LEÇONS SUR LA PHYSIOLOGIE ET L'ÂNÂTUMIE COMPAREE DE L'HOMME ET DES ANIMAUX. Paris. — liiipiitiuiii' no lo L. MAUTiNiiT, niu Mignon , i. ' />■> LEÇONS SUR LA PHYSIOLOGIE ET L'ANATOMIE COMPARÉE DE L'HOMME Eï DES ANIMAUX FAITES A LA FACULTÉ DES SCIENCES DE PARIS PAR H. IIILWE EDliVARD^ C^'.L.H., C.L.N., CE. P., ce. Doyen delà Faculté des sciences de Parif, Professeur au Muséum d'Histoire naturelle ; Membre de l'Institut jAcadémie des sciences) ; des Sociétés royales de Londres et d'Edimbourg: ; des Académies de Stockholm , de Saint-Pétersbourg, de Berlin, de Kôniirsberg, de Copenhague, de Bruxelles, de Vienne, de Hongrie, de Bavière, de Turin et de Naples; de la Société Hollandaise des sciences ; de l'Académie Américaine ; De la Société des Naturalistes do Moscou ; des Sociétésdes Sciences d'Upsal, de Gotenbour^, Giîttinjjue, Munich, Liège, Somerset, Montréal, l'ile Maurice; des Sociétés Linnéenne et Zoologique de Lin ires; de l'Académie des Sciences naturelles de Philadelphie; du Lycéuni de New-Vork ; des Sociétés Entoraologiques de France et de Londres; des Sociétés Ethnologiques d'Angleterre et d'Amérique ; de l'Institut historique du Brésil; De, l'Académie impériale de Médecine de Paris; des Sociétés médicales d'Edimbourg, de Suède et de Bruges ; de la Société des Pharmaciens de l'Àlleiiiagne septentrionale ; Des Sociétés d'Agriculture Je Paris, de New-York, d'Albany, etc. TOME SEPTIÈME PARIS VICTOR MASSON ET FILS PLACP: DE l'école-de-médecine M DCCC LXII Droit lie IraJuclidu réservé. LEÇONS SUR * LA PHYSIOLOGIE ET L'ANATOMIE COMPAREE DE L'HUMMK KT DES ANIMAUX, CINQUANTE-HUITIÈME LEÇON. Des phénomènes chimioues de l\ digestion. — Des aliments-, leur nature chimique. — Composition et propriétés du suc gastrique ; digestion îles aliments albumi- noïdes ; formation des peptones, — Propriétés de la salive; action de ce liquide sur les matières amylacées. — Propriétés du suc pancréatique ; action de ce liquide sur les matières amylacées , sur les graisses et sur les aliments azotés. — Propriétés de la bile; rôle de ce liquide dans la digestion. — Action des sucs intestinaux. — Digestion des aliments féculents et des graisses. § 1. — En abordant l'étude des phénomènes cliiaiiques de la dc. aiimcnis. digestion, il est nécessaire d'examiner en premier lieu la nature des matières sur lesquelles cette action physiologique s'exerce. Dans une précédente Leçon, j'ai déjà eu l'occasion de dire quelques mots des alimenls (1), et c'est seulement quand je traiterai de l'assimilation, que je pourrai parler utilement, soit de leur valeur nutritive, soit de leur em|>loi dans l'intérieur de (1) Voyez lonie V, page 2l|8. vu. j r"''o '2 DIGKSTION. rorganisme. Ici je n'ai à ni'occiipcT de ces corps que sous le rapport de leur digestibilité. C'est la substance de quelque être vivant (pii constitue tou- jours les principaux aliments dont rilommc et les Animaux font usage. Ces aliniculs sont donc des corps organisés qui ren- ferment des liquides, mais qui sont formés essentiellement par des solides dont les matériaux sont des composés chi- nii(iues fort complexes et faciles à décomposer ou à modifier plus ou moins profondément. Comme chacun lésait, ds peu- vent être fournis, soit par le règne animal, soit par le règne végétal, et ils présenleni dans l'enseudde de leurs |>ropriétés des variations presque infinies; mais ils ne diffèrent entre eux que fort \)cu sous le rapport de leurs caractères dominants. Dans tons il existe un (HMiain nombre de matières qui sont riches en carbone, ou (|ui contiennent de l'azote uni, comme le carbone, à de l'hydrogène et à de l'oxygène, on même à du soufre on à du phosphore, et qui appartiennent à Wwo ou à l'autre des trois familles ou groupes naturels de substances dont j'ai d('jà eu l'occasion de parler plusieurs fois sous les noms de principes albmninoïdes, de matières amylacées et de graisses. Les princij)es albuminoïdes sont des corps azotés neutres, tels (pie la librine, l'albumine et la caséine; les matières amylacées ou amyloïdes sont la fécule, la cellulose, le sucre, la pectine, el(\, dans lesquelles il n'existe (pie du carbone com- i)iné avec de Thydrogène et de l'oxygène dans les pro|)ortions voulues pour constituer de l'eau. Kidui, les graisses sont des substances dé|)ourvu(^s(razot(3 comuieces dernières, mais plus riches en hydrogène. Par riiidiistrie huniaiiie, (piehpies-uns de ces principes peuvent être isolés et utilisés de la sorte comme substances nutritives : mais les alinu'uts tels (pie THomme et les Animaux l(\slroiivcntdans la nature sont toujours des corps complexes conlenaiil des substances b('M(M'Ogcnes (pii appartien- iicnl au moins à deux des groupes de piincipes inuiKMlials dont je I)i; LA NATLRE DKS ALIMEMS. S viens de parler, et les priiieipales ditTéreiices . (b) l.eliiiiaiMi, Lelirbuch lier jiliysiuloiiisilu-ii Chcmie, I. I, p. 315. Hij'iii (I \ir'!iil, Tmilc île chimie (iiuit'niiunie el rhyuiutoijiqtic, l. lil, y. 3GI, UE LA NATURIC DES ALIMENTS. 5 entre ces filnmciifs on dans les mailles du tissu conneelif adja- cent (1). Il est aussi à noter que ces tissus sont imprégnés de sang et de sérosité, liquides qui contiennent à leur lour des matières alimentaires, et notamment de l'albumine. La peau de la plupart des Animaux, celle des Vertébrés par exemple, ressemble au tissu connectif et aux tendons par sa composition chimique, car elle se compose essentiellement de matière gélatigène. L'épiderme et les appendices cornés qui en dépendent, ont une composition analogue, mais la densité de leur substance est beaucoup plus grande. Chez les Animaux articulés, on y trouve, en proportion considérable, de h chitine, matière qui résiste à l'action dissolvante de la plupart des réactifs, et qui p:iraît être composée de cellulose combinée très fortement avec de l'albumine. Enfin, les cartilages et les os qui se trouvent unis à la chair, et qui sont aussi des aliments pour certains Animaux, ont pour fondement organique des substances gélatigènes très analogues à celles dont se compose le tissu connectif, et appelées chon- drine ou osséine. En résumé, nous voyons donc cpic les j)rincipcs azotés qui constituent les aliments fournis parle règne animal et employés par les Animaux carnassiers, sont, d'une part la fdjrine, l'albu- mine et les autres composés protéiques, d'autre part les sub- stances gélatigènes, telles (jue l'osséine et la chondrine, que l'on désigne communément sous le nom de yélatine. .Mais nous voyons aussi que ces matières sont toujours associées à des corps gras, tels que l'oléine, la stéarine ou la margarine. ^3. — Les aliments fournis par le règne végétal sont en Aiimems général des feuilles, des racines, des IVuils ou des graines ; par (l) Los corps gras dont les muscles [farine, inèléescnproporllons variables; sont imprégnés consistent principale- on y trouve aussi de Facide oléophos- nient en stéarine, en oléine ei en mar- pliorique combiné avec de la soude. \(>;;cl^ili\. 0 • DIGESTION. ('onsé(|iieiJt, ce sont des parties de la plante dont l'organisation est très complexe et dont la substance est ordinairement Ibr- mée par le tissu cellulaire, par des fibres et par des vaisseaux. Au point de vue de l'alimentation, c'est le tissu cellulaire qui offre le plus d'importance. Il se compose d'une miillilude de petites utricules qui sont réunies entre elles j)ar soudure, et qui renferment dans leur intérieiu', soit des liquides tenant en sus- pension des corpuscules de matières organiques, soit des dépôts de ces matières ou de produits analogues. Les parois de ces utricules ou cellules sont d'abord extrêmement minces, et for- mées essentiellement d'une matière qui peut être appelée d'une manière générale de la cellulose^ mais qui varie un peu dans sa nature, suivant les organes ou les plantes dont elle fait partie, et qui a reçu, en raison de ces particularités, divers noms, tels que xylose, fibrose, dermose, etc. Par leur composition élémentaire, tous ces /jrînci/)e.$ cellulosiques se ressemblent; ils paraissent être isomériques, et sont représentés par la fornnde G*"-H^°0'^. Mais ils diflèrent entre eux p;ir la manièn^ dont ils se compor- tent avec les réactifs emplovés connue dissolvants. Ainsi la der- mose, qui constitue les parois des cellules du tissu épidcrmique, est plus difficile à attaquer que la (ibrose, et celle-ci, à son tour, résiste à des agents (pii sont susceptibles de dissoudre rapide- ment la xylose que l'on rencontre dans le tissu cellulaire du parencliyme des feuilles, des lleuis et des fruits (1). (1) D'après les travaux de M. Payen, les incrustantes qui rcHmissent celles-ci les chimislos réunissaient sous le nom <'nlro elles ou qui les épaississent de cellulose les suhslanci's. pou dittv- iiilériourenit'iil ((/).l,esdisliuctionsindi- rculos entre elles, qui conslilueul les (jnées ci-dessus i-ulre les substances ccl- parois des cellul s véj;élales, el Ton ap- lulosiques sont fondées sur les reclier- pelail lignose,liynone, etc., les maliè- clies plus récentes de M. Fremy (6). (al f'ayoïi, Mémoires sur les dévctoppemcnis des làjL'laux {Méin. de l'Acad. des sciences, Sav. étranij., t. IX). (b) Krctiiy, Ilecherches chimiques sur la cowposilinn des cellules végétales [Comptes rendus de V Acad. des sciences, 1 859, t. XLVllI, p. iOi). — liecbcrches cliimiques sur la cuticule (loc. cit., p. l'iCil). — Hecherchcs sur la composilioii cliiiiiiiiue du lois {lor. cit., p. 8Ci2). — Traité de chiniie, utlil. ili- ISfît, t. IV, p. i"(î el siiiv.). DE LA NATUIlli DKS ALlMKiMS. 7 Les matières qui s'épanchent entre les utricnles, et (jui les soudent entre elles, ontde l'analogie avec les principes cellulosi- ques dont je viens de parler, mais elles en dilTèrcnt à plusieurs égards, et se laissent attaquer par certains réactilsqui ne détrui- sent pas les parois des cellules adjacentes. M. Fremy , qui en a fait récemment l'objet d'études intéressantes, les désigne sous le nom de corps épicuigiotiques. Enfin, par le progrès delà végétation, il se produit, dans l'intérieur de chaque cellule, des matières solides qui tantôt en tapissent les parois d'une manière plus ou moins continue, et qui d'autres fois constituent des granules hbres dans sa cavité. Le revêtement intérieur qui vient épaissir la paroi de la cel- lule peut être composé de la même substance que celle-ci : de xylose, par exemple; mais souvent elle est d'une nature diffé- rente. Ainsi, dans les fruits verts et les racines ahmentaires, telles que les carottes, les navets et les betteraves, les cellules composées de xylose se tapissent d'une couche de pectose, principe immédiat qui est insoluble dans l'eau, mais qui, sous l'influence des acides faibles, se transforme facilement en une substance soluble appelée pectine (1). Celle-ci se trouve dans la pulpe des fruits mûrs, et elle est toujours accompagnée d'une substance qui est susceptible de jouer un rôle analogue à celui des ferments, ou plutôt de la diastase, et (lui a la pro- priété de transformer la pectine en gelée végétale, ou acide pec- tique, laquelle est insoluble dans l'eau, mais forme avec les alcalis des sels solublesCi). (1) La pectine se forme ainsi, quand grand nombre de produits donl laplu- on fait bouillir, soit les fruits acides, part sont dus à sa combinaison avec les soit la pulpe des carottes ou des navets cléments de Teau en proportions di" avec une liqueur faiblement acide. Elle verses. est blancbc, incristallisable,ctsa conv- (2) Cet agent transformateur de la position élémentaire est représentée pectine a été désigné sons le nom de par la formule C6^H^8o64. Elle est sus- pectase. ceptible de donner naissance à un L'acide pectique, dont la découverte o DIGKSTION. F.es granules qui se développoiit dans riiitérieur des cellules, et qui sont a|)pliqiiés contre la surface de leurs parois, ou en suspension dans le liquide dont lem^ cavité est remplie, sont de difl'érenles natures. Les plus importants consistent en ma- lière verte ou chlorophylle, et en fécule. Cette dernièresubstance se dépose par couches concentriques autour d'un noyau pédon- cule, et par sa composition chimique elle ne dilïcre pas des matières cellulosiques, mais elle se transforme beaucoup jtlus facilement en dextrinc, cpii, à son lom-, peut se changer en glycose (1), phénomène sur lequel nous aurons à revenir bientôt. Les libres sont constituées à peu près de la même manière que les cellules; leurs parois sont formées d'abord par une lame mince de substance cellulosique, mais leur cavité se remplit presque complètement, par le (lévclop[)ement de couches nou- velles, d'une variété particidière de ces principes alimentaires, appelée fibro&ine ou ligneux. Les matériaux constitutifs des vaisseaux sont à peu près les mêmes que ceux dont se composent les fd3res. Enfin, dans l'intérieur de ces organes ou dans les cavités existant entre les diverses parties élémcnlnires du tissu des plantes, il peut se trouver des matières variées, telles (pie des gommes (2), des f'sldiK'ii l'.racoiiiiol, csl rcpn'sciitt' par lalonmilc C32n20O'-!S,i)n0. l'arl'rbulli- tiuii dans l'eau, il se iransloiine d'a- bord 0.11 un acide solul)le appelé para- iu'(tiijui\ puis en acide i)irhiitc(ti(iii<\ qui csl ét^aleinenl s(iiui)le et qui lon- ticnt pioporlionnelleinent beaucoup plus il'eau. Ku ellet, un éipiivaleiil d'acide i)ectique fixe ainsi les élOnienls do G f''(jui\alenls d'eau, jioui' consti- luer /i équivalenls d'acide inclapecli- qno. (I) i'our plus de détails sur l'hisloiro cliiinique e| |»|ivsi(|ue di- la IV- cule. je renverrai à un ^rand travail do M. Payen, inséré danslo VHP vol. des Mémoires des savants étrangers. (2) Les gommes ordinaires se com- posent d'iui principe particulier nommé anibinc, dont la composition élémen- taire est la même que celle d'un équi- valent d'amitlon anhydre qui serait combiné avec 2 équivalenls d'eau, au lieu d'en contenir un soulemenl, connue l'amidon (|ui a été séché à 100", ou ;5 , connue celui qui a élé séché dans II' \i(le, à 20°. Les acides peu- \eni iranstnrtiKM- facaltine eu dextrine, DE LV NATURE DES ALIMENTS. 9 résines el des huiles (1). Quant aux principes solubles, tels que le sucre, ils sont contenus dans les liquides qui occupent, soit les méats intercellulaires, soit l'intérieur des cellules et des vaisseaux. J'ajouterai que la cuticule qui occupe la surface de l'épiderme des plantes est formée principalement d'une substance parti- culière de la classe des corps gras, à laquelle on a donné le nom de cutose. Pendant longtemps on croyait que l'azote ne faisait pas partie essentielle des végétaux et ne se rencontrait qu'exceptionnel- lement dans quelques parties de ces êtres ; mais aujourd'hui on sait qu'il en est autrement, et que cet élément se trouve en plus ou moins grande abondance dans toutes les plantes, ainsi (pie dans tous les Animaux. On a constaté aussi que certaines matières azotées dont les végétaux sont pourvus appar- tiennent à la famille naturelle des principes albuminoïdes, et il en est qui paraissent même ne pas dilférer de l'albumine ou de la caséine. Ces matières se trouvent principalement, soit dans les sucs végétaux, soit dans les tissus en voie de formation, par exemple dans les graines. Une des plus impor- tantes, est le gluten, qui se trouve dans le blé, et qui est con- sidéré par quelques chimistes connne n'étant que de la fibrine impure (2). puis en gluroso, mais cotte réaction est extrêmement lento. Enfin, ro qui caractérise principalement ce principe immédiat, c'est que, chauffé avec de l'acide azotique de façon à s'oxyder, il ne donne pas d'acide oxalique comme l'amidon, mais se transforme en acide mucique. La cérasine, qui dans la gom- me du cerisier et de quelques autres ar- bres, se trouve mêlée avec l'arabine et est isomérique avec ce principe, ne s'en distingue que par quelques propriétés d'une importance secondaire. Tl en est de mémo pour la bassurine, qui se trouve dans la gomme adragante. (1) Les huiles proprement dites, qu'il ne faut pas confondre avec les essences ou huiles volatiles, sont de même nature que la graisse des Animaux ; mais l'oléine y domine (voyez t. I, p. 191). Les résines ne sont pas des sub- stances alimentaires, et par consé- quent nous n'avons pas à nous en occuper ici. (2) fiC gluten , substance molle et Ç)0lC/5,^ y. L!Bf? A >^ y :CT iO Dir.i:sTio>. Modificaiioii § /|. — Oiiaiid on veiil ('didiei' la coiislilLitioii des aliments des aliments "^ , - . par dont l'Hoinniu lait usage, il ne siiUit pas de prendre en consi- la cuisson, etc. ,. ip'-i deration ces substances telles que la Nature nous les lournit, il faut aussi se rendre compte de modifications que la cuisson peut y déterminer, car cette opération y produit souvent des changements importants. C'est surtout au sujet des matières végétales que la connaissance de ces faits est nécessaire pour rintelligence des phénomènes de la digestion. En effet, non- seulement la coction tend à désagréger la plupart des substances dont ]e viens de parler, elle peut même effectuer la transfor- mation de certains principes insolubles en matière dont la dis- solution est facile. Ainsi, par l'ébullition, la pectose se change rapidement en pectine (1), et la fécule se gonfle énormément, s'hvdrate, et constitue de l'amidon. Or. comme nous le verrons bientôt, ces matières sont douées de propriétés fort dilférentes, et ne se comportent pas de la même manière en présence des agents digestifs. Résumé. 4^ 5. — En résumé, nous voyons donc que les substances employées jiour la nourriture de l'Homme et des Animaux sont constituées principalementpar de l'albumine, de la fibrine, de la ca.séinc, delà gélatine, ou d'autres principes azotés du même ordre ; par des corps gras, et par des matières non azo- tées de la famille des amyloïdes, telles que les sucres, la fécule, la pectose et la cellulose; enfin, (juc divers sels inorganiques se trouvent toujours associés à ces mat(*riaux organi([ues. filanlo que l'on oblicnl on malaxant de (1) Quand l'eau dans laquelle on ' a farine dans lui faible courant (rcau fait cuire les légumes contient des sels qui entraîne 1.1 fécule, parait étrecom- de chaux, cette hase, en se combinant posé de fibrine végélaic associée à a\ec la pectose, constitue une matière une matière particulière qui lui donne insoluble, phénomène qui explique le de 1.1 \iscosité, et quia reçu le nom de durcissement que ces corps éprouvent yliadine (a). dans cette circonstance. (a) Liebij, Traité de chimie organique, I. tll, p. 208. Du suc gastrique. KTini: nu suc gastrique. 11 Pour procéder inétliodiqiiement dans l'étude des phéno- mènes cliimiques delà digestion, il me paraît donc utile d'exa- miner en premier lieu le mode d'actioil de chacun des liquides digestils sur chacun de ces [)riucipcs immédiats considérés isolément ; puis de nous occuper de l'ensemble des modifications que les aliments complexes formés par l'association d'un nom- bre plus ou moins considérable de ces mêmes matières peu- vent subir pendant leur séjour dans les différentes portions du canal gastro-intestinal. § 6. — Dans une des précédentes Leçons, lorsqu'en abor- dant l'étude de la digestion, j'ai indiqué brièvement le rôle des divers liquides qui, dans l'intérieur du tube alimen- taire, agissent successivement sur les substances nutritives et en 'tirent des matières assimilables (1), nous avons vu que le suc gastrique, sécrété dans l'épaisseur des parois de l'esto- mac et versé dans la cavité de cet organe, est en général l'agent principal de la digestion ; mais je n'ai pu indiquer alors que très brièvement son mode d'action sur les aliments et je n'ai pas fait connaître d'une manière suffisante sa nature chimique. Aujourd'hui je me propose d'examiner plus complètement ce sujet. A l'aide des procédés d'investigation dont les physiologistes Procédé* , •11* 1 P°"'" obtenir font usage aujourd'hui, on peut aisément recucilhr du suc ce liquide, gastrique en abondance, et étudier avec soin les circonstances qui inlluent sur sa production. Ainsi que j'ai déjà eu l'oc- casion (le le dire, après avoir eu recours, soit à l'ouverture du corps d'Animaux récemment tués ou encore vivants, soit à l'introduction d'épongés dans l'estomac, on a mis à profit les fistules gastriques pour puiser dans cet organe les liquides qui s'y trouvent (2). (1) Voyez lome V, page 260 et sui- (2) Voyez tome V , page 261 , vantes. note 2. 12 DIGESTION. Un médecin américain, ^I. W. Bcaumont, a lait de la sorte une longue série d'observations intéressantes sur un Honuiie dont l'estomac était resté perforé à la suite d'une blessure (1); et en établissant sur des Chiens ou d'autres Animaux des fistules gastriques artificielles, plusieurs physiologistes de l'époque (1) Le sujet qui a donné lieu à ces leclicrches était un chasseur cana- dien, appelé Saint-Martin, qui, à la suite d'une blessure d'arme à feu, portail au-dessous du bord des côtes du cOlé gauche un grand orifice don- nant dans restoiuac, dont les parois étaient devenues adhérentes aux l)ords de I'espèc(! de fenèlre ainsi pro- duite. La santé de ce jeune liounne ne tarda pas h se rétablir, et une sorte de valvule, formée par un prolapsus de la menil)rane )mi(|ueuse de l'esto- mac, se dé\tlo|)pa de façon à empê- cher les aliments de sorlir par cette large fistule gastrique ; mais les bords de cet orifice se laissaient facileineni distendre, de fa(;,()n à permettre à Tob- servateur, non-seulemeiu dintroduire dans la cavité de l'estomar des corps étrangers (»u d'eu extraire des ma- tières liquides ou solides, mais même de v(»ir in)e i)orlioii <(msi(léialtle de la surface de cet or^ani', ainsi (nie ren- trée des aliments dans s(iii iiitéiienr. Le !)' \\. Bcaumont, de l'Iatlsburgli. aux États-Unis, étudia avec beaucoup de soin pendant plusieurs années les phénomènes de la digestion stoma- cale chez cet individu, et constata ainsi un grand nombre de faits inté- ressants (a). Enfin, plus de vingt ans après, de nouvelles expériences fu- rent faites sur le même homme par -M. Smith (6). Des cas analogues s'étaient déjà présentés dans la pratique chirurgi- cale, mais n'avaient donné lieu à au- cune observation importante pour la physiologie. .M. II. Marcus en a réuni un certain nombre qui se trouvent consignés dans divers ouvrages (f), et Ton cite J. llelm comme ayant été un des premiers à profiter de ces ac- cidents pathologiques pour étudier les pln-nomènes de la digestion chez une femme ((/). Dernièrement de nouvelles rechiM'ches de ce genre ont été faites à Dorpat. par M. Schmidt et ses élèves, sur une l'enune (pii avait une fistule stomacale, mais (pii jouissait néaiunoins crune boime santé {e). («) \V. lîciuinioiii, h:.iperiinents and Observations on the Gastric Juicc and ihc l'hysiology of Digestion. l'lallsbiirj;li, !«;!;!. (b) Smiili, Experiments on Digeslion (Médical Examiner, 1856, t. Xlll. (f) f\oljert Maiciis, De fisliila veutrindi, ilissorl. inauir. Berlin, 1835, p. 15. [di Jacol) llelm, /»■(•( Kranliengcscliichtcn Vienne, 1 803 (voy. Allgem. ntcJuiti. Annaten, 1803, p. 404). (e) Grunewaldl, Siieci gaslrici humani indoles physica et chemica ope ftstnlœ stomachalis inda- ijnla. Uorpai, 1853. — llntcrsuchunçien iiber den Magensafl des Menschen (Vircliow's Ai'chiv lilr phijxiul. IleitkuiiUe, 1854, I. Mil, p. 45'J). — Scliroeder, Sucri gaslrici liiimani fis digesliva ope lislutir stomachalis indatiata. Liurpnl, 1853. — Schinidl, Veber die Conslitulion des nienschlichen Magensoftes [Aun. dev ('.hernie 7ind Pharm., von I.iel)!? iin.l Woliler, 1854, I. XCll, p. 42>. l'KOUUCTKKN DU SIC liASTlUQUIi. 13 acliielle ont éludic (riine manière méthodi(|ue le sujet qui nous oceupe (1). § 7. — Le liquide dont les aliments s'imprègnent dans l'estomae ne provient pas d'une souree unique et ne jouit pas toujours des mêmes propriétés. C'est un mélange de sue gas- tri(jue proprement dit, de mueus iburni par la surface interne Mi'Iange du suc gnslrii|no avec d'imlres liritiiilcs. (1) Ainsi que j'ai déjà eu roccasiou de le dire, rinvenliou de ce mode d'expérimentation est due à un pliy- siologiste russe, M. Bassow (a) ; mais en France, M. Blondiot fut le pre- mier à établir sur des animaux vi- vants des fistules gastriques destinées à permettre l'étude delà digestion sto- macale (h). Les Chiens sont les ani- maux qui paraissent résister le mieux à cette opération ; ils se rétal)lissent très facilement, et l'on peut les conser- ver en bonne santé pendant plusieurs mois (et probablement davantage), malgré l'existence permanente d'une communication directe entre l'estomac et l'extérieur. Pour établir une fistule de ce genre, i\F, Cl. Bernard emploie le procédé sui- vant. Un Chien, dont l'estomac a été distendu dans un repas copieux, étant couché sur le dos, on lui fait une in- cision de 2 à o centimètres de long, au-dessous de l'appendice xiplioïde et sur le bord externe du muscle droit de ral)donien du côté gauche. La surface antérieure de l'estomac étant mise ainsi à découvert, on l'attire dans la plaie, on y passe un fil, puis on en fait la ponction, et l'on y introduit une sonde dont les deux extrémités, qui sont gar- nies chacune d'un rebord circulaire large et mince, peuvent être plus ou moins rapprochées entre elles à l'aide d'un pas de vis. En serrant cetinstru- menl, on maintient en contact les bords de la plaie intérieure faite à l'estomac et ceux de l'ouverture extérieure prati- quée dans les parois de l'abdomen; ces parties ne tardent pas à contracter entre elles une adhérence intime, et les bords de l'esp.'ce de boutonnière ainsi obtenue se cicatrisent (c). Dernière- ment M Blondiot a fait connaître quelques modifications dans les pro- cédés opératoires qui lui paraissent faciliter cette expérience intéressante, l'our maintenir l'ouverture fistuleuse, il y introduit un obturateur en forme de champignon, garni d'une goupille qui maintient la portion pédonculairc de l'instrument à l'extérieur (cl). Au sujet du moyen à employer pour l'établissement des fistules gas- triques, je renverrai aussi à un mé- moire de M. Bardeleben (e). (fl) Bassow, Voie artificielle dans l'estomac des Animaux, 1842 {Bulletin de la Société des ualuralistes de Moscou, 184.3, t. \VI, p. 315). (b) Blondiot, Truite analytique de la digestion, 1843, p. 201 et suiv. (c) Cl. Bernard, Leçons de physiologie e.rpérinientale faites au Collège de France en 1855, t. H, p. 385. lig-. 55 à 57. {di Blondiot, Sur quelques perfectionnements à apporter dans l'établissement des fistules gas- triques artificielles {Journal de physiologie, 1858, t. 1, p. 89 et suiv.). {e) ]iiri\e\(iUtiii, l-leilrâge iur Lckrô von der Verdauung (Air.hiu fiir iihysiulogisr.lie Heilkundc, 184'J, t. Vin, p. 2). \[i DIGESTION. de ce viscère et par des ghindiiles iiarliciilières (Ij, de salive apportée par les moiivemenlsde déglutilion, et queltiuelbis aussi de bile provenant de l'inleslin. Mais ce qu'il y a de plus impor- tant dans ce mélange, c'est le suc gastrique, etlapro[)ortion de celui-ci est très variable, car la production de cette humeur n'est pas constante; le travail sécréloirc qui y donne naissance est intermittent, et son activité est soumise à l'influence de [)lusieurs circonstances. Faute d'avoir counn ces faits ou d'en avoir tenu sulTisamment compte, les |)rcmiers expéiimentatcurs qui se sont occupés de l'élude du suc gastri(pie ont été exposés à des erreurs graves, et, avant d'aller plus avant dans l'histoire de ce liquide digestii', il est nécessaire d'examiner de plus près les conditions qui président à sa production plus ou moins abondante. Lorsque l'estomac est en repos, il n'y arri\e (pic peu ou point de suc gastrique, et le liquide contenu daris <'e viscère est formé (1) Dans la 55'' Leçon, nous avons Ml ([uMl oxistc, dans lYpaissenr des parois de restomac, des glandes de deux snrîes, savoir : des glandulos pcpsiqiies qui sécrèlonl lo suc gastri- que, el des follicules qui sécrètent du nuicus (voy. tome "\ I, page 30»') el suiv.). Les premières sont logées prin- cipalement dans la portion moyemie de restomac, chez le Chien, le J.apin et la plupart des Manmiifères ; aussi est-ce dans cette partie que les li(iiii- des fournis par les parois de ce vis- cère présentent au plus luuil degré Tacidilé el les autres caractères propri's au suc gastrique, i'révost el l.e i'.oNer ont constaté ce lait en lavant Tiulérieui- de restomac chez un Ai'.imal \ivanl, puis en y introduisant du linge coloré en hleu par du tournesol : la teinte rouge due à l'action de l'acide du suc gastrique s'esl manifestée surtout dans les i)arlies du linge correspondant à la portion movenne de Testomac {((). Des faits du même ordre ont été con- statés plus récemment par M. Scliifl', professeur de physiologie A Berne. Cet expérimentateur a trouvé que le suc gastri(|iie arliliciel , préparé a\ec la portion pylorique de l'estomac de i'Iinmme, du Chien ou du Lapin, ne jouissait que de propriét(''s digeslives 1res faibles, tandis (pie le liquide ohlenu à Taide (le la partie cardiaque du même organe avait une grande puissance (6). Des expériences analogues ont été laites avec l'estomac du l'orc par MM. Kollikeret Coll (e). (a) Pr(5voslcl Le Roycr, Note sur la diorsHon (Ann. des sciences nal., d8'25, 1. IV, \>. 587). {h) Scliiir, voy. Lonpci, Traita ilc phnsiolofiie, I. I, 'î' |;iiiic, p. IT.). [c) Kôllikci', Miliroskvpistlw .\unlvmte, I. 11, p. 1 il'. l'KOnUCTlON l)L sut; GVSTIUUUE. 15 presquocntièremeiiUlc salive plus ou moins altérée, et de mucus provenant de sa tunique épithélique commune ou des glandules particulières dont j'ai déjà fait connaître la structure et la position (1). Mais lorsque l'estomac est appelé à jouer un rôle actif dans la digestion, le travail sécrétoire se réveille dans les glandules pepsiques, et il sort de ces organites du suc gastrique qui est toujours acide, ainsi (ju'on peut le reconnaître par son action sur le papier de tournesol (2). L'activité fonctionnelle des glandules pepsiques est excitée par la présence des aliments dans l'estomacet par plusieursautres Circonstances qui influent sur la production du suc gastrique. (1) Voyez tome VI, page 308. (2) Spallanzani avait constaté expé- rimenlaloinent que les parois de l'es- tomac produisent un suc particulier qui suinte à sa surface interne (o), et il avait reconnu que les liquides que Ton trouve dans la cavité de cet organe sont des mélanges de ce suc, de salive, de bile, etc. Mais il n'a- vait pas vu que la sécrétion gastrique est intermittente, et il avait pensé que dans l'intervalle des repas , le liquide digestif s'accumulait dans l'es- tomac pour être prêt à agir sur les aliments lorsque ceux-ci y pénétraient Aussi, quand il voulait étudier ce suc, faisait-ii ordinairement choix d'Ani- maux soumis à l'abstinence depuis quelque temps, et il en résulta que, ilans beaucoup de ses expériences, lorsqu'il se bornait à ouvrir l'estomac et qu'il n'y introduisait pas préalable- ment des corps étrangers, tels que des éponges ou des aliments, il recueillit des liquides neutres et inertes. C'est à des circonstances analogues qu'il faut attribuer les résultais obtenus par jMontègre dans ses expériences sur la digestion. Ce physiologiste avait la faculté de vomir à volonté, et il en profita pour étudier les sucs contenus dans son estomac. Lorsqu'il était à jeim, il n'obtint qu'un liquide inerte et souvent complètement neutre, et il attribua aux altérations déterminées dans la salive ou dans les aliments par le travail digestif, le développement de Tacidilc' qui est sou\ent si facile à re- connaître dans les matières qui ont séjourné dans l'estomac (6). Enfin, on peut expliquer aussi par les effets de la déglnlilion de la salive et la sécrétion plus ou moins active du suc gastrique, les faits mal ana- lysés qui ont conduit Gosse à suppo- ser que ce dernier liquide était alcalin chez les Carnivores, bien qu'acide chez les Herbivores (c), el qui ont fait dire à un physiologiste de l'école de Mont- pellier, que le suc gastrique est acide ((() Spallanzani, Expériences sur la (liijeslioii, 1783, p. ^215. (6) Jenin de Montègre, Exiiériences sur la digesUoii dans l'Hoinine. Paris, 1814. (c) Voj'cz Sp.iUanzani, Expériences sur la digestion, iniroduciion, p. cxxii et suiv. 16 DIUESIION, iiiiiiicMcc circonslauces, mais à des degrés ditïérouts, suivant les ijrupriétés des alinienls solides physiques, chimiques et physiologiques des agents excitants sur la sécrétion _, > i d • i < • du En ellet, quand 1 Anunal est a jeun, le suc gastrujue ne se mou- suc ijastriquc. i i , • • i • i . < . tre pas dans 1 estomac ; mais si les parois de ce viscère viennent à être stimuh'esmccaniquoment par le contact d'un corps solide quelconque, on en voit suinler itresipie aussitôt ce liquide, pourvu que l'irritation ainsi produite ne dépasse pas certaines limites, et ne détermine pas dans la meml)rane muqueuse un état morbide. Ainsi l'inlroduction d'une éponge, d'un caillou, ou de tout autre corps solide, insipide et rét'ractaire à la diges- tion, peut exciter la sécrétion du suc gastrique aussi bien que l'ingestion d'une substance alimentaire ; mais les liquides ne l)0ssèdent pas au mcme degré celte propriété stimulante (1), et ne provoquent la sécrétion du suc gastrique que s'ils jouis- sent de propriétés cliimi(pics itarticulicres. En elTet, restoinac ou ;ikalin, suivaul que les alinu-uls ('Uii)lo\(''s sonl (le uaUire auiuiale ou végétale (a). Plus récennneut, M. Scliullz (de Berliu) a nié aussi l'existence d'uu suc gastrique spécial, et a considéré le li- quide contenu dans Testoinac coniuie étant seulement un produit de la di- gestion (/')• ^'«'i^ aujourd'liui une opinion seudtlahle ne peu! être admise par aucun j)li\siologisle. (1) ^e^s la lin du sit^clc dernier, Carminati constata que chez le Chien, les liquides contenus dans l'estomac sont neutres «piand l'Animal est à jeun, tandis ), et AI.Tîeau- niont étendit ce résultat à rilomnie. Effectivement, en explorant à travers la fistule gastrique l'estomac du Canadien dont j'ai déjà parlé, il vit que quand cet individu était à jeun, cet organe ne contenait pas de suc gastrique et ne donnait aucun indice d'acidité ; mais qu'en y introduisant une sonde de caoutchouc, la boule d'un thermomè- tre, ou tout autre corps solide, on dé- terminait sur les parties de la tmiique muqueuse ainsi excitée de la rougeur et une sécrétion plus ou moins abon- dante de suc gastrique acide (c). Les mêmes effets turent produits d'une manière plus prononcée et plus géné- rale, quand les parois de l'estomac étaient excitées par le contact de sub- stances alimentaires (fi). M. Beauniont reconnut aussi que la sécrétion du suc gastrique est suspendue quand la tuni- que muqueuse présente des signes d'irritation inflannnatoire dépendant soit de l'action trop intense des stimu- lants locaux, soit d'un état morbide général, et que , dans le premier cas, la sécrétion du mucus devient sou- vent beaucoup plus abondante que d'ordinaire (e). On doit aussi à M. Blondlol d(^s expériences confirmalives des résultats dont je viens de parler. Lorsque les Chiens chez lesquels il avait *'labli inie fistule gastrique permanente étaient à jeun, cette ouverture ne fournissait pas de suc gastrique et ne laissait échapper qu'un peu de mucus. .Mais s'il faisait avaler à l'un de ces Animaux queUpie corps solide, tel qu'un morceau de viande ou un fragment d'os, il voyait l'é- coulement du suc gastrique se déclarer au bout de quelques minutes et devenir en général assez abondant au bout d'une demi-heure (/'). Les expériences faites par M. Cl. Bernard mettent également en évi- dence l'influence stimulante exercée sur les glandules pepsiques par Tex- citation mécanique des parois de r<'s- tomac ; mais ce physiologiste fait re- marquer, avec raison, que l'irritation portée au delà de certaines limites pro- duit un ell'et contraire, et détermine seulement un écoulement plus abon- dant de mucus. Ainsi, il a toujours vu que si l'on titille légèrement la tunique interne de l'estomac d'un Chien, la sécrétion du suc gastrique s'active , tandis qu'elle se ralentit ou s'arrête , quand l'excitation méca- nique ainsi produite occasionne de la douleur {g). (a) Tiedemann etGmeliii, Recherches expérimentales sur la digeslion, t. I, p. 91 el suiv. (b) Leuret et Lassaigne, Recherches pour servir à l'hisloire de la digeslion, p. HO. (c) Beaumont, Experimenls and Observations on the Gastric Jnicc, p. 103 et suiv. (d) klein, ibid., p. 105. (e) Idem, ibid., p. 107 et suiv. (/■) Blondlol, Traite atiahjtique de la digestion, p. 208 et suiv. {g) Cl. Bernard, Expériences sur la digestion stomacale, et recherches sur les iii/luences quipen- vent modifier les phénomènes de cette fonction {Archives générales de médecine, 4* ;érie, ISlii part, anatom. et physiol., p. 5). VU. 2 18 DIGESTION. lion, et qui est mise enjeu |»ar certaines propriétés chimiques ou physiologiques des corps, propriétés qui semhlent être liées à celles dont dépend la saveur de ces sid^stances. Or, les excita- tions déterminées de la sorte provo(pient la sécrétion du suc gastrique beaucoup plus fortement que ne le font les stimulants mécaniques; mais il est à noter que leur action gagne beaucou[» à être combinée avec celle de ces derniers agents, qui, en déterminant dans la membrane muqueuse de l'estomac un état turgide, semblent la prédisposer à sécréter rapidement les sucs élaborés dans ses glandules. Influence Parmi les agents chimicpies qui provoquent de la sorte la des aaenls ,/. ■ ,• -iPi ••'t i chimiques s(;cretion du suc gastrique, n tant ranger en première ligne les sur la sécrétion , ^ > \ . i i • , i i • du substances légèrement alcalines, et cela nous e.xpuque com- guc gastrique. ^^^^^^ l'cuiploi du bicarbouatc de soude, administré à petites doses immédiatement après le repas, peut, dans certains cas, faciliter le travail digestif, fait qui a été mis en évidence par la pratique médicale. L'activité (pie les dissolutions alcalines faibles impriment aux glandules pepsiques, quand elles arrivent en contact avec les parois de l'estomac, nous permet de com- prendre aussi comment la déglutition de la salive peut favoriser la digestion, lors même tpie les aliments enqiloyés ne sont pas de nature à se laisser attaquer j)ar ce liquide. En raison de riiitluence exercée de la sorte d'une manière indirecte sur le travail digestif par la salive, nous pouvons prévoir que la mas- tication parfaite des aliments ne sert pas seulement à produire la division mécanitiue de ces substances, car nous avons vu que les mouvements nécessaires à l'accomplissement de cet acte provoquent l'insalivation (0 : or, la salive est ab^dine, et par consé(pieul la mastication, en (It'lcrniinant un envoi plus abon- dant de ce li<|iii(lc dans l'cstoniac, duit stimuler indirectement la sécrétion du suc gastriipie dont dépend essentiellement la (I) Nojt'z luiiH'. VI, page2i0. l'UODUCTION DL' SUC GASTHlQUIi. 10 digestion sloniacalc. C'est, du reste, un elïet que les médecins avaient souvent remarqué avant d'en connaître l'explication. En signalant rinfluence stimulante des matières alcalines sur la [)roduction du suc gastrique, j'ai eu soin de dire que je n'en- tendais parler que des dissolutions très faibles. En elTet, tous les agents chimiques, de même que les excitants mécaniques, quand leur puissance dépasse certaines limites, déterminent dans la membrane muqueuse de l'estomac un état pathologique qui, loin d'activer cette sécrétion, la ralentit ou l'arrête, et dans ce cas leur ingestion détermine par conséquent un trouble j)lus ou moins grand dans les fonctions digestives (1). D'autres substances, par leur action directe sur l'estomac, affaiblissent le travail sécrétoire des glandules pepsiques, bien qu'elles puissent ne pas produire un état inflammatoire dans la muqueuse gastriciue. Les acides faibles sont dans ce cas. La température des matières introduites dans l'estomac peut déterminer aussi des variations considérables dans la production du suc gastrique. Ainsi, l'ingestion d'une petite quantité de glace ou d'eau froide dans l'estomac excite la sécrétion de ce li(piide ; mais si l'action du froid se prolonge un peu, il en résulte des efl^ts opposés (2). (1) Ces faits nous permelteut aussi le travail des gliuidulcs gastriques qu'il de comprendre comment la puissance active la digestion. Les vieillards privc's digestive peut être parfois considéra- de leurs dents doivent donc ne pas blenient affaiblie par la perte des dents, négliger de faire les mouvements mas- lors même que les personnes alfcctées ticatoires qui provoquent l'insalivation, de cette indrn'ité cherchent à y re- et l'emploi de dentiers artificiels, en médier en divisant au couteau lem"s facilitant-ces mouvements, peut ainsi, aliments autant que le ferait une dans certains cas, contribuer à forti- mastication complète. Quand il s'agit fier utilement les fonctions de l'esto- de substances féculentes, la salive a mac. aussi d'autres usages ; mais pour la (2) M. Claude Bernard a constaté ce viande et les autres aliments azotés, double mode d'action du froid dans ses ce liquide n'est pas un agent digestif, expériences sur les Chiens (a), et l'on et c'est principalement en provoquant sait que l'usage d'une petite quantité {a) Cl. Bernard, Expcr. sur ta digesllon (Arcli. de méd., 4° série, 1810, [Mit. anal, cl phys., p. 7). 20 DHÎKSTION. intiuencc Des scnsatioiis (jui ne peuvent agir que d'une manière indi- '''^!;u!tTtiver recle sur l'eslomac sont susceptibles d'éveiller l'activité des ""' '''d^™" giandules pepsiques, et de faire at'lluer le suc gastrique dan? suc gastrique. ^^^^ orgaiic. L'aclioudcs corps sapides sur les parois de la bouche sulïit pour produire cet elïet, et la sécrétion de ce liquide digestif peut niônie être excitée par l'odeur des ali- inenls (1). Ainsi, dans une série intéressante d'expériences sur la digestion, faites sur des Chiens au moyen de fistules gas- tricpies, M. Blondlot a vu rpie du sucre introduit directement dans l'estomac par celte voie ne provoquait pas une sécrétion aussi abondante de suc gastrique que lorsijue cette substance était administrée par la bouche ('2). J'insiste sur ces circonstances parce qu'elles nous permettent de comprendre l'iililité réelle des préparations culinaires destinées à rehausser la savciu^ de nos aliments. En effet, beaucoup de substances appelées condiments^ bien qu'impro- pres à jouer le rôle d'aliments, peuvent contribuer à l'alimen- tation en augmentant la |)uissance digestive dont l'organisme dispose, et|)roduireceteffet, soit en stimulant directement l'eslo- mac par leur contact avec les parois de ce viscère, soit en excitant dans les organes du goût des sensations qui se rétlé- chissentpour ainsi dire siu^ les glandulcs pepsi(iues. de slncc, pciulani le repas, active no- tre (lif;;('slion, tandis qne l'enipUti de bcanioiip de eelte sul)slancc tr()id)le parfois li's l'oin'lions di! l'estonia<'. (1) MM. lîidder et Sclnnidl ont ol)servé res effets cliez des Chiens portant nne listulc gastiiqne aitili- cieile ((/). (2) M. lîiondlol s'est assnn- (pie cette dillV-rence ne dôpendiiil pas seu- lement (le ce (pie d.ins un cas le sucre n'arrivait dansTestouiac qu'après avoir (it(î mêlé à de la salive, et que dans l'antre cette substance se trouvait seule. Kn effet, il a constattî (pie le sucre, pr(-alal)lenient inil)ib(' de salive et introduit dans l'estomac par la tis- liile, ne provoquait pas à beaucoup près ant.uit la sécriUion pepsi(pie (pie le laisail une luème quantit('! de cette substance sapide prise par la bouche (/(). (a) Biddor et ScliniiJl, Die Vcrdauuwjssàfu, uiid dcr S'o/f/veiiisti, 1S5-2, p. 35. {bf Dlmilloi, Triulc (oii/y/i'/iic de it dijcstion, |>. il\ cl suiv. mODUCTIOiN DU SUC GASTRIQUR. 21 Entin, la production du suc gastrique paraît être suhordon- née à l'influence exercée sur l'estomac par le système nerveux, et cette action peut ralentir ou arrêter ce travail séerétoire aussi bien que le provoquer. Ainsi des douleurs violentes, quel qu'en soit le siège, arrêtent la sécrétion de ce liquide digestif (1). On sait par les expériences d'un grand nombre de physiolo- gistes, que la section des principaux nerls de l'estomac, appelés pneiunogastriques, trouble profondément les fonctions de cet organe, et quelques auteurs ont pensé que la cessation ou le ralentissement du travail digestif déterminé de la sorte dépen- dait de l'arrêt de la sécrétion du suc gastrique. Cette opinion n'est pas fondée, mais il est évident que l'opération dont je viens de parler entraîne un aflaiblissement marqué dans la production du liquide pepsique (2), et cela dépend probablement de ce que l'excitation des parois de l'estomac par le contact Influence du système iieneux. (1) Ou sait depuis longtemps que des douleurs vives peuvent empêcher le travail digestif de s'accomplir, et Tex- plicalion de ce fait nous est donnée par Tarrèt déterminé ainsi dans l'activité fonctionnelle des organes sécréteurs du suc gastrique («). (2) Ainsi que j'ai déjà eu l'occasion de le dire (6), les pliysiologisles de l'antiquité, puis ceux de la renais- sance et de l'époque actuelle, ont sou- vent pratiqué sur des Animaux vi- vants, soil la ligature, soit la section des nerfs pneutiiogastriques dans la région du cou (c) ; et parmi les phé- nomènes qui se manifestent à la suite de cette opération, on remarqua de honne heure les vomissements et d'au- tres signes indicatifs d'un grand trou- hle dans les fonctions digesUves (d). Blainville et plusieurs autres physio- logistes qui s'occupèrent de ce sujet, vers le commencement de notre siècle, crurent pouvoir déduire de leurs ex- périences que l'interruption des fonc- tions de ces nerfs détermine l'anéan- («) Cl. Bernard, Expériences sur la digestion slumacale (Archives gèit. de médecine, iSid, partie analoni. et pliysiol., p. 5). {bj Voyez tome IV, page 135. (c) Pour les indicaiions bibliographiques à ce sujet, je renverrai à un nii'nicire que j'iii public in commun avec Brescliel et M. Vavasscur, il y a près de quarante ans (Archives (jénérales de méuecuie, 1823, I. 11, p. 4SI). (d) Baglivi, Ile observationibiis anatomicis elpraciicis, varii argvmenti, cxp. 7 (Opéra omiiiii, édit. de 1145, p. 616). — HnlIiT, F.iemevifl plmsiol'^oi"', '• 'i P- ^^^-- 22 DIGESTION. des aliments, ne pouvant plus être transmise aux centres médul- laires par les nerfs pneumogastriques, ne provoque pas l'action nerveuse réllexe dont rintluence est si puissante sur les glandules pepsiques. Évaiuaiion P^^^ l'ensemblc des faits dont je viens de rendre compte, on Maquani.te ^.^^jj ^||jV| t;enijt frès difficilc d'arriver à une évaluation, même sIcS"*' ^approximative, de la quantité totale du suc gastricpie qui chaque jour est versé dans Teslomac, soit de l'Homme, soit suc tisseinent ou tout au moins un grand airaiblisseincntdes forces digcstivos {a). Knfin , Wilson PIn'li|) , apri-s être arrive' à la même conclusion et avoir observé des effets semblables lors de la destruction d'aulros parties du sys- tème nerveux, attribua Tinterruption du travail digestif à l'arrèl de la sécré- tion du suc gastrique, et pensa que Ton pouvait rétablir l'artivité fonction- nelle des glandes de reslomac en y f.ii- sant passer un courant galvanique (6). Magendie jirofessa une opinion con- traire, cl soutint que 1" influence des nerfs pnenniogaslriqnes était nulle ou presque nulle (r) , et le débat ainsi engagé donna lieu à beaucoup de re- cherches contradictoires, l'iusieurs expérimentateurs apportèrent de nou- veaux faits à ra])])ui des vues de Wil- son Philip {(l) ; d'autres les rejetèrent dune manière absolue (o), et quel- ques-uns constatèrent qu'à la suite de la section des pnemnogastriques, la digestion stomacale, sans être arrêtée, était considérablemonl allaiblie (/") ; (a) Blaiiivillo, Propositions extrailes d'un essai sur la respiralion, llièse. Paris, 1808, p. 3J. — Lej^allois, Expériences sur le principe de la vie, 1812, p. 214, etc. — Diipiiis, F-rpàriences sur la section, la lujalure, etc., des nerfs pneumogastriques (Bulletin de la Société médicale d'émulation de l'aris, ISIG, p. COGj. (b) Wilson l'Iiiiip, An expérimental Inquiry into the Laivs ofthe Vital Funclions, etc., 3* éJit., 1820, p. 121 cl sniv. (c) iMa;,'onilie, Précis élémentaire de physiologie, 1817, t. II, p. 05. (d) Claïke Alicl, Experimcntsrclalire to the Coniroversy between D. Wilson Philip and M. Brodie [Lnndon Médical and Physical .Journal, 1820, t XLIII, p. 385). — Hastliiss, Déclaration, elc. (London Mcd. and Physical Journal, 1820, t. XLIII, p. 254). — Observ. on the Effects ofdividiny thc Eighth l'air of i\ervcs (The Quarterly Journal of Science, lAtter. and the Arts. 1821, l. NI, p. 45). — Macdonalcl, ,S(.'(/e7i.« f.i/it'cim. quœdam de ciborum concoclione, dissent inaug. Edinb., 1818. (e) Broii;,'liUiii, Experimcnts and Itemaiks Itluslrating the Influence of the Eighth Pair of Nerves over the Organs nf Itespiration and IHiicstiim {Quarterly Journal of Sciences, 1821, t. X, p. .'108). — Leiirot et Lns.saipnc, Ptcchcrches sur la digestion, 1825, p. 210. (/■) lirefiliol, Miliie Edwards et Vavasscur, De l'influence du système nen'eux sur la digestimi stomacale (Archives générales de médecine, 1823, I. Il, p. 481). — Ticdciiiaiiii et (linelin, liecherchcs cxiiérimcnlates sur la digestion, t. I, p. 372. — VVare, Eflets de ta section des nerfs pneumogastriques sur la digestion {Archives géné~ raies de médecine, I. XI.\, p. 104). — Majer, A'eHc l'ntcrsuch. iibcr die Folgen und insbesondere iiber die Ursache des Todes der Thiere nach Untcrbindung dcr Nervus va^'us {Zeitschrifl fiir Ptiysiol., von Treviranus, 4 82ti, l. II, p. 78). • — Miillnr, Manuel de physiologie, Irad. par Jdiirdiin, I. Il, p. 452. PRODUCTION DU SUC GASTRIQUIJ. 23 d'un Animal (lueleonque. Quelques physiologistes ont lait des calculs à cet égard , mais les résultats auxquels ils sont arrivés ne me semblent pouvoir inspirer (|ue peu de conliancc, et j'ajouterai seulement que, dans quelques cas au moins, la quantité du liquide Iburni par les glandules gastriques est très considérable (1). puis ils clierclièront à mieux analyser ralontie {d), et, clans quelques cas, ses les phénomènes dont ils avaient été té- produits sont modiliés dans leur com- moins, et firent voir que Finfluence position chimique, ainsi que cela a été de cette section sur les mouvements de constaté dans quelques-unes des expé- i'estomac doit être considérée comme riences de M\l. Bidder et Schmidt (p). la principale cause du ralentissement (1) ^IM. Bidder et Schmidt ont cher- de la digestion qui se manifeste après clié à évaluer la production du suc l'opération (a). Cette opinion a été gastrique chez Tllomme, au moyen de conlirmée par des recherches plus ré- quelques expériences faites sur des centcs (6), mais il ne faut pas la Chiens dont l'estomac avait été mis en pousser trop loin, et supposer que la communication avec l'extérieur par cessation de l'action des nerfs en ques- une ouverture fistuleuse. D'après la tion soit sans influence sur la sécrétion quantité de liquide recueillie en quel- pepsique (c). Cette sécrétion cessera- ques heures, ils calculèrent la quantité rement chez les Animaux sur lesquels qu'ils supposaient devoir être sécrétée la section de ces nerfs a été pratiquée, journellement, et en comparant ensuite mais elle est en général notahlement les données numériques ainsi obtenues (a) Breschet et Milne Edwards, Mémoire sur le mode d'action des nerfs ptieumogastriques dans la production des phénomènes de la digestion (Archives générales de médecine, 1825, I. VII, p. 187). (b) Weber, art. MuskeWewegung (Wagner's Handwôrtcrbuch der Physiologie, t. 111, i' rarlie, p. 48). — Longet, Physiologie du système nerveux, t. II, p. 351 et siiiv. (c) Wûller, Manuel de physiologie, t. II, p. 452. — Dieckoff, De actione quam nervus vagus in digestionem ciborum exerceat, dissert, inaiig. Berlin, 1835. — P.eid, An expérimental Investigation into Ihe Functions of the Eighth Pair of Xerves (EdinburghMed. Surg.Journ., 1839, t. LI, p. 310). — Bischoff, Einigephysiologischc-anatomlsche Beobachtungenan einem Enthaupteten (MiiUer's Archiv iilr Anat. und Physiol., 183S, p. 4'JG). (d) Prévost et Le Rojer, Note sur la digestion (Ann. des sciences nul., i 825, t. IV, p. 487). — Longet, Physiologie du système nerveux, t. II, p. 337 tt suiv. — Traité de physiologie, t. I, 2» partie, p. 257. — Boiicliardat et Sandras, Expériences sur les fonctions des nerfs pneumogastriques dans la digestion. (Comptes rendus de VAcad. des sciences, 1847, t. XXIV, p. 58). — Cl. Bernard, De l'influence des nerfs de la huitième paire sttr les phénomènes chimiques de la digestion [Comptes rendus de VAcad. des sciences, \8ii, t. XVllI, p. 995;. — Frerichs, Die Verdauung (Wagnei's HandwOrterbuch dcr Physiologie, t. 111, 1 " p;irlic, p. 822 et suiv.). (e) Bidder et Schmidt, Die Verdauunyssuftc, p. Cl . — Kôlliker et H. Millier, Bericht ûber physiologische Versuche [Verhandlungen der physika- lisch-medicinischen Gesellschaft in Wùr;ihurg, 1855, t. V, p. 220). Composition chimique du suc gastrique, 2/i. DIGESTION. ^ S. -- Le suc gastrique est ordinaireuieiit mêlé à une plus ou moins grande quantité de mucus qui en altère la trans- parence; mais quand on l'en a séparé à l'aide de filtrations, on trouve qu'il est composé en majeure partie d'eau, et en général il ne laisse parl'évaporation qu'environ 1 à 1 ,5 pour 100 de résidu solide. Un cliimistc italien du siècle dernier, Scopoli, fut le premier qui tenta d'en taire l'analyse, et il y reconnut la présence d'une matière animale, de substances terreuses et du corps que l'on désigne aujourd'hui sous le nom d'acide clilorbydrique ; mais ayant, suivant toute probabilité, opéré sur du suc altéré par la putréfaction, il vit que le liquide ver- dissait le siro[) de violette, et, en raison de cette réaction et de l'odeur particulière qu'il constata dans d'autres circonstances, il pensa que cet acide devait s'y trouver uni à de l'ammonia- que (1). Vers la môme époque, Carminati fit aussi quelques essais du même genre, et il remarqua que le suc gastrique normal est nu poids total du corps de cliiuiin^ Animal (iinployé, ils arrivèrent à ce résultat, que, pour! kilogrannnodocc poids, il y a foriualion de 100 graniiues do suc gastri(pie. Admettant ensuite que la même proporlionnalit»- existe entre le poids du corps luunain et le jxtids du suc ^astricpie sôcrété', ils (.'s- limenl à pi'i's dr (> kilot^ranimes el demi la (iiiaiilil"' di' li(|iiidt' (|ue Tcs- loniac d'un Homme de taille ordinaire (Idil si'Crt'I.T dans les vinf^l-(piatrt; lieiu'es {a). Chez la lemme de Dorpal, qui por- tail une listule gastrique, <■! dont j'ai i\é\h eu roccasion de parler, la quan- tité de suc gastri(iur iniirni \y.n- cri orifice était beaucoup plus considéra* blc. Dans quekjues circonstances, Té- coulement était si abondant, que dans l'espace do quinze minutes on a recueilli pkisde30() 2;rannnes deceli(pnde (6), et ^\. Scbmidt révaluo on moyenne à 580 sîrammes par In'urc, ce (|ui cor- respondrait à i'4 kiiogranunes par jour (c). Mais il me j)araîl impossible tlo supposer (jui' dans l'état normal les choses puissent se passer de la sorte. (1) Les expériences de Scopoli i'urcnl iailes sur du suc ajaslrique rocui'illi sur un Corbeau par Spal- lanzani. et elles se irouveni consi- f^nées dans l'ouvrap;e de ce pliysiolo- (n) Riddcr pl ?rlimiilt, Die VevdauuDgs.iàftc nnil da- Slnfl'itfchsel, p. 30. {b) C.nMU'waUli, Op. rit [WvcUow'i Arcliiv fur phusiol. Iliniliunde, 1854, l. Mil, p. 4Cr>). ((•) Sclmii'li, l'clier die Cdiisliliiluin des mcnscUiu hcn Mani-iiniiflfs lAnn.dri' Clu'in. iind Pharni., \,>u I.irlu- miel Wohl.T, 18.M, I. M'.II, p. iSi. ((() Spallntr/;ii)i, K.rpi'rirnres s-iir In diqfntinn, 1*8:1, p. 200. COMPOSITION no slk; r.\sTr,iQUR. 25 toujours acide, fait que les recherches ultérieures ont plei- nement démoniré (1). ]Mais la nature du principe qui donne à ce liquide son acidité resta longtemps encore inconnue, et aujourd'hui même tous les physiologistes ne sont pas d'accord sur ce point. On pensa d'abord que le suc gas- trique contenait de l'acide lactique (2), et quelques expé- (1) La rdaction acide du liquide l'ounii par les parois de restoniac avait tUé constatée chez le Cochon, vers la fin du xvii'^ siècle , par Viridet (a) : mais, d'après les expériences de Spal- lanzani et de quelques autres physio- logistes, on considérait généralement le suc gastrique comme étant neu- tre (6) ; et Carminali paraît avoir été le premier à remarquer que, s'il on est ainsi chez les Animaux à jeun, il en est autrement après les repas, et qu'alors les liquides de l'estomac sont acides (c). L'acidité du suc gastrique fut constatée ensuite par heaucoup d'autres expérimentateurs {d) ; mais, ainsi que je l'ai déjà dit, plusieurs physiologistes n'admirent pas ce fait, jusqu'à ce (jue les expériences pra- tiquées sinniltanément en France par Leuret et Lassaigne, et en Allemagne par Tiedemann et Gmelin, fussent ve- nues lever toutes les incertitudes, et donner l'explication des ol)servalions contradictoires qui jusqu'alors justî- liaient les doutes. (2) L'existence de l'acide lactique dans le suc gastrique du Veau fut an- noncée en 1786 par Macquart (e), et vers 1816 M. Chevreul, en exa- minant une certaine quantité de liquide expulsé de l'estomac de l'Homme par régurgitation volontaire , y trouva : 1" de l'acide lactique uni à une ma- tière animale soluhle dans Teau et insoluble dans l'alcool ; 2" un peu de chlorhydrate d'ammoniaque et de chlorure de potassium ; 3" une cer- taine quantité de chlorure de so- dium ; [x° du mucus , et 5" beaucoup d'i^au (/"). En I8'2i, (h-aves trouva de l'acide lactique dans le liquide vomi par un malade atteint de dyspepsie (g), et en 1825 Leuret et Lassaigne con- clurent aussi de leurs expériences sur le suc gastrique du Chien , que ce liquide contenait de l'acide lactique, du chlorhydrate d'anunnniaque , du (rt) Viridet, Traclalus novus medico-i)hyskns de. prima cocUone, frœcipueque de ventrkuti fermento. Genève, 1G95, p. 224. (b) Spallanzaiii, Expériences sur la digestion, p. 289, etc. (Ci Carminali, Ricerclie suUanntura et snijU usi del sttrco ijastrico in mcdlcina e in chirurgia, 4785, p. 56 cl suiv. {d) 13ruçnalelli, Versuch eiuer chemisdien Zerlegung der Magensdfle (Crell's Deitrage ^u den chemischea Annnien, ilHG. 1. 1, 4" caliier, p. 79). — Werner, Dissert, sistens expérimenta circa modum qiio chijmus in chylum mutattir. Tubingen, 1800. {e) Macquari, Mémoire sur le suc gastrique des Animaux ruminants {Mém. de la Soc. rogale de médecine, 178(5, p. 355). (fjVoyez Mai;entlie, Précis élémentaire d» physiologie, l"(''ili(,, 1816, ri 2'i'i!il., t. II, p. 1 1 . (;V) Trnns. nf Ihe Coll. of l'hyxiciitvs in Irelnnd, 1. IV, n" HO. 2G DIGESTION. ricnecs tendirent à établir qu'il contenait de Tacido phospho- rique lil)re (1). Mais, en 182/i, Prout (2) étudia d'une manière plus complète la question, et fit voir que le liquide dont les aliments sont impré- gnés dans l'estomac de divers iMammifères contient de l'acide chlorhydrique à l'étal de liberté, ou du moins non combiné, soit avec des bases fixes, soit avec de l'ammoniaque (3). Les chlorure de .sodium, une matière ani- male solubhî dans Teau, du mucus, du pliospliaU! do chaux ol <)8 ccnticmcs d'eau ((/). l'his réconunent, .AIM. Ber- nard et Barrcswll ont été conduits par leurs expériences à admettre aussi que les propriétés acides du suc gastrique sont ducs à la pn'sence d'une certaine quantité d'acide lactique libre (6). (1) Macquart, qui étudia vers la fin du siècle dernier le suc {gastrique du Bœuf et du Mouton, en retira de Ta- cidc pliospli()ri(|iie, ainsi que du phos- l)iialc de chaux, du sel uuu'in et des matières organicpies, et il considéra l'acide phosphorique comme y étant libre. Dans le suc gastrique du Veau il crut reconnaître aussi de l'acide lactique (c). (2) Dans ses premières publications, Prout allribua aussi l'acidité du suc gastri(|U(', laulùl à de l'acide pliospho- ricpu' lil)re, d'autres fois à de l'acide carl)(ini(iue (r/) ; mais, plus tard, il changea d'opinion. (3) Les recherches ûc Prout por- tèrent sur les liquides trouvés dans l'estomac de divers AnimaiLx (tels([uc des Chiens, des Lapins et des Che- vaux) tués pendant que la digestion était en pleine activité. Au moyen de l'azotate d'argent, il dosa, d'une part, la quantité totale de chlore contenu dans les cendres laissées par l'incinération du résidu solide d'un poids donné du suc ])réalablement saturé par de la potasse ; d'autre part, il détermina la quantité de chlore qui était retenu dans les cendres du résidu simple- ment desséché sans additions ])réa- lables de potasse, ce qui lui donnait la proportion du premier de ces corps existant à l'état de chlorure sodique dans le li(|uide, et, en déduisant le poids ainsi obtenu de celui fourni par rexpérience précédente, il calcula la (juautité d'acide chlorhydrique qui se trouvait en excédant. Enfin, dans une troisième expérience, il constata que cet acide en excès n'était combiné, ni avec de l'annuoniaque, ni avec un autre alcali (e). Eu distillant le liquide fourni par les matières alimentaires contenues dans (a) Leiirel et Lassai(;ne, Recherches pour servir à l'histoire de la digestion, p. 1 i;i. {h) lîcrnard cl liarrcswil , Sur les phc'noincnes cliimiques de la duiestum {Com]itcs rendus de l'Acad. des scmices, 1844, l. MX, y. l'284). {r) MMcqiiart, Mémoire siir le sur gastrique des Animau.t ruminants {iléin. de lu Soc royale de médecine pour 1786, (i. ;!55). (d) W.Proul, Méiii. sur les phénomènes delà sanguification (Jouriiiit de physique, 1819, I. LXXXIX, p. 130). (e) W. l'roiit, On Ihe Nature of the Acid and Saline Matters usualltf exisllng in the Stomacli of Animais {Philos. Trans., 1824, y. 45). COMPOSITION DU SUC GASTRIQUE, 27 résultats obtenus [)ar ce ehiuiisle lurent confirmés par les recherches de Tiedemann et Gmelin, de Braconnot et de plu- sieurs autres auteurs (1). Il est vrai qu'un physiologiste distingué de l'école médicale de Nancy, M. Blondlot, en conteste l'exactitude; il pense que la réaction acide du suc gastrique est due à laprésenced'un phosphate acide de chaux, et cette opinion a été partagée par quelques auteurs, mais elle n'est pas fondée. Le phosphate acide de chaux qui souvent se rencontre dans le suc gastrique du Chien, n'est pas une des matières constitu- tives de ce liquide, mais un produit de la digestion des os (2). l'estomac d'un supplicié, !\I. Endcrlin en a retiré de l'acide clilorliydrique libre (a). (1) Tiedemann et Gmelin concluent de leurs expcrionces sur le suc gas- trique du Gliieu et de plusieurs autres Mammiières, que ce liquide contient plusieurs acides libres, savoir : 1" De l'acide chlorliydricpie ; 1" De l'acide acétique ou lactique, car ils considèrent ces deux acides comme identiques ; 3" De l'acide butyrique. Us en retirèrent aussi une matière animale qu'ils assimilèrent à la matière salivaire, de l'osmazomc, du mucus et divers sels minéraux (6). En 1835, Braconnot étudia chimi- quement du suc gastrique recueilli sur un Chien par M. Blondlot, et ses expériences le conduisirent à admettre que ce liquide contenait : l" de l'acide chlorhydrique en quantité remarqua- bl(^ ; 2" de l'hvdrochlorate d'ammo- niaque ; 3° du chlorure de sodium en assez grande quantité ; 4° du chlorure de calcium ; 5" du chlorure de fer ; 6" des traces de chlorure de potas- simu ; 7" du chlorure de magnésium ; 8" une huile colorée , d'une saveur acre ; 9° une matière animale soluble dans l'eau et dans l'alcool ; 10" une matière animale solui)le dans les acides afl'aiblis; 11" une matièn* animale so- luble dans l'eau et insoluble dans l'al- cool; 12» du mucus; 13° du phosphate de chaux (c). ('2) Les expériences sur lesquelles Prout s'appuya pour établir que le suc gastrique contient de l'acide chlorhy- drique libre, ont été confirmées par Prévost et Morin (d), ainsi que par plu- sieurs physiologistes, mais elles ne sont pas à l'abri de la critifiue. Ainsi Leuret et Lassaigne montrèrent qu'elles n'é- taient pas exemptes de quelques causes d'erreur dépendantes de la production de cyanures par l'action de la potasse (a) Enderlin, Ueber die Saurai des Magensaftes (Annalen der Chemie und Pharm., von VVôliler iind Liebig, l«i3, t. XLVI, p. 122). (b) Tiedemann et Gmelin, Recherches sur la digestion, t. I, p. 1G6 et suiv. (c) Braconnot, Expériences chimiques sur le suc gastrique {Ann. de chimie et de physique, i 835, t. XLIX, p. 348 et suiv.). (d) Prévost et Morin, De la digestion- rhei les Herbivores {Journal de pharmacie, 3* série, 1843, t. lit, p. 34.'-, (.( sniv.). 28 Dir.KJ^TION. C'est aussi à des circonstances accidentelles qu'il l'aut attribuer la présence de l'acide butyririue, (jue l'on a parfois rencontré sur kvs matières organiques pendant la calcinatiou, et de la précipitation de l'ar- gent par ces produits {a). Du reste, Pront donna à ce sujet des explications satisfaisantes (/;) ; mais "M, Frericlis lit remarquer ensuite que dans le cas où il existerait dans le suc ijastrique, en présence du rlilorure de sodium, un acide plus lixe que Tacide clilorliy- drique, celui-ci serait déplacé et mis en liberté pendant la calcinalion (r). Enfin, M. Blondlot, à l'aide d'une expérience très simple, crut pouvoir démontrer qu'il n'existe dans le suc gastrique ni acide clilorliydiique, ni acide lactique libre, et que l'acidité de ce liquide est due à la présence d'un bipliospliatc de soude. En effet, ayant cherché à saturer une certaine quan- tité de ce suc avec de la craie, il n'ob- serva aucune eflérvescence : or , les divers acides dont je viens de parler, ainsi que l'acide phosphorique, etc. , attaquent fortement celte substance et eu chasseni l'acide carI)OMi(|ue ; mais le phosphate acide decliaux n'agit pas de la sorte. Al. l'ilondlot eu cduclut (pi'il ne pou\. HC. {h) Prout, Ih'iiiarhs on certain OI)jfti.ns inadc tnj MM. Lcurci and I.assaiijne and by ProCçssors Tiedcmann and Cmdin in tlteir l\o;Aç nn Hiqcstinn , jmrtirutartu witli respect tu tlie l'resence iif frec Munattc Acid in tlie Stomacli of Animais {.\nn. of l'Iiiliisui'lin, new Séries, ls2(i, t. Ml, 1>. 405). (c) l-'rrriclis, Die Yerdauxing (NVa;,'iici's llandirùrlerlntcli dcr l'Iinsiologic, l«it!, 1. lit, p. 7S|). ((/) Dlonillol, Traité analytique de la digestion, 1843, p. 40 cl siiiv. (r) Uornard et Barreswil, Sur les plii'nomcncs chimiques de la digestion {Comptes rendus de. iAcad. des sciences, 1841, l. MX, ]>. 1285). (/ 1 Mrl-eiK, Heclierelies sur lacidilc du suc gastrique [Comptes rr.ndus de iAcad. des sciences, 1K44, I. MX. p. Ii281)). (g) Oiniias, Traité de rhimie, I. \III. p. n04. dans le sue gastrique (1), et d'après l'ensemble des faits eonnus, il me paraît indubitable rpie c'est essentiellement à l'existence d'une certaine (juantité d'acide cblorhydriciue, ainsi que d'acide par lesquels M. Bioiullot a souleiui sa première opinion no me paraissent pas concluants (a). M. SchifT a vu le spath fluor devenir opaque et un peu inégal à sa surface par l'action du suc gastrique, mais il n'a pu constater une diminution de poids dans le minéral ainsi attaqué (6). Ce physiologiste a constaté également un faihie dégagement d'acide carboni- que quand on fait agir ce liquide sur du carbonate de chaux. Enfin, il a re- connu que la quantité de chaux tenue en dissolution par le suc gastrique augmente quand ce liquide a agi de la sorte sur de la craie. Du reste, il a trouvé que, par son aclion sur le carbonate de chaux, cette humeur ne perd jamais son acidité, ce qui sup- pose qu'une partie de son acide est à l'état de combinaiyon très faible, mais non décomposable par la craie. n résulte aussi des expériences de ;\1M. Bidderet Schmidl que le suc gas- trique des chiens contient du phos- phate acide de chaux, quand ces Ani- maux ont mangé des os, mais n'en renferme pas quand ils ont été privés de ces corps pendant quelque temps ; en sorte que le résultat chimique ob- tenu par Blondlot, tout en étant exact, pourrait être dû seul(\ment à la pré- sence de fragments d'os dans l'esto- mac des Animaux soumis à ses expé- riences (c). .rajouterai que , dans une expé- rience, AI. Schiff a constaté laprésencc du phosphate acide de chaux dans le suc gastrique d'un Chien (jui avait ujangé des os deux jours avant l'extraction de ce liquide, mais qu'il n'en trouva aucune trace chez deux autres Chiens qui avaient été privés d'os depuis cinq jours. On sait, du reste, que les os en contact avec les acides, même les plus faibles, tels que l'acide carbonique, abandonnent une certaine quantité de chaux, et donnent naissance à du i)hosphate acide de chaux (t7). AI. Landerer a trouvé également de l'acide chlorliydrique libre, et faisant effervescence avec le carbonate de chaux , dans le suc gastrique d'un Chacal. Il y a reconnu aussi la pré- sence d'une certaine quantité de phos- phate acido de chaux (c) . (1) L'existence de l'acide butyrique dans le suc gastrique a été constatée deux fois chez le Cbeval par Tiedc- inann et Gmelln (/"). AI. Enderlin a trouvé aussi ce prin- (n) BIoïKllol. XouveUes reclierclu's cldmiqtws sur la nature et l'origine du vrincipe acide qui domine dans k suc gastrique, 1851 (extr. des Mém. de la Société des sciences, lettres et arts de Nancy). (b) Voyez Loiiget, Traité de plnjsiohujie, t. I, 3° partie, p. 198. (c) Bidder et Sclimidi, Ueber die Verdauungssàfte, p. ii. (d) Voyez Alplionse Milne Edwards, Études chimiques sur les os [Anu.des sciences nat., 4" série, 1800. t. XIII, p. 159 et siiiv.). {e} Voyez Buchner's Repcrtorium, t. VIII, p. 3 4^. (/") Ticdcinaiiii et Gmcliii, Rcch. sur il digestion, t. 1, p. Ilj'7. 30 DIGKSTIUN. lactique libre ou faiblement uni à des matières animales, que ce liquide doit son acidité. 11 est vrai que les expériences sur les(iuelles la plupart des chimistes se sont fondés pour admettre l'existence du premier de ces corps, ne sont pas complètement probantes, car elles ont été faites à chaud, et Ion sait que le chlorure de sodium, en présence de l'acide lactique, peut dans ces circonstances donner naissance à de l'acide chlorhydrique libre (1). Mais toute incertitude me j)araît avoir été levée [lar les recherches récentes de M. Lehmaim. En effet, ce chimiste a constaté que si l'on dessèche à froid et dans le vide du suc gastrique normal, il s'en dégage de Tacide chlorhydrique (pie l'on peut recueillir et doser, mais le résidu est encore acide et foiuTiil àl'aualyseune quantilé considérable d'acide lactique(2;. cipe ininu'dial dans I(îs inatuTcs ex- traites de Testomac d'un supplicié (a). L'opinion émise par quelques clii- niistes au sujet de l'existence de l'acide acétique dans le suc gastrique est née d'une erreiu' coniniise par 'IMedeniann et Ginelin, qui crurent devoir ne pas dislingîucr de ce corps l'acide lactique, cl (pii, en conséquence, appelèreiu ce dernier aride acétique (h). I/absencc de Facide acétique proprement dit dans le suc gastri(|ue a été constatée cliez divers Animaux, ainsi (juc chez rildumif ((). Les rechercliesde MM. Ber- nard et r>arrt's\vil tendent égalemeni à éiai)lir (|u'il n'existe pas d'acide acétique dans !<• suc gastrique du Chien {ri). (1) MM. Jîernard cl lîarreswii, en distillant de Teau acidulée par l'acide lactique et tenant en dissolution du chlorure de sodium, virent qu'à la fin de Topérationil se dégageait de l'acide chlorli^drique. Ces auteurs s"appuient sur cette expérience et sur quelques autres réactions pour établir que l'acide chlorhydrique libre ne préexiste pas dans le suc gastrique, et s'y produit pendant les opérations pratiquées par les chimistes pour le mettre en évidence. Ainsi, ils ont constaté que l'acide oxa- licpie, ajouté en petite quantité au suc gastrique, tonne un précipité d'oxa- iate de chaux, précipité qui ne se montre pas dans une dissolution de chlorure de calcium aiguisée par 2 mil- lièmes d'acide chlorii>dri(|ue (c). ('2) Dans six expériences de ce (a) Enderlin, Ueber die Sâuren des Maijenmfles [Am. der Chimie und l'Iuirmacie, 1843, l. XIA'I, p. Ii2). (6) Tiuiieuiann et Omelin, liech. sur la digestion, i. I, \'. 167. (c) Einleilin, Op. cil. [Ann. der Chfinie uiid Pharmacie, 1. XI.Vl, p. 123). (d) Uemard et Barreswil, Sur tes phcnnmcnes chimiques de la digeslwn {Couiptrs reudus de l'Acad. des sciences, 1844, t. XIX, p. 1285J. (c) Bernant et Hancswil, Op. cit. (Comptes rendus de L'Acad. des sciences, 18 i4, I. Xt.\, p. 128(i). COMPOSITION DU SUC GASTKIUUK. ol Du reste, il est probable que la proportion de ces acides est variable suivant les espèces, les individus et menrie les condi- tions physiologiques dans lesquelles ceux-ci se trouvent (1). La présence d'une faible proportion d'acide chlorhydri(iue libre dans le suc gastrique a été considérée par quelques pliy- siologistes comme pouvant expliquer les propriétés digestives genre, M. Lehmann recueillit de l'a- cide chlorhydrique dans la propor- tion de 0,098 à 0,132 pour 100 de suc gastrique , et dans le résidu il trouva de l'acide lactique dans la proportion de 0,320 à 0,583 pour 100 (a). D'autres reclierclies faites par MM. Biddcr et SchmidI tendent à prouver que la proporUon d'acide chlorhydrique est au contraire beau- coup plus considérable que celle de l'acide lactique. La méthode suivie par ces auteurs consiste à doser, au moyen de l'azotate d'argenl, la quan- tité de chlore existant dans une cer- taine quantité de suc gastrique ; puis, après avoir séparé l'argent en excès, à calciner le résidu solide laissé par l'évaporation du liquide, et à déter- miner le poids de chacune des bases qui s'y trouvent en liberté ; enfin, à calculer, d'après des données, la quan- tité d'acide chlorhydrique qui devait se trouver à l'état de liberté dans l'hu- meur examinée, et à comparer cette quantité avec l'équivalent de la quan- tité de potasse ou de toute autre base nécessaire pour saturer cet excès d'acide dans une autre portion du même liquide. En procédant ainsi, on trouva que la quantité d'acide chlorhydrique déterminée de la sorte était, à peu de chose près, suffisante pour saturer à la fois les bases préexis- tantes dans le liquide et celles ajoutées à celui-ci afin de le rendre neutre, et il en conclut que si le suc gastrique ainsi analysé contenait quelque autre acide libre, tel que de l'acide lactique, celui-ci ne pouvait s'y trouver qu'en très faible proportion. Alais ce mode d'analyse est tellement compliqué, que je n'oserais avoir grande confiance dans les résultats numériques qu'elle fournit. J'ajouterai cependant que dans les dix-huit expériences faites sur des Chiens, Al M. lîidder et Schmidt n'ont trouvé dans le suc gastrique aucune trace d'acide lactique ou d'au- cun autre acide organique; mais ils ont trouvé que chez les Herbivores l'acide chlorhydrique libre était accom- pagné de petites quantités d'acide lac- tique (6). (i) Peut-être faut-il attribuer à celte cause la discordance des opinions au sujet de l'existence de l'acide lac- tique dans le suc gastrique. J'ai déjà dit que la présence de cette substance y avait été signalée par Macquarl, M. Chcvreul, Leuret et Lassaigne, :MM. Bernard et Barreswil, M. Leh- mann et quelques autres auteurs i page 25). (a) Lelimaiiii, Lehrbuch der phijswlogischen Chemii-, 1853, t. I, p. 101, et t. H, p. 38. (bj BidJei' et Sclimidl, Die Yerdauun, .MM. Boiirliind;.( ot Sandras publieront dos oxpôrionces intéressantes sur ce sujet. Ils virent que si l'on plonge, soit un muscle, soii de la fibrine extraito du sang dans do l'eau contonaiil environ ,;„i d'acidi* clilorliydriquo, une portion de cette matière se dissout dans le liquide, ot celui-ci se prend en gelée. Ils s'aj)- puyèrenl sur cette observation pour expliquer on partie les ))bonomènos de la difioslion stomacale, ol altribucr à Tacide clilorbydrique du suc gastri- que le rôle d'agent dissolvant : mais ils constatèrent en même tom|)s (pio la cbair cuite ne se laisse pas allaquerdo la sorte {a). (2) En économie rurale, on fait usage de la présure pour déterminer la coagulation du lait destiné à la fa- brication du fromage, ol l'on sait (pi'il suffit d'un poids très minime de celte substance pour cailler une (|uanlilé très considérable de ce liquide. ^\. Liebig allribuola coagulation du lait par la présure au développement d'une petite quantité d'acide lactique aux dépens du sucre de lait, sous l'in- fluence de la matière organique de la membrane gastrique en voie do décom- position, et à la neutralisation sub.sé- quente de l'alcali libre ou du phos- pbato alcalin dont dépondrait la solu- bilité du caséum (6). ^lais les expérien- ces de M. Descbamps ont fait voir que ce pliiMiomène peut se produire indé- pendamment de l'aclion d'un acide : ainsi la pepsine détermine cette coa- gulation môme en présence d'un excès d'alcali (r). Los rochercbos de ^1. Selmi contredisent aussi la tbéoric do M. Liebig {(I). Il est, du reste, à noter que, si la pepsine neutre coagule le caséum, c'est seulement (piand ce principe est associé à un acide, (ju'il peut ramoner cette substance alimentaire à l'état soluble. (h) Boiiiliarilal cl Sandras, Itechi'irhes .«((c la dujeslion (.\nn. des sciences nal., 2* série, 184:2, 1. Wlll, |i. 2-28 et suiv.— Annuaire de Ihcraiieuliquc pdur 1843, p. 27 I). (/)) Licbifj, Lettres sur la cliimic, Irad. par ("lerhardl, p. tS^. (tj Ucsciianips, De la présure {Journal de pharmacie, 1840, t. XXVI, y. 413). ((/) Soliiii, Ikchfrch.es sur l'action de ta présure dans la coagulation du lait {Journal de pliur- viofie, etc., 3' série, l84Ci, i. 1\, p. i06). COMPOSITION DU SUC GASTRIQUE. 33 zani avaient lait voir {[u'une substance jouissant do la même propriété peut être extraite directement des parois de l'estomac de beaucoup d'Animaux par l'action de l'eau (1). L'espèce de présure ainsi préparée ne détermine pas dans les aliments les cbangements que le suc gastrique y produit, elles pbysio- logistes ne s'en occupèrent que peu; mais en 183/i M. Eberle (deWurtzbourg)trouvaque si l'on traite la membrane interne de l'estomac par de l'eau faiblement acidulée, on obtient un liquide plus puissant qui agit sur la viande et sur les autres aliments à la manière du suc gastrique naturel, qui en opère la digestion comme le fait cette bumeur, et (jui mérite pleinement le nom de suc gastrique artificiel (2). Peu de temps après, J. Millier (1) On savait que la tunique interne de l'estomac d'une Poule, ou de tout autre Oiseau de basse-cour, peut être substituée à la présure, et que l'eau dans laquelle on a fait tremper ces membranes ])eut aussi faire cailler le lait. Spalianzani prépara cette sorte de présure artificielle avec l'estomac de divers Mammifères, ixeptiles et Poissons, aussi bien qu'avec celui d'un grand nombre d'Oiseaux {a). Young lit aussi quelques recbercbes sur la présure, et reconnut que l'eau dans laquelle on a fait infuser un frag- ment de la tunique interne de l'esto- mac, dont le poids ne s'élève pas à un demi-granuue, suffit pour faire coagu- ler plus de o kilogrammes de lait (6). Des expériences analogues ont été faites aussi par l'^ordyce, vers la fm du siècle dernier (c). En 1813, Evrard Uonic reconnut que chez tous les Animaux soumis à ses recherches , une des propriétés caractéristiques du suc gastrique était l'action coagulante que ce liquide exerce sur le lait (d). (2) Les expériences d'Eberle furent faites d'abord avec le mucus qui se détache des parois de l'estomac et qui entoure souvent la masse alimentaire poidant les premiers temps de la digestion. Il reconnut que ce mucus acidifié peut déterminer des digestions artificielles, à la manière du suc gas- trique naturel (r). il constata ensuite qu'on peut o])tenir un suc gastrique artificiel en faisant infuser pendant quelques heures, dans de l'eau aiguisée d'acide chlorhydrique , des fragments de la tunique interne de l'estomac. Mais il se trompa sur quelques autres points : ainsi il crut ])Ouvoir obtenir le même produit en employant, au lieu {a) SpalUinzaiii, R.vpcrienccs sur la digestion, 1783, p. 294. (b) Voyez 'riii>iii]isiin, Systàne de chimie, Irail. par Rillaull, 181S, t. IV', p. Oi'iS. (f) Foidyce, A Treatise on the IHgestion offood, 1791, p. 57. ((/) E. Home, Expevim. lo as certain the eoagulatinr\ l'ower of llie Serrelion of Ihe Castri- Glands (Philos. Trans., 1813, p. 90i. (e) Ebei'lo, Phyinloqii' der Verdnining, ISfii, p. 80 cl Miiv. VII. 3 oh DIGFSTION. et Schwann confirmèrent tout ce (jiii est essentiel dans les recherches d'Eberle (1), et Schwann y ajouta un fait impor- tant. En effet, il fit voir qu'il existe dans le liquide digestif ainsi préparé artificiellement un principe actif auquel il a donné le nom de pepsine (2), principe qui peut en être précipité sans rien perdre de ses j)ropriétés, car, rendu de nouveau solnble et repris par de l'eau acidulée , il reconstitue du suc gastrique apte à effectuer des digestions ■artificielles (3). do In muqiieuso u;astiiquo, du imicus quelconque. MM. Purkinje <ïl l'api)enlieirn assu- rent avoir obtenu aussi un liquide digestif en faisant infuser dans de l'eau acidulée, soit la inenibiane nni- queuse intestinale, soit la substance du pancréas (a), et M. Ernest Burdach annonça avoir i)réparé un produit analogue en employant, au lieu de la tunique do Pestoniac , des fragments de la membraiio nuiqueuse de la tra- chée, de la vessie urinaire, du péri- carde, des muscles etc. (b) • mais la plupart do ces résultats ont été infir- més par les rocberclios plus récenles de beaucoup d'autres physiologistes. Pour préparer le suc gastrique arti- ficiel, AI. Lehmann conseille remploi du ])rocétlé suivant. Ou lave biou Tos- tomac d'un C.oi bon réciuimeut tué, et Ton en détache par la disscclion des portions de la membrane nuiqueuse prises sur les parties où les glandules pepsi(|iies soiit on plus grand nombre . ou soumoi ces mombranos à raclion de l'eau distillée pt ndant une heure ou deux, puis avec un scalpel on en racle doucement la surface libre de façon à enlever la couche de substance mu- queuse grisâtre qui s'y montre. Ce produit est mis en infusion dans de l'eau distillée pendaiu deux ou trois heures et souvent agité ; enfin, on ajoute au liquide un peu d'acide chlor- hydrique,etron élève la température à environ 06 degrés pendant une demi- heure. Le tout est alors jeté sur un filtre, et la dissolution de pepsine qui passe est assez limpide et presque inco- lore, quoique impure (c). (1) Dans un premier travail , Schwann et Millier s'aj)pliquèrent prin- cipalement à établir (pie le suc gas- trique artificiel est aplo à opérer la digestion des aliments albuminoïdes, «'t que, pour le préparer, il faut em- l)loy('r les tuniques de rostomac, tan- dis qu'avec le mucus ordinaire on n'en obtient pas (d). ('2) De îr34"?5 coctioh ou digestion. (o) Schwann reconnut que la ma- li»'re active du suc gastrique arliliciel peut être précipitée par l'acétate de (0) l'iukinjc L'i Papprnlieim, Uebtr Yerdammo (Froriep's Notizen, 4 836, l. L, p. 2H). (b) Viiycz lliii(l:icli, fruih' de i>hysiologie. luut. par J<;iiiil;iii, MX, |i. 'Ml ti sniv. (c) I tliiiiiitiii, Uebtr dan VcrdauuiKjtproctss bclrc/feiidc quantittitivc Vtvhiïttnisse [Bcriclil ■bbei' die \'ci-)i(nidluu(jeii dcr Cesellsdinll dir W'issciischallfn s» Lfijauj, 1840, p. 10). ((/)J. Millier cl Tli. Schwann, VeS. o; COMI'OSmo.N I)L SIC GAbTlUQLE. prietés primitives (I). Enlîii elle l'orme, avce l.'i ]»liip;irl des neides, des composés très solubles (2), et c'est à cet état seule- ment qu'elle détermine sur les aliments les elTets caractéi'is- tiques de la digestion. La pepsine, comme on le voit, a beau- coup d'analogie avec l'albumine, et il est probable qu'elle appar- tient à la même famille de principes inmiédiats ; mais elle se distingue de celte substance par {tlusieurs caractères : par exemple, en cequ'elle n'est pas préci[)itée de ses dissolutions par le cyanoferrure de potassium (o). La pepsine diffère d'ailleurs de toutes les autres substances albnminoïdes ordinaires par son action sur le caséum soluble, dont elle détermine la coagulation quand elle est à l'état neutre, aussi bien qu'en pré- sence d'un acide. Jusqu'ica on ne l'a pas obtenue dans un état de pureté assez juniaite pour pouvoir en taire une analyse satisfaisante (/i), et il reste beaucoup d'incertitude au sujet de (1) Le mode de préparation de la pepsine qui est communément em- ployé aujourd'hui repose sur cette propriété. On lave des fragments de l'estomac d'un Porc, puis on les fait infuser dans de l'eau jusqu'à ce que la putréfaclion soit près de se manifester; on filtre le liquide, et on le précipite par de Tacétate de plomb. Le précipité, contenant un composé d'oxyde de plomb et de pepsine, ainsi que de l'albumine, est ensuite lavé et traité par l'acide sulfhydrique, qui forme avec le plomb un sulfure insoluble et met en liberté la pepsine. On reprend cette dernière substance par l'eau, puis on la préci- pite au moyen de l'alcool anhydre; on filtre, et l'on recommence à deux ou trois reprises ces deux dernières opérations , afin de séparer de la pepsine les petites quantités d'acide acétique et d'autres corps étrangers qui y étaient unis. La poudre blanche ainsi obtenue est neutre. (2) La pcpsini' est précipitée par l'acide tannique («). (o) il est aussi à remarquer que la pepsine précipitée de sa dissolution aqueuse par l'alcool anhydre conserve sa solubilité dans l'eau, tandis que l'al- bumine coagulée de la sorte devient insoluble. Cl) En 18Û2, Vogel fit l'analyse élé- mentaire de la pepsine telle qu'il Tavail extraite du suc gastrique arti • ficiel, et y trouva pour 100 par.ies : 57,72 de carbone, 5,65 d'hydrogène, 21,09 d'azote et 15,62 d'oxygène (h). Mais la matière enq)!oyée par ce chi- miste était trop inq)arL' pour que l'on (a) Lclimaiiii, Lelirbudi der phys'wloij'ischtn Chcmie , t. II, p. 42. (6) Vogel fils, Notice sur la pepsine [Journil de pharmacie, notiv. série, 1S42, t 11, p. 27(3). Propriétés digeslivt's de la pepsine. 58 DIGESTION. sa nature chimique (1); mais ses propriétés pliysiologiques sont des plus remarquables et ont donné lieu à beaucoup d'obser- vations intéressantes. Ainsi que je l'ai déjà dit, la pepsine à l'état neutre ne jouit d'aucune propriété digeslive; mais lorsqu'elle est combinée avec un acide en excès, elle agit sur les aliments à la manière du suc gastrirpie naturel. Pres(pie tous les acides sont suscepti- bles de donner à cette substance le pouvoir dissolvant (jui en faitleprinci|»al agent de la digestion stomacale, mais c'est quand elle est unie à l'acide cblorhydrique que son action est la plus forte i^ . Or, c'est précisément en présence de ce dernier puisse avoir confiance dans les résul- tats (le l'expérience. Plus r«''cemment , M. Schniidt (de Dorpat) a cherché à déterminer la composition élémentaire de la pepsine en analysant le précipité formé par le hicliloruro de mercure dans du suc gas- trique préalablement traité par de Peau de cliaux pour en séparer le piiosphatc calcaire, puis par de Talcool pour enlever le chlorure de calcium. En sui- vant ce procédé, il a été conduit à con- sidérer la pepsine connue formée de : C. 53,0; 11. 0,7; Az. 17,8; 0. 22,5 (a). (1) M. Mulder considère la pepsine comme pouvant dériver des matières alhumiuoïdi's, et prendre naissance par Tactiou de Tiicide cliiorliydrique allai- l)h sur la légumiue et même les autres aliments azotés (li); mais M. liriicke a constaté que la liqueur préparée de la sorte ne possède jamais les pro))riétés du suc gastrique (c). (2) Suivant M. Blondlot, la pepsine jouit de la propriété digestive quand elle est associée à un acide quelconque (cl). Mais il paraît y avoir des exceptions à cet égard, et il est bien démontré que la puissance du suc gastrique artificiel n'est pas la même quand on le prépare avec des acides dillerents. M. Valentin a depuis longtemps si- gnalé l'acide bcnzoïquc comme parais- sant être impropre à cet usage (e), et, d'après ^1. Lehmann, il en serait de même pour les acides phosphoriquc, oxalique, tarlrique et succinique ; en- fin les acides sulfureux, arsénieux et tanniquele rendent inactif. Ce chimiste a trouvé que le suc gastrique artificiel acidulé par de l'acide sulfiuique ou de l'acide nitrique est extrêmement faible, et que c'est en présence des acides cblorhydrique, lactique ou acétique <)ue la propriété digeslive de la pepsine a le plus de puissance (/". Enfin, («1 liiililer el Sclimiill, Die ViuulauinniDsàfte, p. 40. (b) Miil'I'T, Die peptonc i:\>xlnv dcr llnUiïiidischen BeitrUgc der Natur -und Heilkunde, 1858, I. Il, p. D- (c) F;. Bnickc, Beilrâge wr Lehre von der Verdauung (Silz-ungsbericlite derwissensch. Akad. xnWien., 185'.), t XXWII, p. 150). (d) Blomllnl, Traité analytique de la digestion, p. 3til . • (e) Viilrnlin, Ueber Verdauung (|i"rorlep's Sotizen, l83tj, i. L, p. -211). (/■) Loiimanii, Lehrb. dn- physinlogisrhen Chemie. t, 11, p. 18. 1() COMPOSITION DL' SUC GASTRIQUE. O corps, que la pepsine se trouve dans le suc gastrique naturel. Il y a quelques raisons de croire que la sécrétion de ces deux substances se lait isolément et résulte de l'action d'organites dis- tincts (1), de sorte queprobablement leurs proportions relatives peuvent varier, et nous verrons bientôt que cette circonstance est importante à noter. Mais c'est toujours associée à une certaine quantité d'acide cblorhydrique que la pepsine, versée dans l'es- tomac par les parois de cet organe, arrive en contact avecles ali- M. Iliihnefelcl a étudié dcinièiement d'une manière comparative l'action exercée sur l'aUjumine coagulée par du suc gastrique artificiel préparc tour à tour avec de Tacide clilorhydrique, de l'acide lactique ou de l'acide acétique, et il a trouvé que le premier était le plus actif de tous, tandis que celui fait avec l'acide acétique était le plus faible des trois (ci). (1) Une série intéressanted'expérien- ces, faites dernièrement par lAl. Boh- dault en Belgique, et par M. Briicke à Vienne , tendent à établir que la pepsine est à l'état neutre quand elle se produit dans les glandides gastriques, et qu'elle est pour ainsi dire emmaga- sinée dans cet état par ces organites, pour être mise en liberté et coni])inée avec un acide au moment où elle doit être versée dans la cavité de l'esto- mac (6). Ellectivement, quand, par des lavages prolongés , les parois de l'estomac d'un Cochon ou de la caillette d'un Veau ne donnent plus aucun signe d'acidité, on peut en re- tirer de la pepsine neutre par l'action de 1 eau pure, et en employantde l'acide clilorhydrique étendu , on parvient encore à en extraire des quantités considérables de ce principe. Les re- cherches de M. Briicke ne jettent que peu de lumière sur le mode d'origine de l'acide qui se trouve uni à la pepsine quand le suc gastrique est versé sur les aliments ; mais il me paraît probable que c'est principali- mcnl la sécrétion de cet acide qui est provoquée par l'action stimulante des aliments sur les parois de l'esto- mac, et que l'arrivée de celte substance dans l'intérieur des glandules pcpsi- ques est la cause de l'excrétion de la pepsine accumulée prt'alablement dans les utricules pariétales de ces orga- nites. ^ J'ajouterai que, d'après une ex- périence très - intéressante faite par M. Cl. Bernard, on serait disposé h croire que l'acide libre ne se produit pas dans les glandes gastriques, et se ren- contre seulement dans la couche épithé- lique superficielle de la muqueuse sto- macale. En effet, ce physiologiste ayant constaté que des dissolutions de lactatc de fer et de ferrocyanure de potassium, injectées successivemeutdans les veines, ne donnent pas naissance à du bleu l'a) Hùhnefeld, De albwninis sitcco gastrico faclUio solubilitate. Giyphiœ, 1859. (6) Boiidaiilt, Mémoire sitr la pepsine {Journal de médennc de Bruxelles, décembre 4 856). — E. Briicke, Beitrage iur Lehre vuii der Yerdauung (Sitzungsberichte der Akademie der Wissenschaften von Wien, 1859, t. XWVll, p. 153 et siiiv). l\0 DIGKSTION. menls, et c'est par l'elïcl de cette associalioa ([u'elle est apte à opérer la dii^estion. Ainsi ragent qni détermine ce phénomène n'est, à proprement |)arler, ni la pepsine, ni l'acide du suc gas- trique, mais une matière composée de ces deux corps unis d'une manière très lâche, il est vrai, mais bien évidemment en combinaison chimi(pie, [luisque la substance résultant de leur association jouit de propriétés que nc})0ssèdent ni l'un ni l'auti'c de ces princijies quand ils sont seuls. Quelques auteurs ont cru pouvoir désigner ce composé sous les noms (Y acide 'pepsinhy- drochlorique ou chlorliydropeptique (1). Mais nous sommes de l'nisse pciukml (urollcs se liouvcnl dans le santî, dont la réaelioncsl alca- line, mais léagissenl Tnne snr rautie, et donnent naissance à mi précipité ble>i, (piand elles se trouvent en pré- sence d"nn acide , a clierclié si ces matières ne seraient pas excrétées par les glandnles de Festomac, et si elles n'indiqueraient pas alors le lieu où se produit l'acide i;;astri(|ue par le fait de la formation d'un d(''p(3t de l)lcu de Pnissc là où elles rencontre- raient cet agent. Or, le bleu de Prusse s'est formé dans l'estomac, mais ne se trouvait pas dans les glandules pepsi- ques, et s'était déposé seulenient à la surface de la membrane muqueuse de ce viscère {a). Il est cependant à noter quecliez les Oiseaux, Al. lîriicke a con- staté des indices de la présence d'iui acide dans Pi iiérieur même des glan- duics du ventricule succenturié (/>). (1) M. Scbmidi a présenté, au sujet de la constitution de celte substance digeslivc, des vues tliéori(pies (pii of- frent (le rinli'rèt, mais cpii ni'siinl jj.is sufllsunnnenl établies. Tour se renilre compte de la transformation de la pep- sine ordinaire en pepsine inactive, telle que la matière qui s'obtient par l'ébul- lition, et que quelques pbysiologistes ont appelée de la pepsine coagulée, M. Scbmidt considère la pepsine normale ou aciixe comme un acide conjugué composé de pepsine inactive dépourvue de l'acide cblorbydriquc, et comparable à l'acide ligno-sulfuriipie, qui est susceptible de former divers composés salins sans éprouver d'altéra- tion, mais qui, à la température de 100 degrés, se dédouble en dextrine et en acide siilfuri((ue, et ne p<'ul i)lus être reconstitué, \jacir1c popsinlvidro- vhloriquo serait susceptible de former avec l'albumine, la gélatine, etc., des composés solubles, et avec diverses substances minérales il donnerait naissance à des corps insolubles, sans cesser d'exister ; mais en présence d'autres réactifs, de même que |)ar l'ellel de réi)ullili(»n, cet acide dou- ble se décomposerai! en acide clilorli\- . 42). PROPRIÉTÉS DIGESTIVES DU SUC GASTRIQUF, !\o tix^uver mêlé à d'autres humeurs ou à des produits de la digestion (1). § 12. — L'elTet le plus apparent de l'action du sue gas- Action trique, soit naturel, soit arliliciel, sur la tibrine et les autres suc ique aliuients azotés solides est de les ramollir, de les désagréger et lanbrine, eic. fiualement de les dissoudre plus ou moins complètement; mais ce lirpiide digestif détermine aussi des modifications plus ou moins profondes dans la constitution chimique de ces sub- stances, et l'élaboration qu'il leur fait subir n'a pas seulement pour objet de les rendre absorbables ; elle est souvent nécessaire pour les rendre utilisables, après qu'elles ont été absorbées, et elle s'exerce sur les liquides aussi bien que sur les solides. Pour nous rendre bien comple du rôle du suc gastrique dans la digestion, nous aurons donc à étudier deux ordres de phé- nomènes, les uns physi(iues et visibles pour nos yeux, les autres d'une nature plus cachée, et saisissables seulement par l'inves- tigation chimique. Si l'on ouvre l'estomac d'Animaux sacrifiés à différentes périodes du travail digestif, ou mieux encore, si l'on profite de l'existence d'ime grande fistule gastrique pour observer les altérations que les aliments éprouvent dans l'intérieur de cet organe, soit chez l'Homme, ainsi que l'a fait le docteur Beau- mont, en Amérique, soit sur les Chiens ou d'autres Mammifères préparés pour des expériences de ce genre, on voit que ces ma- tières sont attaquées d'abord à leur surface, puis de plus en plus profondément ('2). S'agit-il de la viande, par exemple? Sa (1) Ail nombre de ces derniers on tions de la masse alimentaire qui se doit ranti;er les acides acétique et I)u- trouvent les plus rapprochées dos pa- tyrique dont la présence a été quel- rois de l'estomac sont digérées plus quefois signalée dans les liquides de promplemcnt que celles qui, étant si- Festomac (a). tuées profondément, ne s'imbibent de (2) 11 est aussi à noter que les por- suc gastrique que plus tardivement. («) Lehmnnn, Lehvbucli der physiologischen Cliemie, t. II, p. 43. /j/l Dir.FSTION. substance change (l'as[>cct,(loYient grisâtre, se raiiiullil, et suiis le moindre etïorl, tel (lue le frotteinent déterminé par les monvcments péristaltiques des parois de l'estomac, se trans- forme peu à peu en une matière pulpeuse qui a une odeur fade, mais particulière, et qui est toujours acide. Ainsi que je l'ai déjà dit, ce[)roduit est connnunémenl appelé c%me, et delà le nom de chijmification que les physiologistes donnent souvent à la digestion stomacale. *""cT^ § IS- — Une des conditions essentielles pour que l'action icmpcraïuic fijogstive du SUC gastriquc s'exerce, est le concours de la cha- sur la ~ D 1 7 .ligcsium. jgyp^ ])[\uii les expériences sur la digestion artificielle, on voit que les fragments de chair musculaire ou d'albumine coagulée (jui sont plongés dans ce liquide ne s'y altèrent pas, si la tem- pérature est très basse, de 4 ou 5 degrés au-dessus de zéro i)ar exemple; (pi'à la température de 15 ou 20 degrés, ces ma- tières alimentaires ne se laissent attaquer que lentement ; mais que sous l'inlluence d'ime chaleur voisine de celle du corps humain , c'est-à-dire de o6 à hO degrés , la réaction est rapide. Ce fait nous donne l'explication d'une différence reniar- quable (pii s'observe dans le i)onvoir digestif des Animaux à sang chaud, dont la Iciupératin^e est constante, et dans celui des Vertébrés intérieurs et des Invertébrés, dont la température suit à peu près celle du milieu ambiant. Les premiers i)euvent digérer leurs aliments en toute saison, etdaus l'élat normal leur digestion est ordinairei|ent rapide, parce ipie la chaleur ])ropre de leur corps est toujours celhupii favorise au plus haut degn* l'action dissolvante du suc gaslri(jue. Les autres, au conlraire, «c digèrent que très lentement quand la tem[)éralure de l'atmos- phère n'est pas très élevée, et dans nos climats, pendant l'hiver, leur suc gastrique se trouve dans îles conditions physiiiues (pjisuspeiulenl (•oiii|)l('tement ses effets digestifs. Aussi, pendant toute la partie rigoureuse de l'hiver, ces Animaux ne prennent l'UOPRIÉTÉS DIGESTIVES DU SUC GASTllIQCK. /l5 pas de nourriture, et s'ils ont des aliments dans leur estomac, ils les y conservent sans les digérer, jusqu'à des temps plus doux (1). Il est également à noter que le suc gastrique jouit de ^;;;^^,^ propriétés antiseptiques très prononcées, et tend de la sorte à d^'i^_ empêcher la putréfaction des matières pendant leur séjour plus ou moins prolongé dans le tube digestif ('2). ^ 1/,. _ Ainsi que je l'ai déjà dit, le suc gastrique ne peut attaquer les aliments albuminoïdes que s'il est acide. Or, l'albu- mine contient toujours une certaine proportion de soude, qui peut en être séparée par les acides et par conséquent l'ingestion NécesslM de l'acide du suc gastrique. (1) Tremblay a vu que les Hydres, ou Polypes à bras, terminent en général leur digestion dans l'espace de douze heures quand il fait chaud , mais qu'il leur faut en hiver deux ou trois jours pour achever ce travail, bien que pendant cette époque de l'année piles ne mangent que peu (a). Spallan- zani a constaté des faits analogues chez les Serpents et autres Vertébrés à sang froid (6). ('2) Spallanzani a vu que la viande el les autres aliments de même nature peuvent se conserver pendant très longtemps, sans donner aucun signe de putréfaction, quand ces sub- stances ont été imbibées de suc gas- trique (c). Ainsi, dans une de ses expé- riences, il trouva dans l'estomac d'une Vipère le corps d'un Lézard qui y avait séjourné seize jours, sans avoir subi aucune altération de ce genre (t/), et dans d'autres expériences il vit que l'action du suc gastrique arrêtait les progrès de la putréfaction, quand celle- ci s'était déjà manifestée (e). Le doc- leur Beaumont a obtenu des résultats analogues en employant le suc gas- trique de rilonnne. Ainsi, dans une expérience , ce physiologiste conserva de la sorte des fragments de viande pendant plus d'un mois, tandis qu'un autre morceau de la même substance placée dans de la salive s'y est pourri en dix jours {[). U. Blondlot a fait des observations analogues (y). Enfin, je citerai aussi, à ce sujet, ime expérience de M. Mulder, qui a fait macérer des substances albuminoïdes dans du suc gastrique artificiel , pendant quatre jours, en élevant la tenq)érature à iO dégrés pendant huit heures chaque jour, sans y déterminer des indices de putréfaction (/(). (a) Tremblay, Mân. pour servir à l'histoire d'un genre de Polypes, i744, I. I, p. 243. {b) Spallanzani, Expériences sur la digestion, p. 235 ol suiv. (c) Idem, ibid., p. 178, 300, etc. (d) Idem, ibid., p. i 37. (<") Idem, ibid., p. 308. if) Beaumont, E.rper. and Observ. on Uie Gaslric juiee, p. 200. (g) Blondlot, Traité analytique de la digestion, p. 344. {Il) MuKler, Die Peptoiie (Arrliir fur die llollandischen Beilràge sur Natur-und Heilkunde, 1S58, t. Il, p. 10). ll€) DIGESTION. de cette SLibstancedans l'estoniac entraîne la ncLitralisaliond'une certaine quaiitité du li(|uide digestif, qui, j)ar cela même, devient inaclif. lien résulte que si la quantiléd'alimentsde ce genre dont l'estomac se trouve chargé est trop considérable par rapport à la quantité de suc gastrique que les parois de ce viscère sont capables de sécréter, il peut en résulter non-seulement une digestion lente et imparlai le, mais même un arrêt eom[)let du travail de chymification. ("'est là une des causes des accidents qui suivent souvent les repas trop copieux, et des phénqmènes analogues se produisent parfois dans les expériences de diges- tion artiriciellc. Dans ce dernier cas, il est facile de ranimer l'action du suc digestif, en ajoutant au mélange une petite quantité d'acide cblorbydriipie, lacli(jue ou même acétique, et cela nous permet de concevoir comment l'emploi des acides dans l'assaisonnement de nos mets , tout en exerçant une iniluence retardatrice sux la sécrétion du suc gastrique, facilite la digestion dans certains cas (1). J'insiste sur ce fait, non- seulement à cause dcrimporlance qu'il [icut avoir pour l'expli- cation des phénomènes physiologiques, mais aussi comme un exemple des erreurs auxquelles on s'expose en médecine, quand on veut appliquer toujoui's la même règle, sans tenir compte des circonstances qui, en variant, peuvent en modifier la valeur, faute que commellent souvent les personnes (pii jtratiquent cet art siins êlrc physiologistes. (1) Les expériences d'Eisasser tcn- siologiste a constaté aussi quo, qiumd dent à étal)iirqncla piopoilion traritle la propriété digestivo de ce liquide a (■l)l(iriiMlri(nic li(nii(lo (nCl-j-HO) la été épuisée par le fait de son action j)hisla\oral)lcà l\ulioiidit,Tslivedu suc sur une (juantité considérable de sub- },'aslrique est de 3 ou /i renliènics (ce slanr(> alimentaire, on peut la faire (pii correspond à 1,'J ou l.li pour 100 reparaître en ajoulani au mélange une decet acide aidiydre), el quela (|uan- nouvelle quantité d'acide libre, ou tité totale de malirrcs solides ne doit même d'eau seulement (a), !\lais il j)as (lé])ass('r 1,125 jiour 100. Ce plij- est aussi à noicr que la présence (o) ElsHsser, Magenmveichung der SUtiglinge, 1840. l'ROPRlÉTÉS DIGKSTIYES DU SUC CASTRIQUE. 47 Nous avons déjà vu que cliez le même individu, le suc gas- tri({ue n'est pas toujours également chargé de matières actives, et par conséquent nous pouvons prévoir que sa puissance digestive doit varier. Mais les différences qui existent à cet égard sont beaucoup plus considérables entre les Animaux dont le régime normal est différent. Ainsi il résulte des recher- ches de MM. Bidder et Schmidt, qu'à (piantités égales, le suc gastrique du Chien digère plus de cinq fois autant de viande que le suc gastrique du Mouton, et que pour dissoudre une même quantité d'albumine, il faut plus de deux fois autant de temps quand on emploie le suc gastrique de l'Homme que lorsqu'on lait usage de celui provenant du Carnassier dont je viens de parler (1). Les faits que la science possède à ce sujet ne sont pas assez nombreux pour permettre d'établir aucune règle générale relativement à la cause de cette ditïérence, et il serait intéressant de les multiplier (2). (l'une trop grande quantitr' d'eau affai- blit ou suspend même complc^tement l'action digestive du suc gastrique (a). M. E. Briicke a repris dernièrement l'examen de cette question, en se ser- vant de la dissolution plus ou moins rapide d'une quantité déterminée de la fibrine du sang connne moyen d'ap- précier la puissance digestive du suc gastrique artificiel, qu'il préparait en faisant varier tour à tour les propor- tions d'eau et d'acide chlorhydrique. Il a trouvé qu'en général la quantité de ce dernier agent qui rendait l'ac- tion digestive la plus rapide est de ,-^,;, mais que cela pouvait varier un peu, suivant la quantité de slibstances albuminoïdes que l'on plongeait dans le liquide (b). (1) Ces dernières expériences ont été faites à l'aide du suc gastrique fourni par la fennne dont j'ai déjà parlé comme ayant une fistule gas- trique. La digestion de l'albumine coagulée, qui s'opérait en quatre heures, ou même en deux heui-es et demie avec le suc gastrique du Chien, nécessitait de dix-neuf à vingt heures avec le suc gastrique humain (c). (2) I^ar des analyses comparatives, M. Schmidt a trouvé que la quantité d'acide chlorhydrique libre était plus (a) Blondlol, Traité analytique de la digestion, p. 36i. (b) E. Brùcke, Deitrâge zur Lehre von der Verdauung {Sitzungsberichie der Akad. der Wis- senscluiflen von 'Wien, 1859, t. XXXVII, p. t3l el siiiv.). (c) Oruncvvaldt, S'xcci gastricî liumaniiiidoles physica et chimica ope lislulœ stoniachalis inda- gnta. Dorpul, ISSS. — Uiitersuch. ûber den Magensaft des Menschen (Vierordt's Archiv fur physiol. Hellkunde, 18j4, t. XllI, p. 451t). /|8 DIGESTION. DiiTérrnce j) pnraîlrait aussi que la présence de cerlaines matières, dont dans la puissance \q y()\q j^q sauFait être facilement expliqué, facilite l'actioM diireslive '*« digestive du suc gastrique sur les aliments azotés : les graisses, sucs gastriques. ' par exemple, quand elles se trouvent en cerlaines propor- tions (1). L'état de cohésion plus ou moins grande des particules con- stitutives des matières alimentaires influe aussi beaucoup sur la rapidité avec laquelle le suc gastrique les attaque. Lorsque nous étudierons son action sur les aliments composés, j'aurai à revenir sur cette circonstance, et pour le moment je nie bor- nerai à citer un fait à ra|»pui de ce que je viens de dire. Le caséum coagulé jirovenant du lait de la femme est beaucoup moins solide (juc celui fourni par le lait de la Vache, et les médecins savent qu'il se digère aussi plus facilement (2). considérable dans le suc gastrique du Cliicii (HIC dans ccliu del'ihtnnnc. Ce dernier li(iuide ne lui donna, pour lOOO parties, ([ne 0,2 de cet acide, tandis que dans la même quantité du suc gastri- (jue du rliien, la proportion d"acixlc était de '2,o; mais il est évident que l'inégalité dans la puissance digestive de divers sucs gastriques ne dépend pas seulement de la ])roportion d'acide libre qu'ils contiemient, car dans celui du Mouton il y en a plus (pie dans celui de rilomme. En ellet, M. Sclnnidt a trouvé dans ce dernier li(piide de U,y à i,[i d'acide lii)re. La quantité de ])epsine et d'aiUres matières azotées dont la présence a été constatée i)ar ce cbimiste s'est élevée à 17,50 ebez le Cbien, à /|,'->0 cbez le Mouton, et n'a été que de 3,37, ou même seulemen! de 3,01 cbez l'IIonnue («). (1) Cette action accélératrice des graisses a été démontrée par des expériences de digestion artilicielle aussi bien que par des oi)servations laites sur des Animaux vivants (6). l'iir une première série d'expériences M. Lebmann avait été conduit à penser que l'addition d'une certaine quantité de cblorure de sodium accélérait aussi l'atlion digestive du suc gastri(pie (r^ ; mais des reclierclies nouvelles lui ont fait cbanger d'opinion, et aujourd'bui ce pbysiologiste regarde tous les sels neutres à base alcaline connue tendant à retarder la formation du ( byme (. 49. ((■) I.L'Iiiiiami, iebcr den Vevdiiuunij.ipvocesx {Hericht îiber du' \trhaiidl. der tiesellsrli. der Wis- srnsch. x. Leip^Uj, 1841», p. 8). ((/) l.fliniiiiin, l.elirbvch der pliysinh gisihcv ('.hernie, I. II. p. 10, l'HOlMîlÉTÉS DIGESTIVES DU SLC GASTRIQUE. ÛO ^ j5, — Lo sue {gastrique, en ;ittn(iuaiit les aliments azotés, Formaïkn, ne se borne pas à les dissoLulre plus ou moins rapidement, il pq.ioncs. leur lait subir des changements chimiques que nous ne con- naissons encore que très imparfaitement, mais (jui paraissent avoir une importance considérable (4). Ainsi la caséine du lait, qui est une matière albuminoïde soluble, se coagule parTaclion les enfants durant rallaitenient, mais aussi par les expériences directes de M. Elsiisser et de .M. Briicke {((). (1) Tiedemann et Gmelin, Schwann, Morin et Prévost, M. Schniidt et quel- ques autres physiologistes avaient trouvé dans les produits de la diges- tion stomacale diverses substances or- ganiques mal définies qu'ils ont dési- gnées sous les noms d'osmazônie, de matière salivaire, de matière gélatini- forme, etc. Mais c'est dans ces der- nières années seulement que la trans- formation des principes aibuminoïdes en peptones par l'action du suc gastrique a été constatée. M. :\lialhe fut le premier à appeler l'attention des phy- siologistes sur ces métamorphoses de la matière alimentaire, et il considéra le résultat de cette opération chimique comme donnant toujours naissance àun principe identique qu'il appela o7/;»m/- 7iose. Il montra que les éléments aibu- minoïdes ne sont pas modifiés de la sorte par l'action des acides seulement, et que leur transformation est due à l'ac- tion de la pepsine combinée avec un acide (6). Pli. s récemment, l'élude de ces produits du travail digestif, soit naturel, soit artificiel, a été reprise et portée plus loin par M. Lehmann, qui a donné à ces substances le nom de peptones. lia reconnu que ces matières n'étaient pas toujours identiques et variaient dans leur composition suivant la nature de la substance dont elles dérivent (c). M. L. Corvisart a signalé aussi des différences dans leurs pro- priétés chimiques : ainsi il a vu que \q fibrino-peptone précipite pârlechlo- rure de platine, ce qui n'a pas lieu avec l'albumino-peptonc (d). J'ajouterai que les recherches de :\!. Meissner sur la digestion du blanc d'œuf ont conduit ce chimiste à penser que l'action du suc gastrique surl'albu- minellétermine dans cette substance un dédoublement dont résulteraient deux matières nouvelles, savoir : rall)umino- peptonc, qui reste en dissolution dans le liquide neulralisé, et une autre ma- tière albuminoïde qui, dans ces circon- stances, se précipite, et qu'il appelle un parapeptune (e). Mais ces vues ont été combattues par M. Briicke el nos con- naissances sur la constitution des com- (a) Elsasser, Oji. ctt. {Die Macjencrwcultuiig dev Sihujlinqe, Stultgard, -184^.) — Bmcko, bcxlv. iur Leltre vun der VcidauuiKj [Sitziiwjsberkhtc dcr Wuiier Akad., 1851), t. XXXVH. p. 13'J). (b) Miahle, Mémoire sur la dvjeslion et i assimilation des matières aibuminoïdes. Pans 1847. (c) Leliinann, Lekrbuvh der physiolo'jischeîi Chemie, t. il, [>. 40. (d) L. Corvisart, Études sur les aliments et les nulriwents, p. 41 (cl Gmette hebdomadaire de médecine, 1857, t. IV, p. 317). (e) Mcisner, Untersiictnmgen iiber die Yerdauuuo der Kiweisskôrper [Zeilachnfl fur ratiouclle Medicin, 3" sorio, 1859, I. Vit, p. 1). VU U 50 DIGKSTIOIN . de ce liquide, et, devenue (le la sorte insoluble, elle subit par l'in- fluence prolongée de la pepsine acidulée une nouvelle niodi- iication (|ui la rend soluble, mais sans lui donner l'ensemble de ses propriétés primitives (1). L'albumine et la librine éprouvent aussi, par l'action du suc gastrique, des changements chimiques ; par exemple, elles perdent la propriété de former avec la plupart des sels métalliques des composés insolubles (2). posés protéiquos sont encore irop in- complètes pour qu'il nie paraisse utile de discuter ici la question ainsi soulevée(o) . (1) Dornièrenienl M. Meissner a étudii^ comparativenienl Faction exer- cée sur la caséine pardo IVau acidulée et par le suc gastrique. Coite substance est dissoute par l'un et l'autre de ces agents, mais elle reste inaltérée dans le premier, tandis que dans le second elle devient gélatineuse, puis se dissout de nouveau, et après un certain temps donne naissance à des flocons très fins qui troublent la transparence du li- quide. I.e sédiment qui se produit ainsi piuaît dilléri'r notablement des matières albuminoïdes, et a été dési- gné sous le nom de dyspeptone. Le liquide liltré contiendrait, d'après cet auteur, deux autres substances, savoir : un pcptonc (l'albuni i no qm ne se pré- cipite pas quand on neutralise avec précaution la liqueur, et une matière qui dans ce cas se précipite, cl que M. Meissner appell(> du parapeptono d'albumine. Cet auteur ajoute «pic le dyspeptone n'est pas modifié par Tac- tioii prolongée du suc gastrique, mais qu'il se dissout dans le suc pancréa- tique, et éprouve alors de nouveaux cliangements: ainsi il prend une odeur analogue à celle du bouillon {li). (2) Les auteurs ne sont pas d'accord an sujet des phénomènes qui accom- pagnent l'action du suc gastrique sur l'albumine liquide. Le docteiu- Bau- mont, dans ses expériences sur la digestion artificielle faites avec du suc gastrique humain, vit le blanc d'œuf devenir peu à pou laiteux et opaque (r). Plusieurs autres physiologistes ont vu l'albumine de l'œuf se troubler légère- ment par l'addition du suc gastrique, et quelques-uns d'entre eux en ont conclu que ce principe, avant d'être digéré par cot agent, est coagulé, ainsi que cela a lieu pour la caséine. Mais dans les expériences de Tiedemann et Gmelin, ainsi que dans celles de I\I. Blondiot, la coagulation do l'albu- mine no se manifesta pas, et ce der- nier attribue le léger trouble qui se produisit dans le mélange à la préci- pitation d'un peu de pbosphale basique (le cliaux, et surtout il la présence de débris du tissu aréolaire de l'anif ((/). M. Scliill explique par cotte dernière cir- constance lejtrouble très léger qu'il a vu (n) Tliiiclie, neUrilge %uv Lehre von dcr Verdaiiuuo {Silzvugsberuhte der Wietw Akad., 1839, l. XXNVll, I'. H'i'.l '1 siuv.). [h] VerlKnidltuigeii dtr IS'nliirforschenden Gesellscltafl in Fniburg, 1850, p. I . (c) Itaiiiiiiiiit, /v.f/'«'''"i- "'"' Observ. vu llic Ctistric Juuc, p. i'i«. (rf) Ticileiiiaiiii c;t (iiiieliii, l'u'chevclies sur tu diyenlion, I. I, \>. 3;^8. — Blomllot, Traité analytiiiue de la digestion, p. -207. PROPRIÉTÉS DIGESTIVKS DU SLC GASTRIQUE. 51 Le gluten, la gélatine et la chondrine, se transforment en matières qui ont beaucoup de ressemblance avec celles pro- venant de la digestion des principes protéiques (1). En un mot, tous les aliments azotés, par l'action du suc gastrique, aussi se manifester dans le blanc d'œuf mêlé à du suc gastrique, et qu'il n'a pas aperçu quand il faisait usage d'une solution iillrée de cette substance (a). M. Lehmann persiste cependant à dire que l'albumine du blanc d'œuf ainsi délayée et fdtrée, de même que celle du sérum du sang, présente des phéno- mènes de coagulation quand elle arrive en contact, soil avecle suc gastrique, soit avec tout autre acide faible : d'alcaline qu'elle élail, elle devient neutre, puis acide, et à mesure que sa neutralisa- tion s'opère, ses particules se solidi- fient momentanément, pour reprendre ensuite l'état liquide à mesure qu'elle se transforme en peptone et qu'elle cesse d'être coagulable. Enfin ^1. Leh- mann atlribue le résultat négatif ob- tenu par M. Blondlot à ce que ce physiologiste avait employé trop peu de suc gastrique pour que le phénomène passager en question piiî se produire simullanénienl sur une assez grande échelle pour être bien évident (6). Du reste, ce qu'il importe surtout de constater, c'est que par l'ac- tion du suc gastrique l'albumine se transforme en une substance incoagu- lable, et qui diflère de la matière dont elle dérive par plusieurs autres carac- tères ; de sorte qu'on ne saurait ad- mettre avec M. Blondlot, que pendant le travail de la digestion rall)umine liquide est absorbée sans avoir subi au- cune modification (c). Suivant M. Cor- visart, la transformation de l'albumine en albumino - peptone ne serait pas complète, et les deux huitièmes de la première de ces sid)stances resteraient coagulables (d). (1) La gélatine se dissout rapide- ment dans le suc gastrique, et la dis- solution, faite ainsi à uiie douce tem- pérature, ne se prend pa ; en gelée par le refroitlissement, ainsi que cela a lieu pour les dissolutions de cette substance dans l'eau acidulée (e). Le gluten coagidé, soumis à l'action du suc gastrique, se ramollit rapide- ment à la surface, puis se désagrège et se dissout. La solution ainsi obtenue est précipitable par le deutochlorure de mercure et par l'infusion de noix de galle, comme l'est celle de gluten non coagulé (/■). L'action du suc gastrique sur le gluten a été él udiée d'une manière approfondie par M. koopmans (y). (a) Voyez Longel, Traité de pliyswlogie, t. I, 2' puriie, p. 220. (h)Lelimaiiii, Lehrbuch der physiolofiische7i Chemie,t. Il, p. 46. (f) Blondlol, Op. cit., p. 209. — Arnold, Ueber die Verdaming des thierisehen Eiweisses {Die physiolog. Anstalt v. Heidel- berg von 1S53-58, p. 117). (d) Coivisart, Oj). cit. (Gazette hebdomadaire de médecine, 1857, i. IV, p. 252). (e) Blondlol, Op. cit., p. 291. (/■) Blondlol, Op. cit., p. 281. (g) Koopmans. Ueber die Verdauuiui der pflantzlichen und weissartigen Korper {Archiv fiir Hol- IdndiscJie Beilrdge zuv Natur- und Heilkimde, 1858, t. I, p. i). 52 DIGESTION. subissent une véritable métamorphose (1), et donnent nais- sance à des substances nouvelles qui ont reçu le nom de peplones (2). Les ])ro(luils qui dérivent ainsi de l'albumine, de la fd)rine et des autres aliments dont je viens de parler, ne sont pas iden- (1) M. Loliniann a constat('' que la globulino, la vitollinc, la léguminc el loulPsles autres substances protéiqiics se conduisent de la mcnic manière que l'albuniine, quand elles sont soumises à raction du suc j^asirique (a). Il est d'ailleurs à noter que la légumine paraît éprouver les mêmes change- ments par l'action des acides dilués sans le concours de la pepsine (6). (2) AI. Lebmann a trouvé que toutes les peptones sont dos matières qui, à l'état solide, sont amorphes, blanches, inodores, d'une saveur muqueuse, très solubles dans l'eau et insolubles dans l'alcool à 83 pour 1 00. Leur dissolu- tion aqueuse rougit le tournesol, et elles se combinent facilement avec les bases, soit alcalines, soit terreuses, de fii- çon à l'onuer des sels neutres, très solubles dans l'eau. Les dissolutions aqueuses d(! ces composés salins sont précipitées par l'acide tannique et par le bichlorurede mercure ; additionnées d'un j)eu d'ammoniaque, elles donnent aussi un précipité avec l'acétate de plomb; mais elles n'en donnent pas avec les autres sels métalliques , même avec le nitrate d'argent ou l'a- lun; enfin, le sous-acélale de plomb y f.iil u;iî!rc s(Mdemen1 un léger trouble qui disparaît en présence d'un excès de ce réactif. Dans ces mêmes dissolu- tions, il ne se forme ni précipité, ni trouble quelconque par l'addition d'un acide minéral ou organique, même l'acide chromique. Enfin , dans les dissolutions acidifiées par l'acide acé- tique, il ne se produit qu'un léger trouble i)ar l'addition du cyano- ferrure de potassium. 11 est aussi à noter que î\l. Lclimaim n'a jamais pu obtenir des peptones exemptes de ma- tières minérales ; il est parvenu à les dépouiller des chlorures et des phos- phates, mais les cendres qu'elles lais- saient , contenaient toujours des car- bonates à bases alcaline et calcaire, ainsi que de petites quantités de sul- fates. Il a remarqué aussi que la pro- portion de soufre fournie par ces der- niers sels était toujours la même que dans la matière albumhioïde dont la peptone était dérivée (c). M. Muldcr s'est occupé également de l'étude chimique de ces ma- tières (f/). Mais elles nous sont encore trop imparfaitement connues pour qu'il me paraisse utile d'entrer ici dans rexanicn détaillé des expériences nom- Ifreuses el vari(;cs dont elles ont été l'objet. (fl) Lulimimii, Lclirhucli der pluj.siolndisclien Cheinie, i. Il, p. 47. (6) Miilflcr, nie l'eiitotie (Ai-cliiv der lloimidischen Deitr. z-ur Natur-iind lkUkiinde,\^:,fi, i. IF, p. 17 cl suiv.). (c) L.'lniiaiin, O/i. cit.. I. I, P- -'l^- ((/) Miil.lci-, Oji.cil. {Arcliiv fiir die llolldiidischen lî'-ilrâije zur Xnlur- nnd Ueilkunde 1858 t. Il, p. il. l'UOl'RIÉTKS DlGliSTlVES DU SUC CASTRIQUK. 53 tiques, mais ils ont entre eux une grande analogie. Aueun déga- gement de gaz n'aecompagne leur formation; la matière dont ils proviennent ne donne pas naissance à d'autres corps, et ne paraît avoir rien perdu ni rien gagné ; enfin, leur production est déterminée par des quantités extrêmement faibles de pep- sine (1), et ne semble pouvoir être due quW un cbangemcnt dans le mode d'arrangement moléculaire des éléments con- stitutifs de la substance albuminoïde. L'action exercée sur ces corps par la pepsine peut donc se comparer à celle de la diastase sur la fécule. On assimile souvent ces divers phéno- mènes à ceux produits par les ferments, mais ils ne paraissent pas être du même ordre, car on sait aujourd'hui, par les re- cherches de Cagniard Delatour, de M. Pasteur et de quelques autres chimistes, que les fermentations proprement dites dépendent de l'action de certains cor])s vivants sur les matières alimentaires, et ni la pepsine, ni la diastase, ne peuvent être rangées dans la catégorie des êtres organisés. Quant à la nature des réactions qui se manifestent ainsi, nous sommes encore dans une ignorance compfète. § 10. — Le sucre de canne, quoique solublc et susceptible Adion d'être absorbé sans avoir subi d'altération notable, éprouve suc çrasirique souvent dans l'estomac une sorte de digestion, par suite de sucre, etc. laquelle certaines de ses propriétés se modifient d'une manière remarquable. Par l'action du suc gastrique, il peut être trans- formé en glucose, et, comme nous le verrons plus tard, ce changement dans le mode d'arrangement de ses molécules le rend plus faciie à utiliser dans l'intérieur de l'organisme. La même métamorphose se produit dans les opérations ordinaires de la chimie, quand le sucre de canne est soumis à l'action d'un (1) D'après Wasniann, ralbuniine liuit liciues par du suc gastrique arti- coagulée peut être dissoute en six ou ficiel coutenant ^-;^^ de pepsine {a). [a] Wasnwiin, De digestione nonntiUa, ilisserl. inauj. Perolini, 1830. 54 DIGESTION. acide (1), et il y a lieu de croire que celle constatée dans le travail de la digestion dépend de l'acide libre qui se trouve dans le suc gastrique. Mnis il est à noter que ce phénomène ne se produit pas toujours, et que souvent le suc gastrique paraît être trop faible pour intervertir le sucre avant que celui-ci ait été absorbé 2). Le suc gastrique est sans action sur les matières amylacées et sur les graisses; quelquefois, il est vrai, ces matières ali- mentaires peuvent être modifiées plus ou moins profondément pendant leur séjour dans l'estomac, mais cela est du à l'in- (1) On sait, par les belles recherches de IVl. Biot, que le sucre de canne n'a- git pas sur la lumii^re polarisée de la même manière que le fait lo sucre de raisin ou glucose, ot h l'aide de cer- taines expériences d'optique qu'il se- rait trop long de décrire ici, on peut ainsi constater la transformation de la preiuière de ces substances en cette dernière espèce de sucre, que l'on nonune aussi sucre inicrrerti (a). (2) La transformation du sucre de canne en sucre interverti on glucose, pendant la digestion sloniacale a été observée dans une série d'expériences faites sur des cliiens par 1\1\1. Bou- chardat et Sandras. Ils constatèrent ce phénomène en examinant l'action que le ii(jui(le sucré tiré de l'estomac d'a- nimaux nourris avec du sucre de canne exerce sur la lumière polarisée, et en chauffant cette matière avec une dis- solution alcaline de lartrate de potasse et de cuivre, réactif qui n'est pas dé- composé par le sucre de canne, et qui donne un précipité rouge de cuivre métallique quand il se trouve en pré- sence du glucose (6). Je dois ajouter que dans d'autres recherches faites plus récenunenl par M, Kœbner, la transformation du sucre de canne en ghicose n'a pu être con- statéc,ni dans l'intérieur de l'estomac d'un chien que l'on avait nourri avec cette substance, ni dans les vases où l'on avait fait agir pendant plusieurs jours du suc gastrique sur la première de ces substances (c). (a) lîiot, ih'm. sur les rotations que certaines substanci's impriment aux a.tes de polarisation des rayons lumineux {Ann. de chimie et de physique, ISIS, t. IX, p. 372). — Sur tin caractère optique à l'aide duquel on reconnaît immédiatement les sucs végétaux qui peuvent donner du sucre anatoijuc au sucre de cdunc, et ccu.c qui ne peuvent donner que du sucre semblable à celui du sucre de raisin {Snuvellcs Annales du Muséum d'hist. nat., 1833, t. II, p. 95). — Sur l'emploi des prnpnctis optiques pour t'unaliise quantiti:tive des solutions qui conlitnnent des substances douées du pouvoir rolatoirc {Comptes rendus, 18i2, t. \V, p. (H9). La desoripiidu et les li^'iiros (le rinslnimcnl cniplnvé ii.ir M. liiot se tioiivenl ilnns le Traité de physique de Ponillel, l. II, p. 441 , pi. 3), et qui a reçu le nom de diastasp. (r). Cette sub- stance est une matière organique azo- tée, i!icristallisai)le, soluijle dans Peau et insoluble dans Palcool i)ur. Sa puis- sance saccliarifiante se perd par Tac- iiond'uno jcmpératurc de 100 degrés. (1) On donne co nom aux corps qui, toul en ayaul la même conq)osi- tion élémentaire, difièrent essentielle- ment entre eux par leurs propriétés physiques ou chimiques; (2) L'amidon anhydre, tel qu'il se trouve dans le composé qu'il forme avec l'oxyde de plomb, est représenté par la formule C'2l|909, et l'amidon hydraté, mais desséché à 100 degrés, est composé de C'-11-'09,II0 ((/). Cette dernière formule représente aussi la composition élémentaire de la cellulose et de la dextriue; enfin le glucose a pour formule chimique C>-2ir'0'J,5ilQ (c). («) Biol, Op. cit. (Nouv. .\nn. du. .Miisrum, IS'.Ki, i. 11, \k 1)5). — Uioi cl Pprsoz, Mi'm. sur les inodilicaiioiis (pie la fécule et la (jomme subissent sous l'in- fluence des acides {Nouvelles .innales du Muscam d'Iiist. nat., iH'à'3, (. Il, p. 109). (b) l'ayoïi cl l'crscz, Mém. sur la diaslase, les prinviiiau.x produits de ses réactions et leurs applications aux arts industriels (Ann. dechimic et de physique, 1833, i. IJII, p. 73). (c) Ce nom csl dérivé lUi mol grec ^■.■xnTxat;, qui fii^uifie si'paration. ((/) l'aycn, Mcm.sur l'amidon {.\nn. des sciences nat., l?olariiipio, 2* .série, 1838, t. X, p. 80), cl .l/('(». .lur Vnuddon, la de.tirine et la diaslase {Mt'm. de l'.\cad. des sciences, Savants étran- gers, 1813, l. Vin, p. 253). (e.) Payoïi, Op. cil. {.-{nu. des sciences uni., Mol.iniipic, 1838, i. \, p. 170 cl suiv.). — l)iinias, Hss ti de statique chimique des cires organisés, ISii, p. .Si. l'KOl'KlliTES DlGESTlVliS \)K L.V SALIVE. 57 pendant lem^ passage clans la cavilc buccale, ce liquide agit de la même manière sur les matières amylacées, c'est-à-dire les transforme en sucre, et par conséquent les rend solublcs dans l'eau (1). Effectivement, nous avons vu que si l'on ajoute une certaine quantité de salive ordinaire à de l'eau tenant en suspension de la fécule cuite et hydratée (2), cette dernière substance disparaît promptement et se trouve remplacée par du glucose; elleacquiertune saveur sucrée, etlorsque la réaction est terminée, elle ne se colore plus en bleu quand on y verse de la teinture d'iode , réaction qui est caractéristique de la fécule (3). La découverte de ce fait important est due à un physiologiste allemand. M. Leuchs (/i), et a été complétée par (1) Voyez tome. Vl, page 261. (2) C'est-à-dire, de rcnipois. (3) A l'aide de cette réaction re- marquable dont on doit la connais- sance à MM. Gaultier de Claubry et Colin, il est facile de constater la pré- sence des matières amylacées (a), et lorsque celles-ci se transforment en dextrinc ou en sucre, elles perdent la propriété de bleuir au contact de l'iode. Or, i\I. Mialhe a trouvé que l'empois soumis à l'action de la salive mixte de l'Homme pendant quelques minutes ne présente pas ce pbénomène quand on vient à y mêler de la teinture d'iode. Lorsque la transformation de l'amidon n'est pas complète, ce chimiste met en usa2;e un autre procédé pour re- connaître la présence des produits de la métamorphose saccliarifiante. Il filtre la dissolution amylo-salivaire, y ajout). Mais les conditions dans lesquelles les infusions ont été placées sont si favorables à l'altération rapide des matières ani- males, que cette conclusion ne me l)araît pas fondée. Le même auteur argue aussi d'expériences dans les- (juelles la salive sous-maxillaire, re- cueillie dans la bouche au moment où ce litpiide sortait des canaux de W liarlon, fut enq)lo\ée et produisit la Iransformation de l'amidon en sucre; mais, malgré les précautions prises pour (Mupècher le mi-lange de celle salive avec les produits fournis par (a) l'rericlis, Die Verdauitny (Wagnei's llandwôflcvliucli dcr Physiologie, t. ill, p. 77iîJ. (6) Longet, Traité de physiologie, ISôT, t. 1, 2" [larlio, p. 170 PROPRlÉTi:S UIGESTIVES DE LA SALIVE, 61 puis l'espèce de sucre particulier qu'on appelle glucose ou glijcose (1). Il ne faut pas croire cependant que, par le fait même de leur passage dans la bouche ou de leur séjour dans cette cavité pendant la durée du travail delà mastication, les matières féculentes soient d'ordinaire modilîées de la sorte. L'action transformatrice de la saliveest trop faible et trop lente pour que la plupart des aliments de cette nature puissent être attaqués par ce liqin'de et ren- dus solubles. Ainsi il suffit de garder dans la bouche, pendant quelques instants, de l'empois nouvellement préparé, pour que cette substance insipide acquière une saveur sucrée très pro- P.ôle de la sali\o dans la digeslidii (les inalièri's amylacées. la tunique muqueuse de la bouche, il me semble difficile de croire qu'en baignant celle-ci, elle ne soit chargée d'aucune matière étrangère. J'ajouterai que le tissu de la glande parotide du chien, qui, à l'état frais, ne communique qu'une Uès faible puissance saccliarifiante à l'eau dans laquelle on le l'ait infuser, devient au contraire très actif quand on le fait macérer préalablement dans l'alcool pendant quelques jours. ^I. Cl. Bernard a trouvé aussi que, par le fait de la macération dans l'alcool, toutes les membranes nuujueusi's devenaient aptes à conununiquer à l'eau les propriétés sacchariliantes très pro- noncées (a). Dans quelques cas pathologiques, la salive parotidienne, au moment de sa sortie de la glande, paraît posséder déjà une certaine puissance saccliari- fiante. En efîet, ^I. Jarjavay ayant recueilli une certaine quantité de salive provenant d'une fistule du canal de Sténon, dont un de ses malades était adecté, soumit ce liquide à l'exa- men de M. Miahle, et celui-ci y re- connut une faible puissance saccha- rifiante (6). Du reste, nous verrons bientôt que le mucus nasal, qui d'or- dinaire est presque inerte, peut ac- quérir la même propriété dans les cas d'inflammation de la membrane ])ituilairc (r). (1) jM. Dumas a r('-uni sous le nom de glucose le sucre de fécule, le sucre de raisin, le sucre de miel et le sucre de dia])ète, matières qui sont iden- tiques par leur composition et leurs propriélés (d). Quelques auteurs ont cru devoir substituer à ce nom celui de (jhjcose, qui dérive de la même racine grecque, et qui serait préférable si le premier n'était depuis longtemps d'un usage très général. (a) Cl. Bernard, Leçons de phijsiologie expérimentale faites en 1S55, 1. II, p. 375 et suiv. (6) Voyez Bérard, Cours de physiologie, t. II, p. 403. (c) Cl. Bernaril, Mém. sur le rôle de la salive dans les phénomènes de la digestion {Archives générales de wédecine, i" série, 1847, t. XIII, p. iCi). {d) Dumas, Traité de chimie, I. VI, p. 375. 62 DIGESTION. noncée. Le même phénomène se produit, quoique plus lentement et avec moins d'intensité, quand on soumet à une mastication prolongée du pain bien cuit, ou mieux encore les petits disques de pain azyme que l'on connail sous le nom de pains à chanter ; mais dans cette opération, la plus grande partie de la matière ' amylacée reste intacte, et quand on soumet à l'action de la salive de la fécule qui lî'a pas été désagrégée par la cuisson, les transformations ne se produisent que très lentement, et il faut deux ou trois jours d'immersion pour que la production du sucre soit bien manifeste. Quand les grains de fécule ont été réduits en une poudre Une par le broyage, la réaction est moins lente, mais elle ne peut se produire que dans des proportions insignifiantes pendant le temps fort court durant lequel les aliments séjournent dans la bouche (1); et c'est un mélange susceptible de donner naissance à du glucose, et non ce produit lui-même, ({ui, dans l'immense majorité des cas, arrive dans l'estomac, qu;nid l'Homme ou les Animaux font usage d'ali- ments amvlacés. Du reste, la diastase est susceptible de transformer la fécule en dextrine, et celle-ci en sucre, quand elle est à l'état neutre, aussi bien que lorsqu'elle est mêlée à une petite quantité d'alcali, et la puissance sacclinrifiante de la salive n'est pas détruite par l'addition d'un acide dilué (2). Il en résulte que ce (1) Ainsi, dans (iiiolquos-unos des ('2) Sébastian, M. WriKlJt, M. Cl. expériences iailcs par M. Cl. Bernard Ueniard cl quohiiies physiologistes, sur des Chevaux bien portants et nian- ont cru que la salive perdait son pou géant de l'avonie, le bol alimentaire voir saccharilianl par l'addition d'un a été. saisi pendant son passage dans acide quelconque (/^), et que par consé- l'n^sopbage, et Ton n'y a trouvé aucune queul ce liquide ne pouvait opérer Iracf de dextiiiu' ui de glucose (, la salive transforme l'amidon en glu- cose avec beaucoup d'énergie () \1\I. Cl. Bernard et Barresvvil avaient cru pouvoir remplacer la pep- sine par. la matière salivaire dans les expériences de digestion artificielle, et ainsi quejel'ai déjà dit, ils considéraient ces substances comme identiques (e). Mais cette opinion a été réfutée par (a) Boucliardat, Nouveau mémoire sur la ijiijcosurie (Annuaire de llicrapailique pour 1840, Supplément, p. ll^etsuiv.; p. 304, elc). [h) Griiiiewokll, L'nlcrsuchungen iibfr den Mngi'nsaft [WetowWs Anhiv fitr die phijsiol. lltil- kunde, tSni, t. XIII, p. 457 et siuv.). — Sclirœ'.ler, Succi (jastrici humani vis digestiva ope fisiulœ stomacalis indagala. Dorpat, 1853. (f) Cl. Beniani, Leçons de physiologie expérimentale faites en 1805, I. II, p. 373. ((/i Bidder et SclimidI, Die Verdauungssâfte, p. 23. (e) Cl. Deniard et Barreswil, Recherches expénmentales sur les phénomènes chimiques de la digestion (Comptes rendus de l'Arad. des scienres. ISiTi, t. \XT. p. 891. Vit. 5 66 DIGESTION. Il est égalemenl digne de remarque que le mucus uasal el les larmes, on se mêlant à la salive, peuvent contribuer à pro- duire l'espèce de digestion des aliments amylacés dont je viens de parler, soit que ces humeurs conliennent des matières sus- ceptibles de donner naissance à de la diastase ou à un principe analogue, soit qu'elles favorisent le développement de cet agent saccharifiant dans le liquide salivaire (1), Du reste, l'action dissolvante de la salive est trop lente et troj) faible jtour que la digestion des aliments féculents .soit en général poussée bien loin pendant la durée de leur séjour dans la cavité de l'estomac, et ces substances, en majeure partie, tra- verseront même le pylore sans avoir subi les changements nécessaires à leur utilisation dans l'organisme ('2). MM. Frericlis, Jacubowilsch, Loiiget et plusieurs autres physiologistes, qui ont coustalé riiiaptilude de la salive à attaquer les a!inienls ali)uniiiioï(les (a). (I) Mageudie a trouvé que par l'ac- tion du séniiu du sang sur Faniidon cette substance i)()iivait être changée en glucose (b). M. Liebig attrilme la uiénie puibsai.ce sacchariliante à beau- coup de tissus animaux en voie de décomposilion (c). Enlin Al. Cl. Ber- nard a délerniiné la niènic transfor- nialion à l'aide du liquide séreux fourni par les fosses nasales dans un cas de coryza très aigu, el il a ob- tenu des résultats analogues en fai- sant usage de divers liquides patholo- giques provenant de kystes de l'ovaire ou du loie ((/). MM. Bidder et Schmidt ont fait une série d'expériences comparatives sur la durée du lemi)s nécesvsaire pour cllecluer la transformation de l'empois ou glucose quand on fait usage, soit de salive mixte et de di\ers autres liqui- des, tels que les mucus nasal ou vési- cal, sôit des produits de l'infusion de divers tissus organiques, et ils ont trouvé que la puissance saccharifianle était beaucoup plus développée dans la salive que dans toutes les autres substances employées, sauf le suc pan- créatique et le liquide intestinal (c). (2) M. Cl. Bernard a souvent exa- miné chimiquement le contenu de l'estomac des Cliiens qui avaient mangé beaucoup de pommes de terre cuites, el qui ont été tués à dilïéreh les pe- la) Jnciibowilscli, De nntiva, 1848. — Frericlis, :irl. Verdauniiij (Waiiiicr's tlandwôrterbuch der Physiologie. I. lit, p. 770;. — Lelini.inii, Lehrbuch der pliysiûlogtscheu Chemie, t. il, |p. 33. — I.ongcl, Trniié de rhyiinhnie, I. 1, 2' p.-irlie, p. d"'2. ib) MiijrciKlie, A'o/« .'îi'r la présence normale du sucre dans le sang (Comptes rendus de VAvad. dex sciemes. 184(1, t. XXIII, p. 18'J). (c) t.iebij,', Ltttres sur laihimie, \v.n\. p^r C.ei hardi, p. 152. {d) Cl. lîiTii.inl, dp. cil. {.Arihives ijénérales de médecine, i' scmIo, d84", t. Xlll, p. Hi,. (e) h'Mi'v cl Scliiiiiilt, Vie YcrdautingiSdflc, p. 17. IMÎOPRIÉTKS niGESTlV[':S DU SIC l'ANCP.KATlQUi;. ()7 Dans Tinlestin grêle, où les aliiiienls passent en sorlanl de l'estomac, l'action du piiiicipe saccharifiant de la salive doit continuer; mais dans celte portion du cnnal digestif les matières amylacées se trouvent en présence d'un autre li(piide qui est apte à les attaquer de la même manière, et qui a plus de puis- sance, savoir : le suc pancréati(pie. § 18. — Dans la précédente Leçon, en étudiant la composition chimique de ce dernier liquide, nous avons vu qu'il est alcalin et qu'il contient une matièie particulière douée delà propriétéde transformer l'amidon en dextrine, puis de changer la dextrine en sucre (1). L'action saccharifiante des produits fournis par le pancréas a été constatée pour la première fois en '18/i4 par le |>rofesseur Valentin, de Berne, et a été observée vers la même époque à Paris,- par M .M. lîouchardat et Sandras (2). Elle se ma- nifeste non-seulement quand on fait usage du suc pancréatique Propriétés digestives du suc pancri'alique. Action snrcharifiante. liocles du havail digestif, et toujoiifs il n'a pu y d(îcoavrir que des traces de sucre, tandis que la présence de la fécule était facile à mettre on évidence au moyen de Tiode (a) . (1) Voyez tome Vi, pat,^' 526. (2) Les expériences de .M. Valentin furent faites avec du suc pancréatique arlificiel obtenu en faisant infuser dans de Teau des IVagineals de pancréas (6). Dans celles de :MM. Bouchardat ot Sandras, uo constata d'abord l'existence du pouvoir saccharifiant dans le suc pancréatique naturel de la Poule et de J'Oie (c). Ces physiologistes, sans avoir connaissance des observations de AI. Valeniin, firent les mêmes expé- riences avec du suc pancréatique ar- tificiel préparé par l'infusion de la substance du pancréas d'un Lapin ou d'un Chien, et obtinrent les mêmes résultats (r/). Dans plusieurs de ces expériences , la formation du sucre a été constatée non-seulement par le réactif cupro-potassique , mais atissi par le développement de la fermen- tation alcoolique. La propriété sac- charifiante du suc pancréatique a été ensuite constatée par plusieurs autres physiologistes io). {«) Cl. Bernard, Op. cil. {Archives générales de médecine, i* série, 18i7, t. Xllt, p. 19). (6) Valentin, Lehrbuch der Plnjsiolocjie des Menschen, -1844, et 2' édil., t. I, p. 35fi. (c) Bouchardat et Sandras, Des fondions du pancréas et de son influence dans la digestion dei féculents {Supplément à V Annuaire de thérapeutique pour ISifî, p. 147). (d) Loc. cit., p. 150. (e) Strald, Yersuc'u iiber die Wirkung des Pankreas (Mullcr's .Archiv fiir Anat und Physiol., 1847, p. 207). — Cl. Bernard, Mcm. sur le pancréas [Suppl. aux Comptes rendus de l'Acad. des sciences, 1. 1, p. G02). ~ Ki'oeger, De succo panereatico, disserl. inaug. Dorpal, 1854. (iS niGKSTION. iialLirel recueilli >iii' un Animal viviiiil, mais quand on se sert d'un suc pancréali(iue arHIiciel |tré|iaiv en taisant infuser dans de Teau des fragments du tissu du |taiieréas. Klle est même très énergique (1), et si l'on examine les modilications que les matières amylacées subissent à mesure qu'elles descendent de l'estomac vers l'anus, on voit qu'elles sont en général forte- ment atta(iuées et Iransforméesen sucre, pnis absorbées par les parois de l'intestin avant (|ne d'arriver dans la partie terminale de ce canal (2). D'imauli'ccot/', on peut faire la conire-épreuve de ces expériences, car chez divers Aninmnx on peut ouvrir l'abdomen et extirper ou désorganiser le pancréas, sans empè- clier la nutrition de s'effectuer; seulement on voit alors qiit? la fécule ingérée dans l'estomac se retrouve i)resque en lotaliti' (1) MM. Sandras cl r.oiwhanlal ont trouvé quo le suc panciéali(|uc' di' la Poule saccliarifie proniptemoiit, non- seulement TcmiJois, mais même la tV- cule crue, quand nu ('li-vc un peu la icmpérature {a). M. kroeger a tronvi- (iiTun gramme (le suc pancréatique frais peu! en moins (TuiK' demi-heure, à la Icmpéralure de 35", transformer en sucre /|i?'',()7l2 d'amidon supposé sec, et, admetlani d'après d'autres n.'clierclies que ce suc conlientl'i millièmes de madère active, cel aiUeur eu conclul (|ue celle-ci peut saccliaritier environ 3.').'! fois son poids d'amidon (h). ('2) La transformation de |,i ft'cide en sucre dans Tinlestiu a élé- coustalée chez le C.hieu par 'i'iedeiuanii et (îme- lin, mais sans (pie ces aulems aient cherché à se rendnî compte du rctie (pie le suc pancréati(pie |)ouvait jouer dans ce phénomène {<■). En t'tudiani au microscope, et au moyen des réac- tifs chimiques, la fécule de pomme de terre qui se trouvait dans dillerenl(*s parties du tube dig(\stif d'un Lapin nourri avec cette substance. \iM. Jîou- cliardat et Sandras ont \u qu'elle tra- verse l'estomac sans avoir été beau- coup altérée, mais qu'à mesure qu'elle descend dans l'inteslin grêle, les grains dont elle se compos(> sont en majeure partie rongés, défornu-s el dissous; dans le ca'riun ils ne trouvèrent que peu de grains iiilacis. et dans le rectum lesmalières fécales n'en oflraient (puMle taibles traces. Les mêmes expérimen- tateurs out irouvt' que chez la l'ouïe la transformation de la fécule crue en glucose était plus rapide. Enfin, chez le Pigeon, ces auteurs reconniuent (pu> la matière amylacéi' avait disparu eu totalité dans l'inlestiu grêle [d). (ai Boiutianl.il i-l S.inlrns, Op. rit. {!>u}itlé)iieitl il IWinuiaire de llu'rnpi'tiliiine pntir ISIC, p. U7l. :b\ KiiH'^i r, llr .sncco pniu n'ulirn. ilisserl. iiiaiiir. l)m-|);il, 18,")!. (e) Ticiluniaini et Cnii'Un, llcclievcltes sur la iliijcstimi, t. I, p. 20i. ((/) Bdutlianlat (H Pamlias, De lu ili(ifslw)i ties iiiulières fénilenten el sucrées {Supplément à IWnniuiire de Huraiieiitique pour ISICp, p. 10!) .-i siiiv.). riUtl'P.I^TKS DlCliSTIVKS IH SIC PANCREVilOli; . GO ilniis les malirrcs l'éuales, sans avoir siil)i aiiciiiir alUM'alioii noiahlo (1). La siibslaiice qui donne ;hi suc j)aii('n'ati(|uc colle propriété digestive peul. en être sc[)arée par [irécipitatioii, et redissoute sans perdre s(jn [louvoir saceliariliant ('2^ \lais jus(|u'ici elle n'a pas été l'objet, de reclierclies ciiiniirpies satisfaisantes. Le su<' pancréati(pie n'est pas destiné uuiquement à la di- gestion des aliments leculents, il possède aussi la propriété de niétaniorplioser et de dissoudre les [irincipes albuniiuoïdes, et il exerce sur les matières grasses une action renianpiable. L'intervention de ce liquide dans la digestion des aliments azotés avait été entrevue par Eberle il y a environ trente ans, et bientôt a[)rès MM. Purkiuje et i^ippenlieim constatèrent <|ue le sue pancréatique artilieiel obteiui j)ai' l'iidusion du tissu du pancréas dans de l'eau acidulée peut dissoudre les matières Aulion du suc pnncîpalique sur 1rs principes albuininoïdcs. (1) M. Cl. Bernard a coiislalé que Tin- jociinn (le cerlainos matières tarasses, telles (|iie du beurre tondu ou même de riiuile, dans le canal excréteur du pan- créas, délerinine la désorganisation, de tont le tissu sécréteur de cette glande, et qu'en général, cependant. l'Animal se rétablit promptenienl et mange avec avidité (a). Dans ce cas, la production du suc pancréatique ne peut plus avoir lieu, et M. Cl. Bernard a reconnu que la presque totalité de la técule ingér(!e dans l'estomac traverse alors tout le canal alimentaire sans avoir été digérée (6). .Nous avons vu que chez les l'igeons, dans l'état normal, la fécule est com- plètement digérée dans l'intestin grêle; mais Al. Cl. Bernard, ayaiil extirpé le pancréas chez plusieurs de ces Oiseaux, a trouvé que les aliments amv lacés étaient évacués avec les excréments sans avoir subi d'altération notable, bien (pie la nutrition eût continué à se faire après l'opération (r). (2) ^IM. Sandras et Bouchardal lu rent les premiers à constater ce fait. Jls virent qu'en ajoutant de l'alcool à du suc pancréatique de la Poule, il se forme un dépôt qui, séparé ])ar dé- cantation, peul être redissous dans l'eau, et que la matière obtenue de la sorte agit sur la fécule comme le fait le suc pancrêali([ue naturel (cl). Ce principe est également préripilablc par l'acétate de plomb, et (juand il est remis en liberté, il reprend ses pro- priétés saccliarifiantes. (a) Cl. Bernard, Leçons de pliijsiolodie e.rpâ'iinentale failest en 1855, I. H, p. 275 cl siiiv. (6) Loc. cit., p. o'iQ. (c) Loc. cit., p. 330. (d) BoMchardat et Sandias, Op. cit. {Supplément à l'Annuaire de Ihcrnpeulique pour If^'tfj, :>. 147). 70 DIGESTION. ^ ;ill)iiiiiiiioïd(3s : mais c'cs! dans ces dernières années seulement (jue l'aclion du suc pancréatique naturel sur ces subslances a été l'objet d'une étude altentive, et l'on voit par les recherclies de M. Cl, Bernard et de M. Gorvisarr, que non-seulement les priucipes actifs de ce liquide sont aptes à modifier les aliments alhuininoïdes k peu près connue le lait la pepsine (1), mais aussi qu'il peut jjroduire ces effets quand il se trouve associé soit à lui acide, soit à lui alcali (2). Il paraîtrait (|ue cet agent détermine (1) Les expériences d'Eborle ainsi que celles de INIM. l'urkinje et Pap- penlieini sur les propriéiés digestives (lu suc panrréaticpic arlidcid (a) res- lèrentpresquc inaperçues des physiolo- gistes jusque dans ces derniers temps, et c'est surtout à la suite des recherches de Î\F. Cl. Bernard, sur les fonctions du pancréas (b), que l'altenlion fut appelée sur ce sujet par les travaux de M. L. Corvisart (c). Les opinions que ce dernier auteur avança furent conil)attues par qurlques expérimenta- teurs (j^ii refusèrent même d'une ma- nière ;iJ)solue aux produits de la glande j)ancréatique la propriété d'opérer la dissolution des matières alhuniiiioïdes solides ((/); mais la di;4eslion du i)lanc d'ieuf coagulé par le suc pancréatique, soit naturel, soit artificiel, a été obser- vée de nouveau par M. Mcissncr. Ce- pendant il paraît ((ue cet etlet n'est pas produit quand le pancréas est dans un état inflammatoire, ou que son acti- vité fonclionnelle n'est pas excitée par la digestion gastrique (c). AI. Brinton, de Dublin, a fait égale- ment quelques expériences sur les pro- priétés digestives du liquide obtenu par l'infusion du tissu (hi pancréas, préalablement écrasé, dans de l'eau tiède, et il a trou\ é que dans certains cas les fragments d'ali)uniine coagulée que Ton y faisait macérer n'étaient pas attaqués, tandis que dans d'autres cas ils étaient dissons très rapidement (/). (2) M. Corvisart pense que ce liquide agit db la même manière sur les ali- ments albuniinoïdesquand il est alcalin ou neutre que (juand il est acide (y). M. Meissncra obtenu la digestion arti- ficielle, en employant l'infusion du pancréas acidifié, mais il a toujours vu que ce liquide ne dissolvait pas {a) Ebcrlc, Pliysiolonie lier Verdauuiifi, 18;!i, p. 23G et sniv. — Piukiiije et l'ap|icnlioiiii, voyez l'Voriop's Noiiieii, 1S3G, t. L, p. 2H. {b) Cl. Hcniai-d, Mémoire sur le pancréas {loc. cit.). (c) L. Corvisait, Sur une fonction peu connue du paiicrcus, la diycstiun des alimenin az-otés {Gazette hebdomadaire de médecine, 1857, t. IV, p. 2()0 el siiiv. ; 1S58, I. V, p. !V2S cl suiv.). (0. pt .\iiiinlrs dr rhimie, 'i' scric, 184",), t. XXV, p. i"!)). (b) liiM-llielot, Mém. sur les cnmbiiuusous dr lu (ilijccrine avec les acides et sur la siinlhcse des principes immédiats des ijraisses des Auuitnux {Ami. île rhimie et de physiqu'', :>' aonc, 1851, t. XLI, i>. -272 et sniv.). (c) I-eiiz, De adipis coacoHione el absorplloue, ilisserl. 111:1111,'. I)ar|iat, 1800. (d) Cl. Berriinl, Màn. sur le pancréas {Supplém. aux Comptes rendus de l'ActuL des sciences, 185G, t. t, p. 407 el ?=iiiv.*. 7r> l>ROPlilKTÉS DIGESTIVKS DU SL(. l'ANCIlÉ.VTIQUK. l'eau, et c'est même de la sorte (iifelle fut découverte il y a uu (juart de siècle par Eberle (l). Elle est démontrée aussi par les expériences dans lesquelles on met en présence de l'huile et du suc pancréatique naturel recueilli sur un Animal vivant. M. Cl. Bernard a constaté de la sorte que tontes les graisses neu- tres à rétal iluide étant mêlées à une certaine quantité de celte humeur et légèrement agitées, se divisaient presque instantané- ment en ime multitude de gouttelettes d'une petitesse extrême qui ne se réunissent plus entre elles, mais restent en suspension dans le liquide et lui donnent un aspect laiteux. Nous verrons bientôt que c'est dans un état analogue que les matières grasses se trouvent dans le chyle, et par conséquent on devait être na- turellemeutconduil à supposer que l'émulsionnementde ces sub- (1) En 183Ù, Eberle constata que le liquide obtenu par Tintusion du tissu (lu pnn* réiis du Bœuf dans de Toau piuc forme, quand on Tagite avoc de riuiile, une éniulsion dont une partie est permanente et resseml)le à de la crème, tant la division des matières tarasses y est parfaite, il en conclut f|uc le suc sécrété par cette glande de- \ait maintenir sous la forme d'une émulsion fine les matières grasses avec lesquelles ce liquide est agité dans l'in- testin, et qu'elle devait servir de la sorte à les faire arriver dans le chyle (o). Ces conclusions sont parfaitement d'accord avec tous les faits découverts plus récemment ; mais à Tc-poque de leur publication elles ne parurent ])as sufiisamment établies, et même en Alle- magne les physiologistes n'y accordè- rent que peu d'attention jusqu'à ce que les propriétés digestives du suc pan- créatique eussent été pluscomplétement mises en lumière par les travaux de M. Cl. Bernard. En ("IFet, c'est à peine si Burdachy accorde deux lignes dans son volumineux Traité de phijsiologio (h), et Millier, dans son excellent manuel, n'en parle pas (c). Je croirais donc être injuste envers Î\I. Cl. Bernard, si je ne lui accordais pas une large part dans la découverte des fonctions du pancréas. Les recherches de ce der- nier physiologiste datent de I8/18, et ont donné lieu à plusieurs publica- tions de sa part (cl). ta) Ebcilc, Physiologie der Verduuuii/j, |i. iô\ cl suiv. (6) lïiintacli, Traitr de yhysioloijie , irnil. par Jourdin, I. IX, p. 380. (t) J. Millier, voyez l'ailicle Digestion clans le Manuel de physiologie, U-mWa par .l'Uiidaii, 1845. t. I, p. 379 et suiv.). (d) CI. Bernard, Recherches sur les usages du suc pancréatique (Ann. de chimie et de physique, 3* série, 1849, l. XXV, p. 474, et Archives générales de médecine 4* série, t. XIX). — Mém. sur le pancréas et sur le rôle du sm pancréatique dans les phénomènes de la digestion {Supplém. aux Comptes rendus des séances de l'Acad. des sciences, i 85(3, t. I, p. 379). — Leçons de phy- siologie expérimentale faites au collège de France en 1855, t. 2, p. 170 et suiv. vV: C :<9 lll niGESTION. stances par le suc pancréatique est un acte préliminaire de leur absorption. M. Cl. Bernard considère ce phénomène mécani- que comme étant la condiliou essentielle de la digestion des graisses, et il pense qu'il ne peut être déterminé que par l'ac- tion du suc paucréati(pie. H s'a|)puie princi[)alemcnt sur des faits de trois ordres, savoir : 1" les rapports qu'il a observés entre le lieu où les graisses énnilsionnées aj)p;iraisseiU dans les vaisseaux chvlil'èrcs et celui où les matières grasses rencontrent le suc pancréaliipic lors de leur passage dans le canal intesti- nal ; 2° le défaut de digestion des graisses qui se manifeste quand le [)ancréas a été désorganisé; 3° l'inaptitude des autres liquides digestifs à former avec ces substances une émulsiou |)ermaneijtc. J'examinerai les considérations basées siu' les carac- tères du cliyle lors(pic je traiterai spécialement de ce produit du travail digestif (1), et pour le moment jene m'occuperai que des deux dernières propositions dont je viens de parler. (1) Nous avons vu précôdeinmeiU ([\\c. chez le ïjapin le canal excréleur (Iti pancréas déboiiclie dans riiiteslin, à une dislanrc consiilérahlo au-des- sous de Tuuvc rtiu'e du canal cholé- doque («). Or, M. Cl. BiM'nard, ayant ingéré de l'huile dans l'estomac d'un Lapin et ayant ensuite ouvert Tabdo- men de l'Animal quand le travail di- gestif était en pleine activité, remarqua qu'au-dessous du premier de ces ori- fices, c'est-à-diie du point où le suc pancréatique est versé sur les ali- ments, les vaisseaux cliylil'èrcs étaient remplis dnnchjme crémeux et riche en matières grasses énnilsionnées, tan- dis qu'en amont de l'embouchure de l'appareil pancréatique on n'aperce- vait rien de semblable. Il en conclut que c'est senlcmenl après leur mélange a\ec le suc pancréatique que les grais- ses sont émnlsionnécs et absorbées {b). M. Cl. Bernard m'a rendu témoin de ces expériences, et j'ai vu ce qu'il avait annoncé ; elles ont été répi'lées aussi avec le même succès par d'ai'.tres phy- siologistes ((•); mais il paraîtrait que la signilicalion de ces faits n'est pas aussi grande qu'on le supposait d'abord, car il résulte des recherches plus ré- centes de MM. liidder el .Schaiidt que si le travail digestif est moins avancé, (a) Voyez tome VI, iiaiio 580. (6) CI. Iteniai'il, Ikchcrclies sur les nuages du suc imiicréatique dans la digesliou {Ami. de cliimie, ^' série, 184'J, l. XXV, p. 48 1).— Mcin. sur le pancréas (Stipplém. aux Comptes rendus, t. I, 1). 457,1.1. 7). (c) Jacltï-on, U)i Uigeslioa of fally Mallers by pancrealic Juice {American Journal of Médical Sciences, \Hbi, t. XXVlll, p. ;i07,. — Hydo Saller, iirt. I'angreas (TodJ's Cyclop., Suppl., \<. 106). PROPRIETK.S DIGESTIVES DtJ SUC PANCnÉATIQUR. 75 Les physiologistes (lui, en siiivaiil la voie expéi-iiiienlale, ^>nj,uencc ont voulu s'éclairer snr les fondions du pancréas, ont eu depuis «lestruction longteujps recours à l'extirpation de cet organe, se proposant l'^'^^^éas. de constater ensuiti^ les changements que cette opération déter- minerait dans les phénomènes de la nutrition. Vers 167o, Brunner, dont le nom est resté attaché à une partie du système des organes sécrétoires de l'appareil digestif, tenta cette exi)é- rience, et parvint à conserver pendant trois mois un chien chez lequel, après avoir ouvert l'abdomen, il avait enlevé avec le couteau la presque totalité du pancréas (Il 31. Cl. Bernard eut recours à la même opération, mais il n'eut pas le même succès, et il substitua à ce procédé expérimental l'emploi d'injections qui, poussées dans les canaux excréteurs du pancréas, déterminèrent promptement la destruction du tissu sécréteur de cette glande. Or, il remarqua (pie les chiens chez lesquels la sécrétion pancréatique avait été delà sorte arrêtée ou considéi-ablement amoindrie, mangeaient avec voracité, mais maigrissaient beaucoup, et que leurs matières fécales, au lieu de présenter l'aspect ordinaire, se trouvaient chargées d'une ou trouve de la graisse émulsionuéo dans les cliylifères situés en amont de renibouchure du canal pancréatique, et ces physiologisfes pensent que si plus tard ou n'en voit plus, cela dépend seulement de ce que les aliments gras, en cheminant dans l'intestin, sont des- cendus plus bas, et qu'il n'en existe plus en quantité notable dans la por- tion pylorique du duodénum (a). (1) A l'époque où Brunner fit cette expérience, les médecins s'occupaient beaucoup de quelques hypothèses ])i- zarres louchant les fonctions physiolo- giques du pancréas, que l'on croyait indispensable à l'existencedes Animaux ainsi que de l'Homme. Il s'attacha donc piincipalement à constater que les Chiens sur lesquels le pancréas avait été extirpé pouvaient continuer èi vivre l'ort longtemps, et un des Animaux ainsi privés de la totalité ou de la pres- (jue totalité de cette glande se rétablit très bien, et s'échappa au bout de trois mois. iMais Brunner ne s'occupa qu'in- cidemment des faits qui auraient été de nature à nous éclairer sur la ques- tion qui nous occupe ici, c'est-à-dire sur le rôle du pancréas dans la di- gestion des matières grasses (b). (a) Bidder et Sclunidt, Die Verdauungssâfte und die Sloffwechsel, p. 255 et suiv. ib) Brunner, Expérimenta nova circa pancréas, édit. du 1(503, p. 12 et suiv. 76 niCKSTIO.N, r|iiaiilit(' coiisidénihle do graisse non digérée. Dans aucune (IjO ces expériences .M. Cl. Bernard ne parvint, ni à empêcher com- plètement la digestion des graisses, ni à détruire la totalité du pancréas; mais il considéra les résultats obtenus comme venant corroborei' ses vues touchant la nécessité du suc ])ancréatirpie pour l'ulilisation ()liysiologique de ces substances alimentaires. Enfui il argua aussi d'un certain nonibre de cas pathologiques observés chez rilomme, et dans lesquels l'évacuation de matières alvines chargées de graisse coïncidait avec nn état d'atrophie ou de transformation hislj!ogi(iue du pancréas (1). Ces laits ne purent cependant enirainer la conviction dans tous les esprils, et les conclusions que l'on en avait tirées ne s'accordaient pas avec les résultats fournis [tnr d'aulres obser- vations. Ainsi chez quelques-unes des personnes qui avaient présenté des indices de la non-digestion des graisses, on (I) Ainsi Klliotsc.n rapporto deux observations de malades cliez lesquels les di^jeclions alvines étaieni eliargées de beaucoup de graisse, et chez Ics- (fuels on reconnut par Tautopsie (fue le canal pancréatique rlail (»I)liléré ou obstrui' par des concrétions (a). Chez un autre malade observé par un mé- decin américain, les aliments graisseux étaieni recoimaissables dans les fèces, et après la mort on trouva que le pancréas était complètement désorganisé (h). Des cas analogues ont été signalés par plusieurs autres pathologistes (c), et ils ont été rassemblés par ^\\\. Moysc et Cl. F.ernard (J). On cite aussi diverses observations de maladies du pancréas accompa- gnées d'un grand amaigrissement et de selles graisseuses (c). (rt) Ellinison, On the Dischaviie of fallu Mutler fi'o^» ""^ lioivels {Medico-Cliinivjicdl Traiisnr- tions. iS'JS, t. XVIIl, p. C>1). (b) Gross, Observ. d'un cas de liimeur kysliiiue ;TKS DfGKSTIVKS DU SLC P.VNCRKA'HQI K. 77 Iroiiva |i;ir raiilopsie (|i)i' lo pancréas élail dans son élal normal, cl qnc c'était lo foie qui élait malade (i). Knfin plusieurs pliysiologisles parvinrent à conserver en vie des Animaux chez lesquels le canal de Wirsung' avait été lié près de son embouchure dans l'intestin, et mis en communication avec une ouverture listulaire, de façon à détourner au dehors le suc pancréati(iue que ce conduit était chargé de verser dans la cavité digestive ('2), ou bien encore chez lesquels le tissu (l) Par exemple, dans quelques cas rapportés par EUiotson, aucune allé- ralion du pancréas ne lut remarquée chez des malades sujets à des déjec- tions graisseuses (a), et dans d'autres cas l'état morbide de cette glande constaté par Taulopsic n'avait été révélé par aucun trouble dans les fonctions digeslives (6). J'ajouterai que MM. Schill et Longet (c) ont réuni un certain nombre d'observations recueil- lies par divers médecins, établissant que la graisse a pu exister en grande abondance chez les individus dont le pancréas était dans un état patholo- gique qui devait faire supposer l'inter- ruption de son action sécréîoire {d). ('2) En général , l'oblitération du canal excréteur du pancréas, qui es! produite i)ar une ligature n'est pas durable {e). Eu eflet, ce tube s'ulcère et se coupe transversalement dans le point comprimé par le lil, qui alors devient libre, et » n même temps Tin- llannuation des parties circonvoisines les fait adhérer à la surface externe des deux portions du canal, et déter- mine ainsi la lormalion d'une espèce de man(-bon qui entoure la ligature et rétablit la comnrunication entre les deux fronçons séparés d'abord par la ligature, puis par la solution de conti- nuité' dont je viens de parler. Le suc pancréatique peut alors reprendre son cours et arriver de nouveau dans l'in- testin. Ce mode de reconstitution du canal de Wirsung a été souvent con- staté chez le Chien, et a été observé aussi chez d'aulres Animaux, tels que le Bœuf (/■). {(i) Elliolsori, Op. cit. {Medico-Ckiruni. Trans., l. XVIII, p. 07). (b) llanilliekl Jones, Observ rexpeclina Dt'ijeneration nf Ihe Pancréas [Medko-Cluruvij. Trans., 1855, t. XXXVUI, p. V.)5). (c) Schiff, IJi'ber die Rolle des pankrealisr.hen Sa fies und der Galle bel Aufnaluue der Fette (Mollesclioti's Uiilersuch. zitr Natiirlebre des Menschen und der Thiere, 1857, l. 11, p. ;{45). — Longet, Traité de physiologie, t. I, 2* parlie, p. 205. (rf) Greiselins, De repeiitina siiavi morte ex jiancreate sphacelnio (Misccll. nat. curins., 1081 , ilcc. {, ;inn^ '^, obs. 45, t. II, p. 05). — Abcrcroinbie, Contributions lo Ih". Palhologij of thr Slomach, ilic Pancréas and ihe Spleen yEdmburQh Journal, 18-24, t. XXI, \>. 5i'J). — DawiilolT, De morbis pancreatis observationes quivdam. Dorpat, 1833, p. 9. — Eecourt, Recherches sur le pancréas, ses fonctions et ses altérations organiques, thèse. Slrasbom-i,', 1830. — 'Veni,'a, Sulla conversione del pancréas in adipe [Omodei, Ann. unw. di v\edicina, 1850, t. CXXXvi, p. 370). (e) Bninner, Experim. nova circa pancréas, p. 17 et siiiv. if] r.uliii, Traité de physirdogie comparée des Animau.r dnmesligues, t. I, p. 045. 78 DIGKSTION, du pancréas paraissait avoir été (Jélrujt mécaniquement, cl clans plusieurs de ces cas il parut évident que la digestion des ma- tières grasses avait continué à s'etTectuer. Malheureusement, dans la jilunart de ces recherches, on négligea de prendre toutes les précautions qui auraient été nécessaires pour les rendre probantes: ainsi, lorsqu'on fit la ligature du canal de Wirsung, on ne s'assura pas de la non-existence d'un canal pancréatique accessoire, canal qui se trouve souvent chez les Animaux dont on faisait usage (1), et lorsqu'on s'était proposé d'extirper le [)ancréas, on n'a pas prouvé suffisamment par l'investigation cadavérique que le résultat voulu avait été obicnu {'■2}. Il s'en- suit que la persistance de la faculté de digérer des graisses (1) Voyez lonie VI, pap;e 508. ('2) Peu après la publication des expériences de M. Cl. Bernard, Al. Fic- riclis clieicha à résoudre la question (lu rôle du suc pancréatique dans la digesti<»n des matières grasses, au uio\en de l'exclusion de ce liquid(' ellecluée. soit par la ligature du canal de Wirsung, soil par celle de Tintes- lin lui-n)ème au-dessous de renibou- chure de ce canal, et l'ingestion de ma- tières grasses en aval de robsiade opposé ainsi à l'abord du lluide pan- créatique. Dans une de ces expériences, il employa le premier de ces procédés sur des Chats, et trouva que les matières grasses n'en lurenl pas moins digérées, et que le chyle était énml- sionné comme d'ordinaire (a). Mais M. Cl. Bernard objecte que la ligature n'était pas placée de façon à enipè- cher la totalité du pancréas de verser ses produits dans l'intestin (6). Dans d'antres expériences faites tant sur de jeunes Chiens que sur de petits Chats, la ligature fut placée autour de l'in- testin, de façon à intenonipre toute comnumication entre l'appareil pan- créatique el l'iléon , puis un niélange de lait et d"huile l'ut injecté dans cette dernière portion de l'intestin, et lors- qu'au bout de deux ou trois heures les Anin)aux furent tués, on trouva tous les vaisseaux chylifères remplis d'un chyle chargé de graisse (r). Mais M. Cl. Bernard pense que cela devait dépendre de ce que du suc pancréa- tique versé préalablement dans la por • tion de l'intestin ainsi jsolée s'> trouvait encore au moment de l'expé- rience. M. Ilerbst(c/) pratiqua aussi la liga- ture du canal de AA irsung surdes La- pins, et ronslala ([ue le ciume laiteux (a) Froriclis, Die Verdavwig (Wagner's Handwurterbnch fur Physiologie. I. Itl, p. 840). (6) Cl. Deriiard, Oj). Cit. {SuppU'iH. aux ComjiWs rendiii; de l'Acad. des sciences, i. 1. p. 463). (f) l''r(;riclis, loc. cil. (d) Huilist, Die Unterbindung des Wtrsung'schen Caiigcs an Kaninclicn mil liûcksiclit auf die Dernard'sche AnsichC ïiber Zwech des panki-eatischen Safles {Zeitschr. fiw rat. Med. , 1853, .N. T., t. ni, p. as'j). PROPRIÉTÉS DIGESTIVKS DU SUC PANCUÉATIQUE. 79 (jiiand le paiieréas ne verse plus les produits de sa sécrétion dans l'inteslin, quoique rendue très probable, n'est pas com- plètement démontrée parées recherches expérimentales, et que, pour résoudre la question qui nous occupe, il faut chercher d'autres preuves. Il me paraît indubitable que le suc pancréatique visqueux, conclusions auquel M. Cl. Bernard réserve l'épidiète de normal, possède à un plus haut degré que toutes les autres matières avec lesquelles continue à se former après l'opéra tion; mais il négligea le canal pancréatique accessoire, qui fait connnuniquer aussi le pancréas avec l'intestin, et par con- séquent on ne peut rien conclure de cette expérience touchant rinfluence du suc pancréatique sur la digestion des graisses. Les expériences fiiites par M, Bé- rard et M. Coliii sont sujettes aux mêmes objections. Ainsi, après avoir établi, chez un Boeuf, une fistule pan- créatique qui détournait au dehors ■la totalisé du liquide conduit vers le duodénum par le canal de Wirsung, et avoir laissé l'Animal dans cet état pendant quelques jours pour donner à l'intestin le temps de se débarrasser du suc pancréaiique qui devait s'y trouver au moment de l'opération, ces physiologistes ouvrirent le canal tho- racique pendaut que le travail digestif était en pleine activité, et ils recueil- lirent en peu de temps environ /lO li- tres de chyle laiteux qui contenait à peu près k centièmes de matières solides, dont plus d'un dixième con- sistait en corps gras (a). Mais, ainsi que l'a fait remarquer M. Cl. Bernard, il existe chez le Bœuf un canal pancréa- tique accessoire, quelquefois même deux (6), dont on avait négligé de faire la ligature, et par conséquent l'abord du suc pancréatique dans l'in- testin n'avait pas cessé ; on ne saurait donc conclure de cette expérience que l'absorption des graisses a eu lieu sans le concours de ce liquide digestif (r). J'ajouterai que. dans une autre série d'expériences de MM. Bérard et Colin, faites principalement sur de très jeunes Chiens, la plus grande partie du pancréas fut détruite par ra- clure, et l'on remarqua qu'en moins de deux mois après l'opération, les Ani- maux ainsi mutilés avaient presque quadruplé en poids (d). Mais on ne constata pas l'état dans lequel se trou- vait la portion de la glande qui avait échappé à cet écrasemeni. (a) Bérard, De la digestion et de l'absorption des matières grasses sans le concours du jlu'ule paiicréaiique \Ga%eltc hebdomadaire de médecine, 4 8 57, t. IV, p. 285). (6) Voyez loiiie VI, paires 50S et siiiv. (c)'Cl. Benniril, Leçons sur les propriélés phijsiologiques et les altérations pathologiques des liquides de l'organisme, 185'J, l. Il, p. J4S et sniv. — Poinsol, Recherches sur le pancréas tiu Bœuf, au sujet de la digestion de la graisse (Gaz. hebd.de méd., 1857, t. IV, p. 537). {dj Bérard et Colin, Mém. sur l'eictirpation du pancréas (Galette hebdomadaire de médecine. 1857, t. IV, p. 518). 80 DIGESTIOX. les graisses se ineleiil dans le tube digestif, le pouvoir de les ('lîuilsionner, et il résulte aussi des reeherehes de ee i)hysiolo- giste que ee sue ne perd pas ses [tropriétés émuisiounantes par suite de son mélange, soit avee le sue gastrique, soit avee la bile; mais tous les liquides albuinineux qui se trouvent dans l'in- leslin, soit qu'ils proviennent des aliments, soit qu'ils prennent naissanee dans les glandes eireonvoisines, sont jtlus ou moins aptes à produire des effets analogues, et j)ar eonsé(juent, lors même (jue ee mode de division des matières grasses serait la condition de leur absorption, (piestion que je réserve poul- ie nioment, il ne faudrait pas considérer le suc paneréalique comme la cause unique, l'agent indis|»ensable de la digestion de ces substances alimentaires. En elTet, on sait «pie Ibuile agitée avee de l'eau albumineuse ne tarde pas à former une émulsion, et M. Blondlot a fait remarquer avec raison qu'il suffit de mêler intimement les graisses liquides ave(^ le ebyme pour les y mettre en suspension dans un état de division extrême; que dans l'estomac, et surtout dans l'intestin, elles sont en quelque sorte triturées avee cette matière pâteuse par l'action des mouvements périslalli(]ues dutubc digestif, et que (»ar(^onsé(iuent elles doivent y être divisées en globules micros- copicpies non conilueuls, c'est-à-dire ('uuilsionnées à peu près coumie elles le soûl (piand on les :,gite ave(^ du suc sécrété pai' le jiancri'as i'1). (1) Daii.s une tlicsc i)réscntéo à la Faculté des sciences en 1855, M. l'Joii- (llot a loiulu coniplo des expériences (|n"il a\ail l'ailes à ce sujet, et il a clier- clié à (Uablir que le suc iJ^asIrique esl le seul liquide (lu tubealinieulaire (jui mérite le nom de IJiiidr digestif; que cet afîcnl n'est (|uc la cause prédispd- sanle de la digoslion, et (jue ce itlié- nomène consiste esscntiellemenl en une sorle de U'iliu-ation, et change Vétat des aliments solides do façon à les rendre al)sorl)al)l(>s, mais n'en mo- (iilie pas la nature chimique ((;). Par ce (jui précède on voit que je suis loin de j>arlager toutes les opinions de M. lilondhtl, bien que sa thèse ait été soutenue sous ma présidence. (a) Hloiullot, lleclicrcltes sur la digestion des matières ijrassesiThèsfS de lu Fncullé des sciences de Paris, n* 183, l'I .V/(w. des scietices mil., \' si-rii", I. II, p. 28.')). PUOl'RIÉTKS DK.IÎSTIVES Df SIC l'ANCRKATlQUi:. 81 Je rn(»[)ellerai aussi que chez la plupart des Poissons le |)an- créas n'existe pas, ou ne se trouve qu'à l'état rudimcntaire (1); et cependant nous avons tout lieu de croire (|ue ces Animaux digèrent et absorbent les matières grasses contenues dans leur proie, car en général on trouve de l'iiuilc en abondance dans quel(]ues-uns de leurs organes. Il est vrai que les fonctions dévolues à un instrument physiologique spécial chez les Ani- maux d'une structure très perfectionnée peuvent être remplies ailleurs par d'aulres parties de la machine vivante, et que par conséquent, de l'existence de la faculté de digérer les graisses chez des Animaux qui n'ont pas de pancréas, il ne faudrait pas conclure à la non-localisation de cette faculté dans rajipareil pancréatique de ceux chez lesquels celui-ci a acquis un grand développement. Mais il y a d'autres raisons qui me paraissent ne permettre aucun doute à ce sujet, et montrer que le suc fourni par le pancréas n'est pas l'agent unique de la digestion des corps gras. En effet, nous verrons bientôt que les liquides sécrétés par les glandes situées dans les parois de l'inteshn grêle peuvent exercer sur les graisses une action analogue. Du reste, on doit se demander si l'émulsionnement de ces substances est bien une condilion de leur aptitude à êlre absorbées. On l'admet gé- néralement, parce que chez les IMammifères qui servent d'ordi- naire aux recherches des physiologistes on retrouve les malières grasses sous la forme globulaire dans le chyle ; mais on sait, d'autre part, que chez les Oiseaux les choses ne se passent pas de la même manière; le chyle n'offre pas les caractères d'une émulsion, et cependant chez ces Animaux l'utilisation des ali- ments gras est indubitable, et l'absorption des graisses par les l)arois du tube intestinal paraît devoir être même très active. (1) \u>cz (ouic VI, page 51/j. vu. fi Action de la bile. S2 DIGESTION. ^ "20, — Il existe parmi les physiologistes de grandes diver- gences d'opinion au sujet des Ibnelions de la bile dans le travail de la digestion; ce désaccord tient en partie à l'imperfection de nos connaissances à ce sujet, mais davantage à l'exagéra- tion des conclusions tirées d'observations exactes, mais deve- nant contradictoires par le fait de leur extension. On s'accorde généralement à reconnaître que la bile n'exerce aucune action notable sur les aliments albuminoïdes ou amylacés (1), à moins 'TÏT L'inaptitude de la bile à dissoudre la viande, le pain et d'autres aliments albuminoïdes ou féculents a été con- statée directement par Leuret et Las- saigne (a). 11 résulte cependant des expériences de M. INasse, que la bile de Bœuf peut déterminer la transfor- mation de l'empois en glucose, et que la bile du Cocbon peut attaquer la fécule crue, substance qui résiste à l'ac- tion du premier de ces liquides {b). Il est aussi à noter que, d'après les expé- riences de M. Kemp, la tunique mu- queuse de la vésicule du fiel paraissait agir sur lecaséum, h la manière delà pepsine (r). M. 11. jMcckei, ayant fait agir de la bile sur une dissolution de sucre et ayant obtenu à la suite de cette expé- rience plus de matières solubles dans l'éther (pie dans le cas où il traitait par ce réactif de la bile seulemcnl, supposa que ce dernier liquide jouis- sait de la propriété de convertir le sucre en matières grasses ((/) ; mais l'augmentation dans la proportion des substances solubles dans l'étber dé- pendait, non pas de la naissance des corps gras, mais des transformations subies par les acides résinoïdes de la bile elle-même. Les expériences faites à ce sujet par plusieurs pliysiologistes établissent nettement que les choses ne se passent pascomme M. IL Meckel l'avait pensé {e), et ont conduit cet au- teur à abandonner sa première opinion^ Prout pensait que les matières al- buminoïdes digérées par le suc gas- trique étaient transformées en a]|)u- mine coagulable par l'action de la bile (/■) ; M. Scberer a été conduit, par les résultats de quelques expé- riences, à adopter une opinion ana- logue (g), et M. Frerichs a souvent vu que du cliylc, après avoir étélîitré et mêlé avec de la bile, était coagulable par la chaleur (/;). l\Iais M. Lehmann attri- bue les résultais obtenus par ceschimis- (ft) Nasse, Physiologie (kr Galle {Archiv fur wisseiisch. Ileilkunde, 1859, t. IV, p. 445). (/)) Leiiitt et Lassaiijne, liecherches pour servir à l'histoire de la digeslion, 1825, p. i46. (c) Kemp, Ueber die Function der GaUenblasenschleimhaul (Sclimiilt's Jrt/i;'()uc/i«r, 1858, t. ). .Mais ces résultats uégalils perdireiil toute valeur en présence des faits ob- servés vers la même époque par ]\Ia- gendle et par plusieurs autres physio- logistes. Le premier de ces expéri- mentateurs constata que le chyle laiteux, c'est-à-dire chargé de graisse émulsionnée, pouvait être formé chez des Animaux dont le canal cholédoque était lié et dont le tube digestif ne i-ecevait plus de bile (c). La présence de matières grasses dans le ch\le d'A- nimaux dont la digestion se faisait sans le concours de la bile, a été éga- lement mise en évidence par des ex- périences analogues dues à Leuret et Lassaignc, Tiedemann et Gnu'lin , 1\1. Voisin, .M. B. Phillips, M. Blondlot et autres ((/). Connue nous le verrons bientôt, ces derniers physiologistes ne sont pas arrivés aux mêmes conclu- sions quant au degré d"inlluence que la bile peut exercer sur l'absorption des graisses, mais ils s'accordent à re- connaître que l'absence de ce liquide n'ont raîiio p;is la cessation de ce phé- nomène. (a) 1"'. lîi-odic, Obsrrrtilious on tin' KH'fct.i pvodiicrd Inj Ihe llitc in Ihc Proccss of Digcslioa {The Quarlerlu Journal of Science, lAteraliwc and Ihc Arts, 1853, t. XIV, p. 3H). (6) Herbert Mayo, E.ïpcrimenls with a View of asccrtaining Ihc Efl'ect of tijing Ihc ductus- conimunis cholcdocluis {London Médical nnd Physical Journal, dSïïO, I. LVI, p. 340). (c) Ma^'Piiilie, /'/'('cjs cU'mcnlairc de plinsioloijii'. (d) Voisin, Xonvel apcr(;H sur la phijiiotofiie du foie, 1833, p. SS. — I!. l'lMlli|is, On the fonctions of Ihc lAver and thc Uses of the Bile {London Mcd, and PhUS. Journ., 1S33, t. \1I, p. 4-21). — Bloiidiol, Traite analutique de la digeslion, 1813, p. \'i). PROPRIÉTKS DIGESTIVES DE LA BILE. 85 Ainsi on a constaté que des Animaux dont toute la bile ('lait détournée de l'intestin, et déversée au dehors par une ouverture tistulaire, pouvaient vivre pendant fort longtemps et utiliser d'une manière complète les matières grasses contenues dans leurs aliments ; d'où quelques auteurs ont cru pouvoir conclure que cette humeur ne joue aucun rôle dans la digestion de ces substances (1). Cette opinion ne me paraît pas admissible. Il est certain que la bile n'est pas indispensable pour la digestion des matières grasses ; cela a été constaté par la comparaison directe des quantités de graisse ingérées dans l'intestin et évacuées par l'anus chez des Animaux dont la bile ne pouvait arriver dans le duodénum, ainsi que par l'observation des matières absor- (1) Ce mode (rexpérinicntation fut employé en ISkU par M. Scliwann. A l'aide d'mic ouveiiure praliqiiéc aux parois de rabdonieiî,snr la ligne blan- che, chez un Chien, on mit à décou- vert le canal cholédoque, on lia la partie inférieure de ce conduit, et on le coupa au-dessous de la ligature, de façon à interrompre toute connnunlca- tion enue l'appareil hépatique et l'in- testin ; puis on amena au dehors le fond de la vésicule biliaire, on le fixa aux bords de la plaie extérieure à l'aide de quelques points de suture, cl l'on y fit une incision, de manière à établir une voie pour l'écoulement 'de la bile. La plupart des Animaux soumis à cette expérience périrent des suites immé- diates de l'opération, mais quelques- uns survécurent pendant un certain temps et olfrirent des signes d'inani- tion ; dès le troisième jour ils com- mencèrent à maigrir, et au bout de deux ou trois semaines tous mouru- rent dans un état d'émaciation (a). On aigua donc de ces expériences pour soutenir que la bile joue un rôle im- portant dans la digestion des matières grasses; mais M. Blondlot, étant par- venu à conserver pendant très long- temps un Chien chez lequel il avait établi une fistule biliaire, et ayant vu que l'Animal digérait bien et ne dépé- rissait pas, se crut autorisé à conclure que la bile est au conlraire complète- ment inutile pour la digestion des ma- tières grasses (6). Ce Chien vécut de la sorte plusieurs années, et lorsque enfin on le tua, l'autopsie paraît avoir montré qu'il n'existait aucune conununicalion entre son appareil hépatique e! son tube alimentaire (c). (a) Schwann, Expériences pour constater si la bile joue dans l'économie animale vn rôle essentiel pour la vie (Mém. de lAcad. de Dru.velles, 1845, l. Will). (6) Blondlot, lissai sur les fonctions du foie. t8i(!, p. 55 et sniv. (c) Blondlot, Inuiilllé de la bile dans la dlgestimi pr^rprement dite [Mém. de la Soc. de.). ce physiologiste, il en est un qui jette (o) Voyez lome Vf, p. o87 et suiv. (a) Ilaller, rJemcnta vl'iisiolociœ, t. VI, p. 417, 009, etc. {b)E.Bn\ckc, llcilràiie %ur Lehre von der Vcrdauung {Sitzungsbcnchle der Wiener Akad., ISCl, t. Xl.Ul, p. (MO et suiv.). PROPUIÉTKS DIGESTIVES DES SUCS INTESTINAUX. 96 intestinal; le second est appelé mucus. Jusque dans ces derniers temps on pensait qu'ils ne servaient qu'à lubrifier les parois du canal intestinal, à les protéger contre l'action trop irritante de certains corps étrangers, à faciliter le passage des matières alimentaires de l'estomac vers l'anus, et à conduire au dehors des produits excrémentitiels ; mais on sait aujourd'hui qu'ils jouent un rôle plus important, et qu'ils peuvent agir chimi- quement, sur les matières alimentaires, à la manière des autres sucs digestifs dont nous venons de faire l'étude (1). (1) Dans rélat normal de Torga- nismc, le liquide fourni par les parois de l'intestin ne peut pas être distingué des autres sucs digestifs, car il ne se rencontre que mêlé, soit au chyme, soit à la bile et au suc pancréatique. Pour s'en procurer, M. Frerichs, dont les expériences portèrent sur des Chats et des Chiens, comprit entre dou\ liga- tures une anse de la portion flottante de l'intestin grêle. Il avait préalable- ment vidé et nettoyé par des lavages réitérés l'intérieur de cette anse intes- tinale, longue de plusieurs pouces, qui fut ensuite replacée dans l'abdomen de l'Animal ; puis la plaie extérieure fut fermée à l'aide d'une suture. Au bout de quelques heures, la portion du tube intestinal ainsi isolée fut trouvée rem- plied'un liquide transparent, i ncolore, visqueux, très alcalin, et contenant en- viron 2 ou 2 1/2 pour 100 de matières solides {a). M. Lehmann a obtenu un produit analogue chez un malade at- teint de hernie, dont une portion de l'intesthi grêle était obstruée et com- muniquait à l'extérieur par plusieurs orifices fistuleux situés les uns au- dessus, les autres au-dessous de l'ob- stacle f/)). M. Biddcr et Schmidt, ainsi qu'un de leurs élèves, M. Zander, n'ayant pas obtenu des quantités de liquide suffisantes, en employant le procédé dont M. Frerichs avait fait iisage, ont eu recoursà l'établissement d'un anus artificiel chez des Chiens dont le canal pancréatique était lié et l'appareil biliaire mis en communica- tion avec le dehors au moyeu d'une fistule cystiquc (c). Enfin M. Colin a employé un procédé qui me paraît pré- férable à tous les précédents, car il per- met d'obtenir le suc intestinal à peu près pur, sans avoir ouvert préalable- ment l'intestin. Ce jeune physiologiste opère sur un Cheval dont la digestion est en pleine activilé. Il pratique une incision au flanc gauche de l'Animal, de façon à faire sortir une anse de l'intestin grêle, et il applique sur la portion supérieure de ce tube un petit com- presseur à vis qui l'aplatit sans le léser, et interrompt toute communication avec les parties situées en amont ; puis en pressant méthodiquement rintestin d'avant en arrière avec les doigts, il ((() Frerichs, Die Verdauung (Wagncr's Ilandworlerbuch der Physioloijie, t. 111, ii. 851) (b) Lchmami, Lehrbuch der phijsiologischen Cheinie, t. Il, p. 79. (c) Bidder et Sclimidt, Die Yerdaiiunijssdfte, p. 270. — Zander, De siicco entenco, disseil. iiuuii;. Dnrpal, 185 y/i DIGESTION. Le SUC propre que les aliments rencontrent dans l'intestin grêle est un liquide alcalin et albumineux (1) qui éniulsionne les graisses, et transforme l'amidon en sucre à la manière du suc pancréatique (2); il peut aussi effectuer la digestion des ma- tières albuminoïdes; mais son action est très variable, et nous ne sommes encore que peu éclairés sur les circonstances qui influent sur ses propriétés physiologiques (3) . C'est évidem- fait descendre les matières qui s'y trouvent, et après avoir vidé de la sorte le canal dans une longueur d'en- viron 2 mètres, il applique à l'extré- mité inférieure de l'anse ainsi préparée un second compresseur, et il fait ren- trer le tout dans l'abdomen, dont il recoud la plaie. L'Animal est tué une heure après, et l'on trouve alors dans l'anse intestinale fermée de la sorte aux deux bouts une accumulation de li- quide sécrété par ses parois. L'iullam- mation n'a pu encore s'emparer des viscères, et en général on recueille ainsi de 80 à 120 grannncs de suc intestinal (a). (1) L'alcalinité des liquides sécrétés par les parois de l'intestin grêle avait été constatée depuis longlcnqis par M. Donné et par d'autres physiolo- gistes (6). Le suc intestinal du Cheval obtenu par M. Colin était mcMé à nue certaine quautité de nuicus ; après lillration, sa densité était de 1,010, et d'après Lassaigne, il était composé de : eau, 98,1; albumine, 0,65; chlorure de sodium et de potassium, pliospliale de soude, etc., l,/i5 pour 100 i)ar- lics {(■). (2) L'action saccharifiante exercée par le suc intestinal sur l'amidon a été constatée d'al)ord par^L Frerichs {d), à l'aide du liquide obtenu par le pro- cédé indiqué ci-dessus. MM. Bid- der et Schmidt obtinrent des résultats analogues chez des Animaux vivants, en introduisant dans une anse de l'intestin grêle préalablement vidée et nettoyée intérieurement une certaine quantité d'empois, et en l'y retenant à l'aide de doux ligatures, dont celle placée en amont empêchait l'accès du suc pancréatique, du suc gastrique et autres liquides qui se trouvaient dans le duodénum. Au bout de peu de temps l'empois ainsi enquisonné ne donnait plus avec l'iode la coloration caracté- ristique des matières amylacées (e). (o) Dans les expériences de M. Fre- richs il ne se manifesta aucun indice d'une action dissolvante exercée par les sucs intestinaux sur les aliments albuminoïdes {[); mais la puissance digestive de ce liquide hii mise en évidence par les recherches de MM. lîiddcr et Schmidt. Pour s'éclai- rer à ce sujet, ces physiologistes opé- rèrent sur des Chats et des Chiens (a) Colin, Traili' dcpliijsidlngic comiiarèe des a)iimaux domestiques, t. I, p. (US. (b) DoiiiK', Cjoitvs de microscojiie, dS-i4, p. 153. — Zaïnlcr, Z>t; Siicco enterico, DisscrI. iiiuug. Korpal, 1850. (c) Colin, 0]). cil., l. 1, p. OiU. (rf) Ii'rciiclis, Die Verdauung (\Viit;ner's llnndwurlcrbmh der l'Injsiologie, t. III, p. 852J. (e) BiJdcr et Scliinidt, Die Vcrdamtiigssàltc, p. 281. , if) Froriclis, 0}). cit., p. 852. PROPRIÉTÉS DIGESTIVES DES SUCS INTESTINAUX. 95 ment un mélange de produits divers fournis, les uns par les tubes de Lieberkùhn, les autres par les glandes de Brunner ou par les follicules de Peyer (1) ; et il est probable que les diffé- rences constatées par les expérimentateurs dans son mode d'ac- tion sur les aliments dépendent en grande partie de l'existence en proportion tantôt plus grande, tantôt plus faible, de l'une ou de l'autre de ces humeurs. Du reste, l'aptitude des sucs intestinaux à opérer la digestion des aliments sans le concours des liquides provenant, soit de l'estomac, soit du foie ou du pancréas, a été constatée dans l'espèce humaine aussi bien que chez les Animaux, et la con- naissance de ce tiiit peut être très utile en médecine. Ainsi il arrive parfois u'à la suite d'une plaie pénétrante dans l'abdo- men, l'intestin reste ouvert et verse directement au dehors toutes les matières alimentaires qui dans l'état normal seraient descendues plus bas pour être absorbées ou expulsées par l'anus ; et lorsque cet orifice que les chirurgiens appellent un anus contre nature se trouve placé vers le commencement de l'intestin grêle, il en résulte non-seulement une incommodité des plus graves, mais une insuffisance dans les résultats du travail digestif, qui peut amener un état d'émaciation, ou même qu'ils avaient fait jeûner pendant plu- sieurs jours,ct ayant ouvert Talxlonien de l'Animal mis en expérience , ils interrompirent toute communication entre le duodénum et la portion sui- vantedeTintcstin grêle, au moyen d'un cylindre de liège logé dans ce tube en guise de mandrin et en plaçant autour du point ainsi obstrué une ligature très serrée. Puis, à l'aide d'un anus artificiel ouvert au-dessous de l'obstacle établi de la sorte, ils introduisirent dans la portion du tube intestinal qui ne re- cevait plus ni bile ni suc pancréatique, ni suc gastrique, de petits sachets de mousseline contenant des morceaux de viande ou de blanc d'œuf cuit, dont le poids avait été préalablement dé- terminé. Quelques heures après, ces sachets furent examinés, et l'on trouva que les matières albuminoïdes ren- fermées dans leur intérieur avaient été digérées tantôt en totalité, d'autres fois en grande partie (a). (1) Voyez tome VI, page U02 et sui- vantes. (a) Biddcr et Scliinidt, Op. cit., p. 272 cl suiv. 96 DIGESTION. la mort par inanition. Dernièrement, chez une l'emme atteinte d'une intirniité de ce genre, tous les aliments qui passaient de Testomac dans le duodénum s'échappaient aussitôt par l'anus artificiel, et rien n'arrivait dans la portion suivante du canal in- testinal où d'ordinaire la digestion s'achève. La malade étaitd'une maigreur extrême, etaurait, suivant toute probabilité, succombe très promptement, si le médecin chargé de lui donner des soins n'avait eu recours à l'ingestion directe de matières alimentaires dans l'intestin grêle par l'orifice qui s'opposait au cours normal du chyme élaboré dans l'estomac (1). On parvint de la sorte à si bien nourrir cette femme parla fistule duodénalc, que bientôt ses forces se rétablirent, et que l'on put sans inconvénient en faire le sujet d'expériences intéressantes (2). On introduisit directement dans son intestin , par l'anus artificiel dont je viens de parler, des sachets de mousseline contenant des aliments de différentes sortes, et l'on en examina le contenu lorsque,après avoir séjourné pendant plusieurs heures dans le tube digestif et être descendus dans le rectum, ils avaient été expulsés au dehors par les voies naturelles. Or, on constata qu'en traversant ainsi l'intestin, (1) J.cs expériences inlércssantes dont il est ici question furent faites à Bonn, par M. Busch. Elles fournirent aussi des résultats importants relative- ment au rôle de Testoniac dans l'absorp- tion des matières nutritives, sujet dont nous aurons bientôt à nous occuper [a). Dans d'autres cas patbologicpies ana- logues, destentatives semblables avaient été faites, et Dieffenbacii, cbirursien céit'bre de lierlin, avait été même conduit à penser, d'après les résultats obtenus, que la digestion des aliments pourrait l)ien être possible sans le concours de l'estomac (6); mais faute de lumières pbysiologiques suffisantes, on croyait généralement que l'absorp- tion des matières nutritives pouvait s'opérer par le gros intestin aussi bien que par l'intestin grêle, et c'était ordi- nairement par l'anus qu'on injectait les aliments dans le tube digestif. (2) Lorsque M. Biiscli eut recours à ce mode d'alimentation, la malade ne pesait que 68 livres '2 onces, et dans l'espace de treize semaines son poids s'éleva à 85 livres ; elle avait donc gagné plus de 8 kilogrannncs. (n) Buscli, lieitvdije z-uv Phijsioloijie der Venlauunijsorgane {Anhiv fur pathologischc Anolomic tind Physioloijk, 1858, t. MV, p. 140). {b) Burdacli, Traité de physiologie, t. IX, p. 3-2\K PROPRIÉTÉS DIGESTIVES DES SUCS INTESTINAUX.. 97 et sans avoir subi le contact, ni de la salive, ni du suc gastrique, ni de la bile ou du suc pancréatique, les aliments féculents, la viande et le blanc d'œuf durci par la cuisson pouvaient être digérés et absorbés; car ces substances ne se retrouvaient en totalité, ni dans les petits sacs perméables où on les avait ren- fermées, ni dans les matières alvines expulsées au dehors (1). Les propriétés digestives, dont l'existence est ainsi révélée dans les sucs sécrétés par les parois de l'intestin grêle, ne se retrouvent plus dans les liquides fournis par les parois du gros intestin. 11 en résulte que cette dernière portion du tube alimen- taire ne joue qu'un rôle passif dans le travail de la digestion (2) : chez quelques Animaux, le Cheval par exemple, ce travail peut se poursuivre et s'achever dans le csecum, ou môme dans le colon, mais les altérations que les matières alimentaires y (1) Dans une de ces expériences, des morceaux de blanc d'œuf durci par la cidsson perdirent dans l'espace de cinq ou six heures jusqu'à 35 p. 100 de leur poids. La digestion de la chair muscu- laire ne fut pas tout à fait aussi active : ainsi, par un séjour de sept heures dans l'intestin cette substance ne perdit qu'environ 30 p. 100 de son poids. L'action des sucs intestinaux sur l'ami- don fut au contraire plus active ; ainsi, dans une expérience qui dura seu- lement cinq heures et deiuie, plus de 63 centièmes de cette substance furent digérés. La digestion des matières grasses ne parut se faire que très in- complètement, et il est aussi à uoter que le sucre de canne ne fut pas trans- formé en sucre interverti par l'action des sucs intestinaux. M. Uusch lit aussi sur cette malade des expériences rela- tives à la digestion des aliments mixtes et aux phénomènes qui ont lieu dans la portion supérieure du tube intestinal. (12) Depuis longtemps les physiolo- gistes avaient remarqué que les ma- tières contenues dans la partie infé- rieure de l'intestin grêle sont d'ordi- naire alcalines , mais qu'après leur arrivée dans le cœcum, elles olfrcnl eu général des caractères d'acidité (a), et quelques auteurs ont pensé que ce dernier organe remplissait les fonc- tions d'un second estomac où s'achevait la digestion des substances végéta- les {b). Mais ^]. Blondlot (c) a expliqué d'une manière plus satisfaisante ce phé- nomène par la fermentation lacticjue des aliments sucrés, phénomène dont nous aurons bientôt à nous occuper. (a) Viridet, Déprima coclionc, p. 210. (6) Tieilciiiaiiii et Gmelin, Rechcrcitcs sur la digestion, t. I, p. 40 i. (c) Blorullot, Traité analyliqxœ de la digestion, 1843, p. 80 et suiv. Vil. 98 DIGESTION. subissent, dépendent essentiellement de l'action des liquides auxquels ils se mêlent pendant leur passage dans l'intestin grêle. Fermeniaiion § 25. — Les phénomèncs que nous venons de passer en butSTetc. revue, et que nous avons pu nous expliquer d'une manière satis- faisante par les propriétés chimiques du suc gastrique et des autres liquides sécrétés dans les différentes parties de l'appareil digestif, ne sont pas les seuls qui se manifestent pendant l'ac- complissement du travail de la digestion. En elfet, il se déve- loppe dans l'intestin des produits particuliers dont nous n'avons pas encore tenu compte, et dont la formation paraît être due à la fermentation des matières alimentaires. Ainsi quelquefois, dans l'estomac même, mais le plus ordinairement vers le com- mencement du gros intestin et dans les parties suivantes du tube digestif, on voit apparaître de l'acide lactique, de l'acide butyrique et des gaz composés principalement d'acide carbo- nique et d'hydrogène. L'acide lactique est un produit des métamorphoses que les matières sucrées peuvent éprouver en présence de certains corps organiques. Jusque dans ces derniers temps on attribuait cette transformation à l'influence des substances albuminoïdes en décomposition; mais, d'après les observations intéressantes que M. Pasteur a publiées récemment sur ce sujet, il y a lieu de penser qu'elle se He à la présence de certains êtres vivants d'une petitesse extrême et qui ont de l'analogie avec les cor- puscules dont se compose le ferment alcoolique. La chimie nous apprend aussi que, dans certaines circonstances, les matières sucrées se dédoublent de façon à donner naissance à de l'acide butyrique, à de l'acide carbonique et à de l'hydrogène. Or, les expériences de M. Pasteur ont fait voir que ce phéno- mène est ordinairement, sinon toujours, déterminé par la pré- sence d'autres corps vivants qui paraissent être des Animal- cules d'une nature particulière, et (jui jouent aussi le rôle d'un FERMENTATIONS INTESTINALES. 99 ferment spécial (1). Nous savons, d'autre part, qu'il existe au milieu des matières contenues dans les intestins une uiulti- tude d'Infusoires qui ont une grande ressemblance avec les Animalcules dont je viens de parler, et, en rapprochant tous ces faits, on se trouve conduit à penser que les phénouiènes de fermentation lactique et de fermentation butyrique qui se manifestent dans le tube digestif pourraient bien dépendre de l'action des Infusoires qui vivent et se multiplient dans l'inté- rieur de ce canal, hypothèse qui nous permet aussi d'expli- (1) MM. Fremy el BoiUion ont con- staté que leferniont qui est apte à déter- miner la transformation du sucre, de la dextrine, du sucre de lait et de la gomme, en acide lactique, se développe dans les infusions préparées soit avec de la diastase, soit avec du caséum ou des membranes organiques, telles que la tunique muqueuse de l'estomac, et préalablement exposées à Tair libre (a) ; par conséquent, on pouvait croire que la fermentation lactique était due à l'action exercée par des matières albu- minoïdes déjà altérées par la putréfac- tion sur les substances sucrées ou au- tres dont je viens de parler. Mais les nouvelles recherclies de M. Pasteur tendent à établir que cette fermenta- lion lactique est produite par le déve- loppement de petits êtres vivants dont les germes, charriés par l'atmosphère, sont déposés dans les infusions sus- mentionnées, et y trouvent les aliments nécessaires à leur existence (6). La fer- mentation lactique serait donc un phé- nomène physiologique analogue à la fermentation vineuse, qui dépend, ainsi que l'a démontré Caignard de la Tour, de la présence de certains vé- gétaux microscopiques de forme glo- buleuse. Du reste, les substances qui, sous l'inHuenco de ce ferment spécial, se transforment en acide lactique, ont la même composition chimique que celte substance, ou n'en diffèrent que sous le rapport de la proporlion des éléments de l'eau qui s'y trouvent unis à du carbone. La fermentation butyrique se pro- duit dans des circonstances analogues, mais est un phénomène plus complexe : l'amidon ou le sacre ainsi modifiés ne subissent pas seulement unchangement isomérique ou l'adjonction d'un certain nombre d'équivalents d'eau; ils se dé- doublent en acide butyrique, en acide carbonique et en hydrogène. En etTet, 1 équivalent de sucre est égal à C'-H'-O'-, et correspond à 1 équiva- lent d"acide butyrique (G811'03,ho) -\- k équivalents d'acide carbonique (C02) -J- l\ équivalents d'hydrogène. (a) Boulron et Fremy, Recherches sur la fermentation lactique {Anu. de chimie, 3" série, 184i, t. II, p. 257 et suiv.). (6) Pasteur, Mém. sur la fermentation appelée lactique {Ann. de chimie, 3° série, 1858, t. Lli, p. 404 et suiv.). — De l'origine des ferments {Comptes rendus de l'Acad. des sciences, 18G0, t. L, p. 849). 100 DIGKSTION. qiicr la i)rodLictioii des deux prineipaux gaz (jui se rencon- trent dans cet organe, savoir, l'hydrogène et l'acide carbo- nique (1). Divers faits enregistrés par les pathologistes trouvent ainsi une interprétation facile, et il serait important d'étudier à ce point de vue certains accidents qui se manilestent parfois dans la digestion, et qui se lient peut-être à la présence d'êtres para- sites, soit végétaux, soit animaux, dans l'estomac ou dans l'in- (1) La découverte d'animalcules microscopiques dans les matières ex- pulsées dcriiitcstin dcriiommc appar- tient à Leouwenhoek, qui constata aussi la présence dlni'usoires dans les dépôts de matières salivaires dont les dents sMncrustent souvent (a). Il en trouva également dans les matières fécales de la Grenouille, l'ait qui a été constaté par plusieurs autres observateurs [h). V.n 1825, Leuret et Lassaigne trouvè- rent que pendant la digestion il existe des milliers d'infusoircs vivants dans l'intesliu de la rirenouillc et du Cra- paud (c). Plus récemment, ^ï^\. Gruby et Delafond ont signalé la présence d'animalcules en nombre très consi- dérable dans reslomac et dans l'intes- tin du Clieval, du l'orc cl du Cliien. Je ne saurais partager les opinions de CCS auteurs au sujet de l'origine de ces petits êtres, ni de leur détermination ou de leur rôle dans la nutrition {d) ; mais je suis disposé à croire que lorsque les germes de certains [nfusoires sont introduits dans la cavité digestive, et parviennent dans l'intestin grêle sans avoir été détruits par le suc acide de l'estomac, ils peuvent s'y développer, et si les circonstances sont favorables à leur nuiltiplication, y pulluler avec une rapidité extrême. M. Vogel a observé aussi des Vibrions dans les ma- tières excrémentitielles de l'homme (e). Chez les Chiens nourris avec des ma- tières amylacées, Î\I. Ayres a toujours trouvé des myriades de Mbrions dans le caecum {f), et M. Ehrenberg a con- staté l'existence de plusieurs espèces d'animalcules infusoires du genre Bunsaria dans l'intestin de la Gre- nouille (ij). Plusieurs pathologistes ont signalé la présence de Vibrions, de Gercomonas ou d'autres Infusoires en (a) Leoiuvenliock, Epist. scripta ad. rc. 129). — Rainey, Append. to tlie lieport of thc Committee for Scienlifw Inquiries in Relation lo tlie Choiera Epidémie 0/1854, p. 137 [Board ofHcallh, 1855). — Hill Hassall, Report on the Microscopical Examination of the Rlood and Excrétions of Choiera Patients (Board of Health, 1 855). — Malmsleii, Infiisorien als Intestinalcanallhiereheim Menschcn (Vircliow's Archiv fiir palhol. Anat., 1857, t. I, p. 302). (6) Robin, Hist. nat. des végétaux parasites qui croissent sur V Homme et les Animaux vivants, 1853, p. 331, pi. i2,fi^. 1. (c) Goo.lsii-, Histonj of a Case in which the Fluid periodically ejected from the Stomach con- tained Vegelable Organism of an undescribcd form ; with a Chemical Analijsis of the Fluid by G. Wilson (Edinburgh Médical and Surgical Journal, 1842, l. LVll, p. 430). (d) Masse, Deobachtungen ïtber dicSarcina ventriculi [Mittheilungen der Ziiridier nalitrforschcn- den Gesellsch, 1817, p. 93. (e) Simon, De sarcina ventriculi. ilissert. inaiig. Halln, 1847. — Pour plus, lie détails snr l'iiisloiredu Sarcina ventriculi et sur les opinions cmiscs sur la natiirj de ce corps, je renverrai aussi aux écrils des auteurs suivants : — Virchow, Die San ina [Archiv fïirpath. Anat., 1847, t. I, y. 201). — Schlossberger, Die Sarcina (Archiv fïtr physiol. Ikiikundc, 1840, t. VI, p. 747). — K. Millier, Einige Remerkungen iibcr die Sarcina ventriculi (Bolanische Zeiiung, 1817, p. 273). Gaz intestinaux. 102 DIGESTION. § 2/|. — Les gaz dont je viens de parler ne sont pas les seuls qui se trouvent dans le tube digestif, et ce n'est pas uniquement à la fermentation butyrique qu'il faut attribuer l'existence de ces fluides. On y rencontre aussi de l'azote, de l'oxygène, de l'acide sulfliydrique et de l'hydrogène carboné (1). L'air atmos- saient être identiques avec le Torula cerevisiœ de Turpin, ou globules du ferment du moût de raisin (a), soil des corpuscules un peu différents , et que l'on a désignés sous le nom de Cryptococcus guttulatus. Ces derniers corps paraissent même exister presque toujours dans rintestin du Bœuf, du Mouton, du Porc et du Lapin {b). (1) Vers le milieu du xvii*^ siècle, van Helmont, que j'ai déjà eiv l'occa- sion de citer (t), reconnut que les gaz intestinaux éteignent les corps en combustion et sont en partie combus- tibles (cl). Mais Jurine, physicien gene- vois du siècle dernier, fut le premier à en faire l'analyse. Les expériences de cet auteur ne portent du reste que sur un seul cadavre, et les moyens eudiométriques dont il fit usage ne lui permirent pas d'arriver à des résultats suffisamment précis (e). En I8IZ1 et 1815 , M. Chevreul analysa avec toute l'exactitude désirable les gaz recueillis par jVIagendie dans diverses portions du tube digestif de quelques suppliciés (/■), et, en 1833, Chevillot .lit une série assez nombreuse d'expé- riences analogues sur le cadavre d'in- dividus morts de maladie (g). On doit aussi à M. Marchand des recherches siu' le même sujet. En 1817, Vauquelin examina les gaz contenus dans l'intestin d'un Élé- phant mort à la ménagerie du Muséum, et il y reconnut de l'azote, de l'acide carbonique, de l'hydrogène carboné et une petite quantité d'acide sulfliy- drique (h). La nature des gaz qui parfois se (a) Bœlim, Die kranke Darmschleimhaut in der asiatischen Choiera. Berlin, 1828, p. 57. — Hc-ule, l'alholofjisclie Unlcrsacliuiujen, p. 42. — Vog-cl, Icônes, \i\. il, fiy. 8. — Grube, Noie sur des plantes cryptogames se développant en grande masse dans l'estomac d'un malade [Comptes rendus de l'Académie des sciences, 1841, t. XVIIT, p. 580). — Hannover, Ueber Entophyten ai'.f den Schlcimhâuten des Jodlen und lebcnden menschli- chen KOrpers (Miillcr's Archiv fur Anal, und Physiol., 1842, p. 2S1 , pi. 15, tic:. 1). — l'.eiiiak, IHlze der Mundhohle u)id des Darmknnals, diagnoslische und pathologische Unter- ^ suchuugen. Berlin, 1843. {b) Kcniak, Op. cit., p. 222, lig'. 102. — rmliiii, Histoire naturelle des végétaux parasites, p. 327, pi. G, ùg. 2. (c) Voyez Idine I, pa^'e 379. {dj Van llehiiont, Orlus medicinœ, 1052, p. 431. (e) Jurine, Mémoire sur la question suivante : Déterminer quels avantages la médecine petit retirer des découvertes modernes sur l'art de connaître la pureté de l'air par les différents eu- dioinètres {Mémoires de la Société royale de médecine, 1789, t. X, p. 77 cl suiv.). (/■) Ma-ondio, Note sur les yax, intestinau.c de l'Homme sain {.\nn. de chimie et de physique, 181G, t. H, 11. 292). (g) CliovillDt, Itecherchcs sur les gai de l'estomac et des intestins de l'Homme à l'état de maladie, tlièse. l'aiis, 1833, n" 194. {h) Vauqnelin, Analyse des gax, trouvés dans l'abdomen d'un Éléphant {Mém. du Muséum, 1817, t. III, p. 279). GAZ INTESTINAUX. lOo phérique qui est introduit en quantité plus ou moins considé- rable dans l'estomac par les mouvements de déglutition fournit les deux premiers (1). L'oxygène avalé de la sorte est prompte- ment absorbé, et d'ordinaire n'arrive pas jusque dans l'intestin, mais l'azote ne disparaît pas avec la même rapidité, et constitue toujours une portion considérable du mélange gazeux contenu dans les différentes parties du canal digestif. Enfin , l'acide carboni({ue et les autres lluides élastiques que le sang tient en dissolution paraissent pouvoir s'en échapper en traversant les parois des vaisseaux dont la tunique muqueuse de l'intestin est creusée, et être exhalés dans l'intérieur de l'appareil digestif. En étudiant certaines particularités du travail respiratoire, nous avons déjà eu l'occasion de constater chez divers Animaux inférieurs un dégagement d'acide carbonique par les parois du canal alimentaire (2), et des expériences dans lesquelles on a vu, chez le Chien et chez d'autres Mammifères , des portions d'intestin se remplir de gaz, quoi(|ue séparées des parties voi- sines du tube digestif par des ligatures, et vides au moment où on les avait isolées de la sorte, semblent montrer (jue cette développent en quantité très considé- gaz intestinaux cliez le Cheval (6). (1) Quelques individus ont la faculté d'avaler de Pair par gorgées et de se distendre ainsi l'estomac, de façon à provoquer des vomissements (c). Mais dans les circonstances ordinaires, c'est rable dans l'estomac des lluminants, a été examinée, mais très superficielle- ment, par Lameyran et Fremy,quiles ont considérés comme contenant envi- ron 80 pour 100 d'hydrogène sulfuré, 15 pour 100 d'hydrogène carboné, et 5 pour 100 d'acide carbonique et d'air atmosphérique (a). Dernièrement, M. Valentin (de Berne) a étudié avec beaucoup de soin les seulement à l'état de mélange avec la salive que ce fluide arrive en quan- tité notable dans les parties profondes de la cavité digestive. (2) Voyez tome II, page 257. (a) Lameyran et Fremy, Analyse des gaz formés dans l'estomac des herbivores par la maladie connue sons le nom de mélèorisation ou d' empansement {Bulletin de pharmacie, 1801.1,1.1, p. 358). (6) Valentin, Einige Bemerkungen ûber die Verdauimgsgase des Pferdes (Vircliow's Archiv fûrphysioL, Heilk, 1854, t. XIII, p. 350). (c) Gosse, Op. cit. (Spallanzani, Expériences sur la digestion, p. cxxii et suiv. — Mageudie, Mém. shc la déglutition de l'air atmosphérique, 1815, et Précis élémentaire de physiologie, t. II, p. 140. ^O'i DIGKSTION. exlialalion est un pliénomènc général (1). La théorie nous aurait conduit, du reste, à penser (jue dans cette cavité conte- nant de l'air, et séparée du sang par un tissu perméable, des échanges devaient s'opérer entre ces deux fluides. En elïet, conlbrniément aux lois de la dilTusion, l'oxygène et même l'azote de l'air ainsi emprisonnés doivent tendre à pénétrer dans le sang, et l'acide carboni({ue en dissolution dans cette humeur doit tendre à se répandre dans l'espace libre que lui oflVe l'inteslin distendu par d'autres gaz. Nous pouvons donc prévoir que la composition des gaz intesti- naux diflerera d'autant plus de celle de l'air atmosj)hérique, que la partie du canal digestif où ils se trouvent sera plus éloignée de la bouche; que d'abord cette difierence ne consistera que dans une proportion plus faible d'oxygène et une })lus grande abon- dance d'acide carbonique ; que l'hydrogène commencera à se montrer là où la fermentation butyrique s'établit ; enbn, que dans le gros intestin, où les matières alimentaires séjournent le plus (1) Ilimlcr pensait qno dans certains cas pathologiques les parois de Tcsto- inac peuvent exhaler beaucoup de gaz, et il mentionne à ce sujet une pièce anatoniique que rillustre Jenner lui avait envoyée, et qui consistait dans une anse de Tintcsliu d'un Porc, où de petits kystes remplis de gaz s'é- taient formés en grand nombre (a), Portai, B. Gaspard, Baumes et plu- sieurs aiUres médecins oui allaché beaucoup d'iuqjorlaiice à cette exha- lation gazeuse ; mais leur opinion n'est fondée sur aucun fait positif dont on puisse arguer légitimement pour eu établir l'existence {b). Magendie et Girardin furent les premiers à constater l'exhalation des gaz par la surface interne de rinlestin chez le Chien, à l'aide de Texpérience cilée ci-dessus, mais ils ne détermi- nèrent pas la nature chimique de ces produits ((■), Plus récemment, des faits du même ordre ont é'ié observés par M. l'"re- richs ((/}. (a) llimtcr. On Ccvtnin pnvis nf tlir Animal Œconomy, p. 207. [bj IVirUil, Tra'Ur de ])ncuntaticilc [Mcin. sur la nature et le traitement de plusieurs mala- dies, t. V. — I!. Gaspanl, Dissertation phyxioloqique sur la (jainfication vitale, ^812. • — lt,'miii('.s, Lettres sur tes causes et les effets de la pri'senee des qm ou venis dans les voies (Hijestires, 1X3-2. (r) Gemliiii, Recherches plnjsioloijiqucs sur les Vers intestinaux, llu'-se. Paris, 1814, p. 2i. {d) Frcricli?, Die Vcrdannng (Wagnei-'s llandworterbuch der Physiologie, t. III, \t. 80(>;. GAZ INTESTINAUX. ^^'^ longtemps et s'altèrent profondément, les gaz sulfurés et car- bures se mêleront en quantités plus ou moins grandes à l'azote, à l'acide carbonique et à l'hydrogène qui se trouvent dans l'in- teslin grêle, et qui, poussés par les mouvements péristaltiques de ce tube, devront être dirigés vers l'anus. En effet, les résultats de l'analyse des gaz intestinaux faite par divers chimistes, soit chez l'Homme, soit chez d'autres Mam- mifères, montre qu'il en est ainsi. Par exemple, dans une série d'expériences de ce genre, faites sur le cadavre d'un supplicié par Magendie et M. Chevreul, le mélange gazeux présenta la composition suivante : Dans l'estomac, oxygène, H,0; azote, 71, Û5; acide carbo- nique, 1/1,0; hydrogène, 3,55. Dans l'intestin grêle, point d'oxygène et seulement 20,08 d'azote; mais 2/i,o9 d'acide carbonique et 55,53 d'hydrogène. Dans le gros intestin , point d'oxygène; 51,03 d'azote, 43,5 d'acide carbonique et 5,^7 d'hydrogène carboné mêlé à un peu d'acide sulfhydrique (1). Souvent l'estouiac ne contient pas de gaz en quantité notable, et d'autres fois non-seulement on v trouve un mélange d'air et d'acide carbonique, mais aussi de l'hydrogène ; car dans cer- tains cas la fermentation butyrique commence dans cet organe, et, ainsi que nous l'avons déjà vu, on a constaté diuis le chyme les produits caractéristiques de cette réaction. D'après ce que je viens de dire des causes dont peut dépendre la présence des (1) Il est à noter que le condamné avaitfait, deux heuresavant sa mort, un repas composé principalement de pain et de fromage ,- mais la digestion de ces substances ne pouvait pas être assez avancée pour que Ton doive y atlribucr le dégagement de riiydrogèneou de Ta- cidc carbonique trouvés dans l'intestin; et il y a lieu de croire que la production du preuiierdeccs gaz, ainsi que d'une portion de l'acide carbonique, avait été la conséquence de la fermentation bu- tyrique d'aliments analogues pris dans des repas précédents (a). («) Magendie, Note sur les gaz intestinaux de l'Homme sain (Amiales de chimie et de physique, 1816, t. n, p. 292). lOG DIGESTION. divers gaz intestinaux, on conçoit également qu'il doit y avoir des variations très grandes dans les proportions relatives de ces matières, ainsi que dans la rapidité de leur dégagement, sui- vant la nature des substances introduites dans le tube alimen- taire et suivant l'état physiologique de l'appareil digestif. Ainsi, lorsque toutes choses sont égales d'ailleurs, la production d'hy- drogène et d'acide carbonique doit être le plus abondante quand les aliments contiennent beaucoup de matières féculentes qui se prêtent facilement à l'établissement de la fermentation buty- ricpie ; le dégagement d'acide sulfliydrique dans l'intérieur de l'intestin doit être subordonnée à la présence de matières ali- mentaires ou excrémentitielles riches en soufre et promptes à se décomposer; enfin tous ces phénomènes doivent dépendre surtout de la présence de divers ferments dans le canal digestif et des conditions plus ou moins favorables à la multiplication de ces corpuscules microscopiques. Dans (piehjues étals patholo- giques , rcxhalalion des gaz par les parois de l'intestin ou même de restomac peut augmenter de manière à produire de grandes accumulations de ces fluides, mais dans la plujiart des cas, les accidents de ce genre me paraissent devoir être attri- bués plutôt à la réimion de circonstances propres à provoquer et à favoriser l'établissement de phénomènes de fermentation dans les matières alimentaires dont le tube iligestif est chargé. Du reste, ces questions inléressent la médecine plutôt que la physiologie, et par conséipient je ne m'y arrêterai pas. J'ojou- tei'ai seulement que dans les circonstances ordinaires les gaz intestinaux n'ont que peu d'imporlance; ils n'influent pas nola- blement sur les phénomènes de la digestion (1), si ce n'est pour (1) Quelques aulcurs ont supposé influence consid(îial)le sur les phéno- que les gaz intestinaux exercent une mènes de la digestion (a). Mais ces (o) Burdacli, Traité de physiologie, t. I\, p. 435. — (Irayes, On Tympanites occurriny in Fever {Dublin Journal of Médical Science, 183G, t. VIII, p. 4'J9). — Liebig, Chimie organis, telb^s (pi'on les rencontre dans la nature, MODIFICATIONS DES ALIMENTS DANS l'eSTOMAC. 109 sont presque toujours, comme je l'ai déjà dit (1), des mélanges ou des associations de plusieurs matières diverses appartenant au moins à deux des trois classes d'aliments simples dont je viens de parler. Ainsi les Carnivores trouvent dans leur proie, d'une part, des tissus composés essentiellement de plusieurs principes azotés neutres, d'autre pari, des graisses; et les Her- bivores ont en général un régime encore plus complexe, car dans la plupart des substances végétales qu'ils mangent, il y a tout à la fois des principes amylacés, des matières grasses et des composés albuminoïdes, tels que le gluten. Dans une pro- chaine Leçon, je me propose d'examiner la composition des aliments considérés au [toint de vue de leur pouvoir nutritif; en ce moment je ne m'occuperai que de la série des moditi- cations que l'ensemble des matières alimentaires subit dans les différentes portions du tube digestif, et des relations qui existent entre la nature chimique ou les propriétés physiques de ces substances et leur digestibilité, soit dans l'estomac, soit dans l'intestin. § 2. — Les médecins ont fait beaucoup d'observations et Ponion quelques expériences sur la durée du séjour des différents ali- digestif . , 11'- 1"' s'eiïccUic ments dans la cavité stomacale et sur les altérations que ces dans substances y éprouvent. Ainsi, vers la fin du siècle dernier, Gosse (de Genève) a étudié, au moyen de régurgitations volon- taires, l'état des matières contenues dans son estomac plus ou moins longtemps après le repas (2), et plus récemment, le docteur Beaumont a fait une longue série d'observations ana- logues sur le Canadien dont j'ai déjà eu l'occasion de parler (1) Voyez ci-dessus, page 3 et suiv. mac, et il en profila pour observer le (2) Ce physiologiste avait la faculté degré d'altération que divers aliments de vomir très facilement quand, en subissaient par leur séjour plus ou avalant de Tair, il distendait son esto- moins prolongé dans cet organe (a). («) Les expériences de (lossc ont clé imbliccs par Seiicbicr dans l'Inlroducticn à l'ouvrage do Sp41anzani {Expériences sur la digestion, 1783, p. cxxii et suiv.). reslomac. JIO DIGESTION. comme ayant l'estomac en communication directe avec l'exté- rieur (1). Enfin, on a fait des études du même genre sur des Animaux que l'on sacrifiait pendant que la digestion était en pleine acfivité (2), ou dont on rendait l'estomac accessible à l'observation au moyen d'une ouverture artificielle (3). On a (1) Au moyen de l'ouverture acci- dentelle qui, chez ce Canadien, ren- dait l'accès direct dans l'estomac très facile, M. Beaumont a l'ait un grand nombre d'expériences, en vue de dé- terminer le temps nécessaire pour opérer la transformation de divers aliments en cette matière pultacée qu'on appelle chyme, et leur dispari- tion, soit par leur absorption, soit par leur passage dans l'intestin (a). Les faits constatés ainsi offrent de l'intérêt, mais il est à regretter que M. Beau- mont n'ait pas examiné chimiquement les produits de la digestion stomacale, ni soumis à l'observation microscopi- que le mélange chymcux, pour mieux délerminer les altérations physiques que chaque substance alimenlaire avait subies. (2) Vers la fin du siècle dernier, Spallanzani fit un certain nombre d'expériences de ce genre sur divers Animaux auxquels il faisait avaler des aliments renfermés dans des tubes à parois criblé-es, ou dans des sachets de moussclini; [h). D'auln-s physiologistes ont cherché à délerminer le degré comparatif de digestibilité de divers aliments, en ou- vrant le canal alimentaire de chiens ou d'autres Animaux, lorsque le travail digestif était plus ou moins avancé. Ce procédé expérimental a été mis en usage par Astley Cooper, Tiede- mann et (îmelin, Schultze (c). (3) M. Blondiot et quelques autres physiologistes ont établi chez des Chiens une fistule gastrique, ei ont étudié ainsi les progrès du travail di- gestif, soit dans l'intérieur de l'esto- mac, soit au dehors de l'organisme, dans des expériences de digestion ar- tificielle (c/). Des recherches du même ordre ont été faites chez des personnes qui avaient un anus artificiel au moyen duquel les aliments introduits dans l'estomac s'échappaient au dehors dès leur arrivée dans la portion d(! l'intes- tin où se trouvait cette ouverture. Lallemand a étudié de la sorte les effets de la digestion stomacale sm* des aliments qui n'avaient parcouru'qu'un très court trajet dans l'intestin grêle (e). On doit à AI. Londe des observations analogues (/"). (a) W. Beaumont, Experiments and Observations on the Gastricjuice and thc Physiology of Digestion, tS33. {hf S|iallanzaiii, Expériences snr la digestion, 178IJ. (c) A-llcy Cooper, Exper. on Digestion (Scudamore, Trcntise on the Nature and Cure ofthe Goût, 1817, et 7he Lancet, 1820, t. I). — Soliultze, De alimentorum concoctione expérimenta nova, 1834. (d) lilonillot, Traité analgtiquc de la digestion, 1843. (c) L:i\iemand, Observations sur la digestion {Observations palliologiques propres à éclairer plusieurs points de physiologie, 1818, et 'i' étiil., 1825, ji. 115 el siiiv.). (f) Loiide, Note sur les aliments {Arr.hives générales de médecine, 1820, t. X, p. 03 et suiv.). MODIFICA.TIOi\S DES ALIMENTS DANS l'eSTOMAC. IH pu constater ainsi beaucoup de faits importants à connaître, mais les clédiiclions qu'on en a tirées ne me paraissent pas toutes acceptables, et ce n'est pas de la sorte qu'on peut juger sainement de la digestibilité d'un aliment, c'est-à-dire de son aptitude à devenir absorbable et utilisable dans l'organisme, sous l'intluence des sucs digestifs. En effet, c'est à tort que l'on considère souvent le travail digestif qui s'effectue dans l'estomac comme étant la digestion tout entière, ou comme étant essentiellement distincte de celle qui a lieu dans l'intestin. Ces deux portions du tube alimentaire versent sur les aliments des dissolvants différents ; mais elles sont le siège de phénomènes du même ordre qui commencent dans le premier de ces organes et qui se continuent dans le second. Ainsi, un aliment donné peut être plus ou moins for- tement attaqué par la salive ou par le suc gastrique pendant son séjour dans l'estomac, et continuer à subir des change- ments analogues dans l'inteshn, où il rencontre de nouveaux dissolvants. De même que l'achon de la salive sur certaines matières peut persister pendant que ces substances se trouvent dans l'estomac, de même aussi le suc gastrique que les aliments emportent avec eux dans l'intestin peut contribuer à en opérer l'élaboration dans cette portion du tube digestif; et les différents liquides dont les matières nutritives sont imbibées pendant leur passage dans l'intestin peuvent contiiuier à en modifier les propriétés quand ils ont passé avec elles dans le csecum ou dans le côlon. Les effets produits dans telle ou telle portion du tube digestif dépendent donc non-seulement de la nature des sucs digeshfs qui y arrivent, mais du temps pendant lequel les ali- ments y sont retenus pour subir l'action de ces agents, et la durée de ce séjour n'est pas réglée par le degré de digestibilité des corps étrangers; elle est subordonnée plutôt à l'état de division mécanique dans lequel l'aliment se trouve, et au degré d'excitabilité de la tunique musculaire de la partie du canal où ■112 DIGESTION. ce corps est logé. Ainsi, dans l'état normal, les contractions de l'estomac de l'Homme ne sont provoquées par la présence des aliments qu'après un séjour assez prolongé de ces matières dans l'intérieur de cet organe. Dans l'intestin grêle, au con- traire, les mouvements péristaltiques ne permettent pas aux matières de stationner longtemps , et la rapidité de ces mou- vements augmente quand les parois de cette portion du canal digestif sont stimulées par la présence de corps solides. Or, l'action modificatrice que les sucs digestifs exercent sur les aliments est en général lente, et toutes choses étant égales d'ailleurs, le temps nécessaire pour en opérer la digestion est d'autant moins long, que ces substances ont moins de coliésion et sont dans un état de division plus grande. 11 en résulte (jue, dans l'estomac, les aliments solides et consistants pourront être utilisés par l'action des dissolvants appropriés à leur nature chimique, mais que dans l'intestin les corps dont la division mécanique n'a pas été poussée assez loin échapperont souvent aux puissances digestives, et que l'action de celles-ci, pour être efiicace, devra porter sur des matières liquides ou réduiles en fragments très minimes, de façon à n'avoir qu'une consistance pultacée. Pour que l'animal puisse profiter autant «jue possible des matières nutritives (ju'il introduit dans son estomac, il faut donc que cet organe remplisse les fonctions non-seulement d'un agent digestif, mais aussi d'un réservoir régulateur chargé tout à la fois de compléter la division mécanique des aliments dans la mesure nécessaire pour raccomi)lissement de la digestion intesfinalc, et de transmettre à l'intestin ces corps étrangers d'une manière graduelle, en rapj)ort avec sa capacité et la puissance de ses facultés digestives. Dans l'état normal de l'organisme, ces conditions sont rem- plies par le jeu du [>ylore et [)ar Taction du suc gastri(]uc sur les aliments complexes. MODIFICATIONS DES \L1ME.MS DANS l'eSTOMAC. llo Ainsi que nous l'avons déjà vu dans une Leçon préeédente (1), le pylore se contracte fortement lorsque les aliments arrivent dans l'estomac, et après être resté pendant un certain temps dans cet état d'occlusion, cet organe devient le siège de mou- vements vermiculaires qui se propagent de sa portion car- diaque jusque dans l'intestin. Ces mouvements poussent peu à peu les matières liquides ou pultacées de l'estomac dans le duo- dénum, mais ne permettent pas aux corps solides d'un volume un peu considérable de franchir le détroit pylorique. Ainsi, dans l'état normal, le passage des aliments de l'estomac dans l'intestin est subordonné à l'état île division mécanique de ces substances, et quand celte division ne préexiste pas ou n'a pas été opérée par la mastication, elle doit être déterminée principalement par l'action digestive du suc gastrique. En effet, les substances organiques solides que l'Homme Fonuaiion du chyme. et les Animaux emploient comme aliments sont rarement des corps homogènes ; presque toujours ce sont des tissus organi- sés dont les matériaux, de nature plus ou moins variée, sont iné- galement attaquables par les liquides digestifs contenus dans l'estomac. En dissolvant les parties qui sont les moins résis- tantes, ces sucs déterminent donc la désagrégation de la plu- part des substances alimentaires longtemps avant que la diges- tion de celles-ci ait pu être opérée d'une manière complète, et c'est principalement ce travail de désagrégation qui constitue le phénomène de la chymification ("2). Ce qui est le plus impor- tant à obtenir par la digestion stomacale, ce n'est pas la trans- formation complète des matières albuminoïdes en peptones, et celle des matières amylacées en dextrine ou en glycose ; mais une dissolution partielle des substances alimentaires qui effectue la séparation des particules dont elles se composent , et les divise de façon à les rendre à la fois faciles à attaquer par les (1) Voyez tome Vf, page 28G. ('2) Voyez tome V, page 279. Vil. 8 11/i DIGESTION. liquides avec lesquels elles vont se trouver en contact dans l'in- testin grêle, et aptes à traverser lentement cette portion du tube digestif, conditions qui se trouvent réunies dans le produit pultacé formant le chyme. Ainsi, la chair des Animaux, quoique formée essentiellement de matières qui sont toutes attaquables par le suc gastrique et transformables en peptones par l'action de ce liquide, n'est que rarement digérée d'une manière complète dans l'estomac. Le tissu connectif qui constitue autour de chaque fibre musculaire une gaine nommée sarcolemme, et qui relie ces fibres entre elles, est plus facile à digérer que ne le sont ces fibres elles-mêmes. Par conséquent, sous l'influence de ce dissolvant et du frottement déterminé par les mouvements vermiculaires de l'estomac, les fibres musculaires se séparent et se brisent en petits fragments, en même temps que les globules sanguins, le sérum et les trabécules de tissu connectif inter})0sées dans la substance de la chair se dissolvent et se transforment en peptones ; les matières grasses emprisonnées dans les cel- lules de ce tissu connectif sont aussi mises en liberté de la sorte : et c'est le mélange formé par les débris du tissu muscu- laire désagrégé, par la graisse dégagée de ses enveloppes, par le mucus provenant des parois de l'estomac, par les peptones dont la préparation est terminée et par du suc gastrique en excès, qui constitue dans restomac d'un Animal nourri de viande la matière pullacéc, d'une odeur fade et aigre, appelée chyme. Pour s'en assurer, il suffit d'examiner au microscope les produits de cette digestion stomacale (1), car on y recon- naît facilement, au milieu d'une mulutude de corpuscules albu- minoïdes réduits à l'état de globules d'une petitesse extrême, (1) Je citerai, à ce sujet, une série d'observations faites par M. Rawitz, h Breslaw, et par M. Cl. Bernard (o). {a) Ravvilz, Ueber die einfachen NahrungsmUtel, 18iC. — Ci.Bcrnird, Leçons de' Physiologie expérimentale, cours de 1855, t. II, p. 415 flsniv. , lig. 58 et 59, k MODIFICATIONS DES ALIMENTS DANS l'eSTOMAC. 115 des fragments de fibres musculaires et d'autres débris de tissus organiques dont la désagrégation est arrivée à des degrés variés. Un travail analogue s'effectue quand l'estomac contient des aliments mixtes d'origine végétale, bien que la majeure partie de leur substance soit inattaquable par le suc gastrique ou par la salive qui se trouve mêlée à ce liquide. En effet, la plupart de ces aliments renferment du gluten, de la caséine ou d'autres malières albuminoïdes (1) qui sont solubles dans le suc gas- trique, et par le fait de la dissolution de ces matières, les parties inattaquables sont souvent désagrégées de façon à devenir plus propres à pénétrer dans l'intestin et plus aptes à y être digé- rées. Ainsi le cbyme peut être formé par des aliments de cette classe, mais en général les modifications que les substances végétales subissent pendant leur séjour dans l'estomac ne sont pas profondes. § 3. — D'après les considérations que je viens d'exposer, Dmcc il est facile de concevoir que la durée du séjour des aliments deî'aumcnis dans l'estomac ne saurait donner la mesure de leur digestibilité rcstomac. relative, et qu'elle doit varier suivant plusieurs circonstances, au nombre desquelles il faut ranger en première ligne certaines propriétés physiques de ces corps, savoir, leur état liquide ou solide, le degré de division mécanique auquel les solides ont été amenés par la mastication ou autrement, enfin la cohésion plus ou moins grande de leurs particules (2). On peut poser en principe que dans l'état normal de l'orga- nisme, quand toutes choses sont égales d'ailleurs, les ali- ments seront retenus d'autant plus longtemps dans l'esto- (1) Voyez ci-dessus, p. 7 el suiv. aliments lourds, ceu.v'^qiu séjouriienl (2) Dans le langage ordinaire , on longtemps dans cet organe ; mais il appelle aliments légers, ceux qui ira- n'existe aucun rapport constant entre versent rapidement rcsloniac sans y ces circonstances et le degré de diges- produire de sensation désagréable, et tibilité des matières alimentaires. 116 DIGESTION. mac, qu'ils auront plus de cohésion et qu'ils seront plus volu- mineux. Ainsi les liquides, à moins d'être absorbés par les parois de l'estomac, traversent en général cet organe et arrivent dans l'intestin avec rapidité; mais ici encore l'estomac remplit les fonctions d'un réservoir régulateur, et le pylore ne laisse passer ces substances dans le duodénum que graduellement, de façon à empêcher qu'elles n'y produisent un courant qui pourrait entraîner vers l'anus les matières destinées à séjourner dans cette portion du tube digestif et à y être absorbées. C'est principalement en raison de cette circonstance et de la rapidité avec laquelle l'absorption peut par conséquent s'effec- tuer, que l'ingestion du bouillon dans l'estomac produit sur les forces générales de l'organisme des effets plus prom})ts que ceux déterminés par l'emploi d'aliments solides. Il est vrai que ce liquide ne renferme que des quantités très faibles de matières nutritives, et par conséquent ne peut en détinitif contribuer que fort peu à l'entretien de la combustion respiratoire ou du tra- vail d'assimilation physiologique; mais il peut arriver promptc- ment dans l'intestin, et parvenir jusque dans le torrent de la circulation avant que le suc gastrique ait eu le temps de digérer de la viande ou tout autre aliment solide en quantité notable. Influence L'iiillucnce de la densité des malières alimenlaires et de la 'de's''a^i'ments" cohésIon dc Icurs parliculcs sur leurdigestibilité est facile àcon- digcîtibiî'iié. iiliiler, et nous explique beaucoup de faits particuliers relatifs à la durée du séjour de ces substances dans l'estomac ; dans la précédente Leçon nous en avons eu des preuves (1), et je citerai encore à ce sujet une expérience (pii est duc à jM. Blondlot, et qui est parfaitement démonstralive. Ce physiologiste, ayant établi une listule gastrifpie sur un (1) Voyez ci-dessus, page /i8. MODIFICATIONS DES ALIMENTS DANS l'eSTOMAC. 117 Cliien dont la santé ne souffrit pas de l'opération, étudia compa- rativement les altérations que la digestion stomacale détermine dans l'albumine coagulée, suivant que ce corps, en se solidifiant, a formé une masse compacte ou une substance aréolaire sem- blable à de la mousse, et il a vu que dans le premier cas la chy- mification nécessitait presque deux fois autant de temps que dans le second (1). Des différences analogues ont été observées par d'autres phy- siologistes en ce qui concerne la digestibilité de la fibrine com- pacte ou de la fibrine aréolaire (2) ; c'est à la même cause qu'il (1) Dans une première expérience, M. Blondlot ingéra dans l'estomac de l'Animal 100 grammes de blanc d'œuf durci par la chaleur de façon à former une masse compacte, et il trouva que la digestion de ce corps solide s'était effectuée qu'au bout de cinq ou six heures, résultat qui s'accordait très bien avec ceux obtenus précédem- ment par d'autres physiologistes (a). Puis quelques jours après il fit pren- dre au même Animal la même quan- tité de blanc d'œuf en neige, c'est-à- dire réduit en mousse par le battage avant d'être coagulé par la chaleur, et il constata qu'au bout de trois heures et demie la totalité avait été digérée. Enfin, M. Blondlot a soumis à des digestions artificielles du blanc d'œuf coagulé en morceaux compactes ou à l'état floconneux, et il a observé des différences du même ordre (b). (2) Ainsi M. Lehmann a comparé sur un Chien portant une fistule gastrique le temps employé pour effectuer la digestion de deux quantités égales de fibres provenant du sang de Cheval, et prises, l'une à la partie supérieure du caillot, là où ce principe, en se solidifiant, n'avait pas englobé de glo- bules rouges, et consistait en une couche dite couenneuse, qui est compacte et coriace; l'autre dans la portion rouge du coagulum, où, étant mêlée à beau- coup de ces corpuscules, la même substance n'avait formé qu'un réseau lâche et spongieux. Or, en une heure et demie la presque totalité des fila- ments fibrineux obtenus par le lavage de cette dernière partie du caillot avait disparu de l'estomac, tandisqu'au bout de deux heures et demie on trouva encore dans ce viscère un gros frag- ment de la fibrine compacte provenant de la couche couenneuse (c). L'in- fluence de la cohésion de la fibrine sur la durée du temps nécessaire pour effectuer la dissolution de celte sul)- stance dans du suc gastrique d'une puissance digcstive donnée, a été con- statée aussi par les expériences ré- centes de iM. Briicke ((/). («) Tiedemann el Gmelin, Recherches sur la digestion, I. I, p. 180. (b) Blondlot, Traité analytique de la digestion, p. 270 et suiv. (c) Lehmann, Lehrbuch der physiologisr.Uen Chemie, t. lll, p. 274. ((/) Brucke, Beitr. zur Lehrc fonder Yerdinmiig (Sitziingsberlrhte dcr M;ad. der Wtxsensrh. an Wien, 1859, t. NXXVII, p. 131). 118 DIGESTION. ■ • faut attribuer en majeure partie la digestibilité plus grande de la chair des jeunes Animaux, comparée à celle des vieux indi- vidus de la même espèce, l'ait qui a été mis en évidence par les expériences des physiologistes, aussi bien que par l'obser- vation des médecins, et il me paraît indubitable que des varia- tions analogues dans les propriétés mécaniques des mêmes tissus chez des Animaux différents contribuent pour beaucoup à les rendre très inégalement attaquables par le suc gastrique. Comme exemples de cette digestibilité inégale de la chair mus- culaire, je citerai les résultats obtenus par le docteur Beaumont dans ses expériences sur le Canadien que j'ai déjà cité si sou- vent. Les muscles des Poissons, comme chacun le sait, n'offrent que peu de consistance, et M. Beaumont a vu qu'en général il suffisait d'une heure et demie ou deux heures pour en opérer la chymification, tandis que la chair d'agneau ne disparaissait de l'estomac qu'au bout de deux heures et demie, et que la chair de Mouton et de Bœuf y restait de trois à quatre heures, ou même davantage (1). C'est aussi par des particularités dans la constitution physi- que des divers tissus Animaux propres à donner de la gélatine, plutôt que par des ditfércnces dans la nature chimiciue de ces substances, qu'on peut expliquer la résistance très inégale qu'elles opposent à l'action dissolvante du suc gastrique. Ainsi le tissu conncctif ou cellulaire, dont la texture est lâche et spongieuse, se laisse facilement attaquer par cet agent, tandis (jue le tissu élastique, la peau, les aponévroses cl les ten- dons, qui, chimiquement, ne diffèrent que peu du premier, (1 ) Los observations microscopiqnos do digestibilité du tissu musculaire de M. l'iuwitz sur les produits do la provenant de quolfjnes Poissons, du cliyuiilication ont (également mis en Lièvre, du l'onlct ol des Animaux de évidence des dinérences dans le degré boucherie (a). (a) Rnwitz, Ueber die einfachen Nahrungsmittel. Breslau, 1840. MODIFICATIONS DES ALIMENTS DANS l'eSTOMAC. 119 mais qui sont d'une structure plus compacte et ne s'imbibent que lentement des liquides qui les baignent, résistent pendant très longtemps aux puissances digestives, et souvent finissent par sortir de l'estomac sans avoir subi aucune modification notable. En général, les tissus épithéliques, par leur nature cbimique, inciigesiibimé , . , , . (les tissus ne s'éloignent aussi que fort peu de beaucoup de matières ali- ép.n.éiiques , mentaires dont la digestion est facile; mais ils sont peu per- méables aux liquides, et d'ordinaire ils ont une grande force de cobésion, aussi sont-ils remarquablement réfractaires à l'action dissolvante du suc gastrique. Ainsi, la corne , les poils , les plumes et même l'épiderme, ne se laissent attaquer par ce liquide, ni chez l'Homme, ni cbez la plupart des Animaux (1), et en général, lorsque ceux-ci avalent leur proie tout entière, on les voit, quelque temps après, rejeter au dehors par le vomissement les parties tégumentaires que leur estomac a été impuissant à digérer. Cette régurgitation de paquets de poils ou de plumes est un phénomène normal chez les Oiseaux de proie (2), et chez d'autres Animaux dont l'estomac ne peut pas se débarrasser ainsi des matières qu'il ne saurait digérer; on y trouve quelquefois des masses considérables qui sont for- (1) Ainsi, dans une des expériences autres parties étaient fortement atta- faites par Spallanzani, lUi tronçon de la queue d'un Lézard ayant été logé dans un tube pour le mettre à l'abri de l'action mécanique des organes diges- tifs, fut laissé pendant un jour dans l'estomac d'une Couleuvre ; et quand on le retira, on trouva que la sur- face de la peau n'avait pas été alté- rée, tandis que les muscles et les qués {a). (2) Ce fait, mentionné dans les ou- vrages sur Vart de la fauconnerie, a été observé aussi par Réaumur et Spallanzani. Ce dernier a vu également que des luorccaux de corne pouvaient séjourner pendant plusieurs jours dans l'estomac d'un Faucon sans éprouver la moindre altération (6). (a) Spallanzani, Expériences sur la digesiion, p. 129. (b) Réaumur, Sur la digestion des Oiseaux, second mémoire (Mém. de l'Acad. des sciences, l'î52,p. 463). — Spallanzani, Expériences sïir la digestion, p. 181. 120 niGESTION. mées do poils iiitrodiiits nccidentellenionl dans le liibe aliinciilaire et accumulés lentement dans l'intérieur de cet organe (1). Ces faits nous éclairent sur les moyens que la Nature met en usage pour préserver les parois de l'estomac contre l'action dissolvante de ses propres liquides. A moins de circonstances pathologiques extrêmement rares, cet organe ne se digère pas lui-même pendant la durée de la vie, mais sur le cadavre il se laisse parfois corroder et même perforer par le suc gastrique resté dans son intérieur au moment de la mort (2). Il en résulte (1) Les poils que les Bœufs et les autres Ruminants avalent souvent avec leur salive, quand ils se lèchent la peau, peuvent rester dans leur estomac pen- dant toute la vie sans éprouver aucune altération notable, et, par l'effet des mouvements de cet organe, ils peu- vent être agglomérés et comme feutrés de façon à constituer les concrétions dont j'ai déjà eu Toccasion de parler sous le nom û'égagropiles (a). (2; Hunter a recueilli plusieurs ob- servations de perforation de l'estomac, et en comparant l'apparence de l'or- gane ainsi désorganisé à celle des tis- sus organiques on voie de digestion, il fut conduit à penser que ce phéno- mène était dû à l'action dissolvante du suc gastrique {b). Cette opinion, étayée par les recherches de Burnes, de CarsAvell et de quelques autres pa- thologistes (c), fut mise hors de doute par les expériences de Camere.r, et de MM. Imlach et Simpson, qui produi- sirent à volonté des lésions analogues en introduisant dans les portions du tube intestinal d'Animaux récemment tués, une certaine quantité de matières trouvées dans l'eslomac d'un Cochon dont la digestion était en pleine acti- vité (d). Bérard (e) signale aussi comme dépendant probablement de la même cause, certaines altérations de l'estomac qui ont été décrites par les pathologistes sous le nom de ramul- Ussemenl gêlati ni forme {[). (a) Voyez tome VI, page 34i. (6) J. Hunier, On the Uiqeslion of the Stomach aftev Death (Philos. Trans., ITÎS, p. 447). [c) Biirns, On the Digestion of the Stomach after Death {fùdinhirgh Med. and Siirg. Journal, 1810, t. VI, p. 12'.)). — C.trswell, De la digestion chimiqiie, ou dissolution des parois de l'estomac après la mort {Archives générales de médecine, 1830, t. XXII, p. 2GC). — King, Observ. on the Digestive Solution of the Œsophagus, etc. (Guy's llospital lieports, 1842, t. VII, p. 4 39). — Lefèvro, Recherches médicales pour servir à l'histoire des solutions de continuité de l'es- tomac dites perforations spontanées (Archives générales de médecine, 3* série, i. M\', p. 377, et t. XV, p. '■2S et siiiv.). (d) t^.aiih'rcr, Yersuche ilber die Nalur der kraukhafleii Magcncrweicltung. Slutliianl, 1828. — liulacli, Observ. and E.rperim. on the Soficning, Erosion and Perforation of the Stomach (Edinburgh Médical and SurgicalJojirnal, 1837, l. XLVII, p. 301). (<") Bérard, Cours de physiologie, t. II, p. 20(i. (f) Louis, Du l'amollissement avec amincissemenl, et de ta destruction de la membrane muqueuse de l'estomac (Archives générales de médecine, 1824, t. V, p. 5). — Cruveilhier, Médecine pratique éclairée par ianalomie et la phtjsioloqie pathologiques , 18t!l, p. 140. MODIFICATIONS DES ALIMENTS DANS l'eSTOMAC. 121 que c'est bien la vie qui s'oppose à cette action dissolvante clans l'état physiologique; mais la force vitale ne parait pouvoir influer sur le jeu des affinités chimiques qu'en modifiant les conditions dans lesquelles ces aftinités s'exercent, et par conséquent il ne suffit pas de faire intervenir cette forme pour expliquer le phé- nomène qui nous occupe, et il faut chercher comment cette intervention a lieu (1). Des expériences faites récemment dans un autre but nous aideront à résoudre cette question. On sait que les Animaux vivants introduits dans l'estomac d'autres Animaux ne s'y com- portent pas tous de la même manière; quelques-uns peuvent continuer à vivre pendant un temps plus ou moins long, tandis que d'autres y périssent promptement, et que dans cer- tains cas la substance de leur corps est en partie digérée avant qu'ils aient été frappés de mort (2). Or, M. Cl. Bernard a vu que les Animaux qui, à l'étal vivant, se laissaient attaquer de la sorte par le suc gastrique, sont ceux dont la peau n'est pas revêtue d'un épidémie solide : les Grenouilles et les Anguilles par exemple ; et des expériences dues à d'autres physiologistes nous apprennent que non-seulement l'épiderme, mais aussi les tissus épithéliques sont très réfractaires à l'action digestive de ce liquide (3). En étudiant la structure anatomique de l'appa- (1) Hunter, dont je viens de cilei' les observations intéressantes relatives au ramollissement et à la dissolution de la substance des parois de restomac sur le cadavre, considérait le principe vital comme s'opposant à Taction des puissances chimiques, et empêchant ainsi le suc gastrique de déterminer chez le vivant la dissolution de la substance des membranes qu'il avait vue parfois s'elTectuer après la mort (a). (2) Ainsi ^M. Cl. Bernard, ayant in- troduit dans l'estomac d'un Chien qui portait une fistule gastrique le train postérieur d'une Grenouille vivante dont la tète restait au dehors, a con- staté que les pattes ainsi plongées dans le suc gastrique avaient été en grande partie digérées, bien que l'Animal continuât à vivre et à se mouvoir (h). (3) Si l'expérimentalour laisse son doigt engagé dans l'estomac d'un Chien (a) Hunier, Op. cit. {Philos. Trans., 1712, p. 449). (fc) r.l. Bernard, Lernns de physiologie expérimentale faites en 1855, t. H, p. 409. 122 DIGESTION. reil digestif, nous avons vu que la surface interne de l'estomac est revêtue d'une couche de ce tissu utriculaire (1). On conçoit donc que, pour protéger efficacement les parois de cet organe contre l'action dissolvante du suc gastrique, il suffise d'impri- mer au travail producteur du tissu épithélique une certaine activilé; or les causes qui stimulent la sécrétion du liquide di- gestif provoquent aussi la reproduction de l'épithélium, et les circonstances pathologiques qui entraveraient la croissance de ce revêtement protecteur tendent en général à arrêter aussi la formation du suc pepsique (2). Il existe donc ici une de ces à travers une fistule de ce genre, il peut constater qu'au bout d'un temps assez long, l'épiderme est resté intact et que le derme n'a pas souf- fert. Nous verrons plus tard que la sur- face extérieure du corps des Vers et des autres Animaux annelés est re- \èiue d'un épidermc de nature par- ilculièi-c qui résiste encore plus forte- ment .'i l'action dissolvante du suc gastrique. (1) Voyez tome VI, page 305. (2) Sur le cadavre, l'épiiliélium de l'estomac, non-seulement ne coiuinue pas à se former, mais s'altère cl se désagrège rapidement ; de sorte qu'il ne protège plus les tissus sous-jacents contre l'action dissolvante du suc gas- trique, ot il en résulte que si, d'une pari, la quantité de ce liquide existant au moment de la mort est considéra- ble, et que, d'autre part, la température est suflisanunent élevée pour en favo- riser l'action, les parois de l'estomac peuvent être digérées et perforées par ce liquide, comme dans les expériences de digestion artiticielle. En effet, Spal- lanzani a constaté que chez des Ani- maux tués pou de temps après avoir mangé, et placés dans une étuve où la chaleur était douce, les parois de l'es- tomac ont été souvent ramollies et en parti(^ digérées au bout de quel- ques heures (a). M. Schiffa constaté aussi que des phénomènes du même ordre peuvent se produire pendant la vie, et amener la perforation de l'es- tomac. Ainsi, à la suite de vivisec- tions pratiquées sur certaines parties de l'encéphale, il a vu que la tunique muqueuse de l'estomac se conges- tionnait , se ramollissait , et cessait d'être à l'abri de l'action dissolvante du suc gastrique {h). Des obser- vations analogues avaient été faites précédemment par Autenrieth (c) et Jiiger (d). («) Spallaiizani, Expériences sur la digestion, p. 203. (h) Scliifl', lîeber die (kfâssnerven des Mnijens (Viicliow's Archiv fur physiol. Heilkunde, 1854, I. XIH, p. 30). ((■) Vdjez Zcllcr, Disserl. inavg. de iiatura morhi ventriculum infaïUvm -perforantis. Tuliingue, 1818. [d) Jiiger, Ueher die Erweichxmg des Magens nnd Darmkanals (Hufcland's Journal, t. XXXVI, p. 72). Influence G la cuisson MODIFICATIONS DES ALIMENTS DANS l'eSTOMAC. 123 Imrmonies pliysiologiques dont nous avons déjà rencontré beau- coup d'exemples, et, dans la plupart des cas, l'estomac devient impuissant à digérer quand il devient inapte à se garantir des atteintes des liquides digestifs. § /l. — D'après tout ce qui vient d'être dit au sujet de l'influence que la cohésion exerce sur la digestibilitc des , '"'\.,. , 1 ^-^ la (ligeslibilite aliments, il est évident que la cuisson doit avoir à cet égard iies aliments. des effets différents, suivant la nature chimique des substances employées. Ainsi, lorsque la coction détermine l'hydratation ou la désagrégation des matières organiques, cette opération faci- lite beaucou[) l'action dissolvante des sucs digestifs ; tandis que dans le cas où l'élévation de la température produit la coagu- lation des principes albuminoïdes, et ne gonfle ni ne ramollit le tissu connectif interfibrillaire, l'action de la chaleur doit tendre à diminuer la digestibilité de ces corps. Effectivement, en étudiant le rôle de la salive et du suc pancréatique dans la digestion des matières amylacées, nous avons vu des exemples remarquables de l'accélération du travail digestif qui peut être déterminé par la cuisson de ces substances alimentaires (1); et si l'on compare la durée des expériences de digestion artificielle, quand on soumet à l'action dissolvante du suc gas- trique du blanc d'œuf cuit ou de l'albumine solidifiée par dessiccation à basse température, on voit que la différence est en sens inverse. On peut poser en règle générale, que la cuisson tend à augmenter la digestibilité des aliments végétaux, mais pour les substances animales, les effets sont variables (2). Et à ce sujet il ne faut pas perdre de vue que dans les opé- rations physiologiques, les phénomènes sont beaucoup plus (1) Voyez ci-dessus, page 61. tement que dans les circonstances (2) Ainsi la coagulation du lait par ordinaires, quand le premier de ces le suc gastrique se fait moins promp- liquides a été soumis à TébuUition (a). {a) Skrzecka, Quœretur quomodo caseinum et natrum albuminatum pepsine offtciantvr (dis- sort, inaug.) Regemonti, 1855. 124 DIGESTION. complexes que tlans les expériences de digestion artificielle : car les préparations culinaires, en exaltant la saveur des viandes , peut les rendre plus aptes à exciter la sécrétion des liquides destinés à les dissoudre, et peut faciliter de la sorte leur digestion, tout en les rendant moins attaquables par ces mêmes agents chimiques (1). Il est d'ailleurs à noter que l'action de la chaleur sur les sub- stances destinées à être introduites dans notre estomac présente un autre avantage qui n'est pas sans importance ; elle détruit la vitalité des germes des Vers intestinaux et des autres corps or- ganisés qui s'y trouvent souvent, et qui pourraient se développer dans l'intérieur de notre organisme. En effet, c'est avec les aliments que les œufs ou les larves de ces parasites, ainsi que les germes des êtres microscopiques qui jouent le rôle de fer- ments, arrivent dans le tube digestif des Animaux qui en sont infestés, et je suis persuadé que l'usage d'aliments crus ou mal cuits doit contribuer beaucoup à multiplier ces accidents. J'ajouterai que la chair de certains Animaux est particulière- ment apte à contenir les larves de ces Vers intestinaux : le Porc, par exemple ; et peut-être faut-il voir dans cette circonstance le motif de l'interdiction de l'emploi de cette viande pour la nour- riture de l'Homme que JMoïse et d'autres législateurs ont pro- noncée, et que beaucoup de prétendus philosophes signalent comme un sujet de dérision ('2). L'imporinnco ^5. — Daus la dcmièrc Leçon, en étudiant successivement '"'sL'Sr' le rôle de la salive, du suc gastrique, du suc pancréati(|ue, de Trégïme!'' 1^ bilc ct dcs aulrcs li(iuides intestinaux, nous avons vu que ces (1) Voyez ci-dessus, pa^c 18. dévoloppemcnt du Ténia dans Tintes- (2) Nous verrons, dans une autre tin d'un Chien, il suflit de lui lais- parlie de ce Cours, coninienl les mi- ser nianf^er la chair où se Intuvent gralions des Vers intestinaux s'opè- des Cystieer(pics, parasites qui sont rent, et en ce moment je me bornerai très communs chez beaucoup (r\iii- à ajouter que, pour déterminer le maux. MODIFICATIONS DES ALIMENTS DANS l'eSTOMAC. 425 agents rencontrent les aliments dans différentes portions du tube digestif, et que leur action dissolvante varie suivant la nature chimique de ces dernières substances. Nons pourrions en conclure que l'importance relative du travail digestif effectué dans les diverses portions de ce tube variera considérablement suivant le régime des Animaux, et l'observation des faits con- firme cette prévision. Ainsi, chez les Carnivores, le suc gas- trique est le principal agent de la digestion, et c'est dans l'es- tomac où ce suc rencontre les aliments que la partie la plus importante du travail chimique delà digestion s'accomplit. Mais chez les Herbivores et les autres phytophages il n'en est pas de même; la salive est un dissolvant trop faible pour attaquer la plupart des substances végétales alimentaires, et le suc gastri(|ue est inapte à dissoudre les principes amylacés qui constituent la presque totalité de ces corps. 11 en résulte que, ni pendant leur séjour dans la panse ou dans le jabot, chez les Animaux qui sont pourvus d'un réservoir de ce genre, ni pendant leur passage dans l'estomac, les matières végétales ne pourront être réelle- ment digérées, et que leur appropriation aux besoins physiolo- giques nepourra s'effectuer que dans l'intestin. Dans la panse et dans le jabot (1), les graines, les herbes et même les fruits se (i) L'examen des matières conie- employés dans ses aiUres expériences oHues dans la panse des Ruminants que sur la digestion: quatorze heures l'on tue journellement pour le service après, TAnimal fui tué, et les brins de la boucherie avait appris aux phy- d'herbe furent retrouvés intacts dans siologistcs que les aliments n'éprou- ce premier réservoir alimentaire ; les vent aucun changement bien notable morceaux en étaient restés entiers, dans ce premier estomac, et Uéaumur, et leur substance avait été seulc- pour mieux constater ce fait, introdui- ment un peu ramollie (a). Spallan- sit dans la panse d'une Brebis une ccr- zani fit des expériences semblables taine quantité d'herbe coupée en petits avec du trèfle, de la laitue, etc., morceaux et logée dans des tubes ou- et au bout de vingt-quatre heures il verts aux deux bouts, comme ceux retrouva ces substances décolorées, (a) Rcaumur, Op. cit. {Mém. de l'Aead. des sciemes, 1752, p. 493). 126 DIGESTION. ramollissent un j)eii, et s'imprègnent de plus en plus profondé- ment de salive liquide, qui peut en ehanger la couleur et en . extraire partiellement certains principes solubles, tels que du sucre onde la gomme, mais ne saurait attaquer efficacement ni les grains de fécule, ni les tissusqui renferment cette substance. Les matières alimentaires retenues dans ces poches pourront même y subir un commencement de fermentation, soit lactique, soit butyrique, et donner ainsi lieu à la formation de quelques produits particuliers, tels que des gaz et de l'acide butyrique (1 ) ; mais intactes, dans la panse (a). Enfin ]M. Colin a (•Uulié de nouvean ce point de riiistoirc des fondions digostivcs chez le Bœuf, soit par des procédés analogues, soit à l'aide d'une ouver- ture fislulaire conduisant dans la panse, et il a trouvé que les altéra- tions subies par les aliments dans l'in- térieur de celte poche sont en géné- ral sans importance (h). Cependant les matières alimentaires peuvent y sé- journer iW's longtemps : ainsi cliez les Moulons la panse ne se vide presque jamais d'une manière complète , et souvent, après avoir fait jeûner ces Animaux pendant plusieurs jours, on y a irouvé encore des aliments non di- gérés (r). Les graines que les Gallinacés et les autres Oiseaux granivores intro- duisent dans leur jabot y séjournent aussi ion longtenq>s, et ne descendent que très graduellement dans le gé- sier ((/). Ainsi, dans une expérience faite par iM. Colin sur un Dindon, cet Animal mit dix-huit à vingt heures à faire passer du jabot dans le gésier deux décilitres d'avoine qu'il man- geait en un seul repas (e). Les grai- nes, accumulées dans le premier de ces organes, s'y gonflent et se ra- mollissent, mais n'y éprouvent que peu de changements chimiques. Ainsi, dans les expériences faites par M]\I. Bouchardat et Sandras sur une Poule nourrie avec de l'orge pendant quinze jours, on trouva dans le jabot la gjaine à peine altérée, et Ton ne put découvrir dans cet organe ni dexirinc, ni glucose (/"). (l) 'i'iedemann et Gmeliii, en ana- Ksaiil les matières alimenlaires conte- nues dans la panse d'im Mouton nourri avec de l'avoine, y ont trouvé de l'acide butyrique libi'e ; ils en ont rencontré en quantité mOme assez con- sidérable dans la pansi; d'ini Veau, et il est probable que ce corps y avait pris naissance par suite de la fermen- tation des matières sucrées en présence {a) Sp:\llanz,iiii, Op. cit., \k W'.h (b) Colin, Traite de physiologie comparée des Animaux domestiques, l. I, p. 605. (c) Ticdcni.imi ui Gmeliii, Recherches sur la digestion, t. I, p. 353. (d) Sp.illanzani, Op. cit., p. 54. (e) Cdliii, Op. cit., t. I, p. OH. (/') Boiiciiarilai cl Sandras, De la dlijcsiion des matières féculentes et sucrées {Supplément à l'Annuaire de thérapeutique pour 184G, p. 123). MODIFICATIONS DES ALIMENTS DANS l'eSTOMAC. 127 mais CCS phcnomènes sont, pour ainsi dire, des accidcnis, et en général ils sont sans importance pour la digestion pro- prement dite. Dans l'estomac, les aliments végétaux peuvent subir des modifications plus profondes, par suite de l'action du suc pcpsi- que sur les matières albuminoïdes renfermées dans leur sub- stance; mais la chimificalion ainsi produite aura surtout pour effet de désagréger les tissus, et d'amener leurs particules con- stitutives à un état de division suffisante pour les rendre faciles à attaquer par les sucs intestinaux. L'utilité de cette digestion stomacale chez les Herbivores, et par contre la durée du séjour que les aliments doivent faire dans l'estomac, sont donc subordonnées en grande partie à l'étal de division mécanique des aliments résultant du travail de la mas- tication. Quand celte dernière opération a été portée très loin, les substances végétales peuvent passer directement dans l'in- testin, pourvu qu'elles n'y arrivent pas en trop grande quantité à la fois, parce que là elles trouveront tout ce qui est nécessaire à leur digestion; mais quand la mastication a été moins parfaite, l'action chimique de l'estomac peut être nécessaire pour com- pléter la désagrégation de ces matières el les rendre attaquables par les sucs intestinaux. Nous voyons donc qu'il doit y avoir une certaine harmonie entre la manière dont s'accomplit le travail de la mastication et la durée du séjour des aliments dans l'esto- mac; et comme cette dernière circonstance dépend de la manière dont se comporte le pylore, il doit y avoir aussi des relations de matières albuminoïdes. Ces pliysio- expliquent la présence d'urie certaine logisteS y ont rencontré aussi de l'acide quantité d'acide sulfhydriquc dans cet lactique, dont ils attribuent la produc- organe, car ils ont observé que ce tion à la fermentation des aliments ; et gaz se dégage presque toujours des c'est aussi de la même manière qu'ils herbes en macération (0 niGKSTlON. sens, otles mouvements péristaltiqiies qui se dirigent de l'es- tomac vers le ^ros intestin alternent irrégulièrement avec des mouvements antipéristaltiques qui ramènent les matières ali- mentaires vers le pylore. Il est aussi à noter que ces contrac- tions sont partielles, qu'elles sont interrompues par des périodes de repos, et qu'au moment où elles cessent sur un point, elles commencent d'ordinaire sur un autre. Par l'effet de ces mou- vements de va-et-vient, les matières provenant de l'estomac sont donc promenées et bnlloltées dans l'intestin grêle pendant un temps plus ou moins long; elles ne séjournent en général que peu dans le duodénum et le jéjunum, mais elles traversent moins vite l'iléon, etdèsqu'elles sont parvenues dans le caecum, elles ne peuvent plus revenir vers l'estomac. Chez les Herbivores, dont l'intestin grêle est d'ordinaire très long (1), les matières alimentaires mettent en général beaucoup de temps pour traverser cette portion du tube digestif; mais chez les carnassiers il en est autrement. Du reste, la durée de leur séjour dans l'intestin grêle dépend aussi du degré d'excitation (Pun Chien ou de tout autre IMainmifère (jui vient d'être mis à mort, on les voit pendant quelque temps se pn-cipitor et devenir très ('-nergiques. Onclqiies physiologistes ont j)ensé que ce phé- nomène Otait dii à Faction stinuilanle de l'air sur les viscères ainsi mis à nu; et d'autres, qu'il était provoqué par l'action tlu sang veineux sur les fibres nuisculaircs de rinleslin {a). Mais le développement insolite de ces contractions vermiculaires paraît dé- pendre de la suspension de la circula- tion du sang dans les parois du tube iniL'stinal. En oll'el, M. Schma vu que si l'on comprime pendatU quelque temps l'aorte abdominale sur un Animal vivantdontle ventrcn'apas été ouvert, on peut provoquer dans les intestins des mouvements aussi vifs que ceux que Ton observe d'ordinaire immédia- tement après la mort ; que le même effet est produit dans une anse intes- tinale par la suspension de la circula- tion dans cette portion du tube diges- tif; enfin que le calme se rétablit quand la circulation redevient nor- male (6). (1) Voyez tome VI, page 355 et suivantes. (n) lirown-Scriuaril, Du sanij veineux connue excilalew de certains mouvements {Comptes rendut de la Socii'lé de biuhgie, 18i9, l. 1, p. 105). (b) Vtiyr?. l>onpet: Tmili' de flit/siolnflie, t. I, p. 147. c PASSAGE DES ALIMENTS DANS l'iNTESTIN GRÊLE. 131 que leur présence détermine dans ce tube, et par conséquent de leurs ijropriéiés physicpies et chimiques, aussi bien rpie de l'excitabililé plus ou moins grande des parois inleslinales. Ainsi, chez le môme individu, il peut y avoir, à cet égard, des diffé- rences considérables suivant l'état de l'organisme, et l'on a remarqué (pi'en général les matières solides ou imparfaitement ^hymifiées provoquent les mouvements péristaltiques de l'in- testin plus fortement que les liquides ou les aliments dont la consistance est pultacée(l). Certaines substances médicamen- teuses de la classe des purgatifs accélèrent davantage encore les contractions vermiculaires de l'intestin. Enfin, l'arrivée de la bile dans ce tube, qui d'ordinaire coïncide avec celle du chyme, parait contribuer beaucoup à en réveiller l'activité musculaire et à accélérer ainsi la propulsion des matières vers l'anus (2). Quant au mécanisme à l'aide duquel les matières contenues dans l'intestin sont déplacées de la sorte, je n'ai que peu de chose à ajouter à ce que j'ai déjà dit des mouvements de l'œso- phage et de l'estomac. La plupart des physiologistes considèrent ces contractions comme étant déterminées par une action nerveuse réflexe, et (1 ) LMnflucnce que la présence des el les chirurgiens ont remarqué que les matières étrangères dans Tintestin malades chez lesquels la totalité des exerce sur les contractions périslal- matières passait par un anus contre na- tiques de cet organe est mise en évi- ture rendaient par Tanus naturel, tous dence par divers faits observés, soit les mois ou à des époques plus éloi- chez les Animaux, soit chez l'Homme gnées,un tampon très gros et très dur, lui-même. Ainsi, tous les médecins de couleur grisâtre, qui était formé par savent que dans le cas de diarrhée, les mucosités sécrétées dans la portion l'évacuation des matières sécrétées en du tube digestif située entre la plaie et grande abondance par la muqueuse le rectum, où ces matières s'accumu- intestinale est précipitée par Tinges- laient et s'épaississaient peu à peu (o). lion des aliments dans le tube digestif, (2) Voyez ci-dessus, page 91. (a) *allemand, Observallons pathologiques, 1825, ij.137. — Braiime, Ein Fall von Anus pnelcr jiaturalis mit Bemerk. x-ur Phys. der Verdauwng {Archiv {iïr path. Anat., tSOO, t. XIX, p. '(■70). I.*^^ DIGESTION. comme élant régies [)liis spéciLilcment par les ganglions ahdo- minaux du système sympathique (1). Ces mouvements sont, en elTel, indépendants de la volonté; mais ils ne sont pas com- plètement soustraits à l'intluencedu système cérébro-spinal, et les émotions morales, ainsi que l'excitation de diverses parties derencépliale, peuvent les provoquer P). Du reste, on ne sait (1) Les norfs qui so distribuont à la tuniquo musculiiirc do rinlestiii liiêle o\ aux autres parties constitutives des parois de cette portion de l'appareil digestif naissent presque tons d'un plexus qui entoure ronnne une gaine l'artère niésentérique supérieure, cl qui son tour provient du plexus solaire dont les ganglions semi-lunaires font partie (a). Le duodénum reçoit aussi (]uelques filcis terminaux du nerf pnenuioga^triqu!' droit. Enfin, le gros intestin tire principalement ses nerfs, soit du plexus niésentérique, soit des portions lombaires du grand sympa- lliique, mais (piehiiics filets provenant des nerfs rachidiens se rendent à sa partie inférieure. Quelques auteurs on! supposé que, malgré les relations anatomiquos que je viens d'indiquer , le grand sympa- llii([ue était sans inlluence sur les mouvements de l'intestin (h). Mais .1. Millier a j)n>uvé direclrniciil li> contraire : car dans une série d'expé- riences faites sur des Lapins dont il ouvrait rabdomeii, il vit toujours que, après la cessation des conlraciions vcrmiculaires qui se manifestent <"i la suite de cette opération, il suffit de cautériser les ganglions du ])lexus solaire avec de la potasse pour faire recommencer ces mouvements (c). M. Longet a répété ces expériences sur des Chiens et a obtenu les mêmes résultats (d). ]\L Valentin a vu que les contractions provoquées ])av l'exci- tation des nerfs si)lancluiiques se manifestaient principalement dans le duo:léiuuu et la partie adjacente du jéjunum, tandis que celles détermi- nées par l'excilation du plexus so- laire s'étendent à la totalité de Tin- testin grêle. (2) Comme preuve de l'influence que le système cérébro-s|)inal peut exercer sur les mouvements de l'in- testin, les physiologistes citent les elTels l)ro(luils 1res souvent par certaines émotions vives , la peur par exemple. Des expériences faites sur les Ani- maux prou veul aussi c:ue l'excitation de diverses i)arlies de l'encéphale ou de la moelle épinière peut provoquer les contractions de l'intestin grêle. Ainsi M. Budge a trouvé qu'en piquant on en galvauisanl soit la moelle allongée, soil les tubercules (luadrijunieaux , les couches optiques ou les corps striés, on peut provoquer des con- traclionsdansTinteslin chez le Chat (c). M. \ali'iiliii a conslalé aussi (|u"en (a) Voyez liour2;ory, Anatomic tic l'Ilommr, I. V, |il. tH. ((;) Uracliel, Jleclierches c.rix'i'imenlales xur le suslnne nevvcu.r, 'i' Ml., \>. 272. ((■) Millier, Physiologie du système nervcu.v, i. I. |i. iii. (d) Longet, Traité de physiologie, l. I, p. 148. (c) Bu'ljre, Deitrâgc zur Lehve von deii Sympathien (Miiller's Archiv fiir Anat. xind Phjsiol., 1R30, ]i. 3!i2 ol siiiv.). — ['ntevsiirhuiiqeii iihfr dns Nerreiixjiativn, ISil, p. 142 et siiiv. M01)IJ'II:aTI0>:S dus ALlMtliNTS It.VISS l'intestin GIIÉLIÎ. 133 encore rien de positif au sujet de la manière dont ces relations s'établissent, et les effets observés dans certains cas sont loin de se produire constamment. Ainsi que je l'ai déjà dit, le chyme, en sortant de l'estomac, est franchement acide, mais en arrivant dans l'intestin grêle il y rencontre de la bile et d'autres liquides alcalins qui tendent à le neutraliser et même à le rendre alcalin. La rapidité et l'étendue de ce cliangement dans les propriétés chimiques du contenu de cette portion de tube digestif varient suivant plusieurs circon- stances, au noml)re desquelles il faut ranger en première ligne la nature des aliments et la proportion plus ou moins considé- rable d'acide lactique ou d'acide butyrique que leur fermenta- tion [)cut engendrer dans l'intestin. .Alais ces différences n'ont pas autant d'intluence sur les résultats généraux du travail di- gestif qu'on le su|)posait aulrefois; car si la neutralisation du chyme arrête l'action dissolvante de la pepsine (1), l'acidité ou Digestion iiilcstinale. Stimulant directement ces parties de rencépliale, on peut déterminer ces mouvements (a), et M. Scliill' aoljtenu des effets scmblaliles en excitant le cervelet ou le bulbe rachidien. Mais M. Longet , en répétant ces expé- riences, n'est arrivé à aucun résultat net (6). M. Bndge a constaté aussi que chez le Lapin, la galvanisation du cervelet, ainsi que celle de la moelle allongée, détermine des contractions dans le caecum (c), et M. Valentin a pu exciter des contractions dans le gros intestin, aussi bien que dans l'in- testin grêle, par la galvanisation de la moelle ('pinière. Des effels analogues ont été ob- servés chez la Tanche, par M. E. We- ber (d). D'un autre cùté, il a été également démontré que chez les Grenouilles les mouvements péristalliqnes du tube digestif peuvent continuer après la destruction complète de l'axe céré- bro-spinal. (1) Ainsi que je l'ai déjà dit, les expériences récentes de ^I. Briickc montrent que l'aclion de la bile sur le suc gastrique n'a pas seulement pour elVet de neutraliser ce liquide, mais aussi d'en précipiter la pepsine qui se trouve entraînée par les matières ré- (fl) Valentin, Yersiiche ûber die Thàtlgkeit des Balkens (Repertormm, 1841, t. VI, p. 359). (6) Longet, Traité de physiologie, t. I, p. 149. (c) liudge. Sur l'influence de iexcilalion de certaines parties du système nerveux central sur les mouvements du cœcum (Dihl. univ. de Genève, Arch. des sciences physiques et naturelles, 1846, t. III, p. 415). (d) E. Weber, Muskelbewegung (R. Wagner, Handworterbuch dcr Physiologie, t. II(, p. 2S). lâ/i UlliESTlON. ralcaliiiité de cette matière n'entrave pas l'action des principes digestifs du suc pancréatique et des sucs intestinaux sur les principes albumineux, et la digestion n'en continue pas moins dans l'intérieur de l'intestin. Les principaux changements qui s'oj)èrent ainsi dans le chyme sont déterminés par la dissolution plus complète des matières albuminoïdes, la transformation des matières amylacées endcx- trine, puis en giycose, la production d'une certaine quantité d'acide lactique et d'acide butyrique; parla disparition progres- sive des produits absorbés, et par son mélange avec les matières constitutives de la bile, ou résultant de la décomposition de celle-ci (1). sinoïdes, lorsque celles-ci se déposent. Un résultai analogue est produit par la formatiou d'un grand nombre d'au- tres précipités qui, en se solidifiant, entraînent la pepsine ; et, en profitant de cette circonstance, M. Briicke est parvenu à isoler , mieux qu'on ne l'avait fait jusqu'alors, ce principe, qui, suivant lui, ne serait pas une matière allmminoide (a). (1) Le chyme, eu parcourant l'inles- lin grêle pour arriver au caecum, subit divers cbangemcnls pliysiciues dont il est facile de se rendre compte. Dans la première portion de ce tube, il de- vient eu général plus fluide par le fait de son niélange avec le suc pancréa- tique, la bile, etc. , ainsi que par l'eiïet de la digestion d'une jjartie des sub- stances l'éculentes ou autres qui s'y trouvaient à l'état solide et qui peu à peu se dissolvent. Mais dans l'iléon sa consistance augmente par suite de la soustraction croissante des parties liquides qui sont absorbées par les parois du tube digestif. Les matières alimentaires qui des- cendent de festourdc dans le crecum éprouvent aussi des changements de volume qui sont dus en partie à la digestion de plus en plus complète des substances végétales qui peuvent s'y trouver, en partie à leur mé- lange avec la bile el aux modifications qui s'opèrent dans les principes colo- rants de ce liquide. Kffectivenjent, la ntalière colorante de la bile est préci- pitée par suite de l'acliou de l'acide du suc gastrique contenu dans le chyme, et se mêle ainsi aux substances ali- mentaires non digérées qui descendent vers l'anus ; elle leur comiiuuii(|ue d'aliorduue teinte jaune plus ou moins intense , mais bientôt elle éprouve d'autres modifications qui la font pas- ser au brun, ainsi que nous le verrons (a) Brùcicc, Beilrdije i>ur Lclire von dcr Ycrdaiiung {SU:^un(jsbcriclUcdci' Wiener Akad., ISiit , I. \IJII, l'.OOl). MODIFICATIONS DES ALIMENTS DANS L INTESTIN GRÊLE. 135 Lorsque les aliments arrivent dans le duodénum sans avoir séjourné longtemps dans l'estomac, qu'ils descendent rapide- ment dans l'intestin grêle, et que le caecum est assez développé pour les emmagasiner, ainsi que cela a lieu chez le Cheval, ils peuvent continuer à être digérés dans cette portion initiale du gros intestin, sous l'influence des sucs digestifs dont ils sont accompagnés (1). Dans ce cas, le caecum remplit réellement le plus en détail quand aous étudierons les caractères des matières fécales. Prout et quelques autres chimistes, ayant trouvé plus de substances albu- minoïdes dans le chyme puisé dans le commencement du jéjunum que dans les matières alimentaires contenues dans l'estomac, avaient été conduit à penser que ces principes étaient des produits du travail digestif et prenaient naissance dans l'intestin grêle sous Tinfluence de la bile (a). Mais le fait constaté par ces auteurs s'explique par l'arrivée du suc pancréatique dans cette portion du tube alimentaire et son mélange avec le chyme. Rien dans l'état actuel de la science n'autorise à supposer qu'il puisse y avoir pro- duction de matières albumiiioïdes aux dépens d'aliments non azolés. Du reste , par l'action de l'alcali de la bile et du suc pancréatique sur les peptoncs du chyme, une certaine quan- tité de ces produits peut être ramenée àPétat d'albumine coagulable (6), et cette circonstance peut avoir contribué à faire naître l'opinion soutenue par Prout. 11 est du reste à noter que le suc intestinal ne paraît pas contenir d'albumine (c). (1) Chez les Solipèdes, les matières alimentaires passent très promptement de l'estomac dans le caecum : ainsi il suffit de dix à quinze minutes pour qu'une portion des liquides versés dans le duodénum par le pylore puisse parvenir dans ce réservoir, et beau- coup de substances solides y arrivent sans avoir subi de changements no- tables, mais elles y font un long séjour et n'entrent que peu à peu dans le cô- lon. Du reste, leur consistance y aug- mente par suite de l'absorption d'une partie des liquides qu'elles contien- nent {d). M. J. Jones a observé que chez le Gopher, ou Tortue Polyphème, le côlon est également très développé, et pa- raît être le siège principal de la digestion de l'herbe et des autres sub- stances végétales dont ce Reptile se nourrit {e). (rt) Proul, On the Phenomena of Samjuipcation (Aiinah of Piiiîosophy, ISi'à, t. XlllJ. — Mém. sur les phénowtènes de la sanguificalion {Journal de physique, 1819, t. LXXXIX, p. 137 et suiv.). — E. Burdach (voyez Burdach, Traité de physiologie, t. IX, p. 327). — Sclierer, Chemisch-physiologische Untersuchungen {Ann. der Chemie und Pharm., 1841, l. XL, p. 9). (6) Frericlis, Op. cil., p. 83l>. (c) Zdndei-, De succo enterico (dissert, iiiaiig.). Dorpul, 1850. (d'i Colin, Op. cit., t. I, p. 650 et suiv. (e) J. Jones, Digestion of .Mbtmen and Flesh, etc. [Tkc Médical Examiner, l8ôG, p. 261). lo() 01GESTI0>'. rôle d'imc succursale de l'estomac, et peut êlre le siège d'une portion importante du travail de la digestion (1). Mais en général, l'élaboration des substances alimentaires est terminée quand celles-ci arrivent vci'srcxlrcmitéderilcon, elles matières solides qui parviennent dans le gros intestin sont destinées à être expul- sées en debors. Elles abandonnent encore une partie des liquides qu'elles contiennent, de façon à devenir [tins consistantes, et elles subissent quelques cbangements, soit par l'effet de pbé- nomènes de fermentation dont elles peuvent être le siège, soit par suite de leur mélange avec des produits excrémentitiels qui sont sécrétés dans cette portion du tube alimentaire, ou (jui s'y développent: mais ces modifications n'ont que peu d'importance et ne contribuent pas à l'accomplissemeiit du travail digestif proprement dit; elles en sont la conséquence, sans être utiles pour robleution du résultat essentiel de la fonction dont l'étude nous occupe ('2). (1) Je citerai à ce sujet les ol)serva- tions faites par M. Steinliaiiser sur une Femme qui présentait nno large fis- tule (lu gros intestin, La plupart des aliments inirocluits dans le tube diges- tif par cette ouverture furent évacués sans avoir subi aucun changement notable, mais ralbumine fui en partie dissoute (a). (2) Il arrive souvent que les ma- tières logées dans Iccaccum sont acides, bien que celles contenues dans la par- tie adjacente de rinteslin grêle soieni alcalines (b), et au premier abord ce fait pourrait paraître favorable à V()\n- nion des physiologistes qui coiisidcrenl ce réservoir comme jouani l(^ rôle (Tun second estomac chez THomme et les Carnivores, aussi bien que chez le Cheval et les aulres Herbivores (r). Mais ;\1. Blondiol a trouvé que la réaction acide dont il est ici question ne dépend pas de la présence d'un nouveau liquide digestif auquel les aliments seraient soumis dans cette portion du tube intestinal , et tient en général au développement d'une certaine quantité d'acide lactique aux dépens des matières féculentes accu- nudées dans le caîcum ((/). Enfin, M. Braume a constaté , dans un cas d'anus contre nature, que la surface de la nnupieuse est alcaline près du ca-cum (cj. (a) Stoinliaiiser, Expcrimenta iwnmilla de sensibilUate cl function'ém intestini crassi. Lipsiœ, ISil. {b) Ticli'inimii ri Ciiiflin, Ikclicrclics exiicrimenlaks sur ta digeslioii, t. I, [i. lut. ((•) Viriilct, Ti'iiiialux (le prima cnclioiie, p. 270. ((/) Blonill.ii, TraUr atiabjliquc de la digestion, \>. lO:!. (e) Braimic, Op. cil. {Virclmw's Arcliir fur pallwt. .\nal., 1800, I. M\, p. 470). M A 1 1 K li ES FÉCALES. I o7 § 7. — Los matières fécales accuinulées dans le gros in- testin y séjournent pins ou moins longtemps suivant les Animaux et suivant les conditions dans lesquelles le travail digestif s'ac- complit. En général, elles y acquièrent d'autant plus de consis- tance que ce séjour est plus long, parce qu'elles abandonnent peu à peu à la surface absorbante qui les entoure une portion des liquides qu'elles contiennent (1) ; souvent elles y deviennent même très dures, et se moulent en quelque sorte sur les parois de l'intestin, de façon à prendre des formes en rapport avec la structure de ce tube ("i). Il en résulte que la forme des excré- séjour (les fèces dans lo £;i'o> intestin. (1) La proporlion d'eau contenue dans les matières fécales varie beau- coup chez le même individu, suivant l'état physiologique du canal intesti- nal , mais présente en général des dif- férences assez constantes, suivant les espèces. Ainsi , terme moyen , les excréments du j\Iouton ne conliennent qu'environ 56 pour 100 d'eau, tandis que ceux du Cheval en renferment 77 pour 100 et ceux de la Vache 82 centièmes (a). (2) Ainsi chez les Animaux dont le gros intestin est bossue et divisé en une série de petits compartiments par des valvules conniventes, comme cela se voit chez le Cheval, etc. , les matières stercorales se trouvent divisées en peti- tes masses, et en se durcissant par suite de l'absorption de leurs parties liquides, se moulent en quelque sorte dans ces loges. Chaque pelote de crottin ainsi formée se recouvre d'une couche de mucus sécrétée par la portion adjacente de l'intestin, et en raison de cette cir- constance reste distincte de ses voisines quand elle descend dans le rectum pour être expulsée par l'anus. Chez d'autres Animaux dont le gros intestin n'offre pas ce mode d'organi- sation mais présente une longueur considérable, le Mouton, la Chèvre, le Chameau et le Lapin par exemple, un résultat analogue est déterminé par la manière dont ce tube se contracte d'espace en espace; dès qu'une cer- taine quantité de matière fécale s'est accumulée dans un point du côlon, celui-ci se resserre et s'étrangle, pour ainsi dire, au-dessus de la parlie ainsi remplie ; cette contraction persiste pendant qu'une seconde accumulation de fèces se forme au-dessus, et ainsi de suite ; de façon que cette portion du gros intestin, au lieu de rester cylin- drique, devient moniliforme, et que dans chaque renflement il se produit un bol de matière fécale. Les petites masses stercorales formées de la sorte s'amassent ensuite dans le rectum, sans se confondre les unes avec les autres. Chez les bêtes bovines, les excré- ments restent trop liquides pour pou- voir se mouler de la sorte, et sont ex- pulsés sous la forme d'une espèce de (a) Rogers, Ueber die Zusammenscliung dcr Asvhe von feslen Thierexcreinculeii {Anii. der Chemie und Pharm., 1848, t. LXV, n. 85. 138 UlGESTlOiN. jiiciils vtirie suivant les Animaux dont ils proviennent, et j'in- siste sur cette circonstance, qui depuis longtemps était connue des chasseurs, parce qu'elle a permis aux paléontologistes d'ar- river à des notions importantes relatives à la structure de l'intes- tin de quelques-uns des grands Reptiles de ré[)oque jurassique, par l'examen des fèces, connues sous le nom de coprolithes, que ces Animaux ont laissées dans certaines couches de l'écorce solide du globe, et que la fossilisation y a conservées (1 i. Il est aussi à noter que, dans quelques cas accidentels, des matières solides s'accumulent lentement dans quelque dilata- tion latérale du tube digestif, sans pouvoir en être chassées et sans obstruer complètement le passage dans ce canal. Il en ré- sulte des concrétions dont le volume devient parfois très con- sidérable, et dont l'existence n'est pas très rare chez les Chevaux. Mais ce sont là des accidents pathologiques dont l'étude n'est pns du domaine de ce cours (2). bouillie d'une couleur brune ver- dàire, appelée house. Quand le côlon est à la fois simple el très court, comme chez le Chien, et que les excréments y deviennent con- sistants, ils s'y moulent sous la forme d'un cylindre qui est divisé en tron- çons, au moment de la défécalio:i, par les contractions du sphincter de Fanus. (1) Ces fèces fossiles sont extrême- ment abondantes dans certains terrains jiu-assiques : par exemple, à Lyme- Itegis, eu Angleterre. Celles (|ui ont d'abord fixé l'attention des naturalistes apparliemient àl'lchthyosaure, et d'a- près les empreintes en spirale qui s'y re- marquent, il est extrêmement probable que l'mtestiu de ce grand Saurien (';tait conformé à pe;i près connue celui des Poissons plagiostomcs, où nous avons vu un prolongement de la tunique nniqueuse disposé eu manière d'hé- lice {a). \a\ connaissance de ces co- prolithcs est due principalement aux recherches de Bucklaud [h). D'autres fossiles de même nature, et apparte- nant à des Poissons, ont été trouvés dans le même dépôt, ainsi que dans d'autres terrains (c). (2) Quelquefois les concrétions intes- tinales se formeni autour de quelque (a) Voyez loiiic VI, page 3^9. (h) lîucklaiul. 0» Ihe Discovery of Coiu-otiles, or t'ossil l'œccs, in thc Lias al Lijinc-liegis and in other Formations {Traasact. of th.e Geological Society, 1821», iicw scries, t. lll. p. i22i, pi. 28 à 31). - Gculogy and Minevatogy considered udth référence toNatttral TIteoloyy, l. I, pi. 15, p. 188 ot siiiv. (c) MaiitcU, Geology of Susscx, pi. 38. MAÏIÈKES FÉCALKS. ISO ^ 8, — Je rappellerai qu'en raison de la dispusilioii de la valvule iléo-ca?cale, les matières (]ui descendent de l'intestin grêle dans le gros intestin ne peuvent remonter vers l'esto- Expulsion des fèces. corps étranger qui n'a pu être digéré, et qui s'est arrêté dans l'estomac ou dansl'inteslin : par exemple, un paquet de poils, un grain de plomb, un noyau de cerise, un fragment d'os ou un calcul biliaire [a). D'autres fois elles ré- sultent d'une accumulation de matières terreuses ingérées dans l'estomac. Ainsi, on cite des exemples de pierres stercorales très grosses, qui avaient été produites par l'administration trop prolongée de la magnésie calcinée à tilre de médicament, et qui étaient formées presque entièrement de cette substance (6). Celles qui se rencon- Uent cbez l'Homme sont en général formées de phosphates terreux et de matières grasses , notannnent de cho- Icstérine (f). (Quelquefois ces der- nières prédominent (cl). Dans quel- ques cas ces concrétions sont formées l)rincipalenient de matières libreu- ses (e), ou d'autres débris d'aliments végétaux (/■). Celles que l'on trouve souvent dans l'estomac ou dans l'intestin de divers Animaux, principalement des Rumi- nants et des Solipèdes, ont été dési- gnées sous le nom de bézoards, et jadis on leur attribuait de grandes vertus mé- dicinales ((/). Les bézoards dits orien- taux proviennent surtout de l'estomac de la Chèvre cegagre ou Pasenrj des l^ersans ou de celui de la Gazelle. Les JK'zoards dits occidentaux sont ap- portés d'Amérique, et se trouvent dans l'estomac des Lamas. Enfin ceux de nos pays, appelés quelquefois par les pharmacologistes bézoards d'Alle- magne, égagropiles, tophus bovinus, gobes hIppoUthes, etc., se rencontrent dans le tube digestif du Bœuf, du Chamois, du Cheval, etc. Les bézoards orientaux ont, été ana- ((() Cliildren, On Somc alvuie Concrelions fourni in the colon of a youny Man {l'hilon. Trans., 1822, p. 24). — Laurier, Jlém. sur les concrétions qui se forment dans le corps Iiumain, 1825. — Moiide, Sur tin calcul intestinal {Journal de chimie médicale, 3« série, t. V, p. G2Û). (6) Braiide, On the lad E/fevts of tlie incautious Use of Magnesia [Journal o) the Royal Insli- tulion,{8i6, l. I, p. 297). ■ — Simon, Animal Chemislrij, t. II, [i. 4fi7. — Béiard, Cours de physiologie, t. II, p. 400. — CUoquet, iVém. sur les concrétions intestinales, 1855, p. 12. (c) Jàgci-, Ueber die Darmsteine des Menschen und der Thiere. Berlin, 1834. — Douglas Macla-en, On the Consiilution of Intestinal G-mc r étions (London and Edinhurgh Monthly Journal of Médical Science, 1841, t. I, p. (i34). (dj Cavontuii et Colombat de Chaiimont, Béz-oard humain {Archives générales de médecine, 1828, t. XII, p. 453). — Lassaigiie, Observations sur plnsieu.rs concrétions intestinales rendues par itne jeune fille (Journal de chimie médicale, 1825, t. I, p. 1 iOj. [e) Vauquelin, Sur la formation des bézoards {Ann. de chimie, 1812, I. LXXXIII, p. 138). — Braconnot, Examen de plusieurs béwards vomis par une fille [Ann. de cliimic et de jdiy- sique, 1822, t. XX, p. 194). (/■) Marcel, llistoire'bhimique des affections calcideuses, p. 127. (3) Bauhin, De lapidis bezoar, orientalis et occidentalis cervlui autem et germanici, orlu et natura, l'bcr Basle, 1613. — Calelen, Traité du bézoard. Frauct'., 1027. l/lO DIGIiSTlOiN. mac, et, a[)rès s'être aceiimulées dans le cœcuiii, elles doivent nécessairement pénétrer dans le côlon. Le passage des matières fécales dans le côlon est déterminé par les contractions péristaltiques de cette portion du tube digestif, et ces mouvements concourent à produire aussi leur lysés par plusieurs chimistes, et sont de trois sortes. Les uns sont composés essentiellement de phospluile de chaux et de phosphate ammoniaco-magné- sien ; d'autres renferment beaucoup d'acide lithofellinique («) ; enfin il en est aussi qui sont formés principale- ment d'une substance parliculièrc appelée acide ellagique, quiparaîtêtre le produit de la transformation de l'acide galliqui' contenu dans des ma- tières végétales alimentaires (6). Les bézoards du Lama renfermeni du phosphate de chaux, du carbonate de la même base et des matières orga- niques (c). Les concrétions qui se rencontrent assez souvent dans l'estomac ou dans le côlon du Cheval atteignent parfois un volume très considérable {utd l'harm., 1845, t. LV, p. 129). — Taylor, On some new Species of .\nimal Concrétions {Philosophie al Magazine, 184G, l. XXVIII, p. 44 et 192). — Guiliourt, Note sur xin Dézoard fauve {Journal de chimie et de pharmacie, 1847, t. X, p. 87). (c) l'rmit, Extrait de plusieurs lettres {Ann. de chimie, 1700, t. I, p. 107). {d} Pkciiielli, Dei beioiird deijli animali e siiujolarmente di quello del cavallû. Bergamo, 1820. (e) Giirit, l'athol. Anat. der HaussûU(jclhiere, p. 35. (/■) VValson, Large Caleulus fonnd in a Mare{Philos. Trans., 1754, t. XLVill, p. 800). (g) Simon, Aiiimal Chemistry, t. II, p. 467. — Bibra, Chemische Unters. (Simon's Deitrdge '^urphijs. und palhol. Chemie vnd Mikrosco- pie, 1844, t. I' p. 404). (/() Voyez tome VI, page 311. , (i) Moral et de I;eii.<, Dictionnaire de matière médicale, t. I, p. 593. {jj Simon, Animal Chcmistrii, t. II, p. 407. (A.) Kiiclieiiiiioistcr, Conceiitnschc horper am Uarm der l'ischtter [Vcrliandlungen der phys, med. Gesellschaft in Wûrzburg, 1852, t. II, p. 220). SI vTi i:r i:s fkca lks. 1 /i 1 expulsion pur l'amis. Chez beaucoup (VAnimaux inférieurs, la (létecation n'a pas d'aulre cause; mais chez les Vertébrés, et notamment chez l'Homme, ce phénomène est en général déterminé principalement par l'action des muscles des parois de la cavité abdominale (1). que la substance connue en pharma- cologie sous le nom cVambre gris est un produit du même genre provenant de Tinteslin du Cachalot. Des hypo- thèses très variées ont été émises au sujet de l'origine de celte substance, qui d'ordinaire se trouve flottante à la surface de la mer ou rejetée sur la plage, dans le voisinage des lieux fré- quentés par ces Animaux, tels que les mers du Japon , des Moluques, de Madagascar et du Brésil. On la ren- contre aussi dans Tinteslin des Cacha- lots, et souvent on y trouve des débris des Animaux dont ces grands Cétacés se nourrissent, par exemple des becs de Seiche. Elle alTecle la forme de masses irrégulières dont le poids est ordinairement d'environ 500 grammes, mais s'élève parfois à 10 ou même 50 kilogrammes, et peut atteindre une centaine de kilogrannnes. Elle fond à la chaleur comme le fait la cire, et se compose principalement d'une matière grasse de nature particulière, appelée ambréine, qui a beaucoup d'analogie avec la cholestérine , et qui est dispo- sée par couches concentriques. l'our plus de détails sur l'ambre gris, je renverrai à un excellent article publié sur ce sujet par M. Guibourt, l'un de nos pharmacologisles les plus sa- vants {a\ (1) Chez rilomme, les matières fécales s'amassent d'abord dans l'S iliaque du côlon ; et en général la por- tion supérieure du rectum est con- tractée (b), en sorte que la partie de cet intestin qui avoisine immédiate- ment l'anus reste vide jusqu'au mo- ment où la défécation doit avoir lieu. "Mais c'est à tort que quelques physio- logistes pensent qu'il en est toujours ainsi (c). En cfl'et, chez les personnes dont les évacuations ne se font pas d'une manière régulière et facile, la plupart des vieillards par exemple, les matières s'accumulent dans le rectum et y séjournent souvent très longtemps avant d'être expulsées au dehors ((/). Quoi qu'il en soit , lorsque les fèces sont descendues dans cette portion terminale du gros intestin, elles n'y sont retenues que par la contraction des muscles sphincters de l'anus, et plus particulièrement du sphincter ex- terne (e). Cette contraction est sous le contrôle de la volonté, mais l'influence nerveuse exercée par la portion infé- rieure de la moelle épinière suflitpour la déterminer, et c'est par l'intermé- diaire des nerfs rachidiens que dans (a) Guiboiii'l, Histoire naturelle des drogues simples, i' édit., 185t, t. IV, p. 209 et siiiv. (6) Voyez toine VI, page 380. (c) J. O'Beirnc. New Views of the Process of Défécation. Dublin, 1833. (d) Pour plus de détails à ce sujet, voyez Béravd, Cours de physiologie, t. II, p. 407. (e) Voyez tome VI, page 305. 142 DIGESTION. Chez les Animniix qui sont dépourvus d'un anus, les déjec- lions alvines ont lieu par la bouche, et ce phénomène est com- toiis les cas elle est provoquée. Aussi, quand cette portion du système ner- veux ne remplit plus ses fonctions, les sphincters sont-ils paralysés, et alors les matières fécales s'échappent dès (|ue les conlraclions péristaltiques du tube intestinal les ont amenées à l'anus sans qu'aucun effort de la volonté puisse mettre obstacle à leur sortie. L'excitation produite par la pré- sence des matières fécales dans la partie inféiieure du rectum déter- mine la sensation plus ou moins im- périeuse qui précède la défécation, et qui est accompagnée de la contraction de la tunique charnue de cet intestin. Quand Tirritabilité de la muqueuse intestinale est exaltée, comme cela a lieu dans certains états morbides, il suffit d'une quantité très petite de liquide pour déterminer le besoin de l'évacuer, et les médecins donnent le nom de ténesmes aux sensations plus ou moins douloureuses el fréquentes qui sont excitées de la sorte sans être suivies d'évacuations notables. Dans les circonstances ordinaires, le besoin vl'exj)ulser les fèces ne se fait sentir que de loin en loin, et l'habitude a une grande influence sur le renouvelle- ment plus ou moins périodique de ce piiénomènc. L'excitabilité du rectum s'émousse en général chez les vieil- lards et aussi chez les personnes qui sont atteintes de certaines affections nerveuses, et il en résulte souvent une constipation plus ou moins persislanie. On rite même des cas dans lesquels les déjections ne se sont succédé qu'à de très longs intervalles , plusieurs semaines par exemple. La contraction énergique des fibres circulaires du gros intestin est la cause principale de ces évacuations; mais en général la pression exercée de la sorte sur les matières contenues dans le rectum est insuffisante pour vaincre la résistance que le sphincter de l'anus oppose à leur sortie, et l'intervention des muscles pariétaux de l'abdomen est nécessaire pour l'accomplissement de cet acte. Alors, non-seulemenl le diaphragme et les muscles qui cloi- sonnent latéralement et en avant la cavité abdominale se contractent, mais la glotte se resserre de façon à empri- sonner l'air contenu dans les poumons et à fournir ainsi un point d'appui au diaphragme pour l'aider à résister à la pression développée par la contrac- tion des muscles droits , transverses et obliques. L'ellort ainsi produit est très puissant, et tend à chasser de la cavité viscérale les liquides contenus dans les vaisseaux de cette partie du corps et les vis{ ères eux-mêmes» aussi bien que les matières logées dans l'intestin. Il en résulte que le sang se porte alors avec force vers la tète, et que si la membrane muqueuse du rectum n'est que lâchement unie aux parties cir- con voisines , elle est poussée à tra- vers l'anus, et fait saillie à l'extérieur en manière de bourrelet pendant que la défécation a lieu. Ce phénomène est facile à voir chez le Cheval, et se pro- duit aussi cliez rHonnuc. dans certains étals pathologiques de rinleslin : mais quand relTort cesse, la contraction tles libres longitudinales du rectum suffit en général pour faire rentrer la partie (jui s'était ainsi renversée au dehors ; MATIÈRES FKCALES. IftS parable à la régurgitation qui a lieu accidentellement chez les Animaux dont la cavité digestive est tubulaire (1). ^9. — L'étude microscopique et chimique des matières fécales n'est pas sans importance, car elle peut nous éclairer sur le rôle des humeurs qui arrivent dans le tube inlestinal et sur le résultat final du travail digestif (^2), C'est même par la comparaison des substances alimentaires ingérées dans l'esto- mac, et des déjections qui en proviennent, qu'on peut le mieux juger de la digestibilité des premières, et du degré de leur utilisation dans l'organisme. Je crois donc utile de nous y arrêter ici. Tl est d'abord à noter que dans quehpies cas une certaine quantité de bile arrive inaltérée jusqu'à l'anus, et se retrouve dans les excréments (3). ^hiis, en général, les matières consti- Conslilulinii (les matières fécales. dans quelques cas cependant il en résulte un prolapsus plus ou moins permanent. (1) Ce mode d'organisation et la régurgitation excrémentitielle qui en est la conséquence se rencontrent , comme nous Tavons déjà vu, chez la plupart des Zoophytes (o), ainsi que chez difl'érents Vers (6). (2) Les premières recherches chi- miques de quelque importance faites sur les matières fécales sont dues à Berzelius (g). Plus récemment, les excréments de rilomme et d'un petit nombre d'Animaux ont été analysés par plusieurs chimistes (rf). Pour le moment je ne m'occuperai pas des expériences faites en vue de la déter- mination de la quantité de carbone ou d'azote que ces matières peuvent contenir, ce sujet se liant à l'étude des phénomènes généraux de nutrition. (o) Ainsi les fèces semi-fluides d'une couleur jaune d'or, rendues par les enfants à la mamelle, contiennent, mêlées à beaucoup de graisse, de ca- séum non digéré et de débris d'é- pithélium, de l'acide taurocholique, (o) Voyez tome V, page 294 et suiv. (6) Vovez tome VI, pa^'c 448 et suiv. (c) Berzelius, Traité de chimie, trad. par Esslinger, t. Vil, p. -268 et suiv. {(l) Simon, Animal Chemistry, 1. 11, p. 369. — Marcel, An Account of the Organic Chemical Constituants or Immédiate Princip les o[ the Excreme7its of Man and Animais in the healthy state {Philos. Trans, 1854, p. 205). — On the Immédiate Principles of human Excréments in the healthy state (Philos. Trans., 1857, p. 403). — Wehsarg, Mikroscopische und chemische Untersiichuncien der Fœces gesunder erwach- sener Menschen, thèse. Giessen, 1853. — Iliring, Mikroscopische- chemische Unlersuchungen menschUcher Fœces tinter verschiedenen pathologischen Verhaltnissen, thèse. Giessen, 1853. Ikk DIGESTION. lutives de ce liquide éprouvent, peiidniit leur passage dans l'in- testin, des modiiications plus ou moins profondes, et ils peuvent donner ainsi naissance à des corps nouveaux. Le premier changement qui se remarque dans ce liquide est dû à la pré- cipitation de sa matière colorante. Par le fait de son mélange avec l'acide chlorhydrique du suc gastrique apporté dans le duodénum par le cliyme, la soude qui se trouvait unie à cette matière colorante, et la rendait soluble, est bientôt satu- rée, et alors le [)igment biliaire se précipite sous la forme de corpuscules amorphes qui se mêlent aux autres substances dont se compose la pâte cbymeuse (1). Ce pigment éprouve ensuite d'autres modifications qui sont analogues à celles déterminées par la pulréfiiction de la bile, et qui paraissent être dues à la fixation d'un peu d'oxygène; il prend peu à peu une teinte brune de plus en plus intense, il cesse de présenter avec l'acide nitrique les phénomènes de coloration qui sont caractéristiques de la biliverdine, et il constitue un produit particulier (2). caraclérisr par son iiidde (Faclion sur le réactif de Petleiiliofor et do la clio- lépyrrliine recoiinaissable aux diaii- gements de couleur qu'elle iiianifesle (|nan(l on la traite par de l'acide nitrique additionné d'un peu d'acide sulfurique {(t). Dans l'ictère des nouveau-nés, la coideur verte des excréments dépend aussi de la présence d'une certaine quantité de pigment biliaire non dé- composé. M. Enderlin a trouvé de l'acide cho- liquc, de la tanrine et de l'acide clio- loïdique dans les déjections de ma- lades atteints de diarrhées dites bi- lieuses (6). (1) En général, le principe colo- rant de la bile se retrouve dans les matières contenues dans l'intestin grêle ; mais celles qui ont séjourné dans le gros intestin ne fournissent que rarement une substance ayant les propriétés caractéristiques de ce pig- ment. (2) Les recherches de M. AIolcs- chott tendent ;'i établir que la matière verie de la bile, eu se transformant («) EnJcilin, l'cber einc eigeulhumUche L'mselxtmg der Ochsengalle, etc. {An7i. lier Chemie iind l'hurin., 1850, 1. 1>X\V, p. 154). {h} Lelimann, Lehrbnvli der jihysioln{]iscliev Chemie, t. Il, p. 120. MATlLUKS FÉCALES. |/|5 l.a coloration des fèces dépend princi|mlenicn( de hi présence des [tigments provenant de la bile (1 i. Lorsque, par suite de robsiruclion du canal cliolédoque ou de toute autre cause, ce liquide n'arrive plus dans l'intestin, les excréments sont pâles et grisâtres ; mais parfois la teinte foncée qu'ils offrent, peut dépendre de la présence d'une certaine quantité de sang plus ou moins altérée, ou des substances étrangères qui ont été ingérées dans l'estomac ('2). aiusi, ne se change pas en cliolép\r- rhine, mais subit une sorte de des- truction analogue à celle produite par l'action oxydante de l'acide azo- tique (a), dont j'ai déjà eu roccasion de parler (6). (l) Il va sans dire que la couleur des excréments peut dépendre aussi de la nature des aliments dont ils pro- \iennent, surtout quand ces substances traversent rapidement le tube digestif et laissent beaucoup de résidus solides. M. Welisarg a fait récemment des re- cherches sur l'influence que le régime exerce sur la teinte des fèces de r Homme à l'état normal (c). {'2) Jusque dans ces derniers temps, les médecins pensaient que la couleur verte des évacuations alvines était toujours indicati\ e de la présence de la bile dans ces matières ; mais cette particularité peut dépendre d'autres causes. Ainsi on a remarqué qu'à la suite de l'emploi des eaux minérales ferrugineuses ou d'autres préparations martiales, les selles sont souvent d'un vert intense ou même noirâtres, et l'analyse chimique a fait voir que cela dépend de la présence d'une certaine quantité de sulfme de fer dans ces matières (d). Dans trois expériences faites par M. Lehmann sur les excré- ments de personnes qui avaient fait un usage prolongé des eaux de Marien- bad, la quantité de protosulfure de fer fournie par 100 parties de matières sèches a varié entre 1 ,039 et 3, 1 63 (e) . A la suite de l'administration du ca- lomel, les fèces présentent une couleur verte très remarquable, et la cause de ce phénomène a été attribuée par quelques auteurs à la présence de sul- fure de mercure dans ces matières. Les recherches de MM. Hermann, Merklein, llofle, etc., prouvent que dans ce cas les fèces contiennent du mercure, et que le sulfure de ce métal mêlé aux matières excrémentitielles {a) 'SloitiichoU, Physiologie des Stoffwech'.cls, p. 52:2. (6) N'oyez tome VI, page 492. (c) Welii-ary, MiUroskopische und chemische Uiitcrsmliunij Hier Fceces ijcsunder crwachsenci' iHenschen (dissert. inaiig.) Giessen, 1853. (d) Kersleii. Ueber die Ursache der grïmeii Varbuiuj dev StiihkiiUeerunijcii bei deniGebrauchc der Marieiibadcr Mineraliuasser (Walllier'.s uiiJ Ainiuurs Journal fiir Cliir.,i. III, et Heller's Archiv fiir physiol. und pathul. Chernie, 1844, 1. I, y. 273). (e) Lehmann, Lelirbucli der idiyslologischoi Cheinie, t. II, p. 120 (Gùsclier's Jaliresbericht t. m, p. 43). vil. 10 1/|6 DIGESTION. L'action des acides du chyme sur la bile détermine aussi la décomposition du tnurocliolatc de soude et des autres composés analogues qui se trouvent dans ce liquide. Les acides résineux de la bile sont donc mis en liberté dans l'intestin grêle, et comme nous le verrons bientôt, ils paraissent être en partie résorbés ; mais en cheminant dans le tube digestif, ces princi- pes sont j)romptement modillés dans leur composition chimi- que (1), et ils donnent naissance à divers produits nouveaux qui penvent se trouver dans les fèces. Ainsi, dans l'intestin grêle on trouve de l'acide choléidique, et plus loin les corps qui dé- rivent aussi des acides biliaires, et qui sont connus sous les noms lV acide cholinique e[ cV acide fel Unique; mais la proportion de ces produits diminue dans le gros intestin, et souvent la taurine, qui résulte du dédoublement de l'acide taurocholique, se rencontre dans toute la longueur de l'intestin et se retrouve aussi dans les rcccs(!2). Quelquefois on y découvre également la dyslysine, (pic nous avons vu précédemment être aussi nn dérivé des acides résineux de la bile (3). Enlin, on trouve aussi peut y faire naître une teinte verte (a). Mais la coloration (|ui s'observe dans les circonstances dont je viens de par- ler paraît dépendre au moins en partie de raugnienlalion dans la (piantité de bile versée dans l'intestin ; car, d'une part, nous avons déjà vu que la sécré- tion de ce li(|uide est evcitée par l'ad- ininistration du caloniel [l)), et d'autre part, Simon et M. Lebmann ont con- staté la présence insolite des princi- pales matières biliaires dans des déjec- tions de ce genre {<■). (1) Ainsi, M. l'ettenkofl'er n'a pu en (lécon\rir aucune trace dans les fèces normales de rilommc (rf), et le même résultat négatif a été obtenu par plu- sieurs autres cbimistes. (•J) M. Frericbs a constaté l'existence de la taurine dans les matières contc- mies dans le .gros intestin {e). (3) Voyez tome Vf, page A85. («) ttcrmann, Ueralionibus dosiiim ealomelis (dissert. inau^.). HafnisD, 1831). • — Mcrklin, Ucber die (jnincii Slilhle nach dan Ccbrauchc des Calomcls in Typhôsen Ficher, (ilisscit. inaug.)- Mi"i'cli, iS4-2. {b} Voyez tome VI, pagL- 4"0. (c) Simon, Animal Cliemistrii, l. I, p. 380. — Lclmiiiiiii, Lehvbuch dcv plujnoluijischcn Chcmie, t. II, p. 110. (d) PeltunkotTor, Oj). cit. (Ann. der Ck/'uiic tind l'harm., t. LU, p. 'JO). [Cj Frcriclis, Die Vcrdatiunij (Wa.'noi's llandwurterbndi dcr l'hysiologle, t. III, p. 841). MATIÈRES FÉCALES. l/l7 dans les fèces des matières cristallisahles qui varient un peu dans leur nature suivant les Animaux, et qui paraissent prove- nir de la même source. Telle est la substance qui a été décou- verte dans les excréments de l'Homme, par M. Marcel, et qui est connue sous le nom à' excrétine (1). Les produits fournis par la, décomposition de la bile parais- sent ne pas être étrangers au développement de l'odeur parti- culière des matières fécales. C'est dans le gros intestin que le résidu du travail digestif commence à l'acquérir, et le professeur Valentin (de Berne) a constaté (jue le précipité fourni par la bile de l'Homme en décomposition répand, quand on y ajoute de l'eau, l'odeur caractéristique des excréments humains, tandis que le môme produit obtenu avec de la bile de Bœuf exhale l'odeur propre à la bouse de vache. Ce physiologiste a fait re- marquer aussi que l'odeur des fèces varie, non ]ias seulement suivant la nature des aliments dont ils proviennent (2), mais davantage encore suivant l'espèce de l'Animal qui les fournit (o) . Enfin, on sait aussi que dans les cas où la bile n'arrive pas dans (1) Vexcrétine est une substance trouvé clans les excréments une autre insoluble dans Teau, mais soluble dans matière cristallisable qui ressemble l'alcool bouillant et dans l'éthcr, qui beaucoup à la précédcnle/mais en dii- cristallise très bien, et qui n'a été fère sous plusieurs rapports (o). trouvée jusqu'ici que dans les excré- (5) Le régime exerce une grande ments humains. Elle ne se combine intlucnce sur l'odour des excréments : ni avec les acides, ni avec les bases. ainsi, chez les Carnassiers, ces matières Elle contient du soufre, et M. ^larcet ont en général une odeur fétide, tan- croit pouvoir en représenter la com- dis que chez les Herbivores il en est position élémentaire par la formule souvent autrement. Q78HT8S102. Cet auteur pense que c'est (3) Ce physiologiste a remarqué un produit de la décomposition de la aussi que la uîème odeur spécifique se taurine. développe, quoique beaucoup plus Chez divers Mammifères, principa- faiblement, dans d'autres humeurs de lement des Carnivores, IM. ;\larcet a l'organisme (6), [a) iMai-ici, Aii'.Account o[ tlic Onjaaic Chemical ConsUiuanls or liniiiedutle Prinviples u( Uie E.vcrciiieiitfi of Mua and Animais {l'Inius. Traits., liS54, )i. 205,'. (b) Valeulin, Lehrbucli dcr Hhysioloijie des Menschoi, 1S47, t. 1, ji. 3(J'J. J/|8 DlGliSTlON. le eimal digestif, les matières tecalcs n'ont pas l'odeur ordinaire, et deviennent d'une letidité putride. ■Mais la bile ne saurait être considérée connne étant la source unique des principes odo- rants des lëces, car il me parait induhitable que les humeurs sécrétées par les i^landules (jui avoisinent l'anus contribuent beaucouj) à leur donner ces propriétés particulières d). La cholestéi'ine provenant de la bile peut se retrouver dans les matières fécales, mais il est rare de la rencontrer dans les excréments de l'Homme (2). Il existe également dans les fèces du nnicus et quebiues autres matières provenant des sucs intestinaux (3j ; mais ces il) L'odeur peiiliciilit'iL'nK'iil réliclf des matières fécales dans certaines maladies, telles que la fièvre typlioïd(% paraît dépendre eu partie d'un étal l)alliologique des glandules de la lu- ni(|ue muqueuse de l'inleslin. (2) Ainsi que je l'ai déjà dit , la présence de la cliolestérine a été con- statée dans les excréments des enfants nouveau-nés. M. Marcel eu a lrou\é aussi dans les excréments d'un Crocodile, mais n'en a aperçu aucune trace dans ceux 4'un Boa (a). (3) Les matières grasses contemies dans les fèces peuvent provenir aussi de la bile et des autres humeurs quisoni versées dans le Inbe digestif. En effet, l'intestin grêle contient toujours chez le fo'tus âgé de quatre à dm\ mois \mr substance jannàlre, composite de laurocholate de soude, de i)ignienl biliaire, d'acide margarique, d'acide oléique, de graisse saponifiable, de chlorures alcalins et de débris épithé- liques (b). In ])eu plus tard on voit dans le gros intestin des matières sem- blables au inéconiuiii qui est évacué dans les premiers temps après la nais- sance. CeUe dernière matière contient beauc(»u|)(le graisse, de la cliolestérine et (les acides résineux dérivés de la bile, de la caséine, etc. (r). W. .1. |)a\y j a trou\é aussi de la margarine (- rable {b). (1) M. Boussingault a déterminé la quantité de matières grasses (pie divers aliments dont il faisait usage pour gaver des Canards cétiaicnt à Torga- nisme dans un temps donné, et il a trouvé que, lorsque ces substances étaient susceptibles de foiu'nir ainsi plus de que 123,067 pour lOO(/>). l^a qnantiléd'acide phosphorlque qui se trouvait en combinaison avec des l)ases terreuses ou alcalines dans les cendres des excrémonls humains ana- lysés par M. l'ieilmann, était de 30,03 pour ÎOO ; mais dans une ana- lyse faite par M. l'orter, celle propor- tion s'est élevée à 36,03 pour 100. Dans quelques cas patliolo^iqiics, la quanlilé de phosphate ammoniaco- magnésien qui se trouve à l'état de cristaux dans les excréments est beau- coup plus considérable; dans le typhus et le choléra, i)ar exemple {<■). lia quantité d'acide suU'urique ohlc- mie par le premier de ces chimistes était seulement de 1,13 pour 100, mais le second en a trouvé dans la ])ropor- lion de 3,13 pour 100, et ces deux auh'urs ont remarqué (pie cet acide était uni avec beaucoup plus de poiasse que de soude. La proportion de chlorure de so- dium varie de J,5 à !i,U pour 100, et Ton trouve toujours un peu de carbo- nate. Mais il est probable que ce sel provient de la décomposition du mar- Harate de chaux et de ma^iK-sie dont l'existence dans les excréments hu- mains a été constatée par AI. Marcct ((/). Les cendres des excréments ck la A ;v- chc, du Mouton et du Cheval ont été ana- UséesparM. Hotït'rs.et ont donné à peu j)rès les nu-mes résultats que pour les lèces humaines, si ce n'est qu'elles con- tenaient plus de silice, et à peine quel- (pies traces de carbonates alcalins (e). (1) Cette particularité a été sii^nalée par iierzelius. et dans les analyses fai- tes par M. Fleitmann et par .M. l'orler, le rapport entre la maijnésie et la chaux était comme 1 à 'J ou 2 1/2. ('2) M. (iorup-lVsanez a d'ailleurs constaté direcleuient que le phos|)hale (a) Flcilmaiin, Intersuchunii der unonjdiilsvhciL lU'slandtheik in den fesicn inid /liissigm Excremenlen des Menschen (l'ofrjruiulorff's Annalen, ISi'.i, I. LXXVI, p. 'J'i(>). (6) \.vhu\imn, Lelirtniili der ph!isiolo(niiclien Cheutic, t. II, p. H7. ((•) Sclici»nleini, l'ebev Crusialle un Ikirmcannl hci rypiiiis al iloiniiialis (Miiller's Archiv fur Anal, nnd PlijisioL, 1«3«, p. 250, pi. H). (rf) Marcel, On the Immédiate l'rinciples of llnman K.rcrewents in Ihe lleahhij State {Philns. Trans., 4 857, p. 403). (e) Rogers, Uebev die Ziisammensetz-ung dcr Axche vnn feslm Thierexcremenlen {Ann. drr Chemieund ritnnn., 1848, l. I.XV, p. Sr.i. MATIÈr^KS FÉCALLS. 157 ^ 10. — L'c.\ainciichimi(jiie des cvacualioiis alviiies iiioiilrc aussi que daus lescircoustaucesordiuairos lapicsnue totalité des liquides et des uiatièressolubles ou digestibles qui arrivent daus la cavité digestive [3ar la bouclie, ou qui y sont venus par les organes sécréteurs circonvoisins, est absorbée. En el'Iel, la (|uantité d'eau expulsée de l'organisme avec le résidu du travail digestii'est insignifiante, et les fèces ne contiennent que fort peu de substances solubles. Or, nous avons vu dans une précédente Leœn que la quantité de suc])ancréatique, de salive, de sucgas- trique et de bile, qui arrive journellement dans l'estomac ou dans l'intestin, est très considérable. 11 iaui donc que la majeure [uu'tie de ces liquides soit résorbée et rentre dans le torrent de la circulation. La comparaison de la (piantité de matières organiques conte- nues dans la bile qui arrive dans le duodénum, et des matières excrémenlitielles qui en sortent, tend à prouver également (pi'unc partie considérable de ces produits n'est pas rejetée au deliors, mais retourne dans la profondeur de l'organisme ri). Conipaiai^iii lies sécnjtioiis (Jigcslivcs et (les uxci'émciits^. aiiiinoniaco - masiK'sieii e^l iiii des prodiiils &• la dOcoinpositioii putride de la h'ûc. ]] est aussi à noter (pie le mclaui;e de la ])ilc avec du iiiucus iciul très prompt le (lé\eloppeiiicnt de produits anuiioniacaux dans ce liquide {a). (1) iM. Liobig a nus ce fait en évi- dence par la comparaison de la qûan- lilc présumée de bile qui est sécrétée journellement par les Chevaux, et la quantité de matières attribuables à ce licjuide qui se trouvent dans les excré- ments de ces Animaux. Les bases de ce calcul sont loin d'avoir tout le de- gré de précision désirable, mais les didérences ((ui en ressorteni soiil si grandes, ([u'on ne saurait les attribuer à des erreurs dans les estimations. \insi M. Liebig admet que le Cheval sécrète par jour 8 kilogr. et demi de bile (ce qui est beaucoup trop), que les excréments rendus par l'Animal dfms le même espace de temps pèsent en moyenne, l/i kilogr. et demi, et con- liennenl, ainsi que Ta constaté ^1. Bous- singault, 3k'i,75 de matières solides. Or, la bile du Cheval renferme 10 p. 100 de matières solides, et ses excréments ne cèdent à l'alcool que 1/7(3 de leur poids de matières attribuables à ce liquide. D'après les données adoptées (nj [s.un\[>, On iltc l'uncUous uf Lhe Bile {Loudua )Icd. Oui., IBÔt, l. L\ , p. 77j. 158 DIGESTION. Résorption Pj„. rinteFiiiédiairc des glandes de l'appareil diocstif el des des matières ^ i i <-' biliaires, etc. orgaiies absorbants, il se fait donc une sorte de circulation de liquides qui sortent du système vasculaire à l'état de bile, de suc pancréatique, etc., t)0ur aller baigner les aliments et se charger des [)rincipes solubles que ces substances peuvent leur abandonner, et qui retournent ensuite dans le sang, par suite de leur résorption (1). Je me garderai bien de donner un caractère de précision aux évaluations de la quantité absolue d'eau et de matières solides qui effectuent journellement ce mouvement de va-et-vient dans l'intérieur ducorps humain, car la science nepossèdepas encore, par M. Liebig, les oxciéments du Cheval ne contiendraient donc que 186 .urani- mes de matières provenant de la bile, tandis que cette humeur aiu"ail ap- porté dans rinleslin 1855 grammes de nialière solide. Ce chimisle fait re- marquer aussi qu'en admettant (avec Burdach) que rilommc sécrète par jour 500 à 750 grammes de bile, il faul évaluer la quiuililé de matières solides apportées ainsi dans l'intesliu ù 50 ou 75 fois celle des produits bi- liaires qui se retrouvent dans les fèces ; car le j)oi(ls moyen de; ceu\-ci ne dé- passe; pas 105 grantmcs par jour, el la proportion do matières atlribiiables à la bile que l'on y découvre n'est que de 9 pour 100 (a). Dans les expériences, au nombre de 27, faites i)ar M. Wiîlisarg, la quantité totale des excréments reiuliis jouin«l- lemeiit j)ar un Homme eu biume santé a varié entre 07 el 300 grammes, et élait en moyenne de 131 gramnu's. La quantité de matière solide contenue dans ces fèces élait, terme moyen, de oO grammes par jour, mais a varié entre 10 et 57 grammes. La propor- tion de substances alimentaires non digérées qui s'y trouvaient élait peu considérable : la quantité la plus forte était d'environ 8 grammes par jour, et la plus faible 0-',S (b). (1) Les recherches récentes de M. E. Briicke sur la pepsine fournis- sent de nouvelles preuves de cette résorption des liquides digestifs. En elTet , ai)rès avoir constaté que ce principe est entraîné par les précipités qui se forment dans les liquides où il se trouve en dissolution, M. Briicke est parvenu à en reconnaître la pré- sence dans l'excrétion urinaire (c). On en doit conclure (pie la pepsine versée dans le tube digestif par les glandules gastriques a été absorbée , s'est mêlée au sang en circidation, et en a été ensuite séparée par les reins» (a) I.iuliiy, Cliimic organique ajipUqucc à la physiologie animale, IraJ. jiar Gcrliarilt, ISii, 1.. 7-2. {b) Welisar^', Mikrosli. tind cheiii. Uiiters. dcr Ficccs. Gic'scii, 185;!. {c) K. UriicUc, Ueiirugc mr Lclu-c von der Yerdaauiig {SiUunijsberichte der Wiener .ikad., 18G1, l. KLlll, p. 01 Ij. MATIÈRES FÉCALES. 159 à ce sujet, (le faits assez nombreux, ni assez bien constatés, pour nous permettre d'établir des moyennes ; mais, afin de don- ner mie idée de l'importance de ce phénomène, il me paraît utile de présenter ici les résultats que deux physiologistes habiles, MM. liidder et Schmidt, ont cru pouvoir déduire de leurs expériences. Ces auteurs admettent que dans l'espace de vingt-quatre heu- res, le canal digestif d'un homme du poids d'environ Qk kilo- grammes doit recevoir : kil. 1,6 de salive contenant 15 grammes de matières solides. 1,6 de bile 80 — 0,ù de suc gastrique 192 — 0,2 de suc pancréatique 20 — 0,2 de sucs intestinaux 3 — Le poids total de ces liquides s'élèverait donc à environ 10 kilogrammes, et ils contiendraient à peu près 310 gi^immes de matières solides. Or, la quanhté de fèces que l'Homme éva- cue journellement n'est en moyenne que d'environ 130 gi^am- mes, et ces matières ne contiennent qu'à peu près 100 grammes d'eau. Il y aurait donc chaque jour plus de 9 litres d'eau qui seraient versés dans le tube digestif par les divers organes sé- créteurs dont ce canal est entouré, et qui seraient ensuite résoi^- bés pour rentrer dans le torrent de la cii^culation (1). Le lavage des matières alimentaires effectué de la sorte se- rait donc à lui seul un phénomène très important, et nous expli- (1) MM. Bidder et Schmidt font parcourrait le circuit indiqué ci- rcmarquer aussi que dansle corps d'un dessus. llonmic du poids de 6h kilogrannnes, D'après les nouvelles recherches de il existe environ ù/l kilogranuncs d'eau iM. Schmidt, ces évaluations seraient et 20 kilogrammes de substance solide même trop faibles. Enclfet, il a trouvé anhydre (a) ; par conséquent, chaque que les quatre principales sécrétions jour, près du quart de la quantité totale digestivcs donnent cliez le Chien, en de ce liquide existant dans l'organisme, vingt -quatre heures, pour chaque (o) Bidder et Schmidt, Die Vefdauungssâfte und der Sloffvjechsel, p. 287, fécales Hes Animaux oviliares, etc. 160 DIGtSTlON. (|iioi';iil la |ti()m|)li' (lis|»aii(ion lUa^ principes soiubles ipie ces matières peuvent renrcrmcr. § 11. — Da^.is lo.ut ce ipie je viens de dire an sujet des matières leeales, il n'a éh' ({uestion que de l'Homme ou des autres Mammitères, et il serait prématuré de parler ici de la composition des déjections alvines des Oiseaux ou des Reptiles, car chez ces Animaux, où l'intestin débouche dans un cloaque (;ommuii, elles ne sont expulsées au dehors qu'après avoir été mêlées aux produits de la sécrétion urinaire, dont l'élude nous occui)era dans une prochaine Leçon. Chez les Insectes, le résidu laissé par le travail digestif est également mêlé à des substances analogues (1), et chez les .Mollusques, où le tube digestif reste séj)aré de l'appareil urinaire, les matières fécales n'ont pas encore été observées au nncroscope ni examinées ehinùiiuement. Je ne m'arrêterai donc jias davantage sur ce sujet , et dans la prochaine Leçon je terminerai l'histoire de la digestion en traitant de l'absorption des [troduits de ce travail [»l)ysiologi(pie. . Iviloj^raiimic dii poids loliil du corps : '20!) giainiiK's de liciiiido (savoir, 100 tiranimt's de suc ^asUifiiic <'l saii- \ai)t', 20 giaiiiiiu's de i)ilc cl 8'J grain- incs de suc pancréalique), contenaul 203^%;)7 (Peau, 'à-',H9 de sul)slai»ces organiques, cl ls%86 de inatièies iuni't;auiques [a). Or, en ai)i)li(|uaiil ces douiiécs à l'esliuiation des produils des mêmes organes sécréleurs ciiez un llonnnc dont le poids serait de 6li ki- logramnu's, on sérail conduil à ad- mellrc (|nc joiunellcmciil il arrixc ainsi plus de io kil(»grammes de li- (piides dans le tube inleslinal. Des expériences l'ailes pfus réceunnent sous la direction de M. Ileideuheim ten- d' ni à prouver que, chez le Cochon d'Inde, la sécrétion biliaire est en- core plus abondante, et s'élève à 7^'',o'26 pour l kiloiiramnie du poids du corps (h). (1) Chez les Vers à soie, le pfflds des excréments desséchés correspond à plus du tiers des aliments consommés cl sujjposés également secs (c). (h) Sciniiiilt, Ueher dus l^ancreassecret {Ann. der Chemie itnd Fharm., 1854, l. XCrt, p. 40). (b) l'iicdijindcr iinrl Hariscli, Znr Kciiiilniss der Calknabsnndentng iAnhir fi'ir .\ii/il. viid l'husiol., 1800, p. 040). (c) l'éligol, Kiiuks chimiqnîs et phiisioloiiKnies sur les Vers à soie [C.omplex rendus de l'Acad. des scierœes, 1851, i. .WXIII, p. ID-Jj. SOIXANTIÈME LEGON. Absorplion des produits de la digestion. — Chjle. — Rôle des vaisseaux chylifères et des veines dans l'absorption intestinale. § 1. — Cherchons maintenant comment les dissolvants Absori^tion digestils et les matières étrangères dont ils se sont ctiarges, jigérées. ou qui sont arrivées à l'état liquide dans le tuhe alimentaire, peuvent passer de cette cavité dans le système vasculaire, et se mêler aux lluides nourriciers en circulation dans l'organisme. En étudiant dans une précédente Leçon le mouvement de l'ah- sorption en général, nous avons vu que, chez l'Homme et les autres Vertébrés, les matières étrangères peuvent être pom- pées de la sorte par des vaisseaux de deux ordres , les veines et les lymphatiques (1). Il nous faut donc examiner non- seulement dans quelles parties du canal digestif l'absorption des matières nutritives s'effectue, mais aussi quelle est la part qui appartient à chacun de ces systèmes de conduits dans l'ac- complissement de ce travail physiologique (2), La belle découverte d'Aselli, dont j'ai déjà eu l'occasion de rendre compte (o), a jeté beaucoup de lumière sur l'histoire de cette portion complémentaire du travail digestif, mais a conduit aussi à beaucoup d'idées erronées. En voyant (pi'à la suite de (1) Voyez tome V, page 8. les boissons introduites dans l'estomac. (2) Evrard Home a cru avoir décou- Mais Topiniou de cet analomiste repose vert rexisteuce de vaisseaux particu- sur des erreurs d'observation (a). liers qui auraient été chargés d'absorber (3) Voyez tome IV, page /ii7. (a) E. Homo, Experimenls tnprove thaï Fluhl.<; pess dh'cclhj from Ihe Sinmach to the Circula- tion and [mm Ihence to the Spleen, Ihe Call-Bladder and lYnianj P.la-.hUr, irilhnut qoing through the Thoracie Duel {Philos. Trans., 1811, \>. iC,3). Vil. 11 162 DIGESTION. l'élaboration des matières alimentaires dans le tube iutesliiial, les vaisseaux ebylifères se remplissent d'un suc laiteux et versent ce liquide en grande quantité dans le torrent de la circulation , les physiologistes ont cru pendant longtemps que ce suc, auquel ils donnèrent le nom de chyle, était l'unique produit récrémentitiel du travail digestif (1), et que par con- séquent les vaisseaux lymphatiques de l'intestin (2) étaient les (1) Boerhaave et quelques autres physiologistes de son époque pensaient que le chyle était le résultat de la di- gestion des aliments dans l'estomac, et (pie dans le duodénum ce liquide était seulement séparé du résidu excré- mentitiel (a). La plupart des physiolo- gistes du commencement du siècle actuel considèrent le chyle comme un produit de l'action de la bile sur le chyme (b) , et Alagendie a appelé chyle brut, ou chjile impur, les fila- ments blancs que l'on trouve souvent adhérents à la nuupieuse de Tinlestin grêle {(■). On a même cru pouvoir for- mer ainsi du chyle artificiellement (d); mais ces flocons ne sont que du nui- cus et d'autres substances albunù- noïdes qui sont précipitées lors du mélange de la bile avec le chyme ((?), et qui sont ensuite redissoutes par les sucs pancréatique et intestinaux. Et comme nous le verrons bientôt , le liquide nommé chyme ne préexiste pas dans l'intestin : c'est de la lymphe chargée de graisse et d'autres ma- tières puisées dans cet organe. (2) Quelques anatomistes assurent avoir trouvé du chyle dans les vais- seaux lymphatiques de l'estomac : par exemple, Biumi (/") et Vcsling (y). M. Blondlot en a vu dans la région pylorique (h). ^!ais d'ordinaire ces conduits ne se remplissent d'un liquide laiteux que dans la portion du sys- tème correspondante à Tintestin grêle. Ainsi que je l'ai déjà dit, M. Cl. Ber- nard pense que ce phénomène n'a lieu qu'au delà de l'embouchure du canal pancréatique ; mais il résulte des expériences de MM. Bidder et Schmidt que dans les premiers temps de la digestion le chyle laiteux peut se montrer près de l'estomac (/). (a) Boertiaave, Prœlectiones acadeviicœ, éd. Hallci', t. I, addenda, g 90, p. 65. (b) Macdoiiald, Dissert, expérimenta quœdam de ciborum concoclione complectens. Edinb., 1818 (Meckcl's Ueutsclies Arc.tiiv lur die l'Iiysiol., d8i0, t. VI, p. 563). — Prout, Mém. sur les phénomènes de la saiiçiuilication, etc. [Journal de physique, i>>i9, l. LXXXIX, p. 137 et suiv.). {c) Magendie, Précis élémentaire de phusiologie, 1. 111, p. 111, elc. (édil. de 1825). (d) Ulundell, voyez The Elemenls o( Physioloijn, bu IMumcnibucii, translated by Elliolsoii, 1828, note p. 339. (e) Tiedemanii ol (inielin, liecherches e.vpcrimcnlales sur la digcslion, t. 1, p. 390. — Gl. ncnuiid, }li-m. sur le pancréas (Suppk'in. nu.r Comptes rendus de l'Acad. des sciences, I. ],p. 5-20). (/■) Voyez llallor, liibliotheca anotomica., t. Il, [>. S(i. {y) Vesiinjf, Observ. unalomicK cl cpistolœ posthuinœ, 1740, p. 8-2. [h) Bloiulloi, Traité analytique delà diijestio)!, \\. 415. (t) Voyez (i-lespiis, pn^'e 71. ABSORPTION STOMACALU:. 163 seuls canaux par lesquels l'absurption des matières nulrilives s'effectuait. Mais ils étaient tombés dans une double erreur, car le chyle ne renferme (ju'une faible partie des substances nutritives dont le tube alimentaire est chargé d'effectuer l'ab- sorption , et ces substances sont pompées par les veines aussi bien que par les vaisseaux chylifères (1). Ces faits ont été mis hors de doute par les recherches de Magendie, et ils res- sortent d'une manière encore plus évidente d'une multitude d'expériences faites dans ces dernières années par d'autres physiologistes. Effectivement, il est facile de prouver qu'une portion notable Absorption (les matières étrangères mgeree.s dans 1 estomac ne passe pas (1) Afin de s'éclairer sur le degré l'oblitération du canal thoracique d'importance des vaisseaux chylifères unique paraît ne pas avoir eu des dans le travail de la 'nutrition, quelques conséquences graves; mais je n'in- physiologistes ont eu recours à des siste pas sur ces résultats, parce qu'ils expériences dans lesquelles le canal ne me sendjlent olFrir que fort peu thoracique fut divisé (a) ou lié (6) d'intérêt, et je nie bornerai à indiquer chez des Animaux vivants. A la suite les sources où Ton pourra puiser de cette opération, la mort arriva, en pour obtenir plus de détails à ce général, au bout de quelques jours, sujet (c). Quant aux résultats fournis et, dans d'autres cas, on reconnut que par les expériences dans lesquelles le le canal, dont on avait pratiqué la canal thoracique a été mis en com- ligature, n'était pas le seul conduit nuniication avec le dehors au moyen qui faisait communiquer les vaisseaux d'une fistule, j'ai déjà eu l'occasion chylifères avec les veines. Quelquefois d'en parler (d). (a) Lower, Tractatus de corde, p. 228 et suiv. (fc) Diivernoy, Ligature de la veine sous-clavière, etc. (Mém. de l'Acad. des sciences, \ HT 5, t. I, p. -197). — A. Cooper, Threc Inatances of Obstruction oflhe Thoracic Duel, lullli some Experimcnls showing the Effecls of tymg that Vessel [Médical liecords and Researches from the Papers of a Privait Médical Association, 1798, n" 7, p. 86, édil. de 18d3;. — Flandrin, Expériences sur l'absorption des vaisseaux lymphatiques dans les Animaux, 1791 (Journal de médecine, t. LXXXN'ir, p. 226). — Dupuytren, vojez Paillière, art. Inhalation du Dictionnaire des sciences médicales, t. XXV, p. 141. — Leuret et Lassaigne, Recherches pour servir à l'histoire de la digestion, p. 180. (e) Au sujet de robstriu-lioii du canal thoracique chez l'Homme, voyez ; — Cruicksharik, Anat. des vaisseaux absorbants, p. 37. — Andral, Recherches pour servir à l'histoire des maladies du système lymphatique {Archives (jénérales de médecine, 1824, t. VI, p. 502). — Rayer, art. Hydropisiiî du Dirtionnnire de médecine, i«24,t. XI, p. 431 et suiv. (d) Voyez lome V, pa^e .583. IG/l DIGESTION, dans l'intestin, ci qoc le premier de ces organes absorbe non- seulement une grande partie des boissons qui y arrivent, mais aussi les produits de la digestion de certains aliments solides dont la transformation en peptones est opérée par le suc gas- li'i(pie (1). Ainsi, 3Iagendie a constaté (|ue l'application d'ime ligature autour du pylore n'empêclie pas l'eau de disparaître rapidement de l'estomac du Chien (2) ; et dans dos recherches laites sur l'absorption de l'alcool, on a h'ouvé que ce liquide n'arrivait qu'en très petite quanlité dans l'intestin (â). Je citerai aussi à ce sujet des expériences intéressantes pratiquées récemment en Allemagne sur un malade dont le duodénum débouchait au dehors par une ouverture nstulcuse. En comparant le poids des matières ingérées dans l'estomac et la quantité de ces mêmes substances qui sortaient par cet anus contre nature, on a constaté que la presque totalité du sucre employé comme aliment était (1) iMM. Boucbaidat et Sandras ont examiné cliimiquement les matières contenues dans diverses parties du tul)e digestif, chez des yNnimaux qui avaient été nourris , tantôt avec de la fdirine ou du gluten , d'autres fois avec de la fécule ; et ces auteurs ont cru pouvoir conclure de leurs expériences que l'absorption des produits de la digestion de toutes ces substances ali- )nentaires se fait presque exclusive- ment dans l'estomac (a). Mais les faits dont ils arguent ne me paraissent pas de nature à légitimer cette conclusion, et le rôle de Tinleslin est plus consi- dérable qu'ils ne le pensent. (2) Suivant Magendie, cette occlu- sion du pylore no retarderait pas nota- blenienl l'absorption de l'eau dans Teslomac du Chien (6) ; mais il est évident que, dans les circonstances ordinaires, une quantité considérable de liquide traverse cet orifice pour se rendre dans l'intestin avec les produits de la digestion stomacale : l'état du chyme le démontre. (3) MM, Bouchardat et Sandras, dans des expériences sur des Animaux, ont vu que l'alcool disparaît promplement de l'estomac, et que les matières con- tenues dans l'intestin n'en ollrenl que des traces insignifiantes (r). («) Itoiicliai-iial ('t Suiiili'as, Recherches sur la digesUon[A)in. de chimie et de physique, 3'si'ric, J8i2,l. V,p. 400). [b] iMageiiiiio, l'rc'cis ('h'menlairc de phyaiologic, t. II, y. 130. (c) Itnuchardat et Sandras, De lu diiicstion des boissons alcooliques cl de leur rôle dans la nutri- tion (Annuaire de thérapeutique pour 1847, p. iîCO, et Archives (làu'i-ah's de mc'dccine, lS4fi, parlio anuloiniquc, p. 233). ABSOBl'TION STOMACALK. 105 absorbée dans ce premier réservoir digestir, et que même une portion notable de l'albumine qui y était digérée sy trouvait également absorbée (1). Du resie, la part (pie l'estomac prend dans le travail absor- bant dont l'ensemble du tube alimentaire est le siège, doit dé- pendre en partie de la rapidité plus ou moins grande avec la- quelle les substances étrangères introduites dans cet organe traverseront le pylore (2) ; mais elle varie davantage encore suivant l'épaisseur et la densité delà conchede tissu épithélique dont la surface interne de ce réservoir est garnie, et suivant d'autres particularités de structure qui sont plus ou moins favo- rables au passage des liquides jusque dans les vaisseaux dont les parois gastriques sont creusées. Or il existe, à cet égard, des différences très considérables cbez les divers Animaux , et l'expérience nous apprend qu'effectivement chez certaines espèces l'absorption n'a lieu dans l'estomac qu'avec une lenteur extrême, tandis que chez d'autres elle s'y fait avec une grande rapidité (3). (1) L'absorption des produits de la digestion stomacale par les parois de Testomac a dté constatée de la sorte par M. Busch chez une Feninie por- tant une fistule duodénale. Ce physio- logiste a trouvé que le sucre était en majeure partie absorbé avant d'arriver dans l'intestin , et qu'environ le tiers de l'albumine insérée dans l'estomac y était absorbé (a). 1,2) Ainsi, chez le Cheval, l'eau intro- duite dans l'estomac arrive en partie dans le caecum au bout de quelques minutes (6) , et chez l'Homme les boissons commencent à traverser le pylore peu de temps après leur entrée dans ce viscère. On cite à ce sujet un lualade qui avait une fistule intesti- nale très près du pylore, et chez lequel l'eau commençait à sortir par cet ori- fice vingt secondes après avoir été avalée (c). (3) On doit à M. Colin des expé- riences intéressantes sur ce sujet. 11 a étudié comparativement les elTets dus à Tabsorplion de certains poisons chez des Animaux où ces substances, ingé- rées dans restomac, pouvaient passer rapidement dans l'intestin et y être absorbées, ou bien se trouvaient rete- (a) Busch, Beitvàge zur Physiologie der Verdauungsorgane {Archiv fur vathol. Anat. und p/iysioi., 1858, t. XIV, p. 140). (b) Colin, Traité de physiologie comparée des Animaux domestiques, u i, p. jo i . (f) Cook, Einen-Fall ftstulôser Magenolfnung (Fronep's Notizen, If^Ji, t. XLU, p. iij. Absorption intestinale. Rôle des chylifères. 1H6 DIGESTION. Quoi qu'il en .soit, c'est toujours princijjalement dans l'intestin que rabsor{)tion des matières alimentaires est effectuée , et là le système lymphatique joue un rôle plus considérable. § 2. — En rendant compte des observations d'Aselli (1), j'ai dit que si l'on ouvre l'abdomen d'un Chien qui a été privé nues dans le premier de ces organes par suite de la ligature du pylore ou de l'arrêt des mouvements péristal- tiques déterminé par la section des nerfs pneumogastriques. M. Colin a trouvé ainsi que chez le Chien la faculté absorbante des parois de l'es- tomac est très grande, et que la noix vomique, arrêtée dans cet organe par la ligature dn pylore, détermine les .symptômes caractéristiques de sa pré- sence dans le torrent de la circulation presque aussi rapidement que dans les cas où ce poison pouvait passer dans l'intestin. 11 en est de même pour l'estomac du Chat, du Porc et du l^apin ; mais, chez le Cheval et chez les Ruminants, l'absorption, qui se fait très rapideiuent dans l'intestin, n'a lieu dans Pestomac qu'avec une grande lenteur. Ainsi, sur un ClieviU dont le pylore avait été lié, on injecta de la noix vomique dans l'estomac : pendant dix -huit heures TAnimal ne présenta aucun symptôme d'enipoi- .sonnemenl ; on enleva alors la ligature, de façon à permettre aux matières contenues dans l'estomac de passer dans l'intestin, et au bout de quinze minutes l'Animal mourut dans les convulsions. Des expériences analogues, faites avec du ferrocyanure de potassium, montrèrent aussi que l'absorption de cette substance par les parois de l'es- tomac du Cheval n'est pas notable, à moins que répithélium gastrique n'ait été endommagé. J\IM. Colin et Bouley ont trouvé aussi que chez le Bœuf, le pouvoir absorbant de la caillette est beaucoup moins grand que celui de l'intestin, mais qu'il est loin d'être aussi faible que chez le Cheval (a). Enfin, ces physiolo- gistes ont constaté que la section des nerfs pneumogastriques, en paraly- sant les mouvements de l'estomac, et en retardant, par conséquent, le pas- sage des matières de cet organe dans l'inleslin, détermine chez le Cheval des ellets analogues à ceux qui résultent de la ligature du pylore. Des expériences faites avec du sulfate de strychnine sur des Chevaux dont le pylore avait été lié donnèrent ;'i Bérard (les résultats semblal)les (b). Miifindes faits du même ordre ont été constatés expérimenlalemenl par M. l'erosino et plusieurs autres physiologistes de l'école vélérinaire de Turin (c). (1) ^oyez tome IV, i)age 467 et suivantes. (a) II. Bouley, Recherches expérimentales sur l'influence que la section des pneumogastriqnes exerce sur Vabaorplion stomacale dans le Cheval, le Chien et le Bœuf (Bulletin de l'Acad. de médecine, 1852, t. XVH, p. 047 et siiiv.). — Colin, Traita de phusinlogie comparée des Animaux domestiques, t. II, p. 29 cl suiv. (b) Bùi-.ird, lluUetla de l'Académie de médecine, 1852, I. XVII. |i. 771. (c) I^erosino, Précis d'expériences physiotoiiiqucs sur l'action absorbante de l'estomac du, Che- val {Bulletin de la Soc. impér. et centrale de médecine vélérinaire, 1855, I. VIII, p. 01). ABSOKI'TION DU CHYLE. 167 d'aliiiieiUs [)ciidaiU un certain IcMnps, on n'apeivoil que 1res diiïiciîement les vaisseaux lymphatiques qui naissent de l'intestin et qui se rendent au canal thoracique, parce qu'alors ces con- duits ne renferment qu'un li(|uide transparent et presque inco- lore; mais (juc si la digestion est en pleine activité chez cet Animal, on voit dans l'épaisseur du mésentère un grand nombre de vaisseaux d'un blanc mat; et que si l'on ouvre alors le canal thoracique, on en voit couler eii abondance un liquide d'appa- rence laiteuse, qui a reçu le nom de chyle, et qui est destiné à être versé directement dans le torrent de la circulation. La plupart des physiologistes considèrent ce liquide comme étant le pi'oduit essentiel du travail digestif, le résultat de la transfor- mation finale des matières nutritives en une substance récrémen- titielle particulière, apte à constituer du sang, ou même comme du sang en voie de formation ; enfin comme étant puisé tout entier dans la cavité de l'intestin, et ayant par conséquent pom^ source unique les matières absorbabies contenues dans ce tube. Mais celte manière d'envisager les choses est erronée et a nui beaucoup aux |)rogrès de l'étude de cette portion complémen- taire du travail digestif. Le fait est que dans les vaisseaux chyli- fères, de même que dans les autres parties du système lym- phatique, il existe toujours un courant centripète, comparable à celui qui parcourt les veines, mais formé par le plasma épanché des capillaires sanguins dans les aréoles interstitielles dont se compose la partie initiale ou radiculaire de ce système (1). La portion de ce courant qui traverse les villosités et les autres par- ties de la tunique muqueuse de l'intestin grêle, pour remonter (i) Collaid de Martigny. dans ses ex- sont jamais vides, même cliez des Ani- périences sur les efi'els de labslinence, maux qui n'ont rien mangé depuis iiuii a trouvé que les vaisseaux chylifères ne à dix jours {a). (a) Collard de Marliyiiy, Recherches expérimentales sur les effets de l'abstinence {Journal de physiologie de Magendic, 1828, l. VIII, ji. 178). 168 IHGKSTION. ensuite dans les vaisscanx lymplia tiques du mésentère et aller de là dans le canal thoracique, se charge des liquides dont le tissu de cette membrane muqueuse est imhibé. Le chyle est donc de la lyin[)he mêlée aux malières qui passent de la cavité de l'intestin dans les radicules adjacentes du système lympha- tique, et (jui proviennent en majeure partie des aliments dont la digestion est achevée. Poiu' bien comprendre le rolo des vaisseaux chylifères et pour arriver à des idées justes sur la nature et l'origine du chyle, il faut donc comparer ce qui se passe dans ces vaisseaux, ou dans le canal thoraci(piequiles termine, quand un Animal est à jeun et quand la digestion est en pleine activité dans son intestin grêle. Nous avons vu précédemment qu'il est possible d'établir sur un Animal vivant une ouverture fistuleuse qui détourne au dehors le li(piide transporté par le canal thoracique, et permet de le recueillir (1). On a constaté de la sorte (]ue la quantité de liquide en mouvement dans ce vaisseau pour aller se déver- ser dans la veine sous-clavière est toujours très grande; qu'elle augmente à la suite d'un repas, mais qu'elle est encore fort con- sidéral)le cliez des Animaux qui ont jeûné depuis assez longtemps pour que le travail digestif ne puisse être considéré comme con- tinuant à alimenter rabsori)tion intestinale (2). (1) Voyez lome 1\ , page 583. (2) Ainsi, dans les expériences de Al. Colin, (loin j'ai eu l'occasion de parler, la quanlité de liqnide fournie par la lislule du canal Ihoraciqne clioz un Taureau élail presque aussi consi- dérable, après quatorze heures de jeûne, qu'à la suite d'un repas ordi- naire, et n'a diminué notablement que lorsque l'Animal était très affaibli par l'expérience (a). M. ^ ierordt a cru pouvoir évaluer la ([iianlité de cbyle versé journi'lle- menl dans le sang, chez un Uuinmc adulte, à environ 2 ^ kilogrammes, en se fondant sur la quantité de matière alimentaire azotée qui est absorbée (6) ; mais ce cal( ul suppose, d'une part, ((() r.dliii, Traitrdc physiologie comparée des Animaux domestiques, t. Il, |i. 108 ot 109. (!)) Vicroiili, Veberdie Menge des Chylus beim Menschea (Archiv (tu- plujsi'd. IlcHkwida, J848 , t. VII, p. 281-287). CilVLK. 169 Il esl aussi à noter que l'excitaliou produite par la présence des cor|)S étrangers dans l'appareil digestif paraît snOîro pour activer beaucoup la circulation des liquides dans les vaisseaux cliylileres, lors même que ces corps ne peuvent concourir direc- tement à augmenter la quantité des matières étrangères transpor- tées par ces conduits. Ainsi M Cl. Bernard a vu que l'ingestion d'un peu d'éther dans l'eslomac suffit pour rendre les vaisseaux chylifères turgides. En général, les physiologistes attribuent l'existence des liquides en mouvement dans le canal thoracique, chez les Animaux dont l'intestin ne contient pas d'aliments, à la résorption des humeurs versées dans cet organe par les glandes adjacentes, et il est probable qu'en effet ces sucs s'y mêlent tou- jours en plus ou moins grande abondance; mais il n'y a aucune raison suffisante pour supposer que les lympliatiques de l'in- testin ne reçoivent pas du système capillaire sanguin autant de liquide plasmique que ceux des autres parties du corps, et pour admettre (pie la lymplie n'ait pas toujours une même origine. Dans mon opinion , ce que les physiologistes appellent chyle (^iiyi<^- n'est donc autre chose que de la lymphe chargée de certains produits du travail digestif, et devant à la présence de ces ma- tières des caractères particuliers. Parmi ces matières que l'appareil chylifère puise dans l'in- testin, les plus importantes sont des corps gras. C'est surtout la présence de ces graisses qui donne au chyle les caractères qui le distinguent de la lymphe ordinaire. Je ne prétends pas qu'il n'y ait pas dans le chyle autre chose que de la lymphe fournie [)ar le sang , et des matières grasses provenant des aliments contenus dans l'intestin ; mais il me paraît évident que ce sont là les deux sources principales dont proviennent que la totalité de ces matières serait chyle ne tire de matière albuminoïdc absorbée par les chylifères, ce qui ne d'aucune autre source, ce qui est éga- paraîl pas être, et, d'autre part, que le lenienl inadmissible. Composition du chyle. 170 1)|(;estiui\. ses matériaux couslitiitils, et que pour l)icii eoinprendre l'histoire de ce liquide, je le réi)ètc, il faut le considérer comme étant de la lymphe chargée de diverses matières nutritives fournies par la digestion, et consistant iirincipalement en corps gras. Nous pouvons donc prévoir que le chyle nous offrira à peu près les mêmes caractères et la même composition chimique que la lymphe, excepté en ce qui lient à la présence des matières grasses dont je viens de parler. 4ij 5. — Effectivement, le chyle est un liquide qui se coagule spontanément comme le fait la lymphe, quand on l'extrait du corps (1), et qui doit aussi cette propriété à la présence de quelques millièmes de fibrine. En l'examinant au microscope, on y découvre les mêmes éléments morphologiques rpic dans la lymphe, c'est-à-dire des glohules plasmiques d'ap- [)arence glutineuse, et (juelques globules rouges semblables à ceux du sang, mais plus ou moins altérés; enfin, on y remarque en [)lus grande abondance des corpuscules sphé- riques d'une peUtesse extrême, qui sont constitués par des par- ticules de graisse revêtues d'ime mince enveloppe de matière aihuminoïde (2). Ce sont ces glol)ulins qui donnent au chyle son as})ect parti- (1) La coagulation spoiilanéo du chyle ne se l'ait en g(în(îral que lento- mont. Lo caillot qu'il forme est moins ré- traclilc que celui du sang, et souvent il se rodissout quelques heures après sa rorniation. ('2) L'existence! do globules micros- copiques im suspension dans le cliylo n'avait pas («chapix' à Lecuwonhoek et à plusi(Mus autres observateurs cités par Haller (a). Gruickshank les com- para au\ plus petits globules du lait {b), 01 ils ont été observés par quelques physiologistes du conunoncc- mcnt du siècle actuel. Mais J. AUiller fut le premier à insister sur la dis- tinction (ju"il est cssonliol d'établir entre les globules lymphaticiucs qui se Irouvout dans lo ciiyle et les globules énmlsils dont dépend l'aspect laiteux de ce liquide (r). Ces derniei's ont (a) l.cc'uwcnliock, Expcrim. cl contcmptal., riisl. i.vi, )>. 1:!. — Haller, Elem. physioL, t. VII, p. 0-2. (6) Gruickshank, Anatomie des vaisseaux absorbants, p. -0 i. (f) Millier, lHanucL de physioloyie, l. I, p. 40t». CHVLK. 171 culier, qui le rendent opalin ({uand ils sont en i)etil nombre, et (|ui lui donnent les earactères d'une éniulsion crémeuse quand ils sont en nombre très considérable (1). Or, leur abondance ou leur absence se lient à la nature des aliments contenus dans le tube digestif, et par conséquent aussi les caractères physifiues des liquides contenus dans les vaisseaux chylifères varient sui- vant le régime. Ainsi, chez les Herbivores, dont les aliments ne contiennent en général que fort peu de principes gras, le chyle est presque aussi hmpide que la lymphe; mais chez les Mammifères, qui introduisent dans leur estomac des quantités notables de graisse, les Carnassiers par exemple, le chyle est d'ordinaire opaque et crémeux (2). été étudiés avec soin par plusieurs autres physiologistes {a). (1) Les giobullns graisseux con- servent leur individualité, quand on ajoute de l'eau au chyle qui en est chargé ; mais lorsqu'on traite ce liquide par de l'acide acélique ou par une faible solution alcaline , ils de- viennent confluents cl constituent des gouttelettes de graisse. C'est aussi sous cette dernière forme que la matière grasse se présente quand le chyle a été desséché, et que le résidu ainsi obtenu a été redissous dans de l'eau. Dans l'état normal, le chyle prove- nant d'Animaux vivants ne présente pas de graisse libre, et si l'on en trouve quelquefois dans le chyle recueilli sur des cadavres humains, cela dépend probablement des altérations dues à un commencement de putréfaction qui aura déterminé la confluence des globules, comme dans les expé- riences chimiques dont je viens de parler. (2) Marcet et Prout ont examiné comparativement le chyle recueilli chez des Chiens dont le régime était difiérent , et ils ont vu qu'après l'usage de matières végétales (qui probablement ne contenaient que peu ou point de graisse), ce liquide était beaucoup moins laiteux que chez les individus nourris de viande (6). M. Brodic a trouvé le chyle transpa- rent chez un Chien qu'il avait nourri (a) Gulliver, On Chyle {Dublin Médical Press, 1840). — Gruby et Delafoiid, HésuUats de recherches faites sur lanatomie et les villosités intesH- nales, l'absorption, la préiiaration et la composition organiques du chyle dans les animaux (Comptes rendus de l'Acad. des sciences, 1843, t. XVI, p. M94). — Lane, art. Lymphatic and Lacteal System (Tocid's Cijclop. of Anat. and Physiol., 1847, t.m, p. 221). — H. Millier, Bcitrage %ur Morphologie des Chylus und Eiters (Zeitschr. fur ration. Med., 1845). (6) Marcet, Some Experimcnts on the Chemical Nature of Chyle {Medico-Chirurg. Transactions, 1819, t. VI, p. 018), , — l'roiil, On the Phenomena of Sanguilication {Ann. ul Philo^., l>iVJ, t. XIH, p. ii-t). 172 DIGKSTION. Une expérience duc A iVl . Cl. Bernan] me semble éminemment propre à mettre en lumière la cause de ro})aeilé du chyle, et à montrer (pie ce liipiide est de la lymphe chargée de graisse absorbée i)ar les parois de l'intestin. Elle consiste à provoquer TaHlux des liquides dans les vaisseaux lymphatiques, comme je l'ai déjà dit, par l'ingestion d'im peu d'éther dans l'estomac, et à employer comparalivement cette subslance seule ou tenant en dissolution de la graisse : dans le premier cas, les lymphatiques se gorgent d'une lympite transparente; dans le second, ils se remplissent d'ime lymphe chargée de graisse émulsionnée et offrant tous les caractères d'un chyme crémeux (1). Ainsi c'est bien certainement la graisse absorbée dans l'in- testin (jiii donne au cliyle de l'Homme et des autres Mammi- fères dont je viens de parler sa blancheur et son opacité. ^lais je (lois ajouter (pie le liquide contenu dans les vaisseaux chyli- fères n'offre pas les mêmes caractères chez tous les Vertébrés, et que chez les Oiseaux, ainsi que chez la [)lupart des autres» avec de la gélatine, tandis que chez un autre Animal de l.i nième espèce, qui avail niangr- du lard, ce liquide pn'seniail rasj)oct du lait («). Enlin, suivant 'riedeniann et (inielin , le chyle recueilli chez un Chien qui avail niani;(5 heancoiqi de beurre , était plus blanc et plus laiteux que d'ordinaire; tandis que chez nn autre Chien qui avait (hj^éré de raniidon seulement, on trouva ce liquide d'un blanc jaunâtre très pfde, et seulement im peu Iroubljî (b). I>e chyle est généralement moins laiteux chez les Herbivores que chez les Carnassiers; mais .T. INlitlIcr a re- mar([ué que, chez les premiers, il est égaleni; nt très blanc et opaque dans le jeune âge, quand ces Animaux se nourrissent de lait, aliment qui est très riche en matières grasses (c). (1) !\I. Cl. lîernard a vu que cet effet se produit très rapidement, et qu'il suffit d'une très petite quaalité de graisse en dissolution dans l'éther, pour que les vaisseaux chylifères soient injectés en blanc, connue ils le sont à la suite du travail digestif ordin;iire (. 235). (b) Fr. Sunon, Animal Cliemistry, t. I, p. 355 et suiv.). ((•) l'ices, On the Chemical .Uialijsi.s nfllie Contents al' tlic Thoracic Dnct in Ihe Htiman Siib- jert iPliilo.i. Tvans., 1S42, p. 82). CHYLR. 17e) Les physiologistes admettent généralement que la librine (lu chyle provient également des aliments élaborés par le travail digestif, mais je doute fort qu'il en soit ainsi. Il est vrai que la proportion de cette substance y est d'ordinaire un peu plus élevée que dans la lymphe des autres parties du corps (1) ; mais elle est inférieure à ce qui existe dans le plasma du sang, et il est à noter que la coagulabililé du chyle parait être plus grande dans la partie terminale du système des vaisseaux chylifères que dans les branches radiculaires qui avoisinent l'intestin (2) : ce qui semble dénoter une augmentation dans la quantité relative de la fibrine, et tendrait à faire penser que ce principe est versé dans le courant chyleux par les affluents du système lym[)îia- tique. Il est aussi à noter que la présence d'une quantité plus ou moins considérable de matières alhuminoïdes dans les aliments ne paraît exercer aucune influence sur la pro- portion de fdorine dont le chyle se trouve chargé (o). Enfin, dans les expériences faites par Collard de Martigny sur les été constatée pav Trommer, à l'aide du réattif de ce chimiste {a) , mais paraît être exceptionnelle (6). (1) Dans les analyses du chyle faites par Pront, on considéra comme étant de la fibrine la totalité du caillot débar- rassé des matières que le lavage pou- vait entraîner, et Ton arriva de la sorte à évaluer la proportion de cette sub- stance à 6 ou 8 millièmes (c), ce qui est beaucoup au-dessus de la réalité. ('2) Cette remarque a été faite par Kmmert et par plusieurs autres phy- siologistes ((i). (3) Leuret et Lassaigno ont insisté sur ce lait : ils ont trouvé autant et tnèmc plus de fibrine dans le chyle recueilli sur des Animaux qui avaient été nourris avec du sucre ou de la gomme, que chez ceux qui avaient mangé de la viande (c). (a) Trommer, Unterscheidung von Gummi, Dextrin, Traubenxucker iinil Rohnurker {Ann. der Chemie und Pharm., 1841, t. XXXIX, p. 360). (b) Lehmann, Lehrbuch der physiologischen Chemie, t. II, p. 249. (0) l'roiit, Op. cit. (Ann. of Philos., l. XIII, p. 25). (d) Emiiierl, Op. cit. {Ann. de chimie, 1811, t. LXXX, p. 85). — Prout, Op. cit. (Ann. of Philos., 1. XIII, p. 22). — Miillor, Manuel de physloloyie, l. I, p. 4(57. — TodJ aiiil Bowiiiaiiii, The Physiol. .Analomu and Physi loijy ofMan, t. Il, p. 281 . (f) l^eiirpt i;l Lassai^jn;, Hech.vrht's poiu- .v.vi'ir à l'hlsloiri' de la digestion . p. 100. 17G DIGESTION. effets de rabsliiiencc.^ le liquide eonlenu dans le canal tliora- cique a été Ironvé moins coagidnble après le repas que chez les Animaux à jeun (1). Les globules liématiciues qui se rencontrent en quantité plus ou moins grande dans le chyle tiré du canal thoraciquc, et qui donnent parfois à ce liquide une teinte rosée (2) , me paraissent avoir la même origine. Jusque dans ces derniers temps, on croyait assez généralement que ces corpuscules naissaient dans le chyle, et étaient des globules du sang en voie de dévelo[)pe- ment, destinés à remplacer ceux que ce {luide nourricier perd sans cesse. Mais les observations microscopiques les mieux faites sont défavorables à cette opinion, et tendent à faire penser que les globules rouges en question proviennent du sang et sont introduits dans les vaisseaux chylifères par les ganglions mé- scntériques ou par les lymphatiques de la rate. Du reste, on en voit dans la lymjjhe des autres parties de l'organisme, et j'ai déjà (1) Dans du chyle recueilli sur un Cliicn, vingt-quatre heures aprtîs un repas, CoUard dei\Iartiji;ny trouva 3 niil- liènics de lihrinc, et dansle liquide dont le canal thoracifiuc était rempli chez un autre Animal qui jeûnait depuis neuf jours, il en trouva 5,8 pour 1000 (a). J'ajouterai que dans les analyses élémentaires du chyle d'un Cheval iiourri avec de l'herhe et de celui d"(ni Chien nourri de viande, MM. Macaire et Marcet fils n'uni trouvé aucune différence, (juant à la proportion d'azote (6). (2) La teinte rougeàtre du chyle est fortement prononcée chez le Cheval. Enimert a remarqué qu'elle n'existe pas dans le liquide contemi dans les branches radiculaires des vaisseaux chylifères, mais se prononce le plus dans le canal thoracique (c). Les traces de fer que plusieurs chi- mistes ont trouvées dans le chyle [d) provenaient probablement des globules du sang mêlés à ce liquide. (a) Cullaril ilc Marligny, nechcnhcs expcrimentales sur les c/fels de l'absthinicc cnmpli'le d'aliments solides et liquides sur la com-posilion du sang cl de la tymplie {Journal de physioloijie de Mageiitlie, 182S, I. VIII, p. 482). (6) Macaire ot Marcel, llecherches sur l'origitie de l'anote qu'on trouve dans la composition des substances animales {Ann. de chimie et de physique, 1832, l. Ll, p. 377). (c) Enniieit, Op. cit. (Heil's Archiv lûr die Physiologie, l. VIII, p. 147, 218, el .Vun. de chimie, 1811, l. LXXX,p. 85;. — Yauqiieliii, Op. cit. (.\nu. de cliimie, el Ann. du Musi'um, I. XVIll, p. 240). — Ticcs, On Chyle and Lymphe {London Médical Gaicltc, 1811 , (. N.WIl, p. 547i. {(/) Eninicii, Op. vit. {Ann, de chimie, 181 1 , t. I.XXX, ji. 8.5). HOLli DKS VAISSE.\U\ C51YL1FÈUES. 177 en l'occasion de parler de la manière dont on peut expliquer leur présence dans ce liquide (1). La proportion d'albumine et d'autres matières albuminoïdes est également plus élevée dans le chyle que dans la lymphe ordinaire, et il y a lieu de croire qu'une certaine quantité de ces substances provenant du chyme passe de rinlestin dans les racines des vaisseaux chylifères avec les matières grasses (2). (v /^ — Des expériences faites par Hunter et par quelques-uns Les chyiifères ^ "^ n'absorbent pas de ses devanciers avaient porté les physiologistes a cron^e (pie lomes , les Piibslances. toutes les substances nulritives ou autres (pu sont absorbées par les parois de l'intestin grêle étaient pompées par les vaisseaux chylifères, et se trouvaient dans le ch\\e. Ainsi on crut avoir constaté que les matières colorantes, telles que l'indigo ou la garance, suivaient cette route pour parvenir dans le torrent de la circulation (o). Mais des rechei^ches mieux conduites ont prouvé que la plupart des matières étrangères dont l'absorption a lieu dans cette portion du tube digestif, ne se montrent pas dans le chyle et pénètrent directement dans les veines qui prennent naissance dans la tunique muqueuse (/i). Ainsi, quand des matières colorantes passent de l'intestin dans (1) Voyez tome IV, page 568. '■""'"£• chvle. (2) On doit à M. Recs des analyses Albumine 12,20 35,10 comparatives de la lymphe et du ^^''^''^^ exiraciivos . , . , , solubles dans l'alcool chvle qui montrent la grande resseni- , „ ^ ,. „ «^ •" ^ et dans 1 eau. . . . 2,40 à.d'i blance existant entre ces deux liqui- j^j^,..^,^^ eMraciives des, sauf en ce qui concerne la pro- ^^,^^3^ ^,3„g i.^g,, portion des principes albuminoïdes sculemeni 13,19 12,33 et des matières grasses. Voici les ré- Seis 5,85 7,11 SultatS obtenus par ce physiologiste : Graisse traces 36,01 (a) LYMPHE. CHVLE. (3) Voycz tomc V, pages 16 et 17. Enu 9C5,3G 902,37 (/|) Les expériences de Hunter, dont Fibrine 1,20 3,70 j\ii déjà cu Toccasiou de parler {b), (r/) Rees, Op. dt.(London Médical CoiClIc, 1841, 1. XXVII, \>. 547). {b) Voyez tome V, page 17. Vil. - 12 178 DIGESTION. le torrent de la oirciilation, et sont ensuite expulsées de l'orga- nisme par les reins, on n'en découvre le plus ordinairement aucune trace dans le chyle. Il en est dé même pour un grand n'étaient pas de nature à inspirer grande confiance, mais elles lurent pendant longtemps acceptées par tous les physiologistes comme démonstra- tives. Halle n'obtint , il est vrai , que des résultats négatifs lorsqu'il chercha à constater l'absorption dos matières colorantes par les chyli- fères (a) ; mais ce fut Magendie qui, Je premier, combattit les vues généra- lement adoptées à ce sujet, et qui montra que dans certains cas au moins l'absorption des matières étrangères contenues dans l'intestin a heu par les veines. Ainsi, dans une des expé- riences faites par ce physiologiste, une décoction de rhubarbe ayant été in- troduite dans l'intestin d'un Chien, y fut proniplement absorbée, et la rhu- barbe se montra bientôt dans l'urine, mais on n'en trouva aucune trace dans le canal thoracique {b). En 1820, Tiedemann et Gmelin publièrent un travail spécial sur ce sujet (t), et dans la plupart de leurs expériences, faites sur dos Chiens et des Chevaux, ni les matières colo- rantes, telles que l'indigo, la garance, la rhubarbe, la cochenille, l'alcanna et la gomme -gulte, ni les substances dont l'odeur est caracléristiqno, telles que le camphre ou lo musc, ni les sub- stances minérales solubles, qui sont faciles à reconnaître au moyen de réactifs chimiques , par exemple l'a- cétate de plomb , les sels de fer, le cyanoferrure de potassium et le deuto- chlorure de mercure, ne se montrèrent dans le canal thoracique, tandis que d'ordinaire on les découvrait dans le sang de la veine porte ou dans l'urine. Dans quelques cas cependant il en fut autrement. Ainsi, dans l'expérience n° 5, la rhubarbe, que l'on reconnaît à sa coloration en rouge , quand on y ajoute goutte à goutte de la potasse eu dissolution, se trouvait dans le chyle aussi bien que dans le sang. Dans une antre expérience (n" G), on découvrit des traces de cyanoferrure de potas- sium dans lo chyle, ainsi que dans le sang de la veine porte, il résulte donc de l'ensemble de ces expériences, que les vaisseaux chylifèros ne jouent jamais ([u'un rtile peu important dans l'absorption do ces matières minérales ou colorantes. l'eu de temps après, Lawrence et Coates, Selius et Ficinus, Mac Neven, et plusieurs autres physiologistes dont j'ai déjà eu l'occasion de citer les travaux (c/), lirent aussi des recher- ches en vue de la détermination des voies suivies par les matières qui sont absorbées dans l'intestin. Toutes ces oxpérionces montrent que ces nuUières pouvonl passer par les veines qui de l'intestin se rendent au foie, et dans la (a) Voyez Fourcroy, Système des connaissances chimiques, I. X, y. 60. {b) Magendie, Précis élémentaire de physiologie, t. II, p. 202. (f) Tiedcniann imd (imelin, Yersuche iiber die Wege auf wekhen Subslanzen ans dem Mageii und Ikiriiilxnniil in lUul gelangen. IleidolluM;;, 1820. — Itecherches e.rpérimenlales sur laroute que prennent diverses stibslances j^nnr passer de l'estomac et du canal intestinal dans le sang, Irad. )>iir tl(>llcr. l'aiis. 1821. {d\ \i>\n loiiie V, i)!inc 20. ROLE DES VAISSEAUX CHYLIFÈRES. 179 nombre de matières salines dont l'absorption {)ar les parois de l'intestin et la présence dans le sang sont faciles à constater à l'aide de diverses réactions cliimiques (1). Tous les faits les mieux observés tendent donc à montrer que les vaisseaux chylifères admettent certaines substances de préférence à d'autres, qu'ils exercent sur les matières contenues dans l'intestin une absorption élective, et prennent dans le chyme les corps gras et peut-être aussi des principes albuminoïdes à l'exclusion des matières salines. Leur mode d'action a donc une analogie frappante avec celui des organes sécréteurs, qui, ainsi que nous le verrons dans une prochaine Leçon, puisent dans le sang certaines substances de prélérence à d'autres, et en sépa- rent de la sorte les matériaux des sucs particuliers que chacun d'eux est chargé de produire; seulement ici le liquide sécrété, plupart des cas il fut impossible de constater le passage de ces mêMiies substances par les vaisseaux chyli- fères. Mais, à côté de beaucoup de faits négatifs, il est un certain nombre de résultais qui ne me paraissent laisser aucun doule, quant à la possil)ililé de Tintroduction directe de plusieurs de ces substances dans Forganisnie par les chyliières aussi bien que par les veines. Il est vrai que, dans quelques cas où des matières colorantes ingé- rées dans l'intestin ont été aperçues dans le chyle, on peut supposer qu'elles ont été portées dans le système lymphatique par le plasma du sang, et dans les expériences faites sur l'ab- sorption de la garance par M. Buisson, les choses paraissent s'être passées de la sorte (a). Mais dans d'autres cir- constances cela ne me semble pas avoir eu lieu ; et ainsi que je l'ai déjà dit en traitant de l'absorption en gé- néral (6), il paraît que la plupart des substances absorbables pénètrent di- rectement dans les vaisseaux chyli- fères aussi bien que dans les veines, mais que leur absorption est beaucoup plus active par ces dernières que par les premiers, et qu'en général la part que ceux ci prennent dans le travail en question est tout à fait insignifiante, (1) il est également à noter que les chimistes n'ont pu découvrir dans le chyle aucun des principes caracté- ristiques de la bile qui baigne la sur- face interne de l'intestin (t). (a) Buisson, De la coloration du chyle par la fiaranre {Gazette médicale, ISH, p. 295), e Études sur le chyle {toc. cit., p. b-2'à). (6) Voyez lome V, page 21. (c) Lelinianii, I.ehrbMch der physioloyischcn Chemie, I. II, p. 2i'J. 180 DIGKSTION. au lieu d'êlre extrait du fluide nourricier et versé au dehors, serait tiré des matières alimentaires contenues dans l'intestin et versé dans la lymplie, qui, devenue chyle par le fait de cette addition, porterait les [)roduits de ce travail physiologique dans le torrent de la circulation. D'après cette manière de concevoir le phénomène en question, professée par un physiologiste dis- tingué d'Edindjourg, M. Goodsir, les villosités de l'intestin seraient, pour ainsi parler, des glandules récrémenlitielles qui sécréteraient le chyle dont elles puiseraient les matériaux dans le chyme, et qui auraient pour conduit excréteur la radicule lymphatique creusée dans l'axe de chacun de ces appendices (1). N'ayant |)as encore traite' des phénomènes de la sécrétion en général, il serait dilTicile de discuter ici cette hypothèse; mais je dois dire qu'elle me semhle plus satislaisante que toute autre, et que les ohservations dont j'ai déjà rendu compte relative- ment à la manière dont les matières grasses réduites dans un état de grande division par rémulsionnement que déterminent le suc pancréatiqne ou les autres liquides intestinaux, sont introduites dans l'intérieur des utricules épithéliques des villo- sités avant de passer dans les vaisseaux lymi)hatiques sous- jacents , révèlent un nouveau trait de ressemhlance entre les sécrétions et racle [)hysiologi(pie qu'on nomme communément l'ahsorption du chyle, mais qu'il serait peut-être mieux d'ap- peler la formation de ce produit récrémentitiel. L'émulsionnement des graisses par le suc pancréatique pa- raît être une des circonstances qui coulrihuent le plus à favo- riser ce travail, et, ainsi (juc je l'ai déjà fait voir dans une (1) Cette vue relative aux fonctions été brièvement indiquée par M. Goodsir sécrétoires des villosilés iiiteslinalcs a en 18/|2 (o). («) Goodsir, Un the Structure aiiil Functitms of llie liileslnial Villi in Man and certain of thc Mammalia, with some Obsei'V. on Difiestion and the Absorption of Chyle (Kdinhnrgh l'hilo- sophicalJournal, 18i2, I. XXXIII, i'. Kir)). — Anatomiral and Pathotnqtral Ol)serv(i lions, 1845, p. 4 ot siiiv. HOLE DES VAISSEAUX CIIVLlFÈItES. 181 précédente Leçon, c'est dans cet état, et sons la Ibrine de glo- bulins d'une petitesse extrême, que ces substances pénètrent dans les cellules épithéliales dont les villosilés de la tunique muqueuse de l'intestin grêle sont revêtues, et qu'elles passent ensuite dans les cavités radiculaires des vaisseaux chyli- fères (1). Les villosités de l'intestin grêle chez l'Homme et les autres Mammifères, ou les lamelles qui en tiennent lieu chez les Ver- tébrés inférieurs, sont les principaux organes d'absorption des matières constitutives du cliyle; mais quelques observations récentes tendent à établir que toutes les parties de la tunique muqueuse de cette portion du tube digestif peuvent remplir les mêmes tonctions. Lorsque cette absorption est en pleine acti- vité, les villosités deviennent turgides; elles se contractent et s'allongent alternativement, et se chargent de graisse émul- sionnée ([ui , en se mêlant aux autres matières puisées dans l'intestin et à la lymphe fournie par le i)lasma transsudé dans les tissus adjacents, constitue le li(juide chyleux. Quant au mécanisme à l'aide diKpiel cette introduction s'opère, et aux forces dont le jeu détermine l'ascension du chyle dans les vais- seaux chargés de le verser dans la veine sous-clavière, nos connaissances sont encore très incomplètes, et je n'ai rien d'important à ajouter aux faits dont j'ai déjà rendu compte en traitant de l'absorption en général (2). (1) Voyez tome V, page 228. autres matières insolubles par la sur- (2) Pour plus de détails à ce sujet, face muqueuse de rinlestiu (6). je renverrai aux observalions de En décrivant les villosités de la mu- M. Briicke («) et des autres physio- queuse intestinale, j'ai eu également légistes, dont j'ai déjà cité les re- l'occasion de parler des mouvements cherches lorsque j'ai traité de Tab- de ces appendices (c), et par consé- sorption des graisses et de plusieurs quent je n'y reviendrai pas ici. (a) Briicke, Ueber die Chylusgefasse iind die Hesoi'ptiou des Chylvs (Denkschriften der Akad. der Wissenschafieii iu Wien, 1854, t. VI, p. 99). (6) Voyez tome V, pages 227 à 243. ((.) Voyez luaic M, pa^^c 399. ' 18*2 DIGESTION. Du reste, quoique la plus grande partie des corps gras que l'Homme et les autres Mammifères s'assimilent arrive évidem- ment dans le sang sous la forme d'une sorte d'émulsion et se trouve dans le chyle, il me semble impossible d'admettre que la totalité des principes de cet ordre qui pénètrent dans la profondeur de l'organisme soit absorbée delà sorte. En effet, le chyle des Oiseaux , ainsi que je l'ai déjà dit, ne contient que peu ou point de graisse émulsionnée , et cependant ces Ani- maux absorbent indubitablement des quantités considérables de matières grasses tirées de leurs aliments. § 5. — Par voie d'exclusion, nous nous trouvons donc con- duits à chercher si, dans l'intestin grêle aussi bien que dans l'es- tomac, l'absorption veifieuse ne jouerait pas un grand rôle dans la portion complémentaire du travail digestif dont l'étude nous occupe ici, c'est-à-dire dans le transport des matières nutri- tives de cet intestin jusque dans le système irrigatoire général de l'organisme (1). Une multitude d'expériences, dont quelques- unes des premières sont dues à Magendie, prouvent qu'effecti- vement il en est ainsi, et que même c'est jirincipaloment par la veine porte que s'opère l'absorption de la plus grande partie des matières déposées .dans le tube intestinal. Ainsi les sub- stances salines qui, introduites dans l'intestin, pénètrent dans (1) Lorsque Ton considérail le cliyle l'inteslin, cl quelques analomistes comme un produit pariiculier de la pensèrent en avoir aperçu dans ces digestion élabore^ dans le tube intes- vaisseaux (a). ÎVIais le liquide laiteux linal, et ensuite absorbé par les vais- qu'ils y aperçurent était, suivant toute seaux (iiylifères , on agita beaucoup probaljililé , du sang dont le plasma la question de la possibilité de l'eu- se trouvait lorlement cliargé de graisse trée de ce liquide dans les vejnes de émulsionnée. (a) Wiilœus, Eiwtolœ duœ de motu chiliet saniiuinis (IHurlholini .Uiatomia, 5' eJit., p. 7S9). — Meckel, Rxperiinenta nova et observai.
  • K L'.VliSOia'TlOlN VlilNEUSt:. 185 lumière sur toutes les parties de la physiologie, et dont l'auto- rilé est des plus grandes dans les questions qui nous occupent ici, pense que même la totalité des matières albuminoïdes transportées de l'intestin dans le sang est absorbée par la veine porte (l); mais les observations sur lesquelles il se fonde ne pour unité de mesure la quantilé de globules conleuue dans le sang de la veine porte des Chiens soumis à ces expériences, et qu'on la représente par 100, on trouve que, chez ceux qui étaient à jeun, la proportion d'eau variait entre /il7 et 300, et celle des matières alhiuninoïdes et autres sub- stances solubles ne s'élevait qu'à /|2 ; tandis que chez l'Animal en pleine di- gestion, la quantité d'eau correspon- dante à cette même quantité de glo- bules s'élevait à plus de 1300, et celle de l'albumine, etc., à '275 : ce qui suppose l'entrée d'une quantité fort considérable de liquide et de prin- cipes solubles dans ce sang pendant son passage à travers les capillaires des parois de l'intestin (a). (1) M. Cl. Bernard a vu que si l'on injecte de l'albumine d'œul' dans la veine jugulaire , cette substance se montre bientôt dans l'urine, mais qu'elle n'est pas excrétée de la sorte quand on l'introduit dans la veine porte ; et il conclut de ce fait qu'en traversant le foie, l'albumine en question se modifie de façon à ne plus être excrétée par les reins dans l'état ordinaire de l'orga- nisme. Or, l'albumine absorbée dans l'intestin n'apparaît pas dans l'urine ; par conséquent, i\I. Cl. Bernard pense que cette substance, pour passer de l'in- testin dans les artères, a du traverser le foie et avoir été absorbée en entier par la veine porte {b). Ces expérien- ces, répétées par M. Ore, ont donné les mêmes résultats (r). Mais, comme nous le verrons lorsque nous étudie- ions la sécrétion urinaire , les circon- stances qui déterminent l'albuminurie sont beaucoup plus nombreuses qu'on ne le supposait à l'époque où les pre- mières recherches de ce physiologiste furent publiées ; et d'ailleurs il résul- terait des expériences de !MM. Cl. Ber- nard et Barreswil que l'albumine préa- lablement modifiée par l'action du suc gastrique ne se comporte pas comme l'albumine ordinaire, et que, introduite dans le torrent de la circulation, elle ne passe jamais dans les urines (d). Or, l'albumine qui est absorbée dans le tube digestif a toujours été modi- fiée de la sorte, et par conséquent elle doit être soustraite à l'action élimina- trice des reins, qu'elle ait ou non tra- versé le foie. Le raisonnement sur lequel repose l'opinion mentionnée ci-dessus n'est donc pas admissible. (a) Béclard, Recherches expérimentales sur les fondions de la rate et sur celles de la veine porte (Archives générales de médecine, 1848, 4' série, t. XVIIl, p. 129). {b} Cl. Beniai-d, Du rôle de l'appareil chylifère dans l'absorption des substances alim,entaii'es (Comptes rendus de l'Acad. des sciences, 1850, t. XXXI, p. 800). (c) Ore, Fonctions de la veine porte Boidenux, 1801 , p. 9. (d) Cl. Bernard ot Barreswil, Recherches physiologiques sur les substances alimentaires (Comptes rendus de l'Académie des sciences, 1844, I. XVlil, p. 783). 186 DIGESTION. me paraissent pas probantes, ainsi que je l'expliquerai dans une autre partie de ce Cours. Enfin les corps gras, tout en passant souvent en grande abondance de l'intestin dans les vaisseaux chylifères, sont absor- bés aussi en quantité considérable par les veines. M. Cl. Ber- nard s'en est assuré directement en examinant au microscope le sang de la veine porte chez divers Animaux ouverts pendant qu'ils digéraient des aliments contenant beaucoup de matières grasses (1). II paraîtrait même que chez les Oiseaux et les autres Verté- brés ovipares, c'est principalement, ou peut-être même exclusi- vement par les veines de l'intestin que les graisses neutres sont introduites dans l'organisme, car, ainsi que je l'ai déjà dit, le chyle de ces Animaux ne contient en général que peu ou point de graisse émulsionnée, tandis qu'il en existe beaucoup dans le sang de la veine porte quand la digestion d'aliments gras vient de s'eftcctucr (2). (1) M. Cl. Bernard a trouvé quecliez le Chien, le sang de la veine porte con- tient alors h peu pros autant de ma- tières grasses que le cliyle. Le sérum qui suintait du caillot formé par ce sang était biancliàtre comme du lait, par suite de la quantité de graisse émulsionnée que ce liquide tenait en suspension (a). En comparant la proportion do ma- tières grasses contenues dans le sé- rum du sang de la veine porte chez des Chevaux privés d'aliments ei chez d'autres Animaux de la mcmr espèce qui avaient été bien repus , M. F. Schmidl a trouvé, en moyenne, seulement 0,10 pour 100 chez les premiers, et 0,21 pour 100 chez les seconds (b). M. Lehmann a trouvé aussi que le sang de la veine porte est beaucoup plus chargé de graisse que le sang orchnaire, chez les Chevaux qui ont mangé abondanmient quelques heures avant d'être abattus (c). (2) M. cl. Bernard a constaté la pré- sence de beaucoup de graisse émul- sionnée dans le sang de la veine porte chez des Pigeons, des Coqs, des Émou- cliels et d'autres Oiseaux, à qui il avait lait avaler de la graisse peu de temps avant de les tuer (d). (a) Cl. Bernard, 0/). cil. {Comptes rendus de lAcad. des sciences, 1850, f. X\XI, p. 80-2). {b) SclmiicU, Chemische und mtkrosc. Unters. iiber die Pfortader-lHul (tteller's Archiv fur lihyswl. iindpathot. Cheinie, t8i7, t. IV, p. 318). (c) Lolimanii, Uhrbuch dcr pliysinlonisclien Chenue, t. 11, p. 200. (d) Cl. lîcniaKi, Op. cit. (Comptes rendus de l Acad. des sciences, 1850, l. XXXI, p. 802). RÔLE DE l'absorption VEINEUSE. 187 § 6. — Ainsi les résultats fournis par les recherches phy- siologiques relatives à l'absorption des matières alimentaires dans l'intestin grêle sont parfaitement d'accord avec l'opinion que les faits d'anatomie comparée nous auraient portés à avoir. Nous avons vu que chez la plupart des Animaux il n'existe pas de système chylifère, et que l'absorption de tous les produits du travail digestif se fait directement par les veines ou par les con- duits sanguifères qui en tiennent lieu. Il était donc permis de croire que chez les Vertébrés, où il existe à la fois, dans l'épais- seur des parois de l'intestin, des veines et des vaisseaux lym- phatiques, les veines ne devaient pas être entièrement déchues de leurs fonctions comme organes absorbants, et que les chyli- fères devaient constituer un appareil complémentaire destiné à rendre plus puissant le travail absorbant. Nous voyons qu'il en est ainsi, et que ces conduits servent principalement à l'in- troduction des matières grasses dont l'absorption par les veines n'aurait pas été assez active pour répondre aux besoins de l'or- ganisme, surtout chez les Mammifères (1). Il résulte également des faits dont j'ai rendu compte, que chez l'Homme et les autres Mammifères la part afférente au système des vaisseaux chylifères dans le travail de l'absorption des pro- duits de la digestion doit être considérable, car nous avons vu précédemment que la quantité de chyle versée dans le torrent Rësumé. (1) llaller cite les observations de Winslow et de plusieurs autres ana- tomistes qui ont vu du chyle (c'est-à- dire un liquide d'apparence laiteuse) dans les vaisseaux lymphatiques de diverses parties du gros intestin, même du rectum (à). M. Buisson a constaté expérimen- talement un fait analogue. Après avoir purgé un Chien et l'avoir fait jeûner pendant deux jours, il lui injecta du lait dans le gros intestin ; il le tua quelque temps après, et il trouva un liquide blanc dans les lymphatiques de celte portion du tube, ainsi que dans le canal thoracique. En opérant de la même manière avec du l)Ouillon, les résultats furent moins nets (6). (a) Haller, Elementa physiologiœ, l. Vil, p. 168. {b) Buisson, Éludes sur le chyle (Gazette médicale, \ 844, t. XII, p. 522) [i^S DIGKSTIOM. (le la L'ircLilalioii par le canal tlioracique est très considé- rable (1). Je rappellerai également que le courant qui se dirige ainsi de l'intestin vers le cœur est très fort (-2), mais qu'il reste encore beaucou[) d'obscurité sur le mécanisme de ce mouve- ment. D'après ce que nous savons sur l'absorption en général (3), il est évident que le passage des matières nutritives ou autres de la cavité digestive dans le torrent de la circulation doit nécessiter un temps plus ou moins long suivant la nature de ces substances; mais jusqu'ici on n'a constaté que peu de faits propres à nous éclairer sur ce sujet (4). ^7. — Pour compléter cette étude de la digestion et des phénomènes qui en dépendent directement, il ne me reste que quelques mots à dire relalivement à ra!)sorption des matières nutritives qui [)eut s'effectuer dans la portion termi- nale du tube alimentaire. On sait, |)ar les effets qui résultent de riujection de substances médicamenteuses ou toxiques par l'anus, que l'absorption est assez active dans le gros intes- tin (5), et, d'après les changements qui se remarquent dans (1) Voyez tome IV, pag;c 583. (2) Voyez tome IV, page 577. (:5) Voyez tome V, page i2'2'2 et suivantes. (Zt) l'iécemmciit , (nielques expé- riences comparatives ont été faites par M. Funke sur le degré de rapidité avec lequel riil)s()rplion des peptones, celle du sucre »■! (cllc du sel marin s'eiïectuent dans Tintestin; et ce phy- siologiste a trouvé que la première de ces substances est presque aussi absor- bable que la deuxième , mais que la dernière Test moins [a). (5) I/absorption par la surface mu- queuse du gros intestin est moins rapide que par les parois de l'estomac (6). Elle s'exerce sur les gaz aussi bien que sur les liquides, et lorsqu'un ob- stacle mécanicpie s'oppose d'une ma- nière pcrnuiiienle à l'évacuation des matières par l'anus, le gaz sulfliy- driquc absorbé de la sorte peut se répandre dans l'organisme, et donner (a) l-'unUo, l'ehi'r das endosmostische Yerhaltcn dcr l'eplone (Archiv fur pathol. Anal, iuid l'hyswL, 1><5S, t. XIII, p. i51). (/)) Bi-'nuiet, De l'absorplinn des subslances médictimcnleuscs introduilcs dans le gros iuleslin sous la forme de clijslùres {Gax-elle hebdomadaire de médecine, 1857, l. IV, p. 8). AJJSOIIPTION DANS LE CROS INTKSTIN. 180 la eonsislanee des mnfières alinioiitaires pendani leur srioiir dans le csecum, puis dans le eùlon, il est évident ([irelles y eonlinnent à céder à l'organisme une partie des liquides et des principes sokibles dont elles sont chargées. Chez quel- ques Animaux , le Cheval , par exemple , il est probable que la quantité de substances nutritives absorbées de la sorte est même très considérable (1) ; mais on ne sait encore que fort peu de chose à ce sujet , et les observations qui ont été faites par quelques physiologistes relativement an rôle des vaisseaux lympliatiques et des veines dans cette portion com- plémentaire de l'absorption nutritive sont trop vagues et en trop peht nombre pour qu'il me paraisse utile (Yen discuter la portée. 4i 8. — En résumé, nous vovons que les résultats phvsiolo- '"«"e'iço giques de l'alimentalion dépendent, d'une part, de la valeur d'">s="ii^a''on ^ T i ' i ' dgg Animaux nutritive des matières emulovées comme aliments, et de la puis- ^"'' ^"^ résuui.is ' '-' '■ du travail sance des agents digestifs mis en jeu pour en opérer l'élabora- Ji^estif. tion ; d'autre part, de l'action absorbante exercée par les parois de la cavité alimentaire, et que cette action est soumise aux lois (pli régissent d'une manière générale les phénomènes d'imbi- à tous les tissus une odeur stercorale, ainsi que cela a été constaté récem- ment dans des expériences où le rec- tum avait été lié {a). (1) M. Colin a constaté expérimen- talement que Tabsorption peut s'opé- rer très rapidement dans le caecum du Cheval, aussi bien que dans les autres parties du tube intestinal de cet Animal, et ce physiologiste consi- dère ce réservoir comme jouant le principal rôle dans l'aijsorption des li- quides el des matières nutritives chez les Solipèdes (6). Il a vu aussi que les lymphatiques du caecum et du côlon sont gorjiés de liquides chez les Chevaux dont la dii^eslion est en pleine activité, mais il n'a jamais trouvé de chyle laiteux dans ces vais- seaux (r). (a) Planer, Die Gase des Verdattungsschlanches und, ihve Beziehungen zuni Blute {Sitztmgs- herichte der wissensch. Akad. zu W'ien, dSôO, t. XLII, p. 308). (b) Colin, Traité de physiologie comparée des Animaiix domestiques, t. H, p. 37. ((•) Colin, Inc. cit., p. 10. 190 DIGESTION. bition et d'irrigation dont l'examen nous a occupés dans une autre partie de ce Cours (1). Ainsi, l'utilisation des aliments, ou ce que, dans le langage des usines, on appellerait le rendement du travail digestif, dépend non-seulement des forces digestives elles-mêmes, mais aussi des circonstances qui iniluent sur la puissance aljsorbanle des parois de la cavité où ces forces sont mises en jeu, et nous savons })ar nos études précédentes (pie, parmi ces circonstances, les plus importantes sont : le degré de perméabilité des tissus qui séparent les matières absorbables du lluide irrigatoire dans lequel elles doivent péné- trer ; l'étendue de la surface par laquelle celte imbibition s'opère, et la multiplicité des points de contact entre ces mêmes tissus et les liquides nourriciers ; enfin , la rapidité plus ou moin^ grande avecla([uelle ces derniers liquides se renouvellent dans les points où ils reçoivent les matières absorbées et se répan- dent ensuite dans les dernières parties de l'organisme où ils doi- vent les distribuer. La graudeiu^ des résultats obtenus par le travail digestif cbez les divers Animaux ne dépend donc pas seulement du régime de ces êtres, de la puissance chinnque de leurs sucs digestifs, ou des instruments mécaniques à l'aide desquels l'action dissolvante de ces licjuides est favorisée, mais aussi des dispositions organiques qui iniluent sur les pbéno- mènes d'absorption gastro-intestinale et du degré de perfection du travail irrigatoire. Je ne pourrais, sans sortir des limites assignées à ces Leçons, examiner tous les cas particuliers dans lesipiels cbacune de ces circonstances vient modifier les résultats pliysiologicpiesdu tra- vail digestif; mais, afin de bien lixcr les idées à ce sujet, il me paraît utile de rappeler ici quelques-uns des faits que nous con- naissons déjà, et de montrer les relations qu'ils peuvent avoir avec le sujet (jui nous occui)e. [i) Voyp/ lonio V, y^age 176 et siiivanles. PUISSANCE ABSORBANT!'] CHEZ DIVERS ANIMAUX. 19l Indépendamment des différences que j'ai déjà signalées dans le degré de perfectionnement des instruments préhenseurs, sécateurs ou broyeurs, qui, chez les divers Animaux, jouent un rôle plus ou moins important dans le travail de la digestion, et des variations que nous avons rencontrées dans la constitution ou dans les produits des organes sécréteurs qui fabriquent les liquides digestifs, il est un grand nombre de particularités ana- tomiques dont nous connaissons également l'existence, et dont l'influence doit être très considérable sur le rendement du tra- vail alimentaire, à raison de leurs relations avec la puissance absorbante des parois de la cavité digestive. Ainsi, il est évident que, même en supposant toutes choses influence ^ ■_ ^ de ractivilii égales d'ailleurs, le résultat final du travail digestif doit être circulatoire. comparativement faible chez les x\nimaux inférieurs, où l'irri- gation organique est presque imperceptible, comme c'est le cas chez les êtres qui, dépourvus d'une circulation proprement dite, no renouvellent que d'une manière lente et irrégulière le fluide nourricier en contact avec les parois de la cavité diges- tive, à travers lesquelles les matières nutritives y arrivent, il est également manifeste que, chez les Animaux, tels que les Insectes, qui ont une circulation, mais chez lesquels les courants sanguins, parcourant seulement un système de lacunes inter- organiques irrégulières, ne peuvent être rapides dans l'épais- seur des membranes interposées entre les produits de la diges- tion et le fluide nourricier général, l'utilisation de ces produits doit être moins facile que chez les Animaux dont le système irrigatoire plus perfectionné envoie dans la substance de ces membranes perméables une foule de canaux réguliers que des courants rapides traversent sans cesse. Par conséquent, le degré de perfection atteint par les fonctions digestives, est en partie subordonné au degré de perfectionnement de Tappareil circula- toire; et par conséquent aussi, d'après des diftérences que nous savons exister dans cet appareil, chez les divers Animaux, nous 192 DIGESTION. pouvons prévoir qu'il doit se rencontrer parmi eux de grandes inégalités dans le rendement du travail alimentaire; que, sous ce rapport, les jMollusques et les Articulés doivent être mieux partagés que les Zoophytes, mais inférieurs aux Vertébrés, et que, parmi ces derniers, les Mammifères et les Oiseaux doivent être supérieurs aux Reptiles et aux Poissons. L'adjonction de l'apjtareil lymphatique au système des vaisseaux ceniripètes constitué par les veines est aussi une circonstance qui, en faci- litant l'écoulement intérieur des produits de la digestion, tend à augmenter les résultats utiles de cette fonction, et par consé- (pient, sous ce rapport encore, les Vertébrés sont plus favorisés que les Invertébrés, et les Mammifères, où le système des vais- seaux lymphatiques est plus parfait qu'ailleurs, sont les mieux partagés de tous les Animaux. ''^"'■e'"'c En étudiant l'absorption, nous avons vu que cette l'onction c.nformaiion (lounc dcs résultats d'autant plus considérables, que la surface (l.î la cavité ' iii-esiive. par laquelle elle s'exerce est plus étendue, toutes les autres conditions étant supposées les mêmes. Le rendement du travail digestif doit donc être subordonné en partie à retendue de la surface des parois de la cavité où séjournent les matières alimentaires absorbables. Or, les divers Animaux [)résentent, comme nous le savons, de grandes différences sous ce rap- port. Ainsi, chez les Zoophytes, où la cavité digcstive est un sac seulement, la surface absorbante dont roiganismc dispose ne peut être (pie très petite, comparativement à la capacité de ce réservoir alimentaire, et nous avons vu (in'nn des premiers perfectionnemenls introduits par la Nature ilans la constitution de l'appareil digestif consiste dans la substitution d'im tube étroit à la portion l'cculée de la poche stomacale. Je rapiiellerai aussi que nous avons vu la surface absorbante, (M)nstituée de la sorte par les parois de rinteslin, s'étendre de plus en plus cliez les Animaux supérieurs par le dévelopi)emeiil de replis ou même de prolongements liliformes (pii baignent dans les pi'oduils du PLIISSANCb; ABSOHBWTi: (llliZ DIVERS ANliMALX. 195 Iravnil digestif et en activent l'absorption ; mais ([u'avant d'avoir recours à la création de ces instruments spéciaux, la Nature obtient un premier degré de perfectionnement par voie d'em- prunt. En effet, nous avons vu lilél)cnté- risme, et qui a présenté à ce sujet Ijeaii- coup de considérations iniporlanles, regardait d'abord ce mode d'organi- sation de l'appareil digestif connue se liant toujours à un étal de dégradaliou du système circulaloire, et conune étant par conséqnent un caractère d'iulé- riorilé zoologique (piand il exislail • ■liez des Animaux donl le l\pi' l's^i'ii vu. tiel comporte la présence d'un appa- reil vasculaire comj)let. Mais on sait aujourd'hui que ce n'est pas seule- ment pour se substituer au système circulatoire spécial, et pour constituer une ébauche d'appareil irrigaloire, que les dépendances tubiilaires du tube digestif peuvent recevoir la destination indiquée ci-dessus. Ce mode d'organi- sation peut coexister avec u\\ système vasculaire, et il doit être regardé alors comme un signe de perfectionnement ph]^siologiqac plutôt que comme un indice d'iiiféuiorité. i;5 19^ niGiiSTio. durée de leur travail digestif et dans les eireonslances (jui Tac- compagiieiit; mais tel n'est pas l'objet de ce Cours. Je terminerai done ici l'examen des phénomènes de la diges- tion, et dans la prochaine Leçon je passerai à l'histoire d'une autre Ibnction. Nous avons étudié successivement le sang, considéré sous le rapport de sa composition, de ses mouvements dans l'orga- nisme, de ses relations avec l'air atmosphérique et avec les matières ahmentaires ; nous chercherons maintenant à nous rendre compte de l'emploi de ce liquide dans l'économie ani- male, et dans ce but nous nous occiq)erons d'abord du mode de production des humeurs qui en dérivent, ou, en d'autres mots, nous aborderons l'histoire des sécrétions. SOIXANTE Eï UNIEME LEÇON Des sÉOKÊTloNS. — Slructure des glandes. — Glandes iinpairaitcs, — Vésicules adipeuses, capsules surrénales, corps thyroïde, tiiyinus et rate. — Glandes par- faites . § 1 . — Les physiologistes doiiiient le nom de sécrétions aux caiacuro* actes par lesquels les êtres vivants séparent de leur fluide nour- phénomènes rieier général des matières particulières <|ui ne [)0urraient s'en séciéiiun. échapper en vertu de leur diffusihilité, et qui ne deviennent pas parties constituantes de l'organisme vivant dont elles procèdent, mais qui sont destinées à être expulsées au dehors ou à éti'c mises en réserve pour servir à d'autres usages dans l'intérieur de l'économie. La ligne de démarcation entre ces phénomènes et ceux que nous avons étudiés précédemment sous les noms de transsuda- tion ou iVexhalation (1) n'est pas toujours nettement tracée, et c'est aussi |)ar des nuances graduelles que la Nature semhle [)asser de ce travail éliminatoire à celui ({ui a pour résultat la création de tissus vivants , et qui nécessite l'intervention d'autres forces. iMais , malgré ces liaisons, la sécrétion est une l'onction 1 cl suivantes. l-^^î SÉCRKTinN, il piuier d'autres humeurs dout roiiginc est analogue. En ce moment, je ne m'occuperai donc pas de toutes les sécrétions, et je me bornerai à traiter de celles qui sont essentiellement excrétoires, après avoir exposé les laits qui me semblent les plus propres à nous donner une idée juste de la nature du travail sécrétoire en général, et des instruments (jui relïectuent. On donne le nom de glandes aux instruments [)hysiologi(pies cpii sont spécialement chargés de sécréter les humeurs desti- nées à être expulsées directement au dehors ou versées dans la cavité digestive, et on l'applitjue aussi aux organes qui, en raison de leur structure, semblent devoir remplir des fonctions analo- gues, bien que les i>roduits qu'ils élaborent ne puissent être excrétés. L»8s yiamies. Lcs ghuidcs Ics plus i'emar(|uables par leur volume et leur im- portance sont le l'oie, le panci'éas, les glandes salivaires, les reins, les testicules, les ovaires et les glandes mammaires, organes rpii sont tous pourvus d'un canal excréteiu" ou de conduits (jui en lieiment lieu. L'étude de leurstruclure intime présente souvent des dii'licultés considérables et a occupé ratlention d'un grand nombre d'anatomistes. Malpighi, dont j'ai déjà eu à citer les dé- couvertes nombreuses (1), l'ut le premier à jeter (piekpie lumière sur ce sujet; il considéra les glandes comme étant formées d'un assemblage de vaisseaux sanguins et de canalicules excréteurs dont l'extrémité radicidaire serait l'ermée et sans communication dij'ccle avec le système ciicidatoire. Un de ses contemporains, justement célèbre pour sa grande habileté dans l'art des injec- tions, Ruysch [''1), crut au contraire avoir constaté (pie les racines des canaux excréteurs des glandes n'étaient (pic la con- liuiiation de certaines branches terminales des artères, el , jus(pie dans ces derniers temps, les anatomisles ont été partagés d'oDinions sur ce sujet. Mais les inovens d'investigation dont (1) \o>oz loiiic 1 , p^Kc ki. ('i) Voyez loiiio m, piige Z|0. STRUCTl'RE ORS ORGANRS SKCUÉTRURS. 197 (111 dispose aujoiirfriiiii ne laissent aucun doute à cet égard, et ont permis de reconnaître non-seulement que les cavités où les liumeiirs sont sécrétées se trouvent toujours séparées de celles (|ui contiennent les fluides nourriciers(l), et que cette séparation (1) Malpiinlii, dont les travaux datent iW la seconde moitié dn wii" siècle, considéra tontes les glandes comme (Mant ionnées essentiellement par la K-nnion d'nn nombre plus ou moins considéraljle de petites ampoules, on bourses analogues aux cavités qui sont creusées dans certaines membranes, et qui sont connues sous le nom de folli- cules. Les opinions de ce grand ana- lonn'ste ne furent pas exemptes d'er- reur, mais il ne s'éloigna que peu de la vérili' en ce qui concerne la dispo- sition dont je viens de parler (a). En 1696, l'.nysch soutint au contraire que les glandes étaient composées unique- ment de vaisseaux sanguins unis par du lissu que nous appelons aujonrd'bni conncctif, et qu'il n'y avait ni ampoules ni cloisons organiques quelcon([ues entre le sang en circulation et la cavité sécrétoire ; enfin, cjue celle-ci n'était que la continuation des vaisseaux san- guins devenus trop étroits pour laisser passer le sang, et livrant passage seu- lement au liquide dont les humeurs se composent (b). On fonda sur cette hy- ]X)thèse, une théorie toute mécanique des sécrétions, et les physiologistes se livrèrent à beaucoup do discussions à ce sujet. Plusieurs auteurs, parmi lesquels je citerai Boerhaave et Fer- rein (c) , combattirent les vues de I\u\ sch : mais du temps de Haller elle était assez géné-ralement adoptée {d], et de nos jours même elle compta des parti- sans (c). Bichat consid(''ra la question comme insoluble et comme ne devant pas occuper l'attention des anatoiuis- les (/■). Enfin Béclard, dont l'autorité- était très grande dans l'école de Paris il y a quarante ans, pensait que l'opi- nion de IVuysch pourrait bien être l'expression de la vérité en ce qui con- cerne certaines glandes, telles que les reins, les testicules et le foie, tandis que les vues de lAIalpighi seraient con- formes à ce qui existe dans les glandes salivaires, le pancréas, etc. (g). Ce sont principalement les recher- ches de J. Millier, publiées en ISuO, qui fixèrent l'opinion des anatomisles, quant à la non -continuité des cavités glandulaires avec les vaisseaux san- guins ; ses observations portèrent sur toutes les glandes et furent étendues à (a) Malpighi, De visceriini structura exercUatio anatomica {Opéra omnia, 1086, I. II, p. 57 et suiv.). — De structura glandularurn conglobatarum, consimiliumque partium epistola (Opéra posthuma, 1718, \k 137). (b) Ruysch, De fabrica glandularurn, ad Boerhaavium, 1722. (c) Boerhaave, Epistola de fabrica glandularurn, 1722. — Ferrein, Sur la structure des viscères nommés glanduleux, etc. (Mnn.de l'Acad.des sciences, 1749, p. 409). (d) Haller, De partium corporis humuni prœcipuarum fabrica et functionibus, t. V, p. 27 cl suiv. — Elementa physiologiœ, t. 11, p. 734 et suiv. (e) Adeloii, Traité de physiologie, 1829, t. III, p. 439. (f) Bichat, Anatomie générale (édit. de Maingault), t. H, p. 603. (g) P. Béclard, Éléments d' anatomie générale, 1823, p. 424. L'Iriculcs des or^anites séoréloires ('■lémonlaires. 198 SKf.RÉTFON. ost établie par un tissu vivant, mais aussi que les instruments essentiels de toute sécrétion sont des ulricules ou petites eavjtés eloses qui présentent un mode d'organisation déterminé, qui sont douées de vitalité, qui accumulent dans leiu* intérieur les luatièi'cs dont se compose l'humeur sécrétée, cl rpii mettent ensuite ces matières en liberté. Ce que l'on peut appeler la théorie cellulaire des sécrétions ne prit naissance qu'il y a une vingtaine d'années ; elle fut pro- posée d'abord par un physiologiste célèbre de l'Allemagne, M. Pm^kinje, et dévelopj'ée bientôt après par ÏM3I. Scliwann, Henle, Goodsir , Bowman et Lereboullet, Aujourd'hui , elle est adoj)tée, avec quelques légères variantes, par presque fous les physiologistes, et elle me semble être l'expression de la vérité (i). reiiscniblo du règne animal. Or, cliez los hivork'îbrôs, la sliuclnre do ces organes esl souvent beaucoup plus lacile à éluilier qui' chez riJoniuie, cl il lui lut par conséquent possible de mettre mieux en évidence les caractères géné- raux des appareils sécréteurs que ne ravalent tait ses devanciers. Mais je dois ajouter que Millier ne poussa pas assez loin les invesligalions microsco- |)iques, et ([ue, tout en se rendant bien coniple de la conformation des parties radiculairtisdes conduits glandulaires, il ne jeta aucune lumière nouvelle sur la structure intime du tissu qui consti- tue la partie essentielle de tout oi"gane sécréteur (a). (I) En 182i, Dulrocliet api'rnit la structure lUriculairedes organes sécré- teurs chez certains Animaux, mais ses observations ne portèreni ([ue sur le foie et les glandes salivaires des Coli- maçons, et ce fut par des vues théori- ques plutôt que par la constatation des faits qu'il se trouva conduit à admettre que partout « la cellule est Forgane sécréteur par excellcn;"e » (h). M. Purkinje, dont les travaux datent de 18o7, fut le premier à donner à cette opinion des bases solides ; il ht connaître les utricules élémentaires des glandes salivaires, du pancréas et des glandules muqueuses, et les compara aux cellules des plantes (r). T5ientùt après Al. llenle lit une étude plusap- l)rofondie des tissus épillu'liques , et il géni-ralisa ensuite les notions acquises touchant la structun^ \ésiculairc des (a) J. Miillci", De ylandulanuii seccrueiUiam structura peniliori corumque prima formatione in Homine atque Ajiimalibus. l.ipsine, 18;i0. (b) iJiilriicliot, lierherrlies analoiiiiques et physiologiques sur la structure intime des ,\ni)naux et (les Vcdc'tau.v, p. -20i pt 203. (r:) l^iirkiiije, IterichI iil>er die Versimmhtiiq der Salurfnrsrlier xii l'rui] im .lahrc is:n, M. 174. STRUCTl UE DKS OUGANRS SÉl.r.KTEL'HS. 199 Eli etTel, tontes les observations microscopiques les mieux laites tendent à établir que partout où des pliénomèncs de sécrétion se manilcslent, il existe des organites vésiculaires ; que ces cellules sont des corps vivants qui, en se déve- loppant, absorbent ou élaborent dans leur intérieur les ma- niements glandulaires, soit p^u- ses pro- pres recherches (a), soit par celles de plusieurs antres hislologisles sur cer- tains organes sécréteurs en particulier, tels que les glandules stomacales {b), les testicules et les autres glandes gé- nitales (c). Les travaux de MM. Va- lentin , Todd , Bdv man , ]Mandl , Lerehoullel et plusieurs autres anato- mistes, sur la structure et le rôle physiologique des éléments glandu- laires, lirent faire de nouveaux pro- grès à cette partie essentielle de l'his- toire des organes sécréteurs chez les Animaux vertébrés (d). Enfin, des recherches analogues, faites principa- lement sur les Animaux invertébrés, et dues 11 MM. (ioodsir, Laidy, il. Mec- kel, VMlliams, Leydig, etc., étendi- rent et complétèrent les résultats ob- tenus par les auteurs dont je viens de parler [e). [a] Henle, Ueber die Ausbreittmg der EpitheUum iin menschlichen Kurper (Mullor's Archiv fur Anat. vnd Physiul., i 838, p. 103). — Traité d'anatomie générale, Irad. par Joiudan, t. II, p. 4(35 et suiv. {Enajclop. anat., I. Vlll. {b) Pappeiilieini, Ziir Keiintniss der Verdaimni], t839, p. iS. — Wa.mann, De digeslione nonnulla. dissoii. inaiiif. Berlin, 1839. (c)F!. Wai^iicr, Fi'atjnicnle -iiiv Physwloijie der Zcuguinj. — Kolliker, Beitrage znr lienniniss der Geschleihlsverlialtnisse und der Samenflilssighcit ivir- belloser Thiere, 1841. — Die Bildung der Samenladen in Blâschen (Denhschnlten der allgem. Schweitzerlscben Gesellschaft fur Naturwissenschaften, 184C, t. Vlll). — Burnett, Rese arches on the Origin, Mode of Development and Nalxire of Spermalic Parti- cles (Mém. de l'Acad. amer., nouv. série, t. V, p- 29). — R. Wagner et R. Leuckart, art. Semen (Toild's Cgclnp. ofAnal. and Phijsiol., t. IV, p. 272 et suiv.). ((/) Valentin, art. Absonderung et art. Gewebe (Wagiier's Handworlerbiich der Physiologie, 184-2, t. I). — Todd, Lectures on the aMucous Membrane {Med. Galette, 1839 et 1842). — Bowman, art. Mucous Mkmbrane (VoJd's Cyclop. of Anal, and Physiol., t. III, p. 484). — Mandl, Anatomie microscopique, 1. 1, p. 194 et suiv. — Lerebuullei, Note sur le mécanisme des sécrétions (Ann. des sciences nat., 1S4G, 3» série, M. V, p. 175). — Leydig, Zur Anat. der mànnlichen Ge.whlechlsorgane und .Analdrilseu der Sâugethicre {Zeitschr. fiir wissensch. Zoologie, 1850, l. II, p. 1). — Anatomisch-hisiologische Inlersu- chungen iiber Fische und licplilien, 1853. — Lehrbuch der Histologie, 1857. — Kolliker, Éléments d'histologie, trad. par Béclard et Séo, 1855. [e] Goodsir, On the Ultimaie Secreting Structure ( Trans. of the Edinburgh Royal Society, 1842, et Anat. and Palhol. Observ., 1845, p. 20 et suiv.). — Laidy, Tiesearches on tlie Comparative Slruciure of the hiver {American Journal of the Médical Sciences, 1848). — Erdl, De Uelicis algirœ vasis sanguiferis (Valenlin's Repertorium, 1841). — H. Meckol, Mikroscopie einiger Driisenapparate der niederen Thiere (Mùller's Archiv fur Anat. und Phijsiol., 1840, p. 1). — T. Williams, On the Plujsiology of Cells , with tlie View to ehictdate the Laws regulating the Structure and Functions of Glands (Guy' s Hospital Reports, 2* série, 1840, t. IV, p. 273). — Leydifr, Lehrbuch der Histologie, 1857. 900 SKCRKTION. tièrescaraotéristiquos (It^riiumtMir sécrétro, cl (lui, parvoiiues à un certain degré do maturité, laissent éohapper ces sub- stances. Ce tissu utrieulaire, dont nous aurons Inentôt à faire une élude plus approfondie, présente les mêmes caractères essentiels que (îclui qui recouvre la surlace extérieure du corps des Animaux, et qui constitue l'épiderme ; il est aussi de la nature du revête- ment analogue appelé épith(Mium, ([ue nous avons trouvé à la surface libre des membranes muqueuses dont les parois des voies aériennes et du tube digestif sont tapissées, et en général il semble être un prolongement de l'une ou de l'autre de ces couclies. Il peut servir à la fois comme tunique protectrice et comme instrument de sécrétion, en sorte rpie le travail sécré- loire peut être effectué par la surface de la peau ou par celle des membranes uHKpieuses (pii lapissent les diverses cavités dont je viens de parler. .AFuis, quand la fonction se perfectionne, elle est dévolue à des instrumenis spéciaux, qui résultent, soit de Tadaptalion de cerlaiues parties de la Ionique générale à ccl usage particulier, soit de la création d'organes nouveaux (jui, de même que les précédents, sont en quehiue sorte des dépen- dances du système tégumentaire générai. Dans l'un et l'autre cas, la coucbe de (^ellules repose sur ime membrane dite basi- laire qui la sépare des vaisseaux sanguins ou des canaux qui en tiennent lieu, l^^nfin, ce tissu utriculain^ peut prendre nais- sance aussi dans la |trolbndeui' de l'organisme .sans avoir aucune connexion avec la coucbe épilbi-lique ou ses prolongements, et être alors, soit dispersé dans les dilïéi'cntes [larties du corps, soit localisé de; façon à constituer un on plusieurs organes par- ticuliers. j^es aorécats de tissu sécréicur (pii se li-ouvent ainsi isolés „ , '*' . dans la substance de l'oi-ganismc, ou (pii s'v cufouccnt plus ou des glande.. ,^^(,i,^j> profondément, tout en restant eu coulinuité avec la coucbe du tissu utrieulaire dont se com[)oseul l'épidenne cutané sTnrcTi i'.f: dks ort.anks skchktkiirs. -01 »^,l ri'pillK'liiiiii des iiionibrnues iniiqiioiises, pLMivonl rostor mas- sifs ou seereiiser d'une cavité centrale, par suite de la destru(;li(Mi des cellules qui en occupent le centre ou l'axe, Inndis que d'au- tres prennent naissance et s'accroissent à la périplirrie. Os agrégats constituent alors des poches ou des tubes dont l'inté- rieur est occupé par les produits du travail sécrétoire ainsi mis eu liberté, et dont les parois sont tapissées par une couche d'ulricules dont la portion périphérique est en rapport avec les parties circonvoisines de l'économie, et peut être le siège d'un phénomène de développement plus ou moins rajiide. Enfin, pai' les progrès de ces modincations, la cavité, d'abord r-lose, |)eul s'ouvrir, soit au dehors, soit dans l'intérieur de (pielque autre cavité adjacente, et y verser les matières accumulées dans son intérieur. La [)lupart des glandes passent par ces dilTérenls états pendant les premiers temps de lem^ développement chez l'em- bryon, et conservent toujours la dernière des formes (jne je viens de mentionner, de façon à avoir un canal permanent dis- posé pour l'évacuation des produits de leur sécrétion; mais, chez d'autres, cette voie de sortie ne se forme qu'an moment (lù l'évacuation doit avoir lieu, et résulte d'une rupture des |»arois de la cavité intérieure, qui jusqu'alors était close. Enlin, pour d'autres organes dont la structure est d'ailleurs analogue à celle des glandes excrétoires dont je viens de parler, la cavité intérieure reste toujours fermée ou ne se consUtue même pas, et les matières sécrétées ne peuvent en sortir que par absorption, c'est-à-dire pour rentrer dans le lluide nourricier commun. §2. — Il en résulte que, sous le rapport physiologique aussi (;,a,,if„aiion bien que sous le rapport anatomique, il y a une distinction ^,^",5 importante à établir entre les organes sécréteurs qui sont pourvus d'un canal évacuateur, soit permanent, soit adventif, et ceux qui en sont toujours privés, et ne peuvent pas verser hors de l'organisme, soit directement, soit par l'inlermé- 202 SKCRKTION. (liaire des cavilos ouvertes, telles (jiie le tube digeslii'. les produits de leur aelivilé fonctionnelle, .rapplifiuerni nu\ pre- miers le nom île glandes excréteuses, et j'appellerai les seconds, ainsi (ju'on le lait jj;énéralement , des glandes mparfailes. Enlin , je distiniiuerai les glandes exeréteuses en glandes parfaites, (piaiid elles sont creuses et qu'elles ont un canal excrétem^ . et glandes closes, (juand elles n'offrent pas ce mode d'organisation, et (pi'elles évacuent leurs produits |)ar ruptmT, soit directement an deliors , soit par Tintermédiaire (Tune cavil(' empruntée à (juelque autre appareil, soit par un conduit spécial, mais indépendant et complémentaire (I), 11 est aussi à noter que les glandes })arfaites ne fonctionnent l)as tontes de la même manière : la plupart sont uiiiipiement ('vacuatriees et ne paraissent fournir au sang aucun pi'incipe nouveau; mais il en est qui agissent en même temps comme organes alimentateurs du tliiide nourricier, car elles y versent des produits particuliers. Les [)remières peuvent être appelées les glandes parfaites ordinaires, et les secondes les glandes mixtes, car elles |)articipent aux fonctions des glandes exeré- teuses et des glandes imparfaites. Le foie des Animaux verl('»l)rés est le seul appareil sécréteur qui soit ainsi à double effet; nous avons déjà étudié son mode d'action comme agent productein' de la bile, et par conséquent comme agent excréteur, et, dans une j)rocbaiii(^ Leçon, nous verrons que le sang, en le traver- sant, se ciiarge de matières sucrées élaborées dans son inté- (1) .révilo à (Ifssoiii (l"('niplo]i cr ici rt'cri'mdititiellcs, ocUos qui concon- les expressions de (/landes excrémcn- raioiit fi elïocluer la milrilioii do riudj- hlielleini[ récrémoiit il ici I PS ûou[hoi\n- vidii : la salive ol. le suc i^aslrique, par coup de physiologistes oui lait usage, exemple; ol sécrétions excrément i- car elles di^signcnt, non pas la direction tiellcs , celles qui (''laicul deslinéos suivie par les produits de la sécrétion s(utlemenl à débairassec l'organisnie pour sortir do ces organes, mais l'oni- de certaines nialiôres ; la sécrétion ploi plivsiologique do ces produits dans ininairo, par o\omple. Du reste, ces réconomie. Ainsi on appelait 5^cr«^/on.v termes sont tombés en désuétude. fiL.VNDRS IMPARFAITES. VKSlf.rLKS ADIPEUSES. 'iOS rieur. Nous ;ivoiis roupoiilré aussi, dans la siructure auato- iiiique i]Q cofto glande eliez les Vertébrés, des disposilions que nous ne rencontrerons pas ailleurs, et qui consistent prineipa- lemenidans renclievcMrement de ses vaisseaux capillaires san- <>uins et de son tissu sécréteur, ainsi que dans la forme réticu- laire de la portion initiale de ses tubes excréteurs. «^ 3. — Pour le montent, je ne m'occuperai que peu des Ibnctionsdes glandes imparlaites, car j'aurai à y revenir dans une prochaine Leçon, quand j'étudierai les transtormations que les matières alimentaires subissent dans l'intérieur de l'économie animale, cl je me bornerai à ajouter ici quelques nmts au sujet de l'histoire anatomiquedeces instruments sécré- teurs. Comme exemple des organes les plus simples de ce genre, je citerai en premier lieu les vésicules adipeuses, ou éléments constitutifs du tissu graisseux des Animaux. Ces vésicules, que je ne saurais considérer autrement que commodes instruments d'une sécrétion essentiellement récrémentitielle, c'est-à-dire qui est destinée à être reprise par le fluide irrigatoire et à servir à la nutrition, sont des utricules membraneuses logées entre les trabécules du tissu connectif et disséminées dans les différentes parties de l'économie, sans constituer nulle part une glande bien délimitée. En général, elles sont réunies en petits groupes irréguliers et lobuliformes, dont l'aspect rappelle Iteaucoup celui de quelques glandes excrétoires dont nous avons déjà eu l'occasion d'examiner la disposition, le pancréas à lobules épars des Rongeurs, par exemple (1). Ce sont de petits sacs dont les parois sont d'une ténuité extrême et dont l'intérieur est occupé par la graisse (2). Lorsqu'elles ont (1) Noyez lomo \ I, page SO/i. nions au sujet des caractères du lissu (2) .lusque dans ces derniers temps graisseux des Animaux. Malpighi con- les anatoinisles /'(aient partagt'S d'opi- sidéra la graisse comme étant contenue (faillies imparfMile*. vésicules adipeuses. ■^O/l S|î:CRÉTION. leur l'orme nornifilc, ollos sont arrondies et parfois sphé- rirpies ; mais par suite de la pression qu'elles exercent les unes sur les autres en grandissant, ou de la solidification de leui- •Mintenii, il arrive souvent (ju'elles deviennent polyédriques on irrégulières. La couleur de ces orga-nites varie suivant celle des matières grasses qu'elles renferment ; et quand celles-ci sont liquides, elles s'en échappent tacilement sous la Ibrme de goul- (laiis dos utriculps nppondiies aux ra- dicules dos vaissoauv sanguins (a), ol Mtn contomporain S\\ anunerdam donna une bonne description de ces vésicules non-seulement chez les Insectes, mais aussi chez quelques Animaux supé- rieurs (h). Plusieurs anatomistos dos XVII'' et XVIII'' siècles eiuisagèrent la constitution du tissu adipeux?» peu près delà même manière : (iruetzmacher et \\ . [lunlor, par exemple ic'j ; mais Haller combattit cotte manière de voir, cl s'appliqua à établir que la graisse est déposée sans enveloppe particu- lière dans les aréoles du tissu con- jonclifcomnum, ou tissu cellulaire ( ses idées lliéori(|uos relatives à la con- stitution (les cellules végétales et du rôle d'un pédoncule ou liile ((/). Plus (a) Malpijîlii, Exenit.de omeiito, jiingu'uline et adiposis ductibus {Opéra omitia, I. II, p. 33). (b) Swamiiicrdain, lliblia Naturœ, t. 1, p. 311. (c) Gruetzmaclicr, De ossium meditlla, d7i8 (vésicules adipeuses de la nioolle, llj;. 3). — W. Hunier, Reseavches on Cellular Jtembrane {Medicai Observât, and liiquir'ifs, t. Il, p. 17). ((/) llailer, FAementa physiolo'jiœ, I. I, p. 33 el siiiv. {e} Wolf, De Ida dirta relliilnsn {,\'ova Acia Acad. l>elrop,)l., t. VI, p. -259; I. VU, p. <î'8; I. vm, p. i>(;<.)). liicliat, Anatnmie {ii!néralc, t. I, p. 91 etsiiiv. (édil. de Maingaull). — Meckel, Manuel d'analomie (jc'nérale et descriptive, I. I, p. 1 i:> el sniv. — Ileussinsfer, System, der Histologie, t. II. — Hlaiiivillc, Cottrs de physioloyie gêm'rale et comparée, 1833, I. II, |i. 33. (/■) P. Bédard, Eléments d'analomie générale, 1823, p. ihC>. (g) Raspail, llecherclws phi/siologiqurs sur les graisses et te tissu adipeux {Ih'pertoire général ri'aitatoniie, 1827, t. III, p. 599). t;LA>UL;S IMl'AItlVITKS. NKSICLLKS AUll'IilJSES. ^205 lelettes, j)our peu (juc la incmbi'niic capsulairc très délicate (jui coiisfitLic les parois de ciiacLiiic de ces ulriculcs soit nlTai- blie, ainsi (juc cela se voit (piand on les soiunet à l'action de l'acide acétique, et comme cela a probablement lieu dans n'coinincm , quelques iiiiciosraplies oui coiibitlérô la inembiiine capsulaire de ces orgauites comme étant consti- luée par du tissu conjonclir ('/) ; mais M.M. «Iluge, ilollard, Guilt, Scliwanu, Mandl, Henle , Todd et Bowmau, Kulliker, et plusieurs autres micro- graphes, ont constaté qu'il n'en est pas ainsi (6). D'un autre côté, tout en reconnais- sant l'existence de l'enveloppe meni- braniforme qui revêt chaque sphérule de matière grasse, on peut se deman- der si cette tunique est en réalité une cellule vivante dont l'action détermine faccunuilation de graisse dans son in- It'rieur, ou si ce n'est pas simplement un déi)ol de matière albuminoïde inert(i dont la formation serait due à l'action chimique de la gouttelette de graisse sur les principes albuniineux du liquide séreux qui la baigne. En elFet, on sait, par les expériences d'A- cherson, que toutes les lois que des gouttelettes d'un corps gras saponi- liable sont agitées avec une solution albumineuse, elles se revêtent chacune d'une pellicule mince de matière albu- minoïde solide ((■) , ])liénomène ()ui s'explique facilement par l'affinité chi- mique de ces graisses pour la soude, et l'insolubililé de l'albumine quand les bases alcalines lui ont été enlevées. La sphère creuse de matière albumi- noïde remplie de matière grasse qui sr forme ainsi ressemble beaucoup à une vésicule adipeuse, et il est probiible (|ue beaucoup des globulins graisseux (|iie l'on voit en suspension dans les humeurs de l'économie animale ne sont pas autre chose que des corpus- cules inertes constitués de la sorte. Mais il me parait peu probable que les vésicules du tissu^adipeux aient la même nature, et, d'après les signes d'actiNité qui semblent s'j manifester, je crois devoir les regarder connue des organites vivants. (a) Ivrniise, llandbuch dcv menschlkhen Anatomie, 1833, p. l-i. — Valontiii, Ucber die Physioloyle von liurdach (Heclier's Wisscimcliaftlklic Annalcn dcr ijenaïamlcii Hellkicnde, 1835, t. XXXII, p. 55). (6) Gliige, Rech. sur les fibres ■primitives des tissus cellulaire et tendineux [Ann. l'ranmiscs cl étrangères d'anatomle, 1837, t. I, p. 85). — HoUard, Rech. sur l'existence et l'urtjanisatiuii des fésiciiles adipeuses {Aun. françaises et étranijères d'anatomie, 1837, t. 1, p. 1-24). — Gnrll, Physiologie der Haussâugetluere, 1837. — Scliwanii, Mikruscopischc Unlersucliungeii, 1839. — Maiiill, Anatomie viicroscopique, t. I, p. 140, pi. IC'. — Henle, Anatomie générale, l. l, p. 4:20. ■ — Todd and Bowman, Tlie Phgsiulugical Analomij uf Mau, l. I, p. 80. — Kôllilver, Eléments d'histologie, p. 108. — Virchow, Pathologie cellulaire, p. 270. (c) Acherson, Ueber den physiolog'ischen Nut:ien der Fellstu/fe und i'iber eine neiie auf deren. Mitwirkuiig bcgi lindele und durcli mehrei'c neue Thatsaclieminterstillite Tlieorie dcr /cllen- b'ildunij (Miiller's Archiv fiir Anal, und PhysioL, 1840, p. 44). 2(J() SÉCHRTION. J'iiilérieiir (Ut l'oi-j^tiiiisine dans oerlains états dos Hiiidcs mnii- riciers (l). Le degré de eonsistaiiee des vésicules adipeuses et du tissu graisseux Ibrnié par leur réunion dépend principalement de la nature des matières grasses contenues dans Tintérieur de ces petits réservoirs. En effet, ces matières sont lantùt du suif ou de la cire, d'autres fois de la graisse ordinaire ou de l'huile, c'est-à-dire des corps gras dont la fusiltililé diffère (2^; mais (i) Les vésicules adipeuses sont lisses el hiillaules; elles rélVacieni lorlenieul la luinière, el il esl quelquefois diÛicile (le les distinguer des goutlelelles de graisse qui souvent se trouvent à l'élai do liberté dans l'intérieur de l'orga- nisme. En ellel, les parois de ces utri- cules sont tellement minces, que sou- vent on ne peut les apercevoir ; mais par 1(! Irotlement on parvient i'acile- ment à diviser ou à réunir les goutte- IcUes huileuses, landis ([iie dans les mêmes circonstances les vésicules adi- peu.scs conservent leur individualité. Traitées par réilier, ces dernières de- viennent transparenl<îs loul eu conser- vanl leur forme. L'acide acéli([ue rend leur luni(iue memhraneuse i)erméal)le à la graisse et finit par la dissoudre complètement. Très souvent on aper- çoit sur ini des points de leur surlace une petite saillie qui paraît corres- pondre à un vestige de no\au {a), el il arrive aussi que la margarine cou- lenue dans leur cavité se condense au centre de la vésicule, landis que rol('inc restée liquide en occupe la péri- l)hérie (6). Enfin , dans certains cas l)athologiques, on a trouvé ces petits sacs rem[)lls eu partie par de la séro- sité {(■), ou contenant des cristaux de margarine (d). Chez l'Homme el les autres Maiiuui- fères, les vésicules adipeuses sont réunies en paquets lobulitonues, non- seulement par des brides de tissu con- jonctif, mais aussi pai' un réseau de capillaires sanguins (e). Leurs dimen- sions \arient beaucouj), mais peuvent être évaluées le plus ordinairement oHire ()""", O'J et 0""",i3 (/"). ('2) On désigne généralement sous le nom de inalièrcs grasses, les sub- slances liquides ou fusibles (pii bri\- ii'iit avec une flannne \olumineuse en déposant du noir de fumée, qui se dissolvent dans l'alcool, mais qui ne sont point solubles dans l'eau ou ne le sont (|ue très peu, et ((ui, étendues à l't'- tat li(jui(le sur le papier, le rendent Irausiucide en y formant des taches persistantes. Connue caractères chimi- ques, on doit ajouter que ce sont des principes inunédiats organiques non l'a) Exeiiiplo : les colliiles ailipeiisc!. liu la iiioullu des os, figuicos par M. Kiillikoi {Elémeulu d'IUa- loUniie., p. 2i2, flg. 12:2). (b) llcnli;, Op. cit., I. I, p. 121.. (c) Kolliker, 0/*. cil., p. 100, lig. 51. (d) TmUl amt BuwiiKiii, Tlie Phusioloyical Ànulomu of .'/((» , I. I, p. 82, li^,'. M. {e) Tucld aïkl llciwinaii, Op. cit., l. I, p. 81, lii;. 10. (/') Koliikur, Op. cil., p. iO'J. GLANDES IMFAKFAHES. ■ VÉSICULES ADIPEUSES. 1^07 CCS variations dans leurs propriétés [)liysir|ues sont loin d'avoii- rimportance (ju'au premier abord on serait porte à leur atlii- bucr. En cfTet, les beaux travaux de M. Chevrenl, (jui font époque dans l'histoire chimique des corps gras, nous ont appris que toutes ces substances sont des mélanges d'un très petit nombre de principes immédiats dont le point de l'usion n'est pas le même, et que suivant que tel ou tel principe donnnc dans le mélange, celiti-ci prend les caractères d'une huile, d'imc graisse ou d'un suif. La plupart de ces corps, dont j'ai déjà eu l'occasion de dire (pielques mots en parlant des matériaux constitutifs du sang (1 ), sont formés par des composés de glycérine C2) et d'un acide organique, tel ([ue l'acide margari(|uc, l'acide stéarique ou l'acide oléique privés d'une certaine ([uantité d'eau (3;. On les appelle des matières grasses neutres, et on les distingue entre eux sous les noms de margarine, stéarine, élaine (ou azoU's, L'I dans la composiliou des- quels on irome unis à de l'oxygène et à de l'hydiogène, dans les rapports comoiiables poui' former de Peau, de riiydrogène et du earhone eu propor- lions considérables, ou bien des mé- langes de ces principes immédiats. On appelle communément huiles, les corps gras qui sont liquides vers la lempérature de 10 degrés et au- dessus, quelle que soit leur origine ; (fraisses ordinaires, ceux qui provien- nent des Animaux et qui restent so- lides au moins jusque vers 20 degrés; et suifs, ceux qui ne fondent qu'à ZjO degrés environ. Les cires sont des matières grasses qui se liquéfient de /iZi à 6/i degrés, et elles ont une composition chimique différente des graisses proprement dites. (1) Voyez tome I, page l'Jl. {•2} La (jlijceiinc, appelée ancieimc- ment le principe doux des huiles, fut découverte en 1779 par Scheele ; elle est liquide , soluble dans Peau et dans l'alcool ; sa saveur est sucrée, et sa composition élémentaire est repré- sentée par la formule C'^H^O'' ou C6n'05,HO. (3) Xon-seulemeiU les principes gras neutres se dédoublent eu glycérine et en un acide gr.is, tel que l'acide stéa- rique ou l'acide margarique, sous l'in- tluence de divers agents chimiques, mais ils peuvent se reconstituer direc- lemenl par l'aclion de ces mêmes acides sur la glycérine, à une tempé- r.ilure convenable et prolongée pen- dant un temps suffisant. Ainsi, la gly- cérine et l'acide sléarique s'unissent de la sorle, dans la proi)orlion] de 1 équivalent de hase el de o équixa- 'i08 SKCKÉIIO.N. oléine), etc., siiivniil l;i uatiire de l'ncide ^nts qui enfre dans leur euiislitulioii. N Le iiuinbre de ces acides n'est j»as très considérable ; ceux (jue je viens de mentionner jouent en général le principal rôle dans la constitution de la graisse des Aniniaux aussi bien (juc dans la Ibrinatioii des builes végétales; mais souvent on trouve leurs produits mêlés à d'autres substances du même ordre, et cbez quelques Animaux il existe des corps gras dans les- quels la glycérine se trouve renqilacée par un autre j)rincipe appelé éthcd, qm est associé à un acide particulier nommé acide éthaliqiie, et qui, ainsi que nous l'avons déjà vu, constitue alors la Céline ( Ij. Tous ces corps se laissent décomjjoser par les bases ('uergiqucs, telles que la potasse ou la soude, qui en cbassent la glycérine on son représentant, et qui s'emparent de l'acide gras pour former avec lui un composé salin a[)pelé savon. C'est en raison de cette réaction (jue ces graisses neutres sont dites saponiliables, pour les distinguer de (piehpies autres coips gras qui ne se comportent jias de la même manière en pré- sence des alcalis : la cbolestérine, par exemple. Les cires sont ces corps gras (pii, à certains égards, sont intermédiaires entre les substances dont je \ iens de parler. Ce sont des mélanges de plusieurs principes appelés niyricine, cérine, etc., (pii ne se laissent rpie très dil"licilement saponitier, etrjui, eu se combinant de la sorte avec les bases, abandonnent ila^ princi[)es neutres beaucoup plus riclies en carbone et en hydrogène que ne le sont la glycérine ou l'éllial ('i,. ienlscracklo, eu p«'i'ilaiil 3 r(|iiiviil('iils [2) J'aiirai foccasioii di' Irailer d'oaii, n cnnstilnciU nii corps appcli' (rmic maiiirrc sp(';cialo de l;i sécrô- trisltiarinc, (pii est idciilicjiH' a\cc l.i lion do la cir»' par U-s liisf(lo>, !orM|iK' irisléarlnc naUir(;lk' (o). je ferai riiistoin- des (lopoiulaMOCs du (1) A oyez tome I, pa^'c IDl. système té{;uin('iiraiiT de ces \iiimau\. (()) liorilicl.'l, i.hvidc onjanhinc jundtc !,Uf la aijiitlunc, I. Il, p. 0\K GLANDES IMI'AKFAITLS. VÉSICL'LKS Anil'KUSKS. 209 L'oléiiic, OLiclaïne, est le plus l'usible de tous les eorps gras neutres ainsi formés; elle est liquide même à la tem[)ératurc de zéro et elle eonstitue une huile un [>eu jaunâtre. La margarine, ({ui s'y trouve associée dans les diverses graisses animales, ne Ibnd qu'à la température de M degrés, et la stéarine, qui y est également mêlée, reste solide jusqu'à la température de 62 de- grés. Or, ces trois cor[)S se trouvent mêlés en proportions très variables dans les différentes graisses, et suivant qnel'élaïne, la stéarine ou la margarine prédominent, ces substances sont plus ou moins solides, molles ou liquides. Mais la consistance du tissu adipeux ne dépend pas seulement de cette circonstance : le degré d'agglomération des vésicules et la résistance des brides intervésiculaires du tissu conjonctif influent aussi beau- coup sur les propriétés physiques des dépôts graisseux (1). En général la graisse est jaunâtre, mais chez quelipies Animaux elle est fortement colorée i)ar des matières parhculières dont l'histoire chimi(pie n'est que très imiiarfaitement connue (2). Enlin, il est aussi à noter que, par suite d'altérations analogues à celle que le beurre éprouve en rancissant, les diverses matières grasses dont je viens de parler peuvent donner naissance à des acides (1) Ainsi la couche graisseuse soiis- cutanéc du Porc, nommée lard, offre beaucoup de consistance, par suite de la stnicUu'c du réseau de tissu con- jonclif renfermant les vésicules adi- peuses, bien que la graisse qui c^l ren- fermée dans ses utricules , et qui est appelée axuiKje, soit très molle Elle fond à environ 1G ou 30 degrés. On a constaté d'ailleurs chez les diverses races de l'orcs des différences très grandes dans la densité et la fermeté du lard d'individus dont la graisse contenait à peu près les mêmes proportions d'élaïne et de marga- rine ((/)• (2) Ainsi chez le Jaguar, et chez divers Insectes, tels que les Cossus, la graisse est jaune orange, tandis que chez d'autres Animaux, les Tor- tues de mer et les Penlalomes, par exemple, elle est verdàlre. (d) BauJeinont, llapport sur V appréciation dû la viande, à l'clal, p. 30 {Coiiipics rendus des concours de botwherie pour 1856, l. tV). VU. U 210 SÉCHÉTION. gras particuliers dont l'odeur est souvent tort intense : l'acide hireique et l'acide phocénique, par exemple. Chez l'Homme, le tissu adipeux est mou, et la graisse con- tenue dans ses vésicules est tluide à la lempcrature du corps. Elle ne se solidifie que vers 15 degrés, et elle est formée de margarine et d'élaïuc (1). Chez quelques Mammifères, tels que le Bœuf et surtout le Mouton, la graisse est pauvre en élaïne, mais très riclie en stéarine, et elle offre par conséquent, à la température ordinaire, beaucoup de consislanceJ'2). Dans rindustrie on la désigne sous le nom de suif. Celle du Bouc contient en forte proportion, associé à la stéarine, à la marga- rine et à l'élaïne, un quatrième corps gras neutre appelé hir- cine, (pii, en se dédoublant, donne naissance à de l'acide hir- eique, dont l'odeur est caractéristique. La graisse du Marsouin, des Dauphins et de plusieurs autres Cétacés, contient un principe très analogue à la stéarine et à l'oléine, qui a reçu le nom de phocéjiine, et qui donne naissance à un acide gras particulier (1) Le degré de fusibilité de la fôres, et que celle logée dans la cavité graisse humaine n'est pas le même abdominale, mais surtout celle (jui en- dans toutes les parties du corps, et lonre les reins, est pliis dense et moins l'on peut conclure de ce fait qu'elle fusible que celle de la couche sous- conlient des quantités variables d'é- cutanée, qui, à son tour, est plus con- laïne et de margarine. Celle provc- sisianlc que celle des os. J'ajouterai nanl de la paroi dorsale de la cavité que Lassaigne a trouvé dans la al)duniinale conunence à se figer à graisse du mésentère d'un Bœuf 0,18 27 degrés, et devient complét(>meut de stéarine, tandis que la graisse de solide à 17 degrés; tandis que colle la croupe du même Animal ne lui a des jambes reste lluide à 15 degrés fourni que 0,02 de ce principe ((/)• et laisse dt'poser de la stéarine, qu:ind (2) Ainsi, tandis (pie la graisse cir- la température s'abaisse davanlage. cunuénalc du l'orc fond à environ il est à noter que des dillerences 29 degrés, cl contient 0,0/i8 de stéa- aiialogues se font remarquer dans les rine, celle du Taureau n'entre en fu- graisses des diverses parties du corps sion qu'à Zil degrés et conlionl 0,32 chez la plupart des autres Mammi- de stéarine (Ij). (n) Las,saip:ne, Hcclierches sur les variétés que présente la graisse dans les différentes réqions du coriis des Aniinaux domcstiiiues {Journal de chimie médicale, 3* série, 4851, I. Vil, ]<. 2(i8). (b) kleiii, Op. cil. {Journal de chimie médicale, 3° série, 1851, l. VII, !>. i208). GLAISDtS IMI'AKFAITKS. VÉSICULES ADIl'EUSES. '211 dont l'odeur est très forte (1). Enlin, la graisse des Cétacés contient luie matière très rcmar({iiable, la cétine ou blanc de baleine, que les pharmacologistes du moyen âge a[)[)claienl bien à tort du sperma ceti. (]elte substance est mêlée à une liuile ordinaire, et ne se trouve ({u'en petite quantité chez la plupart de ces Animaux, mais elle existe en grande abondance dans le tissu adipeux (pii occupe tout le dessus de la tête du Cachalot (2j. Elle est saponifiable comme les autres graisses, mais elle contient, au lieu de glycérine, un principe moins oxygéné, l'éthal, et son acide, appelé éthalique, paraît ne pas différer de celui qu'on extrait de l'huile de palme. (1) c'est à cause de la formation de cette graisse rance appelée acide pho- céniquë, dont la découverte est due à M. Glievreul, que les [Marsouins et les autres Animaux de la même famille que Ton conserve à l'état sec dans les musées zoologiques y répandent une odeur particuli(;re et très intense (a). (2) Ce n'est pas entre les membra- nes du cerveau, comme le 8Ui)posent quelques auteurs, que l'on trouve le grand dépôt de substances graisseuses dont s'extrait la cétine, ou blanc de Baleine, mais dans une espèce de fosse semi-ovalaire, qui est située au-dessus du crâne, entre les os du sin- ciput qui se relèvent en manière de crête semi-circulaire {h), et une grande expansion fibro -cartilagineuse sous- cutanée. On ne connaît encore que très imparfaitemeiU la structure de cet ap- pareil adipeux, uuiis on peut juger de son importance |)ar la quantité de matières grasses que l'on eu extrait el que l'on évalue souvent à lOOO kilo- grammes. L'huile qui en sort tient en suspension des lamelles cristallisées de cétine qu'on sépare au moyeu d'une sorte de filtration à travers une étoile de laine serrée, et qu'on purifie en- suite pour la livrer au commerce. La graisse fluide qui s'écoule est formée d'oléine, de margarine et d'une sub- stance particulière nommée phocéni ne, dont on obtient par la saponification de l'acide phocénique, substance fort analogue à l'acide butu'iqae. La cétine foiul à /i9 degrés et cristallise en belles lames brillantes; sa composition élé- mentaire peut être représentée par la formule C^^H^O'*, et l'on doit la consi- dérer comme un composé d'étlial cl d'acide étlialique anhydre, é(juivaleul à équivalent (r). La cétine (ou du moins une matière cristallisée qui parait ne pas en diffé- rer) se trouve aussi, nuiis en pinite quantité, dans l'huile du Oauphin (c/). (rt) Clievreul, Recherches chimiqties sur les corps gras, ^i. 101. (6; Voyez Cuvier, Recherches sur les ossements fossiles, pi. 225, flg. 2, 3 et 4. (t) Clievreul, Recherches chimiques sur les corps gras, p. 292. [d] L. Smith, De la composition et des produits de la distillation du blanc de Baleine (Ann. de chimie, 3« série, 1842, t. VI, p. 40). 21^ SÉCRÉTION. La graisse paraît oCtVir des parlieularités dans sa eomposiliou chimique eliez plusieurs autres Animaux, tant dans l'embrau- ciiement des Vertébrés (1) que dans la classe des Insectes (2) et dans quelques autres groupes zoologiques ; mais les notions que l'on possède à ce sujet sont tro[) imparfaites pour qu'il me {paraisse utile de nous y arrêter ici (3). Lorsque nous étudierons les phénomènes de la nutrition, nous aurons à revenir sur l'examen de tous ces corps gras, et ici je me bornerai à ajouter que les vésicules chargées de ces matières, et logées dans une sorte de lit ou s;?'oma de tissu conjonctif, peuvent se développer dans presque toutes les parties de l'organisme, mais en général ne sont abondantes que sous la })eau [k] et autour du canal digestif ou des autres viscères abdomiuauN, Dans le jeune âge, c'est le tissu adipeux sous- cutané (pii prédomine, et de là les formes arrondies de l'cn- i'ance; mais, sur le déclin de la vie, c'est en général dans des (1) SuiviinlM. Rossignol!, la graisse dos Tritons anrait une coniposilion piirticiilit'MO. l'ar la saponificalion cet auteur en a tiré de Tacide stéariquc, un principe qu'il considère connue nou- veau et qu'il nonunc acide batrocho- léiqitc, de la glycérine et une matière jaun<' qu'il appelle (jlutoine {(i). (2) La gr.iisse de plusieurs Insectes, pai- exemple des Vers à soie {h) et de la Coclicnille {<■), n'offre rien de remar- (pial)ie, et se compose d'élaïne mêlée à de la stéarine ; mais celle du Corciis jiolutuciis parait contenir une malière grasse non saponiliable dont la nature n'est pas bien connue (). (3) Les .Moutons à grosse queue se trouvent principalement dans les step- pes de la Uussie méridionale, en Perse (a) Exemple : li Femme que l'on monirait à Paris il y a une cinquantaine d'années, sous le nom fie la Vénus hottentote (F. Cuvier et Geoffroy Sainl-Hilaii-e, Histoire nalurelle des Mammifèirs, I. 11, pi. H5 el llfi). (b) Piichard, Hesearches on the Physical History ofMankind, 1837, t. II, p. 278. Illriculis ('içrineutaire?. liériiatiqiies. (lUindes iinparfiiiles complexes. 21/l SÉCRÉTION. et en lobules, de façon i\ ressembler à une glande, mais qui ne consisie qu'en vésicules adipeuses réunies par des brides de tissu conneclir et par les rainificalions du système trachéen (1). § Ù. — Les petites poches membraneuses fermées de toutes |)arts, cl renfermantdes pigments ou autres substances colorées, qu'on trouve souvent dans le système tégumentairc, sont aussi des giandules imparfaites disséminées, qui , sous le rapport anatomique, doivent être rapprochées des vésicules adipeuses, et prendre rang dans la même division morphologique. Nous en ferons l'étude dans une autre partie de ce Cours. Enfin, les globules sanguins, quoi(iue libres et llotlants au milieu du lluide nourricier, me semblent, comme je l'ai déjà dit (2), devoir être considérés aussi comme des utricules sécré- toires fort analogues aux précédentes. ^ 5. — D'autres glandes imparfaites ont ime struciurc j»lus com|)lexe, et sont formées essentiellement par des vésicules oi jusqu'en Cliine, ainsi qu'en Afrique, (lopiiis l'Kgyple jusqu'au cap de Bonne- Espérance. La loupe graisseuse (jui distend la queue de ces Animaux est Ijilohée, el les voyageurs assurent que ([iickinefois elle pèse 10 à 15 kilo- graujincs, el même davantage («). (1) Ces paquets de tissu adipeux entourent complètement le tube digestif et occupiMil une grande partie de la cavité viscérale. Lyoïinet les désigne sous le nom de corps graisseux, et en a donné d'excellentes figures (/)). \a'\\v structure intime a été examinée par ^1. Leydig, qui les considère comme étant formés de tissu conjonctif, dans la substance duquel des gouttelettes de matières grasses seraient simple- ment épancbées, et par conséquent ne seraient pas contenues dans un système d'ulricules sécrétantes (c). Au moment de mettre cette feuille sous presse, je reçois un travail récent de M. Ciccone sur le corps gras des Vers à soie, et j'y vois que, d'après cet obser- vateur, les traînées de substance con- jonctive qui en constitue le stroma con- tiennent des gouttes liuileuses el des globules dont les uns sont très petits, les autres ont jusqu'à 0""",01, et sont spliériqucs on ovalaires ((/). (L>) A oyez tome I , page ;3.'|5. In) l'.umin, llisloirc naturelle des Hfnmmifn-cs, l. Xll, p. 4 (éilit. do Vcniiôn>). — l*allus, Spkilcijia zooloulca, fasr. xi, \>. 03, pi. 4. [.'i-éd. Ciivier et OeollVoy Saiiit-llilaiic, Histoire naturelle des Mauimifères, I. II, pi. Si. (()) Lyonnel, Traité analouiique de la Chenille qui ronge le bois de saule, pi. 5, fig. 1 el 5. {(■) Leyilii,', Ixhrbuch der llislotnijie, p. 'Aii, lig-. 183. i(/) Ciccoiio, l'Uude sur le rorps finis des Vers à soie, IvmI par M. Mm\ni:\\c (Journal d'ariri- niltnre prulique , tXiil i. GLANDES IMPAnFAlTRS. CAPSULES SURRÉNALES. 215 comparables à celles dont je viens de parler, mais incluses dans des capsules membraneuses beaucoup plus grandes , et communes à un nombre considérable de ces cellules éléuien- taires. Ces capsules sont elles-mêmes logées entre les mailles d'un tissu conjonctif commun, que les anatomistes appellent le stroma, et l'agrégat ainsi constitué est recouvert extérieure- ment par une tunique membranitbrme plus ou moins bien développée. Chez les unes, la totalité de l'organe est occupée par le tissu sécréteur, les vaisseaux sanguins, les nerfs et le stroma, en sorte qu'on ne trouve dans son intériein^ aucune cavité pou- vant servir de réservoir pour le liquide formé dans l'intérieur des cellules. Ce mode d'organisation se voit dans les corps glan luliformes qui sont désignés sous le nom de capsules sur- rénales, et qui paraissent exister chez tous les Animaux verté- brés (1), mais sur les usages desquels on ne possède aucune Capsules surrénales. (1) Los capsules siUT(5nalcs , ainsi nommées parco que chez THommo elles reposent sur la parlic supérieure des reins, qu'elles semblent encapu- chonner, sont des organes qui se trou- vent dans le voisinage de ces glandes chez tous ou presque tous les Vertébrés, et qui se développent de très bonne heure chez l'embryon , mais ne nais- sent pas des reins primordiaux, ou corps de WolfT, ainsi que l'ont pensé quelques anatomistes. Dans l'embryon humain, ces corps sont d'abord beau- coup plus grands que les reins (a) ; mais bientôt ces dernières glandes s'accroissent plus rapidement, et à l'é- la) On peut consulter à ce sujet : Fréa. Meckel, Abhandlungen aus der menschlichm und vergleichenden Anatomie und P/iysio- /o(/ie, 180li, t. 1, p. 285 etsuiv.). — J. Millier, r.ildunçjsgcschùhte der GcnilaUnt, 1830, p. 70 et suiv., pi. 4, (Is?. y. — S bc\\c CAi\r^\e. E.nsteuia délie glandole rénale ne lialraci e ne- Pesci, e tujuva di quelle nel feto umano {Mti delVlnsUtuln d-mcoragq. di Napnli, 1838, i. VI, el DisserKrJom snllanatomm «mana, comnarflfa e pa!/io/ogiea, 1847, t. I, pi. 50, lîir. lO et 11). — EcUr, Der feinere Bau der Nebennieren, 18-4a. — Art. Pdulgefa.mlnisen (Wa^nev s Handworterbuch der Physiologie, t. IV, p. i^.— Recherches sur la struclnre intime des corps surrénaux (Ann. des sciences nat., 3» série, 1847, t. VIll, p. 103).- W-.isnev's Icônes v'nisio- iogtcft-, 1852, pi. T), fig. 8. , ^, ., , ,^, „„„ — l'rey, art. Supuarbnal Capsui^es (Toild's Cijclop. of Anat. and Phgsiol., t. IV, p. 836, '"— Goodsir, On the Suprnrenal , Thymus and Thyroid Bodics (Philos. Trans., 18411, '^'— H.'oi-ay, Oh the Develnpmcnl of the nuctless illands in the Chick [Philos. Trans., 1852, p. 302, pi. 22, fig. 9). 216 SÉCRÉTION. donnée satisi'uisanle. Dans ces derniers temps, on a fait beau- coup d'expériences sur leurs usages. Plusieurs patbologistes ont pensé que riulerruption de leurs fonctions déterminait poquc (le la naissance elles sont à peu près trois fois plus grosses que les cap- sules surrénales; enfin, chez l'adulte celles-ci ne représentent en général qu'environ :^ de leur volume. Chez les l'iongenrs, les capsules surrénales sont plus développées proporlionnellemcnî, mais chez la plupart des .Mammifères il en est autrement, et chez le Phoque elles sont remarquablement petites, leur volume n'étant qu'environ ,'„- de celui des reins (a). Chez les Oiseaux et les r.eptiles elles sont très petites, et chez les Batraciens leur développe- ment est encore moins considérable. Quelques anatomisles avaient pensé que chez ces derniers Animaux elles étaient représentées par les appendices graisseux en connexion avec les reins, mais cela n'est pas. et elles ne consis- tent qu'en un petit amas de tissu glan- dulaire mal délimité, qui se Irouvo appli;pié sur la surface abdominale de chacun do ces derniers organes, où leur existence avait été remarquée par Sw anunordam (6), mais n'a été bien mise en évidence que par les analo- misles de l'épocpu* actuelle (''•). La présence de capsules surrénales a été constatée chez les ]'. aies (\} ^GlC/î/ ^: IP^' LIBRARÏ °5.; /Ui 218 SÉCRÉTION. base solide. En eiïel, tlaiis divers cas, on a pu faire l'extrac- tion des deux capsidcs surrénales sans qu'il soit résulté aucun trouble ])ernianent dans l'organisme, et, dans l'état actuel de la science, je n'oserais hasarder aucune liypotlièse relative aux Ibnctions de ces glandes (1). à des cavités qui oui élé considérées par quelques anatoniistes comme exis- tant normalement. Chez quelques Mamniilères, le Che- val par exeiuple, on trouve des utri- cules glandulaires dans la portion mé- dullaire aussi bien que dans la portion corticale de ces organes. Chez les Oi- seaux, la distinction entre ces deux substances cesse d'exister, et l'on y trouve partout des vésicules glandu- laires. La structure interne des capsules surrénales des Reptiles el des Poissons n'a été que peu étudiée {a). Il est aussi à noter que M. Vulpian a découvert dans la partie médullaire des capsules surrénales du Mouton une matière particulière soluble dans l'eau el dans l'alcool, qui donne naissance à une coloration verdiitre ou noirâtre quand on y ajoute un sel de fer, el (jui prend une teinte rose carmin par l'ac- tion de Piode. Ce physiologiste n'a pas observé de réactions semblables en expériuKMitant sur le conleiut des autres organes glandulaires, etc. (h). lùifin il a constaté les mêmes réac- tions dans les capsules surrénales de l'Homme et de beaucoup d'autres Mammifères, des Oiseaux et des lîep- tiles (f). ]\IAI. Cloez et Vulpian ont trouvé dans les capsules surrénales des Piuminants de l'acide tauro-cho- lique et un autre principe qui paraît être de l'acide hippurique (r/). l'jilin, on a trouvé aussi dans la substance médullaire de ces organes, de la mar- garine et de la leucine, mais pas de tyrosine (c). (1) Les riHations anatomi(iues (les capsules surrénales avec les viscères adjacents ont fait su])i)oser d'abord que ces organes pouvaient avoir des fonc- tions analogues à celles des reins (f) ou se rallacliaieni à la génération [(/). En raison de l'abondance des lilels nerveux qui s'y rendent, d'autres physiologistes ont pensé que les usages des cap?:ules surrénales avaient de l'analogie avec ceux du système nerveux (//) ; mais ces (a) Lcyili^', Ziiv Aiialonue und llisloioijie (^er Cliiincra nicMisliiios:! (Miiller's Archiv, tS5t, p. iJO-i). — Bcitr. ziir Annt. iind Kntw. iter liorlien wnl Haie, \>. 15. — Anatomisch-Mstoln- (jische Untcrsuchiuigen iiber Fische vnd lieiilihen, p. lut, pi. i, fig. 17). (6) Vulpian, A'ofc sur quelques réactions propres A la substance des glandes surrénales {Comptes rendus de l'Acad. des sciences, iSfiO, t. XIJII, p. iHYi). (c) Vulpian, Note sur les réactions propres au tissu des capsules surrénales c/ici les Reptiles {Comptes rendus de la Société de biologie, '2* série, 18J0, l. III, p. 3i3). (dj Clo(>7. cl Vulpian, i\ole sur l'e.risicnce des acides hippurique et choléique dans les capsules surrénales des Herbivores [Comptes rendus de IWcad. des sciences, ISjT, l. XI. V, p. 340). (f) \irclio\v, Zur Cliemie der i\ehcnnicrcn (Archiv fiir palholuyische Analoinie und l'hysiol., 1850, I. XII, p. 48). (/') Cuvicr, Lej'onjy d'anatumic contparce, i. NUI, p. (i"S. (y) Meckcl, Manuel d'anatomie descriptive, liail. p:n' .iHunlnn, I. III, p. jl)3. (h) IJci'j^niann, Op. cit. — U'yiVv^, l.ehrbuch der Histologie,]^. ISH. GLANDES IMI'ARFAITKS. THYROÏnE. 219 ^ 0. — 1^0 rorps thyroïde, qui, ehe/ riiomme, occupe la parlie antérieure et inférieure du cou, et (pii se retrouve chez la phi- part des aulres Vertébrés, est aussi une glande imparfaite com- plexe , mais dont les utricules sécrétoires tapissent la paroi Corps llivroiJe. hypothèses ne reposaient sur aucun raisonnement plausible et n'excitèrent (pie peu (l'attention. Il n'en fut pas (le même des opinions émises dans ces dernièîres années par M. Addison et qnekjues aulres physiologistes au sujet de l'influence des capsules sur- rénales sur la production du pigment cutané et sur la manière dont diverses onctions importantes de l'organisme s'accomplissent. Vers 1855, M. Addison remar(pia une coïncidence très fré(piente entre un état morbide des capsules surré- nales et la coloration en brun plus ou moins intense de certaines portions ou même de la totalité de la peau chez des individus de la race blanche ; il constata aussi (jue cet état particulier des tiguments appelés peau hrunzcc est accompagné de désordres graves dans l'organisme, et en général ne larde pas à être suivi de la mori {tt). Plusieurs observations analogues lu- rent recueillies, soit en Angleterre , soit en France ou ailleurs (6), et, peu de temps après, M. lîrown-Séquard publia les résultats d'expériences dans lesquelles il avait extirpé les capsules surrénales chez des Lapins et d'autres Mammifères. Cette opération avait été suivie d'une mort très prompte (c) ; (a) Addison, Ou the ConsUtutionnI and Local Effecis of Disease of the Suprarenal Capsuler. l.oiidoii, 1855. (1)} McUenhcimer, Cas de peau brnmée observe en 1853 {Gazette hebdomadaire demédeclne, 1857, t. IV, p. 23). — J. Hiilcliiiisoii, Séries illustrating the Connexion beliveen Bronzed Skin and Disease of tlie Suprarenal Capsules [The Médical Times, 1855, t. XXXII, p. 593; 185G, i. XXXIII, p. GO, 233, etc.). — Rues, Case of Bronzed Skia (The Médical Times, 1857, t. XXXV, p. (345). — CoUon, Case of Bronzed Skin {The Médical Times, 1857, t. XXXVl, p. 33). — Trousseau, Observation d' un cas de peau bronzée {Gazette hebdomadaire de médecine, 185G, t. III, p. 621 et 890). — Malheibe, Observations cliniques {Gazette hebdomadaire de médecine, 1850, t. III, p. G33). — Wmgoni, SiugxUière altération des capsules sitrrénales : peau, bronzée {Gazette hebdoma- daire de médecine, 1856, t. III, p. 924). — Spender, Maladie d' Addison et absence congénitale des capsules surrénales (Gabelle licbdo- madaire de médecine, 1858, t. V, p. 774). — Cliarcot et Vulpinn, Phthisie pulmonaire, albuminurie, coloration bronzée de la peau et altération granuleuse des capsules surrénales {Comptes rendus de la Société de biologie, 2" série, 1857, t. IV, p. 146). — Secorid-Féréûl, Observations et réflexions sur un cas de coloraiion bronzée de la peau {Mém. de la Société de biologie, 2* série, 1856, I. III, p. 23). — Gromier, Maladie broniée de la peau (Gazette médicale de Lijon, 1857, t. IX, p. 257). — Damier, État actuel de nos connaissances sur la maladie bronzée d' Addison (Archives générales de médecine, 5' série, 1857, t. IX, p. 31). (c) l'récédcmmeiU iM. Graliolet avait pratiqué au5^i l'eNtirpalioii des capsules siiriéiialos cliez des Cochons d'Inde, et il n'avait pu conserver aucun de ces Animaux vivants quand il opérait du côlé droit [Sote sur les effets qui suivent l'ablation des capsules surrénales (Comptes rendus de VAcad. des sciences, 1856, t. XLVIII, p. 4r,8}. 250 SÉCRÉTION. interne de capsules vcsioulaires, de Aieon à laisser au centre de chacune de celles-ci une cavité close renfermant le liquide ot, (V.'ipirs les n'-siilldls oijloniis parla tiaiisrii?sion du sang des Animaux ainsi niiililés, cet aiUciir lut conduit à pon- sor que les capsules surrénales étaient non - seulement des organes d'une grande importance physiologique , mais qu'elles étaient chargées , soit d'empêcher la formation de certaines matières toxiques ainsi que du pigment cutanéqui tendraient toujours à se i)ro- duire dans l'organisme, soit à détruire ces matières à mesure qu'elles se développent (a). Ces hypotlièses ont donné lieu à beaucoup de discussions parmi les médecins et les physiologistes; mais elles ne paraissent pas reposer sur des hases solides, et ni le dévelop- pement du pigment cutané, ni l'accom- plissement des fonctions de nutiition ou de reproduction, ne semblent être subordoimés à ractivité fonctiomiclle des glandes surrénales En effet, d'une part, les médecins ont vu des malades dont la peau était bronzée et dont les capsules sm-rénales n'oiïraient aucun signe d'altération pathologique (/;), tan- dis que chez d'autres individus dont la peau avait conservé sa teinte ordi- naire , ils ont trouv('' par l'autopsie que ces organes manquaient complè- tement (r) ou étaient le siège de lésions graves ((/). D'autre part , (a) Brown-Séquard , Heclicrchcs sur la phrjsiologie et la patliologie des capsules surrénales [Comptes rendus de l'Acad. des sciences, dK5G, (. XLVill, p. 522 et 442, et Archives générales de médecine, ^' sine, t. VIII, p. 38.5 et 572). — lilem, Nouvelles reclf^rches sur l'importance des fonctions des capsules surrénales Uournnl de physiologie, 1858, t. 1, p. iOO). {/;) Piii'cli, Cas de peau bronzée (Gazette hebdomadaire de médecine, ISôfi, t. III, p. 70G). — Friclie, Case of Cirrhosis of the Liver and Bronzed Skin (The llritisli and Foreign Med. Chir. Revew, d857, t. XX. p. 355). — Parties, Case of great l'igmenl Deposit in the Skin (so called Bronzed Skin) willinul Discase ofihe Suprarenal Capsules (The Médical Times, 1858, t. XXXVIII, p. CO). — Tigri, Cachexie mélanique (Cax-ette hebdomadaire de médecine, 1857, t. IV, p. 38(i). — Hiirlcy, liroming of the Skin with llealthii Suprarenal Capsules (The Médical Times, 1858, t. XXXVIII, p. 5G4). 11 est aussi à noter que des cas de pc.iii bronzée sans étal p:illu)lo^ii|uo des capsules surrénales ont été observés sur des Vaches par M. Dupont (Gazelle hebdomadaire de médecine, 1857, I. IV, p. 350). (c) Freiderich, Einige Fdlle von ausgedehnter amyloidcr Erkrankung (Vircliow's Archiv fur path. Anal., 1857, t. XI, p. 387). — Harley, An Expérimental Inguiry into the Functions of the Suprarenal Capsules and their supposed Connexion with DronzedlSkin [ftritish and Foreign Med Chir. Heview, 1858, t. XXI, p. 500). — Ferrocl, Cancer des capsules surrénales, etc., sans coloration broniée de la peau (Gax-ette hebdomadaire de médecine, 1857, t. IV, p. Cil). — Kirkes, Four Cases in which the Suprarenal (Uipsules trere one or both discascd, no fironzing of the Skin having been notized (Médical Times, 1857, t. X.XXV, p. 35). — Peacock, Two Cases in which the Suprarenal Capsules were found Diseased after Healh, and no Uronzing of the Skin had existed (The Médical Times, 1857, t. XV, p. 8). — Dayol, Allération des capsules surrénales (Gaielte hebdomadaire de médecine, 1857, t. IV, p. 370). — 1,1'teMncnr, CmuciI' des deux capsules surrénales sans altération de la couleur de la peau (Gazette hebdomadaire de médecine, 1858, i. V, p. 013). (d) A. de Mariini, Sur un cas d'absence congénitale des capsules surrénales (Comptes rendus de l'Acad. des sciences, 1851!, t. XLVIII, p. 1052;. tiLANUES IMl'AlU'AlTIiS. TllVllUIDE. 2'2l sécrélc [)ar ces orgaiiites. Par sa disposition ^('ncralc cl son as[)ecl, ainsi que [>ar les earactères analoiniqiies (iiio je viens d'indiijuer, ce cor[)S ressemble beaucoup à certaines glandes ordinaires, et il paraît avoir une origine analogue (1) ; mais on n'y découvre aucune trace de canaux excréteurs, et les malières stM^-rétées dans son intérieur ne peuvent en être extraites que par absorption (2). Il est très ricbe en vais- seaux sanguins, et, dans l'espèce liumaine, il est sujet à une sorte d'iiypertropbie , d'où résultent les tumeurs appelées M. Philipeaux cl quelques aulres phy- siologistes ont coiislalé expérimenta- lement que Texlirpation des capsules sunénales i)oii\ ait être pratiquée sans qu'aucun trouble permanent en résul- tât dans l'ensemble de l'organisme, et sans que la perte de ces glandes fût suivie d'aucun changement dans la coloration du pelage. Des llats et d'autres Alanmiil'èrcs ali)inos conser- vèrent un pelage parfaitement blanc après l'extirpation des deux capsules surrénales, et vécurent pendant fort longtemps après l'opération ; quelques- uns même se sont reproduits après avoir été mutilés de la sorte [a). 11 eu résulte que, dans l'état actuel de nos connaissances, on ne peut former aucune conjecture plausible sur les fonctions de ces organes. (1) Les recherches de M. llemak sur lé développement des corps thy- roïdes chez le Poulet tendent à établir que ces organes naissent de deux pro- longements du tissu épithéliquedu pha- rynx, qui, par suite de rétranglemcnl de leur pédoncule, se sépareraient du tube digestif et s'isoleraient (6). (2) La glande thyroïde, que quelques auteurs préfèrent appeler le corps tinjroïde, afin de ne rien préjuger quant à ses fonctions, était connue de (lalien (r) et de plusieurs anatomistes de l'époque de la renaissance (rf),mais on est resté longtemps incertain au sujet de l'existence ou de l'absence de ca- naux excréteurs pour Tévacualion de ses produits (e). Sa structure interne n'a été bien étudiée que de nos jours. Enfin , son développement a été ob- (a) Pliilipc;nix, Noie sur l'cxtirpalion des capsules surrénnles sur Us llats albinos \CompUs rendus de. l'Acad. des sciences, 1850, l. XLIII, ]>. 90 i cl 1155). — Hai-ley, An Expérimental Inquinj into the Fnactioii of the Suprarenal Capsules and thrir supposcd Connexion with Bron.z-cd Skin {Dritish and Foreiga Medico-Chir. Heview, 1858, t. \\1, IL 204 el suiv.). {b) Rcmali, Untersuchuiigcn ûber die Enlwickclunn der Wirbetlhierc, i>. 3'J ot 1"2"2, etc. (c) Voyez Morij.igni, Adversaria anatomica, lib. I, c. xxvi. ((/) Vcsale, De corporis humani fnbrica, lib. VI, cap. iv. — Wliarloii, AdenoQraphia, 1G5G. — Santorini, Observationes anatomicœ, ITii. — Laloui.'llc, Recherches anatomiques sur la glande thyroïde {Méin. des Sav. clraiig., 17 iJ, I. I, p. 150). (e) Haller, De parlium corporis Inmani prœcipuarum fabrlca et fiuicUoiubus, t. Vit, \i. 2G1 el suiv.). ^'S'i SKCHÉTIO.N. goitres (1). Mais l'analyse cbimiqiie des produits de cette glande n'a jeté aneune lumière sur ses fonctions ('2), et nous sommes dans une ignorance complète au sujet de son rôle dans l'organisme (3). Aussi ne m'arrèterai-je pas davantage sur son histoire anatomique. serve' i)ar \1M. Iliisclike , Arnold , Disclioir, Goodsir ot U. Gniy (ti). (1) Les Oiseaux ne sont ])as exempls de cette afleclion dti corps thyroïde : dernièn.'ineiit j'ai en l'occasion d'ol)- servcr un goitre énorme chez un Per- roquet. (2) Par quelques expériences faites par M. lîoarle, on voit que le licinide roidl-rnié dans la glande thyroïde ne contient pas d'albumine coagulable, mais une matière albuminoïde ; il n'y a découvert aucune trace d'urée ni d'acide urique; enfin, chez le Hauif il y a rencontré de la gélatine et quel- quefois il a trouvé dans ce corps des cristaux de phosphate et d'oxalate de chaux (1)). l'ius récemment on y a constaté la présence de la leucine (c), de l'acide lactique et de riiypoxan- thine (d). (3) La glande thyroïde di' Tllonnue est un organe bilohé donf les deux moitiés sont réunies entre elles par une portion médiane, mince et étroite, appelée isthme. Elle est située au de- vant de la trachée, à laquelle elle adhère (e). Sa disposition est à peu près la même chez les autres INIaunni- fères (/■), mais chez les Oiseaux ses deux moitiés ne se réunissent pas, et se trouvent sur les côtés de la tra- chée, près du bord inférieur du la- rynx (g). Chez les Reptiles , cet organe est (|uelquefois double {h) , mais en général il est impaire, et du reste (h) Voyez H. Joncs, art. Thvuoid (;lan'd (TckW's Cydoptedia of Anat. and Physiol., t. IV, p. 1 lOCJ. ib) Iliiscliku, Vebev die Lhnb'Miing des Darmkanals und der ^"lCl^e)l der t'i'oscliquappcn {Isls, 182G, p. 021; 1827, p. iOS). — Arnold, Lehvbuch der l'Iiyninlogie des Menschen , iBi'i {Saliburij medicinisclie Zeiluiuj , 1831, t. IV, p. 301). — Biï^clioll", Développement de l'Homme cl des Mammifères, p. 21)2. — (looilsir. On the Suprarenal, Tliumus and Tlnjroid Bodies {Philos. Trans., 184(5). — H. (ïray, On Ihe Development of the Ductless Glands in the Cliick (Philos. Trans., 1852, p. 305). (c) l''rcriclis et StiKilcr, Weiterc lieilrâge zur Lehre vom Stoffwandel (Muller'.s Arehiv fiir Anat. und Physiol., 1850, p. 44). (rf) Gorup-liesanc!!, Uebcr die cliemische lieslandtlicile einiger Driïsensàflc {Ann. der Chenue und Pharm., ISSO, l. XCVIII, p. 1). (c) Voyez Bourgery, Analomic descriptive, l. IV, pi. 1. (/ ) Mcckcl, Abhandlung ans der menschlichen und vergleichenden Anatomie und Physiologie, isuo. — Ciivicr, Leçons d'analomie comparée, l. VLIl, p. 0"2. — Turner, On the Thyroid (iland in Celacea {Proceed. of the llyijal Soe. of Edinburgh, 1800, I. IV, p. 319). ((/) l'cnault, Description de sLe Outardes, Ném. pour servir à l'histoire nulnrclle des Animau.v, 2" (larlie, p. lU'J (Mt'm. de l'Acad. des sciences, t. III, 1"32). — Bcllanti, De organo vncis {Comment. Ilononiensis, 1783). — Owuii, ai'l. AVKS (Toil l's Cycbip. oj Anat. and Physiol., I. 1, \>. 348). — Simon, On Ihe i loin para tire Analomy of the Thyrohl Gland {Philos. Trans., 18 54, y. 2'J5). (h) l'ar exemple, chez Vlstiurns (Simon, loc, cit., p. 297). GLA.NDKS IMPARFAITES. — THYMUS. '^'-ô ^ 7. —C'est aussi à cette catégorie de glandes impariaites complexes, à réservoirs intérieurs, qu'il faut rajtporter un organe fjui a reçu le noui de thymus, et ne parait avoir (rimporlanec Thyiuns, il n'est que peu développé {a). Chez les Batraciens, la glande thyroïde est ru- dimentaire (6), et M. Ilnschke Ta con- sidérée comme étant un dernier ves- tige des branchies du Têtard (c) ; mais cette hypothèse n'est pas soutenablc aujourd'hui que l'on a constaté l'exis- tence de cet organe chez les Péren- nibranches (d). On le retrouve aussi chez le Lepidosiren {e). M. J. Simon, à qui on doit des recherches spéciales sur ce sujet, pense que la glande thyroïde est représentée chez les Pois- sons, tantôt par des amas de vésicules réunies en une masse glanduliforme près de la terminaison du tronc de l'artère branchial, d'autres fois par les ganglions vasculaires qui se trou- vent dans diverses positions près de l'apipareil hyoïdien, et qui ont été décrits par la plupart des analomistes sous le nom de branchies accessoires ou de pseudo-branchies (/"). Cette der- nière hypothèse (r/) n'est pas fondée sur des bases suffisantes (/)) ; mais certains Poissons paraissent avoir réellement un organe analogue à la glande thyroïde des Vertébrés pulmonés: par exenqile, les Ganoïdes, et plus particulièrement l'Esturgeon, où les vésicules dont je viens de faire mention constituent, der- rière la mâchoire inférieure et à l'ex- Irémité aniérieuredu tronc branchial, un organe arrondi ou ovoïde et sub- lobulé, qui contient nn liquide lai- teux {i). D'autres organes, qui ont été observés au-dessus de l'appareil bran- chial chez les Haies ( j) et les Squales, et qui ont été considérés par quelques auteurs comme étant aussi les ana- logues du corps thyroïde, paraissent représenter plutôt le thymus, comme nous le verrons bientôt. Chez l'Ilomme et les autres Ani- maux, une tunique fibreuse en coiiti- nuité avec les expansions aponévro- (a) Par exemple, cliez les Tortues, où cet organe a été pris pour le tliymus par Bojanus (;l//(!/. Testudlnis europœœ, fig-. UO, 150 et 173), ut chez la Vipère, où la même erreur de déteriiiinalioii a été commise par (pielques analomistes. — Cliaras, Anatomie de la Vipère {Mém. pour servir à l'histoire nalureUe des Àniimux, par Perrault, etc., 2' partie, p. 238, pi. 61, fig- 2, D. (6) Carus, Traité élémentaire d'anatomie comparée, t. II, p. 294, pi. 13, fig. 4. (c) Hu^chke, Ueber die Umbildung der Darmkana Isund der Nieren der Froscliquappen {Isis, 1826, p. 021). (d) Exemple? : le Monobranchits lateralis ut le Menopoma (Siuion, lac. cit., p. 2it8). (e) Bischoff, Description anatmiiique dii, Lepidosiren paradoxa (,l?iH. rfcs sciences nat., 2° série, 1840, t. 1, p. 47). (f) V'oycz ci-dessus, tome II, page 238, et tome III, page 342. {g) Simon, Op. cit. {Philos. Trans., 1844, p. 300 et suiv.). (h) Owen, Lectures on the Comp. Anal, and Phijsiol. of the Vertébrale Animais, p. 269. (i) Slannius et Siebold, Lehrbuch der Zootomie, 1854, t. I, i». 255. — Simon, Op. cit. (Philos. Trans., 1844, p. 300). (j) Robin, Sur l'anatomie d'une nouvelle glande vasculaire chez les Plagiostomes et sur la structure de leur glande thyroïde {i'[nstilut, 1847, t. XV, p. il).— Hecherches sur un appareil qui se trouve c/ici les Raies et qiii présente les caractères anatomiqu.es des organes électriques [Ann. des sciences nat., 3' série, 1847, t. VU, p. 201). 22!x iECRETIOX. qiio cliez rcmbryoïi. Il existe, dans le jeune âge, eliez tous les Vertébrés , e.\ce[)té «luelqiies Batraciens pérennihranelies et la [ilupart des Poissons ; mais il s'alrophie ou disparaît même tiques adjacentes ontoure la glande thyroïde, et envoie dans sa substance nne mullitnde de proloni^enients qui se réunissent entre eux de iaœn à diviser celle-ci en lobes et en lobules, Lestronia ainsi constitué se compose de faisceaux (le tissu conjonctif qui s'entrecroisent dans tous les sens et qui sont mêlés à des libres élastiques très fines (a) ; il contient des vésicides adipeuses et un grand nombre de vaisseaux sangnins(6). La substance de la glande logée dans les lacunes laissées i)ar le stroma est lormée par de grosses vésicules arron- dies, qui chez rilomme ont envi- ron t) ""',0/i à 0"',i de diamètre, et qui sont constituées par une capsule mem- braneuse très fine dont la surface inlerne est tapissée de lissu épitiiéli- que. Les utricules qui composent ce deiiiier lissu renferment un ou plu- sieurs noyaux et se trouvent à divers degrés de développement. Tanlôt elles ne forment qu'une seule couche, d'au- tres fois elles sont accumulées de façon à donner naissance à un revêtement très épais ; mais, dans l'état normal, elles laissent toujours au centre de chaque capsule un espace libre qui est occupé par mi liquide plus ou moins visqueux (c). M. Kohirausch avait cru (pie ces cellules épiihéliales t'taientdes globules sanguins en voie de dévelop- pement (il) , mais cette opinion n'est pas admissible. 11 est aussi à noter que le tissu de la glande ibyroïde (Sl sujet à beaucoup d'all(''ralions [)atliolo- giques qui souvent en masciuent les caraclèrcs histologiques (e). Les pbysiologistos ont fait diversi's liyi)othèsessur les usages de la glande tinroïde, mais nous ne savons rien de .positif cl ce sujet. Les uns ont pensé que ce corps était une sorte de réser- voir sanguin deslini' à régulariser la circulation dans les vaisseaux de la lèle (/') , mais la plupart des auleiu's le considèrent connue un organe sé- (ft) !t. Joncs, ail. TiiYnou) Gland (Todd's Cijclop., t. IV, p. HiO). (/)) Voyez Kiilliker, Éléments d'Iiistologic, p. 523, fig. 243. (c) Les arlèrcs rpii se rciuleiil à la glande lliyroïdc do riloiiimc sont très grosses et au iiimdirc do quatre ou ciiiii, savoir : une paire d'arlères liijroidicniics supérieures (pii naissent, des carotides e.xlernes; une paire d'artères tliyroïdieunes iul'érieures ijui proviennent ilcs sous-clavièrcs, et quel- quefois un vaisseau impaire appelé artère lliyruïdienne de Naubauer, qui se détache direclcnienl de la crosse de l'aorte (voyez liourgery, Anatomie descriptive, l. iV, pi. 15). {dj i. Simon, A PliyswlogicaL Essay on (lie Thymns Gland, 1845, p. 78, iig. 40. -- Noiliker, Op. cit., \>. 523, li-. 243. — II. Joues, Up. cit. (Todd's Cijclop. uf .\nal. and l'Iiysiol., p. 1 104 et suiv., lii;-. 733 h 743). {e} Kohirausch, llcilrd'jc utr hcujitniss dcr Scliilddviisc (Muller's .Irt'/iiy [ùrAnat. tnid l'iiysicd., 1853, p. 142, pi. 4, fi-. 1-4). (/) A. Ecker, Yersuch clncr Anatomie dcr primitivcn Formen dc.t Kropfcs ijegriutdcl auf L'ntcr- iuchungea iiber dcn normalen llau dcr Scliilddriisc (Zeitschr. fiir rationnelle Mcdnin, 1847, t. VI, p. 123). — Hokitauskv, 2i()' .l«a/o)»ut' des lirnpfes {Méni. de l'Acad. de Vienne, 1849, t. I, p. 243, pi. 28). — I. étendre. De La thyroïde, thèse. Paris, 1852. — M(di;jion, Des fonctions des lobes thyroïdes des .Vaininifi'res et du corps thyroïde dans l'es- pèce humaine (Comptes rendus de IWead. des sciences, 18 13, I. .\\l, p. 1 200). (;l.vm»i;s imi'aiuâitks. IHVMLS. Hlfi c'oiiiplétoiiieiil chez la plupart des Animaux aduKes (1 j. Il se trouve à la })ai1ie antérieure du thorax ou à la base du eoii, crétour. Il est, du reste, à noter que sou extirpation a pu être pratiquée sans qu'il en résultât aucun trouble permanent dans les fonctions de Téco- noniie (a). (1) L'existence du thymus paraît avoir été constatée pour la première fois par les anatomistes de l'école d'Alexandrie, car Hippocratc et Aris- tole n'en font pas mention, et lUilus d'Éphèse , l'un des prédécesseurs de Galien, en parle (6). La structure de cet organe et sa ressemblance avec les glandes ordinaires furent indiquées par Wharton, ainsi que par plusieurs autres auteurs du xvii'' siècle, et l'un d'eux , Blasius , en fit la dissection chez un assez grand nombre d'Ani- maux (c). A une époque plus récente, l'étude du thymus fut poursuivie avec succès par Meckel , Lucœ , Tiede- inann et Asiley Gooper ((/), mais c'est à ^\\\. J. Simon, Jcndrassik et Fried- leben que l'on est redevable des re- cherches les plus approfondies sur la structure intime et sur l'iiistoire com- parative de cet organe chez l'Homme et les Animaux (c). Pour plus de détails sur les travaux dont il a été l'objet, je renverrai à l'ouvrage de ce der- nier anatomislc et à des publica- tions précédentes faites par Becker et Haugsted (/"). J'ajouterai que le thymus du veau est connu dans le langage vulgaire sous le nom de ris de veau. Cet organe commence à se déve- lopper de très bonne heure chez l'emliryon. Quelques anatomistes l'ont considéré comme étant primitivement une dépendance de la membrane mu- queuse des voies respiratoires (ij), ou comme faisant d'a])ord corps avec la glande thyroïde (h) ; mais il paraît se constituer isolément sous la forme d'un (a) Bardleben, Note sur les exlirpations de la rate et du corps thyroïde {Comptes rendus de l'Acad. des sciences, 1844, t. XVIll, p. 4S5). — Observ. microsc. de glandularumdiictu excret. carenliuin struciunt, (dissert. inaug;.). Berolini, 1841. (b) Voyez, à ce sujet, l'ouvrage de M. J. Simon, iiililulé : .1 Physiological Essaij on tlie Thymus Gland, iii-4, 1845. (c) Blasius, Anatome Animalium, lOSl. ((/) Meckel, Ueber die Schilddriise, A'ebennieren und einige, ihnen verwandte Organe {Abhand- Uuigen ans der menschlichen lond vcrglciclienden Anatomie und Physiologie, 1803, p. 19G et suiv.). — Lucœ, Aaatomische Untersuchungen der Tliymus im Menschen tind den Thieren. Fraukf , 18H. — ïiedemann, Bemerkungen ûbcr die Thymusdrûse des Murmelthieres (Meckel's Deutsches Archiv fiir die Physiologie, 1815, t. I, p. 481. — Asiley Cuoper, The Anatomy ofthc Thymus Gland, 1832. (e) J. Siuioii, A Physiological Essay on thc Thymus Gland, 1845. — SclialTncr, Zur Histologie der Schilddriise und Tlti/mus (Zeitsclirift fiir ralionelle Medii-in, 1849,1. VII, p. 340). — Prie liebeii. Die Physiologie der Thymusdriise in G^^siuidheil und Kraiikheit. Fj-aiikf. , 1858. — Jendriissik, Anatomische Untersuchungen iïber den Ban der Thymusdriise (Sitxungsbericht der Akad. der Wissensch. von Wien, 1857, t. XXll, p. 75). {I j Betker, ])e glandulis thoracis Igmpkaticis atque thy no (Jissci't iuau^'.). Berolini, 18'2G. — Uiiugsiod, Thymi in Homine ac per sericm Auimatium descriptio anatomv;a, pathologici et phgsujloyica, in-8. Ihfniie, 183:!. (y) Arnold, Lehrbucli der Physiologie, i. Il, p. 205, et Kuric Angnbcn ciniger an'itoniischcn Bcobachtungcii {Sal3,burger Medic.-chirurg. Zeitung, 1831 , t. 11, p. 2j7). [hj BiscliolV, Traité du développement de l'Homme et des Animaux, irad. p,ir Jourhui, p. iJuj. VII. 15 ''2'2C) sÉCK^:Tlo^. cL se com[)uso (riinc mulliludc de iobulins ou ij;ruiiu'ics réunis en lobules, (l:ins Tiiilérieur desfjucls se Irouvcnt des eavités petit c\liiulre torliKMix situé de chaque côté de la région cervicale, prrs du bord des arcs viscéraux (o). Chacun de ces cyliudres devient promptcmciit x\n sac tuhiiliforme, et lesparois do celui-ci donnent naissance à des prolongements vésiculaires dont la disposilion se com- plique de plus cil plus, et dont la partie inférieure, chez THominc et la plupart des autres Vertébrés, ne larde pas à se réunir à son congénère dans une étendue plus ou moins considérable. La plupart des auteurs datent sou apparition de la huitième semaine de la vie embryonnaire dans l'espèce hu- maine {b), nuiis !\1. Kolliker en a con- staté la présence chez un euibryon de sept semaines (c). yV partir du troisième mois, le thymus grossit j-apidcment, et il atteint son plus haut degré de dé- veloppement relalil" vers la tin de la vie Iditale ((?) ; cependant il continue encore à grandir pendant quelque temps après la naissance, non-seule- ment chez l'enfant, mais chez tous les Animaux où les anatomisles en ont étudié le mode d'accroissement, sujet qui a été l'objet de beaucoup de re- clierches de la part de Haugsted et de quckjues autres auteurs (e). Chez les Oiseaux, le thymus ne larde pas à s'atrophier, et chez la plupart des Mammifères il reste dans un état sla- tionnaire jusqu'aux approches de l'âge de la puberté, puis il diminue de vo- lume peu à peu, et en général il dispa- raît chez l'adulte. Ainsi, dans l'espèce humaine, cet organe ne change guère (le la deuxième à la douzième ou treizième année, mais en général il commence à s'atrophier vers l'époque de la puberté, et n'existe qu'à l'étal de vestige chez les individus de vingt à vingt-cinq ans. Quelquefois, cepen- dant, il persiste davantage : ainsi on l'a trou VI" souvent bien développé chez ])lusieurs hommes de cet âge (/"), et parfois on en a aperça des vestiges chez des individus d'un âge beaucoup plus avancé {(j). (a) i. Simon, A Physiolooical Essaij on thc Thyimis Gland, p. 20, Cig. l. (b) Wrisberg, Dcscriptio anat. embryonis, IHU, p. 23. — Mcckel, Manuel d'amitomie descriptive, l. III, p. 549. — Rurdiicli, Traité de physinloyie, I. 111, p. SOk — llaiigsteil, Tiujmi in lluinine ac per scriem Animalium descriptio, p. 92. (c) KoUikor, Éléments d'hisloloyle, p. r)oO. (dj On trouve dans l'ouvrage li'Astlcy Coopcr une série de figures représentant lo développement du thymus do mois en mois cliez le fœtus luiniain {The Anat. of the Thymus Gland, pi. 3, fig. 2 il 9 ; pi. 5, lig-. 9, etc.). Une série plus coniplèlo do lii^ures analogues a été donnée par Haugsted d'après des préparations appartenant poin- la plupart au Musée analomiipie de M. Eschriclil à Copen- hague (llaMgsicd, Op. cit., pi. \ et 2, fig. 1 à 17). (c) Ilangslcd, Op. cit., p. 89 et suiv. — J. Simon, Op. cit., p. 28. — Friedloben, Die Physiologie der Thymusdriisc, 1858, p. 208 et suiv. (/"; Krause, Vermisclitc licobachtunycii und IScmerkumjcn (Miillor's Archiv lïwAuat. und l'hysiol. , 1837, p. (5). (y) Meckel, Abhandl. ans der mcnschl. undvcryl. .\nat., p. 234 et suiv. — - llaugstrd. Op. cit., p. 18'? et suiv. — J. Simon, Op. cit., p. 31. — Uovd (voyez llcwsoii's U'ol'As, p. 201, noie OXVII. — iMicdleben, Op. cit , p. 292, (GLANDES l.Mi'AHFAITKS. THYMUS. '2^27 irregulières (lui L'oininimi()Lieiit les unes avee les antres, et qui donnent à rensenible de l'organe nne apparenee eaverneuse. Ces eavités ne paraissent être que des laennes ou mailles du tissu eonjonctil', dans la substanee duquel sont logés des agré- gats de eellules dont les earaetcres anatomiques rappellent beaucoup celles des glandules de Peyer dans la tunique La plupart des auteurs qui ont étudié le thyjnus chez les divers Animaux pensent (pie dans certaines espèces il a une existence permanente : ainsi on a cité les Chauves- Souris (cliuli's Uulcrsuch. zur Naturïehre des Mcuscken und der Thiere, 1857, t. II, p. 15 el tuiv. — Fi'ieillcbeij, Op. cil., p. -11)3 cl siiiv. ij} F. Simon, Op. cit., p. 42. [li] Fiicdleben, Op. cH., ^,. 103. !228 SEGKETIOiX. niiKliieusc (le riulcstiii (1), muis qui prcsenicnt quelques particularités tic structure {"2). On n'a pu faire que des conjectures très vagues rpiant aux usages de ce corps; ou en a pratiqué l'extirpation sans déterminer aucun cliangemcnt (1) Voyez tome VI , pa^e Zi05. (2) Dans l'espèce humaine, le thy- mus, logi! en majeure partie dans le médiaslin antérieur, derrière le ster- num et au-devant du péricarde, se prolonge plus ou moins haut dans la région cervicale, au-devant et sur les côtés de la trachée {a). Par son aspect il ressemhle en général beau- coup aux glandes salivaires, quoique plus rouge, et il se compose de deux lobes inégaux qui sont toujours dis- tincts organiquement, quoique unis en apparence d'inie manière intime. Ces lobes sont à leur tour divisés en lobules qui sont reliés entre eux au moyen d'une sorte de pédicule lon- gitudinal (b) , et ordinairement com- mun, contourné en spirale (r). On trouve dans rintihieur de cet organe des cavités irrégulières qui conununi- quent entre elles et qui y donnent une a|)parence caverneuse, et l'on désigne conununément sous le nom dt' caïuil lhijini(iue, ou de rét^ervoir du thymus, celle qui occupe l'axe du pédoncule ; mais les anatomistes ne sont pas d'ac- cord sur la nature de ces espaces. La plupart des auteurs considèrent ces cavités comme une sorte de poclu* close autour de laquelle serait disposée le tissu propre di' la glande (rf) ; mais d'autres pensent que ce sont des ré- servoirs anormaux , et qu'elles résul- tent eu partie de l'élargissement des espaces interirabéculaires du tissu con- jonctif profond, en partie de la dilata- tion et de la rupture de quelques cel- lules propres. En effet, on a constaté que leurs parois n'ont pas de revête- ment épithélitiuc cl ipic leur disposition est très variable (e). Les granulations qui entourent ces cavités irrégulières (/"), et qui consli- tuent la substance propre du thymus, sont des organites qui ont quelques analogies avec les follicules de Peyer dont il a été question dans une précé- dente Leçon (g). Elles sont pleines et composées d'ulricules, de noyaux de cellules et de vaisseaux sanguins, ainsi que de corpuscules particuliers formés (a) A. Coopei', The Anatomij ofthe Tliymns Gland, pi. 3, li^. 2 à 13 ; pi. 5, fiij. 9 . (h) Kdlliker, Élcinents d'histologie, p. 520, li^. 240. (c) A. Cooper, Op. cit., pi. 2, lig. 2, 3 et 4. — .). Jones, Op. cit. (Tudd's Cijciop., t. IV, p. lOS'J, fii;. 721). — Ecker, Op. cit. (Wa^iiei's llandwurterh., t. IV, p. ll.">, fi?, t). — HiiM'kc, Trailr de splanchnologie, p. 282. — Liegcvis, AnatoiiUe et physiologie des ijlaades vusculaircs sangaincs, llièso J'.iui-égaliori, 18(10, pi. t, li^'. 0 et 7). ((/) A. Cooper, Op. cit., pi. 4, li;,'. G, 'J, H et 12, — Kollikcr, Op. cit., p. 527, li;,-. 24(), 247. (e) l'iicilliîlicii. Die l'hysiologie der Thymusdriisc, p. G. {/■} Simon, Uj). cit., p. S2, lii;. 55. — Kollikcr, Up. cit., p. 52S, |i^'. t'û. (il) Voyez li'iiie \ I, piipC i05. GLANDES IMPARFAITES. THYMUS. t229 ])ien iiolnltle dans lYMiseiiible des pliénouiènes |)liysiulogi(|ues oii (l:ins (|iiel(jiies foiuMions en |):ir(ir)ilier, ot l'on ne s:iit (|uo sur les cùk's de la irachéc-artèrc (s, il existe de chaque côté du péricarde, ilerriôro les bran- chies, un corps lobule dont chaque division se compose d'une double série de cellules à noyau appcndues à des vaisseaux sanguins. Millier avait d'abord considéré ces or- ganes glandulifonnes comme étant des capsules surrénales ; mais ils pa- raissent plutôt représenter le thy- mus (j). (1) Ouand le ihynuis est en état d'activité fonctionnelle, on y trouve un li(iaide grisâtre ou laiteux qui pré- sente une réaction légèrement acide, et qui se compose d'une sérosité albu- mineuse tenant en suspension une foule de noyaux, quelques cellules, et, dans certains cas, des corpuscules à (a) Exemples : la Coiiloiivrc, le iîoa, etc. (voy. Simon, Essay on the Thymus Gland, p. (il, fig. 42 à 34). (6) Exemple : le Crolalc (voy. Simon, Op. cit.., p. (10, (ig. 40). {('.) Simon, Op. cU.,\). 02, Cig;. 40. ((/) Idem, iliid., \>. G3 el suiv. (e) Lcydifj, Aiuiloinlsrh-lti.stnlofiisrhc llntcvmrhunQen iiber Fische nnd Replilien, 4853, p. ()2, pi. 2,.fi(;. ii. — l.chrliuch dcr llmlnlmjie, \>\. 430, lii;. 214. (/■) Leydifr, .\nal.-hist. Uniers., p. «3, pi. 2, ti^;. H), et pi. 3, 11-. 21. ((/) Folmiiinn, Dus Sartgndersystem der W'ivbcUMevc, y. 44. — r.obin, Op. cit. (.\nv. des sciences nat., 3" série, 1847, (. \'II, p. 202). — Slannius und Sicbokl, llaiidliucli dcr Zoolomic, 1S54, t. II, p. 25(i. — Eckcr, Wagiiev's Icoiics phtisioloijicœ, 1852, fit. 0, \vf. 7 (chez un fœlusdo Squatina). (h] Stnnnins, Uebcr cine Thymus cnlsiii-tclwiide llriisc hci I(iiochcnlisc)icn (Miiller's .iirhiv fiir Anat. und l'IiysioL, IS.'.O, p. TiOl, pi. 15, li^'. 2). (!) Leydip:, .'\nalovnscli-liislcIoiiL\chc Uiitcrsuchunqeii iibcr Fisclie vnd lieplUieii, p. 2(1. • — Si;iiii]iiis niul Slcbdld, lldudbucli dcr Xonioinie, 18r)4, I. Il, p. 251;. (j) .1. Miillrr, Eiiiyeweide der Fische {.Archiv, 18.".0, p. .'i(i7). — Slai ;>! cl Sielidld, Op. cil , I II, p. 25("'. GLANDES IMI'AT.FAITES. r.LAM)FS VASCULAlliES. 2S I § 8. — D.ans toutes les glandes iinparlailes doni je viens de cianjes parler, il existe des vaisseaux sanguins et iy!n[)liati(jues, niais "''"'""' ces conduits ne paraissent jouer qu'un rôle secondaire dans leur couches concentriques analogues à ceux dont j'ai déjà parlé comme exis- tant dans la substance des grannles de la glande. Les globules contenus dans cette humeur sont très alttlrables, et par Taction de Teau ils doiiucnt naissance à une matière albumi- neuse (a). Les corpuscules à couches concentriques ont été découverts par Ilewson, qui les considérait connue étant destinés à devenir le noyau de globules sanguins (b), mais cette opinion n'est pas admissible. L'examen chimique du liquide du thymus n'a donné que peu de résidtats intéressants. Frommherz et Gugert ont trouvé dans le tissu de cette glande diverses matières albuminoïdes, de la graisse et des sels (c). Morin en a obtenu environ 30 pour 100 de ma- tières albuminoïdes mal définies (d), et M. J. Simon y a signalé la présence d'une substance qu'il regarde comme intermédiaire entre la caséine et l'albu- mine (e). Plus récemment, MAL Fre- richs et Staedeler y ont trouvé de la leucine (/'). M. Gorup-Besanez en a extrait de la leucine, de l'hypoxan- tliine, de l'acide lactique et de l'acide butyrique {(j) ; mais il résulte des expé- riences de I\L Friedleben que la plupart de ces matières n'y existent pas primi- tivement, et se produisent pendant les opérations chimiques pratiquées pour iaire l'analyse. Ce dernier auteur a étudié comparativement la constitution chimique du thymus chez le Veau et chez le jeune Bœuf, et il est arrivé aux résultats suivants. Sur 100 parties il a obtenu : Veau. Jeune Breur. Eau 80,0 00,00 Albiiniinc 12,5 H,CO Ct^laline 3,0 4,00 Sucre 0,1 0,03 Acide lactique. . . 0,2 0,43 Pigment 0,1 0,05 Graisse 2,0 -17,00 Sels 2,1 0,90 Ihpoxanlliine . . . traces traces L'analyse des matières contenues dans les cendres lui donna pour 100: Veau. Jeune Bœuf. Sulfate de cliaux. . 1 1 Pliosphate de chaux 30 14 Pliosphatcs à bases alcalines .... 5R 7S Chlorure de polas- siuui 11 " Ainsi la proportion de graisse et celle (a) Hewson, Expérimental Inqmries {Works, p. 200). (6) Tigri, SuU'^mor délia rjJanduta limo {Bittl. dclle scien;i. med. di Tiologna, 1850). (c) Froninihcrz und Gugert, Chemisclie Untersuch. versclticdener Theile des menachJichen Korpers und einiger pathologischen l'roducte (Schweigcr's Jahrlmch der Chemie vvd l'Iinnil;, 1827, t. XX, p. 190). ((/) Morin, liecherches chimiqiies sur le ris de veau {Journal de chimie médicale, 1827, t. III, p. 450). (e) Simon, Op. cil., p. 30. (() l'reriulis und Staedeler, Wcilerc Deilràgc zur l.chre vom Sloffwandel iMiiiler's .\rchiv fin- Anal, und Physiol., 1850, p. 45). (g) Gorup-Bcsanoz, Noiiz ûher eine lieue orijauisd:e Hasis im Geiccbe der Thymus {Aini. der Chimie undPharm.,\. LXXMX, p. 11 i). — Ueher die cheniisrhen l'.i'stinidihrilc nuiiier Driiseu- siïfle (Aiin. der Chemie uiul Vharm., is:,i;, i. XCVlll, p. 1). filanJes hniphalique 23*2 siicutTioN. c'Oii.slilufion, tandis que, dans (Taiitrcs organes qui somhlont devoir être rangés également dans la classe des instruments sécré- teurs dont les produits sont destinés à modifier la composition des (luides nourriciers, les vaisseaux sont l'élément prédomi- nant. Je réunirai les premiers sous le nom commun de glandes imparfaites indépendantes, et j'adopterai pour les seconds le nom (\e glandes vasculaires. Enfin, ces dernières [icuvent être des glandes lymphatiques ou des glandes sanguines. Les gan- glions lymphatiques, ou glandes congiobécs, dont j'ai déjà fait du phosphate terreux augmentent par Il's ))roj;rès de l'àgp. J'ajouterai que dans l'état normal, le liquide contenu dans le thymus est acide chez tous les Vertébrés, et ne devient alcalin que par l'olTet de la décomposition cadavérique (a). Je crois inutile de rappeler ici toutes les suppositions qui ont été faites au sujet des fonctions de la glande thymus, rians Fouvrage de llaugsled et dans CL'iiii (le M. Simon, on trouve l'indica- tion de la plupart de ces hypothèses (/;) dont le nombre a été augmenté ré- cemment (c), et je me bornerai à citer quelques faits fournis par les expé- riences physiologi((ues. L'extirpalion du lliymus, tentée d'a- bord par im médecin italien, M. Ues- telli {(}), a élé ])ratiquéc avec succès sur dix petits chiens par ^1. Friedieben, (pii a étudié ensuite d'une manière comparali\e l'état du sang, les pro- duits de la respiration, l'alimentation et l'accroissement des divers organes chez les individus nmlilés de la sorte, mais dont la santé s'était rétablie, et chez des individus dans l'état nor- mal. 11 a trouvé ainsi que les Animaux privés de leur thynuis mangent i)lus que les autres et croissent plus rapi- dement, mais que l'augmentation de leur poids comparée à la quantité d'aliments employée est moins grande que chez les premiers; leur sang con- tient plus de globules blancs et moins de globules rouges (jue dans l'état nor- mal, et l'excrétion d'acide carbonique est diiuinuée par les effets de l'opéra- tion, mais la jjroduction d'urée est augmentée. Knlin,M. I''riedle!)en pense que la perle du thymus inlhie sur le travail nutritif des os. 11 est aussi à noter que ses expériences tendent à établir qu'il n'existe aucune relation entre l'activité fonctionnelle de cet organe et le phénomène du s(mmieil léthargique des animaux hibernants, rapports (pie plusieurs naturalistes avaient cru saisir (e). (a) I'ricdlel)cii, Die Vh\jsio]ogie dcr Thymnsdrûse, )). (i3. — Simon, A Physioln{iU(il lîssaij ou the Th;imi(S Glantl, p. 9 et suiv.. (/)) llaussleil, Tliymi in llomine ac per scricni Animaliiim tlrscvipHn analomica, pnllwloijica et ]ihii.sioloi]ica, iii-8. HafniiE, tS3-2. (c) Kifanlt, Sur les fo)ictinns du lliyinus (Comptes rendus de l'Acad. des sciences, 184G, t. Wll, p. 127). [dj tiosiclli. De thiimo observatinnes anntouiieo-pliysidngico-pnllwlniiieœ. Tirini Roirii, 1S45. {e) l'"ri('ilk'lii'ii, 0/1. cit., p. 1 1 ."« cl suiv. GLANDES IMI'ARFAITES. HATE. 5o3 coiinnîlrc l;i slnu'liiro (i), npjiarlioniieni à l'uriP de ces siilxlivi- sioiis; l:> rate coiisliliie le priiiei[)al re[)résen(aiit de la seconde. Nous avons vu iirécédemnient que dans tous ces organes il l»araît. y avoir jiroduction de globules plasmiques qui arrivent ensuite dans le sang (2), et les iiliysiologisles ont attribué à l'un d'eux, la rate, des usages très variés, mais nous ne savons en réalité que fort peu de chose sur ses Ibnctions. La structure de cette glande sanguine a été étudiée avec plus de succès (3), et sans vouloir entrer ici dans beaucoup de détails rilanili"* saiicruines. Raie. (l) Voyez lonie, IV, page 217 et suivantes. ('2) Voyez tome I, page 35'2 et sui- vantes. (3) L'existence de la rate élail con- nue (riTippocrate, et Aristote donna quelques indications soniniaires rela- livcs à la posilion et aux rapports ana- toniiques de ce viscère (a). Ce dernier auteur remarqua aussi que la rate est très peu développée chez les Ovi- pares, et il pensa qu'elle élait destinée à aider l'estomac dans le travail de la digestion. Les anatoniistes de l'école d'Alexandrie et de réj)oque de la re- naissance des sciences d'observation n'ajoutèrent que peu à nos connais- sances sur ce sujet, bien que dans le xvr' cl le xvii'' siècle quelques écri- vains en firent l'objet de publications spéciales {h). Vers le milieu du XYii*^ siècle, Iligbmore,Glisson et quel- ques autres anatomistes donnèrent des descriptions plus exactes de la confor- niiition générale de la raie chez rilomnie (r) , et Malpighi découvrit dans cet organe des particularités de structure fort remarquables ((/). Vers la même époque, les vaisseaux de la rate furent étudiés avec plus de soin par lînysch, et au comniencenienl du xviii'^^ siècle, Leeusvenlioek lit des ob- servations microscopiques sur le tissu de cet organe (c). Bientôt après Eller en lit mieux connaître les vaisseaux lym- phatiques qu'il considéra comme étant les principales voies pour l'évacuation des produits sécrétés par les corps glan- (a) Arislole, Hist. nat. des Animaux, icad. do Caimij, t. I, p. -17. (f)) Eu 1578, iiuo nionosrapliic aiiaiomiquc de la raie l'ut indiliée [lar Fr. Ulniiis ( De Uene libellus, édition do Parif, 1708). — H(j|Tm:iiin, De nsit lienis, etc. 1039. (r) N. Hif^limore, Coriioris humani disquisitio analomica, 1051, p. 59 ol suiv. — F. Glisson, Anatomia hepatis, 1054, p. 429. — Wliarlon, Adenographia, 1050, prop. 14-18. — Sclieiick, Exercitaliones anatomicœ, 1002, prop. 4t 2-453. {d) Malpiglii, De viscevrmi stnictura exercitatio anatomica, 1065 {O/jera omnin , I. II, p. 101. — Philos. Trans., 1071, i. VI, p. 21 50). — De structura glaiidularum conglobatarum. — Letter, etc. {Opéra posthnma, 1089, p. 130). («)-Riiyscli, De glanduUs, fibris, celluUsque lieiialibus, episl. anat. quart. {Opéra omnia, 1096). — Leeiuvcnhûfk, Mirrnscnpical Observ. nu ilw Structure o[ Ihe .••ipleen {Philos. Trans., 170?î, t. X\V, p. 2305). 234 SÉCRÉTION. à ce sujet, je ne crois pas pouvoir me dispenser d'en dire quelques mots. (lulifonnes découveris précédomnienl par Malpighi (o). On doit citer aussi, parmi les travaux dont la rate a été l'objet pendant le x\ iii'^ siècle, un mé- moire anatomiquc de Lasône, des ex- périences physiologiques faites par Deisch cl les rochcrclies de Ilewson {h). Au connnencement du siècle actuel, des opuscules sur le même sujet furent publiés par Assolant et par iMoreschi (c); Cuvier fit des observations nond^reuses sur Tanatomie comparée de cet or- gane (f/), et quelques années après, lleusinger et Schmidt firent une nou- velle étudedes corpuscules malpighiens de la rate (p). Mais c'est surtout depuis une trentaine d'années que nos con- naissances sur la structure intime de cet organe ont fait des progrès consi- dérables. Parmi l(>s publications nom- breuses qui ont été faites sur ce sujet, je citerai principalement celles de .1. IMiiller, Giesker, Bourgery,W. Evans, Sanders, M. Kôlliker, Î\I. SclialTnor, cl M. II. Gray (/"). J'aurai aussi à mentionner les recherches cxpérimen- (fl) J.-T. EUcr, Dissert, inaug. de lieue. Lugd. Bntav., 1710 (Haller, Disputatiomim anatomi- carum selectariim, vol. 111, p. 23). (6) De Lasùiio, Histoire anatomiquc de la rate (Mém. de l'Acad. des sciences, 1753, p. 1x7 et suiv.). — Deiscli, Disserl. iiinug. de splene Canibus e.xciso. Halle, 1735 (HalUr, Dispiit. analomic. selectartim, vol. 111, p. 47J. — Hewson, E.xperimental Inqiiiries, part. 3, 1777 {Works, p. 2C4 et suiv.). (c) Assolant, Recherches sur la rate, in-8. Paris, an X. — Moresclii, De vero e primario uso délia miha, nell'Uomo e tutti gli Animali vertcbrati. Milano, 1803. (d) Cuvier, Leçons d'analomie comparée, 1" édit., t. IV, p 50 et suiv. (e) Heusinger, Veber den liau und die Verriclttung der Mi/s. Eiscnacli, 1817. — C.-A. Schmidt, Dissert, inaug. sistens nonnulla de structura lienis. Halœ, 1819. (f) 3. Millier, Ueber die Slructur der eigenlhilmlichen Kôrperchen in der MHz ciniger Pflan- %enfressender Saugethiere (Archiv fiir Anal, und l'hysiol., 1834, p. 80). — Bardelcben, Obseri: microsc. de glandularuni ductu cxcrelorio earentium structura. V-nWu, 1841. — Hesslinp-, Untersuch. i'ibcr die weisscn Kbrperchcn der mtnschlichen MHz, 1842. — Bourgery, Anatomie microscopique de la raie dans l'Homme et les Animaux (CoUecliO)i de mémoires origiiiuu.c, 1843). — W. J. Ev.uis, Mirroscopic .\natomij of the Spleen in Mon and Animais {Lancel, 1844, 1. 1, p. G3). — Ocstcrlin, Beiirdge zur Physiologie, 1843, p. 41. — Sanders, On the Structtire of the Spleen (Goodsir's Annals of Anat. and PhysioL, 1850). — KoUiker, Ueber den Han und die Yerrichlungen der MHz {Miltheilungen der Xûricher Nalurforschenden Gesellschaft, 1847). — An. Spleen (Todd's Cyclop. of Anat. and PhysioL, t. IV, p. 771 h 801). — Spring, Mém. sur les corpuscules de la rate [Mém. de ta Société des sciences de Liège, 1843, I. I, p. 125. — Poelman, Mém. siir la structure et les fonctions de la rate (Ann. de la Société de médecine deGand, 1846). — Schaffner, Zur Kenniniss der malpigischen Korpcrchcn der Mih- und ihrcs Inhalls (Zeitschr. fur rai. Mcdnin, 1840, t. VII, p. 3-15, pi. 5). — 11. (Iray, Ou Ihc Slvuclure and Use of the Spleen. I.ondoii, lS5i. — Crisp, A Trealtse on the Structure and Use of the Spleen, l.niidon, 185G. — .1. .loues, Ubserv. on the Spleen. Dwestigaiions Chemical and PhysioL, p. 1 10 {Smith.ionian Contributions, 1850). — Pcyrani, Analomin e fistnlogia delta mih.a. Torino, 1800. GLANDES IMPARFAITES. — IIATK. 255 La raie ne se rencontre chez aucun Invertébré, mais clic existe cliez presque tons les Vertébrés cl chez les Maniniileres. Elle offre, en général, un volume assez considérable, tandis que chez les Oiseaux, les Reptiles, les Balraciens et les Pois- sons, elle n'est que peu développée; enfin, elle man(pie chez rAm[)hioxus, et peut-ctrc aussi cliez tous les Cyclostomes (1). Dans l'espoir de jeter quelque lumière sur ses fonctions, les anatomisics ont fait beaucoup d'observations sur le volume laies do plusieurs physiologistes con- loiriporains. Kniin, pour pins de détails sur les opiniuHs éuiises aucieuneuient touchant les usages de la rate et sur les progrès de Thistoire anatoniiquc de cet organe , je renverrai au grand traité de physiologie de Ilallcr, à un ouvrage spécial de M. Giesker, et à Tiiitroduction de la monographie de M. H. Gray (a). (1) L'absence de la rate chez PAm- phioxus a été constatée par plusieurs observateurs, et la plupart des ana- lomistes considèrent les Cyclostomes comme étant également privés de ce viscère (h) ; quelques auteurs pensent qu'il est représenté chez les Lam- proies par un organe spongieux qui se trouve au- dessous de la colonne ver- tél)rale, dans presque toute la lon- gueur de la cavit(' abdominale (r). Mais le tissu spongieux qui constitue celte partie ne présente pas les carac- tères histologiques de la rate et paraît être seulement une dépendance de l'appareil veineux (d). Le Lépidosiren a été signalé aussi comme étant dépourvu de rate (e) ; mais des recherches récentes tendent à établir que cet Animal ne fait pas exception à la règle générale (/'). L'absence congénitale de la rate a et è constatée plusieurs fois dans l'espèce humaine, non- seulement chez des monstres acéphales {g}, mais même chez des individus bien conformés (/(,). (a) Haller, Elementa physiologiœ, t. VI, p. 385 et sniv. — Giesker, Splenologie, oder mmt.-physiol. Untersuch. ilbcr dk Mil% des Menschen. Znvirh, ■1835. — H. Gray, On the Structure and Use of the Spleen, y. 1 à 53. (6) Olivier, Leçons d'anatomie comparée, I. IV, i' partie, p. OtG. — Owen, Lectures on the Comp. Anatonuj and Physiol. of the Veriebrate Animais, p. ili. — Crisp, A Treatise on the Struct. and Use ofthe Spleen, p. '132. (c)H. Graj', Op. cit., p. 3^24. [d) Voyez tome II, patje 3G9. (e) Owen, Description of the LepiJosircn anneclens {Linn. Trans., t. Wlll, p. 343). (/■) H. Gray, Op. cit., p. 323. (g) Meckel, Manuel d'anatoinie, 1. 1, p. 482. — Heussingcr, Mém. siir les monstruosités de la rate (Journal comph'm. du Dicl. des sciences méd., 1821, p. 210). {h) Martin, Observation d'une déviation organique de l'estomac, etc. (nvllelins de la Soc. ana- tomiqxie, 182(1, i. I, p. 40). — Valleix, Observ. de tran.tposit.on des organes, etc. {Anliives générales de médecine, 2'srrir, I. Vin, ,,. 78). 23(3 SKCRKTION oomparalir de ret organe, soit chez l'Homme à diverses pé- riodes de la vie ou dans des conditions pliysioloiiiqnes variées, soit chez (hITérenIs Animanx ; mais ces recherclies n'ont conchiit qn'à peu de résultais intéressants, si ce n'est qu'a- près chaque repas, la rate se gonfle d'une manière remar- quahlc (1). (l) M. ir. r.ray a publi<î une longue S(h'io d'observations sur le poids de la rate de rilomnie à différents âges, et a trouvé que vers le sixième mois de la vie intra-utérine la croissance de cet organe devient très rapide. A Tépo- que de la naissance , son poids est d'environ -^ du poids total du corps, et cette proportion reste à peu près la même jusqu'à l'âge adulte, où le poids absolu de la rate atteint sou maximum. Dans la vieillesse, le poids absolu et le poids relatif de cet organe décroissent, et dans la vieillesse extrême ce dernier ne correspond qu'à envi- ron r^-^du poids total du corps, tandis que chez l'adulte il varie entre ,-'- et -^h («'). !\Iais comme nous le verrons bientôt, l'état des fonctions digeslives au moment de l'ubserxalion influe beaucouj) sur les résultats de ces pesées con)])aratives, et il est aussi à noter que les diirérences individuelles .'•oui par- fois extrêuicment considérables, sans que l'on ])uisse les rai lâcher à aucune parlicularilé physiologique [b'i. Il faut liien se garder cependant de croire que ces variations puissent êlre aussi grandes que le disent quelques auteurs : en effet, d'après uu passage de l'ou- vrage de Haller, on cite souvent Flam- merdingh comme ayant observé une rate du poids de ho livres (c) ; mais celte évaluation repose sur une faute typo- graphique, etc'est/i3 onces, au lieu de L\o livres, que ce dernier auteur a con- staté [d). M. Sappey, qui a fait cette reclilication, l'ail remarquer avec rai- son que dans les autres cas où la lale a présenté un volume extrêmement con- sidérable, cet organe paraît avoir été non-seulement hyperlrojihié, mais le siège du dévclopix'uieut de quelque tissu morbide , d'une tumeur cancé- reuse, par exemple {e\ Chez les autres Ahmunifères, le vo- lume relalifde la rate est en général à peu près le même (|ue chez l'ilonnuc ; mais AI. II. (iray a trouvé que chez les Chauves-Souris ordinaires le poids de ce viscère s'élevait à ;'. (1^ t''lui du corps, et que chez le Kanguroo il n'é- tait que de r^ (/'). Cluz le Laj)in, cet organe est encore plus réduit (g), et {a) Cray, On Ihe Stnirttire aiitl Une of Ihc Spleen, y. 70 et sniv. {b) Boyil, voyez llewson's Woilm, iiute oxxx, p. :2(>5. — Crisp, A Trcalise on thc Strnct. and Use of the Spleen, p. 30, 50, elc. — Sa(i|iey, Traité d'analomle descriptive, t. III, p. ItlS. (c) Haller, Elemcnla pliysiologix, t. VI, p. 3i)0. ((/j Flaiiiiiicrtliniîh, Dissert, innug. de liivi. splenis, t07l, l. XIV, p. dt. (e) Sappey, Hypertrophie de ta rate, llecherches sur le rolwne et le poids réels de cet organe {Comptes rendus de la Société de biologie, 3' s^érie, lS('i(l , I. I, p. il! 4). (/■) tlray, Op. cit., p. 273. (f/) .1. .I.Mies, Op. rit., p. M. GLAMDliS IMPAKI'AITKS. U.VTU:. '2o7 La posilioii de la lalo no varie que peu. Klle esl toujours logée dans la cavité abdominale, et presque toujours elle est attachée par ses vaisseaux sanguins et parle mésentère à l'es- tomac ou à la portion adjacente de l'intestin (1). En général, sa son volmne est eil général peu consi- dérable dans tout l'ordre des llon- geurs (a). Dans les observations faites par M. II. Cray, le poids relatif de la rate était , terme moyen , de 777 chez les Mammifères et seulement de ^ chez les Oiseaux ; les termes extrêmes étaient, chez ces derniers, de -'7 (chez le Cormoran), et^ (chez le PulVm). Dans les espèces observées par M. .T. Jones, ces limites étaient, d'une part, ^ et d'autre part ^, ; enfin le petit volume de cet organe a été constaté chez un grand nombre d'espèces par M. Crisp (b). Dans la classe des r>cpliles et des Batraciens, le poids relatif de la rate est presque toujours également très faible, et chez les Serpents cet organe ne représente parfois qu'environ ttIt.» ;-^, ou même ,-^77 du poids total du corps. Dans la classe des Poissons, la rate est en général plus développée que chez les autres-Vertébrés ovipares. Cbez les Poissons osseux observés par M. Cray, le poids de cet organe a varié entre ,— et ^ du poids total ; mais chez les Jjépisostées, les ZygaMies et un Trygon adulte examinés par .AI. J. Jones, cette proportion a varié entre ttt *^t r^r ? par conséquent, elle se rapproche beaucoup de ce qui existe chez les Manuuifères (e). (1) Chez l'Homme, la rate (. (ei L'étendue do la portion des parois do l'abdjnien curruspoidant à ce visuèro a élé récenitneiit l'objet do loclierches parliculières laites par M. Conradi, Ui'oer die Gruise uml Lagebestimmunij lier Brusturgaiie der l.eber iind Mdz (.\rck. d's Vcrcins fur (j':nieinschaftlwlie .\rbcite:i,, (ioi- tiiigen, I8ô4, I. I, p. 57). (/) Voyez loiuo VI, p. oUJ. 2oS Sf.CKlil ION . Structure foriTie cst siToinlic OU ovulairc (1). Elle est i)Oiirvuc d'une hiraic. lunique propre, de texture fibreuse, qui est à son tour recou- verte par le péritoine, el (|ui envoie dans rintcricur de l'or- (1) La raie, chez rilommc, varie un peu dans sa forme, mais elle est en î^énéral convexe du cùlé externe, ini peu concavedu côté interne, et allon- gée de haut en bas, de façon à repré- senter un segment d'ellipsoïde coupé suivant son grand axe («). il en est à peu près de même chez la plupart des Quadrumanes ; mais , chez les .Makis, cet organe a prcsqueja forme d'un fer à cheval {h). Chez les Mam- mifères de l'ordre des Carnassiers, il est généralemenL i)lus allongé, et cliez les Marsupiaux il est étroit et bifurqué à l'une de ses exU-émilés (r). Chez le Cheval, il est triangulaire (d), cl chez l'Éléphaiil il esl remarquablement al- longé (('). linhn, chez la plupart des Oiseaux, des Ueptiles et des Batra- ciens, il est arrondi, mais chez les Poissons sa forme vaiie davantage {[). 11 esl aussi à noter que la rate esl (pielquefois plus ou moins fractionnée, de façon à former plusieurs masses distinctes. Ainsi, chez l'Uonune, on trouve parfois une rate accessoire, et l'on cite des exemples où l'on en a rencontré trois, quatre (g), cinq (h), sept (/), et même jusqu'à vingt- sept ij). Cliez quelques ^Mammifères, une dis- position analogue esl très fréquente, si- non constante. Ainsi divers aïialomistes ont trouvé la rate composée de deux à six lobes séparés chez le Marsouin (A,). Elle est également muUilobée chez le Dauphin. Cliez l'embryon, la rate commence à se constituer après la formation du tube digeslif, mais elle ne naît pas du duodénum, comme Arnold le croyait (/), et dès Torigine elle paraît être distincte du pancréas (/«), bien qu'elle ait avec cet organe des con- nexions très intimes, surtout chez les IMammifères (n). IjCS corpuscules malpighii'us de la rate ne deviennent distincts chez le Poulet que vers la (in de la période endjryonnaire. (a) Voyez lîdurgcry, Annlomic de l'Homme, t. V, pi. 30 el -ii. (bj Gniy, On Ihe Slruciure and Use of the Spleen, p. 27k (c) Ciisp, A Treatise on the Sivuctiire and Use of llie Spleen, pi. -2, li-. GO à T2. ((/) Gurlt] Die Anatomie des l'ferdcs, \A. H, fig. 1 et 2. — Crisp, Op. cit., pi. -i, fig- ■i- (c)iaera, ihid., pi. 2, fig. 100. {/•) Iileui, ibid., pi. 2, fig. 180 à 334. (tj) Pnvernoy, Couvs d'analomie {Œuvres anatomiques, t. II, p. 245). {h) l'aliii, Èiyist.iM (voyez Uallcr, Klem. physiol., I. VI, |i. 388). (i) Cruveilhier, Traité d'analomie descriptive, t. III, p. 422. (j) OUo, Leilr. x-ur anatomischen l'Injsiologie nnd Pathologie, p. 4. (A) Blasius, Analome Animaliimi, 1081, p. 287. Hunier, Observ. sur la structure et V économie des Baleines {Œuvres, I. IV, |i. 402). — Cuvicr, Leçons d'analomie comparée, l. IV, 2' pariie, p. 025. — II. Grav. Op. cit., p. 290. (/) Ainold, Op. cil. {Salzburijcr Medic'mischc Zeilunt/, 1S:!1, i. IV, p. 301). (m) 11. t-ray. On the Development of Ihe Duclless Ulands in Ihc ClUcIi {l'kilos. fruas., 1851, p. 205, pi. 21, lig. 3, 4 cl 5). (/t) Ijisdioiï, Développement de l'Homme el des Mammifères, p. 2'JO. GLANDIiS IMPAKFAlTliLS, UATK. 239 gano une iniillitLulc de prolongemculs (rabcciilairos donl la réLiiiictii consliliie uiio sorte de réseau irrégulicr (1 1. Ces trabécules sont 1res élastiques, et les interstices ({u'elles laissent entre elles , iiiterstiees rtain nombre de fibres musculaires lisses. Ces dernières ont été observées chez le Ghicii , le Chat , le Cochon et l'Ane, mais n'existent pas chez l'Homme, le Bo'uf, le Cheval, le Lapin, etc. (a). Au niveau du hile, la tunique albuginée se replie en dedans, et constitue autour des vaisseaux qui pénètrent dans Tinlérieur de l'organe une gaine appelée la capsule de Mal- pighi , et analogue à la capsule de Glisson que nous avons déjà vue en étudiant la structure du foie [h). Le réseau trabéculaire dont Ilighmore fut le premier à décrire la disposition générale (c), naît en partie de la face interne de la tunique albuginée , en partie des branches de la gaîne fibreuse des vaisseaux dont je viens de i)arler, et il se compose d'une uudtitude de brides fibreuses de diverses grandeurs, qui se joignent entre elles de façon à circonscrire imparfaitement des espaces irréguliers et à avoir quelque ressem- blance avec la charpente d'une Éponge commune. Ainsi que je l'ai déjà dit, ces espaces inlertrabéculaires consti- tuent les aréoles appelées cellules de la rate, ou espaces intervésicu- laires (d). Les analomistes ont été très partagés d'opinions au sujet de la nature de ces trabécules : Malpighi les considé- rait comme étant musculaires (e), et cette manière de voir fut partagée par plusieurs autres auteius (/'), mais les observations microscopiques de Leeu- wenhoek n'y furent pas favorables {(j) ; elle fut combattue par Lasône , Haller, (a) Kolliker, Uebo' den Baio u:hl die Vei'rlchtMujen der Mis (MittheiluMjcii der Ziivicher Naturforsch. Gescllschaft, 1847). — Beitrâge %iir Kennlniss der glatteii Muskcln {Zeitschrift fur luisscnschaftl. Zooloçjie, 1848, t. I, p. 75 et suiv.). — Éléments d'histologie, [i. 401. (b) Voyez tome VI, page 433. (c) Higliiiiorc, Corporis humani disquisitio anatomica, 1G51, cap. 3, p. 59. (d) VoyenBourgcry, Anatomie de l'Homme, t. V, pi. 15, lig. 1. (e) Malpiglii, A Letter concerning some Anat, Observ. {Philos. Traiis., I. VI, p. 2150. — Opéra posthuma, p. 58). (/■) Duvenicy, Œuvres anatomiques, t. II, p. 142. — Sluckelcy, On the Spleen, ils Description and Histonj, 1723. (3) Loeiuvonlioek, Mcroscopic. Observ. on the Structure on the Spleen [Philos. Trans. , 1708, t. \V, p. 2305). Vais^iaux de la raie. 2lli) SÉCUÉTIO.N. cellules de la rate^ sont occupes |)rincipalciiicnt par des vais- seaux sanguins cl lyini)lialiqucs , des vésicules si>lcni(|ues appelées corpuscules de Malpighi^ et une substance pulpeuse de couleur rougeatre que l'on désigne souvent sous le nom de parenchyme de la rate. Les vaisseaux sanguins de la rate sont très volumineux, les veines surloul, et l'artère splénique présente dans son mode de dislrijjulion quehjucs particularités. Ainsi que je l'ai déjà dit, elle est logée avec les grosses veines dans un système de gaines fibreuses appelé la capsule de Malpigin (1); ses prin- Uomo, «'te. ((7). Les recherches des his- tologisles ))inntrent nue cliez rilomnie ces brides l)l;mches el nacrées ont la même striiclure que la tunique albu- gint'e, cl sont formées principalement de tissu conjonctif et de fibres élas- tiques (b). On y trouve cependant des fibres musculaires lisses, principale- ment dans les plus grêles (c), et chez quelques Animaux, le Mouton, par exemple , elles paraissent être compo- sées essentiellement de ce tissu con- traclile (d). Chez les Oiseaux, le réseau trabécu- laire de la rate est plus délicat que chez les .Mammifères, el, chez les frois- sons, son développement est encore moindre (e). Cependant, chez quelques- uns de ces Animaux, les fibres muscu- laires y sont très distinctes {f). (1) Chez rilomme, les gaines fibreu- ses qui naissent delà capsule albugiuée de la rate, et qui logent les vaisseaux sanguins de cet organe (f/), se conti- nuent jusque vers les parties termi- nales de cette portion du système circulatoire, et finissent par se perdre au milieu de la ])ulpe spléni(|ue. Mais chez divers ^lammilères, tels que le Cheval, le lia'uf et le Cochon, ou ne trouve ces gaines qu'autour des ar- tères et des grosses branches vci- (rt) Do Lasônc, Histoire anatomiqiic de In rate {Mémoires de l'Académie des sciences, 1754, p. 181). — Huiler, Elementa plnjsiologiœ, t. VI, p. ilO. — Rvcnnil lloiiic, TItc Croonian Lecture {Philos. Trans., 1821, y. il). (b) KoUikei-, Kii'ments (l'Iàstologie, p. 4".H. — H.Oray, Op. cit., p. 92 et siiiv., tig. 12 ;i 17. (c) Kollilicr, Ueber dcii Itauund die Verriclitionjen dcr MHz, {Milthcil. dcr Zïiricher .\alur~ forscli. Gcscllsch., 1 847). — Heitrdge znr Kennteii. der glaltn Mvsluln (Zeitschr. fur uissensch. ZooL, t. 1). — Si'i.EEN (Tdil.l's Cjiclop., t. IV, p. 773). — Eclici-, [ilntiiffussdrïiscn {W'iv^ucr'i Ilnndirurterbucli dcr l'iiysiotogic, l. l\, p. I3it. — Mii/.oon, l'nlersiicli. iiln'r die (jcwebseleinciitc der ijlallen Musiicla und i(bcr die E.cistens diescr Musl^rlu in dcr ii\ciischlicltcn .Vi/i. Ivicw, 1852. ((/) (-Iniy, Up. rit., p. 100, lit;. IS. (f)Iil(Mn, ibid., p. 2ti7 (l325. (/'l Eclicr, \ojcz Kollilicr, Up. cil. (TuiUlV Cycivp., I. IV, p. 77i). ly) Vi'vcz liuiM-ijcrv, .\)i(ilomic de l'Homme, I. V, pi. 15, li^'. 1. (.I,AM>KS IMl'.VKIAIIKS. i;Mi;. 2/| 1 ('i|»;ilcs braiiclies se i'lmrIciiI cliaciiiic à une porlioii déleniiiiiee lie la raie sans s'anastomoser avec les branches circonvoisines, et ces vaisseaux se terminent par des faisceaux derainuscules paral- lèles (|ui ressemblent à aillant de petits pinceaux (1). Le réseau ca|)illaire ipii en naît, entoure les corpuscules malpighicns Ci), lieuses ; les jx-liles veines eu soûl conipiélenieut dépourvues (a). Los ar- lèrcs ne sont unies que faiblenieul à leurs gaines et y affectent souvent une disposition flexueuse, mais les veines y adhèrent fortement (6). L'artère splénique de l'IIonuiie est la plus grande des trois branches du tronc cœliaque (c), et, ainsi que nous Tavons déjà vu, après avoir gagné le hilc de la rate et s'être divisée eu plusieurs branches , elle donne nais- sance à cinq ou six artères récurrentes, appelées vaisseaux courts, qui se ren- dent à l'estomac (rf). 1 1 en résulte qu'une portion considérable du sang qui arrive dans le tronc de l'artère splénique peut se rendre, soit à l'estomac, soit à la rate, suivant que les vaisseaux de l'un ou de l'autre de ces organes oppo- sent plus de résistance à son passage. Or, les parois des artères qui se dis- tribuent à la rate sont non-seulement très épaisses et fort résistantes [e) ; mais elles sont contractiles , car elles renferment dans leur épaisseur beau- coup de fibres musculaires (/"), Celte structure est surtout remarquable chez les grands Mammifères, et il en résulte qu'en raison de leurs propriétés physio- logiques, ces vaisseaux peuvent rendre très variable la quantité de sang qui les traverse, (1) Le mode de division de l'artère splénique indiqué ci-dessus a été con- stalé par Assolant, et les expériences de Ileusinger montrent également que les diverses portions de la raie correspondantes à chacune des prin- cipales branches de ce vaisseau ont un système circiUatoire indépendant de celui des parties circonvoisines [g). Il résulte aussi des recherches de j\I. Sappey que le nombre des dépar- tements vasculaires établis de la sorte d'une manière indépendante est en général de huit ou dix {h). (2) Les pinceaux terminaux des arté- rioles (/) embrassent les corpuscules de Malpighi (j), et quelques-uns de (a) Kulliker, Eléments d'histologie, p. 500. (b) Fink, Zur Mekanik der Blutbeiuegung in der MiU {Arckiv fiXv Anal, und PhysioL, 1850 , p. 8, pi. i, A, ûg. 1 et 2). (c) Voyez tome III, page 552. (d) Home, Tlie Croonian Lecture {Philos. Trans., 1821, pi. 3). {e) Wentringliam, An Expérimental Inquinj on some Parts of the Animal Structure, 1740. (/') KolliUer, Eléments d'histologie, p. 604. (g) Assolant, Recherches sur la rate, p. 37. — Heusinger, Ueber den Bau und die Verrichtiuuj der Milz. Eisciiacli, 1817. {/() Sappey, Traité d'anatomie descriptive, l. III, p. 328. (i) Voyez Kollikei-, Eléments d'histologie, \k 501 , lig. 235. (7)Giesker, Spleuologie , oder anaiomisch-phgswlogische L'atersuchungen iiOer die Mili. Zurich, 1835. Vil. 16 '2'r2 bECKKTiOiN. VA siî rcpaiid oiisuito dans la |)iil|»(' s|»liMii(|ue logée dans les o:s[)accs intcrtrabrciilaircs. Los grosses veines eôloient les artères, mais les petites branelies marehent isolément, et leurs {)arois deviennent d'une minceur extrême d). Leur étude présente de grandes difficultés, et les anatomisles ne sont pas d'accord au sujet de leur mode d'origine. On pense assez généralement (jue la portion radiculaire ou initiale du système ces vaisseaux paraissent y pénéUTr («), tandis que d'autres vont constituer dans le parencliyme pulpeux adjacent lui réseau capillaire {(>}. I/cxistencc de capillaires dans la rate a été niée par quelques analonnstcs(c), mais a été mise hors de doute par les recherches des hislolosistes les plus habiles [d). La disposition péiiicillée des ramifica- tions artérielles se voit chez la plupart des Vertébrés ; mais chez les Chélo- niens et les Ophidiens, les artères, aussi l)ien que les veines, constituent des plexus en réseau à la surface de la rate aussi bien que dans la pro- fondeiu- de cet organe (e). (1) La veine splénique, de même que la plupart des antres branches du système de la veine porte, est dé- ponrvue de valvules, et son calibre est très grand. Chez l'Homme, son tronc est au moins cinq fois plus gros que l'artère correspondante (/") , et ses branches sont encore plus fortes comparativement. C. Schmidt estime leur capacité à \ingt fois .celle des artères correspondantes (7). Les ])arois de ce vaisseau sont très minces et paraissent comme criblées de trous, par suite de la disposition des petites branches qui vieiment y déboucher presque à angle droit. En effet, les bords de ces orilices (h), api)elés5//r/- Diales de Malpiijhi, sont moins exten- sibles que les parois de la veine dont chacime d'elles dépend , et celle-ci est plus ou moins dilatée inunédiatement au delà de la ligne correspondante à son insertion terminale. En raison de cette disposition et de la facile disten- sion des parois des veines spléniques dans les points où leurs parois ne sont pas renforcées par des gaines ou des l)rides fibreuses, ces vaisseaux se dis- tendent très inégalement quand ils sont injectés ou insufflés, et ils affectent alors la forme d'nne série de sacs ou ou de sinus plutôt que de tubes vascu- («) J. Miillei-, Ueber die Stnictuv der eigentliumUcheii KOrperchen in dcr MHz einiger P/lau- :ienfressenden Sàugcthiere {Archiv fiir Anal, iind l'Iiijsiol., 1834, p. 80). (b) KôUikcr, art. Spleen (Todd's Ctjclop., t. IV, p. 770). — Eh'ments d'histologie, p. 501. (fi) Eiisel, /«'■ Anatomie dcr Ceftisse (Zcitschrift dcr Ccsellschnft der Aerzte in Wien, 1847). (d) Cray, Op. cil., p. 315. (c) 11 cxislo (lui'lqiios valvulos dans lus liiiiiu-lios sUimacales di^ collo voiiio ( Ilcniio, Vlic Crooiliail lecture, in l'tiUos. Traits., 18-21, p. 37, i)l. 3, fig. . 50;. (e) KnllilitT, Elémcals d'histuloijic, p. 501. (/) Gray, Op. cil., p. lo5. 244 SECRlVriON. La raie est pourvue aussi de nerfs et de vaisseaux lympha- tiques, mais le mode de terminaison des uns et l'origine des autres ne sont encore que très imparfaitement connus (l). se compose de cellules fusiformes qui ont souvent \\n noyau pariétal (a). M. Fiihrer paraît s'ètn> mépris sur leur nature, et les avoir prises pour des vaisseaux capillaires en voie de déve- loppement (6). (1) Les vaisseaux lymphatiques de la rate de l'Homme sont nonil)reux, ceux de la couche superficielle sur- tout. Ils suivent le trajet des veines spléniques, et se réunissent au hilc pour se jeter dans quelques petits ganglions, et constituer enlin un tronc qui va déboucher dans le canal tho- racique, à la hauteur de la onzième ou douzième vertèbre dorsale (c). On ne sait rien de certain sur leur mode d'origine. Au commencement du xviii'' siècle, Kller considéra les vaisseaux lympha- tiques de la rate conmie étant les ca- naux excréteurs de cet organe glandu- laire (r/), et cette opinion a de l'analogie avec celle soutenue par quelques phy- siologistes de nos jours. llewson a fait diverses expériences à l'appui de celte hypothèse, mais elles montrent seulement que, sous l'intluence d'une augnicntalion de pression exercée sur le sang dans les vaisseaux de l'intérieur de la rate, les lymphatiques de cet organe deviennent turgides (e). Les nerfs de la rate proviennent du plexus solaire et accompagnent l'artère splénique (/"). Chez quelques .Mammi- fères, tels que le Mouton et le Bœuf, ils sont beaucoup plus gros que chez l'Homme (g). On peut en suivre les branches jusque sur les artérioles qui portent les corpuscules deMalpighi, et quelques anatomistes pensent qu'ils pénètrent dans la pulpe splénique [h) ; mais les recherches microscopiques les plus approfondies n'ont rien appris sur leurs rapports avec les corpus- cules de Malpighi (/). On y remarque beaucoup de fibres nerveuses à noyaux, dites fibres de lîemak , et il paraîtrait qu'elles se terminent en se divisant en plusieurs branches dont l'extrémité est libre (j). Arlhaud a cru que les irabécules de la rate étaient de nature nerveuse, et que cet organe devait être considéré comme un appareil électrique (k) , mais cette opinion singulière n'était pas fondée. (a) KulliUcr, Spleen (Todd's Cijclop., t. IV, p. 7'Jl, (ig. 534). (b) F. Kiilirer, IJeber die MHz- und cinigc licsonderhciten ihres CapUlarsystcms (Archiv fur physiol. Ikilkunde, 1 Sf)'!., (. XIII, p. 1 49). — Sur la structure de la rate (Gazette hebdomadaire, 1855, 1. Il, p. 314). (c) Voyez lîourgory, Anatoinic de l'Homme, I. V, pi. 48. {d}i. T. EWar, Dlsserlalio inauq. de liene, 1710 (Haller, Collecl. des anal., t. III). (e) Hewson, ExpcrimeiUal Inquiries (Works, p. 271 et suiv.). (f) Voyez lîoiu'sery, 0;/. cit., i. V, pi. 43. — Gr;iy, Op. et/., p. 204, fig. 48. (a) Oray, Op. cit., \'. 207, tig. 49. (h) Suppey, Traild d'aiiatomie descriptive, l. III, |). 331 . (0 KiillikiM', Eléiiieiils d'Iiintoloijie, p. 503. (.;) Ecker, Op. cit. (ZcUsekrift fur ratioiictle .Vediiin, I*>t7, l. VI, |i. I j:l, li;,'. 10). (fe) .1. .\filiaiul, Note sur l'organisation de la rate {Journal d:s progrès das sciences médicales 1827, p. 21 0). GLANDES IMPARFAITES. UATR. 2/l5 Les corjmscides de Malpighi^ (\m\ (luelqucs aiiatomistes ap- corpuscules , .«pliiniqiies. pellent aussi les glandiiles ou les glomeniles de la rate, sont des organites (pii ont beaucoup d'analogie avec les follicules clos que nous avons déjà vus dans les parois de l'intestin (1). Ils sont de forme sphérique ou ellipsoïde et de très petites dimen- sions; par leur couleur blanclie, ils contrastent avec la pulpe rougeàtre qui les avoisine, et leur nombre (^st très considé- rable; ils adhèrent latéralement aux artérioles, et se composent d'une capsule fibreuse renfermant une substance visqueuse et grisâtre dans laquelle le microscope fait découvrir une multi- tude de vésicules ou cellules arrondies et des noyaux libres (2). (1) Savoir, les gland nies de Peyer (lome VI, page Z|05). (2) Les corpuscules de Malpiglii, ainsi nommés en Tlionneur de Tanalo- niiste illustre à qui la découverte en est due (o), se trouvent en grand nombre dans la raie de l'Homme et de a plu- part des autres IManmiifères. Souvent ils sont difficiles à distinguer chez THomnie, et beaucoup d'auteurs ont cru que leur existence n'était pas con- stante, ou même était le résultat d'un état pathologique de la rate (h) ; mais cette opinion est abandonnée aujour- d'hui, et l'absence apparente de ces organites paraît dépendre soit de leur petitesse, soit d'accidents morbides ou de la promptitude avec laquelle ils s'al- tèrent sur le cadavre (c). En général, ils sont plus faciles à reconnaître chez les enfants que chez les vieillards (d) ; du reste, pour en constater la présence, il suffit ordinairement de comprimer entre deux lames de verre une tranche mince de la substance de la rate, et de l'examiner au microscope sous un faible grossissement. En général, leur diamètre est d'environ un demi-milli- mètre ; ils se trouvent attachés latéra- lement aux parois des artérioles, dans les points où ces vaisseaux se divisent en pinceaux [e), et l'on peut évaluer à (g) Malpiglii, De lime (Opéra omnia, t. II, p. iii). (b) Andral, Précis d'anatomie pathologiqve, t. 11, p. 417 clsuiv. — Gluge, Ueber die Malpighi'schen Kurper der menschlichen Mili (llaser's Archiv fiir die gesammte Medicin, 1842, t. Il, p. 83). (c) Ce sont ces corpuscules que Boucgery a décrits d'une miinitre fort inexacte sous le nom de corpitsculcs vésiiuiaires jlottants de la raie (Anatomie microscopique de la rate, p. 12). — Oesterlen, Beitrdye x,itr Physiologie des gesunden und kranken Organisvms, 1843, p. 48. 'dj Hessling a examiné sous ce rappoi t 960 sujets. 11 en reconnut toujt enf entre les âges iie dix à qua sonnes d'un âge plus avancé, il ne les distingua que die vjeissen Korperchen der menschlichen MHz, 1842.) (6) Muller, Utber die Structur der elgenthûmlichen horperchen in der Mili {Archiv fiir Anal, md PhyiioL, 1834, p. 8U, pi. 1. fig. 1 cl 2). — Kôlliker, Éléments d'histologie, y 4'J3, iig. 231 cl 232. — Grav, (rp. cil., p. 225, 11-. :i8. Pulpe siilùiiique. 2ii6 SÉCRÉTION. Enfin, la pu]pc spléniqiie est une substance molle et rou- geâtre (jiii, distribuée par petites masses ou agrégats, remplit I ou 2 nùlliinètres la dislanee qui les sépare entre eux (a). Leur capsule ou tunique fibreuse est mince, transpa- rente et d'une texture très làclie ; elle a la même structure que la gaine fibreuse des artères, et en est une dépendance (b) ; elle n'est pas ta- pissée d'épithélium intérieurement, et sa cavité est entièrement remplie par la substance plus ou moins lluide et cliargée de particules organisées dont il a été fait mention ci-dessus. Les cellules qui s'y trouvent sont arrondies et à divers degrés de développement ; les plus grandes ont environ 0""",01/i de diamètre et elles sont pourvues chacune d'un seul noyau (c). Parfois on trouve aussi diuis rinlérieur des cor- puscules de Malpighi des globules du sinig, el, comme nous le verrons bien- tôt, leur conh'uu ressemble beaucoup à la pulpe adjacente, sauf par sa cou- leur blanchâtre, due à l'absence ou au petit nombre de ces derniers globules. II est aussi à noter que les capillaires artériels, en s'anastomosant , forment un lacis autour des corpuscules de Alalpighi (d) , ainsi que cela a été constaté chez le Chat, le Bœuf (e), le Mouton, et le Cochon (f), aussi bien que chez l'Homme (g), et que quelques vaisseaux sanguins pénètrent dans leur intérieur ; mais c'est à tort que Ruyscb et même quelques anato- mistes de l'époque actuelle ont consi- déré ces organites comme étant consti- tués essentiellement par des paquets de capillaires sanguins (/(). .1. ^liiller avait été porté à croire (jue la structure des corpuscules de ]\lalpighi n'est pas la même chez les Piuminants [/i ; mais l'inexactitude de cetle opinion a été démontrée par plu- sieurs anatomistes, et Texisteuce d'or- gaiiites send)lables a été constatée non- seulement chez un très grand nom])re de Manunifèrcs et d'Oiseaux (7), mais aussi chez divers lleptiles (A), où ils sont parfois dilliciles à apercevoir (/), et même chez tous les Poissons de (a) Sappcy, Traité d'aiiatomie descriptive, t. III, p. 326. (b) Oray, Un the Structure and Use of thc Spleen, p. a-it», fig. iO. (r) Kôllikcr, Éléments d'histologie, p. 495, lig-. i2;!3. ((/) Millier, Op. cit. L\rchiv fur Anat. Mfirf PInjsiol., t83i, p. 80) (c) Huxley, On the Ultimalc Slriicture and lielalions ofthe Malpighian Bodies oftlie Spleen, etc. (QmrterUj Journal of Microscopical Science, ^854, t. 11, p. 73, pi. 3, fii,'. 1 à 3)". — Eckor, ^Varjner's Icônes physiologica:, i852, i>l. 10, fig. IO eHl . (/■) Saunders, On tlie Connexion of the minute Arteriat Tmgs with the tfalpighian Sncciili in the Spleen, 1851. {g} Kolliker, Éléments d'histologie, p. l'Ji. — Iliixlcy, loc. cit., |il. 3, rip. 7. (/() Riiysch, Opnscnla de fabrica glandnlarum, 1722, p. 52, eU\ ■ — llaller, Klcinenla phijsioloiiia', t. VI, p. 414. — Somniurring, De rovporLt hiunaiii fabrica, I. VI, p. 157. — C,-H. Sclimidt, Comment, de licuis. Ciltlingcii, 181(1. — Hnpfongiirliicr, llist. annol. ad structuram licnis. Tiiliiiiguc, 1821. (i) .1. Millier, Op. cit. {.\rchiv filr Anat.vnd Physiol., 1834, p. 80. { j) Exemple : la Poule (Gray, Op. cit., p. 207, tii,'. 51 el 52). (/.) Exemples ; l:i Toiliie (Millier, Op. cit.). — L'Oivel (Kdllilver, Eléments d'histologie, p. 4'J5). (7) M. II. (ir.iv n'a pu les rlécoiivi'ir rhc/ .MM'iin lu'plili». Op. cit.. p. !M3. CLANORS IMPARFAITFS, r.ATE. 2/|7 les fcllulos (le la rate, c'est-à-dire les intervalles (jue laissent entre eux les Irabéeules , les vaisseaux sanguins et les eor- Tordie des Plagiostonies («). Quelques anatomlstcs ont mêiiic cru pouvoir éta- blir qu'ils existent cliez tous les Ver- tébrés (6) ; mais il y a sous ce rapport certaines réserves à faire. Ainsi les recherches de M. Kôlliker tendent à établir qu'ils manquent chez tous les Batraciens et chez beaucoup de l'ois- sons osseux (c) , à moins qu'on ne considère connne les représentants de ces organitesdes vésicules grisâtres ou d'une teinte jaune, brune ou même noii'âtre, qui se trouvent disséminées dans la pulpe splénique de la Tanche, de la Perche et de plusieurs autres Poissons, et qui paraissent contenir des produits de la décomposition d'amas de globules sanguins (d). 11 est aussi à noter que même dans la classe des Mammifères, la substance blanche de la rate n'est pas toujours réunie en glomérules, car M. Leydig a trouvé que chez la Taupe elle est disposée d'une manière dendroïde(e). Le même anatomiste signale un mode d'organi- sation tout à fait particuher chez un Batracien (le Bombimdor igneus), où la substance blanche est réunie en une masse centraleet entourée d'une couche de pulpe rouge (/"). On a remarqué aussi chez cerlainsPoissons, l'Esturgeon, par exemple, que les corpuscules de Mal- piglii semblent être représentés par une couche de substance blanche disséminée dans l'épaisseur de la gaîne fibreuse des artères et y formant d'espace en espace un renllement semi-sphérique ((/). Ces faits ont conduit M. Leydig à penser que la distinction entre les corpuscule de IMalpighi et la pulpe splénique n'a- vail pas l'importance que les anato- misles y attachent d'ordinaire. Enfin y\. Huxley s'est applique à établir que les parois de ces organites ne consti- tuent jamais une capsule propre, et ne sont qu'une dépendance de la gaîne fibreuse des artères {h). Du reste, il y a tout lieu de croire que ces corpuscules ont une très grande analogie avec les ganglions lymphatiques {i). Quelques anatomistespensentqu'ils sont reliés en- tre eux par des vaisseaux lympliatiques qui seraient en communication directe avec leur intérieur, et qui serviraient à l'écoulement des produits de leur travail sécrétoire(j). ^lais rien de satis- faisant n'a été constaté à ce sujet. J'ajouterai qu'à la suite du travail (a) Kôlliker, Éléments d'histologie, p. 495. — Gray, Qp. cit., p. 313. (b) Millier, 0}). cit. (.ircidv fUr Anat. und l'hysiol., tSS'p, \\ 00. — Sthaffner, Uebev die Malpighischen KiJrperchen U7id ihren Inhall (Zeilschr. fur ralionelle Med., 1849, t. VII, p. 345). (c) Kôlliker, Éléments d'histologie, p. 495. (d) Gray, Op. cit., p. 32S, lig. Cl. (e) Leydig, Lehrbuch der Histologie, p. 425. If) Idem, ibid., p. 425, ûg. 211, D. (g) Idem, ibid., p. 420, fii;. 212. (/!) Huxley, On the Ultiwate Structure, de, of Ihe Malpighian Bodies of Ihe Spleen (Qiinrteylg Journ. of the Microscop. Soc, I. Il, p. 80). (i) Evans, Mwvoscopic Anatomij of lltc Spleen in Mon and Manimalia (The Lancct, 1844, t. 1, p. 03). ( j) Spring-, Mémoire sur les corpti.irulfs de ta rate iMnn. de la Soriélé des sriences de Liège, 1843, I. 1, p. 142 ol siiiv.). ^/|8 SKCRKTION. piiseiilos do ce viscère (l). On y trouve des brides fibreuses ou musculaires d'une (énuité extrême, et de 1res petits vaisseaux sanguins; mais elle se compose essentiellement d'un amas de cellules particulières, et elle renferme toujours des globules sanguins exlravasés et plus ou moins altérés, qui paraissent entrer en voie de désorganisation (2). La teinte de cette matière pulpeuse varie suivant la proportion des cellules ou noyaux incolores, et des globules sanguins, ou de granules pigmentaires qui semblent dériver de ceux-ci et qui sont souvent bruns ou noirâtres (3). digestif, les corpuscules de iMalpiglii présentent souvent une augmentation de volume très considérable {a). Les aliments alhuminoïdes paraissent pro- duire c(> gonncment d'une manière beaucoup plus marquée que ne le font des aliments non azotés, et l'abstinence prolongée détermine des effets con- traires, c'est-à-dire le rapetissement et même la disparition presque complète de ces organites (6). Quelques physiologistes pensent que les corpuscules de Malpigiii, arrivés à l'élatde malurilé, versent leur ronienu dans les cavités inlorlrabéculaires, où cette matière constituerait la pulpe sjjlénique et serait résorbée ajjrès avoir subi certaines modifications (r) ; mais cette (tpinioii ne repose sur aucune (ibservalidii j)r()])anle. (1) Dans ces dernieis lenips une opinion diilérenle de celle exp(»sée ci- dessus a été professée en Allemagiif par iVI. lUasek, relativement à la posi- tion de la substance pulpeuse dans l'intérieur de la rate, mais elle n'est admise par aucun autre bistologiste. D'après cet auteur, la pulpe ne serait pas extérieure aux vaisseaux ou canaux sanguins ; elle serait logée dans l'inté- rieur d'un assemblage de cavités vei- neuses anastomosées entre elles, et dont les parois, tapissées par un épithélium régulier, seraient formées par l'appa- reil trabéculaire, les vaisseaux adja- cents, etc. ((/). Mais toutes les obser- vations les plus ai)prolbn(lies tendent à établir que les agrégats de la pidpe sph'uique n'ont aucune enveloppe spé- ciale, et sont parloul ru cunlacl avec les trai)é('ules fibreuses, les giiînes des vaisseaux (M les enveloppes des corpus- cules de Alidpighi (c). (2) Voyez lome I, page 8'.V2. (3) \insi ([ue je \iens de le dire, la pulpe (»ii j)arlie dite parencliymaleuse («j llcussinser, Uebcr deii llau mid die Vevvichlunqi>n der Mih-, 1817. — Giosker, Anat.-physiol. l'iilersuch. ûbcr die Mili di\i Mt'iisrhrn, ISTir», \i. 150. (t) t'iMy, On the Siriirluir and l'sr of Ihc Spleen, p. 241. ((') \V. Sauciers, On the Slrucixre nf ihe Spleen (Gooilsir'.^ Atinnl.t nf Atinl. and l'hysiol., isr,2, p. !il). ((/) Hla^ok, llisiivisiliii de slriichird litiiis. |i(iip;\t, \><\>'-2. (<■) Kiillikfi', Klt'uieiil>i d'hhUlitijie. p. 'i',(7. GLANDES IMI'AUFAITF.S. HATr:. 5/|0 Nous ne savons presque rien touclmnl les tbnetions de hi rate. Il est peu de questions physiologiques qui aient donné lieu à autant d'hypothèses; mais les dissertations nombreuses dont cet organe a été l'objet ne constituent pas une véritable richesse pour la science, et les recherches expérimentales n'ont conduit encore qu'à peu de résultats importants, si ce n'est que la rate n'est pas nécessaire à l'existence, même chez les Animaux où son développement est le plus considérable. Ainsi, iMinclicins do la raie. (le la rate ( ou boue splênique ) se compose : 1° de fibres trabéculaires et de ramuscules vasculaircs d'une ténuité extrême ; '2" de vésicules et de granules ou de noyaux incolores, qui sont de nature albuminoïde, et o" de globules rouges de sang extravasés et de corpuscules pigmentaires qui parais- sent être des produits de la désorga- nisation de ces globules hémaliques. Les vésicules incolores sont pourvues d'un noyau, et sont , pour la plupart, semblables à celles contenues dans les corpuscules d(^ Malpigbi. Les noyaux libres offrent également les mêmes ca- ractères que ceux de ces corpuscules, mais sont généralement en proportion plus considérable. Les globules san- guins sont en partie libres et dans leur état normal ; d'autres sont deve- nus plus petits, plus foncés et plus arrondis : ainsi, chez les Animaux où ces organites ont une forme elliptique, ils deviennent circulaires ; d'autres encore paraissent s'être , pour ainsi dire, enkystés, car on les voit en nom- bre variable, tantôt accolés en un amas arrondi, d'autres fois renfermés dans une cellule membraniforme dans l'in- térieurde laquelle on distingue aussi un noyau. Les globules ainsi emprisonnés se colorent diversement, en jaune doré, en brun ou en noir, et paraissent se fractionner de façon à se transformer en granulations pigmentaires. Ces der- niers paraissent aussi se constituer aux dépens de globules hématiques restés libres (a). Chez les Poissons, où toutes ces modifications dans la constitution des globules hématiques s'observent aussi bien que chez les Vertébrés su- périeurs, on trouve souvent, soit dans l'intérieur de ces corpuscules, soit en liberté dans la pulpe, des cristaux ba- cillaires de couleur rougeàtre, qui pa- raissent être formés d'hémaloïdine [h). La couleur de la rate dépend prin- cipalenKMit des globules du sang plus ou moins altérés qui se trouvent, soit dans les veines, soit dans la pulpe de cet organe ; mais il y a aussi des cel- lules qui contiennent du pigment et qui ne paraissent pas provenir de celte source. Chez les Poissons, ces der- niers sont particulièrement remar- quables {(■). [n] Voyc^ tome I, page 332. (b) Gray, Op. cit., p. 327 et suis., fig;. 00. (r) Remak, Ceber die sogenannten blutkorperhaltigen Zellen (Miiller's Airltiv fur Annl. 7ind Phnsiol., 1851, p. 181). — l'eber die lilulgeriinisel nnd i'du'i- pigmenlslninflhnlligf Zellen (Miillrr's .\rchiv fiir AmU. mul /'/lî/.vio/., '18r)2, p. li'., pi. Kî, fip-. 1-t>l. 250 SKCUKTION. l'extirpation en a été faite sur des Ctiiens et d'aulres Atanimi- fères dont la santé générale s'est très bien rétablie à la suite de cette opération grave, et même on n'a remarqué chez les Animaux mutilés de la sorte aucune particularité physiologique bien caractérisée (1). Un des usages de ce viscère paraît rtre (1) La ligaliiie des vaisseaux nour- riciers de la rate, et par conséquent la destruction de cet organe, fut pratiquée pour la première fois par Alalpighi sur un Chien , qui se rétablit parfaite- ment {(i), cl Textirpalion de la rate a été faite avec le même succès, non- seulement chez divers Animaux par un grand nombre de pliysiologistes (h), mais même chez T Homme, dans cer- tains cas où cet organe faisait hernie à travers une plaie de l'abdomen et parais- sait devoir tomber en gangrène (c). On a constaté aussi l'absence congénitale de la rate chez des individus où toutes les fonctions de l'économie parais- saient Vaccomplir comme dans l'état normal (t/). On raconte même que quelques an- ciens chirurgiens auraient eu recours à l'opération de l'extirpation de la rate connue moyen curatif, dans des cas d'hypochondrie (e). Dans beaucoup de cas d'extirpation (a) Malpiglii, De lieue {Opéra oninia, t. II, p. H4). (6) Dciscli, Uisscrtatio inauy. de splene catiibus exciso, Halœ, 1735 (Haller, Dispulationum anatomlcanim selectaruin, vol. III, p. 5G). - Hewson, l.elter lu II' llaygnrlh (IVo/'Ax, ]). 290). — Assolant, Hechenhcs sur la rate, p. 133. — Sclimidt, Cominentatio (le pathologla lienis. Gôttingren, 1810. — Slinstra, Cumrnenl. phijsiol. de functionc lienis, 1859, p. 149 cl siiiv. (c) Zaccarella (voyez Fioravanli, Tesoro délia vïla umana, lib. II, cap. 8). — Clark, /te lienis resectione iii Homine vivo (Ephein. Acad. nat. curios., dC73, div. 1, ann. 4, obs. I(i5, p. 9'J). — Gruger, Observ. de excisione lienis ex Homine sine noxa {Ephem. nai. cririos., 1(184, dcc. 2, an. 3, obs. 195, p. 378). — Fanloni, De observationibus medicinis el analomicis epislolœ, 1738, p. 195. — Zaïiibcccari, Expérimenta diversonim viscerum a diversis /Uiimalibus viventibiis exserto- rum [Ephem. Acad. nat. curios., 1690, déc. 3, ann. 4, p. 98). -- Ferguson, An Account of the Extirpation ofapartofthe Spleen ofa Man (Philos. Trans., 1738, p. 425). — Planque, lUbliothèque de médecine, t. IX, p. 702 et 703. ■ — Adelnianii, Ikmerkuiujcn %u D' Kiichler's Schrift : E.xtîrpation eines Mihtumors beim Menschen {IJeutsche lilinik, 1850, n' 17). — Bertlict, Ablation de la rate chez- l'Homme [Gaz. méd,, 1844, t. XII, p. 455, el Arch. (ji'n. de méd., 4" série, 1844, l. V, p. 510). ((/) l'ohl. Programma de defectu lienis el de lienc in génère. Lipsiae, 1740 (Haller, Disp. anat. sélect., vol. III, p. 05). — Mariiii, Observ. d'une déviation organique de l'estomac, etc. (Bulletins de la Société analo- mique, 1820, l. I, p. 40). — Vallcix, Transposition irrégulière des orqanes {Arch. gén. deméd., 2* siVie, 1835, t. VIII, p. 78). (e) Hauliin, Theatrxnn anatomician, p. 143. — Haller, Elementa phgsiologiœ , t. VI, p. 421. — Scbultze, llcber die Vcrrichlung der Mili (lleckcr's Ann. dcr gcs. lieilk., 1828, I. XII, p. 385). — Bardclclien, Observationes microscopirœ. de glandularnm dnchicxcretorio carentizim struc- tura, lierlin, 1841. — Note sur l'extirpation de la mit et du corps lh\jrnide [Comptes rendus de l'Arnd. des sciences, 18ii, l. XVII, y. 4X5). r.LANDES IMPARFAITES. HATE, 251 de servir en quelque sorte comme déversoir pom^ une partie La mto du sang en circulation, et de régler ainsi la quantité de ce *"'' "",5^'' liquide qui se rend aux autres parties de l'économie. En effet, "'™"''''" il constitue un réservoir veineux très extensible, et l'on voit son volume varier beaucoup suivant l'état du système vas- culaire (1). Ainsi, quand la quantité des fluides nourriciers en mouvement dans l'organisme vient à augmenter rapidement, comme cela a lieu à la suite des repas et de l'absorption de boissons abondantes, de môme que dans les cas où le cours du sang se trouve entravé dans un organe important, tel que le poumon, la rate se gonfle, et le même effet est produit par de la rate, on a remarqué un état d'hy- pertropliic ou d'engorgement des gan- glions lymphatiques abdominaux (a), et divers faits pathologiques tendent aussi à faire penser qu'il pourrait bien y avoir ime certaine solidarité fonction- nelle entre ces deux sortes de glandes vasculaires (6). Il est aussi à noter que dans cer- tains cas, après l'extirpation de la rate, on a cru qu'il y avait eu reproduction partielle de cet organe (c). (1) L'attention des physiologistes fut appelée sur les changements de volume que la rate subit dans diverses circon- stances, et sur le rôle que ce viscère peut remplir connue diverticulum du système circulatoire, par plusieurs au- teurs du dernier siècle, parmi lesquels je dois citer en première ligne Stukeley, Cowper et Licutaud {d). Plus récem- ment des opinions plus ou moins analogues, touchant les fonctions mé- caniques de la rate comme réservoir sanguin, ont été soutenues par d'autres écrivains {e), et quelques auteurs ont supposé que cet organe remplissait les fonctions d'un propulseur du sang veineux destiné au foie (/"), hypothèse qui n'est pas soutenable. (a) C. A. Mayer, Vcrsnche ûbev die Aiisrottung der MHz {Salzburger medizinisch-chinirg. Zeitung, 1815, t. IX, p. 189). — Geiiach, Etudes sur la rate {Gazette hebdomadaire de médecine, 1856, t. III, p. 38C). {b) Benneil, On theFunctions of the Spleen and other Lymphatic Glands {Monthly Joitrn. of Med. Sciences, 1852, t. XIV, p. 200). — Gerlach, Etudes siir la rate {Gazette hebdomadaire de médecine, t. III, p. 587). (c) Mayer, Versiichc iibcr die Ausrottung der MHz {Med.-chir. Zeitung, 1815, l. III, p. 189). {d) W. Stukeley, On the Spleen, its Description, History, Use and Diseuses, 1723. — W. Cowper, The Anatomy of the Human Dody ; revised by Albinus, 1737. — Lieutaud, Observal^ions sur la grosseur naturelle de la rate {Mém. de l'Acad. des sciences, 1 738). — Essais anatomiques concernant l'histoire exacte de toutes les parties qui composent le corps humain, 1742, p. 308 et suiv. (e) Moreschi, Bel vero e primario uso délie milza. Milano, 1803. — Hodgkiii, On the Uses of the Spleen {Edinb. Med. and Surg. Journal, 1822, t. XVIII, p. 83 et suiv.). — Hake, On llie Structure and Functions of the Spleen {Proceedings of the Royal Society, 1839, n« 39). (H .lark^oii. l'unct'wns nf Ihi' Splpcn IThr Lancet, 1841-1812, I, II, p. 476). 252 SECRETION. rintroduction d'une certaine quantité de sang dans les veines d'un Animal vivant (1). Enfin, on a constaté que ce viscère (1) En 1830, Dobson fit quelques expériences à ce sujet. 11 constata d'a- bord (jne Taugmentation du volume de la raie qui se remarque à la suite du travail digestif commence à être no- table chez les Chiens trois heures après le repas, et atteint sou maximum six heures après l'ingestion des aliments dans l'estomac, puis diminue peu à peu. Il observa ensuite que chez les Animaux dont la rate avait été extir- pée, il ne se manifestait aucun trouble apparent dans les diverses fonctions, excepté vers quatre heures après un repas copieux, car alors dos symptômes de pléthore se déclaraient. Enfin il trouva que l'opération de la saignée détermine une diminution dans le vo- lume de la rate, tandis qu'au contraire cet organe se gonfle beaucoup lorsque du sang en quantité un peu considé- rable est injecté dans la veine jugu- laire {(i). Plus récemment , diverses expé- riences analogues furent faites par !\IM. Bardeleben, Landis, Diltmar {h) et M. II. Gray. Ce dernier physiolo- giste détermina comparativement le poids de la rate chez des Lapins, d'abord chez des individus tués à dini-renles périodes du travail digestif, puis chez d'aulres qui avaient été soumis à une abstinence prolongée, et il trouva : 1" ([ue le poids de cet organe aug- mente beaucoup à la suite des repas, et atteint son maximum onze ou douze heures après l'ingestion des ali- ments dans l'estomac ; 2" que chez les individus bien nourris, il pèse alors, terme moyen, G déclgrammes, tandis que chez les individus privés d'ali- ments , son poids moyen n'est que d'environ 2 décigrammes. Dans d'au- tres expériences faites sur des Che- vaux, le même auteur examina la quantité de sang contenu dans les grosses veines de la rate chez des individus dans différentes conditions de nutrition. Chez neuf Chevaux qui étaient bien nourris, et qui avaient mangé entre quatre et seize heures avant la mort , il trouva que cette quantité variait entre 180 et 90 gram- mes ; chez d'autres qui étaient égale- ment bien nourris, mais dont le dernier repas datait de vingt-quatre heures avant la mort , cette quantité était d'environ 60 grammes; chez un indi- vidu dans les mêmes conditions, mais dont le dernier repas remontait à quarante-huit heures avant la mort , il ne trouva dans ces mêmes vaisseaux que ho grammes de sang ; enfin, chez d'autres Chevaux qui étaient presque morts de faim, cette quantité était réduite à 5*^%^ ou même 3»'", 2. Dans une autre série d'expériences, M. Gray étudia l'influence de l'absorp- tion des boissons sur le jwids de la rate. Chez un Cheval bien nourri, (a) W. Uobson, An Expérimental Inquii-y into the Sinictuve and Functionti of llte Spleen, 1830. (&) Bardelfiben, Noie sur des exth-pations de la rate {Comptes rendus de l'Acad. des sciences, 1844, t. XVUI, p. 49r.). — I.anilis, lieHruge xur Lehre iiber die Verriclit- der Mtlz (disscri. inaiif;:.). Ziiiicli, 1847. — Goiihaux (voy. Hérard, Cours de physioloçiie, l. Il, p. (>30). — Dillniar, l'eber die periodisclte Volumsvcrandfrunpcn drr mcnschlirlien jVi/t, riiccii, 1S50. :>5o GLAiNDIiS I.Ml'AUFAlTblS. — UAiE. est 11011-seiileineiit très extensible et Ibrt élastique, mais aussi qu'il est doué d'une certaine contractilité muscnlaire (l). mais qui avait été privé de boisson pendant trente heures , il trouva dans les veines de la rate environ 19 gram- mes de sang, tandis que chez un autre Individu qui, trois heures avant d'être tué, avait bu un seau d'eau, il obtint près de 50 grammes du même liquide, et chez un troisième qui, neuf heures avant d'être abattu , avait bu deux seaux d'eau, le poids de ce sang splé- nique s'éleva à plus de 110 grammes. Dans une troisième série d'expériences, M. Gray étudia l'influence que les em- barras dans la circulation pulmonaire exercent sur le volume de la rate, et chez un Cheval dont la respiration avait été rendue très laijorieusc pen- dant une demi-heure par l'effet du chloroforme, il trouva ce viscère gorgé de plus de 580 grammes de sang vei- neux. Enfin, dans une quatrième série d'expériences faites sur des Anes, M, Gray étudia l'influence que la sai- gnée et la transfusion peuvent exercer sur la quantité de sang veineux con- tenue dans la rate, et il a vu ainsi cette quantité se réduire à 3 grammes ou s'élever à 20 grammes (a). Vers la même époque, d'autres ex- périences sur le gonflement de la rate à la suite du travail digestif ont été faites par M. Schonfeld. Ce physiolo- giste opéra sur de jeunes Lapins qui, après avoir jeûné pendant douze heu- res, furent nourris abondamment et tués à des moments plus ou moins éloignés de la fin de leur repas. 11 trouva ainsi qu'immédiatement après l'ingestion des aliments dans l'estomac, le poids de la rate est ^ de celui du corps, deux heures après il est de ,-~, et, trois heures après, de y^. Ce vis- cère atteint alors son maximum, et diminue lentement de volume : ainsi, huit heures après le repas, il représen- tait ^ du poids total ; qualrc heures ''P'ès, ^~ , et au bout de vingt-quatre heures son poids était tomijé à -',„ du poids total. Chez les Lapins adultes les din"érences étaient moins considé- rables (6). Il paraîtrait, du reste, d'après les re- cherches de M. Sasse, que le gonfle- ment de la rate dans ces circonstances doit être attribué on partie à l'action nerveuse réflexe excitée par la pré- sence des corps étrangers dans le tube digestif (c), action dont nous avons déjà vu les effets sur l'état des vais- seaux sanguins du pancréas {d). La congestion du sang dans la rate est aussi une conséquence de la section des nerfs qui se rendent à cet organe, et qui constituent le plexus spléni- que (e). (1) La contractilité de la rate a été constatée de différentes manières. Ainsi Defermon a observé que, dans les cas (a) H. Gray, Ontlic SU'uclure and use of the Spleen, p. 83 , 140 et 141. (6) Schonfeld, De funclione lienis (disscrt.). Grouingiiu, 1855. (c) Sasse, De Mili, beschouwd in hare Structuur, in hare phijslologische betrekkiinj. Amster- dam, 1855. (d) Voyez lomc VI, pige 520. (c) Isachkowitz, Beitrdije s,ur expérimental -Palhol. derMili> [Archiu fUr p'itkol. Anal., 1857, t. XI, p. 235). 254 SKCUETION. Modifications du sang dans la rate. L'examen coniparotil' du sang qui se rend à la rate, qui s'y trouve ou qui en provient, tend à prouver que les fonc- tions de cet organe ne sont pas seulement mécaniques, et qu'il exerce une influence notable sur la composition du tluide nour- ricier dont il est traversé. Depuis longtemps plusieurs physio- logistes avaient pensé qu'il devait jouer un rôle analogue à celui des glandes (1), et quelques auteurs avaient considéré les vaisseaux lymphatiques qui en partent comme étant en quelque d'empoisonnenienl par la strychnine, cet organe se roule en spirale et pré- sente (les contractions très énergi- ques (a). Dans quelques expériences faites sur (les Chiens par M. Bernard, le volume de la rate parut diminuer un peu lors des contractions tctaniciucs détermi- nées dans le système musculaire géné- ral par l'action de la strychnine ; mais les effets furent i)icn plus évidents lorsqu'on soumit la rat(> à Taclion d'un appareil électro- magnétique (b). La contraction de la rate sous Tinfluence de réloctricité avait été constatée pré- cédemment par M. r». Wagner et par plusieurs autres physiologistes (c). Les recherches récentes de AL Jasch- kowitz tendent à établir que les con- tractions de la rate ne se manifestent ({ue dans le sens de la longueur de cet organe (cl). M. Piorry a cru pouvoir établir, par des observations de plessimétrie, que l'administration du sulfate de de quinine détermine dans la rate un état de contraction très remarqua- ble (e). Alais, dans les expériences de M. Slinslra, aucun indice de cette action n'a pu être constaté [f], (1) IMalpighi, guidé par ses recjier- ches anatomiques sur la strucliue de la rate, avait élé conduit à considérer les corpuscules auxquels son nom est resté (a) I>cfcrmon , f>ur les contractions de la raie {Bulletin des sciences médicales de Férassac, 1824, t. I.p. 114). {b) Cl. Bernard, Expériences sur la contractilité de la rate {Comptes rendus de la Société de biologie, 184'J, t. I, |i. 15G). (c) Wagner, Untersuch. ilber die Contractilitdt der MHz {Nachr. d. Gôttinger gelehrten Anzeigett, 1849). — Siebert, Ueber Wagner's Untersuch. ilber die Contractilitâl der Mils {loc. cit.). — (liay, On the Slrticluve and Use of thc Spleen, p. 102. — Mazonii, Untersuch. iiber die Cewebe der glattca Muskeln und ûber die Existenz dieser Mtiskeln in der meitschUchcn MHz-. — Stinstra, Commcntatio phijsiologica de funclione licnis. Lugduni Balavorum, 1859, p. 141 et suiv. ((/) Jaschkowiiz, Ikitrdge zur e.vperimentalen Pathologie der MHz {Archiv fur pathol. Anat. itnd l'hysiol., 185T, t. XI, p. 235). {c) IMorry, De l'action du sulfate de quinine sur la rate {Journal des connaissances médico- chirurgicales, lS4r>, I. 1, p. I). — Diminution inslantnnvc de la rate sous l'injlucncc de la quinine {Archives gàu'rales dennhkcinc, 4° séiic, 1817, t. XIII, p. 1^0). (/') SlmMra, Op. cit., p. 142 el tiiiv. GLANUliS IMl'AHlAli'US. HAii;. 255 sorte SCS canaux cxcrctciirs (1) ; mais c'est seLileiiienl de[)uis (]ii'oii a étudié attentivement le sang au moyen du microscope et de l'analyse chimique, qu'on est arrivé à quelques résultats dignes de fixer ici notre attention. Dans une des premières Leçons de ce cours, j'ai eu l'occa- sion de signaler les rapports (pii paraissent exister entre la jiroportion des globules blancs, ou globules plasmiques du sang, et le degré d'activité fonctionnelle de la rate (2j. En effet, nous avons vu, d'une part, que la proportion des glo- aUaclié comme des organes sécré- teurs (a), et plusieurs autres pliysiolo- gistes du xvii^ siècle ont également pensé que cet organe était destiné à séparer du sang certaines humeurs (/>), Mais ces vues furent fortement com- battues par Uuyscli et quelques autres anatomistes de la même époque (c). (1) Voyez ci-dessus , page 'i/i/t , note 1. J'ajouterai que quelques physiolo- gistes ont attribué à la rate un rôle important dans le mécanisme de l'ab- sorption des liquides contenus dans l'estomac, et ont pensé que ceux-ci y passaient par l'intermédiaire des vais- seaux courts ou par quelque autre voie directe. Ainsi Evrard Home pro- fessa cette opinion, et s'étaya d'une expérience dans laquelle ayant lié le pylore chez un Animal dont l'estomac était remi)!i de liquide, iltrouva la rate dans un étal de turgescence (d) ; mais il modifia sa manière de voir lorsqu'il eut constaté que l'extirpation de la rate ne ralentit pas l'absorption sto- macale ((?). Dernièrement M. Gerlach a fait aussi des expériences sur les voies suivies par les substances absor- bées par les parois de l'estomac, et il a vu que du ferrocyanure de potas- sium introduit de la sorte dans l'éco- nomie se montre dans le foie avant d'apparaître dans la rate (f). (2) Voyez tome I, page 1^52 et sui- vantes. [a) Malpighi, De viscerum structura exercitatio anatomica, iQQb{Opera omnia, t. II, p. 101). — Lettcr [Pliilos. Trans., 1671 , t. VI, p. 2150). (6) Wharton, Adenograpliia, 1650. — Sciienck, E.vercit. anat. lenae, 1662. — T. Bartholin, Anatom. quarthm renovata, 1674, p. 155. — Diemerbroeck, Opéra omnia anatomica, 1685, t. I, p. 86. (c) Ruysch, De glandulis, fibris, cellulisque lienalibus, epist. anat. quart. (Opéra omnia, 1701). — Observalio anat. chir., obs. 51, p. 67. — Craus, Disp. inaug. med. de scirrho lienis. lenaî, cap. 3. — De lienis structura, 1705, p. 8 et suiv. {d)E. Home, On the Structure and Uses of the Spleen [Philos. Trans., 1808, p. 45) — Further E.vplanations on the Spleen (loc. cit., p. 133). (e) E. Home, Experiments to prove that Fiuids pass directlij froin the Stomach inlo the Cir- culation, and(ro\n tlience inlo Ihe Cells of the Spleen, olc, without going through the Thoracic Vuct {l'hilos. Trans., ISl 1, p. 103). — On the Structure of the Spleen, elc. (Philos. Trans., 1821, p. 38). (/') (jcrlaob, Eludes sur ii rate (Gaicttc hebdoiu'id'iirc de incdcclnc, 185G, l. Ht, p. 587). î25G SÉCI«KTI(»i\. bules blancs est plus considérable dans le sang (lui sort de cet organe que dans celui qui y arrive (1), et que cetle pro[ior- tion augmente souvent d'une manière très remanjuable dans les cas d'hypertrophie de ce viscère ("2); d'autre part, que la quantité de ces mêmes globules plasmiqucs i)araît diminuer dans l'ensemble du système circulatoire cliez les Animaux dont la rate a été extirpée (3). Divers faits, dont j'ai eu égale- ment l'occasion de rendre compte dans les Leçons précé- dentes, tendent à établir qu'un travail leucocytogénésique sem- (1) En faisant Tliistoire du sang (a), j'ai eu Toccasion de dire que l'abon- dance des gloiîules plasniiquos dans le sang de la rate avait été remarquée par plusieurs physiologistes (h), et que M. Ilirt, on comparant au nom- bre des globules hémaliques le nom- bre de ces corpuscules blancs dans le sang porté à cet organe par l'artère spléniquo et celui qui en sort par la veine correspondante , a trouvé qu'ils étaient comme 7Z| ou 82 à 1 dans ce dernier vaisseau efl'érent, tandis qu'on n'apercevait que 1 globule blanc sur 1800 à 2600 globules rouges dans le courant allèrent à la rate (cj. (2) Nous avons vu précédem- ment {(l) que dans beaucoup de cas d'Iiyperlrophie de la rate le sang con- tient des globules plasmiques en si grande abondance, que les patholo- gistes l'ont désigné sous le nom de sang laiteux. A ce sujet, j'ai cité les observations de M. Bennett, de .NI, Vir- chow et de plusieurs autres méde- cins (e). (3) Ainsi que je l'ai déjà dit, I\l. Mo- leschott a trouvé que chez les Gre- nouilles les globules blancs du sang sont, parrapport|aux globules rouges, dans 1(^ rapport de 1 à 8 ; mais qu'à la suite de l'extirpation du foie, les premiers sont parfois aux seconds comme 1 est à 2. Quand il extirpa la rate en même temps que le foie, ce changement dans le nombre relatif . 4'J et suiv.). (c) H. Gniy, On tlie Development of the liiictlcss Glands in the Chick {Philos. Traits., 1852, r- 308). ((/) He-\vson, E.rpcrimental Inqiiiries, chny. \, conlaiiiing nn Account of the Manner in tchich the Red Parlicles of the Blood are fornied (Works, p. 214 t-t suiv.). (f) Tiedcniami et GnuUn, Hevlierches sur la route que prennent diverses substances pour passer de l'estomac, et du canal intestinal dans le samj ; sur Us fonctions de la rate, etc., p. y4, (/; \oyf7. tome IV, p:ige 368. Ml. 17 258 SÉCRÉTION. organe est le siège d'un (ravail (Himinafoire (|iii a pour consé- quence la deslruction on la Iransformalion d'un certain nombre de ces globules héinatiques. En clïet, nous avons vu [)récé- demment que le sang, en sortant de la rate, contienl moins de glohides qu'en y arrivant, et que des changements de môme bulos sanguins, qui so U'ouvent dissé- minés dans la pulpe splénique, sont le siège d'un Uavail fornialeur de ces ^îlobules, et que ceux-ci s'y renconlrc- raienl à divers degrés de développe- ment (rt). Mais j'ai lait voir dans une des premières Leçons de ce cours [b] , que, d'après l'ensemble do faits con- statés par M. IvôUiker el plusieurs autres nucrograplics , les globules emprisonnés de la sorte, ou simple- ment agrégés enire eux , i)araissenl être en voie de décomposition et de iraiisl'ormation en pigment inorga- nique ((•), cl depuis lors de nouveaux arguments ont été fournis à l'appui de cette hypothèse (d). Enfin, M. Vir- chow, tout en dilférant d'opinion avec M. kolliker au sujet de l'espèce d'en- kystemcnl des globules dont je viens de parler, et en admettant que des globides hématiqucs nouveaux peu- vent se développer dans la rate, re- comiaîl que ces corpuscules peuvent y subii' une sorte de dissolution ou de Iranslorniiilion {e), el cetti' dernière opinion me paraît très bien fondée. •le dois ajouter cependant que \!. Kiilliker, après avoir combattu peutlani longtemps riiypollièsc de la naissance de globules li('mali([iies dans les cellules en question, a été conduit (rt) r.ei-lacli, l't'bi'f die lilalkôrpevchcnluiUeiidc Zdlen {ZcUschrifl fiir rationeUe Medi^in, I. Vit, p. 75). — SclialViier, Zur Kiiinlniss der Malpighischeii Kôrpercheii der Mih- und ilives hthalts IZeilschr. fur rat. Med.. i. VU, p. 34.^). — Schiinfclil, De lunciione lienis. Cioetlingiiu, 4 855. — Bcllrotli, HeilriUje "Mr vergleichcnden Histologie drr Mih (Mïiller's .trc/u'r fiir Anal, und Phyyiol., 1857, p. 88). — Heclt, nie Slrnctur und i^'iinition der Mih [Untersuch. uml^Shid'ien iiuGebiele der Anal, vnd Chir., 1851, p. 81). — ^chmnW s Jnhrb., 1853, 1. LXXVIII, p. 10. Ib) Voyez tome 1, pa^f iî>H l't .«iiiv. ((■) Kollilior, Ueber den llauund ycrriclilungen der Mili iMilUieil. der /Airivhcr ^ialurforseh. Genellsch., 18 17). — Sm.ken (Tndd's Cyclop., I. IV, p. 78). — Ueher Rlnlhorpercheiihaltende Zellen {Zeilsehr. lûr inxsen.irli. Zoologie, 184'.), t. I, y, îïOO). -- NorJi ein Wort ïiber die lilul- kOrperehenhallciidc Zellen (Zcitschr. jïtr winsensch. Zool., 1850, l. II, p. 115). — Eléments (/'(ii.?/o(0(/ie, 1855, p. 4'S)8. — Lundis, Heitrclge ilber die yerrichtungen der Mili. Ziiricli, 1847. — Eckcr, Ueber die Verûnd. welche die liiutkOrp. in der Mili erlciden iZeitsehrifl fiir ration. Med., 1847, i. VI, p. -H\\). -- l'eb< r lUiillwrperflienhallende Zellen (Zeiiscliv. fiir wissensch. Znol., 1850, I. II, p. 2701. — ('.iiiisliiiii,', Zur Keniilniss der Mihgewebe (Miilloi-'s Arehiv fur Anal, nnd l'Iiysiol., 1850, p. 101). — Stinsira, Cniiiuu'iiUUiopliysiologica de fouuctlone lienis. Liij;diini lînlavonini, 1859, p. 113 et .suiv. (d) H. Draper, Sur les modifications des globules du sang dans la rate (Journal de physiologie de Br(i\vn-?éqiiard, 1858, l. I, p. 8i>5). (e) Viri'liiiw, l'eber palhologisehe Pigviente lArrhiv fiir palhologisrhe Anatomie, 1848, (. I, p. ;n9|. — l'eber die Hlutkiirpervhenhaltende Zellen [.\rrhiv fiir palh. Anal., 1852.1. IV). GLANDES IMPARFAITES. — P.ATE, 259 ordre ont été constatés dans sa composilion cliiiHi([iic fi ). 11 pa- rait y avoir en même temps production de fii^rinc dans ce vis- cère (2), et les recherches de M. Scherer et de qiielrpies antres chimistes snr la composition chimique de la pulpe splénique tendent également à faire penser que dans l'intérieur de la rate les principes albuminoïdes du sang subissent des transfor- mations remarquables (3). En effet, on y a trouvé diverses dernièrement à penser ([uc clans le jeune âge il pouvait y avoir for- mation de ces globules dans rinlé- rieur de la raie. Chez des Animaux nouveau-nés, il y a trouvé des cor- puscules semblables à ceux que l'on rencontre dans le foie de Pembryon, et qui paniissaient être en voie de se transformer en globules rouges - du sang (a). Du reste, nos connaissances à ce sujet sont encore trop imparfaites poin- que Ton puisse accepter avec conliance Tune ou l'autre de ces lua- nières tic voir. Il €st aussi à noter que les utricules fusiformes et nucléoles de la tunique épithélique des vaisseaux sanguins de la rate, qui ont été décrits par M. Tigri et Î\I. Koiliker, se détachent très faci- lement après la mort (6), et ont été considérés parquelques auteurs comme jouant un rôle important dans la for- mation des globules du sang (o). C'est cette circonstance qui paraît en avoir imposé à M. Fiihrer, et lui a fait ad- mettre un développement continu de vaisseaux capillaires dans la pulpe splénique (d). (1) Voyez tome 1, pages 333 et suiv. Il est cependant à noter que la [)roportion de fer existant dans le sang veineux de la rate paraît être plus considérable que dans le sang artériel, bien que ce dernier soit plus riche en globules rouges. L'abondance d(; fer dans lo caillot du sang veineux pro\enant do la rate a été constatée par M. Funkc et par M. Oray (e). (2) Voyez tome 1, page 265. (3) M. Scherer a extrait de la rate : 1" une matière cristalline jaune, très analogue à la xanthine , mais qui en dilièrc à certains égards, et qui a reçu le nom iVhypoxanthine (f) ; 2" une matière cristallisable , moins azotée que la précédente, et appelée liénine ; 3" de l'acide lactique, de (a) liôUiker, Einice Bemerkiingen ûber die Hesorplion des Felles im Darme, und ûber die Funclion der MHz- (ferlitnidlimgen der Phys.-med. Gesellsch. in Wùrzliurg, tS50, p. 114). (bj Tigri, Délia fumione délia milia, 18iS. — Sulia proveniema c sulla signifwazione dei gtobuti incolori del saitgue (Bollelinu délie scienxe med. dt llologna, 1858). — Fiihrer, Veber die MHz (Archiv fur pathol. Anat., 485 4, t. XllI. — Gazette hebdom. de •7iéd., 1855, t. II, p. 314). (c) KùUikcr, Éléments d'histologie, p. 502, Hg-. -23fi. {d) Voyez tome I, page 354. (e) Gray, Op. «f., p. 171. (f) Schecer,. Uebei' einan im thierischen Organismvs vorkommenden dcm Xanthidoœyd ver- Kandten Kôrper {Ann. der Chemle und l'harm., 1850, t. LXXIII, p. 328). 260 SKCRETION. mnlières qui sombloiit ôtrodos produils do hi dcslnietion de ces substances orgaui((ues (Ij, sujet surlei|url nous aurons à re- venir dans une prochaine Leçon. En résumé, nous voyons donc que, malgré le nombre im- mense de publieaticms dont la rate a été l'objet, il reste encore la plus grande obscurité relativement aux usages de cet organe; racide acétique, de l'acide forinique, de l'acide butyrique et de l'acide uriipie (c). MM. Frericlis et Stiideler y ont trouv»; de la Icucine, de l'acide urique cl de riiypoxaiilliine ; chez le Bœuf, ils en ont extrait aussi de la tyiosiiie et de la cholestérine (b). !\[. Cloetta a trouvé, dans le suc splt'niqui', de Vinosite, corps hydro- carboné crislallisajjle qui paraît être un dérivé des matières albuminoides ; ce chimiste y a rencontré aussi deux substances précipilables par les sels de plomb (r), lùilin , un chimiste ita- lien, M. (landoni , considère la raie connne contenant une matière grasse l)hospiiorée (<1). Ainsi que je l'ai déjà dit, on trouve souvent, soit dans le santi; de la rate, soit dans la i)ulpe splénicpie, des petits cristaux ou des baguettes microsco- piques jaunes ou rouges qui paraissent dériver de l'héniutosine des globules rouges du sang, et être formées par la substance nommée lu'-matrikUne (c). Ces corpuscules, observés par MM. Vir- chow, l\()lliker, dray et plusieurs au- tres physiologistes (/"), sont parfois logés dans l'intérieur de vésicules qui sendjlent être des globules du sang altérés. Dans quelques cas pathologiques on rencontre dans la rate des corpuscules qui se colorent en rouge violacé par l'action de l'iode, et (jui avaient été considérés d'abord comme étant com- posés d'une matière fort analogue à la cellulose et appelée amidon animal ; mais une élude chimi([ui' plus appro- fondie de ces produits a fait recon- naître ([u'ils sont formés |>ar une sub- stance azotée ((/). (l) M\l. liUdwig et Fiiiirer ont fait, (fl)Sclierer, Vorluuligc MUtlu'ilHnq ûbcr einlge Bestamllhcile dei' Milzllûssigkeit {Vcrltandliuigen lier Phys. utnl Mrd. Cc.seUscli. in Wiinburii. 185-2. I. Il, p. 208). (b) Frericlis uiul Sliileler, Wcilere lieUnïije ;■«)• Lehve vnm StoH'wandei (Miillor's .\rchiv fiir Anat. iind l'hijsiol., 1850, )). 'il). (c) Cloetta, De la prdxence de l'iiiosilc, de l'acide urique, etc., dans diverses parties du corps animal (.lournaide phgsiokujie, 1858, t. I, p. 80-2). (d) Cianiloiii, CÀmenti eheinici internn allamilia {.\nnati universali di medicina (/(';//i Omodei, 183'J, I. IX, p. 355). (c) Voyez tome I, paf:c 174 ot suiv. If} Vircliow, Die palliotogiselieii l'igiiicnte (Archtr fiir palhot. Aaal. und Phijsiol., 1847, I. I, p. 379). — KolliUer, Ueber Dlutkurpcrehenlialtende Zellcn (Zeitsehr. fiir irissensrh. Zoot., 18i;i, I. I, p. 260). — Splkisn (Todd's Cgclop., t. IV, p. 793). — Oray, Ou the SlruelHre and Use of the Spleen, p. 148. (g) C. Sclimult , Ueber dus sogeiianiite tiiierische Amuloid {Ann. der Clicwie inul l'harm,, 1859, t. C\, p. 250). GLANDliS IMPAUF.VITKS, — U.U'K. 261 les liypollièses que j'ai meiitioiiiiées ne sont pas les seules qui aient été produites sur ce sujet, mais il ne me semblerait pas utile de m'y arrêter davantage dans ces Leçons. § 9. — Toutes les glandes dont je viens de parler sont closes, et les produits sécrétés dans leur intérieur ne peuvent être versés au dehors, mais doivent être résorbés de façon à rentrer dans le torrent de la circulation. Les glandes dont l'étude va nous occuper maintenant sont au contraire destinées à éliminer de l'organisme les substances qu'elles élaborent; elles peuvent donc être désignées d'une manière générale sous le nom de glandes .excrétoires; mais, ainsi que je l'ai déjà dit, révacualion de leurs produits peut être le résultat de la rup- ture de leurs parois, ou peut être facilitée et régularisée par le développement préalable d'un conduit excréteur spécial dis- posé à cet effet. 11 y a donc des glandes excrétoires closes dont la communication avec l'extérieur ne s'établit que d'une ma- nière adventive, et des glandes excrétoires parfaites, c'est-à- dire munies d'un canal évacuateur propre et permanent; mais ces différences n'ont pas tout le degré d'importance qu'on serait de prime abord disposé à leur attribuer, et nous verrons des glandes dont les fonctions sont identiques offrir, chez des Animaux différents, l'un et l'autre de ces modes d'orga- nisation (1). (ilandes excrétoires. à ce sujet, des reclierclies qui ont con- duit CCS auteurs à penser qu'une por- tion notable de Turée produite dans l'organisme se forme dans la rate par suite de la destruction des globules sanguins qui s'y opérerait ; ils consi- dèrent aussi les ganglions lympha- tiques comme pouvant remplir les mêmes fonctions dans les cas d'extir- pation de ce viscère (a). (1) L'ovaire, par exemple, qui, chez les Poissons et beaucoup d'Animaux sans vertèbres , est une glande creuse dont la cavité sécrétoire communique au dehors par rintermédiaire d'un conduit préexistant, et qui, chez tes (a) Kiihrei'and Liidwig, Ueber die physiologischen Ersatz der Mili und die Quellea des Harn- ito/fes (Archiv filr physiologische Heilhunde, 1855, t. XIV, p. 315). 20i> s ECU ET ION. siruciuie § 1 0 , — H ost l'orl (linicile tlc classer d'une manière rii;oii- des glandes pmfaiics. relise les diverses formes (lu'afrectent les glandes [larfaites, car on rencontre inie midtitiidc de dispositions i[iterinédiaires s de (pieUpies glandes iniparlaitcs sont les seuls organiles de hénomènes dont ces organes sont le siège. Nature du travail técréloirc. SOIXANTE -DEUXIÈME LEÇON. Nature du travail sécrétoire ; hypothèses dont il a été l'objet. — Origine des matières sécrétées. — Caractères généraux de ce pliénomène. ^l La théorie des sécrétions a donné lieu à beaucoup d'iiypolhèsfis, mais elle est encore à découvrir, et, dans l'état actuel de la science, on me paient plus éloigné du but qu'on ne le pensait jadis , car nous allons voir que l'action sécrétoire semble dépendre essentiellement de la puissance vitale, et il est probable que les lois de cette force nous seront toujours cachées. Cependant les recherches des physiologistes modernes ont jeté beaucoup de lumière sur l'histoire de cette fonction, et si nous ignorons la cause première du phénomène, nous con- naissons au moins beaucoup de ses caractères les plus impor- tants. Les anciens physiologistes, qui se contentaient trop souvent de notions vagues ou de comparaisons spécieuses, se formaient une idée fort simple du mtk'anisme du travail sécrétoire. Us le considéraient comuie étant un [)hénomène mécanique, une sorte de triage des matières contenues dans le sang, triage (jui serait effectué par les glandes, lesquelles agiraient comme autant de cribles ou de filtres chargés chacun d'un rôle parti- culier (1) ; et l'illuslre Descartes, pour expliquer de la sorte la séi)aratioij de ces corps, supposa, d'une part, que les molécules (1) Calieu nous apprend qu'Asch'- sVtpèronl coiunio (''tunl dos cspècos piade (qui exerçait la médecine à l'iunic de criljles propres à laisser passer du temps de Gicéron) eonsidôrail les certaines matières et à en retenir d'au- tissus à travers les(iuels les sécrétions très {a). (a) Galii'ii, De naturaiïbiis facidUiUbus, lil). 1 [Upcra, 1. I, p. '293). NATURE DE CE THAVAIL. 277 (le ceux-ci avnienf des Ibriiies ditTcrontes siiivaiil leur iialiirc respective; (rmifre part, que chaque glande, pour laisser passer certains d'entre eux à l'exclusion des autres, était criblée de porcs d'une forme correspondante (1). Mais ces vues de l'esprit ne pouvaient être acceptées comme l'expression de la vérité, et d'autres philosophes, le f;rand Leibnitz, par exemple, crurent pouvoir se rendre mieux compte du mécanisme des sécrétions, en supposant que les pores de l'espèce de filtre représenté par chaque glande étaient préalablement saturés de la matière que cet organe était spécialement chargé d'éli- miner, et qu'en vertu d'une atti'action particulière entre les choses similaires, ces passages se laissaient traverser par les molécules de cette matière, tandis qu'ils n'admettaient pas les corps étrangers (2). Au premier abord , cette hypothèse pouvait paraître plus plausible que la précédente, mais elle ne devait pas mieux résister aux épreuves de la discussion et de l'expérimentation ; car il était facile de constater que les fdtres imbibés de la sorte par de la salive, de la bile ou de l'urine, se laissent traverser parle sérum du sang et n'en sé[)arent aucune de ces humeurs. Enfin, on imagina aussi que l'espèce de filtration élective opérée par les glandes était la conséquence d'une sorte de sensibilité particulière qui rendait ces organes aptes à distin- (1) Descaries donne la mémo expli- (2) Une opinion analogue à celle de cation des phénomènes de la nutrition Leibnitz (c) fut adoptée dès le commen- des tissus (a), et ses idées à ce sujet cernent du siècle dernier par Wins- furent adoptées par beaucoup de phy- low {d) et plusieurs autres auteurs de siologistes du xvii* siècle (6). la même époque (e). (a) Descaries, L'Homme (Œuvres, vM. de Cousin, (. \\, p. 2ii); De la formation du fœtns (loc. cit., p. 463 et 404), et Discours de la mclltodc (Op. cit., t. I, p. 183). (6) Voyez Haller, Elemenla physiologiœ, lib. VII, scct. 3, 1. 11, p. 469. (c) Voyez Hallei-, Op. cit., t. II, p. 471. {d} Winslow, De la manière dont se font les sccrclions daits les glandes (Mcin. de l'Acad. des sciences, 1711, p. 245). (e) Voyo7 Haller, Op. cit., t. II, p. 471. 278 SÉCRÉTION. giier entre elles les diverses malières que le sang leur apporlait et à s'emparer de celles dont ils devaient effectuer rexerétion. Mais cette supposition ne devait faciliter en aucune façon l'in- teliigencc du phénomène, car on ne comprend pas comment une pareille sensibilité pourrait devenir la cause efficiente du travail sécrétoire (1). Toutes ces théories supposent nécessairement que les humeurs ou les matériaux constitutifs de ces liquides existent dans le sang et en sont simplement séparés par l'organe sécréteur; cepen- dant rien ne prouvait alors qu'il en fût ainsi, et lorsque les phénomènes chimi(iues commencèrent à hxer Tattenlion des physiologistes, quelques auteurs envisagèrent autrement le tra- vail des glandes. Us pensèrent que les matières caractéristiques de chaque humeur étaient, pour ainsi parler, fabriquées sur place dans l'intérieur de chacun de ces organes, par l'action de forces chimiques, et ils exprimèrent celte idée en disant que ces substances étaient le résultat d'une fermentation parti- culière {"2). (1) Bichat supposait (uren raison de sa s<;nsil)ilité organique, cliaque glande distingue dans la masse du sang les matériaux qui conviennent à sa sécré- tion, et que par sa contractilité insen- sible elle se resserre ou se sonlrve pour rejeter de son sein ceux qui sont iiélé- rogènes a cette sécrétion [a], (2) li'hypollièse de la production des humeurs par fermentation se trouve vagu(;ment indiquée diuis les écrits de Van iieimoni (6), et lui développée par plusieurs physiologistes du xvii'^ et du XVIII'' siècle, telsqueSylvius et Willis(c'). Les auteurs récents qui en parlent oubhent trop souvent qu'à l'époque de Van Mehnont et de ses successeurs immédiats, le mot fermentation n'avait pas la signification précise qui y est donnée de nos jours, et était employé pour désigner seulement un travail cliimiqucs'opérant spontanément dans la substance d'un corps et donnan t nais- sance à de nouveaux produits ; il n'iui- pliquail donc en aucmie façon l'idée de l'existence d'un ferment particulier dans chaque glande, comme semblent le penser quelques physiologistes {d). (a) Biclial, Anatomie générale, système glanduleux, art. 3, g 2 (odit. de Mainsrauli, t. 1I> p. (;29). (b) Van Helmoiit) Ortus medicinœ, 4048. (t) Voyez llalkT, FAementa physiologiœ, 1. II, p. Ma. [d] Longi'l, Traitt^ de pliyswlogie, 1. 1, p. 8'.I8. NATUr.E DE CE TRAVAIL. 279 En (léponillanl ces vues des idées accessoires qui les enve- loppaient, et en taisant abstraction du langage de l'époque, nous voyons donc que de bonne heure il régna parmi les physiolo- gistes deux opinions opposées touchant la nature intime du travail séorétoire. Tous étaient d'accord pour reconnaître que les matériaux employés à former les humeurs étaient fournis aux glandes par le fluide nourricier : mais, suivant les uns, ces substances ne devenaient les principes constitutifs de la bile, de la salive, de l'urine ou de toute autre sécrétion que dans l'in- térieur de l'organe sécréteur et par suite du travail spécial dont celui-ci était le siège; tandis que, suivant les autres, ces mêmes principes se trouvaient déjà tout formés dans le sang qui arrive dans la glande, et celle-ci, pour accomplir sa tache, n'avait qu'à les séparer des autres corps auxquels ils se trouvaient mêlés dans le torrent de la circulation et à les verser au dehors. La plupart des physiologistes du siècle dernier, Hallcr, par exemple, adoptèrent la seconde de ces hypothèses (1) ; mais de leur temps les procédés analytiques employés en chimie étaient trop imparfaits pour que la solution de la question fût possible, (1) Haller fit quelques réserves à ce rable de principes difléients, et n'ac- sujet, et admit que les humeurs exis- quièrent les caractères qui les distiu- tent dans le sang à l'état parfait ou guenl que du moment que cet ensemble presque parfait (a). 11 est aussi à noter de substances se trouve séparé des que dans ces derniers temps la plupart autres matériaux constitutifs de Torga- des médecins et même des physiolo- nisme. W faut donc poser la question gistes semblent avoir considéré chaque en d'autres termes, et demander si les humeur comme un corps déterminé principes immédiats qui constituent existant tout formé dans lo sang: ainsi tel ou tel liquide sécrété existent dans ils parlent souvent de l'existence de la le sang et sont fournis par celui-ci à bile ou de l'urine dans ce liquide. l'organe sécréteur, ou si ce dernier est Mais il ne faut pas perdre de vue que chargé de les produire à l'aide d'autres les humeurs ne sont que des mélanges matières puisées dans le fluide nour- d'un nombre plus ou moins considé- ricier général. (a) Haller, Op. eit., t. H, p. 'SQfi. Source des matières sécrétées. 280 SÉCRÉTION. et c'est de nos jours seulement que ce poinl l'onclanienlal de l'histoire des sécrétions a pu être éclaire! . ^2. — ï^es recherches comparatives sur la composition des divers liquides de l'économie animale, faites vers le commence- ment du siècle actuel par Berzelius, jetèrent quel(iues lumières sur ce sujet important, mais ne suflirent pas pour lever les dil'- ficultés ([ui arrêtaient de[)uis si longtemps les physiologistes , 385). INFLUENCE DE l'aCTION NEKVEUSE SUR CE PHÉNOMÈNE. 287 § 5. — Tout en nous reconnaissant impuissant à expliquer smuco les phénomènes de chimie physiologique dont le travail sceré- sùcrétoTre. toire nous rend témoin, nous devons nous appliquer à [)réeiser la source des forces qui l'effectuent, et chercher d'abord si la faculté éliminatrice des glandes réside dans ces instruments ou et l'appuya d'une expérience curieuse : il plaça une dissolution saline dans un tube dont l'extrémité inférieure était bouchée par une membrane animale humide, ot il mil la surface externe de celle-ci en contact avec l'un des pôles d'un élément voltaïque très faible , tandis que l'autre électrode plongeait dans la dissolution, et il vit bientôt que non-seulement le sel marin était décomposé, mais que la dissolution alcaline se montrait à la surface externe de la membrane (a). Ce furent surtout les expériences de Wilson Philip qui fournirent des arguments en faveur de l'hypothèse en question. Ainsi que j'ai déjà eu l'occasion de le dire, ce physiologiste étudia l'influence que la section des nerfs pneumogastriques exerce sur la digestion stomacale, et après avoir con- staté,comme l'avaient fait quelques-uns de ses prédécesseurs, que cette opéra- tion arrête (ou du moins ralentit) la transformation dos aliments en chyme, il chercha s'il ne serait pas possible de rétablir les fonctions de l'estomac en substituant à l'influence nerveuse mî courant galvanique. 11 mit donc le tronçon inférieur des nerfs pneumo- gastriques ainsi divisés en communica- tion avec undes pôles d'une pile, et plaça l'autre électrodedans l'abdomen, de fa- çon à étabhr un courant galvanique dans l'estomac d'un Animal vivant qui venait de prendre des aliments. Après avoir maintenu les choses dans cet état pendant quelques heures , il ouvrit l'estomac de l'Animal soumis à l'expé- rience, et il trouva que les aliments y avaient été digérés presque aussi com- plètement que si les nerfs pneumogas- triques n'avaient pas été coupés. Or, la digestion stomacale dépend, comme on le sait, de l'action du suc gastrique sur les aliments, et ce suc est le produit d'une sécrétion qui a son siège dans les parois de l'ostomac ; par conséquent Wilson Philip crut pouvoir conclure de cette expérience : i " que la sécré- tion gastrique est arrêtée par la section des nerfs pneumogastriques ; 2" que cette action sécrétoire est rétablie par l'action d'un courant galvanique ; 3° que la force nerveuse n"est autre qu'une force électrique (h). Les résultats annoncés pas Wilson Philip furent confirmés par les obser- vations de quelques physiologistes, tan- dis que d'autres en nièrent l'exactitude, et, comme je l'ai déjà dit, cette diver- gence d'opinions quant aux faits fon- damentaux dépendit principalement de ce que de part ei d'autre on s'ex- (a) VVollasloii, Un Ihc Aijcacij of EleclncUy un Aiumal Sécrétions [Philosophical Magazine, t. XXXIII, p. 4S8). (i?) Wilioii IMiilip, Ail, t^.cpcriiaeiital laqiunj iiolo Ihe Laïus of Uic vital FauctïoiLS. Influence de l'action nerveuse sur le travail sécréloire. 288 SÉCHKTIOJN. leur est transmise par d'autres organes, le système nerveux, par exemple. Les résultats tournis par diverses expériences parui'ent d'a- bord très favorables à cette dernière manière de voir, et beau- piimait crime manièro trop absolue, cl qu'on discuta sur la perte ou la per- sistance de la faculté digestive, au lieu de s'occuper de la mesure de cette puissance (r/). En effet, des expériences comparatives firent voir que s'il est vrai qneladigeslion stomacale persiste après la section des nerfs pneumogastri- ques, comme le soutenaient IMagendie et quelques autres physiologistes, il est également vrai que la chymilication est beaucoup ralentie par l'effet de cette opération, et qu'en substituant à l'in- fluence nerveuse un courant galvani- que, on peut rendre à l'estomac une partie de son activité ordinaire (6). Mais en approfondissant davantage la question, on ne tarde pas à reconnaître que cette différence doit être attri- buée à l'excitation des mouvements musculaires de l'estomac plutôt qu'au rétablissement de la sécrétion pcp- tique (c), et par conséquent les con- clusions que Wilson l'iiilip en avait tirées relativement à la cause du travail sécrétoire n'étaient i)lus admissibles. En 182/|, ;\1. Dumas présenta de nouveaux arguments en faveur de l'hypothèse de la production des hu- meurs sécrétées par l'action de cou- rants galvaniques {(/), et plus récem- ment M. Donné a fait voir que les surfaces sécrétantes qui .excrètent, les unes des humeurs acides, les autres des humeurs alcalines, sont dans des états électriques différents, et qu'elles représentent aiusi les pôles opposés d'une pile à courant très faible ; mais ce physiologiste s'est bien gardé de présenter ce fait comme nous don- nant une explication des phénomènes de sécrétions, et il paraît le considérer plutôt comme une conséquence des actions chimiques dont l'organisme est le siège (e). Dans une autre partie de ce cours, je rendrai compte des expériences de M. Malteucci et de quelques autres physiologistes sur les rapports qui existent entre ces phénomènes galva- niques et l'activité vitale, et ici je me bornerai à ajouter (pi'elles n'ont jeté aucune lumière sur la théorie des sé- crétions. (n) Voyez ci-tlessiis, page 24. (b) Brescliul, Milnc Edwards et Vavasseiir, Pc l'influence du système nerveux sur la digestion stomacale {Archives générales de médecine, 1823, t. Il, p. 481). (c) lirescliei et Milno Edwards, Méni. sur le mode d'action des nerfs pneumogastriques dans la ■jn'oduction dis phénomènes de la digestion (Archives générales de médecine, 1825, t. VU, p. 187). — VVfber, art. Musl;elbeu'egiing (VVaiiiior's llandwijrterbuc.il dcr Phijsiologie, I. III, 2* partie, p. 48). — Longel, l'hysiologic du système nerrcu.r, t. II, p. 351. (d) Voyez W. Edwards, IJe t'uijlucnce des agents physiques sur la vie, apficiulico par M. Uiiuiu!^, p. 575. («) Ai. Udiinc', l'>echcrches sur quelques-unes des propriétés chimiques des séirctiuns et sur les courants électriques qui existent dans ks corps organisés [Ann. de chimie et de physique, 1834, t. lAII, p. 3!I8). im'LIIi;m;e uii l'action neuvelse jiUk ce I'hénomène. ^80 coup de ])ljysiologislcs de répofiue acliielle considèrent les sécrétions comme éinnt déterminées par l'action nerveuse. 11 est en elTct bien évident que cette puissance exerce souvent une grande inlluence sur la manière dont les glandes remijlis- sent leurs fonctions. Ainsi chacun sait que les émoiions men- tales peuvent, dans diverses circonstances, imprimer une grande activité à la sécrétion des larmes, et l'on a eu souvent l'occasion d'observer des cas dans lesquels la douleur physique ou morale a arrêté brusquement la ibrmation du lait des nour- rices, ou d'autres phénomènes du môme ordre (1). M. Brodie a trouve qu'après l'ablation ou la destruction du cerveau chez des Animaux dont il entretenait la vie pendant assez longtemps au moyen de la respiration artificielle, l'urine cessait d'affluer dans la vessie (2), et dans la prochaine Leçon, lorsque nous (1) Les ('inoiions morales peuvent aussi arrêter la sécr(5lion d'autres li- quides, colle de la salive, par exemple, et l'on explique ainsi une praticpie singulière qui est employée parfois dans rinde. 11 paraît que dans ce pays, lorsqu'on soupçonne un domes- tique de vol, on a Fliabilude de le soumettre à ce que l'on appelle l'é- preuve du riz , c'est-à-dire à lui l'aire remplir sa bouche avec du riz bouilli et sec, qu'il doit cracher après l'avoir gardé quelques minnles. Si le riz rejeté de la sorte est resté sec, on considère l'accusé comme coupable, tandis que dans le cas contraire on est disposé à le regarder connue iimoccnt. L'émotion produite par la crainte des châtiments p'ut en eflét arrêter la sécrétion salivaire, et l'on présume que l'individu qiu', à son insu, manif .ste ce signe d'inquiétude, doit ètreM'au- teur du délit (a). On cite aussi, comme un exemple de l'inlliience du moral sur le travail sécrétoire, l'excrélion abondante de li- quides par la tunique muqueuse de l'intestin, qui, chez quelques indivi- dus, est déterminée par le sentiment de la peur et qui provoque des évacua- tions alvines. ('2) Les expériences de M. Brodie datent de 1811, et eurent principale- ment pour objet l'étude de l'influence du système nerveux sur la produc- tion de la chaleur animale ; mais elles fournirent un des principaux argu- ments employés par les physiologistes de cette époque, en faveur de l'opinion d'ai)rès lariuellc lii puissance sénré- toire ne serait autre que la force ner- veuse. i\L Brodie pratiqua d'abord la (a) Carpcnicr, Priiiciplcs ofllnman phystolngy, 1853, p. 978. Vil. iy 290 SÉCRÉTION. étudierons spécialement la sécrétion de ce liquide, nous ver- rons que la section des nerfs qui se rendent aux reins arrête aussi les fonctions de ces organes. D'ailleurs j'ai déjà eu l'oc- casion de citer des faits du même ordre. Ainsi, nous avons vu que la section des nerfs qui se détachent de la corde du tym- pan pour se rendre aux glandes sous-maxillaires arrête l'excré- tion de la salive par ces organes, et que la galvanisation du tronçon inférieur des nerfs divisés de la sorte rétablit Técoule- ment de ce liquide (1). Nous avons vu également que la section du nerf trifacial interrompt les fonctions de la glande paro- tide (2), et récemment M. Cl. Bernard a fait sur ce sujet de nouvelles expériences qui lui ont permis de mieux préciser les filets chargés de transmettre à ces organes l'excitation ner- veuse (3). Je rappellerai également les fails que j'ai déjà eu l'occasion de citer au sujet de l'inlluence exercée sur la sécrétion du suc pancréatique par l'excitation nerveuse des parois de l'estomac ou de l'intestin grêle (/j), et, à mesure que nous avancerons (lécapilation d'un Lapin, après avoir préalablement lié les gros vaisseaux sanguins du cou, et ensuite il entretint la vie de FAninial pendant vingt-cinq minutes, au moyen de la respiration arlificielle. Au commencement de l'expérience, la vessie fut vidée, et à la fm on constata qu'il n'y était pas arrivé d'urine. Dans d'autres expériences analogues il entretint la vie pendant plus longtemps, et obtint les mêmes résultais (a). (1) Voyez tome VI, page 250 et suivantes. (2) Tome VI, page 252. (3) Il résulte de ces recherches que les filets qui vont du nerf auriculo- lemporal aux glandes parotides sont spécialement chargés d'exercer sur ces organes l'action stimulante qui est provoquée par les sensations gusta- tives, et qui détermine l'écoulement de la salive par le canal do Sfénon (6). {k) Voyez tome VI, page 521. ((!) Hrodio, The Croonian Lecture, on some Phnsiologieal Researches respectinri the Influence of thc Braïn on the Ac.lion o( Ihc llcarl and on the Gcneralion of Animal lleat [l'Inios. Trans., 1811, cl Phijsiolofj. Ilcsearches, p. 3 et suiv.). (6) Cl. Bernard, Sur le rôle des nerfs des glandes {Comptes rendus des séances de la Société de biologie pour 1800, 3" série, I. II, p. '23). INFLUEINCL; D1; L action NEIIVELSL; SU15 ce MiÉNOMÈNE. 291 dans nos études, nous rciicontrcrons beaucoup d'autres Aiits du même ordre. Il est donc bien évident que le système nerveux a une grande intluenec sur l'activité fonctionnelle des glandes ; mais devons-nous considérer la puissance nerveuse comme étant le principe de l'action sécrétoirc, ou comme une force (}ui, en mo- difiant les circonstances dans lesquelles ce travail s'eiTectue, en modifie aussi les résultats ? Une des premières objections faites à l'hypothèse qui attribue la faculté sécrétoirc à l'action du système nerveux, est tirée de la physiologie végétale. On sait que les plantes ne possèdent ni un système de ce genre, ni rien qui puisse y être assimilé, et que cependant ces êtres vivants opèrent des sécrétions qui ont la plus grande analogie avec le travail glandulaire des Ani- maux (1). Mais je ne m'arrêterai pas sur ces arguments, car, malgré les tendances de notre esprit à regarder tous les effets semblables comme dus à une même cause, et à considérer par conséquent tous les êtres vivants, Animaux et Plantes, comme puisant dans une même force la faculté d'accomplir les actes d'un même ordre, il existe entre eux trop de différences pour qu'un raisonnement de ce genre soit toujours bien concluant. En effet, nous savons que la Nature ne suit pas toujours la même route pour arriver au même résultat, et l'on conçoit la possibilité de la localisation de la puissance déterminante des sécrétions dans le système nerveux d'un Animal, bien que cette force n'ait pour s'exercer aucun instrument semblable dans l'organisme du A^égétal. Mais la comparaison des divers Animaux entre eux tend à montrer aussi qu'il n'existe aucune relation nécessaire entre les organes sécréteurs et le système nerveux. Ainsi que nous le verrons dans une autre partie de ce (1) Cet argument a OlO employé par Dostocii cl plusieurs autres pliysiolo- :;istes. 292 SÉCKKTION. COUPS, ce syslème no paraît exister qu'à l'état rLidiincnlaire chez lin grand nombre d'Animaux inleriem^s, et cependant chez ceux-ci le travail sécrétoire est aussi bien caractérisé que dans les rangs les plus élevés du Règne animal. Chez la plupart de ces êtres, il a été impossible de découvrir aucune branche nerveuse se rendant aux glandes, et même chez les Animaux supérieurs, où ces organes en reçoivent, on ne voit jamais les fibres ner- veuses se distribuer aux ulriculcs qui sont les instruments essen- tiels du travail sécrétoire : c'est sur les parois des vaisseaux que ces fibres se répandent. Les faits fournis pu* Tanatomic tendent donc aussi à nous faire jx-nser que la puissance en vcr!u de larpielle ces cellules opèrent la sécrétion n'est pas une puissance qui leur serait transmise par les nerfs, mais une force qui leur est propre ou qui réside dans leurs parois. L'influence que le système nerveux exerce sur l'activité fonc- tionnelle des glandes parait être moins directe et dépendre principalement de raclion régulatrice de ce système sur une des conditions du Iravail sécrétoire : l'alimenlalion de la ma- chine qui est chargée de séparer du fluide nourricier les maté- riaux constitutifs des humeurs. En effet, nous avons di'jà vu que chez les Animaux su[)érieurs le calibre des vaisseaux capil- laires peut être niodilié par la contraction ou le relâchement de leurs parois, et que ces mouvements sont soumis à l'empire des nerfs (|ui s'y distribuent. VAwa ces êtres, la quantité de sang qui traverse nne glande est donc subordonnée à l'action des nerfs vaso-moteurs de cet organe, ou, en d'autres mots, l'abon- dancc des matières sur lesquelles la [)uissance sécrétante s'exerce est {(lacée sous la dépendance du syslème nerveux, et par con- séquent ce même système peut régler aussi indirectement la quantité des produits (hi travail glandulaire. Les belles expériences de M. (11. Bernard sur l'appareil salivaire mettent bien en ('vidence cet eni-liainiMucut d'iiïeîs. INFLUENCE DE l'aLTION NEUVEUSI: STJIl CE IMlÉNOMÈiXE. '293 Elles nous ont appris que ractivitc foncHounelle des ncifs qui excitent le travail sécrétoire dans les iilaiidcs sous- maxillaires détermine la dilalation des vaisseaux capillaires de ces organes, et qu'en raison de cette dilatation, le sang passe si rapidement des artères dans les veines, qu'il arrive dans celles-ci sans avoir changé de couleur (1^ Ainsi la quantité de salive fournie par la glande se trouve en rapport avec la quantité de iluide nourricier qui apporte dans cet organe les matières sur les- quelles sa puissance sécrétoire est destinée à s'exercer. Ce physiologiste a vu aussi que l'activité fonctionnelle du pan- créas coïncide avec un état de turgescence analogue dans les vaisseaux sanguins de cet organe (2) , et cet état peut être provoqué }»ar l'excilation de parties voisines, excitation qui doit réagir sur la glande par l'intermédiaire des nerfs (o). Dans une autre partie de ce cours j'exposerai ce que l'on sait relativement à la manière dont l'action nerveuse s'exerce sur les glandes en général, et ici je me bornerai à dire que cette action paraît appartenir essentiellement aux ganglions dont se com- pose le système du grand sympatlu"(iue et aux filets que ces ganglions fournissent aux parois des vaisseaux sanguins cor- respondants, mais qu'elle peut être provoquée i)ar rinflnencc exercée sur ces centres médullaires jiar les nerfs de la sensibi- lité et autres dont l'excilation transmise à l'axe cérébro-spinal semble être en quelque sorte réliéeliic sur les ganglions. (1) Voyez tome VI, page 250. (2) Voyez tome VI, pagc520, noie 1. (3) Dans une précédente Leçon, j'ai dit quelques mots des expériences dans lesquelles i\I. Bernard a reconnu que l'excilation de la muqueuse gas- trique par le contact de Téllier aciivc beaucoup le travail sécrétoire dans le pancréas (a). Ce physiologiste a constaté aussi que, dans ce cas, le pancréas est rouge et dans un état de turgescence, lorsque son activité fonc- tionnelle est provoquée par le travail digesl if normal {b). (n) Vnycz luiii(! VI, page 52 i. [b) Cl. l'cniiinl, Leçons sur len subslaitccs lexiques, etc., 1807, ji. iïïf. 29/ï SKCRÉTION. Du reste, la puissance de cette action nerveuse su"r les glandes varie beaucoup, et de là une différence im[)ortante dans la manière dont ces organes remplissent leurs fonctions. Ainsi que j'ai déjà eu l'occasion de le dire en parlant des glandes salivaires, des glandes gastriques et du pancréas d'une part, du foie d'autre part, le travail de ces organes est continu dans les uns, intermittent dans les autres. Or, celte différence coïncide avec l'excitabilité de ces organes par l'action réflexe ou sympathique du système nerveux, et les modifications dans l'état de la circulation capillaire qui sont déterminées ainsi dans leur intérieur. Les glandes où le travail est continu ne sont que peu ou point affectées par l'excitation du système nerveux, et la quantité du sang qui les traverse ne varie que peu dans les circonstances ordinaires, tandis que les glandes qui débitent d'une manière intermittente les produits de leur travail sécré- toire sont fortement inlluencécs par cette action nerveuse réflexe. Lorsqu'elles ne sont pas stimulées de la sorte, elles ne reçoivent que peu de sang, car leurs capillaires sont dans un état de contraction, et alors elles ne fournissent aussi que peu ou point de produits ; mais quand elles subissent une excitatioii de ce genre, leurs vaisseaux se dilatant et le sang y affluant en quantité considérable , elles fonctionnent d'une manière active et versent au dehors les liumeurs (|u'ellcs sont chargées d'élaborer. fi'Sanîo la § ^- — ^^^^*' ^^'^'^ saisir ce qui se passe dans ces circon- ''suhÏ" stances, et pour mieux apprécier l'induencc de l'état de la cir- Fécréi;:n9. culation sur les résultats du travail sécrétoirc, il me semble nécessaire d'entrer dans quelques nouveaux détails au sujet des caractères de ce phénomène. Ainsi que je l'ai déjà dit, toute humeur excrétée par une glande est un produit complexe, un mélange de substances diverses qui ne sont pas associées ni réunies en proi)ortions constantes, mais qui peuvent varier dans leurs rapports. Or, la IINFLUENCF. DE LA CIUCULATION SUR CE PHÉNOMÈNE. 295 manière dont la glande les sépare du sang paraît différer aussi, et les circonstances qui influent sur leur sécrétion ne sont pas les mêmes pour toutes. Quelques-unes de ces matières, et ce sont en général celles qui caractérisent essentiellement l'humeur particulière dont il est question, ne paraissent pouvoir arriver que très lentement dans le torrent de la circulation, ne s'y trouvent qu'en très petites quantités, et en sont séparées presque aussitôt par les utricules sécréteurs appropriés à cet usage; en sorte que la quantité de ces substances dont chaque utricule peut se charger en un temps donné est dépendante de la quantité qui arrive dans le sang, et non de la rapidité avec laquelle ce dernier liquide traverse la glande : car, dans le cas où la circulation vient à s'activer dans cet organe et le travail fonctionnel de celui-ci à augmenter, le tluide nourricier qui y arrive, et qui alimente ce même travail, devient par cela même plus pauvre, et par consé(iuent moins propre à fournir les matériaux nécessaires à l'élaboration du produit sécrété. Mais pour d'autres substances il n'en est pas de même : le sang en contient si abondamment, que l'action éliminatrice de la glande ne détermine que des changements très faibles dans les quantités en circulation; et par conséquent plus le volume du tluide nourricier qui, en un certain laps de temps, est soumis à l'action éliminatoire de la glande est grand, plus celle-ci pourra en prendre facilement. L'eau, qui est un des principaux matériaux de toutes les humeurs excrétées de la sorte, appartient à cette dernière classe de substances, et par conséquent nous pouvons prévoir que les variations dans l'état des capillaires sanguins, et dans le volume du sang (jui traverse la glande en un temps donné, doit iniluer sur la quan- tité de l'humeur sécrétée en y augmentant la proportion d'eau plutôt qu'en rendant plus abondantes les matières qui lui donnent son caractère particulier : par exemple, l'urée, (juand il s'agit de 296 SÉCRÉTION, l'iiriiie, et la pepsine ou h ptynlinc, quand il s'agil de la salive ou du suc gastrirpic. Ainsi, malgré les variations énormes qui existent dans la quantité tutale de liquide fourni par l'ensemble de l'appareil salivaire en un temps donné, le poids des matières organiijues excrétées de la sorte reste à peu près constant, et les diffé- rences dépendent principalement de la proportion d'eau qui s'y trouve (i). Ce fait a été constaté expérimentalement par M. Jacu- bowilscli, et concorde parfaitement avec d'autres observations dont j'aurai à parler dans les Leçons suivantes. Il ne faudrait pas croire cependant que la quantité d'eau éli- minée de l'organisme par une glande ne puisse exercer aucnne innnencc considérable sur les autres jtarlies du travail sécré- toire. C'est de l'accumulation d'une certaine quantité d'eau dans l'intérieur de cliaque ntricule sécréteiu' que parait dépendre prin- cipalement la mise en liberté des diverses matières contenues dans ces cellules, soit (pie cette évacuation ait lieu par l'upture de leurs parois, par leur cluitc ou autrement. Par consé-quent, l'évacuation de toutes les matières sécrétées est subordonnée jusqu'à un certain point à la (piantité d'eau (|ui traverse le tissu sécréteur, et, dans les cas où ce tissu se l'cnouvellc rapidement, le développement de jeunes cellules pcul c!rc facilité par la séi)aralion de leurs devancières, en sorte (|uc sous ce rapj)ort aussi le volume du lluidc» nom'ricicr qui circule dans une glande peut inllucr sur les résultats de son activil(' fonclionnclle. Mais en général, quand le travail s('créloire devient très rapide, son produit est de plus en plus aipieux. L'excrétion de l'eau et de qucl(jucs matières salines qui ac- conipaguenl ce liquide dans la plupart des humeurs sécrétées, paraît cire dans les glandes, ainsi (pie dans les autres jiarties lie réeonomi(! animale, un phénomène de Iranssudation soumis, (!) Voyi'z tome Vf. p;im' 257. noie 1. INFLUF.NCK DK L.V ClllCULVTION SUR CR PlIKNOMKNi:. 297 comme nous 1 avons ueja vu, aux lois ue la physique (l ); mais d,,s iiypoiius.s il n'en est pas de même de rélimiiialion des principes caracté- ou ,"3»^^^ risliques de ces liquides, ou des substances qui, en subissant i-ex[!M'"itior. quelques modifications dans l'intérieur des cellules glandulaires, "^"^ ^'•■'^'■'^"'""• sont destinées i\ les constituer. Ce n'est pas à l'aide du jeu des afllnités chimiques ordinaires que l'urée ou tout autre principe analogue peut être retiré du sang et accumulé dans l'intérieur d'un utricule sécréteur, car il n'y contracte aucune combinai- son. S'il fallait chercher dans le domaine de la chimie (pielque action moléculaire avant une certaine ressemblance avec cette fixation élective d'une substance qui ne se combine pas avec le corps sur lequel elle se concentre, je citerais l'attraction que certains corps poreux, tels que le charbon animal, exercent sur quelques matières colorantes et autres qu'ils enlèvent aux liquides qui les contiennent, sans cependant former avec elles aucune combinaison définie ; mais la nature de cette réaction est encore trop imparl'aitement connue pour qu'une pareille comparaison puisse nous être bien utile, et d'ailleurs, dans le travail sécréloire, la matière sécrétée n'est pas fixée, mais seulement enlevée au fiuide nourricier et transportée dans une cavité close d'où elle s'échappe ensuite à l'étal de liberté. Aucune des hypothèses imaginées pour ramener les phé- nomènes de la sécrétion aux lois générales de la physiipie ou de la chimie n'atteint donc le but voulu, et puisipie ces phéno- mènes ne s'observent que chez les êtres vivants, on se trouve conduit à incliner vers l'opinion de beaucoup d'anciens physio- logistes qui, à l'exemple de Stahl, les attribuaient à l'influence de la force particulière dont dépend rexislcnce même des corps organisés, c'est-à-dire la force vitale. Mais, en s'exprimant de la sorte, il ne faut pas attacher à ces mots un sens que l'on y donnait jadis, et croire qu'on expliipie ainsi l'inconnu. On (I) Vnyoz tonio IV. pa!,M^ /i()3 ot snivanlos. R(Me physiologique des vésicules. 298 SÉCRÉTION. ii'exiilique rien; on caractérise seulement les relations que l'on suppose exister entre certains eflets et une puissance dont la nature nous est cachée et dont les lois sont encore à décou- vrir; ou, en d'autres termes, on se borne à dire que la sécré- tion est un acte propre aux êtres vivants et inexplicable par les lois connues de la nature inorganique. Du reste, ce phénomène semble avoir tant d'analogie avec (îcux de la chimie générale, que peut-être serait-il préférable de se borner à avouer franche- ment notre ignorance. § 7. ' — Quoi qu'il en soit, le travail sécrétoire se trouve lié à l'activité des organites vésiculaires que, dans la Leçon der- nière, j'ai décrits sous le nom d'utricules (1), et partout où ces utricules peuvent naître et se développer, des phénomènes de sécrétion peuvent aussi se manifester. En effet, ce travail n'est pas confiné dans les glandes et le revêlement épithé- lique des membranes muqueuses ou tégumentaires ; il peut s'établir partout où existe la substance conjonctive dont le tissu utriculaire est un dérivé. Dans les circonstances ordinaires, les sécrétions n'ont pour siège que les organes spéciaux dont je viens de parler ; mais, lorsque l'afflux des liquides nourriciers augmente dans un point quelconque du corps où il existe du tissu conjonctif, que le cours du sang s'y ralentit, et que l'exci- tation nerveuse dont dépend la douleur s'y manifeste, accidents .norbides qui constituent ce que les pathologistes appellent un état inflammatoire, ou phlogose, il peut s'y établir aussi un travail élinùnaloire qui offre tous les caractères d'une sécrétion, qui donne naissance à une humeur particulière appelée pr« ('2), et qui (1) Voyez ci-dqssiis, page 198. ou corpuscules .solides dont les dinien- (2) Le pus est une humeur d'un sions varicnl [a). Ces i,'lobulcs parais- blanc jaunâlrc ou verdûuc, qui se com- sent être des cellules à divers degrés pose d'un liquide séreux tenant en de développemcnl ; ils ont la plus suspension une multitude de globules grande analogie avec les globules plas- (fl) lia (Iccouvcrte tic ces globules microscopiques paraît être iluc à Gorn (Z)e })i3r Jourdan, d847, p. 120. — ■ Maudi, Anatomie microscopique, 1. 1, 2° série, p. 29. — Lebcrt, Physiologie pathotoçiique, t. 1, p. 41. — Henlc, Handbuch der ration. Pathol., t. II, p. 685. (b) Lassaigne, Cholcstérine observée dans la matière puriforme {Journal de chimie médicale, 1836, t. Xli, p. 581). — Valentin, nepertoriiim, 1837, p. 307. (c) Giiterbock, De puris natura et formatione (dissert, inaug.). Berlin, 1837. — La plupart des cbimistes pensent que la pyine n'est pas un principe inuuc'diat de l'organisme, et se produit pendant les opérations de l'analyse. (d) Voyez tnnie 1, page 160. [c] Pour plus de détails sur la composition chimique du pus, on peut consulter : — Dumas, Traité de chimie, t. VIII, p. 701 et suiv. — Bibra, Chemische Untersuch. verschiedeiier Eiterarten. Berlin, 1842. — Lebmatin et Messerschmidt, Ueber Eiter und Gesehwiirc (Archiv fiir physiol. Ueilkunde 1842, t. I, p. 220). -^ P'r. Simon, Animal Cheniistrij, t. II, p. 86. — Lehmann, Lehrbuch der physiologischen Chemie, I. 111, p. 127. — Day, Chemistry in Hs Relations to Physiology, 1800, p. 388. — Bocdeker, lileine Beitraye zur chemisclien Kenntniss des Eiters {Zeitschr. fiir rat. Med., 2' série, 1850, t. VI, p. 188). — Scherer, Untersuchungen %ur Pathologie, p. 85. cOO SÉCUÉTlOiN. adventive aussi bien que sur les sécrétions normales, et que la su|)|iuraliou [)Oul se substituer à celles-ci dans les organes glandulaires (1). Quelques physiologistes oui pensé que les globules du pus étaient des globules plasniiqiies ou des globules liéuiatiques altérés (o); mais ces hy- pothèses ne sont pas admissibles [h], et ont élé réfutées par plusieurs mi- crograiilics (c). En effet, la formation de cette humeur morbide a tous les caractères d'une sécrétion (J), et pa- raît devoir être considérée comme le résultat d'un développement anor- mal d'utricules analogues à ceux qui constituent les tissus épitliéliques en général, mais qui, au lieu d'être unis entre eux, deviennent libres. Ce pro- duit pathologique se forme tantôt à la surface des membranes, là où le tissu éi)illiélique normal prend d'ordinaire naissance ; d'autres fois dans les mailles du tissu conjonctif, dont les cellules engendrent les globules purulents et se détruisent pour les nieltr(\ en li- berté (e). (1) Ainsi nous venons dans une pro- chaine Leçon ijue la sec. ion des nerfs qui se distribuent aux reins provoque la suppuration dans le tissu de ces or- ganes. Il est aussi à noter que la des- truction de certains ganglions nerveux a souvent pour conséquence rétablis- sement d'une sécrétion abondante du pus à la surface des membranes mu- queuses ou séreuses correspondantes. Ainsi M. Cl. Bernard dit que la section du nerf sympathique au cou, tout en ne déterminant aucun phénomène pa- thologique chez les Animaux vigou- reux, provoque chez les individus fai- bles une suppuration abondante des muqueuses de la tète du côté corres- pondant (/'). Dans des circonstances analogues, ce physiologiste a vu la destruction du premier ganglion tho- racique être suivi(; d'une pleurésie intense, et l'extirpation du ganglion solaire avoir pour conséquence une l)érilonite purulente (y). M. lUidge a constaté aussi que l'ablation des ganglions scnii-lunaires et des gan- glions mésentériques détermine une sécrétion abondante de nmcosités dans l'intestin (/(). (a) E. Home, On tlie Conversion of Pus into Craiiula lions (l'hilos, Trans., 1819, p. 1.) — ('■enihiii, Histoire anatomiiiuc des inllammalioiis, 18!2t). — Duiiiu', Mi'tn. sur les caractères distuietifs du pus {Archives £> ' ^^^ prodnits chez les divers Anmiaux, soit dans les ditterentes parties de du travail l'organisme d'un même individu, sont en nombre considérable, et les physiologistes ont cherché à les classer de plusieurs manières sans arriver à des résultats bien satisfaisants. Tantôt on les divise en liquides excrémentitiels et récrémentiliels, suivant qu'on les considère comme devant être aptes seule- mont à opérer l'expulsion des matières inutiles, ou qu'on leur attribue un rôle utile pour l'accomplissement des fonctions de l'organisme; mais cette distinction est parfois bien arbitraire et n'est jamais très utile. D'autres fois on classe les humeurs d'après certains caractères chimiques, tels que l'acidité ou l'alcalinité. Enfin on peut aussi les répartir en plusieurs groupes d'après la nature des principes qui y dominent. Considérées à ce dernier point de vue, elles peuvent être réparties en quatre classes principales, savoir : 1° Les humeurs albuminoïdes, qui sont plus ou moins char- gées de matières protéiques, et qui doivent leurs principaux caractères à cette circonstance, mais qui peuvent contenir aussi des matières grasses, etc. : par exemple, le mucus, la synovie, le suc pancréatique, la salive, et même le lait. 2° Les humeurs acides, qui ne renferment que peu de matières azotées, mais contiennent un acide libre ou faiblement combiné : le suc gastrique et la sueur, par exemple. 3" Les humeurs sébacées, qui sont riches en matières grasses et ne contiennent que peu" ou point de matières protéiques : par exemple, le cérumen des oreilles, la cire des Abeilles, etc. k" Les humeurs que l'on pourrait appeler résiduaires, parce qu'elles ont pour matériaux principaux des principes azotés non albuminoïdes, qui semblent dériver des matières plastiques et qui se rapprochent davantage des corps du règne inorganique: oOA SÉCKÉTION. par exemple l'urée, Taeidc inique, les acides jjiliaires et les divers pigments. L'urine et la bile sont les principaux membres de ce groupe. Du reste, il ne faut attaelier que peu d'importance à ces classi- fications, et c'est esseutiellement au point de vue pbysiologique qu'il convient d'envisager les sécrétions. En effet, cbacune d'elles se rattacbe plus ou moins étroitement à l'une des grandes fonc- tions de l'organisme et c'est en traitant de celles-ci qu'on peut le plus utilement en faire l'étude. Déjà, en traçant l'bistoire delà digestion, j'ai eu l'occasion déparier de plusieurs des humeurs de l'économie, et lorsque nous nous occuperons des actes de la vie animale et de la reproduction, je serai nécessairement con- duit à parler de plusieurs autres produits dont l'examen serait prématuré ici. Mais il est une série de phénomènes dans les- quels certaines sécrétions jouent le rôle principal, et concourent à rachcvement du travail nutritif en effectuimt l'expulsion des matières qui doivent sortir de l'organisme et qui ne peuvent s'en échapper par les voies respiratoires, (^est ici que leur étude doit trouver place, et par conséquent, dans la prochaine Leçon, nous nous occut)erons des excrétions en général, mais principalement de l'excrétion urinaire. excréloircs. SOIXANTE -TROISIÈME LEÇON. Des excrétions. — Sécrétion urinairc. — Appareil iirinaire des Vertébrés, des Mollusques et des Animaux articulés. § 1. — En étudiant la respiration, nous avons vu que par voies cette voie l'économie animale se débarrasse sans cesse de diverses matières qui sojit destinées à Hiire retour à la nature inorganique, et qui sont principalement de l'acide carbonique et de l'eau (1). Dans une autre partie de ce Cours, nous avons constaté que chez l'Homme et les autres Animaux qui vivent à l'air, l'évaporalion enlève à la surfoce de la peau une quantité considérable de ce dernier fluide ('2). Enlin, dans une des dernières Leçons, nous avons trouvé (juc l'ajjpareil digestif expulse au dcliors, avec les résidus laissés par les aliments, des matières provenant des parois du tulîc intestinal, de la bile ou des autres humeurs qui arrivent dans cette cavité (o). IMais ces excrétions ne sont pas les seules, et chez la plupart des êtres animés il existe d'autres voies pour la sortie des produits non utilisables du travail nutritif^ ainsi que pour l'expulsion des matières étrangères dont l'organisme se trouve chargé. Ces derniers émonctoires doivent même être considérés comme les instruments spéciaux de l'excrétion, et c'est princi- palement par leur intermédiaire que les matières azotées et les autres substances non volatiles sont versées au dehors sous la forme de sécrétions, tandis que les corps doués d'une tension considérable s'échappent par la surface respiratoire ou par la peau, à l'état de lluidcs élastiques. L'un d'eux est l'appareil (1) Voyez tome I, page Z|19 et suiv. (3) Voyez loiiic Vil, piigc lb7 et (2) Voyez tome IV, page /|39 et suiv. suivantes. vu. 20 306 l'XcnÉTiONS. iirinaire ; c'est le plus iinportanl de tous. Les autres sont les iilandes sudoriiï'res, les organes sécréteurs du mucus et quel- ques glandulcs qui avoisinenl l'anus. L'histoire de la plupart de ces organes trouvera sa place dans une autre partie de ce (]ours, et dans ce moment nous ne nous occuperons que de rai)pareil urinairc 1) et de ses produits. De la sécrétion § 2. — La sécrcliou urinairc est un phéuonièm^ très général dans le Règne animal, mais dont les inslrumculs n'ont été l'objet d'une étude approfondie que chez l'Hoiume et les auh^es Vertébrés. Pour le moment, je laisserai donc de côté tout ce qui est relatif à cette fonction chez les Invertébrés, et, afin de faire bien saisir les traits généraux de riiistoire anatomique des organes qui l'accomplissent chez les divers Vertébrés, je crois utile d'indiquer d'abord son mode de dévelojjpement chez l'embryon. Chez tous les A'"ertébrés en voie de Ibrmalion, on apercoil urinairc chez les Vertébrés Mdil. Je ..léveioppeuieni ). Ces organes grandisseni rapidement ; (J) (Uiol(|iies iuilours désiî^iioiU (ruiif inaïuère géiu'ralo les parties constitutives de cet appareil sous le nom iVorgaur-s uropoi'liqiios. ('2) On les appelle aussi faiu' reins, reins primordimix ou corps J'Oken. (3) Gasp. Fféd. Wolik, analouiisle rélèhre du \viri'' siècle, élail orifii- naire de Keiliu ; mais après la publi- cation de queli[ues travaux iniportauls, il alla sY'lablir à .Saint-P«5tersbourf;, ei ce fut dans les iMénioires de l' Acadé- mie de celte ville ((u'il fit paraître la plupart de ses œuvres. On lui doit la découverte des reins primitifs chez les Oiseaux {a) et un !;rand nombre d'au- tres observations capitales pour l'em- bryologie. Oken lit faire ensuite un pas iniporlanl à riiistoire de ces organes ; mais l'iathke lui le premier à en faire une élude api)rofondie, et ses recher- ches portèrent sur les l'icptilesaussi bien (lue sur les Mammifères et les Oiseaux. ((/) C. F. \V..lir, ThcorUi ijeneraliouis (dissert, inaiig.). Halle, 1159.— /)« lormalione intesli- nurwn irtrcipuc, tum et de nmnio spurio uUisque imrtibus emhryojiis 0(illin(icei nondnm vms, observationes in ovis incuhatis inslitiilcc {t\ovi Commott. M'inl. iV/)c;iO(., I. MU. !'• it^lJl- APPAREIL URINAIRE DES VERTÉTÎRÉS. 307 ils sont de forme allongée (1), et bientôt on y dislingne une multitude de canalicules qui sont terminés en cul-de-sae du côté interne, mais qui vont déboucher dans un conduit situé le long du bord externe de chacune de ces glandes, d'où il se porte en arrière pour aller s'ouvrir, soit dans la portion termi- nale de l'intestin, soit dans un appendice de ce canal appelé vésicule allanloïdienne (%. Par suite de leur grand allonge- Peu de iciups après, l'histoire du dé- veloppement de CCS organes fit de nouveaux progrès entre les mains de M. Baer, de J. Mullcr, de j\I. Coste, de M. Bischoff et de quelques autres embryologistes (a). (1) Au sujet de la forme générale des corps de Wollï' et de leur position dans la cavité viscérale, je renverrai aux ligures qui en ont été données d'après des embryons de l'espèce humaine (b) , de la Brebis (e) , la Vache ((/), la Souris (e), la Biche (/"), la Poule (g), le Faucon (h), la Cou- leuvre (i), la Grenouille {j), le Sau- mon (A;), etc. (2) Ce canal est côtoyé par un con- duit ([ui appartient à l'appareil géni- tal, et quelques auteurs l'ont confondu avec ce tube. (a) Oken, Anat. von drei Hundscmbnjonen (Okea un,l Keiseï-, Beilrage -.ur verqleichenden Zoologie, Anatomie und Physioloijie, 1807, t. Il, p. \'j et siiiv.). — Baer, Ueber die Entwickdungsijcschichte dcr Thiere, iSiS, t. I, p. G3, de. — Rathke, dans le Traité de physiologie de Biirdach, I. III, p. 505 et suiv'. — Mùller, Bildungsgescldchtc dcr Genitalien, aus anatomischen Untcrsuchuiinen an Em- bryonen der Menschen und der Thiere, 1830, p. 9-12. — Jacobson, Die Oken'schen Kurper, oder Primordialnieren. Coiienhague, 1830 {Isis , 1831, p. 487). — Vnlentin, Handbiich der Entwickelungsgeschichte, 1835, p. 352 et suiv. — Cùsto, Recherches sur les corps de Wol/f chez les Mammirères et les Oiseaux iinn des sciences ?iflf., 2' série, 1840, t. MU, p. 290). — Bischoir, Traité du développement de l'Homme et des Animaux , Irad. par Jourdaii p 341 el suiv. [Encyclop. analomique, t, Vlll). ' (b) Muller, Bildungsgeschichte der Genitalien, pi. 4, lîg. 7, etc. — Cosle, Histoire générale du développement des corps organisés, espèce humaine pi 4^ %. 1 el 3. • ' 1 . (c) Wuler, Op. cit., pi. 3, %. 3, etc. — Coste, Recherches sur les corps de Wolff {Ann. des sciences nul., 2' série, t. XllI, pi. 9 fig. 1, 2 et 3, et pi. 10, tiy. 1 el 2), et Histoire générale du développement des corps orn'anis'^s' Brebis, pi. 4, fig. 1 et 2. i j - , (d) Muller, Op. cit., pi. 3, (ig. 2. (e) Idem, i6t!/.,pl. 3, fig. 1. if) Idem, ibid., pi. 4, fig. (J. (g) Rathke, Ueber die Entwickelung der Geschlechtsiuerkzeuge bei dea Wirbdlhieren (Bcitr sur Gesch. der Thierwelt, t. III, jil. 3, fig. 1, 3, etc.). — Millier, ùp. cit., pi. 2, fig. 1, 2, etc. — Coste, Op. cit. {Ann. des sciences nat., 2« série, t. XUl, pi. 9, fi'^ i) (/() Muller, Op. cit., pi. 4, fig. ^. > - s y (i) P.aihke, Enhvickelungsgeschichlc der Natter, pi. 1 , li-. i, et pi. 2, fi-. (J ; pi. 3 n^ j elc {J)UQm, liildungsgesch. der Genitalien, pi. i, iv^. l,cic. " ' • ^- • (fc) Vogt, Embryologie des Salmones, pi. 0, fig. 130, 140 el 142 (Agas.^iz, Ihsluire natiirell- des Poissons d'eau douce, iS'td). i ti - o08 EXCRÉTIONS. ment, les cannlioulcs des corps de Woliï deviennent ensuite très iîexueux et se [)elotonnent sur eux-mêmes de très bonne heure (l). On observe aussi de nombreux vaisseaux sanguins (jui pénètrent dans la glande par son côté interne, et qui lui donnent une couleur rougeâtre ('2). Enfin, on voit un liquide et quel- quefois môme des concrétions se former dans l'intérieur des canalicules, et, d'après l'examen qui a été fait de ces matières, on a été conduit à reconnaître que ces glandes constituent déjà à cette période peu avancée de la vie embryoïniaire un appareil urinaire (3). Lorsque Wolff observa pour la première fois ces organes cliez le Poulet, il les considéra comme étant les reins en (1) Ces canalicules se constituent (l'abord sous la forme de vésicules la) ([iii, en s'allongeanl, deviennent des lul)i's léfièrement Iîexueux et disposés parallèlement en tra\ers(6). En conti- nuant à se développer, ils a( quièrent mic longueur (•oiisidéral)le, s'cnlortii- lenl davantage, et l'urment de petils pelotons qui sont fort dilliciies à dé- mêler {(■). Oken, [liniley et quelques autres anatomistes ont pu les injecter, ainsi (jue le canal dans le([uel ils déboiirlicnl (rennent naissance dans leur voisinage (1). Chez l'embryon humain, les reins primordiaux disparaissent presque entière- ment pendant le second mois de la vie intra-utérine (2), et chez les Mammifères moins élevés en organisation, quoique leur existence soit un peu plus longue, ils s'atrophient aussi de très bonne heure (o). Chez les Reptiles, ils n'atteignent (1) Wolff, tout en signalant Texis- tence de ces organes embryonnaires, n'en avait pas étudié le développe- ment, et Oken fut le premier à con- stater que les reins en sont indépen- dants dès leur origine. J\l. Coste a étudié avec beaucoup de soin les rela- tions qui existent entre les corps de Wolir et les organes de la généra- tion («). (2) La disparition des corps de Wolff a lieu d'une manière graduelle ; ils se retirent peu à peu dans la partie inférieure de la cavité abdominale, et nous verrons, dans la suite de ces Leçons, quelles sont les relations qu'ils ont avec les organes de la génération. Les canalicules qui sont logés dans le repli du péritoine près de la Ironqie, chez l'embryon humain femelle, pen- dant les derniers mois de la grossesse, et qui ont été désignés sous le nom d'organes de Rosenmuller, paraissent êlre des débris des corps de Wolli' {b). On les retrouve encore pendant un certain temps après la naissance. (3) Ainsi, chez le Lapin, dont la gestation n'est que de trente jours, on voit encore des vestiges des corps de Wolff vers le vingt-quatrième jour de la vie interutérine ; mais ces organes ont complètement disparu avant la parlurition (c). Il y a cependant quelque raison de croire que la portion terminale des conduits excréteurs des corps de ^Voliï persiste pendant toute la vie chez les Juments, les Vaches, les Brebis et quelques autres Animaux, où ils consti- tueraient les canaux de Gartner {d), (a) Costc, Op. cit. {Ann. des sciences nat., 2' série, t. Xlll, p. 290). (ft) Rosenmiillor, De ovariis embrijonum. Lipsiœ, ISOt. (c) Cosie, Op. cit. (Ann. des scituces nul., 2= série, t. Mil, p. 301). (di Jaoobson, Die Oken'schen KOrper {Isis, 1831). — Raihko, Ueber die Bildnmj dev Sanieiikiler, dev Fallopischen Trompeté und dcr Gart- iierscheii Kandle in der Gebàrmutlcr uml Scheide dcf U'icdcrkâiicr (Mcekel'» Archiv fiii' Anal, vnd Physiol., 1832, p. 380). • — Viilenlin, tlundbuch der Entwukelumjsyeschichte des Mensc.hen., p. 3'JO. — Coste, Op. cit. (Ann, des sciences nat., i' série, l. Xlll, p. 30i). — Foliiii, Recherches sur les corps de Wolff, Ihèse. l'aris, 1850, .s 10 KXCKKTIONS, lo niaxiinuni do leur d(;vcloj)[)Cincnt ([iic vers la moitié (\c la vie embryonnaire, et ils persistent jusqu'à l'époque de la naissance. Chez les Batraciens, on les retrouve dans le têtard, et dans l'Animal dont les métamorphoses sont ache- vées, ils sont rcmiilacés, quant à leurs Ibnclions, par les reins proprement dits; mais il reste toujours des vestiges de leurs dépendances (1). Enfin, chez les Poissons, les corps de Wolff constituent des organes permanents (2); aucune autre qui sont situés dans les parois du vagin, comme nous le verrons par la suite. (1) L'existence des reins transitoires, ou corps de Wolff, chez les Batraciens, a été constatée par J. Millier (a) ; mais je dois ajouter que la justesse de cette détcrminalion n'est pas admise par tous les anatomisles {b), cl qu'il résulte des observations plus ré- centes de M. Witlich que ces organes n'ont pas la même structure intime que chez les autres Vertébrés. Au lieu d'être composés d'une réunion de petits caecums, ainsi que INIiiller l'avait représenté, ils seraient com- posés d'un long tube entortillé sur lui-mènjo (c). Les recherches de ce naturaliste et celles de M. Leydig ten- dent également à établir que chez les Batraciens adultes ces organes transi- toires sont représentés par des appen- dices de l'appareil génito-urinairc, sur lesquels je reviendrai bientôt {d). (2) On avait d'abord pensé que les corps de Wolff manquaient chez les Poissons (c) ; mais aujourd'hui tous les embryologistes , à l'exemple de r\athke, admettent que ce sont au contraire ces organes qui constituent les glandes uriiiaires de l'Animal adulte, au lieu de disparaître et d'être remplacés plus ou moins promptemenl par des reins nouveaux, comme cela a lieu chez les autres Vertébrés (/"). Quelques auteurs avaient supposé que sous ce rapport les Batraciens res- semblent aux Poissons ; mais, ainsi que je l'ai déjà dit, ou voit par les recherches de J. IMUIler qu'il en est (a) Muller, Uebei' die WolU'schen horper bei den Einbrijoneii der Frëscheund Krôteii (MackeVs, Archiv fur Anat. und J'kijsiol., 1829,;). (Jï>.) Bihlungsijeschichtc d<'r Gcnitalieu, iSJO, p. 9 el siiiv., pi. 1 , fij. ^ et siiiv.;. (6) Mai-ciiscii, Sur le. dévcloppcmenl des parties gcnitales et nropoétiqucs chez les Batraciens {Gazelle médicale, 1S51, p. 273). (c) NViiticli, Deilru'jc zur morpholoijischcu und histolo(iischcu Enlwickcliuuj der Harii-und (ieschlechtSH'crkzeuge der nacktcu Amphibiea {Xcitschrifl fur wissciischafllichc Zoologie, 1853, I. IV, p. 125, pi. 9, fig. 1, 2, 3, elc). ((/) Leydig, Anatomisch-histologische Untersuchungen ïtbcr Fische niid Reptilien, p. 09 et suiv. (d) Baer, Entwiclwlungsgeschichtc der TIticrc, l. H, p. 311. — KnlwiokelungsgeschicMe der Fisc lie, p. 35. (/') liallikc, Sur le dcveloppciaciU des l'uisons (ii:u>s IJuiilacli, t. III, |i. 137 cl 572). — Vo^jl, Einbrijologie des S(il>n')ii,';s, p. l'60 (A;,'assiz, Histoire ailurellc des /'oisso/is d'eau douce, 1842). VIM'AUKH. IIRINAIK!': DKS VliRTÉBHÉS. o1 1 glande rcaalo no so développe , cl ils tonnent avee Icnrs canaux excréteurs et leurs annexes la totalité de l'appareil uri- nai rc. § 3. — Les organes qui, chez les autres Vertébrés, se sub- stituent aux corps de Wolff et constituent les reins permanents, apparaissent à une période plus avancée de la vie de l'embryon, et se forment toujours d'ime manière indépendante de ces glandes transitoires. Chez les Batraciens, ils en sont môme assez éloignés dès l'origine (1); mais chez l'Homme et les autres Mammifères, ils prennent naissance entre la paroi dor- sale de la cavité abdominale et les reins primitifs, de façon à être cachés derrière ceux-ci, et ils ne s'en dégagent que peu à peu (2). Dans 1rs premiers temps de leur existence, ces reins Reins secondaires. autrement ; chez les Grenouilles et les Tritons, les corps de Wolff n'ont qu'une existence temporaire , et les reins proprement dits en prennent la place quand la respiration devient aérienne, ainsi que chez les autres Vertébrés pulmonaires (a). 11 serait intéressant de savoir si la persistance des corps de Wolff est générale dans la classe des Poissons ou si les Pla- giostomes font exception à la règle. Jusqu'ici le développement de l'appa- reil urinaire des Poissons, n'a été étu- dié que chez des espèces à squelette osseux. (1) Quelques anatomistes ont pensé que les reins secondaires , ou reins permanents, dérivaient des corps de Wolff, ou reins primitifs ; mais Rathkc a constaté que chez la Grenouille ils sont situés en arrière de ces organes dès leur première apparition (6), fait qui est d'accord avec ceux o!)servés par J. Millier et avec les résultats des recherches plus étendues de M. Wit- tich (c). (2) Rathke a vu, chez im embryon de Cheval long de huit lignes, ces or- ganes adhérents au bord supérieur et externe des corps de Wolff ; chez un embryon du même Animal qui était plus petit, les reins étaient couverts par ces derniers organes, et chez d'autres qui étaient plus jeunes, cet anatomiste n'a pu en découvrir au- cune trace. M. Valentin a commencé à distinguer les reins chez des em- bryons de Cochon longs de cinq hgnes, et M. Bischoff n'en avait aperçu au- cun vestige chez des embryons de sept à neuf lignes, tandis qu'il les trouva sous la forme de très petits corpus- (rtj Millier, Diklungsgesclùchte der Genitalien, 1830, p. 9 et suiv. (b) Voyez Burdacli, Traité de physiologie, t. Ht, p. 170. -- fyalhkeBeobacht.iiberdieEntwickel. dcrGeschlechtsicerkxeu/je beiden Wirbellhicven, 1825. (c) Millier, Ueber die Wotffscheii Kurper bei den Embryoneii des Fvôsche und Kruteii (Mcckel's Arehivfïw Aiiatom. und /'ftysioi., 1829, p. 65). — bitdungsgesch. der Genilatien, pi. 1, fig. 5 à 9. — Witiich, Op. cit. {Zeitschr. fiir wissenschafti. Zoologie, t. IV, pi. 7, lig. 1, 2 et 5). ol"i KXCRÉÏIO.NS. secondaires, ou reins proprement dits, n'ont pas encore de canal excréteur; mais bientôt ce tube, appelé uretère, se constitue à son tour, et va déboucher à la base de la vésicule allanloï- dienne ou dans la portion adjacente du gros intestin (1). Des canalicules dont la disposition devient très complexe se creusent aussi dans la substance des reins, et ces glandes se divisent plus ou moins profondément en lobes ou en lobules. Enfin, cbez les Mammifères, le pédoncule de l'allantoïde où les ure- tères viennent al)outir, constitue ensuite la vessie urinairc, tandis (|ue sa portion supérieure s'atrophie. Nous voyons donc que l'appareil urinairc n'a pas la même origine, et n'est pas constitué par les mêmes éléments orga- l'appareil rénal i-erniancni. iiiqucs clicz tous Ics Ycrtébrés. Mais, soit que les glandes rénales de l'Animal [tariait résultent du développement des corps de Wolff, soit qu'elles succèdent à ces corps et qu'elles en soient distinctes dès l'origine, elles ont partout le même mode de structm^e en tout ce qui est essentiel, et elles rem- plissent toujours les mêmes Ibnctions. Que les reins soient primordiaux ou secondaires, ils appartiennent cvideuunent à une même série de produits du travail organogénique, et il me semble qu'il y aurait phis d'inconvénients que d'avantage à les désigner sous des noms différents. Dilffrences dans l'origirio de Cilles chez un individu de même espèce dont la lon^Hieur ('tail de dix lignes (u). (1) Chez les Vertébrés allanloïdiens (c'est-à-dire les Manmiifôrcs, les Oi- seaux et les Jîepliles), l'uretère perma- nent sodc'veioppi' d'uno manière indé- jx'ndanle ducanal excréteur du corpsde AVolll (h), et jus{pie dans ces derniers temps on pensait qu'il en était de même chez les Batraciens (r) ; mais il résulte des observations de M. NViltich ((ue chez ces derniers Animaux les reins secondaires sendilent (luclquefois pi-endre naissance sur le canal excré- leur des reins primilits, dont la por- tion inl'érieure deviendrait ainsi l'uro- lère permanent (d). (a) Biscliofl", TruiU' du développeïiicnl de l'Homme cl des Mammifères, p. 350. (b) Kalhke, O/i. itl. (Biiiil;icli, l'Iiysiolontc, l. III, p. ;>75). ((■) M.irc-.MMjii, (';i. ci.l. {(lir-cttc ineduolc, ISTil, p. -Xli). (dj NViliicJi, Uii. cil. (ZcUscIn-tll jur icisscischafltiiiie Zuuloijic, ISôi. I. IV, p, 133). APPAREIL UP.INAIRE !)KS VERTÉBRÉS. olo ^ fl^ — Chez tons les Animaux vertébrés, les oi\^nines sécré- leurs ainsi constitués se composent d'un nombre plus ou moins considérable (le glandules semblables entre elles, et comi)Osées chacune d'un tube étroit terminé en cul-de-sac et renflé en forme d'ampoule à l'une de ses extrémités, ouvert à son extré- mité opposée, où il s'embranche sur un de ses congénères ou sur un conduit excréteur commun, et logeant dans son inté- rieur du tissu utriculaire ainsi qu'un paquet de vaisseaux san- guins réunis en pelote. L'ampoule terminale a reçu le nom de corpuscule de Malpighi, en souvenir de l'anatomiste célèbre qui le premier en fit connaître l'existence ; elle renferme le paquet ou gloménde de vaisseaux sanguins dont je viens de parler, et le tube (pii en part est appelé un canalkule iirinifère (1). La Stnicliire inliiiiH lies l'oiiis. (1) Malpiglii, dont j'ai eu fréquem- ment à citer les travaux (a), constata Texislence de ces corpuscules, et, guidé par des idées théoricjues tort justes, il les considéra comme de pe- tites glandes dont les canalicules urini- fères précédemment découverts par Bellini {b) seraient les conduits excré- teurs ; mais il lui fut impossible de les injecter par ces tubes, ni de voir la continuité de leurs parois, tandis qu'il parvint à les injecter par l'inter- médiaire des artères (t). La nature glandulaire de ces corpuscules fut en- suite révoquée en doute par Peyer {cl) , et i'uiysch, ayant réussi à les injecter d'une manière très belle, et ayant vu la matière des injections passer de ces corps dans les tubes uriuifères, les regarda comme étant seulement des pelotes vasculaires en continuité di- recte avec les canaux glandulaires (e). Ces opinions divergentes tirent naître beaucoup de discussions parmi les anatomistes du xviii'^ siècle (/"), et l'hypothèse dePioysch comptait encore des partisans il y a vingt-cinq ans (7)'. Les recli'M-ches de Si:luiml:ui>!cy (a) Voyez toiiio I, \. 5Gi). ic)i.},U\\\cr,J)rglaiulularnmsccerncntiumslnichirapenitiort,i8'ii). ((i) C;ijl:i, Obicivalwus tl'oiiatLmic mkroscopiqite sur le rein des Mammifères, llièsc. Paris, d830. — Cillée, Aiialomiscli-miliroFcoiAsche Vntcrsuchungen, 1839. {c) lîo^^n]all, Cn lh<: Stnicliire ond Ise of îhe Ndliiohiaii Hodies of tlie hidiicy, iritlt Observ. cil the Cir(nlaHi.n throvah tliat Cliivd {l'hilos. Trons., 1f<42, p. 57, y]. ^]. — Sur la structure (I ks fciilwvs ika (or]vsivks de Maliigln (Anv. des sdcnces nat., 1843, l. XJX, p. 108). APPAIIRIL URlIN.ViriE DES VERTÉBRÉS. 315 ment épitliéli(|Lie (1). Enfin les canalicules urinifùres se réunis- sent entre eux, ou débouchent directement dans un canal cxcré- rent combattues par plusieurs obser- vateurs habiles (o), mais elles netar- ch^rent pas à être confirmées dans tout ce qu'elles ont de plus essen- tiel (b) ; elles ont été rectifiées ou complétées à certains égards par les recherches de ses successeurs , parmi lesquels j'aurai à citer principalement T\n[. Bidder, Mandl et Leydig (r). i\Iais le lait fondamental découvert par cet analomiste est aujourd'hui géné- ralement admis, et ses travaux font époque dans l'histoire anatomique des organes urina ires. (1) Les tubes urinifères des reins, dont la portion terminale avait été découverte par Bellini dt'S le xvii* siè- cle (rf), et la portion périphérique avait été décrite vers le milieu du siècle suivant par Ferrein(e), ont été étudiés d'une manière plus complète dans ces dernières années. En 18/|1, Vogel leur reconnut une tunique membraniforme et un revêtement in- térieur composé de cellules à noyau (/). Bientôt après , M. Ilcnle donna de nouveaux détails sur le même su- jet (f/), et en 18îi2 Al. Bowman décou- vrit le mouvement ciliaire dans la portion initiale de ces conduits chez la Grenouille {h\ Depuis lors, ce phénomène a été observé dans les canalicules urinifères de divers Hep- tiles ou Poissons, tels que les Lé- zards {i), les Serpents (j), les Tor- tues (k), les Haies (/), et AL Ger- lach croit l'avoir vu aussi chez la Poule [m) ; mais, d'après M. KoUiker, le mouvement ciliaire n'existerait ni chez les Oiseaux ni chez les Mammi- fères (n). Chez les Tritons el les Lézards, ce mouvement vibratile n'est pas hmité au col des vésicules malpigliicnnes, et (a) Reirliert, Bericht ûbcr die Fortschritte der mikroscopischea Anatomie in dem Jahre t842 (MLiller's Archiv, ifH?., p. ccxvii). — Huschke, Traité de splandmoloffie, p. 298. . — llyiil, Lehrhuch der Anatomie des Menschen, p. 488. (/;) Geiiacli, HcUràije zur Stniklurlehre der iViere (Miiller's Archiv fiir Anat. und Physiol., 184.-,, p. 3-38, pi. 13, fig-. 12-15). (c) BidJor, Ueber die Malpiijhischen Kôrper der Niere (Miiller's Archiv fiir Àiuit. und Physiol., 1845, p. 508). — Mandl, Anatomie microscopique, 1847, t. I, p. 284. — Lej-'lig, Lehrbnvh der Histologie, 1857, p. 450 et siiiv. ((/) Bellini, E.rerctt. anat. de structura renum, 1062. (e) Keirigen, Op. cit. (Mém. de l'Acad. des sciences, 1749, p. 489). (/■) Vo;jel, Gebrauch des Mikroscops. Leips., 1841. (yi Henle, Traité d' anatomie générale, t. II, p. 504 et suiv. (h) Bowniann, Op. rit. ,Pkilos. Trans., 1842, p. GO, pi. 4, Hf. 15). {i} Kollikcr, Ueber FH.ntmerbewegungen in den Primordialnieren (Miiller's Air// ii;, 1845, p. 518). — G. Johnson, art. Ren (Todd's Cyclop. of Anat. and Physiol, I, IV, p. 253). {j} Simon, Physiol. Essay on Vie Thymus Gland, p. 72. (k) Leydis, Lehrhuch der Histologie, p. 458, fig'. 224. (/) J. MuUer, Anmerkung [Archiv , 1845, p. 520). (m) Gerlach, loc. cit. (n) Kolliker, Traité d'histologie, p. 537. ûK) EXCKKTIONS. leur tonmiuii, ou vrctère^ lequel ù son tour va s'ouvrir au de- hors ou dans quelque cavité inlermédiaire qui est en oonnnuui- calion avec l'extérieur (1). Ces glandules, composées chacune d'un corpuscule mal- pighien avec son gloniérule vasculaire, et d'un canalicule urinilere avec ses cils vibratiles (2) et son épilhcliuni cellu- laire, se développent pendant la période embryonnaire dans le corps de WoltY, que ce corps soit seulement un organe temporaire, ou (ju'il soit destiné à jouer un rôle permanent dans l'économie animale (3). Des glandules semblables se constiluent dans les reins secondaires chez les Vertébrés où l'appareil urinaire doit être formé définitivement par ces derniers organes (/i), et par conséquent, chez les Poissons paraît s'étendre dans toute la lon- gueur des canalicules urinlfères [a). (1) Quelques analoniistes ont pensé que les lubes urinilï'ns s'anaslonio- sent entre eux de l'açon à constituer des mailles [b] ; mais Tapparencc (jui a donné lieu à cette opinion paraît être due à des superpositions ou à des soudures, et non à une conlluence réelle. (2) 1-e mouvement ciliaire a élé observé dans Tintérieur de la portion initiale des lubes urinlfères des corps de ^^ olfl, cliez Tenibryon du Lézard, par i\ll\l. lUniak el Koiliker (r), (3) liatlike a constaté Texistence de corpuscules de Malpiglii, avec le glo- niérule vasculaire dans leur intérieur, dans les corps de ^^olff transitoires chez la Couleuvre (iv(jt)i in dcn l'iimordialnicren (Miillei's Archiv fitr Anat. vnd l'hyuiuL, dS45, \). 518). (b) Miillir, Manuel de ]ihysiolo(jie , I. 1, p. 354. — Kruuse, Yermisihte lUobailiiwujin iMiillci's /Ici/iii' fiir Annl. vnd PhTjsioL, 1837, p. 18). — Toiivlico, 0« tite lulinintc Strtniure ujlbc IJuinnn Hidney , vXk.. (Mcduv-Chirnrgkal Trans., 184(i, I. XMX, p. ;i08, pi. 7, n^;. 7, !>, de). ((■) l'ien.ak, (Sp. cil. (Iim iip',< AViic .V. Incn, 1845, l. XXXVI, ji. 308). — Kollikor, Op. vit. (Miillcr's ^1)t/iI!' lûr Anat. nnd l'hysioL, 1845, p. 518). ((0 l'.i'llilu', h:ulji iih(iuiiys(jeifiliulilt' dci- yntltr, 1830, \>. i:>'', pi. 3, lig'. 15 il IG. Al'l'Al'.KlL IKlNAir.E DES VF.RTKBRKS. o\l oonime cliez les Halracicns, les Reptiles, les Oisenux el les iMamniirères, les glandes uriiiaires ont toujours une struelure similaire. Mais les caractères secondaires de l'apiiareil rénal peuvent varier beaucoup, et ces dilTérences dépendent prin- cipalement de deux circonstances qui inlluent, Tune sur le mode de conformation des reins eux-mêmes, l'autre sur la dis- position des voies préparées pour l'écoulement de l'urine. Les variations qui se remarquent dans la constitution de la portion fondamentale ou sécrétante de l'appareil urinaire, c'est- à-dire les reins, tiennent en majeure partie à la multiplicité plus ou moins grande des corpuscules de Malpiglii, à la lon- gueur des canalicules urinifères et au mode de groupement de ces tubes sur les uretères. Tantôt ces glandules élémentaires sont en petit nombre et naissent à une distance considérable les unes des autres ; les canalicules urinifères qui en partent sont très courts, et cliacun de ces tubes déboucbe isolément dans le canal excréteur corn- Vjiinlions dans la disposition (le l'appareil urinaire. mité péripliérique, tandis qu'au con- traire ils se rétrécissent clans le reste de leur étendue. Hatlike a pu distin- guer les corpuscules de Malpiglii dans les reins d'un endirvon de Brei^is dont la longueur n'était que de 12 lignes 1/2, c'est-à-dire de G à 7 mil- limètres (a). La formation du glomé- rule vasculaire dans rint(''iieur de l'ampoule est due au développement d'une pelote de vaisseaux sanguins sur un point de la surface externe de la paroi de cet organite, qui est ainsi repoussé en dedans el encapuchonné ensuite ce paquet vasculaire à la ma- nière d'une poche séreuse (h) ; mais lorsque le développement de l'orga- nile est achevé, on n'aperçoit aucune trace de l'invagination de la mem- brane externe ou capsule du corps malpighien , et les vaisseaux parais- sent traverser directement cette mem- brane en soulevant seulement son revêtement épithélique (c). AI. Agassiz a vu aussi que chez l'embryon d'une Tortue d'Amérique (le Chelydra serpent ina), les corpus- cules de Malpighi se di'veloppent df très bonne heuro dans le rein secon- daire {cl). [a) Bischoff, Traité du dh'eloppement de l'Homme et des Animaux, p. 352. (/') Remak, Untersuchunfjen iiber die Eiitwicl.eluuq der ]Vit'belthiere, pi. 8, fig. C. (f) finscli, IWitrag i-ur Hislutogie der Niereii i.Mullcr's Archir fur Anat. und PlnjsioL, ISri,', ).. :n4). ((/) Airassiz, ('.outribnlioun to tlie SnhirnI llislorn of the l'niled Slutes of Ameri-n, 1 i^ST, 1. il, p. CI.'.. Vil. !>'l ol8 EXCRKTIONS. iiiiin (jui ooiistitiic Tiiretère; enfin, les organilos ainsi (lis|K)sés ne sont pas renfermés dans une capsule commune, et conser- vent leur individualité d'une manière bien apparente. Il en résulte que chaque rein se compose alors d'un certain nombre de sphérules distinctes qui sont en réalité autant de corpusindes nialpighiens, et qui se trouvent reliées à l'uretère correspon- dant par leur canalicule urinifère; mode d'organisation dont un exemple nous est fourni par des Poissons de l'ordre des Cyclostomes (1). D'ordinaire les glandules élémentaires des reins se forment au contraire en nombre très considérable, et leur portion tubu- lairc, au lieu de rester droite, courte et trapue, s'allonge exces- sivement et se contourne sur elle-même; enfin, ces caecums sécréteurs, au lieu de naître tous directement sur le canal com- mun qui doit devenir l'uretère, es bifurquent successivement, et constituent ainsi un certain nombre de petits systèmes rameux dont les branches, terminées chacune par un corpuscule mal- pighien, communiquent avec l'uretère par un pédoncule com- mun. Par l'effet de leur développement, ces branches se pres- sent les unes contre les autres ou s'enchevêtrent même, et, suivant que cette coalescence est limitée à des groupes formés chacun par un petit nombre de systèmes adjacents ou qu'elle envahit la totalité de l'appareil sécréteur situé de chaque côté du corps, le rein se trouve en définitive composé d'un nouibre plus ou moins considérable de lobes distincts ou d'une seule masse sans divisions extérieures (2). Enfin, par les progrès du (1) Celle disposition romaïqiiablc a dans une .siil)slanccorgaiio};dniquccoiii- iHé constatée par .1. Millier cliey. le nuuie, de façon à ne pas oilVir de prime Jidrllostoma Forsteri (a). abord de divisions lobnlaires extérieu- (2) En };én('ral, les parties ronslitii- rcs; mais, à une rerlainc période de la lives d<' eliacpie rein se développcnl vie embryonnaire, par siiilc de la crois- {n) J.'M iillrr, Vntev.wrliriniim i'iher (lie Einqewcide dcf Fisrhe {Ahlinndl. dfv Ahad. dtr W'is- !>nisdinflcti Ml lUi'l'ni, iiii» ^X^'■i, jil. 1, 11^. 2 à 1), APPAREIL rUINAlP.E TlES Vr.HTÉBUÉS. ol9 s travail organogénique, le tissu ronjonctif'qui entoure ces agré- gats deglandules élémentaires tend tonjours à conslitucr autour de chacun d'eux une tiuiique meinbranil'orme, et, suivant que les lobules ainsi revêtus sont ('cartes entre eux ou serrés les uns contre les autres, cette tunique alïecte la forme d'une capsule fibreuse ou de simples cloisons d'une délicatesse (extrême, et quelquefois même elle ne devient distincte qu'à la surface de la masse commune résultant du rapprochement de tous ces systèmes de glandules urinaires. Nous voyons donc que la conformation générale des reins peut varier beaucoup par le fait seul d'une coalescence plus ou moins grande de ses parties constitutives, et sans que ces va- riations impliquent aucune diftérence importante dans la con- stitution ou daflsles caractères anatomiques de Torgane. Ainsi, que l'appareil urinaire ait pour instrument sécréteur une paire de glandes soit conglomérées, soit en grappes, ou une série de lobes rénaux espacés de loin en loin et réunis seulement par des branches d'un uretère commun , il n'en sera pas moins apte à fonctionner de la même manière, et, au point de vue anatomique aussi bien que sous le rapport physiologique, il pouri'a ne présenter aucune particularité importante. Quant aux modifications introduites dans la portion évacua- trice de l'appareil rénal, elles peuvent être déterminées tanlol sauce inégaie des difTérentes parties de la glande, ces divisions ou des ren- tlemenls lubcrculaires apparaissent. Par les progrès du développement, elles s'eil'acenl ensuite chez certains Animaux, tandis que chez d'auUes elles se prononcent de plus en plus el deviennent permanentes. Chez les Manunitères, ces sillons se montrent lors même que le rein n'est pas des- tine? à en offrir par la suite : ainsi, chez l'Hoinme, vers la dixième semaine de la vie intra-utérine, on compte en- viron huit lobes rénaux de chaque côté; le nombre de ces lobes augmente ensuite, puis décroît; mais cependant à répoquc de la naissance on en compte encore environ quinze (o). (a) BiscliofT, T.rrii.lt' Ju dévelnpp>'meiii rfc l' Homme ''I iJes Mammifères, p. 351. des reiris. o'ii) IXCI'.KTIO.NS, |i;ii' (les j)arti(Milarik's di^ rorinc ou de slnicliiro olleiies par ios uretères eux-mèiues, d'autres lois par Ja création d'organes complémentaires ou par des emprunts faits aux appareils adja- cents, et il est à noter que les dispositions obtenues de la sorte ont principalement pour objet la consiitution ou le perfection- , nemenl d'un réservoir où l'urine sécrétée peu à peu par les glandes rénales puisse s'accumuler pour être ensuite expulsée avec rapidité et à de longs intervalles. posiiion § 5. — La position des reins ne varie que peu chez les Vertébrés (1). Toujours ces glandes sont logées dans la cavité abdominale, près de la colonne vertébrale et sur les côtés des grands vaisseaux sanguins que nous avons déjà vus appliqués contre la paroi dorsale de cette cavilt' (2). Il est aussi à noter que les reins ne sont jamais renfermés dans le sac péritonéal, mais simplement recouverts en dessous par un prolongement de celle tunique séreuse; quelquefois ils sont logés dans un repli de cette membrane ; mais, à quelques rares exceptions près, ils sont ap{)li(jués directement contre la[)aroi dorsale de la chambre viscérale, et y adhèrent iulimement. Ainsi que je l'ai déjà dit, ce sont toujours des organes pairs; les uretères qui conduiu (»|, naissent vont gagner la région pelvienne ; enfin les voies uri- naires versent l'urine au dehors, tantôt directement, d'autres fois par Tintermédiaire de l'intestin ou des organes génitaux, mais toujours par un orifice impair et médian, qui est tantôt Taniis, d'autres fois une ouverture spéciide ou un j)ore un'thi'o-génilal. (1) On w. sai( (juc' U't's pou de i;laii(lulil'ormt',s qui sont sépiirt's les choses relalivcmenl à l'apparril uii- uns di-s autres, et il pense que ce sont nalre de VAmphioxus. .T. Millier a des reins, niais il n'a pn les t'iiidier aperçu derrière In cavilé respiralnir<' analoniiqiienient {a). de ces Aniiiiau\, el dans le voisiiiat^c ('2) Sav(»ir. l'aorte veniraii' t't la de leur porc alKloniinal, de petits corjis veine correspoudanlc. ia) .1. Miilli'i-, l'ebev dru liau uiiii die Lfheihierscheiiuiii^eii dcr lliandiioslomii liit>ririiin (Ho^la'. Arnpiiinxu'; Imirpolalii'î (^:l^l■oll. p. 95 [c\U\ i\c< Mi'tn. de l'M'ml. , ng. 1. (f) Voyrz Iloiiip, Lectures on Camp. Anat., I. III, pi. 87 cl 80. (d) ithtWcT, De iilandulm-wn sccerne.ntium sirnitura pcniliori, pi. 15, fijj. 8, c. (ê) Diivcrncy, ()/). cil., t. VII. p. 580. (/') Ilj'rll, Das urop 'Clischc Sn.slein (.Mém. de Vienne, t. Il, pi. 10, li;,'. 1). (;/) Sleciislra Toussaiiil, Op. cit., pi. 1 , li;,'. 2 b. (h) b^xemple : lu Tracinnus draco (Hyill, loc. cit., pi. 10, lig. 2). (i) Exemple : le Trigla hirnndo (Hyrtl, loc. cit., pi. 10, lig. 3j. (j) Hyill, toc. cit., pi. 10, liy. 1. (/,i licin, ibid , pi. 1 1 , lib'. 4. 3-25 Al'l'AI'.tll, Llil.Wir.li l>LS l'OlSSU.NS. sont en général remarquablement pelils, et ne s'étendent (jiie j)ea en arrière (1). Comme exemple des parlicnlarités de l'orme dues au déve- loppement des reins dans les espaces laissés libres par les organes cireonvoisins, on peut citer la disposition de ces glandes chez la Carpe (^2) et plusieurs autres Poissons osseux (o). Quant à la structure intime des reins, il est à noter que dans cette classe d'animaux les canalicules urinitercs paraissent être en général moins fins que chez les Vertébrés supérieurs et les corpuscules de Malpighi moins nombreux (A). Stiiu tiire ilfs lU'iii^. (1) Ainsi, chç/Ao Chironectes punc- tatus, les reins sont petits, subtriau- giilaires et non confluents {a). La même disposition se remarque chez le Pterois volitcws (b). (2) Cliez la Carpe (c) , les reins s'élargissent et s'épaississent beau- coup vers le milieu de l'abdomen, et s'y moulent en quelque sorte sur l'étranglement de la vessie natatoire située au-dessous, de façon à alTccter la forme d'une croix. Leur extrémité antérieure se contourne au-dessous des os de la base du crâne en manière tle cornes. Les uretères et la vessie urinaire n'offrent rien d'important à noter. Les reins présentent une disposi- tion analogue chez le Leuciscus ruti- lus ou Able rosse {d). (3) Ainsi, chez une Perche d'Amé- rique (Pcrca firacilis), les deux reins sont très écartés entre eux et réunis au-devant de la vessie natatoire par une bande transversale qui se pr(»- longe latéralement de façon à donner à chacun de ces organes la forme d'une croix, et postérieurement, en se ren- contrant sur deux points, ils consti- tuent avec la connnissurc précédente deux anneaux [e). Chez r.l7<«.< co(f5, ces glandes pré- sentent aussi à leur partie jugulaire une forme très irrégulière qui semble être commandée par la disposition des organes cireonvoisins, et dans leur portion abdominale elles se prolon- gent un peu en manière de lobe dans les espaces intercostaux (/"). Chez la Sole, les reins, au lieu de s'étendre en ligne droite, comme d'or- dinaire, se recourbent en bas, puis en arrière, pour se conformer à la forme de la cavit»'- abdominale et de son prolongement caudal [g). {!\) Ainsi que je l'ai déjà dit, cha- (rt) HyrU, Das Uropoetischc Si/stem {Méin. de Vienne, t. U, pi. 1 1, fig-. 2). (b) Idem, loc. cit., pi. 1-2, fig. 8. (c) Pclii, Histoire de la Carpe {.Vm. de VAcad. des sciences, 1733, pi. 1(3, liij. 1 , -2, 3 et 4). (d) Seeiistra Toussaint, Op. cit., pi. -i, tipr. 3. («) Hyill, Op. cit. {Mcm. de VAcad.de Vienne, t. 11, pi. i2, lig'. i). if) lilcm, loc. cit., pi. 11, lig. I. (j) Jourdain, Op. cit. {.imi. des sciences nat., 4' série, ISS'J, t. XII, pi. 8, tig. 3). 326 EXCRÉTIONS. Héservoir Aiiisiqueje l'ai déjà dit, il existe presque toujours vers lapartie des Poissons, terminale des voies urinaires des Poissons un réservoir membra- neux et contractile qui est désigné d'une manière générale sous le nom de vessie urinaire (1), mais dont l'origine n'est pas tou- jours la même (2). Tantôt il est constitué par les uretères eux- mêmes, (|ui présentent postérieurement une dilatation })lus ou moins considérable, et alors il est simple et l'usiforme (3) ou cuii des lobules sphériquos qui, cliez le Bdelloslome , sont suspendus le long de l'uretère, est un gros corps malpighlen avec son glomérule vas- culdire intérieur (a). Chez la Lamproie, les reins sont coniposos essentiellement de tubes urinilères peu flexueux et disposés à peu près parallèlement, dont le dia- mètre est de Ui',003L>a. c'est-à-dire environ 0""",087 {h). Chez la Torpille, où ces canalicules sont au contraire très longs et très pelotonnés, leur diamèiro est encore plus considérable : .1. MiUler l'évalue à 0'',O0Zi69, c'est-à-dire en- viron 0'"'",126 (c). (1) Quelques auteurs ont pensé ([uc ce réservoir urinaire manquait chez plusieurs Poissons osseux [d) aussi bien que chez divers l'iagiostonies et chez les Cyclostomes; mais il résulte des recherches récentes de IM. Ilyrll, que la plupart des exceptions à la règle générale qui avaient été signalées chez les premiers n'existent pas. Ainsi, cet anatomiste a constate la présence d'une vessie (soit urétérienne, soit spéciale) chez le Sillago aruta, le Bups vuhja ■ ris et le Clupea pilchardus, Poissons que l'on croyait en être privés (e). ('2) Jusqu'ici les anatomisles n'ont pas distingué la vessie urétérienne de la vessie urinaire spéciale, il en est résulté beaucoup d'obscurité dans la description de cette portion de l'ap- pareil rénal des Poissons. Lorsqu'on tient compte de cette ditïérence dans la constitution du réservoir urinaire, on fait disi)iiraitre la plupart des exceptions signalées par les auteurs dans le mode de terminaison des ure- tères. (3) Ce mode d'organisation se voit très distinctement dans la 'J'anclie {Tinca fuvialilis) , où le réservoir urinaire est lusilorme et reçoit les deux uretères à son extrémité anté- rieure (/■). Il en est à peu i)rès de (a) Miillor, Viitevsuch. ilber die Kingeweide derFische {.\bhandl. der Mmâ. dcr Wmenschaftea %u Berlin, d8t3, j.!. 2, l\g. 1 à G). (6) Mùllcr, De glandularum secenientium structura peiùtiori, p. Sii, pi. 13, fig. 3 a. (c) IJcm, Op. cit., p. «6, pi. la, Cig. 2. {d} Ciivier, Leçons d'anatomie comparée, t. VII, p. 003. ■ — Owen, Lectures on Comp. .\nal. Fisltes, \'. 283. (e) Ilyi'tl, Ueiiràge xur Murpholoijic der Vruijenital-Orfjane der l'ische (Méni. de i.Xcad. de Vienne, I. I, p. 301 1. (/") HjTil, Das uropoelische Sijslein {Mnn. de l'Acad. de Vienne, l. Il, pi. 15, tig. 3), VPPAHEIL LKINAlKb; DES l'OlSSONS. 3*27 bicoiiic (l), suivant qu'il est formé par le tronc commun des uretères seulement, ou qu'il commence avant la réunion de ces deux tubes en un conduit unique ; d'autres t'ois il résulte du développement d'un sac membraneux spécial, sur les côtés duquel les uretères viennent d'ordinaire s'insérer (;2). Cette vessie spéciale, qui se trouve en ra[)port avec la face posté- mème chez la Plie frauclie ou Car- relet (a), rRspadou (6) et plusieius autres Poissons. Chez le Salnio hiiclio (c) cl plu- sieurs autres esi)èces de la même fa- mille ((/), un réservoir analogue, mais courbé et renflé latéralement à son extrémité antérieure, occupe toute la longueur de la portion impaire des voies urinaires. Ailleurs le tronc commun des ure- tères conserve sa forme tubulaire dans toute sa portion antérieure, et ne se tlilate pour conslilucr un réservoir que dans sa portion terminale : par exemple chez le Gadus minutus (c). Chez l'A- lose, une disposition analogue existe ; seulement le réservoir urétérien est très petit (/■), ainsi ([ue chez plusieurs autres Gadoïdes. (1) Ainsi, chez le Spatularia fo- lium, où les deux reins, renflés en avant et très étroits dans leur portion moyenne, se réunissent poslérieure- meni en une masse impaire assez vo- lumineuse, chaque uretère se dilate énormément presque aussitôt après qu'il s'est dégagé de la portion moyenne de la glande dont il dépend, et, eu continuant sa marche vers la région anale, reçoit une série de pe- tits canaux venant de la portion pos- térieure du rein correspondant. Enfin, ces deux réservoirs ainsi formés se réunissent postérieurement pour con- stituer un sac médian qui débouche au dehors, derrière l'anus, par un pore urogénital (g). Il est également à noter que les oviductes s'ouvrent dans les cornes de ce réservoir urétérien. (2) Je ferai aussi remarquer que chez les Poissons dont la vessie nata- toire se prolonge beaucoup postérieu- remenl, le tronc conunun de l'uretère, en descendant vers la région anale, passe quelquefois à travers cet or- gane (/() ou entre ses cornes posté- rieures (/) ; d'autres fois il se dévie du plan médian pour passer à côté de celle poche pneumatique (j). (o) Steeiistra Toussaint, Op. cit. {Annal. .\cad., Lwjdnno-Batavic, 1834), y\. 2, t\g. 3 C. (&)Hyi-ll, loc. cit., t. H, pi. 13, flg. 7. fc) Idem, ibid., pi. 15, tig. 10. id] Exeniples : le Tlujmallus vexillifer, le Coi-egoiius Wartmaonni et l'Osmerus arcticiis (Hyiii, loc. cit., t. II, p. 77). (e) Hjitl, loc. cit., pi. 1(5, fig. 1. (/') Hyi-ll, Bcitrdge zur Morphologie der Urogenital-Orgaae der Fische (Mém. de VAcad. de Vienne, t. I, p. 391, pi. 52, fig-. 1). (g) Hyri!, Ueber den Zusammenhang dei' Geschlechts-nnd Harmuerkzeuge bei deii Ganoideii (Mém. del'Acad. de Vienne, 1854, t. VllI, pi. 1, iig'. 1). (h) Exemple : la Merluche (Hyitl, Mém. de l'Acad. de Vienne, t. Il, pi. 9, tiy. 1). (i) Exemple : le Sillago acuta (Hyrtl, loe. cit., t. Il, pi. 1-2, lit,'. 4). (j) Exemple ; V Ophicephalws striatus (Hyrll, loc. cil., t. Il, pi. 1 1, tiï- ti)- :Vi8 o LXCKtTIO.NS. rieiirc du lecluin , peu! rester eomplétemcnl (!istiiic(e des uretères, et débouciier isolément dans le canal digestil", au- devant du pore urinaire (1) ; mais prescjue toujours ces canaux s'y insèrent, soit séparément, soit après s'être réunis en un conduit commun (2), ou même après s'être dilatés pour consti- tuer un premier réservoir urinaire (3). (1) Je ne connais aucun exemple de celte disposition chez les Poissons osseux, mais je crois devoir considérer comme Tanalogue organique de la vessie urinaire spéciale de ces Animaux un appendice en forme de poche ou de tube terminé en cul-de-sac, qui dé- bouche à la partie dorsale et posté- rieure du rectum chez les Squales (a). Jl est vrai que par suite de sa posi- tion au-dessus du sphincter du rec- tum ce réservoir ne peut pas toujours remplir les fonctions dévolues à la vessie urinaire des autres Poissons ; mais, on raison de ses rapports anato- niiques, il me paraît en être le repré- sentant. J'ajoulerai que ce réceplacl»- appendiculaire existe chez les indi- vidus mâles aussi bien que chez les femelles, où le vestibule uréthro- génital qui reçoit les uretères ne se prolonge pas en forme de vessie , comme cela se voit parfois dans l'autre sexe. Chez les Poissons osseux, les ure- tères s'ou\ rent sou\ enl dans le col de la vessie urinaire, proprement dite : par exemple, chez le Brochet, où la dispo- sition de ces parties a été très bien représentée par M. Lereboullet (h). ('2) L'insertion des deux uretères isolément se voit chez la Perche (c) et beaucoup d'autres Poissons osseux. Quelquefois même les embouchures de ces conduits sont très écartées entre elles : par exemple, chez VExocœtus cxiliens (d). Comme exemple de la réiuiion des deux uretères en un canal commun simple, je citerai la Sardine (e). L'insertion des uretères sur la ves- sie urinaire spéciale a toujours lieu à la face postérieure de cet organe (sup- posé vertical); mais cette face devient supérieure ou inférieure, suivant que ce réservoir est couché sur l'intes- tin (/") ou renversé en arrière (y). [o] Connue exemples de la coexis- {(i) lOxcmples : VAcanlhins vulfiaris (Uiintcr, Uescflpt. and lllustr. (Maloaiie, l. IV, ])1. 42). — Home, Lcclures ou Comp. Analoniii, t. IV, (il. 137. — Canis et Oilo, Tabiilœ Analomiam com- jmrativaiii illuslrcinlfs, ii;irs 5, pi. 5, fig. S. — Wagner, Icônes %oolondcœ, pi. S2ï!, lig. 23). — Le ScuUiiHH cœiiicula (Wagner, Icônes i-ootomirœ, pi. 21, lig. 2). — Le ScUtchcmnxinia (Itlainville, Mémoire sur le Squale pèlerin, in Ann. du Uluscum, t. \\ 111, p. 108). (6) Lercboullot, fiech. sur l'anatomie des organes génitaux des Animaux vertébrés, pi. 20, fig. 203 {Nova Acia Acad. cvrios., I. XXIII). (c) Olivier, Histoire naturelle des Poissons, I. 1, pi. 7, fig. l. ((/) Hjrtl, Pas uro]ioelisclic System {Mém. de l'Acad. de Vienne, t. 11, pi. 15, fig. 4). (e) Exemple : VHvhenels rémora, voy. llyi'll. Op. cil. {^lém. de l'.Xcad. de Vienne, t. 11, pi. 17, fig. 2). (/') llyrtl, ()/). cil. (Mém. de V.V'ad. de Vienne, I. 11, pi. 1 1 , lig i\. ig] E.xcniple : le Ggmnotus eleclricus, voy. Hyril, licite, iur MorphoL d-:r urogeititaL-Vrgaue der Fische {Mcn. de l'Acad. de Vienne, l. 1, pi. 02, lig. 3). "-09 AM'.VRKII- rniNAlRE DES POISSONS. O l.n fusion ciidv la vossic iirélçrienne. et la vessie urinaire proprement dite peut même devenir si complète, qu'aucune ligne de démarcation ne les sépare, et que l'une semble être un ap- pendice ou une simple dilatation de l'autre (1). Enfin, la vessie urinaire spéciale, de môme que la vessie urétérienne, peut être bilobée, étranglée irrégulièrement, ou prolongée sur r|uelque point en manière d'appendice (2). Il résulte de ces diverses tcnce (rune vessie ui'étérienne impaire et d'une vessie urinaire spéciale rcHi- nies, mais bien disiinctes Tune de l'autre, je citerai la Truite {Salino l'ariu) {(i), et le Gobius pafjanellus (h). ChçzVOphicephalus striatus, oùnnc disposition analogue se voit, le col de la vessie urinaire spéciale présente une forte dilatation dans le point où le col de la vessie urétérienne vient s'y insé- rer de façon que le réservoir urinaire se compose de trois loges dont la moyenne di'bouclie au dehors (c). 11 est aussi à noter que les Poissons chez lesquels les canaux excréteurs des reins ne se réunissent pas tous en deux tron<:s ou uretères avant de dé- boucher dans le réservoir urinaire, sont ceux chez lesquels ce réservoir est formé en partie ou en totalité par ces canaux eux-mêmes. Ce mode d'in- sertion des conduits urinaires se voit chez l'Épinoche (d). (i) Ce mode d'organisation est tril'S reconnaissable chez le Gadus aval; {e). Chez le Gadus caUarms, la fusion entre ces deux vessies est plus com- plète, de façon que la vessie spé- ciale, moins développée que la vessie urétérienne, semble en être un pro- longement postérieur (/"). (2) La vessie urinaire proprement dite, tout en restant simple et dis- tincte d'une vessie urétérienne, varie beaucoup dans sa foi'me chez les di- vers Poissons. Ainsi, tantôt elle est presque sphériqne (//), d'autres fois elle est ovalaire (h) ou pyriforme (/), et quelquefois elle s'allonge beau- coup de fat-on à devenir presque cylin- drique (/). Ce réservoir est bilobé anlé-rieure- (a) HyrU, Das uropoetische System (Mém. de l'Acnd. (>'' Vienne, i. li, pi. 9, fi?:. 2). {Il) lilôm, Md., \A. 1 i, ii^. 12. (i) Idem, ibid.. pi. 14, Iv-. G. id) Stecnstra ToiissainI, Op. cit., pi. 2, Ci?;. 2e [Aiin. Acad. Lngduno-Hatawy, ISP.l-j.".). [e] Hyrll, 0;». cit. (Màn. de IWcad. de Vienne, t. 11, pi. \C>, fig'. 5). (H Idem, )Oirf.,pl. 10, fig'. 2. ig) Exemples : le Monoceniri.i japonira, voy. llyi'll, Up. cil. (Mém. de l'Anid. de Vifnne, t H, |ii.'i2, fis:. lO). — Lo GdKleroste'.i.t sidnaclda (Hyrll, loc. cit., pi. 12, ûg. 11). (/!) Exemples: la Perça (jracilis (Hyrll, loc. cit., pi. 12, fi^'. 1). — Le Tfiqla hirundo (Hyrtl, toc. cit., pi. 10, fi^. 3). (() Exemples : le Cliirocentrus dornb (UyrtI, loc. cit., pi. l."«, fii;-. 12). — Le Diodon noveinmacidatus (Hyrtl, loc. cit., pl. 11, fi;.?- 3). (,j) Exemples : le Sijngnathus typhie (Hyrll, loc. cit., pl. 17, fi^'. 10). — La Sole, voyez Sleenstra Toussaint, Op. cil., pl. 2, ti?. 2 g (Ami .{end. Lii'i lunn-Ralavo'. 1S34-351. 330 EXCRÉTIONS. combinaisons organiques une niullitnde de formes plus ou moins parliculièrcs dont l'explication devient facile quand on tient compte des circonstances dont il vient d'être question, et dont l'étude morphologique n'est pas sans intérêt pour la phi- losophie de l'anatomie, mais dont l'exposé serait trop long ici. Il est aussi à noter que parfois les voies urinaires se con- fondent avec les organes génitaux dans leur portion terminale, et qu'il n'existe pour ces deux apt)areils qu'un orifice commun. En effet, tantôt les oviductes ou les canaux déférents vont s'ouvrir dans le réservoir urinaire ou dans son canal excré- teur, et d'autres fois les uretères débouchent dans l'oviductc ou dans le vestibule génital, (".ctte coalescence est rare chez les Poissons osseux ordinaires (1), mais est générale chez les ment chez plusieurs Poissons osseux, tels que YQphidium barbatum (o) , le Chironectes inmctalus (6), le liaja bâtis (c). Quelquefois la vessie urinaire se complique davantage par suite du dé- veloppement d'appendices en forme de culs-de-sac sur divers points de sa surface : par e.\emi)l<',cliez \'ule génito-urinaire décrits par M. Sleenstra Toussaint connue des dépendances de la vessie urinaire, ainsi que je viens de le dire. Le ves- tibule uréthro-génital se prolonge postérieurement en forme d'entonnoir dans le pénis, et s'y ouvre dans le cloaque. I.e sac n)eml)raneux, que l'on peut considérer comme l'analogue de la vessie urinaire spéciale, ci (|iie l'on (rt) .1. Duvy, Ikxcarclics l'Iiiisioloijical and Aiuitoniical, t. I, p. PI, pi. 2, i\g. 1). (Il) Hunlor, dans lo Catalciijue du Miunx Ol's rlurunjiens de Londres, t. IV, pi. (i-2, fiij. t. ■ — Everard Home, Lectures on Comparniive Anatomij, t. IV, pi. 137. ((■) Owen, Lectures on llie Comparative Anatomy and l'hysiology nf tlie Vertébrale Animais, ISiO, p. 281, lîi:. 75). ((?) Slcciislra 'iini.oaiiil, Ik xy.^lemalc uropodtico Squali glanci {Tudsclirifl ror Xatuurlijl''^ (.rsrhieilcnis en l'iinsivlogic, dKaH, I. VI, p. l'Jt), pi. 8, lit,', i et l). {e} Evcrai-d IIdiiic, Ati Aiuitmniral Account of tlie S(]iialiis iiiaxiniii> il'liilox. Trans., 180!', p. 212). (/') Hlainvillp, Mànoire sur le Sqnnli' pi'h'rhi iAnnnlcf: du Munrum. I. WIM, p. SS, pi. 0, liiï. •ù}. APPAREIL l'RlNAlRK DïtS RATIUCIENS. 333 est en général rejeté un peu de coté, soit à gaiiclie, soit à droite, de la même manière que le sont les yeux de ces Ani- maux dilTormes (4). § 7. — Dans la classe des Batraciens (2j, les reins sont Appareil iirinaire beaucou}» moms volummeux que chez la plupart des Poissons, Jcs Batraciens. désigne quelquefois sous le nom de (jlande rectale, est situé plus en avant, et s'ouvre tantôt dans le cloaque, ronime cela se voit chez VAcanthias vulgaris [a], ou encore plus en avant vers la partie postérieure du rectum, ainsi que cela a lieu chez le Spinax niger (b), le Selache maxiina, etc. D'après M. Martin Saint- Ani^e, il existerait une anomalie remarquable dans la disposition des voies uriuaires chez rÉmissole mâle. Cet anatomiste assure avoir constaté que plusieurs conduits urinifères se rendent de la portion antérieure du rein au canal déférent, et y versent de l'urine qui, mêlée au sperme, descend dans ce dernier conduit vers le cloaque. De même que chez la femelle, la portion terminale de l'uretère se dilate de façon à constituer un réservoir ou vessie uri- naire urétérienne qui débouche dans le vestibule uréthro-sexuel (ou urèthre) à côté de l'orilice des voies génitales ; mais les canaux excréteurs de la por- tion postérieure des reins ne se rendent pas dans celte vessie (comme cela a lieu chez la femelle), et s'ouvrent directe- ment par un pore spécial dans le ves- tibule uréthro-sexuel. Il est également à noter que, antérieurement, ce vesti- bule est aussi en communication chez le raàle avec un sac allongé qui rem- plit les fonctions d'une vésicule sémi- nale, et qui est l'analogue de l'appen- dice c«cal que nous avons déjà vu dans une position analogue chez les autres Plagiostomes (c). (1) Ainsi, chez la Sole, la papille uréthrale qui porte l'orifice terminal des voies urinaires se trouve dans une petite fossette située du côté droit de la ligne médiane ventrale (c'est-à-dire du côté où sont placés les yeux), tandis que l'anus et le pore génital sont situés du côté gauche ((/). L'ori- fice urinaire est rejeté aussi à droite chez le Flet [Platessa passer). Chez le Botlms jjodas, où les yeux sont à gauche, l'orifice uro-génital est du même côté et l'anus à droite. Chez le Rhombus nuclas, tous ces orifices sont situés du côté gauche. (2) Les premières recherches ana- tomiques sur l'appareil urinaire des Jîalraciens sont dues à Swanunerdam, et datent par conséquent du xvir' siè- cle {>') ; mais pendant longtemps on (a) Home, Lectures on Comparalive Anatoviy, l. IV, pi. 437 et 130. — Wagner, Icônes zootomica:, \t\. 22, fig. 23. — Cariis et Otto, Tab. Anat. comp. illustrantes, pars v, pi. 5, fig. 8. (b) Mayer, Analecten fur rergleicliende Analomie, 1835, pi. 4, fiy. 2. (f) Martin Saint-Ange, Étude de l'oppaveil reproducteur dans tes cinq classes d'Animavx vertébrés, p. 137 et suiv., pi. 14 {Mém. de l'Acad des sciences, Sav. êtr., 185('>, t. \\\). (d) Hyril, Beitr. xur Morphologie der Vroijeintal-Orgaue der Fis:Jie {Mém. de l'Acad. de Vienne, t. 1, pi. 55, fig. 1 et 2). {e) Voyez tome 1, page 42. VU. 22 Forme des reins. 33/l F.XCUKTIONS. et en général ils ne dépassent pas les limites des régions pel- vienne et lombaire (1). On n'y aperçoit d'ordinaire ni divisions en lobes (2), ni bosselures notables. Quelquefois cependant la masse principale de l'organe est précédée d'nn lobule qui en est plus ou moins éloigné (3). ^ La forme des reins varie, et d'ordinaire elle est en rapport avec celle du corps. Ainsi, chez les Batraciens pérennibranches, qui sont des Animaux sveltes, ces organes sont très étroits; chez lesUrodèles, ils sont moms allongés (4), et chez les Batraciens n'avait à ce sujet que des notions très imparfaites, et c'est dans ces dernières années seulement que la plupart des particularités relatives aux rapports . des voies urinaires avec les organes de la génération ont été bien consta- tées (a). (1) Chez le Protée, les reins s'a- vancent assez loin au-dessus du foie, celui du côté droit surtout , et ils occupent presque la moitié de la lon- gueur du tronc (6). Chez les Cécilies, ou Batraciens Péronièles (Duniéril) , ils se prolongent même antérieure- ment jusque vers la bifurcation de la trachée (c) ; mais en général ces or- ganes ne dépassent pas les limites in- diquées ci-dessus, et souvent ils sont logés tout entiers dans la région du bassin. (2) Chez le Menobranchus ou Nec~ furus lateralis, chaque rein se com- pose d'une série de lobes distincts placés en file longitudinale, et pourvus chacun d'un conduit excréteur par- ticulier qui va déboucher dans l'ure^ tère (d). (3) M. Leydig a constaté cette dis- position chez la Salamandre terrestre et le Protée (e). [li] Chez les Cécilies, les reins sont remarquablement grêles. Ils sont (a) Voyez à ce sujet : — Fink, De amphibionun sijstemate uropoetico. HAx, 1817. — . Prévost et Dumas, Observations relatives à l'appareil génital mdle {Ann. des sciences nat., 1824, t. 1, p. 279, pi. 20, fig:. 1 et 2). — Witlieh, lleilrdge zur morpliotogisclie nund hislologischeii Entwickelung der Harn- und Geschlechlswerkzetige der nackten Amphibien [Zeitsr.hr. fur wisscnsch. Zool. von Sicliold und Kôlliker, 1852, I. IV, p. 123, pi. 9). — Bitider, \'crglcwhcHde anatomische und hislolonische Vntcrsuchungen iiber die mànnli- chen Geschlcihls- und llarnuxvkieuge der nackten Amiiltibicn. Dorpal, l.silî. — Lercboullel, Rechcnlics sur l'anatomie des organes génitaux des Annuaux vertébrés [Nova acta Acad. nat. curios., t. XXlll). — Martin Saint-Ange, Étude de l'appareil reproducteur dans les cinq clauses d'.ininiaux vertébrés {Mém. de l'Acad. des sciences. Savants étrangers, 185G, t. XIV). — Leydig, Analorniscli-histologische Unlcrsiuhungen iiber Fisclie und Heptilien. Berlin, 1853. (b) f)elle C.lii.ijc, Hicerche anutomico-biologiche sul l'rolco serpenlino, 1840, pi. I et 2, %. 1. (c) Leydig, Analomisch-tiistologisvhe Untersuchungen iiber Vische und Heptiliin, p. 84. {d} Willich, Op. cit. {Zeitschrift fur wissi'nurh. /ont.. I. IV, pi, 0, fis-. ISK (e) Leydig, Op. cit., pi. 4, lig. 2!l pl 30, 3S5 APPAUKIL l'RlNAIRK DES ItATIîAClEAS. anoures ils soiil trapus et oltlonj^s ou ovoïdes il). J.cur structure intime ne présente généralement aucune particularité importante (2). Il est seulement à noter que les corpiiscules de Malpighi sont quelquefois assez gros pour être visibles à l'œil nu, et situés principalement vers la face ventrale de l'or- gane, d'où les canalicules urinifères se portent transversale- ment vers son bord externe, tandis qu'à la face dorsale de ces glandes ces tubes deviennent très sinueux et enclievélrés (S). Siruclure lies reins. aussi nés otioits el allongés chez l'Axolotl {a), le Menopoma (h) cl le Protéc (c). Chez tous ces Batraciens, les reins sont légèrement pyriformes, leur ex- trémité postérieure étant un peu ren- flée et leur portion antérieure se ré- trécissant graduellement. Chez les Tritons, ou Salamandres aquatiques, ils ont la même forme générale, mais ils sont beaucoup plus ramassés et plus larges (d). [l) Les reins des Grenouilles sont gros, oblongs et très rapprochés l'un de l'autre (ej. Ces orgaues ont à peu près la même forme chez quelques espèces de la famille des Crapauds (/), mais chez d'autres ils sont rétrécis anté- rieurement , et par conséquent ils ressemblent davantage aux reins des Urodèles (g). (2) La direction transversale des canalicules urinifères dans les reins de la Grenouille a été indiquée pai- Iluschke (/)), et la structure intime de ces glandes a été mieux étudiée par AL Bovvujan {i}. Duvernoy a puJjlié aussi des observations sur la structure intime du rein chez la Salamandre et le Triton (j). (3) Duvernoy a trouvé chez la Sala- mandre tachetée des corpuscules de ALilpighi dont le diamètre était d'un demi-millimètre (A; . Chez la Gre- nouille, M. Bowman n'en évalue le diamètre qu'à emiron un dixième de millimètre, en moyenne (/). («) Caloii, SuU'anatomia dell'Axolotl (Memorie deWAccad. délie scieine delVInslituio dl Bologna, 1851, i. lit, p. 343, pi. 3, flg. 18). (b) liidrter, Yergl. anal, und hisl. Unters. iiber (Me nanniichen Cesclilechts- und Harnwerk- ieuge der nackten Amphibien, pi. 2, iig. (i. (c) Itelle Cliiaje, lue. cil., pi. 1, lig-. 1. — Leydig, Op. cit., pi. 4, ùg. 3U. (d) Bidilei-, Op. cit., pi. 2, fi^. 4. (e) Swamiiieidura, Hibtia ^aluvos, i. 11, pi. 47, Kg. 1. ~ Prévost et Fiiimas, Op. cit. {Ann. des sciences nal., 1824, I. I, pi. 20, tîg. 11, if) Exemple : le bulo cinerens iWiiiieli, lac. cit., pi. 9, Dg. 10). (g) Exemple : le Bufo varlabitis (Willicli, toc. cit., pi. 9, lig. 13). {h) Huschke, Ueber die Textur der ISiereu {Isis, 1828, t. \.\I, pi. 28, lig-. 3;. (i) bowiuaii, On the Structure and Use of the Malpigiden Rodies of the Kidneg il'hilos. Trans., 18i2,p. 5T, pi. 4, fi!,^ 15). (jj Uuveinoy, Fragments sur les m-ijanes génito-ur'niaires des Heplilrs {Mt'm de f.icad. des sciences, Savants étrangers, i. XI. p. .'■lO). (A.) Uuvernoy, loe. cit., p. 58. (;) Bowman, /oc. cit., p. 72. Voies iirinaires. oSG EXCRÉTIONS. Les ennnnx exerélours des reins se réunissent ordinairement pour eonstitner de einique côté du corps un seul tronc; mais chez les Triions et les Salamandres ils forment plusieurs tubes distincts qui se dirigent parallèlement en arrière vers le cloaque (i). Quoi qu'il en soit à cet égard, les voies urinaires de tous les Batraciens débouchent dans cette portion terminale de l'intestin par une paire de pores situés sur la paroi dorsale tle cette cavité ou sur le bord de rembouchure des oviductes. Chez les femelles, il n'y a donc aucune communication entre les voies urinaires et les conduits génitaux , si ce n'est à leur extrémité (2); mais chez les maies il en est autrement, et tou- jours ou pres([ue toujours les canaux excréteurs des testicules vont s'ouvrir dans la portion antérieure de l'uretère, de fayon que ce tube livre passage îi la liqueur séminale aussi bien qu'à l'iuMne. Ainsi, chez la Grenouille, les canaux efférents du testi- cule, au nombre de cinq ou six, ou même davantage, plongent dii'cctement dans la substance du rein correspondant, traver- (1) GeUo disposition fasciculôe des nroiîîips osl très romarquabie dioz les Tritons, et Ton ])('iit farilenifinl l'oh- sorver chez les individus femelles, :S1 sent (Je [lait on part cet organe, et vont s'ouvrir dans l'ui'etèrc (jui en occupe le bord externe et dorsal (1). Le canal génito-urinaire constitué de la sorte se dilale vers son extrémité postérieure, et porte dans cette portion terminale une [>oche latérale qui est mulliloculaire et ([ui joue le rôle d'une vésicule séminale ('2). Entin il donne aussi insertion à un filament long et grêle qui est dirigé en avant, rentlé en l'orme d'ampoule naviculaire à (juelque dislance de son extré- mité antérieure, et creusé d'un canal longitudinal. Cet appen- dice paraît être un vestige du corps de Wolff et du canal excré- leur de cet organe transitoire ; mais il est sé[)aré de l'uretère (1) Los testicules de la Grenouille sont appliqués contre la face ventrale des reins, et leurs canaux efférents, rangés en série longitudinale, plongent presque ininiédiatenient dans la sub- stance de ces derniers organes pour les traverser de part en part, et aller déboucher dans la portion iniliale de Turetère située sur le bord extt'rne de chacune de ces glandes. Cette disposi- tion remarquable avait été incomplè- tement indiquée parSwanuiierdani (a), et a été bien constatée par MAI. Pré- vost et Uumas, ainsi que par beaucoup d'autres auteurs plus récents (6). D'après les observations inédites de MM. Vogt et l'appenheini, les canaux etlerents paraîlraient même se ramilier et s'anastomoser entre eux pendant leiu' trajet dans l'intérieur ilu rein, de façon à constituer dans la profon- deur de cet organe une espèce d'épidi- dyme (c). (2) Cet appendic<; du canal génito- urinaire des Grenouilles mâles se com- pose d'une série de loges terminées en cul-de-sac, et déboucbanl chacune dans ce tube par un orifice particulier. Cbez les lemelles, on ne voit rien de semblable : les uretères ne com- muniquent qu'avec les reins anté- rieurement et restent filiformes dans toute leur longueur : en arrière, ils se rapprochent, et vont déboucher dans le cloaque par une paire de petits pores situés immédiatement derrière les pa- pilles qui portent les embouchures des o\iductes {cl). (a) Swammerdam, Biblia Natiirœ, pi. 17, fia^. 1. (6) Prévost et Dumas, Obsermtions relatives à l'appareil générateur mdle, etc. (Annales des sciencesnat., 1824, 1. 1, p. 2T9, pi. 20, (ig. 2). — BiHder, Yergl. anat. und liisf. Uiitersiich. iiber die mânnlichen Geschlechis- und Harmuerk- zeuge, 1816, pi. 1, ûg. 1. — Lereboullct, Rech. sur l'aiiatomie des organes génitaux des Animaux vertébrés, jil. 7, lig. 8(3 (exlr. des >;ova Acla Acad. nat. curius., 1. XXllIj. (c) Vogt et Pappeiilieiiii, Recherches sur l'anatoiiue comparée des organes de la généralion des Animaux, vertébrés, présentées à l'Académie des science!,, 1846 (mss.). (d) Loicboullcl, lue. cit., pi. 19, lig. 193. OoS i:\CRKT10NS. dans loiitr su loiignciir et ne parait avoir aucun usage (1). Ciicz d'autres Batraciens, e»; nièuie iilainent, (|ue j'appellerai le tube wolf/ien^ semble eonstitiier au contraire la partie principale du conduit iiénito-uriuaire. Ainsi, chez le Prolée, les canaux elTé- rents du lesticuie viennent s'y réiuiir à quelrpic distance en avant des reins, et plus en arrière les invétérés s'y rendent (2). (liiez les Ménobranches, e'(^st aussi le canal du corps de WoltT (1) Cet appendice, dont la décou- verte est due à M. Leydig, s'insère sur le côté externe dn canal génilo-uri- naire de la Grenoiiiili' mâle, iinniédia- temenl au-devani de la vésicule sénii- nede (a) ; il est filifoimc , très long et aminci vers son extrémité antérieiii'e, près de lariucUe il présente un élar- gissement l'iisiforme qui est creusé d'une cavité contenant des cellules à noyaux, et un corps dont l'aspect rap- pelle celui du glomérule des corpus- cules malpigliiens [b). An delà de cette capsule, Tappcndice wollTien est plein et s'amincit de la(:on à se terminer bientôt en une pointe très grêle qui est située dans la partie antérieure de l'ab- domen, là où, chez la femelk», se trou- vent les trompes de l'oviducte. Enfin, il existe des cils vibratiles à Feutrée dn canal qxù part de l'extrémité inférieure de la capsule dont il vient d'être ques- lion pour descendre dans l'axe du fila- ment, vers l'extrémité postérieure de cet appendice. Ce canal est bien visi- ble, mais il paraît ne pas se continuer juscfuedans le conduit génito-urinairc. Chez la femelle, il n'existe aucun ap- pendice de ce genre, et M. Leydig le considère comme l'analogue de l'ovi- ducte. Chez le Crapaud cornu ((.Vra/o- phrys (Inrsata), l'uretère, ou plutôt le canal génital n'est pas garni d'une vésicule séminale ou glande acces- soire, comme chez la Grenouille, et donne directement insertion à un fila- ment wolffien qui est très développé et se termine par vm orifice béant situé an- dessus du ligament du foie, dans le même jwint où se trouve l'entrée des oviductes chez la femelle (c). {•}) Chez le Protée, l'extrémité anté- rieure du tube wolffien est ouverte, élargie et un peu infnndibuliforme. Cet appendice devient ensuite très grêle, et ne tarde pas à donner insertion au canal efférenl du testicule, qui est long, simple et pelotonné. Le tube commun ainsi formé augmente ensuite de ca- libre, et bientôt on y voit arriver un second canal provenant d'un organe pelotonné que Al. Leydig considère connue un lobule accessoire dn rein ; enfin, le même tube, devenu beau- coup plus gros, s'accole au bord in- terne du rein principal, qui y envoie ses canaux excréteurs (r/). M. Leydig («) LejJisj, Anat.-lust. Uiiters. uber l-'ische imd Heplilien, [>. 68, pi. 3, lij. i!3. (6) Idem, i6i(i.,pl. 3, fig. 24. (c) Idem, ibid., p. 70. (d) Idem, ibid., \<. 78, pi. 4, lig. 30. AI'PAUEIL LKLNAlIîE DES HATKACIENS. ;39 qui paraît se développer d'une inauière permanente pour rece- voir l'urine et la liqueur séminale transmise à travers la sub- stance des reins par une série de canaux spermatiques dispo- sés à peu près comme chez la Grenouille (1). Enfin, chez les n'a pu apercevoir aucune division lon- gitndinale dans le canal génito-uri- naire ainsi constitué, et ce canal ne semble pas être antre chose que le conduit excréteur du corps de WolfT. Chez le Menopoma alleghaniensis, on voit partir de l'extrémité anté- rieure du rein un long filament tabu- laire qui se termine anlérieurement par une capsule sendîlable à celle que nous venons de voir chez le Protée. A quelque distance de ce renflement, le tube wolflien donne insertion à un corpuscule arrondi qui est formé par un tube grêle contourné en manière de glomérule (a). 11 est aussi à noter que les canaux elTérents du testicule traversent les reins pour aller débou- cher dans l'uretère qui fait suite au filament woUlien (b). (i) Chez le Meiwbraiichus ou Nec- turus lateralis, le filament Avolffien vient s'appliquer contre l'extrémité antérieure du rrin, puis longe cet or- gane en se renflant et en décrivant des flexuosités nombreuses ; il reçoit, chemin faisant, une série de canaux très grêles provenant du rein et du testicule qui se; tiouve du côté opposé de ce dernier organe ; enfin il se ré- trécit de nouveau, et se détache de l'extrémité postérieure du rein pour aUer au cloaque. M, Willich, qui a lait connaître cette disposition, ne pa- raît pas avoir examiné au microscope la structure intérieure' du canal ainsi constitué, afin de s'assurer si c'est bien un tnbe unique ou une réunion de doux ou plusieurs tubes accolés sous une enveloppe commune (c). Cette investigation ne serait cepen- dant pas sans intérêt, car, en étudiant attentivement la structure des parties correspondantes chez la Salamandre terrestre, M. Leydig est parvenu à re- connaître dans la portion rénale du conduit en apparence simple dont la portion antérieure constitue le tube wolffien , deux canaux parallèles et accolés l'un à l'auti'e , mais parfaite- mont distincts et sans communica- tion visible ; l'un de ces canaux est la continualion du tube wolffien, l'autre est le conduit génito-urinaire. Il est aussi à noter que le filament wolffien porte un peu en arrière de sa capsule subterminale une ampoule latérale qui renferme un corps gloméruliforme et qui ressemble beaucoup à un cor- puscule de Malpighi (d). Chez le Bombinalor on trouve aussi inséré à l'extrémité anlérieurc du rein un filament wolffien dont la portion basilaire est fort pelotonnée (e). Pour se convaincre de l'identité de ces appendices plus ou moins rudi- (a) Leydig, Anat.-hist. Uiitersuch. iiber Fische und HeptUien, pi. 3, %. 27 et 28. (b) Bidder, Vergl. Anat. und hist. Untevsuch. ûber die mânnUchen GeacMecMs- und Havnwerk- zeuye der nackten Amphibien, pi. 2, ùg. G. {cj Willich, Uji. cit. [Zeilsvlir. l'Hr wisseiisch. ZooL, I. IV, |il. 'J , lii;'. li>). (d) Leydig, Op. cit., p. 75, pi. -i, llg. 29. [e) Idem, ibid., \A. 3, lig. 25. Tritons , les relations entre ces voies nrinaires, les canaux efterenis dn testicule et le filament wolffien, se compliquent davantage, ainsi que nous le verrons plus en détail lorsque nous nous occuperons de l'étude des organes de la reproduc- tion chez ces Animaux (l;; mais la disposition des uretères est à peu près la même que celle que nous avons vue chez les femelles. mentaires des organes géaito-urinaires niàles des divers Batraciens avec les parties qui ont été décrites chez les Têtards sous les noms de corps de Wolff ou de ri'in^ primordiaux, il suflit de comparer les ligures que je viens de citer avec celles que iM. ^Vit- ticii a données de ces derniers organes chez les larves des Tritons (a) et du Bomhinator igneus (b). Du reste, nous aurons à revenir sur Texamen de ces parties, quand nous étudierons Fappareil génital des Batraciens. (1) Les anatomistes sont très par- tagés d'opinion au sujet de la dispo- sition de cette partie de l'appareil génito-urinaire mâle chez les Tritons ou Salamandres aquatiques. \ ers le commencement du siècle dernier , Dufay lit connaîlrc l'existence d'un faisceau de petits tubes qui longent le canal déférent et qui s'insèrent aux reins par leur extrémité antérieure, tandis que par leur extrémité opposée ils débouchent dans le cloaque avec le premier de ces organes (c). Il les con- sidéra comme des vésicules séminales, et, en ellet, à l'époque du rut, on les trouve remplis d'un liquide laiteux qui ressemble beaucoup à celui dont les canaux déférents sont gorgés, mais qui ne renferme pas, comme celui-ci, des spermatozoïdes; circonstance qui a été constatée par M. Prévost et Dumas, et qui a conduit ces physiologistes à les regarder connue des uretères (d). Dans ces derniers temps, ces parties ont été étudiées dune manière plus détaillée par M. Bidder, Duvernoy, î\l. Lereboul- let, JNI. Martin Saint-Ange, M. Leydig et M. Wittich(e). Il serait trop long de passer en revue ici les opinions de ces auteurs sur chacun des points en discus- sion, et, me réservant d'examiner plus (a) Wilticli, loc. cil. (Zeitschvift fur wissensch. Zoologie, t. IV, pi. 0, fij. 1, 2 et 3). {})) Iiluin, ibid., pi. y, lit;. 5. (c) Dnfiiy, Obscrv. plinsiques et analomiiiiics sur plusieurs espèces de Salamandres qui se trouvent aux environs de l'aris {M('m. de l'Acml. des sciences, 1729, p. 148). (d) Prévo.st el Dumas, 0/). cit. (.\nn. des sciences nal., 1^21, I. 1, p. 282, iil. 20, fig:. 3, el cxplic. des fi!î., p. 19). (c) Bidder. Ucber die m&nnlichen Ceschleclils- vnd llarnwerkaeuge der nnchten Amphibien, pi. 2, n^'. 4. — Duvernoy, Fragments sur les organes gcnito-urinaircs des lieptiles, jil. 1 et 2 {Mém. de l'.\cad. des sciences, Savants ctrunaers. t. .\I). — I.creboullct, l{ech. sur l'anatonùc des Animaux vertébrés {.\ova Acla Acad. nal. curius., I. XXIII, |>. 77). — Martin Saiut-.Vn^c, Ijp. cit. {Mém. de l'Acad. des sciences, Savants étrangers, 185(3, I. XIV). — I.eydi^, Anat.-hisl. Uatersuch. iibcr l'ischc und lieptilica, p. 74. — Witlicli, Up. cit. [Zeitschr. fur icisscnsch. Zoul., 1853, l. IV, p. 125J Al'l'AKIilL LlUNAlKli DKS KMUU.lIvNS. o(l l D'îipi'ès les observations de MM. Vogt et l^appeiilieim, la coaleseenee des voies iirinaires et spennaticjues n'aurait pas toujours lieu avant l'arrivée de ces conduits dans le cloaque : le Crapaud accoucheur ferait sous ce rapport exception à la règle (1). Mais à l'époque où ces anatomistes s'occupèrent de ce sujet, on ne connaissait pas l'existence permanente du tube wolffien, et il est fort possible que ce canal ait été pris par eux pour un conduit déférent spécial. Je dois ajouter que chez tous les Batraciens il existe ime vessie urinaire qui est complètement séparée de l'appareil rénal, et qui communique avec le cloaque par un orilice parli- culier ; mais ce réservoir, au lieu d'être situé du coté dorsal ou Vessie urinaïie. tard la disposition des canaux cfTérents du testicule et leurs relations avec le canal woll'fien, je me bornerai à dire qu'un conduit (formé pro])ablement par ce dernier org;anc) descend du côté externe de l'appareil génito-urinaire, reçoit, chemin faisant, un nomijre con- sidérable de branches provenant d'une sorte d'épididyme dépendant du testi- cule, et va s'ouvrir dans le cloaque : c'est ce canal que l'on désigne géné- ralement sous le nom de canal défé- rent (a). Mais d'autres conduits ex- créteurs du testicule s'ouvrent dans un canal accessoire qui gagne la partie antérieure du rein, qui paraît y com- muniquer avec quelques branches du système des voies urinaires, et qui en- suite se rend au canal déférent dont il vient d'être question. Les conduits qui se détachent ensuite du bord externe des reins et qui bientôt se dilatent de façon à devenir fusiformes, ne sont pas des caecums clos à leur extrémité su- périeure et simplement accolés à la sub- stance du rein, mais des tubes qui nais- sent de celle-ci pnr des racines [b], et qui sont indubitablement des uretères analogues en tout à ceux qui existent à la même place chez la femelle. 11 me paraît cependant probable qu'à l'épo- que du rut ils peuvent remplir les fonc- tions de vésicules séminales. (1) D'après ces anatomistes, les voies urinaires du Crapaud accoucheur (.4/?/- tes ohstetricans) seraient disposées de la même manière dans les deux sexes, et les canaux efTérents du testicule constitueraient de chaque côté un tronc unique qui longerait le bord externe des reins pour aller déboucher isolé- ment dans le cloaque (c). (a) Voyez Bldilcr, 0/». cit., pi. 2, fiij. 4, f {cet aulciir appelle ce conduit wèlhrc ou canal défé- reiil). ■ — Lereboullet, Oj). cit., pi. 8, fig-. 9 c, e. — Martin Saint-Anye, Op. cit., pi. 11, lig. 3, /', /'. (6) LcrclKHilIcI, Op.^cit., pi. S, li-, 9ti. \c) Vogi et l'.ippciihcim, Suv fanatoinie comparée des uryaiies de la fjciuraUuit (iiiss.). o!l''2 EXCKÉTlUiNS. postérieur du rectum, comme cela a lieu chez les Poissons, s'insère sur la {)aroi inférieure ou antérieure de cette portion du gros intestin (1). En raison de son éloignement de l'embou- chure des uretères , on avait d'abord liésilé à le considérer comme pouvant servir de réceptacle pour l'urine ; mais l'exa- men chiuiique du liquide contenu dans son intérieur n'a laisse subsister aucun doute sur ce point ('2). n'iMairô' § ^^ — ^^cz Ics Reptiles, l'apparcil urinaire est en général (les noptiics. (.onfoi-uig ;\ peu pi\^s de la môme manière que chez la majorité des Batraciens, si ce n'est que chez le mâle aussi bien que chez la femelle les uretères restent séparés des conduits génitaux ou ne s'y réunissent que tout près de leur embouchure dans le cloaque (o). La forme des reins est variable, et présente d'or- dinaire une certaine analogie avec colle du corps (4). Presque (1) La vessie urinaire esl simple et tomiques, pnrliculièrement le bel oii- allongéc chez la Sirène (a), le Pro- vrage de Bojaniis sur la Tortue d'Eu- lée (b) , l'Axolotl (r) ; mais, chez la plu- rope. part (les Batraciens, cette poche nicni- (/i) Ainsi les reins sont très étroits et braneiise est élargie en avant et plus allongés chez les Serpents, tandis que ou moins profondément bilobée (d). chez les Tortues ils ont une forme tra- (2) M. .1 Davy, qui a examiné' le pue. Ouelqnefois cependant il y a dis- liquide contenu dans la vessie urinaire similitude entre la forme de ces orgcines du Rana taurina et du Bufo fuscus, et la forme générale des corps : chez y a constaté la présence de l'urée (e). les Seipents du genre Ilydrophis, par (3) Au sujet de la structure de l'ap- exemple (/"). pareil urinaire des Reptiles, j'aurai à 11 est également i^i remarquer ((n'en citer les travaux de _\1. LerebouUet, général, chez les Ophidiens, les deux et de M. Martin Saint-Ange, dont j'ai reins ne sont pas placés symétrique- déjà parlé en traitant des Batraciens, ment, l'im étant situé plus avant ((ue ainsi que quelques monographies ana- l'auU'e. (a) Cuvier, Recherches aiiatomiqties suv les IlciHUes regardés encore comme douteux (Hiimboldl, Hech. d'obs. de toologie, I. II, pi. 11, ûg. 1). [bj Dolk! Cliinje, Ihcerche sul Proteo serpenlino, pi. 1, fi;?. J . (c) Galori, SuWanatomia deli Axolotl, pi. i, ùg. 8 et 10 (Acad. de Biloçine, 185!2). [d) Exem[ilcs : la Grenouille (I^erebouUel, Op. cit., pi. 7, tig. 85). — Les Tritons (Martin Saint-Ange, 0/). cit., pi. H, fij?. 1 et 3). — La Cécilic (Cuvior, .\n(itomic emn\iavée, I. VII, p. GO^l). (c) J. Davy, On the Urinarij Oryans aud Serrclion of some of Ihc Amplubia (lieseanh. Aiiat. and l'hijsiot., 1. 1, p. 100). — An Account of the l'rinnry Onjaas and Urine of huoSpecies of the Genus Hana Philos. Trans., 1821, p. 05). (/■; Stannius etSiebold, Nouv. Manuel d'anatomie comparée, t. II, p. 250. AlM'AKhlIL IKINAIKI-: DES KKl'TlLliS. SÙ3 loujouj'S ils sont peu volumineux, et leur poids, comparé à eelui (lu i-esle (le l'organisme, est souvent plus faible que chez les autres Vertébrés {\). Il est aussi à noter que ces glandes sont souvent divisées en un nombre considérable de lobes lâchement unis entre eux, tandis que d'autres fois leurs lobes sont au contraire si serrés les uns contre les autres, qu'ils affeclent une disposition sinueuse et décrivent même des circonvolutions. Le premier de ces modes (le conformation est très ordinaire chez les Opliidiens (2), et le second se voit chez les Crocodiliens (o) ; mais chez la plupart (1) I\l, .1. Joncs a pesé comparati- vement Iqh reins, d'une part, el la tota- lité de l'organisme, d'autre part, chez un certain nombre de ricptiles, ainsi (|ue chez divers Poissons, Oiseaux ou Mammifères, et c'est dans l'ordre des Chcîloniens qu'il a trouv(* ces glandes le moins développées. Ainsi. cliezdifTé- rentes espèces de Tortues, le poids des reins a varié entre — et ^, du poids total de l'animai, et chez des Alligators il était d'environ z^ de ce même poids total ; tandis (]ue chez les Oiseaux ces relations se sont maintQiuies entre y^r et ^, et que chez les Mammifères M. Jones a trouvé, sauf une seule ex- ception, les limites de variation ^ et -\-. Je dois ajouter que chez les Ser- pents le poids des reins représente une part plus grande du poids total, et dans les expériences de M. Jones il n'a varié ({u'entre 7f, et f, (a). (2) Ainsi, chez les Pythons, chaque rein se compose de 15 à 20 lobes ir- régulièrement ovalaires, qui sont dis- posés en une série longitudinale, unis entre eux par du tissu conjonclif très lâche, appendusde distance en dislance à un uretère commun, et logés dans un repli du péritoine (6). Chez la Couleuvre, les lobes con- stitutifs des rei;is sont unis entre eux d'une manière plus intime (c), mais ils sont aussi distincts organiquement. En effet, chaciue loI)e est formé par un système particulier de canalicules urinifères, qui en occupent la portion corticale, et qui se réunissent succes- sivement entre eux pour donner nais- sance aux racines d'un conduit ex- créteur particulier, occiipant le centre du système et allant déboucher laté- ralement dans l'uretère commun (d). Du reste, la division en lobes n'est pas constante chez les Ophidiens. Ainsi, chez les Acrochordés, les reins ne présentent que de légers sillons trans- versaux {e). (3) Chez les Crocodiles, les lobes des reins sont allongés et tellement (a) J. Jones, Investigations Chemical and Phijsiological relative to certain American Verte- brata, p. 125 {Smithsonian Contributions, 1856, t. VKI). (b) Voyez Jacqiiart, Mém. sur les onjanes de la circulation chez le Serpent python {Ann. des sciences nat., 4" série, 1855, t. IV, pi. 11, fig. 12). — Martin Saint-Ange, loc. cit., pi. 10, fig. 3 el 4. (c) Millier, De glandularum secern. struct. penlt., p. 88, pi. 12, fig. 16. {i) Stannius et Siebold, Nouv. Manuel d'anatomie comparée, t. Il, p. 259. Si ''l\ll KXCKliTIONS. (les SaiiiuMis les divisions lubiilaires soiil i)cu pruiionccesi^'l). J'ajouterai que presque toujours les reins sont situés très loin en arrière, dans le voisinage du cloaque, et (jue quelquefois ils sont logés complètement dans la cavité du bassin. Les uretères naissent sur leur bord externe, et chez la plupart des Ophidiens ces conduits se dilatent vers leur extrémité |)0S" térieure, de l\içon à constituer un petit réservoir urinaire ana- logue à la vessie urétérienne que nous avons déjà vue chez divers Poissons ("2). Vessie miiiaiie Chcz Ics Chélouicns, ainsi que chez quehjues Sauriens, il Repiiks. existe une vessie urinaire spéciale (3), qui est constituée par l'allantoïdc, et qui s'ouvre isolément à la paroi inférieure du cloaque (/i). Quelquefois même cette portion du tube digestil toiitounii's, que l'aspect de ces or- ganes rappelle celui du cerveau de beaucoup de Mammifères (a). Les caualicules uriuifères convergent des surfaces inférieures et latérales des circonvolutions ainsi consliluées, sur une série longitudinale de conduits excréleurs occupant le milieu des lobes (/>), et allant déboucher dans les uretères qui naissent à la parlic antérieure et dorsale des reins. Chez les Chélouicns, les reins sont fort ramassés; ils sont arrondis ei di- visés sur le bord par un certain nombre de scissures (r), ou composés même de lobes assez distincts, quoique serrés entre eux. (1) Ainsi, chez les Lézards, les reins sont bosselés à leur surface (c/) ; chez le Varan, cette disposition est moins marquée (e). (2) Les vrais Serpents n'ont pas de vessie urinaire spéciale, mais il exislc un réservoir de ce genre chez les Anguis, et cliez le Scheltopusik de Tallas, ce réservoir est même très grand {[). (o) L'existence d'une vessie urinaire chez les Tortues a été signalée par Aristote (g), et Blasius a donné une figure de ce réservoir (/i). (à) Perrault a remarqué que la vessie urinaire est en général beau- coup phis grande chez les Tortues de terre ([ue chez les Tortues de mer (i). Ch(v. la 'i'orlue coui, ce réservoir (a) Voyez Hiiiilcr, Descriptive and lllustrated Catalogue nf Ihe l'hijsiologieal Séries of Comp. Anat. eontnincd in thc Muséum of tlie li. Colleye of Surgeons, t. IV, |>1. (j;i, fig. 1 et 2. {h) Millier, De gland, secern. sirnct. penit., pi. 12, fi, Histoire naturelle des AniuiKn.r, Irad. parCaiiuis, I. I, p. 'J3, cl I. II, p. 812. {h) Blasius, Anatome Aniinnlium, KiSl, pi. ;îO, {].;. 6. (i) l'orrauU, }létn. pour servir à l'histoire naturelle des Animaux, 2' partie, p. 183. AIM'UÎKIL IRlNAIlil': niîS OISF.M.V. .'^iT) est garnie on onire d'une |):iire d'appendiees en l'orme de sacs membraneux qui [)araissent devoir remplir les mêmes Ibnelions, et que l'on a appelés des vessies accessoires. Plusieurs Tortues présentent ce mode d'organisation ; mais chez quc^iues Sau- riens, les Crocodiliens par exemple, il n'existe aucun réservoir pour l'urine, et les produits de la sécrétion rénale sont en général expulsés au dehors sous la forme de concrétions (1). ^9, — Chez les Oiseaux, l'appareil urinaire est constitué d'après le même plan général que chez les Reptiles, et ne pré- sente que peu de particularités importantes à signaler ici. Les reins sont presque toujours ihvisés en trois portions bien dis- tinctes : l'une antérieure, située dans la région lombaire, les deux autres placées Tune à la suite de l'autre dans la région pelvienne, où elles sont logées derrière le péritoine, dans des excavations du sacrum (2). En général, tous ces lobes sont aussi (les tViseaiix, niclubraneux est t'nonne et s'avance jusque auprès du cœur (a). Chez le Testiido clausa, il est pro- l'ondénient hilobé {b). (1) Les vessies accessoires, ou ves- sies lombaires, do ut rexislence a été mentionnée pour la première fois par Perrault, n'ont ('-té observées, ni rbez les Tortues de mer, ni chez la plu- ])art des Tortues de terre ; mais leur présence a été constatée chez plu- sieurs Tortues d'eau douce, telles que l'Kmyde d'Europe (r), et plusieurs es- pèces du même genre propres à l'Amérique septentrionale (d). Lesueur a trouvé aussi ces organes chez la Chélydre serpentine et la Chélydre rertine. Ces vessies sont de forme ovalairc ou cylindrique, et s'ouvrent dans le cloaque, par un large orifice. Chez la 'l'estude de la Caroline, qui lial)ile les lieux secs, il existe une paire de vessies accessoires, mais elles sont très petites (e). ('2) Comme exemple de la disposi- tion ordinaire de l'appareil urinaire des Oiseaux, on peut prendre pour exemple la Poule (/'). Les trois lohes ((j) Dnvoinoy, Reptikf! de Vallns du Rî-gne animal île Cuvier, pi. 2, (îg. i. (hj Cnrus l't Ollo, Tab. Anal. comp. illnslr., pars v, tali. 0, Cig. 8. (cj Bojaniis, Anatomia Testudinis europœœ, pi. i27, fig. 150 et 157 ; pi. 28. fi?:. 158. ((0 Lesueur, Vessies auxiliaires dans les Torlucs du (jenre Émijde {Comples rendus de l'Acad. des sciences, 1839, l. IX, p. 450). (e) Duvernoy, Ad.lition aux Leçons d'analomie comparée île Cuvier, t. VII, p. GOl. (0 Voyez Laurillard, Atlas du nèyne animal île Cuvier, Oisraux, pi. 5, fig. 1. — Himicr, vi.v. Desrript. nnd Ulnstr. Catalnnac of llie Mns. of the Coll. nfSiirq., t. IV, pi. 50, ?v^. 1. 346 EXCRÉTIONS. très écartés entre eux latéralement. Mais, dans quelques es- pèces, les lobes postérieurs se réunissent sur la ligne médiane, et chez un petit nombre de ces Animaux, non-seulement les deux reins sont conligus, mais leurs différentes i)ortions sont presque entièrement confondues en une seule masse; dispo- sition qui se remarque chez la Spatule (1). La forme de ces organes présente aussi quelques variations (jui dépendent principalement, soit du développement relatif des lobes anté- rieur, moyen ou postérieur, soit de la situation de ces lobes sur une même ligne longitudinale, ou de la déviation de l'un d'eux sur le côté; mais ces particularités n'ont pour nous que peu d'intérêt (2) . Au premier abord, la surface de ces glandes peut paraître sont de forme ovalaire, et sont bien séparés entre enx. Le lobe moyen est le plus petit de tous, et le lobe anté- rieur ou lombaire est le plus grand. L'uretère se détacbe de la partie postérieure de ce dernier, et descend le long du bord interne des deux lobes pelviens, de chacun desquels il reçoit latéralement une bianclie. En- fin, parvenus à la partie antérieure et dorsale du cloaque, ces canaux s'y ouvreni innuédialenioiit derrière le repli qui sépare ce vestibule de l'in- testin rectum, cl en dedans et un peu au-dessus de l'emboucliure de l'oviducte ou des canaux déf('rents. (1) Chez cet Écbassier, le lobe pos- térieur se dislingnc par sa forme et sa grandeur (a). C-licz 1c Pélican, les lobes des reins du même côté sont réunis en une seule masse, mais ces deux organes sont écartés entre eux dans toute leur longueur (b). (2) Pour donner une idée netle de ces particularités de forme, il ne sera peut-être pas inutile de citer ici quel- ques exemples. Chez l'Aulruchc, les trois lolx's sont fort rapprochés, le piemier esl oblong et beaucoup plus large (|ue les autres (r). Chez la Poule sultane, celle diffé- rence est encore plus marquée et les lobes postérieurs sont très étroits et di- visés par un étranglemeni ((/;, Les reins de l'Aptéryx soiU 1res raj)- j)rochés de la ligne médiane, et for- nienl chacun une seule masse obscu- n'nient subdivisée eu cinq lobes (p). (a) Ctivicr, Leçons d'anatomie ccmpar('e, t.\U, p. 57^. (6) l'crraiill, Mém. four servir à l'histoire naturelle des Animaux, li" pailii', pi. 27, fig. P.. yC) Idnn, iind., 2' partie, pi. 55. (d) Ideiii, ihUI., 3" partie, pi. 12. (e~i Owcn, 0») ihe Atintnmii nf the Snulhrrn Apten/x {Trnns. nf llie Znol. .S'nr., t. II, p, 280, 11.50). APPAREIL URINAIRE DES OISEAUX. 3/|7 lisse ; mais, quand on l'examine attentivement, on y aperçoit une multitude de petites circonvolutions dues à l'existence de très petits lobules qui se contournent de diverses ma- nières, et qui ressemblent à une pelote embrouillée de rubans onduleux; enfin, l'emploi de la loupe permet d'apercevoir dans les circonvolutions un nombre incalculable de canaux uriniteres c(ui débouchent latéralement dans des conduits de second ordre disposés parallèlement en travers sur ces lobules ténioïdes, et plongeant dans la profondeur de l'organe pour aller gagner les grosses racines du système des canaux excré- teurs (l). Les uretères ne présentent, ni à leur origine ni vers leur voies urinaires ' , dos partie terminale, aucune dilatation notable ; ils sont complète- oisea..v. ment séparés des voies génitales, et ils débouchent à la partie postérieure du cloaque. Cette dernière cavité remplit jusqu'à un certain point les fonctions d'un réservoir urinaire, car dans les circonstances ordinaires elle est séparée du rectum par la con- traction du sphincter qui entoure l'extrémité inférieure de ce canal, et les excréments ne s'y accumulent pas (2). 11 existe bien à la paroi postérieure du cloaque des Oiseaux une petite poche membraneuse appelée bourse de Fabricius^ (pii paraît (1) Ce mode de confoinialion a été décrit et figuré par Uusclikc et par .T. Millier, mais ces naturalistes con- sidèrent les branches latérales des troncs secondaires comme se termi- nant en cul -de-sac (a), tandis que, suivant loule proi)abilité, elles reçoi- vent les canalicules urinifères adja- cents. En effet, on sait, par les ob- servations de M. Bowman et de quel- ques autres anatomistes, que chez les Oiseaux, de même que chez les autres Vertébrés, la substance des reins se compose de canalicules pelotonnés et terminés par des corpuscules malpi- ghiens, mais ces derniers organites sont plus petits que d'ordinaire (h). (2) Voyez tome VI, page 363. {a) Huschke, Ueber die Textur der Nieren {Isis, i8"28, t. XXI, p. 560 et siiiv., pi. 8, fig. 9). — J. Millier, De glandularum secernentium structura peiiitiori, p. 91 et siiiv., pi. 13, fig. 1 à 10 (b) Bownian, On the Structure and Use of Ihe Mnlpinhinn Hodies <>f ihe Kidneu (Philos. Trnns., 18.i2, p. 72, pi. 4,0^.13'. 3/l8 EXCRÉTIONS, être l'iuialogiic organique de la vessie iirinaire des Poissons, mais qui ne reroit i)as l'urine dans son intérieur et qui est ordi- nairement réduite à l'état de vestige (1). Chez quelquesOiseaux, le cloaque est très développé et peut contenir une quantité assez considérable d'urine liquide, ainsi que cela se voit chez l'Au- truche. Mais en général sa capacité est faible, et les produits de la sécrétion rénale sont expulsés au dehors par l'anus, sans avoir séjourné longtemps dans ce vestibule commun. Quant à la conformation du cloaque et à la manière dont il se ren- verse à l'extérieur au moment des déjections , j'ai déjà eu l'occasion d'en parler (2;, et par conséquent il serait inutile de m'v arrêter ici. v;.i>^paux § 'JO. — Chez tous les Vertébrés dont l'étude vient de nous d'^'n'îns. occuper, les reins reçoivent du sang, non-seulement par l'inter- médiaire des artères qui s'y distribuent, mais aussi par des veines fjui naissent dans la partie postérieure du corps, et qui se ramitient dans l'intérieur de ces glandes avant d'aller débou- cher dans les gros troncs vasculaires en communication directe avec le cœur. Dans une autre partie de ce Cours, lorsque nous nous occupions de l'élude de l'appareil de la circula- lion, j'ai l'ail coimaitre la disposition de cette portion du sys- tème veineux chez les Poissons (3), les Batraciens (6) et les Reptiles (5), où elle est connue sous le nom de veine parle rénale; mais alors son exislence ni* jue jiaraissait pas sufli- samment démontrée chez les Oiseaux (6). Aujourd'hui il n'en est i)lus de même : les recherches faites dans les labora- toires de la Faculté [larun de nos jeunes docteurs, M. Jour- dain, ne laissent jtlus aucune incertitude à ce sujet, et permettent (1) \oyoz tome V, page ;!(i5 ot (/i) \ oyez loiiic lU, page 399 et .sui\antcs. siiivaiilos. (2) Voyez tome VF, page 303. (5) Vo\ez tome Uf, page /kVJ et (o) Vo\ez liiiiM' in. |)ago 357 ot suivanles. snivanips. (0) Voyez tonn' Iff. p. /i(i8 et siiiv. APPAREIL L'RINAIRR DES MAMMIFÈRES. '?)l\9 d'étendre à tous les Vertébrés ovipares la règle que je viens de rappeler (1). 11 est aussi à noter que ehez les Oiseaux, de même que chez les Reptiles et les Vertébrés anallantoïdiens, le tissu des reins présente à peu près le même aspect dans toutes les parties de ces organes, et qu'il n'y a pas de distinction à établir entre la substance de la portion corticale et la portion profonde ou médullaire de ces organes, conune cela a lieu chez les Verté- brés supérieurs dont l'étude va maintenant nous occuper. § 11. — Dans la classe des Mammifères, ra[)pareil urinaire se perfectionne plus que chez les autres Animaux : les reins présentent une structure plus complexe ; les uretères conduisent toujours dans une vessie spéciale, et le canal évacuateur de ce réservoir débouche au dehors par l'intermédiaire de la portion terminale des voies génitales ; enfin l'orifice extérieur qui livre passage à l'urine est presque toujours complètement dis- tinct de l'ouverture anale. La position des reins (2) ne varie que peu dans celte classe. Structure des reins chez ces divers Vertébrés. Appareil urinaire des Mammifères. (1) Les recherclies de M. Jourdain, entreprises postérieurement à la pu- blicalion de la pariie de cet ouvrage où j'ai traite de la circulation du sang, ont ajouté aussi plusieurs faits non- veaux à ce que Ton connaissait déjà sur la disposition du système de la veine porte rénale chez les Oiseaux , les Batraciens et les Poissons. Ses observatious sur la distribution des veines dans les reins des Oiseaux, et sur des anastomoses de ces vaisseaux avec les troncs voisins, me paraissent prouver qu'une portion plus ou moins considérable du sang veineux qui est ramené des membres postérieurs, et de la région pelvienne doit pénétrer dans ces glandes et y être distribuée par des rameaux en communication avec les veines rénales eHéientes. 11 est aussi très probable que la portion de la colonne sanguine qui se trouve ainsi déviée de la route directe pour circuler dans le système veineux de l'appareil urinaire, est plus considé- rable pendant la diuée du travail di- gestif que lorsque le canal alimentaire est inactif (a). (2) 11 est à noter que dans le lan- gage ordinaire, on désigne les reins des Animaux de boucherie sous le nom de rognons. (a) Jourd;iin, necIiTches sur la veine porte rénale :^Ànn. des scienres v.nt., 4» série, 1850, I. MI, p. iSi et siiiv., pi. \ ù 8}. 350 EXCRÉTIONS. Chez l'Homine, ces organos sont |)lncés entre Je péritoine et les muscles de la paroi postérieure de la cavité aI)doniinale, de chaque coté de la colonne vertébrale , entre les dernières fausses côtes et le bassin (1). Ces organes sont situés à peu près de la même manière chez les autres Mammifères (2\ et (1) En général, les reins de l'Honinic correspondent à la dernière vertèbre dorsale et aux deux ou trois pre- mières vertèbres lombaires ; mais dans quelques cas ils descendent plus bas, et celui du cùlé droit est placé un peu moins liant que son congénère (a). Les cbangcments qui ont été re- marqués dans la situation de ces or- ganes .sont i)resque toujours congé- nitaux ; mais dans quelques cas, par exemple à la suite d'une constric- tion excessive de la laille déterminée par l'usage de corsets trop serrés, on a trouvé l'un dos reins refoulé jusque dans la fosse iliaque (6), Le déplacement congénital des deux reins est rare, mais les anatomistes citent beaucoup d'exemples de vice déposition de ce genre portant sur un de ces organes (c). Il est aussi à noter que, dans certains cas tératologiques, on a trouvé les deux reins réunis entre eux ou même confondus si in- timemenîç, qu'ils paraissaient ne for- mer qu'un seul organe impair {cl). Quelquefois les anomalies présentées par l'appareil urinaire déjiendaient de l'absence totale de l'une de ces glan- des (e), ou de leur division en deux ou plusieurs lobes séparés. (i) Souvent le rein droit est situé un peu plus en avant (c'est-à-dire plus loin du bassin) que le rein gaucbe : par exemple, chez le Cheval (/"), le Bœuf, le Lama, divers Carnassiers, la plupart (a) Voyez Boitrgery, Traité ci analomie descriptive, t. 5, pi. 52. — Bonamy. Uroea et Beau, Atlas d' analomie di'scnptive, l. lî, |il. ^7. 'b) Cniveilliier, Traite! d'aiiatoinic descriptivr , t. 111, p. .'loO. (c) Meckel, Handlnivh der patlwloy. Aiiatomie, t. 1, p. (»3â. — Amiral, art. Monstruosités du [hrtinnnaire de médecine. — Guigon, Description d'un rein trouvé dans le bassin d'un lloinme (Histoire de la Suciélé de médecine, t. X, p. 66). — Martin Sainl-.\nge, ^'ote sur le déplacement d'un rein dans un enfant noitreanné (.4(7»). des sciences nat., 1S20, I. VII, p. 8-i). — SeyiiKuii-, Maliiosttion. of Ihe left lildney {l.undon Mcd. Caietle ISiil, i. 111, p. 82i). — I.oiul, Case of Mnlpositiiw of the l. (e) Ali'->:iiuli'ini, Cenni suW yiialomia del Pasipo minuno, pi. Ki, ûg. 10, cl | (:l/(7(i. dell'Acrad. délie scieme dell'liisi. di l'olniina, L'^MI, I. Vil». 143 \1, liir. 8 AIM'ARKIL UUINAlRb: DES MAMMll- tUKS. 353 chez certaines espèces, plus allongés chez d'autres, mais d'or- dinaire ils ont, comme chez l'Homme, une forme ovalairc avec une cchancrure du côté interne dans m\ point appelé scissure (kl rein ou hile, où ces organes sont en connexion avec leurs vaisseaux sanguins et leurs canaux excréteurs (t ). Leur volume n'est pas très considérable. Ainsi, chez l'Homme ils ont en général environ 1 décimètre de long sur 5 ou 6 centimètres de large et 2 | cenlimèlres d'épaisseur (2). Pour se rendre i'acilement compte du mode d'organisation structure intérieura intérieure des reins de l'Homme ou de tout autre Mammifère des reins des OÙ ces glandes sont constituées de la môme manière, il est bon Mammifères. (1) Les anatomistcs comparent avec raison la forme des reins de rilomme à celle d'un haricot, dont le hile repré- senterait l'échancrure qui donne nais- sance à Turetère. Chez quelques Mammifères, tels que le Bœuf et le liion, le hile du reiii, au lieu d'avoir la forme d'une échan- crure, consiste en une fosse plus ou moins profonde, creusée à la face ven- trale de cette glande, et d'autres fois, par exemple chez le Marsouin et le Dauphin, il n'est représenté que par une simple fente. (2) Les anatomistes ont constaté des variations très grandes dans les dimen- sions et dans le poids des reins chez des individus où ces organes parais- saient être dans l'état sain (a). 11 est à regretter que ces pesées n'aient pas été faites comparativeiuent avec celle du corps tout entier, car les données ohtenues de la sorte auraient peut-être conduit à des résultats inté- ressants. Les naturalistes ont fait quelques détenuinalions de ce genre chez divers Manuuifères ; mais elles ne sont pas encore assez nombreuses pour qu'on puisse en tirer aucune conclusion gé- nérale. 1\L J. Jones, dont j'ai déjà cité les observations au sujet du poids des reins chez les lleptiles et les Oiseaux, a trouvé que ces organes représen- taient de 77 à T^j- du poids total chez divers Rongeurs et Carnassiers. Chez un Mouton ce rapport était de 1 : 350, mais il est probable que cet Animal, élevé en domesticité , était surchargé de graisse et de laine (6). D'après l'ensemble des faits constatés par ce physiologiste, il paraîtrait que le poids des reins, comparé à celui du corps entier, est plus élevé chez les Ver- tébrés à sang chaud que chez les lîeptiles, les Batraciens et les Pois- sons cartilagineux ; quant aux Pois- sons osseux, !\L Jones ne s'en est pas occupé. (a) Huschke, Trailé de splanchni^logie , Ir.ul. par Jounlan (Encyclop. aiia'., p. 28S). (6).I. Jones, Investigations Clieiivcal and Physiulogical rclaiiva to certiin Amerxan Verte brala, p. 125 {Sinitli.soniaa Contributions, 1856, t. Vlll). Vih Bassinol. OOa i:\CRETIOi\S. de suivre inie marche inverse de celle qui, au premier abord, pourrait paraîti^e la plus logique, eUle remonter de l'uretère vers la partie périphéri(jue de l'organe dont ce tube est le conduit excréteur. Chez les Mammifères, laporlion initiale de l'uretère n'affecte pas une dis|»osition dendroïde couune, nous l'avons vu chez la plupart des Yertél)rés inférieurs, où ses différentes racines se réunisseul successivement pour former des branches de [dus en j)lus grosses : ces racines convergent vers im seul point et s'y joigneul très promptement de manière à constituer une sorte de houppe. Chez un petit noud)re d'espèces, telles que le Marsouin et le Dauphin, en se réunissant de la sorte, elles con- servent leur forme tubulaire et ne présentent rien de particu- lier dans le point où, confondues en im tronc unique, elles con- stituent l'uretère; mais chez presque tous les ÎMammifères elles se dilatent brusrpiement dans ce point de coidlucncc, et par leur élargissen^icnt elles donnent naissance à un réservoir membra- neux dont rm^elère, proprement dit, tire son origine. Ce pre- mier réservoir urinaire, appelé le bassinel (I), est logé dans la scissure ou bile du rein, derrière les gros vaisseaux sanguins, et il s'y enfonce profondément jusque vers la partie c.entrale de la glanfie. Sa portion terminale ou urétérienne est simple, mais en gé[iéral sa portion profonde est divisi'C en plusieurs branches appelées cr//îces ('2 , et chez l'IIomnic, ainsi (jue cliez la plupart (1) On privis rmuiv. (2) Cliez niomme, lo bassinel {a) a l'a forme (Tiui entonnoir dont le bec se eonlinnerait avec rnreli'ie , et dont lu portion (Wast'c serait voTiIim' en dessns et divisée d'abord en deux l)randies principales. Celles-ci diviTiienl en sens opposé vers lesdenx exiréniités du rein, el sont appelées le (/rand calice supé- rieur oA\c ijrand calice infcricur. Ces f^rosses brandies donnent naissance à lenr loin- à des divisions secondaires, iippelécs moyens et petits calices, dont les uns sont en lapporl eliacun avec (a) Voyez Boiirs^ci-y, Traité de l'aiialomic de i' Ilinniiie, l. 5, |j1. 55, lig. i el 5. — Bdiinmy, Bi-iic,;i ut Hoaii, Atlas d'anatinnic descriptive, l. 3, pi. 39, liij. 1. APPAUlilL UKlNAlKb; DES MAMMIFÈUES. o55 des autres Maiiiinileres, rcxtn'inilé |iériplicri(jLie de cliaeiiiie de celles-ci encapuclionne , pour ainsi parler, un mamelon qui fait saillie dans son intérieur, ou même plusieurs de ces éminences que les anatomistes appellent les papilles du rein (1 ). Enfin, la sui'fîU'e de chacun de ces mamelons on papilles est criblée de petites ouvertures qui sont les embouchures des canalicules urinifcres , et qui versent par conséquent l'urine dans le bassinet. Ces canalicules sont dirigés en ligne droite vers la partie substance médullaire périphérique du rtnn, mais ils ne marchent |»as tout à tait parai- ^es lèlement enti'c eux, car en s'éloignant du calice corr.'spondant, ils se bil'ui'qucnt souvent de distance en distance, de sorte fjue leur nombre augmente beaucoup, et que les faisceaux constitués par leur réunion affectent une forme conique. Ainsi chacune des papilles qui font saillie dans les calices ou branches du bassinet reins. une seule papille rénale, et les autres encapuchonnent plusiwu's de ces ma- melons urinifères. Le bassinet ne se d\\ ise pas de la sorte chez tous les Mammifères. Ainsi, chez le Cheval, ce réservoir urinaire s'allonge un peu vers les deux extrémités du rein et forme de cette manière deux petits diverticnles appelés bras du bas- sinet, mais il ne présente pas de calices, ou plutôt n'en constitue qu'un seul (a). Chez rixhidné, il n'y a aussi qu'un seul calice, bien qu'il y ait plusieurs papilles. Enfin, chez les Chats et plu- sieurs autres Manunifères, le bassinet se loge plus profondément dans la fosse représentée par le hile, et ne donni> pas naissance à des calices, mais il envoie des prolongements étroits jusque dans la substance corticale des reins (/;). (1) Chez quelques Mammifères, tels que le Chien, le Chat, les Phalangers et les Tatous, le sommet des pyra- mides de Malpighi ne fait pas saillie dans les calices, et par conséquent il n'y a pas de papillfs du rein. Chez d'autres, le Cheval par exemple, ces émi- nences sont représentées par luie crête saillante qui occupe le fond du bassi- net en face de l'embouchure de l'nre- tère. Souvent il n'y a qu'un seul mame- lon, par exemple chez l'Orang-outang, le Callitriche, les Coatis, l'Écureuil, le Lièvre et le Daman. H y en a deux chez quelques Rats, trois chez l'Élé- phant, quatre chez l'Échidné et cinq chez le Hérisson (r). («) Ghauveau, .iiiatomie cuinparcc des Aiiiiitaux domestiques, p. 455, lii;' 142. (b) Cuvier, Leçons d'aaalomie comparée, t. VU, p. 50(5. (c) Idera, loc. cit. Substance corticale. 356 EXCRÉTIONS. est le sommet d'un cône de canalicules urinilères dont lu base est dirigée vers la périphérie du rein. On a donné à ces canali- cules droils le nom de tubes de Bellmi, pour rappeler l'auleiu^ présumé de leur découverte (1), et l'on ap[)elle communément pyramides de Malpighi^ les cônes résultant de leur assemblage. Enfin la réunion de ces cônes divergents, qui, par leur struc- ture et leur teinte, différent de la portion périphérique du [)aren- chyme de la glande, constitue ce que les anatomistes appellent la substance médullaire des reins (2). La base et les côtés de chacune des pyramides de jMalpighi sont, à leur tour, encapuchonnés par la portion superlicielle du tissu glandulaire, qui est moins rouge que la substance médullaire et qui est connue sous le nom de substance corticale des reins (o). Celle-ci est formée, comme la précédente, par les canalicules urinifcres ; mais ces tubes, au lieu de marcher en ligne droite, s'y recourbent dans tous les sens, s'entremêlent (1) 1,. Bdlini, niôdecin florentin du XVII'' sii'clr, fut lepi-emierà fixer l'at- tention des anatomistes sur la struc- ture tiibuleuse do la portion centrale des reins («) ; mais le lait avait tMé aperçu longtemps auparavanl parJ. Br- renger de Carpi , qui considérait ces canalicnlcs comme des veines portant l'urine (h). (2) La dislinction entre la substance corticale et la substance médullaire des reins a été ponr la première fois nettement indiquée par lliglimore, en 1651 (c) ; mais les diiïérences entre ces parties n'avaient pas entièremeni échappé à raiiention de plusieurs de ses devanciers, tels que Eustaclii et Spigel {d). (3) La substance corticale revêt ainsi la totalité de la. surface de chaque pyramide de substance médullaire, sauf la portion de ces cônes qui fait saillie dans le calice et qui constitue la pa])illc. On adonné le nom de coloniies (II' Bertin aux prolongemonis de la substance corticale qui s'avancent ainsi vers le bile entre les pyramides de Malpighi. Rerlin, en etl'et, montra (]uc la substance corticale n'occupe pas soiilement la jiartie superficielle des ia) Bellini, De structura rcniun observatio anatomicai 16C2. (b) BeiX'iigoriiis Cai'|)i, Coinmentarla in Mundinum, lb'2\ , y. 178. (c) HiKliiiiori;, Corpiiris hutnani disiiuisitio anatomica, 1G51 . ((/) l'jiislachi, OiHtscula niKitomirn, 15(H. — !^|iiï;*-'li Oe cori>uris huniani, fabrica, lli32 . VI'IAIIKIL LRINAIUli DHS >! V.MMll'KKIiS. 557 d'une manière inextricable (1), et s'y terminent en constituant des corpuscules malpigliiens. Enfin, les vaisseaux sanguins, comme nous le verrons bientôt, ne se comportent pas de même dans ces deux substances, et contribuent à rendre bien Iraneliée leur ligne de séparation. Ainsi, en résumé, nous voyons donc que chez les Mammi- fères les ampoules initiales du système des canalicnles nrini- fères, et les glomérules sanguins rpii sont logés dans leur inté- rieur, au lieu d'être disséminés d'une manière plus ou moins unilbrme dans toute l'étendue de la glande, comme cela a lieu chez la [)lu[)art des Vertébrés inférieurs, sont reportés dans la portion périphérique de l'organe, et (jue c'est aussi dans cette portion seulement (|ue les tubes capillaires faisant suite à ces ampoules se contournent et se pelotonnent, tandis que dans la partie centrale des reins ces mêmes tubes convergent vers l'uretère en suivant des lignes droites. Chez quelques Verté- brés ovipares, la Grenouille par exemple, des différences ana- logues dans la dis[»osition des canalicnles urinifères tendent à s'établir entre la portion dorsale et la portion ventrale des reins, mais elles ne sont jamais aussi tranchées que chez les Rapports (le ces paiiios liiez divers Maminifèicj. reins, mais pénètre profondément au- tour (le cliaque division de la sulîslance médullaire ou tubuleuse (a). (1) Les auteurs désignent quelque- fois, sous le nom de tubes de Ferrein ou de canaux corticaux, cette portion tortueuse des canalicules urinifères, et ils appellent pyramides de Ferrein les petits faisceaux coniques qui sont for- més par ces tubes en entrant dans la substance coriicale. L'anatomiste dont le nom a été appliqué à ces diverses parties publia, vers le milieu du siècle dernier, un travail important sur la structure des reins, et tout en émeltant des opinions erronées sur plusieurs points, il con- tribua notablement au progrès de nos connaissances toucbant la disposition des canalicules urinifères (6). Ferrein était professeur (ranatomie au Jardin du roi, établissement qui est appelé aujourd'hui le Aiuséuni d'histoire natu- relle de l'aris. (a) Berlin, Mémoire pour servir à l'histoire des reins {Mém. de l'Académie des sciences, 1744, p. 77). ib) Fcrrem, Sur la structure des glandes nommées glandules, et particulièrement sur celle des reins et du foie (Mémoires de l'Académie des sciences, t74'J, p. iSi, pi. t 4 el i5). 358 l;xchktio>s. Mammifères, el c'est seulement chez ces derniers Animaux (jue ces organes se montrent formés d'une substance corticale nettement séparée d'une substance médullaire. Chez quelques .Mammifères, le Cheval par exemple, la substance corticale est moins bien caractérisée que d'ordinaire, et ne forme à la sur- face des reins qu'une couche très mince (1), mais elle ne paraît jamais faire complètement défaut, el toujours la portion termi- nale du système des canalicules urinifères présente la disposi- tion fascicnlaire qui est propre à la substance dite ?nédullaire. Je ferai remanpier aussi que dans les reins non lobés, dont je viens de décrire la structure, les pyramides de Malpighi, avec leur capuchon de substance corticale et le calice ([ui engaînc leur sommet, correspondent évidemment aux lobes isolés chez les Mammifères où les reins sont en forme de gra|)|)e, et par consé(iucnt la différence entre les organes con- stitués 'suivant ces deux types ne dépend guère que d'un degré de plus ou de moins dans la coalescence de ces parties que l'on peut considérer comme autant de [)etits reins indépen- dants les uns des :uilres ('2). (1) Ou voit , par les rochcrclies de .1. Millier, que chez le Cheval les lul)cs de Bellini forment des faisceaux dis- posés eu gerbe, qui s'avauceul jusqu'à une très petite distance de la surface des reins sans devenir notaliliMuenl nc\ueux ; mais là ils s'enlurlilleul beaucoup et donnent au parenchyme de cette portion de l'organe les carac- tères propres à la substance corti- cale (a). ('J) Ainsi, ). {a)i. Millier, De glanduldruia iecenientium structura pcniliori, pi. 15, li;,'. 1 et -. |6) Miillor, Op. cit., \>\. U, lig. 15. APPAIIKII. UKINAIIIK UKS MAMiMIFKRES. 359 Les artères rénales, (jui naissent de l'aorte ventrale (1) et qui Altères rénales. sont (Vun ibrt (liani(Mre, pénètrent dans In seissure du lein, en avant du bassinet, et s'y divisent anssilùt en beaneou[) de branches. Celles-ei s'avancent vers la périphérie de l'organe entre les pyramides de Malpighi. Là elles se birurquentun grand nombre de Ibis, et suivent exaetemenl la ligne de démarcation entre la substance médullaire et la substance corticale. Les vaisseau.^ arlériels qui entourent ainsi les pyramides de Mal- piglii envoient ensuite dans la substance corticale une multi- tude de petites branches qui s'avancent parallèlement entre les pyramides de Ferrein (-2); eiihu, chemin faisant, ces bran- ches fournissent latéralement des arlérioles (pu plongent dans les ampoules des tubes urinifères, et y constituent les giomé- rules dont j'ai déjà parlé comme existant dans l'intérieur des corpuscules de Malpighi. La disposition des artérioles dans l'intérieur de ces ampoules Gbmén.ies n'est pas la même chez tous les Vertébrés. (>hez les Oiseaux, les Reptiles, les Batraciens et les Poissons osseux, l'artériole se contourne et se pelotonne sur elle-même pour constituer le glomérule, et sort ensuite de cet organite sans s'y être rami- tîée; mais chez rilomine et les autres Mammifères, elle s'y divise en une multitude de branches i-ameuses qui ensuite se réunissent de nouveau pour cituslitucr un tronc efférent(3). Là vasculaires. (1) Voyez tome lif, page 556. (2) C'est-à-dire les petits faisceaux tonnés par la sulistancc corlicalc. Ouclqucs auteurs désignent ces der- nières brandies vasculaires sous le nom iVartéres interlobaires. (3) 11 parait y avoir aussi des ditïé- rences assez considérables dans la i^randeiu- du glomérule vasculaire des corpuscules malpighiens comparé à la capacité de la capsule formée par l'am- poule lu-iuifère. Ainsi, cbez le Protée, ce ])aqucl de vaisseaux sanguins n'oc- cupe qu'une très faible partie de cette cavité (a), et il en est à peu près de même cbez le Triton (/)). (a) Bownuui and Toild, phusioludical Aiialoiiui. I. II, p. i88, fig. 23-2. (b) Idem, ibid., t. II, p. 4'JO, dg. 23'i. Veines rénale? 360 ^:\cnÉTlu^s. les glomériiles malpighiens offrent tous les caractères de ces plexus vasculaires que j'ai décrits dans une précédente Leçon, sous le nom de réseaux admirables bipolaires. Les branches de ce plexus sont disposées en manière d'anse et fortement contournées sur elles-mêmes, de façon à former une pelote spbé- riquedont le pédoncule, constitué parles troncs afférent et effé- rent accolés l'un à l'autre, traverse les parois de l'espèce de cap- sule représentée par l'ampoule urinifère, dans un point qui, en général, est diamétralement o[)posé à celui où naît le canalicule urinifère. Il est aussi à noter que presque toutes les artérioles efférentes des corpuscules malpighiens se résolvent ensuite en capillaires qui constituent dans la substance corticale un réseau entre les mailles polygonales du(|uel serpentent les canalicules urinifères lïexueux. Quelques-unes de ces artérioles, qui naissent des corpuscules limitrophes des pyramides de ■Malpighi se rami- fient beaucoup moins et se distribuent dans l'intérieur de la substance médullaire des reins (1). Les veines provenant du réseau vasculaire répandu ainsi dans toutes les parties des reins naissent en partie au sommet des papilles, en partie à la surface de la substance corticale, où leurs radicules, en convergeant pour donner naissance à des branches centripètes plus grosses, forment de petits groupes ra- diaires qu'on a appelés les étoiles de Verheyen. Les vaisseaux ainsi constitués se réunissent ensuite en branches de plus en (1) Ces arlOrioles des pyramides de laircs de la substance corUcale. Chez Malpislii luardiciit on lij^nc droite riloninie, ces vaisseaux appelés arfé- entrc les tubes de Bellini jus(iu(' vers riolcs droites ont de 0""",0'2 à 0,035 les piii)illes des reins, où elles donnent de dianiètre, tandis que les artérioles naissance à un réseau cai)illaire; elles du réseau capillaire de la substance ne s'y raniilient que peu et leur dia- corticale n'ont en général que0'"'",05 mètre est supérieur à celui des capil- à 0""',Ol'i de diamètre (a). [a) KoUiUer, ÉLcincals aliisloloijic humaine, \<. 5 10. APPAREIL l lUNAlUK DES MAMMIFÈRES. oOl pins fortes, qui côtoient les nrlères dans les espaces silnt's entre les pyramides de Malpij^hi, et qui, après avoir reçu les veinules provenant de la substance médullaire, sortent de l'organe par son hile, pour aller délïoucher dans la veine cave inférieure. 11 est aussi à noter que les veines des reins sont toutes dépourvues de valvules. • J'ajouterai que les artères des reins sont accompagnées, dans l'intérieur de ces glandes , par quelques vaisseaux lymplia- ticiues (l) et par des nerfs. Ces derniers proviennent du plexus cœliaque, et l'on peut les suivre jusque dans la substance corti- cale, mais on ne connaît pas leur mode de terminaison (2). Les vésicules urinifères et les canalicules qui y font suite (3) ont des parois très minces, mais composées de deux couches : une membrane extérieure, (\m est amorphe et une tunique interne formée de tissu épitliélique. La tunique externe, ou Ly[ii|ilialii|iic- et ncrls des rciiia. Sli'iicliire iiitinio (les vésicules el canrdiculei uriniferCî. (1) Les vaisseaux lyiiipliatiquos ne sont pas très abondants dans l'inté- rieur des reins. Ils se réunissent dans le hile pour coaslituer plusieurs troncs (|ui vont se jeter dans les ganglions londjaires. ('2) Les nerfs des reins sont assez nombreux et forment un lacis autour des artères. Au niveau du hile on y remarque quelques petits renllemenls ganglionnaires. (o) Les observations de M. lîowman tendent à établir que chaque tube uri- nifère naît d'une ampoule qui, avec son glomérule vasculaire, constitue un corpuscule malpigliien (a). D'autres histologisles pensent que ces corpus- cules sont appeudus aux côtés des canalicules el y débouchent par un col étroit (6) ; mais le premier de ces mo- des d'organisation paraît exister très généralement, et ks apparences qiu" ont donné lieu à l'opinion que je viens de rappeler en second lien ne me semblent dépendre que de la brièveté de la portion initiale de quelques ca- nalicules qui se trouve en amont de leur point de confluence avec un tube adjacent dont le diamètre est déjà plus considérable. En effet, nous avons vu qu'en avançant de la périphérie des reins vers le bassinet, les canalicules urinifères se réunissent successive- ment de façon à constituer un nombre de conduits de moins en moins grand ; or, celle confluence a lieu dans la partie corticale aussi bien que dans la partie médullaire de la gland<% et elle (n) Bowm.iii, 0)1 tlie Malpighlnn Itodies oftlie liiilncij (Pltilos. Trans. 1842, p. 57). (/j) Gei-lacli, Heilrâqe iur Stntklurlelirc dev \iere (Miillcr's, Arcliiv. fiiv .huit, und PliijsioL, ISir., |.. :i7S). 862 EXCRÉTIONS. membrane propre de ces orgaiiites, présente les mêmes carac- tères dans les am|)onles, lescanaliciiles llexiieiix et les tiihes de Bellini ; elle est partout transparente et très mince, mais assez résistante et élastique. I.e revèlemenl épilliéli(|ue qui adlière à sa face interne se compose partout aussi d'une couche d'utri- cules à noyaux, taiblemeut unies entre elles, mais ses caractères varient dans les ditïérentes parties du conduit. Dans rinlérienr des corpuscules malpigliiens cette couche épitliéli(|ue est très mince ; ses cellules constitutives sont petites et difficiles à distinguer entre elles. Entni, après avoir' tapissé la i)aroi de la ca[)sule ou ampoule iirinifère, cette tuni(pie utri- culairese rétlécliit sur le glomérule, et l'encapuchonné de façon à être partout en rapport avec elle-même et à ne laisser que peu de vide dans l'intéi'ieur de ces organites (1). peut fiicilomcnt produire la disposition en question. (Jiielqiiefois cepcndanl , ciiez les 'l'iitons, le gloniéruie paraît èlre ioî^é dans un élargissement situé sur le trajet des canaliculus tuinifèies ((/), (I) M. Bowinan , on faisant con- naître pour la preniièic l'ois la dispo- sition des glomérules vasculaires dans rinlérieui' d'une capsule Ibriuéc; par rélargissenienl de la portion initiale des canalicules urinil'ères, avait décrit les artérioles constitutives de ces glo- niérules comme se trouvant à nu dans la cavité des ampoules uriniléres {b), et cette opinion a été soutenue par d'autres micrograplies (c) ; mais il ré- suite des observations de M. Cierlacli et de la plupart des autres histologistes les plus récents [d], que la couche {a) Voyez Cai'us, Vebev die Malpighïsciten Jiurper der Mère {/eitschr. fur wissenscli. ZooL, 18.")U, I. Il, p. 5H, |il. 5 «, lifc'. i). (b) liowmuii, Uii. cit. (l'kitos. Traiis., IHii, y. liO.) ((•) iMaiciisen, licilruij iur Lehre vuin Verhdllinsse der Matpiglu'schen KOrpcr m den llarnka- naiclien {liulletin de l'Acad. des sciences de Saint- l'étcrsboury, 1851, t. l.\, p. 58, |il. x, lig. 1 ut 2). ((/) Gtilacli, Op. cU. iMuller's Archiv lilr .\niit. undPInjsiot., 1845, \>. 378). — /ur .^nalomie der iSiere (Mùller's .\rcliiv., 1848, p. 10:2). — Iiidtlcr, Ueber die Malpiijla' schen liurper dir Merc {hlûWer's Archiv. fïir .Vnat. and Physiol., 1845, p. 508). — Maiidl, Anatoniie microscopique, t. i, p. i8(j. — KolliUcr, Lti'nients d'Itisloloyic Iniiniiini', p. 530, i\g. 251. — V. Carus, Leber die Uaipiglii'sclien hOrper der Niere (Zeilschr. lier wi^sensch. Zooloyie, 1850, I. Il, p. 58, pi. 5 a, fig. 1, 3. — liui-h, Heilrng znr Histologie der Nieren (.MuIIlt's Arcliiv fur Annt. und l'Itysiol., 1855, p. 374). — Isaacs, Hcclicrches sur ta structure et la physwlogie du Hein {Journal de l'hysiologie de Brown-Sciiuaril, 1858, I. I, p. 51)5). APPAREIL UKINA1UI-: DKS MAMMIFKUKS. o6t^ L'épithéliiim cilié (jiii garnit remboiieiiure dos am|ioiiles, et nui s'étend pins on moins loin dans l'inlérienr des eanalicules urinifères chez les Vertébrés inlérienrs, n'a jias encore été observé chez les Mannnifères ni chez les Oiseanx. Les cellules de la couche épidiélique de ces tubes ont des dimensions diffé- rentes dans la substance corticale, on elles sont ovoïdes, et dans les pyramides de iMalpiglii, où elles sont plus ou moins aplaties et lamelleuses. Elles contiennent chacune un noyau entouré d'une substance granulée (|ui parait être albuminoïde, et sou- vent on y aperçoit aussi de la graisse et de la matière colorante jaunâtre (1 ). Entin ce revêtement épilhéliipie se prolonge dans le bassinet et de là dans l'inTlère, mais en y acquérant une structure lamelleuse de plus en plus prononcée. Les eanalicules urinifères, ainsi conshtués, sont de très petit calibre (2). Chez l'Homme, ils ont en moyenne de 0""",0o à 0""",09 de large, et, à mesure qu'ils se réunissent entre eux (le lissa ôpitliéliquc qui levèl colle cavité se réflécliit sur la surface des vaisseaux en question , et recouvre le peloton constitué par ceux-ci. (1) M. Kôllii\cr a remarqué aussi que dans l'intérieur des cellules épi- théliques des eanalicules droits, on trouve une matière transparente, ce qui donne à la substance médullaire vide de sang un aspect l)lancliàlre, tandis que dans les mêmes conditions la substance corticale paraît jaunâtre ('/), Or cette circonstance semble indiquer que la matière colorante jaunede l'urine provient des cellules de cette dernière substance. Dans l'étal normal la quantité de matière grasse renfermée dans l'in- térieur des cellules épitbéliques des eanalicules urinifères est très faible (6), mais dans certains états pathologiques elle augmente beaucoup (c). (2) On peut cependant injecter ces tubes soit avec du mercure, soit avec d'autres litjuides. Chez l'Homme cela présente, il est vrai, de grandes diffi- cultés, mais chez divers Animaux où le sommet des pyramides de .Malpighi ne constitue pas une papille saillante, le Cheval par exemple, cette prépara- lion analomique est assez facile, ainsi (pie M. llnschke s'en est assuré (d). (a) Kollikcr, Eléiucnl.^ d'Iiistolryie, p. 53tj. (b) G. Johnson, On the Minute Analomy and Palhology ofBr'ujkt's Disease vf ilie Kidneij [Med. Chir. Trans., -1840, t. XXIX, p. 3, pi. 1, lig-. i-i). (c) E. Godard, Recherches sur la substitution graisseuse du rein, iKô'J, p. \\. (d) Hnsrhke, Veber die Textur der Nieren (Isis, 4828, t. XNl, p. 5G0). 30 fl EXCRÉTIONS. pour coiisliluer les troncs terminaux du système des tubes de Bcllini, ils nugiuentent de dinmùlre (1). Chez quelques Mammi- fères, le Chien, le Chat et le Lapin, par exemple, ils sont encore plus iuis(-2;; mais ou observe des ditïéreuces plus considé- rables dans la grandeur des cori)USCules malpighiens dont ils naissent. Ainsi, ÎNI. Bowman a trouve que chez la Souris le dia- mètre de ces organites n'est que d'environ la moitié de celui qu'ils offrent chez l'Homme (oj. (1) Ferrein évalua le cliamèUe des canaliciilcs iirinifères de la substance corticale des reins de riloniiiie à envi- ron 1 /GC" de ligne (a), c'est-à-dire envi- ron 0 """,() 35. Les mesures prises plus rc-cemment par M. Wagner et quelques autres micrograplies ont donné à peu près les mêmes résultats (b). M. Krausc a trouvé que le diamètre de ces tubes était de 0">'",38 à 0""",'i/i dans la sub- stance corticale ; de 0"'"',3l à 0""",0G0 dans la substance médullaire, et de 0""",1 au sommet des papilles (c\ (2) Ainsi, d'après M. llenle, le dia- mètre des canalicules urinifèrcs varie entre 0""",0J2 et 0""",0'2 chez le Cbat ((/). (o) -M. Bowman évalue le diamètre moyen des corpuscules mal])igliiens de la manière suivante (en fractions de pouce anglais) : Cheval j\ Ijion Tu Uiminie ï„7 lilaireaii ,]-; Chien ,.l Lapin ,W Rat riô Chai 1 uû Ecureuil 701 Cochon d'Inde j-Ji Souris TiT Chat nouveau-né .... Vao D'après ces évaluations, il semble- rait y avoir un certain rapport entre la grosseur des corpuscules malpi- ghiens et la grandeur des Animaux d'une même classe ; mais les laits ne sont pas assez nond}reu\ pour que l'on puisse attacher beaucoup d'importance aux coïncidences dont je viens de parler. J'ajouterai que le même auteur (e) a donné les mesures suivantes prises chez divers Vertébrés ovipares : PcrmiiLiol . . . r,;; ili' imiue anglais. 'l'urlui; 77-j Boa , où Grenouille . . . -^0 Anguille. . . . ^^,7 Nous voyons donc iju'en général les corpuscules malpighiens sont plus gros chez les ManiMiilères (|U(> chez les Ver- la) l''erroiii, Uy/. cU. (Hlnn. de l'AnKl. des sciences, i'i i\\ p. r.O.i). {h) Voypz Mandl, Anatomie microscopique, I. 1, p. 283. — Uuschkc, 'J'railé de siilanclinotoyie, p. iîl»5 (Hncijchiu-die^tuialomique, l. V). ((■) Krause, Vermi.trlile BcobacliluiKjcn (Miiller's .Irc/iif, \X'i', y. 18). {di lieiiU,', Traite d'atialomie gniérale, t. Il, p. 505. , [e] IJuwiMiin, Vp. cil. (l'hilos. Train., 1842, p. '72). APl'AUKIL URIN.VIRF. DKS MAMMIFÈRES. o65 Le noinhre des eanaliciiles urinilères et îles eor[)usciiIes malpigliieiis qui en (lé|»endenl est extrêmement eoiisidri-able. In nnatomisle allemand, .M.Husehke, a clierelié à révaluer, et ses ealeuls tendent à établir que chez l'Homme chaque rein doit contenir plus de deux millions de ces tubes (1). En s'avan- eant vers le hile, ils se réunissent entre eux. comme je l'ai déjà dit, et en arrivant à la sin-face des papilles, le système urinifère débouche dans le bassinet par une multitude de petits porcs. Sur chaque papille, on compte plusieurs centaines de ces orifices qui correspondent chacun à un des tubes de Bellini (2). Les corpuscules malpiginens, les canalicules urinilères et les stroma cl vaisseaux sanguins dont je viens de l'aire connaître la dispo- capsule propre 1 ' 1 •111» I m •! '^'" ""P'"- sition, sont loges entre les mailles d une sorte de trame tibril- laire ipii constitue, en quelque sorte, la charpente générale des reins, et qui est désignée, par les anatomistes, sous le nom de lébrés des autres classes. Mais M. Ilyrtl aronstaîé que cliez les Poissons cartila- gineux ils sont i)eauconp plus f^ros que diez les Poissons osseux, et même que ceux (les Batraciens se rapprochent de ceux des Mammifères (;^3. Vil n i:xr,RETioxs. collp IniiiK^ ;i(llièro Pxlériniromonl m uno Uretère. 366 slroma fi). Eiilin meiiibraiio capsiilainMlc iialurc fibreuse, (|ui revèl cluKiue lobe séparément cliez les Animaux dont les reins ont la forme de grap|)es, mais qui ne eonslitue ([u'une envelopi)e commune, pour toutes les parlies de l'organe, cbez eeux où les reins sont massifs, et (pii se eontinue en forme de gaine autour de l'ure- tère. Cette tunique, dite albuginée ou capsule propre durein (2), est très minée, mais assez résistante, et elle adlière fortement aux parties incluses, tandis que par sa surface externe elle n'est que faiblcMiienl unie au tissu graisseux circonvoisin (S). ^ l'i. — Le l)assiiiet, en se rétrécissant à sa partie infé- rieure (II) et inlerne, devient iul'undibuliforme, et se continue avec l'uretère, qui est c\lin(lri{iue dans toute sa longueur et descend obliquement jusijue dans le bassin, où il déboucbe dans la vessie urinaire (5). On y distingue trois timiques : l'une (1) La disposiUon do. cette espèce de trame fiijiiilaire, appelée quelquefois la matière celluleuse du rein, a été étudiée avec beaucoup de soin par Al. (ioodsir, et surtout i)ar AI. Isaacs {a). {'2) La luuiquc ali)iii;iiiéc des reins esl l'ormée par une membrane blan- cliiitre et très mince, composée de lissu conjonclir ordiii;iire niéléà des réseaux de libres éiasli(pies irts Unes. (13) (Quelques anatomisles désignent sons le nom de capsule adipeuse des reins, la couclie de lissu i^raisseux (jui entoure ces organes el illi('li(iivi stratilié , c( l'ail siiilo aii\ [taiois dus L'aïuiliciiics 1); une autre, exleruc et libreiise, qui est en continuité avee la capsule rénale ; entin, une troisième (|ui se compose de libres muscu- laires cl se tronve entre les deux précédentes ('2). Chez quelques Mannniléres, ces conduits s'ouvrent à la partie aidéiieure de la vessie, mais, en général, ils s'insèrent vers le tiers postérieur de cet organe, et, chez certaines espèces, ils ne s'ouvrent que dans son col ou portion terminale, ou même , oie. (/() l'i-ovosl el l)\mia<, Dp. cil. {Aiui. des .<:cienccs nnt., 1K21, l.I, pi. 2, li^'. \). (I) C.anis ul Olld, /'((/'. Anal, cûiiip. illiisir., pai-.< v, pi. il, lij,'. 1. (,;) Voyez Itoiir-ery, tlp. cit., I, V, pi. :<>< el Im. Al'I'.VKKIL LIl{h\AII{K llES MA.M.MirK>5ES. 369 elle est en (iiielijiie sorle amarrée dans eette position |»ar trois eordons arrondis, i. 55. (bi l. (ii). Vl'i'AlJKII l lUNAIlUi IH*;S MAMMIFÈRKS. 371 naleinoiil, el, dans la couche siiperricicllc, leur direclion géné- rale est transversale ; mais le mode d'arrangement des l'aiseeanx qu'elles conslitiient est très complexe (1), et latéralement sur- tout plusieurs de ces faisceaux s'entrecroisent obli(iuement de façon à simuler des mailles entre les(pielles la Umique inté- rieure se diial'' parfois au point d(; consliluor des bosselures ou cellules pariétales Ci). (^Iiez plusieurs iMammilèrcs, particulière- ment les (Carnassiers, celle lmii(pie imisculairc se développe plus que chez l'Homme, el conslilue d'épaisses colonnes char- nues qui font sailli' dans l'intérieur de la vessie, surtout quand cet organe n'est pas forlement distendu. Enfin, dans le voisinage du col de la vessie, les faisceaux nujsculaires deviennent plus loris et jjIus serrés, surtout ceux dont la direction est transversale, el ils v constituent une sorte d'an- neau contractile mal délimité, qu'on appelle sphincter de la vessie (o] laires, si ce n'csl qu'on ivy voit pas de slries transversales (a). Une particularité remarquable des faisceaux musculaires de la vessie con- siste dans leur mode de terminaison, qui a souvent iieu au moyen de petits tendons élastiques (6), et il est aussi à noter (jue, de distance en distance, elles sont unies entre elles latérale- ment, de façon à former un réseau fori complexe (r). (1) Pour plus de détails relative- ment à la disposition des liljres de la tunique musculaire de la vessie dans l'espèce humaine , je renverrai aux recherches faites sur ce sujet par Lieu- taud, Cil. Bell, elc. (2) Cette disposition sacculée de la vessie est fréquente chez les vieillards, et quelquefois des concrétions urinaires se logent dans ces dépression-^. (3) Les anatomistes, depuis Galien jusqu'à nos jours, ont été très partagés d'opinion, au sujet de la disposition et (a) G. Vinor Ellis , Researches ou l!ie Nature ofthe liivoluntary Muscular 'l'issue of tlie Uri- iiary Bladder {Philos. Traus., 1859, p. 460, pi. 2fi el -27, cl {Medir,o-Chinir(i. Trans., t85G, t.XXXlN, p. 328j. (/)) Treilz, voyez Kolliker, Eléments d'histnlogie, p. r)4r!. — G. V. Ellis , Op. cit. {Philos. Trans., 1859, p. 470). (c) Lieulaiid, Observaiioiis analomiques sur la structure de In vessie (Mcm, de l'.Xrad. des sciences, 1753, p. 5). — Ch. Bell, .\ccouiit oflhe Muscles uf Ihc Uretcrs, aXc, {.Medico-CInrurij. Transaclions, l. III, p. 171). — Mercier, llechcrches analoiniiiues, pathologiques el chirurgicales sur les maladies des organes urinaires et génitau.v, 18t1, p. 30. 372 K.VCUÉTIOÎSS. La funiquc inlenie ou inuqueiise de la vossie est pâle, mince et lisse quand cet organe est distendu ; mais, (iiiand celui-ci est contracté, elle olïre des plis nombreux, surtout dans le voisinage du col. Elle est pourvue de beaucoup de vaisseaux sanguins et garnie d'un cpitliéliinn siratifié dont ré})aisseur a environ im dixième de millimètre. Enfin, dans le bas-fond et dans le col de la vessie, cette membrane mu(iueuse loge beaucoup de gian- dules dont les unes sont simples et pyrilbrmes, et dont les autres sont en grappes, (les organites sécréteurs sont tapissés en dedans par un é[)itlielium cylindri(iue, et ils produisent un mucus transparent (1). Les embouchures des uretères, situées, comme je l'ai déjà dit, à la partie postérieure et intérieure de la vessie chez l'Hounne, (^t placées à peu près de même chez la plupart des autres Mammifères, ne sont garnies d'aucun*^ valvule, mais |)résenlent cependant une dis|)osilion (pii empêche le retlux de rm^ine iW ce réservoir vers les reins. En ellet, la portion ter- minale de l'uretère, après s'être engagée dans l'épaisseur de la paroi de la vessie, ne la traverse pas directement, mais marche inèine de IVxistoiiccdu spliiiicter de la vessie (a). Bichar, Boyer, et plusieurs auteurs de l'époque actuelle, pcuseiU que les fihies charnues du col de la vessie ne niériteiit pas ce nom (6), tandis que d"aulr<'s les décrivent couune constituant un anneau con- tractile dont les fondions sont très inqM>rtantes (c), oi)iMinn (pii nie pa- rait Ijien l'ondée. (1) Dans l'état normal les ç;landulcs nniqueuses de la vessie sont très pe- tites et peu actives ; leur diamètre varie entre 0""',09 et 0""",0ô, et leur enibnuclunt- n'excède pas 0""",.{| de lar^e ((/) ; mais dans quelques étals patholoj!;iques elles acquièrent cà et là des dimensions beaucoup plus consi- dérables, et se remplisseni d'une ma- tière nuiqueuse blancliàlre. (a) Voyez ILillci-, h:icmcntaiihtisioloijiu:, I. \ 11, i'. 3-20. (ft) Saliiilicr, A7ial., t. 11, \\ iO:!. — Bicliat, Atmtomie dcsirtiHivc, i. \', p- 1 '>' ■ — Boyor, Anal., I. IV, |i. 490. — 11. CliKiiicl, r raid' d'anal. lU.srriiil., ISK'i, i. 11, |i. I0.">0. — Wilsoii, L'iititres on tlic Uriiinni and CcnitaL Ur^jaiis, |'. il. (01 J. Bfll, .S;/x/rm of An'ilomij, l. IV, y. lôO. — Mcrkel, Manuel d'analo nie, I. tll, p. 5G4 . (d) Kiilliker, Élé'nciils d'Iiistol'uju:, p. 5i;j. AI'I'AIUlIL LliLNAIItl-: DLS MAMMU' KllKS. o7o pomiaiit (|iiol(ino leinps outre ses liiiii(|iies et ne s'y ouvre que très ohlKiiienient. II en résulte que la |»ression exercée par le lluide eiiiprisonué dans la vessie comprime et oblitère cette portion des voies urinaires de façon à interrompre la communi- cation entre la vessie et les uretères. La capacité de la vessie urinaire est très variable chez divers individus d'une même espèce, et plus encore chez les Animaux d'espèces différentes. Chez l'Homme, elle peut être évaluée en moyenne à environ un quart on un tiers de lilre. (vhez les Herbi- vores, la vessie est en général plus vaste proportionnellement, et chez les Carnivores elle est d'ordinaire très petite. Chez presque tous les Mammifères femelles, le canal de Iin^èthre ne présente daus sa disposition aucune particularité importante à uoter (1), si ce n'est (prit débouche au dehors au-devant de l'appareil génital, soit dans un vestibule uréthro- génital ou même daus un cloaiiuc, soit directement au dehors par un oritice spécial (2). lie l'iiiL'llire. (l) Le canal de riuèllirc des Mani- mifères est d'une structure très simple chez les femelles (a). Cest un canal mem- braneux formé par un prolongement de la tunique nuiqueuse du col de la ves- sie, qui est |j;arni à rinlérienr d'un épi- thélium pavimeuteux, et revêtu exté- rieurement d'une concile de fibres musculaires circulaires. Ses parois lo- gent dans leur épaisseur des glandules nuicipares appelées r//rt»(7rs de Littre, dont les orifices sont disposés en séries longitudinales et dirigés vers le col de la vessie; enfin, sa portion terminale est quelquefois dilatée en arrière, de façon à diriger en avant le jet urinaire au moment de l'évacuation de ce li- quide. Lii longueur di,' ce tube varie beaucoup chez les divers Mammifères; chez le llenard (b), les Chats et les autres Carnassiers, il est en général très long. (2) Chez quelques Mammifères, par exemple le Surmulot ( voies exemple, chez la hapinc (a), le déjà dil (f/), dans un cloaque coiiumm, lùiuia (h), el snrtonl chez plusieurs el par consô([uenl les produits de la Kdentés, tels (jiie le Talon (c) et «liez sécrélion rénale et les matières alvines les Marsnpiaux ; mais, en général, celle sont expnlsés par la même ouverture portion conunnnc des voies s^nilo- que les jeunes (e). urinaires est très conrte, de sorte qne (1) Chez les Ornithorhynques (/') et Porilice urinaire se trouve presque à les Échidnés (y), le canal de rnrèllire, son cmhouchure. qui, chez le mâle, est aussi le conduit Knfin, chez les Marsupiaux le canal ('vacnalenr de la semence, s'ouvre di- tn'(''lhr(> sexuel (l('l)OM(he.((innne je Tai reclenicnl dans le doacpu' par nn pore (rt) Ciiriis el Oli\. 10, lig-. \0-2 (.\ijva Acla Acad. liai, curios., t. .\X111). — Marlin Saint-Aiii,'e, Op. cit., pi. 1 , lijr- -■ (c) Ciinis el Olto, Op. cit., pi. 5, 11-. 5. ((/) Voyez lonic VI, pa^re ;i05. \e) Owcii, On the Génération of .'ifarsupinl Animais, pi. C<,' i'y^. i (Trans. Philos., 1834), cl Arl. Mahsiipiai.ia (Toilil's Cyelop., t. IV, p. :t93, Wg. l'.H). — Allas du Hcgne animal de Giivicr, Majimifkkks, pi. "."» b/s. 11;;. 1. — Mai tin Saint -.\iiire. Op. cit., pi. 5, il-. 1 el -1. (/') Meckcl, Ornilliorhiinrlii parado.ci descriplio analonuca, pi. S, li_.;. 2. — Oweii, art. Monotiikha (Todil's Cyctop. of Anal, and l'Iiiisiol., t. Mil, p. 3'J-2, i\g. 100). — Marlin Saint Anijc, Op. cit., pi. (i, li^. 2 et 3. ((/) Marlin Sniiit-.\Mi:e, Op. rit., pi. 7, lii;. 2 et ;i. vi'i'AUKiL ir.LNAïKi': i)i:s iNvi:i!Ti:i{i!i;s. ,S75 iiriiiîiires (|iii se Iroiivo en av;nit el (jiii esl suivie pnr roiiverliire géiiihile, l:u|iieile, à son loiir, est suivie [)ar rnniis ; et lors(|ne les voies génilo-urinaires n'ont qu'une ouverture commune, celle-ei est toujours placée au-devant de l'aïuis, § 1/l. — Les Vertébrés ne sont |)as les seuls Animaux qui soient pourvus d'un a[»pareil uriuaire. Les Mollusques, les In- sectes et «l'autres Invertébrés possèdent des organes excréteurs analogues, (jiianl àleui's Ibuctious, mais la conformation et les caractères exiérieurs de ces instruments éliminateurs dilïërent lanl de ce que nous avons vu jusqu'ici, que les lumières four- nies par l'anatomie ne suftisent pas pour les faire reconnaître, et c'est par l'examen de leurs [iroduils seulement qu'on peut constater le rôle (pi'ils remplissent dans l'économie. Ne voulant pas séparer l'iiistoire anatomique de ces organes de celle de ra;)i»areil réna! des iVnimaux supérieurs, je serai donc obligé d'antici|)ei^ un peu sur les l'ails (jue nous fournira dans une procbaine Leçon l'élude cl)imi()ue de l'urine; nous veiTons aloi's «pie l'une des matières les plus caractéristiques de ce liipiide est l'acide uri(pie, et PAUE|[. UnlNAlHl': DKS INVKU IKRRKS. 379 fnire remarciiuM' (jiio c'est à loii <|no hcaiicoui» de iKiliirnlislos ont alIrihiK' à celle glande la prodiidion du pourpre ou des aulres matières colorantes analogues dont rexcrélion est très abondante chez divers Gastéropodes (1). Les relations anatomiques de la glande rénale sont à peu près les mêmes chez les aulres Gastéroi^des; toujours elle est située dans le voisinage du cœur et du gros intestin, mais sa position dans le corps de l'Animal varie suivant la place occupée par l'anus, et il est aussi à noter que souvent la poche urinaire qui la renferme s'ouvre directement, soit au dehors, soit dans la chambre respiratoire, au lieu de se prolonger en tonne de canal excréteur. Ainsi, chez les Tritoiis, on trouve au fond de la cavité branchiale, et tout à côté du cœur, une large ouver- ture (jui conduit dans une vaste poche de forme irrégulière, où sont logées deux énormes glandes rénales de couleur brunâtre ('2). nrinaire est pourMie d'iui long caniii excréteur qui s'avauce entre le rectum et roviducle pour déboucher du crité droit, à l'entrée de la chambre respi- ratoire, comme chez le Colimaçon ((/)• (l) i\I. Lacaze-Duthiersafaitvoirque la matière colorante sécrétée par le Purpura lapillus et les autres Gasté- ropodes voisins de celui-ci, est produite par une bande de tissu ulriculaire dir.posée longitudinalement à la partie latérale de la cavité branchiale, et par- faitement distincte de la glande rénale ou corps de Bojanus , qui débouche, comme d'ordinaire, à la partie posté- rieure de cette même cavité [h). (2) L'e\is!ence de cet appareil glan- dulaire a été brièvemeul indiquée par Cuvier chez leBuccimim unJatuin (c), et la position de son orifice dans la chaml)re branchiale a été représentée par liysenhardî et par Leiblein {d) ; mais on prendra, je crois, une idée plus juste de sa confomiation générale par la iigure que j'en ai doiuiée dans mon travail sur la circulation chez les Mol- lusques (e). L'orifice urinaire se voit aussi au (a) Cuviur, Mcmoire sur la Viviimve d'eau douce, etc., fig. 3 {Mém. sur les Mnllusques). (6)Lacai;G-DiUlii(.Ts, Mé.nolrc sur la Pourpre [Ann. da sciences nat., 4" srrie, 1859, l. XII, p. 33 et suiv,, pi. 1, fig. i, 2, 4. elc). (c) Cuvk'r, mémoire sur le grand Buccin de nos cotes, p. 5, pi. 1, fig. li. (d) Eysenliinilt , Bellrage suc Anatomie des Murex Tiiluiils (Meckel's [leutsches Archir fiir die Physioloijie, 1823, I. VllI, p. 213, pi. 3, tlg. 4). — Lcililtiii, Bcilratj iu einer Anatomie des Purpurstachels (Heusingei-'s Zellschr. fiir die or- yan. Plujsik., 1827, t, I, p. 4, pi. \. fig. 4, 5 et 6). — Observalions anulomiques sur la Pourpre desanciens, nu Rocher droiteépine [Ann. des sciences nat., 1828, t. XIV, p. 181, pi. 10, fig-. 4). (g) MiliR' Edwards, Voyage en Sicile, 1. 1, pi. 25. 380 EXCRÉTIONS. La ()osilion et les caractères généraux de l'appareil urinaire sont à peu près les mêmes chez les autres Gastéropodes de la grande division des Prosobranches, les Haliotides et les Patelles par exemple ^1); mais dans l'ordre des OpisUiobranclies, où l'anus ne s'ouvre pas dans une chambre cervicale et varie dans sa position, on rencontre moins d'uniformité dans la situation de la glande rénale. Chez les Pleurobranches, par exemple, elle entoure en avant et à droite la masse viscérale dans plus de la moitié de l'étendue de celle-ci, et elle débouche directement au dehors, du coté droit du corps, sous la base de labranchie, dans le sillon qui sépare le manteau et le pied de l'Animal (!2). fond (le la cavité branchiale chez le Turbo pica («), la Pyiule trompette (6) , les Tourpres (r), les Casques ((/), la Natice niarlnve (e), la Lillorinc lit- torale (/■), rAnriciile bruiu' (y), etc. (1) Chez les IlalioUdes, rorifice du sac urinaire se trouve dans le fond de la poche branchiale, à côté du rectum et inim(''(lialemeiil aii-de\;uil du cœur; mais la glande rrnale, (pii est très dé- veloppée, et qui paraît cei)eiK[ant avoir échappé aux recherches de Cuvier (//), s'étend davantage en avant entre le grand muscle rélraclcur et le bord gauche de la cavité respiratoire. Il ne faut pas confondre cet organe sécréteur avec celui queCuvicr a mentionné sous le nom d.''organedela viscosité; celui- ci est constitué par une couche épaisse de tissu mucipare qui forme de gros plis transversaux à la voûte de la chambre respiratoire, entre lintoslin et la bran- chie du côté gauche, tandis que la glande rénale se trouve du côté droit, au delà de labranchie droite (/). La position de Torilice urinaire est à peu près la même chez la l'ateile, où la chambre respiratoire est repré- sentée par une chambre cloacale [j). (-2) Chez ces Mollusques, la glande rénale n'est pas limitée à une partie restreinte de la poche urinaire, comme chez les Tritons, mais tapisse la presque tolaliti' de ses i)arois sous la forme {a) Cuvier, Mém. sur la Vivipare, etc., (ig. 7, q. {31én. sur les Mollusques). (b) Souleyei, Voyage de la Bonite, Zool., I. II, Moi.lisoues, pi. 43, 11},'. 'i. (c) Lacazc-Diilliiers, Mcm. sur la Pouriire (Aun. des sciences nat., 4' st'rii') ISô'J, I. XII, |il. 1, fil,'. ;!). ((/) Qiiov fl ('.:niii:inj, Voyage de l'Axtrolabe, Mollusques, pi. 43, fig. 2. [€) Soiilcyct, loc. cit., |il. 30, fij. 0. (/■) IdcnC itiid., pi. 33, fi-. 1 cl 2. (g) Idem, lOut., pi. 32, fi^'. i. (h) Cuvier, Mém. sur lllaliolide, etc., p. ) ; un autre naturaliste les prit pour des testicules (c); cnliu, Treviranus et la plupart des zoologistes de l'époque actuelle les ont regardés comme des glandes urinaires ((/}, et celle hypo- thèse acquit beaucoup de force ioi-s- qu'en J8c55 Garner cul annoneé que l'acide urique esl un des produits sé- (a)Méry, Remarques faites sur la Moule des étangs [Mcm. de l'Acad. des sciences, l'IO,]). •i24). — I>oli, Teslacea utriusque Siciluc historia et analome, i'i'j\, iutrud., p. 1 ; I. 11, p. iO, eic. {b) lio.iariiis, Lieher iiic Mhmcn-uiul liriixlaulwcrl;i. dcr x-wcischaiiliijcn Mnschchi (Itis, 1819. p. S"2. — Màn. sur les ui(iancs resiiirutoirrs et circuliitoires des CoiiuUtaycs bivalves en ijeneral, et spécialement ctux de l'Anodonte des Cygnes {.lutirnal de physique, Ifil'J, t. LNXXIX, p. 113 et suiv., lig. 3, 7, 8 cl il). (c) Ncuwylei', Uie Gencrutioiis-Urgant' vuu Ciuo und Aiwdonta (Neue Deiiksehr. dcr aliyem. Schw. yes. /tir die Gcsammt. Katur, 1842, t. Yl, p. iiS). [di TroviiMiiiis, Heber die ZeuyuHi\stheile niid die rDrlji/Uinniny ''er M(dhiskei) (Zeitsehrift fi'tr l'hysinloyie, 4 8'2i, I. 1, ]'. ■>'-^). APFARKlL IRINAIRE DKS INVIiRTÉBRÉS. 383 oblongues, el colorées ordinairement en brun vertlùtreou jau- nalre, qui se trouvent dans la région dorsale du corps, au-des- sous du péricarde et de la base des branchies, en arrière du l'oie et en avant du muscle postérieur de la coquille. Supé- rieurement, c'est-à-dire du colé de la clvarnière, ces poches sécrétoires peuvent être plus ou moins écartées entre elles, mais inférieurement elles se rencontrent sur la ligne niédiane du corps et souvent s'y confondent. Leur orifice est situé de chaque côté de la base du pied, vers la partie postérieure de celui-ci, en dedans de la ïigne d'attache des branchies et en dehors du connectif ou cordon nerveux, qui, de chaque côté du corps, après avoir côtoyé la masse viscérale, va se rendre aux ganglions postérieurs. Tantôt cet orifice est placé à côté de celui de l'ap- pareil génilal ; mais chez quebpics espèces il se contond avec lui, et d'autres lois il en tient lieu, carie conduit excréteur des organes de la reproduction débouche parfois dans l'inté- rieur de la glande rénale (I). Quoi qu'il en soit de ces varia- crétés par ces corps [a). L'observation de ce naturaliste fut corroborée par les recherches de M. Siebold sur des concrétions trouvées dans cet or- gane (6) ; enlin, le fait de l'élimination de matières urinaires par cette voie fut mis hors de doute par les recherches de MM. Lacaze-Dutiiiers et Riche ;^c). pu reste, les organes en question ne paraissent pas avoir uniquement pour usage de sécréter l'urine , et il y a lieu de croire que leurs fonctions se lient aussi à celles de l'appareil génital. Je reviendrai sur ce point en traitant de la reproduction chez les Mollusques. (1) Dans les Spondyles (d), les Pei- gnes (e) el les Anomies (/), les organes génitaux s'ouvrent dans Tinlérieur du sac formé par la glande rénale, à la face interne de cet organe, et, par (a) R. Garner, On the Anatomy of the LamellibraHchiale Gonchlfem (Trans. of Ihe Zoological Soc, 1S41, t. II, p. 9-2). (i/j Sieljoki el St.iiiiiius, ?, li^'. 2). (t) Iilcni, Op. cit. Ibid., li^'. (>). (/') Uluni, Oj). cil. Ibid., lii;. 13). {g) Idem, Op. al. Und., lig. H). (/() liliMii, 0/1. ni. Und., 11^-. 1-2). AIM'AHKIL JJKirSAilii: DKS INVKUTÉBHÉS. 385 Chez Ions les Mollusques, les ^Iniides uriiuiires reeoivent une grande (juantité de sang qui se répand dans des sinus et des eavilés antVaetueuses dont elles sont ereusées, et chez les Aeé- jthales, ainsi ([ue chez les Gastéropodes, ce liquide y circule dans un système de canaux veineux (]ui a heaucoup d'analogie avec celui de la veine porte rénale des Poissons. Chez les Gastéropodes, une portion considérable du sang veineux qui vient de l'abdomen, et qui se dirige versl e cn>ur, traverse ces organes, et parvient ainsi à l'oreillette sans passer par les bran- chies ou les poumons; et chez les Acéphales la plus grande partie du (luide nourricier suit une marche analogue, pour aller dans les sinus branchiaux et traverser ensuite l'appareil respi- ratoire (1). Je rappellerai aussi que, dans une précédente l.eçon, nous avons vu que chez plusieurs Mollusques les réservoirs urinaires dont les corps de Bojanus sont creusés semblent devoir servir Vaisseaux t-aiiguiiis il 11 rein des Mollusques. d'une espèce de fenêtre p;ir laquelle les deu\ reins donnent Tun dans Tautre. La communication entre la cavité du corps de Bojanus et le sac péricardi- que, signalée d'abord par Ciarncr chez l'Anodonte (a), fut aussi constatée par M. Lacaze chez les Unios, les Bu- cardes (6), les Pholades, les Lutraires et les Corbules ; mais cet anatomiste habile n'a ])n s'assurer de son existence chez les Pecten, l'Ouîtro vermeille et le Jambonneau (c). Pour plus de détails sur la confor- mation |j;énérale de l'appareil urinairc chez d'autres Lamellibranches, je ren- verrai au mémoire de i\L Lacaze. (1) Le passage du sang veineux dans les corps de Bojanus, ou glandes ré- nales des Acéphales, a été inqiarfaite- ment indiqué par Bojanus et mieux observé par Garner (d) ; enfin il a été étudié dernièrement avec beaucoup de soin par M. Lacaze-Duthiers {e). J'ai déjà eu l'occasion d'indiquer la dispo- sition des canaux veineux qui portent le sang à ces organes ou qui les tra- versent (/■). (a) Garner, On the Anatomy of the Lamellibranchiate Conchifera (Trans. of the Zool.Soc, t. Il, p. 94). (ft) Lacaze-Outliier.s Op. cit. {Ann. (les sciences nal., 4" série, 1855, l. IV, \>. 273 et suiv., pi. 4, 5 et 6). (f) Bojanus, Op. cit. {Journal de physique, 1810, t. LXXXlX, p. 1 14 tt suiv.). {(i) Garner, Op. cil. (Trans. of the Zoot. Soc, t. II, p, yO). (e) Lacaze-DuUiicis, Mén. sur l'or(jane de Bojanus [Ann. des sciences nat., 4" série, 1855, t. IV, p. 282 et suiv.). (/■) Voyez lonie III, page 122. Appareil urinaire des Insectes. 386 liXCUÉTIUNS. (l'intormédiairo cnfre l'appareil circiilaloirc cl l'cxtéi-iciir, car des communications directes paraissent exister parfois entre les gros vaisseanx sanguins et le péricarde, qui, à son loin% com- muni(|uc avec 1rs cavités nrinaires, dont l'embonchin-c doimc an dehors (1). Une disposition analogne |)araît exister anssi clic/, quelques Gastéropodes ("2). Nous ne connaissons j)as les organes nrinaires des Mollns- coïdes. § 18. — Jusque dans ces derniers temps, les natiu-alistes ne savaient presque rien sur la sécrétion Urinairc chez les Animaux annelés, et nos connaissance- à ce sujet sont encore tiY's incoin- ])lètes; mais, d'après l'ensemble des Inils constatés, on peut voir que, dans un grand nombre (W cas au moins, les pro- duits de ce travail pliysiologiipie sont les mêmes que chez les Vertébrés et les lMo!lus(pies , ((uellcs (pie soient d'ailleurs les dilTérences dans la position cl les caractères auatomi(pies des organes ijui en sont le siège. Ainsi, on a reconnu depuis longtemps que les excréments des Insectes reulerment de l'acide iui(pie (3), et, comuie j"ai déjà eu l'occasion de le dur, [)lusieurs analomistes avaient été (1) Voyez tome III, \) V2(] et suiv. (2) Par cxciiiple, les Pliyllirlioés et les Firoles (voy. l. II!, p. 157). (.')) L'cvacnalion d'une inalière acide par l'amis avait été conslatée chez les Vers à soie, vers la lia du siècle der- nier, par Chaussier, (pii donna à cette substance le imni (Vacidc bomhycin, mais sans en faire connaître, ni les ca- ractères, ni la uiilure {a), et, ainsi que j'ai eu l'occasion de le dire dans une préctklente Leçon (6), l'existence de l'acide urique lijjre, ou en co )iI)inaison soi! avec de l'ammoniaque, soit avec une autre base, dans les excrémenis des I n- secles, a été constatée d'abord chez le Ver àsoie(c), puis chez plusieurs autres Animaux de la même classe, tejsque les (a) Cliaussicr, Mémoire sur tut acide parliculier découvert dans lu Ver à soie (Nouveaux Mém. de l'Acad. de Dijon, i7«:!, t. IV, p. 10). (6) Voyc» lonic \', p.iffc (i37. ((•) Uni^'iiaiolli, Osserr. sopra l'ossinrato d'ammoniaca {Giornaledi finca, I8ir>, I \III, p. i-2). — Observations sur l'existence de l'urate d'ammoniaque dans les iiiaticres excréineatitictles de la Phalène du Ver à soie {.\y).n. de ctnm'C, 1815, t. .\C.VI, p. 55). — Rnijiiin. Études sur les Vers à soie [Cimjiles rendus de l'Acad. des sciences. 185'J. t. XLVIll, p. 801). .U'l'Alli;iL LIUhNAlIli; UKS LN VKRTEIUIES. 387 portés à penser que les tubes nialpighiens, ou vaisseaux biliaires de ces Animaux, étaient les organes chargés de sécréter l'urine et de la verser dans l'intestin (lui, à son tour, l'évacué au dehors avec les tec(>s ; mais, pour s'en assurer, il a fallu déterminer la nature chimique des matières contenues dans ces canaux étroits, 0[)ération qui [tréscnte quelques difficultés à cause de la petitesse et de la délicatesse des parties (ju'il est nécessaire d'isoler par la dissection. On y est parvenu cependant de manière à ne laisser aucune incerlitudesur ce fait, soit en protilant de cas pathologi- (jues dans lesquels des concrétions urinaires s'étaient formées dans ces vaisseaux sécréteurs, soit en étudiant au microscope les produits normaux contenus dans leur intérieur (I). On a con- Cliarançons (a), les GiiOpcs (6), les Pa- pillons (c), les Sauterelles, les Mouches et plusieurs autres Insectes (d). J'ajou- terai qu'en 1810, rexistencc de racide urique dans l'organisme des Cantharides a t'^té constatée à l'aide de l'analyse du corps entier de ces Insectes par Uobi- quet (e), et plus récemment un résultat analogue a été obtenu par des recher- ches faites sur des Charançons (/') et des Blaps (g). (1) La découverte de ce fait important me paraît être due à Wurzer. qui, en 1818, constata la présence de l'acide urique dans le liquide contenu dans les vaisseaux biliaires du Bombyx, du Mûrier [h). Quelques années après, un résultat analogue fut obtenu chez le Hanneton par 1\IM. Straus et Che- vreul (?■). îMais l'opinion des natura- listes n'a été fixée à ce sujet qu'à la suite d'une observation faite, en 1836, par Audouin ( j), qui, en étudiant chimi- quement un calcld présumé biliaire, {a) Milne Edwards, Observations sur la sécrétion uriiiaire cha les Insectes (Aiui. de la Société entomologiquc de France, 1833, Bulletin, p. 04). (b) Audouin, Lettre concernant des calculs trouvés dans les vaisseaux biliaires d'un Cerf- volant (Ann. des sciences nat., 2" séi'io, 1830, t. V, p. 134). (c) Lcdimainn, Lchrbnch der phijsioloijischen Cheinie. t. Il, p. 409. ((/) J. Davy, Note on the Excréments of certain Insects [The Edinhurgh new Philos. Journal, 1840, t. XL, p. 231). — Addilional Notice on the Urinary Excréments of Insects, eic. [toc. cit., p. 335). (e) RobiqiKîi, Expériences sur les Cantliarides {Ann. de chimie, t. LWVI, p. 302). (V) Henry et Boiiaslere, Recherches analytiques sur les Charançons du blé [Journal de phar- macie, 18-27, l. XIII, p. 539). (3) Horiiung und Bley, Entomoloyiseh-chendsche Untersuchung des soyenannten Mistlulfers (Blaps obtusa, Kabr.) (Journal fur pratctische Clieinie, 1835, t. VI, [i. 257). (/i) H. Wurzei-, Cliemische L'utersucltuinj des Sto/fes, in den soyenannten Gallengrfassen des Schmelteriinys der Seidenraupe f.Mcckel's Deutsches .irchiv fier die Pliysiulogic, 1818, t. IV, p. 213). (() Straus-Durkheim, Considérations générales sur les Animaux articxdcs, 1828, p. 251). (j) Audouin, Lettre concernant des calculs trouvés dans les canaux biliaires d'un Cerl- volant (Ann. des scimces nal., 2° série, 1830, t. V, p. 120j. 388 k\cri:tiu.\s. staté de la sorte ([ue l'urine des Insectes, earaclérisée par la pii'- sence de l'acide nriqne, est prodnile {)ar les organes tiibulaires qui paraissent être chargés aussi de sécréter la bile; ces glandes lilifonnes excrètent aussi de l'oxalate de chaux, qui est également un des produits anormaux de la sécrétion rénale, comme nous le verrons bientôt (1). Dans une précédente Leçon, j'ai tait con- naître le mode d'organisation de cet appareil sécréteur, qui est un appendice du tube digestif (2). J'ai exj)osé aussi les raisons (pii me portent à le considérer comme un organe producteur de la bile, et si cette opinion est fondée, nous aurions là un exemple remarquable de cumul i)hysiologique. Deux l'ouctions im[)or- tantes auraient leur siège dans le même organe, tandis (pie chez les Animaux plus jierfcctionnés sous ce raj)port, la division du travail est toujours complète; mais, du reste, il y a tout lieu de penser que, même dans les tubes malpighiens, la réunion de facultés sécrétoires différentes dans une même partie est plus apparente que réelle, et (pi'il y a là seulement agglomération d'utricules glandulaires de deux ou de plusieurs sortes, dont les unes sécrètent les principes biliaires, et les autres séparent du lluide nourricier les matières urinaires poiu' les vei'ser dans ime cavité excrétoire commune fo). Il va même quelques raisons de croire que chez certains Insectes la localisation de trouvô par M. \ul)(' dans tin dos Inbcs m ilpij,'Iiicns d'un Lucane Cerf-volant, recjnnut que celle concrclion élait formée en grande partie d'acide uri(|ue. (1) Al. Sirodol a fait récenimonl un grand nombre (rexpérienccs sur re sujel, ei il a été conduit à penser que la principale fonction, ou même la fonction unique des lubcs de Mal- piglii, appelés généralement des vais- spau.r hilinires, est de sécréter des niiitières urinaires (a). (2) Voyez tome V, page 626 et suivantes. (3) Les observations de M. Lcydig tendent même à faire penser que la sécrétion urinaire est liniilée à quel- ques-uns des tubes de Malpiglii ou à uni' porlion de cliaciin de ces vais- seaux, e[ (\\v dans le reste de cet ap- (a) Sii'oddl, llcchcirhcs sur les sécrrlioiii c/ifi les laserics [Aan. des sjicnr.cs nul., i' ^liric. J85'J, t. X, |.. '2r,\). M'!'Mu:iL uiuNAïKi': i)i<:s i.NVKiin^iîur.s. o80 la sécrclion urinairc n'est [kis aussi complAlos (pic dans le espèces dont je viens de [)arler, et (pie les parois de l'estoniae peuvent i)rendre part à ee travail excréteur. En effet, INI. Fabre (d'Avignon), en étudiant le développement des Si)lie\ et de quelques autres Animaux de la même classe, a vu (ju'à l'épocpie où les métaniorphoses s'achèvent, il y a un dépôt considérable de matières urinaires dans le ventricule chylififpie, tandis (pie les tubes mal|)igliiens [)araissent être inacfifs (1). Dans la classe des Arachnides, les analogues des tubes mal- pighiens des Insectes paraissent être spécialement affectés à la sécrétion de l'urine; car, ainsi que nous l'avons déjà dit, il existe chez ces Animaux un appareil héjialique bien développé qui en est distinct, et la présence de concrétions d'acide urique ou d'urates a été constatée dans l'inlérieur de ces vaisseaux llliformes ('2). J'ajouterai que les canaux urinaires des Ara- A|i|Mro[l liriii:iiro des Ai'iichiiijL'- cic. pareil il y a production de matières biliaires. Col Iiislologiste liabile fonde son opinion sur des diirérences qui se font remarquer dans la couleur du contenu de ces organes, et dans la manière dont les corpuscules que l'on y voit se comportent en pr(5sence des agents chimiques (a). (1) M. Fabre a trouvé des dépôts granulaires d'acide urique disséminés dans le tissu adipeux des Sphex et de quelques autres Hyménoptères, et il pense que Texcrélion de celte matière est effectuée essentiellement par les pa- rois du ventricule chylifique , car il a constaté la présence de concrétions urinaires dans cette portion du tube ali- mentaire, cl il n'en a pas trouvé dans les vaisseaux malpigliiens [b) ; mais les expériences de M. Sirodol ne me pa- raissent laisser aucune incertitude , quant aux fonctions de ces derniers organes, comme glandes urinaires (r). J'ajouterai que M. Sirodot combat l'opinion de M. Fabre au sujet de la sécrétion urinaire par les parois de l'estomac, phénomène qui, en effet, ne paraît pas être constant chez les Insectes, mais qui a probablement lieu chez les espèces observées par ce dernier naturaliste. (2) Chez les Araignées, l'urine, mêlée aux autres matières excrémen- lilielles, consiste en un liquide trouble et blanchâtre qui tient en suspension des corpuscules solides et qui s'accu- (rt) Le>ilii;, Lchi-biicli der Hisloloijk, p. i7i! et siiiv. (()) Fabre, Élude sur L'insliiict et les inétam-jrplwscs des Sphéijicns (Ann. des seieiices nai.. 4« série, 1851!, l. VI, p. 1G8 et siiiv.). (c) Sirodol, Op. rit., |i. 107. 390 KXCKÉTIONS. néidos ont cependiuit été le plus souvent décrits sous le nom de vaisseaux biliaires^ cl que leur structure est semblable à celle des tubes malpi^^biens des Insectes; mais, ainsi que je l'ai déjà dit, ils débouchent dans la portion terminale de riulcstin (1 ), et, au lieu d'élrc simples, ils seramilienl au milieu des grap|)es utriculaircs du l'oie (2). On ne sait encore presque rien relativement à la sécrétion lu'inaire chez les Crustacés (3). mille dans le cloaque. Chez les ^]\- gales, ce liquide est rougeaude (a). Les concrélions blanchâtres quipa- raissenl cire des produits d'une sécré- rion ininairc fuient remarquées autour du rectum de la Mygale par Dugès (6), et M. Siebold constata ensuite que ces corps trouvés dans les tubes nialpi- ghiens avaient les caractères chimiques de l'acide urique (c). (1) Voy. tome V, page 577. (2) Chez les Araignées, il y a deux ])aires de canaux uriniures : ceux de la première paire s'ouvrent à rextrémilé de l'intestin grêle, et s'étendent jusqu'à la base de l'abdomen ; ceux de la se- conde paire débouchent à l'origine du gros intestin {d). chez les Acariens, une paire de tubes urinaires débouche de même dans le cloaque (^). (3) Ou peut tout au plus hasarder quelques conjectures à ce sujet. Ayant découvert à la partie postérieure de la chambre branchiale des Crabes un organe d'apparence glandulaire dont le conduit excréteiu" va déboucher au dehors, de chaque côté de la base de l'abdomen, près de l'articulation de la patte postérieure, j'avais d'abord pensé qu'il pourrait être le siège d'une sé- crétion urinaire (/") ; niais rien n'est venu confirmer cette supposition, et, d'après quelques laits constatés plus récemment, on pourrait être disposé à considi'rer cette excrétion comme ayant plutôt pour instruments les or- ganes verdàlres qui se trouvent de chaque côté de l'estomac des Déca- podes, au-dessus des tubercules dits (iiidilifs {(j). En ellet, ;\1M. Croriip- Besanez et Will ont trouvé dans ces corps une matière qui ne parait pas diirérer de la guanine (/)). (a) Siebold clSlannius, iYoutiflflM Manuel d'anatomie comparée, I. II, p. 525. (b) Diigùs, Observations sur les Aranridcs {.\>in. des sciences nal., "2° série, 183(), ISO) (u) Sicljold l'I Slanniiis, Op. rit., I. II, p I. VI [d) Tioviiamis, Ueber den tiiiicril Ilau der Àrachnideii , p. (!, fifr. (i. — r.biiLliaiil. Orgatiisntinn du licgnc animal, Ahaciiniuks, ji. (55, pi. 4, lig. 4. (e) PutîL'ik'.ioclRM', lieilrmje %ur Anatomic der Mdben, t. II, p. 'M. pi. I, Cvj;. 7 cl 8. (/■) Milne Edwards, Histoire naturelle des Crustacés, I. I, p. lO."., pi. 10, fig. 2. (9) Idem, ibid., t I, p. Iïï3, pi. 12, 11-. !). {h) V. Will iirid (loriip-Hosaiiez, Cuaniue in we^scnllidi lleslhandtheil ijewiesser Secrète wlr- belloscr Thicre (Cckltrlc Ainciijcn dcr K. baicr. Akad. dcr W'isscusch., i8i8, l. XXVII, p. 825). AI'l'AKKlL l'IllNAlIUO DKS I.NVI>:r.TtlJUi:S. 391 § 19. — Knlin, on peut tout nii plus hasarder quelques eoii- Appareil .... urinairn jeclures au sujet de 1 exisfeuee d'un aj)[)areil lu^uiau^e chez Its .losveis Vers et chez les Zoophyies. Quelques auteurs i)enseiit qu'il faut ikszoophyic considérer comme telles les ampoules sous-cutanées de la Sanii- sue (l), ainsi (jue le système de canaux laléraux en communi- cation avec la vésicule de l.aïuTr et le pore caudal que nous avons vu chez les Tréuiatodes (2j, et que d'autres naturahstes regardent comme des dépendances de l'appareil vasculaire, ou bien encore comme des org'anes respiratoires ou des tubes aqiiilëres (3). On a supposé aussi que les appendices Iblia- ces qui sont sus[)endus aux paiois de la cavité générale du corj)s, à la base des ambulacres, chez IcsÉchinodermes, pour- raient l)ien cU^e des glandules de ce genre (4). Enfin, on s'est demandé si les filaments dils mésentériques^ qui garnissent le (1) Ainsi que je l'ai déjà dit dans une autre partie de ce cours, il existe la i'ace ventrale du corps, chez les Sangsues, deux séries de pores qui donnent chacun dans une petite poche membraneuse considérée à tort par Dugès comme étant une espèce de poumon {a}. Ces vésicules sont en connexion chacune avec un tube dis- posé en anse et terminé intérieure- ment par un pavillon cilié. On trouve des organes analogues chez les Lom- briciens et chez d'autres Annéhdes, oîi ils ont, comme nous le verrons par la suite, des rapports avec la génération : mais chez les llirudinées ils sont es- sentiellement des instruments sécré- teurs. La plupart dés zoologistes qui en ont étudié la structure dans ces derniers temps, pensent qu'ils con- stituent un appareil urinaire (6), mais on ne sait encore rien relativement à la nature chimique des matières qu'ils excrètent. {2' Voyez tome III, p. 280 et suiv. (o) Si cette conjecture était fondée, il y aurait également lieu de penser que les tubes aquifères des Rotateurs {(■) sont aussi des organes urinaires. (i) Ces appendices foliacés de l'ap- pareil ambulacraire ont été décrits, dans une précédente Leçon, sous le (a) Voyez tome 11, (lage 104, noio -2. (6) Gegcnbauer, Ueber die ScMeifen-canâle dcr Hirudineen {Verhaiidt. der plujs.-mcd. GescIL schaltin Wiirzbiirg, 1850, t. VI, p. 3-20). — Udekcm, Hist. nal. des Tnbifex des ruisseaux, p. 17, (Méiii. de l'Acad. de Bruxelles, Sav. étr., t. XXVI). — Souvelle classification des Anitclides scHgcres à branches, [>. 1 (Op. cit., t. XXXI). — r.ratiolct, Hech. sur l'organisalioa du système vasculaire dans ta Sanysac médicinale et VAlacostome vorace {.\nn. des sciea. nat., série 4", 1862, l. XVII, p. 197;. (f) \oyez tome II, pau;c 'JS. 2>[)'2 i:xciu:'no>s. poiirloiir de la cavité digeslivo des Actinies ne seraient pas des organes excréteurs d'une sorte d'urine i\) ; mais dans Tétat actuel de nos connaissances , ces opinions îie rejiosent sur aucune base solide, et, en l'absence de données suffisantes pour les juger, il me paraîtrait inutile d'en discut<;r ici la valeur. Je ne m'arrêterai donc pas davantage sur ce sujet, et dans la pro- chaine Leçon je passerai à l'examen des produits de l'appareil sécréteur dont nous venons d'étudier la structure dans les dif- férentes classes du Règne animal. nom do branchies internes {a). M. Leydig esl disposé à les considérer comme des organes sécréteurs de Tu- rine (b) ; mais il ne fonde son opinion sur aucun fait probant. (1) Nous avons vu précédemment que chez les Coralliaires le pourtour de la cavité digestive, ou clian]I)re viscé- rale, est garni d'un nombre plus ou moins considérable de grands replis membraneux (pii constituent autant de cloisons verticales iUlcsmésentéroides, (|ui portent les organes génitaux, et (|ui s'avancent des parois du corps vers son axe, en adectant une disposition radiaire (c). Chez les Alcyonaires, il y en a toujours huit ( «^' des chinns dont l'étude a le plus occupé l'attention, non-seulement des médecins et des physiologistes, mais aussi des chimistes. Dès l'antiquité, ayant enlrevu l'existence de quelques rappoiis entre les variations qui se manifestent dans les caractères physiques (le ce liquide et l'état général de l'organisme, les médecins pensèrent (pi'ils pouvaient l'interroger utilement pour le dia- gnostic des maladies, et ils en firent l'objet d'observations multipliées. Les physiologistes ont compris que sa formation devait jouer un grand rôle dans le travail mystérieux de la nutrition, et ils se sont appli(piés avec persévérance a en éclai- rer l'histoire. Enfin les chimistes, émerveillés tout d'abord des produits qu'ils extraient de cette humeur excrémentitielle, la souuicltcnt à des expériences sans nombre. Aussi, vers le milieu du xvn" siècle, c'est-à-dire à une éporjue où la chimie était à peine née, voyons-nous déjà l'ingénieux Van lîelmont essayant de déterminer la nature et l'origine des matières dont l'urine se (^.ompose (1). En 1669, les recherches (1) c'est principalement en s'occu- mont {(i) parle des jnatières contenues pant de la formation des calculs dans rurliie , et ses notions à cet rénaux ou vésicaux, que Van Hel~ égard sont toujours^ très vagues ; les (a) N'oyez lome I, paje 379. 39/l ËXCUKTIOJ^S. dont ce liquide était l'ohjel eunduisireiit Braiid à la déeoiiveiie du phosphore, et bientôt a[)rès Kinikel. Boyle et heaiieoup dautres expérimentateurs, stimulés par ce succès et par le mys- tère dont on l'entourait, soumirent l'urine à de nouvelles inves- tigations (1). Au commencement du xvni' siècle, le célèbre Boerhaave fit une analyse de l'urine, dont les juges les plus compétents par- lent comme d'un cliei-d'nuivre, pom^ ré[)oque où elle a été laite (2), mais dont la physiologie ne pouvait tirer que peu de lumière. Enfui, (juelques années plus tard, un des, anciens cliimisles de notre jMuséuu» d'histoii'c ualurelle. Rouelle laits lui manquèrent pour l'éclinfau- (lagc des raisoiiucmonls qu'il élève. Mais si l'on dépouille ses idées de la l'oiine bizarre que son lauj^age leur donne, on voit que parfois ce philo- sophe avait enlrevu des vérités dont la conslalalion ne date que de nos jours. Ainsi, il cherche à établir que la sub- stance urinairequi conslitue le gravier, et (jue nous savons aujourd'hui être de l'acide urique, doit se irouver dans le sang et en être simplement ('liminée par les reins (a). (1) Les alchinusles croyaient que la pierre philosophale à l'aide de laquelle ils espéraient opérer la transnuitatiou des métaux devait se trouver dans l'urine, et c'est en taisant des expé- riences sur ce liquide, (pu! Jîrand, mé- decin à Hambourg, obtint pour la pre- mière lois le phosphore, à l'aide d'un procédé dont il l'aisail un secret, mais que Kuidiel ne tarda pas à décou- vrir (b). C'est donc eu majeure partie à ce dernier chimiste qu'appartient le mérite de la découverte de ce corps remarquable. Les expériences dont l'urine fut ensuite l'objet de la part de r.oyie et des autres chimistes de la même époque eurent aussi principale- ment pour objet la préparation du phosphore (r). Jl faut cependant ex- cepter les recherches de iJellini ; mais les résultats auxquels ce médecin chi- miste arriva ne jetèrent que fort peu de lumière sur la constitution de l'u- rine (d). (2) Berzelius apprécie de la sorte le travail de Boerhaave {c) ; mais les écrits de ce médecin sur la chimie ne peuvent être lus avec prolit aujour- d'hui, cl je ne les cite qu'à raison de l'intérêt qu'ils olïrent pour l'histoire (i<' la science (/"). [U] Van llelinont, Tractatus de lUIiia.sl (Opuscula medica, cdit. 5% t53:i, p. t J). (6) Voyez HocIViT, llistuire ). (a) Foiircroy el Vauqiielin, Mém. jwur icrvir à l'hist. nat. chivi. et mi'd. ilc l'urine {.\nu. de chimie, 4TJ9, t. XXM, p. 48; t. XXXU, y. 80). ib) Iturzelius, General views of Ihc <:<)})iiiosilion of Animal Fluids (Mediro-Chiruriiical Trans- actions, t. ni). — Mt'm. sur la coiiijiusilion îles lliiides nniniau.r {Hibl. tirilanniqiie, I. I.HI. -— Ann. de chimie, 181i, t. l-XXMN, p. :ts). Principes iiiijiaucs. COMPOSITION DE l'uUINE. 397 § 3. — L'une do ces siibslauces, eelle (iiie lloiiolle jeune déeoiivril dans Turine derilonime (1), et que l'on ;ij)pelle au- jourd'luii urée, est une base organique complexe (2), (jui, |)ar la nature et les proportions de ses éléments, ne diffère pas d'un cyanate à base ammoniacale (o), mais (pii s'en dislingue [tar Urée. (1) Ainsi que je l'ai déjà dit, la dé- couverte de cette substance est due à Rouelle («), niaisBocrhaaveetquelciucs antres chimistes paraissent l'avoir en- Irevue longtemps avaiit lui (/>). Four- croy et Vau(iuelin furent les premiers à l'obtenir à l'état de pureté ; ils en firent une étude sérieuse, et lui donnèrent le nom qu'elle porte aujourd'hui. Par des considératictns qu'il serait trop long d'exposer ici, Al. Alorin (de Genève) a été conduit à penser que l'urée n'existe pas dans l'urine, mais se l'orme aux dépens d'une substance particulière appelée urite, qui se trou- verait dans ce liquide eu combinaison avec du chlore ou avec de l'acide chlorhydrique, et qui, en se combinant avec de l'oxyde de carbone, se trans- Ibrmerait en urée (c). M. Persoz a aussi révoqué en doute l'existence de l'urée dans l'urine (d) ; mais ces opi- nions ont été réfutées par les expé- riences de M. Dumas, de M. Lecanu et d'autres chimistes (c). (2) Pour le physiologiste il me pa- raît utile de classer d'une manière par- ticulière les substances qui sont sus- ceptibles de jouer le rôle de base, et qui se rencontrent, soit dansl'économi/ animale, soit dans ses produiis. Il l'aul distinguer, d'une part, le groupe formé par les bases binaires dont le radical est un corps à mob'culcs simples et métal li([ues, lel que le sodium ou le 1er ; d"aulre part, le groupe formé par les bases non viélalliqucs, dont les unes peuvent être considérées comme ayant pour radical im corps composé, tel que le cyanogène ou l'ammonium dans la constitution de chaque atome desquels l'azote se trouve uni à du car- bone ou à de l'hydrogène, et dont les autres, tels que l'urée, d'une constitu- tion encore plus conq)lexe, ressemblent, par la nature de leurs éléments, à une combinaison de ces derniers radicaux ou de quelques corps analogues avec de l'oxygène, quelque puisse être d'ail- leurs le mode de groupement de leurs atomes constitutifs. (3) L'acide cyanique, dont la décou- verte est due à M. Wohler, se compose de 2 équivalents de cyanogène et de 1 équivalent d'oxygène; il forme des sels assez stables, mais on ne peut l'isoler, car, en présence de l'eau, ses éléments se combinent avec un équi- valent de ce liquide pour donner nais- sance à du carbonate d'aunnoniaque. (a) Voyez ci-dtssiis, \r.\ga 394. (b) Fouixroy, Système des connaissances chimiques, t. X, p. 154. {€) A. Moiin, Mcm. sur la consiilutwa des urines (Annales de chimie el di physique, 1830, t. L\I, |i. i). [d) Persoz, Introduction à Vitude de la chimie mnlcculaire, p. 5S7. (e) Dimias, .Sur faction du calorique sur les corps onjaniqucs, Uieso de coiicoiirs. l'aris, 183S. p. lot. — Lffaiiii, [le fi'tat dans lequel c.riste i':rée dans Vurinc [Aiin. d; chimie et de pinjsiqu,', 1S40, I. I.XMV, p. 90). Vil. '2(^ 398 EXCRÉTIONS. ses propriétés et par le mode de groupement de ses moléeules constitutives. En effet, le cyanate d'ammoniaque se compose d'un équiva- lent d'acide cyani(iue (C^AzO) uni à un équivalent d'ammo- nia(]ue (AzH^) et à un équivalent d'eau (HO), et par consé- (juent peut être représenté par la formule : AzH3,HO,C2AzO. Or, l'équivalent de l'urée a également pour formule : C2li4Az202. Et la ressemblance entre ces cor|)S isomères ne se borne pas là, car on peut former artilicicllement de l'urée en mettant en pré- sence de l'ammoniaque et de l'acide cyani(jue à l'état naissant. Ainsi, pour en obtenir, il suffit de verser du sulfate d'ammo- niaque dans ime dissolulion du cyanate de potasse : la double décomposilion s'opère, et il se [)rodtiit du suliate de potasse ; mais l'acide cyauique et l'ammoniaque ne s'unissent pas de façon à former du cyanate d'ammoniaque, et ils (Constituent de l'urée. Enfin, pour que le cyanate d'ammoniaipie se transforme en urée, il suffit aussi d'abandonner ce sel à lui-même quand il est en dissolufion dans l'eau. Le fait de la production arfificielle de l'm^ée est non moins iuiporlanl ])our la |)liysiologie que pour la cliimie. La décou- verte en est due à M. Wolilcr, un des savants les [)lus distingués de rAUemagne (i). Juscpi'alors on n'était jamais (1) Ce résultat capital fut obtenu en se produit aussi dans d'autres circon- 1828 {(i), et aujourd'hui, (piand les stances : ainsi, on l'a préparée arlili- cliiniisles veulent se proctner de l'urée cielienient en décomposant le lulnii- cn (|uanlilé considérable, ce n'esl plus iiale de cuivre anunoniacal i)ar l'acide dans l'urine qu'ils vont ciiercber celte sulfliydritiui', ou bien encore en faisant substance ; ils la forment au moyen de passer de Toxamide à travers un tube la réaction indi(iuée ci-dessus. L'urée cliaullé au rouge. (a) NViihler, Sur la forwalUi» avtificiflh' ilr l'iin'i' {Aini. dr cliimie et de phy.^iqitc, 1828, I. XXXVII, p. :î;iO). COMPOSITION DE l' URINE. 399 parvenu à former de toutes pièees, dcins un vase inerte, un des nombreux principes immédiats que l'on voit naître dans les corps vivants, et l'on pouvait croire que l'inlervenlion de la jiuissance vitale était nécessaire à la création de toutes ces substances ; mais la belle expérience de M. Wôhler nous montre que, dans cerlains cas au moins, les phénomènes chi- miques dont l'organisme est le siège, ressemblent en tout aux phénomènes de la nature inorganique. J'ajouterai que la transformation de l'urée en ammoniaque et en acide cyanique est également facile à déterminer. Ainsi, quand on verse de l'acétate de plomb dans une dissolution d'urée, il se forme un précipité de carbonate de plomb, et de l'acétate d'annnoniaque reste dans la dissolution (1). En jetant les yeux sur la formule qui représente la constitu- tion de l'urée, on remarque (pie sous le rajiport de sa compo- sition élémentaire, cette substance ne diftëre du carbonate d'am- moniaque que par la [)ro[)ortion d'oxygène et d'iiydrogène qu'elle renferme, et que si l'on su[)posait 1 é(piivalent d'urée uni à à équivalents d'eau, cette dilTérence cesserait d'exister. En elfet, le carbonate d'annnoniaque se compose de AzH\CO-HO, et par conséfpient 2 équivalents de ce sel correspondent à J équivalent d'urée combiné avec /i é(piivalents d'eau; car 2(AzH3,C02,HO) = C2H (\c la suite (pie lc> physiologistes exprK|uaient lliéori(piement la création (h^'urée dans l'économie animale. Or, .M. lîéchamp assure (pie dans des expériences de labo- l'atoire, il a l'éalisé cette transformalioii. Vaï oxydant [lar des (l) La ir^nsforinatidn de rurée on coll<; substance, icnd à la laire consi- carhonate (ranniK)nia(ini' pcnl (Mrc dé- dérer comme \\u coips appartenant terminée aussi i)ar d'aulres moyens. au i,n-oupe des amides composées (pii Ainsi, clic a lii'u quand on soumel de ({('livciil des divers sels annnoniaeaux, Turéc à Taetion des alcalis liydrah's, el (pniul eeu'v-ci perdent les éléments celle ciiconslaiice, ainsi (jue plusieurs (run(''(piivalenld'eau. Danscette liypo- aulrcs parlicidaiités de riiisloire de ilièse, l'urée serait de la rrt/7)f/)»?W^'. COMl'OSITION lu: L iiiiNi;. hO\ nioyeiis (iii'il .scr.iii {\o[) long (]'c\[)li{iiicr ici, do hi lihiino, do l'îilhiiniine, ou nioincdu giiilcn, cechimisic est parvenu à Ibr- nier une nialière (ju'il regarde comme étant de l'urée (1). Nous reviendrons bientôt sur l'examen de ce phénomène remanjuahle et des conséquences (ju'on en pourra déduire, si l'opinion émise par .AI. Béehamp sur la nature du produit ainsi obtenu vient à être confirmée ; mais je dois ajouter qu'il y a des doutes à cet égard, et si j'en }>arleici, c'est seulement pour iaire pressentir (juel est probablement le mode de formation de l'urée dans l'intérieur des organismes vivants. l.'nrée est très soluble dans l'eau fj2 ), et elle est susceptible de cristalliser en longs prismes à quatre pans, incolores, inodores et d'une saveur (raîclie. Elle est sansaction sur les réactifs colorés; mais elle a les propriétés d'une base, et elle i'orme avec divers acides des sels cristallisables (3). 11 est aussi à noter ([u'ello ne (1) ^\. Jîécliamp assure avoir efl'ec- Uié cette iransibiniation des matières alljuniinokles en urée , en les sou- nieltanl , à l'état de dissolution dans l'eau, à Faction de riiypennansanate de potasse , sel qui cède facilement de l'oxygène aux substances orga- niques (a). Mais il existe beaucoup de doutes au sujet de cette découverte, car j\]. Stiideler, en opérant dans les conditions indiquées par ce cbiniisie, n'est pas arrivé aux mêmes résultats ; il n'a pas obtenu d'urée , et il a vu que l'oxydation de la matière albiuniiiiVide donnait naissance à de l'acide ben- zoïque (b); il serait donc possible que les cristaux formés par ce dernier produit eussent été pris pour du ni- trate d'urée par INI. lîécbamp. {'!) L'urée est beau( oup moins so- luble dans l'alcool et ne l'est que très peu dans l'étlier. (3) Les sels à base d'urée sont anhy- dres quand leur acide ne contient pas d'oxygène, mais reiifermint 1 équiva- Icntd'eauquand l'acide e;t oxygéné (c). («) A. liéclinnip, Essai sur les siibsta?iccs albuminoïJes et leur transformation en uriic , lliose. Slrasboiii-i,', 1850. (b) Siii'leler, Leher die O.vijdation iLs Albuinin durcli L'cbermangensdure kaii[Jouni. tiir prakt. Chemie, 1S57, t. LXXII, ].. 251). {(■) r!e?:nautl, Nouvelles recherches sur la cowposiliûn des alialis organiques {Ann. de chiuue, i%?,^, t.LWIII, p. l.-.i). — M.ircli;iiiil, Uiber die Zusammcnsctiuug des Oxalsàuren ^lnd Snlpelcrsduren- Harnstofj's (Journal jiir prakt. Chemie, ISiô, t. XXMV, p. 248). — Wcrilicin, N.tchtrâijl. Heinerk. ilb'd., I. XXXV, p. 483). — t'olilinir, Ui'ber die Zusaintnensetz-ïing des Salpetersduren-ll irnsioffs {An'i- der Clt<'mie uiid l'hann., i8i5, t. LV,]i. 2 48;. — Ueiniz, Ucber die quantitative llcslimmung des llarnstntfs (I*nj.,-cn(JorlT's Annalcn dir l'iiijsik und Chenue, 18i5, I, LXVl, p. 114). 402 EXCRÉTiONS. se ooinbine pas avec tous les acides, les acides carbonique, lac- tique, hippurique et sulfliydricpie, par exemple (1). Eniin, elle peut enlrer en combinaison avec des oxydes, des sels et des chlorures métalliques, tels que le chlorure de sodium et le sel ammoniac (2). Je ne veux pas faire ici une histoire chimique complète de l'urée, mais il me semble utile de signaler les caractères à l'aide desquels on peut constater la présence de cette substance dans les humeurs de l'organisme, et même d'indiquer comment on peut en apprécier la (piantité. Pour le reconnaître, il suffît de concentrer la liijucur qui la contient, et d'y ajouter un peu d'acide nitrique ou d'acide oxalique ; les sels que l'urée pro- duit avec ces réactifs sont insolubles et se précipitent en petits cristaux dont les formes sont déterminables et caracté- ristiques (3). Quelques chimistes ont recours à cette réaction (1) Ce fait est iniporlanl à noter, parce que quelques auteurs avaient été conduits à penser (|ue l'urée se trouve dans Turine à l'état salin, en combi- naison avec de l'acide lactique [a] ; mais cette opinion, combattue par IM. Lecann (6), a été rendiu' inadmis- sible par les recbercbes de M. Pelouze. En effet, ce chimiste a constaté que l'urée ne se combine avec l'acide lac- ti(|ue, ni directement, ni par voie de double décomposition (r). (2) Les combinaisons de l'urée avec divers sels ont été étudiées par M. Wer- ther. Celle l'orniéc par le chlorure de sodium et l'urée est remarquable : elle cristallise en prismes rhomboï- daux. brillants , et renferme NaCl -}- '->G2H^Az202 4- '2H0 {d). (3) Cette expérience est tri^s facile à faire. On filtre le liquide pour le dé- barrasser des corpuscules ((ui peuvent s'y trouver en suspension, et s'il con- tient de l'albumine, on le chauffe pour coasi;uler cette matière ; puis on le fait évaporer jusqu'à consistance presque sirupeuse, et l'on y ajoute xm peu d'a- cide azotique. Pour obtenir le dépôt cristallisé, il suflit d'une goutte de cha- cun de ces liquides, et eu opérant sur (a) Cuss et Henry, Recherches sur le.t lactales et l'étal de l'urée dans Vur'ine {Journal de pharmacie, 1839, t. XXV, p. 133). — Sur l'état de l'urée dans l'urine (Journal de pharmacie, •1840, t. XXVI, p. 202). — Expériences pour prouver l'cristence dulaclale d'urée dans l'urine normale de l'Homme (Journal de pharmacie, 18il, t. XW'II, p. 355). {!)) Lecanu, De l'état dans lequel existe l'urée dans l'urine (Ann. de chimie, 1840, t. LXXIV^, p. 90). (c) Polouze, Méni. sur l'émélique arséniqué, l'urée et iallantoïne {Ann. de chimie et de phys., 3* série, 184-2, t. VI, p. ('.5). ((/) Werther, Ueber die Verbindung des llarnsluffs mit Saticn {Journal (ur praktischc Ciiemie, I. XXXV, p. 51). COMPOSITION DE l'uRINK. 403 pour doser l'urée; mais on airive plus lacileinciil et plus sûrement au résultat voulu, en précipitant cette substance à l'aide d'une dissolution titrée d'azotate de mercure (1). § 4. — Un autre principe urinaire, dont il est important Acidcmique. pour les physiologistes de connaître la nature et les propriétés, est ï acide iirique (2). Ce corps remarquable est une substance azotée comme l'urée, mais qui contient beaucou[) plus de carbone et moins une lame de verre qu'on place ensuite sous le microscope, on peut reconnaître facilement les formes caractéristiques de l'azotate d'urée (a), qui est presque insoluble. Lorsqu'on emploie de l'acide oxalique, les cristaux se déposent de la même manière et sont également bien caractérisés (6). (1) J'ai déjà eu l'occasion de men- tionner ce procédé de dosage (c), et j'ajouterai ici que M. Millon a proposé l'emploi d'une autre méthode basée sur les phénomènes qui se produisent quand on met en contact de l'urée et de l'azotate de mercure dissous dans de l'acide oxalique ; l'urée est décom- posée et la totalité de son carbone est transformée en acide carbonique, de sorte qu'en déterminant la quantité de ce gaz qui se dégage, on peut calculer la quantité d'urée existant dans la ma- tière employée (d). Une autre méthode de dosage de l'urée est fondée sur la décomposi- tion de cette substance par l'hypo- chlorite de soude et la détermination du volume du gaz azote obtenu par cette réaction (e). Mais le procédé de M. Liebig (/'), indiqué ci-dessus, est celui qui paraît être le plus commode dans la pratique, et qui est le plus em- ployé (g). (2) Quelques auteurs désignent ceUe substance sous le nom iVacide litliique, parce qu'elle a été d'abord extraite des pierres vésicales. [a] Voyez : Fiinkc, Atlas der j)hysiologischen Chemie, 1858, pi. .3, fig. 2. — Robin et Vcrdeil, Traité de chimie iinatomique et physiologiqiie, t. II, p. 51i, pi. 30, fjg. 5, C, etc. (6) Fiiiike, Op. cit., pi. 3, fig. 2. — Robin et Verdeil, Op. cit., t. II, p. 515, pi. 31, fig-. 2, et pi. 32. (c) Voyez tome I, page 290. {d) Millon, Mémoire sur le dosaqe de l'urée {Comptes rendus de l' Académie des sciences, 18i8, t. XXVI, p. 319). (e) Edmond Davy, On a Neiu and Simple Melhod of determining the aniount of L'rea in the Ui-inary Sécrétion {Philosophical Magazine, i° série, 185i, t. VII, p. 3851. — Leconte, Procédé de dosage de l'urée par Vhypochlorile de soude (Comptes rendus de l'Acad. des scicnrcs, 1858, t. XLVII, p. 237). {/■) Liebig, Sur quelques combinaisons de l'urée et sur une nouvelle méthode pour détenniner le chlorure de sodium et l'urée dans l'urine [Ann. de chimie et de physique, '6' sens, 1853, t. XXXIX, p. 80). {g) Picard, De la présence de l'urée dans le sang, etc., llièse. .Strasbourg', 1856. ■ — Golding Bird, De l'urine et des dépots urinaires, Irad. par O'Rorke, 1861, p. 14. — L. Beale, On Urine, Urinary Deposils and Calculi, 1801, p. 363 et suiv. /|()/l KXCnÉTIONS. d'iiydro^èiso. Sa composition aloiniquc (1) csL reproseiitôc par lu formule C'0Il2Az) H laulenviron 1000 parties d'eau froide pour dissoudre 1 partie a- lenls d'eau. Kn ellet, l'écpiivalent d'a- cide uri(pie ^ C'nil-.\z'0<,'2IIO, ou .lulrenirnl dit, ('.'"iMAz'O^, et les élé- ments de cette substance, plus 0^ cl ;;ilO = G'"irAz''()". Or, I é(|uivalent iVuivv = C-lI*Az2;)2; 1 équiv.ileiil d'allanloïiie = C^llUz^O^; et '2 équi- (rti VVoMiM n l.iclii,-', Viilcr.suihuii'jcn iibcr dic yaliir der lltriisauvc {Anii. dcr Clicmic iind l'itanii., 18JS, 1. WVl. p. 214!. coMi'OsiiioN DE 1,1 iiim;. /|05 roiis l)ioiitùt ({lie dniis l'iiîlépicur de réeonomie des phéiio- nièncs du même ordre se manifesleiit (I). L'aeide iiriiiue est facile à reconnaître à la belle couleur rouge pourpre de l'une des substances qui en dériveni, (piand, a[)rès l'avoir traité à cbaud par de l'acide azotique, on lait agir sur le résidu ainsi obtenu des vapeurs ammoniacales. 11 se Corme alors de la murexide (2). Enlin, je rappellerai que la présence de l'acide uriqiie, de même que celle de l'urée, a été conslatée dans le sang, sinon dans l'élat normal, où il ne se trouve pas en jiroportion assez considérable pour être mis en évidence par les réactifs (jue la cbimie nous fournit, au moins dans certains états p\ilbologi(|ues de l'organisme : par exein[)le, cliez des arthritiques et des malades atteints d'albuminurie iJV). § 5. — A la suite de ces deux principes je rangerai plii- \alcnts d'acide oxalique (C^QS) == CW: total, G'o,lFAz30<'. La somme dos atomes de chacun de ces éléments est donc é^ale de part et d'autre. (1) M. J. Davy a constaté aussi que l'urate d'ammoniaque exposé pendant (pielques jours à l'air et à l'action des rayons solaires se transforme en oxa- iate d'ammoniaque (a). (2) L'acide urique, traité par l'acide nitrique, s'oxyde et donne naissance à de l'urée, ainsi qu'à une matière par- ticulière appelée alloxanc , qui, en se combinant avec l'annnoniaque, pro- duit la murexide (ou purpurate d'am- moniaque). Les cristaux microscopif[ues fournis par le dépôt de l'acide urique et des urates sont également caractéristi- ques [h). Au sujet des procédés em- ployés pour le dosage ou l'extraction de ces matières urinairos, je me bor- nerai à renvoyer aux publications faites sur ce sujet dans ces dernières années p ir plusieurs cliimistes (c). (3) Voyez tome I, page '201. (fl) J. Davv, On the .Aciioii of Uic sun's raijs on. Lilhlc Acid (Philos. Maij., 1844, t. XXV, p. li'2). ib) Voyez Robin et Vcrdeil, Traite de chimie anatomique, I. Il, p. 395, pi. 11 ol 1"2. — GoUlinïT Bii'il, De l'urine et des dépôts iivinaires, p. 150 ol siiiv., fi^r. 48 à 73. (c) Hflk'i', Ucstimmunij der Harnsâure im Ihnni (Archiv fur pinjsiol. Chemie und Mikrjscoine , 1844, t. I). — Landerer, Sur la préparation de l'acide urique arec les e.rcrémenis des Oiseaux (Journal de pharmacie, 3" série, 1851 , t. XIX, p. 439). — Delffs, Vcre'mfdchte Méthode Harnsâure aus Schlanqcn-E.ccremeuten zu gewinnen (Pog- gcn(lorft"s Annaten der Physik imd Chemie, 1850, t. LXXXI, p. 311). — Bell^cll. Darsti'Uung der Harnsâure aus Guano lAnn. der Chemie und l'hnrm., ISU), l. lAllI, p. '■ICC}). — Sdlrr, Un the nalurnl Acid lieaction of the Urine, and on the Deteriuinalion of the l'ru ■ portions thr rein of L'ric Acid and Urea [Edinburijli Médical Journal, 1859, 1. IV, p. 5S5). /lOG EXCRETIONS. Ciéaliiie. sieurs autres matières azotées qui peuvent se trouver dans l'urine, soit chez l'Homme, soit chez certains Auiaumx infé- rieurs, et qui doivent être considérées comme appartenant à la même famille naturelle de produits excrémentitiels. Telles sont la créatine, la créatinine, rallautoïuc, la xauthine, rhypoxanlhinc Pt la guanine (1). En général, ces substances ne sont sécrétées par les reins qu'en très petites quantités, et jusqu'en ces der- nières années l'existence dans l'urine n'en avait pas été consta- tée; mais il est nécessaire d'en tenir grand compte lorsqu'on cherche à acquérir des idées précises louchant les }>hénomènes chimiques qui accompagnent le travail nutritif dont l'économie animale est le siège. Ainsi la créatine, substance dont j'ai déjà eu l'occasion de signaler l'existence dans le sang (-2), se rencontre aussi dans l'urine (3), et elle ressemble à l'urée sous plus d'un rap|)ort. (1) Quelques chimistes considèrent furine comme renfermant aussi de la irimcthyhimmine (C^H^Az), substance basique volatile qui est analosjue à de rammoniaquc dans laquelle les o équi- valents d'hydrogène seraient rempla- cés par un égal nombre d'équivalents de méthyle (C'-H^). Elle se trouve dans le jus extractif des Harengs salés (a), et M. Dessaignes l'a oi)tenue dans diverses expériences sur l'tuiue (6) ; mais il y a lieu de penser qu'elle est un produit de la dérouqx)silion de cette humeur, et qu'elle n'y existe pas dans les circonstances ordinaires. Le même résultat a été obtenu plus ré- cemment par M. Bucheim (c). (2) Voyez tome I, page 201. (3) L'existence de ce principe dans l'urine a été constatée par M. Heintz. Ce chimiste l'avait d'abord considéré comme un acide organique susceptible de former avec l'oxyde de zinc un sel soluble assez analogue à un lactate [d], cl j\I. Peltenkofer, en étudiant de son côté celte substance, avait reconnu qu'elle est neutre {e) ; mais à cette époque on ne soupçonnait pas son iden- tité avec la créatine précédemment découverte par iM. Chevreul dans la (a) Ildfiiiaiin, Sur la présence de la tviméViylammine dans le jus extractif des Harengs salés {Comptes rendus de l'Acad. des sciences, iSHi, t. XXXV, p. 02). (b) Dcssaip:iios, Triinélhylamniine obtenue de l'urine liumaine {Comptes rendus de l'Acad. des sciences, 1850, t. XLIII, p. 070). • (c) Voyez Uay, Chemistry in liclalioa to l'hysiology and Medicine, p. 309. (d) Hciniz, Veber eine neue Sâure ini menschlichen Harn (l'oggcndoi-fTs Annalcii d:r l'hysik und Chemie, 4 844., t. LXII, p. 002). (e) Pcitrukofur, Notiz iiber eine neue lieaction auf Galle und Ziuhcr {Ann. dcr Cliem. und l'harin., 18ii, I. I.II, p. 07). COMPOSITION DE l'uRINE. /i07 En etïet, de même que celle-ci, la créatine est un |)rincipe immédiat azoté, cristallisable et basique ; en se décomposant, elle peut facilement donner naissance à de l'ammoniaque (1), et en s'nnissant à des acides, elle peut constituer des sels bien définis (2). Il est aussi à noter que la créatine, en se dédoublant sous l'intluence de certains agents, peut donner naissance à de Turée en même temps qu'à une autre base organique appelée sarko- sine (3). Un autre dérivé de la créatine qui doit également prendre place dans le groupe des matières uriuaires azotées, est la crécLtinine (â), base organique cristallisable. dont la composition atomique est représentée par la formule C'^H'^Az^Q- (5). Ce corps prend naissance quand on soumet la créatine à l'ac- tion d'im acide concentré et bouillant, qui lui fait perdre les éléments de h équivalents d'eau. En effet, la créatine est for- Ci'caliniiic. viande, cl ce fut par des reclierches ultérieures que M. Heintz et M. Liebig en déterminèrent la nature («). Au sujet du mode d'cxtraclion de ce prin- cipe urinaire, je renverrai au mémoire de Al. Liebig. Ses cristaux ont été figu- rés par plusieurs auteurs (6). (1) La créatine, traitée par les alcalis concentrés, se transforme en ammo- niaque, en acide carbonique et en sar- kosine (G^H^AzO*). (2) Les sels de créatine sont cristal- lisables et s'obtiennent directement par la dissolution de cette base dans des acides faibles. Us rougissent la teinture bleue de tournesol. (o) Ce dédoubli'ment s'opère quand on fait bouillir la créatine dans de l'eau de baryte. {l\) L'existence de la créatinine dans l'urine a été démontrée par les expé- riences de ^L Liebig (c). (5) Il est aussi à noter que la créa- tine cristallisée perd li équivalents d'eau par l'action d'une température de 100". (a) Heintz, Nouvelles recherches sur la créatine (Comptes rendus de l'Acad. des sciences, 1847. t. XXIV, p. 500). — Liebig, Sur les principes des liquides de la chair musculaire {Ann. de chimie et de phy- sique, 3« série, 1848, t. XXIII, p. I 51). (b) Voyez Funke, Atlas der physiologischen Chemle, pi. 4, fig. 4. — Robin et Venieil, Traité de chimie anatomique, pi. 23, 24 et 25. — Bealc, Itlustratious of Urine, pi. 7, i'ig. 3. — Golding Bird, De l'urine et des dépôts urinaires, p. G, fig. 7. (c) Liebig, Op. cil. {Ann. de chimie et de physique, 3° série, 1842, t. XXlll, \<. 51). Allanloïnc. AOS L\(:r.i:iio.Ns. nu'(3 (\c (:''H'^i\z^()'*,2H0, el par conséiiiieiit, en piMchml /iH(), sa composition devioiit identique avec celle de la (•n'>alininc(1). J'insiste sin- ces lails, parce que j'aurai bientôt à montrer (jue l'urée, la créaline, la créalinineet les autres matières urinaires dont il nie reste à parler ont toutes la même origine dans l'économie animale, et se ressemblent par leur rôle i)bysiolo- iiique aussi bien (jne |)ar un certain ensemble de caractères chimiques. § 6. — Vallanto'ine ('âj, dont la composition élémentaire peut cire représentée par la Ibrmule CHl-Az-O^, est un corps cristallisable qui, dans certaines ex[)ériences de laboratoire, peut être formé aux dépens de l'urée, et (pii, à son tour, peut lacilement donner naissance à cette substance cxcrémcnti- tiellc (3). Elle renlcrme moins d'oxygène et elle est sniioul l'iclie en carbone. On conçoit donc (jue dans des circonstances où l'oxydation des matières albuminoïdes ne serait pas portée assez loin pour donner lieu à la Ibrmalion d'urée, cette réaction (1) Voyoz loinc Vf, pay,o Zi. nr.S). COMPOSITION hK LLlUNn:. ll\o pondant ;i (:'Ml•"O^C'^H^VzO^ ou, ec ([iil revient an même, C^^jFAzO'^. Oi', ce sont là précisément les pro|)ortions clans lesquelles les éléments de l'acide liippuriiiue se trouvent réunis. On a constaté aussi que dans une foule de circonstances l'acide hippuri(|ue, en se décomposant, abandonne de l'acide benzoïque. Ainsi, quand on fait bouillir de l'acide bippurique dans de l'eau en présence d'un acide énergique, il s'associe "1 équivalents d'eau, et se dédouble en acide benzoïque bydraté et en gly- cocolle (1). Lors(iu'on l'expose à une température élevée, il entre en fusion, puis se décompose, cl l'un de ses produits est de l'acide benzoïque, qui se dégage sous la forme de vapeui'S. Sa transformation en acide benzoïque est même si facile, (pie jusqu'en ces dermères années on avait confondu entre elles ces deux substances, et que les cbimistes considéraient l'acide benzoïiiue couime étant un des principaux matériaux consti- tutifs de l'urine des berbivores, tandis qu'en réalité il n'est représenté dans ce liquide que par l'acide bippurique (2). (1) La constatation de ce fait impor- tant est (lue à M. Dessaignes (de Ven- dôme). Le glycocollc, ou sucre de géla- tine, se conii)ine avec l'acide employé, et constitue ainsi des sels qui ont beau- coup d'analogie avec ceux à base d'urée (a). (•2) Rouelle jeune, en étudiant Fu- rlne de Vache, en retira un acide par- ticulier qui lui ])arut avoir toutes les propriélés de l'acide benzoïque (/<), Scheele indiqua plus tard le benzoatc d'ammoni.iquc comnn^ existant dans l'urine des jeunes eniants (c) ; Vau- (|ueliu annonça la présence du ben- zoale de soude dans l'urine du Che- val {cl); et depuis le commencement du siècle actuel jusqu'en 1829, tous les chimistes qui s'occupèrent de la constitution de l'urine des Herbivores regardèrent ce liquide comme renfer- mant de l'acide benzoïque. Mais à l'é- poque que je vi ns d'indiquer. M. Lie- big constata que cet acide est un pro- duit des opérations pratiquées pour faire l'analyse de cette urine, et qu'il est fourni par une matière inconnue jus- qu'alors, savoir, l'acide hippurique. (a) Itcssaigncs, Nouvelles recherches sur l'acide luppurlque, Vacule bemoique et le sucre de gélatine (Comptes rendus de l'Acad. des sciences, 1846. l. NXl, p. 12-24). (b) RoLiollc, Observ. suc l'urine humaine et sur celle de la Ya':he et du Cheval (Journal de médecine lie Roux, 1773, t. XL, p. -iCG). (c) Sclieele, Sammlunj phijs. und chem. Werke, 1793, l. II, p. 385. ((() Fonrcrov et Vautiuelin, Premier mémoire poicr servir à l'histoire chimique et médicale de l'urine [Ann. de rttimie, 17'.i'.), i. WXI, p. G2). VU 27 kV-i EXCRÉTIONS. C'est en raison de ces faits que l'acide hippurique me semble devoir être considéré par les physiologistes comme une sub- stance du même ordre que les précédentes, bien qu'il ne con- tienne que peu d'azote, et que par l'ensemble de ses |)ropriétés chimiques il s'en éloigne beaucoup. Quoi qu'il en soit, cette matière urinaire joue un rôle impor- tant, et pour compléter ce (|ui me paraît devoir en être dit ici, j'ajoulerai qu'elle estassez soluble dansl'eau (1), qu'elle cristallise en gros prismes incolores, terminés par des sommets dièdres ; enIJn, (ju'clle forme avec les bases des sels qui pour la plupart sont solubles dans l'eau et cristallisables. C'est à l'état d'hippu- rate de soude, de jiotasse et de chaux que cet acide se rencontre dans l'urine. Dans une précédente Leçon j'ai eu l'occasion de dire (|uc l'existence de l'acide hippurique dans le sang a été constatée chez le Bœuf, et même chez l'Homme (2). Aciiie oxalique. § H • — Jg vicus dc montrcr que l'acide uri((ue, en s'oxydant, doniK^ naissance à de l'acide oxalique aussi bien qu'à de l'urée. Il n'est donc pas sans intérêt de savoir (pie Vacide oxalique est aussi une matière dont rexisteiice est normale dans l'urine. Depuis longtemps on avait constaté que certaines concrétions pathologiques formées par ce liquide sont composées d'acide oxalique combiiK' avec de la chaux, cl M. Lehmann a l'ail voir C'est(loncrécilcinenlà!\l. Liobigquap- l'ôihcr. Pour fii constater la pr(?senco partient la découverte de ce principe dans l'urine, on concentre ce liquide et urinaire, bien que depuis plus d'un Ton y verse de l'acide clilorhydrique; (ienii-siècle on Tcùt vu et étudié (a). au bout do quelques heures, il se dé- (1) f/acido hippurique esl solubli' l)Os(' des cristaux inicroscopipies dont dans GOO parties d'i'au froide et dans la forme et les réactions sont caracté- une quantité beaucoup moindre d'eau ristiques (h). Des ligures en oui été Itouillanle. Il est 1res soluble dans ;lonnées par plusieurs auteurs (r). l'alcool ; enlin, il ne l'est que peu dans (2) Voyez tome I, page 201. («) Liebig, Ueber die llanisâure welche in dem Ilarn der grassfressenden vierfûssigen Thiere futlialten ist (Ann. der Phiis. iind Chemie, 1829, t. XXVil, ii. 389). — Sur l'acide contenu dans l'^u'lne des Quadrupèdes licrbivores {Ann. de chimie et dc physiqne, 18.30, I. XI.III, p. 188). (6) Golding BiiJ, De l'urine et des dépôts urinaircs, \>. 2J4. (c) Voyez rtobin el Verrieil, Traité de chimie analomiqnc, pi. 20. COMPOSITION Di>: l'urink. /j'J5 récemment que le même sel est eonstammenl éliminé de l'or- ganisme par la sécrétion dont les reins de certains Animaux sont le siège (1). L'acide oxalique, conune on le sait, n'est point un principe azoté comme l'acide urique ; il résulte de la combustion incom- plète du carbone, et se compose de 2 équivalents de cet élément unis à 5 équivalents d'oxygène ; mais il ne peut exister qu'à l'état de combinaison, soit avec l'eau, soit avec une base. Il (1) Bergmann paraît avoir été le pre- mier à signalei' l'existence de l'acido oxa- lique dans des produits de la sécrétion urinaire ; il en découvrit dans des cal- culs rénaux {a) , et, peu de temps après, Brugnatelli et Fourcroy trouvèrent de la chaux combinée avec ce même acide dans les sédiments de T urine (6). Wol- laston fit voir ensuite que certains cal- culs vésicaux sont formés essentiel- lement d'oxalale de chaux (c), et la présence de ce sel fut constatée dans ces concrétions par beaucoup d'autres chimistes (d). Mais jusqu'en ces der- niers temps on considérait l'oxalalede chaux comme un produit pathologi- que seulement. En 18Z|9, Al. VValshe reconnut cependant l'existence de ce corps dans l'urine, dans 28 cas sur 100 chez l'Homme, et dans 33 cas sur 100 chez la Femme (e). Plus récemment, I\I. Bacon (de Boston), a fait des obsei'vations analogues (/'). Enfin AI. Lehmann a signalé l'oxalaie de chaux comme étant un des prin- cipes normaux de l'urine des Her- bivores (//). (a) Bergmann, Dissertalio de acido sacchari, 1781 , g 1. (6J Brutjnaielli, L'eber deii Eodcnsali des Hanis {Journal de chimie de Gieil, 17«7, I 11, p. 99).^ — Fourcroy, Système des connaissances dàmiques, t. X, p. 177. (c) Wollaston, On Goût and Urinary Concrétions (fhilos. Trans., 1797, p. 386j. ((/) Beriholdi, Sur un calcul urinaire de Cochon {Ann. de chimie, 179i), 1. XXXII, p. 187j. — Fourcroy ei Vauquelin, Sur l'analyse des calculs urinaircs liumains {Ann. de chimie, 1799, l. XXXil, p. 41 yj. — Braude, Ou Ihe Différences in the Structure of Calculi which anse from Iheir being l'urmed la différent Parts of the Urinary Passages (Philos. Trans., 180S, p. 223}. — r.aiiliier de Ciaubry, ^ote sur les calculs formés dans les reins (Ann. de pltysique et de chimie, 1815, t. XCllI, p. G7j. — Martres et B. Prévost, Sur des concrétions vésicales d'oxalale de chaux qui ne sont pas murales {Ann. de physique et de chimie, 1817, t. VI, p. 2il). — Hoptr, Analyse chimique de quelques calculs vésicaux (Journal de pharmacie, 1831, t. XVII, p. 40G). — Boucliardat, Analyse de calculs {Journal de pharmacie, 1836, t. XXII, p. 53). — Farreaii, Examen de cristaux trouvés à la surface de deux calculs urinuires (Journal de pharmacie, 183G, t. XXII, p. 618). — Ohme, Analyse d'un calcul urinaire de Cheval {Arch. der Pharm., 1847, t. XCVJII, p. 287). (e) Walshe, On the occurrence of Oxalate of Lime Chrystals iu Ihe Urine {Mouthly Journal of Médical Sciences, 1849, I. IX, p. 454). (/) J. Bacon, Sur la fréquence de l'oxalate de chaux dans l'urine (Journal de physiolooie, 1858, t. 1, p. 422). (9) Lelimann, Harn (Wagner's HandwOrterbuch der Physiologie. 1844, t. II, p. 6). Ar'ule lacliqui /il G liXCRÉrioNS. nnît (l:uis une i'oule tic circonstances, quand des matières orga- niques, liydrocarbonccs, s'oxydent à une température peu éle- vée. Ainsi, quand on soumet le sucre ou la iecule à l'action du permanganate de potasse, qui leur cède de l'oxygène à l'état naissant, on voit ces substances se clianger en acide oxalique. Ce corps se rencontre dans le règne minéral (1), mais il n'est abondant que dans certaines plantes, et, en s'oxydant d'une manière complète, il se transforme en acide carbonique. Je rap- pellerai aussi (]ue l'oxalate d'ammoniaque, en perdant de l'eau, donne naissance à de i'oxaiuide, substance qui a une certaine analogie avec rur(''e, mais qui contient |)lus de carbone (2). J'aurai à revenir sur la considération de tous ces faits, lorsque nous étudierons les pliénomènes (^bimiques qui se manifestent dans l'économie animale, et qui se lien! au tiavail de la nutri- tion ; ici je ne m'y arrêterai [)as davantage, et je me bornerai •A ajouter (pic l'acide oxalique combiné a\cc la cbaux forme un sel très peu soluble, l'oxalale de cliaux, (jui se trouve dans l'urine (3). ^ 12. — L'acide oxaliipie n'est pas le seul principe immé- dia! non az:^lé ipii s'(rliaj)pe sDUVcut de l'économie animale (1) L'acide oxalique existe clans le minéral appelé humbuldtite {a), qui est un oxalatc scsquii)asiqu(' de fer (6); mais ce corps se U'ouve dans les li- ^niles, el provient probahleiniMil des j)lanles qui ont formé ces dépôts de matières combnsUljles. ('2) .Xous avons vu ci-dessus que Turée peut être considérée connue une (■;iil)iunide, c'est-à-dire un corps de la famille des amides, dans lequel les éléments que l'oxamide tire de l'acide oxalique (C-Û'') seraient remplacés par les éléments provenant de l'acide cari)onique (G0-). li'oxamide, par sa composition atomique, correspond à de l'oxalale d'anmioniaque, qui aurait perdu 1 é(piivalent d'eau, de même que l'urée, additionnée de 1 é(pii\ aient d'eau, repri'senti! du carbonate d'am- monia([ue. (3) L'oxalalt' de chaux cristallise (a) Piivero, Nnln sur nnr conibinnison de l'acide oxalique av,:c le fer, irouvce à Kulowscni.v, près Itciiii, en Hohriiw (.lin;, de chimie et de phijs., ISi!l, l. XVIII, p. 20"). [b] liraronnnt, De In prénence de l'o.ralnle de rhnu.v dans le Uèijne minéral (.\nn. de chimie el de phiis., IS^r., I. WVIII, p. :UH). COMl'OSmOiN l)K L riUNK. Ù17 Acide? par les voies iiriiiaires. L'acide laelique uni à de la soude ou à d'aulrcs bases se trouve en quantité cousidérai)le dans l'urine de certains Animaux, et, ainsi que j'ai déjà eu l'occasiou de le dire, ce corps est un des produits les plus ordinaires de l'oxydation incomplète des matières amylacées ou sucrées (1). L'acide butyri(jue, qui est un produit |)lus oxydé du môme ,„„j,„,„c_ ordre, peut se montrer également dans les urines ('2), et l'on ''"•"°'"i»e- '^"=- a signalé aussi dans ces liquides excrémentiliels l'existence d'autres corps gras volatils, tels (jue l'acide damoliriue, l'acide damaliuique et l'acide taurylique ; mais on ne les y trouve jamais en (pianlité un peu notable, et ils ne paraissent avoir que peu d'imporlance physiologique. ordinaiieniciU en pelits odaèdres in- colores, transparents et brillants (a) ; mais quand il se précipite en amas un peu considérable dans un liquide con- tenant des sui)stances organiques, il entraîne toujours une certaine quantité de celles-ci, et il peut affecter alors des formes anormales : par exemple, celle de haltères ou corps ovalaires étran- glés au milieu (b). (1) Voyez ci -dessus, page 99. (2) M. Stiideler a découvert l'acide damalurique (C'c le chlorure de salicy le («). \1. Scharlingle considère comme étant l'oxyde d'un radical hydrocarboné, ce qui porta ce chimiste à lui donner le nom d\)xijde d'omychinyle ib), et le conduisit à le représenter par la for- mule C'^ll^C (c) ; mais jusqu'ici on n'a pu l'obtenir assez pur pour en faire utilement l'analyse élémen- taire, et l'on ignore si le produit chloruré dont il vient d'être question ne dérive pas de quelque autre sub- stance urinaire dont la composition serait plus complexe. La matière que Prout a appelé de la résine urinaire élail probablement un mélange d"oxy de d"oniychmyle et d'autres substances evtr actives {d). ('2) Les matières colorantes de l'u- rine sont très altérables, et varient dans leurs propriétés, suivant les procédés employés pour les séparer: aussi rè- gne-t-ii une grande confusion dans leur liisloire chimique. Prout, qui fut l'un (les premiers à en faire une élude iitlenlive, crut devoir distinguer dans (a) Scliarling, l'ntersuehmgen ilbci' deii llam (Ann. der Chemie und Pharm., \SM, t. XLII, j>, 265). [h] l'i'Oiist, Expdr. sur l'urine (Aim, de chimie, 180'J, t. XXXVI, p. 258). COMPOSITION ui: luisim;. /|.19 l'Homme, cl dont la proportion est pins considérable chez certains malades, ainsi (jue chez le Cheval, présente des parti- cularités fort remarquables. Elle a été signalée d'abord, par M. Heller, sous le nom à'uroxanthine, et, ainsi que l'a constaté ruiiue huniaine deux de ces principes, Tua jaune, Taulre rouge (a). La suijstance jaune est la plus abon- dante, el, ainsi que je l'ai déjà dit, elle paraît avoir beaucoup d'analogie avec celle qui se trouve dans le sérum du sang. Fr. Simon la considère conune étant identique avec la substance qu'il a désignée sous le nom dliéma- phéine [h], et qu'il croit être un dé- rivé de riiématosine (c). La matière colorante rouge n'esl probablement qu'une modification de la matière jaune dont je viens de par- ler. Ordinairement elle n'existe qu'en très petite quantité dans l'urine fraîche, mais dans certaines circonstances anor- males elle devient assez abondante. Elle paraît être associée à l'acide urique , et elle accompagne ce principe quand il se dépose, soit à l'état de liberté, soit à l'état d'urate. On la remarqua d'abord dans l'urine des goulteux (c/), combinée avec de l'acide urique, et elle lut dé- signée sous les noms A' acide rosacé ou iVacide rosacique (e). Vogcl parvint à la séparer des urates ; il en fit connaître les principales propriétés, et il la con- sidéra comme étant un corps très ana- logue à l'acide urique (f). Prout fu porté ensuite à la regarder connne étant du purpurate d'ammoniaque (g), mais les expériences de Wurzer, de lîerzelius et de quelques autres chi- mistes prouvèrent qu'il n'en était pan ainsi {h). Fr. hinion l'appela uroéry- thrine (i), et plus récemment d'au- tres auteurs l'ont décrite sous les noms de purpurine (j) cl d'urrosacine (k). C'est une substance azotée très peu solubie dans l'eau, soluble dans l'al- cool et dans l'élher, qui paraît former une sorte de laque avec les sels ter- reux dont elle modifie le mode de cris- tallisation. M. Scherer en a fait l'ana- lyse élémentaire, el a remarqué qu'elle semble former avec le pigment biliaire et l'hématosine une série dans laquelle (a) Prout, An Inquirij mto the Nature and Treatment of Diabeks, elc, 1825, p. 21. (6) Fi-. Simon, Animal Chemistry, t. II, p. 119. (c) Voyez lonie I, [uige 184. (d) Cruikshaiiks, v.iye/. f^ioUo, Cases oj' the Diabètes mellitus, 1798. (e) Proust, Expériences sur l'urine {Ann. de chunie, 1797, t. XXXVI, p. 265). — Vauquelin, Expériences sur une matière rose que les urines déposent dans certaines ma- ladies (Ann. du Muséum d'histoire naturelle, 1811, t. XVII, p. 133). — Chevreul, \ole sur le diabète {Auii. de chimie, 1815, (. XCV, p. 319). (/") Vogel, Expériences et observations sur l'acide rosacique de l'urine de l'Homme [Ann. de chimie, 1815, t. XCVl, p. 306). {g) Prout, Description d'un principe acide extrait de l'acide lithique ou urique (Ann. de phy- sique et de chimie, 1819, I. XI, p. 47). {h) Wurzer, voyez Berzeliiis, Traité de chimie, t. VII, p. 358. — Drett and Bird, On pink Dcyosits in the Urine [London Med. Gaz-etle, 1834, t. XIV, p. 60(J et 751). (i) Fr. Simon, .\nimal Chemistry, 1. I, p. 45. (j) Golding Hird, De l'urine et des dépôts urinaires, p. 216. (k) Robin et Verdeil, Chimie anatomique, t. III, p. 396. 420 LXCKÉTIONS. ce cliiinisle, elle peut donner naissance à deux autres matières coloranics, dont l'une, d'un rouge violacé, a été appelée urrhodinc, et l'autre, d'un bleu intense, a d'abord reçu le nom d'uroglaucine, mais ne paraît être en réalité autre cbose que de Vindigoline, ou indigo bleu (l). En elTet, l'uroxantbine ne dilTère en rien du princii)e indigogène qui existe dans le pastel et les autres plantes dont on tirs l'indigo ordinaire (2). Sons l'influence des acides, des alcalis et d'autres agents cbi- la propoilion de carbone va en dimi- nuant et celle de roxygènc en aug- mentant ; riiématosine, bien entendu, étant des trois la plus riche en car- bone {a). Mais, d'après les expériences plus récentes de AI. Uarley, il y a lieu de croire que cette substance n'est pas un principe immédiat, et qu'elle est un mélange de plusieurs matières colo- rantes, dont l'une, solublc dans l'étlier et désignée sous le nom (X urohéma- tine, contient comme Thématosine une proportion notable de fer (h). (1) M. Ileller n'est pas parvenu à isoler la matière colorante qu'il nomma uroxanlliine, et il ne s'est pas bien rendu compte de la théorie de sa trans- lormation en urrhodine et uroglau- cine ; mais il a reconnu que la colo- rat'on bleue des sétlimenls urinairos était duc à la présence de ce dernier produit (r). Pendant longtemps les physiologistes ne firent que peu d'at- tenlion aux résultats annoncés par ce chimisle; mais les n-cherçlies dont l'urine a été l'objet dans ces dernières années en ont fait mieux apprécier la valeur. ('2) L'indigo bleu, ou indigoline, est une matière insoluble dans l'eau et dans l'élher, à peine soluble dans l'alcool, susceptible de se volatiliser, et formant avec l'acide sulfiuique un composé so- luble. .Sa composition élémentaire est représentée par la formule C'IlHzO^, et lorsque, en présence de l'eau, il est soumis à l'action de divers corps avides d'oxygène, tels que le prolosulfate de fer, les sulfites ou sulfures alcalins, il perd 1 équivalent d'hydrogène, et se transforme en une matière incolore (jui a reçu le nom d'//u7/(/o blanc. Ce dernier produit (C'CugazO'-) est égale- ment insoluble, mais en se combinant avec l'ammoniaque, la potasse, la chaux, etc., il forme des sels qui sont solubles dans l'eau. Enfin, sous l'in- llucnce de l'oxygène, il abandonne facilement 1 équivalent d'hydrogène et régénère de l'indigo bleu. Les re- cherches de M. Chevreul avaient con- duit les chimistes à penser que c'est (n) Sclicrcr, l'e'iev die Kxtraclionsstoffedes ll,inis{.\nn. dcr Chcmic. utid l'hnnit., I84G, l.LVII, y. 180). (/») llarlcy, Ucber Vrolidmalin und seine Verbiii'luvij mil animaiiScheiH llarz-e {Vcrliaiidl. der l'liijs.-)lcd. Cescisch. in Wiiribunj, 18:>5, t. V, ]>. il. (c) Heller, Ueber mue Farbstoffc vn llarn, Uruxanthin, rroglaucin nnd i'rrhodm {Archiv. fiir]iliys. undpatli. Chcmic und îHilc-oscopie, 1845, t. II, p. 101). COMPOSITION 1)1'; l/l ItlNK. li'-Ii iniques, cette substance est suscc[)lible de se dédoubler de diverses manières, et de former ainsi un nombre considé- rable de corps différents dont le plus important est l'indigo- tinc, circonstance qui nous donne l'explication de la coloration bleue de l'urine ou des sédiments urinaires dans certains cas pathologiques (1). D'autres matières c()lorantes peuvent aussi résulter des trans- à Tétat crindig;o l)lanc ou indigo réduit, que cette matière colorante se trouvait dans le pastel {Isatis tinctoria), les diverses Légumineuses du genre Indi- go fera et les autres plantes avec les- quelles on préparc Tindigo bleu {a), et que c'était par un phénomène d'oxy- dation que ce dernier corps prenait naissance ; mais on voit par les expé- riences récentes de M. Scluuick, qu'elle ne préexiste pas dans le végétal, et ré- sulte de la décomposition d'un prin- cipe immédiat appelé indican (6), qui avait été déjà entrevu par Giobert et désigné par ce chimiste sous le nom iViîidigogène (c). L'indican, ou indigogène, est une substance azotée, amorphe, jamiiltrc; soluble dans l'eau et très altérable. Il a un goût amer, et il rougit le bleu de tournesol, l'ar l'action de l'oxygène, il ne se transforme pas en indigotine; mais, lorsqu'on le traite à chaud par de l'acide sull'nriqueoutout autre acide énergique, il se décompose, et donne naissance à plusieurs corps dont le plus abondant et le plus remarquable est de l'indigo bleu, et dont un autre, noiumé indirubine, paraît être iden- tique avec la matière appeli'-e indigo rouge par Berzelius. Enlin, il l'orme avec l'oxyde de plomi) un coiuposé insoluble, d'après l'analyse duquel M. Schunck considère sa composition comme pouvant être représentée par la formule C^zipSAzO^e [d]. (t) Depuis fort longtemps les mé- decins ont signalé de loin en loin des cas dans lesquels les urines étaient co- lorées en bleu au moment de leur émission, ou donnaient naissance à des sédiments qui prenaient celle teinte. Aussi Actuarius, médecin grec du xiii'" siècle, parla d'une anomalie de ce genre sous le nom iVuriua vc- neta {n). Mais c'est seulement depuis une quarantaine d'années que les chi- mistes ont cherché à connaître la cause de ce phénomène. Les uns l'ont attri- bué à l'existence d'une certaine quan- (rt) Clievreul. Expériences chimiques svr l'indigo {Anu. de chimie, 1808, t. LXVI, p. 5). — Analyse chimique de /'Isaiis tiiicloiia cl de i'indigofera aiiil {Ami. de chimie, 180',), t. LXVIll, p. 284). {b) E. Scliiinck, On the Fonnalinu of Indiiio-ltlue iMemoirs of Iha Literanj and Philosophical Society of Manchester, 2' série, ■1855, I. XII, p. 177). (c) Giolicri, Trai'é sur le pastel et l'extraction de S07i indigo, 1813. ((/) Schuncii, On Vie Formation of Indigo-Blue, part. 2 [Mem. of tlie Manchester Soc, 2v«éric, 1857, t.XlV, p 190). (e) Actuarii Joannis Zachariœ filii de di/ferentiis urinaruui, lib. 1, .V. L. Nulanu iiilerpretc, 1548, cap. VIII, p. IG. Z|*22 EXCKÉTlOiNS. Ibmialioiis subies par ce principe immédiat ; mais leur histoire est encore trop obscure pour qu'il me paraisse utile de nous y arrêter ici, et je me bornerai à ajouter rpril y aurait de l'inté- lité de bleu do Prusse ou ferro-cya- nide de fer (a) ; d'autres à un principe colorant particulier, que Braconnot a décrit sous le nom de cyanurine (6); ou bien encore à de l'indigo (c). En 1865, M. Hellor fit voir tjue la matière bleue on ([uestion était un produit dérivé de la substance urinaiic, qu'il nonnna uroxanthinc {d) ; enfin, M. Klelzinsky rccomiut l'identité de ce produit uri- naire, appelé uroukincine, avec Tin- digotine ou indigo bleu (e). Plus ré- cemment l'exislcnce de l'indigo, ou tout au moins d'une matière colo- rante qui paraît ne pas en diû'érei-, a été constatée dans certaines urines lui- maincs par plusieurs pntbologistes (/"). En 1857, AI. Schunck trouva que dans l'état normal de l'organisme, l'urine humaine contient presque toujours des traces d'inclican ou indigogène, et que ce principe existe en proportion plus forte dans l'urine de la Vache, et surtout du Cheval {y). Enfin, M. Carter a reconnu lïdentité de cette substance et de la matière urinaire précédem- ment signalée par M. IJcller sous le nom d'uroxanihine, et ce physiologiste, après avoir examiné les urines de plus de oOO individus, n'a jamais vu l'in- digogène manquer complètement dans ces liquides. Il est parvenu à constater également que chez l'Homme, ainsi que chez le Bœuf, ce principe immédiat existe aussi dans le sang (/;). Pour reconnaître la présence de l'indigogène dans l'urine, M. Schunck fait usage du procédé suivant : On ajoute à l'urine de l'acétate basique de plomb jusqu'à ce qu'il ne s'y forme (a) Julia Fonleiielle, Nouvelles recherches sur les urines et les sueurs bleues {Journal de chimie médicale, dRaS, t. I, p. 330). — Caiitu, Essai chimico-mcdical sur la présence simultanée du prussiate de fer et d'une matière sucrée dans une variété particulière d'urine humaine (Journal de pharmacie, iS'i'o, l. XIX, p. 192). — Moyon, dans BoU, De urina sed'imentum cœruleum demitte7ite, iSO'J (cité par Rayer, Traité des maladies des reins, 1. 1, p. 21 1 ). — Draniy, Observât, sur l'urine bleue {Journal de chimie méd., 2° série, 1833, l. III, p. 289). {h] Braconnot, Examen d'une matière colorante bleue particulière à certaines urines [Ann. de phijsique et de chimie, 1825, t. XXIX, p. 25-i). (e) Pvoul, Sloinnch and Henni Diseuses, 5' éilit., p. 507. [d) Hellor, Op. cit. {Archiv fur physiol. undpalhol. Chernie und Mikrosc, 1845, t. Il, p. 164). (c) Kletzinsky, IJeber Uroglaucin als Indenoxyd (Arcliiv fiir pttys. Ctiemie und Mikroscop., d853, t. VI, p. 414). (/■) Fr. Simon, Animal Chemistnj, t. II, p. 328. — Hassal, Ou the fréquent Occurrence of Indigo in Human Urine and on ils Chemical, Phy- s'iological and Palhological lielations {Philos. Trans., 1854, p. 297). — Seckerer, Ueber die Bildung von indigo im menschlichen Organismus {Ann. de r C hernie und Pharm., 1854, t. XC, p. 120). — Eadc, Bluc Deposit m Urine {.Archives of Medicinc, 1800, t. 1, p. 311). — Roitniiinii, Kunc Notii> iiber Vorkommen von Indighan im Urin (Archiv der Pharm., I8C0, I. XGIX, p. 288). {g) Schunck, On the Occurrence of Indigo- Bine in Urine {Mcm. of the Litter. and Pliilos. Soc. of Manchester, 2" série, 1857, t. XIV, p. 239). {h) T. Carter, On Jndican in the Blood and Urine {Edinbnrgh Médical Journal, 1800, <. V, p. 119). COMI'OSITION !)fc: L'iKIlMi. ll^?> rêt à examiner si les substances pourpres ou brunes qui sont sécrétées par divers Mollusques ont quelque analogie avec les principes immédiats dont je viens de parler (l). ^ l/i. — Enfin, comme ie l'ai déjà dit, on trouve dans les ^^"bsiances •^' , *' .) ^ minérales, urines un certain nombre de substances minérales dont les plus importantes sont les chlorures de sodium et de potassium ('2), plus de piécipilô ; on filtre, ou lave le piécipilé, et Ton verse dans le liquide de ramnioniaque en excès, qui y dé- termine presque toujours la formation d'un précipiir blancliàtre ou jaunâtre, lequel est lavé, puis traité à l'roid par Tacide sulfurique faible, ou de Tacide clilorliydrique, pour en séparer l'oxyde (le i)!oinl). On filtre, de nouveau et lorsipie la pro])orlion d'indigogènc esl considérable, on \oit des particules d'indigo bleu mêlées an sulfale ou au clilorure de ploml), puis le liquide d'un brun pourpre qui a passé, se couvrir plus ou nioins rapidement d'une pel- licule mince qui est bleue pnr la lu- mière transmise et d'un rouge cuivré par la lumière réflécbie. Quand la pro- portion d'indigogènc est faible, la pel- licule bleue ne se forme qu'au bout de vingt-qnalre bcures («). M. Carter a trouvé qu'on pouvait se contenter d'une expérience plus sinq)le {h). Il place dans une petite éprouvette l'urine à examiner, puis il y verse doucemen! de l'acide sulfurique dont la densité est de 1,8/|5, et il agite le tout ; aussitôt on voit se manifester vme coloration qui varie de la teinte rosée la plus légère au bleu d'indigo le plus intense, sui- vant la quantité d'indigogènc ou d'uro- xanthine contenue dans le liquide. (1) Parmi les protluits qui résultent de la décomposition de i'indigogcne que M. Schunck a décrits, il en est un appelé indirubine ou urrhodine, qui paraît être de l'indigo rouge, et une autre, Yindihumine, qui est brun à peu près comme la sépia (r). Il nu- parait probable que la substance uri- naire dont Braconnot a fait mention sous le nom de mélanourine est un dérivé analogue (f/), et qu'il en est encore de même de Vacide méla- nique , matière noire signalée précé- dennnent dans les urines d'un malade par Prout (e). (2) Les anciens cbimisles se sont beaucoup occupés de l'étude des ma- tières salines qui cristallisent quand on fait évaporer l'urine, et ils en obte- naient de la sorte divers mélanges qu'ils désignaient sous les noms de sel microcosmiipip, sel fusible et sel natif d'urine. De bonne heure on rangea le sel marin, ou chlorure de sodium, parmi les matières qui se déposent ainsi, et quelques auteurs crurent (a) Schunck, Op. cit. {Manchester Mem., t. XIV). (6) Carier, loc.cit., p. 124. (c) Schunck, On Ihe Fermentation of Indigo-Blue {Mem. of the Litter. and Philos. Soc. <»/ Manchester, tS57,t. XIV, p. 401). Id) Braconnot, Examen d'une matière bleue partictilière à certaines urines {Ann. de chimie et de physique. 1825, t. XXIX, p, 252). (e) Prout, On the Chemical Properties ofthe Black Urine {Med, Chir.-Trans. ,iS^3, t. XIl, p. 43). Ix'îlh EXCKÉTIUi\S. des sulfates à bases alcalines (1 ) et des plios[)hates de soude (2), luènie que le phosphore lire de rni-ine en provenait, opinion dont iNIarggraf fit justice dès 17Zi3 [ci). i'.ouelle fut le premier à porter un peu de lumière dans ce chaos, et, ainsi que l'avait déjà fait INlarggraf, il recomnit la pré- sence du chlorure de potassium dans l'urine de quelques animaux, tels que le Cheval (6). (1) L'existence du sulfate de soude dans l'urine de Tllommc a été consta- tée d"abord par llouelle jeune (c) , puis par Scheele et par un grand nombre d'autres chimistes ((/). On l'a trouvé aussi dans l'urine des Solipèdes [e], du Chameau [f;, etc. Le sulfate de potasse en dissolution dans l'urine humaine fut d'abord con- fondu avec le sulfate de soude ; mais Proust, Thenard, Berzelius, et tous les chimistes plus modernes l'en ont distingué (//). La présence de ce sel a été constatée aussi dans l'urine du Cheval [h), de la Vache ou du Veau, du Bouc, du Castor , du Lion et de plusieurs autres Animaux , comme nous le verrons plus en détail dans la suite de cette Leçon. ('2) Le phosphate de soude avait été aperçu dans l'urine par Marggraf cl plusieurs autres chimistes du milieu du siècle dernier ; mais Proust et Klaproth furent les premiers à le bien isoler et à en reconnaître la na- ture (0. Ilcller considérait ce corps comme étant toujours un sel basique; mais I\l. Liebig a fait voir que l'urine ren- ferme aussi du phosphate acide de soude (/), fait qui a été confirmé par les recherches plus récentes de MM. llobin et Verdeil (/.). (a) Marsgraf, NonnuUœ novœ methodi phosiihorum solidum ex urina facllius conftcicndi {Misccll. lierolieiisia, 1743, t. VII, p. 324). — Examen cldmique d'xin sel d'urine {Mém. de l'Acad. de Llerlin , l'46, p. 8i). (h\\\o»(i\\c, Observ. sur l'urine )iumnine cl sur celle de la Vache et du Cheval {Journal de médecine do Roux, 1773, l. XL, p. 451). c) Rouelle, Op. cU. {Journal de médecine, 1774, I. XL). Ul) Sclicclo, Op. cil. {Mcm. de l'Acad. de Stockholm, 1775, t. XXXVI, et Opuseula rhemica, t. Il, p. 70). — (imelin, Grundriss der allgem. Chemie, 1789, t. 1(, p. 730. Berzelius, Sur la composition des lluides animaux {Ann. de chimie, 1814, t. lAXXI.X, p. 38). (e) Brande, Leltre de Ilatchetl sur l'urine des Chameaux, etc. {Ann. de chimie, 1808, l. LXVII, p. i06). (/■) Clievi-ciil, Noie sur l'urine de Chameau, de Cheval, cl sur l'acide urique des excréments des Oiseaux {Ann. de chimie, t. LXXXVII, p. -2',» 4). ((/) Proust, Expériences sur l'urine {Ann. de chimie, 1800, t, XXXVl, p. 258). — Tlicnard, Mém. sur l'analyse de la sueur, l'acide qu'elle contient et sur les acides de l'urine et du lait [.\nn. de chimie, 1800. t. LIX. p. 278). — Berzelius, Op. cit. {Ann. de chimie, 1814, t. LXXXLX). (/i) Rouelle, Op. cit. {Journiil de médecine, 1773, t. XL, p. 407). (i) l'rousi, Mém. sur une substance nouvelle trouvée dans les urines {Journal d'observ. sur la physique et ihist. nal., île lîozier, 1781, p. 14")). — Kliprolii, l'eber die wahre Natur des Prou^teschen sogenannten Perlsalzes {Ann. de chimie de Creil. 1785, p. 230). (j) Liebig, Ueber die Constitution des Harns der Menschemind fleisclifressenden Ttiierc {Ann. der Chemie und Pharm., 18H, t. L, p. 101). (/c) Robin et Verdeil, Traité de chimie anatomique cl phijsiologique , I. II, p. 339. COMPOSITION DR l/uilLNi:. /r25 de cliaiix (l) et de ningiiésic (2). Pour reconnaître la pré- senee de plusieurs de ces sels, il sut'lil de déposer quel- ques gouttes d'urine sur une lame de verre, et de faire éva- porer le liquide, car les cristaux qui se ibrment alors sont faciles à caractériser, surtout ceux du clilorure de sodium et du phosphate de soude {?>). L'urine contient aussi un peu d'acide carbonique libre (/t), et chez quelques Animaux elle est chargée d'une quantité considérable de carbonates et de (1) Scheele constata Texistence du pliospliatc (le chaux clans Tuiinc dès 177G (a), et bientôt après plusieurs autres chimistes trouvèrent ce sel ter- reux dans des calculs vésicaux (6). ('2) Fourcroy et Vauquelin, ainsi que Wollaston, reconnurent Texislence du pliospliate uiagnésien dans l'urine vers la (in du siècle dernier. Berzelius a trouvé aussi dans ce liquide des traces de silice, et il a cru y reconnaître la présence de fluorure de calcium (c) ; mais son opinion ne paraît ])as avoir été bien fontlée. Le fer, comme je Tai déjà dit, se trouve dans la matière colorante de l'urine, et par conséquent ce métal peut être compté aussi parmi les élé- menls normaux de la sécrétion uri- naire {d). (3) Les cristaux de chlorure de sodium qui se déposent ainsi ont la forme de cubes, de croix ou de glaives diversement modifiés par leur grou- ])cment ; ceux du phosphate de soude ont une forme dendritique ou plu- nieuse, et ont été souvent décrits par les médecins connue étant du chlor- hydrate d'anniioniaque. Pour consta- ter la présence de la magnésie et de Tacide phosphorique , on ajoute à Turine un peu d'ammoniaque , et l'on obtient alors des cristaux de phos- phate annnoniaco-magnésien dout la forme étoilée est très élégante. On trouve des figures de ces divers cris- taux dans la plupart des ouvrages récents sur les urines {e). (li) La présence d'une petite quan- tité d'acide carbonique en dissolulion dans l'urine humaine fut constatée d'abord par Priestley {f), puis par (a) {Anii. {dj Chem ie) Scheele, Opiiscula chcmica, i. H, p. 78. Linko, Dissertatlo de urinœ et calculorum aiiahjsi. GoltiiigL-n, 1788. (lioljoil, LcUre à Séquiii [Ann. de chimie, lTJ-2, t. \1I, p. 04). liigeiiliousz, Sur le calcul vésical [Ana. de chlihu-, 1797, t. XXV, p. 177). l''ouiLi-oy, Système des connaissances chiiulques, t. X, p. :il7. Wolla-ioii, Up. cit. (Philos. Trans., t7'j7, p. 38G) 'ans les o; el d.ins l'urine ' "t • — \ — - • » . . ^ . , ,.. — ^f. Berzelius, Lettre à M. Vauquelin sur le jluale calcaire contenu t/; *de chimie, 1807, t. LXI, p. 250). WiuvL'i', Lisen in Sedimenten des Measchen-llarns (lefunden (Scliwei^'y^cr's Jahrb. der ie, iHii, 1. XWIl, p. 470). Vuyez liubin et VerJeil, Traité de chimie anatomique, pi. 1, 7 et 8. — Goldiii^- 1 ii-il, Ue l'urine et des sédiments urinaires, 1801. (f) l'iic'-ik'Y, E.riieriin' nis and Ob'iervalions, t. H, p. •iK!. Urine de l'Homme. /|26 EXCRÉTIONS. lactates à bases alcalines et terreuses (1). D'ordinaire elle tient en suspension du mucus et des débris d'épithéliuni provenant de la vessie ou des autres parties de l'appareil urinaire (2). Enfin, cette humeur excrémentitielle peut être chargée acci- dentellement d'une multitude d'autres substances qui, appor- tées du dehors jusque dans le torrent de la circulation, s'échap- pent de l'organisme par cette voie. Dans divers états pathologiques de l'appareil rénal ou des autres parties de l'organisme, l'urine peut aussi contenir des matières qui ne s'y rencontrent pas nor- malement, et bientôt nous reviendrons sur l'examen de ces faits ; mais avant de nous en occuper, il est nécessaire de com- pléter l'étude de la constitution normale de cette humeur par l'indication des particularités (jue l'on y remarque dans la nature ou dans les proportions de ses divers matériaux consti- tutifs chez les différents Animaux, et chez le même individu placé dans des conditions variées. § 15. — L'urine humaine, dans l'état normal, est un liquide jaunâtre, transparent, dont la saveur est amère et salée, dont JM'ousl et Vogel (f/), ol plus léceni- nienl par M. Marchand (6;, à qui la (lécouverlc de ce fail est altiii)aéc par quelques auteurs (r). Ce dernier chimiste a vu aussi que l'urine contieni un j)cu d'azole lihrc. (1) Cell<; i);ulicularilé se rencontre cliez le Cheval, comme nous le ver- rons dans la suite de cette Leçon. (2) Les corpuscules solides, ou îno- tériaux morphologiques de l'urine, pour employer ici l'expression adop- tée par quelques auteurs, sont chez PHommc : 1" des cellules épilhéliques provenant principalement de la vessie, et offrant des formes un peu différentes, suivant les parties de ce réservoir ou des autres portions des voies urinairos dont elles sont tombées ; 'J' du mu- cus, consistant en corpuscules lenti- culaires. (Mielquel'ois on y trouve aussi un certain nombre de globules san- guins ou des spermatozoïdes ; mais ce sont là des accidents patliologiques dont nous n'avons pas à nous occu- per ici. (a) l'ruiist, expériences sur l'urine {Ann. de chimie, 4 800, l. XXXVI, p. 2G0j. — V()s,'el, De l'existence de l'acide carbonique dans l'urine et dans le sang (Ann. de cliimie, I. XCIII,|). 71). (i)) Maicliand, ['ebcr den kolitensdure-Gchalt des llarns und dcr Milcli {Journal fur pntkl. Chemie, 1848, t. XLIV, p. 2r)()). (c) I.ehmann, Lelirbnch dcr physiologischen Cliemie, t. Il, p. 351. r.OMPOSlTION DE LUP.INE DR l'hOMME. /l27 l'odeur est faible et dont la deiisitc ne dépasse que de peu celle de l'eau (1). La composition chimique de ce liciuide est très complexe. On y trouve à la lois presque tous les corps que j'ai signalés, dans la première partie de celte Leçon, comme pouvant être éliminés (le l'organisme par la sécrétion rénale dans son état normal. (1) Dans les circonstances ordinaires la pesanteur spécifique de Turine hu- maine ne s'élève jamais au-dessus de 1,03, et généralement elle ne s'éloigne guère de 1,015 à 1,018 (a), fait avec lequel s'accordent assez bien les éva- luations données par plusieurs auteurs anciens. Ainsi, d'aprèsMuschenbroeck, la densité de ce liquide serait 1,013, et Brisson l'évalue à 1,0106 ; mais d'au- tres l'avaient estimée trop haut : par exemple , Bryan Robinson , qui lui donne 1 ,03 ; Silberling, 1 ,0/i, et Davies, 1,08 (6). Dans ces derniers temps, plusieurs médecins ont pensé qu'il suflisait de déterminer à l'aide d'un aréomètre (c) la densité de l'urine pour arriver à la connaissance de la proportion d'eau et de matières solubles que ce liquide renferme, et A. Becquerel, M. (î. Bird et quelques autres auteurs ont même publié des labiés de concordance pour le dosage des matières solides d'a- près les indications aréométriques {d). Ainsi, A. Becquerel a cru pouvoir établir que pour chaque millième d'excédant dans la pesanteur spéci- fique de l'urine comparée à celle de l'eau, le premier de ces liquides con- tient sur lono parties 1,65 de ma- tières dissoutes (e). ÎMais cette hypo- thèse n'est pas en accord avec les données fournies par les analyses, et peut conduire à des résultats très erronés , car la composition des ma- tières dissoutes dans l'eau étant va- riable, et ces substances pouvant dif- férer entre elles quant à leur conden- sation dans la solution, il peut y avoir similitude dans la densité totale du mélange, bien qu'il y existe des dif- férences dans la proportion d'eau , ou vice versa. Il est aussi à noter que les tableaux de réduction publiés par les différents auteurs qui en conseillent l'usage sont en désaccord entre eux. Par exenqile, Turine dont la densité est 1,020, contiendrait en matières solides 3,300 pour 100 d'après A. Bec- querel, /j,l09 d'après le tableau de V. Simon, et li.Gôd pour 100 d'après celui de M. G. Bird. I.es expériences de F,d'Arcet,deFr. Simon , de M. Cham- bert et de :\I. Lehmann, montrent, du reste qu'il n'y a pas de concordance (a) A. Becquerel, Traité de chimie pathologique, 185-1, p. "210. (6) Haller, Elemcnta pliysioloijiœ, t. VU, p. 342. (c) Pour les rapports enlrc la deiisilé des urines et les indications données par l'aréomètre de Bauraé, on peut consulter le taiileau publié par M. PiBver {Traité des maladies des reins, t. I, p. li). ^(i; A. llecqiierel, Sémiotique des urines, p. 33. — A. Becquerel et Rodier, Chimie pathologique, p. 271. — Golding Bird, Lectures on the Plujsical and pathological Characlers of Urinary Déposas (London Médical Gazette, 1843, t. XXXI, p. 677). — De l'urine et des dépôts urinaires, 1861, p. 66. (e) A. Becquerel, Sémiotique des urines, p. 13. /i'28 KXCUKTIONS. oliez les divers Aniinaux. Mais ces matières, si variées, sont loin d'y avoir loiiles la même importance, et parmi les divers principes organi(jues urinaires que l'on y rencontre , c'est l'urée qu'il faut placer en première ligne, et Tacide urique au second rang. L'analyse quantitative qui a servi de point de départ pour toutes les reclierches faites depuis quelques années sur la con- stitution de Turine humaine est due à Berzelius. En opérant sur 1000 parties de ce liquide, ce chimiste habile en retira : Eau 933;00 L'iée 30,10 Acide urique 1,00 Matières animales indéterminées , mêlées de lactate d'ammoniaque, d'acide lactique, etc 17,1/» Sulfate de potasse 3,71 Sulfate de soude 3,1 G Phosphate de soude 2,9/i Muiiate de soude (ou chlorure de sodium) U,h^ l'hospliale d'ammoniaque. . . . , 1,65 iMuriale d'ammoniaque (ou chlorure d'ammonium). . 1,50 Phosphates terreux 1,00 Silice 0,05 Chiens de la vessie 0,32 (1). Les résultais principaux de cette analyse sont pleinement constante entre la densité et la com- moins grandes ; mais dans les cas de ce position chimique des urines {a). genre on peut y avoir recours avec avan- 11 en résulte que les essais aréomé- lage, et quelques médecins s'en servent Iriques ne sont utiles que lorsqu'on souvent {l>). L'inslrumenl a|)pelé iiri- veut comparer entre elles des urines ?îome/r<; n'est autre chose (ju'mu' sorte dont la conqiosilion est à peu près la da pcse-liqucur ovdhmrti dont la gra- luême, et dont les variations de densité duation est appropriée à la délermina- sont déterminées \uy l'existence des tion de la densité des urines (c). mêmes matières en proportions plus ou (1) Celte analyse date de 1809 (d). (0) D'Arcol, /)(' iinulililé de l'examen des urines som le point de vue de leur densité [l'ETpc- rie^ice, 1838. I. 11, p. d'J3). — Fr. Simon, Iteitriùje iur mtd. Cliem. und Mikroscopie , l. I, \>. 'ï' i;t 143. ■ — Cliaiiibcil, Ileriterclies sur les sels et la dcnsilc des urines eliez l'Homme sain (Recueil de uiénioires de médecine tl pharmacie militaires, tS-iJ, I. LVlll, y. 358). — Lfliniiimi, Uericht (Schniull's .tahrbiictier fur die gesammtc. Mcd., 1845, 1. \L\II, p. 8). {b) D:iy, Un Ihe Specilic Gravit]) of Urine m IkallhandDneuse [The Lanccl, 1841, l.i.p. 3G'J). (c) Goldiiife' 13iid, De l'urine et des dépôts urinaires, p. 5(J. (dj lîcrrfliiis, ii/('»i. sur la rninpositiou des /Inides animaux {.\nn. de (hiniie,\S[i, I. LXXXIX, p. 38). COMPOSITION m: l'iiriinr di: i/iioMMF,. /l'29 d'accord avec cq[\\ l'oiiniis par loiilcs les rei'lierelies aiialu<;iies d'une (laie plus récente (l). Mais les travaux chiniiiiiies dont l'nrine liuinaineaété l'objet depuis un rpiart de siècle nous ont appris que ce liquide contient plusieurs substances reuianiua- bles qui avaient été confondues par Berzelius sous la dénomi- nation commune de matières extractives ; que les composés ammoniacaux dont il avait constaté l'existence ne se trouvent pas dans la sécrétion normale et ont dû prendre naissance pendant les opérations du chimiste {'2) ; enlin, que les proportions dans lesquelles les divers matériaux constilutils de l'urine se trouvent (1) Plusieurs analyses d'urine prove- nant (le personnes en bonne santé et placées dans les conditions ordinaires, ont été publiées par Fr. Simon , M. Marchand , Alf. Becquerel et y\. Lehniaun {a). Je me borneiai à rapporter ici les résultais obtenus par ce dernier chimiste dans trois analyses compa- ratives de l'urine fournie par un jeune honnne d'un tempérament bilioso- sanguin {h). E:m Lrco Aciilo uiii[iie Aciiic lactique Exilait aqueux Extrait alcoolique Lactates ClUoiiires de sodiiuu et d'ammonium. Sull'ales alcalins l'hospliaie do soude l'Iiosplialcs de chaux et de magnésie. . Mucus NUMKRO i . 0.^7,083 :!i,ir.o 1,051 l(»,0,-)',t 1,897 ;i,04(') 7,314 3,7('>5 1,13-2 0,11-2 mimh;ii<> 034,002 32,91 i 1,073 1,5,^.1 0,:.91 0,871 l,0(i(J 3,602 7,289 3,600 1,187 0,101 NL.'MKRO \i. 932,019 32,909 1,098 1,.M3 0,032 10,s;72 1,732 3,712 7,3-21 3,989 1,108 0,110 (!2) Dans toutes les anciennes ana- lyses de l'urine humaine on voit figurer des composés ammoniacaux ; mais V. Schicssbcrger, M. Liebig et M. Lehmann ont montré que ce li- quide, au moment de son expulsion de l'organisme, ne contienl pas d'am- moniaque , à moins que ce ne soit dans des cas pathologiques, fin eflel, lorsqu'au lieu de concentrer le liquide par évaporation, connue cela se pra- tique d'ordinaire dans les analyses, on enlevait l'eau par congélation partielle, et qu'on y ajoutait ensuite du chlorure la) Fr. Simon, Animal diaiiistry, Irar.slalcd by Day, 1840, t. II, p. 243 et suiv. — Marctiand, Lelirh'.tcli dev phiisioloçiisclien Chemie, n. 292. — A. Iicr(iiiercl, Si'iiuoliqiie îles tirines, 1841. (bi Lclmiaim , l'tber menschrtc)ien Harn in gcsundein nml UvanMiaftcm Znstvule {JujiViui! fiir prnklische Chcmic, 1842, t. X\V, p. 25). VU. 1^8 /|30 EXCRÉTIONS. réunis dans cette liumeur peuvent varier l)eaucoup sous l'in- fluence (le diverses circonstances, même chez des individus en état de santé. § 16. — Parmi les substances qui ne figurent pas sui* la liste que je viens de rapporter et qu'il faut y ajouter, je signa- lerai l'acide hippurique. Effectivement, il en existe dans l'urine de l'Homme , mais en très petite proportion ; et comme ce corps est moins facile à reconnaître que l'acide urique et l'urée, il a souvent échappé aux recherches des chimistes. Les expé- riences de M. Liebig montrent qu'il se trouve parmi les pro- (lo platine avec de l'alcool, ou y faisait naître un précipité de cliloriire de po- tassium et de platine, mais il n'y avait pas de production do chlorure de pla- tine et d'ammonium. En ajoutant à de l'urine rapprocliée de la sorte à froid de la potasse, et en examinant au mi- croscope le précipité oljtenu, M. ï^eh- manu n'y aperçut aucun de ces groupes cristallins étoiles qui sont formés par le phosphate ammoniaco-magnésicn , et qui sont trî:s faciles à reconnaître. Enfin, en traitant le dépôt par divers réactifs, ce chimiste ne put y décou- vrir aucun indice de la présence de l'ammoniaque. D'autre part, on sait que l'urée est une suhsianccirès altérable et (|u'elle donne naissance à de l'annuoniaque avec une facilité extrême. Ainsi, ;M. Lehmanna constaté que si l'on fait bouillir dans de l'eau du phosphate de soude et de l'urée piu-e on mêlée à des matières extraclives alcooliques dont on a enlevé toutes les bases et tout com- posé ammoniacal au inoyMi de l'acide sulfurique que l'on sature ensuite avec de la potasse ou de la soude, il y a encore production d'ammoniaque aux dépens de la matière organique enq^loyée. Or, dans l'évaporation de l'urine, le pliosphate acide de soude décompose, comme je l'ai déjà dit, l'urée, et il se produit du phosphate de soude et d'ammoniaque ; mais à la température de 100 degrés, ce sel dégage de l'am- moniaque, et le phosphate acide de soude se r(>constitiu' de façon à pouvoir exercer de nouveau son action décom- posaïUe sur l'urée. Il en résulte donc qu'une petite quantité de phosphate acide de soude peut déterminer à la longue la décomposition d'une ((uantilé considérable d'urée, et donner ainsi naissance à beaucoup d"annnoniaque, dont une portion peut se retrouver dans le résidu de l'opération, en condjinaison avec les acides existant dansl'urine (a). Dernièrement la non-existence de l'annnonia((ue dans l'urine fraîche a été constatée de nouveau par M. Bam- berger (6). (a) Liebi^c, IJeber die Constitution des llarns des Mcnschen und dcr lleischfvensendcn Tliiere {Annalm dcr Chemie und Pharm., 1844, t. I,, p. IGI). — l,ilim:iTiM, Lehrbnch dev ■phijsiologi.srhen Chemie, t. II, i>. 377. (b) II. li:i]iiljcii;cr, lit AtiitiiDiiiiiti cin nuritiulcr llitriibcslaïuitlunl (WUribunjcv Mcd. Zcitschr,, 181)0, t. I, I'. 140). ' coiMPOsmoN DE l'urim-: dk l'hommr. /jIH duits normaux de la sécrétion lénalc (1), mais on ne sait encore presque rien relativement aux variations qui peuvent survenir dans la quantité de cette matière dont l'urine de l'Homme est chargée. 11 est seulement à noter que dans quel- ques cas pathologiques l'acide hippurique s'est montré en grande abondance, sans qu'il iïit possible de se rendre bien compte des causes de cette particularité (2], et (|u'il paraît être (1) Ainsi que je l'ai déjà dit, l'acide hippurique se liansfoiiiie lacilement en acide benzoïque, et c'est ce produit dérivé qui a d'aijord été obtenu dans les analyses de l'urine. Ainsi, tout ce que les chimistes ont dit jusque dans ces derniers temps au sujet de la pré- sence de l'acide benzoïque dans l'urine humaine doit s'appliquer a l'acide hip- purique. Vers la fin du siècle dernier, Scheelc retira cet acide de l'urine des enfants à la mamelle («), et Fourcroy assure Tawir trouvé dans toutes les urines, chez les adultes aussi bien que chez les nouveau-nés(6). Proust en parle aussi(c). maisce fait fut ensuite révoqué en doute par beaucoup de chimistes, et ce sont les recherches de M, Liebig qui ont décidé la question {d). Les expériences plus récentes de M. Weis- n.ann et de iM. Hallwachs prouvent aussi que dans les circonstances ordi- naires l'urine de l'irlomme contient de l'acide hippurique (e) , mais quel- quefois cette substance manque {[). (•i) Ainsi, M. Bouchardat, en analy- sant les urines d'une femme qui se plaignait de malaise général, de soif et de légères douleurs dans la région du foie, trouva ce liquide composé de la manière suivante : Eau 986,00 Uiéc I ,ôO Acide hippurique 2,23 Albumine ........ 1,47 Mucus 0,20 Chlorure de sodium . . . 2,75 l'hos|iliale de soude . . . 0,'j7 Sulfates alcalins 4,44 Phospiiates leireux . . . 3,42 (g) Dans un cas pubUé par JNl. Garrod, la proportion d'acide hippuiique s'est élevée à 1 pour 100 {h). M. Petten- kolfer a trouvé une quantité très considérable d'acide hippurique dans {a) Voyez ci-dessus, page 413. [b) Fourcroy, Système aes connaissantes clâniiques, 1800, l. X, p. 140. {c} Proust, /-Vitis pour la connaiss. de$vrines(Anii. dechim. et dephys., 1820, I. MV, p. 20)). ((/} Liehig, OiK cit. (.Uni. dcr chemie and Phaiin., 1^44, t. L, p. 101). (f) Weismann, Utber Bildung der Hipptirsdure im menschl. Organismus (Joiinml Itir yrakt, Cheiide, 1858, l. L.WIV, p. 100). — Hallwachs, lier L'eberguiuj der Bcrnsteinsdurc m den llarn [Ann. dt.r Chevi. und Fliarm., 1858, 1. CVI, p, 100). [Il Duclifk, L'cber dus Vurkoinincii der lUppursdurc un Harn des Menscken [['rager Vicvlel- Jahresschrilt, 1854, t. 111, p. 25). — llaugluon, voyez Day, Chemistry in its Helutions lo Hiysiology a\id Mcdieine, 1800, p. 30;p). — Kuliue, Contributions to the l'athol. ofictervs lArcInves of Medicine, 1850, t. I, j>. 351). (gi Bouchardat, Annuaire de thérapeutique pour 1842, p. 285. [Il) Garrod, On tlie Existence oftlie Hippuric Acid i?î llie Urine in Health and Diseuse [The Lancet, 1844, t. H, p. 239). /452 EXCRÉTIONS. fil moins faible proportion chez les enfants à la mamelle que chez les adultes (1). Les principales matières nrinaires qui, cliez KHomme à l'état normal, coexistent avec l'urée, l'acide urique et l'acide liippurique, dans l'excrétion rénale, sont la créatine, la créa- tinine, l'hippurate de sonde et l'oxalate de cliaux ; mais ces sub- stances y sont en trop petites proportions et sont trop difjiciles à isoler pour qu'on ait pu les évaluer quantitativement, et en iiénéral on les confond entre elles sous la di-nounnation de ma- tières extractives (2). Dans la plupart des analyses on s'est borné à déterminer les C|uantités d'eau, d'urée, d'acide urique, de sels à bases alcalines et de sels terreux, cpii se trouvent dans l'urine, ou à doser en outre chacun des divers sels minéraux que je viens d'indiquer en bloc. Quant aux principes colorants, on ne les connaît pas assez bien, et, dans l'état normal, leur proportion Ymim (Vum jeune fille chlorotique qui se nourrissait principalenienl de pain cl de pommes ; lois(pie la malade lui remise à un réj;ime oïdinaiie, l'excès d'acide liippuri<|ue dispariil {a). ^]. Tielimann a signalé aussi Texistenre de beaucoup d'acide hippurique dans l'urine d'un diabétique (6). Il est également à noter que l'acide benzoïque administré à l'inlérieur dé- termine Texcrétion de l'acide Inppu- riquc en forte propni"ti(»n par les voies urinaires. Nous aurons à revenir sur indicatifs de la présence de l'acide hippurique (acide benzoïque), et comme dans la plupart des analyses de l'urine des adultes les mêmes ma- tières ne lurent pas signalées, on en conclut qui' pendant l'allaitement la proportion d'acide hippurique devait èlre plus considérable qu'aux autres périodes de la vie ; mais celte opinion ne repose pas sur des expériences comparatives assez exactes pour in- spirer grande confiance. (2) "\l. fjoebe vient de publier (piel- ce sujet lors({ue nous étudierons les ques recherches sur la (piantilé de iranslormatious chimi(iues (luisojjè- rent dans l'économie animale. (1) Ainsi que je l'ai déjà dit, ce ne fut d'abord que dans l'urine des (ufauls <|ue l'on trouva les produits créalinine existant dans l'urine de l'Homme. Dans une expérience, 2180 centimètres cubes de ce liquide lui donnèrent 67*^'S6o d'urée et 0,78 de cré'aiinine {<■). (a) l'ctlciiKnllLT, l'clier (In/t Vurhoiiitiu'ii einer grossen Miitge Hippursaure im Menschenharn {Annaleii dcr Clwiuie iind l'harvt., iHl^, i. LU, p. 8()). (b) l.chiiianii, Vorkmimcn von tlarnbcmuaisuiuc im d'uibctiurltcn iruie [Jaunial fi'ir pmkt. Chemte. 183.5. i. VI, p. IKH. {c) l.oelio, He'itriige 'uv hciniliiii^f (hii KKaliiihis i.lourii. jnv] rnhi. C.hrwii', IKiil , l- INWII, p.l'>(|. COMi USlTIOiN 1>I': LIKLNL IH; LIlOMMi:. k'oO est trop l'aiblc poui' <|iril y ait utililoà nous en occuper ici (1). § 17. — Les sulislnnces minérales rpii se trouvent dans l'urine liuinaine Ibrnient environ un quart du poids total des matières fixes {"2). Près du tiers de ces matières salines inorganiques est con- stitué par les sulfates de soude et de potasse. Le chlorure de so- dium forme aussi à })eu près un tiers de la quantité totale des matières minérales de l'urine, et le pliospliate de soude en re- présente environ un cin(juième. Enfin, Ics'phosphates de chaux et de magnésie entrent pour environ un quinzième dans ce total (o). Il est aussi à noter (pie l'oxalate de chaux existe souvent, sinon toujours, dans l'urine de l'Homme, mais en très faible (1) Tout ce que j"ai dit prcmlcin- scineiit dos os chez un onlaut, M. Mar- inent do CCS nialicres lorsque je par- chaud irouva l'urine composée de; : lais de l'urine en général (a) est sur- Eau 038,2 tout applicable à l'urine de l'Homme, Urcc -T. 3 et j'aurai Ijienlôl à revenir sur ce sujet Acide «rique o,:» lorsque je traiterai des anomalies de Lactiiios, eic . I . ,,. , I Pliospliatcs (le cliaux, de maffiidsie. 5,7 la sécrétion rénale. ' > *> ,«s ■.- . • 1 . I •■ Autres siihsianecs io,i (2) \oici les proportions calculées d'après les données des analyses faites ^.es Gl,8 millièmes de m;.tières r.o- par les chimistes suivants : 'i^»»^^ renlernu.ienl donc plus de 9 pour 100 de phosphates terreux (cj, tandis Berzelius ... 23 pour 100. quc dans l'état normal cette proportiou Lelimann ... 23 à 25 pour 100. n'atteint pas 2 pour 100, Dans un cas ^''^ ^^ f°"'" ^^^- analogue observé pe-r M. Solly, la pro- A. Becquerel . ii pour 100. . , , i . . ■. -^ portion des phosphates terreux était Marcliand.. . . 27 pour 100. . , , • r • i i ^ ^. „„ ,„a ,, aussi plus de trois lois plus grande que Fr. Simon. . . 30 pour 100 (b). dans l'état normal (. 43. (c) J. Bacon, Sur la fréquence de l'oxalate de chau£ dans l'urine {Journal de' physiologie, 1858, t. I, p. 422). ((/) Gallois, De l'oxalate de chaux dans les séd'iincnts de l'ur'ine, etc. {Comptes rendus, 1839, t. XLVIII, p. (îd:!). [e) Halle;-, Elementa physiologim, I. Vil, p. 3i8. COMPOSITION DE l'uRINE \)E l'hOMME. /iSd que les voies urinaires ne soient dans un état morbide, le dé[)ôt ainsi forme est peu considérable (1). Quoiciu'il en soit, les prin- libie ou do pliosplialc acide de chaux (a) , d'autres h de Tacide acé- tique (6) ou à de l'acide lactique (c). Mais M. Licl)ig a cru pouvoir con- clure de SCS expériences (ju'elle est due au phosphate de soude existant dans ce liquide, lequel sel, en présence de Tacide urique ou hippurique, cesse d'être basique et devient acide. Il se fonde sur deux expériences. D'abord ayant saturé très exactement de l'urine fraîche avec de la biuyte, qui en pré- cipite les acides sult'urique et phospho- rique, il constata que le liquide ne contenait pas de baryte en dissolution, ce qui aurait été, si du lactate de ba- ryte s'était formé. Mais cette expé- rience n'étant pas à l'abri de toute objection, il chercha à constater direc- tement la non-existence de l'acide lac- tique dans l'urine et pensa y être par- venu {d). Quoi qu'il en soit à cet égard, il parait indubitable qu'une portion du phosphate de soude de l'urine, sinon la totalité de ce sel, doit être à l'état de biphosphate, et doit contribuer ainsi à donner à ce liquide des propriétés acides : en elïet, on sait que l'acide urique peut se dissoudre dans une dis- solution de phosphate de soude, et qu'il transforme alors ce sel en phosphate acide en passant à l'état d'urate de soude (e). Cependant il y a tout lieu de croire que ce sel acide n'est pas la seule cause de l'action exercée par l'urine sur la couleur bleue du tour- nesol, et que ce liquide contient en outre un acide organique lii)re ; car M. Lehmann ayant comparé avec soin la quantité d'alcali nécessaire pour neutraliser de l'urine fraîche et la quantité de phosphate de soude qu'on en peut extraire, a trouvé que la quan- tité d'acide accusée par l'alcali dépas- sait celle calculée d'après le dosage du phosphate, et il en a conclu que la réaction en question doit dépendre (Ml partie de quelque acide organique libre (/). L'acide urique contribue pro- bablement à donner à l'urine ce carac- tère ; mais il est si peu soluble dans l'eau, qu'il ne saurait exister en pro- portion notable à l'état de liberté dans l'urine parfaitement claire, et il s'en sépare sous la forme cristalline ou amorphe, quand il cesse d'être combiné soit avec la soude, soit avec quelque autre substance jouant le rôle de base. Il est aussi à noter qu'il n'existe au- cun rapport entre le degré d'acidité de l'urine et la proportion d'acide urique contenue dans ce liquide (y). Enlin je dois ajouter que l'urine hu- maine contient, comme je l'ai déjà dit, aussi de l'acide carbonique libre {h). (l) Le léger dépôt qui se forme sou- fa) Uoùn, Sur la coiistilutioa de l'umie {Jourii. de pharm., 3- scne, lS-t3, t. Il, p. 3ol). (b) Thenard, Mcm. suvranahjse de la sueur, sur Vacide qu'elle contient, et sur les acides de l'urine et du, lait (Ann.de cliimie, ISÙ6, l. L\\, [I. ^6^,)). i vwiv oa\ ■ (c) Berzelius, Mém. sur la composUion des Ihiides animaux [Ann. de chimie, t. LXXMX, p. -S). (d) Liebig, L'cber die Constitution des Harns der Mensclun und der lleischfrcssenden Thicre (Ann. der Chemie und Pharm., 1844, l. L, p. 101). vwviii (e) Lipowilz, Ueberdie Lôslichkeit der llarnsdure {Ann. der Chenue und l harm , t. xxxviu, p. 348). (f) LcUnvMm, Lehrbuch der physiologischen Chemie, l. Il, p. ^ôi. , ■ , (g) Bence Jones, Contribut. ta tbe Chemistry of Urine [Philos. Trans., 1840, p. lio et siuv.) {h) Vojez ci-dessus, page 4"2J. /lo6 EXCKÉ'HOS. cipes uzuLés de l'urine soiil tirs nllérnbles, et les Iraiislbriiuitioiis qu'ils subissent ne tardent pas à déttM-miner dans la eonstitulion de ectie liuineur des cliangenients dont il est important de iQnir coniple, (piand on veut s'expliquer divers [X)ints de l'histoire physiologique des tbnetions rénales. On remar(|ue d'ahord qu'au bout de quelques heures l'action de l'urine sur la couleur hleue du tournesol augmente , et qu'il se forme un dépôt d'acide nriipic libre ou d'urate acide de soude mêlé à de la matière colorante. Ce phénomène paraît être dû [jrincipalement à la production d'une certaine quantité d'acide lactique aux dépens du mucus et de (luelques autres substances organiques con- tenues dans l'urine (1). 11 persiste pendant quelques jours, on venl dans l"aiiiii; par ïdM du refroi- dissoinoiit de ce liquide, csl dû princi- palenieut à de Turale de soude, qui se redissout quand ou le chaulFe ou qu'on y ajoute de l'urine moins chargée. (1) Ce sédiment, que les anciens chimistes appelaient du tarlie urinaire, a été analysé par M. Ileintz, qui y a trouvé des uratcs acides de soude, d'ammoniaque et de chaux en propor- tions variahles, et quelquefois des sels de potasse et de magnésie (a). Le mode de formation de ce dépôt a été étudié avec beaucoup de soin par M. Scherer, et paraît se lier étroitement aux modi- fications subies par la matière colo- rante et ([uehiues autres matières orga- niques dites exiractives qui se trouvent dans l'uiiiie. On a\ait ciu d'abord pou- voir enexpli(|uer la production par le fait du relVoidissement de l'iuine et la diminulion dans la solubilité des urates tpii en r(''sulte ; mais le précipité dont il est ici question est très dillt-reut de celui (pii souvent se forme dans ces circonstances : dans la plupart des cas, il n'apparaît que fort longtemps après que l'urine s'est mise en équilibre de température avee l'atmosphère, par exemple huit à dix heures après l'éva- cuation de ce liquide, ou même plus tard, et il n'oll're pas la même compo- sition, car il consiste principalement eu acide urique libre mêlé à de la ma- tière colorante modifu'e. On remar(pie en même temps que l'urine devient le siège d'une espèce de fermentatiou acide, dont la marche est plus ou moins rapide, suivant la température et ))lnsieurs autres circonstances, et dont la cause paraît être le mucus existant en suspension dans le licpiidc ; car M. Scherer a vu qu'en enlevant cette matière par filtration, on pouvait empêcher ou interrompre le dévelop- ])emeiU de l'acide. Ce chimiste consi- dère ce nuicus vésical comme jouant le rôle d'un ferment et déterminant la formation d'acide lactique aux (h'-peiis de la matière citloranle exlractive do (rt) lloiiitz, Ueber ttlc Ivuifidurcit Sedi'iicnicii, [Anu. tkr Ckciiiic uwl V'.Mrmndc, 1845, I. LV, )/ iiièiiic ptirlbis piMidaiit (|iicl(nics semaines, cl. l'ail alors place à une lernienlation pulride (\\n délcrmine la Ibrinalion t\c pro- duits ammoniacaux {!) ; ceux-ci rendent le lirpiide ueuire, riiriiie. Dans corlaiiies circouslances, sinon toujours, de l'acide acétique et peut-ètic aussi de l'acide oxalique, se forment en même temps que l'acide lactique (a), et les acides ainsi déve- loppés, en s'cniparant en totalitéou en partie de la base de l'urale de soude, transforment ce sel en un urale acide, ou mettent en liberté l'acide iiriquc, corps qui sont l'un et l'autre très peu solubles et qui se déposent 11 me paraît probable que l'acide carbo- nique dont l'urine se cbarge n'est pas étranger à cette transformation de l'urale basique en urate acide, et par conséquent à la production du sédi- ment urinaire, car nous savons que cet acide, quoique très faible , agit de la sorte sur le pliospbale basique de cliaux. 11 paraîtrait aussi , d'après quelques expériences de Marcel, que la (|uanlité d'acide carbonique con- tenue dans l'urine qui a été exposée à l'air pendant quelques lieures est beaucoup plus considérable que celle dont ce liquide est Chargé d'ordinaire au moment de son expulsion de la vessie (f>\ M. Lelmiann pense que la solubilité de l'urate de soude dans l'urine dé- pend en partie de l'association de ce sel avec la substance organique colorée que l'on appelle extractive, et que c'est par suite des modilications subies par cette matière colorante durant l'es- pèce de fermentation acide dont il vient d'être question, que l'urale de soude, ainsi que cette nialière clie-mcme, se dépose. En effet, ce cbimiste a con- staté que l'addition d'une petite quan- tité de cette substance extractive rend l'urale de soude incrislallisable, et l'on sait que dans le sédiment urinaire il y a un produit rougeàtre qui semble être un dérivé de celte matière colo- rante jaune (c). Il reste, comme on le voit, beaucoup d'incertitude relativement à la théorie chimique de ce phénomène ; mais ce qui paraît bien établi et qui a beaucoup d'importance pour l'explication de la formation de certains calculs urinaires et autres dépôts analogues, c'est l'in- lluence du mucus vésical et del'appari- lion des acides sur la production du sédiment d'acide urique. (1) Les expériences récentes de M. Pasteur ont jeté une grande lumière sur les causes de la fermentation pu- tride de l'urine. En etl'et, elles tendent à établir que cette transformation est déterminée par le développement d'êtres vivants microscopiques, dont les germes déposés dans ce liquide par les courants atmosphériques s'y nudti- plient, et en se nourrissant aux dépens des matières organiques qu'ils y ren- contrent, déterminent la formation du irt) Sclicrer, Ucilrdge z-ur palholuijlxvheii Chemic {Aniuileii der Ckemie uiid l'Itarmacie, i8i-2, 1. XLII, [K 173 etsuiv.). {b) Marcel, Histuire chinLique et traileinent médical des affections catculeuses, Irad. pHi- Birl'- taiilt, 1828, p. 150. (C) Lcliiiiaiin, Lehrbuch dcr iiltijs'wloijischea Chemic, t. Il, y. 357. /i38 EXCRÉTIONS. puis alcalin, y développent une odeur infecte, et y font naître un dépôt de sels terreux cora[)osés de phosphate basique de chaux (1) et de phosphate ammoniaco-niagnésien (2). carbonate d'ammoniaque. On peut em- pêcher cette fermentation de s'établir en conservant Turine en vase clos, après avoir tué par Faction do la chaleur tous les corpuscules vivants ou viables qui s'y trouvaient déjà ou qui exis- taient dans le vase employé ; et, au contraire, on peut la provoquer à vo- lonté en semant dans ce liquide une petite quantité de ce ferment, quand la température et les autres conditions sont favorables au développement de ces êtres microscopiques (a). Les phy- siologistes avaient déjà observé le dé- veloppement de mucédinées et d'ani- malcules infusoires dans l'urine en putréfaction (b), mais on considérait ces phénomènes comme étant de sim- ples coïncidences et l'on n'attribuait pas les altérations chimiques en ques- tion à l'action de ces petits êtres vivants. Il me paraît au contraire fort probable que lorsqu'on aura étudié davantage ce qui se passe dans ces circonstances, on trouvera que la pro- duction de l'acide qui se développe d'abord dans l'urine résulte de l'action d'un ferment végétal provenant égale- ment du dehors, et que la fermenta- tion annnoniacale est occasionnée par des animalcules microscopiques d'es- pèces particulières ou par d'autres mu- cédinées. n est aussi à noter que la levure de bière active beaucoup la fermentation putride de l'urine et le développement de carbonates dans ce liquide. Le dépôt provenant d'urine déjà putréfiée agit aussi comme un ferment puissant quand il se trouve mêlé à de l'urine fraîche (c). Parmi les animalcules microscopi- ques qui ont été observés dans l'urine en putréfaction, on cite des Vibrions et des Monades. On a trouvé aussi dans l'urine le Sarcina i:entricuH, ou Merisnwpe- dia ((/), dont la présence a été constatée parfois dans les matières rejetées de l'estomac (e). (1) Le phosphate acide de chaux est décomposé et ramené à l'état de phosphate basique insoluble tontes les fois que l'urine devient alcaline piir le développement de l'ammoniaque ou par toute autre cause. Le dépôt consti- tué de la sorte alfecte la forme pul- vérulente, et se compose de granules microscopiques amorphes. {'!) Le phosphate ammoniaco-ma- gnésicn est un sel double qui est très peu solublo dans l'eau. Il constitue j)resque entièrement la pellicule bril- (a) Pasleui-, Mémoire sur les corpuscules organisés qui existent dans l'atmosphère ; examen de la doctrine des générations spontanées [Ann. des sciences naturelles, 4* série, ISOI , i. XV!, p. 45 cl suiv.). (b) Vojez Hcille, Chem. und mikrosc. Nachtrdge, p. 159. (c) JacquiMuarl, Note sur la fermentation urinaire {Ann. de chiniic et de physique, 3* série, t843, t. VII, p. 149). {d) ticller, Nene Dcitràge iibcr das Vorkommen der Sarcina als Harnsediment {Archiv liir Chemie und Miliroscoine, 1852, ii. s., l. I, p. 30). — Maciiay, dans BcniiL-lt, Inirod. lo Clinïcal Medicine, -2° ddil., p. 90. (e) Voyez ci-dessus, page 101. COMPOSITION DK l'uRIÏNE DE l'hOMME. /l 30 Ce n'est pas seulement dans ces circonstances que des pro- duits ammoniacaux se développent dans l'urine ; sous l'influence d'iuie température élevée, l'urée et quelques autres principes azotés qui se trouvent mêlés dans ce liquide sont décomposés par l'acide phosphorique du bipliospliate de soude, et donnent naissance à de l'ammoniaque, qui entre en combinaison avec ce môme acide ou avec d'autres corps analogues. Or, cette réaction est 1res difficile à éviter dans les opérations employées pour faire l'analyse de l'urine, et par conséquent les résultats obtenus de la sorte sont généralement altérés par la formation consécutive de matières ammoniacales, dont ce liquide, dans son état physiologique, n'est pas chargé (1). Enfin, je dois ajouter que souvent, sous l'influence des maladies, des matières ammoniacales sont réellement sécrétées par les reins, ou pro- duites dans rintcrieur de la vessie, de façon à exister dans l'urine au moment de son expulsion au dehors (2). Diverses sources •les proHiiils ammoniacaux. Jante et cristalline qui se montre sou- vent à la surface de l'urine en voie de putréfaction; on cristallisant ainsi, il affecte la forme de petits prismes, et quand il se dépose par suite d'une éva- poration plus rapide, il constitue ordi- nairement des groupes de cristaux microscopiques représentant des étoiles dendroïdes ou des arborisations plus ou moins irrégulières. Les formes cris- tallines de ce produit urinaire ont été ■ représentées par plusieurs microgra- phes {a). (1) Je reviendrai sur ce sujet dans la Leçon suivante. (2) Au nombre des produits salins qui viennent ainsi compliquer la com- position chimique de Turine, il faut citer le chlorhydrate d'ammoniaque et le lactate de la même base. (a) Vigla, Etude microscopique de l'urine, éclairée par l'analyse chlmiqtie {l'Expérience, 11^38, t. I, p. 177). — Simon, Animal Chemistry, t. II, pi. 3, fig-. -27. — Vogel, Icônes histologiœ pathologicœ, 1843, pi. 8, ûg. 14, et pi. 2(3, fig. 5. — Rayer, Maladies des reins, 1839, I. I, pi. 3, l\g. 1 et 2. — Donne, Cours de microscopie, allas, ùg. 53 et 54. — Frick, Rénal Affections, 1850, p. (i9, fig. 5, etc. — Heller, Mikrosk. Beitràge {Archiv fur phijs. undpathol. Chemie und Mikrosc, 1852, t. V, pi. \ , fig. 1 à 7|. — Robin et Vcrdeil, Traité de chimie anatomique, allas, pi. 7, fig. 1, 2 et 3 ; pi. 8, fig. 1 et 2. — Golding Bird, De l'urine et des dépôts urinaires, p. 309, fig. 103, 104. Urine ^ 1(S. — l/iiriiie (les Mîunmiréres curnivoivs ne dit'tere en Mamm!ï.ï;. géfiéml quc peu (le eclle de l'Homme. l^:ile est aciilc au momenl de son excrélion, mais elle s'altère très promi)tement, detaeon à devenir alealine ; elle est très ehargée d'uiTe, mais ne con- tient en général (|ue très peu d'acide uri(iue ; enlin, son odeur varie suivant les espèces (1). (1) Vauqueliu analysa les urines Phosphate d'ammoniaquo 1,0 ,, . . . 11 „ 'r:„..n . :i ^n^ iiv>iivi Acétate de uolasse 3,3 (1 un Lion et cl un Tigie ; il le!> liouv.i * klciitiqiies , et n'y découvrit aucune q^ cluniisto a trouvé les mêmes trace d'acide urique, mais beaucoup substances dans l'urine de la Pantlièrc d'urée, des phosphates de soude et ^^ jg niyène (6). d'ammoniaque, du sulfate de potasse, j^. j^jj^ ajouter que suivant Giesc du chlorhydrate d'ammoniaque , du i'mi„e, de Chat fournirait quelquefois mucus et une petite quantité de chlo- ^^^ Tadde benzoïque (c) , ce qui im- rure de sodium [a). piiquerait l'exislence de l'acide hippu- llieronymi a analysé les urines pro- ^^^^ç ^l^y^^ ^^ liquide, venant d'un Lion, d'un Tigre et d'un ^j uimefeld a trouvé beaucoup Léopard. Il a trouvé ces liiiuidcs ^\\^^■^\^>^ luais pas d'acide urique, dans iranspareuts et acides, et contenant eu pi,,ii„. (\\m Ours qui était nourri prin- moyenne : cipalement avec du pain (J). ^K3_l Chez le Hérisson, qui est un Car- • Urée, avec im peu de inaticie aiii- uassier insectlvore, la proportion d'a- niaïc sohdiic dans Taicool , et cidc urique paraît être, au contraire, d'acide acétique 132,i2 très Considérable: d'après les expé- Aoide urique 10,2 ricnces dc M. Lauderer, elle s'élevait Mucus vésical ^.< j, j p,)i„. /[qO {(■). Sulatte dc potasse i.iî L'urliie dti Chien contient, ainsi Chlorhydrate d-annnoniaquc et chlo- ^^^^^ .^^ |.,^. ^j... ^,.^^ ^^^^ ^^^.^^^.^^^^ ^^,^^,_ rurc de sodium 1.' . i . ii • i • / r\ , , licuier appelé ] acide oinurKjur (/) Pliosphalcs de chaux et de ma- »' . , , . ^ .^. _ 17 M. Liebig y a trouvé aussi de la crea- l-hosphatcs de potasse et .le soude. 8,0 tiue Ct dc la créaliuinc {{]). {a) Yauqiu;lin, Aiialusc compau'e des urines de divers Animaux {Annules du Muséum d'Iiist. nal., 1811, t. WIII, p. K-2, et Ann. de chimie. 1812, t. LXXXII, p. 198). ib) lliorol.vnii, IHssrrl. innmi. dc analusi winœ compnratii. Gottin^ruc, 1820. — Chemische Interswhumjen des llarns elniiier llcisclifresscnden Thiere (Scluveigger's Jahrbuch der Chemie 7(Hd/'/»/4-!A-, 18-29, I. LVIl,p. ?2-2). , , c ^ , , „ (c) (iiesc. De iacide bemoique dans Vurine des Chats {Mi'm. de la Soc. des nul. dc )Io-;cnu. 1809, l. Il, p. 25). ^^„,, , ^,., (rf) lliincfeld, Iteilràuc zur Chemie des llarns {Journ. lïtr praht. (.hernie, 18JJ, t. X\l, ''' (é) I^anderer, Phnsinhijisih-und palhot.-chiw.-lieitràijc ; Analyse des llurns des hjets (Arrh. fiir Chemie und Mil;ruscoiue, ISiC, i. III, p. 21tG). (/■) Voyez ci-dcisus, pa;,'C 412. (y) Lichi^', Uebcr Kreatin uud hynurensaure im llundiharn [Ann. dcr Chenue undPliarm., 1859, t. CVlll. p. 355. COMPOSITION DE l'uRIXF DKS MAMMIFÈRES. hh\ LeCoelion, (|ni est omnivore comme l'Homme, présente an contraire des parlicularités Tort renianjnables dans la composi- lion de son urine. Ce liquide est alcalin et l'ait elïervescence avec les acides, phénomène qui est dû à l'existence d'une quantité considérable de carbonates à bases alcalines et terreuses. Il con- tient aussi de l'urée, ainsi que des chlorures, des sulfates et des lactates, mais on n'a pu y découvrir ni acide urique, ni acide hippurique (1). Chez les Mammifères herbivores, tels que les Riuninants, les Pachydermes et la plupart des Rongeurs, l'urine est trouble et alcaline ; elle contient de l'urée en proportion assez considérable, maison n'y trouve pas d'acide uriipie, et ce corps y est remplacé par de l'acide hippurique uni à de la potasse. H est aussi à noter (jue l'urine de ces Animaux est très pauvre en phosphates ter- (1) li'iiriiio de Porc, ((ni a été élu- diéo diiniiquomeut par MM. Lassaigne, Van (len Setteu, Boussin[f,aiilt ot Bi- bra (a), est parfaiteniont transparente au moment de son expulsion, mais elle devient trouble par l'action de la cha- lem", car les bicarbonates de magnésie et de chaux qui s'y trouvent en disso- lution abandonnent alors une partie de leur acide, et se précipitent à l'état de carbonates neutres. Le premier de ces chimistes y a trouvé des sels ammonia- caux, mais cela dépendait probable- ment de l'altération putride du liquide employé. En effet, quand cette urine est fraîche, elle ne contient pas d'am- moniaque, et M. Boussingault n'y a découvert aucune trace d'acide hippu- rique, même après avoir fait entrer des aliments herbacés en proportion con- sidérable dans le rc-gime des Animaux soumis à ses expériences. Ce chimiste assigne à celte urine la composition suivante : Urée *.90 Bicarliûiiate de potasse 10,74 C.iibonalo tie magnésie 0,87 Carlioriale de eliaiix Iraces Sulfate de potasse 1,98 Pliospliale de potasse t ,02 Cliloiure de sodium 1,28 Laclate alcalin indJicrm. Silice 0,07 Eau et matières organiques in- déterminées 979,14! Total. . . 1000,00 (a) Lassaignc, Analyse de Vuiine du Cochon doinesliiiio: [Journal de pharmacie, 1819, t. V, p. 174). — VandenSclten, Analyse de l'urine du Cochon (Bullelln des sciences en Séerlande, 1838, p. 43). — Bous>ingault, Reclierches sur la constilution de l'urine des Animaux herbivores (Ann. de chimie et de physique, 'i' série, 1845, t. \V, p. 97). — Hihra, leber den Harn einiger l'Ilnnxenfresser [Ann. der Chemie und Pharm , 18i5), /l42 EXCRÉTIONS. reiix, et contient des carbonates à bases alcalines et terreuses, ainsi que du laclate de potasse. Enfin, le cblonn^e de sodium ne s'y trouve d'ordinaire qu'en quantités très faibles, et ce sont les sels à base de potasse qui y prédominent (1). Par sa composition chimique l'urine de tous ces Mammifères diffère donc beaucou|) de celle des Carnivores de la même classe (2j ; mais ces particularités ne sont pas constantes, et, (1) Ainsi, dans l'uiine d'un Mouton, analysée par Biaconnot, un litre de liquide donna Q^%i'6 de chlorure de po- tassium el 3,7Zi de sulfate de potasse, mais ce chimiste no put y découvrir aucune trace dechloruro de sodium {a). (2) L'urine du Cheval a été étudiée par plusieurs chimistes (6). C'est un liquide trouble, d'une odeur particu- lière et d'une couleur jaune pâle au moment de son émission; mais au contact de l'air, elle prend très prompti nient une teinte brun foncé. Une analyse de ce liquide, faite par M. Boussingaull, a fourni : Urée ;il,OÛ Hi|ipurale de potasse 4,74 Laclate de potasse 11,28 Laclate de soude 8,81 Bicarbonate de soude 15,50 CarboTiale de chaux 10,82 Cai'Loiiale de magnésie 4,16 Sullalc de potasse 1,18 Chlorure de sodium 0,74 Sihce. . 1,01 Eau rt matières indéterminées. . 910,73 Quelquefois l'acide hippurique est roiuplacé dans rurine de (ilieval par une matière azotée, incrisiallisable et résinoïde, dont la nature chimique n'a pas encore été étudiée d'une ma- nière satisfaisante (c). Ainsi que je l'ai déjà dit , cette urine contient une quantité notable d'indigogène (d), et c'est en raison de la matière bleue formée par cette substance qu'elle prend la couleur foncée dont il a été question ci-dessus. Le sédiment formé par ce liquide est composé principalement de carbonates de chaux et de magnésie combinés avec une matière organique qui parait avoir de l'analogie avec l'acide huntique {e). Ce dépùt contient aussi beaucoup de cristaux d'oxalate de chaux (/). L'urine de Vache, analysée successif (a) r.raconnot. Analyse des urines de Yeaii et de Mouton (Ann. de chimie et de physique, 3' série, 1847, t. XX, p. 240). (ftj Vauqnelin, Analyse de l'urine de Cheval {Ann. du Muséum d'histoire naturelle, \^U, 1. XVllI, p. 240). — tirandc, \oyez llatcliett, Oi). cit. [l'hil. Tritns., 1>^0G, p. ;i"2), l'i Lettre sur l'urine de Chameau et de quelques autres Herbivores (Ann. de ihimw, 1808, l. LXVII, p. 200). — Clievicul , Atifc sur l'urine de Chameau, de Citerai, etc. {Ann. de chimie, 1808, l. LXVII, p. 303). — liibia, Up. cit.(Aitu. der Chemie und Phaim., 1845, t. LUI, p. U'J). — Boussingault, Op. cil. {Ann. de chimie, 3" série, 1845, t. .\V, p. 107). (c) C. Schiiiidl, \ujez Lehmaim, I.ehrbuch der phi/siol. Chenue, I. Il, p. 400. (d) Voyez ci-dessus, y.ti^n 420. (e) I3il.ra, Oji. cit. (Ann. der Chein. und l'harm., t. LUI, p. !)8j. (/■) Lehinanii, Lehrbuvh der physluloyischen Chemie, t. Il, p. 400. COMPOSITION DE l'uRINE DES MAMMIFÈRES. /Ï43 comme nous le verrons bientôt, elles paraissent dépendre du régime de ces Animaux plutôt que de leur constitution. En etYet, elles ne persistent pas chez le même individu placé dans des vement par Rouelle, Brande, Bibra du Chameau a été constatée par* et Boussiiigault {a), contient, d'.iprès l'.ouellc (e), et Brande y trouva aussi ce dernier chimiste : de Turate de potasse (/") ; mais M. Che- vreul fut le premier à obtenir de l'acide Ilrpp 48,48 , , 1. • 1 ,. ^, benzoïque en opérant sur ce liquide, Hippurale de potasse lo.&l . . i. ,, • . i r • i , . ,1 M^ fait qui indique l'existence de 1 acide l-aclate de potasse li,it> ' ^ Bicarbonate de potasse 16,12 hippurique dans cctte liumeur comme Carbonate de magnésie 4,74 dans l'iirine des autres Mammifères Caiiionaie de chaux 0,55 herbivores. Ce chimiste a constaté aussi Sulfate de potasse. 3, GO qne l'odeur de l'urine du Chameau Cldonire de sodium 1,52 gg^ ^j^jg j-, j-j pi'ésence d'uue huile Si'i'^e t'-aces rousse ; enfin, il trouva que ce li- Eau et matières indéterminées. . 921.32 ^^^.^^^ ^^^^ ^^^^^^.^^^^ ^^j ^^.^^^ ^^^,.^^^^ ^^j M. Boussingault n'y a trouvé aucune phosphates, et il a expliqué la cause trace de phosphate. Il est d'ailleurs de l'erreur commise à ce sujet par à noter que les Animaux sur lesquels Brande [g). ces expériences furent faites recevaient L'urine de Rhinocéros a été exami- journellementdans leur ration alimen- née par Vogel, et ce chimiste en a ob- taire une dose assez forte de sel ma- tenu de l'acide beazoïquc, provenant rin (6). Suivant M. E. Briicke, il y sans doute de la décomposition de aurait aussi de l'acide urique dans l'acide hippurique ; en opérant de la l'urine du Bœuf (f). même manière sur l'urine de l'Élé- M. Bibra a trouvé, dans l'urine phant, il n'a pas obtenu ce produit (/î), d'une Chèvre, de 0,76 à 3,78 d'urée, mais M. Braiides a constaté plus récem- et de 0,88 à 1,'25 d'acide hippurique ment qu'il y existe de l'hippurate pour 100 (d). d'urée en quantité très notable («). La présence de l'urée dans l'urine Vauquehn a trouvé que l'urine du (a) Rouelle, Observ. sur l'^irinc humaine et sur celle de la Vache el du Cheval (Journal de médecine de l'.oux, 1773, t. XL, p. 451). — Brande, voyez Haclieti, Lettre sur l'urine des Chameaux et des autres Herbivores [Ann. de dijmie, 1808, t. LXVIT, p. 2G8). — Bibi-a, Op. cit. [Ann. der Chemie und Pharm., 1845, I. LUI, p. 104). — Boussingault, Op. cit. {Ann. de chimie et de physique, 3« série, 1845, t. XV, p. 103). (/)) Idem, Note ajoutée au mémoire de Braconnât {Ann. de chimie, 1847, t. XX, p. 245). (c) E. Briicke, Vorkommen der Harnsaure imRinderharn (Miiller's Avchiv fUr Anat. und Phys., 1842, p. 91). {d} Bibra, Op. cil. {Ann. der Chemie und Pharm., 1845, t. LUI, p. 106). (e) liouelle, Observ. sur l'urine de Chameaux (Journal de médecine, 1778, t. L, p. 264). (/■) Uadiell, Op. cil. {Ann. de chimie, 1808, t. LXVIl, p. 273). (g) Chevreul, iS'ole sur l'tirine de Chameau, etc. (Ann. de chimie, 1808, t. LXVII, p. 294). {h) Vogel, Analyse des Urins vom. Rhinocéros und vom FAcphanten (Schweiggcr's Journal fiir Chemie, 1817, t. XIX, p. ISlî). (i) Berzclius, Itapport sur les profjrès de la chimie, présenté en 1840, p. 329. !\llli KXCR ÉTIONS. coudilioiis biologiijiios diKV'ienlcs. Ainsi, l'iuiiK^ du Veau, qui ne se nourrit (ju'en lehint, ne ressemble pas à eelle de sa mère; elle esl acide comme l'urine d'un Carnassier, el, au lieu de contenir de l'acide liippurique, elle tient en dissolution de •l'urée, de l'acide urique et un i)rincipe azoté particulier, appelé allantoïdine (i). Nous verrons bientôt que le régime exerce Castor a beaucoup de ressemblance acide, au lieu d'èlrc alcaline comme avec celle des Herbivores ordinaires : cliez les adultes (d). il j a rencontré du carbonate de cbaux (1) L'absence de Tacide hippurique lenu en dissolution par de l'acide car- et la présence d'une matière animale bonicjue, de l'urée et point d'acide particulière dans l'urine des Veaux urique ; mais il en a obtenu de l'acide avaient été constatées en 18ù7 par T.ra- benzoïque, ce qui suppose la présence connot (c), et peu de temps après de l'acide Iiippuriquc. 11 n'y a pas dé- :\I. A\'()hler reconnut que cette sub- couvert de phosphates, et il y signale stance n'est autre que l'allantoïdiiie (/'), la présence d'une matière colorante principe qui se rencontre aussi dans le végétale provenant de l'écorce de saule liquide de la vésicule allanloïdienne dont l'Animal s'était nourri, et d'une chez le fœtus, et qui fut d'abord dési- certainc quantité d'acétate de ma- gné sons les noms d'acide anmio- gnésie, sel qui était probablement un tique (g) et d'acide allaiiloïque (li). laclale (a). ho premier de ces ciiimisles a trouvé I/urine (hi Lièvre est alcaline cl da^s^urined"un^ eauàgédehuiljoiirs: trouble, connue celle des autres IMam- Kim 003,80 mifères herbivores; elle est assez Urée et matière animale urinairc. -2,3t; riche en m-ée, mais ne contient que Pi'os,>haie .numoniaco-ma^^né- ,,.,,. . Ils sien 0,18 peu d acide hippuruiue {h). ' .,,.,,,- Cliloruic (le polassuim 3,22 l/exislence de 1 acide c\anliydrique o ir . , . n jn •' ^ Sulfate de potasse 0,'ti dans l'urine du Lapin a été annoncée ,.,.,„p,,a,es ,ic fer. .le ciiaux et ])ar M. Dranly, mais l'opinion de ce ,(e potasse ; acide combustible cliimisle ne i)araîl pas être fondée (c). „„; :, ^\^ i;, |,oli,^se; silice; Il esl aussi à noier ((ue chez les très mucus et chioruro de so- jcunes animaux de celte espèce ([ui let- dium? traces. lent encore, l'urine est ordinairement .le dois ajouter que M. Stas n'a trouvé ((7) Vauquelin, Analyse comparée des iirines de divers Animau.r {.\iin. de chimie, iXM, t. l.XXMl, p. 201, et Ann. du Musnim, t. XVIll). (b) liibni, Up. cit. {Ann. der Chcm. iind l'Iuirm., 18ir), t. I.lll, p. U)"). (c) Dranly, Lettre, etc. (Journal de cliiniie Vicdicale, 2' scrio, 1S37, I. 111, p. 527). (ri) Cl. liernard, Lei'ons sur les liquides de ionjanisme, -1850, t. 11, p. 21. (c) Braconnot, Analyse des nriiics de Veau el de Moutoii [Ann. de chimie et de pliysiquc, 3- série, 1847, i. X.\, p. 238). (/•) Wdbler, 0;). cit., (AVic/ir. (/. (iesellsch. d. Wissensch. *n i.utliiiijcu, ISiO, p. (il). ((/i Vauiiucliu cl liu\ina, iVcm. sur iean de Vawnios (Ann. de chimie, t. XXXllI, p. 20!)). (/i) l.a>.>aii,'nc, Nouvelles rcchcrchis sur la cowjiusitwn des eau.r de iallaiiMde cl de ramiiios de la Vache [Ann. de chimie et de physiiiue, 1821, t. XVU, p. 2!'r>). COMPOSITION DE L'iniNK DES OISEAUX. hh^ l)caiiL'oiip crinlliiencc sur la coinposiiion cliim'Kiiie do ruriiio chez d'iiiilies Animaux. ^ H). — L'urine des Oiseaux se môle d'ordinaire aux cxcré- mcnis de ces Animaux avant d'èlre expulsée au dehors par le cloaque, et elle est en général si chargée de matières salines et terreuses, qu'elle affecte la forme d'une pâte plus ou moins épaisse; en se desséchant, elle devient friable et prend une apparence crétacée. Elle est composée principalement d'a- cide uriquc combiné avec de la chaux et de l'ammoniaque ; chez les Oiseaux granivores elle est blanchâtre, mais chez les Oiseaux de proie elle contient une matière colorante et une petite quantité d'urée (4). Sur quelques îlots de l'océan Paci- fique, où les Oiseaux de mer vont nicher en grand nombre, l'urine et les excréments de ces Animaux, accumulés pendant des siècles, forment d'immenses dépôts d'une matière appelée guano ^ qui est très riche en azote et que les agriculteurs emploient comme engrais ("2). Urine (les Oiseaux. ni acidcliippiirique, ni acide i)cnzoïque dans l'eau de rallantoïdc do la Vache. Ce chimiste parle de Texistence de l'urée dans rallantoïde de la Femme; mais c'élail probablement Tamnios qui avait été Tobjet de ses expériences, car la vésicule allantoïdienne disparaît de très bonne heure chez l'embryon humain {a). (1) La présence de l'acide urique dans les excréments des Oiseaux lut constatée d'abord par Fourcroy et Vauquclin, puis par M. Chevreul (6). (-) Les Oiseaux de mer, appelés d'une manière générale Guanos par les habitants du Pérou, sont extrême- ment abondants sur la côte orientale de l'Amérique du Sud et nichent sur les récifs et les îles de ces parages, où leur fiente, mêlée à des d(;bris orga- niques ou terreux, et déposée depuis un grand nombre de siècles, constitue des amas énormes d'une matière très riche en produits ammoniacaux et pré- cieuse comme engrais, qui a reçu le nom de (juano. Vax des gisements les plus importants de ces matières ster- corales est le petit groupe des îles de Ciiinclia, près de l'équaleur ; maison en rencontre beaucoup d'autres sur le (a) Slas, Note sur les Uqvidcs de Vamnios et de Vallantoïde {Comptes rendus de l'Acad. des sriences, 1850, t. WM, j.. i;-:;i). (b) l-'ourcroy et Vamiutliii, Hc Vurine d'AutrucIie {Jouriinl de pliysiqur, -1 S 1 1 , i. I. XXIII, p. 158). — Clu'vreiil, Op. (it. {Anii. de ihimie, ls',0>!, l. I.WII, \k ;i07). V!!. 29 § 20. EXCRÉTIONS. L'iiriiie des Repliles ressemble beaucoup à Urine (les Reptiles ei celle des Oiseaux, mais elle ottrc plus de consistance, et se des Batraciens. , r , , i p ' • i i présente en général sous la lorme de concret lous blan- châtres dans la composition desquelles l'acide urique joue le principal rôle. Souvent ce principe y existe presque seul, et d'autres fois il est uni à de l'ammoniarpie ainsi qu'à des alcalis fixes, et mêlé à un peu de phosphate de chaux (1). lilloial du Pérou, entre le 2^ et le 21'^' degré de latitude australe, ainsi que sur quelques autres points du globe ; et dans le commerce on confond sou- vent sous le nom de guano des détritus provenant des cadavres et des excré- ments des Phoques, etc. On a calculé que pour se rendre coniple de la quan- tité de ces excréments accuinulés sur les rochers des îles de Chincha, il faut supposer que pas moins de 2li/i OOO grands Oiseaux pélagiques y oiu niché pendant (iOOO ans (a). A l'époque des Incas, les Péruviens faisaient usage de cette matière comme engrais [h), et depuis quelques années on en importe beaucoup en J-'rance et en Angleterre pour le même usage. Les premières notions sur la nature chimique du guano sont dues à l''our- croy et \au(|uelin, ([ui analysèrent im échantillon de celte substance rapporté des côtes du Pérou par le célèbre voya- geiu' Uumboldl. Ces savants y trouvè- rent plus de 50 p(»u r lOU de matières or- ganiques et de selsannnoniacaux, ainsi que beaucoup de phosphate de chaux et d'autres substances minérales (c). Plus récemment cette matière fertili- sante a été étudiée par plusieurs au- tres chimistes, et l'on en a extrait le principe organique particulier dont j'ai déjà parlé sous le nom de (jua- nine {d). (1) L'urine des serpents est évacuée en général sous la forme d'une bouillie i)hinche, mais quelquefois elle se soli- difie dans l'intérieur du cloaque et res- semble à un calcul. Quelques auteurs confondent ces concrétions avec les ex- créments de ces Ileptiles, qui consistent en débris d"os, de plumes, de poils, etc. Dans les échantillons de riirine du Boa, dont Vauquelin a fait l'analyse, il n'y avait pas de phosphates (p). Prout y a trouvé : Acide urique 00,10 l'dlassc 3,45 Amnuiniiiqiio 1,07 SiilfiU- i\e i)otasso 0,95 l'Iiospliate de chaux, carboniite de chaux ot magnésie. . . . 0,08 Mucus, ctc 2,94 (/") M. i>oussingaiili a trouvé dans l'u- (a) Boussingault, Mémoire sur les gisements du guano dans les îlots et sur les côtes de l'océan Pacifique (Comptes rendus de l'Acnd. des sciences, 18fi0, t. 1,1, p. 8li). {b} liiircillisco de hiVe;;.!, Mcmariales reulcs. Li.-bunnc, 1G09, p. 102. (C) lluinlmldl. Sur le ijuano (Ann. de chimie, I. LVI, p. 258). {d) Vojez ci-dtssus, paje 409. (e) Vauquelin, Examen des excréments des Serpents {Ann. de chimie et de physique, 182-2, t. XXI, p. 440). (/■) Prout, Analyses nfthe Excréments of the lloa constrictnr {Ann. nf Philo.(!i. CO.Ml'USITIU.N IJK LUUIM:: DKS AMM.UV l^ V l.l'.i •,15i;i>S. 4^1' lusfjiu's (I) et les Insectes, mais nous ne savons encore (juc Ibrt peu de cliose sur les autres substances (|ni se trouvent dans l'urine de ces Animaux. Chez les Insectes, les matières excrétées de la sorte alïeclerit souvent la forme de petites concrétions, et contieiment de l'acide uri(jue libre, ainsi (jue des urates ("i). M. Sirodot y a trouvé aussi de l'oxalnte de cliaux (3). Les excrémenis des Scolopendres contiennent de l'urate d'ammoniaque, et par conséquent l'acide urique doit être con- liii a fourni que des résiillals uégatils en ce qui concerne l'urée aussi bien que l'acide urique {a). (1) Voyez ci-dessus, page 376 et suivantes. ('2) Voyez ci-dessus, page 386. (3) En étudiant au microscope les caractères crislallograpliiques et clii- iniqucs des matières contenues dans les tubes malpigliiens de ïOrijctcs nasicornis , M. Sirodot y a reconnu : 1° de l'acide urique libre, 1" de l'u- rate de soude , 3° de l'urate de cbaux , à" de l'oxalate de chaux, 5'' un sel calcaire à acide indéterminé , 6" une matière colorante rouge brun , 7" des U'aces d'urée. Jl est aussi à noter que dans les concrétions urinaires de ces insectes !\I. Sirodot n'a jamais décou- vert aucun dos principes innnédiats qui d'ordinaire concourent à la forma- lion des calculs biliaires. La plus grande partie des matières urinaires se trouve à l'état solide dans l'intérieur des tubes malpigbiens. Ce naturaliste a obtenu à peu près les mêmes résultats en étudiant les produits de la sécrétion de ces tubes chez d'autres Insecles, tels que la chenille de IHyponomeutc du cerisier, le Yav à soie, le Grillon domestique, le Carabe des jardins, le Hanneton, le Dytique et l'Hydrophile brun (6). M. J. Davy, qui a trouvé les excré- ments de la plupart des Insectes com- posés principalement dacidc urique, y a reconnu aussi du phosphate de chaux chez un iîourdon ; mais chez lui autre Ilyménoptère de la même famille il n'a pu découvrir dans les matières évacuées par l'anus aucune trace d'acide urique , et il croit qu'il y avait de l'urée (r). Enfin, chez des Chenilles il y a constaté la présence de l'acide hippurique mêlé avec de l'acide urique (-Besanez et Will pensent que cette matière existe aussi dans les organes verdàtres de l'Écrevisse, dont j'ai déjà eu l'occasion de parler comme étant peut-être des glandes urina ires (3). Les expériences chimiques dont les matières excrétées par les glandes rénales ou corps de Bojanus des Mollusques ont été roi)jet (ù), nous ont appris (pi'en général il y existe (1) -M. J. Davy a Irouvc celle ma- tière en grande aijondance dans les excréments du Scolopendra morsi- lans, qui est un Myriapode carnassier, mais il n'a aperça que de fail)les traces de la présence de l'acide urique dans les déjectioMsde Thile terrestre, qui est phytophage («). (2) La découverte de la guauine dans les excréments de ces Animaux est due à MM. Ciorup-Besanez et Will. Leurs expériences portent sur VEpeira dia- dema (6). M. J. Davy avait d'aboid cru que les excréments des Araignées conte- naient de Toxyde xanihique (c) , mais il reconnut ensuite que la sub- stance en question était de la gua- nine. Ce chimiste a trouvé aussi de la guanine dans les excréments des Scorpions (t/). (13) MM. (Îonip-Besanez et Will considèrent conune étant delà guanine une substance cristallisable qu'ils ont extraite de ces organes par l'action de l'acide chlorhydrique ; mais la quan- tité de matière obtenue était trop faible pour (|ue la question pût être com- plélement résolue (e) , et les nou- velles reclierches faites sur ce sujet par M. H. Dohrn tendent à établir que ce produit n'est pas de la gua- nine et se rapproche davantage do la tyrosine (/'). (/|) MM. Lacaze-Dulhiers et Hiche ont observé les réactions caractéris- tiques de l'acide urique en opérant sur des dépôts cristallins extraits des corps (a) J. Davy, On the Température oflhe Spider and on the Urinary Excrétion of the Scorpimi and Cenlipede (Rdinburgh Philnsophiral Journal. 1848, t. XLIV, p. 383). {b} fioriip-Bes.iiu'z luid l'r. Will, Guanin, cin waenl'dchcr llestandUieil gewisser Sekrete irir- belloser Tlilcre (Ann. der Chouiennd Pharm., 18 il), t. lAIX, |>. 1 17). (c) .1. t)avy, Addiiional A'^iicc on Vie Uruiary K.rcrements of l'isecls tvith some Ohserx). on that of Siiiders (Edinb. new Philosoph. Jonm., 1840, l. XL, \>. lij.".). {(l) Idem, On the Unnary Secrction of Fishes, etc. [Trans. oflhe Roy. Soc. of Edinburgh, 1857, I. \\I, y. 547). (e) Gorup-Be^anez und Will Op. cit. {.\nn. der Chem. und Pharm., 1849, t. LXIX, p. 120). — HussIiiiL,', Uistol 'Qische Heitrâye zur Lehre von der Harniibsoiideruny. leria, 1851 . (/■) H. Dohiii, Anakcla ad hi.tlorlam nataralcin .\.'ilaci llaviatUis , dissert, inaiig. Berolini, 1801. COMPOSITION l)i; l'cIUMO DKS AMMâLX KIS GKNÉR.VL. ^51 (lo l'.'icide ni'iijue; mais chez (|iiol(iiics Aci'plialcs ce [)riiici()(; parait. iiiaiH|iier et être remplacé, soil. par de l'urée ou par une substance (jui s'en rapprocherait beaucoup , soit par de la guanine (I). Nous ne savons presque rien (concernant la nature chimiipie des excrétions qui, suivant toute probabilité, représentent la sécrétion urinaire chez les Vers et chez les Zoo|)hytes. ^ 22. — En résumé, nous voyons (]ue l'urine des Animaux Résumé, peut présenter quatre formes principales : Chez les uns, elle est acide et caractérisée essentiellement par la présence de l'urée. Chez d'autres, elle est alcaline, et l'urée s'y trouve associée à des hippurates en proportions considérables. Chez d'autres encore, le pi-incipe azoté qui y domine est l'acide urique, soit libre, soit à l'état de combinaison avec une base. Entiii, chez quelques Animaux, ces divers principes urinaires paraissent être remplacés |)ar de la guanine. Pour abréger, on pourrait désigner ces ditïérenles sortes d'urines sous les noms d\irine guanique, {.['urine urique., iWirine hippurique et {Turine uréenne. bojaniens do la IjUtraiio ; mais en cUi- (liant de la même manière des pro- duits analogues recueillis chez des Macti'os, ils n\>nt pas obtenu de la murexide, et ils ont été conduits à penser que la matière examinée conte- nait de Turée («) ; mais les résultats n'étaient pas assez nets pour décider la question. D'après Al. M. Gorup- Besanez et Will, la guanine serait excrétée par l'organe de Bjjanus chez l'Anodoiite (6). (1) M. Kûlliker a trouvé chez les Porpites des cristaux d'une matière en apparence identique avec la guanine dans un organe situé sous le l'oie (c). (a) Lacaze-Diilhiers, Mém. sur l'organe de Uojanus (Ann. des sciences nal., ï' série, 1855 l. IV, p. 8 12). (6) Gurup-BesaiR'z iind Wiil , Up. cit. iAiiii. der Cliemle uni Pharin., 1819, t. LXIX p. 120). (c) Kôllik«r, Gegenbaiir und H. Muller , lierlclit Uber eliilgc lui Herbsle 1852, in Messma (uujeslelUe vergleivlicndanatomische Uatemuchuti-jeii [ZeUschrift filr ivissensch. Zodogie, 1853, i. IV, p. 368;. /|52 iA;;iiÉïio\s. I.'iiriiio lirconnc est sécréicc par l'Homme, les .Mammifères omnivores et carnassiers, ainsi (jnc par ([uelipios aulrcs Ver- tébrés. l/mine liippuriiiue est propre aux Mammifères herbivores. l/miiie nri(pie est fournie par les Oiseanx, la plupart des Reptiles, h^s Insectes, eie. Enfin, l'urine guanif[ne [tarait exister cliez les Arachnides el (pielques antres Animaux invertébrés. Ces notions concernant la constitution normale de l'urine étant acquises, cherchons à nous rendre compte des différences que nous venons de constaler, et t'tudions les variations que la sécrétion rénale peut offrir chez le même Animal (piand les con- ditions biologiques viennent à changer. Nous aborderons ces questions dans la prochaine Leçon. SOIXANTE-CINQUIÈME LEÇON. Suite de réliuie de la sécrétion urinaire. — Source îles matières urinaircs. — Influence de ralimcntatioii et des autres conditions biologiques sur la composition de l'urine. — Quantité de matières urinaires excrétées journellement. § 1 . — Ainsi que j'ai déjà eu l'occasion de le dire dans une précédente Leçon, les matières urinaires ne sont pas Tonnées par les reins ou les autres organes qui remplissent des fonctions ana- logues; elles existent dans le sang qui arrive dans ces glandes, et celles-ci sont chargées seulement de les extraire du fluide nourricier et de les éliminer de Torganismc. La preuve nous en a été fournie parles expériences célèbres de MM. Prévost et Dumas. Vers la fin du xvu' siècle, un anatomiste de l'école de l Bologne, Valsalva, avait constaté la possibilité de conserver en vie pendant un certain temps des Animaux dont on extirpe les reins (1); mais les physiologistes n'avaient pas encore profité de la connaissance de ce fait pour étudier les caractères de la sécrétion urinaire, lorsqu'on 1821 les deux savants dont je viens de parler em^ent riieureuse idée de chercher si la consti- tution du sang est modifiée [tar la destruction de ces glandes. Nous savons quel fut le résultat de cette expérience ("2). La sécrétion urinaire étant arrêtée par l'extirpation des reins, MM. Prévost et Dinnas virent l'urée s'accumuler dans le sang, et ils en conclurent avec raison que, dans l'état normal, ce devait être aussi ce li(iuide qui fournit à ces glandes l'urée que celles- ci expulsent de l'organisme (3). Les moyens d'analyse dont on (1) Valsitlva lit cclto expérience eu (-2) Voyez ci-dessus, page 281. 1687 (a). (3) AIM. Dvunas et Prévost (de Gc- (a) Voycv l'orU!, Ilisluire de l'aiialomic, t. IV, |i. 'M3. Source des niiilirres uriiiiiii'cs. iirôe )irnvi}iil ilu saii '. Z|Ô/l liXCKÉTlUiNS. disjK)s;iil alors ni' pciniirent pas In conslalation de l'exisleiice de l'urée et des aiities malières uriiiaires dans le sang chez l'Homme on chez des Animaux à l'clal normal, el, pour les nève) oiu trouvé que lus Animaux les plus propres à cette expérience sont les Chiens cl les Chats. A l'aide d'une incision loiigiludinale pratiquée dans la région lombaire, le long du bord du muscle carré, ils mirent à découvert un des reins, et, après Tavoir dégagé des parties adjacentes cl en avoir lié les vaisseaux sanguins, ils en (irent la résection, et ils réunirent les bords de la plaie par quelques points de suture ; une quinzaine de jours après, quand l'Aninuil lut remis des suites de l'opération, ils agireni de la même manière sur le rein du côté opposé. La plaie se ferma promptement, et, dans les premiers tenq)s qui suivirent l'ablation complète des glandes uri- naires, les Animaux ainsi nuililés pa- rurent ne pas soullVir, ils mangeaient bien et n'étaient pas tristes. Mais au bout de trois ou quatre jours un trouble assez grand se manifesta dans leur organisme ; ils eurent des déjec- tions liquides el abondantes, des vo- missements el de la lièvre ; puis ils présentèrent des syn)ptônu's d<' grande faiblesse, et ils moururent en général du cinquième au neuvième jour. Le sang de ces Animaux, examiné avant l'opération, ne montrait aucun indice de l'exisience d'urée; mais lorsque ce liquide était recueilli après la mani- festai ion des symptômes dont je viens de parler , on en put retirer une ([uantité notable de cette matière uri- naire («). La présence de l'urée dans le sang des Chiens privés de leurs reins fut ronslalée ensuite par Vauquelin et M. Ségalas , ainsi que par plusieurs autres expérimentateurs [h), et un fait analogue a été observé chez l'Homme, à la suite d'une blessure dans la ré- gion lonil)aire (c) et dans un cas de néphrite aiguë (d). Les physiologistes ont été naturel- lement conduils à attribuer à Taccu- Mudalion de l'urée dans le sang les svmplomes nerveux el les autres phénomènes pathologiques qui se ma- nifestent à la suite de l'extirpation des reins, ainsi que dans certaines maladies où la proportion de celle substance y augmente ; mais les expé- riences de M. Stannius tendirent à renverser cette opinion, car il parut en résulter que la morl des Animaux (a) l'révosl cl Duniii!:, Examen du aanij et de sun action dans len divers phénomènes de la vie {Ann. de chiinie et de physique. d8"23, t. XXIII, i>. DO). (6) Sùgalas, Sur de nouvelles expériences relatives aux propriétés médicamenleuses de l'urée, etc. [Journal de physioloijie de Matccndiu, 1822, t. H, p. 354). — MiIsclRilicli, ïiudoiii.iiin cl Ginelin, Xersucheûber das Ulut (Zettschrift fiir Physiologie, \i>i\ Treviraiius, \Ho'i, t. V, p. i, et I'oi,'gL"ndorlï's Annulcn, l. XWl, p. :fU3). — Scheveii uiid Staiiiiiiis, Ueher die AusschneiduiKj der \tcren und deren ^ylrkuntd itber die hijektion von llarnstoff und llarnsdure in die défasse nephrotoniister Tliicre (Archiv fiir pinjsiol. lleilkunde, iHbi), t. IX, p. 201). — Ueniard, Leçons sur tes lifiuides de iorgtunsine, 185',', l. Il, p. 43, etc. (f) Sliearmaii, Suiipression of the Sécrétion of Urca by tlic hidneys and Absorption of the L'rea into the blood (Edinb. monlhly Journ., 18i8, p. 860). (ci) Voyez tome 1, pa^'e 2'J8. SOURCK DliS M.VTIÈIIES U1UNA1U1:S. /|55 découvrir tlaiis ce liquide, i! lallail (juc réliiiuiuiliou eu lût arrêlée(l) ou (jue la [iroduetiou eu lût beaucoup au^menlée, comme cela a lieu dans certains états morbides de l'éco- nomie (i2) ; mais depuis lors les procédés mis en usage pour néphrotoniisés ne serait pas accélérée par rinjection de l'urée ou de l'urale de soude dans leurs veines (a). Les expériences de M. uallois, ainsi que celles de M. Si'galas, montrent aussi que l'injection de l'urée dans le sang, en quanlilé même assez considérable, ne produit aucnn trouble grave dans l'organisme chez les Animaux dont la sécrétion urinaire n'est pas entra- vée (6) ; mais lorsque la dose dépasse certaines limites, elle devient toxique. Pour les Lapins, par exemple, Fin- jeclion de 20 grammes d'uiée dans les veines détermine la mort (c). L'intoxication urique a été obtenue de la même manière dans les expé- riences de M. llamniond sur des Ani- maux néphrotomisés ((/). Ainsi que nous le verrons dans une autre Leçon, l'urée dont l'éco- nomie ne peut pas se débarrasser par les glandes urinaires est transformée en majeure partie en carbonate d'am- moniaque avant d'être excrétée par d'autres voies ; et M. Frerichs a con- sidéré les matières ammoniacales ainsi produites comme étant la cause d'ac- cidents nerveux qui accompagnent l'urémie (ft) ; mais l'existence de ce produit dans le sang n'explique pas davantage les accidents mortels qui surviennent toujours chez les Ani- maux népbrotomisés , car on peut injecter du carbonate d'ammoniaque en quantité considérable dans les veines d'un Chien sans produire aucun des etlets en question (/'). (1) Chez les personnes en proie à une attaque violente de choléra asia- tique, la sécrétion rénale est suspen- due , et par conséquent , d'après les résultats obtenus dans les expériences de MM. Prévost et Dumas, on pou- vait s'attendre à trouver de l'urée dans le sang de ces malades. Les premières recherches laites sur ce sujet ne donnèrent que des résultats négatifs [y] ; mais en 18138, !M. Mar- chand (de Berlin) , en traitant par les moyens appropriés une certaine quan- tité de ce liquide, obtint des cristaux d'azotate d'urée parfaitement caracté- risés (/(). (2) Ainsi que j'ai déjà eu l'occasion de le dire, la présence de l'urée dans le sang de malades alfectés d'albumi- nurie a été constatée par plusieurs (tt) Slannius, Op. cil. {Archiv fur physiologische Heilkunde, i850, t. IX, p. 201). (b) Ségalas, Op. cit. (Journal de plujsiologie de Ma^^eiidie, 18-2-2, l. Il, p. ;^5^ et suiv.). (c) Gtil\o\i, Essai ]ihysiolo(ii(iHe sur l'urée et les urales, ihcfs. Pans, 1857. (d) Hammoml, Sur les résultats d'uijections d'urée, etc., dans le sang [Journal de phyùologie de Biovvn-Scqiiaril, 1859, 1. li, p. 166). (e) Frericiis, Die Brightsche Nierenkrankheit und deren Behandlung, 1851. (V) Cl. Bernard, Leçons sur les liquides de l'économie, 185'J, t. II, p. 34. (g) Hermann, Utber die Veranderungen welche die Secv.'tioa des menschl. Organes durch die Choiera erleiden (Pogt;eiidoiff"s Annalen, 1831, t. XXII, p. 10-2). — Wiltsiocii, Chemis'che Untersuch. aïs Bettrâge iur Physiologie der Choiera {PoggendorfCi Annalen der Physik und Chemie, t. XXIV, p. 509). (h) Marcliand, Op. cit. [Ann. des sciences nat., 2' série, 1838, t. X, p. 56). /i5() I.XC'IKTIU.NS. flccouvrir l'niir ;m milieu des autres substances auiuiales oui élé |)eiTectionui's, et l'on a pu reconnaître que le fluide nour- ricier à rétat normal en contient (1) ; seulement la quantité de ce principe immédiat est 1res faible quand l'action éliminatoire des reins s'exerce, et la jiroportion s'accroît lorsque ces glandes cessent de fonctionner. D'autres expériences ont lait voir que la ({uantité d'urée excrétée par les reins s'élève beaucoup quand on augmente artificiellement la proporlion de cette substance (jui est tenue en dissolution dans le sang, résullat qui est facile à obtenir par l'injcclion d'une certaine dose d'urée dans les veines d'un Animal vivant (2). En déterminant la proporlion d'urée qui se trouve dans le sang et en estimant aiiproximativement le volume de ce dernier liquide qui dans un tenais donné traverse les reins, on a trouvé aussi que celte source suffisait et au delà pour rendre (\imple de la quantité totale de cette matière urinaire dont l'organisme se débarrasse par cette voie (3). Enfin on a comparé la |)ropor- palholoRislcs, tels que Bostock, Cliiis- lison, Babinglon. llccs, ¥v. Simon, Ilellor, Scliotliii et Lacave, à l'aide de moyens qui étaient insuflisants pour mettre cette substance en évidence lorsqu'on opérait sur le sang de per- sonnes en bonne santé (a). (1) Voyez tome 1, paj^e 'JOO, noie 1. (2) Cette expérience a été laite eu 182'-> par ^\. Sé^alas (6). (3) ^]. Picard a calculé qu'il doit exister au moins 56 granuncs d'urée dans la quantité de sang n5idérable sur les vaisseaux sanguins de Li sub- stance rénale, et peut y interro:npre le dépôt d'urée, il y a accumululio.i de créatine dans le liss-.i des glandes urinaires. Or, dans ces circonslances le travail éliminatciu" paraît être con- sidérablement ailaibli (t/). \(i) Voyc'z tome IV, pa^e 3iS5. {b) Vuyez loiiii; I, pagu 2'J7. ((•) Fic.u-d, De ta présence deiurcs dans le suij, etc. Strinljour^', 18jG, p. 3^. [Uj Goll, Ueber deti Einjtuss des llt'itdnictws anf dte IlsiviialtsoiiienuHj [Zeltschv. fùv i\U. Med., 2' s(Tii>, 1«.'.i, t. IV, p. 89;. /j58 EXCRÉTIONS. tudc l'existence ilc l'acido uriqiie dans le sang quand l'orga- nisme est à l'état normal ; mais dans divers cas pathologiques la production de celte substance étant accrue, on a pu la décou- vrir dans le lluide nourricier (1), ainsi que dans d'autres par- ties de l'organisme (2), et cette diffusion de l'acide urique dans l'économie a été observée chez des Insectes aussi bien que chez des ÏMammifères (3). On a pu constater aussi la présence de (i) Voyez tome I, pages 200 el 299. (2) De Tacide miquc, soit libre, soit à l'éial de combinaison avec de la soude ou avec quelque autre base, a été souvent trouvé dans les concré- tions articulaires chez les goutteux (a), et quelquefois dans la substance de divers tissus du corps humain : par exemple, dans la substance des pou- mons (6) et dans les parois dos vais- seaux sanguins (r), ou même dans la sueur (t7). Lans quelques-unes des expériences faites par MM. Strabl etLieberkiihn sur des Animaux népbrotomisés, il y avait des indices de rexisttncc de l'acide urique dans le sang chez des Chiens, des Cl.als el des Grenouilles. Chez des Animaux dans l'état normal, il n'est parvenu qu'une seule fois à découvrir de l'acide urique dans le sang (r). (3) M. Fabre (d'Avignon) a constaté l'existence d'une multitude de petites concrétions blanches disséminées dans le tissu adipeux et sous les téguments chez les larves du Sphex et de beau- coup d'autres Hyménoptères; il a i-e- connu aussi que ces corpuscules con- tiennent beaucoupd'acide urique, mais il n'a pu en découvrir aucune trace dans le tissu adipeux des larves de rilydrophile, du Bo!nb>x et de plu- sieurs autres Insectes (/"). M. Sirodot, en faisant des recherches analogues, n'est arrivé qu'à des résidlals néga- tifs (g). («) Tfiinant, lies nodosilés des goutteux (Journal de physique ; analyse des travaux sur les sciences naturelles pendant les années 1705, IV'.IO et 111)7, y'm- M. de L:ini('ilierie, p. 120). — Wollaslon, Un Govty and i'rinary Concretuns [f kilos. Truns ,17!)/, p. 11). — l-'ouicroy, Mém. sur le nombre, la nature el les caraetères disiinctils des différents maté- riaux qtn forment les calculs, etc. (.Inji. du Muséum, 1802, t. 1, p. 'J3). — Vogi-l, Analyse d'une concrétion tirée du doigt d'une personne sujette à lagoutte (Bulletin de pharmacie, 181 1, t. 111, p. 508). (b) Clot-ua, ;)(■ la présence de liuosite, de l'acide urique, etc., dans diverses parties du corps aninial \Joiirnal de jihysioloyie, 1858, t. I, p. 801). (€) Ma/iiycr, Sur le traiiemcnl de la youlte {Archives générales de médecine, 1826, l. XI, p. 132). — Scliroder van dcr Kolii, liras calcis in de rokken der aderen bijk knobbeljicht (Nederlandsch Lancel, 1853, 3* série, t. 111, p. 97). [d) Wolff, Dissirt. sistens causam calculositatis. Tubinguc, 1817. (. iW. \lil l'.l. BiiiKinl, Lirons sur /r\ liiju:th.i df l'iirijiniUiiic, iH:,9, I. II, p. l-iH cl Miiv. ((} liliMii, rbitl., p 1 iJl . SOURCi: DES MATIÈRES URINAIUF.S. /jGl (jLiel([iies-nnesdesinatic'ros(|uis'y trouveiilendissoliilion, tandis qu'il en conserve d'aulres (1). Mais anjonrd'liui la lumière nie parait près de pénétrer dans cette partie obscure de la physio- logie. En effet, les nouvelles recherclies de M. Graham sur la diffusion moléculaire montrent qu'en présence de l'eau, d'une gelée soit animale, soit végétale, ou d'une cloison de matière albuminoïde, les substances en dissolution se comportent très différemment suivant (pi'elles sont eristallisables ou qu'elles appartiennent à un groupe de corps non eristallisables et à molécules volumineuses que ce cbimiste habile réunit sous le nom de substances colloïdes. La gomme, la gélatine et l'albu- mine appartiennent à celte dernière catégorie; leur pouvoir diffusif est très f^iible, et lorsqu'une dissolution qui en con- tient se trouve séparée d'ime colonne d'eau par un diaphragme formé par une substance colloïde, elles ne la traversent pas pour se répandre dans le li(iuide adjacent, tandis que les molécules des corps eristallisables franchissent cet obstacle pour occuper l'espace liquide situé au delà ('2). Or, les mem- (1) Voyez ci -dessus, page 297. (2) Dans une auLre partie de ce Cours, j'ai eu l'occasion de parler des premières expériences de M. (iraliani sur la diffusion moléculaire des liquides et des corps en dissolution (a). Dans le nouveau travail que je viens de citer [b), ce savant établit la distinc- tion entre les corps colloïdes et cristal- loïdes ; puis il étudie la manière dont les uns et les autres se comportent au contact des substances gélatineuses, qui arrêtent les premiers et laissent passer les seconds ; enfin il s"occiipe du passage des matières crislalloïdes à travers les membranes ou autres corps colloïdes, et il fait des applications des résultats aiusi obtenus à la tbéorie de i"cndosniose. Suivant .M. Grabam, la progression d'un liquide ou d'un corps crislallisablc quelconque dans une ge- lée ou dans l'épaisseur d'une mem- brane non poreuse résulterait d'une série d'actions cbiniiques analogues à celles qui ont lieu dans la cémen- tation. Ses vues à ce sujet ne me pa- raissent pas différer de celles de jM. Bucklieini, de Dorpat, dont j'ai rendu conq)te précédenuiient (cj. J'a- jouterai que la non-pénétration des (a) Voyez loir.c V, page 103 et siiivanlcs. (b) Graliimi, Mémoire sur la diffusion molccnluirc appliquer à l'annli/se (Ann. de ddmie et de llnjsique, 3'><;rie, 1805, t. LXIV, i>. 'iiU). [C) Voyez tome V, |i,ii,'e lil. VU. ;o /l62 EXCRÉTION LlilNAIRE. branes animales en général, ainsi que les lames mmces qui forment les parois des eelhiles sécrétoires, sont constituées par des substances colloïdes, et par conséiiuent l'eau, les sels, l'urée, et les autres matières cristalloïdes qui se trouvent dans le plasma du sang dont l'une des surfaces de ces tissus est baignée, doivent tendre à y pénétrer, et à se répandre dans le liquide en contact avec la surface opposée. Par conséquent aussi ces substances doivent tendre à s'échapper du sérum, tandis que l'albumine et les autres colloïdes qui peuvent accom- pagner ces matières dans le sang ne les suivent pas et restent dans le torrent de la circulation. La séparation qui s'opère ainsi, et que M. Grabam a[)pelle f/ia%5e, ressemble donc extrêmement à ce qui a lieu dans les glandes rénales (1), et il me paraît très probable que Télimination des principes urinaires dépend d'un phénomène du même ordre (2). Mais ces faits sont encore trop nouveaux et trop peu connus pour que l'on puisse les employer avec sûreté dans l'explication des actions sécrétoires, et je dois me borner à les signaler à l'attention des physiologistes, caracicies ^ ^ — [ .| sécréliou mMuairc est continue. On a pu s'en de a séciotioii *^ miiiaire. nssurcr même chez l'Homme, dans les cas d'exlroversion ou de renversement de la vessie au dehors; car alors le li(pii(le colloïdes dans iino gcléo ou dans la substance d'unti laine dialytiquc de même nature s'expliquerait ainsi, parce (lue ces corps ne peuvent pas décomposer les hydrates de corps de la DK-me calrjiorie , tandis ]tisoij moins éloigTit's, inlrodiiisenl dnns leur esto- mac une (]iianlitc considérable d'eau, la sécrétion rénale est non-seulement abondante, mais s'active beaucoup à la suite de l'absorption de charpie nouvelle charge de liquide. Chacun sait par Texpérience journahère combien l'influence de l'ingestion des boissons dans l'estomac est grande sur la rapidité avec laquelle l'urine est sécrétée, innnenre II cst ccpcndanf à noter que la charge aqueuse de l'économie la lenipLture, n'cst î)as la sculc circonstance qui influe sur l'abondance des urines. En effet, les reins ne sont pas runi(|ue voie jiar laquelle l'eau s'échappe de l'économie; l'évaporation qui s'effectue à la surface de la peau et dans la cavité respiratoire en enlève sans cesse des quantités considérables, et il existe une certaine soli- darité entre l'activité fonctionnelle de ces deux émonctoires. Toutes choses étant égales d'ailleurs, la sécrétion urinaire diminue quand la transpiration, insensible, activée par la tem- pérature élevée de l'atmosphère, la raréfaction de l'air, ou toute autre cause, se trouve augmentée, et (|uand au contraire l'évaporation se ralentit, l'excrétion rénale tend à s'accroître. r)e|)nis longtemps les mé(le(Mns ont remarqué ces relations entre l'activité fonclioniielle des reins et de la peau; ils ont même vu que, suivant les conditions dans lesquelles l'orga- nisme est |)!acé, l'administration d'une boisson délernu'née peut provoquer tantôt la sueur, d'autres fois un écoulement abondant d'iuMue. D'apfrès ces faits, nous aurions jiu prévoir que la (piantilé d'urine excrétée doit être généralement plus considérable en hiver ([u'eu été, et effei-tivement rexpérience prouve (ju'il en est ainsi i;l;. H sullil, du reste, d'exposer la surface du corps (1) Vers le milieu (lu sit'clc (lornicr, .i"""%'2 sous rinfluence du froid, et seulement de 16"""% 8 sous l'influence d'une température douce. Pendant le jour, lii quantité de liquide excrétée était à peu près la même, malgré ces dillé- rences dans la sécrétion nocturne. Chossat a étudié aussi l'influence exer- cée par les bains chauds ou froids, et il a trouvé qu'après être resté une heure trois quarts dans de l'eau à 37", la quantité de litiuide accumulé dans la vessie n'était en moyenne que de 3 onces , tandis qu'après une inuuer- sion de même durée dans un bain à 2S", cette quantité s'élevait en moyenne à plus de 12 onces. La diffé- rence était par conséquent dans le rap- port d'environ 1 à /i ; mais les variations dans la quantité totale de matières so- lides excrétées de la sorte n'étaient pas à beaucoup près aussi grandes (r). in) \À\nn'g, Stalistlcal E.vpcriiiicnts (l'liitos:)p!iicaJ Traiisaiiions, 1743, p. 509i. (h) C!io??at, Méiii. sur L'analyse des fonctions urinaires iJournal de ph'jsioloijie ilc Ma-oiidic, 18''25, t. V, p. i'J-i). (c) Idem, ibid., p. 120 ot siiiv. hC)Q EXCRÉTION URINAIRE. menlée beaucoup pur rinj^estion des boissons dans l'eslonuic et l'accroissement du volume d'eau en circulation dans l'éco- nomie qui résulte de l'absorption de ces liquides. La sécrétion des matières urinaires proprement dites et l'excrétion de l'eau par les glandes rénales sont des phénomènes complètement distincts ; l'une peut influer sur l'autre, mais leur marche n'est pas réglée [)ar les mêmes lois, et les circonstances qui activent ou qui ralenlissent l'une d'elles peuvent être sans action directe sur l'autre (1). On peut même poser en régie générale que dans l'état normal, plus !a quantité d'eau éliminée de l'orga- nisme par les reins est considérable, ou, en d'autres mots, plus les urines sont abondantes , moins le liquide évacué est chargé des matières caractéristiques de la sécrétion uri- naire {'!). Lors(ju'on veut se rendre bien compte des varia- tions qui peuvent se manifester dans les produits de ce travail sécrétoire, il faut donc ne pas se contenter des données brutes (1) Les vues nouvelles sur la théo- rie de la sécrélion urinaire que fait naître la découverte des phénomènes de dialyse par M. Craliani (a), me portent à attacher pins d'importance à celle dislinction entre le passage mécanique de l'eau du sérum, soit dépouillée de son albumine, soit char- gée de ce principe, et le transport chimi(|ne des matières cristalloïdes du torrent de la circulation jusque dans les canaux urlnifères à travers les tissus qui constituent les parois des vaisseaux sanguins et de ces tubes sécréteurs. Je considère Texcréiiou urinaire comme un j)liénomène com- plexe qui a deux lacleius disiincts, quoique susceptibles d'inlluer l'un sur l'antre: l'un est la (iilration mécanique qui l'ait transsnder le liquide de l'ap- pareil circulatoire dans l'appareil uri- naire; l'autre est la translalion chi- mique qui semble se faire à travers les substances colloïdes, de molécule à molécule, par une série de combinai- sons et de décompositions chimiques entre l'eau de ces substances et les matières cristalloïdes du sing. (2) M. Kalk (deMarbourg), en étu- dianl l'influence de l'alimeiilation sur la sécrétion urinaire, a examiné com- parativement la quantité et la pesan- teur spécifique du liquide excrété à la suite du repas. Or, il a toujours vu que plus la (piantilé devenait grande, plus la densité diminuait (6). (a) Voyez ci-ticsfus, page 461. (b) l'alk, Pimsiolngisch-pharmacnlûfjische Sludicn iind KrilUccii {Archiv fiir pliysiol. Ueilktmdc, 1852, t. XI, p. 125). INKLl'I'NCK DKS CONDITIONS RIOLOGIQl FS. [\(')1 Iburnics \)i\v la [»lu[)ni'l, dos analyses et indiijiiaiit la quanlilé de ciiaqiie |)rinei[)e extrait d'un poids donné d'urine; il Tant aussi faire abstraction de l'eau, qui est un élément extrême- ment variable, et qui constitue à elle seule la plus grande partie du total dont il vient d'être question, puis (iomparer l€s proportions suivant lesquelles les matières urinaires se trouvent réunies dans le résidu sec obtenu par l'évaporation du liquide. Nous nous occuperons ailleurs des circonstances qui influent sur la quantité d'eau contenue dans l'urine, et ici je me bor- nerai à ajouter que pour reconnaître les variations qui existent sous ce rapport, il n'est même pas nécessaire d'avoir recours à la chimie. La couleur du liquide sécrété suffit en général pour faire reconnaître que dans certains cas celui-ci est fortement chargé de principes urinaires, tandis que d'autres fois il n'en contient que fort peu. On sait aussi qu'après l'ingestion d'une quantité considérable d'eau dans l'estomac, l'inine est pâle et d'une faible densité; on désigne même quelquefois sous le nom d\irine des boissons le liquide excrété dans ces circon- stances, et il est d'observation journalière que la privation des boissons aqueuses détermine une grande concentration dans les produits de la sécrétion rénale (i). (1) Nysten, qui fut un des premiers à entreprendre une série de reclierches analytiques sur la constitulion des urines dans dillérentes eonditions pliy- siologiques et dans quelques maladies, compara ces liquides recueillis quel- ques heures après un repas ordinaire et à la suite d'un repas léger, pendant lequel, dans Tospace d'une heure et demie, il avait hu 2 à 3 litres d'eau et de hière. Un litre d'urine évaporé à sec lui donna dans le premier cas un résidu pesant 10 granunes; dans le second cas il en obtint un résidu sem- blable, dont le poids n'était que d'en- viron 5 grammes et demi (a). Dans une série d'expériences faites par Af. Lehmann sur l'urine d'un Homme qui ne buvait que la quantité de liquide strictement nécessaire pour (a) Nysten, Des altérations de la sécrétion des urines {Hfcherches de physiologie et de chimie pathologiques, 1811 , \>. 243 et siiiv.). /lG8 EXCUÉTION liKlNAlRli. Les (junntilés relatives de l'eau et des matières fixes de l'urine varient aussi dans divers états morbides de l'orga- nisme (1). Ainsi, en général, ce liquide est très chargé chez les personnes atteintes de plilegmnsies locales (-2), tandis ({u'il apaiser la soif, la proporlioii creaii plus occupes de ces recherches sont trouvée dans celte hunieiir irétait que A. Ijecquercl en France, Fr. Simon de 932 à 937 pour 1000 ((/). et ^\. Ileller en Allemagne (r/). Dans les expériences d'A. Becquerel (12) On désigne souvent sous le nom sur l'urine de personnes dont le régime d'urines inllaminatoires ou à'urines ne présentait rien de particulier, la //eÏ!)TM.ses celles qui sont denses, fon- proporlion d'eau s'est élevée entre 958 cées en couleur, très acides et sédi- et 975 (J>). M. Chamhert a l'ait des menteuses ; elles offrent en général expériences analogues, et en compa- ces caractères non-seulement dans les rant la densité des urines évacuées cas de pneumonie, de pleurésie, de le matin au réveil à celles rendues rhumatisme articulaire aigu et d'autres après l'inlruduction de boissons dans phlegniasics locales, mais aussi chez l'estomac, il a vu que la densité de les malades atteints de fièvre dite ces liquides était, en moyenne, de inflammatoire ou hiipersthénique. Il 1, 02127 dans le premier cas, tandis est aussi à noter que dans ces circon- que dans le second elle est descendue stances, il y a ordinairenicnt diminu- jusqu'à 1,0070 (r). tion dans la proportion des sels inor- (1) Ainsi que je viens de le dire, ganiques. Nysten , dont les travaux datent de Comme type de l'urine fiévreuse cinquante ans, fut un des premiers à comparée à l'urine normale, A. Bec- étudier comparativement la composi- qucrel donne les analyses suivantes : lion chimique des urines dans di- ' ^ L nue l i ii.e verses maladies; mais c'est depuis une fci.nie. noim.ie. vingtaine d'années seulement que les i'^'"' '•^''^■'^ '-^'''^•^ recherches de ce genre ont été faites ^"'^ ^"^'- ^-■' , , . Acido uiiiiiic 1,5 0,-i en assez grand nombre et avec un ' ., Autres iiialicres org;in. 14,7 S,(j degré de précision suflisant pour per- g,.,, ,-,^,, 7 1 c,<,»(c) mettre quelques généralisations bien fondées. Les chimistes qui se sont le On voit qu'ici la somme des ma- (a) Ijcl)mânn, Ueber mcnschlkhcn tlarii iin gcnundcn iind kranhhaflcn Zustaitcle (Journal fiu' praklixche Chemie, 1842, t. XXV, \>. i25). (b) A. Ik'ciinerel, Sàniolique des urines, p. 7. {ci Cliaiiiljoil, llcclwrdics sur les sels el la densité des urines chcti lloininc sain {Itecueil de nicmoires de médecine, de chirunjie et de pharmacie u]ililalres, ISiJ, I. lAlII, p. 31S cl suiv.). ^d) Njsteii, Op. cil. — A. l)ccq\icio\, Séinwtiqne des urines, 18H. — Becquerel cl llodicr, Traité de chimie pallioloijique, 1X51, p. i(i7 ut suiv. — l'\ Simon, Beitrâge x-ur phijsiologischen undpalhol. Chcmte, 1814. — l'hiisint. uiid pathol. Aiithr.poclicmtc, lSi-2. — Ammal Chcmistnj, IranslaltHl by Oiiy ail Caiilali, 1815, I. 11. p. ^20 et .«niv. (fj .Lccipicixi ri Huiicr, ('y. cit., p. ;!ol. l.NFLLIiNCt: DES CU^UITIUNS BlULOGiyUliS. /l(J9 est an contraire remarquablement a(iiieiix dans la |)lu[»arl des cas de chlorose et d'anémie (1). § 5, — Le régime iniliic beaucoup sur la constitution des urines, et, sans qu'il y ait des dilTérences notables dans la Infliioiico du rétjiiiie sur . , , . . , , , 1) , M .la coniposilion (juantite de boissons mgerees dans 1 estomac, u peut y avoir derunnc. de grandes variations dans la proportion de l'eau et des matières solides éh'minées par les reins, ainsi que dans l'abondance rela- tive de l'urée comparée aux autres substances urinaires. Comme preuve de ces relalions entre l'alimentation et la richesse |)lus ou moins grande des urines, je citerai quelques f\iits constatés par Chossat, physiologiste genevois à qui l'on doit une longue suite de recherches sur la sécrétion urinaire. Pendant un cer- tain nombre de jours, Chossat s'est nourri pres(|ue exclusive- tiî'ies solides est 36 millièmes dans l'urine fébrile el seulement 28 mil- lièmes dans r urine normale. Dans quelques cas de diabète su- cré , la concentration des urines est beaucoup plus grande ; la proportion d'eau tombe parfois à Holi millièmes (a), mais cela dépend de la présence d'une grande quantité de produits anor- maux. (1) Comme type de l'urine anémique, A. Becquerel et iM. Uoclier donnent l'exemple suivant. 100 parties d'urine contenaient : Eau 982,8 Vrôe 0,51 Acide uriquc 0,25 Autres malière> organiques. 6,23 Sels fixes 4,20 (/;) Dans un cas de diabète insipide, Lliéritier trouva dans l'urine, pour 100 parties du liquide : Eau 089,7 Urée 3,3 Acide urique 0,2 Matière organique ind(!terni. 3,6 Sels fixes 3,2 (c). 11 arrive souvent que les urines, après avoir présenté le caractère dit fîêcreux pendant la période hyper- sthénique du lypbus, de la scarla- tine, etc., deviennent au contraire pâles et aqueuses dans la période ady- namique de ces maladies (cl) ; elles sont aussi plus ou moins pauvres en matières fixes dans la plupart des cas d'anémie générale déterminée, soit par des bémorrbagies abondantes, soit par un état de spanliémie du sang (e). (a) Biiuciiardal, voyez Lfiérilier, Trailc de cliiiiile pathologique, p. 557. (6) Becquerel cl liodicr. Traité de chimie patholo'jique, p. 330. (c) Lhéiilicr, Op. cit., |i. 5i3. (d) Becqucret et Rodier, Op. cit., p. 339. [e; Voyez loiiic I, jiago 30 1. /j7!) i;xcnÉTio>; hunairl'. nient de pain et de laiL ou d'aliments analognes pris en petites (jiiantités, et il trouva que la densité moyenne de son urine variait entre 1,012 et 1,021 ; mais dans une autre série d'expé- riences pendant lesquelles ses repas, composés en grande partie de viande, étaient copieux, il vit la densité de ce liquide s'élever successivement de 1,022 à 1,026(1). La composition des matières oi'ganiques excrétées de l'orga- nisme par les voies minaires est susceptible de varier aussi beaucoup sous l'iidluence du régime. Dans la dernière Leçon, nous avons vu que, cliez les divers Animaux à l'état normal, il existe de grandes différences dans les caractères chimiques des produits de la sécrétion rénale : cliez les uns, nous avons trouvé l'urine acide ; chez d'autres ce liquide est alcalin, et nous avons constaté que tantôt il est riche en urée ou en acide urique, tandis que d'autres tbis il est chargé d'hippurates. La coïncidence cpie nous avons déjà remarquée entre ces particu- larités et le mode d'aliuicntation des Animaux chez lesquels on les rencontre devait nous porter à croire (ju'elles pourraient bien dé|)endre de cette circonstance plutôt que de la constitu- tion même de ces êtres ; mais pour juger de la valeur de cette présomption, il nous faut des faits plus probants, et l'étude des variations (pji surviennent dans la composition chimique de l'urine d'un même individu placé dans des conditions d'ali- mentation différentes va nous en fournir. En effet, en changeant le régime d'un Animal, on [teut à volonté changer le caractère de ses urines. Nous avons vu dans la dernière Leçon (juc, chez le Lapin et les autres Mauimifères (1) Ce lut dans la si-rie d'cxpé- rissant que rurlne préscnla la densité riencesoù le régime était le plus noui- la plus élevée (a). {a) Chossal, Mémoire sur l'analyse des fonctions xtrinaircs (Journal de physiologie de Mageiulie, 1825, l. V, p. 11t7). INFLUENCIi l>i;S COiNDlTIONS BIOLOGIQUES. /|71 herbivores, l'urine est alcaline et rielie en lii[)[)uiates (1). Nous savons également (juc les matières herbacées dont ces Animaux se nourrissent ne renferment que très peu d'azote. Or, il suffit de substituer à ces ahments une substance assimilable riche en azote pour qu'aussitôt l'urine de ces mêmes Animaux devienne acide et semblable à celle d'un Carnivore; phénomène dont la race bovine nous a du reste déjà fourni un exemple, puisque nous avons trouvé que l'urine du Yeau contient de l'urée et de l'acide urique lorsque ce jeune Animal est nourri avec du lait seulement, tandis que chez le Bœuf et la Vache, dont le régime est herbacé, ces principes urinaires sont remplacés par des hippurates , et le liquide est alcalin au lieu d'être acide. Je montrerai dans une prochaine Leçon que les Animaux privés d'aliments vivent pendant un certain temps aux dépens de leur propre substance, et par conséquent ressemblent sous ce rapport à des Carnivores, quel que soit d'ailleurs leur régime normal. Or, les Mammifères herbivores que l'on fait jeûner cessent de sécréter des urines hippuriques et alcalines, pour en produire qui ressemblent en tout à celles des Carnivores. Ce fait est facile à constater chez le Cheval. D'autre part on peut déterminer un changement inverse en expérimentant sur un Chien, et en substituant aux aliments azotés dont cet Animal se nourrit d'ordinaire des substances végétales qui ne renferment que peu ou point d'azote. Enfin, chez rHommc lui-même on observe des phénomènes analogues. Dans les circonstances ordinaires, notre régime est mixte, et l'urine, comme je l'ai déjà dit, est jaunâtre, faiblement acide, et contient une petite quantité d'acide hippurique. Or, M. Liebig a constaté que sous l'influence d'une nourriture essentiellement animale, ce liquide pâlit, devient très acide et (1) Voyez ci-dessus, page /lûl. 472 Lxcr.ÉTioN liu>mi;k. cesse (le Iburiiir la moindre trace d'acide liippuiiiiue ; tandis (jne, sous l'inlUience d'une alimentation non azotée, il cesse d'être acide, devient en général trouble et foncé en coulem-, enfin se charge d'acide hippurique en pro[)ortion assez Ibrte. On sait, aussi de|)uis longtemps (ju'il sulTit de manger du fruit en quantité considérable pour que les urines deviennent alca- hnes, et que le môme changement est produit par l'introduction de divers sels à acides végétaux dans les voies digestives (1). § 6. — L'urée forme en général à peu près les quatre dixièmes • ''"' ",'"""" du poids des matières que l'urine de l'Homme tient en dissolution '" ^dwe.'°" et que ce liquide donne pour résidu (juand on l'évaporé (2); Circonslances (1) Ouelquel'ois l'urine dcvioiU alca- line par le seul l'ait de rintroduction d'une quantité un peu considérable de matières amylacées dans le tube digestif. Ainsi , M. Benco Jones a souvent observé cette anomalie quelques heures après un repas composé principale- ment de pain (a), et M. Lehmann cite Texemple d'un jeune homme dont les urines devenaient alcalines toutes les l'ois qu'il mangeait quchpies pruneaux. Ce chiinisle a vu aussi que chez beaucoup de personnes qui ont un régime n)ixte, le même eflét se mani- feste quelques heures après l'ingestion d'tnie faible dose d'acétate de soude dans l'estomac (h). Enlino.i a constaté depuis longtemps, par des expériences pratitjuées sur des Animaux aussi bien que par des observations faites sur l'Homme, que l'absorption d'une cer- taine quantité de tartratcs ou de ma- lales produit dans la composition de l'urine un changement analogue (c) Des eiîets semblables ont été pro- duits par l'injection d'une certaine quantité d'amidon dans les veines d'un Lapin ((/), ou par l'introduction d'une solution de sucre de raisin dans le tor- rent de la circulation [e). (i) Si Ton prend connue terme de comparaison la quantité totale de ma- tières solides (ou fixes) trouvées dans l'urine par lesdillérents chimistes qui ont analysé ce liquide, et si par le cal- cul on y ramène le poids de l'urée obtenue dans leurs expériences , on {(i) Bence Joiifs, Contriiution to the Cliemistnj of Vrinc (l'hihs. TnniK., 18i5, p. 34i). [b) Leliin.-mii, l.chrbuvh ilcr phijsiolonischeii Chemie, l. Il, \>. 305). (c) VVohlcr, Yersuche iiber den Uebcrgang von Malerlen in den llara (XciUchr. fiïr l'Iiijsioiogie viiii Tru\iiamis, 1824, I. I, |i. 143). — Exprriences sur U passage des substances dans les nrines {Journal des progrès des sciences médicales, 182', t. I, p 5 4). {dj Mat'cmlio, Sole sur la iiri-scnce du sucre dans le sang [Comp'cs rendus de l'Acad. des sciences, 1. WMI, p. l'.M). (et Cl. IkTiiaiil, Des différences (/»<• picsenicnt les phcnamcncs de la digestion cl de la nulri- tion chez les Animaux caruworcs cl herbivores [Conij'lcs rendus de IWcad. des sciences, I. WII, p. 536). INFLUliNCE DKS CONDITIONS BIOLOGIQUES. /t75 mais f[i]el(iiiefois eetle proportion descend au tiers de ce poids total, tandis (jue dans d'antres cas elle en constitue la moitié, et il est facile de reconnaître que souvent ces variations sont dues principalement à des circonstances de régime. Ainsi, dans des expériences laites par M. Lelimann, la proportion d'urée, comparée à celle des autres matières fixes de l'urine, s'est élevée à plus de 60 pour 100 sous l'influence d'une nourriture essentiellement animale, et est descendue au-dessous de /lO pour 100 quand ce physiologiste ne taisait usage que d'aliments non azotés (1). Ce physiologiste a fait remarquer aussi que les relations entre le régime des individus et la proportion d'urée dont leur urine est chargée sont également mises en évidence par la com- voit que pour 1000 parties de matières solides ce principe représente : 33 en moyenne, il'nprès Fr. Simon (a) ; 40 d'après Bcrzelius {b) ; M d'aj'i-ès Uiuiiériil, de WiinsdorlT c) ; 42 terme moyen, d'après M. Uny, [di ; 41 chez la I^'enniie, 44 chez l'Homme (terme moyen ), d'après A. Becquerel (e) ; 00 au pins et 37 an moins, d'après M. Leli- mann (/") ; 48,5 en moyenne, d'après M. Marchand Ig). Dans les analyses faites par !\I. Leli- niann, la proportion d'urée a atteint même 50 pour 100, et dans celles de Fr. Simon on la voit descendre jusqu'à oO pour 100. Ainsi, en résumé, la proportion sui- vant laquelle l'urée entre dans la com- position de l'urine humaine ne s'éloigne que peu des U'2 centièmes du poids total des matières fixes contenues dans ce liquide. (1) Kn représentant par 10 J la quan- tité d'urée contenue dans son mine, 1\1. Lehmann a trouvé que le poids des autres matières solides était repré- senté par : 03 pend inl le régime animal ; 110 pendant le régime mixte; 155 pendant le régime vég-élal (/i). Des faits analogues ont été constatés par plusieurs autres physiolo^^istes. (c) p. 35 (d) {e) (/■} (.'/) 1(542 F. Simon, Animal Chemislnj, translated by Dny, 1840, t. II, p. 1 iO. Bcrzelius, Op. cit. Duménil, Chenusche .\nalijse des L'rins [Archiv des Apothekervereins , 1820, t. XXIII, Day, Lancct, 1844. A. \^l•c([\K]•^^^, Scmiotiqne des mines, p. 17. l.elimann, Leln-buch der plujsiohgischeii Cliemie, t. II, p. 402. Marchand, Lehrbuch der plnjsiolofjlsclien Chsmie, p. 292. Lehmann, Untersuchungen ûber den menschlichen Hani {Journal fiir praktische Chemie t. XXVII, I'. 209). — Leivbuch dev physiol. Chemie, t. II, p, 403. ' lilli EXCRÉTION lîRINAlRE. paraison des analyses de ce liquide faites dans des pays différents où l'alimentation ordinaire n'est pas la même. Ainsi on sait qu'en France les Hommes sont généralement sobres dans leurs repas, et se nourrissent en grande partie de pain ou d'autres substances végétales, tandis qu'en Angleterre ils font un usage plus abondant de viande ; enlin qu'en Allemagne ils mangent ordinairement plus qu'en France, sans prendre cependant une nourriture aussi substantielle qu'en Angleterre. Or, dans les analyses d'urine faites en Angleterre, la proportion d'urée a été généralement j>lus élevée que dans celles publiées par les chimistes de l'Allemagne, et ce sont les recherches faites en France qui ont donné sous ce rapport les résultats les plus faibles (1). J'ajouterai que dans l'état de maladie la proportion de l'urée, comparée aux autres matières solides de l'urine, dimi- nue. Ainsi, même dans les urines dites fiévreuses^ qui sont beaucou|) plus chargées que l'urine normale, l'urée ne con- stitue en général qu'environ oG centièmes du poids total de ces substances, tandis que dans l'état normal elle en forme, terme moyen, l\o centièmes (2). Dans certaines affections, tant aiguës que chroniques, on voit quelquefois cette propor- tion descendre à '23 pour 100 ou même plus bas, et j'insiste sur ces faits parce qu'ils se lient, comme nous le verrons (1) Ainsi Alf. Becquerel, à Paris, a trouvé en moyenne seulenjcnt 12 mil- lièmes d'm"ée ; M. Marchand, à Berlin, en a trouvé do oO à o2 iiiillièines, et j\l. Lelmiann iail remarquer que Prout, à Londres, tÉOUva quelquefois l'urine tellement chargée de ce principe, qu'en y ajoutant de l'acide azoïiciue, il se déposait aussitôt des cristaux d'azotale d'urée , circonstance qui ne s'es! jamais présentée dans les expé- riences décrites par les chimistes de l'Allemagne et de la France {a). ('2) Ces proportions sont calculées d'après les analyses types des urines fiévreuses et anémiques, données par A. Becquerel (voyez ci-dessus, p. Zi73, noie. (a) l,ehmaiin, Ixhrbuch der phyiiologisclieti Chemie, l. il, p. 398. INFLUENCE DES CONDITIONS BIOLOGIQUES. /l75 bientôt, à la manière dont le travail niitrilit' s'elTectue dans l'organisme (1). ^7. — L'acide arique qui se trouve dans l'urine de circonsiance^ '' qui intluciit l'Honnne, soit à l'état libre, soit en combinaison avec des bases, «"'• la proportion constitue d'ordinaire 1 .1 à 2 pour 100 du poids total des ma- J'acide urique. tières fixes contenues dans ce liquide (2) ; mais de même que pour l'urée, ces proportions peuvent varier beaucoup, suivant la natiu'c des aliments dont on tait usage, et comme l'acide urique est très peu soluble dans l'eau, les changements déter- minés delà sorte causent parfois des modifications considéra- bles dans l'état physicjue des produits de la sécrétion rénale. Un régime très azoté tend à augmenter la quantité d'acide uri- que excrété par cette voie, et souvent il suffit d'avoir bu un peu de vin mousseux ou d'avoir pris un peu trop de café, pour que l'urine en soit chargée au point d'en déposer par le refroidisse- (1) Ainsi, dans l'urine d'an Homme Sels solubles 8,18 dans la première période d'une al- Sels ins-lubles 0,24 laque morlelle de choléra sporadique, M. Heller trouva : ^^^^' conséquent, la proportion d'u- rée, relativement aux autres matières Eau 935,67 fixes, élail réduite à 18 pour 100 (c). ^'■•;''-- ■ ^^'^^ (2) Dans l'analyse laite par Berzelius, Acide urique 0,10 j,^^.^^^ ^^^..^^^^^ représente 15 millièmes Matières extraclives 27,32 ,.,,-• i, ^ , ^ ^ ,, , , des matières solides tournies par 1 u- Sels fixes (),41 (a) rine ; dans les analyses de M. Marchand, Dans un cas de marasme sénile, (.,,, .^^.■^^^^, i-eprésenle 16 millièmes du iVl. Scherer ne trouva dans l'urine que ,j,j,,^^g p^i^jj, ^^tal, et dans celles faites 2/1 d'urée pour 100 parties de matières p^,. ^ Lehmann, la proportion de solides (o). ^ç^jg substance varia entre 16 et Chez un malade atteint de carci- OQ millièmes du poids des matières nome du foie, M. Percy trouva dans ^^jj^j^g^ ^i^i^^ ^la„s i^^ analyses faites ' "'"'"*^ • par A. Becquerel, la quantité relative g3„ 979,00 ^Ic l'acide urique ne fut évaluée, terme Urée . . . . ~. 3,16 moyen, qu'à l/i millièmes de la tota- Malières organiques indéterminées. 8,78 hté des matières Solides. (a) Heller, Ham. Dlut, Vomitus und Faces bei Choiera spora'lka (Archiv fur pliysiol. und pathol. Chemie, 1844, t. I, p. 15). (6) Scherer, Untersuchuiigen, p. 75. (c) Fr. Simon, Animal Chemixtvii, I. 11, p ^HR. CravcUe. r.iiTonstanccs i|ui intluent sur la proportion (les malièrcs salines, etc. /|76 EXCRÉTION URINAIRE. ment. Quelquefois même l'urine donne naissance à de pelits cristaux ou à des granules amorphes d'acide urique, avant d'a- voir été expulsée des canalicules des reins, et la médecine nous ai»prend que les excès de table contribuent plus que toute autre chose à déterminer ces accidenis. Les i)etites concrétions qui se forment de la sorte, et qui sont connues sous le nom de gra- viers (1 ), sont souvent la cause de souffrances très vives, et pour en arrêter le développement, il suffit généralement d'adopter nn régime frugal (2). § 8. — Comme exemple des modifications que les aliments peuvent déterminer dans la constitution de l'urine, je citerai encore l'augmentation dans la proportion d'oxalate de chaux, qui parfois résulte de l'emploi d'une quantité trop considérable d'oseille (S). (1) Los graviers sont ordinairement composés tracide urique associé à la matière coioranie rouge de l'urine (a), el ils se forment en général dans Tin- térieur des reins (h). Ils consistent en agrégats de cristaux microscopiques soudés entre eux (r). Souvent de petites concrétions ana- logues, mais composées d'urate d'am- moniaque, se trouvent dans les ca- nalicules des reins chez les enfants nouveau-nés. Pans quelques cas de gravclle, les concrétions urinaires sont blanches et formées, soit dephospiiate ammoniaco- magnésien et de phosphate de chaux, soit d'oxalate de chaux. ('J) J'aurai à revenir sur ce sujet ([uand je traiterai de la nutrition ; mais je dois signaler ici à l'attention du lecteur les observations de Schultens et de Magendie sur la gravelle ((/). (o) Les médecins avaient rentarqué que l'usage fréquent de l'oseille comme aliment pouvait délerniiner la for- mation de calculs urinaires qui sont composés essentiellement d'oxalate de chaux {(>), et la présence de ce sel en (a) Lecanu, Kouv. rech. sur l'urine (Mcm. de l'Acad. de mcdecine, 1840, I. Vill). — Sogalas, Essai sur la gravelle cl la pierre, ts;t8, p. 59. (b) Uranile, On the Dtfferences in ihe Structure ofCalcuH wliirh anse from their being formed m différent l'arls of tlic Vrinarij Passanes 'Plulos. Irons., -1808). ((■) N'oyez doldini,' liird. Ile iurine et des dt'ixils urinaires. p. ■157, i\g. 58 à 00. — Mat^cndie, lierherches ]diiisioloijiques et nu'dicates sur les causes, les sijniplùmes et le trai- tement de la gravelle, 1818. ((/) Scliullciis, Dissert, clunn. vicd. de cauns inuuinuUe in llollandta morbi ralculosi fnquentiw, ISCJ (Journal de Gehten, t. 111, p. 335). [e] Majjcndie, Noie sur deux nouvelles espèces de giavelles (Journal de physiologie, 1821'», t. Vt, p. 2',)"). — UoiuK', Cours de nucroscopte, p. 21(1. — Goliliiii; llinl, lie l'itriue cl des déiiots urinaires, y. -77. — Cavfiitoii, .\Hulijse d'un rntciit vii'iral iJourniit de pharmacie, 18?0, I. Wi, p. 75t). INFM'F.NCR DFS fONDITIONS TilOLOGIQrKS. llll Le régime iiilliie plus que tonte autre chose sur la proportion de l'acide phosphori(|ue et de Tacide sult'urique qui, à l'état de combinaisons salines, sont expulsés de l'économie par la sécré- tion urinaire; mais l'état général de l'organisme peut contri- buer aussi à la faire varier, et comme nons le verrons bientôt, il semble y avoir quelques relations entre l'abondance plus ou moins grande de ces matières et le degré d'activité vitale de certains appareils, ainsi que la manière dont le travail nutritif s'y effectue (1). § 9. — D'autres variations dans la composition chimique de l'urine de THomme et des Animaux, sans dépendre du régime ordinairede ces êtres, sont dues àdes causes analogues. En effet, l'eau, l'urée et les diverses substances organiques ou minérales que nous venons de passer en revue ne sont pas les seules ma- tières qui soient susceptibles d'être séparées du sang par l'action Présence tic malières étrangères tlans l'urine. proportion notable a été ol)servéo clans l'urine crAnimaux auxquels on avait administré de l'acide oxalique {a). Mais , ainsi que nous le verrons bientôt , cet acide peut être formé dans l'organisme aux dépens d'autres substances. Moricbini et d'autres patliologistes ont trouvé aussi de l'acide oxalique en proportion insolite dans l'urine de quelques personnes qui avaient fait un grand usage des tomates comme aliment (6). (Ij II résulte des recherches expéri- ni entales de M. Bence Jones que l'exer- cice musculaire tend à augmenter la proportion des sulfates contenus dans l'urine, et que la quantité des phos- phates sécrétés par les reins est sur- tout remarquable dans les maladies aiguës qui alïeclent les organes dont le tissu contient le plus de matières phosphorées, savoir, le système ner- veux et le système osseux. Ainsi, dans un cas d'inflammation cérébrale, et chez un individu aflecté de ramollis- sement des os, ce physiologiste a vu les phosphates à bases alcaline et ter- reuse devenir très abondants dans les urines (c). (a) Wohler, Uebcr den Uebergaiig von Materien ui dm liarn (Zeitschr. fiir Physiologie von Treviraïuis, t. 1, p. 4 38). (6) Morichini, Memoria sopra alcuna sostame che passano indecomposate nelle urine {Memorie délia Sociela iialiana, 1815, l. XVII). — Boucliardal, Annuaire de thérapeutique, 1850, p. 157. (c) Bence Jones, Contributions ta fhe Cbenïtstry of Urine [Philos. Ti'ans., 184C, p. 449, et 1852, p. 255). Vil. 31 dis FACRÉTION URINÂIRE, sécrétoire des reins. Presque tous les corps qui se trouvent en dissolution dans ce liquide peuvent en sortir par la même voie, pourvu qu'ils y existent en proportion suffisante ; et par conséquent, lorsque le sang qui traverse les glandes rénales est chargé de matières étrangères à sa constitution normale, soit que ces matières y aient été portées du dehors par absorp- tion, soit qu'elles aient pris naissance dans l'intérieur de l'or- ganisme, on doit s'attendre à les voir apparaître dans les urines. En effet, c'est ce (]ui a lieu. Toutes les substances qui sont ab- sorbées par les parois du canal digestif ou qui arrivent par quel- que autre route dans le torrent de la circulation, et qui ne sont ni fixées dans l'organisme, ni détruites dans l'intérieur de l'éco- nomie animale, peuvent en être expulsées par la sécrétion uri- naire. Si ces matières étrangères sont gazeuses ou volatiles, elles s'échappent en plus grande abondance par la surface respira- toire, mais elles se montrent aussi dans les urines; et quand elles sont fixes, c'est principalement ou même uniquement par les voies urinaires qu'elles sont expulsées au dehors. Nous exa- minerons plus tard quels sont les corps étrangers qui, intro- duits ainsi dans le sang par absorption, arrivent aux reins et sont éliminés par ces glandes, conjointement avec les maté- riaux constitutifs de l'urine ordinaire, et en ce moment je me bornerai à citer quelques faits propres à mettre bien en évi- dence les phénomènes dont je viens de parler, et à montrer quelle est la source de ces produits advenlifs de la sécrétion rénale. Chacun a pu remarquer qu'à la suite de l'emploi alimentaire de certains végétaux ou de radminislration de quelques médica- ments, l'urine prend une odeur particulière ou se colore d'une manière insolite ; et dans les observations faites sur des malades, ainsi que dans une multitude d'expériences pratiquées sur des animaux, oiia pu constater chimiquement dans l'urine la pré- sence de matières (pii avaient été absorbées dans le canal <1i- INFLIENCK DES CONDITIONS BIOLOGIQUES. Ù79 gestif(l). Ainsi, la rhubarbe, administrée même à faible dose, rend l'urine très jaune, et y développe une couleur brun rouge lorsqu'on ajoute à ee li(iuide un peu de potasse, réaction qui est caractéristi(iue d« cette substance (2j. (1) Plusieurs auteurs ont vu l'urine devenir rouge après remploi abondant de divers aliments végétaux, tels que les fruits du Cactus opuntia, les Bet- teraves et les ÏNIûres; mais dans d'au- tres cas, ces effets n'ont pa« été pro- duits {a), et les variations que l'on a remarquées à cet égard dépendaient probablement de ce que dans certaines circonstances, la matière colorante contenue dans l'aliment aura été ab- sorbée, tandis que, d'autres fois , elle aura été entraînée rapidement au de- hors avec les fèces, par suite de l'ac- tion purgative exercée par la sub- stance ingérée dans les voies digestives. L'absorption du principe colorant de la garance et d'autres matières tinc- toriales peut produire des elïels ana- logues sur les urines, ainsi que cela a été constaté chez l'Homme par Sewal, Bradner Sluart , Perccval , etc. , et chez la Vache par Deyeux et Par- mentier (6). La santoniue (ou acide santonique) , qui s'extrait du semen- contra, et qui jaunit par l'action de la lumière , éprouve un changement analogue en traversant l'économie animale, et dé- termine dans les urines une coloration jaune très intense et fort persis- tante {(■). Les médecins ont souvent remar- qué qu'à la suite de l'emploi intérieur de l'essence de térébenthine, l'urine exhale une odeur de violettes, et même ce phénomène se manifeste quelquefois quand la vapeur de cette substance a été absorbée par les voies pulmonaires. Or , cette parti- cularité dépend du passage de l'es- sence de térébenthine dans les urines, et de l'action exercée par cette sub- stance sur la matière colorante extrac- tivc que ^L Scharling a désignée sous le nom d'omycliinijlp. En effet, cette matière, traitée par l'essence de tér.é- benthine, développe l'odeur de la vio- lette {(l). On sait généralement que l'urine des personnes qui ont mangé des as- perges prend une odeur particulière(e) : mais la théorie de ce phénomène n'est pas connue, car l'asparagine, qui est alors expulsée par la sécrétion rénale, est par cile-même inodore. (2) Ce phénomène , constaté par Home et par plusieurs autres physio- logistes dans des expériences sur des Animaux {f} , a été observé aussi chez {a) Rayer, Traité des maladies des reins, t. I, p. 60. (b) Nous revieiidions sur ce sujet dans la prochaine Leçon. (cj Mouthiier, Sur l'action de la santonine che% les enfants [Gas. mcd., 1855, I. X, p. 314). (d) Voyez ci-dessus, page 418. (e) Voyez liiiriliicli, TruUc de physiologie, 1. VIII, p. 335. {fj Home, Experimeats lo prove that Fiuids pass directlij inlo tlte Circulation of the Blood, and from llience to tlie Cells of tlie Spleen, the Gall Dladder and Uruianj Bladder, ivithoul goinij through llte Thoracw Duel (flulos. Trans., 1811, l. Gl,p. 103). — Tiodeiuann ei Gnielin, Recherches sur la route que prennent diverses substances pour passer de l'estomac dans le sang, etc., p. 10. — Hering, Versuche die Schnelligkelt des Blutlaufs luul der Absonderung au bestimmen (Zeitschr. fiir Physiol. von Treviranus, 1829, t. III, p. 85,1. ft80 EXCRÉTION LKINAIKH. T/existence du cyanoferrure clc potassium est encore plus facile à constater dans l'urine pe.u de temps après que cette sub- stance a été portée dans le torrent de la circulation (1). Il en est de même pour les préparations iodurées ('2), ainsi que pour un grand nombre de sels métalliques ; et si l'excrétion des ma- tières étrangères jiarles voies urinaires ne peut pas être con- statée dans fontes les circonstances où ces substances n'ont pas été détruites dans l'inléricin' de l'organisme, cela dépend presque toujours de la lenteur avec laquelle leur élimination s'efleclue et de l'impuissance des réactifs chimiques employés pour les faire découvrir. Môme les subslances non destructibles rUonime par qiielqiios nu'dccins (a). (Fabord par Wollastnu, puis pir tous Il paraïl dû à racidc clirysopliaiiiqiit' les pliysiologisles qui oui l'ail des ox- qui se trouve dans la rhubarbe {b). périenccs sur ce sujet (r). - (!) La présence du cyanoferrure de ('2) Le passage des préparations io- potassiuni dans furine peu de temps dées dans les urines a été constaté après l'absorption de celte substance non-seuli'nient chez des Animaux (r/), par les voies di}4('slives a été constatée mais aussi chez rilonnne {r\ (a) Par exemple, lli'adnei- Sluail (vuv. lîayer, Traiti' des maladies des reins, t. I, p. Cil). (/)) Sclilofsbci'iTi'r 1111(1 Doppiiii,', (lliem. l'nlers. der H'inharberwiinel (.\I':S CONDITIONS IMOLOfilQUF.S. /jSo cette substance passe dans les urines, comme nous venons de le constater pour une multitude de corps étrangers introduits du dehors et pour un certain nombre de principes normaux du tluide nourricier. Or, il est des circonstances dans les- quelles la production de certaines matières qui prennent nais- sance dans l'intérieur de l'organisme, et qui d'ordinaire sont détruites presque aussitôt après leur tbrmalion, devient tro[) abondante pour qu'elles puissent disparaître de la sorte, et alors le sang, en élant surchargé, en abandonne pendant son passage à travers les capillaires des glandes rénales. Il en ré- sulte que l'urine, à son tour, s'en trouve chargée et en effectue l'évacuation au dehors. C'est de la sorte (]ue dans quelques états pathologiques de l'organisme , dans le diabète , par exemple, l'urine devient sucrée (1). La glycose, engendrée Sucre dans l'urine,. (1) La découverte de l'existence du sucre dans Turine des malades alTedés de diabète est assez généralement attribuée à Cruikshank (a). Mais, ainsi que l'a fait remarquer M. Bell (6), ce fait avait été entrevu plus d'un siècle auparavant par Willis, puis par Dobson, et bien établi par Cowley, Marabelli et P. Frank (c). Parmi les auteurs qui ont ensuite le plus contribué à l'avancement de nos connaissances sur ce sujet, je citerai Fourcroy, Nicolas et Gaudeville, Dupuytren et Thenard, Bostock, Henry, JNI. Chevreul et ÎVl. Péligot {d}. Potu' constater la présence du sucre dans l'urine, et même pour doser cette substance, on peut taire usage de trois méthodes, dont l'une est essentiellc- (a) H. Bell, art. DIABÈTE {Dictionnaire des éludes médicales j>vatiques, i. V, p. tlO). (b) Willis, PharmaceiUice ralionalis, tOV?, p. IBi. (c) Dobson, Experimcnts and Observalions on the Urine in n Diabètes (Médical Observ. by a Society of Physicians in London, t. V). — T. Cowley, A Singular case of Diabètes consisting cntirehj in the Quaniity of the Urine (The London Médical Journal, 1788, t. IX, p. 291). — Marabelli, Memoria su i principi e sulle différence dcll'urina in due speite di diabète, Pavia, 1783, p. 32. — Frank, De curandis hominum inorbis, lili. V, 1704, p. 39. (d) Foiircroy, Système de chimie, I. X, p. 178. — Nicolas et Gaudeville, llecherches chimiques et médicales sur le diabète sucré, ou phthi- surie sucrée {Ann. de chimie, 1802, t. XLIV, p. 45). — Dupuytren et Tlienard, Méin. sur le diabète sucré {Ann. de chimie, 1806, I. LIX, p. H). — Bostock, Tvjo cases of Diabètes {Trans. of the Med. Chir. Soc. of London, 180(i, t. Vf, p. 237). — Clievreul, Note swr le diabète sucré {Bulletin de la Société philoniatique, 1817, p. 148). — Henry, Experiments on the Urine dlschargcd in Diabètes mellitus(Med. chir. Trans., 1817, t. 11, p. 119). — Péligot, Recherches sur la nature et les propriétés chimiques des sucres {Ann. de chimie et de physique, 1837, t. LXVll, p. 13G). /l8/i EXCHÉTiON luinaiul;. daiis le Ibio cl eiitraîiiée par le torrent de la circulation, est alors un des principes constitutifs de l'urine; mais la présence de celte substance parmi les produits de la sécrétion rénale n'implique aucune altération dans la nature de ce travail phy- nicnt physique et les deux autres re- posent sur des réactions chimiques. La première de ces méthodes a été proposée par Biot, et consiste dans la constatation du mode d'action du li- quide sur la lumière polarisée, soit à l'aide de l'instrument inventé par ce savant physicien (. 175j. — Voyez ;Hissi à cp sujet : Niniliaiicr , L'eber oplischc Harmurkcrbcstimmunij {Archir fiir physiol. Heilk., 1858, t. XI). — Anleitung aur qualitativen und qiiantitativen Analyse des Ilarns, von Ncubaiier and Vogel, 18:.8, t. I, y. 61. (c) Voyez tome l, page 300. ((/) Poisunilli', Ik'terminalwn à l'aide de la fernientatiun de faibles quantités de gtijcose con- tenue dans des liquides de très petit volume (Comptes rendus de V Acad . des sciences, \%^^, I. XLVII, p. 'JOr> et 1058). — Briicko, Ikber die reducirenden Eigeascliaficn des Ifarns gesunder Menschen iSitiungsber. der Ak der Wisscnsch. x-u ]Vien, 1858, l. XXVIII, p. 508].— Ueber llariix-urkerproben (Zeitschr. d. Geseltsch. der Aerzie zu IViî», 1858). — Felilins-, Die quantitative licstimmung von Ziickcr {Ann. der Chemie und Pharm., 1858, l. CVI, p. 75). — Mnliler, Indigo ats Iteagens auf Trauben-und Fruchtiucker {Archiv fiir die Hollàndischen Ueitrdge iur Satur- luid lli'itknnde). — Cil. I.eronlc, Sur la recherche du sucre dans f urine {Journal de physiologie de Bvown- Séquiirtl , 1851), I. II, p. 5'J3). — WieilerhoKI, Ueber die Nachweisung des Ziickers im llarn. Goltini^nc, 1849. — Loweniliiil, Nolii zur t'ehling'schen KupferWsung (Journal fur prakiische Chemie, 1859, I. lAXVII, p. 331!). — Sclineyiler, Kine Méthode Zucker :iu erkennen {Zeitschr. fiir ralionellc Médecin, 1800, nericht fiiriHh'.K p. 331). — Bôilckei-, MiHhciliuigcn ans dem chcm. Ijiboratui'inm des idiysiologischen Instituts iit i,»llingcn {Zeilschrift fur ratinnclle MedrJn, 1859, t. Vil, i'. 128). - Mialilc. i\ote sur ta recherche du siœrc dans l'urine [Jvurnal du progrés, 1800). Fischer mv\ C. Bodckcr, tUbcr die kïuislliclie Darslellunij cou Zucker [Zeitschr. fur ynticnellc Mediciii, 1800, (. X, p. 153). INFLUliNCi: UKS CONDITIONS BIOLOGIQUES. /|85 siologiqiie, et doit être considérée seulement coiiiine une consé- (luence du changement survenu dans la composition chimique du sang. En elTet, chez les personnes qui sont atteintes de diabète sucré, on trouve du sucre dans le sang (1), et, ainsi (juc nous le verrons bientôt, on peut à volonté déter- miner cette particularité dans la composition des urines en pro- voquant une production surabondante de sucre dans le Ibie (2), ou en introduisant arliticiellement une quantité considérable de cette substance dans le torrent de la circulation (3). Comme exemple de l'apparition de matières anormales dans l'urine par suite de la production trop abondante de ces substances dans l'intérieur de l'organisme ou de leur résorp- Malicrc coloranio de la liilc dans ruiinc. la formation a lieudans riirinc fraîche qui a été prôalalilement traitée par l'al- cool absolu et par une solution alcoo- lique de potasse, a été conduit à con- sidérer le sucre comme étant un des produits normaux de la sécrétion ré- nale (a) ; mais cette opinion repose seulement sur la réduction du réactif cuprique, et ne paraît pas être fondée, car la réduction de l'oxyde de cuivre peut être effectuée aussi par l'hypoxan- tliine, l'acide taurylique, etc., dont on rencontre souvent des traces dans l'urine (b). (1) L'existence du sucre dans le sang des diaiiétiques avait été entrevue plutôt que démontrée par quelques pathologistes du siècle dernier ; mais d'autres expérimentateurs n'étaient ar- rivés qu'à des résultats négatifs dans leurs recherches pour y découvrir cette substance , et c'est de nos jours seulement que le fait a été mis hors de doute par les expériences dont j'ai rendu compte dans une précédente Leçon (c). (2) La piqûre du plancher du qua- trième ventricule de l'encéphale , comme nous le verrons par la suite, détermine une production abondante de sucre dans l'organisme et cause ainsi la glycosurie.'. Mais cela ne dé- pend pas de l'inlluence exercée par le système nerveux sur les reins. (3) Lorsqu'on injecte une certaine quantité de glycose dans les veines d'un Animal, on voit bientôt après du sucre apparaître dans son urine. Ce dernier phénomène peut être déter- miné aussi par l'ingestion de beau- coup de sucre dans les voies diges- tives {(l). (a) tSriicke, Ueber das Vnrkommeii von Zuckev ïm Unn gesiinder Menschen {Sit^ungsberklU der Akad. der Wissenschaften su Wien, 1858, t. XXIX, p. 346). (b) Lelmianii, llaiulbuch der phtjsiûlogischen Chemie, 1850, y. 140. (c) Voyez tome I, page l'J3. (d) Cl. Bernard, Lcyns sur les liiiuidcs de l'organisme, 185'J, t. 11, p. *!* etsinv. — Linipert und Folk, Untersuchuntjeii ûber die Ausscheiduiig des Zachers durch die Mereii [Avchiv fur patlwlogisclic Aiiat. und l'hgsiol., 1850, I. I.\). /iSO KXCHETION URlNAIIJli, tion quand elles ne sont pas évacuées au dehors par les voies ordinaires, je citerai aussi l'état particulier de ce liquide dans la plupart des cas de jaunisse. En général, l'urine des ictéri- ques conlient une quantité plus ou moins considérable de la matière colorante jaune de la bile, et prend ainsi une teinte foncée, qui parfois tire sur le brim rouge. Dans divers cas pathologiques du même genre, on a constaté aussi la présence des acides résineux dé la bile, et même de la cholestérine, parmi les produits de la sécrétion rénale (1). Quelquefois l'urine paraît presque noire, par siiile de la quantité considérable de matières colorantes de la bile qui s'y trouvent dans un état d'altération particulier C"!) ; et dans certains cas, ce liquide a présenté une couleur bleue très remarquable qui est due à l'indigo, et qui résulte de l'excré- tion abondante d'un principe particulier dont j'ai eu déjà l'occa- sion de parler, et dont la présence a été constatée dans le sang : savoir l'indican, ou indigogèiie, qui a reçu aussi le nom d'uroxanthine (du). cysiine. Uuc substancc dont l'existence n'a pas encore été constatée dans le sang, mais qui s'y trouve probablement dans certaines circonstances et qui est parfois sécrétée par les reins, de façon (ju'elle peut se rencontrer dans les urines, a reçu le nom de cystine. C'est un corps cristallisable et azoté comme l'urée, mais qui renferme beaucoup de soufre et probablement aussi du phosphore. Elle est susceptible de se combiner avec certains (1) Comme exemples de la présence (2) Dans (Vautres cas où Turùie (le la cholestérine dans Tnrine, je ci- était noire, celte particularité paraît tcrai des cas observés réccnnneiit par avoir dépendu de la présence de beau- M. Reale chez des personnes afVecléi's coup (rhéniatosine altérée et provc- d'une dégénérescence graisseuse des nant de globules sanguins {h). reins (a). (3) Voyez ci-dessus, page /il9. (n) Bcalc, On Ihe présence of Cholestérine in Urine [Arcliit'es nfMeduinc, 185'.i, I. I, p. 8). (()) Diilk, Urine noire (licrzclius, llapport sur Us pro'jrés du la ehimie, présenté en I8i0, p. 330). INFLUENCH DES CONDITIONS BIOLOGIQl ES. /l87 acides ot paraît devoir être considérée comme une base organique faible, mais son liistoire n'est encore que très impar- faitement connue (1). (1) Ce principe immédiat l'ut décou- vert par Wollaston dans un calcul vé- sical, et appelé d'abord oxyde calcu- leux ou oxyde cystique {a). JMarcet trouva ensuite de petites concrétions de cette substance dans les reins (?)), et Prouten constata la présence dans l'u- rine, anomalie qui a été observée éga- lement par Stromeyer et par M. Ci- viale (c). Berzelius, qui en détermina la nature chimique mieux que ne l'avaient fait ses devanciers, donna à ce corps le nom de cystine {d) que quelques patho- logistesvoudi'aient remplacer par ceux de néphrine ou de scordosmine. La forme des cristaux de cystine est ca- ractéristique et a été représentée par plusieurs auteurs (e). L'existence du soufre dans ce corps a été constatée expérimentalement par MM. Malaguti et Baudrimont (/") ; celle du phosphore est rendue présu- mable par ce fait que, chauffée dans un tube, la cystine donne naissance à un gaz qui, au contact de l'air, s'enflamme spontanément (g). Il me paraît probable qu'une anoma- lie singulière cjui a été mentionnée par quelques auteurs, et qui consiste dans l'excrétion d'une urine lumineuse {h), pouvait dépendre de la présence d'une certaine quantité de cystine en voie de décomposition. Il est d'ailleurs à noter que des phénomènes de phosphores- cence en apparence analogues se ma- nifestent très souvent pendant la putré- faction des Poissons et autres Animaux marins, et que dans ce dernier cas il paraît être du à la décomposition des niatières organiques phosphorées par l'hydrogène naissant et à la combus- tion de la petite quantité de gaz hy- drogène phosphore qui se dégage alors d'une manière lente et conti- nue (/). D'après M. Thaulow, la composi- frt) Wollaston, On Cystic Oxyde, a neiu speeies of Urinary Calculus {Philos. Trans., 1810, p. 223). — De l'oxyde vyslique, nouvelle espèce de calcul {Anii. de chimie, 1810, t. LXXVI, p. 21). (6) Marcel, Op. cil., p. 89. (c) Prout, An Inquiry mto the Nature and Treatment ofGravel, elc, p. 171. — Stromeyer, Oxyde cystique {Ann. de chimie et de physique, 1824, t. XXVII, p. 221). — Civiale, Mém. sur les calculs de cystine (Comptes rendus de l'Acad. des sciences, 1838, t. VI, p. 897). — Traitement médical et préservatif de la gravelle, 1840, p. 418. — Millier Baary, Urin containinfi Cystine {Archiv. of Medicine, 1859, t. I, p. 134). (d) Berzelius, De l'emploi du chalumeau pour reconiiaitre les calculs urinaires. (e) Donné, Tableau des sédiments des urines, 1838. — Mandl, Anatomie microscopique, 2* série, t. 1, pi. 5, fig. 15. . — Rayer, Traité des maladies des reins, t. I, pi. 2, fig. 0. — Robin el Verdeil, Chimie anatomique, pi. 33, fig. a, s. — ■ Neubauer und J. Vogel, Anleitung zurquantitativen und qualitativen Analyse des Harns, 1858, pi. 3, fig. 4. (/■) Baudrimont et Malaguti , Observations sur la Kote de Thaulow {Journal de pharmacie, 1838, t. XXIV, p. G33). {g) Thaulow, Sur la composition de la cystine (Journal de pharmacie, 1838, t. XXIV, p. 629 ; — Ann. der Chemie und Pharm., t. XXXVII, p. 193). {h) Rayer, Op. cit., t. I, p 125. — Burdach, Traité de physiologie, t. Vlll, p. 3C2. (î) Mulder, Natûrliches und kunstliches Phosphoresciren von Fischen {Archiv fur die Holldn- dischen Beitrage swr Naltir- und Heilkunde vnn Donders und W. Berlin, 1860, I, II, p. 398). /l88 EXCRÉT1U>; LKlNAlKli. D'ordinaire l'urine ne renferme ni leucine ni tyrosine, mais dans quelques cas palliologiques ces substances s'y sont montrées, et suivant toute probabilité elles prennent nais- sance loin des reins, dans diverses parties de l'économie animale [l). Présence Daus l'état uormal de l'ofganisme, l'albumine, qui existe en (le l'albumine , , i i i i' • /^ dans l'urine, graudc aboudancc dans le sang, ne passe pas dans 1 unne. Le liquide ne contient d'ordinaire aucune trace de cette substance; mais dans divers cas palhologiijues, il en est si fortement chargé, qu'il devient trouble par l'ébullilion ou par l'addition d'un peu d'acide azotique (5\ Au premier abord, on pouvait croire que cette excrétion albumineuse dépendait de quelque modification dans la nature de la matière albuminoïde du sang, qui, dans l'état normal, ne traverse les membranes ani- 1 lion élémentaire de Ja cystine serait représentée par la formule C'2lp2Az2 06S<. (1) MM. Frerichs et Stadeler ont Ironvé beaucoup de leucine ei de tyro- sine dans l'urine, ainsi que dans tous les organes, chez un malade qui avait succombé à une atrophie aiguë du foie (a). {'2) Pour reconnaître la présence de Talbumine dans rurine , il suffit en général de chaufler ce liquide à 7(1'^', car alors celte sulwlance se coagule. L'addition de quelques gouttes d'acide azotique détermine aussi la coagula- tion de l'albumine, et l'eau régale décèle de la même manière des traces encore plus minimes de ce corps pro- téique. Le cyanoferrure de potassium préalablement mêlé à un peu d'acide acétique est aussi un réactif très sen- sible pour des essais de ce genre; mais, de même que l'eau régale, il précipite toutes les matières albumi- noïdes. On peut employer aussi l'ap- pareil polarisatcur appelé albiimini-- mètre (6;. L'existence de l'albumine dans l'u- rine chez divers malades, particulière- ment des diabétiques et des hydro- piques, avait été notée depuis fort longtemps, et vers le commencement du siècle actuel elle fat constatée à plusieurs reprises (c) ; mais c'est sur- tout depuis la publication des travaux (Fun médecin d'Kdimbourg nommé ]5righl, sur cerlains étais pathologiques du tissu des reins, que les observa- (a) Frerichs und Siiidelcr, Weilcre Dcilrage 3«r Lehve vom Stoffwa)idel (Mtiller's Archiv fiir Anal, und l'hystol., t85(J, p. 47). (6) A. Vica\unf\, licchrirhes physiolotjiqucs et pathologiques sur Vulbimine du sait ir. Delà présence de l'albumme dans l'urine, considérée comme phénomène et comme signe dans les maladies, ilièse. P:iris, 1835. — Mai-liii-Solon, De l'albuminurie, 1838. — P.ayer, Traité des maladies des reins, 1840, t. II, p. 97 et suiv. — Ayres, Conirib. to Chemical Pathnlogy (The Laiicel, 1845, t. 11, p. 121). — A. Bccffiiorcl, Sémiotiqne des urines, 1841 , p. 445 et siiiv. — Stiiart Cooper, De iurine des albuminnriques, llièse. Paris, 1840. --Fr. Simon, Animal Chemisirg. t. Il, p. 208. — Miller, On Scarlatinal Albuminurie [The Lancet, 1849, t. I, p. 127). — Frcrichs, Die lirighVsche Nieren-Krankluit. BriinseliWc'iif, 1 851 . — Heller, l'athologische Cliemie des Morbus Brigiui (Archiv ftir phijs. und path. Chemce und Mikroscopie, 1845, t. II, p. 173 et suiv.). — Ueber dus Albumin, Bestandlheil des Harns in KrankheUen {Arch., 1852, t. V, p. 253). — Walshe, Lectures on Clinical Medicine (The Lancet. 184'J, t. I, p. 415 et suiv.). - Vogt, Semiotik des menschlichen Urins, 2° vol. de l'ouvrage de Neubauer et Vogel sur l'analyse de l'urine, 1858. {a) Coiugui, De ischiade nervosa commentarius, 1770, p. 24. — Cruiksliaiik, dans. P.oUo, Two cases of Diabètes, 1798, p. 443. — Nicolas et Cauileville, Recherches chimiques et médicales sur le diabète sucré, ou phthisiirie sucrée [Ann. de chimie, 1802, t. Xt.IV, p. 45). . — Branile, An Account of some Cliani,es Irom Disease in ihe Composition of human brine {Trans. of a Soc. for the improvement of Med. and Chir. Knowledge, t. 111, p. 187). — Dupuylren etTlienard, Mémoire sur le diabète sucré (Ann. de chimie, 1800, t. LIX, p. 41). — Nysien, Recherches de physiologie et de chimie pathologiques, 1811, p. 250 et suiv. — Thompson, Système de chimie, 1818, t. IV, p. 015. — Parkes, On the Composition of Urine in Health and Disease, 1800. (b) Rayer, Traité des main dies des reins, t. II, p. 504 et suiv. — Fiiiger, Recherches statistiques sur l'albuminurie qui n'est pas liée à une maladie des reins (Arch. gén. de méd , 1848, l. XVII, p. 358). (c) Gorup-Besanez, Ueber ein eigenthiimliches Yerhallen des .Mbumins im llarn [ArchiV fur physiol. und path. Chemie und Mikrosc, 18V0, t. III, p. 10). (d) A. Becquerel, Op. cit., p. 509. (e\ Voyez ci-après, page 498. Existence de malières grasses dans l'urine. /i90 EXCRÉTION UlUNAlRi:. géiu'ral dépendre seulenienl d'iiiie cause mécanique; elle peut être déterminée à volonté par le seul fait de l'augmentalion de la pression sous laquelle le sang circule dans les artères rénales, et d'ordinaire elle tient à des altérations pathologiques du tissu sécréteur des glandes urinaires par suite desquelles celui-ci cesse de mettre un obstacle à la transsudation du sérum du sang. Les matières grasses ne passent que rarement du sang dans les urines (1), et c'est aussi des désorganisations de la sub- stance des reins que dépend leur apparition dans ce dernier liquide ; je ferai remarquer cependant que dans qirelques cas elles y sont devenues si abondantes, que, par suite de cette cir- constance et de l'excrétion de -matières albuminoïdes, l'iunne a offert un aspect laiteux (2). autres médecins, qui considèrent la transformation de rall)umine ordinaire en albuminosc, albumine caséiforme ou albumine modiliée, comme étant la condition nécessaire pour le passage (le cette matière du sang dans les urines [a). (1) D'après une série d'expériences faites à ce sujet par M. Lang, à Dor- pal, 1.1 ([uantité de matières grasses contenues dans les urines normales a été estimée entre 0,077 et 0,'200 pour 100 {!>}. (2) Les patbologisies ont donné le nom tVurine chyleuse ou (Turine lai- teuse aux urines rendues opaques et blancbàtres par des malières grasses et albuminoïdes à Tétat d'émulsion ou de globules, qu'elles tiennent en sus- pension (c). Quelques auteurs ont at- tribué cette anomalie au passage du chyle dans les voies urinaires, et l'on a remarqué que la quantité de malières émulsionnéesqui se trouvent éliminées de la sorte augmente notablement à la suite des repas; mais la présence de la graisse dans Turine ne paraît pas dépendre toujours de l'existence d'un excès de principes gras dans le sang, et peut résulter d'un état mor- bide des reins (lus grande que la pression à laquelle ce liquide s'y trouve soumis sera plus considérable. Or, la quantité d'm^ne excrétée en un temps donné paraît dépendre principalement delà quan- lilé d'eau qui arrive de la sorte dans les voies urinaires, et, par consé(juent, le degré d'activité sécrétoire des reins doit être en partie subordonné à la pression plus ou moins grande que le courant circulatoire éprouve dans le système capillaire rénal. Les résultats fournis par les expériences directes et par l'observation de beaucoup de laits journaliers sont générale- ment en accord complet avec ces conclusions. Ainsi, on peut diminuer brus(|uement la pression du sang sur les parois des artères, soit en diminuant la quantité de ce liquide qui circule dans l'économie, ou en lui permettant de s'écouler librement au dehors par l'ouverture d'une veine, soit en affaiblissant les contractions du cœur qui le lancent dans le système des canaux irrigatoires. Or, dans l'un et l'autre cas, on diminue en même temps la quantité d'urine excrétée par les reins. M. Goll (de Zurich) a fait beaucoup d'expériences qui mettent bien en évidence cette coïncidence entre la diminution de la pression sanguine et le ralentissement de la sécrétion ui'i- naire (2); mais je citerai de préférence des faits du môme ordre (1) Voyoz lonie IV, page AOo. !)li('ps on tS5/i, furont Piitropiisespoiir (2) Los rorlifiTlies ûo M. C.oll. pu- coiili-ôliM- les vîtes de M. Liidwig sur vu. oj. [x9[\ EXCRÉTION IRlNAIRi:. qui ont été constatés par M. VA. Bernard, parce que cliaciin de nous a pu en être témoin. Dans une des expériences faites sur des Chiens, au Collège de France, la pression artérielle était de i'èli millinfiètres, et le poids de l'urine sécrétée s'élevait à 9 grammes par minute. On pratiqua à la jugulaire une saignée (pii tlt tomber la pression jl9 millimètres, et en même temps la quantité d'urine excrétée descendit à o grammes par minute (1). En affaiblissant ou en suspendant momentanément les con- tractions du cœur par l'effet de la galvanisation de l'extrémité inférieure des nerfs pneumogastriques préalablement divisés, on fait (omber encore plus bas la pression artérielle, et en même lem|»s on diminue davantage l'excrétion urinaire ('2). le m(?canisme de la sécrétion urinaire, et elles fourairent plusieurs résultats intéressants. Ainsi, dans une de ces expériences faites sur un Chien portant une fistule urinaire, la pression arté- rielle était de 13(J,7, et la quantité d'urine excrétée en une demi-heure s'élevait à iôf",27. On pratiqua une saignée : la pression tomba à 1130,0 et la quantité d'urine excrétée pendant le même laps de temps n'était plus que de 108'-,'23 (fl). (1) Les expériences dont il est ici question lurent faites en 1S58 (6). (2) Ainsi, choz l'Animal dont il a déjà été question, M. Goll paralysa de la sorte les mouvements du cœur, et \it la pression, qui éiait déjà des- cendue de 13Zi à 129 par l'influenie de la saignée, tomber à 105,7. Or, la quantité d'urine qui avant la saignée était de 15 grammes, et qui était ré- duite à 10 par cette opération, ne fut plus que de 2,7 pendant la du- lée de la galvanisation des pneumo- gastriques. Je dois faire repiarquer cependant que cet efTet n'est pas con- stant, et que dans l'expérience n° 2 du même auteur ou ne l'observa pas (c). Dans une expérience analogue, faite par M. Cl. iJernard, la diminution dans la pression artérielle, obtenue par la galvanisation des tronçons périphé- riques des nerfs pneumogastriques, lut dans le rapport de 100 à 135, et la quandté d'urine sécrétée, qui était de 10 grammes avant l'arrêt des mouve- ments du cœur, ne fut plus que de *2ï',o pendant la durée de ce phéno- mène (d). Au moment de mettre cette feuille (a) Goll, Ueber den Einfluss des Bliitdrucki\. 9G). (c) (Joli, Op. cit.. [Zeitschr. fiir rat. Med., t. IV, p. 93). /|96 EXCRÉTION L'KlN.VMiE. toutes choses sont égales d'aillcLirs, la sécrétion urinaire doit être plus active durant cette période que chez l'individu à jeun. C'est eflcctivcment ce qui s'ohserve chez l'Homme aussi hien que cliezles Animaux (1), et l'augmentation de la pression ar- térielle, qui est une conséquence de l'absorption des boissons, est certainement la principale cause de l'abondance avec laquelle les urines sont excrétées peu de teuips après l'ingeslion des liquides dans l'estomac. I.a connaissance de ces faits nous permet de concevoir com- ment la structure anatomique des reins donne à ces glandes une puissance sécrétoire très grande. Nous avons vu précédemment qu'une sorte de rele mirabUe, logée dans la j)ortion ampulli- forme de chaque tube uriiiiiere, constitue le glomérule malpi- ghien, et se con)i)Ose de vaisseaux sanguins dont les parois sont d'une ténuité extrême, et par conséquent très j)erméables. Or, M. Ludwig a fait remarquer que l'artère dont naît chacun de ces giomérules a un calibre plus fort que la veine qui y fait suite, et (pi'il résulte de cette disposition que le courant doit subii*, dans ces capillaires, un certain retai'd dans sa marche, retard dont la conséquence nécessaire est une augmentation de la poussée exercée par le sang contre les parois délicates de ces mêmes vaisseaux. Il y a donc dans chacun de ces giomérules un mode d'organisation singulièrement faxorable ;'i l'établissement d'une lillratiitn rapide des liquides en circulation à travers les parois vascidaires , et les liquides (1) Ainsi, cliez iiu Cliien à jeun (ioiil les deux tirolèrcs avaient été mis à nu pour rccucillii l'urine, on trouva que la ([uaulilé de ce li(|uide évacué eu luie minute était de 0«%8, et que la pression arlériellc n'était que de 76""" ; tandis que chez un autre Chien en pleine digestion la pression artérielle était de lo/i""", et la quantité d'urine rendue en une minute était de 9 gram. Ces résultats n'ont pas besoin de com- mentaire ((t). (a) Cl. Bernant, Leçons xnr les prupridU'x physioh)oi(pies et lex nlléralions pallioloijumes des UquUlex (le t'orijanismi', 18r>!i, t. 11, ]i. ^:>:^. INFLUENCE DE LA PRESSION DU SANG. /i97 (jiii s'cxtravasent de la sorte tombent dans l'intérieur de la cavité des tubes urinifères, où ils conlribueiit à Ibrnier l'urine (1). Les variations dans la pression exercée par le sang sur les innucKe (le parois des vaisseaux capillaires des reins paraissent induer sur ceitc pressiou sur la composition de l'urine aussi bien que sur la quantité cl le la compositiou degré de concentration de ce liquide. En etïet, quand cette (1) M. Ludwig a basé sur ces con- sidérations une tliéorie mécanique de la sécrétion urinairo, qui au premier abord paraît très plausible, mais qui ne me paraît pas être en accord avec Tensemblc des faits connus. Ce phy- siologiste éminent pense que celte sé- crétion est simplement le résultat d'une filtration du sérum du sang à travers les parois des vaisseaux capillaires des gloniérulos malpigliicns, liltralion par laquelle ce liquide se trouverait dépouillé de ses matières albuminoïdes et n'eniporterait avec lui dans les voies urinaires que les sels, Turéc, et les autres substances complélemenl so- lubles dont il serait chargé. Les pro- duits de celte transsudalion seraient ensuite plus ou moins concentrés pat- reflet de la résorption d'une certaine quantité d'eau à mesure que l'urine cheminerait dans les canalicules des reins (^0- On cile, à l'appui de ces vues, les résultats tournis par les exjjéritnces dans lesquelles, au moyen de la liga- ture de rurclère, on produil une ac- cumulation de liquide dans les voies urinaires, et l'on délernu'ne par consé- quent une contre-pression qui doit tendre à ralentir le passage de l'eau des vaisseaux sanguins dans les cana- licules rénaux, et à activer la résorption des liquides contenus dans ces derniers tubes. Effectivement, dans ces circon- stances, l'urine devient plus riche en urée et en chlorure de sodium que ne l'est celle qui est sécrétée en même temps par l'autre rein dont le canal excréteur est resté libre [b). M. Hermann (de Vienne) a trouve aussi que la substance de la glande rénale ne contient que peu d'urée quand la contre-pression a été établie de la sorte pendant un certain temps, bien que, dans le tissti du rein opposé dont les fonctionsn'avaienl pas été troublées, la proportion d<', cette matière excré- mentitielle fut considérable. Mais ce résultai n'a pas toute la portée qu'on serait disposé à y attribuer au pre- mier abord, car la pression que l'u- rine enq:)risonnée de la sorte exerce sur la surface externe des vaisseaux sanguins des glomérides doit gêner beaucoup le cours du sang dans ces capillaires , et par conséquent di- minuer d'autant l'arrivée de l'urée dont le tissu sécréteur de l'organe se charge. {a) l,ml\viy, Sienn-rnid llnrubcrciluiKj (\Vai;noi's llaitdwurlcrbucli dcr rinjsiologie, t84i, 1. Il, p. C)^";. (i) Miix. Herni:inii , Vcrijkichinnj îles Ikinis nus den beidcii ijlcichxcilig Ihutujcii Nlcrc», {SUiunijsbenihl dcr Wiciicr Akiid., ISb'J, l. NX.WI, p. oi'J). /i98 KXCRÉTION URINAIRK. pression augmente jiisqu'ù un certain point, on voit l'albumine du sérum passer dans les voies urinaires avec les autres matières que le sang abandonne pendant son trajet dans les vaisseaux rénaux. On peut s'en assurer en augmentant brusquemeni le volume des liquides en circulation dans l'or- ganisme, ou en augmentant la pression à l'aide de moyens mécaniques qui n'influent en rien sur la composition du sang (1). On sait aussi que chez les femmes enceintes la pres- sion exercée par l'utérus trouble la circulation de façon à aug- menter la tension du sang artériel dans les parties adjacentes du tronc (2), et l'on a remarqué aussi que souvent, dans les derniers temps de la gestation, les urines se chargent de ma- tières albuminoïdes (3). (1) IMagendie a vu que ralbiimine passe dans les urines toutes les ibis que chez un Animal vivant on injecte une certaine quantité d'eau dans les veines (a). Le même fait a été con- staté plus récennnent par M. Kierulf; mais, d'après une des expériences de ce dernier physiologiste , on devait être disposé à croire que ralbiuninurie était due à l'altération produite dans la constitution du sang par l'injec- tion de l'eau plutôt qu'à l'augmenta- tion de la quantité du liquide en cir- culation (6). (2) Une expérience de M. Meyer fait pencher en faveur de la première de ces hypothèses, et montre que l'aug- menlation de la pression artérielle peut suffire pour produire l'albuminurie. Effectivement, par des ligatures placées tantôt sur l'aorte, au-dessous de l'ori- gine des artères rénales, tantôt sur une partie du système veineux efférent des reins, ce physiologiste a augmenté la poussée du sang dans ces organes ou dans l'un d'eux seulement, et il a trouvé qu'alors l'urine devenait albu- mineuse ou même chargée de sang des deux côtés, ou uui(|uoment du côté sur lequel il avait opéré (r). (3) L'existence de l'albumine dans les urines chez les femmes enceintes avancées a été constatée par plusieurs pathologistes {d), et (juelques auteurs (a) Voyoz Cl. Keniard, Leç.ons sur les liquides de l'oryaimme, 1859, t. 11, p. 13'J. (b) Kiniiilf, Einige Yersuchc ilber die Harnsecrelion (Zeilschrift fur rat.Med.^ 2* série, 1853, t. in, p. 279). ((■) G. H. Meyer , l'atholnçjisch -histologische Versuclic {Areliiv filr physiologische Heilliimde, 1844, I. III, p. no ot siiiv.). (d) Rayoi-, Traité des maladies des reins, I. II, p. 570. — A. Bocquorcl, Sémiotique des urines, p. 304. • — Dcvilliers et J. Rcfftiault, De l'iirine dans ralbuminurie des femmes enceintes {Arch. gén. deméd., 1848, t. WII, p. 289). — Blot, De l'albuminurie chez les femmes enceintes, ihèsc, 1849. IMFLIIENCK DE LA PRESSION DU SANG. /|99 Il sul'tit aussi crime certaine augmentation dans la pression artérielle pour que la fibrine (1) et les globules rouges du sang sortent des capillaires rénaux, et se montrent en plus ou moins grande abondance dans l'urine (2). ont même considéré comme un signe de l'état de grossesse l'existence dans ce liquide d'une matière albuminoïde par- ticulière qui a été désignée sous les noms de kyestéine et de graveline. Cette sub- stance se rassemble vers la partie supé- rieure des urines deux ou trois jours après son émission, et concourt à la l'or- mation d'une couéhe gélatineuse qui contient des matières salines, des mucé- dinées, etc. On n'en connaît pas bien la nature,. mais il y a lieu de penser qu'elle résulte de l'altération de l'albu- mine dont l'urine de ces personnes est souvent chargée (a). Du reste, on a constaté que la production de cette matière caséiforme n'est pas constante pendant la grossesse, et elle a éUt ob- servée chez des femmes qui n'étaient pas enceintes {h). Il est aussi à noter que chez les femmes dans l'état de grossesse, l'u- rine est souvent moins acide que dans les circonstances ordinaires, et pré- sente dans beaucoup de cas des ca- ractères d'alcalinité. Quelquefois ce liquide est aussi moins chargé de phos- phate de chaux (c). (1) Dans quelques cas pathologiques des reins, le plasma du sang passe dans les voies urinaires par une sorte de filtration, sans entraîner avec lui les globules hématiqucs. Ainsi, on cite des malades dont l'urine, sans èlre san- guinolente, se coagulait spontanément après son expulsion de la vessie, et donnait naissance, soit à une masse gé- latineuse, soit à des filaments ou à des grumelols granuleux ((/). (2) L'urine est devenue sanguino- lente dans toutes les expériences de M. Kierulf, lorsqu'une certaine quan- tité d'eau avait été injectée dans les veines; mais ce i)hénomène ne se pré- senta pas lorsqu'au lieu d'eau, on em- ploya du sang défibriné (e). (a) Nauclie, Sur la kyestéine {Journal de chimie médicale, 483!), t. V, p. 64). ^- Audoiiard, Note sur la kyestéine, substunce particulière à l'urine des femmes enceintes {Journal de chimie médicale, 3" série, 1845, t. Il, p. 233). — Slark, \oyez Berzelius, Happort sur les proyrés di la clumie , présfiilu à l'Académie de Stockliolm en 1843, y. 373. — J. Re.;iiaiiUI, Des modifications de quelques fluides de l'économie pendant la grossesse, thèse, l'aris, 1847, p. i26. — ICane, Experiments on Kyestéine {American Journal of Med. Science, i' série, 1842, t. IV, p. 13). (6) A. Becquerel, Sémiolique des urines. (c) Donné, Recherches sur l'urine considérée dans les différentes maladies cl dans l'étal de grossesse {Comptes rendus de l'Acad. des sciences, 1841, t. XU, p. 954). (d) Proiil, On the Nature and Trealment of Stomach and Henal Diseases, 1848, p, 40. — Na*se, Untersuch. zur Physiol. und Pathol., 1835, p. 215. — Pukford, Der Harn in der P-riijhtischen Krankheil (Archiv Itir phys, lleltkundc, 1847, l. VI, p. 85'. — Ue'invicU, helnische Mo)iutschrift fiir Aerlic, 1. I, p. 21. (e) Kierulf, Op. cit. {Zeitschr. fiir rntionelte Mediz-in, ncue Kol^c, t. 111, p. 27.9j. 506 EXCRÉTION UIIINAIIIK. § lo. — Du l'esté, des phéiionièiies analogues peuvent ré- sulter, soit des niodillentions dans la eonstitntion du sang (jui rendent ee liquide plus apte à traverser les tissus organi([ues, soit de certaines altérations dans la substance des reins, {)ar suite des(pielles les parois des vaisseaux y jterdent leurs propriétés rétentric(*s ordinaires et livrent passage non-seulement au sérum dépouillé de ses prinei[)es albumuioïdes, mais aussi à ces der- nières matières et même aux globules rouges du sang(l). Quand le tluide nourricier est très appauvri, comme cela se voit dans certains états pathologiques de l'organisme, l'albu- mine passe aussi très souvent dans les urines; et lorsque chez un Animal vivant on injecte une certaine (|iiantité d'eau dans les veines, non-seulement l'urine devient albumineuse, mais se trouve cbargée de globules bématiques (2). (1) L'exislence de ralbuinine dans les urines est considérée par quelques médecins comme l'indice d'un étal pathologique grave du lissii des reins. CcUe anomalie est, en ellet, comme je Tai déjà dit, une des conséquences de l'affection connue sous le nom de ma- ladie de lirighf. (a). Mais on a con- staté depuis longtemps qu'elle peut se présenter dans d'autres circon- stances où le tissu des reins n'offre aucune altération a|)précial)l(> {b) , et toutes les fois que ces organes sont dans un ('-tat de congestion sanguine, ce phénomèue est fréquent. Ainsi on l'observe souvent à la suite de l'ab- sorption de certaine substances médi- camenteuses ou toxiques qui exercent sur ces organes une action irritante, les Cantliarides (c) et le poivre cu- bèbe ((/), par exemple, et il suflil par- fois de l'application d'un vésicatoire sur la peau pour le déterminer. La congestion des reins occasionnée par une forte dyspnée peut être aussi une cause d'albuminurie passagère {e). (2) Dans les expériences de AI. Kie- rulf, que j'ai déjà citées (/), la dilution du sang détermina le passage de l'al- bumine dans les urines a\anl d'y faire apparaître les globules rouges; mais chez les Animaux où il avait injecté ((() Voyez ci-fli'ssiis, page 48S. {b} Hayer, Traild des maladies des reins, l. Il, p. :277, etc. (ci Boiiillaud, Sur une cause d' albuminurie 'Ihdletin de.VAcad. de médecine, IsiT, i. Ml, p. 744). — .Si»' l'albuminurie cantliaridicnne (Arcli. yen. de méd., 1848, t. XVII, p. H'J). — ,M(iii'l-t>avallée, Sur la cijslilc ranlharidienne (Arch. ijén. de méd., 1847, l. XIII, p. \'^H]. — (;iialvij,'iiac, Etniiolsnnneineni jinr lu teinture aleoolique de Canlharides, llièsc, 185-J, p. 7. (J) llcllcr, Untcrsucliuniicn des llarns nnrli deiuinnerlirlien Cebrauche l'erscliiedener Arznei- millel (Areh. fiir pliys. nnd jiiilk. Ch. uud Mikr., 1817, I. 1\', p. l.'Ctj. (e) A. |ti'C(pic\-ul et lîotliei-, Trailé de cliiinie iiallwlwjiquc, p. o07. (/) Voyez ci-dcsMis, | aijc 4'J8. INFLL'KNCi; Itl-: LA CONSTITUTION DL SANC. 501 Ainsi les coiidilioiis mécaiiiiiues dans les(|iiellcs s'cITcclue le travail cxerétoire dont les reins sont le siège peuvent amener non-seulement des varialions dans la proportion d'eau eon- tenue dans les urines, mais aussi dans la composition chimique de ces liquides. Ces conditions physiques peuvent être modi- fiées soit par l'état du sang, soit par l'altération des tissus de ces glandes ; mais elles me paraissent tout à fait distinctes des actions chimiques dont dépend, suivant toute jirohahilité, l'éli- mination de l'urée, de l'acide urique et des autres principes cristallisahles de l'urine. § l/l. — On conçoit aussi «pic la quantité de sang qui traverse les reins en un temps donné puisse intluer sur la (piantité des produits tirés de ce fluide parle travail sécrétoire des glandes. Si le sang était modifié de façon à couler plus facilement dans les vaisseaux capillaires où il éprouve toujours un retard plus ou moins grand, il en résulterait une dimi- niilion dans la pression artérielle, mais cet effet pourrait être contre-balancé et au delà par l'augmentation du travail sécré- toire résultant de l'alinicnlalion rapide de la machine élimi- natoire. C'est de la sorte que quelques physiologistes pensent l)Ouvoir expliquer l'action des substances dites diurétiques, (pii activent l'excrétion urinaire ; mais nos connaissances à ce sujet ne sont pas assez avancées po(n> que ces vues théo- riques prennent place dans la science (i), et je suis disfmsé IntUietiLC de la rapitliia de la circulai ion rénale. (le l'eau dans les veines, M. Ilennaun vit toujours riiéinatosine et ralbumine se montrer dans l'urine simultané- ment, sans qu'il y eut passage de glo- bules sanguins non décomposés (a). (1) M. Poiseuille a constaté, comme j'ai déjà eu l'occasion de le dire, que l'eau pure coule moins facilement dans les tubes capillaires que de l'eau cliar- gée d'une certaine quantité d'azotate de potasse ou d'azotate d'ammoniaque, et qu(î la présence de ces sels dans le sang abrège le temps employé par ce liquide pour parcourir le cercle circu- (d) Max. Ilcnnanii , L'cber den EinlUas ilev lllulverdunnuity au f die Sccretiuii des Hanis Viicliow's .\n-hiv fur j'Ulhul. Anal., 185'J, i. Wll, p. 115). .•> iiiinairc. 50'i EXCRÉTION URINAIKE. à croire que les effets observés dépendent [)lLitôt de ce que les agents excitateurs de la sécrétion urindire rendent la trans- sudation plus facile, soit à raison des modifications qu'ils î impriment au sang, soit par suite de leur action sur le tissu des reins. Influence § i5. — L'actiou ncrveusc a aussi une grande inlluence sur ''"■cntr les résultats du travail physiologique dont les reins sont le hJcvéaon siège. En effet, la section des nerfs qui se distribuent à ces organes arrête d'ordinaire la sécrétion de l'urine, et la lésion de certaines parties du système cérébro-spinal est suiviede chan- gements très remarquables dans les caractères chimiques de ce liquide. Mais l'influence exercée delà sorte par le système ner- veux sur les fonctions de ces glandes paraît être en général indirecte, et les perturbations qu'elle détermine dépendent le plus ordinairement, soit de certaines modifications dans la pro- duction ou dans l'emploi préalable des matières apportées à l'appareil urinaire par le sang, soit des altérations [)hysiques que subit le tissu des reins. Ainsi, la section ou la désorganisation dos nerfs qui se ren- dent aux reins n'arrête pas toujours la sécrétion de l'urine (1), et en général, quand l'opération produit cet effet, on remarque latoire (a). Or, l'azotate de potasse est excrété ne contenait que peu de prin- un diurétique, et M. PoiseulUe atlribno cipes «rinaires {<■). Il est aussi à noter cette propriété à rinfluence que ce sel que M. Marchand a lrou\ é de Turée exerce sur le cours du sanp; (6). en quantité nolahlc iaveau a vu que ce liquide devient acide à la suite de la division de la moelle épinière dans la région lombaire ou plus en avant ((/). ((i) Voyez Loii^'cl, Tra'Ué de phiisioloijie, I. I, |i. Odâ). (b) Cl. Bernard, Lcijons sur ks Hquldcs de iorgnnisinc, l. Il, p. 1 " I . (c) Voyez ci-ilcssu:', p. 444. (dj .Naveaii, t^.ri'criincnta nmvdaiii cirai urinœ accrctioiicin , y. -l cl .-iiiv. INFLUENCE DU SYSTÈME NEUVEIX. 505 urines se sont cluirgéesde produits amnioniaeanx (1). Il serait possible que ces phénomènes dépendissent aussi de (juelque modification déterminée dans la composition du sang par la perturbation survenue dans les fonctions nerveuses (2). Mais M. Loiiget a r onstaté des faits analo- gues (a), el plusieurs pliysiologistes ont vcniaïqué le même changement après la section des nerfs pnenmogas- Iriques (b). Naveau a déterminé aussi ce phénomène en excitant mécani- quement ou par le galvanisme , soit ces mêmes nerfs, soit le grand sympa- Uiiquc. M) L'existence de produils annno- niacaux dans Turine a été constatée par plusieurs physiologistes à la suite de lésions traumatiques ou de conuno- lionsde la moelle épinière (c'),et dans certains cas, au moins, cette particu- larité paraît ne pas avoir été détermi- née par le séjour prolongé des liquides dans la vessie (d). Mais en général c'est à celte dernière circonstance, ou au mélange de ce liquide avec des pro- duits morbides sécrétés par les parois de ce réservoir, qu'il faut attribuer les anomalies de ce genre. (2) En effet, Al. Cl. Bernard a vu souvent l'urine cesser d'être alcaline et devenir acide chez des Lapins qu'il faisait respirer dans du gaz oxygène pur ; puis redevenir alcaline quand il replaçait l'animal dans l'air atmos- phérique (e). Chez l'FIomme en bonne santé, l'u- rine devient en général moins acide que d'ordinaire, quand la digestion est en pleine activité, et souvent elle de- vient même légèrement alcaline à la suite d'un repas. ^\. Bence Jones a vu ces variations se produire, quelle qu'eût été la nature des aliments employés ; et il a été conduit à penser qu'elles sont corrélatives du travail sécrétoire dont l'estomac est le siège , que la quantité de carbonates alcalins exis- tants dans le torrent de la circulation, et par conséquent dans les urines, dé- pend non-seulement de la quantité de ces sels qui se trouvent dans les ali- ments ou qui en dérivent directement par suite des phénomènes de conibus- lion physiologique dont nous aurons bientôt à nous occuper, mais aussi de la décomposition du chlorure de so- dium ou autres matières salines dont proviennent les acides du suc gastri- que ou des autres humeurs acides, telles que la sueur. Ainsi , toutes les fois qu'une sécrétion acide de ce genre (a) Longet, Traite de physiologie, t.I, p. 9Gt . (6j Cl. Bernard, Lerons sur les liquides de l'organisme, 1850, l. Il, p. 17. (c) Voyez Burdacli, Traité, de physiologie, t. VIIl, p. 205. — Brodie, Lectures on Ihe Diseuses o[ the Uriiiary Organs, 1838, p. 161. — Hiinkel, Altéralion de la composition de l'urine à la stàle de lésions de la moelle épinière (Journal des connaissances médico-chirurgicales, 183i, p. 376). — Stanley, On the Irritation of the Spinal (Jonl and its Nerves in conviction wilh Diseaies if the Kidneys {Arch. Med. Chir. Trans., 1833, t. XVllI, p. 260). — Suiith, Injuries of the Spine {Med. Gazette, 1832, t. W, p. 002). (rf) Graves, Carbonate d'ammoniaqtie dans l'urine {.lournal de chimie médicale, 2' série, \ 833, t. I, p. 142). [es r.l. Bernard, l.ccons sur les Hquidef: de i'orqanismc, 1809, 1. II, p. 13. 50G EXCUÉTlOiN LRINAiRE. dans l'état actuel de la science, ces questions sont encore très obscures, et l'on s'éloignerait peut-être de la vérité si l'on refu- sait au système nerveux toute influence directe sur la puissance sécrétoire des reins. § 16. — Nous ne souunes aussi que très peu éclairés sur les causes des variations que l'on remarque dans la composition de l'urine à l'état normal chez les individus de sexe et d'âge dil- lerents (1), ou chez le même individu dans divers états patho- logiques, et je ne pourrais m'arrêter longuement sur ce dernier ordre de faits sans sortir du cadre tracé pour ces Leçons ; car s'établirait dans une partie de l'orga- nisme, l'urine contiendrait plus de carbonates alcalins que d'ordinaire, et ces carbonates, en s'eniparant d'une portion de l'acide pbospliorique du phospbate acide de soude, qui donne à ce liquide son caractère acide, affai- blirait ce même caractère ou le ferait même disparaître (a). 11 est fort pro- bable que des pliénoinènes de ce genre ne sont pas étrangers aux variations que l'on a observées dans la composi- tion cbiniique des urines, mais la cause principale de ralcalinitc de ce li([uid(^ est sans contredit l'introduction dos alcalis à l'état de carbonate ou de composés liydrocarbonés dans les voies digeslivcs (voyez page /|71). (1) Chez la Fennne, l'iuine contient en général plus d'eau que chez rilonnne, cl la proportion d'urée y est au contraire moins élevée, compa- rativement à celle des autres matières fixes. Ainsi, une série d'analyses com- paratives faites par Alf. ik'cquerel a donné en moyenne les résultats sui- vants : Matières fixes pour 1000 parties d'urée : 31,2 cliez les Honunes, 24,9 chez les Femmes. Quantité d'urée fournie pour 100 parties de résidu sec : 44 chez les_Hommes, 42 chez les Femmes. 11 est aussi à noter que chez les vieillards la proportion d'urée conte- nue dans les urines est, en général, moins considérable que chez les adultes. Ainsi, chez deux vieillards d'une bonne constitution, dont M. Le- canu a examiné l'urine, la densité de ce hquide variait entre 1,8 et 2,7 de l'aréomètre, tandis que chez les adultes dans l'élat normal , le liquide mar- quait entre 2,1 et 3,2. Chez les pre- miers, la quantité de nitrate d'urée fournie par 500 grammes d'urine variai! entre 6 et 1/j grannnes; chez les adultes dont je viens de parler, cette quantité n'est presque jamais descendue au-dessoiis de 8, et en gé- (0) Bcncc Joncs, Contributintif lo the Chemisiru nf Urine (Pliilos. lYaiis., 1845, ,i. 343, el 184!), 1 INFLUENCK DES ÉTATS PATHOLOGIQUES. 507 jusqu'ici l'élude de ces accidents morbides n'a jeté que peu de lumière sur l'histoire physiologique de la sécrétion rénale (1). Cependant je ne saurais passer sous silence quelques-uns néral a oscillé entre 12 et 30 gram- mes; quelquefois elle s'est élevée même à 36 grammes (o). On ne sait encore que peu de chose sur la composition de l'urine dans les premiers temps de la vie. Les méde- cins ont souvent répété depuis Hip- pocrate cpie chez les enfants les urines sont épaisses, et que, si elles devien- nent claires, c'est un signe fâcheux ; mais l'observation infirme cette 0]n- nion (h). llunefeld a analysé l'urine d'un en- fant de neuf mois, et y a trouvé de l'urée, de l'acide hippurique, une trace d'acide nriquc , et une matière extractive ; mais il ne put y découvrir aucun phos- phate (c). Dans l'urine d'un fœtus dont M. Moore a fait l'analyse, il n'y avait ni urée ni sucre, mais une propor- tion considérable d'une matière azotée qui était prol)ablement de l'allantoïne, des sels et beaucoup d'épithéhum (d). Il est aussi à noter qu'à en juger par les expériences de IM. Boussin- ganlt sur le dosage de l'azote altri- buable d'une part à l'urée, d'autre part à l'ammoniaque , il y aurait eu une forte proportion de cette dernière substance dans l'urine d'un enfant de huit mois (e). (1) Ainsi que je l'ai déjà dit, l'urine humaine ne paraît pas contenir de l'anmioniaque quand ce liquide est dans son état normal (/"). Mais dans diverses circonstances pathologiques , il est plus ou moins changé, et quel- quefois cette anomalie paraît pouvoir dépendre de la sécrétion d'une cer- taine quantité de carbonate ou de chlorhydrate d'ammoniaque par les reins, mais en général elle est due aux altérations que les principes azo- tés de l'urine éprouvent pendant leur séjour dans la vessie, par suite de son mélange avec des matières pu- rulentes provenant des parois de ce réservoir. Pour doser les sels ammoniacaux dans l'urine, M. Liebig fait usage de biciilorure de platine (g), el M. de Vry préconise la méthode suivante : L'urine fraîche est traitée par du bi- carbonate de potasse pour en précipi- ter les bases terreuses ; puis on la filtre et l'on y ajoute du sulfate de magnésie, qui donne naissance à un précipité de phosphate ammoniaco - magnésien , d'après le poids duquel on calcule la (a) Lecanu, Nouvelles recherches sur l'urine humaine [Ann. des sciences nul., 2' série, t839, t. XII, p. H9). (b) Rayer, Traité des maladies des reins, t. I, p. 217. (c) Huiiefeld, Der Harn iler Sduglinge [Journal fiir prakt. Chemie, 1839, t. XVI, p. 30G). (d) Moore, Rxper. on the Existence of Sugar in thc Urine of the Fœtus {The Dublin quar- terly Journal of the Médical Science, 4 855, t. XX, p. 88). {e) Boussiiigault, Recherches sur la quantité d'ammoniaque cotitenue dans l'urine (Ann. de chimie el de physique, 3' série, 1850, t. XXIX, p. 484). if) Voyez ci-dessus, page 429. {g) Liebig, Ueher die Constitution des llarns der Menschen und fleischfressenden Thiere {Ann. der Chemie und Pharm., 1844, t. L, p. 105). 508 EXCHKTION URINAIRE, (les fails de ce ^enre, ne ITit-ee que pour montrer comment ils se rattachent aux pluhiomènes normaux de l'excrétion uri- naire. Nous avons vu précédemment que l'urine est un liquide très altérable, et que, chez l'Homme, il séjourne pendant un temps plus ou moins long dans la vessie avant d'être expulsé au dehors. Là il se mêle aux matières qui peuvent être sécré- tées parles parois de cette poche membraneuse ou par d'antres ([uanlité (raninioniaque (a). Mais il est à noter qu'uno partie de cette dernière hase est précipitée avec la magnésie préexistante dans l'urine, dans la première partie de l'expérience, quand on ajoute le bicarbonate de soude, et qu'il n'y a pas toujours assez de phosphate de soude dans le liquide pour que la totalité de l'aunnoniaque soit précipitée à l'élat de pliosphale aminoniaco-magnésien (6) . M. Boussingault a l'ait usage d'une autre méthode. Jl lait bouillir l'urine en vase clos avec de la chaux, et il dose l'ammoniaque qui se dégage. Or, il a reconnu que dans ces circon- stances l'urée n'est pas décomposée, el par conséquent il attribue à la pré- sence de sels anunoniacaux les résul- tats obtenus. Dans une série d'expé- riences faites de la sorte sur l'urine normale de l'Homme, ce chimiste a I rou vé que l'ammoniaque ainsi dégagée variait entre 0,23 el l,/iO pour 1000, et représentait de Zi à 10 centièmes de la quantité totale d'azote conteniie dans le liquide (r). M. Neubauer a oi)- tenu des résultats analogues {dj. Mais on doit se demander si l'ammoniaque dosée de la sorte ne s'est pas formée pendant l'opération aux dépens de quelque matière azotée de l'urine ; car, ainsi que je l'ai déjà dit, beaucoup d'autres expériences tendent à prouver qu'au moment de son émission, Turine humaine n'en renferme pas. JM. Bandjergor, qui n'en a trouvé aucune Irace dans l'urine normale, en a rencontré chez un malade alfecté d'emphysème et chez un albumiuu- rique (o). J'ajouterai que, lorsque de l'ammo- niaque provenant de la transformation tle l'urée en carbonate d'annnoniaque, ou de toute autre source, se trouve dans l'urine, il y a, comme dans l'u- rine putride (f), formation de phos- phate ammoniaco-magnésien, ainsi que de phosphate basique de chaux , qui se précipitent. (a) I>e \'ry, Bestimmuno dcr Ammoniak im Harn {Aiin. iler Chemie und Pharmacie, ISiG, 1. MX, p. 383). [h) Voyez ci-dessus, page 438. (() Itoiissingaiill, Op. cil. {Ann. ilc chim. et de phys.. 3' sc-iie, 1S50, l. XXIX. p. 415). (d) Neubaiier, Uebtr dot Ammoniaktjchall des nonnalen Hariis {Journal fiir prakt. Chemie, 485.-., t. lAVl, p. 177). (c) liamljergiT, Ist A^nnionial; eiii ncnnnler llaruhestcindlheil ? [)Vvriburger Med. Zeitsihr., 1800, p. UG). (/) Viiypz ri-(lessiis, p.ige 4.18. INFLUENCE DES ÉTATS PATHOLOGIQUES. 509 parties des voies urinaires. Or, ces matières, qui sont tantôt du mucus, tantôt du pus ou quelque autre produit morbide, pré- sentent en général des réactions alcalines, et par conséquent il arrive souvent que, par le seul fait d'une rétention d'urine ou d'un état pathologique de la vessie, ce liquide devient trouble et ammoniacal, phénomène qui enh-aînc la précipitation plus ou moins complète des phosphates terreux qui s'y trouvent en dissolution. La sécrétion trop abondante de certains prin- cipes urinaires, tels que l'acide urique, les phosphates ter- reux ou l'oxalate de chaux, ainsi que la résorption d'une proportion trop forte d'eau dans l'intérieur des canalicules ré- naux, peuvent déterminer la précipitation de ces matières et la constitution de concrétions solides, qui, en irritant les parois de la vessie, y excitent la sécrétion de matières aptes à réagir sur l'urine età augmenterla formation de dépôts. Eniin,la présence d'un corps étranger, tel qu'un caillot de sang, ou tout autre objet introduit accidentellement dans la vessie, peut exercer une inlluence analogue et provoquer la formation d'un sédi- ment qui, en s'attachant à la siuiace du noyau ainsi produit, constitue une concrétion dont le volume augmente peu à [)eu. C'est de la sorte que prennent en général naissance les espèces de pierres vésicales qu'on désigne sous le nom de calculs urinaires (1). Ainsi, la formation de ces pierres peut être duc primitivement à une production trop abondante d'acide urique ou d'oxalate de chaux dans l'intérieur de l'organisme, à un (1) Le nombre des calculs contenus concrétions analogues dans rintérieur dans la vessie est quelquefois très cou- des reins [a). Le volume des calculs sidérable. On cite le cas d'un vieillard vésicaux devient parfois très considé- qui en avait 678, et chez lequel on rable. On en a vu dont le poids dépas- trouva aussi plus de 10 000 petites sait 3 kilogrammes (6). (a) Mural, Calcîils vésicaux {Arch. aên. de mcd., 1825, I. VIK, p. 131). [b] Morainl, voyez Civiale, Traite de l'affeclion calcuku'ie, y. lo8. VII. 33 510 EXCRÉTION URINAIRE. dépôt de phospliate ammoriinro- magnésien déterminé par l'introduction de matières ammoniacales dans l'nrine, ou à la présence d'un corps étranger, tel qu'un caillot de fibrine; mais en général l'accroissement de ces concrétions dépend en grande partie des altérations déterminées dans la constitution de l'urine par le mélange de ce liquide avec les matières que les parois de la vessie, irritées par la présence du calcul, sécrètent en plus ou moins grande abondance (1). Aussi, dans la plupart des cas, les pierres vésicales sont- elles composées de coucbes concentriques dans la composition desquelles le phosphate basique de chaux et le phosphate ammoniaco-magné- sien jouent un rôle important, tandis que le noyau de ces corps est formé plus communément d'acide urique ou d'oxalate de chaux (2). (1) La composition des calculs uri- naires a été un sujet dY'tudc pour plusieurs chimistes, parmi lesquels je citerai en première ligne Sclieele, Woliaston , l<\)urcroy et Vauquelin , Marcet et Prout («). (2) Plusieurs palhologistes ont fait des recherches statistiques sur la fté- quence relative des différentes espèces de calculs urinaires {h) , et l'on voit par ces relevés que plus de la moitié de ces pierres ont pour noyau une concrétion d'acide uritpie ou d'urate d'anmioniaque mêlé à de petites quan- tités de sels terreux. Les calculs com- posés uniquement ou principalement de la même matière forment près du tiers du nombre total des échantillons analysés. L'urate de soude peut se déposer (a) Scheele, Examen chtmicum calculi urinarïl (Opuscula chemica et physica, t. H, p. 73). — Wolla?toii, On Gouty and Urinary Concri'linns [Philos. Trans., 1797, p. 386). • — Konrcroy, ^fémoil•e sur le nombre, la nature et les caractères distinctifs des différents matériaux qui forment les calculs, les béioards et les diverses concrétions des Animaux {Ann. du Muséum, 1802, t. 1, p. 93, et t. II, p. «01). — Marcet, An Essay on Ihe Chemical Hislory and Médical Treatmcnt of Calculons Disorders. — Histoire chimique et médicale des affections catculeuses, Irad. par BrifTaiit, 1828. — Prout, Faits pour la connaissance des urines et des calculs {Ann. de chimie et de physique, 1820, t. XIV, p. 257). ■ — Kraiisc, De concretionibus urinœ, prœsertim de calcarea oxalica. Kilia;, 1852. (h) Brandt, A Letter on the Différences in the Structure of Calculi whtch arise from their beiny formcd in différent l'arts of the Urinary l'assaqes, etc. (Philos. Trans., 1S08, p. 223). — Marci!l, Op. cit. — W'ood, Observations on the Analysis of Urinary Calculi (London Médical and Physical Journal, 1827, t. LVll, p. 29). — Yollowiy, Jiemarkson the Tendency to Calculons Diseascs, with Obsenations on the Nature QUANTITÉ JOURNALIEHli DES PRODUITS. 511 § 17. — Par rensemble de laits dont je viens de rendre Quamué / , . ... ,, «les produits compte, on a pu voir que la sécrétion urinante joue un rôle urinahes cxcrétss très considérable dans l'économie animale; mais, jtour mieux en vingt-quatre heures. aussi en quantité considérable sur des calculs vésicaux, et contribuer ainsi à leur accroissement (o). Les calculs dont le noyau est com- posé d'oxalate de chaux sont moins communs ; mais cependant ils sont loin d'être rares. Ceux qui sont formés principalement de ce sel dans toute leur épaisseur ont, en général, la surface très ru- gueuse, et ont reçu pour cette raison le nom de calculs muraux ; on évalue qu'en moyenne on les rencontre dans la proportion d'un sur quatorze ou quinze. Les calculs urinaires n'ont que très rarement pour origine une concrétion terreuse; mais dans un très grand nombre de cas le phosphate ammo- niaco-magnésien et le phospliate ba- sique de chaux se déposent autour d'un noyau formé, soit par de l'acide urique ou de l'oxalate de potasse, soit par quelque autre substance, et contri- buent beaucoup à l'accroissement de la pierre vésicale. On peut même dire que presque toujours ces sels terreux entrent pour une proportion plus ou moins considérable dans la composition de ces corps. Dans quelques cas très rares, les calculs sont formés par de l'oxyde cys- tique. On en compte un exemple sur trois cents cas. IMarcet a décrit un calcul vésical qui était formé uniquement de matières albuminoïdes, que ce chimiste consi- dérait comme étant de la fdjrine {a). M. Heller a donné le nom d'wro- stéarite à une substance azotée , combustible , insoluble dans l'eau , soluble dans l'alcool, dans l'éthcr et dans une dissolution de carbonate de soude, dont se composait une concré- tion urinaire dont souffrait un de ses malades (6). of Urinary Concrétions, and an Analysis of a large Part of the Collection belonglng to the Norfolk and Norwich Hospitals (Philos. Trans., 1829, p. 55). — Henry, On the Urinary and ollier Morbid Concrétions [Medico-chir. Trans., 1819, t. X, p. 125). — Rapp, Nalurwissenschaflliche .Abhandlungen. Tubingue, 1826. — Lecanu et Ségalas, Analyses de graviers et de calculs [Journal de pharmacie, 1838, l. XXIV, p. 463). — Taylor, Observ. on Ui'inary Cakuh, luilh a Descriptive Account of the Collection in the Muséum of Saint-Bartholomeiv's Hospital [London and Edinburgh Pliilosophical Magazine, 1838, t. II, p. 412). — Scharling, De chemicis calculorum vesicarwruiii ralionibus. Copenhague, 1839. — Sniilh, A Statistical Inquiry into the Frequency of Stone in the Dladder [Medico-chirurg. Trans., 1811, t. XI, p. 1). — Crosse, A Trealiseon the Formation, Constiluents and Extractionof Urinary Calculi, 1835. — Prout, .471 Inquiry into the Nature and Treatmcnt of Gravel, etc. — Haskins, On the Chemical Analysis of the Tenessee Collection of Urinary Calctili, 1855. — Pour la comparaison des résultais partiaux fournis par ces auteurs, on peut consulter les tableaux donnés par Fr. Simon (Animal Cliemistry, t. 11, p. 454) ; M. Oweii Kees (Todd's Cyclo- pœdia of Anat. and Physiol., t. IV, p. 1284), tic. (a) Leroy (d'Éliolles), Calculs vésicaux observés chez des malades soumis à l'usage des eaux alcalines ; calcul très dur d'urale de soude (Comptes rendus de l'Acad. des sciences, 1839, i. IX, p. 821). (b) Heller, Pathologiscli-chemische und mikroskopische Untersuchungen [Arcliiv fiir physiol. und pathol. Chemie, 1845, I. H, p. 1). 512 EXCRÉTION URINAIRE. en apprécier l'importance, il est nécessaire d'examiner la somme des produits excrëmentitiels qu'elle élimine journelle- ment de l'organisme. Depuis vingt-cinq ans des recherches très intéressantes sur ce sujet ont été faites chez l'Homme, d'abord par M. Lecanu, professeur à l'École de pharmacie de Paris, puis par M. Lehniann en Allemagne, et par plusieurs autres physiologistes. Elles montrent (ju'il existe des variations fort considérables dans l'aclivité fonctionnelle des reins, non- seulement chez les divers individus, mais aussi chez la même personne, suivant les conditions biologiques dans lesquelles elle se trouve ; cependant, dans les circonstances ordinaires, les différences de ce dernier ordre se compensent assez promptement, et il suffit de quebjues jours pour que la moyenne s'établisse d'une manière fort approchée. Ce qui varie le plus dans le rendement de l'appareil urinaire, c'est la quantité totale de liquide excrété en un temps donné. Cependant, dans la plupart des cas, les différences quotidiennes sont moins grandes qu'on ne serait porté à le supposer, et pour chaque individu la moyenne lournie par trois ou quatre jours d'observation ne s'éloigne (pie peu de la moyenne générale. Ainsi, dans une des séries de recherches faites par M. Lecanu, le poids de l'urine évacuée en vingt-(piatre heures pendant douze jours consécutifs a varié entre 7/io grammes et 1 C6/i grammes ; mais si l'on tait abstraction du dernier joui' où l'écart était trop considérable pour ne pas être attribué à quelques circonstances particulières, on Irouve (pie la moyenne quotidienne était envi- ron 9.')7 grammes; que pendant les trois premiers jours le minimum était 91 8 et le maximum 9GG; enliii (pie les moyennes (piolidiennes Iburnies i)ar (piarante-huit heures d'observation étaient 9o/i, 1002, 892 et 921 . Dans une seconde série d'expé- riences dont la durée était la môme, mais qui était faite sur une autre personne, la moyenne générale était 9G/i grammes; les extrêmes, d'une [tart, 89/| grammes, d'auli^f^ part, 1 135 gram. QUANTITÉ JOURNALIER!': DKS l'RODllTS. 513 Enfin, chez un troisième individu, le môme auteur a trouve, pour la moyenne générale, 053 grammes. A en juger par ces résultats, on pourrait évaluer à environ 1 kilogramme ou 1200 grammes la quantité moyenne d'urine excrétée en vingt- quatre heures par un Homme adulte (1) ; mais cette quantité est beaucoup plus élevée chez certains individus. Ainsi, chez un Homme d'une constitution athlétique observé par M. Lecaiiu, le poids des urines évacuées journelle- ment varia de 1 kilogramme et demi à 2 kilogrammes, et une sécrétion rénale non moins abondante fut constatée chez un autre individu bien nourri et jirenant beaucou[> d'exercice. En général, le sexe ne parait influer que peu sur ces résultats (2); mais, ainsi qu'il est facile de le prévoir d'après ce que nous » (1) Voici los résultats quotidiens 685, et la moyenne lOoù grammes obtenus par M. Lecaiiu en expérimcn- (Farine par jour (6). tant sur cinq hommes en bonne santé, La moyenne obtenue par A. Bec- âgés (le vingt à trente-huit ans et querel, chez quatre hommes adultes, nourris de la luanièrc ordinaire {a) : était 1267 grammes. (2) Dans les expériences d'A. Bec- querel, la quantité d'urine évacuée en vingt-quatre heures a été un peu plus élevée chez la femme que chez l'homme. Cet auteur l'évalua en moyenne à 1371 grammes, c'est-à- dire environ 100 grammes de plus que la moyenne fournie par ses re- cherches sur la sécrétion urinaire de l'homme (c). Mais les recherches de M. Lecanu n'accusent pas des dillé- rences si grandes, et dans quelques cas la sécrétion rénale était notable- ment moins abondante chez les fem- mes que chez les hommes (rf), et je dois ajouter que, dans les recherches N° I. 91S 932 96G H25 743 785 1220 89i> 888 985 1664 N" II. 1024 947 913 907 1133 905 940 950 922 894 1088 949 NMII. 1139 908 990 1004 869 822 809 1088 N-IV. 1713 1678 1436 1742 1900 1932 N" V. 2030 2271 1007 1952 2190 2254 1915 1848 1990 1960 Dans vingt-quatre observations de ce genre faites par M. Chanibert, le maximum était 1590, le minimum (a) Lccanii, Nouvelles recherches sur l'itrinc (Ann. des sciences nat., 2" fûric, 1838, t. XII, p. 118 el suiv.). (b) Chanibert, Recherches sur les sels et la densité dés urines chez l'homme sain {Recxml de mém. deméd., de chir. et de pharm. militaires, 1845, l. LVIII, p. 345). (c) A. Becquerel, Sémiotique des urines, p. 7. ((/) Lecaïui, Op. cit. (Ann. des sciences nat., 2° séi-io, 1838, t. XII, p. 120), Quantité journalière d'urée, etc. 514 EXCRÉTION URlNAlRIi:. savons relativemenl à l'iiitliienee que les boissons exercent sur la sécrétion rénale, la (|iiantilé des urines évacuées journelle- ment dépend en grande partie de la quantité d'eau qui est intro- duite dans l'estomac. L'étude de la ([uantité de matières urinaires que l'urine entraîne journellement au dehors offre plus d'intérêt. Cette quantité est susceptible de varier aussi beaucoup. On peut admettre (ju'en général un Homme adulte de taille moyenne, et nourri de la manière ordinaire, évacue en vingt-quatre heures environ : 28 ou 30 grammes d'urée. 1 gramme d'acide urique. Quelques décigrammes de créatine et de créatiniue. 15 grammes de matières minérales. Mais il existe à cet égard des différences très grandes qui dépendent de la constitution des individus, du régime qu'ils suivent ou des autres conditions biologiques auxquelles ils sont soumis, et les variations peuvent porter ti^ès inégalement sur les diverses substances contenues dans l'urine (l). faites plus récemment en Prusse par M. Beigel, la dilïVrence a été en sens inverse : en eil'et, chez dix hommes, la quantité quotidienne a été de 1688 centimètres cuhes, et chez six femmes do 882 ccnlimètres cubes seulement. En tenant compte de la grandeur des individus, ce physiolo- giste a trouvé que la quantité d'urine correspoiulante à 1 kilogrammi; du poids du corps était par jour, terme moyen, de 13 centimètres cubes chez les femmes et de 21 centimètres cubes chez les hommes (a). Il est du reste évident que ce désaccord dans les résultats doit dépendre principale- ment de différences dans le régime chez les peuples où les expériences ont été faites. (1) Dans une série d'expériences faites par M. Lecanu sur des hommes adultes de vingt à quarante ans envi- ron , l'excrétion journalière d'urée a varié notablement chez le même indi- vidu : ainsi chez l'un de ceux-ci elle a oscillé entre 23 et ol granmies ; mais en général les écarts étaient peu considérables, et la moyenne fournie (a) IJeigol , Uiitersuchimgcn ûbcr die tiarn- und Harnstoffmengen welche von Gesunden axisfieschieden luerdeii bci (lewulinliclier , kiiappev und reicher Didt. {Nova Acta Avad. nat. curies., 1855, t. XVII, p. 487 et suiv.). QUANTITÉ JOyUNALlÈK!: DIÎS PRODUITS. 515 Ainsi, dans quelques-iiaesdes expériences faites sur l'Homme, on a vu l'excrétion de l'urée s'élever à jilus de 50 grammes par par les observations cl.' plusieurs jours plus de 23 grammes, et est tombé un consécutifs a été assez fixe. Ainsi chez autre jour à environ l!i grammes ; deux honnnes de vingt à vingt-deux chez l'individu B , il a varié entre ans (A et B), la quantité d'urée con- 10 et 16 grammes (a). tenue dans les urines évacuées en Des recherches analogues faites par vingt -quatre heures pendant douze Alf. Becquerel sur l'urine de quatre jours consécutifs a été en moyenne de hommes à l'état normal ont donné 28 grammes pour l'un et de 'i?*;' ,9 pour l'excrétion journalière les résul- pour l'autre. Chez un troisième indi- tats suivants : vidu (C), cette moyenne est descendue a.„„,-, • j • , ^''' ':;"'• ^ " ^ tJuaniile des urines t267,3 à environ 26 grammes, et, chez un ^lau 1227 779 quatrième (D), elle s'est élevée à urée 17 537 30 grammes. La moyenne générale Acide inique 0,405 était donc d'environ 28 grammes. Matières organiques Indéterm. 11,738 Mais chez un cinquième individu dont Sels fixes, etc 9,751(6) la sécrétion urinaire présentait diverses La quantité d'urée était, comme on anomalies, cette quantité était nota- le voit, très faible ; mais dans des blement moins élevée. expériences du même ordre, faites Dans les mêmes expériences, l'éva- par M. Lehmann, des résultats sem- cuation journalière d'acide urique blables n'ont été obtenus que sous était en général d'environ 1 gramme, l'inlluence d'un régime non azoté, et et ilest à noter que chez l'individu D, dans les conditions d'alimentation or- où l'excrétion de l'urée était la plus dinaire la quantilé d'urée excrétée élevée, elle n'était que de 0,3, tandis en vingt-quatre heures ne s'éloignait que chez la personne C , qui produi- que peu de celle constatée par M. Lé- sait moins d'urée que les autres, elle canu. En elfet, elle était de 32^'", 5 (c). a atteint en moyenne l^', 5. Si l'on fait \L Scherer trouva chez un individu la somme de ces quantités partielles, on 27 gram. , et chez un autre 29s'',8 (d). voit qu'en général la quantité totale M. BischolF évalue l'excrétion journa- de matières urinaires azotées excré- hère de l'urée à 37 grammes (e), et tées par un homme adulte ne s'éloigne chez un des individus sur lesquels que peu de 30 grammes par jour. M. l'iummel fit ses recherches , la Le poids des sels et autres matières quantité évacuée de la sorte s'est ' fixes a varié davantage : ainsi, chez évaluée à 39 grammes (/"). Dans une l'individu A, il s'est élevé un jour à série de recherches dues à M. Ham- (a) Lccanu, Notiv. rech. sur l'urine humaine (Ann. des se. nat., 2* série, t. XH, p. 1 20 et suiv.). (b) A. Becquerel, Sémiotique des urines, y>. 7. {c) Lehmann, Unters. ûber den menschl. Harn {.lourn. filr prakt. Chemie, 1842, t. XXV, jj. 25). ((/) Sclieier, Verijleichende UnUrsuchungen der in 24 Slunden durch den Harn austretendeii Stoffe (Verkandl. der Phys.-Med. Cesellscliaft iu Wiinburg, 1852, t. lli, [<. i80i. (e) BischolT, Der Ilarmloff als Mass des Sloffwechsels, 1853, p. 19. (/') Rumnicl, Beitrdge zii den verglelchenden Unlersucliuiigen der iniiStunden durch de)i Harn ausgeschiedenen Stoffe Jerh. der phys.-med. Gesellsch. %ii. Wur:iburg, 1854, t. V, [.. 110). 516 KXCUÉTION UKINAIRE. jour, tandis que chez le même individu placé dans d'autres circonstances, cette (juantité est descendue à environ 15 gram- mond, la sécrétion jouniiilirrc crurinc dans les circonstances oïdiniiiics de ré- gime s'est élevée de 1280 à IZiiV cen- timètres cubes, et la quaiilité d'urée et autres produits organiques contenus dans ce li(|uide était en moyenne de 33 à Z|5 grammes ; mais je dois ajouter que le sujet de ces expériences était de très grande taille, et faisait par jour trois repas tr-'s substantiels. Le poids de son corps était d'environ 90 kilo- grammes (a). Dans des expériences analogues laites par M. 0. Franque sur un Homme de vingt et un ans, pesant 62'' '',6 , la quantité d'urée excrétée en vingt -quatre heures, sous rinlluence d'un régime mixte, fut, terme moyen, de 37s',9 (6), et dans une série d'expériences dues à M. Kaupp, cette quantité n'a varié qu'entre 33e'-, 9 et 35k%9 (c), tandis que dans les i-eclierches de M. Bodec- ker, faites sur neuf jeunes gens , elle a varié entre 30s%3 et 3Ss%S (rf). En poursuivant pendant trois cent trente - six jours la détermination des quantités d'urée excrétée par la même personne , 1\I. Smith a trouvé, terme moyen, 519 grains ( ou SS^^e ) par vingt - quatre heures (p). M. (]. Kerner (/) a analysé les urines rendues pendant huit jours par un honuue pesant 72 kilogrammes, et a obtenu pour l'excrétion quotidienne les résultats suivants : Urine Uiéo Acide mifiiie Chlorure ili: soiliiim Acide suHiiiiiiiie Acide plios|ilK)rif|iic Phospliale Irilias^iimc do cliaux. Phosphate liasi((uc de magnésie Phosphates lorreiix Amnioniaqih' Acide hlirc MAXIMA. 2150 ce. (Il ani. 43,4 d,370i 19,2 2,481 4,001) 0,5144 1,2782 1,7250 1,0110 2,2000 MIMMA. 1000 c. C. 32,0 0,0995 15,0 2,257 3,000 0,2534 0,0777 0,9311 0,7398 1,4727 TERME MOYEN. U91 ce. (Jram. 38,1 0,9394 10,8 2,478 3,417 0,3705 0,9757 1,3522 1,9492 1 ,9492 Dans une série d'expériences qui de l'acide urique , ^\. Bckleckor a vu portent spécialement sur l'excrétion la quantité de ce principe immédiat (a) llaninioiid, De VnclioH de certains diurétiques végétaux (Journal de physiol, 1800, I. III, p. 227). (bj 0. Franque, Beitrâfie zur Kenntniss der llarnslo/fiuissclicidung beiin Mcnsrhcn. Inawj. Abh. Wiirzbiiri;, 1854 (Canstalt's Jahresbericlit fiir 1855, l. l, p. 205). (c) Kaiipp, heitrage sur Physiologie des Marnes (Vierordt's, Archiv fiir phusiol. Heilkundc, 1855, t. MV, p. 385). (d) ISodedfer, Kiuige neilriigc x-ur Kenntniss des Stolfirechsels im grsunden hurper {Zeitsclir. fiir ration. Med., 18i;0, l. X, p. 101). (f) K. Siniih, On Ihc Elimination of Vrea and Urinary Wiiter, eU\ {Proceedings of Ihc Koyal, Society. 18r,l, i. \l, p. 215). (0 H. Kerner, Ueber das pliysiologischc Vertiallen dcr llcmocsàurc {.\nlnv fiir luissensch. Heilkundc, 1858, t. 111, p. 010;. QUANTITÉ JOLIRNALli:r,l': DES l'UOUllITS. 517 mes. Les diflcrences qui dépendent de l'âge, du poids du corps, de l'élat de santé ou de maladie, du régime, etc., sont également très considérables, et l'étude doit en être laite avec soin. Nous ne savons encore que peu de chose au sujet de l'excrétion journalière de la créatine et des autres matières dites extractives de l'urine, mais les écarts sont également très grands (1). Il en est de même relativement aux matières minérales qui sont entraînées au dehors par les urines, et qui ont été l'objet de recherches plus nombreuses (2). Le chlorure de sodium est d'ordinaire beaucoup i)lus abon- dant qu'aucune des autres substances salines qui sont éliminées se maintenir entre le^lGO et is%529 par jour (a). (l) Quelques expériences relatives au rendement de la sécrétion urinaire en créatine et en créatinine ont été laites par ]\I. Tluidicnm. Elles ^por- tent sur deux hommes : la quantité de créatine obtenue journellement a varié entre 36 et 58 centigrammes ; celle de la créatinine s'est maintenue entre 20 et Zil centigrammes (6). M. Loebc a trouvé des quantités un peu plus élevées de créatinine : chez un hidividu elle était de O'^'Jd, et chez un second de Os^',77 en vingt- quatre heures (c). Suivant M. Weisemann, la quantité quotidienne d'acide hippurique con- tenu dans son urine varia entre Os^TO et 5g%17 {cl). ('2) Dans les recherches de M. Cham- bert, la quantité de matières salines évacuée en vingt-quatre heures pat- tes voies urinaires a varié' entre es^gOS et 23s%936, La moyenne gé- nérale était de l/|-%85a (c). M. Leh- mann a vu que, sous l'influence d'un régime ordinaire, les quantités extrê- mes étaient 9SS65 et 17s%28, et que la moyenne était J5^'",2^i (/"), résul- tats qui sont notablement plus élevés que ceux obtenus précédemment par M. Lecanu et rapportés ci-dessus, ainsi que des évaluations laites par Alfred Becquerel , qui donne pour moyenne 9^%75 {y). (a) J. Bôdecker, Beitrage xu chendsch-pathologischen Versuchen, Wiirzbiirg, 1854 (Cans(.ill's Jahresbericht fiiv 1856, 1. 1. p. OOi. (b) Tlu:Jiciim, A Treatise on Ihe Pathology of Urine, 1860. (c) Locbe , Beitrâge zur Kennlniss des Krcatinens (Jottvnal {iïr pmkt. Chemie, 1861, I. LXNXll, p. 180). (d) WeiseDWiin, Uebcr die Bildung dcr Hippursdure beim Mcnschen, Giitlinjuc, 1857 (Canslatt's Jahresbericht fiïr 185S. 1. 1, p. 73). (e) Chainbcri, Op. cit. {liecueil de mémoires de médecine chirurgicale et de pharmacie mili- taires, 1845, t. LVIII. p. 343). (f) Li hmaïui, Lehrbuch der Chemie, t. Il, p. 401. ((/) Alf. Beciiiieiel, Séiniolique des urines, \i. 7. 518 EXCRÉTION IIUNAIRE, de l'organisme par la sécrétion rénale ; quelquefois la quantité s'en élève î\ plus de 20 grammes, mais d'autres l'ois on n'en trouve que de faibles traces Du reste, ces grandes différences sont en général accidentelles [>lutôt que physiologiques, et dépendent principalement du mode d'assaisonnement des mets. Ainsi on a vu cette quantité varier de 1 à 10 chez le même individu, suivant qu'il se nourrissait d'aliments frais ou de salaisons, et cela s'explique facilement d'après ce que nous savons déjà au sujet du passage des matières minérales de l'es- tomac dans les urines. C'est aussi à des circonstances analogues que nous devons attribuer en grande partie les différences considérables qui se font remarquer dans les résultats moyens obtenus par divers expérimentateurs. Ainsi, en France, où l'on n'a pas l'habitude de consonuiier beaucoup de sel de cuisine, le poids des chlorures contenus dans les urines dépasse rare- ment 8 grammes par jour et peut être évalué en moyenne à environ 8 grammes, tandis que dans la plupart des expériences faites en Allemagne, où l'usage des salaisons est plus général, cette moyenne est au moins de 1 1 à 12 grammes, et s'élève chez quelques personnes à 17 ou même 18 grammes [mr jour (1). La quantité d'acide sulfurique contenu dans les sels de (1) La quantilé de cliloriue de so- dium extraite des urines évacuées en Grani 6,6 dans les expériences île M. Barrai, faites é^ale- 24 heures a été, ternie mojen, de : ^^^^^ , p^,.^ ^^,,. ,^^j^ 1 grani. environ dans quelques expériences hommes adultes (c). faites à Paris par A. Becquerel, 9,6 dans les expériences de qui trouva en moyenne 0,659 de - M. Jul. Lfbmann, faites chlore [a). en Allemagne (d). 3,4 dans les expériences de M. Lecanu, iO a 13 d'après Vogel (é). faites à Paris sur cinq hommes 6,8 à 14,9 dans les expériences de adultes (6). M. Wilde (f ). (a) A. Becquerel, Sémiolique des urines, 1841, p. 7. (b) Lecanu, Op. cit. {Ann. des sciences nat., t. XII, p. 121. (c) Barrai, Statique chimiq^lc des Animaux. ((/) Jul. Lchniann , Uebei- dcn Kaffce als Getrânk in chemisch-pliysiol Ilinsicht (Canstatt's JahvtsberUlit liir 1853, t. 1, p. l'.)7). (e) Vogel, Die Semiotik des mensclilirhen Urins, 185^, p. 326. (/■) Wilde, Disquis. quœdam de alcalicis per urinam excre(is. Uorpal , 1855 (Canstatt's Jahresberichl fur 1850, 1. 1, p. 98). QUANTITÉ JOL'RNALIÈRK DES " PRODUITS. 519 l'urine est ordinairement d'environ 2 grammes par jour ; mais à cet égard les différences individuelles et les variations qui peuvent survenir chez la même personne sont aussi très grandes. Ainsi, dans des expériences faites par M. Lelimann pour étudier l'influence du régime sur les produits de la sécré- tion rénale, le poids des sulfates excrétés de la sorte en vingt- quatre heures a varié entre 5^',8/i6 et 10^', 399 chez la même personne (1). En général, les phosphates alcalins et terreux qui se trouvent Gram, 14,5 d'après M. Bischoff, de Munich ; moyenne de huit jours d'observa- tion sur un homme de quarante- cinq ans (a). 14,9 dans une série d'expériences faites par M. Kaupp, 17,0 flans une autre série d'expériences du même auteur (fc). 11,3 d'après six séries d'expériences faites par M. Wagner (c). 11,3 d'après six séries d'expériences faites par M. Buciiheim {d). 12,8 dans une série d'expériences faites par M. Genth. 18,5 dans une autre série d'expériences par le même (e). 17,5 dans huit séries d'expériences faites par M. Hegar if). 16,8 d'après M. Kerner (g). (1) Voici les résultats moyens four- nis par les recherches de phisieurs physiologistes : Gram- 2,34 d'acide sulfuriquo en vingt quatre heures chez les cinq hommes adultes employés aux expé- riences de M. Lecanu. d'après A. Becquerel. pour l'ensemble des expériences faites par M. Lehm^nn. pour une série d'expériences faites sur sept personnes par M. Gruner (h). pour douze expériences faites sur la même personne par M. Buck- heim (i). 2, OG à 2,28 dans deux séries d'expériences faites par M. Beneke {jj. 2,10 pour une série de dix expériences faites sur un même individu par M. Wagner (fc). 1,12 3,93 1,90 1,74 (a) Bischoff, Der Harnstalf als Mass des Stoffwechsels. Giessen, 1853, p. 25. (6) W. Kaupp, Beilràge zur Physiologie des Uaviies {Arcldv fur physiologlsche Heilkunde, 1855, t. XIV, p. 385). (c) Wairner, voyez Day, Chemistry in ils Relations to Physiology and Medicine, p. 312, (d) Buckheim, voyez Day, loc. cit. (e) Genth, Untersuchungen iiber den Elnjluss des Wassertrinkens auf den Stoffuiechsel, 1850. If) Hegar, Uebev Ausscheidung der Chlorverbindungen durch den Harn. Inaug. Abh. Gies,son, 1852 (Canstall's Jaliresbericht iiber die FortschrUte der gesammten Medicin im 1852, p. 121). (g) Kerner, Op. cit. {Archiv fiïr luissensch. Heilk., 1858, t. 111). [h) Gruner, Die Auscheidung der Schwefelsâure durch den Harn. Inaug. Abh. Giessen, 1852 (Canslatt's Jahresbencht fiïr 1852, t. I, p. 122). (i) Uuckheim, loc. cit. {]) Beneke, Stndien mir Urinologie {Archiv des Vereins filr gemeinschaftliche Arbeiten, 1854, t. I, p. 602). (A) Wagner, loc. cit. 550 KXCRÉTION L'RINAIRK. dans l'urine cnlraînent au dehors chaque jour environ o gram- mes d'acide pliosphorique. De même que pour les autres ma- tières minérales dont je viens de parler, les différences cj. 153). (dj Aulicrl, Expérimental- linlersnchnngen ïther die Frage, oh die Mittelsalze anf Endosmo- tischem Wege ablïihren (Zeitsehrift fier rationelle Mediciii. 2- série, ISS-J, t. H, p. 2-25). (e) Moslcr, lieitrâge swr Kenntniss der Urins-Ahsonderung hri gesnnden, scliwangcrn nnd kranken l'ersonen. Inavg. Ahh. Uiessen, 1853. (H Krolibe, Eehcr die Menge der Phosphorsàurc im llarn nnd iiber die Ausschcidnng der Erdphosphatè bcimiiochen di's liâmes, Copcnliaguc, 1857 (Canslatt's Jahrsbericht /tir 1857, t. I,p. 181). (g) Winter, Ikitrrige z-nr Eenniniss der Urinabsondening bei Gesunden. I)iaug. Abliand. Gicsscn, 1S42 (Canstall's .lahresberiehte, 1852, p. 123). (h) .].Lc\\a\ann,Ueber den Kaffee als Ceirdnk in chemisch-pathologischer HinsichtiCanslM's Jahresberichl /■«»• 1853, t. I, p. 197). (il Brccd, IJeber den C.ehall des normakn Urins an l'hoiphorsdurcn (Annatcn der Clicmic und Pharm., 1851, t. LXXVIII, p. 150). QUANTITÉ JOURNALIÈRE DES PRODUITS. 521 lifjiie est combine avec les bases terreuses, c'esl-à-dire avec la chaux et la magnésie, tandis que les trois quarts sont unis aux bases alcalines. La quantité de phosphate terreux excrété de la sorte en vingt-quatre heures peut être évaluée, terme moyen, à environ 1 gramme (1), dont à peu près 0,33 centi- grammes de phosphate de chaux et 0,67 centigrammes de phosphate de magnésie (2). § 18. — D'après ce que nous avons vu précédemment eu étudiant les causes des variations dans la composition chimique des urines, nous pouvons prévoir que les ditïérences que je 3,1 chez un individu dans les expé- riences de M. Neubauer. ifi chez nn autre individu dont les urines furent analysées par le même auleur (a). 3,4 dans les expér. de M. Gcnlh (b). 3,4 dans les expér. de M. Kaupp (c). 2,9 chez un individu examiné par M. Beneke. 2,2 chez un autre individu examiné par le même auteur (d). 2,9 d'après M. Haxtliausen (e). 2,8 d'après M. Dunckleniberg (/"). (1) La quantité totaK^ des phos- phates terreux excrétés journellement par les voies uriiiaires a été, en moyenne , de : 1,09 d'après M. Lchmann [g]. 1,20 d'après M. Beneke (h). 1,48 d'après M. Bocker (i). 0,94 d'après M. Neubauer (j). (i!) Cette proportion correspond à peu près à 3 équivalents de phosphate de magnésie ('2MgO,i>0'>) pour 1 équi- valent de phosphate de chaux (liCaO, PQS). Elle a été constatée par M. Klot- zinski et par M. Neubauer (k). Dans une série d'expérience* sur (a) Neubauer, Uebcr die Erdphosphate des Hanis [Journal fii: pi\ikL Chenue, 1850, t. LWil, p. 05). (b) Gentil, Unlers. iïber dcii Einlluss des Wasserlrliikeiis au f de a Sto/J'wechsel, 1850. (c) Kaupp, Op. cit. (dj Beneke, Studien nu- Urologie (.\rchio des Vereim [iïv fj:indsance de toutes leurs (acuités physiolo- giques (1). Spallanzani conslataque les Rotifères des toits, des- la structure intérieure des Rotifères (rt); berg a très Ijicii fait connaître leur mais de nos jours ces petits êtres ont mode d'organisation (6). pu être mieux oiîservés, et M. Eliren- (1) Les faits signalés par Spallan- (a) Leeiivvcnhock, A Letter concerning Worms obscrved in Sheep's livers and paslure groiinds {Plùlos^ Trans., 1704, I. XXIV, p. 1525. — Arcana V^atiirce. t. II, epist 14'J, p. 381 et suiv. — Baker, Employmeiit fur tlie Microscope, 175o, p. '267 et suiv., pi. 11. [b) Eiirenberg, Die Infimonsthierchen, p. 485, [il. 00, iig. 4. 528 NUTRITION. ^ sécliés de la sorle, peuvent resler dans cet é(at d'inactivité pen- dant un temps qui dépasse de beaucoup la durée ordinaire de leur existence, et qu'ils résistent alors à des causes de destruction (pii d'ordinaire déterminent intailliblement la mort. Ainsi, il vil ces Animalcules ressusciter en apparence après être restés pendant plus de trois ans sous la forme d'une poussière sèche et inerte, et il constata que ni l'action du froid intense des hivers les plus rijioureux , ni celle de la chaleur des rayons les plus ardents du soleil, n'empêchaient cette espèce de résiuTCclion d'avoir lieu, bien (jue les Holilères non desséchés périssent toujours quand on les place dans les mêmes condilions. Eulln, il trouva que d'aulres Animalcules destinés par la nature à habiter aussi des lieux où riiumidilé nécessaire à leur ach'vité vitale ne se rencontre cpi'à des époipies plus ou moins éloi- gnées, possèdent également cette faculté singulière de résister aux el'fels de la dessiccation, et d'être en apparence morts ou vivants, suivant (jue leur corps est privé d'eau ou contient une certaine (juantité de ce liquide. Les petits êtres auxquels on a donné le nom de Tardigrades^ sont susceptibles de con- zani avaient étO très i)ien observés par ce physiologiste liajjile (a), mais pen- dant longtemps beaucoup de natura- listes les ont niés (6), et M. Khren- berg a cru pouvoir (5tal)lir que la dessiccation tue les r.olit'ères comme les autres Animaux , mais que leurs œufs résistent à cette cause de destruc- tion, et, en se développant quand on les liumeclc , donnent alors nais- sance h de nouveaux individus ; en sorte que ce seraient les descendants des Animalcules mis en expérience, et non ces êtres eux-mêmes, qu'on aurait pris pour ceux-ci revenus à l'état d'aclivilé pliysiologique après une des- siccation plus ou moins prolongée (c). Dernièrement cette hypothèse a été soutenue de nouveau par M. l'ou- chet ((/), mais elle est en désaccord avec les observations les plus pro- bantes, et elle n'est pas admissible. (a) Spallaïuaiii, Observations et expériences sur quelques Animaux surprenants que l'observa- teur petit à son gré faire passer de la mort à la vie {Opuscules de physique, i 777, t. Il, p. 249 et siiiv.). (b) [>iiKÔs, Trailii de plifisiologie comparée, 1838, t. I, p. 3G. Uory Saiiil-Viiicetit, Encyclopédie méthodique, Vehs. (c) Elirmbcrg, Die Infus'wnslhicrcheii, p. 492 cl siiiv. ((/) Pouclict, Hcchcrches et expériences sur les Animaux ressuscitants, 1859. MATIÈRES QUI TnAVEPvSRNT l'ORGAMSME. 529 server ainsi une vie lalente pendant un temps très long(l), et il en est de môme pour les Vibrions, qui infestent le blé raehitique ('2) , ainsi que j^our tpielques autres Animalcules (1) Les Animalcules que Spallanzani a désigné sous le nom de Tardigradcs, et qui se trouvent dans les poussières des toits (a), furent observés pour la première fois par Eiclihorn, puis par Corti (6). De nos jours plusieurs na- turalistes ont publié sur leur histoire des recherches très intéressantes (c), principalement M. Doyère, qui en a fait connaître la structure intérieure, et a constaté des particularités fort remar- quables au sujet de la faculté qu'ils ont de résister à l'action mortelle de la chaleur quand leur corps a été préalablement desséché (d). Dans ces derniers temps, !\l.\l. Pouchet et Pen- netier, ayant répété sans succès les expériences de M. Doyère, crurent pouvoir nier Texaclitude des résul- tats annoncés par ce physiologiste (e). Mais la question a été reprise par M. Gavarret, ainsi que par une com- mission de la Société de biologie, dont MM. Balbiani, Brown-Séquard , Da- resic , Guillemin , Robin et Broca étaient membres, et tout ce qui est essentiel dans les conclusions de M. Doyère a été pleinement conhrmé par ces savants (/"). (i) La découverte des Vibrions du blé niellé ou blé raehitique, et celle de la faculté que possèdent ces Ani- malcules dç reprendre la vie active après avoir été desséchés et dans un état de mort apparente pendant un temps plus ou moins long, sont dues à Keedham [y). Plusieurs naturalistes contemporains de cet observafeur vé- rilièrent les résultats qu'il avait an- noncés (h), et des expériences analo- gues ont été répétées plus récemment avec un succès complet (/)• (a) Spallanzani, Opuscules de physique, Mil, t. 11, p. 340 tt suiv. (b) Eichlioni, Ikiirage %ur NaUmjescluc.hte lier kleinstcn ]yasserthicre, 1781, y. 74, pi. 7, fig. E. — Curti, Opère miçroscopische, 1774. {c, Scliuiizf, Mairobioius Hafelandii. Berlin, 1834. (d) Doyère, il/f'm(ji/e sur Us Tardignides [Ann. des sciences nat., 2" série, 1840 à 1842 t. \\1, p -iuD ; I. XVIl, p. l'J3, et l. XVIII. p 5). {e) l'ouiliei. Reiiienhe.s et eœiériencts .-.ur les Animaux resiiiisiitants, 1850, in-S. — Nou- velles ixpéri lices sur Us niimaux iisaido-icssusiitaiil^ (Aiies du Muséum d'iiiiloire naturelle de Hmuii, ItsliU, i.. ii). —■ Tiiitl, i\hm. sur les Ritilèies, ec. [Union médicale, 1^59). — l'uiiiieiiei-. De la reviviscence des Animaux dils nssuscilants {Actes du Muséum d'hist. nat. de Rouen 18<10, p. 49 ,/•) UaviUTui, Qii.Ujues expé iemes sur les Roiifèrcs. les Tardigrades et les Anguillules des mousses OtS tults [uai-ette hebdomadaire de méiiecine, 1809, t, VI, p. 71Uj. — Broca, Rai port sur la queati n smiiuisc à la Sw u'té de biologie \ ar MM. Poiuiiet, Pcnnelier, Tir.el ei iniyere, au sujet de la reviviscence des Animaux disséchés {Mém. de la Soc. de biologie, 3'sene, 18. lU. t. II, p. Ij. (g) Neulliam, New Micioscopical Discoveries, p. 85. (hj Geiianni, Dette maluttie del grano in erbe — Balii-r, Kmiiimjmen, for ihe Miroscope, p. '250 et suiv. — Spallaiizaiii, Otiusiules dt physique animale et végétale, 1777, t. II, p. 357 et sniv. (j) B.iucr, The Croonum Leniires (Phdos. Tnms., iXili, p. 1). — Ob/ervitions microsco- piques sur la suspension des mouvements musculaires du Vibrio irilici (Aiin. des i,ciences nat. lb'24, 1. Il, p. 154) — Davaine, Reiherches sur L'AngiuUule du blé niellé [Màn. delà Soc. de biologie, 185 , 2* série, t. III, p. idi). 530 NUTRITION. qu'on a vus reprendre uue vie active après avoir été con- servés dans un état de mort apparente pendant plus de vingt ans('l). Pour presque tous les Animaux, la dessiccation, quand elle atteint une certaine limite, n'est pas seulement une cause de mort apparente , elle arrête pour toujours le mouvement vital (2). Or, la sécrétion urinaire, ainsi que la transpiration pulmonaire et cutanée, enlève continuellement à ces corps des quantités plus ou moins considérables d'eau ; par consé- quent, pour réparer ces pertes et pour maintenir l'organisme dans un état d'humidité convenable , il faut toujours que l'Homme, de môme que tous les Animaux, reçoive, à des intervalles très rapprochés, de nouvelles provisions de ce liquide, dont le manque occasionne promptement une sensa- tion particulière : celle de la soif; En citant ici l'eau comme une des substances qui peuvent traverser l'économie sans y être ni fixées dans l'organisme, ni décomposées, je ne prétends pas qu'une certaine quantité de ce liquide ne soit employée de la sorte, et bientôt nous verrons en efîet que tout tissu animal doit nécessairement en retenir pour jouir de l'ensemble des propriétés physiques indispensables à raccomi>lisscmenl de ses fonctions physiologiques ; mais la plus grande partie de l'eau qui pénètre dans l'intérieur de l'organisme sous la forme de boisson ou autrement, y reste à l'état de liberté, et s'en échap[)e plus ou moins prom[)temeut par les voies excrétoires dont je viens de parler, (1) Kn 1771, Baker examina des calion,rcprendrolcur activité vitale (a), éclianlilloiis de blé niellé que Need- (2) Je rappellerai à ce sujet les liani lui avait donnés en 17Zi/l, et par expériences de William Kdwards sur l'addition de l'eau il vit les Angnil- les effets de la transpiration chez les Iules (ou Vibrions), qui étaient depuis Poissons exposés à l'air (voyez t. IV, vingt-scpl ans d.uis un état de dcssic- p. Zi/i'2). [a] Nceilham, Lettre à Roffredi [Marnai de physique, 1775, t. V, p. 227). ACTIONS CHIMIQUES. 531 §/i. — D'aiUres subslanccs, après avoir élo absorbées et Maiiùres . mo{lifiPos introduites dans le torrent de la circulation, disparaissent de ou d.tn.iies 1 économie, et ne se montrent cependant m dans les urines ni roiganisme. dans les autres excrétions. Nous pouvons en conclure qu'elles y sont détruites ou modifiées de façon à donner naissance iÀ des composés nouveaux, et l'étude des changements qu'elles subis- sent nous permettra de faire un pas de plus dans l'investigation des phénomènes de chimie physiologique dont le corps de tout être animé est le siège. Dans une des premières Leçons de ce cours, nous avons vu que par la comparaison des matières que les Animaux puisent dans l'atmosphère et des produits de leur respiration, Lavoisier avait été conduit à admettre qu'ils sont tous le siège d'une sorte de combustion qui, entretenue par l'oxygène de l'air, est la source de l'acide carbonique qu'ils excrètent sans cesse (1). Cette hypothèse réunissait en sa faveur une multitude de faits sur lesquels il est inutile d'insister de nouveau ici, et devait être considérée comme l'expression d'une vérité bien établie. Mais nous n'avions encore aucune preuve directe de la destruction des matières combustibles dans l'intérieur de l'économie ani- male et de leur transformation en matières brûlées. Nos études actuelles nous fourniront cette preuve comi)lémentaire de la justesse des vues du fondateur de la chimie physiologique. En effet, M. Wôhler a constaté expérimentalement que combustion l'acétate de potasse, le tartrate de la même base, et plusieurs divers acides autres sels formés par l'union d'un acide végétal avec un alcali, sont en totalité ou en majeure partie détruits pendant leur séjour dans le torrent de la circulation et transformés en carbo- nates alcalins qui s'échappent au dehors avec les autres pro- duits delà sécrétion urinaire (2). Le lactate de soude se com- (1) Voyez tome I, page i06. jeure partie de l'acide tartriqiie, de (2) M. Wôhler a trouvé que la ma- l'acide acétique ou de l'acide majique 532 NUTUITION. porle (le In même manière (1). Or, dans tous ces cas, Tacide organique n'a pu être déplacé par l'acide carbonique ; mais en étant brûlé par l'oxygène que la respiration a introduit dans l'organisme, il a été décomposé pour donner naissance à de l'eau et à de l'acide carbonique, lequel acide, uni à la base alcaline, a constitué le carbonate dont les glandes rénales ont opéré l'élimination. Ce pbénomène de combustion pbysio- logique, dont les médecins avaient remarqué les eftets sur l'urine longtemps avant d'en connaître la nature, nous explique comment ce liquide peut cesser d'être acide, et devenir alcalin, à la suite de l'emploi alimentaire de divers fruits acides, fait dont j'ai déjà eu à parler dans la précédente Leçon (2). Les choses se passent ici comme dans une expérience de labora- toire. Si l'on brûle des cerises, des fraises ou d'autres fruits jdus ou moins riches en sels végétaux, on trouve dans les cendres du carbonate de potasse qui ne préexistait pas dans ces corps. D'après l'examen des matières contenues dans le tube digestif contenus dans les sels doni il est ici question est décomposée et remplacée par de l'acide carljoniqtic, mais que vers la fin de l'expérience une certaine quanlilé dos larlrates, etc., peut pas- ser dans les urines sans avoir subi d'al- tération {a). La transformation du sel de Seignette, ou tarirate double de potasse et de soude, en carbonates pondant son passage dans récononiic animale, a été étudiéeaussi par MM. La- varan et Millon {h). Dans les expé- riences faites pins récemment sur le même sujet par M. Buckheim, l'acide tartrique s'est montré dans les urines en petite quantité quand la dose em- ployée était forte ; mais l'acide citrique, soil libre, soit combiné, n'est pas ar- rivé jusque dansée liquide excrémen- titiel, et par conséquent paraît être complètement détruit (c). (1) !\I. Lehmann a vu les urines devenir alcalines une demi-heure après l'injection de 30 grannnes de lactate de soude dans l'estomac (d). (2) Voyez ci-dessus, page Z|72. (rt) Wiililer, Wrsurhe vber den Ucbcrgang von Materien in den Harn {Zeitschrift fur Physio la(\ic von Ti •(li!ni:iiiij iiiid Tii'viniriiis, 182i, t. I, p. 14i et siiiv.). — E xpé rien nés sni' le passage des siibsianres dans l'urine {Journal des progrès des sciences inéd.. 18-27, t. I, |i. 54). ib\ L.ivnraii et Milloii, Mémoire sur le )iassage de quelques médicaments dans l'économie ani- male et sur les modifuanoiis qu'ils y subissent {Comptes rendus de l'Acad. dts sciences, 18ii, t. MX, |p. 347). (c) l'.iu'kheiiii, L'ebcr dcn Ucbcrgang einigcr orginiscber Sâuren in den Harn (Wmulorlicli's Archiv, 1857, |i. d22|. (il) l.iliniiiiiii, Lchrhnrli dcr physiologischen Clicmi:, t. Il, p. ;!(i8. ACTIONS CHIMIQUES. 533 des Animaux sur lesquels ces expériences étaient faites, on devait penser que la transformation des sels combusiibles en carbonates n'avait lieu qu'après leur absorption et pendant que, mêlés au sang, ils circulaient dans l'appareil irrigatoirc; mais pour mieux déterminer le siège de ce phénomène de combus- tion, il était bon d'introduire directement ces substances dans le torrent de la circulation, et de chercher comment elles s'y comportent. Or, cela a été fait, et l'on a vu que les sels orga- niques dont je viens de parler, après avoir été injectés dans les veines d'un Animal vivant, sont représentés par les carbo- nates correspondants dans les produits de la sécrétion uri- naire(l). Les expériences de M. Wôhler nous fournissent d'autres cumbusiion r^ (le 1 acide exemples de la combustion des matières étrangères qui, intro- suifhydnqie. duilesdansle torrent de la circulation, s'y oxydent, et forment de la sorte des produits nouveaux dont l'excrétion a lieu par les voies urinaires. Ainsi, le sulfhydrate de potasse, admi- nistré par les voies digestives , n'arrive qu'en très petites quantités dans l'urine, mais donne naissance à du sulfiitc de potasse qui se trouve en abondance dans ce liquide (2). J'ajouterai que les recherches de MM. Wôliler et Frerichs combusiiou tendent à établir que l'acide uri(jue introduit dans l'estomac ou racucmique. (1) M. Lelimann, en introduisant de par M. Woliler cliez le Clieval (b), et la sorte du lactate de potasse dans le observé plus récemment par M. Grif- torrent de la circulation chez des fiih (c). Chiens, a vu que ce sel était trans- Il est aussi à noter que rhyposulfite formé en carbonate avec rapidité, et de soude se transforme en sulfate, que ce dernier corps ne tardait pas à pendant son trajet à travers Técono- se montrer dans les urines («). mie animale, et est excrété sous cette {•}) Ce fait a été constaté d'abord forme par les voies urinaires (d). (a) Lclimann, Lehvbuch der physiolngischen Chcinie, t. II, p. 417. (b) W'cililer, I p. cil. tZeilsrlinfl fur Plujaioloiiie ^on Trevii-anus. 18'24, t. I, p. 150). (c) liriffiih [ivmiirtis ou the E.rcreUuii of Sulpliur by llie Kidneys {Luudoa Médical Gazette, 1848, t. XLI, p. 443). (d) Kluiziiisky, Ueber di>; Ihjpnchhrite, Hypositlfite lutd die BenMësàure iti ihrem Einf, aul dm Stuffwechsei (Gansiali's Jalireshericht fur 1858, t. I, i'. 199j. 534 NUTRITION. injecté dans les veines du Lapin est décomposé dans Tintérieur de l'organisme. de la même manière que lorsqu'on oxyde celte substance en la traitant par de l'acide plombique. En effet, ils ont vu qu'après l'aduiluislration de l'acide urique, l'urine con- tient beaucoup plus d'urée et d'oxalate de cbaux que dans l'état normal (1). Enfin l'azote, en traversant l'économie animale, paraît être susceptible de s'oxyder, car M. Bence Jones a trouvé des traces d'acide azotique dans l'urine de personnes auxquelles il avait administré, soit du carbonate, soit du tartrate d'ammo- niaque (2). Siège § 5- —Ainsi, des pbénomènes d'oxydation ont indubitable- la combustion m^nt licu daus l'intérieur de l'organisme et ont leur siège physiologique. ^^^^ j^ torrcnt de la circulation, puisque les diverses matières combustibles que nous venons de passer en revue y ont été brûlées. Nous savons, d'ailleurs, par nos études précédentes, (1) Nous avons vu précédemment que l'acide urique bouilli avec de Teau tenant en suspension de Tacide plom- bique s'empare d'une partie de l'oxy- gène contenu dans ce corps, et se transforme en urée, acide oxalique et allantoïnc (a). Ce dernier produit ne passe pas dans les urines et doit être décomposé dans Tintérienr de l'or- ganisme. D'après la transformation que l'aclion des alcalis y détermine, on serait porté à penser qu'il se change en oxalale d'ammoniaque ; cependant après l'administration d'une certaine quantité d'allantoïne, on n'a pu con- stater aucune augmentation dans l'ex- crétion des oxalates. ('i) Dans l'état normal, ce physiolo- giste ne trouva dans l'urine aucune trace de l'existence d'acide azotique ou d'un azotate ; mais il en fut autrement à la suite de l'usage interne d'une ccr- tainedosede carbonate d'ammoniaque, llconslata également que l'introduction de cette substance dans l'organisme n'augmente pas l'alcalinité de l'urine. Il a trouvé aussi qu'il y a production d'acide azotique lorsqu'on fait brûler à l'air une dissolution alcoolique de carbonate d'anmioniaque. Enfin, les mêmes résultats fiuvnt obteims en employant du tarirate d'ammoniaque et en administrant intérieurement des doses élevées d'urée (6). (a) Voyez ci-dessus, page 404. (b) Bence Jones, Second Appendix to a Paper on Vie Variations of Ihe Aciditij of Urine (Philos. Trans., 1850, p. OGO). — Un the Oxydation ol Animonla in Ihe lluman Hody (Philos. Trans., 1851, p. 399). ACTIONS CHIMIQUES. 535 que pendant Tacle de la respiralion, le fluide nourricier se charge d'oxygène qui s'y trouve à l'état de liberté ou très fai- blement uni à des substances qui l'abandonnent facilement. La combustion que nous venons de constater doit donc être attri- buée à l'action de l'oxygène du sang sur les matières combus- tibles contenues dans ce liquide ou baignées par lui, et doit être considérée comme une conséquence du travail respiratoire. Mais lorsqu'on dehors de l'organisme vivant, on fait agir du ^Jf^f'^tîf sang sur les substances qui s'y sont brûlées si rapidement ferments. dans les expériences physiologiques dont je viens de rendre compte, on n'obtient pas les mêmes résultats, et l'on doit se demander comment la propriété comburante de ce liquide se trouve exaltée de la sorte dans l'intérieur de l'économie animale. Les recherches récentes de M. Pasteur sur certains ferments nous aideront à résoudre cette question (1). Ce savant a trouvé que si l'on dépose, en contact avec l'air, à la surlace d'un bain faiblement alcalinisé et contenant de l'alcool ainsi que des ma- tières albuminoïdes et minérales propres à servir d'aliment aux organismes inférieurs, quelques parcelles d'un végétal microscopique particulier, appelé le Mycoderma aceti, celte plante s'y développe rapidement, et en même temps déter- mine l'oxydation de l'alcool sous-jacent, qui est transformé ainsi en acide acétique par la fixation d'une certaine quantité d'oxygène puisée dans l'atmosphère. La même Mucédinée, placée dans les mêmes circonstances sur un bain dépourvu (1) Ces expériences, dont Timpor- furent coniniiniiquées à l'Académie tance me paraît très grande pour la des sciences le 10 février 186'2 (a), et physiologie, font suite aux recherches j'ai été témoin de tous les faits annon- de M. Pasteur sur les ferments. Elles ces par cet observateur habile. (a) Pasteur, Études sur les Mtjcodermes; rôle de ces plantes dans la fermentation acétique (Comptes rendus de l'Acad. des sciences, 1862, t. LIV, p. 156). 536 NUTRITION. d'alcool et contenant de l'acide acétique, agit encore d'une manière analogue, mais détermine des phénomènes de com- busfion encore plus remarquables, car l'acide acétique est complètement brûlé et translbrmé en eau et en acide carbo- nique. Si, par l'effet d'une température trop élevée ou de toute autre cause, le Mycodermaaceli vient à mourir, la combustion de l'alcool ou de l'acide acétique s'arrête immédiatement, et il suflit de la présence d'une quantité extrêmement petite de ce corps vivant pour oxyder des quantités fort considérables de l'une ou de l'autre de ces matières combustibles. Enfin^ M. Pas- teur a reconnu aussi que le Mycoderme n'est apte à opérer ces transformations que lorsqu'il est placé dans des conditions telles qu'il puisse s'emparer facilement de l'oxygène de l'air, et fixer ensuite ce principe comburant sur l'alcool ou sur l'acide acétique avec lequel il est également en contact. Ainsi, quand ce Végétal microscopique Hotte à la surfiice du liquide et s'y étend en lame mince comme une sorte de voile dont la surface supérieure est en rapport avec l'air, tandis que la surface oppo- sée repose sur le liquide , son intluence comburante est des plus remarquables; mais, pour peu qu'il se trouve submergé, de façon à ne pouvoir plus servir d'intermédiaire entre l'oxy- gène libre de l'atmosphère et les matières combnstiMes conte- nues dans le bain, son action s'arrèle, et ni l'alcool ni l'acide acétique du bain ne continuent à être brûlés (1 ). Le rôle de ces êtres vivants dans le phénomène de la fer- mentation acétique de l'alcool et de la transformation de l'acide (l) Le Mxjcoderma vini ou cere- rool do façon à Iransformor cette visiœ , qui constitue ce que l'on nialirre conibnstiblc en vapeur d'eau nomme vulgairement les fleurs du et en acide carlwnique. L'action de vin, absorbe de la même manière ce vi^gétil est le même sur Tacide l'oxygène de l'air, cl le fixe sur l'ai- acétique [a). {a) Paslcur, Op. cit. ACTIONS CHIMIQUES. 537 acétique en eau et en acide carbonique au contact de l'air, paraît donc avoir une grande analogie avec celui que certains corps inorganiques, dont la surfiice est très étendue, jouent, lorsfjue par le seul fait de leur contact avec un mélange de matières incapables de se combiner spontanément, ils déter- minent l'union de ces substances. En effet, lescbimisles savent depuis longtemps qu'à la température ordinaire, l'oxygène ne se combine pas avec l'hydrogène quand ces gaz se trouvent seuls, mais (pie l'oxygène se li\e sur l'hydrogène, et donne naissance à de l'eau, quan-l le mélange est en contact avec l'éponge de platine ou avec la poudre noire du môme métal. On a constaté aussi qu'en présence de cette dernière substance, l'alcool absorbe de l'oxygène et se transforme en acide acétique, comme dai s le phénomène de la fermentation acétique déterminé par les Mycodermes du vinaigre. Or, dans ces réactions, le platine ne forme aucune combinaison chimique avec les substances dont il met les molécules constitutives en mouvement ; il ne paraît agir qu'en raison des modilications que son contact avec l'oxygène détermine dans les propriétés comburantes de ce gaz, et servir d'intermédiaire pour fixer ce principe sur la matière combustible. Nous ne pouvons former que des conjectures très vagues sur la nature de la force qui intervient de la sorte et qui influe d'une manière si remarquable sur le jeu des affinités chimiques; mais il est parfois utile de pouvoir la désigner brièvement, et je rappellerai que Berzelius a appelé force cata- lytique la cause des phénomènes de cet ordre. Nous nous trouvons donc conduit à penser que les êtres vivants dont l'inttuence détermine la combustion de l'alcool et de l'acide acétique dans les circonstances dont je viens de par- ler, doivent être doués d'une puissance catalylique, et que c'est en agissant à la manière de l'éponge de platine qu'ils s'emparent de l'oxygène de l'air, et le fixent sur les matières combustibles. Les recherches de M. Pasteur tendent à établir que des ac- 538 NUTRITION. lions analogues peuvent être exercées par beaucoup d'autres corps organisés doués de vie , tels que cerlains Animalcules infusoires, aussi bien (jue divers Végétaux microscopiques, et que ces petits êtres sont susceptibles de déterminer la combus- tion d'une foule de substances organiques, notamment le sucre et les principes albuminoïdes, tout aussi bien que l'alcool et l'acide acétique. Or, on doit être frappé de l'analogie qui semble exister entre le rôle des ferments dont il vient d'être question et celui que les globules du sang paraissent jouer dans l'intérieur de l'éco- nomie animale. Rùie Dans la première partie de ce cours, nous avons vu que ■^'duïanr' ces globules sont, suivant toute probabilité, des organites vivants qui se chargent de la majeure partie de l'oxygène absorbé dans l'acte de la respiration, et qui portent ce principe dans le système capillaire général, où il paraît servir à la pro- duction de l'acide carbonicjue dont la présence dans le sang veineux est révélée par la couleur sombre de ce liquide (1). Nous venons de constater aussi que c'est dans l'intérieur du torrent circulatoire où cheminent ces globules que les matières combustibles dont nous avons vu la combustion s'opérer dans la profondeur de l'organisme sont oxydées. 11 y a donc des motifs pour croire (|ue les globules hémaliqnes jouent ici nn rôle analogue à celui du ferment acétique; qu'ils sont doués d'une certaine puissance catalylique, et qu'ils fixent sur les substances combustibles avec lesquelles ils sont en conlact l'oxygène dont ils se sont chargés. Du reste» ces organites ne sont probable- ment pas les seuls agents de ce genre, et conune je le mon- trerai bientôt, il y a lieu de croire (|uc toutes les parties vivantes qui sont en présence de Toxygène plus ou moins faiblement conibiné et de certaines matières combustibles, (1) Voyez lonic I, py^e Zi7o, elc. ACTIONS CHIMIQUES. f)39 peiivciil agir d'une iiianicre analogue, et déterminer des phé- nomènes de combustion physiologique dont l'intensité serait proportionnée à l'étendue de la surface organisée réagissante, lorsque tou(es choses sont égales d'ailleurs. Ainsi, il fne paraît très probable que les parois des vaisseaux capillaires et toutes les antres parties des tissus vivants qui sont baignées par le fluide nourricier sont plus ou moins aptes à remplir le même rôle. § 6. — Il est aussi à noter que la présence d'un alcali dans les liquides au sein desquels les phénomènes d'oxydation dont je viens déparier se produisent, favorise beaucoup la fixation la combustion du principe comburant sur les matières combustibles. Ainsi, en présence du noir de platine, le sucre en dissolution dans de l'eau alcahnisée s'oxyde au contact de l'air et produit de l'eau et de l'acide carhoni(jue. L'existence d'une petite quantité d'al- cali dans le bain où les 3Iycodermes végètent active aussi la combustion des matières hydrocarbonées que ces Végétaux pro- voquent. Or, nous savons que le sang est alcalin, et, par con- séquent, nous voyons que, sous ce rapport, ainsi qu'en raison des organites microscopiques dont il est chargé, ce liquide est bien approprié aux usages que nous lui avons reconnus comme agent de la combustion [)hysiologique (1). Intlucnce de l'alcalinité du sang sur physiologique. (1) Le glucose , quand il est seul, 'exerce aucune action sur le bioxyde de cuivre ni sur les sels cupriques, mais en présence d'un alcali il les réduit en s'oxydant. M. Mialhe a beaucoup insisté sur rinJluence que l'alcali du sang peut exercer sur la combustibilité des matières organiques Gonlenues dans ce liquide, et il a cru pouvoir rendre compte de certains phénomènes pathologiques par l'affai- blissement de la faculté comburante du fluide nourricier due à l'insuffisance de la proportion de soude (a). Il expliqua de la sorte le diabète sucré ; mais, ainsi que nous le verrons bien- tôt , cette théorie n'est pas admis- sible , et l'importance du rôle des alcalis libres dans le sang a été beau- coup exagérée (6)* (a) Mialile, Chimie appliquée à la physiologie, p. 64, 75, etc. (6) Lelimann, Lehriiach dcr physiologischeii Ckemic, t. III, p. 204 et suiv. 5/l0 NUTRITION. Conclusions. § 7. — Lcs clivers fuils que nous venons de pnsser en revue prouvent que le gi and Lavoisier avait bien exjiliqué les phé- nomènes fondamentaux de la respiration, lorsqu'il les assimila à ceux d'une combustion ordinaire, et qu'il attribua à la fixation de l'oxygène sur du carbone Iburni par l'organisme la consomma- tion de ce gaz par l'être vivant et la production de l'acide car- boni(]ue que celui-ci verse sans cesse dans l'atmosphère. iMais les progrès récents de la scicnc*^ donnent une jiortée encore plus grande à la théorie lavoisienne, et nous montrent que la combustion physiologique entretenue par le travail respiratoire est aussi la source d'une multitude d'autres produits qui se forment dans l'intérieur de l'économie animale. En effet, ce ne sont pas seulement des substances composées de carbone, d'hydrogène et d'oxygène, telles que le sucre ou la graisse, qui sont brûlées de la sorte dans l'organisme. Les matières albu- minoïdes et les autres principes azotés qui entrent dans la com- position des aliments ainsi que des tissus vivants, peuvent être oxydés de la même manière, et toutes ces substances combus- tibles, de même que les précédentes, peuvent être brûlées à divers degrés, de façon à donner naissance à une multitude de composés différents. Comme un exemple très simple d'une combustion physio- logique imparfaite, je citerai les jihénomènes observés par M. Pasteur sur le Mycoderma cerevisiœ, ou [leur de vin. Lorsque ce ferment est nourri de façon à végéter avec force, il détermine la fixation de l'oxygène sur l'alcool, et par suite transforme complètement ce corps en eau et en acide carbo- nique; mais lors([u'il est })lacé dans certaines conditions défa- vorables à son dévelopiiement, il devient inapte à produire ce résultat, et son action s'arrête (piand l'oxydation de l'alcool a donné naissance à de l'acide acétique (1). (1) Tour que CCS Vc'î^Olnux niicrosro- trouv(Mit dans le li(iiii(lc soiis-jacent |)i(liR's puissciil prospérer, il faut qu'ils non-soulcniciU clos matières conibus- ACTIONS CHIMIQUES. 5/i I L'oxydation des matières azotées n'est jamais complète dans Piodi.ction l'économie animale; mais il est aujonrd'iiui bien démontré qu'elle a toujours lieu et qu'elle est la cause de la production de l'urée, ainsi que de beaucoup d'autres substances excrémen- titielles du même ordre. Quelques chimistes, M. Liebig, par exemple, ont cherché à préciser la manière dont ces transforma- tions s'opèrent, et, par la comparaison des formules chimiques qui représentent la composition élémentaire des principes albuminoïdes et des produits en question, il leur a été facile de montrer que la Nature trouve dans les premières tout ce qui est nécessaire pour former avec l'oxygène puisé dans l'atmos- phère, soit de l'urée, soit de l'acide urique, ou bien encore les matières biliaires, etc. iMais ces calculs théoriques n'ont pas toute la portée qu'au premier abord on serait disposé à leur attribuer, et ils ne nous éclairent que peu sur les transfor- mations successives que les matières organiques subissent dans l'intérieur de l'économie avant d'être amenées à l'état sous lequel elles sont rejetées au dehors. En effet, les phénomènes de chimie physiologique sont beaucoup plus compliqués (jue ne le feraient supposer les hypothèses dont ces auteurs se con- tentent, et d(;s calculs de ce genre ne sont bien utiles que lors([u'on étudie la partie de la statique chimique des Animaux, relative aux rapports qui existent entre les éléments qui entrent tibles, telles que l'alcool ou le vinaigre, mais certains principes nécessaires à la constitution de leurs tissus, notam- ment des substances albuminoïdes et des phosphates. C'est en présence de ces matières alimentaires que la ;\Iucé- dinée se développe rapidement et dé- termine la combustion complète de l'alcool et de l'acide acétique. Or , M. Pasteur a constaté que si l'on sub - stitue au liquide ainsi constitué un bain composé d'eau et d'alcool seulement, le même végétal devient languissant et n'opère que la combustion incom- plète d'une partie de l'alcool em- ployé, laquelle est transformée en acide acétique, au lieu d'être changée en eau et en acide carbonique (a). {a) Pasteur, Op. cil. (Coruptcs rendus de l'Acad. des sciences, 18G2, t. LIV, il S2G8). VII. S5 5/i2 NUTRITION, et (lui sorfcnf du corps de ces êlres vivnnis. sujet sur lequel nous aurous à revenir bientôt. Pour expliquer la production de l'urée par l'oxydation des matières albuminoïdes, il suffit de rappeler la composition élé- mentaire de ces deux corps. La protéine, que nous avons été conduits à considérer comme le principe essentiel et Fondamental de toutes les substances albuminoïdes (1), peut être repré- sentée par la formule C^^Az^H^oO'-, et l'urée par C^4z-^H*0-. Il en résulte que si 1 équivalent de protéine fixait 83 équiva- lents d'oxygène, il en résulterait 35 équivalents d'acide, carbo- nique, "iO éijuivalents d'eau et '2 1 équivalents d'urée ou de quelque autre composé isomérif|ue. Par conséquent aussi, la combustion de 100 grammes de protéine donnerait lieu à la ])roductiou d'environ 37 grammes d'urée, en supposant q'ie la totalité de son azote fût employée à la formation de ce principe immédiat. Si 1 équivalent de protéine fixait seulement de Ik :\ 75 équi- valents d'oxygène pour donner nnissance à de l'acide carbo- nique, de l'eau et un composé azoté, ce dernier serait de l'acide uri(pie ou un produit dont la composition pondérale serait la même (i). On comprend donc que la combustion pbysiologiipic (1) Je suis loin de vouloir dire que les vues spéculatives de \l. Liebig sur les iransfonnalions de la nialièrc or- ganique dans rintérieur 'le réconomie animale, et l'emploi qu'il a fait des équations pour montrer conunent il était possible de concevoir la forma- tion des divers p ndiiiisdu tr.ivail clii- mico-physiolo[,ique, aient été inutiles aux progrès de la science (a) . .Je pense au contraire qu'en donnant à son ar- gumentation celte forme précise, il a rendu un vrai ser\ice à la science et accnulumé les physiologistes à un ordre d'idées qui est Irès-ulile pour l'étude des phénomènes de la nutri- tion. Seulement il faut bien se garder de prendre ces hypothèses pour l'ex- pression (!e ce qui a elfectivement Hou dans l'organisnje, où les réactions in- termédiaires sont très complexes et très importantes à connaître. (2) En eflVt, si 1 équivalent de pro- téine est représenté par C^o.yz5||3i)oi2^ (a) l.ieliiîr, Chimie organique appliquée à la physiolngi,: animale et à la paili'^loaie, 'nul. jiar Gcrhardi, 1842. — Nouvelles lettrei sur la chimie r.onsidérée dansses applicalions à l'indus- trie, à la physiologie et à l'agriculture, trad. par Gcrliardl, iSôi. ACTIONS CHlMIQUIiS. 5fi3 des malièrcs albuminoïdes puisse donner lieu à la fornialion, soit de l'urée, soit de l'aride nriqne, suivant (jne la [)uissanec oxydante de l'organisme est plus ou moins grande, absolument de la même manière que nous avons vu le Mycodenna cerevisiœ transformer l'alcool en eau et en acide carbonique ou en acide acétique, suivant que son action était forte ou faible. En supposant la combustion de la protéine un peu plus com- plète que dans le cas précédent et le mode de groupement nou- veau de ses molécules un peu différent, on pourrait expliquer de la même manière la fortnation de la créatine , substance dont nous avons déjà constaté la présence dans les produits de la sécrétion urinaire (1 ). Mais les matières albuminoïdes qui existent dans l'économie animale n'y sont pas à l'état de proléine pure; elles constituent de l'albumine, de la fibrine, etc., et dans ces substances, le car- bone, l'azote, l'hydrogène et l'oxygène associés dans les pro- portions déjà iiidi(juées, sont unis à de très petites (]uanli(és de h équivalents de la même substance, plus 302 équivalents d'oxygène cor- respondront à Ci«'' 4- Az2" + lI'-2o -f 03^*. Or 1 équivalent d'aci le uri- que = C^Az^M^O^ ; par conséquent, 5 équivalents de ce corps = C''" -{- Az^" _j_Il2o 4 O30; iio équivalents d'acide carbonique = G"» + O"^ et 100 équi- valents d'eau = II'»» + O'"" : total C160 _|. Az2o -f U'-o + 03-^°, quantités égales à celles de chacun de ces élé- ments contenus dans les corps réagis- sants. Dans cette combustion incom- plète, 1 équivalent de protéine fixerait donc 75-5 équivalents d'oxygène au lieu d^en lixer Ho, coniine dans le cas oîi nous avo ;s supposé que cette sub- stance se transformait en urée, acide carbonique et eau. (l) La composition de la créatine est représentée par la formule C^Az3(i'0 0'3. t'ar conséquent, si 3 équivalents de proléine, c'est-à-dire 3 (C^"Az5H3ou"-) fixaient '229 équivalents d'oxygène et donnaient ainsi naissance à 8u (CO^) -j- /|i) iH"), il resterait les éléments nécessaires pour constituer 5 équiva- lents de créatine ; car, 5 (CSAz3ll'0O'3) = G. 14i. Mode de formation d'antres ACTIONS CHIMIQUES. 5^5 constitutives. Ainsi, quand lesangcontientde l'acide benzoïqne, la comljuslion des matières azotées de l'organisme ne fourni pas seulement l'urée et les autres principes qui d'ordinaire résultent de cette fixation d'oxygène; on voit apparaître de l'acide hippurique, ce qui suppose la formation d'une certaine quantité de glycocolle ou de quelque autre groupe moléculaire analogue, dont la combinaison avec les éléments de l'acide ben- zoïque donnerait lien à la production de ce principe urinaire (1). (1) Plusieurs expérimentateurs ont constaté que l'acide benzoïque absorbé par les voies dlgestives est excrété par les urines à l'état d'acide hippu- rique («) ; mais on n'est pas encore suflisamment renseigné sur la source de la matière azotée qui s'y associe pour produire cette transformation. M. Ure pense que le conqiosé azoté en question est formé aux dépens de l'u- rée, et M. Garrod croit avoir constaté une diminution dans la proportion de ce dernier principe contenue dans l'u- rine chez les individus auxquels on avait administré de l'acide benzoï- que (6) ; cependant cette diminution n'a pas été appréciable dans les expé- riences de iM. VVohler, ni dans celles de M. Relier, de Fr. Simon, de M. M. Bootli et Boyé, ou de M. Lelmiann (c). 11 est aussi à noter qu'à la suite de l'administration de l'acide benzoïque à l'intérieur, la présence de l'acide hippurique a été constatée dans la sueur (cl). Enlin il résulte des expériences de MM. Kiihne et Ilallwachs que la trans- formation de l'acide benzoïque en acide hippurique n'a pas lieu dans l'intestin, mais s'ellectue dans l'appa- reil vasculaire, et paraît résulter de l'action exercée par le preiuier de ces corps sur les matières biliaires, proba- blement sur l'acide glycocholique (e), qui, ainsi que nous l'avons déjà vu, donne facilement naissance à du sucre de gélatine (/). J'ajouterai que dans certains états pathologiques du foie, l'acide benzoïque arrive inaltéré dans les urines, et ne donne pas lieu à une (a) Wolilei-, voyez Berzeliiis, Traité de chimie, Irad. par Esslinger, 1833, t. VII, p. 400. — lire, De la transformation de l'acide urique en acide hippurique sous linjlueitc.e de l'acide benzoïque {Journal de pharmacie, 1840, t. XXVII, p. G40). — Kellcr, Ueber die Ycrwandlung dcr Bemuinsaure in Ilippursaure [.\nn. der Chcmie tind Pharm., '184-2, t. XLIII, p. 108). — Kirner, Ueher das physioloijische Yerlialten dcr Ilemoinsânre {Arcltiv fiir luissensclt. Ileilkunde. t. 111, p. 616). — Bucklicim, L'eber den Ueberijang ciniijer organischer Sàuren in dcn Uarn (Wunderlecli's Archiv jûr physiologische Heilkunde, 1857, t. I, p. l'2i). (b) Garrod, Un the Présence of Uippuric Acid in the Urine (The Lancet, 184i, t. Il, p. 239). (c) Fr. Simon, Animal Cheniistry, l. H, p. 277. — Boolli et Buye, Médical Times, 1845 (d'après Lelimann). — Lehniaiin, Lehrbuch der pliijsioloijischen Clicmie, t. II, p. 3!54. ((il Meisfiier, De sudoris secretione. I.ipsiœ, 1^!59. (e) \V. Kuluie uiid W. Hallwachs, Ueber die Entstehung der Hippursdure nach dem Gémisse von Benxoësdure (Viicliow's Arclnv fiirpathol. Anat., 1857, t. XII, p. 386). (f) Voyez tome YI, page 486. 546 ^'UTR1T10N. Les faits que nous venons de passer en revue suffisent pour prouver que les pliénomènes de combustion physiologique dont réconomie animale est le siège doivent être extrêmement com- plexes, et que si nous pouvons déjà saisir le caraclère général de cette portion du travail nutritif, il ne nous est pas encore possible de rendre compte de toutes les transformations que les formation (Vacide hippurique : cela a été observé dans des cas d'ictère {a). A l'appui de l'opinion que, dans les expériences mentionnées ci - dessus , l'acide benzoïque ingéré dans l'esto- mac se retrouve dans l'acide hippu- rique excrété par les urines, on peut citer les faits suivants. Les chimistes sont parvenus à former une série de corps artificiels analogues à l'acide hippurique, mais dans lesquels l'acide benzoïque est remplacé par des acides organiques qui ne prennent pas nais- sance dans l'économie animale, et qui ne se rencontrent que chez certains Végétaux ou qui ne sont que des pro- duits de l'art : par exemple, l'acide nilrobenzoïque, substance qui résulte do l'action de l'acide azotique bouil- lant sur l'acide benze^ïque, et dans la- quelle un équivalent de l'hydrogène contenu dans ce dernier corps est remplacé par de l'acide hypoazotique fC'''II^AzO^)0^]. Or, rintroductioa de ces acides dans le torrent de la circula- tion est suivie de l'cxcrélion du com- posé correspondant, dii à l'union de Facide employé avec le sucre de gélatine (pi'on désigne aussi sous les noms de glycocoUe et de glycocoUaminc. Ainsi iM. Bertagnini a constaté que si l'on administre à un Animal de l'acide nitrobenzoïque, on retrouve bientôt après, dans les urines, de l'a- cide nitrohippurique, c'est-à-dire un produit artificiel formé par la combi- naison de l'acide ni robenzo'ique avec le sucre de gélatine {b). L'acide to- Inique, que l'on obtient en distillant un mélange d'acide azotique et de cymène, espèce de carbure d'hydro- gène extrait de l'essence de cumin, est susceptible de se combiner avec du glycocollamine ( ou sucre de gé- latine ) , et donne ainsi naissance à une substance analogue à l'acide hip- purique et appelée acide tolurique. Or , l'introduction de l'acide toluique dans l'économie animale est suivie d'une excrétion d'acide tolurique par les voies urinaires (c). L'acide cuminique se comporte d'une manière analogue dans l'économie ani- male, et y donne naissance à de l'a- cide cuminurique, qui paraît dans les urines ((/). Enfin l'acide salicique forme dans l'organisme un acide azoté qui cor- respond à facide hippurique, et qui a reçu le nom d\icide salicurique. (a) Kiihne, Contribulimis to thc Patholoijn of Ictenis {Archives of Médiane, 1861, t. I, p. 345). (b) l!ril;i!ïniiii, Veber eine ditrch die Krdfle im lehenden Organismus kunsthch hervorgc- brachle Saure {Anu der Chcmie mut Pharm., 1851 , t. LWVllI, p. 100'. (t) Kraiil, Uelier dv' rulur.-àurc (Ann. der Cliemic wid l'harm., |85S, I. XCVllI, p. 300). (d) llulTin.i Nolii ûbcr das Verhatteii der Cmninsanre un Ihicrinchen Organismus [Ann. der Chcmli' und l'Iuirm., 1850, '. I.XXIV, p. 34:2). ACTIONS CHIMIQUES. f>/l7 malièrcsorgoniques appelées à jouer le rôle de eonibuslibles daiis l'intérieur de l'organisme vivant y subissent avant d'être expulsées au dehors à l'état d'aeide carbonique, d'eau, d'urée et d'autres composés très oxydés dont l'excrélion est facile à constater M ). M. Bcrtagnini a trouvé ce produit dans Turine , mais il a constaté que l'acide caniphoriqiie traverse Torga- nisnie sans se modifier {a). M. Marchand a trouvé que l'acide cinnamique (C'^lPO^nO) s'empare aussi d'un composé azoté pour consti- tuer de l'acide hippurique, qui est en- suite excrété par les voies urinaires (6), et cette transfornialion peut être expli- quée de deux manières : en supposant que réquivalent d'acide cinnamique perd Ix équivalents de carhone et 2 équivalents d'hydrogène, et donne ainsi naissance à de l'acide benzoiqae (C'^ll^O^ ) ; ou bien eu admettant que par la substitution de 1 équiva- lent d'amnioniaque à 1 éjuivalent d'eau , il se change en cinnamide (C'^liyAzOSjqui, en s'unissant à /i équi- valents d'oxygène, se transformerait en eau et en acide hippurique. En eiïet, c'W03 + ii3\z — no =- c<8n9Az02 et C'8li9Az02 -f 40 = C'sns Az05,H0. Il est à noter que lacide cuniinique, substance qui a beaiicoup d'analogie avec Tacide benzoïque, n'éprouve pas do changement seiu- blable en traversant l'organisme, et passe dans les urines sans altération. MM. Wôhler et Frerichs ont con~ staté que l'essence d'amandes amères, déi)Ouillée de toute trace d'acide cyan- hydriqae, peut être administrée impu- nément à des Animaux, et que l'intro- duction de cette substance est suivie d'une excrétion d'acide hippurique par les urines (c). Or, ce phénomène, s'explique laciiement par les eflels connus de l'oxydation de l'essence en question ; car la composition de cette substance peut être représentée par la formule C'^H'^O-, et en s'emparant de 2 équivalents d'oxygène, elle se transforme en acide benzoïque. dont la composition, est OHiK)* L'acide beiuoïque résuilant de celte combus- tion incomplète de l'essence d'amandes amères se con)bine avec du sucre de gélatine , comme d'ordinaire, et forme ainsi l'acide liippurique , qui passe dans les urines. (1) Ainsi nous ne pouvons former que des conjectures assez vagues relati- vement à l'origine de l'acide benzoïque (pii , uni au sucre de gélatine, est excrété de l'organisme à l'état d'acide hippurique. Nous avons vu que l'urine des Mammifères herbivores en con- tient beaucoup, et, d'un autre côté, il (a) Bcrtagnini, Sulle alterazioni che akuiii acidi siibenono neÏÏorganismo animale (Il niiovo Cimenta, Qwrnale diflsica, chemica, elc , 1855, t. 1, p. 363). (b) MaiclLind, Ueber die Oxidationsproducte des Leimes durch Chromsmire {Journal fiir prakl. Chetnie, 1845, t. XXXV, p. 307). {c) Woliler und Frericlis, Ueber die Verànderungen ivelche namenthch orgainsche Stoff'e bel ihrem Uebergang in den Harn erhiden {Annalen der Chemie und iliarmacle , 1848, i. LXV, p. 335). 5/|S NUTRITION. RésuKais Ces transformalioijs delà inalièro milritivcoii organisée sont de la combM>=iion mcme plus variées qu'on no (levait être disposé à le supposer tiu iiiKiiiiplèle >> , 1-11 1 • 1 • ou pariiciic preniicr abord. En eliet, les produits de la combustion physio- des inalicres . • ^ i i ' organiques, iogiquc nc sont pas seulement des matières plus o.\ydees que ne l'étaient celles dont elles dérivent. Ces substances, en brûlant Incomitlétement et en se dédoublant pendant cette opération, sont susceptibles de donner parfois naissance à des corps qui sont [)]us riches en éléments combustibles, en sorte que la ma- tière brûlée peut être en partie réduite. En eCfet, le groupe moléculaire qui se désassocie sousTintluence du principe com- burant peut, dans certains cas, donner naissance à deux ou à plusieurs groupcsnouveaux entre lesquels l'oxygène préexistant est inégalement réparti, et dont l'un n'en fixe pas une quantité nouvelle pendant que les autres brûlent d'une manière plus ou moins complète. Pour mettre bien en évidence ce genre de pliénoinène dont la connaissance est très importante pour le physiologiste, il est utile d'examiner d'abord ce que deviennent certaines substances étrangères à l'organisme qui, dans l'état normal, ne s'y ren- (!ontrenl pas et qui sont faciles à reconnaître au milieu des autres matières organiques : la salicine, par exemple. Ce principe immédiat végétal qui se trouve dans l'écorce du rc'suliedcsrecliorchesde M. Hallwaclis que les aliments dont ces Animaux se nourrissent ne contiennent ni acide benzoïqiio ni aucune sai)slance de la série benzoïlicîuc (jiii serait susceptible de se transformer en acide benzoïque dans l'intérieur de l'organisme (a). Mais on sait, par les expériences de M. ("luekclberger, que les substances albuminoïdes, en s'oxydanl sous l'in- fluence de l'acide azotique, peuvent donner naissance h une certaine quan- tité de ce dernier acide, en même tcm|)s qu'elles produisent de l'hydrure de l)enzoïle. 11 nous semble donc pro- bable que l'acide hippurique dérive indirectement de la combustion phy- siologique des matières protéiqiies pro- venant soit des aliments, soit des tissus organiques. (a) Hallwaclis, Ucber den Ursprunn der Ilippursàure iin Ilarn dcr P/lanxenfrcsser {Ann. dcr Chcmie umt l'havm., 1857, t. CV, |). 207). ACTIONS CHIMIQUES. 5/|9 Sinile et qui cristallise en aiguilles blanches, mais se colore en ronge au contact de l'acide sulfurique concentré, est un com- posé stable de carbone et d'hydrogène unis à l'oxygène en faible proportion, et lorsque dans les expériences de laboratoire on le soumet à l'action des agents oxydants faibles, il fixe une certaine quantité d'oxygène, et se dédouble pour donner nais- sance à deux nouveaux corps, dont l'un est de l'acide salicy- leux, et l'autre de l'acide formique. Dans cette réaction, une portion seulement du groupe moléculaire constituant la sali- cine s'oxyde; c'est celle qui contribue à la formation de l'acide formique, et pour donner naissance à ce corps, en même temps qu'elle absorbe de l'oxygène du deliors, elle en prend plus que sa part au composé dont elle se sépare; L'autre porli(»n du même groupe moléculaire dont la salicine était formée, celle ([ui constitue l'acide salicyleux, se trouve donc moins riche en oxygène que ne l'était la substance dont elle dérive, et, par conséquent, la salicine, en brûlant incomplète- ment, a donné naissance à un corps plus combustible, ou, en d'autres mots, i>lus riche en carbone et en hydrogène qu'elle ne l'est elle-même (1). Or, MM. Wôhler et Frerichs ont constaté que la salicine, en traversant l'économie animale, est déiruile de la même manière , et, en se dédoublant , donne naissance à ce composé réduit, car de l'acide sali- (1) La salicine a pour formule C-^Il'^O'*. Soumise à l'action oxydante d'un mélange de bichromate de potasse et d'acide snlfuriquc , cette substance absorbe de l'oxygène et se décompose en acide formique, dont la composition est représentée par C-lPO*, et en acide salicyleux, ou essencede Spirœa ulma- r/rr, dont la formule est C'^fl^O*. Dans cette opération chaque équivalent de salicine absorbe lli équivalents d'oxy- gène , et produit ainsi 6 équivalents d'acide formique et 1 équivalent d'acide salicyleux. Le groupe moléculaire qui renfermait primitivement '26 de car- bone et 16 d'oxygène se trouve donc divisé en deux portions, dont Tune, appartenant à l'acide formique, contient 12 de carbone associé à 2'4 d'oxygène, tandis que l'autre portion, comprenant plus de la moitié du carbone préexis-. tant dans la salicine, renferme seule- ment k d'oxygène au lieu d'un peu plus de 7, comme dans le principe. Formation de la graisse, 550 ' NUTRITION. cyleux est eiisuilc expulse de l'organisme par les voies uri- naires (1). Des phénomènes analogues paraissent se produire dans le travail normal de la nutrition, et eela nous permet de concevoir comment la combustion respiratoire peut devenir la cause d'une production plus ou moins abondante de matières émi- nemment combustibles, telles que les corps gras, le sucre et les princi[)es amylacés. § 8. — La majeure partie de la graisse rpii s'accumule dans l'économie animale préexiste dans les aliments et est introduite dans l'organisme par les voies digestives. Les recherches de MM. Dumas, Boussingault et Payen sur la composition d'un grand nombre de substances alimentaires, et les observations des agronomes sur l'influence que le régime exerce sur l'en- graissement des Animaux, ne laissent aucun doute à cet égard, et avaient même conduit ces chimistes à penser que ces êtres (1) Après la constatation do, celle productioii d'acide salicjleux aux dé- pcns de la salicinc dans rintérieur de réconomic animale ((/), M. Staedeler a été condiiit à penser que de l'acide phényliqiic provenant de la même source était excrété par les voies urinaires, et il attribua à cette cir- constance la coloration bleue que les sels de 1er déterminent dans l'extrait alcoolique de l'urine, après l'usa^'e de la saliciiie (6). Enfin , les expériences faites pay M. l>anke, sous la direction de M. Lehmann, ont montré que dans l'organisme la salicinc donne nais- sance à de l'acide salicique, el par la distillation de l'extrait alcoolique de l'urine en question, de l'acide phény- lique fut obtenu ; mais il y a quelque raison de croire que ce dernier pro- duit n'y préexistait pas et s'était formé pendant le Iraiteraent de l'extrait al- coolique. En efiet, M. Lehmann a vu que cette dernière substance ne déter- minait aucun symplôme d'intoxication lorsqu'il en injectait une certaine quantité dans les veines d'un Lapin; or, l'acide phényli<|ue est un poison énerp;ique. L'acide salicique ainsi formé dans l'économie animale est ensuite excrété par les voies urinaires à l'état d'acide salicurique , comnie j'ai diijà eu l'occasion de le dire (page 0/i6, note). (a) Rankc, 7.ur Lehre vom thierischen Stoffumsatz [Journal fiir praki. Ch'-mie, 1852, 1. LVI, p. -l). (b) Lehmann, Lehrbuch der physiologischen Chemic, t. 111, p. 210. ACTIONS CHIMIQUKS. 551 n'avaient pas la faculté de produire de la graisse aux dépens des matières organiques d'un autre ordre, telles que le sucre ou Talbumine; que cette propriété n'appartenait qu'aux Végétaux, et que c'étaient de ceux-ci que les Animaux tiraient directement la totalité des principes gras dont leur corps se charge. M. Lie- big, il est vrai, se plaçant à un point de vue différent, avait été conduit à adopter une opinion diamétralement opposée, et à considérer les Animaux comme produisant avec des aliments féculents ou albuminoïdos la totalité ou la presque totalité des graisses qu'ils accumulent dans leurs tissus (i). Mais les argu- ments sur lesquels il s'appuyait ne prouvaient pas qu'il en fût ainsi ; pour résoudre la question, il fallait des faits plus déci- sifs, et nous avons pensé, M. Dumas et moi, que l'élude physio- logique des Insectes pourrait nous en fournir. En effet, on savait, par les belles observations de Huber ('2) (1) Vers 18^^, la question de l'ori- lier ou en majenre partie aux dépens, gine de la graisse dans récononiie soit de falt^uniine, de la fibrine ou animale donna lieu à beaucoup de de la caséine, soit de la fécale ou du discussions entre les chimistes les plus sucre (c). La vérité , comme nous éminents de l'époque. M. Dumas cou- allons le voir, se trouve entre ces sidérait les l'iantcs comme étant les opinions extrêmes, seuls producteurs de la matière orga- ('i) François Huber , naturaliste nique combustible, et les Animaux suisse d'un grand mérite, était aveugle ; comme étant seulement aptes à brûler mais aidé par un serviteur intelligent, ces substances dans l'acte de la respi- Vr. Burnens, il a pu faire de 17H9 à ration (a); opinion qui fut ensuite sou- 1800 une longue série d'observations tenue aussi par MM. Boussingault et et d'expériences délicates et bien con- Payen (b) . M. Liebig, au contraire, ne duites sur les mœurs des Abeilles, et tenait que peu ou point de compte écrire sur l'histoire physiologique de des matières grasses introduites direc- ces Animaux un des livres les plus in- tement dans l'organisnie des Animaux téressants de l'entomologie (d). Son fils par lalimentation, et supposait que la a étudié de la même manière les graisse de ceux-ci y était formée en en- mœurs des Fourmis. (a) Dumas, Leçons sur la statique chimiqxie des êtres organisés {Ann. des sciences nat., 2« série, 1. XVI, p. 33). (b) Dumas, Boussingault et Payen, Recherches sur V engraissement des bestiaux et la formation du lait {Ann. de chimie et de phy.sique. 3« série, 1843, et Ann. des sciences nat., t. XIX). (c) Liebit;, Chimie organique appliquée à la physiologie animale, 184:!, p. 93. [dj Fr. Huber, Nouvelles observations sur les Abeilles. Genève, 1814. 552 NliTRlTlON. sur les Abeilles, que ces Animaux sécrètent de la cire(l), non- seulement quaud ils en trouvent en butinant sur les végétaux qui en i)roduisent abondamment , mais aussi lorsqu'on les prive de matières grasses et qu'on les nourrit exclusivement de sucre ou de miel (2). Ce fait pouvait être expliqué de deux manières : en supposaut que l'Abeille possède la faculté de transformer les matières sucrées en cire, ou bien que la matière grasse qu'elle continue;! excréter après avoir cessé d'en trouver dans ses aliments, était emmagasinée dans son corps, et que c'est aux dépens de la réserve ainsi constituée que la sécrétion delà cire persiste pendant un certain temps. Pour tranclier la question, il fallait connaître la quantité de matières grasses qui existe dans l'organisme de ces Animaux au moment où on les soumet au régime du sucre, et déterminer également le poids des pro- duits du même ordre qu'ils sécrètent pendant la durée de (1) Réaumiir pensait que les Abeilles élaboraient la cire dans leur estomac au moyen du pollen des fleurs , puis la rejetaient par la bouche pour l'em- ployer à la construction de leurs al- véoles («). Hunter constata que les choses ne se passent pas ainsi, et que la cire est sécrétée dans de petites cavités situées entre les anneaux de Tabdonicn, à la l'ace inférieure du corps, et ses observations furent con- firmées par Huber (6). Je dois ajouter cependant que dans ces derniers temps l'opinion de l'.éaumur a été soutenue d(; nouveau par î\l. Léon Dufour (r) ; mais il me paraît bien évident que la cire est excrétée directement par les parties membraneuses (ou aires utri- culaires) des cavités ou replis inter- annulaires dont je viens de parler. (2) Huber fit plusieurs séries d'ex- périences sur ce sujet, et il vit que les Abeilles continuent à produire de la cire en quantité considérable, et à con- struire des gâteaux , lorsqu'on les sé- questre et qu'on les nourrit avec du miel ou du sucre seulement (d). En 18i!i'2, ces expériences furent répétées par M. Ciundelach, mais sans que rien d'essentiel y fût ajouté [C). (a) Réauimir, Mémoire pour servir à l'Iilstuire des Insectes, 1740, t. V, |i. 403 elsui>r. (/;) Hunier, Observnliuns on llets {l'hilos. Traus., 171)2, p. 1 45. — Observptions sur les Abeilles {Œuvres, Irad. par Ricliulol, 1, IV, p. 548). — Fr. IliilxT, O/J. cit.. t. 11. pi. 2, li;,'. 1 à 9. ((■) Léon Diifuiir, Note analomique sur la question de la production de la cire des Abeilles {Comptes rendus ae l'Acad. des sciences, 1813, t. XVII, p. 80!)). — Nouvelles recherches sxu- l'anatomie de l'Abeille et la production de la cire {loc. cit., p. 1248). ((/) Fr. Ihilier, Op. cit., t. 11, p. 54 el siiiv. (e) Guiulchuli, Die Nalurueschichte der Iloni(]hienen. Cassel, 1842, p. 16. — Liibi^j, Cidmie organique appliquée à la physiologie animale, p. 315 ACTIONS CHIMIQUKS. 553 l'expérience, ou qui peuvent rester accumulés dans leur cor[)S quand cette expérience est terminée. Les choses furent con- duites de la sorte par M. Dumas et moi, et nous conslalâmes (pic la quantité de matières grasses préexistantes dans l'économie était de beaucoup inférieure à celle de ces mêmes matières excrétées ou emmagasinées dans l'organisme après que les Abeilles eurent été privés pendant plusieurs semaines d'aliments gras, et nourries avec des matières sucrées seulement ('1). Il (1) Pour constater la quantité de principes gras qui pouvaient exister dans le corps de nos Abeilles au mo- ment où nous les soumettions au ré- gime saccharin , nous prîmes au ha- sard, parmi '20 il 5 ouvrières dont se composait l'essaim séquestré, 217 in- dividus ; nous en constatâmes le poids et nous en finies l'analyse. Ces expé- riences préliminaires nous apprirent que chaque Abeille renfermait, terme moyen, 0i'''',0018 de matières grasses, et nous en conclûmes que le reste de l'essaim, composé de 1788 ouvrières, ne devait guère s'élever au-dessus de o8%218. Pour nourrir ces Insectes, nous fîmes usage de miel qui fut égale- ment analysé, et en tenant compte de la quantité de matières grasses contenues dans cette substance, ainsi que du poids du miel consommé, nous vîmes que pendant la durée de l'expérience, notre essaim n'avait pu trouver dans ses aliments que OS',00038 de matières grasses par individu ; puis, à la fin de l'expérience, nous dosâmes les graisses restant dans le corps de tous ces Animaux, et nous trouvâmes que le poids de ces matières s'élevait en moyenne à OS'',00/i2. Or , pendant la durée de la séquestration, nos Abeilles avaient construit un gâteau de cire dont l'analyse nous fournit tis',515 de matière grasse, quantité qui corres- pond à OS',006i par individu. Ainsi la quantité totale de matière grasse préexistante dans l'organisme de chaque Abeille, ou contenue dans ses aliments, était de 0S'-,00'i2, et à la fin de Foxpérience chacun de ces Animaux contenait ou avait excrété 08%0106 de ces mêmes substances. Il y avait donc eu production de cire (a). Cepen- dant je suis loin de croire que dans les circonstances ordinaires, la majeure partie de la cire sécrétée par les Abeilles soit le résultat de la transformation des matières sucrées ou autres, et ne se trouve pas toute formée dans leure aliments ; car, l'excrétion de cette substance est alors beaucoup plus abondante, et l'on voit que sa nature varie suivant les plantes sur les- quelles ces Animaux vont butiner. En effet, M. Lewy a constaté que la cire dite des Andaquies, produite par les Mélipones de la .\ouvelle-Grenade, contient de la cire de Palmier, tandis que dans la cire de nos Abeilles il n'y a que des principes semblables à ceux (a) Dumas et Milne Edwards, Note sur la production de la cire des Abeilles (Ann. des sciences nat., 1843, t. XX, p. 174). 55/l NUTRITION. en résulte donc que les Abeilles peuvent produire des corps gras aux dépens de matières organiques plus riches en oxygène, telles que le sucre, et puisque les Insectes possèdent cette faculté, il ne restait aucune raison plausible pour supposer que les autres Animaux devaient en être privés. Eiïectivement, il parait en être ainsi, non-seulement pour les Insectes appartenant à d'autres familles (1), mais aussi pour les Mammitères et les Oiseaux. Je citerai à ce sujet les expériences de M. Boussingault sur l'engraissement des Porcs et des Oies. En nourrissant d'une manière convenable les Porcs et en dosant les quantités de matières grasses que ces Animaux recevaient chaque jour par l'alimentation et évacuaient par les déjections. qui se trouvent dans la cire végétale de nos Végétaux indigènes (a). La diffé- rence doit donc dépendre de la nour- riture de ces Insectes. (l) MM. Lacaze-Duthiors et Uiclie ont profité des conditions biologiques dans lesquelles certaines larves galli- coles se développent pour faire des expériences analogues à cellt's que M. Dumas et moi avions publiées quelques années auparavant sur la pro- duction des matières grasses par les Abeilles. En étudiant la structure des galles végétales, et notamment de la noix de galle (6), qui résulte, comme on le sait, de la piqûre d'un Cynips, M. Lacaze a constaté que la cavité qui occupe le centre de ces excroissances a des parois ligneuses très dures, et ren- lerme un anuis de cellules contenant de la fécule qui est destinée à l'alimen- tation de la larve à laquelle l'œuf placé au milieu de cette masse molle donnera naissance. Pendant toute la durée de son emprisonnement tlans la galle, cette larve ne tire de nourri- ture que de ce dépôt de fécule, et, par conséquent, si à l'époque de son complet développement, elle contient plus de maiière grasse que l'œuf et la matière alimentaire circonvoisine n'eu contenaient dans le principe, il en fau- dra conclure que le jeune Animal a produit de la graisse, comme le font les Abeilles, aux dépens du sucre provenant de la digestion de la fé- cule dont elle s'est sustentée. Or, MM. Lacaze et ilichc ont fait les ana- lyses nécessaires pour résoudre cette question, et ils ont constaté de la sorte que pendant celte période de leur vie les Cynips forment de la graisse (c). la) Lcwy, Recherches sur les diffrrentes espèces de cires {Ann. de chimie et de physique, 3' sérifi, 1845, i. MU, |>. 4.i8 [b) L:ic..zt-biiiliiors, Itecherchcs pour servir à l'Iùstoire des g.illes (Ann. des sciences nal., Bolaniqiio, 3" série, 1853, t MX, p. -J.Vi). (t) L»ca/c-l)ulliiers el Uiclie, Hecherches sur ialimenUtlioii des Larves gallicoles {Comptes rendus de l'Acad. des sciences, 4853, t. XXXVI, p. 998). ACTIONS CHIMIQUES. 555 cet habile agronome a trouvé que, dans certains cas, le poids de la graisse existant dans le corps de Tanimal, à la fin derexpé- rience, dépassait de plus de kO kilogrammes le poids des matières grasses préexistantes dans l'organisme de celui-ci ou introduites en dehors. Il y avait donc eu production abondante de ces matières aux dépens des matières amylacées ou azotées employées comme alimenls. Enfin, M. Boussingault, de même que M. Persoz, a obtenu des résultats analogues en comparant la quantité de principes gras contenue dans le maïs avec lequel il engraissait des Oies, et la quantité de graisse dont le corps de ces Animaux était chargé à la fin de roi)éralion de l'en- graissement (1). (1) Les expériences de M. Persoz dont les aliments ne contenaient pas sur ce sujet précédèrent celles de de matières grasses (c). M. Boussingault, et tendirent à établir Mais dans les recherches de M. Bous- que sous le régime du mais, les Oies singault sur les Porcs, il ne paraît pas peuvent produire deux fois autant de y avoir eu production de grnissc graisse qu'elles en reçoivent par les dans des circonstances analogues, et aliments (a). ce phénomène n'a été constaté que Dans les expériences de M. Bous- sous l'influence d'un régime mixte et singault, les Oies mangèrent en trente azoté (d). et un jours, dans le maïs dont on les Cv- dernier chimiste a constaté aussi nourrissait, 5'''',0o2 d huile, et pen- que chez des Pigeons et des Canards dan; ce même espace de temps elles qui pendant plusieurs jours n'avaient gagnèrent 8'''', 2.^2 dégraisse; lagraisse été nourris qu'avec des aliments formée dans leur organisme pesait donc exempts de matières grasses, tels que 3'''',i9o (6). l'amidon et le blanc d'œuf, la quan- Dans une seconde série d'expé- tilé de principes gras contenus dans le riences, M. Persoz a constaté la pro- sang restait à peu près la même que duction de la graisse chez des Oies dans les circonstances ordinaires (e). ta] Persoz, Expériences sur l'engrais des Oies [Comptes rendus de l'Acad. des sciences, 1844, t. XVUI. p. 245). b) Boii.-sin-auit, Recherches expérimentales sur le développement de la graisse pendant L'nli- mevialion des Âmmaux \.\nn. de c'uindc et de physique, 3' série, ISiS, t. .\IV, p. 461 et suiv.). (c> Per.^oz. Note sur la formation de la graisse dans les Oies (Cnmpi.es rendus de l'Acad. des sciences. 1845, t. .\XI, p. "20). (rfi Boiissinunii t. Op. cit. ^Ann. de chimie, 3" série, :845, t. XIV, p. 419 et suiv.). (e) Idem, Recherches sur l'inlluenve que certains principes alimentaires peuvent exercer sur la proportion de matières grasses contenues dans le sang [Ann. de chimie et de physique , 3' série, t. XXIV, p. 460}. 556 NUTRITION. 11 est probable que c'est le glucose, ou quelque autre principe sucré analogue provenant de la digestion des matières amyla- cées, qui fournit les éléments constitutifs des corps gras produits dans l'intérieur de l'économie animale, et M. Liebig a cru pouvoir expliquer cette transformation en supposant que la fécule ouïe sucre perd une certaine quantité d'oxygène (1). Si les actions chimiques dont le corps des Animaux est le siège étaient susceptibles de déterminer la soustraction d'une partie plus ou moins considérable de l'oxygène contenu dans les groupes moléculaires qui constituent, soit les principes alibiles dont je viens de parler, soit d'autres substances alimentaires, telles que le sucre de lait ou même les matières albumiuoïdes, celles-ci pourraient, en effet, se transformer directement, soit en corps gras seulement, soit en corps gras et en un petit nombre de composés très simples, tels que de l'eau, de l'acide carbonique et des sels ammoniacaux. Mais nous n'avons aucune raison de croire que les choses se passent réellement delà sorte dans l'économie animale, et, ainsi que le pense M. Dumas, il est probable (juc ces phénomènes de réduction physiologique sont beaucoup plus complexes, et résultent du dédoublement des matières organiques sous l'influence d'une (1) Eu efl'el, si Ton suppose que 60 équivalculs d'oxygène soient unis aux éléments de il équivalents de sucre (C>2n'20'2,lIO;, on aura 1 équi- valent ('e stéarine ou de margarine (Ciroo»), 73 équivalents d'acide car- bonique et 96 équivalents d'eau ; car M (G'2ll'20<2,nO) = G^'iroQS ^ 7:3 (CO^) -f 96{nO). Par conséquent, on conçoit la possibilité de la transfor- mation du sucre en graisse par le lait d'une simple oxydation dont résulte- rait en même ienq)s de l'eau et de l'acide carbonique. Ainsi que je l'ai déjàdit, M. H. Meckcl avait cru que ce dédoublement du sucre s'opérait quand on fait agir do la bile sur cette substance («); mais les reclier- clu's subséquentes d'autres cliiniistes ont montré que son opinion n'était pas fondée, e| (jne la bile n'est i)as apte à déterminerla tormalion delà graisse(6}. (a) H. Meckel, De gcnesi adipis in animalibus. HiiUe, 1845. (b) Vojez ci-dessus, page 8'2. ACTIONS CHIMIQUES. 557 combustion partielle, analogue à celle que nous avons vue donner naissance à l'acide salicyleux. Comme exemple de la production de matière grasse aux dépens du sucre par suite d'un phénomène de dédoublement chimique déterminé par des actions [)hysiologiques, je rappellerai que dans la fermcnlation alcoolique où le sucre est décomposé parles Végétaux microsco- piques qui constituent la levure, et où la plus grande partie de cette substance est transformée en alcool et en acide carbo- nique, il y a aussi formation, non-seulement de glycérine et d'acide succinique, mais aussi de matière grasse. Les recher- ches récentes de M. «Pasteur établissent nettement ce fait (l), et il y a lieu de croire que la production de graisse dans l'in- térieur du corps des Animaux supérieurs est due à des actions analogues. Quant à la transformation des matières albiiminoïdcs en corps gras, les chimistes sont très partagés d'opinions, et dans l'état actuel de la science nous manquons de faits pour décider si des phénomènes de ce genre se produisent ou non dans l'in- térieur de l'organisme (2). (1) Jusque dans ces derniers temps, lescliimistes croyaient que, dans l'acte de la fermentation alcoolique, la totalité du sucre qui disparaît était transfor- mée en alcool et en acide carbonique, car la composition du sucre de raisin est représentée par la formule G'-H'-O'^, celle de l'alcool par C/l|602, et celle de l'acide carbonique par CO^, et par conséquent l'équivalent de sucre con- tient les éléments de 2 équivalenls d'al- cool et k équivalents d'acide Ciirbo- nique; car, G'"'i[l'20'2 = o (c^iieo^) -f- h C0\ Mais les expériences de IM. Pasteur nous ont appris que la réaction déterminée par la levure est beaucoup plus complexe , et qu'une portion du sucre décomposé se trans- forme en acide succinique (C^H^OS), qui est un corps plus oxydé que le pré- cédent, et en glycérine (C^ll^O^), qui est au contraire plus ricbe en éléments combustibles ; enfin, il y a aussi pro- duction de matière grasse , ce qui suppose également un partage inégal de l'oxygène préexistant entre les dif- férents dérivés du sucre («) . (2) Jadis les chimistes considé- (a) Pasteur, Mémoire sur la fermentalion alcoolique [Ann. de chimie cl de physique, 3' série, 1800, t. LVIll, p. 3-J3]. Vil. 36 Prodiiclion du sucre. ^^S >'LT1UTI0N. § 1). — Nous avons déjà vu que, dans certains élats patlio- logiques du eorjis Iminain, du sucre est excrélé en grande quanlilé par les voies urinaires ; et lorsque nous étudierons le système légunicnlaire des Tuniciers et des Animaux articulés, raient la formation du gras des ca- davres (ou adipocire) comme étant due à une décomposition spontanée de la fibrine et des autres matières albuminoides qui entrent dans la com- position du corps de rilomme et des Animaux (a) ; mais les recherches de BerthoUet, de Gay-Lussac (b\ et surtout celles de M. Chevreul. montrent que dans les circonstances où l'on suppo- sait que les principes immédiats azo - tés se changeaient en graisse, il n'y a pas formation de matière grasse ; que celle-ci préexiste dans les tissus du ca- davre, et augmente de volume parce qu'elle s'acidifie et se combine avec de l'aunnoniaque provenant de la pu- tréfaction des matières albuminoides adjacentes, et avec des bases terreuses, de façon à donner naissance à une espèce de savon composé principale- ment de stéarates et d'oiéates d'ammo- niaque, de chaux et de potasse (c). Aujourd'hui la plupart des chimistes sont d'accord sur ce point ; mais dans ces dernieis temps l'hypothèse de la transformation graisseuse du tissu mus- culaire a été étayée par quelques nou- velles expériences sur les produits de la macération des cadavres (d), et elle a été soutenue par des pathologistesd'un grand mérite, comme représentant ce qui se passe dans l'économie animale lorsque les nuiscles et les autres or- ganes vivants éprouvent les altérations morbides connues sous le nom de dé- générescence graisseuse (e), phéno- mène qui cependant s'explique égale- ment bien par la simple substitution d'un tissu nouveau à un tissu qui se détruit. Dans l'espoir de jeter de nou- velles lumières sur la question de la transformation physiologique des ma- tières albuminoides en corps gras , plusieurs physiologistes ont fait der- nièrement des expériences sur des Animaux chez lesquels des fragments de chair musculaire ou d'autres sub- stances organisées furent déposés dans la cavité abdominale, et examinés après un séjour plus ou moins long dans ce lieu. Les premiers essais de ce genre (a) l'oiircroy, Mémoire sur les différents états des cadavres trouvés dans les fouilles du cime- tière des Innocents, en 1780 et 1787 {Ann. de cliimic, 1700, l. V, p. 151). — Deuxième mémoire sur les matières animales trouvées dans le cimetière des Innocents à Paris (Ann. de chimie. 1791, t. VIII, \>. 17). {bj r.;iy-I.iissac, Sur le changement de la fibre musculaire en graisse {Ann. de chimie et de phusique, 1817, t. IV, p. 71). (c) Cliovroul, Des corps qu'on apiielU adipocires {Ann. de chimie, 1815, t. XCV, p. 5). — Ikrherrhes sur les corps gras, 1823, p. H03. — Mém. sur plusieurs points de chimie orga- nique [Journal de physiologie do ilagcndic, 1824, t. IV, p. 119). ((/) Qiiiiiii, On lùitly Diseases of Ihe lleart [Medico-Chirurg. rransactions, 1850, t. XXXIII, p. lili. — Viri;liii\v, /ur palholoijiscli-analomischen Casuistili {Verh. d. phys.-med. Gesellschaft zii ^Viirzburg, 1852, l. III, p SCO). (e) Virchow, Utber die Standpunkte i)i dcr wissenschaftlichen Medicin {Archiv fur palholo- gische Anatomie, 1817, i. I, p. 30). ACTIONS CFinilQUKS. GLYCOGÉNIi: . 559 nous verrons qu'il exisle dans les lissns do ces Aniiiniux des matières qui paraissent être identiques avec la cellulose, et qui, par conséquent, ne diffèrent que peu du sucre par leur com- position élémentaire. Depuis longtemps nous savions aussi que parurent favorables à ropiiiion de la traiisfornialion des substances ani- males en graisse. Ainsi M. R. Wagner trouva que le testicule d'un Coq intro- duit dans la cavité abdominale d'une Poule présenta au bout d'un certain temps l'aspect d'une niasse graisseuse ; il vit aussi que le cristallin de l'œil, des morceaux d'albumine coagulée, et d'autres corps analogues qui ne con- tiennent pas de matières grasses, en sont chargés , et perdent en même temps la majeure partie de leurs prin- cipes azotés, lorsqu'ils ont été déposés ainsi pendant quelques semaines dans l'intérieur du corps d'un Animal vivant (a). Des résultats analogues ont été obtenus par M\!. Donders, Middehlorpf et quelques autres expé- rimentateurs (6); puis, afin de rendre ces faits plus probants, on a mis les fragments de tissus employés à l'abri du contact des liquides de l'organisme, en les renfermant préalablement dans des sachets imperméables ou dans des boîtes de verre bien fermées, et en exa- minant au miscroscope ces substances après un séjour plus ou moins long dans l'intérieur du corps d'un animal vivant, on a cru y reconnaître l'exis- tence de graisse de nouvelle forma- tion (c). IVIais ce résultat ne fut pas établi au moyen de l'analyse chimique, et d'autres recherches analogues tendent à établir que la graisse obser- vée dans les morceaux de tissus orga- niques ainsi mis en expérience prove- nait, non pas de la transformation des matières albuminoïdes dont celles-ci se composent, mais du dehors; que cette graisse est déposée autour du corps étranger et s'y infdtre quand celui-ci, enraisonde sa porositéou do la destruction graduelle de sa substance, rend cette pénétration possible. Ainsi, ^]. F. VV. Burdach a trouvé que si l'on dépose dans l'intérieur de l'économie animale un corps étranger de texture poreuse, tel qu'un morceau de bois blanc, celui-ci se charge de graisse, à peu près comme le ferait un morceau de chair musculaire ou de blanc d'œuf coagulé; que dans les expériences où des substances albuminoïdes furent employées delà sorte, elles ne se char- geaient pas de matières grasses quand elles étaient mises à l'abri du contact dcshumeurscirconvoisines; enfin, que dans ce dernier cas la graisse fournie par l'organisme, et déposée dans le lieu (a) P.. Wai^ner, Eine einfache Méthode z-u Versuchen i'iber die Verândcrungen Ihierischer Gewebe in morpholofiischer und cliemischcr Beziehniig [Nachrichten von der Gesellschaft dcv Wissenscluificn su GotHni,eii, 4851, n" 8, p. 97). (b) Liontler», Ondenoekiiigeii betrckkelijk den Douw van het mcnscheUjke llart [Nederlandsch Lancet, 3» série, 4852, t. I, p. 550. noie). — Middeldorpf, Vorldufiger Berichl liber die Vevdnderung der Knochen-und Knorpel in der Peritonaal-HOhle lebender Thiere (Giinzburg's Zeitschrift flir klinische Wfrfisin, t852, I. III, p. 59). (c) Husson, Unters^ir.hungea ûbcr Fettbilduug in Proteinstoffen, besonders in Krystalllinsen (Canslatl's Jahresber. fUr 1853, t. I, p. iSH). 560 NUTRITION. la digestion des matières amylacées fournil à l'organisme une quantité considérable de glucose, et par consé(juent on pouvait, au premier abord, su|)poser que la totalité des substances de cette classe qui se montrent dans l'économie animale provenaient de cette source, et que l'apparition du sucre dans les urines, par exemple, dépendait seulement de ce que le glucose puisé dans le tube digestif, et porté dans le torrent de la circulation par l'absorption, n'y était pas brûlé cliez les malades atteints du diabète, comme il doit l'être dans l'état normal, et par conséquent s'accumulait dans le sang jusqu'à ce qu'il passât dans les urines (1); mais une découverte inattendue et d'une où l'initalion pliysiologiquc était pro- voquée par la présence du corps étran- ger, s'acciinuilait autour de celui-ci au lieu d'y pénétrer (a). 11 nie paraît donc bien établi que ces prétendues transformations ne sont en réalité que le résultat de substitutions. On a cberché aussi à résoudre la question de la transformation des sub- stances albuminoïdes en corps gras, à l'aide d'expériences comparatives sur la quantité de matières grasses conte- nue dans les u!ufs avant l'incubation et à une période jjIus ou moins avan- cée du développement de l'embryon. Les recbcrcbes de j\l.M. 13au(bimont et Martin Saint-Ange sur les œufs de Poule font voir que cliez cet Animal il y a destruction de matières grasses pendant l'incubation (6) ; mais celles de M. \V. F. Burdacb sur les œufs de la Limnée des étangs donnèrent un résultat contraire, et semblent être fa- vorables à l'iiypotlièse de !a production de la graisse au dépens des principes albuminoïdes (c). (1) Les expériences de MM. Bou- cbardat et Sandras sur la formation de sucre et d'acide lactique par la diges- tion d'aliments féculents (d) avaient conduit le premier de ces physiolo- gistes à penser que le sucre des diabé- tiques provenait de cette source, et à prescrire aux malades atteints de glu- cosurie de s'abstenir de tout aliment féculent, régime qui produit de très bons ellets (e). M. Miahle considéra aussi le sucre des diabétiques conmie (a) F. W. Bm-iiacli, Ueber die Verfettunij von prote'nihaUiQcn Suhstanzcn in der Peritoncinl- llohle lebender Tlnere (Vircliow's Archiv fur palliol. Anat. und l'Iiysioi., 1^54, t. VI, p. 103). (b) liauilrimoni, liecherches anatuDiKiiies cl physiologiques sur le dcveloppement du fixlus, et eu parliculier sur iévolulioa embrijomialre des Oiseaux ei des balraciens [Mém. dcl'Acad. des sciences, Sav. éiramj., 1851, I. M, \k 005 et 028). (c) W. P. Biirilach. loc. cit. (d) Voyez ci-dessus, paie (i". (CI Buucliai'dal, Méni. sur la nature du diabète sucré et sur son traitement {llevue médicale, 1838). — Monoiiraphie du diabète sucré {Annuaire de thérapeutique, 1841). — Nouveau mé- moire sur la gluvosuric [Sui>plémenl ii l'Annuaire de Ihcrapcutiquc pour 1846, \\ 102). — Du diabète sucré, ou glucosurie {Mém. de i'Acad. de médecine, 1S51, t. XVIj. ACTIONS CHIMIQUES. GLYCOGÉNIR. 561 grande importance vint, en 18Û8, changer les idées des phy- siologistes à cet égard, et montrer qu'il y a toujours production de sucre dans l'intérieur de l'économie animale. Effectivement, M. Claude Bernard constata que le sang qui sortait du foie par les veines hépaliriues, chez un Chien dont la nourriture depuis quelque temps consistait uniquement en sub- stances animales, présentait les signes qui d'ordinaire indiquent la présence du sucre dans ce liquide, tandis qu'en examinant de la même manière le sang de la veine porte qui se rendait de l'intestin au foie, il ne put y découvrir aucune trace de matières sucrées. 11 en conclut que c'est dans le foie que le sang s'était chargé de sucre, et il constata qu'effectivement la substance de cet organe recèle une quantité considérable de cette matière organique végétale. Enfin, il déduisit de ses expériences que, chez tous les Animaux, le foie est un organe producteur du sucre (l). étant fourni par la di2;cstioii des ali- ments amylacés, et il pensa ). {'}) En 1855, M. Figuier entreprit une longue série de recherches sur l'origine du sucre dans l'économie ani- male, et il crut pouvoir déduire de ses expériences des conclusions très dilférenles de celles présentées par (a) Gl. Bei-iiarrl, De l'origine du sacre dans l'éfonomie animale (Archives générales de méde- cine, lï^iS, cl .Vcin. de la SouicW de biologie, IS-i'.l, t. 1, p. 2-21). {b) Idem, Sur une nouvelle fonction du foie chez V Homme et les Animaux (Comptes rendus de l'Acad. des sciences, 1850, t. XWl, p. 571). — Hechcrches sur une nouvelle fonction du foie considéré comme organe producteur de matière sucrée chez l'Homme et les Animaux, thèse de Il Faculté des sciences do Paris, 1853 (Ann. des sciences nat., 3» séiie, 1853, t XIX, p. 283). — Leçons de physiologie expérimentale appliquée à la médecine, faites au Collège de France en d855, t. I. (c) Cl. lioniard. Leçons de physiologie faites en 1R55, t. I, p. 31 et siiiv. (d) Loni;ct, Souvelles recherches relatives à l'action du suc gastrique sur les matières albu minoides (A)in. des sciences nat., 4° série, 1855, t. Ill, p. 7). (e) Cl. Deniard, 0;). cit., t. Il, p. 42. ACTIONS CHIMIQUES, GLYCOGÉNIi:. 503 les principaux fails amioneés par IM. Cl. Benianl ne (ardùienl [)as à être pleiiiemoiil confirmés non-seulenienl par les rcsiillals des nouvelles recherches auxrpiolles ce savant se livra, mais aussi par les expériences faites de tous côtes par dVtulres physiologistes , parmi lesquels je dois cilcr principalement MM'. Frerichs, Yan don Broek , Lehmann, Baumerl, Gihb, A. Mitcliell, Poggiale, Poiseuille et Lefort, ainsi que les mem- bres d'une commission chargée de l'examen de la question en litige par l'Académie des sciences (1). M. Cl. Bernard. D'après ce chimiste, le sang qui arrive au foie, de même que celui qui sort de cet organe, serait chargé de sucre, et la totalité de celte substance qui existe dans Torganisnie serait portée directement dans le tor- rent de la circulation par le tube di- gestif; enfin, le foie, sans être le siège d'une production de matière sucrée, arrêterait et emmagasinerait une portion de cette substance qui y arrive en abondance lors de la di- gestion des aliments féculents, et qui serait ensuite reprise peu à peu par le sang dans l'intervalle des repas (a). M. Figuier assure aussi qu'au mo- ment de la digestion de la viande crue, le sang de la veine porte con- tient, chez les Chiens, une quantité notable de sucre, et que peu d'heures après le repas il n'existe dans le sang qui sort du foie que des traces à peine appréciables de matière su- crée {b). Enfin, M. Figuier arriva à celte conclusion générale, que l'albu- mine et le glucose fournis par le travail digestif sont emmagasinés par le foie pour être ensuite déversés peu à peu dans le sang, après avoir éprouvé pro- bablement dans cet organe quelque élaboration complémentaire (c). Mais je dois ajouter que dans des recher- ches ultérieures , M. Figuier, ne se contentant pas de l'emploi de réactifs pour établir l'existence ou l'absence du sucre dans le sang, et ayant recours à l'épreuve décisive de la fermen- tation alcoolique , trouva , comme l'avait fait M. Cl. Bernard, que chez les Chiens nourris exclusivement de viande, le sang de la veine porte ne renferme pas de sucre (d). (1) Dans la plupart de ces expé- riences, on se borna à constater que chez des Chiens nourris de viande ou à jeun, le sang de la veine porte, c'est-à- dire le sang qui se rend au foie, ne donne aucun signe indicatif de la pré- sence du sucre ; tandis que le sang qui sort de cet organe par les veines (a) L. Figuier, Mémoire sur l'origine du sucre contenu dans le foie et sur l'existence normale du sucre dans le sang de l' Homme et des Animaux {Ann. des sciences nat., i' série, 1855, t. III, p. 17). (b) Idem, Deuxième mémoire à propos des fonctions glycoyéniques du foie {Ann. des sciences nat., i' série, 1855, t. III, p. 243). (c) Idem, Mémoire sur la fonction glycngénique du fde {Ann. des sciences 7iat., 4' série, 1855, t. IV, p. 91). {d) CI. Bernard, Note additionnelle {Gazette hebdomadaire de médecine, 1857, p. 414). 564 NUTRITION. Quelques-uns des faits constatés de la sorte pouvaient faire croire que la matière sucrée se forme-'dans le sang pendant le passage de ce liquide dans l'intérieur du foie, et qu'elle résulte du dédoublement des substances albuminoïdes dont cette hu- meur est chargée (i). Mais M. Cl. Bernard, en poursuivant ses recherches, trouva qu'il n'en est pas ainsi; que le sucre est jiroduitdans lé tissu de ce viscère et déversé seulement dans le torrent circulatoire; qu'il [>rovient d'une substance glycogène préexistante dans l'organe où le phénomène se manifeste, et que la Irausformalion de cette substance en glucose est la con- hépatiqncs se comporle aiUromont, et soumis èi l'action de la levure de bière, éprouve la l'ermentation alcoolique , phénomène qui est C3ractéristi<|ue des sucres (a). C'est surtout ce dernier procédé qui mérite confiance, et ([ui a été considéré comme démonstratif par tous les chimistes (6). (1) M. Lehniann, en analysant com- parativement le sang de la veine porte et le sang des veines hépatiques, ou, en d'autres mots, le sang avant et après le passage de ce liquide dans le foie, constata qu'en traversant cet organe, il avait perdu une certaine quantité de fdjrine et d'hématosine en même temps qu'il s'était chargé de sucre. Ce chi- miste a été conduit ainsi à penser que c'est aux dépens de la fibrine du sang que le sucre hépatique est formé et f|ue l'hématosine se transforme en biliverdine (c). (a) Van Hen lîi'ook, Onderioekingcn over de Vorming van Suiker in het organisme der Dieren {Nederlnndsch l.ancet, 2' scrio, 1850, t. VI, p. d'S). Frericlis, Verdauung (Wagnec's Uan:lwôrlerbuch der Physiologie, l. III, p. 831). Lelimanii, F.inige vergleichende Anahjsen des filutes des Pfortader rmd Lebervenen {Bericht liber die Verhandlungen der I;. Sachs. Gesellschaft der Wissenschaflenzu Leip2,ig, 1850, p 1 39^. — Anaigsi's compurdcs du sang de la veine porte et du sang des veines hépatiques, etc., pour servir à l'histoire de la production du sucre dans le foie (Cumiiles rendus de l'Acad. des sriences, 1855, t. XL, p. 585). — Sur la présence du sucre dans le sang de la veine porte (Ann. des sciences nat., 4" série, 1855, t. IV, p. 158). — Bauiiierl, Ueber das Vorkommeu des Zmkers im thierischcn Organismus (jahresbcr. der Schles. Gesellsch. f. vaterland. CuUur. Breslau, 1851, p. 22). Gibb, Exper. on the Liver of Dirds in relation ta Ihe présence of Sugar {Virginia }Ied. Gaz., 1852). — Poggialo, Origine du sucre dans l'économie animale {Comptes rendus de l'Acad. des sciences, 1855, I. XL, p. 887). Pavy, Saccharine Maticr ; its physiol. relations in the Animal Kconomy (fiuy's Hospital Reporls, 2" série, 1853, I. VIII, p. 31 Ol. — Hesearcha on Ihe Nature of the normal Destruction of Sugar in the Animal System [Op. cit., 3* série, 1855, 1. 1, p. 7'J). — Lecotrilc, Recherches sur la (onction glycogénique du foie (Ann. des sciences nat., i' série, 1855, t. m, p. 01). — Poiseuille et Lefori, De l'existence du glycose dans l'organisme animal {Comptes rendus de l'Acad. des sciences, 1858, t. XLVI, p. 505). (b) Dumas, Itapport sur divers mémoires relatifs aux fonctions du foie {Comptes rendus de l'Acad. des sciences, 1855, t. XL, p. 1281). (c) Lchmanii, Op. cit. {Comptrs rendus de l'.\cad. des sciences, 1855, t. XL, p. 587 el 588). ACTIONS CHIMIQUES. GL\COGÉNIE. 565 séquence d'une sorte de fermentation qui s'effectue sur le cadavre aussi bien que chez l'Animal vivant. En effet, ce phy- siologiste habile a constaté que si l'on enlève sur un Animal vivant le foie tout entier, et qu'à l'aide d'un lavage méthodi(jue on en extraie tout le sang et tout le glucose existant au moment de l'opération, il suffit de quelques heures pour que, dans des conditions favorables , îe tissu de l'organe soit de nouveau chargé de matière sucrée (1). On [»arvint ensuite à extraire la matière glycogéni(jue du foie, et l'on reconnut qu'elle a la plus grande analogie avec la fécule hydratée ("2). Elle se colore (1) Pour faire cette cxpt^ricnce im- portante, M. Cl. Bernard fit choix d'un Chien vigoureux qui depuis plusieurs jours était nourri de viande seulement et qui fut tué sept heures après un repas copieux. On extirpa le foie sans léser cet organe, et avant qu'il se fût refroidi, on y établit un courant d'eau à l'aide d'un appareilhydrotomi- que adapté au tronc de la veine porte. L'eau introduite de la sorte dans le système vasculaire du foie s'échappait parles veines hépatiques, et an moyen de ce lavage énergique, presque tout le sang existant dans l'organe fut bien- tôt entraîné en dehors. Le sucre qui s'y trouvait fut enlevé en même temps, et l'on pouvait en reconnaître la présence dans l'eau qui s'échappait par les veines hépatiques ; mais au bout d'un certain temps, le foie traité de la sorte cessa d'en fournir, et son tissu, soumis aux épreuves convenables, ne donna cucun indice de l'existence du sucre dans sa substance. Cependant, vingt-quatre heures après , il n'en fut plus de même : l'eau injectée dans la veine porte sortait par la veine hépatique, chargée d'unequantité notable de sucre, et le tissu du foie contenait de nouveau de la matière sucrée (a). M. l'Mguier s'éleva contre les conclu- sions que M. Bernard avait tirées de ses expériences, et attribua à un lavage in- suOlsantdufoieles faits observés par ce physiologiste (6). Mais l'existence d'une matière glycogène dans le foie a été confirmée par beaucoup de recherches. Aujourd'hui elle est admise par tous les physiologistes, et c'est en grande partie à la transformation de la ma- tière amyloïde du foie en glucose après la mort qu'est due l'existence de la quantité considérable de matièr.i su- crée dont ce viscère est ordinairement chargé chez le cadavre (c). (2) Ce résultat fut obtenu presque en même temps par M. Hensen à (a) Cl. Bernard, Sur le mécanisme de la formation du sucre dans le foie {Comptes rendus de l'Acad. des sciences, 1855, t. XLt, p. 405, et Ann. des sciences nat., i' sénc, 1855, t. IV, p. 109). {b) L. Figuier, Expériences qui prouvent qu'il ne se forme point de sucre après la mort dans le foie des Animaux (Gazette hebdomadaire de médecine, 1857, t. IV, p. 410). (c) Pavy, Researches vn Sugar Formation in the Liver [Philos. Trahis., 1800, p. 595). 5G6 NUTRITION. en bleu violacé par l'action de l'iode, et se transforme en glu- cose sous l'intluence de la diastase et de tous les autres réac- tifs qui déterminent le changement des matières amylacées en dextriiie, puis en sucre. P]n raison de quelques particularités, elle a cependant été considérée comme ne devant pas être confondue avec la fécule, et l'on a proposé de la désigner sous le nom de zoomyline; mais cette distinction ne me semble pas suffisamment motivée (1). Il paraît, d'après les recherclies de M. Schiff, que la substance amyloïde du foie est contenue dans l'intérieur des cellules du tissu de cet organe, et que, dans certaines circonstances, elle s'y accumule de façon à y former des granulations ou globules arrondis ('2). Dans les conditions ordinaires, elle n'est pas Wiirtzbomg, et par M. Cl. Bernard à Paris (a). (1) ]\I. Eugène Pclouze a étudié chimiquement la matière glycogènc du foie, et a trouvé qu'après avoir été purifiée par la potasse et desséchée à l'étuve, sa conqiosilion élémentaire correspond à la formule C'-ll'^O'^, tandis que l'amidon végétal, dans les mêmes circonstances, est représenté par C'2H"0". Ce serait donc un prin- cipe glucique qui contiendrait les élé- ments d'un équivalent d'eau de plus, et qui, sous ce rapport, ne diffère pas du glucose anhydre (A) ; mais je dois ajouter que, d'après les recherches expérimentales de M. Kekule, le glu- cose hépatique serait composé de C'-H"'0"', comme la dextrine M. Tiouget a donné le nom de zoo- myline à cette madère amyloïde qui se trouve aussi dans d'autres tissus organiques [d), et Ai. Lehmann appelle glycogine la substance glycogène du foie. (2) Pendant l'hibernation, les fonc- tions digestives sont complètement suspendues chez les Batraciens, et la circulation est presque arrêtée. Or, M. Schiir a trouvé que dans ces cir- constances l'agent saccharitiant dont dépend la transformation de l'amidon hépatique ou zoomyline en glucose manque, mais que la production de (fl) llenscn, Ueber die Znckcrbilduiig in der Uher {VerJiandIuugen der phys.-med. Gesellsch. in Wûnburg, ISf)!), t. VII, p. t>I'J). — Cl. Bernard, Sur le mécanisme pliysiologiqiie de la formation du sueve dans le foie {Coinptei 7'endus de l'Acad. des sciences, 1857, t. XLIV, p. 578). (b) E. Polouzc, Sur la matière glgcogcae (Comptes rendus de lAcad. des sciences, 1857, t. XI.IV, p. 13-21). ((■) Uoii^'ci, Des substances amyloïdes et de leur rôle dans la conslitiition des tissus des Ani- maux (Journal de physiologie, 1851», l. 11, p. 314). (d) Kcluilc, Ueber den Zuckcrbildenden Stojf der Lcber (Ycrhandl. des naturhistoriscii med. Yereins %u Ueidelberg, 1858). ACTIONS CIIIIVIIQUES. GLYCOGÉNIE. 567 einmagasinée de la sorte en quantité très considérable, parce qu'elle est conlinuollement attaquée et transformée en glucose par l'action d'un agent analogue à la diasiase, lequel se déve- loppe dans l'intérieur de l'appareil hépatique ou y est porté par le torrent de la circulation. Le sang possède cette propriété saccharifiante, et par conséquent l'activité du travail glycogé- nique du foie dépend en partie de la quantité de ce tluide qui, en un temps donné, traverse l'organe et va attaquer la matière amyloïde déposée dans sa substance. Or, pendant la digestion, la circulation est beaucoup activée dans l'estomac, l'intestin et cette substance amylacée continue, et qu'ainsi la proportion en augmente beaucoup dans l'intérieur du foie. Elle constitue alors des granulations amy- loïdes qui sont répandues en grand nembre dans la profondeur de cet or- gane, et en étudiant au microscope ces petites concrétions miliaires , ^I. Scbiff a vu qu'elles sont renfermées dans les utricules hépatiques, où se trouvent aussi des globules graisseux, f^es gra- nules amyloïdes sont insolubles dans l'alcool ainsi que dans l'éther, et se co- lorent en brun jaunâtre par l'action de la teinture d'iode acidulée. Sons l'in- fluence des agents saccharifiants, ces globales se transforment en goii.telettes d'un liquide jaune et miscible h Teau, qui paraissent être composées de dex- trine ou de glucose. Ces changements s'opèrent au printemps, plus ou moins tardivement, suivant les espèces et les circonstances extérieures. Enfin , M. Scbiff pense que, dans certains cas, la matière amyloïde peut être absor- bée sans avoir été changée en dextrine ou en sucre, et après avoir subi une transformation dont naîtrait l'acide oxalique (a). Il est aussi à noter que des granulations analogues se voient dans le foie des Mammifères , et M. Nasse a trouvé que la quantité de sucre tirée de ce viscère est en rap- port avec l'abondance de ces corpus- cules amyloïdes (6). L'iiibernalion n'arrête pas le travail glycogénique dans le foie des Mammi- fères, et M. Valentin y a trouvé du sucre chez ces Animaux après qu'ils eurent demeuré cinq ou six mois dans un état de sommeil léthargique; mais lorsque les Marmottes , les Héris- sons, etc., meurent d'épuisement, ils n'en contiennent plus (c). (a) Schiff, Ueber Leberamylum (SclimiJt's Jahrbueher, 1857, t. XCVII, p. 4 4). — De la nature des (jramdalions qui remplissent les cellules hépatiques {Comptes rendus de l'Acad. des sciences, 1859, t. XLVIII, p. 880). (6) Nasse, Ueber einige Vcrschiedenheiten im Verhalten der Lebev hungernder und gefulterter Thiere {Arehiv des Vereins (ûr gemeinsch. Arbeiten, von Bcneke, Nasse und Vôgel, 1800, t. IV, p. 71). (c) Valentin, Beitrâge zur Kenntniss des Wintei'schlafes der Murmellhiere ( MolcsclioU's Untersuch. ztir Naturlehre, 1857, t. III, p. 220). 568 NUTRITION. les viscères adjacents ; les vaisseaux y sont très dilatés, et par conséquent le courant qui arrive au l'oie par la veine porte, et qui traverse cet organe pour en sortir par les veines hépa- tiques, devient beaucoup plus puissant que dans l'état ordi- naire. On conçoit donc qu'en raison de celte circonstance, la fonction giycogéniquc du Ibie doit être activée parla digestion, lors même que les matières puisées dans l'intestin ne contri- bueraient en rien à la jiroduction du sucre; mais il y a lieu de croire que, pendant la durée de l'activité fonctionnelle du tube alimentaire, le sang de la veine porte doit agir sur la matière glycogène du foie plus fortement (pie d'ordinaire, car il doit être alors cliargé des principes analogues à la diastase qui sont versés dans l'intestin par le pancréas et les gla rides salivaires, et qui y rentrent dans le torrent de la circulation par suite de leur absorption (1). L'influence que la ra|)idiléde la circulation du sang dans les vaisseaux du foie exerce sur l'activité de la fonction glycogé- nique de cet organe nous permet aussi de concevoir comment la quantité de sucre produit par celui-ci peut être, jusqu'à un certain [)oint , subordonnée à l'action du système nerveux. (1) On comprend que l'activité fonctionnelle de Tappareil digestif doit jntliier des deux manières susmen- tionnées sur Tabondance du glucose produit dans le foie et entraîné hors de cet organe par le sang des veines hépatiques; mais il y a lieu de croire qu'il y a aussi production de cette sorte de diastase dans la substance même du foie, et que la formation locale de cet agent transformateur est liée à certaines propriétés du tissu hépatique : car , ainsi cpie je l'ai déjà dit, dans les circonstances ordinaires, la substance du foie, après avoir été bien lavée, présente encore la faculté sacchariliante, mais elle la perd inunédiatement si, par l'action de la chaleur, on détermine la coagulation des matières albuminoides dont elle se compose. M. Cl. lîernard a parfaitement constaté ce fait, el c'est même sur celte circonstance que ce physiologiste fonda la méthode à l'aide de laquelle il par- vint à isoler la substance glycogène du foie la). («) Cl. licrnard, Sur le mécanisme de la formation du sucre dans le foie {Ann. des sciences nat., 1855, t. IV, p. 116). ACTIONS CHIMIQUES. GLYCOGÉNIE. 569 M. Bernard a constaté que la piqûre d'une certaine partie de la moelle allongée détermine dans la production du sucre, dont le foie est le siège, une augmentation si considérable, que bientôt après cette matière apparaît dans les urines. 11 provoque ainsi à volonté un état diabétique des mieux caractérisés. Or, cette lésion du système nerveux est suivie d'une grande augmentation dans l'activité de la circulation du sang dans l'appareil hépa- tique, ainsi que dans tous les autres viscères abdominaux : les vaisseaux capillaires se dilatent, le courant s'y accélère, et la quantité de sang qui traverse la substance du foie devient beaucoup plus grande que dans l'état ordinaire (1). Des phéno- mènes analogues se manifestent dans l'état du système vascu- laire hépatique, lorsqu'on excite directement le foie en injectant dans une des veines de ce viscère une substance irritante, telle que de l'éthcr, et l'accélération delà circulation qui en résulte est suivie aussi de glucosurie (*2). Enfin, des effets opposés sont déterminés par certaines lésions de la moelle epinière, qui sont suivies d'un grand ralentissement du cours du sang dans l'ap- pareil liépatique : alors le sucre ne se forme plus avec la rapidité ordinaire, et bientôt il cesse de se trouver en quantité appréciable dans la substance du foie (3). (1) Lorsque la vie végétative est en- trctemio à l'aide de la respiration arti- ficielle chez un Animal qui a été em- poisonné par le curare, et qui a été privé ainsi de toutes les facultés de la vie animale, la circulation s'active, et les sécrétions en général deviennent plus ai)ondantes que dans les circon- stances ordinaires. Or, la production de sucre dans le foie augmente égale- ment dans ces circonstances, et au bout de quelques heures cette substance devient si abondante dans le sang, qu'elle passe dans les urines (a). (2) M. Ilarleya constaté ce fait chez des Chiens, en injectant dans la veine porte, soitdel'élher, soit de l'eau char- gée d'un peu d'anunoniaque (6). (3) Ces effets sur l'étal de la circu- lation du sang dans le foie et sur la production du sucre dans cet organe, sont produits par la section de la moelle {a) Cl. Bernard, Leçons de physiologie failes au Collège de France en 1854, t. I, p. 343. (b) Harley, Nouvelle méthode pour produire artificiellement le diabète chcx, les Animaux {Comptes rendus de la Société de biologie, 1853, t. V, p. 59). 570 NUTRITION. A l'état normal, la produclioii de sucre chez les Animaux adultes paraît être complètement localisée dans le Ibie(l) ; mais chez l'embryon il en est autrement. Une multitude de cellules épinière au-dessus du bulbe rachi- dien (a). (1) En effet, M. IMolescbott a vu que cbez les fi renouilles sur lesquelles il avait pratiqué Textirpation du foie (opération après laquelle ces Animaux purent vivre pendant plusieurs semai- nes), il n'y a plus production de sucre dans l'organisme (6). !\I. Schilîa constaté aussi que si l'on pique la moelle allongée d'une Gre- nouille, on produit comme d'ordinaire le diabète ; mais que si on lie ensuite les vaisseaux du foie de façon à sup- primer l'action de cet organe, le sucre cesse de se montrer dans les urines (c). 11 serait cependant possible que chez les Manunifères il y eût aussi formation de sucre dans les ganglions lymphatiques ou dans quelque autre partie du système des vaisseaux lym- phatiques, car M. Colin et M. Chauveau paraissent avoir trouvé du glucose en (juantilé foil notable dans le liquide que ces conduits ramènent vers lecœur et versent dans la partie terminale du système veineux chez des Animaux nourris avec de la viande seulement (d). Chez les Herbivores, une partie du sucre contenu dans le chyle provient certainement du tube digestif, et M. Colin a constaté que ce liquide en est plus chargé que ne l'est la lymphe venant des autres parties du corps. Mais d'après ce que nous savons au sujet des produits de la digestion des matières animales, il y a tout lieu de penser que chez les Carnassiers, la lymphe, pas plus que le sang venant de l'intestin, n'a puisé directement du glucose dans cet organe. Or, s'il en est ainsi, i! faut que le sucre contenu dans la lymphe provienne du sang en circulation dans les tissus où le sys- tème lymphatique prend naissance, ou bien qu'il se forme dans l'intérieur de cet appareil. ^\. Cl. Bernard, et MM. Chauveau, Poiseuilie et Lefort, pensent que ce sucre vient du foie, et, par conséquent, qu'il a dû être transmis par le système capillaire gé- néral au liquide contenu dans les lym- phatiques. Mais les expériences de ces derniers physiologistes me parais- sent défavorables à cette hypothèse, et tendre plutôt à faire penser qu'une (a) Ci. Bernard, Leçons de pliysiologie faites en 1854, t. I, p. 368 et suiv. (b) Molfschott, Sur la sccv('lwn du sucre et de la bile datis le fuie {Comptes rendus de l'Acad. des sciences, 1855, I. IV, p. ISiO). (c) Schiff, liericht ûber einiije Yersuche uni den Urspnuig des Harnzuckers bei kiiiist lichen Diabètes z-u ermitteln {Gôttimjer gelehrte Anzeigen, 185(i, p 243). (rf) Colin, .Sur la formation du sucre dans l'organisme {Comptes rendus de l'.\cad. des sciences, 1855, t. XL, p. 12(18). — Traité de physiologie des Animaux domestiques, 1850, t. Il, p, 507. — De l'origine du sucre contenu dans le chyle [Journal de physiologie de lirown- Séquard, 1858, t. I, y. 530). — Chauveau, Nouvelles recherches stW la question ghjcogênique (Gaiettc hebdomadaire de médecine, 1850, t. 111, p. 102). — , Sur la formation du sucre dans l'économie animale (loc. cit., p. 708). — Bérard, Mém. sur la formation physiologique du sucre dans l'économie animale {Gaulle ^hebdomadaire de médecine, 1857, t IV, p. 3t5). ACTIOINS CHIMIQUES, GLYCOGÉNIE. 571 blancluilres, contenant une substance glycogène, se déveloi)- pent dans diverses parties de l'organisme, telles rpie le placenta, la membrane amniotique et la couche d'épithélium ([ui revêt les surfaces cutanées et mu(iueuses (1' portion de ce sucre peut être produite dans les racines des vaisseaux lympha- tiques ou dans les gnn^'lions dont ce système est pourvu. En effet, chez un Chien qui depuis un mois et demi était nourri de viande, mais qui était à jeun depuis soixante heures, MM. Poi- seuille et Lefort ont trouvé : 1,48 de glucose pour 100 dans lu foie; 0,821 — dans le sang des veines hépatiqueâ ; 0,141 de glucose pour 100 dans la lymphe extraite du canal tlioracii|ue. lis ne purent découvrir aucune trace de glu- cose dans le sang de la carotide, de la veine cave, de la veine niésentérique et de la veine porte, ni dans le tissu du cœur, des poumons , de la raie , des reins, des ganglions mcsaraïques et des muscles de la vie animale (a). Il est évident que dans ce cas la plus grande quantité de sucre se formait dans le foie, mais puisqu'on n'en trou- vait pas dans le sang artériel et qu'il en existait heaucoup dans la lymphe, a me paraîtrait difficile do supposer que ce dernier liquide l'ait reçu de l'appareil hépatique. Je dois ajouter que dans une expé- rience dans laquelle la veine porte pa- raît avoir été complètement oblitérée chez un Chien, M. Gré trouva du su- cre en quantité nola!)le dans le foie (6). Mais dans des expériences analogues faites par M. Stokvis, la recherche du glucose hépatique ne donna que des résultats négatifs (c). (1) M. Bernard a constaté que dès les premiers temps de la vie embryon- naire il se forme à la face interne de l'amniosdes Ruminants une multitude de petites plaques blanchâtres (d) qui doivent leur opacité à une matière glycogène susceptible de se colorer en rouge violacé par l'action de l'iode, et de se changer en dextrine, puis en sucre avec une grande facilité dans toutes les circonstances où la matière amyloïdc du foie éprouve cette trans- formation. Des utricules contenant la même matière glycogène se trouvent dans le placenta chez le Lapin, le Co- chon d'Inde, etc. , et dans les parois du sac vitellin du Poulet. M. Cl. Bernard a découvert la même matière amyloïde, soit dans l'intérieur d'ulricules épider- miques, soit sous la forme d'infiltra- tions dans la substancedela peau, chez les jeunes embryons de Bouc et de plusieurs autres Mammifères. Enfin, il en a reconnu la présence dans les cel- lules de l'épithélium des diverses por- (a) Poiseuille el Lefort, De Vexistence du glycose dans l'organisme animal {Comptes rendus de VAcad. de médecine, 1858, t. XLVI, p. 5(36). (6) Oré, Influence de Voblitéralion de la veine porte sur la sécrétion de la bile et sur la jonc- lion glycogénique du foie {Comptfs rendus de VAcad. des sciences, 1856, t. XLIII, p. 46(3). (c) Stokvis, Bijdragen tôt de Hennis der SuikerVorming in de Lever (dissert, inaug.). Utreclit, 1856. . , , ■ (d) Cl. Bernard, Mém. sur une nouvelle {onction du placenta (Ann. des sciences nat., 4* série, 1858, t. X, p. 115, pi. 6,fig. 1). 572 NUTRITION. Il est aussi à noter que cliez beaucoup d'Animaux invertébrés des matières amyloïdes sont déposées dans le système tégumen- taire, chez l'adulte aussi bien que chez l'embryon. Ainsi, on trouve dans la peau des Biphores de grandes cellules remplies de produits de ce genre, et, ainsi que nous le verrons dans la suite de ces Leçons, la substance appelée chitine, qui joue un rôle important dans la constitution du squelette extérieur des Insectes, des Crustacés et des autres Animaux articulés, est formée en grande partie d'un principe hydrocarboné du môme ordre. Enfin, dans divers états pathologiques, ainsi que sous l'in- fluence d'une alimentation trop abondante en matières amy- lacées, des produits amyloïdes ou môme sucrés peuvent se montrer dans diverses parties de l'économie, chez les Mammi- fères, à l'âge adulte. 11 est évident que, dans ces derniers cas, le sucre ou la matière giycogène qui se trouve répandue ainsi dans l'économie animale vient du dehors, et a passé des voies digestives dans le sang sous la forme de dextrine ou de glucose (1) ; mais tout nous lions (la canal digestif, des voies res- piratoires et des organes génilo-iiri- naires pendant la même période do la vie intra-ulérine, ainsi que dans le tissu des muscles lisses en voie de i'onua- tion ; mais il n'en a aperçu ni dans les muscles striés, ni dans les glandes, le tissu nerveux ou le tissu osseux (a). (1) AI. Sanson, cliiniisto attaché à lÈcole vétérinaire de Toulouse, a an- noncé que, d'après ses expériences faites sur des Chevaux et des Vaches, il existerait de la dextrine ou une ma- tière giycogène très analogue à celle- ci, non-seulement dans le sang arté- riel et VL'ineux de ces Animaux, mais aussi dans les tissus de la raie, du poumon et des muscles, en un mot, dans toutes les parties de l'écono- mie ; par conséquent, il a cru pou- voir expliquer la présence du sucre dans l'organisme des Carnivores par l'inlroduclion dans les voies digestives de la viande provenant des Herbivores (a) Cl.Bernrad, Op. cit. {Ann. des sciences nat., 4* séiio, l. X, p. 123 et siiiv.).— û^ la malière giycogène considérée comme condition de déveloniemenl dr ca-lauis lissas rlwi le fœtus nvant l'apparition de la fonction glycogéniqne du foie (Journal de physiologie de Browii-Séquard, ISô'J, l. H, p. 3-20). ACTIONS CHIMIQUES. GLYCOGKNIK. 57o porte à croire qu'il n'eu est pas de même pour lu substance glycogène dont le foie de l'Homme, des Mainmilcres et des autres Animaux se charge, et que ce corps résulte du dédou- blement de quelque principe albuminoïde fourni par les ali- ments. En effet, lorsqu'un Animal est privé de nourriture et qu'il n'est pas plongé dans un état léthargique, la quantité de sucre et de matière glycogène contenue dans le foie s'épuise rapidement (1), tandis que sous l'inlluence d'une alimentation que CCS Animaux mani;ciU («). Des recliercbes plus approfondies, faites par M. Poggiale, ont infinné plusieurs des résultats annoncés par M. Sanson, et ont fait voir qu'en général , la viande provenant soit des Herbivores, soit des Carnivores, ne renferme pas de traces appréciables de matière glycogène (6). Dans les circonstances ordinaires, les Carnassiers ne trouvent pasdc substances amylacées ou sucrées dans leurs aliments ; mais les Herbivo- res, comme nous l'avons déjà vu, en reçoivent ainsi des quantités plus ou moins considérables qui s'ajoutent à celles qui se forment dans l'économie. 11 résulte aussi des expériences de MM. Bernard et Boulay, que sous l'in- tluencc d'une alimentation très ricbc en principes amylacés, il peut y avoir absorption de dextrine, aussi bien que de sucre, dans le tube digestif, et que dans ce cas, la dextrine peut exister dans le sang, ou même dans les tissus des diverses parties du corps ; mais cela n'a lieu que dans des circon- stances exceptionnelles, par exemple lorsqu'un Lapin a été nourri avec de l'avoine ou avec du blé, et cliez les Cbevaux dans les mêmes conditions d'alimentation (c). Dans les expériences faites par AIM. Poiscuille et Lefort sur un Cliien nourri de viande depuis longtenqis, mais à jeun depuis soixante heures, on trouva de la dextrine, ainsi que du glucose dans le foie, mais on n'en dé- couvrit aucune trace dans le sang ni dans les tissus de l'organisme. Dans la chair du Cheval et dans la viande de boucherie (Mouton, Bœuf, Porc), ces physiologistes trouvèrent des traces de sucre, mais en quantité insigni- fiante (f/). (1) C'est, suivant toute probabilité, en raison de cette circonstance que d'ordinaire on ne trouve pas de sucre dans le foie humain; car, dans la plupart des cas, les cadavres dont on extrait ce viscère appartiennent â ((!) Sanson, Mém. sur la formalioii physiologique du sucre dans l'économie animale {Comptes rendus de l'Acad. des sciences, 1857, t. XLIV, p. 1159 et 1323). — De iorigine du sucre dans l'économie animale {Journal de physiologie de Browii-Scfiuai-d, 1858, t. I, p. 244). (b) Pog-giale, Sur la formation de la matière glycogène dans l'économie animale {Journal de physiologie, 1858, t. 1, p. 549). (c) Cl. Bernard, Remarques sur la formçLlion de la matière glycogène du foie {Comptes rendus Je iAcad. des sciences, 1857, t. XLIV, p. 1325). {d} roiseuillo ctLeforl, De i' existence du glycose dans l'économie animale {Comptes rendus de IWcad. des sciences, 1858, t. LVI, p. 565). VII. 37 57/| NljilUTlO.N. abondante elle s'y renouvelle sans cesse, lors même que le régime est essentiellement albuminoïde, et qu'il n'existe ni sucre, ni dextrine, ni aucune autre substance du môme ordre dans les produits du travail digestif (1). Quelques expériences sur la sécrétion du lait et sur la quantité de glucose contenu dans le sang chez des Chiens nourris, les uns avec des matières grasses, les autres avec du tissu musculaire seulement, ont conduit jM. Poggiale à penser que les corps gras pourraient bien ne pas être étrangers à la production du sucre dans le foie (2) , et une découverte chimique d'un haut intérêt, dont des individus qui oiU succombé à une maladie plus ou moins longue durant laquelle ceux-ci ont. eUé soumis à un jeûne complet. En eUet, lorsqu'on a opéré sur le foie d'un liomme mort subitement, d'un supplicié par exem- ple, on a constaté la présence du glu- cose dans cet organe, aussi bien que dans le foie des Chiens et d'une foidc d'autres Animaux que M. Gl. Bernard a étudiés sous ce rapport (a). La rapidité avec laquelle le sucre disparaît dans le foie des Animaux privés d'aliments varie beaucoup, sui- vant le degré d'activité physiologique de ces êtres. Chez les petits Oiseaux, le travail glycogénique cesse après tfente-six ou (jnarante-huit heures d'abstinence. Chez les Mannnii'éres, les eilels produits de la sorte sont luoins prompts, surtout chez les grands Ani- maux : ainsi, chez les Rats et lesljapins le sucre hépatique disparaît complète- ment après quatre à huit jours d'absti- nence. Chez les Chiens, les Chats et les Chevaux, il peut s'en former encore après douze ou même vingt jours. Enfin, chez des Crapauds, des Couleu- vres et des Carpes, on en a trouvé cinq ou six semaines après le dernier repas fait par ces Animaux. Chez les Animaux qui, tout en étant privés d'aliments, font de l'exercice, la pro- duction de ce sucre cesse plus pronq)te- ment que chez ceux qui sont condam- nés au repos (6). (1) Des expériences encore inédites, mais dont mon savant collègue M. Ber- nard m'a communiqué verbalement les résultats, prouvent que chez les Chiens nourris avec des substances animales, il n'existe ni sucre, ni dex- trine, ni aucune autre substance glyco- gène tant parmi les produits du travail digestif encore contenus dans l'intestin que dans le sang que la veine porte conduit au foie. C'est donc dans Finlé- rieur de l'organisme que la matière glycogène hépatique, ainsi que le sucre qui en dérive, doit prendre naissance^ (2) M. Toggiale pense que sous l'in- fluence d'une alimentation composée (a) Cl. licriianl, Ikcherchcs sur une nouvelle foncliun du fvk, p, 31 (.lun. des sciences ual., 3- série, 18r.3, t. MX, y. 282). [l)) lilum, Vil. cit. {lue. cit., i>. 31 d;. ACTIONS CIIIMKJLES. (;L\L:()GliMK. 575 Ja science esl redevable à M. Berlhelot, moiilre (juc, eiielïel, la glycérine, en se dédoublant, est susceptible de donner naissance à du sucre (1). Enfin, des reeherebes physiologiques récentes, laites en Hollande par Vandeen, paraissent être favorables a l'by- pothèse de l'origine du glycose hé[)atique aux d('pcns des cor[)s gras (2). de viande seulcmenl, lii quantité de sucre de lait excrété par les sb"des nianimaircs d'une Chienne qui allaitait SCS petits clait moins considérable que sonsrinnuenced''un régime mixte, mais elle s'est maintenue d'une manière assez uniforme pendant trois semaines que dura l'expérience. Cliez un Chien sou- mis èi l'abstinence absolue, le sang des veines hépatiques ne contenait que 0,013 pour 100 de sucre, tandis que chez un autre individu nourri avec du beurre et de la graisse, ce liquide m fournit 0,lZi6 pour 100, et que chez un Iroisièiue Animal qui avait mangé du tissu musculaire, la proportion de cette substance ne s'élo a pas beaucoup plus liant, car elle était de 0,169 («)• 1 1) M. Berlhclot, guidé par des vues théoriques qu'il serait trop long d'ex- poser ici, a trouvé que si l'on fait in- fuser des fragments du testicule d'un Mannuifèn' ou d'un Oiseau dans de l'eau contenant de la glycérine ou de la mannite à la température de 10 à 20 degrés, il se forme lentement dans la liqueur une certaine qu;uuité de glucose. La proportion de sucre pro- duit de la sorte paraît être trop con- sidérable pour qu'on puisse l'attribuer à la transformation des matières alblt- minoïdes fournies par les fragments de glande eiuployés {h). (2) M. Van Deen a constaté d'abord que, par relTetde l'abstinence, la ma- tière glycogènc contenue dans le foie des Chiens (hsparaît plus ou moins promptement, et il a fait prendre à des Animaux qu'il tenait privés d'aliments une certaine quantité de glycérine. Dans une de ses expériences, il a trouvé alors le foie chargé d'une forte proportion de matière glycogène, et dans d'autres cas où les différences étaient moins marquées, il a cru pou- voir établir que sous l'influence de cette substance grasse, il y avait eu production d'une certaine quantité de la même matière , car il en a toujours trouvé dans le foie. Ses re- cherches l'ont conduit aussi à penser que c'est dans le foie que la tfanslbr- luation de la glycérine en sucre s'opère, et ([ue ce phénomène se produit lente- ment après la mort aussi bien que pen- dant la vie de l'Animal (c). Mais tles expériences de ce genre, pour être tout à fait probantes, auraient besoin d'èlre très nombreuses, et jusqu'ici elles n'ont pas été assez nudtipliées. {a) Poggiale, Origine du sticre dans ïéconomie animale. [Commîtes rendus de l'Acad. des sciences, 1855, t. XL, p. 887). (6) Bcriheloi, Transformation de la 7nannite et de la glycérine en sucre proprement dit {Ann. de chimie et de physique, 3" série, 1857, t. L, p. 369). (c) J. VaiKlecn, Ueber Uildiing von Zitcker ans Clycerln hn Thierkdrpcr (Arcliiv fur die Ilollandischen lleilrdge zur Natur- und Ikilkunde voii Uoiulers und \V. Berlin, IStil, I. IH, [i. -20). — Weitere Untersach. ubcr die Bildang von Zucker ans Glycerin {loc. eit., p. Cl). Destruction du glucose dans l'orgariisnie. 576 • NUTRITION. iMais je dois njoiiler (}Lie, dans les expériences de M. Bernard, la proportion de graisse contenue dans les aliments ne parait avoir exerce aucune influence appréciable sur le rendement du travail glycogénique du foie (1), et (jue la production du sucre dans le foie a été souvent contestée chez des Animaux qui, pen- dant plusieurs mois, n'avaient mangé que de la viande (2). D'après l'ensemble de foits dont l'étude vient de nous occu- per, on voit qu'indubitablement il y a production de sucre dans l'économie animale, et qu'il y a des raisons de penser que cette matière combustible, riche en carbone, est fournie par la décom- position des aliments albuminoïdes. § 10. — Quoi qu'il en soit à cet égard ^ le sang qui vient de l'appareil digestif, et qui sort du foie, contient une quantité plus ou moins considérable de sucre fourni, soit parle travail glyco- génique de cet organe seulement, soit en partie aussi par la digestion des aliments amylacés ou l'absorption du sucre ingéré (1) Dans les expériences compara- tives faites par M. Cl. Bernard sur des Chiens qui avaient été privés d'aliments ou (jui avaient mangé abondamment de la graisse, la quantité de sucre con- tenu dans le foie était également fai])lc de part et d'autre (a). (2) Une des expériences de M. Ber- nard fut faite sur un Cliien adulte qui, pendant les huit mois précédents, avait été nourri exclusivement avec de la tripe, c'est-à-dire avec des estomacs de Bœuf et de Mouton probablement lavés à l'eau chaude. Or, en faisant fer- menter le sucre contenu dans le foie de cet Animal, on obtint 3 centimètres cubes d'alcool. Un autre Chien chez leqnell'activité glycogénique du fuie fui constatée delà même manière, ne man- geait depuis trois ans que des débris de viande crue. Des Crécerelles et des Chouettes, ([ui depuis leur sortie du nid avaient été nourries avec du cœur de lîœuf surtout, donnèrent des résul- tais analogues après un mois et demi de ce régime (6). 11 est aussi à noter que rcxistenc(! du sucre dans le foie a été constatée aussi chez beaucoup d'autres Animaux carnassiers, par exemple chez le Clial, le Hérisson, la Taupe , les Chauves- Souris insectivores, le Lézard, la Cou- leuvre, l'Anguille, la Morue et les Squales (r). {a} Cl. BcrnarJ, itechcrches sur une nouvelle fonction du foie (Ann. des sciences uni,, 3" série, 18Î.8, t. Xl\, p. 324). (/;) Idem, ibid., p. "200 et suiv. (c) Idem, ibuL, i». 35 cl suiv. ACTIONS CHIMIQUES, — GLYCOGÉNIE. 577 dans l'estomac; mais dans les circonstances ordinaires, c'est- à-dire quand la proportion de sucre entraîné vers le cœur par le lorrent delà circulation n'est pas très considérable, cette matière oxydable est promptemcnt détruite; il ne s'en trouve plus en quantité appréciable dans le sang artériel qui se rend aux reins ainsi qu'aux autres parties de l'organisme, et elle disparaît de l'économie animale sans passer dcans les urines, ni dans les autres excrétions. Ainsi, dans ces circonstances, le sang, qui est chargé de glucose en arrivant dans la veine cave inférieure par les veines hépatiques, n'en contient plus en quantité appréciable quand il parvient dans le système artériel général, après avoir traversé les poumons (1). Lorsque la quantité de glucose intro- duit dans le torrent de la circulation par le travail glycogénique du foie, par la digestion ou par toute autre voie, est très considé- rable et dépasse certaines limites, cette substance n'y est détruite que partiellement, et il en arrive dans les vaisseaux sanguins des reins, d'où elle passe dans les urines; mais dans l'état normal cela n'a pas lieu, et dans tous les cas il y a destruction d'une quantité plus ou moins considérable du sucre hépatique dans l'intérieur de l'organisme (2). Au premier abord, on pouvait (1 ) Dans les circonstances ordinaires, le glucose, comme j'ai déjà eu l'occa- sion de le dire, ne se monlrc pas dans les urines (a), et puisqu'il s'en forme continuellement dans le foie et que cet organe le verse dans le sang, il faut nécessairement qu'il soil détruit plus ou moins rapidement. Or, les analyses comparatives du sang des veines hé- patiques et des artères qui naissent de l'aorte nous apprennent que c'est principalement dans le poumon (jue cette transformation s'opère, car nous savons d'autre part qu'il n'y a pas dé- pôt de sucre dans cet organe. Ainsi, dans les expériences de î\l. Lelimann faites sur des Chiens et des Lapins, le sang artériel ne donnait des indices de la présence du sucre que dans les cas où le sang veineux qui sortait du foie contenait plus de 3 millièmes de cette suhstance (b). (2) MM. Limperl et Falk ont fait des expériences sur la facilité relative (a) Voyez ci-dessus, page 483. (b) Lehniann, Analyses comparées du sang de la veine porte et du sang des veines hépa- ticiues, etc. [Ann. des sciences nat., i' série, 1855, i. lil, p. 55, et Comptes re7idns de l'Acad. des sciences, t. XL, p. 585). «^78 NUTRITIOX. proirp que ce pliénoiiiène é(ait une eonsé({iionce de la combus- tion rcsjiirntoire, et qyw le gincoso, en traversant le poumon, était brûlé par l'oxygène dont le sang s'était chargé ; et un fait qui paraissait de nature à corroborer celle opinion, c'est que dans les cas où la respiration est gênée par Tinhalalion de l'élher ou du chloroforme, le sucre se retrouve en [)roportion beaucoup plus considérable dans le sang artériel (1). Mais un examen plus approfondi de la question a conduit les physiologistes à penser que les choses ne se passent pas d'une manière si simple dans l'organisme, et que le glucose, au lieu d'être avec laquelle les diflérentcs espaces de sucres introduiles dans les veines passent dans les urines, et ils ont trouvé que dans l'espace de quelques lieures la plus i,n-ande partie du sucre de canne est excrétée de la sorte ; que pour le sucre de lait celte proportion est moindre, et que pour le sucre de raisin elle est la plus faible par conséquent (a). (1) Al. Ileynoso a trouvé que dans les cas d'aneslhésic déterminée par la vapeur d'éther, le sucre hépatique se montre dans les urines, et il a observé le même phénomène chez les Animaux auxquels il faisait respirer du cliloro- lorme, de la liqueur des Hollandais, de la benzine ou de l'acétone, ainsi que I liez ceux qu'il asphyxialentcment avec de l'acide carbonique, de l'acide sulf- bydriquc ou des vapeurs d'acide c\ an- li\dri(jue (h). Le sucre se montre aussi tant dans les urines que dans le tissu des divers oi'ganes chez les Animaux qui sont soumis à l'action toxique de l'azotate d'uranium, et il est à noter que ce poison détermine la mort en produisant l'hépatisalion des pou- mons ('•). Ces faits, venant corroborer l'opinion fondée sur la disparition normale du glucose pondant le pas- sage dans le poumon , conduisirent M. Ileynoso à considérer ce dernier phénomène comme étant dû à la combustion respiratoire, et à expliquer l'état diabétique par une diminution dans les effets utiles de la respiration, produite, soit par l'enlrée insuÛisanle de l'oxygène atmosphérique dans le sang, soit par l'absence dans ce liquide de la quantité de soude nécessaire |)oiu- favoriser l'oxydation des matières combustibles, suivant l'hypothèse de M. Alialile {(1). (rt) L. I-iiiip(Tt 1111(1 C. P. I'\ilk, l'iitcrsueli. iiber die .\ussclieiCi, t. 1\, p. r.O). (b) lioyiiosti, Mémoire sur la présence du sucre dans les urines cl sur la liaison de ce phéno- mène avec la respiralion {Ann. des sciences nat., A° série, 1855, 1. 111, p. \'M et suiv.). (r| Cil. Lccoiilc, De l'emploi de l'azotate d'uranium dans la recherche et le. dosaçie de l'ncide phosphorique, etc., et de l'action tn.xiquc el pbii.voloiiique de ce ..'S r.JUMlQLlKS. — GLYCOGKNIE. . 579 hrùlé el rédiiii en eau et en acide earboniiiiie, subit seulement une sorte de déshydratation et se transtornie de la sorte en acide lactique. EtTeelivement, la destruction du glucose en dis- solution dans le sang s'effectue hors de l'ccononiie animale, tout aussi bien quand ce liquide est chargé d'azote ou d'hydro- gène que lorsqu'il est saturé d'oxygène (1 ). Ce ne serait donc pas une combustion qui détermine la disparition de ce sucre, mais, suivant toute probabilité, un phénomène de dédoublement molé- culaire dont résulterait une production d'acide lactique, sub- stance qui se forme effectivement dans l'économie animale ('2) et qui se trouve toujours dans le liquide dont le tissu musculaire est imprégné, mais qui, à son tour, disparait promptement de (1)M. Cl. Bernard a fail ù ce sujel (les recherches intéressantes. Aussi, dans uu cas, du sang tiré des veines du foie, et contenant du sucre hé- patique en quantité normale, fut di- visé en deux parts, dans Tune des- quelles ou fit passer un courant d'oxygène, tandis que dans l'autre on fit passer de l'acide carbonique. \u bout de six heures, le sucre ne fut détruit ni dans l'une ni dans l'autre, mais an ])out de vingt-quatre heures on n'en trouva plus aucune trace, ni dans le sang noir, ni dans le sang rutilant ainsi mis en expérience. Dans d'autres expériences, on trouva que le glucose du sang disparaissait plus rapidement en présence d(^ l'hydro- gène et de l'azote qu'en présence de l'oxygène, el que l'hydrogène arsénié n'empêchait pas cette transformation d'avoir lieu (a). il est à noicr que la destruction du sucre dans le sang paraît être liée à l'action exercée sur celte substance par les matières albuminoïdes qui se trou- vent dans le fluide nourricier. En effet, M. Cl. Bernard a trouvé que si l'on fait bouillir le sang sur lequel on opère, de manière à y coaguler l'albumine, leglu- cose contenu dans le liquide filtré ne se détruit pas, comme cela a lieu dans une autre portion du même sang, qui, pour servir de terme de comparai- son, aura été laissée dans son état natun'l, et contiendra par conséquent de l'albumine solnble {!)). ('2) Quelques expériencesdeM, Schot- tin tendent à faire admettre que la substance du foie est susceptible de déterminer la transformation du sucre de canne en glucose, et celle de cette dernière matière en acide lactique (c). (a) Cl, Bernard, Leçons de physiologie exiirrimentale faites en 1855, I. I, p. 233. (6) Idem, ibid., t. I, p. 237. (f) Scliotiiii , tichev einige kiinsfUrhe Umn'andluiiçisprndurte durrh die Lcher (Avchiv fur ],hijsiol. iWMunde, 1858, p. 33n). 580 NUTRITION. l'organisme sous l'influence oxydante du sang, et donne nais- sance à de l'acide carbonique (1). Autres actions § ^'^^ — ^^ ï ^ ^'^^ ^^ crolrc quc Ics phénomèncs chimiques '"'Sr' ^^o^t l'étude vient de nous occuper ne sont pas les seuls qui lorganisme. ^^ produiscut daus l'économie animale, et que des actions plus ou moins analogues à celle exercée par la pile électrique peu- vent intervenir pour effectuer la décomposition de certaines substances. Ainsi, il paraît y avoir de la connexité entre la quantité de suc gastrique acide qui arrive dans l'estomac et la proportion d'alcali contenu dans l'urine (2j; or, l'acidité du premier de ces liquides étant due principalement à de l'acide chlorbydrique, sa formation semble devoir nécessiter la décom- position d'une portion du chlorure de sodium dont l'organisme est chargé, et l'augmentation de l'alcalinité de l'urine qui coïn- cide avec l'activité fonctionnelle des glandes gastriques pour- rait bien dépendre du même phénomène. Il y aurait donc là une action analogue à celle qui se produit dans la décomposi- tion des sels par la pile électrique, lorsque l'acide se rend à l'un des pôles et la base au pôle opposé. Mais dans l'état actuel de nos connaissances, nous ne pouvons former que des conjec- (1) Berzelius considérait l'acide lac- li([iir coninio étant nn des matériaux de l'urine normale, mais M. Liebig a démontré qu'il n'en est pas ainsi, et que les lactates introduits dans l'orga- nisme s'y comportent comme les tar- tratcs, les malates et les citrates, c'est- à-dire s'y oxydent et se transforment en carbonates, état sous lequel leiu's éléments conslilutil's sont excrétés par les voies urinaires ((/). (2) M. Bence Jones a constaté que le degré d'acide de l'urine humaine est très variaijlc, et diminue dans les circonstances où la sécrétion acide de l'estomac augmente. Ainsi il a trouvé que ce travail digestif est accompagné d'une diminution dans l'acidité de Tu- rine, et que cette dimiimtiou, qui sup- pose une excrétion i)lus abondante de matières alcalines, est surtout i)iovo- (juée par les aliments albuminoïdes dont la digestion nécessite une sécré- tion abondante de suc gastrique (b). (a) Liebi<^, Sur les principes des liquides de la cliair musculaire {Ann. de chimie et de pluj' signe, 3* séiie, 18 48, t. XXIll, p. 179). (Il) Beiice Juiies, Coiilribulions to the Chemistry of Urine {t'Itilos. Trans., 1849, p. 235). ACTIONS CHIMIQUES. C.LYCOGÉNIE. 581 tares irh vagues à ce sujet, et par coiisof[iicnt jo ne m'y arrêterai pas davanlage. § 12. — En résumé, nous voyons donc que l'économie ani- male est le siège d'un grand nombrt> de pliénomènes chimiques qui sont du môme ordre que ceux dont le règne minéral nous offre des exemples et dont nous sommes journellement témoins dans nos expériences de laboratoire ; (jue la plupart des trans- formations imprimées ainsi à la matière organique ont pour effet de ramener celle-ci à des états plus simples et qui se rap- prochent davantage des composés inorganiques , cpie plusieurs de ces changements sont dus à la séparation ou à l'adjonction des éléments d'une certaine quantité d'eau ; mais que la plupart et les plus importants sont des conséquences directes ou indi- rectes de la fixation de l'oxygène puisé dans l'atmosphère et introduit dans l'organisme par les voies respiratoires (1). C'est donc avec raison qu'à l'exemple de Lavoisier, les chimistes disent que le corps de tout Animal vivant est un appareil de combustion; car-, dans le langage scientifique, le mot com- bustion n'est pas appliqué seulement aux combinaisons qui sont Piûâumô. (1) 11 est bien entendu que je ne parle pas ici des changements que les matières étrangères introduites dans le tube digestif peuvent y subir avant d'être absorbées , et qu'il n'est ques- tion que des modifications détermi- nées dans leur constitution cliimiquc après qu'elles ont été portées dans le torrent de la circulation, soit par cette voie, soit par toute autre. Cette dis- tinction est inqîortante à établir quand on veut s'éclairer sur la nature des phénomènes chimiques qui s'opèrent dans la profondeur de l'organisme par l'élude comparative des matières ingé- rées et excrétées. Ainsi , M. Wôhler a trouvé que le prussiate rouge de potasse , ou ferricyanide de potassium (== K^Cy^ Fe- ) , administré par les voies di- gestives, est translbrnu'^ en prussiale jaune , ou ferrocyanure de potassiuîii (= K^Cy^Fe) , et excrété à cet état par les reins ; mais ceUe modifica- tion, due à la soustraction d'une cer- taine quantité de potassium , paraît s'elfectuer dans le tube intestinal avant que la matière ait été ab- sorbée , et par conséquent nous n'avons pas à nous en occuper ici ((/). (a) Wohler, Op. cit. {Zeilschv. fur Physiol. von Treviranus, 1824, t. I, p. 135). Formalion (rt'.'iii. Exci'clion lie l'i'aii. Excrétion du carljone. 582 NUTRITION. accompagnées d'un dégagement de lumière et de chaleur, il est synonyme d'oxydation. § 13. — Les derniers produits de la série des transformations que les matières combustibles subissent ainsi dans l'économie animale consistent principalement en acide carbonique , en urée ou en d'autres matières azotées analogues, et en eau. La formation d'eau dans l'intérieur de l'organisme ne peut pas être constatée directement , mais on reconnaît qu'elle doit avoir lieu quand on com[)are la (juantité d'oxygène qui pénètre dans le corps vivant par les voies respiratoires ou sous la forme de matière alimentaire, et celle qui s'en échappe à l'état de combinaison , soit avec le carbone dans l'acide carbonique exhalé , soit avec l'azote et les autres éléments qui entrent dans la composition de l'urée et des autres pro- duits cxcrémentitiels du même ordre. En effet, lorsque nous nous sommes occupés de l'étude de la respiration , nous avons vu que la totalité de l'oxygène absorbé de la sorte n'est pas représentée par l'acide carbonique exhalé, et que l'excédant ne se retrouve pas tout entier dans les matières organiques excrétées. L'eau qui prend ainsi naissance dans l'économie animale se coidond avec celle (pu' y arrive du dehors sous la forme de boisson on de toute autre manière, et ce corps, quelle qu'en soit la source, est ensuite excrété, soit à l'état de vapeur par la surface pulmonaire et par la peau chez les Animaux qui vivent à l'air, soit à l'état liquide par les voies nrinaires et les autres émonctoircs analogues. L'acide carbonique résultant de la combustion vitale s'é- chappe pres(|ue entièrement [)ar l'appareil respiratoire (1). (1) Ainsi que jo l'ai déjà dil ((i\ wno polilo (|uanlil(' d'acide raiijo (a) Vnyp7 ri-(l('ssiis, pnçjn ■425. STATIQUF. CHIMIQUE DE l'oUGAN'ISMR. 58?) Enfin, In j)l(is grande partie de l'azole dont l'organisme se débarrasse en sort par les reins, à l'i'lat d'nrée ou d'autres sul)s{anees urineuses. Cela est mis en évidence par les expériences dans les(iuelles on compare la recette et la dépense physiologique étiez w\ Animal dont le poids du corps reste staliounaire, ainsi que cela a lieu chez les individus adultes dont la nourriture est suffisante sans être abondante. Quelques recherches de ce genre furent entreprises vers la fin du siècle dernier par l'illustre Dalton, à qui la chimie est redevable de la théorie atomique (1); mais c'est Sécrétion il'azole, Statique cliiiniqiie l'organisme. iiiquo osl ontraînéo au dehors par les urines {a). M. Plalner a U'Oiivé que 1 000 parties (en volume) de ce liquide fournissaient /|5 parties d'acide carbo- nique libre quand on esl à jeun , el 100 parties après les repas; la qnan- lilé d'acide carbonique qui s"y trouve à l'état de carbonate était dans les mêmes circonstances d'environ 20 et 50 (/*), résultats qui s'accordent très l)ien avec ceux obtenus précédem- ment par Proust et par M. Alarchand. (1) Dans un mémoire publié en 1830, Dalton rend compte d'une série d'ex- périences qu'il avait faitessur lui-même quarante ans auparavant, et d'après les- (|uelles il crut pouvoir estimer Vinupsta quotidien à environ 11 onces 1/2 (ou ;!'26 grammes de carbone) et à 1 once 1/2 (ou Zi2 grammes d'azote). D'autre part, il évalue à 10 onces 1/2 (ou 297*''%5) la quantité de carbone con- tenue dans l'acide carbonique exhalé par les poumons et par la peau ; ce qui suppose l'excrétion quotidienne d'en- viron 28 grammes de carbone sous la forme d'urine et de matières fécales. La totalité de l'azote absorbé s'échap- pait dans ces mêmes excrétions liqujdes ou solides, et les fèces ne correspon- daient qu'à environ 1/1 8<^ du poids des aliments ingérés dans le corps. Enfin, il calcula que la quantité d'eau qu'il prenait journellement sous ditïérentes formes était d'environ 5 livres ou 2268 grammes , dont une portion correspondant ù 20 onces 1/2 , ou 5G0 granmies, aurait été exhalée par les poumons, el dont une certaine quantité se serait échappée par la surface de la peau, mais la plus grande partie passait dans les urines (c). U est du reste A noter que cet essai de statique rhiinique du corps humain ne repose que sur des ap- (a) Proust, Expériences sur Viirine {Annales de chimie, an vin, t. XXXV, p. 260). — Vo-el, Ueber die Existen-. der Kohknsaure im Urin ^md im Blute (Scliweigger's Journal fur Chenue, 1814, I. XI, p. 394). — Maiclianil, Ueber den Kohlensauregehalt des Ilarns und der Milch (Journal fur prnkt. Chemie, t. XLIV, p. 250). (6) Plalner, Ueber die Ga%e des Harns nnd der Transsudate (Zeitschr. der Gesellschaft der Aerzte zu Wien, 1849, p. 4G5). (c) J. Dalton, A Séries of Experiments on the Quanti tij of animal food taken by a person m health, compared with the Quantité of the différent sécrétions during the same period{Memoirs of Ihe I.ilerary nnd Philosnphii'fil Sorietu nf Monrhester, \HM, sernml «nrirs, I. V, p. :in:î). 58/1 NUTRITION. seulement depuis un petit nombre d'nnnées que les questions relatives à la statique cliimique de l'économie animale ont été étudiées avec quelque précision, et parmi les travaux qui ont été entrepris sur ce sujet important, je citerai en première ligne ceux de M. Boussingault. Une des séries d'expériences faites j)ar ce chimiste agronome porte sur la nutrition d'un Cheval qui, pendant trois mois, a reçu journellement la même ration alimentaire , et n'a éprouvé ni perle ni accroissement de poids; la composition élémentaire de ces aliments fut déter- minée avec soin , et pendant trois jours consécutifs- on pesa et l'on analysa, d'imepart ses urines, d'autre part ses excré- ments; enfin, le déficit résultant de la comparaison des ma- tières ainsi expulsées de l'organisme avec Vingesta fut attribué à l'exhalation respiratoire et à la transpiration cutanée. Le tableau suivant résume les résultats ainsi obtenus pour vingt- quatre heures. Insesta CAKBONE. HYDROGÈNE OXYOiiNE. AZOTE. SELS ET TEllRE. 3938,0 108,7 136/1,2 2/(65,1 /|/l6,5 11,5 179,8 255,2 3209,2 3/1,1 1328,9 18/(6,2 139,/j 37,8 77,6 24,0 672,2 109,9 57/(,6 12,5 ï-*-IfS:::;: Déficit aUiibunblc à la respiration, etc. . . . Dans une autre série d'expériences analogues laites sur une proxiniations très hypothétiques, et no mériterait pas de fixer ici notre atten- tion, s'il n'avait lait faire un premier pas à la question dont l'étiulc nous occupe en ce moment. Dans mie série d'expériences sur la comparaison de Vingesta et d(; V ex- créta, publiées en 1 8/(3 par M. Valenliu et faites sur un Homme adiUledonl le corps pesait 53 kilogrammes, on obtint les résuUals suivants. Pour 1 kilogr. du poids de l'organisme, Vingesta était, lernie moyen, en vingt-{|uatre heures, de 5/t à 55 grannnes, et Vexcreta : Parles voies digestives, /i grammes: Parles voies urinaires, 27 grammes: Par les surfaces pulmonaires et cuta- nées, 2/4 grammes {a). {a) Valentin, l^inigc lieohachlwmen ilber die PeyspivationsgrOsse des Menschen {nepertorium fur Anatomic uiid Physiologie, 18i3, t. Vlll, p. 388). STATIQUE CHIMIQUE Di: l'orcanismi:. 585 Vache laitière, la quaiitilé d'azote (lui était ingérée dans l'orga- nisme sous la l'orme d'aliments dépassait aussi très notable- ment celle du même élément contenu, soit dans le lait et les urines, soit dans les excréments, et ce déficit devait faire penser (pi'il s'en échai)pait une certaine quantité par les poumons ou par la peau (l). Des recherches semblables faites sur l'Honmie par M. Higg et par M. Barrai tendent aussi à établir qu'une proportion encore plus grande de l'azote introduit dans l'économie par les aUments ne se retrouve ni dans les fèces, ni dans les urines, et semblent indiquer qu'une quanhté notable de cet élément doit être (1) Ces expériences de M. Boussin- gault sur la luUiilion du Cheval et de la Vache ont clé entreprises pour cher- cher si ces Animaux s'assimilent l'azote de ralmosphère pendant l'acte de la respiration, ou si la totalité de l'azote contenu dans leurs organesprovicnt des aliments (a). Voici les résultats de l'expérience sur la Vache : Alimciils consoiuinés en viiigt-qualre liciircs . . Pioilmts / ExcréniciKs. . lifuies. 1 Lait DitlV'rcnce atlribuée à l'cx- lialalion, etc OAnCOXE. HYDROGÈNE. OXYGÈNE. AZOTE. SKI.S ET TEiSHE. 4813,4 1712,0 201,4 028,2 2211,8 505,5 208,0 25,0 90,0 203,5 4034,0 1508,0 253,7 321,0 1951,0 201,5 02,0 30,5 40,0 27,0 889,0 480,0 384,2 50,4 31,0 11 me paraît probable que le déficit dans l'azote qui se fait remarquer dans ces recherches était dû en partie à la décomposition d'une certaine ({uantité d'urée entre le moment de Févacuation de l'urine et celui du do- sage des éléments constitutifs de ce liquide, car on sait que cette décoin- position est très facile, et les expé- riences faites sur les produits de la respiration , dont j'ai rendu compte précédemment, ne permettent pas de croire que l'exhalation de l'azote ou de matières ammoniacales par les pou- mons ait pu eu emporter une quantité si considérable. [a) BoLissing-auU, Auahjses comparées des alimeals consommés el des prodnils rendus par un Cheval soumis à la ralinti d'entrclieii (Aiin. de chimie et de plnjsique, 1839, t. LWI, p. 128). — Idem, Analyses comparées des aliments consommés et des produits rendus par une Vache laitière (Ann. de chimie et de physique , 1839, t. L.XXI, p. H3j. 586 NLTHlTIOiN. excrétée par d'autres voies, c'est-à-dire par les poiuiions ou par la peau (1). Dans une autre partie de ce Cours, nous avons vu que, dans l'état normal de l'organisme, il n'y a pas de produits ammo- niacaux dans l'air expiré, mais que très souvent la quantité d'azote libre contenue dans ce lluide est supérieure à celle qui avait été introduite dans les poumons par l'inspiration. Cette (1) Les expériences de j\l. Uigg fu- rent failcssurun Homme et prolongées pendant donze jours consécutifs. Sur 100 parties d'azote absorbées, ce phy- siologiste n'en trouva que 50 dans les urines (a). Les reclierclies de M. Barrai furent faites sur cinq personnes. Les aliments furent analysés et pesés. Il en fut de même pour les excréments et Turine rendue; quant aux produits delà trans- piration respiratoire et cutanée, on les évalua par différence. Voici, en ce qui concerne l'azote, les résultats obtenus en vingt-quatre heures par ce chimiste (b). N" D'ORDRE tics AZOTE (EN POIDS) '^ — ™"' ^^-*. des lit: (les 'lu r.\L de la EXPÉRIENCES. ALIMENTS. L'UIUNE. MAT. FECALES. E.XCRÉMENTS. pEn.si'iRAriuN. ('.IMIII. (.ir iini. Gi-jiii. Gl:iiii. (ir..l>i. i. 28,0 d0,9 2,8 13,7 14,3 2. 21,2 9,8 1,3 11,1 10,1 3. 7,0 3,1 1,8 4,9 3,0 i. 27,3 15,2 2,5 17,7 9,0 5. 25 t 10,0 0,8 10,8 M, G Je dois ajouter que, dans trois de ces expériences, de même que dans Celles de M. Doussingaull, il y avait aussi, dans les produits excrétés comparés à rùiyps/a,undéticit dans le sel marin; ce qui tend à infirmer les conclusions relatives à l'explication du déficit d'a- zote par l'exhalation respiratoire. Dans des expériences analogues faites par M. Lehmann sousTinHucncc d'un régime animal, la quantité d'azote absori)é .sous la forme d'alimeuls (ilail journellement de o0*''',3, et le poid.s du même élément contenu dans les urines était de 2li'^^',k (c). Le déficit était donc d'environ G grammes par jour. (rt)Rigg, Médical Times, 1842, p. 278 (voy. Lclniiniiii, Lehrbuch àcr physiol. Chcmic, I. III, p. 304). (()) IJaiial, Slaliiiuc chimique des Animaux, 1850, p. 270. ic) Lohiiumii, intersuchumjen iiber den mcnschlichen llarn (Jmtrual ftlr iwahl. Ghcmie, 1842, l. XXVII, p. 257). — Lchfbuchder iihyslulogischen Chcmie, I. 111, [<. 365. STATIQUi: CHlMIUll': Dli L'oilliANlSMli. 587 oxlialatioii d'iizole peut dé[)Ciulre parfois d'un simple dé[>la("C- inent d'une portion de l'azote provenant de l 'atmosphère et dissous dans le sang; mais, dans d'autres cas, elle est trop considérable et trop persistante pour être due à cette cause, et il paraît bien démontré qu'il y a réellement production d'azote libre dans l'intérieur de l'organisme. Lorsque nous nous occupions de l'étude de la respiration, nous ne pouvions chercher l'explicalion de ce phénomène; mais aujourd'hui la solution de cette question se présente natu- rellement à notre esprit. ElTectivement nous savons mainte- nant que les matières albuminoïdes, c'est-à-dire des matières contenant beaucoup d'azote, ainsi que du carbone et de l'hy- drogène unis à un peu d'oxygène, s'oxydent dans l'organisme, mais qu'en fixant ainsi de l'oxygène, elles ne sont brûlantes que d'une manière incomplète, et que l'urée résultant de celle com- bustion contient plus d'hydrogène et de carbone que n'en pour- rait prendre l'oxygène avec lequel ces éléments se trouvent associés. Or, dans les expériences de laboratoire, on parvient facilement à oxyder davantage ces substances organiques et à transformer en eau et en acide carbonique la totalité de leur hydrogène et de leur carbone ; mais, dans ces circonstances, l'azote n'est pas brûlé et reste à l'état de gaz. C'est môme sur ce mode de combustion qu'est basée la méthode employée par les chimistes pour analyser les matières animales et pour doser l'azote qu'elles renferment. On conçoit donc la possibilité d'un dégagement d'azote dans les phénomènes de combustion dont l'organisme est le siège, et lorsque la quantité de ce gaz qui est exhalé par l'appareil respiratoire dépasse celle de l'azote atmosphérique qui a été dissous par le sang, il y a lieu de croire qu'il s'en produit de la sorte par l'effet de roxygénation com- plète d'une certaine quantité de matière organique azotée. Du reste^ la quantité d'azote libre, dont l'exlialation a été constatée directement dans fpielques expériences, n'a jamais été considé- 588 NUTKITIOX. rablc('l), et dans les cas où l'exeédanl du poids de l'azote ingéré dans l'économie, sur celui du même élément représenté par les leces et les urines, dans les expériences de ]\1. Boussingaultet de M. Barrai, ne dépendrait pas de quelque erreur d'expérimentation , il serait impossible de se l'expliquer par l'exhalation pulmonaire, et il faudrait l'attribuer en majeure partie à la sueur, à la des- (luamalion épidermique, ou à quelque autre perte du même ordre -, car on remarque dans les résultats numériques fournis par ces expériences un déficit analogue en ce qui concerne des matières fixes telles que des sels minéraux , et celles-ci ne pouvaient être dissipées par la transpiration dite msen- sible{2). Du reste, dans des recherches plus récentes et plus a[)profondies, faites à Dorpat })ar i\IM. Schmidt et Bidder sur des iMammifères carnivores, la (juantité d'azote expulsé de l'organisme autrement que par les urines ou par les évacuations alvines a été trouvée insignifiante. On en pourra juger par les résultats suivants obtenus dans une série d'expériences sur un Chat adulte (3). Sur 100 parties de matières excrétées, la pro- portion altribuableà chacun des émonctoires était la suivante : DANS LES PRODUITS Eau .... DANS LliS ËXCHÉMENTS. DANS L'URINE. de la respiration , elc. 1,2 82,9 15,9 Cai'boiu' . . 1,'2 9,5 89,Zi [Jvdiotçène. 1,1 23,2 75,6 Azote . . . 0,'2 99,1 0,7 Oxysc'ii»'. • 0,2 à,i 95,7 SoulVe. . . 50,0 50,0 » Sels .... 92,9 7,1 )) Ainsi près de 1^ du carbone excrété par l'Animal se sont (1) Voyez lonie H, page 599. (3) Dans ceUc expérience (a), ([ui (2) Voyez ci-dessus, pages bUli tl dura neul' jouis, l'Animal fui nourri 58(j. abondammenl, de façon que le poids (n) Diddcr ol Scliiuidl, Vcvdauun(jssdflc itnd Slu/lwcchsel,\f. 33i. STATIQUK CiilMlQUl!: Uh l/OUG.VNlSMK. 589 li'oiivés dans l'aciilo carboniciiio rouriii par la respiration, cl la (juantité d'azote exhalé par les pouinons ne constituait que jôVo ^^ ^''^ déperdition totale de cet élément dont ies-^ se trouvaient contenus dans les urines. Jeterai reniaripier aussi qu'en raison de ce mode d'évacuation de l'azote, les [)liysiologistes peuvent, en dosant l'urée et les autres produits urinairesdu même ordre, étudier les variations que subit la transformation des matières azotées dans l'intérieur de l'organisme, sujet sur lequel nous aurons bientôt à revenir. § l/i. — Dans une autre partie de ce cours, nous avons vu également que, dans certains cas, il y a absorption d'azote par les voies respiratoires ; et, bien que les faits dont j'ai rendu compte précédemment nous eussent conduits à considérer ce phénomène comme une conséquence de la solubilité de ce gaz dans le sang, on devait chercher si l'élément introduit de la sorte dans l'organisme pouvait être utilisé par les Animaux pour la formation des matières organi(pies nécessaires à leur nutrition, ou, en d'autres termes, si l'azotede l'atmosphère était susceptible de jouer le rôle d'aliment ; mais toutes les recher- ches les mieux faites sur ce sujet, notamment celles de M. Bous- singault, n'ont donné que des résultats négatifs, et, dans l'état actuel de nos connaissances, nous devons croire que les forces chimiques «pii agissent dans l'économie animale ne sont pas r'apables de déterminer l'union de l'azote avec les éléments de son corps s'élevât clc 3228 à de ses aliiiieiUs et de ses excrétions, 3255 grammes, et en tenant compte on obtint les résultats suivants : Iniçfesta u , \ Urine, b.xcrela. < „, ( Fèces. Respiration, etc. . EAU. C,\RBONE. HYDROGÈNE. AZOTE. OXYGÈNE SELS. souKiit;. 1747,34 144'J,02 20,87 227,95 180,37 17,19 2,17 157,32 24,73 5,72 0.30 18,71 40,39 40,10 0,04 63,46 24,77 0,91 37,78 12,81 11,88 1,03 » 2,50 1,23 1,27 » VII. 38 590 NITRITIOX. aiixiiiiols ce cor[)S est combine dans les matières organi(|iies animales, e(, par conséqiienl, que c'est sous la l'orme de com- posés azotés ([ue les êtres animés reçoivent la totalité de cette matière dont ils ont besoin pour leur subsistance. Mais ici une autre (piestion se présente nécessairement à l'esprit du [ibysiologiste. L'azote qui pénètre dans l'économie animale à l'état de combinaison peut- il être utilisé dans le travail nutritif et employé à la formation des principes immé- diats constitutifs du corps, lorsqu'il est uni seulement à de l'hy- drogène, comme dans l'ammoniaque, à de l'oxygène, comme dans l'acide azotique, ou à du carbone, comme dans le cyano- gène? ou bien, les Animaux sont-ils impuissants à transformer ces substances inorganiques en matières plus complexes, telles que l'albumine, la fibrine et les autres principes immédiats azotés par lesijuels la substance de leur corps est formée ? Les plantes jouissent de cette faculté, ainsi que du pouvoir d'utiliser de la même manière les éléments de l'eau et de l'acide carbo- nique; quelques Infusoires paraissent être doués de la même propriété (1) ; mais il n'en est pas de même pour les Ani- maux ordinaires. La quantit(; d'azote qu'ils retiennent dans leur organisme, ou qu'ils excrètent au dehors sous la forme d'urée ou de toute autre matière org'ani(|ue , n'est jamais supérieure à celle du même élément ({u'ils ont trouvé à l'état de combinaison organique dans les alinienls dont ils ont fait usage. Ces matières organiques sont, [lar conséipient, la source unique de la totalité de l'azote , du carbone et d'une partie de l'hydrogène (pii entrent dans la composition du corps de l'animal et des produits que celui-ci excrète. Ce fait ca[)ital a été souvent mentionné dans le cours de ces (I) W rosiillc dos roclicrclics non- à la iiiaiiif'rc dos Aôgdtaiix, ot sont vcllos (le V!. Pasieiir, que ccriiiiiis aplos à se nourrir de nialièros azolées Aniniulculc» microscopiques viveul inorganiques. STATIQUE C.HIMIQl^F, DE l'oRGAMSSIE. 591 Leçons, sans que jusqu'iei j'aie pn en fournir des preuves ; mais ces preuves ressorlent nettement de la (Mimparaisou de ee (|ui entre et de ce ipii sort de l'économie animale, sujet dont l'i'lude est loin d'être épuisée el sur kMpiel j'aurai à revenir dans nue procliaine Leçon. FIN ni; TOME sEnn-.Mis. JiRRATU.v. — Piifj;o 100, note, BiimiD'iii lisez liiirAarin. TABLE SOMMAIRE DES MATIÈRES DU TOME SEPTIÈME. CINQUANTE-HUITIKME LEÇON. Des [phénomènes chimiques de la digestion 1 Des aliments 1 Composition chiniiquo des ali- ments fournis par le règne animal 3 Composition chimique des ali- ments fournis par le règne végétal 5 Modifications déterminées dans les aliments par la cuisson. . . 10 De l'action du suc gastrique sur les aliments 11 Manière de recueillir ce liquide. 1 1 Circonstances qui influent sur la sécrétion du suc gastrique. ... 13 Influence des aliments sur ce phé- nomène 16 Influence des agents cliimiques. . 18 Influence des sensations gusta- tives, etc 20 Influence du système nerveux. . 21 ICvaluation de la quantité du suc gastri(]ne produite 22 Composition chimique du suc gas- trique 24 Acides contenus dans ce liquide. 2S Découverte de la pepsine 32 Propriétés chimiques de cette sub- stance 36 Propriétés digeslives de la pej)- sine 38 Action du suc gastrique sur la fibrine, etc 43 (^hymification 44 Influence de la température sur ce phénomène 44 Nécessité de l'acide du suc gas- trique. '. . 4ri Din'érenccs dans la i)uissance di- gestive du suc gastrique 48 Production de peptones 49 Action du suc gastrique sur le sucre, etc 53 De la digestion des matières amy- lacées f^i Propriétés de la diastase 55 Action de la salive sur V em- pois, etc 56 Principe actif de la salive r>8 Source de la diastase salivaire. . . 59 Rôle de la salive dans'la digestion des aliments amylacés • ci Propriétés digeslives du suc pan- créatique 67 Action saccharifiante de ce liquide 67 Son action sur les principes albu- minoïdes 6!) Son action sur les graisses 71 Pouvoir émulsif du suc pancréa- tique 72 Rôle du pancréas dans la diges- tion 73 Expériences sur la destruction de cet organe 74 Ligature du canal dejWirsung et fistule pancréatique "7 Conclusions 79 liôle de la bile dans la digestion. 82 Expériences sur la ligature] du canal cholédoque, etc 84 Action émulsive de la bile 88 Influence de la bile sur^Pabsorp- tioii intestinale 89 Action stimulante de ce liquide. 91 Propriétés digeslives des sucs in- testinaux . 92 Phénomènes accessoires du ira- TABLE SOMMAIRE DES MATIEUES. 593 vail digestif 98 Fermentation lactique, etc 98 Production de gaz dans l'intestin 100 CINQUANTE-NEUVIÈME LEÇON. Delà digestion des aliments com- posés. 108 Digestion stomacale 109 Formation du chyme 113 Durée du séjour des aliments dans l'estomac 1 l.'i Influence de la cohésion des ali- ments sur leur digestibilité. . 11G Indigestibilité des tissus épithé- liques, etc 119 nùlc de l'épithélium gastrique. . 120 Influence de la cuisson sur la di- gestibilité des aliments 123 L'importance de la digestion sto- macale varie suivant le régime. 124 Passage des aliments dans l'in- testin grêle 129 Digestion intestinale 133 Séjour des fèces dans le gros in- testin 137 Défécation 1 39 Coiislilulion des matières fécales 1 i3 Comparaison des matières qui sont versées dans le tube intes- tinal par les glandes et de celles qui sont expulsées par l'anus. 1 57 Résorption des matières biliai- res, etc 158 Evacuations alvines des animaux à cloaque IGO SOIXANTIÈME LEÇON. De l'absorption des produits du travail digestif 161 Absorption stomacale 163 Absorption intestinale 166 Rôle des vaisseaux chylifères. . . 167 Du chyle 169 Les vaisseaux chylifères n'absor- bent pas toutes les matières qui sont absorbables 177 Rôle des villosités intestinales. . . 180 Rôle de l'absorption veineuse.. . 183 Résumé 187 De l'influence du mode d'organi- sation des animaux 189 Sur les résultats du travail digestif 1 89 Influence de l'activité de la cir- culation 191 Influence du mode de conforma- lion du tube digestif. 194 Phlébentérisme 195 SOIXANTE ET UMÈME LEÇON. Des sÉCRiiTiONS 195 Des glandes en général 1 90 Les organes sécrétoires élémen- taires sont des utricules 198 Mode de développement des glan- des 200 Classiûcalion analomique des glandes 20! Glandes imparfaites 203 Vésicules adipeuses 203 Constitution des matières grasses 206 Tissu adipeux 212 Utricules pigmentaires 21 i Capsules surrénales 215 Corps thyroïde 219 Tiiymus 223 Glandes vasculaires 231 Glandes lymphatiques 232 U;ite 233 Siructure de cet organe 238 Hypothèses relatives à ses fonc- tions 249 Glandes excrétoires closes 261 Glandes parfaites 262 Résumé de la classification mor- phologique des glandes 26 i Conditions de perfectionnement des organes sécrétoires 266 Structure intime des glandes parfaites 267 Utricules 267 Contenu de ces organites 272 Relations de ces organites avec le sang 274 Slronia et tuniques des glandes. 274 SOIXANTE-DEUXIÈME LEÇON. Du travail secrétaire 276 Hypothèses relatives à la nature de ce phénomène 276 Source des matières sécrétées. . . 280 Source de la puissance sécrétoire. 287 Influence de l'action nerveuse. . . 288 Insuffisance des hypothèses chi- miques et physiques 297 Rôle des utricules 298 Résumé 301 Classification des produits du tra- vail sécrétoire 303 594 TABLR SOMMAIRE DES MATIÈRES, SOIXANTE-TROISIEMK LEÇON. Des excrétions ."0:i De la sccrcHon urinaire 30G Appareil urinaire des animaux vertrbres 306 Mode tic développement de l'ap- pareil urinaire 300 Reins priiiiilifs ou corps de Wolff 30G Reins seconiiaires 311 Structure intime des reins 313 Diirérences dans la conformation de l'appareil urinaire 317 Appareil urinaire des Poissons. . 321 Appareil urinaire des Batraciens. 333 A[ip.ireil urinaire des Reptiles. . 3i2 Appareil urinaire des Oiseaux... 345 Vaisseaux sanguins des reins des verlébrés ovipares 318 Appareil urinaire des Niammifères 3t9 Position des reins S.'SO Forme de ces organes 3~'> 1 Structure intérieure d "S reins de l'homme, elc 3^13 Uretère 3t)G Vessie urinaire 3GS Canal de rurèllire 373 Appareil urinaire des Animaux invertébrés 375 Ap[)arcil urinaire des Mollusques. 376 Des organes sécrétoires de l'urine chez les Insectes 386 Sécrélion urinaire chez les Ara- chnides, etc 389 SOIXANTE-QUATRIÈME LEÇON. Des produils de la sécrétion uri- naire 393 Composition chimic]uc de l'urine. 394 Des principes urinaircs 39G Urée 397 Acide nrique 403 (.realwie . . t'réatinine. 4flG 407 Allantoïne 408 Guanine 409 Xanthine 410 Ilypoxanthine 41 ! Acide cystiqiie i I 2 Acide liii)pnri(iue 412 Acide oxali(iue 414 Acide lactiipu' 4 1 G Acides luityriciue, damolique, da- inalurique et taurylique 4 17 Matières colorantes de l'urine. . . Substances minérales contenues dans l'urine De l'urine de riiomme ('omposition chimique de (C li- (|uide Altérations de l'urine t^omposition do l'urine des auties Mammifères Urine des Oiseaux Urine des Reptiles et des Batra- ciens , . Urine des Poissons Composition chimique de l'urine des Animaux invertéhrés Résume lies principaux caractères chimiques de la sécrétion uri- naire chez les divers Animaux. 418 423 426 427 /L'a. 4iC, 448 4 49 431 SOLX.VNTE-CLNOnÈME LEÇON. Source des matières urinaires.. . I,'nr(''e est fouiiiie jiar le sang.. . l.cs acidi^s nrique, hippurique, etc., sont fournis par le même liquide Action des reins sur le sang. . . . Application des phéiiomèiics de dialyse à l'explication de l'ac- tion sécrétoire des reins Expériences de M. Graliam Carii clercs de la sécrétion wi- naire Onaiilitc des produils Inlluence des boissons sur la sé- crétion urinaire Influence de la température. . . . Variations dans la proportion d'eau contenue dans l'urine.. Iiifluenie ilu régime sur la com- |)osition chimique des urines. Circonstances qui innueiit sur la proportion d'urée Circonstances qui influent sur la proportion d'acide urique. . . . 433 Or; •lie 4:.9 4 GO 4G1 4G2 4 63 4G3 4G4 46 o 4G9 47.-. 47 G Circonstances qui iniluent sur l'excrétion de l'acide oxali- (jue, etc De la présence de matières CIran- gères dans les urines Sucre urinaire De 1 existence de la n'alière cdIo- ranti' de la bile dans l'urine. . De rrxistemc de la cystine dans l'nrine 47 G i I 1 /i83 1S.3 4 86 TAiîL^: soM.M.vim; De l'i'xisU'iicc (lo ralhiiiiiiiic dans ruriiic '(SS Urines graisseuses 41)0 liapidUc de la sécréiion urmaivc. 491 liinuriiecde la pression artérielle sur la (luaulitc durinc sécré- tée 492 Influence de cette pression sur la composition chimique de l'u- rine 497 Influence de la richesse du sang. 500 Influence de la rapidité de la cir- culation rénale 501 Influence du système nerveux.. . 502 Influence delà constitution indi- viduelle 50(i Inlluence des états pathologiques à(J8 l'ormalion des calculs urinaires. 509 De la quanlité des produils de la sécrétion urinaire en vingt- quatre heures 511 SUIXAA'TE-SIXIÉME LECU.N. \)l'. LA NUTRITION 523 Des échanges de matières qui s'eflectuent entre Torganisnie et le monde extérieur 523 De l'enii)loi des matières absor- bées 52 i Matières (jui traversent l'orga- nisme sans y subir aucun chan- gement 524 DES MATIÈIIES. 5U5 l'^xemples : chlorure de sodium, . 525 Kau 52G L'^lïets de la dessiccation des corps vivants 52G 1 hénomènes remarcpiahles oITerts par les Rolil'ères et quehiues autres Animalcules 527 Matières qui sont modifiées ou détruites dans l'intérieur de l'économie animale 531 Preuves de la combustion de di- verses matièresorganiques dans l'intérieur de l'organisme. ... 531 Siège de la combustion physiolo- gique 53 i Mode d'action de certains ferments 535 Hùle des globules du sang dans la combustion physiologique. . . . 538 Influence de l'alcalinité du sang sur ce phénomène 539 Conclusions relatives à l'existence d'une combustion respiratoire. 510 Produits de cette combustion. . . . 541 Foruiation de l'urée 541 Formation de quelques autres substances par Foxydation des matières organiques 544 Résultats de la combustion in- complète de certaines substan- ces . 5 48 Production de matières grasses. . 550 (ilycogénie 558 Piôle du foie daus la production du sucre 5(j1 .( x.«' ■^^11 i? t':«.- r , ^ *