FOR THE PEOPLE FOR EDVCATION FOR SCIENCE LIBRARY OF THE AMERICAN MUSEUM OF NATURAL HISTORY • 12e Année 1922 5^.Ra;ûb(Ur^:6\ LE GERFAUT Revue belge d'Ornithologie. * « Toute communication concernant la Revue doit être adressée à la Revue «L£ GERFAUT» : 21, Square Prince Charles Broxelles-Laeken. Périodiques d'ornithologie faisant l'échange avec *^ LE GERFAUT „ ,( Aquila. Debroi-ût, 15, BUDAPEST II (Hongrie). ; Ardea. (M' L. F. de Beaufort), AMERSFOORT (Hollande). | Auk (The) (The American Ornithologists' Union). i (M' Witmer Stone), Logan Square, ^ PHILADELPHIE (U. S. A.) ] Austral Avian Record. (M^ G. M. Mathews), j Foulis Court, FAIR OAK (Hants.) (Angleterre), j Bird-Lore, organe officiel des sociétés « Audubon ». (M' Frank 'i M. Chapman), HARRISBURG, P.A. (U.S.A.) j Bird Notes and News, Journal of The Royal Society for the protection i of Birds. 23, Queen Anne's Gate, LONDRES S. W. \ British Birds. (Witherby &C'>), ^ 326, High Holborn, LONDRES W. 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SOMMAIRE : ^'^'s- — ^^^ Busard blafard, Ch. Dupond. — Le Divorce chez les Oiseaux, L. Coopman. — Jan, ou Longévité du Courlis en captivité, A. B... — Alauda arvensis cinerascens Ehmcke, Ch. Dupond. — Notes et Obser- vaiions diverses. — Revues ornithologiques. AVIS Nous prions instamment tous nos hono- rables correspondants de bien vouloir prendre note de la nouvelle adresse se trouvant sur la couverture du présent nu- méro, où doivent être dorénavant envoyés toutes les communications ainsi que les numéros des revues dont les Directions veulent bien nous honorer de l'échange. 'G^^'^^'ISP^^ — 2 — I ^ i \ LE BUSARD BLAFARD Circiin macrouniH (S. G. Gmel.). Le 13 avril 1921, il a été abattu un magnifique Busard iblafard mâle qui voletait dans un petit bois près du château de Bousval, appartenant à M. Maurice Delhaize. L'oiseau, naturalisé, constitue une des pièces les plus intéressantes de lia collection de M. M. Delhaize. Je remercie le propriétaire jd'avoir bien voulu me permettre d'examiner cet oiseau et je jouis heureux de pouvoir en donner, ci-après, la description, espérant que celle-ci intéressera les amis ornithologistes, car cette espèce ne nous fait que rarement l'honneur de visiter notre petite Belgique. En effet, jusqu'à présent, quatre captures seulement en étaient connues en notre pays. C.-F. Dubois, dans son ouvrage : Les Oiseaux de l'Europe et leurs Œufs, « Espèces non observées en Belgique », t. I., p. 24, en signale la première capture faite en septembre 1858, près de Verviers. La seconde capture fut faite à Hervé, le 31 octobre 1867. Cet exemplaire, après avoir été conservé pendant longtemps dans la collection de l'Institut Zoologique de Liège, est actuellement au Musée royal d'Histoire naturelle, à Bru- xelles, grâce aux démarches de M. Marcel de Contreras. Ensuite un ç^ adulte fut pris près de Liège, en avril, avant 1876, et se trouve dans la collection de M. Cartier. Ces deux dernières captures sont consignées par le D"^ A. Dubois, dans sa Faune des Vertébrés de Belgique, « Oiseaux », 1. 1., p. 93. Il tenait les renseignements du baron Edm. de Selys-Longchamps, le savant naturaliste belge universellement connu. Enfin, la quatrième capture date du 1"^ mai 1888 : une Ç adulte a été tuée à Beauvechain, près de Wavre. Elle est — 3 — mentionnée dans le même ouvrage du D"^ A. Dubois, t. II, « Additions et Corrections », p. 717. Le spécimen de Bousval, qui nous occupe, est donc le cinquième de cette espèce, capturé en Belgique. C'est un mâle à peu près adulte, mais portant encore, surtout sur la tête et le dessus du corps, des traces de son premier plu- mage. En voici la description : Dos : gris bleuâtre clair, marqué irrégulièrement et légè- rement d'une vague couleur brunâtre, le plus souvent le centre des plumes mais aussi parfois les bords atteints de cette, couleur. Dessus des ailes de même, excepté les quatre rémiges les plus longues qui sont noirâtres. Encore la même couleur sur le dessus de la tête et le cou, mais la couleur brunâtre dominant sur la tête et même en arrière de celle-ci. Queue légèrement arrondie, composée de douze pennes. Dessus : les deux rectrices médianes gris bleu, portant a peine trace de huit bandes plus foncées. Rectrice suivante gris bleu avec la barbe interne légèrement plus claire et portant sept bandes un peu plus distinctes. Rectrice sui- vante (toujours en comptant du milieu), gris bleu, avec la barbe interne encore plus claire et cinq bandes foncées bien distinctes sur la barbe interne et six bandes sur la barbe externe. Rectrice suivante (la troisième extérieurement), blanche avec le bord découvert de la barbe externe gris bleu; cinq bandes gris bleu foncé sur la barbe interne et six bandes sur la barbe externe. Rectrice suivante (la deu- xième externe), blanche avec quatre bandes bleu roussâtre sur la barbe interne et cinq bandes de même couleur sur la barbe externe. Rectrice externe blanche avec quatre bandes bleu rousses assez irrégulières sur la barbe interne et sept légères bandes sur la barbe externe. Les deux rectrices extérieures de chaque côté, étant à peine visibles quand la _ 4 — queue est au repos et fermée, n'ont pas la barbe externe gris bleu comme les rectrices du milieu. Dessous de la queue : les six pennes médianes gris bleu, barrées de bandes plus foncées au nombre de cinq, la der- nière atteignant presque le bout, qui est plus clair. Les trois rectrices externes (de chaque côté) blanches, barrées de bandes foncées, également au nombre de cinq mais d'un dessin moins régulier et assez vagues, surtout sur la penne externe, la dernière barre atteignant presque le bord des pennes qui est blanc. Sus-caudales blanches avec une tache gris bleu près du bout des plumes, quelques-unes présentant deux ou trois barres gris bleu. Joues en arrière, côtés et dessus du cou gris bleu très pâle. Front, derrière l'œil, avant-joues et gorge blanchâtres. La collerette bien marquée, aussi bien sur la gorge que sur les côtés du cou. Haut de la poitrine blanc bleuâtre; bas de la poitrine et dessous du corps, jambes et sous-caudales blanc pur. Ailes. — Première rémige. Dessus : barbe externe bleu grisâtre, étroite; barbe interne blanche, foncée vers la pointe. Dessous : les deux barbes blanches, foncées vers le bout, l'interne rétrécie sur un tiers de la longueur de la penne. Deuxième rémige. Dessus : barbe externe bleu gris très clair, plus foncé à partir du dernier tiers; rétrécie sur les deux tiers, le commencement de ce rétrécissement situé un peu plus haut que l'extrémité des grandes couvertures des ailes, qui le recouvrent; barbe interne blanche à la base, prenant ensuite du noirâtre près de la tige pour devenir entièrement noirâtre au bout sur un peu plus du tiers ; rétré- cie sur un tiers environ, le noirâtre s'étendant donc un peu plus haut que le rétrécissement. Dessous : de même qu'au- — 5 — dessus, mais la couleur du bout plus foncée, pour ainsi dire noire. Troisième rémige. Dessus : barbe externe blanche à la base, devient d'un bleu grisâtre à partir de l'extrémité des grandes couvertures jusqu'au point où elle subit un notable rétrécissement, c'est-à-dire un peu au delà de la moitié de la penne. Partie rétrécie noirâtre; barbe interne blanche depuis la base jusqu'à la moitié à peu près, puis noire sur la dernière moitié, le rétrécissement près de la pointe s'éten- dant sur un tiers de la penne. Dessous : blanche sur la première moitié environ, noire ensuite, le noir est plus pro- fond qu'au-dessus. Quatrième rémige. Dessus : barbe externe blanche à la base, devient gris bleuâtre sur une couple de centimètres vers l'extrémité des couvertures, passant ensuite au noirâtre jusqu'au bout, rétrécie sur le dernier tiers; barbe interne blanche à la base, passant au noir là où finissent les grandes couvertures. Pas de rétrécissement brusque, mais quelque peu atténuée sur un tiers vers le bout. Dessous : couleurs disposées comme au-dessus, mais le noir plus intense. Cinquième rémige. Dessus : barbe externe blanche à la base, devient noirâtre vers l'extrémité des couvertures, cette couleur devenant plus foncée vers le bout. Ne présente plus de rétrécissement, mais la barbe devient progressivement plus étroite vers le bout; barbe interne : blanche vers la base jusque vers l'extrémité des couvertures, ensuite noi- râtre. Ne présente plus de rétrécissement, mais est quelque peu atténuée sur trois à quatre centimètres vers le bout, pour suivre la ligne de coupe de l'aile. Dessous : comme au-dessus, le noir plus foncé. Les autres rémiges (secondaires et tertiaires) : gris bleu argenté au-dessus avec l'extrémité liserée de blanc; blanches au-dessous avec une tache bleuâtre très pâle vers le bout qui est liseré de clair. La troisième rémige est la plus longue; elle dépasse la deuxième de 25 millimètres, mais ne diffère de la quatrième que de 7 à 8 millimètres, La deuxième est donc notablement plus courte que la quatrième. L'aspect général des ailes au-dessus est bleu grisâtre clair avec les 3% 4'^ et 5^ rémiges noires à partir de l'extrémité des grandes couvertures alaires. La 2*^ rémige est noirâtre avec la barbe externe bleu gris clair. La V^ rémige bleu gris avec les barbes externes plus claires. Au-dessous les ailes sont blanches, avec les 3% 4" et 5'^ rémiges noires sur les deux tiers, la 2' noirâtre vers l'extrémité. L'aspect général de la queue au-dessus est également bleu gris clair, avec des traces de barres plus foncées (les rectrices externes blanches presque cachées par celles du milieu). Bec et ongles noirâtres; la cire, qui était jaunâtre, est devenue à peu près noire en séchant; pattes et iris jaunes. L'intérieur du bec était bleu. Voici les mesures relevées : Longueur totale, étiré : 46.5 centimètres; aile pliée : 35 centimètres ; extrémité des ailes au bout de la queue : 4.8 centimètres; envergure : 106 centimètres. »1 Si je fais la description aussi minutieuse du plumage de cet oiseau, c'est que sa coloration et la forme des rémiges primaires ne correspondent pas exactement aux des- criptions des différents auteurs que j'ai consultés. En effet, Temminck, en 1840, mentionne de fines stries brunes disposées sur la poitrine et le ventre. Degland, en 1849, décrit les joues, le cou et la poitrine : cendré, tirant sur le bleuâtre, avec quelques stries longitu- dinales d'un brun peu foncé, et Gerbe, dans l'édition de 1867, conserve cette description. Suivant A. Dubois, dans son ouvrage cité plus haut, la teinte noire des troisième, quatrième et cinquième rémiges, vues en dessous, ne s'étend que sur le dernier tiers de leur longueur, tandis que chez notre sujet, cette teinte atteint près de la moitié de ces pennes. Cependant les autres marques caractéristiques : la troisième rémige la plus longue, la quatrième plus longue que la deuxième, le distinguent du Busard bleuâtre, Circus cyanues (L), qui a les troisième et quatrième rémiges égales et les plus longues. De plus, ce der- nier oiseau a la barbe externe émarginée sur les deuxième, troisième, quatrième et cinquième rémiges, tandis que ce rétrécissement ne va que jusqu'à la quatrième rémige chez notre sujet. Ensuite l'émargination de la barbe externe de la deuxième rémige chez notre oiseau commence plus haut que l'extrémité des grandes couvertures alaires, ce qui ne permet pas de le rapporter au Busard Montagu, Circus pygargus (L.), chez qui ce rétrécissement commence plus bas. Puis, chez cette dernière espèce, les deuxième et qua- trième rémiges sont à peu près de même longueur, tandis que ces rémiges diffèrent notablement chez le busard de Bousval, soit 17 millimètres. Les grandes couvertures des ailes ne portent pas non plus de bande transversale noire comme le C. pygargus. Nous avons vu plus haut que le busard capturé à Bousval était un mâle portant encore des vestiges de sa livrée de jeunesse. C'est un fait trop connu que pour y insister que les jeunes busards mâles portent un plumage de couleur bien différente de celui des adultes. Chez le Busard blafard mâle complètement adulte, la couleur brunâtre des plumes du dessus de la tête et surtout du cou, des épaules et du dos est beaucoup plus vague et moins prononcée, le tout paraissant ainsi notablement plus clair. Mais dans sa jeunesse il s'ha- bille de la manière suivante : Dessus de la tête brunâtre, le centre des plumes plus foncé, les bords roussâtres; nuque de même, mais beau- coup plus claire, formant tache; dos et dessus des ailes bruns; rémiges brunes au-dessus, plus claires au-dessous avec des taches plus foncées. Front, une ligne au-dessus de l'œil et une tache sous l'œil blanchâtres; lorums et région parotique brun; gorge de couleur blanchâtre qui s'étend de chaque côté sur le cou ; collerette peu visible. Poitrine, ventre, cuisses et sous-caudales brun roussâtre, plus foncé sur les tiges des plumes, formant ainsi des stries étroites, moins marquées vers le bas du corps. Sus-caudales blan- châtres. Queue, au-dessus, brune terminée de cendré, les pennes médianes traversées par cinq bandes de cette cou- leur; les deux rectrices latérales à barbe externe blan- châtre; au-dessous, brune également, terminée de blanchâtre et traversée par trois bandes de blanc jaunâtre. Iris brun ; cire et pieds jaunes. (Sujet au Musée royal d'Histoire natu- relle à Bruxelles, provenant du Lac Tanganyika.) La toilette de la femelle adulte ressemble beaucoup à celle du jeune mâle : Dessus de la tête et du cou variés de brun et de blanc jaunâtre, le centre des plumes étant brun et les bords blan- châtres. Dos et ailes bruns, ces dernières avec des taches roussâtres qui terminent ou bordent les petites et moyennes couvertures. Rémiges brunes, barbe externe cendrée, barbe interne roussâtre à la base et marquée de grandes taches brunes. Sus-caudales blanches. Lorums et régions parotiques brunâtres; front, une strie au-dessus de l'œil, le derrière et le dessous de l'œil blanchâtres, ainsi que la gorge. Colle- rette bien marquée, formée de brun et de blanc crème. Côtés du cou, poitrine, ventre, jambes et sous-caudales blanchâtres, marqués de stries brunes plus fortes sur le cou et la poitrine et devenant de moins en moins prononcées vers le bas du corps. Dessus de la queue brun, les rectrices médianes avec cinq bandes transversales cendrées et termi- — 9 — nées de cendré; les rectrices latérales également brunes, terminées de blanc roussâtre et traversées de trois bandes de la même couleur. Dessous de la queue blanchâtre avec les mêmes stries transversales qu'au-dessus, mais plus pâles. Barbes externes des deux rectrices extérieures blanchâtres. La femelle décrite ci-dessus, conservée au Musée royal d'Histoire naturelle à Bruxelles, provient du Nepaul. Une autre femelle, provenant du Volga inférieur, est presque identique, les taches du dessus des ailes cependant plus marquées, plus blanches. Je pense que ce sont ces deux exemplaires qui ont servi au D"^ A. Dubois pour sa descrip- tion dans son ouvrage Faune des Vertébrés de la Belgique. Un troisième oiseau, exposé dans la même vitrine du Musée et indiqué également comme femelle, mais sans indication de provenance, diffère sensiblement des précé- dentes, notamment à la tête, à la queue et au-dessous du corps, qui est uni, sans stries. En voici la description : Dessus de la tête, du cou et dos brun ; dessus de l'aile également de cette couleur, mais les petites et les moyennes couvertures de même que quelques grandes couvertures largement terminées de roux, formant des taches sur les ailes ; croupion blanchâtre. Région parotique brun foncé, lorums bruns ; front et une étroite bande au-dessus de l'œil blanchâtre de même qu'une large tache transversale sous l'œil et le derrière de l'œil; gorge également blanchâtre; collerette indiquée par un anneau de blanc roussâtre se perdant dans la nuque, qui est beaucoup plus claire que le dos; côtés du cou, poitrine, ventre, jambes et sous-caudales uniformément jaune roussâtre, sans stries. Queue, au-des- sus, brune comme le dos, traversée par trois bandes plus claires et terminée par un bord brun clair ; les deux pennes extérieures à barbe externe blanchâtre. Queue au-dessous, brunâtre, terminée de blanchâtre et traversée de trois larges - 10 — bandes blanchâtres, les deux pennes latérales presque entiè- rement blanchâtres. Un autre oiseau du même type que ce dernier se trouve exposé dans les galeries de la faune belge du même musée. Il ne porte aucune indication, ni de sexe ni de provenance, mais se trouve seul à côté du Busard blafard mâle adulte. La différence de plumage chez ces deux formes de femelles tient-elle à une différence de l'âge? Je reparlerai plus loin de cette question. En tout cas l'absence des stries sur le dessous du corps et la teinte générale beaucoup plus roussâtre chez les dernières, frappent immédiatement. Je prie le lecteur de bien vouloir m'excuser de mettre sa patience à l'épreuve par ces longues et arides descriptions, mais l'étude des rapaces en général et celle des busards en particulier est tellement laborieuse que j'ai cru utile de faire connaître si intimement cet oiseau. Le Busard blafard habite le midi de l'Europe et les régions tempérées de l'Asie, ainsi que le nord de l'Afrique. 11 est cependant plus commun en Europe orientale, en Dalmatie, en Grèce, en Turquie et dans le sud de la Russie, qu'en Italie et dans le sud delà France; sa présence est même exceptionnelle dans la péninsule Ibérique. 11 est également très répandu dans les régions de la mer Cas- pienne, au Turkestan, dans les steppes de l'Asie occidentale et le nord de l'Hindoustan, mais devient de plus en plus rare en Extrême-Orient et en Chine. Les oiseaux de ces dernières régions hivernent au sud de l'Inde anglaise, en Ceylan, en Birmanie; ceux de l'Asie occidentale et de l'Europe passent l'hiver en Afrique. Ils s'y dispersent sur tout ce continent et y sont plus ou moins communs suivant la convenance des localités. Ce n'est qu'accidentellement que ce busard visite le nord de la France, la Belgique, la Hollande, qui n'en compte que quatre captures (baron R. Snouckaert van Schauburg), le — 11 — nord de l'Allemagne et la Scandinavie. 11 est mieux connu au sud de l'Allemagne, en Bohême, en Autriche et en Hon- grie. Il n'a pas encore été signalé aux Iles Britanniques. Ce rapace, comme les autres busards, est un habitant des plaines découvertes; il évite les bois et les montagnes et fréquente les champs, les prairies et surtout les marais. En Orient, il se plaît dans les immenses plaines souvent maré- cageuses, appelées « steppes »; c'est pourquoi les Alle- mands lui ont donné le nom de « Steppenweihe ». Le blafard ne vit que de proies vivantes et ne touche point aux charognes. « En chasse, dit A. Dubois, dans sa Faune des Vertébrés delà Belgique, il plane lentement et en vacillant au-dessus des champs, pour examiner chaque trou, chaque place qui lui semble cacher une proie. Il se jette sans préfé- rence marquée sur tous les petits animaux et les poursuit souvent à la course; il se nourrit donc de campagnols, sou- ris, hamsters, levrauts, petits et jeunes oiseaux, grenouilles, lézards, sauterelles, libellules, coléoptères, etc. ; il détruit aussi beaucoup d'œufs d'oiseaux. Chaque fois qu'il fait une capture, il la tue rapidement et la dévore sur place; s'il n'est pas rassasié, il continue sa chasse et ne prend du repos que quand son appétit est complètement satisfait. Il est toujours en mouvement, même jusqu'après le coucher du soleil, et ce n'est que vers l'heure de midi qu'il prend quelque repos. ». A. E. Brehm, dans La Vie des animaux illustrée, fait remarquer que, contrairement aux autres busards, qui évitent les arbres et passent même la nuit à terre dans les hautes herbes, les roseaux ou les céréales, « le blafard se repose sur les arbres, non sur la cime, mais sur une des basses branches, et comme le hibou, tout contre le tronc; c'est aussi là qu'il dort. ». Les busards ont la vue perçante des rapaces diurnes et l'oreille fine des espèces nocturnes. Ils sont très farouches — 12 - et défiants et leur chasse est excessivement difficile, car ils ne se laissent pas aisément surprendre. Le nid du blafard ne diffère guère de celui des autres espèces de busards. Suivant Naumann, l'aire est placée à terre, dans un champ de céréales, sous un buisson, parmi les broussailles, entre les hautes herbes d'une prairie ou les roseaux aux abords de l'eau. C'est un amas de branches mortes, de chaumes, de tiges sèches, etc., présentant, au milieu, une légère cavité. Exceptionnellement, l'intérieur est tapissé de matières plus fines, poils, plumes, mousse, mais très souvent le nid est tout à fait rudimentaire et la femelle se contente d'un tas formé de chaumes renversés, de tiges de roseaux ou d'herbes accumulées. « Les œufs, au nombre de quatre ou cinq, sont ordinairement d'un blanc verdâtre uniforme, parfois tachetés de roux et de brun. Leur grand diamètre mesure de 42 à 44 millimètres, le petit de 33 à 35 millimètres. » (A. Dubois.) Le Busard blafard n'a été que tardivement connu comme espèce distincte, sa grande ressemblance avec les Busards Saint-Martin et Montagu l'ont sans doute fait confondre pendant longtemps avec ces espèces. Le premier auteur qui l'ait signalé est Gmelin dans les « Novi commentarii Academiae Imperialis Petropolitanae », en 1771, et qu'il le dénommait Accipiter macrourus; le même auteur, en 1788, dans son « Caroli a Linnae Systema Naturae », modifiait son nom en Falco macrurus. Ensuite, en 1830, l'Anglais Smith le décrivit sous le nom de Circus Swainsonii dans son « Illustration of the Zoology of South Africa », et Lesson, dans son « Traité d'Ornithologie », en 1831, l'appe- lait Circus albescens. Le colonel Sykes, dans « The Procee- dings of the Zoological Society of London », en 1832, et Gould, dans « Birds of Europe », en 1837, lui ont donné le \*om de Circus pallidus. Enfin, Brehm, dans « Naumannia », en i855, appelle cet oiseau Strigiceps desertor um, suivant — 13 — l'exemple du prince Ch.-L. Bonaparte qui, dès 1838, dans sa « Geographical and Comparative list of the Birds of Europe and North America », divise les busards en Circus et en Strigiceps, désignant sous ce dernier nom les espèces dont la collerette est bien indiquée. Comme je l'ai dit plus haut, l'étude des busards est diffi- cile et ce n'est pas une mince affaire que de se reconnaître dans les descriptions et les discussions des vieux auteurs. Temminck a fait faire un grand pas à la connaissance de ce genre d'oiseaux. Le blafard lui a été connu le dernier parmi les espèces européennes. Cet auteur ne le mentionne pas dans la première partie de son « Manuel d'Ornithologie » (1820). En 1835, il n'avait pas encore accepté le blafard comme espèce distincte, car il ne l'introduit pas dans la troisième partie de son « Manuel », qui forme le complé- ment à la première partie renfermant les rapaces. Ordinai- rement, cet auteur consciencieux ne décrivit que ce qu'il avait pu contrôler personnellement. Ce n'est qu'en 1840, dans son Appendice à la troisième partie, après la quatrième partie, qu'il l'indique comme espèce nouvelle; mais adver- saire des multiples subdivisions introduites récemment dans la classification, par certains auteurs de ce temps-là, notam- ment par le prince Ch.-L. Bonaparte, C.-L. Brehm, etc., il continue à appliquer à ces oiseaux le nom Linnéen de Falco et décrit le blafard sous le nom de Falco pallidas Sykes. Depuis lors, le genre Circus n'a plus été modifié et les auteurs mentionnent le plus souvent Temminck comme source de leurs descriptions de cette espèce. Ces descriptions ne sont cependant pas toujours concor- dantes. Relevons quelques points : Mâle adulte. Temminck, 1840 : « Tout le dessous, depuis la gorge jus- qu'à l'abdomen, d'un blanc pur, plus ou moins varié, selon — 14 — l'âge, de fines stries brunes disposées sur la poitrine et au ventre ». Degland, 1849, et Degland et Gerbe, 1867 : « Cou et poi- trine d'un cendré tirant sur le bleuâtre, avec quelques stries longitudinales d'un brun peu foncé, abdomen et cuisses blancs ». A. Dubois, 1887 : « Poitrine blanche légèrement lavée de gris bleuâtre ; les autres parties inférieures d'un blanc pur ». (Ne mentionne pas de stries). Femelle adulte. Temminck : « Plumage dessiné de la même manière que dans la femelle du St-Martin ». (Par conséquent, le dessous strié). Degland et Degland et Gerbe : « Parties inférieures d'un roux ocreux ». (N'indique pas de stries). A. Dubois. Femelle adulte : « Parties inférieures d'un blanc roussâtre, avec de longues taches d'un brun roussâtre au centre des plumes, taches devenant de plus en plus étroites en s'approchant du ventre ». — Jeune âge : « Poi- trine et autres parties inférieures d'un roux ocreux sans taches ». A.-E. Brehm renseigne également : « Le ventre d'un jaune roussâtre clair, à taches longitudinales couleur rouille. Les jeunes diffèrent des femelles par l'absence des taches ». Hartert, dans Die Vögel der Paläarctischen Fauna : Juv. « Unterseite heller oder dunkler rostfarben ohne Flecke, nur mit dunkleren Schäften ». Des différentes opinions ci-dessus, il s'ensuit que les femelles à dessous ocreux uni seraient les jeunes et celles à stries longitudinales les vieilles. La chose paraîtra peut-être extraordinaire. En effet : les jeunes mâles ont des stries sur le dessous du corps et ces stries disparaissent en devenant adultes, tandis que chez les femelles c'est absolument le - 15 — contraire qui a lieu : les jeunes ont d'abord un plumage uni à la poitrine et au ventre et ces parties deviennent striées dans la suite! Généralement chez les oiseaux, les jeunes sont plus tachetés que les adultes. La femelle du blafard ne suit donc pas cette règle; la femelle du Busard montagu présente la même anomalie. Ces deux espèces se ressem- blent beaucoup d'ailleurs. CH. DUPOND. LE DIVORCE CHEZ LES OISEAUX Lorsque nous disions que les mœurs des oiseaux même les plus communs étaient relativement peu connues, nous ne nous attendions pas à rencontrer confirmation aussi éclatante de cette allégation que celle que nous découvrons dans la revue The Auk, bulletin du The American Ornitholo- gists' Union. Un des membres du groupement, M. S. Prentiss Baldwin, y relate, en effet, toute une série d'observations intéres- santes tout autant que curieuses. Au surplus, celles-ci démontrent péremptoirement combien, souventes fois, on a tort, sans plus ample informé, de considérer comme évi- dents— ce qui malheureusement se produit trop souvent — des faits signalés par l'un ou l'autre auteur ou qui sont, même de la part d'observateurs avertis, considérés comme incontestables et auxquels on se fie sans examen plus approfondi. Par exemple, est-il beaucoup de field-naturalists, qui dis- cuteraient comme problématique, la thèse, maintes fois émise et admise chez nous, qu'un couple d'oiseaux revient régulièrement, plusieurs années consécutives, aux mêmes lieux, pour y nicher, et qu'en l'occurrence il s'agit, sauf accident survenu à l'un ou aux deux oiseaux, des mêmes reproducteurs? Pour notre part, nous n'en connaissons pas. -lo- et chacun admet que nul problème ne se pose sur ce point. Or, voici que M. Baldwin nous indique qu'il se pourrait fort bien qu'il n'en fût pas toujours ainsi. Evidemment ses observations très suivies, documentées à souhait et fort minutieuses, ont porté sur un oiseau d'outre-mer. N'em- pêche que ses remarques ouvrent des horizons nouveaux et montrent au surplus la nécessité qu'il y aurait pour nos départements scientifiques officiels, de créer pour l'ornitho- logie des sections qui s'occuperaient aussi activement de notre faune ailée que des autres branches de l'Histoire naturelle qui ont, chez nous, des spécialistes d'une éru- dition, d'un savoir universellement reconnus et appréciés. Il faut bien reconnaître, qu'en fait, l'ornithologie belge est plutôt une parente pauvre relativement aux autres sciences naturelles, à tort selon nous, notre pays ayant une faune ailée particulièrement remarquable. Mais passons et revenons - en aux expériences de M. Baldwin. Les observations de ce naturaliste ont porté sur un oiseau fort commun dans l'Ohio : le « House-Wren » Troglodytes œdon œdon. Ce volatile apparaît, de par les descriptions que nous en avons, de mœurs fort identiques à celles de notre troglodyte, avec lequel il semble avoir quelque affinité comme forme, couleur et allures. Aisément observable, car il témoigne d'une prédilection marquée pour le voisinage des habitations, étant même plus répandu dans les agglomérations que dans les cam- pagnes, il a été l'objet de nombreuses remarques consa- crées à ses mœurs changeantes. Tout comme notre troglodyte, c'est aussi un chanteur inlassable, et comme ce dernier, il est également toujours en mouvement, furetant sans trêve ni répit dans les anfrac- tuosités des murs, explorant les amas broussailleux, jamais - 17 - en repos, plein d'une vie exubérante, qu'il dépense tout au long du jour. Le Troglodytes œdon œdon se différencie cependant de l'oiselet européen par sa façon de nicher : il construit son nid dans le creux des arbres, s'établissant volontiers dans les nichoirs artificiels mis à sa disposition, tandis que notre troglodyte se construit un nid sphérique, un des plus beaux spécimens de l'art oiseau, tant par la forme que par la variété des matériaux employés et le fini du travail. Ajou- tons que le Troglodytes œdon œdon est migrateur. Ceci dit, venons-en aux faits. M. Baldwin, pour mener à bien ses expériences, avait disposé dans les environs de sa ferme, sise près de Cleve- land, de multiples nichoirs dont nombre furent bientôt occupés par le « House Wren ». Le temps de la nidification survenu, M. Baldwin captura successivement tous les occu- pants adultes des nichoirs, les baguant avant de leur rendre la liberté et ayant soin d'opérer alors que les oiseaux nourris- saient des jeunes, pour éviter que le nid ne fût délaissé, ce qui se produit parfois si les oiseaux sont bagués au moment de la ponte ou de la couvaison. Les jeunes étaient, d'autre part, bagués avant leur départ du nid. Chaque fois qu'un nouveau couple venait occuper un nichoir, il était l'objet d'un examen spécial, les adultes étant capturés et bagués s'ils ne l'étaient pas, la même opération s'effectuant par après pour les jeunes. Chaque bague était évidemment pourvue d'un numéro permettant d'identifier l'oiseau qui la portait. Suivre M. Baldwin dans le détail des notes auxquelles donnèrent lieu les familles de troglodytes qu'il observa, nous entraînerait très loin. Celles-ci portent, en effet, de 1915 à 1920, et au cours de ces années 156 troglodytes, jeunes et adultes, furent bagués. Force nous est donc de nous borner à des constatations — 18 - d'ordre général, qui sont au surplus du plus grand intérêt. Au cours du laps de temps précité, M. Baldwin constata très souvent que mâle et femelle d'un couple bagué se séparaient après une première nichée, l'un et l'autre s'ac- couplant pour la seconde ponte à un nouvel oiseau géné- ralement non bagué, survenant donc vraisemblablement, d'un autre cantonnement. Les deux nouveaux couples ainsi formés, le mâle primitif ayant fait choix d'une seconde femelle, sa compagne d'un nouvel époux, nichaient parfois fort près l'un de l'autre, en certaine occasion à moins de 30 mètres, sans qu'il parût se produire le moindre incident, les deux oiseaux de l'an- cien couple semblant devenus complètement étrangers l'un à l'autre. Quelquefois, une première nichée ayant pris l'essor, il était constaté par M. Baldwin que les adultes disparais- saient, avec leurs jeunes, du cantonnement, le mâle ou la femelle ne revenant que Tannée suivante là où il avait niché précédemment. De temps à autre, l'observateur retrouva accouplés deux oiseaux bagués, mais ayant auparavant fait partie de deux ménages différents. 11 nota que dans un même nichoir, un oiseau bagué éleva trois nichées, ayant pour chacune d'elles un nouveau compagnon. Dans la généralité des cas cependant, les oiseaux changeaient non seulement de conjoint, mais aussi de nichoir. En de très rares occasions, des oiseaux demeurèrent accouplés, mais alors, communément, un nouveau nichoir leur servait de logis. Il est surtout intéressant de noter, ainsi que nous l'avons signalé, qu'en beaucoup de cas, le nouveau compagnon de l'oiseau bagué était un volatile qui n'avait pas été signalé précédemment dans les environs de la ferme, ce qui indi- — 19 - querait qu'il y avait de nombreuses allées et venues entre différents cantonnements. Constatation non moins curieuse, M. Baldwin ne revit, au cours des cinq années d'observations, qu'un seul des multiples jeunes qu'il avait bagués. Les notes prises par M. Baldwin montrent, d'autre part, que la période d'incu- bation pour l'espèce dont il s'est occupé est de 13 à 14 jours et que les jeunes quittent le nid environ deux semaines après leur éclosion, ce qui est au reste le cas pour nos passereaux. Les mœurs ci-dessus décrites sont-elles particulières à l'espèce observée par M. Baldwin? C'est possible et il ne nous viendra certes pas à l'idée de tirer de ces observations des conclusions relativement à notre faune, d'autant plus que des observations faites en notre pays tendent à établir qu'un même couple, pour l'une ou l'autre espèce, demeure uni tout au moins une année durant. D'autre part, cependant, que des oiseaux indigènes en agissent ainsi que les volatiles américains, ne semblerait pas anormal, si l'on considère, par exemple, la facilité avec laquelle est remplacé, en certaines circonstances, le mâle ou la femelle d'un couple accidentellement séparé. Aussi on se rend compte de l'intérêt que présenteraient des observations suivies et précises autant que celles de M. Baldwin en ce qui concerne notre faune. L. COOPMAN. JAN. ou LONGÉVITÉ DU COURLIS EN CAPTIVITÉ. Au nord de la Campine belge, le long de la frontière néerlandaise, on trouve encore d'assez grandes plaines de bruyères inhabitées et incultes, entrecoupées de marais, de lagunes et d'étangs, bordés de roseaux, de joncs et d'ar- - 20 — brisseaux rabougris, ou formant à leurs extrémités de minuscules plages sablonneuses. Pendant la saison hivernale, ces plaines arides, à teinte sombre, sont tristes et silencieuses ; la vue n'y est arrêtée que par quelques rares groupes de maigres sapins à verdure noirâtre, avec, au fond de l'horizon, les vagues silhouettes des petits villages jalonnés par leurs clochers pointus. Le silence et l'immobilité y régnent de longs mois. Rare- ment un couple de corbeaux croassants, des vols pressés de canards ou d'oies sauvages, un héron affamé à la recherche d'une maigre pitance, un coq de bruyère rasant la plaine, un renard jappant au loin à la poursuite de sa proie,viennent rompre la triste solitude. Mais au printemps la scène s'anime, la nature se réveille. Bientôt arrive la gent ailée, retour des climats moins rigoureux : l'alouette messagère, caressée par le soleil, monte en spirale vers le ciel et chante le retour du renou-. veau. A tire d'aile arrivent de toutes parts courlis aux longs becs, vanneaux culbutants, chevaliers, barges, com- battants querelleurs, tournoyant et se poursuivant au-dessus de la bruyère. Avec des cris joyeux et variés les hirondelles lacustres, les bécassines, canards et sarcelles rasant la surface claire des lagunes, fêtent leur retour. La bruyère reprend sa jolie teinte pourprée et émaillée de véroniques aux calices azurés, de genêts dorés et de linai- grettes floconneuses. Les abeilles y bourdonnent, les papil- lons vagabondent. Site d'une douce et tranquille poésie où l'homme vient rarement déranger les ébats et les amours des oiseaux. C'est là, dans cet Eden ravissant, que pendant l'été de l'année 1892 (je dis mil huit cent nonante-deux), sur une couche moelleuse de sphagnum et de mousse, à l'ombre d'un petit groupe de myrica gale aux grappes fauves balsa- — 21 — miques, à l'abri de quelques touffes de molinies aux épis érigés et frémissants, notre ami Jan vit le jour. Ses parents appartenaient à la noble et antique dynastie des Courlis deCorlieu qui depuis des temps immémoriaux a conservé l'habitude de choisir ces lieux privilégiés pour y passer ses villégiatures estivales. A peine âgé de deux à trois semaines, avant que ses ailes fussent assez emplumées et ses béquilles assez dégourdies pour lui donner des moyens d'échapper à ses ennemis, notre intéressant courlion fut capturé par un passant de hasard, qui, embarrassé de sa prise, eut l'idée de me l'apporter. Il fut le bienvenu ! Hébergé dans une éleveuse de fortune (non brevetée), le faible oisillon y fut assez dépaysé et craintif les premiers jours; il fit assez de façons pour accepter les aliments mis à sa disposition, se contentant de gémir mélancoliquement nuit et jour. J'avais beau lui servir des petits vers de terre frétillants, des vers de farine, des larves de fourmis, des morceaux découpés de gros lombrics, delà viande hachée, des petits cubes de pain trempé et de l'eau à discrétion. C'est comme si je chantais! Jan boudait, il avait le spleen, le mal du pays. Je me vis obligé de le gaver et de le forcer d'avaler de l'eau. Cela dura deux ou troiS' jours; mais peu à peu, la faim combinée à l'attrait des mets succulents vint à bout de son abstinence : le procès était gagné. Bientôt nous fûmes de bons amis. Au bout d'une quinzaine de jours Jan fut lâché au jardin, où il trouva une nombreuse société composée de courlis adultes (des parents peut-être), barges, chevaliers, van- neaux, foulques, huîtriers, mouettes rieuses, volailles et faisans. Mon pauvre Jan, tout dépaysé, ne fut pas admis et adopté - 22 — sans quelques horions, et il m'a fallu pendant plusieurs jours surveiller la troupe remuante, querelleuse, gifflante et caquetante pour protéger le nouveau pensionnaire. Mais bientôt Jan montra le caractère courageux et autoritaire qu'il possède encore : il y eut maintes batailles ; mais Jan finit par se faire respecter et devint même par la suite le maître de la ménagerie. Rien n'est plus attrayant, pour un amateur observateur, que l'étude des mœurs de ces espèces d'oiseaux courant en liberté dans un enclos arboré et gazonné. Mais c'est le courli qui m'a causé le plus d'agréments par sa familiarité et la diversité de ses habitudes. On passerait des heures à le voir faire la pêche aux lombrics, enfoncer son long bec jusqu'au bout dans le sol, y prendre le ver saisi entre les deux mandibules, le serrer sans relâche, le forcer à sortir du tube oti il s'est ancré, et l'envoyer au fond du bec avec un cri de satisfaction; puis happer sur les fleurs et gazons les plus petites mouches et bestioles avec une habileté étonnante. Son chant, un vrai langage, est mélodieux et varié d'après les passions qui l'animent. * Tantôt ce sont des appels claironnants, surtout à l'époque des passages, tantôt des cris de colère en cas de disputes, tantôt des roulades amoureuses, ou un ramage adouci pour exprimer son amitié ou son désir d'obtenir une friandise. Si parfois on tarde de lui fournir son repas, il a sa manière de crier famine et au besoin il va cogner à la fenêtre de la cuisine pour appuyer sa réclamation. Farouche et craintif en présence d'étrangers, il accourt à l'appel de son nom et rentre docilement le soir dans son logis. Chose assez curieuse : jamais aucun chat n'a tenté d'attaquer les oiseaux de marais courant dans mon jardin et y restant quelquefois pendant la nuit. — 23 — Peu à peu les autres oiseaux ont disparu et je ne les ai pas renouvelés à cause de la difficulté de les soigner convena- blement pendant notre séjour estival à la campagne. 11 y a six ou sept ans, j'ai bien cru que j'allais perdre mon favori : probabl ment par suite de son isolement et du manque de soins pendant notre séjour à la campagne, Jan semblait dépérir : la neurasthénie peut-être. J'eus alors l'heureuse idée de l'emmener avec moi en villégiature et de le placer dans mon jardin légumier clôturé. Il y trouva grande abondance de vers de terre, nombreuses larves, chenilles et limaces, s'engraissa à vue d'œil, regagna sa gaieté avec la santé et rajeunit de nouveau. Chaque année je renouvelle cette cure et il s'en trouve bien puisqu'à l'âge de bientôt trente ans il est encore vif et remuant, ayant conservé sa voix claire, toute son agilité J'espère bien conserver encore quelque temps ce vrai phénomène Ad miilfos annos! Turnhout, juin 1922. A. B. (1) ALAUDA ARVENSIS CINERASCENS Ehmcke. Alouette cendrée ou rus^e. C'était en octobre 1907. Visitant un jour la hutte d'un tendeur dans le polder du Kiel (Anvers), j'y examinais les captures de l'oiseleur. Mon attention fut attirée par une alouette de taille extraordinairement petite. L'ayant fait remarquer au tendeur, celui-ci me dit, sans en paraître surpris le moins du monde : « Oh, cela ! c'est une alouette russe! » J'acquis l'oiseau et l'empaillai. Alouette russe! Ce nom m'intriguait. J'avais beau cher- Ci) Au moment de mettre sous presse M. B...nous annonce la mort de son courlis, survenue le 19 juin 1922, Jan lut terrassé brusquement par une paralysie. — 24 — cher dans mes livres, cette dénomination n'y était pas. Je questionnai de nombreux tendeurs des environs d'An- vers, tous connaissaient l'alouette russe : elle est notable- ment plus petite, plus foncée sur le dos, plus brune sur le haut de la poitrine; elle passe ordinairement la dernière et parfois en grand nombre. Ces renseignements ne faisaient qu'aiguillonner ma curiosité au sujet de mon alouette. J'écrivis à M. de Con- treras, qui voulut bien s'y intéresser au point de venir voir l'oiseau. Après examen il le rapporta à la variété Canta- rella Bp. et fit paraître quelques lignes à ce sujet dans le Gerfaut, 2« année, 1912, p. 105. Aujourd'hui tous les ornithologistes belges sont unanimes à considérer l'alouette russe comme VAlauda arvensis cine- rascens Ehmcke. L'habitat, notamment, assigné à cet oiseau établit le bien fondé de cette détermination. Il n'est pas possible de soutenir la même chose potr VAlauda arvensis cantarella Bp. En effet, l'A. a. cinerascens habite la Sibérie occidentale, le Turkestan et quelques régions de la Perse, tandis que l'A. a. cantarella a pour patrie l'Europe méridionale. Ce dernier oiseau n'émigre pas et s'il émigrait, la Belgique ne se trouverait pas sur son chemin. Il s'ensuit que jamais il ne nous arriverait en bandes nombreuses ; tout au plus pourrions-nous enregistrer, peut-être, l'arrivée de quelque individu égaré ou de quelques exemplaires isolés, amenés en notre latitude par l'une ou l'autre raison qui pousse parfois les espèces méridionales à nous rendre visite. Il en est tout autrement pour les habitants de la Sibérie occidentale. Quoique les lieux d'hivernage de ceux-ci se trouvent directement au sud, c'est-à-dire le sud-ouest de l'Asie et le nord-est de l'Afrique, il ne se passe pas d'année que des individus plus ou moins nombreux, appartenant à ces espèces asiatiques, n'arrivent dans l'Europe occi- — 25 — dentale, comme par exemple diverses espèces de grives asiatiques, les bruants nain et à couronne lactée, les calan- dres nègre et leucoptère, etc. Il suffit d'une légère déviation de leur chemin ordinaire, certains vents et la disposition des chaînes de montagnes aidant, pour les amener dans notre direction. Il n'est donc pas étonnant que les ornithologistes alle- mands et anglais aient constaté la présence de cet oiseau dans leur pays. Voici la description qu'en donne Hartert dans Die Vögel der Palaearctischen Fauna : Alauda arvensis cinerea Ehmcke (1). « Le plus souvent plus petit, notablement plus clair et plus grisâtre que la cantarella de l'Europe méridionale, mais il y a des individus qui ne se distinguent que peu ou pas et la distribution géographique est encore incertaine. » Ceci s'imprimait en 1910. L'ouvrage anglais A Pratical Handbook of British Birds, par H. F. Witherby, E. Hartert, A. C. Jackson, F. C R. Jourdain, C Oldham and N. F. Ticehurst en collaboration, dont la partie ayant trait aux alouettes a paru en 1919, nous donne un peu plus de détails : « Alauda arvensis cinerascens Ehmcke (2). Description. — Mâle et femelle adultes. — Hiver : comme A. a. arven- sis, mais les parties supérieures avec les couleurs claires et sombres plus contrastantes et paraissant plus nettes, les pointes pâles des plumes étant plus blanches et les bords pâle rose clair jaunâtre (pinkish-buff), pas si jau- nâtres ; parties inférieures plus blanches, sans teinte (1) Alauda cinerea Ehmcke, Journ. f. orn., 1903, p. 149. (2) Alauda cinerascens Ehmcke, Joun. f. orn., 1904, p. 313. L'auteur a changé le nom parce que celui-ci avait déjà été employé antérieurement : A. cinerea Gmelin, Syst. Nat., I, 2, p. 798 (1789). — 26 — jaunâtre, poitrine inférieure, ventre et sous-caudales blanc pur; poitrine supérieure pâle rose claire jaunâtre, pas jaunâtre (pale pinkish-buff, not yellowish). — Été : la dif- férence dans les parties inférieures pas aussi marquée, mais A. a. cinerascens toujours d'un blanc plus pur, parties supérieures considérablement plus grises avec les marques sombres plus^ clairement tranchées et plus forte- ment contrastées. »Jeune : comme celui de A. a. arvensis, mais moins jaunâtre, pointes des plumes des parties supérieures étant blanches et les parties inférieures étant blanches sans teinte jaunâtre. » Mesure et structure : comme A. a. arvensis. Distribution : Sibérie occidentale, Turkestan et quelques régions de la Perse. En hiver plus au sud et si loin à l'ouest que l'Algérie. » L'auteur de Die Vögel der Palaearctischen Fauna compare donc cet oiseau à la cantarella de l'Europe méridionale et ajoute que certains individus ne s'en distinguent guère, mais que la taille est cependant le plus souvent inférieure à celle de cette forme. Or, puisque celle-ci est de taille moins forte que notre alouette ordinaire, il s'ensuit que l'A. a. c. est sensiblement plus petite que l'A. a. a. Les auteurs du Pratical Handbook of British Birds, et parmi eux le D"^ Hartert, indiquent que l'A. a. c. est de même taille que l'A a. a. Ceci est en contradiction avec l'opinion pre- mière du D' Hartert dans son ouvrage allemand. 11 en paraît résulter que cette alouette n'est pas encore parfaitement connue et que son étude pourrait se poursuivre utilement. En Belgique la différence de volume est un des carac- tères par lesquels nos oiseleurs distinguent l'alouette russe de l'A. a. a. C'est aussi cette petite taille qui attira mon attention sur cet oiseau : il ne dépasse guère le volume de l'alouette lulu, Lullula arborea arborea (L). — 27 — J'ai mesuré un certain nombre d'alouettes: voici les résultats les plus typiques : Forme. Sexe. Longueur tarse. Longueur rectrice externe arrachée. Aile pliée. m/m m /m m / m A. a. a. è 25 72 104 é 26 73 109 è 25 73 110 P 26 71 115 P 26 76 116 P 25 67 103 A. a. c. è 23 64 103 è 23 65 104 è 23 66 104 P 23 64 102 A remarquer que je n'indique ni la longueur totale, ni l'envergure, ces mesures pouvant varier quelque peu suivant qu'on étire plus ou moins les oiseaux. Comme on peut le constater, la différence de taille entre les spécimens que nous rapportons à l'A. a. cinerascens, et l'A. a. arvensis, est appréciable : constamment 2 m/m pour les tarses, généralement 6 m/m au moins pour les queues. Voici maintenant la coloration que présente l'exemplaire A. a, cinerascens que j'ai empaillé et comparé à une A. a. arvensis : Dessus : chez l'alouette russe le milieu des plumes, même des rémiges tertiaires, est plus noir que chez l'alouette des champs, les bords des plumes jaune roussâtre sur la tête et — 28 — le dos, rémiges tertiaires à bords jaune clair, allant vers le gris. Chez l'alouette ordinaire, milieu des plumes du dessus de la tête et du dos moins noir, bords jaune gris, rémiges tertiaires à bords jaune clair tournant au gris. Raie sourcilière et lorum : plus clairs et bien plus déve- loppés chez l'alouette russe que chez l'ordinaire. Joue : identique chez les deux, roussâtre, tachetée de brun noirâtre. Bas des Joues et gorge .- peu différents; peut-être un peu plus clairs chez A. a. cinerascens. Poitrine : chez l'alouette russe le jaunâtre est plus ocreux que chez l'alouette ordinaire; les taches noirâtres plus grandes, plus nombreuses et plus foncées. Ici la différence est très appréciable. Ventre : le blanc est légèrement plus pur chez la petite. Sous-caudales : identiques chez les deux. Ongle doigt postérieur : chez A. a. cinerascens assez courbé; moins courbé ou droit chez A. a. arvensis. Queue .- chez la petite les bords extérieurs des deux rec- trices externes d'un blanc plus pur que chez l'alouette ordi- naire; les barbes internes de la penne externe à blanc plus pur et à noir plus foncé que chez l'A. a. arvensis; les autres rectrices de la russe légèrement plus noires que chez l'autre; les deux rectrices du milieu bordées de roux un peu plus clair que chez l'A. a. arvensis. Aspect général .- dessus de la petite russe plus obscur, à couleurs jaune roussâtre et foncée plus contrastantes ; poitrine de la russe à couleur jaunâtre plus rousse et les taches plus foncées et plus nombreuses. Paraît de la taille de l'alouette lulu. Cet exemplaire a été offert au Musée royal d'Histoire naturelle à Bruxelles. Comme je l'ai dit plus haut, les oiseleurs des environs d'Anvers distinguent parfaitement cet oiseau. La région — 29 - d'Anvers fournit le groupe de tendeurs le plus nombreux de la Belgique. Un autre groupe important est celui des environs de Verviers. L'alouette russe y est également connue et les caractères attribués à cet oiseau concordent entièrement chez les deux groupes de tendeurs. La petite russienne, disent les oiseleurs verviétois, est beaucoup plus petite que notre alouette des champs; elle ne paraît pas plus grande que l'alouette lulu et atteint rarement 17 centi- mètres de longueur. Tout le plumage est plus foncé que celui de notre alouette, elle a plus de blanc à la queue, le tour de l'œil est aussi plus prononcé que chez celle-ci et elle possède souvent une ligne blanchâtre autour des joues. Les petites alouettes de Russie arrivent dans la région de Verviers dans le courant de novembre, parfois cependant dans les derniers jours d'octobre; elles passent en bandes aussi compactes que les volées de linottes. Elle a le même cri de passe que nos alouettes ordinaires. J'ai également questionné les tendeurs des environs de Bruxelles au sujet de cet oiseau. Il y paraît inconnu. 11 en est de même dans les régions d'Arlon, de Namur, de Charleroi, de Mons et de Tournai, ainsi que dans le restant du pays, où la tenderie n'est guère pratiquée. Il est assez difficile de se procurer une alouette russe en notre pays. D'abord cet oiseau ne vient pas tous les ans et pas souvent en grand nombre. Ensuite il arrive vers la fin de la période de tenderie qui, en Belgique, finit le 15 novembre; or, après les premiers jours de novembre, lorsque les grands passages sont terminés, beaucoup de tendeurs abandonnent leurs filets, cette chasse ne leur rapportant plus assez. Les quatre alouettes russes renseignées au tableau ci-des- sus, ont toutes été prises en 1907. Il faut croire que cette année-là le passage était sérieux. Depuis lors, et malgré que je me sois adressé à de nombreux tendeurs, aussi — 30 — bien des environs d'Anvers que du côté de Verviers, je n'ai pu en obtenir une seule. M, R. Pauwels, d'Anvers, m'a assuré en avoir vu une entre les mains d'un tendeur de Deurne (Anvers) en octobre 1914. J'ai conservé en volière, pendant un certain temps, un des quatre oiseaux capturés en 1907. 11 ne différait point de mes autres alouettes, ni sous le rapport du caractère, ni en sa manière de vivre : même oiseau peureux à l'excès, se nourrissant de la même manière, craignant l'eau mais aimant à se poudrer dans le sable. Il avait également le même cri. Je n'ai pu juger de son chant, mon intéressant pensionnaire étant mort avant le printemps. Ch. Dupond. NOTES ET OBSERVATIONS DIVERSES Grive sibérienne Tardus Sibiriens Sibiriens Pall, 11 y a quelque temps, M. le comte Paul d'Artet me fit part de ce qu'il avait remarqué chez le garde Franck, à la Croix- Noire (Membach), une grive empaillée qu'il croyait être une grive sibérienne. L'observation m'ayant intéressé, je me rendis chez M. Franck et je trouvai effectivement un superbe mâle presque adulte de grive sibérienne, capturé fin octo- bre 1912, à Membach. A ma demande. M, Franck en fit don, spontanément, au Musée royal d'Histoire naturelle de Belgique, où le sujet se trouve actuellement. Nous tenons à exprimer ici, tant au nom de cette institu- tion qu'en notre nom propre, nos plus vifs remerciements à M. Franck pour son beau geste, et à M. le comte d'Artet, pour le précieux renseignement qu'il nous a donné. Ceci fait donc trois captures en Belgique de cette espèce si rare, même en Europe. En voici les dates : 1° Jeune mâle, Neufchâteau, septembre 1877. — 31 - 1" Femelle adulte, Bastogne, octobre 1901. 3° Mâle presque adulte, Membach, octobre 1912. Ces trois spécimens se trouvent au Musée de Bruxelles. Marcel de Contreras. Grèbe castagneux. Le grèbe castagneux, Colymbus ruficollis ruficollis Pali., est, sans contredit, l'un des plus farouches habitants de nos eaux et sa présence passe souvent inaperçue, tant il ruse pour échapper aux regards. 11 s'agit évidemment en la cir- constance, des oiseaux que nous pouvons observer chez nous en dehors de l'époque de la nidification, car au cours de celle-ci, sa sauvagerie s'atténue forcément, étant donné les préoccupations qui l'assaillent alors qu'il doit subvenir à l'entretien de sa piaillante nichée. Celle-ci, au surplus, a tôt fait de dénoncer le cantonnement de la famille par son agitation, plus encore par ses cris répétés, incessants. Le cri de ces jeunes grèbes, un fort « twittwittwittwittwit » si prononcé que l'on s'étonne de l'entendre sortir de leur petit bec, est suffisamment puissant pour être perçu nettement à plus de cinquante mètres de distance. Comment, en ces conditions, passer inaperçu?Egalement, il arrive que les appels des adultes décèlent, parfois durant toute la bonne saison, mais notamment au printemps, l'habi- tat des dits oiseaux. Cet appel est une sorte de rire, aux intonations bizarres : « Tchae tchaeck tchaeck hihihihi- hihihi... », qui résonne comme un trille, et est poussé quel- quefois aussi par des jeunes déjà assez forts pour se passer des soins des auteurs de leurs jours. Aussi, il arrive encore, ce « rire » s'étant tu, d'entendre dans les roseaux où ces grèbes, trop loquaces, sont souvent réfugiés pour échapper aux regards, des gazouillements très doux, de légers « tchae-tchae, tchaek-tchaek » entrecoupés de « tchiw-tchiw-tchiw-tchiw... » flûtes. — 32 - Tous ces cris sont pour l'observateur des indications pré- cieuses et permettent de constater que la nidification de cet oiseau n'est pas aussi rare en Belgique qu'on pourrait le supposer. En tous lieux suffisamment marécageux, où les roseaux et plantes aquatiques diverses croissent abondamment, on peut, au cours de la bonne saison, découvrir l'un ou l'autre couple cantonné. Et pour ceci, il n'est pas nécessaire d'aller au loin, en Campine, par exemple : tout aux abords de Bru- xelles nichent des couples de ces oiseaux. Au temps des frimas, le grèbe, devenu pour ainsi dire silencieux, rôde dans tout le pays, solitaire parfois, ou hiverne sur l'une ou l'autre flaque d'eau d'étendue suffisante, en famille. 11 est curieux à ce propos de constater en quels singuliers cantonnements ils se confinent à cette époque. Un exemple : Non loin de Tournai, au carrefour des routes d'Ere et de Douai, existe une carrière, qui, le travail ayant été forcé- ment interrompu en 1914, fut en grande partie inondée, les pompes servant à l'évacuation des eaux ne fonctionnant plus. Une nappe d'eau, vaste et profonde, se forma aussitôt dans laquelle, l'année suivante, s'ébattirent de nombreux petits poissons. D'où provenaient ceux-ci? Exactement, on ne sait. Les eaux, jaillissant dans la carrière, proviennent- elles d'un étang poissonneux? Peut-être. Sont-ce les oiseaux aquatiques qui prirent l'habitude de venir folâtrer sur ce lac en miniature qui y amenèrent, fixé à leurs pattes, du frai déposé dans un marais proche? C'est possible. Mais tou- jours est-il que la nappe d'eau se peupla comme par enchan- tement. Des grèbes castagneux, en tout cas, découvrirent ce paradis artificiel et dès lors, chaque hiver, depuis la guerre — 33 — on vit des familles de ces oiseaux s'établir à demeure en cet endroit semblant si peu leur convenir, et y passer la mau- vaise saison. L'intéressant en l'aventure est que cette nappe d'eau borde une agglomération populeuse et que, depuis la cessation des hostilités, la partie de la carrière non inondée a été remise en exploitation. Et ni la proximité des habitants de l'endroit, ni la pré- sence des ouvriers travaillant du pic et de la foreuse, ni l'éclatement des mines, ne paraissent troubler les oiseaux que l'on voit, sans souci de ces bruits multiples, plonger, pêcher, tout aussi à l'aise que s'ils se trouvaient à cent lieues de tout humain. Ajoutons cependant que ces grèbes n'ont pas fait telle- ment abandon de leur naturel farouche qu'on peut les approcher aisément. S'ils ne s'émeuvent pas de la présence d'un ouvrier travaillant à quelque dix mètres d'eux, un étranger qui s'en vient errer sur les bords de leur domaine les met aussitôt en émoi, et plongeant, nageant, ils s'em- pressent de gagner le centre de la pièce d'eau, où ils sont à l'abri de tout danger. Communément sept à huit grèbes vivent en cet endroit, durant la mauvaise saison. Le temps de la nidification revenu, tous disparaissent subitement. Ils s'en vont en des lieux plus propices chercher gîte pour leurs nichées. En effet, autre circonstance que nous avions omis de signaler, deux des rives de la nappe d'eau sont bordées ou par des rocs à pic ou par le mur de soutènement, fort élevé, de la route et les autres complètement dépourvues de végé- tation, de même au reste que toute la pièce d'eau, ce qui rend plus étrange encore le choix de cet anormal canton- nement, où n'existe nul abri favorable à la nidification, d'où l'abandon forcé au printemps. Ces notes pour indiquer à qui s'occupe de l'oiseau, qu'il — 34 — ne faut en nulle circonstance s'étonner des habitudes, par- fois singulières pour leur espèce, que prennent certains volatiles. Poule d'eau. Cette même pièce d'eau du Tournaisis est également fréquentée par de nombreuses poules d'eau, GallinUia chlo- ropus chloropus (L.) qui, comme les grèbes, n'y apparaissent qu'en hiver. Bien abritée en un profond renfoncement, cette nappe aqueuse a sans doute pour elles des attraits dont nous ne nous rendons pas compte. Nulle végétation ne croît, ainsi que nous l'avons dit, en cet endroit, et, en conséquence, la recherche de leur nourriture y doit être quelque peu ardue, puisqu'elles ne s'attaquent au poisson qu'exceptionnelle- ment. Les poules d'eau adultes semblent, en effet, renoncer à la faculté de plonger, et tout au plus enfoncent-elles la tête et le haut du corps sous l'eau, à la façon des canards. Il n'est évidemment pas question ici des jeunes qui plongent admi- rablement. Ces poules d'eau du Tournaisis ne faisaient pas exception à la règle et se tenaient sur les bords, là oii la nappe d'eau était le moins profonde, péchant à la mode des canards, je ne sais quelle friandise, gisant sur le fond quelque peu vaseux, de petits mollusques peut-être, ce dont je n'ai pu me rendre compte. Il convient néanmoins de dire que, plus mobiles que les grèbes, elles faisaient de fréquentes incur- sions dans les environs, allant et venant, en volant. Il était curieux de savoir oii, en cas d'alerte, n'ayant nul abri végétal où se dissimuler, elles pouvaient se réfugier. La disposition des lieux rendait facile l'expérience et m'étant, sans être aperçu des oiseaux, approché tout à proximité d'eux, je jetai brusquement l'alarme en leur troupe. Toutes prirent leur vol et, rasant la surface de l'eau, allèrent cher- — 35 — cher refuge sous un dôme de rochers surplombant de très peu la nappe liquide et formant renfoncement dans le mur de soutènement de la route. Ces oiseaux mettaient donc en pratique une de leurs ruses qui fait qu'ils cherchent abri, dans la région de l'Est par exemple, sous la végétation croissant en surplomb sur les rives d'un étang, ou sous les racines d'un arbre, s'avançant au-dessus de l'eau. Mais ceci nous montre qu'ils agissaient machinalement, sans paraî- tre se douter que le danger n'était pas conjuré puisqu'ils avaient gagné, en volant, une cachette qui dès lors n'en était plus une. Chez ces oiseaux, l'instinct que l'on veut parfois conscient, ne l'était donc guère en la circonstance. L. COOPMAN. Bruant Jaune, Emberiza citrinella citrinella L. J'ai trouvé le 18 mai 1915 sur la route de Marldon à Pinc- ton (Angleterre), dans un talus, un nid de bruant jaune con- tenant trois œufs. Je repassai à cet endroit, le 20 du même mois, en compagnie d'un ami, qui ne connaissait pas la façon de nicher du bruant. Je voulus lui montrer le nid et les œufs, mais ces derniers étaient enlevés. Le 10 juin sui- vant, nous repassâmes par le même chemin; mon ami m'invita à revisiter le nid afin de voir si le bruant n'y aurait pas pondu une deuxième fois. Je le fis, pour lui faire plaisir, étant convaincu que le nid serait vide. Et cependant le nid contenait quatre jeunes nouveau-nés ! C'est la première fois que j'ai rencontré le cas d'un bruant jaune ayant fait une deuxième ponte dans le même nid. Mésange a longue queue, ^githalos caudatus cauda- tus (L.) Mudie rapporte, et il a été copié par d'autres naturalistes, que le nid de cette mésange est un chef-d'œuvre d'architec- ture et qu'il lui faut un mois au moins et parfois six semaines avant de pouvoir l'achever. La première partie de sa narra- tion, qui a rapport à la perfection du nid, est exacte, mais la - 36 — deuxième, où il parle du temps que l'orite à longue queue met à édifier son nid, est totalement erronée. Il est possible que cette mésange soit occupée pendant six semaines à la construction de son édifice quand elle est interrompue par le mauvais temps et la ponte retardée par les froids tardifs, mais c'est exceptionnel. Je n'ai jamais trouvé une de ces mésanges mettant plus de quinze jours à cette édification. Les deux derniers nids que j'ai observés ont été achevés l'un en douze jours, l'autre en huit. Th. BISSCHOP. Le nid du moineau domestique. Nous avons à diverses reprises signalé les fantaisies nidificatrices du moineau domestique, Passer domesticus domesticus (L.), logeant sa couvée tantôt dans une crevasse de muraille, uns autre fois construisant de toutes pièces un volumineux nid ovoïde qu'il installe sur un arbre proche de la ferme, en quelques occasions expulsant de son home l'une ou l'autre hirondelle, que sans façon il remplace. Nous l'avons vu, quelques familles assemblées, prendre possession d'un tronc vermoulu et utiliser les cavités y creusées par un pic vert ou encore aménager à sa façon la cassure d'une grosse branche creuse. Il en est qui font, plus encore, preuve d'originalité, témoins ces moineaux du Tournaisis, qui au haut d'une vieille excavation, carrière abandonnée, sise route d'Ere, ont trouvé avantageux d'élire domicile dans d'anciens nids de Cotyles de rivage, creusés dans la glaise. Quatre familles de moineaux occupaient, en mai dernier, quatre de ces galeries, dans lesquelles s'élevaient des rejetons voraces, s'il fallait en croire les allées et venues des adultes. Dans la même carrière existait d'autre part un nid de chevêches. Nos moineaux ne semblaient au reste guère se soucier de ce voisinage et paraissaient n'accorder qu'un coup d'œil indifférent à l'un ou l'autre des nocturnes qui, au cours de la journée, se reposait sur une corniche en saillie. L. COOPMAN. - 37 - REVUES ORNITHOLOGIQUES Relevé des derniers fascicules d'ornithologie parvenus au Gerjaut par voie d'échange : Revue jrançaîse d'Ornithologie (7 octobre 1921) : L. Coopman. Le transport des jeunes par les Rapaces. — C. Guérin. Le transport des petits par les Accipitriens. — F. Jourdain. Les oiseaux de la forêt de Marmara. — Notes et faits divers. — Questions d'ornitholo- gie pratique : M. Logendre. Nos Mésanges (suite). Idem (7 novembre 1921) : Marquis de Chauvelin. Les Oiseaux de mer devant la loi. — C. Guérin. Nidification anormale du Busard montagu. — D'^ Millet-Horsin. Guide de l'amateur d'oiseiaux débar- quant sur la terre d'Afrique (suite) . — Questions d'ornithologie pra- tique : M. Legendre. Nos Mésanges (fin). — A. Ménégaux. Sur la nourriture de l'Effraye commune. Idem (7 décembre 1921) : D^ Miliet-Hcrsin. Guide de l'ama- teur d'oiseaux débarquant sur la terre d'Afrique (suite). — G. Ba- bault. Note sur une nidificadcn anormale du Serin domestique. — Questions d'ornithologie pratique : J. Quentin. Sur la mise en peau des o seaux. — Notes et faits divers. L.' Oiseau, Paris (sepiembre 1921) : M. Burgess. L'élevage du Lori à calotte noire. — A. Bourke. Le Gobe-Mouche étoile. — D' E. Tejera. Les aigrettes au Venezuela. — Chronique ornithologique. Idem (octobre 1921) : A. Ezra. Un nouveau Souï-Manga en cap- tivité. — A. Decoux. La reproduction du Martin de Chine. — J. Delacour. Mes oiseaux de parc en 1921. — Chronique omithc- logique. Idem (novembre 1921) : F. de Lacger. Elevage de Bul-Buls en captivité. — M"'" V. Lécallier. Elevage du Cacatoès Gang-Gang. — D. Seth-Smith. Elevage de rHemipode varié. — J. Delacour. Note sur la nourriture des Trichoglosses. — Chronique ornitholo'- giquei. Idem (décembre 1921) : D. Seth-Smith. La reproduction de l'Ibis sacré (illustré). — Une collection d'oiseaux d'Australie et de Nou- velle-Guinée. — Chronique ornithologique. Bulletin de la Ligue française pour la Protection des Oiseaux, Paris (août-septembre 1921) : Les mois de nos oiseaux. — Notes pratiques. — Notes et faits divers. Idem (octobre-novembre 1921) : A. Bürdet. Le coucou. — Opi- nions et arguments. — Notes et faits divers. Idem (décembre 1921) : Nécrologie. Mort de M. Edmond Per- rier. — Divers. — Opin cps et arguments. — - Ch. Rivière. Le pic ou pique-bois en Algérie. — L. Ternier. Les songes d'une nuit d'été. — Notes et faits divers. Nos Oiseaux, Neuchâtel (octobre 1921) :A. Richard. Le Pouilloî fitis. — E. Bersot. — Le nid de la Bondrée. Prctection. — Divers. Idem (décembre 1921) : L'histoire du coucou. — Divers. L'Ornithologiste. — Der Ornithologische Beobachter, Berne (fas- cicule 9) : A. Hess. Bericht über die Tätigkeit deir Schweizerischen — 38 — Zentralstation für Ringversuche in Bern, im 1920. — A. Mathey- Dupraz. Notes ornithologiques de la région du Bosphore. — Com- munications diverses. Idem (fascicule 10) : K. Bretscher. Ein Geleitwort. — Zwiesele. Ornithologischer Bericht aus Württemberg und dem badischen Bo»- denseegebiet. — A. Mathey-Dupraz. Notes crnithclcgiques d'ei la région du Bosphore. — Communications diverses. Idem (fascicule 11) : J. Gengler. Die Avifauna des Vierwald- stättersee und des Gctthard's. — C. Stemmler. Drr Rauhfussbussard ( Archibufteo Lagopus) imi Tessin. — A. Bau. Ueber die Einwan- derung des Girlitz in Vorarlberg. — Communications diverses. Idem (fascicule 12) : Vikt. v. Tschusi. Ein Gedenkblatt an den Letzten Tiroler Bartgeier. — A. Ghidini. Le vautour barbu dans les Alpes. — A. Mathey-Dupraz. Notes ornithologiques de la région du Bosphore. — Communications diverses. Ardea, Leiden (jaargang X, aflevering 2 en 3) : E. D. van Ocrdtî. Het trekken der vogels. — Resultaten van het ringonderzoek van het Rijks Museum, te Leiden. — J. H. Pellinkhof. Vogels van Meppel en omgeving. — J. A. Bierens de Haan. Een merkwaardig vinkenjoumaal. — G. J. van Oordt. Ornithological notes from Spitsbergen and Northern Scandinavia 1921. — L. F. de Beaufort. Further additions to the knowledge of the Avifauna of East Su- matra. The Ibis, London (October 1921) : J. H. Stenhouse. Bird Notes from Southern Spain. — L. Griscom. Some notes on the Winter Avifauna of the Camarguie. — James P. Chapin. A note on the genus Lampribis in East and Central Africa. — Steph. R. Clarke. An account of tlie Birds met with during a twO' months' shooting trip in Northern Rhodesia. — R. Meinertzhagen. Notes on some Birds from the Near East and from Tropical East Africa. — P. W. Munn. Notes on the Birds of Alcudia, Majorca. — J. Lewis Bonhote. Subspecie and their part in Evolution. — Obituarj'. — Notes. Bulletin oj the British Ornithologists' Club, London : Meetings of the Club, October, November and December 1921. British Birds, London (Oct. 1921) : W. B. Mullens. Notes on the Great Auk. — J. H. Owen. A note on the Red. backed Shrike. — Notes. Idem (Nov. 1921) : W. Rowan. Observations on the Breeding- Habits of the Merlin. — E. Lehn Schiöler. A short description of the Sequence of Plumages in some Palaearctic Surface-feeding Ducks. — Notes. Idem (Dec. 1921) : A. Landsborough Thomson. A critiquai note of the value of Bird-Marking. — H. F. Witherby. On the Bri- tish-taken Examples of the <( Levantine » Shearwater. — Notes. Bird Notes and News, London (Autumn Number 1921) : Bird- Ringing. — Farewell, Swallow. — Economic Ornithology. — Notes. Idem (Winter Number) : A. Watcher on the Hills. — The Plu- mage Trade. — Notes. — 39 — The Oologists' Record, London (September 1, 1921) : H. Kirke Swann. A. Birdi-Nesting trip to Andalucia. — G. J. Scholey. A remarkable Cuckoo' coincidence. Idem (December 1, 1921) : C. R. S. Pitman. Oological notes on some of the breeding birds of Palestine. — Notes from Nyasa- land. — C. F. A. Ritson. Notes on some of the rarer british Birds which breed in Denmark. Danske-Fugle, Viborg (2' aarg, n'' 2) : P. Skovgaard. Masrkede Havmaager (Larus argentatus) . The South Amfralian Ornithologist, Adélaïde (1st October 1921) : S. A. White. Petroica Multicolor (Scarlet-breasted Robin). — A. Chenery. Notes on Birds met which during a visit to South- West Queensland. — Edwin Ashby. Some Tasmanian Bird! Notes. — S. A. White. Observations at Ooldea. — Bird Notes. Bird-Lore, New- York (September-October 1921) : General arti- cles. — Notes from field and study. — The Season. — Book News and Reviews. — The Audubon Societies. Idem (November-December 1921) : General articles. — Ernest Thompson Setton. What Birds Signal with their tails? — Harry C. Oberhoilser. The Migration of North American Birds. — Notes from field and study. — Bcok News and Reviews. — The Audubon Societies. The AuJi, published by « The American Ornithologists' Unicn », Lancaster, f^a. (July I92l) : H. Mousley. Which Sex Selects the Nesting Locality. — E. L. Poofe. Jmpressions of Bird life in France. — William Ray Allen. The Birds of Lake Poopo Bolivia. — Fre- deric H. k.ennard. Moulds and Bacteria on Egg collections. — H. Kirke Swann. A coflection of Accipitres from the Merida District W. Venezuela. — Louis B. Bishop. Description of a new Loon. — Chreswell J. Hunt. Notes of Birds of Southeastern Arkansas. — Horace W. Wright. The Mockingbird in the Boston region and in the New-England. — Ontram Bangs and Thomas E. Penard. The name of the Eastern Hermit Thrush. — James L. Peters. A Review of the Grackles of the Genus Holoquiscalus. — General notes. — Notés and News. Idem (October 1921) : T. Gilbert Pearson. Notes of the Bird- Life of Southeastern Texas. — Frank Bond. The later flighils of the passenger Pigeon. — Leverett M. Loomis. Remarks on the migra- tion of Southern Hemisphere Albatrosses and Petrels. — James P. Chapin. The abreviated inner primaries of nestling Woodpec- kers. — Thomas D. Burleigh. Breeding Birds of Warland, Lin- coln Co, Montana. — Stanley Clisby Arthur. — 1 he feeding habits of the black Skimmer, — Nagamichi Kuroda. Descriptions of seven new forms of Japanese and Corean Picidae. — Louis B. Bishop. Notes from Connecticut. — Norman A. Wood. Some Southern Michigan bird records. — General notes. — Notes and News. The Oologisf, Albion N. Y. (Sept. 1921) : Birds of North Hero Island, Vermont. — Fred J. Pierce. A biography of the American Crow. — Notes and News. - 40 - Idem (Oct. 1921) : Arthur Blocher. The Baxn Swallow. — Notes and News. Idem (Nov. 1921) : Harold N. Vars. Florida Sunshine. — Notes and News. Idem (Dec. 1921) : Some notes on the preparation of mammal skins. — Snow and eggs. — William Rounds. Egg collecting. — Notes and News. Bulletin oj the Essex County Ornithological Club oj Massachu- sett, Salem (December 1921) : Glover M. Allen. The Wild Tur- key in New England. — D' John C. Phillips. Status of certain Ducks at Wenham Lake. — Charles W. Townsend. The Terns of our Coast. — Edward Howe Forbush. How much do Loons use their wings under water. — Winthrop Packard. Some Bussards Bay birds. — S. Gilbert Emilio. Changes in Essex County Avifauna. — Notes and News. The Wilson Bulletin, Ohio (September 1921) : Margaret M. Nice and L. B. Nice. The Roadside census. — J. A. Spurrel. Land birds of Sac Country, Iowa. — Myron H. Swenk and Raph W. Dawson. Notes on Nebraska Birds. — Field notes. Idem (December 1921) : H. L. Stoddart. The Nesting of the Duck Hawk. — Alvin R. Cahn. Summer birds near Lake Caddo. — Frank L. Burns. Comparative periods of Nestling Life. — W. L. McAtee. Two Spring bird Lists. — Field notes. The Condor, Berkeley, California (September-October 1921) : Margaret Morse Nice. Nests of Mourning Doves with three young. — M. P. Skinner. Notes on the Rocky Mountain Jay in the Yelloiw- stone National Park. — Allan Brooks. A Twelvemonth with the Shorebirds. — G. Willett. Bird! Notes from Southeastern Alaska. — Tracy I. Storer. The Northward Range of the Allen Hummingbird. — From field and study. Idem (November-December 1921) : Robert S. Woodis. Home life of the Black-tailed Gnatcatcher. — Joseph Mailliard. Notes on fall migrations of Fox Sparrows in California. — R. C. Miller. The mind of the flock. — Richard Hunt. Nesting Pine Grosbeaks in Plumas County, California. — From field and study. EI Hornero, Buenos-Aires (vol. II, n'^ 3) : R. Dabbene. Los petrefes y albatros del Atlantico^ austral. — C. E. Hellmayr. Sur les espèces néotropicales du genre Anthus. — R. H. Ware. Lista de aves de las islas Falkland. — C. Fitbrig. Algunos datos sobre aves del Paraguay. — F. Lahille. Estudio de las aves en relacion con la agricultura. — W. B. Alexander. Tubinares observados desde Bs. As. hasta Capetown, — F. Sathicq. Datos sobre nidos de hor- nero's. — G. Casale. Influencia de la luz electrica sobre las faunas locales. A. Castellanos. Las goilondrinas emigran o se aletargan? — J. B. Daguerre. Costumbres y nidification del hornero. — P. Sérié. Sobre la alimentacion de la perdiz comun. — Informaciones. L. COOPMAN. 12'^^ Année 1922 FASCICULE II LE GERFAUT Revue belge d'Ornithologie MM. les auteurs sont personnellement responsables de leurs écrits. SOMMAIRE : Observations orniihologiques 1921-1922, ^^^— ^— — ^^^^~ chev. G. van Havre. — • Le Divorce chez les Oiseaux, L. Coopman. — Moineau à bec monstrueux, Ch. Dupond. — La Locustellc tachetée, L. Coopman. — Mœurs du Coucou, Ch. Dupond. — Notes et Observations diverses. — Revues Ornithologiques. S OBSERVATIONS ORNITHOLOGIQUES faites du 1er mai 1921 au 30 avril 1922 et rassemblées par le chevalier G. VAN HAVRE, à Wyneghem. Au cours de l'automne 1921, les conditions atmosphé- riques ont peu différé de celles qui, à la même époque, accompagnèrent la migration de 1920. Cette fois encore, le passage se fit rapidement et c'est en petit nombre que les migrateurs séjournèrent dans notre pays. On peut remar- quer toutefois une persistance légèrement moindre des vents d'est, ce qui rendit le passage moins précoce, ensuite de fortes dépressions barométriques accompagnées de vio- lentes tempêtes causant l'atterrissage forcé de toutes les espèces en migration, comme ce fut le cas lors de la bour- rasque du 6 novembre; enfin les gelées nocturnes qui, nor- males au début de l'automne, devinrent extraordinairement intenses à la fin de novembre et amenèrent avec elles la fin totale du passage. Toutefois, si d'une part les migrateurs et même certains hivernants habituels abandonnèrent dès ce moment nos régions, d'autre part les espèces qui ne quittent les pays septentrionaux que par les froids les plus -4â - rigoureux firent leur apparition dans nos contrées. Pour se faire une idée de l'intensité des frimas ayant sévi dans le nord de l'Europe, même en deçà du cercle polaire, il suffit de se représenter que la mer Baltique fut en grande partie fermée par les glaces. Cette période hivernale fut de longue durée et se prolongea jusqu'à la mi-février. En passant en revue ces divers phénomènes naturels et en étudiant leur répercussion sur la migration et l'hiver- nage, il faut noter tout d'abord que le passage d'automne fut en général moins précoce, comme je l'ai dit déjà, et moins précipité que ne l'avait été celui de l'année précé- dente. J'ai toutefois une observation à citer à ce propos : c'est la capture d'une grive mauvis, à Deurne-lez-Anvers, le 9 septembre 1921, date qui, à ma connaissance, constitue un record de précocité pour cette espèce. Comme densité, le chardonneret seul se fit remarquer; des exemplaires bien plus nombreux qu'à l'ordinaire furent capturés partout où se pratique la tenderie. Le sizerin boréal, qui n'abandonne pas régulièrement son habitat septentrional, se montra chez nous après une absence de plusieurs années, car il n'avait plus été signalé depuis 1914. Parmi les hivernants chassés jusqu'à notre latitude par la rigueur du froid, le cygne sauvage se fit surtout remarquer : on abattit des oiseaux de cette espèce un peu partout dans la basse et la moyenne Belgique et des captures furent même faites en Ardenne. Ce fut le même cas pour quelques exemplaires du cygne tubercule, dont l'origine sauvage pourtant est toujours douteuse; enfin un cygne de Bewick, une rareté en Belgique et qui n'y avait plus été signalé depuis 1893, fut abattu vers le 15 janvier 1922 sur le marais du Brale à Quaregnon. Les oies cendrées, des moissons et bernaches à collier furent très nombreuses, surtout dans les polders, la vallée - 43 — de l'Escaut et la zone côtière ; des morillons de diverses espèces et des harles furent abattus au bas Escaut et même à l'intérieur des terres. Enfin il me reste à signaler la présence dans notre pays, principalement durant la première quinzaine de février, de l'outarde barbue, dont différentes bandes furent observées et quelques sujets abattus dans la moitié orientale de notre territoire. Pastor roseus{L.), Martin roselin. — Un jeune sujet a été pris au filet avec des étourneaux à Beveren-Waas, le 24 sep- tembre 1921. J'ai pu l'acquérir pour ma collection. (P. Croegaert.) Cette prise intéressante, effectuée au même endroit que celle de l'individu signalé en octobre 1905. constitue la 9'^ capture dûment constatée de cette espèce en Belgique. (V. H) Ampelis garruhis (L.), Jaseur de Bohême. — Je crois intéressant de relater le fait suivant, auquel j'ai assisté per- sonnellement aujourd'hui 10 novembre, à Heide-Calmpthout. A l'hôtel oîi je réside, le patron vient de tirer de grand matin, alors que tout est en pleine neige, deux jaseurs de Bohême, mâles, possédant des plaquettes cartilagineuses rouges aux rectrices. La bande se composait de quatre oiseaux qui s'étaient abattus sur un sorbier très proche de l'habitation. Comme je sais que les jaseurs de Bohême ne sont que de passage irrégulier en Belgique, je tiens à vous informer de ces captures. (P. Croegaert.) Trois jaseurs de Bohême ont été observés et l'un d'eux tué le 10 novembre, aux Sorbiers, à Frahinfaz-lez-Spa. (P. DE CONTRERAS). Comme l'indiquent les observations relatées ci-dessus, notre pays ne doit avoir été visité que par de petites bandes — 44 — de ces oiseaux et celles-ci ne semblent pas avoir été très nombreuses. Le journal Chasse et Pêche a, de son côté, mentionné la capture de trois sujets à la même époque hors d'une bande de quatre, à Sivry (Hainaut), et \q Journal des Chasseurs celle d'un individu aux Xhawirs-Xhendelesse (Liège), le 13 novembre. (V. H.) Chelidon rustica rustica (L.)? Hirondelle? — Dans le courant de l'été 1921, une hirondelle albinos parfait a été observée à Cugnon par M. Em. Goes, d'Ottignies. Je ne suis pas parvenu à savoir si le sujet était une hirondelle de cheminée ou un chelidon des fenêtres. (M. Weber.) Coracias garrulus garrulus L., Rollier garrule. — Un exemplaire de cette espèce, dont l'apparition, bien rare et accidentelle en B.igique, n'a été signalée qu'à de longues années d'intervalle, vient d'être abattu au Gheelsche broek entre Gheel et Moll, par M. Neomagus, d'Anvers, le 8 juillet 1921. (P. CROGAERT). Le 3 juillet 1889, un rollier fut tiré à Brasschaet ; il se trouve actuellement dans la collection de M. René Van den Abeele. Depuis cette époque aucun oiseau de cette espèce n'avait été signalé dans la province d'Anvers La capture faite récemment à Gheel est donc la seconde pour cette province. (V. H.) Dryocopus martius marfius{L.), Pic noir.— J'ai à signaler une nouvelle capture de Pic noir faite dans la province d'Anvers. Un chasseur d'Heyst-op-den-Berg m'a fait par- venir, pour être naturalisé, un exemplaire mâle tué par lui à Meerhout, près Hoogstraeten, le 8 octobre 1921. (E. Walschaerts) - 45 — Cette capture est la seconde pour la province d'Anvers, la première, relatée dans les observations pour 1920-21, ayant eu lieu à Rethy, en mai 1920. (V. H.) Diyobates minor coniminuf us {Hart.), Pic Epeichette. — J'ai remarqué chez M. Paul Van Tieghem, naturaliste, à Bruxelles, un mâle qui avait été tué à Ypres le 7 septem- bre 1921. Une femelle lui a été envoyée par le baron Frédéric d'Huart, le 21 septembre 1921. Cet exemplaire avait été capturé à Vonèche. Le 3 décembre dernier, j'ai observé au parc de Laeken un individu de cette espèce. 11 avait un peu du vol du moi- neau, mais la brièveté de sa queue attira mon attention En descendant vers l'arbre choisi il volait en zig-zag comme pour chercher la branche oii il voulait se poser. Dès qu'il était sur l'arbre il faisait entendre son cri, qui me paraissait avoir beaucoup de rapport avec celui du pic épeiche, mais beaucoup plus faible. Il commença aussitôt à explorer les branches, principalement celles de la grosseur du pouce et il martelait incessamment l'écorce à coups de becs préci- pités. Je n'ai pas pu l'observer de très près, mais il me semble qu'il se perchait parfois à la façon ordinaire des passereaux. (Ch. Dupond). Le 3 octobre 1921, j'ai observé à Ottignies un pic epei- chette. 11 se trouvait au même endroit que l'individu abattu l'an dernier à la même époque. (R. DE THOMAZ de BOSSIÈRE). Circaëtus gallicus (Gm.), Circaète des serpents. — Un sujet de cette espèce qui s'observait jadis dans les grandes bruyères de l'Ardenne et sur les hautes fagnes et qui depuis de longues années a presque complètement disparu de notre pays, a été capturé dans un piège à poteau à Chanly,près de Wellin (Luxembourg), le 4 août 1921, sur la — 46 — chasse de M. Schaetsaert, de Gand ; l'oiseau, en pleine mue, est un jeune prenant la livrée d'adulte. IV. H ) Ciconia nigra (L.), Cicogne brune, — Un jeune sujet, bagué en Danemark, a été tué en septembre dernier par un garde, sur le domaine de Maisy, à Ctienogne près Sibret, appartenant au comte Visart de Bocarmé. Cet exemplaire n'a pas été naturalisé. (G. DU Bus DE Warnaffe). Ardea purpurea purpurea L., Héron pourpré. — J'ai tué un jeune oiseau de cette espèce sur les bords d'un étang à Kerckom, près Saint-Trond, en août 1921. (A. DE MEEUS). Vers le 12 septembre un jeune héron pourpré a été tué à Braine-l'AUeud, par le docteur Dock, de Bruxelles. (Ch. DUPOND). Nyroca marila marila (L.), Morillon milouinan. — La période de froid, fin novembre 1921, nous a amené une quantité formidable de migrateurs du nord. Les empailleurs ont fait une bonne saison ; les hérons, les oies et cygnes sauvages abondaient à leurs vitrines. J'ai remarqué chez le naturaliste Van Tieghem, rue du Marais, à Bruxelles, un mâle et une femelle de canard morillon milouinan. Quoique cet oiseau soit renseigné comme hivernant en nombre en Belgique, on le voit rare- ment aux Halles de Bruxelles. (Ch. Dupond). Mergus serrator L., Harle huppé. — Un beau mâle en plumage d'hiver a été tué au début de 1922 près de Turn- hout. Cette espèce est excessivement rare sur nos marais campinois. (Hendrickx.) Hydrobates pelagicus (L.), Thalassidrôme de tempête. — Deux sujets ont été capturés sur l'Escaut devant Anvers, le - 47 - 6 novembre 1921, durant la violente tempête qui sévit à cette date. Ils me furent appoités le lendemain pour être natura- lisés. (E. Walschaerts.) Sula bossana (L.), Fou de Bassan. — Deux fous de Bassan a luîtes ont été tués à la côte d'Ostende le 4 mars 1922. Si les jeunes de cette espèce se montrent presque tous les hivers sur nos côtes, les adultes y sont toujours très rares. (M. DE Contreras.) Colyinbus nigricollis nigricollis {Brehm), Grèbe oreillard.— Un couple avec des jeunes se trouvait au Keignaert Kreek près de Zandvoorde, à la date du 15 juillet 1921 ; sans aucun doute ces oiseaux avaient niché à cet endroit, milieu d'ail- leurs très favorable à l'espèce. (V, Bennert.) Les observations faites en juin et août 1889, près d'Anvers, par M. Croegaert et qui furent rapportées par A. Dubois, dans le relevé des observations ornithologiques faites en 1887-88 (0/77/5, t. VI, 1890, p. 344), faisaient présumer que cette espèce se reproduit occasionnellement en Belgique. L'observation si intéressante qu'a pu faire M. V. Bennert vient établir définitivement ce fait. (V. H.) Machetes pugnax (L.), Combattant querelleur. — Le 12 juin 1921, j'ai vu un jeune de cette espèce au bord de la crique Zoute-Magdelijne Kreek, entre Steene et Zand- voorde. Il avait la taille d'une forte grive. L'oiseau était seul. Les combattants nichant en Zélande non loin de là (près de Hulst s le fait, quoique méritant certes d'être signalé, n'a cependant rien d'anormal, vu la précocité des oiseaux cette année. i^V. Bennert.) £'/'o//a/er/-//^//2ea (Brunn.), Bécasseau cocorli.— J'ai reçu deux exemplaires de cette espèce tirés près de Turnhout, le premier le 2 septembre 1921, le second au début d'avril 1922. Ce n'est qu'exceptionnellement que ce bécasseau se ren- contre dans ces parages. (C. Hendrickx.) — 48 — RecLirvirostra avoseffa L., Avocette récurvirostre. — Comme les deux années précédentes, l'espèce a niché en 1921 dans la région du front de guerre. J'ai observé un couple vers le 10 juin, à Mannekensvere. (V. Bennert.) Scolopax rusticola nisticola L., Bécasse ordinaire.— Je ne sais si vous avez eu connaissance du fait curieux suivant : le 25 juin 1921, une bécasse blessée, sans doute par un choc contre les fils téléphoniques, a été trouvée dans la cour du Crédit Général Liégeois, rue Royale, à Bruxelles. (R. DE THOMAZ de BOSSIÈRE.) La migration d'automne de la bécasse fut en 1921 plus normale qu'elle ne l'avait été en 1920, surtout fut-elle moins précoce; il faut en chercher la cause dans la fréquence sen- siblement moindre des vents d'est durant les mois de septembre et surtout d'octobre et dans l'intensité plus faible des gelées nocturnes. Dans la province d'Anvers, un passage assez important eut lieu le 25 octobre; il perdura en s'affai- blissant jusqu'au 15 novembre, pour finir entièrement avec les fortes gelées qui se firent sentir à la fin de ce mois. La forte tempête du 6 novembre provoqua un atterrissage général de tous les oiseaux en migration, qui n'avaient pu fuir devant cette violente perturbation atmosphérique. Des bécasses furent observées partout, sur les chemins, dans les jardins, jusqu'en plein champ, car la force du vent était telle que ces oiseaux étaient obligés de s'abattre là où ils se trou- vaient. Comme l'année précédente, on n'observa aucun passage en décembre. Prise dans son ensemble, la densité du passage de bécasses, qui se fit par nos provinces, fut sensiblement infé- rieure à la moyenne, environ d'une moitié pour la région d'Anvers. (v. H.) Sterna minuta minuta L., Sterne naine. — Une colonie de Sternes naines s'était établie pour nicher en juin 1921 au _ 49 - Zwijn, près Knocke, en territoire belge. Trente nids environ se trouvaient rassemblés en cet endroit, mais ils furent enlevés par la forte marée avec vent du nord qui se produisit le 23 de ce mois. (DE Lalaing.) Uriatroilletroille (L.), Guillemot troile. — Séjournant à Blankenberghe, j'ai trouvé après la tempête des 18-19 avril, sur la plage de Wenduyne-Blankenberghe-Zeebrugge, une vingtaine de guillemots troile en état de conservation par- faite. J'en ai même écorché un et ouvert l'estomac qui était totalement vide. Les trois quarts des sujets étaient fort maigres et je suppose que vu l'impétuosité du vent, ils ont été noyés. La mer a été terriblement houleuse et tous les cent mètres on trouvait un cadavre. Il y avait aussi une macreuse noire, également noyée, très maigre. Beaucoup de sujets avaient la poitrine très brune, je n'en ai vu que deux sur les vingt, dont la poitrine était totalement blanche; je dois en conclure que la plupart prenaient déjà à cette date leur plumage d'été. (A. Paque ) LE DIVORCE CHEZ LES OISEAUX En suite de l'article paru sous ce titre dans le précédent fascicule du Gerfaut, M. G. de Burg, secrétaire de la Com- mission fédérale ornithologique suisse, adresse à notre directeur une lettre dans laquelle il signale avoir fait des observations identiques à celles de M. Baldwin, observa- tions parues dans la revue L'Ornithologiste 1913, numéros 11 et 12. Dans sa propriété d'Olten, en Suisse, séjournent de nombreux oiseaux à demi apprivoisés au moyen de vers à farine, notamment des rouges-queues titys, des rouges- queues de muraille, des pinsons, des gobes-mouches, des mésanges, etc., qu'il a l'occasion d'observer de très près. _ 50 — Cela lui a permis de constater, sans qu'il lui demeurât le moindre doute, que de multiples mutations se produisent lors de l'accouplement qui a lieu avant la seconde nidifica- tion de l'année. Mâle et femelle, après avoir élevé leurs premiers jeunes, se séparent et s'accouplent soit à une femelle, soit à un mâle étranger. Un nouveau couple remplace également souvent les premiers nidificateurs, dans un cantonnement déterminé. Ces observations ont notamment été faites par M G. de Burg, relativement aux rouges-queues. L. C. MOINEAU A BEC MONSTRUEUX Moineau domestique, Passer domesficus clomesticiis (L.) capturé à Anvers, le 22 décembre 1919. Ainsi que le montre la gravure ci-dessus, le bec de cet oiseau est démesurément allongé. Les deux mandibules ont participé à l'accroissement, mais d'une manière inégale, — 51 — l'inférieure étant de beaucoup la plus longue. Le bec est normal à sa base, la pointe s'emboîte dans la partie pro- longée, qui est de nature cornée, non osseuse. L'allonge- ment n'est pas courbé régulièrement, 11 dévie légèrement à droite vers le bout. La mandibule supérieure, à partir de la naissance des plumes et mesurée le long de l'arête, atteint une longueur de 12 millimètres; la mandibule inférieure, mesurée le long de la courbure, atteint 65 millimètres. L'animal devait être bien embarrassé de son appendice phénoménal et l'on se demande comment il parvenait à ramasser sa nourriture. Les voisins de l'église Saint-Willi. brod, endroit fréquenté par cet oiseau, ont souvent observé celui-ci : il était obligé de tourner la tête de façon que la fente du bec se trouvât dans le sens vertical et il ramas- sait avec le côté du bec. Il faut croire cependant que cet instrument lui rendait la préhension de sa nourriture fort difficile, car, à l'empaillage, l'oiseau fut trouvé d'une mai- greur extrême. L'histoire de la capture de ce moineau est presque aussi étrange que son bec. A la date indiquée ci-dessus, le docteur G. Ide, d'Anvers, reçut un faucon pèlerin qu'un coup de fusil avait descendu de la tour de l'église Saint-Willibrod. On lui remit également le moineau à bec allongé : ce pierrot était tombé en même temps que l'oiseau de proie, mais l'adroit tireur ne pouvait expliquer la cause de sa chute. Le faucon tenait-il le moineau? Toujours est-il que celui-ci ne portait aucune trace de blessure, soit de serre, soit de plomb. Ce phénomène orne actuellement la collection de M. Paul Croegaert, à Anvers. Ch. Dupond. 52 LA LOCUSTELLE TACHETÉE Lociisfella naevia naevia iBodd) C'est certainement, vont me dire beaucoup de ceux qui liront ce titre, un oiseau fort rare en Belgique : jamais nous ne l'avons aperçu, nous ne connaissons pas son chant et si nous en avons entendu parler, c'est en termes fort vagues. De fait, une opinion assez accréditée fait figurer la locus- telle tachetée dans la liste des oiseaux rarement rencontrés parmi les représentants de notre faune indigène. L'erreur est cependant manifeste et, en ce qui concerne nos monta- gneuses régions ardennaises, on peut affirmer avec certitude qu'elle y est oiseau commun, beaucoup plus répandu, en tout cas, que d'autres espèces cataloguées comme hôtes assez fréquents du pays. A quoi attribuer cette méprise? Vraisemblablement aux mœurs de l'oiseau, et plus encore très probablement au fait que son chant, cependant extrê- mement caractéristique, est inconnu du plus grand nombre, que jamais on ne s'imagine que le ramage d'un volatile peut si facilement se confondra avec le « chant » d'un insecte En effet, non averties, cent pour cent des personnes qui ouïront la voix de la locustelle vous affirmeront que les stridulations qu'elles perçoivent sont simplement la musique que la grande sauterelle verte (Locusta viridisima Lin.) pro- duit en frottant ses longues pattes sauteuses sur les élytres. Et nous avons vu des gardes forestiers, observateurs cepen- dant en ce qui concerne les choses de leur métier, qui, entendant depuis vingt ans les accents de la locustelle, avaient toujours cru qu'il s'agissait, en l'occurrence, de l'orthoptère que nous venons de citer. C'est donc simplement cette ignorance du chant de notre insectivore qui, à notre avis, a surtout induit en erreur la plupart de ceux qui, s'étant occupés des oiseaux, ont déclaré - 53 - que Ia locustelle tachetée était un oiseau peu commun en Belgique. Comme on ne la capture ni à la tenderie au filet, ni dans les lacets à grives, qu'elle ne se distinque par aucun trait saillant de la catégorie des oiseaux qui sont pour le profane ou des moineaux ou des fauvettes, selon la forme du bec, on conçoit qu'elle soit ignorée de nombre d'amateurs. Son habitat — tout au moins au temps de la reproduc- tion a contribué quelque peu aussi à la propagation de cette réputation d'oiseau rare. La locustelle, en la bonne saison, vivant dans la région ardennaise, toujours à une altitude rarement inférieure à 300 mètres, le plus souvent là où on excursionne fort peu étant donné la difficulté relative des voies d'accès, se tient en outre dans les endroits où on ne se hasarde pas volontiers quand on craint d'abandonner les sentiers battus, plus aisés à parcourir que leurs environs broussailleux, et peu d'obser- vateurs se sont donné la peine d'aller, chez elle, étudier consciencieusement ses mœurs. Cependant, ses retraites ne sont pas toujours telles et nous avons observé la locustelle, au temps de la reproduc- tion, en des endroits fort peu éloignés de Verviers, notam- ment dans les environs d'Oneux-Theux (altitude 330 m.), à la Croix du Petit-Jehan (altitude 370 m.), dans les bois de Staneux, Polleur et Theux (altitude 350 m.), dans les proches environs de Spa, de Stavelot, de Francorchamps, etc., en un mot, partout où la configuration du terrain lui fournis- sait habitat propice et à condition que l'altitude fût suffisam- ment élevée En ces endroits, il est relativement facile d'étudier notre oiseau, mais on ne s'était pas imaginé que les locustelles nichaient en de semblables parages. Même, j'ai dû parfois emmener en ces régions l'un ou l'autre incrédule qui suppo- - 54 - sait mon observation erronée, s'obstinant à aller chercher la locustelle sur les Fagnes de Jalhay, de Solwaster, de Bronrome, loin de tout centre habité. En ce qui concerne l'altitude à laquelle se rencontre l'oi- seau, il est bien entendu que nous n'entendons ici parler que pour l'époque de la reproduction et aussi des oiseaux nichant en régions montagneuses, car on trouve la locus- telle à des altitudes bien inférieures, l'arrière-saison surve- nue, et aussi à l'époque de la nidification, puisque dans ses observations ornithologiques {Le Gerfaut, 1920, fasc. 11) M. le chevalier van Havre signale l'observation, au 20 juin 1919, d'une locustelle tachetée dans les marais de Winckel sous Zevendonck. C'est probablement aussi la méconnaissance de l'oiseau qui a fait dire, puis répétera satiété, que la locustelle était sauvage et farouche. Si dans des circonstances particulières, cela est vrai, ce n'est en général pas toujours exact, loin de là. Peut-être y a-t-il eu ici, pour certains, un manque d'obser- vations suivies, mais pour d'autres, ce n'est pas le cas, semble-t-il. Ces derniers ornithologues, observateurs atten- tifs, n'ont eu que le tort d'épier toujours le même oiseau ou le même couple, ne se souvenant pas que chaque oiseau a son caractère propre et aussi des habitudes personnelles qu'il n'abandonne pas volontiers. Lorsqu'on a l'intention d'observer une espèce pour avoir sur ses moeurs des données précises, il ne faut pas, à mon avis, se borner à surveiller toujours le même oiseau, au même endroit, mais s'adresser au plus grand nombre pos- sible d'individus, pris en des cadres variés, de façon à pou- voir, sans mécompte, tabler sur un ensemble de faits, pour en tirer des déductions exactes relativement à l'espèce en général. N'oublions pas nonplus que des poursuites répé- — 55 — tees rendent fatalement méfiant l'oiseau le plus confiant qui, alors, réglera sa conduite sur vos agissements qu'il ne peut supposer lui être favorables. Et c'est ce qui se pro- duit très souvent, surtout si vous êtes entraîné, par raison de curiosité ou autre, à vous enquérir du nid de l'oiseau. La locustelle tachetée, disions nous, n'est pas un oiseau farouche, et nous allons l'établir. Tout d'abord l'oiseau n'hésite pas à vivre, à installer son nid dans les environs des habitations forestières, même là OLi le va-et-vient est relativement intense, où de nom- breux enfants circulent, où le charriage est parfois considé- rable, bref, où on supposerait le moins le rencontrer. Ici la locustelle ne choisit pas l'endroit le plus éloigné de tout ce mouvement pour s'y tenir, mais se rapproche des demeures, se tient à proximité des voies carrossables, des sentiers qui y ont accès et servent quotidiennement. Des membres de la Société Ornithologique de l'Est de la Belgique peuvent avec moi témoigner de ce fait. Autre observation : une locustelle chante dans le fouillis de petits pins sylvestres, de bruyères et de grandes herbes folles qui forment fourré inextricable. Désireux de l'observer, vous vous mettez à sa recherche. Vous vous mouvez malaisément dans les broussailles, pro- voquant l'un ou l'autre bruit insolite, bris de brindilles sèches, froissement de branchettes, que doit certainement percevoir notre oiseau. Dans divers cas, j'ai cependant con- staté qu'il n'en continuait pas moins à chanter, ne se taisant — nous ne disons pas fuyant — que lorsque nous n'en étions plus qu'à une courte distance. Le bruit ne met pas toujours la locustelle en fuite, à moins qu'elle n'ait été l'objet de poursuites réitérées; elle se borne, en maintes occasions, à se dissimuler, attendant que le danger qu'elle peut craindre, se précise. Au reste, cette re- remarque peut, en général, s'appliquer à tous les oiseaux — 56 — Ce n'est, très souvent, que votre vue qui la fait s'éclipser, agile, dans les broussailles où elle se faufile avec une ai- sance extraordinaire, s'insinuant dans les enchevêtrements des fourrés les plus impénétrables avec une incroyable prestesse. Si les petits pins, les buissons dans lesquels la locustelle chante, sont de hauteur suffisante pour vous dissimuler, s'il se trouve de-ci de-là entre eux. un petit sentier, des inter- valles libres dans lesquels vous circulerez avec un minimum de bruit, vous pouvez souvent vous en approcher jusqu'à trois ou quatre pas et tout à l'aise l'examiner, alors que per- chée sur une branchette, elle trille inlassablement. J'ai vu ainsi à peine à deux pas de moi, une locustelle continuer à chanter tandis qu'à 6 ou 7 mètres de dis- tance, une dizaine de personnes, des membres de la Société Ornithologique de l'Est, fouillaient la bruyère et les buis- sons à la recherche de son nid. Comme un mouvement in- considéré que j'avais fait, l'avait mise en fuite, elle s'en fut, à quelque distance, se poser auprès d'un ami, chantant à nouveau. L'oiseau était si peu éloigné de mon compagnon qu'il put détailler minutieusement son plumage. De plus, quelques instants après, il me faisait une remarque qui mon- trait combien près de lui était le volatile, me disant : « Avez- vous déjà constaté combien grand s'ouvre le bec de la locustelle quand elle chante ? ». La réflexion était originale, certes, et aussi justifiée. Quand on entend une locustelle sans la voir, on s'imagine volontiers qu'elle doit faire entendre son invariable ritour- nelle sinon le bec fermé, tout au moins à peine entr'ouvert. Sa monotone mélopée est de celles qui ne laissent pas sup- poser pour leur émission, un bec largement ouvert. Or, la réalité est autre. Quand la locustelle chante, son bec s'ouvre largement, tout comme celui des autres oiseaux — 57 — émettant des sons, sinon plus agréables, tout au moins plus amples. Également lorsque la locustelle chante, son gosier se gonfle, tout comme chez ses congénères ailés d'espèces différentes. Que l'oiseau ne soit pas toujours facile à observer est évi- demment une autre question, vu ses habitudes, ses mœurs; mais il n'y a ici aucune corrélation avec la sauvagerie, si peu caractérisée que ce soit. La coutumière façon de vivre de ce volatile qui ne se plaît que dans les milieux broussailleux, là où il est ardu, sinon presque impossible de s'en approcher sans causer quelque bruit et de se dissimuler à bonne portée sans éveiller sa méfiance outre mesure, est un des principaux facteurs qui ne permettent pas les observations aisées, en Ardenne tout au moins. Mais lorsque le terrain s'y prête, il faut recon- naître qu'alors l'étude de cet oiseau n'est pas si difficile, bien entendu encore que l'on ne confonde pas observations et recherche du nid, ce qui pour quelques-uns est parfois syno- nyme. Il ne faut pas non plus en ceci vous adresser à un oiseau qui, des journées entières, a été tracassé sans trêve ni répit et qui, instinctivement, écoute la prudence la plus élémen- taire en se mettant à l'abri de vos investigations, ne pouvant se douter de vos intentions, qu'il appréhende par instinct, souvent peu amicales. Mais sans aller plus avant, donnons quelques renseigne- ments au sujet de l'habitat, de la façon de vivre de cet oiseau. C'est évidemment un migrateur, comme la plupart des becs fins et plus particulièrement les rousserolles et les fauvettes auxquelles on l'apparente. La locustelle nous revient communément vers la fin d'avril, peut-être un peu plus tôt, mais ce n'est pas aisé à — 58 — déterminer, étant donné ses mœurs cachées qui, si l'on n'a pas l'indication du chant, rendent constatation du genre peu commode. Comme la plupart du temps on l'entend vers cette époque, si les journées sont belles, on peut admettre que son retour s'effectue vers cette date, un peu plus tôt, un peu plus tard, selon que l'oiseau a mis plus ou moins d'empressement à regagner son habitat d'été. 11 n'y aurait cependant rien d'étonnant de voir signaler son retour au début d'avril, la locustelle étant un des becs fins qui nous quittent très tard. Et vous avez peut-être remarqué avec moi que les insec- tivores qui abandonnent notre contrée tardivement, sont de ceux qui y sont de retour précocement, témoins par exem- ple le rouge-queue titys, le pouillot véloce. Peut-être en est- il de même de la locustelle qui délaisse notre climat assez tard. C'est donc vers la fin avril qu'on l'entend le plus commu- nément, surtout aux endroits où elle nichera, rarement en des lieux où on a quelque certitude de ne pas la voir s'éta. blir. Les soucis du voyage, l'insuffisance de nourriture appropriée à ses besoins, la privent vraisemblablement de l'entrain nécessaire pour chanter hâtivement ou en cours de route. Il est aussi de ces oiseaux qui ne sont de retour en leur cantonnement estival que vers la mi-mai ou tout au moins ne se font entendre qu'alors. En Ardennes, ainsi que nous l'avons dit, la locustelle ne vit qu'à une altitude assez élevée, là où les broussailles abondent. Communément, elle fixe ses pénates dans les jeunes plantations de pins sylvestres, d'épicéas, s'étageant au pied des Fagnes ou empiétant sur celles-ci. Il est fort rare qu'une de ces plantations, même d'étendue moyenne. — 59 - ne recèle pas un couple de locustelles qui s'y cantonne pour le temps de la reproduction. L'oiseau séjourne là emmi tout le fouillis de plantes folles qui si volontiers croissent en ces endroits, s'emmêlant aux jeunes résineux. Cet inextricable fourré de végétation, d'élévation moyenne, est pour elle domaine de prédilection, où parfois deux couples voisinent en bonne intelligence, semble-t-il. C'est dire que le service forestier a contribué largement, dans ces régions, à la dispersion de cet oiseau. On pourrait même dire que si la locustelle est extrêmement répandue en diverses localités, c'est grâce à lui qui, inconsciemment il est vrai, et sans songer le moins du monde aux ornitholo- gues, a créé des endroits propices à la reproduction de cet oiseau. Cependant, il convient d'ajouter que jamais nous n'avons rencontré la locustelle dans les endroits où n'existait pas la bruyère, et le vieux nom wallon de l'oiseau : Moiisse-ès- broiiïre (qui pénètre, qui se faufile dans la bruyère) carac- térise on ne saurait mieux la préférence qu'elle témoigne pour ce genre d'habitat. Ce n'est pas seulement dans les jeunes résineux embrous- saillés que vit la locustelle, on la rencontre aussi au milieu du bois, dans les taillis de basse venue, même là où pins et épicéas font complètement défaut, mais ici encore, bruyères et herbages longs et emmêlés doivent croître, rebelles, emmi les arbrisseaux. Quelquefois même, je l'ai rencontrée, en saison estivale, en lisière des bois de haute futaie, com- posés de hêtres notamment, au pied desquels croissaient toujours cependant bruyères et hauîes herbes prenant d'assaut les bas buissons ou auprès desquels se remar- quaient des espaces libres de grands arbres, mais ainsi garnis. Les essences poussant dans les endroits où elle vit impor- - 60 - tent peu à la locustelle, et si on a dit qu'elle affectionnait par- ticulièrement les bois où croissent abondamment le sureau, le prunellier, l'aulne, etc., c'est une précision qui n'avait pas lieu d'être, ces essences étant dans nos bois peu com- munes généralement La rencontrer si souvent dans les plantations de pins et d'épicéas tient surtout, apparaît il, à la présence en ces endroits, des plantes herbacées, qui, s'en- chevêtrant aux arbustes, y forment des fourrés herbeux favorables à safa7on de vivre. Les mêmes circonstances venant à se reproduire pour d'autres essences, ces endroits sont choisis également par l'oiseau. Je n'ai jamais, dans les régions ardennaises, rencontré de locustelles aux bords des étangs, des flaques d'eau, ce qui ne veut pas dire qu'en d'autres parties du pays, elles ne s'y tiennent pas, ce que j'ignore. Il n'est non plus pas nécessaire que leur résidence soit humide; on rencontre des locustelles loin de tout marécage ou ruisseau. A ce propos, nous pourrions même ajouter que nous ne savons si elle se baigne peu ou prou. En ce qui concerne sa manière d'être, notre oiseau ne dément pas, de par ses mœurs, sa parenté avec les fau- vettes. Comme elles, elle se tient rarement sur le sol. Elle paraît préférer se tenir perchée dans les broussailles quelque peu surélevées de la surface du sol, sur les tigettes de bruyère et même souvent sur les rameaux inférieurs des buissons. Elle est, en général, plus souvent perchée que posée sur le sol. Communément, c'est perchée que la locus- telle chante, soit qu'elle demeure immobile au même en- droit, soit que, sautillant de branchette en branchette, elle — 61 — rayonne dans un cantonnement pas trop étendu, variant en superficie selon les facilités de ravitaillement qu'elle y trouve. Jamais, pour notre part, nous n'avons vu de locus- telle chanter alors qu'elle était posée sur le sol. Au temps de l'incubation, elle s'écarte peut-être un peu moins de l'endroit où se dissimule le nid, mais sans néan- moins qu'il y ait grande différence avec ses agissements en d'autres temps, car durant toute la saison estivale vous l'en- tendez aux mêmes endroits de son cantonnement. Nous disons : « elle s'écarte peut-être... », car nous n'avons rien de précis à cet égard, le nid étant fort malaisé à découvrir, et on ne peut que supposer qu'elle se tient dans les proches environs de celui-ci en la voyant toujours revenir vers les mêmes lieux. Le chant de la locustelle n'est guère varié, c'est même le moins varié que nous connaissions. Que l'on imagine sim- plement le strident grésillement de la sauterelle verte, plus prononcé, surtout plus cristallin, plus musical aussi, et on aura une reproduction assez exacte du chant de ce volatile. Il est bien entendu que ses stridulations ont une durée plus prolongée que celles de l'insecte. Traduire ce chant n'est cependant pas aisé. On ne saurait mieux le comparer qu'à la syllabe //■ ou sir, suivie d'un nombre incalculable de r, résonnant donc comme irrrrrrrr... ou sirrrrrrrr... La locustelle fait entendre sa musique des heures durant, sans répit, de façon presque ininterrompue, sinon par une très courte pause qui revient à intervalles presque égaux. Ce chant est-il l'apanage du mâle seul ? En la saison des amours peut-être bien, quoique l'on ne puisse ici se pronon- cer avec une exactitude absolue; mais en d'autres temps, le cas suscite plus de doute, ainsi que nous nous en explique- rons tout à l'heure. Pour élucider catégoriquement cette question, il faudrait mettre à mort quelques-uns de ces - 62 - gentils oiselets, ce qui nous répugne quelque peu, surtout au moment de la nidification. Ajoutons encore que le chant de la locustelle, lorsque l'on est prévenu, se distingue sinon très facilement, tout au moins suffisamment de celui de la sauterelle, pour qu'on ne puisse les confondre. Avec un peu d'attention, on constate que le murmure de l'insecte est plus entrecoupé, plus sec que celui de la locus- telle, qui est plus modulé, plus rythmé. D'autres faits permettent encore de se rendre compte s'il s'agit de l'oiseau ou de l'orthoptère. C'est d'abord la longueur du trille, qui sans arrêt perdure rarement moins d'une minute sic'est un oiseau adulte qui le fait entendre, A ce sujet, j'ai dans les escarpements du lac de Warfaaz, près de Spa, enregistré le chant d'une locus- telle qui trillait près de trois minutes sans reprise. C'est cette faculté qui vraisemblablement a fait donner à ces oiseaux le surnom populaire de « Longue haleine ». Mais c'est surtout le mode d'émission du son qui, bien que l'oiseau demeure stationnaire, paraît tantôt s'éloigner, tantôt se rapprocher, bruire à vos côtés ou fort loin de vous, qui vous renseignera mieux encore. Par quoi est provoquée cette illusion ? Il nous est malaisé de le dire. D'aucuns veulent y voir une faculté de ventriloquie que pos- séderait l'oiseau; c'est fort possible. Mais ce qu'il y a de certain, c'est que cette augmentation ou cette diminution du son est accompagnée d'un mouvement latéral de la tête, mouvement fort naturel du volatile tournant le chef soit à gauche, soit à droite, selon son caprice. La tête est-elle dirigée vers vous, vous percevez fort nettement le chant; le bec est-il dirigé dans la direction opposée à l'endroit où vous vous trouvez, le chant ne vous parvient plus que très atténué. Ces modulations différentes dans le chant de l'oi- seau vous dénoncent fort sûrement l'espèce du chanteur. — 63 — Ces stridulations ne sont pas le seul cri que la locustelle fait entendre. Elle possède encore un appel qui est fort semblable à celui des fauvettes et qui, avec quelque varia- tion, devient son cri d'alarme, son cri d'effroi. La femelle fait également entendre ce cri qui ne se diffé- rencie pas de celui du mâle de façon sensible. C'est du moins ce que nous avons déduit du fait de l'audition de deux oiseaux vivant en bonne intelligence au même endroit et cherchant leur subsistance à quelque distance l'un de l'autre. On a souvent comparé les allures de la locustelle à celles des pipits. Cela est très vrai quand elle court sur le sol, mais quand elle se faufile dans les buissons et les brous- sailles, elle a plutôt l'apparence de l'accenteur-mouchet, mais d'un accenteur plus preste, plus agile, d'une extrême vivacité et qui, parfois, aurait des mouvements de queue bien marqués. 11 n'est naturellement pas question ici de la taille, car la locustelle est sensiblement de même grosseur que le pipit des prés, même légèrement plus petite. 11 est extrêmement curieux de constater avec quelle rapi- dité la locustelle se meut dans les fourrés bas. Toujours ce fut pour moi un sujet d'étonnement de la voir se déplacer avec une telle célérité dans les fouillis des brindilles et branchettes où elle circule, tout comme on est stupéfait de la voir, lorsqu'elle vole, se précipiter comme une pierre dans les mêmes fourrés que ci-dessus ou dans la bruyère, pour y disparaître presque subitement si elle a quelque motif d'inquiétude. Il semblerait que pour elle il n'existe pas d'obstacles, tant elle déploie d'agilité pour passer d'une branchette à un fétu d'herbe sèche, d'une brindille au rameau voisin, cou- rant entre temps un instant sur le sol pour presque aussitôt revenir dans les herbages ou l'enchevêtrement des bruyères. — 64 - Vous avez beau vous ingénier à la suivre du regard, il survient toujours un instant oti elle disparaît sans que vous puissiez en retrouver trace, même à l'aide de jumelles. On ne saurait en vérité la mieux comparer qu'à une souris qui aurait des ailes. Quand elle a ainsi disparu et que vous ne la voyez pas réapparaître, vous avancer vers l'endroit où elle s'est éclip- sée, espérant la faire se lever sous vos pieds, est peine per- due; jamais l'oiseau ne réapparaît et vous avez beau battre buissons et broussailles, c'est en vain que vous la recher- cherez. Elle s'est faufilée si subrepticement et si loin qu'une nou- velle observation s'impose si vous voulez la revoir. Combien de fois m'est-il arrivé de voir s'abattre une locustelle dans les bruyères où le soir, à l'arrière-saison surtout, elle paraît chercher refuge pour la nuit, de la tenir un instant au bout de mes jumeHes alors qu'elle exécute quelques agiles cabrioles dans le fouillis des branchettes, puis disparaître brusquement sans esprit de retour, sans que vos efforts parviennent même à la faire se lever. Aussi peut- on dire que ce n'est que dans des circonstances excep- tionnelles qu'on parvient à la mettre au vol et j'ai toujours eu l'impression que ce sont surtout des jeunes qui, obéissant à un sentiment d'effroi, agissent ainsi. Pourchassée par un ami et moi, une après-midi de fin août, une de ces locus- telles se laissait tomber dans les bruyères, courait invisible dans celles-ci sur une distance de cinq, six, sept mètres, puis si vous l'y obligiez par une course rapide, décrivant des cercles à l'endroit où vous l'aviez vu choir, s'envolait à nouveau, exécutant un vol très court pour retomber dans un autre fourré de bruyère, recommençant le même manège durant dix minutes, jusqu'à ce qu'enfin elle se décidât à fuir au loin. - 65 - Dans les buissons, ce manège est impossible et vous ne pouvez guère l'y pourchasser de cette façon, car ici elle s'éclipse souvent fort rapidement sans être aperçue. Quand la locustelle traverse un court espace, son vol est fort irrégulier, comporte de fréquents crochets; sur une longue distance, il s'effectue généralement en ligne droite, avec de légères ondulations; ce vol a ici quelque apparence avec celui de la béguînette. Il semble cependant qu'elle ouvre la queue plus largement que ce dernier oiseau et sur- tout la tient plus abaissée. Sur les buissons, ses allures sont identiques à celles des fauvettes; comme ces oiseaux, elle sautille de branche en branche, inspectant feuilles et rameaux, y saisissant de petits insectes, papillonnant parfois au-devant d'une feuille pour s'emparer d'une larve qu'elle ne peut atteindre avec le secours de la branche sur laquelle elle est perchée; on la voit aussi étendant les pattes de toute leur longueur pour happer un moucheron hors de portée. Parfois aussi elle saisit les insectes au vol, à la façon de tout autre oiseau et nous l'avons ainsi vue capturer de petits papillons voletant au-dessus des buissons. Sur le sol, c'est un véritable pipit, ou tout au moins elle a les allures des petits coureurs, y ajoutant sa prestesse bien personnelle qui fait que l'on pourrait presque dire que la promptitude avec laquelle cet oiseau se meut est une de ses caractéristiques les plus intéressantes. 11 semble qu'il coule du vif-argent dans ses veines, tant est grande la vélocité de tous ses mouvements. Ceci se remarque autant quand elle court sur le sol que quand elle se faufile dans les broussailles. Quand, posée sur le terrain, elle se précipite à la pour- suite d'un insecte ou qu'appréhendant un danger, elle s'em- presse de se mettre en sûreté, elle passe sous vos yeux avec - 66 — une telle célérité que vous vous demandez s'il s'agit bien de l'oiseau que vous observez ou d'un petit rongeur brusque- ment surgi de son gîte et fuyant à toutes pattes. La locustelle a, sur le sol, beaucoup d'élégance; elle n'y saute pas, mais marche légèrement, pas à pas. Sa sveltesse, sa joliesse, le charme de ses mouvements harmonieux lui donnent une grâce séduisante qu'elle possède à un plus haut degré que les pipits. Comme eux, quand elle marche ou s'immobilise soudai- nement, elle agite la queue rythmiquement, de bas en haut, l'ouvrant quelque peu de temps à autre. Posée sur le sol, sur une place quelque peu dénudée, elle est toujours en éveil, son petit œil vif et brillant scrutant sans cesse tous les alentours, la tête excessivement mobile sur le cou haut dressé, se haussant sur les pattes pour obser- ver par-dessus les herbages. Son inspection des lieux ter- minée, elle court quelques pas, puis à nouveau reprend sa pose interrogative, à moins qu'elle ne picore de-ci de-là, l'un ou l'autre vermisseau probablement. Selon toute vraisemblance, sa nourriture se compose de tout ce qui court, vole ou rampe, parmi les insectes, mou- cherons, petits coléoptères, larves diverses, voire des papil- lons de peu de grandeur, ainsi que je le signale ci-dessus, auxquels elle arrache les ailes. C'est probablement aussi des mêmes insectes qu'elle sustente sa nichée. 11 faut avouer qu'ici les renseignements font défaut. Personnellement, je n'ai jamais, malgré d'ac- tivés et nombreuses recherches, découvert de nid de locus- telle et ceux qui ont cru en avoir trouvé n'ont, au sujet des jeunes, jamais pu me fournir une indication précise, ce qui m'a toujours fait supposer la découverte sujette à caution, d'autant plus qu'une fois je reconnus dans un de ces pré- tendus nids de locustelle un simple nid de fauvette. — 67 - De véritablement authentique, je ne connais qu'un seul nid qui actuellement figure dans la collection du docteur Mairlot, de Theux. Le nid de la locustelle est si malaisé à découvrir, tout au moins en nos régions, qu'on peut sans fausse honte faire l'aveu de son ignorance sur sa façon de nicher. J'ai vu des amateurs sérieux et expérimentés chercher ce nid des années durant, sans aucun résultat. J'ai vu aussi une dizaine de personnes, dont j'étais, battre pouce à pouce un carré de bruyère et de petits pins, où se trouvait sans nul doute un nid de cet oiseau qui y était observé depuis plusieurs jours, venant continuellement chanter sur un petit bouleau s'élevant au centre de la plantation; et ces recherches, faites conciencieusement cependant, furent vaines encore. Le nid se trouvait cependant en cet endroit, car après notre visite, l'oiseau disparut : le nid avait passé inaperçu et avait dû être détruit au cours de nos méthodiques allées et venues. Les locustelles avaient aussitôt été chercher pour s'établir à nouveau, un emplacement moins exposé. Cette difficulté à découvrir le nid de la locustelle, avouée même par des chercheurs émérites, m'a toujours fait suppo- ser qu'il devait être dissimulé avec une habileté consommée, recouvert soit par une touffe d'herbages soigneusement choisie, par des branchettes feuillues particulièrement bien disposées, par des bruyères ou d'une façon quelconque être sauvegardé par l'usage de matériaux ne permettant de ^e distinguer de son entourage que fort difficilement. Si l'oiseau avant de quitter son nid recouvrait ses œufs de feuilles ou de brins d'herbe séchés, le fait serait certaine- ment connu. Nous signalons comme seul authentique à notre connais- sance, le nid du D' Mairlot. — 68 — Il fut découvert fort incidemment dans le bois de Staneux- Theux, par M. le brigadier forestier Emonts, qui, au cours d'une tournée, faisant se lever un oiseau devant lui, examina machinalement l'endroit d'où il s'était enfui et y aperçut le nid, dont il ne put diagnostiquer l'espèce du possesseur. Heureusement que peu après, il faisait rencontre de l'orni- thologue averti qu'est le D' Mairlot, qui, soupçonnant trou- vaille intéressante, s'en alla à son tour examiner la ponte qu'il supposa pouvoir être de locustelle, diagnostic que confirma un examen approfondi. La description de ce nid a précédemment été donnée dans la revue belge d'ornithologie Le Gerfaut, par feu Alfred Sacré, président-fondateur de la S. O. E. B., à qui le docteur Mairlot avait bien voulu le confier. Ce nid a une hauteur totale de 7 centimètres, sa largeur d'un bord à l'autre est de 10 centimètres. Quant à la cavité du nid, elle a une profondeur de 5 centimètres. L'épaisseur des parois du nid variait de 25 à 35 millimètres. Comme chez les autres oiseaux, ces dimensions sont, d'après les données de différents auteurs, sujettes à varier quelque peu, soit comme diamètre, soit comme profondeur. C'est ici l'apparence du nid qui renseignera l'amateur sur l'espèce qui l'a construit. C'est au centre d'une petite cépée de chêne tout embrous- saillée de grandes herbes que ce nid fut découvert. La base en était libre et reposait sur des tiges d'herbes qui le tenaient écarté de quelques centimètres du sol. Les branches et les herbes le cachaient si bien que sans le départ de l'oiseau, il était impossible de le découvrir. Ce nid, construit en forme de coupe assez profonde, ressemblait beaucoup à celui du pipit des prés, mais son volume était plus fort, sa texture plus serrée, ses parois plus épaisses. — 69 — Il était formé entièrement, extérieur et intérieur, de brins d'herbes sèches, de tiges et de feuilles de graminées entre- lacées. Quelques brins d'herbes, assez larges, sortaient des parois intérieures et, retombant naturellement sur les bords, donnaient à l'ensemble ainsi formé, un aspect semblable à l'entourage. Ce nid, découvert le 24 mai 1903, contenait 6 œufs, un peu couvés (5 à 6 jours). Divers auteurs signalent que le nid renferme souvent 6 à 7 œufs; la plupart des ornithologues donnent cependant 5 œufs comme nombre courant. Les œufs de la collection Mairlot ont en moyenne 16"V'"5 sur 13'"/'"5. Rey obtint cependant des exemplaires mesurant 18'"/ '"2 sur 13'"/'"4, tandis que d'autres n'avaient que 16"\'"1 sur 12 '^/"5. La durée de l'incubation serait de 14 jours et on suppose que le mâle et la femelle se relaient pour mener à bien la couvaison. Le docteur Mairlot, lorsqu'il vida ses œufs de leur contenu, constata, nous déclara-t-il, que l'écale était particulière- ment épaisse, presque de l'épaisseur d'un œuf de volume double. Cette écale serait donc une des plus épaisses parmi les œufs des petits passereaux. Elle est polie et peu brillante, de teinte blanc rosé ; les œufs sont parsemés de taches rosées, rougeâtres ou brunâtres, plus fournies vers le gros bout, où elles forment parfois une couronne. Quel- ques fines stries se mêlent quelquefois aux macules. La locustelle fait deux pontes annuellement, la première apparemment dans la seconde quinzaine de mai, la suivante au début de juillet. Que l'on découvre malaisément ce nid, à moins d'un heureux hasard, tient aussi au fait que nos oiseaux, soit - 70 - qu'ils construisent leur nid, soit qu'ils nourrissent leurs jeunes, s'en approchent toujours en courant sur le sol, en se faufilant dans les broussailles, sans jamais être aperçus le moindre brin d'herbe ou le plus petit vermisseau au bec, ce qui nous prive de toute indication pour sa recherche. Répétons aussi qu'il n'est nullement nécessaire que le sol soit humide plus ou moins, pour engager la locustelle à nicher dans l'un ou l'autre endroit. Au temps de la repro- duction, nous avons, à de nombreuses reprises, observé ces oiseaux en des endroits assez distants de tout ruisseau et nullement marécageux. Non plus, nous n'avons jamais rencontré de locustelles, au temps de la nidification, là où ne croissent que des ronces, fougères et genêts, et s'il s'en trouve dans les envi- rons de son habitat, je ne l'ai jamais vu fréquentant assidû- ment de tels endroits où elle ne s'introduit que fortuitement. Les grands espaces exclusivement couverts de fougères n'ont certes pas l'air de lui plaire, et elle ne s'y tient pas. Ajoutons que jamais elle ne se perchera sur les branches élevées ou à hauteur moyenne d'un arbre. On a signalé que parmi ses ennemis se trouvaient les petits rapaces ; ceci me paraît assez improbable et je n'imagine pas un épervier ou un petit faucon poursuivant une locustelle dans le fouillis de broussailles et de bas buissons où elle se tient d'ordinaire. Passe encore pour les petits carnassiers, qui fréquentent les mêmes parages, mais encore n'est-ce vraisemblable- ment que son nid qui doit être l'objet de leurs entreprises. Nous avons dit qu'en Ardennes les locustelles ne se con- finent à des altitudes élevées qu'au temps de la nidification, durant la belle saison. En effet, les soucis de la reproduc- tion disparus, ces intéressants spécimens de la gent ailée deviennent quelque peu nomades. - 71 Dès fin août, un peu plus tôt un peu plus tard, dès que la dernière niellée a pris l'essor, elles commencent à vaga- bonder, se glissant à travers les taillis, furetant dans les buissons, toujours recherchant le plus possible cependant les endroits embruyérés pour lesquels, nous l'avons dit, elles ont une prédilection marquée, mais alors ae s'inquiétant plus de l'altitude de leur séjour. Ces oiseaux errants sont vus souvent isolés. A ce moment on les aperçoit descendant vers les vallées et se tenant quel- quefois plusieurs jours consécutifs en un même endroit, là où le terrain leur convient, où les bruyères poussent drues et fournies. A plusieurs reprises, j'en ai remarqué, dans le courant d'août, à des altitudes peu élevées, tout au bas de la route de Jalhay, par exemple, à une altitude guère supé- rieure à 225 mètres. Je me souviens même, à ce propos, qu'un de nos maîtres ès-ornithologie, contestant cette observation, ne fut con- vaincu que quand je l'eus emmené à l'emplacement où se faisaient entendre les oiseaux. Il arrive néanmoins qu'elles ne séjournent pas longtemps à un même endroit; à cette époque leurs mœurs erratiques les incitent à circuler beaucoup et elles ne s'établissent pas longtemps à poste fixe, mais se déplacent continuellement, se tenant un jour ici, le lendemain ailleurs, revenant les jours suivants en des lieux précédemment visités, n'ayant probablement que le souci de chercher leur nourriture et de chanter, n'interrompant leurs trilles que pour gober l'une ou l'autre proie. A ce propos, nous pourrions dire que la locustelle est un des plus infatigables chanteurs que nous possédions dans le pays. Certes, son chant n'est pas varié, mais il n'en est pas moins intéressant. A peine de retour chez nous, vers la fin — 12 — avril, elle essaie déjà la force de son gosier et dès mai se fait entendre fréquemment. Tout au long du printemps, elle bruisse dans les broussailles et l'été la surprend trillant encore sans trêve. L'automne fait son apparition et elle lance encore à tous échos son ramage grésillant. Il ne faudrait en effet pas croire que l'on n'ouït notre oiseau qu'au temps de la reproduction. Qnt non! A cette époque son chant est peut-être plus vibrant, résonne plus hardi et plus conquérant, mais durant le reste du temps qu'elle passe sous nos climats, elle continue à chanter sans guère de répit. C'est à peine si, en été, pendant les heures trop chaudes de la journée, elle prend quelque repos, bien court cependant; et alors, comme compensation, très avant dans la nuit, elle se plaît à faire entendre sa singulière musique. Ce chant nocturne ne perdure pas néanmoins pendant tout son séjour chez nous, et les chaudes journées de juillet écou- lées, elle se fait moins entendre après le coucher du soleil. D'autre part, au moment de la migration d'automne nos oiseaux ne se taisent point tant que dure le jour. Pour effectuer ce périodique voyage, les locustelles s'en vont par petites étapes, musardant sans préoccupation autre que celle de la pitance quotidienne, du bien-être alter- nant avec l'art musical Et forcément elles se rencontrent alors encore plus souvent à des altitudes inférieures qu'au temps où elles sont simplement errantes, ce qui n'a évidem- ment plus rien qui doive surpendre, le voyage devant s'effectuer par monts et par vaux. C'est en ce temps qu'on les voit pérégrinant à travers cépées, bosquets, bois et cam- pagnes, s'insinuant dans les buissons en bordure de route, se coulant au long des haies, le plus volontiers toujours où elles trouvent la bruyère. Nous avons démontré ou tout au moins essayé de démon- trer que la locustelle n'était ni sauvage, ni farouche. — 73 - Ce peu de timidité se remarque mieux encore à l'arrière- saison, lorsqu'elles s'en retournent vers les pays moins brumeux que le nôtre, où elles vont passer l'hiver. Vous aurez certainement déjà remarqué, tout comme moi, que lors des migrations, soit du printemps, soit de l'au- tomne, les oiseaux, à quelque espèce qu'ils appartiennent, sont beaucoup moins enclins à la méfiance qu'en d'autres temps, soit par suite d'un changement d'habitudes, soit qu'ils soient plus préoccupés de la recherche de leur nour- riture ou moins abondante ou moins choisie, soit qu'enfin vous ayez affaire à de jeunes oiseaux qui n'ont pas, au con- tact des aspérités de l'existence, acquis encore cette expé- rience qui les met en garde contre les embûches multiples semées sur leur route. Les locustelles ne font pas exception à la règle. Au cours des migrations d'automne vous les rencontrez tout d'abord rarement isolées. C'est par petites troupes, peut-être les parents en compagnie de la dernière nichée, peut-être les oiseaux d'une même région réunis après les courses vagabondes d'août et du début de septembre, que les locustelles émigrent. Si à ce moment on ne les entend plus — du moins à ma connaissance — chanter la nuit, elles ne se lassent cepen- dant pas, durant le jour, de faire entendre surtout si le ciel est serein, leur musique sinon mélodieuse, du moins fort attirante, ce qui vous permet de suivre sans le moindre effort, leur marche à travers bois, taillis, haies et buissons. Chose curieuse, tous les oiseaux d'un même groupe, voyageant ainsi par étapes, paraissent doués de la faculté d'émettre le chant si caractéristique de l'espèce. A droite, à gauche, devant et derrière vous, dans les taillis, parmi les buissons bordant la route, ne se souciant - 74 - que fort peu des passants, c'est une suite non interrompue de trilles qui, étant donné la singulière faculté de l'oiseau que l'on soupçonne être ventriloque, font parfois croire à la présence d'une bande nombreuse de ces oiseaux alors qu'en réalité cinq ou six seulement font retentir leur délicate cré- celle dans vos environs, ce dont vous vous rendez compte par un peu d'observation. Bien que cela ne soit pas extrêmement facile, nous avons cependant pu quelquefois apercevoir presque tous ces petits chanteurs et jamais nous n'avons vu parmi eux d'oiseaux ne chantant pas. Peut-être évidemment les circonstances nous ont-elles mal servi, mais cette restriction faite, qu'il nous soit permis de dire que nous avons déduit de ce fait que la femelle chante tout comme le mâle, tout au moins quand les soucis de la couvée ne l'absorbent pas. Cette version, que nous donnons sans preuve certaine puisque le plumage de la femelle ne se différencie pas de celui du mâle, nous a aussi souvent fait croire que l'on commet une erreur lorsque l'on suppose que deux couples sont établis dans un même cantonnement, parce que l'on y entend chanter deux oiseaux et qu'en réalité il ne s'y trouve qu'un couple unique, la femelle chantant ainsi que le mâle. Nous n'avons évidemment pas la prétention d'émettre une certitude absolue sur ce point, que seul l'élevage de cet oiseau pourrait péremptoirement établir. Mais revenons à la question de la timidité de la locu- stelle, que nous oubliions, en signalant le trait de mœurs ci-dessus, et disons qu'une de ces troupes migratrices nous permit, incidemment, de nous rendre compte une fois de plus, du peu de sauvagerie de ces oiseaux. C'était vers la fin septembre, le 26 exactement. Après une balade en forêt, nous revenions, à deux, vers 4 heures de relevée, quand nous perçûmes le chant de quelques - 75 - locustelles, tout proche d'une route que nous allions attein- dre après avoir gravi un escarpement rocailleux fort abrupt et dénudé que nous escaladions pour sortir du bois. — Le sol était fort mouvant, c'est dire que sous nos pieds rou- laient à grand bruit des blocs pierreux de toutes grosseurs. Ce tapage ne semblait nullement inquiéter les chanteurs qui n'étaient pas fort éloignés de nous, pas plus ceux qui se trouvaient en contrebas et vers lesquels s'éboulaient les pierrailles que ceux qui se trouvaient devant nous. Même, à certain moment, je fis remc rquer à mon compagnon que l'un des oiseaux semblait se rapprocher sensiblement de l'endroit où nous nous trouvions, en dépit du fracas de notre marche et des paroles que nous échangions à voix très haute. Et il en était bien ainsi : à peine avions-nous pris pied sur la chaussée qu'un oiseau, dont nous n'étions séparés que de deux ou trois pas, s'envolait brusquement d'un buis- son en bordure de route. C'était une de nos locustelles. Notre arrivée à proximité du buisson où elle glanait l'un ou l'autre insecte avait mis un terme à sa chanson, mais elle n'avait fui qu'alors qu'elle pouvait supposer avoir à craindre de notre présence. De cet exemple et des précédents, on pourrait, sans trop de présomption, déduire que la locustelle n'est ni plus ni moins farouche que d'autres oiseaux et que son observation peut se pratiquer avec plus ou moins d'aisance, tout comme pour les autres volatiles, selon l'humeur, le caractère du sujet, selon aussi les circonstances, l'époque, les conditions atmosphériques même, et aussi selon que l'oiseau jouit d'ordinaire d'une plus ou moins grande sécurité, tout ani- mal ayant été l'objet de poursuites quelconques devenant plus craintif, plus farouche, enclin à adopter des allures prudentes. - 76 - La locustelle, ainsi que la date du fait ci-dessus le démon- tre, demeure tard en nos climats. Cette date du 26 septem- bre n'est cependant pas la limite de son séjour en nos régions, et j'ai plus tardivement encore entendu des locus- telles dans les environs des Fagnes La date extrême à laquelle il m'a été donné de constater sa présence chez nous, est le 3 octobre, en l'année 1916, où j'observai, dans les taillis qui dévalent des pentes du bois de Staneux, vers la route de Polleur, une petite troupe migratrice. Peut-être même, lorsque le temps est propice, séjourne-t-elle plus longtemps encore dans notre pays. L'observation des troupes en branle dès la mi-septembre montre à suffisance que cet oiseau ne voyage pas isolé. La locustelle émigre-t-elle la nuit ? A ceci, il nous serait malaisé de répondre. Jamais, cependant, nous n'en avons entendu chanter nuitamment, à l'arrière-saison, au temps des migrations. L. COOPMAN. MŒURS DU COUCOU Y a-t-il un oiseau au monde qui possède une littérature biologique plus riche que le coucou ? Les premiers natura- listes s'occupaient déjà des mœurs étranges de cet oiseau. En ces derniers temps surtout des observations plus intéres- santes les unes que les autres, des discussions sans nombre ont été publiées à ce sujet sans qu'on soit parvenu à percer certains mystères qui entourent la reproduction de cette espèce. Je suis convaincu que tous les naturalistes qui se sont occupés de la vie de cet oiseau et qui se contredisent à plaisir, sont de parfaite bonne foi, car les difficultés d'ob- servation sont si grandes qu'elles donnent facilement lieu à des illusions et chaque auteur explique, suivant son opinion personnelle, les faits qu'il a observés ou cru observer au cours de ses investigations. De plus, qu'est-ce qui prouve que les coucous de tous les pays aient absolument les mêmes — 11- mœurs et se conduisent toujours identiquement dans les mêmes circonstances? En ces dernières années la photo- graphie et même le cinématographe sont venus au secours des chercheurs et on a fixé maint épisode des drames qui se jouent dans les bois touffus ou les plaines solitaires, drames où une nichée entière de petits oiseaux devient victime de la survivance de cette espèce parasite. Au moyen de documents aussi indiscutables, on aurait pu croire que la lumière serait enfin faite, que ces clichés clairs et précis mettraient tout le monde définitivement d'ac- cord sur tel ou tel point discuté avec tant d'ardeur. 11 n'en est rien : les discussions ont repris de plus belle et les auteurs ne manquent pas d'arguments pour expliquer les différents faits que la plaque sensible a enregistrés. En ces derniers temps on était généralement d'accord pour accepter, comme une vérité acquise, que la femelle du coucou pondait son œuf à terre et transportait celui-ci, au moyen du bec, dans le nid de la dupe qu'elle avait choisie. Mais voilà qu'un ornithologiste anglais, M Chance, vient attaquer vigoureusement cette théorie et affirme que le coucou pond toujours directement son œuf dans le nid des autres oiseaux ! M. Edgar Chance, 9, Hay hill, Berkeley square, Londres, W. I., qui est l'auteur d'un livre et créateur d'un film intitulés tous les deux Le Secret du Coucou, est absolument convaincu avoir finalement trouvé la réelle vérité concernant cette question. Pour convaincre le monde entier de ce que sont seules véritables les conclusions auxquelles il est arrivé à la suite de ses recherches, M. Chance défie quiconque de prouver que l'une ou l'autre des deux affirmations ci-après n'est pas exacte et propose à son contradicteur de parier une somme à son choix, mais ne dépassant pas 500 Livres sterling ! — 78 — Voici les thèses émises par M. Chance : 1" Le coucou, Ciiciiliis canorus canonis L., espèce com- mune en Angleterre et en d'autres pays, dépose toujours ses œufs directement de l'oviducte dans le nid de la victime ou dans l'ouverture de tel nid et il n'introduit jamais au moyen du bec son œuf dans le nid de la victime ; 2" Chaque espèce de coucou ou autre oiseau parasite de quelque région du monde, pond également ses œuls directe- ment dans le nid de la victime de la manière précitée, et jamais il n'y introduit son propre œuf au moyen de son bec. Le parieur peut être soit une personne seule, soit une association ou société ; la somme sera déposée à une date convenue mais au plus tard le 30 avril 1923, dans une ban- que agréée, chez une société, ou autre teneur de l'enjeu. M. Chance déposera en même temps une somme équiva- lente. Le parieur, endéans les deux ans, à dater du jour du dépôt de l'enjeu, devra produire la preuve qu'il y a erreur pour l'un ou l'autre des deux points ci-dessus Cette preuve sera jugée par un comité ou autre corps compétent et le verdict devra être accepté par les deux parties. Celle qui obtiendra gain de cause pourra toucher le total des deux sommes déposées par les deux adversaires. Il sera intéressant de suivre les discussions que ne man- quera pas de susciter la nouvtUe théorie de M. Chance et surtout de connaître le résultat du défi du naturaliste anglais. Quelques-uns de ses clichés, représentant le coucou au moment de la ponte, ont été reproduits dans certains jour- naux anglais et ont vivement intéressé le monde ornitholo- gique aux études de M. Chance. Si cette proposition n'arrive pas à résoudre définitivement ce problème'si intéressant de la manière de pondre du coucou, elle stimulera au moins les chercheurs à apporter de nouvelles observations scien- tifiques à ce sujet. Ch. Dupond. - 79 — NOTES ET OBSERVATIONS DIVERSES Cincle à ventre noir. M. le comte Paul d'Artet, de Bruxelles, dont l'attention fut attirée sur les Cincles par l'article paru dans le Gerfaut 1919, p. 38, sous la signature de M. le chevalier van Havre, m'annonce qu'un exemplaire de sa collection appartient à la forme type du nord de l'Europe, Cinclus cinclus cinclus (L.). Il a capturé l'oiseau le 2 novembre 1919 au bord du Samson, à Thon, près Namèche (prov. de Liège). C'est le deuxième exemplaire reconnu en Belgique. Le premier fut capturé aux environs de Liège en automne 1913 et a été offert au Musée royal d'Histoire Naturelle de Belgique à Bruxelles, par M. Gérard-Filot, de Liège. Ch. Dupond. Hypolais polyglotta {Vieill) M. J. Bishop, qui, pendant la grande guerre, fit la cam- pagne dans le nord de la France et en Belgique, rapporte dans " The Oologists' Record », n'^ 1-1921, que le 11 juin il découvrit le nid de cette espèce près de Lille. Cet oiseau avait attiré son attention parson chant qui ressemble beau- coup à celui de l'Hypolais ictérine. Les œufs, au nombre de quatre, avaient une grande ressemblance avec ceux de ce dernier, cependant ils étaient plus petits, plus brillants et les taches étaient plus petites. Cet oiseau mérite d'attirer notre attention ; Lille est à nos portes et les frontières politiques ne sont pas un obstacle aux fantaisies des voyageurs ailés. 11 y a quelque temps, M. Coopman me communiquait qu'il lui avait semblé entendre le chant de l'Hypolais poly- glotte près de Tournai, ainsi qu'aux environs de Bruxelles, dans le courant de l'été 1920. Tournai est situé non loin de Lille; en présence de l'obser- vation de M. Bishop, les oiseaux entendus par M. Coop- man pourraient bien être des contrefaisants polyglottes. — 80 — Les deux espèces sont difficiles à reconnaître ; la longueur des ailes est leur meilleur caractère distinctif. E. de Sélys, dans sa « Faune Belge », 1842, avait pris pour cette espèce notre Hypolais ictérina (Vieill.), commune en Belgique. En 1845 cependant, il reconnut deux polyglottes, capturés aux environs de Liège et tenus en cage (•• Revue Zoologique » 1847, p. 120). Depuis lors cet oiseau a échappé aux observa- tions de tous nos ornithologistes, car, à ma connaissance, aucune capture n'a plus été dûment constatée. Ch. Dupond. Curiosités nidologiques. Au début du mois de juin dernier je découvris à Brusse- ghem, dans un petit bois constitué presque exclusivement de taillis d'aulnes, un nid de tourterelle, Streptopelia tiirtur turtur (L.), qui attira vivement mon attention. Il était composé uniquement de chatons d'aulnes de l'année précédente, noirs et desséchés et ne renfermait pas la moindre bran- cheîte ni brindille. Ce nid étrange ne contenait pas d'œufs, mais plusieurs plumes de tourterelle, retenues par les chatons. 11 était placé à environ deux mèlres cinquante de hauteur sur une branche horizontale d'un buisson d'orme. La disposition spéciale, bien connue, des branches latérales, qui, dans cette essence, poussent le long des tiges en deux lignes opposées comme les barbes d'une plume, permettait à l'oiseau la fantaisie de se bâtir un nid au moyen de maté- riaux si peu appropriés En effet, la branche offrait un plancher assez serré pour y retenir les grappes de chatons d'aulne, dont un grand nombre, cependant, jonchait le sol sous le nid. Je n'ai pu résister au désir de l'emporter pour ma collec- tion. Quelques jours plus tard, dans la même région, au cours d'une promenade avec mon ami, M. Coopman, nous décou- — 81 — vrîmes un nid de merle, Tardus menila merula L., avec quatre œufs, dans un taillis d'essences diverses. Il était posé à un mètre septante de hauteur, dans une fourche de noisetier et présentait ceci de particulier que l'oiseau avait tâché de le masquer au moyen d'une branche feuillue. Cette branche prenait naissance à deux ou trois centimètres au-dessus du nid et se dirigeait obliquement en haut. Si elle avait conservé sa position naturelle, elle aurait étalé ses feuilles au-dessus du nid, mais l'oiseau avait jugé bon de se servir de cette pousse pour mieux cacher le berceau de sa progéniture ; à cet effet, il l'avait ramenée en bas et attachée au moyen de deux liens de fibres qui sortaient des parois du nid, l'un vers le milieu, l'autre vers le bas. Les feuilles de la branche, dans cette position, masquaient beaucoup mieux la construction que si elle avait conservé sa direction primitive. Ici, le brusque changement de direction et les liens semblaient prouver à l'évidence le travail intentionnel de l'oiseau. Quand deux jours après nous revenions pour photogra- phier ce nid intéressant, celui-ci gisait à terre, arraché par quelque gamin inconscient. Nous avons bien regretté de n'avoir pu fixer cette preuve d'intelligence du turdidé. Ch. Dupond. Un très curieux nid de rouge-queue noirâtre ou titys, Phœnicurus ochrunis gibralfariensis (Gm.), a été découvert cette année à Nivezé-Spa, où j'ai eu l'occasion de le photo- graphier. Ce nid se trouvait dans un hangar attenant à une villa. On sait que le rouge-queue noirâtre, lorsqu'il construit son nid sur un plan quelque peu incliné, ou lorsqu'il veut vraisemblablement lui donner une assise plus solide, établit devant la coupe du dit nid, une sorte de palier, fait des mêmes matériaux que le nid proprement dit. Ce « palier » est parfois très volumineux. - 82 — Or le couple dont il s'agit, au lieu de faire sa seconde ponte dans le premier nid réfectionné quelque peu, ou dans un nouveau nid, deux façons de procéder que cette espèce met en usage, avait trouvé plus avantageux de façonner le berceau de sa nouvelle nichée dans le dit palier. Une coupe y avait été creusée, puis, comme de coutume, rembourrée de plumes avant de recevoir la ponte. On se trouvait ainsi en présence d'un nid double, d'une amusante originalité. Ce nid, que je destinais à la S. O. E. B. et que je n'avais pu enlever immédiatement, fut malheureusement détruit par des garnements, au lendemain de sa découverte. 11 ne m'en reste que la photographie. L. COOPMAN. Le loriot, Orioliis orioliis orioliis (L.) J'ai fait un jour une observation assez intéressante à propos de cet oiseau C'était à l'époque éloignée oii je commençais à former ma collection de nids et d'œufs. Un jour, j'avais découvert au milieu d'un bois, sur la deuxième branche d'un jeune chêne, à une douzaine de pieds du sol, un nid de cet oiseau, à peine commencé. Dix jours après, le nid me paraissant achevé, je résolus de m'en emparer. Au moyen d'une ser- pette, je coupai la branche au bout de laquelle le nid était suspendu Avec les plus grandes précautions, je descendis le nid, mais, oh, désillusion! le nid était vide! L'oiseau n'avait pas encore pondu Je retournai chez moi cruelle- ment désappointé. Le lendemain, je revins au bois. En passant près de l'arbre qui m'avait donné tant d'espoir quelques jours aupa- ravant, je levai mélancoliquement les yeux vers l'endroit où le nid se trouvait le jour précédent et, à ma grande surprise, je remarquai, à la branche au-dessus de celle que j'avais coupée, un nouveau nid de loriot! Chose plus extraordinaire encore, ce nid me semblait complètement terminé ! L'oiseau — 83 — avait travaillé plus de dix jours pour édifier le premier; il ne ui avait fallu qu'un seul jour pour construire celui-ci! J'en conclus que ce loriot était prêt à pondre quand le premier nid lui fut en'evé et que, pressé par la nécessité, le petit architecte est capable d'achever, en quelques heures, un ouvrage qui lui demande généralement une semaine. J'attendis huit jours avant d'enlever le nid. Cette fois, je fus plus heureux : le nid contenait trois œufs. Je crois le fait très intéressant : l'oiseau, après avoir été déniché, construisant immédiatement une nouvelle demeure sur le même arbre et terminant son édifice en une journée tout en y mettant le même art qui distingue les nids de cette espèce. Th. Bisschop. Nidification tardive. Le 2 octobre 1922, sur les étangs d'Auderghem lez- Bruxelles, s'ébattait une nichée de deux jeunes grèbes castagneux Colyinbus rußcollis nificollis Pali., paraissant à peine âgés de deux à trois jours. Sur le même étang se trouvaient également deux autres nichées, chacune de trois à quatre jeunes, âgés d'une vingtaine de jours. Nous avions déjà signalé qu'en Belgique le grèbe casta- gneux fait deux nichées par an, mais jamais nous n'avions constaté des nichées aussi tardives. D'autre part, M. Jules d'Ardenne, de Verviers, nous a signalé que le 17 septembre, il se trouvait encore à son établissement des martinets Apus apiis apus (L.) nourrissant des jeunes qui n'ont cependant pas tardé à prendre l'essor. Il a eu l'occasion de faire remarquer le fait à plusieurs de ses amis. Cette observation, pour n'être pas nouvelle, est néanmoins très rare. L. Coopman. Pie-grièche grise. Cette année, il s'est produit une assez forte migration de pies-grièches grises, Lantus cxcubitor exciibilor L., et de - 84 - nombreux sujets ont été capturés en diverses régions de la Belgique. Parmi ces captures, il se trouvait plusieurs pies-grièches à miroir simple, Lanius excubitor major Pali. (1) A ce propos, il convient de remarquer que la variété major n'est guère aussi rare en Belgique qu'on le croit, en temps de migration s'entend. A chaque saison de tenderie, il s'en capture un nombre plus ou moins grand et dans l'arrondissement de Verviers,où je l'ai plus particulièrement observée, elle est, lors des grands passages, certainement plus commune que la pie-grièche grise à miroir double. L. COOPMAN. Mœurs de moineaux. 11 est généralement connu que les moineaux francs. Passer domesficus domesticus{L.), passent la nuit, en hiver, dans des endroits bien protégés, à l'abri du vent et des grands froids. Dans les fermes, ils se réfugient sous les hangars, dans les fenils, etc ; dans les parcs et jardins, ils choisissent les massifs des conifères, de thuyas et d'autres arbres toujours verts ; dans les villes, ils utilisent les lierres touffus qui esca- ladent les hautes façades à défaut de trous dans les arbres et les bâtiments, qui sont leurs retraites préférées. Beaucoup retournent chaque soir dans le nid qui leur a servi à élever leur progéniture pendant l'été, soit les nids construits sur les arbres, soit ceux sous les toits. Certains auteurs affirment que ces oiseaux construisaient même des nids exclusive- ment pour y passer la nuit en hiver. Jusqu'à l'automne der- nier, je n'avais jamais eu l'occasion de faire semblable observation. Le fait suivant prouve l'existence réelle de cette coutume parmi cette espèce aux mœurs si intéressantes. A Bruxelles, tous les bâtiments sont pourvus de trous à (1) Cette forme n'est pas reconnue par tous les auteurs. Voyez E MAR- TERT, Die Vögel der pa'.üarhtischen Fauna, Additions et Corrections, p. 2129. — C. D. — 85 - échafaudages, soit des ouvertures à la partie supérieure des façades, par où on passe des poutrelles pour y suspendre les échafaudages, quand il y a lieu d'y exécuter des travaux. Presque tous ces trous sont fermés extérieurement; ceux qui sont ouverts sont utilisés par les oiseaux qui y trouvent une excellente cavité pour nicher : étourneaux, moineaux, martinets, rouges-queues noirâtres. Un couple de moineaux francs avait élevé plusieurs nichées dans une de ces ouvertures qui donne dans une mansarde de mon habitation. La saison des nids terminée, la femelle continuait à y passer la nuit. Cependant ayant mis des fruits dans cette place et désirant utiliser ces trous pour l'aérage, le bouchon qui ferme intérieurement l'ouverture fut retiré et le nid de moineau fut expulsé. Ceci se passa fin août Le trou fut laissé ouvert pendant trois semaines et je remis le bouchon intérieur vers le 20 septembre Au début de novembre, je fus très étonné de constater qu'un nouveau nid avait été construit dans ce même trou et que la femelle moineau y logeait de nouveau ! Cet oiseau avait donc construit cette habitation exclusive- ment pour y passer la nuit en hiver. Ch Dupond. BIBLIOGRAPHIE L'oiseau et son milieu, par Maurice BOUBIER. Un volume in-8". — Prix : fr. 7.50, chez Ernest Flammarion, éditeur, 26, rue Racine, Paris. L'oiseau, maître de l'air, et dont les randonnées saison- nières ont une amplitude souvent étonnante, est cependant beaucoup plus étroitement soumis à son milieu qu'on ne pourrait le supposer à première vue : la lumière, la chaleur et les autres forces cosmiques, de même que les forces internes, ont une influence notable sur sa biologi ~. Cet ouvrage étudie aussi en détail les principaux milieux : aquatique et aérien, arboricolisme et humicolisme, et leurs — 86 — répercussions sur l'organisation et les diverses fonctions de l'oiseau. Un chapitre est tout particulièrement consacré à l'im ortante question, longtemps mystérieuse, des déplace- ments et migrations des oiseaux ; l'auteur y expose ses idées personnelles sur les grandes voies migratrices. Le volume aborde ensuite les phénomènes de géographie ornithologique : les aires aviennes, l'origine et la dispersion des espèces, leurs relations avec les accidents de la géogra- phie et avec les vicissitudes de la géologie ; puis les popula- tions caractéristiques des milieux les plus divers : oiseaux de lacs, de marais et de côtes maritimes; oiseaux océani- ques; oiseaux polaires; oiseaux sylvestres; oiseaux monta- gnards; oiseaux des prairies et des steppes; oiseaux des déserts. En s'appuyant sur l'immense quantité de faits rassemblés dans ces divers chapitres et sur la mosaïque des tapis végé- taux, tout en tenant compte des grandes faunes régionales récemment publiées, l'auteur termine par un tableau général de la distribution géographique de l'Omis en mondes, régions et zones ornithologiques. Ce volume sera certainement apprécié par tous ceux, et ils sont nombreux, que charme la classe si sympathique des oiseaux. REVUES ORNITHOLOGIQUES Relevé des derniers fascicules d'ornithologie parvenus au Gerjaut par voie d'échange : Reüue jrançaise d'Ornithologie (7 janvier 1922) : F. Chabot. Sur les espèces d'oiseaux nichant et vivant dans les falaises du Havre. — J. Delamain. Sur les migrations en Charente en 1921. — D' Mil- let-Hors n. Une visite au Musée d'Elbeuf. — Notes et faits divers. — Ornithologie pratique. Idem (février 1922) : L. Lavanden. Description d'une espèce nouvelle nnéditerranéenne du genre Falco. - — A. Ménégaux. Absence de xénie dans les œufs d'autruche. — Ornithologie pratique. Idem (7 mars 1922) : L. Lavanden. Description d'une nouvelle espèce méditerranéenne du genre Falcd. — F. Chabot. Notes sur les passages prématurés des migrateurs en 1921. — Notes et faits divers. — Ornithologie pratique. Idem (7 avril 1922) : R. d'Abadie et A. Ménégaux. Au sujet des donations scientifiques. — D' Arnault. Création de réserves pour -•- 87 — oiseaux. — Notes et faits divers. — Questions d'ornithologie pra- tique. Idem (7 mai 1922) : F. Chabot. Notes sur quelques Oiseaux observés dans la Somme. — A. Ménégaux. Du rôle des graviers et des grains de sable absorbés par les oiseaux. — D' Millet-Horsin. Guide de l'amateur d'oiseaux débarquant sur la terre d'Afrique. — Notes et faits divers. — Questions d'ornithologie pratique. Idem (7 juin 1922) : A. Ferrouillat. Contribution à la solution du problème non résolu de l'itinéraire et de l'hivernage des oiseaux mi- grateurs d'Europe. — F. Chabot. Une visite aux m.acareux des Sept-Iles en I92I. — D' Arnault. Sur la résistance au froid de cer- tains oiseaux exotiques. — Notes et faits divers. — Questions d'or- nithofo'gie pratique. Idem (7 juillet 1922) : A. Hugues. Nos oru.thclogues : Jean Crespon. — D' Millet-Horsin. Déplacement de l'Est à l'Ouest d'espèces africaines. — Seguin-Jard. L'otocoris alpestre. — E. Si- mon et J. Berlioz. Etude sur une collection de Trochilidœ du Mexique. — Notes et faits divers. — Questions d'ornithologie pra- tique. L'Oiseau, Paris (j'anvier 1922) : J. Delacour. Le Stourne bronzé. — Maurice Loyer. La collection d'oiseaux exotiques de Clères. — M. Legendre. Le Torcol et son élevage. — J. Berlioz. Les perro- quets du groupe des Platvcerques. — G. Olhvry. La Cofo-nbe Diamant. — A. Decoux. Une nichée de Card.naux rouges. — F. de Laeger. Le Roulroul. — Chronique ornithologique. Idem (février 1922) : J. Delacour. L'Eperonnier Chinquis. — D'' Millet-Horsin. Quelques oiseaux de l'.Afrique Occidentale fran- çaise. — Marquis de Tavistock. Moineaux mandarins en liberté. — J. W. Marsden. Quelques nc'es sur les variétés de la Perruche ondulée. — J. Berlioz. Les perroquets du groupe des Platycerques (suite). — M. Legendl-e. Notes sur l'élevage etï les maladies de ncs oiseaux captifs. — Chronique ornithologique. Idem (mars 1922) : Lee S. Crandall. Le Paradisier bleu. — D' Millet-Horsin. Souvenirs d'un naturaliste en Afrique Occidentale française (suite). — Hubert D. Astley. Notes d'aviculture. Idem (avril 1922) : Marquis de Tavistock. Un essai d'acclima- tation des Astrilds en liberté. — Hubert D. Astley. Notes d'avicul- ture (fin). — J. Berlioz. Les perro'quets du groupe des Platycerques (fin). — M. Legendre. Notes sur l'élevage et les malades de n:)s oiseaux captifs (fin). — Chronique ornithologique. Idem (mai 1922) : E. Mérite. Cages et perchoirs. — Mrs. Bur- gess. Mes oiseaux. — D'' Rochon-Duvigneau. La vision des ciseaux. — D"" Millet-Horsin. Souvenirs d'un naturaliste en Afrique Occi- dentale française (suite). — Chronique ornithofogique. Idem (juin 1922) : J. Delacour. Un amateur d'oiseaux en Amé- rique tropicale (suite). — E. Mérite. Cages et perchoirs (suite). — R. d'Abadie. Un cas de malformation embryonnaire chez le Merle noir. — D' Millet-Horsin. Souvenirs d'un naturaliste en Afrique Occidentale française (suite). — P. Vendran. Nouvel élevage du - 88 — Tlnamou Tataupa. — M. Legendre. Note sur quelques-uns de nos oiseaux. — Chronique ornithologique. Idem (juillet 1922) : J. Delacour. Un amateur d'oiseaux en Amérique tropicale (suite). — E. Mérite. Cages et perchoirs (fin). — D' JViillet-Horsm. Souvenirs d'un naturaliste en Afrique Occi- dentale française (suite). — M"" G. Prouvé. Une nichée de clari- nettes. — Chronique ornithologique. Bulletin de la Ligue jrançaise pour la Protection des Oiseaux, Paris (janvier 1922) : A. Legros. Les refuges. — C. Ennen. Les oiseaux de mes mangeoires. — Notes et faits divers. Idem (février 1922) : Le chat et les oiseaux (enquête sur le chat). Idem (mars 1922) : A. Legros. Les Refuges. — Notes et faits divers. Idem (avril-mai 1922) : P. Clerget. Les migrations d'oiseaux aux Etats-Unis. — Divers. — Notes et faits divers. Idem (juin 1922) : M"" A. Feuillée. Parures gratuites. — M"" de Gourcufï. A propos de mode. — La loi anglaise centre l'emploi de la plume des oiseaux sauvages. — Actes de la Ligue. — Divers. — B blic'graphie. — Notes et faits divers. Idem (juillet-août 1922) : Actes de la Ligue. — A. Bürdet. Le film du coucou. — M. Dous. Un nid de pinsons dans la serre. — Divers. — Notes et faits divers. Nos Oiseaux, Neufcliâtel (n" 48) : A. Richard. Nidification du coq de bruyère. — J. Mariétan. Observations ornithclogiques au Grand Samt-Bernard. — A. R. A propos du coucou. — Protection. — Divers. — Calendrier ornithologique. Idem (n'"* 49 et 50) : H. Nofl-1 obier. Une journée dans la Ré- serve de Kaltbrunn. — Divers. — Correspondance. — Calendrier ornithologique. Idem (n" 51) : A. Richard. La fauvette babillarde. — A. Engel. Une colonie de Sternes Pierre-Garin au bord du lac Léman. — Bio- graphie : Bailly. — Calendrier ornithofogique. — Divers. Der Orniihologische Beobachter. L'Ornithologiste, Base! (fasci- cule I) : Karl Daut. Der letz Uhn vom Lindenthal. — Schötz. Die Reiher-Kolonie. — Th. Simon. Aus dem Guldental. — Albert Hess. Ornithologisches aus Lapland. — Communications diverses. Idem (fase. 2) : Georg Luck. Rotkehlchen. — J. Weber. Die Uferschwalbe in der Umgebend von Baden. — Julie Schmz. Omi- thologische Beobachtungen im Wallis. — A. Matheys. Nolcs orni- tholoigiques de la région du Bosphore. — Frau G. Steiner. Unsere Me sen. — Kleinere Mitteilungen. Idem (fase. 3) : J. Gengier. Die Avifauna des VierwaldstäUcrsees und der Gc'thards. — A. Mathey. Notes ornithologiques de la ré- gion du Bosphore. — Chronik. Idem (fase. 4) : F. Kaiser. Vom Haselhuhn. — H. Fischer. Die strandläuferartigen Sumpfvögel des Wauwilermooses. — Com- munications diverses. The Ibis, London (January f922) : R. Meinertzhagen. Notes on some birds from the Near East and from Tropical East Africa. — - 89 - Nagamicni Kuroda. Notes on the birds of Tsushima and Iki Islands, Japan. — C. W. Mackworth Praed. A short systemalic review ol the African Fraucolins. — Percy R. Lowe. A reminiscence ol the last great flight of the Passenger Pigeon in Canada. — F. C. Stuart Baker. A note on some Oriental Zosteropidae and descriptions of new Subspecies. — Claud B. Ticehurst. Some remarks on the names of certain birds. — Claud B. 1 icehurst. Notes on some Indian Whcatears. — V . C. R. Jourdain. The birds ol Spitsbergen and Bear Island. — Percy R. Lowe. Species and subspecies. — Notes. Idem (April 1922) : J. H. Gurney. On the Sense ol Smell pos- sessed by Birds. — H. W. James. Notes oo the Nest and Eggs ol Sienosiha scifa (Vieill.). — Percy F. Bunyard. On the Eggs ol the Puffin. — Hugh Whi,stler. The Birds ol Jhang District. — Nagamichi Kuroda. Remarks on the Japanese Petrels of the Genus Oceanodroma. — FI. J. Elwes. Modern nomenclature and' Subspe- cies. — H. F. Witherby. Results of a collecting trip in the Canta- brian Mountains northern Spain. — Obituary. — Notices ol recent Ornithological Publications. — Letters, extraits and notes. Idem (July 1922) : Hugh Whistler. The Birds ol Jhang District. — Nagamichi Kuroda. Additional notes on the Japanese species ol Oceanodroma. — James P. Chapin. On the representatives ol Corythornis leucogaster in the Cameroon and the Congo. — J. D. La Touche. On the birds ol the province ol Hupeh in Central China. — Douglas Carruthers. The arabian ostrich. — Percy R. Lowe. On the signi fiance ol certain characters in some Charadriinae genera with a provisional classification ol the order Charadrulcrmes. — N. B. Kinnear. On the birds collected by Mr. A. F. R. Wollaston during the first Mt. Everest Expedition. — Claude B. Ticehurst. The birds ol Sind. — Obituary. — Notice of recent Ornithological F'^ublications. — Letters, extracts and notes. Bulletin oj the British Ornithologists' Club, London : Meetings of the Clu!), January, February and March 1922. Idem : Meeting ol the Club, April 1922. Idem : Meeting of the Club, May 1922. Idem. : Meeting ol the Club, June 1922. 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Idem (June 1922) : A. H. Paget Wilkes. On the breeding-ha- bits of the Glaucous Gull. — H. F. Witherby. On the White-billed Northern Diver as a British Bird. — Recovery of marked Birds. — Notes. — Obituary. — Review. — Letters. Idem (July 1922) : G. J. van Oordt and J. S. Huxley. Some observations on the habits of the Red-throated Diver. — Notes. — Obituary. — Letters. Idem (August 1922) : A. Landsborough Thomson. The migra- tion of British Starlings. — Notes. — Review. — Letters. Idem (September 1922) : J. N Douglas Smith. On the nest- buildng of the Little Tern. — J. S. Huxley. Preferential mating in Birds with similar coloration in both sexes. — Notes. — Letters. The Ooloshis' Record, London (March 1922) : H. W. James. Notes on the breeding-habits of South African Sandplovers. — H. Arden Edwards. A nesc of the amcrican Peregrine Falcon. — C. J. \oung. Bird life by Lake Ontario. — Charles B. Hors- brtgh. Some notes on European and African Vultures. rdem (June 1922) : C. F. B. 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Eenige merkwaardige instincten en gewoontevormingen bij vogels. — A. B. Wigman. Een merkwaardig boek. — G. A. Brouwer en Jan Verwey. Vogeltrek op Rottum. — F. Lieftinck. Eenige aanteekeningen over het broeden van den Aschgrauwen Kui- kendief {Circus ppgargus) . — Korte Mededeehngen. Club Dan Nederlandsche Vogell^undigen, Zevenbergen (1922, Afl. I ) : Tjeerd Gs. de Vries. Een en ander over Eenden-eieren. — Van Dedem. Een uitstervend geslacht. Idem (1922, Afl. 2) : P. C. Riotte. Bijdlrage lot de avifauna (vogelbeschriiving) der Hollandsche provincie Limbourg. DansJi Omühologisk, Forenings Tidsskrijt, Kjobenhavn (Maj 1922) : E. Lehn Schioler. Nogle Tilfojelser og Bemaekninger til Listen over Danmarks Fugle. Danske-Fugle, Viborg (1922, n' I) : P. Skovgaard. D. O. C. S. Ringmasrkningslister 1921. — P. Skovgaard. Jagt paa Traek- fugle. Aquiia, Budapest (Tom. XXVIII) : Agardi Ede. Tömeges madarfioka pusztulas. Vanellus capella korai fészkelése. Acrocepha- lus arundinaceus Pécsvaradon. A darazsölyv fészkelése a Mecsek- ben, Ftnyörigok aprilisban. — Almasy Gyorgy. Chernelhazi Chernel Istvan. — Barthos Gyula. Viz alatt uszO' vadrécze. Ciconia nigra Zalamegyében. Rövid jegyzetek a Kisbalaton és fonyodi berek ma- darvilagahoz. Madartani jegyzeteim és gyüjteinényem pusztulasa. — Bodnar Bertalan. A füsti fecske utja az Alföldön. Az idövaltozas befolyasa a madarak vonulasara. Az olahok pusztitasa a Wagner gyüjtemenyben. Burger Andras. Phalaropus lohalus. Anthus cerüi- nus Nyiregyhazan. — Cerva Prigyes. Fogsagban tartott fakckeselyü költésének tartama. Turdus pilaris mint feszkelü a fövaros Közelé- ben. Ritka vendégek Kisszallasoïi. — Chernelhazi Chernel Istvan. A triancni béke és Magyarorszag maoarvilaga. Jegyzetek a Balaton mellékérol !921 o^szen. A szajkol {Garrulus glandarius L. ) Karos- sagahoz. Ugartyuk {Œdicnemus scolopax Gm.) Scmogymegyeben. Siketfajd {Tetao urogallus L,.) a siksagon. Kanalasgémek {Platalea Icucorodia L. ) vasmegyében. A sarki buvar {Colx/mbus articus L.) Kcszegen. — Csörget Titusz. Chenelhazi Chernel Istvan. Madarve- delmi tanulmanyok az 1921, évbol. Cziraky Laszlo. Branta ruficoUis elsO' oszi élofordulasa. — Doming Henrik. Szedret evo nagy fako- pancs. A sarlos fecske bolyongusa. — Dud:ich Endre. Pastor roseus. — Faba Rezso. Stercorarius pomarinus. — Fernbach Karolyne. Karvaly az etetonél. A goJya Kartétele. Lanius minor mint odulako. Egy hajdanl Kocsagtelep. Bütykos asolud {Tadorna cornuta) . — Gaal Mihaly. Tadorna cornuta. Greschik Jeno Plegadis jalcinel- lus L. nyelve. Lovassy Sandor. A zombori fogymnasium Soma- — 92 - teria mollisima es Uria lomvia peldanya. — Nagy Jeno. Madartani vazlatok a Pancsovai Nagy-Rétrol 1909- 191 7. Vadludak Kartetelei a vetésekben. A zombori fogynruiasium Somateria mollisima és Alca torda peldanya. Ceüia ceiti elso elolordulasa Magyarorszagon. Pele- canus crispus. — Nagy Laszloi. A jégmadarrol. — Schenk Hendrik. Fellabu Circus aeruginosus. A berki poszata [Ceitia cetti Marm.) élofcrdulasa Magyarorszagon. Valtozasok a helyi faunaban. Laws minutus atvonulasa. Apro ragadozo madarak fogasa. — Schenk Jakab. Madarvcnulasi adatok Magyarorszagbol. A fehér gclya téli szallasa. Kocsagvédelem. Az apacalud Branla leucopsis else elcfor- dulasa Csonka-Magyarorszagon. Bomb^cilla garrula megjelenése Ma- gyarorszagon 1920/21 és 1921/22 évek telen. — Schermann Szilard. Chernel Istvan munkainak chrono logikus jegyzéke. — Stoll Erno. Pecskefiokak pusztulasa. — Str'iss Lajos. A vadludak téli fürdoge. — Suooialainen E. W. Palmen Axel Jano« nekro-logusa. — Szeots Béla. Az ablaketetOi megovasa a verebektol. A harom vadgalambfaj Lillafüreden. Nepies madarnevek. — Szemere Laszlo. Törvenyja- vaslat a madarak védelmérol. Otocoris alpestris. Madar és tojas- gyüjteményem sikere. -— Szomjas Laszlo. IVladartani hirek a Hcrtc- bagyrol. — Tavassy Zcltau. Hazi rozsdafarku fészkelése a templom- ban. — Unger Jeno. Branta rufi collis ujabb oszi elofordulasa. — Vasvari Miklós. -A Cerchneis Navmani Fleisch. Zala vm.-ben. Daru nyaicn. — Warga Kalman. Az ostorfa [Ceitis australis) ter- m.ése mmt madartapjalek. A Kotlo vetési varju nostenyének hazassag- törése, Fenyves ligs invazio a budapesti Varosligetben. — Intezeti ügyek . Bird-Lcre, New- York (January-February 1922) : Frank M. Chap- man. Courtenay Brandreth's birds paintings. — L. F. Brehmer. Evening Grosbeaks. — Notes. — I he Audubon Societies. Idem (March- April 1922) : Grace A. tiiH. When the birds come North. — Clinton G. Abbott. The friendly Phoebe. Mary B. Sherman. A Nestbuiiding Parrot. — Harry C. Oberholser. The migration of North American birds. — • Frank M. Chapman. Notes on the plumage of North American birds. — Notes from field and study. Idem (May-June 1922) : FJarrison F. Levs'is. Bonaventure Island and Perce Rock. — Joseph Pollock. Wood Thrush. — A. R. Cole- man. Two Hummingbird photographs. — Anne Flail Gay lord. City Birds. — Factors contributmg to- the destruction of Birds' nests and eggs. — Notes from field and' study. The Auk, Lancaster Pa. (U.-S. A.) (January 1922) : Charles W. Michael and Enid Michael. An adventure with a yan of Harle- quin Ducks in the Yosemlte Valley. — Charles L. Whittle. A Myrtle Warbler invasion. — Ludlow Griscom. Problems of field identification. -^Norman Criddle. A Calender of bird migration. — - Chauncey J. Hawkins. Sexual selection and bird song. — E. R. Horsey. Bird d.stribution in Eastern Kentucky. — Robert Cushman Murphy. Notes of Tubinares, including records which affect the - 93 - A. O. U. Check-iist. — Walter Faxon and Raph. Hoffmann. Sup- plement notes on the birds of Berkshire County, Massachusetts. — Harry C. Oberholser. Notes on North American birds XI. — Wit- mer Stone. A new burrowing Owl from Colombia. — Notes and News. Idem (.April 1922) : F. R. C. Jourdain. Breeding habits of the Barnacle Goose. — A. Saunders. Might songs and mating songs. — Mary Wood Daley. Birds of Frost Valley, Slide Mountain Region, Southern Catskills. — E. R. Kalmbach. A comparaison of the food habits of British and American Starlings. — James P. Chapm. The function of the Œsophagus in the Bittern's booming. — S. Prentiss Baldwin. Adventures in Bird-banding. — Wil. Rowan. Some birds notes from Indian Bay. — Gordon Wilson. Birds of Bowling Green, Kentucky. — General notes. — Notes and news. Idem (July 1922) : Frederic C. Lincoln. I rapping Ducks for banding purposes. — L. R. Talbot. Bird banding at Thomasville, Georgia, in 1922. — Langdon Gibson. Bird notes from; North Greenland. — Nagamichi Kuroda and Tamezo> Mori. On some new and rare birds from Corea. — Colin Campbell Sanborn. Recent notes from a old Collecting ground in North-Eastern Illinois. — Joseph Grinnell. The role of the (( Accidental ». — W. L. McAtee. Notes on food habits of the Shoveller or Spoonbill Duck. — Aretas A. Saunders. The song of the field sparrow. — Richard C. Harlow. The breeding habits of the Northern Raven in Pennsylvania. — Ge- neral notes. — Notes and news. The Oölogist, Albion, N. Y. (January 1922) : Notes and news. Idem (February 1922) : Notes and news. Idem (March 1922) : A. G. Prill. Peiecanus Er-^thrcrhynchos. — R. B. Simpson. Hunting Hawks' nests. — General notes. Idem (April 1922) : Notes and news. Idem (May 1922) : Wil. D. Johnston. The earliest Know bird. — P. B. Peabody. The haunts of Poor-Wilber. — Notes and! news. Idem (June 1922) : R. B. Simpson. Some Blackburnian nests. — S. Ward Reed. The horned owl and red tailed hawk. — Notes and news. The Wilson Bulletin, Oberlin, Ohio (March 1922) : George Miksch Sutton. The Road^Runner at Fort Worth, Texas. — J. Pen- nock. Florida Burrowing Owl. — William I. Lyon. Bird banding. — Field notes. — Communications. I demi (June 1922) : H. L. Stoddard. Bird notes from. Southern Wisconsin. — W. L. La Prade, Jr. Breeding Warblers around Atlanta. — F. Gilbert Pearson. Birds ol Cumberland Island'. — C. W. G. Eifrig. Effects of a mild winter. — Gordon Wilson. Birds at the mouth ol Ohio River. — Fred J. Pierce. Prairie chicken in East Central Iowa. — Field notes. The Condor, Berkeley, California (January-February 1922) J. R. Pemberton. The Reddish Egrets of Cameroun City. — S. Still- mann Berry. Magpies versus Livestock : an unfortunate new chapter in avian depredations. — M. P. Skinnes. — Notes on the Dipper - 94 - in Yellowstone Park. — Houtley H. T. Jackson. Some birds of Roosevelt Lake, Arizona. From field and study. Idem (March- April 1922) : J. R. Pemberton. A large Tern colony in Texas. — Joseph Mailliard. Notes on Fox Sparrows in California. — Emerson A. Stoner. A study of roosting holes of the Red-shafted Flicker. — Charles Ketehum Averil 1. A Law gover- ning the elevation of the nesting site. — From field and study. Idem (May-June 1922) : Charles L. Whittle. Miscellan:cis bird notes from Montana. — W. H. Bergtold. Wasted Ornitholog'.- cal Material. — Allan Brooks. Notes on the .A.merican Pine Gros- beaks, with the description of a new subspecies. — G. Dallas Hanna. The Aleutian Rcsy Finch. — Joseph Mailliard. Eggs of the Aleu- tian Rosy Finch. — From field and study. Idem July-August 1922) : Grace A. Hill. With the Willow Ptarmigan. — William, E. Ritter. Further observations on the Acti- vities of the Califomia Woodpecker. — Loye Miller. Fossil birds from the Pleistocene of McKittrick California. — W. E. Clyde Todd'. A new Sparrow from Southern California. — Joseph Mail- liard. Status of the Crested Jays on the Northwestern Coast of Cali- fornia. — From field and' study. The Journal oj the Museum oj Comparative Oology, Santa Bar- bara, California (n°^ 1-2) : William Leon Dawson. A candid- exami- nation of the light to collect birds' eggs. — R. S. Sutherland. Pen- guins. — Notes and news. El Hornero, Buenos -Aires (Abril de 1922) : R. Dabbene. Los petreles y albatros del Atlanticc austral. — A. G. Bennet. Notas sobre aves subantarticas. — J. B. Daguerre. Lista de aves coleccio- nadas y observadas en Rosas. — R. Dabbene. Captura del albatros Th. eximius en la prcv. de Bs. As. — R. Lehmann-Nitsche. Las aves en el folklore sudamericano. — C. E. Hellmayr. Notas sobre algunas especies del genero' Clinclcdes. — R. D. Una Gallatera nueva para la Argentina. — R. D. EI picaflor L'-sbia sparganura con SU nido'. — A. Castellanos. Lo que se dice del Crespin. — A. Wetmore. Una especie de Hoco nueva para la fauna Argentina. — R. Lehmann-Nitsche. Aclima^acicn de la perdiz v martinta en Alemania. — C. Spegazzini. Aves y batracios. — Infcrmaciones. — Bibliografia ornitologica. (( Tori n The Aües, Bulletin ol the Ornithological Society of Japan, Tckyo' (March 1922) : Prince N. Takatsukasa and N. Kuroda. On a new genus proposed for Mikado Pheasant of Formosa. — Visco'unt Y. Matsuda'ra. On the moulting of gulls. — N. Kurcda. Birds in the vicinity of Shizuura. — M. Hachisuka. On Chaunoprocius jer- reirostrîs. — T. Morniyama. Notes on some birds from Hachijo Is- land. — J. Encrnoto. Method of the fheht of Aquila Chrvsaëfos. — M. Fujita. Birds from Shikoku. — J. Nibe. Anomalies of egg mar- king. — A. Oka. Curious habits of the Californian Woodpecker. — M. Hachisuka. Pheasants in Britain. TABLE DES MATIÈRES Pages Alauda ärvensis cinoiascens . . 23 Avis ... 1 Bibliographie . 85 Bruant jaune 35 Busard blafard (Le) 2 Cincle à ventre noir 79 Coucou (Mœurs du) 76 Divorce chez les oiseaux (Le) . 15-49 Grèbe castagneux 31 Grive sibérienne 30 Hypolais polyglotte 79 Locustelle tachetée (La) 52 Loriot (Le) 82 Mésange à longue queue 35 Moineau domestique .... 36-50-84 Nidification tardive 83 Nidologiques (Curiosités) 80 Observations ornithologiques du lei" mai 1921 au 30 avril 1922. 41 Pie grièche grise 83 Poule d'eau 31 Revues ornithologiques 37-86 12« Année 1922 FASCICULE I LE GERFAUT Revue belge d'Ornithologie. ABONNEMENT : 1 0 Francs r • • Toute communication concernant la Revue doit être adressée à la Revue «LB GERFAUT y> : 21, Square Prince Charles Bmxellet-Laeken. BRUXELLES. — IMPRIMERIE F. VAN BUGGENHOUDT S. A. 5-7, rue du Marteau, 5-7 Périodiques d'ornithologie 1 faisant l'échange avec " LE GERFAUT „ 1 Aquila. Debroi-ût, 15, BUDAPEST II (Hongrie), j Ardea {W L. F. de Beaufort). AMERSFOORT (Hollande). J Auk (The) (The American Ornithologists' Union). \ (M' Witmer Stone), Logan Square. PHILADELPHIE (U. S. A.) ,] i Austral Avian Record {W C. M. Mathews). \ Foulis Court. FAIR OAK (Hants.) (Angleterre), j Bird-Lore, organe officiel des sociétés « Audubon » (M' Frank j M. Chapman). HARRISBURG, P.A. (U.S.A.) | Bird Notes and News, Journal of The Royal Society for the protection | of Birds. 23, Queen Anne's Gate, LONDRES S. W. ^ British Birds (Witherby & C«). .^^^^o „r ^ . i 326, High Holborn LONDRES W. C.l. j Bulletin de la Ligue Française pour la protection des Oiseaux. | 198, Boulevard Saint-Germain, PARIS, j Bulletinof The British Ornithologists' Club i Zoological Society. Regent's Park, LONDRES N. W. 8. i Bulletin of the Essex County Ornithological Club (M. Ralph Lawson). ; SALEM, Massachusetts (U.S.A.) | Catalogue des oiseaux de la Suisse {W G. de Burg). OLTEN (Suisse). | Condor (The) (M' J. Grinnell), Musée zoologique des vertébrés. j BERKELEY, Californie, (U.S.A.) , Danske-Fugle (M' P. Skovgaard.) \ Mogensgade, 32, VIBORG (Danemark). | Dansk Ornithologisk Forenings Tidsskrift (M' R. H. Stamm), CHARLOTTENLUND (Danemark). ] Hornero {El). Revue de la Société Ornithologique de la Plata (M' R. | Dabbene) , ,. . ^ .1 Calle Peru 208, BUENOS-AIRES (Répubhque Argentme). j Ibis (The) {W W. L. Sclater). 10, Sloane Court. LONDRES S. W. 1. : Périodiques d'ornithologie j faisant l'échange avec " LE GERFAUT „ j (Suite.) \ Jaarbericht van de Club van Nederlandsche Vogelkundigen. \ {W le Baron R. Snouckaert van Schauburg). \ DOORN (Hollande), i Journal of the Museum of Comparative Oology {The) (M^W. L. Dawson), j SANTA BARBARA (Californie). ; Journal of the Wild Bird Investigation Society {W Walter E. CoUinge). ; 34-36, Margaret Street, Cavendish Square, W. I. LONDRES, j Oiseau {L') Société nationale d'Acclimatation de France. ,i 198, Boulevard Saint-Germain, PARIS. | Oiseaux (Nos) Bulletin de la Société Romande pour l'étude et la protec- ' tion des oiseaux. (M' Alfred Richard). j Faubourg des Sablons, 35, NEUCHATEL (Suisse). | Oô'logistiThe) (M^ R. M. Barnes), LAGON, 111., (U.S.A.) ■ i Oologists' Record (The) (M^ Kenneth L. Skinner). i 45, St Martin's Lane, LONDON. W. G. 2. ; i Ornithologiste {L') Société suisse pour l'étude des oiseaux et leur pro- i tection. (Prof. A. Mathey-Dupraz.) COLOMBIER (Suisse), j Revue Française d'Ornithologie {W A. Menegaux), ' 55, Rue de Buffon, PARIS. | Rivista Italiana di Ornitologia. ■ Piazza Galderini, 4, BOLOGNE (Italie). | South Australian Ornithologist (The) (M' J. N. Me. Gilp), ! North Terrace, ADELAIDE (S. Australia). \ Tori, {W Nagamichi Kuroda), i Fukuyoshi cho, AKASAKA, TOKIO (Japon). \ Wilson Bulletin (The) Organe officiel de The Wilson Ornithological \ Club. (D' Lynds Jones). OBERLIN, Ohio (U.S.A.) i i OISEAUX EN PEAU : W.-F.-H. ROSENBERG, F. Z. S.. F. E. S. j 57, Haverstock Hill, LONDON N. W. 3 (England) (iWaison anglaise, établie en 1808) j a l'honneur d'annoncer la publication d'un nouveau catalogue et prix- . courant d'oiseaux en peau, contenant plus de 5,000 espèces venant de j toutes les parties du monde. >j Les noms des auteurs, les indications des localités, et un index des I familles, se trouvent dans cette liste. | Envoi franco, sur demande, ainsi que les catalogues suivants : Œufs , d'oiseaux (900 espèces), Mammifères (300 espèces). Reptiles, Amphi- 5 bies et Poissons (400 espèces), Lépidoptères exotiques (8,000 espèces). \ Prière d'indiquer les listes désirées. j Le plus grand stock du monde entier de spécimens zoologiques, i Nourriture pour Oiseaux \ 16, rue Sainte-Catherine, 16 J BRUXELLES i Early Annals of Ornithology y niustrated by J. H. GURNEY 12 s. 6 p.^ (Author of « The Gannet, a Bird with a History ».) j I British Birds (An illustrated Monthly Magazine.) Edited by H. F. WITHERBY, M.B.E., F.Z.S., ,; M. B. O. U., assisted by the Rev. F. C R. JOURDAIN, M. A., M. B. O. U. and ^ N. F. TICEHURST, O.B.E., M. A., F.R.C.S., M.B.O.U. Demy 8vo. Monthly parts j Is. 9d. net. Annual subscription, post free, £ 1 net. Complete bound sets of Vols. ,î I-XII., £8 10s. net.. Vol. XIII., 22 s. 6d. net, Vol. XIV. 24 s. 6 d. net. \ A Standard Work arranged for Quick Reference. 'j A Practical Handbook of British Birds ] By H. F. WITHERBY, M.B.O.U. Contributors: E. HARTERT, Ph.D., M.B.O.U.. ' F.Z.S.; Annie c. Jackson, h.m.b.o.u.,- Rev. F. c. R. Jourdain, M.A., M.B.O.U.; i C. Oldham, F.Z.S., M.B.O.U.; N. F. TICEHURST, O.B.E., M.A., F.R CS., M.B.O.U. 'v Profusely illustrated with Colour and Monochrome Plates and Text Figures. To be j completed in 18 parts. Vol. I. (with 17 plates and 140 figures), bound, £2 net. Vol. II. j (parts IX. to XVIII. in progress), bound, £2 8s. 6d. net. '^ H. F. & G. WITHERBY, 326, High Holborn, London. " ' iu ■^M*"* 1fi> I ' — p— ■ — : •■"'-■" :"! ' r-T-^,,,'.- :■!; ■ -.' ' : " '. ' 12« Année 1922 ■ ' — 'j,:j:.'- '.:.J... _,. ,i! ■ )', " ' ; FASCICULE 11 -^ ■-■'•■;;;■;■,;;:_...:'"." ' .' ' '_;-.,..,..■.,] LE Revue beige d'Ornithologie« ABONNEMENT lO Franc« • > Tout« communication concernant lé Revue doit être «dreitée à la Revue 1. GURNEY I2s. 6p. < (Author of « The Ganqet, à Bird with a History ■.) >j British Birds (An illustrated Monthly Magazine.) Edited by H. F. WITHERBY, M.B.E., F.Z.S;. | M.B. O. U., assisted by theî Rev. F- CR. JOURDAIN, M.A., M. B. O. U. and':| N. F. TICEHURST, O.B.E.. M. A., F.R.CS,, M.B.O.U. Demy 8vo. Monthly parts |; Is. 9d. net. Annual subscription, post free, i' 1 net. Complete bound sets of Vols. \; I-Xn.,£8 10s.net..Vol. XIII., 22 s. 6d. net. Vol. XIV. 24s.6d.net. J A Standard Work arranged for Quick Reference. ; A Practical Handbook of British Birds 1 By H. F. WItHERBY, M,B.O.U. Contributors : E. Hartert, Ph.D., M:B.O.U.. | F.Z.S.; ANNIE C. JACKSON, H.M.B.O.U.; Rev. F. CR. JOURDAIN, M-A., M.B.O.U.i ^ Cl Oldham; F.Z.S., M.B.O.U.: N. F. TiCEHurST, O.B.E., M.A., F.R C.S., M.I^.O.U. ^J Profusely' illustrated \vith Colour and Monoéhrçirae Plates and Text Figures. To be | completed In Î8 parts. Vol. I. (with 17 plates and 140 figures), bound, £2 net. Vol. II. | (parts IX. to XVril. in progress), bound, f 2 8s. 6d. net. ^ , | H. F. & G. WITHERBY;326, High Holborn, London. ^ ^ iOI ri* o> o> 1 1 to