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L'ÉLAGAGE

DES ARBRES

.. . Si le bois venait à disparaîtrè, toute civilisation s’éteindrait sur la terre.... C’est donc le devoir de toute société éclairée de donner des soins à la culture des arbres forestiers, de les multiplier autant que le comportent les besoins, et de les aménager de manière à en assurer la conservation à la postérité, mais c'est malheureusement ce qu'on paraît avoir oublié dans notre siecle.

(DECAISNE, Manuel de l'amateur des jardins.)

L'ÉLAGAGE

DES ARBRES

TRAITÉ PRATIQUE

DE L'ART DE DIRIGER LES ARBRES FORESTIERS ET D'ALIGNEMENT, D'ACTIVER LEUR CROISSANCE ET D AUGMENTER LEUR VALEUR

PAR LE DES CARS

MEMBRE DE LA SOCIÉTÉ FORESTIÈRE

SEPTIÈME ÉDITION

Médaille d'or de la Société impériale et centrale d'Agriculture; Médaille d'argent à l'Exposition universelle de 1867.

LAGERANVERES DANS LE TEXTE

PARIS

LROTEHSCHIED, ÉDIFEUR LIBRAIRE DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE 43, RUE SAINT-ANDRÉ-DES-ARTS, 43

1870

Tous droits réservés.

STRASBOURG, TYPOGRAPHIE DE G.

SILBERMANNX.

À MONSIEUR J. DECAISNE

MEMBRE DE L'INSTITUT DIRECTEUR DES CULTURES ET PROFESSEUR AU MUSÉUM D'HISTOIRE NATURELLE, A PARIS.

MONSIEUR,

Dans la leçon que, le 30 avril dernier, vous faisiez au Muséum, vous avez voulu consacrer, par l’autorité de votre savante et lumineuse parole, la méthode d’élagage que M. le vicomte de Courval applique depuis plus de quarante ans avec un succès complet, dans les forêts de son vaste domaine de Pinon (Aisne). M. de Courval a exposé sa méthode dans une brochure du plus haut in- térêt!, mais que son prix et peut-être aussi l’élévation du langage, tiennent hors de la portée des habitants des campagnes. Occupé moi-même depuis longtemps de

1 Taille et conduite des arbres forestiers et autres arbres de

grande dimension, ou Nouvelle Méthode de traitement des arbres à haute tige ete. Paris 1861.

=— VI a cette importante question, j'ai rédigé, il y a quelques añinées, une instruction purement pratique , basée sur les résultats de ma propre expérience et amenant des conclusions identiques. Vos encouragements non moins que l’insistance de M. de Courval me décident aujour- d’hui à publier, presque sans en changer la forme, cette instruction restée jusqu'ici entre les mains de quelques bücherons et gardes forestiers. Cest aux mêmes hommes qu'elle est toujours destinée, tout en contenant cer- taines considérations d'intérêt général sur lesquelles je me permets d'appeler l’attention de tous ceux qui: s’in- téressent à la sylviculture.

En m’autorisant Monsieur, à mettre cet humble _opuscule sous vos auspices, vous lui donnez près du public une précieuse garantie: votre nom contribuera au succès de mes efforts pour la conservation et le déve- loppement d’une source si importante , et cependant trop délaissée , de la richesse nationale.

À. DEs Cars.

Paris, juin 1864.

AVERTISSEMENT.

Le but de cet écrit est d'encourager tous les pro- priétaires de bois, du plus grand au plus petit, à augmenter sensiblement leur capital et leur revenu,

de la manière la plus simple, la plus sûre et presque toujours sans frais, au moyen d’un élagage raisonné.

Je n’ai d'autre prétention que de vulgariser la

+ méthode de M. de Courval, car c'est lui qui a for-

anulé le premier les principes sur lesquels reposent jes pratiques que Je conseille. Ce petit manuel n’est pas destiné à remplacer son livre, que je recom- mande instamment aux sylviculteurs; je proclame ici sa priorité, devant laquelle je m'incline, me fai- sant honneur de marcher sur ses traces. Comme je veux avant tout être clair et pratiquement utile, je ne craindrai ni de reproduire les pensées de mes

prédécesseurs n1 de me répéter moi-même au be- | !

2 AVERTISSEMENT.

soin : il est presque superflu d'ajouter que j assume l'entière responsabilité de tout ce que J'avance, comme étant le résultat de mes travaux personnels.

Les figures explicatives disséminées dans le texte ont le mérite d’être dessinées d’après nature; je puis donc en garantir l'exactitude.

Si je me fais un devoir de citer, comme exemple à suivre, l’habile direction donnée aux jeunes arbres formant les nouvelles plantations de la ville de Paris et de quelques-unes de nos‘routes, néanmoins l’in- térêt de la vérité me force à un petit nombre d’ob- servations critiques. Placé sur le terrain de l’utilité générale, on le comprendra, je lespère, je suis par même au-dessus de tout vulgaire parü pris de dénigrement.

AVANT-PROPOS

DE LA SIXIÈME ÉDITION.

Cinq éditions épuisées en moins de deux ans témoignent de la faveur avec iaquelie le pu-

blic a accueilli cet opuscule. Personne n’a plus

contribué à ce succès que l'administration fo- restière; c’est pour moi un devoir d'autant plus rigoureux de le proclamer que j'ai cru nécessaire, dans l'intérêt général, de signaler les inconvénients résultant des pratiques gé- néralement en usage tant dans les forêts de l’État que dans les bois des particuliers. Non-seulement les fonctionnaires les plus éminents de la direction des forêts m ont donne des témoignages d'approbation non équi-

y AVANT-PROPOS.

voques, mais Cest sur le rapport de l'un de ses principaux chefs, dont la compétence n’est contestée par personne, que la Société 1mpé- riale et centrale d'agriculture a bien voulu me décerner une médaille d'or.

Le rapport de A. Becquet, conservateur des forêts à Paris, constate que, malgré des difficultés dont 1l serait imjuste de ne pas tenir compte, la première de toutes étant l'absence complète de fonds consacrés à cet usage. l'administration sentant toute l'importance de bons élagages, a fait depuis quelques années exécuter d'importants travaux dont elle a déja pu constater les résultats satisfaisants.

L'Auteur.

L'ÉLAGAGE

DES ARBRES

CHAPITRE PREMIER.

CONSIDÉRATIONS SUR LA NÉCESSITÉ D'UN BON . ÉLAGAGE.

Coup-d’œil sur l'entretien des bois en Franee. [a France ne produit pas la quantité de bois de construction et d'industrie nécessaire à sa consommation , chaque année le déficit augmente et porte spécialement sur les pièces les plus pré- cieuses : la marine s’y trouve particulièrement inté- ressée; on nignore pas, en eflet, que nos forêts fournissent à peine le quart des quantités requises par les seuls chantiers de l'État.

Grâce aux facilités des communications, nous pou- vons actuellement tirer de l’étranger ce qui nous anque ; mais si lon considère que ces forèts loin-

6 L'ÉLAGAGE DES ARBRES.

taines s’épuisent”, que nous payons un tribut annuel de plus de cent millions pour ce qui est un des principaux produits de notre sol, que les besoins augmentent chaque jour*?, et que d’ailleurs ces res sources peuvent nous manquer en temps de guerre : on a lieu de trouver notre situation déplorable pour le présent, effrayante pour laver, et de se deman- der s’il n’y a pas un moyen d’y remédier.

Les causes de ce mal sont nombreuses : il ne nous appartient pas de les approfondir 1c1, mais il est impossible de ne pas voir en première ligne le mor- cellément indéfini de la propriété, conséquence inévi- table de nos lois actuelles. Des forêts appartenant aujourd’hui à des particuliers, combieren restera-t- il dans vingt ans? combien dans cent ans? Quand il s’agit du chêne, on a sans imdiscrétion le droit de poser une pareille question; car un siècle est à peine la moitié du temps nécessaire à son dévelop- pement. :

Le remède que je propose ici n’est pas la révision du Code civil: vivons avec les inconvénients et les avantages de notre temps ; tâchons au moins de pro-

1 Celles du moins que leur situation littorale met à notre portée. : ? La seule industrie des chemins de fer a des exigences énormes et incessantes. La pénurie est déjà grande, et 4 e e LES pourtant notre réseau est bien loin d'être complet.

NÉCESSITÉ D'UN BON ÉLAGAGE. g: _fiter de ces derniers, tout en regrettant, au point de vue de lPintérèt public, la destruction, l’anéantisse- ment prochain et fatal de toutes ou presque toutes les forêts des particuliers. -

Toutefois l’État possède encore de nombreuses et belles forêts, assises sur de bons sols et entretenues par une administration non moins savante que dé- vouée aux intérêts du pays. Cependant leur produc- tion en bois de haute valeur est-elle bien ce qu’on est en droit d’en attendre ? La réponse est malheu- reusement trop aisée.

Hnerét, 1 est difficile, en parcourant les forêts de VÉtat ou les bois des particuliers, de ne pas être , le plus souvent, frappe du triste spectacle que présentent un grand nombre d'arbres, dont les troncs couverts de plaies béantes, de protubérances, de tronçons de branches mortes, accusent une dé- sastreuse incurie ou des pratiques plus désastreuses encore. |

Il est évident, même pour la personne la plus étrangère à la culture des bois, que ces arbres sont pourris à l’intérieur et par conséquent impropres à la plupart des usages industriels.

Si l’on pense à la quantité prodigieuse de sujets sur lesquels ces tristesobservations peuvent s'étendre, on est effrayé de la perte immense qui en résulte chaque année pour l'État et les propriétaires.

= 8 L'ÉLAGAGE DES ARBRES.

Le spectacle offert par les arbres qui bordent nos orandes routes est fout aussi affligeant.

À quoi donc attribuer ce fâcheux état de choses? En d’autres temps, on aurait accusé l’ignorance, la routine; mais est-ce possible aujourd'hui, surtout en présence des hautes directions sous lesquelles forêts et grandes routes se trouvent placées ?

Cependant le mal continue d'exister; si je le si- onale une fois de plus, c’est que je propose un re mède efficace.

Je l’ai dit, 1l s’agit de l’élagage.

À coup sûr l’idée n’est pas neuve, aucune ques- tion n’est même plus rebattue. Il y a peu d'années encore, en Belgique , pays qu’on nous propose tou- jours et non sans raison comme modèle, au point de vue forestier du moins, les deux Chambres ont retenti de longues discussions sur cette matière, sans qu'on püt arriver à une conclusion définitive.

Chez nous, les auteurs ne sont pas plus d'accord : les uns admettent l’élagage en différant toutefois sur le mode d'application, tandis que les autres le re- poussent complétement. |

Certains théoriciens vous diront pompeusement qu'il existe une corrélation absolue entre les racines et les branches; que la suppression d’une branche

1 Voir l'ouvrage de M. Moreau. Bruxelles 1851.

NÉCESSITÉ D'UN BON ÉLAGAGE. 9

tue nécessairement la racine correspondante. Mais que dire alors des opérations du rabattage des jeunes plantations, du recépage des taillis, de Pécimage des têtards, qui suppriment foutes les branches?

Voici une objection plus sérieuse : elle m'a été faite souvent par des marchands de bois, c’est-à-dire par les hommes les plus intéressés à la question et pour cette eause les plus compétents : «Tout arbre élagué a perdu par suite de cette opération 25, 30 ou même 90 pour 109 de sa valeur.» Du‘quart à la. moitié! en d’autres termes, les arbres élagués sont ordinairement atteints de la carie. Je ne le sais que irop, mais cela ne prouve qu'une chose, c’est que ces arbres ont été mal élagués, et rien de plus.

On insiste, on ajoute que les marchands de bois ne consentiront Jamais à prendre, sans une notable dépréciation, des arbres portant ces cicatrices qu'ils connaissent si bien sous le nom de rosettes ou ini- roirs et qu'ils redoutent, à si juste titre, comme étant Pindice révélateur de défauts intérieurs. Cette prévention est malheureusement très-fondée dans l’état actuel ; on prétend qu'il sera impossible de la combattre victorieusement.

À cela on peut répondre, ce me semble, que le mot de progrès, qui se trouve aujourd’hui dans toutes les bouches, trouverait ici une de ses ap- plications les plus justes, et que les marchands

10

L'ÉLAGAGE DES ARBRES.

seront probablement les premiers à reconnaitre et

à proclamer avant peu l’immense supériorité des

'

FN K :

Fig. 1. Forêt de Villers -Cotte- retss Portion du tronc d’un hêtre attaqué de la carie par suite d'un élagage vicieux ayant @ro- duit des trous plus ou moins pro- fonds, dont plusieurs sont remplis d’eau.

La -

bois traités par nos pro-

cédés.

Quant à leur répulsion actuelle, on la conçoit aisément en jetant les veux sur la figure À, re- présentant une partie du tronc d’un très-beau hé- tre, victime de déplora- bles mutilations qui sem- blent donner raison aux adversaires de l’élagage.

Nous leur répondrons toutefois que, bien que moins désastreux, leur système présente encore d'immenses inconvé- nients. Si un arbre est entièrement abandonné à lui-même , il arrive gé- néralementde deux choses l’une : ou il ne grandit pas et prend la forme

communément appelée de pominier, les branches basses deviennent énormes, s'étendent démesuré-

NÉCESSITÉ D'UN BON ÉLAGAGE. F1 ment, étouffent le taillis et absorbent la séve au détriment de la cime; encore est-on heureux quand une partie de ces longues branches ne sont pas brisées par les vents, les neiges ou le givre, pour ne plus laisser que de hideux tronçons (fig. 2). De

Fig. 2, Chêne abandonné à iui-même croissant dans un bon sol sur un taillis aménagé à quatorze ans. À, Branches mortes. —B, Branches brisées par le vent ou le poids de la neige ou du givre.

tels arbres, fort communs dans les bois coupés jeunes, n’ont jamais qu'une minime valeur et se couronnent avant l’âge. Dans l’autre cas, c’est ce qui a lieu pour les plus beaux arbres et dans les meilleurs cantons, la végétation se porte vers la cime, les branches basses meurent et occasion- nent invariablement, quand elles sont grosses,

19 L'ÉLAGAGE DES ARBRES.

des ulcères qui portent la carie au cœur de l'arbre

et lui Ôôtent toute sa valeur industrielle (fig. 3).

Fig. 3. Forêt de Fontainebleau. Portion du tronc d'un chêne ayant perdu toute sa valeur par suite de la décomposition des branches basses, résultant du manque d’élagage.

De grosses branches sont fréquemment bri- sées par les vents, le oivre ou la chute de leurs voisins ; de en- core des plaies sou- vent énormes, qui amènent un résultat semblable (fig. 4).

Si l’on ne veut pas d’élagage, le mal .est sans ressource; c'est une véritable ques- ton de chirurgie, et nous pourrions com- parer ceux qui refu- sent d'y porter re- mède, à un cultivateur ou à un maitre d'usine qui, voyant un de ses ouvriers dont le bras

aurait été broyé par les rouages d’une machine,

préférerat le laisser mourir de la gangrène plu-

tôt que de confier l’amputation à un habile pra-

ticien. Ici ia comparaison est toute à l'avantage de

NÉCESSITÉ D'UN BON ÉLAGAGE. 15 l'arbre, qui n’en est pas à un membre de plus ou de moins.

Tout le secret pour obtenir une guérison com- plète consiste à couper rez- tronc. Plusieurs auteurs ont entrevu cette vérité, mais c’est M. de Courval qui l’a affirmée de la facon la plus absolue en l'érigeant en principe, etil a complété sa précieuse décou- verte en indiquant la subs- tance, le coaltar goudron des usines à gaz, à laquelle i nous devons le succès d’opé- pig. 4 Chêne non él:

gué, atteint de la carie par

rations dont la reussite $e- suite de l'éclat d’une mat-

rat impossible sans son se- tresse branche brisée par

; le vent. L COUTS"-

Formation Œu bois, Nous disons que Îa

coupe doit être faite absolument rez-tronc; en voici la raison : |

On est assez généralement d'accord sur ce point que la séve a un double mouvement, elle monte des racines aux feuilles pour redescendre élaborée, des feuilles aux racines. Ces dernières ne puisent dans” le sol que de l’eau chargée de quelques sels. Cette

Voir p. 94 pour l'emploi du coaltar.

14 ._- L'ÉLAGAGE DES ABBRES-

eau, à l’état de séve ascendante, monte aux feuilles dans lesquelles elle subit une transformation : elle s’évapore en partie, absorbe dans l'air différents gaz, notamment l’acide carbonique, dont la base est le charbon, c’est-à-dire le bois: Il est donc vrai de dire que les feuilles puisent dans l'air le principe constitutif du bois! et que la séve descendante le charrie à l’état liquide, pour le déposer par couches successives et concentriques, à peu près comme nous voyons dans les grottes, sous les voûtes et sous les ponts, l’eau déposer les sédiñents calcaires qui forment les stalactites.

S'il en est ainsi, il suffira, pour obtenir la cicatri- sation de la plus large plaie, de laraser parfaite- ment, de manière à mettre toutes les parties de sa circonférence en communication avec les feuilles par le réseau des fibres et des vaisseaux destinés à char- rier la séve descendante. Cette théorie repose sur les données les plus élémentaires de la physiologie vé- gétale, mais je crois pouvoir dire qu’elle n’a guère été appliquée jusqu’à présent à l’art forestier.

Entre mille exemples qu'on rencontre à chaque

1Ces phénomènes de constitution ont lieu particulière- ment sous l'influence de la lumière et des rayons solaires. On verra plus loin, p.73, que la forme que nous donnons aux arbres est précisément celle qui sous ce rapport les met dans les meilleures conditions. -

NÉCESSITÉ D'UN BON ÉLAGAGE. 45

pas, tout le monde n’a-t-1l pas pu remarquer que le

bourrelet, occasionné par la pression du chèvre-

feuille sauvage sur les arbustes qu'il entoure, se

forme toujours à la partie supérieure”? (fig. 9).

En agissant ainsi que nous l’indi-- . quons, on ne farde pas à voir un l bourrelet de nouveau bois se former d’abord sur les parties supérieures et latérales, puis constituer un anneau régulier autour de la plaie qui arrive, | dans la majeure partie des cas, à se À cicatriser, quelles que soient ses di- :

mensions, sans quil se manifeste Îa moindre carie. Se : 3 ; Fig. 5. Forma- Naturellement, le temps nécessaire ton du bois par la séve des-

à cette guérison complète est propor- 2" = cendante.

üonné aux dimensions de la blessure

et à la vigueur de l'individu sur lequel on la prati- quée ; mais avec lapplication du coaltar on peut le plus souvent compter sur un bon résultat. -

Ce principe une fois établi, qu’on peut, sans in- convénient et sans altérer le corps de l'arbre, y faire des plaies même considérables , à la condition toute- fois de prévenir la décomposition par les moyens in- diqués , il est facile de démontrer qu'il est avantageux de supprimer des branches nuisibles, eussent-elles un certain diamètre. Sans doute, il est préférable

16 L'ÉLAGAGE DES ABBBRES.

d'éviter les grandes plaies en prenant les arbres dès leur jeunesse. Cest ce que font les pépiniéristes et ce qu’on voit pratiquer sur les promenades de Paris. Tous les forestiers sont du même avis sur l'utilité de la conduite des jeunes arbres; mais nous soute- nons avec M. de Courval, qui l’a surabondamment démontré par les nombreux et remarquables exem- ples qu'il a mis sous les yeux du publie à PExposition agricole de Paris en 1861, comme à l'Exposition uni- verselle de Londres en 1862", nous soutenons qu’il est toujours avantageux, qu'il est souvent mdispensable d’élaguer les arbres même les plus âgés, à condition toutefois d’agir avec une grande circonspection ; et que non-seulement le massif boisé 1lseroissenten profite par l’action de la lumière qui lui est rendue, mais que le tronc de tout sujet traité d’après cette méthode ac- quiertun volume plusconsidérableet d’une plusgrande valeur dans un laps de temps donné, que s’il eût con- servé toutes ses branches mal placées. On ne doit d’ail- leurs pas oublier que les plus grandes plaies sont tou- jours le résultat de l’amputation dès branches mortes ou en décomposition (fig. 3). Il s’agit, nous l’avons dit plus haut, d'opérations chirurgicales qu'on nedoit dans aucune circonstance faire à plaisir et sans nécessité.

1M. Des Cars a produit, à l'Exposition universelle de

1867 à Paris, une série d'échantillons qui lui a valu une médaille d'argent (classe 48, n9 75 à Billancourt).

NÉCESSITÉ D'UN BON ÉLAGAGE. 17

Revenant à la coupe de la branche , Je regrette 1c1 d’avoir à émettre un avis opposé à celui de l’un de nos plus éminents professeurs, M. du Breuil, qui pose comme principe’ «d'opérer l’amputation de façon que le diamètre de la plaie ne soit pas plus grand que celui de la base de la branche. » _ Je ie répète, ce mode est désastreux, et toutes les fois qu’une branche d'un certain diamètre sera ainsi _ coupée’, on sera parfaitement sûr de produire avant peu une cavité dans le corps de l'arbre.

Inconvénients des modes d'élagage gé- méralement usités. En effet, s’il estadmis, comme je le crois démontré, que c'est la séve descendante seule qui constitue le bourrelet de jeune écorce et de bois nou- veau destinés à recouvrir la plaie, la section étant faite

suivant le plan représenté par la ligne A B (fig. 6), ce bourrelet ne se formera pas à la partie inférieure

&

Fig. 6.

1Tl est vrai de dire que M. du Breuil s'oppose d’une façon absolue à la suppression de toute grosse branche ainsi qu'à la cautérisation des plaies au moyen du coaltar. L'emploi de cette substance sur les arbres des promenades de Le. quoique récent encore, indique suffisamment qu’elle n’a

pas l’action re que lui attribue M. du Breuil. = 9

=

18. L'ÉLAGAGE DES ARBRES.

B C, qui ne se trouve pas en communication avec les feuilles; la partie À B C sera bientôt dénudée, entrera en décomposition, et le corps de Farbre sera inévitablement attaqué par la carie (fig. 7).

On ën trouve de fréquents exemples, à Paris même. Pour n’en citer qu'un seul, je mentionnerai des marron- niers plantés depuis peu d’ax- nées aux Champs-Elysées, en face du Palais de lIndus- trie. Chaque branche coupée a produit un trou ; sous l’em-

pire de ce traitement, ces.

Fig. 7. Chêne attaqué de 1 x : è arbres ne tarderont pas à

carie par suite de la suppres- sion d’une branche moyenne être percés de part en part. coupée de façon que le dia- ; ER mètre de la plaie ne soit En presence de ces dégâts , pas-phis grand que celui de “6m Cconclat Cojout- qui ne la base de la branche. faut pas couper de branches d’un certain diamètre, mais on se trompe : il faut simplement les couper rez-tronc et recouvrir la plaie de coaltar. : | Sans doute, malgré ces mauvaises pratiques, lorsque les branches sont d’une faible dimension, la plaie se recouvre, il en résulte cependant un incon- vénient grave : on voit se former une protubérance qui donne le plus souvent naissance à une foule de

NÉCESSITÉ D'UN BON ÉLAGAGE. 19

rejets (A, fig. 8). Tout le monde sait que ce sont

de mauvaises conditions pour un arbre; elles sont radicalement évitées par la coupe rez-tronc Bis. 0).

Si l’expérience, d'accord avec le raisonnement, nous à enséigné qu'il ne faut pas laisser le moindre

Fig. 8 Coupe longitudinale du tronc d’un chêne, 20 ans après l’éla- gage. À, branche moyenne mal coupée, B, maîtresse branche bien coupée.

talon lorsqu'on coupe une branche, à plus forte raison est-il déplorable de conserver des chicots de 20 à 50 centimètres, comme on l’a malheureuse- ment enseigné depuis un certain nombre d’an- nées et pratiqué dans les forêts les plus soignées (fig. 9).

Le chicot, privé de communication avec les feuilles, meurt, se dessèche; lécorce ne tarde pas

20 L'ÉLAGAGE DES ARBRES.

à tomber, et le tronçon reste connne une cheville implantée dans le corps de l'arbre (fig. 10).

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Fig. 10. Branche coupée à chicot. 5e année.

chêne, le plus précieux de

En peu d'années le

. chicot pourrit (fig. 11)

et la carie pénètre Jus- qu'au cœur.

La figure 12 montre les funestes effets de cette déplorable mé- thode. Cette vue, on le comprend facilement , devrait avoir pour ré- sultat de dégoüter à ja- mais d'un tel élagage ceux qui l’ont eue sous les veux, et pourtant ce mode vicieux à en- core de chaleureux dé- fenseurs. |

La présente imstruc- tion a principalement en vue les arbres fores- tiers à feuilles cadu- ques et en particulier le tous et celui à l'égard

duquel existent, relativement à l’élagage, les pré- jugés les plus défavorables et les plus enracmés

+ NÉCESSITÉ. D'UN BON ÉLAGAGE. PE

Nous nous occuperons plus spécialement des futaies

d’ailleurs nos principes sont applicables sans ex- ception à toute espèce de bois et à tous les amé- nagements. Îls inté-

ressent non - seulement

les grands propriétaires, mais aussi les plus petits particuliers ; car dans une bonne partie de la France, on trouve des arbres disséminés dans les haies, sur les fossés, dans les prairies ou sur le bord des chemins , efc. Si donc chacun voulait

se persuader quil y a

pour lui un avantage réel à soigner ses arbres,

1Dans la région ouest de la France, et même en Nor- mandie, on donne le nom de fossés à des talus fort

sur taillis, cet aménagement étant le plus ripandu ;

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Fis, 11. Branche coupée à chicot. E 19e année.

Fig. 12. Branche coupée à chicot. Chêne carié jusqu’au cœur.

élevés et épais souvent de plusieurs mètres; ces talus, for-

més avec les terres extraites sont ordinairement plantés.

de tranchées appelées doures,

9 L'ÉLAGAGE DES ARBRES.

nous verrions bientôt une notable augmentation du produit du sol. Tel chêne rabougri et abandonné, bon à faire quelques misérables bûches, pourrait en un petit nombre d'années se transformer, et acquérir par la suite une grande valeur. Ajoutons que l’iso- lement des arbres contribue à leur donner une que- lité supérieure, et que l’élagage, d'autant plus fa- cile à leur appliquer qu'ils sont accessibles en tout temps, peut souvent leur faire attemdre les dimen- sions requises pour les pièces les plus recherchées, celles de marme en particulier.

Sans doute, tous ceux qui auront exécuté ces améliorations ne profiteront pas des résultats, mais nous pouvons leur prédire qu'ils en auront Joui par avance, c’est la plus vraie et la plus noble de toutes les satisfactions que de travailler pour ses enfants. Supposons qu'aux alentours de la plus modeste de- meure se trouvent un petit nombre d'arbres bien traités, 1ls constitueront un vrai trésor, la plus sûre de toutes les épargnes, dont la valeur augmentera de jour en jour; et le père de famille pourra fermer les yeux avec la consolation de penser que sa pré- voyance a laissé à ses fils le capital nécessaire pour satisfaire aux lourdes exigences du fisc et leur con- server imfacte la chaumière qui les vit naître, le patrimoine accru par ses labeurs.

#

Loin de moi la pensée de supprimer les tèfards,

NÉCESSITÉ D'UN BON ÉLAGAGE. 23

ces tailhis de la petite propriété, qui fournissent, à des périodes rapprochées, les fagots et menus bois nécessaires aux usages domestiques et même, au moyen de leurs feuilles, une précieuse ressource pour l'alimentation des bestiaux pendant l’hiver; mais Je désire voir auprès d'eux quelques beaux arbres acquérir une grande valeur. L'élévation de leur tige, la régularité de leur tête cesseront, en partie du moins, d’en faire des voisins dangereux pour les récoltes. |

Utilité de la eonservation des futaies,. Outre l'avantage que chaque arbre tire de l’ap- plication de la méthode que je préconise, 1l est bon de remarquer qu’elle donne la possibilité d’augmen- ter, de doubler quelquefois le nombre des réserves dans les bois, et cela sans préjudice pour les taillis.

Aujourd'hui on défriche beaucoup de forêts; à part le besoin de jouissances immédiates, qui est un des caractères de notre époque inquiète et incertaine du lendemain , il faut bien reconnaitre, en première ligne des causes de cette destruction, l'effet déjà sisnalé du morcellement indéfini de la propriété.

Dans les bois qui échappent au défrichement, on détruit souvent la futaie sous prétexte d'augmenter le produit par de nouveaux aménagements. Qu'on ne s’y trompe pas, ceux qui agissent ainsi dévorent par avance le patrimoine de leurs enfants, tandis

2% L'ÉLAGAGE DES ARBRES.

qu’il est certain que, par suite de la rareté des bois et de la multiplicité des besoins, les belles pièces augmenteront toujours de valeur, et dans une 1im- mense proportion. |

Si donc l’on peut avancer que dans l’état actuel, plus du dixième de la futaie est perdu par suite du manque de soins ou d'opérations mal pratiquées, qu'on peut presque doubler le nombre des sujets réservés, et que de plus on peut tripler, je devrais dire décupler, la valeur des arbres poussant sur les haies et fossés, dans les prairies et le long des routes : on peut facilement en conclure que l’entre- tien de belles réserves est un des premiers devoirs de la gestion du père de famille et constituera à la fois une bonne spéculation en même temps qu'un service rendu au pays.

Tous les auteurs s'accordent au sujet de l’impor- tance des arbres et de l'influence capitale qu'ils exercent sur le climat, le régime des eaux, la ferti- lité du sol; indispensables au point de vue écono- mique, ils ne le sont pas moins sous le rapport de la santé de l’homme : ils assainissent l'air que nous respirons en absorbant les gaz devenus impropres à notre existence et les transformant à notre profit; il y va de notre intérêt de conserver les bois et de les multiplier autour de nous.

L’élagage peut-il amener les résultats que je lui

NÉCESSITÉ D'UN BON ÉLAGAGE. 25

attribue? On en aura la preuve par ce seul fait que

les arbres traités par le système éminemment ra-

tionnel que je propose, poussent plus vigoureuse- ment, qu'ils conservent leur végétation plus long- temps que ceux du voisinage croissant dans des conditions identiques, et qu'ils sont encore verts quand les premiers froids de l'automne ont Jauni ou dépouillé le feuillage des bois environnants.

Aux personnes disposées à penser que je m'abuse, je n'aurai qu'une réponse à faire, je leur répéterai avec M. de Courval : Voyez par vous-même ou en-

_voyez vos hommes d’affaires; la question est grave

et en vaut la peine‘. Mais si tout le monde ne peut pas se déplacer, on peut du moins essayer. C’est le conseil que je donne aux habitants des campagnes : aussi je me hâte d'arriver à l’exposé théorique et pratique du système.

1Qu'on visite Pinon, par Anizy-le-Château (Aiïsne), rési- dence de M. de Courval, et plusieurs autres forêts du même département.

Quoique offrant des travaux moins anciens, les propriétés suivantes présentent néanmoins des résultats très - con- cluants : | |

Sourches, près Conlie (Sarthe), ligne de Brest; Sully-en- Bourgogne, par Epinac (Saône-et-Loire); Colembert, près Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais); Rozet-Saint-Albin, par Neuilly-Saint-Front (Aisne). Les régisseurs de ces proprié- tés sont prêts à donner tous les renseignements utiles,

« e

comme aussi à recevoir les ouvriers qui seraient envoyés

pour étudier le système.

26 L'ÉLAGAGE DES ARBRES.

CHAPITRE IT.

CONDITIONS D'UN BON ÉLAGAGE.

But et moyens. Le but de l’élagage est d'élever sur une surface donnée, un hectare de taillis par exemple, le plus grand nombre possible d'arbres de réserve, et de les faire arriver par prompte- ment à leur maximum de valeur sans nuire au sous- bois; le moyen consiste à favoriser leur végétation, à prolonger leur tronc en lui conservant une gros- seur suffisante, de facon que cette futaie n’entrave pas la circulation de l'air et de la lumière néces- saires à la bonne venue du taillis; enfin à éviter, par la forme régulière et l’aplomb donné à la tête de ces arbres, la plupart des graves accidents occa- sionnés par les vents, le givre et les neiges, qi brisent ou font éclater les plus grosses branches ou bien encore leur enlèvent si souvent une bonne par- tie de leur valeur en produisant des torsions d’où résultent les maladies bien connues des forestiers sous le nom de roulure, cadranure etc.

L'arbre forestier le plus parfait, celui dont on doit s'attacher à produire les belles formes, présente : un tronc régulier, droit, uni, sans protubérances ni plaies et gardant à peu près le même diamètre jus-

EXPOSÉ DE LA THÉORIE. 927

qu'à la naissance des premières branches, point qui

peut varier du tiers à la moitié de la hauteur totale. Sa tête est arrondie, symétrique et bien d’aplomb sur le tronc. Le bois, par suite d’une végétation ré- gulière, est parfaitement sain, de droit fil, d’un bon grain et susceptible d'êtres employé aux usages Îles plus recherchés. De tels arbres atteignent nécessai- rement une très-haute valeur, et pour les former nous employons une taille qui n’est pas sans analo- gle avec celle que pratiquent les jardiniers pour for- mer ce qu'on appelle communément une quenouille ; il y a-toutefois cette différence capitale, que le jar- dinier favorise le développement des branches basses qu'il a intérêt à conserver, tandis que le premier de nos besoins est de diminuer leur vigueur pour porter la végétation vers la cime et obtenir par leur sup- pression successive la longueur nécessaire au tronc de l'arbre. L’élagase se résume donc en deux opéra- tions principales : suppression de certaines branches, raccourcissement de certaines autres branches.

La taille doit être subordonnée à l’âge du sujet, l'aménagement du massif dans lequel il se trouve, la nature du sol etc, |

Il va sans dire que dans les bois abandonnés à eux-mêmes , les chênes sont d'autant plus beaux que l'aménagement est à plus long terme. Dans les an- ciennes forêts, lon va souvent à 30 ans et au delà,

28 L'ÉLAGAGE DES ARBRES.

les taillis remplissent jusqu’à un certain point l’of- fice de l’élagueur, en empêchant le développement des branches basses et en déterminant l’allongement du tronc. Il n’en est généralement pas de même dans les bois des particuliers, il existe une ten- dance croissante et malheëreusement forcée à avan- cer l’époque des coupes; en sorte qu'on voit fré- quemment aujourd’hui des taillis abattus à 10 ans, ce qui n’est guère le moyen d’avoir de beaux chênes, car ceux-ci développent d'énormes branches basses qui les empêchent de grandir (fig. 2), en écrasant les taillis. L’élagage seul peut parer à ces inconvénients.

Classement des arbres de réserve er: quatre âges prineipaux. Les dénomina- tions par lesquelles on désigne les arbres forestiers de réserve varient également suivant les pays. On “accorde cependant assez communément à donner le nom de baliveau au brin de taillis réservé pour la première fois et même après la deuxième coupe, d’où il résulte que nous avons des baliveaux depuis dix jusqu'à soixante ans; il est évident que ceux-ci, approchant du terme de leur croissance en hau- teur, doivent avoir la tête plus développée que les premiers. On ne les confondra pas non plus avec les arbres de même âge, qui, ayant vu cinq ou six générations se succéder autour d'eux, pourraient à ce compte être pris pour des anciens.

EXPOSÉ DE LA THÉORIE.

29

Il nous a donc semblé que le plus simple serait de

diviser approximativement en quatre

ages princi-

paux la vie des arbres forestiers et de leur donner

les noms suivants qui correspondent avec ceux le

plus généralement adoptés :

Baliveau , jusqu’à 40 ans environ ;

20 Moderne, de 40 à 80 ans;

Ancien, de 80 à 150;

40 Enfin nous appellerons Vieilles écorces les arbres plus âgés encore; leur nombre diminue chaque année.

Cette nomenclature n’a nullement la prétention d’être absolue, car il est souvent difficile de connaître même approximativement l’âge d’un arbre sur pied : le forestier devra donc tenir compte de ses propres appréciations , sans s'éloigner toutefois des pr us tions qui vont suivre :

10 La tête du BALIVEAU doit avoir la forme d’un œuf, ou ovoîide très-al-

Fig. 13. -- Forme du baliveau.

longé (fig. 13), bien d’aplomb sur le tronc, qui, dans

la plupart des cas, n’excédera pas le tiers de la hau- teur totale. Les branches basses serviront à faire

orossir l'arbre et à maintenir son aplomb, comme

leur raccourcissement les empêchera de prendre un

trop grand développement au détriment de la flèche.

30 :

L'ÉLAGAGE DES ARBRES.

Les jeunes arbres des quais et des boulevards de

Paris donnent une idée assez exacte de l'aspect que

les baliveaux doivent présenter, à l’exception des branches basses, qui sontgénéralement trop longues. On verra pourquoi (p. 131).

20 La tète du MODERNE (fig. 14) doit offrir un

Fig. 14. Forme du moderne.

ovoide moins allongé que celle du baliveau. La longueur du tronc peut varier en général du tiers aux deux cmquièmes de la hauteur totale de l'arbre.

30 La tête de l'ANCIEN (fig. 15) commence à s’arrondir, 1l arrive au terme de sa croissance en élévation et son tronc peut être encore al- longé jusqu'à atteindre, dans cer- tains cas, la moitié de la hauteur totale.

49 VIELLES ÉCORCES (fig. 16). Ces arbres ont cessé de grandir, leur tête s’aplatit. Elle est maintenue dans la

forme et dans les dimensions nécessaires pour ne

pas nuire au tallis environnant et aux Jeunes ré- serves destinées à les remplacer. Ils n’ont plus qu'à

grossir; à mesure que les couches annuelles d’ac-

croissement diminuent d'épaisseur, elles augmentent de dureté et de résistance.

EXPOSÉ DE LA THÉORIE. Sa

Nous reviendrons sur lPélagage propre à chacune - de ces catégories.

Fig. 15. Forme de Fig, 16. Forme de la l’ancien. vieille écorce.

Ces formes que j'assigne ne sont autres que celles que la nature donne aux plus beaux arbres; 1l est bon, du reste, de rappeler que c’est le point de vue utile et non le pittoresque qui nous occupe 1ci.

32 L'ÉLAGAGE DES- ARBRES.

CHAPITRE IL.

APPLICATION GÉNÉRALE DU SYSTÈME.

L'outil essen- tiel pour élaguer convenablement est une serpe à

Instrumenés à employer.

lame droite. Toute la réussite dépend de la netteté de la coupe, et il est im- possible de la pratiquer convenable- ment avec les différentes serpes à lame courbe en usage dans la plupart des contrées de la France. La meilleure sans contredit est la serpe en forme de couperet (fig. 17), employée depuis es à longtemps par quelques élagueurs de

forcée. Moatle Flandre et perfectionnée par M. de

RE Courval. Son poids doit être assez élevé ;

gueurtotale 1l varie habituellement entre 1250 et

CFO RE 1500 grammes, et peut mème le dé- passer, suivant la force de l’ouvrier. Pour avoir plus de coup, la lame est renforcée vers le milieu, ce qui con-

Fig.18.- Crochet Serve le poids sous une momdre sur- porte-serpe. face et rend le tranchant plus solide!. 1 On peut se procurer tous les instruments d’élagage chez . M. P. Moine-Bourgine, taillandier, 10, rue Saint-Placide, à Paris. Leur bonne qualité et la modération des prix m'en-.

APPLICATION GÉNÉRALE DU SYSTÈME. 33

L'ouvrier du Nord la porte habituellement sus- pendue à un crochet de fer (fig. 18) passé dans une courroie bouclée autour du corps (fig. 49). Il est ainsi libre de ses mouvements, mais pendant le travail ce mode de suspension n’est pas toujours sans inconvénients : la serpe peut se trouver accro-

Fig. 19. Serpe portée Fig, 20. Serpe portée en ceinturon. en bandoulière. chée par quelque branche et tomber ; sans compter la difficulté et le temps perdu pour aller la ramasser, on aurait alors à redouter des accidents s’il se trou- vait quelqu'un au pied de larbref.

gagent à recommander ce fabricant. On trouvera la nomen- clature des principaux à la fin de ce volume.

1La maison Moine-Bourgine fabrique de nouveaux cro- chets d’un modèle fort ingénieux à l’aide desquels la serpe ne peut plus tomber.

34 L'ÉLAGAGE DES ARBRES.

Lorsqu'on a affaire à des arbres très-élevés et d’un accès difficile, il est donc préférable de passer la courroie en bandoulière; la serpe se trouve sus- pendue sous le bras et ne risque plus de tomber (fig. 20). En pareil cas, certains ouvriers sont dans l'usage de fixer solidement autour de leur ceinture une corde qui entoure l'arbre et les soutient au besoin.

La hachette est un autre outil très-nécessaire et qui facilite beaucoup la besogne; elle se manie d’une seule ou des deux mains, et sert à abattre les grosses branches, les protubérances cariées, les chicots desséchés, lesquels sont souvent d’une ex- trème dureté et peuvent émousser ou ébrécher le taillant de la meilleure serpe.

Enfin la scie peut rendre de grands services, no- tamment pour enlever de gros-chicots, mais elle exige une grande habitude, en sorte qu’on ne doit pas la recommander indifféremment à tous les élagueurs.

Écheïles. Chaque ouvrier doit être muni d’échelles légères et proportionnées à la hauteur du tronc des arbres sur lesquels il doit opérer; il est important qu'elles soient un peu plus larges à la base qu'au sommet. M. de Courval recommande d’en appointir les montants, par en bas, pour les empêcher de glisser sur le sol ; c’est une excellente prétaution, mais elle ne suffit pas, car il est indis=

_très-rares exceptions,

a

. APPLICATION GÉNÉRALE DU SYSTÈME. 59

pensable de maintenir le sommet de Péchelle à l’aide

d’une forte cordeæui embrasse le tronc de l'arbre

et s’oppose à ce qu’elle tourne ou à ce qu’elle soit

renversée par la chute des branches (fis. 21). Le

\

métier d’élagueur serait : très-dangereux s’il n’é- tait exercé avec la plus srande prudence; mais en observant les précau- tions que nous indique- rons, oh se préservera facilement des accidents. Des griffes ou

éperomns. Sauf de NS \

quand il s’agit de traiter D Re a enno ou

des arbres gisantesques : He de l’arbre par une corde. Au dernier barreau est suspendu le

on ne doit jamais se Ser- vase de coatar.

vir de ces griffes ou épe- |

rons employés par certains élagueurs nomades, que

je conseillerai toujours de repousser.

Ces hommes, payés à tant par pied d'arbre ou en raison du bois qu’ils abattent, n’ont qu’un but, sa- voir de couper le plus rapidement possible la plus grande quantité de bois; ils sont généralement re- cherchés par les fermiers auxquels leurs baux accordent le produit de l'élagage. Ceux-ci ont un

30 L'ÉLAGAGE DES ARBRES.

double intérêt à faire ainsi mutiler les arbres : le premier, de se procurer du bois; $# second, d'éviter à leurs récoltes un ombrage plus ou moins préju- diciable. Plus l'arbre souffrira, moins il les gènera : que leur importent sa valeur et sa conservation?

L'usage des griffes, même employées par des hommes moims dangereux, doit donc être proscrit toutes Îles fois qu’il y a moyen de se servir d’échelles. tout particulièrement sur-les arbres jeunes dont l'écorce morte ou liége n’a pas acquis une épaisseur suffisante pour pouvoir supporter impunément l'at- teinte de ces horribles pointes de fer; elles déter- mineraient une foule de plaies, dont le moindre inconvénient serait de favoriser le long du tronc le développement d’une multitude de rejets parasites. De plus, la trace de ces griffes se retrouve toujours dans le bois, même après de longues années, et en déprécie singulièrement la valeur.

L’ouvrier chargé d’élaguer un bois doit être bien pénétré de l’importance des intérêts qui lui sont confiés. (est de lui que dépend l'avenir : son tra- vail, selon qu'il est bien ou mal exécuté, devient la plus utile ou la plus désastreuse des opérations. Voilà pourquoi de très-habiles forestiers en sont arrivés à répudier l’élagage; mais leurs craintes sont exagérées et rien n’est plus facile que d’écarter les graves inconvénients que nous avons signalés.

APPLICATION GÉNÉRALE DU SYSTÈME. 7

Avant tout, l’élagueur examinera d'en bas et avec

attention l’arbre sur lequel il va opérer, il en fera

le tour à une certaine distance, afin de se rendre bien compte des branches principales qu'il doit raccourcir supprimer pour attemdre la forme voulue.

Au premier abord cela peut embarrasser les per- sonnes tout à fait novices. J'ai donné le nom de dendroscope à un petit instrument bien simple et dont la figure 22 montre l’emploi. [l consiste en une planchette ou un morceau de carton, une carte à jouer par exemple, dans lequel on a découpé un vide traversé de haut en bas par un fil et semblable à la figure qui représente la forme indiquée pour la catégorie à laquelle l’arbre appartient (fig. 13, 14, 15 et 16). On le place à la hauteur de l’œil en re-

gardant Parbre de manière à faire coincider la base

avec le pied et le haut avec le sommet de Parbre; il est aimsi très-aisé de voir au premier coup d'œil quelles sont les principales opérations à faire. Un dendroscope est placé à la fin du volume.

Se rappelant que dans les circonstances habi- tuelles la première condition de beauté et de vigueur d’un arbre est qu'il soit vertical!, et que la tête, bien d’aplomb sur le tronc, soit équilibrée de ma-

1 La ligne verticale est celle qui suit la direction du fil à plomb.

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Er pi Th tement et" SR ro ee

APPLICATION GÉNÉRALE DU SYSTÈME. 39 mère à ne l’entrainer ni d'un côté ni de l’autre, tous ses efforts tendront à établir cet équilibre.

La tête, dont la hauteur est, dans un même sol, subordonnée à la grosseur du tronc et à l’époque a été commencé l’élagage du sujet, doit toujours avoir

Fig. 23. Chêne de so':aate ans environ. Établissement de la flèche au moyen d’une branche verticale d'aplomb sur le tronc.

la forme ovoïde, ainsi qu'il a été dit précédemment. De 1l résulte qu'il faut

Choix de la flèche. choisir, pour former la flèche, celle des branches verticales du sommet qui est plus d’aplomb sur le tronc, et Je dirai comme règle absolue, du moims pour les baliveaux et les modernes, que toutes les fois qu'une branche verticale de la cime (fig. 23)

40 L'ÉLAGAGE DES ARBRES.

se trouve d’aplomb sur le tronc ou même sur un point quelconque du tronc, elle doit être conservée comme flèche unique.

Il est complétement mdifférent que ce soit la flèche primitive ou une branche secondaire. On rac- courcit toutes les autres branches à son profit, pour former la charpente de l'arbre, qui se redressera en peu d'années de façon à surprendre tous ceux qui n’ont pas été témoin des effets d’un élagage rai- sonné, mais dont on se rendra compte facilement en se rappelant les résultats obtenus par les jardi- niers, qui élèvent des tiges parfaitement droites, tout en rabattant chaque année la tète de leurs arbres fruitiers.

Si aucune des branches verticales de la cime n’est d’aplomb sûr le tronc, on en conserve deux, trois “ou plus, de manière à former une tête dont l’en- semble offre bien ce caractère (fig. 24). Si l'arbre est encore Jeune, baliveau moderne, il faut tà- cher d'établir cet enfourchement au-dessus du tiers au moins de la hauteur qu'il est supposé devoir at- temdre.

En montant sur l’arbre, l’ouvrier, après avoir solidement fixé son échelle à l’aide de la corde sus- pendue au dernier barreau , a soin d’enlever'le long du tronc toutes les petites branches mortes ou vi- vantes qui pourraient le gèner dans ses mouve-

/

APPLICATION GÉNÉRALE DU SYSTÈME. A ments, ou seraient incapables de le supporter; car il suffirait, pour déterminer une chute dangereuse , qu'il mette en descendant le pied sur une branche pourrie ou trop faible.

= 3

Fig. 24, Tête irrégulière, chêne auquel il n’est pas possible de constituer une flèche.

Haccoureissement des branches echar- pentières. Arrivé au sommet de l'arbre, car c'est toujours par qu'il faut commencer, élagueur forme donc sa flèche avec la branche choisie, et constitue la tête avec cette flèche unique, ou avec plusieurs branches s'il n’a pu faire mieux. Il rac- courcit ensuite les branches charpentières trop longues, et surtout celles qui se rapprochent de la

49 L'ÉLAGAGE DES ARBRES.

direction verticale et que l’on nomme avec raison gourmandes, parce qu’elles prennent une vigueur excessive aux dépens de la flèche. On voit que le point à choisir pour opérer le raccourcissement est celui la branche devient verticale (A et B, fig. 25).

Fig. 25. Double raccourcissement de la branche charpentière. A, Branche gourmande. B, Branche secondaire. C, Branche d'appel.

Autant que possible, ce raccourcissement doit s’opérer au delà du point de départ d’une ou de plusieurs branches secondaires; celles-ci, à leur tour, subissent la même opération si on le juge né- cessaire, au delà d’un rameau, de façon à changer complétement la direction de la bränche et à dimi- nuer sa vigueur pour la reporter dans la flèche au profit de l’arbre tout entier.

Branches d'appel. On donne le nom de

APPLICATION GÉNÉRALE DU SYSTÈME. , 49

branche d'appel, rameau d'appel, à la branche, au rameau ou, à défaut, au bourgeon conservé à lex- trémité de Ë Ménètie raccourcie. Son nom indique ses fonctions, qui sont d'attirer, d'appeler la séve nécessaire à la végétation. Quelquefois la longueur des branches est telle qu'il est impossible à léla- queur d'attendre le point se développent les ra- meaux d'appel. Pour le chène, qui bourgeonne très- facilement, cela n’a pas grand inconvénient, si ce n’est pour le coup d'œil; et pourvu que la portion de branche conservée soit d’une certaine longueur, de 3 à 5 mètres par exemple, si elle est volumineuse et sur un gros arbre, on est toujours assuré qu'il se développera'une quantité de bourgeons bien suf- fisante pour entretenir la végétation. Il n’en est pas de même sur le hêtre, qui bourgeonne beaucoup moins que le chène; il faut donc toujours, sur cet arbre, opérer le raccourcissement au delà de branches ou rameaux d’appel bien établis. Suppression de l’une des doubles branches.

Lorsqu'une branche est double près du tronc ou géminée, la base grossit toujours trop. On supprimera l’un des bras À fig. 26); mais, par contre, si les ramifications sont nuisibles près du tronc, elles sont nécessaires à l'extrémité des branches. Toutes les fois qu’on le peut, les branches raccourcies doivent, par conséquent, se terminer par

4% L'ÉLAGAGE DES ARBRES.

des fourches horizontales, ce qui leur conserve un aspect naturel et divise la séve en prévenant le dé- veloppement de pousses trop vigoureuses, qui, se redressant, seraient le point de départ de nouvelles flèches ou de branches gourmandes. La mème raison

Fig. 26. Kuppression de l’une des doubles branches A. Conser- vation de fourches horizontales à l'extrémité des branches rac- courelics.

oblige d'abattre toutes les branches rameaux

avant une direction verticale ou insérés au-dessus

de la branche raccourcie, pour éviter leur tendance

à prendre un trop grand développement au détri-

ment de la flèche (fig. 27).

Gette prescription, très-essentielle pour les jeunes arbres, n’a pas le même intérêt quand il s’agit de sujets âgés chez lesquels l'ampleur de la tête s’op- pose au développement des branches gourmandes ;

APPLICATION GÉNÉRALE DU SYSTÈME. 49

il faut, au contraire, chez ces derniers, prolonger avant tout l'existence des branches raccourcies.

Il est presque superflu de dire qu’on ne doit con-

server que les branches charpentières dirigées vers

l'extérieur de larbre, et que celles qui par une

Fig. 27. Inconvénient üe la conservation d’un rameau sur le essus de la branche raccoureie. A, Rameau conservé sur le dessus et ayant pris un développement exagéré. B, Rameau d'appel conservé en dessous et suffisant pour entretenir la végétation de la branche sans lui donner trop de vigueur, |

cause quelconque se replient vers l’intérieur de la

circonférence, doivent être retranchées, de même

que celles qui sont trop pendantes; le plus souvent

il suffira de raccourcir les unes ou les autres pour

leur donner une bonne direction.

Lorsque plusieurs branches se sont développées

à la même hauteur et forment ce que les botanistes

appellent un verticille, on évitera de les supprimer

46 L'ÉLAGAGE DES ARBRES.

toutes en même temps, afin de ne pas entamer l’écorce sur une trop grande surface, ce qui nuirait à la circulation de la séve. On ne doit en couper qu’une ou deux à la fois, pour y revenir quand les premières plaies seront recouvertes.

Tout en descendant, l’ouvrier a soin d’enlever le bois mort ou mourant, dont la présence est toujours une cause d’altération pour lParbre; il y aurait aussi grand avantage, surtout pour les jeunes ré- serves, à faire tomber avec le dos de la serpe les lichens et végétations parasites situés sur la flèche et sur le tronc. Le plus dangereux des parasites, le oui, doit être toujours abattu, mais on ne réussit à s’en débarrasser qu’en retranchant la portion de branche qui le porte. :

Je ne saurais trop insister sur la nécessité de commencer l’élagage par le sommet de Parbre : c'est le seul moyen d’étager bien régulièrement les branches ; mais 1l est un motif plus sérieux encore, celui de la sécurité de l’élagueur.

Un moment d’oubli de cette recommandation, cent fois renouvelée, a failli récemment amener un srand malheur. Un excellent ouvrier termimait la taille d’un hêtre, il ne lui restait plus qu'à raccour- cir deux branches assez minces, mais très-longues (A et B, fig. 28); il eut la mauvaise inspiration de _ couper d’abord la plus basse; les rameaux de l’ex-

APPLICATION GÉNÉRALE DU SYSTÈME. 41

trémité se trouvant enchevêtrés, la branche B en tombant entraïna la branche À, qui se brisa sous le poids de la première, et, frappant l’élagueur à la tête, lui fit une grave blessure et le précipita d’une hauteur de sept à huit mètres.

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Fig. 28. Danger couper les branches inférieures avant celles de dessus, Heureusement cette chute n’amena que des con- tusions, mais le malheureux pouvait être victime de son imprudence.

Bois exposés au vent de mer, Dans certaines régions soufflent des vents dominants, sur- tout sur les bords de la mer; leur influence se fait

48 L'ÉLAGAGE- DES ARBRES.-

même sentir à une grande distance des côtes. Le chène les supporte assez difficilement, quelques essences , telles que l’orme et le hêtre, y résistent beaucoup mieux et servent d’abri aux autres espèces : aussi est-1l d'usage en pareil cas de laisser, autour des bois, des bordures qu’on ne coupe jamais : les meilleures sont composés d’aubépine, de charme et de hêtre. L’épine garnit le pied, le charme et le hètre atteionent une assez grande élévation et pro- tésent la cime des arbres voisins, mais à côté de ces avantages, ces bordures, abandonnées à elles- mêmes, s'étendent dans la direction du bois (fig. 29) et l’'empêchent de croitre sur une zone assez large.

De ce côté, il y a lieu d'opérer le raccourcisse- ment des branches aux points indiqués sur la figure. L'équilibre est ainsi rétabli, les arbres de bordure n'en deviennent que plus vigoureux et ne gênent plus le développement de ceux qui les avoisinent.

Du côté du vent, 1l faut toujours les ménager beaucoup et se contenter la plupart du temps de re- trancher les parties mortes ou mourantes. :

On remarquera ce jeune baliveau, A (fig. 29), dont l’inclinaison n'est plus déterminée par l’action du vent, mais par une cause entièrement différente et qu'il importe de ne pas confondre avec la pre- mière : celle de l’ombrage, qui le force à aller cher- cher au loin les rayons solaires nécessaires à sa vie.

49

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0 L'ÉLAGAGE DES ARBRES.

_ L'abandon ou le raccourcissement imsuffisant des branches basses occasionne souvent sur un même arbre des résultats analogues. La figure 30 en offre un exemple. La branche À, placée du côté du so- leil et insuffisamment raccourcie, à pris un déve-

Vi RE EEE MT Een 2 SX Te Fig. 30. Arbre dévié de son aplomb par suite du raccourcissement

insuffisant des branches basses.

loppement énorme : la flèche et les autres branches ont été forcées de s'étendre en sens opposé pour chercher la lumière qui leur était interceptée par l’ombre de la branche A, l’aplomb a été détruit et l’arbre s’est mcliné; 1l aurait suffi, pour éviter ce orave désordre, que la branche eût été raccourcie à

la première fourche, au point B. Branehes coupées rez-érone. ja plu- part des branches basses, raccourcies comme on

APPLICATION GÉNÉRALE DU SYSTÈME. 51

Va dit précédemment, sont destinées à être suppri- mées au retour des coupes jusqu'à ce que l’arbre ait atteint les proportions voulues; le nombre en est variable puisqu'il dépend de la hauteur du sujet, de la qualité du sol, de l'aménagement du bois et de l’époque de sa vie à laquelle l’arbre a subi son pre- mier élagage. Il faut toujours procéder avec une grande prudence, à moims que ces branehes ne soient très-minces, auquel cas leur suppression est sans inconvénient; mais il n’en est pas de même si leur diamètre est plus fort.

Nous fixerons donc, d’après M. de Courval, à trois au plus le nombre des branches à couper rez- tronc, lorsqu'elles atteignent une moyenne gros- seur; si elles sont énormes, on devra se contenter de deux, d’une seule même, ce qui, joint à l’am- putation obligée des parties mortes ou mourantes et des vieux chicots en décomposition, déterminera sur je corps de larbre des plaies qu'il importe de ne pas multiplier sans nécessité,

On sait de quelle importance capitale sont le re- dressement et l'équilibre de l'arbre ; on les obiendra en supprimant de préférence les branches mal pla- cées et principalement celles qui croissent dans le voisinage des coudes.

Toutes les fois qu’on est amené à retrancher une branche grosse et longue, il est indispensable de la

92 L'ÉLAGAGE DES ARBRES.

couper en deux ou plusieurs fois, en conservant, avant d'attaquer la base, un tronçon d’un mètre en- viron. Cette précaution aura pour résultat d'obvier

Fig. 31. Danger auquel on s'expose en coupant d’une seule fois une branche grosse et longue. A, Point la branghe doit être coupée. B, Branche coupée imprudemment et revenant sur l’ouvrier.

aux déchirements profonds ou à l'enlèvement de

lambeaux d'écorce, mais surtout de prévenir de

graves accidents presque inévitables, si la branche est abattue en une seule fois; car son extrémité, en tombant à terre, fait souvent ressort, et revenant

APPLICATION GÉNÉRALE DU SYSTÈME. 53

sur louvrier, peut l’écraser ou tout au moins le ren- verser et briser son échelle (fig. 31).

On sait que toutes les plaies faites le long du tronc doivent être parfaitement nettes et aussi verticales que possible, conditions indispensables de prompte cicatrisation et de parfaite circulation de la séve.

Oncommencera toujours : la coupe par une entaille en dessous (À, fig. 32). Cette première entaille doit. attemdre le milieu de la branche; une seconde en- taille B se fait alors sur le dessus, mais plus loin du corps de larbre. C’est le

seul moyen d'éviter tout à 5 7 ; Fig. 32. Moyen d'éviter les fait les éclats. À Quel que éclats en pratiquant des entailles melon cmplone, aa, “nd if s'agit d'abatire une ; grosse branche.

chette, la serpe ou la scie, l’ouvrier doit toujours terminer son opération en parant la plaie au moyen de la serpe qu'il prend à deux mains; tenant le manche de lune et l’extré- mité de la lame de l’autre, il s’en sert comme d’une plane pour enlever toutes les aspérités, de telle : sorte qu'on ne puisse plus en sentir aucune en pas- sant la main dessus (fig. 33).

Pansem:mé au conléar. L'élagase ter-

4 L'ÉLAGAGE DES APBRES.

miné, une couche de coaltar est appliquée au pin- ceau sur toutes les plaies situées le long du tronc ou de la flèche. Sur les branches on peut s’en dis- penser, quoique cette pratique soït toujours avanta- ceuse. :

On comprendra l’insis- tance avec laquelle nous recommandons tous ces soins, minutieux en appa- rence, si l’on pense que c’est sur leur application

que repose tout le succès

DRE Pen - de lélagage, par cons quent l’avenir des forêts; car une coupe parfaitement

nette et verticale autant

Fig. 83. Aspect de la coupe rez- tronc d’une maîtresse branche. que laconformation de l’ar-

bre Île permet se re- couvre très-rapidement d’un bois sain et de droit fil, tandis qu'une plaie mal faite ne se recouvre ja- mais, pourrit les arbres jusqu'au cœur, ou tout au moins en altère sensiblement la valeur. | On objecte souvent que, même en admettant le recouvrement complet et sans carie, 1l n’y à jamais reprise de la section avec le bois de nouvelle forma- tion, qu'il reste par conséquent toujours un défaut qui nuit à la qualité de la marchandise. Sans doute,

APPLICATION GÉNÉRALE DU SYSTÈME. 09

il n'existe pas de soudure, mais quand la coupe a été bien exécutée, la juxtaposition ‘est parfaite, et l’on ne retrouve qu’une fente dont on ne doit pas s’exagérer les inconvénients, bien moins graves, dans tous les cas, que les funestes et inévitables résultats de l'abandon ou des mauvaises opérations (fig. 8).

Ici je laisserai parler M. de Courval : «Un simple examen suffira, dit-il, pour démontrer qu'entre la surface coupée net et pansée au coaltar et les nou- velles fibres d’accroissement qui la recouvrent im- médiatement, il reste à peine un fable écartement ou fissure presque imperceptble et ayant beaucoup d’analogie avec les fentes ou gerçures naturelles provenant de la dessiccation, lesquelles se dévelop- pent sur de bien autres proportions, sans rien ôter au bois d'œuvre, comme tout le monde le sait, de son élasticité, de sa force ou de sa souplesse, et sans qu'aucune partie appréciable du bois destiné à l’in- dustrie ait le moins du monde à en souffrir. » M. de Courval est autorisé à tenir ce langage, ear tout le monde à pu remarquer à lPExposition agricole de -Paris en 1862, comme à l'Exposition universelle de Londres en 4861, les nombreux exemples qu'il a soumis à l’appréciation du public. M. Courval et M. Des Cars ont obtenu des récompenses à l’Expo- sition universelle de 1867. (Note de l’auteur.)

Les indications qui précèdent étant communes à

56 | L'ÉLAGAGE DES ARBRES.

. tous les arbres, nous allons parcourir rapidement les quatre âges principaux que nous leur avons assignés et mentionner les soins particuliers à chacun d'eux.

CHAPITRE IV. ÉTUDE DES QUATRE AGES DES ARBRES DE RÉSERVE.

BALIVEAU. Il est évident que, si les arbres sont conduits dès leur jeunesse comme on le fait dans les pépinières, ils profiteront d'autant plus ; un garde soigneux et dévoué pourra améliorer considé- rablement le bois confié à sa surveillance, en prati- quant chaque année , sur les jeunes sujets suscep- tibles de former un jour des réserves, les raccour- cissements et suppressions indiqués. La besogne de lélagueur sera singulièrement facihtée par cette préparation , mais celle-ci ne peut-être exigée que le long des routes et dans les endroits d’un accès commode ; nous considérons done les baliveaux comme ayant été complétement abandonnés jus- qu'au moment de la coupe.

. Dans les bois exploités très-jeunes, de dix à quimze ans par exemple, les baliveaux sont souvent grèles, dépourvus de branches inférieures et exposés à s’in- cliner sous le poids du feuillage de la cime.

S1ls sont trop faibles pour supporter une échelle,

|

|

| _ à gauche, il ne faut pas hésiter \ ut

ÉTUDE DES QUATRE AGES. 57

on doit les abaisser à la main ou avec un crochet, pour décharger la tête en raccourcissant toutes les branches de manière 2 les mettre bien en équilibre, et en laissant l'arbre garni, s’il se peut, à partir du tiers de sa hauteur. Si la flèche est morte, si elle n’est pas bien formée ou si elle penche à droite

à supprimer la partie inclinée, en ayant soin de redresser une branche vigoureuse prise à quelque distance au-dessous de la section, 50 centi- mètres par exemple, plus ou moins, et maintenue en guise de tu-

4

teur par l’extrémité conservée, à

laquelle on aura soin de lais-

ser quelques rameaux d'appel, pi 34 —- Formation

qui serviront en même temps de de la flèche dnn baliveau de douze à

liens pour fixer la flèche nouvelle quinze ans. (fig. 34).

Pour ces opérations, on peut faire usage d’une

: petite échelle semblable à l’une des parties d’une

|

_rermrmmra se mms - (om et 5 RS it

échelle double, c’est-à-dire large du bas, étroite par le haut et supportée par un montant.

S1, malgré tout, le baliveau n’# pas la force de demeurer bien d’aplomb, il est nécessaire de le maintenir à l’aide d’un étai fourchu et incliné, qu’on

O8 L'ÉLAGAGE DES ARBRES. dispose du côté l'arbre penche , en n’oubliant pas d'empêcher le frottement, et de ménager l'écorce | par le moyen d’un coussm d'herbe ou de mousse, ou mieux encore d’un tampon de paille (fig. 35).

Sans doute, il serait excellent de mettre de bons tuteurs aux bali- veaux trop faibles, mais dans les bois ce n’est guère praticable.

Lorsque les taillis sont exploités moins Jeunes, le baliveau est plus aisé à traiter : 1l peut supporter l'échelle, et 11 a moins de mauvaises chances contre lui. |

La branche verticale la plus d’a- plomb sur le tronc servira toujours

Fig. 35. Baliveau de douze à quinze à Constituer la flèche; les branches ans maintenu dans la direction verti- cale. qui ont une mauvaise direction , sont

trop longues, confuses, ou celles

équhbrées et distancées de façon à donner à la tête de l’arbre la forme voulue, c’est-à- dire très-allongée , qu’on se le rappelle, pour éviter l’'emportement des branches basses et aussi pour maintenir le centre de gravité (fig. 36). J'ajouterai, mais à titre d'indication seulement, que, sur un baliveau de vingt ans, les raccourcissements se pra-. tüquent en moyenne à 1 mètre de la tige, non com- pris les branches ou les rameaux d'appel.

ÉTUDE DES QUATRE AGES. 09

Dans les terrains médiocres, lorsque le sous-sol

est imperméable, et sous l’influence d’une foule

d'autres circonstances, telles que la privation de lumière par suite de lombrage des arbres voisins, on rencontre des baliveaux dépourvus de flèche.

Fig. 36. Baliveau de Fig. 37. Formation de la flèche vingt ans. des baliveaux par le redressement r d’une des branches.

| Dans la plupart des cas on peut en constituer une

en redressant une branche, soit à laide de harts assujetties à l’une des branches raccourcies (fig. 37), soit plus simplement encore, en tordant une petite branche autour de celle qu’on redresse (fig. 38). Cette flèche nouvelle prendra un développement remarquable et, ne tardera pas, dans la plupart des

cas, à changer l’aspect de l'arbre, qui, en peu

60 L'ÉLAGAGE DES ARBRES.

d'années, de rabougri et chétif (fig. 39) qu'il était,!

deviendra droit et vigoureux. LE | Si un baliveau est fourchu, on doit raccourcir!

Fig. 38. Formation de la flèche Fig. 39. Baliveau de vingt des baliveaux par le redresse- à trente ans, mal venant. ment d’une des branches. Premier élagage.

une des flèches et conserver toujours celle qui est le mieux d’aplomb sur le tronc, que ce soit ou non la plus longue ou la plus forte. Un lien solide la maintient au besoin dans la direction verticale; mais il faudra avoir toujours le som de ménager les écorces (fig. 40.) | |

Baliveaux imelinés. Avant l’époque de l’élagage , le forestier a souvent la douleur de voir

ÉTUDE DES QUATRE

AGES: 61

ses plus beaux baliveaux inclinés jusqu’à terre. La

chute des arbres voisins lors de la coupe, ou le

poids du feuillage de leur propre tête dans le cou-

_rant de l'été suivant, produisent

| également ce fâcheux résultat.

Toutes les fois qu’on le peut,

! 1l faut les redresser et les fixer

à l’aide d’un fil de fer à un

. arbre voisin, à une branche et . non pas au tronc, car le fil de

Ent pe, 18) nee 11 mn 0

fer couperait l’écorce et pour- rait nuire à un gros arbre pour le bien d’un jeune. Par la même raison, le fil de fer doit être attaché à une branche, et ja-

mais, autant que possible, à la

tige du baliveau.

S 1l est impossible de redres-

Fig. 40. Suppression de l’une des flèches d’un baliveau double.

ser ce dernier (fig. 41), il ne reste qu’un moyen

pour éviter de le couper au pied,

c’est de le rabattre

à quelque distance la courbe occasionnée par l’inclinaison de la tête, au point À, de cinquante centimètres à un mètre par exemple, et au-dessus

d’un rameau CG, qui, tout en empêchant le tronçon

de périr, servira de lien pour maintenir dans la di- rection verticale la jeune branche B, destinée à

former une nouvelle flèche.

625: 7 L'ÉLAGAGE DES ARBRES.

Le tronc se relève, on le soutient au besoin à

re DS à

| Ye PP : = V4 4 À NS D f A 7 ? DJ

Le 41, Baliveau incliné.

| l’aide dun étai Ur (fig. 49) et il ne tarde pas,

Fig. 42. Redres.

sement d’un bali- veau incliné,

sil est d’ailleurs dans de bonnes conditions, à devenir un très-bel arbre.

Il faut d'autant moins négliger toutes ces pratiques, que nous avons insisté sur l'utilité d'augmenter le nombre des réserves dans les coupes.

Difficulté de trouver dans les coupes le nombre voulu

de baliveaux. Malheureuse- ment 1l est un fait incontestable, c'est qu'il est souvent impossible de

trouver une quantité suffisante de

baliveaux, tandis qu'il est constant, d’après le té-

ÉTUDE DES QUATRE AGES. "08

moignage de tous les vieux bücherons, qu'il y a cinquante ans encore, on en rencontrait en abon- dance dans la plupart de nos forêts.

À quoi attribuer cette disparition subite? On ne peut admettre un soudain appauvrissement du sol; cette rareté croissante des baliveaux de chêne ne serait-elle pas due à l’éloignement du bétail? Serait- il absurde de prétendre que le piétinement des bes- taux, admis au pacage dans les taillis défensables, enterrait le gland à une profondeur suffisante, lui donnait une fumure, le mettait, en un mot, dans des conditions éminemment favorables à la sermi- nation? Sans vouloir m’éloigner de mon sujet de lélagage, je livre cette simple observation aux hommes compétents.

Ce qui est sûr encore, c’est qu’à l’heure qu'il est les baliveaux de chêne ne manquent pas- dans les bois fréquentés par les cerfs, les sangliers et dans ceux les pores vont à la glandée.

Tous les naturalistes reconnaissent l’action in- cessante du règne animal dans la production des plantes de toute espèce, des insectes dans la fécondation, des oiseaux dans les ensemencements et en particulier dans les ensemencements fores- tiers.

L'homme, lorsqu'il prétend se faire conservateur, n'aoit-il pas souvent dans un sens contraire au but

64 | L'ÉLAGAGE DES ARBRES.

qu'il se propose, en détruisant ou en éloignant aveuglément de précieux et innocents agents de pro- pagation? La grande question est d'agir avec une sage mesure.

Baliverux sur souche. Quoi quil en soit, le manque de baliveaux francs de pied force en maintes circonstances les forestiers à conserver des sujets qui ne sont que des brins de taillis sur souche. Ce mode est généralement ré- prouvé, mais il est souventinévitablepour

atteindre le nombre voulu. Il y aurait alors

Fig. 43. Baliveaux sur souche.

| presque toujoursavan- tage à conserver plusieurs de ces brins de taillis sur la même souche, au lieu d’un seul. Supposons, par exemple, que le baliveau réservé se trouve au point À (fig. 43) : le reste de la souche meurt, le baliveau sera d'autant moins beau que, d’un côté au moins, celui de la souche qui est censée lui fournir sa subsistance, son pied sera dépourvu de racines et bientôt ne reposera plus que sur du bois en décom- position. Dans le cas contraire, une multitude de rejets se développent, forment une nouvelle cépée et empêchent le baliveau de profiter. Si, au lieu de

ÉTUDE DES QUATRE AGES. 69 cela, on conserve deux ou plusieurs brins, suivant la forme et l’étendue de la souche, toutes les ra- cines de celle-ci continueront à fournir les aliments puisés dans le sol, et chacun d’eux en sera plus vi- goureux. |

Il ne faut donc pas hésiter, quand on manque de beaux baliveaux provenant de glands, à conserver des groupes de deux ou plusieurs brins sur des souches jeunes encore et placées dans de bonnes conditions. Chacun de ces brins prendra autant d’accroissement que s’il était seul, et non-seulement on trouvera à la coupe suivante de superbes billes pour le chauffage, mais si l’on veut les laisser en- core sur pied, on obtiendra souvent de magnifiques arbres jumeaux. Cet exemple est très-commun dans les anciennes futaies. Le charme, le châtaignier, le hêtre, offrent sur ce point les mêmes avantages que le chêne. |

MODERNE. On a vu que dans les bois amé- nagés à de courtes périodes les soins à donner aux baliveaux sont parfois difficiles. Il n’en est pas de même du moderne. Celui-ci réclame toute l'attention de l’élagueur, comme le plus impor- tant, tout en étant le plus aisé à traiter, car il est peu d'arbres de cette catégorie qui ne soient en état, sinon d’être redressés complétement, au moins d'être sensiblement améliorés, si l’on opère hardimentet ju-

D

J

66 L'ÉLAGAGE DES ARBRES.

dicieusement les suppressions et les raccourcisse- ments nécessaires (fig. 44 et 45). . À la vérité, bre ainsi traité paraitra souvent

Fig. 44. Moderne de 40 ans éla- Fig. 45. Moderne de 60 à 70 ans. gué pour la première fois. Premier élagage (2e année). fort dénudé au premier abord, mais au bout d’un petit nombre d'années, sa tête aura repris un déve- loppement suffisant. Les branches basses, dont l’ac- croissement exagéré avait souvent empêche la bonne venue des autres branches, étant suffisamment rac- courcies, les couronnes s’étagent convenablement. On peut encore, dans la plupart des cas, conserver une flèche unique, ce qui est toujours préférable.

ÉTUDE DES QUATRE AGES. 67

Enfin la tète de l'arbre le plus défectueux pourra presque toujours être ramenée à un ensemble régu- lier. On évitera ainsi les accidents pour lui-même et il ne sera pas plus nuisible au tallis environnant (fig. 46).

ANCIEN. Ii va sans dire que les arbres âgés exigent plus de ménagements que ceux qe Jeunes encore, peuvent être pour ainsi dire entièrement re- mis à neuf. Il n’est plus ques- tion de leur constituer une flè- che ni de les faire grandir; 1l ne s'agit donc que de bien régula- riser leur tête en raccourcissant

les branches trop longues, iso-

lées ou pendantes qui détrui- Fig. 46. Moderne mal . 54 . conformé. Premier raient l'équilibre, pourraient he

déterminer la roulure , être bri- sées par les vents, le givre et les neiges, ou porter préjudice à leurs alentours.

On leur donne ainsi la forme voulue d’un ovoïde plus ou moins arrondi (fig. 47 et 48), en se rappe- lant que les branches basses doivent ètre les plus courtes, mas sans oublier que c’est particulièrement à cette catégorie d'arbres que s’applique la recom- mandation de ne pas tomber dans l'excès contraire.

68 L'ÉLAGAGE DES ARBRES.

Il faut donc tàcher de laisser de 2 à 4 mètres de lon- œueur at INOInS aux tronçons conservés au Corps de l'arbre, davantage même s'ils sont dépourvus de bonnes branches d'appel. On se souviendra aussi

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Fig. 47. Fig. 48. Chênes de cent ans environ, élagués pour la première fois (2e année).

que, sur le hêtre, on ne doit jamais pratiquer un raccoureissement qu’au delà d’une ou plusieurs branches ou rameaux d’appel.

La juste mesure à observer dans les raccourcisse- ments est sans contredit la plus orande difficulté pour les élagueurs novices. Il ne faut pas trop s’en

ÉTUDE DES QUATRE AGES. 69

effraver, et si quelques branches venaient à mourir, on en serait quitte pour les rabattre au moment de émondage, ainsi qu'il sera dit plus loin (page 84).

On peut couper rez-tronc deux ou trois branches suivant les nécessités, et s’il faut éviter de faire de tropnombreuses plaies, re il y a encore plus d'in- S convénient à conserver des branches épuisées qui ne tarderaient pas à mourir et produi- raient par la suite ces cavités que nous vou- Jons avant tout éviter. Onne manqueraitpour-

tant pas d'en accuser

Fig, 49, Cheminées.

l'élagage.

Des cheminées. Lorsque près d'un arbre ancien se trouve une jeune réserve destinée à le remplacer, il est important que les branches du premier ne viennent pas gêner sa croissance. Dans ce cas, il ne faut pas hésiter à pratiquer du côté du jeune arbre des raccourcissements de branches beau- coup plus rigoureux qu'on ne l'eût fait si l’ancien avait été isolé (fig. 49).

M. de Courval appelle cela faire des cheminées.

(4

VIEILLE ÉCORCE.: Si l'arbre s’est trouvé dans

70 L'ÉLAGAGE DES ARBRES,

de bonnes conditions, la longueur du tronc doit avoir du tiers à la moitié de la longueur totale. Les opérations à pratiquer diffèrent peu de celles qui ont été indiquées à l’âge précédent. On doit enlever soigneusement tout le bois mort ou mourant, mettre à vif toutes les anciennes plaies qui ne sont pas recouvertes et dont nous verrons le aitement plus loin. On y trouve souventdes irousdont un seul suffi- saitpour perdrel’arbre; nous dirons également comment on doit arrè- ter les progrès du mal

| (page 77). On raccour- Fig. 50, Vieille écorce après un

A cit toutes les branches

trop longues, isolées ou nuisibles au taillis environnant. Enfin on peut encore, si on le juge utile, couper rez-tronc une ou deux branches basses, en se souvenant que cette opération peut se faire sans inconvénient et que le résultat sera toujours de reporter la végélation vers la cime (fig. 50). On voit que, quel que soit l’âge d’un arbre, da

ÉTUDE DES QUATRE AGES. 71 besoin du travail de lPélagueur. Des soins bien en- tendus prolongeront son existence et conserveront toute sa valeur.

Je citerai pour exemple un chêne de 200 ans en- viron, croissant sur une haie et qui avait souffert

Fig. 51. Portion du tronc d’un Fig. 52, Aspect du tronc du chêne, épuisé par l'abandon et même chêne, deux ans apres les mauvais élagages. le traitement.

autant de l’ineurie que des mutilations dont il avait été l'objet. Sa tige, dans la partie basse du moins, était parsemée de tronçons desséchés (fig. 51) et de protu- bérances qui recélaient des trous, mais portaient des rejets vigoureux , tandis que la cime commençait à se couronner: l'arbre était en pleine voie de décrépitude.

Ïl n’a pas fallu sur un espace de quelques metres faire moins de sept plaies de 30 à 60 çentumètres, sans compter celles de moindres dimensions (fig. 52).

72 L'ÉLAGAGE DES ARBRES. À la suite de ce traitement sévère, arbre devenu parfaitement sain a recouvré une vigueur étonnante ._ (fig. 53); la séve, n'étant plus entravée par toutes | ces parties malades, a re- pris librement son cours; la tête a reverdi et les plaies se cicatrisent avec une grande rapidité.

On ne peut nier que si ce chêne eùt été aban- donné dans l’état il se trouvait, ou qu'on se fût contenté de rabattre, comme on lavait fait jus- qu'alors pour obtenir des

fagots, les rejets survenus

Fig, 53. Chêne de 2m,50 environ à l’empâtement des bran- de circonférence, ayant recou- vré sa vigueur par le seul fait

de nombreuses et larges ampu- pées ou mortes naturelle- tations.

ches antérieurement cou-

: ment, l'arbre aurait con- tinué à dépérir,- son corps se serait entièrement pourri et il n’eût plus été bon qu'à donner du bois de chauffage de médiocre qualité.

Aux veux de quelques personnes, il semblera peut-être régner une contradiction entre la suppres- sion de plusieurs branches, recommandée comme avant pour résultat de raviver un chêne épuisé, et

ÉTUDE DES QUATRE AGES. 13

le principe émis au commencement de ce petit livre (p. 14) sur le rôle des feuilles dans la nutrition de l'arbre. Or, dit-on, l’élagage ne peut qu'être fu- neste, puisqu'en retranchant des branches vous détruisez par même ces précieux organes foliacés dont elles sont les supports. Cette objection provient d’une erreur assez accréditée.

On prétend quelquefois que Ia bonne végétation des arbres dépend du nombre de leurs feuilles. De leur nombre, non; de leur surface, £’est tout une autre chose. Voyez ce qui se passe journellement dans les pépinières ou dans les plantations : des plants provenant de semis, âgés de plusieurs années, porteront, si vous voulez, vingt ou trente feuilles : le jeune arbre est gros comme un tuyau de plume et ne profite pas; coupez-le par le pied au printemps, vous aurez en cinq mois un $CION vigoureux, gros comme le doigt et ne portant que huit à dix feuilles d'une dimension supérieure; le nombre sera momdre, la surface plus grande. Voilà ce que produit léla- sage, dont plusieurs opérations, universellement pratiquées , sont connues sous le nom parfaitement exact de rajeunissement. Que l’on veuille bien se rappeler d’ailleurs notre insistance pour la conser- vation, à l'extrémité des branches, de ramifications horizontales destinées à développer de grandes quan- tés de feuilles, pour la disposition, par étages, des

14 L'ÉLAGAGE DES ARBRES.

branches qui ne se nuiront plus les unes aux autres, seront exposées aux rayons ohbliques du soleil et offriront une immense surface d'absorption; on verra alors que cette prétendue contradiction n’existe pas ei que nous arrivons au contraire à obtenir la plus grande superficie foliacée, tout en occupant le moindre espace possible, ce qui constitue assuré- ment la solution d’un intéressant problème de sylvi- culture. |

Des tres-vieux arbres. Au point de vue du produit, il est clair qu’on doit, à chaque coupe, abattre les arbres qui ont cessé d'augmenter de va- leur. Je suis bien loin cependant de blâmer la con- servation dans les forèts de quelques chènes âgés de plusieurs siècles. Au contraire, on est heureux de rencontirer à un carrefour, sur une lisière, un de ces respectables vétérans qui ont abrité nos aïeux. Ils méritent d'autant plus de soins qu'ils deviennent chaque jour plus rares, mais ils ne sont plus consi- dérés comme valeur commerciale ; nous n'avons donc pas à nous en occuper ici, nous en dirons quelques mois à l’article des arbres isolés.

Qt

TRAITEMENT DES ANCIENNES PLAIES. 4

CHAPITRE V.

-

TRAITEMENT DES ANCIENNES PLAIES NATURELLES OU ACCIDENTELLES. ÉMONDAGE DES REJETS.

Bes écorechures, plaies anciennes, ul- cères, gouttières ete. Toutes les fois qu'il existe sur le corps des arbres quelques plaies, écor- chures ou soulèvements d’écorce occasionnés par le frottement des voitures ou par toute autre cause, il faut mettre la blessure à vif Jusqu'à l’endroit l'écorce est bien en végétation et adhérente à l’aubier. car, une fois soulevée, l’écorce ne se recolle jamais. Quelques personnes soigneuses essaient bien parfois de la fixer au tronc de l'arbre avec des clous ou par d'autres procédés, soit dans lPespoir d’une* reprise sans exemple, soit pour conserver à l’aubier Pabri de son vêtement naturel; malheureusement ces pré- cautions ont un résultat tout opposé à celui qu'on en avait attendu: la séve qui se trouve dans Pécorce et dans le bois attire par sa décomposition des nulliers d'insectes, lesquels y trouvent un excellent abri et une nourriture abondante, s’y multiplient ef activent la carie de l'arbre. |

En pareil cas il faut enlever foute la portion d’écorce décollée, en donnant à la plaie une forme

76 ; L'ÉLAGAGE DES ARBRES.

bien régulière, surtout par en bas: car on sait déjà que si on laissait une portion d’écorce À (fig. 54) même adhérente au tronc, sans communication avec les feuilles, elle ne tarderait pas à se dessé- cher, puis à pourrir. On ap- pique alors le pansement au coaltar.

L'exemple que nous citons se rencontre fréquemment sur les vieux arbres des promenades de Paris, notamment sur lesplanade des Invalides, les soms que nous recommandons ici ont été

pratiqués récemment! et de la manière Ja plus satisfaisante. Soulèvements d’écoree non apparents. Îlest essentiel de visiter attentivement le pied des arbres, surtout lorsqu'ils commencent à vieillir; on trouve souvent des causes de mort et on est tout étonné de reconnaitre que de larges portions d'écorce sont détachées du tronc sans que rien lindique si ce n'est le son creux rendu quand on frappe avec le dos de la serpe. Non-seulement la circulation de la séve n’a plus lieu, mais une foule d'insectes et de larves v ont

1 Fin de 1863.

TRAITEMENT DES ANCIENNES PLAIES. TE fixé leur séjour et travaillent à la destruction de l'arbre. Il faut enlever avec soin jusqu’au vif toutes les parties d’écorces mortes, au risque de faire des plaies énormes, et par une bonne application de coaltar aller poursuivre jusque dans leur demeure tous ces ennemis cachés. Le travail réparateur com- mence immédiatement, et dans un temps donné ces pluies peuvent être entièrement recouvertes.

On doit également apporter une grande sollicitude aux meurtrissures causées par la chute d'arbres voisins. Souvent elles ne sont pas apparentes, même après plusieurs années, et on ne peut reconnaitre leur présence que par le moyen indiqué ci-dessus, c'est-à-dire le son creux rendu en frappant avec le dos de la serpe; les soins sont les mêmes.

Trous dans le corps des arbres, Quel- quefois le mal est encore plus avancé et 1l se trouve, dans les corps des arbres, des trous causés par la décomposition des branches mortes, brisées, ou élaguées d’après les systèmes dont on connait les tristes résultats. Dans l'obligation de conserver de tels arbres , car le choix n'appartient pas à l’élagueur, sil ne peut avoir la prétention de guérir le mal existant, il lui est aisé d’en arrêter les progrès et il ne doit pas hésiter à le faire. Après avoir mis bien à vif les bords du trou en supprimant avec soin toute la portion d’écorce qui rentre à l’intérieur, il enlève

1. L'ÉLAGAGE DES ARBRES.

les parties décomposées, se trouvent toujours des légions d'insectes, de vers, de larves etc. On épuise du mieux que l’on peut l’eau qui peut s’y trouver, l'intérieur est enduit de coaltar et on bouche hermé- tiquement l'ouverture avec un tampon de cœur de chène bien sec, qu’on fait entrer de force avec le dos de la hacheîte; puis la partie extérieure de ce tampon est soigneusement parée, comme s’il s'agissait d’une branche coupée. Si la cavité est trop vaste, elle est bouchée avec un morceau de planche ou de madrier de chêne, de manière à affleurer exactement la plaie ; on applique alors le coaltar, le bourrelet se reforme par-dessus et recouvre parfaitement. |

S1 les pics venaient à attaquer la planche, comme ils ne tarderaient pas à creuser un nouveau trou, le nieux, dès qu’on s’en aperçoit, est de elouer sur la plaie une plaque de zinc ou autre métal, de facon que le bourrelet en se formant puisse la recouvrir.

Ces opérations, qui ont la plus grande analogie, si on veut bien me pardonner la comparaison, avec celles que pratiquent les dentistes sous le nom de plombage, ont donc pour résultat d'arrêter radiea- lement les progrès de la carie. Les influences exté- rieures n'agissant plus, les causes de destruction étant écartées, l'arbre cessera de se détériorer.

Vole-t-on le marchand de bois? Le seul inconvénient de ces traitements est que, par

PANSEMENT DES PLAIES ANCIENNES. 79 suite du recouvrement complet, il n’est plus possible de distinguer parmi les arbres sains celui qui, à l’in- . térieur, possède un défaut. Quelques personnes, d’une délicatesse exagérée selon moi, pourraient objecter que ce procédé est une su- percherie au détriment du marchand de bois.

Tout en respectant leurs scrupules, je me contente- rai de ne pas partager leur opinion et de dire quequand même, dans une coupe iraitée d’après mes conseils,

É Fig. 55. Trou ancien pansé et il se trouverait un petit bouché, recouvert, après vingt ans, de bois sain et de droit fil. La même plaie abandon- taurés à 1l n’en serait pas née et portant la carie au cœur de l’arbre.

nombre d'arbres ainsi res-

moins vrai que l’ensemble du lot serait dix fois, cent fois plus sain que dans toute autre condition quelconque; il n’y a donc pas de raison pour laisser empirer un mal qu’on peut si aisément arrêter.

La fig. 55 indique ce qui se passe en pareil cas. On voit d’un côté la plaie bouchée; de nouvelles couches de boïs sain et de droit fil se sont formées par-dessus, la circulation de la séve se fait régulièrement et l'arbre à recouvré la santé. A côté de cela, jetez les

30 L'ÉLAGAGE DES ARBRES. yeux sur la plaie abandonnée. À l’époque de la coupe suivante, elle semble à la vérité presque refermée à l'extérieur, et 1l est souvent très-difficile de s’en apercevoir tant que l’arbre est sur pied; cependant la carie a fait de funestes ravages, l'humidité péné- trant incessamment par les fibres longitudinales a atteint le cœur de l'arbre; et une portion du tronc, longue souvent d’un mètre et plus, a perdu com- plétement sa valeur à l’endroit l'arbre en a da- vantage. Si l’on compare la très-réelle perte éprouvée dans cette circonstance par le marchand de bois ou l'acquéreur de l'arbre, avec ce qui se passe dans l’autre cas, on cessera de dire qu’on le vole en bou- chant les trous résultant de l’abondon ou de pra- tiques vicieuses. |

Pinaies occasionnées par les éclats de branches. Tout ce qu'on vientde dire s'applique également aux larges blessures causées par l’éclat des branches brisées par les vents ou toute autre cause (fig. 4). Le traitement est absolument le même et se rapporte aux lignes qui précèdent.

Ici se termine la première série des opérations de l’élagage. Une dernière reste à traiter et ce n’est pas

la moins importante.

Émondage des rejets. Dès le printemps qui suit l’élagage, plus tôt même si l'opération a été : faite pendant que les arbres étaient en séve, on voit

ÉMONDAGE DES REJETS. 81 paraitre le long des troncs, et particulièrement vers la partie inférieure des sections de branches, une quantité de rejets plus ou moins abondante, mais éminemment variable : tels arbres en ayant beaucoup, d’autres un petit nombre, sans que souvent on puisse bien se rendre compte de la cause de ces différences. On ne peut pas attribuer leur formation uni- quement à l’élagasge, puisqu'ils se mon- tirent aussi sur les arbres non élagués. Il est clair cependant qu'il existe un certain rapport entre le développement des rejets et la proporüon des branches coupées; cest pour ne pas multiplier les pre- miers que nous avons recommandé une grande prudence dans la suppression des branches.

L'enlèvement de ces rejets est indis- pensable et se fait très-facilement au moyen d’un petit émondoir (fig. 56), désigné quel- quefois sous le nom de houlette. Cet instrument fort léger peut être employé par un enfant. La lame est très-coupante, agit de bas en haut, c’est-à-dire dans le sens des fibres pour éviter les déchirements :

Emondoir.

le petit crochet arrondi par son extrémité est éga- lement très-coupant et sert à enlever ceux des rejets

que la lame n’a pas fait tomber. On peut aussi em- 6

82 L'ÉLAGAGE DES ARBRES.

plover le croissant, moins aisé à manier, mais qui peut servir au besoin à raccourcir quelques branches aux Jeunes baliveaux. |

Voici comment Je conseille de pr atiquer cet émon- dage: lorsque la seconde pousse (séve d'août) est bien développée, mais que les jeunes rejets sont encore tendres, c’est-à-dire en août ou septembre, un ouvrier muni de deux émondoirs emmanchés sur des gaules très-légères et longues de trois et cinç mètres, portant une serpe suspendue à son crochet (fig. 19), commence par abattre avec cette dernière tous les rejets qui sont à sa portée, soii jusqu'à la hauteur de 2 mètres 50 environ; puis, avec l’un des deux émondoirs 1l enlève ceux qui se trouvent de 3 à 5 mètres; c’est ce travail qui peut être aisément fait par un enfant,

L'autre émondoir sert à faire tomber les rejets qui croissent plus haut; les dimensions indiquées pour : longueur des manches suffisent généralement pour

es arbres de hauteur ordimaire. Si l’on avait affaire à ie arbres beaucoup plus élevés , on serait obligé d'employer des échelles, le travail deviendrait plus long et plus coûteux, mais ce ne serait pas une raison pour le négliger. Il ne faut pas néanmoins s’exagérer l'inconvénient de l'existence de quelques rameaux à la partie supérieure du tronc des grands arbres. Leur situation dans le voisinage des grosses branches

CONSERVATION DES REJETS. 83 et l’ombrage auquel ils sont soumis, préviennent un développement préjudiciable à la cime.

Conservation d’une partie des rejets sur les baliveaux insuffisamment pour- vus de branches, On enlève _les rejets jusqu’à la naissance des pre- nuères branches, excepté à ceux des baliveaux de premier âge, sur les- quels elles ne commencent qu’au- dessus du tiers ou environ de la hauteur. Comme ïl est nécessaire pour l’aplomb et le grossissement de Parbre que Île tronc soit garni de vé-

gétation à partir de cette élévation,

s’il manque de branches, on laissera ie. 57. _ Conser- vation de quei-

quelques rejets qui maintiendront la ques rejets sur un

séve (Hig. 91). baliveau dé- : ches.

la suppression des rejets en deux fois. Il'faut alors sv prendre vers la première quinzaine de juillet et enlever tous ceux qui sont à hauteur d'homme ou sur la moitié inférieure du tronc; les autres ürent la séve, favorisent la cicatrisation des premières plaies et sont rabattus en septembre. L'opération de l’émondage est indispensable , elle se fait très-rapidement et n’'entraine dans les circons- tances ordinaires que des frais minimes. Elle doit

O4 L'ÉLAGAGE DES ARBRES. étre renouvelée chaque année tant qu’il se montre des rejets, c’est-à-dire pendant deux ou trois ans, quatre au plus , si l’élagage a été bien fait. Rabattage des branehes mortes à la suite de l’élagage. Nous avons prévu (p 69) le cas quelques-unes des branches raccourcies lors de l’élagage viendraient à mourir, soit que ces branches fussent dans un état de dépérissement qu'il n’est pas toujours aisé de distinguer pendant l'hiver,

soit même que ces raccourcissements, opérés par des ouvriers novices encore, alent été trop sévères. On reconnaitra aisémentces branches mortes au moment de l’émondage, puisqu’alors les arbres sont en feuilles : rien n’est plus facile que de les rabattre rez- tronc immédiatement ou un peu plus tard, et l'arbre n'aura ainsi éprouvé aucun dommage; d’ailleurs elles se trouveront toujours en très-petit nombre.

CHAPITRE VT.

ÉPOQUE DE L'ÉLAGAGE. CHOIX DES ÉLAGUEURS. PRIX DE REVIENT. DU COALTAR.

Les travaux d’éla-

Époque de l’élagage.

gage que nous venons de passer en revue doivent se

faire pendant l’année qui suit l'exploitation; cepen- dant on pourrait les exécuter durant la seconde, la

- ÉPOQUE DE L'ÉLAGAGE. SD

troisième ou même la quatrième année, et nous en- gageons en pareil cas les forestiers à s’y livrer sans délai, à condition, toutefois, de ne pas laisser les branches séjourner sur les tallis. De toute facon, l'enlèvement ne doit jamais avoir lieu qu’à bras, jusqu’au chemin le plus proche ou jusqu’au bord de la coupe en exploitation. 3

En admettant qu'on nuise légèr ement au taillis de trois à quatre ans, le dommage est si minime et si largement compensé qu'on ne doit pas s’en préoc- cuper. En effet, le tallis ne pousse guère sous les chênes à branches longues et basses, dont la chute pourrait être funeste, et les branches des Jeunes arbres n’ont pas assez de poids pour causer aucun tort appréciable. Il faut néanmoins éviter d'exécuter ces élagages tardifs pendant que le bois est en séve, car c’est alors qu'il en résulterait un véritable pré- judice pour le taillis.

Saison de l’élagage. La saison la plus favorable pour l’élagage est généralement l'automne, les jours sont encore beaux et longs, les jeunes brins de taillis commencent à se durcir et ne souffrent pas d'être un peu foulés; cependant on a toujours à redouter les gelées subites, qui sont dans certaines contrées une cause de carie des plaies. L'hiver, les jours sont courts et quelquefois trop mauvais pour qu'on puisse facilement monter sur les arbres.

86 L’ÉLAGAGE DES ARBRES.

Au printemps, l’emploi du coaltar empêche, du moins en partie, l'écoulement de séve qui pourrait peut-être en cette saison causer un préjudice que je ne veux pas nier, tout en n'ayant Jamais eu l’occa- sion de l’apprécier d’une façon positive. En revanche, dans les pays l’on peut pratiquer l’écorcage, léla- sage des chènes, exécuté dans des conditions fa- vorables à cette opération, donne de grands béné- fices.

En été, le travail est moins facile à cause de l'épaisseur du feuillage, les fagots se vendent moins bien et on fait un peu plus de tort au taillis.

Pour résumer, je dirai que pour les arbres à opérer, l’époque de l’année est à peu près imdifié- rente , l'essentiel est d’élaguer ; mais je conseille, en règle générale pour les bois étendus, de le faire de- puis lPautomne jusqu'au printemps, de septembre à Juin, si toutefois on n’a pas d'ouvriers à l’année. A part quelques contrées montagneuses, on peut géné- ralement en France élaguer pendant tout l'hiver: il n'y a qu'un petit nombre de Jours ce travail soit impossible: ce sont ceux de neige, de grande pluie , de verglas ou de forte gelée. Sauf ceux-là, le temps peut toujours s’emplover utilement. Le matin, quand les branches sont oglissantes, les ouvriers restent sur. les échelles, rabattent les chicots, bois morts, ete., qui demandent toujours beaucoup de temps: puis.

CHOIX DES ÉLAGUEURS. 37 par un beau rayon de soleil et par une journée calme, on faconne Ja cime des arbres.

Quand j'ai dit plus haut (p. A1) qu’on doit tou- Jours commencer par la cime, j'ai entendu parler de la taille la tête des arbres: pour ce qui est des branches basses et de la facon à donner au tronc, il est entièrement indifférent de faire cette besogne avant ou après, ce dernier mode est précisément à suivre si l’on veut écorcercomme il aété dit plus haut.

Choix des élagueurs. Ces travaux ne doivent pas être confiés au premier venu : il faut avoir

des hommes forts, hardis, lestes, mais surtout pru- dents!, et pour peu qu'ils aient de bonne volonté, il leur suffira de quelques jours pour être parfaitement au courant. J'en ai pour ma part de continuels exemples: je parle d'hommes complétement étrangers aux {ravaux des bois, car les bûclferons, se croyant fort habiles, et accoutumés à travailler sans contrôle, font souvent toutes espèces de difficultés. «On a des exigences impossibles, les serpes sont trop lourdes etc.» Ils ne cherchent qu’à mettre des entraves et terminent la plupart du temps par ce argument sans réplique: «Cela ne se fait pas.» Si cela se faisait, nos recommandations seraient très-inutiles.

_ 1 Toutes les fois qu'un homme est sujet au vertige, quel

que soit d’ailleurs son courage, on ne doit pas l'employer à .ce métier, qui deviendrait dangereux pour lui.

88 L'ÉLAGAGE DES ARBRES.

En présence de ce mauvais vouloir, qui heureuse- ment ne se rencontre pas toujours, 1l n°7 à quun parti à prendre, laisser les bûcherons se complaire dans leur importance et leur ornière, et se souvenir qu’au besoin le premier dénicheur de nids peut faire un excellent élagueur.

Si J'ayais à choisir, Je prendrais des hommes sor- tant du service militaire, par conséquent à la fleur de l’âge, habitués à l’obéissance, sortis de la routine du pays ; il vaudrait toujours miéux un homme ayant déjà manié la hache ou la serpe, mais, jy reviens à dessein, tout homme de bonne volonté sera en état de se tirer d'affaire au bout de quelques jours ; il prendra bientôt aussi habitude indispensable de travailler des deux mains lorsque les circonstances l’exigeront.

Salaire des élagueurs. L’élagage ne peut en aucun cas être exécuté à la tâche, encore moins peut-on le payer par abandon de tout ou partie du bois abattu. Il faut donc absolument payer les ou- vriers à la journée, etil y a lieu en outre de leur ac- corder le bois mort, ce qui leur constitue un petit bénéfice et les encourage à ne pas en laisser sur les arbres”.

1 Cet abandon du bois mort n’est pas sans inconvénients: quelques ouvriers indélicats profitent de cette autorisation pour faire provision de bois vert. Ici comme partout, il faut de la surveillance et une répression salutaire, c’est-à-dire expulsion immédiate de tout homme pris en flagrant délit

PRIX DE REVIENT. 89

Le prix des journées, variable suivant les loca- lités et l’habileté des ouvriers, doit toujours être pour les élagueurs un peu supérieur à celui des journa- liers ordinaires. Un très-bon arrangement consiste à les employer à l’année, en les laissant disposer du temps de la fauchaison et de la moisson, c’est-à-dire de juin à septembre, pendant lequel ïls trouvent à oaoner de plus fories journées que celles auxquelles ils peuvent raisonnablement prétendre pour les tra- vaux des bois. Cette saison, on l’a vu, est d’ailleurs la plus défavorable pour les grandes exploitations, en raison de la moindre valeur des fagots; c’est en même temps celle les bois ont le moins besoin de surveiHance.

Prix de revient. Dans les bois se trou- vent des arbres de tout âge, la dépense de l’élagage, en rémunérant convenablement les ouvriers, doit être sénéralement balancée par le produit des bran- ches coupées'. Ge produit consiste en bois de corde, bois à charbon d’une qualité très-supérieure, et fa-

SOS

de vol; mais il ne me parait pas juste de faire supporter aux bons ouvriers la peine de quelques hommes malhon- nêtes qui, grâce à Dieu, seront toujours des exceptions. 1L’élagage donne même souvent de notables bénéfices, même indépendamment des écorces; mais, comme il doit

être pratiqué uniquement en vue de l’amélioration, il est inutile de faire entrer ici ces bénéfices en ligne de compte.

90 L'ÉLAGAGE DES ARBRES.

Naturellement, il n’en est plus de même dans les bois dépourvus de haute futaie, l’on n’agit que sur des sujets demandant à peu près le même temps ei ne rapportant presque rien.

Mais il est, dit-on ; des contrées où, par suite du manque absolu de voies de communication, les fa- gots n’ont aucune valeur, les taillis couvrent à peine les frais d'exploitation, etoù, par conséquent, notre système est inapplicable comme étant trop onéreux.

Tout en croyant qu'il y a peut-être de l’exagé- ration dans cette peinture, ma réponse est que, maloré tout, 1l faut essayer; car le produit de ces bois si défavorablement situés, j'avoue qu’en France je n’en connais guère de semblables, excepté dans les montagnes, ne peut consister que dans la haute futaie. On doit done, même au prix de quelques sacrifices, en augmenter la valeur et la quantité. On établit chaque année des routes, des canaux et des chemins de fer, les moyens de trans- port ne manqueront pas toujours ; enfin l'écorce de chêne, qui sert à préparer les cuirs, et qui dans beaucoup de localités à été négligée par le passé, prend une très-grande valeur et sera toujours un objet de première nécessité, un produit important, _ que son peu de poids permettra de transporter aisc- ments ;

On a été jusqu'ici trop enclin à considérer les bois

he

DES GRANDES FORÊTS. 01

comme une propriété d’un rendement médiocre, ayant seulement l'avantage de donner une movenne assez réguhère et de n’exiger aucune dépense.

Ce point de vue n’est plus acceptable aujourd’hui : la division de la propriété impose loblisation d'en tirer tout le parti possible, et la terre, qu’elle porte des forêts ou des moissons, ne donne rien pour rien, tandis qu’elle se montrera toujours généreuse et f6- conde envers ceux qui la travaillent avec intelligence et persévérance. |

Une autre objection , aussi dénuée de fondement, est celle qui consiste à prétendre que cette méthode. excellente pour des bois de peu d’étendue, est inap- plicable aux forèts, notamment à celles de l'État, en raison du nombreux personnel qu’elle exigerait.

Des essais très-sérieux et parfaitement concluants sur des forêts occupant une superficie considérable ,

Vexemple de M. de Courval qui soumet à ce régime

plus de deux mille hectares sur le seul domaine de Pinon, celui des bois du prince de Ligne, à Belœil, en Belgique, et tant d’autres, seraient une réponse victorieuse et prouveraient assez que l'opposition dé-

1 Les forêts du prince de Ligne contiennent les plus beaux arbres qu'on puisse voir; elles sont traitées depuis long- temps d’après une méthode qui doit avoir été le point de départ de celle de M. de Courval, et qui a été exposée par M. Hotton dans un ouvrage fort recommandable. f/anuel de l'élaqueur. Paris, Huzard, 1829.

99 L’ÉLAGAGE DES ARBRES:

coule d’une cause plus grave, l’amour-propre, qui se refuse à reconnaitre qu'on s'est égaré dans une mau- vaise voie Jusqu'à ce Jour.

Des gardes-élagueurs. || serait peut-être opportun d'appeler, à cette occasion , l'attention des administrateurs et des propriétaires sur une modifi- cation à introduire dans la situation et dans les attri- butions des gardes forestiers.

Ceux-ci, en eftet , reçoivent souvent , et notamment chez les particuliers, un salaire insuffisant, quoique dans bien des cas supérieur aux services qu'ils rendent, services qui se bornent, pour la plupart du temps, à une surveillance plus moins régulière: en sorte qu'on est trop fréquemment réduit à prendre pour gardes des hommes qui, n'ayant pas la force ou le courage de faire de bons ouvriers, se contentent d’une position qui leur assure tant bien que mal une existence médiocre mais oisive. Les uns se font bra- conniers, les autres, par une tolérance coupable, deviennent les complices de toutes les déprédations commises par les riverains des bois qu'ils ont la mission de garder.

Dieu merci, cet état de choses n'est pas général. mais 1l n’est que trop commun et tient à une mau- vaise organisation, à laquelle il est acile de remé- dier , grâce à l’élagage. : |

N'v aurait-il pas lieu, en de nombreuses circon-

DES GARDES-ÉLAGUEURS. 93 stances, de prendre pour gardes, des élagueurs qu'on paierait un peu plus cher, à la vérité, mais dont le travail indemniserait, et au delà, les pro- priétaires de leurs sacrifices”? L'obligation de se trouver toujours dans le voisinage des parties en exploitation constituerait pour les propriétaires la meilleure garantie de surveillance, sans compter que la cime d’un chêne est un excellent poste d’ob- servation.

Les journaliers ambitionneraient la place de gardes- élagueurs, parmi lesquels pourraient, du mois en partie , se recruter les gardes en pied. On aurait ainsi des hommes spéciaux parfaitement au courant des travaux des bois, leur situation serait améliorée, les forêts et les propriétaires en tireraient de sérieux avantages. Jusqu'ici il n’est question que des grandes propriétés, ces avantages seraient encore bien plus sensibles pour des bois de médiocre étendue. Là, par exemple, le garde est payé 200 fr. pour ne rien faire, n’aurait-on pas un très-grand bénéfice à en donner 500 à un homme qui augmenterait la valeur du bois et vendrait les fagots et du bois de corde pour une somme équivalente ou même supé- rieure ?

L'élagage doit-il se pratiquer partout? On aura un véritable intérêt à appliquer l’élagage dans tous les terrains, à toutes les expositions, sur

9% L'ÉLAGAGE DES ARBRES.

toutes les espèces de bois. Cette utilité deviendra d'autant plus universelle que les procédés conserva- teurs, étant selon toute probabilité destinés à recevoir de nombreuses applications, ne manqueront | pas d’assigner une valeur plus considérable aux essences aupourd’hui en défaveur.

Nous ne ferons qu’une exception : 1l s’agit des lo- calités tellement arides ou défavorablement situées, que le bois de chauffage soit le seul produit à en es- pérer. Là, mais seulement, ce serait peine inutile.

Du coaltar et de son emploi pour l’éla- gage. Coaltar est un mot anglais ou plutôt la réunion de deux mots anglais dont la signification est goudron de houille. On prononce côltar, d’où

quelques personnes ont fait colfta, nom sous lequel il est connu dans plusieurs contrées. Cette substance d'une utilité journalière pour toute exploitation agricole n'a pas de nom français, nous sommes donc obligés de lui conserver son appellation étrangère ; elle se fabrique à bas prix dans toutes les usines à gaz d'éclairage, c’est-à-dire dans:la plupart des villes et dans toutes les gares importantes des che- mins de fer. Il importe de se procurer le coaltar aux lieux de production et non ailleurs, c’est le seul moyen de lavoir pur, car les épiciers ou marchands de couleurs ont toujours intérêt à l’additionner de déchets d'huiles ou d’autres mélanges de rebut.

er nn E 1 à

EMPLOI DU COALTAR. Jo

Le coaltar est une substance liquide d’un noir brun, exhalant une forte odeur de créosote ef qui se conserve indéfiniment. Il faut le choisir le plus épais possible; on le garde dans un tonneau, et pour employer, on le met dans une gamelle de fer-blanc, de fer battu ou à défaut dans un vase quelconque uni d’une anse en fil de fer et suspendu avec une 5», également en fil de fer, au dernier barreau de l'échelle (fig. 2). De la sorte l’élagueur n’est pas obligé de descendre chaque fois qu'il s’agit d'opérer un pansement. Pour l’étendre sur la plaie, on se sert d’une brosse ou pinceau commun, de moyenne gros- seur, 11 vaut même mieux l'avoir petit que trop gros. Le coaltar s'emploie à froid, excepté dans les temps de gelées, pendant lesquels on le fait dégourdir devant

le feu que les élagueurs ne manquent jamais d’allu-

mer près de leur chantier. Cette substance a des propriétés conservatrices remarquables, s'applique très-facilement sur le bois vert aussi bien que sur le bois sec, et se fixe sans pénétrer dans le bois plus que ne le ferait la peinture ordinaire , assez cepen- dant, même à une seule couthe, pour boucher tous les conduits de la séve, lesquels ne tarderaient pas à devenir des élements de décomposition sous l’action des agents extérieurs. Cette simple application pro- duit done une sorte de cautérisation immédiate, et suffit pour préserver de la carie les parties entamées

96 L'ÉLAGAGE DES ARBRES.

par l’élagage ou par un accident. L’odeur du coaltar écarte les insectes, et son adhérence complète les empêche de pénétrer dans le bois.

L'habile direction des plantations de la ville de Paris vient enfin, en 1863, après une longue résis- tance et des essais aussi coûteux qu'infructueux, de constater, en adoptant l’emploi général du coaltar, la supériorité de ce produit sur les autres prépara- tions, ainsi qu'on peut le voir sur les promenades de Paris et notamment sur l’esplanade des Invalides.

Inconvénients des onguents et mastices employés jusqu'a ce jour: Depuis long- temps déjà on s’était préoccupé des moyens de guérir les plaies faites aux arbres , accidentellement ou par la main de l’homme. Le remède vulgairement pré- conisé de temps immémorial était l’onguent de Saint- Fiacre, mélange de terre et de bouse de vache. Ilest inutile d’insister sur son peu d'efficacité. On eut ensuite recours aux divers mastics employés pour la greffe et qui ont toujours pour base la résine, la cire et la graisse. Outre les difficultés d'exécution, ces mastics devant le plus souvent être appliqués à chaud, et leur prix étant excessif, il y avait presque toujours impossibilité de réussite. Aussitôt que le travail de recouvrement se faisait par la for- mation du bourrelet de nouveau bois, l’enduit était soulevé tout d’une pièce ou peu à peu, suivant son

EMPLOI DU COALTAP. 97 degré de dureté, et laissait la place à nu, tout en offrant un abri à de nombreux insectes; ces soins demeuraient donc encore sans résultat.

Depuis longtemps M. de Courval avait préconisé l'emploi du coaltar; ce n’est qu’en 1863 que j'ai été témoin à Paris de lapplhication en grand que j'ai signalée plus haut.

Sur les plaies de moyenne étendue, un seul pan- sement suffit; mais lorsqu'elles ont des dimensions exceptionnelles , ce serait une très-bonne précaution que de passer une nouvelle couche au bout de quel- ques années; un garde solgneux ne manquera ja- mais de le faire dans les bois qui lui sont confiés.

Dans le midi de la France les excessives chaleurs de l’été rendent le coaltar tellement liquide qu’il ne préserve plus qu'imparfaitement les plaies pansées à cette époque. Pour être assuré d’un bon résultat, il faut donc en passer une nouvelle couche pendant Phiver afin de lui donner une épaisseur suffisante.

Effet du coaltar sur l’orme. L'effet du coaltar sur l’orme n’est pas aussi régulier que sur

les autres arbres forestiers , chêne, frêne, sycomore, hêtre, charme etc. Sur tous ceux-ci, l'application d’une couche donne immédiatement une grande du- reté à la plaie, quiconserve souvent des reflets presque métalliques. Sur l’orme, l’adhérence n’est pas tou- jours aussi complète , il se produit parfois, quoique

4

98 L'ÉLACAGE DES ARBRES.

exceptionnellement, des boursoufflures comme celle qu’on remarque lorsqu'on applique de la peinture sur des murailles humides; en même temps il s’é- tablit un suintement d’eau rousse et fétide. En pareil cas, je ne connais qu’une chose à faire, c’est d’y revenir au bout de quelque temps, de gratter les parties de coaltar non adhérentes et d’en appliquer une nouvelle couche.

Il est bon d'observer que ces épancheménts de séve extravasée et décomposée sont fréquents chez l’orme, même sans qu'aucune opération les ait pro- voqués. En pareille circonstance, une forte entaille, pratiquée à la base de la partie malade, détermine un écoulement abondant, et l'application réitérée du coaltar amène souvent la guérison. Une pratique semblable sur les chênes attaqués de gelivure donne également d'excellents résultats.

Empioi du coaltar pour préserver les plantations de Ia dent des animaux. Le coaltar pourrait être d’un excellent emploi pour préserver les plantations de la dent du gibier, des animaux domestiques, tels que le mouton et la chèvre, et aussi pour défendre dans les pays d’éle- vage les jeunes arbres contre la morsure des chevaux, qui s’attaquent de préférence à certaines espèces, notamment à l’orme et au peuplier, et prennent un malin plaisir à enlever entièrement l’écorce, ce qui

EMPLOI DU COALTAR. 99

ne manque pas de tuer les arbres. J’aisouvent obtenu dans ces circonstances un excellent effet de l’appli- cation du coaltar; quelquefois des arbres ont péri, en sorte que Je ne puis le recommander sans une extrême réserve. Outre le danger d’asphyxie qui existe pour l'arbre ainsi traité, on ne doit pas oublier que le coaltar contient un acide puissant qui peut décomposer la séve. |

Usage du coaltar pour les arbres frui- tiers. Cest pour cette même raison que l’appli- cation du coaltar ne doit être pratiquée qu'avec cer- taines précautions pour la cicatrisation des plaies sur les arbres fruitiers à noyau, sur le prunier par exemple. J’ai plusieurs fois remarqué que l'écorce de ces arbres paraissait avoir été altérée par le con- tact du coaltar , tandis que je n’ai jamais constaté un résultat semblable sur les arbres à pepins; pour ceux-ci, je puis donc affirmer qu’on peut l’employer

sans crainte.

De ces recommandations il ne faut pas conclure que je proscris l’usage du coaltar sur les pruniers pas plus que sur les ormes : au contraire , Je ne con- nais pas de substance qui puisse le remplacer pour la conservation du bois et la guérison des grandes plaies; mais, quand on doit traiter de jeunes pru- niers , il faut éviter de les barbouiller grossièrement, d'en enduire le tronc au hasard ou de le laisser

400 L'ÉLAGAGE DES ARBRES.

couler négligemment sur l'écorce; c’est alors qu’on serait exposé à produire des chancres. Plus un re- mède est actif, plus son emploi exige de circons- pection.

CHAPITRE VIT.

ÉLAGAGE DES TAILLIS ET DES FUTAIES PLEINES. ARBRES ÉPARS. TÉTARDS.

Élagage des taillis. Des gaulis. Lorsque les bois sont aménagés à long terme, au delà de vingt ans par exemple, on trouvera toujours du profit à faire vers le milieu de la révolution, des éclaircies ou jardmages, qui consistent à la fois à retrancher les faux bois, les brins des cépées les moins vigoureux, ceux qui pendent ou s’éliolent et n'arriveralent pas à l’époque de lPexploitation, et à élaguer les brins conservés. Ceux-ci profitent d’au- tant et forment ce qu'on appelle ordinairement un gaulis ou perchis. Quelques propriétaires sont dans l'usage de pratiquer des éclaircies sur les bois amé- nagés même à 142 ou 14 ans. Cette excellente opé- ration ne peut qu'être très-favorable.

Plus lélagage est soigneusement fait, mieux cela vaut; cependant, comme ces gaulis ne produisent

DES TAILLIS ET FUT2IES PLEINES. 101 ordinairement que des bois à brûler, 1ls n’exigent pas tous les soins prescrits pour ceux réclamés par l’industrie.

Élagage des futaies pleines. Les bois destinés à constituer les futaies pleines proviennent presque toujours de semis naturels ou artificiels. Les forestiers procèdent par éclaircies en retran- chant seulement les pieds les moins vigoureux, et conservent tous ceux dont le feuillage contribue à projeter sur le sol une ombre épaisse; il en résulte que les arbres s’élancent pour rechercher la lumière indispensable à leur végétation, que les branches basses ainsi ombragées périssent à peine formées et sans laisser de plaies au corps des arbres, en sorte que l’élagage se faisant de Tui-même toute 'ecom- mandation à cet égard deviendrait un non-sens.

Telle est du moins la théorie, mais en réalité les choses ne se passent pas toujours ainsi: un certain nombre de branches basses résistent plus ou moins longtemps. Les plus vigoureuses atteignent la cime de la futaie en prenant un développement excessif et forment des redans, qui diminuent considérablement la valeur de la pièce principale. Les autres meurent peu à peu, après avoir atteint des dimensions suffi- santes pour que leur décomposition porte la carie au cœur de l'arbre (fig. 3 et 19). De résulte la né- cessité d'appliquer dans ces circonstances l’élagage

102 L'ÉLAGAGE DES ARBRES. aux futaies pleines, absolument de même qu'aux futaies sur taillis.

Des arbres de marine. précèdent laisseront peut-être dans quelques esprits la pensée que, même en admettant l'utilité de mes

Les lignes qui

pratiques pour les bois destinés aux usages ordinaires, j'ai eu tort de parler de la marine, puisque ce ser- vice recherche par-dessus tout les pièces courbes , ef que c’est principalement à leur production que l’on doit s'attacher en vue de ses besoins.

«Vous ne formez, pourrait-on me dire, que des arbres parfaitement droits, tandis qu'il nous faut des pièces courbes ; loi de procurer une ressource nou- velle, vous détruisez les arbres les plus précieux. »

Dieu me garde de rien détruire! Je ne prétends que favoriser le développement de tous les arbres, de façon qu'ils prennent les plus fortes dimensions possibles tout en étant parfaitement sains, et je crois que parmi les branches latérales que j'engage à sup- primer, il est rare d’en trouver à l’intérieur des futaiés qui atteignent ces dimensions exigées. D’ail- leurs j’avoue humblement mon imcompétence pour traiter à fond les questions spéciales à ce service ex- ceptionnel.

La marine accepte et paie fort cher les beaux bois droits parfaitement sains ; leur production abondante serait donc déjà un avantage pour elle. Quant aux

CONVERSION EN FUTAIES: 103 courbants, si je ne me trompe, on a laissé jusqu'ici au hasard le soin de les fournir; on les a trouvés presque toujours sur les lisières, les chênes, gènés par l’ombrage de leurs voisins, avaient été forcés d’aller chercher la lumière en dehors de leur aplomb.

À défaut des forêts, qui disparaissent, le moyen d'obtenir ces arbres précieux serait de conserver dans les meilleurs terrains quelques bouquets de futae, les chênes de lisière se trouveraient placés dans ces mêmes conditions, et prendraient une di- rection plus ou moins inclinée. Les prairies, les haies, les parcs seraient les endroits les plus favo- rables , car un excellent sol est la première condition, et on voit qu'il est impossible d’en obtenir un grand nombre à la fois. |

Les soins que nous avons recommandés auront pour résultat certain d'activer la croissance et d’aug- menter la valeur des arbres ainsi cultivés. Nous avons montré à les conduire , on pourra donc les di- riger de facon à teur donner les formes qu’on voudra.

Conversion des taillis en futaie. Il faut un siècle pour former une futaie régulière, deux au moins pour l’amener à toute sa valeur. Aujourd'hui, peu de personnes ont assez de confiance dans lave- nir pour entreprendre de pareilles créations. Parmi ceux qui possèdent encore des futaies , beaucoup les

104 L'ÉLAGAGE DES ARBRES.

détruisent; si d’autres les respectent, ils ont quel- quefois lieu de penser que‘leurs héritiers n’en feront pas autant. Pour les remplacer, nous conseillons aux propriétaires de bois de choisir dans un bon sol un certain espace de taillis à exploiter , et au lieu de faire la coupe comme à l'ordinaire, d'y pratiquer une simple éclaircie en élaguant avec soin tous les brins conservés. On éprouvera sans doute alors une diminution de rendement, mais, si l’on veut re- commencer l'opération vers le milieu de la période régulière d'exploitation , soit au bout de 10 ans si on coupe à 20, ou de 15 si on coupe à 30, on pourra déjà retirer une portion des baliveaux et faire en même temps une coupe de taillis.

Après un semblable nombre d'années , on recom- mencera, et le sol ne sera pas loin d’avoir rendu ce qu'on en aurait tiré par l’aménagement ordinare, sans compter qu'il restera sur pied des arbres pour une valeur importante. On aura alors-une véritable futaie, l’on pourra remarquer que les brins venus sur souche ne le cèdent souvent en rien pour la vi- œueur et la beauté à ceux qui sont francs de pieds. Il n'y a pas une seule futaie. ancienne l’on ne puisse remarquer des groupes de 2, 3, 5 et même 7 chênes, venus incontestablement sur des couches, et présentant des dimensions aussi satisfaisantes que les arbres isolés.

DES ARBRES ÉPARS. 105

Des arbres épars croissant dans les prairies, pâtures, Inandes, haies ete. Tout ce qui a été dit sur les massifs forestiers s'ap- plique également aux arbres isolés ou épars, crois- sant sur les haies ou les fossés, dans les landes et pètures , sur la limite des héritages etc, Selon leur âge et leur grosseur , ils seront traités comme appar- tenant à l’une des catégories que nous avons énumé- rées , baliveaux , modernes ou anciens.

Nous ne saurions trop insister sur ce que ces af- bres, les plus abandonnés de tous, sont ceux qui peuvent acquérir le plus de valeur et former une ‘immense richesse pour l'avenir.

Le voisinage des terres en culture leur apporte quelques engrais , la facilité de pouvoir s’en occuper quand on veut, donne un grand avantage pour leur direction ; nous conseillons de les élaguer tous les Cinq six ans, ce qui favorisera leur développe- ment tout en fournissant assez de bois pour couvrir largement les frais du travail, qui ne doit dans aucun cas être abandonné à la discrétion du fermier, dont les mtérêts sont trop en désaccord avec ceux du pro- priétaire. Qu'on lui donne le bois provenant de l’éla- gage, soit, mais après l'avoir fait couper par des ouvriers spéciaux. On y retrouvera foujours son avantage.

Conservation des très-vieux arbres,

106 L'ÉLAGAGE DES ARBRES.

On rencontre encore quelquefois, dans des parcs ou ailleurs, de très-vieux arbres qui ne peuvent plus acquérir de valeur, étant arrivés à leur période de : décrépitude.

Ces arbres méritent d'autant plus nos respects et nos soins qu'ils deviennent plus rares, et qu’un traite- ment intelligent peut les con- server pour de longues an- nées. Le retranchement, le long du tronc, de tous les vieux chicots et du bois mort, a pour effet, non-seulement d'empêcher la pourriture, mais de les raviver sensible-

ment, car ces maladies en-

Fig. 58. Plaie de 30 centi- travent le mouvement de la mètres, faite sur un chêne décrépit, 4e année

séve, tandis que des opéra- tions bien nettes déterminent immédiatement la formation d’un bois nouveau dont le tissu, composé de fibres et de vaisseaux d’un plus large calibre, activera considérablement la circulation des sucs nourriciers (fig. 58). |

C'est ce qui explique le fait très-aisé à expé- rimenter, quoique peu vraisemblable au premier abord, d’un vieux chène languissant, complétement rendu à la vie par suite de huit ou dix plaies énormes

CONSERVATION DES TRÈS-VIEUX ARBRES. 107 faites sur son tronc (fig. 53). Voilà pourquoi je proscris les branches mortes et les chicots sur le _ironc des arbres conservés même exclusivement au point de vue de l’agrément. Au bout des branches, j'admets que ces grands bras dépouillés produisent un effet pittoresque ; là, du moins, ils sont loin de présenter les mêmes inconvénients.

Souvent les arbres dont nous parlons sont creux et contiennent même une grande quantité d’eau; il faut tâcher de les vider; quand on ne réussit pas autrement, un trou pratiqué avec une tarière à la partie inférieure de la cavité amène le dramage de ces cloaques, que lon remplit de moellons ou de fragments de briques, le tout recouvert d’une couche de bon mortier ou mieux encore de ciment. On cite en Normandie des pommiers ainsi traités 11 y a plu- sieurs siècles et se trouvant encore en très-bon état.

Ce moyen a été aussi employé, mais assez géné- ralement sans succès, sur quelques vieux ormes à Paris. M. de Courval fait remarquer justement qu'on avait eu le tort d'employer le plâtre, qui absorbe trop asément humidité.

Pour bien réussir, l’enduit doit affleurer exacte- ment la plaie mise à vif. Celle-ci pansée au coaltar entrera immédiatement en voie de cicatrisation ef pourra, suivant ses dimensions, arriver dans un temps plus ou moins long à un recouvrement complet.

108 L'ÉLAGAGE DES ARBRES.

S1 la cavité n'est pas parfaitement remplie, les pics, que toutes nos opérations contrarient, ne tar- dent pas à venir travailler, dans l'espoir d’habiter une si belle demeure. Leur imstinct nous est d’al- leurs fort utile, en ce qu'ils nous indiquent les arbres attaqués ; cette remarque ne s'applique qu'aux bois durs, 1l n’en est pas de même pour les bois blancs; les trembles en particulier sont rarement épargnés ; au forestier de les abattre ou de les guérir.

On aura soin de visiter le pied des arbres comme il a été dit page 76. Quelquefois, malheureusement, des pâtres ou des enfants s'amusent à allumer du feu au pied des arbres, sans se douter qu'il leur suffira de peu d'instants pour altérer profondément une des plus belles créations, l’œuvre des siècles. Quand le mal est fait, 1l faut s'assurer de sa gravité, et, toutes les fois que l’action de la chaleur a été assez forte pour décomposer les tissus, on n'hésite pas à enle- ver l'écorce sur l’étendue attaquée, en respectant tout ce qui est intact, et spécialement les parties qui peuvent mettre les racines en communication avec les feuilles, car est le véritable nœud de la vie. Le pansement au coaltar est ensuite appliqué.

Étêtement des arbres couronnés. Qnand arrive la dernière période de la décrépitude , ce ne sont plus seulement quelques branches qui meurent, mais la cime tout entière; les branches

LA ni » 4 La À ÉTÊTEMENT DES ARBRES COURONNÉS. 109 basses conservent encore de la vie, mais l’arbre est usé. On dif alors qu'il est couronné (fig. 59). On sait que toutes les parties mortes Ou mou-

Fig, 59, Chêne couronné, rajeuni par l’étêtement

rantes doivent être retranchées. Naturellement ce principe s'applique aux branches supérieures, et c’est le seul moyen de prolonger l’existence de ces arbres. Il faut donc raccourcir toutes les branches dont l'extrémité est morte, mais à quelque distance au-dessous du point elles cessent de montrer de la végétation, ainsi qu'on le voit sur la figure 59: on obtient ainsi des tronçons plus ou moins longs et d’un aspect fort disgracieux, j'en conviens , mais qui ne tarderont pas à développer des rameaux d’une

ENS e 110 : L'ÉLAGAGE DES ABBRES.

certaine vigueur et tendant le plus souvent à se rap- procher de la direction verticale. Après un petit nombre d'années, l’arbre reprend une physionomie tolérable, et peut durer encore longtemps.

Cette opération, usitée dans plusieurs localités pour rajeunir les vieux pommiers ou poiriers cul- tivés dans les champs, réussit fort bien et prolonge l'existence d’arbres souvent difficiles à remplacer; on en trouve également de nombreux exemples sur les ormes des anciens boulevards à Paris, elle y a presque toujours donné des résultats satisfaisants.

En agissant de même sur les futaies épuisées, on obtient un succès égal.

Des têtards. J'ai parlé en commençant (p. 22) de l’utilité des têtards pour fournir de menus bois

de chauffage propres aux usages domestiques dans les campagnes. Ces arbres modestes peuvent en outre offrir des ressources importantes dans la production des bois d'industrie. Quelques-uns sont fort recher- chés à cause de leurs nœuds et de leur dureté; mais la plupart du temps, 1l ne sont pas sains, ce qui tient au peu de précautions prises lors de leur éci- mage, en sorte que la plaie principale, n'ayant pu se guérir, à amené la carie du tronc tout entier. Le moyen d'éviter cette perte serait, au lieu d'enlever la tête d’un seul coup par une section en A (fig. 60), comme on le fait habituellement (fig. 61), d'opérer

DES TÉTARDS. 111

sur des ramifications, en laissant plusieurs moignons sur chacun desquels se développeraient un certain nombre de branches secondaires qui feraient l’objet des coupes périodiques habituelles. Ceci n’est prati- cable que sur des arbres mal conformés; ce sont eux

Fig. 60. Têtard écimé de Fig, 61. Têtard écimé suivant façon à conserver la valeur l'usage ordinaire. du tronc.

précisément qui doivent toujours être choisis pour cette destination.

De la sorte, au lieu de se pourrir, ainsi que cela a lieu le plus souvent (fig. 61), le tronc conserverait une valeur qui est loin d’être à dédaigner.

Les arbres les plus communément soumis à ce résime sont le chêne, le frêne, l’orme, l’érable, le peuplier, le charme. Je ne parle pas du saule, dont le tronc est sans valeur; au contraire, le peuplier,

149 L'ÉLAGAGE DES ARBRES.

ainsi traité dans certaines localités, fournit des ma- driers noueux, ronceux, avec ic on fabrique de très-beaux meubles.

Dans quelques contrées montagneuses, tous les arbres sont à l’état de tètards; est-ce pour éviter que leurs cimes soient brisées par les neiges et les vents ou plutôt pour éloigner en quelque sorte le taillis de la dent des troupeaux? Je l’ignore, mais, faute de mieux, le têfard peut offrir de grands avan- tages.

Restauration des têtards.

ïl peut sou- vent arriver que pour embellir le paysage, ou dans le but d'obtenir des arbres de valeur, on veut remplacer les têtards par des arbres de haute fu- taie.

I! faut bien se garder de les abattre; et, pour peu que le têtard ne soit pas épuisé, rien n’est plus aisé que d'opérer cette transformation. Si les branches ont quelques années d'âge, on supprime toutes celles qui sont inclinées pour n'en conserver que quelques- unes ayant la direction verticale. Le nombre à gar- der varie suivant la forme et la grosseur du tronc, la règle à observer étant que la circulation ne soit pas interrompue; quelques-unes sont raccourcies suivant les besoins, pour donner aux plaies, qu'on a. eu soin de panser au coaltar, le temps de se cicatri- ser. Au bout de quelques années, on enlève Îles

RESTAURATION DES TÉTARDS. 149

branches râccourcies; celles qui ont été ménagées acquièrent un grand développement (fig. 62), et, à la vue de ce chêne, il est souvent difficile de SOUPCon- ner ce qu'il fut jadis. Le têtard restauré devient un bel arbre, dans maintes circonstances on peut même arriver à ne lui conserver qu'une seule tige.

Je ne saurais assez n’élever contre la lécè- retéavec laquelleon abat, sans la moindre néces- sité, des arbres sous pré- texte qu'ils sont laids, et

avec l'intention de les Ÿ remplacer. Sansdouteon -= -2# a raison de planter, mais on ne se rend pas : assez compte de la difficulté de la reprise, de la con- venance du sol, et enfin du temps nécessaire à la

Fig, 62. Têtard restauré.

croissance des plantations; en sorte qu'après de srands travaux et des dépenses énormes, on finit souvent par ne plus rien avoir, tandis qu'il aurait suffi de quelques soins pour obtenir des arbres assez beaux et toujours en harmonie avec le paysage qui les entoure. Nous méprisons trop nos essences na-

turelles et forestières, et nous leur substituons la 8

114 L'ÉLAGAGE DES ARBRES.

plupart du temps, avec un engouement irréfléchi. des arbres étrangers qui sont loin de les valoir“.

Malheureusement, il arrive fréquemment que cer- tains entrepreneurs de jardins poussent dans cette vole les pr opriétaires novices encore. Je n’ose dire qu'il ne font en cela que céder à linfluence de la mode. Toujours est-1l que de notre temps on a dé- vasté de magnifiques parcs, qui ne seront jamais rem- placés, Combien de belles plantations forestières n’a-t- on pas sacrifiées sous prétexte de faire des jardins anglais! C'était une bien grande calomnie pour nos voisins, qui non-seulement ne détruisent pas leurs chênes, mais les respectent, selon moi, d’une facon exagérée, puisqu'ils n'osent mème pas prolonger leur existence et considèrent, si j'en crois des per- sonnes bien informées, tout élagage comme une sorte de sacrilége.

1Je tiens beaucoup à ce qu'on ne se méprenne pas sur le sens de ces paroles : loin de proscrire l'introduction des arbres exotiques, je suis persuadé qu'il y a là, pourvu qu'on agisse avec discernement, une source féconde de profit et d'embellissement. Je ne m'élève que contre les tendances destructives trop souvent favorisées par la cupidité des fournisseurs,

DES BOIS BLANCS. 146

G'ÉPÉSPTERE NITE DES BOIS BLANCS.

On donne le nom de bois blancs par opposition à celui: de bois durs, tels que le chêne, l’orme, le frêne, aux essences dont la fibre est moins com- pacte, et qui présentent moins de densité et de ré- sistance. ie.

Ts sont par même plus aisés à travailler et sont recherchés pour une foule d’usages. La rapidité de leur croissance, triple ou quadruple de celle des premiers, les rend en maintes circonstances plus avantageux à cultiver. Les uns sont à feuilles ca- duques , comme les peupliers, les bouleaux, les til- leuls ; les autres, à feuilles persistantes, comprennent la plupart des résineux ou conifères.

. Les règles générales de l’élagage sont applicables à ces différentes espèces; nous dirons seulement quelques mots des peupliers et des conifères.

Des peupliers. Les peupliers, grâce à leur prompte croissance et à l’excellente qualité de leur bois, forment un groupe du plus haut intérèt. Pour eux, l’utilité de l’élagage n’est pas contestée; leur conduite est exactement la même que celle des autres arbres ; ils croissent dans presque tous les terrains,

116 L'ÉLAGAGE DES ARBRES.

mais orft besoin d’un sol meuble et frais pour donner leurs plus grands produits. Aussi réussissent-ils admirablement dans les vallées et le long des fossés d'assainissement. La terre provenars du curage de ces fossés, pourvu qu’elle ne soit pas déposée en trop grande quantité à la fois, amène, par suite de leur remarquable faculté de bouturage, Pémission de jeunes racines qui forment de nouvelles cou- ronnes, et les font profiter d’une abondante nourri- ture dans des conditions qui, pour d’autres, déter- mineraient parfois l’asphyxie.

Quelques-uns arrivent à des dimensions colos- sales ; le plus beau, sans contredit, est le peu- plier blanc, connu vulgairement sous le nom de grisard, ypreau blanc de Hollande ; il est en même temps le plus précieux par la qualité de son bois, ce qui lui a valu le surnom de chêne des bois blancs. :

La grande vigueur des peupliers fait qu’on peut sans inconvénient allonger leur tronc dans une pro- portion qui augmente de beaucoup la partie indus- trielle, c’est-à-dire de la moitié aux deux tiers de la hauteur totale. Le développement de leurs branches, joint au peu de résistance du bois, rend les raccour- cissements particulièrement indispensables ; SrS peine de voir les vents et le givre en briser une partie, et occasionner des pertes énormes.

DES CONIFÈRES. 117

Une variété, le peuplier d'Italie, est peut-être le seul arbre qui demande à être conduit suivant l’an- cienne méthode dite élagage ou botiage en tête, la- quelle consiste à supprimer, périodiquement et à des époques rapprochées, toutes les branches à l’excep- tion d’un bouquet réservé au sommet. Le tronc de l'arbre ainsi traité prend une forme à peu près cy- lindrique et se prolonge beaucoup plus que si les branches de la moitié supérieure étaient respectées. En effet , toutes les branches de ce peuplier prennent une direction verticale, deviennent par conséquent! presque aussi grosses que le tronc et lur enlèvent sa valeur à partir de ces divisions; ainsi, un peuplier d'Italie haut de 20 mètres n'aurait qu'un tronc de 10 à 12 mètres s’il était élagué d’après les indications précédemment formulées, tandis qu'élagué en tête. il conserve, jusqu'à 15 mètres et au delà, un dia- mètre qui le rend propre à l’industrie.

En revanche, cette variété n’acquiert tout son aspect majestueux qu'à la condition de ne pas être élaguée ou du moins d’être abandonnée à elle-même, avant qu’elle soit arrivée au terme de sa croissance,

Des arbres résineux ou coniferes.

Ces arbres, qui croissent habituellement en massifs, composent de très-belles forêts de pins ou de sapins et

sont une des ressources les plus précieuses pour les reboisements, tant à cause de leur facilité à se pro-

ITS L'ÉLAGAGE DES ARBRES.

duire par la voie des semis faits sur place, que par leur action sur le sol, qu'ils préparent à recevoir les essences dures et le chène en particulier. Des deux opérations auxquelles se résume l'élagage, la coupe rez-tronc et le raccourcissement des branches, la deuxième n’est généralement pas nécessaire sur les sapins, dont la forme naturelle est élancée et prra- nidale. £

Il suffit donc, “dans la majorité des cas, pour ces espèces, de supprimer, quand on le peut, les branches mortes mourantes.

Il n’en est pas de même des pins, qui, lorsqu'ils ne sont pas serrés les uns contre les autres, déve- loppent souvent des branches énormes au détrimen: de la longueur et de la beauté de leur tronc, seule partie ayant une valeur sérieuse. Pour ceux-ci, le raccourcissement des branches s'opère absolument comme nous l'avons indiqué pour les essences feuil- lues, c'est-à-dire vers le tiers ou la moitié de la longueur, mais toujours au delà des branches se- condaires: cette seconde condition est encore bien plus rigoureuse que pour les arbres à feuilles cadu- ques; car un tronçon, dépourvu de branches ou de rameaux d'appel, serait mfaulliblement condamné à périr.

Par ces procédés, on ramène l'arbre à la forme qu'il aurait avoir dans les circonstances normales ;

DES CONIFÈRES. 119 le tronc s’allonge, grossit d'une facon régulière et acquiert un prix élevé. Tout le monde connait l'importance des bois résineux pour les construc- tions civiles, navales, et pour les mâts en particu- lier.

À mesure que l'arbre avance en âge, les branches basses meurent et se dessèchent, la résine qui les imprègne les empêche de pourrir, mais la partie morte, se trouvant enveloppée dans le nouveau bois, forme des nœuds qui interrompent les fibres longi- tudinales , et par même nuisent à la végétation de l'arbre, à sa solidité comme charpente, et produisent des trous dans les planches ou madriers qu’on en tre lors de la mise en œuvre.

Ces défauts sont faciles à éviter par la coupe rez- tronc des branches mortes ou mourantes; lapplica- tion d’une couche de coaltar a l’avantage d'empêcher écoulement de la résine, ou du moins de le dimi- nuer considérablement.

Le chicotage, tout en avant moins d’inconvé- ments que sur les arbres à feuilles caduques, n’en est pas moins une mauvaise opération, car 1} faut toujours finir par abattre les chicots après un petit nombre d'années; quelques personnes ont adopté ce mode pour éviter la déperdition de la séve. Dans tous les cas, la coupe rez-tronc doit avoir lieu dès l’année suivante, ce qui augmente considérablement

120 L'ÉLAGAGE DES ARBRES. la main-d'œuvre et ne doit, par conséquent, jamais s’apphquer aux bois d’une certaine étendue.

Lorsqu'on néglige d'enlever ces chicois dépourvus de vie, 1l se forme à leur base des bourreleis de nouveau bois (fig. 63), qui ont l'inconvénient de rendre le tronc noueux, et si on veut les supprimer après quelques années, d’occasion- ner des plaies d’un diamètre double ou triple de ce qu’elles auraient être si la coupe rez-tronc eût été pratiquée tout d’abord.

L'usage d’élaguer les pins

Fig. 63. Branches de pin : taillées à chicot. est fort répandu en France,

mais on l’exagère générale- ment en ne laissant qu'un nombre insuffisant de couronnes , ce qui nuit à leur développement en gros- seur. Tant que les branches sont bien portantes, l’élagage ne doit les remonter que jusqu’à la moitié ou tout au plus jusqu'aux deux tiers de leur hauteur on se souviendra des recommandations de prudence faites précédemment, c’est-à-dire que les arbres Jeunes ont besoin de conserver une proportion de branches plus considérable que ceux qui sont plus

4 PU: ages.

ARBRES D'ALIGNEMENT. 121

CHAPITRE IX.

ARBRES D'ALIGNEMENT. PLANTATIGNS DANS LES CHAMPS CULTIVÉS.

Arbres d’alignement.

Par ce mot, j'en- tends les plantations régulières qui bordent les rou- tes, avenues, canaux, promenades efc., mais Je ne prétends pas m'occuper des formes de fantaisie et de caprice , me reportant toujours aux formes naturelles et utiles. _ Au reste, il y a peu de chose à ajouter à tout ce qui a été dit, car, suivant leur âge et leurs dimen- sions , ces arbres rentrent dans l’une des catégories sous lesquelles les arbres forestiers ont été rangés. Arbres des grandes routes. Tout le monde a été frappé du navrant spectacle que pré- sentent, le long des anciennes grandes routes, ces malheureux arbres, ormes pour la plupart, qui semblent se tordre et implorer la pitié des passants. . Le génie de Henri [V et de Louis XIV avait voulu en faire un ornement et une richesse pour la France : les mutilations dont ces plantations ont été les vic- times les ont rendues un objet de répulsion, et tandis que de beaux arbres embellissent toujours un paysage, quelque triste qu'il soit d’ailleurs, ces mal- heureux contrefaits, couverts d'une végétation maigre

122 L'ÉLAGAGE DES ARBRES. ef hérissée, n’ont servi qu'à donner à notre pays un aspect de misère et de désolation”.

Tout cela est pourtant le résultat d’une mauvaise direction. Certaines routes du Nord, ce travail est habilement conduit, en Flandre notamment, of- frent de superbes avenues, qui procurent de beaux ombrages, en même temps qu'elles ont acquis une orande valeur due non moins à des soins intelligents qu'à la bonne qualité du sol. ne

On n’a pas lieu d’être surpris des tristes résultats que nous avons journellement sous les yeux, si Fon se reporte à Fétat des forêts; on doit même convenir que, quelle que soit la science des ingémeurs, leurs études n’ont pas les lois de la végétation pour objet spécial. Par ce qu'on voit d’ailleurs 1l serait même peut-être injuste de prétendre que d’autres eussent mieux réussi. |

Ici encore l’unique ressource est dans un bon éla- save, et un bon nombre de ces arbres peuvent être en un petit nombre d'années sensiblement améliorés.

Voici comment il faut sv prendre: on sait que trois ou quatre branches peuvent être retranchées sans 1n- convénient; sur les arbres qui nous occupent, c’est par centaines qu'on peut souvent compter les rejets

1 Cet aspect est moins sensible pour les étrangers depuis .

que les chemins de fer ont fait abandonner ces voies dé- solées et montrent le pays avec sa véritable physionomie.

ARBRES D'ALIGNEMENT. 123 plus moins vigoureux qui se sont développés. Il faut couper rez-‘ronc toules ces branches parasites, sur une hauteur de deux à trois mètres, selon leur nombre, leur orosseur,

et suivant qu'elles sont Vi j plus ou moins espacées; y le reste est conservé. Les EST 4 : 2 2 A ") Li plaies souvent énormes ! 273 1. . = Ë 7 / . ; = à LE qui en résultent sont pan- ee sées au coaltar, et chaque 1 L Li CS = soin le pousses qui appa- \\ raissent abondamment à % . 4 EE . l’entour ; leur nombre di- . . À Fig. 64 Orme de grande route, mnue bientôt, ef lors- âgé de soixante ans environ.

qu'elles ont à peu près cessé de se montrer, on peut recommencer l'opération sur un espace égal de deux à trois mètres, jusqu’à ce que l’arbre aitété ramenéà des proporuons régulières. 51 la tête a une forme tolérable, on la conserve en lui donnant les soins prescrits aux indications senérales ; si elle est absolument défectueuse , comme cela se trouve trop souvent (fig. 64), il faut la retran-

1O0n ne peut pas avoir la prétention d'enlever toutes les protubérances: lorsqu'elles sont saines, il faut bien s'en gar- der; il convient même de conserver quelques rejets de place en place pour éviter de faire de trop grandes plaies.

124 . L'ÉLAGAGE DES ARBRES. cher au point À, par exemple, en conservant ceux des rejets qui sont les mieux disposés pour former une flèche et'des branches charpentières; les rejets inférieurs sont supprimés Jusqu'à la hauteur indi- | quée par un trait. La tête | se reconstitue tant bien que mal en quelques an- nées (fig. 65). La longueur des bran- ches charpentières pour les arbres d’alignement est subordonnée à l’es- pacement de leur plania- tion ; on ne doit pas leur permettre de s’enchevé- trer les unes dans les

Fig. 65. Orme de grande route représenté par la figure précé-

dente ; dixième année, deuxième plus vigoureux porte- taille. £

autres, car les arbres les

raient un grand préju- dice à leurs voisins au détriment de la régularité de l’ensemble et du produit futur.

es jeunes piantations. À part quelques louables exceptions, les nouvelles plantations exé- cutées le long des routes laissent également presque. toujours à désirer sous le rapport de leur direction.

Le plus souvent on étête les sujets en les mettant

en place. À Paris et dans les plantations les plus

ARBRES D'ALIGNEMENT. 195

soignées, les jeunes arbres conservent leur tête. Ce mode, lorsqu'il réussit, est assurément préférable, mais 1l exige de grands soins, notamment des arro- sements copieux et des bassinages fréquents.

On sait, en effet, ce qui se passe au moment de la reprise: si les racines ne fournissent pas une quantité d’eau égale à celle dépensée par lévapora- tion, les écorces se durcissent, la circulation <e fait mal, l'arbre languit, dépérit et meurt.

_ Mais le plus souvent cette quantité de séve, in- suffisante pour atteindre les extrémités, est parfai- tement en état d'alimenter une portion du sujet. Ma conclusion est donc que l’on doit généralement éeimer, en les plantant, les jeunes arbres à feuilles caduques auxquels on ne peut pas donner de grands soins et beaucoup d’eau. {1 faut toujours, si cela est possible, conserver quelques branches raccourcies au-dessus d’un petit nombre de rameaux ou d’yeux bien constitués; ceux-ci développeront rapidement des feuilles qui établiront la circulation nécessaire à la vie.

EIneision longitudinale. Un moyen de

favoriser la reprise des arbres souffrants est de pra- tiquer l'opération bien simple et bien connue des jardiniers, l’incision longitudinale, qui consiste à fendre l'écorce avec la pointe d’un couteau, sur toute la hauteur de l'arbre.

126 L'ÉLAGAGE DES ARBRES.

Les nouveaux issus qui se forment immédiate- ment favorisent la circulation des sucs nourriciers entravée par le durcissement de l'écorce, et ravivent plus d’un arbre qui languis- sait depuis plusieurs années,

L'incision longitudinale doit se faire pendant l’époque de la séve, c’est-à-dire au prin- temps ou en été: elle réussit également sur presque tous les arbres et favorise la reprise de beaucoup d’entre eux.

Redressement des Fig. 66. Redressement lin jeunes plantations. jeure orme.

Toutes les fois qu'après quel- ques années de plantation la tête de l'arbre ne se forme pas bien, on ne doit pas hésiter à la sup- primer pour redresser la branche la plus vigoureuse ou la mieux disposée, que lon maintient dans Ja direction verticale par .les moyens indiqués aux pages 65, 57 et suivantes (fig. 34, 37 et 38). Souvent il suffit de la fixer à l’aide d’une branche voisine, tordue en manière de hart (fig. 66). Si elle est déjà trop forte pour cela, on emploie un tuteur solide assujetti au tronc de l'arbre et à la première cou- ronne (fig. 67), et en peu d'années l’arbre est com- plétement redressé.

ARBRES D’ALIGNEMENT. 197

Un moyen mécanique bien simple rend cette be- sogne facile. Il suffit d'avoir trois ou quatre fortes

courroies de cuir gras et commun comme celui

qu'emploient les bourreliers pour confectionner les

harnais de charrue; ces courroies sont munies de boucles, on com- mence par attacher solidement le tuteur au pied de larbre, puis à l’aide des courroies que l’on serre alternativement, on ramène peu à peu la branche à la direction ver- ticale. Une fois qu'elle est bien disposée, on la fixe à demeure avec du fil de fer ou d’autres liens, en ayant toujours le plus grand soin de ménager les écorces; des débris de euir ou des coussinets

Fig. 67. Redresse. mentd’un jeune orme.

de paille remplissent fort bien cet office protecteur.

Lorsque la branche dont on veut former la flèche

nouvelle est trop inclinée ou trop roide pour que les courroies suffisent à la redresser, on est obligé

d'employer un moulinet composé d’une corde double

et d’un bâton court; on la ramène ainsi au point

elle peutètre saisie par les courroies.

L’orme, on le sait, est l’arbre qui se rencontre le

plus souvent dans les plantations d’alignement. Peut- être en a-f-on abusé, car tous les terrains ne lui

128 L'ÉLAGAGE DES-ARBRES.

conviennent pas au même degré; 1l est certam tou- tefois que parmi les arbres de nos contrées, c’est un des plus faciles à conduire, mais c’est en même temps un de ceux qui peuvent le moins se passer d’une bonne direction.

Je conseille de pratiquer lélagage le long des routes tous les quatre cinq ans, tant pour le bien des arbres que pour la compensation des frais qu'il occasionne. Nous avons vu qu'il faut quatre ans en- viron pour que, dans la majorité des cas, les rejets parasites aient disparu, ce qui indique que la séve a bien pris son cours vers le sommet. Les petites plaies sont alors parfaitement recouvertes, les grandes sont déjà entourées d’un large bourrelet de nouveau bois dont nous connaissons l’action sur l’ensemble de la végétation de l'arbre (p. 106).

On peut dès lors recommencer les mêmes opéra- tions avec certitude de succès. Dans les imtervalles, les cantonniers doivent avoir soin d'enlever chaque année à la fin de l’été avec l’'émondoir les rejets qui se seraient développés le long de la tige. Ts peuvent également raccourcir sur les très-jeunes arbres toutes les branches basses qui auraient de la tendance à s’emporter. Cette sorte de pincement serait très-fa- vorable à la bonne direction de la flèche.

Des avenues.

Une avenue qui sert d'arri- vée à une habitation n’a de mérite qu'autant qu'elle

1

ARBRES D'ALIGNEMENT. 12G

présente une régularité parfaite. Il se trouve souvent que parmi des arbres offrant un alignement tolérable, quelques-uns ont pris une mauvaise direction et gatent entièrement la perspective (fig. 68). Les sup- primer serait détruire l’ensemble, les rempla- cer est à peu prés im- possible, l’ombrage et les racines des arbres voisins nuiront toujours à la reprise et à la crois- sancé des nouveau-ve- nus. Îl n'y a qu'un parti à prendre, c’est d’abat- ire la tête de l’arbre en À àune certaine distance, un mètre par exemple,

Fig. 68, Orme d’avenue ayant une mauvaise direction. du point le tronc cesse

d’être vertical ; si, comme c’est probable, 1} existe un rejet vigoureux B, sur le dessus du coude, on le redresse et on le maintient dans la position verticale à l’aide d’un tuteur ou d’un lien, en ayant soin chaque année de supprimer la plus grande partie des rameaux qui se développent dans le voisinage de la section et de n’en conserver qu'un petit nombre pour absorber l’excédant de séve.

La nouvelle fièche prend une vigueur excessive et

9

130 L'ÉLAGAGE DES ARBRES.

l'arbre se refait en peu d'années (fig. 69). Le tronçon continuera à vivre par le moyen de quelques rejets qu'on lui a laissés, mais qu’on doit surveiller atten- tivement; enfin il pourra être en- levé, soit à la scie, soit à la hache, mais seulement quand la nouvelle flèche sera assez grosse et assez so- lide pour qu’on soit à l’abri de toute crainte. On ne doit pas se presser. Il faut attendre de dix à vingt ans sur des arbres analogues à celui représenté par les figures 68 et 69, c'est-à-dire âgés d'une soixantaine d'années. A Élagage des tilleuls. présenté par la f- Les tileuls, une-dés plus belles

gure 68, dix ans alé espèces de nos contrées, forme- l’opéraïion.

raient de magnifiques avenues s'ils n'étaient exposés aux maraudeurs, qui viennent bri- ser toutes les extrémités supérieures pour s'emparer de la fleur, très-recherchée en pharmacie. La crois- sance de ces arbres et alors complétement arrêtée, et, pour peu que cette funeste opération ait été répétée, ils restent toujours rabougris. On doit donc s'opposer rigoureusement à ces mutilations; mais, comme il ne faut pas se priver de cette fleur pré- creuse, il est utile d’élaguer les ülleuls, c’est-à-dire

I

PLANTATIONS DE PARIS. 131

de pratiquer les raccourcissements de branches au moment de la floraison. De la sorte, on obtient la fleur sans nuire aux arbres.

Plantations de la ville de Paris, Avant de terminer, je me permettrai une observation sur l’élagage des plantations de la ville de Paris. Cet éla- œage, très-habilement exécuté et qui repose évidem- ment sur des principes généraux identiques à ceux exposés dans cet opuscule, laisse généralement à désirer en ce sens que les couronnes inférieures ne sont pas suffisamment raccourcies. Aucun arbre destiné à grandir ne doit être taillé en boule ou même en pyramide, car, dans ce cas, les branches basses ne peuvent manquer de prendre un accroissement excessif, toujours au détriment de la flèche; en outre du tort qu’elles causent à cette dernière par l’absorp- tion de la séve qu’elles lui enlèvent, l'ombre qu’elles projettent empêche le développement des ramifica- tions supérieures; les premières grossissent d’une facon démesurée, ce qui occasionne, lors de leur suppression, des plaies relativement énormes. Qu'on ne l’oublie pas, c’est le contraire qui doit se passer, c'est-à-dire que ce sont les couronnes élevées qui doivent ombrager les branches basses. Ces inconvé- nients seraient évités par une taille plus courte des membres inférieurs, ce qui ramènerait la forme de la tête à cet ovoïde que j'ai tant recommandé; les

159 L'ÉLAGAGE DES ARBRES.

branches convenablement étagées s’épanouiraient alors en ramifications horizontales au profit de l’arbre tout entier.

On prétexte le besoin d’obtenir plus promptement de l’ombrage; cette raison ne peut être donnée sé- rieusement : qu'importe, en effet, que l'ombre soit produite par la troisième couronne au lieu de l’être par la première ? La surface abritée n’y perd rien.

Malgré ces quelques critiques de détail, la justice me fait un devoir de proclamer les immenses progrès qu'une direction habile a déjà amenés dans l’aspect des plantations de la ville de Paris: ces améliorations sont un puissant argument en faveur du système que je préconise. Si l’on considère les arbres anciens et les plantations plus récentes, je parle de ce qui a été fait dans notre siècle, car autrefois on travaillait fort bien, il est intéressant de voir les uns aban- .donnés et déjà décrépits, les autres, objets d’élagages encore timides et incertains, les derniers enfin, par- aitement conduits, sauf l'observation ci-dessus ; on pourra facilement se rendre compte des avantages d’une taille rationnelle et prudente, et on restera con- vaincu que, malgré l'apparence uniforme que l’élagage leur donne au début, chaque arbre reprend bientôt l’aspect, le portet la physionomie qui lui sont propres.

À Paris, rienn'estplusfacile que d’obvier aux défauts que je signale ; mais il est important pour les per-

PLANTATIONS DANS LES CHAMPS. 193

sonnes qui habitent ou qui visitent la capitale de bien se pénétrer de toute la différence qui existe entre les arbres de promenades toujours en vue, soumis à une surveillance incessante, accessibles en tout temps, et qu'on peut, par conséquent, travailler chaque année, et ceux d’un bois dont le traitement ne peut avoir lieu qu'au bout d’une période de quinze, vingt ou même trente ans.

Des arbres plantés au milieu des champs euiltivés, Il est une très-1mportante catégorie d'arbres plantés plus ou moins symétrique- ment au milieu des cultures, le plus souvent à cause de leurs fruits, mais dont les bois sont précieux ; c'est seulement à ce dernier titre que nous avons à _ nous en occuper. Les principaux sont, suivant le sol et le climat: le poirier, le pommuer, le cerisier, le châtaignier, le cormier , le noyer et l'olivier. On peut y joindre l'érable, qui sert de support à la vigne dans les contrées méridionales. Je ne parle pas du mürier, ne connaissant pas la valeur de son bois; d’ailleurs sa taille, exécutée au pomt de vue de la production des feuilles, n’est pas sans analogie avec celle que j « recommandée pour les tètards.

Généralement tous ces arbres sont entièrement négligés sous le rapport Imdustriel ; à la vérité c’est le contraire qui devrait paraître surprenant, car on ne peut exiger des propriétaires agricoles ou

134 / L'ÉLAGAGE DES ARBRES. des fermiers _de travailler mieux que les : fores- tiers.

Il y aurait une étude fort intéressante à faire sur _ces différents bois, dont plusieurs ne le cèdent en valeur à aucune des espèces exotiques ; nous pren- drons seulement pour exemple le noyer, qui occupe la première place comme étant le plus répandu. Ce bois si fin, si liant, non moins propre à l’industrie qu'aux arts, et auquel nous devons tant de chefs- d'œuvre de sculpture, tend néanmoins à disparaître. On en trouve encore de beaux, mais ils deviennent chaque jour plus rares, la production n'étant pas en rapport avec la consommation.

Le traitement à lui appliquer est identique à celui qui convient aux arbres forestiers ; la suppression des branches doit s’opérer exactement de même, et la cicatrisation des plaies se produit en général d’une inanière satisfaisante. Ici comme sur les chênes, on ne saurait être trop circonspect quand il s'agira de l’ablation de très-grcsses branches sur de vieux arbres ; il sera préférable le plus souvent de se con- ténter de les couper à quelques mètres du tronc, ce qui amencera le développementde nouveaux rameaux. Sans diminuer la production fruitière, l'élévation de leur tige aurait encore l’avantage d’atténuer le préjudice que leur Doc ne peut manquer d'ap- porcer aux cultures.

DES HAIES VIVES. 135

Le noyer n’est pas indifférent à la nature du sol;

dans les localités 1l végète pauvrement on peut

souvent lui rendre beaucoup de vigueur au moyen

d’une taille sévère, aidée d’incisions longitudinales, comme 1} a été dit plus haut.

CHAPITRE X. ÉLAGAGE DES HAIES VIVES.

| Les haies vives forment d'excellentes clôtures : in- dispensables dans tous les pays lon élève des bestiaux, elles sont toujours utiles pour la défense des héritages et notamment des vignobles. Les pre- mières, composées habituellement d’essences fores- tères mélangées, sont abandonnées à elles-mêmes ; plantées d'ordinaire sur des revers de fossés, elles occupent un espace considérable ef produisent des coupes périodiques analogues aux taillis. Lors de Pexploitation, quelques brins sont conservés et in- chinés pour maintenir la clôture pendant la pousse. Cest alors qu'il importe de ménager des baliveaux capables de former par suite de très-beaux arbres. Les autreshaies composées d’arbustes buissonneux, le plus souvent épineux, ne sont plus considérées qu'au point de vue de la défense. On les taille pour

136 L'ÉLAGAGE DES ARBRES. .

les rendre plus touffues et ménager le terrain envi- ronnant: telles sont les haies d’aubépine plantées des deux côtés de la voie, sur la plupart des lignes des chemins de fer. On est dans l'usage de les tondre une fois par an vers l’automne, soit au croissant, soit avec des cisailles, et de leur donner la forme d’un

1] LA ÿ [4 A7 Z ENETLAID

NE Ve

Fig. 70. Haie taillée d’après Fig. 71. Haie taillée suivant

le mode ordinaire. la forme ovoïde. mur. Ce mode de taille est défectueux en ce que la végétation se porte toujours vers le sommet, qui va chaque année en s’élargissant (fig. 70) ; le pied de la haie se dégarnit, elle n’est plus suffisamment pro- tectrice, son aspect est disgracieux, et quand on la façonne, les pousses étant déjà durcies, elle demande un temps assez long à l’ouvrier.

Il est bien préférable de ramener la haie à la forme ovoïde que nous avons recommandée pour les arbres (fig. 71) ; elle n'occupe pas plus d'espace sur le sol, la végétation est retenue par de nombreuses branches latérales, la haie se maintient touffue depuis le bas

DES HAIES VIVES. 137 jusqu’en haut et atteint ainsi mieux son objet, tout en conservant plus de régularité.

Ce résultat sera obtenu d’une façon d'autant plus complète qu’on aura pris soin, lorsque la haie est encore Jeune, d’incliner les tiges les plus vigoureuses en les maintenant bon avec un fil de fer ; les branches se grefleront entre elles et la haie se garnira ainsi de manière à devenir tout à fait impénétrable.

Quelle que soit la forme qu’on veuille donner à une haie, il est nécessaire de la tailler deux fois par an au lieu d’une : la première façon aura lieu vers le mois de juin, alors que les jeunes rameaux sont encore à l’état herbacé, mais après la floraison pour ne pas se priver de cet agrément. Cette opération, analogue au pincement en usage sur les arbres frui- tiers, a pour effet d’arrèter momentanément la végé- tation, ou, comme disent les jardiniers, de refouler la séve vers les parties inférieures. À l’automne on pratique une deuxième taille, qui se fait encore très- aisément à l’aide du croissant ou des cisailles. La haie est beaucoup plus belle, elle conserve toute l’année une régularité satisfaisante ; enfin les deux tontes ont pris à l’ouvrier bien moins de temps que l’élagage unique habituellement pratiqué vers la fin de la saison. Je ne mentionne pas le produit, car 1l est nul dans l’un comme dans l’autre cas.

138 L'ÉLAGAGE DES ARBRES.

CONCLUSION.

_ La rareté croissante des bois prend des proportions effrayantes, leur production est dès aujourd hui au-des- sous des besoins, et on peut prévoir le Jour peu éloigné nos fils manqueront tout à fait de cette substance de première nécessité, que rien ne peut remplacer, à moins que de grands moyens ne soient pris dansle butde prévenir une crise dont il est impossible de calculer les consé- quences. Depuis longtemps cette vérité a frappé les esprits prévoyants, le cri d'alarme a été jeté, et mille voix ont proclamé l’urgence des reboisements. L'État a fait certains essais, accordé ou promis quelques en- couragements, des particuliers généreux ont consacré leur fortune et voué leur existence à ces utiles travaux ; mais le nombre en est fort restreint à cause des mises de fonds nécessaires, de la longue attente du produit, et surtout de l’inutilité démontrée des plus grands efforts dans l’état actuel et précaire de la propriété.

Les causes de destruction vont toujours en augmen- tant: nous avons vu que la première de toutes est le Code civil, qui doit anéantir avant un siècle toutes les Le êts des particuliers,

Les forêts de l’État couvrent encore de vastes super- ficiest, mais nous en voyons chaque année diminuer le nombre, par suite d’aliénations, qui sont autant d'arrêts

1 Un million d'hectares environ

CONCLUSION, | 139

de mort. Ce n'est pas tout, on donne cours à des ru- meurs sinistres; on prétend qu'il n’est question de rien moins que de vendre d’un seul coup pour deux cents millions de ces mêmes forêts. Puisse la France être pré- servée d’un pareil désastre, qui serait à jamais irrépa- rable !

Sans admettre la réalisation d’un tel malheur, il est certain que les plantations qu'on fait et celles qu’on pourra vraisemblablement exécuter seront loin de com- penser les pertes déjà accomplies. Les arbres l’ex- ception des bois blancs), bons à abattre dans un siècle, existent à l'heure qu'il est, mais négligés comme ils le sont généralement, la plupart resteront inutiles ; c’est donc à nous qu'il appartient d’en faire profiter nos neveux.

C’est à cette œuvre toute de désintéressement que je convie les hommes dévoués à leur pays ; il ne s’agit que de mettre en valeur par ces moyens si simples, à la portée de tous , et applicables à la plus vaste forêt comme au plus modeste domaine, les immenses richesses que la Providence crée incessamment et à notre insu pour le bien-être de l'homme. :

Notre devoir envers elle et envers la postérité est d'entretenir ces dons précieux, et malgré les ravages résultant du fait même de nos lois non moins que de l’imprévoyante et insatiable cupidité dont nous somm:s chaque jour témoins, on peut affirmer qu’il existe encore sur le sol de la France un nombre d’arbres suffisant pour pallier en partie du moins cette pénurie, pourvu que leur développement soit convenablement favorisé. Les travaux, d’ailleurs, seront souvent rémunérateurs

et produiront toujours par la suite des profits très-réels, quoique éloignés. Je fais donc appel en particulier aux habitants des campagnes habitués à travailler longtemps

440 CONCLUSION.

avant de récolter. Ils me vengeront, je l’espère, des dédains que je ne puis manquer d’inspirer à ceux qui prétendent, du jour au lendemain, réaliser des bénéfices fabuleux,

Mon ambition première est d'attirer sur les moyens que je propose l'attention des Sociétés qui se sont imposé la noble tâche de protéger et de diriger l’agriculture, Sociétés dont les efforts, au moyen d’une large-émulation et par la diffusion des bonnes méthodes, ont déjà répandu tant d’encouragements féconds. |

Ce vœu n’a pas tardé à être exaucé; car, peu après la publication de cet ouvrage, la Société impériale et cen- trale d'agriculture de France a décerné une médaille d’or à son auteur. (Note de l’éditeur.)

Il est en effet nécessaire que le publie sache à quoi s’en tenir au sujet d'un système qui, s'il est mauvais, aura pour résultat inévitable la destruction absolue des bois il aura été mis en usage ; et dont l'application générale, s'il est reconnu bon, sera probablement un des plus grands bienfaits agricoles rendus depuis longtemps au pays.

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HOVOVTLT 4AΠSNOILVHHdO STIVADNIUd SAGE ANASAY :

TABLE DES CHAPITRES.

DÉDICACE Lee AVERTISSEMENT. AVANTPROPOS À, 2 LS US RE

I, Considérations sur la nécessité d’un bon élagage, IT, Conditions d’un bon élagage,. . . . |

III, Application générale du système

IV. Étude des quatre âges des arbres de réserve ,.

V. Traitement des anciennes plaies, naturelles ou accidentelles.

Emondage des rejets. . . .

VI. Époque de l’élagage, Choix des élagueurs. Prix derevient.

Du CoOAMAaR LS RS MT

VII. Élagage des taillis et futaies pleines, Arbres ÉPATS. =

Têtards. VIII. Des bois blancs

IX. Arbres d’alignement, Plantations dans les champs cultivés

X. Élagage des haies vives. CONCLUSION.

Piges.

100 115 121

135

138

EE PA

TABLE DES FIGURES.

4

Figures.

. Hêtre carié par suite d’un élagage vicieux. .

. Chêne abandonné sur un taillis de quatorze ans, : . Chêne ayant perdu sa valeur par suite du manque d’ pese . Carie résultant de l'éclat d’une grosse branche , . . Formation du bois par la séve descendante

. Théorie de la coupe d’une branche , , . . . .

Carie résultant de la mauvaise coupe d’une branche , Coupe longitudinale du tronc d'un chêne élagué. Élagage à chicot, première année . . . .

19. cinquième année . .

Id. dixième année. . Carie complète, suite du chicotage .

. Forme du baliveau .

Id. du moderne Id. de l'ancien. . RS Id. de la vieille écorce - . . . . .

. Serpe d’élagagé renforcée . . Crochet porte-serpe . . . . Serpe portée en ceinturon .

Ia, en bandoulière , .

. Échelle fixée par une corde au tronc & l'arbre

. Emploi du dendroscope . ,. . . :

8. Établissement de la flèche d'un chêne . .

. Chêne à tête irrégulière, . . . —-

: Raccourcissement de la branche charpentière

. Suppression de l’une des branches doubles

. Rameau conservé sur le dessus de la branche

. Danger de couper la branche inférieure .

. Arbre de bordure exposé au vent de mer . EE . Aplomb détruit par suite de raccourcissements enmennte . Danger de couper les branches sans précautions

. Manière de couper la branche, . .

Aspect de la coupe de la branche .

(db) ©) 10

©Q9 C0 O5 co Cp, O1 Co

Me)

14

TABLE DES FIGURES.

Ha

ligcres.

34. Formation de la flèche d’un jeune baliveau

35. Baliveau de douze à quinze ans . :. 2. 2 36. Baliveau de vingtans ,. ,. . sie Ds: 37. Formation de la flèche d’un ane LEE one he ST

38. 99. 40. 41. 42, 43.

56.

62.

. Branches de pin taillés à chicot . . Orme de grande route . . . Le même restauré . «2e . Redressement de la flèche d un jeune orme 7. Redressement d’un jeune orme . Orme d’avenue ayant une mauvaise direction. . Le même dix ans après l’élagage. _—- . Haïe taillée d’après le mode ordinaire . Haïc taillée suivant la forme ovoïde.

ID: Tr. cie -e Ss RNe RR Baliveau de vingt ans mal venant , . . . . . . Suppression d'une double flèche . . . . . . . . Baliveau incliné, 2 225 CS Redressement d’un baliveau incliné, . . . . . . Baliveaux sur Sôuehe US EE

. Moderne de quarante ans . . . re ces

. Moderne de soixante à soixante- des ANS TERRE Moderne mal conforme 63 "Emme RE . Chêne de cent ans environ + 2 - = Rene

: Cheminées 54,122 SES CE SR ONE RE "Nieille écorte -L 27 Le $

. Portion du tronc d’un chêne épuisé . . * . . .- . . . Le même deux ans après le traitement. . . . Vieux chêne restauré par l’élagage . . . . . . Large plaie, Enlèvement d’écorce . . . .

: Coupe d'un tronc :de ChÊRE,. 7e 2

Émondoir PAS E US Re

e . . . . e *

. Conservation des rejets d’un à baie ; . Plaie en voie de cicatrisation . .

: Chêne couronné rajeuni par l’ ioment : Écimage d’un têtard. . . . Têtard écimé suivant le mode ordinaire.

Tétardreshaure 22

L LL LL LA LA

LA LA L LA LA .

. Usage du dendroscope indiquant les principales opérations .

FIN DE LA TABLE DES FIGURES.

9 A0 © H ©

1

bd bi Hi bi bi bi C9 O5 CIN, 19 (es

a lp vi Hs + ave

TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES.

IC DR An mn at 0 à

Application générale du système .

Arbres de marine . |. .°.

L2 L L , LA L] L L2 L L2 L2 épars croissant dans les prairies, pâtures, landes, haïes etc. 105

résineux ou conifères :

d’alignement . . . —- des grandes routes

_— plantés au milieu des champs cultivés.

YEQUES mL rie Avertissement .. : . . AVAREPTOPOSS à + +

Baliveau. -, . _- Baliveaux inclinés, . . . == sur souche . . Bois exposés au vent de mer ne DIANCS ee ue

Branches d'appel . . . _ coupées rez-tronc . But et moyens de l’élagage ,

Cheminées e 3 e ° =: e e Choix de leche . , : . , des élagueurs . .

Classement des arbres de réserve en quatre âges principaux . . Coaltar. Son emploi pour l’élagage

Conclusion. 4... Conditions d’un bon élagage

Conservation d’une partie des rejets sur les baliveaux 4 . des très-vieux arbres Conversion des taillis en futaies

Coup-d’œil sur l'entretien des bois en France .

29, 67 32 2 107 sn 121 . 121 : 433 . 128 es: RE 30, 56 60 04 AT 10 42 50 26 .. 69 39 87 7:38 94 138 26 83 105 . 103 5)

146 ABLE ALPHABÉTIQUE.

Pages. Dangers auxquels Félagueur peut s’exposer par son imprudence, 46, 32 Dédicace . . . . L1 L2 . L . . L LL L2 L Li L2 LZ L2 V

Déndroseope. ts 1 ES NS ENS RE Difficulté de trouver dans les coupes le nombre veulu de baliveaux. 62

ss

ÉGhelles 2 x 2 8 SR RS Effet du £oaltar sur Porme SE Re mas G Élagage des arbres résineux. - US Ci —* | ‘des fitaies pleines TE RER 0 = . deshaïes vives + Se RS OR D ds —= dés pelphers ss Ai) —-.. des talilis 2 SRI

ru. des tilleuls . . = . C3 . . FL . . . . . . CE 130 Emondage des rejets. à ! LS RS 9 Emploi du coaltar pour préserver les plantations de la dent des

LA gs

ARÎMAUXR. 5 le SC -

de la maçonnerie pour la conservation des vieux arbres. . 1 Époque de Pélagase 5 1, ES

Étêtement des arbres couronnés . . . . . . . . . . . . 108

Formation du bois 52 LORS RE 7 de la tête des baliveaux Ve ee EN RSS 9

de la tête des ores des grandes routes. . . . . . 129 Gardes.élagueñts 12528 OR RE re ie Gaulis LA LA LZ L2 LI LJ 5 D LJ . . . . LL LA . LZ LA LA LL L2 100

39

Grifies ou éperons > 3 + "4 SR ER ee ee

Incisions longitudinales . L L L . » . [2 L - L . - L Inconvénients des modes d’élagage généralement usités . . . . des onguents et mastics employés jusqu'à ce jour .

CO et RO © id ON

Instruments à‘employée : 7. EE -tr mse Jeunes plantations des grandes routes . . . . + . . . . . 124 L'élagage doit-il se pratiquer partout? . . . . . . . . . . 9, Légèreté avec laquelle on abat des arbres difficiles à remplacer. . 115 Mode d'écimage des Htards re RE duc. 16 Molerne:s 22 SLT ses ee er et 2 OR ES Etes 29, 50; 65

Névessité d’un bon élagage .-, =. se ©:

Observations sur l'élagage des arbres de la ville de Paris. . . . 131 Outils et instruments pour l’élagage. Liste et prix . . . . .

TABLE ALPHABÉTIQUE.

Plaies occasionnées par les éclats de branches +. .

PERTE RIERR AR CORRE. 4 ee.

RE ne és à : à CET LE DETTE SRRR C

Rabattage des branches mortes à la suite de l’élagage.

Raccourcissement des branches charpentières. ,. . Redressement des jeunes plantations des routes. , Restauration par l’élagage d’un vieux chêne épuisé . HER RORAEUES AN ee le) ea a, 2 des ormes de grandes routes . . . CS AFDFES dd AVERUES.. =. - : Résumé des principales opérations de l’élagage . .

Saison de l’'élagage a . + . . 0 . . . s 3 È Le

RE le PH ES TS - ., ._. , Soulèvements d’écorces non apparents . . . . .

- Suppression de l’une des doubles branclies, . ,

RAI EME NERRMINREESE US es 2e + : 2e RS MES Jet en Le à ue. et eee ‘ae alphabétique des matières + . . . . . .

Re ne + le de, à es

Traitement des anciennes plaies, ulcères, gouttières ete, PRÉC VIE MR es 5 5 0 à de C2:

Trous dans le corps des arbres. , . . ,. . .

Usage du coaltar sur les arbres fruitiers . . . . Utilité de la conservation des futaies. . . . . .

Vieilles écorces n . L . . 9, + . E - E : : Vole-t-on le marchand de bois? . . . . .

FIN DE LA TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES.

os,

31,

ii bi Hi Hi a Hn NO ID Hi =1 NO Mi CO M IN) NN ©

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OUTILS

ET

INSTRUMENTS POUR L'ÉLAGAGE

Eournis par P. MOINE-BOURGINE, fabricant

10, RUE SAINT-PLACIDE, A PARIS.

Serpe renforcée 1 (poids, 1 kilog. 500 et au-dessus) . . , . 5fe Serpe renforcée 2 (poids, 1 kilog. 200 à 400 gr.) . . . . . 4 Serpe renforcée 3 (poids, 800 gr. à 1 kilog.) . . . . . : 4 » Hachette =. 4 Crochet porte-serpe. . , . .

ete sHetieme ») Courroie- ceinturon destinée à suspendre le étochet 2 ÉHONdON + Ur 2e a ns ei 4 CRDISSAMS LE Sn ee de De M Gt 0 DÉTPELE >: D EST RS M 2 els Couteau à scie ou scie fermant . 1 Scie d'élagueur . . DES. 2

Pot à coaltar. . FRE . 14 S pour suspendre le Dot à Ts RSR te Les ce DIRES Brosse à coaltar,. , . . . RS ne | Échenilloirs se ED 4 DO cb UE

Sécateur EL e . e pr] e e e s e . Li e : e 5 50 6 courroies pour ee. les arbres . PRÉ TR A eee + LT

La série indispensable à un élagueur se compose de deux serpes, une hachette et deux émoindoirs, La serpe 3, trop légère pour les gros travaux d’élagage, convient aux gardes, aux jardiniers, et ne doit servir que pour les très-jeunes arbres.

STRASBOURG, TYPOGRAPHIE DE G, SILBERMASN,

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