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DARVEAU, IMPRIMEUR-ÉDITEUR N° c2^ Rue Laniontagne 1886 I_.E 1^ ,r?o,-,S?.,,rSo„<. 2 . LE N.\TUKA.LlâTE CAXaDIFN Car si nous disons que notre résurrection est due aux bonnes intentions du gouvernement Eoss, n'allez pas croire qu'on nous ait fait une situation satisfesante, exempte de sacri- fices. On nous a permis de vivre, et ce, avec encore moins d'a- vantages qu'auparavant, et voila tout ! Les égards que réclame la science, l'auréole d'honneur dont l'entourent les peuples intelligents et éclairé?, les services sans nombre (qu'elle est appelée à rendre chaque jour et aux sociétés et aux individus, constituent un code encore trop in- compris de nos gouvernants et de nos députés, pour attendre d'eux qu'ils fournissent au moins le pain à ceux qui se dé- vouent à instruire leurs compatriotes, à ceux qui contribuent plus que tous les autres à poser les bases du véritable progrès dans les sociétés humaines. On a bien voulu défrayer nos dé- penses, mais notre travail, nos labeurs demeurent encore sans rémunération aucune. Si l'on entretenait des doutes à cet égard, nous pourrions mettre sous les yeux de nos lecteurs le bilan de nos affaires, et ils verraient de suite que notre œuvre est en- tièrement une œuvre de dévouement et de sacrifices. NOS CONFEÈllES DANS LE SACEEDOCE Nous ne faisons d'ailleurs en cela que continuer la t'radi- tion de nos prédécesseurs dans le clergé. Si le Canada est au- jourd'hui ce qu'il est, s'il jouit d'institutions libres, s'il possède une somme de liberté égale sinon supérieure à celle de tout autre peuple, si son éducation lui assure un rang honorable parmi les nations les plus distinguées, à ([ui le doit il, sinon au clergé ? Or, le clergé d'autrefois, de même que celui d'aujour- d'h'ii, n'a-t-il pas toujours donné l'instruction gratuitement à la jeunesse ? Les pensions (ju'on réclame dans nos collèges, les contributions nominales (ju'on exige des externes, vont-elles au delà du strict nécessaire pour couvrir les frais matériels d'ali- NOTRE PUBLICATION 3 mentation, d'usage des salles, de chauffage et d'éclairage, de tenue convenable des appartements ? et l'instruction ne demeure- t-elle pas encore tout-à-fait gratuite ? Nous ne faisons donc qu'emboîter le pas à la suite de nos prédécesseurs dans la voie du dévoumentet du sacrifice, avec cette différence cependant: qu'eux ne «'attachaient pour ainsi dire qu'à la jeunesse, à laquelle le lait de l'enfance pouvait suffire, et que nous, nous nous adiessous à l'âge mûr, auquel il faut une nourriture plus substantielle et plus recherchée, et par cela même plus dispendieuse. Le gouvernement veut bien y mettre un léger appoint ; nos confrères, toujours si empressés à faire le bien, toujours si dévoués aux véritables intérêts du peuple, refuseraient-ils leur légère contribution à la bonne œuvre ? N'est-ce pas un hon- neur pour tout le corps qu'un des membres du clergé se trouve à la tête du mouvement scientifique en ce pays ? Nous voudrions pouvoir faire abstraction ici de notre humble individuahté, pour faire connaître à tous comment nos travaux sont appréciés à l'étranger ! quel étonnement a plus d'une fois causé dans le monde savant le fait que, de ces quel- ques myents de neige que le roi Louis XV n'avait pas jugé mériter d'être conservés, il pût s'élever une voix capable de se faire entendre et avec laquelle il fallait parfois compter, que plusieurs corps savants se sont dits honorés de pouvoir ranger dans la liste de leurs membres ! Et que demande-t-on de vous, généreux confrères? Une siuiple souscription, un seul abonnement pour lequel vous recevrez au delà de la valeur de votre argent, témoins les premières années de publication du Naturaliste, qu'on ne peut plus se procurer que d'occasions, et pour lesquelles on n'hésite pas à payer $3 et S4 le volume. Tout le monde ne peut être naturaliste ; mais tout homme lettré doit se faire un devoir de suivre le progrès de la science, et tout curé devrait avoir dans sa bibliothèque la seule publi- 4 LE NATURALISTE CANADIEN cation sur l'iiistoiie naturelle, en langue française, sur ce conti- nent. Que s'il n'est pas disiiosé à en tirer j'aiti lui-même, il aura au moins le mérite d'avoir contribué à une œuvre patrioticiue et recommandable, et pourra offrir, dans l'occasion, à des neveux ou des amis, l'avantage d'avoir sous la main des renseignements qu'on irait vainement cher^lun' ailleurs. Il y a plus de 400 curés dans la Province de Québec, si chacun d'eux prenait un abonnement au Naturaliste, nous nous trouverions de suite en moyens de mettre notre publica- tion sur le même ton que celles du même genre à l'étranger, papier d'excellente qualité, planches et gravures plus nom- breuses et mieux exécutées, matières plus abondantes, etc. Xous n'ignorons pas que chaque curé a dans sa paroisse une foule d'œuvres qui réclament'sa i)rotection ; mais qu'est-ce que la baga- telle de $2 pour un curé ? et cette bagatelle d'un chacun sera sufi&sante pour garantir le succès à notre entreprise. NOS H():\IMES LETTEÉS Ce que nous venons de dire du clergé ne peut-il pas s'ap- pliquer, avec autant de raison, à tous nos hommes letti'és qui se disent sincèrement patriotes, à tons ceux parliculièrement qui font ostentation de ce noble sentiment? Vous dites que vous aimez sincèrement votre pays, que vous voulez sa ])rospérité, son avancement dans la voie du progrès ; pourquoi donc refuseriez-vous de contribuer à assurer la base du véritable progrès, l'étude des sciences ? Si nous nous en rapjiortions aux expressions de regret que déjjutés et autres hommes ] oliti(iues nous ont exprimées dep)nis la su})pression de notre allocation en 1883, nous devrions croire que notre disparition a été jugée une perte nationale. Mais, politiques de tout degré, n'aimez-vous votre ] ays que p»our les avantages personnels (pie vous en attendez ? Si votre patriotisme NOTRK PUBLICATION 5 existe réellemenf, ne doit-il se faire jour que pav dos protesta- tions vaines dans le temps (jue vous sollicitez les suffrages du peuple, ou que vous tenez à faire avancer un ])ersonnage dont vous attendez quelque faveur ? Agissez donc un peu afiu que sans efforts on puisse ajouter foi à vos paroles. Est-ce que ministres, députés, conseillers législatifs, qui tous émargez si largement sur la list-e civile, ne devriez pas chacun considérer comme un cU-voir d'encourager une publica- tion que le gouvernement juge sagement convenable de sou- tenir ? Est-ce que votre patriotisme se réduirait à empocher tran luillement les dollars de vos honoraires et à leurer ceux qui vous soutiennent ? C'est uu vice national chez nous que le défaut d'amour pour l'étude ; tous les coryphées de l'éducation fout des effijrts pour le corabattre-ce vice, et l'on remarque avec plaisir qu'il y a progrès dans cette bonne voie ; et bien, encouragez donc une publication qui, en outre de son utilité réelle, peut très puis- samment faire naître et soutenir cet amour de l'étude. Vous savez que du moment qu'une })ersonne est gagnée à ce désir de connaître et de savoir davantage, c'est un soldat d'ajouté à la noble phalange de ceux qui marchent à de nouvelles conquêtes sur l'iucouuu. NOS INSTITUTIONS D'EDUCATION Il va sans dire que si tous les membres du clergé, tous nos lettrés en général, doivent soutenir la seule publication scienti- fique que nous ayons dans le pays, nos institutions d'éducation sont tenues avant tous, à patrouer l'entreprise, à ne pas laisser leurs bibliothèques manquer de ces feuillets périodiques. Que si, dans le moment, il ne se trouve encore chez vous personne en état de tirer parti des enseignements qui y sont donnés, l'ins- titution ne doit pas moins se mettre ea mesure de fournir cet appoinl au moment où il jiourra être requis. Il y a plus de oO 6 LE NATURALISTE CANADIEN institutions d'éducatiun siJi)crieure dans le pays, collèges classi- ques, collèges industriels, écoles normales, académies etc., le Naturaliste ne devivdt faire défaut dans aucune de ces insti- tutions, et cependant il n'y en avait pas la moitié qui figurait autrefois sur nos listes. On aura peine à le croire, lors de notre suppression, nous n'avions pas cent abonnés payants sur nos listes. Il nous semble cependant que ce ne serait pas trop présumer de nos na- tionaux que d'eu attendre 500. Que tous les amis du. progrès s'empressent d'offrir leur contingent, et ce nombre sera de suite dépassé. NOTEE MARCHE A L'AVENIR Notre marche pour le futur sera à peu près ce qu'elle a été dans le passé. Nous continuerons à glaner à gauche et à droite dans le champ immense de l'histoire naturelle, nous ef- forçant de faire connaître à nos lecteurs les faits et découvertes qu'une simple lecture, sans études préalables, pourra leur per- mettre de saisir, tout en continuant des études méthodiques et plus suivies- sur certaines parties, pour le bénéfice particulier des hommes de science. Nous avons cru plus à propos, comme nos lecteurs ])Our- ront le voir dès ce premier numéro, de donner une pagination spéciale à ces études méthodiques de certaines branches, afin qu'une fois complétées, on puisse les isoler du reste, pour forniCj. un tout complet par lui-même, un volume à part sans melange de matières étrangères \n sujet qu'il comporte. C'est ainsi que. nous commençons l'histoire naturelle des punaises qui sera suivie sans interruption dans chaque numéro subséquent. Nous prêterons une attention toute particulière aux in- sectes et plantes nuisibles à l'agriculture, à l'horticulture, aux provisions domestiques, etc. Nous nous proposons de donner successivement l'histoire de chacun des plus marquants, en NOTRE PUBLICATION 7 employant des termes capables d'être compris par tout le monde, et en accompagnant, autant que nos ressources nous le per- mettront, nos explications de planches ou de vignettes capables de faire facilement reconnaître l'ennemi dont il s'agira. C'est ainsi que nous commençons dans ce numéro même l'histoire du champignon qui fait périr les ja'uniers en bas de Québec, la Sphœria morhosa, nous passerons ensuite à celle de la chenille qui depuis quatre ans dévore nos épinettres rouges, le N^ematics Erichsoni, etc. COLLABORATEURS Dans une récente visite que nous avons faite à Ottawa, nous avons eu l'avantage de faire la connaissance personnelle de plusieurs de nos collègues du Field JS! aturalists' Club, qui poursuivent leurs études et leurs recherches avec une ardeur sans pareille. Deux de ceux-ci se sont voués tout dernièrement à l'étude des Hyménoptères, guidés, nous ont-ils dit, par nos écrits sur. cet ordre. L'un d'eux, M. Harrington, était déjà avantageusement connu des entomologistes par ses écrits sur •les Coléoptères ; l'autre, M. Guiguard, est un débutant, mais possède à un haut degré l'esprit d'observation, et est un chasseur infatigable. L'un et l'autre ont fait les captures les plus étonnantes dans cet ordre. Si bien que leurs trouvailles, jointes à celles que nous avons faites nous-même, vont porter à plus de cent espèces nouvelles le nomljre d'insectes de cet ordre à ajouter à la liste de ceux que nous avons publiée, et sur ce nombre, près des trois-'qiiarts sont des acquisitions nouvelles pour la science même. N'oublions pas de mentionner aussi M. Fletcher qui s'est fait une spécialité des insectes nuisibles et qui poursuit ses recherches avec un courage que rien ne peut ralentir. Mentionnons encore M. Latchford, jeune homme ((ui vient à peine de laisser les bancs du collège et qui s'est déjà fait un nom dans le monde savant par ses études sur les mollusques, 8 LE NATURALISTE CANADIEN Sa collection de coquilles du voisinage d'OitaM'a est une des plus intéressantes, et elle est faite avec un tel soin ])0iir le choix des spécin)ens, leur classification, leur disposition dans les cases, qu'elle peut défier toute comparaison avec les plus parfaites. Nous avons eu l'assurance de ces messieurs d'être favorisé de temps à autres de corres[ioudances jiour notre publication, ce qui ne contribuera pas peu à douner à nos pages un surcroit d'intérêt pour nos lecteurs. Nous adressons le présent numéro à un grand nombre de personnes que nous n'avions pas l'avantage de voir figurer sur nos listes d'abonnés précédemment, comptant que leurs res- sources et leurs dispositions nous feraient trouver en elles des recrues nouvelles ; nousprionstous ceux qui le recevront, et an- ciens et nouveaux abonnés, de vouloir bien remplir le bulletin de souscription qu'il contient et nous le renvoyer au plus tôt. Nous les prierons aussi, si parmi leurs voisins ou amis ils connaissaient quelques uns qui pourrraient suivre leur exemple, de vouloir bien leur pa-ser ce numéro et de nous faire la de- mande d'un nouveau. , Enfin ceux qui ne seraient pas disposés à prendre un abonnement sont respectieiisement priés de vouloir bien nous renvoyer cette première livraison. Comme à part les remises et les communications, il n'y a d'ordinaire rien de particulier dans la routine de l'administration, on pourra, avec grand avantage, faire usage des cartes postales. C'est aussi le mode que nous emploierons pour les reçus et dans maints autres cas. PAYER D'AVANCE Comme précédemment, l'abonnement est rigoureusement payable d'avance. Si par force majeure, notre publication ve- nait à être interrompue duns le cours d'un volume, nous ferions NOTKE PUBLICATION y comme nous l'avons fait en 1883, nous rembourserions la quote-parte sur laquelle nos droits ne seraient pas encore acquis. Le prix de l'abonnement demeure comme ci-devant de $2 par année, on mieux par volume, car les volumes commen- ceront dorénavant avec le mois de juillet et se compléteront dans les 12 mois suivants. On ne s'abonne pas pour moins d'une année ou d'un volume. Ceux qui en font la demande dans le cours de la publication, reçoivent les numéros déjà parus de ce volume. Toute remise, réclamation, correspondance, devra être adressée au rédacteur même, au Ca[)Eouge, Québec. ^^ En ajoutant 18 à son alioiinement payé d'avance, tout souscripteur pourra avoir un des volumes des années précé- dentes, excepté les volumes I, II et III qui sont épuisés. N'ayant eu l'assurance d'une aide de la part du gouverne- ment que dans le cours d'août, et voulant faire concorder nos volumes avec les amnées fiscales, nous datons le présent numéro du mois de juillet, dans l'espoir de reprendre bientôt le temps perdu pour rapporter chaque livraison au mois corres- pondant de l'anuée fiscale. NOS ÉCHANGES Nous prierons les Eevues soientifîques qui échangeaient avec nous, ou qui désireraient le faire à l'avenir, de vouloir bien nous adresser leurs publcations, leur promettant sans délai la réciproque. Nous offrons ici nos remerciements aux journaux politiques le Courrier du Canada, Le Nouvelliste, L'Etendard, Le Monde et La Presse qui, malgré notre suppression, ont bien voulu nous continuer tout de même l'envoi de leurs feuilles. 10 LE NATURALISTE CANADIEN De plus grands remerciements encore aux Revues scienti- fiques suivantes qui nous ont semljlablement continué leurs envois : U American Naturalist, le Canadian Entomologist, Y Entomologists Monthly Magazine de Londres, la Revue Horticole de Belgique, le Canadian Science Monthly de la Nouvelle-Ecosse, le Bidletin of the Torrey Botanical Club de New-York, et Y Entoraologica Americana de Brooklyn, N. Y. LE NODULE NOIR {Black knot) Sphœria morhosa, Scliwenitz. Tout le monde connaît le Nodule noir, ces nœuds ou ex- croissances noires qu'on voit si souvent sur les tiges et les bran- ches de notre cerisier-à-grappes, Cerasus virginiana, Linné. De tout temps on a pu voir ces excroissances anormales sur les tiges et les branches de nos cerisiers, et queliuefois aussi sur nos pruniers. Jusqu'à ces dernières années, elles attiraient peu l'attention, vu que nos cerisiers sauvages sont généralement fort peu estimés, et que les cerisiers cultivés sont encore assez rares dans les jardins et les vergers. Mais depuis trois ans, on a vu cette affection envahir les pruniers, en bas de Québec, en telle abondance, que des vergers entiers et de grande étendue, en ont été entièrements détruits, ou n'ont laissé que quelques arbres souffreteux et périssants. Et l'on sait de quelle estime les prunes bleues et blanches de la côte de Beaupré, de l'Ile d'Orléans et de la côte sud en bas de Québec, jouissaient sur nos marchés, et quelle source de revenus la culture de ce fruit déUcieux offrait aux cultivateurs de ces contrées. C'étaient les fruits par excellence pour la table dans leur saison, et pour les confitures de réserve. De bonne heure on s'informait sur les marchés de quelle apparence s'en présentait la récolte, et le temps de la maturité arrivé, c'était [)ar centaines de minots que LE NODULE NOIR 11 les cultivateurs l'apportaient à Québec. Des commcrçauts eu faisaient l'exportation à Montréal, Toronto et aux Etats-Unis. Nous avons connu, lïous-même, des cultivateurs de l'Ange-Gar- dien, de Ste-Anne, etc., faire jusqu'à $200 et $250 de leur récolte de prunes, -dans des terrains où l'on n'aurait pu retirer seulement six minots de patates. Mais depuis trois ans, cette source de revenus, au grand désavantage des cultivateurs et au grand désappointement des consommateurs, est presque entière- ment tarie par suite de l'attaque du Nodule noir. Quelle est cette affection ? Est-elle nouvelle ? Est-elle due à un insecte ou à une maladie de l'arbre ? Connait-on quelque moyen de la combattre ? Nous allons donner des réponses à toutes ces questions. Disons de suite que cette affection n'est pas due à un in- secte, mais qu'elle est une production végétale. C'est un champignon microsco[iique, de la famille des Pyrénomycètes. Ce champignon n'est pas nouveau, mais Lien indigène, et a été remarqué dès l'établissement de notre partie du continent américain. C'est surtout sur le cerisier-à-grappes qu'on l'a d'abord observé. Et des études attentives ont démontré que c'est identiqument le môme champignon qui se montre sur le cerisier-à-grappes, le cerisier 'cultivé, et les différentes espèces de pruniers. L'allemand Sehwenitz, en 1822, lui a donné le nom de Sphœria onorbosa. Il dit de ce champignon, dans son Synoj^sis Fungoi'uvi Carolinœ : Morbum lethalem Ceraso- rum omnium et Prunofum efficit, c'est-à-dire, il fait périr tous les cerisiers et pruniers. No.us voyons par le Xew- England Farmer de 1826, que dès 1811, presque tous les pruniers à K.ngston, Massachusetts, était morts pur le Nodule noir ou Sphérie morbide. Comme certains insectes, surtout les charançons, trouvent dans ce champignon un endroit propice pour y déposer leurs œufs, quelques auteurs ont cru d'abord que ces excroissanceo 12 ].E NATURALISTE CANADIEN étaient causées par ces insectes ; mais on a constaté depuis que la présence des charançons sur ces arbres, étaient la consé- quence du champignon, loin d'en être la, cause. Examinons maintenant le mode de reproduction der ce cham[)ignon, et quels remèdes on peut employer pour le com- battre. La figure 1 nous montre une branche de prunier affectée par le champignon, au printemps, lorsqu'il ne fait encore que révéler sa présence ; et la fig. 3 nous le montre à l'automne, lorsqu'il a à peu près pris son entier développement. Kemar- quons toutefois qu'il prend souvent un développement beau- coup plus considérable. Il n'est pas rare de trouver des nodules mesurant de 7 à 8 pouces de longueur sur un diamètre de 1 à 2 pouces et même davantage. On sait que les champignons sont des végétaux qui n'ont ni racines, ni feuilles, ni fruits. Une substance spongieuse et filamenteuse, le mycélium, que les jardiniers appellent hlanc- de-champignon, par ce qu'elle est d'ordinaire de couleur blan- che, leur tient lieu de racines et sert souvent à les reproduire. Ce mode répond aux pousses ou rejetons qu'on voit surgir des racines des plantes phanérogames. Mais les cliam])ignon6 ont aussi une semence propre pour se reproduire, d'après les lois ordinaires de la nature. Cette semence consiste en poussière extrêmement fine, dont les grains, qu'on appelle sporules, sont les véritables semences de la plante et sont susceptibles de donner naissance à autant d'individus, c'est-à-dire sont susceptibles de donner naissance au mycélium qui produira de nouvelles plantes. Les sporules sont diversement situées sur la plante mère, sui- vant les genres et les espèces. Tantôt elles sont appliquées siir des lames, comme dans les chapiteaux des Agarics, tantôt renfer- mées dans des thèques {asci) que recouvrent les périthécies ou croûtes extérieures du champignon, et tantôt portées sur des pé- dicelles plus ou moins longs, renfermés eux-mêmes dans des LE NODULK NOIR 13 rfe: (s) Fig. 2. Fig. 2. — Tranche d'un jeune no-- ;le montrant le cliamjiignon en voie de former ses péri'.hécie.s, envoyant des rayons du centre à la circonférence. Fig. 1. — Branche de prunier affec- tce de la Sphœria movbosatelle qu'on la voit au printemjîs, lorsque le champignon ne fait encore que ré- vêler sa présence. Fig. 1. 14 LE NATURALISTE CANADIEN cavités dont les parois no sont pas si consistantes que celles des périthécies, enfin elles naissent aussi parfois de conidies ou fila- ments qui se montrent sur la surface extérieure de l'excrois- sance. Pour ce qui est du champignon qui nous occupe, consta- tons qu'il a un triple mode de reproduction ou fructification. 1° Par des conidies, ou filaments extérieurs portant di- rectement les sporules, fig. 4, b. 2° Par des loéritUécies, ou capsules renfermant des thèques remplies de sporules, lesquelles capsules par leur réunion consti- tuent la masse de l'excroissance, fig. 1 et 3. 3° Vax àe^ stylospores, on cavités à parois plus délicates qui renferment des sporules portées sur des pédicelles, fig. 5. La fig. 2 nous montre un jeune nodule en voie de former ses périthécies. La fig. 4 nous montre une section transversale d'un nodule en mai ; et, montre les filaments du mycélium, et h, les conidies sur la surface extérieure. La fig. 5 fait voir l'intérieur d'une cavité portant les sty- los[)ores, tels qu'ils se montrent en hiver ; la fig. G les montre encore plus grossis. Suivons maintenant le développement du champignon, du mo- ment que la semence ou les sporules se sont attachées à l'écorce du prunier ou du cerisier. Dès que cette semence a rencontré les con- ditions de chaleur et d'humidité qui lui conviennent, elle se gonfle et pénètre bientôt dans l'écorce pour former sur le cambium une masse de fils de mycélium. En examinant attentivement un nodule au printemps, au moment où il commence à se tuméfier, on trouvera que la branche qui le porte est renflée au dessus et au dessous, à la distance d'un demi-pouce à deux [louces, et si on en fait une section, on verra, à l'aide du miscroscopo, que bien que l'écorce ait été fendillée par le renfle- ment de la branche, cependant une nouvelle couche d'écorce s'est encore formée à l'extérieur, et^une masse de fils de mycélium LE NODULE NOIR 15 remplit le gonflement depuis le cambium jusqu'à la cuticule épidermique. A mesure qu'avance le printemps, les fils du my- célium augmentent leur vo- lume et percent à travers l'écorce pour former ce tissu pseudo - parenchymateûx qui est caractéristique des Pyrénomycètes, lorsqu'ils sont sur le point de fructi- fier (de pyron, noyau et mykès, champignon). Lors- que le cerisier est en fleur, le nodule est à peu près de la grosseur de ceux de l'an- née précédente, dont il n'est souvent qu'une expansion. Il n'est pas encore noir, mais seulement d'un vert brunâtre, et des sections nous le montreront une masse solitle, pulpeuse, remplie de lignes rayon- nant du centre à la circon- férence, comme on peut le voir dans la fig. 2. Au moyen d'une bonne loupe, on peut voir dès lors toute la masse couverte de jietites protubérances, qui ne sont rien autre chose que les commencements Fig. .'>. Pig. 3. — Vue d'un nodule à l'automne lorsque le cliaiiipignoa a à peu près pris son entier développement. 16 LE NANURALISTE CANADIEN des pc^vitliécies ; et sur toute la surface, on verra une masse de filaments plus ou moins flexueux et souvent divisés par des partitions, le plus souvent simples mais quelquefois aussi bifur- ques. Ce sont là les conidies qui .portent à leur sommet des sporules reproductrices. Ces conidies naissent de la surface même des pcrithécies. Elles continuent à porter leurs sporules Fis. 7. Fis. 6. Fis. 4. jusqu'à la fin de la saison, et à l'automne, on n'en voit plus que les restes. Les conidies ayant fini leur terme, d'autres organes de re- production viennent ])reudre leur place à l'automne, ce sont les thèques Ou ascospores que recouvrent les périthécies. Fig. 4. — Section transversale d'un nodule en mai ; on voit en a les filaments du mycélium qui forment comme la racine du champignon ; et en h, les conidies sur la surface extérieure des périthécies portant à leur sommet les sporules reproductrices. Fig. 5. — Intérieur d'une cavité renfermant des stylospores tels qu'ils se montrent en hiver. Fig. 6. — Stylospores encore plus grossis laissant voir les ^trois parti tions qui les divisent. Fig. 7. — Une sporulo itproductrice montrant sa division en deux par- ties, dont la supérieure est jilus grande. LE NODULE NOIR 17 A mesure que la saison avance, les nodules augmentent de volume, ils deviennent plus fermes, plus cassants, fournissant par leurs fissures des retraites aux insectes qui souvent en oc- cupent largement l'intérieur. Cependant ce n'est que dans l'hiver qu'on peut voir les tbèques sous les péiithécies renfer- mant les sporules reproductrices, et ce n'est guère avant février qu'on les rencontre mûres et en pins grande abondance. Chaque thèque en contient 8 et les décharge par an pore terminal. Les thèques mesurent environ 12 millimètres de longueur, et sont brusquement contractées à la base. Elles sont entremêlées de paraphyses qui les dépassent en longueur. Les sporules, fig. 7, sont transparentes et légèrement granuleuses. Elles sont divi- sées en deux parties inégales par une partition. Lorsque la plus grande des deux divisions a produit son tube germinal, la petite s'accroît de suite pour produire le sien à son tour. Il arrive aussi quelquefois que d'autres tubes germinaux naissent des côtés de la plus grande division. Les sporules échappées des thè [ues sont entraînées par le vent sur la neige ou sur les écorces des arbres où elles trou- veront la chance de rencontrer le degré de chaleur et d'humidité qui leur convient pour lu germination. Certains auteurs prétendent que les sporules entraînées dans le sol sont absorbées par les radicelles des plantes et trans- portées dans les tissus avec la sève, pour trouver sous l'écorce même les conditions convenables à leur germination, et se faire jour ensuite à l'extérieur par les nodules qui font céder l'écorce. On sait que le chuiupignon du charbon suit ce mode de repro- duction, ^lais la chose ne paraît pas suitisamment démontrée pour les sphéries, et requiert de nouvelles observations. En outre des conidies et des ascospores, il y a encore un troisième mode de reproduction pour les sphéries, ce soTit les stylos paras. On trouve souvent entre les périthécies des cavités à parois plu.s minces qui sont renii)lies de f^édicelles hyalins, très grêles, de difïérentes longueur, et [lortant des sporules reproduc- 1-— Juilltt liSJ. 18 LE NATURALISTE CANADIEN trices, ce sont là les stylosnores, fig. 6. Les s])orules sont ici divisées en trois partitions par des lignes transversales, et à la maturité, elles sont de couleur jaune. Enfin, certains auteurs prétendent trouver encore quel- quefois un (juatrième mode de reproduction dans les sphéries, ce seraient les spermagonies, espèces de sacs qui déchargeraient leurs sporules reproductrices non une à une, mais toutes d'un jet continu et en immense quantité. De nouvelles étudies seront aussi nécessaires sur ce point. KEMÈDES KT MOYKNS PRÉVENTIFS. Lorsque le nodule vient à faire complètement le tour de la branche sur laquelle il se montre, il entraîne de suite la mort du reste de la branche, et il faut aussitôt l'amputer in peu au dessous du nodule. Mais si au lieu d'envahir toute la circon- férence, il n'en occupe qu'une partie, il faut cou}jer dans le \if, un peu au dessus et au dessous du nodule, et assez avant poi.r rencontrer le bois sain. Le chami»ignon n'affecte d'ordinaire que les premières cuuches de l'aubier ou cambium. Cette opération ré[)ondant à une taille un peu sévère, permettra à l'arbre qui n'a pas souffert dans ses racines, de disposer d'une plus grande quantité de sève j)our guérir ses blessures et ré- parer son retard dans la végétation. A moins que l'arbre ne soit infecté de toutes parts, le plus souvent ou le r^-tablit par de semblables opérations. Mais comme il est reconnu que c'e^t le même champignon qui infeste le cerisier-à-grappes, voyez si près de vos clôtuivs, dans votre jardin niême peut-être, il n'y a pas de ces cerisiei's tout couverts de nndides noirs, alors arr.ichez-les sans pitié ou du moins coupez sans merci toutes les branches affectées pour les jeter au feu, ce que vous devez faire aussi de toutes les ])arties amjuitees sur vos arbres, car si vous vous contentiez de jetf^r sur le sol les parties retranchées, le champignon n'en c(ui- tinuerait pas moins sa végétation pour ré|)andre tout de même ses sporules reproductrices. Ce serait en résumé arracher une LE l'KTllOLi: DANS LA l'IUJVJNCE DE QUÉBEC 19 ]')laiite nuisible et en répandre en mC'ine temps la semence pour la voir reparaître l'année suivante. En résimé voici donc ce iju'il faut faire pour vous mettre à l'abri de cet ennemi. 1° Du moment (|ue vous remarquez des nodules noirs sur vos arbres, armez-vous du coutelas et faites les disparaître aussitôt, en jetant au feu toutes les parties retranchées. Cette opération peut se faire en tout teuips, mais avec plus d'avantage au printemps et dans le cours de l'été, par ce que vos arbres pourront se guérir aussitôt de leurs blessures. 2° Voyez si près des clôtures, sur les bords des chemins dans votre voisinage, il n'y a pas de chétifs cerisiers attaqués des nodules noirs, exterminez les sans pitié, afin de ne pas garder près de vous un foyer de pestilence. Si, de toutes parts, on faisait une guerre active à cet enne- mi, nul doute que bientôt on le verrait disparaître, ou du moins on le verrait si peu abondant qu'il ne pourrait nuire sérieusement. LE PETROLE DANS LA PROVINCE DE QUEBEC Les journaux nous ont entretenus dernièrement de travaux considérables qu'on pratiquait actuellement à St-Grégoire, comté de Nicolet, dans le but d'en extraire du pétrole. On creuse un puits qui mesure déjà 600 pieds de profondeur; il s'en dégage du gaz en abondance ; et là-dessus on escompte de suite les pro- fits, les fortunes que l'on va réaliser des tlots de pétrole qui vont bientôt jaillir à la place du gaz. Nous craignons fort que le pétrole de St-Grégoire ne s'évade en vapeurs insaisissables comme le charbon de l'île d'Orléans, celui d'Yaniaska, etc., et qu'il n'y ait plus d'une déception à son sujet. 20 LE NATURALISTE CANADIEN Nous sommes iin ])('u réfractaire à l'entliousiasmc, et nous nous laissons difficilement émouvoir sans pouvoir nous a])}jiiyer sur une base solide. Nous avons été assez mal mené, en cer- tains quartiers, pour n'avoir pas voulu partager, il y a quelques années, les idées de CL-rtains prôneurs de merveilles du même genre; cejieudant nous ne voyons pas encore aujourd'hui de motif raisonnable de moilifîer nos opinions. Que disaient ces bâtisseurs de châteaux en Espagne ? (^ue notre province était éminemment propre à la culture de la vigne, que dans quelques années, on jiourrait fermer la porte à l'introduction des* \ ins étrangers ; qu'avec le négondo (érable à Giguère) on allait bientôt exporter du sucre, au lieu d'en importer ; qu'enfin, avec le noyer noir, chaque propriétaire de terre pouvait, dans quelques arpents seulement, laisser une fortune à ses enfants. Où en sommes-nous aujourd'hui avec.toiites ces merveilles ? Les vendeurs de plants de vigne, de graines de négondo et de noix ont pu y faire quelque profit, mais les acheteurs, où en sont-ils avec leurs frais ? Qu'on aille le demander aux Mes- sieurs du Séminaire de (^hiébec, qui, avec une foi douteuse, ont voulu faire une ex] érieuce sérieuse de la culture de la vigne. Ils avaient tous les avantages à leur disposition sur une de leurs fermes de St- Joachim, terre légère et sablonneuse, foite- ment engraissée, exposition au midi avec protection au nord par les collines qui bordent leurs propriétés, choix des plants les plus rustiques et les plus précoces, et, ajoutez à tout cela, les services d'un viticulteur français bien au fait de tous les jiro- cédés de cette culture. Et, à la iin, quel eu a été le succès ? — Si nous voulions continuer cette culture pour eu avoir du vin, nous disait l'un de ces messieurs, ce vin ne nous coûterait pas moins de $5 à $6 la bouteille ! Dira-t-on ([u'il faut se borner à produire du raisin pour la table ? Ce sera encore le même raécomjjte ; car d'où provient l'échec ? Uniquement de ce que nous n'avons pas, dans notre climat, la somme de degrés de chaleur suffisante pour la matu- ration du raisin. On ne pourrait pas même compter sur un ren- LE PÉTROLE DANS LA PEOVikcE DE QUEBEC 21 dement passable à toutes les trois ou quatre récoltes. Ce ne seraient toujours que quelques giappes sur le cep, et souvent quelques grains seulement dans la grappe, qui parvieudraicnt à une maturité souvent encore incomplète. Voilà sur quoi nous appuyions notre incrédulité, car nous avions assez compulsé d'auteurs et fait aussi des expériences d'acclimatation -assez nombreuses pour pouvoir baser notre jugement à cet égard. Et le uégondo, et le noyer noir, et le pétrole viendront aussi à leur tour apporter la même déception aux enthousiastes trop crédules. Car pour ce dernier, c'est encore à la science que nous irons demander des renseignements. Or, que nous dit à cet égard la géologie ? On sait que parmi les différentes couches de terrains qui se soni accumulées pour former le sol que nous foulons de nos pieds, il en est une très ancienne qu'on nomme le terrain car- bonifère, par ce que ce terrain, qui portait une végétation d'une richesse dont on ne voit plus û'exemples, enseveli par d'autres couches qui, par suite de cataclymes, sont venues le couvrir plus tard, fournit, dans ces détritus végétaux, ces riches mines de charbon qui se montrent si abondantes en certains pays, comme l'Angleterre, la Pensylvanie, la Nouvelle- Kcosse, etc., et avec le charbon presque toujours aussi le j^étrole qui est im- proprement appelé huile minérale, puisque dû à ces végétaux ensevelis sous terre, ce n'est à pro[)rement parler (qu'une huile végétale. Or le terrain carbonifère se trouve-t-il dans la province de Québec ? Demandez-le aux géologues, ils vous répondront que non, 1 ar ce (pie, à l'époque où la terre produisait cette riche végétation mentionnée plus haut, le sol de notre province était déjà hautement émergé des eaux, et ne présentait à l'air qu'une surface [ùerreuse incapable, en général, de porter des végétaux. Ausbi ce n'est qu'après des miiliev.s, ou peul-êlre miuux des 22 LE NATURALISTE CANADIEN millions d'aniu'es!, que la surface pierreuse de notre province^ décomposée et usée par les agents atmosphériques, a pu former un sol capable de porter des plantes. Voila pourquoi les terrains secondaires, comme le triassique, le jurassique, le crétacé, etc., inan(j lient dans la sérii de nos couches géologiques. Sans doute qu'il en était alors comme il en est encore de nos jours, les surfaces pierreuses ne se rencontrent nnlle part, d'une certaine étendue, sans porter en certains endroits des ca- vités ou dépressions pou\ant nonriir des végétaux. Et voila ce qui explique ces tiaees de charbon et de pétrole comme on en a trouvé à l'île d'Orléans, dans le rocher de Québec, etc., mais il est tout probable qu'on ne les rencontrera nulle part assez abondantes pour pouvoir être exploitées avec profit. Nous ne voudrions pas toutefois condamner de suite ceux qui se livrent à ces expériences pour s'assurer par eux-mêmes s'il n'y aurait pas là quelque source de profits à réaliser. On sait que le pétrole se trouve en général avant le char- bon. Car bien que provenant l'un et l'autre de végétaux en décomposition, le pétrole se moutre d'ordinaire avant que ces végétaux soient complètement carbonisés, comme on les retrouve dans les mines de charbon de quelque étendue. Il peut se faire aussi que, ([uoique un peu distantes des terrains carbonifères, ou puisse trouver des sources de pétrole qui, sans être très abon- dantes, pourraient cependant encore être exploitées avec jji'ofit. j\Jais nous conseillerons à ceux qui tentent ces expériences de n'y procéder qu'avec mesure, pour ne pas s'exposer à des pertes trop considérables. NOUVELLES PUBLICATIONS sur L'HISTOIRE NATURELLE. Entomologica Americana. — Publication mensuelle de 20 pages in-8 par livraison, sur l'entonîologie en général. Ce journal est i)ublié à Brooklyn, N. Y, par un comité de collabora- NOUVELLES PUBLICATIONS 23 tenrs spécialistes en entomologie. Il fait suite an Bulletin of the Brooklyn Entomological Society et au P(ii>ilio qui était l'organe du JS^eiv-York Entoviologiral Club. Les éditeurs des deux publications se sont entendus pour remplacer les deU'X par une seule qui serait de plus grande valeur par le concours de collaborateurs plus nombreux. Le premier numéro })ortait la date d'avril 1885. Le prix de l'alionnement est de $2 par année. S'adresser à M. J. B. Smilli, 290, 3rd Ave, Brooklyn, N. Y. Cette publication est des plus intéressantes pour tous ceux qui s'occupent d'entomologie. Bandoyn Notes on Natural History. — Cette publica- tion, éditée à Providence, R. I. par AIM. Soutliwick et Junks répond parfaitement à son titre. Taxidermie, ornithologie, ento- mologie, malacologie etc., on y tr.iite de toute ce qui peut inté- resser un observateur de la nature. Elle est particulièrement destinée aux amateurs collectionneurs, par les nouvelles qu'elle donne sur tout ce qui se rattache au progrès des sciences natu- relles. Ne contenant que 10 ]>ages, grand in-8 à deux colonnes, par mois, elle ne peut entreprendre d'études méihodiques - ien étendues, cependant on y poursuit une liste des moHu.sques du Rhode-Island des plus intéressantes. Le jnix d'abonnement est seulement de 50 cts par année. Elle poursuit uctuulkunent son deuxième volume. Tidings from Nature. — Est une pnbliciition n)ensuelle de 12 pages in-8, éditée à Rutland, Vermont, ])ar Ai, H. M. Downs, et dont le prix est seulement de 25 cts par année. Cette publication est particulièrement destinée aux jeunes na- turalistes. Elle donne une attenliDii toute jjariicnliere aux échanges que les collectionneurs [)euvent faiie entre eux, en outre des nouvelles scientifi pies qui peuvent les intéresser. Chaque livraison contient une sérii^ de questions sur l'histoire naturelle, pour la solution desquelles on offre des primes. Ces primes consistent ordinairement en spécimens ou matériel [our 24 LE NATURALISTE CANADHîN l'étude de l'histoire naturelle de peu de valeur, mais les ques- tions sont aussi, le plus souvent, des plus siujples. The Katuralist in Florida. — Est une grande feuille men- suelle, dans la forme des gazettes ordinaires, ]nibliée à St-Au- guslin, Floride, ]iar M. C. J. Maynard, qui est déjà connu parmi les naturalistes comme ornithologiste. Le prix d'abonne- ment est de 50 cts. par année, et sur réception du prix, on en- voie au souscripteur une curiositée naturelle de Floride : co- quille, crustacé, corail, é])Ouge etc. Cette feuille est largement illustrée et donne une foule de renseignements sur les richesses naturelles de la Floride. Il est regrettable qu'on ne lui ait pas donné de suite une forme plus convenable pour sa conservation. Elle n'eu est encore qu'à sou sixième numéro. puBLiCATiOiX re(;i;e ISTos romcrcînients à qui de droit pour l'envoi du Fifteenth Anmuil Report of the Entomological Society of Ontario. Ce rap- port, de 77 pages in-8, avec nombreuses gravures, renferme une foule de renseignements des plus utiles sur nos insectes nuisibles. Le gouvernement de notre sœur Province alloue libéralement $1000 par année à cette Société, pour poar.-^uivre ses études des insectes, en outre de ce qu'il accorde au Canadian Entomologist. LoJ's de la dernière session du Congrès à Washington, lorsqu'il s'est agi de voter lallocation ordinaiie à la Counnlsbion Entomo- logique, un certain membre ne craignit pas d'avancer ce qui suit: " Nous paj^ons $20,000 par an ù la Commission Entomolo- gique, je n'hésite pas ù dire que quand bien même nous paj^erions $5,000,000, ce se; ait encore un bon n)arcbé, car cette Commi.-sion nous sauve plus de $10,000,000, par an, par les connaissances qu'elle donne sur les insectes qui ravagent nos cultures." On peut voir par ces faits, qu'à l'étranger, on ne pèse pas les connais- sances entom(dugi(]^ues dans la même balance que celle dont se servent nos législateurs. On nous nuireliande ici un $400, jugeant que c est une dépense iiiulili', comme on Ta [)ioclamé en plein parlement. LE rS^-'c^K^ ■^^'c^^'Sf 'r^"^--'.:;i^f Vol. XV. Cap Rouge, Q., AOUT, 1885 No. 2 Ktdacleur: ,M. l'Abbj FROVANCULR. ^p° iVos lecteurs voudront bien remarquer qu'en offrant comme prime aux souscripteurs qui payent leur abonnement d'avance, un volume des années précédentes au prix de $1, nous n'entendons pas réduire à ce prix, comvie quelques-uns l'ont cfu, tous les volumes des années écoulées. Ils ne pour- ront avoir di oit à un autre volume à ce prix, que l'année prochaine, en payant encore leur abonnement d'avance. Ou a dû observer que nous employons un papier de qua- lité supérieure, égal au moins à celui des autres publications du même genre ; peut-être reposons-nous trop de confiance dans la bonne disposition de nos futurs abonnés ; l'avenir nous le dira. Ce papier, avec nos gravures, peut faire preuve que les améliorations ne se feront pas attendre de notre part, du moment qu'on nous permettra d'en réaliser quelques unes. CONSHRViiZ VOS NUMIiKOS Les feuillets du Nata)-(dist(' sont destinés à former des volumes ; ne permettez pas que l'épicier ou la cuisinière s'eii empare jiour couvrir leui's épiées ou ompuqucfiM' leurs poudies, ■i— Août 1 i^r». 26 LE XANUKAUSTK CANADIEN mais conservez-les soigneii sèment ; mettez les numéros à In suite les uns des autres k mesure qu'ils vous arrivent, et à la fin île chaque année, vous en formerez un joli volume qui ira pvemire place dans les rayons de votre bihliothèciue. En ajoutant les années aux années, vous formerez une série (|ui doublera de valeur à mesure qu'elle; s'augmentera davuntage. Déjà les premiers volumes du Katuralide sont ] rises des biblio] hiles, et ne peuvent .s'obtenir que par occasion et en payant le double du ])i'ix d'abonnement. U Entomological Society of Phila- cZeZ^^/iia a connncncé à publier ses Proceedings vu 18(32. Elle en publia six jusqu'en 1807, au prix de So |iar année. Va\ 1867 elle continua la série en changeant le nom de Proceedings en celui de Transactions, dont elle ])0ursuit actuellement le Xle volume, au même prix de 13 par année. Or, actuellement, les 6 volumes des Proceedings valent $45, et le premier, k lui seul, S' 5, Les six volumes (les Proccec?i7?^s avec les six premiers des Transactions valent $76. Ceux (pii ont laissé leurs cuisi- nières s'emparer de ces feuillets pour envelo] per la crème de tartre ou la canelle, doivent trouver aujourd'hui que la conser- vation de ces épices leur a coûté un peu chei'. Si donc vous ne voulez pas avoir le mêuie regret ]ilus tard, jtrenez plus de soin de vos numéros, conservez les avec i»lus d'attention, et à la fin de cluKjue année, fiâtes les relier en beaux vohuues. D'après les dernièrt^s dispo^^itions ijue nous avons adoptées, ce sont deux volumes dont la ijublication maielK^ de front ; l'in- téiêt reste loujouis le même, car si à la fin de l'aimée le vo- lume n'est pas com}ilet, vous en aurez deux au bout de deux années. L'KTUDM DKS SCilNCES iNo'.;s entendons souvent (,ualitier notre tenq)s de siècle des lumières, siècle des découvertes. lï:ti:de des pcikncfs 27 Si nous jetons, en eff'et, un re^ir.l attentif autour de nous> nrus ne voyons de tout côté que merveilles ëtoniiantes enfan- tées par le génie de l'homme. La pensée humaine se transporte d'un hoiitdu monde à l'autre aussi instantanément que l'éclair; l'espace a presque disparu pour le déplacement d'un lieu à un autre ; les hommes conversent d'un pays à un anti'e, comme des amis réunis dans un salon ; des continents sont ti'uués par la pelle et coupés par la mer; des tleuves sont couverts ou déto .r aller iilus loin dans (ieUe leelierche dn mieux ^ mais on se refuse mr-me à reronnaîire son intervention, on lui dispute l'exisKince. Ce n'est j.as senlenienl du gonveinenient des soc'étés qu'on veut écarter Dieu, on veut niême«4e chasser de la nature. Et sans Cette boussole, (ù lrouv(-r un ] oit sûr sur la merdes incer- titudes, des contradictions, des illusions qui agitent notie eSj rit ? Où trouver à se fixer dans ces courants contraires <]ui nous poussent ou nous attirent ? On peut ranger en deux catégories di-tinctes ceux qui veulent ainsi poursuivre; le progrès, après avoii' répudié les en- seignements lie la foi chrétienne. 1 es uns, comme les libres- penseurs français, se sont déchirés les vérital»!es ennemis de cette foi, et veulent la faire dispnraître. Ses r.dhérents, ses adejitos, ses ministres sont proscrits, ou ne veut pas même que le nom de Dieu paraisse dans les livres. Bien plus, il faut faire en sorte que la jeunesse, qui formera la société nouvelle, ignore même jusqu'à son existence : à bus les croix ! au feu les crucifix ! proscrit soit tout emblème quelconque de religion ! Les autres, comme les partisans du libre arbitre, anglais et américains, poursuivent leurs recherches sans s'occuper de la révéhation, sans tenir compte de ses prescriptions. Ils pro- clament leurs prétendues lois nouvellement inventées, sans se mettre en peine de leur contradiction avec la vérité révélée, comme s'il ne se doutaient pas même qu'elle [iût exister. Aussi, si le motif est un peii différent des premiers, le résultat est à peu jirèslemême ; après avoir fermé les yeux à la lumière, ils aboutissent à l'absurde; témoins: la génération spontaiié(i, l'évolution infinie des êtres, l'éternité dé la matière, etc. Et voila pourquoi nous reposons si peu de foi dans les prétendues découvertes de nos jours, pour le mieux futur de lliiimanité, à moins, toutefois, (|u'iiii cataclysme quelconque vieinie foudroyer ces impies orgueilleux, et rasseoir les sociétés sur leurs vériiables bases. Alors la pure lumière brilleia de nouveau tlaiis li' cabinet de riiomme d'étude, dans la cellule du nKjine soustraite aux distractions du dehors, et leur permettra de voir ce qu'on n'avait pu encore reconnaître. Alors le progrès pourra reprendre sa marche et nuirquer ses étai'cs [)ar de nouvelles cou juêtes ! Mais quelles sont les plus étonnantes découvertes réputées dues à la science de nos jours ? I^a vapeur, la poudre à canon, le télescope, le m croscope, le télégraphe, les ponts suspendus, le téléphone etc ? Or toutes ch^ merveilles ne sont que des appl'cations de décoii vertes faites des siècles auparavant. Et si nous avons dit plus haut que de la cellule du moine retiré du monde, pourra surgir de nouvelles découvertes, c'est que, comme on va le voir, c'est de cette obscure cellule que sont sorties la plupart des merveilles dont nous nous enorgueillis- sons faussement de nos jours. Oui ! ce sont ces " fainéants im- " jiroductifs, ces parasites dangereux, ridicules débris des siècles de su|)erstition et d'ignorance," qui sont les pères véritables du progrès des temps modernes. Si la société, à l'heure présente, semble vouloir oublier tout le reste, pour ne s'occuper que des sciences, de leurs perfectionnements, de leur application, elle ne doit pas per Ire de vue, que ce sont les moines qui lui ont frayé la marche dans cette nouvelle voie ; les premiers, ils se sont livrés à l'observation des } hénomènes de la nature, pour en déduire les princi[)es et les lois qui ont guidé ceux (jui sont venus après eux. U'où l'on peut conclure, que le catholicisme, loin d'être l'ennemi irrévocable djs lumières, en est, tout au contraire, le véritable foyer. Dès les premiers siècles de l'église, pour ainsi dire, les sciences philosojliiques et morales surent s'afï'ranchir du " joug de la sagesse payenne," pour s'élever rapidement jusqu'aux plus haut sommets, tandis que les sciences naturelles et phy- 30 LK NATUUAI.IhTK (JAXAHIKN siqne?, an contriiive, deineurèrciit stationiiaires, et jusqu'aux Xille siècle, ne vécurent que des débris du savoir aiiti(iue. Sans méthode, sans observations le plus souvent, on s'en rap- portait à l'autorité des anciens jhilosophes de la (îrèce et de Rome, et surtout d'Aristotc, ])0ur proclamer parfois des erreurs qui étaient accei)t»''es parcequ'elles avaient été trop souvent ré- pétées, et qu'on ne s'était jamais mis en peine de contrôler ou de vérifier. Mais voici qu'au XIII siècl'^ paît de la. cellule d'un obscur moine franciscain, Roger Bacon (1), des oracles qui étonnent le monde savant d'aioi's, et (pii vont taire l'admiration des siècles à suivre, en proclamant des lois jusque là inconnues, et surtout, en ouvrant la voie à la méthode expérimentale, moyen de pénétrer plus sûrement dans le domaine de l'inconnu. Ses études mirent ce moine si avant sur son siècle, que ses décou- vertes lui attirèrent de sévères per.'^écutions, les autorités du temps en rappoitant la cause à la magie. Ce fut, en effet, la science universelle qu'embrassa le savant moine ; et pres(jue dans chaque branche, il tit faire à la science un pas immense, jetant les bases des perfectionnements qui nous émerveillent aujour- d'hui ; aussi la postérité lui donua-t-elle avec raison le titre de : Docteur admirable. Les verres grossissants, la décomposition de la lumière, le spectre coloré, les niachines à vapeur, la poudre à canon, les chemins de fer, les appareils aérostatiques, le levier à roue, les cloches de plongeur, les jionts suspendus en fil de fer etc., toutes ces découvertes ont été indiquées ]iar le savant moine et r 'p- portées à U véritable b.ise ({ui pouvait leur servir d'appui. (1) Roger Bacon, moine anglais, naquit à Ilchcster en 1214, et mourut en 1294. 11 étudia à Oxford et à Paris, et se livra à l'étude de toutes le.s eciences connues de son temps, et acquit biontôi une instruction l'upé- rleure à son sièc'e. Accusé de sorcellerie, il fut mis en prison et y de- meura jusqu'à l'avènement de Clément IV. Il recouvra alors sa liberté ; mais persécuté de nouveau à la mort de ce pape, il fut encore enfermé pendant 10 ans au couvent ties franciscains de Paris. Il mourut peu de enips après avoir été mis en lllijrté. — Biographie UnircraeUe. L'nl'UDE I)K8 SCIKNCKS ol " On ])ent, dit Bacon, construire nn système de verres tran.'^parents (|ni lapyiroclient de IVfil les objets éloignés ou eu écartent les objets voi.'^ins. On ])eut par des moyens analogues, grossir, ia[)etisser ou renv^erser les formes des corps. " (1) Xe voila-t-il \>iis là toutes les merveilles de la lentille con- vexe dévoilées ! Ce monde des infiniment petits, ignoré justiiic là, est mis aujourd'luii à la portée de tout le monde avec le mi- croscope. Au sein de cet océan sans rivages où vogueîit les so- leils, l'astronome, armé du téleSv^ope, pourra y ])énétrer, il sui- viu la course de ces mondes, mesurera leurs distances, pèsera mêiiie la masse de leur substance, et calculera leurs révolutions, en s'étonnant de cette harmonie immense ([ui les suborne les nus aux autres ! " A l'aide d'instruments, dit Bacon, nous ob- servons les choses du ciel. Ce que je rapporte est certain, je l'ai vu à l'aide d'instruments (2). " Eien de suprenant après cela s'il signale les points vulnérables du système de Ptolémée, s'il enseigne, contrairement à Aristote, que les étoiles ont une lu- mière qui leur est jiropre ; s'il explique le phénomène des étoiles iilaiites ; s'il proclame que le flux et le reflux de la mer sont dus à l'attraction de la lune sur l'élément liquide. (3) Entendons encore le même savant explicpier la formation de l'arc-en-ciel, par la décomposition de la lumière réfléchie dans un corps dia})hane, donner la théorie des miroirs ardents, parler du gaz d'éclairage, qu'il aj)pelle " un feu produit par la distillation d'un corps orgaui(iue, qu'on peut emprisonner dans un vase," émettre la théorie de la chaleur centrale du globe, et donner la foimule de la poudre à canon. " Il faut prendre, dit-il, du salpêtre, du souffre et un autre ingi'édient (le charbon) qu'il ne désigne que sous un anagramme pour ne pas mettre à la portée de la foule un moyen de destruction dont il entrevoit déjà les résultats formidables. Avec ces substances on peut (1) B icio.i. X)j: sscrells operibus «r//.v, cap. l, 8. (2) Bacon. Opus majua, p. 79. ('^) Opit-i tcrtinm, niau. toi. G. 32 LE N.VTUUALliTE CAxNADlLN composer tirtificielleineiit un feu susceptible d'être lancé à toute distance. On peut aussi parfaitement imiter la lumière de l'ëclair et le bruit de la foudre. Il suffit d'employer une petite quantité de celte matière })our produire beaucoup de lumière accompagnée d'un horrible fracas : ce moyen permettrait de dé- truire une ville ou une armée. "(1) "On peut, dit-il encore, construire des machines projres à faire marcher les plus vastes navires plus rapidement que s'ils étaient remplis de rameurs. Onjjcut faire des chars qui, sans le secours d'aucun attelage, courront avec une vitesse incioyable. On peut créer un appareil au moyen duquel un homme assis, en faisant mouvoir avec un levier certaines ailes artificielles, voyagerait dans l'air comme un oiseau. Un instriinient long de trois doigts et d'une égale largeur, suffirait pour soulever des poids énormes au moyen d'un autre instrument une seule main pourrait attirer à soi des poids consid( râbles. On peut imaginer aussi des appareils pour cheminer sans péril au fond de la mer et des fleuves On peut encore inventer beaucoup d'autres choses, conmie des ponts qui traversent les fleuves les plus larges sans piles ni appuis intermédiares."(2) N'est-il pas tout-à-fait étonnant que ces choses aient été écrites il y a plus de six siècles, et ne serait-on pas porté à croire qu'elles datent plutôt de quelques dizaines d'années seuleujent ? Et pendant que les fidèles enfants de l'Eglise dévoilaient ainsi les mystérieux secrets de la science, voyons ce que fai- saient ceux qui avaient soulevé son joug ou qui feignaient d'en ignorer les dogmes. Trivés de la véritable boussole, les investi- gations les conduisaient à l'absurde. C'était alors que l'alchimie faisait fureur. On prétendait qu'au moyen de certaines combi- naisons, ou pouvait changer eu or les métaux même les plus vils. Voici comment le même savant moine répond a leurs (1) De secreiis operibus urtis et naiurœ. (2) Ibid., cap. 1.8. L'fcTUDE DES SCIENCES 33 théories qui traiiâpovtèrent et égaivrent taut d'intelligences au moyeu âge. Vouloir faire de l'argent avec du plomb ou de l'or avec du cuivre, c'est aussi abrsurde que de prétendre créer quelque chose de rieu." Mais de même que pour faire un civet il faut avant tout avoir un lièvre, de même aussi pour marcher à de nouvelles découvertes, il faut eu poser les bases. Sans doute que l'application des principes scientifiques jjour la poursuite du progrès est un noble but, et ses résultats sont des plus utiles ; mais la recherche de ces principes, en d'autres termes, l'étude de la science pure, a un motif encore bien plus sublime, conduit à des résultats encore plus profi- tables, puisqu'elle met sur la voie de nouvelles découvertes. Et c'est précisément parce que de nos jours nous négligeons la science pure, pour ne viser qu'aux applications, que nous sommes porté à croire que nous recueillons plus de fruits des études de nos pu-édécesseurs, que nous permettrons à nos sui- vants d'en moissonner. On l'a écrit bien des fois, toute connaissance nouvelle, toute victoire sur l'inconnu, est un capital au profit de la société dont elle retirera tôt ou tard les intérêts. Et quel plus noble but que celui de poursuivre des études pour la science même ? Tandis que l'utilitaire ne cherche que les perfectionnements de la ma- tière, le savant, lui, cherche un peu plus de lumière, pour ad- mirer davantage le beau idéal ou dans la nature. Et que nous importe à nous d'être qualifiés de rêveurs imaginaires, de chasseurs de mouches, etc., si nous trouvons en cela à satisfaire davantage cette soif que nous sentons tous de vouloir savoir davantage ? si, dans l'observation des phénomènes de la nature, nous trouvons un aliment à ce moulin de notre in- telligence qui ne perd son activité que chez les esprits incultes ou les idiots. Eavalerait-on le mérite de nos poursuites aux quelques deniers qu'elles pourraient rapporter ? Non ; c'est dans son intensité que notre admirdtion pour le beau idéal ou dans 34 LE NAÏUltALIbTE CANADIKN la nature trouve sou exin'essioii, et l'essor même, de cette admi- ration constitue notre récompense. Si les deniers qu'on en peut retirer dcvenaiiMit la mesure unique de nos actions, •[ue ne dirait-on pas du chasseur d'allouettes qui s'épuise sur les vases des grèves pour quelques chétives pièces, ou du pêcheur de truite qui se fait rôtir au soleil duraut des heures pour des i)rises dout il n'obtiendrait pas même six sous sur nos m i reliés ? Cepeudant ([ue de nobles intelligences n'ont pas séduites les [)laisirs de la chasse et de la pêche ! Mais autant res[)riL l'emporte sur la matière, autant l'é- tude de la science pure l'emporte sur les jouissances matérielles, et l'argent, jiour le savant, pour l'homme d'étude, n'a pour ainsi dire de valeur qu'autant qu'il peut lui fournir les moyens de poursuivre ses recherches. Et nous l'avons énoncé plusieurs fois, aucune science n'est plus propre à attacher à l'étude que l'histoire naturelle, parce que sa ])oursuite est tout à la fois tliéori([ue et pratique. Le naturaliste goûte eu même temps et les jouissances de la pêche et de la chasse dans la pour- suite des spécimens pour ses collections, et de l'admiration du beau idéal et naturel dans les formes, la richesse des téguments, les aptitudes, les mœurs des êtres dont il fait l'objet de ses obser- vations. La science de la nature ne s'acquiert que par l'observation et l'étude, et vous chercheriez eu vain pour trouver un natura- liste de c[Uelque capacité qui n'ait pas été en même temps un homme d'étude. UNK visrn: aux glacieks dks alpks L'un de nos amis de France, grand amateur d'histoire na- turelle, appliqué surtout à l'étude de la géologie, ayant été passer quelques semaines, l'an dernier, aux eaux de St-Gervais, UNE VISITE AUX GLACII'IiS DES ALl'ES oO dans la Haute-Savoie, aux jiieds des Alpes, a bien voulu nous passer le coiupte-reiidu d'une visite qu'il fit alors aux glaeiers du voisinage. Nos lecteurs, nous en avons la conviction, ne li- ront pas ces simples détails sans quelque intérêt, bien que dépourvus de tout apprêt et reclierelie quelconque. L'auteur d'ailleurs (]ui n'est pas un p)ublicisti', était loin de croire que ces quelques lignes tracées sans soins seraient livrées à la pu- blicité. Août 7, 1884. Nous a\'ons ([uitté St-Gervais j/our nous rendre à Chamonix à 2 heures. J'ai laissé la voiture au village des Bossons, pour monter au glacier de ce nom, mon ami Morize, qui avait déjà visité ce glacier continuani directement la route jusqu'à Channjnix, et bien lui eu a pris, car le tour n'a pas été partout des plus agréables. Il était 3^ h., le temps était sombre et tout faisait craindre de l'orage pour le soir ; j'espérais cependant avoir le temps de terminer ma course avant la pluie. Je trouvai irn jeune garçon dans le village qui, pour un franc, prit l'engagement de me conduire au glacier. La montée d'abord assez douce, devint bientôt très rapide, et il nous fallut trois quarts d'iieuie pour atteindre une petite auberge placée à peu de distance du glacier. Là, on me pro- posa de descendre à une grotte ouveite sous la gbice. Quel- ques larges gouttes de pluie qui connuencaient à tomber auraient dû m'engager à presser ma marche et à ne pas accepter cette proposition, mais la curiosité l'emporta. Il nous fallut descendre une trentaine de mètres pour atteindre la grotte, qui peut avoir une cinquantaine de mètres de profondeui', et que l'on éclaire avec qnehjues bougies. Nous admirions l'effet mer- veilleux de la lumière sur la glace sans êtie encgre parvenus au fond, lorsqu'un formidable coup de tonnerre se fit entendre, et, grâce aux échos, nous avons cru, mon guide et moi, que le glacier tout entier s'écroulait et allait nous engloutir sous sa masse. Nous nous empressons en conséquence de sortir. 36 LE NATURALISTE CANADIEN 11 nous fiilliit eusuite gravir le long des parois du glacier, élevées en cet endroit d'une vingtaine de mètres, eu plaçant nos pieds dans des trous tenant lieu de marches. La pluie qui tombait alors par torrents rendait notre ascension de plus en ])lus difficile, et ce fut qu'avec beaucoup de peine que nous atteignîmes la surface du glacier. L'orage redoublait ; la pluie, le vent, les éclairs retardaient notre marche ; la glace polie deve- nait de i)lu3 en plus glissante ; enfin après une demi-heure qui nous parut longue comme quatre, nous pûmes gagner l'autre bord au moment où l'orage commençait à se calmer. Je fis entrer mon jeune guide, comme moi tout trempé, dans un chalet qui sert d'hôtellerie et je le fis se restaurer un peu, puis, comme le sentier qui de cet endroit conduit à Chamonix, est assez direct, je le congédiai et me remis seul en route. Il était près de cinq heures, et grâce à la pluie qui recommençait à tomber, la nuit semblait près d'arriver. J'admirai cependant en passant la belle cascade des Pèle- rins et celle du Dard placées à cinq minutes de marche l'une de l'autre. La chute de la première est de cinquante mètres, celle de la seconde de treize seulement. Je venais de quitter cette dernière cascade, lorsque je fis la rencontre d'une dame anglaise et de ses deux filles, qui se rendaient, sous la conduite d'une guide, comme moi, à Chamo- nix, et avec lesquelles j'achevai gaîment mon humide prome- nade. A 5^ h. j'arrivai à l'hôtel, très satisfait de mon excursion, quoique le mauvais temps ne m'eût pas permis d'étudier le gla- cier des Bossons autant que je me l'étais proposé. G. G. PKTITKS NOUVELLES Pi TITKS iVOUVFLLES. A vie dure. — Le 15 mars, l'an dernier, nous étions h Lourdes. En remontant le sentier taillé en serpentant dans le rocher, pour rejoindre la voie publique à l'Ouest de la Gi'otte nous remaî-quâmes plusieurs hélices qui rampaient su7' les parois du loc bordant ce sentier. C'étaient de l'espèce Helix nemoralls, à teinte jaune ou rose avec bandes spirales brunes. Nous en cueil- lîmes 4 ou 5 que nous mîmes dans une petite boîte dans notre malle. En pai-tant de Rome poui- l'Orient, nous hdssâmes la petite boîte dans une armoire à noti-e pension. Le 23 avril sui- vant nous étions à Emniaus, avec le K. P. Frédéric. Comme nous allions tous les jours foire de petites excursions dans la montagne en recherche de plantes, insectes etc., nous recueillîmes aussi quelques mollusques, entre autres les Helix Cœsareana et Enqnd. demis, et à notre retour à Rome, à la mi-mai, nous l'éunî mes nos captures d'Orient à celles de Lourdes, et rapportâmes le tout à notre demeure. Nous l'emarquâmes en ouvrant notre petite boîte en mai dernier, n'ayant pu nous occuper de ces captures avant cette époque, que la plupart de ces hélices avaient fei-mé l'ouver- tui'e de leurs coquilles d'une toile incrustée de carbonate de chaux comme elles le font d'ordipaire pour l'hivei-. Elles sont ]irobable- ment encore vivantes, nous dîmes-nous, car nous savions qu'on en avait ainsi gardé de vivantes durant plus de trois ans. En effet, les ayant arrosées d'eau tiède, elles se mirent à marcher, pleines de vie, quelques minutes après. Comme nous venions de rece- voir de France un lot de mollusques dont plusieurs étaient aussi vivante, Helix pomatias, Bulivms decollatus etc., nous mîmes les uns et les autres en liberté dans noti-e jardin. En moins d'une heure, ils étaient tous disjiarus, s'étant dis])ersés de divci-s côtés. Une dizaine de jours plus tard nous reti-ouvânies une hélice dans un pommier, et depuis lors, malgi'é toutes nos recherches, nous n'avons pu en trouver une seule. Xous nous attendons ;\ être plus heureux à l'automne, et de retrouvci- au moins quelques coquilles si les animaux ont péri. 38 LE NATURALISTE CANADIEN Le Némate du Mélèse. — Les clienillcs du Xémate cVFjvichéon Niematus En'chsoni, Hartig, qui dévorent le feuillago de notre Mélèse ou Ejunette rouge, sont plus abondantes que jamais, cette année. De (Québec à Ottawa, sur la ligne du Paci- fique, on ne voit plus nulle part de verdure sur nos Mélèses. Un grand nombre de ces arbres vont sans doute périr par suite de ce dépouillement, qui s'ajoute, dans bien des cas, à celui des deux dernières années. Nous donnerons prochainement l'histoire de cet insecte. Chry?omèle de la pomme de-terre. Cet insecte s'est montré plus à bonne heure cette année que d ordinaire, et faisait appi'éhcnder sérieusement ses ravages ; mais comme on a, à pré- sent, appris à le combattre, et que d'ailleurs ses propres ennemis sont plus nombreux, ses dégâts, dans les environs de Québec, ne causeront pas de dommages sensibles. Le précieux tubercule de la réiolte nouvelle qui a déjà fait son apparition sur nos marchés promet d'être abondant et se montre ])artout de la plus belle venue. Cuscute. - Le *7 août nous trouvions à Bécancour et à Sle Angèle la Cuscute, Cuseufa Gronovli, Willd. en pleine floraison. Nous n'avons encore jamais rencontré cette plante dans les en- virons de Québec. Aux deux places, nous l'avons trouvée s'enroulant autour des tiges d'ortie et d'armoise. Le beau jaune- orange de ses tiges avec ses abondantes fleurs blanches, pi'odui- saient le plus bel effet lorsqu'elles s'entremêlaient aux feuilles de l'armoise, herbe-de-S. Jean. ERi[EU([s ij IU^TulRi1: natuiu:lle Monsieur le directeur-gérant de Y Etendard devrait im- poser ) our pénitence k son assitant, qui a sei'vi à ses lecteurs un galimatias te! (|uy ci'liii qui a })aru dans son édition du 10 S'ptenibre, à propos de la Sarracénie, d'acheter de suite notre Flore Canadienne et de prendre un abonnement sans délai au JS'aturaliste. L'écrivain a parlé là de botanique à peu comme un aveugle pourrait le faire des couleurs. Il r; iig.', sans })lus de façon, une dicotylédone parmi le monocotylcdones, et lui prête un nom inconnu des botanistes: Cupripcdiuin melatus UN F.XTOMOLOCISTE D'ÉTAT 39 ne se trouve mille yàvt dans nos anteurs. Mais non seulement il fait erreur (|uant au nom, il donne encore de la plnnte une description impossible. " Elle i)ro luit, dit-il, qui'lpus feuilles vertes et épaisses et entre les feuilles une es]ièce de cloche bombée au milieu, se rétrécissani à l'ouverture, ayant deux petites oreilles et présentant nn \ eu la foruie d'un petit ca)cJio)i. . . . Cette tleur ou cloche forme comme un petit Hacon de deux à trois pouces de haut, et d'un ponce à \\\\ ])ouce et demi de diamètre que l'on trouve généralement rempli d'eau." Ce n'est pas la fleur de la plante (pii foi'nie une es])èce de flacon qui se remplit d'eau, mais ce sont les fenilles mêmes, ou plutôt les pétioles des feuilles qni se renflent ainsi pour former ces espèces de godets. 11 est donc encore incorrect de dire que ceux-ci naissent entre les feuilles. On peut lire dans notre Flore, page 30, une description exacte de la ])lante en ques- tion, et en voir une feuille figurée dans notre Traité de Bota- nique, 2e édition, page 41. Nul homme ne peut tout savoir, mais quand on assnmc la tâche d'imruire les autres, il faut être bien sûr de ce que l'on avance. Nous avons vu avec plaisir la rectifioationf irt exacte qu'un " Tharmacien " a faite des erreurs (|ue nous signalons, dès le lendemain, dans Y Etendard. UN ENTOMOLOGISTE D'ETAT. C'est avec nn bien vif plaisir que nous avons ajijiris la nomination de ]\I. James Fletcher, employé de la bil)liothèque du parlement à Ottawa, au poste d'Entomologiste ]iour le J)omi- nion. Ce n'est là encore qu'une ébauche, un essai, car cette position qui exigerait le travail continu de; plusieurs savants, est dévolue à un employé qui est encore astieint à sa besogne ordinaire. Le gouvernement, nous en avons l'espoir, en face des heureux résultats que va produiie cette mesure, ne manquera 40 LE NATURALISTE CANADIEN yas d'iiUouev des lionoraires suffisants à M. Fletcher, pour lui permettre de consacrer tout son temps à cet important travail. Disons aussi qu'on ne pouvait faire un choix plus heureux }i0ur ce ])0ste, qu'en prenant M. Fletcher, dont les connaissances en histoire naturelle sont très étendues, et qui, depuis plusieurs années, s'est fait une spécialité de l'élude des insectes utiles et nuisibles. Ajoutons que l'urbanité et les manières arables de ce monsieur rendent fort agréables les rapports qu'on peut avoir avec Itii. Le gouvernement fédéral a fait tout dernièrement l'adjui- sition d'une collection d'insectes, particulièrement riche en lépi- doptères, du Capitaine Geddes, de Toronto, et M, Fletcher est chargé de veiller à sa conservation et à son augmentation. Dès 1876 nous avions présenté un plan soigneusement élaboré de former ainsi un bureau central d'agriculture avec un musée, à feu M. Letellier, alors à la tête de ce dé[)artemeut ; nous sommes heureux de voir que nos suggestions, pour n'avoir pas été goûtées d'abord, ont fini par être comprises et sont en voie d'exécution. Nous venons de recevoir le 1er rapport de M. Fletcher qui, quoique peu considérable— sa nomination ne datant que de décejubre 1884, — est cependant fort intéressant. Notre appel à nos confrères dans le sacerdoce n'est pas demeuré sans éclio. Plusieurs se sont empressés de se faire inscrire sur nos listes d'abon- nés, et nous sommes convaincu qu'il en viendra encore quelques uns. Que tous ceux qui veu ent bien ainsi contribuer à la bonne œuvre de l'instruc- tion du peuple par le cierge, veuillent bien agréer ici nos plus sincères remerciments. Par contre, nos lettrés laïques semblent ne pas comprendre ce genre de dévouement et se montrent encore très c air-semés sur nos listes. Comme ce second numéro suit d'assez près le premier, nul doute que plu- sieurs n'ont pas eu encore le temps de nous faire parvenir leur adhésion, et vont aussi répondre à notre appel. On voudra bien remarquer que nos ressources sont trop restreintes pour nous permettre de payer des collecteurs dans les villes. D'ailleurs la transmission de l'abonnement par la poste est chose si facile — surtout avec les blancs que nous avons envoyés — (pie nous ne voytuis pas pour- quoi les abonnés des villes ne le feraient pas comme ceux des cam])agnes. Ceux tjui n'ayant pointrenvoyé le premier numéro, retiendront encore celui-ci, seront censés par cel i même prendre un abonnement, et seront en eonsé(|iu'iic(' m-crits sur nos listes. Vol. XV. Cap Rouge, Q., SEPTEMBRE, 1385. No. 3 Rédacteur: M. l'Abbé PRDVANCIIhR. Nous avons fait tirer notre premier numéro à 800 exem- plaires, que nous avons distribués dans toutes les directions. Comme bien on le suppose, il nous en revient un bon nombre. Nous constatons que la plupart des numéros qui nous revien- nent ainsi n'ont pa?; été ouverts, les feuillets n'étant pas coupés. Si d'un côté il est consolant pour nous de voir que le renvoi n'est pas dû à notre incapacité, de l'autre il est bien pénible de constater que l'odeur même de la science prend au nez d'un si grand nombre de nos lettrés. Nous disons d'un si grand nombre, car sur les 800, il est bien probable que nous n'en conserverons pas 200. Quel(}ues uns, en très petit nombre, il est vrai, après avoir enlevé la couverture à notre numéro, lui en ont remis une nouvelle et nous l'ont adressé sans signature ni indication de lieu. Impossible de découvrir alors la provenance. Sans les connaître, nous jugeons que ces finauds en ont agi fort sagement, car marguritœ ante porcos peuvent parfois produire des indigestions fort dommageables. IlErONSES A DKS ( ORRIlSPONDA^^rS Couvent de S. Joseph de Levis, G septembre, 1885. Monsieur l'abbé, Yous recevrez par la poste, eu même temps que la présente, 3 — Septeuibr e J8«5. 42 LE NATURALISTE CANADIEN une petite boîte contenant une fleur dont la description a été vainement cherchée dans votre Flore, Je me permets alors de vous l'adresser et de vous prier de m'en diie le nom et la famille. Sr. * * * Cette plante n'a pas été mentionnée dans notre Floue pour la bonne raison que nous ne la connaissions pas alors, et que d'ailleurs elle n'entrait pas dans le cadre de notre ouvrage, étant une plante de serre qu'on ne rencontre qu'assez rarement dans les appartements. Son nom est Cvphea 'platycenira, Bentham, Cuphéa à large-éperon. Elle appartient à la famille des lijthra- riées, et est originaire du Mexiqne. Elle se distingue à première vue par un calice tubuleux, d'un rouge vermillon, portant de petits pétales noirs frangés de blanc, insérés vers l'extrémité de son tube, simulant assez un cigare allumé. Aussi les anglais lui donnent-ils le nom de cigar-'plant. Sa détermination est un peu difticile, parce que sa corolle, qui^manque (]uelquefois, est toujours très petite et se confond aisément avec le calice. Il nous fait plaisir de constater que plusieurs de nos cou- vents de filles, comme ceux de S. Joseph, de Sillery, du Bon- Pasteur, d'Hochelaga etc., accordent plus d'attention à l'étude de l'histoire narurelle, que la plupart de nos collèges classiques. L'un de ceux-ci, qui forme des piètres depuis plus de 30 ans, nous a renvoyé notre premier numéro sans même l'avoir ouvert, les feuillets n'en étant pas coupés. Ste-Foye, September liJth 1885. Eevd. and dear Sir, I take the liberty to send for ^^our determination an insect taken about a fortnight ago. A like specimen has not before attracted ni}^ attention ; lience I deem it not common, possibly rare, at last in this section of Canada. Trusting that the subject may be for you of some use as a duplicate, I place it at your dis- j)0sal. John Neil son. Pour n'être pas entomologiste. M, Neilson n'en est pas ÉTUDE DES SCIENCES NATURELLES 43 moins un observateur de la nature ; c'est surtout l'ornithologie qui a captivé son attention, liien de surprenant donc s'il a pu être frappé des formes étranges de l'insecte transmis, car cet in- secte n'est pas très coinmun chez nous et sa capture est assez difficile. Mais si M. Neilson ne l'avait jamais remarqué aupa- ravant, ce n'était pourtant pas sans l'avoir plus d'une fois en- tendu, car cet insecte n'est autre que notre cigale la plus com- mune, Cicada pruinosa. Say, (jui appartient à l'ordre des Hé- miptères ou punaises. Une espèce voisine de celle-ci, et un peu plus petite, est la Cigale de 17-ans, Cicada septemdeci'm, ainsi nommée parce qu'elle se montre successivement tous les 17 ans au même endroit en immense quantité, chez nos voisins. Nous n'avons encore capturé qu'un seul exemplaire de cette dernière à Québec. ETUDE DES SCIENCl-S NATURELLES Un grand obstacle à l'étude des sciences naturelles, et sur- tout de l'entomologie qui est à la portée de tout le monde c'est le manque du matériel nécessaire. Vous capturez un in- secte dont l'éclat, les formes bizarres, ou les allures ont attiré votre attention ; mais qu'allez- vous en faire ? Si vous le percez d'une épingle ordinaire, vous le déformez par son trop fort vo- lume. Comment le conserverez- vous? Si vous le laissez à l'air libre, d'autres insectes viendront bientôt s'en repaître, ou la poussière le gâtera en peu de temps. Le mettrez- vous dans une boîte ? Mais comment l'y retenir, si cette boîte n'a pas le fond liégé pour que vous puissiez y enfoncer votre épingle ? Il vous faut donc des épingles spéciales — épingles entomologiques de di- vers numéros — pour en faire usage suivant le volume des in- sectes ; puis des plaques de liè,L;c pour fixer vos insectes dans 44 LE NxMUlîALISTE CANADIEN des boîtes et les mettre en sûreté contre la poussière et les pa- rasites. Mais les épingles sont souvent trop faibles pour être enfoncées dans- le liège en appuyant seulement sur la tête, il vous faut des pincettes courbes pour saisir l'épingle près de sa pointe et l'enfoncer dans le liège. D'un autre côté, beaucoup d'insectes sont pourvus d'aiguillons, ou, comme les papillons, ne peuvent être touchés avec les doigts sans être déterriorés. il vous faudra donc des pincettes à pointes fines pour manipuler ces insectes. Et les papillons, demoiselles, sauterelles etc., com- ment leur retenir les ailes dans une position convenable ? De là la nécessité d'étaloirs pour les faire dessécher. Mais comment attraper les insectes au vol agile et les faire mourir sans les gâter ? Nécessité d'avoir une fiole à large goulot avec du cyanure de potassium. Ce sont là autant d'articles de peu de valeur, mais indispensables pour se livrer à cette intéressante étude. Ajoutons qu'une bonne loupe, tant pour l'entomologie que pour la botanique, est aussi indispensable, car une foule de particu- larités et de caractères essentiels ne peuvent se distinguer à simple vue. Comme on ne pouvait se procurer ces différents objets en ce pays, M. Langlais, libraire à S. Roch de Québec, à notre solli- citation, s'est pourvu de ces ustensiles et accessoires pour les mettre à la disposition des amateurs. Nous sommes toujours étonné lorsque nous rencontrons de nos maisons d'étlucation, collèges, couvents, académies etc., en- core sans aucun commencement de collections, et nous avons pu nous convaincre que la cause le plus souvent en était due à ce manque de matériel nécessaire. Rien de plus aisé (jue la collection des spécimens, plantes, insectes, coquilles, minéraux, au moyen des enfants. C'est pour eux une récréation des plus agréables, un exercice des plus at- trayants. Les spécimens se trouvent partout et les plus com- muns ont toujours quelque vahnir, car ce qui se trouve en abondance chez vous, [icut être rare ailleurs, et les doubles sont LE NÉMA.TE D'eRICHSON 45 une monnaie qui a toujours cours quelque part et qui peuvent nous assurer les acquisitions les plus précieuses. Nous avons nous-mênie aujourd'hui des collections valant des centaines de dollars, et dont l'acquisition ne nous a coûté que des déboursés insignifiants. UN" NOUYEL ENNEMI LK NKMATI^] D'i^RICHSOX Neinatus Erichsoni. Hartig. Vulgo : La mouche-à-scie du Mélèse ou Epinetle-rouge. Anglais : The Larch Saiv-fly. Voici qu'un ennemi, jusqu'à ces dernières années encore inconnu en ce pays, menace de faire disparaître de nos foiêts le Mélèse ouEpinette-rouge, arbre si précieux, surtout pour les con- structions navales. (1) On sait que cet arbre croît dans les terrains humides, maré- cageux, où le sol est d'ordinaire de médiocre qualité. Parmi ses racines, qu'il envoie horizontalement à peu de distance de la surface du sol, il s'en trouve toujours une, d'un côté ou de l'autre, beaucoup plus forte que les autres. Souvent même on (1) Les Canadiens donnent avi Mélèse le nom d'Ejnnette rouge, et les Anglais celui de hackmatak. Comme ce dernier nom est évidemment d'o- rigine indienne, nous avons consulté le R. P. Arnaud pour savoir quelle pouvait en être la signification. Et voici la réponse que nous a faite le savant missionnaire. " Les sauvages donnent ordinairement des noms descriptifs aux lieux " et aux choses. N^apis/okoUttu, Cap-blanc, Kamokvrpiskuan ou kats, " Cap-rouge. Ils donnent aux choses des noms qui font connaître d'abord " l'usage auquel on les emploie. Ainsi apidask, l'érable, bois dont on fait " les avirons ; i/rf(7.-w//«Â-. \)\\\{ôi ackmatiik on^ckineshik, bois pour les 40 LE NATUPvALISÏK CA.NÂDIEN pourrait dire que cet arbre n'a qu'une seule racine, les autres n'étant que des laniifications de ctdle-ci. Comme cette racine forme un angle droit avec la lige de rini)re, et que son bois est très fort, très peu cassant et ))res([ne incorruptible, de là la précieuse ressource pour les courbes et les genoux qui entrent dans les constructions navales. Ajou- tons qu'en outre de l'excellent combustible que fournit le Vié- lèse, ce bois est encore recherché i our une foule d'usages, tels que : soles, lambourdes pour les habitations, jioteaux pour bar- rières, clôtures, etc. Le Mélèse forme aussi un très bel arbre d'ornement ; ses cônes elli_.tiques, d'environ un i)once de lon- gueur, d'un beau violet purpurin, d'ordinaire en grand nombre sur le même arbre, font le plus b^l effet, lorstju'en juin, ils se marient au feuillage délié, simulant des franges ou petits bou- quets mousseux d'un vert si gai que le soleil semble impuissant à altérer. Et en outre du coup d'œil gracieux qu'il présente, l'arbre embaume encore tous les environs d'une odeur résineuse des plus agréables. Mais voici qu'un insecte, à peine plus gros que la mouche de nos maisons, fig. 9, menace de nous enlever tous ces avan- tages et de faire disparaître l'arbre précieux de nos forêts. Ce n'est qu'en 1880 qu'on a signalé pour la première fois la ])ré- sence de cet insecte en Amérique, et dès cette année, depuis Halifax jusqu'à Ottawa, et peut-être encore bien au delà, on ne l»ouvait voir en juillet et août un seul Mélèse ayant son feuil- '• flèches, pour les arci=. etc , c'est ce dont ils se servent, les autres bois " ii'iiyan! pas la même force ni la flexibilité convenable. " Il en est de même pour le l/nnarack, bois dont on fait les casse-têtes " ou marteaux etc. Tainnrark, fiiniakaur même signification. Nous n'a- " vous pas cet arbre ici dans nos parages ; mais il doit être noueux, dur, et " même flexible. Pour moi, je vous avouerai bien ingénument que je ne " le connais pas." Le tanxtrack en eftet, 'f.siig.-t canadensis, la Pruclie des Canadiens, ne se ti'unve pas plus bas que la ]>aie St-Paul, et le P. Arnaud habite Btt- siamits, à |)ln^ do lU) lieues jdus bas. LE NÊMATE D'eRICHSON 47 lage intact. Nous avons vu des forêts entières, notamment à Bécancoiir, Ste Gertrude, etc., où l'on ne voyait plus trace de verdure sur les Mélèses, les arbres étant entièrement dépouillés de leur feuillage et paraissent aussi dénudés qu'ils le sont en hiver. C'est en juillet 1883 que nous avons observé cet insecte pour la première fois, mais dès l'année précédente, il avait été re- niar.|ué dans les environs de Québec. Nous nous rendions à Madawaska eu juillet 1883 par le chemin qui conduit de la Eivière-du-Loup à Edmundston, Nous remarquons bien, en passant, de notre voiture, que les Mélèses avaient en grande partie souffert dans leur feuillage ; mais nous crûmes alors que c'était l'effet de quelque gelée in- tempestive qui en avait, au printemps, arrêté le développement. Eevenu chez nous et conversant avec un cultivateur, celui-ci nous demanda si nous avions remarqué ces chenilles innom- bral)les qui mangeaient les épinettes- rouges. Des chenilles, dites- vous ? — Oui, et en très grand nombre ; on en compterait des milliers sur le même arbre. Il y en avait quelques unes l'année dernière, mais elles sont bien plus abondantes cette année. La remarque ne passa pas inaperçue pour nous, c'était toute une révélation. Dès le lendemain — nous touchions alors à la fin d'août — nous étions au bois à la recheiclie des Mélèses et de leurs pa- rasites. Les arbres étaient en partie dépouillés, et grand nombre de chenilles se montraient encore sur les branches, rongeant le reste des feuilles. La plupart nous parurent parvenues à leur parfaite croissance, aussi trois jours après, nous ne pûmes en trouver une seule sur tous les arbres des environs, dans le but les conserver pour leur transformation. Mais en fouillant dans la mousse au pied des arbres, nous trouvâmes des cocons en abondance et en apportâmes un bon nombre. Cependant ntnis ne pûmes nussir à nous procurer les insectes parfaits, n'ayant 48 LE NATURALISTE CANADIEN pas donné h ces cocons, nous le pn'snmons, les conditions de température et d'humidité (pii leur convenaient. Cet insecte, qui a été remarqué et décrit en Allemagne , par Hartig dès 1840, nous a-t-il été importé d'Europe, comme le veulent quelques uns, où est-il commun à l'Europe et à l'Amérique, comme d'autres le prétendent? Nous inclinons à croire à l'importation avec les Mélèses européens qu'on en fait venir assez souvent, comme on en voit en plusieurs endroits du Massachusetts, parmi les arbres d'ornement. C'est en 1880 qu'on a signalé sa présence pour la première fois dans le Maine. Mais, chose assez siogulière; cet insecte qui doit se comjjter par milliers, puisqu'il détruit des forêts entières dans toute l'étendue d'un pays, est encore très rare dans les .collections, même en Europe. Dès la mi-mai, cette année, nous étions sous les Mélèses à la recherche du terrible ravageur, mais sans succès. Nous trouvons des cocons dans la mousse en parfait état de conserva- tion, mais ne pouvons encore en obtenir des insectes parfaits. Enfin, le 4 juin, fauchant à l'aveugle dans les herbes sous des Mélèses, nous en trouvons un dans notre filet, et ciuelques jours après, comme nous allions nous mettie à table le soir, nous en trouvons "im autre sur notre nappe même. Tous deux étaient des femelles toutes gonflées d'œufs. Ce sont les seules cap- tures que nous en ayont, pu faire malgré toutes nos recherches. M. A. S. Packard, entomologiste d'Etat pour les lîtats- Unis, a donné une histoire complète de cet insecte dans son rapport de 1883. M. Fletcher, notre entomologiste d'état à Ottawa, en a aussi dit un mot dans son rapport de cette année. Les Némates, bien que pourvu d'ailes membraneuses comme les mouches, n'appartiennent })as au même ordre : les mouches n'ayant que 2 ailes appartiennent aux Diptères, tandis que les Némates qui en ont 4, se rangent dans les Hyménop- tères, dans le même ordre (jue les guêpes, les bourdons, les ichue unions, etc. LK NÉMATR d'kRICIISON 49 Les Xémates appartiennent à la famille des Tentlirédinides qui se distingue par nn abdomen sessile, pourvu à son extré- mité, non d'un aiguillon, comme les guê})es, mais d'une soie ])our fendre l'épiderme les plantes afin d'y déposer leurs œufs. Et bien que leurs larves aient aussi la forme de celles des pa- pillons, on peut toujours les distinguer des véritables chenilles. Les larves des papillons n'ont que 7 ])aires de pattes, tandis que celles des Néinates, ou fausse-chenilles, on ont 11 paires, fis. 8. Fig. ^^. Fig. 8.^Branche de Mélèse atta (U-'^e par le-- larves ilu Xtir/tahis F^rkh- sont, à (litterente, grosseur. 50 . I^T^ NATURALISTE CANADIEN Voici comment cet insecte accomplit ses évolutions. L'insecte parfait, fig. 9, sort du cocon vers la mi-juin, lorsque les feuilles du Mélèse commencent à se montrer. Les femelles cherchent aussitôt les jeunes pousses de l'arbre, et, en faisant agir la scie dont elles sont pourvues, elles fendent l'épiderme des rameaux vers leur extrémité et y déposent leurs œufs. Elles tracent souvent deux lignes ])arallèles de leur scie et distribuent leurs œufs en alternant de l'une à l'autre. Les œufs sont blanchâtres, cylindriques, atténués à chaque extrémité, de moins il'uue ligne de longueur. Après 9 à 10 jours, les œufs donnent naissance aux petites larves, qui se mettent aussitôt à ronger les feuilles les plus voisines. Ces larves ou fausses-chenilles, fig. 8, ont 22 pattes, savoir : trois paires de pectorales, sept d'abdominales et une paire cau- dales. Elles ont la tête noire et le corps d'un vert glau([ue avec le dessous plus pâle. Elles subissent quatre mues avant d'atteindre leur maturité, et mesurent alors un pouce de lon- auenr environ. Ces Inrves se tiennent d'ordinaire réunies en sociétés sur la même branche, et lorsqu'elles sont repues, on Vis- '■'. — I-iP Xoiiafii.s ErirJisniti à ]'('-tat parfait, cro.s.si. LE NKMATE D'krICII-ON 51 les voit souvent tellement pressées les unes contre les autres, qu'elles forment comme des espèces de bourrelets sur les rameaux, adhérant à celui-ci par leurs pattes thoraciques et se redre-sant l'extrémité de l'alidomen c^mme on en voit plusieurs dans la fig. 8. Ces larves sont très voraces, et avec leur nondire, elles parviennent souvent à dépouiller de gros arbres dans resi)ace de quelques jours seulement, Nous avons constaté, en plusieurs en'lroits différents, que les larves commencent toujours leurs ravages par les arbres les plus élevés et aux branches les plus hautes de ces arbres, les œufs, sans doute, ayant été déposés In Souvent même l'arbre est entièrement dépouillé par le haut (lue ses branches du bas sont encore toutes vertes. Parvenues à maturité, à la tin df juillet ou au commence- ment d'août, les larves se laissent choir .'AriRX de lacunes clans le plan de la Providence, depuis l'insecte à peine visible jusqu'au colossal éléphant ; tout a sa place et son utilité. Vous trouverez sous ce pli le montant de mon abonnement, ainsi que de celui du Cercle Catholique des Trois- Rivières. ■j- L. Y. Lafléchk, Eveque des Trois-lîivières. PLAINTFS RARES DA^S LES EiNVlllOîsS DE Ql'KBEC Il est de certaines plantes qui sont rares partout, c'est-à- dire qu'on ne trouve nulle part abondantes ; et d'autres qui, très communes en certains endroits, se tiouvent extrêmement rares en d'autres, même sous le même climat. Les listes signalant la présence de plantes dans certaines localités, offrent toujours un vif intérêt aux botanistes. C'est que par les noms seuls de ces plantes, ils peuvent juger de suite du climat relatif de telle localité, de la nature de son sol^ des avantages qu'il pourrait offrir à telle ou telle culture etc. Et nos gens même sans éducation savent fort bien juger de la valeur d'un terrain par les plantes qu'il porte. Il est peu d'endroits, pensons-nous, ([ui, dans un espace aussi restreint, peuvent offrir une plus grande variété de plantes, que la petite paroisse du CapRouge, que nous habitons, sur la rive nord du St-Laurent, à 9 milles au-dessus de Québec. Nous nous proposons de donner prochainement une liste complète des plantes de cette localité \ en attendant, nous signalons ici les plus rares qu'on y rencontre. Nous avons pu remarquer, surtout en Europe, et encore plus en Orient, que les plantes en général se distinguent plus, dans les climats chauds, par leur abondance en certains endroits, que par leur fréquence sur une étendue plus considérable. Et PLANTES RAKES DANS LES ENVIRONS DE QUÉBEC 61 la même remarque peut aussi s'appliquer à un grand nombre d'animaux. On dirait que les climats plus chauds ne peuvent accommoder une si grande variété d'espèces, végétales ou ani- males, que ceux plus froids ; mais que, par contre, ils per- mettent un plus grand développement des espèces qui leur conviennent. Ainsi, à Jaffa, c'est par jointces que nous pou- vons prendre l'Hd'ix candidissima sur les arbrisseaux, de même à Beaune (France) V Helix nemoralis sur les vignes, les murs, les arbres etc. ; et nulle part ici nous ne pouvons rencontrer nos mollusques terrestres en si grande abondance. Mais revenons à nos plantes rares au CapRouge. Triosfeuin perfoliatum, Linn. (Caprifoliacées). Plante herbacée, grossière, de 3 à 4 pieds, fruit à 3 noyaux pierreux, que nous n'avons encore jamais rencontrée ailleurs. Clematis verticillaris. De CandoUe (Kenonculacées). Plante grimpante, fleurs en belles clochettes violettes. Nous ne l'avons rencontrée qu'ici et aux Grondines. Eriocaulon septangidare, Willdenow (Eriocaulonées). Petite plante de 4 à 10 pouces, fleurs en petites têtes blanches, sur la vase des bords du lac Calvet, à St- Augustin. Kymphœa odorata, Aiton (N"ymphéacées) ; vulgo, Lis d'eau ; anglais Water lily. Superbe fleur blanche, très odorante, croissant dans le lac Calvet. La Nymphéa, dont la fig. 12 nous montre une feuille avec la fleur, est une des plantes qui nous offre le plus souvent l'exemple de duplication, par le changement des étamines en pétales. On voit en a et b des pétales à demi transformés portant encore des rudiments d'anthères. Fontederia cordata, Linnée (Pontédériacées) ; anglais, Pickerel iveed. Plf.nte croissant aussi dans l'eau, à longs épis de fleurs bleues. Lac Calvet. Nous pensons que, pour ces deux dernières plantes, le lac Calvet est la station la plus au nord dans cette Province. Nous ne sachons pas qu'on les ait jamais rencontrées en bas de Qué^pc. 62 LE NATURALISTE CANADIEN Valisneria americana, Michaux (Hydrocharidées). Plante croissant dans l'eau, à fleurs portées sur des pédii^elles en spi- rales s'élevant à la surface. Lac Calvet. Fig. 12. Po/ndvs Canadensis Michaux (Salicinées), vnhjo Liard ; anglais Cotton tree. Grand arbre croissant dans les endroits humides, tiès commun à Bi'cancour, à Nicolet, mais inconnu ici. Nous n'en avons rencontré (ju'un seulindi\idu sur la grève du fleuve. Nul doute (|ue queltjue branche venue d'en haut en dérive, aura été jetée là | ai' la vague et s'y sera enracinée. Dirca palustris, iJunéf (Thynu'lées) ; vxhj. Bois-de- plomb ; angl. Leather luood. Cet arbri.'iîseau si commun dans les cantons de l'Est, est très rare ici, nous n'en avons encore ren- contré que deux pieds. Aicto tajihyloa uva-nrsi Siavngcl (Eiicacées) ; vuUj. Fi^'. 12 — Xy m gitan <> 'orufn. INTELLIGENCE LES ANIMAUX 63 Raisin d'Ours ; angl. Bear berry. Arbrisseau couché, très com- mun plus au nord, mais que nous n'avons rencontré qu'à un seul endroit ici, sur la falèse bordant le fleuve. Cypripedium arietinum, Alton (Orchidées). Angl. Ram's head. Superbe Orchidée que nous n'avons encore ren- contrée qu'ici. Nous serions obligé à ceux de nos lecteurs qui voudraient bien nous faire quelques remarques sur la présence des mêmes plantes en d'autres endroits de cette province. INTELLIGKNCK DES ANIMAUX On sait quelle intelligence certains animaux, et surtout le chien, font paraître en diverses circonstances. Le trait suivant, que nous a rapporté un ami, montrerait que l'orgueil sait aussi se faire place dans l'esprit des animaux. J'étais allé, dit notre ami, visiter une connaissance, habi- tant la campagne, que je n'avais pas vue depuis plusieurs années. Connaissant mes goûts, mon ami ne négligea pas de me faire faire l'inspection de ses champs, de ses cultures, et surtout de ses animaux. Comme nous étions en automne, on faisait entrer les vaches à l'étable le soir, pour y passer la nuit. Nous étions au 1 aie où l'on amenait les vaches pour les traire. Les filles étaient à la besogne. L'ouvrage fini, les bêtes se dirigeaient vers l'étable pour y prendre leurs places. Mais voici que l'une d'elles se refuse obstinément à entrer. On la pourchasse par tout le parc, et chaque fois qu'on l'amène près de la porte, elle se détourne par un mouvement brusque, et menace de nous passer sur le corps, si on ne lui livre le passage. — Mais que veut donc dire cela, dit mon ami à sa fille, voici une vache qui ne veut pas rentrer ? — Oh ! c'est '* la vieille", dit la fille en se retouinant, elle ne rentrera pas ; je connais sa fierté ; il aurait fallu la laisser entrer la première. 64 LE NATURALISTE CANADIEN En vain, tous trois réunis, nous réitérons nos instances pour la |»resser près de la porte.; efforts inutiles ; la bête à la fin menaçait de nous faire un mauvais parti. — Le seul moyen à prendre, dit la fille — j'en ai déjà fait l'expérience — est de les faire sortir toutes, et de la laisser ensuite entrer la première. C'est ce que nous fîmes. Et aussitôt l'étal île vide, la rébelle se hâte de devancer toutes les autres pour rentrer la première. — Qui aurait jamais cru, dit mon ami, que l'orgueil aurait pu trouver place dans la tête d'une vieille vache de treize ans ! Douce, docile, bonne laitière, elle n'affiche de prétentions sous aucun autre rapport. Nous avons gardé pendant plusieurs années, étant curé, un petit chien qui n'avait pas de plus grand plaisir que de suivre la servante lorsqu'elle allait à la po.ste ou à d'autres commis- sions dans le village. La voyait-il prendre chapeau et châle, qu'aussitôt c'étaient des transports de joie témoignant de son im- patience de la suivre. Mais le dimanche arrivé, rien de sem- blable ; il la voyait s'habiller pour se rendre à l'église en la regardant d'un air triste, et sans témoigner le moindre désir de la suivre ; comprenant sans doute qu'il n'aurait pas admission en la suivant. Le même animal nous a plus d'une fois étonné nous-niême par sa sagacité à distinguer le but de nos sorties. Invariable- ment il nous suivait lorsque nous allions à la chasse aux insectes ou faisions d'autres sorties dans le village. Mais ve- nait-on nous demander pour un baptême ou quelque autre fonction à l'église ; il nous regardait partir, sans témoigner aucunement le désir de nous suivre. ASCENSION DF. l'ETNA 65 ASCENVSION DE L'F.TNA Pi'esque tous les voyageurs visitant l'Italie se font une obligation de faire l'ascension du Vésuve. La chose est si facile ; à trois petites lieues de Xaples, avec des moyens de transport multiples, confiutables et peu dis[iendieux. D'un autre côté, le vaste cône s'isole si majestueusement do tontes les hauteurs environnantes, en Its dominant toutes par son élévation, que sa seule vue ins] ire de -suite l'idée de faire l'as- cension de ce sommet, pour jouir du cou[) d'oeil enchanteur des lieux à l'entour : cette baie de Xaples si chantée par les poètes ; la ville elle-même a\ec ses~ nombreux clochers en tuiles fayencées, s'échelonoant sur son rocher ; Ischia, Capri, ces perles de la mer, Portici, Herculamim, l'ompéï cette ville fossile des temps d'autrefois, Castellamare avec sa baie lancée dans les terres comme |)Our arrêter les courants de lave lors des grandes éruptions ! Tous veulent avoir de vinu, h confirmation de tout ce que les touristes et les poètes ont raconté de ces merveilleux environs. Par contre, bien peu se payent la fantaisie de pousser une pointe jusqu'en Sicile et de visiter l'Etna, ce frère du Vésuve, et non moins que lui dominant les nuages et vomissant fumée, flammes et lave. C'est qu'il n'est pas, comme son frore Italien, bitué si près de la mer, et que les abords en sont plus difficiles et plus solitaires. Cependant il est pour le moins tout aussi intéressant. Il a même l'avantage de s'élever à une bien ]»lu3 gi-ande hauteur, le Vésuve ne mes ire que 3594 pieds d'éléva- tion, tandis que l'Etna en compte 7100. Comme le Vésuve, l'Etna à aussi eu de sérieuses éruptions; celle de 1185 fit périr 15,000 personnes et celle de 16G9, 20,000. La ville de Cataue a été plusieurs fois détruite par des éruptions de l'I'ltna. L'Etna n'est pas si près des bords de la mer que le Vésuve, cependant, lorsqu'on entre dans la mer Ionienne, au sortir du 66 LE NATURALISTE CANADIEN détroit de Messine, on le voit aussi lançnnt sa gerbe de fumée vers le ciel. Lorsque nous le vîmes en mars 1881, sa cime était toute couverte de neige. Il se jjrésentait comme s'élevant derrière de hautes montagnes situées entre sa base et le bord de la mer, mais les dominant Toutes par son élévation. Plusieurs de nos lecteurs nous ayant témoigtié leur satis- faction du récit (jue nous avons donné de la visite des glaciers des Alpes par notre ami M. G., nous sauront gré, nous en sommes sûr, de continuer sa correspondance où il nous fait la description de son ascension de l'Etna. En mei, revenant d'Afrique, 1er juin 1885. Mon cher abbé Provaucher, Depuis longtemps déjà je veux vous écrire et vous donner des nouvelles de mon voyage qui, jusqu'à présent, a été des plus heureux; mais vous savez que, surtout en voyage, il est bien rare que l'on [luisse faire ce que l'on désire. Le temps passe avec une rapidité incroyable, et je ne puis me persuader qu'il y a déjà près d'un mois (^ue je suis en route. C'est que j'ai fait bien du chemin depuis mon depart de France. J'ai ))arcouru successivement la Mitiilja, le Sakel, Blidah, Milliana, Koléa, l'établissement des bons Pères de Staouéh, le mieux cultivé de l'Algérie; puis Delhia, Baugie, Djicyelli, Polio, Philippeville, Constantiue, les bains de Flamar Meskou- tins, eaux sulfureuses déjà connues des Romains ; Bône, les ruines d'Hippone situées tout auprès ; enfin traversé la Tunisie dans sa plus grande largeur, et delà venu par Malte à Messine, Catane, monté à l'Etna, traversé la Sicile pour revenir à Pa- lerme ; hier m'embarquer avec mes amis pour Naples, où nous comptons arriver demain matin, à 8 heures. La mer est fort belle, la lune est brdlante, et nous avons eu ce jour un magni- fique coucher de soleil. Je n'avais pas vu l'Algérie depuis trente-quatre ans, et j'ai été émerveillé des progrès de notre colonie faits pendants ces trente années. La plaine de la JNlitidja, le Sakel d'Alger, les ASCENSION DE l'ETNA 67 environs de Bône et de Philippeville sont merveilleusement cultivés, et je connais peu de nos départemeute de France qui puissent leur être comparés. Je vous écris un peu à la hâte aujourd'hui, et ne pouvant tout vous dire, je choisis dans mes souvenirs les plus récents mon excursion à l'Etna qui, peut-être, vous intéressera da- vantage. Arrivés h Catane tard, jeudi soir, 28 mai, nous organi- sâmes le lendemain matin notre course à l'Etna, ce qui nous prit jusqu'à 8i h. Une voiture nous conduisit j.squ'à Nicolosi, à travers de merveilleuses campagnes plantées d'orangers, de citroniers, de grenadiers ; à peine voit-on ça et là quelques traces de lave, tant la verdure et les arbres cachent tout. Arrivés pour déjeuner à Nicolosi, un peu avant 11 h,, notre caravane, composée de cinq mulets et de deux guides, se mit en route à midi et demi. Il nous restait 2700 mètres à gravir par des sentiers souvent très difficiles, à travers des coulées de lave et des plaines de cendres et de scories. A notre sortie de Nicolosi, une dame anglaise, arrivée un peu après uous, rejoignit notre caravane, avec deux «uides et deux mulets. Elle parlait un peu français, ce qui nous permit de converser avec elle pendant la route. Deux heures après notre départ, on fit halte près d'une petite maison inhabitée, qui sert de lieu de repos au passage, et où l'on trouve de l'eau. Jusque là, le pays, quoique désolé, n'était pas tout-à-fait dénudé ; en quittant Nicolosi, quelques oliviers, puis plus haut des châtaigniers, se montraient é[nirs ; mais après notre halte au val del Bosco, les arbres disparaissent, quelques plantes épineuses seulement se montrent encore pendant une heure. Nous monions toujours par des sentiers souvent semblables à des escaliers, puis nous arrivons à des plaines de cendres et de scories, en partie couvertes de neige durcie par la crelée et dans laquelle nos mulets enfoncent de vingt à trente centimè- tres. Le froid devient de plus en plus vif, et c'est à moitié 68 • LE NANURALÎSTR CANADIEN gelés que nous atteignons la petite maison dite des anglais, où nous (levons lai-ser nos mulets. Cette maison est inhabitée, mais on en donne à Nicolosi la clef aux voyngeurs, contre nne redevance de 2 fr. 50 par nuit et par personne. Le mobilier est peu confortable, et, après un dîner avec les jrovisions que nous avions apportées, nous nous mîmes bien près les uns des autres, envelopp.és dans nos manteaux et nos couvertures, sur de minces paillasses étendues par terre. A 2h. du matin nous étions sur pied pour faire l'ascension du cône, qui compte 330 mètres d'élévation. La lune brillait et éclairait notre marche, mais la montée était si rapide, et la raréfaction de l'air, aggravée encore par des nuées d'acide sul- fureux sortant du cratère et que le vent rabattait sur notis, ren- dait notre marche si pénible, ([u'il nous fallut plus de deux heures pour parvenir au sommet. A peine avions-nous fait trente à quarante pas, nous étions obligés de nous arrêter, tant notre respiration était gênée. En haut, près de l'ouverture du cratère, ce fut pis encore, des flots d'acide sulfureux nous suffo- quaient ; d'un autre côté, le froid dcïvenait de plus en plus vif, et au bout d'une demi-heure passée à attendre la levée du soleil, nous allions partir sans le voir, quand il apparut enfin ; malheureusement ce ne fut que pour quehjues instants, les vapeurs sulfureuses et un brouillard épais nous privèrent du magnifiiiue point de vue dont on jouit à ces hauteurs. La descente fut plus rapide que la montée, mais non moins dangereuse, sei.lement nous n'avions plus la respiration gênée comme en montant, et le jour nous aidait à nous guider. Nos mulets reposés, nous ramenèrent en quatre heures à Nicolosi, et à midi nous rentrions à Catane, bien fatigués, mais contents cependant d'avoir parcouru le curieux pays qui entoure l'Etna. De nombreuses montagnes volcaniques dont on voit les cratères ouverts mais éteints (on dit qu'il y en a plusieurs centaines, j'en ai vu une trentaine du côté où nous sommes montés) cou- vrent It'S pentes, et plusieurs t^ont très élevées et considérables. Adieu, mon cher abbé ; nous entrons à Naples, malheu- ASCENSION DE L'eTNA 69 reusciiu lu iMi' la pluie. Croyez à mes seutiuieiits bien iilleo- tueux et bieu dévoués. G. G. Nous compléterons le récit de notre ami sur la fameuse montagne ignivome de la Sicile })ar quelques détails sur ses principales éruptipns. L'histoire mentionne 101 éruptions du célèbre volcan, dont la première remonte à 1200 ans avant l'ère chrétienne. L'Etna, comme nous l'avons dit, s'élève à 7,100 pieds au dessus du niveau de la mer, sa base ne mesure pas moins de 36 lieues de circonférence. Ce qui lui donne une physionomie toute particulière, ce sont ses nombreux cônes secondaires épars sur ses flancs, dont ni!cl(iues uns s't'lôvent de 400 à 700 ].ieds de hauteur. La plus célèbre de ses éruptions est celle de 1G69. C'est à Nicolosi, nientiouné, par notre, ami, ([u'après deux jours d'obscurité, de secousses multipliées et de détonations, surgit tout à coup un cône de 450 iiieds d'élévation, le Monte- Eossi. Quelques jours après, une large crevasse s'ouvrit à la base de ce cône et V(jniit un torrtuit dit lave, se dirigeant vers Catane. Les habitants de la ville affrayés du danger (|ui les menaçait, s'armèrent de pioches et de |)elles pour former une colline artificielle afin de forcer le torrent à prendre une autre direction. Mais les habitants des campagnes craignant ]iour leurs propriétés si le torrent prenait une autre direction, vinrent attaquer les ouvrages des Catanéens, et l'on se battit sur les bords du fleuve de feu avec l'acharucment iju'iiis|)ire un (lan- ger imminent. Les Catanéens furent vaincus, et la lave ajtrès plusieurs jours d'une marche lente et irrésistible, apr^s avoir englouti plus de quatorze bourgs ou villages dont quelques uns comptaient de 3000 à 4000 âmes, arriva aux murs de Ca- tane, hauts de soixante pieds. Kefroidi considérablement depuis son dé[)art, le torrent n'eut pas la force de renverser une si forte muraille, luais il s'accumula à ses pieds jusqu'à 70 LE NATURALISTE CANADIEN ce «ju'atteignaiit sa liiuteur, il déborda dans la ville en cas- cades de feu. Il détruisit toute la partie orientale de la ville et se dirigea vers la mer ou il forma un cap eu comblant le port. Le torrent mesur;iit six lieues dep' is son point de départ, sur 'ine lai-geur de 1680 pieds et une épaisseur de 40. Une rivière qui arro-ait la \ ille disparut sous ré^)aisse couche de lave. La dernière éruption du volcan, est celle de 1830, l'une des plus désastreuses que l'on ait citées, par l'espace cousidé- ble qu'elle envahit. Huit villages très ju^puleux furent dé- truits. De violentes secousses de tremblements de terre, des détonations formidables avaient bien annoncé la catastrophe, mais les habitants, ra-surés par la distance qui les séparait du volcan, étaient restés pai>ibles dans leurs demeures, aussi ne p rta-on-. as à moins de* 20,000 le nombre de ceux qui périrent dans Cette Ciilamité. Ce ne fut qu'au bout de huit jours qu'on put parcourir le terrain envahi dont les constructions fumaient encoe. Mais hommes et choses tout avait disparu sous le courant de feu. C'est à peine si parci parla, ou pouvait recon- naître quelques restes des constructions. No!.s avons ]u: jng- r par nous même des dégâts que peuvent causer ces torrents de lave. Lors [ue nous times l'ascension du Vé-uve en mai 1881. il y avait eu durant la nuit un écoule- ment de lave assez consid/rable du côté du sud. Comme ce cour.mt avait couvert le sentier qu'on suit d'ordinaire en arri- vant près du cratère, notre guide avait cru que, n'étant pas c<»ntinu, nous pourrions le couper jlus haut. Mais nous recon- nûmes bientôt tju'il nous fallait rebrousser chemin pour détour- ner la masse liquide, qu'elle couvrait tout le bord du cratère de ce côté là. Fatigués par l'ascension, nous descendîmes quelque peu et crûmes que nous pouvions couper le courant en marchant sur la croûte en partie refroidie. Le courant, à cet endroit, pouvait avoir une cinquantiiine de pieds de largeur sur une épaisseur de 10 à 20 pouces. Toute sa surface, jusqu'à une assez grande ASCENSION DE l'eTNA. 71 distance en remontant, était de couleur bleuâtre et paraissait assez ferme. Notre guide qui l'essaya le premier nous assura qu'il était suffisamment solide pour nous permettre de le tra- verser sans danger. Nous nous engageâmes à sa suite, mais à peine avions-nous fait quelques pas, qu'eu [tartie suffoqué par la chaleur qui s'échappait sous nos pieds, nous fûmes tenter de renoncer à l'entreprise. Ce qui rendait notre marche encore plus difiicile, c'est que la surface n'était pas partout lisse, mais nous présentait ça et là des dentelles figées qui grésillaient sous nos pieds, et a'i fond desquelles nous trouvions la croûte encore plus chaude et parfois légèrement flexible. Cejiendant notre guide, beaucoup plus pe,:ant que nous, nous précédait toujours et nous assurait qu'on pouvait s'avancer sans crainte. C'est à demi suffoqué par la chaleur, et non sans grand contentement, que nous atteignîmes l'autre bord du courant jiour poursuivre notre ascen.sion jusqu'au bord du cratère. Si nos lecteurs allaient s'imaginer que, {)arveuus au bord du cratère, nous nous trouvons couime sur le bord d'une im- mense chaudière dans laquelle nous voyons bouillonner la lave en ebullition, ils seraient dans l'erreur. Nous nous trouvons bien comme sur le bord d'une imm"nse chaudière, ne mesurant pas moins de 2 milles de circuit, mais la matière remplissant cette chaudière, au lieu d'être en bouillons liquides est figée, solide, si bien que nous descendons sur cette croûte et nous nous y promenons sans danger. Quelques fissures çà et là laissent écha[)per des vapeurs sulfureuses et nous sentons par- fois la croûte sous nos pieds retentir de détonations qui témoi- gnent de l'agitation qui a lieu au-dessous, mais ce sont là choses ordinaires et qui n'indiquent aucun danger. Les bords de ce vaste bassin peuvent avoir de 30 à 40 pieds d'élévation en certains endroits et à peine 15 à 20 en d'autres. C'est dans ce basin, sur cette croûte, que s'élève le cône proprement dit, qui vomit la flamme, et qui mesure 75 pieds d'élévation. Ce n'est pas toutefois de son sommet que s'échappe 72 LE NATURALISTE CANADIEN la fumée, mais d'un'> bouclie ou ouverture à son côté. C'est de cette bonclij que nous avons vu la lave eu ebullition, senihlable à du bronze fondu, déborder la paroi et se répandre sur les flânes de la montiigne. Notre guide nous offrit bien de nous faire faire l'ascension de ce cône terminal, mais sa pente est si rapide et sa montée si difticile que nous ne ntjus sentîmes pas le courage de l'entre- prendre. KNNIJIIS DU POM.MIKll Les deux plus redoutables ennemis du pommier, dans notre localité, sont le ver ronç/eur duponiinier et la Pyrale de la jiomme. Le ])remior, comme Ion sait, est la larve de la Saperde blanche, Saperda daulida. L'insecte avec sa larve est rej^i-esenté sur notre couverture dans le coin de droite, au bas. Cette larve vit de deux à trois ans dans le tronc même des pommiers, y creusant des galeries, qui finissent bientôt par amenei' la mort de l'arbre. Comme on reconnaît facilement la présence de ce ver par ses déjections, on peut avec grand avan- tage l'atteindre avec lo canif, ou le percer d'une broche lorsque la galerie est en ligne droite et pas trop profonde, mais bien que nous en ayons exterminé des centaines de cette manière, il y en a toujours qui nous échappent et poursuivent leui's ravages. On sait que c'est toujours près du sol que l'insecte dépose ses œufs nous n'avons pas éié étonné d'en trouver cette année dans les fouiehes des arbics à 4 et 5 ])ieds du sol, et qui creusaient là leurs galeiies. Oa annonce nne espace de savon, aux Etats-Unis, qui appli- qué sur l'écorce ne permettrait pas à l'insecte d'y déposer ses œufs ou les feiait péiir après leui' éelosion. Nous voulons en faire l'essai le printem])s ])rochain. La Pyrale de la pomme, Carpocapsa pomonella^ est nn tout petit i)apillon qui dépose ses œufs, lui, sur le fruit même, lorsqu'il commence à se développer. Le ver aussitôt éclos pénètre dans la pomme et la ronge jusqu'à sa maturité. Il passe môme de l'une à l'autre, lorsqu'elles sont en contact. C'est à peine, cette année, si, sur nos ])ommiers on pouvait trouver une pomme saine sur dix. 'La chasse à cet ennen\i est encore plus ditïicile que pour le premier, car comment atteindre un tout peut pajjillon qui ne vole encore que le soir ? Aussi on ne voit d'autre moyen Ue res- treindic ses dégâts qu'en cueillant soigneusement les fruits avariés qui tombent sur le sol, pour les brider ou les faire manger par les porcs, afin que les hirves qu'ils contiennent ne puissent pnrvejii/' à matui'ité. LIB îS-'lAç ^T5^4pJ!p-t^^^!î^-.^''i>ai.f5^î ''^^^^<:^-'^^^^bf^f^ogi^,$:^ Vol. XV. Cap Rouge, Q,, NOVEMBRE, 1885. No. 5 Kéilacteur: M. l'Abbi PR()VA\CIILR. PRIMES DU MOIS D'OCTOBRE. NUMEROS GAGNANTS. 1ère. — De Qiu-bec à Jérusulein N° 17 2me. — Cassis Madagascariensis N° 373 îi. B. — La personne ayant l'exemplaire portant l'un ou l'autre de ces numéros écrit en crayon bleu sur la première page, devra réclamer l'objet dans les deux mois de cette date, et envoyer des timbres pour affrancldr le postage. — Voii' sur la couverture. ISTOIUE iNATURELEE ET L'AGRICULTURE La Chambre des Communes, à sa dernière session, avait nommé un comité pour s'enquérir des moyens à prendre pour favoriser davantage les industries agricoles du pays. Ce comité, sous la présidence de M. Gigault, a adressé une série de 22 questions aux personnes jugées le pins en état de donner les renseignements clisrchés, et a nieu^o fait venir devant lui plu- sieurs de ces i^ersonnes. 5 — Xuveiubie 1885. y 6 74 LK NAl'UlîALISTE CANADIEN Environ 1500 copies de ces questions ont été distribuées dans toute la Puissance ; nous ignorons quel nombre a été di- rigé du côté de Québec, toujours est-il qu'aucune n'est [larvenue jusqu'au Cap-Rouge. Le comité, dans son rapport, se basant sur les réponses à ses questions, est d'opinion que " le grand ol)stacle aux progrès de l'agriculture est, en général, le défaut des connaissances agricoles assez complètes. " Nous sommes en tout point d'accord avec le comité. Fils de la routine, pourrions-nous dire, trop longtemps nous avons cru pouvoir nous passer de la science, ])Our tirer notre vie du sol. Mais une triste expérience nous force à y recourir aujour- d'hui, si nous ne voulons pas consommer notre perte. Le comité le proclame hautement. On n'attache pas assez d'im- portance à la rotation des cultures, on néglige trop la culture des racines, on fart du mauvais beurre, on produit du fiomage de qualité inférieure, mais surtout, on laisse tout dévorer, ré- coltes, produits, approvisionnements, par des légions d'infini- ment petits, sans songer même à les combattre, que disons-nous ? sans s'occuper même de les reconnaître ; et tout cela, par ce qu'on manque de la science, des connaissances suffisantes. Nul ne prétend, sans doute-, faire un hotnme de scienc, un savant, de chaque cultivateur ; rnais il est nécessaire (ju'il y en ait quelques uns de ces savants (jui soient con.'îtamment à l'étude et à faire des observations pour éclairer les autres, afin que les connaissances pratiijues les plus utdes puissent se géné- raliser autant que possible. C'est ce qu'a fort bien compris le comité en recommandant la nomination d'un Entomologiste d'Etat. Et le gouvernement, entrant dans ces vues, a déjà fait cette nomination dans la [)ersonne de M. Fletcher, comme ou a pu le voir dans notre dernier numéro. Ce sont sans doute les réponses faites au comité qui ont amené celui-ci à la conclusion que le man(|ue de science était par trop évident, et qu'd fallait y ap[!orter un reuiède. Car l'histoire naturelle et l'agriculture 75 plrsieurs de ceux qui ont comparu devant lui ne se sont pas contentés de laisser voir qu'ils ne savaient ]ms, mais se sont même hasardés à f.iire de la science de mauvais alui. Ainsi en Voici un ([ui dit que: "le cala nd va gvanaria a fuit beaucoup de nuil, surtout aux pois". Quelle est cette calandre que l'on aft'uble ainsi du masculin ? La Calandra granaria de Fabricius est un [)etit charançon qui s'attajue au blé, mais dont on n'a encore jamais que nous sachions constaté la présence en ce pays. On voulait parler sans aucun doute de la Bruche du pois, Bruchus pisi, qui fait parfois des dégâts sérieux dans les pois, eu rongeant tout l'intérieur du grain où elle se tient renfermée. Le même monsieur mentionne " des pucerons de terre ou des jardins", (.^tu'entend-il par cela? Probablement des altises .^ par ce qu'il ajoute (qu'ils dévorent les navets, les radis &c. Il parle aussi" des arpenteurs qui détiuisent les plants degadelliers. Le vert de Paris, ajoute-t-il, est \\n bon moyen de guérir cette maladie de g.idelliers". MM. les ar|)enteurs métamorphosés en maladie, tâchez donc de prendre garie aux pauvres plants de gadelliers lorsque vous ferez vos aipentages. En voici un autre (|ui dit que depuis quelques années on s'est aperçu (pie les éi)inettes-rouges périssaient. "On. dit, ajoute-t-il, qu'un pietit ver cause cjs dégâts; mais son existence a été mise en doute, et la cause demeure encore incertaine ". Mais que ne faisait-il quelques pas dans la forêt, le pre- mier mélèse rencontré lui aurait montré des centaines et des milliers de ces vers et lui aurait du coup enlevé tout doute à cet égard. En somme, toutefois, les réponses faites devant ce comité sont très inténjssantes, et contiennent une foule de r.-nseigne- ments [>récieux dont le gouvernement pourrait bénéficier grande- ment, s'il était bien convaincu de leur importance. Nous voyons avec plaisir que toutes les personnes inter- rogées se sont accordées à recommander la nomination d'un 76 LE NATUUALI&TE CANADIEN entomologiste d'état, chargé de renseigner le public sur le compte des oiseaux ot des insectes utiles ou nuisibles, et d'indiijuer les moyens à adopter pour se protéger contre ces derniers. Pour le bénéfice de nos lecteurs qui n'auraient pas ce rap- port à leur disposition, nous ferons quelques extraits des ré- ponses données. " Quant à la plaie des insectes en agriculture, dit M. Van " Camp, de Bowmanville, Ont., elle entretient les cultivateurs " dans un état de guerre continuelle, depuis le moment où la " gelée laisse le sol au printemps, jus'iu'à eu (qu'elle ap| araisse " de nouveau en automne. Tendant toute cette période, il ne " jouit jamais d'un seul instant de repos. S'il a à cœur de " réussir, il ne peut se donner que le temps nécessaire à ses " repas et à son sommeil, et à part cela, il doit livrer un combat " incessant aux insectes, chacun des produits de sa terre est " exposé à leurs attaques, et sera inévitablement détruit s'il n'y " apporte une attention particulière". M. Fletcher, — celui-là même qui a été appointé comme entomologiste d'Etat, — s'exprime comme suit sur cette môme question. " En évaluant la totalité du produit des fermes en Canada " à .$200,000 A)00 seulement, chiffre aussi bas qu'il est i^ossible " de l'évaluer, je pense que les ravages causés par les insectes " ne peuvent être estimés à moins d'un dixième de ce total ; " c'est à dire à une somme de $20,000,000. M. Fletcher, continue le rap])ort, pense que si l'entomo- logie était mieux connue, les dégâts seraient moins considé- rables. Lps entomologistes paraissent avoir rendu de grands services aux Etats- Uins, et l'appréeiation que le peuple fait de leur valeur est démontrée par les .sommes d'argent considérables que l'on vote annuellement pour les conserver. Il croit que si l'on organisait un bureau d'entouKjlogie, ses résultats feraient plus que payer les dépenses qu'il entraînerait. Comme preuve, il attire l'attention sur le fait que tous les insecticides ont été L'iriTOERE NATURELLE ET T/AGPJCULTURE 77 décni vorf-s par des entomologistes, non pas accidentellement, mais comme ré nltat d'expériences nomUreuses. M, Fletcher insiste foitement sur le fait qne nos insectes les plus nuisibles sont petits et passent près |ue inaperçus, et qu'ils ne causent souvent du tort que par ce que nos cultivateurs ne les regardent pas comme ennemis, et ne font rien, eu conséquence, pour prévenir leurs ravages. Bien souvent, quoii[u'il3 en souffrent beaucoup, ils ne savent à quelle cause attribuer leurs pertes. A cet égard, il aitire l'attention sur la mouche à blé, Hessian ftij, et surtout sur le puceron de la graine de trèfle. Il est d'avis que tous ces insectes pourraient disparaître, si l'on avait l'assistance d'un ofHcier de l'Etat, dont le devoir serait de faire la visite des loca- lités iufestées de ces insectes, et de suggérer les remèdes propres à les détruire. Ou emploie quelquefois contre eux un remède inefficace, et naturellement on ne réussit pas à s'en débarrasser. Il attribue à cette cause le peu de confiance des cultivateurs dans les travaux de l'entomologiste, et soutient qu'un homme ayant fait une élude spéciale des insectes nuisibles, doit être plus en état de les combattre que ceux qui n'en connaissent vien ou ijresqne ri.m. Les cultivateurs emploient souvent le môme remède contre toute espèce d'insectes, sans demander aucun avis, et sans considération aucune de leurs habitudes. Chaque insecte a son caractère particulier ; l'un attacpie la racine, un autre la feuille et l'autre le fruit. L'oa dit qu'en Amérique nous avons en moyenne six insectes qui se nourrissent de chaque plante. Le Dr Lintner, entomologiste de l'Etat de New York, a trouvé que le pommier ne compte pas moins de 176 ennemis. Dans la suite de ses réponses devant le comité, M. Fletcher suggère qu'une certaine somme soit mise à la disposition du sous-Commissaire de l'Agricultuic, pour être distribuée aux diiférentes sociétés d'histoire naturelle des diverses provinces, en leur im[)(»saut l'obligaticui de faire un rapp(n"t, afin de recueillir au Bureau Central, autant de reuseignements que possible sur les ravages des insectes dans les diverses parties de la Puissance. Puis, énumérant ces diver.ses Sociétés, il nomme: la Société /8 LI-: NATUKALlSfE CANADIEN" Eiitomolo^iciue d'Ontaiio do Loudon, la Société tl'TTistoire Na- tur jlle de Toronto, le Club des Natui'alisies d'Ottuwa, la bi'ane;lie de la Société Entomologique d'Ontario établie à Montréal, la Société d'Histoire Naturelle d'Halifax ; pour Québec, il veut bien mentionner notre publication et nos travaux, car Québi-c n'a pas encore de Société il'Histoire Naturelle. Mais pourqrioi n'en aurait-elle pas ? On ré})ond que les éléments nuuKiuent pour une telle pociété. Cependant deux ou trois naturalistes pratiques suJEHsent pour commencer, et (»>nébec les possède ; que les amateurs s'organisent, et ce sera le moyen de faire surgir les éléments nécessaires pour le succès d'une telle société. Nous reviendrons plus tard sur ce sujet. NOTKS L)!'] VOYAGK KN ITALIK KT EiN FIIANUF^. Nous continuons ci-dessous le récit de notre ami M. G. dans ses pérég mations à travers l'Italie et la France. (1) Uriage-les-bains, 30 juin 1885. Mon cher abbé Provanclier, Combien je vous remercie de ne })as oublier l'ami absent. J'ai reçu ces jouj's-ci un journal de Québec, le Courrier du Canada, contenant un article sur votre nouvel Ouvrage (2:, et deux jours plus tard votre ouvrage même, qui me paraît à tous les points de vue, mériter les éloges que lui donne la feuille Canadienne. H serait à désirer que nos ouvrages classi(|ues d'histoire fussent écrit avec autant de concision, de netteté et d'iniérèt que votre eharniant | récis de l'histoire (Ui Canada. Je vous ai écrit de Niiples, je crois. Depuis j'ai encore parcouru bien des lieux intéressants, et suitout j'ai été bien (1) Voir les inunérus o et 1. (2) Histoire du Canada. Premier Cours, A Ttisage de la jeunesse des éeoles, par l'ablie L. Pruvaiieher, Qu bec, I88i. NOTES DE VOYAGE EN ITALIE ET EN FRANCE 79 heiivenx de revoir Eome, où j'ai passé huit jours, pendant les- quels j'ai fait bien des démarches, sans pouvoir obtenir de voir le Saint- Père. C'est un de mes grande T-egrets, car je crains bien d'être longtemps sans revoir Home, si même j'y retourne jamais. En quittant Rome, j'ai passé par Livourne, Pise, Gênes, i\ronaco, Nice, Cannes et Toulon, ni'arrêtant un jonr ou quel- ques heures dans chaque \ il!e présentant quelque intérêt. Enfin je suis à Uriage depuis une douzaine de jours. Ses eaux m'ont fait beaucoup de bien l'an dernier, et j'en passais si près en revenant d'Italie, que je n'ai pas résisté au désir de m'y arrêter quelque temps. Je nortais de l'jétablissemeut des bains, le lendemain de mon arrivée ici, quand je fus abordé par une jeune dame qui me dit : " bonjour M. G." Son voile et mes mauvais yeux m'avaient empêché de la reconnaître ; c'était Madame Larcher, de Beaune, notre ancienne compagne de voyage en Orient. Elle était arrivée la veille, quelques heures après moi. Nous nous voyons chaque jour et faisons ensemble de longues promenades dans les environs. lautiK' de noter que le souvenir des amis communs absents est souvent évoqué. M. Larcher doit venir la rejoiudre un peu plus tard. Les vallées qui avoisinent Uriage sont fraiches, garnies de beaux omijrages, et l'eau abonde de tous les côtés. Nous som- mes au pied des Alpes, qui, daus cette contrée, sont en grande partie boisées et n'offrent pas l'aspect désolé qu'ont les hautes Alpes placées plus loin. Uriage est à 12 kilomètres (1) de Grenoble, et à 86 kilo- mètres de la Grande-Chartreuse. La montagne de la Salette n'en est éloignée que de 50 kilomètres. J'ai visité la Graude- Chartreuse et la Salette dans mes précédents voyages à Uriage, je ne jiourrai m'y rendre cette année étant depuis trop longtemps loin do ma famille et hors de clu'z moi. {l ) Trois lit ues. 80 LK NATURALISTE CANADIEN J'ai eu le plaisir rie rencontrer à Uritige bon nombre des me;Mbres de nos conférences de St-Vinceut de Taul, avec les- quels la connaissance a été bientôt faite. J'ai trouvé en eux d'aimables compagnons d'excursions. (1) A propos des conférences de St-Vincent de T'aul, je suis allé rendre visite à Home, au président du Conseil des confé- rences de cette ville, le liévérend Père Alfieri, qui est en même temps supérieur des frères de St-Jean-de-Dieu. Ses occupa- tions et son grand âge — il a 78 ans — ne l'empêchent pas de déployer une grande activité pour nos œuvres, lia été bien bon et bien aimable pour moi. J'ai peu sorti de Home pendant les quelques jours que j'y ai passés, j'ai cependant fiiit deux petites excursions géologiques, l'une an Monte Mario et l'autre dans la plaine entre la route d'Albano et la voie Aj)pienne, là se trouvent plusieurs coulées de lave descendues des monts Al bins dans les temps préhis- toriques. Ces anciens volcans, ou plutôt leurs cratères éteints sont aujourd'hui transformés en lacs charmants, tels que les lacs d'Albano et de Nemi, entourés de beaux ombrages' et de mer- veilleuses villas. Ces coulées de lave sont exploitées ; on en tire les pavés nécessaires aux rues de Home et à celles des villes environnantes. J'ai visité aussi n Rome les galeries géologiques et minéralogiques du collège de la Sapienza, où j'ai vu une belle collection des roches de la campagne de Home et aussi des fossiles qui les caractérisent. Mais j'oublie que je suis un oisif s'adressant à une personne bien occupée, à laquelle je fais perdre un temps précieux (1) Xotrt' iuui, M. G., ajoute à pa qualité de lion clirétien, celle d'être 1111 memlire des jilns actif- de la Société St-Viiieent de Paul. Dims elia- ([ue ville d'Orient (jne nous avons visitée, .'on [premier soin était de -'in- former .s'il n'y avait pas de conférences de St-Viiieent de Paul, ponr s'eiii- pre ser d'en rencontrer les membres au pins tôt, et .s'en juérir du zèle qu'on apportai! à la bonne œuvre et des résultat-; qu'on en obtenait. C'est ainsi qu'il eu ixgh à .Jéni-alem, Bethléem, Nazareth, Beyroulii, etc. "UNE GRAMMAir.-E ORIGINALE 81 par mon bavardnge, excusez-moi et croyez à mes sentiments bien affectueux et bien dévoués, G. G. P. S, — Mad. Larcher me charge de vous offrir ses meilleure souvenirs et veut espérer comme moi que vous reviendrez quel- que bon jour en Purope, et que nous vous verrous encoie au moins pendant quelque jours. UNE GRAMMAlii!^ ORiGINALl^. Il semble qu'en examinant ce qui se passe autour de nons, ce serait un paiti pris de tout refaire et tout remodeler. Le neuf est à l'ordre du jour, et les anciennes voies n'inspirent plus que le mépris. Un facétieux entrant dans l'esprit du temps, a ima- giné une grammaire d'un genre tout-à-fait nouveau, et que per- sonne certainement n'accusera de suivre la routine. On y trouve, dit-on, les définitions suivantes : La Grammaive est la nourrice du langage. Elle a dix enfants : Le Xom, e.timable propriétaire ; L'Arlide, son courrier, qui le précède et l'annonce; Le Pronom, son lieutenant ; L'Adjectif, son laquais. Il porte la livrée du yom et s'habille selon ses caprices ; Le Verhe, monarque qui règne sur ses frères et les soumet à toutes ses volontés. Les autres ne se montrent jamais sans lui, présent ou caché ; Le Participe, amphibie, moitié verbe moitié adjectif; L'Adcerhe, espèce de factotum au service de V Adjectif, du Verhe, ou même de ses pareils; L^ Préposition, notaire qui établit les rapjorts entre deux de ses frères ; 82 LE NATURALISTE CANADIEN* La Conjonction ou Amour, qui les unit. Kt Vlnterjeclion qui souvent les remplace tous à la fois. Une telle srainmaire aura sans doute un Siiccès colossal !.... JNECROLOfill:: Une lettre de l'un de nos amis de Fiance nous a]iprend la mort de M. l'abbé Duply, arrivée le 23 septembre dernier, à sa résidence à Lecloure (Gers). Nos rapports avec le savant abbé n'étaient que de date assez récente, ils suttisaient cependant à donner la confîrniation à cet éloge que fait de lui notre corres- pondant : " La mort du pieux abbé est une [lerte bien regretta- ble pour la science et pour tous ceux qui l'ont connu, car le connaiire c'était l'aimer et le vénérer." L'abbé Dupny s'était fait une si^écialité de l'étude des mol- lusques terrestres et ti iviutiles. Il a publié sur ceux de la Fiance des ouvrages bautement api)réciés. Képondant à un en- voi que nous lui avions f lit en mai dernier, il nous disait : " Parmi les coiuilles (pie vous m'avez envoyées, il s'en est; trouvé quatre que je n'avais j)as dans ma collection. Quand vous aurez collecté pendant 40 ans, vous juger'^z de ma joie à la vue de ces nouvelles acîpiisitions." Ces seules paroles déno- tent tout le zèle et l'affection que ce savant vouait a ses études de prédilection. UN NOUVEAU MOLLUSQUE \ QI^EBEC. Les concbyliogiste sont rares dans notre Province, et dans cette bi'ancbe des sciences, comme dans la ])lupart des autres parties de l'histoire naturelle, les découvertes sont, la plupart du temps, dues à des étrangers de j'assnge sur notre territoire. Les sciences naturelles sont bien trop néglig-'cs parmi UN NOUVEAU MOLLUSQUE A QUKBEC bo nous. Les savants étrangers s'exclament souvent de joie devant les choses rares qui frappent ici leurs regards, et nous, nous les foulons tous les jours de nos pieds, sans les remarquer. Notre jeune concliyliologiste, M, F. li. Latclifoi'.i, d'Ottawa, étant de passage à Québec l'été dernier, y fit la découverte de V Helix cantlana, Montagu, espèce européenne (ju'on n'avtiit encore jamais signalée sur notre continent. Voici comment il raconte sa découverte dans V American Xaturuli'^t de Phila- delphie. jNIontant les degi'és qui conduisent de la terrasse Fi'on- tenac à la citadelle, je m'étais iurété sur un palier pour m'y re- poser un instant, à environ 30 ].ieds du sommet des glacis. De cet endroit, un sentier, battu seulement par les chèvres et les gamins de Québec, s'étend siir l'étroite bande de rocher montant jusqu'à la citadt-lle, entre l'escalier et le bord du ca]) qui iles- cend presque perpendiculairement jusqu'à la rue Cham|)!ain, d'une hauteur d'environ 400 piclsi Ayant remarqué une pi-tite hélice sur des h.',rbes, je me hasardai, non sans quelque crainte de faire une chute en bis du Cap, à passer sous la gaide de l'es- calier et à mettre le ])ied sur le roc, pour aller la cueillir. C'était VHelix rafesceiifi, Pennant, qui était là eu (|uantité avec la Liinax agresfis, sur la racine et les branches des herbes <'tos- sière? qui croissent sur ce roc. Je trouvai parmi ces coquilles un spécimen de plus forte dimension, que je snp[)osai être V Helix Jiortensis, Lin. non encore parvenue à maturité. (1) Vis- à-vis l'endroit où tomba Montgomery, je trouv.ii cette dernière hélice en abondance, formant des grappes sur les branches des hiutes herbes. J'étais bien un p;ni étonné de ne pas rencontrer sur le nombre des spécimens en parfaite maturitc', mais ne sou[)- çonnant pas que ce pût être une autre espèce, je me contentai d'en prendre une douzaine, bien t[u'il eut été facîile d'en recueillir des centaines, et revenant sur mes pas, je ne m'occupai plus de nui cueillette que lorsque je fi'.s revenu à Ottawa. (1) Xous ne sachons pas qu'on ait jamais rencontré V Helix luivtensis à Québec, bie.i qu'on aii signalé f;a présence à l'île d'Auticotti. 84 Î.K WTrUAM^TR CANMUFX Ell jn-iYîiî'iii^t VIL'Ii.r rufi'sce^is pom- los colloctionp, je ne fus pas peu étonné de ivconnaîLie que ce que j'avais [)ris pour tie jeinifS liélieos des jardins, n'étaient lieu autre chose que Vllclix ciditiKua, Moulagii, ce dmit je ui'assur.ii eu comparant mes sspéciuiens avec d'autres tpie j'avais reçus de M. Hey, d'York, Angleteire, et avec les figures et la description données par JeMivys. Mes spécimens sont un peu plus petits et manquent des lignes conceiuriqaes rousses sur les tours de spire, mais ]iortent des lèvres rousses el tous les autres caractères de l'es- pèce européenne. ^1. Initchtord a décrit si minutieusenu'ut I'tudroit où il a fait sa trouvaille, (pie le premier venu peut aller en chercher d'autres spécimens. Nul doute que ce niolluqne européen aura été importé avec des légumes qu'on consuniait à la citadelle et dont ou aura jeté des déchets les contenant dans la ileclivité du Cap, où il se sont développés. DIFFISION l)i:;s ANIMAUX (Québec, 5 Novembre 18S5.. Monsieur le Tîô lacteur. Vous avez tant de t'ois recommandé l'oliservation de tout ce qui tVappait nos i-egards. que vous ne vous oîtensere/ pas, j'ose le croire, des questions que je nie peruieis devons adresser ici. Il entre assez dans mes halùtudes. comme d'ailleurs la chose est très naturelle, de me demander compte de la manière d'opérei- de la nature, chaque t'ois que je la surprends à l'œuvre. Mais je vous avoue nue souvent il m'arrive de terminer mes es sur la giève. C'étaient le.s valve;, de celles qu' on appelle Muletfes on huîties d'eau douce. Mais d'où viennent ces coquille-, me dis-je? Sans aucun doute de- eaux du lac. Et en ettet, fjud'jues minutes plus taid, j'en vis, comme l'eau était limpide, de tout vivantes, traçant leui's si Ions dans la vase du fond. Mais d'où viennent celles-ci, poui-suivis- je à m'inteiTOger? Elles n'ont jia monter du fleuve ici, car bien que la distance ne soit 2)as grande, quelques arpents seulement, la dittéience de niveau jiroduit unu chute d'une centaine de pieds, taillée dans le loe vif, dans la dédiai ge du lac. Or les Mulettes sont essientiellement aquatiques, elles ne peuvent vivre hoi-s de l'eau, elles n'ont dofic ])U laisser l'élément liquide et faiiele trajet sur terre. l)'un autre côté, elles ne possédant jms la faculté, comme les mollusques ten-esties, de s'attacher aux corps, i-oeheis ou arbres, pour en faire ra.-ccnsion en raniji^ant, elles n'ont pu escalader la chute dans le tilei d'eau. Comment peuvent-elles donc se trouver ici ? Et les ]> ois-ons eux-mêmes, comment nV trouvent-ils/ Il faut donc que dans les temps préhistoriques, lois des derniers boulevej-sements qui ont donné au sol sa conforma- tion actuelle, ou peut-être lors du déluge universel, ces animaux aquatiques se soient trouvés dans ces nappes d'eau qui se sont ti'ouvées séparées du reste, isolées ça et là sur les hauteuis? Je ne vois d'autre solution à la difficulté que celle-ci. Que vous en semljJe? Quelques mots d'explication de votre part me feront graniement plaisir, et pourront intéressCi- bon nombre d'auties qui, conjuic moi, n'en savent pao plus long. M. P. L. 8G LE NATU.îALISTE CANADIEN Il nous fiiit tdujonis j'iaisiv de recevoir fies questions se ra]il)ort;uit à qnt'lque sujet d'histoire naturelle ; notre attention est souvent, par ce moyeu, attirée sur des sujets qu'il ne nous était pas venu dans l'idée de traiter, et de fournir ainsi à ]ilu- sieurs, des rensi'iguenients ([ue nous ne soupçonnions jas même n'cessaires de donner. Quant à la question de la présence des poissons et des mol- liiscjues dans des pièces d'eau isolées et souvent à de grandes hauteurs, nous ])ensnns qu'il est fort probable (pie la présence de ces animaux en ces lieux puisse remonter au déluge ou à quelque cataclysme antérieur, mais il est aussi un autre mode de diftusiou de ces animaux, qu'on a pu constater assez sou- vent et qui fournit une explication bien simple et bien natu- relle ; c'est au moyen des oiseaux aquatiques. On sait que les canards, plongeons, sarcelles, etc., se nourrissent presque exclusivement de petits animaux aquati- ques. Or il airive souvent qu'en marcli:uit sur les vases des grèves, à la recherche de leur nourriture, de petits mollusques, comme de jeunes JMulettes, ou même des œufs, s'attachent à leurs pattes ou môme à leurs plumes. Enlevés par eux dans leur vol, ils sont ainsi transportés à travers les airs et 'déposés dans les pièces d'eau, souvent à de grandes distances, où ces oiseaux vont s'abattre. Si ces œufs ou petits mollusques trou- vent l.i les conditions convenables à leur développement, ils ne manquent pas de s'y acclimater et de s'y multiplier. Voilà comment il se fait qu'on retrouve souvent des mollusques de jiiênie espèce dans des lacs séparés et à de très grandes distances les uns des autres. On sait aussi que grand nombre de graines de plantes passent souvent par le canal digestif de certains animaux sans perdre leur faculté germinative. Or il n'est pas improbable que de petits mollusques avalés par des oiseaux i)uissent ainsi conserver leur vie jusqu'au moment où ils seront déposés sur des plages distantes du lieu où ils étaient gisants, pour s'y reproduire et s'y multij^^dier. ASPOCIATinX AMERICAINE 87 Xons ne voyons ])oint d'anti'e solution satisfaisante à la question posée par notre intelligent correspondant. Frimes. — Xous avons déjà fait connaître, dans notre pre- mier numéro, la publication aiuérioaine TUiniit^ frum Nature, publiée à Hiitlaml, Vt., et dont le prix d'abonnenieni n'est ([ue de 50 cts par année. Dans le but d'augmenter sa circulation, ce journal offre à ses souscripteurs des primes tout-a-fait appé- tissantes. Voici ([uel est sou plan. Voulant s'assurer au moins 1000 souscri])teurs ])our le coniuiencenient de la nouvelle année, le propriétaire a choisi lOoO cadeaux à êire distribués aux premiers lOUO souscrip- teurs qui premlront ou renouvelleront un ab)nneninit. Les ca- deaux sont numérotés consécutivement et un double de cliaMue numéro est renfermé dans une petite envelo[)pe qui sont toutes remuées et boulev^ersées de minière a ce (pi'ou en puisse recou- naitre aucune. A clia(|ue abonnement cjui arri\-e, une enveloppe est tirée au hasard, et le numéro qu'elle renferme indicpie le cadeau qui échoit au nouveau souscripteur et qui lui est aussi- tôt expédié par la malle. Les cadeaux se réi)ai'tissent parmi les objets qui suivent : Microscopes composés, $6 00 chaque; Miscroscopes pour dissec- sions S2.75 ; Microscopes de jioche $2 ; L')U[)es de 30 cts à $1 ; Miscroscopes pour collecteurs 75 cts; Instruments d'op;ique et curiosités ; drilles, chaUimeaux, instruments ])our taxider- mistes ; livres scieutilî>|ucs, de littérature, de poésie, diction- naires etc. etc. ; minéraux rares et ])ré(!ieux ; curiosit's; boîtes de [lapeterie; papeterie pour naturalistes; gravures, albums, etc., etc. Sadre.sser à H. M. Downs, Kutland, Vermont. Association ain^-rieaine pour l'avancement de la Science C'est à Ann Arbor, Michigan, (pie s'est tenue cette année la ses^iion de cette Association, qui s'est ouverte le 2G 88 m NAXri'wVLlSTK CANADIEN août et teriiiinéc le ler se])tembi'e. L(; congrès }»artiigé en cinq sections, savoir: Géologie, Biologie, Histologie et Àlicroscoiàe, Anthropologie, Géologie et Géogra[)liie, a vu les séances de cliaiiue section snivies par un grand nombre d'auditeurs, et a reçu et nient onné un grand nombre de mémoires de ditïérents membres. On a choisi pour lieu de réunion pour l'an prochain, la ville de Buffalo, N. Y. et fait l'électiou des officiers suivants pour cette session. Président E, S, Morse, de Salem, Mass. Vice-Piésiden'.s : ]\Iaihématiques et Astronomie— F. W. Gibbs, Xew Haven, Conn. Physique — C. F. Brackott, Princeton, N. J. Chimie— H. W. Wiley, Washington, D. C. Mécanique— 0. Chauute, Kansas-City, Missouri. Géologie et Géographie — T. C. Chamberlin, Washington, D. C. Biologie — H. P. Bawoditch, Boston, Mass. Anthropologie — H. Haie, Clinton, Ont. Economie et Statistiques- J. Cummings, Evanston, Ills. Secrétaire Permanent — S. W, Putnam, Cambriilge, Mass. Secrétaire Général — S. G. Williams, Ithaca, N. Y. Trésorier— Will. Silly, Mauch Chunk, Pa. Catalogue des Unios. — L'Académie des Sciences de D(S-Moines, vient de publieV son premier bulletin, dans lequel M. E. Call donne le Catalogne géographique des Unios (Mulettes) de la Vallée du Mississipi. Vieux Serin. — Le ]irofesseur Whiteside a })résenté aux Woodtvard'f:! Gardens un Serin âgé de 34 ans. Il est aveugle, très faible et ne chante plus. Four demandes et uljrefi, voir à la cuuvcrtdio. Vol. XV. Cap Rouge, Q., DÉCEMBRE, 1885. No. 6 KCilacleur: M. l'Abbô PIIOVANCIILR. PRIMIS Octobre Le numéro gagnant 17 est ëchu à M. J. 0, Cassegrain, Professeur à l'Ecole Normale Jaccines-Cartier, Montréal. Le N° 373 n'a pas encore été réclamé. NOVEMIUIE Numéros gagnants : 1ère. — Faune Entomologique, Coléoptères N" 233 2me. — Un chapelet nacre, non monté N° 240 N. B. — La personue ajant l'exemplaire portant l'un ou l'autre de ces numéros écrit en crayon bleu sur la première page, devra réclamer l'objet dans les deux mois do celte date, et envoyer des timbres pour affranchir le postage. — Voir siw la couverture. L'HISTOIRE NATURRLLl': ET L'AGRICULTURE. Nous avons mentionné, dans notre dernica- numéro, quelques unes des réponses données devant le comité do. la Chambre des Communes, chargé de s'éclairer sur l'opportunité de fonder à Ottawa un Bureau central d'Agriculture pour toute la Puissance. Nous avons dit que toutes les personnes entendues s'étaient accordées à recommander la formation d'un tel Bureau. 90 .LE NATURALISTE CANADIEN C'est avec empressement que nous joignons notre suffrage à celui de ces personnes éclairées ; car l'établissement d'un te' Bureau répondrait à une double fin : 1° de fiiire mieux con- naître notre l'ays et les ressources qu'il peut offrir pour la sus- tentation matérielle de ses habitants; 2° la culture de l'intelli- gence, de la pensée, de l'homme en un mot, pour agir plus effi- cacement sur le progrès de la civilisation. Sans doute il faut avant tout le pain matériel, car avant d'améliorer son existence, il faut la posséder et l'assurer cette existence. Mais comme la divine Providence nous a faits des êtres essentiellement sociables, l'homme, pour être heureux, pour répondre à sa fin, doit aussitôt ajouter au pain matériel, le pain de l'intelligence. L'homme, sous ce point -de vue est, pour ainsi dire, un être collectif, ce n'est que la partie d'un tout. Les sociétés sont des chefs dont les individus ne sont que les membres ; et pour que le chef soit fort, puissant, prospère, il faut que chaque membre accomplisse, dans le travail commun^ la partie qui lui est dévolue. Si les bras creusent le sol pour en tirer de brutes matériaux, l'intelligence pénétrera la nature intime de ces masses et indiquera les moyens d'en tirer les ])lus utiles api'lications. On peut considérer avec raison, la société humaine entière comme un vaste uiécanisme, dont les bras sont les divers rouages, et dont l'iutelligence éclairée pur la science coustitue la vapeur, la puissance qui met le tout mouvement. L'étude de la science pure est bien la plus noble occupa- tion que puisse embrasser l'intelligence de l'homme. Mais comme il faut vivre avant tout, il faut descendre des hautes S[Jières de la théorie scientifique, aux applications matérielles de la vie prati(iue. Or, c'est surtout dans ces Bureaux soutenus par les gouvernements, qn'on trouve réunies ces deux condi^ tions essentielles de progrès : la théorie scientifique et l'app-lica- tiou niiitérielle. Et. c'efstune obligation pour les gotivenuMuents de répondre à ce besoin ; car si l'initiative privée peut souvent obtenir de gvujids et pruHt.ibleo n'sulLats, il est une foule de cas l'histoire naturelle et l'agriculture 91 où ses ressources ne peuvent suffire, comme, par exemple, dans l'étude de la géologie, lorsqu'il faut faire des fouilles considé- rables pour la recherche des fossiles, dans les relevés géodé- siques sur de grandes étendues, dans les dragages sous mer à de grandes profondeurs, dans la tenue des laboratoires, des mu- sées, la conservation des collections &c., &c. Mais, dira-t-on, est-ce que nos collèges ne répondent pas à ce besoin ? Sans hésitation aucune, nous répondons : non ! Les col- lèges donnent la clef pour l'étude des sciences, mais ne peuvent poursuivre ces études mêmes. A-t-on jamais vu des chimistes, des astronomes, des géologues, des naturalistes sortir des col- lèges ? Xon, jamais ! On a bien vu des jeunes gens laisser ces institutions avec la clef de ces hautes sciences, de l'aptitude à les poursuivre ; mais ce n'était toujours qua le prélude, que l'entrée en matière d'une exploration qui ne pouvait se faire que plus tard. Et si l'on descend à l'application, c'est là surtout, dans nos collèges, que l'on se heurte contre l'impossible, car ce n'est ni le temps ni le lieu de la trouver là Nous avons tout lieu de croire que le gouvernement fédé- ral, qui a déjà fait la nomination d'un Entomologiste d'Etat, va poursuivre son plan et compléter son Bureau central d'Agricul- ture. Car que pourrait faire un seul homme pour répondre à des besoins aussi multiples et aussi variés que ceux que peuvent faire naître des climats aussi divers, des différences de sol si considé- rables, des cultures si différentes, que celles que pei.t embrasser la distance entre Halifax et Victoria, entre la lîaie d'Hudson et le lac Erié ? D'ailleurs un seul liomme ne peut tout savoir, et il ne s'agit pas seulement de prêter attention à l'Entomologie pour réussir en agriculture, les plantes nuisibles, les végétaux para- sites, y ont, pour le moins, une aussi large part. 11 fiiut donc joindre le botaniste à l'entomologiste dans un tel bureau. Sans doute qu'il appartiendrait au, gouvernement de cha- que Province de pourvoir avant tout à ce besoin, d'apporter à 92 LE NATURALISTE CANADIEÎÏ son agriculture cet ap]ioint si nécessah'e pour son succès ; mais les mesures particulières ijui peuvent ainsi être prises, ne peu- vent exonérer le gouvernement fédéral de pourvoir au bien général de toute la confédération. Voici, d'après nous, qu'elle devrait être l'organisation générale. Chaque Province devrait avoir son entomologiste provin- cial, chargé de veiller plus spécialement aux besoins de son territoiie particulier ; et ces entomologistes provinciaux devraient former un conseil ayant pour tête l'Entomologiste fédéral à Ottawa, pour se communiiiuer leurs observations, discuter leurs opinions scientifiques, et adopter des mesures pratiques, pour toute la Puissance. Ce Conseil pourrait siéger deux fois par an, une semaine ou deux, et présenter chaque année, un rappoit commun à la législature fédérale, qui en ferait publier les conclusions pratiques pour les disséminer dans toute la Puissance. On formerait à Ottawa un musée général, et cha- que entomologiste provincial apportant à ce musée des spéci- mens et échantillons de sa province, insectes, végétaux, ])lantes cultivées, nuisibles, préparations microscopiciues, etc., etc., ou aurait là bientôt une source féconde de renseignements, où, de toutes les parties de la Puissance, chacun po .rrait aller puiser pour son propre bénéfice. Et quel intérêt ne présenterait pas au visiteur, au savant, à l'homme des chanqis même, cette réunion des ]>roduits du sol, de toutes les parties de notre vaste territoire ! Les insectes de Vancouver à coté de ceux d'Ontaiio, les céiéales du Mani- toba à côté de celles de Québec, etc., etc. ! Une heure d'inspec- tion dans ce musée en dirait plus à l'étranger, que la lecture des volumes et rapports les mieux élaborés. Mais, dira-t-on, ce sont 1}\ de belles théories ; et le moyen de les appliquer?... Les dépenses d'un tel Bureau seraient énormes ! A cela nous répondrons que J'agricultme étant le ['remier l'histoire naturelle et l'agriculture 93 appoint de prospérité pour tout état, il ne faut pas reculer de- vant les dépenses qu'entraîne la protection t|u'on doit lui accor- der. D'ailleurs qv.ielques centaines de piastres pour chaque Province et quelques milliers pour la confédération ne sont pas chose si: extraordinaire pour qu'on puisse reculer devant une mesure aussi avantageuse. Qu'on abolisse ces sinécures que les sangsues du pouvoir arrachent à la bienveillance de nos gouvernants, qu'on cesse ces enquêtes si dispendieuses, pour lesquelles on remue toute une province, et dont on ne fait ]ias même de rapport ; qu'on fasse disparaître ce chantage qui me- nace de devenir d'usage reçu dans les entreprises publiques; et avec ces seules économies, on aura suffisamment et de reste pour pourvoir aux exigences de la science pour notre prospérité générale. La Puissance n'est pas sans doute ni si populeuse, ni si riche, ni si avancée que la Confédération Américaine ; mais sait-on ce que coûte là le Bureau Central d'Agriculture, qui n'a pourtant pas une organisation aussi parfaite que celle dont nous venons de tracer le plan/ Tout près de S300,000 par année ! Et quand bien même chaque Province mettrait pour cette fin $800 à $yO0, et le gouvernement fédéral $20,000 à $25,000, serait-ce extraordinaire ? au dessus de nos ressources ? iS'on, sans doute ; mais ce qui arrêtera toujours de semblables mesures, c'est, disons-le sans crainte, le manque de connais- sances suffisantes de la pan de nos gouvernants ! Fouiller le sol, y jt^er le grain, et le récolter ensuite à la moisson, se fait tous Its jours par les gens les plus ignares, et l'on croit que l'aiipoint de la science- n'est pas nécessaire ])Our le succès en agriculture. Comme si le corps malade auquel peut être comparé un sol épuisé, ne requérait pas les connaissances spéciales d'un méde- cin ? comme si les attaques d'ennemis ne mettaient pas dans la nécessité d'apprendre les moyens de se défendre ? comme si le progrès de la civilisation ne faisait pas naître tous les jours des besoins nouveaux requérant le secours de connaissances nou- velles ! 94 LE NATUIÎAUSTE CANADIEN Toutes les personnes entendues devant le comité se sont accordées pour demander rétablissement d'un tel Bureau. ]iro- clamant que les dépenses qu'il entraînerait seraient amplement compensées par les profits qu'on en retireraient. Qu'on se mette sérieusement à l'œuvre, et l'on reconnaîtra bientôt la justesse de vue de ces personnes intelligentes. SUR LA FI'XOKDATION l)i:S CYPIMPI'DKS Tar M. J. A. Guigxard, d'Ottawa. La publication, en 18G2, du remarquable traité de Charles Darwin " Sur la Fécondation des Orchidées par les Insectes et sur les bons effets du croisement," eut l'effet naturel de diriger l'attention de quelques naturalistes américains sur les Orchidées indigènes de ce continent. On ne pouvait qu'attendre de nou- velles découvertes dans ce nouveau champ qui, bien que com- parativement peu riche en représentants de cette nombreuse famille de plantes, possède cependant plusieurs espèces et même plusieurs genres particuliers. La même année, dans " The American Journal of Science and Arts," tout en portant son jugement sur l'ouvrage de Darwin, le professeur Asa Gray, de Cambridge, Massachusetts, donnait les résultats de l'examen soigneux qu'il avait fait d'une vingtaine d'Orchidées de l'Amérique du Nord. Il parut aussi en 18G2 et 18G3 dans " Proceedings of the Boston Society of Natural History," deux intéressants articles, l'un par le docteur S, H. Scudder, sur la Fogonia, l'autre par le professeur S. T. Smith sur un Cypripède et une Hahenaria. Je n'avais pas encore eu l'avantage de voir ces articles, lorsque je fis les quelques observations que j'ai racontées dans " Le Naturaliste Canadien " de juillet et sei^tembre 1882, et qui SUR LA FÉCOXDATIOX DT:S CYPHIPÊDES 95 m'avaient fait comi)rcndre le vvai mode de fécondation des Cyiiripèdes, bien différent de la théorie avancée sur ce sujet par Darwin. Les insectes, supposait-il, devaient insérer leur trompe dans le tablier de la fleur par l'une des petites ouver- tures latérales postérieures ; la tiompe, en rencoulrant l'anthère au dessus de cette ouverture, se serait chargée de pollen pour le porter plus loin au stif^mate de la même fleur, et ensuite à celui d'une autre, dans les efforts de l'insecte ])Our lécher le li(|uide mielleux qui humecte les poils sur le fond du tablier sous la colonne. Le professeur Gray fut le premier à suggérer la vraie ma- nière d'opérer des insectes : " Une étude attentive, disait-il, de la disposition des parties de la fleur dans le Cypripediuin spec- tabile, nous a convaincu que le transport du pollen se fait par des insectes, tels que des mouches, qui pénètrent eux-mêmes dans la fleur. Ils peuvent cnti'er par une ouverture latérale, et ainsi, en passant sous l'anthère, se charger de pollen le dessus de la tête dont ils frotteraient ensuite le stigmate, puis- qu'ils doivent passer au dessous pour atteindre le nectar des poils qui s'y trouvent; puis, en s'éehappant par l'ouverture sous l'autre anthère, ils emporteraient de son pollen à la fleur sui- vante qu'ils visiteraient. Mais, bien que nous n'ayons pu prendre des insectes sur le fait, nrnis concluons avec assurance, de traces qu'ils ont laissées et de faits divers que nous ne pou- vons énumérer ici, qu'ils entrent d'ordinaire par l'ouverture antérieure (même dans le C. acaufe), qu'ils se glissent sous la large surface stigmatique, tandis (pi'ils se repaissent du nectar; ils ne peuvent guère manquer alors de frotter de la tête et du dos contre le stigmate, et ils vont sortir par l'une des ouvertures latérales qu'ils aperçoivent maintenant devant eux. Presque inévitablement ils emporteront en sortant, du pollen sur la tête ou l'épaule et en iront imprégner le stigmate d'une autre fleur." (Novembre 1862). Le 4 juillet suivant le professeur S. T. Smith faisait les 96 LE NATURALISTE CANADIEN observations suivantes' à Norway, ]\Iaine: " Quelques fleurs de CiiiJvvpedi'mn spectahile étaient presque couvertes par une infinité de tout petits coléoptères, attirés a'pparement par le liquide mielleux des longs poils du tablier; ces insectes voya- geaient en tous sens sur les fleurs ; l'un d'eux passa de l'un des pétales latéraux sur la colonne, puis sur l'une des anthères non sans difficulté, et de là sur le stigmate. Ceci fut répété par trois ou quatre individus différents. J'en vis deux seulement arriver au vol sur les fleurs, l'un entra dans le tablier sans toucher l'anthère ni le stigmate, le second passa sur l'une et l'autre. " Presque tous ceux de ces coléoptères que j'examinai à la loupe, portaient fixées à quelque partie du corps de petites masses de pollen ; et bon nombre, pour cette raison, pouvaient à peine marcher. La plupart des fleurs où j(i trouvai ces insectes avaient eu leur stigmate pollinisé, et une forte loupe y faisait voir des parcelles de pollen parmi les papilles aiguës dont le stigmate est hérisé. " Sur un grand nombre de fleurs provenant de différentes localités, presque touies avaient eu du pollen transporté par toutes petites parcelles de l'anthère au stigmate ; mais dans deux ou trois cas, le pollen avait été enlevé en une seule masse comme par quelque gros insecte." Le professeur Smith a eu la complaisance de m'envoyer un des coléoptères qu'il avait ainsi observés il y a~déjà vingt-deux ans sur le C. spectahile, et dont le nom n'avait pas été reconnu jusqu'àcetteannée-ci, et est donc publié ici pour la première fois. C'est un AntJiobiinnconuexum et, l'aïuiée dernière, M. J. Flet- cher a de nouveau remarqué près d'Ottawa trois individus du aicme insecte sur le même Cypripède. Les observations du professeur Smith sont d'un intérêt tout spécial en ce qu'elles ont sans doute éié les ]iremière faites sur ce continent, de la fécondation d'une Orchidée. De plus elle justifient paifaitement la première supposition qu'expri- SUR LA FÉCONDATION DES CYPRIPEDES 97 niait le professeur Gray, Toutefois, ce n'était ainsi que l'auto- fécondation, ou fécondation \)iiv le pollen de la même fleur, qui résnltiit des visites de ces petits insectes ; taudis que la dispo- sition de la Heur a évidemment pour but d'assiirer le transport du pollen d'une fleur au stigmate d'une autre. Pour cela il faut un insecte plus gros qui, ayant pénétré à l'avant du tablier, ne puisse passer sous la colonne et sortir à l'arrière sans frotter du dos d'abord le stigmate et puis l'anthère. C'est sans nul doute ce qui avait eu lieu dans les deux ou trois cas rapportés par le professeur Smith où une masse considérable de pollen avait été enlevée à la fois. Les vues du professeur Gray furent enfin, en 18 8, con- firmées de point en point par le docteur allemand Hermann LliiUer. Le 16 mai, il trouva une A^idi'eiia pTuteri sis ? dans une Heur de C. calceolus, espèce ] presque en tous points con- forme au C. 2^i('bescens, mais à tablier moins jaune. L'insecte, après beaucoup d'efforts, réussit à s'échapper par la petite ouver- ture de gauche à la base de la fleur, mais emportant sur son é[»aule droite une bonne partie du pollen. Dans la suite, le docteur Millier a vu opérer la pollinisation par des femelles d'Andrèues appartenant à quatre autres espèces. Il ajoute à ce sujet, dans son magnifique ouvrage sur la fécondation des fleurs (*) : " des abeilles et des mouches de plus petite taille, qui sont cependant tro[) grosses jiour sortir librement par l'ori- fice latéral, mais trop faibles pour eu écarter les bords, doivent périr de faim dans le îalj'ier. J'ai tiouvé maintes fois Andrena parvula ? morte dans le tablier, ainsi que des mouches dip- tèrus de quatre espèces différentus." Avant de parler de quelques insectes observés sur des Cy- pripèdes aux environs d'Ottawa, je citerai encore quelques lignes * " Rcfruclitunjï dor Bliinicn." — Tiaeluit on ang'iii;- : '• Tlic Fcrlill- satlou of Fluwei'H,'' Luiidretf, 1883. 98 LE NATURALISTE CANADIEN (V\m cli:;rniaiit oiivrage par M, Henry Bakhvin, sur les Orclii- dces de la Nouvelle Angleterre : * " Une ])réciense contribution h l'étude de nos Sabots de Vénus m'a été communiquée par le professeur Trelease de l'U- niversité de Wisconsin, qui m'écrit: Dans les C. pvhef^cen^, 2>arviflorinn et candidurii, il y a dans l'airière du tablier un nombre variable (1 à 4) de taches translucidf.s qui attirent fa- cilement l'attention d'une abeille emprisonnée iEalictus, Au- f)ochlor(i) et la font se diriger sous le stigmate vers le fond ; de \h elle aperçoit alors la lumièie au travers des petites ouver- tures sous les anthères, par où elle peut s'échapper. De petites abeilles introduites dans le tablier se rendaient aussitôt à ces endroits clairs ; ne pouvant y passer, elles allaient de là aux passages destinés à la sortie." Jusqu'ici mes trouvailles d'insectes dans des fleurs du Cypripède pubescent n'ont pas été des plus encourageantes '> j'en ai rencontré trois, de trois ordres différents, mais aucun d'eux en vie. L'un était une petite mouche que le pollen glu- tiheux avait retenue à sa sortie de la fleur ; les deux autres, un coléoprère Buprestide, Antliaxia inornata et une Andrène A. nivalis 9 qui étaient dans le tablier même. Le coléoptère ])0uvait avoir été retenu par les fils d'une petite araignée jaune qui avait pris possession de la fleur ; j'ai plus d'une fois remarqué cette espèce d'araignée dans ces sabots dont elle semble em- ■jirunter la couleur : sa présence est un signe certain qu'ils sont frécjucntés par des insectes. L'Audr^ne, elle, en était évidem- ment à sa ])remière visite, q>u lui avait été fatale, car elle n'avait pas la moindre trace de pollen sur le thorax ni la tête ; elle * " The Orchids of New England." New York 1R84.— L'ouvrage est illustré de 40 ligures et traite de la structure, des hab.tats, de la fécon- dation, de la distribution, de la culture même des Orchidées. La liste des e'^jièces de la Nouvelle-Angleterre différant très peu d'avec celles du Ca- nada, rend ce livre très utile à ceux qui étudient ces plantes dans ce pays, et à tous ceux (jui aiment la nature. SUR LA FilcoXDATION PFS CYPRU'EDES 99 s'était sans doute trouvé trop grosse pour se glisser sous la colonne et avait misérablement péri dans cette trappe. Cet été dernier, M. "W, H. Harrington a du moins trouvé sur une Heur une abeille vivante plus petite, à ]icu piès de la grosseur d'une mouche de maison, Osmia vicina, Cr. L'insecte avait le dessus du thorax enduit de pollen tout frais et venait par conséquent de quitter le tablier eu passant sous l'anthère, mais non sans giand'peine sans doute, car il paraissait n'avoir plus d", force pour s'envoler. Avec le Cypripède brillant, C. spectahile, j'ai eu plus de succès. Le 2 juillet 1883, je capturai d'abord dans une fleur une Mégachile, M. melanoiihcaa. J'essayai de la placer dans d'autres fleurs et la vis toujours suivre aussitôt le tube de la fleur sous la colonne, puis, non sans quelque eiîort, soitir sous l'aiithère, contre laquelle (die frottait chaque fois. Dans une fleur plus petite, à orifices latéraux trop resserrés pour la laisser sortir, ou si j'obstruais les deux orifices par une brindille glissée en travers, elle avait bien vite, à l'aide de ses puissantes man- dibules, agrandi le passage de manière à pouvoir s'échapper par cette voie, mais jamais elle n'essayait de ressortir ])ar l'ouver- ture antérieure. Si la température était trop basse, dans une chambre fnnche par exemple, l'abiMlle n'avait plus la force de se glisser dans le passage ordinaire et devait attendre le retour de la chaleur. En 1883, par la belle et chaude après-midi du 23 juin, bravant les persécutions de mousqr.ites et de taons ce jour-là, en force et en pleine activité dans les bois, je fus assez heureux pour trouver les insectes suivants dans des tabliers de C. spec- tahile : 2 abeilles : Ânthopliora terininalis ç , Cress. MegacJiile centuiundaiis 9, St-Farw. 1 scarabée : Trichivs ajffinis, Gory. 3 papillons : Limochorus {Pamphila) Cernes, Bdv. et T.ec. " " Myiîtic, Scudiler. Epargyreus {EaJamus) TUi/ra!,; Fabr. 100 LE NAXURALISTR CANADIEN et jiliisieurs autres papillons plus petits, qui entraient et sortaient lilireiueut au vol juir la grande ouverture. Quant an trois pa- pillons nommés plus haut, ils remplissaient le labc::lle, et je reoieite de ne pas m'ètre assuré comment ils ])0uvaient s'en échapper; c'était sans doute ])ar l'ouverture où ils étaient entrés, agrandissant au besoin le passage à coups d'ailes ; car on connait l'iuipétuosité des E. Tityrus, qu'on a i)eine à tenir emprisonnés dans la main fermée et qui s'y lacèrent les ailes dans ieni's efforts imj)uissants pour regagner leur libeité. Quoi qu'il en soit, on ne conçoit pas qu'un papillon pût opérer la ];olliuisation d'un Cypripède, car plutôt que d'emporter du pol- h'n, s'il le touchait, il y laisserait les fiues écailles de ses ailes. Je trouvai le scarabée couclié sur le dos sous la colonne et se délectant à mordiller les poils qui y tapissent le taljlier. Quand je le faisais entrer dans une autre fleur, il y prenait assez vite le chemin ordinaire et, (juoique moins promptement que les abeilles, se montrait bientôt après sous l'anthère dont en passant il eidevait du pollen avec son épaule. Tandis que j'avais les yeux sur une touffe de Cypripèdes, la Mégachile me fit l'agréable surp-rise d'entrer au vol droit dans l'une des Heurs ; elle n'en était donc pas à sa jtreinière visite. Je couviis la fleur de mon filet; l'abeille s'en aperçut aussitôt et s'emiu'cssa de ressortir par une ouverture later.de ; je i)us voir (lu'elle avait les poils du dos du thorax tout poissés de pollen tint fniis que desséché. La grosseur des abeilles et du scarabée trouvés dans le C. SjX'ctahUe est à peu près celle de l'abeille à miel, et paraît celle qui convient à la flenr. L'Osmie prise sur le C. 'pubesceiis est sensiblement plus petite, bien que les dimensions des fleurs des deux espèces ne soient pas tellement différentes. Cette diffé- rence entre les visiteurs s'explique peut-être, pour la seconde espèce, par la moindre élasticité des bords du tablier sous les ovilices de sortie, où il est m liutenu eu place par un prolonge- ment du tilet de l'étamine ; car c'est surtout la grandeur de cts SUR LA FÊCONDATIOX PES CYrRirF.PES lOl orifices ipii (.loit déterminer la taille des visiteurs, et les filets des et amines dn C. spectahile ne sont point ainsi j mlnngé.s. Ce prolongement n'existe plus dans le C. (irletinam et le C. acaule. La fleur de celte dernière espèce semble ponvoir admettre des insectes pins gros que celle du C. spectahile, car les ouvertures latérales sont plus grandes. Un autre détail à remarquer c'est la position de l'anthère assez exactement au dessus du milieu et non au côté de ces ouvertures. Par suite, <à la sortie d'un visiteur, le pollen se fixe au milieu de son dos et ainsi il n'est pas besoin d'un aussi large stigmate pour retenir du pollen quand l'insecte se glise au dessous. On trouve eu effet que le stigmate est relativement plus étroit. Le s -pale su- périeur est de même très étroit dans la fleur de ce Cypripède et passablement relevé, tandis que chez les autres e>j)èces il est beaucoup plus développé eu largeur et plus rabattu vers le bas, de manière à empêcher la pluie de pénétrer dans la large ou- verture antérieure du tablier et sans doute aussi à empêcher les insectes de voir par cette ouverture, la lumière du dehors, ce qui pourrait les détourner d'aller })asser sous la colonne et de rendre à la plante les services indispensables pour sa reproduc- tion. Il est facile de voir que d lus le C. acaule, ces deux dangers sont jirévenuspar la manière dont l'ouverture antérieure est fermée par ses rebords mêmes qui s'appliquent l'un contre l'autre. Ils laissent donc entrer l'insecte sans peine, mais lui barrent tout retour. Quel attrait ne doit donc ];as avoir le par- fum des doux sucs pour faire ainsi pénétrer le visiteur dans une fleur fermée sans entrée visible ! La même remarque s'applique à la fleur du C. arieiinuin dont l'ouverture supérieure du tablier est fernu'e jiar un épais ride au de longs poils blancs. ^lais ces poils sont la continuation de ceux du fond du tablier et pro- bablement sécrètent aussi du nectar, il est plus facile de com- prendre que les visiteurs soient ainsi conduits à se hasarder dans l'intérieur de la trappe pour y continuer leur friant repas. Quoi qu'il en soit, ce doit être en vérité foit iutéies.'^ant de voir des insectes disparaître ainsi dans ces fleurs fermées. Mais il 102 LK NATURALISTE CANADIEN est ])erinis de douter que persoune ait encore eu la bonne for- tune d'en être témoin ; car, comme pour les autres Orchidées et tant d'autres plantes phanérogames qui naissent pareillement d.ins des lieux oml)ragés et humides, plusieurs circonstances favo- rables sont nécessaires pour qu'on puisse espérer de surprendre leurs hôtes en (luête de miel ou de pollen, et surtout de les voir payer pour le butin qu'ils emportent en polliuisant les stigmates. Il iaut d'abord savoir où trouver ensemble un certain nombre de ces plantes qui ne sont guère abondantes nulle part ; il faut connaître le moment précis de leur floraison qui varie dans de certaines limites suivant le plus ou moins de chaleur de la saison ; il faut avoir le loisir de les visiter alors par une chaude journée et un brillant soleil, qui font sortir tous les insectes de leurs retraites, par consé(i[uent ce doit être vers le milieu du jour dans les bois. Toutes conditions qu'il n'est pas facile de réunir à la fois. C'est pourquoi, il est bon d'être constamment sur le qui-vive pour saisir les occasions qui peu vent se présenter. D'ailleurs c'est pour toutes les fleurs des champs et des forêts, qu'il serait désirable de savoir quels insectes leurs sont utiles soit pour leur fécondation, soit autrement. L'homme dé- pend trop du monde des plantes et de celui des animaux pour n'être pas intéressé à tout ce qui les concerne. Puis-je comme conclusion en citer un exemple frappant du " Har|>er's Ma- oasine" pour décembre 1881, où dans un excellent article ma- crniflquement illustré, intitulé " among our foot-prints," M. W. H. Gibson décrit avec clarté et fraîcheur quelques-unes des choses qu'eu tenant les yeux ouverts, nous pouvons trouver sous nos pas. " Un apiculteur de la Californie avait envoyé au feu pro- fesseur Wood, en même temps qu'une lettre contenant les plus tressants aj-pels, une petite boîte d'abeilles mortes, toutes cou- vertes d'une couche épaisse de petits corps bruns en forme de palettes. H disait que milliers après milliers de ses mouches à miel étaient atteintes de cette étrange maladie et y succom- buieul. il !'•'• supposait duc à quelque champignon, mais per- ^'ÊCROLOGE 103 sonne ne pouvait l'exiili.iuer ni suL'gérer de remède. Son in- dustrie était menacé.' de ruine, et dans sa dé:re.sse extrême, i! en apjieliiit à la science." " M. AVood eut bientôt reconnu la Gaii.«e de la calamité. Une loupe lui permit de voir que le prétendu champignon n'était autre que le pollen adhé.sif d'un certain "cotonnier." 11 écrivit aussitôt à son correspondant ce qu'il avait reconnu et lui reconnnanda de cliereher dans Sis envii'ons où il trouverait sûic- ment quelque i art des quantités de cette fatale asclé{)iade. Au bout d'une (piinzaine de jours arriva la réponse, ([ui ju.^tifiait cette sup] osition. La plante, en effet, pullulait dans le \oisi- nage ; on s'était hâté d'y passer la faux et dès lors la mortalité des abeilles avait cessé," NECROLOGE D'ai.rès les notices nécrologiques qui suivent, on pourrait conclure que la longue vie n'est pas le partage des naturalistes. Le Dr H. A. Atkin, de Locke, Michigan, est décédé le 19 mai dernier, âgé de 63 ans. C'était un excellent ornithologiste local. Le 9 août, est décédé à Last Windsor Hill, Connecticut, le Dr Will. Wood, à l'âge de 63 ans. Excellent ornithologiste \ocà\ ; V American Nat arallst, qui vient de terminer son 19e volume, a publié plurieurs de ses écrits dans ses premières années. Les jonruaux de Paris nous annonçaient derm'èrement la mort de Chaules Robin, savant histologiste, à l'âge de 65 ans. Il avait été j.rofi'sseur d'histologie à la facuté de médecine de- puis 1832. Il était membre du Sénat, et s'était associé à Liitié eu 1871 pour fonder la société de Sociologie. 104 LE NATURALISTE CANADIEN L'Angleterre a aussi dernicrenient per. lu un savant, dans la [icrsonne de Thomas Davidson, qui est mort à l'âge de 08 ans. La géologie et la paléontologie avaient particulièrement captivé l'attention de cet homme d'étude. 11 a laissé un graud ouvrage sur les Brachiopodes fossiles de l'Angleterre, cinq vo- lumes in-4°, qui sera la monogra|»hie paléontologique la plus comi)lète encore publiée. 11 a légué sa collection, qui est très- considérable, au Bt'tisli Aluscum. L'Angleterre perdait encore un autre savant le 11 novem- bre, dans la personne du Dr W. Benjamin Carpentek, reconnu surtout comme ])hysiologiste distingué. Son ouvrage le plus im- ])ort;int. Principles of General and cowparative Physiology, joniL d'une grande autorité. Il a écrit aussi sur les Foramini- fères et les Crinoïdes, et publié un traité sur le Microscope. Le Dr Carpenter est mort des suites de brûlures sérieuses qu'il reçut en ])reuant un baiu de vapeurs pour des rhumatisme, par le renversement d'une lampe. Renvois — On le croirait à peine, et c'est cependant le cas ; il y a des personnes qui s'obstinent à nous faire deviner qui elles sont, lorsiiu'elles écrivent sans signatures, qui se fâchent même ]>ar ce que nous ne les découvrons pas ! On enlève la couverture du Katuralisfe, on lui en substitue une autre en nous l'adressant et y ajoutant le mot "refusé." Mais d'où revient ce numéro, par qui est-il ainsi refusé ? c'est ce qu'on ne dit pas. La personne qui encore le 5 du courant nous ren- voyait un numéro avec l'épigraphe : '• refusé pour la 3e fois," est jiresque assurée qu'elle verra encore les antres numéros lui arriver, tant qu'elle ne voudra pas nous laisser connaître son non), soit en le signant elle-même, ou en le biffant sur l'adresse qu'elle nous renvoie avec le mot " refusé." Non vile captura. — M. Ouiguard a été assez heureux: pour prendre la 9 de VOsmia vicina, que j\f. Cresson n'a point vue et qu'il n'a pu décrire. Noik d .MinKniq eetie dfseripiio.) dans nos "Additions." XjE iî^it at trtt 1 1> 1 1-^ Vol. XV Cap Rouge, Q., JANVIER, lESG. No, 7 Iledacteur: M. l'Abbê TROVAXCHhR. PRIMI':S Novembre Le numéro gagnant â3î$ est échu au Rév. J. Dumas, curé (le St-Eloi, Témiscouata. Le IST" 240 n'a pas encore été réclamé. DÉCEMBRE 1ère. — Faune Entomologujue, les Hyménoptères, .,N° 2li5 2nîe. — Porte-plume, crayon et caoutchouc en nickel.N° 115 IST. B. — La personne aj'ant l'exemplaire portant l'un ou l'autre de ces numéros écrit en crayon bleu sur la première page, devra réclamer l'objet dans les deux mois de cette date, et envoyer des timbres pour affranchir le postage. — Voû' sur' la couverture. LliS .MICROBES ^'> Depuis quelques mois, on n'entend plus parler que de mi- crobes, cependant, paraît-il, ces animalcules ne seraient pas nou- veaux, si tant est qu'ils nous viennent directement du mari de notre grand'mère Eve. On s'est souvent servi de la dénomination d'infiniment j)etiU pour désigner les insectes, mais voici qu'il faudra leur (1) De micron, petit, al bios, vie, c'est-à-dire, petits êtres. 7 -Janvier 1886. 166 LE NATURALISTE CANADIEN enlever cette appellation pour la transporter à d'autres qui la réclament Lien d'avantage. Nous avions cru, jusqu'à ce jour, que les poux et les puces étaient à peu près les seuls parasites qui pouvaient parfois nous atteindre ; mais voici que les microscopistes nous révèlent un tout autre état de choses. Notre corps ne serait qu'un véritable monde nourrissant des êtres sans nombrj, par niillons et \ ar milliards, de toute confoiination et aux allures aussi bizarres qu'étranges. Nos artères, nos veines ne seraient que des fleuves et des rivières dans lesquels s'agiteraient des poissons sans nombre et de toute forme, linéaires, serpentaires, globuleux, étoiles, digités, palmés, frangés, en boules, en sacs, en nœuds, etc., etc. Et de même que lu rivière ne sf)iiftVe aucunement de la présence des i)oissons qu'elle nourrit, tant que le tout est à l'état normal, de même aussi nous portons tous ces êtres sans en sentir le poids, nous leur fournissons même la vie de notre propre substance sans nous en sentir fatigués ou affaiblis. Mais comme dans une rivière l'eau se corrompt et devient im^iropre i\ ses usages ordinaires lorsque la maladie s'empare des nombreux poissons qu'elle jjorte, de même aussi dans les rivières de notre corps, si des causes accidentelles viennent ajiporter la mort à leurs innombiables poissons, ou (jue des hordes étrangères et malfai- santes, non convenables au liquide, viennent les remplacer, aussitôt ce liijuide est vicié et ne peut plus porter la vie dans toutes les parties du monde de notre être. Cependant il est un point où les habitants de ces deux genres de rivières different essentiellement, c'est dans la diffusion de leurs œufs ou semences reproductrices. Tandis que les jioissons de nos rivièi^'S confient leurs onifs aux vases des rivages pour les laisser éclore à la chaleur du soleil, c'est dans l'air que les microbes de notre corps laissent le plus souvent échapper leurs semences, semences infiniment petites s'il en fût jamais, impalpables, invisildes, insaisissables, dont des milliers pourraient prendre [tlace sur la pointe d'une LKS MICROBES 167 aiguille des plus fines. Ces semeiu'es, conduites ]"iav l'air daug Vocàm de nos j'ounion^, se distribuent dans les iL-uves et li'S rivières de nos artères et de nos veines, po ir vieier ces liquides et répandre jiartout le malaise et la maladie, suivant (jue les êlres qu'elles reprudniront seront im[)ro] re.s aux milieux où ils se trouvent transportés. La médecine reconnaît aujourd'hui deux modes de traite- ment des maladies, l'allopathie et l'homéopathie. Par le jiremier, on combat le mal par des médicaments .contraires, comme le ch.iud i^ar le froid; [lar le second, au contraire, c'est jtar des agents semblables qu'on prétend éjiigner le malaise, comme le chaud 1 ar le chaud, le froid ])ar le froid. Or, c'est ce dernier mode que l'on a adojite pour combattre les microbes. Voici une armée formidable qui se présente devant vous; n'allez pas croire qu'on vous conseille la fuite ? Tout au con- traire, vous lui faites un accueil sympathique, vous l'anienez chez vous, et lorsque vous l'avez placée dans le lieu le plus ])ropie à votre action, vous lui toml)ez dessus, et vou s'efforce k d'amener son extermination, conqitaut ] eu les tjuelques blessures que vous pourrez recevoir dans le combat. Or tel est le genre de combat ([ue l'on proclame le plus efficace dans la g(u.'rre aux microbes. Il est reconnu aujourd'hui — du moins les savants le pré- tendent— que le choléra, la variole, le tyjdius, la rage ou hy- dro; hobie, et mille autres affections d*} notre pauvre humanité, ne sont dues qu'à la présence de microbes nudfaisauts dans notre organisme ; et ])our leur résister plus avantageusement: en avant, crient-ils, allez au devant. Ces microbes sont à votre porte et menacent de faire irru[)tiou chez vous ; devancez les, sai.sissez-vo'is de leur semence, inoculez vous là sous la peau, dans votre sang, et là vous combaHr.'Z ces ennemis avec tout l'avantage de rccounaiLie leur position et de [louvoir faire de votre part les préparatifs convenables. 168 LE NATURALISTE CANADIEN Mais qui empêchera, dira-t-on peut-être, qu'une personne ainsi inoculée ne prenne encore la maladie lorsqu'elle se pré- sentera ? Un fait physiologique bien reconnu c'est que les maladies contagieuses, variole, typhus, choléra etc. n'attaquent jamais ou du moins que fort rarement deux fois la même personne. Les physiologistes expliquent comme suit ce phénomène. Il en est de ces maladies, disent-ils, à peu près comme de certaines plantes qui, une fois qu'elles ont épuisé dans le sol les sucs qui leur conviemient, ne peuvent plus subsister ou du moins demeu- rer prospères dans le même endroit. Les microbes de la variole, de la rage etc. introduits dans le sang par l'inoculation, y épuisent les principes ou sucs nécessaires à leur subsistance, et communi.quent ainsi l'immunité contre de nouvelles atta- ques ; que si parfois la maladie prend une seconde fois, elle se montre d'ordinaire beaucoup plus béuigue et plus facile à com- battre. C'est sur ce principe que depuis près d'un siècle on pra- tique, dans presque tous les pays civilisés, la vaccination pour se mettre à l'abri de la variole. Ce procédé est combattu par un certain nombre de médecins, il est vrai ; mais la grande majorité l'admet, et en certains pays, l'on a rendu par des lois cette vaccination obligatoire. Jusqu'à ces dernières années, on n'avait encore pratiqué la vaccination que pour la variole, mais voici qu'un certain M. Pasteur, célèbre médecin de Paris, prétend avoir arraché aux terribles effets de la rage, nombre de personnes mordues par des chiens enragés, sur lesquelles il a inoculé le virus rabique ou la semence du microbe qui produit la rage. Un autre médecin, en Espagne, prétend de même avoir découvert un préservatif contre le choléra, dans l'inoculation du microbe choléri(]ue. .11 a multiplié ses ex})ériences pendant les sévices de la terrible maladie sur le territoire esjK'gnol l'été dernier, et prétend y avoir obtenu des succès très satisfaisants. UN FOSSILE HUMAl^i AU MEXIQUE 169 Une commission de médecins français et belges a été chargée d'aller conférer avec le confrère espagnol, mais, quoique reçus très poliment, ils se sont plaint de n'avoir rencontré qu'un homme par trop méfiant, ne voulant pas découvrir son jeu, même à des personnes de science, prétextant que ses expé- riences n'avaient pas encore atteint leur parfait courounement et remettant à p^lus tard à faire des révélations. De sorte que pour cette dernière maladie, adhuc sub judice lis est, et qu'il faudra attendre de nouvelles confirmations. UN FOSSILE HUMAIN AU MEXIQUE. Lorsque l'auteur inspiré a dit que la vie de l'homme sur la terre était un combat continuel (1), il entendait, sans doute, parler de la vie de l'âme, de la vie morale, qui doit conduire l'homme à sa fin. Mais ces paroles peuvent aussi être prises dans un sens moins relevé et appliquées très justement à la vie matérielle de l'homme. Nous sommes de toutes parts envi- ronnés d'ennemis qui en veulent à notre existence, et nous ne pouvons la conserver, cette existence, qu'en combattant conti- nuellement, qu'en ayant toujours les armes à la main. Or, comme dans toute guerre, il est nécessaire d'avoir con- tinuellement sur pied un corps d'éclaireurs, pour observer l'en- nemi, surveiller ses mouvements ]iour éviter les surprises, noter les accidents de lieux et de terrains pour en tirer parti dans l'occasion ; de même aussi dans la vie matérielle, pour la con- servation de notre existence, il faut un corps d'observateurs, d'éclaireurs, pour observer les allures de nos nombreux ennemis, reconnaitre leur position, déjouer Itr^urs plans, se mettre hors de leur portée lorst^u'on reconnaît notre insuflisance à leur résister. Et ces observateurs, ces éclaireurs si utiles, si nécessaires, ce sont les savants de tous les grades et de tous les pays. Préparés (Ij MilUia cal vUa honiiiiis super ht ram. — Jub, VII, 1. 170 LE KATURALISTE CANADIEN ]'av des etudes si)Ooiales, munis d'iiL^truineuts les plus jieifec- tioniiés, ils sont au.x avant-postes, jtouv faire leurs observations et donner l'éveil dans l'ocCHsion, signaler les dangers qui me- nacent et prévenir les attaques inattendues. On comprend do l;i de quel ] rix sont leurs services et de quelle estime ils doivent jouir. Aussi les gouveruenients les } lus éclairés se sont-ils fait un devoir de les honorer, de les soutenir, de leur accorder la jjIus haute considération. On leur conférait les dignités les ]ilus honorables, on leur faisait des rentes, on leur bâtissait de disjiendieux laboratoires, et on les pourvoyait de tous les accessoires nécessaires à la poursuite de leurs utiles travaux. I\îais l'homme qui n'a été mis sur la terre que pour une fin unitjuc, se détourne parfois de cette fin, oublie le but unique qu'il d()it sans cesse poursuivre, et alors il }ieut abuser de tout, tourner à son détriment les dons que lui a départis la Provi- dence pour son plus grand avantage. Depuis [uès d'un siècle, les sciences ont fait un pas im- mense dans leur perfectionnement. Mal entendues d'abord, mal com] -rises, l'homme pervers, (ié\oyé dans son Lut, s'en é^ait servi pour combattre la véiité. Condamné dans son incon- duite et ses errements par la parole divine même, il avait cher- ché dans ses études à combattre le texte sacré. Dominé par son orgueil, il en était venu dans sa ])erversité, avec ses con- naissances incomplètes, à donner le démenti aux paroles de la Siigesss incréée mêmes, prétendant qu'elles étaient en contradic- tion avec l'observation. 'Mais les atta([ues giatuites ne~ demeurèrent pas longtemps sans répliques. L'éveil fut doniié aux apôtres de la vérité et de la morale, on se mit à l'étude à la recherche de la vérité, et l'on put bientôt renverser triomphalement les échafaudages de l'im- piété centre les textes sacrés. Les arcanes de la science furent apprul'ondies, et l'on put reconnaître la vérité de ce qu'avait UN FOSSILE HUMAIN AU MKXIQUE 171 avancé Bacon : " peu de science éloigne de Dieu, mais beaucoup de science y ramène " ! C'est ainsi qu'on prétendit établir que l'existence de l'hom- me sur la terre datait d'une époque beaucoup plus reculée que celle que lui assigne le texte biblique; des lium mes fossiles, disait-on, en sont la preuve évidente. Mais ces hommes fossiles furent bientôt reconnus n'avoir pu exister avant l'époque assignée par Moïse. On trouva l'année dernière à Mexico, nn de ces squelettes fossiles dont les impies européens n'auraient pas manqué de tirer parti contre la vérité, si la trouvaille leur fut échue, mais dont les savants du Mexique — car le Mexique a aussi ses sa- vants— surent fort bien ramener l'existence aux temps moder- nes. Cette découverte n'eu est pas moins intéressante sous plus d'un point de vue. En faisant des excavations pour la construction d'une école militaire, au pied de la petite colline appelée " Pennan de las Bannos" k environ une lieue de la cité de ùMexico, on trouva des os mêlés aux débris de pierre que faisait voler la dynamite. Un savant Mexicain, Mariano de la Barcena, aidé du professeur de géolugie Don Antonio del Castello, reconnut de suite que ces os étaient des restes humains, et suivit plus attentive- ment les fouilles pour recueillir le tout. On trouva le crâne, les mâchoires supérieure et inférieure, des os du cou, des orbites, des côtes et .des membres supérieurs et inférieurs, en nu mot un squelette complet. Ces os étaient renfermés dans un roc très dur, composé d'un tuf calcaire silicifié d'un gris brunâtre. Ils étaient de cou- leur jaunâtre, et présentaient tous les caractères de la fossilisa- tion ; cependant ils n'étaient pas enveloppés de couches de cal- caire comme la chose se rencontre souvent, mais étaient entiè- rement plongés dans la pierre, qui remjjlissait aussi les cellules du tissu. Ces os, sans être dispersés, n'étaient pas à leur place ordinaire, ce qui indique que le sol qui les renferme a subi des 172 LE NATURALISTE CANADIEN soulèvements qui l'ont plus ou moins tourmenté. Des crevasses d'ailleurs en divers endroits daus le voisinage dénotent aussi un el bouleversement du sol. C'est là, sans aucun doute, une découverte précieuse, car ces restes ne pouvaient être que fort anciens, comme le prou- vait la couche de roc solide qui les recouvrait. Ils donnaient à première vue une preuve que les habitanîs de l'Amérique datent d'une époque plus reculée que celle qu'on leur assigne d'ordinaire. Mais à quelle époque pouvait remonter l'inlouis- sement de ce corps humain .? Voilà ce qu'il s'agissait de cons- tater, et les données, pour la solution du problême, faisaient en partie défaut. 8i on eut trouvé avec le squelette des coquilles pouvant déterminer l'âge du terrain, la solution eui été de suite obtenue ; mais aucunes de ces coquilles caractéristiques ne furent trouvées. Le roc se composait bien de débris de coquilles semblant appar- tenir aux espèces récentes, mais nulle ne fut trouvée assez complète pour pouvoir en déterminer l'espèce. L'endroit où fut trouvé le squelette est une plaine bordant le lac Tezcoco qui est tout près, circonscrite par une cliaine de collines peu élevées. Le fossile reposait à 12 pieds au-dessus dii niveau actuel du lac. Comment avait-il pu, à cette hau- teur, être recouvert par l'eau pour le couvrir ainsi de déj)ots lacustres qui avec le temps sont devenus ce roc solide qui fait aujourd'hui le fond de la ])laine ? Les savants Mexicains n'en trouvent d'autre cause que des eaux thermales et des soulèvements et abaissements du sol par suite de l'action de volcans qui n'existent plus aujourd'hui, car l'inspection des environs dénote d'une manière évidente que, bien que les roches du voisinage ne soient pas basaltiques, on trouve cependant des dikes dans le voisinage formées de cette rorhe. D'ailleurs la corn; osition du sol même de toute la vallée de Mexico dénote l'aciion primitive des volcans, puisque UK FOSSILE HUMAIN A\] MEXIQUE 173 sa masse consiste de tufs, pierre-ponce, marne, cendres volcani- ques, glaise et autres alluvions., Les deux savants Mexicains, après les études les plus mi- nutieuses sur la succession des plicnomènes qui ont amené ce résultat, en vinrent aux conclusions suivantes : 1° Eruption d'eaux thermales et apparition de roches basal- tiques, augmentant la masse qui forme la colline. Ces eaux, se mêlant à celles du lac qui avoisine la colline et s'étendant dans toute la vallée de Mexico, les dépots calcaires graduelle- ments, s'accumulèrent autour de la colline, et n'étant pas encore durcis, le corps humain y fut enterré. 2° Lorsque les os furent entièrement couverts des dépots lacustres, alors survint un nouveau soulèvement du sol qui les porta à un niveau plus élevé, comme en font preuve -la place qu'ils occupent aujourd'hui et le désordre dans lequel ils repo- saient. 3^ Dans les failles qui furent laissées après ce soulève- ment, des dépots lacustres modernes se foruièrent, lesquels s'ac- croissent encore de nos jours. Divers dépots lacustres dans les environ^, notamment au pied de la colline del Tepeyac, au nord de Mexico, jusqu'à la hauteur de 8 [.ieds au-dessus du niveau actuel du sol, attestent que des soulèvements avec éruption d'eaux thermales ont dû avoii lieu plusieurs fois; et comme on n'en trouve aucune mention ou allusiou dans les hiéroglyphes des anciens ]\lexi- caius, de même que la tradition demeure aussi muette à cet égard, on doit en conclure que ces restes remontent à la plus haute antiquité et doivent dater du commencement de l'époque quaternaire. Les caractères odontologiques de ce crâne indiquent aussi que cet homme appartenait à une race pure, sans mélange, les dents étant en lignes régulières, et les supérieures correspondant exactement aux inférieures. Ces dents piésentent encore cette particularité, que les canines ne sont pas coniques, mais de 174 . LE NATURALISTE CANADIEN même forme que les incisives, caractère qu'on a aussi trouvé dans les sépultures les plus anciennes des Toltecs. Les dimensions et la forme des os des membres correspon- dent à une stature ordinaire, et d'après l'inspection des dents, cet homme pouvait avoir une quarantaine d'années. A différents endroits, dans la vallée de Mexico, notamment au pied de la colline Tepeyac, on a découvert des restes d'animaux quaternaires, et bien que le squelette humain ne leur fût })as contigu, il est à présumer qu'ils peuvent être à peu près de la même époque. Plus d'une fois déjà on a démontré en Europe que le Mastodonte, le Glyi)todonte etc., furent contemporains de riiomme, les fouilles qu'on poursuit au Mexique pourraient peut-être en apporter une nouvelle preuve pour l'Amérique. LE SERPENT 1)1 MElt L'un de nos abonnés nous écrit. " Vous avez vu par les journaux, il y a déjà quelques mois, qu'on avait signalé la rencontre dans notre fleuve, notam- ment au Bic et à la Malbaie, d'un énorme serpent de mer ; donnez-nous donc quelques détails sur cet animal, vous ne manquerez pas d'intéresser grandement vos lecteurs." Nous nous rendons avec plaisir à l'invitation de notre vénérable correspondant, mais malheureusement nous ne pour- ions l'intéresser autant qu'il s'y attend, car l'animal en question, bien qu'on signale sa présence de temps à autres en divers lieux, n'existe que dans l'imagination des amis du merveilleux, qui prennent plaisir à tromper, ou qui trop peu attentifs et non assez réfléchis, se laissent trop facilement tromper eux-mêmes. — Mais comment se ferait-il qu'un animal que des personnes en nombre ont vu en divers lieux, dont on a signalé la couleur, LE bEItPENT DE MER 175 les allures et les dimensions approximatives, n'existerait pas ? Un tel nonibre de personnes ne peuvent s'être entendues pour en imposer ? Qu'on ait vu quelque chose ; nous ne le nions pas. Mais que ce quelque chose soit un véritable serpent, ou un monstre de dimensions colossales en ayant la forme et vivant tlans l'eau ; nous ne pouvons l'aduiettre. Car s'il existait, il y au- rait déjà longtemps que les naturalistes qui sont à l'atl'ut ele toutes les nouvelles découvertes, nous en auraient donné l'his- toire; et cette histoire du serpent de mer ne se trouve encore nulle part. Et qu'on le remarque bien, ce n'est pas depuis quelques années seulement qu'on signale ces colosses de l'élément liquide. Bien avant Virgile même on faisait le récit merveilleux de rencontres de ces monstres de l'al^me aux dimensions colos- sales, couvrant des vagues nombreuses de leurs replis tortueux, élevant la tête à la hauteur des vaisseaux, et terrifiant par l'éclat de leurs regards les nautonuiers décontenancés; et tout cela n'était que le fruit d'imaginations surexaltées, d'un amour désordonné du merveilleux, et d'un sot orgueil escomptant la crédulité de gens trop confiants. Presque chaque année il entre des baleines dans notre golfe qui remontent même le fleuve assez haut ; on en tua une une à Kamouraska en 1858, qu'on dépeça à l'Ile- Verte, mesu- rant 45 pieds de longueur. L'appaiition du Bic et' de la Mal- baie a fort bien pu être une semblalile baleine. Il y a d'auti'es gros animaux marins qui peuvent aussi paifois se montrer dans nos eaux. Avez-vous jamais vu, dans les aqiuiriums des musées, des lions de mer, ces énormes phoques auxquels on donne ce nom? leur tête, leur cou, surtout lorsqu'ds sortent de l'eau, ressemblent assez aux parties anti'rieures des serj)ents. Nous avons vu aus^i un bras d'un énorme poulpe, tué il y a quelques années sur les côtes de Terreneuve, mesurant 19 pieds de long ; que l'un de ces poulpes ou de ces phoques se montre tout-à- 176 LE NATURALISTE CANADIEN coup à (les marins, et disparaisse avant d'avoir donné le temps de le bien leconnaître, la mer agitée et écumeuse à une assez grande distance, la forme indécise du monstre à travers les va- gués, seront plus que suffisantes, l'imagination aidant, pour LâLir ces serpents de mer dont on signale la présence de temps à autres, mais que personne n'a pu encore saisir et empailler pour les faire figurer dans les musées. Cent fois nous avons été témoin d'erreurs grossières dans lesquelles tombaient des personnes, même instruites et fort in- telligentes, mais peu habituées à l'observation et à se demander rigoureusement compte de ce qu'elles rencontraient, à l'égard d'insectes, par exemple, ou d'autres animaux peu connus, et nous n'entretenons pas de doute que les insaissisables serpents de mer qu'on signale ci et là n'ont pas d'autre source. BIliLlOGRAPHll^:. Catalogue of Canadian Plants. — M. John Macoun, botaniste de la Commission Géologiiiue du Canada, Ottawa, a commencé la publication d'un Catalogue de toutes les plantes du vaste territoire de la Puissance, rangées dans leur ordre de familles et portant leurs noms scientifiques et vulgaires (en an- olais seulement, bien entendu). Quant à l'habitat, on a plutôt indiqué quelques lieux où l'on avait trouvé chaque plante, que désio-né son parcours géograiihique ; et nous regrettons que, sous ce rapport, la Province de Québec n'ait pas reçu la part d'atten- tion à laquelle elle avait droit. Mais les Canadiens-français s'occupent- ils de science ? La Commission Géologique a-t- elle à compter avec eux? Bien que jusqu'à ce jour nul Canadien-français n'ait encore pu, malgré de pressantes ins- tances, faire partie de la Commission, nous prétendons que notre nationalité, d'après les règles de la stricte justice, devrait avoir aussi là quelque représentant; et que plus d'une fois les BIBLIOGI^AT'IIIE 177 rapports des savants de cette Commission ont souffert du man- que de cet élément dans leur corps. Lisons, par exemple, la préface du second fascicule du Catalogue qui vient de paraître. Nous voyons qu'on a mis à contribution, pour rendre ce Catalogue aussi complet que possible, les botanistes de la Nouvelle-Ecosse, du Nouveau- Brunswick, d'Ontario, des explorations du cliemin de fer du Pacifique, et même de quelques-uns de l'Etat de New-York ; et de la Province de Québec ? Aucun ! Pourquoi sauter du Nouveau-Bruswick à Ontaiio, sans tenir compte de Québec ? Est-ce qu'il n'y a personne là qui s'occupe de botanique ? Pour n'en citer qu'un, n'avons-nons pas M. D. N. Saint-Cyr qui, à deux reprises différentes, a été faire des herborisations sur la côte du Labi'ador, et en a raiiporté une foule de matériaux des plus précieux pour notre Flore ? Aussi voyez le Cata- logue comme, à part quelques données puisées dans les écrits de feu M, Brunet, il est pauvre en fait de renseignements sur les plantes de Québec ! Sans connaître personnellement M. Macoun et ceux qui l'entourent, nous voulons bien croire que l'omission n'est point due à la haine ou au mépris de la race française, mais qu'elle est plutôt le résultat de l'habitude que l'on a dans ces quartiers de ne pas compter avec cet élément; mais l'omission n'en existe pas moins, et tout en blessant la justice à notre égard, n'en fait pas moins tort au service public, en rendant ses rap- ports moins complets et moins miles. Quoiqu'il en soit, le Catalogue de M. Macoun sera tou- jours un ouvrage précieux, et tous les botanistes vont avoir hâte de le voir terminer. Le premier fascicule comprend les polypétales et les )uonopétales, restent encore les apétales et les Monocotylédones qui seront suivies aussi sans doute des cryptogames. Nos reraercîments à l'auteur pour l'envoi de ces deux fas- cicules. 178 LE NATURALISTE CANADIEN First Contributioi to knowledge of the orthoptera cf Kansas, jxtr Lawrence Briiner. — L'auteur donne la liste de 88 espèces, dont quatre sont décrites pour la première fois. M. Brnner est memlnv, de la (Jommission géologique du Kansas, comme M. Macoun l'est de celle du Canada, et décrit ses nou- veaux insectes, non dans une pulilication spéciale, mais dans le rapport même de la Commission. Est-ce bien là le lieu ])ropre à la description de nouveaux insectes ? Malgré tous les soins qu'on peut y apporter, il arrive souvent (lue deux entomologistes se rencontrent à déciire le même insecte, et chacun sous un nom jjarticidier, par ce que les écrits de l'un sont iguorés de l'autre ; ce ([ui ne contribue pas peu à multiplier les erreurs et à fort embarrasser les étudiants. Mais si on se met à décrire des insectes nouveaux par-ci par-là, tantôt dans un rapport d'ar- pentage, tantôt dans un journal d'agriculture, on contribuera à augmenter bien d'avantage la confusion. Chatoie entomologiste ne ])eut souscrire à toutes les publications, pas même assumer la tache de les parcourir toutes; que tous ceux qui ont des insectes nouveaux à décrire, ne le fassent donc que dans des publications s])écialement vouées à l'entomologie, de même pour les plantes, les fossiles, etc., afin d'éviter les erreurs et de faciliter les recherches. L'entomologie américaine est devenue, par suite de la diffusion des espèces dans des publications de tout genre, un véritable dédale où les plus habiles souvent encore s'y perdent. Citons en ici quelques exemples. Frappé des formes insolites d'une certaine punaise de la famille des Phytocorides, nous créions pour elle, en 1872, un genre nouveau, CoLLAKiA, tt lui donnions le nom spécifique de AfelUeurii, la dédiant à notre savant concitoyen feu le Dr Meilleur, le tout dans le vol. IV du Nataratiste, page 79. Eu 1878, M. Uhlcr, le savant Iiémi[)térologisLe de Baltimore, ayant rencontré le même insecte, et ignorant ou ayant oublié notie description, lui créa aussi un genre nouveau, jS\cbidea, et le décrivit dans les P>'uc't;e6/irtr/s of the Boston Socldy of PETITES NOUVELLES 179 Katiiral History, vol. XIX, page 397, sous le nom de Nuhi- dea coracina. Il va sans diie qu'en vertu de la loi de priorité, ce dernier nam doit disparaître pour faire place au nôtre. De même, en faisant la revue de nos Chalcidides dans notre Petite Faune Entomologiquk en 1883, nous donnions les descriptions de 18 espèces nouvelles, et M. L. 0. Howard, du Bureau Cential d'Asrricnlture de Washington, dans un Synopsis des insectes de cette famille, publié l'an dernier, ne faisait aucune mention de nos découvertes. Et que d'autres ne pourrions nous pas citer? Nous même, plus d'une fois, nous sommes tombé dans la même faute ; car nous sommes encore bien moins que nos confrères américains en mesure d'y obvier. Nous n'avons pas comme eux et grandes bibliothèques et musées considérables à notre disposition, et ce qui est encore plus dommageable, nous n'avons pas, comme eux, la société de gens s'adonnaut aux mêmes études, qui peuvent crier gare dans l'occasion, et signaler souvent les erreurs avant qu'eib's ne soient consommées. La science étant par elle-même fort difficile, il est de la plus haute importance de ne pas lui apporter volontairement de nouvelles difficultés, en rendant les recherches moins aisées qu'elles ne le sont déjà. L-St of the Coleoptera of North America, par Samuel Henshaw, assisté du Dr Horn, publiée^ par VAniericaii Entonw- logical Sociefij, de Philadelphie. Prix $1.25. Check List of the Hemiptera-Heteroptera of North America, par P. H. Uhler, publiée par la Brooldyn Enfoino- Ivg I cal Society. Prix 50 cts. Paraîtra prochainement. Ecureuils emigrants. — Le jeune âge chez les animaux, et même aussi chez l'homme, est exposé à une foule d'accidents qai très souvent lui deviennent fatals. Comme les petits ani- maux, rats, souris, lièvres, etc., sont d'ordinaire très prolifi- ques, s'il arrive que leur progéniture puisse échapper, en cer- 180 LE NATURALISTE CA^^\mEN taiiis endroits, aux mille accidents auxquels ils sont exposés, ou les voit alors se répandre j'ar milliers. Nous sommes tous les ans témoins de cette surabondance de petits animaux en certaines localités. Les écureuils, les suisses, les lièvres, sont tout à coup très nombreux, lors |ue pendant des deux et trois ans on pouvait à peine en' rencontrer quelques uns. C'est là un fait qui ne surprend personne. Mais ce qui est plus étonnant, c'est de voir ces petits animaux émigrer par bandes d'un endroit à un autre. Les journaux des Etats-Unis rapportaient derniè- rement qu/'à Memi his on voyait, cette année, les écureuils par mlli a-s et par millions, et ces bandes se diriger vers l'Ouest, tiu versant le Mississipi à la nage, pour se répandre dans les hauteurs de 1' Arkansas. Les habitants en tuaient par centaines sans avoir besoin de fusils, de simples bâtons leur suffisant pour cette fin. On dit qu'une semblable émigration d'écureuibs eut lieu aussi en 1872. Poissons hors de l'eau. — Les journaux mentionnent que tout dernièrement on expédia du Nouveaa-Brunswick à Bangor, Maiue, un barril de poissons frai-^ se composant de bro- chets, perches, poissons blancs et lamproies. On avait mis un peu de glace dans le barril pour conserver aux poissons leur fraicheur et on l'avait expédié par voie ferrée. Lorsqu'on ouvrit le barril, on ne fut pas peu étonné de trouver au milieu une lamproie encore toute pleine de vie, qui se mit à sauter sur le p'ancher ; il y avait cependant plus de quinze heures qu'elle avait été tirée de l'eau. Le fait, suivant nous, n'a rien de bien extraordinaire. La lamproie avec de la glace aurait pu se conserver en vie encore plus longtemps. Nous avous vu des anguilles qui avaient été laissées dans l'herbe humide, encore toutes pleines de vie au bout de deux jours (48 heures). Les poissons qui vivent comme les anguilles, sur des fonds vaseux, peuvent résister fort longtemps hors de l'eau avec tant soit peu d'humidité. Ces poissons requièrent bien moins d'oxygène pour leur respiration que certaines autres es| èces. LE iiiiilir Vol. XV. CapRouge, Q., FÉVRIER, 1886. No. 8 Rédacteur: M. l'Abbé PRO VANOIlhR. PRlMi« Octobre La 2e prime du mois d'octobre, N' S7îi, a été réclamée par M. l'abbé Fresnais, cuié de Thoiré sous-Coutensor (Sarthe) France. DÉCEMBRE La 1ère du mois dû décembre, N° 2S5, est échue à M. le Dr G. A. Bourgeois, luspecteur 'des Postes, Trois-Eivières. Les autres n'ont pas encore été réclamées. Janvier 1ère. — Un chapelet nacre, monté en argent, béni sur le S. Sépulcre N° 337. 2e — Superbe coquille, Fteroceras lamhis N° 160. ]sj". B. — La personne a}'ant l'exemplaire portant l'un ou l'autre de ces numéros écrit en crayon bleu sur la première page, devra réclamer l'objet dans les deux mois de cette date, et envoyer des timbres pour affranchir le postage. — Voir sur la couverture. Nous croyons faire plaisir à nos lecteurs en leur offrant le texte d'une conférence donnée par M. l'ablié Laflamme, profes- seur de géologie à l'Université Laval, à la Société de Géograj^hie 8— Février 1886. 182 LE NATUKALISTE CANADIEN de Québec, le 8 janvier dernier, en présence d'un auditoire nombreux et distingué. Cette conférence du savant professeur nous a d'autant plus intéressé, que nous n'y avons rien trouvé d«; contraire aux idées que nous nous sommes formées sur le sujet, après visite des lieux et nos faibles études sur la question. LE SAGUENAY ESSAI DE GÉOGRAPHIE PHYSIQUE PAE M. I'abbé J.-C. K.-Laflamme, Québec. Au point de vue géographique, le Saguenay est un im- mense bassin allongé, dans le grand axe duquel se trouvent, à un bout, la rivière Saguenay et le lac Kéuogami, et à l'autre, le lac St-Jean avec les laiges plaines d'alluvion qui l'entourent à l'est, à l'ouest et au nord [*). De puissantes rivières, plus grandes que bon nombre de fleuves d'Europe, se jettent dans le lac et le gonflent de leurs eaux. D'autres rencontrent le Sague- nay lui-même en différents endroits de son cours et lui apportent leur quote-part des alluvions, sables ou argiles, qu'elles enlè- vent à leurs rives. Mais parmi elles, le Saguenay garde toujours le premier rang, de même que le lac St-Jean reste toujours facile 'princeps au milieu des mille et un petits lacs éparpillés dans les forêts qui l'entourent. Il est bien peu de cartes qui nous donnent des renseigne- ments complets sur le système orograpliique du Saguenay. La plupart ont été dressées en vue de la colonisation. Elles nous font voir avec assez d'exactitude, les divisions en cantons et en fermes ; elles contiennent en sus le cours des princijiales rivières, quoique souvent d'une manière inexacte, mais elles ne disent (*) Vuir la carte- Ju Saguenay gar M. E. Taché. GEOGRAPHIE PHYSIQUE DU SAGUENAY 183 absolument rien des chaînes de montagnes. D'ailleurs, comme les colons, en règle générale, n'achètent jamais un lot de terre sans l'avoir préalablement visité, ils ne consultent pas ou presque pas^ les cartes du gouvernement, et par suite, on ne sent nulle part le besoin de combler cette lacune géographique. Vous me permettrez de vous donner ce soir, dès le com- mencement de notre entretien, quelques détails sur l'orogra- phie du Saguenay, afin de rendre plus claire l'étude que nous aurons à faire de la géographie physique de cette contrée,' Chargé par la Commission Géologique du Canada de détermi- ner les limites du silurien inférieur dans le haut Saguenay, j'ai été à même d'étudier minutieusement le relief d'une partie de cette immense région. Ce sont quelc, les-unes de ces observa- tions que je vous demande la permission de vous communiquer tout d'abord. De chaque côté de la rivière Saguenay, depuis Tadoussac jusqu'à la baie des Ha ! Ha!, on ne voit guère qu'une série inin- terrompue de roches arides et escarpées. C'est à peine si de maigres broussailles s'alignent sur la tranche de quelques lits rocheux plus décomposés que les autres, et tirent avec effort de ce sol stérile le peu de sucs qui leur suffit pour ne pas mourir. Les plus hauts sommets atteignent à peu près 1800 pieiis, mais, en général, les montagnes s'abaissent en arrivant à la baie des Ha ! Ha ! Leurs crêtes arrondies s'aff'aissent petit à petit, jusqu'à ce qu'elles viennent s'enfouir sous les plaines argileuses de St- Alphonse, du Grand-Brûlé et de Chicoutimi. A ce point de sa course, le Saguenay se divise. La Grande Baie s'ouvre à l'ouest, et à l'est, le chenal continu d'une profon- deur moyenne jusqu'à deux lieues plus haut que Chicoutimi. Cette division des eaux détermine le commencement du grand bassin alluvial du Sagnenay. L'?s hauteurs granitiques qui bor- daient la rivière à l'ouest,, longent la rive gauche de la baie des Ha ! Ha !, puis, se continuant à l'intérieur des terres en une ligue 184 LE FATUEALISTE CÂ^^ADIEK à peu près droite, viennent frapper la rive sud du lac Kénoganii et la suivent dans toute sa longueur. Au Beau- Portage, la chaîne fléchit de quelques degrés vers le sud. Elle passe à une fait^e distance du lac Kénogarnichiche, se prolonge en arrière des paroisses d'Hébertville et de St-Jérôme, et frappe les rivages du grand lac quelques arpents à l'ouest de la Métabetchouane. A partir de ce point, cette chaîne de hauteurs suit à peu près le rivage jusqu'à la réserve des Montagnais, à la Pointe- ^leue. Là, elle tourne brusquement à gauche. Vous diriez même, à première . vue, qu'elle disparait complètement à ce point. Et quand vous arrivez sur le cran Ste-Catherine,. entre la Pointe-Bleue et St- Prime, vous vous trouvez sur le versant nord-ouest de la chaîne de hauteurs que nous décrivons en ce moment. Jusqu'alors vous avez bien vu les fertiles plaines d'Hébertville et de St-Jérôme^ vous avez admiré les sites enchanteurs de la Pointe-Bleue, mais à ce moment seulement, la véritable vallée du lac St-Jean se déploie devant vous. Vous êtes eu face d'une étendue de terres arables unie comme nos plus belles plaines du sud, et sur laquelle se sont déjà formées de riches et florissante paroisses. Pas de montagnes qui limitent l'horizon, et, si loin que la vue peut s'étendre, c'est un océan de verdure : forêts vierges ou moissons abondantes. Sur la rive gauche du Saguenay les cnaînes montagneuses, après avoir formé le Cap-à-l'onest s'éloignent peu à peu de la rivière. Cet éloignement s'accentue très vite. Déjà à Chicou- timi, elles sont à la limite des cantons Tremblay et Simard. Elles se prolongent ensuite dans une direction à peu près parallèle au Sag!ienay jusqu'aux lacs Chabot et des Brochets. Là elles semblent disparaître. Dix moins, je n'ai pas été capable de suivre plus loin leur développement. Cette double arête que nous- venons de décrire forme donc cou ne un vafite entonnoir dont le tube seiait la rivière Saguenay, et dont le pavillon, originant à la baie des Ha ! Ha !, se prolon- o-erait, en s'éhiigissant graduellement, bien audelà du lac St-Jean. GEOGRAPHIE PHYSIQUE DU SAGUENAY 185 Pour compléter cette étude, nous devons mentionner un amas de collines granitiques et labradori tiques qui viennent se jeter transversalement à la hauteur du lac Kénogami. Vous les rencontrez sur toute la longueur de ce dernier, depuis le Por- laçre-des-Roclies. Elles traversent éo'alement le canton Kéno- gami et la Décharge elle-même en différents endroits, pour aller se souder avec les hauteurs qui courent en arrière des cantons Bourget et Taché. Ce n'est que par des reconnaissances nombreuses et poussées à peu près dans tous les sens que l'explorateur vérifie les détails orographiques que nous venons de passer en revue. Mais il j a une chose qui frappe de prime abord l'étranger mettant pour la première fois le pied dans les plaines du Saguenay. C'est le mélange presque inextricable d'alluvions de toute nature, glaise, sable, gravier, cailloux roulés, &c., avec de solides roches grani- tiques. " Les rochers et les chaînons, dit M. A. Buies, ont invari- ablement la même forme arrondie, comme de longues vagues pétrifiées, et la surface est aussi polie, aussi lisse que l'ivoire lui-même." Vous êtes sur ce qui vous paraît être uue immense plaine d'argile. Votre regard contemple des champs magnifiques, couverts de riches moissons, et tout à coup le chemin fait un angle brusque pour doubler ua mamelon granitique qui perce la croûte argileuse. Encore quelques pas et votre coursier s'enfonce au grand galop dans un étroit ravin, pour gravir la rampe opposée avec une vitesse d'ouragan. Ces scènes se renou- vellent constamment dans tout le Saguenay. Partout un pays plat et uni comme surface générale, mais accidenté à l'infini par des ravines et des affleurements granitiques. Nous ferons remar- quer cependant que la plaine placée au nord-ouest et au nord du lac, étant relativement basse par rapport au lac dans lequel elle s'égoutte, est beaucoup moins accidentée et ressemble davan- tage aux campagnes du sud du St-Laurent. 186 LE NATURALISTE CANADIEN Après avoir donné ces quelques détails géographiques, je désire vous expliquer au point de vue géologique les causes de cette configuration physique si remarquable. Ce sera vous faire l'histoire géographico-géologique de ce beau pays. Nous verrons si son origine constitue une exception dans la série des développements géogéniques, comme quelques-uns l'ont afiirmé^ ou si elle rentre dans la règle générale. Je vous demande pardon à l'avance de l'aridité des détails techniques que je devrai forcé- ment donner pour mieux taire comprendre le jeu des différents agents dont nous aurons L étudier les effets. Le massif des Laurentides, dans lequel est englobée la vallée du Sagueuay, appartient à la formation géologique la plus ancienne de l'univers. Plusieurs géologues vont jusqu'à dire que ce terrain laurentien est tout simplement la première croûte qui s'est formée sur notre globe alors que le rayonnement l'eût refroidi assez pour en figer la surface. Sans partager cette manière de voir, il nous est cependant impossible de nier que historiquement parlant, nous ne soyions séparés de l'époque laurentienue par une telle multitude de siècles que l'imagination en est presque épouvantée. Cette croûte primitive est à peu près partout recouverte par des lits plus récents qui sont venus se déposer à sa surface. Cependant il existe dans l'Amérique du nord une vaste superficie laurentienue qui, d'après toute apparence, n'a jamais reçu de dépots ultérieurs. Elle forme l'Amérique éozoïquê des géologues. Pour expliquer cette nudité locale du laurentien américain, il faut supposer que ce noyau a émergé de l'océan primitif dès les premières époques géologiques. Autrement les eaux auraient tôt ou tard déposé à sa suiface les détritus de toute nature qu'elles tenaient en suspension et l'auraient peu à peu recouvert. A cette époque, l'Amérique du nord ne se composait que d'une étroite bande de rochers granitiques, jetés comme sans GÉOGRAPHIE PHYSIQUE DU SAGUENAY 187 ordre dans les eaux bourbeuses et chaudes de l'océan, et donnant asile à des organismes inférieurs, animaux ou plantes, dont la science admet l'existence sans avoir pu encore en identifier rigou- reusement les espèces. Ces collines laurentiennes s'abaissèrent cependant un jour par suite d'une de ces oscillations lentes qui plient comme une feuille de carton les assises les plus compactes de notre globe. L'océan envahit leur superficie, s'arrêtantde préférence dans les vallées les plus profondes. Tout ne fut pas recouvert, mais il y eût dans la partie nord de notre pays comme deux mers inté- rieures, dont les eaux tièdes et limpides se peuplèrent bientôt d'une foule d'espèces animales, coraux ou mollusques. Les squelettes de ces animaux, parfaitement conservés, sont arrivés jusqu'à nous, et on les retrouve partout dans les lits qui se sont déposés au fond de ces mers primitives. Ces deux méditerrannées étaient le lac Mistassini et le lac St- Jean. Comment savons-nous que ces deux dépressions superficielles, ces deux lacs, ont bien commencé à cette époque ? — Voici les faits qui établissent ce point d'une manière tout à fait certaine. Nous trouvons sur les rives nord du St-Laurent, depuis le Cap Tourmente jusqu'à Kingston et au delà, "des lits calcaires que tous les géologues rapportent sans hésiter à l'époque silurienne Or les mêmes calcaires, avec les mêmes fossiles, se trouvent dans les bassins des lacs Mistassini et St-Jean. Par conséquent tous ces calcaires sont contemporains, et pendant que l'océan silurien venait battre les rivages sud de l'Amérique éozoïque, deux bassins marins envahissaient les deux dépressions lacustres que nous venons d'indiquer et en faisaient deux mers intérieures. De là nous pouvons tirer comme première conséquence, que le lac St-Jean a existé depuis le commencemet des âges géologiques. Or il serait absurde de dire qu'il ne devait jias dès lors drainer une surface très étendue, aussi grande au moins 188 LE NATURALISTE CANADIEN que son bassin hydrographique actuel. Par conséquent sa dé- charge devait être également aussi puissante que le Saguenay actuel. Plus tard, un léger mouvement ascensionnel se produisit dans l'Amérique éozoïque. L'océan Atlantique cessa de mêler directement ses eaux à celles que les rivières de l'intérieur ap- portaient constamment dans le bassin du lac. Celui-ci, de salé devint d'abord saumâtre puis complètement doux, et prit peu à peu l'apparence qu'il a maintenant, sauf les dimensions qui restèrent peut-être beaucoup plus grandes. L'ouverture par laquelle s'écoulait le trop plein de ses ondes fut usée, creusée petit à petit par les courants, et cela d'autant plus profondément que la masse d'eau était plus con- sidérable et que son passage au même endroit fut plus prolongé. Et comme il n'y a aucune raison de dire que le lac St-Jean silurien ne se déchargeait pas par la même rivière que le lac contemporain, nous devons croire que la rivière Saguenay existe depuis les époques géologiques les plus anciennes. * * * Mais est-il bien certain que cette rivière doive son exis- tence à la cause générale qui détermine le creusement des autres rivières, c'est-à-dire, à une pente superficielle plus marquée dans sa direction et à l'érosion des eaux ? Ne doit-on pas au contraire y voir le résultat d'une secousse effroyable qui aurait fendu en cet endroit la croûte terrestre ? Il est assez difficile de donner à cette double question une réponse catégorique. et absolue. M, Buies et plusieurs autres affirment que le Saguenay s'est ouvert tout d'un coup, la croûte terrestre s'étant brisée sous l'influence des forces internes de notre globe. Cependant, une chose certaine c'est que, s'il y a eu cataclysme, *le phénomène s'est passé longtemps avant que les argiles de Chicoulimi et du bassin du lac 3e soient formées. Par conséquent ce brisement subit n'est pas celui dont parle M. Buies dans son" ouvrage sur le Saguenay. En outre, il est très GÉOGRAPHIE PHYSIQUE DU SAGUENAY 189 difficile d'imaginer une force souterraine capable de produire une énorme fissure comme le Saguenay, et qui n'aurait laissé aucune trace géologique bien visible dans les parties voisines de cette gigantesque déchirure. De plus, si rien ne s'y oppose du côté des faits, n'est-il pas à la fois plus simple et plus naturel de dire que la rivière Saguenay n'est que le résultat des agents physiques ordinaires, traduisant leur action d'une manière tout à fait régulière. Car après tout, en saine logique, les causes extraordinaires doivent être exclues lorsque leur intervention n'est -pas évidemment démontrée. Partant de là, je crois que l'origine cataclystique du Saguenay doit être reléguée parmi les visions d'imaginations volcaniques, trop faciles peut-être à preudre'leurs rêves pour des réalités. La science n'a aucune foi dans les systèmes a priori quelques brillants qu'ils soient. Elle observe, elle mesure, elle calcule, et ce n'est qu'après de longues et pénibles recherches qu'elle tire ses conclusions. Les initiés eux-mêmes se trompent hélas! trop souvent dans leur délicates déductions. Que penser alors des imprudents qui jugent en maîtres, frappant inconsi- dérément à droite et à gauche, et se posant en docteurs en fa- veur de thèses inconnues ou du moins mal comi)rises. Il faut étudier les sciences à leurs sources et non pas dans ces brillants miroirs qui n'en reproduisent jamais que des images affaiblies et souvent fausses ou incomplètes. J'affirme donc que la rivière Saguenay n'est pas le résultat d'un cataclysme géologique. Les considérations qui vont suivre vous feront voir si ma thèse est solide ou non. Les partisans du cataclysme apportent comme une des preuves à l'appui de leur opinion, l'apparence si remarquable de cette rivière, ses rivages e.icarpés et rocheux, la profondeur de son lit, le caractère tourmenté des montagnes qui l'enserrent. Pour eux, il est évident qu'un cataclysme seul est capable de déchirer la croûte terreste d'une manière si régulièrement irrégulière. 190 LE NA.TURALISTE CANADIEN Malheureusement il ne manque pas de lits de rivières dé- pnssantde beaucoup le Saguenay en profodeur et en sauvagerie, ])assez-moi l'expression, et qui cependant sont exclusivement dus à l'érosion lente de l'eau et des agents atmosphériques. Le ) ouvoir érosif de l'eau est étonnant, et il ne faut pas à celle-ci un nombre incalculable d'années pour se creuser un chemin même dans les roches les plus dures. Lyell cite à ce sujet un fait très intéressant arrivé à Simo- netto, en Italie. Une petite rivière, durant le court espace de deux siècles, s'est creusé un chenal de plus de 200 pieds de profondeur, dans une coulée de basalte qu'une éruption volcani(][ue avait jeti'e en travers de son cours. Cependant le basalte est peut-être la plus compacte de toutes les roches volcaniques. Voulons-nous d'autres faits analogues ? Revenons de ce côté de l'Atlantique, rendons-nous dans l'ouest des Etats-Unis. Là, nous verrons les grandes rivières qui prennent leurs sources dans les massifs des Montagnes Eocheuses, se creus'er, elles mêmes et elles-seules, des gorges étroites et profondes qui encaissent leurs flots sur des longueurs de plus de deux cent milles. Eien de plus grandiose, je devrais dire de plus sublime, que ces défilés abruptes par lesquels s'écoulent, paisibles ou tour- mentées, les eaux des fleuves du Wyoming, du Colorado et de quelques autres Etats. De chaque coté s'élèvent des murailles à peu près iierpendiculaires, dont les sommets atteignent de 2000 à 6000 pieds. Tantôt ce sont des lits de grès, de calcaire, de marbre, de schistes qui forment les deux rives ; tantôt les eaux ont labouré le granit vif pour s'y creuser un lit de [dus de 1000 pieds de jirofondeur. Chacun des tributaires de ces fleuves se cache au fond d'un lit analogue, et la surface générale du pays quoique plane, se trouve coupée eu tous sens par une myriade de chenaux d'érosion. Considéré sans parti pris, le Saguenay n'est pas comparable CONGEES INTERNATIONAL DES GEOLOGUES 191 à ces canons du Colorado. Le volume de ses eaux est pins grand et voilà tout. Les plus hautes niontaoues de ses rivages, les caps Trinité et Eternité, atteignant à peine 2000 pieds. Il faudrait trois Eternités superposés pour égaler les falaises al»ruptes des rivières du Colorado. Or personne ne doute que les canons du Colorado n'aient été creusés directement et uniquement par l'eau des rivières. Pourqui ne pas croire qu'il en a été de même pour le Saguenay ? Pourquoi ne pas y voir tout simplement le résultat de l'usure des roches par l'énorme masse d'eau qui s'écoule depuis si long- temps par ce déversoir ? Je viens de dire depuis si longtemps, en effet, les canons du Colorado sont récents comparés au Saguenay. Il y avait des siècles que ce dernier existait, et les rivière de l'ouest des Etats- Unis ne coulaient pas encore. Le Saguenay a commencé son cours avec l'époque silurienne, et les canons de l'ouest ne remontent pas au delà du crétacé. ji 'continuer. CONGRKS INTERNATIONAL DES GEOLOGUES C'est à l'Association Américaine ]iour l'Avancement de la Science que revient en premier lieu l'honneur d'avoir suggéré l'idée d'un tel congrès, dans sa réunion à Buffalo en 1876. La première session se tint à Paris, lors de l'Exposition Universelle en 1878 ; la 2e à Bologne en 1881, et la 3e s'ouvrit à Berlin, le 29 septembre dernier. Français, anglais, belges, suisses, russes, italiens, et surtout allemands qui surpassaient en nombre toutes les autres nationa- lités, se trouvèrent là réunis. Mais comment s'entendre avec tant de langues différentes ? Api es délibérations, il fut convenu que le français serait la langue du Congrès, comme étant celle 192 LE NATURALISTE CANADIEN qui conviendrait au plus grand nombre d'étrangers. Les alle- mands ne furent pas peu découragés par cette décision, car ils n'avaient qu'un seul liomme, M. Hauchecorne, capable de parler assez bien le français pour conduire les débats et influencer les discussions. M. Newmayr, il est vrai, répondit avec grand effet à M. Lapparent, et Son Excellence le V. Dechen, parla fréquemment, sinon facilement. Quant au Dr Beyrich, le pré- sident nominal, il fut tout à fait inintelligible, et M. Stur fut obligé de demander une dispense au Congrès pour pouvoir s'ex- primer en allemand. 11 avait été arrêté à la session de Bologne qu'on préparerait une Carte géologique de toute l'Europe, à la mesure de tjôÔjôôû, et un comité avait été choisi à cette fin. Ce comité qui se com- posait comme suit : Beyrich et Hauchecorne pour l'Allemagne ; Liaubrée pour la France ; Giordano pour l'Italie ; de Mœller pour la Russie ; Mojsisovics jiour l'Autriche-Hongrie ; Topley pour l'Angleterre ; et Eenevier, Secréiaire-général, pour la Suisse, fit rapport qu'il avait fait un arrangement avec la mai- son Reimer de Berlin pour la publication de la Carte, d'après lequel arrangement cette maison se chargeait de tous les risques, pourvu qu'où lui garantît une édition de 900 copies à 100 francs chaque. La Carte se composera de 48 feuilles de 48 sur 53 centi- mètres, le tout formant un ensemble de 3.3G m. de haut sur 0.71 de large. L'Angleterre, la France, l'Espagne, l'Italie, l'Autriche-Hongrie, l'Allemagne, La Suède et la Russie prennent chacune 100 copies = 800; les 100 autres seront distribuées entre les six petits états Belgique, Hollande, Danemark, Suisse, Portugal et Roumanie. Le Comité fit de plus rapport des six résolutions qui suivent : 1. — M. Karpinski succédera à M. de Mœller, qui a résigné, pour représenter la Russie. II. — Le système Carbonique ou Permo-Carbonifère, sera représenté sur la carte par trois teintes distinctes de gris. CONGIîES INTER ATION AL DES GEOLOGUES 193 ITI. — Les imances du brun seront appliquées au Dévouien. IV. — La couleur représentant le Silurien est laissée au choix du Comité. A^.— Les roches éruptives seront représentées par sept tintes de ronge, s'étendant du rouge brillant au rouge-brun. VI. — La solution des autres qnestions, comme les su1)di- visions des terrains, les couches trop faibles pour être repré- sentées etc., est laissée à la discrétion du Comité. Ces six propositions, après discussion, furent agréées avec de légers changements de peu d'importance. Quant à la nomenclature, voici quel fut le résultat des délibérations qui n'est, pour ainsi dire, que la définition des termes en usage. Groupe, sera appliqué aux divisions principales (groupe secondaire etcj. Système, sera la division venant après le groupe (Système Dévoni^.n). Skrie, viendra en troisième lieu (les séries du système Carbonifère). Etage, viendra ensuite (étage des grès). Assise ou Couche, désignera les divisions venant en cin- quième lieu. ZONE, désignera un nombre de lits caractérisés par un ou plusieurs fossiles, mais il sera toujours inférieur à étage. Banc, indiquera une assise ou une couche plus épaisse et plus cohérente que ses voisines au milieu desquelles elle est intercalée. On fera usage des terminaisons " aire, aires " pour les groupes, des terminaisons "ïque, ïques " pour les séries, et des terminaisons "ien, ienne, iens, iennes" pour les étages. Avant de se séparer, le Congrès décida que sa prochaine réunion aurait lieu à Londres en 1888; MM. Hughes, Geikie, 194 LE NATURALISTE CANADIEN Blanford et Topley furent appointés pour fuire les arrangements nécessaires. Plusieurs mémoires de haute importance furent présentés au Congrès durant sa session, entre autres : de M. Gaudry, sur certains reptiles; de M. Newberry, sur un grand poisson dévo- nien de l'Amérique; de M. Posepuy, sur la condition fluide de l'intérieur de la terie; de M. Newmayr, sur un plan du "JSTo- menclutor Palœontologicus " qu'il est en frais de compiler. Il fut agréé que ce plan serait publié sous les auspices du Congrès. La délégation des Etats-Unis à ce Congrès se composait : de M. J. Hall et des professeurs Newberry, Williams et Fraser. Primes. - Plusieurs, pensons-nous, n'ont pas bien saisi le sens des explications que nous avons données au sujet des primes. Voici comment nous procédons. Chaque mois, après la remise à la poste de tous les numéros à nos abonnés, nous faisons le tirage des deux numéros gagnants, pour les proclamer dans le numéro suivant. Jusque là nous ne connaissons pas quels peuvent être les gagnants. Les abonnés, à la réception de leur numéro, doivent voir quel chiflYe porie le leur, écrit eu crayon bleu sur la première page. Si ee chiffre est un de ceux qui ont été proclamés gagnants précédemment, alors ils ont droit à la prime annoncée. Mais tout autre chifl're demeure sans va- leur, il n'y en a que deux bons chaque mois. Nous ne savons comment on a pu interpréter la chose, niuis nous sommes con- vaincu ([ue plusieurs l'ont mal entendue. Tout dernièrement, en voici un qui nous écrit tout joyeux de Montréal qu'il a droit à une prime, que son numéro porte écrit en crayon bleu, sur la première page, le nombre 23. Fort bien, nous dîmes-nous, voyons à quoi répond ce nombre. Octobre, numéros gagnants: 1ère prime 17 ; 2e 373 Novembre, " " " " 233 ; " 240 Décembre, " « " " 235; " 115 AEITHMÉTIQUE 3 95 Mais â3 ne se trouve daus aucun de ces nombres ; on s'est trompé. Nous écrivons à notre abonné pour lui faire remarquer la chose, pensant que, comme c'est un homme très intelligent, il aurait pu mettre, par un Icqjsus calami, 23 au lieu- de 233 ; et voici qu'il nous répond : " puisque c'est une erreur de votre part, n'en parlons plus." Erreur de notre part ! comment peut- il donc interpréter la chose ? Presque en même temps un antre nous écrit d'une paroisse en bas de Québec: "Je suis gagnant d'une prime, mon numéro porte le nombre 396 écrit en crayon bleu." Nous lui écrivons de même pour l'inviter à considérer si dans les six numéros proclamés gagnants jusqu'alors, comme on les voit ci- dessus, se trouve 296. On s'était donc semblablement trompé. Arithmétique.— Xous sommes porté à croire qu'on né- glige trop, dans les institutions d'éducation de Montréal, l'en- seignement de l'arithmétique et surtout des fractions. Qui pourrait croire, par exemple, qu'on puisse prétendre que ji^O ? Cependant nous n'avons pas moins de trois cas différents où cette absurdité eit invoquée, et tous les trois de Montréal ou de ses environs. Suivant la coutume généralement suivie en ce pays, nous adressâmes notre publication, lors de sa réapparition, à un «^land nombre de personnes que nous jugions par leurs connaissances leur amour du progrès et leur intelhgence, pouvoir peut-être devenir souscripteurs, les invitant, d;iiis le cas contraire, à nous renvoyer notre numéro. La plupart se sont confoimés à cette règle, les uns renvoyant le numéro reçu, les autres nous faisant remise de l'abonnement. Nous annonçâmes à notre troisième numéro que nous considérions comme abonnés tous ceux qui n'avait pas fiùt le renvoi des numéros précédents. A] rès notre sixième numéro, jugeant que les renvois ne pouvaient j)]u3 avoir lieu, nous faisons imprimer les adresses de nos abonnis. 196 LE NATURALISTE CANADIEN Et voici qu'aussitôt un médecin de Montréal, avec deux braves curés des environs, nous renvoient ce septième numéro avec le mot refusé en épigraphe. Ces braves gens se seront dit sàus doute : septième livraison mensuelle, c'est déjà plus que la moitié, mais, voyons, ' n'égale-t-il pas 0 ? donc je ne dois rien . et le renvoi se fait. Il est bien vrai que je savais qu'en gardant ces livraisons je devenais abonné, et que pour les renvoyer je n'avais qu'à dire au facteur de la poste que je n'en voulais pas ; mais dois-je m'inquiéter de semblables bagatelles ? Et c'est ainsi que les journalistes et les publicistes de tout genre travaillent pour un public exigeant, qui manque souvent de générosité, et qui parfois aussi pèche contre la justice. Bibliographie. — M. E. T. Cresson, de Philadelphie, la plus forte autorité américaine en fait d'Hyménoptères, est oc- cupé à préparer un catalogue général de tout l'ordre qu'il publiera bientôt. Le Dr F. W. Coding, d'Ancône, Illinois, doit publier pro- chainement des esquisses biographiques, avec portraits, des prin- cipaux entomologistes économiques de l'Amérique du Nord. Tissu cellulaire des plantes. — Nous voyons dans le Microsco'pe du mois de novembre, qu'après de sérieuses études sur le sujet, MM. Lawrence et Eaddin, d'Evanston, III, se sont convaincus qu'il n'était pas possible de déterminer les espèces d'exogènes par l'inspection microscopique de leurs cellules, celles-ci présentant souvent, dans la même espèce, des diffé- rences considérables suivant les différentes localités ; souvent même les différentes espèces du même genre ne se ressemblent en aucune façon, et montrent des analogies avec des arbres tout à-fait étrangers. Ainsi les cellules du Chêne rouge sont tellement semblables à celles du Pin blanc, qu'on les croirait appartenir à la même essence.- LE ?3 Vol. XV CapRoMge, Q., MARS, 1886. No. 9 IJéilaiMeur: M. l'AbbC PROVANCIlhB. PRIMES Janvier La 1ère (hi mois de janvier, X° 3S7, est échue à M. l'alib.' V. P. Jutiasi. (.-liu' de St-l'atrice de Tingwick. Les autres ii'out [tas encore été réclamées. ■ FÉVRIER ISTuméros gagnants : 1ère — L^ne superbe coquille. Cassis rufa N° 104. 2c — Deux CO 1 utiles, Purpura Jujernastoma.. iS'° 65. N. B. La [lersouue a_yant l'exemplaire portant l'un ou l'autre de ces numér'js écrit en crayon bleu sur la première page, devra réclamer l'objet dans les deux mois de cette date, et envoyer des timbres pour affranchir le postage. — Voir sur la couverture. LE SAG UE NAY ESSAI DE GÉOGRAPHIE PHYSIQUE PAR M. I'abbé J.-C. K.-Laflamme, Québec. (Continué de la page 191) ■Miir vous donner une idi'e du nombre d'années qui ont dû s'cc .u or depuis ccj é[ o j[Ues recidée» j usqu'à nous, je vous citerai 9— Mars 1886 198 LE NATURALISTE CANADIEN les chiffres auxquels arrivent à ce sujet les supputations géolo- giques. Sans cloute ces calculs sont très incertains, mais la valeur relative des nombres que l'on trouve est admise par tous, et quels que soient les chiffres absolus, il est du moins certain que les époques géologiques ont été longues, extrêmement lon- gues. C'est avec raison qu'un géologue a pu dire de la période humaine, depuis la création d'Adam jusqu'à nos jours, qu'elle n'était qu'une moisissure dans l'histoire de notre planète. M. de Lapparent, professeur à l'Institut Catholique de Paris, dans son excellent traité de G-éologie, résume ainsi les estimés de la science sur la durée des époques géologiques. Il admet qu'il a fallu de 20 à 100 milHous d'années pour opérer le dépôt de tous les terrains de sédiments. Or en comparant les épaisseurs sédimentaires des trois grandes divisions géologiques, on trouve que la durée respective de celles-ci est dans le rapport suivant : Ère tertiaire 1 " secondaire 3 " primaire 12 Ce qui donnerait pour les terrains primaires de 15 à 75 millions d'années, [pour les secondaires de 4 à 19 et pour les tertiaires de 1 à 6 millions d'années. M. J. D. Dana, le prince des géologues américains, admet les chiffres suivants : 36 mil- lions pour l'ère primaire, 9 pour l'ère secondaire et 3 pour l'ère tertiaire. Appliquons ces chiffres à la durée relative du Saguenay d'une part et des canons du Colorado de l'autre, et nous trouve- rons que le Saguenay existe depuis plus de 36 millions d'années, tandis que les canons ne remontent qu'à 4 ou 5 millions d'an- nées. Si dans quarante ou cinquante mille siècles les eaux du Colorado ont creusé des lits de 6000 pieds de profondeur, pour- quoi le Saguenay n'aurait-il pas pu, pendant 360,000 siècles, creuser un lit qui n'atteint jamais 3000 pieds ?... De là nous sommes en droit de tirer une seconde conclu- GÉOGRAPHIE PHYSIQUE DU SA.GUEN:AY 199 sion, c'est que l'aspect de la vallée du Saguenay, pas plus que la profondeur de ses eaux, ne prouve (ju'il est plutôt le résultat d'un cataclysme géologique qu'un phénomène ordinaire d'éro- sion fluviale. * * * Cependant, à part l'usure par l'eau, un autre puissant facteur est très certainement entré en ligne de compte et a contribué pour une large part à modifier la surface de la villée du Sague- nay. Nous allons essayer de vous en donner une idée en quel- ques mots et de vous faire coini)rendre la cause des dernières modifications qui ont imprimé à toute cette région son cachet particulier. • Nous avons dit précédemment que le bassin du lac St- Jean s'est dessiné, dans les premiers âgeo géologiques. Depuis cette époque si éloignée jusqu'à la nôtre, la plus grande partie de la surface du massif laurentien est restée hors de l'eau. Or, il n'est que juste de se demander quelle a été l'action des divers agents atraosjjhériques sur ces roches granitiques. Celles-ci ont été nécessairement décomposées à une profondeur notable. Puis, sur ce sol neuf et fertile ont poussé de vigoureuses forêts, dont les essences se sont succédées les unes aux autres durant les pé- riodes géologiques subséquentes. Vers la fin de celles-ci, peu de temps avant l'apparitien de l'homme, une température tiès basse envahit tout à coup les par- ties septentrionales de l'Amérique du nord. Une précipitation abondante eu fut le résultat et tout le Canada se couvrit d'un immense manteau de neige qui devait s'accumuler sur place, des années, des siècles peut-être, sans se fondre. Bientôt eette neige se changea en glace, et celle-ci s'entassant de plus en plus dans les parties septentrionales, la poussée de cette masse glacée la fit s'écouler lentement vers le sud. Or actuellement, les glaciers des Alpes qui ont à peine quelques centaines de pieds d'épaisseur, modifient profondément 200 ^K NATURALISTE CANADIEN les lits sur lesquels ils coulent. Les parties meubles sout en- levées, les roches sont arrondies en dos de moutons, usées, polies, souvent striées par le frottement des débris jiierreux entraînés par la glace. Si donc des glaciers, qu'on pourrait qualifier de lilliputiens comparés au glacier continental américain, peuvent faire de si grandes choses, quel n'a pas dû être l'effet de l'im- mense manteau de glace qui recouvrit un jour la surface de notre province ? Les plus gros arbres furent ariachés du sol et enlevés comme des fétus de paille ; les roches meubles furent saisies par la glace en mouvement et se mêlèrent plus ou moins intimement avec elle ; les collines furent arrondies, les sommets étêtés ; et, lorsqu'après de longues années le glacier continental disparut, le système orographique du pays fut presque mécon- naissable. Le Saguenay et toute la vallée qui lui envoie le tribut de ses eaux ne fut pas à l'abri' de cette action de la glace. Les preuves de ce fait nous les trouvons là à chaque pas. Partout des roches arrondies, polies comme des miroirs, partout de ces stries glaciaires, témoins et indicateurs infaillibles à la fois de la présence et de la direction du courant glacinire. Impossible d'attribuer ce polissage des rochers à l'action de l'eau. Celle-ci creuse les roches en place, mais ne les arrondit jamais. Le glacier continental a donc recouvert le bassin du Saguenay et il y a même tout lieu de croire que la glace a atteint son maxi- mum d'épaisseur à peu près dans cette région. Aussi l'érosion y a-t-elle été énorme. De grands bancs de calcaire silurien, déposés dans l'océan primitif et fortement attaqués par l'atmos- phère durant de longues suites de siècles, ont été broyés et usés, de façon à ne plus laisser, comme preuve de leur existence d'autrefois, que quelques minces assises de pierre à chaux, ap- paraissant ça et là et comme distribuées au hazard. Mais quelle a dû être l'action du glacier continental sur le chenal du Saguenay en particulier ? La réponse à cette question se simplifie considérablement si l'on considère ce qui s'est passé ailleurs. GÉOGRAPHIE THYSIQUR DU SaGUEXAY 201 En examinant attentivement le littoral des pays septen- tvionanx, qui ont été soumis à un courant semblable de glace mouvante, on le trouve déchiqueté en tous sens par une multi- tude de baies, de golfes très étroits qui pénètrent souvent à une grande distance à l'intérieur. Les côtes de la Norvège sont sur- tout reniiirquables à ce point de vue. Et dans ce dernier pays, le nombre de ces dentelures ou /z'o/v/.s est tellement grand que le développement total du rivage se trouve porté à 3000 lieues au lieu de 600 qu'il devrqit avoir si ces fiords n'existaient pas. Tous les géologues sont d'accord pour voir dans les fiords la double action de l'eau et des glaciers, ces derniers envahissant les vallées primitives des rivières et les creusant à une très grande profon- deur, jusqu'à ce que l'eau, lors de la fusion de la glace, reprenne son premier empire. Les 'côtes de la Colombie anglaise sont dentelées de la même manière. Les bras de mers y sont très nombreux et ont des formes qui rappellent le Saguenay. Examinez le Dean Inlet et vous croirez voir le Saguenay, avec cette différence toutefois que ce dernier est deux fois plus court. Le Lyse-fiord, sur les côtes de la Norvège, s'avance à 12 ou 15 lieues dans les terres, bien que sa largeur ne dépasse guère 2000 pieds en certains endroits. Ses parois, cou])ées à pic, vont se pe'dre à une hauteur de 2000 à 3000 pieds. N'est-ce pas absolument le Saguenay ? Ces golfes longs et étroits sont toujours très profonds, comme le Saguenay. Leur chenal se prolonge dans le lit de la mer, comme celui du Saguenay qui se prolonge dans le lit du St-Laurent. En général, ils sont moins profonds à leur embouchure qu'à une certaine dis- tance à l'intérieur, les matériaux transportés par la glace ayant formé là une espèce de barrage artificiel ; le Saguenay est moins profond à Tadousac qu'à une certaine distance en amont. Vous le voyez, les points de ressemblance qui existent entre le Saguenay et les fiords sont suffisants pour nous justifier de les regarder comme ayant une origine analogue. Je ne dis pas que la vallée de cette rivière et son lit ont été creusés uniquement par le glacier quaternaire. Au contraire, le creusage a du se faire et 202 LK NATURALISTE CANADIEN se poursuivre sans cesse par l'nction de l'eau, depuis l'époque silurienne, c'est-à-dire, des millions d'années avant l'époque glaciaire ; mais le passage du glacier a complété et régularisé l'ouvrage de l'eau. C'est lui qui a mis comme la dernière main à la création du lit actuel. L'immense glacier dont je viens de vous parler se fondit un jour. La fusion en fut provoquée par un affaissement général de la surface du pays, affaissement qui eut pour effet d'élever no- tablement la température moyenne. Alors dans chacun des ravins creusés ou agrandis par l'action du glacier on vit apparaître un lac, qui tantôt y resta toujours, tantôt disparut par les issues qu'il se fraya à travers les matériaux terreux de toute nature accumulés çà et là par la glace. Ailleurs l'enfoncement conti- nental fut tel que l'eau de la mer recouviit de vastes surfaces. Tout le centre de notre province en particulier fut un océan en miniature. Les baleines se jouaient sur les bords du lac Cliam- plain et les éperlans fourmillaient aux envions d'Ottawa. Le lac St-Jean lui-même fut envahi par l'océan et il avait alors des dimensions comparables à celle du Ir.c Supérieur, quel- que chose qui rappelle le volume qu'il avait à l'époque silurienne. Sa rive sud-est était à la Grande-Baie et la rive opposée à 30 ou 40 lieues au nord du lac actuel. J'ai trouvé en une foule d'endroits, dans la plaine de Chicoutimi, autour du lac St-Jean et même à cinq lieues au nord du lac, des masses de co juillages marins, et cela à plus de 200 pieds au dessus du lac actuel. Dans l'été de 1884, je découvrais encore à 250 pieds au dessus de l'eau des ves- tiges évidents des anciens rivages, c'était des lits de graviers arrondis et des trainees de sables perchés sur le flanc de hautes collines. Dans cette mer immense furent remaniés les matériaux terreux, broyés par le glacier et dispersés d'abord au hasard. Les argiles provenant de la trituration des roches ]iar le glacier se déposèrent en lits réguliers au fond de ces e.iux tranquilles, enveloppant dans leurs replis les débris des coquillages qui peu- GÉOGRAPHIK PHYSIQUE DU SAGUENAY 203 plaient alors cet océan intérieur. Ces fossiles marins, on les re- trouve maintenant partout dans les argiles. Le fond général se régularisa peu à peu, mais les collines de granite les plus hautes maintinrent leurs sommets au-dessus de ce fond glaiseux et for- mèrent les écueils de cette mer temporaire. Ce sont elles que l'on aperçoit encore maintenant au-dessus des plaines argileuses du Saguenay. Il est probable qu'une masse de glace, englobée dans le lit du lac Kénogami, mit plus de temps à fondre que le reste et bloqua ce lac, par lequel se déchargeait sans doute autrefois le bassin du lac St-Jean. Il y a, en effet, trop de ressemblance entre ce lac long et étroit et la Eivière Saguenay pour ne pas croire que le premier soit tout simplement le prolongement géographique du second. L'ancien chenal du Kénogami, fermé par un dépot d'argile à son extrémité inférieure, se trouva isolé du reste de la rivière. Ln autre dépôt analogue se fit à l'extrémité nord et le sépara du lac St-Jean, de manière à en faire une nappe d'eau distincte. C'est absolument ce qui se passerait dans une rivière, si, par un double barrage, on isolait une portion de son cours et l'on forçait l'eau intercalée à prendre un autre chemin. Un mouvement d'exhaussement suivit bientôt le mouvement d'enfoncement qui avait permis à l'océan d'envahir la vallée du Saguenay. Les eaux de ce grand bassin hydrographique com- mencèrent à se retirer en passant par leur chemin naturel, la rivière Saguenay, du moins pour la partie inférieure de son cours. Car, pour la partie supérieure, il en fut autrement. Le lac St- Jean, trouvant son ancien chenal, le lac Kénogami, obstrué par un double dépôt d'argile, dut déverser ses eaux par ailleurs^ Alors se forma la Décharge actuelle, depuis le lac jusquà Chicou- timi. Voilà donc un bout de rivière tout récent, aussi est-il loin d'avoir la profondeur et la tranquille placidité de la partie la plus ancienne. Il abonde en longs et violents rapides, comme toutes les rivières coulant sur les rochers et qiii n'ont pas encore eu le temps de creuser leurs lits à la profondeur nécessaire. 204 LE NATURALISTE CANADIEN Grâce h cet écoulement progressif des eaux de la mer Sague- nayenne, le fond argileux surgit lentement. D'abord ce fut une plaine unie, mais les pluies ne tardèrent pas à creuser dans cette surface meuble et plastique une foule de ravins dans lesquels sont maintenant blottis les mille petits ruisseaux (|ui arrosent et drainent ce riche pays. Le lac Kénogami, privé accilentelle- ment de toute communication avec le Saguenay et avec ce qui restait du grand lac, vit sou niveau s'élever petit à j'Ctit par l'ap- port constant de nombreux tributaires, jusqu'à ce que ses flots commençassent à se déverser par les deux rivières aux Sables et de Chicoutimi qui originèrent aux échancrures les plus basses de ses rivages. En effet le lac est à plus de 150 pie'is au-dessus du lac St-Jean et à pas moins de 400 pieds au-dessus du Saguenay à Chicoutimi. Le pays du Saguenay devait avoir dès lors l'apparence qu'il a maintenant: une immense surface argileuse à peu près plane, mais criblée en tous sens par des ravins très profonds et percée de distance en distance par d'énormes l)locs granitiiiues, levant avec peine au-dessus de la plaine leurs lourdes têtes usées par le glacier. Tous ces mouvements de bascule, ascendants ou descen- dants, se sont faits avec une très grande lenteur. Autrement on ne s'expliquerait pas la régularité des dépôts d'argile et l'unifor- mité de la surface générale du pays. Si le lit du Saguenay n'eût pas existé à l'époque de l'océan Saguenayen, mais qu'il se fut alors ouvert tout d'un coup, les courants auraient été tels que toute matière meuble aurait disparu et la roche du fond serait restée complètement à nu. Dans tous les cas, une partie de la crevasse servant de passage aux eaux n'aurait pas été blociuée par des dépôts argileux, comme ceux que l'on remarque aux deux bouts du lac Kénogami. D'un autre côté, nous savons de science personnelle que les masses argileuses sont loin d'être jetées au hasard et en désordre dans la plaine du Saguenay. Qu'on ne parle donc pas de vagues d'argiles subitement arrêtées dans leur GÉOGRAPHIE PHYSIQUE DU SAGUENAY 205 course échevelée, quand toutes les collines de glaise laissent voir des lits horizontaux d'une merveilleuse légnlarité. Non, ces terres que l'on cultive maintenant S3 sont déj)Osées lentenîent an sein d'un océan parfaitement tranquilli-. Ainsi s'évanouit définitiven^.ent une autre preuve de cette théorie du cataclysme, qui tend à regarder tout ce beau pays comme le résultat d'un accident, d'une espèce de hoquet géolo- gique. Plus tard, sous le lavage des jjluies, le sol perdit sa salure originelle. Ce qui restait du lac devint un immense réservoir d'eau douce, des essences forestières s'emparèrent bientôt de ce sol encore vierge et éminemment fertile, le pays du Saguenay était, on pourrait dire, terminé. * * * Voilà le passé de la rivière Saguenay, quel sera son avenir ? Hélas ! c'est triste à dire, mais, à moins que les conditions géologiques ne changent, cette belle rivière est destinée à perdre peu à peu de sa profondeur et à devenir une rivière ordinaire, semblable à tontes les autres qui arrosent les deux rives de notre beau fleuve. Elle se remplit constamment, et par les substances terreuses qu'elle arrache à ses rivages et par les détritus variés que lui apportent ses tributaires. Ces débris s'acc mulent là où le courant cesse ou devient presque nul par la rencontre du flot de la marée. Déjà il est difficile pour les bateaux d'un moyen tonnage d'atteindre Chicoutimi, et les travaux de creusage qu'on fait constamment aux environs de cette ville suffisent à peine à enlever les alluvions de chaque année. Peu à peu ces accumulations de toute sorte gagneront vers le sud, et, dans quelques centaines de siècles, le lit actuel de la rivière seia considérablement rétréci et diminué. La Grande Baie ne sera peut-être plus alors qu'un lac allongé, un Kénogami.en raccourci. Les choses en resteront là jusqu'à ce qu'une nouvelle oscillation géologic^ue, ou bien rende au Sa- 206 LE NATURALISTE CANADIEN cTueimv sa grandeur première en lui restituant les dimensions de sa source, le lac St-Jean, ou bien le fasse complètement dispa- raître en dirigeant les eaux superficielles d'un autre côté. At- tendons encore quelques centaines de siècles et qui vivra verra. J'ai tenu à vous exposer ce soir ces quelques réflexions sur l'histoire géographico-géologique d'une des plus belles rivières du Canada. Je l'ai fait pour la double raison que je regarde ces idées comme exactes, au moins dans les grandes lignes, et que la théorie du cataclysme, qui a fait un certain bruit dans le temps, me semble complèteuient hasardée. Elle ne me parait pas reposer sur aucune preuve géologique sérieuse. Elle peut frap- per l'imîigination, elle peut même paraître possible, sinon pro- bable ; mais, entre une simple possibilité et la léalité, lorsqu'il s'agit des phénomènes de la nature et de leurs lois, il y a souvent plus de distance qu'entre la coupe et les lèvres. En terminant, je vous demande pardon d'avoir paru oublier un peu trop la géographie pour m'occuper presque exclusivement de géologie. Cependant, vous n'ignorez pas que ces. deux sciences sont sœurs et ne vont pas l'une sans l'autre. Si je n'ai parlé que très peu de la géographie contemporaine, j'ai essayé au moins de vous faire voir l'évolution géographique d'un coin de notre beau pays, durant le cours des âges géologiques. Tuisse-je avoir réussi dans la mesure de mes forces ! Ce serait pour moi une véritable satisfaction et en même temps la plus agréable de toutes les récompenses. J. C. K. Laflamme SOUVENIRS DE VALACHIE 207 SOUVENIRS DE VALACHIE Par M. A. Montandon Administrateur du Domaine royal Je Sitiaïa, Valacliie, Roumanie. Sans être la terre promise des naturalistes, les plaines qui montent insensiblement du Danube aux Karpates, ont cepen- dant une faune et une flore dignes d'attirer l'attention, et le chercheur y trouvera encore bien des richesses pour le dédom- mager de ses peines, s'il ne craint pas d'affronter les miasmes fiévreux et les nuées de moustiques qui s'échappent des maré- cages dont la contrée est si amplement pourvue. Pendant les quelques années que j'ai habité Bucarest, mes occupations ne m'ont pas laissé le loisir de fouiller eomme je l'aurais voulu ce pays encore peu exploré; les fièvres inter- mittentes auxquelles bien peu d'étrangers échappent, m'ont aussi souvent retenu. Cependant, en réunissant mes observ^ations, en groupant les faits que j'ai pu constater, j'aurai peut-être des matériaux en suffisance pour donner quelque intérêt à ces sou- venirs que je vous livre aujourd'hui. Les environs de la capitale de la Valachie sont assez mo- notones; les eaux boueuses de la Dimbovitza coulent rapides eiitie des berges de terrains d'alluvions qui s'écroulent à chaque crue ; par-ci, par-là de minces filets d'eau limpide rampent sous des touffes de saules ou d'aulnes pour aller se perdre à quelques ]ias au milieu des ajoncs. Sur les terres plus hautes, les tiges du maïs ondulent sous le vent comme les vages de la mer aussi loin que la vue peut s'étendre. De loin en loin se dresseut les longs bras des puits qui complètent le paysage. Que de fois n'ai-je pas marché, des heures entières, sur un sol que n'abrite aucun dôme de verdure et qui se transforme en couche de pous- sière sous les rayons torréfiants du soleil de juillet, pour at- 208 LE NATURALISTE CANADIEN tein Ire ces abreuvoirs qui paraissent toujours à la même dis- tance et où l'on arrive exténué, pour ne trouver le plus souvent qu'une eau à demi saumâtre, dernier restant des dernières pluies. L'été est la saison morte des naturalistes en Valachie plus que partout ailleurs. Les semaines, quelquefois les mois, s'é- coulent sans que le ciel s'obscurcisse du moindre nuage ; les champs en culture voient les tiges des céréales se raccornir, les marais se desséchent, les terres se crevassent, aucun insecte ne bourdoinie, aucun oiseau ne traverse l'air, aucune feuille ne bruit ; c'est un silence désespérant qui s'appesantit sur cette terre de contrastes, où l'on est asphyxie dans la poussière, quand on ne se noie pas dans la boue ; où aujourd'hui il y a sécheresse, à l'endroit même où hier s'étendait une nappe liijuide; où cette année les récoltes trop abondantes ne trouvent pas place dans les greniers et pourrissent en partie sur les champs, et où l'an prochain la disette affamera le pays. .Mais, laissons ces tableaux peu riants. Le printemi)S et l'automne sont des saisons favorables pour parcourir la contrée ; les marais sont peuplés d'animaux de toutes sortes. Toute la légion des oiseaux aquatiques, canards et échassiers prennent leurs ébats sur les moindres flaques d'eau ; parfois même un vol de cygnes ou de pélicans daigne s'abattre et se reposer de ses longues pérégrinations à quelques kilomètres de la ville, et l'ornithologiste armé d'un bon fusil n'aura qu'à choisir ses victimes pour varier son coup de feu à l'infini. L'é- légant Ardea puvpuren l'attendra à belle portée, les mouettes auront l'air de narguer les bruyantes détonations qui réveilleront d'épaisses nuées d'hirondelles de ros.aux et toutes les variétés de bécassines s'envoleront à quelques pas. L'entomologiste ne sera pas moins bien partagé ; la famille des Ht/drocanthares y compte de nombreux représentants : Dytiscu>t, Acilius, Illyhiu.<^, Hydroporus, etc., etc., se croisent en tous sens et je me souviens avoir sorti un jour une vieille nasse à mailles un peu serrées, qui était à demi enfoncée dans la vase et qui regorgeait de grands Hydrophiles bruns. SOUVENIRS DE VALACIIIE 209 Les tortues n'y sont non pliH pas rares, mais il est assez difficile de se les j locurtr. Elle sunt aussi iigilt-s dans Frk'niL-nt liquide que lentes sur le terrain où elles ne s'aventurent pas volontiers. Des écre visses, grosses comme des petils homar/is, s'y pè- chent en abondance, en comjiagnie d'une grande miilette : Aiio- donta Cyynœa, que l'on envoie à pleins panier.-s sur les marchés de la capitale, pendant les longues semaines du carême ortho- doxe. Le conchy liogiste pourra y faire d'amples moissons d'Hy- drohies, de Liinnies et de bivalves de toutes sortes. J'ai trouvé une écrevisse qui avait les juittes et diverses jiarties du coi-ps littéralement recouvertes de petites Dreisaoïa ■polymoipha, serrées les unes conire les autres et j'aralysant les mouvements dé leur infortuné et curieux véhicule ; et, à ce que m'assu- rèrent les paysans, presque toutes les écrevi.'ises de cette partie de l'étang étaient affublées d'un semblable travestissement. Sur terre la ^ie est moins exubéiante, et ce n'est guère que dans quel ;ues propriétés ] rivées, dans quelques jardins fleuris, que l'entomologiste trouvera de l'occupation et pourra récolter les brillantes Cetonia aiigudcda, s'peciosisèima ; puis: Blechrus inaiirus, ylagiatus ; Lehia humerulis-; Chlœnius liolosericeus ; Badiater hipustidatus ; etc., etc. Au milieu même de la ville, le soir, dans les cafés-jardins, viennent voltiger, autour des bec;? de gaz ou des lampes à pé- trole, une foule de noctuelles, de coléoptères, d'insectes E VALACHIE 223 A ] ropos de Moremus fav evens, ce bel insecte d'un gris clair, orné sur les élytres de quatre taches d'un ncnr velouté ))Vofond, a été donné à tort, |iar la plupart des natuialistos, comme spécial aux cyprès. Je n'ai pas vu un seul cyprès en A'alachie, et je trouvais l'insecte en question sur différentes es- sences d'arbres, aulnes, ormes, liéires, où vit piobablement sa larve. La flore est assez variée, mais aucune ];)lante ne croît en ])lus grande abondance que la J asquiame noire et le Datura à 2^oinme épineuse, le bord des routes et iirincipa'ement le Voisinage des habitations, en sont ensemencés; les ])orcs et les chèvres s'en régalent sans se douter de la ])arcimonie avec laquelle nos médecins emploient ces [loisons végétaux. Les chèvies recherchent même les fruits du Datura avant nuitu- rité et ont l'air d'en faire leur délices. Ceci me remet en mémoire un hérisson que je surpris un jour, installé sous un jeune frêne, dévoiant à belles dents des cantha- rides (Litta vesicatoria), dont l'arbre était couvert, et je crois devoir relever ici une erreur qui a fait préconiser l'emploi de la Cétoine dorée contre la rage, sur h s rapports de personnes sans doute étrangères à notre science favorite, qui avaient vu, dans certaines provinces de la Eussie méridionale, employer une mouche dorée comme remède à ce mal. Or ici, on utilise aussi contre cette terrible maladie, une mouche dorée qui n'est antre que la Cantharide, à la dose d'un insecte pour un jeune chien et de deux pour un chien fait, ingurgitée avec le manger. Je n'ai malheureusement jamais eu l'occasion de Aériiîer l'efficacité de ce traiiement, mais essayez-en au besoin. Aucun reptile venimeux ne rampe sur toute la contrée que j'ai parcourue. De Plœsci à (riurgevo, je n'ai rencontré que d'inotïénsives couleuvres à collier et quelques orvets en- dormis. Que vous dirai-je encore de la Valachie ? Ses villages ne sont guère que des amas de masures «j^u'égayent les nombreuses 224 LE NATURALISTE CANADIEN ciLTOsnes (établies sur les toits de chaume, le bruit des métiers primitifs, qui servent aux femmes à la fabrication d'une gros- sière toile de chanvre, et les aboiements des chiens qui pour- suivent quelque pauvre diable de tzigane en haillons. Les corbeaux et les corneilles, presque protégés en France comme animaux utiles, sont ici une véritable plaie, leurs trou- pes nombreuses s'abattent sur les champs de maïs et prélèvent une forte dîme sur les récoltes. Personne ne songe à les détruire ; et, que pourrait la volonté de quelques uns contre ces vols immenses qui, vers la fin de l'automne, remplissent l'es- pace du Nord-Est au Sud-Ouest sur une largeur de plus de cent mètres et qui passent ainsi des heures entières sans dis- continuité. Où vont-ils ? Je l'ignore, car l'hiver on eu ren- contre tout autant que pendant les autres saisons ; l'intérieur des villes leur devient même très familier pendant que la neige couvre le pays ; et, en plein boulevard, à Bucarest, ils mangent les immondices sous les pieds des passants. De ce chef ils rendent d'immenses services à l'édilité qui, malgré tous les progrès faits ces dernières années, n'est pas encore arrivée à la hauteur de sa mission. A l'exception de quelques rues prin- cipales, la capitale de la Eoumanie est encore bien une ville orientale, avec ses chiens errants, ses cloaques, ses charniers et les parfums délétères qui s'en dégagent. Oui ! j'allais oublier le Danube, et certainement il y aurait bien des pages à remplir sur son compte. C'est un beau fleuve que les Allemands ont chanté, bie Blaue Honaù, qui n'a de bleu que le nom et qui roule ses milles mètres cubes d'eau par seconde, entre des rives encore peu explorées et dignes de plus de recherches. Mais, je suis un enfant des montagnes ; les sommets du Jura que je parcourus dans mon enfance, les pics neigeux des Alpes qui se dessinaient dans mes souvenirs, me trottaient par la tête, et, lorsque je me trouvais sur ces bords marécageux de la Yalachie, je n'éprouvais plus d'extase que pour les derniers échelons des Balkans que j'apercevais sur l'autre rive et que j'aurais bien voulu escalader. Hélas ! je dus SOUVENIRS DE VALACHIE 225 alors me contenter de gravir les collines où est bâtie la petite ville de Eutschouck, dont les ék'gjnts minarets ont été en partie détruits lors de la dernière guerre. Une compensation devait m'être accordée ; à défaut des Balkans, j'eus les Karpates, et l'heure sonna enfin où je pus fuir les plaines pour le fond de la Moldavie, où je suis venu me fixer, presque au centre d'un des plus grands soulèvements de l'Europe. Si le chemin de fer ne vaut rien pour de simples excur- sions, c'est à peine si on le trouve assez diligent en voyage, surtout lorsqu'il s'agit de retrouver un idéal, des pierres, des blocs, des rochers, des forêts, des montagnes, des eaux claires et vives, de la vue desquels on a été privé pendant longtemps, de la nature enfin qui réveille les sentiments, qui donne des obstacles à vaincre et des jouissances à éprouver. Montez sur un som- met, vous découvrirez des sites nouveaux, le panorama chano-e à chaque pas, et ne croyez pas que ces tableaux n'aient aucune influence sur celui qui peut en jouir. Les hommes de la plaine, habitués à voir toujours le même point de vue, s'impriugnent peu à peu de la somnolence du paysage qui les entoure; leur ciel a beau prendre des teintes colorées, lourdes toujours, les tons ne sont jamais aussi variés que dans ces reflets de soleil sur les pics rocheux et les eaux transparentes ; leur horizon est toujours le même. Le montagnard n'a qu'à grimper pour élaroir le sien. Aussi, avec quelle impatience je fouillais du regard au travers de la couche de brouillard qui masquait la vue et laissait à peine deviner les premiers gradins, lorsque je quittai Tolti- ceui, dernière station entre le pays plat et la région d'en haut, comme disent les Vaudois. Les arbres, les collines, les hommes plus forts, plus droits, tout me paraissait rude, mais éveillé et souriant; jt n'étais plus habitué à de semblables tableaux. Je me sentais petit, écrasé, je n'étais plus montagnard, mais je devais bientôt le redevenir, Arnold Montandon. 226 LE NATURALI'^TR CANADIEN NKCROLOniK Il n'y avait encore qne quelqm^s semaines que nous avions reçu de Belgique nne invitation à conconviv aux frais d'un té- moignage de reconnaissance et d'estime à AI. Ed. Morren, pour services rendus au Congiès international de Botanique, qui s'est tenu à Anvers l'an dernier, lorsque nous est arrivée de Liège, nne lettre de faire part, nous annonçant la mort de ce savane distingué. Monsieur Ciiarlks Jacques Edouard Moiîiîen était né à Gand, en 1833, et il est décédé à Liège le 28 lévrier dernier, n'étant par conséquent âgé (\ue de 52 ans. Il était officier de l'Ordre de Leopold, Connnandeur de la Couronne de Eoumanie, Chevalier des Ordres Lupi'riaux et Eoyaux de la Légion d'Hon- neur et membre d'un grand nombre de sociétés savantes de la i;lupart des états de rKurope. Parmi les nombreuses publica- tions dont il fut l'auteur, le monument le plus durable à sa mémoire sera la Revue Horticole de Belgique, dont il était le directeur, et qui poursuit actuellement son XXXVe volume. La Revue Horticole est un recueil édité a.ec grand luxe, tant sous le rapport typogra, hiqne que par les magnifiques planches coloriées qui l'accompagnent. La science du botaniste est mariée dans cette Revue aux connaissances pratiques de l'horti- culteur, de manière à satisfaire tous les goûts des amateurs de plantes, et surtout des [liantes rares, car une attention toute spéciale est donnée aux cultures de plantes de serres. La lettre de faire part n jus fait connaître que M. Morren est mort en bon chrétien, muni des secours de la religion. BIBLIOGKAPHIE 227 BIBLIOGRAPHl!: Nos remeroiemeuts à qui de droit pour l'envoi des nou- velles publications qui suivent : Reports of Experiments with various insecticide sub- stances, chiefly upon Insects affecting garden crops. — Wash- ington, 34 pages in-8. Ce rapport est I'nn de ceux que publie tous les ans la Commission Entoraologique de Washington, sous la direction de M. V. Eiley. Ce rapport est très intéressant en ce qu'il rap- porte un grand nombre d'expériences de différentes piersonues faites avec les insecticides les plus renommés pour avoir rai:;on de différents insectes nuisibles. L'eau à la glace, différents sa- vons, la poudre de pyrèthre, des solutions d'ammoniac, de cou- perose, l'alun, l'huile de charbon, le plâtre, le sel de cuisine, et une foule d'autres substances ont été expérimentées pour la destruction des insectes nuisibles, avec plus ou moins de succès, comme chacun le rapporte d'après ses expériences. C'est une brochure que tons les cultivateurs et horticulteurs devraient toujours avoir sur leur table. * Varieta e specie nuove di imenotteri terehranti tentlire- dinedei. Nota del Dott. Paolo Magretti. — 6 j)]). in-8. C'est une description des espèces nouvelles qui suivent, avec certaines remarques surquehjues autres -.Dineura nigro- flava, Phœnusa ticinensis, Anev gmensus brunneus, AUantus Algeriensis, Sciapterix Algerina, Sciapterix Andreina. * * * Note sur les Eucalptus géants de V Australie, par Chs. Joly, — Paris, 19 pp., in-8, avec 6 gravures. On sait que l'Eucalyptus est un arbre à croissance rapide, à bois résistant, à feuilles odoriférentes exsudant une huile vo- latile qui assainit l'air où il se trouve et qu'on exploite avanta- geusement dans la médecine. Les Trappistes des Trois-Fou- 228 LE NATURALISTE CANADIEN taines, près de Eome, en font des préparations diverses sous forme d'essences, de" poudres, de sirops dont les propriétés dés- infectantes, antiseptiques et fébrifuges sont hautement apfiré- ciées. Depuis quelques années on fait des plantations d'Eu- calyptus sur une très giande échelle et avec beaucoup de succès dans les climats méridionaux, notamment dans le midi de la France, en Italie et en Algérie, car ce bel arbre ne peut résister à un froid au dessus de 10°. On sait que l'arbre est originaire de l'Australie où l'on en compte différentes espèces. Voilà ce que l'on sait généralement, mais ce que l'un ignore c'est qu'on en rencontre des géants qui n'en cèdent en rien aux si renommés Sequoias des Montagnes Eocheuses. En effet, on en a trouvé mesurant jusqu'à 450 pieds de hauteur sur un diamètre de 20 à 30 pieds. * * * Québec, liasse, lyrésent, futur, par Chs. Baillairgé. — Qué- bec, 8 pp., in-8. Ce sont des notes sur les rues anciennes de notre capitale, les noms qu'elles ont portés, les changements qu'elles ont subits et ce qu'on peut augurer de l'apparence que prendra notre ville dans le futur. * * * La sensibilité et la motilité des végétaux. — Par Edouard Morren. — Bruxelles, 34 pp., in-8. Nous annonçons la mort de l'auteur dans une autre co- lonne. * * * Second Report on the Injurious and other insects of the state of New-Yerk, Par J. A. Lintner. — Albanie, 265 pp., in-8, avec nombreuses grav^ures. Parmi les entomologistes des divers Etats de l'Union Aiué- ricaine, M. Lintner, qui a succédé au Dr Fitch, pour l'Etat de New-York, se range au premier rang. Ce second Rapport n'en cède en rien à son devancier en intérêt pour la science et en renseignements des plus utiles pour l'agriculture. Vol. XV. CapRouge, Q., MAI, 1886. No. 11 HédaPleur: JI. l'Abbé PROVA^CllLR. PRIMES Mars. 1ère Prime — N° 58, non encore réclamée. 2e " — N° 317, 2 Helix Cœsareana, échue au Rév. M. Eainville, curé de St-Valier. Avril. Numéros gagnants : 1ère Prime — Faune, les Coléoptères N° S95 2e " — 2 Unio radjatus N° 194 N. B. — La personne aj-ant l'exemplaire portant l'un ou l'autre de ces numéros écrit en crayon bleu sur la première page, devra réclamer l'objet dans les deux mois de cette date, et envoyer des timbres pour affranchir le postage. — Voir sur la couverture. QUELQUIiS NOTKS DE VOYAGE. {Continué de la page 211) Le catholicisme a New- York. On sait quel élan a pris le catholicisme aux Etats-Unis, depuis surtout une trentaine d'années. New- York n'est pas demeurée en dehors de ce mouvement. Elle compte aujour- 11.— Mai lti8l). 230 LE NATPIULISTE CA^'ADTEN d'hui 64 t'glises catholiques où se font, le dimanche, les offices paroissiaux. Ces catholiques se repartissent surtout entre les nationa- lités irlandaise, allemande, française et canadienne. Le clergé se recrute en grande partie dans les ordres régu- liers, ce sont les Jésuites, les Dominicains, les Franciscains, les Paulistes| les Pères du St- Esprit, etc., etc. Quelques-uns veulent que la moitié de la population totale de la ville soit catholique. D'autres estiment, avec plus de raison, pensons-nous, que sur une population totale de 1,200,000, les catholiques comptent pour un demi million environ. Ses églises, quoique renfermant souvent des pièces fort riches, sont inférieures sous le rapport de l'architecture et des décorations à celles du Canada. Du premier coup d'œil, on sent que l'esprit: Américain a fait ici sa marque. C'est le com- fort matériel qu'on a eu particulièrement en vue, et l'exploita- tion financière, pourrions-nous ajouter. Nulle part de ces vastes sanctuaires, pour se prêter au dévelop[)euient des majes- tueuses cérémonies du culte ; nulle purt de ces larges allées, où, au milieu de foules compactes, peuvent se déployer nos inté- ressantes processions ! Lumière distribuée avec trop de parci- monie et absence presque partout de c s larges trumeaux où, en outre des stations du ch anin de la Croix, peuvent se mon- trer avec tant d'avantages des œuvres d'art, pour ajouter encore au sym])oli.sme des temples sacrés. Aussi les pein- tures de mérite et les statues remarquables sont-elles partout fort rares. Comfort et bon rendement, semble être la devise qui a présiiié à toutes les constructions des édifices sacrés de la riche métropole. Sa vaste cathédrale, où s'étalent tant de mar- bres riches et pré'cieux, ne parait jias même soustmite à cette règle commune. Et si l'on descend dans les détails, on retrouve encore des traces de l'a ([ilication du même principe : le néces- saire avec le moins de soins possible. Des autels en marbre QUELQUES NOTES DE VOYAGE 231 et fort simples, avec lesquels on se soustrait aux frais de paru- res suivant les rites des différentes fêtes ; de riches tapis dans les sanctuaires, pour y demeurer aussi longtemps qu'on ne sera pas dans la nécessité de les remplacer; des draperies aux fenê- tres et à la ballustrade du chœur, établies aussi à demeure fixe ! Aussi l'office de sacristain est-il là presque nul ; sauf la cou- leur des habits sacerdotaux, c'est à peu près toujours la même décoration ; l'église changera à peine d'aspect pour une solennité de première classe, ou un service des morts ! Le Protectorat catholique. New- York, comme toutes les villes où fleurit le catholi- cisme, a ses institutions de charité, et fort nombreuses encore. La charité avec l'obole du pauvre, de l'ouvrier, lutte ici avec laphilantropie des millionnaires protestants, et la plupart du temps, sinon toujours, le succès est à l'avantage de la pre- mière. Asiles pour les orphelins, les infirmes, les vieillards aban- donnés, les enfants-trouvés ; refuges pour les naufragées de la vertu ; écoles de réforme, de métiers, etc., tontes les misères et les souffrances trouvent ici la main secourable de la charité, personnifiée dans les Sœurs de la charité, les Sœurs de la Merci, les Sœurs du Bon Pasteur, les Frères des Ecoles-chrétiennes, etc., etc., pour soi -tenir les faibles, ramener au bien, réparer les écarts, relever des chutes, et apprendre à goûter la douceur du joug de l'évangile à ceux qui ne l'avaient jamais essayé ou qui l'avaient répudié. Mais entre toutes ces institutions, nulle n'offre un plus frappant caractère de charité vraiment catholique et un plus florissant succès que le Catholic Protectory, dont M. Casi- mir Villeneuve, un Canadien- français, est actuellen'ient le Sur- intendant. Cette admirable institution est établie à West-Chester, à quelques pas seulement en dehors de l'enceinte de la cité, sur les bords de la Rivière de l'Est. 232 LE NATURALISTE CANADIEN Keprésentez-vous un établissement, ou plutôt un village, dont les constructions ne coûtent i)as moins d'un million de dollars, et où sont abrités 2,240 enfants des deux sexes, i-ous la surveillance des Frères des Ecoles Chrétiennes et des ^œ^-rs de Charité. Et telle est la bonne tenue de l'établissement que, sur ce nombre de 2,240 enfants, au moment où nous l'avons visité, l'infirmerie n'était occupée que par 3 seulement, dont une seule confinée au lit. Cette dernière, de 6 à 7 ans, tou- chait à ses derniers moments, la mort allait luentôt la soustraire à ses souffrances ; une autre de 15 à 16 ans était en pleine con- valescence, et la troisième de 4 à 5 ans n'avait eu qu'une courte indisposition et était déjà prêre à aller reprenire l'étude et les jeux avec ses compagnes. Cette admirable institution date de 1862. Dans l'automne de cette même année, plusieurs catholi- ques éminents, la plupart membres de la Société de St- Vincent de Paul, frappés du grand nombre d'enfants catholi jues qui, orphelins sans ressources ou appartenant à des parents vicieux, se perdaient en vagabondant dans les rues, se réunirent, au nombre d'une vingtaine environ, à l'ocsasion d'une confirmation, à l'église de l'Annonciation, pour aviser aux moyens de sous- traire ces enfants à la vie de perdition dans laquelle ils allaient être infailliblement entraînés. On décida, après délibération, d'ouvrir de suite une souscription pour fonder un hospice pour cette fin ; et séance tenante, la souscription s'éleva à un mon- tant qui ne permit plus de douter du succès, plusieurs souscri- vant chacun $5,000, d'autres $2,500 et d'autres $2,0()0, si bien que dès le mois de janvier suivant, on s'adressait à la légis- lature d'Albany pour avoir un acte d'incorporation. La cité fie New- York, aidée des souscriptions catholiques, soutint d'abord seiJe l'institution ; mais les besoins allant tou- jours grandissant, l'Etat fut appelé ])lus tard à octroyer aussi une certaine allocation, et aujourd'hui ces allocations avec les produits iju'on retire de l'ouvrtige des détenus, ajoutés aux diffé- QUELQUES NOIES DE VOYAGE. 233 rents legs reçus, ne montent pas annuellement à moins d'un quart de million, somme nécessaire pour le soutien de l'établis- sement. Voici, d'après l'acte même d'incorporation, quels doivent être les principaux caractères de l'institution. " La corporation est autorisée à recevoir et garder sous ses soins : 1° " Les enf mts au-dessous de 14 ans qui, du consente- ment par écrit de leurs parents ou gardiens, peuvent lui être confiés pour protection ou réforme. 2° " Les enfants de 7 à 14 ans qui désœuvrés, fainéants, vicieux ou vagabonds, peuvent lui être confiés par tout magis- trat de la cité de New-Yoïk autorisé par la loi à décréter l'in- ternement de tels enfants. 3° " Les enfants de même âge qui peuvent lui être trans- férés par l'option des commissaires des institutions charitables ou de correction de la cité de New- York. " La même corporation aura le pouvoir de placer les en- fants sous ses soins à des emplois convenables, de les faire ins- truire de ceitaines branches de counaissances utiles, et de leur rendre la liberté lorsqu'elle le jugera convenable." Comme on le voit par ce qui précède, on n'entre là d'ordi- naire que par la cour de police ou la cour criminelle, pour n'en sortir que lorsijue la corporation le trouvera convenable. Il ne faudrait pas ce|)endant en conclure que tous les internés là sont des vicieux précocis t|ui ont déjà subi des condamnations, car l'institution n'a pas pour but uniquement la réforme, mais aussi la protection. Un ]ière vicieux, ivrogne, fainéant, etc., vient-il à perdre sa fe.iime, (jue vont devenir ses enfants?.... Il suffit alors qu'une pt rsonne respectable fasse une déposition devant un ma- gistrat, déclarant que tel jière est incapable d'élever convenable- ment srs cnfints; et de suite, par autorité de la loi, ses enfants lui sont enlevés pour être confinés au Protectorat, où il ne 234 LE NATUKALISTE CANADIEN pourra les visiter que le dimanche et ne pourra reprendre son autorité sur eux que lorsque la corporation jugera à propos de les lui remettre. Au moment où nous avons visité l'établissement, il y avait d'internés 1,518 garçons et 722 filles, en tout 2,240. Soixante Frères sont préposés à la garde des garçons, et 40 Sœurs à celle des filles, avec en outre une centaine d'employés comme maî- tres en divers métiers, préposés à différents services, gar- diens, etc. Les garçons sont retenus jusqu'à l'âge de 21 ans, et les filles jusqu'à 18. Le Bureau de direction se compose de 26 membres, tous laïques, recrutés parmi les catholiques les plus marquants de la cité, dont plusieurs sont millionnaires. Par un arrangement spécial, ils laissent l'administration interne de l'établissement aux Frères et aux Sœurs qui en ont la garde. Lorsque le temps de l'élargissement est arrivé, on vise à placer chaque interné le plus avantageusement possible. Les divers métiers dont ils ont fait l'apprentissage : typographes, cordonniers, menuisiers, tricoteurs à la machine, couturières en tout genre, brodeuses, couturières en gants, etc., etc. fournis- sent autant de carrières où ils peuvent être placés avantageuse- ment. Ajoutons qu'ayant reçu une bonne instruction commer- ciale, ceux que les talents distinguent peuvent encore aspirer à des positions plus relevées et plus lucratives. Mais on s'efforce surtout d'en faire des cultivateurs, con- vaincus que c'est dans cette carrière qu'il y aura plus de chan- ces d'en faire de bons sujets et de les rendre eux-mêmes plus heureux. Pour cette fin, c'est vers les plaines de l'Ouest qu'on les dirige. On n'en a pas moins actuellement de 1,200 ainsi placés sur des fermes dans l'Illinois, l'Iowa, le Nebraska, l'Ohio, etc. Des visites de temps à autres sont faites à ces pupilles en tutelle, pour savoir comment ils se comportent ; et chaque fois que le cas l'exige, une enquête rigoureuse est tenue. Si le ré- QUELQUES NOTES DE VOYAGE 235 sultat tourne contre l'élève, il sera ou sévèrement admonesté, ou ramené à l'établissement [lo ir plus parfaite réforme. Mais si le résultat de l'enquête est contre le patron, on lui enlèvera son pupille pour le placer plus avantageusement ailleurs. Ajoutons que le travail des élèves se fiiisant souvent à la tâche, on leur paye le surplus qu'ils peuvent livrer dans le temps donné, et plusieurs, de cette façon, ont pu économiser un un petit pécule qui ne leur a pas peu servi lorsqu'ils ont eu à se placer. On en a vu sortir avec $60, $66 dans leur poche. Les constructions, sans revêtir un caractère architectural tout à fait grandiose, sont cependant très vastes, et d'un aspect imposant ; elles sont tenues avec les plus grands soins de pro- preté et d'entretien. Et telle est la sage et paternelle direction qui préside là, que quoique en rase campagne, il n'y a aucune clôture pour protéger contre les évasions, cependant il est assez rare qu'il s'en produise. Il est même arrivé à deux^ou trois repri- ses, que des échappés aient été passer un jour ou deux dans la ville. Mais bientôt dégoûtés de leur isolement, souffrant de leur dénuement et ne sachant que faire, ils sont revenus d'eux- mêmes à l'établissement pour confesser leur faute, et ramenant avec eux d'autres gamins de leur âge pour demander ensemble leur admission. La chapelle, très vaste, est très convenable ; elle possède un autel eu marbre fort riche et de très bon goût. La bâtisse principale affectée aux garçons offre des salles pour dortoirs, réfectoires, de 125 pieds de long sur 50 de large. Nous avons vu là un vieillard qui depuis 14 ans n'a fait autre chose que trancher le pain. L'habitude de lever le bras pour soulever sa tranchette, l'a tout déformé, si bien que son épaule droite s'élève à au moins deux pouces au-dessus de la gauche. Ne pouvant plus suffire à la besogne, on lui avait adjoint son fils pour aide, mais content de son sort, le bonhomme est tou- jours fort gai et est le premier à rire de sa difformité. 236 LE NATURALISTE CANADIEN Le pain, comme tout le reste de la nourriture, nous a paru d'excellente qualité. La visite des différents ateliers nous a particulièrement in- téressé. Que le lecteur veuille nous suivie pour en l'aire la ronde. Nous passons d'abord à l'imprimerie où, 10 grandes presses sont mues par une machine Corliss qui doiuie le mouvement à tous les mécanismes de l'établissement. Nous trouvons ici lUO enfants typographes. En outre des ouvrages de ville, on im- prime surtout des livres d'école. L'établissement stéréotypique nous a paru surtout très complet et guidé par les procédés les plus perfectionnés. Tout à côté se trouve le générateur de l'électricité pour distribuer la lumière aux différentes parties de l'établissement ou plutôt du village, puisqu'il ne comprend pas moins d'une vingtaine de bâtisses. Nous passons de là chez les cordonniers, où 300 enfants sont à confectionner des chaussures de tout genre, depuis la grossière botte de l'ouvrier, jusqu'à l'élégante bottine de la grande dame. Quinze des travailleurs sont particulièrement chargés de la confection et réparation des chaussures des élèves. La boutique ne livre pas moins de (300 paires de chaussures par jour. La garde est confiée ici au Frère Adrien qui est un Canadien natif de la Eivière-du-Loup. Viennent ensuite les tricoteurs de chaussettes. 350 sont ici en face de leurs machines ; et on est étonné de la dextérité avec laquelle des enfants si jeunes manient ces machines assez compliquées, tant pour la confection de nouvelles pièces que pour la réparation des anciennes. Nous entions de là dans une salle ou 120 enfants, la plu- part de 8 à 10 ans, sont occupés à lacer ces treillis de canne qu'on emploie pour les chaises. Etonné de l'ardeur que nous leur voyions déployer à leur besogne, nous demandâmes au Fre pourquoi ils montraient un tel empressement à expédier la QUELQUES NOTES DE VOYAGE 237 besogne? — Voyez- vous, nous dit-il, ceux qui sont à jotier à la balle dans Ih cour ? Aussitôt la tâche finie, ceux-ci vont les rejoindre. Voilà le motif de leur empressement. Xous passons de là à la cuisine, où la vapeur joue encore un grand rôle, si bien que, nous dit le Fre, on peut en 18 mi- nutes piéjarer un repas jour IGOO bouches. De là nous passons à l'établissement des filles qui est à quel jues centaines de pieds [dus loin, ayant en face un superbe bosquet où l'on a figuré une grotte de Lourdes d'un magnifique effet. Une superbe statue de S. Vincent, s'élève sur son pié- destal droit en face de la porte principale. Tout ici est d'une properté ex'iuise qui n'en cède en rien à la tenue de nos pensionnats éducationnels. En voyant la mise lecherchée des élèves, nous demandâmes à la Sœur si ce jour était pour l'institution un jour de fête? Alais non, dit-elle, c'est là leur tenue journalière, et les dimanches elles sont encore mieux pourvues. Puis, ouvrant de vastes armoires,, elle nous exhiba leurs habits de fête, que nous observâmes n'être pas tous sur le même pation. liépondant à notre nmarque, c'tst pour récompenser l'aji] lication, la diligi nce, la bonne conduite qu'on donne un peu plus à celles qui se distinguent, nous dit la Sœur. Ici, comme chez les garçons, nous trouvons partout lu fourmilière au travail. 175 confectionnent des chemises jiour les magasins, d'au- tres des robes pour elles-mêmes, tl'autres sont instruites du taillage des habits, etc., etc. Quelques unes exécutent des broderies en soie, en laine, en fil, d'un goût exquis et d'une perfection remarquable. Mais celles qui nous ont le plus fi'appé ]iar leur haliileté, ce sont les 90 qui confectionnent les gants de kid. Quelle des- térité dans la conduite de le .rs machines qui nous ont pïiru assez difficiles à gouverner ! Quel soin, (juelle attention ] our la u'gularité des eoutuies, lu fui me parfaite des duigts, etc. A lu, 238 LE NATURALISTE CANADIEN dernière exjosition de la Nouvelle-Orléans, l'établissement a remporté le premier prix pour les gants en kid. Les filles ont 3| h. d'étude et 4i de travail par jour, tan- dis que les garçons ont 4 heures de l'une et de l'autre. Les soins religieux sont donnés à l'établissement par deux prêtres qui ont, à quelques arpents de là, une résidence tout-à- fait princière, et qui reçoivent en outre un salaire de SlOO par mois. Nous passâmes là quelques heures des plus agrénbles. Le Eév. Fre Léontine, Supérieur, qui nous avait fait l'honneur de nouj5 exhiber les différentes parties de l'étab'is.^enient, ne vou- lut pas nous laisser partir sans nous offrir un dîner (nous étions six) qi i put nous convaincre sans peine que les immen- ses chaudières soumises à la vapeur dans la cuisine, ne sont nullement un obstacle à ce que des gourments pourraient dési- rer de délicat et de recherché ; ajoutons qu'en cela, il n'avait été (|ue le fidèle interprète des intentions du courtois et attentif Surintendant M. Villrneuve. PROVIUENCE — UN MAGASIN D'IIISTOIUE NATURELLE. Comme nous avions (jnelques parents et des amis à visi- ter dans le Iihude-lshaul, nous prîmes, en laissant Nevv-Yoïk, la route de Providence [>ar la ligne la plus rapprochée de la mer, ayant déjà fait le trajet de New-York à Boston, par une autre ligne plus à l'intérieur. Nous sonmies au 13 mars, et c'est à peine si dans la grande cité nous pouvions remaniuer ijueliiues signes de l'hiver, à part l'air plus frais du matin qui laissait soupçonner qu'il s'était tra- duit en légères gelées à la campagne. Et en effet, à mesure que nous avançons, nous remarquons ça et là des traces des gelées précédentes, des flaques d'eau, et quelques petites rivières, sont même encore couvertes de leur glace d'hiver. A New-London, sans que nous nous en soyons aperçu, nous remarquons tout-à-coup que, tout en chemin de fer, nous QUELQUES NOTES' DE VOYAGE 239 naviguons cependant sur l'eau. Nos chars ont passé sur un bateau qui nous transporte de l'autre côté de la rivière Th unes. Nous sommes étonné du peu de retard qu'occasionne ce trajet et de la facilité avec laquelle il s'exécute. Nous ne savons si l'heure de la marée nous était par':iculièrement favorable, mais sans presque retarder, les roues de nos chars laissent les rails appuyés sur le sol pour prendre, sur le même niveau, ceux (jue porte le bateau traversier. r)ientôt après nous arrivons à Providence, capitale de l'état du Khode- Island. A peine avons-nous quitté la gare pour nous aventurer dans la ville, que nous sommes étonné de l'aspect (|ue présentent les rues, surtout la principale, Westminster. Vitrines superbes, fuule sur les trottoirs, chars urbains qui se suivent les uns les autres, c'est partout une activité qui nous rappelle New-Yurk. Nous avions à faire visite ici à un confrère dans le jour- nalisme scientifique, l'éditeur ilu Random Notes, journal que nous avons déjà fait connaître à nos lecteurs. Malheureuse- ment nous avions perdu l'adresse de cet éditeur et oublié même jusqu'à son nom. Comme nous parcourions la rue Wt^stmiuàter en jetant un coup d'œil sur les vitrines, nous remarquons, à un certain en- droit, du côté apposé de la rue, des oiseaux empaillés dans une vitrine, et nous lisons sur l'enseigne : J. M. Southwick. South- wick, dîmes-nous au Eév. M. Dauray qui nous accompagnait, voilà notre homme, c'est celui que nous cheichons. Nous entrons, et nous nous trouvons au milieu d'un magasin moitié musée et moitié boutique, oiseaux montés, quadrupèdes, coraux, crustacés, mollusques en grand nombre, plus nombreux spéci- mens encore de minéralogie, etc.. etc. M. Southwick est encore un jeune homme et nous a paru tout plein d'ardeur pour l'étude de la science qu'il affeciionne particulièrement. Nul doute qu'avec de telles dispositions et 2-tO LE NATURALISTE CANADIEN les connaissances qu'il a déjà, il ne parvienne à faire une auto- rité en fait d'histoire naturelle. Il nous fit passer dans sa boutique jiroprement dite, où nous vîmes deux taxidermistes à l'œuvre, l'un dépouillant nn oiseau tout frais tué, et l'autre recousant la peau d'un canard tout bourré. Mais ce que nous remarquâmes avec plaisir, c'est le ovand nombre de chalands qui se faisaient suite les uns aux autres. Ici c'est une dame qui vient choisir une pierre précieuse pour une éjànglette, une autre une pièce montée pour une cor- niche, là un jeune homme qui offre un oiseau (|u'il vient de tuer, etc., etc. Les amateurs désireux de se jjrocurer (luelques pièces, les institutions voulant compléter dec musées, peuvent avec avantnge s'adresser à M. J. M. Soulhwick, ses jirix, un peu fort comparés à ceux d'Europe, sont à peu près les mêmes que ceux des autres vendeurs américains. A suivre. FJl'DIFZ i;iv\TO.\IOLO(i E Il n'y a pas qu'au Canaila que le besoin des connaissances élémentaires en fait d'entomologie se fait sentir. Un journal d'Ecosse, le dq^e Times, rapportait tout der- nièrement (ju'un insecte causait des -dommages considérables aux récoltes fourragères, les détruisant entièrt ment vn certains endroits. "L'insecte, dit l'écrivain ; se montre d'abord sons " la forme d'un petit papillon {moth), avec la tête et le corps " d'un noir velouté, des bandes vertes sur les côti's, et mesure " environ un quart de pouce. En (|Uelqucs joins ;1 st^ d poifille <' lie .'^es ailes et devient une chenille, et après mu senurlhc II " pond des œufs jusqu'au nombre de 20(1 ! ! 11 ci< il jii.-ijii',; '' deux pouces de longueur et noircit les chauqs .; nusme (j .'il " s'avance eu les dévorant." LES EUCALYPTUS 241 Pourquoi aussi s'obstiner à faire venir le papillon de la cli'-nille, n'est-il [las plus rationel défaire venir la clienille du pavillon ? Un autre journal de Londres même, celui-ci, parlant de pucerons qui causaient de gi'auds dégâts dans les moissons à Nat;d, iijoutait : " Cet insecte parait apj)artenir au genre Aphis " dont il y a plusieurs variétés et dont nous donnons ici la des- " crij.tion, afin que ceux qui souffrent des déprédations de cet " insecte dans les autres parties du monde, puissent comparer '' leurs notes : — Cette peste se montre d'aboid sous la forme " d'un petit papillon etc., etc. The pest makes its uppearaiice " in the form of a small moth &c. Si en Canada on fait des mouches de tous les insectes non connus, il pHrait que, plus rafiués en Angleterre, on en fait des papillons nocturni'S (moths) ! LA SAISON La sai.-on est au moins de 10 jours en avant cette année sur celle de l'an dernier. La plupart des plantes de nos bois sont en plein floraison au 15 mai, si toutefois elles ne jiassent pas déjà fleur. Lt s trilles, les uvulaires, les vioeites, les popu- lage.s, les diervilles sont en j leiue floraison, tandis (jue les hépa- tiques, les éryihrones, les coptides sont déjà passés. LES LLCALYPTUS. Nous avons mentionné en passant, dans notre dernier nu- méro, page 227, les Eucalyptus géants de l'Australie, et la propagation étendue qu'on en faisait en Algérie, en Italie et dans le n.idi de la France. Nous avons noté que ce bel arbre ne peut résister aux froids de lU'', et que, conséquemment, sa léussite dans les pays du nord se trouve im|_ossible. M. L. U. A. Genebt, des Ïroia-Iiivières, qui probablement 242 LK NATURALISTE CANADIEN ne nous avait pas lu - il y en a si peu qui lisent le Naturaliste —écrit au Journal des Trois- Rivières, en date du 10 du cou- rant, pour recommander des essais de la culture de cet arbre- M. Genest exhorte chaleureusement tous ses compatriotes à tenter l'essai de cette culture, et termine en disant : '-je suis sûr que nous réussirons à acclimater FP^ucalyptus en Canada." Nous pensons que M. Genest, comme il arrive d'ordinaire à tous les novices dans quelque exploitation peu connue, a l'en- thousiasme un peu trop facile. La commune des Trois-Rivières, les terrains bas d'Yama chiche, de la Rivière-du-Loup, de Maski- non^é, etc., reboisés d'eucalyjitus magnifiques de 200 à 300 pieds de hauteur, dans lesquels nos oiseaux printaniers pour- raient tout à leur aise installer leurs nids et faire résonner leurs chants, sont autant de beaux rêves qu'il nous serait, sans doute, fort désirable de voir réalisés, mais que l'expérience et les don- nées de la science ne nous permettent pas même d'espérer. La Providence s'est montrée infiniment généreuse à notre égard ; peu de pays offrent autant de ressources que le nôtre au travail et à l'exploitation : mines de tout genre, forêts sans fin et des plus riches, sol des plus féconds, pouvoirs d'eaux à chaque pas pour ainsi dire ; pourquoi ne pas chercher à tirer parti de ces trésors à notre disposition, pour perdre notre temps et notre argent à des entreprises irréalisables ? Nous sommes loin, sans doute, de vouloir proscrire l'esprit d'entreprise pour offrir de nouvelles voies à l'industrie, mais nous voulons qu'avant tout, nous comi)tions avec la science et que nous tenions compte aussi des expériences déjà faites. On se plait dans certaines circonstances solennelles à ex- alter la science, et chose singulière, du moment qu'il s'agit d'en venir à la pratique, tout le monde s'y refuse. Nous avons offert gratuitement nos services pour faire une espèce de jardin botanique autour des bâtisses du parlement à Québec, y installant d'abord toutes nos essences forestières et faisant en- guite d'autres essais d'acclimatation. Mais on n'a pas même voulu profiter de notre concours, et l'on a multiplié les érables, CHASSE AUX SrÉCIMENS 243 les épinettes et les bouleaux tout autour. Ce serait \i\, avant tout, qu'il faudrdt tenter la réussite des plantes qu'on jugerait pouvoir résister à notre climat. Mais en attendant que le contraire soit démontié, nous pensons que les Eucalyjjtus de M. Genest, avec les Noyers noirs de M. Joly et le pétrole de S. Grégoire, coûteront plus de soucis et de dépenses aux expérimentateurs, qu'ils n'apporteront d'écus au trésor public. CHASSE AUX SFECIMKNS. Voici de nouveau la saison des chasses revenue ; que les amateurs, et surtout les régents d'institution d'éducation, ne laissent jjcrdre aucune occasion d'en faire de profitables. Qu'on amasse dans toutes les branches : botanique, ento- mologie, conchyliologie, minéralogie, fossiles, etc. Que si l'on n'a ni le temps ni les moyens de les utiliser actuellement, qu'on amasse toujours, dans l'espoir de pouvoir tirer parti de ces matériaux plus tard ou, au pis aller, pour en gratifier ceux qui on font une étude spéciale. Nous recommandons spécialement la chose aux régents d'institutions d'éducation, par ce que, au moyen des élèves, ils peuvent avec bien plus d'avantages exécuter ces dusses. Une victoire à gagner, une dépouille à remporter, de quelque peu de valeur qu'elle soit, est toujours un appoint suffisant pour tenter l'ambition des enfants. P]t l'occasion d'ajouter aux matériaux qu'on a déjà sur l'histoire naturelle, se présente pour ainsi dire tous les jours pour ceux surtout qui habitent la compagne. Une promenade, même de quelques minutes seulement, dans votre jardin, dans un champ, sur une grève, dans un bois etc., peut vous offrir la chance de faire quelque capture des plus précieuses. Comme preuve, nous donnons ci-dessous la liste de spéci- 244 LE NATURALISTE CANADIEN mens par nous recueillis, le 3 mai courant, clans une demi-heure de chasse et à quelques pas seulement de notre demeure. Nous confessons toutefois que notre- résidence est dans une position des pins avantageuses pour des chasses de cette espèce : jardiu à fleurs nombreuses attenant à la maison, et à quelques pas seulement, des champs, des broussailles, une rivière, le fleuve même, et des terrains des plus diversifiés. Comme nous étudions plus .spécialement maintenant les Hémiptères, nous cherchons donc avant tout des punaises, et nous recueillons dans l'herbe sur la berge d'un fossé. HÉMIPTÈRES Thyreocoris unicolor, Beauv. " pulicarius. Germ. Lygus pratensis, Lin. Blissus leucopterus, Say. l'hysatochila plexa, Say (1) Hyménoptèrks. Dolerus arvensis, Say. " sericeus, Su y. Nematus monela, JS^ort. Ichneumon flavicornis, $ Halictus pilosus, Smilh. Semiotellus melanicrus, Prov. Andrena simplex, Smith. " hirticeps, Smith. " clypeata, Smith. Colletés, n. sp. ? Priononyx conicus, Say. Coléoptères. Lema trilineata, Oliv, Crepidodera helxines, Lin. Cafius, n. sp. {2} Oxyteliis, sp. ? (3) Beiubidium lucidum, Lee. (1) Nous étions à chercher dans l'herbe, lorsqu'une petite punaise nous sauta sur la main. Par son apparence extérieure, et même sa colo- ration, nous crûmes de suite que c'était un petit Lygus, mais examiné à la loupe, nous reconnûmes que c'était une Tmgide, dugeure Fhyyaiochda, la plexa de Say, espèce que nous n'avions encore jamais rencontrée. (2) (3) Deux petites Staphylinides nouvelles pour notre collection; la première qui appartient au genre Cafius, est, pensons-nous une espèce nouvelle, du moins elle n'est pas mentionnée dans la revue qu'en a faite tout dernièrement le Dr. Horn. La 2e est un petit Oxy t cl iis ào.ii nous. n'avons pu encore déterminer l'espèce, mais qui ne se trouvait pas non plus dans notre collection. LE çsCSr^^^ fi^:!fe Vol. XV". Cap Rouge q., JUIN, 1836. No. 12 Pa^dacieur: M. l'Abbé PllOVAXCIIER. - ;;vaso "^J pRiMi^s Avril. Les numéros gagnants 295 et 104 n'ont pas encore été réclamés. Mai. Numéros saunants : 1ère Piime. — Les pèlerins Canadiens aux bords du Jourdain en 1884; paysage par M. A. Elio N° 311 2e " — Siro.nhus ovral us , N° 111 N. B. — La peiîonue a}aat l'e-^remplaire poriaot l'un ou l'autie de ces numéros éciifc en ciayou bleu sur la première page, devra réclamer l'objet dans les deux mois de cette date, et envoyer des timbres pour afftaneh'r le postage.. — Vow sur la couveiivre. Comme le présent numéro clot notre vol. XV, nous don- nons ci-dessous la liste des primes que nous offrons pour notre voh XVI, qui commencera avec le mois de juillet. Comme prédédemment, nul n'aura droit aux primes si son abonnement est encore dû, elles ne sçront à la disposition que de ceux qui auiont payé d'avance, ou des échanges. l-J— Juiu i^t<;. 9 y V 246 LE NATURALISTE CANADIEN 1ère Prime. 2e Pâme.. Juillet: nn microscope ponr insecfes. Voluta vesperillio. Août: Cecil's Bookof Insects, illus- 2 Cjprîeii caiT'ca. tré et élégamment relié. Septembre : Faune Canadienne ; Co- 04i va gnttaui. léoptères. Octobre: De Québec à .T' ■ I\Inrex bico'or. Novembre : Cecil's Book 2 Ceiithinm e'Vili'-eiHe. Décembre: Dictiojinaire iks r^vwu- Oliva ]X)Tphv;/a. ces, des Leitres et des Art?, par C. de Bussy, 1 vol. broch:'-. Janvier: Cyprîea tigris. Cassis deciissata. Février: Cecil's Book of Beasis. Coiius Snlcatus. Mars; De Québec à Jérusalem. Cyprasa Mauri liana. Avril : Faune Canadienne, Len Co- C3^pfœa mappa. léoptères. Mai: De Québec à Jérusalem. 2 Oliva littcî-ata. Juin : Une loupe de pocbo. 2 Neverita duplicata.' Tout abonné rcclarauiic l'une quelconcitie de ces primely devra envoyer 8 centins pour en payer le postage. Le présent numéro terminant notre année de publication,- nous donnons la table de la partie proprement dite du Na'!.u- ralibte ; quant aux études que nous poursuivons sur les Hémijj- tères et les Hémynoptèro-, elles se j ont continuées avec leurs paginations spéciales et n'auiout leurs tables que lorsqu'elles' seront tern)inées. Nous avons espoir quo nos patrons, parriculièremenfc noS' confières du clergé, vont nous f-ontinuer leur encouragement, et renouveler sans délai leur abonnement en envoyant le prix de souscription. L'étude des Hémiptères et des Hyménoptè^'es que nous poursuivons formera, pour chacune, un volume qui sera hautement prisé plus tard dans le moiide scieutifîque. et comme nous n'en faisons pas de tiiage à part, ce sera deux vo-' lûmes précieux pour les bibliothèques. Que cht'que abonné conserve soigneusement tous ses numéros. QUELQUES NOTES DE VOYAGE 247 QUELQUES NOTES DE VOYAGE. ^"t "^ •-' *•' X) (^Continué de la page 240) Un Magazin d'Histoire Naturelle. Noms avions encore une autre visile de naturaliste à faire à Providence; c'était à un M. Chs Blake, amateur offrant en vente une magnitique collection de coquilles. M. Soutliwick voulut bien nous y conduire lui-même. La collection de M. Blake n'est pas extraordinaire pour le nombre, puisqu'elle ne dépasse pas 800 espèces, niais elle est tout-à-tout fait extraordinaire pour le choix et la perfection des spécimens. Pendant des années ce monsieur a glané à gaucho et à droite des spécimens remarquables par leur maturité, leur taille, leur fraîcheur, la vivacité des couleurs, etc. et à mesure qu'il eu trouvait quelqu'un de plus parfait que ceux qu'il possé- dait déjà, il lui en faisait aussitôt prendre la place. Aussi rien de plus splendide que la collection telle qu'elle se présente aujour- d'hui. Nul spécimen défectueux, les lèvres déliées, les arêtes, les épines les plus fragiles, tout est intact, parfait dans sa forme. Plusieurs des espèces représentées coûtent fort cher et sont très rares dans les collections ; nous avons remarqué entre autres: RosteUaria 7'edirodris $20 Cyprœa aurantium 15 " exusta 10 " nivosa 35 Scotti 8 Ilarpa imperialis 10.50 Fasus 'proboscidiftrus 3 Murex Sauliœ $ 5 Spondylus inctoruTïi 8 RaneU(ù pulchra 3 S trombus latissinius 4 Voluta junonia 10 " tnagnifica 10 " imperialis g On demande $800 pour la collection complète. 248 ■ LE NATUI;ALTF.TE C.-^NADIEN Nous allons de là faire visite au curé des Canadiens de Providence, dont l'église est située dans la partie Ouest de la ville. M. Gaboury était pour nous une ancienne connaissance ; nous avions été son hôte en 1871 à Jacksonville, en Floride, où il était alors curé, au moment où il recevait la visile de son évèque, feu Mgr Verrot ; une singulière circonstame nous four- nissait l'occasion de renouveler connaissance à Providence, après 14 ans écoulés. Vers les 5 h., nous allons reprendre les chars pour nous rendre à Woonsocket, où nous descendons après un trajet de 40- minutes seulemeut. Woonsocket. Woonsocket qui compte environ 18,000 âmes, est une- charmante petite ville, qui doit son origine uniquement à l'in- dustrie, aux manufactures qu'elle renferme. La petite rivière qui la traverse en faisant divers zigzags est toute couverte d'usines de tout genre : manufactures de laine, de coton, de caoutchouc, etc. Les catholiques comptent pour plus de la moitié dans la population totale de la ville, et les Canadiens pour plus du quart. Leur église, que dessert le llév. M. Dau- ra}^, avec M. AlacLaughlin pour vicaire, est un temple superbe, de vastes proportions, dir de renouvelei' d'anciennes con- naissances, notre cousin étant un ouvrier, nous voulions voir par nous-même ce qui eu est de la position C|u'on leur fait là, juger des avantages et désavanttges qu'offre le travail des manu- factures, et examiner si nous n'avions pas eu tort de nous élever comme nous l'avons déjà fait plusieurs fois, contre cet engoue- ment qui entraîne nos compatriotes à émigrer aux Etats-L^nis. Nous devons d'abord conTesser que nous fûmes reçu par notre parent, non pas comme un ouvrier ordinaire pourrait le faite en Canada, mais comme ne pourrait mieux le faire un bourgeois, un rentier vivant du vieux gagné. Vaste résidence, b^aux tapis, baaux meubles, chambres parfaitement montées, et le tout tenu dans un grand état de propreté; ajoutons une table des mieux fournies ; tout ici respirait l'aisance. Cepen- 250 LE KATUlîALISTE CANADIEN darit, tout Lien coiisidc'vé, noiisiipus demcmclàmes eii^^ore si nos yiauvres cultivateurs, avec leurs rudes labeuiS; et souvent leurs pauvres récoltes, ne sout pas encore plus heureux que (;es jour- naliers. Et nous n'hésitâmes pas à nous déclarer pour les pre- miers. Car cet état d'aisance de notre parent n'est pas celui du plus grand nombre, et que de sueurs, d'assujétissement, de contraite, de servitude et souvent d'inquiétudes n'a-t-il pas coûté. C'est le travail qui manque, une maladie qui arrête les rapports journaliers, des gages retenus ou perdus, et toujours une telle dépendance qu'on n'est jamais maître de sa propre vo- lonté. Tandis que le cultivateur est avant tout indépendant, tirant du sol le nécessaire pour sa vie, il n'a à compter (ju'avec Dieu et son travail pour sa subsistance; il est absolument libte de tous ses mouvements. î^ous ne voulons pas faire un ciime, sans doute, à tous ceux qui ont émigré aux Etats-Unis, mais nous n'hésitons pas à proclamer que ceux qui sont restés au pays ont encore mieux faic. Nous fîmes une visite minutieuse à différentes manufac- tures, et nous pûmes nous convaincre comme l'air qu'on respnre là doit être dommageable aux constitutions faibles. Dans les filatures de coton, certaines parties sont si délicates qu'on ne ])eut tenir les fenêtres ouvertes, le veut bonleversei'ait tout. Aussi y fait-il toujours chaud, et parfois même c'est une priva- tion d'air, une chaleur suffocante. Dans les manmactures de caoutchouc, c'est une odeur nauséabonde jointe aussi à une chaleur suffocante. Et ainsi des autres. Aus^i un air de souf- france et de langueur est-il généralement répandu sur la figure de ces ouvriers et ouvrières des manuractures, et la phtisie ])ulmonaire en enlève-t-elle. un grand nombre à la fleur de l'âge. Sans aucun doute la Providence a eu des vues particuliè- res en poussant nos compatriotes du côté des Eiats-Unis. Qui sait s'il ne sont pas destinés à se joindre aux Irlandais pour faire dominer là la foi catholique et remplacer les anciens puii- NOS PLAKTES INDIGENES 251. tnins qui s'en vont s- 'éteignant rapidement sons l'empire d'un fanatisme btiétique, loisqu'ou n'est jws devenu tout-à-fait infidèle. Nous dirons donc à nos compatriotres des Etats: vous êtes là avec vos piôties, des parents,, des amis ; vous êtes contents de votre sort ? restez-y. Que voire conduite fasse honneur au nom Canadien ; cherclrez le vrai uoniieur là où il se trouve et nulle part ailleurs, dans la re]i;.^ion et la piatique de ses saints «useignements. P2t à ceux qui sont restés au pays et qui sont tentés d'émi- ■gveï; nous dirons : Vous avez la meilleure part, conservez-là. Votre travail est dur, vous vivez dans la gêne ; vous êtes heu- reux, c'est ]e Sauveur meure qu:' l'a proclamé, pourvu toujours que vous viviez en bons chrétiens et que vous sachiez mettre Dieu dans vos intérêts. De cette façon nous suivrons les uns et les autres, non deux routes opposées, mais deux routes parallèles, aboutissant au même point- au même bonheur. A^OS PLANTES iNDiGKN{':S. Les chaleurs exceptionnelles que nous avons eues, cette année, en avril, ont donné huit à dix jours d'avance à la vé- gétation sur les années communes, bien que la fui de mai se soit fait remarquer par sa température constamment basse et son soleil trop souvent absent. Nos pruniers rouges en floraison d'ordinaire au 3 ou 4 juin, étaient tout en fleurs au 25 mai, les pommiers do Sibérie au 30 mai, les lilas s'ouvraient au 4 juin, etc., etc. ; c'est au moins dix jours plus tôt qu'à l'ordinaire. Est-ce dû à cette avance de la saison ? Nous ne siiurions 252 LE NATUEALISTE CANADIEN l'affirmer, toujours est-il que dous avous ceite année une sur- abondance de fleurs sur toutes nos piaules ; dos pommiers de Sibérie nous offreut des masses i ompacles d'un blanc de neige, nos fraisiers, amélancliieis, merisieiS; cevisieiS; épines etc. co- lorent partout les champs et les bords de nos bois de leurs cou- leurs gaies et vivantes, et si nous examinons de plus près, nous voyous nos autres fleurs sauvages se montrer dans tout leur éclat. Chose assez singulière, on dirait qu'il suffirait d'être étran- ger pour mériter l'attention. Nous avons dans nos bois une foule de plantes qui ne le cèdent en rien pour l'éclat; l'élégance, la richesse des couleurs, et même l'apparence et la flagrance à la plupart de nos plantes exotiques d'ornement, et cependant on ne le les voit presque jamais figurer dans nos jardins. Noire lis du Canada, par exemple, notre Ancolie, notre Lobélie cardinale, etc., ne peuvent-elles pas occuper un rang distingué, comme plantes d'ornement, paimi les autres de leurs familles ? Un riche bourgeois anglais nous montrait, un jour, les plantes nombreuses de son parterre ; savez-vous.. nous dit-il Cjuelle est la plante de mon jardin que j'estime le plus ? — Nous serions fort en peine dele dire. — C'est celle-ci, reprit-il. en nous mon- trant un vigoureux pied de Lilium Cana dense qui ne portait pas moins de 25 fleurs rangées en la plus gi-acieus:; pyramide. L'an dernier nous en avons mesuré une tige dans notre jardin s'élevant à 8 pieds de hauteur et portant 19 belles fleurs. Nous en avons de deux variéiés, l'une d'un jaune tendre, et l'autre beaucoup plus foncée, presque rouge. Et où se procurer ces belles fleurs ? IJien de plus facile, il suffit d'aller les prendre dans les prairies, près du fleuve, où nous les voyons s'épanouir. Depuis quelcjues années, nous nous sommes appliqué à placer dans notre jardin grand nombre de nos plantes indigènes, et cent fois nous avons été témoin de l'intérêt qu'el'es inspi- raient aux visiteurs. A-t-ou jamais vu. par exemple, plante plus originale, tant par sa fleur que par sa feuille, que notie Sarra- cénie ? Que de fois nous avons vu des visiteurs s'extasier sur KOS TLANTES INDIGENES 253 la conformation de cette plante qu'ils n'avaient jamais vue ! Les dames — et gvand nombre de messieurs aussi — n'ont jamais eu l'occasion de paicouiir des savanes pour lencontver la singulière plante. Cependant cette plante qu'on ne voit d'oidinaire que dans les mousses des savanes, résiste fort bien dans nos jardin?, et y donne sa iieur. Le pied que nous conservons, qui a fleuri l'année dernièie, parait ce printeni^is avoir un ]jeu .souffert, et ne donnera pas de fleur, cette saison, pensons-nous, bien qu'il fasse actuellement des feuilles nouvelles. La neige n'était pas encore toute disparue que nous avions six à sept touffes d'hépathique tout en fleurs dans notre jardin, les unes simples, d'un blanc pur ou rosé, les autres semi-doubles. Et successivement se montrèrent: le sang-dragon (Suvgvina- ria Canadensis) avec ses belles Heurs blanches ; les violettes {Viola Canadensis, V. hlanda, V. cuc%dlaia);Viizsi\e,t [Aza- rurri Canadense) si singulier avec ses fleuis d'une pourpre foncé presque enfoncées dans le sol. et ses belles feuilles réni- formes ; V nncolie {Aquilegia Caimdensis), vulgaiiement ^cti^^s de la Vierge, par allusion à la foi me de ses pétales contournés en doigts de g-ints. Notre Ancolie, avec son feuillage délicat, si élégamment divisé, et ses fleuis jaunes et loses est sans contre- dit l'une de nos plus belles fleurs vivaces des jardins, cepen- dant on ne la rencontre presque jamais dans nos parteries. Puis viennent encore les Myosotis (le Forget-me-vot des an- glais) qui s'étalent en touffes magnifiques, les Cypripèdes, sahots de la Vierge, ceux-ci requérant une terre de bruyère, se montrent un peu plus difficiles, '^ cependant avec un peu de soins, viennent aussi à s'accomoder du terrain de nos })laces- bandes. Nous avons actuellement. G juin, le Cypripède acaule [Cyprlpedium acaide) et le Cypripède ariétaire (C arieîinum) en pleine florison dans notre jardin. Le dernier, pour être moins apparent, mais sans en être moins original par sa foi me. pos- • sède en outre une odeur des plus agréables, analogue à celle de la Linnée boréale, cette charinaute et humble petite fleur qu'on pourrait aussi acclimater dan.:j nos jardins. 254 LE NATURALISTE CANADIEN Et que d'autres plantes indigènes encore ne pourrions-nons ] lis: avec avantage faire figurer dans nos [larterres ? Nous avons quelques pieds de Clématite de TJrgiuie, qui chaque année couvrent une partie de la clôture de notre jardin. Tous ceux qui nous visiiaient l'automne dernière s'e:;tasiaient devftnt les aigrettes eu tila&se qui remplacent la fleur lorsqu'elle est passée, ])our ne former qu'uue masse soyeuse continue dans toute son étendue. Nous dirous donc à tousles nmateuis de plantes : allez dans nos bois, faiies y d'amples provisions, et vous étonnerez cous vos V'siieuis par la raieté des vos plantes. Aiouiiius que si quelques unes requièrent des soins parii- culiers d'-ntifiitn et dii choix de sol, par contre elles "deviennent d'ordinmrt plus picsnères et donnent des fleurs et plus biil- lantes et plus abondantes dans la culture. LA MAKIE DES NOMS NOUVEAUX. A plusieurs reprises déjà nous avons stigmatisé, en pas- sant; la manie qu'ont certains auteurs de vouloir tout rebaptiser en liistoire naturelle; et d'imposer 'des noms nouveaux, pour des subdivisions; divisions et redivisions qu'on multiplie presque à l'infini ; comme si l'éiudiant n'avait pas assez à retenir cette foule de noms, souvent assez b.iroques et fort peu euphoniques, dont sont émaillés les ouviuges d'histoiie naturelle même les plus simples. Certains auteurs ont poussé cette manie de la subdivision et de l'imposition de noms nouveaux, jusqu'à fondre complète- ment le geure dans Tespèce. Avec eux, on ne va plus à l'es- ]jèce par le genre, mais bien au genre par l'espèce, chaque espèce constituant souvent à elle seule tout le genre. Il est même arrivé quelquefois que l'on ait f.dt disparaître l'ancien genre Linuéen, ou qu'on Tait réduit à une ou deux espèces, pour faire LA MANIE DES NOMS NOUVEAUX 2oo trouer à sa place des noms de nouvelle création et qui ne pou- vaient en aucune façon porter à nue plus facile concej>tion de l'individu désigné. Puis, comme la mémoiie de ces noms sera facile à retenir loîsqu'il faudra com})ter, jusqu'à trois et quatre désinences de la même racine ! Aboyez, par exemple, dans les coquilles, vous avez : Bulhnus, Bidliius, Buliim.idus et Btili- minus. Ne faudra-t-il pas à cha(|ue fois, un véiituble effurt d'esjjrit pour vous fixer sur la désinence à choisir ? Le dernier numéro du Randùm Noies, de Piovidence, contenait une correspondance de l'hiladelphie sur le sujet, si^nnée " John Pord, " qui répond si exactement à nos vues, que nous voulons eu donner ici une traduction pour la sou- mettre à nos lecteuis. Cette correspondance poitait pour titre : Exit Helix, Enter — What? (On fait sortir l'Hélice, entrera — quoi ? ) " L'Académie des Sciences Naïui'elles de Philadelphie possède une collection de coquilles des plus grandes du monde. Les représentations ou spécimens de chaque espèce connue y sont exposés de manière à pouvoir être vus de suite et étudiés saus obstacles; la collection entière étant artistiquement aussi bien que scientihquemeut rangée dans ses classes, ordres, fa- milles, et groupes respectifs. Beaucoup de genres ont aussi été divisés et subdivisés. Néanmoins, on a jugé convenable de retenir leurs anciens noms, aussi bien que ceux du rebaptisage plus récent. " Ces dernières divisions, à la suites desquelles sont les variétés spéciales du genre auquel elles se rapportent, sont indi- quées par des cartes imprimées placées en certains endroits des cases. Comme règle, cependant, les anciens noms génériques ou leurs initiales, sont appliqués à tons. Parmi les Porcelaines (Crjprœa) par exemple, une division se lit : Aricia, une autre Laponia, et une autio Ejjoiia, et ainsi de suite, mais sur chaque carte sur laquelle des spécimens de chajue groupe ou 256 LE KATUIIALISTE CANADIEN sous-genres sont collés, le nom original Cyprciea, ou ses initiales, est éciit, comme : Cijprœjb arahicit, G. caurica, G. cicerida, etc. De ma me dans la division des Hélices, un groupe de cartes se lit Alesodon, Sleiioirûma, ou quelque autre des mille noms donnés ; cependant sur chaque étiquette de spécimea ou peut voir l'ancien mot géuérii^ue Helix on ses initiales. " C'est là le système établi par M. G. W. Tryon, junior, con- servateur de la collection, qui est, incoutestablement, l'un des plus pratiques et des nùeux renseignés parmi les coucliyliolo- gistes vivants. Pour l'agrément et peut-être le prodt de quel- ques experts, on a pu croire avantageux de diviser les différents genres bien connus eu une douzaine ou plus de variétés, chacune chargée de quelque nom merveilleux, valant à peine l'encre qui a servi à l'écrire ; mais pour la masse des étudiants, le nom ge- neric principal est tout suffisant, mettant à l'abri, de fait, d'une grande confusion, sinon d'un effort inutile de mémoire. Il n'y a peut-être pas un conchyliologiste sur douze qui pourrait donner, si on le lui demandait, les caractères à'Aricia arabica, ou do Stenotrema Leaii, tandis qu'il les décrirait de suite .^i on lui parlait de Cyprœct arabica ou d'Hellx Leaii. Les comj)lica- tions de ce genre dans cette branche des sciences, comme dans toutes les autres, doivent être évitées avec soin. Il n'y a que peu d'hommes qui peuvent se rappeler les noms des trois ou quatre cents genres principaux dont il est question. Quelle fohe donc de supposer qu'ils peuvent retenir l'ortographe des milles termes divisionels suggérés par les auteurs récents. "Serais-je moi, un Verrill ou un Dali, je pourrais peut-être chercher à faire prévaloir mes opinions. Cependant, je n'hésite pas à insinuer qu'une grande partie de ces innovations parait plutôt destinée à flatter la vanité individuelle, qu'à profiter à la science. " D'après ces prémisses, je n'ai pas été peu surpris de voir, dans le numéro de mars des Random Notes, que mon bon ami, M. Carpenter, s'était décidé à exclure le nom d'Holix du Cata- ACCLIMATATION — IMOLLUSQUES 257 îogue des coquilles terrestres du Ehode-Island qu'il pnlilie, pré- férant à sa place des noms aussi équivoques que Po'ygyra, Slenotreina, et des vingtaines d'autres de ce genre. " Bien que je connaisse M. Carpenter pour un concliyliolo- giste accompli, je ne puis m'empêcher de penser que cette fois son jugement l'a trahi. " Autrement il semble impossible de croire qu'il voudrait l'annihilation d'un nom des plus familiers de la science, à moitis de supposer qu'il auiait pu croire qu'un tel résultat pût être obtenu. " Ce sera un triste jour que celui où une centaine de termes ambigus remplaceront le mot qui les compiend tous. " Et ahirs, quand quelque étudiant importun demandera la signification d'un chacun, comme il sera ennuyeux d'entendre mon ami répéter la seule réponse possible : Ce n'est qu'une variété d'Hélix. " '■' John Ford. " ACCLIMATATION-MOLLUSQUES Plusieurs de nos lecteurs peuvent se rappeler que nous avons, dans notre numéro d'août dernier, page 37, signalé de fait que des coquilles apportées par nous de Lourdes, et même de Terre-Sainte, étaieirt encore vivantes après un jeûne et une réclusion de plus de quinze mois, et que les ayant mises en liberté dans notre jardin, elles s'étaient aussitôt dispersées sans que nous ayons pu les suivre. Nous les croyions toutes péries, cependant nous nous éton- nions de ne pas en trouver les coquilles ce printemps. Mais voilà que ces jours derniers, l'une se montre parfaitement vi- vante sur un pied de sym\j\iovme (Symphoricarpus vulgaris). C'était Vllélix seiyentviia, une superbe espèce de la France 258 LE NATURALISTE CANADIEN méridionale. Il va sans dire que nous la laissâmes sur son arbrisseau continuer tranquillement ses reptations. Quelques jours après, nous trouvons d'abord une petiie coquille vide que nous l'ecounumes être une jeune de l'Hélice des bois (Helix nemoralis) et le même jour, sur un petit pom- mier, une mère de la même espèce avec deux petites à mi-gios- seur. Cette dernière mère était d'un beau jaune orange uni- forme. Plus récemment encore, nous trouvâmes sur un autre pommier un autre individu de la même espèce, celui-ci jaune- bleuâtre avec cordons spirales noirs. Ces coquilles ont donc parfaitement résisté à la rigueur de notre hiver, même les jeunes, écloses ici même, car par leur taille, nous avons tout lieu de croire que ce ne sont pas des jeunes du printemps ; elles sont d'ailleurs de la même taille et de la même couleur que l'exemplaire vide que nous avons trouvé en premier lieu qui probablement moins abiité dans le gite qu'il s'était choisi, aura succombé à la rigueur de nos gelées. Nous avons tout lieu de croire qu'elles vont coniinuer leur multiplication et s'ac.-limater parfaitement. Pour ce qui est de l'Hélix des bois (II. vemoralis), il n'y avait rien là de surprenant, vu que cette espèce est déjà accli- matée, depuis plusieurs années, à Anticosti. Les e.vemplaires que nous avons vus cueillis sur cette île ni)us ont paru pins ternes et plus ehétifs que ceux que nous avons apportés d'Eu- rope. Cette hélice est assez importune parfois en France dans les vignobles, où elle ronge les bourgeons des vignes à mesuie qu'ils se montrent, mais il y a tout lieu de croire qu'elle ne pourrait se multiplier si abondamment ici, et dans tous les cas, les vignobles sont assez rares pour que nous n'ayons pas à re- douter ses déprédations. Quand aux autres espèces plus petiteS; BuUinvs et Clau- silia. nous avons tout lieu de croire qu'elles ont péri, du moins nous n'en avons encore jamais retrouvé de traces. INSECTES NUISIBLES. 259 INSECTES NUiSIBLES, Les clialenrs inusitées d'avril lions avaient fait appiéhender nn développement plus qu'ordinaire de nos insectes ennemis mais gvàce probablement à la basse tem-pératu'-e de m;ti, ou a quelque autre cause inconnue, ils paraissent, au contraire, moins nombreux que d'ordinaire. La chrysomèle de la patate (Chrysoraela decevili- ncata) s'est montrée plus à bonne heure cetle année, si biea que nous eu trouvions à chaque plant de pomme-de-teue avant même qu'ils fussent en dehors du sol ; mais il leur fallait attendre des ié.uilles pour déposer leurs ceufs; et par suite de la basse température, elles [;araissaient beaucoup moins aciives, si bien qu'aujourd'hui. 10 juin, aprè''; nous l'avouons, une chasse assez suivie —elles ne paraissent pas encore devoir se rendre bien redoutables. Nul doute aussi que la végétation activement excitée par les chaleurs de juin, va se montrer si vigoui-euse, que les plantes pourront supporter des* déprédations assez sé- rieuses sans en souffrir beaucoup. Le Néinate du Mélèse (Xeinatv,s Erlclisonli ). Les épiuettes rouges de notre voisinage ne donnent pas encore de signes de la présence de la redoutable peste; leur feuillage se développe luxurieux sans aucune attaque. Espérons que cet ennemi aura rencontré les siens propres pour restreindre sa mul- tiplication de manière à ne pas se rendre nuisible. Le Nemate du gadelier (Xcmatus venh'icosus), bien que surveillé attentivement, nous n'avons pu en prendre que trois ou quatre, et nos groseilliers et gadeliers ne montrent en- core aucune trace de la présence de leurs larves. L'Altise de la rave. (Pityllotvd.a vitlala). Celle-ci au contraire; est plus nombreuse qne jam'ds, et couvre Ici feuilles des radis pour les dévorer à mesure qu'elles soi tent d*^ 2(30 LE NATURALISTE CANADIEN terre. Nous avons essayé des arrosages de cendre, mais sans effet la rosée du malin suffisait pour laver les feuilles, et les petites sauteuses lepaiaissaient aussi alerces et aussi nombreuses que jamais. Nous voulons essayer du sablj innprrgné de péirole sur le sol, nous pensons qu'il aura urr meilleur effet. NECROLOGIE Les journaux des Etats-Unis nous annoncent la mort de M. E'iward Tuckerman, professeur de botanique au collège d'Am- lierst, Maine. M. Tuckernam était âgé de 69 ans, étant né à Jîoston, en 1817 ; il était gradué de l'Union College et de la Harvard Law School. Bien que ffimilier avec les autres branches de la botanique, c'est spécialement à l'étude des Lichens que M. Tuckerman dbnna son attention. Il publia en 1843, une brochure sur les Laiches {Carex) dans laquelle il en énu- luère 223 espèces ; et une autre, en 1849, sur les Potamots, où il en décrit six nouveaux. Mais son ouvrage principal est son Genera L'icîieiiuin en 1872, avec son Synopsis of Worth Ame- 0 lean Lichens pour lui faire suite en 1882. On pourrait lui lepiocher d'êtie un peu diffus, surtout dans son Genera, de s'étendre trop longuement sur des considérations critiques dont la leclure demande beaucoup de temps au lecteur, tout en le laissant encore dans l'incertitude sur une foule de points, cependant, son ouvrage n'en forme pas moins une source pré- cieuse où tous les lichénologues américains devront aller puiser. M. Tuckerman avait passé plusieurs années en Allemagne, à étudier la philosophie, l'histoire et la botanique. TABLE DES GRAVURES. Pages 1. — Branche de prunier affectée de la Sphœria morhosa J3 2. — Tranche d'un jeune no(iule ...., 13 3. — Vue d'un jeune n(»dule, ]2 4. — Section transversale d'un nodule, en mai , 16 .5. — Intérieur d'une cavité renfermant des stylospores 16 6. — Stylospores encore plus grossis 16 7. — Une sporule reproductrice 16 8. — Branche de Meleseattacjuee par les larves du liemaftvs Erich- sonii 94 9. — Le Nematus JErichsomi, grossi 50 10. — Cocon du Nematus Enchsonii 50 11.— Branche de Méièse ayant subijle dépouillement de l'année pré- cédente 52 \^,—Nymphœa odorata , 62 TABLE ALPHABETIQUES DES MATIERES Paget'. Acclimatation — Mollusques 257 ArithnK't'qne ..... , 257 Aî-ceiision de i'Erna 65 Association Aniéricaiiie i>our l'Avancement de la Science 87 Bibliog-iapliie. — ^)//omo/w//m Americana. •22. — Biiliiiiii of the BfookhjH EntomoUujiatl Society, 2:i.~ Ha mlont N'otes ou JS^at lirai History, 2-1— Ti il in (i. —Beport of Experiments with varions insecticide substances, 2:27 .— Varieta e specie nuovedi imenoiteri, 227. Note sur les Eucalyptus géants de l'Australie, 2-.27.- Québec, passé, présent, futur. 228.— Sensibilité et niotilité des végé- ta u.v. 2-J8.—/Sefo h (? Ucporl on the Injurions Insf'fs of New- York ^ oog -B/ocA-.iiTi/o/, (lu Nodule noir 10 Catalogue ds Unios gg Chasse aux spécimens 243 Collaborateurs _ ^ j Congrès international des géologues ]9l Conservez vos numéros ... 25 TABLK ALl'IIAliKTlQLIiS ])IC3 MATIElilCS 2fî:{ Diflnsion des? animuiix 84 Ecureuils éiiiig-iaiits 179 EiiMeiiii!* (iu pommier. 72 Entoiiiolonisto rij)èdes -. !U Fiftecittli Ainiii.'l Ju'porl of the EntonioUnjical Suvicfy of Ontario. 24 Fnssilf (Un) 111 il a in au Me.xiijue . . 1(19 G la HI ma ire (Une) orii^inale SI Haxkmatolc 45 Hvs^iaii Fill 77 Histoire (ly) 11: tu; el. e et rAgrifuliure 73, 8!> IiL^ecti-s iiuisil)i( s .. , 5(), 259 Intelligeiue di ainnaux . (i3 Larch Saw-Fni 45 Manie des noms nouveaux 254 Microbes 165 Mo-aïijne de jKinulation 212 IMuKttes 85 iN6crolegie.-L Ahbé Dupuy. 83. -Dr. A. H. Atkin. 183.— Dr. W, Wood, j()3. — dis. li Aiitiiopiiorii, teiiiiiiialis 9(5 Ai|uil(gia Canadensis 25li Arctot^iaphylos uva-ursi 62 Arahica 2.')6 Ancia 2.')9 Azariiiii Canadense 2ô:} HjKlister hipustiilalus 209 BlMiibidiuin liiculiiin. 244 Blechius taciatus 209 luauiii.s. 208 Blissns leuc(»i)terii8 .... 244 Binciins pisi 7.ï Biilimiuus 255 Biiliiiiuliis 255 ]} Il 11 ni us 255 Biiliniis 525 Cafiiis 244 Calaiidra giaiiaria 75 ^\ Caipocapsa |)oinoiiella 72 Cas.-^itj MadagascMiieiisis 58 lula 59; Cetonia angiisiaia 2l)9 speciosisfinia 208 Clilcnonius iioloseiiceiis -Jôg Cliiysoniela decenilineiita 259 Clematis veriicil hiris 61 Cdllaria Meilleiirii 178 Colletés 244 Conns gubeiiiator 58 Crepidoilera lielxines 244 Cnscnia Grcniovii . ;i8 Cyiiisea arai)ica .. v5fi anrantium .. .. 247 canrica xiôB cieenila 2ô(; exusta 247 iiivosii 247 Scotti 247 Cypripedium acaiile 95. 25."J arietiniini. . . 63. 161 caiceolus, 97 candiiiiiin 98 parvifldi nm' 98 piihescens 97 spectaliile 95, 99 Diica paliistris. 6.1 Dolei us aiveii.>-is 244 sericeus. 214 266 I.K NATURA^'ISTE CANADIICN Pag Dolicliu!^ flavicoriiis Dor-adioii Murrayi Dn'issena jxdyiiioi jilia . . Eriociiiilou tieptaiigiiiare EpargyrtMis tit3riit< Forgrt-me-iiot Fusus |>ro oscidii'eius. . . Git)t U- de-la- Viert/e GoiiiiictiMiii hipiiiicuua .. Haliclus ))il()sii.s Harpa iiiipe'iialis Helix austriaca ciiidiiii^i^ima caiiliaiia .... Cœsaicaua h(Mt(^ii!-is JHMUOl'allS ])()iiiMtia . riite>cciis seipeiiuiia IcliiieiiiniHi fl I vie unis.. . . — ]^el)ia Jill HI era lis litMUM iriiiiieata Letliius o])lial(it-i'S Li in 111 Caiiadciise Umax atirestis LiuKK-lioius cernes mystic LncaiiMS cer\ us Lygus prateiisis l^yiia \ esicaria Megachiie ceiitiiiicniaris meUuiojiliila Moremus fmicreiis Miirex Saiilise Myosotis i)alii.~tris Naliiiica coraciiia Kematiis EnclifOiiii :JS, 4') moiicla. veiitricosus ô~. 22-i 209 G I 99 2ô:{ 247 20:5 222 244 247 210 (il 8:3 58 83 2r)8 2(19 8:^ 207 244 209 244 222 2.52 8:i 99 !.'9 209 214 22:5 99 9:1 247 ■2r,:'. ]79 2.59 249 254 Pa N\Mii|ilifca odorota (Jiyctes giypiis Osiiiia viciiia Oxvlehis :)9. Pliyliolreta suiolata .. I'liysatocliiia plexa ronlederia cordata Pop 11 111 s Canadensis Prioninij'.v conicus P.sildptera Inuiibri.s Pteioc las liimbis Ptermiiaiiis iieiiiaticida I'lirpnra biseriata. B iiiclla pulciira li')stt'iiiiria, lectirosiris S ii>ut,é;ir, et peu après la branche tout entière. Il n'est pas rare devoir deux et trois rameux ainsi desséchés lorsque ■ la branche est encore vivante à l'extrémité ; mais cette branche finit toujours par périr plus tard. " Oomme vous nie l'^iviez conseillé, je me sais tenu aux aguets, et chaque fois c[ue j'ai reconnu une exsudation sur une branche, je l'ai aussitôt coupée et jetée au feu, et mon verger, malgré toutes ces an)putations, ]^résente encore une assez belle apparence et prf)met pour cette année une abondante récolte. Je crois que si tons les proitriétaires do verger en agissaient ainsi, nous pourrions nous mettre à Vi\\)v\ de cette maladie qui menace de faire ]iérii' jusqu'au dernier pwmmier, comme le nodule noir, cet auti'e idiampignon dont vous nous avez entretenu, a fait périr tous Iss pruniei's de la côte de Beaupré. " Je vous serai obligé si vous avez quelques nouveaiix rensei- gnements à me donner sur le sujet, de vouloir bien en faire part à vos lecteurs du NaturalUte." Louis 3I0RISSET. Ces détails ne nous laissent plus de doutes sur la présence d'un champignon microscopique. Nous n'avions vu l'année dernière que des branches desséchées sans aucune tache de colo- ration ni de granulations, proljablement par ce que la saison était trop avancée, et que le champignon avait alors terminé sa croissance. Mais ces exsudations qu'a remarquées notre cor- respondant .sont sans doute les spores du champignon que pro- duisait le mycélium introduit dans le tissu de la branche par les pores de l'écorce. Quel est le nom de ce champignon ? est-ce une espèce nou- velle ? C'est ce que nous ne pourrions dire ; nous nous proposons de souinettre des parties de branches affectées à des microscopistes spécialistes pour êire sûrement renseigné à cet égard. En at- tendant, si tous ceux c[ui ont des pommiers veulent les conser- ver, qu'ils fassent comme notre correspondant, qu'ils coupent les branches dès qu'ils les voient affectées, et les jettent au feu^ Car s'ils se contentaient de couper les branches pour les laisser là, le champignon continuerait tout de même à mûrir ses se- meuses pour les répandre dans l'air et renouveler l'affection l'année suivante. Il faut une actiom prompte et simultanée pour avoir raison de ce nouvel ennemi. LE NATURALISTE CANALxEN KOS CANTONS DE L'ES' A toiit homme- qui travaille, il faut du repos, et plus que tous les autres, peut-être, les ouvriers de la plume, ou plutôt du cerveau, ont droit de réclamer ces intermittences du labeur. Les citadins se plaisent souvent à répéter qu'il leur est nécessaire de se sou.straire parfois à la poussière des rues, aux pavés réchauffes, à l'air emprisonné des villes, pour aller respi- rer à pleins poumons Vair pur des champs et des bois, raviver leur estomac par les douces émanations qu'offre partout le luxu- riante végétation de nos campagnes en été, savourer les jouis- sances qu'offre de toutes parts le spectacle grandiose de cette nature si riche, si variée, sans jmreille, qu'offre notre pays dans- presque toute son étendue, pour ainsi dire : beautés naturelles incomparables, qu'aucune contrée du globe ne saurait surpasser en majesté, en variété, en pittoresque de tout genre, et que la plupart d'entre elles peuvent avec raison nous envier I Nos forêts sont à perte dé vue, et font encore étalage de leur virgi- nale beauté ; nos lacs' se traduiseiit en mers d'eau douce, nos rivières en fleuves incommensurables, nos cascades en cataractes stupéfiantes par leur élévation et la masse d'eau qu'elles préci- pitent dans leurs abymes insondables I Le grandiose côtoie partout le sublime, et on peu à peine se déplacer sans se trouver eu face de merveilles de tout genre. Pour nous, cependant, qui, à quelques milles seulement de notre capitale, habitons une retraite à la campagne, où nous recevons tous les jours les suaves émanations des champs, en fleurs, des foins odoriférants qui se fanent, de la fraîcheur que conserve la verdure des bois, nous sentons moins que les cita- dins cette nécessité d'un changement d'air ; nul besoin pour NOS CANTONS DK L EST 9 nous de nous éloigner pour cliercber la solitude, nous jouissons de tous ses avantages sans nous déplacer, et nous pourrions avancer, que contrairement aux gens des villes, c'est la distrac- tion que nous allons chercher lors'juenous'sortons, mais que nous ne nous accordons cette jouissance que lorsque de pressantes raisons nous en font une espèce de nécessité. Nous pourrions encore ajouter que nous garderions avec plaisir -indéfiniment notre retraite, si en nous déplaçant, nous n'avions pas toujours l'espoir de pouvoir, par quelque heureux hasard, pénétrer plus avant dans l'étude de l'histoire naturelle de notre beau pays. La configuration topographique des diftérents lieux, la constatation de la croissance de telle ou telle plante en chaque endroit, la rencontre qu'on peut y faire de tel on tel insecte, etc , ont toujours pour nous un intérêt tout particulier. Et que de précieuses découvertes n'avons-nous pas faites parfois, dans ces courtes pérégrinations! Hélas! le nombre des observateurs de la. nature est si restreint en notre pays, les renseignements que nous pouvons recevoir sont si bornés, et nous nous voyons poussé si rapidement à cet âge où nous n'aurons plus à compter qu'avec Texj érience des autres, que nous voudrions, s'il était possible, inspecter nous-même, voir de nos yeux toute l'étendue de notre territoire, et faire l'histoire-, au point de vue de ses productions naturelles, de chacun de ses recoins. Et voilà pouri^uoi, chaque fois que l'occasion se présente de nous éloigner quelque peu sans prendre trop sur notre tem^ s, nous la saisis- sons avec empressement, dans le but d'acquérir quelques con- naissances nouvelles, de faire des reconnaissance utiles, et de courir la chance de qirelque nouvelle découverte. Qu'on n'aille pas croire toutefois que dans tous nos voyages les plantes et les insectes seuls puissent captiver notre attention ; oh! il est une espèce de poésie à laquelle aucune âme bien née ne peut-être insensible, c'est celle que révèle aux yeux de l'ob- servateur intelligent le spectacle des merveilles que la nature étale de touies parts, et nous avons d'autant plus de plaisir à la 10 IK NATURALISTE CANADIEN goûter cette poésie, que nous avons trouvé, dans les diverses contrées de l'ancien monde que nous avons parcourues, des termes de coinparai,-,on qui laissent tout l'avantage à celle que nous habitons. Plus nous parcourons notre pays, et plus nous admirons ses incomparables beautés, le grandiose, le sublime que ses accidents de conformation nous présentent en tant d'endroits. Qu'il nous fjiit plaisir aussi, brsque nous entendons des admirateurs du beau s'extasier devant les merveilles de la Toute-Puissance étalées dans des monts altiers, des lacs ma- jestueux, des forêts d'une richesse infinie, de reconnaître dans un tout petit insecte des merveilles non moins étonnantes que nous révèle la loupe, dans la richesse de ses téguments, l'origi- nalité de sa conformation, le nombre et la forme ingénieuse des / . . ... ? armes et outils à sa disposition ; onii'ahilis Deus in omnibus operihns suis ! Si les cieux formés des mains du créateur, comme l'a chanté le prophète, nous révèle sa toute-puissance, l'industrie du plus petit insecte, la forme de la plus humble fleur n'en proclament pas moins sa sagesse et sa bonté. C'est donc avec empressement que nous nous sommes joint à la presse de la Province de Québec dans son excursion annu- elle qu'elle faisait cette année dans nos cantons de l'Est. A bord du Montréal. — Représentants de ]a pre^^e. — Déjeûner à Montréal. — Le Grand-Tronc. — St-Hj^acinthe; visite de la ville ; dîner public ; M. de Labruyère. — Sherbrooke; visite des environs. — Magog, sa Tuanufacture de calico. — Navigation da lac Mem plirani agog. — Pas- sage de la ligne 45. — Newport, ses environs. C'est vendredi le 30 juillet, qu'à 5 h. P.M., l'Association de la Presse-associée montait à bord du Montréal, de la Com- pagnie du Ptichelien, pour sa grande excursion 'annuelle dont le programme était tracé comme suit : Québec, Montréal, St- Hyacinthe, Sherbrooke, Magog, Newport, Waterloo, Knowlton, Cowans ville, Chambly, Sorel et Québec. Voici quels étiiiciit Ips journaux représentés au début à bord du Montréal : NOS CANTONS PE L'EST 11 L'Echo du Golfe, representee par M, Pouliot, avocat de Tîim'ouski, et nièce. La Gazette des Ca'ïivpagncs, représentée par MM. Proulx, père et fils. Le Telegraph, représenté par M. Carrell, président de notre Association, Dame Carrell et Dlle Butchard. Le Courrier du Canada, représenté par le Dr Dionne, Secrétaire de l'Association, dame et enfant. Le Mercury, représenté par M. Cary, et demoiselle Cary. Le Nouvelliste, représenté par M. Eouillard, M. N, Levas- seur, Vice-président de l'Association, et dlle Langevin de Min- neapolis. U Enseignement Primaire, représenté par M. J. B. Clou- tier, dlle Cloutier, dame et dlle Fiché. Le Quotidien, représenté par M. Mercier, dame et enfant. Le Journal de Québec, représentépar M, T. Levasseur dame L. et M Bellerive. Le Canadien, représenté par M. Demers et dame. Le Journal D' Agriculture, représenté par M. B. Lippens. Le Naturaliste Canadien, représenté par M. l'abbé Pro- vanclier, et dlle Provancher, de Woousocket, 11. I. Le Canada, d'Ottawa, représenté par le Dr Valade et dame. Nous sommes accueillis à bord avec la courtoisie qui dis- tingue le Capt. L. H. lloy, commandant du vaisseau, et après un excellent souper, qu'on avait eu l'attention de nous servir à une table spéciale, et en maigre pour accommoder les catholiques, nous nous répandons sur le pont du vaisseau pour admirer les sites majestueux que nous offrent de toutes parts les rives do notre beau fleuve, et faire en même temps une connaissance plus intime de tous ceux qui s'étaient enrôlés pour l'excursion. 12 LE NATURALISTE CANADIEN Lo'rsque l'obscurité et la fraîcheur de la nuit nous engagè- rent à nous ranger à l'intérieur, nous cherchâmes dans la musi- que et le chant, à compenser les charmes de la vue par les satisfactions de l'oreille. Avec M. N. Levasseur au piano, nous avions le principal appoint d'une agréable soirée, et nous dûmes à un heureux hasard, de pouvoir improviser un concert qui aurait pu en éclipser bien d'autres préparés à grands frais. Nous nous étions plus à écouter les voix douces et mélodieuses de dllfs Cloutier, Provancher et autres, mais voici qu'on nous présente les deux meilleurs voix d'hommes de Montréal, dans MM. Lefebvre et Maillet, le premier comme baryton et le second comme ténor. On laisse à peine à ces messieurs le temps de nous réjouir de quelques solos, qu'on forme aussitôt un chœur où plusieurs morceaux sont enlevés avec un entrain et accord des plus agréables. Aux Trois-Rivières nous prenons de nouvelles recrues dans la personne de MM, Rivard, du Courrier de Louiseville, L. H. Miueau, demoiselle et fils. Samedi le 31, à 6 h. du matin, nous touchions le quai de Montréal. M. Durocher, le courtois propriétaire de l'hôtel Richelieu, était là qui nous attendait avec ses omnibus et ses carosses. Ne voulant pas en céder aux compagnies de naviga- tions et de chemins de fer, qui toutes nous avaient accordé le passage gratuit pour tout notre parcours, M. Durocher nous avait prévenus par un télégramme qu'il nous offrait généreuse- ment le déjeûner à son hôtel. Comme il nous fallait nous rendre à la gare Bouaventure pour 8 h. et quelques minutes, nous nous empressons de faire honneur aux mets variés dont notre généreux hôte avait chargé ses tables, et nous reprenons aussitôt ses magnifiques voitures pour nous rendre à la gare. Arrivés à la gare, M. W. .M.. Edgar, agent général du Grand-Tronc, par une bienveillante attention à laquelle nous étions loin de nous attendre, met un char spécial à notre dispo- sition, et sans plus tarder nous nous y installons. Notre Prési- dent, M. Carrell, crut devoir alors adresser des remercîments à BIBLIOGEAPHIE 13 M. Durocher jiour sa gviiereiise hospitaliU', et les approbations de tous ne lui permirent pas de douter qu'il n'était en- ce faisant que l'organe d'un chacun de nous. M. Durocher lui répondit en termes fort heureux, se.gloriiiant d'avoir pu faire les hon- neurs de sa maison à un corps aussi important que la presse. Nous étions à peine en mouvement, qu'un facteur du train vint inspecter les billets; ayant remarqué que plusieurs mes- sieurs avaient déjà le cigarre ou la pipe à la bouche, il voulut en proscrire absolument l'usage; mais il avait à peine renouvelé son injonction, qu'on entendit notre actif secrétaire, M, le Dr Dionne, proclamer à haute voix: "messieurs, ce char est à notre usage exclusif, ce sera l'ahaire pour ceux qui voudraient y fumer, d'avoir l'assentiment des dames qui les avoisinent." Sans vouloir blâmer le facteur qui n'obéissait sans doute qu'à la consigne ordinaire, cette proclamation n'en fut pas moins reçue avec de chauds applaudissements. Nous remarquons plusieurs nouveaux compagnons de voy- age dans le char qui se sont joints à nous à IMontréal, ce sont : M. Pansereau, représentant le Monde, M. Brossoit et 2 dernoi- selles, représentant le Progrès de Valleyfield et M. l'abbé Huart, du Naturaliste. Nous n'avions pas encore mis le pied à terre à St-Hya- ciuthe, que la fanfare de la ville nous régalait de ses roulades, au milieu d'une foule considérable qui s'était portée à la gare. MM. de la Bruyère, Desmarais, Dr St-Gertnain, le maire Dessaules, sont là pour nous souhaiter la bienvenue et nous conduire dans la ville. Nous passons de la gare sans nous arrêter, à la visite des nombreuses manufactures qui font la pros- périté de cette ville : manufacture d.e tissus en laine, de tricots de tout gonre, de chaussures, etc., etc., qui toutes emijloient-un grand nombre de personnes; aussi pouvons-nous remarquer en passant près du marché que les paroisses environnantes sont largeraont mises à contribution pour la sustentation de tant de personnes ne vivaut qu'à prix d'argent. A suirrc. 14 LE NA.TURA.LISTE CANADIEN" iJlBLIOGlIAPiïll^] Report of the Dominion honorary Entomoluglst, James Fletcher. — Ottawa. Ce rapport, qui n'est que le second de la série, est rempli d'une foule de renseignemeuts des plus utiles, pour les cultiva- teurs, les horticulteurs et les amateurs en géoéral. M. Fletcher, après avoir donné les détails les plus intéres- sants sur un grand nombre d'insectes qui attaquent: lo les cé- réales ; 2o les fourrages ; 3o les légumes ; 4o les fruits ; 5o les arbres forestiers et d'ornemeut ; 60 les plantes de jardins, re- produit deux conférences données par lui devant la Fruit growers Association de la Nouvelle-Ecosse, dans lesquelles il s'efforce de faire ressortir surtout l'importance des connaissances entomologiques pour tous ceux qui donnent leurs soins à retirer du sol quelque produit par une culture quelconque. Nous avons dans la gent insecte, un ennemi de nos cultures puissant, innombrable, rusé, continuellement à l'œuvre, souvent presque invisible, ne signalant sa présence que par ses dégâts, lorsque le maraudeur même se soustrait à nos recherches, contre lequel il faut être continuellement en garde. Un moment d'in- attention ou de néghgence de notre part suffit souvent pour lui assurer des victoires faciles qui ne sont pour nous rien moins que désastreuses. Et telle est l'importance des connaissances scientifiques à cet égard, qu'elles nous ont mis en moyens, nous pourrions dire dans chaque cas, de faire face avec avantage à cet ennemi re- doutable. Tantôt c'est en l'attaquant de front, couiuie en appli- quant le vert de Paris au barbeau de la patate, l'ellétwre ou le pyrèthre aux gadeliers, rosiers, etc. ; tantôt en mettant obstacle lilBLIOGRAPIIIE 15 à sa propagatioD, comme en détruisant les œufs du même bar- beau de la patate, en tendant des trappes aux femelles des noc- tuelles du ver de la pomme, des chenilles arpenteuses etc., avant leur ponte ; d'autrefois c'est en se soustrayant pour ainsi dire à ses attaques, en devançant ou prolongeant par le temps des semailles l'époque où telle ou telle culture est susceptible de souffrir de ses attaques, comme on le pratique pour la mouche à blé ; d'autrefois enfin c'est par des moyens encore plus détour- nés, comme en lui offrant eu pâture des plantes qu'il préfère à celles de nos cultures, soit pour le détourner de ses attaques, ou l'attirer sur ces plantes pour pouvoir l'exterminer plus facile- ment. Une belle victoire sur la gc^it insecte ilue à la science et à l'observation, est celle que l'on a remportée derniôrement sur le ver de la graine de trèfle, Cecidomyia leg andni cola, Lintuer. C'est une petite mouche qui dépose ses œufs dans les têtes mêmes du trèfle au moment où elles se forment. Le petit ver qui en éclot se met aussitôt à ronger l'embryon de la graine, et à la récolte, on n'a plus que des balles vides et desséchées. Et tel est le ravage de ce petit ver que la seule province d'Ontario qui en 1883 produisait pour 8ance et les engager plus vivement encore à ne pas laisser se refroidir le feu sacré dont ils avaieut déjà ressenti les atteintes, pour courir à de nou- velles conquêtes dans ce douiaiue de la nature si peu observé encore dans notre pays. Que uous serious heureux si nous pouvious compter de nouveau un observateur à St-Hyacinthe pour explorer ses environs, nul (hvite qu'à l'instar de nos cor- respondants d'Ottawa, il ne lui lue possible de nous signaler de nombreuses captures nouvelles. Chaque maisou d'éducation d'ivrait avoir son musée, où se rangeraient, en premier lieu, les spécioieiis des productions na- turelles de ses environs, minh'aux, oiseaux, reptiles, mollusques, plantes, insectes etc. Ou uous dit que Joliette va bientôt se mettre à l'œuvre ; puissent les autres institutions marcher à la suite de ces devancières. L i récolte des spécimens est chose si facile avec des élèves, qu'on ne devrait manquer dans aucune de nos institutions à en faire d'amples provisions. Une fois ces matériaux réunis, il surgirait bientôt des hommes de science pour les étudier et les déterminer. Nous pûmes constater une fois de plus que les rares ama- teurs qui se livrent à l'étude de l'histoire naturelle dans notre pays, ne le font encore qu'en marchant sur nos traces, et qu'au moyen de nos écrits. Les papillons, dans la collection d'in- sectes, quoique en assez grand nombre, 'étaient presque tous sans étiquettes ; sans doute parce que nous n'avons pas encore traité de cet ordre, et qu'on ne connait probablement pas les sources américaines auxt^uelles il faudrait recourir. Après la visite du collège, nous rentrâmes dans la ville pour tiaverser le pont, et pousser une reconnaissance sur la rive droite de l'Yamaska. Partout ce sont des sites enchanteurs, de superbes résidences à demi cachées dans des bosquets, la rivière écoulant paisiblement ses eaux limpides, des champs où des moi.5àous luxuriantes témoignent de la culture intelligente avec 22 LE NATURALISTE CANADIEN laquelle on les traite, des parterres de fleurs presque à chaque maisoi), etc., etc. . De retour, nous nous avançons sur la rive gauche jusqu'à la demeure de l'Hon. M. de la Bruyère, Président du Conseil Légis- latif et premier président honoraire de notre Association. Nous cédons ici à la gracieuse invitation qui nous est faite de mettre pied à terre pour un moment de repos dans ses riches salons, et soulager des tables qu'on avait surchargées de gâteaux en tout genre, de vins divers, et d'une limonade rafraîchissante et déli- cieuse. Cette deruièie suitout fut l'objet d'une attention toute particulière et des visiteurs et des visiteuses. Vers les 5 heures, nous allons à la gare reprendre notre char qui, fermé à clef et mis h l'écart, avait gardé tout notre bagage sang nous obliger à n( us en occuper ; nous serrons la main aux amis qui nous avaient offert une si bienveillante hos- pitalité, et aussitôt le train s'ébranle pour nous entraîner à Sherbrooke, en ajoutant à notre noujbre M. Desmarais et dame de l'Union de tSt-HyacMithe. A Acton Vale, nous voyons ^entrer dans notre char M. L. C. Bélanger, du Progrès de l'Est, de Sherbrooke, il venait d'as- sister aux funérailles, à Sorel, de l'une de ses tantes. Madame Vanass*», victime de l'accident arrivé à Montréal lors de la pre- mière visite à cette ville de notre Cardinal. Un orage subit avait renversé sur cette dame une arche trop peu solidement construite en l'ensevelissant sous sa charpente ; elle n'était plus qu'un cadavre lorsqu'on l'on avait retirée. A 7.40 h. nous entrions dans la gare de Sherbrooke. Nous ne fûmes pas peu surjius de voir la gare et ses environs tout occupés par une foule d'au moins 2,0U0 personnes, qui venaient assister à notre arrivée. Comme à St-Hyacinthe, une fanfare faisait retentir les airs de ses sons liaruiouieux. Nous serrons la main en passant à notre ami M. Chicoine, du Pionnier, et, guidés par M. Bélanger et M. Ilamel, autre membre de la presse, nous no.is rendons à l'hôtel Continental, où des loge- NOS ca>;tons de l'est 23 ments avaient été retenus iKiur nous. Mais connne nous étions au samedi soir, et que nous devions passer la journée entière du lendemain dans la capitale des Gantons do l'I^'st, pour nous, nous nous rendons de suite, avec, M. Huart, au palais episcopal, où M. le Grand- Vicaire Dufresne, en l'absence de l'Evêque, nous offre l'hospitalité la plus cordiale. Nos amis de Sherbrooke avaient eu la délicate attention de retenir des places de bancs pour ceux de notre parti qui n'iraient pas à l'orgue avec notre vice président M. Levasseur, offrir le concours de leurs voix au chœur de la paroisse. Pour celui qui chercherait un modèle classique de l'art ar- chitectural, ce n'est pas à la cathédrale de Sherbrooke qu'il de- vr.iit se rendre, les règles de l'art, même les plus simples, sem- blent avoir été ou ignorées ou omises en plusieurs endroits. Cependant, telle qu'elle est, avec sa riche décoration, sa tenue irréprochable, elle reflète un caractère religieux fort imposant, et répond aux besoins de la nombreuse congrégation qui la fré- quente. Il faisait une chaleur excessive ce jour-là, et malgré la fai- blesse de poumons qui nous est propre et les bronchites fré- quentes que nous avons à subir, nous ne pûmes résister aux pressantes sollicitations de M. le Grand- Vicaire, d'occuper la chaire quelques moments, aux prières de l'Archiconfrérie qui ont lieu à la suite des vêpres. Nulle part nous n'avons vu au- ditoire plus respectueux et plus attentif, et malgré l'extrême chaleur du jour, il n'y avait pas moins de 400 à 500 personnes dans l'église. Il nous fut agréable de constater que les Canadiens-fran- çais, qui l'emportent à Sherbrooke, par le nombre sur toutes les autres nationalités réunies, avaient aussi le pas sur elles dans leurs allures, franchement Canadiennes et catholiques. Le siège de l'évêché, le collège diocésain, les Frères et Sœurs qui don- nent l'éducation à la jeunesse, sont une garantie que cette pré- pondérance ne pourra que s'augmenter encore par la suite. 24 LE MATUKALISTE CANADIEN N'ayant pu faire aucune chasse à St-Hyacinthe, il nous tar- dait de faire connaissance avec les insectes de Sherbrooke, d'au- tant plus que nous ne cunijtons encore dans notre collection, au- . cun spécimen de cette région. Les offices de l'après-midi étant ter- minés encore d'assez bonne heure, nous allons visiter le verger attenant au palais episcopal même, dans lequel nous voyions forces mauvaises herbes, renouées, amarantes, verges-d'or et graminées diverses, retraites ordinaires de. nombreux, insectes. Comme nous poursuivons actuellement l'étude des Hyménop- tères et des Hémiptères, nous' négligeâmes à peu près les autres ordres pour ne nous occuper (pie de ces deux-là. Voici la li&te de nos captures dans l'un et dans l'autre : Hy')nénoi[)tères. Ichneumon feralis, Cress. Limneria parva, Prov. " rubicundu?. Cress. Banchus inermis, Prov. " decoratus, Pruc. Tryphon seminiger, Cress. " lachiymaup, Prov. Lampronota frigida, Cress. . " cervulus, Prov. l'hygadeiion impressus, Prov. Limneria annulipes, Cress. " parallehis, Prov. " infuuiata, Prov. Mesoleptns barbatus, Prov. Meniscus scutellatus, Cress. Exochus laivis, Cress. Bassus sycophanta, Walsh. Mesoleius tardus, Prov. Cryptus proxinuisj Cress. Buis, Andrena, Hahctus, Me- gachile et autres Hyménop- tères aiguillonnés. Hémiptères. Collaria Meillenrii, Prov. ; un seul exemplaire ; nous la croyons moins commune que dans le voisi- nage de Québec. Cosmopepla carnifex, i^a6r. — Commune. Bamera bilobata, ^Sa^/.— Commune sans être abondante. Bhytocoris scrujeus, ^'a?/.-- Beaucoup plus commune qu'à ()uébec. NOS C'A >J TON S DE I/EST 25 Lygns invitas, Say. — Commun. Lopidea confluens, Say. — Plus commune qu'à Québec. Calocoris rapid us, Say. — Commun. Systrutiotus venaticus, Uhl. — Plus commun qu'à Québec. Monalocoris pteridis, Uhl. — Commun. Ceiesa diceros. Say. — Commune. Lygus jii'atensis. Lin. — Commun. " fiavonotatus, Ftov. — Commun, etc., etc. Sherbrooke, qui compte environ 10,000 habitants, est ma- gnifiquement située sur la pointe fortement accidentée que forme la rivière ^lagog en se jetant dans l'Yamaska. Elle jjos- sède une manufacture d'étoffes eu laine, déjà fort renommée pour la qualité de ses tissus, et qui assure la vie à un grand nombre de familles. 11 n'y a pas moins de 600 personnes em- ployées à cette manufacture. Plusieuxs capitalistes établis là n'ont pas peu contribué, par leur esprit d'entreprise, à la prospé- rité de la ville, qui va croissante d'une manière bien sensible. Elle est traversée par le Grand-Trunc et constituée le terminus de trois autres voies ferrées fort importantes, savoir : le Québec Central, le Passumpsic et une branche du Vermont Central., C'est cette dernière voie que le lundi matin, 2 août, à 9 h., noua prenons pour nous rendre à Magog, village situé à 7 milles de distance, à l'extrémité inférieure du lac Memphramagog qui pousse sa tête jus([u'à Newport, dans le Vermont, et dont les eaux Sont sillonnées par deux lignes de bateaux à Vftpeur qui font chaque jour le service régulier des différents postes situés sur ses rives. Les directeurs de cette voie avaient aussi eu l'extrême générosité de nous offrir le passage gratuit. Le trajet de Sherbrooke à M^gog n'offre rien de bien parti- culier, la voie traverse dans presque tout son parcours des ter- rains de médiocre qualité et encore fort peu défrichés. Nous sommes tout étonnés en arrivant à Magog de voir érigée sur les bords marécageux du lac, une manufacture à pro- portions colossales, dont le coût, nous dit-on, a dépassé un mil- 26 ' LS NATURALISTE CANADIEN lion de dollars. C'est celle des calicots dont MM. Hobbs et iloore sont les gérants. Sur l'invitation de ces messieurs, nous parcourons les di- vers ateliers de cette immense manufacture, dont les rouages multi[)les sont mus par une force de o,000 chevaux-vapeur. Nous voyons dans de nombreuses et larges cuves les différentes, teintures (jui servent à imprimer le coton; la })lupart sont aussi désagréables à l'odorat Cfu'elles peuvent être agréables à la vue. Plus loin, sont les cylindres en cuivre sur lesquels des ouvriers habiles, qu'on pourrait appeler des artistes, gravent les différents dessins que devront reproduire les teintures ; ailleurs ce sont des séchoirs, où des cylindres chauffés au rouge servent à débar- rasser subitement les tissus de leur humilité etc., etc; et enfin, à la dernière bâtisse, c'est l'entrepôt ou le magazin, où les pièces, dans un ordre parfait, sont empilées les unes sur les autres eu laissant des conduits pour circuler à travers la-masse, et sont prêtes à l'expédition pour le commerce. De là au quai, près duquel se trouve le village proprement dit, il n'y a que quelques pas. Nous trouvons en y arrivant les deux bateaux de chaque ligne. M. Futvoye, fils d'un Québécois et propriétaire du Mountain Maid, bateau qui doit nous transporter à Newport, est là pour nous faire les honneurs de son vaisseau sur lequel nous mon- tons incontinent. Nous étions à peine montés sur le bateau qu'arrive le train de l'Ouest, nous amenant de nouvelles recrues. C'est tout d'abord l'Hon. M. Lynch, ministre des terres de la couronne, puis M. Chs. Thibault, représentant de Y Etendard, et MM^ Chaguon et l'armelee, le premier rédacteur du Journal de Waterloo, et le second de Y Advertiser du même village. Le bateau se mit immédiatement en mouvement, et favorisés par le temps superbe qu'il faisait ce jour là, nous pûmes tout à . notre aise admirer les sites enchanteurs que nous offrent les rives de ce beau lue Alemphramagog qui s'étend de Magog à NOS CANTONS DE L'EST 27 Newport dans le Vermont, mesurant environ 31 milles de lon- gueur sur 3 milles de largeur dans sa plus grande étendue, M. l'abbé Milette, curé de Magog, s'était aussi joint à nous, se rendant en visite chez son frère, curé de Nashua, Massa- chusetts. Le village de Magog que nous laissions derrière nous, pré- sentait du pont du batenu la plus riante apparence, avec ses maisons proprettes, allignées en rues, le tout dominé par le clocher de l'église catholique. Le lac a plus l'apparence d'une rivière que d'un lac ici, sa largeur dépassant à peine un mille ; la paroisse de Magog s'étend surtout sur sa rive Ouest et nous montre de longues files de champs cultivés de la plus belle apparence. Mais il est bientôt midi, et nous nous rangeons avec plaisir autour d'une table richement approvisionnée pour restaurer nos estomacs. Lorsque le repas fini nous retournons sur le pont, l'aspect est tout autre. Les rives se sont écartées et nous montrent ça et là de magnifiques villas, comme celle de feu Sir Hugh Allan, à notre gauche, un hôtel grandiose à notre droite, malheureuse- ment abandonné, et bordant l'horizon, quoiijue assez rapprochés du lac, plusieurs monts détachés d'aspects fantastiques et de plusieurs mille pieds de hauteurs, tel que la montagne d''Orford, le mont Eléphant qui nous présente la silhouette de cet animal et la tête de Hibou {Oivl's Head) qui a aussi quelque ressem- blance avec le profil de cet oiseau de nuit. Mais voici que deux poteaux peints,run à notre droite,et l'au- tre à notre gauche,nous indi'iuent,la démarcation entre le territoire anglais et celui de l'Union Amériadne. M. Carrell monte aloj's sur un amas de cables sur le devant du bateau, et de cette tribune, annonce à tous les voyageurs que de ce moment nous voguons sui les eaux de la grande république, que nous sommes en pays étranger. C'était une ligne purement idéale pour tous, et ceux qui la franchissaient pour la première fois, en étaient à se 28 I^E NATURALISTE CANAL.EN demander si réellement ils n'étaient plus dans leur propre pays, tant la différence dans l'aspect physique et la nature du sol ne s'annonçait nulle part. Comme nos gais compagnons épiaient chaque (Mrcoastance pour, y trouver un suj^t d'amusement, voilà qu'ils décident ipi'à l'instar des voyageurs traversant l'é |uatcur pour la pre- mière fois, il fallait que chacun reçut le baptême du pays étranger, en moutant sur le tas de cables et en adressant quel- ques mots à ses compagnons ; improvisations où dominait en général le genre badiu, mais où se trouvaient anssi parfois de nobles accents patriotiques. On vit donc succéder à M. CarVell sur la tribune improvisée : MM. Levasseur, le J)r Valade, Long|)ré, Thibault, l'abbé Provancher, Bellerive, l'hun. M. Lynch etc. Décider lequel de ces orateurs a remporté dans cette joute la palme de l'éloquence, serait téméraire de notre part, cepen- dant si nous disions que M. Thibault a [laru captiver plus com- plètement l'attention de tous, nous recevrions, pensons-nous, un assentiment général. " Eh ! bien, a dit M. Thibault, nous voici sur le territoire américain; remarquez- vous une différence sen- sible ? Aucune, me direz- vous ; même qualité et mêmes acci- dents du sol, mêmes cultures,' même apparence des résidences ; qu'ïiurions-nous donc à envier à nos voisins ? Ne sommes-nous pas aussi heureux ([u'eux, aussi libres, marchant aussi rapidement qu'eux à de grandes destinées? Attendons un peu, et laissons s'écouler les années ; le Canadien qui a déjà semé son nom dans toutes les contrées de l'Améiique du nord, le Canadien dont la foice d'expansion ne connaît pas de rivale, le Canadien qui nen est encore pour ainsi dire qu'à son enfance, pourra se dire chez Ifli de la mer polaire au golfe du Mexique, comme il l'est déjà de l'Atlantique au Paeiti que. Pappelez-vous ce qui s'est passé par rapjiort aux 13 cantons anglais de YE^t dont vous, venez de traverser une grande partie. Nos amis les anglais, lors de la confédération, trop peu confiants dans notre esprit de justice et d'impartialité, avaient exi^é que les délimitations de ces i'o can- KOS CANTONS DE l'EST . 29 tons, où dominait la nationalilé anglaise, ne ] ouïraient être changées sans l'assenUD'ent ex|^rès de la majoriié de ces mêmes cantons. La condition était un j eu humiliante pour nons, mais nos législateurs l'avaient souscrite, il fallait bien l'ad- mettre. Cependant l'on se mit de suite à la recherche d'un moyen de tourner cette difficulté et d'écarter ce soupçon inju- rieux à notre loyauté, et on le trou\a bientôt. On amena ici la femme -Canadienne, et comme une tache d'huile, elle prit ici comme ailleurs sa force d'expansion, si bien qu'aujourd'hui sur, les 13 cantons, nous avons une majoiité française dans huit paimi les pi'incipaux." Inutile d'ajouter que ces paroles furent couvertes de cha- leureux applaudissements. M. Tliil)ault, comme tout le monde le sait, est un homme d'ejait et de beaucoup d'esprit ; c'est déplus un homme qui sait beaucoup et un patriote sincère. Ses études sur les P^tats du nord de l'union américaine, dont on a pu lire des extraits dans YEteiidard, dénotent les profondes connaissances qu'il ])ossède sur les premiei's établissements de ces pa}s du ^i ou veau- Monde, et annoncent de longues études jointes à des recherches nombreuses et difficiles. Appuyé sur les statistiques les plus sûres Connues, jM. Thibault [»orte à 800,000 le nombre des Ca- nadiens habitant le territoire américain. Il a fait dans cette voie des découvertes tout-à-fait étonnantes ; dans une seule lo- calité, il a pu trouver jusqu'à 45 familles Canadiennes qui, par- lant l'anglais et ayant changé leurs noms, étaient réputées amé- ricaines, yankees pur sang. A 2. 15h. nous touchions le quai de Newport. Pendanti que nos com] agnons s'installaient au riche et vaste Iiôtel Magog, en compagnie de ]\DI. IMilette et Huait, nous nous rendons chez le curé, M. l'abbé Proulx, dont la résidence tient aux dernières maisons de la ville, dans un site élevé et des plus pittoresques, ayant vue paifaite sur toute cette partie du lac et les établissements des environs. M. PiouLx nous accueillit a^ec 30 LE NATURALISTE CANADIEN cette cordialité et cette fraternité qui caractérise le prêtre Cana- dien partout où on le reucontie et qui nous fit trouver bien trop courtes les quelques heures que nous passâmes sous son toit. * » * Newport ; insectes — Waterloo — Knowlton — Lac Brome ; insectes — Cowans- ville — Chaiiibly — Surel — Trois-Rivières — Ste-Gertrude ; insectes — Québec. Newport, dont la population totale est d'environ 2,000 ha- bitants, pO!?sède un curé résident depuis 1873. C'est feu M. Michaud qui fut ce premier curé et qui fit bâtir l'église actuellle, qui est propre et bien pourvue de toutes les choses nécessaires au culte. La congrégation catholique compte aujourd'hui envi- ron 140 familles Canadiennes et 25 Irlandaises. Elle possède une école Canailienne où les enfants sont instruits dans la lan- gue de leurs pères. De grandes scieries presque dans la ville même, les travaux des différentes voies ferrées qui aboutissent là, avec la culture des terres, sont le soutien et l'appoint princi- pal de prospérité pour la petire ville, qui, avec son terrain forte- ment accidenté, sco rues plantées d'arbres, ses points de vue magnifiques et ses 2 grands hôtels, prend déjà toutes les allures des grandes cités. A M. Michaud succéda comme curé en 1878 M. Kerleidou, un breton bretonnant, comme on dirait en France, lequel fut remplacée en 1881 par M. Proulx le curé actuel. Comme il se trouve des champs avoisinant le presbytère même, nous ne manquâmes pas d'y aller faire une chasse pour faire connaissance avec les insectes de la localité. A continuer. BIBLIOGlJArillE 31 BiniJOGilAPHIK Dictionn-aire généalogique des Familles Canadiennes, par l'abbé Tanguay — Tome II. Peu de nations, une fois cet ouvrage terminé, pourront se vanter d'avoir une généalogie aussi complète que la nôtre. Eu France, ])ays de nos ancêtres, il y a bien de certaines familles dont les origines peuvent se tracrr jusqu'à cinij et six siècles, mais c'est là l'exception, et-ce privilège est l'apanage seulement de familles nobles, qui se sont distinguées du reste par des ex- ploits tait-à-fait remarquables. Mais pour le peuple, les gens de condition ordinaire', c'est à peine si on peut remonter là à un siècle ou un siècle et demi, tandis que chez nous les fa- milles les plus humbles pourront tracer leur généalogie au delà de deux siècles et demi. On a avec raison appelé cet ouvrage le livre d'or des familles Canadienne ; chacune, en effet, devra le conserver comme un précieux trésor. La seule chose que nous regrettons à ce sujet, c'est qu'on ne prenne pas de suite les moyens de hâter la completion d'un- ouvrage aussi impor- ant. Quinze années se sont écoulées entre la publicati3u du 1er et du 2e volume ; ce 2e volume est le premier de la 2de série qui en comprendra 4 ou 5, ce sera donc 2 à 3 ans qu'il faudra attendre pour avoir cette 2e série complète. Mais avec cette dernière nous nous arrêtons à 1700, encore incapables de ]iarf;\ire nos arbres généalogiques, et quand pourrons- nous avoir la suite ? Pour nous, sexagénaires, nous aurons disitaru avant que cette époque arrive. Pourquoi le gouvernement ne pren- drait-il pas de suite les moyens de hâter cette exécution ? Il suffirait pour cela d'adjoindre à M. l'abbé Tanguay un aide ou deux qui, sous sa direction, poursuivraient sans délai son travail jusqu'à nos jours, pendant que lui-même surveillerait l'impres- sion des volumes à mesure qu'ils seraient prêts. Les quelques centaines de piastres que le gouvernement mettraient là ne pour- raient avoir une destination plus patriotique et plus utile.' 32 . LE NAT LIRA. LISTE CANADIEN Ll^ Nl^^JATl^ DU MKliSE. Le Némate du mt'lèse, c'est-à-dire la mouche qui produit la chenille qui ravage nos épinettes rouges, nous avait porté à croire, eu retardant son apparition au printehips, qu'il noua avait à peu j.rès abandonnés ; mais il ne tarda pas de se mon- trer vers la mi-juillet, et semble vouloir compenser son retard par une voracité plus qu'ordinaire. C'est à tel point qu'on craint la perte presque totale des épinettes rouges, dans toute notre Province. Partout où nous avon& rencontré la précieuse essence dans notre excursion de la presse, nous l'avons trouvée afi'reusement dépouillée de feuillage par le terrible insecte. Les arbres, souffreteux et sans verdure, paraissaient déjà comme morts, c'est à peine si ou pouvait distinguer quelques ra- meaux verts sur les branches les plus basses, car l'insecte com- mence toujours ses ravages par les parties les plus élevées de l'arbre. Ce sont des millions que nous perdons là, nous disait tout dernièrement un* cultivateur, dans la disparition de cet arbre précieux. Nous le croyons sans peine, car cet arbre, avec son bois résistant et presque incorruptible, convenait à une foule d'usages, poteaux en terre, pièces de charpente, et surtout sans pareil par ses courbes et genoux pour les constructions navales. Malheureusement la science jusqu'à ce jour se reconnaît encore impuisante coutie cet ennemi redoutable. Espérons que des ennemis naturels du redoutable insecte, oiseaux et autres, vont bientôt se montrer pour restreindre son prodigieux déve- loppement, et nous libérer de ce fléau. I_.E] ^hé^.^r^^.o^MrP^^ ''^^m^tc-^-c<^^!^t'^'^^S:À Mmmmtmt î«)^ Vo. XVI. Cap Rouge, Q., Septembre, 1C86 No. 3. Kéilacleur: H l'AbbJ IliOVANCULR. rniMKs Les numéros gagnants de juin, 191 et SÎOl, et ceux de juillet 88 et 356 n'ont pas encore été réclamés. Août Numéros gagnants : 1ère Prime. — Cecil's Book of Insects, relié N° 7. 2e ' — 2 Gypriei caurica N"" 217. N. B. — La personne aj^ant- l'exemplaire portant Tua ou l'autre de ces numéros écrit en crayon bleu sur la première page, devra réclamer l'objet dans les deux mois do cette date, et envoyer des timbres pour affranchir le postage. — Voir sur la couverture. NOS CANTONS DE L'EST. (Continué de la page 30). Les plantes que nous voyions sur les bords du chemin étant à peu pr.i'S les mêmes que celles de chez nous, gaillet, ver"bs d'or, be'uillons blancs, framboisiers, cornouillers etc., nous en conclûmes que les iusectes devaient aussi être les mêmes, et 3-Sept. 1 86. / 34 LE NATURALISTE CANADIEN c'est ce dont nous ])ûines nous assurer. Ci suit la liste de ceux que nous ca;.tuiânies. Ili/ménoptères. riiygadeuon cephalicus, Prov. 0}>hion bilineatus, Sif^. " iiupressus, Frov. " purgatns, Fahr. " pubcf cens, Prov. Urocerus cyaneus, Fahr. Ichneumon cervuli s, Fiov. Megachile centuncularis, Lin. . Erronemus pedalis, Cress. Bombus ternarius, Fahr. Lani] ronota frigida, Cress. '* subteranneus, Fahr. " " americana, Cress. etc., etc. Pimjila tenuico:nis, Cress. Hémiptères. Homœmu", amcHvons, Say. Plagiognithns fuscosus, Prov. Covisus lateralis, Say. Lygus invitus, >S((?/. Stiphrosoma stygicus, Say. Oncotylus pulcliellus, Peut. Nysius Groenlandicus, Zett. Lopidea conliuens, Say. Nabis férus, Lin. Moualocoris pteridis, Say. Dès 6. 30 h. mardi matin, le 3 août, nous laissons le toit hospitalier de notre confrère M. Proulx, et allons rejoindre nos compagnons à l'hôtel, puis quelques minutes ])lus tard, nous sommes tous intallés dan.s un superbe char du SoutJt- Eastern^ spécialement mis à notre disposition, et nous roulons vers Wa- terloo où nous devons prendre le dîner. Il fait ce matin un temps très frais avec un fort vent d'Est qui nous amène de temps à autre quelques légers brouil- lards. Nous traversons d'abord le village de North Troy et cou- pons la ligne près de Glen Sutton, i)uis, rentrant de nouveau sur le territoire américain, nous passons le joli village de Richford, pour revenir bientôt chez nous à celui d'Abercorn dans le conîtc de Brome. Nous passons à Sutton où notre ami M. Thibault possède NOS CANTONS J>K îw'iCST 35 nne ferme de grande valeur et des mieux cultivées. Nous re- grettons beaucoup de ne pouvoir nous rendre k sa gracieuse in- vitation d'aller inspecter ses cultures, nous ne pouvons que jeter lin coup d'œil fuitif eu passant sur sa rési'lence et ses champs couverts de leur riche moisson. Nous passons Knowlton, où se trouve la résidence de notre ministre M, Lyncli, et que nous devons revenir visiter Faprès midi, et arrivons bientôt à Water- loo. Nous mettons ici pied à terre et nous rendons à un vaste hôtel tout près de la gare, ayant en fs 50 personnes de notre excursion. L'hon. M. Baker, dont la résidence n'est qu'à quelques pas du village, ayant gracieusement invité nos excursionnistes à aller passer la soirée chez lin, phisieurs profilèrent de cette invitation pour aller iusi)ecter cette demeure princière, malgré les quel- ques petites averses que nous avions de temps en temps. A 6,30 h. le mardi 4 août, nous allons reprendre notre train pour nous rendre directement l. Chambly, où nous arri- vons vers les 9 h. Nous trouvons ici eu mettant pied à terre' M. J. O. Dion, et le Dr Martel, le député local, qui ont tout préparer ])Our nous faire une réception aussi solennelle que pos- sible. Des voitures nombreuses étaient là pour nous promener dans le village et nous faire visiter les intéressantes reliques qu'il renferme. Pendant que nos compagnons vont faire la re- vue du Vieux-Fort et du cimetière français, comme nous avions déjà viûité C'_'S lieux, nous profitons de l'obligeance de M. le curé qui avait bien voulu envoyer sa voiture pour nous amener di- rectement chez lui. Nous trouvons au presbytère 7 à 8 ecclé- siasti|ues avec lesquels nous passons une demi- heure des plus agréables; puis après avoir visité la nouvelle église, nous repre- nons la route du déj)art pour i*ious rendre au bateau le Ckavi- bly qui doit nous H'ansporter à ïSorel. Nous admirons en passant le monument érigé par les soins de M, Dion un héros de Uhattaugai, M. de Silaberry, qui était natif de Chambly, et entrons un instant à l'hôtel Bellevue, où ^o.•5 CANTONS DE l'est 39 se faisiiient de chaleureux discours delà part de 1\IM. Levas-eur, Diou et autres, faisane assault de coaiplimeuts et de patriotisme. Par un heureux h isard, il se trouva que la fauf^xre du col- lège de Ste Marie ae Moniioii desceu lait ce jo ir-là à Sorel pour une pronieuade; elle nous régila des morceaux les plus re- marquables de son répertoire. Le ch"f de cette fanfire est M. l'ab'oé Chapdelaine, jjiaie prêtre professeur du colK'ge et lils du capitaine môme du vaisseau qui nous portait. Il faisait un temps frais des plus îigvéables, et avec l'excellente bmde que nous avions pour nous égayer, et les prévenances toutes gratui- tes de notre aimable capitaine, nous ]/iimes tout à notre aise jouir des beautés sans tin que nous offre la navigation de cette rivière incomparable. Cette eau limpide, ces îles verdoyantes distribuées ça et là, ces terres fertiles s'éteudant à perte de vue sur chaque rive, ces églises qui presque partout en face l'une de l'autre, semblent se saluer d'une rive à l'autre, est-il pays au inonde pouvant offrir plus de sites gracieux, de points de vue plus charmants, un sol plus riche avec d'aussi merveilleux or- nements ? En passant sous le pont du Grand Tronc entre Belœil et St-Hilaire, nous évoquons le triste souvenir de cette terrible ca- tastrophe de 1864, où plus de 350 personnes perdirent la vie. Un train de passager venait à toute vapeur, lors(|ue le pont levis était ouvert sans que les signaux ordinaires eussent été donnés. La machine avec le train entier se précipita dans le vide pour tomber sur un bateau qui pissait dans le monumt, et entraîner le tout au fond de la rivière, noyant durs l'eau ceux qui n'avaient pas été broyés ou assommés dans la chute. Comme il y avait à bien des postes du fret en ass'^z graml ■ quantité à premlre, foin [ircssé, lH)îtes de frouir^^e par centaines, moutons etc., nous protitàuies de ces retards pour aller fair.' quelques visites aux villages avoisinmts. C'est ainsi ([n'a 8t- Ours, nous pûmes nous rendre chez le ciré et visiter ' l'(!'glise. Cette église est de construction récente et sur un plan tiuit non- 40 LE NATUL'ALISTE CA^'ADIF.N veau. Ici on a. laissé complètement de côté les classiques de l'art, pour s'abaudomier uniquement à une pure fantaisie, qui présente un assez beau coup d'œil, mais one nous avouons ne pas montrer en quoi on a pu y gigner. Les ingénieuses con- ceptions des Grecs et des Romains dans l'art architectural ont l'é- preuve des siècles, et pour peu qu'on s'en écarte, l'œil expert ne manque pas de découvrir des fautes d'harmonie, des défauts de proportion dans les détails qui nuisent grandement à l'aspect, au caractère général de l'édifice. L'église telle qu'elle est pré sente cependant une apparence assez agréable. Nous craignons fort que du train qu'on y va on ne fasse rétrogarder l'art en ce \ràjs, plutôt que d'en promouvoir le pro- grès, car dans l'enfance où nous sommes encore, notre ambition peut se borner à suivre le mouvement sans prétendre tracer la marche au progrès. Dans l'art, de même (pie dans la nature, le beau s'impose de lui-même à l'admiration du spectateur; cependant le goût a besoin d'être formé pour se prononcer judicieusement. Et nous manquons ici des éléments propres pour parvenir à cette fin. Les chefs-d'œuvre des grands maîtres dans l'art, au moyen des- quels on peut, par comparaison, juger de la valeur des produc- tions nouvelles, nous fout défaut. Nos musées sont encore ou à venir ou très pauvres, et le nombre de ceux qui ont pu admi-- rcr les chefs d'œuvi'e de l'ancien monde est trop restreint, pour pouvoir former l'opinion publicpie. Ajoutons encore que sur ce nombre, la majorité nous oserions dire, manque de l'appoint né- cessaire pour porter un jugement rationel sur ce qu'ils ont va et admiré, nous voulons dire manquent d'études sufîisantes. Car si le goût a besoin d'être formé, l'étude s'impose de nécessité pour appuyer la base de cette éducation ; et si nous voyons en f it de peinture, d'architecture, de statuaire etc. tant de produc- tions défectueuses surgir tous les jours la cause n'en est pas tant au manque de modèles qui seraient. trop rares, qu'au défaut d'études et de la part des artist(;s, et de la part aussi de ceux qui NOS CANTONS l'E l'EST 41 les emploient. On voit très fréqueinmedt de simples menuisiers on charpentiers, sans connaissance aucune des règles de l'archi- tecture, se donner comme architectes et se charger de la cons- tiuction, et encore plus de la décoration intérieure d'églises. Et souvent le curé q^ i n'en connaît pas plus long qu'eux, approu- vera {)lans et exécution comme heaux et très convenables, lors(iue ce ne sera qu'un gâchis où les règles les plus siuiples de l'art ne seront j)as même respectées, où les proportions jureront en maints endroits, et où l'harmonie de l'ensemble fera complète- irient défaut. Et nous pourrions dire la même chose de la pein- ture et de la statuaire. Nous possédons dans nos églises un grand nombre de tableaux et de statues; mais où sont-elles les pièces recommandables, réellement remarquables ? Mais, dira-t-on, nos gens ne sont pas si ditliiciles, ni si grands connaisseurs, ces pièces, toutes défectueuses qu'elles soient, leur plaisent et les édifient. Fort bien ; mais ne leur plairaient-elles pas davantage si elles étaient mieux exécutées ? si elles avaient une valeur artistique réelle ? Mais, ajoutera-t-on, pour avoir des chefs-d'neuvre ou du moins des pièces remari juables, il faut avoir des moyens que nous n'avons pas, nos ressources ne nous permettent pas de viser jusque là. A cela nous répondrons que, quant à nous, nous préfére- rions laisser une niche ou un trumeau dix ans, vingt ans, veufs des pièces qu'ils attendent, ])lutôt que de les garnir de produc- tions défectueuses, et que nous aimerions mie'ix n'avoir qu'une seule pièce dans notre église, tibleau ou statue, véritablement remarquable, que d'en avoir un grand nombre que la critique la moitis sévère ne pourrait qije comlamner. Si l'on en agissait ainsi, on ^verrait dans bien peu d'années s'épurer le goût pour l'art, et les artistes réellement dignes de ce nom, justement ap- préciés et non plus confondus avec de simples mauouvriers ou des gate-métier. Ce mauijue de connaisseurs experts et la manie qu'ont 42 LK NATURALISTE CANADIEN 110.3 journalistes de vanter outre mesure toute production nou- velle ([uelle qu'elle soit, nous nuisent encore considérablement. On a un cliché d'éloges toujours ja-et pour toute nouvelle produc- tion ([u'on nous signale, défectueuse ou non, elle n'a pas besoin d'examen. C'est encore là un d faut qui nuit grandement au progrès de l'art. Mais nous demandons bien pardon à nos lecteurs de cette di'ïressioii et nous revenons à notre bateau (jui va bientôt tou- cher à Sorel où devra se faire la séparation, chacun prenant le haut où le bas pour retourner à ses foyers. Avant do quitter le bateau, notre président M. Carrell nous réunit au salon pour nous adresser quelques mots. Sur son invitation, nous consentîmes aussi avec plaisir à prendre un moulent la parole. Nous seution^i, avant de nous ([uitter, la con- venance de féliciter tous nos compagnons sur leur bonne tenue pendant tout le trajet. Nous ne leur cachâmes pas que ce n'était pas sans i]uelque appréhension (|ue nous nous étions joint à nos compagnons de la presse pour la présente excursion, car bien que nous n'ayious aucun doute sur leur honorabilité, nous pouvions redouter de nous trouver peut-être dans quelque cir- constance où la présence du prêtre aurait pu être défavorable- ment jugée, mais que nous devions leur rendre ce témoignage (jue partout leur tenue a été irréprochible ; nulle brèche à la tempérance, nulle circonstance où les convenances rigoureuse- ment catholiques auraient eu à souffrir, nulle parole d'aigreur ou de reproches pour blesser la bonne hirmonie qui n'a cessé'de régner tout le temps et entre tous. On a écarté avec soin toute discussion politique, et de celte façon, malgré les opinions di- verses qu'on savait nourries de paut et d'autre, la cordialité la plus franche, la fraternité la plus sincère, renjouenient et l'en- train même n'ont cessé de régner tout le temps; nous nous sommes amusés en véritables frères. Puis nous proposâmes des remercîments à notre secré- taire le Dr Dionne, à qui nous étions redevables d'une organisa- NOS CANTON» DE l'eST 43 tion si ].aTfiiite et si bien diiigce. Ces reiiiei'cîmeats furent chaleureusement voié.s pur toute l'assemblée. Coniuie nous n'avions parmi nous aucun membre de la presse, de Sorel, nous pensions j-asser inaperçus dans leur ville, ne nous y arrêtant nn instant que i)Our attendre le passage des bateaux soit pour (,>iu''bec on ^Montréal, filais nous avions compté sans la générosité et le palriotisnie des Sorelois, car à peine avions-nous touché le quai, que le niaire, M. le Dr La- douceur, venait nous souhaiter la bienvenue et nous convier à un grand dîner poiu' 8 h. aux frais de la ville. Cependant avec notre com[)agnoji M. lïuart, nous nous dé- tachons aussitôt du groui>e pour alier saluer M. Dupré, curé de la ville, visiter son église, et aussi faire une petite chasse aux insectes de la localité sur le terrain avoisinant le pres!>ytère, chasse qui fut pour nous des plus intéressantes. Voici la listes de nos captures. Hyinéaopfèras. Limneria hyaliua, Frov. vons ailleurs. Phygad(?unon ujaturus, Prou. Quant aux Hém ptères, nous " intlatus, Prov. n'avons rencontré que les es- " rubricus, Prov. pècts les plus communes qu'(jn " aciculatus, Prov. trouve jiartout, les terrains cul- " inhabilis. Prou. tivés dans lesquels nous opé- Bracon nitidus, Prov. rions, n'étant couverts que de Polysphincta vicina, Prov. plantes peu diversifiées, offraient Pimpla rufovariata, Cre-'iS. d'ailleurs ^,peu de chances de " tenuicornis, Gre^s. rencontrer de nouvelles espèces Puis, la plus [irécieuse, wwq ' de ces insectes, qui se distiri- espèce nouvelle de Bassus guent tous par un vol en gé- que nous avons nommée r;/- néral assez ditticile et peu sou- luulricus, et que nousdécri- tenu. A 8h., en compagnie de M. le curé de Sorel, nous nous rendons à l'hôtel Carletou, où l'on nous a conviés pour un gland dîner aux frais de la ville. Plus de lUO personnes se 44 LE NATURALISTE CANAPIEN rano'ent antonv des tables toutes chargées de mets aussi variés qu'apj'étissants. M. le maire présida à la table d'honneur ayant à sa droite notre Piésident M. Cariell et à sa gauche M M. les abbés Diipré, Provancher et Huart. Ajirès que les premiers besoins de l'estomac furent satis- faits, on passa aux santés d'usage, à nos hôtes, à la presse, aux dames de la presse etc. Le vin moussant dans les verres ne manqua pas d'exciter la verve des orateurs, car tcjutes ces santés furent soutenues de discours pleins d'entrain et d'im[)ro- viations des plus heureuses. Vers les ICh., il fallut se séparer de nos aimables hôtes pour se rendre au bateau daçit le sitiiet se faisait déjà entendre ]\'Iais là ne se terminait pas encore la fête pour Sorel ; à peine sommes-nous dans la rue, que nous voyons des fusées, aux mille couleurs, des chandelles romaines, des feux de Bengale etc., semer dans l'obscurité au dessus de nos têtes leurs étoiles lumineuses et leurs paillettes enflammées. C'était tout un feu d'artifice que l'on avait organisé. Enfin nous donnons une dernière poignée de mains à ceux dont nous nous séparons et nous montons à bord du Québec qui faisait le trajet de descente ce soir là. Des hourrahs sans fin se font entendre et nous voyons bientôt le quai avec ses lumières se confondre clans l'obcurité de la nuit. Le superbe bateau, malgré son grand nombre de cabines, ne pouvait encore en fovnnir à tout le monde ce soir là, tant, les voyageurs étaient nombreux. Pour nous qui devions prendre terre aux Trois-Rivières, nous n'avons que le temps de faire vme seconde veillée, et des plus agréables, avec deux confrères que nous rencontrons à bord, M. Jutras, curé de Tingwick et M, l'abbé Jourdain de l'évêché des Trois-Eivières. Pievoir le lieu qui nous a vu naître, parcourir le nouveau, quoitjue d'un pas plus lourd, les sentiers que tant de fois nous avons foulés 'de nos pieds dans l'impétuosité du jeune âge, renou- veler connaissance avec ces champs, ces ruisseaux, ces hori- NOS ca>;tons dk l'kst 45 zons, à peu près les seuls que nous connnissions autrefois, re- chercher dans leur physionomie qui est toujo\irs la niêuie, ces charmes que nous y trouvions alors (ju'au début de la vie nous ne leur en trouvions pas de comparables, est une jouissance que bien peu se refusent lorsqu'il leur est donné de pouvoir se la procurer. Aussi dès le lendemain nous empressions-nous de traver- ser le fleuve, pour faire se réjouissant pèlerinage dans noire paroisse natale de Pîécancour. Oui! nous retrouvons bien les champs, leo ruisseaux, les horizons sur lesquels nos yeux d'enfant se reposaient ; mais ils semblent nous tenir en tout autre langage. " Je donne encore du vert gazon ou des épis dorés, dit le chanq) ; mes eaux murmu- rent toujours dit le ruisseau ; je n'ai pas chmgé mes limites dit l'horizon ; mris toi tu n'es plus le même. Ta vivacité ne parait plus ; ton pas s'est alourdi ; tes cheveux ont blanchi ; tes allures sont plus lentes et dénotent un déclin qui bientôt touchera à son terme. Eeconnaissais mênie qu'avec la plupart des objets environnants, tu as suivi une marche opposée. Vois ces prés sans fin là où des broussailles hérissaient le sol, ces arbres du voisinage ont fait place à des champs où se promène la charrue, les demeures mêmes se sont renouvelées pour prendre une pa- rure plus coquette et plus rajeunie ; toi seul as suivi la pente qui t'approche de ton terme, — Mais non, nous ne sommes pas seul qui avons changé, nous sentimes-nous pressé de répondre. Et où sont-ils aujourd'hui ces vieillards que nous voyions dans chaque maison du voisi- nage ? Où sont-ils même ces gais compagnons avec lesquels nous prenions nos ébats dans ces prés herbeux ? ces voisins qui s'asseyaient avec nous sur les bancs de l'école ? Hélas ! eux aussi ont suivi la pente; ceux que la mort a épargnés se sont disper.-iés pour la plupart, et dans le petit nombre des restants nous avons giand peine à reconnaître les traits de leurs parents dont le souvenir est encore bien vif dans notre mémoire. Oui ! 4G LE NATURALISTE CANADIEN dans un denii-siècle il s'oi ère bien des clian^uements à elia'iue endroit, et si la vue des lieux où s'est écoulée \iotre enfance nous rajipelle des souvenirs agréables, ce n'est pas sans y mêler de bien tristes pensées aussi. Nous ne dirons cependant pas qu'elles sont anièies ces pensées, car le souvenir de tout ce qu'on a aimé est toujours agréable, et il y a des tristesses qu'on se plait aussi à goûter. De Bécancour nous passons à fSte-Gertrnde qui n'est qu'un démeud>rement de la paroisse-mère et où nous comptons encore de nombreux parents. Comme le temps s'y prêtait, nous ne manquons pas de don- ner quelques coups de filet dans des broussailles avoisinant une route où nou's nous trouvions. Et voici le résultat de nos prin- cipales captures. Hyménoptères. Hémiptères. Phygadeuon aciculatus, Prov. Nabis férus, Lin. " impressus, Prov. Enchenopa binotata. Say. Ichneumon cervulus, Prov. Ceresa bubal us, Say. Limneria mellipes, Prov. Jassus immixtus. Say. " ruficoxa, Prov. Enchenopa latipes. Say. Pimpla tenuicornis, Cress. Lygws pratensis, Lin. Avec un Hemiteles pallipennis, Prov. grand nombre d'autres Capsi- Perilitus vulgaris, Cress. des, de Diédiocéjihales, de Macrocentrus longicornis, Prov. Bythoscopes etc., qu'on recon- Stilpnus americaniis, Cress. tre partout. Mesochorus flavipes, I^rov. Ortlîocentrus abdominalis, Prov. Puis un Àlicrogaster nouveau que nous avons nommé hrevi- caudus. Enfin le lendemain 6 août, nous revenions aux Trois-Pdviè- res prendre le chemin de fer du Nord pour Québec et t-rminer notre excursion. HiniJOGiJAriïiR 47 Ces excursions sont certaineni'int très avantaç^fenses aux membres de la yiresse. Elles leur ))ermettent de mieux connai- tre le pays afin de pouvoir faire dans l'occasion une ]ilus juste appréciation de ses différentes parties. Elles offrent aussi aux journalistes l'occasion de se connaître personnellement les uns les autres, et comme consé(]uence de se traiter avec plus de ré- serve et de ménagement dans les disoiissions et i)olémiques. Il faut reconnaître que sous ce rapport notre ])resse a grandement besoin de réforme. Le ton de nos journaux pourrait parfois faire croire aux étrangers que nous manquons grandement d'é- ducation, tant le langage qu'on emploie est peu séant et réprou- vé par les gens bien élevés. Nous ne voulons pas terminer ce récit sans joindre notre voix à ceux de nos confrères de la j^resse pour offrir nos ])lus sincères remercîments aux compagnies diverses et aux ]ierson- nes dévouées qui ont contribué à nous rendre le voyage si facile et si agréable. BinUOGliAPHIF. Rapport de l'Entomologist du Département de l'A- griculture pour 1835, James Fletcher, — Ottawa, 60 p. in-8. C'est la traduction française du Rapport anglais que nous avons mentionné dans notre livraison de juillet. Voila une brochure que toute personne tirant du sol des produits quelcon- ques devrait avoir constamment sous sa main, car elle est pres- que un manuel d'entomologie à l'usage des cultivateurs par la foule de renseigupments qu'elle contient. Vous trouverez dans ces pages le moyen de combattre avantageusement la plupart des insectes qui s'attaquent à vos cultures. Et on sait s'ils sont 48 LE NATU11A.LI;7TE CANADIEN nombreux et quelks pertes ils font subir. Ajoutons que très souvent aussi vous y a: juendrez à mieux connaître les ennemis que vous poursuivez, et p3,r cela même le moyen de les com- battre avec plus de succès. Journal de l'Instruction Publique. —Montréal, Beau- chemin et fils, 32 p. iii-S par mois. Prix %l. Nous aurions dû annoncer plut tôt la réapparition de cette utile publication, d'autant plus que nous prêtons d'ordinaire une attention toute particulière à tout ce qui concerne l'instruction. C'est un journal très complet, très bien fait et pour ainsi dire in- dispensable à tous ceux qui se livrent à l'éducalion de la jeu- nesse. Les règles de la pédagogie, les notions les plus utiles d'hygiène, des exercices orihographiques, des problèmes d'arith- métique, d'algèbre, et quelques pages de lectures des plus inté- ressantes, sont les matières ordinaires qui remplissent ces pages, et y sont traitées d'une manière aussi pratique que rationnelle. La dernière livraison reçue portait le numéro 4 du vol. V. Nous devons à la bienveillance du ministie de l'Agricul- ture, l'hou. M. Garling, et à l'obligeance de l'Entomologiste d'Etat, M. Eletcher, de pouvoir offrir à chacun de nos abonnés, une copie du précieux Kapport de ce dernier sur les insectes nuisibles à l'agriculture et les moyens les plus efficaces de les combattre. Afin de terminer nu plus tôt nos Additions aux Hymé- noptères, nous supprimons, pour le présent numéro, et probable- ment aussi pour le suivant, la suite de nos Hémiptères. ç^^O,r^.rj^ i_,:e Vo. XVI. Gap Rouge, Q., Octobre, 1886 No. 4. Rédacteur: )\ IMbba iMlOVAMlULR. IMÎIMKS L'j numéro gagnant lïl pour la 2e prime du mois de mai, Sfrombus alati(.-t loin d'être insantané, puisque sa hampe ne prend pas moins de 12 à 15 jours de croissance avant de montrer ses UN CHAMPIGNON REMARQUABLE 51 fl ■i'r~-, et que bien loin d'attendre 50 ans pour donner ses fl 'urs^ un honiiue peut en voir la floraison répétée j>l isieurs fo'S dans sa vie. Dans U'S climats tropicaux, on peut en voir tous le.s ans en pleine floraison. Nous en avons vu de superbes repré- sentants, tout en fleurs, à l'exposition de Nii;e en 1884, non se ieiii.-tiL d ris les serres de l'exposition, mais d.ins plusieurs jardins du \oi^inage. Mais pas nécessaire de recourir à des climats étrangers pour prêter à des plantes que no is ne con:ialssous j)asdes moles de dé- veloppenienL imaginaires et absurdes, no is avons ici même une plante dont la croissance est tout aussi merveilleuse, «pioi (jue dans des proportions plus minimes. C'est le champignon Phallus impudicu^; dont nous donnons cî-joint la figure. C'est en août 1884 que nous fîmes, pour la première fois, la connaissance de cette singulière plante Etant à cliisser des in- sectes dans le bois sur le cap qui nous avoisine, nous étions à en 'ever l'écorce à une vieille souche, à la recherche de co- léoptères, qui très souvent se réfugient là, lorsque nous crû- mes trouver un œuf dans les détritus qui se trouvaient au pied de cette souche. Nous en- levons cet œuf avec deux autres un peu plus petits, à peine re- couverts de terre. Couleur, poids, forme, c'était en tout un œuf de poule par l'apparence, car en l'enlevant nous l'avions séparé des petites racines qu'il portait au bas, fig. 5. Comme nous n'avions encore fait alors aucune étude par- Fiig. 5. — Le Phallus impnclicHs, Lin-, encore renfermé danf! sa volve' Fig. 5. 52 LE NATURALIf>TE CANADIEN licnlièro des champignons, nous crûmes avoir alïairc à un Ly- coperdon ou vesse-de-luvp comme on les désigne vulgiireniL-nt, bien qne sa forme ovoïde nwis surprit un peu. ISans jilus d'examen nous mettons l'œuf dans notre poche et i-evenons ;\ notre logis. Nous le déposons sur la uiMette de notre biblio- thèque et continuons nos chasses dans notre jardin. Eentvant de nouveaif, environ une heure plus tard, nous sommes étonné d'une wleur infecte répamlue jiar tonte la mai- son. Nous appelons notre gouvernante, qui elle aussi était au jardin, pour nons enquérn- de cette odeur cadavi'reuse qui se faisait ainsi seniir subitement. — Mais qu'y a-t-il, s'écria-t-elle en entrant ? ci'où vient cetie odeur de charogne ? Mais c'était une odeur tellement intense et tellement in- fecte que ce ne fut qu'avec le mouchoir sur les voies respira- toires qu'on put se niettre à faire d.-s recherches. — Et qu'y a-t-il là, dit la fille, en montrant la tablette de notre bibliothèque ? La voila la charogne qui nous empoisonne. A notre grande surprise, au lieu de cet o'uf lisse, au blanc pur, que nous avions déposé là, nous voyons une masse oblou- gue, de 4 à 5 pouces de long, couverte d'un liquide mucilagi- neux verdâtre, et paraissant douée d'un certain mouvement d'expansion. C'est notre ehampignon qui se dévelo))pe, dîmes- nous j nous avons à peine le temps de l'examiner, que notre fille munie de la l»rosse et du porte-ordure, l'enlevait et l'en- voyait \ oler dans le jardin. Pour sûr, ce n'est }.as un Lycoperdon, nous dîmes-nous, mais que ce peut-il être avec un tel d'veloppement ? Et nous ne iK)us en occupâni.es pas davantage. L'an dernier, vers la mi se[itembre, nous rendant un jour dans notre jardin, nous sommes frap] é d'une odeur de charo- gne, d'une intensité extraordinaire, paraissant s'échapper d'un certain endioit. C'est sans doute une* carcasse de poulet ou de chat qu'on am-a jetée là, nons dîmes-nous ; et en inspectant un carré- de fèves d'où paraissait venir l'odeur, nous sommes tout UN G1ÏAMP!G>T0N RKM .RQUABLE 53 étonné de retrouver notre cham-- ])io;iion (le l'année précédente en parfeit développement, tel que le montre la fig. 6, et en partie Cduveit de mouches de diffé- rentes espèces. Nous consta- tons sans peine que c'était là le foyeide l'odeur cadavéreuse qui nous avait tout d'abord frappé. Enfin le 9 octobre courant, par un beau soleil ardent, voici que nous remarquons encore l'in- su I )] ;oi table odeur. Nous en re- connaissons de suite la cause, et regardant à l'endroit où nous avions vu notre champignon l'été dernier, nous le retrouvons juste au moment où il venait de rompre son envelo pe. L'odeur était des plus intenses, et déjà une foule de mouches, particu- lièreujent des Calliphora vomi- taria {mouche-à-vers) une Sil- pli(L "peltata etc., semblaient s'en d sputer la possession. Pour le coup, nous ne vou- lons pas laisser échapper l'oc- casion d'étudier une si étrange production. Recourant à nos auteurs, nous constatons sans peine (lue nous avons affaire à '■*^'jf "^^ Phallus, et en l'examinant Fig. 6. — Le Phallus ivvpudicus, \ Lin. iléveloppé. v la volve ; st le siipe ; c le réceptacle ou chapeau. Fis. 6. 54 LK NATURALISTE CANADIEN de [très pour en bien distinguer les caractères afin de le des- siner, nous reconnaissons que c'est le Phallus impudicus, Linné, qui est commun à l'Europe et à l'Amérique. La famille des phalloïdes parmi les champignons a été l'ob- jet d'une étude particulière de la part de cer-ains auteurs. On n'en compte pas moins de 73 espèces aujourd'hui réitartics en 11 genres, dont plusieurs ont été reconnus avoir des représen- tants en Américjue. Comme ces chnm})ignons appartiennent particulièrement aux régions tropicales ou subtro|iic,iles, il est ju'obable (jue notre esj/èce n'avait encore jamais été signalée à une aussi haute latitude. On donne en France les noms d'œiifs du diabJe, œufs de sorcières, aux riiallns non encore dév(lo])!i's. Rien que la plu- part des champignons aient un nuxle analogue de hVt'lup[K'- ment, Ai^arics, Bolets, Morilles &c., c'est à dire nue reuferm/'S dans une bourse ou enveloppe, ils l'ompent avec efî).it cette en- veloppe (pli formera une esp ce d<; ca|).ile à la \yx^i d i stlix--,, les Phallus présentent des particuinrités de caractère.^ tout-à-fait extraordinaires. Mais pour une plus facile intelliLrence des termes usités en parlant de cham|)iguoiis, faison-; connaître, au moyen des tig ires ci-jointes, les diftéreiites [larties dont se coinpos^mt hs ]>lus par- faits et les noms que portent ces parties. Les charni iguous les plus parfiits, connue les Agai'ics, les Bolets, les A naniu-s etiî., se compos *iit tous d'une volve {vo^vd, voile) fig. 6, V, qui env^doppe totalement le chaiupignon dans le jeune âge, comme l'œuf est renfermé dans sa coque. L'œuf du diable n'est rien autre chose que la volve du Phallus avant son développement. Lorsque le temps en est venu, cette volve se romj.t, se déchire, et laisse échapper les différents organes qu'elle renferme. Caractère particulier des Phallus, c'est que chez eux la volve se rompt subitement, avec éclat, produisant une explosion UN CHAMPIGNON REMARQUABLE 55 anilogne à celie d'une décharge de pistolet. Et telle est la force qni agit alor^^, que si l'on renferme la volve (l'œuf) dans un vase de veri-e, avant son éclosian, au moment où elle se rompra, les parois du vase voleront en éclats de toutes parts. Assitot la volve rompue, le chapeau, fig 6, c, que supporte le sline, farmi les enfants d^ Dieu et faire valoii' des titres à la vénération et aux honim g s di- ,:■.:' \- -i ' LK CKNTKNAlltlO U i:X SAVANT 59 Ce centenaire même, dont nous vo:ilon5 un moment entre- tenir nos lecteurs, n';i-t-il pas fnunii un triste exemple de cet égarement d'esiirits déNoyés, si nombieiix en Fi'ance, qu'on qualitie de sa ant'*, et auxquels le premier de nos cam aguard-5 venu pourrait rendre des points sur la plus essentielle de toutes les sciences, les devoirs de l'homme envers le Créateur ! .... CHKVRb:UL, CKN'l'KXAllih:. l^ai el't'i-r, v\\ cxiilt.int 1rs Idugues années de vie de M. Clv - vreul, Ciru'i-i It^rlciirs out co^iinris sans doute que c'est de lui que nous \oulons parler, on s'est Men donné g.ir le de prononcer luènie le nom de. i)ieu. (Jes succès, ces victoires de l'intelli- gence, ces dé ;ou\-ei tes si utiles, (;es longues années d'une vie paisible et toute pleine d'honneurs, celte verte intelligence 60 LE NATURALISTE CANADIEN même, qui au bout d'un siècle senible n'avniir encore rien perdu de sou éclat, n'allez pas attribuer tous ces i)vivilèges à la Pro- vidence, à celui qui a réglé même jusqu'à li chute d'un che- veu de notre tête ; tout cela est dii au hasard, à la nature, qu'on voudrait soustraire à la dépendance du Créateur, comme en abusant de sa bonté ou s'y soustrait soi-même. Un moment nous avons cru, en lisant les détails de la fête, que notre savant appartenait aussi à cette cohue d'esprits forts qui l'entourèrent alors. Cependant, nous nous rappelions avoir lu " autrefois dans le^ journaux, vers 1871 si nous ne nous trom- pons, une protestation indignée de M. Chevreul contre un cer- tain journal qui l'avait accusé de matérialisme ; et les détails plus précis sur la fête q^e nous venons de recevoir, ne nous per- mettent plus aucun doute sur les seniiments chrétiens de l'il- lustre savant. Nos lecteurs nous sauront gré, pensons-nous, de leur offrir ici le portiait de l'illustre vieillard, Chevreul (Michel-Eugène) est né à Angers, le 31 août 1786. Son père était un médecin distingué qui a laissé de nombreux et remarquables travaux. En 1803, M. Chevreul vint à Paris et fut placé comme manipulateur dans la fabrique de produits chimiques de Vau- quelin, et dès 1809, il fut attaché à l'établissement en qualité d'aide naturaliste et de préparateur du cours de chimie appli* quée, qu'il donnait au Muséum d'histoire naturelle. La capa- cité réelle qui le distinguait, jointe à l'estime que lui portait son illustre maître, lui valut^ dès 181.">, le titre d'officier de l'U- niversité et la chaire de chimie au lycée Charlemagne. En 1824, M. Chevreul laissa l'établissement pour passer aux Gobelins, où il fut nommé professeur de chimie et direeteur des teintures. Deux ans plus tard, il était élu membre de l'A- cadémie des sciences et succédait, en 1830, à son ancien pro- fesseur dans la chaire de chimie appliquée, au Mus'um. Nommé en 1864 directeur du Muséum et du jardin des LE CEISTENAIRE D'UX SAVANT 61 plantes pour une période de cinq années, il fut deux fois réélu consécutivement à la même position, en 1868 et en 1873. A la fin de cette dernière périoile quiuiuennale, âgé de 93 ans, il re- çut le titre de membre honoraire du Muséum. L'état sut reconnaître le mérite de celui (jui avait cultivé la science avec tant de succès, en lui conférant toutes les dis- tinctions honorifitiues 'dont il pouvait disposer ; otficier de l'ins- truclion publique en 1813, il fut nomme gi and croix de la Légion d'honneur en 1875. La science et les arts sont reik-vables à M. Chevreul de plus d'une découverte des plus utiles. Avant lui, on avait toujo^irs éty dans l'impossibilité aux Gobelins de déterminer d'une manière fixe le classement des innombrables nuances que pré- sentent les objets naturels, ni les modifications que les arts leur font subir. Mais au moyen de la nappe lumineuse que four- nit un prisme creux rempli de sulfure de carbone, M. Chevreul forma des types invariables, et dota la manufacture des Gobe- lins du cercle chromatique hémisphéri jue, contenant toutes les nuances et tous les tous que la nature peut présenter dans leurs diff'éients états de pureté et d^éclat. Ce cercle compte 720 gammes, composées chacune de 20 tons, en tout, 14,400 tons. C'est encore à M. Chevreul qu'on doit la stéarine, qui est venu remplacer la fumeuse chandelle d'autrefois, la théorie exacte de la saponification etc., etc. A part la partie religieuse oui a mamiué au centenaire, les démonstrations ont été superbes et éclatantes. On a couronné son buste en sa présence à l'Opéra, dans une séance sjjéciale en sou honneui. A sa sortie, une foule im- mense l'a spontanément acclamé. Le lendemain, cfturonnement solennel de sa statue au Muséum; toutes les ?^ociétés savantes de France et de l'Europe étaient rei)résentées à cette démonstration. Le soir, banquet de 3U0 couverts à l'Hôtel-. le- Ville, et procession aux flambeaux, 62 LE NAT[JU\LTSTE GAXADir.N que les journaux ont dit être la plus Ijelle que l'on ait vue cle- ])uis la visite du Schali de-Pevse en 1873. Mais n la cérëmonie religieuse a man] né au centenaire ilu savant, cette faute est i.lniôt due aux organisateurs de la fête, qu'à celui-là mêiuc qui eu était robjrt, car qu'on ne s'y troiu])e pas, M. Chevieul est un croj'ant, et n'a pas craint de le mani- fester en plus d'une circonstance.- A ])ropos même de son cen- tenaire, 1( s jouriianx catho'iques citaient une am cdote q'd enlève tout doute à ce sujet. La voici : La veille même de son centenaire, Af. Chevreul se trouvait en vill('giature dans un château de ses amis, en Seine-et-Oise. 11 se rend à Dourdan pour prendre le train qui doit le ramen'"!r à Paris. Mais soit erreur de calcul ou toute autre cause, il arrive trop tard. Que faire dans ce petit village où il lui faut attendre trois heures ? Il renvoie son cocher, et se rend à l'é- glise. M. le curé entrant dans son église, vit se lever devant l'image de la sainte Vierge, un ])etit vieillard, qui vint droit à lui: ^ . . — Monsieur le curé, j'ai l'honneur de vous offrir mes hom- mages; je suis élraug(u\ j'ai manqué le train, et je vous demande pardon de m'ètre introduit dans votre église, sans votre permis- sion. . — Mais, Monsieur, il n'y a pas de mal à cela ; vous êtes chez vous. L'église est la maison de Dieu^ et comme, sans doute, vous êtes un enfant de Dieu, vous êtes dans la maison de votre père. Mais étant étranger et ayant encore plus de deux heures à attendre, vous accepteriez peut-être un rafraîchissement ? — Vous êtes bien aimal:)le. Monsieur le curé, j,e vous remer- cie ; j'aurai cent ans demain, et je n'ai jamais rien pris eu dehors des repas. — Cent ans ! Est-ee que j'aurais l'honneur de parler à M. Chevreul. — Je suis, en effet, Clievreul, mousieur le curé, et oorame mes amis et mes élèves de l'Institut veulent me faire une petite NOUVELLES SCIENTIFIQUES 63 fête demain, je me rends à Paris pour ne pas les dét^oMiger ; il y en a tant i)armi eux, ajouta-t-il, qui n'ont pas la foi, que je ne suis pas fi\< hé de la demander un peu pour eux. Et M. Cbevreul, le centenaire et le grand savant, après un gracieux salut à M. le curé de Douidan, se ragenouilla devant sa madone qu'il ne quitta que quand l'heure de prendre le nou- veau train fut arrivée. ]\I. Chevreul aime à s'appeler, dit une revue, et, dans le monde des écoles on se ])lait à rajipeler \ô doyen des étudiants. De fait, sa grande vie enseigna ces trois grandes sciences : Tra- vad, foi, civisme. Apprenons de lui ces trois grandes sciences de la vie publique et privée. KOUVliLI.ES SCIENTIFIQUES. Bibliographie. — Rapport d'i/n voyagé fait au Lahrador Canadien en 1882, au sujet d<8 productions naturelles de cette partie du Golfe St- Laurent, par M. D. N. Saint-Cyr, conservatexir du Musée de l'Instruction Publique. C'est avec gi'and plaisir que nous annonçons la publica- tion de ce rappoit, qui est le premier du genre de la paît de notre gouvernement. Aussi ceux qui ont présidé à sa publica- tion montrent»ils qu'ils sont tout- à -fait novices en la matière. Toute publication porte d'ordinaire un titre propre à donner une idée de la matière trjitée ; et le présent rapport porte pour titre : " Eéponse à une addresse de l'Assemblée Législative, en date du 19 avril 1886, demandant co[)ie du rapport" On veut donc dire que c'est là la copie d'un rap])ort qui reposait dans les bureaux du gouvernement depuis 1882, et qui, sans l'intervention de la Législature, serait de- meuré là dans l'oubli. Comme nos ministres montrent bien là le faible intérêt qu'ils portent aux connaissances scientifiijues î Cependant le Eapport de M. Saint-Cyr fait grand honneur à son auteur, et pouvait affronter la publication sans crainte. Mais ce rapport revêt un intérêt tout particulier à un double point de vue. C'est qu'en outre des observations du savant, qui traite en maître les matières qu'il aborde, nous avons dans M. Saint-Cyr un économiste entendu, un patriote sincère, dont 64 LE NATURALISTE CANADIEN les siio-çrestions sont des pins précieuses au sujet des immenses richesses que recèle cette |)artie de notre territoire, et dont nous {(l);nid(>nnoiis à peu près l'exploitation aux étrangers, faute de connaissances suffij^antes et de renseignements précis sur la va- leur de ce que noii s possédons là, et la possibilité d'en bénéficier autrement que nous ne l'avons fait jusqu'ici. Ce rapport, qui sei a hautement apprécié de tous les hommes de science, contient en outre du journal du voyage, 7 autres ] arties, savoir : lo Remarques au sujet du guano ; 2o au sujet de l'édredon ; 3o liste des mammifères pinnipèdes du golfe St- Lîiurent ; 4o des cétacés des mêmes eaux ; 5o liste des plantes recueillies ]iar l'auteur sur les côtes du Labrador en 188:^ et 1885; 6e catalogue des plantes phanérogames du Musée de l'Instruction Publique; et 7e les plantes cry[)togames du même musée. Les naturalistes trouveront là une foule de renseignements qu'on trouvcrtiit difficilement ailleurs et corroborés par uu honnue qui a vu par lui-même, qui a observé ces objets in situ, et dont les vastes connaissances sont une garantie de la valeur des opinions qu'il énonce Il est regrettable, nous le répétons, que, considérant ce rapport comme une réponse aux demandes de documents ordi- naires que les dé|)Utés à la législature fout au gouvernement, on ne lui ait pas donné la forme et l'habit que les sujets scientifiques demandent. Ainsi, pour ce qui est de la typographie, c'est par- tout le même caractère, le genre, l'espèce, le nom de l'auteur, le nom vulgaire, souvent fmnçais et anglais, tout se montre sous la même foi me. Disonts aussi que les dates et surtout les mîllé- siniHS se saisissent bien plus facilement et plus promptement en (•Infires qu'en caractères. Et cette pagination au bas, au lieu de la tête de5 pages, quel ennui pour les recherches! Ajoutons encore qu'une table aljihabetique des noms de genres et d'es- lièces eut été des plus utiles. Nous faisons des vœux pour que le gouvernement pour- suive son œuvie ; que M. Sainl-Cyr aille de nouveau faire une slrition l'i'té i.rochainsurlacôtedu Labrador, afin de prendre de plus amples renseignements etde donner à nos législateurs des sugges- tions en(îore.plus concluantes sur les mesures à prendre pour ti- ler profit de ces sources immenses de richesse que nous possé- duns là, en même temps que la science pourra bénéficier de ren- seignements jirécis que bien peu de naturalistes sont en moyens de prendre j'ar eux-mêmes. L"E ^•^^p^- mutwiti ^^r--â^S>Sip^W,<^%£S2À. 'Jv-l&j,^-^ ■-fÇ~- 0 '-C'' '&■' "5'" S Ô n' i -V- ,-. -&j,jÀ'' ^S' '-3'" -g'" =-o 6 c>-'-6- r Vo. XVI. Cap Rouge, Q., Novembre, 1886 No. 5. Héilaiiteur: }1 l'Abbé riUIVANClll.R. Di) ilMKS L-^-s numéros gagnants du mois d'août 7, et de septembre 87 et iS, n'ont pas encore été réclamés. Octobre. Numéros gagnants ; lère Prime — De Québec à Jérusalem No. 242. 2'. " — Murex bicolor: 275. N. B. — La personne a)^ant l'exemplaire portant l'un ou l'autre de ces numéros écrit en crayon bleu sur la première page, devra réclamer l'objet dans les deux mois de cette date, et envoyer des timbres pour affranchir le postage. — Voir sîir la couvcrticre. WlCÀlWl.OGUi l'âge de la pieurk taillée chez nos aborigènes. Notre premier père, après sa chute, chassé du' paradis de délices où il n'avait épronvé ni peines ni soucis, dut chercher duns les ressources de son génie, les moyens de pourvoir à la ô.— Nov. 1SS6. 66 LK NATURALISTE CANADIEN siib.-i.stence de la nouvelle et malheureuse vie qui devenait son partage. Naturellement ses regards se jtortcrent de suite sur la terre, qui seule pouvait répondre à la satisfaction de ses besoins, comme elle l'avait fait do|)uis qu'il était sorti des niains du Créateur, mais avec des soins et des labeurs qu'il n'avait pas encore connus. Mais la terre, pour donner ses produits, doit être remuée et travaillée ! C'est ;\ la sueur de ton/ront (ine ta eu retireras ta subsistance, avait die le Créateu.r. Or pour travailler la terre, il faut des instruments ; et nu sur la terre nue avait été jeté notre premier père ! Mais comme avec Dieu, la justice ne se trouve jamais se-' parée de la miséricorde, Adam, môme après sa faute, avait jni conserver une conuaissauce plus parfaite et plus intime de Ja nature que celle que nous pouvons acquérir aujourd'hui par l'étude et l'observation. Aussi voyons-nous que les enfants mêmes du premier homuîe surent utiliser les métaux et les convertir en instruments pour leurs pro})res besoins. Que cette coimaissance des métaux ait })U se transmettre des pères aux fils, d'une génémrion à une autre, nul doute à cet égard, puisque leur usage était presque indispensable au soutien de la vie. Nous disons presque indispensable, car si aujourd'hui, avec notre civilisation, l'usnge des métaux est devenu une nécessité, _ l'histoire nous ap{irend que plus d'une peu[)lade, éloignées par une cause ou par une autre de leur centre oi'igiuaire, ont j u subsister assez longtemps sans leur usage. Les bois durs et résistants ont dû sans doute être lesprenriers outils dont ou s'est servi ])Our fouiller le sol, afin d'en retirer des produits, lorsqu'apa-ès un najifrage, ou une dispersion h la suite d'une guerre, quel([ues peuplades se sont trouvées isolées du reste de- leur communauté, et privées des instruments dont elles faisaient usage sans pouvoir s'en proc:;rer d'autres. AUCHKOLOinR 67 - ' Mais connue le bois n'oflVai' pas une résistance sufîisante- pour les travaux à exécuter, et ^. trouva dans la pierre qui se trouve partout et dont on sut tirer parti de la dureté relative des diftéreutes .es-, pèces, pour eu confectionner des outils par le martelage, le clivage, le frottement, etc. De là cet âge de la pi^^rrc qu'on a pu constater elle/; lifférentes peu[jlades éloignées les unes des autres, et chez ieiquelles la pierre seule fournissait les outils de culture, les in.-:,[runients de ehasr^e, et mêmes les armes de guerre. Les archéologues se sont partout montrés empressés, à recueillir et conserver ces reliques de l'iudusirie humaine, des âges antérieurs à la civilisation pour différentes peuplades. ' Xotre sol de l'Amérique en a fourni k lui seul plus que , toutes les antres contrées réunies des anciens continents. C'est que, lor-que Christoj'he Colomb apporta au Non veau- Monde , les r'^ssouices de la civilisation, déjà fort avancée à cette épo- . que, ie- peuplades américaines n'eu étaient encore (pi'a l'indus- . trie [riiiiitive pour les besoins de la vie, c'était à peine si les- , habitants du Mexique et du Pérou, où les minerais sont si abondants et si variés, savaient qi:elque peu façonner le cuivre, l'or et l'argeut. Pour to'ites les nombreuses peuplades de notre amérique boréale, ce n'était encore que l'âge de la pierre dans toute sa simplicité, sauf quelques rares outils en cuivre qu'on avait pu 'parfois obtenir du Mexique. Quelque abo idantes qu'aient été ici, en Canada, ces re-, . liques des tem[>s antérieurs, elles sède une terr« sur la hauteur même du cap, 11 était à labourer sou champ, lor.squ'un de ses enfants qui le suivait trouva cette pierre. — Voyez, papa, oette pierre que je viens de trouver, dit le petit garçon de 9 à 1;J ans, comme elle est singulière ; on dirait un taill.iut de hache à son extrémité eiïilée. — Tiens, c'est bien rare, des pierres comme celle-là, jette donc ça dans le feu qui consume ce tas de bran- ches.— Mais, voyez, elle n'est pas comme les autres, aile a été travaillée ! Et le père la prenant en ses mains, reconnait en effet, que c'est une pierre travaillée, et sans aucun doute une hache de nos sauvages aborigènes. Nous figurons ici la pierre de grandeur naturelle, vue de face et vue de profil. Elle est en silex très lourd et très com- pact. On voit distinctement sur sa face plane, et surtout sur le biseau de son extrémité, les raies tracées par le frotten.ent qu'on a pratiqué pour lui donner sa forme et sou poli. Sa, partie trancliante n'a pas sans doute la finesse d'une haehs d'acier, mais elle est encore fort mince et j orte à peine quelques brèches à l'un de ses bouts. Eig.8. ^'g-9- Fig. 8.-Uno. hache en silex de nos sauvages aborigènes, vue de face, de rriuuieiir naturelle. y\g 9. —La ruâme, vue île profil. 70 r.K ^'atx'ïïaliste caîtapîen Prenez miiinlenant tm Mton^ de fièiie, pur exemple,- de 2 à 3 pieds de loivgueiîr et d'environ» 2 poiicros de dittiuètr.^, feudez-le à l'uiiideb boutSy a^v.'Tuj/■t^a.•s avant e,t e» arrière, et vous aurez l'iustrunient dont se servaieivt new sauvages pour couper et fei>lre leur lx)isr dt'-jEyéce? la viawle des aniuiaiix qu'ils tuaieiït à la clTi&se, cauTtviûre- leurs arcs-, leurs CLiuots^ leurs avirons^ eta.,. eta MaiSf direz- vo-us pe-ut-être, coinn?or>t aTec un tel instru- meot couper le boia.abattre des arbves ? SariS' d/ute que la cl»se n'e'taiÈ pas aussi facile qu'^avtc? des haches d'acier, cei)eudaiit ils eu veihaieut à bout en assez: peu de ten>ps encore. Nous voyous que Cbiu> tlaiiï, dans une de ses • excufsioi>s coutre les Iroquois^ se di-eriJa-it à construire un retranche ment d'abattis d'arbres i>oup'la nuit, mit ses lïommts k l'ccuvre, français et algoutjuins qui l'acouipagnaient. Or ces derniers, remarque UliaiBplain, avec leurs seules haches ,de pierre, parvenaieiit à akittve, même des arbres- vefts, en. y mettant très peu plus de tem-ps <|ue les i'ïança,is- avec leurs- outils acérés. Les liaches dotit ils- faisaient aloi's usagii étaient plus fortes que' celle que nu\id rejirésentons ici,, qui n'était peut- être qu'une hachette à mam, tenant lieu de coateau pour leg. menus ouvrage^, mais elles étaient seuiblablement de pierre dure et de l même forme. Le silex, le porphyre, la serpentine^ certains gneiss, etc., étaient d'orJiuaire les [)ierre3- qu'on em-' ployait. Nous }^os3cdons une autre de ces haches ]:^auooup plu» fi)rte et plus lourde, qui vient des Mictuac? cw ia l'^we dos Chaleurs. Celle-ci, par sa forme, laisserait à croire que, tixée en ligne droite au bout d'un fort bâlon, elle &(irvait à défoncer la glace pour la pêche durant l'hiver. La 1 lierre de notre première hache nous parait identique avec le silex qu'on iroave en ncnlules dans les calcaires de Nia- gara, et comme il n'y a pas de telle pierre dans le voisinage, nos sauvages se les procurai out sans ijoute de l'ouest, des bords de rutiav A.UCIÏEOT.OGIE " 71 Le Gapîtoiige pouvait fort bien offrir un lieu convenable- de cainpe:iîent à nos saiiva;j;es, cci»endant nous ne voyons pas qu'ils l'aient utilisé à cette fin. Us trouvaient, s:ins doute, plus avantageux de se fixer à Stadaconé, ou sur les bords de la ri- vière St-Charles, lieux qui leur offraient -inie communication plus facile avec le fleuve, et une route plus directe pour se di- riger à l'intérieur. Leur présence ici ne pourrait s'expliquer que comme avoisiuants et pouvant tirer quelque avantage de la présence des français lors de l'hivernement en ce lieu de Jac- ques Cartier en 1541, ou de iioberval en 15-42. On sait que Jacques Cartier, en 1541, vint se fixer à l'em- bouchure de la rivière du Caj Jioiige pour y passer l'hiver. C'est à cet établissement qu'il donna le nom de Charlesbourg-lioyal. L'année suivante, de Eoberval s'en vint à son tour se fixer au même lieu avec une nouvelle colonie. Comme Cartier avait fait quelques défiichements,— et des restes trouvés ont permis aussi de le constater — c'est sur la pointe qui borde la j'ive dmiie de la petite rivière que se trouvait Charlesboug-Eoyal. Mais de Koberval qui changea ce nom en celui de France-Ttoi, tout en profitant, des éta- blissements de Cartier, car sa colonie était beaucoup plus nom- breuse, s'établit, lui, sur la rive gauche, sur le cap même, puis- qu'il dit qu'il y fit construire une spacieuse habitation en même temps qu'une tour à deux étages, et deux corps de logis au pied du coteau pour y garder les provisions. Il est bien ra^!sonnable de supposer que quelques familles amies pf.rmi It^s Alg()\U[uins se st'raieut alors fixées à qiu^lques arpents de l'établissement du Cap, lieu ou a été trouvée la hache, pour commercer avec les étrangers et tirer parti de leur Voisinage. 11 est assez remarqualjle que le nombre de ces outils pri- mitifs trouvés eu notre province est tout à fait restreint. Dans bien des cas, sans doute, on n'a pas pris le soin de les conser- ver, mais c'tit un fait que 'eur Lroivaille a toujours été assez rare. 72 LE NATURALISTE CANAPIEN Nous" nous rappeloiKs avoir souvent joué, dans notre en- fance, avec une de ces haches iiui se trouvait ch^iZ l'un d'; nos voisins, dans la paroisse de Béccneour. On savait fort1>ien ce que c'était, car nous nous ]ilaisions à faire connaître aux auti'cs enfants l'usage que les sauvages faisaient île tels instrunx-nis et nous nous étonnions ensemble qu'on [tût avec de tels oulil:i faire quelque chose d'utile. Qu'est devenue cette hache? '. ..Pi-obablenient (qu'elle aura été confondue avec les auires cailloux, qui sait ? enij.luyée peut-être dans une maçonne de solage ou de cheminée, car où étaient alors nos archéologues ? q'iels étaient ceux qui s'occu- cupaient de ces vieilleries ? qu'étaient à cette époque nos musées ? Lors de notre première visite au lac St-Jean, en 1801, étant à Hébertville, on nous dit que sur la langue de terre qui sépare le lac Kinogamishih du lac Vert, on avait tronv; un amas de pointes de Heches en [ùerre taillée. Nous nous ren- dîmes à l'endroit indiqué, cherchâmes partout, mais ne pùme» rien trouver. Comme il y a là des bancs de syenite très dure, il est pro- bable que c'est de cette pierre qu'on aurait fait u.sage pour les flèches. Mais si réellement de nombreuses pointes de cette sorte ont été trouvées, il y a- une trentaine d'années à Hébert- vdle, on doit, sans doute, en avoir cmiservé quelques unes quelque paît. Nous attirons sur ce sujet l'attention dts ar- chéologues du collège de Chicoutimi, qui se trouve dans le voisinay;e. Ll'l Cl) A NO Le guano est rcc-mnu anjourd'lmi être le jilus puissant en- grais (\\i\)U i misse appli [uer au soi ; et toutes les qualités de sols, argileux, pierreux, gra-. (.'iriix, sablouiwux etc, peuvent eu béné- ].V GUANO 73 ficier. Dans les climats de l'oui'st, où l'on n'étable pas les ani- DiauN |i(nir l'iiiver, c'est piesque aiiJDnrd'hui le seul engrais h la disposition des ciiltivatri rs, comnic nous l'avons vu a|i])li«|uer eii GL'Oig e en 1871. i-à on ne cultive pr^^s iue excl siveni -nt quy le coton ; e! point de guano, point de iécolce. On sait que k' guano consiste dans l'accuniulalion, dirant des siècles jteut-otre, des déjt'Ctions d'oiseaux njarins, n)èU'es à d'auties détritus animaux, comme les plumes, les Corp.-, dn ces oisea--x, leurs œufs, etc., dans des contrées ou les pluies étant très rares, n'enlèvent pas à ces matières les sels amuiouiacaux qu'elles renfei nient et (pii leur donn^-nt une si grande valeui' comme engrais. Leslies de l'océan Pacifique qui bordent les côtes du l'éi'ou, particulièremeut Uhmche, Lobos, Arica &c, sonfc les ])rincij>a!es sources d'où l'on extrait cette précieuse matière. Mais ce ne sont pas là les seuls endroits où se iiuicontre le guano, si tant est qii'oii peut a[)i>li quer ce no n à tout amas de détritus animaux propres à fertiliser le sol. M. D. N. Saint-Cyr, dans son rapjiort que nous avotis mentionné dans notre dernier nuniéio, nous donne des détails fort intéressants sur des dép'ôts de gu.iiio ijue renferment [)lu- sieurs îles de notre golfe. Sans doute ce guano. e-,t loin l'être aussi riche (jue celui du Pérou, nos pluies et nos gelées ne p» r- nietteiit pas aux matières animales exposées à l'air de caraît pas cei>enda!>t (] 'il y ait eu sou-, lèveujent du soî,i>ion qu'une élévation de quelques pieds ait ]>u avoir lieu. Os caves paraissent plutôt avair été al>a.ndon- liées par la mir, pi'.r ce (jne, \rdT suite de l'élévation du sol, leur entrée s'est trouvée fermée. '' Il est remarquable que ces caves on caveriîes ;ioni. ]^re^(]ué totalement dénuées de stal.ictites et île stala;^- îiiites, Ce (jui est dû, sans doute, à la coai; acilé du toit q'ii les recouvre et au peu d'épaisseuc. de ce toit, 'pii dépasse rarement queLpes pi: ds. Ou pénètre géuéraU ment dans ces cavernes par une ouverture dans le toit, là ou ce toit a été ronqm. l'iusieuis de .ces ouvertures n'mit pas jdus d'un pied de diamètre, et })araissent, pour la plupart, avoir été formées par la croissance de racines à travers des creviissjs dans le roc. " A la plus grande entr. e par lacpielle nous o])érons notre première descente, l'ouverture a environ une dizaine ^le [àeds, mais elle est en partie forrm'e par le roc forniaut le toii: ; le tnni est entouré de racines de figuiers et autres arbies (jui servent comme d'échelles pour opérer la descente. Au centre de l'en- trée., croissait un asimin.ier {papaxv tree) de 6 à 8 pou'-es de diamètre, A une autre ouverture, le seul moyen d'opérer la des- cente à l'intér eur était de se servir, à la manière des matelots, d'une unique racine de tiguiei d'environ 2 ))ouces de diamètre. Nous trouvons souvent de ces racines paraissant avoir ti'a- ^ ersé le loc aolidc. 76 lï: naturaliste canadien " L'ouverture de la première caverne conduit d-ins une grande clianibre à peu près circulaire, qui paraît avoir été grande- ment fréquentée autrefois, car les murs sont en bien des endroits noircis i)ar la fumée, et des foyers avec des ce-ndres sont eucor^e bien visibles. Ou voit sur les murs de cette chambre de gros- siers dessins, dénotant qu'on a voulu représenter des figures hu- maines. Dans l'une des branches de cette chambre, les pre- miers explorateurs trouvèrent 2 marmites' et une chaise. C'é- taient évidemment de manufacture des aborigènes, étant sem- blables à celles décrites par les premiers visiteurs de cette région en usage chez leurs habitants, et elle^s ne devaient pas avoir été là moins de oOO ans, puisque c'est environ à cette époque (|ue, les espagnols enlevèrent les indiens à leurs fertiles champs de chasse et dépeuplèrent ces îles. " Paito'it, excepté vis-à-vis l'ouverture, ces_ cavernes con- tien-ient une terre rouge particulière ; quelquefois la couche n'est que de quelques pouces d'épaisseur, d'autrefois elle rem- ]>lit à moitié l'excavation, et dans plusieurs elle remplit la chambre jusqu'à quelques pouces seulement du plafond, mesu- rant [ilus de 20 pieds d'épaisseur. " On croirait, en pénétrant dans ces cavernes, se trouver dans d'immenses magasins où la terre aurait été empilée à dessein. Cette terre est un m 'lange de sulfate et de phosphate de chaux avec une petite proportion de chlorides alcalines et plus ou moins de matière org,iaique. Elle paraît presque entièrement pri\ée de re^stes org iniques. Une singulière circonstance en rapport avec ces dépôts, est le fait que, quoique entourés de toute part de c.irl>ouate de chiux, ils sont presque entièremaut déjiourvus de cette substance. Cette terre est très humide, cette humi lité au m=) U'-'ut qu'on l'em^iorte au dehors, se monte à i.eu près a 4U lur -.nit. L'analyse a donné le résultat sui- vant : LE GUANO 77 Ean 30.G0 rho>;j)hate de chaux oo.oô Sulphate de chaux 21.80 Matière organique '.'.98 Silice 1.00 Potasse 0.32 Soude O.l-t Puis traces de chlore, d'alumine, d'acide carboniiiuc, •et(; " Une question se présente naturellement: quel est ce dé- pôt et d'où vicTit-il ? Le Dr Liebig, de Baltimoi'c, qui visita cette caverne peu de temps après moi, dit que c'est certaine- ment un dépôt organique d'origine récente. Il incline à penser qu'il a été jeté là de quehjue manière par les vagues, et qu'il consiste de matières organiques si abondantes dans les mers des environs. " La preuve à l'appui de cette prétention est cependant très faible ; les débris contenus dans cette teri-e sont peu nom- breux et peuvent tout aussi bien servir à appuyer d'autres sup- positions. " Ce dépôt diflère du plus grand nombre de ceux de ce genre en ce qu'il est sous forme de line jioudre humide. Il y avait un dépôt à Navassa à peu près semblable, mais il était en grande partie sous forme de pierre, tandis que je n'ai vu celui- ci nulle }iart incapable d'être creusé avec les doigts. <^»uel([nes dépôts de guano dans l'île de Jarvis, dans l'océan Paciti^pie, sont presque exactement de la même composition (pie celui-ci ; et le guano de l'île Jarvis est reconnu comme dépôt d'oiseaux. Il y a de nombreuses cavernes au Texas contenant' du guano de chauve-souris. Ce guano est toujours aisé à reconnaître, piuis- qu'il consiste surtout en parties dures des insectes que les chauves-souris n'ont pu digérer. En explorant nus ca veines, on rencontra une chauve-souris, et l'on trouva uu>si quelques dépôts de leurs déjections, mais en petit nund)re et épars les uns des autres. Les (quelques restes qu'où trouve dans toute 78 LE X\TURALISTE CAKAPTEN îa teTTo de ces -lU'ernes ne sont ];oiiit seuibiables à cer.x qui seraient déj'osés \yà.v les chauves-su iiri.s, mais btMit de petits Tiag- îiieiits d*os de paissons. " Un t'cluuitill'Ou de gueno venu d'.me île voi.-^ine peut servir à jeter qnokjue Jiiniiète sur l'origiiKi de sa [)io\enance. Nous trouvons dans c(dui-ei beaucoup do matière organique, consistant ] 'lincijTâk'nient eu fragments d'os ; dans queli[ues Ciis, cf'ux-ci. sont si bien conservés, qu'on peut reconnaître les jtaities du corps ddut ils faisaient partie; 1-s vertèbres de petits f;-oissons sont cnnniuues dans ces débris. " Je pense que tous ces dépôts sont un guano fossile, qui a été si longtemps exposé i l'aetion da l'air et de l'humidité, ^u'il ïi piesque })erdu tout son ammoniaque. G'tte terre est presque entièrement dénuée d'odeur, moutraut ainsi sa parfiite décom- I ôsitiorf. L'absence de r'stes recouuaissaltles se comprend facile- ment, puistjiie (kis os ensevelis dans des ta- d'e,ngrais viennent à perdre leur iatégiité et se réduisent en |Miussière. " Dans une autre caverne (jue nous visitâmes nous esti- mâmes à pas moins de 1009 tonnes la ([uantité d(; guano qui s'y trouv'-»it. Une racine de figuier avait pénétre à travers le [ilaf(uid, nous 1a cou pâmes et l'emportâmes comme un trophée, sur un diamètie d'environ trois quarts de pouce, elle mesurait ai delà de 50 pieds de longueur. On peitse qu'il n'y a pas moins de 300,000 tonnes de guano dans les différentes cavernas de cette île. " Li. température de ces cavernes est dos plus agréables, et bien qu'olles soient hunddes, on n'y é[>rouve aucune sensation lus tot." Comme les îles de Mingan et les autres des côtes du T.a- brador sont d'accès jdus facile que celles de Bahamas, le gou- vernement ne devrait pas man(pu>r de faire poursuivre à M. Saint-Cyr les études (ju'il a commencées des dépôts qui s--^ tîouvent là, et qui peuvent être, très prdbablement, d'uiïp grande ressource ]iour l'agriculture. Pi'ivé ou nom de soii animo- niaipie, l'humus des marais de ces îles ne pent manijuer, par les jihosphates «ju'il contient, de constituer un puissant engrais [^our les colons du voisinage, si toutefois il ne mérite jias d'être ex- poité à de j)lns grands fiais. NOUVKLLl'^S SClENTIFlQUl^rS. Mollusque??. Xos Helix 'nemoralif^, apportées de Lour- des, con)me nons l'avons déjà mentionné jir'cédemment, s(; sont considér.iblement mnltipliées dans le cours de l'été. Si bien qu'à l'a'utomne nous j'ouvions en cueillir plusieurs don- z lines dans notre jardin. Elles nous ont ]'aru tout aussi ro- bust(^s et aussi variées en coloration que nous les avons vues en France, jaune avec lignes spirales noires, jaune rosé, rose purpurin avec ou sans lignes sjorali s, etc. etc. Elles nous ont jiaru rechercher ].articu.lièrement les gadeliers et les ])om:uii rs jour ler.r nourriture. Les voyant disjmraître anx jremiers froids, nous ne ponvioiis sonpçonner le lieu de leur re'raite l'Our l'hiver, lorsque voulant enlever les feuilles d'une fate tallc d'hémérocalle (lis d'un jour), nous en trouvantes une \iug- taine de cachées sous ces f< v.iîles; rpu'lijue jours pli s tari, nous i n ticuvions d'autres dan» nne talle de bouquets-îaifais, Li/ch- 80 LE CENTENAIRE L)'UN SAVANT nis hdvhdfa, ccl'cs-ci ('■talent toiites à demi cnfoiicées en terre avec l'onvertiiro on dessus, mais close par la cloi.-on calcaire- qi. 'elles | roduisent d'ordinaire jour l'hiver. Eien n'a pu encore nous ] orter ù croire «jue leur multiplication pourrait devenir donjiiuigeable aux plantes de nos culture-: ordinaires. The West American Scientist. - Cette levue men- suelle, de 12 ])ages in-8, est publiée par M. C. lî. Orcutt, à San l)iego, Ctilifornie. Elle fait pariiculicrenient connaître les pro- d' étions naturelles du riche climat de cette partie de la côte du racifique, et offre. })ar cela nicuie, un intéiét tout j articulier aux iiatr.ralistes. Abonnement $1 j-'ar année. The Golden State Se entist.— Cette j)nb!ication, dont nous venons de l'ecevoir le 1er numéro, est publiée à lîiverside, Californie, jar M. E. M. Haight. Elle est paiticulièrement dé- vouée à la Zoologie, la géologie, l'archéologie, la botanii^ue et la numismatique. — $0.50 par année. Notes snr de v'eux manuscrits abénaquis - Par Charles GUI, Juge de la Coar Supévie'uve. — C'est avec grand l'iaisir que nous saluons cette preniière production d'un nouveau solda- marchant à des conquêtes sur l'inconnu. L'Honorable Ji.ge Gill, à l'exemple de notre ami M. Miot, juge à Beaune, France, (jui a déjà remj'orté j)lusieurs prix d'entomologie [ini- ticpie, d'un ai'tre magistrat, M. Perrot de Chezelles, de Paris, qui a traduit en vers Y I tnitation de Jésus- Christ, etc., se plait à cultiver les muses ],our faire diversion aux enntiis du codp, et c'est aux éti:des archéologiques et philologi'|ues qu'il a voué .son atieution en voulant bien faire bénéficier le public de ses recherchas. Les présentes Notes ont tiré de l'oubli, et peut-être conservé à l'existence, de précieux manuscrits, dans lesquels les linguistes et les philologues pourront trouver de précieux maté- riaux l'Our leui's études et leurs recherches. Nid doute que notre érudit magistrat poursuivant ses études, ne puisse faire bénéficier ]ilus lard, les Utti'es Canadiennes, de nouvelles pro- di.cLiuns tout, aussi précieuses. J I ,-tLj '^ .?--.f P-4^ "'n^''^'"'^' ^? ^ ^Tji^ ^p ^'ài^-.*^ '^^^^ ^'# '=*cf ->'5 ^ Vo. XVr. Cap Rouge, Q., Décembre, 1886 No. 6. UCtlaclcur: }\. I'AbbB riidVAXCIlhR. PRIMKS L(^s numéros gagnants du mois d'août 7, et de septembre 8 et 18, n'ont pas er.core été réclamés, de même que le numéro îl43 du mois d'octobre. La seconde piime du mois d'octobre, numéro 275, un Murex hicolor, Val., a été réclamée par le Kév. M. Bourgeault, curé de Laprairie. NoVEMlîliE, Numéros gagnants : 1ère Prime — Cecil's Book af Birds, illustré et élégamment relié No. 87. ■ 2e " — 2 Cerythium erythrense 17. N. B. — La personne a}'ant l'.exemplaire portant l'un ou l'autre de ces iniméros écrit en crayon bleu sur la première page, devra réclamer l'objet dans les deux mois de cette date, et envoyer des timbres pour affranchir le postage. — Voir sur la couverture. A PROPOS D'ANTIQUITES L'article de notre dernier numéro sur les haches de pierre, a attiré l'attention de plus d'un amateur, et nous a valu la récep- tion de plusieurs lettres fort intéiessautes. -Dec. I8t^6. 82 LE NATURALISTE CANADIEN Qu'il nous est ,ngi(';ible de pouvoii' constater, presque chaque joui-, que nous luai-ih )us, tout jeune peuple que nous sommes, que DoUd mai'rliou.-;, iii>oiis-nf us, ijuoique à pas lents, dans la voie du jivogres. Les seieuees, les lettres, les arts, ont mainte- nant chez nous, leurs maîtres et leurs pupilles ; tous eneore en petit nomhriMl est vrai ; mais, tout' fois, en luiiiés suf'hsimes )>our ibriner des clief:^ de file aux aileptes qui viennent de tenqis à autres se rangvr à leur Miite. Nous avons nos joctes, lyriqi.es, dramati^iiies, chanson- niers. Nos orateurs sacrés et profanes, panégyristes, criminalistes. Nos musiciens, chantres, compositeurs, exécntauLs. Nos mathématiciens, nos géomètres, nos ingénieurs. Nos ]ieint]'es, nos sculpteuis, nos statuaires. Nos philologues, nos linginstes, nos géologues. Nos bibliophiles, nos antiquaires, nos numismates. Nos naturalistes ? hélas ! sous ce clb-f, rari nanies sont encore les comhaitanls. Combien tie fois n'avons-nous pas en, à cetégir>l, des tentations de découragement ! Nous prêchons dans le désert, nous disioas-nous |»arfois. MliIs non ! nous ré- ])li(|uaient des amis à (pu no is f lisions part de nos craintes. Vos premiers appels ont retenti, il est vrai, dans le désert, mais ne sont pas demeurés suis écho. Avant de s'engager dans une route, il faut coiinaîire ce qu'elle nous promet. Av.mt de se livrer à l'étude de la botanique, de l'entomologie, de la conchy- liologie etc., tous noiirs qui n'évoquaient à peu près aucun sou- venir dans l'esprit des audit uiis, il fallait connattre l'objet de ces sciences. Kt on le connaît aujourd'hui. ISi tous ne s'aiment })as de la boite de Dillénius et du iilet faiichoir, tous ceux (|ui vous lisent vous suivent avec intérêt, applaudissent à vos succès, constatent la marche des idées à cetégard dans un sens favorable. Nous avouons avec sitisf iction que les amis qtii n..iis par- laient ainsi n'avaii^nt pas tout-à-iait tort. Car si nos musées Sont encore r.ires et très rares, il y a cependant de légers corn A PKoros d'antiquités 83 mencenients en certains endroits. La botanique est tenue en fort grande estime en plusieurs de nos institutions de filles, et nous avons i)U voir plusieurs herbiers chez elles qui n'étaient pas déjà sans valeur. Cependant, il nous semble qu'on aurait pu faire davantage. D'un autre côté, on le sait — et nous en avons plus d'une fois fait la remarque — les hommes d'étude ne sont pas très nombreux ■ parmi nous, et on ne change pr.s tout d'un coup les idées d'un peu- ple. Dans notre pays où chacun, à peu près, doit vivre de son tra- vail, on ne se sent que peu jiressé de se livrer à l'étude d'une science qui n'offre guère pour résultat immédiat que des jouis- sances intellectuelles. Kt le fait que le but de l'étude de l'his- toire naturelle est aujourd'hui connu du plus gran l nombre, est déjà un immense succès. Non ! ce temps où un herborisant ou un chasseur de mouches était regardé comme un échappé de Beau- port, est déjà passé, et ou n'ignore plus aujourd'hui que ces poursuites, en apparence si futiles, ont un but très noble et d'utilité réelle. Nous perniettra-t-on de citer ici deux petites anecdotes à ce sujet. Feu M. l'abbé Brunet, professeur de Botanique à l'université Laval, était allé hjsrboriser à Lotbinière. Un attrait parti- ci'.lier qui l'attirait en cette paroisse, était la présence de M. le Notaire Bédard, l'un des premiers qui se soient occupés de Bota- nique en ce pays. M. Brunet allait donc herboriser chaque jour, tantôt sur les grèves, tantôt aux bords des bois, d'autrefois dans les champs, et parfois seulement sur les bords herbeux du chemin ; et tou- jours il en revenait les mains pleines de tiges, de feuilles et de fljurs de toute sortes, ce qui n'intriguait pas peu les braves ha- bitants qui le voyaient à l'œuvre. Tout ceux qui ont connu feu M. Faucher, alors curé de cette paroisse, savent qu'à une piété remarquable et à un dévoue- ment sans bornes pour ses ouailles, ce bon pasteur joignait un fond inépuisable de gaieté et de bonne humeur, qui le portait à trouver en toute circonstance occasion de s'égayer. 84 LE KATIKAIISTI': CAKADIKN — Mais, ]\I. le curé, lui diiv^it un jour de braves gens q>ii le rencontrèrent sur le chemin, dites-nous donc ce que veut faire ce jnêtre que nous voyons passer tous les jours les mains pleines de foin ou ti'heibnges ? — llélas! mes braves amis, c'est un pauvre prêtre du Sé- minaire de Québec qui a perdu la tête, et qui s'amuse ainsi à ramasser des plantes. Lorsque vous le verrez passer, arrachez une l'Oignée d'herbes des ]iremières venues, allez les lui oflrir, e^ vous verrez quel ) laisir vous lui causerez. Les biaves gens qui n'étaient pas à faire connaissance a\ec l'humeur joviale de leur curé, sou}içonnérent qu'il pouvait y avoir là quelque piège, et n'osèrent pas tenter l'essai ; mais pour lui, il fallait voir avec quels éclats de fi'anc rire il questicrirnait M. Brunet pour savoir si on ne l'avait pas abordé pour lui faire telle offrande. Voici maintenant la secide dans la voie du progrès. L'AGE DE riERIîE Al) SAGUENAY par M. Vabhé Iliiart. En novembre dernier, M. le Eédacteur du Naturaliste Canadien faisait appel aux archéologues du Séminaire de Chi- LAGE i;k ri! i;hk au saguknay cnntimi, ;'i jirojio.s d'un aiiiiis de pointes de tiêclies en j'it'i'i'e tail- lée, ((iK! l'on ani'ait truuvé à Kéhcvi ville, il y a plus d'un (juart de siècle. Les archéologues scnit aussi rares au Séminaire de Chiçoutimi (pie dans le reste de la Province; cependant, sans prétendre aucunement au nom d'archéologue, et à titre d'ama- teur, je crois devoir dh\i tout a que je sais — ce ne sera pas long — sur l'âge de ])ierre dans le )Saguen;iy. (»>ue to s ceux qui savent quelque cltose, d;ins les auires parties da pays, sur la même é, Ojue et par rapport a !X emlroits qu'ils habitent, fas- sent comme moi, et l'on aura, bientôt réuni une. masse de faits que les vrais archéologues exploiteront comme une mine ])ré- cieuse ; et la science archéologi([ne, l'une des moins avancées parmi nous, en recevra une impulsion extraordinaire. Donc, que chacun apporte une pierre, et l'édilice s'élèvera rajàde- nient. Dès les premières années de l'existence du Séminaire de Chiçoutimi, fondé en 1873, nous avons eu la pensée d'y former peu à peu des collections dans tous les genres ; nous avons eu à c'Hiir, surtout, d'y réunir le )»lus grand nombre possible de souvenirs des jirennL'rs habitants du Saguenay. Malheureuse- ment, il était déjà tard, et nombi'e d'articles intéressants, décou- verts par les premiers colons, avaient déjà pris le chemin d'autres musées. Nous avons pu, m'anmoins, recueillir ici et là quelques spécimens du fameux âge de pierre. Voici la liste de ces échantillons, avec une courte descri|)tion de chacun. 1^ Une hache en syenite, très lourde, longue de 71 pouces, large de oh p., sur Ih d'épaisseur. Cet instrument est bien poli, surtout sur l'une de ses faces. Il fut trouvé en 1882, à quatre pieds sous terie, dans la ville de Chiçoutimi, et nous fut donné par feu le Dr -B. Lacombe. 2° Trois couteaux ou ciseaux, de calcaire, creusés- en gouges. Le plus rfmariual)le est long d'un pied, large de deux pouces, sur une épaisseur d'un pouce au milieu. Pendant ([ue l'une des extrémités est creusée, l'autre, très-bien })olie, se ter- 88 LE NATUL'ALISTE CANADJEN mine en tranchant bien affilé. La rainure, demi-circulaire, creusée sur une longueur de 6| pouces et une profondeur de o lignes, dé- note un travail t-oigné. 11 est à observer qr.e les bords de la rainure ne sont pas parallèles, mais se rapprochent graduellement vers l'extrémité de l'instrument. — Les deu.K autres objets du même genre se ressemblent beaucoup, et n'ont qu'une longueur d'à peu près sept pouc3s. Ils n'ont pas la valoAiv artistique du premier, et, même, l'un des deux est de facture assez grossière. La rainure creusée ne dépasse pas beaucoup deux pouces de longueur ; l'extrémité opposée de l'instrument est arrondie chez l'un, et assez amincie chez l'autre. 3° Trois autres couteaux ou ciseaux, non creusés. L'^m, de calcaire, très-bien poli, est long de»sept })Ouces, sur un peu plus de deux pouces de largeur; l'une des. surfaces est presque plane, et l'autre convexe, presque en demi-cercle. — Le second, de calcaire aussi, est à peu près de. même forme, mais plus grossièrement travaillé. Il n'a que quatre pouces de longueur; le tranchant est large de deux pouces, mais l'instrument diminue ré- gulièrement de largeur en partant de la pointe. Il fut trouvé à Chicoutimi, près de la Rivière-du-Moulin. Il semble que sa longueur devait êire plus considérable, et qu'il a été cassé à son milieu.— Quant au troisième de ces couteaux ou ciseaux, il dif- fère des deux autres, en ce (jue ses deux surfaces sont égale- ment arrondies, et il est de bien moindre épaisseur. Il n'est poli qu'au dernier tiers de sa longueur, vers le tranchant, le reste étant grossièrement travaillé. La longueur est de près de huit pouces et demi ; vers la partie aiguisée, il est large de deux pouces, et, à l'autre bout, d'un pouce seulement; les côtés sont très amincis. Il est fait de silex brun. 4° Voici un instrument de silex, difficile à définir; j'ad- mettrais facilement, d'après son apparence, que ce fut une pointe de lance ou de pique. L'extrémité pointue a été cassée sur une longueur de trois quarts de pouce ; ce spécimen, lorsqu'il était complet, devait être long de six }.'0uces et demi, large de trois l'âge de PIERllE AU SAGUENAY 89 ponces et demi à son milieu, et de deux pouces et demi à l'rx- trémité Oj^posée à la pointe ; sa plus grande épaisseur est de quatre lignes environ; les côtés sont amincis au point d'être tranchants, et taillés en arcs de cercle assez réguliers. Les deux surfaces, légèrement convexes, sont grossièrement travaillées. — A quoi servit cet instrument ? Sans vouloir décider la question, il me semble bien probable que ce fut une arme : la pointe effilée, les deux côtés également amincis et tranchants, le démontrent assez bien. Supposez cela fixé solidement ou bout d'un long bâ- ton manié par un bras vigoureux; et si les têtes d'iroquois n'étaient pas plus dures que les eûmes contemporains, un seul coup devait suffire. En temps de paix, i,n instrument de cette sorte pouvait rendre des services, pour travailler le bois, percer la glace, etc. 5° Quatre pointe de flèches en silex blanc, et deux de silex brun ; la plus longue dépasse un ])eu deux ])Ouces et demi ; la plus courte a un ))eu plus d'un pouce et demi. Toutes ont, de chaque côté, une échancrure plus ou moins profonde, à l'extié- mité apjjosée à la pointe ; il est évident que ces échancrures ser- vaient à les fixer au bout de la fièchf , au moyeu de liens solides. Enfin 6°, une pointe de Uèche encore ; mais une œuvre d'art, celle-ci. Quatre pouces de longueur, et un pouce de lar- geur à son milieu. C'est transparent comme du cristal; ça raye le verre comme du quartz; je dirais que c'est cenainement du quartz hyalin, si la cassure présentait des facettes régulières. Mais cette cassure est conchoïdale, comme celle du silex, etc. Je laisse aux minéralogistes la solution du problème. S;ins être polie, cette pointe de liêclie a été taillée très régulièrement; les côtés en sont légèrement barbelés, les échancrures peu profondes. Ce précieux spécimen, trouvé sur les bords de la rivière Mis- tassini, nous a été donné par j\I. l'abbé J. Siiois, curé de St- Alphouse de la Baie des Ha ! Ha ' Comment nos sauvages réussisaient-ils à fabriquer tous ces instruments, faits de matériaux aussi durs que le silex, par ex- emple, ou le quartz ? Il y a un certain nombre d'années, lorsque 90 LE NATURALISTE CANADIEN des explo' atours 'lanois firent la jn-eniière découverte d'instru. nients de cette sorte, })rès d(; la mer du Nord, ils surent liieutôt comment les hommes d'autrefois avaient [)U f-iire ces divers ar- ticles. On trouvH, en effet, presque en même temj^s, des meules de différentes iimensions, très ])ropres à ce genre de travail. !Rfnis nos sauvages n'avaient pas de meules ; du moins, je ue me rapi)elle pas avoir vu mentionné, dans aucun auteur, le fait qu'ils connaissaient ces sorres de niachiaes ; et puis, ces manies S'i seraient aussi bien conservées, dans le sol, que les objecs qu'elles auraient servi à f d)riquer, or, il ne parait i);is qu'on en ait j i- mais trouvé. D'ailleurs, la plupart de ces liacbe>, couteaux et pointes de flèches ont une surface trop grossière et troj^ in 'gale, pour (].u'ou puisse admettre -([u'ils ont été faits au moyen de meules. Disons donc, avec le Naturaliste de novembre, qu'on les a fabriqués par le martelage, le clivage et h fi'ottement, et reconnaissons qu'il a fdlu de l'habileté et de la patience chjz les ouvriers de ces temps reculés, pour faire ces divt rs obj -ts par des procédés aussi primitifs. A mesure que les défrichements s'étendiont dans le Sngue- iiay, ou que l'on tiuvaillei'a le sol yjour une cause quelconque, on découvrira sans doute encor'e bien d'autres échantillons de J'industrie de nos aborigènes. Quairt à cet amas de pointes de fl fiches dont on a parlé M. l'abbé Pr'ovancher, en 1861, et que l'on aur.iit tro;ivé sur la langue de terre qui sépare le lac Kino- gamishish du lac Vert, il n'est pas im[)robible qu'il puisse y avoir quelque fondement à cette affirmation. En effet, les sauvages, lorstpi'lls venaient du lac St-Jean, pouvaient suivre la route de la déchirge de la rivière .Saguenay ; mais il po ivaiint aussi bien srrivre la Belle-Rivière, la Rivière-des-Aulnais, le lac Kinoga- mishish et le lac Kinogami. Comme ils ne devaient pas voyager à la vapeur, il est très natur-el de penser que lors [u'ayant ])ris cette dernièi-e voie, ils étaient reirdus au lac Kinog mishish, le temps de faire halte pouvait leur ])araître arrivé, et alors ci tte langue de teiTe dont il s'agit leur offrait certainement un lieu convenable de campement. Et l'orr pourrait bien en effet avoir l'âge de riKRRE AU SAGUENAY 91 retrouvé des articles laissés ou jierdus en cet endroit. J'ai parlé de cette découverte à deux ]»ersunnes d'Hébertville, mais elles n'ont pu me fournir aucun renseigueiuent. On me dit (jue cette terre est encore occupée \yàv le colon (|ui l'a défrichée ; il sera donc possible de s'assurer du fait (jue l'on a affirmé à M. le Ilé- dacteur du Naturaliste. J'ai dit que les sauvages, en descendant du lac St Jean, pouvaient suivre la rivière Saguenuy, malgré, les rapides qui, pendant une certaine distance, rendent cette navig.ition assez difficile. En ce cas, les gramles îles qui se trouvent à la dé- charge du lac devaient leur servir souvent de lieu de camjjenient dans ces voyages, et on peut s'atteudie à retrouver là aussi, des traces de leur passage, lorsque quelque raison d'utilité obligera à remuer le sol de ces endroits. Il y a quelques anm'es, M. l'abbé J. Auclair, curé de Québec, nous dit, au retour d'une excursion de pêcne, qu'il avait vu, sur une petite île de la rivière Chicouiinii, à deux lieues environ de sa sortie du lac Kinogami, un amas de pierres disposées de ma- nière à figurer un tombeau, une espèce de tumulus, i\ui pouvait avoir été élevé par les sauvages ; je n'eus pas le loisir, et je le, regrette vivement, d'aller voir cette trouvaille. Peu de temi s après ,M. l'abbé J.-B. Delàge, curé de N.-D. de Latenière, vou- lut bien faii'e )>i'ati(iuer des fouilles en cet endioit; mais ces recherches n'eurent aucun résultat. Il paraît que sur les terres avoisinint remboncliMre de la rivière Mistassini dans le lac St-Jeau, on a fait quelque décou- vertes. La tradition rariporte aussi qu'à quelque distance de là, près de l'embouchure de la liivière des Iroquois, il y eut un combat meurtrier entre les Montagnais et les Irorpiois, (|ui étaient venus les poursuivre jusipie là. Si le fait est exact, ou en trouvera plus tard des preuves dans le sol même. Enfin, espérons que l'avenir ménage les surprises les plus agiéables aux archéologues canadiens. L'abb/^ Victor A. Huart, A. M. Préfet des Etudes au Séminaire de Ckicutitimi. 92 LE NATUKALISTE CANADIEN HLi': DE mxwu Triticuvi compositum. Auct. M. E. A. Barnard, le Directeur de notre agriculture nous a transuiis tout dernièrement un épi de blé fort remari|uable, qu'un amateur de la Présentation avait recueilli de quelques grains semés dans son jardin. L'épi de froment se compose crmmunérnent d'un rachis sur lequel s'implantent des épillets portant de deux à quatre grains. Mais dans celui-ci, le rachis princi[)al est ramifié, surtout dans le bas, en rachis secondaires portant eux-mêmes des épillets au nombre de six à sept avec deux grains chacun, si bien que l'épi mesurant 4 pouces de longueur n'avait pas moins de li ])ouce de largeur. Les glumes intérieures sont simplement aristées, mais les extérieures sont munies de très longues barbes. Les glumes ou balles sont d'une belle couleur blanche, mais les baibes soiit toutes d'un brun très prononcé. Le grain est jaune, gros, bien rempli, et promet .une farine abondante, i'écorce en paraissant assez mince. Tout d'abord nous avons cru que c'était là un écart, un hisus naturœ comme on en rencontre quelquefois. Probable- ment, nous disions-nous, que par surabondance de sucs à la dis- position de cet épi, il se serait ainsi ramifié pour donner ces pe- tits épis surnuméraires. Mais en recourant à nos auteurs, nous avons reconnu que c'était une variété constante qu'on cultive en certains endroits, et probablement en Asie mineure, comme son nom de Sinyrne l'indiquerait. C'est cette variété que cer- tains auteurs ont voulu élever au rang d'c-,spèce sous le nom de Ti'iticiiin compositum, blé à épi composé. Mais les ailleurs les plus recommandables s'accordent aujourd'hid à considérer les Triticum œstivum, hyheriium, et tiuyidum dont le composi- tum n'est qu'une variété, comme de simples variétés du T. Sa- tivum [irimitif. NOUVELLES SCIENTIEIQUFS 93 En Franrc, on donne à cette variété les noms de Blé de Snnjrnc, Blé de minnie, Blé monst)-e, Frometit à bouquets. On la dit très productive, mais sujette à dégénérer. 11 n'y a pas de doute que le volume de tels épis, donnerait forte prise au vent, surtout lorsqu'ils se trouveraient chargés de' gouttelettes de pluie, et pourrait ainsi faire casser la. paille; mais d'un autre côté, cette paille est ferme et pleine, au lieu d'être creuse comme celle du froment ordinaire. Il est à désirer qu'on fasse des essais de culture de cette variété dans notre Trovince, ou pouirait peut-être la trouver grandement avantageuse, Nul doute que l'amateur de la Présentation ne répète l'an- née prochaine ré[ireuve qui lui a si bien réussi cette année. K0i:vi:ijjs scikntif:qui:s. Bibliographie. — Soiverhy's Englisli Botany. Les éditeurs, G, Bell and Sons, 4 York Street, Covent Garden, Londres, Angleterre, viennent de livrer au public une nouvelle édition de cet imjiortant ouvrage, avec représentation de toutas les plantes décrites, les fleurs de grandeur naturelle et coloriées avec le plus grand soin. Le spécimen que nous en avons reçu dénote que c'est l'ouvrage le plus complet qui ait encore été publié sur les plantes des Iles Britanniifues. L'ouvrage forme 13 volumes o-^tavo royal, contenant 1937 planches. Prix : relié en coton £24 3s. ; demi marocain £26 Ils. ; marocain complet £30 9s. S'adresser aux éditeurs. Mollusques: — Nos Helix nemorcdis, apportées de Lour- des, connne nous l'avons déjii mentionné ijrécédemment, se Sint considérablement multi[iliées dans le cours de l'été. Si bien 94 LE NATUliALlSTK CANAL.FN qu'à raiitoniiie nous yiouvioiis en cueillir jilusieurs d'juzaines dans notre jardin. VAUis se sont montrées tout aussi robustes et aus.-i va)iécs en coloration que nous les avons vues en France, jaune avec lignes spirales noires, jaune losé, rose purpurin avec ou sans lignes spirales etc. Kiles nous ont paru recher- cliur paiticulièrement les gadeliers et les pouimif-rs ponv leur nourriture. Les voyant disparaître aux premiers froids, nous ne ])uuvion8 soupçonner le lieu de leur retraite pour l'hiver, lor que voulant enlever les feuilles d'une forte talle d'héméro- calle (lis d'un jour), nous en trouvâmes une vingtaine de cachées sous ces feuilles ; (jueliiues jours plus tard, nous en trouvions d'autres dans une talle de bouquets-parfaits, Lychnis harbata, celles-ci étaient toutes à demi-enfuncées en terie avec l'ouver- •ture en dessus, mais close par la cloison calcaire qu'elles ])ro- duisent d'oriiinaire pour l'hiver, lîien n'a ))u encore nous por- ter à croire (pie leur multijilication pourrait devenir domma- geable aux plantes de nos cidtures ordinaires. The Golden State Scientist - Ce! te publication, dont - nous venons de recevoir le ler numéro, est publiée à Eiverside, Californie, par E. M. Haight. Elle est particulièrement dé- vouée à la Zoologie, la Géologie, l'Archéologie, la Botanique, la Nuniisuuvtique &■. — iO.ôO par année. The West American Soientist. — Cette revue men- suelle, de 12 pages in-8, est publiée [lar AI. C. R. Orcutt, à San Diego, Californie. Elle fait i)ai-ticulièrement connaître les pro- ductions naturelles du riche climat de cette partie de la côte du Pacifique, et offre par cela même un intérêt tout particulier aux naturalistes. Abonnement $1 par année. Science Series, a waekiy magazine of natural his- tory. Cette nouvelle publication, dont nous possédons déjà dix nuint'-ros, promet devoir être des plus intéressantes. N'au- rait-ello (|ue le bas prix et sa fréquence d'ap[)arition que ce se- rait déjà un avantage, mais elle se recommande encore par le choix des matières qu'on y trouve et la manière habile a'ec laquelle elles sont traitées. Voir l'annonce à notre couvertui'-'' NOUVELLES SCirNTIFlQUES 95 Catalogue of the Lichens collscted in FlDrdi in 1985 by W. W. Calk'.ns, de Chicago, Ills L'autour domie les noms de 73 es( èces avec indication de leurs supports, arbi'es vivants, troncs morts, rochers etc. Nos remercîments à (jui de droit i)our l'envoie de cette brochure. The Chemung Revie"W — Est un magazin mensuel il- lustré fort intéressant sur les sciences en général, édité à E'mira, N. Y. Huit pages i.i-8 par numéro ; abonnement : 50 cts. par année. Son Se numéro a paru en août. Monographie des Cynipides -M. W. H. Ashuiead, de Jacksonville, Floride, doit prochainement publier une Mono- graphie c»mplè'e des Cynipides de l'Amérique du nord. Il rendra un grand service à la science, s'il ])arvient à déliuiiter exactement les différents genres de cette intéressante famille, car il n'en est ]ieut-être aucune, parmi les Hyménoptères, où les genres se trouvent si confusionément mêlés les uns aux autres. Cette confusion, comme il arrive presque toujours, est la consé- quence des descriptions trop [eu détaillées des nouveaux genres créés par les auteurs. Tel écrivain croit s'être expli(pié suffi- samment en faisant contraster un caractère saillant d'un insecte qu'il vient de découvrir, avec l'ancienne esi)cce Liunéenne déjà connue, en omettant à peu près les caractères secondaires ; mais à côté de lui, un autre écrivain, sans être au fait de ce (pi'a fait le premier, eu agit à peu près de la même f icon pour un autre insecte (|u'il vient aussi de découvrir, en s'attachant à un autre caractère principal, (pie ne mentionne pas la description primi- tive. De là l'ambiguité, la confusion. L'espèce Linnéeuue avait- elle l'un ou l'autre de ces caractères, on les avait-elle tous les deux ? Ne jiouvaitelle pas être dépourvue de l'un et de l'autre l Voila sur (juoi il faudrait être fixé, et ce siu' quoi diverger(uit les opinions, tant rpi'un auteui', ayant des matériaux assez nom- breux ] our embrasser tout l'ensemble, ne fera ]ias un tal)!eaii com])]etde toutes les parties, cancellant les superfétations souvent nombreuses, les distinctions troj) futiles ou tiop incertaines, 96 LE NATURALISTE CANADIEN en assi;4nant à cliaqiie pièce la place qu'elle doit occuper et en traçpnt la voie ])oui' j'arvenir sûrement à l'y trouver. Dans qnel(]iies familles ce travail est à peu près comjjlet, mais dans d'autres, il y a encore beaucoup à faire. Gallinseetes — On désigne souvent les Cynipides par le nom de Gallinsede-'^, jjar ce que la plupart des insectes de cette famille vivent dans des galles sur différentes plantes, soit que l'insecte ait provoqué lui-même, par sa ])iqûre, une dévia- tion de la sève qui a ])rodiiit la galle, soit que, comme jtarasite, il vive dans une galle jiroduite par une autre espèce. Un nombre assez restreint de ces insectes sont entomophages. l,es chênes, les saules, les peupliers, les rosiers, les ronces, les airelles et plusieurs [liantes herbacées portent d'ordinaire les galles des Cynipides dans leurs différentes pariies, bois, écorce, feuilles, pétioles etc. Mais en a-t-on jamais trouvé sur des coni- fères ? Kous ne l'avons vu mentionné dans aucun ai, teur; ce- jtendant, nous en avons nous-même fait la rencontre ; malheu- reusement nous n'avons- encore pu parvenir à nous procurer l'insecte. Dans l'été de 1884, nous remarquâmes sur petit sa] an bor- dant le chemin, plusieurs de ses feuilles ou aiguilles renflées en forme de galles. En ayant rompu une, nous trouvâmes au milieu la petite larve, très petite alors. Frappé de cette rencontre, nous prîmes un rameau du jeune arbre portant quelques feuilles ainsi chargées de galles, laissant les autres en place pour avoir une double chance de nous procurer l'insecte. Mais nos feuilles, quoique tenues au froid durant l'hiver, se desséchèrent en fai- sant périr les larves. Nous recourûmes alors à notre jeune arbre, mais il avait disparu, ayant été coupé et enlevé durant l'hiver pour ser\ir de balise au chemin. Nous jioursuivîmes nos observations au môme endroit dans la dernière saison, et nous trouvâmes un bien plus grand noni- Ijre de feuilles ainsi attaquées sur des arbres voisins. Nous en trouvâmes aussi à une assez grande distance de cet endroit. Nous en cueillîmes encore quelques branches, et nous attendons le printemps prochain \)o\\v eu connaître le résultat. liCS grilles, comme bien on le pense, sont assez petites, allongées, jaunâlrKs, et d'ordinaire une seule sur chaque feuille. Nous avons tout lieu de croire que l'insecte est fort petit, car encore au mois d'octobre dernier, les larves étaient toutes pe- tites, on ne pouvait bien les distinguer qu'au moyen d'une loiq e. ]^ "^^UuwiirS' -G*^" Ô^'^ë"^"' ''&^''^'(=r '5"'"s"'''^H^" "g" 'Vi' 6' "^i^l^0i'-^^'-'^c'^'^'^'''^^'^'''-'^^- '"<-.'■■• "•'.'0„-;{i' S ^o o Vo. XVI. Cap Rouge, Q., Janvier, 1887 No. 1. KédactCQr: M. l'Abbé rilOVA^CIILR. PRIMES La 2e prime du mois de novembre, No. 17, 2 Cerithiuni Erythrense, est échue à M. A, lllio, artiste-peintre de Bécancour. Les numéros gagnants du mois d'octobre 34iî, et du mois de novembre 8 7, n'ont pas encore été réalamés. Décembre. Numéros gagnants : 1ère Prime — Dictionnaire des Sciences, des Lettres et des Arts, par C. de Bussy, 1 vol. broché No. 101 2e " — 1 Oliva porphyria 74 N. B. — La personne a}'ant l'exemphiire portant l'un ou l'autre de ces numéros écrit en crayon bleu sur la première page, devra réclamer l'objet dans les deux mois de cette date, et envoyer des timbres pour affranchir le postage. — Voir sur la couverture. Nos abonnés retardataires sont i^riés de faire droit sans tarder davantage à la note qui leur est adressée avec le jDré- sent numéro. 7— Janvier 1887 98 LE NATURALISTE CANADIEN Certains abonnés se sont trouvés offensés de recevoir des comptes après avoir, disent-ils, renvoyé notre journal. Si tel ren- voi a eu lieu, il y a défaut ou de leur piopre part, ou de leur maître de poste. Pour renvoyer une publication que l'on ne veut pas rece- voir, il y a deux modes à suivre. 1° Biffer son nom sur l'adresse et réadresser à l'éditeur, avec le mot " refusé " ; (ar si vous enlevez votre nom et ren- ' voyez la publication, vous êtes sûr de la revoir encore, par ce qu'on ne saura pas qui l'a ainsi renvoyée, votre nom n'y parais- sant plus. 2° Sans se donner tant de peine, dire tout simplement au facteur de votre bureau de poste que vous refusez cette publi- cation, et votre maître de poste devra alors la renvoyer en don- nant les notices convenables pour lesquelles il est pourvu de blancs par le département. S'il néglige de le faire, ce sera lui qui sera en défaut et qui devra en subir les conséquences. Inutile d'observer que pour ne pas violer la justice, ce sont les premiers numéros d'une publication qu'on doit refuser, et non pas après l'avoir reçue deux ou trois mois. L'HISTOIKE iNATURKLLK EN HIVER Les jours de soleil, de cette douce chaleur qui donne l'ac- tivité à tout ce qui vit dans l'air; les jours des Heurs odorantes, des papillons aux vives couleurs, et de ces légions d'insectes qui bourdonnent dans les airs ou rampent sur le sol, sont passés ! La terre couverte de son linceul blanc, semblable à une mère qui attend le moment d'un nouvel enfantement, ne veut plus se laisser voir; elle couve dans la retraite, à l'abri de tout œil in- discret, les germes de vie sans nombre qu'elle renferme dans son sein, pour les produire de nouveau à la lumière quand l'heure l'iiittoire natul'Elle en hiver 99 en sera venue. II semble dès lors que le naturaliste, confiné au coin du feu pour résister aux étreintes de la rigoureuse tem- pérature, doive cesser tout travail, et chercher dans d'autres applications des distractions à son repos forcé ? Cependant il n'en est rien ; et l'hiver est peut-être pour l'observateur de la nature, bien ]ilus la saison du travail que celle de l'été. On pourrait même dire, avec quelque raison, que l'été n'est que le temps de la récréation; c'est la vacance durant laquelle, les li- vres fermés, l'amateur se livre au mouvement, aux courses, à l'observation, fait ample jjrovision de ses matériaux d'étude; et c'est durant l'hiver, au coin du feu, qu'il reprend ses livres et se rend com[)te de la moisson plus ou moins abondante qu'il s'est procurée. Travail de ] réparation, de disposition, de détermination, de critique, de classification des spécimens; ce n'est qu'à ce mo- ment, po'ir ainsi dire, que commence le labeur. Plantes recueil- lies et desséchée-^, il faut les attacher à leurs feuillets et les dis- poser dans l'herbier; coléoptères, hémi[)tères, hyménoptères etc., il faut les ranger d ins leurs fimilles, leurs genres, déterminer leurs espèces; papillons qu'on n'a pas eu le temps de préparer, il faut les ramollir, les soumettre aux étaloirs, pour leur faire prendre la disposition convenable ; coquilles qu'on a seulement séparées de leurs hôtes, il faut les laver, frotter, brosser peut- être, puis les comparer avec les types ou les descriptions écri- tes, pour une détermination certaine etc., etc. Mais si l'hiver est la saison du travail ardu pour le natura- liste, c'est aussi celle djs véritables jouiîsances, des agréables so avenirs. Chvque spécimen lui rappelle le lieu de sa capture, les amis peut-être qui le lui ont prociiré, l'agréable excursion qui lui a permis de le rencontrer, la précieuse découverte qu'il a pu faire en le capturant sur les moeurs, les habitudes, les allures, les lieux de retraite de l'espèce etc. Et tel S[>écimen donc il n'avait en' revu que les formes générales en le piipiant au soriir de sa bouteille à cyanure, lui offre, soumis à la loupe, des particula- 100 LE NATURALISTE CANADIEN rites de formes, des instruments de guerre ou de travail qu'il n'avait encore jamais pu observer, et que peut-êtie aucun auteur n'a encore mentionnés ; il va créer une nouvelle espèce, ou plutôt il va assigner. à cet individu, que nul observateur n'avait encore rencontré, la place propre qu'il doit occuper dans la série des êtres, et lui donner un nom pour le désigner, dont personne ne pourra lui disputer la paternité. Oui ! la Sagesse suprême s'est moutrée tellement généreuse à l'égard de l'homme que, même en lui imposant le travail comme expiation, elle a attaché à son exécution une jouissance toute [articulière. Il n'y a que le cœur vicié qui puisse se dé- lecter dans l'oisiveté. L'homme est nécessairement fait pour le travail, et pour peu qu'il s'y livre, il en reçoit de suite la ré- compense. La satisfaction du devoir accompli est déjà une douce jouissance. Mais il y a plus. L'homme est essentielle- ment conquérant, il veut connaître, il veut posséder, il veut do- miner. Dans son état actuel, le domaine de l'inconnu est pour lui imuiense, sans limites. Et pour peu qu'il s'avance dans ce domaine, en y déployant l'activité convenable, les victoires ne ne peuvent lui faire défaut. Ajouter à son savoir une connaissance qu'il ne possédait pas encore ; alliguer dans ses cases, dans son musée, un insecte, une plante, un spécimen qui augmente la série de ses espèces ; UN DE PLUS ! en un mot, est un cri de victoire qui le dédom- mage de toute peine (\ue lui aura coûtée cette conquête. Le dragage pénible qui lui aura procuré cette coquille, la course fatiguante entreprise pour trouver cette |)lante, la poursuite si longtemps soutenue de tel oiseau ou tel quadrupède, tout est aussitôt oublié, du moment qu'il triomphe en pouvant répéter : UN DE PLUS ! Ajoutons que l'hiver est encore le tetnps des échanges. Votre moisson est terminée, vous vous rendez ^-^mpte de l'abondant rendement qu'elle a produit ; vous ajoutez tant d'espèces à ce genre, tant de genres à cette famille vous vous l'histoire naturelle en hiver. 101 ajiplauilissez dn graml nombre de nouveaux figurnnts que vous avez ajoutés à votre collection ; mais fandra-t-il vous condam- ner à attendre la nouvelle saison pour compter de nouveaux succès, de nouvelles acquisitions? Oh! non, vous avez fait ample provision île spécimens en tout genre, vous comptez deS doubles en grand nombre, c'est là une monnaie précieuse qui vous permettra d'ajouter peut-être en plus grand nombre que par vos chasses à la somme de vos spécimens. Mais mes spécimens en doubles sont des plus communs, de ceux qui se rencontrent partout, ([ue personne ne recherche. Fort bien, si vous n'aviez à échanger qu'avec vos voisins. Mais les lignes des soldats marchant aux conquêtes sur l'iu- connn, ne comptent ] as avec les distances pour se compléter ; la traversée des mer?, l'étendue des coiitinents ne produisent pour elles aucune interruption. Votre voisin de l'Eiirope ou de l'Asie a aussi, lui, fait ample pi'ovision des spécimens les plus communs de sa localité, et ces objets communs chez lui, sont des raretés i)our vous, comme le sont les vôtres pour lui; vous vous échangerez donc ces choses communes, et vous acquerrez par là, chacun de votre côté, choses rares et pré- cieuses. Aussi, après quelques années de ces échanges, il faut voir quelle mosaïque goograiihique présentent vos cases ou les tablettes de votre musée ! Voyez, par exemple, ces coquilles des mers tropicales, aux couleurs vives et si harmonieusement agencées, qui s'étalent à côtés les unes des autres ; c'est la Chine à côté des Antilles, le Brézd à la suite de Ceylan, les îles rhilil)|)ines avec Madagascar, etc., etc. Et les oiseaux au plu- . mage si varié, aux formes si gracieuses, les mammifères à con- figuration insolite, n'opèrent pas de rapprochements moins sur- prenants. Ce sont les feuillets épars d'un même livre qui viennent, sous les doigts du savant, reprerdre l'ordre de leur pagination dans l'index du grand livre de la nature. [-'étude de la nature, n'eut-elle d'autre but, à part l'inté- rêt qu'elle offre pour les besoins de la vie, que de mettre à notre 102 LE NATQHALISTE CANALxLN disposition des jouissances que ne peuvent goûter ceux qui ne savent pas lire dans ses pages, serait encore un motif suffisant pour nous attacher à la poursuivre. Tous les hommes civilisés sont sensibles aux charmes de la nature, mais le vulgaire ne connaît que l'enveloppe, que l'aspect extérieur de ses beautés que les fidèles amants savent seuls dis- cerner et savourer. Voyez, par exemple cette rose; sa vue est fort agréable, sa forme est symétrique, sa couleur attrayante, son odeur déli- cieuse ; voilà ce qu'un chacun peut y trouver. Mais le natura- liste, en dehors de ces jouissances communes, considérera l'agen- cement et l'harmonie de ses diverses parties, la diversité de ses organes, les merveilleux secrets de ses opérations vitales, si s relations et ses connections avec les autres parties du système général, et à chacun de ces points, il tiouvera place à l'admira- tion pour ces beautés inconnues dont il ne soupçonnait pas même l'existence ; il trouvera dans leur étude des points de repère pour lui eu faire découvrir de plus étonnants encore peut-être, dans des analogues par les formes extérieures. Oh ! le grand livre de la nature est un livre plein d'étonncment-^, de surprises, de charmes pour ceux qui savent lire dans ses pao-es, et bien malheureux est l'ignare profane qui l'ayant tous les jours ouvei't devant lui, en froisse les feuillets sans rien com- prendre au texte qu'ils contiennent! Il se tient en dehors d'une foule des plus agréables jo issances autant j our l'intelligence que pour les sens extérieurs. La saison des chasses est finie durant l'hiver, avons- nous dit ; cependant, il y a une exception, c'est à l'égard des lichens. l'our ceux-ci, on peut les recueillir et les étudier tout aussi bien l'hiver que l'été. Comme ce sont des plantes excessivement hygrométriques, il suffit de les arroser pour les "voir de suite reprendre leur flexibilité et poursuivre leur déveloi)pement. L'étude de ces plantes, bien qu'exigeant l'emploi du mi- croscope ou tout au moins d'une forte lou[)e, poui- un très grand NOS MUSÉES 103 nombre, est fort intéressante, et la possib.lilé de 1(S rame- ner en tout temps à leur complet épanouissement, n'est pas de mince importance pour un temps où tout le reste est dans le repos dans la nature. Nous nous proposons de donner prochainement des expli- cations pour permettre à chacun, au moyen de gravures, de poursuivre sans secours étranger cette intéressante étude. NOS MUSKES. Il y a plus d'un quart de siècle que nous avons des uni- versités régulièrement organisées. On y donne, tous les ans, des cours spéciaux d'histoire naturelle ; et cependant le nombre de nos naturalistes est encore très petit ; on ne les distingue que par de rares unités éparses et comme oubliées dans certains coins obscurs. Quelle en peut être la cause ? Comment une science si attrayante, une étude si agréable qu'elle sert de délassement aux applications plus sérieuses, ne peut-elle trouver plus d'adhérents parmi nous ? Qu'on nous pardonne notre franchise, nous pensons que la cause principale en est due à la manière donc sont donnés ces cours dans nos institutions. On enseigne l'histoire naturelle : botanique, zoologie, miné- ralogie etc., comme on enseigne la grammaire, les leçons se bornant à peu de chose près, au seul texte imprimé. Au lieu de faire lire l'élève dans le grand livre de la nature, ou se con- tente de lui mettre sous les yeux des principes abstraits dont il n'a nul souci de faire l'application. N'arrive-t-il pas même (][Uclquefois que le professeur qui 104 LE NATURALISTE CANADIEN fait réciter ces préceptes imprimés, serait tout aussi en peine (lue l'élève d'en faire une application pratique ? Voyons, par exemple, la botnnique; les élèves en médecine sont obligés de subir des examens sur cette science ; les bulle- tins de ces examens portent souvent que l'élève s'en est retiré avec distinction et même grnnde distinction. Et parmi les 60 à 80 di])lômés qui sortent chaque année de nos universités, où sont les botanistes ? Nous comptons une soixantaine d'arbres et d'arbrisseaux dans notre province; or parmi tous ces botanistes universitaires s'en tîouve-t-il un sur dix capable de dor)ner les noms seule- ment d'une quinzaine de ces arbres ? On ignore même les noms des plantes les plus communes qu'on a continuellement sous les yeux, qu'on foule tous les jours sous ses pieds, ou bien on les désignera }ar des noms vulgaires tellement triviaux qu'on ne se hasarderait pas à les écrire sans excuse, si l'on avait à les faire distinguer à une personne instruite. L' herbe- à- cochon, l'herbe- à-crajKiUcl, les toqves, la poulette-grasse etc., feraient un bel appoint au poète s'il voulait en faire usage dans son style re. levé; tandis que les véritables noms de ces plantes se \ rêteraient avec grâce à son discours cadencé, et lui fourniraient même ]iar_ fois des rimes fort harmonieuses. Renouée, bardane, impatien- te, cynoglosse, amaiante etc, sont des noms que ne léjudieiait pas le français le plus recherché. Mais pour le médecin la botanique a un intérêt plus par- ticulier ; c'est que le disciple d'Hypocrate emprunte aust^i sou- vent aux plantes qu'aux minéraux les médicaments dont il fait usage. Et le nom seul d'une jilante, sou genre ou sa famille donne de suite au botaniste une idée de ses vertus et propriétés. Nous avons connu un médecia fort habile qui n'employait pres- que que des siuq)]es dans sa pratique, et qui en obtenait les ré- sultats les plus avantageux. Ce qui nous ])orte à croire que les professeurs de science emploient une méthode vicieuse [ our attacher leurs élèves à NOS musAes. 105 l'étude de l'histoire naturelle, c'est que nous connnissons pins d'un couvent où le texte [lour la liotaniijue, par exemple, se réduit à très peu de chose, pour donner lieu à i>lus d'apjflica- tions [jratiipies, et tel est l'attrait jiour celte science jiarnii les élèves, que les maîtresses sont obligées d'em])loyer leur au- torité pour les eni]iêcher de sacrifier leurs ai ties matières à celle qui les captive par dessus toutes. Nous pouriions citer plusieurs couvents des Sœurs de Jésus-Marie d'Hochelaga, de celles de Sillery, des Sœurs du Bon-l'asteur, où nous avons trouvé de nombreuses élèves connaissant les noms de la }ilupart des ])lantes qui tombaient sous leurs yeux. C'est que là on s'éiait plus appliqué à faire lire dans le livre de la nature que dans les pages imijrimees. La nature, et comme conséijuence rigoureuse, le musée» voilà le champ propre où le ])rofesseur-natura!iste doit apprendre à ses élèves à voir et à observer, et où il pourra les attacher à cette étude si attrayante. La chasse aux spécimens, leur collection, leur préparation, sont des amu!-ements favoris pour les élèves, et c'est en s'y livrant, surtout soiis l'œil du i rofesseur, ([u'ils acquièrent des connais- sances ])récieuses (jui ne leur coûtent aucun labeur, et qu'ils con- tractent cet amour du savoir qui les attachera à l'élude, non- seulement pour celte branche, mais pour toutes celles qu'ils au- ront intérêt d'aj>profondir. Il est donc bien important pour toute maison d'éducation d'avoii son musée; et rien de plus facile que son établissement au moyen des. élèves. Les spécimens se trouvent jiartout • apprenez aux enfants à les distinguer et à les recueillir, ce sera pour eux une de leurs récréations favorites. 11 serait fort intéiessant de» voir réuni dans un tibleau, l'inventaire du musée de chacune de nos institutions d'éduca- tion, et même des particuliers qui en possèdent, pour servir de point de comparaison avec ce qu'ils pourront être plus lard dans une dizaines d'années, par exemple. 106 LE NATURALISTE CANADIEN Nous prenons la liberté de joindre au présent numéro nn blanc à remplir po'ir la confection d'un tel tableau. Nous prions respectueusement ceux qui ont la garde de tels musées, soft comme professeurs, soit comme particuliers amateurs, de vouloir bien remplir ce blanc et nous le renvoyer. Nous en ferons un résumé dans notre prochaine livraison. Qu'on veuille bien inscrire dans chaque colonne le nombre d'espèces, correctement déterminées, que l'on possède, des ob- jets énumérés en tête de chaque colonne. On pourra ajouter tel- les remarques que l'on j'igera nécessaires pour mieux faire con- naître la situation ou l'état du musée. Qu'on ne craigne pas d'afficher par là sa pauvreté; car pour la plupart ce sera le point de départ, et lo peu qu'on aura à énumérer sera encore préférable au zéro qui restera à ceux qui ne feront aucun rapport. Nous invitons les particuliers propriétaires de collections qui ne recevraient pas ce blanc, à vouloir bien nous en faire la demande, ils le recevront par le retour de la malle. On voudra bien remarquer que nous demandons le nom- bre des espèces déterminées, et non dénombre des individus; on pourra indiquer en notes ce dernier nombre, si ou le juge con- venable. Pour les musées qui ne posséderaient pas encore de cata- logue complet de leurs richesses, — ce qui est un point fort impor- tant-- on pourra se contenter d'un chiffre approximatif, pour ne pas s'astreindre à un travail d'énumération trop pénible et trop long. LE DARWINISME 107 U DARWINISM K Le Darvini>me ou travf^forrnismc. — La vnrUtbiliié ou fi.rité des e pè- ces dons la nature.— La sélection naturelle dans la lutte pour la vie. — L'homme- et ranimai. Peu de science éloigne de Dion ; beaucoup de scieuce y ramène. — E. Bacon. I LE DARWINISME OU TRANSFORMISME. riiis d'une fois, nous avons été invité par des lecteurs apsid's du Naluraliste, à traiter la question du Darwinisme ou transformisme. Nous avions toujours jugé inopportun de nous occuDer de cette question. Car quel soin premlriez-vous de désabuser le ]iensionnaire de Beauport ou de la Longue- Pointe, qui s'en irait criant par les rues : Venez à moi, vous tous qui m'enten- dez, écoutez mes paroles; je suis le Christ, le Messie ([uc le monde attend depuis des siècles ? ou cet autre (jui se proc.'aine l'empereur de la Chine, prêt à combler de richesses to is ceux qui sauront lui plaire ? Nul ne se fatigue à |)rouver l'existence du soleil à celui qui se plait à la nier, l'it convaincre cet échappé d'une maison de santé qu'il n'est ni le Christ, ni l'em- pereur de la Chine, vaudrait autant pour le ciiltivateur entre- prendre de labourer le roc solide, ou jeter sa semence en plein fleuve, pour eu attendre une moisson. Or, pour nous, la proposition de Darwin n'est pas moins absurde, n'est pas ijioins dénuée de fondement, que la sotte prétention de notre échappé d'asile. Mais est-ce q'^e tous les dai winistes, et ils sont nombreux, sont des insensés qui out perda le sens commun ? Non, nous ne voudrions pas l'affirmer. Nous reconnais- raême qu'un grand nombre d'entre eux sont des gens d'esprit. 108 LE NATUKALISTE CANADIEN de beanconp de savoir; mais ils se sont fatalement laiss( entraînera des jugements erronés dont ils n'avaient pas calcuU les conséquences ; ou biiai, ce sont des orgueilleux, que le parti pris et la passion ont ]>oussés à dépasser la limite du rai- sonnable, pour en im[)oser à leurs semblables. Toute science vient de Dieu, a dit la sngesse des nations, or ils ont rejeté Dieu de leur système ; donc leur science est fausse. Si, sans s'arrêter aux considérant'!, on tiiait de suite la conséquence finale des propositions transformistes, la plupart les rejetteraient de suite. Mais on émet des prémisses spé- cieuses, en taisant leurs conséquences; avec habileté on les entourre de toutes les apparences de la vérité; on proclame même qu'on en fait jaillir des traits de lumière qui vont décou^ vrir de nouveaux horizons à l'espiit humain, dans la poursuite du progrès ; et ou engag>i ainsi un certain nombre à entrer dans cette voie, sans leur laisser voir le terme où elle conduit. Mais (lirez-vous peut-être; pensez- vous que les Bert, les Hugo, les Ferry, les Goblet, les Clémtncean et tous les autres matérialistes à la tête aujourd'hui du gouvernement français, soient des gens abusés ijui ne voient [as le ternie où ils tendent ? Oh ! pour ceux-ci, nul doute à leur égard ; ils ont une ambition à sati.-faire, un orgueil à contenter, des passions à rassasier, peu importe les conséquences, il f-iut toucher le but. Une murale gênante à observer, une religion à pratiquer, un Dieu à craindre et à servir, tout cela est piar trop embarrassant. Et morale, et religion et Dieu même ont été mis de côté. Noluit intelligere ut bene ageret, Ps. 35, 4. Ils ne veulent pas comprendre pour se dispenser de bien faire. Ce qui le confirme, c'est qu'abandonnés à eux-mêmes, aux portes du tombeau, la plupart d'entre eux font volontiers litière de leuis vantardises d'espi its forts, et reviennent aux sentiments chrétiens ; témoins : Nélatou, Littré, de Girardin, le Verrier, etc. Sans doute, tous n'ont pas ce bonluur ; car si la miser" LE DARWINISME. 109 corde Dieu est infinie, sa justice n'est pas moins grande, et pour avoir constamment blasi hémé la divine bonté, ils ont forcé la justice à prendre la place de la miséricorde à leur égard. Mais tous ne sont pas dans la même position, et un grand nombre, en Allemagne, en Angleterre, aux Etat.s-Unis, etc., se sont laissé éblouir par les thèses scientifiques de Lamarck, Dar- win, Hœckel, etc., et se sont proclamés transformistes, sans autre but que de trouver à des problèmes scientifiques des solutions qui leur paraissaient, telles qu'exposés, pLis satisfe- santes, suivant leur point de vue, sans faire le calcul des con- séquences. • On s'occupe de science, uniquement pour la science, ré) è- tent presque toutes les sociétés savantes ; et là dessus, la reli- gion et la politique sont avec grand soin écartées de leurs dis- cussions. C'est ainsi que grand nombre de membres de ces sociétés aux Etats-Unis, n'hésitent pas à se déclarer darwi- nistes, lorsque jamais les bases de cette théorie n'ont été discu- tées dans leurs assemblées, et poussées jusqu'aux déductions (ju'on en peut tirer. • . Mais le transformisme est inséparable delà religion, puis- qu'il sape la base de toute religiosité quelconque. Comment alors s'occuper de ces théories avec la lestriction de respec- ter la religion ? Grand embarras. Cependant depuis fiuelijues an- nées, on semble vouloir s'affranchir de ce frein, et jjlusieurs so- ciétés, sans s'occuper des conséipiences, et sans prendre aussi comme corps le darwinisme pour leur credo, souffrent volon- tiers que leurs membres fassent étalage et proclament leur ma- térialisme dans leurs assemblées. Le darwinisme n'est plus une théorie, dit l'Académie des Sciences de San-Francisco, par la bouche de son président, c'est un dogme. " On ne pourrait trouver aujourd'hui, lisions-nous dans 110 LE NATURALISTE CANADIEN V American Naluralist, aucune société savante de queljue va- leur, qui n'admettrait le darwinisme." (1). Mais qu'est-ce donc que le darwinisme ou transformisme ? Le voici en quelques mots. Vous croyez, n'est-ce pas, que Dieu est le Créateur de toutes choses ? Erreur; il n'y a pas de Dieu; il n'y a pas de Créateur! Créer est un mot (|ui ne peut avoir d'application, il faut le re- trancher du dictionnaire. La matière est éternelle. — Mais l'homme'? L'homme est un animal comme tous les autres, avec cette seule différence, qu'il est parvenu à une plus gr.mde perfection. Ce n'est point la raison, ni la perfectibilité, ni le langage qui le- distinguent des autres animaux, puisque nous trouvons chez eux des rudiments informes de ces mêmes avantages. En re- montant même la ligne de sa généalogie, on le trouvera i>arta- geant une souche commune avec les grands singes anthropo- morphes, comme l'orang-outan, le chimpanzé, le gorille etc. — Mais l'houime n'a-t-il pas été créé à l'ininge de Dieu, et n'a-t-il pas une âme immortelle ? — Il ne peut y avoir d'image de ce qui n'existe pas ; et il n'y a jtas de Dieu. Son âme, n'est pas plus immortelle que celle des autres animaux. D'ailleurs la matière est éternelle, elle ne peut être anéantie ; elle se transforme, et voila tout. — Mais si l'homme n'a pas été créé par Dieu, d'où vient il donc ? — La matière est éternelle ; elle a toujours existé ; elle ne peut êtie- anéantie ; mais étant extrêmement variable, elle se transforme sans cesse. Tous les êtres vivants, animaux et végé- (1 ) Tlic law of biological evolution (for it is no longer a mere " doc- trine") may be le^ardod as fairly established, no largf and respectable body of scientific men being any longer found to oppo-:e it, when slated in its most general form— Vol. xix, p. 6o7, NOUVELLES SCIENTIFIQUES. Ill taux, sont issus d'une même origine, de l'être le plus simple possible, d'une seule molécule de protoplasme. Divergeant de ce noyau unique, et assumant différentes formas, sons la seule ac- tion des forces physiques de la nature, ils en sont venus à revê- tir toutes les formes vivantes que nous voyons aujourd'hui. — Les gaz, les vapeurs, je le conçois, peuvent se condenser en matières solides ; mais de là à passer à la vie, il y un abiure ; et qui le comblera cet abime? qui a animé cette première cel- lule de protoplasme ? — Elle a pris vie sous l'action des forces iihysico-chimiqucs qui régissent la nature. — Des forces ])hysico-chimiques qui produisent la vie ! Et Dieu, et l'âme, et la raison, la religion, le }>aradis, l'enfer, le bien, le mal, tout cela n'est rien ! pures illusions qui ont amusé les hommes depuis 60Q0 ans ! nous sommes des animaux comme tous les autres, et devons [lartager le même sort. j\Iais il faut être fous et archifous pour énoncer de telles absurdités ! Vous les taxez de folie ; mais eux prétendent que la folie n'est pas de leur côté. Ils ont pour eux, disent-ils, la vérité, et ils en donnent la preuve. Voyons cette preuve dans ses dé- veloppements ; et pour ne ) as être taxé de déloyauté, em- ployons leurs propres expressions dans l'exposé de leur théorie. — (A suivre.) NOIIVKLLLS SUIlùMlFlQUKS. Floraison nocturne — On sait que certains oiseaux, bon nombre de fauves, grands et petits, n'exercent leuis ex- ploits qu'à couvert des ombres de la nuit ou du moins du cré- pui^cnle. On sait aussi que certaines fleurs ne s'épanouissent que le soir et se ferment le jour. Mais ces fleurs ne s'étaient encore trouvées que parmi les plantes herbacées ou les petits arbustes. Voici qu'on vient de découvrir dans l'île de Goa, près de Bom- bay, un arbre qui a absolument les mêmes allures. Tout le jour 112 LE NATURALISTE CANADIEN l'arbre ne moiitri' iiiie SiMile fleur; mais le soleil est-il co clu', qu'il s'en couvre de toutes parts, répiiidaiit to'^t auto r une odeur des plus suaves. A l'aurore, certaines de ses fleurs se fanent et tombent, et les autres se ferment pour s'ouvrir de nouveau au soir suivant. On dit qu'il persiste tonte l'aunée à donner ainsi des fleurs à la nuit. Les anglais lui ont donné le nom de Sorrowful Tree, {lar ce qu'il paraît ainsi comme eu deuil tout le jour. Random Notes on Natural History. Nous apprenons avec chagrin que cette utile vevuede Providence, Mhode-Idtmd cesse sa publication faute d'encouragement suflisant. Toutefois nous sonnnes heureux d'apprendre (jue M. Gari)enter, qui faisait dans C'tte revue l'histoire des Mollusque^ du Rhnde-Tslau'l, va continuer son travail et le publier en volume. [>'< nio lus p es du Khoile-Island, tant les terrestres, que les fluvi.itiles et les marins, sont à peu près ceux de notre province. — Le prix du volume sera de $2.50. Les chameaux du Texas. — On poursuit depuis quelques années, avec grand avantage, l'élevage des chameaux au Texas. Les petits requièrent quelques soins particuliers durant deux ou trois jours après leur naissance, mais peuvent ensuite suivre le troupeau sans qu'on s'en occupe. Le chameau a sa nourriture favorite dans le cactus, mais à son défaut, il broute les grami- nées et toutes les autres herbes dont se nourrissent les chevaux et les bœufs. Un M. Lanfear, engigé dans cet élevige, dit (]u'il a parcouru une fois 150 railles dans une journée sur un cha- meau. Les chameaux généralement peuvent parcourir 100 milles par jour. On voit beaucoup de chameaux en Orient, en Egypte en Palestine, en Syrie etc , mais on 'en rencontre rarement de jeunes. Nous pensons que les élevages sont le fait, à peu près exclusivement, de certains spécialistes. Entre Nazareth et Caïffa en Syiie, nous en avons rencontré un large troupeau, dans les riches prairies de cette contrée, uniquement composé de mères avec leurs pi^tits ou sur le point de leur donner naissance. Quelques enfants seulement suivaient ce troupeau comme bergers. LE 5?$#êÉrfi#iâ* »#^ÉffllÉi^k f Vo. XVr. Cap Rouge, Q., Février, 1887 No. 8. KCilacleur: fl. l'Abbé PI{(IVA^CHhR. PPJlMKS La 2e prime du mois d'août, No. 917, 2 Cyprœa caurica, Lin., est échue à l'Hon, Juge Angers, Montmagny. La 1ère du mois de d'octobre, No. 949, De Québec à Jéru- salem, est échue à M. l'abbé N. T. Hébert, cnré de Kamonraska» La 1ère du mois de décembre, No. 101, Dictionnaire des Sciences, des Lettres et de,9 Arts, j^ar C. de Bussy, est échue à M. l'abbé Jutras, curé de Tingwiek. La 2e du même mois. No. 74, n'a pas encore été réclamée Janvier. 1ère Prime — Cyprœa tigris. Porcelaine tigre No. 118. 2e " — Cassis cZéic^^S6•a^a, Casque treillissé... No. 91. N. B. — Toute personne ayant l'exemplaire portant l'un ou l'autre de ces deux numéros écrit en crayon bleu sur la première page, devra réclamer l'objet dans les deux mois de cette date, et envoyer des timbres pour affranchir le postage. — Voir sur la couverture. 8— Février, 1887. l'-J 114 LE NATUIÎALISTE CANADIEN \A] TAULEAU DE NOS MUSÉES. Nous n'avons, comme bien on le pense, aucune autorité pour demander aux institutions et aux ppssesseurs de musées de nous donner un état de ce qu'ils possèdent. C'est unique- ment à leur bienveillance que nous faisons appel, comptant que ces statistiques, qui ne peuvent nuire à personne, pourraient plus tard être grandement utiles comme termes de comparaison. Kul doute aussi qu'elles ne peuvent quelque peu stimuler le zèle de quelques institutions en voyant ce que d'autres ont déjà fait, dans des situations à peu près identiques, lorsqu'elles- mêmes en sont encore à zéro sous ce rap|»oit. Nous ne comprenons vraiment pas que des institutions qui ont des élèves — avec lesquels il est toujours si facile de faire des collections - persévèrent des années sans en commencer au- cune. Voulez-vous que vos élèves, à l'instar des ignares paysans qui ne comprennent rien à la chose, s'extasient en met- tant les pieds dans un musée, à la vue de mouches enfilées dans des épingles ou de grenouilles conservées dans de l'alcool ? Vous voulez d'ailleurs former des littérateurs, des hommes de science, des ministres de religion qui lisent dans les livres pour c^ux C|ui n'ont ni l'aptitude, ni le temps de le faire par eux- mêmes, et vous fermez à vos élèves le grand livre de la nature, dans lequel tonte saine intelligence doit savoir lire et tout lettré savoir s'instruire. Que de ressources pour le littérateur, l'ora- teur, l'écrivain en tout genre n'offre pas d'histoire naturelle ! Que sans plus tarder on se mette donc à l'œuvre dans toutes les institutions où les collections en sont encore à zéro. Vos élèves peuvent vous fournir amples [)rovisions de spéci- mens, et au moyen des échanges, vous pouvez en peu de temps vous former des musées précieux pour l'instniction que vous LE PHALLUS ET L\ MORILLE 115 donnez, et très propres à vous faire j iger f.ivor.iblement par les visiteurs. Nous remercions coiMiialement tons ceux qui ont bien voulu répoudre de suite à notre appel. Nous en comptons dix jus(iu'à ce jour. Comme ce n'est pas encore là la moitié des collections qui existent dans notre province, nous aiten Ions au mois prochain pour la publication des rapports, comptant que ceux qui ne s'en sont pas encore occupés, voudront bien suivre l'exemple de leurs devanciers. Ll^ PHALLUS ET L.\ MOUILLE. Notre article au sujet du Phallus impudicus nous a attiré la correspondance qui suit, de la part d'uu homme de science, professeur dans l'un de nos collèges. " Je viens de lire, avec beaucoup d'intérêt, dans le No. d'octobre dernier du Naturaliste Canadien — publication qui vous fait tant d'honneur — votre description de la Morille comes- tible. Je m'étonne que vous ne l'ayiez observée, pour la première fois, qu'en 1884 ; car elle est assez commune, au printemps, dans nos bois humides. Je m'étonne aussi d'apprendre qu'elle répand une odeur aussi infecte que vous le dites. Je sais bien que l'odeur de tous les champignons en décomposition n'est pas du tout agréable; mais de tous ]gs fungi, la Morille m'a toujours semblé être la îuoins puante. Je n'aime pas non plus le nom gcicntifique que vous donnez. Linné, il est vrai, a eu la mala- dresse, pour ne pas dire l'indécence, de lui donner un nom obscène, Phallus impudicus. En tout c:is la Morille n'est pas un Phallus, mais bien une Morchella, et le nom que Per^oon — 116 LE NATURALISTE CANADIEN une grande autorité^, assurément, en Mycologie — lui a donné est Morchella esculenta ; mais cela n'empêche pas que vous ne soyez un très fin observateur et que vous ne donniez des des- criptions tiès claires et précises. " Ajrès cette observation, nous avons cm devoir répondre à notre savant professeur que, sans pour le moment recourir aux auteuis, nous pensions que l'erreur était de son côté. " La Mo- rille n'est pas un riiallus, " et il s'obstinait A nous faire prendre un Phallus pour une Morille. Et voici la réplique que nous en avon? reçue. " Je le&te convaincu, jusqu'à ce que je voie votre spéci- men, que vous faites erreur, pour ce qui est du Phallus, Si j'en juge par la figure que vous en avez donnée, c'est bien là le champignon qu'il y a 30 ans et plus, j'appelais — que nous ajjpe- lions tous alors — Ph. imjniclic^is de Linnée ; mais qu'une étude plu^s approfondie de la classe des fungl, dans ces dernières années, a i)lacé dans le genre Morchella et l'espèce esculenta. Cette Mojille est comme son nom l'indique, comestible, et ne répand presque pas d'odeur. L'éminent botaniste, Geo. Vasey de Washingt n, a donné dernièrement une figure irès fidèle de la Morchella escidevta, et lui donne plusieurs synonymes : Phallus esculeiitus, Helvella esculenta, etc. Sans doute le Phallus im- pudicus existe encore, mais il ne paraît pas ressembler à votre figure. Je dois cependant convenir que l'odeur très nauséabonde que vous attribuez à votre champignon, et l'époque (août) à laquelle vous l'avez recueilli, est en faveur du Phallus; car la Morchella esculenta ne se trouve qu'en mai ou au commence- ment de juin dans ces parages-ci. Dailleurs je vous porterai, à la première occasion, cette Morille et aussi le Phallus. " Notre correspondant ne pouvait pas plus sûrement nous convaincre qu'il est dans l'erreur, que par ses dernières re- marques. Le Phallus et la Morille sont deux champignons différents, LE PHALLUS ET LA MORILLE 117 qu'il est toujours fricile de distinguer l'un de l'autre, sans même recourir aux caractères botaniques proprement dits. La forme, l'odeur, l'époque de l'apparition, les séparent nettement l'un de l'antre. Le Phallus a un stipe creux qui montre son ouverture, an sommet du chapeau ou mitre, marginée d'un rebord. La Mo- rille à son chapeau ou mitre sans ouverture au sommet, et son stipe ne va pas au delà de la moitié de la longueur de ce cha- peau. Le Phallus a une odeur nauséabonde, non seulement lors- qu'il est en décomposition, mais même dès l'instant de son épanouissement, odeur telle que jamais personne ne se hasarda à en tenter la coniestion. La IMorille a une odeur tout-à-fait agréa^^le et est recherchée des gourmets. Le Phdlus ne se* montre que sur des terraiai sei^s, fin d'août ou septembre. La Morille se trouve dans les endroits humides, fin mai ou juin. Et si nous descendons aux caractères botaniques, les dif- férences sont encore bien plus tranchées, ces deux champignona n'appartenant pas à la même famille, pas même à la même di- vision. Le Phallus se range dans les Exosporés, et la Morille dans les EndosporJs. Mais pour mieux faire sentir ces différences, mettons en face les caiactères de l'un et de l'autre, tant pour la division, la famille, le genre et l'espèce. EX0SP0RÊ3. ENDOSPORÉS Spores sur la couche fructifère qui «'étale à 'a surface du réceptacle, ou portées sur des stérigmatesdans les alvéoles extérieures. Spores renfermées libres de toute adhére'ice dans des sporanges, ou dans des thèques plus ou moins en- foncées dans un stoma. 118 LE NAT DUALISTE CANAL.tN PHALLOIDEES Bourse on p'^ridinm se déchirant à kl maturité, tapisséed'une couche interne )))emliraiieu.-e îïyméniiiiii, avant la niptiiredu péridiuii),pré en- tant des cavités sinueuses dans les- quelles se développent les orgunes reproducteur.-, et diveiant d'iiqu' s- cent à la maturité sous furme d'un mucilage noir ou verdâtre. I HALLU3. Réceptacle campanule, lihro, a- véol ou réticulé, mameloné et per- foré au sommet. Stipe tistuleux, e pong eux. HELVELLEES. Réceptacle en massue on en mitre, stipité ou sessi'e, charnu, céracé ou cartilagineux. Hyménium formé de thèques et de paraphyses ; à la maturité les thèques éclatent vtrs le haut, et Ton peut voir les spores s'échapper sous forme de petits nuages de fumée. MORCHELLA. Réceptacle en mitre charnue, ocracé, conique, companul^, arrondi ou- ovoïde, réticulé-alvéolé par de fortes côtes et soudé à un stipe tu buleux, plein, et non jierforé au som- met. Morchella esculenta, Persoon. R ceptacle en forme de mitre fra- gile,ov(.ïde ou arrondie, ocracé-pâle, gris-fauve ou bistrée ; côtes dispo- sées en réseaux et formant des al- véoles profondes, irréguiières. Stipe gonflé, floconneux, blanchâtre. Co- mestible. Printemps, lieux vagues et humides. Phallus impudicus, Linnée. Réoe,>acle en forme de chapeau conique» alvéolé, blanchâtre, enduit d'une sub- aiice vert-olive, semi- fluide qui, à la maturité, se résout en une liqueur glaireuse, perforé à son. sommet d'un orifice marginé d'un rebord. Bourseov<.ïde,b anche, crevant avec l'explosion d'un coup de pistolet. Odeur excessivement fétide, attirant les mouches et la fai' .«aiit découvrir de loin- Automne, datïs les bois de pins. Comme on le voit, la tribu, la famille, le gem-e et l'espèce différent essentiellement, et ne permettent guère à qui veut les examiner attentivement, de prendre ces deux champignons l'un pour l'autre. Bien que nous ayons constaté une erreur de la part de notre savant correspondant, nous ne lui sommes pas moins reconnais- LE DARWINISME 119 sant de ses remarques. En premier lien, par ce que nous- consta- tons avec plaisir qu'on nous suit dans notre marche ; et en se- cond lieu, par ce que les explications qu'on nous a forcé de don- ner pourront peut-être profitera plusieurs autres de nos lecteurs. LKDARWINlSMr. (Continué de la page 111). Il faut étudier beaucoup pour compreadre la matière, mais pus encore- pour décou- vrir qu'elle n'est rien. — Biot. Pour dooner h nos lecteurs une exacte idée du darwinisme, Tious en prendrons l'exposition dans les auteurs qui en ont spé- cialement traité. Grand noinbie de matérialistes ont donné une explication plus ou moins complète de leur théorie favorite ; nous choisi- rons deux d'entre eux comme étant ceux qui résument plus exactement les opinions de tous les autres. Le premier sera un M. Gadeau de Kerville qui, tout récem- ment, a donné sur la question même du transformisme, cinq conférences à la Société d'Etude des Sciences d'Elbeuf (Seine- Inférieure), France. Pour le second, nous prendrons M. Charles Wolcott Brooks, l'un des membres des plus marquants de l'Aca- démie des Sciences de San Francisco, devant laquelle il a fait" l'exposé de ses théories dans une conférence du 3 mai 1876. Est-il plus exact de dire le darwinisme ou le transformisme? La théorie doit reconnaître une double paternité ; celle de Lamarck, (1) français, qui en 1801 a émis le premier l'idée de (1) J, B. p. Ant. Monet, (le Lamarck, iié'à Bazantia (Saiiiine) en 1774. et mort à Paris en 1829. Célèbre naturaliste, membre de l'Institut. Son principal ouvrage est son Histoire des animaux sans vertèbres, 9 vols, in-4 Lamarck était protebtant. 120 LE NATURALISTE CANADIEN l'évolution des êtres; et celle de Charles Darwin (1). anglais, qui en 1859, compléta la théorie de Liaiirck, par sa révélation de la sélection naturelle. Quant à nous, quoiiiue descendant de français, nous céderions bien volontiers aux anglais le triste honneur d'avoir répandu dans le monde une théorie qui aurait de si funestes conséquences, si elle venait à être adoptée par les masses, puistpie ce ne serait rien moins que le retour à la bar- barie la plus sauvage pour les sociétés civilisées. Entt ndons d'abord M. Gadeau de Kerville nous faire son exposé (2). " Po'ir expliquer l'origine des êtres vivants, les naturrilistes " et les philosophes ont eu recours à différentes hy, othèses qui " peuvent"se résumer dans les deux suivantes : 1° toutes les *' espèces animales et végétales ont été l'objet de créations sépa- " rées ; 2° tontes ces espèces ])roviennent les unes des autres. •• Voici, d'ailleurs, les cinq hypothèses principales que l'on a " faites sur le sujet; les .lutres n'étant que des modifications lé- " gères de ces cinq hypothèses. " 1° Toutes les espèces animales et végétales ont été l'ob- " jet de créations distinctes dès que la vie fut possible à la s^r- " face de notre globe, et elle se sont perpétuées en totalité ou " en partie jusqu'à nos jours ; " 2° Une immense ([uantité d'êtres vivants, primitivement " créés, ont été détruit-s totallement ou pariielleuient, ])ar des " cataclysmes soudains et généraux, puis créés une seconde fuis, " détruits de nouveau, et ainsi de suite ; ces boulevuiseuients " et ces créations nouvelles se produisant à chaque grande pé- " riode géologique. — Cette hypothèse est la' célèbre théorie des ',' révolutions du globe et des créations successives de Cuvier; " 3° L'ensemble des espèces animales et végétales ont été " créées à l'oiigine, mais quelques unes d'entre elles s'éteignent à (!) Charles Darwin né Shewfcbury en 180 ', et mort en 188:'. C'est en 1839 qu'il publia son célèbre ouvrage sur Vongine (Its espèces, dans . lequel il donne sa théorie sur la sélection naturelle clans la luite pour !a vie. (2) Causeries sur la Transforinisme ; 1ère Conference, page 7. LE DARWINISME 121 " certains moments, taudis que d'antres surgissmt spontanément " pour les remplacer, grace à une acion spéciide et in,'X|)liq ié.e. «' De cette façon, notr • globe présente toujours des f uaies et des " flores très riches en espèces, mais ces faunes et ces flores sont " d'autant plus dissemblables entre elles qu'on les examuie à " des époque plus éloignées l'une de l'autre. ; " 4° Notre planète qui ne possédait originellement aucun être " vivant, à été peuplée de toutes n')s espèces atiinides et végé- " taies, grâce à la rencontre fortuite d'un astre errant à la sur- " face duquel ces mêmes espèces existaient déjà ; " 5° Enfin, toutes les espèces animnles et Vi'g'tdes, qui ont " existé ou qui existent encore, sont le l'é-ultat du dévrlo j»'- " ment graduel et successif de pluueurs ou m un 3, ^ur analogie., " d'un seul organisme pririiordidl extrêmement simple.. Ce " résultat étant produit par l'action de causes niturelles, q'ii ont " agi d'une manière lente et continue, jieuilant une très longue " série de siècles. — Cette dernière hypothèse est celle du trans- " foimisme." La théorie de M. Charles Wolcott Br.joks es' a peu près la même, quoique exprimée en ternies diiîorents. Ecjutons-le. " J'accepte l'hypothèse d'une évolution universelle par une " marche lente de développement cosmique, de Li matière (| li " renferme elle-même les élén)ents de toutes les existences atmos- '' phériques. minérales, végétales et animales, mais a l'état latent, "jusqu'à ce que leurs énergies .^oient léveillé-es jar ce principe " de vie progressif qui rayonne sans cesse du Grand l^.spiit In- " telligent de l'univers, et qui est [nULout essentiel pour provo- " quer le développement. " (1) • N'allez pus croire que })ar ce Grand Es[irit Intelligent de l'univers AI. Books entende Uieu ; oh! non, il prend soin lui- même de nous en avertir. ( ) Oriijin of the Chin se lijce. Pliilusopliy f)ft!i:eaiIijdecelupiHeiit. — 1«78. 122 LE NATURALISTE CANADIEN " L'esprit ne peut. exister sansl i raitière, dit- il avec Goethe, " ni la matière active sans l'esprit. " " L'esprit humain, ajoiite-t-il en -ore, est incon4;e>tiblement «' progressif, et la ])rogre.ssion est un piincipe éternel. De là, " l'esprit, le plus parfait rafinement de la matière dans l'homme, " est éternel. " Le [l'incipe animant de toutes les existences paraît comme " une essence ou forme de force électrique plus ))ure et plus " hautement rafinée. Nous appelons vie la manifestation de ce " principe, que toute chose possède à un degré plus ou moins " élevé, fl) " La terre à travaillé pour se f lire propre à la de- " mei»re de l'homme, et ses travaux se poursuivent avec succès. " L'honmie est venu par étages réguliers de gradation, de la " mond'Ie, et son développement mental est renfermé et res- " treint j)ar tout ce qui l'entoure. Les lois immuables de la " nature, universellement et éternellement en force, n'admettent " pas de election soudaine et spéciale de l'homme. L'homme " est le résTiltat de tous les types inférieurs, dont il [lossède " toutes les énergies, le rendant un compendium de toutes les " choses créées." Que de trouble pour organiser le monde en se passant de Dieu, ou pour créer un Dieu Hasard, en anéantissant la Pro- videnct ! Il est regrettable que le savant fi-ançais ait omis de dire, dans la 5e hypothèse qu'il adopte pour Credo, d'où venait ce seul org cnisme extrêmement simple, qui fut la souche de tous les autres ? Mais il nous a déjà dit que la matière était éter- nelle, alors qui a donné la vie à ce premier organisme ? Môme oubli de la part d i savant américain ; d'où venait cette monade primitive grand'mère de l'homme ? En face de tous les libres-penseurs, matérialistes, athées et prétendus savants du monde entier, il nous semble que la ques- (I) Life, which a'I thing- po'-sess in greater or less decree. LE DARWINISME 123 tion peut se résoudre en deux mots : Ou vo'is admettez Dieu, ou vous le supprimez.- Si vous admettez Dieu, Créateur et source.de toutes les . existences, infiniment parfait, votre écliiffaud;i.ge d'hypothèses et de faux raisounjraents disparaît de suite. Car l'homme a tou- . jours cru en un Dieu Créateur et miître de toute (;hose à qiii il devait sa soumission ; et Dieu ne serait pas sag?, et cesserait ])ar conséquent d'être Dieu, si, en mettant l'homme sur la terre, il l'avait laissé le jouet de l'erreur, sans aucun moyen de con- naître la vérité. Si vous supprimez Dieu, alors vous tombez dans l'absurde ; du néant rien ne peut surgir. En supposant même la matière éternelle, la vie qui anime la matière, la vie qui commence et qui finit à des points dér r- minés, vous force à recourir à une puissance supérieure, surna- turelle, pour la détermination de ces points. " Car, dit Buffon, " la nature n'est jioint une chose, car cette chose ser.iit tout ; " la nature n'est point un être car cjt être serait Dieu ? La " nature est une puissance vive, immense, qui embrasse tout, " qui anime tout, qui, subordonnée au premier Etre, n'a com- " mencé d'agir que par son ordre, et n'agit encore que par son " consentement." (1) Il est encore regrettable que dans les cinq hypothèses qu'a exposées le savant français pour expliquer l'origine des êtres, il en ait omis une sixième qui, si elle ne rencontre pas tout-à-fait ses vues, peut du moins rendre un compte raisonnable des ori- gines de toute provenance, et l'appuyer de raisons (jue la |)lns rigoureuse logique et le bon sens ne peuvent refuser d'admettre', sans se perdre dans l'incertain, l'équivoque, et aboutir à heurter de front toutes les règles de la morale, des rapports sociaux, et de la seule vraie philosophie. Cette sixième hypothèse est celle-ci. Avant tous les temps se trouve DiEr, seul être incréé, créa- s,l) Premise Vue de la nature. 124 LE NVTUUALISTF, CANADIEN tenr et conservateur de tout ce qui existe. Sa tonte-puissance s'exerce sur des mondes innombrables dans l'espace sans limites. Voulant créer noire monde, il fil surgir la matière du néant, et donna à cette matière les lois qui devraient Ui r('gir et la fa- çonner, lois de gravité, d'attraction, de moivement, de chaleur, etc, dont nous expérimentons tous les jours les effets, mais dont nous ne pénétrerons j mi ùs l'essence. Les éléments qui com- posent anjourd'Iiui notre globe étaient dans l'origine confondiis dans un chaos. Mais les lois données à la matière exerçant leurs acdon sur ces éléments, les dégagèrent petit à petit les uns des autres, pour les aglutiner, les aglomérer, et en former des corps distincts de forme et de texture. Lorsque Dieu jugea les éléments assez épurés pour porter la vie, il l'insutlil cette vie dans des orginismes d'abord très simples. Puis a mesure que les éléments s'épurèrent ilavalitage en se consolidan, il fit suigir des org.i,n.ismes plus parfaits et plus compli piés, jusqu'à ce jtoint <{ue jugeant à propos de mettre le comi)lénient à son œuvre par l'être le plus parfait, il façonna le corps de l'homme et insufla dans ce corps une âme immortelle, capable de le connaître et de le .«ervir, lequel honnne, esprit et matière, devant être le roi et le dominateur de tous les êtres animés. Dieu n'a pis opéré la création de to is les êtres d'un seul coup et tout à la fuis; il n'a pas non [dus détruit ses créations . de temps à autres pour les remplacer par d'autres ; mais cà me- , sure que par l'action des lois naturelles imposées à la matière l'at- mosphère s'épurât davantage, (pie la terre se dég igeât des eaux et s'affermît plus sulidemmit, il créa hart, mettent le feu à celle-ci, et le tout se consume entièrement en donnant une vive lumière. La Providence a pourvu à tous les. besoins pour tous les lieux ; les naturels de ces îles ne con- naissent ni la cire, ni la stéarine, ni le pétrole, mais ils ont en compensation le 'pétrel-chandelle tjui leur en tient lieu. Victimes des bêtes féroces. Dans un relevé de statis- tiques i)Our l'ile de Java, nous trouvons les chiffres suivants pour les victimes des bêtes féioces pour l'année 1863. Mangés par les tigres 273 individus, par les crocodyles 158, broyés par les rhinocéros 72, et morts des piqûres des serpents 22. Les orages avec tonneire sont d'une violence dans ces contrées dont ou a peine à se faire une idée. Si bien que dans la môme année 128 LE NATUllALIbTE CANADIEN 1863, le nombre de per.soiiues foudroyées par le tonnerre fut de 493. Des voyageurs ont vi , à la suite d'oragt s, des étendues C(jnsidérables de furets, tout eu feu i)ar suite des effets de la fjudre. Poicsans dans les arbres.- On se croirait, sans doute, en face d'une absurde ylaisanterie, si l'on nous disait (jue pour aller à la [.êche, il faut grimper dans des arbres, en pleine forêt. C'est pourtant ce qui a lieu à l'île de Java. Certains oiseaux de ces contrées, construisent dans les arbres des nids ne mesurant pas moins de 2 à 3 pieds de diamètre. Ces nids particulièrement formés d'algues marines recueillies sur les rochers à mer basse, sont enduits intériiuirement d'une espèce de gélatine tellement com[)acte, qu'ils retiennent l'eau des pluies après que la couvée les a désertés, de telle sorte qu'ils constituent des réservoirs dans lesquels des poissons, certaines esjièces de gougeon, de 4 à ô pouces de longueur, prennent leurs ébats. Si bien que les gamins n'ont qu'à escalader ces aibres pour s'en emparer. Mais, deman- dera-t-on, comment ces poissons se trouvent-ils là ? qui les y a apportés ? On croit que c'est le fait des canards ou autres ^oiseaux aquatijues. Comme il arrive souvent qu'une fois les nids remplis d'eau, les canards vont fréquemment s'y plonger, il est aisé de croire que le frai de ces poissons attaché à leurs pattes ou à leur plumage a pu s'en détacher pour y demeurer et s'y développer. C'est bien là l'explication la plus rationnelle qu'on puisse donner de cet état de chose. LE Vo. XVI. Cap Rouge, Q., Mars, 1887 No. 9. Rédacleur: M. l'Abbé PROVANCHLR. PRIMES La 2e du mois de décembre, No. 74, Oliva porphyria, est échue à M. le Chanoine Vézina, curé des Trois-Pistoles. La 2e du mois de janvier, No. SI, Cassis decussata, a été réclamée par Mons. L. G. Baillairgé, avocat de Québec. La 1ère du même mois, No. IIS, Cyprœa tigris, n'a pas encore été réclamée. Janvier. 1ère Prime — CecWs Book of Beasts, élégamment relié, No. 123. 2e " — CoTiiis s M-^ca^tts, Cone sillonné No. 161. N. B. — Toute personne ayant l'exemplaire portant l'un ou l'autre de ces deux numéros écrit en crayon bleu sur la première page, devra réclamer l'objet dans les deux mois de cette date, et envoyer des timbres pour affranchir le postage. — Voir sur la couverture. 9-Mars, 188T. lï 130 LE NATURALISTE CANADIEN TABLEAU SYNOPTIQUK DES MUSEES de la Province de Québec, montrant' le nomhre d'espèces déterminées de leurs spécimens, en mars 1887. Comme Dons l'annoncions dans notre dernière livraison, nou^ donnons dans celle-ci le tableau synoptique de nos divers musées, tel que nous ont permis de le formuler les différentes réponses que nous avons reçues ; nous les rangeons dans l'ordre qu'elles nous sont parvenues. Dix-neuf seulement ont rcpon lu à notre circulaire. Nous re- mercions bien sincèrement ceux qui ont iuiisi consenti à s'imposer cette peine, car en outre que ce tableau sera plein d'intérêt pour tous nos lecteurs, il ne manquera pas de stimuler le zèle d'un grand nombre pour poursuivre leurs collections, égiler ou délasser ceux qui les devancent aujourd'hui, et iieiit-êlie aussi eu décider d'autres à entrer de même en lice. Nous regrettons que tous ceux qui possèdent des musée n'aient pas jugé à propos de nous donner des réponses ; nous ne pouvons voir eu quoi cela aurait pu leur nuire ; tout au con- traire. Nous sommes convaincu que tous ceux qui l'oiii fait, n'auront aucun sujet de le regretter. Nous disons que les 19 réponses reçues ne sont à peu près que la moitié de celles que nous aurions ài\ recevoir, car il y a au moins 40 institutions en cette Province qui possèdent des musées ou qui du moins devraient en avoir. Sur les 16 collèges classiques que nous possédons, 5 seule- ment ont donné des réponses. Tous les. autres en sont-ils encore à zéro avec leurs collections ? Nous sommes certain du con- traire pour plusieurs. St-Sulpice de Montréal, Nicolet, St- TABLEAU SYNOPTIQUE DES MUSÉES 131 Hyacinthe, L'Assomption, possèdent des collections qui auraient pu figurer très avantageusement à côté de celles enregistrées. Quant aux autres, Piimouski, Ste-Anne, Trois-llivières, Juliette, Ste-iJarie (Montréal), Kigaud, Ste- Marie de Monnpir, nos quatre Ecoles Normales, nos trois Ecoles d'Agriculture, l'Ecole Poly- technique de Montréal, etc., leurs collections sont encore à venir, pensons nous, ou du moins ne reçoivent qu'une minime attention de la part de ceux qui les possèdent. En rangeant les 19 institutions qui ont fait rapport, d'après le nombre des spécimens -espèces déterminées — qu'elles possè- dent, nous obtenons les tableaux qui suivent, sur les différentes branches de l'histoire naturelle. MONNAIES et MÉDAILLES 1 Laval 4393 2 Coll. St-Laurent... 2485 3 Sherbrooke 981 4 Chicoutiuii 900 5 Pictou 500 H Ste-Thérèse 200 7 Dr Crevier 156 8 Coll. Levis 112 9 Instruct. Publique 68 10 Couvent Sillery 19 MINÉRAUX 1 Laval 3454 2 Dr Crevier 1657 3 Pictou 1500 4 Inst. Publique. 500 5 St-Laurent 342 6 AbbéProvancher... 204 7 Ste-Thérèse 200 8 Sillery (couvent)... 200 9 Sherbrooke 150 10 Falardeau 100 11 S. -Joseph, Levis cv. 100 12 Lavoie 65 13 Coll. Levi? 60 14 Chicoutimi 45 15 Abbé Bellemare... 30 16 Betsiamits 20 FOSSILES 1 Laval...- 1258 2 Dr Crevier 375 3 Inst. Publique 164 4 St-Joseph, Levis...' 100 5 Pictou 100 6 Abbé Provancher... 85 7 Chicoutimi 50 8 Lavoie 42 9 St.Laurent 23 10 Sherbrooke 10 132 LE NATURALISTE CANADIEN 11 Coll Levis 2 12 Abbé Bellemare... 1 PLANTES 1 Laval 8904 2 Abbé Provancher... 1845 3 Inst. Publique 1520 4 St-Laurent 900 5 Piéton 600 6 Coll. Levis 431 7 St-Joscih, Lrvis... 291 8 iSill, ry (CuiiV( ni;.. 223 9 Chicoiiliiiii 180 10 DrCrevier 167 11 Abbé Bellemare 50 12 Sherbrooke 35 MAMMIFÈRES 1 Laval 80 2 Betsiainits 58 3 St- Laurent 27 4 Pictou 24 5 Dionne 22 6 Sylvestre 18 7 Dr Crevier.. 12 8 Abbé Provancher... 9 9 Falardeau 8 10 St-Joseph, Levis... 5 11 Sherbrooke 5 12 Instinct Publique. 3 13 La voie 3 14 Couv. SiUery 2 OISEAUX 1 Cv.St- Joseph, Levis 776 2 Laval 650 3 Betsiamits 487 4 Diunne 1^80 5 Lenioine 2Ô0 6 St-Laurent 216 7 Falardcau 206- 8 Pictou 500 9 Sherbrooke 75 10 Sylvc.-tie 6 11 Dr Drevit-r 56 12 Lavoie 50 13 Couv. Sillery 33 14 Abbé Provancher.. 29 15 Inst. Publique 21 16 Chicoutimi 9 ŒUFS 1 Laval 236 2 Lemoine 200 3 Abbé Provancher... 165 4 Betsiamits 135 5 Falardeau 128 6 Dionne 95 7 St-Laurent 89 8 Dr Crevier 64 9 Inst. Publique 57 10 Lavoie 20 11 Pictou 20 12 Chicoutimi 7 TABLEAU SYNOPTIQUE DES MUSEES 133 13 C. St- Joseph, Levis 14 Sylvestre 15 Sherbrooke NIDS 1 St-Laurent 2 Falardeau 3 Dionne 4 Lavoie 5 Lemoine 6 Laval , .7 lust. Publique 8 Dr Crevier 9 Pictou 10 Sylvestre 1 1 Abbé Provaucher. 12 Couv. Sillery 13 Chicoutimi 14 Betsiamits 15 Sherbrooke POISSONS 1 Laval 2 Falardeau 3 Dr Crevier 4 St-Laurent 5 Sylvestre 6 Betsiainits 7 Abbé Provancher. 8 Inst. Publique 9 Pictou 10 Chicoutimi 11 Sherbrooke 181 74 30 25 20 12 12 12 5 4 3 3 3 1 1 78 20 15 14 12 REPTILES 1 Betsiamits 2 Laval 3 Pictou.... 4 Abbé Provancher. 5 Dr Crevier 6 Lavoie 7 St-Laurent 8 Inst. Publique 9 Dionne 10 Coll. Levis 78 70 50 26 16 15 11 INSECTES 1 Laval 14000 2 Abbé Provancher.. 6022 3 Chicoutimi 2500 4 Inst. Publique 2300 5 Pictou 2000 6 Dionne 1525 7 Dr Crevier 1268 8 Falardeau 1178 9 Lavoie 800 10 Couv. Sillery 725 11 St-Laurent 600 12 Sherbrooke 508 13 Cv.St-JosephjLévis 198 ARAIGNÉES 1 Dr Crevier 2 Dionne 3 Falardeau 4 Abbé Provancher. 26 15 15 13 lU LE iS'ATUIlALISTE CANADIEN 5 Laval , 6 St-Laureiit 7 Lavoie 8 Pictou 9 Inst. Publique. MYRIAPODES 1 Abbé Pro van cher.. 2 Laval 3 Dionne 4 Falardean 5 Inst. Publique 6 Dr Crevier. 7 St-Laurent 8 Pictou 12 5 5 o O 3 14 12 8 8 8 6 o O MOLLUSQUES 1 Abbé Provancher.. 1787 2 Laval 975 3 Dr Crevier 896 4 Cv.St-Josepli,Lévis 360 5 Betsianiits 293 6 St-Laurent 261 7 Couv. Sillery 213 8 Inst. Publique 241 9 Sherbrooke 200 10 Chicoutimi 150 11 Lavoie 125 12 Falardeau 112 13 Dionne 60 14 Pictou 30 PBEPABATIONS MICROS- COPIQUES, Dr Crevier 656 Pictou 100 Laval Sherbrooke St-Laurent . 6 Chicoutimi 97 11 9 4 CRUSTACÉES 1 Laval 60 2 Inst. Publique 23 3 Abbé Provancher.. 15 4 Dr Crevier 10 5 St-Laurent 8 6 Lavoie 6 7 Falardeau 5 8 Pictou 5 9 Chicoutimi 4 10 Cv.St-Jo.5eph,Levis 1 Cet ensemble est certainement très satisfesant, et nul doute qu'avec le zèle qui l'a inspiré, il ne lasse désormais de rapides progrès. Nous sommes heureux de le consigner dans ces pnges qui demeureront, pour servir plus taid de termes de comparaison. On ne saurait douter qu'à dix ans d'ici, ce tableau répété pré- senterait un tout autre aspect. TABLEAU SYNOPTiQUK DES MUSfîES 135 Mîiis pourquoi ne le rc[)èt'jiioii3-uoiis pas dès rauiiée pro- chaine ? Chacun s'est rendu compte de ce qu'il possède et voit ses richesses étalées à coté de celles de ses voi-^in^i. C'est ù qui maintenant montera plus promptemeut dans l'échelle et devan- cera ses rivaux. Sans doute aussi qu'à un nouvel appel plusieurs de cenx qui sont restés à l'écart ne dédaigneront pas d'entrer en lice pour faire figurer, eux aussi, les trophées remportés dans leurs conquêtes sur l'inconnu. Nous ne saurions trop presser les institutions qui sont encore en arrière sous ce rapport, de se mettre à l'œuvre sans délai. C'est une nécessité pour plusieurs d'entre elles, nous oserions dire pour toutes, d'avoir des collections à exhiber à leurs élève'^. Si vous ne voulez pas que les instituteurs, par exemple, (jui sortent des écoles normales, les élèves des écoles d'agrioulture et des collèges, s'extasient, à l'instar d'ignares paysans, devant des mouches embrochées dans des épingles ou des feuilles couchées dans un herbier, avisez sans délai à pou- . voir leur faire faire chez vous la connaissance de telles collec- tions, ])Our vous tenir à la hauteur de votre position. Nous avons vraiment peine à croire, qu'il s'est rencontré des instituteurs ignorant que les chenilles se convertissent en papiUons ! qu'il soit sorti des élèves des écoles d'agriculture ignorant les preniiers éléments de la botanique, n'ayant aucune idée de la greffe, ne connaissant rien des mœurs des insectes avec lesquels le cultivateur a tous les jours à compter ! Et cepend int l'on nous assure qu'il s'en trouve. Avec des collec- tions, sans efforts et sans travail, l'on aurait mis tous ces élèves au fait de ces connaissances indispensables. Un point sur lequel nous croyons devoir insister de nou- veau, c'est l'importance pour tout collectionneur d'avoir un catalogue de tout ce qu'il possède. Vous ado|>tez une méthode pour pouvoir vous reconnaître dans les différentes branches qui 136 LE NATURALISTE CANADIEN ont fixé votre choix, et à chaque espèce nouvelle que vous acquérez, vous l'insérez dans votre livre à son numéro d'ordre. De cette façon, vous avez tons les jours le bilan de votre trésor, sous vos yeux ; vous voyez les points faillies sur lesquels il faudra veiller davantage, vous vous applaudissez de vos nou- velles conquêtes, et vous offrez de suite à vos amis un point de comparaison, pour les inviter à vous suivre, ou prendre vous- même peut-être la ferme résolution de les égaler et même de les devancer. Un de plus ! est un cri de victoire que tout collec- tionneur en histoire naturelle doit pouvoir répéter chaque jour, dans la belle saison. LE DARWINISME (Continué de la page 126). Pratiquez la foi que vous avez, bientôt vous obtiendrez celle qui vous manque. Un PKNsauK. Un célèbre naturaliste se trouva un jour en présence d'un saint abbé dans un salon. — Monsieur, dit le savant à l'abbé, vous tournez dans un cercle vicieux ; vous nous demaiidez les œu- vres pour parvenir à la foi, et c'est la foi qu'il nous faudrait pour pratiquer les œuvres. — Le cercle n'est pas vicieux, répli- qua l'abbé, car on en peut sortir. Pratiquez d'abord la foi que vous avez, et bientôt vous obtiendrez celle qui vous manque. Cette réponse de l'abbé ne manquerait pas d'application auprès de la plupart des prétendus esprits-forts. Il est peut-être quelques matérialistes qui ont pu s'égarer par erreur de jugement, en étudiant la matière; mais la plu- LE DARWINISME 137 part n'ont été amenés à l'incrédulité, que par ce qu'elle leur servait de base à une morale facile, ne répugnant en rien aux penchants de la nature. Ce qui le confirme, c'est que ce brutal matérialisme ne se^ rencontre pas chez les nations sauvages. Toutes croient à l'existence d'un Etre surnaturel, Créateur, Source de toute chose, à l'immortalité de l'âme, aux peines et aux récompenses de l'autre vif. Quelques voyageurs ont rapporté, il est vrai, avoir décou- vert certaines peuplades, dans les îles de l'Océanie, vivant d'une vie tout-à-fait animale, sans aucune croyance au surnaturel. Mais il est probable que, si ces voyageurs étaient de bonne foi, ils a été trompés pour n'avoir pas pu comprendre, ni être compris, de ceux qu'ils avaient interrogés, par des réponses dans un idiome qui leur était totalement inconnu, ou que leur transmet- taient des interprètes inca])ables ou peu fidèles ; car tous les missionnaires qui ont évangélisé ces peuplades après en avoir appris le langage, s'accordent à rendre le même témoignage de leur croyance au surnaturel. Le monde a eu un commencement; la preuve s'en trouve partout, et les matérialistes mêmes le recohna ssent. Mais qui a pu l'amener ainsi à l'existence ? Evidemment un être plus puissant que tous ceux que nous connaissons, un être au dessus de la nature, pouvant la dominer, un Dieu Créateur. Mais non, disent les matérialistes ; le monde, nutri' globe, a en commenceuient, oui ; mai-> u(Ui l'UuiNtrs |ii est éternel, et qui j)!oduit continuellement des mondes, à mesiire ju'il en disparaît, la matière étant dans un mouvement habituel de transformai ions, de di'eomposiiious et reformations. Entendons à ce sejet notre M. de Kervillc. Il y n, la foi. Et c'est sur ce vide effrayant qu'on voudrait éehafauder la destinée de l'homme. En vérité, ne serait-ce pas jeter des'démentis exhorbitants à la nature, et la pousser au crime par le désespoir? " Car, dit le P. Causette, quel martyre pour un être avide de savoir, qui soulève les voiles de l'avenir, qui regarde au fond des sépulcres, qui fra[)pe à la [toite de toutes les écoles, pour en interroger les oracles, et qui rentre, hiletaut, au fond de son âme, sans lui a .porter d'autres solutions qu'un peut-être ! Je demande, ce (\\ù réduit ainsi l'hiimanité aux abois peut il être son partage naturel ? " Nous nous rappelons ici la rencontre que nous finies en 1884 sur le steamer qui nous ramenait du H ivre à New- York. Nous voguions déjà depuis plusieurs jours en jJein océan. C'était vers les six hones du soir ; la mer, flattée doucement par une brise légère, montrnit à peine queljues rides à sa surface ; le soleil s'iuclinant vers l'horizon, allongeait démesurément sur la nappe liquide les ombres de la mâture de notre vaisseau, nous étions à nous promener srr le pont, respirant à pleins poumons cette douce haleine que lamer, lorsqu'elle est })aisible, conserve toujours, même en juin, fraiche et pure; nous marchions seul, absorbé dans nos pensées, lorsqu'un certain peiidonnage que nous avions à peine jusque là distingué paruii les a^ties pareux, fait marcher les paralytiques, rend l'ouïe aux sourds, ne sont-ce pas là des miracles ? Le même Jésus encore qui s'approche de Lazarre déjà en terre depuis trois jours et donnant la preuve de la décomposition de 152 LE NATURALISTE CANADIEN son corps par ses exhalaisons, qui commande au mort de se lever et de marcher, ce que le ressucité exécute en | résence de nombreux témoins, pouvait- il opérer de tels actes avec les seules forces de la nature ? Cependant il y a encore plus. Ce même Jésus qui annonce qu'on va le mettre à mort, mais qu'au bout de trois jours il reviendra à la vie, et qui se montre ainsi ressuscité à des milliers de personnes, n'avait-il qu'une- puissance humaine ordinaire ? Il est assez facile d'annoncer qu'on va mourir, mais qui a jamais pu dire qu'il sortirait du tombeau après sa mort, et en soit réelle- ment revenu ? Tous ces faits ne sont-ils pas au-dessus de la puissance ordinaire de l'homme, et ne réclament-ils pas l'autorité d'un être au-dessus de la nature, pouvant la dominer et lui commander ? Tout autre qu'un Dieu ou qu'une personne déléguée par lui peut-il opérer de telles merveilles ? Et pouvez-vous nier tous ces faits ? ' -* ^--^ Vaudrait autant nier les faits accomplis par Annibal, Alexandre, César, et même Napoléon. Qui consentirait à faire le sacrifice de sa vie pour attester les exploits de ces grands personnages?... Et c'est par milliers et des centaines de mille qu'on compte les martyrs de la vérité évangélique ? Mais voulez-vous des preuves encore plus tangibles de l'authenticité des miracles ? Nous pourrions vous dire : allez à Lourdes, à Ste-Anne d'Auray, à Ste-Anne de Beaupré etc., ouvrez les yeux, entendez ce qu'on raconte, et jugez. Mais nous voulons vous citer encore des faits plus en harmonie avec ceux que vous niez, des prédic- tions annoncées depuis des siècles qui poursuivent actuelle- ment encore leur accomplissement. Cette Eglise du Christ contre laquelle vous cherchez des armes dans la nature même, cette Eglise du Christ a reçu l'assurance, de la bouche de son divin fondateur même, que, LE DARWINISME 153 malgré la malice des hommes pervers qui dans tous les siècles s'acharneront contre elle, elle subsisterait toujours, n'est-elle pas aujourd'hui, en dépifc de tous vos eft'orts, plus vivace, plus active que jamais ? Et ce peuple juif qui a demandé la malédiction et sur lequel la malédiction est tombée pour avoir refusé, comme vous, de croire à la parole de Dieu, comment se fait-il que ce peuple juif qui se trouve dans tous les pays et qui n'est en sa patrie nulle part, subsiste toujours distinct, méprisé, rejeté de toutes les autres nations ? Peut-on trouver un autre exemple semblable dans rhistoire ? Où sont aujourd'hui les Mèdes, les Parthes, les Cimbres, les Huns, et tant d'autres dont l'histoire à buriné les actes?... Passés, anéantis, perdus, confondus avec d'autres nationalités, sans avoir même conservé des traces de leur origine ! Mais pour les juifs ? Toujours les mêmes, toujours reconnaissa- bles, toujours séparés, jamais confondus ! Est-ce là un pur effet du hasard ? Mais qui a jamais pu prédire un effet constant du hasard devant continuer indétiniment ?... Etant à Jérusalem en 1881, le guide de notre pèlerinage nous dit un jour: Je veux vous montier aujourd'hui l'accomplisse- ment d'une prophétie que vous pourrez constater de visu. Puis, passant près de la Tour de David, nous pénétrons sur le mont Sion, en dehors du mur actuel de la ville. Laissant de côté le Cé- nacle, nous traversons les cimetières chrétiens, et parvenons sur la pointe du mont qui regarde le midi, dominant les vallées d'Hinnom et du Cédron. Ici toutes les constructions ontdisjiaru, les cimetières n'ont pas encore envahi la place, et nous nous trouvons devant une magnifique pi^.ce de blé, dont les épis jaunis- sants touchent à la maturité. Voyez, nous dit notre guide, comme c'est bien icd l'accomplissement de la prophétie de Jérémie : " Jérusalem est dans la désolation; les rues de Sion sont dans les pleurs ! toutes ses portes ont été détruites ! Ses euf mts ont été emmenés en captivité." (1) Ses portes ont été si bien (1) Vix Sion liigent... omnes portse ejus dcMruclœ... par viili ejus ducti sunt in captivitatem...—J(:réLni<^ chap. I. 154 LE NATURALISTE CANADIEN détruites, que la cliairne a passé où se trouvait autrefois ses superbes édifices ! Couuiient se f.iit-il que de nouvelles cons- tructions n'aient pas remplacé les anciennes ? La parole de Dieu est là, il faut qu'elle ait son accomplissement. Mais on peut encore trouver des preuves plus concluantes de l'intervention de la divinité à notre égard, c'est en rentrant en nous-mêmes et en nous rendant compte sérieusement, fran- chement, sans parti pris, de ce qui s'y est passé de temps à autres. • Oui ! si vous n'avez pas été élevé sans aucun souci de Dieu et de ITane, à la manière à peu près des petits chiens et des petits chats, si vous avez jamais répété, avec simplicité, les paroles de ]>rières qu'une mère tendre et affectueuse vous mettait dans la bonche, rt'pondez sincèrement si vous ii'avez jamais éprouvé, au dedans de vous-même, l'action d'une puissance surnaturelle sur vos diverses facultés? Si, dans des moments de faiblesse, accusé ]jar votre propre conscience, vous n'avez pas senti la crainte s'emparer involontairement de votre âme ? Si, dans des circonstances où tout vous semblait désespéré, vous n'avez pas vu les dangers disparaître soudain, sous une impul- sion que, raisonablemeut, vous ne pouviez attribuer simple- ment au hasard ? Mais en accordant, pour un moment, aux matérialistes que la matière est élernelle, et que les mondes- ne doivent qu'cà ses transformations sans fin, leur commencement et leur fin, resterait toujours à expliquer l'apparition de la vie dans la matière. Vous dites que la vie est le résultat de forces physico-chi- miques sur la njatière. Nous admettons bien que les chimistes ont produit parfois des résultats tout-à-fait étonnants par leurs combinaisons dans leurs laboratoires. Ils ont communiqué le mouvement à des portions de matière, prêté à d'autres des forces sans proportion avec les moyens ordinaires dont use la mécanique etc. ; mais ces NOMS VULGAIRES EN HISTOIRE NATURELLE 155 mouvements, ces attractions et répulsions ne sont pas la vie ; entre ces forces et la vie réelle, la vie capable de mouvements volontaires, la vie transmissible des générateurs à la descendance par une fécondité perpétuelle et continue, reste toujours un abîme ; et comment le cornblerez-vous cet abîme ? Les chimistes avec toutes leurs combinaisons ont-ils jamais pu faire surgir de leur laboratoires le plus petit moucheron doué de la vie ? la monade la plus simple, si l'on veut, capable de se reproduire ? Si vous dites que ce résultat ne se produit pas par des procédés déterminés, et qu'il n'a dû son origine qu'au hasard ; nous vous répondrons avec Buffon, que précisément ce hasard qui opère ainsi est Dieu, vous lui changez le nom, et voilà tout. Un hasard aveugle, inconscient, ne peut produire de telles choses. Et les produirait-il, qu'il lui faudrait encore une puis- sance non moins grande pour les conserver, pour assurer leur succession indéfinie. A suivre. mm VULGAIRES M H!8T0II(E NATURELLE Le numéro de mars de V American Naturalist contenait des remarques fort judicieuses à |>ropos des noms vulgaires en histoire naturelle. L'auteur avait particulièrement en vue les champignons, mais les mêmes remarques peuvent semblablement trouver leur ajiplication pour toutes les autres branches du domaine de la natuie. Il est certain que la plupart des noms appliqués par les savants aux productions naturelles ne pourront jamais devenir d'un usage familier. Car comment les les lettrés peuvent-ils parvenir à retenir ces noms, souvent si baroques et si peu euphoniques? Uniquement par les racines greciiues et latines dont ils sont formés. ]\Jais i our ceux qni ignorent les anciennes langues classiques, ces noms, dont l'articularion est presque 156 LE NATURALISTE CANADIEN toujours étrange et souvent fort difficile, ne leur rappellent ancuue idée et ne peuvent être retenus. Il faut donc recourir à des noms vulgaires, et faire choix toujours des plus courts possible, et de ceux qui peuvent plus exactement donner une idée de la chose que l'on veut désigner, l'ar exemple, en parlant des champignons microscO]iiques, causes de tant de maladies de diverses plantes, on dira : le Notule noir, pour la Physalospora Bidwillii (l) ; la Moisissure laineuse, pour la Peronospora viticola(2) ; la Moisissure poud'^euse, -\)0\xvYUncinula spiralis (o) ; la Brûlure des feuilles, pour la Cercospova viticola (4); la Tache des feuilles, pour la Phyllosticta labruscœ (5), etc. Ces noms de Nodule, Moisisure, Brûlure, Tache, donnent de suite une certaine idée de la chose désignée, tandis que Physa- lospora, Peronospora, Uncinula, Cercospora, ne disent abso- lument rien à tous ceux qui n'ont pas fait connaissance avec les langues anciennes. Nous voulons citer ici textuellement M. C. E. Bessey, le rédacteur pour la botanique de la savante Revue. " Bien qu'on ait étudié les champignons dans ce pays depuis plusieurs années, les maladies qu'ils causen: n'ont reçu que peii d'attmtion. On aurait pu supposer que sur les trente ou quarante écoles d'agriculture et les départements agricoles des collèges dans les Etats-Unis, on pouvait attendre quelque chose ; ce| endant les rappoits de ces institutions ont été aussi minces (jue'ceux des autres sources. Sans doute qu'une grande raison de cette nullité de résultat a été le manque de temps de la part des professeurs de botanique. Presque toujours chargé de plusieurs classes, et souvent privé de collections, de livres, d'instruments, le professeur de sciences est soumis à un lourd fardeau, et ce serait une cruauté de le blâmer de son insuccès. ( i ) Noms anglais des inêints cham[)ignoiis : BLack-not. {•!) Downy M d lew. (..) Poiodery Miklew. {A) Leaj BLtyht. (f)) Leaf-S^Mt. NOMS VULGAIUES EN HISTOIRE NATURELLE 157 Cependant il faut reconnaître que la botanique est souvent enseignée par des hommes presque entièrement étrangers à cette science. Il n'est pas du tout rare de trouver des professeurs de botanique dont toute la science ne pourrait aller au delà de la distinction des Com|)03ées. Les Graminées, les Laiches sont peureux quelque chose au-dessus des Cryptogames, et pour les dernières, ce sont simplement des Cryptogames. Il n'y a ])as à attendre de tels professeurs des études sur les maladies des plantes," Si le savant rédacteur visitait nos institutions, collèges, écoles n'agriculture etc., il trouverait encore plus am|le confir- mation de ce qu'il avance. Il pourrait trouver dans le pro- gramme de plusieurs de ces institutions, un zéro à la place de la botanique, et dans d'autres, des professeurs, non seulement incapables de distinguer les Composées parmi les [)han'_'rogames, ou de séparer les graminées et les laiches des cryptogames, mais dont toute la science se borne à faire réciter, le livre à la main, quelques leçons que, de temps à autres, on forcera les élèves à apprendre. Les collèges peuvent avoir en quelque sorte certaines excuses pour une semb'able lacune, car notre but, peuvent-ils dire, n'est pas de former spécialement des savants, mais d'ensei- gner, avant tout, les classiques à des jeunes gens pour les mettre à même de poursuivre ensuite telle carrière qu'il leur plaira d'embrasser. Mais pour nos écoles d'agriculture, fondées unique- ment pour former des agriculteurs entendus, éclairés, modèles, quelle excuse peuvent-eiles faire valoir | our laisser ainsi de côté des connaissances absolument indisjiensables pour un tt-l état? Le goi'.vernement pmit-il plus longtemps dépenser d'aussi fortes sommes pour obtenir de si minces résultats? Pourquoi a-t-on fondé des écoles d'agriculture ? N't'st-ce pas pour foimer un certain nombre — nombre restreint nécessai- ment — d'agriculteurs éclairés, instruits de tout ce qui tient au succès et au progrès dans un art si complexe et si important ? 158 LE NATURALISTE CANADIEN Ces agricnlteurs ainsi formés devant ensuite se répandre daus les diver.-es parties du pays pour enseigner aux autres, et par leur exemple et par leurs avis dans l'occasion, comment on peut plus sûrement viser au succès dans la culture du sol, surmonter les obstacles en face desquels inévitablement on se trouvera tôt ou tard, comme les mala'lies des plantes, les insectes nuisibles etc. ? A voir comment les choses se passent, on serait porté à croire que les directeui'S de nos écoles d'agriculture semblent n'avoir d'autre tâche que de retenir prés d'eux, pendant un certain temps, quelques jeunes gens, pour lor faire voir qu'on peut cultiver un peu mieux que ne le font la plupart de nos cultivateurs, et changer leur routine en une autre un peu plus rationnelle et plus avantageuse. Mais pour ce (jui en est de la véritable science qui convient à l'agriculture, ils n'ont pas à s'en mettre en peine. Or, nous le demandons : où ira-t-on ailleurs chercher ces connaissances indi3|)ensables aux cultivateurs modèles, comme la manière d'opérer la greffai, la taille des arbres, les principes élémentaires de physiologie végétale, les maladies des plantes, la distinction des insectes nuisibles, etc., si on ne les trouve pas dans nos écoles spéciales d'agriculture? Et les professeurs de ces institutions sont-ils réellement à la hauteur de leur position ? Nous en doutons avec beaucoup de raison. Il n'y a chez eux aucune collection d'insectes nuisibles et utiles, de plantes mala les, d'herbier etc. ; donc ces différents sujets n'ont pas encore attiré leur attention. N'en a-t-on pas vu un d'ailleurs, tout récemment, soutenir que certaines plante'^ pouvaient rendre au sol ce que d'autres plantes lui enlevaient • Peut-on plus clairement afficher son ignorance de la physiologie végétale ? Nous avons espoir que notre nouveau gouvernement qui projette des changements dans le département de l'agriculture, verra à ce que l'instruction- que l'on donne dans ses écoles, embiasse les diverses branches de la véritable science agricole, et LES SERPENTS AVALENT- ILS LEUES PETITS 159 ne se borne pas à mettre sons les yeux des élèves une routine nn peu pins rationnelle que celle que suivent nos cultivateurs sans éducation. LES SERPENTS AVALEN'HES LEU'^S Pl^TlTS, Nous avons déjà traité cette question. Des observations faites récemment sur des crotales (serpents à sonnettes) dans rindiana, viennent confirmer le tait que les ser) ents, s'ils n'avalent pas effectivement leurs petits, savent du moins leur offrir un refuge dans leur arrière-boiiche. Voici ce quprafiportait dernièrement un journal d'Indianapolis : Vers le premier août dernier, un M. Harvey fit la capture de deux vieux crotales de 18 pouces de long. Ver.< le premier -septembre tous deux mirent au monde l'un dix et l'autre cinq petits. Ces petits mesurant de 3 à 4 pouces à leur naissance. Pendant le premier mois, il i)utremar.iuer que les petits allaient fréquemment se réfugier dans la bouche de leur mère et en sor- taient ensuite. Il en vit souvent plusieurs à la fois exécuter ce manège. Ils ne paraissaient pas en agir ainsi par crainte. Quel- quefois !a tête de (]uelque petit se montrait par le côté de la bou- che de la mère à la façon d'un cigare. Un fait remarquable à l'égard de ces serpents, c'est que les petits, s-ms aucun aliment, pas même d'eau, dans la boîte où ils étaient renfermés, poursuivirent tout de même leur croissance, et après un mois, étoient parvenus de 3 à 4 jjouces de longueur, à celle de 10 ou 11 pouces. Est-ce que les serpents, à la manière de certaines plantes, jiourraient pendant un certain temps tirer leur nourriture de l'air ? Il y a une douzaine d'espèces de crotales, ceux dont-il est ici question étaient de l'espèce " noire des prairies " connue généralement sous le nom de " Alassasauge". 160 LE NATURALISTE CANADIEN SOiîIFJR D'HISTOIRK NATUIIKLI,E HK QIIEBKC. Cette Société, qui comf>te déjà dix-sept ans d'existence, ayant été fondée en 1870, n'a fait encore, pour ainsi dire, que végéter péniblement. Le déplacement de plusieurs de ses membres la mort de quelques autres, mais surtout le manque de ressources, ne lui ont pas permis de prendre jusqu'à ce jour l'essor qu'on en pouvait attendre. Aujourd'hui, grâce aux bonnes dispositions de notre nouveau gouyem ment, qui nous a donné l'assurance d'une aide raisonnable, notre Société va re- prendre une nouvelle vie, et marcher avec plus d'assurance dans la voie du progrès. Formée de membres, pour la plupart, liés avant tout aux intérêts matériels de la vie, le manque de matériel nécessaire a été un obstacle sérieux au développement de la Société. Nous avons des insectes nombreux, mais il faut des cases pour les re- cevoir ; nous avons des pièces montées, mais il faut des vitrines pour les conserver; il nous faut même un local spécial pour étaler notre noyau de musée, afin d'inspirer le zèle aux hommes d'étude qui se sentiraient quelques dispositions à nous suivre, et de jiernifttre, surtout aux débutants, de s'aider des collec- tions, livres, etc., qui se trouveront là à leur disposition. Or, nous avons tout lieu de croire que dans quelques mois seule- ment, notre embryon de musée, pourra, dans un local spécial, offrir aux visiteurs, un ensemble plein d'intérêt, si non par la multiplicité de sespièues, du moins par la rareté et la valeur scientifique de plusieurs d'entre elles. Nos associés ne sont pas encore très nombreux, mais le zèle est grand, et l'on a pu voir jiar les collections de MM. Lavoie, Falardeau et autres, énumérées dans notre dernier nu- méro, qu'il a fallu un courage plus qu'ordinaire pour parvenir jusque là, malgré le manque de temps, d'argent, de livres, etc., dont on a eu constamment à souffrir. Le 15 mars dernier, la Société a fait l'élection de ses of- ficiers, élection qui n'avait pas été renouvellée depuis pla:sieurs années, et qui a donné le résultat suivant : Président : M. l'abbé Provancher {réélu). V]c^- Président : Mgr T. Hamel. Secrétaire : M. J. B. Gilbert {réélu). Trésorier: M. J. B. Lippens. i LE & G "6^ Vo. XVI. Cap Rouge, Q., Mai, 1887 No. 11. Rédacteur: M. l'Abbé PROVANCIIKR. PRIMES La 1ère prime de février, X° 133, Cecil's Book of Beasts, est échue aux Eévndes Sœurs du Bon-Pasteur de Québec, La 2e priuie de mars, N" 42, Cyprœa Mauritiana, Por- celaine de l'île Maurice, est échue au Kév. P. Drolet, curé de S. Jeau Deschaillons. La 1ère du même mois, ]N° 104, De Québec à Jérusalem, n'a pas encore été réclamée. AVRIL. 1ère Prime.— Paune Canadienne. Les Coléoptères, N° 61. 2e " Cyprœa niappa, Porcelaine géographique, N° 300. N. B. — Toute personne ayant l'exemplaire portant l'un ou l'autre de ces deux numéros écrit en crayon bleu sur la première page, devra réclamer l'objet dans les deux mois de cette date, et envoyer des timbres pour affranchir le postage. — Voir sur la couverture, ll-ilai, 1^87. y- ') i 162 LE NATURALISTE CANADIEN CATATOGUE DtS SPKClMElsS DAm LES COLLFXTIOKS; A plusieurs rejirises, et encore daus notre dernier numéro, nous avons insisté sur l'avantage, nous dirions mieux, la néces- sité d'avoir un catalogue exact de toutes les espèces déterminées qu'on fuit entrer daus sa collection. Un tel catalogue vous per- met de vous rendre conifte, d'un seul coup d'œil, de tout ce que vous avez acquis ; vous fait voir quelles parties, dans .la bran- che qui a fixé votre choix, demeure encore sans représentants, ou n'en possède que de trop peu nombreux et appelle votre at- tention à vuus en occuper davantage; et vous détermine en conséquence à opérer des échanges dans telle fimille ou tel ordre, ou à appliquer vos cha.sses pour mieux vous pourvoir dans cette partie. L'avare ne connait pas de plus grand plaisir que de con- templer ses ecus, de les compter et recompter en songeant sans cesse à en augmenter le nombre. Si vous voulez soutenir votre zèle dans vos poursuites et vos acquisitions, il faut que vous soyez sous ce rapport un véritable avare. Vous ne sauriez trjp souvent vous rendre compte de vos nouvelles acquisitions, vous amuser à les contempler. D'ailleurs, généralement vous êtes seul avec vos spécimens, or c'est eu les examinant, en les rema- niant, en conversant pour ainsi dire avec eux, que vous vous les rendez familiers, que vous apprenez à les nommer à simple vue, et que vous vous rendez aussi capable de les ranger en leur lieu propre d'après les règles de la classificatioa. Or le catalogue vous est pour ainsi dire indispensable pour obtenir ces fins multiples. Mais comment doit se faire ce catalogue ? ' Nous croyons devoir donner ici quelques explications pour venir en aide surtout aux débutants, car bien que chacun puisse adopter un mode de son choix (]ui réponde plus promptement à ses vues, il est cependant des pratiques que l'usage et l'expé- rience ont démontrées particulièrement avantageuses et efficaces. CATALOGUE DES SPÉCIMENS DA.NS LES COLLECTIOXS 163 Disons d'abord que les catalogues dans les débuts, ne sont d'ordinaire que temporaires et destinés à céder la place à d'autres, lorsque la collection devenue plus considérable, permettra de suivre un ordre plus méthodique, ou plutôt deviendra elle-même plus méthodique en laissant moins de lacunes dans la série des familles et des genres, en offrant un ensemble assez considérable pour suivre plus régulièrement l'ordre de la classification. Quand les spécimens accumulés sont devenus assez nom- breux pour cette fin, c'est-à-dire pour suivre l'ordre de la classi- fication, quoique avec nombreuses lacunes par-ci, par-là, il con- vient de faire la refonte des anciens catalogues en un nouveau, dans lequel les espèces pourront être définitivement étiquettées. Voici comment nous piocédons. Nous supposons, pour exemple, qu'il s'agit des Mollusques. Nous inscrivons : GASTÉROPODES Stroiiihidcs 1. Stiombus gigas. Lin .....Indes Occ. 2. " bituberculatus, Lani " " H. " canariuni, Lin. (20) CeyI. 4. Pteroceras lam]:)is, Lin Chine 5. " chiragra, Lam Pacifiq. (2-i) 6. Terebellum subulatum, Cliomn Chine. iUuricides 7 . Murex branrlaris, Lam . Méditerr. 8. " recurvirostri.s, Brod Mazat. 9. Ranella albovarico.sa. Reeve Ceyl. 10. " gyrina, Lin Chine (2-1) Biiincinides 11 . Bucci.num undatuni,Moll Golfe 12. Eburna spirata, Lin Cejl. 1.3. Nassa vibex, Say , Indes Occ. 14. " trivittata, Say (25) F.oride. 164 LE NA.TURALISTE CAÎÎAWEN Litlorinides (27) 15. Littorina planaxip, Nuit S. Difgo. 16. " gcutulata, Gould -. Calif 17. " lineolata, D'Orbig. (28) Indes Occ Hélirides 18. Helix albolabris, Shj -. C. 'Ronge. 19. " siinilaris, Féruss. (26) Brézil. SUPPLEMENT 20. Strombus epidrouiis, Lin Indes Occ. fStroinb.) 21. " lubuanus, Lin. .Indes Occ (Sironib.) 22. Cbenopus occidentalis. Beck, Golfe (Stronib.) 28. Littorina angulifera, Lam Indes Occ. (Litt.) 24. Triton Sinensis, Keeve, Chine (Mur.) 25. Nassa fossata, Gould Pacifique (Bucc.) 26. Helix vil'osa, Drap Alsace (Hélic.) Paliidinides (28) 21. Valvata tricarinata, Say, G. Rouge. IVéritides 28. Nerita polita, Lm In les Occ. 29. " zebra, Gray Tahiti. De cette façon, on a le.s f.imilles et les genres rangés dans l'ordre qui leur convient, de plus chaque espèce avec son numéro d'ordre, et l'indication de sa provenance. Supposons que, votre catalogue ainsi disposé, il vous sur- vienne une nouvelle espèce, soit de Strombus, vous recourrez à votre catalogue principal, et vous voyez que vous en avez là 3 espèces seulement, mais le chiffre 20 entre crochets, à la suite de la dernière espèce, vous indique qu'il y en a d'autres au supplément, vous allez à ce chiffre, et vous voyez qu'il y en a là 2 autres, vous mettez en conséquence à la suite de l'espèce luhuanus le chiffre 30 entre crochets, qui sera celui où vous pourrez inscrire votre nouvelle acquisition, car ce sera la 30e espèce de toute votre collection, puisque vous en possédiez déjà 29. LE DARWLNISME 165 Comme dans lo Supplément vous ne pouvez plus suivre l'ordre des familles, vous indiquez la famille de chaque espèce, en en mettant les initiales entre crochets à la fin de la ligne. S'il vous survient un nouveau genre non encore men- tionné dans votre catalogue, vous inscrivez alors le chiffre de renvoi au-dessous du nom de genre à la suite duquel il doit prendre place, comme vous le voyez aux renvois (22) et (24). Le chiffre (22), ainsi placé, indique qu'après le genre Pteroceras, un autre genre, Cltenopus, devra prendre place avant Terebel- lum. De même pour les familles, le chiffre (27) à la suite de liittorinides, indique qu'une autre famille, les Paludinides, devra pa mdre place avant de passer aux Hélicides. De cette façon, un simple coup d'œil sur votre catalogue vous fait connaître de suite le nombre d'espèces que vous pos- sédez, les familles et les genres que vous avez de représentés, de même que les lacunes que vous avez à combler pour suivre d'une manière plus complète la classification que vous avez ado|;tée. La même méthode peut s'appliquer aux insectes, aux oi- seaux, et à toutes les autres branches de l'histoire naturelle qu'on veut représenter dans une collection. LK darwinisme: (Continué de la page 155). rius nous réfléchissons sur l'origine de la vie, et plus nous apparait patente, claire, évidente, l'absurdité. de l'éternité de la matière et de la perpétuité des êtres organisés, sans l'interven- tion d'un être souverain au-dessus de la nature. Si la vie n'a dû son origine qu'à un hasard qui a pu ame- ner des forces physico-chimiques à se rapprocher pour produire ce résultat, pourquoi alors la loi de reproduction ? Et qui a pu 166 LE NATURALISTE CANADIEN l'imposer cette loi ? qui a pu déterminer ses limites ? régler qu'ici les êtres se reproduiront par geinies, là par bourgeons ou boutures, le plus communément par le concours des sexes, d'autrefois sans ce concours ; dans certains cas après une ges- tation de temps déterminé, dans d'autres après une incubation aussi de durée plus ou moins longue suivant les espèces, etc. ? Comment se fait-il que le germe reproducteur, et dans les plantes et dans les animaux, qui n'est à l'origine qu'une simple utricule, forme, en se développaiit, ici un éléphant, là un pin, ailleurs un homme, plus loin une mousse ? Qui a réglé que cette utricule en se développant prendrait telle forme déter- minée et constante d'après l'origine d'où elle émane ? Qui a déterminé son mode de dévelopjtement, les époques de ses évo- lutions, les transformations diverses qu'elle anra à subir avant de constituer un être semblable à ceux à qui elle doit sou origine ? Si c'est le hasard qui a réglé tout cela, il faut admettre que ce hasard est très intelligent, très puissant, très sage, et nous ne voyons pas pourquoi vous vous obstineriez à ne pas l'appeler de son nom, Dmu I Puisque les matuialistes invoquent la génération spontanée pour les êtres primitifs, pourt^uoi ne l'admettre pas pour tous les autres ? Certainement qu'ils seraient plus conséquents avec eux-mêmes en prétendant que tous les êtres sont le produit de générations spontanées et en faisant disparaître les lois de la re- production. Aristote et les naturalistes ses devanciers trouvaient fort simple d'attribuer à la génération spontanée, la présence d'un grand nombre d'êtres dont on ignorait alors le mode de repioduc- tion. " Tout corps sec «lui devient humide, disait Aristote, et tout corps humide qui se sèche produit des animaux, pourvu qu'il soit propre à les nourrir". Pour lui, les chenilles et autres larves d'iusectes étaient produites par les feuilles des arbres; des entrailles de bœuf eu putréfaction donnaient naissance à des abeilles; et ainsi d'une foule d'autres êtres dont onignor.tit alors LE DAiaVINISME 167 le mode de reproduction. Plus tard, on en vint à reconnaître que tous les insectes se reproduisaient par des œufs, on expliqua même la reproduction des vers intestinaux, constatant jusqu'à leur sexe, et on restreint si bien la génération spontanée, qu'elle ne sembla plus l'éservée qu'aux seuls infusoires. Mais des tra- vaux encore plus récents, comme ceux de M. Flourens, de M. Pasteur etc, ne permettent plus de douter aujourd'hui que même ces êtres infimes se reproduisent aussi par parentage,, et que l'axiome omne vivum ex ovo peut avoir son application dans toute l'échelle des êtres. Si nos moyens d'investigation ne nous permettent pas de suivre le développement des infiniment petits, il n'est que sage de conclure (/, 'pari qu'ils doivent suivre la l'oute de ceux qui leur sont supérieurs et qui tombent sous nos moyens d'observation. Mais non seulement les êtres organisés se reproduisent par parentage, mais ils se reproduisent encore chacun selon son espèce, et c'est encore sur quoi nous ne sommes pas d'accord avec les darwinistes. II De la variabilité et fixité de l'ei^pèce. C'est en étudiant pour combattre la théorie de la fixité de l'espèce que Lamarck, Darwin etc., en sont venus à la théorie du transformisme. Mais avant d'entrer dans l'appréciation des arguments que l'on invoque de part et d'autre pour soutenir deux théories opposées, il importe de se bien rendre compte de ce qu'est l'es- pèce eu histoire naturelle. Croirait-on que Darwin a publié un livre sur l'origine des espèces (l) sans dire même ce que c'est que l'espèce, sans la définir ? ( ' ) De l'origine des espèces, ou des lois du progrès chez les êtres orga- nisés. Traduit de l'anglaisj par Mlle Cléinence-Augus.e Ruyer, 18G2. 168 -LE NATURALISTE CANADIEN Qu'est ce donc que l'espèce? " L'Espèce, dit le Dictionnaire de Bescherelle, est la forme arrêtée d'un être naturel, qui se conserve, qui se reproduit constamment le même." Cette définition est parfaitement exacte, car elle renferme tons les caractères qui constituent réellement une espèce. Une forme arrêtée, qui peut varier dans une certaine limite, mais qui pourra toujours, quoique difficilement parfois, se distinguer des formes similaires voisines; un être qui se conserve et se re- produit constamment le même. Et c'est là le caractère essentiel de l'espèce, sa reproduction continué. Tous les naturalistes croient savoir ce que c'est que l'es- pèce, et bien peu se donnent la peine de la définir rigoureuse- ment ; aussi grand nombre — et Darwin le premier— ont-ils fdit fausse-route, en ne s'en tenant pas étroitement à la définition exacte. L'espèce, disent la plupart des naturdistes, est un en- semble de caractères commuas à un plus ou moins grand nombre d'individus qui fait que, réunis par ces caractères, ils puissent cependant se distinguer de tons les autres êtres qui ne les pos- sèdent pas. L'ensemble de caractères plus généraux, moins particularisés, qui peuvent convenir à plusieurs espèces, cons- titue ce que, dans la classification, nous appelons le genre. Ces définitions suffisent généralement pour l'étude ordi- naire des êtres de la nature, mnis elles peuvent quelquefois in- duire en erreur; des formes similaires peuvent se rencontrer tellement rapprochées, que vous les jugez de prime abord ap- partenir à la même espèce. Mais si, vous en tenant à la défini- tion rigoureuse, vous constatez qu'elles ne peuvent se repro- duire continuement, vous êtes sûr d'avoir affaire à deux espèces différentes. Vous pénétrez dans une forêt, vous y rencontrez des arbres résineux, à feuilles en aiguilles, toujours vertes, persistantes sur la plante en hiver, engaînées par faisceaux à leur base, LEGENDE DE LA PLANCHE 1. — ÂcMnihosnma cruciaia, vue en lestons. 2. — Chelinidea viftiger, Uhl. 'A. — Alt/dus eitrymts, très grossi. 4. — Corisus lateralis, Say. 5. — Elytre et antennes d'un Lygœns. fi. — Antennes de Cymus. 7. — Plociomerus nodosiis, Say. 8. — Ischnorynchus didymiis, Zett. 9. — Œdancala crassimana, Fabr. 1 0. — Blissus lencopterus. Say. 11. — Anthocoris muscnlus, Say. 12. — Geocoris hullatus, Say. LS. — Elytre à' Anthocoris. 14. — Elytre de Triphleps. 15. — Collar ia Met' leur ii, Prov. 16. — Leptoterna dolabrata, Lin. 17.— Tête de Miris. 18. — Tête de Calocoris. Plum-lie IT. :0— Mai iS-hO LE DARWINISME 169 VOUS constatez de suite que ce sont des Pins, c'est là le genre Mais celui-ci a les fouilles déliées, longues, réunies par cinq dans la même gaîne ; cet autre a les feuilles plus longues en- core, plus grosses et réunies seulement par deux dans la même giîne ; évidemment, vous dites- vous, bien que ces deux aibres soient tous deux des Pins, ils ne peuvent être de la même es- pèce, les caractères qui les diftVrencient sont trop tranchés ; d'ailleurs ils n'ont ni le même port, ni la même couleur. Vous êtes dans le vrai ; le premier est le Pin blanc, Piiius fftrohu>^, et le second le Pin rouge, Pinus rubra. De même vous rencontrez un cheval : pied à sabot d'une seule pièce, toupet entre les oreilles, crinière sur tout le long du cou, c'est bien le cheval. Mais en voici un autre : taille plus petite, oreilles très grandes, pied à sabot unique, crinière le long du cou, c'est bien là aussi le cheval? Non c'est un âne, une espèce diftirente, et telleuient différente que leur accouplement ne peut produire que des êtres imparfaits, incapables de se repro- duire eux-mêmes ind''fîniuient. D'où il suit que la condition de reproduction indéfinie est indispensable pour constituer une espèce. Ma' s l'espèce est-elle variable ? Oui, variable presque à l'infini, ruais cependint dans de ceitain"S limites. Nous en avons des exemples sans nombre, tous les jours sous les yeux. Voyons par exemjile, les poules, les pigeons, et siirtout les chiens. Quelle différence dans la taille, la forme des oreilles, la couleur, la longueur des pattes, la fourrure, eic! quelle différence, par exemple, entre le bassi't et le lévrier, le mâtin et l'épagneul, etc. ! et cependant c'est tou- jotirs là la même espèce, tous peuvent s'accoupler entre eux et donner des rejetons in léfiniment f'conds. Tandis que le chiun et le renard, qui en apparence sont beaucoup plus rapprochés que le lévrier et le basset, ne peuvent pioduire de rejetons fécou'ls, et que les seconds sont aptes à le faire. D'où il suit qu'il y a dans les êtres des caractères intérieurs, cachés, qui 170 LE NA.TURALISTE CANADIEN sont bien plus essentiels à la délimitation de l'espèce, que les formes et les autres apparences extérieures. Le Créateur en donnant la vie aux animaux a dit: croissez et Diultipliez-vous, chacun selon votre espèce. Et c'est ce qui a eu lieu ; s'il en était autrement, il y aurait longtemps que toutes les espèces seraient confondues dans la nature, et qu'une classification méthodique serait devenue impossible. Mais, disent les transformistes, ce mouvement dans les tiausformations des espèces est trop lent, de trop longue durée pour que nous puissions le constater, le remarquer, le suivre. On a exhumé des tombeaux de Memphis en Egypte des momies d'hommes, de bœufs, d'ibis, de scarabées, et ces hommes, ces bœufs, ces ibis, ces scarabées ont été trouvés absolument semblables à ceux de nos jours. Un espace de 3,000 ans sem- ble cependant une période suffisamment longue, pour constater un changement s'il avait eu seulement uu commencement d'exécution. Qu'on remawjun bien qu'en disant que l'espèce est varia- ble, nous ne voulons pas dire qu'elle soit mutable, c'est-à-dire qu'elle puisse passer, se changer eu une autre, comme le veut Darwin avec les transformistes. Darwin a bien vu, comme tout le monde, que l'espèce est variable ; mais il n'a pas vu les limites de cette variabilité, et c'est ce qu'il aurait dû voir. Darwin a constamment fait usage d'un langage figuré dont il ne se rendait pas bien compte, qui l'a trompé, et qui lui a permis de tromper les autres avec lui. Ecartant Dieu de son sy>jtème, il personnifie la nature et la fait agir avec conscience, comme un être capable de réflexion. 11 lui prête des intentions, elle choisit; des vues, elle tend à tel but; des répugnances, elle a ]iorTeu7' du vide; les monstruosités sont des erreurs de la nature, coin me qui dirait des oublis, des dis- tr^ictions, des la; sus. Et c'est là le vice radical de tous les trausfoi mistes. LK DARWINISME. 171 Buffon qui, comme on le sait, n'est pas de notre siècle, a prôné le pour et le contre à propos du transformisme qui, à cette épo-iue, il faut le reconnaître, n'était pas dire< tement en cause. Tantôt Bnffon admet que le monde n'a pu sortir que des mains du Dieu créateur, et tantôt il supprime l'I^^tre Sou- verain pour bntir ses systèmes. Il écrivait à Hérault de Séçhelles : " J'ai toujours nommé le Créateur, mais il n'y a " (ju'à oter ce mot et mettre à la place la puissance de la na- ture." ILt c'est cette indssance de la nature que l'on a per- sonnifiée qui a permis à Lamarck, Darwin, Haekel etc, de s'égarer dans les absurdes systèmes qu'ils nous ont légués. Voyons ici avec quelle puissance et quelle force de logique le grand Cuvier réfute cette erreur : " Par une de ces fig-. res, " dit-il, auxquelles toutes les langues sont enclines, la nature " a été personnifiée : les êtres existants ont été appelés leg «' œuvres de la nature, les rapports généraux de ces êtres entre " eux sont devenus les Lois de la Nature, etc . . . C'est en con- " sidérant ainsi la nature comme un être doué d'intelligence et " de volonté, mais secondaire et borné quand à la puissance " qu'on a pu dire ([u'clle veille sans cesse an maintien de ses " œuvres, qu'elle ne f lit rien en vain, qu'elle agit toujours i)ar "les voies les plus simples, etc. ... On voit combien sont " puérils les [)hilosoithes qui ont donné à la nature une exis, " teiice individuelle, distincte du Créateur, des lois qu'il a im- " primées au mouvement et des propriétés et des formes données " par lui aux créatures, et qui l'ont fait agir sur les corps avec " une puissance et une raison particulière. A mesure (jue les " connaissances se sont étendues en astronomie, en physique c^ " en chinne, ces scieu'^es ont renoncé aux paralogismesqui résul- " taient de l'application de ce langage aux phénomènes réels. " Quelques physiologistes en ont seuls conservé l'usage, par ce *' que, dans l'obscurité où la [)hysiologie est encore enveloppée, " ce n'était qu'en attribuant quelque réalité aux fintômes de " l'abstraction, qu'ils pouvaient faire illusion à eux-mêmes et 172 LE NATUHAIISTE CANADIEN " aux fiiUiTs sur la profonde ignorance où ils .sont touchant les " monvements vitaux." (1) Tout le monde convient qu'avec des soins convenables Thomnie peut profiter de la variabilité de l'espèce pour créer des races parmi les animaux, mais il ne peut créer des. espèces. " L'homme a créé des races parmi les (hiens, dit Buffon, en " choisissant et mettant ensemble les plus grands ou les plus " ) etits, les pins jolis ou les plus laids, les plus velus ou les " pins nus, etc. " De même parmi les jiigeons : " Le maintien " des vari'-tés et même leur multiplication dépend de la main " de l'homme. II faut recueillir de celle de la nature les iiidi- " vidas qui se ressemblent le plus, les séparer des autres, les " unir ensenible, prendre les mêuies soins pour les variétés qui " se trouvent dans les nombreux produits de leurs descendants, " et, par une attention suivie, on peut, avec le temps, créer à " nos yeux, c'est-à-dire amener à la lumière, une infinité d'êtres " nouveaux (jue la nature seule n'aurait jamais produits. " Non, certainement, la niiture ab indonnée à elle-même n'aurait jamais [noduits ces variétés, résultat des soins de l'homme ; car la nature suit ses lois sans jamais en dévier que par force majeure. Et c'est si bien le ca«, qu'abandonnées à elles-mêmes, ces races artificielles dues aux soins de l'homme, reviennent en fort peu de temps h leur état primitif. Ainsi nos chevaux l)londs, gris, blancs, abandonnés à leur état naturel dans la vie sauvage, reprennent bientôt le brun uniforme, couleur pro; re de leur espèce. Et nul doute que tous nos chiens, s'ils étaient laissés à l'état sauvage, se confondraient bientôt, après quelqiies générations, en une espèce uniforme de taille, de cou- leur et de forme, sauf toutefois les variétés qui demeurent con- stantes par l'influence des climats où ils se trouvent, mais qui ne sortent jamais de l'espèce, conservant toujours la fécondité dans leurs produits ; tant il est vrai que l'auteur de la nature a (1) Article Nature, signé de Buffon, dans le DictionnArs des Sciences Nature'les, de Levreault. LE DARWINISME 173 doué chaque espèce de caiaclères essentiels proiires, S'ir les- quels l'action de l'homme est impuissante. Et c'est pour n'avoir ]as tenu compte de ce principe que Daiwin avec tous ceux qui l'ont suivi sont tombés dans l'erreur. De ce que l'homme par' des soins convenables de croise- ments a pu former des races parmi les animaux, Darwin, qui personnifie la nature et li i prête une volonté libre qu'elle n'a pas, a conclu qu'elle pouvait faire passer une espèce en une autre ; et c'est là la base, la pierre fondamentale de tout son système. " Puisque riKmme dit Daiwin, peut produire et qu'il a " certainement produit de grands résultats par ses moyens d'é- " lection, que ne peut faire l'élection naturelle ? L'homme ne " peut agir que sur les caractères visibles et extérieurs, la Na- " tùre, si toutefois l'on veut bien nous permettre de personnifier " sous ce nom la loi selon laquelle les individus variables sont " protégés, la Nature peut agir sur chaque organe interne, sur " la moindre diftérence organique. L'homme ne choisit qu'en " vue de son propre avantage, et la Nature seulement en vue " de l'être dont elle prend soin. "On peut dire, par métaphore, ajoute encore Darwin, (|ue " l'élection naturelle scrute journellement, à toute heure et à " travers le monde entier, chaque variation, même la plus im- " perceptible, pour rejeter ce qui est mauvais, couserver et " ajouter tout ce qui est bon ; et qu'elle travaille ainsi insensi- " blement et en silence, partout et toujours, dès que l'opportunité " s'en présente, au perfectionnement de chaque être org misé." La nature travaille au perfectionnement des être organisés ; et des* êtres momifiés depuis 3,000 ans sont en tout semblables à ceux d'aujourd'hui ! Peut-on faire un plus étrange abus du langage ? La na- ture peut agir sur chaque organe, la nature scrute, rejette, ajoute, etc., mais non, la nature ne peut agir comme vous l'en- tendez, ne peut scruter, rejeter, ajouter, discerner ce qui cou- 174 LE NATURALISTE CANADIEN viendrait davantage. Pourquoi ? Parce que les lois qui la régissent sont là inexorables, et que, privée de liberté, elle ne peut sortir de ces lois. Et c'est si bien le cas que, si, par force majeure, elle est un moment détournée de ses lois, du moment que l'entrave est enlevée, elle y revient aussitôt, comme le dé- montrent les animaux domestiques rendus à l'état sauvage, et plus clairement encore les croisements hétérogènes qui demeu- rent inféconds. Mais ce que Darwin qualifie de perfectionnement, Buffon, lui, le qualifie de dégénérescence. L'homme, pour son propre avantage, peut agir sur les lois de la nature en les forçant à dé- vier plus ou moins de leur route, mais chaque fois qu'il en agit ainsi, il vicie plutôt qu'il ne perfectionne le cours des lois natu- relles ; c'est ce qu'a fort bien reconnu Bulîon. " Comme, dit-il, " l'homme a créé tout ce qui dépend de lui, on ne peut douter " qu'il ne soit l'auteur de toutes ces races esclaves, d'autant plus " pertectionnées pour nous qu'elles sont plus dégénérées, plus " viciées pour la nature." Et de fait, les roses doubles de nos jardins, ces fruits, comme certaines nèfles, n'ayant plus de se- mences, nos mules et mulets etc., ne sont-ce pas autant de mons- truosités, d'êtres naturels viciés, dégénérés ? C'est en voyant ainsi erronnénient la nature à l'œuvre dans son action de perfectionnement que Darwin en est venu à émettre l'étrange proposition qui suit qui, malgré son absurdité, lui a mérité le titre de chef d'école. " Je pense, dit Darwin, que tout le règne animal est des- " cendu de quatre ou .cinq types primitifs tout au plus, et le " règne végétal d'un nombre égal ou moindre L'analogie " me conduirait même un peu plus loin, c'est-à-dire que tous les " animaux (y compris l'homme) et toutes les plantes descendent " d'un seul prototype." C'est précisément cela. Homme superbe, qui t'enorgueillis d'être sorti tout parfait des mains du Créateur, vois ce que tu as été : un orang-outan, un quadrupède, un poisson, un ver, un UN NUAGE Dli STAPHYLINS 175 polype, une monade, c'est-à-dire une moldcnle, à laquelle, un bon jour, des forces physico chimiques ont, en se réunissant par hasard, communiqué la vie. Demande-le à M. Darwin. Maillet, un autre de la même école, ne déclare-t-il pas que l'homme lui- même avait commencé par être poisson ? Et il n'est pas rare, ajoute-t-il, de rencontrer dans l'océan, des poissons qui ne sont devenus hommes qu'à moitié, mais dont la race le deviendra tout-à-fait quelque jour. Horace et Virgile ne l'ont-ils pas d'ailleurs chante ? Nous en avons vu une de ces Syrènes dans un musée à Eoston, qu'on disait avoir été cajiturée aux îles Eidji. La par- tie supérieure était une femme et l'inférieureun ])oisson. C'était convainquant. Malheureiîsen)ent au point de jonction des deux êtres, eu regardant attentivement entre les premières écailles du poisson, on }i0uvait reconnaître la couture qui avait uni un buste de singe à une queue de morue. A suivre. UN NUAGl^ \n\ STAPHYLIN Nous ne fûmes pas peu surpris, en sortant dans l'allée de notre jardin, le 9 mai courant, vers les 5 h. P. M., de nous trouver au milieu d'un véritable uunge de tout petits insectes volant dans toutes les directions. Ils étaient tellement nom- breux qu'en fermant seulement la main au milieu d'eux, on était sûr d'en saisir au moins 7 à 8, et d'un seul coup de filet uo'js en reci^eillîmes près d'une cnillérée à thé. Nous jugeâmes de suite, par leur vol, que ce devait être des Staphylins, et en effet, exa- minés à la loupe, nous reconnûmes que c'étaient des Oxytelus nitidulus, Gravenhorst. Les larves de ces petits coléojitères vivent dans les matières végétales en décomposition, et il s'était sans doute trouvé que quelque racine avariée avait pejmis à tous les œufs déposés là de parvenir sans encombre à leur parfait développement. 176 LE NATURALISTE CANADIEN L'EuC'îilyptus. — Voici que les journaux relèvent l'an- tienne de Tan dërniei" à propos de l'Eucalyptus (1). On a oublié, on plutôt l'on n'a pas lu ce que nous en avons dit l'année der- nière. (Voir le No du iV^tt^uraïis^e du mois de mai 1886.) Nous croyons avoir fait assez d'expériences d'acclimatations, et suffi- samment étudié la physiologie végétale pour jeter de l'eau froide sur cet enthousiasme inspiré par des motifs louables, mais repo- sant malheureusement sur des bases fantaisistes. Kous n'avons aucun doute que vous perdrez et votre argent et vos peines en cultivant l'Eucalyptus. Qu'on revoie notre article de l'an der- nier. La Belgique Horticols. — Nous accusons avec reconnais- sance réception de cette excellente lie vue. Lors de la suppres- sion de notre Naturaliste en 1883, on nous en avait arrête l'en- voi, mais les éditeurs ont bien voulu combler la lacune en nous envoyant le volume de 1884 que les autres suivront bieniôt, nous en avons l'espoir. La Belgique Hokticole est une pu- blication de luxe et de grande valeur scientifique. Elle forme chaque année un beau volume in-8 de près de 400 pages, sur papier choisi, avec' planches coloriées, portraits lithographies, gravures etc. Elle donne une attention toute particulière aux plantes de serres, surtout à celles récemment introduites dans la culture, et en outre des nouvelles scientifiques, elle contient des récits de voyages et d'explorations botaniques, des expériences et appréciations de physiologie végétale, et une foule de ren- seignements et d'avis pour tout ce qui concerne de domaine de Elore. Le prix d'abonnement est seulement de 16 francs pour l'union postale. S'adresser au directeur, M. Edouard Morren, Liège, Belgique. (I) Voir V Etendard du 11 mai courant. LE Vol. XVI. Cap Rouge, Q., Juin, 1887 No. 12. Rédacteur: M. l'Abbé PROVANClIbR. PRlMi:S Les deux primes du mois d'avril, 1ère : Faune Canadienne, les Coléoptères, N° 61 ; 2e Cypr^ba mappa, N° â60, n'ont pas encore été réclamées. MAI. Icre Prime. — De Québec à Jérusalem N° 357. 2e " —2 Oliva litterata, Olive écrite N° 103. N, B. — Toute personne ayant l'exemplaire portant l'un ou l'autre de ces deux numéros écrit en crayon bleu sur la première page, devra réclamer l'objet dans les deux mois de cette date, et envoyer des timbres pour affranchir le posta'ge. — Foir sur la couverture. Z S'f l;i-Jiiiii IbSÎ LE NATUKALISTE CANADIEN J^ NOS ABOIN^ÎN^ÉS. Avec la présente livraison se termine notre seizième vo- lume. Nous avons espoir que ceux qui nous ont suivi jusqu'à ce jour nous continueront leur patronage. Nous n'ignorons pas que plusieurs de nos abonnés n'ont pas même le temps de parcourir les pages du Natuualisie, et ne nous accordent leur patronage qu'à titre d'amis des sciences et du progrès. C'est là certainement un but noble et patrio- tique. Tous ne peuvent être des naturalistes, et pour plusieurs l'heure de s'initier à de telles études est passée depuis long- temps déjà. Cependant les ouvrages scientifiques ne sont pas destinés aux seuls savants, tout le monde peut en faire plus ou moins son profit. Et quand il n'y aurait que le seul désir de suivre le progrès scientifi jue qui vous engagerait à encourager les publications spéciales sur les sciences, ce serait encore un motif suffisant pour le taire. D'ailleurs connaître ce que l'on ignore, éclairer davantage son esprit, exercer plus sûrement son intelligence, empiéter tous les jours s"ur le domaine de l'inconnu, est-il plus noble ambition ? Les nombreux matériaux que nous avons recueillis dans l'ordre des hyménoptères nous ont forcé de donner à nos Au- Dii IONS une plus grande extension que nous l'avions d'abord prévu. L'aide de nos amis d'Ottawa nous a aussi permis d'r-jouter considérablement au nombre d'espèces recueillies par nous, et nul doute qu'avec dfe nouveaux chasseurs en divers endroits de notre Proviuce, on ne puisse ajouter encore considérablement aux espèces déjà mentionnées. Nous continuerons à faire marcher de front nos Additions aux Hyménoptères avec notre histoire des H 'miptères, jusqu'à A NOS ABONNÉS 179 répuisement des premiers, ce qui aura lieu, pensons-nous, dans le cours du prochain volume. Quant à la partie du Natukaliste proprement dit, nous croyons pouvoir promettre à nos lecteurs un intérêt tout parti- culier pour le prochain volume, par une précieuse collaboration d'hommes d'étude et de science. Le savant professeur Guignard, d'Ottawa, nous a passé un mémoire des plus intéressants sur V Unité des Forces de la Nature,- la nouvelle théorie de la chaleur solaire et de la gravitation universelles. Nous en commencerons la publication dès notre prochain numéro. M. le Dr Crevier, de Montréal, nous a aussi promis de reprendre ses études sur les Infusoires, que des travaux importants dans ces dernières années, de la part de plusieurs spécialistes, ont mis sous un nouveau jour. Grâce à cette précieuse collabora- tion, nos lecteurs ne seront plus fatigués d'entendre toujours la la même voix, et pourront profiter d'études approfonlies et sé- rieuses sur des sujets variés et de haut intérêt. Le commencement d'rin nouveau volume appelle naturel- lement le renouvellement de l'abonnement. Pour obvier à tout malentendu, nos abonnés voudront bien observer les points suivants : 1° Dans chaque exemplaire se trouve une enveloppe im- primée à notre adresse, pour faciliter l'envoi du nouvel abon- nement. 2° Si dans votre numéro se trouve une simple enveloppe sans aucun compte, c'est la preuve pour vous que vous n'avez aucun arrérage. 3" Si l'enveloppe est accompagnée d'un compte, c'est l'avis pour vous d'avoir à acquitter ce compte qui contient des arré- rages. Eeufermez alors et compte et montant dans l'enveloppe, cachetez et affranchissez en faisant enregistrer votre lettre. Vous recevrez un reçu par le retour de la malle. 4° Il est de coutume d'adresser une nouvelle publication pour solliciter l'encouragement de personnes qu'on j'ige dispo- 180 LE NATUKALISTE CANADIEN sees à le faire, mais il est alors du devoir de toute telle per- sonne, si elle ne juge pas à jiropos de prendre un abonnement, de refuser de suite l'envoi. Et pour ce faire, elle n'a qu'à dire à son maître de poste qu'elle refuse cette publication ce sera alors à ce dernier à faire le renvoi avec avis convenable, il est pourvu par le département de blancs à cette fin. Mais qu'on ne croie pas qu'on puisse, tuta conscientia, renvoyer une publication, sans rien payer,, après l'avoir reçue, régulièrement, pendant dix-huit, vingt mois, comme nous en avons eu des ex- emples encore tout dernièrement. A ceux qui après nos deux années de publication seraient tentés d'en agir ainsi, nous ne verrions d'autre réponse à faire que par la visite d'un huissier. Qu'on veuille bien ne pas l'oublier. Peut-être ne serait-il pas hors de propos de faire connaître ici comme la poursuite pour recouvrement d'abonnements est facile. Sur le retour du huissier qui a servi l'ordre à domicile, il ne reste'plus qu'à faire preuve à la cour que le journal a été ex- pédié régulièrement, et de suite jugement est rendu eu consé- quence. Ce n'est pas au district judiciaire du domicile de l'abonné q,ue la poursuite doit être intentée, mais à celui où est publié le journal, là où la dette a été contractée. Nous demandons bien pardon à nos lecteurs d'avoir à les entretenir de semblables misère^ mais nos ressources sont si bornées que l'existence de notre publication ne tient qu'au re- couvrement de ces bagatelles de la part d'un chacun. Nous nous plaisons d'ailleurs à déclarer ici que nos abonnés se recrutent en général dans une classe d'honiQies qui tiennent à bonne. ir de satisfaire à leurs obligations, et que ceux qui négligent de s'ac- quitter ne constituent pour ainsi dire que des exceptions. SOCIÉTÉ d'histoire NATURELLE DE QUf^BEC 181 SOCIKTE D'IIISTOIRI^] NATURELLE DE QUEBlvC. Nous avons fait connaître ] irécédeniment la résurrection de eette société. Le nombre des adeptes est petit, mais le zèle est grand, et d'un autre côté les ressources font défaut. Cependant nous avons espoir de voir s'acroître prochainement notre nombre, et grâce au bienveillant concours de notre nouveau gouvernement, surtout de Thon. M. Gagnou, notre Secrétaire- Provincial, nous espérons pouvoir offrir bientôt à l'inspection du public, un noyau de musée fort intéressant pour un début. Le local n'est pas une petite affiiire pour l'installition d'un, tel musée, mais du moment que le nouveau palais de justice pourra recevoir les archives du bureau d'enregistrement, nous. j)Ourrons avoir, dans les appartements que ce bureau occupe ac- tuellement, un local convenable pour notre installation. L'Académie des Sciences de Philadelphie, dont les bâtisses et les musées valent aujourd'hui plus d'un miliou et demi de dol- lars, n'a commencé en 1818 que par la réunion de huit person- nes d'étude qui s'assemblaient dans la boutique d'un épicier pour faire la partie d'échecs et s'entretenir de leurs études favorites. Qui sait si fe grain de sénevé semé à Québec, au milieu des épines et sur un sol si pauvre, ne parviendra pas à produire aussi un arbre vigoureux et à fruits abondants ? Les éléments pour un tel succès sont rares à Québec, et ce n'est pas sans raison qu'on pourrait taxer d'extravagance les efforts de ceux qui ne crain- draient pas de le promettre, mais tous les arbres ne sont pas des géants, dans une forêt, et sans parvenir au sommet, on peut oc- cuper un rang inférieur encore fort honorable, et c'est dans ce but que nous nous proposons bien de ne ménager ni les arrose- ments ni les autres soins de culture au grain mis en terre. 182 LE NATURALISIE CANADIEN UN-DRAMK 1)1-; LA VIE DANS UN IJVRIi. Nous étions, ces jours derniers, à mettre en ordre de séries régulières les numéros de l'ancienne publication L'Opinion Publique, lorsque nous remarquâmes que quelques feuillets de l'un de ces numéros adhéraient les uns aux autres en un certain endroit, en présentant une légère protubérance à cet endroit. Le premier feuillet séparé de son suivant, auquel il tenait fortement, nous laissa voir à l'endroit soulevé, une cavité ovale, de deux tiers de pouce environ de longueur, d'un contour régu- lier et parfait, à bords déchiquetés et frangés, recelant en son milieu une chenille ou larve de lépidoptère parfaitement déve- loppée, reposant là comme un chaton de bague, de couleur cannelle, dans un encadrement blanc, aux ciselures les plus déli- cates. La larve, quoique fraiche, était sans mouvement et ne paraissait plus que comme une peau privée de son contenu. Nous étions à nous demander qui avait pu causer la mort de cette chenille en voie de se chrysalider, dans l'enveloppe si parfaite qu'elle s'était elle-même construite, et ne pouvions en deviner la cause, lorsqu'en enlevant un second feuillet, com- plètement troué en cet endroit, nous trouvâmes mort et desséché le papillon qui avait donné naissance à la larve. C'était la Depressaria heradiana, De Geer. Mais restait toujours à trouver la cause de la mort de la larve dans son cocon. Enle- vant un troisième feuillet, troué lui aussi à l'endroit de la larve, nous trouvâmes une Pince cancroïde, Chelifer cancroides, par- faitement vivante, elle, très active, et de taille relativement géante p^ur sa race. Dès lors le mystère était expliqué. La femelle Depressaria, tinéite dont les larves se nourris- sent de poils des animaux, de plumes, de tissus laineux, etc., avait sans aucun doute déposé ses œufs sur la tranche de la brochure. Les jeunes larves aussitôt écloses ont pénétré entre LE DAllWINISME 183 les feuillets, peut-être toutes au même endroit. Et c'est là que la Fince, qui pénètre partout, les aura rencontrées et aura fait bombance à leurs dépens. Celle qui a pu construire son cocon aurait échappé aux poursuites du destructeur, pour être atta- quée plus tard dans son gite de chrysalidatiou. Cette larve, qui paraissait encore toute fraîche et nullement desséchée, était sur le point de subir sa métamorphose lorsque la Pince l'a rencontrée. Les Pinces ou chélifers qui appartiennent aux Arachnides, et qu'on trouve fréquemment dans les papiers, les herbiers, sur les vitres de nos appartements, etc., sont des animalcules utiles qu'on doit protéger, puisqu'ils nous débarrassent d'animaux plus nuisibles. Une espèce est reconnue pour être parasite de la mouche domestique. L'analogie des Pinces avec les scorpions a frappé de tout temps les observateurs. Aristote l'a même mentionnée. Il dit en parlant du scorpion : " il a des pinces comme en a aussi cette petite espèce de scorpion qui s'engendre dans les livres. Cette espèce de scorpion, ajoute-il, n'a point de queue." Les Pinces, dans les climats plus chauds, se trouvent sous les feuilles, sous les écorces, etc., nous n'en avons jamais trou- vé ailleurs ici, que dans les appartements ; d'où nous pouvons conclure qu'elles sont importées et non indigènes. LEDARWIiNISMK (Continué de la page 175). Dès la plus haute antiquité, l'origine des espèces a attiré l'attention de quelques penseurs, philosophes ou observateurs, et tous ceux qui ont cru devoir répudier le récit biblique de la création, ont émis sur le sujet des 0[iinions plus ou moins absurdes. Le nombre en a été restreint dans tous les siècles, et plus res- treint encore le nombre de ceux que réclament les transformistes. 184 LE NATURALISTE CANADIEN comme ayant paitagé leurs idées ; car les penseurs qui, jetant de côté la boussole de la foi en Dieu pour pénétrer les secrets de la nature, en substituant leur prétendue sagesse à celle du Créateur^ ne peuvent toujours que constituer des exceptions. L'idée d'un être souverain, tout-puissant, créateur et conservateur de toute cbose, est tellement conforme à la raison, qu'on la trouve innée dans le cœur de tous les hommes. Et lorsque notre nature cor- rompue vient à se laisser entraîner en dehors de la voie droite, de la loi naturelle, elle se porte plutôt à faire agir la divinité suivant ses vues, qu'à concevoir l'idée ie révoquer en doute son existence. Témoin la fatalité qui domine chez presque toutes les nations sauvages en dehors du christianisme, la génération spontanée pour expliquer la provenance d'êtres dont on ignore l'origine etc. Avant comme depuis le christianisme, il y a eu dans tous les siècles des dévoyés, des hommes à idées extravagantes, com- plètement en dehors du cours ordinaire des croyaûces de leur temps. Que parmi ces dévoyés, les transformistes croient trouver des traces des opinions qu'ils soutiennent aujourd'hui, nous le leur concédons sans peine ; mais que de ces quelques opinions, à demi formulées, et nullement partagées par les éru- dits de leur temps, on en vienne à conclure à la filiation des iddes darwinistes jusqu'à ces temps reculés, c'est ce que nous ne pouvons admettre, et le darwinisme ne peut être considéré que comme une doctrine toute récente et complètement eu dehors de l'opinion des masses. Suivons ici M. de Kerville.dans l'énumération qu'il fait des pères de son école. C'est d'abord vers l'an 610 avant J.-C, Anaximandre qui suppose que les organismes prin^itifs, produits aux sein des eaux par l'action du soleil, ont donné naissance aux animaux et aux végétaux terrestres, lesquels, en changeant de milieu, se sont adaptés à leurs nouvelles conditions d'existence ; et l'homme lui-même dériverait d'organismes aquatiques analogues aux pois- sons. LE DARWINISME 185 Admirables ces organismes ])rodiiits au sein des eaux par l'action du soleil. Qui a dor.c pu faire perdre à l'astre du jour cette vertu productrice ? Heraclite vers 540 av. J.-C. et Empédocle vers 450 préten- daient qu'il existe dans le monde une lutte universelle et une continuelle mobilité des formes organiques, cette mobilité étant produite par le concours fortuit de forces qui se combattent. Thaïes de Milet, Anaximèae et Démocrite, à peu près vers la même époque, laissent aussi percer quelques idées fort vagues sur l'évolution des êtres vivants. Il faut de cette époque passer à i)lus de trois siècles plus tard pour trouver Lucrèce (92-52 av. J. C.)qni écrit que " la terre créa; par des procédés divers, l'innombrable cohorte des êtres mortels, car les animaux ne peuvent être tombés du ciel et les plantes ne peuvent sortir des abymes de la mer." Darwin f)eut réclamer avec beaucoup plus de raison que pour tous les autres, Lucrèce pour son chef de lile, car s'il per- sonnifie la nature pour la faire agir, Lucrèce lui, personnifie la terre, ce qui est à peu jirès la même chose. Que ces philosophes (pii cherchaient à expliquer tous les phénomènes de la nature par des causes purement naturelles, en dehors de toute puissance oculte et my>térieuse, aient été de francs matérialistes, nul doute à cet égard. Il est bien pro- bable aussi qu'ils se sont bercés de l'espoir de voir leurs idées dominer dans les masses, comme le prétendent nos transfor- mistes de nos jours, maia ils se sont trompés, comme se. trompe- ront aussi nos modernes matérialistes. De Lucrèce, il faut passer au dix-huitième siècle pour rencontrer des penseurs qui, au sein même du christianisme, n'aient pas hésité à répudier le récit bibUque pour émettre des théories plus ou moins extravagantes sur l'origine "du monde, préparant en quelque sorte la voie à la cohorte des athées, li- bres-penseurs, matérialistes, qui lèv(>nt le front si haut de nos jours, sans pourtant voir leurs théories triomi)her. Mais, sem- 186 LE NATURALISTE CANADIEN blent-ils dire, attendons encore un peu, c'est un fruit qui n'est pas encore mùr. " J'ai la conviction et le plus ferme espoir, " dit M. de Kerville, que le m&t'^rialisme scientifique, ou réalisme, •' et le transformisme, seront adoptés, au siècle prochain, par la " presque totalité des savants, et par ceux qui chercheront " avec un esprit libre, c'est-à-dire, dégagé de toute idée reli- " gieuse ou métaphysique préconçue, la solution de ces graves " problèmes dont aucun homme intelligent ne saurait se désin- " téresser complètement." " Toutes les religions, ajoute-t-il encore, ne sont qu'un état " transitoire, inévitable, entre les époques de barbarie et celles " d'une haute culture intellectuelle. La foi sera toujours l'anti- " pode de la raison, et les croyances religieuses, quelque rno- " raies, quelque consolantes qu'elles puissent être, devront un " jour céder le pas à l'intéiêt supérieur de la vérité." Nenni ! Et portœ inferi non prœvalebunt (^dversus earn. Et les portes de l'enfer ne prévaudront jamais contre elle (l'Eglise) qui seule possède la véritable lumière, le Christ qui est lui- même la vérité ! Venons en maintenant aux naturalistes du dix-huitième siècle. Le grand Linné (1707-1778) que l'on considère avec raison comme le père de l'histoire naturelle, par ce que, par sa nomen- clature binaire, il a fourni à cette étude une base fixe, qui lui a rendu possible une prévision inconnue jusqu'à lui, Liuné est ré- clamé par plusieurs transformistes comme un des leurs. Cepen- dant Linné n'a pas hésité à répéter en plusieurs endroits de ses ouvrages qu'il existe " autant d'espèces qu'il est sorti de couples des mains du Créateur." Il est vrai que Linné a écrit ensuite : " Jai longtemps nourri le soupçon, et je n'ose le présenter que " comme une hypothèse, que toutes les espèces d'un même " genre n'ont constitué, à l'origine, qu'une même espèce qui " s'est diversifiée par voie d'hybridité. Il n'est pas douteux que " ce ne soit là l'une des grandes préoccupations de l'avenir, et LE DARWINISME 187 " que de nombreuses expériences ne soient instituées, pour con- " vertir cette hypothèse en axiome établissant que les espèces " sont l'œuvre du temps." Il y a loin de là à l'évolution des organismes pour faire des- cendre tous les êtres organisés les uns des autres. Et d'un autre côté, la supposition de Linné fut-elle constatée réelle, le dogme de la fixité de l'espèce conserverait encore toute sa valeur ; ce ne serait pas alors la nature qui serait en défaut, mais bien la science qui aurait confondu le genre avec l'espèce, prenant pour espèce différente ce qui n'était réellement qu'une variété de la même espèce. Il n'y a pas à douter d'ailleurs qu'une foule de variétés ont été ainsi élevées par les savants au rang d'espèces, sans posséder des caractères spécifiques propres ; tous les jours les botanistes et les entomologistes surtout retranchent de pré- tendues espèces pour ne les considérer que comme de simples variétés plus ou moins constantes. Mais remarquons que pour les transformistes ces corrections de nomenclature sont absolu- ment de nulle valeur, car pour eux il n'y a ni espèces ni genres^ puisque tous les êtres descendent les uns des autres. Si, comme tous les autres naturalistes, ils se servent des dénominations binaires pour distinguer les êtres organisés, ils déclarent n'em- ployer là que des nomenclatures transitoires pour se faire com- prendre aujourd'hui, mais qui devront nécessairement dispa- raître plus tard, lorsque par le progrès de l'évolution, les ani- maux d'aujourd'hui seront transformés en d'autres plus pai faits; " car, disent-ils, l'évolution poursuit constamment sa marche, et la poursuivra tant que notre globe sera susceptible de porter des être organisés." ■ En même temps que la Suède douait le monde de son il- lustre savant, la France en fournissait un autre qui ne lui était guère inférieur, et qui,, lui aussi, a fait faire aux sciences natu- relles un pas immense dans la voie du progrès, c'est l'immortel Buffon (1707-1788). Nous avons déjà dit que Buffon avait prôné le pour et le 188 LK NATURALISTE CANADIEN contre au sujet de la fixité de l'espèce. Après avoir soutenu la création de l'espèce par l'être souverain, Buffon en vint à la fin à pencher à croire à l'unité d'origine de tous les êtres vi- vants, animaux et végétaux, à l'unité d'origine des animaux de même type, à l'évolution graduelle de l'espèce humaine, etc. Ce n'était pas encore le transformiste pur, mais bien un homme disposé à le devenir s'il eut vécu plus longtemps. En même temps que Linné et Buffon livraient leurs écrits au public, d'autres savants penseurs scrutaient attentivement la nature, dans le but, pour plusieurs, de fournir des armes à l'im- piété, lesquels, à la suite de leur porte-étendard Voltaire, avaient entrepris de faire disjiaraitre le christianisme, avec toute idée de religion, de la face de la terre. De ce nombre furent Reaumur, de Degeer, de Trembley, Charles Bormet, etc. C'est à ce der- nier que nous devons la théorie de la préexistence et de l'em- boîtement des germes. Bonnet veut que tous les germes des êtres vivants, qui sont d'une petitesse effrayante, aient été créés en même temps que notre planète, et qu'ils soient logés dans des substances diverses, emboîtés les uns dans les autres, attendant l'arrivée des conditions nécessaires pour leur développement. " Des germes indestructibles, dit Bonnet, peuvent être disper- " ses sans inconvénient dans tous les corps particuliers qui nous " environnent. Ils peuvent séjourner dans tel ou tel corps " jusqu'au moment de sa décomposition, passer ensuite sans la " moindre altération dans un autre corps, de celui-ci dans un " troisième, etc. • Je conçois avec la plus grande facilité, ajoute- " t-il, que le germe d'un éléphant peut loger d'abord dans une " molécule de terre, passer de là dans le bouton d'uu fruit, de " celui-ci dans la, cuisse d'une mite, etc. " Eecounaissons toutefois que Bonnet, avec sa théorie fan- taisiste, ne croyait pas pouvoir se passer du créateur, comme le veuh nt tous nos darwinistes. Nous avons vu que Maillet, lui, fiisait sortir tous les ani- maux terrestres, et .même l'homme de la mer. LE DARWINISME 189 A la suite de IVIaillet vient Erasme Darwin, le grnnd-père de Charles Darwin, le fondateur du transformisme. Erasme Darwin (17^1-1802) veut que les animaux ac- quièrent des organes en vue des besoins qu'ils ont à satisfaire, besoins déterminent des habitudes qui causent la transforma- tion des espèces. C'est aussi la théorie de Lamarck (1 744-1 829), mais ce- lui-ci la développe bien davantage et en tire des conséquences qu'Erasme Darwin n'avait peut-être pas entrevues. Lamarck veut que les variations que l'on remarque dans les espèces soient dues au milieu dans lequel elles vivent, na- ture du sol, humidité, température, électricité, etc. ; et -que ces variations par suite de longues habitudes venant à se fixer, elles constituent de nouvelles espèces. Voici en résumé toute la théorie de Lamarck : " 1° Dans tout animal qiii n'a point dépassé le terme de " ses développements, l'emploi plus fréquent et soutenu d'un " organe quelconque, fortifie peu à |)eu cet organe, le développe, " l'agrandit, et lui donne une puissance proportionnée à la durée " de cet emploi ; tandis que le défaut constant d'usage de tel " organe, l'affaiblit insensiblement, le détériore, diminue pro- " gressivement ses facultés, et finit par le faire disparaître ; " 2° Tout ce que la nature a fait acquérir ou perdre aux in- " dividus par l'influence des circonstances où leur race se trouve " depuis longtemps exposée, et, par conséquent, par celle d'un " défaut constant d'usage de telle partie, elle le conserve par la " génération aux nouveaux individus qui en proviennent, ponr- " vu que les changements ac juis soient communs aux deux " sexes, ou à ceux qui ont produit ces nouveaux individus." Telle est la théorie de Lamarck sur l'évolution des êtres. On remarquera qu'elle a plus d'un côté défectueux, à ^art le principe général de l'élimination du c'éateur pour la formation des êtres. On ne conçoit pas, [lar exemple, que l'action des 190 LE NATURALISTE CANADIEN habitudes puisse produire des orgxnes nouveaux, ni que le be- soin d'un organe puisse en déterminer la foi'mation. Que d'horaines auraient besoin d'un troisième bras pour l'exécution plus parfaite des travaux qu'ils poursuivent constamment. Et cependant on n'a encore vu cet orgme se tripler sur aucun in- dividu. De même pour " hérédité, il pose comme principe ab- solu des accidents qui montrent presque autant d'exceptions que d'applications. Combien de fois ne voit-on pas, par ex- exemple, un père et une mère à nez camus, donner naissance à des enfants au nez aquilin ? ou bien blonds l'un et l'autre, ou à cheveux noirs, avoir des enfants au teint brun, ou à cheveux roux, etc. Mais quand il en serait tel que le prétend Lamarck, on ne voit pas encore bien clairement comment une monade a pu s'évoluer pour fo;mer ici une araignée, là un éléphant et ailleurs un homme. Tandis qu'en France Etienne Geoffioy-Saint-Hilaire (1772 -1844) s'effoiçait de faire prévaloir, avec quelques légères va- riantes, les idées de Lamarck sur l'évolution des êtres, qu'Hae- kel avec le poète Goethe (1749-1832) répandaient la même doctrine en Allemagne, Cuvier (1769-1832) la combattait de toutes ses forces en France et était parvenu à la faire presque complément oublier, lorsque Charles Darwin (1869-1882) la réveilla en Angleterre, en lui donnant une impulsion nouvelle par son invention de la sélection naturelle, qu'on peut consi- dérer comme la clef de tout le système. On accuse faussement Cuvier d'avoir voulu proscrire la philosophie scientifique, voulant que les naturalistes ne s'occupent que des faits sans en déduire des conclusions générales. Mais les immortels travaux du grand paléontologiste sont une réfu- tation péremptoire de cette absurde prétention. Cuvier était un croyant, et les prétentions des transformistes lui paraissaient si absurdes, si dénuées de fondement, qu'il se contentait de leur opposer une dénégation pure et simple, consentant tout au plus LE DARWINISME. 191 à citer parfois quelques faits directement opposés à leurs pré- tentions. D'abord croyant, Charles Darwin n'émit que timidement ses idées sur l'évolution des êtres. Nous avons lu très attentivement son voyage autour du monde (1832j et n'avons rien trouvé qui pût offenser la foi la plus sincère, nous y trouvons même le nom de Dieu plusieurs fois mentionné. Mais les écrits des ma- térialistes lui enlevèrent bientôt ses scrupules, et en 1859 il ex.- pliqua son système devant la Société Linnéenne de Londres. Nous l'avons dit plus haut, c'est la sélection naturelle qu'in- venta Darwin qui donna tout le prix à sa nouvelle théorie. La- marck, Saint-Hilaire etc., prétendaient à l'évolution des orga- nismes, mais pour eux, la cause n'en était due qu'aux besoins et aux habitudes des êtres, les organes étant les agents de l'évolu- tion ; tandis qu'avec Darwin les organismes subissent plutôt l'évolution qu'ils ne l'opèrent. C'est dans la lutte pour la vie que les différents êtres écartent et éliminent les plus faibles et les moins parfais, pour faire triomiiher les plus forts et les mieux organisés. De la extinction d'un côté et progression de l'autre. Le sytème de Darwin en éliminant Dieu de l'univers et eu faisant descendre l'homme de la brute, fut d'abord vigoureuse- ment attaqué et non moins vigoureusement défendu. Pendant les dix ou douze premières années, il sembla prendre le dessus parmi les savants, mais dans ces derniers temps, on semble en être revenu de ce premier engouement, et de fortes autorités en fait de science l'ont fort discrédité sinon complètement anéanti. M. de Ker ville pense qu'au siècle prochain ce sera l'opinion gé- néral des savants, mais nous pensons au contraire, qu'avant un quart de siècle, cette absurde théorie aura fait son temps et ne • sera plus le partage que de ces rares dévoyés qui dans leurs ap- pétits et leurs aspirations n'ont pas honte de s'assimiler à la brute. Fait digne de remarque ; c'est la France qui dans le monde entier seml)Ie porter l'étendarJ de l'impiété et de l'athéisme, et 192 LE NATURALISTE CANADIEN c'est en France que le darwinisme a été le plus chaleureusement combattu et a fait le moins de prosélytes. L'Angleterre, l'AUe- magne, les Etats-Unis, nous voulons dire les savants de ces pays, ont accepté le darwinisme les yeux fermés, sans songer pour ainsi dire aux conséquences qu'une telle doctrine com- porte. D'un autre côté, en réfl -chissant bien on verra que ce n'est pas la France qui a le monopole des impies et des athées, si ces prétendus esprits-forts semblent plus marquants en France qu'ailleurs, c'est que là ils sont plus rigourctsement combattus, tandis que dans les pays protestants le matérialisme semble ad- mis sans conteste ou du moins toléré sans répugnance par ceux mêmes qui ne voudraient pas en faire ouvertement profession. ■ A suivre. NOllVELLl^:iS SCIKNTIFIQUKS. L'Association anglaise pour l'avancement de la science tiendra cette année sa 57e réunion annuelle à Man- chester, le 31 août, sous la présidence de l'éminent chimiste, Sir E. Henry Itoscoe. On veut cette année lui donner un caractère international, et en conséquence un appel est fait à tous les sa- vants, tant de l'Amérique que de l'ancien continent, d'apporter leur concours aux savants anglais. L'Association américaine pour l'avancement de la science, a choisi la cité de New- York pour lieu de sa réunion cette année. Les séances qui devront durer une semaine, com- menceront le 10 août. C'est la première fois que New- York a l'avantage d'avoir la réunion dans son enceinte, aussi ou s'attend à ce que l'assistance soit plus nombreuse que jamais. C'est M. le professeur S. P. Langley, d'Alleghany Gity, qui présidera aux séances. International Scientits' Directory f3r 1883. — M. E. J. Cassino, de Boston, Mass. doit publier, au commencement de 1888 unalmanach des adresses des hommes de science de tous les'pays, donnant en même temps leurs titres ou professions, le genre d'études qui les occupe spécialement, leur désir d'échanger des spécimens si tel est le cas etc. L'ouvrage, simplement broch'', sera expédié aux souscripteurs au prix de $2, et $2.50 pour ceux qui voudront l'avoir relié en coton. S'adresser à l'éditeur, 137 High Street, Boston, Mass. LISTE DES GRAVURES Page. 1 — Larve de la mouche des maisons 5 2 — Larve du Calosoma calidnm - - 5 3— Larve du Sphinx de la Caroline — - 5 4 — Larve de Nematus . — 9 5 — Le Phallus inijpudiciis renferm é dans sa volve. 51 6 — Le même développé, de grandeur naturelle 53 7 — Portrait de M. Chevreul, le centenaire 59 8 — Une hache en silex de nos aborigènes 69 9 — La même vue de profil — - 69 TABLK. ALPHABETIQUE DES MATIERES A nos abonnés ]78 A propos d'antiquités 81 Age (L') (le la piene taillée cliez nos al)origènes (i5 Age (L") (ie la pierre taillée au Sngueiiiiy 8<) Associarion Américaine pour l-nvanceinent de la science 1!)"2 Association Anglaise i)onr l'avancement de la science 192 Avis , 98 Bi^lgiqne (I.a) Horticole 17G Bibliograpliie. — lle[)ort of the Dominion Entomologist 14. — ^Dietion- nîiire généalogique des familles Canadiennes 81. — Rapport de l'Entomologi.stc du département de TAgriculture pour 188.5, 47— Journal de l'Instruction publique 48. — Rap])ort d'un voyage fait au Labrador Canadien en 1882, par M. D. N. Saint-Cyr 63. — West American Scientist 80 — The golden State Scientist 80 — Notes sur de vieux manuscrits Abénaijuis 80— Sowerby's English Botany 93. — Science Series 94. — Ca- talogue of the Lichens collected in Florida in 188.") by W W. Calkins 9.'). — Tiie Chemung Review 9.Î. — Monographii; des Cynipides 95.— Gallinsectes !JG — The Oitawa Naturali>t 143. — Le Naturaliste, Paris 144.— International Scientists Direc- tory for ! 888 192 Blé de Smyrne 92 Canions (Nos)de TEst 8, 18, 33. Catalogue des spécimens dans les collections |()2 Chameaux (Les) au Texas 112 Champignon (Un) rema,r([uable 50 Centenaire d'un savant (.M. Chevreul) 58 Darwinisme (Le) 107, 119, 13(1, 147, 165, 183 Drame (Un) de la vie dans un livre 182 Eucalyptus (L') 176 Floraison iH)Ctuiue. .....: Ill Guano (Le) 72 JJistoire (L") nalurelie en hiver 98 196 LE NATURALISTE CANADIEN Liste dos gravures 193 Mollusques 79 Musées (Nos) 103 Nécrologie, M. J. Bte Bédard.. 144 Néniate (Le) du raélèse 32 Noms vulgaires en histoire naturelle 155 Notre seizième volume 2 Nouvel (Un) ennemi du pommier 6 Nouvel (Un) ivoire 127 Nnage (Un) de staphylins 175 Œufs de soreiers 54 Œufs du diable 54 Oiseau (L') chandelle : 127 Phallus (Le) et la ;\Iorille JI5 Poissons dans les arbres 128 Primes 1, 17, 33, 49. (15, 81, 97, 113, 129, 145, Kil, 177 Random Notes on natural history 112 Ruis>eau (Un) de lait ., , 126 Serpents (Les) avah^nt-ils leurs petits "? 159 Société d'histoire nîiiHrelle de Québec l(i(», 181 Table alphabétique de;i matières 195 Table alphiibéti(|Ue des noms de genres et d'esjèces mentionnés dans ce volume 197 Tableau syr>oj)tiqiie (le nos musées 130, 146 Victimes des bétcs féroces 127 TAB1,E ALPHABETIQUE des noms de genres et d'espèces mentionnés dans ce volume. Pagk • Aletia hj'alinn .... ICt Ambl)'teles sutnialis, S<(y 37 Banchus iiieriiiis, Prov 2-1 Bassus cylimlriciiï^. Frov 4^-! '• syc<)j)haiita, W<(lsh 24 Bombiis suhtenainiciis.i^rffci-. . . 34 " trinarius, Fdbr 34 Calliphora voinitaii:! 3ô Calocovis rapidus, Say 2ô Calosoma calidiiiii 5 Ceciiioniyia leuuniiiiicola I ô Cercospora viticohi 5(i Cere.-a hubaki.s, Say 40 " diceros, Say .' 25 CoUaria Meilleiirii. Frov 24 Coiiziis lateiali,-<. Say 34 Cosiuopcpla cariiifex. Fahy.... 24 Cry)>ius proxiiims. Vress 24 ^ Deprestaria lleiadiana, DlIi.. 18- Eiicheiiupa hiiiotata. Say 4() •' laiipes, Say 4f: Evroiienins pedalis. Crcss 34 Ell^;cIlit-tll.s tristiniiia. (bV/y/ .... -37 Exochii.s l8evi^<, Cress 24 Ileliothifi ariiiigera Ki Helix iieiiioralis 7u Hclvclla et-cuieiita 11 (i Hi'iiiitclrs pallipc nuis, Prov 4') H(imœiiiu« œiieilroiis, Say. ..'-H, 37 Ichiieiiiiioii coivnlutJ, /'(W'. 24.34, 4(i '• decoiatus, Prov. 24, 37 '• fera lis.' Cress 24 " laL-liiyiiiaiis Prov.. 24 " inhicmi(ius. Cress.. 24 '• isoror, Cress. 37 Jasfus iiniiiixtus, olti)tns liarhatns. Prov.... 24 .Micidgasrtr bievicandns. Prov. 4(i Monalocoris pieridis, Pin. 25, 34. 37 Mmchel a escnlenta Ii(i Xalii.-i forus, Lin 34, 4(i Ncniatus .... 5 Ny-ins Groenlandicns, Zett 34 ijncoiylns piiicliellus. Peut 34 Opliion bilineatiis. Say ■'>i ]>urgiiUfi, Say 34 Urilioeentrns abdouiinalis, L'rov. 4() U.\ytelns niti liiUi.s. 175 l'aliidina deeisa 38 l'ann-ra bilobala. Say 24 l'criiitns vulfiaii-, Crexs . 4<) Pi_-r(inosp(na \ir.icola 5() L'Iialins imijndieus. Lin . . -.'^^K 115 IMiy^Mclcuon aciciilains, Prov. 4'-i, 4(i ■' Ce; halicus. Prov.. 34 mflai lis. Prov . . 43 " iuhabilis, Prov .. 4^1 " inipressus. i'ror. 24, 346 •' iinituriis, P;ïh' 43 '* paialleliis." i'i'ot'.. 24 " pnbescciis, l'rov . . 34 •' rubi icus. Prod.. . . 43 rlivllnsticla, iabin.-c-a ■- •■^'> l'iiy.-a Ltirdi 3ri. 198 LE NATURALISTE CANADIEN Piiysnllo-jpora lîitlwilii lôni^tilpmis aniericaims, Crcss ... 4(! Phytocoriti scnipcu.-!, Say 24 Stiiilir()i Plngiognaihiis f"u8cosu:<, Frov.. ."^4 P(ilyi)la,!i Silplia pultaiu .- 53 Stniiioius veiiaticus, Uld . 2ô l'iyphoii ^:euli^i^•('^. Crcss .. ... 24 92 92 92 Tn tic uni ajt^tiviim •' coiiiposituiii " liybtriiuui '•' sativum '• tiirgidiiui.- 9i Uiiciiiiila spiralis . 5ti Uroceius cy;uivn:<, Fitb . 34 ERR>^.T^ Page 10, ligne 16, au lieu de : nous révèle, lisez : nous révèlent. 25, ligne 5, au lieu de : IJhl. lisez : Lin. 4Y, ligne 10 du bas, au lieu de : i'EntomoIoglst lisez : l'Eutoniologiste 109, ligne 1ère du haut, au lieu : miséricorde Dieu, lisez : miséri- [corde de Dieu 121, ligne 2e du bas, au lieu de : M. Books, lisez : Brooks. 122, ligne 12 du haut, au lieu de : à travaillé, lisez : a travaillé. 124, ligne 9 du bas, au lieu de : s'épurât, se dégageât, lisez : s'épura, [se dégagea. 125, ligne 7 du bas, au lieu de : éclairée, lisez , éclairé. 129, ligne 8 du bas, au lieu de : Janvier, lisez ; Février. 137, ligne 12 du haut, au lieu de : ils a été, lisez : ils ont été. 139, ligne 10, au lieu de : des résistances, lisez : de résistance. 139, ligne 11, au lieu de : tout, lisez ; tant. 142, ligne 6 du bas, au lieu de : illétrés, lisez : illettrés. 14», ligne 14 du haut, au ^eu df : P. Causette, lisez : P. Cuussette. ol. XV JUILLET 1885 No. 1 SQMMAmE HE GE NïïMËBO. Notre publication. — Nos confrères dans le «acerdoce. — Nos hommes lettrés. — Nos institutions d'éducation. — Notre marche à l'a- venir. — Collaborateurs. — Payer d'avance 1 Nos échanges 9 Le Nodule noir, Spliœria morhosa 10 Le Pétrole dans la Province de Québec 19 Entomologica americana • 22 Random Notes on Natural History 23 Tidings from Nature 28 The Naturalist in Florida - 24 Publication reçue 24 Petite Faune — Les Hémiptères Préface • Le Naturaliste Canadien paraît au commencement de chaque mois-, par livraisons de 32 pages in-8. Abonnement pour le Canada et les Etats-Unis, $2 par année, ou mieux par volume; chaque volume commençant au premier juillet chaque année, et se complétant dans les 12 mois qui suivent. Pour la France et les autres pays faisant partie de l'Union Postale 12 francs. On ne s'abonne pas pour moins d'une année ou d'un volume. Ceux qui en font la demande dans le cours de la publication, reçoivent l>s numéros déjà parus de ce volume. Jg^" Toutes correspondances, remises, réclamations, etc., doivent être adressées au Rédacteur, Cap Rouge, Québec. AGENTS DU NATURALISTE Québec. — M. J. A. Langlai?, libraire, 111, rue St Joseph, St-Roch. Montréal. — MM. Gernaey & Hamelin, libraires, 1G59, rue Notre-Dame. Trois-Rivières. — M. P. V. Aj'otte, libraire, rue Notre-Dame. Paris. — MM. Roger et Chernoviz, 7, rue des Grands-Augustins. PETITE FAÏÏNE ENTQMOLflSIIJÏÏE Blî CANADA Vol. I. — Les Coléoptères, in-12 de 786 pages, illustré (18V7) $2.00 Suppléments 1, 2 et 3 aux coléoptères, 1877, 38 p. in-8 ; 1878, 19 p. in-8 ; 1879, 30 p. in-8 ; les trois 0.50 Vol. II. — Les Orthoptères, les Nevrojjteres et les Hyménoptères, 830 pa^es in-8, avec illu-^trations, 1880 2.00 Vol. III. — Le.s Hémiptères en cours de publication. La Petite Faune E>fTOMOLOGiQUE du Caxada est le seul ouvrage, formant un tout par lui-même, publié sur les insectes de l'Amérique. Nul auteur américain n'a encore entrepris l'histoire d'un ordre complet. Tous les écrits que nous possédons jusqu'.à ce jour ne sont que des monogra- phies de quelque genre ou de quelque famille, ou souvent encore de quelque espèce particulière, distribués dans une foule d'ouvrages divers qui n'ont, ia p!u2)art du temps, aucune connexion entre eux, et qu'il est très difficile de se procurer. Ajouton.s que ces ouvrages sont souvent à prix fort élevés. Il serait préférable, sans doute, que l'histoire de chaque ordre s'étendit à toute l'Amérique du Nord, mais il aurait fallu alors multiplier les volumes et faire des ouvrages qui n'aui-aient pu être à la portée de toutes les bourses. Tandis qu'avec la Petite Faune, telle qu'elle e>t, on se trouve avoir le canevas chargé de la plupart des espèces de la Province de Québec, et sur lequel il sera toujours facile de ranger celles des territoires voisins, de même que celles que de nouvelles recher- ches pourront faire découvrir. On peut avancer en toute sûreté que les volumes mentionnés plus haut sont indisjjensables à toute personne désirant acquérir la connais- sance de nos insectes; d'ailleurs il y a plus de 300 espèces nouvelles dé- crites dans ces volumes dont on ne pourrait trouver la description nulle part ailleurs. Flore Canadienne, 842 p. in-8, illustrée, 1 862 $2.00 Traité Élémentaire de Botanique, in-12 de 168 p. illustré, 2e édition, 18S4 $0.-10 Le Verger, le Potager et le Parterre, 3e édition, 1874, in-12 de 332 pages, profusément illustré, 1874 0.50 Histoire du Canada. — Le premiers Cours, in-Pi de 84 p. 188 t.... 0.15 Jg®° S'adresser pour ces divers ouvrages à M. J. A. Lang'ais, libraire, St Roch de Québec, ou à l'auteur, au Cap Rouge, L'ABBii PROVANCHER. i DE QUEBEC A JERUS Journal d'un pèlerinnge du Canada en Tene-Sainte en passant à travers l'Angleterre^ la Franee, l"E-, par livraisons de 32 pages in-8. Abonnement pour le Canada et les Etats-Unis, $2 par année, on mieux par volume; chaque volume commençant au premier juillet chaque année, et se complétant dans les 12 mois qui suivent. Pour la France et les autres pays faisant partie de l'Union Postale 12 francs. On ne s'abonne pas pour moins d'une année ou d'un volume. Ceux qui en font la demande dans le cours de la publication, reçoivent 1 js numéros déjà parus de ce volume. J8^^ Toutes correspondances, remises, réclamations, etc., doivent être adres.-ées au Rédacteur, Cap Rouge, Québec. AGENTS DU NATURALISTE Québec. — M. J. A. Langlais, libraire, 177, rue St Joseph, St-Roch. Montréal. — MM. Gernaey & Hamelin, libraires, 1G59, rue Notre-Dame. Trois-Rivières. — M. P. V. Ayotte, libraire, rue Notre-Dame. Paris. — MM. Roger et Cliernoviz, 7, rue des Grands-Augu^tins. PSTITS FAUNE ENTflMlLOSIOUE DU OANAIA Vol. I. — Les Coléoptères, iii-12 de 786 pages, illustré (1877) $2.00 Suppléments 1,2 et 3 aux coléoptères, 1877, 38 p. in-8 ; 1878, 19 p. in-8; 1879,30 p. in-8; les trois 0.50 Vol. II. — Les Orthoptères, les Névroptères et les Hyménoptères, 830 pa^es in-8, avec illustrations, 1880 2.00 Vol. III. — Les Hémiptères en cours de publication. La Petite Faune E.vtomologique du Canada est le seul ouvrage, formant un tout par lui-même, publié .sur les insectes de l'Amérique. Nul auteur américain n'a encore entrepris l'histoire d'un ordre complet. Tous les écrits que nous possédons jusqu'à ce jour ne sont que des monogra- phies de quelque genre ou de quelque famille, ou souvent encore de quelque espèce particulière, distribués dans une foule d'ouvrages divers qui n'ont, la plupart du temps, aucune connexion entre eux, et qu'il est très difficile de se procurer. Ajoutons que ces ouvrages .sont souvent à prix fort élevés. Il serait préféralile, sans doute, que l'histoire de chaque ordre s'étendît à toute l'Amérique du Nord, mais il aurait fallu alors multiplier les volumes et faire des ouvrages qui n'auraient pu être à la portée de toutes les bourses. Tandis qu'avec la Petite Faune, telle i|u*el!e est, on se trouve avoir le canevas chargé de la plupart des espèces de la Province de Québec, et sur lequel il sera toujours facile de ranger colles des territoires voisins, de même que celles que de nouvelles recher- ches pourront faire découvrir. On peut avancer en toute sûreté que les volumes mentionnés plus haut sont indispensab'es à toute personne désirant acquérir la connais- sance de nos insectes; d'ailleurs il y a plus de 300 espèces nouvelles dé- crites dans ces volumes dont on ne pourrait trouver la description nulle part ailleurs. Flore Canadienne, 842 p. in-8, illustrée, 1862 $2.00 Traité Élémentaire de Botanique, in-12 de 168 p. illustré, 2e édition, 1884 1 $0.50 Le Verger, le Potager et le Parterre, 3e édition, 1874, in-12 de 332 pages, profusément illustré, 1874 0.50 Hi^^ Fi U^"\/r A INJ r^T? L'^^''^ numéros qui suivent du Canadian Naiu- W UliiVjAiMJli. raJ ht & Geologist. ■ | f- Vol. VI (1861) No 6. Vol. VII (1862) Nos 1, 2, 3, 4 et.*6. Specifier le prix. CE QUE L'ON PENSE DE NOUS " Le Naturaliste Canadien " publié par l'ahhé L. Pro- vancher. — Nous voyons avec plaisir que la presse Canadienne a été unanime à saluer la réapparition de cette importante et utile publication qui ayait cessé de paraître au mois d'octobre 1883. Plus que jamais cette publiciition se recommande à l'attention non seulement des hommes qui se livrent à l'étude de l'entomologie, mais des horticulteurs, des propriétaires de vergers et en général des cultivateurs oui ont le souci de leur art. Les cultivateurs, nous le savons, sont entourés de milliers et de milliers d'ennemis qui en veulent à leurs cultures, et tou- jours ils mettent sur le compte du vent, de la pluie, du soleil, du brouillard, les dégâts dont les insectes sont presque toujours les auteurs. Cette année, plul^ que jamais, les grains, le foin, le trèfle, les racines, les fruits de toutes sortes et les arbres forestiers, dans notre pays et aux Etats-Unis, ont eu à souffrir considérablement des ravages cauf-és par les insectes nouveaux qui émigrent d!un endroit à l'autie et qui se multiplient à l'in- fiui, parce que nous ne prenous pas les moyens de les détruire ; au contraire, nous leur donnons toutes les chances possibles de s'étendre et de se multiplier davantage dans nos champs, dans nos jardins et dans nos vergers, par notre indifférence coupable à leur égard. M. l'abbé Provancher, qui se livre depuis déjà nombre d'an- nées à l'étude de l'entomologie, fait appel à ses compatriotes pour les engager à souscrire à son journal, le Naturaliste Cana- dien qui devra sûrement nous renseigner sur les moyens à prendre pour la destruction des insectes qui sont un fléau pour notre culture. Tous ceux qui en ont It s moyens, devraient se faire un de- voir de recevoir ce journal dont l'abonnement, payable d'avance, n'est que de %'2 par année. On peut s'abonner chez M. J. A. Langlais, libraire à St-Eoch de Québec. ^j Succès à notre confrère, M. l'abbé Provancher, dans son {l œuvre éminement utile. — (Gazette des Carrij^agnes, iit^t. 24) Mi\ 7o\. XV NOVEMBRE 1885 ^CJ (emmmi^o BULLETIN T)T. RTlCHKRCHrS, »iBi=15RVATIONS ET DÉCOUVERTES ^ J BE RAPPORTANT A L'HISTom:! NATURELLE DU CANADA, ,^' T'5 &I? .^ Eédacteur: M. L'ABBÉ PROVANCHER. ,_Â:^/^ imprime pai- C. DAKViiAi', SO ù bJ, rue Ul- la iluuiaiju^, Québc. SOMMAIRE n CE NUMERO. Primes du mois d'octobre 73 L'Histoire Naturelle et l'Agriculture 73 Notes de voyatre en Italie et en France T8 Une grammaire originale 81 Nécrologie 82 Un nouveau mollusque à Québec .... 82 Diffusion des animaux 84 Primes — 87 Association américaine jxjur raviincement de la science 87 Cata'ogue des Unios , 88 Vieux Serin 88 Petite Faune — Les Hémiptères Fam.ni— Coréides 52 ADDITIONS ET CORRECTIOS A LA FAUXE nYMÉXOPTÉROLOGIQUE. Fam. I. Tenthrédinides ... 5 Le Naturaliste Canadiex paraît au commencement de chaque mois, par livraisons de 32 pages in-8. Abonnement pour le Canada et les Etats-Unis, $2 par année, ou mieux par volume; chaque volume commençant au premier juillet chaque année, et se complétant dans les 12 mois qui suivent. Pour la France et les autres pays faisant partie de l'Union Postale 12 francs. On ne s'abonne \:>as pour moins d'une année ou d'un volume. Ceux qui en font la demande dans le cours de la publication, reçoivent lis numéros déjà parus de ce volume. fi®^ Toutes correspondances, remises, réclamations, etc., doivent être adressées au Rédacteur, Cap Rouge, Québec. AGENTS DU NATURALISTE Québec. — M. J. A. Langlai.s libraire, 177, rue St Joseph, St-Roch. Paris.— MM. Roger et Chernoviz, 7, rue des Grand.s-Augustins. DEMANDES ET OFFRES M. F. ANCEY, 5fi, Grande rue Marengo, Marseille, France, désire obtenir dei« Mollusques terrestres et fluviatiles de l'Amérique, il oti're en échange des espèces marines de la Méditerrannée, ou tluviatiles et terres" très de France. MOLLUSQUES A ECHAISGER Contre d'autres espèces, particulièrement des marines. {Pour la correspondance, il suffira de spécifier le nutnéro) 1 Strombus bituberculatus, Lrt/rt. 2G Ca3si= rufa, Lin. 2 " epidromi^, Llnn. 27 " testieuhis. Lam. 3 " _ Mauritianus, Lani. 28 Cassis decussata, Tjam. 4 " a'atu*, Gind. 29 Columbella rustica, Lam. 5, Pteroceras lambis. Lin. 30 •' mercatoria, Lam. 6. " aurantia, Lam. 31 Oliva literata. Lam. 7. Chenopus pes-pelicaiii. Lin. 32 it porphyria, Lam, 8. Terebellum subulatum, Chemn. 33 . Trophon truncatus, Strom. 38 Voluta vespertilio, Reeve. It. " corona, Strom. 39 Cypraea canrica, Lin. 15. Fusus cinereus, Xm. 40 a adusta, Lam. IG. Pyrula paradisiaea, ilfari. 41 ce caput-serpentis, Lin. 27 Sycotypus pyruin. Dill. 42 Ci moneta, Lin. 18 Ficus papyraceus. Sat/ 43 (C clandestina, lAn. 19 Fusus Diipetithouarsi, Kien. 44 {( carneola. Lin. 20 Buccinum undatum, Moll. 45 « Mauritiana, Lin. 21 Nassa trivittata, Say. 45 .< scurra, Lin. 22 Purpura lapillus, Lam. 47 ee mappa, TJn. 2.3 " haemastoma, Lin. (J, continuer). 24 Dolium perdix, Lin. L. PKOVANCHER, 25 Cassis Madagascariensis, Lam, CapRouge W l"^fj''l%f A XI I M? Les liuniéros qui suivent di) Canadian Naiu- \M Vol. A^I (1861) No 6. Vol. VII (1862) Kos 1, 2, 3, 4 et 6. Specifier le prix. PRIMES. On comiDi-end que le tirage se faii^ant après la distribution des copies, nous ne connaîtrons les gagnants qu'après qu'ils se seront fait connaître eux-mêmes. Nous publierons leurs noms dans le numéro qui suivra. Cî suit la liste des primes. 1ère jîrhne po^tuge Octobre; De Québec à Jéru- salem ; vol. de 800 pages 8 cts.. Novembre : Faiine Entoniolo- gique, les Coléoi^fères — S " Décembre: Faune Eiiiomolo- gique, les Hyménoptères. 8 '^ ■ Janvier : Un chapelet nacre, monté en argent (béni sur le S. Sépulcre) 8 " Février : Cas.szs rif/a (superbe coquille) - " Mars: Faune, les Coléoptères. S " Avril : Faune, les Coi'' < ptères 8 " Mai: Les pèlerins Canadiens aux bord du Jourdain en 1884, paysage par M. A. Rho .^ ■' Juin : Une patte de caribou, bien préparée. — "-' '' 2e prime postage Cassis Madagascariensis 4 cts 1 Chapelet nacre, non monté. 4 " 1 Porte-plume, crayon et ca- outchouc, en nikel 2 " 1 Pteroctras luinhit- 4 " 2 rurpvra h,< .,>.ijn„<„ ... 4 " 2 Helix Cœsarcuiia ..... . ..4 " 2 Vuio i-adiaiun 4 " 1 Siromhu.'s auraius 4 " 1 Coitus quhernator . . Le postage, quand ce .sera pour I'lAuope sera toujours double de celui ci-dessus indiqué, La réclamation des primes devia être faite dams les deux ; mois après la proclamation des numéros gagnants. i N. B. — Nul n'aura droit aux primes si son abonnement \ est, encore dû ; elles ne seront à la disiiosition que de ceux qui k ... ... 'A > auront payé d'avance, ou des échanges. I É ^,;^®«- -Wi®| J^ Imprimé par C. Darveau, 80 à 84, nie de la Moutague, Québ.c. SOlVîMAIRi; E£ G£ NUMEKO. Primes des mois d'Octobre et Novembre 89 L'Histoire Naturelle et l'Agriculture 89 Sur la fécondation des Cypripèdes 9-t Nécrologe 103 Eenvois 104 Nouvelle capture , 104 Petite Faune — Les Hémiptères Fam.in — Coréides (suite) 5Y additions et CORRECTIONS A LA FAUNE HYMÉNOPTÉROLOGIQUE. Fam. I. Tenthrédinides (suite) ,. 7 Le Naturaliste Canadien paraît au commencement de chaque mois, par livraisons de 32 pages in-8. Abonnement pour le Canada et les Etats-Unis, $2 par année, ou Biieux par volume ; chaque volume commençant au premier juillet chaque année, et se complétant dans les 12 mois qui suivent. Pour la France et les autres pays faisant partie de l'Union Postale 12 francs. On ne s'abonne pas pour moins d'une année ou d'un volume. Ceux qui en font la demande dans le cours de la publication, reçoivent L's numéros déjà parus de ce volume. JOÈi"" Toutes correspondances, remises, réclamations, etc., doivelit être adressées au Rédacteur, Cap Rouge, Québec. AGENTS DU NATURALISTE Québec. — M. J. A. Langlais, libraire, 17 Y, rue St Joseph, St-Roch. Paris.— MM. Roger et Chernoviz, 7, rue des Grands-Augustins. DEMANDES ET OFFRES M. F. ANCEY, 56, Grande nio Marengo, Marseil'e, France, désire obtenir des Mollusques terre:*tres et fluvialilesde l'Amérique, il otire en échange des espèces niarines de la Méditerrannée, ou fluviatiles et terres- tres de France. Mr. Arn. MONTANDON, naturaliste, administrateur du domaine' | royal de Sinaia, Roumanie, offre des Hémiptères, Coléoptères et Coquilles des Carpathes, bien d 'termines. à toute pe'sonne qui voudra bien lui en- voyer, déterminés ou non, des tl émlptèrcs-Hétéropières avec localités de provenance soigneusement indiq u ées. M. GASNAULÏ-GUEKIN, de Luynes, près Tours, demande à | échanger des roches de France, contre des roches du Canada. | MOLLUSQUES A ECHANGER Contre d'autres espèces, particulièrement des marines. CPour la correspondance, il suffira de spécifier le numéro) . 48 Trivia pustulata, Lani. 73 Trochus articulatus, Lam. 49 •'•' pulex, Linn. 74 Phasianella puUa, Lin. 50 " pediculus, Linn. 75 " speciosa. 51 Ovulum gibbosum. Lin. 76 Dentalium entalis. Lin. 52 Natica canrica, Chemn. 77 Trochus magus. Lin. 53 " héros, Saij. 78 " Langieri, Puyr. 54 Neverita duplicata. Say. 79 Cerithium rujsestre. 55 Cerithium erythiense, Lani. 80 " médite; ranneum,De5/î. 56 " eburneum, Brng. 81 Pomatias crassilabris. 57 " mamillatum, Risso. 82 Pomatiopsis lapidea. Say. | 58 Littorina obtusata. Lin. 83 Nassa rautabilis. Lin. 59 " angulifera, Lam. 84 " incrassata. 60 " fia va, Brod. 85 Marginella bivaricosa, Lam. 61 Rissoa Bruguieri, Pays. 86 Neritina punctulata, Lam. 62 Melantho decisa. Say. 87 Cyclostoma elegans. Mull. 63 Neritina meleagris, Cah. 88 " sulcatum. Drap. 64 " fluviatilis. Lin. 89 Limnaea peregra, Dupuis. 65 Nerita zebra. Gray. 90 " palustris, Mnll. 66 Bulimus decollatus. Lin. 91 " slagnalis, Lin. 67 Pomatias maculatus. Drap. 92 " capereta, Say. 68 Paludina tentaculata. Flem. 93 " catascopium, Binn. 69 Acmaea persona, Escli. (A continuer). 70 TrochiisNiloticus, Lin. 71 " ziziphiniis, Lin. L. pnOVANCHER, 72 " conulus. Lin. CapRouge. posîagc 4 cts '^^ N. B. — U7ie tra'h^ji- l'ion et des erreurs considérables ^4 s étant trouvées dans l>s -pages 7 et 8 des Adiuuuis , il faut | t enlever ce feuillet, il ^-e rdiouve, corrigé, dans la présente Jorme. PRIMES. On comprend que le tirage se faisant après la distribution des coijies, .nous ne connaîtrons les gagnants qu'aja-ès qu'ils se seront fait connaître eux-mêmes. Nous publierons leurs noms dans le numéro qui suivra. Cî suit la liste des ] rimes. 1ère iM'ime postage Octobre; De Québec à Jéru- Palem ; vol. de 800 pages 8 cts. Novembre : Faune I^ntoiiiolo- gique, les Coléoptères.. . . > " Décembre: Faune En omolo- gique, les Ryménoptères. 8 " Janvier : Un clrapelet naciw monté en argent (béni siu le S. Sépulcre). '• Février : Cassis ru/ a (s npcj i r coquille) . . "' Mars: Faune, les Co éoptèrc'.-. - "' Avril: Faune, les Coléoptère- b '' Mai: Les pèlerins Canadiens aux bord du Jourdain en 1884, paysage par M. A. Eho ■ '' Juin : Une patte de caribou, bien préparée 8 " Le postage, quand ce sera pour l'Europe sera toujours double de celui ci-dessus indiqué. La réclamation des primes devra être faite dans les deux mois après la proclamation des numéros gagnants. N. B. — Nul n'aura droit aux primes si son abonnement K est encore dû ; elles ne seront à la disposition que de ceux qui ^;) m auront payé d'avance, ou des échanges. ,|| mm^-^ — — ■ ^ ---^mm l'c pr,n.e Cassis J\[adu[/(isci(ricnsis.... 1 Chapelet nacre, non monté, 1 Porte-plume, crayon et ca- outcliouc, en nikel . . - 1 Pteroixras T< .. l< ,• NATURfiM-K Mi' CANADA. >Û^ 5 Rédacteur: M. L'aBBÉ PROVANCHER. 4^^ V ■■•• CAP n 0 U G E : PROVINCE DE QUÉBEC, CAIS'ADA. M V g Imprimé par C. Darveau, 80 h. 81, rue de la Montagne, Québec. SOMMAIRE HE G£ MMEBD. Primes des mois de Novembre et Décembre 1 fSô Les Microbes 1^'^ Un Fossile humain aa Mexique 1C9 Le Serpent de mer 174 Bibliographie 170 Ecureuils emigrants ..-. 179 Poissons hors de l'eau.......... 180 ADDITIOXS ET CORRECTIONS A LA FAUNE HYMEXOPTEROLOGIQl'E. Fam. I. Tenthrédinides {suite et fin) ^ 15 Fani. II. Urocérides , • 26 î\vm. lY. Ichneumonides 28 Le Naturaliste Canadien paraît au commencement de chaque mois, par livraisons de 32 pages in-8. Abonnement pour le Canada et les Etats-Unis, $2 par année, ou mieux par vo'unie ; chaque volume commençant an premier juillet chaque année, et se complétant dans le.s 12 mois qui suivent. Pour la France et les autres pays faisant partie de l'Union Postale 12 francs. On ne s'abonne pas pour moins d'une année ou d'un volume. Ceux qui en font la demande dans le cours de la publication, reçoivent l)s numéros déjà i-)arus de ce volume. Jg^" Toutes correspondances, remises, réclamations, etc., doivent être adressées au Rédacteur, Cap Rouge, Québec AGENTS DU NATURALISTE Québec. — M. J. A. Langlai>-, libraire, 177, rue St Joseph, St-Roch. Paris. — MM. Roger et Chernoviz, 7, rue des Grands-Augustins. DEMANDES ET OFFRES M. F. ANCEY, 56, Grande rue Marensro, Marseille, France, désire obtenir des Mollusques terrestres et fluviatiles de l'Amérique, il ottre en 1 échange des espèces marines de la Méditer rannée, ou iiuviatiles et terres- | très de France. Mr. Ark. MONTANDON, n aturaliste, administrateur du domaine royal de Sinaia, Roumanie, ottre des Hémi ptèr es. Coléoptères et Coquilles des Sarpathes, bien déterminés, à toute personne qui voudra bien lui en- 1 voyer, déterminés ou non, des Hém ptères-ïïétéroptères avec localités de 1 prov^enance soigneusement indiquées. M. GASNAULT-GUEKIN, de Luyne 0, près Tours, demande à échanger des roches de France, contre des roches du Canada. 1 MOLLUSQUES A ECHANGER Contre d'autres espèces, particulièrement des marines. 1 ÇPour la correspondance, il suffira de spécifier le numéro) ■ 94 Bulimus acutus, Mull. 123 Helix psara. Bourg. \ lt.5 Buliminus detritus. Mull. 124 it cornea. Drap. Do Pupa megachilos, Jan. 125 a pyramidata. Drap. 97 " Bergomensis, Charp. 126 ee variabilis. Drap. 98 •' aniicta, Parreijs 127 ce acuta. Drap. 99 " Fcrrarii, Porro. 128 ee striata, Drap. 100 Clausilia clavaia, Eossi. 129 ee rugosiuscula, Michaud. 101 " opalina, Ziegl. 130 ee intersecta, Mich. 102 " lamina ta, Mont. 131 ee neglecta, Draj}. 103 " strobeli, Porro. 132 ee lauta, Lowe. 104 " Conemenassi, Bo'èttgr 133 ee Leai, Ward. 105 " Comensis, Schuttl. 134 ee hirsotoma, Sai/. lOG " exoptata, Schmidt. 135 ee 7-volva, Sai/. 107 " incisa, Hast. 136 ee lapicida. Lin. 108 " frimbriata, Muhlf- 137 ee syriaca, Ehr. 109 " qnadridens. Mull. i;;8 ee arbustorum. Lin. 110 " dubia. Drap. 139 ee ericetorum. Mull. 111 " cterulea. Férus, 140 ee alternata, Saij. 112 " bidens. Lin. 141 ee carthusianella. Drap. 118 " Itala, Mart. 142 ee pisana, Mail. 114 fusca, deBetta. 143 ee ligata, Mull. 115 Balsamoi, Schuttl. 144 ee aspersa. Mull. IIG Helix candidissima. Drap. 145 ee incerta. Drap. 117 '' obvia, Parreys. 146 ee frigida, Jan. 118 " cantiana. Val. 147 ee naticoides. Drap. 119 " pomatia, List. 148 ee austriaca, Muhl. 120 " neinoralis, Un.. 149 ee serpentina, Ferr. 121 " hortensis, Mnll. 150 ee cœspitum, Drap. 122 " Cifâsareana, Puijr. 151 ee muralis, Mull. A continuer. L. ] PROVANCHER, CapRouge. 1 ^•^^<- -"-^^ 2e prime postage . . 4 cts I' JVbus avons été forcé d'interrompre les Hémiptères dans ce I numéro — et peut-Hre le ferons-nous encore dans quelques autres — ,., pour laisser l'espace aux îiombreuses additions que nous avons à f faire aux Hyménoptères, afin d'éjmiser ces derniers avant le retour de la saison de chasse. PRIMES. On comprend que le tirage se faisant après la distribution des copies, nous ne connaîtrons les gagnants qu'après qu'ils se seront fait connaître eux-mêmes. Nous publierons leurs noms dans le numéro qui suivra. Cî suit la liste des primes. 1ère prime pot-tage Octobre ; De Québec à Jéru- salem ; vol. de 800 pages 8 cts. Novembre : Faune Entomolo- gique, les Coléoptères — 8 " Décembre: Faune En^omolo- gique, les Hyménoptères. 8 " Janvier : Un chapelet nao «; , monté en argent (béni sur le S. Sépulcre) 8 " Février : Cassis rnfa (superbe coquille) 8 " Mars: Faune, les Coléoptères. 8 " Avril: Faune, les Coléoptères 8 " Mai: Les pèlerins Cahadiens aux bord du Jourdain en 1884, paysage par M. A. Eho 8 " Juin : Une jiatte de caribou, bien préparée 8" Le postage, quand ce sera pour l'Europe sera toujours double de celui ci-dessus indiqué. La réclamation des primes devra être faite dans les deux mois après la proclamation des numéros gagnants. N. B. — Nul n'aura droit aux primes si son abonnement ^, J) est encore dû ; elles ne seront à la disposition que de ceux qui ((| 1^ auront payé d'avance, ou des échanges Cassis M"mj?. 17 " Strigata, Mail. 172 " incarnata, Mull. 173 " obstructa, i'Vruss. 174 " elegans, Drap. 175 " cinctella, Drap. 176 " arborea. Lin. 177 " serpentina, Féruss. 178 " lucida, Drap». 179 " maritima, Peychaud. 180 " sericea, Mull. 181 " Niciensis, Féruss. A continuer 182 Hélix apicina, Lam. 183 " pyrenaica, Drap. 184 " Hermessiana, Pini. 185 " Gobauzi, Frahneuf. 186 " fruticum. Mull. 187 " candidissima. Drap. 188 " strigella, Drap. 189 " carthusiana. Mull. 190 " aperta, Bon 191 ■ " lucorum. Mull. 192 " vermiculata, Mull, 193 " candidula. Stud. 194 " conspurcata. Drap. 195 " lapicida. Lin. 196 " aspersa, Mull. 197 " grisea. Lin. 198 Hyalina nitidula, Drap. 1 99 " cellaria. Mull. 200 " Draparnaudi, Beck. 201 " petronella, Charp. 202 •' Villœ, Morfill. 203 " piulex, Jan. 2ii4 " olivetorum, GmeL 205 Vitrina pellucida. Mull. 206 " brevis, Féruss. 207 " diapliana. Drap. 208 Cionella folliculus, Groicer. 209 Zonites incertus, Drap. 210 " acies, Partsch. L. PROVANCHER, CapRouge. PRIMES. On comprend que le tirage se faisant après la distribution des copies, nous ne connaîtrons les gagnants qu'après qu'ils se seront fait connaître eux-mêmes. Nous publierons leurs noms dans le numéro qui suivra. Cî suit la liste des primes. 1ère prime postage 2e prime postage Octobre; De Québec à Jéru- Cassis Madagascariensis 4 cts salem ; vol. de 800 images 8 cts. Novembre : Faune Entomolo- 1 Chapelet nacre^ non monté. 4 " gique, les Coléoptères — 8 " " Décembre: Faune Entomolo- 1 Porte-plume, crayon et ca- gique, les Hjnuénoptères. 8 " •' outchouc, eu nikel 2 " Janvier: Un chajselet nacre, \ Pteroceras lamhis 4 " monté en argent (béni sur le S. Sépulcre) 8 " Février: C«ms nr' riAMAUA. Eédactenr: M. L'ABBÉ PROVANCHE&. CAP E 0 U G E : PROVINCE DE QUEBEC, CANADA. if ■^ r ,-v. JVWALKF.B X^. Imprimé par C. Daryeau, 80 ù 84, rue de la Montagne, Québ c. SOl^MAIBE DE CE NUMERO. Primes des mois de Janvier et février — ,. , 19T Géographie physique du Saguenay , - 197 Souvenirs de Valachie 207 Excursion dans la terre d'Israël 210 Bibliographie 211 Mosaïque de population 212 Petite Fadxe — Les Hémiptères. Fam. IV, Lygéides (suite) 69 ADDITIONS A LA FAUNE HYMÉNOPTÉROLOGIQUE. Fam. IV — Ichneumonides (suite) --•• 43 Le Naturaliste Canadien paraît au commencement de chaque moi.*, par livraisons de 32 pages in-8. Abonnement pour le Canada et les Etats-Unis, $2 par année, ou mieux par vohime ; chaque volume commençant au premier juillet chaque année, et se complétant dans les 12 mois qui suivent. Pour la France et les autres pays faisant partie de l'Union Postale 12 francs. On ne s'abonne pas pour moins d'une année ou d'un volume. Ceux qui en font la demande dans le cours de la publication, reçoivent ]»s numéros déjà parus de ce volume. Jg^^ Toutes correspondance^, remises, réclamations, etc., doivent être adressées au Rédacteur, Cap Rouge, Québec. AGENTS DU NATURALISTE Québec. — M. J. A. Langlai?, libraire, 177, rue St Joseph, St-Roch. Paris. — MM. Roger et Chernoviz, 7, rue des Grands-Augustins. DEMANDES KT OFFRES M. F. ANCEY, 56, Grande rue Marengo, Marseille, France, désire obtenir des Mollusques terrestres et fluviatiles de l'Amérique, il offre en échange des espèces marines de la Méditerrannée, ou fluviatiles et terres- tres de France. Mr. Arn. MONTANDON, naturaliste, administrateur du domaine royal de Sinaia, Roumanie, offre des Hémiptères, Coléoptères et Coquilles des Carpathes, bien déterminés, à toute personne qui voudra bien lui en- voyer, déterminés ou non, des Hémiptères-Hétéroptères avec localités de provenance soigneusement indiquées. M. GASNAULT-GUEKIN, de Luyne», près Tours, demande à échanger des roches de France, contre des roches du Canada. M. le Comte Marius H. Peracca, Turin, 6, rue St- Anselme, Italie, désire se mettre en relation avec des naturaliste herpétologisies. Il offre, vivants ou en alcool, à peu près tous les reptiles et batraciens d'Europe ; et il désire recevoir en échange des reptiles et batraciens d'Ainérique, surtout des batraciens urodèles vivants. MOELUSQUES A ECHAISGER Contre d'autres espèces, particulièrement des marines. CPour la correspondance, il suffira de spécifier le numéro) 211 Zonites algyrus, Oliv. 241 Pupa frumentum. Drap. 212 Helix colubrina, /ad. 242 " doliolum, i?/'».^. 213 " al bol abris, ^'ay. 243 " quadridens,.¥HZ/;V.p.roHxa. 214 " striatella, Opr. 244 " Sempronii, Charp. 215 " explanata, MulL 245 " affinis, Rosm. 216 " tigrina, Jun. 246 Anculosa ampla, Anthony. 217 " NTciensis, i-VrMSS. 247 Valvata sincera, aSVi//. 218 " linibata, Drap. 248 Clausilia bidens, Din. 219 " jourdamana, Bourg. 249 " lineolata, Beld. 220 " subiinstriaca. Bourg.. 250 " picatula, Drap. 221 " Subinaritima. Lin, 251 " " Var. vulgaris. 222 " Villœ, Charis. 2-)2 " Itala, Mari. Var. 223 " obvoluta" Mull. 253 " solida. 224 " rupestris. Drap. 254 " punctulata, Kusta. 225 " " Var. conoidea. 255 " leucostigma, Ziegl. 226 " a'pina, F. B. 256 " parvula, Stud. 227 " obvia, Bart. 257 Stenogyra decollata, Lin. 22S pyramidata, Drap. 258 Succinea putris, Lin. 229 " barbara, Lin 259 " " Var. olivula. 230 " holosericea, Scudd. 260 " pleuroleuca, Leiourn. 231 " pyo-mœa. Drap. 261 Carychium tridentatum, Eisso. 232 " frulicuin, Mull. 262 Limnjea columella, Sag. 233 " rufescens. Pennant. 263 Planorbis contortus, Mull. 234 " ciliata, Venetg. 264 " complanatus, Stud. 235 " splendida, Drap. V. ro8ea.265 " corneus. 236 " arenacea. Drap. 266 " trivolvis. Sag. 237 Bulimuhis cylindricus. Mull. 267 " ' Var. lentus. 238 " 5-dentatus, Mull. 268 " bicarmatus. Sag. 239 " detritus. Stud. 269 " deflectus, Sag. 240 Pupa avenacea, Briig. 270 " macrostomus, Whiteaves A continuer. L. PROVANCHER, CapRouge. î-^^^ -^^^mM 2e prime Cassis Madagascariensis. postage , . 4 cts Erratum. Par une bien regrettable erreur de pagina-] tion, l'on a fait un saut de 62 pages dans la 7e livraison du ]^a.tura}iste (janvier 1886J; en conséquerzc h' p::g: 165 devra faire suite à la page 104. PRIMES. On comprend que le tirage se faisant après la distribution des copies, nous ne connaîtrons les gagnants qu'après qu'ils se seront fait connaître eux-mêmes. Nous publierons leurs noms dans le numéro qui suivra. Cî suit la liste des primes. 1ère lorime postage Octobre ; De Québec à Jéru- salem ; vol. de 800 pages 8 cts. Novembre : Faune Entoniolo- gique, les Coléoptères — 8 " Décembre: Faune Eniomolo- gique, les Hyménoptères. 8 " Janvier : Un chapelet nacre, monté en argent (béni siir le S. Sépulcre) 8 " Février : Cassis rufa (superbe coquille) 8 " Mars: Faune, les Coléoptères. 8" Avril: Faune, les Coléoptères 8 " Mai: Les pèlerins Canadiens aux bord du Jourdain en 1884, paysage par M. A. Rho 8 " Juin: Une patte de caribou, bien préparée . — 8 " Le postage, quand ce sera pour l'Europe sera toujours double de celui ci-dessus indiqué. La réclamation des primes devra être faite dans les deux mois après la proclamation des numéros gagnants. N. B. — Nul n'aura droit aux primes si son abonnement îj est encore dû ; elles ne seront à la disposition que de ceux qui \j H auront payé d'avance, ou des échanges. 1 Chapelet nacre, non monté. 4 1 Porte-plume, crayon et ca- outchouc, en nikel 2 1 Fteroceras iarnhis 4 2 Purpura Jiœmasioma 4 " 2 Helix Cœsareana 4 " 2 Unio radiatus. — . 4 " 1 Strombus auratus 4 " 1 Conus gtibernator 3 im^<^^<--- ^^' No. 10 Imprimé par C. Darveau, 80 à 84, rue de la Montagne, Québ.c. SOMMAIRE SE CE Nl'MEED. Primes des mois de Novembre, Décembre, Janvier, Février e! Mars..2 13 Quelques notes de voyage 214 Souvenirs de Yalachie 21'.) Nécrologie. 223 Bibliographie ... 224 Petite Faune — ^Les Hémiptères. Fam. IV, Lj'géides (suite) 13 ADDITIONS A LA FAUNE HYMÉNOPTÉROLOGIQUE. Fam. IV- — Ichneumonides (suite) 55 Le Naturaliste Canadien paraît au commencement de chaque mois, par livraisons de 32 pages in-8. Abonnement pour le Canada et les Eta,ts-UTn'R, $2 par année, on mieux par vohnue; chaque volume commençant au premier juillet chaque année, et se complétant dans les 12 mois qui suivent. Pour la France et les autres pays faisant partie de l'Union Postale 12 francs. On ne s'abonne pas pour moins d'une année ou d'un volume. Ceux qui en font la demande dans Je cours de la publication, reçoivent lis numéros déjà parus de ce volume. 6^°" Toutes correspondances, remises, réclamations, etc., doivent être adressées au Rédacteur, Cap Rouge, Québec AGENTS DU NATURALISTE Québec. — M. J. A. Langlais, libraire, 177, rue St Joseph, St-Roch. Paris. — MM. Roger et Chernoviz, 7, rue des Grands-Augustins. DEMANDES ET OFFRES M. F. ANCEY, 5G, Grande rue Marengo, Marseil'e, France, désire obtenir des Mollusques terrestres et tiuviatiles de l'Ainérique, il otfre en échange des espèces marines de la Méditerraonée, ou fluviutiles et terres- tres de France. Mr. Arn. MONTANDON, natiiraliste, adniiniptrafenr du domaine r03^al de Sinaia, Roumanie, oftre des Hémiptères, Coléoptères et Coquilles des Carpaîhes, bien déterminés, à toute personne qui A^oudra bien lui en- voyer, déterminée ou non, des Hémiptères-Hétéroptères avec localités de provenance soigneusement indiquées. M. GASNAULT-GUEKIN, de Luyne=, près Tours, demande à échanger des roches de France, contré des roches du Canada. M. le Comte Marius H. Peracca, Turin, 6, rue St Anselme, Italie, désire se mettre en relation avec des naturaliste herpôtologisies. Il offre, vivants ou en alcool, à peu près tous les reptiles et batraciens d'Europe ; et il désire recevoir en échange des reptiles fit batraciens d'Amérique, surtout des batraciens iirodèles vivants. H A VEfMDRE ISTOIRE NATURELL DES OISEAUX DE L'AMERIQUE SEP- TENTRIONALE, contenant un grand nombre d'espèce décrites ou figurées pour la première fuis par U. L. P. Vieillot, Paris 1807, 2 2 vols, folio, non rogné, cartonné avec les 131 planches. Ces planches sont ma- gnifiques et presque toutes de grandeurs naturelles, Muller de Amsterdam en 1883 dans son catalogue de livres a vendre en demande 125 florins hollamlais ce qui équivaut a $(»0.00 de notre argent, nous offrons cet exemplaire pour $'Z0 00. L'acheteur devra en payer le transport. S'adresser a P. GAGNON, 53 Rue du Pont St-Roch, Québec, Canada MOLLUSQUES A ECIIAISGLR Contre d'autres espèces, particulièrement des marines. (.Pour la correspoii l lace, ilsnljira de spécifier le numéro) 271 Planorbis campanulatus. Say. 284 Helix strigosa, Gould. 872 Segmentiiia ar.nigera, Say. 285 Marisa cornu-arietis. 273 Physa ancillaria, ,S'ay. 28G Cyclostoma elegans, ilfwZ?. 274 " Lordi, Baird. 287 " sulcatum. Drap. 275 " Viro-inea, Gould. 288 Helicina subfnsca, Menke. 276 " hetei-ostropha, Say. 280 Cionella subcylindrica, 277 Pomatias Arryciencis, S. Sim. 290 " follieulus, Gronov. 278 " striolatus, Po/TO. 29 1 Limnœa emarginata, .S'«y- 219 " valsobrinus, f/»t. 292 Marginella guttata, 6-'(u7/. 280 " maculatus. Stud. 293 " cincta, Kiener. 281 Pomatiopsis lapidaria Fag. 294 '• rosea, [aim. 282 Helix Carpenteriana, Bland. ■ 295. Cerithium 7-striatnm, Say. 283 " rufescens, Pennant. A continuer. L. PROVANCHER, CapRouge. m^^^ »î=a>g>@ 14 Vols, complets, en bon ordre et bien reliés. LE NiTiiaiLisTB mmm, S'adresser à Tlmprimerie de C. Darveau, 82, rue de la Montagne, F Québec. 2e prime Cassis Madagascariensis.. postage . . 4 cts PRIMES. On comprend qne le tirage se faisant après la distribution des copies, nous ne connaîtrons les gagnants qu'a[)rès qu'ils se seront fait connaître eux-mêmes. Nous publierons leurs noms dans le numéro qui suivra. Cî suit la liste des primes. 1ère prime postage Octobre; De Québec à Jéru- salem ; vol. de 800 pages S cts. Novembre : Faune Entomolo- gique, les Coléoptères 8 " Décembre: Faune Enlomolo- gique, les Hyménoptères. 8 " Janvier : Un chapelet nacre, monté en argent (béni sur le S. Sépulcre) 8 " Février : Cassis rufa (superbe coquille) 8 " Mars: Faune, les Coléoptères. 8 " Avril: Faune, les Coléoptères 8 " Mai: Les pèlerins Canadiens aux bord du Jourdain en 1884, paysage par M. A. Rho 8 " Juin : Une patte de caribou, bien préparée 8 " Le postage, quand ce sera pour l'Europe sera toujours double de celui ci-dessus indiqué. La réclamation des primes devra être faite"dans les deux mois après la proclamation des numéros gagnants. N. B. — Nul n'aura droit aux primes si son abonnement est encore dû ; elles ne seront à la disposition que de .ceux qui \] auront payé d'avance, ou des échanges. M 1 Chapelet nacre, non monté. 4 " 1 Porte-plume, crayon et ca- outchouc, en nikel. 2 " 1 Pteroceras lambis 4 " 2 Purpura Jiœmastoma ... 4 *' 2 Helix Cœsareana 4 " 2 Unio radiatus 4" 1 S trombus auratus 4 " 1 Conus giibernator 3 »^^ Toi XV. MAI 1886 No. 11 Imprimé par C. Darveau, 80 à 84, rue de la Montagne, Québec. SOMMAIRE HE CE NUMERO. Q'ielques notes de voyages 229 Étudiez l'Enfomologie 240 La Saison... 241 Les Eucalyptus 241 Chasse aux spécimens 243 Petite Faune — Les Hémiptères. Fam. IV, Lygéides (suite).. n ADDITIONS A LA FAUNE HYMÉNOPTÉROLOGIQUE. Fam. IV— Ichneumonides (suite)» 67 Le Naturaliste Canadien paraît au commencement de chaque mois, par livraisons de 32 pages in-8. . Abonnement pour le Canada et les Etats-Unis, $2 par année, ou mieux par volume ; chaque volume commençant au premier juillet chaque année, et se complétant dans les 12 mois qui suivent. Pour la France et les autres pays faisant partie de l'Union Postale 12 francs. On ne s'abonne pas pour moins d'une année ou d'un volume. Ceux qui en font la demande dans le cours de la publication, reçoivent l.!s numéros déjà parus de ce volume. S^" Toutes correspondances, remises, réclamations, etc., doivent être adressées au Rédacteur, CapRouge, Québec. AGENTS DU NATURALISTE Québec. — M. J. A. Langlais, libraire, 177, rue St Joseph, St-Roch. Paris. — MM. Roger et Chernoviz, 7, rue des Grands-Augustins. DEMANDES irr OFFRES M. F. ANCEY, 56, Grande rue Marengo, Marseille, France, désire obtenir des Mollusques terrestres et fluviatiles de l'Ainérique, il otfre en échange des espèces marines de la Méditerrannée, ou fluviatiles et terres- tres de France. Mr. Arn. MONTANDON, naturaliste, administrateur du domaine royal de Sinaia, Roumaiie, offre des Hémiptères, Coléoptères et Coquilles des Carpaiies, bien d Hermines, à toute personne qui voudra bien lui en- voyer, déterminés on non, des Héniii)tères-Hétéroplères avec localités de provenance soigneusement indiquées. M. GASNAULÏ-GUEKIN, de Luyne=, près Tours, demande à échanger des roches de France, contre des roches du Canada. M. le Comte M.VRius H. Peracca, Turin, 6, rue St. Anselme, Italie, désire se mettre en relation avec de-; naturaliste herpétologisies- Il offre, vivants ou en alcool, à peu près tous les reptiles et. batraciens d'Europe; et il désire recevoir en échange des reptiles et batraciens d'Amérique, surtout des batraciens urodèles vivants. MOLLUSQUES A ECIIAINGER Contre d'autres espèces, particulièrement des marines. iPour la correspondance, il suffira de specifier le numéro) 296 Neritfi albicilla. Lin. 317 297 Neritina thernialis. 318 298 Murex Ed\vard o organ manufactured has met wlUi llie populisrity of this Instrument, as Is proven by the immense sales. It even bids fair lo sur- pass the demand for the far-f.amed Improved Beetho- ven. HiiTiniriijcreased ourfacilUlesforn anufacturing by purchasing improved maeliinrry, we are able to re- duce the price from f 1 25. OO to on'.y $105. 50, which includes n mii.sic }iock and adii!»itable stool. Those wi.'liing ilie Improved Beethoven and other Ptvles of ' rg.uis with Pfo|> combinations, ranging lnrr:eefrum$39.50to$l75.00— alsfl.SQUAKBand UPiiKiUT riaiios from $175. OO to S297.50— will please write ii8,nnd we will take pleasure In giving all the Information desired free of charge. Those who contemplate purchaslngwlU do well to consult with us, as we hare no ot/ents. Deal direct with the public. You therefore save nffent's profits by purchaainar direct from I he mnnufncturer. Remember, our Instruments are worrnnfcd for SIX YEAR8, and are sent anywhere on 1 ■> days' test trial. If not satisfactory, organ may be returned, and our firm pay freight charges DOth ways. Sign Painters wanted. Address all communications, BEETHOVEN PIAIVO ORGAIV CO., Washington, Kew Jersey, U. S, A. VoTici.— Mention name of this paper when you writ» îm«s>^* IX O 3 3 O no W hd W voyages. — Un magasin d'iiistoire natur elle 246 247 248 Xos Plantes indii. ènes . . . ... 251 La manie des noms nouveaux 254 Acclimatation . — Mollusques 25/ Insectes nuisiV^les 259 Nécrologie s 2G0 Petite Faune — Les Hémiptères. Fam. IV, Lygéides (suite).. • 81 ADDITIONS A LA FAUNE HYMÉNOPTÉROLOGIQUE. Fam. IV — Iclineumonides (suite). 79 Le Naturaliste Canadien paraît au commencement de chaque mois, par livraisons de 32 pages in-8. Abonnement pour le Canada et les Etats-Unis, $2 par année, ou mieux par volume; chaque volume commençant au premier juillet chaque année, et se complétant dans les 12 mois qui suivent. Pour la France et les autres pays faisant partie de l'Union Postale 12 francs. On ne s'abonne pas pour moins d'une année ou d'un volume. Ceux qui en font la demande dans le cours de la publication, reçoivent lis numéros déjà jjarus de ce volume. J3®" Toutes correspondances, remises, réclamations, etc., doivent être adressées au Eôdacteur, CapRouge, Québec AGENTS DU NATURALISTE Québec. — M. J. A. Langlais, libraire, 111, rue St Joseph, St-Roch. Paris. — MM. Roger et Chernoviz, 1, rue des Grands-Augustins. DEMANDES ET OFFRES M. F. ANCEY, 50, Grande rue Morengo, Marseille, France, désire obtenir des Mollusques terrestres et fiuviatiles de l'Amérique, il offre en échange des espèces marines de la Méditerrannée, ou fluviatiles et terres- tres de France. Mr. Arn. MONTANDON, naturaliste, administrateur du domaine royal de Sinaia, Roumanie, oftre des Hémiptères, Coléoptères et CoquiUea des Carpathes, bien déterminés, à toute personne qui voudra bien lui en- voyer, déterminés ou non, des Hémiptères-Hétéroptèrcs avec localités de provenance soigneusement indiquées. M. GASNAULT-GUEKiISr, de Luyues, pi>.s luui^, demande à échanger des roches de France, contre des roches du Canada. M. le Comte Marius H. Peracca, Turin, 6, rue St Anselme, Italie, désire se mettre en relation avec des naturaliste herpétologistes. Il offre, vivants ou en alcool, à peu près tous les reptiles et batraciens^ d'Europe ; et il désire recevoir en échange des reijtiles et batraciens d'Améri(iue, surtout des batraciens urodèles vivants. w^^-^^- -*^^^i ■ D.\RYKAv, 82, rne .]p ]a :\!.Mita-'ne, f S'adresser à rînijHi Quél.ec. ORCHESTRAL SIX OCTAVE, 6traistoImakorp('daU-:.nMa^lowLH .^u ///,F,^,?^ mnstc can be executed vDon it. A c:- oatToDera « be. ows. Case jiiade of solid clien-^ ;i„,„iz,,d i^d «o higlUy polished as to irake U a\most i,.niu\^hlpPnJ? Unf^nsk it from rosezco, ,l. > „"c ,4 'n" (ll^în^K:?^ "iiDfnt. as l3 ■ ui.- fairtofur- ;'<;vrfi r.fi iho- i; aniifactiiring ;n',' j-.bie tore- ! V $so5.r>o, ■; adjustable : ;^ûovcn and ' i'-ns.rangiDg ' - Qt-AKKinid ■'■•'-•. 5 O-will I ■ jjiviDgall j liose who 't Willi us, I .'Public. ' roliasjnsr ber, our as, and ;nl. If not has met wlih ilje popuJarily of tl la proven by the immense j-a!e8 Itévf p;!ss the demand for the fai-famcd ?• yon. HaviriK i n creased on r facilities l oy purchumg miprovcU m;iehir,orv : diioe the piico from $i 25.«rt"t'o ivhich in-!..u'.9 a nii.sjc be. J stpo!. liio:^n ui.^h.'ng ;!ie In'ptovc in î^r ce lri.TnS"<ns.OTxcE.-Menllon name of this paper ^yh.^n\où write' - C = H o s. '71^ C . r— o o Si ^ «'^ !I ^ ^ ~ -: <^ <î - M ~ 'T_ rr „^ — '^ ' cÉ 1— tn 2. 2 M ■T * ■ ' — ^ S b " O S- ^. - ^ ^ ^ <^ lT^ ti> T! <^ -: r; j;y |^i = "*- - r ^. d "" ^ o " £ Pd C 3 ^ . O CO 2. S- = 6 ^-' Kl p ^2 '^ »^^^§^|oS No. 1 Imprimé par C. Dakveau, 80 ji SI, rue de I4 .McJuiaRm', Qiiéb c. SOMMAIRE BE G£ NUMESD. Primes 1 Notre seizième volume . 2 Un nouvel ennemi du pomjnier 6 No8 Cantons de l'E^i 8 Bibliographie .... 14 Petite Faune — Les Hémiptères. Fam. V, Antliocori(le^= 88 ADDITIONS A LA FAUNE HVMiÔXOPTÉROLOrxIQUE. Fam. IV — Iclineumonides (suite), 91 Le N.\TURAi.iaTE Canadien paraît an cummencement de cliaqne mois', par livraisons de 32 pages in-8. Abonnement pour le Canada et les Etats-Unis, $2 par année, ou mieux par volume ; chaque volume commençant au premier juillet chaque année, et se comj)létant dans les 12 mois qui suivent. Pour la France et les autres pays faisant partie de l'Union Postale 12 francs. On ne s'abonne pas pour moins rl'une année ou d'un volume. Cfu.x qui en font la demande dans le cours de la jjublication, reçoivent lis numéros déjà parus de ce volume. JB^" Tontes correspondan(;es, remises, réclamations, etc., doivent être adressées au Rédacteur, CapRouge, Québec. AVIS IMPORTANT.— Le bureau de poste du CapRouge n'émet- tant pas de mandats d'argent, c'est sur celui de Québec qu'il faut les prendre, et les règlements postaux exigeant les noms et prénoms du desti- nataire, tous. mandats pour le Nutaralistc doivent être pris au nom de M. LÉON Pkovancheh. AGENTS DU NATURALISTE Québec. — M. .1. A. Langlais, libraire, 177, rue St Joseph, St-RocJi. Paris. — MM. Roger et Chei'noviz:, Y, rue des Grands-Augustins. DE QUEBEC A JERUSALEM. Journal d'un pèlerinage du Canada en Terre-Sainio, en passant à travers l'Angleterre, la France, l'Egypte, la Judée, la Samarie, la Galilée, la Syrie et l'Italie. Ouvrage accompagné de plans et de cartes géogra- phiques. Par l'Alibé Provanchcr.— Québec, C. Darveau, 1884. Ce récit, qui forme un voiume de 7"i4 pages in-8, avec cartes et plans d'une exécution parfaite, est encore l'ouvrage le plus complet publié jusqu'à cejour sur laïerre-Sainte en Canada. Comme les pèlerinages au.\ Lieu.x- Saints deviennent déplus en plus fréquents, ceux qui se proposent ce voyage, ne peuvent mieux s'y préparer que par la lecture de ces pages, et ceux qui s'en voient empêchés peuvent, jusqu'à un certain point, s'en dé- dommager en parcourant par la pensée, au moyeu de ce récit, ces lieux bénits et à jamiiis mémorables. PRIX ^2- — Chez M. Chaperon, libraire, rue de la Fabrique, Québec. (Sur réception du prix, le volume est expédié par la poste.) p H I M a : 8 1 ère Prime. 2 Prime. Juillet : un microscope pour insecte. Vohita vespertilio. Août : Cecil's Book of Insects, illus- 2 Cyprjwa canrica. tré et élégamment relié Septembre : Faune Canadienne ; Co- Cliva guttata. léoptère. Octobre : De Québec à Jérusalem, Murex bicolor. Novembre : Cecil's Book of Bird-. 2 Cerithium erythrense. Décembre : Dictionnaire des Scien- Oliva porphyria. ces, des Lettres et des Aarts, par C. de Bussy, 1 vol. broché, Janvier : Cyprœa tigris. Cassis decussata. Février : Cecil's Book of Beasts. Conus sulcatus. Mars : De Québec à Jérusalem. Cypraîa Mauritiana. Avril : Faune Canadienne. Les Co- Cypraîa niappa. léoptères. Mai : De Québec à Jérusalem. 2 Oliva litterata. Juin : Une loupe de poche. 2 Neverita duplicata. Tout abonné réclamant Tune quelconque de ces primes, devra envoyer 8 centins pour en payer le postage. M. F. ANCEY, ôC, Grande me Marengo, Marseille, France, désire obtenir des Mollusques terrestres et tluviatiles de l'Amérique, il oHre eu échange des espèces marines de la Méditerrannée, ou tluviatiles et terres- tres de France. Mb. Ark. MONÏANDON, naturaliste, administrateur du domauie royal de Sinaia, Roumanie, otlre des .Hémiptères, Coléoptères et Coquilles des Carpathes, bien détermines, à toute personne qui voudra bien lui en- voyer, déterminés ou non, des Hémii)tères-Hétéroplères avec localités de provenance soigneusement indiquées. M. GASNAULT-GUEHIN, de Luynes, près lours, demande a échano-er des roches de France, contre des roches du Canada. m'', le Comte M.vril's H. pEiiArcA, Turin, 6, rue St Anselme, Italie, désire se mettre en relation avec des naturaliste herpetologisies. U otlre, vivants ou en alcool, à peu près tous les reptiles et batraciens dLurope ; et il désire recevoir en échange des reptiles et batraciens d Amérique, surtout des batraciens urodèles vivants. 14 Vols, complets, er ordre et bien reliés. LE NlTURlllSTE UMME, S'adresser à l'Imprimerie de C Darteau, 82, rue de 1? "^ Québec. ORCHESTRAL PIANO-ORGAN. SIX OCTAVE. Grand Imirrovcments in Reed Organs. Nppedal Btrapsto break or pedal carpets to wear out. AUptaiw music can be executed npo7i it. A child cm operate bellows. Case made of solid cherry, ebon;i;cd and bo hlehly polished as to make it almost imposnhle tod'H- tinguish it from rosewoccl. î«o organ manutactured has met with the popularity of this instrmiu-nt. as is proven by the immense sales. It even bids fa.r to sur- pass the demand for the far-famed Improcd Beetho- ven Having iacreascd our fucilitiesf or mauuf act urirg by purchasing improved machinery, v.e are Rble to re- duce the price from $ia5.«Olo onl, SÎ05.50, which includes a music book and ari.isistable stool. Tliose wis^hing the Improved Beethoven and other styles of organs with stop combiiiatiiuis.rangmg in prxefrom $39.. 'iO to $1 75.00-also,SQUAKK aiid Upkisht Pianos from $1 7.5.00 to .$297.50— will please write us. and we will take pleasure la giving all the Information desired free of ciiarge. Those who contemplate purcliaslngwiU do well to consult with us, as ice have no agents. Dea! direct with liie public. You therefore snve agent's profita by purehasinff directfrom tlie ninnufacJurer. Remember, our instruments arewarranted for SIX YEARS», and are sent anywhere on 1 .'î days' test trial. If not satisfactory, organ may be returned, and our firm pay freight charges tjoth ways. Sign Painters wanted. Address all communications, DEETHOVEIV PIAIVO OROAIV CO., ÂVashington. IVew Jersey, U. S. A. Notice.— Mention name of this paper when you write- I ft y. ^ - 3 :rr '— » o ..; i— t ^ S ^-2 " '^~ i-j C/3 "^ â ''^ o =» St^ ^ s „ ■0. jr g • p-cl s s s g: s s; o Q iT-s 'j fo .?" ■ r- r- 'Âl Pd o • it3 P to >? ,_, w Q ^ al ^ g ^-^ S t-< s-ï — >r^ =: ^-rt p tt> g ;^ _ 3 ^ ►^ p ^.--3 t^ï o :3 3 to -- r P Cfi ^ 2 a CO Kl ^^^^^ AOUT 1886 No. 2 BtJLLF.TTN DE RF.CHF.BrHFP, OBSERVATIONS ET DÉCOUVERTES 6£ RAPPORTANT A i/hISTOIRK NATDRËLLV I>U CANADA, Eédacteur: M. L'ABBÉ PRO VAK CHER. CAP EOUGE: PROVINCE DE QUÉBEC, CANADA. Imprimé par C. Darveau, 80 b. Si, rue de la Moutagne, Qucb.c. SOMMAIRE BE CE NUMERO. Primes » 17 Nos Cantons de l'Est. 18 Bibliographie . . • Hl Le Némate du Mélèse 32 Petite Faune — Les Hémiptères. Fam. VI, Phytocoridea 92 ADDITIONS A LA FAUNE HYMÉNOPTÉROLOGIQUE. Fam. IV — Ichneumonides (suite). 103 Le Naturaliste Canadien- paraît au commencement de chaque mois, par livraisons de 32 pages in-8. Abonnement pour- le Canada et les Etats-Unis, $2 par année, ou mieux par volume ; chaque volume commençant au premier juillet chaque année, et se complétant dans les 12 mois qui suivent. Pour la France et les autres pays faisant partie de l'Union Postale 12 francs. On ne s'abonne pas pour moins d'une année ou d'un volume. Ceux qui en font la demande dans le cours de la publication, reçoivent lis numéros déjà parus de ce volume. , B@°" Toutes correspondances, remises, réclamations, etc., doivent être adressées au Rédacteur, CapRouge, Québec. AVIS IMPORTANT.— Le bureau de poste du CapRouge n'émet- tant pas de mandats d'argent, c'est sur celui de Québec qu'il faut les prendre, et les règlements postaux exigeant les noms et prénoms du- desti- nataira, tous mandats pour le Naturaliste doivent être pris au nom' de M. LÉON Provancher. AGENTS DU NATURALISTE Québec. — M. J. A. Langlais, libraire, 1T7, rue St Jose^jh, St-Rocli. Paris. — MM. Roger et Chernoviz, 7, rue des Grands-Augustins. DE QUEBEO A JERUSALEM, Journal ti'un pèlerinage ilu Canada en Terre-Sainte, en passant à travers l'Angleterre, la France, l'Egypte, la Judée, laSaniarie, la Galilée, la Syrie et l'Italie. Ouvrage accompagné de plans et de cartes géogra- phiques. Par l'Abbé Provancher. — Québec, C. Darveau, 18S4. Ce récit, qui forme un volume de 724 pages in-8, avec carte=> et plans d'une exécution parfaite, est encore l'ouvrage le plus complet publié jusqu'à cejour sur la Terre-Sainte en Canada. Commeles pèlerinages aux Lieux- Saints deviennent de plus en plus fréquents, ceux qui se proposent ce voyage, ne peuvent mieux s'y préparer que par la lecture de ces pages, et ceux qui s'en voient empêchés peuvent, jusqu'à un certain point, s'en dé- tlommager en parcourant par la pensée, au moyen de ce récit, ces lieux bénits et à jamnis mémorables. PRIX $2- — Chez M. Chaperon, libraire, rue de la Fabrique, Québec. (Sur réception du prix, le volume est expédié par la poste.) p K i M i: s^ 1ère Prime. 2 Prime. Juillet : un microscope pour insecte. Voluta vespertilio. Août : Cecil's Book of Insects, iilns- 2 Cypnvîa canrica. tré et élégamment relié. Septembre : F^iiune Canadienne ; Co- Oliva guttata. léoptère. Octobre : De Québec à Jérusalem, Murex bicolor. Novembre : Cecil's Book of Birds. 2 Cerithium erythrense. Décembre : Dictionnaire des Scien- Oliva porphyria. ces, des Lettres et des Aarts, par C. de Busisy, 1 vol. broché, Janvier : Cypnea tigris. Cassis decussata. Février : Cecil's Book of Beasts. Conus snlcatus. Mars : De Québec à Jérusalem. Cyprrea Mauritiana. Avril : Faune Canadienne. Les Co- Cypraaa mappa. léoptères. Mai : De Québec à Jérusalem. 2 Oliva litterata. Juin : Une loupe de poche. 2 Neverita duplicata. Tout abonné réclamant l'une quelconque de ces primes, devra envoyer 8 centins pour en .payer le postage. M. F. ANCEY, 56, Grande rue Marengo, Marseille, France, désire obtenir des Mollusques terrestres et fîuviatiles de l'Amérique, il otire en échange des espèces marines de la Méditerrannée, ou tiuviatiles et terres- Mr \rn MONTANDON, naturaliste, administrateur du domaine royal de Sinaia, Roumanie, ottre des Hémiptères, Coléoptères et Coquilles des Carpathes. bien déterminés, à toute per.sonne qui voudra bien lui en- voyer, déterminés ou non, des Héinii.tères-Hétéroplères avec localités de provenance soigneusement indiquées. j i - M. GASXAULT-GUEKIN, de Luynes, près Tours, demande a échanger des roches de France, contre des roches du Canada. U. le Comte Marius IL Peracca, Turin, 6, rue St Anselme, Italie, désire se mettre en relation avec des naturaliste herpetologisies. H otïre, vivants ou en alcool, à peu près tous les reptiles et batraciens d Europe ; et il désire recevoir en échange des reptiles et batraciens d Amérique, surtout des batraciens urodèles vivants. ^ . 1 m Mnuum isr !P \I ^^ y oh. complets, en bon M ji'iiïi ordre et bien l'oliéH. m S'adresser à riiuprinierio de 0. Darv£au, 82, rue de la Montagne, t Québec. SIX OCTAVE. Grand Improveiiients în Rocd OrKans. Nopedal Btrapsto bicak or pi-dal cnipets to wear oui. AU piano irvu»ic can be executed upon it. A chilil can operate bellows. Case luade Of solUl clipvry, ebonizi'fl und BO highly poliblicd as to make ic almoist inipositib!eiociix- tinguish ii frwni touwokJ. >o < rgan lu-.iuifncturod has met wi;ti ilie populavity.of this lustrtiniert. as is proven by the irament^e sales. It even bid;, fair to sur- pass the demand for the far-famed ïniî)ro\{-«i Dectho- ven. Hwiiif: iu creased on rfacili ties f or ui a uiifacturiiig by j)urchasiiig improved iiiacliirory, ^vo are (itilc to re. diJfe the piioe ffoi.i ?IIJ5.«0 \o only .?3C5.5«, which incli](!c3 a music Itock and adjr.stable stool. Tiiose V. ;!-liing ilie Improved Beethoven and other Ftyli's of r-rcrnnswiiJi pto]) romljiriaiions.r.-irigiug , In preef rom $'Ï0. 50 to S 8 75.00-al.«o, f^cjUA \m and UP!:i:iiiT Fia:iOS from .fj 75.00 to ^2f>7.,'j«)— will please write iis,and we.-nill take pleasure in siviiigall the information desired £(tf;e of oli.irric. Thoicvrho contemplate pi:rehasiagwj 11 do well to consult v. ith us, aswehare no auents. Dc.tI direct with (ho i ubiic. You therefore save nûTn{'3iiroîit;*>Yj;;irrliBsina direetf:':>iii the mnniirnclr.rpr. l'ien'-»ilu>r, our instruments arewarrnnfed for RÎÎX VJ'AUS, and aresnnt nsiywhere on 1 5 dny.s' tost trâal. If not satisfactory, organ may bo returned, and our Ér;ii pay freig-lit diarges both vays. Sisn Painters ■wanted. Address all communicr-tions, EEETIIO-VEIV PIANO' OR «AW CO., Wnshinsfon, IVcw Jer.sey, U. S. A. NoïicK.— Mention name of this paper when you irrit& ^ W 13-" t» CfQ ?! a> tan^ -- ^ — ^^ r^ i~\ ~^. ■ ^ to S 5'^ §2 - ^ ^ <^ ^ w ■'^' ^'-^3. ^ 5 ^ ^ ^ o ? J^- _. O ï^ ® 5- £ g § g H g n" S c- p -' "^ -^ ;> BSL4 i fC (t fj _ T' ^ S " ^2 -ro^^ - = - ^S 3 ^ S^î 2.2 o ^ BRIS ^i p 2"^ " o ^ rt> ? o "S- £ % ^ P t;'"3 W r- C- s f^' tri p c ofTfl — g s I ^ ^>.s gp.O ^ a 1^ ::; '■'^ -.f ??: d 3 Hj to ta - O k- J r P ^2 ^ œ T> E ~ I i^^i^^ No. 3 Impri né par C. Dahveau, SO à 84, rue du lu Muninone, Québ. c. SOMMAÎHE DE CE rJMEHO. AVIS IMPORTANT.— Le bureau de poste du CapEouge n'émet- tant pas de mandats d'argent, c'est sur celui de Québec qu'il faut les prendre, et les règlements postaux exigeant les noms et prénoms du desti- , nataire, tous mandats pour le Naturaliste doivent être pris au nom de M. LÉON Provancher. AGENTS DU NATURALISTE Québec. — M. J. A. Langlais, libraire, 177, rue St Joseph, St-Roch. Paris.— MM. Roger et Cliernoviz, 7, rue des Grands-Augustins. Primes ■ 33 1 Nos Cantons de l'Kst 3.T Bibliographie — Rapport de rBntoiuologiste du département de l'Agri- culture "i^ Journal de rListruction Publique .. 48 Avis , 48 ADDITIONS A LA FAUNE HYMÉNOPTÉROLOGIQUE. Fam. IV — Ichneumonides (suite) ... 115 Fam. V— Braconides . l'^^O Le N.aturai.iste Canadien paraît au commencement de chaque mois, par livraisons de 32 pages in-8. Abonnement pour le Canada et les Etats-Unis, $2 par année, ou mieux par volume ; chaque volume commençant au premier juillet chaque année, et se complétant dans les 12 mois qui suivent. Pour la France et les autres pays faisant partie de l'Union Postale 12 francs. On ne s'abonne pas pour moins d'une année ou d'un volume. Ceux qui en font la demande dans le cours de la publication, reçoivent lis numéros déjà parus de ce volume. B@" Toutes correspondances, remises, réclamations, etc., doivent être adressées au Rédacteur, CapRouge, Québec. DE QUEBEC A JERUSALEM. Journal d'un ppl('iiiiae;e dr. Canada en Ti'rre-Sainti.', vn paf^-^ani a travers l'Angleterre, la France, l'Egypte, la Judée, la Samarie, la Galilée, la Syrie et l'Italie. Ouvrage accompagné de plans et de carteti gcogra- phiques Par l'Abbé Provatichei.— Québec, C. Darveau, 18-^4. Ce récit, qui forme un vo unie de 724 pagV.« in-v8, avec carte- et plan* d'une exécution parfaite, e-:t encore l'ouvrage le p'us comi)let publié jusqu'à- cejour sur la Terre-S.iinte en Canada- Comme les pèieriisages aux Lieux- Saints deviennent déplus en plus fréquent*, ceux qui se proposent ce voyage, ne peuvent mieux s'y pré|)arer que par la lecture de C8~ page*, et ceux qui s'en voient empêchés peu vent, jusqu'à un certain point, -'en dé- dommaj/er eu parcourant par la pensée, au moyen de ce récit, ces lieux bénits et à jamnis mémorables. PRIX !S2- — Chez M. Chaperon, libraire, rue de la Fabrique, Québec. (Sur réception du prix, le volume est expédié par la poste.) 1 ère Prime. Juillet : x\n microscope pour insectes Août : Cecil's Book of Insects, illus- tré et élégamment relié Septembre : Faune Canadienne ; Co- léoptères. Octobre : De Québec à Jérusalem, Novembre : Cecd's Book of Bird-. Décembre : Dictionnaire des Scien- ces, des Lettres et des Arts, par C. de Bussy, 1 vol. broché. Janvier : Cyprne.a tigris. Février : Cecil's Book of Beasts. Mars : De QuéV)ec à. Jérusalem. Avril : Faune Canadienne. Les Co- léoptères. Mai : De Québec à Jérusalem. Juin : Une loupe de poche. 2e Prime. Voluta vespertilio. 2 Cyprifia caurica. Oliva guttata. Murex bicolor. 2 Cerithium erythrense. Oliva porphyria. Cassis decussata. Conus sulcatus. Cyprtea Mauritiana. Cypraia niappa. 2 Oliva litterata. 2 Neverita duplicata. Tout aboiiué réclamant l'une quelconque de ces primes, devra envoyer 8 centins pour eu payer le postage. M. F. ANCBY, 56, Grande rue Marengo, Marseille, France, désire obtenir des Mollusques terrestres et fluviatiles de TAmérique, il otîre en échange des espèces marines de la Méditerrannée, ou fluviatiles et terres- tres de France. ' Mr. Arx MONTANDON, naturaliste, administrateur du domaine royal de sinaia, Roumanie, offre des Hémiptères, Coléoptères et Coquilles des Carpathes, bien détermines, à toute personne qui voudra bien lui en- voyer, déterminés ou non, des Hémiptères-Hétéroptères avec localités de provenance soigneusement indiquées. M. GASNAULT-GUEKIX, de Luynes, près lours, demande a échanger des roches de France, contre des roches du Canada. M le Comte M.iRius H. Peracca, Turin, G, rue Si Anselme, Itahe, désire se mettre en relation avec des naturaliste herpetologisies. Il oth-e, vivants ou en alcool, à peu près tous les reptiles et batraciens d Europe ; et. il désire recevoir en 'échange ^cs reptiles et batrac:ei.- ■! \ t. '■....t-. surtout des batraciens urodèles vivants. |!ih iVllHllfJ^hv t UVllHlM\, ouire et bien reliés. | i' R"ailre8t;er à Tïnipri tuerie de C Dakveau, 82, rue de la Montagne, | Q déliée '!# i il " &a 6IX OCTAVE. Grand Iirnirovements in ÎÏPeilOi'Knns. Nopcdal Btra|)3to break (»rjp*'c!fil cnrpi'is toweai' ont. AllpUmo music can Ue'tsrecuted vpon it. A cliikl c;in operate bellows,, rrv'se'niacle of sol.d cliprry, cbdnizcd ar.d so hlglilyT4)T!)islied as to n ake ic almost impo.wtble tod'»- Un'jnfmmt from ro-o ( rgan iii;iiiufnctiired has nfct'wiili Uie popularity of tlii.-i iiistrcinfrt, as 5» proven by the immense talec. If, even bids lair 'o sur- pass the (leniandior the furfami'd Jitipro^ rd r>i'i iho- ven. 31 "Viiiiriac.reased our futilities for 11 Muiifncmrirg by punli wins In proved ni-îoliinery, •ne nre ahleto re- duce tht; pv'ifC ircKi ?J25.,S(}.i:..\KB!and IîP:ijiiT ri.i, .03 from »^U75.04) to .':5'^<)7.5«— will pleiisu \> rite cs, and v.-n will take plcastirc in sivingall the i!ifovii!:ition (Ipsji'i'd free of cîioirao. TUoae -ivho contemple.iepe.rohaslngw.UtiowcU to enisnlî withus. as iceharc no c:-h>its. E>j>al direct v/i!!i ihe public. Voutii«>ref!)tC6nvenïcnt'si)rotîts5)-. t>iir<-ha!>in« dire'^tfron» (lie inntiiifjir'siier, liyni'T^lnT, our lnst,runu'nis arcwcrrnniti-d Yar SIX ■?! ICAHSi, and arcsi'iit anywhere on 15 days' icst (jial. Tf not satisfaetory, organ xv.as be returned, and our firm pay fri'i.L'lit f barges botb ways. Sign raiaters m anred. Address all eornmimieations, CKETÎÏOVEIV PIAÏVO OB«.\\ CO., UasWinsion. I^ew Jorsey, U. S. A. KoTH-if.- ■Mention numc of tbia paper wh^n you wr:ti; I fCl •X! ^ ft ~ 2 OfQ 35 CT> HM^ r ^ ~ 3; o' ~ i_i ^ ~ w o o s .K '^ r -e c i 5' ~ ^' Si 0 2 *i •ts^^^lgi^ 7o\. XVI. OCTOBRE 1886 No. 4 à^tiî II ^.è4. ^■i t BULLETIN DT RKCHFRrFTB, OB.ERVATTONS KT nftO'.UVEHTES ^ |^ Sfi RAPPORTANT A l'HI^TOIKK NATURELÎ-K UV CANADA. C^H J^^ Eédacteur: M. L'ABBÉ PROVANCHEK. i CAP K O U G E : PJWV1.\CE DE QUÉBEC, CANAJiA. Imprimé par C. Dauveau, 80 à 8i, n.e de la Montagne, Québec. SQMMAIHE EE CE NïïMEEO. Primes 49 Un champignon remarquable • - oO Le centenaire d'un savant • 58 Nouvelle? scientifiques (^'^ AnniTIOXS A LA FAUNE HTMENOPTEROLOOIQVE. Fam. V — Braconides (suite) ... 129 Le Naturaliste Canadien paraît au commencement de chaque moi^, par livraisons de B2 pages in-8. Abonnement pour le Canada et les Etats-Unis, $2 par année, ou mieux par vohime ; chaque volume commençant au premier juillet chaque année, et se complétant dans les 12 mois qui suiv'ent. Pour la France et les autres pays faisant partie de l'Union Postale 12 fiancs. On ne s'abonne pas pour moins d'une année ou d'un volume. Ceux qui en font la demande dans le cours de la publication, reçoivent l.'s numéros déjà parus de ce volume. g^" Toutes correspondances, remises, réclamations, etc., doivent être adres-ées an Rédacteur, CapRouge, Québec. AVIS IMPORTANT.— Le bureau de poste du CapRouge n'émet- tant pas de mandats d'argent, c'est sur celui de Québec qu'il faut les prendre, et lea règlements postaux exigeant les noms et prénoms du desti- nataire, tous mandats pour le Naturaliste doivent être pris au nom de M. LÉON Provancher. AGENTS DU NATURALISTE Québec. — M. J. A. Langlais, libraire, 17*7, rue St Joseph, St-Roch. Paris. — MM. Roger et Chernoviz, V, rue des Grands-Augustins. soiif3i\rc::î3E! se!ï^i:es. WEEKLY MAGAZINE OF NATURAL SCIENCE. 1. The Palm an 1 its Varieties. October 5. 2. The Eye and Light. Oct. 12. .S. Net and Box, or Insect Collectiiijr. Oct. 19. 4. The Solar System. 5. Parasite-: and their Development. 6. Tlie Diamond. 7. The Microscope and some of its Revelations. H. Ale.xaiider Von Humboldt. 9- Aquarinms : How to Make and Stuck. l(t. What we Eat. Î 1 . The Ear and Sound. 12. Zoological Myths. 13. Ants and their Surroundings. TERMS :— Each number of SCIENCE SERIES will contain a com- plete article of interest on various scientific .'subjects. In each volume of thirteen numbers there will be not less thak 2tiO pages, which will give a large amount of reading and form a unique volume when bound. Sing'e Copies, each $ .05 Regular Subscriptions, (one volume, thirteen numbers) 50 H. M. DOWNS, Publisher, Rutland, Vt. PRIM 1 : 8 1ère Prime. Juillet : un microscope po>ir insectes Août : Cecil's Book of Insects, illus- tré et élégamment relié. Septembre : Faune Canadienne ; Co- léoptères. Octobre : De Québec à Jérusalem, Novembre : Cecil's Book of Birds. Décembre : Dictionnaire des Scien- ces, des Lettres et des Arts, par C. de Bus.sy, 1 vol. broché, Janvier : Cypra?.a tigris. Février : Cecil's Book of Beasts. Mars : De Québec à Jérusalem. Avril : Faune Canadienne. Les Co- léoptères. Mai ! De Québec cà Jérusalem. Juin : Une loupe de poche. 2e Prime. \'ûluta vespertilio. 2 Cyprsêa caurica. Oliva guttata. Murex bicolor. 2 Cerithium erythrense. Oliva porphyria. Casi;is deeussata. Conus sulcatus. Cyprtea Mauritiana. Cyprasa mappa. 2 Oliva litterata. 2 Xeverita duplicata. Tout abonné réclamant l'une quelconque de ces primes, devra envoyer 8 centins pour en payer le postage. î^^^^ -*^^^m Ld page 130 d': nos Additions aux Hyménoptères s étant' trouvée défectueuse par une omission notable, nous reprenons ce feuillet {pages 129 et 130) dans la forme que nous livrons aujourd'hui ; on devra donc enlever ces 2 pages de la dernière forme, pour avoir la suite exempte d'erreurs. ORCHESTRAL PIANO- SIX OCTAVE. GrnndïmîirovcincntsinReedOrKnns. Nopedal straps to t)irak or pedal carpets to wear out. Allpicmo rnvnic can ba executed upon it. A child can operate bellows Case made of solid cherry, ebonizcd and so highly polished as to make it almost impossible to (Vif- tiiiftuishit frum rosewo'd. >^ trgan niiinufactiired has met wiih Une popuiarity.e are able to re- diiee tiie price IVoin $!25.0O to only Î1C5.50. which inc'lisi!! g a music book and adjustahle stool. Tiiose vjVhingilie Improved Beethoven and other stvh'sof rr^Mnswith stop combinations, ranging in rr<'e'fr.im ©-ÎO.SO to $1 75.0«-also, Sqcakk and ITpitiun- 3 ia;,os from $175.00 to x-i{>?.50-win please u rito ns.and wewill take pleasure in giving all the information desired free of oliarirc. Those who cdntemiihiiepiireliaslng-willdowtll to ennsult with us, «s ice hare no a i /en Is. Deal direct v.iih the public. You therefore s.Tveaaent's profits by ptirohasins directfr<'7n the mfnufarturer. Remeniber, our instrumenis are wnrranted for SIX YEARS, and are sent anywhere on 15 days' test trial. If not eatisfactorv, organ maybe returned, and our firm pay- freight charges both ways. Sign Painters wan; ed. Address all communications, BEETHOVEN PÏAXO ORG.^iV CO., VVasliington, I\lew Jersey, U. S. A. VoTicE.— Mention name of this paper when you write ^m^ n tr' t era J? 33 X C = s 2.Cfq éD n a p" a Ë. ■Jj' o 3 O c H H PO c t> ^■ ■C Cfd ?: ^^) .Q c ^' t^. 3 Xi rî p > t?3 SB* J- a P p" T> P o o 2 H Cl P3 J— P c J-. •Jl -T- ^5: o El n VJ P CT> a- P n = t-* f. a- 35 -5 P < P ^ ^t. — ■ -^ >--! r* n> T o ^ ' P c O q « p iH:; f 1=i 00 y < -I- o a> P P p" 3 2 p 5 a o t?3 Cf| 3 ^ C p rf ^ c (T! P 3 O fS" in 2 c ■r o p-f -H ■73 o t< t> Ç- cl -i rf 01 a o ^ tt Pi n Ct t _^ ^ o *^ ■"^ ^ o 2 p' = c o ^3 rv 4^ To^ XVI NOVEMBRE 1886 No. 5 <. î*'»^'î^^^SS- ."\t\ .....^ rSC iiÀi'i' .' '"*i''''yl Imprima par C. Darvkau, 80 ù SI, rue de la Mûalagu», ' (<5 LoCruarn. 7- Noiiv(rendre, et 'es règlements postaux exigeant les nnms et prénoms du desti- î iia'aire, tous mandats pjur le Naturaliste doivent être pris au nom de M. f JjKox Puovancheu. !; AGENTS DU NATURALISTE l [^ Qu: bec. — M. J. A. Langlais, libraire, 177, rue St Joseph, St-Jîoch. I' Pa:is. — MM. Roger et Chernoviz, 7, rue des Grands-Augnstins. WEEXLY MAGAZINE OF NATURAL SCIE^TCE. 1. Tlic P;i!ni anl it^ Varieties. (),:i.,l)er. T). 2. Tlio Eyea^i.l Li;rht.- Oct 12. :<. Net ami Box, or Insect Collectiii;:. Oct. 19. 4. The Solar Sy--tem. 5 Parasjie ami tlieir Deve'opinent. fi. Tlio Diaiuoiid. 7. Th':' Micro-cope and soiiie of ils Revelations. 8. Aie.KuiHJer Von Hnnil)ol'it. 9- Aquariums : Hovv ti) Make and .Stoid<. 10. Wliat we Eat. 11.' The Ear and Sound. 12. ZocloLvical Myths. 1.'5. Ants a'id tlicir Surroundings. TERMS: -Each nuuiher of SCIEXCP. SERIES will contain a com- pete artir.le of intérêt < ii vai-ious scientific puhjects. In each volume of thirteen numbers there wil l:)e >:)T less Tii.ix 2ti(i pagks. wjiich will give a larze aui.junt of reading and form a unique volhine when hound. Singe Copies, each . $ .05 Regular Subscriptions, (one vo'nme, thirteen numbers) 50 H. M. DOWNS, Publisher, Rutland, Vt. PHI M i^: s 2e Prime. Voluta vespertilio. 2 Cypr£ea caurica. 1 ère Prime. Juillet : un microscope pour insectes Août : CeciPs Book of Insects, illus- tré et élégamment relié. Septembre : Faune Canadienne ; Co- léoptères. Octobre : De Québec à Jérusalem, Novembre : Cecil's Book of Birds. Décembre : Dictionnaire des Scien- ces ties Lettres et des Arts, par C. de Bus.sy, 1 vol. broché, Janvier : Cvprtea tigris. Février : CèciTs Book of Beasts. Mars : De Québec à Jérusalem. Avril : Faune Canadienne. Les Co- léoptère.s. Mai : De Québec à Jérusalem. Juin : Une loupe de poche. Tout abonné réclamant l'une quelcon.jue de ce.s primes, devra envoyer 8 ceutins pour en payer le postage. Oliva guttata. Murex bicolor. 2 Cerithium erytlirense. Oliva porphyria. Cassis decussata. Coims sulcatus. Cyprœa Mauritiana. Cyprœa niappa. 2 Oliva litterata. 2 Neverita duplicata. ^'^^^«- W :^^ Ln page 130 de nos Additions av.-) Uimiénoj teres sctajit / k trouvée défect^iet'Se par une emission notable, m ii-^ rrprnvn-i ce feuillet I (pnges 129 et 180) dans, la J orme gve nons livrons avjnni d'l,ui : (.n devra donc enlever ces - / if<ïi'^ de la derniirf ferme, j < suite exempte cVerreiir-<. ORCHESTRAL SIX OCTAVE. GrnndSmprovcmpntsiiiRpeiîOrsrnns. Ko pedal etrapstu lircak or pedal cai pl-is to wear out. Allpiano music can te. execnteit upon it. A child can operate bellows. Cnse made of solid cherry, otponizi'd and so highly poliehcd as to ir ake it almost impO'-Kil/le to dix- tnigiaah it from rosewo' d. >o < rgau iii;\iuifactprcd has wet wi'h I lie popularity of this iiistviiiiiriit. as is proven by t lie i mineuse sales. It even bids fair lo sur- pass the demand for the fur-famed Sniprovcd Beitho- ven. H^iTingiu'Teased our facilities for 11 aniilRcliirirg^ bv pur( haoin.c; in. proved iinch.nery, \ve are fibie tojro '' diice tbe nricc from $ï25.GO to orr.y iP8C.%.7«. wliicîi in?!:i>2c8 a onsic Isot U nrnl ndji-stable stool. 'riio:o V .i-hing ihe Improved Deelhoven and otlie"»"»vli>s..'iOto$i! 75.ne-a;s.>.SQrAHKand I'p. I ;irr riauos from $1(75,00 to .s-.;*>7..'jO-\vill rilc,;?e \' rito iis,;ui(l wewill take plc:isi'.ro in .çivin.tîall the Information rolit«î)y piirciiasina diro"tf.'"?n ilic nNfmifne'in'er. Rcn'Ptnber, our jnstruivieiii.s arc v»arrniit«>(l for SÏX VKAR^. and ..,., , /,;r:y\vIiore on 1.'^ dnys'Jest tiinl. If not ! :uisf I'-rr.rv, O'San inav be, returned, and our flrin pay iri'i^rhr ( liar?es boili ways. !-irn Taiutcrs Vi aa rd. Address r.ll communications, ^ ';C - <0 "y •^ tc = '- -I ~ a ~ ^' =-■" -'■ 'A ' 2 51 3 r^ T — In:. ^.* •J. c :;-... c c« C. " ETr c " :^ i = ^ ^i ? Ù tî;t>\èi>r^^ Vol. XVI. DECEMBRE 1886 No. 6 BULLETIN T)T RKCHFFrHFP, fiBSERVATTHVe ET né^ tUVElTES "(JQ^ fU B£ RAPPORTANT A l'hTSTOUi NATURKT.I.V "'i '' \VAl>A. .-^-^^^ Eédacteur: M. L'ABBÉ PROVAKCHEIi. ^^^3jl ^g^^rv CAP li O U G E : PROVINCE DE QUEBEC, CANADA. i '^ ^ Imprimé par C. Darveau, 80 à 84, rue de la Montagne, Quôbtc. SOMBMÎHE BE CE Nl'EEîiO. Piin.c^ : RI A ])ropos rrantiqiiités ^'l LTiL'e lie pierre an Sa,Q;nenay 8fi Bl!' «leSmyrne 92 Nouvelles pcientifique*. — Tlie Sowerhi/'fi Unr/Iish Botcorj/, do- — ]\Iôl- lufsques, 93 — ne GohJen State Scientist. '^A.—The Went Ame- rican Scient'.st, 94 — Science Series. 94 — Catalogne nfihe TA- chens collected.in Florida, 9."i. — The Chemimg Jieview, 95. — MonojiTaphie des Cynipi(le.«, 9'). — Gallinsecles 96 ADDITIONS A LA FAUNE HYMÉNOPïÉROLOGIQUE. i < "7 "^^ Fuin. VI— Cynipldes Je^ HÊMU'ÏÈRIJS. Fum. VI— Pliytocôrides (suite) 95 Le Naturaliste Canadien paraît au coniniencement de elinque mois, par livraisons de 32 pages in-8. Abonnement pour le Canada et les Etats-Unis, $2 par année, ou mieux par volume ; chaque volume commençant an jjremier juillet chaque année, et se complétant dans les 12 mois qui suivent. Pour la France et les autres payS' faisant partie de l'Union Postale I2fiancs. On ne s'abonne pas pour moins d'une année ou d'un volume. Ceux qui on font la demande dans le cours de la publication, reçoivent 1 -s numéros déjà parus de ce volume. J6@°° Toutes correspondances, remises, réclamations, etc., doivent être adres.-ées au Rédai:teur, CapRouge, Québec. AVIS IMPORTANT. —Le bureau de poste du CapRouge n'émet- tant pas de nuuidats d'argent, c'est sur celui de Québec qu'il faut le.s prendre, et les règlements postaux exigeant les noms et prénoms du desti- nataire, tous mandats pour le Naturaliste doivent être pris au nom de M. Léon Provaxcher. AGENTS DU NATURALISTE Québec. — M. J. A. Langlais, libraire, 177, rue St Joseph, St-Roch. Paris. — MM. Roger et Chernoviz, 7, rue des Grands-Augustins. SOX3Fr5r^<0]iB3 SH33E1.1:E3S, WEEKLY MAGAZINE OF NATURAL SCIENCE. 1. The Palm an 1 it'! Varieties. Octobers. 2. The Eye ai)d Light. Oct. 12. .S. Net and Box, or Insect Collecting. Oct. 19. 4. Tlie Solar System. 5. Para^ite-i and tlieir Development. C). Tiie Diamond. V. The Microscope and some of its Revelations. 8. Alexander Von Humboldt. 9. Aquarinms : How to Make nnd Sinck. 10. What we Eat. 1 1 . Tlie Ear and Sound. 12. Zoological Myths. 13. Ants and their Surroundings. TERMS:— Each number of SCIENCE SERIES will contain a com- plete article of interest on various scieniific subjects. In each volume of thirteen number.^ there wib be not le.ss than 260 pagks. which will give a large amount of reading and form a unique volume when bound. Sing'e Copies, each $ .05 Regular Subscriptions, (one volume, thirteen numbers) 50 H. M. DOWNS, Publisher, Rutland, Vt. p R I Hi i: s 1 ère Prime. Juillet : un microscope pour insectes Août : Cecirs Book of Insects, illus- tré et élégamment relié. Septembre : Faune Canadienne ; Co- léoptères. Octobre : De Québec à Jérusalem, Novembre : Cecil's Book of Birds. Décembre : Dictionnaire des Scien- ces, des Lettres et des Arts, par C. de Bussy, 1 vol. broché, Janvier : Cypnea tigris. Février : Cecil's Book of Beasts. Mars : De Québec à. Jérusalem. Avril : Faune Canadienne. Les Co- léoptères. Mai : De Québec à Jérusalem. Juin : Une loupe de poche. 2e Prime. Volnta vespertilio. 2 . Cj'praea caurica. Oliva guttata. Murex bicolor. 2 Ccritliium erythrense. Oliva porphyria. Cassis decussata. Conus sulcatus. C3'pra3a Mauritiana. Cypraea nuijjpa. 2 Oliva litterata. 2 Neverita duplicat;i Tout abonné réclamant l'une quelcouciue de ces primes, devra envoyer 8 centins pour en payer le postage. i^ci* c- ■ -^^^^Ip La page 130 de nos Additions aux Hyménoptères s'étant^ trouvée défectueusepar une omission notable, nous reprenons ce feuillet (pages 129 et 130) dans la forme que nous livroyis aujourdliui ; on devra donc enlever ces 2 pages de la dernière forme, pour avoir la suite exempte d' erreurs. SIX OCT GrnKdîmprovcmfntflinUfetlOrKttHa. Kopcdal Btrapsto l)r(ak or jx-dal carpets tu wear out. All piano music can te executed vp"n it. A child c;in operate Dellows. Case made of solid cherry, cbonizcd and so highly poHshPd as to irake it almost impos.iiole to d's- tinuimh It from roseivo'd. >o < rgan nuiiuifactin'cd has met wiih the popularity of this ir.strunieiit, as is proven bvt he iiumcDPe salts!. It even bids fair lo sur- pass the demand for the far-famed Bniproved Beetho- ven. 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Address all communications, BEETHOVEN PÏAIVO 0R0.4M CO., Wasliinstun, I\ew Jersey, U. S. A Notice;.— Mention name of this paper when you write m^^^ td - rr ft^ 2. "* --^ ^ t"' (— i ■- *^S.p O O o hrjL^ g5 ^ :: El q 3 = >i-^ ?o ^ C ë 0*^ ^ S. S- « ^ pa O 2. _ 2 ? § • ^ ^ • "T- P i» ■ 5" -cr Kl G-5 %- aq _ 2 'tT^ «* t"' ■ !> fD > ^ 5S I f ^~" I. g ~' q El œ C 3 ^ ^ (B C/2 2. S; 5 f? sr g 7^ ■-^^^^^ '^ol. XVI. JANVIER 1887 No. 7 Impniné par C. Oahveau, 80 à 84, rue de la Montagne, Qiiôb c. SDIVIMAIRE EE G£ NUMERO. Primes , 97 L'histoire naturelle en hiver 9"5 Nos m n.«é ' 108 Le darwinisme 107 Nouvelles scientifiques. — Floraison nocturne, ill. — Random Notes, 112. — Les chameaux au Texas. 112 ADDITIONS A LA FAUNE HYMÉNOPTÉROLOGIQrE. Fam. VI— Cynipides 165 HÊMIPTÈRKS. Fam. VI — Phj'tocorides (suite) 105 Le Naturaliste Canadien paraît au commencement de chaque mois, par livraisons de 32 pages in-8. Abonnement pour le Canada et les Etats-Unis, $2 par année, ou mieux par volume; chaque volume commençant au premier juillet chaque année, et se complétant dans les 12 mois qui suivent. Pour la France et les autres pay.s faisant partie de l'Union Postale 12 francs. On ne s'abonne pas pour moins d'une année ou d'un volume. Ceux qui en font la demande dans le cours de la publication, reçoivent Ijs numéros déjà jDariis de ce volume. Jg^^ Toutes correspondances, remises, réclamations, etc., doivent être adressées au Rédacteur, CapRouge, Québec AVIS IMPORTANT.— Le bureau depostedu CapRouge n'émet- tant pas de mandats d'argent, c'est sur celui de Québec qu'il faut les prendre, et les règlements postaux exigeant les noms et prénoms du desti- nataire, tous mandats pour le Naturaliste doivent être pris au nom de M. Léon Provancher. AGENTS DU NATURALISTE Québec. — M. J. A. Langlais, libraire, 177, rue St Joseph, St-Roch. Paris. — MM. Roger et Chernoviz, 7, rue des Grands-Augustins. WEEKLY MAGAZINE OF NATURAL SCIENCE. VOL II. 14. Anecdotes of Animals, I, Jan. 11. 15. « " II, Jan. 18. 16. " " III, Jan. 2.5. 17. Darwin's Work in Botany, Feb. 1. 18. Sketches, Feb. 8. 19- Comnion Minerals, Feb. 15. 20. The use and abuse of Ornithology, Feb. 22. 21- Collectins Birds' Eggs, March 1. 22. Metals, March 8. 23- Tea and its effects, March 15. 24- Nature in Pœtry, March 22. 25. How to collect and make an Herbarium, March 29, ■-^G. Elements of Geology, April 5. TERMS :— Each number of SCIENCE SERIES will contain a com- plete article of interest on various scientific subjects. In each volume of thirteen numbers there will be not less than 2(i() pages, which will give a large amount of reading and form a unique volume when bound. Single Copies, each ~ #. $ ,05 Regular Subscriptions, (one volume, thirteen numbers) 50 One year, (four volumes) 2.00 H. M. DOWNS, Publisher, Rutland, Vt. P R I M K S 1ère Prime. 2e Prime. Juillet : un microscope pour insectes Voluta vespertilio. Août : Cecil's Book of Insects, iilus- 2 Cyprsea caurica. tré et élégamment relié. Septembre : Faune Canadienne ; Co- Oliva guttata. léoptères. Octobre : De Québec à Jérusalem, Murex bicolor. Novembre : Cecil's Book of Birds. 2 Cerithium erythrense. Décembre : Dictionnaire des Scien- Oliva porphyria. ces, des Lettres et des Arts, par C. de Bussy, 1 vol. broché, Janvier : Cyprœa tigris. Cassis decussata. Février : Cecil's Book of Beasts. Conus sulcatus. Mars : De Québec à Jérusalem. Cyprsea Mauritiana. Avril : Faune Canadienne. Les Co- Cypreea mappa. léoptères. Mai : De Québec à Jérusalem. 2 Oliva litterata. Juin : Une loupe de poche. 2 Neverita duplicata. Tout abonné réclamant l'une quelconque de ces primes, devra envoyer 8 centins pour en payer le postage. Grand Improvemonts in Reed Organs. >)0 pedal Btrapsto break »r pedal carpels to wear out. Allpiano muisic can be executed vpnii it. A child can operate bellows. Case made of suiid cherry, cbonizcd and so hlKhlv polished as to n «ike it almost iinjioxfiihle to d's- tinuuish it from rosewoi.d. ^o organ manufactured has met with Uie popularity of this instrument, as Is proven by theimmense sales. It even bids fair to sur- pass the demand for the far- famed Iniproved lectlio- ven Havins increased our facilities for n:anufaciuring by purchasing Improved mncliinory, we are «1'!^ to re- duce the price from $I2â.«Oto only $tG5.50. kliich includlcB a wiiisic book and od.)i!stal)le tool Tnose wishing the Improved Beethoven and other styles of rrgans with stop combinalions, ranging lnp^ce■f^om$•î9.50to$t75.00-al^;o,f^Ql•AnKand UPRIGHT Plauosfrom $175.00 to s;5i©7.50-wi please write iis, and we will take pleasure in giving all the information desired free of clir.rKe. Those who contemplatepurchaslngwilldo well to consult with us, as we /late no agents. Oeal direct wtlh thcpiiulic. You therefore save aaeju's profits il)YP!irchosing direct from llie ninnufnciurer. Rementher, our instrumenta are warrnnJcd for SIX i tiAKS, ana are sont anywhere on 15 days' teat trial. If not satisfactory, organ may be returned, and our firm pay freight cliarges both ways. Sign Painters wanted. Address all communications, BEETHOVEiV PIANO OROAN CO., Wasliinston, IMew Jersey, U. S. A. Notice.— Mention name of this paper when you write CD c- CO o Hs^^ Impri 1.6 pa: C. Darveau, W à R\, rue de la Montagne, Québec. SOMMAIRE BE CE Nl'MEEO. Prime." ,. , , . . . 113 Le tableau de nos musées ....... 114 Le Phallus et la Morille » 114 Le darwinisme 119 Nouvelles scientifiques. — Euisseau de lait. — Un nouvel ivoire. — L'oi- seau-c''iandelle. — Victimes des bêies féroces. — Poissons dans les arbres 125 ADDITIONS A LA FAUNE HYMÉNOPTÉROLOGIQUE. Fam. VI— Cjnipides (suite) Î65 VII— Proctotrupides 173 BÈMIPTÈRKS. Fam. VI — Phytoeorïdes (suite) , 105 Le Naturaliste Canadien paraît au commencement de chaque mois, par livraisons de 32 pages in^S. Abonnement pour le Canada et les Etats-Unis, $2 par année, ou mieux par volume; chaque volume commençant au premier juillet chaque année, et se complétant dans les 12 mois qui suivent. Pour la France et les autres pays faisant partie d€ l'Union Postale 12 francs. On ne s'abonne pas pour moins d'une année ou d'un volume. Ceu.x qui en font la demande dans le cours de la publication, reçoivent Ijs numéros déjà parus de ce volume. JB^"" Toutes correspondances, remises, réclamations, etc., doivent être adressées au Rédacteur, CapRouge, Québec. AGENTS DU NATURALISTE Québec. — M. J. A. Langlais, libraire, 111, rue St Josephy St-Roeh, Paris. — MM. Roger et Chernoviz, 7, rue des Grands-Augustins. AVIS IMPORTANT.— Le bureau de poste du CapRouge n'émet- tant pas de mandats d'argent, c'est sur celui de Québec qu'il faut les prendre, et les règlements postaux exigeant les noms et prénoms du desti- nataire, tons mandats pour le Naturaliste doivent être pris au* nom de M. LÉON Provancher. JOIN A READII^C CiRCLE And pursue a t;}'!\ under fifty eniiiient College priilcs- sors leading' to COLLEGIATE DEGREES, and High School and College Diplomas, at a nominal cost— only 8 1 00 per year. Full information of Courses, Professors, Monthly Quesiions, etc., given in the UNION READING CIRCLE, A large ]C, page literary Journal, sample copy of which and apniication fnrm for nieml)e'>hip will be mailed to any address on receipt of 10 cts., in postage stamps. Address, The Jieadhifj Circle Associatiou, 147 Throop Street, ChiciKjo, III. U. S. A. N. B. — Situations to teach /ree to memher.s and suhscrihers. Agents wanted. PRIM 2^: s I ère Prime. 2e Prime. Juillet : nn microscope pour insectes Volnta vespertilio. Août : Cecil's Book of Insects, illus- 2 Cyprsea caurica. tré et élégamment relié. Septembre : Faune Canadienne ; Co- Oliva guttata. léoptères. Octobre : De Québec à Jérusalem, Murex bicolor. Novembre : Cecil's Book of Birds. 2 Cerithium erythrense. Décembre : Dictionnaire des Scien- Oliva porpiiyria. ces, des Lettres et des Arts, par C. de Bussy, 1 vol. broché, Janvier : Cypraja tigris. Cassis decussata. Février : Cecil's Book of Beasts. Conns snlcatns. Mars : De Québec à Jérusalem. Cyprcca Mauritiana. Avril : Faune Canadienne. Les Co- Cyprœa mappa. léoptères. Mai : De Québec à Jérusalem. 2 Oliva litterata. Juin : Une loupe de poche. 2 Ncverita duplicata. Tout abonné réclamant l'une quelconque de ces primes, devra envoyer 8 centins pour en payer le postage. -<>-*t=<^. Le Tableau des musées à notre po^ochain numéro. ORCHESTRAL m o o PIANO-ORGAN. SIX OCTAVE. Grand Improvements in Rpcd Organs. Ko pedal Btrapsto break or pedal carpets to wear out. All piano music can be executed ttpon it. A cnild can operate bellows. Case made of solid cherry, ebonized and bo hiEhlypolisliedasto make it almost impottsible tomfi- tinnuish it from 7-oseioocd. >o organ maBufiictnrcd has met wiiU tlie popularity of this mstrumcnt, as is proven by theimmense sales. It even bids fair to sur- pass the demand for the fai -famed Improved Be< ilio- ven Havinglncreasedourtacilitieaformanutacturing by purehasing improved macliiiun-y, we are a'^'f;*" re- duce the priée from $135.00 to only $«05.50. which incliîdes a imisic booK and adinstahle stool. Tiicse wishing the Improved Beethoven and other stvl'^s of rrtranswith sto;) combinations, ranging in prCeïrom $;?<). 50 to SI ? 5.O0-als". PQC akh aiJd UPKIHUT I'isuos from $175.«0 to S297.5M-wi 1 please write iis, and we will take pleasure m givmg all the inforin.ation desired free of charge. Those who contemplate purcliaslngwilUlo well to consult v/ith us, | asive/iarpiioa:/'')its. DeaS direct v.ith the public. ' You thcrclorn save agent's protit.-i by purel)nsin« directfi-oni the ninnufaetitrer.^ Remember, our instrumenis are warrnnfed for blX Vlt/AK!», ana are sent anywhere on 15 days' test trinl. if not satisfactory, organ may be returned, and our firm pay freight charges Doth ways. . ■ Sign Tainters wanted. Address all communications, BEETIIOVEIV PIAIVO ORGAN CO.,^ Washington, New Jersey, U. !?. A Notice.— Mention name of this paper when you write ijg<^««- Vol. XVI. MARS 1887 Imprimé par C. Parvf.ac, 80 à S*- ruf do la Monlafrnc. Québi c. iOl^MAIRE rE CE MMEBO. AVIS IMPORTANT.— Le bureau de poste du CapRouge n'émet- tant pas de mandats d'argent, c'est sur celui de Québec qu'il faut les prendre, et les règlements postaux exigeant les noms et prénoms du desti- nataire, tous mandats pour le Naturaliste doivent être pris au nom de M. LÉON Provancher. AGENTS DU NATURALISTE Québec. — M. J. A. Langlais, libraire, 177, rue St Joseph, St-Rocli. Paris. — MM- Roger et Cliernoviz, 1, rue des Grands-Augustins. Primes 129 Tab'eau synoplicpie des musées 1 30 Le darwinisme. {Suite) ....* 1 •'''"> Bibliographie - - 14^^ Nécrologie 144 Tableau Synoptique des Musées de la Province de Qtx.^bec ADDITIONS A LA FAL'NE HYMÉNOFTÉROLOGIQUE. Fam. VI — Cynipides (suite) î<)5 VII — Proctotrupides 181 HÊMIFTÈRKS. Fam. VI — Phytocorides (suite) 121 Le Naturaliste Canadien paraît an commencement de chaque mois, par livraisons de 32 pages in-8. Abonnement pour le Canada et les Etats-Unis, $2 par année, ou mieux par volume ; chaque volume commençant au premier juillet chaque année, et se complétant dans les 12 mois qui suivent. Pour la France et les autres pays faisant partie de l'Union Postale 12 francs. On ne s'abonne pas pour moins d'une année ou d'un volume. Ceux qui en font la demande dans le cours de la publication, reçoivent lis numéros déjà parus de ce volume. JB^" Toutes correspondances, remises, réclamations, etc., doivent être adressées au Rédacteur, CapRouge, Québec. JOIN A READiPiSC CIRCLE And piirpue a .'vsteiiiatic course of HOME STUDY ill an}' of the fifty iliflFerent suhjpcts, luuler fifty eminent College piofeg- sors leading- to COLLEGIATE DEGREES, and High School and College Diplomas, at a uoniinaLeost— only $1.00 per year. Full information of Courses, Professors, Monthly Questions, etc., given iu the UNION READING CIRCLE, A large 16 page literary Journal, sample copy of which and application form for Mieml)er>hip will he mailed to any address on receipt of 10 cts., iu postage stamps. Aml)ers and snltscriiiers. Agents wanted. PRIMES 1ère Prime. 2e Prime. Juillet : un microscope pour insectes Voluta vespertilio. Août : Cecil's Book of Insects, illus- 2 Cyprasa caurica. tré et élégamment relié. Septembre : Faune Canadienne ; Co- Oliva guttata. léoptères. Octobre : De Québec à Jérusalem, Murex bicolor. Novembre : Cecil's Book of Birds. 2 Cerithium erythrense. Décembre: Dictionnaire des Scien- Oliva porphyria. ces, des Lettres et des Arts, par C. de Bussy, 1 vol. broché, Janvier : Cyprasa tigris. Cassis decussata. Février : Cecil's Book of Beasts. Conus sulcatus. Mars : De Québec à Jéru.salem. Cypnea Mauritiana. Avril : Faune Canadienne. Les Co- Cypraea mappa. léoptères. Mai : De Québec à Jérusalem. 2 Oliva litterata. Juin : Une loupe de poche. 2 Neverita/dnplicata. Tout abonné réclamant l'une quelconque de ces primes, devra envoyer 8 centins pour en payer le postage. ORCHESTRAL SIX OCTAVE. Grand Improvements in Reed Organs. No pcdal Btrapsto break or pedal carpew to wear out. AUpiano music can be executed vpon it. A child can operate bellows Cape made of solid cherry, cbonizcd and so highly polished as to wake it almost impo>-f,il>!e to iltx- tinauish it from rosewood. >io organ nuimifactiired has met with me popularity of this instruiiifiit an is proven by thelmmense sales. It even bid.s f mr to f ur- pass the demand for the far-famed improved i-eetlio- vcn Ha¥iiisiiiii:''easedourfucilitie9foriiiamit,nciiiring by purchasing Improved macliinory, we are Jl'l<; '"»•<•. duce t!ie price from $1S5.00 to only !?icr> 5«>, which inrlin!f9 a miisic l)ooli and adii s-la^te stool 'i'liose wishing 1 lie Improved Bectliovi ii and other stvlfsof organs with Ptof) fombinarions.rangmg in pr cefn-m $rî9.50 to S S ■yff.OO-also, sqia kk and Upki'uit maiiosfrom $17^.00 to .'î207.50-wi please write us, and wo will take pleasure m giving all the information desired free of charge. Those who contempiatepurchasIngwilUiowell to consult wilh us, as wa have vo atjents. Deal direct with t?io pulblic. YoM therefore save aKeiiJ's jirolits by piir'hf s!ns directfi onuhe ninnufacUirer. , R^'Tî«■'7'ii''"^ °"^ instruments are warranted lor ^JX » IHi,AK!». ana are.wnt anywhere on 15 days' test tra.-il. it not satisfactory, organ may bo returned, and our firm pay freight rhavges Doth ways. Sign Painters wanted. Address all communications, " BI3ETUOTE!\ PÎ.41VO ORGAIV CO., Washington, IVew Jersey, U. S. A NoTicr..— Mention name of this paper when you wrfte Vol. XVI. AVRIL 1887 C^. A.'vs:^ No. 3C /7) ^ "v ^ - "II BUILETTN DE RTTHFRrHFP, OBPERVATTONP F.T nfiO'^TIVEHTES <^ ,l^i V-'-i "■ *1 BE RAPPORTANT A l'hIST(hi;k NATURëI-T.K HI' <;\NAUA. ^A^i Eédacteur: M. L'ABBÉ PROVANCHEE. _;^,lfe CAP EOUGE: ^^^'^^^^^".^ PROVINCE DE QUEBEC, ^ 'S'%f T CANADA. J^ Imprimé par C. Dauveau, 80 à 84, riie do la .Montagne, Qiiébtç, SOMMAIRE HE CE NUMEHO. AVIS IMPORTANT.— Le bureau de poste dn CapRoiige iréniet- | tant pas de mandata d'argent, c'est sur eelui de Québec qu'il faut les | . prendre, et ies règlements postaux exigeant les noms et prénoms du desti- | nataire, tons mandats jwur le Naturaliste doivent être pris au nom de M. }; LÉON Provanchek. AGENTS DU NATURALISTE Québec. — M. J. A. Langlai.*, libraire, 177^ rue St Jof^cph, St-Rocli. Paris. — MM. Roger et Cliernoviz, 1 , rue des Grands-Augustins. ! Primes 145 Tab'eau synopfiqiie des musées ..... 140 Le darwinisme. (.Suite) 147 Noms vulgaires en histoire naturelle 1 fi Les serpents avalenf-ils leurs petits ..... - 1;'>9 Société d'Histoire-Naturelle de Québec IfiO ADDITIONS A LA FAUNE HYMÉNOPTÉROLOGKJUE- Fam. VIII— Chalcidides (suite) 1 89 HÉMIPTÈRES. Fam. VI — Pbj-^tocorides (suite) 129 Le Naturaliste Canadien paraît au commencement de chaqut moi.*, par livraisons de 32 pages in-8. Abonnement pour le Canada et les Etats-Unis, $2 par année, ou mieux par volume; chaque volume commençant au premier juillet chaque année, et se complétant dans les 12 mois qui suivent. Pour la France et les autres pays faisant partie de l'Union Postale 12 francs. On ne s'abonne pas pour moins d'une année ou d'rin volume. Ceu.\ qui en font la demande dans le cours de la publication, reçoivent 1 ;s numéros déjà parus de ce volume. JS^" Toutes -correspondances, remises, réclamations, etc., doivent être 'adressées au Rédacteur, CapRouge, Québec. The West American Scientist. This Magazine was first issued in lHc"?4, aiui has steadily increased in size and circulation with the rapid improvement and settlement of San Diego City and County, whose j>rowtli within the past few months has been remarkable. Original and Scientific in character, as its name indi- cates, yet of a i)opular style, it n^aches the reading rooms and lil)raries ot many societies, and circulates among a very inteihgent class tlirough- oiit the Pacific Coast, especially in the southern counties. It is the first and only purely Scientific Journal of all the 393 periodi- cals ill the state, in fact the only one west of the Rocky Mountains, and it is surely taking the fiont rank with the Popular, as well as the Scien- tilic magazines of the day. Subscription price, $] a year. Single copy, 10 cents. Adress : C. R. OKCUT, Editor and Proprietor. PRIM E S 1 ère Prime. 2e Prime. Juillet : un microscope pour insectes Voluta vespertilic Août : Cecil's Book of Insects, illus- 2 Cypraea caurica. tré el élégamment relié. Septembre : Faune Canadienne ; Co- léoptères. Octobre-: De Québec à Jérusalem, Novembre : Cecil's Book of Birds. Décembre : Dictionnaire des Scien- ces, des Lettres et des Arts, par C. de Bussy, 1 vol. broché, Janvier : Cyprsea tigris. Février : Cecil's Book of Beasts. Mars : De Québec à Jérusalem. Avril : Faune Canadienne. Les Co- léoptères. Mai : De Québec à Jérusalem. Juin : Une loupe de poche. Tout abonné réclamant l'une quelcouiiue de cc.^ im devra envoyer 8 centius pour en payer le postage. Oliva guttata. Murex bicolor. 2 Cerithium erythrense. Oliva porphyria. Cassis decussata. Conns sulcatus. Cypnea Mauritiana. Cyprtea mappa. 2 Oliva litterata. 2 Neverita duplicata. SOI^MAIRE m CE NUMERO. Primes , 161 Catalogue des spécimens dans les collections 162 Le darwinisme. (Suite) 165 Un nuage de staphylins 175 L'eucalyptus , 176 La Belgique Horticole 176 ADDITIONS A LA FAUNE HYMÉNOPTÉROLOGIQUE. Fam. VIII— Chalcidides (suite) 197 HÉMIPTÈRES. Fam. VI — Phytocorides (suite) 137 Le Naturaliste Canadien paraît au commencement de chaque mois, par livraisons de 32 pages in-8. Abonnement pour le Canada et les Etats-Unis, $2 par année, ou mieux par volume ; chaque volume commençant au premier juillet chaque année, et se complétant dans les 12 mois qui suivent. Pour la France et les autres pays faisant partie de l'Union Postale 12 francs. On ne s'abonne pas pour moins d'une année ou d'un volume. Ceux qui en font la demande dans le cours de la publication, reçoivent l.>s numéros déjà parus de ce volume. Bi^ Toutes correspondances, remises, réclamations, etc., doivent être adressées au Rédacteur, CapRouge, Québec. AVIS IMPORTANT.— Le bureau de poste du CapRouge n'émet- tant pas de mandats d'argent, c'est sur celui de Québec qu'il faut les prendre, et les règlements postaux exigeant les noms et prénoms du desti- nataire, tous mandats pour le Naturaliste doivent être pris au nom de M. LÉON Provancher. AGENTS DU NATURALISTE Québec. — M. J. A. Langlais, libraire, 177, rue St Joseph, St-Roch. Paris. — MM. Roger et Chernoviz, 7, rue des Grands-Augustins. The West American Scientist. This Magazine was firgt iginied in 1884, and hfis steadily increased in i«ize and circulation witli ihe rapid improvement and gettlement of San Diego Cit}- and County, whose growih within the past few months has been r-emarkable. Oi'iginal and Scientific iu character, as its name indi- cates, 3'et of a popular style, it reaches the reading rooms and libraries of many societies, and circulates among a very inteihgeut class through- out the Pacific Coast, especially in the southern counties. It is the first and only purely Scientific Journal of all the 393 periodi- cals in the state, in fact the only one west of the Rocky Mountains, and it is surely taking the front rank with the Popular, as well as the Scien- tific magazines of the day. Subscription price, $J a year. Single copy, 10 cents. Adress C. R. ORCUTT, Editor and Proprietor. SAN DIICGO. CALIFORNIA. P R Ï M K S 2e Prime. Voluta vespertilio. 2 Cypraea caurica. Oliva guttata. Murex bicolor. 2 Cerithium erythrense. Oliva porphyria. 1ère Prime. Juillet : \m microscope pour insectes Août : Cecil's Book of Insects, illus- tré et élégamment rebé. Septembre : Faune Canadienne ; Co- léoptères. Octobre : De Québec à Jérusalem, Novembre : Cecil's Book of Birds. Décembre : Dictionnaire des Scien- ce-^, des Lettres et des Arts, par C. de Bussy, 1 vol. broché. Janvier : Cyprœa tigris. Février : Cecil's Book of Beasts. Mars : De Québec à Jérusalem. Avril : Faune Canadienne. Les Co- léoptères. Mai : De Québec à Jérusalem. Juin : Une loupe de poche. Tout abonné réclamant l'une quelconque de ces primes, devra envoyer 8 centins pour en payer le postage. Cassis decussata. Conus sulcatus. Cypryea Mauritiana. Cypraea mappa. 2 Oliva littenita. 2 Neverita duplicata. mmfs^^- Grand împpovenients in Reed Organs, No pedal Btrapsto break (.r piHial carpew to wear oiu. Allpiaiio riwffic can ha executed "upon it. A cliiUl can opeiato bellows. Case made of solid cherry, elionized and eo hisblv polished as to mate it almost impoxmbls to ch»- tinanish it from roseicoi a. Ï o irgan manufactured bas met wlili tlie popularity of this in'^tn^nieTit. as Is proven by theiramense sales. It, even bids tairto siir- pass t*ic dPrnand f : >v the f lir-famed Improved Boi'tt-.o- ven Unvlnp, increased ov.rfucimiesfoi-n.anutactuniis by purchasing improved nv ctiinery, we are ab '■(■}.''• re- duce the price from lîCS.OOlo only n05.Ç0, which jn'.-lsiars a rainsic^ Iiook aii'î otlisis-tau'e Btoo' TiioLB vi'ishlnsT liie Improved Beethoven and other Ftyh'S of frs^nns with stnip ronibinraions, ranging in pi- ce ir.im $*Î9.5» to Ç1 75.00-also, Sqc atib am UPKiauT FiaT:os from ?175.00 to .S-i!)7.5«-wi please write lis, and we will take pleasure m givnig all the Information desired free o? charge. Those who contempIatepurchaslngrwiUflo well to consult with us, as loehar.e voayeiits. Deci direct wUh «n« public. You thfM-eJ'oreB.Tvens«nt'.'? profits ityP'irchasms: direct fr.'iîi she mvrivi^RCiureT. IXeni^m^T.onj instruments are, warrnnffd for .SIX i fe.-'iHs», ana arc sent, firor^/here on 15 days' test trial. If not satisfactr.ry, organ may be returned, and our firm pay frei?iit cl.argesbotliways. Si!:n Painters wanted. Address all communications, " BEETHOVEN PÎAKO ORG.iM CO., Washington, Mew Jersey, U. 6. A. KoTicK.— -.'ention name of this paper when you write P td 5' ir»- CD 5 p < !> Q -Q ■" ffl 0 a 1> § H ffl P o CO o p "^^ o O .•— ' p^ p (Q O o Q p h-î H M 2 CD • CD I CD Ol Q So I 1^01 " H ffi P.P3 en o o t ^^^*-« ►^v _^« Vol. XVI. JUIN 1887 No. 12. laiprimù par C. PaRVEAu, SO à «4, rue rlc ia Moiua^ai-, ^u61kç. SGÏÏIMAIEE BE OE NUMEIO. Priiiie? , 177 A nos abonnés 178 Société d'Histoire Naturelle de Québec - 181 Un drame de -la vie dans un livre 182 Le darwinisme. (Suite) 18H Liste des gravures 198 Table alphabétique des matières 195 Table alphabétique des noms de genres et d'espèces 197 ADDITIONS A LA FAUNE HYMÉNOPTÉKOLOGIQUE. Fam. VIII— Chalcidides (suite) 205 Fam. IX— Chrysides 211 HÉMiPTi:Kt;s. Fam. VI — Phj-tocovides (suite) 145 Le Naturaliste Canadien paraît au coiumenceinent de chaque mois, par livraisons de 32 pages in-8. Abonnement pour le Canadt» et les Etat^-Unis, 12 par année, ou mieux par volume ; chaque volume commençant au premier juillet chaque année, et se complétant dans les 12 mois qui suivent. Pour la France et les autres pays faisant partie de l'Union Postale 12 francs. On ne s'abonne pas pour moins d'une année ou d'un volume. Ceux qui en font la demande dans le cours de la publication, reçoivent l>s numéros déjà parus de ce volume. JS®"" Toutes correspondances, remises, réclamations, etc., doivent' être adressées au Rédacteur, CapRouge, Québec AVIS IMPORTANT.— Le bureau de ^^ j:. CapRouge n'émet- tant pas de mandats d'argent, c'est sur celui de Québec qu'il faut les prendre, et les règlements postaux exigeant les noms et prénoms du desti- nataire, tous mandats pour le Naturaliste doivent être pris au nom de M. LÉON Pkovancher. AGENTS DU NATURALISTE Québec. — M. J. A. Langlai.s, libraire, 177, rue St Joseph, St-Roch. Paris. — MM. Roger et Chernoviz, 7, rue des Grands-Augustins. « DE QUEBEC A JERUSALEM. Journal d'un pèlerinage du Canada en Terre-Sainte, en passant à travers l'Angleterre, la France, l'Egypte, la Judée, la Samarie, la Galilée, la Syrie et l'Italie, Ouvrage accompagné de plans et de cartes géograplii(iues. Par l'Abbé Provancher.— Québec, C. Darveau, 1884.^ Ce récit qui forme un volume de 724 pages in-8, avec cartes et plans d'une exécution parfaite, est encore l'ouvrage le plus complet publié jusqu'à ce jour sur la Terre-Sainte en Canada. Comme les pèlerinages aux Lieux-Saints deviennent de plus en plus fréquents, ceux qui se proposent ce voyage, ne peuvent mieux s'y pi'éparer que par la lecture de ces pages, et ceux qui s'en voient empêchés peuvent, jusqu'à un certain point, s'en dédommager en parcourant par la pensée, au moyen de ce récit, ces lieux bénits et à jamais mémorables. PRIX $2.— Chez M. Chaperon, libraire, rue de la Fabrique, Québec. (Sur réception du prix, le volume est expédié par la poste.) The West American Scientist, i This Magazine was first issued in 1884, and has steadily increased in size and circulation with the rapid improvement and settlement of San Diego City and County, whose growth within the past few months has been remarkable. Original and Scientific in character, as its name indi- cates, yet of a popular style, it reaches the reading rooms and libraries of many societies, and circulates among a very inteihgenr, class through- out the Pacific Coast, especially in the southern counties. It is the first and only purely Scientific Journal of all the -393 periodi- cals in the state, in fact the only one west of the Kocky Mountains, and it is surely taking the front rank with the Popular, as well as the Scien- tific magazines of the day. Subscription price, $1 a year. Single copy, 10 cents. Adress : C. R. ORCUTT, Editor and Proprietor, SAN DIKGO, CALIFORNIA. P R I M SO S 1ère Prime. Juillet : un microscojie pour insectes Août : Cecil's Book of Insects, illus- tré et élégamment relié. Septembre : Faune Canadienne ; Co- léoptères. Octobre : De Québec à Jérusalem, Novembre : Cecil's Book of Birds. Décembre : Dictionnaire des Scien- ces, des Lettres et des Arts, par C. de Bussy, 1 vol. broché, Janvier : Cypraea tigris. Février : Cecil's Book of Beasts. Mars : De Québec à Jérusalem. Avril : Faune Canadienne. Les Co- léoptères. Mai : De Qtiébec à Jérusalem. Juin : Une loupe de poche. 2e Prime. Voluta vespertilio. 2 Cyprœa' caurica. Oliva guttata. ■Kurex bicolor. 2 Cerithium eryth reuse. Oliva porphyria. Cassis decussata. Conus-snlcatus. Cyprtea Mauritiana. Cyprœa mappa. 2 Oliva litterata. 2 Neverita duplicata. Tout abonné réclamant l'une quelconque de ces primes, devra envoyer 8 centins pour en payer le postage. t ^3^ «=^^1 / Tableau Synoptique des Musées de la Province de de leurs spécin: Nom de l'institution ilon- naies Miné- raux Fos- silles Plantes Mam- mi- fères Mon Collège St Laurent 2485(1) 342(2) 23(3) 900 27(4) 215( J. IVf. Lemoine, Québec 250 R. Lavoie. St Roch de Québec. 65 42 3 50 Rév.J.E.Bellemare, Bte Hélène Collège de N -D. de Levis 30(8) 60 1 50 112 431 22 "^80 Couvent de St Joseph de Levis. 100 100 291(10) 5 776( Université Lava\ Québec 4393 3464 1258 8904 80 650 Bémi'iaire de Chicoutimi 900(8) 45 50 180 9 100 8 ?06 16 200 223 2 33 Académie de Pictou, N.E. (14) 500 1500 100 600 24 200 200 a tout perdu If RR PP Oblnts P.et«iamits 20 58 487 68 500 164 1520 3 21 981 150 10 35 5 75 18 55 Dr J. A. Crevier, Montréal 156 1G57 375 167 12 56 L'abhé Provancher, Cap Rouge 204 85 1845(15) 9 29 (1) i)ont 47a médailles profanes et religieuses, et 2012 monnaies, av« c grand iioi (2) :i42 esnèces exactement déterminées. ('■U l)ont 8 plantes de.s terr.iin> houillers (carbonifères). (4) Tous empiiillés et montés. (5) Oiseaux et reptiles (11) Tous ces uids avec leurs «enfs. (7) J>oni 4 annélides (8) Avec grand nombre de doubles. (9) Dont à batraciens. (10) Dessinées d'après nature. (11) Dont 72 montés et 70-1 dessinés de grandeur naturelle. (12) N'a-t-on pas compté les spéeimens, au lieu des seules espèoes déterminées (i:ij De plus : 25 lîatraciens, 20 Annélides. 30 Ecliinodernes. 20 Célentérés, 15 I (14) Il nous a fait plaisir voir l'Académie de Pictou, bien qu'eu dehors de notre I (15 Dont 248 de Champignons. jbec, montrant le nombre d'espèces déterminées I, en mars, 1887. eaux Eufs 1 Nids Pois- sons Rep- tiles Insectes Arai- gné 'S VIjTia- podes Crus- t cées Mollus- ques Prépara- tions n i- crosco- piqiies 9(5) 0 181(6) 20 25 14(4) 11 600 5 3 8 (7) 261 9 .0 1 15 800 5 G 125 1 8(9) )5 5 30 1525 198 14,000(12) 2500 1178 (12) 725 2000 incendie. 15 12 15 8 GO 360 975 150 112(12) 213 30 1 60 4 5 36 7 og 12 3 74(6) 3 5 dans 1 12 1 4 12 3 78 3 20 70 6 12 97(13) 4 8 20 reste 35 4 SOU 8 6 1 12 15 8 50 récent 78 8 3 2 5 100 293 211 200 2300 508 3 8 23 5( 1 4 64 11 16 26 1268 6022 26 13 G H 10 15 896(12) 1782 656 65(5) de doubles. ires et 1 Protozoaire, nce ! nous^[ouner un'état de .ses richesses pour entrer en comparaison avec les uAtres. ^-- < c c ^ cc' < S^ G ce >-^^ ' eg. ^c v< «rcf Ucc %Ai «.c <:' <^^<ç 'Ki'^r Ç «?: a, 'C <- y^'<'^ X c car c^ r' -^C?:^V ^jSjCx,. c ^S^X crcc CCCÇ Wee ^-5- .C<^< CO -, "«CC