maiïes continues dans l’intérieur du globe , annoncent q^ie ces corps ont été dépofés lentement Sc par les eaux , Sc que leur forma¬ tion correfpond à l’époque où des amas immenfes de coquilles Sc d’autres corps marins ont été for¬ més par la mer. Ils ont donc été dans un état fiiiide, Sc ils fe font durcis par le laps de tems Sc par l’adion des corps falins ou d’autres agens que l’intérieur de la terre contient en grande quan- V ir 3îâ- Leçons ÉLéMENTAîRSs tité. Telle eft l’opinion que M* Farmentier ^ Membre du Collège de Pharmacie , a expofée fur l’origine du charbon de terre , dans un Mé¬ moire qu’il a lu à l’ouverture des Cours de cette Compagnie. Les huiles &: les graiffes des ani¬ maux marins paroiffent donc être un des maté¬ riaux dont la nature fe fert pour former certains bitumes , tandis qu’il en eft d’àutres dont l’ori- gine eft manifeftement végétale , & qui font dus à des réfines ou à des huiles elTentielles enfouies & altérées dans la terre. Les bitumes font en affez grand nombre. Les Naturaliftes en ont fait plufieurs genres. En les confidérant chimiquement , nous les rega’*dons comme des efpèces ou des fortes , parce qu’ils ont en effet tous les mêmes caradères relati¬ vement à leurs propriétés chimiques. Les uns font liquides ; d’autres jouiftpnt d’une confiftance molle ; il en eft qui font fçlides , 6c parmi ces derniers , les uns font durs 6c fufceptibles de poli 5 les autres font friables. Hous^ connoif- fons fix fortes bien diftindes , qui comprennent une grande quantité de variétés que nous indi¬ querons. Ces fix fortes, dont nous allons faire l’hiftoire , font , le fuccin , l’afphalte ou bitume de Judée , le jayet, le charbon de terre, l’ambre gris 6f le pétrole. d’Hist. Nat. et de Chimie. 513 Sorte I. S U c c I N. Le fiiccin nommé ambre jaune ou karabé, efl le plus beau de tous les bitumes par fes carac¬ tères extérieurs ; iL efl en morceaux irréguliers d’une couleur jaune ou brune, tranfparens ou opaques , formés par couches ou par écailles. Il efl fufceptible d’un très-beau. poli. Lorfqu’on le frotte quelque tems , il devient éleélrique 8c ca¬ pable d’attirer des pailles. Les anciens qui con- noilToient cette propriété avoient donné au fuc- cin le nom ^eleârum , d’où efl venu celui d’é- leélricité. Ce bitume efl d’une confiflance afTez dure, 8c qui approche de celle de certaines pierres; ce qui a engagé quelques Auteurs 8c en particu¬ lier Eartman , Naturalifle qui vivoit fur la fin du dernier fiècle, à le ranger parmi les pierres précieufes. Cependant il efi friable 8c cafTant. Lorfqu’on le pulvérife , il répand une odeur afiez agréable. On rencontre fouvent dans fon inté¬ rieur des infedes très -bien confervés 8c très- reconnoifTables , ce qui prouve qu’il a été liquide , 8c que dans cet état, il a enveloppé les corps qu’on y trouve. Le fuccin efi le plus fouvent enfoui à une plus- ou moins grande profondeur; il fe trouve fous des fables colorés , en petites mafFes incohérentes ^ & difperfées fur des lits de ! 314 Leçons élémentaires terre pyriteufe; on rencontre au-deiTus de lui des bois chargés de matière bitumineufe noi¬ râtre ; on croit d’après cela qu’il eft formé par une fubftance réfineufe , qui a été altérée par l’acide vitrioliqiie des pyrites. Il nage encore fur les bords de la mer : on le ramalTe fur les bords de la mer Baltique dans la PrulTe Ducale. Les montagnes de Provence près de la ville de SiC* teron^ la Marche d’Ancône, &: le Duché de Spoiette en Italie , la Sicile , la Pologne , la Suède Sc plufieiirs autres pays en fournilTent aiilîi. La couleur , la texture , la tranfparence ou l’o¬ pacité de ce bitume en ont fait reconnoître un affez grand nombre de variétés : on peut , d’a¬ près W^allerliLSy les réduire aux fuivantes. Variétés. 1. Succîn tranfparent blanc. 2. Succîn tranfparent d’un jaune pâle. 3. Succîn tranfparent d’un jaune de cîtron. 4. Succîn tranlparent d’un jaune d’or j chryfelecîriim des Anciens. 5. Succîn tranlparent d’un rouge foncé. 6. Succîn opaque blanc , leucehBrum. 7. Succîn opaque jaune. 8. Succîn opaque brun. $, Succîn coloré en vert , en bleu, par des matières étrangères. îo. Succîn veiné. d’Hist. Nat. st de Chimie. 31^ On pourroit encore en diftinguer un plus grand nombre de variétés , d’après les accidens qu’il offre fou vent dans fon intérieur. Mais on doit être prévenu relativement au prix que l’on attache aux échantillons de fuccin, remarquables par leur groffeiir , leur tranfparence , &: les in- feéles bien confervés qu’ils offrent dans fon in¬ térieur, qu’il eft poffïble d’être trompé fur cet article , puifque plufeiirs perfonnes pofsèdent l’art de lui donner de la tranfparence , de le colo¬ rer à volonté, ôc de le ramollir affez pour pouvoir y introduire des corps étrangers. Wallerius aver¬ tit que le fuccin couleur d’or ne doit jamais fa tranfparence qu’à la nature , & que celui que l’art a rendu tranfparent eff toujours d’une cou¬ leur pâle. Quoiqu’il foit très-vraifemblable que ce bi¬ tume doit fa naiffance à des matières réfîneufes végétales , plufieurs Naturaliftes ont eu des opi¬ nions différentes fur fa formation. Quelques-uns Font regardé comme de l’urine durcie de certains quadrupèdes 5 d’autres comme un fuc de la terre que la mer a détaché , & qui , porté par les eaux fur le rivage , s’y eh defféché Sc durci par les rayons du foîeil. Cette claffe deNaturaliÜes le défigne comme un fac minéral particulier. Telle étoit l’opinion d’un ancien Naturalihe nommé VhïUmoîi J & cité par George Agrïcola l’a 3i6 Leçons élémentaires enfuîte fait revivre. Frédéric Hoffman croyoit qu’il étoit formé d’une huile légère, féparée du bois bitumineux par la chaleur, & épaiffîe par l’acide des vitriols. On ne peut admettre cette opinion ^Hoffman , car on ne conçoit pas comment une huile féparée dans les entrailles de la terre , pour^ roit contenir des animaux qui ne vivent qu’à fa furface. Il eft plus que vraifemblable que le fuc- cin eft dû à un hic réfîneux qui a coulé d’abord fluide de quelqu’arbre -, ce fuc enfoui plus ou moins profondément dans la terre , par des bou- leverfemens que le globe a éprouvés , s’eft durci imprégné des vapeurs minérales & faünes qui circulent dans fon intérieur. Il n’y a pas même d’apparence qu’il ait été altéré par des acides concentrés, car l’expérience nous apprend que l’aéhon de ces acides l’auroit noirci Sl mis dans un état charbonneux. Pline penfoit que le fuc- cin n’étoit autre chofe que la réfîne du pin durcie par la fraîcheur de l’automne. Quelques Auteurs ont cru qu’il étoit dû à une efpèce de réiine , connue fous le nom impropre de gomme copal , qui avoit féjourné dans la terre. Mais quelqu’ana- logie qu’il femble y, avoir entre pluheurs pro¬ priétés de ces deux fubhances, on ne peut abfo- lument pas fpécifier l’efpèce de matière végétale à laquelle le fuccin a appartenu. Le fuccin expofé au feu ne fe liquéfie qu’à æ)’Hist. Nat. et de Chimie. 517 une chaleur aîTez forte; il fe ramollit Sc fe bour- fouffle beaucoup. Lorfqu’on le chauffe avec le contaâ: de Pair, il s’enflamme &l répand une fumée très-épaiffe Sc très-odorante. Sa flamme efl jaunâtre, variée de vert Sc de bleu. Il laiffe après fa combuffion un charbon noir luifant, qui donne par l’incinération une terre brune en très -petite quantité. M. .Bourdelm ^ dans fon Mémoire fur le fuccin ( Acad, 17/fZ ) , n’a ob¬ tenu que dix-huit grains de cette terre , en brû¬ lant deux livres de fuccin dans un têt. Une demi- livre du même bitume , brûlé Sc calciné dans un creufet, lui a fourni dans une fécondé opéra¬ tion douze grains de réfîdu terreux, d’où il a retiré du fer à l’aide du barreau aimanté. Si l’on diflille le fuccin dans une cornue Sc par un feu gradué , on obtient d’abord un phlegme qui fe colore en rouge , Sc qui eft manifeflement acide. Cet efprit acide retient l’odeur forte du fuccin; il paffe en fuite un fel volatil acide qui fe criftallife en petites aiguilles blanches ou jau¬ nâtres dans le col de la cornue ; à ce fel fuo; cède une huile blanche Sc légère d’une odeuç très-vive. Cette huile prend peu à peu de la couleur, à mefure que le feu devient plus fort, Sc elle finit par être brune , noirâtre , épaiffe , vifqueufe, comme les huiles empyreumatiqiies» XI fe fublime pendant que ces deux huiles^ paf» 3i8 Leçons élémentaires. fent 5 une certaine quantité de fel volatil de plus en plus coloré. Il relie dans la cornue , après cette opération , une maiïe noire moulée fur le fond de. ce vailTeau , caflante 8c femblable au bitume de Judée ; George Agricola avoit déjà fait cette obfervatiDn, il y a près de trois fiè- cles , fur le rélidu du fucciii diftiilé. Si l’on con¬ duit l’opération par un feu doux & bien mé¬ nagé 5 8c fi Ton opère fur une grande quantité de fuccin, on peut obtenir féparément tous ces produits en changeant de récipient. Ordinai¬ rement on les reçoit dans le même , & on les redifie enfuite à une chaleur douce. L’efprit fe décolore en partie par cette reélifîcation. L’huile qui ne devient noire fur la fin de l’opération , que parce qu’elle entraîne une portion charbon- neufe , 8c parce que l’acide a réagi fur fes prin¬ cipes, peut être rendue très-blanche &; très-légère par plufieurs diftillations fucceffives. M. Rouelle l’aîné a donné un très-bon procédé pour l’ob¬ tenir dans cet état par une première opération. Il faut pour cela mettre cette huile avec de l’eau dans un alambic de verre , 8c la diftiller à la chaleur de l’eau bouillante ; la portion la plus pure, la feule qui foit volatile à ce degré de chaleur, à caufe-de fa légèreté, pafie avec l’eau au-defllis de laquelle elle fe rafiTemble. Si on veut la conferver dans cet état , il faut |a ren- b’Hist. Nat. et de Chimie. 51^ fermer dans des vaifTeaux de grès ; car dans les vaiiïeaiix de verre , les rayons lumineux qui îraverfent cette matière , lui donnent au bout d’un certain tems une couleur jaune ôc même brune. Cette analyfe démontre que le fuccin eft formé d’une grande quantité d’huile rendue con¬ crète par un acide. Il contient encore une très- petite quantité de terre , dont on n’a point examiné la nature, Sc quelques atomes de fer. L’huile de fuccin paroît fe rapprocher des huiles eiïentielles ; elle a leur volatilité , leur odeur; elle eh très -inflammable ; elle paroît fufceptible de former des favons avec les al- kalis. . Le fel volatil de fuccin a été regardé pen¬ dant quelque tems comme un fel alkali. Glafer^ Lefevre y Char as & Jean- Maurice Hoffman y Pro- felTeur à Altdorf , étoient de ce fentiment. Bar-^ chufen 8c Boulduc le père fônt les deux pre¬ miers Chimiftes qui , dans le dernier iiiècle , ont reconnu la nature acide de ce fel. Depuis eux j?tous les Chimiftes ont adopté cette découverte ^ mais ils n’ont point été d’accord entr’eux fur la nature de cet acide. Frédéric Hoffman , fondé fur ce que le fuccin fe trouve en PrulTe fous des couches de matières remplies de pyrites, a imaginé que fon fel eft formé d’acide vitrio- 520v liEÇONS ÉLÉMENTAîRES liqne. Neuman paroît avoir le même fentiment* M. Bourdeliîi^ dans le Mémoire que nous ayons cité , rapporte plufieurs expériences qu’il a faites pour déterminer la nature de ce fel. Il obferve d’abord que le fel de fuccin obtenu par la dif- tillation de ce bitume , quelque blanc Sc quel¬ que pur qu’il foit, contient toujours une ma¬ tière huileufe *, c’eft fans doute à cette fubllance huileufe qu’eil due fon odeur & l’efpèce de combuflibilité dont il jouit, Sc qu’il préfente lorfqu’on le jette fur des charbons ardens. Il a tenté plufieurs moyens pour le débarrafler de cette fubflance. Nous verrons, lorfque nous exa¬ minerons la nature Sl les propriétés de l’efprit ardent , que ce fluide n’a pas pu remplir fes vues. L’alkaii fixe feul digéré fur le fuccin, dans le defTein de lui enlever fa partie graffe & hui¬ leufe , & d’obtenir fon fel féparé , n’a pas eu plus de fuccès ; il a feulement dilTous un peu de bitume, &: il a pris une faveur lixivielle Sc falée comme le fel marin. Enfin , M. Bourdelm n’a pas trouvé de meilleur procédé pour unir l’acide du fuccin pur &: privé de matières hui- \ leufes, avec l’alkali fixe, que de faire détonner uu mélange de deux parties de nitre avec une par¬ tie de ce bitume. Il a lelTivé le réfidu de cette détonnation avec de l’eau difiillée. Cette leffive étoit ambrée y elle a précipité la diffolution d’ar- b’Hîst* Nat. et de Chimie. 321] gent en caillé blanc; celle du mercure avec la même couleur. Plufieurs autres diiTolutions mé¬ talliques ont été également décompofées; mais AL Bourdelia a regardé que les deux premières comme concluantes. Elles lui ont paru indiquer que l’acide du fuccin étoit le même que celui du fel marin j puifqu’il préfentoit les mêmes phénomènes que ce dernier, avec les dilTolu- tions nitreufes de mercure de d’argent. La lef- live du réfidu de la détonnation du fuccin avec le nitre , ayant été évaporée à l’air , a donné une matière mucilagineufe , au milieu de la¬ quelle fe font peu à peu dépofés des criflaux quarrés alongés, dont la forme, la faveur falée, la décrépitation fur les charbons ardens , & fur- îout l’effervefcence confîdérable & l’odeur d’a- .cide marin qu’ils exhalèrent par l’affufion de l’huile de vitriol , indiquèrent à l’Auteur que î’efprit de fel y étoit uni à la bafe du nitre* Malgré cette analyfe qui eh fort exaéle pouf* le tems où M. Bourdelm travailloit , les. Chimihes qui ont examiné depuis lui le fel de fuccin , ne l’ont point trouvé analogue à l’acide marin, & y ont découvert tous, les caradères d’un acide végétal huileux. On n’a pas fuivi plus loin l’examen des pro¬ priétés chimiques de ce bitume. On ne connoît même pas la manière dont les acides font fuf- Tome IL ' X 322 Leçons ÉLÊMENTArREs ceptibles d’agir fur lui. Frédéric Hoffman alTurd qu’on peut le diiïbudre en entier dans la lef- five d’alkali caudique & dans l’acide du vitrioL On fait encore que l’huile elfentielle de fuccin peut s’unir avec i’alkali volatil caudique , & for¬ mer par le fimple mélange & l’agitation une forte de favon liquide, d’un blanc laiteux , d’une odeur très-pénétrante , qu’on connoît en Phar¬ macie fous le nom d’eau de luce j enfin , que cette même huile didbut le foufre à l’aide de la chaleur d’un bain de fable , Sc conditue un médicament appelé baume de foufre fucciné. Le fuccin ed d’ufage en Médecine , comme anti-fpafmodique ; on l’a recommandé dans les adedions hydériques Sc hypocondriaques , la fuppreffion des règles, la gonorrhée, les fleurs blanches, 6rc. On l’emploie en nature après l’a¬ voir lavé avec de l’eau chaude, & réduit en pou¬ dre fine fur le porphyre. On s’en fert pour des fumigations fortifiantes Sc réfolutives, en jetant ce bitume en poudre fur une brique bien chaudcj en dirigeant la fumée qu’il exhale , fur la partie qu’on fe propofe de foumettre à fon adion. L’efprit volatil & le fel de fuccin font regardés comme incidfs , cordiaux & anti-feptiques; on les adminidre aiidi comme de puidans diurétiques» L’huile de fuccin efl employée extérieurement & intérieurement aux mêmes ufages que le fuc- p’HïsTo Nat. êt de Cpiimîe, 325 cin lui-même ; on la prefcrit à des dofes moins fortes , à caiife de fon aêlivité plus grande^ Le bvaume de foufre fucciné que Fon donne à la dofe de quelques gouttes dans des boiiTons ap-- propriées 3 ou mêlé avec d^autres fiiblîances pour en former des pillules 3 a du fuccès dans les affeélions humorales 8c pitulteufes de la poitrine, des reins , &c. On fait avec Fefprit de fucciii 8c l’opium un firop appelé firop de karabé, que l’on emploie avec avantage comme calmant, ano- dyn 8c anti - fpafmodique. L’eau de luce , que l’on prépare en verfant quelques gouttes d’huile de fuccin dans un flacon plein d’alkali volatil cauftique, 8c en agitant ce mélange jufqu’à ce qu’il ait pris une couleur blanche laiteufe , eit depuis long-tems en ufage comme un irritant très-aélif , dans les afphixies ; on l’approche des narines , dont elle flimule les nerfs , 8c c’efl: par les fecoulTes qu’elle excite, qu’elle ranime le mouvement des fluides, 8c fait revenir les ma¬ lades. Les plus beaux morceaux de fuccin font taillés 8c tournés pour en faire des vafes, des pommes de cannes, des colliers, des bracelets, des taba^ îières , dcc. Ces fortes de bijoux ne font plus recherchés chez nous, depuis que les diamans & les pierreries font connus ; mais on les en-* voie en Perfe , en Chine 8c chez plufieurs na- Xij 524 Leçons élémentaires dons qui les eftiment encore comme de grandes raretés. Walhrïus dit qu’on peut employer les morceaux les plus tranfparens pour faire des mi- crofcopes , des verres ardens , des prifmes , &c<. On aiïiire que le Roi de PruITe a un miroir ardent de fuccin d’un pied de diamètre , & qu’il y a dans le Cabinet du Duc de Florence une colonne de fuccin de dix pieds de haut^ & un iuflre très- beau. On peut réunir deux morceaux de ce bi¬ tume en les enduifant d’huile de tartre en les rapprochant après les avoir chauffés. Sorte II. Asphalte. L’afphalte ou bitume de Judée ^ nommé aulîi gomme des funérailles , karabé de Sodôme , poix de montagne , baume -de momies , &c. efl un bitume noir , pefant , folide , affez brillant. Il fe caffe facilement , &; fa caffure ell vitreufe. Une lame mince de ce bitume paroît rouge lorf- qu’on la place entre l’œil &: la lumière, L’af- phalte n’a pas d’odeur quand il efl froid. Lorf- qu’on le frotte , il en acquiert une légère. Il fe trouve fur les eaux du lac Afphaltide ou mer morte dans la Judée ^ près duquel étoient les anciennes villes de Sodôme & de Gomorre. Les habitans incommodés par l’odeur que répand ce bitume amaffé fur les eaux , (Sr encouragés par le profit qu’ils en retirent , le ramalTent avec d’Hïst. Nat. et de Chimie. foin, Lémery dit dans fon Didionnaire des Dro¬ gues , que rafphalte fe dégorge comme üne poix liquide , de la terre que couvre la mer morte , di qu’élevé fur Tes eaux ^ il y efl coi> denfé par la chaleur du foleil & par Fadion du fel que ces eaux contiennent en grande quan¬ tité, Il s’en rencontre auffi fur plufieurs lacs de la Chine. L’afphalte du commerce fe retire , fuivant M. V almont de Bomare , des mines de Dau- nemore , &• notamment dans la Principauté de Neuchâtel de de Wallengin. Il y en a de deux couleurs , fuivant ce Naturalise , de noirâtre , de grifâtre ou fauve ; mais cet afphalte n’eft pas à beaucoup près pur , & il paroît n’être qu’une terre endurcie Sl pénétrée par le bi¬ tume. Les Naturalises font partagés fur Forigîne de J’afphalte comme fur celle de tous les bitumes. Les uns le croient un produit minéral , formé par un acide uni à une matière graSe dans l’in¬ térieur de la terre. D’autres le regardent comme une matière réSneufe végétale , enfouie Sc alté¬ rée par les acides minéraux. Le fentiment le plus répandu Sc le plus vraifemblable , c’eS qu’il a la même origine cpie le fuccin , & qu’il eS formé par ce dernier bitume , qui a éprouvé î’adion d’un feu fouterrain, X iij 32(5 L'EÇONS éLéMENTAîKES L’afphalte expofé au feu ^ fe liquéfie, fe bour- fouffle , Sl brûle en répandant une flamme Sc une fumée épaifle , dont l’odeur eft forte , âcre Sc défagréable. On en retire par la diflillation une huile colorée comme le pétrole. On n’a point examiné chimiquement ce produit na¬ turel. L’afphalte efl; employé , comme le gaudron ^ pour enduire les vaiiïeaux , par les Arabes & les Indiens. Il entre dans la conipofltion des vernis noirs de la Chine , & dans les feux d’artifice qui brûlent fur l’eau. Les Egyptiens s’en fervoient pour embaumer les corps; mais iln’éîoit employé à cet ufage que par les pauvres qui ne pouvoient pas fe procurer des fubflances anti-feptiques plus précieufes. aliénas afllire que des Marchands préparent une efpece d’afphalte avec la poix épaifTie , ou en mêlant & faifant fondre cette dernière avec une certaine quantité de véritable baume de Judée ; mais on peut reconnoitre cette fraude par le moyen de l’efprit de vin , qui difTout entièremenr la poix , & qui ne prend qu’une cou¬ leur jaune avec l’afphalte. Sorte î î L J A Y E T. Le jais ou jayet , nommé par les hmnsgagas , appelé fuccin noir par Pline , pangiùs par Stra- bon ^ &c. eil un bitume noir ^ compade , dur b’Hist. Nat. et de Chimie. 527 comme quelques pierres ; brillant 8c vitreux dans fa calTure , & fufceptible de prendre un beau poli. Frotté quelque tems^ il attire les corps lé¬ gers , 8c paroît éledrique comme le fuccin. Il n’a point d’odeur ; lorfqu’on le chauffe , il en ac¬ quiert une à peu près femblable à celle du bi¬ tume de Judée. Le jais fe trouve en France dans la Provence g dans le Comté de Foix ; il y en a même une carrière qu’on exploite à Bélehat dans les Pyré¬ nées. On le rencontre auffi en Suède 3 en Aile-» magne , en Irlande. Les carrières de jais font difporées par couches ; elles contiennent des py¬ rites , ainh que le charbon de terre , Sc comme la plupart des bitumes. Ce bitume fe ramollit 8c fe fond lorfqu’on le chauffe fortement; il brûle avec une odeur fétide. On en retire de l’huile par la diftilla- îion. Parmi les différentes opinions fur la forma¬ tion du jais, la plus vraifemblable eft celle qui confifle à le regarder comme de l’afphalte en¬ durci par le laps des temps. Elle a été adoptée par le favant Wallerius. Le jais efl; employé pour en faire des bijoux de deuil. C’eft à Wirtemberg qu’on le travaille. On en fait des bracelets , des boutons, des boî- îes, i 328 Leçons, ê l é h e n t a r k e s 1 Sorte IV. Charbon fossile. On donne le nom de charbon folTile , char¬ bon de terre , de pierre , lithantrax , houille , &c. à une matière bitumineufe noire , feuilletée , lui- fante ou terne , qui fe calTe facilement , & qui n’a pas la confi fiance & la pureté des bitumes décrits jufqu’acluellement. Ce bitume a reçu le nom qu’il porte , en rai- fon de fa propriété combuflible Sc de l’ufage qu’on en fait dans plufieurs pays. On le trouve dans l’intérieur de la terre , au - deiïbus de pierres plus ou moins dures 8c de fchites alu¬ mineux 8c pyriteux. Ces derniers portent conP tamment l’empreinte de plufieurs végétaux de la famille des fougères , qui pour la plupart font exotiques , fuivant l’obfervation de M. Bernard de Juÿieu, Le charbon de terre efl placé plus ou moins profondément dans l’intérieur de la terre. Il elt toujours difpofé par couches hori- fontales ou inclinées ; cette dernière difpofîtion efl la plus fréquente. Les lits ou couches dont il efl compofé different par répaiffeiir , la con- ffflance , la couleur , la pefanteur , 8cc, On ob- ferve fouvent au-defTus de ce bitume des lits plus ou moins étendus de coquilles 8c de ma¬ drépores folTiles ; ce qui a fait penfer à quel¬ ques Modernes ^ 8c particulièrement à M. B ar- b’Hist. Nat, et de Chimie. 329 mentïer^ que le charbon de terre avoir été formé dans la mer , par le dépôt & l’altération des ma¬ tières huüeufes ou graiffeufes des animaux ma¬ rins. On exploite les carrières de charbon fof- file comme les mines , en creufant des puits Sc des galeries , & en détachant ce bitume à l’aide de pics ou efpèces de pioches. Les Ouvriers qui le retirent font fouvent expofés au danger de perdre la vie par la mofFète qui s’en dégage. Cette moffète eh nommée poulTe ou touffe par les Ouvriers; elle éteint les lampes, & paroît êî;^re ^de l’acide crayeux. Il fe développe auffi dans ces mines une efpèce de gaz inflammable très-delé- tère 5 qui produit quelquefois des explofions dangereufes. Le charbon foffile paroît affez abondant dans la nature. On en trouve en Angleterre , en Ecoffe 3 en Irlande , dans le Hainault , le Pays de Liège , la Suède , la Bohême, la Saxe , Scc. Plufieurs Provinces de la France en fourniffent beaucoup & fpécialement la Bourgogne , le Lyon- nois , leForèz, l’Auvergne , la Normandie , S:c, Le charbon foffile fe diftingue en charbon de pierre Sc charbon de terre , fuivant fa dureté ou fa friabilité ; mais la' manière dont il brûle , Sc les phénomènes qu’il préfente dans fa combuf- tion 3 fourniffent des caraélères bien , plus impor- tans pour en faire reconnoître les différentes 530 Leçons élementaikes fortes. 'lUeriiis en diÜingue trois efpèces fous ce point de vue. i°. Le charbon de terre écail¬ leux , qui refle noir après fa conibiiHion. 2°. Le charbon de terre coinpaéle de feuilleté , qui , après avoir été brûlé , donne une matière fpon- gieofe , femblable à des feories. 5®, Le charbon de terre fibreux comme le bois , Sc qui fe ré¬ duit en cendres par la combufiion. Ce bitume chauffé avec le contaél d’un corps en combufiion &c de Pair , s’embrafe d’autant plus lentement & difficilement qu’il eft plus pe- fant de plus compade ; une fois embrafé , il ré¬ pand une chaleur vive & durable , de il efi long- tems en ignition avant d’être confumé. On peut même l’éteindre de le faire fervir piufieurs fois de fuite à de nouvelles combufiions. Sa matière inflammable paroît très-denfe , de comme fixée à une autre fubfiance non combuflible qui en arrête la defirudion. Il exhale en brûlant une odeur forte particulière , mais qui n’efi nullement fulfureufe lorfque le ^charbon de terre efi bien pur 5 & ne contient pas de pyrites. La combuf- tion de ce bitume paro’it être fort analogue à celle des matières organiques , en ce qu’elle efi fufceptible de s’arrêter dr d’être partagée en deux tems. En effet 3 la partie combuflible hui- leufe la plus volatile que contient le charbon de terre , fe diffipe de s’enflamme par la pre- d’Hist. Nat. et de Chimie. 331 mîère adion du feu ; & fi , lorfque tout ce prin¬ cipe elî diffipé 5 on arrête îa combuflion ^ le bitume ne retient que la portion la plus fixe & la moins inflammable de fon huile réduite dans un véritable état charbonneux , Sc combinée avec une bafe terreufe. C’efl par un procédé de cette nature que les Anglois préparent leur coaks , qui n’efl que du charbon de terre privé de fa partie huileufe fluide par Paélion du feu. On voit très-bien ce qui fe paiTe dans cette expérience , en chauffant ce bitume dans des vaif- féaux fermés Sc dans un appareil diftillatoirel On en obtient un phicgme alkalin , de i’alkali volatil concret, une huile qui fe fonce en cou¬ leur Sc devient plus pefante à mefure que la dif- tillation avance. Il palTe en même - tems une grande quantité de fluide élaflique Sc inflamma¬ ble , que l’on regarde comme une huile en va¬ peurs ; mais qui pourroit bien être un gaz in¬ flammable particulier. Il relie dans la cornue une matière fcorifiée, charbonneufé, qui eft en¬ core fufceptible de brûler j c’ell le coahs des Anglois. Si l’on obferve avec foin Paélion du feu fur le charbon de terre pur , on voit qu’il éprouve un ramolliflement évident , Sc qu’il fem- ble paiîer à une demi - fuflon : or on conçoit que cet état pouvant nuire à la fonte des mines , il efl effentiel de priver le charbon de terre de 33^ Leçons élémentaî^vEs cette propriété. On y réuffit en lui enlevant le principe de ce ram oliiiïe ment;, c’ell-à-dire , Phiiile qu’il contient en grande abondance , en le réduifant dans un état analogue à celui du char¬ bon fait avec les végétaux. N’oublions pas de faire obferver que i’alkali volatil fourni en affez grande quantité par le charbon de terre , favo- rife l’opinion que nous avons expofée fur fon origine animale ^ pmfque , comme on le verra ailleurs, les corps qui appartiennent au Règne ani¬ mal donnent toujours ce fei dans leur dihilla- îion. Le charbon de terre eft hnguîièrement utile dans les pays où il n’y a pas de bois. On l’em¬ ploie comme matière combuftible, & fans qu’on puiiïe craindre les dangers que quelques per- fonnes ont attribués à fon ufage. La vapeur fulfureufe que Ton a dit auffi qu’il répand dans fa combnftion ne doit pas être redoutée , puif- qiie Fanalyfe la plus exacte a prouvé à tous les Chimifles que lorfque le charbon de terre eft pur 5 il ne contient pas un atome de foufre. On voit 5 d’après cela , combien eft fauffe Sc trompeufe la prétention de quelques hommes peu inftruits , qui annoncent des procédés pour delToufrer ce bitume. Une autre confidéra- tion qui doit engager à tirer tout le parti poiîi- ble du charbon de terre j fur-tout en France ^ d’Hist. Nat. et de Chimie. 553 c’eJft que les travaux des mines confommant des quantités énormes de charbon de bois , il efi à craindre que le bois ne manque quelque jour ; c’eh fpécialement dans ces fortes de travaux que rinduflrie doit chercher à employer le charbon de terre , comme le font depuis long-tems les Anglois (a). Sorte V. Ambre gris. L’ambre gris , eft une matière concrète , d’une confihance molle Sc tenace comme la cire , d’une couleur grife , marquée de taches jaunes ou noires , d’une odeur fuave &: forte lorfqu’on le chauffe ou qu’on le frotte. Il eft en rnaffes irrégu¬ lières 5 quelquefois arrondies , formées par cou« ches de différentes natures , & plus ou moins groffes 5 fuivant qu’il s’en eft réuni un plus grand nombre. On en a vu des morceaux pefant plus de deux cens livres. Cette fubftance a été manifefte- (<2) Le charbon de terre étant devenu un objet très- utile , & qui mérite toute F attention des Savans , par les divers ufages auxquels il peut être employé avec fuccès; îî efl bon de confulter ce qu’ont dit les Auteurs qui ont fait des Traités ou des Mémoires particuliers fur cette matière. Tels font M. de Genffaney M. Vcnel\ MM. Jars ^ & fur- tout M. Morand^ qui a entrepris & exécuté un Ouvrage complet & très-étendu fur le charbon de terre. 334 Leçons élémentaires ment liquide, &: elle a enveloppé plufieurs ma« tîères étrangères qu’on y rencontre ; tels que des têtes d’oifeaux , des plumes , des arrêtes de poif- fons 8c d’autres corps marins. On la trouve flot¬ tante fur les eaux de la mer, aux environs des ifles Moluques , -de Madagafcar , de Sumatra , fur les cc>tes de Coromandel , 8cc. Les Naturalifles diflingiient plufleurs variétés de l’ambre, Wallerïus reconnoît les fix fuivantes. Variétés. I.. Ambre gris taché de jaune. Z. Ambre gris taché de noi-r. Ces deux variétés (ont les plus recherchées & les plus précieufes. 3. Ambre blanc d*une lêule couleur. 4. Ambre jaune d’une feule couleur. 5. Ambre brun d’une feule couleur. 6. Ambre noir d’une feule couleur. Ces deux dernières font tirées des baleines , & elles fe diftinguent par une odeur animale défa- gréable. Il faut obfèrver que ces variétés ne dé¬ pendent que du mélange de quelques fubflances étrangères. On efl fort partagé fur l’origine de l’ambre. Les uns le regardent comme une forte de pé¬ trole qui découle des rochers , s’épaüTit par Je foleil 8c par l’aâion de l’eau falée. D’autres d’Hist. Nat. et de Chimie. 335^ penfent que c’eil un prDciuit animal ; Sc parmi ces derniers, les uns Tattribuent à des excrémens d’oifeaux qui vivent d’herbes odoriférantes ; les autres à des écumes rendues par les veaux-ma¬ rins 5 à des excrémens de crocodile ; &c. Plu- heurs ont imaginé que Fambre gris efl formé par les baleines , dans Feflomac defquelies on en trouve fouvent. Pommet ^ Lémery ont cru que c’étoit un mélange de cire & de miel cuit par le foleil ^ altéré par les eaux de la mer* M. Formey ^ qui a adopté cette opinion, Fa étayée d’une expérience qui confiüe à faire digérer un mélange de cire & de miel. Il aflure qu’on peut en tirer un produit d’une odeur fuave &: fort analogue à celle de Fambre. Enfin , quelques Auteurs Anglois regardent Fambre gris comme un fuc animal dépofé dans des poches, placées vers la naifiance de l’organe génital de la ba¬ leine mâle ; & plufieurs autres croyent qu’il Te forme dans la vefiie urinaire de ce cétacée. Si cette opinion étoit démontrée , Fambre gris fe- roit bien éloigné d’étre un bitume , &; il devroit être rangé dans la clafie des fîtes réfineux ani¬ maux , tels que le iliufc la civette. Cepen¬ dant , cette fubftance analyfée par M?vî. Geoffroy 8c Newman , leur a donné les mêmes principes que les bitumes , c’efi-à-dire un efprit acide , un fel acide concret , de l’huile 8>c un réfidu 33<5 Leçons é l é m e n_t a î r e s charbonneux , ce qui les a engagés à le rangea parmi ces corps» L’ambre gris eh homachique, cordial, anti- fparmodique. On l’emploie à ladofe de quelques grains dans des boiiïbns appropriées', ou mêlé avec d’autres fubilances , & fous la forme de pilliiles. Les Médecins n’en font pas un ufage étendu , parce qu’ils ont obfervé que le prin¬ cipe odorant dans lequel feul confident les vertus de ce médicament , efi; fouvent trop adif , trop pénétrant , & fufceptible de nuire. On fait qu’il y a beaucoup de perfonnes qui ne peuvent en fupporter l’odeur fans éprouver tous les accidens propres à l’agacement des nerfs ; on doit donc ne l’adminillrer qu’avec beaucoup de modéra¬ tion. On l’a regardé auITi comme un puiflTant aphrodifiaque. Le plus grand ufage de l’ambre gris efi de fournir un parfum pour la toilette : on le mêle ordinairement avec le mufc, qui'en atténue telle¬ ment l’odeur, qu’il la rend plus fiiavedc plus fup- portable ; encore ne plaît-il pas à tout le monde» Comme l’ambre gris efi très-cher , on le fal- fîfie 8c on le mêle avec differentes fubftanceso On reconnoît le véritable aux caradères fuivans» Il efi écailleux , d’une odeur fuave , infipide ; il fe fond fans donner de bulles, ni d’écume, lorfi qu’on l’expofe à la flamme d’une bougie dans une d'Hist. Nat. et de Chimie. 337 une cuiller d’argent. Il nage au-delTus de Peau'* il n’adhère point au fer chaud. Celui qui ne préfente pas toutes ces propriétés eil allié & impur. Sorte Vï. Petrole. On a donné le nom de pétrole à une fubftance bitumineufe liquide 5 qui coule entre les pierres, fur les rochers. Cette forte d’huHe diffère par fa légèreté) fon odeur , fa confiflance &■ fon inflammabilité. Les Auteurs en ont diflingué un affez grand nombre de variétés. Ils ont donné le nom de naphte au pétrole le plus léger , le plus tranfparent 8c le plus inflammable ; de pétrole proprement dit , à un bitume liquide un peu épais, 8c d’une couleur brune foncée | enfin celui de poix minérale à un bitume noir , épais 5 peu liquide , tenace Sc s’attachant aux doigts. Voici quelles en font les variétés décrites par Walh^- nus Sc par plufîeurs autres Naturalifles* yariétés. I. Naphte blanc. a. Naphte rouge, ^ 3. Naphte vert ou foncé. 4. Pétrole mêlé à de la terre. 5. Pétrole (uintant à travers les pierres. é. Pétrole nageant fîir les eaux, 7* Poix minérale ou maliha^ Jome II Y 3j8 Leçons élémentaikes Variétés, 8. Piffafphalte. Il efl d*une confiftance moyenne entre celle du pétrole ordinaire , & de Palphalte ou bitume de Judée, Les différens naphtes fe trouvent en Italie , dans le Duché de Modène , & au Mont Ciaro , à douze lieues de Plaifance, Kempfer rapporte dans fes Amcenitates exoticœ^ qu’on le ramafle en grande quantité dans plufieurs endroits de la Perfe. Le pétrole coule en Sicile & dans plu- lieurs autres lieux de l’Italie ; en France , au vil¬ lage de Gabian 5 dans le Languedoc; en Alface; à Neuchâtel en Suifle ; en Ecofle, &:c. Le pif- fafphalte Sc la poix minérale fe tiroient autrefois de Babylone , dont il^ ont fervi à la condrudion des murailles; de Ragufe en Grèce, Sa de l’étang de Samofate, capitale de la Comagène en Syrie. On les tire aujourd’hui de la Principauté de Neuchâtel & de Wallengin, du Puits de la Pège, à une lieue de Clermont-Ferrand en Auvergne &: de plufieurs autres endroits. Il faut obferver à l’égard des différentes va¬ riétés que nous avons indiquées , qu’elles pa- roiffent toutes avoir la même origine, &: qu’elles ne diffèrent les unes des autres que par quelque modification particulière. La plupart des Natu- raliftes & des Chimiftes attribuent leur formation à la décompofition des bitumes folides par Tac- d’Hist. Nat. et de Chîmiê. 339 tion des feux foiiterrains. Ils obfervent que le naphte paroît être Fhuile la plus légère, que le feu dégage la première , 8c que celle qui lui fiic« cède acquérant de la couleur & de la confif- tance , forme les diverfes fortes de pétroles ; qu’enfin ces derniers unis à quelques fubüances terreufes ou altérées par les acides , prennent les caraâères de la poix minérale ou du piflafphalteo Ils ont, pour étayer leur fentiment, une com« paraifon fort exaéle avec lesL phénomènes que préfente la diftillation du fuccin ^ qui fournit en effet une forte de naphte , 8c un pétrole plus ou moins brun fui vaut le degré de chaleur , & le tems de ropération. Enfin, iis obfervent que la nature préfente fouvent dans le même lieu toutes les efpèces de pétroles , depuis le naphte le plus léger jufqu’à la poix minérale. Tels font les bitumes fluides que l’on rétire du montFeffin dans le Duché de Modène. Quoique cette opi¬ nion foit très-vraifemblable , quelques Auteurs penfent que le pétrole efl; une combinaifon huileufe minérale formée par l’acide vitriolique 3c quelque matière graffe. On n’a point encore examiné les propriétés chimiques du pétrole. On fait feulement que le naphte eft très-volatil, 8c fi combuftible, qu’il s’enflamme par le voifinage de quelque matière en combuftion; il femble même attirer la flamme Yij 340 Leçons élémentaires à caufe de fa volatilité. On retire un phlegme acide du pétrole brun , & une huile qui d’abord efl femblable au naphte 5 & qui fe colore d’au¬ tant plus 5 que la diflillation eh plus avancée. U rehe une matière épailTe comme le piflTafphalte, qu’on peut rendre sèche Sc caffante comme i’afphalte , 8c réduire entièrement à l’état char¬ bonneux par un feu plus vif. Les diverfes efpèces de pétrole font em¬ ployées à différens ufages dans les pays où elles font abondantes. Kempfer nous apprend qu’on s’en fert en Perfe pour s’éclairer, 8c qu’on en brûle dans des lampes à l’aide des mèches. On peut auffi les faire fervir au chauffage. M. Lehman dit que pour cet effet on verfe du naphte fur quelques poignées de terre , 8c qu’on l’allume avec du papier ; il s’enflamme tout-à-coup -avec adivité, mais il répand une fumée épaiffe très-abondante , qui s’attache à tous les corps , 8c dont l’odeur efl fort défagréable. On croit aufli que lé pétrole entroit dans la compofition du feu grégeois. On emploie encore le pétrole épais pour faire un mortier très-folide &: très-durable. On retire de ce bitume, par la décodion du pif- fafphalte avec l’éau , une huile dont on fe fert pour gaudronner les vaiffeaux. Enfin 5 quelques Médecins fe font fervi avec fuccès du pétrole dans les maladies des mufçles^la b’Hist. Nat. et de Chimie. 341 paralyfie, lafoiblefle, &c. en en frottant la peau j ou en l’expofant à fa fumée. Vanhelmont re- gardoit les friélions faites avec le pétrole comme un très-bon remède pour les membres gelés , <&: il les confeilloit comme un excellent préfer- vadf contre rimpreffion du froid.^ LEÇON XLIIL Des Eaux minérales» A PRÈS nous être occupés de tous les corps qui compofent le Règne minéral ^ Sc en avoir examiné les propriétés phyfiques , nous terminons- l’hiüoire de ce Règne par celle des eaux mi¬ nérales 5 parce que ces fluides tenant fouvent en diflblution des matières terreufes, falines & métalliques, enfemble ou féparément, il eût été impoffible d’en reconnoître l’exiftence, fans avoir auparavant acquis des connoiffànces fur les prin¬ cipes qui les minéralifent. Nous plaçons encore ici cet examen des eaux minérales avec d’autant plus d’avantage , qu’il pourra fervir de réfumé à ce que nous avons dit fur les minéraux, en rappelant la plupart des principes fur les moyens d’en faire l’analyfe. ■342 Leçons élémentaires § . L Définitioji & hifioîre des Eaux minérales. On donne le nom d^eanx minérales à Ceux de ces fluides qui contiennent quelques minéraux en diffblution. Cependant, comme il n^y a pas une eau , même parmi les plus pures que la nature nous préfeiite , qui ne foit imprégnée de quelques-unes de ces fubflances, on doit ref- treindre le nom d’eaux minérales à celles qui tiennent affez de matières en düTolution pour produire un , effet fenfible fur Fé.conomie ani¬ male, & pour être fufceptibles de guérir ou de prévenir les maladies auxquelles nos corps font expofés c’efl: pour cela que le nom d’eaux médicinales paroitroit beaucoup mieux convenir à ces fluides , que celui fous lequel on les con- noît communément , & que Fufage ne permet pas de changer. ■ Les premières connoiflances que Fon ait eues fur les eaux minérales ^ font dues au hafard ^ {a) On doit oblêrver que des eaux qui ne contiennent point de principes fènfîbîes à Tanalyfe, peuvent cependant produire des effets marqués fur l’économie animale ; il fiiffit pour cela qu’elles foient très-légères , très-vives ^ & que leur température foit au^deffus de celles des eaux communes» C’efl ainfî qu’agiflênt les eaux de Plombières & de 'LuxeuBg qui ne diffèrent des eaux pures que par leur chaleur» Nat. et de Chimie. 343 comme toutes celles dont l’homme jouit. Les bons effets qu’elles auront produits chez ceux qui en auront ufé, ont fans doute été caufe qu’on les a dilhnguées des eaux communes. Les pre¬ miers Savans qui ont réfléchi fur leurs proprié¬ tés 3 ne fe font guère attachés qu’à leurs qualités fenfîbles; telles que la couleur, la pefanteur ou la légèreté , l’odeur 8c la faveur. Pline avoit ce^ pendant déjà diflingué un grand nombre d’eaux, foit par leurs propriétés phyfiques , foit par l’u¬ tilité qu’on pouvoir en retirer. Mais ce n’eft que dans le dix-feptième fiècle qu’on a commencé à chercher les moyens de connoître les diffé- reiîs principes tenus en diflbiution dans les eaux, en les traitant par les procédés que la Chimie étoit feule capable de fournir. Boyle efl un des premiers qui , dans les belles expériences fur les couleurs qu’il publia à Oxford en ij6^ , fît connoître plufieurs réaélifs capables d’indiquer, par les altérations de leurs couleurs , les fubf- tances diffoutes dans l’eau. L’Académie des Sciences fentit dès fon inflitution combien l’a- nalyfe des eaux étoit importante, 8c Duclos en^^ treprit en 1667 de faire l’examen de celles de la France. On trouve, dans les anciens Mémoires de cette Compagnie , les recherches de ce Chi- mifle fur cet objet. Boy le s’occupa dés eaux minérales vers la fln du dix-feptième iîècle , Sc Yiy 344 Leçons êlêmentaîres il donna un Ouvrage fur cette matière , en idSj*# Boulduc publia en 1729 une méthode d’ana- lyfer les eaux , beaucoup plus parfaite que celles qu’on avoit employées jufqu’à lui ; elle confifte à évaporer ces fluides à différentes reprifes , 8c à réparer par le filtre les fubflances qui fe dé- pofent 5 à mefure que l’évaporation a lieu. Plu- fieurs Chimifles célèbres fe font enfuite occupés avec beaucoup de fuccès des eaux minérales. Chacun d’eux a fait des découvertes précieufes, relativement aux différens principes contenus dans ces fluides. Ainfî Boulduc y a trouvé le natrum , dont il a déterminé la nature ; M. le Roy , Médecin de Montpellier, le fel marin calcaire | M. Margrafy le fel marin à bafe de magnéfie; M, Fneflley^ l’acide crayeux; MM. Monnet Sc Bergman , le gaz hépatique. Ces deux derniers Chimifles , outre les découvertes dont ils ont enrichi l’analyfe des eaux , ont encore donné des traités complets fur la manière de procéder à cette analyfe , 8c ils ont porté cette partie de la Chimie à un degré de précifîon beaucoup plus grand qu’elle ne l’avoit été avant eux. Ou¬ tre cela , il exifle des analyfes particulières d’un grand nombre d’eaux minérales , faites par des Chimifles très-habiles, 8c qui répandent beau¬ coup de jour fur ce travail, regardé avec raî- fon comme le plus difficile de tous ceux que b’Hist. Nat. et de Chimie. 345* la Chimie préfente. Les bornes que nous de¬ vons nous prefcrire ne nous permettent pas d’entrer dans ces détails, qu’on trouve dans plu- fîeurs Ouvrages. D’ailleurs nous aurons foin d’in¬ diquer les Auteurs des découvertes, à mefure que l’occafion s’en.préfentera. §. IL Principes contenus dans les Eaux minérales. Il n’y a que peu d’années qu’on connoît aiïez exaélement toutes les fubflances qui peuvent être tenues en diiïblution dans les eaux. On conçoit que cela eÛ dû à ce que la Chimie n’a- voit pas encore fourni les connoiflances exades dont on avoit befoin pour déterminer la nature de ces matières , ^ que ce n’ell qu’à mefure qu’on a découvert des moyens de les recon- noître , qu’on a été certain de leur exiflence. Une autre raifon qui a encore retardé les pro¬ grès de la fcience à cet égard, c’elt que les ma¬ tières minérales dilToutes dans les eaux n’y font prefque jamais qu’à des dofes très-petites , Sc que d’ailleurs elles y font toujours mêlées plu- fieurs enfemble ; de forte qu’elles mafquent ré¬ ciproquement les propriétés qui en conflituent les caradères diftindifs. Quoi qu’il en foit, les recherches multipliées des Chimides que nous avons cités, & d’un grand nombre d’autres que 54<î L!eçons élémentaires nous citerons plus bas , ont appris qu’il y a quel¬ ques fubftances minérales qui fe trouvent très- fréquemment dans les eaux; que quelques au¬ tres ne s’y rencontrent que rarement j enfin, que plufîeurs ne s’y rencontrent jamais. PafTons main¬ tenant en revue chaque clafTe de ces fubftances, fuivant l’ordre dans lequel nous les avons exa¬ minées. La terre quartzeufe eft quelquefois fufpendue dans les eaux , Sc comme elle y eft dans un très-grand état de divifion , elle y refte en fuf- penfioii fans fe précipiter; mais elle n’y exifte Jamais qu’en quantité infiniment petite. L’argile paroît aufti s’y rencontrer; la finelTe extrême de cette terre , qui fait qu’elle fe trouve partagée dans tous les points des eaux, eft en même-tems caiife qu’elle en trouble la tranf- parence. En effet les eaux argileufes font lou¬ ches , blanchâtres, Sc ont une couleur de perle ou d’opale ; elles font aufti grafîes au toucher , Ôc ont reçu le nom de favoiineufes. La chaux , la magnéfie Sc la terré pefante ne font jamais pures dans les eaux j elles y font toujours combinées avec des acides. Les alkalis fixes ne s’y rencontrent jamais non plus dans leur état de pureté , mais ils s’y trou¬ vent fréquemment dans l’état de fels neutres. Il en eft de même de l’alkali volatil 8c de la d’Hist. Nat. et de Chimie. ^47 plupart des acides. Cependant l’acide crayeux eil fouvent libre Sc jouiflant de toutes fes pro¬ priétés dans les eaux. Il conflitue même une clafle particulière d’eaux minérales, connues fous le nom d’eaux gazeufes , fpiiititeufes ou acidulés. Parmi les fels neutres parfaits , il n’y a guère que le fel de Glauber ^ le fel marin, le fel fébri¬ fuge , le fel marin & la foude crayeufe qui font fréquemment tenus en dilTolution dans les eaux minérales. Le nitre le tartre crayeux s’y trou¬ vent fort rarement. La félénite, le fel marin calcaire, la craie, le fel d’Epfom, le fel marin à bafe de magnéfie, la magnéfe crayeufe font ceux des fels neu¬ tres terreux qui fe rencontrent le plus commu¬ nément dans les eaux. Quant au nitre calcaire au nitre de magnéfie , que quelques Chimifles ont annoncés , ces fels ne fe trouvent ordi¬ nairement que dans les eaux falées , & prefqiie jamais dans les eaux minérales proprement dites. Les fels neutres argileux & ceux à bafe de terre pefante ne font prefque jamais en diffb- lution dans les eaux. L’alun paroît exifler dans quelques eaux (a). (a) Nous ne parlons pas de f opinion de le Givre & des autres Chimifles, qui isegardoienî falim comme un des prln~ / 54S LêÇOI^S ÉLÉMgNTAlîllS Le gaz inflammable pur ne s’eft point encore rencontré tenu en dilTolution dans les eaux mi¬ nérales. On n’a point trouvé le foufre pur dans ces fluides; quelquefois, quoique très-rarement, il y exifle en petite quantité dans l’état de foie de foufre ; mais le plus fouvent , c’eft le gaz hé¬ patique ou la vapeur du foie de foufre qui les minéralife Sc qui conflitue les eaux fulfureufes. Enfin , parmi les métaux , le fer efl le plus fréquemment diflbus dans les eaux, 8c il peut s’y trouver dans deux états , ou combiné avec l’acide crayeux , ou uni à l’acide vitriôlique. Quelques Chimifles ont penfé qu’il pouvoir aufli y être diflbus dans f3n état métallique Sc fans intermède acide ; mais , comme ce métal n’exifle prefque jamais dans la nature fans être, ou dans i’état de rouille , ou dans celui de vitriol , l’o¬ pinion de ces Savans ne pouvoir être adoptée que dans le tems où l’on ne connoiffoit point encore l’acide crayeux , Sc où l’on étoit embar- rafTé pour concevoir la diflblubilité du fer dans l’eau , fans le fecours de l’acide vitriôlique. cîpes les plus conflans des eaux minérales ; mais des ana- îyles exaâes qui ont démontré à M. Mitouan la préfence de l’alun dans les eaux de la Dominique de Vais, & a M. Opoix i’exidence de ce Tel dans les eaux de Provins. d’HisTï Nat, et de 'Chimie. 545; Quant au bitume que piufîeurs Auteurs ont admis dans les eaux^ jufqu’à M. le Rojy, la plu¬ part des Chimiftes en nient aujourd’hui l’exif- tence. En effet .5 comme c’étoit fpécialement d’après le goût amer que l’on foupçonnoit ce corps huileux dans les eaux 5 on fait que cette faveur , qui n’exifte point dans le bitume , dé¬ pend entièrement du fel marin calcaire. Il n’eft pas difficile de concevoir cornment l’eau qui coule dans l’intérieur du globe, &: fur -tout des montagnes , peut fe charger des différentes fub fiances dont nous venons d’offrir la lifte. On conçoit encore , d’après la nature des couches de terre que les eaux parcourent, d’après leuE étendue , pourquoi elles font plus ou moins chargées de principes , pourquoi la quantité 8c la nature de ces principes varient quelquefois, fur-tout fi l’on a égard aux changemens de di-. reélion que ces fluides peuvent éprouver par les altérations multipliées dont le globe efl fufcep- îible , fpécialement à fa furface Si dans les droits les plus élevés. §. ÎII, Diverfes clajfes des Eaux minérales. D’après ce que nous venons d’expofer fur les diverfes matières qui font ordinairement con¬ tenues dans les eaux minérales , on voit qu’il feroit poffîbk de faire autant de çlafTeâ de ces Leçons ÉLéMENTAîREs Suides, qu’il y a de corps terreux , falins 8c mé¬ talliques qui peuvent y être tenus en diffoliuion; Sc qu’ainfi le nombre de ces claflTes feroit afleas confidérable. Mais il faut obferver à cet égard que jamais une des fubüances que nous avons pafTées en revue ne fe trouve feule 8c ifolée dans les eaux ; 8c qu’au contraire elles y font fouvent dilToutes au noiiibrè de trois , quatre , cinq ou même davantage. Voilà donc une difficulté qui s’oppofe à ce qu’on puiffie faire une divifion mé¬ thodique des eaux , relativement aux principes qu’elles contiennent. Cependant en ayant égard à celle des matières contenues dans les eaux qui efl la plus abondante , 8c dont les propriétés font les plus énergiques , on aura une diüinâion qui , fans être très-exade , fuffira pour faire recon- noître chacun de ces fluides , 8c pour pouvoir juger de leurs vertus. Tel efl le parti qu’ont pris les Chimifles qui fe font occupés des eaux minérales, en général. M. Monnet a établi trois clafles d’eaux minérales ; les alkalines , les fulfu- reufes 8c les ferrugineufes. Les découvertes faites depuis ce Chimifle exigent que Fon reconnoifle un plus grand nombre de clafles des eaux. M. Duchanoy , qui a donné un Ouvrage efli- mable fur Fart d’imiter les eaux minérales, en diflingue dix ; favoir , les eaux gazeufes , les eaux ajjuünes j les eaux terreufes ^ les eaux fer- Nat. et de Chimie. 3yl ïugineufes ^ les eaux chaudes fimples , les eaux thermales gazeufes 5 les eaux favonneufes ^ les eaux fulfureufes ^ les eaux bitumineufes & les eaux falines. Quoiqu’on puifle reprocher à cet • Auteur d’avoir multiplié les ' clafles des eaux ■ ^ puifqu’on ne comioit.pas d’eaux gazeufes pures & d’eaux, bitumineufes ^ fa divifîon eft fans con¬ tredit la plus complète ^ celle qui donne une idée plus’ exade de la nature des différentes eaux minérales ; celle enfin qui convenoit le mieux à fon fujet. Pour préfenter un tableau de l’ordre qu’on peut établir dans les eaux ^ relativement aux principes qu’elles contiennent, & pour com¬ pléter ce que nous avons déjà dit fur cet ob- ^et , nous propoferons une divifîon des eaux moins étendue , & qui nous paroît plus métho¬ dique que celle de M. Duchanqy , en obfer- vant toutefois que nous ne regardons pas les eaux thermales fimples comme des eaux miné^ râles , puifqu’ellçs ne font que de Feau chaude ^ fuivant les meilleurs Chimiftes • nous ne par¬ lerons pas non -plus des eaux bitumineufes , parce qu’on n’en connoît point encore de ritables dans la nature. l ClafTe L Eaux^ adduks^ Les eaux gazeufes , qu’il vaut mieux appeler If aux acidulés , font celles d?ins,kfqudles VmM- 55*2 Leçons ê l é m e n t a î r e s crayeux domine. Elles fe reconnoilTent à leur piquant , à la facilité avec laquelle elles bouil¬ lent 8c forment des bullès par la fimple agita¬ tion. Elles rougilTent la teinture de tournefol , précipitent l’eau de chaux &: le foie de foufre. Comme on ne connoît pas encore d’eaux qui ne contienhent que cet acide pur 8c ifolé , nous croyons qu’on pourroit fubdîvifer cette clafle en plufieurs ordres , fui vaut les autres principes qui y font contenus, ou les modifications qu’elles offrent. Toutes paroiffent contenir plifs ou moins d’alkali 8c de terre calcaire ; mais leurs diffe- rens degrés de chaleur fourniffent un très-bon inoyen de les divifer en deux ordres. Le pre¬ mier comprendroit les eaux acidulés 8c alkalines froides , telles que celles de Seltz , de Saint- Myon , de Bard , de Langeac , de Chateldon 3 de Vais 5 8çc, On mettroit dans le fécond les eaux acidulés 8c alkalines chaudes ou thermales , comme celles du Mont-d’Or, de Vichy, de Châtelguyon , &c. Claflè II. Eaux fallnes. Nous entendons avec M. Duchanqy , par le nom d’eaux falines , celles qui tiennent une affez grande quantité de fels neutres en diffblutioii pour agir d’une manière très-marquée , 8c le plus fouveat comme purgatives fur l’économie ani¬ male» d^Hist. Nat. et dê Chimie. 55*5 male. La théorie 6c la nature de ces eaux font fa¬ ciles à découvrir ; elles font entièrement fem- blables aux diflblutions des fels faites dans nos Laboratoires ^ feulement elles contiennent pref- que toujours deux ou trois efpèces de fels diifé- rens. Le fel de Glauber y eft fort rare ; le fel d’Epfom 5 le fel marin , le fel marin calcaire font les principes falins qui les minéralifent enfemble ou féparément. Les eaux de Sedlitz de Seydf- chutz , d’Egra , font chargées de fel d’Epfom , fouvent mêlé avec du fel marin calcaire. Celles de Balaruc contiennent du fel marin , de la craie, 6c dp fel marin à bafe terreufe -, celles de Bour- bonne, de fel marin, de la félénite & de la craie ; celles de la Mothe font plus compofées que les précédentes , & tiennent en diiïblution du fel marin , de la félénite , de la craie , du fel d’Epfom , du fel marin à bafe de magnéfîe , 6c une matière extradive. Il faut obferver fur ce fujet que les fels à bafe de magnéfie font beau¬ coup plus communs dans les eaux qu’on ne l’a penfé jufqu’à préfent , 6c qu’il y a encore peu d’analyfes dans lefquelles ils aient été bien recon¬ nus, 6c fur-tout bieiidiilingués du fel marin calcaire. Claiïè 1 1 L Eaux fulfunufes. On a donné le nom d’eamc fulfureufes aux eaux minérales qui paroillènt jouir de quelques Tom^ IL Z 5^4 lilSÇOKS èLÉMEN TAIREZ propriétés du foufre , comme Fodeur , Sc îa propriété de colorer Fargeiit. Les Chimifles ont été très-Iong~tems dans Fignorance fur le vrai principe .minéralifant de ces eaux. La plupart ont cru que c’étoit du foufre j mais ils n’ont jamais pu parvenir à le démontrer , ou au moins ils n’en ont trouvé que des atomes. Ceux qui fe font occupés de quelques-unes de ces eaux , y ont admis ^ ou de Fefprit fulfureux ou du foie de foufre. ?vlM. Vend Sc Monnet font les pre¬ miers qui fe foient élevés contre cette opinion. Le dernier fur-tout a fort approché du but , en regardant les eaux fulfureufes comme imprégnées de la feule vapeur du foie de foufre. M. Rouelle le jeune a dit auffi qu’on pouvoit imiter ces fluides en agitant de Feau en contaél avec l’air dégagé du foie de foufre par un acide. M. Berg^^ man 3. fort étendu cette dodrine en examinant les propriétés du gaz hépatique dont nous avons parlé à l’article du foufre ; il a prouvé que c’efl ce gaz qui minéralife les eaux fulfureufes , qu’il a appelées d’après cela eaux hépatiques -, Sc il a donné les moyens d’y reconnoître la préfence du foufre. Malgré ces découvertes , M. Ducka-^ noy en parlant des eaux fulfureufes , y admet du foie de foufre, tantôt alkalin , calcaire ou argileux , Sc il fuit en cela l’opinion de M. le Roy de Montpellier , qui ^ comme nous l’avons expofé .D'Hisf. Nat. et be Chimie. I dans Fhifloire du foufre , propofoit pour imiter ces eaux , de faire un foie de foufre à bafe de magnéfie. Peut-être exifte-t-il en effet des eaux qui contiennent véritablement un peu de foie de foufre ^ tandis que les autres ne font miné- ralifées que par le gaz hépatique. En ce cas il faudroit diilinguer dreux ordres d’eaux fulfureu- fes. On pourroit peut-être nommer hépatiques celles qui tiennent un peu de foie de foufre en nature , & hépatifées celles qui ne font impré¬ gnées que du gaz hépatique. Les eaux de Ba- règes 8c de Cauterets , les eaux Bonnes paroif- fent appartenir au premier ordre ; 8c celles de Saint-Amant, d’Aix-la-Chapelle, de Montmo¬ rency au fécond. Toutes ces eaux font ther¬ males. Clafîe IV. Eaux ferrugîneufes. Le fer étant le métaLle plus abondant 8c le plus altérable , il n’efl pas étonnant que l’eau s’en charge facilement. Auffi les eaux ferrugineufes font-elles les plus abondantes 8c les plus com¬ munes des eaux minérales. La Chimie moderne a répandu beaucoup de lumières fur cette çlafle d’eaux. Autrefois on les croyoit toutes vitrioli- ques. M. Monnet s’efl affuré que la plupart ne contiennent pas de vitriol ; & il a penfé que le fer y étoit diffous fans l’intermède d’un acide« Zij Leçons élémentaires Aujourd’hui Fon fait que le fer qui n’eil point dans Fétat de vitriol , efl diflbus à Faide de Facide crayeux , Sc forme le fel que nous avons dé» ligné fous le nom de craie de fer. MM. Lane , Rouelle , Sc plufîeurs autres Chimiiles , ont mis cette vérité hors de doute. La quantité plus ou moins grande de Facide crayeux & Fétat du fer dans les eaux qui lui doivent fes vertus , nous engagent à diüinguer cette quatrième claffe en trois ordres. Le premier comprend les eaux aci¬ dulés martiales dans lefquelles le fer eil tenu en difToIution par Facide crayeux , dont la furabon- dance les rend piquantes Sc aigrelettes. Les eaux de Buffang , de Spa , de Pyrmont , de Pougue ^ Sc la Dominique de Vais entrent dans ce premier ordre. Le fécond comprend les eaux martiales fimples 5 dans lefquelles le fer eft diiïbus par Facide crayeux , fans que ce dernier y foit ex¬ cédent ; 8c conféquemment ces eaux ne font point acidulés. Celles de Forges , d’Aumale , de Condé , ainfi que le plus grand nombre des eaux ferrugineufes , font de cet ordre. Cette dif* tinélion dans les eaux ferrugineufes a été faite par M. Diichamry, Mais nous ajoutons un troi- hème ordre , d’après M. Monnet \ c’elt celui des eaux vitrioliques. Quoique ces eaux foient ex¬ trêmement rares , il en exille cependant queL ques-unes. M. Monnet a mis dans cet ordre les d’Hist. Nat, et de Chimie. 35'7 eaux dePaiïy. M. Opoix admet le vitriol de mars , & meme en aflez grande dofe dans les eaux de Provins ; il eft vrai que M. de Fourcy en a nié Fexiflence , & regarde le fer de ces eaux comme dilTous par l’air fixe ; mais on ne peut point encore fe décider fur cet objet ; parce que les réfultats de ces Chiiiiifies font entièrement oppofés entr’eux , & demandent un nouvel exa¬ men. Il faut ajouter que le fer ne fe trouve pas feul dans les eaux ; il y efl; mêlé avec de la craie , de la félénite , des fels marins à bafe de mag- néfie 5 de chaux ou d’alkalis , &c. Cependant comme le métal qu’elles contiennent efi la prin¬ cipale bafe de leurs propriétés , elles doivent être nommées martiales d’après les principes que nous avons établis ( ). Quant, aux eaux favonneufes admifes par 'Fi. Duchanqy J on doit attendre , pour pronon ^ cer fur cet apperçu, que l’expérience chimique Sc [a) Dans le dénombrement des eaux, dmfées par Claffês, nous ne parlons pas de celles qui peuvent contenir de Tar- <ênic & du cuivre, parce qu*on doit les regarder comme des poifons. Nous pafTons également fous filence les eaux qui contiennent de. Talkali volatil ou du fel ammoniac , qui eft le produit de laVputréfaâion des matières organiques ûir lefquelles elles ont croupi; ces efpèces d’eaux n’appar¬ tiennent point aux eaux médicinales. Z iij 5J8 Leçons élément aie es médicinale ait prononcé fur la caufe de leur pro* priété favonneufe , que ce Médecin attribue à de l’argile, 8c furies effets qu’elles peuvent pro¬ duire dans l’économie animale , comme médi- camens , en raifon de cette propriété. §. IV. Examen des Eaux minérales ^ d'^iprès leurs propriétés phyjiques. Après avoir expofé les différentes matières qui peuvent fe rencontrer dans les eaux , après avoir préfenté une légère efquiffe de la manière dont on peut les divifer en claffes 8i en ordres , d’après leujs principes , il eft néceffaire de donner les moyens d’en faire l’analyfe , 8c de reconnoitre avec le plus d’exaditude poffible les fubfîances qu’elles tiennent en diffolution. Cette analyfe a été regardée comme la partie la plus difficile de la Chimie , avec d’autant plus de raifon qu’elle demande une parfaite connoiffance de tous les phénomènes chimiques , jointe à l’habitude de la manipulation. C’ell pour cela que nous avons placé l’article des eaux minérales à la fin du Règne minéral. Pour parvenir à connoître avec précifion la nature d’une eau qu’on veut exa¬ miner , ï''. il faut ob fer ver la fituation de la foiirce, décrire avec exaditude les lieux voi- fins 5 8c fur-tout les couches des minéraux dont le fol eh compofé ; faire à cet effet des fouilles d’Hist. Nat. et de Chimie. plus ou moins profondes , Sl tâcher de décou¬ vrir par Finrpedion du local les fubhances dont l’eau peut s’être chargée. 2°. On examine en- fuite les propriétés phyfiques de l’eau , telles que fa faveur , fon odeur , fa couleur , fa tranfpa* rence , fa pefanteur , fa température. On doit être muni à cet effet de deux thermomètres qui marchent bien enfemble , 8c d’un pèfe -liqueur. On doit auffi faire ces expériences préliminaires dans différentes faifons , à différentes heures du jour , Sc fur-tout à différentes époques , fuivant l’état de Fatmofphère. Une féchereife long-tems continuée , ou des pluies abondantes , influent fingulièrement fur les eaux. Ces premiers eflais indiquent ordinairement la clafîe à laquelle on doit rapporter l’eau que l’on traite , Sc dirigent îe refie de l’analyfe. 3°. Les dépôts formés au fond des bafîîns , les fubflances qui nagent fur l’eau , les matières fublimées font encore un objet de recherches, imponantes qu’on ne doit pas négliger. Alors on peut procéder à l’analyfe qui fe fait de trois manières , par les réaèlifs , par la diflillation Sc par l’évaporation. V« Examen des Eaux minérales par les réactifs. On donne le nom de réadifs à des fubflances que l’on mêle aux eaux , pour reconnoître d’après Z iv ^6o Leçons éLÊMENXAîREs les phénomènes qu’elles préfentent , la nature des matières que les eaux tiennent en diffolu- tion. Les meilleurs Chimiftes ont toujours regardé l’emploi des réadifs comme un moyen très -in¬ certain pour découvrir les principes des eaux minérales. Ils fe font fondés fur ce que leur ac¬ tion n’indiquoit pas d’une manière exade la na¬ ture des matières tenues en diffblution dans ces eaux ; fur ce qu’on ignoroit fouvent quelle étoit la caufe des changemens qui arrivent dans ces fluides par leur mélange ; en effet , les matières , faillies que l’on emploie ordinairement dans cette analyfe , font fufceptibles d’y produire un grand nombre de phénomènes fur lefquels il eR fou- vent fort difficile de prononcer. Auffî la plu¬ part de ceux qui fe font livrés à ce genre de tra¬ vail n’ont eu que peu de confiance dans l’admi- niüration des réadifs ; ils ont penfé que l’éva¬ poration fourniffoit un moyen beaucoup plus fur de reconnoître la nature Sl la quantité des prin¬ cipes des eaux minérales ; & il paffe pour conf- tant dans les meilleurs Ouvrages fur l’analyfe de ces fluides , que l’on ne doit fe fervir de ces fubftances que commue des moyens auxi¬ liaires 5 tout au plus capables d’indiqüer ou de faire foupçonner la nature des principes qui conf- tituenî les eaux, C’efl pour cela que les Ana- I d’Hist. Nat. kt de Chimie. liftes modernes n’ont admis qu’un certain nom* bre de. réadifs, &: ont de beaucoup -diminué la lifte de ceux que les premiers Chimiftes avoient employés. Cependant on ne fauroit douter aujourd’hui que la chaleur néceflaire pour évaporer les eaux, quelque foible qu’elle foit , ne puiffe produire des. altérations fenfibles dans leurs principes ^ & les dénaturer tellement que leur réfidii, examiné par les différeiis moyens que la Chimie fournit , donne des compofés tout-à-fait différens de ceux qui étoient tenus en diflbludon dans ces eaux. La perte des matières gazeufes , qui font fou- veiit un des principaux agens des eaux'minérales-, change fîngulièrement leur nature ^ & produit outre la précipitation de plufieurs corps qui ne doivent leur folubilité qu’à la préfence de ces fubftances volatiles , une réadion entre les au¬ tres matières fixes qui en altèrent les propriétés. Le| phénomènes des doubles décompofitions que la chaleur eft capable d’opérer entre des compofés qui ne s’altèrent point dans l’eau froide, ne feront appréciés -qii’après une longue fuite d’expériences fur lefquelles on ne peut encore avoir que des apperçus. -Sans entrer dans de plus longs détails , il nous fulfira que cette affertion foit démontrée aux yeux de tous les Chimiftes , pour nous convaincre qu’il ne faut pas s’en râp- Leçons élémentaires porter entièrement à l’évaporation. Ne refte-t-il donc point de moyen de reconnoître la nature particulière des fubilances tenues en diiïblutioii dans les eaux , fans avoir recours à la chaleiir ; Sl les connoi (Tances exades dont les travaux mul¬ tipliés des Modernes ont enrichi la Chimie , ne fourniffent-elles pas quelque procédé pour cor¬ riger les erreurs qui peuvent naître de l’évapo¬ ration ? Les détails dans lefquels je vais entrer, Sc que je tire d’un Mémoire que j’ai lu à la Société Royale de Médecine , prouveront que les réaélifs bien purs , Sc employés d’une ma¬ nière particulière , peuvent être beaucoup plus utiles dans l’analyfe des eaux minérales qu’on ne î’a cru jufqu’à préfent. Parmi le nombre confidérable de réaélifs que l’on a propofés pour l’analyfe des eaux miné¬ rales 5 ceux dont on doit attendre le plus de lumières , font la teinture dé tournefol , le fîrop de violettes , l’eau de chaux , l’alkali fixe ciuf- tique , l’alkali volatil caufiique , l’huile de vitriol , l’acide nitreux, la leffive faturée de la partie colorante du bleu de Pruffe ^ la teinture fpiri- tueufe de la noix de galle , 3c les diffolutions nitreufes de mercure & d’argent. M. Bergman y joint le papier coloré par la teinture aqueufe de fernambouc qui devient bleue par les alkalis ; îa teinture aqueufe de terra mérita^ que les d'Hî’ST. Nat. et de C.hîmie. 363 mêmes fels font pailer au rouge brun ; l’acide du fiicre , pour indiquer la préfence de la plus petite quantité poffible de chaux , 8c pliilieurs autres qui ont été propofés par la plupart des Chimihes ; mais ceux que nous avons indiqués fuffifent pour faire reconnoître toutes les fubf- îances contenues dan^ les eaux minérales. Les effets Sc l’ufage de ces principaux réaélifs ont été expliqués par tous les Chimiftes; mais ils n’ont pas affez infîfté fur leur état. Avant de les employer , il eff très-important de connoître parfaitement leur nature afin de ne fe pas trom¬ per fur leurs effets. M. Bergman s’efi très-ctendii fur des altérations qu’ils font fufceptibles de pro¬ duire. Ce célèbre Chimifle annonce qu’un papier coloré avec la teinture de tournefol prend un bleu plus foncé par les alkalis , mais qu’il n’efi pas altéré par l’air fixe ou par l’acide crayeux qu’il appelle acide aérien. Comme c’efi fpécialement pour reconnoître la préfence de cet acide que cette partie’ colorante efi utile, il confeille de n’employer que fa teinture à l’eau , 8i de l’étendre affez pour qu’elle ait une couleur bleue. I! rejette abfolument le firop de violet¬ tes, parce qu’il eil fujet à fermenter , 8c parce qu’on n’en a prefque jamais de vrai en Suède. M. de Morveau ajoute, dans une note , qu’il efi aifé de diflinguer un firop coloré par le bleuet 5^4 Leçons éréMENTAiRES : ou le tournefol , à Faide du fublimé corrofif qui lui donne une couleur rouge , tandis qu’il verdit le véritable firop de violettes. i L’eau de chaux ed un des réadifs les plus utiles pour Fanalyfe des eaux minérales , quoique peu î de Chimiiles en ayent fait une mention exprefîe ' dans leurs Ouvrages. Ce fluide décompofe les | fels métalliques , fur-tout le vitriol martial dont il précipite le fer. Il fépare l’argile ou la mag- néfie des acides vitriolique Sc marin , auxquels ces fubttances fe trouvent fréquemment unies dans les eaux. Il peut auffi indiquer , par la précipi- 1 lation , la préfence de l’acide crayeux. M. Gwa-^ nmi 5 Médecin de Turin , en a même fait un ufage fort ingénieux pour recojinoître la quan¬ tité d’acide crayeux contenu dans les eaux de Saint -Vincent. Ce Chimifle , après avoir fait ob- fervcr que le volume de cet acide , d’après le¬ quel on a toujours jugé fa quantité, peut varier fuivant la température de Fatmofphère , a mêlé neuf parties d’eau de chaux avec deux parties d’eau de Saint -Vincent. Il a pefé exaélement la terre calcaire formée par le tranfport de l’a¬ cide crayeux de l’eau minérale fur la chaux , ^ il a trouvé , d’après le calcul de M. Jacquin , qui démontre l’exiüence de treize onces de cet acide dans trente- deux onces de craie , que l’eau de Saint-Vincent en contenoit un peu plus de d’HisT. Nat. et de Chimie, ^âf quinze grains; mais comme 1 eau de chaux peut s’emparer de l’acide crayeux uni à l’alkaü fixe auffi-bien que de celui qui eft libre, M. Gioanetti^ pour connoître exadement la quantité de ce der¬ nier , a fait la même opération avec de l’eau privée de fon acide libre par l’ébullition. Ce procédé pourra donc être employé pour y dé¬ terminer d’une manière exade & facile le poids d’acide crayeux libre contenu dans une eau mi¬ nérale gazeufe. Une des principales raifons qui ont engagé les Chimilles à regarder comme très -infidèle l’adion des réadifs dans Fanalyfe des eaux miné¬ rales, c’eft qu’ils peuvent indiquer plulieurs fubt tances différentes tenues en diffolution dans les eaux, & qu’il ed alors très-difficile de favoir exac¬ tement l’effet qu’ils produifent. Cette vérité efl fur-tout relative à l’alkali fixe confidéré comme réadif 5 puifqu’il décompofe tous les fel^s formés par l’union des acides avec l’argile , la magné- fie , la chaux & les matières métalliques. Lorfque l’alkali précipite une eau minérale, on ne peut donc pas connoître par la feule infpedioîi du précipité , la nature du fei terreux décorapofé dans cette expérience f Son effet efi encore plus incertain lorfqu’on emploie cet alkali faturé d’a¬ cide crayeux comme on le fait ordinairement 5 puifque l’acide qui lui eû uni peut augmenter ^66 Leçons élémentaires la confufîon. Cefl pour cela que je propofe l’al- Icali fixe cauftique très-pur. îl a d’ailleurs un avan¬ tage que ne préfente point l’alkali efîervefcent : c’eft celui d’indiquer la préfence de la craie difi foute dans une eau gazeufe à la faveur de l’a- cidé crayeux furabondant. Comme il s’empare de cet acide ^ la craie qui celfe d’être foluble dans Feau qui en efi privée fe précipite. Je me fuis afiuré de ce fait en verfant de la lefiive des Savoniers , récemment faite , dans une eau ga- zeufe artificielle qui tenoit de la craie en difib- lution. Cette dernière fubftance s’efi précipitée à mefure que Falkali fixe caufiique s’efi emparé de l’acide crayeux qui la tenoit en difiblution. En évaporant à ficcité Feau filtrée , j’ai obtenu du fel de fonde , faifant une très- vive efiervef- cence avec Fefprit de vitrioL L’alkali fixe cauf¬ tique peut encore occafionner un précipité dans les eaux minérales , fans qu’elles contiennent des fels terreux ; il fuffit qu’elles tiennent en difib¬ lution un fel neutre alkalin moins dilToluble , J pour que Falkali le précipite en s’unilTant à Feau à peu près comme le fait Fefpriî-de-vin. M. Gioa- netti a obfervé ce phénomène dans les eaux de Saint -Vincent; il efi d’ailleurs facile de s’en con¬ vaincre en verfant de Falkali caufiique fur une difiblution de tartre vitriolé , ou de fel marin ; ces deux fels font bientôt précipités. * d’Hist, Nat. et de Chimie, L’alkali volatil cauHique efl en général moins fufceptible d’erreur lorfqu’on le mêle aux eaux minérales , parce qu’il ne décompofe que les fels terreux à bafe de térfe alumineufe 6c de magnéfie , 6c qu’il ne précipite point les fels calcaires. Mais il eft important de faire deux ob- fervations fur cet objet; la première , c’efl qu’il faut avoir de l’alkali volatil très - cauflique , 8c qui ne contienne pas un atome d’acide crayeux; fans cette précautioujil décompofe les fels à bafe de chaux par une double affinité; la fécondé, c’ell qu’il ne faut point laiffer ce mélange expofé à l’air, lorfqu’on veut connoître fon adion plufieurs heures après qu’il a été fait, parce que, comme l’a très-bien obfervé M. Gioanetti , ce fel s’em-^ pare en peu de tems de l’acide crayeux de l’at- mofphère, 6c devient capable de décompofer les fels calcaires. Pour ne laiffer aucun doute fur ce point important, j’ai fait trois expériences décifiives. Après avoir diffous dans de l’eau difdl- lée quelques grains de félénite faite avec du fpatb calcaire tranfparent, 6c de l’efprit de vitriol , ( précaution indifpenfable , parce que la craie ou blanc d’Efpagne contient de la magnéfie auffi- bien que Feau de rivière ) j’ai féparé cette diffolu- tion en deux parties ; j’ai verfé dans la première quelques gouttes d’efprit alkali volatil très-récent 6c très - cauftique; j’ai mis ce mélange dans un I ^6S L E Ç O s É L é M £ N T A î K E s, flacon bien bouché. Au bout de vingt-quatre & de quarante-huit heures , ii étoit clair & tranf- parent fans aucun dépôt ; il n^ avok donc point de décompôCtion, La fécondé portion a été traitée de même avec Fefprit alkali volatil, mais mife dans un vaifTeau ^ dont Fouvertiire large communiquoit avec Fair | au bout de quel-* ques heures il s^y étoit formé ^ à la partie fupé- rieure , un nuage qui a augmenté d’épailTeur, 8c qui s’ell enfin précipité. Ce dépôt faifoit une vive effervefcence avec Fefprit de vitriol ^ 8c formoit de la félénite. L^acide crayeux que ce précipité contenoit , avoit donc été fourni par Falkali vo¬ latil 5 qui Favoit attiré de Fatmofphère. Cette combinaifon d’acide crayeux 8c de gaz alkalin forme un fel ammoniacal crayeux, capable de décompofer les fels calcaires à Faide des doubles affinités , ainfî que Font démontré MM. Black , Jucqiim 8c plufîeurs autres Chimiftes, 8c comme on peut s’en convaincre en verfar.t une düTolution d’alkali volatil concret, ou de fel ammoniacal crayeux dans une düTolution de félénite , que Fal¬ kali volatil cauflique ne trouble point. Enfin , pour affurer davantage Fétiologie de cette fécondé expérience , j’ai pris la première portion unie à Falkali volatil cauffique, & qui, ayant été con- fervée dans un vaiffeau fermé, n’avoit rien perdu de fa tranfparence ; j’ai renverfé le flacon qui la ©’Hist. Nat. et de Chimie. 36^ la contenoit für Fentonnoir d’un très-petit ap¬ pareil pneumato-chimique 3 Sc j’ai fait pafTer dans ce mélange à l’aide d’un fiphon, le gaz acide crayeux dégagé de Falkali fixe effervefcent par Fefprit de vitriol. A mefure que les bulles de cet acide traverfoient le mélange , il s’eft trou¬ blé comme le fait l’eau de chaux. On a filtré, on a retrouvé de la craie fur le filtre, &: l’eau évapo¬ rée a fourni du fel ammoniacal vitriolique. L’eau gazeufe ou Fefprit acide de la craie , a produit la même décompofitîon dans un autre mélange de félénite pure Sc d’alkali volatil cauftique. Cette expérience décifive prouve bien que ce n’eft qu’à l’aide des doubles affinités , Sc par l’addition d’acide crayeux, que Falkali volatil peut décom- pofer la félénite. On voit d’après cela que lorf- qu’on efi obligé de conferver le mélange d’une eau minérale avec Falki volatil , pendant plii- fieurs heures, ce qui efi néce (Taire, parce qu’il ne décompofe certains fels terreux que très- lentement, on doit faire cette expérience dans un vaifieau qui puilTe boucher exaélement , afin d’empêcher le contaâ de l’air capable de donnée un faux réfultat. Cette précaution efi en général très-importante dans Fufage de tous les réaélifs; elle efi d’ailleurs indiquée par M, Bergman Sc par M. Gioanettu J’ajouterai une obfervation fur Fufage de Falkali volatil. Comme il efi aflez diffi-» Tome IL A a 570 Leçons é l é m e n t a i r e s die d’avoir de l’alkali volatil parfaitement caiif- tique, 8c qu’il efl abfolument nécelTaire de l’avoir tel pour l’analyfe des eaux minérales 3 on peut employer un moyen fort fimple, 8c que j’ai fou- vent mis en ufage avec fuccès. C’eft de verfer un peu d’efprit alkali volatil dans une cornue dont le bec plonge dans l’eau minérale j en chauffant légèrement la cornue , le gaz alkaîin fe dégage Sc paffe très-cauftique dans l’eau. S’il y occalionne un précipité , c’efl que l’eau minérale contient du vitriol martial , ce qui fe reconnoît conflam- ment à la couleur du précipité , pu des Tels à bafe de terre alumineufe 8c de magnéfie. Il efl affez difficile de prononcer d’après les propriétés phy- fiques du précipité terreux, formé dans une eau par l’alkali volatil cauffique, à laquelle de ces deux dernières bafes on doit l’attribuer. Cepen¬ dant, la manière dont il fe forme peut indiquer quel efl fon caraélère. En diffolvant fix grains de fel d’Epfom dans quatre onces d’eau diflil- lée , 8c fix grains d’alun dans égale quantité de ce fluide , 8c faifant paffer dans chacune de ces diffoluîions un peu de gaz alkalin, celle du fel d’Epfom a été troublée fur le champ , tandis que celle de l’alun n’a commencé à fe précipiter que vingt minutes après j on avoit eu le foin de mettre ce mélange dans un flacon très -bien bouché. Le même phénomène a eu lieu avee ti^Eist* Nat. ET de Chîmie. les fels nitreüx 8c marins de magnéfie 8c de terre alumineufe , dîfToiis à quantité égale dans de Teait difliliée, 8c traités avec les mêmes pré¬ cautions* La promptitude ou la lenteur de la pré¬ cipitation d’une eau minérale par l’addition du gaz alkaliii, fournit donc le moyen de recoii- noître quel eil le fel terreux que ce gaz décom- pofe. En général, les fels à bafe de magnéfie font infiniment plus communs dans les eaux , que ceux à bafe de terre alumineufe. Je ne dois pas oublier d’indiquer un fait obfervé par M, Bergman^ c’efl que l’alkali volatil efl fuf- ceptible de former, avec le vitriol de magnéfie ou le fel d’Epfom, un compofé dans lequel une portion non décompofée de ce fel neutre efl combinée avec une portion de fel ammoniacal fecret de Glauber. Peut-être cette portion non décompofée de fel d’Epfom forme-t-elle avec le fel ammoniacal vitriolique , un fel neutre mixte analogue au fel alembroth. L’alkali vo¬ latil ne précipite donc qu’une partie de la ma- gnéfîe, & ne peut indiquer exadement la quan¬ tité du fel d’Efpom , dont elle efl: la bafe» Aufïi l’eau de chaux me paroît-elle préférable pour reconnoître la nature 8c la dofe des fels à bafe de magnéfie , contenus dans les eaux minérales. Elle a auffi la propriété de précipiter les fels à bafe de terre alumineufe beaucoup Aa ij 372 Leçons élémentaires plus abondamment Sc plus promptement que ne le fait le gaz alkalin (a). L’acide vitriolique concentré précipite en blanc mat une eau qui contient de la terre pe- fante , fuiyant M. Bergman ; mais comme , d’a¬ près le même Chimifte , cette terre ne fe trouve que très-rarement dans les eaux minérales, je dois paffer aux autres effets de ce réaélif. Lors¬ qu’il produit des bulles dans une eau, il indique la préfence de la craie, de l’alkali fixe crayeux, ou de l’acide crayeux pur. On peut diftinguer chacune de ces fubfiances par quelques phé¬ nomènes particuliers. Si l’on fait chauffer une eau chargée de craie , dans laquelle on a verfé de l’acide vitriolique , il fe forme promptement une pellicule Sc un dépôt féléniteux; ce qui n’ar¬ rive point dans les eaux fimplement alkalines. Il fembleroit au pi^emier coup-d’oeil que la fé- lénite devroit fe précipiter dès que l’on verfe l’acide vitriolique dans une eau crayeufe ; ce- ( a ) On s’appercevra facilement que je répète plufieurs faits déjà expofés dans le cours de cet Ouvrage. Je n*ai pas craint de le faire, pour rendre ce petit Traité fur Panalyfe des eaux plus clair & plus complet, & pour raffembler, fur les moyens de les analyfer, toutes les connoHTances qu*il me paroît indifpenfàble de pofféder, lorfqu’on veut fe livrer à ce genre de travail. / b’Hist. Nat. et de Chi,mie. 375 pendant il eft très-rare que cela arrive fans le fecoiirs de la chaleur , parce que ces eaux con¬ tiennent le plus fouvent de Pacide crayeux fiira- boudant qui favorife la diffolution de la félé- nite , 8c qu’il eft nécelïaire de les priver de cet acide avant que ce fel puifle s’en féparer. On peut fe convaincre de ce fait, en jetant quel¬ ques gouttes d’acide vitrioliqiie concentré dans une certaine quantité d’eau de chaux précipitée, & éclaircie enfuite par l’acide crayeux. Si l’eau de chaux eft très-chargée de terre calcaire ré¬ générée , il fe forme un précipité féléniteux au bout de quelques minutes , ou plus lentement 8c à mefure que l’acide crayeux libre s’en fé- pare. Si elle ne précipite pas par le fîmple re¬ pos , ce qui arrive lorfque l’eau elt peu char¬ gée de félénite 8c contient beaucoup d’acide cra5æux fiirabondant , il fuffit de la chauffer lé¬ gèrement pour qu’il fe forme une pellicule fé- léniteufe , 8c un précipité de même nature. L’efprit de nitre concentré eJl; recommandé par M. Bergman y pour précipiter le foufre des eaux hépatiques , appelées fulfureufes avant lui. Sans adopter la théorie de ce célèbre Chimifte , qui regarde le gaz hépatique comme du foufre mis dans l’état gazeux par la chaleur 8c le phlo- giflique ; fans penfer avec lui que l’efprit de nitre en précipite le foufre , en s’emparant du Aa îij 374 Leçons élémentaikes phlogiüique Sc en dégageant la chaleur 3 j^ai cru devoir faire mention de ce moyen , très-utile pour reconnoître la préfence du foufre dans les eaux fiilfureufes ou hépatiques. Pour s’afflirer de ce fait 3 il fuffit de verfer quelques gouttes d’ef- prit de nitre fumant fur de Peau diflilléej dans laquelle on a reçu à l’appareil pneumato-chi- miqiie3 gaz qui fe dégage du foie de foufre cauflique chauffé dans une cornue. Cette eau hépatique artificielle qui diffère légèrement des eaux fulfureufes naturelles 3 en ce qu’elle efl difficile à filtrer 3 Sc qu’elle paroît toujours un peu louche , donne en quelques iiffians un pré¬ cipité avec l’acide nitreux. Ce précipité efl d’un blanc jaunâtre; recueilli fur un filtre ëc féché, il brûle avec la flamme êc l’odeur propres au fou¬ fre, dont il a tous les caraélères. Il paroît que l’efprit de nitre altère le gaz hépatique , comme il le fait à l’égard de toutes les matières inflam¬ mables, à l’aide de la grande quantité d’air pur qu’il contient. S’il efl le feul acide qui jouiffe de cette propriété , c’efl qu’il efl celui de tous qui adhère le moins à Pair qui le conflitue. C’efl par la même raifon qu’il agit en général fur toutes les matières combuflibles , 8c qu’il les réduit à Pétât de corps brûlés , beaucoup plus rapide* ment que les autres acides. Aucun réaflif n’efl encore moins connu , re- d’Hist. Nat. et de Chimie, jyjr lativement à fa manière d’agir , que l’alkali phlo- gilîiqué. Il y a long-tems que les Chimiftes fe font apperçus que cette liqueur préparée avec le fang de bœuf, contenoit du bleu de PruflTe tout formé. On a cru qu’on pouvoit en féparer ce bleu à l’aide d’un acide, Sc on l’a propofé dans ,cet état, comme une fubflance capable de démontrer le fer exidant dans les eaux miné¬ rales. Feu M. Bucquet ayant obfervé qu’un alkali phlogidiqué précipité par un acide, contenoit encore du bleu de PrulTe qui s’en précipitoit peu à peu , eut foin de féparer ce bleu par le moyen de la filtration ;ralkali en dépofa de nouveau , & il a été filtré plus de vingt fois dans l’efpace de deux années, fans être totalement privé de bleu de PrulTe. Je conferve cette liqueur préparée de¬ puis plus de cinq ans ; elle a encore une belle couleur bleue. La partie colorante du bleu de Prude feroit-elle contenue dans la lelîive phlo- gidiquée , comme le penfoit M. Bucquet , &: comme l’a dit depuis M. Baunach f Quoi qu’il en (oit , on doit bannir cette leffive de l’emploi des réaâifs. M. Macquer y d’après fa brillante découverte fur la décompofition du bleu de Prude par les alkalis , a propofé la liqueur fa- turée de la matière colorante de ce bleu , pour reconnoître la préfence du fer dans les eaux mi¬ nérales^ cependant, comme cette liqueur con- Aa iv 37^ Leçons élémentaires tient encore ùn peu de bleu de PrufTe , que Pon peut en féparer par un acide , ainfî que M. Mae- querŸà indiqué, M. Baume confeille d’ajouter à cet alkali Prufnen deux à trois onces de vi¬ naigre diffillé par livre , de le faire digérer à une douce chaleur, jurqu’à ce que tout le bleu de PrufTe foit précipité; alors on y verfe de l’ al¬ kali fixe pur pour faturer l’acide du vinaigre. Mal¬ gré ce procédé très-ingénieux , nous avons eu occafîon d’obferver , M. Bucquet Sc moi , que cet alkali Pruffien purifié par le vinaigre laif- foit dépofer du bleu à la longue, ôc fur -tout par l’évaporation au feu. M. Gloanetti^ que j’ai déjà eu plufieurs fois occafion de citer avec éloge, a fait la même obfervaîion, en évapo- lant à ficcité l’alkali Pruffien purifié par la mé¬ thode de M. Baumé. XI a propofé deux procédés pour obtenir cette liqueur plus pure & totale¬ ment exempte de fer ; il confeille dans l’un , de fiircharger l’alkali Pruffien de vinaigre diftillé, de l’évaporer jufqu’à ficçité à une douce cha¬ leur 5 de difToudre la inafTe reftante dans de Feau difiillée, 6c de filtrer cette difTolution. Tout le bleu de PrufTe refie fur le filtre, & la liqueur n’en contient plus. L’autre procédé confîfie à îieiitralifer cet alkali avec une difTahuion d’a- ïun ; on le filtre on en fépare le tartre vî^ iriolé par l’évaporation. Ces deux liqueurs ne d’Hist. Nat. et de Chimie. 377 donnent pas un atome de bleu de Pruffe avec les acides purs, ni par l’évaporation jufqu’à fie- cité. On a auffi propofé l’alkali volatil faturé de la matière colorante du bleu de PrulTe, qui a les mêmes inconvéniens , 8c qu’on peut purifier de même. L’eau de chaux faturée de la matière . colorante du bleu de Prufle, dont j’ai parlé à l’article du fer, m’a paru exempte de ces in¬ convéniens. Verfée fur une dilTolution de vitriol martial , elle forme fur le champ ùii bleu de Pruiïe pur Sc fans mélange de vert. Les acides n’en précipitent pas un atome de bleu. Elle ne CDiitient donc pas de fer, Sc elle eft préférable aux alkalis Prufîiens pour eiïayer les eaux mi¬ nérales. Ce phénomène dépend fans doute de ce que la chaux diffoute dans l’eau n’a pas, à beaucoup près , la même adion fur le fer que les alkalis. Cette eau de chaux Pruffienne m’a paru très -propre à faire reconnoître les eaux martiales , foit gazeiifes , foit vitrioliques. En effet, le gaz crayeux qui tient le fer en diffo- I lution dans les eaux, étant de nature acide „ décompofe auffî bien les leGaves Pruffiennes, à l’aide des doubles affinités, que le fait le vi¬ triol martial. J’ai effayé l’eau de chaux Pruf- fienne fur des eaux de Spa Sc des eaux de PafTy ; j’ai obtenu fur le champ un bleu peu marqué, quoique fenfible dans les premières, _ 378 Leçons ÉLéMENTÀiEEs 6c très-apparent dans les fécondés. Voilà donc Une liqueur fort facile à préparer , qui ne Con¬ tient pas un atome de bleu de PrulTe , & qui efl très-propre à indiquer la préfence des moindres parcelles de fer dans les eaux. C’efl une efpèce de fei neutre formé par la partie colorante du bleu & la chaux. La noix de galle , ainfî que toutes les fubf- tances végétales acerbes 8c aflringentes , comme les écorces de chêne , les fruits de cyprès 3 le brou des noix, 8cc, ont la propriété de préci¬ piter les diffblutions de fer, Sc de donner à ce métal différentes couleurs, fuivant fa quantité, fon état Sc celui de l’eau qui le tenoit en diff folution. Cette couleur offre un grand nombre de nuances qui s’étendent depuis un rofe-pâle jufqu’au noir le plus foncé. On a reconnu que la couleur pourpre que les eaux prennent avec la teinture de noix de galle , n’eft point un in- \dice que le fer y efl contenu dans fon état mé¬ tallique, comme l’avoit cru Mc Monnet; puifque le vitriol martial & le fer uni à l’acide crayeux, que j’appelle craie martiale , fe colorent aufïi en pourpre par l’infufion de la noix de galle- C’efl plutôt la quantité du fer, fon plus ou moins grand degré d’adhérence à l’eau, & l’état de décompofition plus ou moins avancée de cette diffolution, qui occafionne les différences de d’Hist. Nat. et de Chimie. 379 couleur que Ton obferve dans ces précipita¬ tions 5 comme l’a très - bien fait obferver M. Duchanoj , dans fes Eflais fur Part d’i¬ miter les eaux minérales. Au relie , quoique ce réadif foit connu & employé avec fuccès dans l’analyfe des eaux , depuis que Duclos le pro- pofa en 16(57; quoique MM. Macquer ^ Mon-- net Sc les Chimiiles de l’Académie de Dijon aient fait une belle fuite d’expériences fur la noix de galle , la nature du principe allringent n’efl pas encore connue. On peut feulement foup- çonner que c’eil une efpèce d’acidç particulier, puifqu’il s’unit aux alkalis, qu’il teint en rouge les couleurs bleues végétales , qu’il décompofe le foie de foufre , qu’il fe combine aux métaux. On emploie , pour reconnoître la préfence du fer dans une eau minérale , la noix de galle en poudre , rinfulion de cette fubflance faite à froid, 8i la teinture par l’efprit de vin. Cette dernière ell préférée, parce qu’elle eü beaucoup moins altérable que la dilToluîion dans l’eau, qui efl. très-fujette à fe moifir. Ce qu’il y a de plus fîngulier, c’efl que les produits de la noix de galle diflillée colorent auffi les diiïblutions martiales, La diiïblution dans les acides , dans les alkalis , dans les huiles , dans l’éther , pré¬ fente le même phénomène. Le fer que cette matière précipite des acides j eft dans un état jSo lifiÇONS ÉL^MENTAIKIS peu connu , & forme une efpèce de fel neutre qui n’eft pas attirable à Paimant, quoique très- noir; il fe diflbut lentement & fans efFervef- cence fenfible dans les acides; il perd ces pro¬ priétés par Paâion du feu , & devient attirable. La noix de galle ell un réaâif fî fenfible , qu’une feule goutte de fa teinture colore en pourpre dans Pefpace de cinq minutes une eau qui ne contient qu’un vingt-quatrième de grain de vi¬ triol martial fur près de trois pintes. Les deux derniers réaélifs que nous pro- pofons pour l’examen des eaux, font les diffb- lutions d’argent Sc de mercure par l’acide ni¬ treux. On a coutume de les employer pour con- noître la préfence des acides vitriolique ou ma¬ rin dans les eaux .minérales ; mais piufieurs au¬ tres fubftances peuvent auffi les précipiter quoi¬ qu’elles ne contiennent pas la plus petite par¬ celle de ces acides. Les flries blanches Sc pe- fantes que la diffoludon d’argent donne dans une eau qui ne tient qu’un demi -grain de fel marin par pinte , annoncent très-aifément Sc très-' fûrement l’acide de ce fel. Mais elles n’indiquent pas de même la préfence de l’acide vitriolique , puifque fuivant l’eflimation de M. Bergman , il faut au moins trente grains de fel de Glauher par pinte pour qu’elle y produife fur le champ ün effet fenfible : ajoutez à cela que l’alkali fixe 3 d’Hist. Nat. et de Chïmie. 38X la craie , la magnéfie peuvent précipiter d’une manière beaucoup plus marquée la diflbiution nitreufe d’argent ; ainfî le phénomène de la précipitation d’une eau minérale à l’aide de cette difToîiition , ne peut donc pas fervir à déter¬ miner d’une manière précife la fubftance faline ou terreufe à laquelle elle eft due. La dilTolution de mercure par l’acide nitreux 9 eft encore plus fufceptible d’induire en erreur 5 non-feulement elle indique la préfence des aci¬ des vitriolique Sc marin dans les eaux , mais elle ell; précipitée par l’alkali fixe crayeux en une pou¬ dre jaunâtre, qui pourroit induire en erreur en annonçant l’effet de l’acide vitriolique. La chaux êc la magnéfie y produifent un dépôt à peu près femblable. On croit communément que le précipité blanc très-abondant qu’elle forme dans uhe eau eft dû à la préfence d’un fel marin ; cependant les mucilages & les fubflances extrac-^ tives préfentent le même phénomène , comme le favent aujourd’hui tous les Chimiftes. Outre ces fources d’erreurs 8c d’incertitudes fondées fur la propriété qu’ont plufieurs fubflances de pro¬ duire avec la diffolution nitreufe de mercure un précipité femblable , il en efl encore d’autres qui dépendent de l’état de cette diffolution en elle-même , 8c fur lefquelles il efl très-impor¬ tant d’êue prévenu pour ne pas commettre des ^S2 Leçons élémentaires , fautes graves dans ranalyfe des eaux, M. j f/ian a indiqué une partie des différences fin- ! gulières qif on obferve dans cette diflblution , fuivant la manière dont elle a été faite à chaud | ou à froid , fur-tout relativement à la couleur des précipités qu’elle donne par différens intermèdes. I Mais il n’a pas dit un mot de la propriété qu’offre cette diffiblution d’être précipitée par l’eau dif- i tillée , lorfqu’elle eff très-chargée de chaux de mercure , quoique M. Monnet eût indiqué ce fait dans fon Traité de la diffblution des mé¬ taux. Comme cet objet eff d’une grande impor¬ tance pour l’analyfe des eaux , je m’en fuis oc¬ cupé dans le plus grand détail , afin d’établir quel¬ que chofe de certain , & j’y fuis parvenu , comme on va le voir , par un moyen très-fimple. J’aî fait un grand nombre de diffblutions de mer¬ cure dans de l’acide nitreux bien pur , en diffe¬ rentes dofes de ces deux fubflances , à froid 8c à chaud , & en employant des acides de degrés de force très-variés. Ces expériences m’ont fourni v les réfultats fuivans. 1°. Les diffblutions faites à froid , fe chargent plus ou moins promptement d’une quantité de mercure differente , fuivant le degré de concen¬ tration de l’acide nitreux ; mais quelque quan¬ tité de mercure qu’ait ainfi diffbute à froid un acide concentré, cette diffblution ne précipite d’Hïst, NaTo et de Chimie. 383 jamais par Feaii ; j’ai diiTous à froid deux gros ëc demi de mercure dans deux gros d’efprit de nitre fumant , pefant une once quatre gros cinq grains dans une bouteille- qui tenoit une once d’eau diilillée; la combinaifon s’eil faite avec une rapidité fingulière j il s’eil: perdu en gaz ni¬ treux très-épais, & en vapeurs aqueufes difîipées par la chaleur du mélange , plus du quart de l’acide. Cette diiïblution étoit d’un vert foncé , très-tranfparente ; j’en ai verfé quelques gouttes dans une demi-once d’eau diilillée ; il s’y eil formé quelques ilries blanchâtres , qui fe font dÜToutes par l’agitation ^ Sc n’ont pas donné de précipité. C’eil cependant la düTolution la plus chargée que j’aie pu faire à froid , celle qui pré- fente le plus de mouvement , d’effervefcence Sc de vapeurs rutilantes. Comme elle avoit dépofé des criilaux , j’ai ajouté deux gros d’eau diilillée , qui ont diiïbus le tout fans apparence de pré¬ cipitation, A plus forteraifon, celles que l’on fait à froid avec de l’acide nitreux ordinaire , 8c la moitié de leur poids de mercure , ne feront- elles jamais précipitées par l’eau , 8c pourront^ elles être employées aveC^fuccès pour l’analyfe des eaux minérales. 2®. Quelque peu concentré que foit l’acide ni¬ treux , fi on le chauffe fortement fur du mercure 9 il en düToudra une plus grande quantité que lô 384 Leçons èlêmentaîkes plus fort acide à froid ; & la diiïblution , légère» ment colorée en jaune, paroîtra grafTe Sc épailTe; elle laiffera précipiter par le repos une malTe in» forme jaunâtre , qu’on peut changer en beau turbith , à l’aide de l’eau bouillante. Cette dit folution verfée dans de l’eau dillillée , y forme un précipité très - abondant, d’une couleur jaune femblable au turbith. Une diflblution faite à froid , offrira le même réfultat , fi on la chauffe fortement , & fi on en dégage beaucoup de gaz nitreux. On doit bannir ces diffolutions chauffées de l’analyfe des eaux minérales , puifqu’elles font décompofées par Teau dillillée. 3®. II paroît que ces deux efpèces de diffolutions ne diffèrent l’une de l’autre que par la quantité de chaux de mercure , beaucoup plus grande dans celle qui précipite par l’eau , que dans celle qui n’eft point décompofable par ce fluide. J’ai dé¬ montré cette vérité , en évaporant comparati¬ vement , quantité égale de l’une & de l’autre de ces diffolutions dans des fioles à médecine pour les réduire en précipité rouge. J’ai obtenu un quart de plus de ce précipité de la diflblution qui précipite par l’eau , que de celle qui ne préci¬ pite pas. La pefanteur fpécifique m’a paru four¬ nir encore un bon moyen d’indiquer la quantité refpedive de chaux de mercure contenue dans ces différentes liqueurs* J’ai comparé le poids relatif d^Hist. Nat. et de Chimie. 5S7 relatif d’un volume égal de trois diffblutions mer¬ curielles nitreufes , qui différoient entr’elles. L’une , qui ne précipitoit pas du tout dans l’eau diftillée , Sc qui étoit le réfultat de la première expérience citée plus haut , pefoit une once un gros foixante-fept grains dans une bouteille qui contenoit jufle une once d’eau didillée. La fé¬ condé diiïblution avoir été faite par une chaleur îrès-dbuce , Sc elle donnoit une légère couleur d’opale à l’eau diflillée , fans produire un pré¬ cipité bien marqué ; elle pefoit dans la même bouteille une once lix gros vingt-quatre grains. Enfin , une troifième difiblution mercurielle , chauffée afibz fortement ^ Sc qui précipitoit un vrai turbith minéral d’un jaune fale par l’eau diflillée 5 pefoit fous le même volume une once fept gros vingt-cinq grains. Pour confirmer da¬ vantage cette opinion , il reftort une expérience décifive à faire. Si la difiblution que l’eau pré¬ cipitoit devoir cette propriété à une trop grande quantité de chaux mercurielle relativement à celle de l’acide, elle devoit perdre cette pro¬ priété en y ajoutant l’acide nécefiaire pour fou- tenir le mercure. C’efi aufii ce qui efl arrivé. En verfant de l’eau-forte fur une difiblution que Feau décompofoit , elle a bientôt acquis la pro¬ priété de ne plus précipiter par l’eau , Sc elle' étoit abfolument dans le même état- que celle Tome IL B b ^26 Leçons élSmentaibes que Fon fait lentement , 8c par la feule chaleur de Fatmofphère. M. Monnet a déjà indiqué ce procédé pour empêcher les criüaiix de nitre mercuriel de fe réduire en turbith par le con» tad de Pair. Ceft par un procédé inverfe 5 8c en faifant évapoïer une ponion de Facide d^une bonne dilTolution qui ne précipite pas par Peau 5 qu’on la fait palTer à Fétat d’une düTolutioii beaucoup plus chargée de chaux mercurielle ^ 8c conféquemment fufceptible d’être décom- pofable par Feau. On peut lui rendre fa pre¬ mière qualité , en lui reftituant Facide qu’elle a perdu pendant l’évaporation. Telles font les différentes conf dérations que j’ai cru devoir faire pour rendre moins incer¬ tain l’effet des réaélifs fur les eaux. Mais quel- que précifion qu’on apporte dans ces recher¬ ches 5 quelqu’étendues que foient les connoif- fances que Fon a acquifes fur les degrés de pureté 8c fur les différens états des diverfes fubffances que Fon combine aux eaux minérales pour en découvrir les principes , fi Fon ne peut difconvenir que chacun des réaéfifs efi fufcep¬ tible d’indiquer deux ou trois matières différentes diffoutes dans ces eaux , il refiera toujours du doute fur le réfiiltat de leur adion. La chaux y. par exemple , s’empare de Facide crayeux ; elle précipite les fels à bafe d’argile 8c de magriéfie ^ d’Hist. Nat. et de Chimie. 387 auffi bien que les fels métalliques ; l’alkali vo¬ latil opère le même effet ; Palkali fixe précipite outre ces premiers fels , ceux à bafe de chaux ; Peau de chaux chargée de la partie colorante du bleu de Pruffe , l’alkali Pruffien , Sc la tein¬ ture fpiritueufe de noix de galle , précipitent le vitriol de fer & la craie martiale ; les diffolu- tions nitreufes d’argent Sc de mercure décom- pofent tous les fels vitrioliques 8c les fels ma¬ rins qui peuvent varier ou fe trouver plufieurs dans la même eau ; elles font elles-mêmes dé- compofées par les alkalis , la craie , la magnéfîe* Parmi ce grand nombre d’effets compliqués , comment diüinguer celui qui a lieu dans l’eau qu’on examine , comment favoir s’il eil fîmple ou s’il efl corapofé f Ces queftions , quoique très-difficiles dans le tems où la Chimie ne connoiffoit pas toutes fes reffources , font cependant de nature à être agi¬ tées aujourd’hui ; Sc l’on peut même efpérer d’y répondre d’une manière fatisfaifante. J’obferve d’abord que la nature des réaéfifs étant beau¬ coup mieux connue qu’elle ne l’étoit il y a quel¬ ques années , Sc leur réadion fur les principes des eaux mieux appréciée , c’efl déjà une forte préfomption pour penfer que leur ufage peut être beaucoup plus utile qu’on ne l’a cru jufqu’à ce Jour* Il n’y a cependant encore eu, parmi Bb ij 'jSS Leçons iê l ème nta i ees !e grand nombre d’excellens ChimiRes qui fefont occupés de Fanalyfe des eaux, que MM. B aimé y Bergman Sc Gioanetti , qui ayent entrevu qu’on pouvoit en tirer un plus grand parti qu’on ne l’a encore fait. On ed , depuis long-tems , dans l’ha¬ bitude de faire l’examen des eaux minérales par les réaélîfs, fur de très-petites dofes dcfouvem dans des verres ; on note les phénomènes de précipitation qu’on obferve , de on ne pouffe pas l’expérience plus loin. M. Baume diCox\{éà\éy dans fa Chimie , de faturer une certaine quan¬ tité d’eau minérale avec l’alkalifîxe & les acides ^ de ramaffer les précipités , 8c d’en examiner la nature. M. Bergman a penfé qu’on pouvoir juger par le poids des précipités que l’on obtient dans ces mélanges, de la quantité des principes con¬ tenus dans les eaux. Quelques autres Chimiftes ont auffi employé cette méthode, mais toujours dans quelques vues particulières , & jamais per- fonne n’a propofé de faire une analyfe fuivie des eaux minérales par ce moyen. Pour y parvenir ^ je penfe qu’il faut mêler pluheurs livres d’eau mi¬ nérale avec chaque réadif, jufqu’à ce que ce der¬ nier ceffe de précipiter cette eau. On laiffera alors raffembler le précipité pendant vingt -quatre heures dans un vaiffeau exadement bouché : on filtrera le mélange ; Sc l’on examiner^ , par les moyens connus, le précipité refié fur le filtre^ d’Hïst. Nat. et de Chimie. après l’avoir pefé , Sc fait fécher à l’étuve. C’eil ainfi qu’on parviendra à découvrir fûrement la fubUance fur laquelle a agi le réadif, & à déter¬ miner la caufe de la décompofitioii qu’il a opé¬ rée. On pourra fuivre un ordre marqué dans ces opérations , en mêlant d’abord les eaux avec les fubftances qui font les moins fufceptibles de les altérer, Si. en palTant ainfi de ces fubflances à Celles qui font capables de produire des chan- gemens plus variés Sc plus difficiles à apprécier. Voici ce que j’ai coutume de faire dans cette efpèce d’analyfe. Après avoir examiné la fa¬ veur, la couleur, la pefanteur Sc toutes les autres propriétés pliyfiques d’une eau minérale, je verfe fur quatre livres de ce fluide une quantité égale ^ d’eau de chaux ; s’il ne fe fait point de précipité en vingt-quatre heures, je fuis fûr que cette eau ne contient ni acide crayeux libre , ni alkaîi fixe crayeux , ni fels terreux à bafe de terre alu mi- neufe ou de magnéfie , ni fels métalliques ; mais s’il fe forme fur le champ ou peu à peu un pré¬ cipité , je filtre le mélange , Sc j’examine les pro¬ priétés chimiques du dépôt. S’il n’a point de faveur , s’il eft indiflbluble dans l’eau , s’il fait eflervcfcence avec les acides , & s’il forme avec l’efprit de vitriol un fel infipide Sc prefque in- foluble dans l’eau , j’en conclus que c’eft de la craie ^ Sc que l’eau de chaux ne s’efl emparée B b iij 3^0 Leçons éLéMENTAiREs que de l’acide crayeux dilTous dans l’eau. Si an contraire il ell peu abondant , s’il fe raffeiiible difficilement > s’il ne fait point effervefcence , s’il donne avec l’acide vitriolique un fei ilypti- que^ ou amer &:très-folubîe, il eft formé par la magnéfie ou la terre alumineufe , 8c fouvent par Fune 8c l’autre. Je n’ai pas befoin de m’étendre davantage fur les moyens qui fervent à diffin- guer ces deux fubflances , parce qu’ils doivent être très-connus. J’ajoute feulement qu’on peut les multiplier affez pour n’avoir aucun doute fur leur nature. ' Après l’examen par l’eau de chaux , je verfe fur quatre autres livres de la même eau miné¬ rale un gros du deux d’efprit alkalin volatil bien cauffique; ou j’y fais paffer du gaz alkalin dé¬ gagé de cet efpfit par la chaleur. Lorfque l’eau en efl famrée , je laiiïe le mélange en repos dans un vaifTeau fermé pendant vingt-quatre heures; alors s’il s’efl formé un. précipité qui ne peut être dû qu’à des fels martiaux ou à bafe de magnéfie 8c de terre alumineufe , j’en recherche la na¬ ture à l’aide des différens moyens dont j’ai parlé pour la chaux. Mais l’adion du gaz alkalin étant plus infidèle que celle de l’eau de chaux qui opère les mêmes décompofitions que lui , il efi bon d’obferver que l’on né doit l’employer que comme un moyen auxiliaire dont on ne b^Hîst. Nat. et de Chimie. 392’ peut point attendre de réfultats aufïi exads que ceux fournis par le réadif précédent. Lorfqiie les Tels à bafe de terre alumineufe ou de inagnéfie ont été découverts par Peau de chaux ^ ou par le gaz alkalin , Falkali minéral caudique fert à faire reconnoître ceux à bafe de chaux, tels que la félénite Sc le fel marin calcaire.' Pour cela, je précipite quelques livres de l’eau que j’examine par cet alkali en liqueur, jufqu’à ce qu’il ne la trouble plus. Comme il décom- pofe auffi-bien les fels a bafe de terre alumi- neufe que ceux c|ui font formés par la chaux ^ fi le précipité relTemble par la forme , la cou¬ leur Sc la quantité à celui que l’eau de chaux m’a donné , il efi à préfumer que l’eau ne contient point de fel calcaire ; & l’examen chi¬ mique de ce précipité confirme ordinairement ce foiipçon. Mais fi le mélange fe trouble beau¬ coup plus que celui fait avec l’eau de chaux'j fi le dépôt efi plus pefant , plus abondant , Sc fe raffemble plus vite , alors il contient de la chaux mêlée avec la magnéfie ou la ten'e alu¬ ni ineufe. Je m’en afllire en traitant ce dépôt par /les différens moyens que j’ai déjà indiqués. On conçoit que le fer précipité par les réadifs en même-teins que les fubftances falino-terreules , efi facile à reconnoître par fa couleur Sc par fa Caveur & que la petite quantité de ce métal B b iv 592 Lj^ÇONS ÉrÉMENTAîKEg réparée par .des procédés n’eft pas capable d’in¬ fluer fur les réfultats. îl fer oit inutile d’infifter fur les. fubfiances que l’huile de vitriol , l’efprit de nitre , la noix de galle 5 l’alkali ou la chaux , faturés de la matière colorante du bleu de Pruffe , employés comme xéadifs , peuvent indiquer dans les eaux miné¬ rales. Ce que j’ai dit plus haut fur les effets gé¬ néraux de ces matières doit fuffire; j’ajouterai feulement qu’en les mêlant à grande dofe avec ces eaux , on peut , en recueillant les précipités , reconnoître plus exactement la nature Sc la dofe de leurs principes , ainfi que l’ont fait MM. Berg’- man Sc Gioanetti» Je m’arrêterai davantage fur les produits que donnent les diiïblutions nitreufes d’argent ou de mercure mêlées aux eaux minérales. C’eil fur- tout avec ces réadifs qu’il eft avantageux d’o¬ pérer fur de grandes dofes , afin de pouvoir déterminer la nature des acides que contiennent les eaux. L’anal y fe de ces fluides deviendra com- plette par la connoifTance de leurs acides , pnifque ces derniers y font fouvent combinés avec les ba- fes que les réadifs précédons ont fait reconnoîtrecx La couleur 5 la forme Sc l’abondance des précipités formés par les diffolutions nitreufes de mercure Sc d’argent , ont indiqué jufqu’aduellement aux Chimiftes ^ la nature des acides auxquels ils fout P^Hïst. Nat. et de Chimie. 395 Hus. Un dépôt épais , pefant, 8c qui fe forme fur le champ par ces difToIutions , décèle l’acide marin. S’il eft peu abondant, blanc & criftallifé avec le nitre d’argent , jaunâtre 8c informe avec celui de mercure; s’il ne fe raffemble que len¬ tement, on l’attribue à l’acide vitriolique. Ce¬ pendant , comme ces deux acides fe rencontrent fréquemment dans la même eau , comme l’alkalï & la craie décompofent auffi ces diffblutions , 011 n’a que des réfultats incertains lorfqu’on ne s’en rapporte qu’aux propriétés phyfîques des précipités. Il faut donc les examiner plus en dé¬ tail. Pour cet eiffet, on doit mêler les dilTolu- tions lunaire 8c mercurielle avec cinq à fix livres de l’eau qu’on veut analyfer, filtrer les mélanges vingt-quatre heures après , fécher les dépôts 8c les traiter par les procédés que l’art indique. En chauffant dans une cornue le précipité fait par la diffolution nitreufe de mercure, la portion de ce métal , unie à l’acide marin des eaux , fe vo- latilife en fublimé corrofîf ou en mercure doux ; celle qui efl combinée à l’acide vitriolique , relie au fond du vaiffeau , 8c offre une couleur rou¬ geâtre. On peut encore reconnoître ces deux fels en les mettant fur un charbon ardent. Le vitriol de mercure, s’il y en a, exhale de l’acide lulfureux 8c fe colore en rouge , le fel marin mercuriel refle blanc, 8c fe volatilife fans odeur 394 Leçons élémentaires de foufre. Ces phénomènes fervent encore à faire diüinguer les précipités qui pourroient être for¬ més par les fubüarices alkalines contenues dans les eaux, puirque ces derniers n’exhalent point d’odeur fulfureufe , Sc ne font point volatils fans décompofition. Les précipités produits par la combinaifon des eaux minérales arec la diffolution nitreufe d’argent , peuvent être examinés auffi facile¬ ment que les précédens. Le vitriol d’argent étant plus folubîe que la lune cornée , l’eau diftiîlée peut être employée avec fuccès pour féparer ces deux fels. La lune cornée fe re- connort à fa fixité , à fa fufibilité , & fur - tout à ce qu’elle eil moins décompofabîe que le vi¬ triol de lune; ce dernier, mis fur les charbons, exhale une odeur fulfureufe, & laiffe une chaux d’argent que l’on peut fondre fans addition. Je ne parle point de tous les procédés que la Chi¬ mie pourroit fournir pour reconnoître & féparer les deux fels lunaires dont je viens de faire men¬ tion; il me fuffit d’en avoir indiqué quelques-uns* §. VI. Examen des Eaux minérales \ par la dijiillation» La diffillation ell; employée dans Fanaîyfe des eaux, pour connoître les fubflances gazeufes qui leur font unies* Ces fubflances font, ou de l’airs d^Hïst» Nat. et de Chimie. 39^- ou de Facide crayeux ^ ou du gaz hépatique. Pour en comioître la nature & la quantité , il faut prendre quelques livres d'eau minérale , les mettre dans une cornue qu’elles remplüTent qu’à moitié ou aux deux tiers -, adapter à ce vaif- feau un tube recourbé qui plonge fous une cloche pleine de mercure. L’appareil ainfi difpofé, ou chauffe la cornue jufqu’à ce que Feau foit en pleine ébullition 5 ou jufqu’à ce qu’il ne paffe plus de fluide élaftique dans les cloches. Lorfqiie Fopération eft finie ^ on fouflrait du volume de gaz que Fou a obtenu, la quantité d’air contenu dans la portion vide de la cornue ; le refte eft îe fluide aèriforme qui étoit contenu dans Feau minérale , & dont on connoît bientôt la nature , par les épreuves de la bougie allumée, de la teinture de toiirnefol 8c de Feau de chaux. S’il s’enflamme & s’il a une odeur fétide, c’eft du gaz hépatique; s’il éteint la bougie^ s’il rougit le tournefol , & s’il précipite Feau de chaux , c’eft de Facide crayeux ; enfin , s’il entretient la combuftion fans s’enflammer, s’il eft inodore, s’il n’ altère ni le tournefol , ni Feau de chaux , c’eft de Pair atiiiofphériqiie. Il peut arriver que ce dernier fluide foit plus pur que Pair de Fat- mofphère ; alors on juge de fon degré de pu¬ reté, par la manière dont il excite la combuf- tion. Le procédé que Ton fuit pour -obtenir les 59i5 Leçons ÉLÉMENTArKES matières gazeufes contenues dans les eaux 5 cft entièrement dû à la Chimie moderne. Autrefois l’on emplo^^ok une veflie mouillée , qu’on adaptoit au goulot d’une bouteille pleine d’eau minérale; on agitoit ce fluide , & on jugeoit par le gonfle¬ ment de la veflie de la quantité de gaz contenu dans Fcaii. On fait aujourd’hui que ce moyen efl infidèle, parce que l’eau ne peut donner tout fon gaz que par l’ébullition , Sc parce que les parois de la veffie mouillée altèrent Sc dénaturent le fluide élafiique que l’on obtient. Il n’eft pas befoin d’avertir que par ce procédé on n’extrait que l’acide crayeux libre , contenu dans l’eau qu’on examine; qu’il faut obferver avec foin les phénomènes que l’eau préfente, à mefure que le gaz s’en fépare ; enfin , qu’on doit diflilier une quantité d’autant moins grande d’eau, que fa faveur , fon pétillement Sc fa légéreté indh quent qu’elle contient davantage de gaz. §. VIL E xamen des Eaux minérales par r évaporation. L’évaporation efl généralement regardée com¬ me le moyen le plus sûr d’obtenir tous les prin¬ cipes des eaux minérales. Nous avons fait ob¬ ferver plus haut 5 Sc nous répétons ici , d’après les travaux de MM. Vend Sc Cornette ^ qu’il peut fe faire qu’une longue ébullition décom- d^Hist. Nat. et de Chimik. 597 jpofe les matières falines diiïbutes dans Peau, 8c c’efl pour cela que nous avons confcillé de les examiner par les réadifs employés à grande dofe» Cependant l’évaporation peut fournir tant de lu¬ mières, lorfqu’on la joint à l’analyfe par les réac¬ tifs , qu’on doit toujours la confidérer comme un des principaux moyens d’analyfer les eaux, Sc qu’il eft néceflaire d’infifter fur la méthode la plus convenable de la faire. Le but de cette opération étant de recueillir les principes fixes contenus dans une eau minérale , on fent que pour connoître la nature 8c la proportion de ces principes, il faut en avoir une certaine quan¬ tité, 8c qu’à cet effet il eft néceffaire d’évaporer d’autant plus d’eau qu’elle paroît moins char¬ gée. On doit opérer fur une vingtaine de livres, îorfque l’eau paroît contenir beaucoup de ma¬ tière faline ; fi au contraire elle femble n’en te¬ nir que très-peu en diffolution , il eft indifpen- fable d’en évaporer une beaucoup plus grande dofe; on eft même quelquefois obligé d’en fou- mettre cent livres à cette opération. La nature 8c la forme des vaiireaux dans lefquels on fe propofe d’évaporer les eaux , n’eft point du tout indifférente. Ceux de métal , excepté ceux d’ar¬ gent, font altérables par l’eau; ceux de verre d’une certaine étendue font très-fujets à fe caf- fer ; ceux de terre verniffee 8c bien unie font 598 Leçons é lé ment a ires les plus convenables , quoique Je fendille ment de leur couverte donne quelquefois lieu à Pab- forption des matières falines. Ceux de porce¬ laine fans couverte , c’eft-à-dire , de bifcuit , fe- roient fans contredit les plus convenables ; mais leur cherté eft un obhacle confidérable (a). Les Chimiftes ont propofé différentes manières d’é¬ vaporer les eaux minérales. Les uns ont^ voulu qu’on les dillillât jufqu’à ficcité dans des vaif- feaux fermés , afin d’être sûr que les fubftances étrangères qui voltigent dans i’atmofphère ne fe mêlent point au réfidu ; mais cette opération eff rebutante par fa longueur. D’autres ont con- feiîlé de les faire évaporer à une chaleur douce qui ne fût point pouffée jufqu’à l’ébullition , parce qu’ils ont cru que cette dernière chaleur (a) Il (êroit fort à clefirer qu’il s’élevât une Manufacture de porcelaine commune , dans laquelle on fabriqueroit tous les vailTeaux néceffaires à la cuifine , â la Pharmacie & à U Chimie. Ces arts n’ont pas beloin d’une porcelaine précieulè par (a blancheur & par la fineffe de Ton grain j mais d’une terre allez fine péiir n’être point raboteufe , d’une couleur quelconque, 8c d’une cuite alTez dure pour réfilîer à la cha¬ leur & au contrafie du froid & du chaud. On fait depuis long-tems qu’il eft facile de faire une bonne porcelaine, qui d’ailleurs n’ait pas la beauté & la blancheur que l’on re¬ chercha tant & qui en augmentent fingulièrement le prix ; or c’efi une porcelaine de cette efpèce que l’on defire. d’Hïst. Nat. et de Chimie. 5pÿ altère les principes fixes, Sc en enlève toujours une partie. Telle efl ropinioii de MM. F^enel 'ôc Bergman, M. Monnet veut au contraire qu’on faffe bouillir Feau, parce que fon mouvement s’oppofe à Fintromiffion des matières étrangères contenues dans Fatmofphère. M. Bergman évite cet inconvénient 5 en indiquant de couvrir le vaifleau évaporatoire d’un couvercle percé dans fon milieu pour donner paflage aux vapeurs. Cette dernière méthode retarde de beaucoup l’évaporation, parce qu’elle diminue fingulière- ment la furface du fluide. On doit l’employer dans le commencement jufqu’à ce que les va- peurs foient affez fortes pour écarter la pouf- fière. Mais la plus grande différence de mani¬ pulation pour cette expérience , confifle en ce que les uns veulent, d’après Boulduc ^ qu’on fé- pare les fubflances qui fe dépofent à mefure que l’évaporation a lieu , afin d’obtenir chacun des principes des eaux , pur & ifolé ; les autres prefcrivent au contraire de pourfuivre l’évapo¬ ration jufqu’à ficcité. Nous penfons avec M. Bergman que cette dernière méthode efl; plus expéditive & plus sure, parce que quelque pré¬ caution qu’on apporte dans la première pour fëparer les différentes matières qui fe dépofent ou qui fe criftallifent , on ne les obtient jamais pures 5 n Chimie* 403 Iriénâgée^ Pour connoître la quantité de terreâ niagnéfienne 8c calcaire contenues dans ce réfidu, on précipite à part la félénite ék le fel d^Epfom for*^ niés par Facide vitriolique verfé dans la dilTolution acéteufe, à Paide de Palkali végétal effervefcentj ou de tartre crayeux , 8c on pèfe ces précipités* Lorfqu’on a féparé la craie 8c la magnéfie du réfîdu , il ne refte plus que le fer , Pargile &: le quartz. On enlève le fer 8l Pargile à Paide de Pa- eide marin bien pur qui dilTout Pun Sc Pautre. On précipite le fer par Palkali Pruffien , 8c Pargile par Palkali fixe crayeux, & on pèfe ces deux fubflances pour en connoître la quantité. La matière qui relie après qiPon a féparé Pargile & le fer, eft ordinairement quartzeufe; on s’afllirc de fa quantité par le poids, 8c de fa naaire en la faifant fondre au chalumeau avec Palkali fixe* Tels font les procédés les plus exaéls recom¬ mandés par M. Bergman , pour connoître le réfîdu non foluble des eaux. 28* On prend enfuite Pefpiît de vin qui a fervi à laver le réfîdu fec des eaux ; on Péva- pore à fîccité. M. Bergman conkïlle de le traiter par Pefprit de vitriol , comme la difTolution acéteufe dont nous avons parlé plus haut -, mais il faut obferver que ce procédé ne fert qu’à faire connoître la bafe de ces fels. Pour dé« terminer Pacide qui efl ordinairement Uni à Ce ij ^04 Xeçons élémentaires la magnéfie ou à la chaux , 8c quelquefois à toutes les deux dans ce réfidu , il faut ver- fer deffus quelques gouttes d’huile de vitriol , qui excite une efîervefcence 8c dégage du gaz marin , reconnoifîable par fon odeur 8c. fa vapeur blanche , lorfque le fel qu’on examine efl formé d’acide marin. On peut encore s’en aiïurer en dilTolvant tout le réfidu dans l’eau, 8c en y mêlant quelques gouttes de diflblution d’argent. Quant à la nature de la bafe , qui eft , comme nous l’avons déjà dit ^ ou de la chaux , ou de la magnéfie , ou toutes les deux enfem- ble, on reconnoît leur quantité 8c leur nature par le même acide vitriolique , ainfi que nous l’avons expofé ci-deffus pour la diiïblution acéteufe. 3°. La leffive du premier réfidu de l’eau mi¬ nérale, faite avec huit fois fon poids d’eau dif» tillée froide^ contient les fels neutres alkalins , tels que le fel de Glauher ^ le fel marin , le fel fébrifuge , le tartre crayeux , la foude crayeufe 8c le fel d’Epfom. Quelquefois il s’y trouve aufix une petite quantité de vitriol martial. Ces fels ne font jamais tous enfemble dans les eaux. Le fel de Glauber 8c le tartre crayeux ne fe trou¬ vent que très-rarement dans les eaux ; mais le fel marin s’y rencontre fréquemment avec la foude crayeufe; le fel d’Epfom y exifie auffi alTez fouvent, & il eft même des eaux qui en con- ü’Hïst. Nat. et de Chimie. 40jr tiennent une affez grande quantité. Lorfque ce premier lavage du réfîdu d’une eau minérale ne contient qu’une efpèce de fel neutre ^ il eft fort aifé de l’obtenir par la criüallifation , Sl de s’af- fiirer de fa nature par fa forme , fa faveur , l’ac¬ tion du feu 5 ainlî que celle des réaâifs. Mais ce cas eft fort rare , & il eft beaucoup plus or¬ dinaire que plufîeurs fels foient réunis dans cette lefTive ; on doit alors chercher à les féparer par une évaporation lente : ce moyen même ne réuC fîftant pas toujours parfaitement , quelque foin que l’on emploie à évaporer cette première lef five, il faut examiner de nouveau chacun des fels qu’on obtient dans les différons tems de l’éva¬ poration. C’eft le plus fouvent l’alkali minéral aéré , ou foude crayeufe , qui fe dépofe confu- fénient avec le fel marin ou le fel fébrifuge ; ou parvient à les féparer , en fuivant un procédé indiqué par M. Gioanettu II confifte à laver ce fel mixte avec du vinaigre diftillé. Cet acide dif- fout la foude crayeufe ; on defféche le mélange & on le lave de nouveau avec de l’efprit de vin 5 qui fe charge de la terre foliée minérale fans toucher au fel marin. On évapore à ficcité la diffolution fpiritueufe , 6c on calcine le ré- ftdu • le vinaigre fe décompofe de fe brûle | on n’a plus alors que l’alkali minéral dont on con- noit exadement la quantité. Ce üj ^o6 Leçons é l ê m e n ta î ee s 4®. La leflive du premier réfidu de Peau mi- nérale , faite avec quatre ou cinq cens fois fon poids d’eau bouillante , ne contient que de la félénite ^ on s’en alTiire par l’alkali volatil cauftb que bien pur j qui n’y occafîonne aucun chan¬ gement ^ tandis que l’alkali fixe cauflique la pré¬ cipite a,bondamment. En l’évaporant à ficcité ^ on connoît exaélement la quantité du fel terreux qui étoit contenu dans l’eau, §, VIIÏ. Des Eaux minérales artificielles^ Les-, procédés nombreux que nous venons de décrire pour examiner les réfidus des eaux miné¬ rales évaporées, fiiffirent pour reconnoître avec la plus grande précifion toutes les diverfes matières qui faut tenues en difiblution dans ces fiuides. Ce¬ pendant il relie encore un pas à faire pour af* furer le fuccès de fon analyfe ; c’efi; d’imiter la nature par la fynthèfe , & en diiTolvant dans de' l’eau pure les différentes fubftanees retirées par l’ànalyfe de l’eau minérale que l’on a exa¬ minée. Si cette eau minérale artificielle a la même faveur , la même pefanteur , & préfente avec les réadifs, les mêmes phénomènes que l’eau minérale naturelle analyfée , c’eft la preuve la plus complète & la plus certaine que Fanalyfe a été bien faite. Cette combinaifon artificielle a même l’avantage de pouvoir fournir en tous d’Hist. Nat, etde Chimie. 407 tems, en tous lieux , 8c à peu de frais des mé- dicamens auffî utiles pour la guérifon des ma¬ ladies que les eaux minérales naturelles , dont le tranfpor; beaucoup d’autres circonftances, font fiîfceptibles d’altérer les propriétés. Les Chimifies les plus célèbres penfent qu’il eü poffible d’imiter les eaux minérales. M. Mac^ quer a fait obferver que depuis la découverte de l’air fixe ou acide crayeux 3 & de la propriété qu’on lui a reconnue de rendre beaucoup de fubftances folubles dans l’eau , il eft beaucoup plus aifé de préparer des eaux minérales arti¬ ficielles. M. Bergman a enfeigné la manière de compofer des eaux qui imitent parfaitement celles de Spa 5 de Seltz , de Pyrmont , 8cc, Il nous a appris qu’en Suède on en fait ufage avec beau^ coup de fuccès ; & il a éprouvé lui - même les bons effets de ces préparations. M. Duchanoy a publié un Ouvrage dans lequel il a donné une fuite de procédés pour imiter toutes les eaux mi¬ nérales qu’on a coutume d’employer en Méde¬ cine. Il y a donc tout lieu d’efpérer que la Chimie pourra rendre des fervices importans à l’art de guérir, en lui fournifTant des médicamens pré¬ cieux, dont il faura à fon gré adoucir ou aug« menter l’aâiviié. Ce iv ^o8 Leçons élémentaires LEÇON XL IV. ■ Bi- ir II II II - ■ rT-rmt RÈGNE VÉGÉTAL. Struâurc & fQnâions des Végétaux, Jli E s végétaux font des êtres organifês , fixés là la furface de la terre j & qui n’ont ni mouve¬ ment ni fenfibiÜté, On les reconnoît à leur af- ped Sl à leur conformation. Ils font difiingués des minéraux 5 parce qu’ils fe nourriffent par in» îus-fufception , & qu’ils élaborent les fucs defii* liés à leur accroifiement. Ils préféntent des phé¬ nomènes qui dépendent de leur organifation , & qu’on appelle fondions ; la principale efi de fe reproduire à Faide de femences ou d’œufs ^ comme les animaux. Les végétaux diffèrent les uns des autres , par la grandeur : on les diflingue en arbres , en arbuftes , en herbes 3 en moufies 3 dcc. 2°. par le lieu ; il en eft qui croilTent dans des terreins fecs, d’autres dans un fol humide ; quelques- uns dans les fables , l’argile 5 les eaux 3 à la fur- face des pierres 3 ou fur les autres végétaux ; 5^, par Fodeur 3 la faveur 3 la couleur 3 par la durée : les plantes font vivaces 3 an- b’Hist. Nat. et t)E Cmtmîe. 4o<> nuelles , birannuelles , &:c, par leur ufage ; on les emploie comme alimens ou comme re¬ mèdes. Un grand nombre fervent aux arts , à la teinture , Scc. d’autres font deftinés à orner les jardins , Scc, §. I. Struâure des Végétaux; philofophie Botanique, Les végétaux conlidérés à l’extérieur , font formés de fix parties ou organes deftinés à des fondions particulières ; ces parties font , la ra¬ cine 5 la tige 3 la feuille , la fleur , le fruit Sc. la femence. Chacune d’elles diffère par la forme , le tifllî , la groffeur , le nombre , la couleur ^ la dureté , la faveur , Slc, î®. La racine eft cachée dans la terre, dans les eaux , ou dans Fécorce des autres végétaux. Elle eft ou tubéreufe , ou fibreufe , ou bulbeufe. Sa diredion la rend pivotante , traçante. 2.^, La tige part de la racine , Sc foutient les autres parties ; elle eft , ou folide ou creufe , li- gneufe ou herbacée , ronde , quarrée , triangu¬ laire ou à deux angles très-aigus , Scc. La tige comprend le bois & Fécorce. Le bois eft diftin- gué en bois proprement dit d: en aubier ; Fécorce eft formée de Fépiderme , du tiflli véfîculaire de des couches corticales, La tige fe divife en bran¬ ches. Leçons élémentaires 3®. Les feuilles font très-variées dans les vé¬ gétaux; par la forme*, elles font ovales, rondes, linéaires , en flèches, en fer de lance, Sec. h par la pofîtion fur la tige , feffiles , pétiolées , oppo- fées , alternes , verticillées , perfoliées , vagina¬ les , &c. c par leur contour , unies , dentelées , crénelées , efi feie , pliflees , ondées , ondulées , îaeinées , découpées ; d par leur fimplicité ou leur compoGtion : les feuilles compofées le font par les folioles ; alors elles font ou pal¬ mées ou conjuguées avec ou fans impaire ; e par leur lieu ou leur place ; elles font radicales , caulinaires , florales ;/ par la couleur, Fodeur, la faveur , la confîflance , Sec. Leur ufage paroît être , d’après les travaux de M. Ingenhou^^ d’abfor» ber l’air phlogiftiqué par leur furface inférieure , Sl d’exhaler de l’air déphlogiftiqué par la fupé- rieure , quand elles font expofées au foleil. Ce font elles qui renouvellent i’atmofphère. 4*^. Les fleurs font des parties deftinées à con¬ tenir les organes de la génération , à les dé¬ fendre jufqu’à ce que la fécondation foit ac¬ complie ; alors elles tombent. On diftingue deux parties dans la fleur. Les extérieures font delfi- nées à envelopper &: à protéger les intérieures,, dont l’ufage efl de reproduire la plante. Les pre¬ mières comprennent le calice Sl la ooroile ; le calice efl extérieur & vert, Linnœus en diflingue d’Hist. Nat. et de Chimie. 411 fept efpèces ; favoir , le périathe , le fpathe ^ la balle , Tenveloppe , le châton , la coè’ffe Sc la boiirfe. La corolle eft ce que tout le monde ap*^ pelle la fleur ou la partie colorée j elle efl d’une feule pièce Sc monopétale , ou de plufieurs pièces Sc polypétale. C’efl fur la corolle qu’eft fondé le fyflême de Tourneforu On nomme les pièces de la corolle , pétales. Les organes renfermés , & fouvent cachés dans la corolle , font les éta¬ mines Sc les piflils. Les étamines font les par¬ ties mâles ou fécondantes *, elles font prefque tou« jours plus noïnbreufes que les piflils. Elles font formées du filet Sc de Panthère. Cette dernière ^ placée à Pextrêmité , efl une petite bourfe pleine de pouffière fécondante ; le piflil efl au milieu des étamines ; quelquefois il efl dans une autre fleur , Sc même fur un autre individu ; c’eft ce qui a fait diflinguer quelques plantes en mâles Sc en femelles. Le piflil efl formé de trois par¬ ties ; l’inférieure ou Povaire , qui contient Pem- brion ; on le nomme en Latin , germen | le filet qui furmonte Povaire ou le flile, Sc fon extré¬ mité plus ou moins dilatée , appelée fligmatCé C’efl furie nombre Sc la pofîtion refpeélive des étamines Sc des piflils , que Linnœus a fondé fon fyflême fexuel. M. de Jujjieu en a établi un d’après Pinfertion des étamines 3 au-deffus ou au-delTous du germe 3 &c, 4X2 Lsçofîj feLÉMENT AIRES J®, Les fruits fuccèdent aux fleurs. Les Botâ- Tîifles diftinguent fept efpèces de fruits ; la cap- fuie , la filique , la goulTe , le cône qui fe fè- chent -, les fruits à noyaux , les fruits à pépins de les baies qui relient fucculentes. ^ 6®. La femence diffère beaucoup par la forme , les appendices 3 Sec* Elle contient la plumuie ou plantule , la radicule Sc les cotile- dons. Les végétaux confldérés dans leur intérieur 5 offrent cinq efpèces de vaiffeaux ou d’organes, que l’on trouve dans toutes leurs parties. î®. Les vaiffeaux communs, deftinés à porter la sève. Ils font placés dans le milieu des plantes Sc des arbres ; ils montent perpendiculairement ; mais sis fe contournent de côté , de manière qu’ils forment entr’eux des mailles ou des aréoles. 2®. Les vaiffeaux propres , qui charient les fucs propres , huileux , gommeux , réfîneux , Scc* Ils font placés fous l’écorce ; ils font fouvent di¬ latés en cavités ou réfervoirs ; ils femblent être les canaux excrétoires. 3®, Les trachées qui font circuler l’air qu’elles reçoivent de l’atmofphère. En déchirant une jeune branche verte , on les reconnoît à ce qu’elles font tournées en fpirale , Sc reffemblent à des tire-bourre. Elles fe trouvent fouvent remplies par la sève. 4®. Les utricules for» mées defacsqiii renferment la moelle, Sc fouvent b^Hist. Nat- et de Chimïe. 41J une partie colorante. Elles font placées dans le milieu des tiges. 5*°. Le tilTu véficulaire , offrant une fuite de petites cellules qui fe détachant horizontalement de la moelle, Sc qui traverfant les vaifTeaux féveux dont ils rempliffent les aréoles , s’épanouifTent fous l’épiderme , Sc y forment un tiffii feutré , femblable à la peau des animauXé Le tifTii véficulaire des végétaux paroît répon¬ dre au tifTu cellulaire des animaux. §. II. Fondions des Végétaux; Fhjfiologle végétale* Tous les organes des végétaux dont nous ve¬ nons de faire en abrégé i’hifloire, font deflinés à exécuter différens mouvemens que l’on a appelés fondions. Ces fondions font, 1°. le mouvement des fluides, ou une efpèce de circulation; 2°. les altérations ou les changemens de ces fluides, qui défignent une fécrétion ; 3°. l’accroifTement Sc le développement du végétal , qui appartient à la nutrition j 4®. l’exhalation de différens fluides élaborés dans les organes végétaux , 8c l’inhala- tion de plufieurs principes contenus dans Pat- mofphère par les mêmes organes -, y®. Padion de Pair , 8c Pufage de ce fluide dans les vaifTeaux des végétaux ; 6°. le mouvement exécuté par quelques-unes de leurs parties ; 7°. Pefpèce de fenfibilité qui les .fait rechercher le contad des '414 Leçons élément aîees corps qui leur font utiles, comme la lumière j&Cé 8®. enfin , les divers phénomènes qui fervent à la reprodudion des efpèces 5 8c qui conftituent la génération des plantes. Parcourons chacune de ces fondions en particulier. Le principal fluide des végétaux qu’on con¬ çoit fous le nom de sève , eft contenu dans des canaux particuliers qu’on appelle vaiffeaux corn- muns. Ces vaiffeaux placés dans le milieu des tiges Sc au-deffous de l’écorce , s’élèvent & fe prolongent depuis la racine jufqu’aux feuilles Sc aux fleurs. La sève qu’ils charient efl un fluide fans couleur, d’une faveur plus ou moins fade , 8c qui efl; deflinée comme le fang chez les ani¬ maux, à fe féparer en différens fucs pour la nour¬ riture Sc l’entretien des divers organes. Elle efl très-abondante au printems , Sc foii mouvement fe manifefle alors par le développement des feuilles Sc des fleurs. Il paroît démontré , par la ligature auffi-bien que par tous les phéno¬ mènes de la végétation , qu’elle monte de la racine vers les tiges Sc les branches. On ne fait pas fi elle defcend de nouveau vers la racine , comme quelques Phyficiens l’ont cru. Les Val- vulves admifes dans les vaiffeaux communs par plufieurs Botanifles , n’ont point été démontrées, à moins qu’on ne veuille donner ce nom à quel¬ ques filets ou poils dont leur paroi intérieure a d’Hist. Nat. et de Chimie. 41^ paru hériffée à Tournefon &: à M. DuhameL II y a bien loin de ce mouvement irrégulier à la circulation d^s animaux. La sève portée dans les utricules Se dans les vaifTeaux propres , y efl élaborée d’une manière particulière. Elle y donne nailTance à différens fluides, fucrés, huileux, mucilagineiix qui fortent par une excrétion organique , & dont l’évacuation femble être un avantage pour le végétal, puifqu’il ne fouffre point de la perte fouvent confidérable qui s’en fait. Cette altération des fluides que l’on obferve encore d’une manière marquée dans plufîeurs organes, comme dans les neélaires , à l’extrémité du piflil , dans la pulpe des fruits , à la bafe des calices & de plufîeurs feuilles , appartient entièrement à la fondion qui, dans les animaux, porte le nom de fecrétion. M. Guet’- tard a poufle cette analogie jufqu’à décrire des glandes de plufîeurs formes différentes à la bafe des feuilles des arbres fruitiers, vers l’onglet des pétales de certaines fleurs. C’eff cette fecrétion qui développe le principe odorant, la matière colorante , la fubftance combuftible , &c. Mais elle diffère de la fecrétion animale , en ce que celle-ci eft entièrement due à l’organifation des glandes qui élaborent les fluides animaux ; tandis que dans les végétaux , les fucs chariés par les vaifleaux communs, font plus expofés au contaô ^i6 Leçons é l ’é m e n t a i r e s de l’air , de la lumière , à l’adion de la chaleur ,* 8c que leur itafe les rend fufceptibles de pafier par l\d:ion de ces agens à des mouvemens de fermentation qui feuls font capables de les al¬ térer* Le fluide féveux par fon féjour dans les ca« vités des utricules 6c du tiffu véfîculaire , s’épaif* fit 5 prend une confiflance plus ou moins' forte. Cette altération le rend fufceptible de fe coller aux parois des fibres , d’y adhérer , de faire corps avec elles , d’en augmenter peu à peu les di- nienfions. Tel eft le méchanifme de la nutrition des végétaux , de leur accroiflement & du dé¬ veloppement de toutes leurs parties. Il a beau¬ coup de rapport avec la nutrition des animaux. Le liflu véficulaire 8c les utricules ont la même llrudure 8c les mêmes ufages dans ces deux clafles d’êtres organiques. Ils pénètrent égale¬ ment tous leurs organes ; ils établiffent entr’eux une communication immédiate , 8c ils font tous les deux le véritable fiège de la nutrition. Il y a long-tems que les Botanifles Phyfîciens fe font convaincus qu’il fort de la furface des plantes des exhalaifons qui fe répandent dans l’air. L’efprit odorant des feuilles 8c des fleurs forme autour des végétaux une atmofphère qui frappe nos fens , 8c que le contaél d’un corps embxafé eft quelquefois capable d’enflammer , comme b'^Hïst. Nat, et de’ Chimie. 417 comme 011 Fa ôbfervé pour la fraxinelle. Cette efpcce d’exhalaifon paroît être un gaz inflam¬ mable d\ine nature particulière. Une malheii- reufe expérience avoit encore appris que plu- fîeurs végétaux exhalent des vapeurs mortelles pour les animaux qui y font expofés. Tels font le noyer ^ Fif & plufieurs arbres des pays chauds. Les travaux de M. Ingen-hous^ lui ont fait dé¬ couvrir que les feuilles de toutes les plantes expoiees au foleil &: à la lumière verfent dans Fatmofphère un fluide invifible ^ un air pur fein- blable à celui qu’on retire des chaux de mer¬ cure 3 & qui efl connu fous le nom impropre d’air déphlogiflique. L’ombre change entière¬ ment cette propriété des feuilles 5 qui ne donnent plus que de Fair fixe ou acide crayeux lorfqu’elles font privées du contaèl de la lumière. Cette belle découverte annoncée d’abord pnxM^Prief- tlej démontre dans les végétaux une nouvelle propriété , celle de purifier Fair en lui rendant cette portion de fluide vivifiant 5 fans cefle détruit & abforbé par la combuftion & la refpiration. Mais fi les végétaux répandent fans cefle des fluides vaporeux qui ne font que le dernier tra¬ vail de la végétation 5 ils ont auffi la propriété d’abforber plufieurs des principes contenus dans fatmofphère, La face inférieure des feuilles ab- forbe Fhumidité portée par la-rofée^ fuivant les Tome IL Dd Leçons éLÉMENTAîREs expériences de Bonnet, Les expériences de Prief îley ont démontré que les végétaux abforbent les gaz réfidus de la combudion & de la refpb ration ^ puifque la végétation devient plus éner¬ gique & plus rapide dans Pair altéré par ces deux phénomènes. L’exhalation &: Pinhalation font donc beaucoup plus étendues dans le Règne végétal qu’on ne le croyoit avant les découvertes modernes. Les gaz abforbés par les végétaux font portés dans tous leurs organes par les vaifleaux connus fous le nom de trachées , & qui fe rapprochent par leur ufage &: leur druâure , de celles des infedes des vers. Ils entrent dans la compofi- tion des fluides comme Pair paroît le faire dans les poumons de la plupart des animaux j peut- être contribuent-ils pour beaucoup à former les fels propres de elTentiels des végétaux, puifque ces fubflances contiennent , comme on le fait ^ une grande quantité d’air. Cependant les tra¬ chées ne font pas feulement deflinées à conte¬ nir ce fluide : on les trouve remplies de fuc féveux dans les faifons où cette humeur efl très- abondante , ce qui les éloigne beaucoup des organes de la refpiration fi elTentiels &: fi confians dans un grand nombre des animaux. On ne peut douter que plufieurs parties des végétaux ne jouilTent du mouvement. Quelques- d’Hist. Nat. ET DE Chimie. 41^ unes même en ont un fi étendu qu’il efi fenfible à l’œil. Tels font les mouvemens de la fenfi- îive, des étamines de l’opuntia, de la parié¬ taire, &;c. Ce mouvement femble appartenir à la fonélion connue dans les animaux fous le nom d’irritabilité , puifqu’il s’exécute par l’adion d’un fiimulus , & qu’il a des organes particuliers, que quelques Botanifies ont comparés aux fibres muf- culaires, N’eft-ce pas encore à cette force qu’efi dû îe raccourciffement des fibres ligneufes opéré par l’adion du feu ? Si cela étoit , comme le penfoit M. Bucquet 5 l’irritabilité feroit beaucoup plus long-tems inhérente & durable dans les végétaux qu’elle ne l’efi dans les animaux , puifque du bois , quelqii’ancien qu’il foiî , préfente encore ce phénomène d’une manière marquée. Peut-on refufer encore une forte de fenfibi- lité aux plantes , lorfqu’on les voit tourner leurs feuilles Sc leurs fleurs du côté du foleil , lorfqu’on obferve qu’enfermées dans des caifles de bois vi¬ trées d’un côté , trouées , ou Amplement plus minces dans une de leurs parois que dans toutes les autres , elles fe portent conftamment vers le corps tranfparent , ou l’ouverture , qui laiffent palTer la lumière , ou même vers le côté le plus rapproché de ce fluide par fon peu d’épaifleur ? ou bien cette apparence de fenfibilité ne doit- elle être regardée que comme l’effet de la force Dd ij ^20 Leçons élémentaires d’affinité , de la tendance à la combinaifon qu’i| y a entre les végétaux Sa la lumière ? Il eft bien démontré que ce fluide développe dans les plan¬ tes , foit par la percuffion , foit par la combi- naifon , la couleur , la faveur 5 la propriété corn- buflible ; puifque les plantes élevées à Pombre font blanches , fades ^ aqueufes , & ne contiennent rien d’inflammable ; tandis que les végétaux ex~ pofés dans, les climats brulansdu midi, aux rayons du foleil, deviennent très-colorés, chargés de parties amères & réfmeufes,& éminemment cora- buflibles. Quelque forte que puilTe être fuppo» fée cette affinité, on ne conçoit pas comment elle feroit capable d’exciter un fl grand mou¬ vement dans les branches & dans les feuilles des végétaux. Il efl donc nécelTaire d’admettre une fenfatioii particulière , un taél bien diflerent , il efl vrai , des fens des animaux , qui fait choifir aux végétaux les lieux les plus éclairés, ou qui don¬ nent le plus d’accès à la lumière. Les moyens que la nature employé pour re¬ produire les efpèces dans les végétaux, ont beau¬ coup de rapport avec ceux qu’elle a mis en ulàge pour les animaux. Les fexes & leur réunion y font nécelTaires dans le plus grand nombre de plantes. On a trouvé , d’après les travaux du cé¬ lèbre Lliinœus , une analogie marquée entre les organes deflinés à cette fondion dans ces deux I D’HrsT. Nat. et de Chïmîe. 421' cîaffes d’êtres organiques. Les étamines répon¬ dent à ceux du mâle , & le piftil ed compofé de trois parties analogues à celles des parties génitales des femelles des animaux. M. Defcemet^ Médecin de la Faculté de Paris , a même cru découvrir une reiïemblance frappante dans la forme extérieure des parties de la génération des apocinsj &:c. &l celle des animaux. L’em¬ bryon fe développe par Fadion de la pouffière fécondante , fans laquelle il n’elt pas fufceptible de reproduire un nouvel individu , ainfi qu’on l’obferve tous les jours dans les oifeaux. Mais outre cette analogie qu’il feroit inutile de pour- fuivre plus loin , les végétaux étant d’une ilruç^ ture beaucoup plus fîmple que les animaux , & toutes leurs parties étant compofées des mêmes organes , chacune d’elles eft capable de produire un nouvel individu femblable à celui à qui elle appartenoit. Telle eft la raifon de la reproduc¬ tion des plantes par le moyen des cayeux, des , drageons , des boutures, des marcottes , ainfi que de l’altération des fluides par l’opération de la greffe , foit naturelle , foit artificielle. C’efl en¬ core une nouvelle analogie entre les végétaux 8c ' cette claffe d’animaux qui fe reproduifent'^^ar boutures , comme les polypes, les infeéles crufla- cés, quelques vers,&c. Toutes les fondions dont Fenfemble confdtue D d iij '^22 LêÇÔHS élémentaires des grands rapports entre les végétaux Sc les ani¬ maux, font fufceptibles d’éprouver des altérations qui donnent naiffance à des maladies. Ces ma¬ ladies qui dépendent le plus fouvent ou de l’a¬ bondance ou du défaut de la sève , aulTi-bien que de fes mauvaifes qualités, ont beaucoup d’ana-, logie avec celles des animaux leurs caufes , leurs fymptômes , leur curation tiennent abfo- lument aux grands principes de la Médecine 5 Sc forment une partie de l’agriculture , peu avan¬ cée , il eü vrai , mais fufceptible de beaucoup de progrès lorfqii’on la fuivra fur le plan indiqué par des Agriculteurs célèbres , & à la tête def quels on doit placer MM. Duhamel Sc l’Abbé TeJJler, Ce dernier a répandu beaucoup de jour fur les maladies des grains ^ par les obfervations confrgnées dans les volumes de la Société Royale de Médecine , Sc dépofées en partie à l’Académie Royale des Sciences» Nat. et de Chimie. 423 LEÇON XLV. Des Sucs des végétaux^ E s humeurs des végétaux font de deux claffesj les fucs communs Sc les fucs propres. Les premiers conftituent la sève qui fe trouve dans toutes les plantes. Ce fluide paroît faire la fonélion de fang dans les végétaux. Il eft con¬ tenu dans les vaiffeaux communs; il coule na¬ turellement de leur furface ; on l’extrait plus abondamment par l’incifion. La sève n’efl: point un fluide aqueux , elle contient des fels , des extraits Sc des mucilages. Lorfqu’on veut s’en procurer une certaine quantité, pour en exami¬ ner les propriétés ou pour l’ufage médicinal , on broie la plante dans un mortier, Sc on l’ex¬ prime à travers un linge ; fi la plante ne fournit pas facilement fon fuc , on la met à la prefie. Les végétaux fucculens fourniffent leur fuc par la fimple expreffion; ceux dont le fuc efl vifqueux ou peu abondant demandent qu’on les traite par Peau pour l’étendre Sc le délayer; telles font la bourrache & les plantes aroma¬ tiques sèches. Cette humeur étant extraite par unfe^ forte prelTion, contient une portion des Dd iv ^24 1.EÇ0NS TÊLÉMENTAîREg folides des végétaux qui ont été brifés, par îe pilon ; il faut alors les dépurer. La dépuration des fucs fe fait , a par le flmple repos , lorf- qu’ils font très-fluides, comme ceux du pour¬ pier 5 de joubarbe , b par le blanc d’œuf qui ralTemble la fécule , en fe coagulant comme pour ceux de bourrache, d’ortie, &:c; c: par la Am¬ ple chaleur qui coagule oc précipite le paren¬ chyme, ainA que le confeille M. Baume pour les fucs qui contiennent des principes volatils, tels que ceux de cochléaria , de creflbn , dcc. On plonge dans l’eau bouillante la Aole qui con¬ tient le fuc 5 & qu’on a bouchée avec un pa¬ pier percé; on la retire lorfque le fuc efl éclairci; on la plonge enfuite dans l’eau froide , & on filtre le fuc ; d par la filtration Ample pour ceux qui font bien fluides ; e par î’efprit de vin qui coagule la fécule; f par les acides végétaux, ainfi que la Pharmacopée de Londres le prefcrit pour les fucs des plantes crucifères* Des Extraits, Les fucs des plantes tiennent en diflblution des matières qui, féparées du véhicule aqûeitx, forment des efpèces d’extraits. On diftingue ces miatières en trois efpèces ; les extraits muqueux, les favonneux , les extraélo-réAneux. On donne ; le nom d’extraits muqueux à ceux qui fe dif- b’Hîst. Nat. et de Chimie. 425^ folvent bien dans Teaii , très-peu clans l’efprit de vin, Sc qui pafiTent à la fennentation fpiri- îLieufe ; tel ell le rob de grofeilie qu’on prépare en évaporant le fuc de ce fruit. Les extraits fa- vonneiix ont pour caradère de fe diffbudre dans l’eau , 8c en partie dans l’efprit de vin , de fe moifir plutôt que de paiïer à la fermentation fpiritueufe. Le fuc de bourrache épaiffi en four¬ nit un de cette nature. Ce font là les extraits: proprement dits. Les extrade -réfineux fe dif- folvent dans l’eau Sc dans l’efprit ardent ; ils font inflammables , parce qu’ils contiennent un prin¬ cipe huileux , Sc ils ne s’altèrent en aucune ma¬ nière à l’air. Le fuc épaifli de concombre fau- vage 5 nommé élaterium , eft de cette efpèce* On 'fait des inciflons au fruit de cette plante, on l’exprime , on lailTe le fuc fe clarifier de lui- même 5 Sc on l’évapore au bain-marie jufc|u’à ficcité. On prépare en grand dans le commerce des extraits de ces trois efpèces differentes, en éva¬ porant le fuc de plufieurs plantes. Tels font en- tr’autres , a Le fuc d’acacia cju’on retire en Egypte, en pilant le fruit de cet arbre , en en exprimant le fuc Sc en l’évaporant au foleil ; le fuc d’aca¬ cia d’Allemagne fe prépare avec le fuc des prunelles par un même procédé. ^25 Leçons ÉLÉMENTAtRES h Celui d’hypo cille qui ell fait comme les précédens avec les fruits de cette plante pa- rafite. c L^opium 3 médicament très -important , dont ' on doit connoître à^fond la nature. On Pextrait ^ du pavot blanc en Perfe, &:c. îl coule par les incifions qu’on fait aux capfules vertes, un fuc blanc qui fe sèche en larmes brunes; c’eft là le véritable opium. Celui du commerce eh formé en exprimant ces capfules après les avoir arro^ fées d’eau; on fait dehecher ce fuc, & on l’en¬ voie en pains circulaires applatis , enveloppés de feuilles & mêlés de beaucoup d’impuretés. Pour le purifier, on le difibut dans le moins d’eau pofïible à l’aide de la chaleur; on pafie la liqueur avec forte expreffion, & on la fait éva¬ porer au bain-marie. C’eh l’extrait d’opium. Cette fubhance contient une réfine , une huile ehentielle folide , un principe odorant , vireux & narcotique , un fel ehentiel &: un extrait fa- vonneux. Comme la partie odorante, vireufe narcotique eh fouvent nuifible , on a cherché le moyen d’avoir de l’extrait d’opium qui en fût privé. M. Baume qui a beaucoup examiné ce médicament, volatilifoit ce principe en même- tems que l’huile ehentielle , Sc féparoit aufil la réfîne par une digehion de fix mois. M. Bue-- quel a découvert qu’on peut obtenir ce même d^Hïst. Nat. et de Ckîmie. 427 extrait calmant & non narcotique, en diffblvant Fopium à Feau froide, & en évaporant la dif- folution au baii>marie. On ri’a pas plus de con-* noilTances fur les principes de Fopium. M. Lor^ a fait de très-beaux • travaux fur cet objet; il a trouvé que de Fopiiim fermenté ddnnoit par la diftillation une eau calmante non vireufe , dont il a fait ufage avec beaucoup de fuccès. Il ob- ferve que le principe odorant de ce médica¬ ment ne peut être détruit par aucun procédé. Lorfqiie les plantes dont on veut avoir les extraits font sèches & ligneufes, pour en reti¬ rer le principe , on emploie la macération dans Feau, Finfufion ou la décoâion, fuivant Fétat & la nature des matières d’où Fon veut tirer Fextrait; la macération fuffit fouvent. Les plantes odorantes ne doivent être qu’infufées. La dé¬ codion tire trop de fubftance , & fépare la par^ de réfîneufe ; elle forme un fluide épais très- chargé & fouvent dégoûtant. L’infufion peut fuffire dans tous les cas ; c’eft Fopinion des plus grands Chimihes & des Médecins les pins cé¬ lèbres. On retire à Faide de Feau des extraits differens eiitr’eiix , comme ceux que donnent les fucs épaiffis. Aiofî les baies de genièvre don¬ nent à Feau un extrait muqueux , le quinquina fournit un extrait favonneux, qu’on obtient .en petites écailles tranfparentes & comme falineS| / 4^8 Leçons iê l é m e'n t A' î r e s fl Ton fait évaporer la dilTolution dans des vailTeaux très-plats 5 on tire de la rhubarbe une fubifance extraélo-réfineiife. On prépare auffî en grand dans le commerce des extraits à l’aide de l’eau. Tels font, a Le fuc de réglilfe jaune par la première ïnfufion 5 & noir par la forte décodion. h Le cachou qu’on retire des Indes Orien¬ tales de l’infufion des femences d’une efpèce de palmier ; on évapore cette infuhon , ck 011 en forme des pains applatis. On purihè le ca¬ chou dans les Pharmacies par la dilTolution dans i’eau & l’évaporation. D’après ces détails , il eh facile de concevoir que le nom d’extrait eft donné en général à toutes les fubilances dilTolubles dans l’eau, d: féparées de ce fluide par l’évaporation. Cepen¬ dant, comme d’excellens Chimifles, & en par¬ ticulier M. Rouelle l’aîné a donné ce nom à une fubflance particulière , qu’il regardoit comme un des principes prochains des végétaux , il efl important de Axer nos idées fur cet objet. Il n’y a que l’extrait favonneux & Textrado-réfi- neux qui conftituent proprement ce que Ton doit entendre fous le nom d’eKtrait. M. Rouelle diflinguoit ce dernier en extrado-réfineux & en réflno-extraâif. L’extracto-réfrneux ne fe brûle qu’après avoir été defféché; il paroît contenu: d’Hist. Nat. et de Chimie. 429 ' plus d’extrait proprement dit , que de réfine. Le réfino-extradif brûle beaucoup mieux que le premier; il paroît contenir plus de refîne que de fubftance extradive. Cette diflindion lu- mineufe prouve que ces deux efpèces ne font que des mélanges de l’extrait à différente dofe, avec un principe réfineux. Ce ne font donc plus des extraits proprement dits , Sc ce nom ne doit appartenir en propre qu’à la matière favonneufe ; c’ell; donc de cette fubftance qu’il faut exami¬ ner les propriétés. L’extrait pur pris dans le fens de M. Kouelle^ eft une fubftance sèche, folide, colorée en brun ou en vert fale , qui ne brûle point par elle- même , qui répand beaucoup de fumée , & dans laquelle on trouve plus ou moins de fe! effentiel. Sa faveur eft prefque toujours amère; il donne à la diftillation un phlegme infipide ; à un feu doux ce phlegme fe colore peu à peu & devient acide , fuivant M. Rouelle j le plus fouvent cependant ce phlegme eft alkalin , com¬ me on l’obferve' pour l’élatérium , l’extrait de bourrache , &c. Cet alkali volatil eft alors formé par la chaleur ; il pafte enfuite un peu d’huile empyreumatique; le charbon eft léger, contient de l’alkali , Sc prefque toujours quelques fels neutres. L’extrait expofé à l’air fe couvre de moififlurej fe defsèche ou attire l’humidité 5 fui- V Leçons élémentaires vant la nature des Tels qu’il contient. Ces fels criflallifent & fe réparent de la partie extraâive; fou vent ils s’altèrent & fe décompofent entiè¬ rement. Il fe dilTout dans l’eau, & il relTemble alors à une forte infufion. Les acides décom¬ pofent cette diffolution à la manière des favons , Sc ils y opèrent un précipité plus ou moins hui¬ leux. Les diffolutions métalliques la précipitent auffi, Sc ces fubftances fe décompofent mutuel¬ lement. On n’a pas fuivi plus loin les propriétés chimiques de l’eitrait, Sc on l’a regardé d’après cela comme une efpèce de favon. On emploie les extraits en Médecine, comme apéritifs , fondans , diurétiques , üomachiques , & on en obtient tous les jours les plus grands fuccès. Des Sels effentïels en général, ' On appelle fels eiïentiels des plantes , les fubftances falines tenues en diftbludon dans leurs fucs ou dans l’eau de leur infufion. On les ex¬ trait en laiftant refroidir ces fluides évaporés en confiftance de firop. Comme ces fels font im¬ prégnés de mucilages & de matières grafles , on eft obligé de les purifier à l’aide de la chaux & des blancs d’œufs. Si ces fels font acides, on ne doit point fe fervir de chaux qui les neutra- liferoit 5 mais d’argile blanche pure en poudre. d’Hist. Nat. et de Chimie, 431 Après cette première extradion, ils font encore fort impurs. On les dilToiit dans l’eau diRillée ^ on les fait cridaltîfer plufieurs fois jufqu’à ce qu’ils foient blancs. Les fels elîentiels des plantes font de diffé¬ rentes natures; on doit les dillinguer en deux clafles. Clafïè I des Sels ejjentiels, La première claffe renfermiC ceux qui font femblables aux fels minéraux. Les principales eC- pèces font, 1°. les alkalis fixes crayeux qu’on retire de prefque toutes les plantes , en les faifant macérer dans les acides, comme l’ont démontré MM. Margraf 8c Rouelle le jeune : l’akali vé¬ gétal efl le plus commun ; le minéral exifle dans les plantes marines ; 2^. le tartre vitriolé de la mille-feuille, des vieilles borraginées, des aflrin- gentes 8c des aromatiques , du thymelea , du marc des olives; 3®. le fel de Glauber du ta- marifc; 4°, le nitre des borraginées , du tourne- fol, du tabac, 8cc. le fel fébrifuge de Sylvius^ des plantes marines ; 6°. la félénite de la rhu¬ barbe, découverte par M. ModeL On trouveroit fans doute dans les végétaux plufieurs autres fels , femblables à ceux des mi¬ néraux, fi l’on faifoit une analyfe exaâe d’un grand nombre de plantes. On a auffi cru que 432 Leçons élément a îkes l’alkaîi volatil ^ ou plutôt le fel ammoniacaî crayeux , exilloit tout formé dans la claiTe des crucifères , parce que ces plantes , niifes en dif- tillation , donnent j dès la première impreffion de la chaleur, un phlegme qui tient un peu de ce fel en diffolution. C’efl pour cela que les anciens -Chimiftes avoient donné à ces plantes le nom de plantes animales; mais M. Rouelle le jeune a fait voir que ce fel n’y eft pas tout formé 3 que c’elt la réaèlion de ces principes , opé¬ rée par le feu, qui le produit. M. Baume a pré¬ tendu que le principe volatil des crucifères n’étoit que du foufre. Les Naturalifles ont eu différentes opinions fur les fels minéraux que l’on trouve dans les plantes. Les uns ont penfé que ces fels étoient charriés de l’intérieur de la terre par l’eau , & paffoient ainfî fans altération dans les végé¬ taux. D’autres ont cru que la végétation for- moit les fubflances falines. îl eft certain que deux plantes très-différentes, comme la bourra¬ che & la mille-feuille 5 croiffant dans le même terrein , fourniffent chacune le fel qui leur eft propre; c’eft-à-dire3 la bourrache du nitre, &;^la mille-feuille du tartre vitriolé. Une feule expé¬ rience dont 011 parle beaucoup , & qui n’a point été faite avec l’exaditude convenable , pourroit décider cette queftion; ce feroit de faire croître dans d’Hist. Nat. et be Chimie. 453: ‘iîans une terre bien lefiivée , des plantes qui donnent une efpèce de fel comme du nitre , Sc de les arrofer avec de Peau chargée de fel marin ou d’un autre fel ; fi elles fournifibient encore du nitre ôc non du fel marin , on en pourroit con¬ clure que ce fel ne pafTe pas tel qu’il efi dans l’intérieur des plantes , Sc que celui qui leur efi propre , s’y forme par le travail de la végétation. Claffe II des Sels ejjentiels. La fécondé clafie renferme les fels particuliers aux végétaux. Ces fels véritablement efientiels font toujours formés d’un acide uni à de l’alkalî & à de l’huile. Souvent l’acide efi à nud ; quel¬ quefois il efi mafqué par d’autres fubfiances; ce qui doit faire difiinguer ces fels en acides Sc en doux. §. I. Sels ejfetitiels acides. Les fels efientiels acides des végétaux fe trou¬ vent dans un grand nombre de plantes, Sc en général toutes celles qui ont une faveuir aigre en fournifiTent. Tels font l’ofeille , les fruits acides , les liriions , les oranges , &;c. Le fel le plus connu dans cette clafiTe efi celui qu’on ap¬ pelle fel d’ofeille du commerce , que l’on tire de l’alleluia oxïs. Celte plante efi fort cultivée en SuilTe Sc en Allemagne. Le faux fel d’ofeille ou Tomt IL Ee Leçons élémentaires îe fel d’alIeluia eft en criflaux blancs , irréguliers * il a une faveur aigre, il rougit les couleurs bleues végétales. M. Baume ^ qui l’a examiné , lui a re¬ connu les propriétés fuivantes. Il fe dilTout bien dans l’eau 3 & on peut le faire criflallifer fans qu’il perde fon acide ; il bouillonne fur les char¬ bons ardens ; chauffé dans un creufet , il exhale une odeur acide vive ; il devient charbonneux & s’enflamme j il brûle en bleu comme l’efprit- de-vin ; il laiffe après fa combuflion un fel blanc qui 5 avec l’efprit de fel , forme du fel marin. Une once de ce fel diflillé lui a donné trois gros demi de liqueur acide, fans couleur, qui avoit une légère odeur d’acide marin. Il n’a point paffé d’huile ; le réfidu étoit fuligineux. Ce fel préci« pire en blanc la diffolution nitreufe de mercure^ ainfi que l’acide qu’il donne à la difdllation. Ce : dernier mêlé avec l’acide nitreux ^ n’a point dif- fous l’or en feuille. M. Bergman a placé l’acide d’ofeille comme un acide particulier dans la treizième colonne de fa table d’affinités. Il dif¬ fère de M. Baume dans quelques points, quoi- j qu’il s’en rapproche dans un plus grand nombre, | comme on va le voir ; mais il n’a pas dit fi c’é- toit le fel d’ofeille du commerce , ou le véri¬ table fel effentieî de l’ofeille qu’il a employé. iVoici l’extrait de fa dodrine fur cet objet. Le i fel d’ofeille efl de l’alkali végétal faturé d’un- “ d’Hist. Nat. tt de Chimie. 43; ncide particulier par furabondance. M. Schéeh a trouvé un très -bon moyen d’obtenir ce fel ; il a mêlé Pacide de Fofeiile faturée d’alkali vo¬ latil avec une dilTolution de terre pefante dans Tacide nitreux ; à raide d’une double affinité , les principes de ces deux compofés ont réci¬ proquement changé leur combinaifon ; & celle de la terre pefante avec l’acide de l’ofeilie y s’ell précipitée parce qu’elle n’eit que très-diffi¬ cilement foluble. Ce fei précipité fe décompofe par l’acide vitriolique qui a plus d’affinité avec la terre pefante qu’aucune matière connue juf- qu’adueliement : l’acide d’ofeiile fumage le fpath pefant formé par cette décompofition, on l’enlève par décantation. Ce fel paroît fe rap¬ procher davantage de l’acide du fucre que de celui du tartre ; il diffère de tous les deux : car combiné par furabondance avec l’alkali végétal , il forme le fel d’ofeille analogue au tartre , mais décrépitant fur le feu, s’y fondant, s’y noirciffant peu , fufceptible d’être entièrement décompo- fé par la chaux aérée; propriétés qu’on ne trouve point dans le tartre ; d’ailleurs , l’alkali végétal combiné avec l’acide du fucre , ne reffemble ni au tartre , ni au fel d’ofeille. L’acide de l’ofeilie préfère la chaux aux alkalis ; mais il eft encore ' incertain jufqu’ici s’il en eit de même de la terre pefante &: de la magnélie ; il décompofe la fé- E e ij ^3^ liEÇÔNS ËLÊMENTAîRE!^ léiiite parce qu’il a plus d’aflinité avec la chatî^ que n’en a l’acide vitriolique. Si l’on chauffe fortement l’acide d’ofeille , il fe détruit ; mais il fe gonfle & fe noircit moins que l’acide du tartre. Il fournit à la diftillation un phlegme beau¬ coup plus acide que celui qu’on obtient du tartre par la même voie. On voit, d’après ces détails, que M. Bergman ne diffère de M. Bau^- mé qu’en admettant l’alkali végétal dans ce fel 3 tandis que ce dernier Chimiüe y a trouvé l’alkali minéral. Ceft peut-être du véritable fel d’ofeille que M. Bergman a parlé. On n’a point encore examiné tous les feîs acides des plantes , quoiqu’on en connoiffe un très-grand nombre. Celui du citron doit être fé- paré de fon mucilage par le repos , &: concen¬ tré à l’aide de la gelée. On l’a cru analogue à ' l’acide du tartre ; cependant fa faveur plus forte femble le rapprocher de celui de l’ofeille & de 3’alleluia. Stahl aiïîire que cet acide faturé d’yeux d’écreviffes &; mis en digeflion avec un peu d’ef- prit de vin , prend peu à peu la nature du vi- naigre. M. Bergman fait remarquer que les acides fpathique , phofphorique , arfenical , ceux du bo¬ rax, du fucre, du tartre , de l’ofeille & du citron , fe reffemblent tous en ce que , combinés avec les terres , ils ne font prefque point folubles, 8c qu’ils ne le deviennent qu’à l’aide d’un excès I b’Hïst. Nat. et de Chimie, 437 d’acide, tandis que cette propriété ne fe trouve pas dans les autres. Cependant , la félénite Sc le IjDath pefant, deux fels terreux formés par l’acide vitriolique, n’ont prefque point de folubilité. Les fruits qui font d’abord acerbes Sc qui de- V viennent fucrés en mûrilTant , fournilTent un fel dont l’acide eif plus mafqué que dans les pré- cédens. Ce fel tient le milieu entre les fels effen- îiels fort acides Sc ceux qui font tout-à-fait doux; il reiïemble^ au tartre du vin. On le retire des pommes, des poires, des coings , des tamarins, Sec» M. Rouelle le jeune les a examinés avec foin. Nous en ferons une hifloire détaillée lorfqu’il fera queflion de la fermentation fpiritueufe. LEÇON XLVI. §. 1 1. Sds ejfentiels fucrés. T jES fels effentiels fucrés fe trouvent dans un grand nombre de plantes. L’érable , le bouleau , la bette-rave, le panais , le raifin, le froment, le bled de Turquie , &c. en contiennent. M. Margraf en a retiré de la plus grande partie de ces végétaux* La canne à fucre , arundo faccharifera , eft la plante qui en contient le plus , &: dont on l’ex^ trait avec le plus d’avantage. Ces cannes mûres Ee iij '43^ Leçons êlémentaîres font écraféos entre deux cylindres de fer pofés perpendiculairement. Le fuc exprimé tombe fur une plaque placée au-deflôus : on le nomme véfou. Il coule dans une chaudière où on le fait bouillir avec de la cendre & de la chaux : on Fécume , on le fait ainfi bouillir î°. avec la terre pefante ^ un fel peu foluble , qui donne des cridaux anguleux à la faveur de Pexccs d’acide : Peau chaude 3 en leur enlevant cet excès , les rend opaques , puivérulens & in- folubles ; 2°. avec la magnéfie , un fel blanc en poudre 9 décompofable par Pacide fpathique Sc. la terre pefante ; 3®. avec la chaux 3 un fel in- foluble dans Peau , pulvérulent , qui n’ed dé¬ compofable que par le feu 3 parce, que Paffinité de cet acide avec la chaux ed telle , qu’il en-, lève ^rette bafe à tous les autres acides. M. Berg¬ man propofe en conféquence Pacide du fucre pour reconnoître la préfence Sc la quantité de chaux contenue dans les eaux minérales , Sc com¬ binée à quelque acide. Ce fel verdit le drop de violettes, L’acide du fucre s’unit à Palkali fixe végétal ^ 444 Leçons ^LéMENTAiREg & ell; Tufceptible de criflallifer , lorfque Fun de fes deux principes eft en excès. Ce fel très^ foluble dans Peau , fe décompofe par l’adion du feu & par les acides minéraux. Combiné avec deux parties d’alkali fixe mi¬ néral 5 l’acide du fucre forme un fel peu foluble , qui fe düTout mieux dans Feau chaude , & qui verdit le firop de violettes. Uni à Falkàli volatil a Facide du fucre donne un fel ammoniacal , qui cridallife par l’évapora¬ tion lente en prifmes quadrilatères , qui fe dé¬ compofe au feu , Sc fournit du fel ammoniacal crayeux , formé aux dépens de Facide du fucre détruit. L’acide du fucre eft diflbluble dans les acides minéraux. Il brunit l’huile de vitriol ; il fe dé¬ compofe par l’efprit de nitre. L’acide du fucre fe combine en général plus facilement avec les chaux métalliques qu’avec les métaux. Il forme , i°. avec Farfenic blanc ^ des criflaux prifmatiques , très - fufibles , très - vola¬ tils 5 décompofables par la chaleur j 2®. avec le cobalt, un fel pulvérulent d’un rofe clair ^ peu foluble ; 3®. avec la chaux de bifmuth , uiv fel blanc en poudre , très - peu dilToluble dans Peau ; 4®. avec la chaux d’antimoine , un fel en grains criilallins *, y®, avec le nikelj un fel d’un blanc ou d’un jaune verdâtre très-peu foluble i ï)^Hist. Nat. et de Chimie. 445^^ <5®. avec la mangancfe , un fel en poudre blan¬ che 5 qui noircit au feu ; 7®. avec le zinc , dont la diiïblution eft accompagnée d’effervefcence , un fel blanc pulvérulent, 8®. Il dilTout la chaux de mercure, & la réduit en une poudre blanche ^ que le contaél; de la lumière noircit. Cet acide décompofe le vitriol & le nitre mercuriels. 9°. Il noircit d’abord l’étain , qui fe couvre enfuite d’une pouGTière blanche. Le fel qu’il forme avec ce métal eft d’une faveur auftère ; il criftallife en prifmes par une évaporation bien ménagée. Si on l’évapore fortement , il donne une malTe tranfparente , femblable à de la corne. 10°. Il ternit le plomb , mais dilTout mieux fa chaux. La liqueur faturée dépofe de petits criflaux qu’on obtient auiïi par l’acide du fucre verfé dans une dilTolution de nitre ou de fel marin de plomb , ainfi que dans le vinaigre de faturne.^ 11°. Il attaque le fer en limaille , 8c produit du gaz in¬ flammable. Cette dilTolution eh hyptique *, elle donne des criftaux prifmatiques d’un jaune ver¬ dâtre 5 décompofable par la chaleur. Le fafran de mars , uni à cet acide , préfente une pouffière jaune , femblable à celle que l’on obtient en ver- faut l’acide du fucre en liqueur dans une diiïb¬ lution de vitriol martial. 12°. Il agit fur le cuivre, 6c: diflbut entièrement les chaux de ce métal ; le fel qu’il forme eft d’un bleu clair peu foluble. On Leçons ÉLéM enta ires peut aiiiTi avoir ce fel en précipitant les diiïbîu-^ dons vitriolique , nitreufe, marine 8c acéteufe de cuivre par l’acide du fucre. 13°. La chaux d’argent précipitée par l’alkali fixe fe diflbut en petite quantité dans cet acide. La meilleure manière de fe procurer ce fel appelé argent fucré par M. Bergman y c’eft de précipiter la dif- folution nitreufe de ce métal par l’acide du fu¬ cre il fe forme un dépôt blanc , à peine folu- ble dans l’eau , qui brunit par le contacl de la lumière. 14*^. Cet acide n’agit que très-peu fur la chaux d’or. ij*^. Enfin , il difibut le précipité de platine , fait par l’alkali minéral. Cette dif- foiution efi un peu jaune , 8c donne des crifiaux de la même couleur. Tels font les phénomènes décrits par M. Bergman , fur les combinaifons de l’acide du fucre avec les fubfiances métal¬ liques. On pourroit imaginer , d’après le procédé in¬ diqué par M. Bergman pour retirer l’acide du fucre , que ce fel efi dû à l’acide nitreux em¬ ployé pour l’obtenir. Ce favant Chimifie ne croit pas qu’on puiffe admettre cette opinion , parce que l’acide du fucre n’a aucune des propriétés " de celui du nitre , 8c parce qu’il en difiere ctii contraire par toutes ces combinaifons. Il paroît qu’en effet l’acide nitreux n’entre point dans la combinaifon dç celui du fucre , mais cependant d’Hist. Mat. et de Chimie. 4^7 la grande quantité de gaz nitreux qui s’exhale dans ce procédé , annonce que iefprit de nitre eft décompofé. Or , comme d’après les expé¬ riences de M. Lavoijîer , l’acide nitreux ne donne de gaz nitreux qu’autant qu’il perd Tair pur donc îa combinaifon avec ce gaz conflitue cet acide , ne pourroit-on pas croire qu’une partie de cec air pur fe combine à la matière combuftible du fucre, pour former l’acide qu’on en retire. Nous avons vu qu’on pouvoir concevoir de cette ma¬ nière la produèlion de l’acide arfenical 3 celle de Facide marin déphlogifliqué. M. Bergman attribue la forme criflalline de l’acide du fucre 3 à une portion de phlogiflique qui lui relie combiné. M. de Morveau , dans une excellente note , conlignée dans le dernier para¬ graphe de la DilFertation de M. Bergman fur l’a¬ cide du fucre, fait obferver que plufieurs acides deviennent plus fluides par l’addition du phlo- giftique ; & que cette propriété , dans tous les acides, paroît dépendre du degré de leur fufl- bilité. Le fucre eft d’un ufage très-étendu. C’ell uii alimeiit dont la grande quantité efl capable d’é¬ chauffer. On l’emploie beaucoup dans la Phar¬ macie ; il fait la bafe des firops , des tablettes & des pâtes. Il eft fort utile pour favorifer ia diOTolution ou la fufpenfion dans l’eau, des 44S Leçons 'élémentaires refînes , des huiles ^ &c. li fert à conferver les’ fucs des fruits que l’on réduit en gelée; il peut même être confîdéré comme un médicament,, puifqu’il efl incifîf, apéritif, légèrement tonique êc ftimulant ; auffi rapporte-t-on quelques faits fur des maladies dépendantes d’engorgement 5 guéries par un ufage. habituel du fucre. De la Manne, Il y a quelques fucs qui découlent des plantes & qui ont une faveur fucrée. La manne & le îiedar font de cette efpèce. La manne efl pro¬ duite par les feuilles du pin , du chêne , du genevrier, du faule, du figuier, de l’érable, Slc. Le frêne très -abondant en Calabre &c en Si¬ cile, Slc, fournit celle du commerce. Elle coule naturellement de ces arbres; mais on l’obtient en plus grande abondance en faifant des inci- fions à leur écorce. Celle qui fe ramafie fur des pailles ou fur des petits bâtons introduits dans les ouvertures artificielles , forme des efpèces de flalaélites percées dans leur milieu; on l’ap¬ pelle manne en larmes. La manne en fortes coule fur l’écorce, Sc contient quelques impu¬ retés. La manne gralTe eft chargée de beaucoup de matières étrangères ; elle eft formée du dé¬ bris des deux premières; elle eft toujours hu- medée & fouveiit altérée» La faveur de la manne eft ï)^Hist. Nat. ST pE CHfMiE. îeft douce & fade. Celle que fournit le mélèze abondant dans le Dauphiné , 8c celle de l’al- hagi qui croît en Perfe aux environs de Tauris, ne font point d’ufage ; cette dernière porte le nom de téréniahïn, La manne eft foluble dans î’eau ; elle fournit à la diflillation les mêmes produits que le fucre. On en retire , à l’aide de la chaux 8c des blancs d’œufs , une matière fem- blable au fucre , 8c traitée par l’acide nitreux, elle donne un fel acide de la même nature que celui de cette fubltance. On l’emploie comme purgative à la dofe 'd’une once jufqu’à deux ou trois , ou à celle de quelques gros étendus dans un grand véhi^ cule, fi on l’adminiflre comme fondante. Des Gommes & des Mucilages. Une àutre efpèce de fuc propre efi celui qu’on appelle gomme ou mucilage. Ce fuc efi fade, diffbluble dans l’eau , à laquelle il donne une- confiftanee épaifle 8c vifqueufe. Cette eau mu- cilagineufe évaporée devient sèche, tranfparente & friable. Le mucilage brûle fans flamme , il donne à la diflillation beaucoup de phlegme acide , un peu d’huile empyreumatique d’aï- Icali volatil; fon charbon très-volumineuX con¬ tient de l’alkali fixe végétal. On connoît trois efpèces de gommes. i°. La Tome IL Ff Leçons élément aire ^ gomme de Pays qui coule de Fabricotier , dif - poirier , Scc, Elle ell blanche , jaune ou rou¬ geâtre, 2°. La gomme arabique qui coule de l’a¬ cacia en Egypte Sc en Arabie. La gomme du Sénégal eft de la même nature ; on l’emploie en Médecine comme un remède adouciffant Sc relâchant. Elle fert dans pîufieurs arts. 3°. La gomme adraganthe qui découle de Fadragant de Crête : Tragacantha Cretica, On Fadminiflre- comme la précédente. On retire de beaucoup de plantes des muci¬ lages de la même nature. Les racines de gui- inauve 5 de grande confonde, la graine de lin 3. les pépins de coings fourniffent par la macéra¬ tion dans l^eau dés fluides vifqueux qui, lorfqu’oa les évapore , donnent de véritables gommes. Toutes ces matières , confidérées chimique¬ ment, femblent au premier coup-d’œil n’être que des corps peu compofés, puifque les expériences; chimiques préfentent fouvent des fubflances dont là forme gélatineufe fe rapproche des gom¬ mes & des mucilages. Cependant on extrait de ces produits de la végétation , qui femblent conf- tituer une humeur excrémentitielle, de Feau; de^ l’acide en liqueur , de Fâcide crayeux , un prin¬ cipe huileux , & de Falkali fixe lié au réfîdu char¬ bonneux. Ce réfîdu contient lui-même une terre: fixe dont la nature n’efl pas encore connue*. b’Hist. Nat. et de Chimie. 45*1 Leur partie inflammable eft peu confidérable, puifqu’elles ne font point combuftibles. M. Bergman dit avoir obtenu des gommes traitées par Facide nitreux, un acide femblable à celui du fucre. .g,,. — LEÇON XLVIL Des Sucs huileux. I^ES huiles font des fucs propres gras & ondueux , fluides ou folides , indiffblubles dans l’eau 5 combuftibles avec flamme , volatils en différens degrés ; elles font contenues dans des vaifTeaux propres ou des véficules particulières. On les diflingue en huiles graïïes Sc en huiles cflentielles , en huiles fluides Sc en huiles con¬ crètes. Ces corps fe trouvent fous deux états dans les végétaux ; ou ils font combinés à d’aiH très principes, comme on les trouve dans les extraits , dans les mucilages , Slc, ou ils font li¬ bres* C’efl de ces derniers fucs huileux que nous devons nous occuper ici. Les Chimiftes ont penfé qu’il exiftoit un prii> cipe huileux fimple, ainfl qu’un fel primitif. Ce principe huileux combiné avec differentes fubf- tances, modifié par ces combinaifons, conf- Ffij ^^2 Leçons élémentaires titüe, füiyant eux, les diverfes efpèces d’huileS que Ton obtient dans Fanalyfe des végétauis. Cette huile fimple Sc primitive efl très-fluide ^ .volatile 5 fans couleur, fans odeur; elle brûle avec flamme Sc fumée. Cette fumée condenfée a tous les caradères d’un charbon *, elle ne s’u¬ nit point à l’eau; on la croit formée d’un acide uni à une terre & au.phlogiflique. îl- efl certain, que les huiles dans leur décompofition don¬ nent toujours du gaz inflammable uni à l’acide crayeux. L’eau y exifle auffi en grande quan^ îité ; la terre n’en fait que la plus petite par- ' îie , puifqu’elles ne donnent que très-peu de ré« , fidu fixe Sc charbonneux. Cette idée fur le ]3rin- cipe huileux ne doit être regardée que comme une hypothèfe. Les huiles ne font jamais for¬ mées que par les êtres organiques , tous les corps qui préfentent leurs caradères dans le ! Règne minéral , doivent leur origine à l’adion de la vie végétale ou animale. On diflingue les fucs huileux des végétaux en huiles grafles de i en huiles elFentielles^ §. I. Des Huiles graffes^. Les huiles grafles font très-ondueufes j elles ont la plupart une faveur douce de fade, de j font fans odeur; elles ne fe volatilifeiit qu’à im , degré de feu fupérieur à celui de l’eau bouiÿt | d^Hist. Nat. et de Chimie, ïante, 5c ne s’enflamment que lorfqu’elles font parvenues au degré de chaleur qui lesVoIati-' life. Tel efl Pufage de la mèche qu’on emploie poür faire brûler une huile grafle dans les lam¬ pes^ elle échauffe Thuile au point de la vola- tilifer. La plupart des huiles gralTes font fluides 8c demandent un froid alTez confidérable pour de¬ venir folîdes ; d’autres le deviennent au plus lé¬ ger degré de froid; d’autres enfin, font prefque toujours folides ; on nomme ces dernières j beurres. Les huiles gralTes ne coulçnt point de la fur- face des végétaux ; elles font contenues dans les amandes, dans les pépins bellifères. Elles diffèrent les unes des autres, i°. par la quajitité, qui varie beaucoup, fuivant Fétat ou l’âge de la plante , 2®. la confiflance. Il y en a de très -fluides, comme celles de lavande, de rhue, Scc. Quelques-unes fe congèlent par le froid , ainfî que celle d’anis , de fenouil j d’autres font toujours concrètes, comme celles de rofes, de perfil, de benoîte & d’aünée. 3'’. Par la cou¬ leur ; les unes n’en ont aucune; d’autres font jau¬ nes, comme celle de la lavande; d’un jaune foncé, celle de canelle ; bleues , celle de camomille ; aigue-marine, celle de mille-pertuis; vertes, celle de perfil. 4®. Par la pefanteur ; les unes furnagent l’eau 3 comme la plupart de celles de nos pays; d’autres vont au fond de ce fluide, comme celles de faflafras , de gérofle , Sc La plupart de celles des plantes étrangères : cette propriété n’efl; ce¬ pendant pas Gonflante , relativement aux cli¬ mats , puifque l’huile eflentielle de mufcade , de macis , de poivre , Scc. font plus légères que Fcaii, Par Fodeur la faveur ; cette b’Hist. Nat. et de Chimie. ^6^ ’idernière propriété ell fouvent très -différente dans Fhuile eîTentielle de ce qu’elle eil dans la plante : par exemple , le poivre donne une huile douce , 3c celle d’abfynthe n’ei]; point amère. On retire les huiles eiïentielles , i®. par expref- fion, du cédrat, de la bergamotte, du citron , de l’orange, &c. 2®. Par diflillation. On met pour cela la plante dans la cucurbite d’un alambic de cuivre avec de l’eau ; on fait bouillir cette eau , l’huile pafTe avec ce fluide, au - deÛTus duquel elle fe ramaffe dans un récipient particulier. Les huiles eirentielles font falfîfiées, ou par les huiles graflesj on les reconnoît alors parce qu’elles tachent le papier 5 ou par l’huile de tc« rébenthine, on s’en apperçoit par l’odeur forte de cette dernière , qui fubfifle après l’évaporation de la première ; ou par l’efp rit- de-vin, l’eau, en les troublant 5 indique la fraude, ' Les huiles effentielles perdent leur odeur à une chaleur douce. Comme elles font très-vo¬ latiles, le feu ne peut les décompofer. En les chauffant dans des vai fléaux fermés, il. s’en dé¬ gage une grande quantité de gaz inflammable, Lorfqu’on les chauffe avec le contad: de l’air 3 elles s’enflamment promptement 8c répandent une fumée très-épaiffe qui fe condenfe en une matière charbonnèufe très-fine Sc très-légère ; '^6^ Leçons élémentaires elles ne lailFent qu’un charbon peu abondant après leur inflammation , parce qu’elles font fl volatiles, que la partie charbonneufe fe forme ■dans la portion volatilifée. Expofées à l’air, elles s’épaiflilTent en vieil- liflant, & prennent le caractère de réfîne. Il s’y dépofe des criflaux en aiguilles femblables à celles du camphre fublimé , que Geoffroy le ca¬ det a obfervées dans l’huile elTentielle de ma- tricaire, de marjolaine, dans celle de térében¬ thine. Leur odeur approche aufli de celle du camphre, fuivant le même Obfervateur , jjzj , pag. i6g. Elles s’unilTent difficilement à la chaux & aux alkalis ; les acides les altèrent ; l’acide vitrioli- que concentré les change en bitumes , s’il eft foible, il en forme des efpèces de favons. L’a¬ cide pitreux les enflamme j l’acide marin les ré¬ duit dans un état favonneux. Elles n’ont aucune adion fur les fels neutres» Elles fe combinent très - ailément au foufre , 8c forment des compofés nommés baumes de foufre , dans lefquels le foufre eft tellement dé¬ naturé , qu’on ne peut plus le faire reparoître» Les mucilages & le fucre les rendent folubles dans l’eau. On les emploie en Médecine comme cor¬ diales , ftimulantes j antifpafmodiques, emména- goguesi É)’^|îîSTw Nat* ét î3e Chimie gog^s, Slc, Appliquées à l’extérieur, elles font fortement antifeptiques , & elles arrêtent les pro* grès de la tarie des oSi LEÇON X L V I IL Du Camphre. ( É camphre efl Une matière blanche , con^ crête , criftaliine , d’une odeur & d’une faveuC fortes , qui fe rapproche des huiles elTentielles par quelques-unes de fes propriétés , mais qui s’en éloigne par d’autres* Cette fubflance fe retire d’une efpèce de lau^ îier qui croît en Chine , au Japon Sc dans les ides de Bornéo , de Sumatra , de Ceylan , L’arbre qui la produit en contient quelquefois une fî grande quantité , qu’il fuffit de le fendre pour en retirer des larmes alTez grofles 8c très- pures.. On l’obtient cependant par la diftillation*, On met dans un alambic de fer les racines ou les autres parties de l’arbre avec de l’eau j on les recouvre d’un chapiteau , dans lequel font arrangées des cordes de paille de riz , 8c on chauffe le tout. Le camphre fe fublime @n pe¬ tits grains grisâtres , que l’on réunit en morceaux plus gros. Ce camphre brut eft impur* Les Hol- ' Tome I/, Gg '^66 Leçons éLéMENTAiKES landois le purifient en le fubliiiiant dans des efpèces de ballons, Sc en ajoutant une once de chaux par livre de cette fubftance. On peut en retirer auffi des racines de canellier , de ze- doaire , du thim , du romarin , de la fauge Sc de toutes les labiées , foit par la diflillation , foit/ par décoélion , comme Pont obfervé MM. Car- theufer 8c Neumann; mais ce camphre efl en très-petite quantité , & il a toujours une petite odeur de la plante d’où on Pa retiré. Il paroît que ce fingulier être fe trouve combiné avec les huiles eiïentielles de ces végétaux, puifque Geoffroy a obfervé que ces dernières dépofoienC des aiguilles camphrées. Le camphre efl beaucoup plus volatil que les huiles eflentielles , puifqu’il fe fublime à la plus douce chaleur ; il fe criflallife en lames hexa¬ gones attachées à un filet. Si on le chauffe bruf^ quement , il fe fond avant de fe volatilifer. Il femble n’être pas décompofable par ce moyen ; cependant, fi on le diftille plufieurs fois, il donne un phlegme roufsâtre 8c manifeftement acide *, ce qui indique qu’en répétant un grand nombre de fois cette opération, on parviendroit à le dénaturer. La feule température de Pété fuffit pour ‘le volatilifer; expofé à Pair, il fe difîipe entièrement ; renfermé dans un vaifTeau , il fe fublime en pyramides hexagones, ou en criflaux to'^tîiST.- Naî-, Èt DÉ CHÎMtË, polygones qui ont été obfervés & décrits erî 175*5 par M. Romieu (Acad, ij5G^ pag, Il répand «ne odeur forte 8c infupportable à quelques perfonnes ; il s’enflamme très-rapide* ment, brûle avec beaucoup de fumée, ôc ne îailTe aucun réfidu charbonneux. Il ne fe dilTout pas dans l’eau | il lui com^ munique cependant fon odeur; il brûle à fa fur« face. M. Romkii a obfervé que des parcelleâ de camphre d’un tiers ou d’un quart de ligne de diamètre , mifes fur un verre d’eau pure , fe Eneuveiit en tournant, 8c fe diffblvent au bout .d’une demi-heure. Il foupçonne que ce gou¬ vernent eft un effet de l’éleélricité, 8c il remar- que qu’il celTe en touchant Peau avec un corps qui fait fonélion de conduéleur, comme un fil de fer, 8c qu’il continue ^u contraire, fi on la touche avec un corps ifolant comme le verrez îa réfine , le foufre , &e. Les terres , les fubftanees falino-terreufes 8c les alkalis n’ont aucune adion fur le camphre | il faut cependant obferver qu’on n’a point en¬ core effayé les alkalis caufiiques. Les acides diffolvent le camphre ,îorfqu’iIs font concentrés. L’huile de vitriol le diflbut à l’aide de la chaleur. Cette diffolution eft rouffe. L’acide nitreux le diftbut tranquillement ; cette diffblu- ûon eft jaune ; comme elle fumage l’acide à la Ggij '4^8 Leçons élémentaires manière des huiles ^ on lui a donné le nom d^huile de camphre. L^acide . marin dans Fétat de gaz 5 düTout le camphre 5 ainfi que le gaz fiilfureux & le gaz fpathique. Si Fon ajoute de Feau dans ces diffblutions , elles fe troublent , le camphre s’en fépare en flocons , qui viennent nager à la furface , Sc qui n’ont point éprouvé d’altérations. Les alkalis ^ les .fubflances falino-terreufes & les matières métalliques précipitent auffi ces dilTo- lutions. Les fels neutres n’ont aucune affion fur le camphre. On ne connoît pas celle du foufre & des bitumes fur cette fubflance , quoiqu’il foit vraifemblable, qu’elles font fufceptibles de s’y unir. Les huiles gralTes & effentielles dilTolvent le camphre à Faide de la chaleur. Ces diffolutions refroidies , dépofent peu à peu des criflaux en végétation , femblables à ceux qui fe forment dans les diffolutions de fel ammoniac 5 c’efl-à- dire , compofés d’une côte moyenne à laquelle font adhérons des filets très-fins 5 & placés hori» fontalement. Ces efpèces de barbes de plumes , vues à la loupe 5 font très-belles Sc très-régu« Hères. Cette jolie obfervation eft encore due à M. Romieu , ( Académie ij5G ^ page ) On verra par la fuite que la diifolution de camphre dans Fefprk de vin ^ beaucoup plus connue Sc i>’HisT. Nat. et de Chimie. ^6^ plus employée que la précédente , a préfenté à cet Obfervateur une cridallifation un peu dif¬ férente qu’il a obtenue par un procédé parti¬ culier. N’oublions pas de faire obferver qu’un Mé¬ decin 5 auffi illuftre par fes vaftes connoiflances que par les grandes vues qu’il a fur l’aélion Sc la nature des médicamens 5 M. Lor^^ , regarde le camphre comme un principe très-répandu dans les végétaux , & place fon efprit redeur à la tête d’une clalTe d’odeurs très-énergiques , Sc dont les effets fur l’économie animale doivent fixer l’attention des Chimiftes Sc des Médecins. Le camphre ell: un des plus puilîans remèdes que pofsède la Médecine. Appliqué fur les tu¬ meurs inflammatoires , il les diflipe en peu de tems. On l’emploie comme anlifpafmodique Sc antifeptique , dans les maladies contagieufes 5, dans la fièvre maligne ^ Sc dans toutes les mala¬ dies accompagnées en général d’affedions ner- veufes Sc de putridité. En France on ne l’admi- niftre guère qu’à la dofe de quelques grains | en Allemagne on en pouffe la dofe jufqu’à plu- fleurs gros par jour. Il eft encore important de favoir que le èamphre calme les ardeurs Sc les douleurs des voies urinaires , fouvent comme par enchantement. On le donne trituré avec le jaune d’oeufs 3 le fucre , les gommes , ou dans l’état Gg jij. 470 Leçons élémentaires d’huile de camphre , 8c on le fait toujours entrer dans quelques boilTons appropriées. Les Chirur<« giens emploient l’eau-de-vie camphrée , dont nous donnerons par la fuite ia compofîtion , dans les gangrènes externes , dont cette liqueur arrête fouvent & borne les progrès. De VEfprit recteur^ Boerhaave a donné le nom d’efprit redeur des plantes au principe qui conllitue leur odeur *, on ne connoît encore que très-peu de propriétés de cet être lîngulier , fi intérelïant par fes effets fur l’économie animale. L’efprit redeur paroît être très-volatil , très-fugace , très-atténué ; il fe dégage fans ceffe des plantes , 8c forme autour d’elles une atmofphère odorante , qui fe propage aune plus ou moins grande étendue. Toutes les plantes diffèrent les unes des autres par la quantité , la force 8c la nature de ce principe» Les unes en font abondamment pourvues , 8c ne le perdent même qu’en partie par leur défie™ cation , de forte qu’il paroît jouir alors d’un cer¬ tain degré de fixité; tels font en général les bois odorans 8c toutes les parties végétales odo¬ rantes , fèehçs 8c ligneufes. D’autres en ont un C fugace 8c fi volatil , que quoiqu’elles aient beau¬ coup d’odeur , on ne peut en fixer le principe quVec peine* Enfin , il eft des plantes dont B^HrsT. Nat. et de Chimie. 471 Fodeur eft fade Sc peu fenfible ; on les a appe¬ lées inodores ; ces dernières n’ayant pour ainfî dire qu’une odeur d’herbe 5 leur principe reâeur a été nommé herbacé. La plus légère chaleur fuffit pour dégager refprit redeur des plantes. Pour l’obtenir ^ il faut diililler la plante au bain-marie Sc en recevoir les vapeurs dans un chapiteaü froid qui les con- denfe Sc les fait couler en liqueur dans un réci¬ pient. Ce produit eft une eau limpide, chargée d’odeur Sc qu’on nomme eau efTentielle ou eau diftillée. Çette liqueur doit être regardée comme une dilTolution du principe odorant dans l’eau. Comme ce principe eft plus volatil que le fluide qui le tient en diflblution , fl l’on chauffe cet efprit reéteur , il perd peu à peu fon odeur Sc devient fade ^ fi on l’expofe à l’air , il éprouve la même altération , il dépofe des flocons très- légers comme mucilagineux, Sc prend même une odeur de moififllire ou de chanci. Le principe de l’odeur s’unit aux fucs huileux j, Sc il paroît même faire un des élémens des huiles effentielles 5 puifque i”. ces dernières en font toujours chargées ; les plantes qui ont une odeur tenace donnent conftamment plus d’huile effentielle que celles dont l’odeur eft très-vola¬ tile , qui fouvent n’en donnent point du tout comme les liliacés, On eft obligé , pour retenir 47^ Leçons éleme-ntaîkes- Fefprit reâeur de ces dernières , comme du lys^ du jafmin, de la tubéreufe, Sec, de le combiner avec des huiles graffes. On met ces fleurs dans une cucurbite d’étain avec du coton imbibé d’huile de benj on difpofe les fleurs 8c le coton couche par couche , on ferme la cucurbite 8c on l’expofe à une chaleur douce. L’efprk redeur dégagé fe combine à Thuile, 8c s’y fixe d’une manière durable. 3°. Les plantes qui n’ont point d’odeur ne donnent jamais un atome d’huile eflentielle. 4®. Les végétaux dont on a extrait Fefprit redeur par la diflillatîon au bain- marie ^ ne fourniflent plus cette efpèce d’huile ^ à moins qu’ils ne retiennent encore un peu de leur odeiu*« Dans ce cas ils n’en donnent meme qu’une très- petite quantité, y®. Une huile eflentielle qui a perdu fon odeur ^ la reprend très-facilement avec toutes fes propriétés , lorfqu’on la diflille fur la plante fraîche dont on l’a d’abord extraite. On n’a point encore examiné l’adion des ma¬ tières falines fur l’efprit redeur. La nature de ce principe n’efl pas identique § 8c il femble différer fuivant les genres de plantes auxquelles il appartient. M. Macquer penfe avec Boerhaave qu’il eft en général compofé d’une fubflance inflammable 8c d’une matière faline j mais il obferve que quelquefois il participe da¬ vantage de la nature falinej tandis que dans « d’His't. Nat. £;t de Chimie, ^73 d’autres plantes il fe rapproche plus des ma¬ tières huileufes. L’efprit reèleur des crucifères lui paroît être falin > & il lui donne pour ca- radères d’être piquant 8c pénétrant fans affeéler les nerfs. Celui qui aU' contraire eft fade ou fort j mais fans être piquant , 8c qui affede les nerfs de manière à produire ou à calmer les accès qui dépendent de leur agacement, comme le font ceux des plantes aromatiques & des narcoti¬ ques , participe beaucoup de la nature huileufe, fuivant ce célèbre Çhimide. Quelques faits vien¬ nent à l’appui de cette affertion. La fraxinelle répand une odeur qui forme autour de la plante une atmofphère inflammable , 8c il fuflit d’ap¬ procher un corps combuflible en ignition pour l’allumer i cette vapeur brûle alors depuis le bas jufqu’au haut de la tige qui fupporte les fleurs* L’efprit redeur de la fraxinelle femble donc être de nature huileufe. M. F'enel , Chimifle de Montpellier 8c élève de Rouelle ^ avoit retiré du marum, à une chaleur douce, un efprit rec¬ teur acide; 8c feu M. Roux^ Profcfleur de Chi¬ mie aux Ecolès de Médecine , qui a examiné ce produit , a trouvé qu’il ne rougit point les cou¬ leurs bleues végétales, maïs qu’il fature les alka- lis. Quant à l’efprit redeur des crucifères on n’eft point d’accord fur fa nature. Les uns le croyent acide, & les autres alkalin. Il paroît que 474 Leçons '^iLÉMEMTAiREs d’après les travaux de MM. Déjeux Sc Baume' , îe foufre ' fe trouve combiné avec le principe odorant des plantes anti-fcorbutiques. Au refie , nous avons déjà indiqué ailleurs ces belles dé¬ couvertes. Il y a encore deux confidérations importantes à faire fur l’efprit reéleur. La première , c’efl que comme l’a très-bien foupçonné M. Macquer y ce principe efl peut-être un gaz d’une nature particulière; fon invifibilité , fa volatilité , la ma¬ nière dont il fe répand dans l’atmofphère, fou cxpanfibilité Sc quelques expériences du Doèleur ïngen-hous^ fur le gaz nuifîble fourni par les- Heurs , tout le prouve. Il ne refie plus qu’à faire fur cet objet des recherches , qui , à la vérité, demandent beaucoup de foin &: d’exac¬ titude , mais qui promettent auffi des découvertes brillantes & utiles. Déjà Bojle a ouvert une vafle carrière fur les odeurs, fur leur altérabi¬ lité, fur leur combinaifon réciproque , ce tra¬ vail vient d’être continué avec le plus grand fuccès par M. Lorrj, Ce Savant a fuivi les al¬ térations qui réfultent de leur mélange, celles qu’elles éprouvent par la fermentation , par l’ac¬ tion du feu, de l’air & de dilférens menflrues. Son Mémoire intéreflant paroîtra dans le pro¬ chain volume de la Société Royale de Médecine. Nous ne pourrions, fans nous écarter de notre d’Hist. Nat, et de Chimie. 475* objet 5 entrer dans les détails de fes travaux , mais nous croyons devoir faire connoître fa divifion primitive des odeurs, M, Lorry divife ces corps en cinq clafTes, les odeurs camphrées, Içs éthérées , les vireufes ou narcotiques , les acides & les alkaliries; toutes les odeurs peuvent être rapportées à ces cinq claiïes primitives. Ce Médecin, en s’expliquant fur la bafe de'fa divifion, prife fur Faifeétion que les odeurs font éprou¬ ver au fens de l’odorat & aux nerfs en général , ne s’eil point propofé d’en rechercher la na¬ ture chimique ; mais il efi plus que vraifembla- ble, comme il le penfe lui -même, que celles de chaque clafie fe rapprochent les unes des autres par leurs propriétés chimiques , comme elles le font- déjà par leur aélion fur l’économie animale. La fécondé confidératioii par laquelle nous ter¬ minerons Phiftoire chimique du principe de l’o¬ deur, c’efl: que, quoique les plantes qui ont été appelées inodores foient regardées comme ne contenant point ce principe, il efi; cependant très- démontré aujourd’hui qu’on peut en extraire à l’aide de la chaleur la plus douce du bain- marie, une eau légèrement odorante, mais qui fait reconnoître très-bien la plante d’où elle a été tirée. Je puis afiurer , pour l’avoir éprouvé un grand nombre de fois avec M. B acquêt ^ '475 LèçONS éLéMENTAiRES que les plantes réputées les plus inodores , telles que la chicorée, le plantain, la bourrache, don¬ nent au bain-marie une eau qui répand tellement leur odeur, qu’on peut les diftinguer les unes des autres. Il vrai que ces efprîts redeurs fades fe décompofent très-vite Sc perdent bientôt la petite odeur qui les caradérife. Iis s’altèrent 5 fermentent , Sc paflent même à l’acidité ou à l’alkali , fuivant leur qualité. Il exille un art fondé fur les moyens d’extraire les parties odorantes des végétaux , de les çon- ferver , de les fixer dans différentes fubftances , c’eff celui du Parfumeur. La plupart de fes pro¬ cédés font entièrement chimiques. La Médecine fait un affez grand ufage des eaux diüillées. Elles ont différentes vertus fuivant leur nature : on eft dans l’ufage de n’employer que celles que l’on diftille à feu nud avec de l’eau , comme on le fait pour obtenir les huiles effen- tielles. Nous obferverons que cette manipula¬ tion eft bonne pour les eaux effentielles aroma¬ tiques , mais qu’elle eft défedueufe pour celles des plantes nommées communément inodores* Nous croyons qu’il eft indifpenfable de les-dif- tiller au bain-marie; comme on ne prend point- ordinairement cette précaution , elles ont une odeur de feu ou d’empyreume , fans être char¬ gées de celle de la plante. Si la vertu de ces eaux. ( d’Hist. Nat* et de Chimie. 47»^ ne réfide que dans leur efprit reâeur , quelque foible qu’il foit , il eft certain que de la manière dont on les prépare , on leur ôte toutes les pro- ' priétés qu’elles peuvent avoir. Des Sucs inflammahles réjineux» On a donné le nom de réfines à des matières sèches 5 inflammables , immifcibles à l’eau , diflb- lubles dans les huiles dans l’efprit-de-vin , 8c qui coulent fluides des arbres qui les produifent* Ces matières ne font que des huiles devenues concrètes par le deflechement. On n’eft pas d’ac¬ cord fur la différence des baumes & . des réfines. Les uns donnent le nom de baumes à des fiibfi- tances inflammables fluides , il en efl cependant qui font fecs. D’autres appellent ainfi les fubf- tances inflammables les plus odorantes. M. Bue- quel a répandu beaucoup de jour fur cet objet, en ne fixant le nom de baumes qu’à celles de ces matières combuflibles qui ont une odeur fuave qu’ils peuvent communiquer à l’eau , 8c qui fur-tout , contiennent des fels acides odorans , qu’on peut obtenir cbnerets par la fublimation ou par la décodion dans l’eau. T §. I. Des Baumes^ Les principales efpèces de baumes peuvent être réduites aux trois fuivantes. 47S Leçons 'ÉLéMÊNTAiKEs ï°. Le benjoin. On en diflingue de deux fortes^ Pamygdaloide formé de larmes blanches fem-* blables à des amandes liées par un fuc brun ; îl reflemble au nougat. Le benjoin commun eft brun 6c fans larmes , il répand une odeur très- fuave lorfqu’on le chauffe ou qu’on le pique* L’arbre qui le fournit n’eft point connu. Ce baume nous vient du Royaume de Siam 6c de i’ille de Sumatra. Il ne donne que peu d’huile effentielle à caufe de fa folidité. L’eau bouillante en extrait un fel acide en aiguilles , dont l’odeur efl forte , 6c qui criftallife par refroidiffement. On le retire auffi par la fublimation. On le nomme alors fleurs de benjoin. Cette opération fe fait dans deux ter¬ rines verniffées placées l’une au-deflus de l’autrcc Il faut, pour cela , donner un feu doux , fans quoi | îe fel efl; brun. Le cône de carton qu’on employoic i autrefois , laifle perdre beaucoup de fleurs. L’o¬ deur de ce fel efl forte, 6c fait toufler • fa faveur efl acide , il rougit le firop de violettes , 6c fait effervefcence avec les alkalis crayeux. Le benjoin donne à la cornue un phlegme très-acide , un fel | concret 6c: brun de la même nature, de l’huile brune 6c épaiffe ; le charbon qui refle contient de Palkalî fixe. Le benjoin fe diffbut dans l’efprit-de-vin , 6c fà teinture précipitée par l’eau, donne le lait vir- ginali On employé le fel de benjoin comme un d^Hist. Nat. et de Chimie. 47^ bon incifif dans les maladies pituiteufes des pou¬ mons Sc des reins. Son huile eft réfolutive ; on s’en fert à l’extérieur pour les membres para- lyfés 5 Sec, Le baume de Tolu , du Pérou , de Car- thagêiie. On l’apporte ou enfermé dans des cocos 3 ou en larmes jaunâtres, ou dans un état fluide ; il coule du toluifera placé par Linnœus dans la Décandrie monogynie. On peut l’extraire des coques en les trempant dans l’eau bouillante , qui le rend fluide. Il vient de l’Amérique mé¬ ridionale, dans un pays fitué entre Carthagêne Sc le nom de Dieu , que les Infulaires appellent Tolu, Sc les Espagnols Honduras. Il donne à l’a¬ nal yfe les mêmes produits que le benjoin , Sc fur-tout un fel acide concret; on l’emploie dans les maladies du poumon; on en fait un firop, 3°. Le florax calamite efl en larmes rouges nettes 3 pu brunes Sc grafles. Il a une odeur très- forte ; il coule du liquidafnbar oriental , plante peu connue. M. Duhamel a vu couler de l’alî- boufier un fuc' d’une odeur analogue. Neumann a fait l’analyfe du florax calamite *, il en a retiré très-peu d’huile eflentielle, un fel acide concret, une huile épaifle. Son ufage efl femblable à celui du benjoin : on remploie fur-tout pour les parfums. 480 Leçons Alementaiees LEÇON XLIX, §. II. Des Réjines, J^ES réfines diffèrent des baumes par leiîr odeur moins fuave , Sa fur-tout parce qu’elles ne donnent pas de fel acide concret. Les princi¬ pales efpèces font les fuivantes. 1°. Le baume de la Mecque , de Judée, d’E¬ gypte , du grand Caire. Il efl liquide , blanc , amer, d’une odeur de citron très - forte. Il coule d’un arbre nommé amyris opohalfamum , dr placé par Linneus dans fon Oélandrie monogynie, & dé¬ couvert dans l’Arabie heureufe par M. ForskakU Ce baume donne de l’huile eflentielle par la dif- tillation : on l’emploie comme vulnéraire incor¬ poré avec le fucre , le jaune d’œufs , Slc. 2®. Le baume de copahu brun ou jaune , quî coule de l’arbre appelé copaiba , nommé par Linneus , copaïfera , Sc placé par ce Botanifle dans la Décandrie monogynie : l’efpèce com¬ mune , ainfi que celle du baume de Tolu , el! lin mélange de vrai baume de copahu Sc de térébenthine, fuivant Cartheufer, On Femploye dans les ulcères du poumon & de la veille % comme le précédents b’Hist. î^îat. êt de Chimie. 48ï^ -5®. La térébenthine de Chio coule du téré- binthe qui fournit les piftaches ; elle eft d’une couleur blanche ou d’un jaune tirant for le bleu. Elle donne une huile eiïentielle très -fluide au bain-marie; celle qu’elle fournit à feu nu efl moins fluide. La ^térébenthine efl; enfuite plus jaune; fl on la diflille avec l’eau, elle efl: blanche & foyeufe : on la nomme térébenthine cuite. Cette térébenthine efl: rare , 8c n’efl; guère d’ufage. 4°. La térébenthine de Venife ou la réfine de mélèfe , efl celle qu’on emploie communément en Médecine, On s’en fert dans fon état natu¬ rel ou combinée avec l’alkali fixe. Cette combi- naifon efl; nommée favon de Starkey, Pour le préparer , le Bifpenfaire de Paris prefcrit de ver- fer fur une demi - livre de nitre fixé par le tartre •&: encore chaud, quatre onces d’huile efTentielle de térébenthine ; d’agiter ce mélange avec une fpatule d’ivoire , & de couvrir le vaifleau d’un papier*; on ajoute peu à peu de l’huile jufqu’à ce que le tout forme une mafTe blanche. Comme ce procédé dure ^lufieurs mois, les Chimifles ont cherché des moyens de faire ce favon d’une manière plus expéditive. M. Rouelle^ en tritu- .rant goutte à goutte l’alkali avec le favon , & ajoutant un peu d’eau fur la fin , préparoit en trois heures une quantité affez confidé)?able de ce favon, M. Baumé confeille de broyer fur un Tome IL H h €^32 Eeçons ÊlImentaîres porphire une partie d’alkali de tartre defféché jufqu’à entrer en fufion ^ ëc d’y ajouter peu à peu deux ou trois fois fon poids d’huile elTentielIe 4e térébenthine. Lorfque le mélange à acquis la confiâance d’un opiat mou , on le met dans une cucurbite de verre couverte d’un papier, & €xpofée dans un lieu humide. En quinze jours, l’ai- ïcali déliquefcent fait une couche particulière de liqueur au fond du vafe , le favon eit dans le mi¬ lieu , & une portion d’huile qui a pris une couleur xouge le fumage. M. penfe que l’alkali ne s’unit qu’à la portion d’huile qui eft dans l’état de léfne. M. le Gendre étend cette idée en propo- faut de faturer à froid l’alkali fixe en diflôlutioit avec l’huile de térébenthine épaiiïie, ou la téré- j benthine même. Ce favon a un certain degré de ji folidité qui devient peu à peu plus confidérable ; il | s’y forme des criflaux qui ont été regardés camme | la combinaifon de l’acide de l’huile, avec l’alkali j fixe végétal mais qui, fiiivant les Académiciens: 1 de Dijon , n’efl que de Talkali faturé d’acide i crayeux, & criflallifé. Comme ce favon efl très- s difficile à faire & très -altérable, M. Marquer penfe que lorfqu’on veut réunir les propriétés, des huiles eiTentielles à celles du favon , il vaut . ^ mieux incorporer avec le favon blanc médicinaF quelques gouttes de l’huile effientieîle dont on re- i cherche les effets. L’alkali volatil pur trituré avec ' d’Hist. Nat, tt de Chimie, 4S5 la térébenthine 5 forme un compofé favonneux folide qui fe diffbut très-bien dans Peau , ôc la rend laiteufe 8c écumeufe. 5'*’. La réfine de fapin eft nommée térében-» thine de Strafbourg. On la recueille en perçant les véficules de Fécorce du fapin très-abondant dans les i^ntagnes de la Suifie. 6®. La f’oix eft le fuc d’une efpèce de fapin nommé pèce épicéa. On la tire par des incifions faites à Fécorce de Farbre. On la fond à un feu doux; on l’exprime dans des facs de toile : ou la reçoit dans des barils ; c’eft la poix de Bour¬ gogne ou poix blanche : mêlée avec du noir de fumée , elle donne la poix noire. Quand on la tient long-tems en fufion avec du vinaigre, elle fe sèche , devient brune , 8c forme la colophone. On en brûle les* parties les plus groflières dans un four dont la cheminée aboutit à un petit ca¬ binet terminé par un cône de toile : c’eft . dans ce cône que la fumée vient fe condenfer , 8c y former une fuie fine qu’on appelle noir de fumée. 7®. Le galipot ou réfîne du pin qui donne le pignon doux. On entaille cet arbre vers le bas , la réfine coule par ces cavités dans des auges. On continue ces incifions de bas en haut , îorfque la première ne fournit plus rien. Quand elle coule fluide, on Fappelle galipot; celle qui Hh ij LeçûNS èl'ém entaï be s' fe sèche fur l’arbre en mafTes jaunâtres fe nomme barras. On fait liquéfier ces fucs dans des chau¬ dières j Sc quand ils font épaiffis par la chaleur , on les filtre à travers des nattes de paille , on les coule dans des moules creufés fur le fable, 6c on en forme des pains qu’on nomme arcan- çon ou bray-fec. Si on y interpofe de l’eau , la matière devient blanche , Sc forme la réfîne ou poix-réfine. Les Provençaux diftillent en grand ie galipot j ils en tirent une huile qu’ils appellent huile de raze. C’eft avec les troncs Sc les racines du pin que l’on prépare le goudron , qui n’efî que Phuile empyreumatique de cette fubflance. On met en tas le bois de cet arbre * on le couvre de gazon , & on y met le feu. L’huile que la chaleur en dégage ne pouvant fe volatilifer à travers le gazon , fe précipite dans un baquet à l’aide d’une gouttière, Sc on la ramaffe pour la diflribuer dans le commerce fous le nom de goudron. 8®. La tacamahaca, la réfine élémi, la réfine animé , font peu en ufage ; l’arbre qui donne la première n’efl pas connu. L’élémi vient d’une efpèce d’amyrzs : la réfine animé orientale ou copale , dont l’origine efl inconnue , l’animé occidentale ou courbaril qui découle de menœa , arbre de l’Amérique méridionale, font employées dans les vernis*» b’Hist, Nat. et be Chimie. 485*1 P®. Le maftic eft en larmes blanches, farineufes, û\me odeur foible ; il coule du térébinthe Sc du lentifque. On l’emploie comme aftringent Sc aro¬ matique ; on le fait entrer dans des vernis fie- - catifs. lo*’. La fandaraque eft en larmes blanches plus tranfparentes que celles du maftic. On la retire du genevrier entre le bois Sc fon écorce *, on l’appelle aufii vernis , parce qu’on l’emploie beaucoup pour ces préparations. On s’en fert pour mettre en poudre fur le papier gratté, afin de l’adoucir Sc l’empêcher de boire. 1 1'’. La réfine de gayac qui efi: verdâtre, s’em¬ ploie contre la goutte ; elle coule du gayac par incifions. î2®. Le ladanum ou réfîne d’une efpèce de cifle de Candie, eft noirâtre. Les payfans le recueil¬ lent avec un rateau auquel font attachées plu- fieurs lanières de cuir , qu’ils promènent fur les arbres; ils en forment des raagdaleons cylindri¬ ques , que l’on appelle ladanum in tords. Il eft altéré par beaucoup de fable noirâtre ; on l’em¬ ploie comme aftringent. . Le fang-dragon eft un fuc rouge qu’on re¬ tire du dracœna draco Sc de plufieurs autres ar¬ bres analogues. Il eft en pains applatis ou ar¬ rondis , ou en petites fphères enfermées dans des feuilles de rofeau , Sc nouées comme un H h iij 48<5 LeÇÔNS élÉMENTAÏEES chapelet. On s’en fert en Médecine comme d’un - aftiingent. §. 1 1 L Des Gommes refînes» Les gommes réfînes font des fucs mêlés de réline & de matière extradive , qui a été prife pour une fubflance gommeufe. Elles coulent par incifion, 8c jamais naturellement, des ar¬ bres ou des plantes , fous la forme de fluides émullîfsj blancs, jaunes ou rouges, qui fe def- sèchent plus ou moins facilement. L’eau, l’ef- prit de vin , le vin,, le vinaigre ne diffblvent tous qu’une partie des gommes réfines ; elles diffè¬ rent par la proportion de réfine 8c d’extrait ,•& leur analyfe donne des réfultats très-variés. Les efpèces les plus importantes à connoître font les fuivantes. 1°. L’oliban efl en larmes jaunes, tranfparen- tes, d’une odeur forte défagréable. L’arbre qui le fournit n’eft pas connu ; on en retire par la diflillation un peu d’huile eiïentielle , un efprit acide, 8>c il laiire un charbon affez confidérabîe, dû à la partie extradive qu’il contient. On l’em¬ ploie en' Médecine pour faire des fumigations réfolutives, ;2®. Le galbanum efl un fuc gras, d’un jaune brun , d’une odeur nauféabonde ; il coule en Syrie, en Arabie, au Cap de Bonne-Efpérance, d’Hîst. Nat. et de Chimie. 4^7; des incifions faites à une plante fémîacée ^ nom¬ mée hiiboîî galbanum par Linneus, Diflillé à feu nu 5 il donne une huile eiïentielle bleue vons cependant que c’efi; à l’eau qui a fervi à former la pâte , que le gluten doit fon élafiicité Sc fa folidité. En effet , dans la farine , cette por¬ tion végéto-animale, fufceptible de prendre une forme folide Sc élaffique, étoit pulvérulente Sc fans cohérence ; mais dès qu’on verfe de l’eau fur la fanne Sc qu’on la mêle, ces molécules qui doivent jouir de la propriété glutineufe , abforbent ce fluide , fe collent par fon moyen , forment enfin l’efpèce de folide élaffique qu’ort ÿo8 Leçons élémentaires appelle gluten. L’eau contribue donc beaucoup à conûituer cette fubftance , & peut-être doit- on la regarder comme un compofé particulier faturé d’eau , Sc qui ne peut en abforber davan¬ tage. Cela efl fi vrai , qu’en la privant d’eau par ladefiîccation, elle perd abfolument fa propriété élaftique & collante. La plupart des fubftances falines ont une ac¬ tion plus ou moins marquée fur le gluten. L’ab Icali fixe en liqueur le difibut à Faide de l’ébul¬ lition. Cette difiblution eft trouble , Sc elle dépofe du gluten non élafiique par l’addition des acides. Les acides minéraux difiblvent le gluten. L’a¬ cide nitreux le difibut avec beaucoup d’adivitc , Sc en répandant une grande quantité de gaz ni¬ treux. Cette difiblution efi jaune. Celle par les acides 'vitriolique Sc marin efi brune violette. Il fe fépare de ces difiblutions une efpèce* de matière huileufe ; le gluten y efi dans un véri¬ table état de décompofition. M. Poulletier,^qm font dues toutes ces belles expériences , a dé¬ couvert qu’on pouvoit retirer de ces combinai- fons difibutes dans l’eau , dans l’efprit de vin , digérées Sc évaporées à l’air libre , des fels am¬ moniacaux. Cette découverte femble prouver que l’alkali volatil exifie tout formé dans le glu¬ ten. Il réfulte de tout ce que nous avons dit fur d’Hist. Nat. et de Chimie. ^$oÿ tette fubftance, qu’elle eft entièrement difFèrente de toutes celles que nous avons reconnues juf- qu’aâuellement dans les végétaux ; & qu’elle fe rapproche par beaucoup de caraâères de la par¬ tie fibreufe du fang. C’eft à ce gluten que la fa¬ rine de froment doit la propriété qu’elle a de for¬ mer une pâte très - liante avec l’eau , & de la facilité avec laquelle elle lève. Il paroît qu’elle n’exifle pas, ou au moins qu’elle n’exiife qu’en très-petite quantité dans les autres farines , telles que celles de feigle , d’orge , de farrazin , de riz , &c. qui toutes forment des pâtes folides , mattes , peu dudiles Sc calTantes , & qui ne lèvent que peu ou point lorfqu’on les expofe à la tem¬ pérature qui fait lever la pâte de farine de ü o- ment. Il n’y a donc que cette dernière qui a vé¬ ritablement toutes les qualités nécelTaires pour faire un bon pain. M. Rouelle le jeune a dit avoir retrouvé une Tubftance glutineufe analogue à celle de la farine de froment , dans les fécules vertes des plantes qui donnent à l’analyfe de l’alkali volatil de l’huile empyreumatique , comme la partie glu?- îineufe dont nous venons de parler. §. II. De V Amidon de froment* L’amidon ou la matière amylacée ^ eft la par*» de la plus abondante de la farine , c’eft elle ^5*10 Leçons êlém enta ires qui fe précipite de Peau qui l’entraine lorfqu’on lave la pâte pour obtenir le gluten pur. Cette fubilance eft très -fine , douce au toucher ; elle n’a pas de faveur fenfible. Sa couleur efl: un blanc gris 8c fale lorfqu’on l’extrait par le pro¬ cédé que nous avons décrit ; mais les Amidon- niers parviennent à le rendre extrêmement blanc en le laifTant féjourner dans une eau acide qu’ils nomment eau fûre. Il paroît, d’après les recher¬ ches de M. F oulletier , que la fermentation qui s’excite dans ce fluide , blanchit 8c purifle l’ami¬ don 5 en atténuant 8c en détruifant même la fubfl* tance extradive miiqiieufe qui fe précipite avec lui dans le premier lavage. L’amidon confidéré chimiquement efl un mucilage d’une nature par¬ ticulière. Ce mucilage , qui a été regardé faufle- ment comme une terre par quelques Chimifles , diffère beaucoup de la partie glutineufe. Il brûle fans répandre une odeur empyreumatique comme cette dernière. Diflillé à feu nu , il donne un phlegme acide d’une couleur brune , 8c une hurle empyreumatique très-épaifle fur la fin de la diflil- lation. Son charbon s’incinère allez facilement , 8c on trouve de l’alkali fixe dans fes cendres. L’amidon n’efl pas foluble dans l’eau froide % mais lorfqu’on le fait bouillir dans l’eau , il ferme avec ce fluide de la colle , ou plutôt de l’em¬ pois. Ce derniei: expofé à l’air humide, perd d’Hïst, Nat. et de Chimie, yiï peu à peu fa confiflance , feraiente 5 paffe à Tai- gre ôc fe couvre de moififFure. On n’a point encore examiné Faâion des fubf« tances faiines fur l’amidon ^ mais ce que nous venons de détailler des propriétés de cette ma¬ tière fuffit pour la bien diftinguer de la partie glutineufe. Toutes les fécules blanches que nous avons décrites ci-deffus font de la même na¬ ture que la matière amylacée. Comme l’amidon forme la plus grande partie de la farine , on ne peut douter qu’il ne foit la principale fubllance alimentaire contenue dans le pain. M. Beceari a trouvé que la quantité de la partie glutineufe va depuis un cinquième juf- qu’au tiers , 8c même plus , 8c que cette quantité varie fuivant les qualités de la farine , qui dé¬ pendent de l’efpèce de blé qui l’a fournie , 8c de celles que ce dernier reçoit de la terre , 8c de l’état de l’atmofphère. §. III. De la partie extractive muqueufe de la Farine, En évaporant l’eau claire qui a fervi à laver la pâte 5 6c qui a laiiTé dépofer l’amidon, M. FouU letler a obtenu une matière d’un jaune brun, vifqueufe , collante , poifTante , dont la faveur ctoit très-foiblemem fucrée. Cette fubflance que y 12 Leçons élémentaires ce Savant nomme mucofo-fucrée , lui a préfenté dans fa combuüion 8c fa diflillation tous les phénomènes du fucre. C’efl elle qui excite la fermentation acide dans l’eau qui fumage l’a¬ midon 5 puifque , comme Fobferve très - bien M. Macquer , ce dernier n’eil nullement foluble dans l’eau froide. La matière mucofô-fucrée n’efl qu’en très-petite quantité dans la farine de fro¬ ment ; peut-être exifle-t-il d’autres farines, dans lefquelles elle eft plus abondante. On ne peut douter que, quelque petite que foit la dofe de cette fubftance dans la farine de froment, elle ne joue cependant un rôle dans la fermentation particulière qui s’établit dans la pâte, 8c qui la fait lever. Ce mouvement né- celTaire pour faire du bon pain, ell encore peu connu 5 quant à fa nature. Il femble que ce ne foit qu’un commencement de fermentation pu¬ tride dans le gluten, acide dans l’amidon, 8c peut-être fpiritueufe dans la matière mucofo- fucrée ; de ces trois fermentations commen¬ çantes, 8c qui s’oppofent un mutuel obUacle, naît peut-être le mixte peu connu , beaucoup plus léger que la pâte , 8c qui par la cuiflbn doit former le pain. Ce qu’il y a de certain , c’eft que dans le pain les trois fubüances que nous venons d’examiner fe trouvent combinées cnfemble; 8c tellement altérées qu’on ne peut plus d’Hist. Nat. et de Chimie, j’13 plus les extraire. L’adioii de la chaleur fuffit même fans le mouvement de la fermentation, pour combiner 8c dénaturer tellement ces trois " fubflances , que le pain azime ou cuit fans qu’il ait levé, ne fournit plus de partie glutiiieufe, fuivant M. Malouin, On voit par ces détails combien les autres fari¬ nes que celles de froment, Sc encore plus les fruits ouïes femences légumineufes Sc farineufes, telles que les fèves, les pois, les châtaignes, Scc, font éloignées de poiïeder toutes les qualités nécef- faires pour faire du bon pain. Des parties colorantes des V igétaux. Les végétaux contiennent des parties colo- ];antes dans tous leurs organes. Ces parties dif¬ fèrent beaucoup les unes des autres j fouvent une matière végétale qui n’a point de couleur apparente , en prend une très-marquée par des menftrues particuliers. C’ell fur la diflolubilité des parties colorantes dans les dilférens menf^ tiTies , fur la manière de les appliquer aux fubt tances à teindre, Sc de les rendre fixes Sc te¬ naces fur ces matières , qu’eft fondé l’art de la teinture , dont tous les procédés font abfolu- inent chimiques. En examinant les propriétés de chaque matière colorante , nous aurons oc- cafion de parler des principes de cet art impor- Tome IL Kk t-E'ÇO]^S iLÉMEKTAÎRES tant 5 für lequel MM. Heüot^ Macquer^ le Pileur £ApLigny j Hecquet d'Orval ^ Quatremere Di^ jonval 8c FAbbé Mahéas ont donné d’excellens Ouvrages. Il paroît que la matière colorante propre-- ment dite des végétaux ^ n’eft pas encore con¬ nue. M. Rouelle croyok que la partie verte fî abondante dans le Règne végétal , étoit analo¬ gue au gluten- de la farine ; mais il eft certain que cette matière pré fente des caradères chi¬ miques dîfférens, fuivant la bafe à laquelle elle eft unie. Ceft donc cette bafe plutôt que 1® partie colorante elle-même dont ou veut par¬ ler 5 en difant que telle ou telle couleur eft ex- traâive, telle autre réfîneufe^ 8cc, La véritable fubftance qui colore chacune des parties végé¬ tales employées dans les arts ^ eft fans doute un; corps très-teau ^ & peut-être aufft divifé que le principe des odeurs. On feroit même porté à croire qu^elle ne réfîde que dans une modifica¬ tion particulière des parties folides & liquides des végétaux» Il eft important de rappeler îcî que ta colo¬ ration des végétaux dépend abfolument du con- îad de la lumière. Seroit-ce donc une portion de ce fluide qui fe feroit combinée avec les humeurs des végétaux? La Phyfique 8c la Chi¬ mie font encore loin de réfoudre ce problême« d’Hist. Nat. et de Chimie, Quoi qu'il en foit ^ comme il eft impoffible de féparer entièrement la matière colorante de la bafe végétale à laquelle elle adhère , on efl con¬ venu de prendre ces deux fubÜancés enfemble pour la partie colorante. M.,-Macquer eft celui de -tous les Chimifles qui a le mieux diffingué les différentes matières colorantes des végétaux , confîdérées relative¬ ment à la teinture ; & fa théorie fur Papplica- tion & la fixation des couleurs aux fubftances à teindre, efl fans contredit la plus, fatisfaifante# Notre intention étant de lier cette théorie de la teinture avec Fhiftoire des propriétés chimiques des parties colorantes végétales , nous les confidé- rerons relativement à ces dernières propriétés. I®. ün grand nombre de parties colorantes végétales qui font extradives ou favonneufes , fe diffblvent très-facilement dans Peau. La gaude, îa garance , le bois de Campêche , le bois d'In¬ de 3 le bois de Bréfil fourniflent des couleurs jaunes ou rouges de cette efpèce. On conçoit que des matières teintes avec ces couleurs , doi¬ vent perdre leur teinture à Feau ; auffi fe fert- on. pour rendre ces couleurs durables , d'une matière capable de les fixer en les décompo- fant ; comme d'un fel acide , tels que le tartre rouge , Falun & plufieurs autres. Ces fels font appelés mordanss Un acide libre feroit le même ■■ Kk ij $i6 Leçons iêLÉMENTAiiiEs effet 5 mais il altéreroit la partie colorante» La portion d’acide fnrabondante de l’alun s’unit à l’alkali de l’extrait favonneux colorant^ 8c fait précipiter fur la matière que l’on teint, la partie réfineufe qui efl alors inloliible dans l’eau. Ce¬ pendant cette portion colorante, rendue info- luble par l’alun ou le mordant , eft de deux efpèces ; la première efl très-folide Sc réfîfle à l’air , aux favons 8c à toutes les épreuves nom¬ mées en teinture débouiUis^ On défigne cette première couleur par le nom de bon teint ou grand teint. L’autre s’altère à l’air, 8c fur -tout par l’aélion des débouillis ; on la nomme de faux teint ou de petit teint. Il faut obferver que la laine eft la fubftance qui prend le mieux la cou¬ leur , 8c qu’enfuite la foie , le coton , le fil de chanvre 8c le lin font les matières qui fe teignent de plus en plus difficilement , 8c qui retiennent moins bien les fubftances colorantes. Les Auteurs qui fe font occupés de la tein¬ ture , ont eu diverfes opinions fur la manière dont les parties colorantes s’appliquent aux fubf* tances qui font expofées à leur contaél. Plufieurs ont imaginé que cette application n’avoit lieu qu’en raifon des pores plus ou moins grands 8>c plus ou moins nombreux des matières que l’oil teint , 8c que la laine ne prenoit mieux la couleur que la foie & le fil , que parce que fes b’Fîist. Nat. et de ChïMïe. 5'I7' pores étoient plus ouverts oc plus nombreux. Mais M. Macquer penfe que cette application plus ou moins facile j dépend de la nature re¬ lative de la partie colorante 8c de la matière à teindre, 8c que la coloration elî une véritable peinture J dont la réulTite & l’adhérence eft due à une affinité 8c à une union intime entre la couleur 8c la fubflance teinte. Ce Chimifte cé¬ lèbre a adopté cette opinion, d’après le grand nombre d’expériences qu’il a faites fur cet art, qui doit beaucoup à fes découvertes. Il eü une autre claffie de matières colo¬ rantes qui femblent être des compofés d’extraits favonneux 8c de réfines. M. Macquer les nomme réfino-terreufes. Lorfqu’on fait-bouilJir ces ma¬ tières dans l’eau, la fubflance réiineufe qu’elles contiennent s’étend dans ce fluide à l’aide de la chaleur 8c de la portion favonneufe dilToute j mais elle fe précipite à mefure que la décoc¬ tion ou le bain refroidit. Lors donc qu’on plonge de la laine ou une autre matière dans la dé- coêlion d’une partie colorante mixte de cette nature , la réhne fe précipite par le refroidif- fement , & s’applique fans autre préparation fur ces fubflances. Comme elle n’efl: pas foluble dans l’eau, elle forme une couleur de bon teint* On retire des parties colorantes de cette nature de prefque tous les végétaux.aflringens ; tels que yiS Leçons élémsntaïres le brou de noix^ la racine de noyer , celle de patience , le fumac , Fécorce d^aune , le bois de fantal , Sec, Ces couleurs font toutes fauves ; les Teinturiers les nomment couleurs de racines. Elles fervent le plus fouvent à former un très- bon fond, fur lequel on applique d’autres cou¬ leurs plus brillantes. Il faut encore remarquer que les ingrédiens colorans , qui n’exigent au¬ cune préparation , ni pour eux , ni pour Ips ma¬ tières à teindre , fournilTent Fefpèce de teinture la plus fimpie Sc la plus facile à pratiquer. 3°. Le principe colorant de plufieurs autres fubllances rélide dans une matière purement ré- fineufe , infoluble dans Feau. Quelques-unes de ces matières ne font même point folubles dans l’efprit de vin ; mais toutes le font dans les al- kalis 5 qui les mettent dans une forte d’état fa- vonneux, & les rendent folubles dans l’eau. Les principales couleurs de cette nature que l’on emploie pour teindre , font les fuivantes : a. Le rocou, efpèce de fécule qu’on retire, par la macération , des femences de Ÿurucu pu¬ tréfiées dans l’eau. Cette fécule fe dépofe pen¬ dant la putréfadion ; elle efi d’abord ronge , Sc elle devient briquetée par le laps du tems. On délaie cette pâte dans Feau avec Faîkali des cen¬ dres gravelées , que nous connoîtrons bientôt , Sl on plonge les matières à teindre dans ce bain. d’Hist* Nat. et de Chimie, y 19 Il s’y dépofe fans mordant une couleur jaune dorée ou orangée , alTez belle. h. La fleur de carthame ou de fafran bâtard ^ donne une couleur rouge très-belle par le même procédé. Cette fleur contient deux parties colo¬ rantes (Hflinéles ; l’une purement extradive & diflbluble dans l’eau ; l’autre réfineufe. Pour ob¬ tenir cette dernière , il faut retirer d’abord ce que le carthame contient de diflbluble dans l’eau par des lavages exaéls ; enfuite on la mêle avec des cendres gravelées ou de la fonde ; 011 lef- flve ce mélange , &: il fert ainfi à la teinture. Mais comme l’alkali en altère & en ternit la cou¬ leur 5 on trempe la matière teinte dans l’eau ren¬ due acide par le fuc de citron : cet acide s’em¬ pare de Talkali , & laifle la partie colorante qu’il avive & fait pafler au rouge. c* L’orfeille eft une" pâte qui fe prépare avec des mouflbs & des lichens qu’on fait macérer dans de l’urine avec de la chaux ; cette dernière dégage l’alkali volatil , qui développe la couleur rouge. L’orfeille, délayée dans de l’eau , donne une tein¬ ture fans autre apprêt , les aîkalis en tirent une couleur violette *, mais elle eft de faux teint ; elle s’altère à l’air, & les acides la jauniflent. d. L’indigo , dont le bleu eft foncé , violet , ^ comme cuivreux , eft une fécule que l’on pré¬ pare à Saint-Domingue^ aux Antilles, dcc. en fai- Kk iv 5*20 Leçons élémentaires ■ fant macérer dans des auges de pierre remplies d’eau 5 les tiges de l’indigotier ou anillo» L’eau de¬ vient bleue ; on la bat fortement , & la fécule fe précipite. L’indigo féparé de l’eau , efl mis dans des chauffes de toile pour le laiiïer égoutter ; 011 le fait enfuite fécher dans de petites cailTes de bois , & on le calTe en morceaux quand il eh fec. On le regarde comme bon quand il flotte fur l’eau , & qu’il brûle entièrement fur une pelle rouge. On en extrait la partie colorante par les alkalis , & on l’applique aux matières que l’on veut teindre , fans avoir befoin d’au¬ cune efpèce d’apprêt; on ne peut les aviver par les acides qui en altèreroient la couleur. 4®. Il y a quelques parties colorantes diflb- lubles dans les huiles. L’orcanette ou la racine rouge d’une efpèce de buglofe , communique fa couleur à l’huile. L’efprit de vin en diflbut aufli plufieurs ; les fécules vertes s’y dilTolvent ainfi que dans l’huile. Il efl aifé de concevoir qu’on ne fait point ufage de ces couleurs dans la teinture , parce qu’il efl impoflible d’y employer les fubf- tances néceflTaires pour les extraire. Telles font les principales connoiflances ac- quifes furies couleurs végétales. Il en réfulte que tous les principes immédiats des végétaux peu¬ vent être la bafe de ces parties colorantes ; puif- qu’on en trouve de favonneufes ^ de rélineu- d’Hist. Nat. et de Chimie. f2i fes 5 d’extradives. Quelques - unes même feni- blent être de la nature des huiles graiïes , puif- qu’elles ne font folubles ni dans Peau , ni dans Pefprit de vin , tandis qu’elles fe diflTolvent très- bien dans les alkalis. Enlin , il en eü quelques- unes analogues à la partie glutineufe , fuivant M. Rouelle. Il y a tout lieu de croire que des a'echerches fnivies fur cet objet , feront décou¬ vrir plufieurs autres propriétés dans ces matières qui font très-abondantes dans les végétaux, 6c qu’elles contribueront aux progrès de la teinture , l’un des arts auxquels la Chimie eli capable de rendre les plus grands fervices. •g=g.t: . -J LEÇON L I. De Vanalyfe des Plantes à feu nu. A PRÈS avoir examiné toutes les matières qu’on peut retirer des végétaux par des moyens fimples & incapables de les altérer ; après avoir regardé ces matières comme les principes im¬ médiats de ces corps , il eft néceffaire de con- fidérer quelles font les altérations qu’ils peuvent éprouver de la part du feu. Les anciens Chimihes ne coniioiiïoient guère 522 Leçons élémen taises que cette forte d’analyfe fur les végétaux; Sc toutes leurs recherches fur la nature de ces êtres , confiftoient à déterminer combien d’efprit , d’huile Sc de fel volatil ils donnoient à la cor¬ nue. Aujourd’hui l’on n’a plus de confiance dans ce moyen ; on fait que prefque toutes les plantes donileiit , à peu de chofes près , les mêmes pro¬ duits 5 & la diftillation d’un très-grand nombre de ces corps , faite par des Chimifles d’ailleurs fort eftimables Sc fort inflruits , n’a fervi qu’à _nous détromper fur cette analyfe. En effet , comment concevroit-on que l’adion du feu , qui s’exerce fur tous les principes différons conte¬ nus dans un végétal , tels que l’extrait , le mu¬ cilage 5 l’huile 5 la réfin e , la matière faline , Sc qui décompofe chacun de ces principes d’une manière particulière 5 pût éclairer fur la nature &:la quantité de ces principes , fur-tout lorfqu’on ob- ferve que les produits de ces diverfes décom- pofîtions s’uniffent entr’eux , & donnent naiffance à de nouveaux corps qui n’exiüoient pas dans le végétal qu’on examine f L’analyfe des végé¬ taux à la cornue , eh donc une analyfe com¬ pliquée , fauffe Sc trompeufe. Cependant, comme dans l’examen chimique d’une matière quelconque, on ne doit négliger aucun des moyens que l’art fournit pour en dé¬ couvrir la nature 3 on peut avoir recours à cette d’Hist. Nat. et de Chimie, 5*23 analyfe , afin d’en obferver les effets , bien pré¬ venu qu’on ne doit pas trop compter fur ce genre de recherches. Il arrive même quelque¬ fois que lorfque, dans le travail que l’on fait fur une fubllance végétale pour en reconnoître les propriétés chimiques , on compare les effets des luenftrues aqueux , fpiritueux & huileux fur cette fubllance, avec les altérations qu’elle éprouve de la part du feu , ces dernières s’accordent avec l’adion des diffolvans , Sc indiquent par les pro¬ duits de la dillillation , la matière contenue en plus ou moins grande quantité dans le végétal , la nature de fon fel , &c. Mais pour tirer ce parti de l’analyfe à feu nu , il faut , i"’. bien con- hoître l’adion du feu fur chaque principe im¬ médiat ou prochain des végétaux , tels que l’ex¬ trait 5 le mucilage , la matière faline , les fucs huileux , fluides ou fecs , Sec. 2®. comparer les produits de la dillillation du végétal entier avec ceux que donnent ordinairement les principes prochains , traités de la même manière ; 5®. ana- lyfer en même tems par les meiillrues le végé¬ tal, afin de reconnoître fes principes prochains, Sc de pouvoir tirer des indudions utiles fur les altérations que le feu lui fait fubir. Le procédé néceffaire pour dilliller les végétaux à feu nu , ell très-facile & très-fimple. On met dans une cornue de verre ou de terre, une quantité don- 5*24 Leçons êlémentaikes née du végétal fec ; on a foin de ne remplir ce vaiffeau qu’à la moitié ou aux deux tiers ; on place la cornue dans un fourneau de réver¬ bère ; oîi ajufte à fon col un ballon proportionné. Autrefois on recommandoit de fe fervir d’un ballon perforé d’un petit trou, afin de donner iiïue à l’air , qu’on difoit fe dégager en plus ou moins grande quantité des végétaux , Sc qui ex- pofe les vailfeaux à la rupture. Aujourd’hui l’on fait que le fluide aëriforme qui s’échappe de ces corps mis en diÜillation , n’eh prefque ja¬ mais de l’air , mais bien de l’acide crayeux ou du gaz inflammable. Or , comme ces fluides élaf- tiques font aufli bien des produits du végétal, décompofé par l’aclion du feu , que le phlegme, les huiles Sc les fels volatils , il efl important de les recueillir comme ces derniers ; à cet effet , l’on doit employer un récipient perforé , joint à un fyphon recourbé , dont une extrémité efl reçue fous une cloche pleine d’eau, ou mieux encore de mercure. Par ce moyen , les produits liquides fe raffemblent dans la capacité du réci¬ pient, Sc les produits aëriformes dans les cloches pofées fur la planche d’une cuve pneumato-chi- miqüe (a), Lorfque la fubflance que l’on dif- {a) On trouvera à la fin de ce Volume une planche dans laquelle j'ai fait graver cet appareil. M. Brongnian, Dé- d’Hist. Nat. et de Chimie. 5'2y tille eft fufceptible de fournir quelque fel con¬ cret, on met entre- la cornue Sc le récipient une allonge en fufeau , fur les parois de laquelle ce fel fe fubiime. Dans cette efpèce de diflillation on doit donner le feu par degrés 8c avec pré¬ caution , pour obtenir les produits dans l’ordre de leur volatilité, Sc pour les empêcher de fe confondre. On commence par quelques char¬ bons que l’on place fous la cornue , Sc on aug¬ mente peu à peu le feu jufqu’à ce que ce vaif- feau foit rouge, Sc qu’il ne paflh plus rien. On laiffe refroidir la cornue Sc on délutte l’appareil pour examiner chacun des produits que l’on a obtenus. Quoique la diflillation à feu nu des végétaux ne donne jamais que des produits fur lefquels on ne doit pas entièrement compter , ces pro¬ duits diffèrent cependant affez les uns des autres, pour devoir être foigneufement diflingués. Ce qui paffe en premier eft une liqueur aqueufe, chargée de quelques principes odorans Sc falins. nionflrateur de Chimie au Jardin du Roi, Artifte très- exercé & très-habile , employé cet appareil depuis quelques années dans tes Cours , & il en obtient le plus grand fùccès. Lorfqu’on veut faire une diflillation exade & recueillir tous les produits d^une matière minérale , végétale ou animale , pn doit toujours fè fervir de cette efpèce de récipient. y 26 Leçons élémentaires Ce phlegme prend peu à peu plus de couleur Sc plus de propriétés falines. Il lui fuccède une huile colorée , dont la couleur fe fonce à mefure que la diftillation avance , Sc qui prend en même- teins de la confidance Sc de la pefanteur. Cette huile ed tantôt légère Sc fluide , d’autres fois pe¬ lante Sc fufceptible de devenir folide. Elle exhale condamment une odeur forte Sc empyreuma- tique. Il fe dégage en même -tems qu’elle une plus ou moins grande quantité de fluides élaf- tiques , qui font ou de l’acide crayeux , ou du gaz inflammable, Sc le plus fouvent ces deux fubdances mêlées. C’ed auffi à cette même épo¬ que que fe fublime le fel volatil , lorfque le vé¬ gétal ed de nature à en fournir. Lorfque toutes ces matières font paflees , le végétal ed réduit dans l’état charbonneux. Revenons maintenant fur chacun de ces produits, Sc voyons quelle ed. leur nature , Sc à quelles fubdances ils doivent leur formation. Le phlegme ed dû à l’eau de compofition du végétal , Sc en partie à l’eau de végétation , fur-tout lorfque le corps analyfé n’ed pas en¬ tièrement fec ; ce qui fait qu’il ed plus ou moins abondant, fiiiyant la plus ou moins grande def- ficcation que le végétal a éprouvée avant d’être fournis à la didillation. Ce phlegme ed plus ou moins coloré en rouge par la petite quantité d^Hist. Nat. et de Chimie. ^'27 de matière huileufe qu’il enlève, & qui efl mis dans un état favonneux par le fel qu’il tient or¬ dinairement en diffblution. La matière faline qui lui efl unie , efl le plus fouvent acide -, c’efl pour cela qu’ordinairement il rougit le fîrop de vio¬ lettes 5 Sl fait effervefcence avec les alkalis crayeux» Cet acide appartient aux mucilages 8c aux huiles. Quelquefois le phlegme efl alkalin, comme dans la diftillation des plantes nitreufes , crucifères , des femences émulfives 8c farineufes. Souvent il efl ammoniacal, parce que l’alkali volatil qui fuccède à l’acide , fe combine avec lui. On s’af^ fure de ce fait en jetant un peu d’alkali fixe ou de chaux vive dans ce phlegme. Lorfqu’il efl ammoniacal , il fe dégage une odeur vive d’al¬ kali volatil. Quoique les acides des végétaux ne paroiflent pas être tous de la même nature ^ ceux que l’on obtient dans leur dilTolution pré- fentent les mêmes caraâères extérieurs , mais ils n’ont pas été affez examinés pour qu’on puilTe connoître entièrement leurs propriétés. Les huiles des végétaux obtenues par la diflil- lation à la cornue , font toutes très-odorantes , très- colorées , 8c offrent abfolument les mêmes pro¬ priétés. Les parties des végétaux qui contiennent une grande quantité de ces fluides inflammables, telles que les femences émulfives , donnent une grande quantité d’huile dans leur analyfe. Les yaS Leçons élémentaires plantes odorantes en fournifTent une qui retient une petite portion de leur odeur dans le com¬ mencement de la diilillation , mais qui prend bientôt les caractères de toutes ces huiles , c’eft- à-dire , la couleur , la pefanteur 3c Fodeur em- pyreumatique qui les diliinguent. Tous ces flui¬ des font trcs-infiammables ; l’acide nitreux les enflamme *, ils font diiïblubles dans l’efprit de vin 5 & ils fe relTemblent tous de quelque végé¬ tal qu’on les retire. On peut , par la recliiîca- tion 5 les rendre toutes très-fluides , très-légères , fans couleur, en un mot dans l’état d’huiles éthé- rées ou elTentielles. Quant au fel volatil, qui n’efl que du fel am¬ moniacal crayeux , on ne l’obtieiiî que de quel¬ ques végétaux ; mais il ne faut pas croire, comme l’ont avancé quelques Chimifles, qu’on ne le re¬ tire que des crucifères. En général , toutes les plantes qui contiennent beaucoup de nitre , d’al- Icali fixe 3c d’huile , en fournifTent, Il efl très-rare cependant qu’on en obtienne une certaine quan¬ tité dans l’état concret; fouvent il efl difTous dans les dernières portions de phlegme. Ce fel paroît être dû à l’adion réciproque de l’huile Sc de l’al- bali fixe : voilà pourquoi il ne pafle le plus fou- vent qu’à la fin de la diftillation. Il paroît même c|iie celui qui efl emporté par le phlegme dans î’analyfe de quelques plantes ^ comme les cruci¬ fères. b’Kïst. Nat. et de Chimie. 5*29 fères, le pavot , la rue , Scc, eft toujours le produit d’une combinaifon nouvelle , puifque M. Rouelle le jeune a démontré que les premières n’en con¬ tiennent pas dans leUr état naturel, I es fluides élafliques qui fe dégagent pen¬ dant la diflillation des végétaux , doivent être compris parmi les produits qu’on en obtient. Il paroît que leur nature dépend de celle du vé¬ gétal. Une plante qui contient beaucoup de fluides combuflibles huileux , fournit du gaz inflammable. Les mucilages donnent au con¬ traire de l’acide crayeux. Nous avons dit à l’ar¬ ticle du fucre , que MM. Bergman 8c Fontana avoient retiré de fon acide une grande quantité d’air fixe , & que ce dernier Chimifle croyoit que les acides végétaux étoient formés en grande partie de ce fluide élaftique. Il n’efl: donc point étonnant que les mucilages dans lefquels M. Berg¬ man a trouvé le même acide que dans le fucre , donnent de l’acide crayeux à l’analy fe. Ces fluides aëriformes ne paflent que vers la fin de la difi» tillation , parce qu’ils ne fe dégagent que dans Finftant où le végétal fe décompofe entièrement. Males y qui ne connoiflbit point leur nature , ^oit obfervé que la quantité d’air dégagé pen¬ dant la diflillation des végétaux étoit d’autant plus grande , que ces derniers étoient plus fo- Hdes ; 8c il regardoiten conféquence cet élément Tome IL L1 jjo Leçons élémentaikes çomme le ciment Sc la caufe de la folidité desî corps. On voit, d’après ce que nous venons d’expofer, ce qu’il faut penfer de cette hypo- ihèfe. Du Charbon vépétaU Le charbon efl le réfidu noir que laiflent les matières végétales après qu’elles ont éprouvé une décompofition complète de leurs principes volatils dans les vailTeaux fermés. La propriété de donner du charbon n’appartient qu’aux ma¬ tières organiques qui contiennent la fubüance com- buftible nommée huile. C’eft à la décompofition de cette dernière qu’on attribue exclufivement la formation de la fubfiance dont nous nous occupons. ' Le charbon efi en général noir , cafTant , fo- nore de peu folide. Il retient la forme du végé¬ tal , lorfque ce dernier étoit très-confiflant , de ne contenoit que peu de fluides. Si , au con¬ traire , on décompofe une plante tendre de qui contient beaucoup de fucs , ces derniers en fe dégageant , détruifent le tiflii organique , de don¬ nent un charbon friable qui ne préfente plus la forme du végétal décompofé. Les difîerentei matières végétales fournilTent des charbons plus ou moins abondans, fuivant la folidité de la forme ,de leur texture. Les bois en donnent beaucoup d’Hist. Nât. et de Chimie, j’31 plus que les herbes ; les gommes plus que les réfiîies ; & ces dernières pltrs quô les huiles fluides. Le charbon efl un corps qui jouit de pro¬ priétés très - fingulières , Sc qui font en général peu connues. Quoiqu’il foit très - important en Chimie , & qu’il préfente des phénomènes tout- à-fait particuliers , aucun Chimifte n’a encore en-^ trepris des recherches fuivies pour découvrir fa nature. Stahl le regardoit comme le princi¬ pal foyer du phlogiflique ; Sc c’eftle Chimifle qui s’en efl le plus occupé. Ce qu’on fait des pro¬ priétés du charbon appartient prefqu’entièrement à.l’ufage économique qu’on efl; obligé d’en faire ^ & les travaux des Savans fur cet objet n’offrent encore rien de complet. Le charbon, quant à fes propriétés phyfiqupsj diffère , fuivant l’état Sc la nature des végé-* taux qu’on a employés pour le former. Il efl tantôt dur , Sc conferve alors une partie de l’or- ganifation du végétal ; d’autres fois il efl friable Sc comme pulvérulent. Les huiles pures en don¬ nent un qui cft en molécules très-fines, & comme porphyrifées ; c’efl le noir.de fumée. Sa pefan- teur varie auffi fuivant les mêmes circonflances. Lorfqu’il efl bien fait , il n’a ni faveur , ni odeur fenfibles. Sa couleur fuit auffi les variétés de fes autres propriétés phyfiques. En effet , il efl d’un Llij 552 Leçons élémentaires noir plus ou moins foncé , brillant ou mat. Mais Fexamen le plus important de ce produit du feu concerne fes propriétés chimiques. Le charbon expofé au feu le plus violent dans des vailTeaux fermés , ne s’altère en aucune ma¬ nière, Si on le chauffe dans un appareil pneu- niato-chimique , il donne une certaine quan¬ tité d’un gaz inflammable particulier , que nous ferons connoître plus bas ; il ii’efl: aucunement altéré dans cette expérience. Si, au contraire , on le chauffe avec le contaéï de l’air , alors il brûle & fe réduit en cendres , mais avec des phénomènes particuliers , qu’il efl effentiel de diflinguer avec foin de ceux des autres matières combuflibles. Dès qu’il s’allume , il rougit , il s’embrafe , il préfente une flamme blanche d’au¬ tant plus confidérable qu’il efl en plus grande maffe. Il n’eKhale aucune efpèce de fumée; il répand, dans l’atmofphère dont il abforbe la portion d’air pur, une vapeur ou un gaz meur¬ trier , qui paroît n’être que de l’acide crayeux; enfin , il fe confume peu à peu Sc laiffe une cendre plus ou moins blanche , en partie faline Sc en partie terreufe. Les différons charbons va¬ rient par leur inflammabilité , Sc c’efl même là îa diflinétion des charbons la plus utile pour les artsi les uns brûlent facilement avec flamme ^ Si fe confument très-vite ; les autres ne s’alla-^ d’Hîst. Nat. et de Chimie, yjj ment qu’avec difficulté , ne brûlent que îeiite« ment 5 ôc ne fe réduifent en cendres qu’après avoir été' tenus rouges pendant long -teins. lien efl même quelques - uns , tels que ceux des hui¬ les, qui ne brûlent qu’avec la plus grande diffi¬ culté. La combuflion des charbons a été expliquée différemment par les différens Chimiftes. Stakl penfoit qu’elle n’étoit due qu’au dégagement du phlogiftique. M. Macquer a adopté cette opi¬ nion , en y ajoutant que Pair pur eff abforbé en même-tems que le phlogiftique s’évapore. Ce qu’il y a de plus frappant dans ce phéno¬ mène , c’eft la petite quantité de réfîdu que donne le charbon après fa combuftion ; il fem- ble que toute cette fubftance foit entièrement évaporée , & c’eft vraifemblablemeiit ce qui ar¬ rive. M. Lavoifier frappé fans doute de ce fait im¬ portant 3 a cru pouvoir avancer dans un très-bon Mémoire fur la combuftion ( Acad^ atin. J777 )} que le charbon s’approprie la bafe de Pair {a) , & forme' avec elle un acide fui generis , qui eft Pair fixe ou acide crayeux, tandis que la por- (i^j) Il faut fe rappeler que ce Chîmifle confidère faic pur ou déphlogiftiqué , comme formé d*une bafê unie avec la matière du feu, qui lui donne Ton aggrégatîon de fluide ^Baflique. 5'34 Leçons élémentaîres^ tion de la matière du feu qui étoit le diiïbivant de cette bafe, eft dégagée Sc fe préfente fous la forme de flamme Sc de lumière qui lui eft propre. Suivant cette opinion, l’acide crayeux eft une combinaifon du charbon avec la bafe de Pair. Pour nous , nous adoptons une hypo- thèfe qui nous paroît plus fimple ; le gaz inflam¬ mable , dégagé en grande quantité du charbon, fe combine avec Pair déphlogiftiqué de PatmoC phère, Sc forme de Pacide crayeux qui ne pa¬ roît être qu’une combinaifon de ces deux corps. Ainfi le gaz inflammable eft à Pacide crayeux, ce qu’eft le foufre à Pacide vitriolique , le gaz îiitreux à Pacide nitreux , Sec. Cela s’accorde d’autant mieux avec les faits, que le gaz inflam¬ mable du charbon précipite Peau de chaux, lorf qu’on le fait brûler au-deffus de ce fluide, Se pa¬ roît véritablement fe convertir en acide crayeux, en fe combinant avec Pair pur pendant fa corn- buftion. Ce fait que j’avois obfervé un grand nombre de fois , Sc communiqué à M. Bucquet^ me paroifToit très-propre à favorifer la dodrine qhe j’ai préfentée fur la nature du gaz inflam¬ mable Sc de Pacide crayeux, Sc j’ai eu le plaifir de le voir confirmé par M. Lavoijier dans fon Mémoire fur le pyrophore ( Acad. ann. ijjj), dont'" je n’avois aucune connoifTance avant fa publication. Au refte, quelle que foitlacaufe des d’Hist. Nat, et de Chimie, 5*35^ phénomènes de cette combultioii) Sc quelque hypothèfe qu’on adopte fur cette caufe , les faits expofés n’en font pas moins vrais , Sc c’efl à ces faits feuis qu’on doit s’arrêter. Le charbon expofé à l’air en attire l’humî- dité , vraifemblablement parce qu’il eft très-po¬ reux, Sc peut-être auffi en raifon des fels qu’il contient 5 quoique ces fels n’y foient point à nu. L’eau ne l’altère en aucune manière ; il n’éprouve non plus aucun changement des ma¬ tières terreufes ; mais prefque toutes les fubf- îances falines font fufceptibles d’agir fur lui. M. Rouelle a reconnu que l’alkali fixe en dif- fout une quantité conhdérable par la fufion. L’acide vitriolique le décompofe dans les vaif féaux clos, fnîvant M. Baume , lorfqu’on diftille jufqu’à fîccité un mélange de cet acide avec le charbon. L’acide nitreux agit d’une manière beaucoup plus rapide fur cette fubfiance. M. Priejîley avoit obfervé qu’il fe produit beaucoup de gaz nitreux dans ce mélange. M. Macquer a vu que l’acide nitreux fait une effervefcence très-fenfi- bîe avec ce corps , à l’aide d’un certain degré de chaleur. M, Proujl a réuffi à enflammer le charbon avec un acide nitreux qui pefoit une once quatre gros vingt - trois grains , dans une bouteille qui tenoit une once d’eau diflillée. Ll iv. Leçons êlémentaîkis Les expériences de ce Chimifte font fi neuves! 8c fi importantes , que je crois devoir les rap¬ porter ici telles qu’il les a décrites lui- même dans fes Obfervations fur des pyrophores fans alun , Scc. inférées dans le Journal de Médecincj Juillet 1778. ce Un charbon d’extrait de carthame réduit St) en poudre Sc récemment calciné , détonna 33 très-vivement avec l’acide nitreux , 8c la ra- 33 pidité de l’embrafement éleva la poudre com- >3 me une gerbe d’artifice très-jolie ; je calcinai >3 de la poudre très-fine de charbon ordinaire , 3> la détonnation réufiit très-bien. 33 J’introduifîs environ un gros de poudre de 33 charbon dans une cornue de verre très-sèche ; 33 j’y verfai enfuite environ un gros d’acide nî- 33 treux : celui - ci n’eut pas plutôt gagné le 33 fond de la cornue , que la détonnation fe fit 33 avec la plus grande rapidité j il fortit du bec 33 de la cornue , pendant que je la tenois à la 33 main , un jet de flamme de plus de quatre 33 pouces de long , qui entraîna avec lui de la 3? poudre Sc des vapeurs très - foncées d’acide 33 nitreux. Ces vapeurs fe condensèrent en une 33 liqueur verte Sc peu fumante; c’étoit de l’a- 33 eide nitreux afîbibli par l’eau qui eiitroit dans 33 la compofition de celui qui détonna le pre- 33 mier. Je reverfai de nouvel acide nitreux fur d’Hist. Nat* et de Chimie. 5*37 le charbon qui reftoit dans la cornue ; je Fen- 33 fl animai de même jufqu’à ce que j’en euflTe 33 épuifé toute la quantité. 33 J’ai répété cette expérience avec du noir 33 de fumée calciné • elle fe comporta de la 33 même manière : on ne retroave dans la cor- 33 nue qu’une très-petite portion de cendre , quel- 33 quefois à demi vitrifiée Sc adhérente au fond 33 de la cornue. • 33 Tous les charbons généralement fe char- 33 gent d’une aflTez grande quantité d’humidité ; 33 il m’a paru que du charbon calciné Sc garde 33 du foir au lendemain , n’étoit plus propre à 33 ces détonnations , parce qu’il s’étoit fenfible- 33 ment humedé dans cet efpace de tems. Mais ,33 ce qu’il y a de plus fingulier, c’efl: que ces 33 expériences font capricieufes Sc ne réuffifTent 33 pas toujours, quoiqu’avec le même charbon, 33 le même acide 8c les mêmes proportions- 33 Voici un tour de main qui m’a femblé en 33 affurer le fuccès, c’efl que fi l’on verfe l’acide 33 fur le milieu de la poudre , elle ne s’enflamme 33 pas ; fi au contraire on laifTe couler l’acide 33 fur le bord du creufet ou de la capfule , 8c 33 qu’il fe rende au fond , la détonnation part de 33 ce point , la poudre fe foulève 8c s’embrafe 33 par l’acide nitreux ; lorfque l’acide nitreux 33 vient à manquer , la détonnation cefTe d’elle- Leçons ÉLéMENXAiRES 33 meme , Sa le charbon qui l’environne relie 33 noir 33. On ne connoît pas l’aâion des autres acides fur le charbon. Ce corps .déconipofe à l’aide de la chaleur tous les fcls vitrioliques , & il forme du foufre avec leur acide. Il fait détonner le nitre qui Je brûle à l’aide de l’air pur qu^il fournit par l’aâion du feu. On fait pour la Chimie 8c la Pharmacie une préparation, qu’on appelle nitre fixé par le char¬ bon. On mêle deux parties de nitre & une par¬ tie de charbon en poudre ; on projette ce tnê- lange dans un creufet rougi au feu* il s’excite une détonnation vive. Lorfqu’elle eft cefTée , il refte une maiïe blanche qui attire l’humidité de l’air , Sc qui n’eft que de l’alkali fixe du ni¬ tre 8c du charbon ; en leflivant cette matière , l’eau diffbut l’alkali fixe, 8c il ne refte plus qu’une fubftance regardée comme terreufe. Le foie de foufre diflbut le charbon avec beaucoup de facilité par la voie sèche 8c par la voie humide; c’eft meme la fubftance qui s’y combine le plus facilement. Cette découverte eft due à M. Rouelle. Les métainè ne s’uniftent point au charbon , mais leurs chaux paflTent à l’état métallique , lorf- qu’oii les chauffe plus ou moins fortement avec d’Hist. Nat. bt de Chimie. 5*59 ce corps. Nous avons vu à l’article des métaux: comment on peut concevoir ce phénomène , ' Sc quelles font les diverfes opinions des Chi- mifles fur cet objet. On a peu examiné l’aélion des fubdances vé¬ gétales fur le charbon. On fait feulement que lorfqu’on mêle ce dernier avec des huiles graf- fes , on peut les rendre par ce moyen inflam¬ mables par l’acide nitreux ; ce qui confirme la belle théorie de M. Rouelle fur l’inflammation des huiles par cet acide. Tout ce que nous avons expofé fur les pro¬ priétés connues du charbon , tend à prouver que ce corps efl un compofé d’une matière combuflible , de fubflances falines , de terre Sc d’un peu d’eau. Peut-être la matière combuf- tible qui fait plus des trois quarts du charbon, eft-elle du gaz inflammable ; c’efl au moins ce que les faits énoncés plus haut femblent indi¬ quer. Au refle, il faut un plus grand nombre d’expériences fur ce fingulier produit, pour qu’on puifle encore prononcer fur fa nature Sc fur fes principes. Des Sels fixes des végétaux. Lorfque l’on a brûlé un charbon végétal , il refle une matière grife , noirâtre ou blanche , fuivant la nature de ce charbon \ cette matière jqo Le çons élément aires nommée cendre , eft fort compofée *, loiT- qu’elle eft bien faite, elle ne contient que dif¬ férentes matières falines Sc terreufes, mêlées fouvent avec du fer ; lorfque le charbon étok peu combuflible , elle contient encore quelque¬ fois un peu de matière inflammable. M. Lavoir Jîer, en examinant les cendres de bois employées par les Salpêtriers , y a trouvé des matières ex- tradives Sc réfîno-extradives. On a donné le nom de fels fixes des plantes aux fubiîanees falines que Fon retire par la leffîve de leurs cendres. On fe fert de l’incinération des végétaux , pour obtenir trois efpèces de fels qu’il efi nécefiaire de connoître. ï®. La potaffe , d’où Fon retire l’alkali fixe végétal , fe prépare dans le Nord , en brûlant le bois 5 qui y efi fort abondant. Ce fel efi fort impur j il contient fouvent des matières com- buftibles, qui en altèrent la blancheur ; beaucoup de. fels neutres , tels que de la félénite , du tartre vitriolé , du fel de Glauber , du fel fébrifuge ^ du fel marin , Sc un peu d’alkali minéral ; du fer Sc des fubftances terreufes. Pour purifier ce fel , & en extraire Falkali fixe végétal , dans fon état de pureté , on le fait difibudre dans la plus petite quantité poffible d’eau froide. Ce fluide fe charge de Falkali , &: de quelques fels neutres , & on le fépare par le filtre , de la terre > du char^ d’Hist. Nat. et de Chimie» 5*41 bon 5 du fer & de la félénite que contient fouvent lapotaOfe. On évapore cette diffoiution jufqu’à pellicule 5 Sl on y laiffe fe former par le repos & le refroidilTement les criftaux des divers fels neu¬ tres qu^elle contient ; lorfqu^après plufîeurs filtra¬ tions y évaporations & criilallifations , cette lef- five ne donne plus de fels neutres , on levapore à liccité 3 & on la calcine. Ce fel eft alors de Falkali végétal crayeux affez pur ; il contient ce¬ pendant toujours quelques fels neutres , & un peu de matières terreufes ^ qu’on peut encore en féparer en lailTant repofer une diiïblution bien chargée de cette potaffe purifiée , & en fé- parant parle filtre le dépôt qui s’y forme. On peut alors l’employer avec sûreté aux expé¬ riences de Chimie les plus délitâtes. :2®. La foude ^ d’où l’on retire l’alkali minéral , efi le réfîdu de la combuftion des plantes qui croiffent fur le bord de la mer. On la prépare a Alicante , en Efpagne , dans le Languedoc 5 à Cherbourg 5 &c. Elle fe fait en brûlant diffé¬ rentes fortes de plantes ; à Alicante on emploie les kalis , à Cherbourg on fe fert des algues & des fucus connus fous le nom commun de varech; la première plante contient beaucoup plus d’alkali minéral que la fécondé 5 qui n’en donne prefque point. On brûle ces diverfes plantes bien sèches au-deflus d’une fofTe. A Cherbourg , lorfque k 5*42 Leçons élémentaires combudion.elt avancée , Sc que les cendres font 1res - chaudes , on les agite Sz on les pétrit for¬ tement avec de gros bâtons. Par ce mouvement , cette fubdance, qui eh alTez chaude pour éprou¬ ver une forte de demi - vitrification , fe met en morceaux durs Sc folides , qu’on envoie dans le commerce fous les noms de fonde en pierre , falicore , falicote , la marie , alun catin. Les noms qui la diflinguent le plus , & qui annoncent fon état 5 font ceux du pays d’où on la tire , ou de la plante qui la fournit. La fonde d’Alicante , ap¬ pelée aufli fonde de barille, eh la meilleure pour la Chimie Sc tous les arts où l’on a befoin de la préfence de beaucoup d’alkali fixe minéral. La fonde de Cherbourg ou de varech , eh celle qui contient le moins d’alkali , Sc qu’on doit re¬ jeter en Chimie , quoique pour la verrerie , on l’emploie avec beaucoup de fuccès , parce que la fritte vitreufe qu’elle préfente remplit les vues des Verriers , Sc facilite la vitrification. La fonde , confidérée chimiquement , eft un compofé d’al¬ kali minéral , d’alkali végétal quoiqu’en petite dofe 5 de tartre vitriolé , de fel de Glauber , de fel marin , de charbon , de fer à l’état de bleu de PruiTe , fuivant l’obfervation de Eenckely Sc de terre en partie libre , en partie combinée avec l’alkali fixe , comme dans celle de Cher¬ bourg. Pour féparer ces fubflances , Sc obtenit d’Hist. Nat. et de Chimie. 5*45 î’alkali minéral pur , on la leffive avec de l’eau diftillée froide ; on filtre cette leffive pour fé- parer la terre , le fer ôc les matières charbon- neufes; enfuite on l’évapore, comme nous l’avons dit pour la potafle. On ne purifie pas fi bien cet alkali que celui de la potafTe , parce que comme il criftallife plus facilement , il entraîne dans fa criftallifation les fels neutres qu’il con¬ tient. 3®. On prépare en Pharmacie des fels fixes , qui font connus fous le nom de Takenms, Le procédé de ce Chimifte confîfle à mettre dans une marmite de fer la plante dont on veut retirer le fel ; on fait chauffer ce vaifleau jufqu’à ce que fon fond foit bien rouge ; la plante , qu’on remue continuellement , exhale beaucoup de fumée y elle s’enflamme ; alors on couvre la marmite avec un couvercle qui laiffe diffiper la fumée en fuffoquant la flamme. Par ce moyen , la plante fe confume peu à peu; lorfqu’elle efi réduite en une efpèce de cendre noirâtre , on la leffive avec l’eau bouillante , Sc en évaporant cette leL five à ficcité , on obtient un fel jaunâtre ou brun. Ce fel eft fouvent alkalin ; mais il efl fort im¬ pur ; il contient beaucoup de matière extraélive qui le colore , 8c qui fe trouve mêlée avec tous les fels neutres que la plante contenoit ; il eff dans une forte d’état favonneux , ce qui le fait 5^4 Leçons élémentaires employer en Médecine avec quelque fuccès ^ mais il ne faut pas croire qu’il ait les mêmes vertus que la plante d’où on l’a extrait , puifquc la combuÛion en a altéré nécelTairement les principes. Enfin, il feroit important d’examiner par l’analyfe chimique les diiférens fels fixes des plantes , préparés à la manière de Takenius , pour découvrir les différentes . fubllances falines extractives qu’ils contiennent , &; pour pou¬ voir déterminer leurs vertus & la dofe à laquelle chacun d’eux doit être adminiftré. T)es Terres végétales, Lorfqu’on a enlevé par la leiïive des cendres des végétaux , tout ce qu’elles contenoient de matières falines , il ne relie plus qu’une fubllance pulvérulente , plus ou moins blanche ou co¬ lorée 5 infipide , infoluble dans l’eau , & qu’on a regardée jufqu’à préfent comme des terres. On peut en retirer du fer par le barreau aimanté. Ce métal étoit tout formé dans le végétal ; & quel¬ ques Naturalilles ont penfé que c’elt àlui que font dues les couleurs des plantes. M. Baume , qui , dans fon Mémoire fur les argiles , a fait mention du réfidu terreux des végétaux , allure qu’il forme avec l’acide vitriolique de l’alun & une efpèce de félénite un peu différente de celle qui elt pro¬ duite par la terre calcaire pure ^ les autres acides donnent \ b’Hïst. Nat. et de Cïiîmîë* 5*4^ donnent avec ce réfîdu des fels fpathiques , Sc uii peu de fels martiaux. M. Baumé croit , diaprés cela, que la terre des végétaux eft formée d’ar¬ gile, ,<&. d’une terre voifîne des terres calcaires j quoiqu’elle diffère feiifiblement , fuiyant lui , de ces dernières , en ce qu’elle ne forme point de chaux vive par Fadion du feu. I! penfe que l’ar¬ gile eil formée dans ces êtres par les collifîons qu’y éprouve la terre vitrifîable , Sc par l’adion des acides auxquels èlle fe combine ; que l’ar¬ gile une fois formée , paffe à l’état de terre cal¬ caire par les nouvelles élaborations qu’elle fubit dans les 'filières des végétaux. Qu’il nous foit permis d’obferver que les dé¬ couvertes faites en Suède fur la nature faline des os des animaux , qui font à ces êtres ce que pa- roît être le tiffu fibreux des végétaux , femblent annoncer que le réfidu de ces derniers n’efl rien moins qu’une terre. Peut-être qu’une analyfe exade , telle qu’on n’en a point encore faite fur cet objet , apprendroit que ce qu’on a pris pour une matière terreufe , n’efi: qu’un fel phofpho- rique calcaire. Au moins eft-il permis de le foup- qônner , d’après les travaux de M. Margraf^ qui a retiré du phofpHore de la graine de finapî & de plufieurs autres femences. Tome IL Mm y^6 X E Ç O N s É L É M E N TA f R E ■a-:..." LEÇON' LIL De la Fermentation en généraL A PRÈS avoir confidéré les végétaux tels que la nature nous les préfente , il faut connoître les changemens Sc les altérations qu’ils font fufcep- îibles d’éprouver dans différentes ckconftances : ces altérations , qui dépendent entièrement de leur nature , font toujours dues à un phénomène que l’on appelle feriuentation. La fermentation eft un mouvement fpontané ^ qui s’excite dans un végétal , &: qui en change totalement les propriétés. Ce mouvement eft propre aux fluides des corps organiques , 8c il n’y a que les fubftances élaborées par le prin¬ cipe de la vie végétale ou animale qui en foient fufceptibles. Les Chimiftes n’ont pas affez in- fifté fur cette importante vérité , dont l’applica¬ tion aux phénomènes des êtres organifés , eft ftngulièrement utile au Médecin. J1 y aplufieurs circonftances néceflaires à toute, cfpèce de fermentation.. Telles font : I®. Un certain degré de fluidité; en effet ^ des fubftances sèches n’éprouvent aucune efpèee de fermentation» d’Hîst. Nat. tt de Chimie. J47 . 2°. Une chaleur plus ou moins forte. Les degrés dé chaleur varient pour chaque efpèce de fermentation ; mais le froid les arrête toutes. 3°, Le contad de Pair. C’eft pour cela que les corps fe cou fervent très-bien Sl fans aucune altération fous le vide. Les Chimihes ont diflingué, d’après Boerhaave^ trois efpèces de fermentations ; la fpiritueufe , qui fournit de refprit ardent la fermentation acéteufe , qui donne le vinaigre ou Tacide ; la fermentation putride ou la putréfadion , qui pro¬ duit de Falkali volatil. Il faut obferver qu’il y a pluiieurs mouvemens fermentatifs , qui fem- blent ne point appartenir à ebs trois efpèces ; telles font peut-être la fermentation panaire , celle des mucilages fades , celle qui développe des parties colorantes , différens objets que nous confîdérons comme conditions néceffaires à la fermentation fpiri¬ tueufe. Ces conditions font , 1°. un mucilage fucré. U n’y a que cette matière qui foit fufceptible de paffer à la fermentation fpiritueufe. 2°. Une fluidité un peu vifqueufe. Un fuc trop fluide ne fermente pas plus qu’un fuc trop épais. 3®, Une chaleur de dix à quinze degrés au thermomètre de Réaumur, 4°. Une grande mafle , dans laquelle il puiiTe s’exciter un mouvement rapide. 5®. L’accès de l’air , fans lequel elle ne peut avoir lieu* i^’HrsT. Nat. êt de ChTmie, IL Des phénomènes de la Fermentation fpiritueufe. Lorfqiie les cinq conditions que nous venons d’indiquer font réunies , alors la fermentation fpiritueufe a lieu , on la recpnnoît à des phé¬ nomènes conflans qui la caraélérifent. Voici ce que l’obfervation a appris fur cet objet. î°. Il s’excite dans la liqueur un mouvement qui va en augmentant jufqu’à ce que la fermen¬ tation foit bien établie. 2°. Le volume du mélange efl; bientôt aug¬ menté 3 &: cette augmentation fuit la progreiïion du mouvement. 3'’. La tranfparence de la liqueur efl troublée par des filamens opaques qui font agités &: por¬ tés dans tous les points de ce fluide. Il fe produit une chaleur qui va jufqu’à dix-huit degrés , fuivant M. l’Abbé Rosier, 5'®. Les parties folides mêlées à la liqueur s’é¬ lèvent 8c la furnagent à caufe de l’air qui s’y développe. 6°. Il fe dégage une grande quantité de gaz acide crayeux , ou d’air fixe. Ce gaz forme au- defllis des cuves une couche que l’on diflingue facilement de l’air. C’eft dans cette couche que M. Frieflley 8c M. le Duc de Chaulnes ont fait leurs belles expériences. Les bougies^ s’y Mm iij jyo Leçons Elémentaires éteignent , les animaux y meurent ; la chaux dif» foute dans Feau y efl précipitée en craie ; les alkalis caufliques criflallifent parfaitement, C’ell çet acide contenu fur les cuves en fermentation qui expofe à un danger fi grand les hommes qui y travaille nto 7°. Le dégagement de ce' gaz eh accom¬ pagné de la formation d’un grand nombre de bulles 5 qui. ne font dues qu’à la liqueur vif- queufe que l’acide crayeux eh obligé de tra- verfeiv Tous ces phénomènes s’appaifent à mefure que la liqueur , de douce Sc fucrée qu’elle étoit , devient vive, piquante & fiifceptible d’enivrer. §. IIL Des diverfes Matières fufceptibles de püJJ'er à la fermentation fpiritueufe. Le befoin a fuggéré aux hommes de pré^ parer des liqueurs fermentées avec un grand nombre de fubhances végétales differentes les unes des autres ; mais l’expérience a con¬ vaincu qu’il n’y a que les matières fucrées qui font fufceptibles d’en former. Parmi ces der¬ nières 5 celles dont on fait le plus d’ufage, &: qu’il eh par conféquent néceffaire d’examiner, font les fuivantes, î^. Le fuc de raifin produit le vin propre¬ ment dit, lameÜleure de toutes les liqueurs fer- e’HîS’T/Nat. et de Chimie, j'j'îl fxientées. Pour bien connoître Fart du Vigneron 3 dont l’objet eR très-important pour les befoins de la vie , il faut examiner la nature du ter- cein où croît la vigne. On fait qu’un fol fec 8c aride eR en générai très-bon pour cette plante a Sc qu’une terre grade &c forte ne lui convient pas. 2"". Le travail Sc la culture de ce végétal; on le taille j on en courbe les branches pour ar¬ rêter le cours de la sève : on a foin que la vigne foit expofée au foleil , & fur-tout à la réverbé¬ ration de fes rayons par la terre , Scc, on ne lui fournit point d’engrais , Scc, 3°, L’hiRoire de la végétation de la vigne , de fon expofîtion , de fa Roraifon , de la formation du raifin , de fa matu¬ rité; q.®., celle des accidens auxquels elle eR ex¬ pofée , tels que la gelée , la pluie abondante 3 l’humidité ; le tems de la vendange , qui doit etre fec & chaud. Ces connoiRances prélimi¬ naires une fois acquifes , on doit confidérer l’art de faire le vin , qui confiRe à mettre les raifins égrappés dans une cuve , à les expofer à une cha¬ leur de quinze à feize degrés , à les écrafer , à les fouler 5 à les agiter ; alors la fermentation s’y excite , 8c tous fes phénomènes ont lieu. Le fuc de raiGn , ou le moût , ne doit être ni trop fluide , ni trop épais; dans le premier cas , on l’épaiflit par la cuiflbn ; dans le fécond , on le délaye avec de l’eau. On doit confulter, fur cet objet, les M m iv ff2 Leçons élémentaires Ouvrages de M« l’Abbé Rosier & de M. Maupîni Lorfque le vin eft fait ^ on le foudre & on le meî dans des tonneaux qu’on ne bouche pas. Il éprou¬ ve une fécondé fermentation infenfible qui en combine plus intimement les principes ; il s’en précipite une lie fine Sl un fel connu fous le nom de tartre , que nous examinerons ailleurs» Pour îe conferver, on le foufre ou on le mute, en fai- fant brûler dans le tonneau où U eft contenu ^ des linges imprégnés de foiifre. Il eft encore important de connoître les dif- férens vins. La France en produit un grand nom¬ bre d’excellens. Ceux de Bourgogne font les meilleurs de tous pour Fufage journalier. Leurs principes font parfaitement combinés , & il n’y en a aucun qui domine. Les vins de l’Orléan- nois ont des qualités alTez femblables à ceux de Bourgogne , lorfque le terns a diftipé un peu de leur verdeur , & a enchaîné l’efprit ardent qui y eft excédent. Les vins rouges de Champagne font très-bons <&: très-délicats. Le vin blanc non mouf feux de ce pays vaut beaucoup mieux que le vin moufleux , dont le goût piquant &: aigrelet , ainfî que la propriété de mouftTer , dépendent de i’acide crayeux qui y a pour ainfi dire été ren¬ fermé lorrqu’on l’a mis en bouteille avant que la fermentation fût achevée. Les vins de Lan¬ guedoc & de Guyenne font foncés en couleur^ d’Hist. Nat. et de Chimie, yyj très " toniques 8c très - flomachiqnes , fur -tout quand ils font vieux. Les vins d’Anjou font blancs , fortfpiritueux, &: ils enivrent très-promp¬ tement. Quant aux vins étrangers , ceux d’Allemagne connus fous le nom de vins de Rhin 8c de la Mofelle 5 font blancs , très-fpiritueux ; leur faveur eft fraîche 8c piquante ; ils enivrent très-promp¬ tement. Quelques vins d’Italie , tels que ceux d’Orviette, de Vicence, le Lacrima Chrifti, &c. font bien fermentés ^ 8c imitent alTez les bons vins de France : ceux d’Efpagne 8c de Grèce font en général cuits , doux ^ peu fermentés , & très-mal fains. Il faut cependant en excepter ceux de Rota 8c d’Alicante, qui palTent, avec raifon , pour des flomachiques 8c des cordiaux très-utiles. 2°. Les pommes 8c les poires donnent le cidre Si le poiré ; ces efpèces de vins font alFez bons , Si on peut en tirer de bonne eau-de-vie , comme l’a démontré M. d'Arcet. 3°. Les cerifes fournifTent un alTez bon vin , dont on retire une eau-de-vie nommée par les Allemands kirchenwajj'er* Les abricots , les pêches , les prunes , en donnent de moins bon. 5“°. Le fiicre diOTous dans l’eau fermente faci¬ lement ; oq tire de cette efpèce de vin une eavi- jy4 'Leçons élémentaîkes de -vie nommée tafia y rhum ^ guiUive y véritable fubltance réfino-extradive que Pefprit ardent formé par la fermentation a enlevée de la pellicule des raifins. On voit , d’après cette analyfe, que le vin eft véritablement compofé d’eau , d’efprit ardent, de tartre, Sl d’une matière colorante. Nous connoilTons la nature Sc les pro¬ priétés de deux de ces fubftances, de Peau & de l’extrait colorant, il ne nous relie plus qu’à examiner celles de Pefprit ardent Sc du tartre. Avant de parler de ces deux matières, nous, devons dire un mot d’une fubilance qui fe pré¬ cipite du vin pendant la fermentation, Sc qu’on, appelle lie. C’eil un compofé de pépins , de. pelures de raifins , de tartre grofiier &; de tartre vitriolé. On en retire de Peau-de-vie en la dif- tillant à feu nu. Si on la traite à la cornue, elle donne du phlegme acide , de l’huile , de Paîkali volatil, & fon charbon contient du tartre vi¬ triolé Sc de l’alkali fixe. L’incinération de la lie du vin , faite à Pair libre , fournit un alkali fixe végétal caufiique Sc mêlé de tartre vitriolé , qui eU connu dans les arts fous le nom de cendres gra- velées. Les détails dans lefquels nous allons entrer fur les propriétés de l’efprit-de-vin Sc du tartre , compléteront ce que nous venons de dire fur la licr d’Hist. Nat. et de Ci-iîmie. leçons lui & liv. De VEfprit ardent. I^’Eau-de-vïe que Fon retire en dîflillant îe vin à feu nu, eft un compofé d’efprit ardent^ ’d’eau , &: d’une petite portion de matière hui- leufe. Pour féparer ces fubftances , & obtenir î’efprit ardent pur , on fe fert de la dillilla- îion. Il y a plufieurs procédés pour difliller i’efprit-de-vin. M. Baiimé confeille de difliller l’eau-de-vie au bain-marie un alTez grand nom¬ bre de fois , pour en tirer , tout ce qu’elle con¬ tient de fpiritueux. Il recommande de féparer îe premier quart du produit de la première dif* tillation , & de mettre également à part la pre¬ mière moitié du produit des didillations fui van¬ tes; on mêle enfemble tous ces premiers pro¬ duits , & on les reélifîe à une chaleur douce. La première moitié de liqueur qui pafTe dans cette reéhfication efl. Fefprit ardent le plus pur de le plus fort 3 nommé alkool du vin ; le refte eft un efprit moins fort , mais encore très-bon pour les ufages ordinaires. M. Rouelle preferivoit de re¬ tirer par la diftillation au bain-marie, la moitié I üe Feau-de-vie employée j ce premier produit 5(50 Leçons ÉLÉMENTAînËs ell de refprit de vin commun j en le redliiaiu deux fois , &: le réduifant environ à deux tiers , on obtient de Fefprit de vin plus fort , que Ton didille de nouveau avec de l’eau , d’après le procédé de Kunckel; l’eau fépare l’efprit de vin de l’huile qui l’altéroit : on reélifîe cet efprit dis¬ tillé avec l’eau , «Si on ell fûr alors de l’avoir par¬ faitement pur. Le réfidu de l’eau-de-vie dilliilée n’ell qu’une eau chargée de quelques parties co¬ lorantes , & furnagée par une efpèce d’huile par¬ ticulière. On conçoit que ce fluide peut , d’après les difîerens procédés que l’on emploie , avoir dif¬ férons degrés de force & de pureté. On a cher¬ ché depuis long-tems des moyens de reconnoî- tre fa pureté. On a cru d’abord que l’efprit de vin qui s’enflammoit facilement , «Si qui ne laiffe aucun réfidu , étoit très-pur : mais on fait aujour¬ d’hui que la chaleur excitée par fa combuflion, efl aflez forte pour diffiper tout le phlegme qu’il pourroit contenir. On a propofé l’épreuve de la poudre; lorfque l’efprit de vin allumé dans une cuiller fur de la poudre à canon , ne l’enflamme pas 5 il efl regardé comme mauvais ; fi , au con¬ traire 5 il y met le feu , on le juge très-peu. Mais cette épreuve efl fautive & trompeufe, car en met¬ tant beaucoup du meilleur efprit de vin fur peu de poudre l’eau qu’il fournit dans fa combuflion , humed^s ï)^Hist. Nat. et de Chimie. 561: ïninieéle la poudre , 8c elle ne s’allumera pas, tandis qu’on pourra l’enflammer en faifant brûler à fa furface une très-petite quantité d’efprit de vin phlegmatique. Ce moyen n’eft donc pas plus lur que le premier. Boerhaave a donné un très- bon procédé pour connoître la pureté de ce fluide ; il confifle à jeter dans l’efprit de vin du fel alkali fixe de tartre bien fec en poudre. Il s’unit à l’eau furabondante de l’efprit de vin , & il forme un fluide plus pefant 8c plus coloré que l’efprit ardent , 8c qui ne fe mêle point avec ce dernier qui le fumage. Enfin , M. Baume, fondé fur ce que l’efprit de vin eft d’autant plus léger que l’eau qu’il efi plus pur , a imaginé un aréo¬ mètre , à l’aide duquel on peut déterminer d’une manière exaéle le degré de pureté de ce fluide 8c de toutes les liqueurs fpiritueufes. Cet inflru- ment plongé dans l’efprit de vin, s’y enfonce d’au¬ tant plus , que ce fluide eft plus pur. Il s’eft aftliré par des expériences bien faites , que l’efprit de vin le plus pur 8c le plus reélifié donne trente-huit degrés à fou aréomètre. On peut voir dans fes Elémens de Pharmacie, depuis la pag.465 jufqu’à la pag. 479 , la manière de conftruire cet inftru- ment, ainfi que les réfultats que l’efprit de vin mêlé avec différentes quantités d’eau a donnés; ce qui peut fervir à faire reconnoître par comparai- fon l’efprit de vin qu’on examine au pèfe-liqueur. Tome IL N n y62 Leçons élémentaïeis L’efprit ardent pur obtenu par le procédé que nous venons de décrire , eiî un fluide tranfpa» rent, très-mobile, très-léger, qui pèfe fix gros quarante-huit grains , dans une bouteille qui tient une once d’eau diflillée. Son odeur eft péné¬ trante Sc agréable ; fa faveur efl vive Sc chaude. Il efl extrêmement volatil. Lorfqu’on le chauffe même légèrement dans des vaiffeaux fermés , il s’élève & paffe fans altération dans les récipiens ; il fe concentre par ce moyen, Sc il fe fépare du peu d’eau qu’il pourroit contenir. C’eft pour cela que les premières portions font les plus fuaves , les plus volatiles Sc les plus pures. Il efl bon d’obferver que lorfqu’on diflille de l’efprit de vin ^ il fe dégage toujours une grande quantité d’air j on auroit pu croire que c’efl la partie fpiritueufe la plus pure qui fe fépare de l’eau Sc qui fe vo- latilife dans l’état de gaz. Mais M. Priejlley a démontré que l’efprit de vin ne peut point ac¬ quérir cet état de gaz permanent. Lorfqu’on chauffe l’efprit ardent avec le contaél de l’air, il s’allume bientôt Sc préfente une flamme lé¬ gère , blanche dans le milieu , Sc bleue fur fes bords , il brûle ainfi fans laiffer aucun réfidu , lorfqu’il efl bien déphlegmé. Plufieurs Chimifles ont effayé de favoir ce que donne l’efprit de vin en brûlant. Ils fe font afïlirés que fa flamme n’efl accompagnée d’aucune fuie ni d’aucune fumée> Nat. et de Chimie, jdj Sc qu’èn recevant ce qui s’en volatilife , on n’ob¬ tient que de l’eau pure , infipide , inodore 8l abfo- îument dans l’état d’eau diftillée. On ne fait donc point ce que devient l’efprit de vin dans la com- builîon. Cependant M. Bcrthollet a remarqué que lorfqu’on fait brûler un mélange de cet ef- prit Si d’eau , le fluide réfîdu précipite l’eau de chaux ; cette expérience femble indiquer que l’efpiit ardent contient du gaz inflammable qui , par fa combuftion ou fa combinaifon avec l’air , forme de l’acide crayeux. Les Chimiftes, d’après les phénomènes que cet efprit préfente dans l’in¬ flammation 5 ont adopté differentes opinions fur fa nature. Stahl^ Boerhaave , & pîufieurs autres ont regardé ce fluide comme compofé d’une huile très-tenue d’un acide atténué Si d’eau. C’ell donc, fuivant cette opinion, une forte de favon acide. D’autres , à la tête defquels on doit placer MM. Cartheujer Sc Macquer, penfcnt que l’efprit de vin eft formé de l’union du phlogiftique avec l’eau. Chacun de ces fentimens eft appuyé fur des raifonnemens Si des expériences ; nous ver¬ rons celui que les faits favorifent davantage. L’efprit de vin expofé à l’air s’évapore à une température de dix degrés au-defflis de la glace , Si il ne laiffe aucune efpèce de réfidu, fi ce n’eff un peu d’eau , lorfqu’il n’eft pas très-déphlegmé. Cette évaporation à l’air eft d’autant plus rapide, N n ij j‘ pofée 5 en naêlant piufieurs teintures fimples ; telle eh la manière de préparer l’élixir de pro¬ priété 5 en unilTant les teintures de myrrhe , de fâfran Sc d’aloes. On peut féparer les réfines 8c les baumes de l’efprit de vin en verfant de l’eau fur les teintures , ou en les diftillant ; mais dans ces deux cas , l’efprit de vin retient le principe odorant de ces fubftances. L’eau n’efl; pas ca¬ pable de décompofei; les teintures formées avec les extraélo-réfineux ou les réfino-extraélifs , comme celles de rhubarbe , de fafran , d’opium , de gomme ammoniaque, Scc^ parce que ces ma¬ tières font également dilTolubles dans ces deux menftrues. L’efprit de vin 8c l’eau-de-vie ont des ufages très-étendus & très -multipliés. On boit la der¬ nière de ces liqueurs pour relever- les forces abattues ; mais l’excès en ' eft dangereux , parce qu’elle defsèche les fibres , 8c produit des trem- blemens , des paralyfies , des obftrudions , des hydropifies. On emploie l’efprit de vin pur , ou uni au camphre à l’extérieur, pour arrêter les progrès deMa gangrène. Les eaux difiillées fpiritueufes font adminiflrées en Médecine comme toniques , cordiales , anti- fpafmodiques, flomachiques , &c, On les donne y88 Le çons élémentaires étendues dans de Peau, ouadouciespardes firops* On fait , avec ces eau^lc & le fucre , des boit* fons connues fous le ncfm de rateras ou de li¬ queurs. Ces boiffbns bien préparées & prifes à petite dofe , peuvent être utiles ; mais en géné¬ ral elles conviennent à peu de perfonnes, &; elles peuvent être nuifibles à un très -grand nombre. L’excès de ces fortes de liqueurs comporte les plus grands dangers; & au lieu de 'donner des forces & d’augmenter celles de l’eftomac, comme on le croit aflez communément , elles produifent le plus fouvent un effet entièrement oppofé. Celles qui font les moins nuifibles, lorfqu’on en boit rarement & avec modération , doivent être préparées à froid avec une partie d’efprit de vin diftillé fur la fubffance aromatique dont on veut lui communiquer l’odeur , deux parties d’eau une partie de fucre royal. Les teintures ont à peu près les mêmes ver¬ tus que les , eaux diffillées fpiritueufes ; mais leur adion eff; beaucoup plus énergique ; aulTi ne les employe-t-on qu’à une dofe beaucoup plus pe¬ tite , on les donne en pillules ^ ou avec le vin , ou même dans des liqueurs aqueufes. Le pré¬ cipité qu’elles forment dans ce dernier cas eff également fufpendu dans le mélange , & d’ail¬ leurs la partie odorante refte en diffbliuion dans i’efprit de vin. ©’Hist, Nat: et de Chimie. jSp Enfin 5 refprit de vin uni à la réf|ne copal, à Thuile d’afpic ou de grande lavande v à celle de térébenthine forme des vernis que l’op nomme ficcatifs ; parce qu’en appliquant une (Jonche de ce compofé fur les corps que l’on vejut vernir , i’efprit de vin fe volatilife promptement^ Sc lailTe fur ces corps une lame réfîneufe tranfparente. Les huiles efTentielles qu’on y mêle empêchent ces vernis de fe deffécher trop promptement , 8c elles en préviennent la fragilité par l’onâuo- Cté qu’elles leur communiquent. LEÇON L V. Du Tartre. E tartre eftun feleffentiel acide uni à une por¬ tion d’alkaii fixe végétal 8l d’huile , qui fe dépofe fur les parois des tonneaux pendant la fermenta¬ tion infenfibledu vin. Il n’eft point un produit de la fermentation fpiritueufe , comme quelques Chimilles l’ont cru, puifque M. Rouelle le jeune l’a trouvé tout formé dans le moût 8c dans le verjus. Il eft fous la forme de plaques irrégulières , difpofées par couches, fouvent remplies de crif- taux brillans , d’une faveur acide 8c vineufe. On ^iflingue le tartre blanc &: le tartre rouge, qui jTpo Leçons élémentaires ne diffère du premier que par une matière ex- tradive colorante plus abondante. Le tartre crud expofé au feu dans des vailFeaux fermés , four¬ nit un phlegme acide rougeâtre , une huile d’a¬ bord légère 5 enfuite pefante , colorée Sc empy- reumatiquejunpeu d’alkali volatil, &: une grande quantité d’acide crayeux , que Haies ^ Boerhaave 8c plufieurs autres Chimifles , ont pris pour de l’air. Il refie un charbon qui contient beau¬ coup d’alkali fixe , Sc qui s’incinère facilement. On retire par la combuflion Sc l’incinération du tartre , un alkali fixe végétal afTez pur. Pour cet effet , on met du tartre en poudre dans des cornets de papier , qu’on trempe enfuite dans l’eau ; on les arrange dans un fourneau entre deux lits de charbon que l’on allume ; le tartre brûle Sc fe calcine ; quand le feu eh éteint , on retire les cornets qui confervent leur forme ; on lefîive ce qu’ils contiennent avec de i’eau diflillée froide : on filtre cette lefîive , on l’évapore jufqu’à pelli¬ cule 5 on la laiffe refroidir pour en féparer du tartre vitriolé qui s’y forme par le repos , on dér cante l’eau de defîus ce fel , on la fait évaporer Sc crihallifer de nouveau jufqu’à ce qu’elle ne donne plus de tartre vitriolé ; alors on l’évapore àficcité, Sc on obtient, par ce moyen, de l’al- kali fixe végétal uni à une portion d’air fixe , Sc qui contient toujours un peu de tartre vitriolé d’Hîst. Nat. et de Chimie, ypi Le tartre ne fe diflbut que très- difficile ment dans l’eau , puifqu’urie once de ce fluide à la température de dix degrés au-deffius de la glace 9 n’en a pris que quatre grains. Comme il contient beaucoup de matière huileufe Sc colorante , on le purifie par la diffblution Sc la criftallifation à Aniane & à Calviflon , dans les environs de Mont¬ pellier. C’eft à M. Fz^es qu’on doit les détails de çette purification. Il les a confignés dans un Mémoire imprimé parmi ceux de l’Académie 3, année Jjz5. On fait bouillir le tartre dans l’eau ; on filtre cette diffblution bouillante ; elle fe trouble en refroidiffant , 8c elle dépofe des criflaux irrégu¬ liers qui forment une pâte j on fait bouillir cette pâte dans des chaudières de cuivre , avec une eau dans laquelle on a mêlé une terre argileufe tirée du village de Merviel , à deux lieues de Montpellier ; il s’élève des écumes qu’on enlève avec foin , il fe forme enfuite une pellicule faline ; on ceffe le feu , on caffe la pellicule qui fe mêle avec les criflaux qui fe font préci¬ pités de la diffolution ; on lave les criflaux avec de l’eau pour enlever la terre qui les falit , 8c 011 les envoie dans le commerce fous le nom de crème ou de criflaux de tartre , qui ne diffèrent entr’eux que parce que la crème s’eft dépofée à la fur- face , tandis que les criflaux fe font dépofés au Sp2 L E Ç O S É L É M E N TA I KÈ S . fond de la liqueur. Il paroît que l’argile blanGhe fert à débarralTer le tartre de fa matière huileufe Sc de fa parue extradive furabondantes. . A Venife, on purifie le tartre d’une manière un peu différente , fuivant M. Defmaret^ : on diffout le fel en poudre dans l’eau bouillante, on laifTe dépofer les matières impures qu’il contient, & on les enlève avec foin ; la liqueur donne des criflaux par le repos Sc le refroidiffement. On rediflbut ces criftaux dans de l’eau qu’on chauffe lentement j lorfque cette nouvelle diffolution elî: bouillante , on y jette des blancs d’œufs battus Sc de la cendre paffée au tamis. On fait ce mélange de cendres quatorze ou quinze fois , on enlève l’écume que l’effervefcence j occafionne , Sc on laiffe la liqueur en repos. B s’y forme bientôt une pellicule Sc des criftaux falins très-p blancs : on décante l’èau , Sc on fait fécher le fel; cette méthode dénature la crème de tartre , Sc en change une partie en fel végétal. C’eft de la crème de tartre ou du tartre purifié aux environs de Montpellier , que nous allons examiner les propriétés chimiques. La crème de tartre bien pure eft criftaîÜfée , mais d’une manière irrégulière. Elle a une faveur aigre Sc moins vineufe que le tartre crud. Lorf^ qu’on la met fur un charbon ardent , elle répand beaucoup de fuinée qui a une odeur piquante d’empyreume ; p’Hîst. Nat, et de Chimie, yçj d’einpyreume ; elle devient noire & charbon» neufe. Si Ton founiet cette fubliance en dilhi- ladon dans une cornue de terre à laquelle efl adapté un ballon terminé par un tube qui plonge fous une cloche pleine d’eau , on obtient, en conduifant le feu par degrés , un phlegme d’a¬ bord peu coloré Sc peu acide ; il pafle enfuite un acide plus fort <$: d’une couleur plus foncée y une huile qui prend peu à peu de la couleur, de la confihance , dont l’odeür eft empyreumatique, enfin de l’alkali volatil concret, Sc une grande quantité d’acide crayeux. Il refte dans la cornue un charbon très-abondant , qui lefîivé fans inci¬ nération 5 fournit abondamment de Falkali fixe* Tous ces produits peuvent être redifiés par une nouvelle diftillation à un feu doux. Le phlegme pafle prefque fans couleur ^ l’huile devient très- blanche Sc très- volatile dans cette redification ; l’alkali volatil efl en partie combiné à l’acide, Sc on ne l’obtient féparé Sc pur qu’en difiillant les dernières portions de phlegme avec addition d’alkali fixe. Quant au charbon, l’alkali fixe vé^ gétal qu’il contient n’eft point' produit dans l’o¬ pération comme l’ont pénfé quelques Chimifles qui ne connoiflbient pas bien encore la nature de la crème de tartre; mais il efl tout con¬ tenu dans cette fubfiancee C’eft à ce fel alkàli fixe qu’efl due la produdion de l’alkali volatil ^ Tome IL P ]3 SP4 Leçons élémentaire s formé par la réaélion du premier fur l’huile : aiî peut même augmenter beaucoup la quantité de ce fel volatil , en diflillant l’huile obtenue de la crème de tartre fur le charbon qu’elle laiffe dans fon analyfe à la cornue, La crème de tartre n’éprouve aucune altéra¬ tion à l’air. Elle fe difTout dans vingt-huit parties d’eau bouillante , Sc elle fe criftallife par refroidilfe- ment ; mais d’une manière très-confufe. Il fe fé* pare de la diiïblution de ce fel , une certaine quan¬ tité de terre , qui appartient fans doute à celle qui a été employée dans fa purification. Cette dilTolution rougit la teinture de tournefol , Si a une faveur acide. On ne connoît point l’adion de la terre quart- zeufe , de l’argile Si de la terre pefante fur la crème de tartre. MM. les Chimifies de l’Aca¬ démie de Dijon ont obfervé que la magnéfie formoit avec la crème de tartre un fel foluble , que l’alkali fixe décompofoit , Sc dont l’évapora¬ tion , faite à l’air libre , donnoit de petits criftaux prifmatiques , difpofés en rayons. Expofé au feu 5 ce fel tartareux de magnéfie , bouillonne & fe convertit en un charbon léger. Plufieiirs Chimifies ont très-bien décrit l’ac¬ tion de la chaux Sc de la craie fur la crên'ie de tartre. Lorfqu’on jette de la craie dans une dilTo- D'Hist. Nat^ et I5E Chimie, ktion de crème de tartre , il fe produit une effer- vefcence occafiôtiiiée par le dégagement de fa*» eide crayeux ^ & il fe forme un précipité très-abon¬ dant ; ce précipité efl; la combinaifon de Facide tartareux & de la chaux; la liqueur qui la fur- nage contient un fel neutre tout formé dans la crème de tartre , & compofé de fon acide uni à Falkali fixe végétal ; ce fel eh connu , comme nous le verrons plus bas , fous le nom de tartre foluble. C^eh à M. Rouelle le jeune qu^on eh re¬ devable de cette belle analyfe de la crème de tartre ; elle prouve ^ i®. que cette fubhaoce eh compofée dkn acide huileux furabondant , & dkiie certaine quantité de cet acide uni à Falkali fixe végétal dans Fétat dkn fel neutre ; 2®. que la combinaifon de Facide lartareux avec la chaux , forme un fel neutre très-peu foluble. M. Froujl a découvert que le fel tartareux calcaire , dihillé dans une cornue , lailTe un réfidu qui s’allume à Fair comme le pyrophore. M. Bergman donne dans fa Diiïertation fur les affinités eleâives , un procédé pour féparer Facide tartareux de ce fel. Il prfefcrit de laver avec Feau diffillée le pré-^ cipité formé par la craie jetée dans une dihb- lution de crème de tartre , de mettre cette chaux tartarifée dans une fiole, &:de verfer par-dehiis huit fois fon poids d\m> acide vitriolique, formé d’une partie d’huile de vitriol & de huit parties Leçons' élémentaires d’eau. On laifTe ce mélange en digeftion pen» dant douze heures , Sl on l’agite fouventavec une fpatule de bois ; on décante la liqueur claire qui fumage le dépôt j on lave ce dernier avec de l’eau jufqu’à ce qu’il n’ait pjus de faveur , Sc on mêle ce lavage avec la première liqueur ; c’efl là l’acide tartareux. On conçoit que dans cette expérience , i’acide vitriolique a décom™ pofé la chaux tartarifée , Sc a formé de la fé- lénite en dégageant l’acide tartareux que l’eau a diflfous. Cet acide , ainfi obtenu , contient pref- que toujours un peu d’acide vitriolique ; on le purihe en y ajoutant un peu de chaux tartarifée ^ qui s’empare de ce dernier acide, & laifle celui tartareux pur. M. Bergman ajoute que la diiïblu- don de cet acide , évaporée jufqu’en confiflance de firop clair , donne des crihaux en lames ou paillettes fort écartées les unes des autres ; que ces criilaux noircilTent fur le feu, donnent à' la cornue un phlegme acidulé & un peu d’huile , Sc que le charbon qu’ils laifTent n’eh ni acide ni alkalin.il par oit, d’après ces détails , que l’acide tartareux contient de l’huile , comme tous les acides des végétaux, La crème de tartre s’unit très-bien aux difle- rens alkalis. On jette dans une dilTolution de feî fixe de tartre , ou tartre crayeux , de la crème de tartre en poudre; il fe fait une eflervefcence d’Hist, Nat. et de Chimie. JP7 vive produite par le dégagement de l’acide crayeux , on ajoute de la crème de tartre julqu’à faturation ; on filtre cette liqueur après l’avoir fait bouillir pendant une demi-heure ; on l’éva¬ pore jufqu’à pellicule , & on la laiiîe refroidir lentement ; il s’y forme des criftaux en quarrés longs , terminés par deux bifeaux. Ce fel efl ap¬ pelé fel végétal , tartre foluble , tartre tartarifé. Il a une faveur amère ; il devient çharbonneux lorfqu’on le chauffe fortement ; il fe décompofe dans une cornue ^ 8c donne un phlegme acide , de l’huile , 8c beaucoup d’air fixe. Il attire un peu l’humidité de l’air. Il fe diffbut dans quatre parties d’eau diftillée^ Les acides minéraux le décompofent aufii , 8c en précipitent de la crème de tartre. Il eft également décompofé par la plu¬ part des diflblutions métalliques. La crème de tartre , combinée avec l’alkali fixe minéral , forme le fel de Seïgnette , nom d’un Apothicaire de la Rochelle, qui le premier l’a fait connoître ; pour le préparer on jette vingt onces de crème de tartre dans quatre livres d’eau bouillante, on ajoute ^eu à peu de l’alkali de la fonde bien pur, jufqu’au point de faturation,, que l’on reconnoît lorfqu’il ne s’excite plus d’ef- fervefcence par l’addition de cet alkafi. Cette conu binaifon rend la crème de tartre foluble. On évapore la liqueur prefqu’en confifiance fini- P p iij ^p8 Leçons é lé msn ta ires peufe , ôc elle donine , par le refroidilTement , des criflaiix très-beaux , très-réguliers , Sc fou- vent d’une grofTeur coniidérable. Ce font des prifmes à fix, huit ou dix faces inégales, tron¬ qués à angle droit à leurs extrémités. Le plus fouvent ces prifmes font coupés en deux dans îeur longueur, Sc la face large ou la bafe fur laquelle ils pofent eft marquée de deux lignes diagonales, qui fe croifent dans le milieu, & partagent cette bafe en quatre triangles. Le fe! de Seignette^ vendu d’abord comme un fecret, découvert en même tems par MM. Boulduc Sc Geoffroy en 1731, a une faveur amère. Il fe décompofe au feu comme le fel végétal ; il s’ef- fïeurit à l’air , parce qu’il contient beaucoup d’eau de criftallifation ; il eft prefqu’auffi diflb- luble que le fel végétal, & décompofable comme lui par les acides minéraux & par les difTolutions métalliques. L’eau-mère de ce fel contient la portion de fel végétal qui faifoit partie de la crème d.e tartre. L’alkali volatil forme avec la crème de tartre un fel ammoniacal tartareux , qui criftallife très- bien par l’évaporation Sc le refroidilTement. M. Bucqiiet dit que fes criftaux font des pyra¬ mides rhomboïdales. M. Marquer a vu les uns en gros prifmes à quatre, cinq ou fix côtés, les autres renflés dans leur milieu, terminés b’Hîst. Nat. et de Chimie, ypp par des pointes très-aigues , 8c. MM. les Acadé¬ miciens de Dijon l’ont obtenu en parallélipi- pèdes à deux bifeaux alternes. Ce fel a une faveur fraîche, Sc il fe décompofe au feu; il s’efHeurit à l’air j il eft plus diffbluble dans l’eau chaude que dans l’eau froide , 8c il crihallife par refroidiffement ; la chaux 8c les alkalis iixes en dégagent l’alkali volatil; les acides minéraux 8c les diiTolutions métalliques le décompofent. MM. Pott 8c Margraf ont traité la crème de tai'tre par les acides minéraux , 8c le dernier eu a retiré des fels neutres, femblables à ceux que chacun de ces acides forme avec l’alkali fixe végétal; d’où il a conclu que cet alkali eft tout formé dans la crème de tartre. M. Rouelle le jeune , qui eft le Chimifte qui a fait les travaux les plus nombreux 8c les plus exaéls fur la crème de tartre, a obtenu les mêmes réfultats. En jetant une livre de crème de tartre en poudre très-fine fur une livre d’huile de vitriol, le mélange s’é¬ chauffe ; on favorife l’aélion réciproque des deux fub fiances par la chaleur d’un bain-marie 8c en les agitant avec une fpatule de verre ; on continue cette chaleur pendant dix à douze heures , le mélange devient épais comme une bouillie, on y verfe deux ou trois onces d’eau diflillée bouil¬ lante, qui donne de la fluidité à la matière, on îa laifle dans le baimmarie environ deux heures. €oo Leçons élémentaîees alors on la retire du feu, Sc on ajoute à la liqueuf trois pintes d^eau diflillée bouillante ; cette dilTo- lution ed colorée Sc opaque, elle contient de l’acide vitriolique à nu, une portion de crème de tartre non décompofée Sc du tartre vitriolé. On fatiire l’excès d’acide vitriolique par de la craie , il fe précipite de la félénite avec un peu de crème de tartre; on filtre le mélange Sc on fait évaporer la liqueur filtrée ; elle donne un peu de crème de tartre Sc de félénite , jufqu’à ce qu’elle foit réduite à dix-huit ou vingt onces| alors on la décante , Sc évaporée de nouveau , elle fournit , par le repos , des criflaux de véri¬ table tartre vitriolé, que l’on peut obtenir ainfi jufqu’à la fin par des évaporations Sc crihaiii- fations répétées. Ce fel eft toujours mêlé d’un peu de crème de tartre , Sc il brûle fur le fer rouge ; mais en le le (îi vaut avec une jufle quan¬ tité d’eau diflillée, on le diffout, Sc la crème de tartre refte au foncf du vaifTeau oii fe fait ce la¬ vage. Tel efl le procédé décrit Sc répété avec fuccès par M. Berniard ^ d’après M. Rouelle^ Journal de Fhyjique , tome XV il ^p, & iS/f» L’acide nitreux Sc l’acide marin , traités de la même manière avec la crème de tartre, donnent du nitre Sc du fel fébrifuge; ce qui prouve fans' réplique la préfence de i’alkali fixe dans cette ^ubdance. d’Hist. Nat. et de Chimie. 6oi La crème de tartre acquiert de la folubilité par l’union du borax & du fel fédatif , fiiivant les expériences de M. de LaJJone ; une partie de ce dernier fel peut rendre jurqu’à quatre parties de crème de tartre folubles. Cette difîblution mixte , évaporée , donne un fel gommeux ver¬ dâtre Sc fort acide. La crême^de tartre paroît fufceptible de s’unir à la plupart des fubdances métalliques, comme l’ont démontré M. Monnet Sc MM. les Chi- miftes de l’Académie de Dijon; mais comme on n’a que peu examiné toutes ces combinaifons, nous ne parlerons ici que de celles de l’antb moine, du mercure, du plomb du fer avec cette fubllance faline , parce que ces compofés font mieux connus, Sc font la plupart employés en Médecine. La combinaifon de crème de tartre 8c d’aiir timoine porte le nom de tartre Oibié ou anti- monié. Comme c’efl un des remèdes les plus importans que la Chimie puilîe fournir à la Mé¬ decine, il faut en examiner avec foin les pro^ priétés. Depuis Adrien de Mynjicht^ qui le pre¬ mier l’a fait connoître en 1631 , on a beaucoup varié fur la préparation. Les Pharmacopées 8c les Ouvrages des Chimides diffèrent tous, foit fur les fubltances antimoniales qu’on doit em¬ ployer pour cette préparation , foit fur leur &02 Leçons élémentaires quantité , ainfi que fur celle de Peau Se de îa crème de tartre , foit enfin fur la manière de la faire. On peut voir dans la Diiïertation de M. Bergman fur ce médicament, un tableau très-bien fait des divers procédés donnés juf- qu’aduellement pour préparer le tartre antimo- îîié. On a fucceffivement confeillé le fafran des métaux , le foie , le verre & les- fleurs d’anti¬ moine ; les uns ont preferit de faire bouillir ces flib fiances avec la crème de tartre & une plus ou moins grande quantité d’eau , pendant dix à douze heures; d’autres ne demandent qu’une ébullition d’une demi-heure ; enfin , il efi des Auteurs qui veulent qu’on évapore la lelfive filtrée à ficcité, & il en efi d’autres qui exigent qu’on la fafie crifiailifer, Sc qu’on n’emploie en Médecine que les crifiaux. îl doit arriver de ces différentes préparations que le tartre antimonié n’efi jamais le même, &; qu’il jouit de divers degrés d’énergie, de forte qu’on ne peut jamais être sur de fes effets. Aufii M. Geoffroy qui a examiné plufieurs tarifes fiibiés de différens de¬ grés de force , a-t-il trouvé par l’anal y fe que les plus foibles contiennent par once depuis trente grains jufqu’à un gros dix-huit grains de régule; ceux d’une éméticité moyenne un gros & demi , les plus aélifs jufqu’à deux gros dix grains. Le verre d’antimoine a été choifi préférablement I d’Hist* Nat. et de Chimie. I aux autres fubltances antimoniées , parce qu’il i e(l un des plus folubles par la crème de tartre; mais ce verre peut être plus ou moins calcine , Sc ces degrés divers de calcination doivent né- ceflàirement influer fur fon cméticité. Cepen¬ dant en prenant du verre d’antimoine bien tranf- ij parent Sc porphyrifé , en le faifant bouillir dans l’eau avec partie égale de crème de tartre, juf- qu’à ce que cette dernière foit faturée, filtrant Sc faifant évaporer à une chaleur douce cette diOTolution , on obtient par le repos Sc le re- froidilTement des criflaux de tartre fiibié, dont les' degrés d’éméticité paroilTent être alTez conf- tans. On décante la liqueur , on la fait évapo¬ rer, Sc elle fournit par plufieurs évaporations fuccelTives de nouveaux criflaux. L’eau -mère contient du foufre, du fel végétal Sc une cer¬ taine quantité de foie de foufre. Lorfqu’on filtre le mélange de crème de tartre , de verre d’an¬ timoine Sc d’eau qu’on a fait bouillir pour la préparation du tartre ftibié, il refle fur le filtre une efpèce de gelée jaune ou brune , que M. Rouelle a fait connoître. Cette gelée diflillée donne un pyrophore très-inflammable décou¬ vert par M, P roujl, M. Macquer a propofé de fubflituer au verre d’antimoine la poudre SCAlgaroth , qui par elle- même eft un émétique violent , parce que cette '60^ Leçons élémentaires poudre précipitée du beurre d’antimoine par Feau, ed toujours la même. M. Bergman a adopté Fopinion de M. Macquer^ Sc on prépare depuis 5 dans le Laboratoire de l’Académie de Dijon , un tartre émétique, fuivant la méthode de ce Chimide Sc celle de M. de Laffone. Ce médi¬ cament a été employé avec îe plus grand fuc- CCS j il opère à la dofe de trois grains fans fa¬ tiguer Fedomac ni les intedins. Le tartre dibié ed cridallifé en pyramides trièdres , il ed très- tranfparent; il fe décompofe au feu, &i devient charbonneux ; il ed efflorefcent à Fair , Sc de¬ vient d’un blanc mat Sc farineux ; il fe didbut dans foixante parties d’eau froide , Sc dans beau¬ coup moins d’eau bouillante j il fe cridallifé par refroididement ; les alkalis Sc la chaux le dé- compofent. La terre calcaire Sc Feau pure en grande dofe font fufceptibles de le décom- pofer ; d’où il fuit qu’on ne doit Fadminidrer que dans Feau didillée. Le foie de foufre le précipite en une poudre rouge ou efpèce de foufre doré , Sc peut fervir à faire reconnoî- tre ce fel dans toutes les liqueurs où il fe trou¬ ve. Le fer s’empare de l’acide tartareux , & fé- pare la chaux d’antimoine ; on ne doit donc pas préparer le tartre dibié dans des vaideaux de ce métal. M. Durande , célèbre Médecin de Dijon , a propofé de faire préparer ce médica- d’Hîst. Nat. et de Chimie. 6o^ ment publiquement Sc par un procédé uniforme ^ comme on a coutume de faire pour la théria¬ que. Nous croyons que cela ne pourroit qu’ê¬ tre fort utile en procurant un tartre flibié uni¬ forme, Sc fur les effets duquel le Médecin pour¬ roit toujours compter. On peut combiner Facide tartareiix avec le mercure par deux moyens. L’un , dont M. Mon¬ net a fait mention , confifle à faire diffoudre dans l’eail bouillante fix parties de crème de tartre avec une partie de mercure précipité de Facide nitreux par Falkali fixe. Cette liqueur filtrée & évaporée lui a donné des criflaux qui ont été décompofés par Feau pure. Le fécond moyen d’unir le mercure à Facide tartareux , c’efl de verfer de la diiTolution nitreiife de ce métal dans une diffoliition de fel végétal ou de fel de Seignette ; on obtient un précipité formé par la combinaifon mercurielle tartareufe , & le nitre ordinaire ou le nitre rhomboïdal refle en dif- folution dans la liqueur. La crème de tartre agit d’une manière fen- fble fur les chaux de plomb, M. Rouelle le jeune s’eft affuré que le fel faturniri qui fe forme dans cette opération , ne relie point en difToIution dans la liqueur, Sc que cette dernière évaporée ne fourîiit que du fel végétal pur qui étoiî tout contenu dans la crème de tartre ^ c’ell un des 6o6 Leçons élément a îkês procédés dont il s’eft fervi pour démontrer la^ préfence de i’alkali fixe dans le tartre. Le cuivre ôc fes chaux font afTez facilement attaqués par Tacide tartareux ; il en réfulte un fel d\in beau vert, lufceptible de criRallifation , mais qui n’a été que peu examiné jufqu’à préfent. Le fer efl un des métaux fur lequel la crème de tartre agit le plus efficacement. On prépare ^ un médicament, nommé tartre chalybé, en fai- fant bouillir dans douze livres d’eau quatre onces de limaille de fer porphyrifée Sc une livre de tartre blanc, Lorfque le tartre efl düTous , on filtre la liqueur , elle dcpofe des criflaux , on en obtient de nouveau en faifaht évaporer Teaii- mère. Pour préparer la teinture de mars tarta- rifée, on fait une pâte avec^fix onces de limaille de fer, une livre de tartre blanc en poudre, Sc füffifante quantité d’eau ; on laiffie ce mélange en repos pendant vingt -quatre heures; on l’é¬ tend enfuite dans douze livres d’eau , Sl on fait bouillir le tout pendant deux heures , en ajou¬ tant de l’eau à mefure pour remplacer celle qui s’évapore; on décante la liqueur, on la filtre, on l’épaiffit en confiftance de firop , & on y ajoute une once d’efprit de vin. M. Rouelle s’eft afîuré que l’alkali fixe végétal efl libre dans cette teinture , & qu’en la traitant par les acides , on b’Hist.' Nat, et de C,himïé. 6oj obtient des fels neutres qui font reconnoître cet alkali.Il y a encore deux médicainens formés par la coiiibiiiaifon de l’acide tartareux & du fer; riin eft le tartre martial foluble , qui ifeft qu’un mélange d’une livre de teinture de mars tartarifée , & de quatre onces de fel végétal éva¬ poré à fïccité l’autre eft connu fous le nom de boules de mars. Elles fe font en mettant une partie de limaille d’acier j & deux parties de tartre blanc en poudre, dans un vaifteau de verre , avec une certaine quantité d’eau-de-vie; lorfque cette dernière eft évaporée , on pulvé- rife la maffe & on ajoute de Feau-de-vie , qu’on îaifle évaporer comme la première fois , on ré¬ pète ce procédé jiifqu’à ce que le mélange foit gras & tenace ; alors on en forme des boules. Le tartre crud eft fort utile dans la teinture ; les Chapeliers en font auffi ufage. Les difterentes préparations de la crème de tartre dont nous avons fait Fénuméradon , font employées la plupart en Médecine. La crème de tartre pure eft regardée comme rafraîchit- faute Sl antifeptique ; à la dofe d’une demi-once ou d’une once , elle purge doucement & fans exciter desnaufées. Les fels végétal & de Seignettt font d’un ufage fréquent, comme purgatifs adjii- ■vans , à la dofe de quelques gros. Le tartre ftibie eft mi des médicamens les plus utiles & les plus 6o8 Leçons élêm entai k es • puiiïans que la Médecine doit à la Chimie. Ce fel eit émétique , purgatif, diurétique , diaphoré- tique, fuivant les dofes Sc les procédés qu’on em¬ ploie dans Ton adminihration. Souvent même il produit tous ces effets à la fois. îl doit encore être regardé comme un altérant puifTant , Sc comme propre à détruire les embarras Sc les obffruélions des vifeères lorfqu’on le donne à une dofe tres- petite & répétée. On Fadininiffre à la dofe d’un grain jufqu’à quatre, dilTous dans quelques verres d’eau , comme vomitif. On le mêle à la dofe d’un grain avec d’autres purgatifs dont il aide l’adion : enffn, à celle d’un demi-grain étendu dans une grande quantité d’eau , il agit comme altérant. M. cfe Laffone a découvert que le tartre ffibié efl rendu très-foluble dans l’eau par le mélange du fel ammoniac , Sc qu’il en réfulte un fel mixte analogue au fel alembroth. On doit juger que ce^ nouveau com|^fé eff fufceptible de produire des effets très-énergiques fur l’économie animale. Le tartre chalybé , le tartre martial foluble , la teinture de mars tartarifée, font employés comme toniques Sc apéritifs. LEÇON b’Hist. Nat. tt de Chimie. 6op .gy.' 'h , . . . .s:;;: - jsssi. LEÇON LVL De la Fermemation acide 6* du Vinaigre. Beaucoup de fubllances végétales font fuf- ceptibles de paffer àla fermentation acide. Telles font les gommes, les fécules amylacées dilToutes dans l’eau bouillante ; mais cette propriété eft fur-tout très-remarquable dans les liqueurs fer¬ mentées Sc fpiritueufcs. Tous ces fluides expor fés à la chaleur 8c en contaél avec l’air , paflent à la fermentation acide , 8c donnent ce que l’on appelle du vinaigre. C’eft fpécialement le vin de raifîn que l’on emploie pour préparer cette liqueur , quoiqu’il foit poffible de faire de très- bon vinaigre avec le cidre, le»poiré, &c. Il y a trois conditions nécefraires à la fermen¬ tation acéteufe; i®. une chaleur de vingt à vingt- cinq degrés au thermomètre de Réaumur; 2®. un corps vifqueux 8c en même - tems acide , tels qu’un mucilage 8c le tartre ; 3®. le contaâ de l’air. On ne peut attribuer le changement des vins qui paflent à l’état de vinaigre , qu’au mou¬ vement inteftin excité dans ces fluides par la pré- fence d’une certaine quantité de corps muqueux | Tome IL ô 5 ÿiQ Leçons élémêntaîres non altéré & capable de fubir .une nouvelle fer¬ mentation. La préfence d’une matière acide , telle que Iq tartre , y éll nécelTaire pour déterminer la fermentation acide. Enfin , le contad de l’air y efl îndifpenfable , & il paroît qu’il y en a une por* tion d’abforbé pendant cette fermentation j comme l’a prouvé M. l’Abbé Rosier. Tous les vins font également propres à former du vinaigre. On y emploie préférablement les mauvais, parce qu’ils font moins chers; mais les expériences de BeccherSi.de M. Carthenjerdémon- trent que les vins généreux Sc chargés d’efprit ar¬ dent donnent en général les meilleurs vinaigres, Boerhaave a décrit dans fes Elémens de Chi¬ mie un très-bon procédé pour faire du vinaigre, On prend deux tonneaux , on établit à quelque diflance de leur fond une claye d’ofier , fur la¬ quelle on étend des branches de vigne & des raffes j on y verfe du vin, de forte que l’un des tonneaux foit plein & l’autre à moitié vide. La fermentation commence dans ce dernier ; lorf- qu’elle eft bien établie , on remplit ce tonneau avec le vin contenu dans le premier. Par ce moyen, la fermentation fe ralentit dans le ton-- îieau rempli , & elle s’établit bien dans celui qui efl: à moitié vide ; lorfqu’elle efl parvenue à un degré allez confidérable , on remplit ce dernier tonneau avec la liqueur de celui qui a fermenté p’Hist. Nat* et de ChximiE, 6îi le premier ; de forte que la fermentation recom¬ mence dans le premier, &: fe ralentit dans Je fécond. On continua à remplir & à vider ainü alternativement les deux tonneaux jufqu’à çe que le vinaigre foit entièrement formé , ce qui va ordinairement de douze à quinze jours. En obfervant ce qui fe palTe dans cette fer¬ mentation 5 on voit qu’il y a beaucoup de bouil¬ lonnement ôc de filflement ; la liqueur s’échauffe & fe trouble , elle offre une grande quantité de filamens Sc de bulles qui la parcourent en tous fens ; elle exhale une odeur vive acide , nulle¬ ment dangereufe ; elle abforbe une grande quai> tité d’air : on eft obligé d’arrêter la fermenta¬ tion de douze en douze heures : peu à peu ces phénomènes s’appaifent , la chaleur tombe , le mouvement fe ralentit, la liqueur devient claire ; elle laiffe dépoferun fédiment en floccons rou« geâtres, glaireux , qui s’attachent au>c parois des tonneaux. Des expériences multipliées ont ap¬ pris que plus la maffe de vin ell petite , plus elle a le cohtaél de l’air , Sc plus vite elle pafîe à l’état de vinaigré. On a foin de tirer le vi¬ naigre à clair lorfqu’il ell fait , afin de le féparer de deffus fa lie , qui , fans cette précaution , le feroit bientôt paffer à la ferinentatioh putride. Le vinaigre ne dépofe point de tartre comme le vin ; ce fel s’efl diffous Sc combiné avec l’efprit .Qqjj ’HrsT. Nat. et de Chimie. 6ip îames plates. Le fel acéteiix de zinc fulmine fur les charbons , & répand une petite flamme bleuâtre. Il donne à la diRillation une liqueur inflammable , un fluide huileux jaunâtre, qui de¬ vient bientôt d’un vert foncé, Sc un fublimé blanc, qui brûle à la lumière d’une bougie avec une belle flamme bleue. Le réfîdu efl; à l’état d’un pyrophore peu combuflible. L’acide du vinaigre ne diffbut pas le mercure dans l’état métallique. Cependant on parvient à faire cette combinaifon en divifant fortement le métal à l’aide des mouflbirs , comme le fai- foit Kejfer, On unit facilement le mercure dans l’état de chaux avec le vinaigre. Il fufEt de faire bouillir cet acide fur le précipité per fe , fur le îurbith , ou fur le mercure précipité de la dif- foiution nitreufe par l’alkali fixe. La liqueur de¬ vient blanche , & s’éclaircit lorfqu’elle efl bouil¬ lante ; on la filtre ; elle précipite par le refroi- diflement des criflaux argentins en paillettes , femblables au fel fédatif. On a donné à ce fel le nom de terre foliée mercurielle. On le pré¬ pare fur le champ , en verfant une diffblutiori nitreufe de mercure dans une diflblution de terre foliée de tartre ; l’acide nitreux s’unit à l’alkali fixe de ce dernier fel , avec lequel il forme du nitre qui refle en diflblution dans la liqueur ; ^ la chaux de mercure j combinée avec l’acide 020 Leçons éLéMENTAiRES du vinaigre , fe précipite fous la forme de pail¬ lettes brillantes. On filtre le mélange ; la terre foliée mercurielle relie fur le filtre. Ce fel fe dé- compofe par l’aélion du feu ; fon réfidu donne une efpèce de pyrophore. Il eft facilement al¬ téré par les vapeurs combuftibles. L’étain n’ell que peu altéré par le vinaigre. Cet acide n’en diffbut qu’une petite quantité , 8c cette difiblution évaporée , a donné à M. Mon¬ net un enduit jaunâtre , femblable à une gomme ^ 8c d’une odeur fétide. .Le plomb efiun des métaux furlefqiiels l’acide du vinaigre a le plus d’aélion. Cet acide le dif- fout avec la plus grande facilité. Eil expofant des lames de ce métal à la vapeur du vinaigre chaud , elles fe couvrent d’une poudre blanche , qu’on appelle cérufe ^ Sc qui n’eft qu’une chaux de plomb. Cette chaux broyée avec un tiers de craie , forme le blanc de plomb employé dans la peinture. Pour faturer le vinaigre du plomb qu’il peut difibudre , on verfe cet acide fur de la cérufe dans un matras ; on met ce mélange en digeftion fur un bain de fable *, on filtre la liqueur après plafieurs heures de digeflion, on la fait évaporer jufqu’à pellicule ; elle fournit par le refroidifiement & par le repos , des criftaux blancs , formant ou des aiguilles informes , fi la liqueur a été trop rapprochée ^ ou des parallélipipèdes d’Hist. Nat. et de Chimie. 62Î applatis 3 terminés par deux furfaces difpofées en bifeau , lorfque révaporation a été bien faitCo On les nomme fel ou fucre de faturne , à caufe de fa faveur fucrée ; cette faveur eft en même tems lliptique. On prépare un fel femblable avec la litharge Sc le vinaigre ; on fait bouillir jufqu’à faturation , parties égales de ces deux fubitances; on évapore jufqu’en confiftance de firop clair ; on a alors l’extrait de faturne de M. Goulard , connu long-tems avant lui fous le nom de vinaigre de faturne. Le fel de faturne eft décompofé par la chaleur s il fournit une liqueur acide, rouffe , très- fétide , fort éloignée du vinaigre radical. Le réfidu eft un très-bon pyrophore. Ce fel eft décompofé par l’eau diftillée , par la chaux , les alkalis Sc les acides minéraux. L’extrait de faturne étendu d’eau, Sl mêlé d’un peu d’eau-de-vie, forme l’eau végéto-minérale de M. Goulard, Le vinaigre diffbut le fer avec aétivité j Peffer- vefcence qui a lieu dans cette diftblution eft due au dégagement d’un gaz inflammable , dont on n’a point examiné les propriétés. La liqueur prend une couleur rouge ou brune ; elle ne donne par l’évaporation qu’un magma gélatineux', mêlé de quelques criftaux bruns allongés. Ce fel acéteux martial a une faveur ftiptique &: douceâtre ; il eft décompofé par le feu , &: laiflTe aller fon acide ; il attire l’humidUé de l’air 5 il fe décompofé dan^ 622 L î; Ç O N S é L E M .E N TA î K E S l’eau diilillée. Lorfqii’on le chauffe jufqii’à ce ne répande plus d’odeur de vinaigre , il laifle une chaux jaunâtre , attirable à l’aimant. La difTolution acéteufe de fer donne une encre très-noire avec la noix de galle , Sc elle pourroit être employée avec fuccès dans la teinture l’alkali phlogifliqué en précipite un- bleu de Pruiïe très-éclatant. L’éthiops martial , les précipités de fer, les fafrans de mars , la mine de fer fpathi- que 5 donnent avec le vinaigre des diiïblutions d’un très-beau rouge. Le cuivre fe difTout avec beaucoup de fati- lité dans le vinaigre diflillé. Cette dilîblution 5 aidée par la chaleur , prend peu à peu une cou¬ leur verte 3 mais elle s’opère plus facileme;it avec ce métal déjà altéré Sc calciné par le vi- •inaigre. Le cuivre ainfi préparé , efl le vert-de- gris. On le prépare, aux environs de Montpellier j en mettant des lames de ce métal dans des vafes de terre avec des raffes de raifin , qu’on a d’abord arrofées de fait fermenter avec de la vinaffe. La furface de ces lames fe couvre bientôt d’une rouille verte , qu’on augmente encore en les mettant en, tas , de en les arrofant avec de h vinaffe ; alors on ratifle le cuivre , de on en¬ ferme le vert-de-gris dans des facs de peau 3 qu’on envoie dans le commerce. M. Montet ^ Apothicaire de Montpellier , a très-bien décrit % ' d’Hist. Nat. et de Chimie. 62^ cette manipulation dans ?^ux Mémoires impri¬ més parmi ceux de l’Académie des Sciences en ijyo 8c i75'5» te vert-de-gris fe difTout avec promptitude dan^ le vinaigre. Cette dilTolution j qui çft d’une belle couleur verte , fournit par l’évaporation Sc le refroidilfement des criftaux verts en pyramides quadrangulaires , tronqués, ^auxquels on donne le^nom de verdet ou de criftaux de vénus. Ceux qu’on prépare dans le commerce , 8c qui portent le nom de verdet diflillé , parce qu’on les prépare avec le vinaigre dillillé , font fous la fd^ne ,d'une belle pyra¬ mide ^ fes criflaux offrent cet arrangement, parce qu’ils fe font dépofés fur un bâton fendu en qua¬ tre , dont les branches ont été écartées par un morceau de liège. Le verdet aune faveur très- forte , 8c c’efl un poifon violent. Il fe décompofe par l’adion du feu. Il s’effleurit à l’air , 8c fe couvre d’une pouf- fière dont la couleur verte eft beaucoup plus pâle que celle qui diilingue ce fel non-altéré. lî fe diffout complètement dans l’eau fans fe dé- compofer. L’eau de chaux 8c les alkalis préci¬ pitent cette diffolution. Lorfqu’on diÛille ce fel réduit en poudre dans une cornue de verre ou de terre avec un réci¬ pient , on obtient un fluide d’abord blanc 8c peu acide , mais qui acquiert bientôt une acidité con- 62^ Leçons elémintairês fidérable , Sc telle qu’il égale la concentration des acides minéraux. On change de récipient pour avoir à part le phlegme Sc l’acide. On donne à ce dernier le nom de vinaigre radical ou de ve¬ nus. Cet acide fe colore en vert par une cer¬ taine quantité de chaux de cuivre qu’il entraîne dans fa diftillation. Lorfqu’il ne paiïe plus rien , Sc que la cornue eh; rouge , le réhdu qu’elle con¬ tient eh fous la forme d’une pouffière brune de la couleur du cuivre , Sc qui donne fouvent aux parois du vaiheau le brillant de ce métal. Le jréfîdu eh fortement pyrophorique , comme l’ont obfervé MM. le Duc d" Ayen Sc Proufl, On rec¬ tifie le vinaigre de vénus , en le dihillant à une chaleur douce , alors il eh parfaitement blanc , pourvu qu’on ne pouhe pas trop le feu vers la fin de l’opération , Sc qu’on ne defsèche pas trop la portion de chaux de cuivre qui rehe dans la cornue. Le vinaigre radical ainfî reâifié, eh d’une odeur fi vive Sc fi pénétrante , qu’il eh impof- lîble de la foutenir quelque tems , il a une telle cauhicité , qu’appliqué fur la peau , il la ronge Sc la cautérife -, on regarde ce fluide comme l’acide du vinaigre le plus pur , le plus concen¬ tré Sc le plus débarrafTé du phlegme qui en maf« quoit les propriétés. Cet acide eh extrêmement volatil Sc inflammable i chauffe avec le contad de d’Hist. Nat. et de Chimie. 62^. de Fair , il s’enflamme , Sc brûle d’autant plus rapidement , qu’il efl plus redifié. Cette expé¬ rience porte les Chimifles à croire que le vinaigre efl un acide combiné avec de l’efprit ardent ; peut- être même pourroit-on le regarder comme une forte d’éther naturel. Cette idée s’accorde avec l’odeur pénétrante & agréable que répandent les premières portions de cef acide diftillé. Le vinaigre radical s’évapore en entier à l’air; il s’unit à l’eau avec beaucoup de chaleur ; il forme avec les terres , les alkalis & les métaux , les mêmes fels que le vinaigre ordinaire ; mais il agit en général fur les corps combuflibles d’une manière beaucoup plus rapide que ce dernier* M. le Marquis de Courtativaux a démontré {Aca- dém. Savans étrangers^ tome V ^ 7^) qu’il n’y ayoit que la dernière portion de fluide acé- îeux, obtenue dans la diftillation du verdet, qui fût inflammable, & qu’elle jouilToit aufli de la propriété de fe congeler par. le froid. Cette der¬ nière portion reélifîée fe criftallifa dans le réci¬ pient en grandes lames Sc en aiguilles, Sc elle ne devint fluide qu’à treize ou quatorze «degrés au-deflîis du terme de la glace. Cette liqueur efl: une forte de vinaigre glacial. L’acide du vinaigre, aidé de la chaleur, dif^ fout l’or précipité de l’eau régale par l’alkali fixe. Cette diflTolution, précipitée par l’alkali vch Tome IL R X ë26 Leçons élémentaïrès: laiil 5 donne de ?or fulminant , comme l’a dé*^ montré M. Bergman. Il en efl de la platine & de l’argent comme de l’or j lé vinaigre n’a aucune adion fur ces métaux tant qu’ils font dans l’état métallique, mais il les dilTout lorfqu’on les lui préfente dans l’état de chaux. Le vinaigre efl fufceptible de fe combiner avec plufieurs des** principes immédiats des vé¬ gétaux ; il diiïbut les extraits , les mucilages , les fels efTentiels. Il s’unit à l’efprit redeur ; on l’a regardé comme le difîblvant propre des gommes réfines. Il a même , à la longue ou par la voie de la diflillation , une adion marquée fur les huiles grades, qu’il met dans une forte d’état favon- neux ; au refie, on n’a point encore examiné d’une manière exade la combinaifon du vinaigre avec les fubflances végétales. On fe fert de cet acide pour extraire quelques - uns des principes , fur-tout celui de l’odeur de ces corps , on prépare pour la Médecine des vinaigres de dif¬ férentes natures , fimples ou compofés. Les vi¬ naigres fcillitique, colchique, &:c. donnent un exemple des premiers ; le vinaigre thériacal & celui des quatre -voleurs appartiennent aux fé¬ conds. Ces médicamens fe préparent par macé¬ ration & par digeflion continuée pendant quel¬ ques jours. Comme cet acide efl volatil, on le diflille fur des plaiites aromatiques^ dont il fc p’Hist. Nat. et de Chimie. 627 charge du principe odorant; tel efl le vinaigre de lavande didillé qu’on emploie pour la toilette. Ces liqueurs font en général moins agréables que les eaux dillillées fpiritueufes. jLe vinaigre radical décomppfe l’efprit de vin 8c forme de l’éther avec autant de facilité que les acide? minéraux, comme l’a découvert M. le Comte de Laura gTuaU. Il fuffit pour cela de verfec dans une cornue du vinaigre radical fur partie égale d’efprit d.e vin. Il s’excite une chaleur con-> Cdérable. On met la cornue fur un bain de fable chaud , on y adapte deux récipiens , dont le dernier plonge dans l’eau froide ou dans la glace pilée ; on fait bouillir promptement le mé¬ lange. Jl palTe d’abord un efprit de vin déphleg- mé , enfuite l’éther 5 & enfin un acide qui de¬ vient d’autant plus fort, que la difiillatiqn avance davantage ; il refte dans la cornue une mafie brune aflè/: fémblable à une réfine. On a foin de changer de récipient , dès que l’odeur éthérée devient âcre 8c piquante , 8c on recueille l’acide à part. On reélifie l’éther à une chaleur douce avec de l’alkali fixe du tar^e, il s’en perd beau¬ coup dans cetjte opération. M. de la Planche l’Apothicaire prépare cet éther en verfapt fur du fel de faturne introduit dans une cornue, tle l’huile de vitriol & de l’ef¬ prit de vin. La théorie 8c la pratique de cette Rrij 62S Leçons élémentaires opération font abfolument les mêmes que celle# des éthers nitreux 8c marin, L’ éther acéteiix a une odeur agréable comme tous les autres, mais elle ell toujours ^nêlée de celle du vinaigre , quoiqu’il ne foit point acide. Il efl très-volatil 8c très -inflammable , il brûle avec une flamme vive, 8c laifle une trace char- bonneufe après fa combuflion. Le vinaigre ell: fort employé comme affaî^ fonnement. On s’en fert beaucoup en Médecine j il efl: rafraîchilTant 8c anti-feptique ; on en fait avec le fucre un firop qu’on donne avec beau¬ coup de fuccès dans les fièvres ardentes, putri¬ des , 8cc. appliqué à l’extérieur , cet acide efl aflringent 8c réfolutif. Toutes fes combinaifons font également d’ufage comme de très-bons mé- dicamens. La terre foliée de tartre 8c le fel acéteux marin font de puiflans fondans 8c apéritifs ; on le sadmi- niflre à la dofe d’un demi-gros 8c même d’un gros. L’efprit de Mendererus donné à la dofe de quelques gouttes dans des boilTons appropriées, efl apéritif, diurétique, cordial, anti-feptique , &:c. Il réuffit fouvent dans la leucophlegmatie ou enflure des parties extérieures du corps. La terre foliée mercurielle efl un très-bon anti-vénérien; elle faifoit la bafe des dragées d^ Kejfen Nat* et t>è CmtmtÉ. 62^ L’extrait de faturne , le vinaigre de faturne 3 Feau végéto- minérale s’emploient à l’extérieur i:omme defliccatifs. Ces médicamens étant vio¬ lemment répercuflifs , doivent être adminillrés avec beaucoup de prudence , fur-tout lorfqu’on les applique fur des parties où la peau eft décou¬ verte Sc ulcérée. Boerhaave a vu plufîeurs filles attaquées de la pulmonie, après l’ufage exté¬ rieur des préparations de plomb. La cérufe entre dans les onguens & les em¬ plâtres defficcatifs , & le vert-de-gris dans plu- lieurs collyres & dans quelques onguens. Le vinaigre radical eft employé comme un irritant &: un llimulant très-adif , comme l’alkalî volatil. On le fait refpirer aux perfonnes qui tombent en foiblefle. Pour pouvoir s’en fervir commodément , on verfe une certaine quantité de cet acide fur du tartre vitriolé en poudre groffière , que l’on a mis dafts un flacon bien bouché ; ce médicament efl; connu de tout le monde fous le nom de fel de vinaigre. On n’a point encore mis en ufage l’éther acéteux , de l’on ne fait pas s’il a quelques vertus différentes de celles des autres liqueurs éthérées. De la fermentation putride des VégétauXm Tous les corps végétaux qui ont éprouvé la Rr iij L’ÊÇôrfs ÏL'ÉMÊNTAIRÈg f€t lilêntatîôn fpiritüeurè 8c la fermentation acide^- font encore füfceptibies d’un nouveau mouve¬ ment inteûin qiti lès dénature j c’eft ce iïioti- Vernent qü’on appelle fermentation putrides StaM 8c plüfieürs autres Chimilles ont cru què cette efpèce dé fermentation n’efl qu’une fuite des deiut premières , ou plutôt que ces trois phénomènes lié dépendent que d’un feul 8c uni¬ que mouvement, qui tend à détruire le tiffudés folides 5 8c à dénaturer lés fluides ; & éh effet On obferve que fi on abandonne certaines fubfi tances végétales à éllés-mêmés , elles éprouvent les trois fermentations fücceffivement 8c fans, interruption : par exemple , toutes les matières fucrées étendues d’une certaine quantité d’eau, 8c expofées à un degré de chaleur de douze à vingt degrés , donnent d’abord du vin j enfuite dü vinaigre , 8c enfin leür caraélère âcide fe perd bientôt; elles -s’âltèirent , fe pourriffem, perdent tous leurs principes volatils, 8c finiffent par n’être plus qu’ilne fübftance Sèche , infipide 8c terreufe* Cependant il faut obferver qu’un grand nombre de fubftaiices végétales n’éprouvent pas , au moins d’une manière fenfible , ces trois efpèces de fermentations dans l’ordre énoncé. Les mu¬ cilages fades, les gommes dilTou tes dans l’eau , paflent à l’aigre fans devenir manifeflement fpi- ritueüx; la matièré glutineufe femble pafler tout ïs’HrsT. Nat. êt de Cîîimïe. iîe fuite à la putréfadion , fans avoir éprouvé Facefcence. Il paroît donc que quoique dans plufîeurs principes des végétaux ces trois fer¬ mentations fe fuivent & fe fuccèdent , il en ell cependant un grand nombre d’autres qui font fufceptibles d’éprouver les deux dernières fans la première , ou même de fe pourrir fans avoir donné préliminairement des lignes d’acidité. Le mouvement inteftin qui change la nature des matières végétales, Sl qui les réduit en leurs clémens , exige pour avoir lieu, des condition» particulières qu’il efl important de connoître. L’humidité ou la préfence de l’eau efl; une des plus nécellaires ; ’ les végétaux fecs Sc folides , tels que le bois , ne s’altèrent en aucune manière tant qu’ils font dans cet état; mais fl on les humede & fl on en écarte les fibres , alors le mouvement inteflin s’y établit bientôt ; l’eau paroît donc être une des caufes de la putréfac¬ tion. La chaleur n’y efl pas moins néceflàire ; le froid ou la température de la glace s’oppofe non -feulement à cette deflrudion fpontanée , mais il en retarde même les progrès , il la fait , pour ainfi dire , rétrograder dans les fubfl tances qui ont commencé à y être foumifes. Le degré de chaleur néceflàire à la putréfadion efl beaucoup moindre que celui qui entretient les fermentations fpiritueufe de acide, puifque ce R r iv S^2 Leçons ï LAMENTA IRES phénomène s’établit à la température de cîn^ degrés ; mais une chaleur plus confidérable la favorife , à moins qu’elle ne foit alTez forte pour volatilifer toute l’humidité , Sc pour deffecher ^ entièrement la fubüance qui fe pourrit. L’accès de l’air ell encore une condition qui favorife fingiilièrement la putréfaélion , puifque les fubf- tances végétales fe confervent très-bien dans le vide. Cependant cette confervation a des bor¬ nes, Sc le contaél de l’air ne paroît pas être auffi indifpenfable pour la fermentation putride, que les deux conditions dont nous avons parlé, La putréfàdion des végétaux a fes phéno¬ mènes particuliers. Les fluides végétaux qui fe pourriflent, fe troublent, perdent leur couleur, dépofent différens fédimens ; il s’élève à leur furface des bulles d’air , il s’y forme des moi- fllTures dans le commencement. Les matières végétales Amplement humedées Sc qui font molles , éprouvent les mêmes phénomènes. Le mouvement qui s’excite alors n’eft jamais A con- Adérable que celui qu’on obferve dans la fer¬ mentation fpiritueufe Sc dans l’acéteufe. Le vo¬ lume de la matière qui fe pourrit ne paroît pas s’augmenter , ni fa chaleur s’accroître ; mais le phénomène le plus important , c’eft le change¬ ment de l’odeur Sc la volatilifation d’un principe âcre, piquant, urineux, femblable à l’alkali vo^ ©^Hist.'Nât. Et BE Chimie. " Îatîl j & qui en eft véritablement ; ceft .d’après cela qu’on a appelé la putréfaâion fermentation alkaline J & qu’on a regardé Falkali volatil comme . fon produit. L’odeur piquante s’exhale peu à peu 5 il lui fuccède une odeur fade nauféeufe ^ qu’il eft difficile de rendre. Alors la décompo- fttion eft à fon comble 5 la mafle végétale pour¬ rie eft très-molle, comme une bouillie , elle s’af- faifle 3 elle éprouve un grand nombre de mo¬ difications fucceffiveç dans le principe odorant qu’elle exhale; enfin, elle fe defsèche, fon odeur défagréable fe diffipe peu à peu , & elle ne laifte qu’un réfidu noirâtre comme charbonneux , dans lequel on ne peut plus trouver que quelques fubftances falines Sc terreufes. Tel eft l’ordre des phénomènes que l’on obferve dans la dé- compofition fpontanée des végétaux qui fe pour- rifîent; mais cette décompofition pouffee juf- qu’à ce que ces corps foient réduits à leur fque« lette terreux ou falin , eft très-longue à fe faire , Sc Fon doit même ajouter qu’elle n’a encore été obfervée convenablement par perfonne. Ce re¬ proche fait aux Phyficiens & aux Chimiftes fur les matières animales, eft bien plus frappant Sc plus mérité pour les fubftances végétales. Au¬ cun Savant n’a encore entrepris d’obferver la putréfaéfion complète de ces dernières , quoique beaucoup aient décrit les phénomènes qui ont ^5^54 !• E Ç O N s ÉLÉMENTAIRES lieu dans celle des matières animales. Auflî croyons-nous devoir terminer ici Fhiftoire de . Fanalyfe fpontanée 8c naturelle des végétaux, en ajoutant feulement, i°. que le peu que nous avons expofé fuffit pour faire voir que la pu- tréfadion végétale atténue, volatilife 8c détruit toutes les humeurs de ces êtres , 8c les réduit à Fétat terreux; 2^. que Fon ne fait encore rien de pofitif fur les phénomènes 8c fur les limi- tes de cette efpèce de putréfadion, qu’il faut bien difhnguer de celle des matières animales; 3®. enfin , que comme cette fermentation ell beaucoup plus marquée, 8c a été mieux obfer- vée dans les humeurs 8c dans les folides des animaux , les détails plus étendus que nous don¬ nerons dans l’examen de ces dernières fubflan- ces, compléteront Fefquifle que nous venons de tracer, 8c termineront Fhifioire des faits connus fut la putréfadion, qui intéreffe particulièrement les jeunes Médecins, auxquels cette partie dâ moue travail ell fpécialement defiinée. îj’Hist. Nat. et de Chimie. / ■ai— LEÇON LVII. RÈGNE ANIMAL. Hijloire Naturelle des Animaux (a). Ijes animaux fe diilinguent en général des vé¬ gétaux par la locomobilité & l’^organifation plus parfaite. Cependant il efl des clalfes entières de ces êtres fixés à une place , comme les végé¬ taux , tels que les lithophytes & les zoophytes connus fous le nom de polypes , qui naiflent® Sc meurent fur le même fol ; Sc dW autre côté , quelques végétaux exécutent autant de mouve¬ ment dans leurs feuilles Sc leurs fleurs , que cer-» tains animaux , par exemple les vers à coquilles. L’organifation paroît même moins parfaite dans les polypes que dans la plupart des plantes. Il rr> (a) Nous ne nous propofons de donner îcî qu’un précis des méthodes des Naturaliftes , pour faciliter aux jeunes gens i’étude de l’Hiftoire Naturelle 8c l’intelligence des bons Auteurs. Quant aux confîdérations générales fiir la nature des animaux , l’ordre que nous avons adopté ne nous per¬ met pas de donner des détails (lir cet objet , d’ailleurs traité d’une manière û bèlle & fî philofophique par M. le Comte de Buffon ^ par M. Bonnet» Leç ONS Sl,Ê MENTÀIîiE^ fuit de là qu’il eft très-difficile d’établir une ligne de démarquation parfaite entre ces deux Règnes ^ Sc que les Naturaliftes modernes ont dû nécef- fairement les confondre dans un feul connu fous le nom de Règne organique. Cependant , en ne confîdérant que les animaux parfaits , on trouve de grandes différences entre ces êtres Sc les végétaux. Des organes multipliés Sc très-diffingués les uns des autres , une ftruc- ture plus compliquée , des fondions plus nom- breufes Sc plus étendues font les caradères auxquels doivent fe rapporter ces différences ; O malgré cela , il n’en eft pas moins difficile de donner une bonne définition de ces êtres. En s’attachant aux caradères les plus géné¬ raux, on peut définir les animaux des êtres doués du fentiment Sc du mouvement néceffaires pour conferver leur vie. Tous peuvent fe reproduire ; les uns par Punion des deux fexe,s , font des pe¬ tits vivans ; les autres pondent des œufs qui n’ont befoin que de chaleur pour donner le jour aux petits ; il en eft qui fe multiplient* fans le fecours de leurs femblables ; enfin plufieurs fe repro- duifent lorfqu’ils ont été coupés , comme le font les racines des plantes. Il eft affez difficile aux Naturaliftes d’affigner aux animaux le vrai caradère de leur efpèce. Le mélange des races produit des variétés fans b’Hist. Nat. et de Chimie. (^37 iiombre ÿ le tranfport dans les différens climats occafiomie aufïi des changemens multipliés dans la forme, dans la taille, dans les couleurs, &c« On ne doit donc reconnoître pour des efpèces diüindes que ceux dont les formes font confiantes, Sc qui fe perpétuent par la reprodudion des indi¬ vidus. Quant aux altérations produites' par le croi- fernent des efpèces , le climat , la domeflicité , elles ne doivent conflituer que des variétés. ’ Le nombre d’animaux qui couvrent la furface de notre globe étant très-confidérable, l’homme ne feroit jamais parvenu à les diflinguer les uns des autres , & à les connoître , fi la nature ne lui avoit offert dans la forme variée des parties extérieures de ces êtres des différences remar¬ quables 5 à l’aide defquelles il lui étoit facile d’é¬ tablir des diffindions. Les Naturalifles ont , dq. tout tems , fenti l’utilité de ces différences , & ils s’en font fervi avec avantage pour partager les animaux en claffes plus ou moins nombreufes, i Sc pour former ce qu’on a appelé des méthodes. 1 Quoiqu’il foit démontré que ces fortes de claffi- fications n’exiflent pas dans la nature, Sc que tous I les individus qu’elle crée forment une chaîne non I interrompue Sc fans partage; on ne peut cepen- i dant difconvenir qu’elles aident la mémoire , de qu’elles font très-propres à guider l’étude d@ rHiûoire naturelle. On doit donc regarder les m4- 6^S Leçons élémentaikes thodes comme des inflrumeïis appropriés à notre foiblelTe , Sc dont on peut fe fervir avec fuccès pour parcourir le vaÜe champ des richefles de nature. Arijlote n’a établi que des divifîons géné¬ rales & fimples ; mais fes belles confidératjaixs fur les organes intérieurs & extérieurs des ani¬ maux ont formé une bafe fur laquelle ont été ei> grande partie fondées les divifîons des premiers Naturalifles méthodilles , tels que Gefner^ Aldro* vande^ Jonjlon ^ Charleton^ Rai^ Slc. A ces pre¬ miers Naturalifles en ont fuccédé un grand nom¬ bre d’autres qui ont perfeélionné les méthodes , Sc qui ont ajouté aux connoifTances acquifes en ce genre; mais parmi ces derniers, ceux dont il efl néceffaire de bien connoitre les ouvrages 3 Sc dont nous emprunterons ce que nous dirons ici , font MM. Klein , Linneus , Brijfon y Gepf;^ fro/ySec. Après l’homrne dont l’organifation Sc l’intel-- ! ligence exigent qu’on le mette à la tête des corps ; animés, Sc qui fait lui feul une clafïe à part, tous les autres animaux peuvent être partagés en huit claffes, qui font les quadrupèdes, les cétacées , les oifeaux, les amphibies, les poifTons^ ; les infedes , les vers Sc les polypes. Peijt-être 1 feroit-il pofTibîe de multiplier ces claflbs ; mais | : alors , en augmentant les divilions , on rnulti- ; j çlieroit k$ difficultés & c’eÛ ce qu’il faut évt 1; d’Hïst. Nat. et de Chimie. ter dans la méthode artificielle dont la fimplicitd êc la clarté font le feul mérite. CLASSE I. Quadrupèdes. Zoologie, Les quadrupèdes font des animaux qui ont quatre pieds , dont le corps eft le plus fouvent couvert de poils ; ils refpirent par des poumons femblables à ceux de l’homme j ils ont le cœur comme lui, à deux ventricules ; ils font vivipares, ^Ces animaux font ceux dont la ftruélure fe rap¬ proche le plus de l’homme ; il y en a même ^ comme le finge & quelques autres , que M. Lin-^ neus a cru pouvoir confondre dans le mêm^^ ordre que l’homme. Ce Naturalifle donne le nom de mammalia à cette dalle d’animaux dans la¬ quelle il comprend les cétacés, parce que tous ces êtres ont des mamm elles & allaitent leurs petits. Quoique cette clalTe d’animaux femble fe rapprocher de l’homme, ils ont cependant de très-grandes différences qu’il eft important de réunir ici. Telles font la fituation horifontale de leur corps , la forme des extrémités , l’épailTeur,, -la dureté de leur peau garnie de poils ou re¬ couverte d’un teft dur &: comme corné , la co¬ lonne vertébrale prolongée en une queue , la partie antérieure du crâne applatie & hori- fontaîe , les oreilles larges &: allongées , les os (du nez de de la mâchoire fupérieure très-longs I 4^0 Leçons élémëntaires 8c placés obliquement. En comparant cette flruc- ture à celle de l’homme , dont le corps eft élevé 8c perpendiculaire , l’os du rayon ou le radius ell mobile , les doigts font bien féparés , le pouce efl oppofé aux quatre autres, 8c la peau liffe 8c mince , on fendra bientôt combien cette conformation exalte fa fenfibilité, Sc le rend fupérieur aux animaux les plus parfaits. L’ana¬ tomie de fes organes intérieurs , 8c l’hiftoire de fes fondions , donnent encore beaucoup de force à ces importantes conhdérations. Les anciens Naturalifles à la tête defquels on doit placer Arijîote 8c Pline , n’ont diflingué les quadrupèdes que par les lieux qu’ils habitoient. Auffi 5 faute de defcriptions exaéles 8c de carac¬ tères fûrs , ne fait-on pas fouvent de quels ani¬ maux ils ont voulu parler. Les Naturalifles qui ont fend les défavantages de cette méthode , ont adopté une manière très-différente de traiter cet objet. Ils fe font fervi de la forme exté¬ rieure des parties les plus apparentes des ani¬ maux , pour leur donner des caradères faciles à faifir , 8c à l’aide defquels on pût les dillin- guer fûrement les uns des autres. Nous n’expo- ferons ici que trois méthodes artificielles fur les quadrupèdes 3 celles de MM. Linneus ^ Klein êc Briffoîi, ■I 'MelâodG b’Hist. Nat. et de Chimie, Méthodt de Linneus, M. Lintiéus a divifé les animaux à mammelles ijiamfnàlia , en fept ordres. Le premier , qui comprend ceux qu’il appelle primates , a pour caradères des dents incifives aux deux mâchoi¬ res; leur nombre de quatre confiant à la m⬠choire fupërieure ; deux mammelles fitiiées fur la poitrine, les bras éloignés par des clavicules. Cet ordre contient quatre genres , favoir ; l’homme Jiomo , le linge fimîa^ le maki lamur ou projimia , & la chauve-fôuris vefpertilio. On ne peut s’em¬ pêcher de difcOnvenir que cette méthode ell bien éloignée de la nature, puifqu’elle rapproche des êtres auffi éloignés que l’homme Sl la chauve- fouris. Les animaux du fécond ordre portent le nom de bruta. Leurs caradères font l’abfence des dents incifives , les pieds armés d’ongles forts , la marche lente, Get ordre renferme fix genres qui font l’éléphant elephas , là vache marine îrichecÈus ^ le parefleux hradipus ;\q fourmilier myrmecophàga , le pholidote fnànis , St le tatou dafypus. Les deux premiers genres font fort éloignés des quatre autres. Dans lé troifîème ordre que le Naturâlifle Suédois défigne fous lé nom dê fer ce , bêtes fauvages, il fait entter tous lés animaux à rn^rn- Tome IL Sf Leçons élémentaire s- ■ melles , dont les dents incilives font coniques ^ le plus fouvent au nombre de fix aux deux mâchoires 5 dont les canines font très-allongéesj Sc les molaires non applaties 5 dont les pieds font armés d’ongles aigus 3 Sc enfin qui déchirent leur proie & vivent de rapines. Il y a dix genres dans cet ordre; le phocas phoca; le chien canis ^ le chat f élis J le furet viverra ^ la belette muf- tela J Fours urfus , le philandre didelphh , la taupe talpa , la fouris forex , &: le hérifibn eri- ndceus. Le quatrième ordre intitulé güres les loirs ^ efi: diftingué par les caradères fuivans. Les ani« maux qui le compofent ont deux dents incifi- ves à chaque mâchoire y point de canines ; leurs pieds font armés d’ongles , 8c propres au faut*. Ils rongent les écorces 5 les racines , 8cc, Cet ordre comprend fix genres, qui font le porc-épic hijîrix 3 le lièvre lepus y le caftor cajîor y le rat mus y l’écureuil fciurus , & la chauve - fourk d’Amérique , à laquelle M, Linneus donne le nom de noâïlio* Ce Naturalifie a réuni dans le cinquième ordre j fous le nom de pecoray\t^ quadrupèdes qui ont des dents incifîves à la mâchoire inférieure , 8c qui n’en ont point à la fupérieure, dont les pieds font fourchus , 8c qui font ruminans. Le cha-^ meau camdusyh^on^-^mxic mofchusy le çQxfcep^ ï)’HrsT. Nat. et de Chimie, 64^ vus ^ la chèvre capra^ la brebis ovis, 8c le bœuf èos y font les fix genres qui compofentcet ordre» Le fixième ordre renferme fous la dénomi¬ nation de belluœ les quadrupèdes qui ont les dents incifîves obtufes , & les pieds ongulés. Les quatre genres qui compofent cet ordre , favoir , le cheval equus , Phippopotame hippopo- tamus 5 le cochon fus, 8>c le rhinocéros rhinocéros^ fe diftinguent très-bien les uns des autres par le nombre de leurs dents & par la forme de leurs Enfin le feptième ordre 5 qui comprend les cétacées cete , eh dillingué de tous les autres par la forme des pieds qui imitent des nageoires; mais comme nous croyons avec plufieurs Natura- lifles modernes, devoir faire une clafle parti¬ culière des cétatées, nous en parlerons après les quadrùpèdes. La méthode de Linneus paroît être défec- îueufe en quelques points , non-feulement en ce qu’elle rapproche des êtres auffi éloignés que l’homme & la chauve-fouris , &: en ce qu’elle fépare des animaux auffi femblables que le rat &; la fouris , mais encore en ce que les diyifions ' ne font pas affez nombreufes , <&: en ce qu’elles ne conduifent pas facilement à reconnoître un quadrupède : or ce doit être là le feul mérite d’une méthode 8c fon feul avantage. Sfij Leçons élémentaires Méthode, de M, Klein, M. Klein a divifé les quadrupèdes en deux grands ordres. Dans le premier, il a compris ceux qui ont les pieds ongulés , pedes ungulati Jiv^e cheliferi; dans le fécond, ceux dont les pieds font digités , pedes digïtatî. Le premier ordre eft divifé en cinq familles ^ dont le caraâère efl tiré de la divilion des pieds ongulés en plufieurs pièces. La première famille nommée monockela^ folypède en François, com« prend le genre du cheval. La fécondé , dont les individus portent le nom de dichela , renferme tous ceux qui ont les pieds fourchus ou jes bi- fulques , bifulei. Les uns ont des cornes comme le taureau , le bélier , le bouc , le cerf, la gi- raffe , &;c. Les autres n’en ont point , comme le fanglier , le porc , le babyrouiïà. Les trïchelœ ou animaux dont le pied ongulé efl partagé en trois , compofent la troifîème famille dans laquelle il n’y a que le rhinocéros. I^a quatrième famille ^ dont le caradère efl d’avoir le pied féparé en quatre pièces , , ne contient que l’hip¬ popotame. La cinquième , qui fe diflingue par les pieds partagés en cinq pièces pentackela ^ ne renferme que l’éléphant. Le fécond ordre des quadnipèdes , qui ren¬ ferme ceux qui font digitçs , eû également di^- s>’Èï§t. Nat. êt î)e CHr'MïE. ’S^f Vîfé en cinq familles, La première 5 deâinée aux animaux qui ont deux doigts au pied, didaâyla ^ comprend le chameau & le filène ou le pa- xefîeux de Ceylan, La fécondé famille , dans laquelle font compris les animaux à trois doigts aux pieds , tridaâyla , renferme le parelTeux & les fourmiliers. Dans la troifîème M. Klein a compris fous le nom de tetradaâyîa , animaux à quatre doigts , les tatous ou armadilies , Sc les cavias , qui femblent être des efpèces de lapins* La quatrième famille , qui a pour caradères cinq doigts aux pieds , pmtaÂaBjla , efl la plus 110 m- breufe de toutes ; elle contient le lapin , Fécu- reuil 3 le loir j, le rat & la fouris , le philandre , la taupe , la chauve-fouris , la belette , le porc-^ épie 5 le chien ^ le loup , le renard , le coati , le chat 5 te tigre , le lion , Fours , le linge ; le nombre des efpèces comprifes fous ces différons genres f eft très-confidérable. Il faut obferver que M. Klein p dans tous ces caradères pris de la forme des pieds , ne conlidère que les pieds de devant pour la dif- tindion des familles. Enfip , la cinquième famille des digités , efl: formée par les animaux dont tes pieds font irréguliers , momalopedia % tels font la loutre 3 le caflor , la vache marine & le phocas. On pourroit faire à M. Klein le même re¬ proche qffà M* Linneus. Quoique fes premières s f üj S45 tEÇONSr È'l'É me N* T a r ïl E 5 divîiions foient bien tranchées pour les familles^ les genres ne font pas aifés à diftinguer fuivant fa méthode , fur-tout ceux de la quatrième fa¬ mille des digîtés. Méthode de M, Brijfon. M. Briffon a évité la plus grande partie de ces înconvéniens ^ en combinant tous les caradères donnés par les Naturaliftes qui Pont précédé. Il s’eit fervi du nombre des dents , de leur abfence , de la forme des extrémités , de celle de la queue, de la nature des appendices , comme les cornes , les écailles , les piquans. Sa méthode combinée eft fans contredit la plus complette & la plus propre à faire reconnoître un quadrupède , Sc le rapporter au genre auquel il appartient. Nous préfentons ici fes divifions en forme de table j elle offre les caraélères de ces animaux jufqu’au genre, & elle a le mérite d’être très-fimple Sc très-facile. Kqyes;^ la Table là la fin de ce Volume^ CLASSE IL Cé TA CEE s. Les cétacées font de grands animaux qui habi¬ tent les mers , & qui par la ürudure de leurs - poumons & de leurs vaiffeaux fanguins peuvent vivre dans Peau , comme nous Pexpoferons plus en détail dans Phiftoire de la refpiration. Ils ref» ftmblent aux quadrupèdes par la ftruâure de fel’HisT. Nat. êt de ChïMïE. leurs mammelles , parce qu’ils font leurs petits YÎvans, 8c en général par leurs organes intérieurs. Mais ils en diffèrent par la forme de leurs ex-» îrémités , conftruites en nageoires , & par deux grandes ouvertures placées fur le haut de leurs têtes 5 par lefquelles ils rejettent l’eau à une hau¬ teur plus ou moins confidérable. Les Natura- liffes appellent ces conduits fpiracula. Le nom¬ bre des genres de ces animaux efl beaucoup moins nombreux que celui des quadrupèdes. M. Briffon les a diflingués 5 i®. en cétacées, qui n’ont point de dents , tels que la baleine halœna ÿ 2®. en cétacées , qui n’ont des dents qu’à la m⬠choire fupérieure , tels que le cachalot monodon yel monoceros'^ 3'’. en cétàcées , qui n’ont des dents qu’à la mâchoire inférieure , tels que le narwal pliyfeter^ 4®. enfin , en cétacées qui ont des dents aux deux mâchoires , tels que le dauphin deU ph'must LEÇON LVIII. CLASSE III. Oiseaux. Ornithologie# JLjes oifeaux font des animaux bipèdes, qui fe meuvent dans l’air à l’aide de leurs ailes , qui font couverts de plumes , 8c qui ont un bec d’une fubflance cornée. Ces animaux préfentent un Sf iv Leç0;NS ëLÏMEÎÏfAïîlESf grand nombre de faits intéreflans , relativement à la forme variée de leur bec , à la flruélure de leurs plumes , aux mouvemens qu’ils exécutent , à leurs mœurs ; nous connoîtrons ce qu’il y a de plus important fur ces faits dans l’abrégé de Phyf ologie que nous donnerons plus bas ; nous ne devons nous occuper ici que des caradères extérieurs dont les Naturaliiles fe font fervis ( pour diftingner les oifeaux , & les. clallçr mé-' thodiquement. Les premiers Savans qui. (ont traité cçtte partie de l’Hiüoire Naturelle , n’ont établi d’autres différences entres les oifeaux, que celles que la nature préfentoit relativement aux lieux habités par ces animaux, Ainfî ils les didinguoient en oifeaux des bois , des plaines , des buiflbns , des mets , des fleuves , des lacs , Sec» Quelques autres les ont diflingués par leur nour¬ riture en oifeaux de proie , en granivores, Sec. Sec» Mais les Méthodifles ont fuivi une autre routQ^ pour faire reconnoître les oifeaux, M, Linneiis^ les a divifés , d’après, la forme de leur bec , en flx ordres , commes les quadrupèdes avec lef- quels il les a comparés. Mais ces divifions ne nous paroiflent pas affez détaillées , fur-tout en obfervant que le nombre des efpèces efl beau¬ coup plus confidérable dans les oifeaux que dans les quadrupèdes, puifque Mi. le Comte. Buffbn fait monter les quadriipèdes connus à deux cens ^ b’Hist. Nat. et de Chimie. - & ΀S oifeaiix à quinze cens ou à deux milie ^ nous ne parlerons ici que de la méthode de M. I^leiri & de ççlle de M. Brijjon» M. Klein divifç les pifeaux en huit familles , d’après la forme de leurs pieds. La première comprend fous le nom de didnâiles ^ ceux qui ont? deux doigts aux pieds ; l’auttuche eft fqule dans cette divifion. La fécondé contient les tri* dactyles y tels que le cafoar, l’outarde 5 le van¬ neau 5 le pluvier. La, troifième , les tétradaâyles ^ qui ont deux doigts devant Sc deux derrière, tels que le perroquet , le pic , le coucou , FaL cyon. La quatrième comprend les tétradaâyles, dont trois doigts font en-devant & un en arrière. Cette famille eft la plus nombreufe de toutes , elle comprend les oifeaux de proie diurnes & noâurnes , les corbeaux , les pies , les étourneaux , les grives & les merles , les alouettes , les rouge- gorges 3 les hirondelles , les méfanges , les bé- caftes 3 les chevaliers , les râles , les colibris , les grimpereaux, les gallinacés, les hérons, &c. La cinquième famille contient les tétradaâyles dont les trois doigts antérieurs font réunis par une membrane , & le poftérieur eft libre. On nomme ces oifeaux palmipèdes; les oies, les canards , les mouettes , les plongeons , compofent cette famille. La fixième renferme les oifeaux tétradaâyles dont les quatre doigts font réunis Syo Leçons l Ï m e m t a î r e ^ par une membrane. On les appelle en latin i planci. Le pélican , le cormoran , le fou , l’an- hinga , font rangés dans cette famille par M. Klein^ La feptième efl compofée de ceux qui n’ont que trois doigts réunis par une membrane, ce font les tridaâyles palmipèdes. Le guillemot , le pingoin, l’albatros, appartiennent à cette familleir Enfin, la huitième renferme les oifeaux tétra’- âaàyles , dont les doigts font garnis de mem- hranes frangées ou comme découpées. On les appelle auffi daBylohes, Les colimbes & les foulques compofent cette dernière famille. La méthode de M. Klein, quoique plus détaillée que celle de M. Linneus , eh encore pleine de difficultés pour reconnoître les genres , fur-tout ceux de la quatrième famille. Auffi croyons-nous qu’on doit préférer celle de M. Brijfon, Il efl vrai que cette dernière , dans laquelle l’Auteur a fait ufage de tous les caractères réunis, comme pour les quadrupèdes, paroît très-compliquée au premier coup-d’œil ; mais en la réduifant en ta¬ bleau , comme nous l’avons fait ici , elle préfente d’un feul coup-d’œil toutes les divifons qui la compofent, & on peut facilement reconnoître un oifeau , en fuivant la marche de ces divifîons® Voye^ la Table II à la fin de ce Kolume* tj!HrsT. Nat. êt üe Chimte. 6^t CLASSE IV. Amphibies. Les amphibies font des animaux qui vivent également fur terre & dans Peau. Ils peuvent y relier plus ou moins long-tems.Les doigts de ceux de ces animaux qui en ont, font prefque toujours réunis par des membranes, leur peau elt lilTe de écailleufe; quelquefois ils font couverts d’un teft olTeux. La plupart font ovipares j il en ell ce¬ pendant quelques-uns qui font vivipares. Les uns nagent, les autres marchent comme les qua¬ drupèdes , enfin il en eft qui fe traînent comme les vers. C’efi; d’après ces différences que M. Lin- mus a divifé les amphibies en trois ordres. Le premier comprend les reptiles qui ont des pieds j îe fécond, les ferpens; & le troifième, les efpè- ces d’animaux nageans , qu’on a appelés poiffons cartilagineux. Il eft facile , d’après cet énoncé fiiccinâ , d’entendre la Table que nous préfen- îons , pour faire reconnoître , à l’aide de carac¬ tères fimples , les différens genres des amphibies. V Table III ^ Méthode amphïbiolo^que ^ à la fin de ce Volume* gp Leçons 'érilMENl?ÂiHSâ =srrr ■ - ■ 2:=::^-^^====^ LEÇON L I X. CLASSE V. Poissons. ICTHYOLOGIE4 j J«^ES poilTons font des animaux très-différensf i des précédens , dont les organes intérieurs ont , une fttuâure tout-à-fait particulière , comme nous le verrons dans notre abrégé de Phyfîologie. Ils fe diilinguent des autres animaux en ce qu’ils n’ont point de pieds ; mais des nageoires qui leur fervent pour fe mouvoir dans Feau , 8c en ce qu’ils refpirent l’eau au lieu d’air. Les poilTons font beaucoup plus difficiles à connoître que les autres animaux ; auffi leur hifloire na¬ turelle eû “ elle en général beaucoup moins avancée. Pour entendre la divifion méthodique que nous propoferons d’après Artedi , Linneus 8c M, Gouan y il eft néceffiaire de jeter un coup- d’œil rapide fur leur anatomie extérieure. Le corps des poiflbns peut être divifé en trois, parties ; favoir, la tête , le tronc & les na¬ geoires. La tête de ces animaux a différentes formes. Elle ed ou appîatie horifontalement , latérale¬ ment , ou arrondie ; nue ou écailleufe â Idïi . B^HrsT. Nat. et de Chimie. ou chargée d’afpérités ^ de tubercules , 8cc. On y remarque la bouche garnie de lèvres charnues ou ofîeufes j d’appendices ou de barbillons mous & très-mobiles ; les dents attachées aux m⬠choires , au palais ^ à la Jangue , au gofîer * les yeux au nombre de deux , immobiles 3 fans pau¬ pières ; les trous des narines doubles de chaque côté ; l’ouverture des ouies ou des branchies • les opercules ou os arrondis , triangulaires 3 quarrés , deftinés à fermer l’ouverture des bran¬ chies ; la membrane branchiale 3 placée au-def- fous des opercules 3 foutenue fur plulieurs arrêtes ou os en forme d’arc 3 dont le nombre varie depuis deux jufqu’à dix. Cette membrane fe replie fous les opercules , il eR bien impor¬ tant d’examiner fa flrudure Sc fes variétés 3 parce que les caradères des genres font le plus fouvent pris du nombre ou de la forme de fes rayons. Le tronc diffère comme la tête par fa forme ; il eft ou arrondi , ou globuleux , ou allongé 3 ou applati , ou anguleux. Il faut y obferver la ligne latérale , qui femble divifer chaque côté du corps en deux parties le thorax , placé fous les ouies , au commencement du tronc , Sc rem¬ pli par le cœur Sc les branchies ; le ventre 3 dont les côtes forment la charpente ^ continue depuis la, têtç jufqu’à la queue ^ Sc qui cou- ^^4 Leçons élémentaîkès tient Feftomac , les inteftins , le foie , la aerienne j les parties de la génération ; l’ouver¬ ture de l’anus , qui eft commune aux intelliiis , à la veflie & aux parties de la génération ; enfin la queue , qui termine le tronc ^ dont la forme & l’étendue varient. Les membres ou les nageoires , pinnœ nata* toriœ 3 font formées de membranes foiitenues fur de petits rayons 5 dont les uns font durs , ofieux 3 & terminés en pointe épineufe ^ ce qui conftitue les poifibns appelés acamhoptery giens par Artedi ; les autres font flexibles ^ mous , obtus 5 comme cartilagineux ^ ce qui conflitue les poifibns malacoptery giens» On diflingue cinq efpèces de nageoires 3 relativement à leur fitua- tion ; la dorfale 5 les peélorales 3 les abdomina¬ les 3 celle de l’anus & celle de la queue. La nageoire dorfale eft impaire , elle maintient le poifibn en équilibre ; elle varie pour la fitua- tion 3 le nombre , la figure 3 la proportion 3 &:c« Les nageoires thorachiques font fituées à l’ou¬ verture des ouies j elles font au nombre d© deux ; elles font l’office de bras, quelquefois même elles fervent d’aîles; elles diffèrent par le lieu de leur infertion , leur étendue , leur figure 3 &c. Les nageoires du ventre font les plus impor¬ tantes à connoître 3 parce que leur fituaiion ^ 1 b’Hist. Nat* et de Chimie. Tervi au célèbre Linneus de caradères diftindifs pour claffer les poilTons. Ces nageoires font pla¬ cées à la partie inférieure du corps , fous le ventre, avant Faims, & toujours plus bas que les pedorales/ Elles manquent quelquefois ; de comme Linneus les a comparées aux pieds, il a appellé apodes ou fans pieds , les poiiïbns qui lî’ont point ces efpèces de nageoires. Elles exiilent cependant dans le plus grand nombre des poif- fons • mais leur^infertion varie : lorfqu’elles font placées avant ou au-delTous de Fouverture des ouies & des nageoires pedorales , on les appelle jugulaires , ainfî que les poilTons chez lefquels elles occupent cette place. Si elles font atta-> chées au thorax & derrière Fouverture des ouies , alors on les nomme thorachiques , d: les poilTons qui offrent cette ftrudure ont reçu le même nom dans la méthode de Linneus. Enfin , quand elles font placées fous le ventre , plus près de Fanus que des pedorales , elles font défignées fous le nom ^abdominales , également donné aux poiT fons dans lefquels on obferve cette Urudure. La nageoire de Fanus efl impaire. Elle occupe en tout ou en partie la région fituée entre Fanus & la queue ; elle diffère par la forme , par Féten- due 5 par le nombre , quoiqu’on ne la connoifîe encore double que dans le poilTon doré de la ghincs Leçons élémentaires La nageoire de la queue elt placée verticale¬ ment à l’extrémité du corps , Sc elle termine la queue ; c’eil le gouvernail du poilTon , l’inf- trument à l’aide duquel il change à fon gré fa direâion par les mouvemens variés qu’il lui donne. Elle offre aufïi plufieurs variétés par fa forme 5 fon adhérence ou fes connexions , fon éten¬ due , SiC, Après ces détails fur l’anatomie extérieure des poiflbns 5 nous paffbns aux diyifîôns méthodiques des Naturalifles. Avant Artedi , aucun Natura¬ lise n’avoit encore effayé de difpofer méthodi¬ quement les poifTons , quoiqu’on eût déjà des méthodes fur d’autres animaux. Ce Savant efl le premier qui aitpropofé unfyflême iéfhyologique d’après la nature des os ; des nageoires durs ou mous 5 épineux ou obtus, d’après la forme des ouies. Il avoit enfuite travaillé à multiplier les divifîons , d’après d’autres parties ; mais une mort prématurée Fempêcha de compléter ce travail. Litmeus a imaginé d’établir une méthode iéfhyologique , d’après la fituation variée des nageoires du ventre; & M. Gouariy célèbre Pro- felTeur de Montpellier, a combiné avec béau- coup d’art les deux fyflêmes Artedi Sc de Lin^ îteus. Ce Naturalifle divife d’abord les poifTons, en ceux qui ont les ouies complettes, c’efl-à- dire formées d’un opeixuk & d’une membrane branchiaîg d’Hist. Nat. tt de Chîjviie. branchiale bien organifée ; Sc ceux qui ont les ouïes incomplettes , c’eft-a-dire j qui manquej^t ou de membrane branchiale, ou d’opercule , ou de tous les deux. Les premiers font enfuite dif- îingués par la forme de leurs nageoires. En effet j ces parties font compofées ou d’os durs Sc aigusj ou de rayons mous Sc comme cartilagineux. Cès différences conflituent trois claffes de poiffons; favoir , i°. les acanthoptérygiens ; 2^^. les malacop- îérygiens; 3®. les branchioRèges. Dans chacune de ces claffes de poiflbns, les nageoires du ventre fe trouvant ou abfentes, ou placées au col, au thorax , au ventre , M. Gouan a divifé chaque claffe en quatre ordres , c’eft-à-dire , en apodès , en jugulaires 5 en thorachiques Sc en abdoma- niaux. Comme , après ces premières divifions géné¬ rales , il n’y a point de caradères ultérieurs pour partager les genres en fedions Sc en atticles , comme il y . en a dans la méthode de M. BriJJhrt pour les quadrupèdes Sc les oifeaux, nous n’au¬ rons pas befoin de réduire la méthode de M« Gouan en table, Sc il fuffira de préfenter les genres fous les claffes & les ordres auxquels ils appartiennent* Sj8 Leçons ÉLéMENTAîaES CLASSE I. Poissons acanthopterygien$<» Ordre I. Apodes. Genres. I* Letrickiure ou paille-en-cul, trichïurusé I. L’empereur, xïphîas, J, La donzelle , ophidium. Ordre II. Jugulaires. Genres. 1. La vive , trachnius. 2. Le bœuf, uranofcopus. 3. La lyre, callïonjmus. Le perce-pierre, blennïus. Ordre III. Thorachîquest, Genres. 1. Le goujon , gohïus. 2. La flamme , cepola. 3. Le rafoir , corypkœna. 4. Le macquereau , 5*. Le perroquet ,, labrus. 6. La dorade , /parus. 7. La bandoulière , chœtoâotU '8. Le daine , fciœna. ÿ. La perche , perça. 10. La rafcafle,y2:or/^a7za» 11. Le rouget, mullus^ 12. Le milan|^r%/a. b’HîsT. Nat. et de Chimie. (î/g ^Genres. 13. Le cabot, cottus^ 14. Le gai, ^eus. IJ, Le fabre , trachïpurus^ 1 6. L’épinoche , gâjlerajieus^ Ordre IV* Abdominaux^ Genres. î. Le filure , 2» Le muge , mùgiL 3. Le polynème, ^ La theutie , theutis^ y. Le faurel , elops^ CLASSE IL MALAco¥rEKYGi%]^s. Ordre L Apodes^ Cenres:. 1. Uaiiguille, murœna. 2. Le gymnote, 3. L’anarrique, anarhichas^ Le Ih'omatée ^Jîromateus, J, Le lançon , ammodytes^ O R D R E IL Jugulaires,. Genres. « 1. Le porte-écuelle , lepadogajîer. 2, Le merlan, gadus, I Ordre III, Thorachiques. Genres. 1, Ija. ïoXsypleuronecles, Ttij 5do Leçons ^ i, ê h e n ta i r e| Genres. 2* Le rémora, echeneîs. 3, La jarretière, lepidopus. O R D R JE I V« jA.hdomïnaux9 Genres. I. Le cuîraflier, lorïcarla^ 2* L’hepfet, atherinam ^ 3. Le faumon , falmo. 4. La fiftulaire , fijliilarîa^ y. L’aiguille , efox. 6. L’argentine, argentma„ 7. La fardine , clupecu 8. Le muge volant , exocœtus^ p. Le barbeau , cyprinus. 10. La coche franche, cobïtiù 11. L’amie, amîa. 12. Le mormyre , mormyrus. CLASSE IIL\5RiiNCHiosTÉcE|o^ Or DRE L Apodes^ Genres. 1. Le cheval xmnn ^ fyngnathus\ 2. Le balifte , halijles. Le coffre, ojîracioîio 4. Le coffre à quatre dents, tetraodoîtn Le coffre à deux dents 3 diodoiu ©’HiST, Nat. et de Chimie# 6St Ordre II. Jugulaires^ Senre. I. Le baudrôye , lophlus. Ordre II L Thorachiques» Cenre. it Le cidoptère-^ cyclopterus* Ordre IV. Abdominaux. ISenres. 1. La bécaffe, centrifcus. 2. Le ^égdjQ y pegafus. Lescaradères des genres font pris de la forme du corps 5 de celle de la tête , de la bouche , de la membrane branchiale, Sc fur-tout du nom^ bre de rayons qui foutiennent cette membrane. CLASSE VLInsectes.Entomologie. Les înfedes font des animaux qui fe recon- îîoilTent à la forme de leurs corps , comme par¬ tagé par anneaux , & à la préfence de deux cor¬ nes mobiles qu’ils ont au-devant de la tête, & qu’on appelle antennes. Les infedes compofent une des clalTes les plus nombreufes des animaux 5 fans doute en raifon de leur petitefle , puifqu’oii a obfervé que plus ces êtres font petits, 8c plus leur reprodudion ed multipliée. L’hiôoire de ces animaux eft une des plus agréables, la plus amu- T t iij §62 Leçons itÏMiNTÂïEE^ fante , Sc peut-être celle qui n’eft pas la moins utile 5 puifqu’on y peut découvrir des propriétés utiles à la Médecine Sc aux arts. Les infedes préfentent dans leurs clafles un exemple de prefque tous les autres animaux , relativement à leurs moeurs , à leur forme , à leurs habitations, &c. Les uns marchent comme les quadrupèdes; d’autres volent comme les oi- feaux ; quelques-uns nagent Sc vivent dans les eaux comme les poiffbns; enfin, il en efl qui fautent ou qui fe traînent comme certains rep¬ tiles. On peut même pouffer cette analogie beau¬ coup plus loin, en examinant en détail la ftruc» ture de leurs extrémités , celle de leur bouche ^ de leurs organes^ intérieurs , Sec. Les infedes confidérés à l’extérieur font corn- pofés de trois parties , de la tête , du corcelet Sc du ventre. La tête diffère par la forme , par l’étendue Sc par la pofition ; elle eft quelquefois très-grofle par rapport au volume de l’infede , & quelque¬ fois très-petite ; elle eff ou arrondie, ou quar- rée , ou allongée , ou liffe , ou raboteufe , ou chargée de tubercules , ou couverte de poils en certains endroits. On y obferve, i°. les antennes placées dans le voifinage des yeux, formées de différentes pièces articulées Sc mobiles , fembla- bles à un fil^ terminées en pointe ou par une d’Hist. Nat. et îîe Chîmië. 66^ maffe. La forme de ces organes eft effentielle à diftinguer, parce qu’elle fert prefque toujours de caradère pour diftinguer les genres ; 2'’. les yeux qui font de deux fortes , à facettes ou à réfeau, liftes Sc petits : ces organes font quelquefois très-gros de d’autres fois petits; leur nombre varie : il eft des infedes qui n’en ont qu’un 5 comme le monocle; d’autres deux , cinq ou même huit comme l’àraignée. Sec. 3®. la bouche qui eft formée , ou de mâchoires, fortes Sc cor-^ nées, pofées Sc mobiles latéralement, où d’une trompe plus ou moins longue , dilatée , en fpi- rale, Scc. ou d’une fîmple fente, Scc. Cette partit: eft'fouvent ornée de petites appendices mobiles, nommées antennules ou barbillons, au nombre de deux ou de quatre. Le corcelet eft la poitrine des infedes; il eft placé entre la tête Sc le ventre *, il eft tantôt arrondi , tantôt triangulaire , cylindrique , large , étroit, &c. On doit le confidérer comme corn- pofé de fix faces , ainfi qu’une efpèce de cube , dont il a quelquefois la forme. La face ou l’ex¬ trémité antérieure eft creufée pour recevoir la tête ; cette articulation ne fe fait quelquefois que par un fil , comme dans les mouches. La face poftérieure eft ordinairement arrondie Sc arti¬ culée avec le premier anneau du ventre ; quel¬ quefois elle ne fe joint avec cette partie que Tt iv ■8^4 tSÇOKS ixlMKÜÏA'ïKS^ par un fil. La face fupérieure eft tantôt plate Sc lifle 5 tantôt arrondie , prominente , chargée d’appendices, de tubercules, terminée par une cfpèce de rebord faillant; ce qui confiitue le corcelet bordé , thorax marginatus, C’efl; à la partie poftérieure de cette face que font atta¬ chées les .ailes. On fait que la plus grande partie des infedes eft pourvue de ces organes, mais elles diffèrent fingulièrement les unes des au¬ tres; & comme c’eft fur ces différences que font fondées les principales divifions des claffes adop¬ tées par les Méthodiftes , il eft important de les parcourir. Ces ailes font , ou au nombre de deux , ou à celui de quatre. Chez ceux qui en ont deux tranfparentes , comme la mouche, le cou- fin, ôcc. ces ailes font toujours accompagnées vers leur infertion & au - deflbus , d’un filet mince , terminé par un bouton arrondi , qu’on appelle balancier, halter^ Sc qui eft recouvert par une appendice membraneufe concave , ap¬ pelée cuilleron. Dans un grand nombre d’infedes ces deux ailes font très-fortes, repliées & pliffées fous des étuis durs, cornés, mobiles, nommés fourreaux ou élytres, eljtra. Ces étuis diffèrènt par la for¬ me, les uns recouvrent tout le ventre, d’autres font comme coupés tranfverfalement, &; ne cou¬ vrent qu’une partie du ventre; il y en a quiffont d^Hïst. Nat, it de Chimie. 66f ^urs, d’autres font mous • la plupart font accom¬ pagnés vers le haut de leur future ou de la ligne par laquelle ils fe rapprochent, d’une petite pièce triangulaire fondée au corcelet , que l’on nomme écuîToii 5 fcutelLum ; cette pièce manque dans quelques-uns ; enfin , dans quelques infeéles à étuis, les élytres font fondés, comme formés d’une feule pièce Sl immobiles. Les ailes font fouvent au nombre de quatre ; alors, ou elles font membraneufes & tranfpa- rentes , comme dans les demoifelles, les guê¬ pes , &c. OH elles font chargées fur chacune de leurs faces d’une pouflière colorée, qui au mi- crofcope préfente des écailles implantées fur les ailes, comme les tuiles fur un toit, imhricatim, La partie inférieure du corcelet efi irrégulière , formée de plufieurs pièces collées les unes aux autres , Sa elle porte une partie des pattes. Le nombre de ces dernières varie dans les in- fedesi beaucoup en ontfix, d’autres huit, con> me les araignées ; dans quelques-uns il y en a dix, comme dans les crabes; enfin, certains in- fedes en ont un bien plus grand nombre. On en compte feize dans les cloportes , & quelques efpèces de fcolopendres & d’iules en ont juf- qu’à foixante-dix & cent vingt de chaque côté; dans ceux qui n’en ont que fix, huit ou dix, elles font toutes attachées au corcelet^ fuiyant M, Geof '666 Leçons éLÉMENTAiRis frojy; dans ceux qui en ont un plus grand nom-» bre, une partie des pattes s’insère aux anneaux du ventre. La patte d’un infede eft toujours compofée de trois parties, de la cuifTe qui tient au corps, de la jambe ôc du tarfe* Il y a fouvent, outre cela , une pièce intermédiaire entre le corps 8c la cuifTe. Le tarfe efl formé de plufîeurs pièces ou anneaux articulés les uns avec les autres j le nombre de ces anneaux varie 8c s’étend depuis deux jufqu’à cinq. Il y a même des infeéles chez lefquels le tarfe des pattes eft plus confidérable dans celles de devant que dans celles de derrière; ce qui établit une analogie entre la flrudure de ces petits animaux , 8c celle d’un grand nombre de quadrupèdes dont les pieds de devant ont un plus grand nombre de doigts que ceux de derrière. M. Geoffroy a tiré parti de ce carac¬ tère pour fa divifîon , comme nous le verrons plus bas. Le tarfe eft terminé par deux , quatre ou fix petites griffes ou crochets , 8c fouvent garni en deftbus de broffes ou pelottes fpongieufes qui foutiennent 8c font adhérer l’infeèle fur les corps les plus polis, comme les glaces, 6cc. Sur chaque côté du corcelet, on obferve une ou deux ouvertures oblongues., ovales , qu’on appelle ftigmates , 8c par lefquelles Tinfede ref- pire. b'Hist. Nat. et de Chimie. 66^ La troifîènxe partie des infedes efl; le ventre. Le plus fouvent il eil compofé d’anneaux ou de demi-anneaux cornés , qui s’enchafTent les uns dans les autres. Quelquefois on n’obferve point les anneaux, & le ventre ne paroît formé que d’une feule pièce. Ordinairement il eft plus gros dans les femelles que dans les mâles. Il porte à fon extrémité les parties de la génération : on voit fur fes côtés un ftigmate fur chaque anneau , excepté fur les deux derniers j c’eft encore à la partie poftérieure du ventre que plufîeurs infedes portent les aiguillons , dont les uns font aigus &: piquans , les autres en fcie , d’autres en tanière. Ils leur fervent ou de défenfe ou d’inflrumens propres à percer les endroits .où les infedes dé- pofent leurs œufs. Le phénomène le plus fingulier que préfen- tent les infedes, & celui par lequel ils diffèrent entièrement de la plupart des autres animaux , ce font les changemens d’état par lefquels ils paiïent , ou les métamorphofes qu’ils fubiffent avant de devenir infedes parfaits. Il efl quelques infedes, &: prefq^ie tous ceux de la clafTe des aptères , qui n’éproiivent point ces changemens; mais le plus grand nombre y efl fournis. L’in- fede ne fort pas de fon œuf avec la forme de là mère , mais il paroît fous celle d’un ver avec ou fans pattes , dont la flrudure de la tête Sc des 66S Leçons 11 ê .m ENTAtusr anneaux varie beaucoup -, ce premier état efl appelé /arpe j fous cette efpèce de mafque y Piur* fede mange , grandit , mue Sc change de peau plüfieurs fois. Lorfqu’il a acquis tout fon accroif- fement, il change de peau une dernière fois , mais il n’efl plus fous la forme de ver ou de larve, mais fous une autre toute différente, qu’on appelle nymphe ^ chryfalide ou fève y chryfalis y aurelia. M. Geoffroy diftingue quatre efpèces de nymphes. La première eff celle qui ne reffemble point à un animal : on n’y obferve que quelques anneaux dans le bas , & le haut n’offre que des impreffions peu diflindes des antennes, des pattes & des ailes. La peau de cette efpèce eft dure , cartîlagineufe , &; .elle n’a que quelques rnoiive* mens dans fes anneaux. Telle eft celle des pa¬ pillons , des phalènes , dcc. La fécondé efpèce de chryfalide laiffe diftinguer les parties de l’animal parfait enveloppées d’une peau très-mince & très-molle. Elle eft immobile comme la première. Les infedes à étuis , ceux à quatre ailes nues & ceux à deux ailes en four- îîiffent des exemples. La trôifîème efpèce ed cellfe dont les parties font bien développées & apparentes , & qui fe meuvent. Telles font celles des confins & des infedes qui paffent les deux premiers états de leur vie dans l’eau, îd^Hist. Nat. êt de Chimie. 66^ Enfin 5 la quatrième efpèce comprend celles qui refTemblent à rinfeèle parfait par la forme du corps 5 la préfence des antennes Sc des pattes. Ces nymphes marchent &: mangent. Elles ne diffèrent des infedes parfaits que par Tabfence des ailes , ôc parce qu’elles ne font point aptes à la génération. Les nymphes des demoifelles , les punaifes , les fauterelles , les grillons, font de cette efpèce. Il en efl des infedes comme des autres anî- maux. Les anciens Naturalifles ne les avoi^t diflingués que par les lieux qu’ils habitent. Avant Linneus , aucun Savant n’avoit entrepris de les difpofer méthodiquement , Sc de donner des ca- radères pour les reconnoître ; c’elt à ce Natu- ralifte qu’eft due la première divifîon fyfléma- tique de ces animaux. M. Geoffroy a enfuite entrepris de les clafler d’une manière plus exade | fa divifîon des fedions Sc des genres eft un chef- d’œuvre de précifion , d’exaditude Sc de clarté dans ce genre de travail ; c’ed le fydême de ce Naturalifte que nous adoptons. M. Geoffroy divife les infedes en fix fedions , d’après l’abfence , le nombre Sc la flrudure des ailes, La première fedion renferme les coléop-^ tères ou infedes dont les ailes font recouvertes d’étuis. Leur bouche armée de deux mâchoires latérales & cornées , forme auffi un fécond ca-- 6^0 LeçoîSîs élémentaires radère général de cette feélion. Le hanneton offre ces deux caradères* La fécondé fedion comprend les hémiptères dont les ailes fupérieures font ou un peu épaiffes de colorées , ou à moitié dures & opaques ; mais le caradère des ailes qui n’efl pas tranchant dans cette fedion , eft remplacé par celui de la bou¬ che qui efl confiant. Cette bouche efl une trompe longue & aigue , repliée en deffous entre les pattes. La punaife des bois de la cigale appar¬ tiennent à cette fedion. La troifième fedion efl compofée des infedes tétr aptères à ailes farineufes^ dont les quatre ailes font colorées par une pouffière écailleufe , de qui ont une trompe plus ou moins longue , fouvent recourbée en fpirale , comme le papillon. Lin* neus nomme ces infedes lépidoptères. Dans la quatrième fedion font les infedes /e- traptères à ailes nues. Leurs quatre ailes font membraneufes ; ils ont des mâchoires dures. Telle efl la guêpe. Linneus a fait deux ordres de ces infedes , favoir , les névroptères , dont l’anus efl fans aiguillon , de les ailes font marquées de nervures , de les hyménoptères qui ont l’anus armé d\m aiguillon , de les ailes membraneufes fans nervures très-apparentes. La cinquième fedion contient les infedes dip-- lèves ^ ou à deux ailes ; leui bouche efl le plus p^Hist, Nat. et de Chimie. 6^t fouvent en forme de trompe, & ils ont des balan¬ ciers & des cuilleronsfous l’origine de leurs ailes. Enfin, dans la fixième Sl dernière fedion font rangés les aptères ou infedes fans ailes , tels que l’araignée , le poux , &:c. Outre ces premières divifions , M. Geoffroy en a établi d’autres, pour faciliter la recherche des infedes que l’on veut connoître. Voyez à la fia de ce volume les Tables lï^ & V ^ pour la dijîri* hutiqn méthodique des Infedes, LEÇON L X. CLASSE VIL Vers, Vernies» T J E s vers font des animaux mous , d’une forme très-différente de celle des infedes avec lefquels plufieurs Naturalifles les ont confondus. Ils n’ont pas d’os proprement dits , Sa leurs mem¬ bres ne font point conformés comme ceux des infedes; ils ne font point fujets comme eux à paffer par différens états. C’eft l’abfence des pieds bien conformés comme ceux des infedes, Sc la forme confiante Sc immuable qu’ils gardent toute leur vie , qui font leurs caradères propres & qui les diflinguent des autres animaux. La clafle des vers eft la plus nombreufe dç '^7^ Leçons iréMENTAiEEs la moins connue de tous les animaux. Il eS peu de fubftances organiques vivantes ou mortes , dans lefquelles il ne fe rencontre quelques vers qui y trouvent leur nourriture. La plupart des Naturalifles, Sc Linneus lui-même, ont mis dans la même claiTe les vers Sc les polypes ; mais leur llruêlure intérieure & leurs fondions les diftin- guent entièrement : on connoît un cœur & des vaifleaux dans la plupart des vers , Sc Fon n’a rien trouvé de femblable dans les polypes. Il faut bien diftinguer des vers dont nous nous occupons aduellement , les animaux qui font les larves des infedes , & auxquels on a donné aulîi le nom de vers à caufe de leur forme. Leur tête armée de mâchoire , les pattes qu’ils ont en plus ou moins grand nombre , & le plus communé¬ ment à celui de fix, donnent des caradères à l’aide defquels on peut facilement les reconnoître. Les vers font très-mobiles 3 ils aiment & cher¬ chent la plupart l’humidité. Quelques-uns n’ont pas de têtè bien diftinde , la plupart font her- maphrodites* Ceux qui ont une tête Font armée de deux cornes mobiles, rétradilesj nommées ten- îacula. Il paroît que prefque tous les vers que nous parcourrons en abrégé, ont la propriété de repoulTer lorfqu’ils font coupés ; ce qui in¬ dique une brganifation fimple, &: ce qui les rap¬ proche des polypes» On b^Hîst. Nat. ét CniMiEb 67J ' On peut divifer les vers en trois fedions; la première contiendra les vers nus , dont Porga- nifation efl la mieux connue , Sc qui fe rappro- îEÎient des autres animaux par ce caradère. Dans ia fécondé , nous rangerons les vers recouverts d’une enveloppe teftacéej ou les vers à coquilles ; leurs organes font moins connus que ceux des premiers ; cependant les belles recherches de M. Adanfon prouvent que leur flrudure fe rap¬ proche des vers nus. La troifième fedion €on> prendra les vers recouverts d’une- enveloppe cruilacée ; l’organifation de ceUx-ci n’ed pas fi bien connue que celle des précédens 5 on n’a encore examiné que leur forme extérieure & la flrudure de leur bouche^ SECTION L Fers nüs. Il efl; aifé de fe figurer la différence qui exifie entre les vers compris dans cette fedion 8c ceux des deux autres. Ils font nus 8c fans couverture calcaire ou cruflacèe. Il y a fix genres differens dans Cette fedion. Genre I. GordiuÈ^ Ce ver 5 îxmzni Linneus , a lé corps comme un fil rond , la bouche fourchue , les m⬠choires horifontales & obtufes i fon corps efl Tomê II9 V y #74 Leçons éLÉMENTAiKES pâle Sc fes deux extrémités font noires. Gejher 8< Aldrovande Font nommé veau aquatique, vitu-- lus aquatïcus. Le dragoneau des Perfes, vena medmenjïs, le crinon des pays chauds, appar¬ tiennent à ce genre. Genre IL Lombric. Le ver de terre, lumhrîcusy a le corps formé d’anneaux ; fon extrémité antérieure eft pointue % fes parties génitales font au collier ; il efl herma¬ phrodite & ovipare. Le ver de terre, celui des inteflins de l’homme & le ver marin , font les trois efpèces bien connues. Genre IIL Afcarîde Son corps efl lilTe , & fes extrémités font très- aigues ; il fe trouve dans rinteflin reélum des çnfans. Genre IV. Sang-fue y Hirudo. Son corps paroît renflé dans le milieu ; fes deux extrémités fe dilatent en un corps arrondi plat; fa tête eft armée de trois mammelons piquans , qui font une bleflure à trois angles fur la peau des animaux où elle s’attache. Sa bouche fait la pompe , & une forte de mammelon charnu placé au fond de cette cavité, le piflon. Tel elî le méchanifmepar lequel la fang-fue tire le fang- Nat. et de ^7$ Genre V* Limace , Limax. Son corps eft oblong, recouvert d^un bouclier OU manteau charnu fupérieürement , formé eil delToüs d\îne bande mufciileufe. Sa tête eft ar¬ mée de quatre tentacules. Il y a plufieurs efpèces de limaces , qui diffèrent par îa grofleur , la cou^: leur , les taches j &c. Genre VL Tcenla ^ folium ^ Ver folitaire. On l’a appelé ainfi parce qu^on a cru qu’il fe trouvok feul dans les inteflins des animaux; mais c’eft une erreur; on en a trouvé plufieurs dans l’homme. Il y en a quelquefois des douzaines dans les chevaux, dans les chiens , dans Jes poiÇ* fons 5 Sec, Le caradère de cet animal elf d’être plat comme un ruban , & formé d’anneaux articu¬ lés diftinds, d’avoir une extrémité fine êc allongée Sc qu’on croit être la tête. On penfe que chaque anneau ell un animal particulier qui vit & fe nourrit à part. Il eft d’une longueur très-confi- dérable , Sc qui s’étend fouvent à plufieurs aunes. Jl fe reproduit lorfqu’il efl caffé ; il croît^ des an¬ neaux de fon fil , de forte que les animaux n’en font guéris que lorfqu’il eft foifti en entier. Il habite les inteftins de prefque tous les animaux. On n’a point encore bien examiné les différens Vvij Ç76 tEÇOîTS ÉLÉMENTAIKÉS^ tœnïa. On en diftingue deux dans l’homme : l’un à anneaux courts , l’autre à anneaux longs. On ne connoît point encore bien la nature de ce ver , malgré les recherches de MM. Andry , ^Tyfon J Herrenfchvands^ Bonnet ^ Butini^ 8cc, Il femble fe rapprocher beaucoup des polypes, M. Lihneus en a décrit une efpèce ronde , arti¬ culée 5 d’un blanc luifant , qu’il dit fe trouver dans les marais. Il parle encore d’un ver plat Sl blanc auquel il donne le nom de fafciola , Sc qui eü très-diflférent du tcenia , en ce qu’il ell fans arti¬ culations; une efpèce de ce ver eü très-petite, Sc fe trouve dans les ruifleaux , ainfî que dans le foie des moutons ; une autre eh beaucoup plus longue , Sc elle fe rencontre dans les intef- tins des poiflbns. SECTION IL Vers testacés. Les vers tehacés font recouverts d’une co¬ quille de la nature de la craie j la plupart des Naturaliftes ne fe font occupés que de cette en¬ veloppe , Sc ont établi des méthodes d’après la forme de la coquille. M. Adanjon eh un des premiers qui ait entrejDris de décrire les habi- tans des coquilles , Sc de dihinguer ces animaux d’après leur forme intérieure. Ce travail eh très- peu avancé Sc très-difficile. Nous indiquerons . ici la marche des Naturalises dans la diûribu- d’Hist. Nat. et be Chimie. 677 tîon des coquilles, M. Dargçnville eft FAuî:eur qui a donné la méthode la plus claire & la plus compîette. Il a divifé les coquilles en troisordres., Le premier comprend les coquilles d’une feule piècejUnîvalves^^o^A/e^jlefecond, les coquilles de deux pièces égales & fymétriqueè bivalves ^ €onchæ^\Q troifièmej^Ies multivalves ou pply val¬ ves qui font formées de. plus de deux pièces réu- -ries. Or d ee I. Coquilles Cochleæ# femilles: ou/genres<^ 1. Lepas , pateUdm, 2. Oreille de mer haliom, 5*. Tuyau J tubulusy dentalium m -J* Nautile 3 nautilus^ y. Limas à bouche ronde 3 cochlea» 6. Limas à bouche demi -ronde 3 nérite g. nerites» 7. Limas à bouche plate j fabot j trochus^ 8. Rouleau 3 cîllndrus* p. Cornet 3 votuia, 10. Vis 5 flromhris» 11. Bucein 3 huccinwm^. 12. Rocher 3 murex^ 1 3 . Pourpre , purpum* 14. Porcelaine 3 IJ. Tonne^ , Vfi| ■■ 678 Leçons ÉtÉMENTAiKES O KDKE II* Co<^uilles bivalves^ Conch^s.* fàuiîllë^du gétires. ^ ojîréa. 2. Càma , chamd* 3. coucha cofdh^ Peigne , peüen. y. Moule , my talus, 6* Manche de couteau , foleu, Okdrè III, Coquilles multïvalves ou poly valves'^ Familles ou genres, 1. Pholades , pholas, 2, Ghxïàs Aq tner y halanus, 5. Conques anatifères > coucha anatifera^ 4. Pouffe-pieds, y, Ofcabrions, SECTION 111. Vers crustacés. Cette feâion eft la moins nombreufe Sc la moins connue , elle comprend deux genres bien caradérifés. Genre I. t toile' de Mer, Afle'rîas, Sa bouche eft au milieu du corps ; Ton enve« îoppe cruflacée eft divifée en rayons qui ont la forme d’une étoile* D ’H I s T, Nat. et de Chimie, Genre 1 1. Ourjîn , Echinus. Sa bouche efl; à la bafe d’une enveloppe crufla- cée arrondie & voûtée, ^ui efl hériffee depiquans. a placé les ourfins dans l’ordre des multivalves. M. Klein a fait, fur ces animaux , un Ouvrage complet intitulé NaturaUs difpofitio echinodermatum^ La fîtuation de l’anus lui a paru fufceptible de fournir une méthode propre à les faire diftinguer. Il les divife en trois claffes. La première comprend les ourfîns anocyfles , dont l’anus ell placé au fommet ou à la partie la plus élevée de la croûte. La fécondé renferme les ourfîns catocyfles , qui ont l’anus placé à la bafe. Il place dans la troifîème claiïe les ourfîns pleurocyjles , chez lefquels l’anus ne s’ouvre ni au fommet, ni à la bafe, mais à la furface ou au bord. Les caraélères des feâions St des genres font pris de la forme de la croûte des ourfîns , & de leurs pointes ou appendices. CLASSE VIIL PoLypËS,PoIypî. Les polypes conftituent la dernière claiïe des animaux. Ils font les moins parfaits, & quelques- uns d’entr’eux reiïemblent tellement à des végé¬ taux , que les Naturaliiïes les ont compris pen¬ dant long-tems au nombre de ces derniers. Vv ÏY ÿ8o liEÇONS ÉLÉMENTAIRES L'es Anciens avoient donné le pom de polypes; à des animaux plus ou moins volumineux, armés, d’un grand nombre de pieds , Sc dont on fe fer- voit comme d’un aliment délicat. Nous entendons par ce nom tous les animaux mouvans, dont l’organifation paroît fîmpie,aux^, quels on ne connoît point de cœur , & qui ne font formés que d’une membrane contournée en facs , Sc cbargée d’un grand nombre de pieds ou de cornes. Les polypes ont encore une pro^ priété qui les diftingue , c’ell: d’être fufceptibles de fe coîitraéler, de fe refferrer Sc de perdre em tièrement leur forme. Ils vivent la plupart réunis en nombre confîdérable fur la même babitatî^in Ils fe' reproduifent par des efpèces de grains qui fe féparent de leur furface Sc vont adhéret à quelques corps , où ils croiflent à la manière des végétaux. Si on les coupe , ils pouffent Sc fe re¬ nouvellent comme de bouture. Nous les divifons en quatre fedions, SECTION L PoLYPJES Nus^ Ces polypes ne font recouverts d’aucune fubt, tance dure ou de fourreau. Ils font fixés ou fur* les rochers, , ou fur des corps folides quclcoii'^. ques. Nous les diflinguons en deux genres,^ £)’Hist. Nat. et ïje Chimie. éSt Gçnre I. Polypes d]eau douce ^ Hydra Lînnei. M. Trembley 2t, décrit avec beaucoup de fom ces petits animaux. • Ils font formés d’un corps ou tuyau allongé , à ^extrémité duquel efl une dilatation qui efl: la bouche. Le bord de cette cavité efl entouré d un grand nombre de filets ou de cornes mobiles contraffiles, qui fer¬ vent à l’animal à prendre &: à engloutir fa proie. Cet Obfervateur en a diflîngué plufieurs efpèces par leur grandeur , leur couleur , leur forme* Tels font le polype à bras, le polype à panache ^ le 'polype à bouquet , &ç. Genre IL Ortie de mer. Elle repréfente un’corps conique tronqué, mob lafle , contradile , dont la bouche efl armée de cornes ou de pieds. On les connoîtfous le nom de culs d’âne , culs de chevaux , poiflbns-fleurs , &:c. Linneus êc la plupart des Naturalifles les ont rangées parmi les zoophytes ou animaux qui reflemblent aux plantes (a). (^)On a comume de ranger la feche & le calmar parmi îes p^olypes ; mais leur organifation plus parfaite , la pré- fence d’un cœur à un ventricule , obfervé & décrit par Sv/(imerdiim , les rapprochent des poiiïbns j M, U Cat 682 Leçoks élémentaires SECTION IL Polypes dans des CELLULES CORNÉESy ou COMME LIGNEUSES. Le caraâère des polypes de cette fedîon ^ c’efl d’être adhérens à des branches de matières ou cornées, ou flexibles Sc fîbreufes, comme des jeunes tiges d’arbrüTeaux ou de plantes. On a auffi compris ces êtres parmi les végétaux juf- Pejyffonely Ellis y Jlonatiy &c. qui ont prou¬ vé qu’ils appartenoiedt véritablement aux ani¬ maux. On les a appelés ^ophytes à caufe de leur forme , & lythophytes à caufe de leur dureté* Genre I. Keratophyte , ou Lithophyte proprement dit. C’efl un polype fou vent élaftique, formé par une matière de diverfes couleurs , qui fe coupe & fe fond comme la corne , qui fe polit comme elle , qui brûle avec fon odeur. Le corail noir le corail articulé font de ce genre. Genre IL Corallme y Sertularia feu corallina. Rien ne reflemble plus à des plantes que cett^ produâion de polypes, M. Ellis a donné une nommoit la lèche infecte -poiffbn. Ceft en effet un être qui fèmble tenir le milieu & fèrvir de paffage entre ces deux clafTes d'animaux. b’Hist. Nat. ex de Chimie. 683 defcripiion d’un grand nombre d’efpècés de cette fubflance. Il les diftingue en quatre familles , fa voir, les véficuleufes, les tubuleufes , les cel- luleufes &: les articulées. Il paroît que les deux dernières familles ne font pas de la meme nature cornée que les deux premières. SË CTÏÔN ÏIL P OLYI^ES DANS DES CELLULES CRÉTACÉES, Ces efpèées de polypes conflruifeiit & habitent des ramifications folides d’une forme variée 5 mais qui toutes font de la nature de la craie. Ils font en général plus volumineux que les précé¬ dons, Sl fur-toüt que les corallines. Les genres qui compofent cette feâion fe diftinguent comme; ceux de la précédente , par la forme de leurs demeures ou des polypiers ; les animaux qui les bâtiflent reflemblent pour la plupart à ceux de la précédente, c’efi-à-dire , que ce font des petits facs contraéliles , armés d’un plus ou moins grand nombre de pieds à leur extrémité , Sc qui diffèrent par la grofleur, la couleur, la forme, Genre 1. Corail^ Corallium. Le corail eft une habitation de polypes , dure calcaire , &• qui a la forme d’une plante. Cette habitation eft formée par couches \ elle n’efi: folide que dans le milieu^ elle recouverte S84 I^EÇONS ÉLéMENTAlRlf d’une efpèce d’écorce percée d’un grand nom¬ bre de trous dans lefquels font implantés les por !ypes. On diflingue trois ou quatre fortes de corail dans les boutiques , le rouge , le rofe , le blanc, Scci Genre 1 1. Madrépore ^ Madreporâ* Le madrépore diffère du corail’ en ce qu’il eft d’un tifïli plus tendre , & qu’il a l’afpeâ; plus pierreux. D’ailleurs fa furface eft percée d’un grand nombre de trous qui pénétrent jufque dans, l’intérieur de la fubftance calcaire , tandis que ces trous ne fe trouvent que fur l’écorce dit corail , écorce qui manque dans les madré¬ pores. La forme ramifiée en végétation , ou en mafles femblables à un champignon , à un bon¬ net , à une main , &c. ont fait donner différens noms aux madrépores. En général , la meilleure, méthode de les diftinguer confîfte dans les ca- raâères pris de la forme des trous. Le Dodeur T allas , qui a donné un très-bon Ouvrage fur les zoophy tes , intitulé : Elenchus Zoophjrtorumy efl le Naturalifte qui a le mieux divifé les produc¬ tions animales marines dont la forme imite cdle des végétaux. b’Hist. Nat. et de Chimie. 58ÿ SECTION IF. PoiYPES DANS DES CELLULES MOLLES ET SEONGIEUSES» Il eft aifé de diiUnguer les polypes de cette quatrième fedionde ceux des deux précédentes, par la nature molle , flexible Sc cellulaire de leurs habitations. Nous connoiffbns trois genres de polypiers , qui paroiflènt appartenir à cette fedion. Genre 1. Efcarre , Efcarra. Cette matière fe reconnoît à ce qu’elle efl molle 5 quelquefois friable, le plus fouvent pliante, Sc en ce qu’elle eft formée de cellules très-flnes , qui imitent les mailles Sc le tilTii d’une toile lâche 5 c’efl; dans ces cellules que logent les polypes. Genre IL Éponge ^ Spongîa. Le tiflu de l’éponge efl comme parenchima-^ teux. On en diftingue un grand nombre d’efpè^ ces pour, la forme des mailles , du tilTu. La figure des éponges leur a fait donner diflérens noms , comme ceux de flûte de Pan , cierge ^ gobelet' de Neptune , agaric de mer , éponge morille , éponge corne de daim , Scc, Toutes les cellules des éponges communiquent enfem- ble, Sc elles fervent d’habitation à un grand nombre de polypes. 686 Leçons ÈLéMENTAîtiÊf Genre IIL Alcyon^ Alcyoïliiim* On donne le nom d’alcyons à des corps fpon^ gîeux ) charnus ou gélatineux , irrégulièrement ar^ rondis > & qui logent des polypes dans leur fubf- tance. On n’a point encore bien examiné cette fingulière produdion marine ; on lui a feulement donné des noms relatifs à fa forme -, tels que ceux de poire de mer , guêpier de mer , 6^c. dre* Ils femblent être, le dernier chaînon de la chaîne des animaux. LEÇONS LXI de LXII. Des fondions des Animaux confidéréeÈ depuis V Homme jufq^uaux Polypes. I^ES caradères propres aux corps vivans Sc. organiques , font , comme nous l’avons déjà dit plufieurs fois , les diverfes fondions qu’ils exé¬ cutent par le moyen de leurs organes. Nous les avons confidéfées dans les végétaux ; l’ordre que nous avons adopté , exige que nous les confî- dérions de même dans les animaux. La partie de la Médecine qui s’occupe de l’exa¬ men des fondions des animaux , eft la Phyfio- logie. Cette belle fcience ne doit pas fe borner à d^Sist. Nat. et de Chimie. (^87 l’homme feul ; elle doit s’étendre fur tous les ani¬ maux 5 Sc c’efi fous ce point de vue que nous Aillons la parcourir rapidement. Les fondions des animaux peuvent fe réduire aux fuivantes : i®. la circulation ; 2®. la fécré- tion ; 3°. la refpiration ; 4°. la digellion ; la nutrition; 6^ la génération ; 7°. l’irritabilité; 8®. la fenfîbilité. Ces diverfes fondions fe ren¬ contrent dans l’homme , les quadrupèdes , les cétacées, les oifeaux,les poiffbns, les reptiles, les infedes ; les vers les polypes ne les ont pas toutes , Sc les premières clafles avant ces deux dernières, n’en jouilTent pas dans le même degré. La circulation eft une des premières fonc¬ tions ; c’efi elle qui entretient la vie ; lorfqu’elle ce (Te , l’animal meurt fur le champ ; les organes qui y préfident , font le cœur , les artères Sc les veines. Le cœur efl un mufcle conique , qui a dans fon fond deux cavités qu’on appelle ventricules. A fa bafe font deux autres facs creux , nommés oreillettes ; du ventricule gauche fortune grofle artère nommée aorte, qui diflribue le fangdans tout le corps; du ventricule droit part aulîî une autre artère d’un égal volume , appelée artère pulmonaire, parce qu’elle fe ramifie dans les poumons ; l’oreillette droite reçoit lé fang qui '€3S Leçons élémentAikès revient de tout le corps par les deux veinés Caves ; ce fluide pafle dans l’oreillette droite ^ de là dans le ventricule droit ; de ce dernier , il efl verfé dans les poumons par l’artère pulmo¬ naire ^ & il efl ramené par les veines pulmo¬ naires dans l’oreillette gauche ; de celle - ci , il pafle dans le ventricule gauche , qui le poufle dans tout le. corps par l’aorte. Ce mouvement j qui fe pafle ainfi dans l’homme , conftitue deux efpèces de circulation ; celle de tout le corps , & la circulation pulmonaire ; cette dernière a été connue avant l’autre ; la circulation générale a été découverte par Harvey , Médecin An-* glois. Chez les quadrupèdes , les cétacées & les féaux, cette fondion fe fait abfolument de même que dans Phomme. Chez les poiflbns , le coeur n’a qu^un ventricule , de les poumons ou les ouies ne reçoivent point de fang par une cavité parti¬ culière du cœur ; dans les reptiles j elle s’exécute comme dans les poiflbns. Les infeéles de les vers ont un cœur formé par une fuite de nœuds, qui fe contradent les uns après les autres ; leurs vaiflTeaux font très-petits-, leur fang efl: froid & fans couleur. Les polypes n’ont ni cœur ni vaifleaux ; ils font moins parfaits que les végétaux pour cette efpèce de fondion. La fécrétion efl unefonélion par laquelle U .£)'Hïst. Nat. ët de Gh-imïe. M fe répare du fang dans difFérens organes , des flics dedinés à des ufages particuliers , comme îa bile dans le foie , Sec. Cette fondion eit une des plus répandues dans tous les animaux ; elle fe trouve dans toutes les claffes j mais il efl im- polTible de la parcourir fans entrer dans des dé¬ tails très-étendus. Tl fuffira donc d’obferver que dans tous les animaux chez lefquels il y a une vé¬ ritable circulation 5 la fécrétion fuit les mêmes loix que dans l’homme , & qu’elle paroît même fe faire dans la plupart des animaux qui n’ont point de cœur. Outre l’analogie qu’il y a nécelTairement entre l’homme Sc les animaux qui jouiiTent des mêmes organes que lui , relativement à la fonc¬ tion dont nous nous occupons , chaque clalîe d’animaux ofîre très-fouvent des fécrétions par¬ ticulières 5 qui ne fe trouvent pas dans l’homme ; tels font le mufe 8c la civette dans les quadru¬ pèdes 5 le blanc de baleine dans les cétacées , le fuc huileux deftiné à enduire la plume des oi- feaux 5 l’humeur virulente de la vipère , le fluide gluant des écailles des poiflbns , les fucs âcres 8c acides des buprefles , des flaphylins , des four¬ mis 5 des guêpes patmi les infeéles ; le muci¬ lage vifqueux des limaces , les fucs colorans de la pourpre , 8c un grand nombre d’autres que l’hifloire naturelle de chaque animal en parti¬ culier fait connoître, Tome Ilg Xsî 'éÿO Leçons élémentaiee^- ' 3®,Larefpiration confidérée dans tous lesaiii-^ maux J ef! une fondion deüinée à mettre le fang en contad avec le fluide qu’ils habitent ; l’homme & les quadrupèdes ont à cet effet un organe nommé poumon. Ce vifcère eft un amas de véfîcules creufes 5 qui ne font que les expanflons d’un canal membraneux & cartilagineux nommé trachée-artère ^ & de vaiffeaux fanguins ^ qui . fe répandent en formant un grand nombre d’aréoles à la furface des véfîcules branchiques ; ces vé- ficules Sc ces vaiffeaux font foutenus par un tiflîi cellulaire ^ lâche & fpongieux , qui forme le pa-« renchyme du poumon. L’air difîend ces véfî¬ cules dans l’infpiration ; la portion pure Sc vitale de ce fluide efl; abforbée par le fang qu’elle re¬ nouvelle J Si auquel elle donne de la couleur § delà concrefcibilité , &c. L’air qui efl rejeté pat l’expiration efl impur ; il trouble l’éau de chaux ^ il rougit la teinture de tournefol , il éteint les bou¬ gies 5 Sc ne peut plus fervir à une autre refpira- tion. Chez les cétacées 5 cette fondion fe fait de même; feulement comme il y a une communica¬ tion immédiate entre les oreillettes 3 ces animaux peuvent refler quelque tems fans refpirer. Quoique la refpiration des* oifeaux foit ana¬ logue à celle des animaux précédens 3 cette fonc¬ tion paroît être beaucoup plus étendue chez eux® d^Hîst. Nat. et de Chimie. 6^î En effet , les Anatomifles ont découvert dans le Ventre des oifeaux des organes fpongieux véfi- Gulaires , qui communiquent avec leurs poumons , & ces derniers s’ouvrent jufque d^ns les os des ailes , qui font creux 8c fans moelle , par un canal placé au haut de la poitrine , 8c qui s’ouvre dans îa partie fupérieure 8c renflée de l’os humérus. Cette belle découverte , due à M. Camper , nous apprend que l’air paffe des poumons des oifeaux dans les os de leurs ailes , & que ce fluide raréfié par la chaleur de leur corps , les rend très-légers , 8c favorife fîngulièrement leur vol. LespoifTons ont des ouies ou branchies au lieu de poumons ; ces organes font formés de franges inem- braneufes difpofées fur un arc ofTeux , 8c chargées d’une très-grande quantité de vaifTeaux fanguins. Ueau entre par l’ouverture de la bouche des poif fons j elle paffe à travers les franges qui s’écartent les unes des autres ; elle^preffe 8c agite le fang , 8c elle reffort par des ouvertures placées aux deux parties latérales 8c poftérieures de la tête ^ fur lefquelles font placées deux foupapes of- feufes mobiles , nommées opercules , 8c foute- nues par la membrane branchiale. Duvernejr penfoit que les branchies féparoient l’air contenu dans l’eau. M. Vicq d'A^ir , qui s’efl occupé avec tant de fuccès de Panatomie comparée , & fur-tout de celle despoiffonsj croit que Peau fait Xx îj Leçons iLlMENTAiEÉ^ l’ofSce de Pair dans les branchies de ces animau^^^ Les infedes Sc les vers n’ont point de pou- nions j ils ont deux canaux ou trachées placées tout le long du dos , auxquels aboutilTent de chaque côté d’autres canaux plus petits , qui fe terminent à la partie latérale de chaque anneau 5 par une petite fente nommée fhgmate. Les ftigma- tes font dellinés à infpirer l’air 8c à l’expirer. Lorfqu’on les couvre d’huile , l’infede fouffre beaucoup ; il a des convulfîons , 8c il meurt. Les vers ont une organifation encore moins parfaite; on ne connoît aucune efpèce de refpiration dans les polypes, qui font moins parfaits pour cette fondion que les végétaux dans îefquels nous avons trouvé des trachées. q®. La digellion ell la féparation de la ma¬ tière nourricière contenue dans les alimens , 8c fon abforption par des vaîlTeaux particuliers , nommés chileux ; elle s’opère dans un canal con¬ tinu depuis la bouche jufqu’à l’anus , 8c qui dans l’homme , fe renfle vers le haut de l’abdomen. Ce renflement eft appelé eflomac ou ventricule. Le canal alimentaire fe rétrécit enfuite , il fe contourne en différens fens , 8c prend le nom d’inteftins ; ce long tube , qui efl; formé de muf- cles 8c de membranes , eft deftiné à arrêter les alimens , de manière à en extraire tout ce qu’ils contiennent de fubftance nourricière 3 il y a en t>’HïST. Nat. et de Chimie. Diitre- aux environs de l’eftomac , d’autres or¬ ganes glanduleux , dont l’office eft de préparer des fluides propres à ffimuler l’eftomac Sc les inteffins , & à extraire la partie nourricière des alimens ^ ces organes font le foie , la rate Sc le pancréas ; la bile Sc le fuc pancréatique coulent dans le preniier inteffin 5 nommé duodénum , Sc fe mêlent aux alimens , auxquels ils communi¬ quent un caraélère animal qui les affimile aux humeurs. Tout le trajet des premiers inteffins eft rem¬ pli de bouches vafculaires , deffinées à pomper le chile. Ces vailTeaux le portent dans le ré- fervoir lombaire, dans le canal thorachique, Sc le fluide chileüx eft. verfé dans la veine fous- clavière gauche, dans laquelle il fe mêle au fang. Tels font; en peu de mots le méchanifme Sc les phénomènes de la digeffion dans l’homme. Les quadrupèdes diffèrent beaucoup entr’eux par la forme de leurs dents , de l’eflomac Sc des mteffins. Il eft de ces animaux qui n’ont point du tout de dents , comme le fourmilier Sc le pholidote qui ne mangent que des alimens mous -y d’autres n’ont que des dents molaires , tels que le pareffeux Sc le tatou; quelques-uns ^ comme l’éléphant Sc la vache marine , ont des molaires Sc des canines ; enfin , le plus grand nombre ont les trois genres de dents, molaires ^ Xx iij Sp4 Leçons élémentaires canines Sc incifîves, mais leur nombre , leur po- fition, leur force varient fingulièrementi Ce qu’ii y a de plus frappant dans cette flrudure di- verfe des dents, c’eft que d’après la remarque faite par Arijlote , Galien , &:c. il y a un rapport confiant entre le nombre & la pofîtion de ces os , & la forme de l’eflomac. En effet , tous les qua¬ drupèdes qui ont des dents incifîves dans les deux mâchoires , comme le cheval ^ le fînge ^ l’écureuil , le chien , le chat , &:c. n’ont qu’un ventricule membraneux comme l’homme. Les Anatomifîes nomment ces animaux monogaflri- ques ; la digeflion s’exécute chez eux abfolument de la même manière que chez Phomme. Les quadrupèdes qui n’ont des dents incifîves qu’à la mâchoire inférieure , font polygaflriqiies &: ru- minans, comme le chameau, la giraffe , le bouc, le bélier, le bœuf , le cerf &: le chevrotain. Ces quadrupèdes font ordinairement bifulques &; armés de cornes ; ils ont tous quatre eflo- macs. Le premier efl nommé dans le bœuf, la panfe, l’herbier ou double; il efl le plus grande &: il efl divifé en quatre autres facs ; il reçoit les alimens en même-tems que le fécond ou le chapeau , bonnet , réfeau , qui s’ouvre dans la panfe par un large orifice ; les alimens herbacés contenus dans ces organes , s’y dilatent , l’air s’y raréfie ; ils flimulent les nerfs de ces vifcères ^ ©’HrsT. Nat. et Ide CHr:aîiE. y & ils excitent un mouvement ami-périflaltique qui les porte dans Pœfophage Sc dans la bou¬ che, où ils font de nouveau broyés par les dents molaires J réduits en une efpèce de pâte molle par cette opération , ils font , ainfi que la boif- fon 5 conduits par une nouvelle déglutition dans le troifième eftomac , le feuillet ou pfeautier, omafus , à Paide d’un demi-canal creufé depuis Pœfophage jufqu’à ce ventricule ; enfin , ils paf- fent bientôt du feuillet dans la caillette ou fran- che-mulle, où ils éprouvent la véritable digef- tion. Les inteflins des ruminans font auffi beau¬ coup plus étendus que ceux des quadrupèdes monogaftriques. Les cétacées reflemblent entiè¬ rement à ces derniers pour le méchanifme de cette fondion. Les oifeaux diffèrent entr’eux par la firuc- ture de leur eftomac ; les uns font membra¬ neux, Sc les autres charnus ou mufculeux. Les premiers, qu’on peut appeler kyménogaflrîques ^ font carnivores ; tous les oifeaux de proie font de cette efpèce. Leur eftomac contient un fuc très-adif , capable de ramollir les os , fuivant les expériences de Reaumur ; leur bile eft aufli rès-âcre. Les féconds qui méritent le nom de îîiyogajîriques ^ ne vivent que de grains; leur eftomac eft formé d’un mufcle quadrigaftrique , revêtu d’une membrane dure Sc épaifle , propre Xx iv Wpï Levons ïlümentaîei§ à la trituration. Ces oifeaux ont auffi un cæcum double. Les poiffons ont un eflomac membraneux ^ allongé, garni de beaucoup d’appendices; leurs iriteilins font en général courts. On y trouve un foie & point de pancréas. Les reptiles pré- fentent la même flruêlure , leur ellomac fe dif- tend d’une manière étonnante. On voit fouvent des ferpens avaler des animaux entiers beaucoup plus gros qu’eux. Les infeéles ont un ellomac Sc des inteüins bien organifés. Swamerdam Sc Perrault alTurent que le taupe-grillon ou la courtilière des Jar» diniers a quatre ellomacs ; c’ed un ellomac ren¬ flé 6c divilé en quatre poches, comme on peut s’en convaincre en dilTéquant cet infede très- commun dans les couches, Sc très-redouté des Cultivateurs. Les vers ont un ellomac très-irré¬ gulier; on y trouve auffi de petits intellins. Le polype femble n’être qu’un ellomac , car il di¬ gère très-vite. La même ouverture lui fert de bouche Sc d’anus. y®. La nutrition ell une fuite de la digellion Sc de la circulation; les folides perdant toujours par le mouvement qu’ils exécutent, doivent être réparés , Sc. ils le font par la nutrition. Dans le premier âge de la vie ils acquièrent du volume, Sc l’animal prend fon accroilTement. On regarde d^Hïst. Nat. et de Chimie. (Î97 Ordinairement le tifTu ceUulaire comme l’organe de cette fondion , & la lymphe comme l’hu- lîieur propre à rétablir les folides. Cependant il paroît que chaque organe fe nourrit d’une matière propre &: particulière, qu’il fépare, ou du fang , ou de la lymphe , ou d’un autre fluide quelconque qui l’arrofe. Par exemple , les miib des fe nourriflfent de la matière fibreufe qu’ils réparent du fang ; les os extraient un fel phof- phorique calcaire Sc une matière lymphatique; la lymphe pure fe defsèche en plaques dans le tiflli cellulaire; l’huile concrefcible fe dépofe dans ces plaques pour donner naiiTance à la graifle; chaque vifcère a donc fa manière par¬ ticulière de fe nourrir , Sc la nutrition de cha¬ cun d’eux eft une véritable fécrétion. Les qua¬ drupèdes 8c les cétacées reflemblent parfaitement à l’homme pour cette fondioH; chez les oifeaux,, c’efl: encore la même chofe; chez les poilTons, elle fe fait beaucoup moins vite , aufïi ces ani¬ maux vivent- ils très-long-tems , 8c ne fait-on même pas l’âge de quelques-uns; en général plus la nutrition 8c l’accroiflement font lents, plus la vie eft longue. Les infedes n’ont rien de particulier pour cette' fondion ; feulement ils ne croiiTent que fous la forme de larves , 8c non fous celle de chryfalides & d’infedes parfaits, Swamerdam 8c 6^B Leçons élémentaires Malplghy ont démontré que la larve contient fous plufieurs peaux l’infeéle parfait tout formé; la chenille renferme auffi le papillon 3 dont les ailes & les pattes font repliées. Dans les vers & les polypes , la nutrition s’exé¬ cute dans le tilTu cellulaire 3 elle fe fait auffi de même dans les végétaux, à l’aide des tiffiis ré¬ ticulaire &: véficulaire. (5°. La génération confidérée dans tous les ani¬ maux, fe fait de beaucoup de manières diffé¬ rentes ; la plupart ont befoin de l’accouplement, & jouiffent des deux fexes diffinds ; tels font l’homme , les quadrupèdes & les cétacées. Les femelles des quadrupèdes ont une ma¬ trice féparée en deux cavités , utérus hicornis , de des mamelles en plus grand nombre ; elles n’éprouvent point de flux menftruel ; la plupart font plufieurs petits à la fois ; la durée de leur gefiation eft plus courte ; plufieurs ont une membrane particulière, defiinée à recevoir l’u¬ rine du fœtus ; cette membrane eft nommée al¬ lantoïde. La génération des oifeaux eft très-différente; les mâles ont un organe génital très-petit & fans cavité, il eft fouvent double. Chez les femelles la vulve eft placée derrière l’anus.; il y a des ovaires fans matrices , & un canal deftiné à con¬ duire rcciif de l’oyaire dans l’inteftin; on nom- b’Hist. Nat. it de Chimie. me ce canal oviductus. L’œuf de la poule fé¬ condé & non fécondé, a offert des faits inat¬ tendus aux Phyfîoîogifles qui ont examiné les phénomènes de l’ineubation. Malpigh^ Sc Haller font ceux de ces Obfervateurs qui ont fait les découvertes les plus importantes. Le dernier a trouvé le poulet tout formé dans les œufs non fécondés. * Chez les poifTons , il n’y a pas d’accouple¬ ment décidé , la femelle dépofe fes œufs fur le fable, le mâle paffe deffus, & y darde fa liqueur féminale , propre fans ;doute à les féconder ; ces œufs éclofent enfuite au bout d’un certain teins. Les reptiles mâles ont la plupart un organe double ou fourchu ^ ces animaux font ovipares 3 excepté la vipère. Les infedes offrent eux feuls toutes les va¬ riétés qui fe rencontrent chez les autres ani¬ maux ; il en efl qui ont les deux fexes féparés dans deux individus féparés , c’efl même le plus grand nombre ; chez d’autres la reprodudion fe fait avec ou fans accouplement, comme dans le puceron ; un de ces infeéles renfermé feiil fous un verre, produit un grand nombre d’au¬ tres pucerons. M. Bonnet a bien conftaté ce fait par des expériences fuivies avec le plus grand foin. L’organe des mâles eft renfermé dans le 700 Leçons ÉLiMENTAiREsj ventre; on le fait fortir en preiïant légèrement Fextrémité de cette partie ; il efl ordinairement armé de deux crochets deftinés à faifir la fe¬ melle. La place de ces organes efl: très-variée ; aux uns il efl au haut du ventre Sc près le cor- celet, comme dans la femelle de la demoifelle, libellula- d’autres fois il efl à l’extrémité de l’an¬ tenne , comme dans l’araignée mâle. Les in- feéles multiplient prodigieufement j ils font pres¬ que tous ovipares, excepté le cloporte. Les vers font androgins ; chaque individu a les deux fexes, &: l’accouplement efl double , ainfl qu’on l’obferve dans le ver de terre, le limaçon. M. Adanfon ajoute que les bivalves, animaux à coquilles ou à conques, n’ont point d’organes de la génération, 8c reproduifent leurs petits fans accouplement; ces vers font vivipares. Les univalves ou limaçons font ovipares; les petits fortis, ou du ventre de la mère ou des œufs, ont leur coquille toute formée. Les polypes font les animaux les plus fingu- îiers pour la génératiop ; ils produifent par bou¬ tures , il fe fépare de chaque polype en vigueur un bouton qui s’attache à quelque corps voifîn, 8>c y prend de l’accroiflement; il fe forme aufli à leur furface des polypes , comme les bran¬ ches que pouffent les troncs des arbres. Nat* et de Chimie. 701 Dans la génération ^ on ne comioît abfolu- ment que les phénomènes ^ & tous les fyftêmes que Fon à-iiiventés pour en expliquer le myf- tèrcj préfentent toujours des difficultés infur- montables ; on les trouve raffemblés dans la Phyfîologie de Haller ^ la Vénus Phyfîque de Manpertuis J FHiftoire Naturelle de M. de Bufi fon. M. Bonnet efl: un des Phyfîciens qui s’eH le plus étendu fur cet objet dans fes Confidé- rations fur les corps organifés, M. le Comte de Buffbn a donné un fyflênie ingénieux qiFon doit confulter dans fon Ouvrage. 7®. Lhrritabilité eft la propriété qffiont cer-* tains organes , appellés mufcles , de fe contrac« ter 3 c’eft-à-dire , de fe raccourcir par Faâion ' d’un ffimulus quelconque qui les touche. M. de Haller a très -bien démontré cette belle doc¬ trine. Les mufcles de l’homme , des quadru¬ pèdes, des cétacées & des oifeaux fe reffiem- blent; ils font tous également rouges, formés de fibres réunies par faifceaux de différentes formes, recouverts &: garnis de membranes argentées, nommées aponévrofes, & terminés par des cordes plates ou arrondies, nommées tendons. . , Chez les poiffons les mufcles font blancs & beaucoup plus irritables que ceux qui font rou« ges. Dans les' reptiles Firritabilité efl encore plus 702 Leçons élémentaires forte Sc plus tenace ^ elle dure long-tems après la mort de l’animal -, ce qui paroît être commun à tous les animaux dont le fang efl froid, tandis que chez ceux qui oht le fang chaud, cette propriété fe perd à mefure que ce ftuide fe re¬ froidit. Les infeéles ont leiir^ mufcles placés dans l’intérieur de leurs os qui font creux 6c qui font de la nature de la corne. On peut très -bien obferver cette flmélure dans la cuifTe renflée Sc creufe de la grofle fauterelle verte , nommée fauterelle à fabre ; elle fe préfente aufli facile¬ ment dans l’écrevifle. Les mufcles des vers font très-pâles 6c très- , irritables, ils font même très-forts, fur-tout dans les vers recouverts , qui ont une coquille pefante à mouvoir. Les polypes font très-irritables , ils fe coii- tradent 6c fe relTerrent en un feul point , ils meu¬ vent leurs bras avec une agilité fingulière , ils les replient très-promptement. Cependant leur ftrudure ne paroît pas être mufculeufe. C’efl: l’irritabilité qui donne aux animaux le pouvoir de fe tranfporter d’un lieu dans un au¬ tre , 6c d’exécuter un grand nombre de mou- vemens pour écarter les chofes nuifibles 6c fe procurer celles qui leur font utiles. C’eft donc dans Thiftohe de cette fondion qu’on doit placer d’Hist. Nat. et de Chimie. 703 celle de ces mouvemens ; la flation Sc le mar¬ cher, le faut, le vol, les pas des reptiles, le nager font autant d’adions combinées , ou de ré- fultats de contradions mufculaires propres à cha¬ que claffe d’animaux. Leur expofîtion détaillée exigeroit l’examen des mufcles extenfeurs de la cuilTe de l’homme pour la flation ; celui des extrémités de la forme du corps , de la face allongée 8c aigue , du thorax , comprimée laté¬ ralement des quadrupèdes pour le faut; de la ftrudure des plumes , du fternum , des mufcles pedoraux , du bec, de la queue Sc de la texture intérieure des os des oifeaux pour le vol. Il fau- droit pour cela confidérer en détail les anneaux mufculaires, les écailles ou les tubercules qui tiennent la place de pieds dans les reptiles ; la forme du corps , la ftrudure des nageoires , celle de la veffie natatoire , & fa communication avec l’eftomac dans les poiflbns ; dans les infedes , la ftrudure, le nombre 8c la pofition des pattes, les appendices des tarfes , la forme , la pofition & la nature des ailes , des balanciers , 8cc, Il nous fuffit pour le moment d’avoir indiqué l’im¬ portance de ces confidérations 8c celles qui méritent en particulier l’attention du Phyfiolo- gifle. Enfin, il eft une dernière confidération qui ne me paroît pas avoh encore été faite conve- 704 Leçons ÉLÉMENtAîEEâ noblement ; c’efl que le mufcle peur être re¬ gardé comme un organe fécrétoire defliné à la réparation de la matière fibreufe Sc irritable dont nous reparlerons ailleurs , 8c que les vices de cette efpèce de fécrétion doivent être obfer- vés avec le plus grand foin par les Médecins. Nous reviendrons fur cet objet dans l’examen du fang. La fenfibilité eft une fonélion à l’aide de laquelle les animaux éprouvent des fenfations de plaifr Sc de douleur, fuivant la nature des corps qui f3nt en contad: avec leurs organes ; les kns dépendent du cerveau, de la moelle allongée , de celle de l’épine Sc des cordons nerveux ou paires de nerfs qui partent en grand nombre de ces trois foyers -, fans ces organes il ne peut point y avoir de fenfibilité. On peut, pour mieux entendre le méchanifme de cette fonélion , divifer en trois régions ces organes qui font continus Sc femblent n’en faire qu’un , que les Philofophes Phyfiologifles ont appelé l’hom¬ me fenfible ; ces trois régions font le foyer com¬ pris dans le cerveau, le cervelet Sc la moelle allongée ; la partie moyenne ou de communica¬ tion qui déiïgne les cordons nerveux; Sc l’ex- panfion fenfitive ou l’extrémité dilatée des nerfs. Cette extrémité ou cette expanfion pré fente une forme très -variée dans les differens organes; tantôt b^HisTi Nat, et i3e Ghimie* jof totôt elle eft membraneufe & réticulaire, comme 'dans Feftomac & les intedins ; tantôt elle eft molle Sc pulpeufe, comme au foiid de Pœil & dans le labyrinthe de Foreillé interne ; ici elle offre la forme de papilles, comme fous la peaii , à la langue, à la couronne du gland, &c. là elle eh répandue en longs filets mous Sc plats, com¬ me fur la membrane nafale de Schneider. Le cerveau de l’homme ed le plus volumi¬ neux & le mieux organifé ; c’efl-là la caufe de fon intelligence. Chez les quadrapèdes , il eff beaucoup plus petit ; en récompenfe les nerfs font plus fenfibîes &: les fens plus aiguifés , fur- tout celui de Fodorat , dont Forgane eft très- dilaté & comme multiplié par le nombre des lames ethmoïdales, La peau épaiffe &: couverte de poils enlève la fenfibilité ôc détruit le taéls Le goût ed très-fin chez les animaux. L’ouie offre le même appareil que chez Fhomme, Les cétacées n’ont prefque point de cerveau j relativement à la maffe de leurs corps ; cet or¬ gane ed entouré d’un duide huileux épais ; leurs fens font obtus. Le cerveau des oifeaux ffa plus la même druélure & le même appareil de replis , d’émi¬ nences (Sc de concavités que celui de Fhomme & des quadrupèdes. La belle drudure des yeux de ces animaux , leur grandeur , la fclérotique Tome IL Y y 7o5 Leçons élémentaïkes épaifTe 6c cartilagineufe , la paupière intérieure membrana niâïtans , mue par des mufcles parti¬ culiers, la malTe du criilallin 6c du corps vitré, la bourfe de matière noire contenue à Textré- mité du nerf optique , l’enduit brillant de la choroïde , tout annonce une organifation com¬ pliquée , un foin pris par la nature pour rendre la vue des oifeaux perçante , 6c pour pourvoir à ce qu’ils puilTent reconnoître de loin leur proie, 6c éviter les dangers que la rapidité de leur vol auroit fans cefle fait naître , en un mot , pour favorifer l’agilité &; la mobilité qui femblent faire le partage de ces animaux". L’ouie ell moins parfaite chez eux que la vue ; ils ne paroiiTent être que peu fenfibles aux odeurs 6c au goût des alimens ; la fituation des trous des narines 6c la membrane dure qui enduit le bec, expliquent très-bien ces phénomènes. Chez les reptiles , la fenfibilité ell très - peu étendue. Le cerveau ell très-petit , les nerfs n’ont point de ganglions ; les feus paroiiTent en général peu adifs , quoique l’œil 6c l’oreille in¬ terne aient préfenté une organifation fort belle à MM. Klein ^ Geoffroy 6c J^icq d'A^yr, Les poiflbns ont un cerveau très - petit , 6c leur crâne ell rempli d’une malle huileufe ; leurs fens 6c fur tout leur vue 6c leur ouie , font aiïez délicats. Le dernier de ces organes eü •b’ÉrsT. NàTo kt bE Ghïmie. 707 très - bien conformé ^ ainfi que Font obfervé MM. Klein 5 Geoffroy , Camper 8c Vicq æA^yr. Les Natùraliftes qui ont cru que les poiflTons étoient fourds , fe font donc trompés. Les infedes n’ont point de cerveau , mais une moëllé allongée , cylindrique 8c chargée de noeuds , qui parcourt toute la longueur de leur icorps. Il part de cette moelle des filets nerveux qui accompagnent la/divifion des trachées. On ne connoît que les yeux des infedes. Swamer-^ dam a décrit un nerf optique qui fè divife fous îa cornée des yeux à réfeau , en autant de filets qu’il y a de facettes dans cette membrane. On ne fait point s’ils ont un organe de l’ouïe. On ne retrouve prefque plus de traces de l’or- gane fenfible dans les vers. Swamerdam a trou¬ vé un cerveau à deux lobes 8c mobile dans le limaçon , des yeux pofés ou à la bafe , ou à là pointe des tentacules ^ 8c le nerf optique con- tradile, ainfî que ces efpècés dé cornes. M. Adan^ fon alTure que dans les vers les yeux manquent quelquefois, ou qu’ils font couverts d’une peau opaque. Quant aux polypes , ils n’ont aucun organe des feus 5 quoiqu’ils paroifient chercher la lumièrCé Lafenfibilité efi donc la fondion dont l’homme jouit dans une beaucoup plus grande étendue que tous les autres animaux, C’eft elle qui le diflin-^ Yyij joS Leçons élémentaires gue ôi le place à leur tête. Cette fonâioii doit être connue en détail par le Légidateur , le Phi- lofophe Sc le Médecin. I , .g:— . > LEÇON LXIII. De Vanalyfc chimique des Suhjlances animales. I^’Analyse des fubdances animales eft la partie de la Chimie la plus difficile Sc la moins avancée ; les Chimides anciens fe font contentés de diftiller à feu nu ces matières , Sc l’on fait au¬ jourd’hui que cette opération altère Sc dénature entièrement les corps auffi compofés que le font les fubdances folides ou fluides des animaux : on ii’a encore fournis à l’analyfe que quelques-unes des humeurs de l’homme , Sc celles de certains quadrupèdes. Beaucoup de raifons fe font oppofées à l’avan¬ cement de cette branche de Chimie ; la diffi¬ culté Sc le défagrément de ces travaux , le peu de reflburces que la fcîence offre pour traiter les matières animales fans leur faire éprouver de grandes altérations , l’impoffibilité de trouver la fynthèfe même la plus éloignée de la nature , pour reproduire ces matièrçsj Sc fur-tout le peu D’HrsT. Nat. et be Chimie. 709 d’intérêt qne la plupart des Chimifle^ non Me- decins ont eu jufqu’à préfent pour les connoif- fances que cette analyfe peut fournir , font les principaux motifs qui ont arrêté les progrès de la fcience fur cet objet. Cependant les re¬ cherches de quelques Modernes , fur - tout de MM. Rouelle y Macquer ^ Bucquet^ Poulletier de la Salle ^^Bertholet yProuJî , Schéele 8c Bergman.^ ont ouvert une carrière nouvelle, Sc annoncent que Part de guérir pourra retirer, de grands avantages de ce genre de travail. Le corps des principaux animaux, tels que l’homme 8c les quadrupèdes dont nous nous occu¬ pons en particulier, eft formé de fluides &: defoli- des. Ondiflingue les humeurs des animaux en trok clafles , relativement à leur ufage. La première clafle renferme les humeurs récrémentkielles , deftinées à nourrir quelques organes ; la- fécondé comprend les humeurs excrémentitielles qui font rejettées hors du corps par quelques émonc^ toires , comme inutiles , 8<. même comme fuf- ceptibles de nuire fi elles étoient retenues trop long-tems. Dans la troifième , on range les hii=- meurs qui tiennent des deux précédentes, Sc dont une partie eft récrémentitielle Sc l’autre excré- mentitielle. Les premières font, le fang , la lym¬ phe ,'la gelée ou gélatine , la partie fibreiife ou gîuîineufe la grailTe , la moelle , la matière de Y y ii| 710 IiEÇ.ONS ÉLÉMENTAIRES la perfpiration intérieure Sa le fuc olTeux. Les; fécondés comprennent le fluide de la tranfpi-^ ration , celui de la fueur , le mucus des nari*^ îles, le cérumen des oreilles , la chaflie , les lar¬ mes, f urine Sc les excrémens. Les dernières font la falive , les larmes , la bile , le fuc pancréatique ? le fuc gaftrique Sc inteftinal , le lait Sc la liqueur féminale. Comme il s’en faut de beaucoup que tous ces fluides foient connus., nous ne parlerons ici que de celles que les Chirnifles ont examinées,. Sang^, \ Parmi les humeurs excrémentitielles , la plus. Importante , la plus compofée , la plus impéné-. trable , c’efl le fang. Nous le traitons en premier, parce que , fuivant la dodrine des plus grands Médecins , il efl la fource Sc le foyer de tous, |es autres fluides animaux. Plufleurs Médecins ,, Sc en particulier M. Bordeu , le regard oient comme une efpèce de chair coulante , Sc comme un compofé de toutes les humeurs animales ^ ce fentiment n’eft cependant pas encore entière¬ ment démontré , quoiqu’ilfoit très-vraifemblable«, Le fang efl un fluide d’une belle couleur rouge , d’une confîflance ondueufe Sc graflè , comme favonneufe , d’une faveur fade Sc un peu falée , qui efl contenu dans le cœur , les artères Sc les veines. Ce fluide diffère beaucoup , fuivant lç^,« d’Hist. Nat. et de Chimie, jii régions qu’il parcouiït ; & il n’ell pas le même ^ pur exemple J dans les artères Sc dans les veines , dans la poitrine Sc dans la région du foie , dans les mufcles & dans les glandes , &:c. C’eft un fait fur lequel les Chîmiftes n’ont pas alTez infifté dans leurs recherches. En confidérant le fang dans tout le Règne animal, on obferve qu’il varie fingulièrement dans les différens animaux , par la couleur , la confiilance , Fodeur , Sc fur-tout la température» Cette dernière propriété eh la plus importante & paroît dépendre de la circulation & de la ref- piration. L’homme, les quadrupèdes & les oi- feaux , ont un fang plus chaud que le milieu qu’ils habitent ; on les appelle , à caufe de cela , animaux à fang chaud. Chez les poilTons & les reptiles , il eh d’une température égale à celle du milieu dans lequel ils vivent : on les nomme animaux à fang froid , à caufe de cette propriété ; il eh vraifemblable qu’il en feroit de même des autres propriétés de ce fluide, &: fur-tout des qualités ou caraélères chimiques , fi l’on con- noihbit le fang de tous les animaux. Le fang de l’homme , dont nous nous occiH pons fpécialement , diffère fuivant l’âge , le fexe, le tempérament & l’état de fanté de cha¬ que individu i dans l’enfance , chez les femmes & chez les pituiteux , il eh plus pâle & moins y y iv 7î2 Leçons élémentaires confiflani; dans les hommes robulles & bîeï^ portans , il efl épais , d’im rouge foncé , prefque noir 5 Sc d’une faveur beaucoup plus falée. Les, Médecins favent encore que dans les hommes attaqués des vices vénérien Sc fcrophuleux , dar- treux , arthritique , Scc. le fang eft âcre 8c dé¬ pourvu de la fadeur 8c de la douceur qui lui font propres dans l’état de fanté parfaite. Avant de palTer à ranalyfe du. fang, il faut Gonnoître fes propriétés phyfîques , fa couleur fa chaleur, fa faveur^ fon odeur, fa confiflance particulière que nous avons déjà indiquées. Le microfcope y découvre- un grand nombre de globules , qui , lorfqu’ils viennent à fe brifer en pafîant , fuivant Leuwenhoek 8c Boerhaave , pan des filières pliis^ petites , perdent leur couleur rouge, deviennent jaunes 8c enfin blancs; de forte que , fuivant le Médecin de Leyde , un globule rouge efi un alFemblage de plufieurs globules blancs plus petits , & ne doit fa couleur qu’à l’aggrégation. Le fang offre encore-une pro¬ priété phyfique fingulière-. Tant qu’il efi chaud 8c en mouvement , il refie confiam ment fluide & rouge ; lorfqu’il fe refroidit 8c qu’il efi en repos, ÎJ fe prend en une mafie folide qui , peu à peu , fe fépare d’elle » même en deux parties , Fune rouge qui fumage , dont la couleur fe fonce , 8c qui refie coiiGrète jufqu’à ce qu’elle s’altère^ d’Hist. Nat. et de Chîmte. 71^ 011 la nomme le caillot ; l’autre, qui occupe le fond du vafe , ell d’un jaune verdâtre , collantej on l’appelle férum ou lymphe. Cette coagulation 8c cette réparation fpontanée des deux parties du fang, fe fait dans les derniers inflans de la vie de l’animal, Sc elle donne naiflance à ces matières concrètes que l’on trouve après la mort , dans le cœur 8c dans les gros vaifleaux , 8c qui ont été fauflement regardées comme des polypes. Le fang expofé à une chaleur douce , long- tems continuée, pafle à la fermentation putride. Si on le diflille au bain-marie, il donne un phlegme d’une odeur fade , qui n’efl ni acide , ni alkalin , mais qui pafle facilement à la putré- faétion , à l’aide d’une fubflance animale qui y efl^diflbute. Le fang chauffe plus fortement fe coagule 8c fe defsèche peu à peu , comme l’a découvert M. Dckaen ; il perd les fept huitièmes de fon poid^ , 8c il fait effervefcence avec les acides. Il peut fe durcir aflez par un feu bien ménagé pour former une efpèce de fubflance cornée. Si on expofe à l’air du fang delTéché , il attire légèrement . l’humidité , 8c il s’y forme au bout de quelques mois une effervefcence faline , que M. Rouelle a reconnue pour de l’alkali minéral. Diflillé à feu nu , il donne un phlegme alkalin 8c non acide , comme l’avoient prétendu quelques Chimiftes , 8c notamment I 714 Leçons élémentaiees Vieuffens; il paffe enfuite une huile légère , puis une huile colorée 8>c pefante , de Falkali volatil concret , ou Tel ammoniacal crayeux , fali par Fhuile épaifTe ; il refie dans la cornue un char-= bon fpongieux très-difficile à incinérer, dans les¬ quel on trouve du fel marin, de Falkali miné^ ral crayeux, du fer Sc une matière terreufe dont la nature n’eft pas encore connue. Le fang , uni aux alkalis , devient plus fluide par le repos. Les acides le coagulent fur le champ , Sl en altèrent la couleur ; on retire alors en le filtrant , en évaporant la liqueur paiïee par le filtre , en la defséchant à un feu doux , & en leffivant cette matière defséchée , les Tels neutres^ que Falkali minéral forme avec chaque acide, que Fon peut employer indiflindement. L’efprit de vin coagule le fang. Les expériences faites fur le fang entier, ne font point connoître la nature des fubflances dont ce fluide eft compofé ; mais la décompo- fition fpontanée du fang & fa féparation de fes deux parties, le caillot &: le férum, nous offrent un moyen d’acquérir ces connoiffances , en exa¬ minant chacune de ces matières en particulier. II n’y a que quelques années que Fanal y fe chimique du fang étoit bornée à ce que nous venons d’expo- fer; mais les travaux de MM. Menghini^ Rouelle le jeune & Bucquet^ ont examiné cette humeur d’Hist. Nat. et de Chimie. 715 d’une manière toute différente ; ces deux derniers Chimiftes fur-tout ont fait fur cet objet des tra¬ vaux, qui prouvent combien l’analyfe des ma¬ tières animales e(l fufceptible d’être perfedioii- née en marchant fur leurs traces. C’efl d’après les recherches de ces Savans célèbres , que nous allons confidérer les propriétés de chacune des fubflances qui compofent le fang. Le férum eft bien éloigné d’être de l’eau pure, c’efl une matière particulière, très-importante à confidérer , Sc à laquelle nous donnons le nom de lymphe. Elle eh d’un blanc jaunâtre , qiû tire un peu fur le vert; fa faveur eh fade & falée; fa confihance eff onélueufe & collante» Expofée au feu , elle fe coagule Sc fe durcit long-tems avant de bouillir; elle verdit le firop de violettes. Diflillée au bain-marie , elle donne un phlegme d’une faveur douce Sc fade , qui n’eh ni acide , ni alkalin , mais qui fe pourrit promptement; elle ell alors sèche, dure Sc tranf- parente comme de la corne; elle ne peut plus fe diffoudre dans l’eau ; diflillée à la cornue, elle fournit un phlegme alkalin , beaucoup d’alkali volatil concret Sc une huile épaiffe très-fétide» Tous ces produits ont en général une odeur fétide particulière.. Le charbon de la ly^xpphe diflillée à feu nu, remplit prefqu’enîièremçnî la çornuç, Il qH fi difhcile à incinérer , qu’il faut ^i6 Leçons ÉLéMÉNTAiR.E!f le tenir embrafé pendant plufieurs heures , & luî faire préfenter une grande furface à Pair avant de le réduire en cendres. Cette dernière efl d’un gris noirâtre , elle contient du fel marin , de l’alkali minéral, fouvent un peu de fer & une matière terreufe , qui n’a point encore été exa¬ minée comme il convient. Peut-être cette ma¬ tière terreufe eft-elle une efpèce de fel neutre phofphorique , comme la bafe des os ? La lymphe expofée quelque tems à une tem¬ pérature chaude dans un vaiiïeau ouvert , pafle facilement à la putréfadion , & donne alors beau¬ coup d’alkali volatil concret d’une odeur infup- portable. Elle fe pourrit fî rapidement queM. Bue- quel n’a pas pu s’aflhrer fi elle paffbit à l’acide avant de devenir alkaline. Cette liqueur s’unit à l’eau en toutes proportions ; elle perd alors fa confiftance , fa faveur , Sc fa couleur verdâtre ; il faut agiter ce mélange , afin d’en favorifer la combinaifon , parce que la denfité différente de ces deux fluides met un obflacle à leur union, La lymphe verfée dans l’eau bouillante , fe coa¬ gule en grande partie , Sc fur le champ. Une por¬ tion de ce fluide forme avec l’eau une efpèce de liqueur blanche opaque &: laiteufe, qui a, fuivgnt M. Bucquet , tous les caradères du lait ; c’efl-à-dire , qui monte comme ce fluide , qui fe coagule par la chaleur, par les. acides, Sco^ d’Hîst. Nat., ht se Chimie. 717 Les alkalis unis à la lymphe , la rendent plus- fluide 5 en y opérant une forte de dilTolution. Les acides Taltèrent d’une manière oppofée ; ils lui donnent de la confiftance , 8c ils la coagulent. En filtrant ce mélange , Sc en faifant évaporer le fluide obtenu par cette filtration ^ 011 obtient le fel neutre que l’acide employé doit former avec l’alkali minéral; ce qui prouve que ce dernier fel exifte à nu Sc pourvu de toutes fes propriétés dans la lymphe. Le coagulum formé dans cette liqueur par l’addition d’un acide , fe difibut très-prompte¬ ment dans l’alkali volatil , qui efi le véritable dif- fblvant de la lymphe ; mais il ne fe difibut pas du tout dans l’eau pure : un acide fépare la lym¬ phe unie à l’alkali volatil. Le même coagulum diftillé à feu nu , donne les mêmes produits que la lymphe pure defiféchée 5 Sc fon charbon con¬ tient beaucoup d’alkali minéral ; ce qui prouve, fuivant M. Bucquet , qu’il y a uneportion.de ce fel combiné intimement dans la lymphe , que ' l’acide employé pour la coaguler ne fature point* La lymphe ne décompofe point les fels neu¬ tres calcaires Sc argileux-, mais elle décompofe très-bien les fels métalliques. Elle efi; coagulable par l’efprit de vin ; ce coagulum diffère beau¬ coup de celui qui efi formé par les acides, pat fa dilTolubilité dans l’eau , fuivant la découverte de M. Bucquu, La lymphe paroit donc être j, jiS Leçons ÉLiMENTAtEEs d’après ces recherches , un mucilage animal ^ compofé d’eau , d’huile , de fel marin , d’alkalî minéral crayemt ^ Sc d’une matière infoluble , qu’on a regardée comme une terre particulière , quoi¬ qu’elle foit peut-être un fel terreux. La propriété la plus fingulière de ce mucilage , Sc qui mérite de fixer l’attention des Médecins , efi celle de de¬ venir concrète par l’adion du feu. Le caillot du fang , expofé à la chaleur dii bain-marie , donne une eau fade ; il fe deffèche Sc devient cafiant. Il fournit à la cornue un phlegme alkalin , une huile épaifie d’une odeur fétide Sc empyreumatique , Sc beaucoup d’alkali volatil concret. Son réfidu efi un charbon fpon- gieux 5 d’un afped brillant Sc métallique , difficile à incinérer , Sc qui , traité avec l’acide vitrioli- que y donne du fel de Glauher Sc du vitriol mar¬ tial ; il laiffie après ces opérations une terre in¬ connue. Le caillot fe pourrit affiez promptement à un air chaud. Lorfqu’on le lave avec de l’eau, ce fluide le fépare en deux matières très-diflinC- tes. L’une qu’il difibut, lui donne une couleur rouge. Cette diflblution traitée par différens menL trues , préfente tons les caradères de la lym¬ phe ; mais elle contient une beaucoup plus grande quantité de fer. Ce métal s’en retire par l’inci¬ nération 5 Si en lavant le charbon incinéré pour en féparer les matières falines. Le réfidu de cette d’Hist. Nat. et de Chïmîe. leffive efl dans Fétat de fafraii de mars d’une belle couleur ; il elt ordinairement attirable à Faimant. C’efl; à ce métal que Fon a attribué la couleur du fang. Le fer a été tiré de ce fluide en aflez grande quantité par MM. Menghini ^ Rouelle Sc Bucquet, Le caillot , après avoir été lavé & épuifé de tout ce qu’il contenoit de lymphe rouge , eJl dans Fétat d’une matière blanche fîbreufe , qui nous refte à examiner, La partie fibreufe du fang , efl blanche & fans couleur 3 lorfqu’elle a été bien lavée ; elle n’a qu’une faveur fade. On en retire en la diflillant au bain- marie 5 un phlegine inflpide d’une odeur fade 3 Sc fufceptible de fe pourrir. La chaleur la plus douce durcit fingulièrement la matière fibreufe. Lorfqu’on Fexpofe brufquement à un feu vif, elle fe retire comme du parchemin ; diflillée à la cornue , elle donne un phlegme alkalin , une huile pefante , épailTe Sc. très-fétide , beau¬ coup d’alkali volatil concret , fali pâr une por¬ tion d’hui}e. Son charbon efl peu volumineux , compaél , pefant , moins difircile à incinérer que celui de. la lymphe. Sa cendre efl très -blan¬ che ; elle ne contient ni matière faline , em¬ portée fans doute par le lavage du caillot, ni fer, c’efl une efpèce de réfidu dont Fafpeâ; efl ter¬ reux I mais dont on ii’a point examiné la nature? Leçons élémentaire^ La partie fibreufe fe pourrit très-vite , Sc aveé beaucoup de facilité. Lorfqu’elle eft expofée à un air chaud Sc humide , elle fe gonfle , Sc donne alors beaucoup d’alkali volatil. Elle n’efl: pas fo- lubie dans Feau ; lorfqu’on la fait bouillir avec ce fluide , elle fe durcit Sc prend une couleur grife. Les alkalis ne la diflbl vent pas, mais les aci« des même les pliis foibles s’y coiubinent. L’acide nitreux concentré la dilTout avec effervefcence Sc. dégagement de gaz nitreux ; il forme avec elle un mucilage jaunâtre. Elle donne avec l’efprit de Tel une efpèce de gelée verte. L’acide du vinaigre la diflTout à l’aide de la chaleur : Feau, & fur-tout les alkalis précipitent la partie fibreufe unie aux acides. Cette matière animale efl dé^ compofée dans ces combinaifons ; Sc lorfqu’on la répare des acides par un moyen quelconque , elle ne préfente plus les mêmes propriétés. Les fels neutres Sc les autres matières minérales n’ont aucune adion fur elle. Elle s’unit à la lymphe , fur-tout à celle qui efl colorée , pour former le caillot. Ce dernier efl foluble en entier dans les acides comme la partie fibreufe , fans doute à caufe de la combinaifon de cette matière avec la lymphe rouge. On voit d’après cela que la partie fibreufe diffère beaucoup de la lymphe proprement dite. C’eft une matière plus anima- Ufée que cette dernière , une forte de gluten animal b^HîsTo Nat. et de Chimie. 721' animal qui a beaucoup de rapport avec celui de la farine, &: qui fur-tout a la propriété bien remar¬ quable de devenir concret par le refroidilTement 8^ le repos. On ne peut douter que cette ma¬ tière , qui n’a point encore été aflez diflinguée de la lymphe par les Médecins PhyfiologiUres Sc Pathol ogiiîes , ne joue un rôle particulier dans l’économie animale. Ne feroit-ce pas elle qui fe dépofe dans les mufcles , qui fait la bafe fibreufe de ces organes , & la matière irritable par exceî- , ience ? Si cette alTertion étoit auffi-bien démon¬ trée qu’elle ell; vraifemblabie , ne feroit-il pas important de faire plus d’attention à cette fubf- tance qu’on ne Pa fait jufqu’aâuellement , Sc de la confidérer comme capable de caufer par fon abondance ou fa déviation , des maladies parti¬ culières ? J’aurai occafîon de revenir quelque jour fur cet objet important. Malgré ces belles recherches fur le fang , il s’en faut de beaucoup que toutes les propriétés chimf ques de cette humeur foient connues. On ne fai point encore quelle différence il y a entre la lym phe & la partie fibreufe; on n’a point examiné le fang dans to0fes états, Sc fur-tout dans différentes maladies où ce fluide éprouve des altérations corn fidérables ; par exemple , dans les fortes iaffamma- dons, dans la chlorofe, Scc. Les Médecins en fa* vent plus fous ce point de vue que les Chimides Tome IL Z z 7^2 Leçons 'élément a ires M. Rouelle a examiné le fang de quelques qua¬ drupèdes , tels que le bœuf , le cheval, le veau ^ le mouton , le porc , l’âne & la chèvre. Il en a retiré les mêmes produits que de celui de l’homme , mais en différentes proportions, LEÇON LXIV« Du Lait. LiE lait eflune humeur récrémentitielle deflî- née à nourrir les jeunes animaux dans le premier teins de leur vie. Il eft d’un blanc mat , d’une faveur douce fucrée , d’une odeur légèrement aromatique, II fe fépare immédiatement du fang dans les niammelîes des femelles des animaux | il y eft apporté principalement par les artères mammaires. L’homme , les quadrupèdes & les cétacées font les feuls animaux qui aient du lait. Tous les autres animaux n’ont point les organes deftinés à la fécrétion de cette humeur. Le lait diffère beaucoup dans les diverfes efpè- ces de ces animaux ; dans la femme^^ eft très-fu- cré-, celui de vache eft doux, & fes principes font bien liés ; ceux de la chèvre & de l’ânefïe ont une vertu particulière ; ils font fou vent légère¬ ment aflringens, Au refte , les propriétés varia- d'Hïst. Nat. et de Chimie. 723 bîes du lait dépendent ordinairement des alimens dont les animaux fe noiirriffent. Le lait de vache qu’on prend pour exemple dans Panalyfe , parce qu’on fe le procure faci¬ lement , eft un compofé de trois fubüances diffé¬ rentes 5 du férum ou petit lait , qui eft fluide 8c tranfparent , du beurre 8c du fromage , qui tous: les deux ont plus de confiflance. Ces trois par¬ ties font mêlées 8c fufpendues , de forte qu’elles forment une efpèce d’émulflon animale. Le lait expofé en entier à l’aélion du feu 8c à la chaleur du bain-marie , donne un phlegme fans faveur, d’une odeur foible Sc fufceptible de fe putréfier. A une chaleur un peu plus forte ^ il fe coagule comme le' fang , fuivant l’obferva- tion de M. B acquêt. En l’agitant 8c en le féchant peu-à-peu , il forme une forte d’extrait fncré que l’on appelle franchipane. Cet extrait diflbus dans l’eau conftitue le petit lait à^Hoff}nan, Dif- îillé à feu nu , cet extrait donne de l’acide , de l’huile fluide , de l’huile concrète 8c de l’alkali volatil. Son charbon contient très -peu d’aikalî fixe végétal, du fei fébrifuge 8c une terre peu connue. <7 Le lait expofé à une température chaude , ei! fufceptible de pafler à la fermentation fpiri tu eufe, 8c de former une efpèce de vin , mais il faut qu’il foit en grande mafTe* Les Tartares préparent une Zz ij ^24 Leçons ÉLéMiNTAiEEs liqueur fpiritueufe avec le lait de jument. Le lak palîe promptement à Tacide ^ Sc alors il fe coa¬ gule. La partie caféeufe fe prend en malTe , le férum s’en fépare. Les acides produifent fur le champ le même effet fur le lait ; ils le coagulent; les alkalis , & fur-tout l’alkali volatil rediffolvent ce cocgulum^ Boerhaave affure qu’en faifant bouillir du lait avec de l’huile de tartre , ce fluide devient jaune ^ enfuite rouge & de la couleur du fang. Il penfe même que c’eft une combinaifon femblable , qui ait paffer le lait à l’état de véritable fang dans le corps humain. Pour préparer le petit lait , on fait chauffer le lait entier avec de la pféfure. Cette fubftance formée par le lait aigri dans l’eflomac des veaux, eh un ferment qui coagule la partie caféeufe. Lorfque cette coagulation eft faite, on paffe le lait par une étamine. Le gallium^ les chardons j agiffent comme la préfure fur le lait. Le férum ou le petit lait , préparé de cette manière, eft trouble; on le clarifie à l’aide du blanc d’œuf & de la crème de tartre. Il a une faveur douce; il contient un fel effentiel fucré, une matière gélatineufe peu connue , un'e fubf» tance extraélive colorante , & du fel fébrifuge diiïous dans une grande quantité d’eau. Pour réparer ces principes , on voiatilife l’eau en éva ■ ï3*Hist. Nat. et de ChîmïE. 7^^^ porant le petit lait jiifqu’en confiflance de firop^, onlelaiffe refroidir 5 il fe criflaliife un fel d’abord un peu roux , qui eft le fucre de lait ^ & qu’ofi purifie par de nouvelles diffblutions & ciifiaiiifa- dons. Ce fel criftallife à peu près comme le tartre vitriolé ; il efi d’une faveur un peu fucrée Sc terreufe; il fe diiïbiit dans une partie 8c de¬ mie d’eau chaude ; il donne à la difiillation un phlegme acide, une huile légère, un charbon fpongieux , qui contient très » peu d’alkali fixe | il efi afiez difficile à incinérer. Il ne paroît pas fufceptible de paffier feul à la fermentation fpi- litueufe, mais lorfqu’il efi combiné avec la ma¬ tière caféeufe 8c le mucilage gélatineux, il peut fournir une forte de vin, puifque M. Spielman a prouvé par des expériences bien faites , que le lait entier , fermenté en grande maffe ^ donnoit de l’efprit ardent par la difiillation. On peut obtenir du petit lait une nouvelle dofede matière fucrée, par une fécondé 8c même par une troifième évaporation. L’eau-mère qui refie efi collante , elle fe prend fou vent en ge¬ lée par le refroidiiïement, d’après l’obfervation de M« Rouelle. Elle confient un mucilage géla¬ tineux, une matière extradive & du fel fébri¬ fuge , qu’on en extrait par une nouvelle diflb- ludon & évaporation. L’huile de vitriol peut auffi fervir à y démontrer la préfence de ce feL Z Z iij 725 Leçons élémentaikes Le fucre de lait , expofé au feu ouvert , fe fond , fe bourfdufle de brûle comme le fucre. lî répand une odeur de caramel ; fon charbon eft difficile à incinérer, il ne donne que peu de cendres, puifqu’une livre de fel de lait n’en a fourni que vingt -quatre à trente grains à M* Rouelle. Cette cendre contient du fel fébrifuge 6c un peu d’alkali fixe végétal, que ce Chimifte attribue à la matière extraélive. M. ulgamo^ a trouvé , fuivant M. Pœrner^ la même analogie que M. Rouelle y entre le fel de lait 6c le fucre. Le fromage ou la matière caféeufe fe prend en mafle, 6c fe fépare dès autres parties du lait par l’adion du feu , par la fermentation acide que cette liqueur efl fufceptible d’éprouver , 6c. par le mélange des acides. Cette matière bien lavée efl blanche, folide, comme fibreufe ; l’ac¬ tion d’un feu doux la durcit. La diflillation au bain-marie en extrait un phlegme infîpide 6c qui fe pourrit. Le fromage delTéché , diffillé à la cornue $ donne un phlegme alkalin, une huile pefante, 6c beaucoup d’alkali volatil concret. Son char¬ bon ell denfe , très-difficile à incinérer , 6c il ne fournit point d!alkali fixe. Le fromage fe pourrit à une température chaude ; il fe gonfle , répand une odeur infede, prend une demi-fluidité ^ fe couvre d’une écume d’Hîst. Nat. et be Chimie. 727 due au dégagement d’un gaz très - odorant 8ç très-méphitique , qui s’échappe difficilement de cette matière vifqueufe. Le fromage efl indilToIuble dans l’eau froide | l’eau chaude le durcit. Les alkalis le diffblvent ^ 8c , fur-tout l’alkali volatil , qui verfé à la dofe quelques gouttes dans du lait coagulé par un acide , fait bientôt difparoître le coagulum» Les acides concentrés diffblvent auffi le fro¬ mage. Les fels neutres, 8c fpécialemeni le fel ma¬ rin , retardent fa putréfadion. Il paroît , d’après tous ces détails , que le fro¬ mage eff une fubftance voifîne de la lymphe ; mais comme de fa nature il n’eft pas foluble dans l’eau , c’eft à la faveur du mucilage géla¬ tineux , de la fubftance extradive 8c de la ma¬ tière fucrée contenues dans le petit lait , qu’il y eft tenu en diffblution , ainfî que la partie hui- leufe. Le beurre fe fépare en partie du lait par le repos I il fe raffemble à fa furface ; mais comme il eft mêlé avec beaucoup de férum 8c de ma¬ tière caféeufe , on le fépare exadement de ces fubftances par un mouvement rapide ; c’eft ce qui conftitue l’art de battre le beurre. Le férum qui fumage le beurre battu, retient une portion Z Z iv ^2S Léçons élémentaires de cette fub fiance huileufe , il efl jaune , aigre & gras ; on le nomme lait de beurre. Ce que l’on appelle la crème , efl un mélange de fromage & de beurre, que bon enlève de deffus le lait. Elle efl beaucoup plus difficile à digérer que le îait entier. Cette fubflance efl fufceptible de aiiouffier par une grande agitation. Dans cet état elle conflitue la crème fouettée. Le beurre pur efl concret Sc mou , d’un jaune doré , d’une faveur douce , agréable. C’efl une huile grafle , rendue concrète par un acide ; il fe fond à une douce chaleur , & devient folide par le refroidiffiement. Diflillé au bain-marie, il donne un phlegme prefqu’inlipide. A la cor¬ nue , il fournit un acide d’une odeur très-pi¬ quante & très-forte 5 une huile d’abord fluide , enfuite une huile concrète colorée , de la môme odeur piquante que l’acide. En reélifîant ces produits , on rend l’huile fluide Sc auffi vola¬ tile que les huiles elTentielles. Le charbon qui relie efl peu abondant. Le beurre devient aifément acide 8c rance à un air chaud. Son acide efl alors développé , & il a une faveur défagréable. L’eau 8c i’efprit de vin le rapprochent de fon premier état en diflblvant l’acide. L’alkali fixe dilTout le beurre , Sc forme avec lui une efpèce de fayon peu connue ’Nat. et de Chîmîe. . On voit diaprés ces détails , que le beurre eft une fiibdance huileufe , de ia nature des huiles graiTes végétales concrètes. Le beurre frais eft doux , tempérant Sc rel⬠chant. Mais il s’aigrit facilement , & convient en général à peu d’eftomacs ; le beurre roux , dont Facide ed développé ^ eft un des alimens les plus mal - fains Sc les plus difficiles à di¬ gérer. Le lait eft un aliment agréable & utile dans un grand nombre de cas. Ced même un des médicamens les plus précieux que la Médecine pofsède. Il adoucit les humeurs âcres dans les maladies de la peau & des articulations , telles que les dartres , la goutte , dcc. Il cicatrife c[ueî- ques ulcères d’une bonne nature. On peut le charger de quelques parties aromatiques; 8c c’ed alors un médicament excellent dans la phthifie pulmonaire. Tous les edomacs ne digèrent pas le /lait. Les perfonnes qui ont des aigres dans les premières voies , en font ordinairement incom¬ modées. Il demande en général beaucoup de prudence dans fon adminidration. On fe fert fou- vent avec fuccès d’un lait rendu médicamenteux par quelques fubdances qu’on fait prendre à l’animal qui le fournit , &:c. Le lait des différens animaux a quelques ver¬ tus particulières, Celui de femme ed doux ^ 750 Leçons élémentaires très“fiicré , Sc il convient beaucoup dans le mâ*» rafrue. Le lait d’ânelTe s’emploie avec fuccès dans la phthifie pulmonaire , la goutte ; il relâche ordinairement. Le lait de jument fe rapproche de celui d’ânelTe. Le lait de chèvre efl féreux , & légèrement aflringent. Celui de vache eft le plus épais 5 le plus gras , le plus nourrilTant ; il eü auffi le plus difficile à digérer , & on eft fouvent obligé de le couper avec de l’eau , ou quelqu’infufion aromatique , fur-tout s’il ne paffe pas facilement , ou s’il caufe le dévoiement. Le lait s’emploie auffi à l’extérieur , comme adoucifTant Sc émollient. Il calme promptement les douleurs , il mûrit les dépôts 8c les abcès , Sc il en accélère la fuppuration. On l’applique chaud Sc renfermé dans une veffie fur les parties douloureufes. •ggg^sssa-g-"" ! LEÇON LXV. De la Graijfe. JLi A graiffe eft une matière huileufe concrète, renfermée dans le tilfii cellulaire des animaux; elle eft blanche ou jaunâtre , d’une odeur Sc d’une faveur ordinairement fade ; elle diffère dans tous les animaux par fa folidité^ fa cou-* b’Hist. Nât« et de Chimie, 751 leur, fa faveur, &c. L’âge même multiplie en-» core ces différences ; dans Fenfant elle efl blan¬ che 5 infipide & peu folide ; dans Fadulte elle efl ferme Sc jaunâtre ^ dans le vieillard fa cou¬ leur eft plus foncée, fa confiflance eil très-va¬ riée , & fa faveur eft en général plus forte. Celle de Fhomine 8c des quadrupèdes efl coniiflante, blanche ou jaune; celle des oifeaux efl plus fine , plus douce , plus onétueufe , 8c en général moins folide ; chez les cétacées 8c les poifibns, elle efl; prefque fluide, 8c fouvent pla¬ cée dans des réfervoirs particuliers, comme dans la cavité du crâne. On la retrouve dans les rep¬ tiles, les infedes 8c les vers ; mais chez ces ani¬ maux elle n’accompagne que les vifcères du bas-ventre fur lefquels elle efl placée par pe- lottons ; on ne Fy rencontre qu’en petite quan¬ tité fur les mufcles 8c fous la peau. On a obfervé que la graiflTe des animaux fru¬ givores 8c herbivores efl ferme 8c folide, tan¬ dis que celle des animaux carnafliers efl plus ou moins fluide. Il faut cependant remarquer à ce fujet que la grailTe efl toujours moins fo- îide 8c moins concrète dans un animal vivant 8c chaud, qu’elle ne le paroît dans un animal mort, refroidi & fournis à la difledion. La graifle varie encore fuivant les différens lieux du corps de Fanimal qui la recèlent; elle 732 Leçons 'élémentaires eü folide aux environs des reins 8c fous la peauf elle Fefî; moins entre les fibres mufculaires ou dans le voifingge des vifcères mobiles , tels que le cœur, Feflomac , les inteflins; elle eft plus abondante en hiver qu’en été ; elle paroît fervir à entretenir la chaleur dans les régions où elle efl placée, comme beaucoup de faits recueillis par les Phyfiologiftes le démontrent; elle paroît même contribuer à la nourriture des animaux, ainfi qu’on Fobferve dans les ours , les marmottes , les loirs , 8c en général dans tous les animaux forcés à une longue abliinence , chez lefqueîs la grailTe fe fond 8c fe détruit peu à peu. Pour fe fervir de la graiffe en Pharmacie, ou pour examiner fes propriétés chimiques, il faut la couper par morceaux , en féparer les membranes 8c les vaifTeaux qui la parcourent; enfuite on la lave avec beaucoup d’eau , on la fait fondre dans un vaifTeau de terre neuf, en y ajoutant un peu d’eau; lorfque ce fluide efl: diffipé 8c qu’il n’excite plus de bouillonnement, on la met dans un vaifleau de faïence , où elle fe fige. La graifle n’a point encore été examinée dans foutes fes propriétés chimiques. On ne connoît encore que l’aélion du feu , de l’air 8c de deux ou trois menflrues fur cette fubflance. C’efl ce¬ pendant une des matières animales les plus né» d^Hîst. Nat» et de Chimie, 733 ceffaires à bien connoître, pour pouvoir juger de i'es ufages fur lefquels on ne fait encore rien de certain , Sc fur -tout des altérations qu’elle eü fufceptible d’éprouver dans les corps vivans, La grailTe de quelqu’animal que ce foit ex- pofée à un feu doux , fe liquéfie & fe congèle par le refroidiffement. Si on la chauffe forte¬ ment & avec le comaél de l’air, elle répand une fumée d’une odeur piquante, qui excite les larmes & la toux , & elle s’eitllamme lorfqu’elle efl affez chaude pour fe volaiilifer; elle ne donne qu’un charbon très-peu abondant. Si on difhlle la graiffe au bain-marie , on en retire une eau vapide, d’une légère odeur animale qui n’eh ni acide ni alkaline, mais qui acquiert bientôt une odeur putride, Sl qui dépofe des filaiiiens comme mucilagineux. Ce phénomène qui a lieu pour l’eau obtenue par la diflillation au bain marie de toutes les fubftances animales, prouve que ce fluide entraîne avec lui quelque principe mu¬ queux qui efl; la caufe de fou altération, La graiffe diflillée à la cornue donne un phlegme d’abord aqueux, enfuite fortement acide; une huile en partie liquide & en partie concrète ; il refle une très -petite quantité de charbon fort difficile à incinérer. Ces produits ont une odeur acide , vive Sa pénétrante , auffi forte que celle 734 Leçons élémentaike^s de Facide fulfureux j Facîde efl d’une nature par¬ ticulière 5 Sc on ne Fa point encore examiné. L’huile concrète peut être reêtihée par plufîeurs diflillations , au point d’être très-fluide , très-vo¬ latile, très-pénétrante; en un mot, de préfenter tous les caraélères d’une véritable huile eflen- tielle. La grailTe expofée à l’air chaud s’y altère très- promptement ; de douce & inodore qu’elle efl lorfqu’elle efl fraîche, elle devient forte Sc pi¬ quante , elle fe rafticit ; il paroît que cette al¬ tération efl une véritable fermentation qui dé¬ veloppe l’acide 8c le met à nu. Ce n’efl pas à la partie huileufe de la graifle qu’efl due cette forte de changement, mais à un mucilage ani¬ mal particulier , que Fanalyfe ultérieure nous fera découvrir. La grailTe rance peut être cor¬ rigée par deux moyens ; l’eau feule efl capable d’enlever l’acide qu’elle contient, comme Fa fait obferver M. Pœrner ; Fefprit de vin pré¬ fente aufli la même propriété, fuivant M. de, Machy. Cela prouve que Facide de la graifle rance met cette matière gralTe dans une forte d’état favonneux , & la rend ainfî foluble par l’eau 8l par Fefprit ardent. Ces deux fluides pourront donc être employés avec fuccès pour rétablir une grailTe altérée par la rancidité. Lorfqu’on lave la grailTe avec une grande d’Hist. Nat. et de Chimie. 735^ quantité d’eau dillillée, ce fluide diiïbut une ma¬ tière gélatineufe qu’on peut y démontrer par l’évaporation ; mais la graifTe retient toujours une certaine portion de cette matière qui lui efl intimement combinée , Si. d’où dépend fa pro¬ priété fermentefcible. Au refte , on n’a point en¬ core déterminé exaélement l’adion de l’eau fur cette fubftance animale. On ne connoît pas la manière d’agir de la chaux & de la magnéfie fur la graifTe ; on fait que les alkalis s’y unifTent Si forment avec elle une efpèce de favon. Les acides l’altèrent Si la brûlent comme ils font les huiles non ficcati- ves ; ils font même fufceptibles de la mettre dans l’état dun favon acide diiïbluble dans Peau. Le foufre s’unit très-bien à la graifTe 5 il forme avec elle une combinaifon qui n’a point encore été bien examinée. La graifTe efl fufceptible de difToudre certains métaux ; elle s’allie avec le mercure dans la préparation connue fous le nom de pommade mercurielle. Pour opérer cette union, il fuffit de triturer ce métal avec de Taxonge ou graifTe de porc pendant long-tems; le mercure fe di- vife, s’atténue Si s’unit fi intimement à la graifle^ qu’il lui communique une couleur d’ardoife, Sc qu’il ne parok plus fous la forme métallique. 73^^ Leçons élémentaires Cependant cette union ne paroît être qiAine divifion extrême , ou au moins il n’y a qu’une petite portion de mercure dilToiis par l’acide adipeux, puifqu’à l’aide d’une loupe on apper- çoit toujours des globules de mercure dans l’on¬ guent le mieux préparé. Le plomb, le cuivre & le fer font les trois métaux les plus altérables par la graiffe. Les chaux de ces métaux s’y combinent de même très-facilement *, auffi efl-ce pour cela qu’il efl dan¬ gereux de lailTer féjourner des alimens préparés avec de la graille dans des vailTeaux de cuivre, Sc même dans ceux de terre dont la couverte contient du verre de plomb, La plupart des matières végétales font fufcep- tibles de s’unir à la grailTe; les extraits &: les mucilages lui donnent une forte de folubilité dans i’ean, ou au moins favorifent fa fufpenlion dans ce fluide. Elle fe combine en toutes pro¬ portions avec les huiles , & elle leur communi¬ que une partie de fa confiftance. Telles font les propriétés chimiques connues de la grailTe ; elles nous apprennent que cette lubltance eh très-femblable au beurre , c’eh-à- dire, que c’eh une efpèce d’huile graffe rendue concrète par une portion d’acide. Quant à Tes ufages dans l’économie animale, outre la chaleur qu’elle entretient dans les par¬ ties Nat. et de Chimie, des qu’elle environne , outre les formes arron- dies, fouples 8c agréables ^ Sc la blancheur qü’elle donne à la peau , elle paroît encore fervir , fui-» vaut M. Macquer ^ à abforber les acides fura- bondans qui peuvent fe trouver dans le corps des animaux vivans^ 8c elle eil comme le ré- fervoir de ce5 fels. On fait cependant qu’une trop grande quantité d’acide introduit dans le corps d’un animal , dilTout 8c fond la grailTe j fans doute en lui donnant un caraélère favon- lieux, 8c en la rendant plus foluble. L’abondance exceffive , 8c fur-tout les altéra* lions de la graiffe produifent dans l’économie animale des maladies funeiles , dont on n’a point encore bien examiné les fyrnptômes 8c les effets, M. Lorry s’en efl fpéciâlement occupé , & il a établi entre cette fubftance & la bile , une ana* logie frappante. Il a donné fur cet objet plu- fleurs Mémoires qui feront imprimés parmi ceux de la Société Royale de Médecine. On fe fert de la graiffe comme aiïaifonne- ment; elle efl nourriffante pour les perfonnes qui ont un bon eflomac. On l’emploie en Mé^ decine comme adouciffante 8c calmante à l’ex¬ térieur ; elle entre dans les onguefis 8c dans les emplâtres. Tome IL Aaa J^8 L'bÇONS éLÉMiNTÂÎRES De la Elle» -La bile ou le fiel eü un fluide d^un vert plus oit moins jaunâtre, d’une faveur très - amère ^ d’une odeur fade Sa nauféabonde , qui fe fépare du fang dans un vifcère glanduleux , que tout le monde connoît fous le nom de -foie. Elle fe ramalTe chez le plus grand nombre des animaux^ excepté les infedes & les vers , dans un réfer- voir membraneux voifin du foie , qu’on appelle véflcule du fiel. On n’a point encore examiné la bile de l’homme en détail, par la difficulté que l’on éprouve à s’en procurer une certaine quan¬ tité ; c’efi 'celle de bœuf qu’on a foumife aux expériences chimiques. Cette liqueur efl d’une confiflance prefque gélatineufe ou glaireufe , elle file comme un firop un peu clair ; en l’agitant , elle moufle comme l’eau de fa von. Si on la diflille au bain-marie , elle donne un phlegme qui n’efl ni acide ni alkalin , mais qui efl; fufceptible de palfer au bout d’un certain tems à la putridité. Ce phlegme m’à fouvent préfenté un caradère fingulier; celui d’exhaler une odeur fuave bien marquée , Sc fort analo¬ gue à celle du mufc ou de l’ambre. Cette ex¬ périence a été faite dans mes Cours particuliers, & plufieurs perfonnes en ont été témoins. Lorf- b^Mîst. Nat, êt de, Chimie. 739 qu’on a extrait de la bile toute l’eau qu’elle peut fournir au bain-marie , on la trouve dans l’état d’un extrait plus ou moins fec, d’un vert fale Sc brun. Cet extrait de bile attire l’humi¬ dité de Pair; il eft très-tenace & très-poifleux, il eft entièrement diffoluble dans l’eau. En le diftillaiu à la cornue, il donne de l’alkali voIa« til, une huile animale empyreumatique, beau¬ coup d’alkali volatil concret. Il refie après cette opération un charbon allez volumineux, moins difficile à incinérer que ceux dont nous avons parlé jufqu’à préfeiit. Suivant M. Cadets qui a donné un très-bon Mémoire fur Fanalyfe de la bile, dans les Mémoires de l’Académie, année 1767, ce charbon contient de l’alkali fixe mi¬ néral, un fel qu’il croit être de la même nature que le fiicre de lait, une terre animale &: une petite portion de fer. Il faut obferver que la diffillation demande à être conduite avec len¬ teur 5 parce que cette fubflance fe bourfouffle confidérablement. , La bile expofée à une température chaude s’altère très- promptement ; fon odeur devient d’abord de plus en plus fade de nauféabonde ^ fa couleur fe détruit & fe dénature ; il s’en pré¬ cipite des flocons mucilagineux blanchâtres; elle perd fa vifeofité, & elle prend bientôt une odeur fétide de piquante, Lorfque fa putréfaélion efl Aa a ij 740 Leçons êlémentaîre^ fort avancée, fon odeur devient fuave &l comme ambrée. La bile fe diflbut très-bien dans Teau. Les acides la décompofent à la manière des favons ; ils y produifent un coagulum. Si on fil¬ tre ce mélange , Sc qu’on évapore la liqueur filtréé, on en obtient un fel neutre formé par l’acide qu’on a employé, & l’alkali fixe miné¬ ral , c’efl-à-dire , du fel de Glauher avec l’acide vitriolique, du nitre rhomboïdal avec l’acide nitreux , du fel marin avec l’acide marin , &c. Cette belle expérience due à M, Cadet ^ dé¬ montre la préfence de l’alkali fixe minéral dans la bile. La matière reliée fur le filtre dans ces expériences, ell épaifTe, vifqueufe , très-amère & très-inflammable; fa couleur &: fa confifiance varient , fuivant la nature & le degré de con¬ centration de l’acide qu’on a employé pour la féparer. J’ai obfervé que l’acide vitrioiique lui donne une couleur verte foncée , l’acide nitreux une couleur jaune brillante , «Se l’acide marin un vert clair très-beau. Ce précipité eft une vé¬ ritable réfine , il fe bourfouflle , fe fond &; s’en¬ flamme fur les charbons ardens*, il fe difibut en totalité dans l’efprit de vin , & l’eau le précipite comme les fucs réfineux. L’aéiion des acides fur la bile démontre donc que cette humeur eli un véritable favon formé par une huile de la d’Hist. Nat* et de Chimie. 741 ïiamre des refînes, unie à l’alkali fixe minéraL Les fels neutres mêlés à la bile Fempêchent de palTer à la putréfadibn. Les difTolutions métalliques font décompofées par la bile qu’elles décompofent en même-tems j Falkali fixe de cette humeur s’unit à l’acide de la diffolution, & l’huile de la bile fe précipite avec la chaux métallique. La bile s’unit facilement aux huiles, ôc elle les enlève de delTus les étoffes , comme le fait le favon. Elle fe düTout dans l’efprit de vin; cette dif¬ folution eh d’un jaune verdâtre , elle iailîe dé- pofer une matière gélatineufe qui faifoit partie de la bile , ôc qui n’efl pas foluble dans l’efprit ardent. La teinture de bile n’eft pas décompofée par l’eau ; ce qui démontre que cette fubhance efl un véritable favon animal également foluble dans les menflrues aqueux ôc fpiritueux. L’éther la dilTout auffi très-facilement. Le vinaigre décompofe la bile comme tous les acides ; en évaporant la liqueur filtrée , on obtient un fel acéteux minéral bien criflallifé. Il fuit de ces diverfes expériences , que la bile eil; un compofé de beaucoup d’eau , d’un efprit reèleur aromatique , d’un mucilage gélatineux ,• d’une huile de la nature des réfines, ôc d’alkali minéral crayeux. M, Cadet y a trouvé un fel de A a a iij 74-2 Leçons élément. âîreS la nature du fucre de lait. Outre cela, M. Poulie^ lier de la Salle , Amateur diilingué , auquel l’Ana= toinie 8l la Chimie animale doivent beaucoup ^ a trouvé dans la bile de l^homme , ou plutôt dans les calculs biliaires ^ qui ne font que de la bile épaiffie concrète , un fel d’une nature particu» Îîère dont nous parlerons tout à Fheure. La bile confidérée dans Féconomie animale efl un fuc qui paroît fervir à la digeftion. Sa qualité favonneufe la rend capable d’unir les ma¬ tières huiîeufes à Feau. Sa faveur amère indique qu’elle flimule les inteflins , & qu’elle favorife leur aélion fur les alimens. M. Roux , célèbre Médecin Se Chimifle de la Faculté de Médecine de Paris , que la mort a enlevé beaucoup trop tôt à ces deux fciences , croyoiî que la bile avoir encore pour principal ufage d’évacuer hors du corps la partie colorante du fang. Peut-être cette humeur eft-elle décoinpofée dans le duodénum , par les acides qui fe développent prefque tou¬ jours dans la digeftion. Au moins eft-il certain qu’elle eft fort altérée , fur-tout dans fa couleur lorfqu’elle fait portion des excrémens qu’elle co¬ lore. Aufti les bons Médecins tirent-ils fouvent des induéiions très -utiles de Finfpeèlion de ces matières , pour favoir quel eft l’état de la bile & celui du foie cjiii la fépare. On emploie l’extrait de fiel de bœuf & de d’Hist. Nat. et de Chimie. 74$ pîufieurs autres animaux , comme un très -bon médicament flomachiqiie. Il fupplée au défaut Sc à l’inertie de la bile ; il donne du ton à l’ello- mac Sc rétablit les fondions de ce vifcère affbi- bli ; mais il demande de grandes précautions dans fon ufage , parce qu’il eft âcre Sc échauf¬ fant; Sc il ne doit être adminiftré qu’à petite dofe^ fur-tout chez Içs perfonnes fenfibîes Sc irritables. I^es Calculs ou Pierres biliaires. Toutes les fois que la bile humaine efl arrêtée dans la véficule par une caufe quelconque , Sc fur-tout par les ferremens fpafmodiques , comme dans la mélancolie , les accès hiilériques , les longs chagrins , Sec. elle s’épaiffit Sc donne naif- fance à des concrétions brunes , légères , inflam¬ mables , d’une faveur amère très -forte, qu’oii appelle calculs biliaires. Ces concrétions font fouvent en très-grand nombre ; elles diftendent la véficule , elles la rempliflent quelquefois en¬ tièrement ; elles produifent des coliques hépa¬ tiques violentes , des vomiflemens , l’idère , Sec^ Ces calculs ont été examinés par M. Poulletier de la Salle, Il a obfervé qu’ils étoient diflTolubles dans l’efprit ardent. Ayant mis ces pierres en di- geflion dans de bon efprit de vin , il a remarqué au bout de quelque tems , que cette liqueur étok Aaa iv 744 LïIÇONS ÏLÉMENTAîRES remplie de particules minces , brillantes Sc criP îailines , 8c ayant toutes les apparences d’un fel. Les expériences qu’il a faites fur cette fubftance îui ont appris que c’étoit un fel huileux analogue par quelques propriétés au fel acide que nous avons connu fous le nom de fleurs de benjoin. D’après les recherches de ce Savant , ce fel n’efl contenu que dans les calculs biliaires de l’homme*, il ne Fa point trouvé dans ceux du bœuf. La découverte de M. Poulletier de la Salle vient d’être en partie confirmée par des faits re¬ cueillis à la Société Royale de Médecine ^ fur les pierres de la véficule du fiel. Cette Com¬ pagnie a reçu de plufieurs Médecins des calculs biliaires d’une nature particulière, 8c qui n’ont pas encore été décrits. Ce font des amas de lames criflaîlines tranfparentes , femblables au mica ou au talc 5 qui ont abfolument la même forme que le fel trouvé par M. Poulletier, Il paroît même que la bile humaine peut fournir une grande quantité de ces crifiaux , puifque la Société de Médecine a dans fa colleélion de calculs , une véfi¬ cule du fiel entièrement remplie de cette con¬ crétion faline tranfparente. On trouvera une defcription détaillée de ces calculs dans l’hif- toire du troifième volume de cette Compa¬ gnie. Il eft à fouhaiter qu’on examine la na¬ ture de ces nouveaux calculs ; les recherches d’Hist. Nat. et de Chimiê. 745* fur cet objet ne peuvent être que fort utiles à la Médecine. D’après ces détails , on doit diÜinguer deux fortes de calculs biliaires ; les uns font opaques , fragiles , inflammables ëc véritablement bilieux ; c’eft une forte d’extrait de bile naturel; les autres font tranfparens, criflallifés par laines^ &ils pa- roiffent être un principe falin contenu dans la bile 5 qui peut-être exifle en plus grande quan¬ tité dans certaines affedions morbifiques de ce fluide que dans l’état naturel, Sc qui, dans ce cas, efl difpofé à fe précipiter &: à fe criflallifer toutes les fois que la bile efl arrêtée en grande quantité dans la véficule. De la Salive & du Suc pancréatique , Les Anatomifles & les Phyfiologifles ont trou¬ vé une grande analogie entre la falive & le fuc pancréatique. Les glandes falivaires & le pan¬ créas ont en effet une flriidure tout- à-fait ana¬ logue, Sl l’ufage de l’humeur que ces organes préparent , paroît être le même. L’homme & les quadrupèdes paroiffent être les feuls chez lefquels cette humeur fe fépare. Du moins on n’a point encore trouvé de glandes falivaires dans la plupart des autres animaux. Les Chimifles n’ont encore rien fait d’exad fur ces deux fluides, Ou ne peut en acciifer que la 74^ Leçons élémentaires difficulté que Pon éprouve pour s’en procurer une quantité même très-petite. On fait feulement que la falive ell un fuc très-fluide , féparé par les paro¬ tides Sc plufîeurs autres glandes , qui coule con¬ tinuellement dans la bouche , mais en plus grande abondance pendant la maflication. Cette humeur paroît être favonneufe , imprégnée d’air qui la rend écumeufe j elle ne laifle que peu de ré- fidu lorfqu’on l’évapore à ficcité ; il le forme ce¬ pendant quelquefois des concrétions falivaires dans les canaux deflinés à porter cette humeur dans la bouche. Elle paroît contenir un fei am¬ moniacal 5 puifque la chaux Sc les alkalis fixes caufliques en dégagent une odeur piquante Sc urineufe; les expériences de M. Pringle démon¬ trent qu’elle eft très-feptique , Sc qu’elle favorife la digeflion en excitant un commencement de putridité dans les alimens. De rHumeur féminale, La nature chimique de l’humeur féminale el! encore moins connue que celle des deux fluides précédens. Le peu d’obfervations qu’il a été poffible de faire jufqu’acluellement fur cette hu¬ meur 5 ont appris qu’elle fe rapprochoit des mu¬ cilages animaux, qu’elle devenoit fluide par le froid Sc par la chaleur , Sc que l’aèlion du feu d’Hist. Nat. et de Chimie. 747 la réduifoit en une fubftance sèche & friable. Les obfervatioiis anatomiques Sc microfco- piques ont été beaucoup plus loin que les expé¬ riences de la Chimie fur cet objet. Elles ont démontré que l’humeur féminale eft un océan dans lequel nagent des petits corps arrondis , doués d’un mouvement rapide > regardés par les uns comme des animaux vivans deftinés à reproduire les efpèces, & par les autres 5 comme des molécules organiques propres à former, par leur rapprochement , un être vivant. Mais on ne peut s’empêcher de difconvenir que ces belles expériences n’ont encore rien produit pour l’a¬ vancement de la fcience , Sc qu’elles n’ont donné lieu qu’à des hypothèfes ingénieufes. LEÇON LXVL De r Urine. JLj’Urine efl; un fluide excrémentitiel tranf- parent, d’un jaune citron, d’une odeur particu¬ lière , d’une faveur faline , féparé du fang par deux vifcères glanduleux qu’on appelle reins , Si. porté de ces organes dans un réfervoir que tout le monde connoît fous le nom de veffie , où il féjourne quelque teins - c’eÜ une forte de 748 Leçons ÉEéMENTAïUKS îeffive chargée des matières âcres contenues clans les humeurs des animaux , Sc qui , fi elles étoient retenues trop long-tems dans le corps 5 porte- roient le trouble dans les fondions. L’urine efi: une difiblution d’un grand nombre de fels Sc de deux matières extradives particulières. Lorfi- qu’elle efi fraîche , elle ne verdit ni ne rougit le firop de violettes ; elle varie pour la quantité Sc les qualités, fuivant plufieurs circonfiances. Celle de l’homme que nous nous propofons d’exami¬ ner en particulier , dilTère de celle des quadru¬ pèdes. Dans les autres clafies d’animaux , elle offre encore des différences plus grandes. L’état de l’efiomac Sc celui des humeurs en particu¬ lier produifent une infinité de changemens qu’il ne fera poffible d’apprécier qu’aprçs une longue fuite d’expériences qui n’ont encore ^té qu’ébau¬ chées : nous ne parlerons donc ici que de l’urine humaine rendue dans l’état de fanté. Ce fluide efi difiingué par les bons Médecins ^ en deux efpèces ; l’une appelée urine de la boif- fon 3 ou urine crue , coule peu de tems après le repas ; elle efi claire , prefque fans faveur Sc fans odeur ; elle contient beaucoup moins de principes que l’autre qui efi nommée urine du fang ou urine de la codion : cette dernière ne fort que lorfque la digefiion efi finie , Sc elle efi féparée du fang par les reins , tandis que la pre- d’Hist. Nat. et de Chimie. 749 mière paroît fe filtrer en partie de Pefiomac Sc des intefiins , immédiatement iufqu’à la veffie , par le tifiu cellulaire. L’état de «la fanté , & fur-tout la difpofition des nerfs, modifient fingulièrementrurine. Après les accès hifiériques ou hypochondriaques , elle coule en grande quantité ; elle eft inodore , infi- pide Sc fans aucune couleur. Les maladies des os , celles des articulations influent encore beau¬ coup fur celte leflive animale. .Elle charie fou- vent une grande quantité de matière en appa¬ rence terreufe , mais qui paroît être un fel phof- phorique calcaire , comme nous le dirons plus bas ; tel eft le dépôt des urines des goutteux. Les Médecins Sc MM. Hériffant Sc Morand en particulier, ont obfervé que lorfque les os s’al¬ tèrent ou fe ramollilTent , les malades rendent une urine qui dépofe beaucoup de cette matière; il paroît même que dans l’état de fanté , l’urine charie la quantité de cette matière bafe des os , excédente à la nutrition & à la réparation de ces organes. Beaucoup d’alimens font fufdeptibles de com¬ muniquer quelques propriétés particulières à l’u¬ rine. La térébenthine Sc les afperges lui donnent, la première une odeur de violettes , la fécondé une odeur très-fétide. Les perfoiines dont l’efto» mac eft foible rendent des urines qui retiennent 75*0 Leçons élémentaires l’odeur des alimens qu’elles ont pris. Le pain j l’ail 5 les oignons , le bouillon, tous les végétaux donnent à leur urine une odeur qui fait recon- noître ces fubftances. Nous avons /ait obferver que le plus fouvent ce fluide n’altère pas le firop de violettes quand il efl frais ; confervé quelque tems .il le verdit fur le champ. Quelquefois l’u- rine le verdit dans Finftant qu’elle efl rendue ; quelquefois auffi elle le rougit, puifque M. Mac-- quer a obfervé cette propriété chez des mélan» coliques qui avoient mangé des légumes ou bu du vin. D’après tous ces détails, on conçoit que Furine offre au Médecin des phénomènes dont il peut tirer le plus grand avantage dans la pra¬ tique. Il faut cependant bien fe garder de croire que l’on puiiïe juger fur la feule infpedion de Furine, de la maladie, du fexe d’un malade, &: des remèdes qui lui conviennent , comme cer¬ tains Charlatans le prétendent. L’urine humaine , confidérée relativement à fes propriétés chimiques , efl une diffolution d’un affez grand nombre de fubflances diffé¬ rentes. Les unes font des fels femblables à ceux des minéraux, de qui , comme le penfe M. Macquer , viennent des alimens , & n’ont fouffert aucune altération. D’autres font des matières analogues aux principes extradifs des végétaux 5 enfin il en efl qui paroiffent par- d^Hîst. Nat. et de Chimie. 75^1 tiçulières aux animaux , Sc même à l’iirine ^ ou qu’au moins on ii’a point encore trouvées dans les produits des autres règnes , ni même dans d’au¬ tres fubflances animales que l’urine. Après avoir indiqué les moyens qu’on emploie pour extraire ces diverfes matières de l’urine , nous ferons l’hilloire de celles de ces matières qui font pro¬ pres à ce fluide , Sc dont nous n’avons pas en¬ core connoiflance. L’urine fraîche , diflillée au bain-marie , donne une grande quantité d’un phlegme qui n’efl ni acide ni alkalin , mais qui fe pourrit promp¬ tement. Comme ce phlegme ne contient rien de particulier , on évapore ordinairement l’u¬ rine à feu nu. A mefure que l’eau , qui fait plus des fept huitièmes de cette humeur animale ^ ^ fe diflipe , l’urine prend une couleur brune ; il s’en fépaie une matière pulvérulente , c]ui a l’apparence terreufe , que l’On a prife pour de la félénite , mais qui eft un véritable Tel peu fo- luble , compofé d’acide phofphorique & de chaux. Ce fel eft de la même nature que la bafe des os, Sc nous parlerons de fes propriétés en faifant Fhiftoire de ces organes. Lorfque l’urine a acquis la confiftance d’un firop clair, on la fll- tre, on la met dans un lieu frais ; il s’y dé- pofe au bout de quelque tems des criftaux fa- lins 5 qui font compofés de deux fubftances fa- 75*^ Leçons élémentaikes liiies particulières , fuivaiit la découverte de M. Rouelle, On counoît ces criflaux fous le nom de fel fufible , fel natif de Piirine; nous en exa^ minerons les propriétés dans un article partie culier. On obtient pliifieurs levées de ces crif- taux par des évaporations Sc des criflallifations réitérées ; dans ces évaporations fucceffives , il fe crillallife une certaine quantité de fel marin Sl de fel fébrifuge ; quand l’urine ne donne plus de matières falines , elle elt dans l’état d’un fluide brun très-épais , d’une efpèce d’eau mère , Sc elle tient en diffblutiun deux fubflances ex- traélives particulières. En l’évaporant jufqu’en confiflance d’extrait mou, Sl en traitant ce réfidu par l’efprit de vin , M. Rouelle a découvert qu’une portion fe diflolvoit dans ce menflrue , & qu’une autre refloit fans s’y diflbudre. Il a nommé la première matière favonneufe , & la fécondé matière extraclive. Lafubflance favonneufe efl faline, & fufcep- tible de criftallifation, Elle ne fe defsèche que difficilement , & dans cet état elle attire l’humi¬ dité de l’air. Elle donne à la cornue plus de la moitié de fon poids d’alkali volatil , peu d’huile, & du fel ammoniac ; fon réfidu verdit le firop de violettes. La fubllance extradive foluble dans l’eau , d; non dans l’efprit de vin 3 fe defsèche facilement au ï)^Hïst. Nat. et de Cpïimis. 7^5 âli bain-marie , comme les extraits des plantes ^ elle eft noire , moins déliquefcente que la pre¬ mière ; elle donne à la diilillation tous les pro¬ duits des matières animales. Telles font , diaprés M. Rouelle , les propriétés' Garad:éridil][ues qui didinguent ces deux fubdances qui forment Fex- trait d’urine. Ajoutons à ces détails , que ce cé¬ lèbre Chimide a retiré depuis une once jufqu’à plus d’üne once & demie d’extrait d’une pinte d’urine rendue après la codion , tandis' qu’une même- quantité d’urine crue ne lui en. a donné qu’un deux ou trois gros. Si , au lieu de féparer par i’efprit de vin cec extrait d’urine en deux matières didindes , on le didille en entier à feu nu , il fournit beaucoup d’alkali volatil, une huile animale très- fétide ^ du fel ammoniac , & un peu de phofphore«i Son charbon contient un peu de fel communi» Cette anaîyfe de l’urine indique donc que ce fluide ed formé d’une grande quantité d’eau -, d’un peu de fel marin , de fel phofphorique cal^ Caire ou bafe des os , d’une adez grande quan¬ tité de fel fudbie , & de deux matières extradives particulières. Avant de palTer à Fexamen du fel fufibie , qui doit nous occuper en particulier, pourfuivons Fadion de difFérens niendrues fuï l’urine fraîche. L’urine expofée à Fair , s’altère d’autant plus Tome IL B b b 7^4 Leçons élément a îres promptement quePatmorphère efl plus chaude | il s’y forme d’abord des dépôts par le fimple refroidiffement ; il fe criilallife à fa furface 8c au fond plufieurs matières falines, 8c fouvent un fel rougeâtre , connu fous le nom de gravier. Perfonrie n’a mieux obfervé les altérations fpon- tanées de ce fluide excrémentitiel ^ que M. Hallé mon confrère. Il a diflingué dans la décompo- fition de l’urine livrée à elle -même , plufieurs tems 5 qui diffèrent par la nature du fédiment ou des criflaux qui s’y dépofent, autant que par les changemens qu’elle éprouve. Notre objet l n’efl pas de traiter en détail de ces changemens , qu’on trouvera décrits avec exaélÜude dans un excellent Mémoire fait par le Médecin que je viens de citer , 8c qui fera imprimé parmi ceux de la Société Royale de Médecine. Nous ne voulons qu’indiquer ici les grandes altérations i que l’iirine éprouve. Bientôt après fon refroi¬ diffement 5 fon odeur s’altère , s’exalte , 8c paffe I à l’alkali volatil ; fa partie colorante change ^ 8c fe fépare du refte de la liqueur ; enfin cette ' odeur alkaline fe diffipe , 8c il lui en fuccède une autre moins piquante , mais plus défagréable 8c plus nauféabonde ; 8c la décompofition finit par être complette. M. Rouelle a obfervé que rurine crue & féreufe ne fe putréfîoit pas fi vite ; que fon odeur, lorfqu’ejle étoit altérée , différok ï>’Hîst. Nat. et de Chimie. 75'5‘_ beaucoup de celle de Furine de la codion ^ & qu’en- fin elle fe couvroit de moifilFare comme les fucs des végétaux Sc les diffolutions de gelée anl- male. M. Eailé a vu certaines urines devenk acides availt de palTer à la décompofition pu¬ tride. L’urine putréfiée pendant un an Sc plus , mife en évaporation , donne du fel fufible , de même que Furine fraîche ; mais elle contient une portion de Facide de ce fei à nu , de forte qu’elle fait effervefcence avec les aikalis crayeux* La putréfadion a volatilifé une partie de Fal- kali volatil. Lorfqu’on Févapore , le fel dépofé fur les parois de la baffine , eft acide , Sc fait pareillement effervefcence avec l’huile de tartre* Cette obfervation efi due à M. Rouelle le jeune* La chaux Sc les aikalis fixes décompofent fur le champ les principes falins contenus dans Furine* Il fuffit de verfer de Falkali fixe cauHique , ou de jetter de la chaux vive dans de Furine fraîche, pour y développer une odeur alkaline putride infupportable. Il paroît que c’efl; en décompo- faut le fel fufible que ces fubftances produifent cette odeur. M. Bertholet ^ mon confrère, a découvert que Feau de chaux fourràffoit un préci* pité dans l’urine fraîche , Sc qu’on pouvoir reti¬ rer du phofphore de ce précipité. Les acides n’ont aucune adion fur Furine fraîche ; mais ils détruifent promptement l’odeur Bbb ij \ 75*6’ Leçons, élémen.taires de rmine pourrie , de celle des déppts qu’elle forîTie "dans cet état. L’urine décompofe pîuCeurs diffolntions me- ! tàlliques. Lemery a indiqué fous le nom de pré- I cipité rofe^ un magma d’une couleur rofée ,qiii fe forme lorfqu’on verfe de la dilTolution | iritrpufe de mercure dans Furine. Ce précipité ' eft en partie formé par Facide marin y & en par- | ■tiq par, Facide du fel fufible contenu dans ce fluide,. , M. ■ Brongnïart a obfervé que ^quelquefois cette j préparation s’allume par le ■ frottement5-& brûle | avec -rapidité fur.- les xbarbons .-/ardeiis^ ce qu’il i attribue à un peu de phofphore. • . ‘. c: ' . . Voilà à ' quoi^fe .:réduifent les connoifTances ! acquifes jufqu’à ce jour fur les propriétés chi- ^ miques de Furine i il refle encore beaucoup à ’ faire pour completter ce que Fanalyfe peut dé^ ; couvrir fur cet objet ; il fera iiéceflairè d’exa- i miner les diflerens-dépôts obfervés dans Furine ^ & bien diftingués par les conerénons | faliiies rouges ou tranfparentes qui s’y forment \ \ le fédiment abondant que Furine donne après | les accès de la goutte , dans les malades atta- | ■qiiés de la pierre , &:c. ^ ■ Nous allons maintenant examiner dans autant I de paragraphes particuliers les produits falins | qu’on retire de Furine , &: dont il efl: néceflàiri | de bien connoîtie les propriétés, I i td’Hist. Nat. et de Chimie. 7^7 §. 1. Du Sel fufible ou natif de Vurine 5 ' ou du Sel ammoniacal phofphorique» Le feî qu^on obtient par le refroidiffement & le repos de Furine évaporée en confiflance de firop 5 a été appelé fel fufible parce qu’il fe fond au feu comme nous le verrons tout à l’heure, fel elFentiel d’urine, fel microfcomique. Le nom de fel ammoniacal phofphorique eh celui de tous qui lui convient le mieux , parce qu’il eh formé de l’acide paniculier avec lequel on pré* pare le phofphore , & de Falkali volatil. Plufieurs Auteurs , & entr’autres , MM. Mzr- graf J Rouelle J Pott^ Schlojfer 8c le Duc de Chaulnes^ ont commencé à examiner les pro¬ priétés de ce fel; malgré cela on ne les connoît pas encore toutes, comme on le verra par les détails dans lefqiiels nous allons entrer. M. ProuJÎ a fait une découverte précieufe fur la nature de ce fel , ainfi que nous le ferons obferver tout à l’heure. Ce fel, obtenu par le procédé que nous avons décrit, n’eü pas pur; il eh fali par une matière extradive , 8>c fouvent mêlé de fel marin ; 011 le purifie en le diflblvant dans l’eau dihillée, 8c en évaporant , ou même mieux , en laihanr évaporer à F air cette diiïblution. On n’a. point encore décrit exaderaent la forme de fes crit B b b iîj 7yS Leçons éLÉMENXAiREs taux ; quelquefois ils paroiflent être oétaèdres , 8c on l’obtient dans d’autres circonftances fous la forme de criflaux rhomboïdaux applatis, cou¬ pés en bifeaux fur les bords , Sc pofés oblique¬ ment 8c en recouvrement les uns fur les autres. M. Romé de Lijle les définit des tétraèdres régu¬ liers, formés de quatre triangles équilatéraux, M. Rouelle a fait obferver que fa forme varioit fingulièrement. La faveur de ce fel eft fraîche 8c piquante ; il verdit le firop de violettes. Lorfqu’on le met fur un charbon ardent il fe i bourfoufle , répand une odeur d’alkali volatil 8c i fe fond. Si on le diftille dans une cornue ^ on i obtient de l’efprit alkaK volatil, très -pénétrant 8c très-cauflique. Le refîdu eft un verre tranf- parent , très -fixe , très-fufîble , qui , fuivant M. Margraf^ eft foluble dans deux ou trois par¬ ties d’eau diftillée, 8c préfente les caraétères d’un > acide. On a toujours cru , depuis les expériences ; de ce Chimifte , que ce verre étoit de l’acide ' phofphorique pur; mais M. Proujî y a décou¬ vert une fubftance particulière, qui eft unie avec cet acide 8c mafque fes propriétés. Nous trai¬ terons de cette fubftance dans un article à part ; ; il nous fuffit de faire obferver ici que le fel fu- fîble paroît être un compofé de trois corps. L’alkali fixe, végétal ou minéral, 8c la chaux, , décompofent le fel fufîble ^ & en dégagent l’ai- | d’Hist. Nat. de Chimie, kali volatil. Il décompofe le fublimé corrofif fans altérer le nitre mercuriel. Enfin , lorfqu’on chauffe fortement dans une cornue un mélange de deux parties de ce fel avec une partie de charbon , on obtient un pro¬ duit folide Sc combuflible à Pair , qu’on connoît fous le nom de phofphore , 8c dont nous expo- ferons plus bas les propriétés. §. IL De la Suhjlance découverte par MM. Pott^ Margraf & Proufi, dans le Sel fujib le. Voyez Journal de Phyfîque, tome XVII, page iqy. M. ProuJI^ frappé ainfi que M. Rouelle, du peu de phofphore que Pon obtient du fel fu- fible traité avec le charbon, 8c étonné de la faveur foible du réfidu vitreux de ce fel fondu 8c décompofé par le feu, foupçonnoit que cette matière n’étoit pas Pacide phofphorique pur, 8c qu’elle contenoit quelque fubfiance incapa¬ ble de former du phofphore. En conféquence, après avoir difiillé un mélange d’une partie de fel fufible 8c d’une demi-partie de charbon , 8c en avoir obtenu tout le phofphore, il leffiva à Peau difiillée le réfidu de la cornue, il filtra cette leffive 8i la laiffa évaporer à Pair libre ; elle lui donna des criftaux parallélogrammes d’un pouce de lon¬ gueur, couchés lw)rifontalement les uns fur les Bbb iv 760 Leçons ^lémentaikes autres , &:fe croifant entr’eux. Leur quantité va de¬ puis cinq jufqu’à fix gros par once de verre phof-» phorique de fel fuiible employée. MM. Pott 3c Margrûf (a) avoient obtenu ce fel en leffivant le réfîdu' du phofphore formé avec le fel fufi- ble & le charbon; mais îe premier Fa regardé comme une terre félénitique ; le fécond ne s’explique pas fur fa nature , & il foupçonne qu’il contient encore un peu d’acide phofpho- (a) M, Pwujl dît qu’îl eH étomi?int que M. Margmf aidait pas découvert la fubflance qui eft unie à l'acide phol^ phorique du fel fufible , & qui lui ôte (es propriétés acides dans le rélîdu vitreux de ce fel expofé à l'adîon du feu. Cependant , en lifant la Difîertation de M. Margraf^ Intitulée : Examen Chimique d'un fel dourine , fort re¬ marquable ^ &c\ (premier Volume de Tes Opufcules Chi¬ miques, paris, ijôz ^ page ta; ) on trouve , pages 171 , .173 5 174) <1^^ Margra/, après avoir diiîillé une once de fel fufible, féparé de fâ partie urîneufè, avec demi once de fille , & en avoir tiré un gros du plus beau phofphore , lava dans Peau difiillée bouillante le cagut mortuum de cette opération; que cette leffive , filtrée & évaporée, lui produifit fept gros de crifiaiix allongés , qui demeurèrent fecs à Pair, mais qui Ce réduifirent en farine à la chaleur; ces crifiaux , traités avec le charbon , ne lui donnèrent pas de phofphore ; diffous dans Peau , ils précipitèrent les diiTo-^ îutîons métalliques , ils décomposèrent le nitre & le fel commun en petite quantité. Ces crifiaux paroiiTent n'êtr»^ :&,uîre chofè que la fubfiance défignée par M, EvQufl^. d^Hist. Nat. et de Chtmi^. 7^1 rique. M. Frouft y a fait beaucoup plus d’at¬ tention ; il a indiqué par des expériences bien faites plufieurs de fes propriétés, Sc fur- tout fon état dans le fel fufible. C’eft d’après ce Chimille que nous allons examiner cette fubf- tance. Le fel 5 bafe du verre phofphorique , crif- tallife régulièrement comme nous l’avons vu; fa faveur eft légèrement alkaline; il verdit le firop de violettes. Expofé au feu dans un creufet, il fe bour- fouffle , perd fon eau de cridallifation , rougit & fe fond. Le verre qu’il forme coule bien, 8c. devient opaque en fe refroidiffant ; verfé fur les charbons ardens lorfqu’il efl en fufion , il colore la flamme en vert. Expofé à l’air il tombe en efliorefcence# Une once d’eau chaude peut diflbudre jufqu’à cinq gros de ce fel criftallifé. Cette dilTolutioii donne des criflaux par le refroidiflement. Le fel, bafe du verre phofphorique, diflbut les fubftances terreufes par la fufion, 8c forme avec elle différens verres» Il s’unit aux alkalis 8c les fature. Il fe trouve meme dans l’urine humaine combiné avec l’al- kali minéral, 8c forme un fel particulier, que nous examinerons plus bas. Il fe difibut dans les acides minéraux, 8c par» 7^2 Leçons élémentaires tage leur eau de diffblution | mais Fefprit de vin l’en précipite. Il ^donne , avec l’acide phofphorique obtenu du phofphore, une fubftance mixte , fufceptible de prendre la forme vitreufe , Sc qui fait partie du fel fulible d’urine ou du fel phofphorique ammoniacal, comme nous l’avons déjà dit. Il décompofe le nitre & le fel marin , en en réparant les acides & en s’uniflant à leur bafe, comme l’avoit déjà obfervé M. Margraf, Enfin , il ne forme point de phofphore en le difiillant avec le charbon. Ces détails démontrent que le fel , bafe du verre phofphorique , éft une matière particulière^^ due, fuivant M. Prouft ^ au travail de l’anima'- lifation. Ce Chimifie a fait obferver que cette fubfiance a voit beaucoup d’analogie avec le fel fédatif, par fa fufibilité , fa propriété de teindre la flamme en veit, de décompofer les fels ni* treux 5c marin, de former avec les alkalis des fels neutres particuliers. Cependant elle en dif¬ fère beaucoup par la forme de fes criftaux, par fa faveur alkaline de fa propriété de verdir le firop de violettes , par fon eiflorefceiice , fon infolubilité dans Fefprit de vin, ’HfST. Nat« it de Chimie* 807 retirer cette fubilance du verre phofphorique of- feux ; mais les recherches qu’il a promifes fur cet objet important, nous feront fans doute connoî- tre ce procédé , Sc éclaireront beaucoup l’hiftoirc de ce produit de l’art. Enfin , quelques Chi- milles modernes ont penfé que l’acide phofpho¬ rique n’efi pas contenu dans les os , Sc qu’il eft formé par l’acide vitriolique employé pour l’ex¬ traire. M. Berniard s’occupe aéluellement d’un travail fuivi pour décider cette quellion , &: l’on doit tout efpérer des recherches de ce Sa¬ vant. LEÇON LXIX. Des diverfes Subjîances utiles à la Médecine ou aux Arts ^ quon retire des différens Animaux. S I nous nous propofions de faire une hifioire exade Sc détaillée de toutes les fubllances que les animaux fournilTent à la Médecine Sc aux arts> nous aurions plus de chofes à dire fur ce feul objet J que nous n’en avons déjà dites fur le Règne animal , fur-tout en parlant des diverfes matières animales que l’empirifme ou la crédu¬ lité aveugle ont introduites autrefois en Méde.-» Eee iv 2oS Leçons SlImentaîres dne, comme des remèdes fameux, Sc qui heu- ïeufement font regardées aujourd’hui comme entièrement inutiles. Notre projet efl de n’indi¬ quer que les principales de ces fubflances , celles auxquelles l’expérience chimique Sc médicinale a reconnu des vertus bien marquées , ou qui font d’un grand ufage dans les arts. Le nom¬ bre de ces matières n’ell pas très-confidérable, &- la plupart font fi connues Sc fi bien trai¬ tées dans les Auteurs de matière médicale , cjue nous ne ferons que préfenter ici en peu de mots leurs principales propriétés , avec d’autant plus de raifon qu’elles fe rapportent prefque toutes, aux fubfiances fluides ou folides des ani¬ maux que nous avons déjà examinées. Parmi les matières que fourniiïent les quadru¬ pèdes, nous choifirons le cafioreum, le mufc & la corne de cerf. Le blanc de baleine produit par un cétacée , mérite un examen particuliero Parmi les produits des oifeaux , nous expofe- rons l’analyfe des œufs; dans les amphibies, la tortue , la grenouille Sc la vipère mériteront un article à part. L’iélhyocolle fera le feul pro¬ duit des poifibns que nous confidérerons. La clafTe des infeéles nous fournira un plus grand nombre d’objets à traiter; nous nous occuperons des cantharides , des fourmis, des cloportes, du 'iniel & de la cire , de la réfine lacque , du ker- d’Hist. Nat. et de Chimie. B09 mes, de la cochenille Sc des pierres d’écreviiïe. Quant aux vers , parmi lefquels on prend les lombrics, la coquille d’huître, la nacre de perle, l’os de sèche, &c. nous n’en parlerons pas ici, foit parce plufieurs de ces fubflances n’ont point encore été analyfées , foit parce que quelques autres reffemblent entièrement à celles que nous avons examinées précédemment; enfin, nous terminerons notre examen des produits du Règne animal , par celui du corail Sc de la co- ralline. On voit d’après cette courte énuméra¬ tion , que nous pafibns fous filence un grand nombre d’autres matières que l’on employoit autrefois en Médecine. Telles font, entr’autres, l’ivoire , l’unicornu , les dents d’hippopotame , celles du cafior, du fanglier, les os de cœur de cerf, le pied d’élan , les bézoards , la civette, le fang de bouquetin dans les quadrupèdes ; le nid d’hirondelle , la graifie d’oie , la fiente de paon , la membrane de l’efiomac de la poule , parmi les oifeaux; le crapaud, le fcinc marin , parmi les reptiles ; le fiel Sc les pierres de car¬ pe, le foie d’anguille, les pierres de perche, les mâchoires de brochet , parmi les poifibns ; les fcarabées , la foie , la toile d’araignée , le méioe ou profcarabé , les pinces de crabes, parmi les in- feéles; enfin, les limaçons Sc les dentales, parmi les vers nus ou recouverts. De toutes ces fubf- Sio Leçons élémentaires tances /les unes i/ont de vertus que celles que l’imagination exaltée leur a prêtées , de les au¬ tres font très-bien fuppléées par celles que nous avons choifies ôc que nous allons examiner eu particulier. Du Cajloreum» On donne le nom de caftoreum à deux po¬ ches fituées dans la région inguinale du caftor mâle ou femelle , qui contiennent une matière très - odorante ^ molle de prefque fluide lorf- qu’elles font récemment tirées de l’animal , Sc qui fe sèchent de prennent la confihance réfineiife par le laps du tems. Cette fubflance a une fa¬ veur âcre, amère de nauféabonde; fon odeur eH forte , aromatique de même fétide ; elle eh for¬ mée d’une matière réfineufe colorée que l’ef- prit de vin de l’éther diffblvent , d’un mucilage gélatineux de en partie extradif que l’eau en¬ lève, de d’un fel qui fe criftallife dans la difTo^ lution aqueufe évaporée, mais dont on ne con- noit point encore la nature. La réfîne du caf- toreiim dans laquelle réfide toute fa vertu , pa- roît fort analogue à celle de la bile. Toute la fubflance de ce produit animal efl: renfermée dans des cellules membraneufes , qui prennent nailTance de la tunique interne de la poche qui les contient. Il n’y a point encore d’analyfe b’Hist. Nat. et de Chimie. 8ii exaéle du cafloreum ; on fait feulement qu’il donne un peu d’huile elTentielle Sc de l’alkali volatil à la diflillation , &: que par le moyen de l’éther , de l’efprit de vin 8c de l’eau , on fépare les diverfes matières dont il .efl com- pofé. On l’emploie en Médecine comme un puif- fant anti-fpafmodique dans les accès hyllériques 8c hypochondriaques , dans les convulfions qui dépendent des mêmes affeélions. Il produit fou- vent les effets les plus prompts 8c les plus heu¬ reux ; mais il arrive quelquefois qu’il irrite au lieu de calmer , fuivant une difpofition cachée du fyflême nerveux 8c fenfible. On doit donc ne l’adminiftrer qu’à une petite dofe dans le commencement de fon ufage. On l’a aulîi donné avec fuccès dans l’épilepfie, le tétanos. Sa dofe eh depuis quelques grains jufqu’à un demi-gros en fubflance ; on le fait entrer dans des bols , on le marie fouvent, 8c prefque toujours avan- tageufement , avec l’opium 8c tous les extraits caïmans ou narcotiques. On fe fert auffi de fa teinture fpiritueufe 8c éthérée , qu’on prefcrit depuis quelques gouttes jufqu’à vingt - quatre ou trente -fix grains, dans des potions appro¬ priées. 8î2 Leçons élémentaïrss Du Mufc» ] Le mufc , fubftance dont tout le monde connoît l’odeur forte & tenace , e(l contenu dans une poche fituée vers la région ombilicale d’un quadrupède ruminant , analogue à la gazelle Sc au chevrotain , & qui en diffère aîTez pour devoir faire un genre particulier. Cette matière eft fembîable au cahoreum pour fes propriétés chimiques. C’eft une refîne unie à une certaine quantité de mucilage , d’extrait amer Sc de feL Il eft fouvent falfîfîé. Ses vertus font plus exaltées que celles du cafîoreum ; il eft plus achf j aufîî ne l’employé- t-on que dans les cas les plus preiïans. On le donne comme un anti-fpafmo- dique puilTant , dans les maladies convulfîves 5 dans l’hydrophobie , Sec, On le regarde aujli comme un aphrodifîaque violent. On doit être fort réfervé fur fon iifage , parce qu’il excite fouvent les affeéhons nerveufes , au lieu de les calmer® De la Corne de Cerf. La corne de cerf efî une des fubfîances animales les plus employées en Médecine. C’efl une matière OîTeufe, qui ne diffère en aucune manière des os® Elle contient abondamment une gelée douce ^ très-légère & affez nourriffantej qu’on en extrait u’HîSt* Nat. ET de Chimie. 813 en la faifant bouillir réduite en parcelles très-’ petites , dans huit à dix fois fon poids d’eau. Si on la dilhlle à la cornue , elle donne un phlegme rougeâtre alkaliii , qu’on appelle efpric , une huile plus ou moins empyreumatique , Sc une grande quantité de fel volatil ou ammoniacal crayeux. Il s’en dégage une quantité énorme de gaz en grande partie inflammable. Comme le fel volatil eft coloré , on le fait digérer dans un peu d’efprit-de-vin, qui enlève l’huile qui le falit. Le rélidu charbonneux incinéré , contient un peu de natrum , de la félénite , Sc beaucoup de fel phofphorique calcaire , qu’on décompofe par J’huile de vitriol , ainfi que nous l’avons dit pour les os. On employé en Médecine l’efprit Sc le fel de corne de cerf comme de bons anth fpafmodiques. Le premier , faturé avec le fel acide du fuccin, forme la liqueur de corne de cerf fuccinée. L’huile de corne de cerf, reéliflée à une chaleur douce, devient très - blanche ,1 très-odorante , très-volatile , Sc prefqu’aufli in¬ flammable que l’éther • elle efl connue fous le nom d’huile animale de Dippel y Chimifle Allemand qui l’a le premier préparée. On employoit autrefois un grand nombre de redi- fications pour obtenir l’huile très -blanche & très-fluide. On s’efl apperçu depuis que deux ou trois diftillations fuffifent , pourvu qu’on ait 8i4 Leçons élémentaires la précaution^ i®, d^introduire Fhiiüe à redifîer dans la cornue , à Faide d’un long entonnoir , pour que le col de ce vaiiïeau foit très-propre ; car il ne faut qu’une feule goutte d’huile colorée pour donner de la couleur à toute celle que Fon diftille J 2®. de ne prendre que les premières portions les plus volatiles Sc les plus blanches* C’efl: à MM. Model ëc Baumé qu’on doit ces obfervatioiis. M. Rouelle a donné auffi un très- bon procédé pour obtenir cette huile ; il confifle à la diftiller avec de Feau. Comme il n’y a que la portion la plus volatile & celle qui eft véri¬ tablement éthérée toute contenue même dans Fhuile de la première diffillation , qui puiiïe fe vôlatilifer au degré de chaleur de Feau bouillante, on eft sûr de n’avoir par ce moyen que la portion la plus tenue & la plus pénétrante. Cette huile a une odeur vive, une légèreté & une volatilité fingulières; elle préfente toutes les propriétés des huiles eflentielles végétales , & elle ne paroît en différer que parce qu’elle contient de Falkalî volatil , piiifqu’elle verdit le firop de violettes , fuivant M. Parmentier, On employé cette huile par gouttes dans les affedions nerveufes , Fépi- leplîe , dcc. Du Blanc de Baleine^ Le blanc de hûém afferma ceti ^ eft une d^Hîst» Nat. et de Chimie. Siy lîiaiière hiiileufe , concrète , criftaliine , à demi- iranfparente , Sc d’une odeur fau vagine particu¬ lière , qu’on retire de la cavité du crâne du ca« chalot, Sc qu’on purifie par la liquéfadion , & en le réparant d’une autre huile fluide & inconcref- cible qui efl mêlée avec lui. Cette fubflance pré¬ fente des propriétés chimiques très-fingulières , qui la rapprochent d’un côté des huiles gralTes Sc de l’autre des huiles efTentielles. Le blanc de baleine , chauffe avec le contaél de l’air , s’enflamme Sc brûle uniformément fans répandre d’odeur défagréable. Auffi en fait-on de très-belles chandelles dans les pays où on le travaille, à Bayonne, à Saint- Jean-de-Luz , Sec» Si on le diffille à feu nu , il ne donne point de phlegme acide comme les huiles graflhs , fuivant M. Thouvenel^ mais il paffe tout entier Sc prefque fans altération dans le récipient , dès qu’il com¬ mence à bouillir, Sc il lailTe dans la cornue une trace charbonneufe. En répétant cette opéra¬ tion , il perd fa forme foiide Sc reffe fluide, fans être plus volatil. Le blanc de baleine , expofé à l’air chaud j jaunit Sc devient rance , mais moins facilement que les autres huiles graffes concrètes. L’eau dans laquelle on le fait bouillir ne donne par l’évaporation qu’un léger réfîdu mucofo-onc- tueux. Si6 Leçons élémêntaires L’alkali cauftique diflout le blanc de baleine ^ forme avec lui un favon qui acquiert peu-à-peu de la folidité jufqu’à devenir friable. Les acides nitreux &c marin n’ont aucune aâion fur lui. L’acide vitriolique concentré le dilTout en altérant fa couleur ; cette diOTo-^ lution eft précipitée par l’eau , comme l’huile de camphre. Le blanc de baleine s’unit au foufre comme les huiles graiïes. Les huiles grafles &: elTentielles diiïblvent le blanc de baleine à l’aide de la chaleur ; l’efprit de vin chaud le diiïbut auffi , 3c le laifTe préci¬ piter par le refroidiHement. L’éther opère cette diiïblution à froid ou par la feule chaleur de la main. Le blanc de baleine feroit-il aux huiles gralTes j ce que le camphre gü aux huiles elTentielles ? On faifoit autrefois en Médecine un ufage fort étendu de cette fubltance ; on lui attribuoit un grand nombre de propriétés. On s’en;fervoit fur-tout dans les maladies catarrhales ^ les érofions, les ulcères du poumon, des reins , Sec, Aujourd’hui on ne l’employe guère que comme adoucilTant 5 Sc encore à petite dofe , 8c mêlé avec des muci¬ lages 5 parce qu’on s’ell convaincu qu’il eh pefant fur l’ehomac , qu’il occahonne des dégoûts , des naufées Sc même des Yomiffemensa Des D^HrsT. Nat. et î>e Chimié, Des (Eufsé Les oeufs des oifeaux , 8c eti particulier ceux des poules , font compofés , i®. d’une coque oiïeufe 5 qui contient une gelée 8c du fel phof- phoriqiie calcaire , démontré par M. Berniard ÿ d’une pellicule membraneufe placée fous la coque 5 8c qui paroit être un dlTu de matière fibreufe ; 3'’. du blanc ; du jaune contenu 8c fufpendu dans le milieu du blanc. C’eft fur cette dernière fubflance qu’eft foutenu le germe. Le blanc d’œuf eft abfolument de la mêroe nature que la lymphe du fang ; il eft vifqueux , collant 5 il verdit le fyrop de violettes , 8c con¬ tient de l’alkali fixe minéral à nu. Expofé à une chaleur douce, il fe coagule en une maffe blanche opaque qui exhale une odeur 8c un gaz hépatique. Ce blanc coagulé 8c féché au bain- marie 5 donne un phlegme fade qui fe pourrit, 8c prend la féchereffe 8c la tranfparence roufsâtre de la corne. Diftillé à la cornue , il donne de l’akali volatil concret 8c de l’huile empyreumatique fon charbon contient un peu d’alkali minéral. Le blanc d’œuf expofé à l’air en couches minces p fe delTèche plutôt que de fe corrompre, 8c forme une forte de vernis tranfparent. Il fe diflbut dans l’eau en toutes proportions. Les acides le coa¬ gulent ; fi on filtre ce coagulum étendu d’eau, k Tome 14 Fff gîS-'tEfONS fluide qui pafle donne par l’évaporation le fe! neutre que doit former Facide employé avec Falkali fixe minéral contenu dans cette liqueur» L’efpnt de vin coagule auffi le blanc d’œuf. Le jaune d’œuf efi formé en grande partie d’une matière lymphatique , mais qui eft mêlée avec une certaine quantité d’une huile douce de forte que ce mélange fe diffbut dans l’eau , Sc forme une efpèce d’émulfîon animale j nommée lait de poule. Si on l’expofe au feu il fe prend en une mafle moins folide que le blanc. Lorfqii’il eft defféché ^ il éprouve une forte de ramollifle- ment dû au dégagement de fon huile qui fuinte à fa furface. Si dans cet état on le foumet à la prefle 5 on obtient cette huile qui eft douce & grafle^ d’une faveur & d’une odeur légère de rôti ou d’empyreume. Le jaune d’œuf diftillé^j après qu’on en a retiré Phuile , donne les mêmes produits que toutes les matières animales. Les acides 8c Fefprit de vin le coagulent. L’huile douce qu’il contient établit une analogie frap¬ pante entre les œufs des animaux Sc les graines des végétaux , puifqiie ces dernières en con¬ tiennent auffi une qui eft liée de même avec du mucilage , & réduite à Fétat émulfif. Les œufs font d’un iifage très-étendu comme matière alimentaire. On fe fert en Pharmacie & en Médecine de, fes différentes parties. La» Nat. et de Chîmie. coquille calcinée eft employée comme abfor- bante. L'huile d'œuf eh adouciiïante ; on s’en fert à l’extérieur dans les brûlures , les gerçures , &c* Le jaune d’œuf rend les huiles diflTolubles dans Feau , & forme des ioochs. 0n le triture avec leâ réfines. Le blanc d’œuf eh employé avec fuccès en Pharmacie Sc dans l’office , pour clarifier les fucs des plantes ^ le petit lait , les firops , les liqueurs , Sec, On l’applique auffi fur les tableaux qu’il conferve en formant un vernis tranfparent à leur furface. De la Tortue, de la Grenouille & de la Vipère* \ Ces trois animaux font employés en Médecine; on fait avec leur chair Sl leurs os des bouillons auxquels on a attribué des vertus particulières. Il fembleroit en effet que des animaux zoophages dont les humeurs font plus atténuées que celles de la plupart des quadrupèdes , dont les parties ont en général une odeur plus forte Sc toute particulière , & paroiffent contenir plus de matière faline, puifqu’elles fourniffent beaucoup d’alkali volatil en les difiillant à une chaleur douce après les avoir triturées avec l’huile de tartre , il fem» bleroit , disqe , que ces animaux devroieîit jomc de vertus plus énergiques Sc plus multipfiéês. Cependant beaucoup de Médecins doutent de Fffîj 320 Leçons iLiMENTAiRES leur énergie 3 & les aflbdentaux autres animaux®' Malgré cette opinion , on eft encore dans Tufage d^adminiftrer les bouillons de tortue & de gre» nouille dans les maladies de langueur 3 dans les confomptions fans caufe apparente , les con» valefcences des maladies aigues 3 Sc Fon en éprouve fouvent de bons effets. Il paroît que leurs décodions font plus iiouriiffantes , plus légères , Sc douées en même-tems 'd^uiie certaine adivité , que leur odeur forte Sc leur faveur par« ticulière démontrent affez. Les vipères font regardées comme plus adives | les Anciens en ont beaucoup vanté les vertus dans les maladies de la peau 3 dans celles de la poitrine 3 dans les affedions chroniques où la lymphe eft viciée. On ne peut s’empêcher de croire que leurs bouillons font plus reftaurans qu’alimentaires 3 & doivent produire des dépu¬ rations par la peau 3 à Faide de leur efprit redeur exalté. Leur poudre 3 leur fel volatil a à-peu-près les mêmes vertus. On les a encore adminiftrées entières Sc comme alimens dans les mêmes maladies 3 Sc avec fuccès. L’analyfe chimique a démontré à M. Thouvenel dans ces animaux 3 une gelée plus ou moins légère j confîftante ou vifqueufe 3 un extrait âcre ^ amer Sc déliquefcent 3 une matière albumineufe con- crefcible | un fel ammoniacal ^ Sc une fubftaiice ( b’Hïst* Nat* st Chimie. S2t ïiuileüfe d’une faveüf 8c d’une odeur particulière , quelquefois foluble dans l’efprit de vin , ScCm Voye^ le Mémoire de cet Auteur fur les fubjîances animales médicamenteufes , &: jufquà ZI. De Vlàhyocolle. L’icthyocolle ou colle de poiflTon , eft une fubftance en partie gélatineufe 8c en partie fibreufe , qu’on prépare en roulant les mem¬ branes qui forment la veflîe natatoire de l’eflur- geon 8c de plufieurs autres poiiïbns , 8c en les faifant fécher à l’air , après leur avoir donné la forme d’une corde tournée en cœur. Cette matière donne une gelée vifqueufe par l’ébullition dans l’eau. Lorfqu’on la lailTe macérer quelque tems dans ce fluide, on peut la déplier 8c l’étendre en une efpèce de membrane. Elle n’efl jamais calTante comme les colles proprement dites ; mais elle plie à caufe de fon tiflii fibreux 8c élaftiqiie. On en prépare auffi une efpèce par la décoélion de la peau 8c des inteflins des poiiïbns ; mais elle n’a pas les mêmes propriétés dans les arts. On retire de l’iélhyocolle tous les produits des autres fubftances animales. On peut l’employer en Médecine , comme un adouciiïant, dans les maladies de la gorge , des inteftins , 8cc» Mais on préfère ordinairement plufieurs autres Fffiij $22 Leçons élémentaire^ fubftances végétales qui jouiflent de la mèmê vertu. Elle fert dans les arts pour clarifier les liqueurs ^ le vin , le café 5 &:c. Eile forme un Æltre qui entraîne en s’élevant du. fond à leur furfaccjles parties étrangères qui en altèrent !a tranfparence. LEÇON-LXX, Des Cantharides ^ .des Fourmis '& des Cloportes^ IL ES infectes n’ont encore été que peu exami¬ nés par les Chimiftes ; cependant , les fingula- rités que quelques-uns ont préfentées dans Fana- lyfcj indiquent que les recherches fur cet objet feront intéreflantes pour la Médecine &; les arts« Nous allons donner ici le réfultat des travaux faits fur trois infedes , dont deux font employés en Médecine 5 & l’autre offre des faits chimi- ques trop intérefrans pour être paffés fous fi- lence. F» Les cantharides , remède fi important par fa qualité corrofive 8c épifpafiiqne 3 font formées ^ fiiivant M. Tkouvenel , i®. d’un parenchyme dont il n’a pas déterminé la nature , 8c. qui fait la moitié du poids de ces iiifeéles defféchés | d’Hïst. Nat. et de Chim ie. 823 2^. de trois gros par once d’une matière extrac¬ tive jaune rougeâtre , fort amère , qui donne de I acide dans fa diffillation ; 3°. de douze grains par once d’une matière jaune 8c cireufe /à la¬ quelle ell: due la couleur jaune dorée des can¬ tharides ; 4®. de foixante grains d’une fubflancé verte huiléufe analogue à la cire, d’un goût âcre , dans laquelle réfîde principalement l’odeu^ des cantharides. Cette fübfiarice diüillée , donne un acide très-piquant , St une huile concrète comme la cire. L’eau diffbut l’extrait , l’huile jaune, & même un peu d’huile verte ; mais i’éther n’attaque que cette dernière , 8c peut être employé avec fuccès pour la féparer des autres. C’efl’de l’efpèce de cire verte que dépend la vertu des cantharides. Pour extrairè cette dernière en même tems que la matière extradive , 8c former en général une teinture bien chargée de ces in- fedes , il faut employer un mélange d’efprit de vin 8c d’eau à parties égales. En diflillant cette teinture mixte , on retire un efprit de vin qui conferve une légère odeur des cantharides ; 8c les diverfes matières qu’il tenoit en diiïblution , fe déparent les unes des autres à mefure que l’évaporation a lieu. 2^. Les fourmis ont été analy fées par MM. Mar-^ grafSc Thouvenel, Le premier de ces ChimiRes y a trouvé un acide particulier 3 une huile graffe ^ Fffiv S24 Leçons énéMENTAiREs Sc une matière extraâive. Le fécond a poufle plus loin fes recherches. En diftillant ces infeâes avec de l’eau , le fluide qu’on en obtient n’eft que peu acide. Pour recueillir ce principe falin 3 M. Thouvenel a étendu des linges imprégnés d’huile de tartre fur des fourmillières décou¬ vertes. Les fourmis en le parcourant y ont dardé leur acide , & le principe odorant de la même nature , qu’elles exhalent en fi grande abondance, a faturé lalkali fixe répandu fur la toile. Lalef- five de ces linges évaporée , a donné un fel neutre crifiallifé en parallélogrammes applatis^ ou en colonnes prifmatiques , non-déliquefcent , dont l’acide a paru à ce Chimifte avoir tous les ca- radères de celui du fel microcofmique ou fii« fible. L’efprit de vin digéré fur les fourmis en extrait un peu d’huile efientielle, qui confiitue avec ce fluide Fefprit de magnanimité. Si l’on fait bouillir ces infedes dans, de l’eau , &: qu’on les exprime enfuite , on en retire une huile graffe , qui va jufqu’à treize gros par livre. Cette huile efl: d’un jaune verdâtre; elle fe congèle à une température beaucoup moins froide que l’huile d’olives , &: elle efl: fort analogue à la cire. L’eau de la décodion évaporée , donne un extrait brun rougeâtre , d’une odeur fétide , acidulé & ca- féeufe , d’une faveur amère , nauféeufe & acide. Cet extrait efl féparé en deux fubflances par d^Hist. Nat. etde Chimie. Fapplication fucceffive de l’eau & de l’efprk de vin. Le parenchyme des fourmis privées de ces differentes fubffances va à trois onces deux gros ' par livre. 3°. Les cloportes millepedes ^ afelti ^ porceUi ^ onifci , &c. ont préfenté à M. Thouvenel quelques différences dans leur analyfe. Diffillés au bain-ma¬ rie fans addition , ils ont donné un phlegme fade alkalin , faifant quelquefois effervefcence avec les acides , Sc verdiffant le firop de violettes. Ils ont perdu dans cette opération les cinq hui¬ tièmes de leur poids. Traités enfuite par l’eau & par l’efprit de vin , ils ont fourni par once deux gros de matière foluble , dont plus des deux tiers étoient une matière extradive , Sc le refte une fubffance huileufe ou 'cireufe. On fépare facilement ces deux produits par l’éther , qui diffbut le dernier fans toucher à l’extrait. Ces matières diffèrent de celles des cantharides & des fourmis , en ce qu’elles donnent plus d’alkali volatil concret , & point d’acide dans leur diftillarion. M. Thou¬ venel fait obferver à ce fujet que dans les iri- fedes 5 les cloportes paroiffent être aux cantha¬ rides &: aux fourmis , ce que font les reptiles re¬ lativement aux quadrupèdes. Quant aux fels neutres contenus dans les in- fedes , ils font en fort petite quantité , & très- difficiles à retirer-, M. Thouvmel que les $26 Leçons élémentaires cloportes & les vers de terre , lumhrïci , luî ont conftamment donné du fel marin à bafe «erreufe & à bafe d’alkali végétal, tandis que dans les fourmis 6c les cantharides, ces deux bafes, dont la première lui a toujours paru la plus abon¬ dante , font unies à un acide qui a le caradère de Pacide microcofmique. Il eft nécelTaire d’ob- ferver que ce Chimifte n’a donné dans fa dilTer- tation , ni les moyens d’extraire ces fels , ni les procédés dont il s’ef; fervi pour reconnoître leur nature. On n’emploie guère en Médecine que les can¬ tharides 6c les cloportes. Ces derniers ne, pa- roiffent agir que comme des üimulans 6c des diurétiques légers , & encore doit - on les ad- minifrer, d’après les expériences de M. Thow vend ^ à une dofe beaucoup plus forte qu’on ne fait ordinairement. Le fuc exprimé de qua¬ rante ou cinquante cloportes vivans , donné dans une boilTon adoucilTante , ou mêlé avec le fuc de quelques plantes apéritives , peut être employé avec fuccès dans la jaunifle , les ma¬ ladies féreufes , à ferofâ colluvie , les dépôts laiteux , 6cc. Quant aux cantharides , c’eft un des médicamens les plus puiffans que la Mé¬ decine pofsède. -M. Thouvenel a éprouvé fur lui - même l’effet de la matière cireufe verte, dans laquelle réfide la vertu de ces infedes > d’Hist. Nat. et de Chimie. §27 appliquée fur la peau à la dofe de neuf grains y elle a fait élever une cloche pleine de férofité , comme le font les cantharides' en poudre. Mais ce qu’il y a de plus précieux dans ces expé¬ riences fur ce remède héroïque , c’eft ce que ce Médecin a obferyé /ur les effets de la teinture fpiritueufe de cantharides. Il l’a employée avec le plus grand fuccès à l’extérieur , depuis la dofe de deux gros jufqu’à celle de deux, onces & de¬ mie ^ dans les douleurs de rhumatifme , de fciati^ que , de goutte vague.. Elle échauffe les parties , accélère le mouvement de circulation, excite des évacuations par les fueurs , les urines , les fel- les , fuivant les parties fur lefquelles on l’ap¬ plique. Il rapporte même quelques bons effets de cette teinture adminiftrée à l’intérieur par des Médecins étrangers i mais les jeunes Médecins doivent être prévenus qu’il faut être très-modéré fur fufage intérieur de ce médicament ; on lui a yu occafionner des chaleurs à la peau , des in¬ flammations , des crachemens de fang , des dou¬ leurs aux reins , à la yeffie , des dyfuries , &c. Vqye^ la DiJJ'ertatma citée de M. Thouvenel , page /fG à 5o» Du Miel & de la Cirem Ces deux matières préparées par les abeilles , femblent appartenir, au Règne végétal, puifque 8^8 Leçons fetéMENTAtREsf ces infedes vont ramaffer la première dans îe^ nedaires des fleurs , 8c la fécondé dans les an¬ thères- de leurs étamines. Cependant elles ont fubi une élaboration particulière ; 8c d’ailleurs^ comme on les retire après le travail des abeilles ^ c’efl dans Phifloire des infedes qu’on doit exa¬ miner Peurs propriétés. Le miel efl une matière parfaitement fem- blable aux fucs Tucrés que nous avons examinés dans les végétaux. Il a une couleur blanche ou jaunâtre, une conflflance molle 8c grenue, une faveur fucrée 8c aromatique. On en retire par le moyen de l’efprit de vin , 8c même par l’eau , à l’aide de quelques manipulations , un véritable fucre. Il donne à la cornue un phlegme acide ^ une huile ; 8c Ton charbon eft rare 8c fpon- gieux comme celui des mucilages des plantes. L’acide nitreux en extrait un acide entièrement ânalogue à celui du fucre. Il eft très-diftbluble dans Feau *, il forme un firop , 8c il pafle comme le fucre à la fermentation fpiritueufe. C’eft un très - bon aliment , 8c un médicament adoucif- fant , béchique , légèrement apéritif. On le donne diftbus dans l’eau 8c mêlé avec du vinaigre , fous le nom d’oxymel ; on le combine fouvent avec quelques plantes âcres , comme dans l’oxymel fcillitique , colchique. Il fait l’excipient de plu- fleurs médicamens qui portent fon nom j comme d^Hîst. Nat. et de Chimie. le miel rofat , de nénuphar , le miel ineroU"’ rial 5 Scc. La cire eft un fuc huileux concret 5 analogue aux huiles grades folides , telles que le beurre de cacao , & plus encore à la cire du gale ou piment royal des Chinois. Quoiqu’on ne puifle douter que cette fubftance ne vienne des étami¬ nes des fleurs , il eft cependant démontré qu’elle reçoit dans le corps de l’animal une élabora¬ tion particulière , puifque fuivant les eflais de M. de Réaumur , on ne peut faire une cire flexible avec la pouflière des anthères. La cire qui compofe les alvéoles des abeilles eft jaune ^ d’une faveur fade. On la blanchit en l’expofarit à l’adion de la rofée Sc à l’air , après l’avoir ré¬ duite en lames minces. Chauffée à un feu doux g elle fe ramollit , fe fond 8c forme un fluide hui¬ leux tranfparent ; elle redevient folide 8c opaque par le refroidilTement. Lorfqu’on la chauffe avec le contad de l’air , elle s’allume dès qu’elle fe volatilife ; tel eft l’effet que produit la mèche dans les bougies. Si onia diftille dans une cornue , on en retire un phlegme acide , d’une odeur forte 8c piquante , une huile d’abord fluide , qui fe fige enfuite dans le récipient , 8c qui a la confiftance d’un beurre. Elle ne laiffe qu’une très-petite quantité de charbon fort difficile à incinérer. En rediSant plufieurs fois le beurre de Sjo Leçons èlémentaîres cire , il devient fluide Sc volatil. La cire n^efl pas altérable à l’air ; elle s’y colore au bout d’un certain tems* Elle fe diflbut dans les huiles , auxquelles elle donne de la confiflance. En la faifant fondre dans ces fluides à une douce cha¬ leur 5 elle forme les médicamens connus fous le nom de cérats. L’efprit de vin n’a point d’ac¬ tion fur la cire. Les acides la noirciflent ; les alkalis s’y combinent Sc la mettent dans l’état favonneux. La cire eft employée dans un grand nom¬ bre d’arts. On s’en fert en Pharmacie pour la préparation des pommades , des onguens Sl des emplâtres. De la Réjîne lacque. On a donné le nom impropre de gomme îacque aune fubflance réfineufe d’un rouge foncé , qui eft dépofée fur les branches des arbres par une efpèce de fourmi particulière aux Indes Orientales. Cette fubftance a paru à M. Geof^ frqy ^ ( Mémoires de V Académie , année , ) une forte de ruche dans laquelle les four¬ mis dépofent leurs œufs. En effet ^ fi on brife la Iacque en bâtons , on la trouve remplie de petites cavités ou cellules régulières , dans lefquelles font placés de petits corps oblongs , que Geoffroy a regardés comme les embryons d’Hïst. Nat. et'de Chimie. 8jt îles fourmis. Ce ChimiÜe penfe que c’eil à cette matière animale que la lacque doit fa couleur. Il regarde cette dernière comme une véritable cire| cependant fa fécherefle , Fodeur aromatique qu’elle exhale en brûlant , Sc fa folubilité dans i’efpiit de vin , femblent la rapprocher des ré¬ fines ;,elle donne à la diJlillation une efpèce de beurre , fuivant le même Auteur, On diftingue dans le commerce , la lacque enbâtons^ la lacque en grains , & la lacque plate. Il faut obferver que beaucoup d’autres fubftances colorantes , Sc en particulier les fécules rouges animales ou végétales , préparées d’une manière particulière , portent en teinture le nom de lacques. On em¬ ploie la réfine lacque dans le Levant , pour tein¬ dre les toiles Sc les peaux. Elle fait la bafe de la cire à cacheter. On en fait une teinture avec Fefprit de cochléaria. Elle entre dans les trochi- ques de karabé , dans les poudres Sc les opiates dentfifîques , d^ans les paftilles odorantes , &c« Z) U Kermès & de la Co chenille * Le kermès, coccus mfeâorius ^ a été regardé par les premiers Naturalifies comme un tuber¬ cule ou une excroilfance des plantes. Des pbfer- vations plus exaâes ont appris que c’eft la fe¬ melle d’un infeéle rangé parmi les hémiptères /par Mt Geoffroy^ Cette femelle fe fixe fur les S^2 Leçons élémentaires feuilles du chêne vert; après avoir été fécondée elle s’y étend , y meurt, Sc perd bientôt la forme d’infeéle. Elle repréfente une coque brune ar¬ rondie , fous laquelle font renfermés les œufs en très-grand nombre. On fe fervoit autrefois de cette coque dans la teinture ; on Fa aban¬ donnée depuis qu’on a la cochenille. Le ker¬ mès préfente les mêmes propriétés chimiques que cette dernière. Il entre dans le firop de co¬ rail du codex , Sc dans la confedion alkermès» Il en efl de la cochenille comme du kermès ; 011 Fa regardée long-tems comme une graine. Le Pere Plumier eft un des premiers qui ait reconnu cette erreur. En efîet , cette fubltance efl la femelle d’un infede hémiptère , qui dif¬ fère du kermès , en ce qu’elle conferve fa forme , quoique fixée fur les plantes. La cochenille em¬ ployée en teinture ^ croît fur l’opuntia , figuier d’Inde ou raquette. On la récolte en grande quantité dans l’Amérique Méridionale. Geoffroy ^ qui en a fait Fanalyfe , y a reconnu les mêmes principes que dans le kermès -, il en a retiré de Falkali volatil. On peut reconnoître la forme de cet infede en le faifant macérer dans l’eau. On emploie la cochenille pour faire le carmin , Sc dans la teinture. On en retire une couleur cramoifi ou écarlate , fuivant la manière dont on l’emploie. Comme c’efi une matière colo-- rante b’Hist. Nat. et de Chimie. 833 s-ante extradive , elle ne peut s’appliquer fur les fubflances à teindre qu’à l’aide d’un mordant. Elle prend facilement fur la laine , Sc elle la teint en écarlate par le moyen de là diiTolution d’étain dans l’eau régale, qui décompofe l’ex¬ trait colorant , 8c en avive fingulièrement la couleur. On n’avoit pas pu donner cette b'ell© couleur à la foie avant M. Macquer, Ce Chi- mille a trouvé le moyen de la fixer fur cette fubftance , en imprégnant la foie de diiTolution d’étain avant de la plonger dans le bain de cb- chenille , au lieu de mêler cette diiTolution dans le bain , comme on le fait pour la laine. De^ Pierres (TEcreviJJ'e & du CoralL Les concrétions pierreufes , fauiTement appe¬ lées yeux d’écrevüTes , lapides cancrorum , fe trou» vent au nombre de deux dans la partie inté¬ rieure 8c inférieure dé l’eftomac de ces infedes. Elles font arrondies , convexes d’un côté , con¬ caves de l’autre , 8c placées dans l’animal en¬ tre les deux membranes du ventricule. Comme on ne les rencontre que dans le tems où les écrevüTes changent de peau 8c d’ellomac , 8c comme elles fe détruifent peu à peu à mefure que leur nouvelle enveloppe prend de la con- fiJlance, on croit avec aiTeii de vraifemblance ^ Home IL Ggg $54 LbçONS ëjciMENTAîîlE^ qu’elles fervent à la reprodudion de la fubflance calcaire qui fait la bafe de leurs écailles. Ces pierres n’ont point de faveur ; elles con¬ tiennent un peu de matière gélatineufe. On les prépare en les lavant à plufîeurs reprifes , Sc en les çorphyrifant avec un peu d’eau pour les ré¬ duire en une pâte molle , que l’on moule en trochifques , Sc que l’on fait fécher. L’eau des lavages emportant ce que ces pierres contien¬ nent de gelée animale , il ne relie plus que la fubflance terreufe. Préparées de cette manière y elles font une vive effervefcence avec tous les acides , Sc font abfolument de la même nature que la craie. Elles n’ont d’autre vertu que celle d’abforber les aigres des premières voies • c’el! d’après des opinions fort hafardées fur toutes ces fubftances animales en général , qu’on les a mifes au rang des remèdes apéritifs , diurétiques y Sc même cordiaux. Il en eft abfolument de même du corail ^ efpèce de ramification calcaire , blanche , rofe ou rouge , qui fait la bafe de l’habitation des polypes. On le prépare comme les pierres d’écreviffe. Il efi de nature calcaire comme ces fubfiances pierreufes. Il entre dans la confedion alkermèsy la poudre de guttete,les trochifques de karabé. On lui a attribué des propriétés fans nombre ; mais il n’a abfolument d’autre vertu: d’Hist. Nat. et de Chîmïe. 835* que celle d’un pur abforbant , à moins qu’il ne foit combiné avec les acides. On l’emploie fou- vent 5 ainli que les pierres d’écrevilTe , dans l’état de fel neutre formé avec le vinaigre ou kfuc de citron , comme apéritif, diurétique , De la Coralline. La coralline , appelée mouiïe marine , eft ^ comme nous l’avons vu , une habitation parti¬ culière de polypes. Elle donne à la cornue les mêmes principes que les matières animales ; elle a une faveur falée , amère &: défagréable. On l’empjoie ayec beaucoup de fuccès comme ver¬ mifuge, On la donne en poudre à la dofe de vingt-quatre grains pour les enfans , jufqu’à celle de deux gros & plus pour les adultes ; on en fait un firop anihelmintique y elle entre dans la poudre contre les vers. Des Analogies chimiques des Aninuiux & des Végétauxp Si les Naturalises & les AnatomiSes ont trouvé des rapports aflez grands entre la Sruc- ture & les fondions des végétaux & des ani¬ maux 5 pour réunir ces deux claffes de corps en^ un feul Règne nommé organique, les ChimiSes n’ai découvrent pas moins entre ces êtres dans Ggg ij 8s^ Leçons élément a ires la nature de leurs principes , &; leurs recherches -font propres à confirmer les analogies qui rap¬ prochent ces corps. En effet, en comparant les propriétés des fubflances que l’analyfe démontre dans les végétaux Sc les animaux, on trouve eiv tr’elles des rapports fràppans. Les mucilages, les extraits , l’efprit reéleur , la madère fucrée , les huiles douces Sc effentielles , les réfînes , les parties colorantes fe retrouvent dans Fun Sc dans l’autre Règne ; la propriété fermentefcible s’y rencontre de même, &'ces deux clafles de corps contiennent des matières également fufceptibles de paffer à la fermentation fpiritueufe , à la fer¬ mentation acide & à la putréfaédon. Il n’efl pas néceffaire de donner des preuves de cette aff ferdon, elles exiftent dans Fhifloire de chacune des fubüances de ces deux Règnes , que nous avons examinées les unes après les autres j mais il eft important de fixer les différences qui dif" tinguent leurs produits. Depuis long-tems les Phyficiens font con¬ vaincus que les animaux tirent des végétaux la plupart des matières propres à leur fubfiflance| mais les fluides des premiers étant expofés à des mouvemens plus rapides Sc plus variés que ceux des végétaux, il efl facile de concevoir qu’ils doivent être fufceptibles de plus d’alté¬ ration 5 Sc que leurs combiuaJfons font plus mul» b’Hist. Nat. ET DE Chimie. 837 lîpliées. En effet les mucilages des animaux font plus atténués , les extraits ne s’y trouvent qu’en petite quantité ; l’efprit reéleur efl plus pénétrant, plus aélif 5 plus volatil Si plus tenace ; les réfines ne s’y rencontrent que dans peu d’individus | les parties colorantes y font plus fines , plus aE térables v enfin , il y exifie des matières falines d’une nature différente, Sc le fluide lymphatique concrefcible par la chaleur , ainfi que la fubt tance fibreufe concrefcible par le fimple repos, font deux êtres nouveaux dus au mouvement de la vie des animaux, 8c dont on ne trouve pas les analogues dans le Règne végétal, quoique la matière glutineufe femble s’en rapprocher. Il fuit de ces obfervations que les phénomènes que préfentent les fubflances animales dans les opérations chimiques , doivent différer de ceux qu’offrent les matières végétales traitées de la même manière. C’efl pour cela que les premiers donnent en général à la cornue une fi grande quantité d’alkali volatil, des huiles fi fétides, un charbon fi difficile à incinérer , Sc fur-tout qu’elles font beaucoup plus altérables par la chaleur, par le repos Sc par l’humidité. De la Putréfacilon des Suhjlances animales^ Quoique les fubflances végétales foient fuf- ceptibles d’être décompofées Sc entièrement dc^ Ggg«i SjS Leçons êl'éiæentaihes^ truites par la fermentation putride, comme noiïf l’avons expofé , elles font cependant fort éloi¬ gnées d’être aufïi propres à fubir ce mouvement inteüin , que les matières animales, La putré- fadion de ces dernières efl: beaucoup plus ra¬ pide , fes phénomènes font différens ; tous les fluides 8c toutes les parties molles des animaux y font également expofés, tandis que plufieurs matières végétales femblent en être à l’abri, ou au moins ne l’éprouver que très- difficilement &-avec beaucoup de lenteur. La putréfadion des animaux qu’on ne peut s’empêcher de regarder avec Boerhaave^ comme une véritable fermentation , efl un des phéno¬ mènes les plus importans, & en même-tems très-difficile à connoître. Tous les travaux des Savans depuis Bacon de V érulam qui àvoit bien fend l’importance des recherches fur cet objets jufqu’à nos jours, n’ont encore éclairci que quel¬ ques points 3 8c entrevu les phénomènes géné¬ raux des matières qui fe pourriffent. Beccher^ Haies , Stahl j le Dodeur Pringh , Macbride ^ Gaber ^ M. Baume j l’Auteur des Effais fur la putréfadion, 8c ceux des Diflertations fur les anti-fepîiques couronnées en 1767 par l’Aca¬ démie de Dijon, ont obfervé &; décrit avec foin -les faits que préfente l’altération putride; mais on verra par l’expofé que nous allons \ ï>’HrsT* Nat. et be Chimie. Sjf •qu’il refie encore un grand nombre d’expé¬ riences à faire pour connoître en détail les phé¬ nomènes de cette opération naturelle. Toute fubflance fluide ou molle extraite du corps d’un animal , expofée à l’air à une tem¬ pérature de dix degrés ou au-delTus, éprouve plus ou moins promptement les altérations fui- vantes. Sa couleur pâlit, fa confiflance diminue | fi c’efl une partie folide comme de la viande, elle fe ramollit, elle laiffe fuinter une férofité dont la couleur s’altère bientôt ; fon tillu fe re¬ lâche Sc fe déforganife j fon odeur devient fade, défagréable ; peu à peu cette fubflance s’afîaifTe Sc diminue de volume; fon odeur s’exalte 8c devient alkaline. Alors fi elle efl contenue dans un vaifleau fermé , la marche de la putréfadiou femble fe rallentir ; on ne fent qu’une odeur alkaline Sc piquante ; la matière fait efFervef- cence avec les acides , Sc verdit le firop de vio¬ lettes, Mais, en donnant communication avec l’air, l’exhalaifoa iirineufe fe difiipe , & il fe ré¬ pand avec une forte d’impétuofité une odeur putride particulière , infupportable , qui dure long-tems, qui pénètre par-tout , qui afîeèle le corps des animaux, comme un ferment capable d’en altérer les fluides -, cette odeur efl corrigée Sc comme enchaînée par l’alkali volatil. Lorf- que ce dernier efl volatiliféj la pourriture prend Ggg iv / 840 Leçons SiiMENTArïiE^ une nouvelle adivité, la maffe qui fe pourrît^ fe gonfle tout-à-coup , elle fc remplit de bulles d’air, 8c bientôt elle s’aflaiffe de nouveau; la couleur s’altère, le tiflli fibreux de la chair n’efl prefque plus reconnoilTable ; elle efl changée en une matière molle , pultacée , brune ou ver¬ dâtre ; fon odeur efl fade , nauféabonde , très- adive fur le corps des animaux. Ce principe odorant perd peu à peu de fa force ; la por¬ tion fluide de la chair prend une forte de con- fiflance, fa couleur fe fonce, 8c elle finit par fe réduire en une matière friable à demi-sèche 8l un peu déliquefcente , qui frottée entre les doigts fe brife en poudre groflière comme de la terrco Tel efl le dernier état qui termine la putréfac¬ tion des fubflances animales; elles n’arrivent à ce terme qu’au bout d’un tems plus ou moins long. Dix-huit mois, deux 8c même trois ans fuflifent à peine pour détruire entièrement le tilTu du corps entier des animaux expofés à l’air, 8c l’on n’a point encore évalué d’une manière certaine la durée de la deflrudion totale des ca¬ davres enfouis dans la terre. Il fuit de cet expofé, 1°. que les conditions propres à développer 8c à entretenir la putré- faélion des matières animales, font le contaél de l’air, la chaleur, l’humidité 8c le repos, ou l’inertie des mafles-, 2°. que l’alkali vo}aîil efl B^HrsT. Nat. tt de Chimie. 841 moins un produit de la putréfadion , qu’une ma*< tière dégagée comme les huiles pendant cette opération naturelle, puifqu’il n’exifte que dans un certain tems au-delà Sc en-deçà duquel on ne le trouve points 3*. que la putréfaélion opé¬ rée par un mouvement inteftin propre aux ma¬ tières organifées, peut être affimilée à l’adion du feu, comme M. Godard l’a fait remarquer j de regardée comme une décompofition fponta« née , ainfi que l’a penfé M. Baume j qu’elle ne diffère de l’une Sc de l’autre que par fa len¬ teur; 4°. que dans cette opération de la nature les principes prochains des animaux réagiffent les uns fur les autres , à l’aide de l’eau qui fa- vorife leur contad , Sc de la chaleur qui y fait naître le mouvement; qu’ainh les matières vo¬ latiles fe diffîpent peu à peu dans l’ordre de leur volatilité , Sc qu’il ne relie plus après la putré- fadion qu’un réfidu infîpide comme terreux; 5*°. enfin , que l’exhalaifon putride fi bien ca- radérifée Sc dillinguée par les nerfs de l’odorat, Sc dont l’adion efl fi vive fur l’économie animale, doit être regardée comme le véritable produit de la putréfadion, puifque cette exhalaifon exifte conftamment dans toutes les matières qui fe pourriffent, Sc dans tous les tems de la putré¬ fadion; puifqu’elle ell propre à cette opération, Sc qu’elle ne fe rencontre dans aucun autre plié- 842 Leçons iLÉMENTAîEES nomène naturel j puifqu’enfin elle développe îe mouvement putréfadif dans toutes les fubüances animales qui font expofées à Ton adion. Quant à la nature de cet être , c’eÜ fpécialement fur ce point que les recherches font peu avancées , Sl qu’elles demandent à être fuivies. Ce que nous en favons , nous indique qu’il eft extrême¬ ment volatil, atténué, pénétrant; que l’air pur, l’eau à grande dofe, les gaz acides font fufcep- îibles d’en modérer les effets. Quoiqu’il ne faille pas le confondre avec l’acide crayeux ou air fixe qui fe dégage en grande quantité des corps en putréfadion , Sc au dégagement duquel Mac^ bride attribuoit entièrement la caufe de ce phé¬ nomène naturel ; quoiqu’on ne doive point non plus l’affimiler, ni au gaz inflammable dégagé des corps putrefcens , ni à la matière lumineufe qui brille à la furface des folides pourris des animaux , & qui fait de ces êtres autant de phof- phores, on ne peut cependant difconvenir qu’il a quelques rapports bien direds avec ces fubf- tances , puifqu’il les accompagne conflamment , puifqu’il eft aiifti volatil, aiifti tenu qu’elles, appelé par ce Mé- d’Hist. Nat. et de Chimie. 845 decin tendance à la putréfadion , confifle dans une altération peu confidérable qui fe manifede par une odeur fade ou de relent très-légère , Sc dans le ramollilîement de ces fubflances. Le fécond degré, celui de la putréfadion commen¬ çante , eft indiqué quelquefois par des marques d’acidité. Les matières qui l’éprouvent, perdent de leur poids , prennent une odeur fétide , fe ramollilTent &: laiiïent échapper de la férofité, lorfqu’elles font dans des vailTeaux fermés , ou elles fe defsèchent 8c prennent une couleur foncée , fi elles font expofées à l’air libre. Dans le troifième degré , ou la putréfadion avancée , les matières putrefcentes exhalent une odeur alkaline, mêlée de l’odeur putride 8c nauféa- bonde; elles tombent en difiblution, leur cou¬ leur s’altère de plus en plus , 8c elles perdent en même-tems de leur poids 8c de leur volume. Enfin , le quatrième degré , celui de la putré¬ fadion achevée , fe reconnoît à ce que i’alkalî volatil efi; entièrement difiipé , 8c qu’il ne laiffe plus de traces ; l’odeur fétide perd de fa force , le volume 8c le poids des fubflances putréfiées font confidérablement diminués ; il s’en fépare une mucofîté gélatineufe ; elles fe defsèchent peu à peu, 8c enfin fe réduifent en une matière ter- reufe 8c friable. ; T els font les, phénomènes généraux qu’on ob- §44* Leçons ÉLéi^ïENTAîEE^ ferve dans laputréfaâion des fubflances animalesj mais il s’en faut de beaucoup qu’ils foient les mê-* mes dans toutes les matières qui fe pourriflent. II y a d’abord une grande diflindion à faire entre la putréfadion des parties des animaux vivans , ôc celle de leurs organes morts. Le mouvement ^ui exifte dans les premiers , modifie fingulic^ lement les phénomènes de cette altération , 8c les Médecins ont de fréquentes occafions de vok les différences qui exiffent entre ces deux états § relativement à la putréfadion. Outre cela, cha» que humeur , chaque partie folide féparée d’un animal mort , a encore fa manière propre de fe pourrir; le tilTu mufculaire, membraneux ou parenchymateux plus ou moins ferré des or¬ ganes 5 la nature huileufe , mucilagineufe ou lymphatique des humeurs , leur confiffance , leur état relatif à celui de l’animal qui les a fournies, influent fur le mouvement putréfac- tif, Sc le modifient de mille manières, peut- être inappréciables. Enfin , que fera-ce fi l’on fait entrer dans ce dénombrement l’état de l’air, fa température , fon élaflicité , fon poids , fa fé- cherefle ou fon humidité , l’expofition de la fubflance pourriflante dans différens lieux , Sc jufqu’à la forme des vaiflTeaux qui la renferment, circonfiances qui toutes font varier les phéno¬ mènes de l’altération fpontanée I II faut donc F t) Hist. Nat, ET DE Chîmïe. $45^ I convenir que l’hiftoire de la putréfadion ani- male n’eft qu’ébauchée, Sc qu’elle demande une fuite de recherches 8c d’expériences qu’on ne V ,peut attendre que des travaux réunis des Mé“ I decins Sc des Chimifles de plufîeurs fiècles. F I m ERRATA de ce F olumCf ’ Rage 355, ligne 1 5 , toutes ces eaux font thermales g ajoute-:^ excepté celles de Montmorency. Rage 169 , Ug. 18 , alki volatil ^ life^ alkali volatil 3 I Page 45^ , lig. ^ I , colfat. lif, colfa. Page 4^9 , Ug. 8 , dont lif. que Ibid. lig. 10, iz 6- z5 , btioine lif brione Page 657 , Ug. 1 5 , abdomaniaux. lif. abdominaux. Page 7Z4, Ug. iz , ait lif. fait Page , Ug. 18, §. IV. lif §• VI. Page 831, Ug. 18 , trochiques lif trochîlques Page 83a , Ug* 17 , cramoih lif cramoifîe EXTRAIT des Regijires de la Société^ Royale de Médecine. ^^Üessieurs Macquer & Cornette, Commîiïàîres nommés par la Société Royale de Médecine, pour examiner un Ouvrage de M. deFourcroy, intitulé : Leçons élémentaires de Chimie & d’Hifloire Naturelle , en ayant fait un rapport avantageux dans la Séance tenue au Louvre ïe mardi zo du préfènt mois, la Compagnie a jugé cet Ouvrage très -digne de Ton approbation, & d’être irnprimé fous Ton Privilège, A Paris, ce zz Novembre 1781. Signée ViCQ d’Azyr, Secrétaire perpétuel. PRIVILÈGE DU ROL IjOUIS, par ia grâce de Dieu, Roi de France & de Navarre, à nos amés & féaux Confeiliers , les Gens tenans nos Cours de Parlement , Maîtres des Requêtes ordinaires de notre Hôtel, Grand-Confeil, Prévôt de Paris, Baillifs, Sénéchaux, leurs Lieutenans Civils, & autres nos Jufticiers qu’il appartiendra : Salut, La Société Royale de Médecine Nous a fait expofer qu’elle défireroit faire imprimer & donner au Public un Ouvrage intitulé : Mémoires extraits des Regijires de la Société & Correfpondance Royale de Médecine; s’il nous plaifoit lui accorder nos Lettres de Privilège pour çe nécelTaires. A ces causes, voulant favorablement traiter ladite Société, Nous lui avons permis & permettons par ces Présentes 5 de fair^ imprimer ledit 847 Ouvrage autant de fois que bon lui femblera ; & de le vendre, faire vendre & débiter par tout notre Royaume-, pendant le tems de dix années confçcutives , à compter de la date des Préfentes, conformément à l’Arrêt du Con-^ feil du 30 Aoîit 1777, portant Réglement fur la durée des Privilèges en Librairie. Faisons défenfes â tous Im¬ primeurs, Libraires 8c autres perfonnes de quelque qualité & condition qu’elles foient, d’en introduire d’imprellion étrangère dans aucun lieu de notre obéifîance; comme aufld d’imprimer ou faire imprimer, vendre, faire vendre, débiter ni contrefaire ledit Ouvrage , fous quelque prétexte jque ce puilTe être , fans la permifllon exprelTe & par écrit de ladite Société ou ayans-caufe, à peine de faifie & con- fîfcation des Exemplaires contrefaits , de fix mille livres d’amende, qui ne pourra être modérée, pour la première fois, de pareille amende, & de déchéance d’état en cas de arécidive, 8c de tous dépens , dommages & intérêts, confor¬ mément à l’Arrêt du Confeil du 30 Août 1777 , concernant les contrefaçons : A la charge que ces Préfentes feront enregiftrées tout au long fur le Regiftre de la Communauté des Imprimeurs & Libraires de Paris, dans trois mois de la date d’icelles ; que l’imprelîion dudit Ouvrage fera faire dans notre Royaume, & non ailleurs, en beau papier 8c Féaux caraéleres , conformément aux Réglemens de la Li¬ brairie, 3. peine de déchéance du préfenc Privilège; qu’avant de l’expofer en vente, le manufcrit qui aura fervi de copie â l’imprellion dudit Ouvrage, fera remis dans le même état ou l’Approbation y aura été donnée , ês mains de notre très-cher 8c féal Chevalier Garde des Sceaux de France , le Sieur Hue de Miroménil; qu’il en feraenfuite remis deux Exemplaires dans notre Bibliothèque publique, un dans celle de notre Château du Louvre , un dans celle de notre très- cher& féal Ghevalier, Chancelles de France , le Sieur de jVÏAUPEOü 5 & un dans celle dudit Sieur Hue de Miro- WÉNIL : le tout a peine de nullité des Préfentes ; du contenu defquelles vous mandons 8c enjoignons de faire jouir ladite Société 8c fes ayans-caufe pleinement & paifiblement , fans fouffrir qu^il leur foit fait aucun trouble ou empêchement. Voulons que la copie des Préfentes, qui fera imprimée tout au long au commencement ou à la fin dudit Ouvrage , foit tenue pour duement lignifiée , 8c qu’aux copies collation-; nées par l’un de nos amés & féaux Confeillers-Secrétaires , foi foit ajoutée comme à Toriginal, Commandons au premier Hui/Iier ou Sergent fur ce requis, de faire pour l’exécution d’icelles tous Aéles requis êc nécelTaires, fans demander autre permifTion, & ,nonobftant clameur de Haro, Charte Normande, Sc Lettres a ce contraires. Car tel eft notre plaifir. Donné à Verfailles , le feizième jour du mois de Dé¬ cembre, l’an de grâce mil fept cent foixante-dix-huit , & de notre Régné le cinquième. Par le Roi en fon Confeil. LE REÇUE. ' Begijîré fur le Regijlre XXI de la Chamlre Royale &* Syndicale des Libraires Imprimeurs de Paris, N^, 1311, fol, 5 9 , conformément aux difpojùions énoncées dans le pré- fent Privilège ; ^ à la charge de remettre à ladite Chambre les huit Exemplaires prefcrits par l’Article CVIIIdu Régle^: ment de 1713. A Paris, ce 14 Décembre 1778. Signé, A. M, L O T T I N Taîné , Syndic, De l’Imprimerie de Chardon» rue Galande# Explication de la Figure.. 1^0 U s avons fait repréfenter Tappareil complet dont nous nous fervons pour obtenir en même-temps les produits liquides & gazeux d*une lubftance quelconque par la diftil-; lation. A. Bec de la cornue qui fort du fourneau de réverbère & qui eft luté avec le ballon. _ B. Ballon adapté à la cornue pour recevoir les produits liquides , tels que le plilegme , les huiles , &c. C. Tube ou lyphon deftiné à faire paflèr les gaz , du ballon dans Tappareil pneumato-chimique. i). Jondion de Textrémité du lÿphon avec le ballon j c’ell dans un petit trou pratiqué à la partie (ùpérieure de ce dernier qu’efi reçue Textrémité droite du tube. On le iute ordinairement avec un peu de cire verte ou de lut gras. E. Cloche pleine d’eau fous laquelle plonge en F l’ex¬ trémité recourbée du tube , qui porte le gaz dans ce vaiiïèau. G* Cuve pneumato-chimique. H, Morceau de glace arrondi pour retirer de la cuve la cloche pleine de gaz , & pour en remettre une autre pleine d’eau , quand la première efi remplie de fluide aériforme. On doit employer dans ces expériences une cloche longue & étroite dont on connoît exadement la capacité ^ pour favoir combien on obtient de gaz. uy A Prem. Tableau, Tome II. TABLEAU des Quadrupèdes divifés fuivant la Méthode de M. B Ri s SON. ORDRES. SOUS-DIVISIONS DES ORDRES. genres. Molaires & Canines feules. Incilives à la mâchoire inferieure feulement. Pieds ongulés. jPolls fur le corps . Fourmilier . Myrmtcophaga . . (Ecailles fur le corps . Pholidote . Pholidotus. JJ _ _ ( Corps couvert de poils. . Pareffeux . Tardigradus. (Corps couvert d’un tell olTeux . Armadille . CataphraUuî. J J J f Deux Canines longues en haut , trompe.. . Eléphant . EUphanius. {Deux Canmes longues en bas . Vache Marine... Odobenus. IV . Ruminans onguiculés ; Incilives au nombre de lîx . Chameau . Camelus. C Tournées ( CuIlTes de devant plus longues que celles de derrière. Giraffe . . Gïraffa. Cornes V" {CuIlTes égales . . Bouc . fimples, ^Tournées en arrière . . . Bélier . * Tournées vêts les côtés . Boeuf. . Cornes branchues . Cerf . Point de cornes . Chevrotin VI . Corne du pied d’une lëule pièce . ? •••■ Cheval . VII . Le pied fourchu . Cochon . Vin. ...Trois doigts ongulés à chaque pied . Rhinocéros.. IX X.. I f Ruminans à pieds four- V... chusjincifivesaunom- { bte de huit. Ç Quatre doigts ongulés en devant , trois en arrière, Hircus. , Anes. . Bas. , Cervus. , Tragulus. . Equus. , Sus. . Rhinocéros. rDeux dents incilives â chaque mâchoire . . Cabiai. . Hydrocharus. (Dix dents incilives à chaque mâchoire . Tapit . Tapims. XI . Quatre doigts ongulés à chaque pied . . . Hippopotame..,. Hippopotamus. Piquants fur le corps . Porc-épic . Hifirix. Queue plate & écailleufe . Caftor . Caflor. ^Oreilles longues . . . Lièvre . Lepus. Pieds onguiculés , . deux dents IncI- ‘ lives à chaque ( mâchoire. . XII. Incilives aux deux mâchoires. Point de dents canines.< Point de piquants, iQueue courte. .{ . . 1 (Oreilles courtes . . Lapin.. . . f Plate . . . Ecureuil.. '(Ronde . . Loir . IQueue longue , Quatre incilives -, à chaque mâ- S choire. J XIII,..-. Quatre incilives à ^ la mâchoire fu- f périeure . lix à f l’inférieure. J . XIV..-.-; Six Incilives à la ^ lüpérieure , qua- i tre à l’inférieure. J 1 Sixincllivesàcha. I 1 que mâchoire, j ' XVI, .. Six incilives à la . fupérieure , huit { à l’inférieure. ' Dix incilives à la . ) fupérieure, huit j à l’inférieure. XIV...-7.i. . . T.. .....a. Cuniculusi Sciurus. Glis. Queue nue . Rat.. . . Mus. (Point de piquants fur le corps . Mufaraigne . Mufaranea. (piquants fur le corps . Hétiflbn . Erinaceus. (Doigts réparés . . . Singe . Simia. ’ (Doigts réunis en ailes . RoulTette . Pteropus. (Doigts réparés... . . . . ~.. Maki . .T. Profimia. (Doigts de devant réunis en ailes . Chauve-Souris . . ^ efpertilio. jLes doigts léparés les uns des autres./cinq doigts à chaque pied. < Quatre doigts aux pieds de devant & cinq à ceux de derrière. . . Cinq doigts aux pieds de devant & quatre à ceux de derrière., Pouce éloigné des autres doigts. . . , Pouce proche des autres doigts,. . . Pieds qui s’appuient fut le talon en marchant . Ongles crochus qui peuvent être retirés & cachés . Les doigts joints enlèrable par des membranes . • Fhocas. Phocas. Hyène . Hyeena. Chien . Canis. Belette.... . Mujlela. Blaireau . Meles. ■ Ours. . Urfus. . Chat . Felis. . Loutre . Lutra. , Taupe. Talpa. XVIII, , . . . . . Philandre . .Pkilander. , Himantopus. , Ofiralega, „ Pluvialis. ,, Vanelliis, Jacana, !.. Arenaruto , , Glareola* , , Rallus* , , Tringa. , . Limofa aut Caprlceps, ,^,Scolopax, lAumenius* Plateam i-s i r .. ' ■ , ^ Z \ . f Tome II; T B r ES. ueue. >ntenu dans une y corps lifTe. rnée en-delTous; forme de coque- bile , inférieure :aiiles (aillantes 5 & tranchante, Crotalus, inneaux mobiles animal marche. Trol/Téme Tableâiï. Tome II. Division méthodique des Amphibies. c Ordre I. REPTILES qui ont des pieds. AMPHIBIES: Ordre II. SERPENS arrondis , làns pieds. Ordre III. NAGEANS, armés de nageoi¬ res , poifibns car¬ tilagineux. Genre I. Grenouille. Quatre pieds; point de queue. II. Tortue. Quatre pieds ; corps contenu dans une écaille. ni. Lézard. Quatre pieds & une queue ; corps liffe. IV. Caméléon. Corps liiïe ; queue contournée en-deflbus ; occiput prominent en forme de coque- luchon. V. Crocodile. Mâchoire liipérieure mobile , inférieure fixe; corps couvert d’écailles Taillantes; queue perpendiculaire & tranchante. -Genre I. Serpent à fonnettes , Crotalus, Queue terminée par des anneaux mobiles qui font du bruit quand l’animal marche. II. Boa^ Serpent Impérial. Ecailles larges fous le ventre & fous la queue. III. Couleuvre , Coluher. Ecailles larges Tous le ventre & étroites Ibus la queue. IV. Serpent, Anguis, Corps couvert par-tout de petites écailles , même fous le ventre ; queue moufle. V. Amphifbène , Amphisbœna. Anneaux autour du corps ; queue moufle & arrondie. VI. Aveugle , Cœcilia, ' Genre I. Raye , Raya. Cinq trous placés delTous les ouïes ; corps applati ; queue longue & grêle ; bou¬ che fous la tête ; yeux en-deffus. II. Chien de mer , Squalus feu Galeus. Cinq trous placés de chaque côté des ouies ; corps allongé ; peau rude ; yeux placés latéralement. III. EfturgeoH , Acipenfer. Un trou de chaque côté des ouïes ; corps arrondi ; bouche formant un tube làns dents. IV. Lamproie , F etromiuyn. Sept trous de chaque côté des ouies ; corps grêle & gliffant ; trou entre les yeux ; d^eux nageoires placées toutes deux fiir le dos. Tome II, I GENRES. La Cigale . Ckada. La Punaife. . . . Ximex. L a N auc O re . Naucoris, Quatrième Tableau; MÉTHODE Entomologique de M. Geoffroy. Tome IL ARTICLES. I . Ou cinq articles à toutes les pattes, tels que.. ftîon I. I Les iOPTERES, J Coléoptères ou Infeftes à étuis II... Ou quatre articles à toutes les pattes , tels que. . III... Ou trois articles à toutes les pattes , tels que. . genres. Le Cerfvolanc . PUiycerus. La Panache . Piilinus. Le Scarabé . Scarabœus. Le Boufier . Copris. L’Efcarb oc . Attdahus, Le Dermefte. . D^rmejlcs. La Vrillctte . Byrrhus. L'Anthrcne . Amhnniis. ' La Ciftcle . Cijlda. Le Bouclier . . . Peltis. Le Richard . Cucujus, Le Taupin..., . Elaicr. IV... Ou cinq articles aux deux premières paires de pattes & quatre feulement à la dernière , tels que Le Buprelte....... La Bruche . . . . . .Bruchits. Le Verluifant . La Cicindèle . L’Omalyfe . L’Hydrophile . Le Ditique . ' Le Tourniquet. .. . r La Mclolonte . Le Prione . Le Capricorne.... . Cernmhix. La Lepture . Le Stcncore . Le Lupère . Le Gribouri . Le Criocère . L’Altife . . AUica. La Galénique . La Chryfomèle.... Le Mylabre . Le Becmare . . Le Charanfon. . . . Le Boftriçhe . Le Clairon . L’Antribe . . Anthribtis. Le Scolite . La Caflide . L L’Anafpe . f La Coccinelle. ... ^ La Tritôme . r La Diapère . 1 La Cardinale . J La Cantharide. . . . . • . • . Caniharis% N Le Ténébrion . . Tenehrio. jLa Mordclle . Ou leurs étuis durs qui ne couvrent qu’une partie du ventre , & leurs J III.. La Cuculle . Notoxus. , La Cerocome . ..Cerocoma. Ou cinq articles à toutes les pattes, tel que . Le Staphylin . Staphilinus. Ou quatre articles à toutes les pactes, tel que . La Nécydale . Necydaiis. Ou trois articles à toutes les pattes , tel que . Le Perce-Oreille . Forficula, / IV... Ou cinci unicles aux deux premières paires de panes, &) Profearabé . Mtloc. L quatre feulement à la dernière, tel que ^ I . Ou cinq articles aux deux premières paires de pattes , & quatre feulement a la dernière, tel que La Blatte.. . .T . t. ,Bîatta. Ou leurs étuis mous & comme membraneux , & leurs tarfes IL... Ou deux articles à III. ,. Ou trois articles à toutes les pattes , tels Icspâttes, telque.....'. LeTrips . . . Trips. f Le Grillon . Gryllus. é Le Criquet . Acrydium, IV. .. Ou quatre articles à toutes les pattes , tel que . La Sauterelle . Locufla, V. ... Ou cinq articles à toutes les pattes , tel que . LaMante . Manies, SECTIONS. Les Hemypteres ou infeéles à demi-étuis , font. ARTICLES. * La Cigale . Cicada. l La Punaife . Cimex. 1 La Naucore . Naucoris. |La Punaife à avirons. ..IVof(5ntf<7dr. / La Corife . Corixa. \ Le Scorpion aquatique. .Hepa. (La Pfylle . Pfylla. ' Le Puceron . Aphis, Le Kermès . Chermes, ■ La Cochenille . Coccus. Le Papillon . PapUio, ^Le Sphinx . Sphinx. . Les Infedcs .1 quatre ailes farineufes font . ^ Le Pterophore . Purophorus. I La Phalène . Phalœna. La Teigne . Tm^a. ÎLa Demoifelle . LihcUula. La Perle . P^rla. IL... Ouquatrepiccesauxlarfes, telque La Rafidie . Raphidia. L’Ephémère . Ephemera, I La Frigane . Fîyganta. ! L’Hémerobe . Hemerobius, i Le Fourmilion . FormL-aleo. j La Mouche Scorpion. ..Panorpa. I Le F rêion . Crabro. I L’ürocère . Urocerus. ' La Mouche à feie . Temhrcdo. IV.... Les infeètes à quatre ailes nues o III... Ou cinq pièces aux taries , tels qut iLe Cinips . f Le Diplolèpe . i L'Eulophe . [LTchneumon . L’AbeiUe . La Fourmi . Formica. V . Les injéftes à deux ailes font. 'L’Oeftre . iL’Afile . La Mouche armée . . jLa Mouche . 'Le Stomoxe . . La Volucelle . La Nemotèle . Le Scacopfe . L’Hyppobofque . La Tipule . Le Bibion . Bibio. Le Coufin . Culex. VI . Les i 'eâes aptères ou fans ailes f Le Pou . Pediculus. La Podiire . Podura. La Fotbicine . Forbicina. La Puce . PuUx. La Pince . Chcllfer. La Tique . Acarus. Le Faucheur . Phalangium. L'Araignée . Aranea. Le Monocle . Monoculus. Le Binocle . Binoculus. Le Crabe . Cancer. (Le Cloporte . Onifeus. L’Afelle . Afellui. La Scolopendre . Scolopenira. . lutuj. \ 5' CiS- b ■vl , Hv-, h. < . ;\ÿ,;;^»'. ; ' ^ ': \ '1' - r, , ■ '>, . ' I ;. :kv;< ' -’k,;- ï^7v::U^ï0i^0ê:<:: V., ■V ■ ■ ■ ^ ' '1.. ■ ‘ -■■^■.-■•.^V;-; , J t ‘1' ' " /'*'' r X %vf ■■■‘'‘■''v'.:--:; s;v'-''-w# Wii» ; '-.;'.5 ', , ,, , ' - „! V :■} ’'„