Kata UT j FRA x A FA Yad Fans APG RU NX 4 Ay) WAN, FAR VALUE + Ato Way Rake Wi 4? i } NAN WEA ES se AU AE i UN PANNES AVARI TINY 4 LEVÉ : | ut yy LA Ora MOLL’ : | Paya Pah 8 hs Wh ad a REND À SPARE ™ ~ AR an Nga AAA TV 1 NX LR AUTRE ER : wht x Eke Te AP >) y a | o Leen w a A 5) 1 ; ANS: AAS à à A LT ER; > PN je 7 a ‘ ie NA 7 ry L'an Fe Ne 2 : À x4 AAA f AA VE ; { NAR AA, oo ues AS i (4 « ry 4 ; ' re # 4 "5 t : — i ee ‘1 tas 1 Ces. 2] 7 ene i 7 cy a. AS À a NOR Natur BULLETIN DE RECHERCHES, OBSERVATIONS ET DÉCOUVERTES SK RAPPORTANT A L’HISTOIRE NATURELLE DU CANADA é TOME VINGT-UNIEME (PREMIER DE LA DEUXIÈME SÉRIE) L’ABBE V.-A. HUARD, REDACTEUR-PROPRIETAIRE + + “ CHICOUTIMI Imprimerie du “ Progrès du Saguenay ” A à 1594 Sh ne - AVVALV OUR Para | sl Naturaliste Canad Vol, XXI Chicoutimi, Janvier 1894 Not soe aa iétaire : l'Abhe VA. HOARD. LE REVEIL DU NATURALISTE Il ne faudra plus tant se presser de dire, à l'occasion, que Je NATURALISTE CANADIEN est mort. On en revient, du genre de trépas qu'il à subi! Voila bien trois fois, en effet, qu'il a paru cesser de vivre; ces époques de léthargie, comme on se le rappelle peut-être, durèrent de 1879 à 1880, de 1883 à 1889 et de 1891 à cette année. Cette dernière période de sommeil s'est prolongée dans une telle mesure qu'il est à espérer que désormais le NATURALISTE restera bien longtemps éveillé. Le NATURALISTE CANADIEN vient done aujourd'hui repren- dre sa place, Mais que de changements se sont opérés pen- dant son sommeil ! D'abord son Fondateur, celui qui l’a main- tenu durant vingt années à force d'énergie et de sacrifices, Pabbé Provancher n'est plus la! Le grand travailleur, après avoir poursuivi son rude labeur jusqu’à travers les souffrances de la maladie i la débilité du vieil âge, s’est vu enfin appelé à l'éternel repos ! Il a consacré sa longue vie à la contemplation enthousiaste des œuvres du Créateur et n’a rien épargné pour les faire connaître et admirer de tous ; il jouit maintenant de la vue de l’'Auteur même de ces merveilles ; son intelligence, avide de savoir, s'abreuve à présent à la source de toute seien- 1—Janvier, 1894 LE NATURALISTE CANADIEN ce !-—A nous d'imiter ses vertus et d'apporter à l'étxde de la nature le même RU de foi, si nous voulons un jour obtenir la même récompense! L'abbé Provancher et le No. ALISTE CANADIEN, l’auteur et l'œuvre, s'étaient si bien identifiés Pun avec lPautre, qu'il n'était pas possible de prononcer le nom de l'un sans rappe- ler le souvenir de l'autre, Il m'a fallu pourtant enlever le nom de l'abbé Provancher de l'en-tête de cette Revue, et le remplacer par le mien, Avec quels regrets, après quelles hési- tations l’ai-je fait! Chaque fois que le NATURALISTE renaissait pour ainsi dire de ses cendres, M. Provancher ne manquait pas de raconter au public par quelles phases avait passé le malade, comment il avait paru trépasser, et par quels procédés on l'avait ramené à la vie. L'exemple est bon à suivre; et quelques renseigne- ments, sur les circonstances qui ont permis au NATURALISTE de se ranimer encore une fois, répondront, je crois, à une légitime curiosité, Depuis plusieurs années, l'abbé Provancher sentant ses forces diminuer et voyant bien qu'il ne pourrait plus longtemps poursuivre son œuvre, m'avait laissé voir qu'il comptait sur moi pour la continuer. Sans repousser ses avances, je ne m'y prétais cependant qu'à moitié, et j'évitais tout ce qui pouvait ressembler à un engagement formel, En mars 1890, on vota la subvention ordinaire au Natu- RALISTE pour l’année fiscale suivante, mais en y ajoutant les mots: “sous condition.” L'abbé Provancher ne voulut pas. commencer le volume XXe,avant de savoir ce qu'il fallait en- tendre par cette formule qui n’était pas très rassurante ; et du- rant trois mois la Revue garda la chambre: cîle était bien ma- lade ! Le mal inconnu dont elle souffrait, c'était cette condition, que l’on’cherchait partout, et que l’on ne pouvait réussir à trou- ver. Tout le monde y perdait son latin. L’honorable M. Mer- cier lui-même, Premier Ministre, ne réussit pas mieux dans ses recherches, Il va done falloir que l'histoire se résigne à 7 ETON DOM ON UT" ats PE LE REVEIL DU NATURALISTE 3 confesser son ignorance là-dessus et s’arrange comme elle pour- ra avec la postérité, qui en sera pour sa curiosité. Bref,en déses- poir de cause, le diagnostic ne donnant aucun résultat ct la maladie restant toujours mystérieuse, on décida en haut lieu de tuer le malade. C’est un moyen comme un autre d'arriver à une solution, Tant pis pour la victime, dont c'est évidem- ment la faute ! Done, le 23 septembre, le Premier Ministre faisait savoir qu'après l’année courante, la subvention au NATURALISTE serait retranchée. Je présume que M. Mercier ne compte pas beau- coup sur cette mesure pour voir son nom passer à travers les Aces futurs dans un rayonnement de gloire !--La Revue reprit sa publication, et se prépara à mourir en juin 1891; mais elle ne se priva point de jeter auparavant les hauts cris, et il y a telle de ses pages ou, avec la meilleure volonté du monde, on ne trouverait pas la moindre trace d’eau de rose ! Aucun espoir ne restait à M. Provancher de rien obtenir du gouvernement Mercier; et celui-ci paraissait alors si solide- ment établi au pouvoir, qu'il n’y avait pas lieu de s’attendre à la résurrection du NATURALISTE par suite d’un changement de ministère. Je cédai alors aux instances de mon vieil ami, et résolus de me dévouer à la continuation de son œuvre, rassuré d'ailleurs par la pensée que, malgré sa santé de plus en plus défaillante, il m’aiderait puissamment de ses conseils et de sa précieuse collaboration, Vers le mois d'août (1891), je m’a- dressai donc à l'honorable M. Chs Langelier, Secrétaire Pro- vincial, et le priai de faire rétablir en ma faveur la subvention du NATURALISTE. Je fus accueilli avec une bienveillance par- ticulière, et je suis heureux d’avoir ici l'occasion d’en remer- cier l'honorable M. Langelier. Cela prouve, semble-t-il, que si Von était mal disposé à l’égard de l'abbé Provancher, on létait moins envers l’œuvre elle-même. Ces préventions personnel- les, contre le savant pubiiciste, étaient-elles justifies, ou non ? C’est une question que je ine réserve de discuter plus tard. J’avais pleine confiance dans le succès de ma cause, en El AP LE NATURALISTE CANADIEN voyant les bonnes dispositions du Secrétaire Provincial: je re- ens aussi de bonnes nouvelles par voie détournée. Enfin, je ne doutais pas qu’à la session d'automne, il serait question du NATURALISTE dans le budget de l'année suivante.-—Muis, il n’y en eut pas, de session d'automne! un owragan terrible avait éelaté soudain dans notre ciel politique, et le sol fut bientôt jonché de débris. Au milieu de cette tourmente, qui dura bien des mois, ce n’était guère le temps de parler d'histoire na- turelle aux autorités provinciales......Et la pierre qui fermait son tombeau, pesa encore plus lourdement sur le pauvre NATU- RALISTE.--- Depuis cette époque, nos orateurs et nos journalistes ont énuméré souventes fois les effets de cette crise politique, effets consolants ou déplorables suivant la couleur des lunettes _ que l'on portait. Qui a songé à mentionner Pageravation du sort du NATURALISTE, parmi les conséquences regrettables de Ja situation ? Voici donce---déjà---de l'inédit dans cette, Revue ! Vers la fin de l'hiver suivant (1892),M. l'abbé Provancher, _ dont la santé était mauvaise depuis assez longtemps,tomba grave- . ment, malade,et vit bientôt que c’en était fait de lui, De son lit de mort, il me confia encore le soin de continuer sa chère œuvre ; le ministère conservateur, mn'écrivait-il, sortira vainqueur des élections générales, et vous obtiendrez facilement de l’aide de M. de Boucherville, qui porte tant d'intérêt À la cause de la science. Effectivement, lorsque j’eus rendu les derniers de- voirs à mon vieil ami et Maitre, je m/’adressai sans retard au nouveau gouvernement, et lui demandai du secours pour re- prendre la publication du NATURALISTE CANADIEN. L'homme le plus surpris qui se soit vnen Amérique de- puis 1492, ce fut moi, lorsque je lus, “ un beau matin ” du mois d'avril, la réponse du Premier Ministre, L’honorable M. de Boucherville, l'ami de feu M. Provancher, l’homme si dévoué aux études scientifiques, ne s'empressait pas d'accéder à ma demande! A la vérité, il ne m'enlevait pas tout espoir et té- moignait de ses bonnes dispositions pour l'œuvre du NATURA- LISTE; mais les finances de la Province étaient en si triste état + yee! ? SOG NOEL À NRA ULE ER SH ELU RE ANT MALE NU ELITE # ~ LE REVEIL DU NATURALISTE 2) quil fallait attendre À plus tard. L’honorabie M. L.-P. Pelletier, Secrétaire Provincial, à qui je m’adressai aussi, ne me fit pas plus de promesse dun prochain seconrs. Des personnages de haut rang et nos principaux hommes de science voulurent bien, durant la session d'été, écrire en faveur de la résurrection du NATURALISTE de fortes recommandations, qui ne réussirent pas davantage à engager le gouvernement à risquer même un doigt en dehors du rigide programme d'économie qu'il jugeait néces- saire d'appliquer. Durant la dernière session,je revins encore a la charge,avec le concours de MM. H. Petit et Joseph Girard, députés de Chi- coutimi et du Lae Saint-Jean, qui avaient aussi appuyé forte- ment ma demande de l’année précédente, et que je remercie bien cordialement de leur intervention si dévouée. Toutes ces tentatives ont été vaines au point de vue pratique ; J'ai acquis du moins la conviction qu'il y a chez les membres du ministère provincial un désir sincère de favoriser l’œuvre du NATURALIS- TE (j'ai même une connaissance personnelle de l'existence de ces sympathies chez plusieurs de ces Messieurs), et qu'ils Fai- deront dès que l’état financier de la Province le permettra. Ce qui les arrête, ce n’est pas l'importance de la somme demandée, qui est bien minime ; mais il s’agit pour eux d’un principe d'administration qu’ils veulent maintenir avec rigueur. Or les gens qui entendent quelque chose à la tenue des livres (nous n’en sommes pas évidemment, nons tous qui avons passé par ces affreux collèges classiques !) et dont le cœur est suscepti- ble d'être remué par l’éloquence des chiffres, nous assurent, après avoir écouté l'honorable M. Hall, Trésorier Provincial, que l’auro- re aux doigts de rose illumine déjà le budget gouvernemental et que le coftre de la Province verra bientôt de beaux jours. Les libéraux, ilest vrai, disent que la nuit règne encore, et pour longtemps ; mais les conservateurs, avec non moins d’énergie, justifient les consolantes espérances qu'ils entretiennent, Qu'il y ait donc, ou non, de la naïveté dans sa facon d'entendre les cho- ses, le NATURALISTE escompte l'avenir, s’attend qu’il lui viendra LE NATURALISTE CANADIEN 4 prochainement du secours, et dès aujourd’hui s’élance de son tombeau. de 7 1 Sans doute, son apparence dénotera assez le malheur des … : temps.Son volume est diminué de moitié; il ne reverra ses 32 pu- _gesque lorsque l’ancien état de choses sera rétabli. Et je tiens à di- . J re icique le NATURALISTE CANADIEN ne reviendrait pas aujour- d'hui à la vie, même dans ces conditions précaires, si mon évé- _ que et le séminaire auquel j’appartiens ne me mettaient un peu en mesure, en m’accordant certains avantages, de tenter cette entreprise. Done, sila réapparition de cette Revue est un heu- p fenux événement, on en doit de la reconnaissance à Sa Grandeur Mer Labrecque ct au Séminaire de Chicoutimi. Après cela, 4 comme après bien d’autres choses, que l'on continue à dire, en a certains quartiers, que le clergé est amides ténèbres intellec- 4 tuelles...... Une autre observation aussi est opportune. L'abbé Provan- cher ne croyait pas possible le maintien du NATURALISTE sans l'aide du gouvernement, et chaque fois qu'on a refusé _ de lui accorder ts subvention requise, il ne manqua pas d'in- | terrompre sa publication. Et j'ose aujourd’hui tenter de soute- a mir cette Revue avec ses seules ressources ! Je ne me fais done | pr illusion sur le succès de I expericnce, si le gouvernement _ de la Province ne s'intéresse pas à l'œuvre, à Noa délai. Mais, ceci soit dit pour rassurer pleinement les personnes disposées a seconder mes efforts,—je m'engage, pourvu que Dieu me ‘4 prête vie et santé, à publier les douze livraisons du volume qui commence avec ce numéro, quelque soit l’issue de ma ten- A1 i tative. Si l'année se clot par un déficit, les abonnés, eux, om _ n'auront rien perdu. Et mon imprimeur ne perdra rien non plus : car alors je pousserais l’économie jusqu'au seuil de fl l’héroïsme, et mes appoiutements de prêtre de séminaire me mettraient sans doute en mesure de solder ma dette en quel- ques années, Li: # —Muis, me dit-on, il y a aussi le public! Il faut en tenir compte. m4 LA . b * vy AA re ci A A LE a a LE AE SN fit ‘oi el \ ’ * NOTRE PROGRAMME if —Oui, répondrai-je, il y a le public. Mais le publie, qui s'occupe beaucoup de la politique et assez peu de la littératu- re, naccorde pas grande attention à la science, dans notre pays entre autres. Le NATURALISTE CANADIEN a déjà vécu vingt années, et ne le doit pas heaucoup au public. Le nou- veau NATURARISTE: obtiendra-t-il plus de faveur ? Nul ne pourrait le dire d'avance. En tout cas, nous saurons tres proghainemant si la Province veut maintenir la seule revue scientifique en langue française, qui soit publiée en Amé- rique. L'Abbé Vicror-A Huarp NOTRE PROGRAMME Nous avons tenu a conserver au NATURALISTE sa méme apparence extérieure, autant qu'il a été possible. Nous vou- drions aussi qu'il continuât à être le même quant au fond. Il s'occupera donc encore des différentes branches de l’histoire naturelle, dans son sens le plus étendu. Mais pourtant nous eroyons devoir, au moins comme expérience de quelques années, en changer un peu le caractère: la Re- vue sera moins technique, et plus a la portée de la masse des lecteurs. “ A quoi bon, nous disait l’une de nos sommités scientifiques, à quoi bon publier une revue pour dix ou douze personnes seulement ?” Nous ne nous proposons pas en effet d'écrire pour les savants, mais pour le grand nombre, qui ont besoin de savoir quelque chose des merveilles dela nature, LE NATURALISTE CANADIEN au milieu desquelles ils vivent, mais sans y donner assez d’at- a tention. Le NATURALISTE se fera done plutôt vulgarisateur de la science que recueil de science pure, sims omettre pour- tant d'être aussi, à l'occasion, l'écho de cette dernière. é à Notre ambition, c’est qu’on lise le NATURALISTE, et c'est . de cette manière que nous comprenons son rôle utile. Dans FN ce but, son langage sera, autant que nous le pourrons, intelli- _ | 4 gible pour ses lecteurs même non adonnés à l'étude des scien- ces. Dans ce but, aussi, nous nous efforcerons de présenter les faits scientifiques sous un aspect agréable, et ne croirons pas commettre une irrévérence si nous déridons un peu, de temps en temps, la face austère, grave, sévère de la bonne di vieille Screnec. Ks a | Avec le temps, et si on nous laisse vivre, nous termine- y _rons la Petite Fuune Entomologique que l'abbé Provancher a publiée en partie. Il reste encore à traiter, dans cette œu- Nyre, les LÉPIDOPTÈRES et les DiprzREs. Nous nous proposons © aussi, ‘et assez prochainement, de rédiger et de publier la | seconde porte des Mollusques de la Province de Québec, dont i l'auteur n'a pu traiter que la première partie.—Et après tout mice la, il y restera à exploiter bien des champs encore in- 4 cultes parmi nous : ies ARACHNIDES, les Mousses, les LICHENS, ete. Si nous ne nous trompons, “voilà de l'ouvrage de taillé” pour une vie assez longue ! 3 ~ Nous commençons, dès ce numéro, la série de ces travaux par un TRAITÉ ÉLÉMENTAIRE DE Z00LOGIE. Cette partie de . la science doit être considérée comme la base des différentes 4 branches de la faune générale. Dans chaque livraison du ia NATURALISTE, il y aura au moins quatre pages de ce traité, — | avec pagination distincte, en sorte que l’on puisse réunir tous k _ces feuillets en appendice à la fin du volume de la Revue, où + bien les faire relier à part, lorsque le traité sera terminé, daa on une année ou deux. \R . mt Quant aux gravures, indispensabies dans une publication _ de ce geure, nous voulons bien ne pas lésiner sur ce chapitre. 5 gf Mais le coût en étant considérable, leur plus ou moins grande a. - Ke NOTRE PROGRAMME 9 fréquence dépendra des ressources que nous vaudra l’encou- ragement reçu. APPEL A LA COLLABORATION On a accusé l’abbé Provancher d’avoir écarté la collabo- ration de l’ancien NATURALISTE. Nous avons déjà protesté, et nous le ferons encore, contre cette accusation, au moins en tant qu’elle signifie une attitude délibérée de la part de notre prédécesseur. Et nous voulons fuire en sorte que jamais on ne nous fasse un reproche de cette nature. Loin de repousser la collaboration, nous la sollicitons de toutes nos forces. Non seulement nous sommes disposé à l'accepter ; mais nous déclarons que nous en avons absolu- ment besoin, si l’on veut que cette Revue, la seule de ce genre chez les Canadiens-Frangais, soit vraiment utile au pays et fasse, à l'étranger, honneur à notre nationalité. Croit-on vrai- ment qu'un homme, surtout lorsque, comme nous, il a d’au- tres devoirs d’état à remplir, puisse mener de front l'étude de toutes les sciences naturelles, et cela d’une façon suffisam- ment sérieuse ? Personnellement, nous nous occuperons spécialement de l'entomologie, sans nous interdire pour cela de jeter un coup d'œil, de fois à autre, dans les autres départements. Et, même dans cette étude des insectes, nous serons heureux de toute collaboration qui viendra à nous. Cette partie de la science est si étendue, qu’il y a place pour de nombreux travailleurs. Mais nous demandons le concours de tous nos hommes de science surtout pour les autres branches de l’histoire natu- relle : astronomie, botanique, géologie, minéralogie, conchylio- logie, etc. Que chacun de nos savants contribue seulement d'un article par année à l’œuvre commune, et nous aurons une belle revue scientifique canadienne-francaise. Nous ac- cueillerons avec joie non seulement le concours de nos sommi- tés scientifiques, mais aussi celui des amateurs. De cette sor- te, les travaux, les découvertes et les observations de chacun seront utiles à tous ; le NATURALISTE (CANADIEN sera vrai- ment ce qu'indique son sous-titre de “ Bulletin de recherches, 2—Janvier, 1894 10 LE NATURALISTE CANADIEN “observations et découvertes se rapportant à l'histoire natu- relle du Canada :” il sera digne aussi d'être considéré comme un monument chargé de conserver la mémoire de son Fonda- teur, de celui que lon a nommé à juste titre le PÈRE DE L'HISTOIRE NATURELLE EN CANADA.—Fasse le Ciel que ces vœux, que ces beaux rêves se réalisent ! Dès aujourd'hui, nous pouvons annoncer à nos lecteurs que nous avons reçu de plusieurs de nos scientistes, et non des moins notables, non seulement des encouragements à faire revivre le NATURALISTE, mais aussi des promesses de colla- boration. Membre de la ‘‘ Presse Associée de la Province de Québec ” depuis déjà bon nombre d'années, grâce à notre titre de correspondant de l’ancien NATURALISTE, nous entrons aujourd’hui dans la presse plus active sans aucune appréhension ; car nous savons, par expérience jersonnelle, quelle courtoisie et quelle fraternité prési- dent, en cette Province, aux relations mutuelles des journalistes. Croirait-on que, depuis assez longtemps et sur un simple espoir de la reprise possible de cette Revue, plusieurs journaux échangeaient d'avance avec nous? C’est ainsi que l’Enseigne- ment Primaire nous venait depuis deux ans; le Progrès du Saguenay, depuis une année; la Semaine Religreuse de Québec et le Nidiologist (un étranger, celui-là, A publié dans la Californie, et dont nous parlerons sur notre prochain numéro), de- puis l’été dernier. Nous prions les éditeurs de ces publications d’agréer nos sincè- res remerciements. < La presse a toujours été sympathique à l’œuvre du NATURALISTE, et, à l’unani- mité peut-être, elle a regretté sa disparition. Qu'elle veuille bien aujourd’hui - patronner notre entreprise qui intéresse uniquement Ja cause de la science en ce pays, et ne touche en rien à la spéculation commerciale, il s’en faut bien. + ‘ Je x : Nous prions les confrères, à qui nous faisons l’envoi de notre journal, de vou- Joir bien nous faire Ja faveur d'échanger avec nous. Il leur arrive assez souvent de A NOS CONFRÈRES DE LA PRESSE i reproduire d’ailleurs quelque article scientifique, ou d’insérer parmi leurs nouvelles quelque observation, quelque fait qui touche à l’histoire naturelle : tous ces écrits prendront place dans nos ‘‘ scrap-books ’’ et nous seront utiles un jour ou l’autre. Quant aux revues scientifiques du Canada ou de l'étranger, nous comptons aussi sur leur esprit de fraternité, et espérons qu’elles coutinueront avec le nou- veau NATURALISTE les bons rapports qu’elles entretenaient avec l’ancion. La science n’a pas à s'occuper des accidents de nationalité, de langue, de continent : tous ceux qui la cultivent se regardent comme coopérateurs dela même œuvre granle et no- ble : l'acquisition de la vérité en toutes choses. NOUS ADRESSONS LE “ NATURATISTE” d'abord aux abonnés de l’ancienne liste, comptant bien awils nous resteront fidèles, En outre, nous l’expédions à un bon nombre d'institutions d'enseignement, où l'étude de l’histoire naturelle est en honneur ; nous osons penser qu’elles trouve- ront quelque profit à prendre connaissance des sujets qui seront traités dans cette Revue. Nous adressons aussi ce numéro à un grand nombre d’au- tres personnes, appartenant surtout au clergé et à la médecine. Les membres du clergé, dont le concours est indispensable en notre pays pour toute entreprise sérieuse dans les lettres ou les sciences, portent généralement de l'intérêt aux sciences na-' turelles.. La plupart vivent isolés dans les campagnes : queiles jouissances ils s’assureraient, s'ils se livraient, avec quelque attention, à l'étude de l’une quelconque des parties de l’histoi- re natureile, quand ce ne serait qu'à titre de repos et de diver- sion à leurs études propres. Quant à MM, les médecins, que nous honorons grandement, suivant le précepte de la sainte Ecriture, ils sont tous plus ou moins naturalistes, tant il y a de rapports entre la médecine et l’histoire naturelle. Nous prions instamment les personnes qui recevront ce PR | le eg) at “1 ein ae eae Ty “> { Te 1% Po FE TR he Oe TP re fer) Sere, ie a Bh ek iil oe M2 12 LE NATURALISTE CANADIEN numéro et qui ne jugeront pas à propos de s’abonner au NATU- RALISTE, de nous le renvoyer sans délai avec le mot REFUSÉ : et cela dans le but de nous éviter les frais inutiles, qu’il nous serait difficile de supporter, d’un tirage trop considérable des livraisons suivantes.—Sans doute cette facon de chercher des souscripteurs paraît importune à beaucoup de gens. Mais nous ne pouvons toujours pas mettre en campagne une armée d’a- vents qui parcourraient toutes les paroisses de la Province pour solliciter des abonnements : car nous constatons, par notre li- viet de banque, que sur les $5,000 au moins que cela coûte- rait, il nous manque le montant de $4,997.77. En attendant que cette somme rentre dans notre porte-monnaie, d’où elle n’est d’ailleurs jamais sortie, il nous faut bien employer le mo- yen habituel de lancer un journal. Ainsi donc,si l’on ne croit pas devoirs’abonner, qu’on veuil- le bien en informer son maître de poste ou nous renvoyer le nu- méro reçu, avec son adresse et le mot “refusé.” Pour nous, nous devrons considérer comme abonnés ceux qui auront gardé ce numéro, Il est bien entendu que nous ne voulons nous imposer à personne ; ilest par trop évident que chacun est libre de concourir ou non au maintien du Naluraliste, Nous enga- geons toutefois ceux qui peuvent le faire aisément,à souscrire à cette Revue: par la dépense légère d’UNE PIASTRE, ils aide- ront eflicacement une œuvre utile, et nous croyons que sou- vent ces pages leur offriront profit et plaisir, MONSEIGNEUR LAFLAMME a — — Il nous est particulièrement agréable d’avoir à enrégistrer, dans ce premier numéro, la distinction honorifique que le Saint- ENTOMOLOGIE MÉDICALE re Siége vient de conférer à notre ancien professeur d’histoire na- turelle, M. labbé Laflamme, Recteur de l’Université Laval. Sans doute, par ce titre de Protonotaire Apostolique, on a voulu honorer les vertus, les qualités et la haute position du nouveau dignitaire ; mais M. Laflamme est aussi l’une des personnalités scientifiques les plus en vue du Canada, et les adeptes de la science, surtout en notre Province, ne pourront s'empêcher de croire qu'en même temps on avait en vue de récompenser les mérites d’un savant qui fait grand honneur à notre corps ecclésiastique. Jeune encore, le Recteur de l'Université a déjà presque épuisé la série des distinctions qu’un ecclésiastique peut ici obtenir. Le NATURALISTE CANADIEN, qui sera honoré de la collabo- ration de Monseigneur Laflamme, est heureux de se joindre à toute la presse du pays, et de lui offrir ses sincères félicitations. ENTOMOLOGIE MEDICALE L'homme, roi de la création, règne sur des sujets qui n’acceptent pas tous également sa domination. Les nihi- listes, anarchistes et autres révolutionnaires qui, de nos jours surtout, s’attaquent partout au pouvoir royal, ne sont pas les premiers à s’insurger contre les monarques. Il y a longtemps, en effet, que l’homme-roi éprouve des contradictions de Ja part des éléments et des êtres des trois règnes de la nature, C’est sa faute, aussi; il avait beau à ne pas céder aux promesses du fameux serpent ! jh ho Ad 14 LE NATURALISTE CANADIEN C'est le règne animal qui fournit le plus grand nombre de nos ennemis, Nous ne parlerons pas pour le moment de la guerre que nous font trop souvent les loups, les tigres, et tant d'antres carnassiers dont l'humeur laisse parfois à désirer à notre endroit; remettons aussi à plus tard d'étudier les mau- vais procédés dont Messieurs les microbes récompensent fré- quemment l'hospitalité qu'ils reçoivent, ou plutôt qu'ils pren- nent chez nous. Quelque jour, nous traiterons au long cette question de l'hostilité du règne animal contre l’homme. Au- jourd’ hui, nous ne voulons parler que d'un cas particulier rele- vant de l'entomologie médicale, Nous devons au Dr R. Matas, de la Nouvelle-Orléans, un rapport complet sur ce cas intéressant qu'il a rencontré dans sa pratique. Il s’agit d'un Anglais, âgé de trente-huit ans, qui, au retour d’un voyage dans le Honduras espagnol,réclama ses bons offices pour traiter trois piqûres d’insecte dont il avait été vie- time seize jours auparavant pendant qu'il se baignait. Ce n’é- tuit pas au front que notre homme avait été ainsi piqué; il s’en fallait bien! Disons fort discrètement qu’il avait sujet d'éviter le plus possible la société des gens trop polis, qui très aimablement vous prient de vous donner la peine de vous as- seoir, Procédant à l'examen de la scène du désastre, le médecin trouva trois tumeurs rouges et dures, du genre des furoneles (clous, dans la langue vulgaire), dont la plus considérable avait bien un quart de pouce d’élévation au-dessus du niveau des surfaces avoisinantes et formait le centre d’une aire d’inflam— mation d'environ un pouce et quart de diamètre, En y regar- dant très soigneusemeut, on constatait que cette même tu- meur était percée, dans sa partie la plus élevée et la plus cen- trale, d’un orifice étroit. Les deux autres tumeurs laissaient voir aussi un point central, revêtu d’une petite croûte de ma- titre purulente, indiquant bien le st: de la piqûre et l'entrée du séjour du “ver” ou plutôt de la larve, éclose du tout petit œuf qu'un traître insecte, contre tout droit, y avait déposé. J à » ENTOMOLOGIE MEDICALE 15 Mais voici venu le moment paychologique ; il faut déloger ces hôtes importuns. Avec la pointe de son bistouri, le meé- decin fait une incision en plein centre de la tumeur.....Ale !..... quelle douleur aigué!,...Muais, enfin, si notre Anglais était resté dans sa brumeuse patrie, jamais les mouches du Hondu- ras espagnol n'auraient songé à lui confier un seul de leurs œufs. Quallait-ii faire dans cette galère ? C’est évidemment sa faute ; que cette pensée nous encourage done à supporter courageusement....ses souffrances.—Pour comble de mal- heur, cette premiere incision ne servit qu'à faire constater qu’il fallait aussitôt en faire une seconde, oblique celle-ci, car telle était la position de l'enfoncement habité par la larve, disposition qui était la même dans les trois tumeurs. Les larves étaient établies sous le derme propre, et il fallait inci- ser complètement la peau pour arriver jusqu'à elles. Mais comme il arrive quelquefois qu’il ne suffit pas d'ouvrir la por- te pour faire sortir les gens, de même les larves, mises à dé- couvert, s'armant de nous ne savons quel principe de pres- cription, n’agréèrent pas l'invitation qu'on leur faisait de s'aller promener et décidèrent de ne céder qu'à la force dans cette violation de domicile. Le Dr Matas, qui n’entendait rien à cette jurisprudence d’insecte, ne se fit pas faute d’avoir recours à la violence, et il fallut une énergique pression de ses doigts pour déloger les parasites. —Au rapport du patient, les gens du Honduras en telle occurrence appliquent des cen- dres chaudes de tabac sur le siège du mai et ont aussi recours ensuite à la pression des doigts pour expulser les larves. À la suite de l'opération, le médecin cautérisa avec de l'acide carbolique pure les cavités précédemment occupées par ces larves, afin d éviter tout danger d’inflammation, qui au- rait pu résulter du séjour de ces insectes. —— Pa Los “AE AUTRE A - f # 16 LE NATURALISTE CANADIEN FIG. 1 Nous donnons ci-dessus (d’après l’Znsect Life) la représen- tation de cette larve de Dermatobie. Cette forme de poire renversée est assez étrange. La partie sphérique et plus large correspond à la tête et au tronc de l’insecte, et se trouvait au fond de la cavité qu'il habitait, La portion plus rétrécie correspoud à la partie anale et porte aussi, à son extrémité, les stigmates ou orifices desti- nés à la respiration. Dans les tumeurs où résidaient ces lar- ves, cette extrémité caudale se trouvait le plus près de la sur- face extérieure et de l'orifice du sommet de ces élévations cuta- nées. On voit assez la raison de cette position la plus rappro- chée de l'atmosphère. (A suivre) a — Fig. 1—Larve (très grossie) de Dermatobia. a, surface ventrale ; b, surface dorsale. La petite ligne placée entro les deux gravures indique la longueur réelle de ls larve, (er À a à ft NB ns SRE EN AT ab LE DERNIER ÉCRIT DE L’ABBE PROVANCHER 17 LE DERNIER ECRIT DEC ABBE PROVANGHER Nous devons à l’obligeance de notre ami, M. E. Kouillard, Greffier de la Couronne en chancellerie ef ancien rélacteur du Matin, de pouvoir publier ici le dernier écrit destiné à la publicité par feu Vabbé Provancher. Cet article, envoyé au Matin, a da être rédigé vers la fin de février ou le commen- cement de mars 1892, lorsque son auteur était à la veille d'être frappé de la grave maladie qui l'a emporté. C'était l'époque des élections provinciales dont on se rappelle encore lss émotions ; les péripéties de la lutte et les joies de la vie- toire firent retarder de quelques jours la publication de l'écrit, et l'on apprit bientôt la nouvelle de la mcrt de l'abbé Provan- cher. Comme ce n'était que l'entrée en matière d’un travail d'une certaine étendue, la rédaction du Matin ne crut pas devoir la publier. M. Rouillard en à conservé le manuscrit, et nous le remercions d’avoir bien voulu nous le communi- quer. 3 M. Provancher s'était autrefois occupé beaucoup de la culture des plantes d'ornement, et, dans ses derniers temps, ce goût lui était revenu avec une égale intensité. fon der- nier écrit témoigne assez de ces dispositions. Nous publions cet article à titre de souvenir, platôt qu’à raison de son intérêt scientifique qui est fort léger. Nous en supprimons certaines appréciations politiques que se permet- tait en passant l'abbé Provancher, écrivant sous la signature d'UN AMATEUR : appréciations concordant avec ce qui s’écri- vait en ce temps-là dans les journaux ministériels, mais qui, pubiiées aujourd’hui, nous vaudraient peut-être maintes pour- 3—Janvier, 1894 LE NATURALISTE CANADIEN » suites pour libelle. Et le rédacteur-propriétaire du NATURA- a LISTE ne pourrait pas, sans s’exposer quelque peu à la gêne, 5 ne payer les vingt-cinq ou trente mille piastres que réclame- 134 “ raient celui-ci et cehu-là. 7% CULTURE DES PLANTES D'ORNEMENT , Il ne faut pas que la politique et les élections nous absor- bent au point de nous faire oublier des intéréts beaucoup plus “ … paisibles et source de grande satisfaction et de jouissances. Je veus parer des plantes d'ornement, et particulièrement de à: nt rales qu'on peut cultiver dans les appartements. ji J'avoue cependant que dans les circonstances actuelles . les élections offrent un caractère tout particulier. ...... se) PES Mais je reviens à mes plantes. Fe Ji estassez ordinaire aux cultivateurs des fleurs et au- 4 | tres jantes d'ornement, d'envoyer, chaque année, des catalo- ey gues peypetx pour allécher les amateurs. Entre tous ces . catalogues, il n’en est point de préférable à celui de M. John M Childs, de Floral Park, N. Y. C'est un vrai bijou, ne - contenant pas moins de sept planches coloriées, outre les cou- LAS | vertures, du plus grand éclat, et une foule d'illustrations 4 dans le texte d’une exécution parfaite, le tout formant une grande brochure de 154 pages sur beau papier et d’une im- . pression sans reproche. Ce catalogue l'empor te de beaucoup 14 sur les autres de même genre qu'on peut voir, notamment sur celui de Vick de Rochester, N. Y., qui est pourtant si riche. L'établissement de M. Childs est aussi un des plus considéra- bles du monde entier. Dar Floral Park est situé dans l'île de Long Island, à douze À … milles de Brooklyn et New-York. Le Long Island Railroad . _ passe à travers les jardins de M. Childs, et pas moins de _ trente trains arrivent ou partent chaque jour pour New-York et Brooklyn. | L'établissement se compose de deux grands magasins, er ct sans compter trente autres bitisses pour TA et empaque- . ‘ 5 2 À mA “i | CULTURE DES PLANTES D'ORNEMENT Tt | ter les graines, bulbes, ete. (Il y a aussi) deux sets de serres pour les plantes tropicales qui exigent protection durant l'hiver. Une grande scierie est constamment en opération — ide la confection des boîtes, et une imprimerie considérable Dour l'impression des catalogues, étiquettes, et de la publica- tion mensuelle du Mayflower que publie M. Childs. L'établissement emploie d'ordinaire deux cents person- nes, et dans la saison des affaires, en mars, avril, mai, on tra- vaille nuit et jour pour répondre à toutes les commandes. On _ reçoit dans ces mois de trois mille à cinq mille lettres par _ jour et on envoie plusieurs tonnes de matière par la malle. — _ On ne compte pas moins de trois cent mille pratiques _ réparties dans toutes les parties du monde, en Chine, au Ja- pon, aux îles Sandwich, en Australie et dans presque toutes les parties de l'Afrique et ; de l'Europe. Fa Une Cette grande popularité de l'établissement de M. Childs — Jui vient de ce que ses prix poaynb défier toute competition, ses graines sont de qualité supérieure et ses bulbes tou jours | parfaits pour leur maturité et leur volume. \ Un AMATEUR CE ‘ { "20 LE NATURALISTE CANADIEN Eh bien, nous sommes tenté de recourir au même procé- es pour rendre compte d’une curieuse Ne de culture, «Un propriétaire avait planté quatre pommes de terre ; dans deux, on avait introduit, avant de les mettre en terre, une fève pour chacune ; dans les deux autres, un pois.” (Pèle- vin). Et que pensez-vous qu'il est venu ? —Des citrouilles, pour le moins ! —Non, il a poussé des pommes de terre, des pois et des ‘. fèves ; eb voyez avec quel succès : ig * rt Des un temps très court, les pois et les fèves pousse- # rent des tiges très vigoureuses qui foirnirent à la table qua- | tre plats fe copieux. Mais aussi, chose curieuse! les pom- . mes de terre poussèrent simultanément, ne furent point atta- | quées par la maladie, et fournirent une récolte très abondan- te puisque le premier tubercule donna cinquante-huit pom- GE de terre; le deuxième trente ; le troisième vingt-neuf : le : quatrième vingt-cinq. A at ovallewient ajoute le confrere parisien, le fait de- _ mande plusieurs autres expériences afin d'établir sil ny a Bot 1A un simple caprice de la nature ou bien une surprise dont l'étude pourra tirer un bon parti.” Sur un des prochains numéros, nous commeneerons une notice biographique de feu Vabbé Provancher, La livraison de février contiendra le commencement d’un travail de longue haleine, un traité élüüentaire d entomologie, dont l’auteur, M. G. Beaulieu, de Montréal, est l'un de nos jeunes littérateurs-naturalistes d'avenir. ‘ae Nous publions ce numéro à vingt-quatre pages au lieu de seize, à raison du développement que nousavons dû donner à nos articles de rédaction. * De Be Crap a ENTRE RESTE | "HE RP PTT XS ae | Pee Nat tu uraliste Can ANG ien AT : S| Rédacteur-Fropriétaire : l'Abbé V.-A. HUARD BON ACCUEIL FAIT AU “ NATORALISTE ” En prenant la direction du NATURALISTE, nous avons laissé entendre que nous ne comptions pas beaucoup sur la coopération du publie, pour assurer le maintien de cette Re- vue. Or, il semble que nous avons eu tort de nous Jaisser aller à cette défiance ; jusqu’à présent, du moins, les apparen- ces indiquent que la résurrection du NATURALISTE a fait plaisir. Des félicitations et des souhaits très sympathiques nous sont venus de tous les points de la Provines, et même d'ailleurs. Ici, c'est un curé dévoué à toutes les bonnes cau- ses, qui nous paye d'avance cing années d'abonnement ! La, c'est le directeur d'une importante revue scientifique publiée dans l'Ouest américain, qui nous offre bienveillamment l’usa- ge de tous les clichés de gravures qu'il possède ! Des suffra- ges autorisés, et qui nous font beaucoup d'honneur, ont ac- cueilli notre début. C’est qu'on y tenait, au NATURALISTE. Qu'on y fût abon- né ou non, quon en fit leeture ou que Lon s’en abstint, on était content de savoir qu'il existait ;on le regardait presque, à certain point de vue, comme faisant partie du patrimoine national. Aussi, comme nous l'avons déjà dit, les regrets fu- 4—Février, 1894 VOL. XXI Chicoutimi, Fevrier 1894 No2 4 LE NATURALISTE CANADIEN rent universels lors de sa disparition.—Et dpuis, combien de fois nous a-t-on demandé, et de bien des endroits : “ Et le NATURALISTE ? Allez-vous le faire revivre ?” Nous ne som- mes done pas surpris outre mesure de Paccueil qu'on lui a fait. A tous ceux qui ont bien voulu encourager nos efforts, nous disons : Merci! du fond du cœur. Nous offrons nos remerciements, d’une manière spéciale, à l'Evénement, au Progrès du Saguenay, au Trifluvien, aux Semaine Religieuse de Québee et de Montréal, au Moniteur, au Courrier de Saint-Hyacinthe, a la Vérité, à la Croix de _ Montréal, à la Gazette des Cumpagnes, au Monde Illustré, à l'Enseignement Primavre, et à notre petit confrère, ou plu- t6t a notre petit “frère” l'Oiseau-Mouche, qui ont annoncé la réapparition du NATURALISTE (*). Tous ces journaux l'ont fait en termes extrêmement sympathiques pour notre œu- vre, et nous regrettons de n'avoir pas à notre disposition l’es- pace nécessaire pour enregistrer ces appréciations bienveil _lantes. k Notre reconnaissance aussi est acquise à tous les confrè- res, encore plus nombreux, qui veulent bien nous favoriser de l'échange de leur journaux avec notre Revue. C'est nous qui sommes l’obligé, avec la plupart d'entre eux, qui ont la- Vantage sur nous par leur format, leur publication plus fré- quente et le prix plus élevé de leur abonnement. Tous ces témoignages de sympathie, et d'autres encore, nous consolent un peu des“rorices et des épines” que nous pré- disait la Semaine Religieuse de Québec, et qu'en effet nous avons déjà rencontrées sur notre route. Dans son accusé de réception, rédigé avec grande bien- veillance, l'£vénement dit que le NATURALISTE “est mainte- “nant publié par le Séminaire de Chicoutimi.” Nous croyons : (*) I est possible que d’autres journaux aussi aient parlé de ce fait 3 mais nous n'avons pas été à même de le constater. A QUOI SERT L’ETUDE DE L'HISTOIRE NATURELL& 23 devoir déclarer ic! que ie NATURALISTE CANADIEN est une en- treprise qui nous est tout à fait personnelle, comme il est d'ailleurs suffisamment indiqué à l'en-tête de notre publica- tion, par notre titre de “rédacteur-propriétaire.” I Parmi les personnes à qui nous avions adressé le premier numéro du NATURALISTE et qui n’ont pas jugé à pro- pos de s’y abonner, quelques-unes nous ont simplement renvoyé 6e numéro, sans aucune indication de leurs nom et adresse. On a évidemment beaucoup trop présumé de notre capacité scientifique, si l’on nous à cru en mesure de deviner ces ren- seignements indispensables. Il en résalte que notre journal continuera à être envoyé à ces personnes, tant que nous ne serons pas mieux informé, qu'elles vont se plaindre amère- ment de cet ennui et nous écrire peut-être des choses désa- eréables. Mais il n'est pas en notre pouvoir de prévenir ces regrettabies cons quences. A QUOI SERT L’LTUDE DE L'HISTOIRE NATURELLE ? Nous lisons dans la Gazette des Campagnes, au milieu Vappréciations beaucoup trop flatteuses pour nous: “Inutile “de dire que cette publication doit trouver place dans toutes “les bibliothèques et tout particulièrement celles des cer- “cles agricoles, pour être consultée au besoin. Cette pu- “blication doit nécessairement former partie d’une bibliothèque “agricole indispensable à chaque cercie agricole......L’étude “des insectes, des oiscaux, etc., est nécessaire à ceux qui s’oc- “cupent d'agriculture et d'horticulture, car il importe de con- ACER 2 24 LE NATURALISTE CANADIEN “naître les insectes et les oiseaux qui font tant de mal aux ré- “coltes, et de savoir distinguer les auxiliaires les plus utiles à “l'aoriculture.” Ces réflexions méritent la plus sérieuse attention. L’his- toire naturelle, et l'entomologie en particulier, n’ont pas pour but unique de nous renseigner sur la description des êtres de la nature ; elles ont aussi un but d'utilité pratique : telle plan- te, tel oiseau, tel insecte, etc., sont-ils utiles ou nuisibles ? Voi- là ce qu’il faut reconnaître, pour en tirer parti dans le premier cas, nous défendre dons le second. On aurait done grand tort de croire que lentomologiste, par exemple, se propose seule- ment de savoir si telle espèce de papillon se trouve en un en- droit déterminé, à quelle famille il appartient, quelles taches on remarque sur ses ailes, ete. Ce serait oublier absolument ce qu'on nomme l’entomologie économique, à laquelle les na- turalistes d’Ontario et des Etats-Unis donnent aujourd’hui tant d'attention. Avec le temps, le NATURALISTE fera aussi sa part dans cet- te étude pratique de l'histoire naturelle, ENTOMOLOGIE MEDICALE (Suite et fin) Le corps de cette larve (Fig. 1, page 16) est concave sur la surface ventrale et convexe sur la surface dorsale. Mais que sont done ces sortes de franges dentelees, disposées com- me en cercles autour du corps de la larve, cercles simples sur l'abdomen, "et’doubles sur le dos? Devons-uous y voir des CN ENTOMOLOGIE MEDICALE 25 espèces de“falbalas’ destinés à la parure ? Vraiment,il ne man- querait plus cela: voir les exigences de la mode suivies jus- que chez les Dermatobies, qui, en matière de coquetterie, fe- raient concurrence à Mmes et Miles de l'espèce humaine ! Allons, ne calomnions pas ces pauvres larves ! Passant la pé- riole première de leur vie dans les profondeurs du derme, elles n'ont pas besoin de vains ornements, qui ne charme- rent toujours pas beaucoup les yeux humains, puisqu'il fau- drait au moins le secours de la loupe pour les bien distin- guer.—Ces dents ou crochets terminés en pointes sont, pour la plupart, dirigées vers l'extrémité cau lale, et ce simple fait nous fait voir quelle est leur raison d'être. Lour rôle est de maintenir la larve dans la cavité qu'elle habit: et de s’oppo- ser à sa sortie involontaire ; s’enfongant dans les tissus envi- ronnants, ils offrent une résistance d'autant plus grande que la traction de l'extérieur pourrait être plus forte. N'est-ce pas admirable ? et la sagesse du Créateur ne se montre-t-elle pas jusque dans les plus petits détails ? Outre ces trois rangs de dentelures ou d’aiguillons, on remarque encore sur les deux segments supérieurs de la larve, un grand nombre de petits tubercules ponctiformes et noira- tres, dont le rôle est sans doute encore peu connu. Les larves de Dermatobies, quand on les laisse suivre en paix lefcours de leur paisible existence—ce qui ne doit pas arri- ver souvent, car il y a maintenant bien des médecins dans le monde,— subissent une transformation aprés un séjour plus ou moins prolongé dans la cavité qu'elles habitent, et, arri- vées à l’état parfait, sortent de leur ténébreuse demeure pour vivre ensuite en pleine lumière. Nous étudierons avant longtemps d’autres cas intéres- sants d'insectes parasites. Plusieurs de nos médecins ont dû rencontrer, dans leur pra- tique, de ces exemples de parasitisme sur l’homme. Pourquoi ne les comniuniqueraient-i's pas au publie par la voie du NATURALISTE, qui est entièrement à leur disposition ? On ne saurait croire l'importance que peuvent avoir, pour les progrès de la science, les moindres faits remar qués ici et là ; Ÿ ces observations réunies et comparées permettent d'arriver à des données précises. qui sont souvent de la plus grande uti- lité. Chaque observateur devrait donc se faire un devoir, pour l'utilité commune, de faire connaître ce qu'il a remarqué d'intéressant. Qu'il s'agisse de communications de quelques lignes ou de quelques pages, nous les accueillerions toutes avee empressement. INTRODUCTION La Deux grandes croyances, concernant l'origine de l'hom- me, divisent, de nos jours, le monde des savants : la première, celle qui est la plus ancienne, celle qui nous a été révélée par Dieu lui-même parlant par la bouche de Moïse, enseigne que l’homme est sorti directement des mains du Créateur, à l’ima- ge de qui son âme a été créée; la seconde, née d'hier du cer- veau des matérialistes, s’évertue à prouver que l’homme est un animal perfectionné et que le sing: est son ancêtre, Comme ce petit traité s'adresse à mes compatriotes et que, Dieu merci, la foi qui vient d'en haut et qui vivifie n’a pas encore déserté du cœur des Canaliens-Frauçais, je n'ai _ pas à discuter sur ces deux croyances qui se combattent, An dre M MP au Ke DE AU EE ES COURS D' ENTOMOLOAIE POPULAIRE 27 Nous croyons tous à la Révélation divine ; et, pour nous, la parole d'un Moïse inspiré par Dieu a plus de force et de poids que la parole dun Darwin inspiré par la matière muette et brutale. Comment se fait-il qu: ces savants de nouvel aloi rejet- tent la, croyance générale de tous les peuples et de tous les äges, pour embrasser une théorie basée sur des hypothèses plus ou moins fondées ? et qu'ils nous viennent dire impu- demment : “Newton, Thomas d'Aquin, Bossuet et tous ces gé- nies que vous proclamez si haut étaient cependant dans ler- reur : c’est nous que vous devez croire quand nous vous di- sions que L homme est un animal perfectionné !".... Certes, je ne m'étonne pas, d'ailleurs, que l’on veuille se donner pour père, le singe, cet animal moins bien doué que beaucoup d’autres animaux, lorsqu'on n'arrête orgueilleuse- ment son esprit qu’à la forme extérieure de la matière et que l'on ne veut pas croire qu'entre ces deux êtres, le singe et 4 l’homme, il y a un abime infranchissable l'âme humaine l'âme avec ses nobles facultés, l'âme avec ses sublimes aspirations ; non.je ne m en étonne pas ; que peut l'intelligence humaine par elle-même et livrée à sesseules ressources? L’orgueil la mène à travers les écueils de l'erreur, et é’est un bien triste pilote que \ Porgueil ! Lorsque tant d’intellisences d'élite ont cru à la pa- role de Moïse, iorsqu’elles ont été puiser ia vérité sainte à la source de la Révélation, pourquoi rougirions-nous de croire ? pourquoi douterions-nous ? Oui, encore une fois, il est à plain- dre celui qui croit arriver à la vérité sans recourir à la voie que lui a toute tracée la Révélation divine. .. Done, notre croyance à cet égard, c'est que Dieu, l’E- tre infini en ses perfections et en sa puissance, fit notre corps d’un peu de boue et l’anima de son souffle créateur ; puis il dit à l homme: “Crescite et multiplicamini ! eroissez et multi- pliez-vous. Croissez non seulement en nombre, mais en sa- gesse, mais en science, mais en force, mais en intelligence. Afin de vous aider en cette tâche, noble but de votre existen- ce, cette belle nature que j'ai créé», ces plant2s, ces arbres, ces 28 LE NATURALISTE-CANADIEN rochers, ces mers, ces animaux de toutes sortes, tout est à vous, je mets tout à votre usage pour votre bonheur et votre sanc- tification. L Kt l’homme a pris possession de son domaine : la terre,il l'a parcourue en tous sens: sur un fréle navire il a sillonné les mers cia isons jgeme ‘a dompté eur fureur, il’ a foreé les vents impétueux a le servir; il a utilisé Jes forces les plus cachées de la nature; sa voix a commandé aux animaux et en a fait ses esclaves ; son regard a fait s’enfuir les fauves au profond des solitudes ; enfin, après avoir vravi les plus hautes montagnes, il a dit : “Je suis le roi de la création ; mon trône, c'est le divin Créateur qui me l’a élevé: Gloire à Dieu au plus haut des cieux !”...... Voilà ce qu’a fait l’homme. Mais il ne s’est pas arrêté là : il a voulu que rien dans son domaine ne lui fût inconnu : il a tout étudié : les arbres Jui ont dévoilé leur utilité ; les métaux sont venus le servir ; l’homme a tout passé en revue ; ces infiniment petits eux-mé- mes qui peuplent chaque brin d'herbe, il les a étudiés dans leurs mœurs, leur utilité, leur mode d'existence, et à chacun deux il a donné un nom. C’est cette science des insectes, c’est cette étude du monde des infiniments petits, que l’on désigne sous le nom d’entomo- logie (du grec entomos, insecte, et logos, discours). Cette science n’est pas nne des moins attrayantes : elle parle 4 l'âme comme à l'esprit, et les élève tous deux vers le Créateur de toutes choses, qui a manifesté sa puissance plus, peut-être, dans ce brin d’herbe qui vacille au moindre soufile, dans ces insectes aussi variés qu'éelatants, qui brillent aux rayons du soleil bienfuisant, que dans ces mondes gigantesques et innombrables qui peuplent les espaces infinis, Cette science a aussi son utilité. La terre est le théâtre d'une Intte continue : c’est la lutte pour Ja conservation de l'existence, Les ressources immenses que le sol fournit à ses habitants sont cependant insuflisantes à satisfaire les appétits et les besoins detoug, Aussi du plus faible insecte jusqu'à THE NIDIOLOGIST 29 l'homine, c’est une lutte acharnée qui ne finira que dans le si- lence absolu de la mort éternelle, Or, au moyen de cette étude de l’entomologie, l’homme, après avoir observé longuement linnombrable variété des insec- tes répandus sur son domaine, apprendra à distinguer les nuisi- bles de ceux qui ne le sont pas, de ceux qui aident dans cette lutte de l'existence. C'est done une grave erreur de croire que tous les insectes sont nuisibles et que tous, ils doivent être exterminés impitoya- blement. Et puis, tandis que ces savants de nouvel aloi, dont jai parlé plus haut, s’obstineront à ne voir en l’homme qu’un pau- vre singe épilé et un peu perfectionné, tandis qu'ils n’étudieront la vie naturelle et.animale que pour chercher à y découvrir de nonveaux rapports entre eux-mêmes et le singe, nous, ca- tholiques fervents et sincères, nous y verrons une manifesta- tion de plus de la puissance et de ja bonté du Créateur à qui seul scut dues toute louange et toute gloire. Et devant tant de myste- res impénétrables qui arréteront nos esprits atterrés,nous ne sau- rous alors que lever les yeux vers le ciel, ce séjour ineffable de la Toute-Puissance, et nous écrier avec le Psalmiste : “ Mirabilia sunt opera tua |” GERMAIN BEAULIEU. (A suivre) THE NIDIOLOGIST C’est la seule revue mensuelle iliustrée d'ornithologie, publiée en Amérique. Fondée, en septembre dernier, et rédi- gée par M. Henry Reed Taylor, cette publication, qui est vrai- 5—Février, 1894 30 LE NATURALISTE CANADIEN ment de première classe par les écrits originaux et les belles gravures qu'elle contient, devrait être encouragée par tous eux qui s'intéressent à l'ornithologie. Comme son nom lindi- que, elle donne une attention spéciale à la “ nidification ” des oiseaux de l'Amérique, tout en s’occupant aussi de I étude générale de cette branche de l’histoire naturelle. 16 pages gd in-80.—$1 par année.—The Nidiologist, am>2da, California, U.S. CHASSE AUX INSECTES Dans les premiers jours de février, on a capturé, à Chi- coutimi. un papillon de la famille des Noctuidae, et un diptè- re du genre Tipula. Mais il n’en faut rien conclure tonchant la douceur du climat du Saguenay, attendu qu’on les a pris dans le Séminaire, où la chaleur—tout à fait artificielle —les a fait éclore avant le temps ordinaire. Le premier vient évi- demment d’une chenille, qui, en quête d’aventures, s’est intro- duite dans la maison l’automne dernier. Quant à l’insecte diptère, imitant d’instinct le stratagème des grecs du fameux cheval de Troie, il s'est vu transporté à l'intérieur sur une plante d'appartement qui avait passé la belle saison au jardin, et sur laquelle sans doute s’étaient écoulés les premiers temps de son existence. Il y a peu d’entomologistes qui ne se sont pas occupés plus ou moins de l'élevage des chenilles. C’est le moyen de se renseigner sur les caractères distinctifs d’une espèce, à ses divers états (œuf, larve, chrysalide, insecte parfait), et en même temps de se procurer de très beaux spécimens pour sa collection. Quand nous avons fait de ces expériences, c’est ordinairement en janvier ou février que sont éclos les papil- lons dont nous avions levé les chenilles. LES GRAINETIERS DES ETATS-UNIS 31 TES GRAINETIERS DES ETATS-UNIS Nous avons reçu les Catalogues de graines et de plantes de plusieurs maisons des Etats-Unis, pour la saison de culture de 1894 De format in-40 ou in-80, ce sont de véritables bi- joux de l’art typographique américain : papier et encre de nuances diverses, gravures tres bien faites et en très grand nombre, dont plusieurs coloriées, conseiis appropriés pour la culture des différentes espèces, rien n’y manque de ce qui peut charmer ou être utile. Les grainetiers ne manquent pas d'adresser ces superbes brochures à leurs pratiques de l’année précédente ; ils l2nvoient aussi a tous ceux qui en font la de- mande, moyennant un prix léger, dont on est, croyons-nous, remboursé à la première commande. Nous allons donner les titres complets et les adresses des publications de ce genre que nous avons reçues, afin d'être utiles à nos lecteurs qui auraient besoin de s’approvisionner de graines de fleurs et de légumes, etc. Et nous ne croyons pas, en ceci, sortir de notre terrain : le NATURALISTE se pro- pose de faire aimer l'étude des sciences naturelles, et veut aus- si travailler à répandre le goût de l'horticulture et de la “flo- riculture” en particulier : il y a latrop de nobles et pures Jouissances, à la portée de tous, pour que nous ne désirions pas y voir participer tous nos amis. C’est dire.que de temps en temps—il y a déjà tant de sujets à traiter nous nous oecuperons un peu de ces objets intéressants. Manual of every thing for the garden 1894, in-4o 160 p. Peter Henderson & Co., 35 & 37 Cortlandt st., New-York. 20 cents. Maule’s Catalogue, 1894, in-40, 120 p. Wm Henry Mau- le, 1711 Filbert st., Philadelphia, Pa. Vicks Floral Guide, 1894, in-40, 112 p. Jas Vick’s Sons, Rochester, N.Y. 10 cts. LE” NATURALISTE CANADIEN Childs’ Rare flowers, vegetables and fruits, 1894, in-8o, 188 p. John Lewis Childs, Floral Park, N.Y. 25 cts. Burpec’s Farm Annual, 1894, in-So, 172 p. W. Atlee Burpee & Co, Philadelphia, Pa. 10 cents. Le Catalogue suivant, qui n’a pas la richesse typographi- que des précédents, est néanmoins bien intéressant pour les amateurs de plantes de serre ou d’appartement : Catalogue of new, rare and beautiful plants and seeds, R. D. Hoyt, American Exotic Nurseries, Seven Oaks, Florida. Enfin, les maisons Evans et Ewing & Co, de Montréal, publient aussi, nous dit-on, de jolis Catalogues de graines de jardin, ete. UN JARDIN DANS UNE CITROUILLE! M. l'abbé J.-E. R., curé de St-E. (Beauce), nous communi- que un phénomene bien intéressant,que nous ne connaissions auparavant que par les auteurs. Sa cuisinière, préparant une citrouille pour le chaudron, fut bien surprise de trouver, à l’intérieur du potiron, une végétation véritable ! Plusieurs graines de la citrouille, se trouvant là à l'obs- eurité, à la chaleur et à l'humidits, toutes conditions favora- bles, en avaient profité pour germer bel et bien. Les petites plantes ont atteint une longueur de cinq à six pouces, portant à une extrémité les deux cotylédons classiques, et, à l'autre, une touffe de petites racines. L’enveloppe de la graine est encore fixée à la tige. Mais la couleur verte n’a pu se pro- duire, parce que la chlorophylle (matière qui donne cette cou- leur aux végétaux) ne peut se développer que sous l'influence de la lumière. Nous remercions M. l'abbé R. de nous avoir transmis ces spécimens de végétation hative. do. nt mie a TS eee JF D POS F LA CONSERVATION DES ŒUFS De LA CONSERVATION DES ŒUFS Il ne s’agit pas ici des œufs de papillon ou d’araignée que nous nous occupons assez rarement de conserver. Il ne s'agit pas des œufs de moineau, qu'il faudrait bien plutôt dé- truire le plus possible. Il s’agit, pour le moment, du vulgaire œuf de poule, œuf auqnel poules et gens s'intéressent beau- coup: ceux-e1 veulent mettre les œufs à l'écart pour un tamps aussi long que possible, celles-l4 entendent, sans aucun délai, en faire des poussins. Il y a là un duel, dû à des intérêts différents, que nous ne verrons pas cesser de sitôt. Laissons les poules se tirer d'affaire comme elles pour- ront, et iudiquons à la fermière un excellent moyen de con- server les œufs a l'état frais. Nous n’étonnerons personne en disant que dans l'œuf, à part la coquille, il y a deux parties principales : lo le jaune ; 20 le blanc. C'est facile à retenir. Le blanc, dont nous avons seulement à nous occup>F ici, c’est de l’albumine jointe à quelques sels. Quand l'œuf est trais, il est absolument rempli ; à mesure qu’il vieillit, l’albu- mine s'évapore de plus en plus, remplacée par de l'air atnios- phérique. Cette évaporation ou cet échange se fait à travers la coquille, qui, sans que nos yeux nous le disent, est percée d‘une multitude de petites ouvertures. Le microscope s'en aperçoit bien, lui. | Eh bien, -c'est d’une Jlimpidité cristalline —obstruez toutes ces petites ouvertures,en enduisant l'œuf de gomme la- que dissoute dans une quantité suffisante d'alcoot : Yalbumi- ne restera dedans ; et l'air, dehors. En un mot l'œuf sera tou- jours frais. Quand vous aurez besoin d'œufs pour faire cou- ver les poules ou pour fabriquer une omelette, il suftira de laver ce vernis dans l'alcool, et vous aurez l'article à point ! L'84 LE NATURALISTE CANADIEN pe L'INFLUENCE DE LA LUNE TE L'étude de l'influence de la Lune sur le temps revient à la mode. Rappelons que J. Herschell croyait que les nuages — ont une tendance à s’évanouir devant la pleine Lune: d'après - Humboldt, le fait était universellement reconnu dans l’Amé- oe: + rique du Sud ; Arago appuyait cette these, en admettant des : chutes de pluies plus eonsidérables à la nouvelle Lune qu’au moment où ele est pleine. Le Rev. S.J. Johnson a cherché 4 Li à élucider la question, par des observations poursuivies pen- ts dant quinze ans elles ’aménent à conclure, dans unecommu- oh AU k 3 3 2 Pa. nication à la Royal Society, que la pleine Lunen’a pas l'influ- enr: x VAR At | ence supposée. ae) Th | (Cosmos du 27 janvier 1894) ~ BIBLIOGRAPHIE oa Disputationes theologice seu Commentaria in Summam Theologicam D Thomæ— DE CREATIONE. Quebeci, 1893. Nos remerciements à l’arteur, M. l'abbé L.-A. Paquet, D.D., Professeur à l'Université Laval, pour l'envoi d'un exemplaire _ de cet important ouvrage. , Après examen de ce livre, nous nous associons volontiers aux appréciations élogieuses qu’eu ont faites les principaux journaux et des personnes entendues. Jusqu'à ce jour lalit- . | | BIBLIOGRAPHIE 35 térature canadienne compte bien peu d’ouvrages théologiques et nous devoas savoir gré à M. l'abbé Paquet de l'avoir enri- chie d'un travail de si grande valeur. Le naturaliste trouvera profit dans bien des endroits de ce traité DE CREATIONE, par exemple dans la 1ère partie : de creatione rerum in genere ; dans la 5e partie: de creatura corporuli, où ilrencontrera d'intéressantes études sur les “Six jours de la création”, et sur le “Transformisme.” Li vraie science doit se laisser guider par la théologie. L'enseignement de l'Eglise n’étant que “la parole de Dieu.” toute assertion de la science qui lui est opposée doit être re- gardée a priori comme fansse.—De nombreux exemples ont prouvé la vérité des principes que nous énonçons en ce mo- ment. # # # 24th Annual Report of the Entom. Soc. of Ontario, 1893, Toronto.—Nos remerciements à la Société Entomologique d’Ontario pour l'envoi d'un exemplaire de son intéressant Rapport. Cette brochure de 112 pages renferme un grand nombre d'importants travaux, signés par les entomologistes les plus en vue du Canada et des Etats-Unis. Nous y voyons beaucoup de belles gravures, entre autres le portrait du Rev C. J. S. Bethune, le distingué directeur du Canadian Ento- mologist. La Société Entomologique d'Ontario reçoit une subven- tion annuelle de $1,000 du gouvernement de notre Province- sœur. Quand les entomologistes de notre Province se ver- ront-ils à pareille fête ? * % * Etat des comptes publics dela Province de Québec, 1891. Règlements du Conseil d'hygiène de la Province de Qué- bec, 1891 ; Statistiques vitales et mortuaires de la Province de Québec, 1889-90. ‘de ces envois, qu tai ont été faits en 1892! Mais, à cette épo- que, il était en plein sommeil ; et l’on ne peut être responsa- ble, généralement parlant,de ce que l’on ne fait pas lorsqu'on dort. ; Mais ii n’est jamais trop tard pour remercier ; ct, dès | qu'il le peut, le NATURALISTE remercie qui de droit pour l’en- ¢ voi de ces publications, + * * Monatsschrift fur Kakteenkunde, Janvier 1894,—C’est le nom d'une revue de botanique, publiée à Berlin en langue Belle impression, belles gravures. I] nous est même impossible de déchiffrer ladresse de la publication, ce qui empêchera le NATURALISTE de lui rendre sa visite. Vu l'abondance des matières, nous publions ce numéro 4 vingt pages, aw lieu de seize, 1 \ MPa uA \ NAT QI PAU ü yy a) i . Reale / © A € {tur = li st = © 5 ER al (À FA ITIAMONEQTA FATA Sf aT Naturaliste Canadien VOL. XXI (VOL.I DE LA DEUXIEME SERIE) No 3 Chicoutimi: Mars 1894 : Rédacteur-Fropriétaire : Abbé V.-A. HUARD i | 4 4 | 4 ‘ re wy SF fr “ By, - ‘1 a iS «% | L'Abbé LÉON PROVANCHER : Né le 10 mars 1820 ; décédé le 25 mars 1892 1 f—Mars 1594, NOTICE BIOGRAPHIQUE « En ce mois de mars, deuxième anniversaire de la mort de l'abbé Provancher, il est convenable que le NATURALISTE CANADIEN rappelle plus spécialement la mémoire de son Fon- Re -dateur. Aussi est-ce à juste titre que l'administration de la | Revue ma pas épargné les frais pour offrir à ses lecteurs le portrait du savaut défunt, que l'on voit à la première page de ce numéro et qui est le plus parfait qu’elle a pu obtenir, en égard à ses ressources peu considérables. C’est l'hommu- on ge bien mérité du NATURALISTE à celui qui, en dépit de tous les obstacles, lui à donné et lui a conservé longtemps l’exis- _ tence. Le même sentiment de haute convenance, auçuel s ajou- te wy tent la gratitude du disciple et le souvenir fidèle de l'amitié, _ mrinspire la pensée de commencer, en même temps, un travail oe Docs que a veux faire le Ne do qu "il me sere yavais LAS Les rar de voir as ee ment le NATURALISTE CANADIEN, et que, me sembluit-il, nul autre endroit n'était mieux désigné pour présenter à mes t compatriotes la deseription d'une figure,d’une vie,d une œuvre ie qui leur ont fait grand honneur. | Au lendemain de la mort de l'abbé Provancher, les jour- - naux de la Province n'ont pas manqué de donner à leurs lec- teurs quelques détails sur la vie de notre savant canadien- … français. Plusieurs publications scientifiques de l'étranger en ont fait autant. Mais rien de tout cela n'a été suffisant pour rendre pleine justice à l'homme qui venait de disparaître. Les dates importantes de sa vie, l'énumération de quelques-uns de . ses ouvrages, une appréciation très générale de son œuvre : » * +A / AY bid f ; we Vici POMTT EVER) be TOATICES RARE L ABBE PROVANCHER 39 ‘est là tout ce que le public a pu lire concernant cette exis- tence si bien remplie. C'est là aussi tout ce que ces publicis- tes pouvaient savoir. Lequel d’entre eux, en effet, ent avec l'abbé Provancher des rapports assez suivis pour en connaitre davantage ? Lequel, se servant journellement, dans des étu- des personnelles, de ses ouvrages scientifiques et n'avançant qu'à mesure que ceux-ci étaient livrés à la publicité, a pu sui- vre ainsi les développements de l'œuvre de notre savant ? Grâce aux circonstances, je me suis trouvé davantage dans ces conditions favorables. J'ai entretenu des relations d'a- mitié et même d'intimité avce l'abbé Provancher, depuis 1872 jusqu’à sa mort, en 1892 ; outre de constants rapports épisto- laires, chaque année j'ai eu l'avantage de passer un certain temps en sa compagnie, dans son ermitage du Cap-Rouge, près Québec, pour ne pas parler des voyages fréquents que nous avons faits ensemble ; la fondation du NATURALISTE a quasi-déterminé ma vocation de naburaliste, et je n’ai avancé dans l'étude de l’histoire naturelle qu'en proportion des pro- grès de l'œuvre scientifique de Pabbé Provancher, attendant pour ainsi dire la publication de ses divers ouvrages pour al- ler plus loin, sans compter la direction personnelle que J'ai. constamment reçue de lui. Mais, voici encore mieux. Quelques années avant sa mort, jeus la pensée qu’un Jour peut-être je me trouverais dans loccasion d'écrire quelque chose sur la vie de mon vieil ami ; dès lors, pour m'y préparer, je dirigeais quelquefois la conversation sur les événements de sa vie, et ensuite je met- tais par écrit ce que j'avais appris de nouveau. Je fis ainsi en 1890, sinon avant, et surtout en 1891, dans le dernier sé- jour que je fis chez lui. Cette année-là, il était facile de pré- voir que le terme de sa vie n’était pas éloigné. Aussi, je mul- tipliai à dessein les questions sur le passé, et je pris des notes encore plus précises, dont j'estime la valeur pour le travai: que j'entreprends. Dans ces mêmes derniers temps, je fis plusieurs tentatives pour engager le vieillard à écrire des Mémoires sur sa vie. IH 40 LE NATURALISTE CANADIEN avait rencontré tant d'hommes et tant de choses, durant le cours (le sa longue existence, il avait des vues si originales sur les événements sa manière d'écrire avait parfois tant de piquant >? ? ; que l'ouvrage aurait été d’un intérêt plus qu'ordinaire. Mais j'insistai vainement : il était davis qu'une telle autobiogra- phie saccorderait mal avec l'humilité chrétienne, Cette ma- nière de penser lui fait certainement honneur. J'ai dit que les jouraaux et les revues n'ont pas été à méme de présenter sous un jour complet la vie et l'œuvre de notre savant canadien. Une voix cependant s’est fait enten- dre sur un autre théâtre, voix la plus autorisée de toutes cel- les qui pouvaient traiter ce sujet avec compétence. Le 31 mai 1892, Mgr Laflamme, alors président de la Société Royale du Canada, eut à faire devant la docte réunion l'éloge de l'abbé Provancher, décédé depuis deux mois; et passant en revue la vie du collègue défunt, appréciant chacune de ses publications scientifiques, il sut présenter, quoiqu’en abrégé, un tableau fidèle de cette existence et de cette œuvre. Ces jugements me paraissent si Justes, que Je serai heureux de les prendre pour guides dans mes propres appréciations : de cette façon, je ne craindrai pas de me laisser égarer par des sentiments … d'amitié que l'on n'a pas coutume de regarder comme une ga- rantie d'impartialité. Cependant, quelque intérêt qu'il v ait à prendre connais- sance de l'appréciation faite de l'abbé Provancher par un de ses plus savants collègues, ce n'est pas une biographie qu'a voulu faire Mgr Laflamme ; ayant en même temps a pronon- cer l'éloge d’un autre collégue défunt, le Dr T. Sterry Hunt, il a dû se borner à montrer en résumé les résultats des travaux des deux défunts ; et d’ailleurs un discours, même acadérmi- que et présidentiel, ne doit pis dépasser certaines limites … fixées par la convenance. J’estime done que la mémoire du Fondateur du NATURALISTE exigé davantage, et j'entreprends aujourd'hui un modeste essai biographique, pour m'acquitter _de ce que je considère comme un devoir. L'imperfection de ce travail ne ’empêchera pas de conser- «+ NRA TRE oh WIDE UP rie i Qu i L ABBE PROVANCHER 4] ver à l’histoire de la science canadienne des détails que peut- être il lui importera un jour de posséder. En tout cas, les amateurs de lhistoire naturelle, du présent et de l'avenir, aimeront sans doute à savoir quelque chose de la carrière du pionnier qui, à force d'énergie et de persévérance, nous a tra- cé la voie que nous nous efforçons de suivre. DANS LA FAMILLE —AU SEMINAI2E Léon Provancher, fils de Sieur Joseph-Etienne Provan- cher et de Dame Geneviève Hébert, naquit le 10 mars 1820, au village nommé Courtnoyer, dans la paroisse de Bécancour, comté de Nicolet. Cinq garçons et cinq filles, dix enfants dont sept étaient plus âgés que Léon, furent la couronne de cette respectable famille canadienne. Du côté paternel, cette faille descendait de Sébastien Provancher venu de France vers 1668, et qui habita d’abord à Québec, plus tard à la Pointe-aux-Trembles, et ensuite au Cap de la Magdeleine, L'abbé Jamtel (1), l'un des prêtres qui laissèrent la Fran- ce à l'époque de la Révolutiou et vinrent au Canada, donna le saint baptême à notre futur savant. On peut croire que les années de l'enfance et de la pre- mière jeunesse de Léon Provancherne différèrent pas beaucoup de ce qu’elles sont pour tout le monde à peu près.Pourtant un œil exercé peut prévoir Jusqu'à uncertain point, d’après les goûts et les tendances qui se manifestent dans un âge si ten- dre, quelles seront les aptitudes du citoyen de l’avenir, et dans quelle voie il cherchera de préférence à marcher. Com- bien de fois n'est-il pas arrivé que le grand péintre et le mu- sicien distingué se sont révélés bien GE bonne heure, par de grossières ae wuches tracées au charbon ou a la craie, ou, pour le second, par de timides essais sur quelque pr:mitit instru- ment de musique ? Beaucoup de vocations sacerdotales ont eu pour première annonce cette disposition d’imiter à la mai- son, et avec les sentiments du plus grand respect, les cérémo- nies salutes du sanctuaire de nos temples. (A suivre) V.-A. H. (1)On ne trouve pas ce nom dans la table du Répertoire général du clergé canadien, Tanguay. Il m’a été donné par l’abbé Provancher lui-méme. LE NATURALISTE CANADIEN COURS D'ENTOMOLOGIE POPULAIRE (Continué de la page 29) CHAPITRE PREMIER DIVISIONS DE L'HISTOIRE NATURELLE Sinous jetons un regard attentif autour de nous, nous voyous que la vie se manifeste dans la nature sous mille as- pects divers. C'est la plante qui croît en silence dans le cal- me des champs, qui, sous le regard bienfaisaut du soleil, épa- nouit, le matin, ses fleurs radieuses, et qui confie son parfum suave à la brise du soir; c'est l’arbre géant qui élève orgueil- ieusement vers la nue ses rameaux déliés et dont la force dé- fie les coups violents de la tempête ; c’est le fauve qui peuple: _ les cavernes sombres des grands bois et dont les rugissements étranges portent, D la nuit, l'épouvante jusque dans le cœur as plus forts ; c'est l'oiseau qui, a tout instant du jour, élève ses concerts harmonieux vers l'Eternel, comme un hym- $ 4 ne à sa louange et à sa gloire; c’est le poisson qui nage ; c'est | le reptiie qui siffle ; c’est l’insecte qui bourdonne ; c’est le ver qui rampe; c'est Me qui travaille, prie, aime et Sie voila la vie sous ses manifestations diverses. Aussi l'on comprend aisément que, de tout temps ’hom- * me, en présence d’une telle variété d’êtres, les a groupés selon leur conformation extérieure, leur mode d'existence et selon Fo) leurs rapports entre eux. Tout d’abord, on a divisé en trois REGNEs cette; immense Pate, variété des étres et des choses qui nous entourent : ie I. Le règne minéral ; ce sont les choses qui, n'ayant pas la vie en elles, ne peuvent par conséquent se mouvoir ni se reproduire dans leurs espèces, telles que l’eau, l'air, les pier- res, les métaux, etc., ete. ; IT. Le règne végétal, comprenant, comme le mot lindi- LA 1 Sa QE SLA te DA al ry Eh î À LEA ET toe 4 COURS D'ENTOMOLO TAROT GIE POPU LAIRE que tout ce qui croit par végétation et est incapable de mou- vements soumis à une volonté libre et intérieure, mais qui ce- pendant se reproduit dans son espèce : c’est la grande variété des plantes ; IT. Enfin, le règne animul, c’est-à-dire tout ce qui a un mouvement soumis aux instincts et à la volonté, qui se nour- rit, se déplace, sent et soufre et se reproduit dans son espèce: les anin'aux, par conséquent. > ï Tl est une autre division, moins usitée, mais plus logique peut-être et plus simple surtout : celle basée sur la présence ou l'absence, dans les corps, d'une organisation réelle ; elle n’admet que deux règnes : le règne inorganique, comprenant Jes minéraux, et le règne organique, les végétaux et les ani- maux. Cette division, plus récente, tranche la difficulté qui existe dans la classification de certains animaux-pluntes,ran- @é3 par quelques naturalistes dans le règne animal et par d'autres dans le règne végétal. 4 Enfin, d'autres auteurs plus conciliants ont adopté ces deux méthodes de classification et enseiwnent que tous les corps composant l'univers se divisent en deux grandes SEC- TIONS : I. La section inorgunique, qui se compose de tous les êtres inauimés formant partie du règne minéral ; IL La section organique. qui se divise en deux parties : lo le regne végétal et 20 le règne animal. Cette Jerniére classification semble prévaloir de nos jours et est employée par la plupart des auteurs; et je vois que c'est celle que suit l'abbé Huard dans son Traité élémentaire de Zoologve. | : hacun de ces trois règnes est susceptible de très nom- breuses subdivisions parmi les êtres qui les composent. En etfet, pour ne parler que du règne animal, il est aisé de voir quelle variété dans les formes, dans les rapports, dans les mo- des d'existence. ‘Tel animal a une charpente osseuse, tel au- tre en est dépourvu ; tel animal ne vit que dans l’air,tel autre ne vit que dans l'eau, tel autre, participant de la nature des if 7 "R he) a> Aes. 4 AT + 44 LE NATURALISTE CANADIEN FS) " deux premiers, vit aussi bien dans l'air que dans Peau ; celui- ci ne se nourrit que de végétaux, à celui-là ne convient que la chair, tandis que ce troisième s’accommode et de chair et de végétaux ; l'un marche, l'autre rampe; l’un s'enfonce dans le sol, l’autre s'élève dans les airs. - Comment donc arrivera-t-on à se reconnaître dans un tel labyrinthe ? uniquement par la classification. De tout temps, ai-je dit, l’homme a ainsi classé les ani- maux ; mais on conçoit que cette classification ait souvent varié seion les époques, les peuples et l’avancement des scien- ces. Aristote, le père des sciences, divisa d'abord les animaux eu deux groupes suivant qu'ils sont ou non pourvus de sang, faisant entrer dans le premier groupe lo les quadrupedes, 20 les oiseaux, 30 les poissons ; et dans le second groupe, lo les mollusques, 20 les crustacés, 30 les insectes. Pline l'Ancien, qui a fait une espèce d'histoire générale de’toute la nature, imagina de diviser les animaux selon le milieu où ils passent leur vie, c'est-à-dire : lo en animaux TERRESTRES (terrestria) ; 20 en animaux AQUATIQUES (aquatilia) ; 30 en animaux AÉRIENS (volatilica). Plus tard, beaucoup plus tard—au XVIIIème siècle— Finné, un savant suédois, donna les bases d’une nouvelle classification, après avoir indiqué, l’un des premiers, la notion d'espèce ; et il établit ces six classes : lo les MAMMIFERES (mammalia). 20 les OISEAUX (aves). 30 les POISSONS (pisces). 40 les AMPHIBIES (amphibia). 50 les INSECTES (insecta). Go les VERS (vermes). A quelque trente ans de là, immortel George Cuvier,né à Montbéliard (France)en 1769,prouva que le système de Linné ne repose pas sur des bases solides, et, unissant la zoologie à COURS D'ENTOMOLOGIE POPULAIRE 45 . l'anatomie comparée, il créa une classification qui, quoique un j peu modifiée, subsiste encore de nos jours. Ecoutons-le discuter sa nouvelle classification : “Il existe, dit-il, quatre formes, quatre plans généraux, si l'on peut s’exprimer ainsi, d'après lesquels tous les animaux semblent avoir été modelés....Dans la première de ces formes, qui est celle de Vhomine et des animaux qui lui res- semblent le plus, le cerveau et le tronc princrpal du système nerveux sont renfermés dans une enveloppe osseuse quise compose du crâne et des vertèbres ; aus côtes de cette co- lonne mitoyenne s'attachent les côtes et les os des membres qui forment la charpente du corps; les muscles recouvrent en général les os qu'ils font agir, et les viscères sont renfermés dans la tête et le tronc. | “ Nous appellerons les animaux de cette forme les ANI- MAUX VERTÉBRÉS (animalia vertebrata).—Ils ont tous le sang rouge, un cœur musculaire; une bouche a deux mâchoires placées l’une au-dessus de l'autre, des organes distincts pour la vue, louie, l'odorat et le goût, placés dans les cavités de la face ; jamais plus de quatre membres; des sexes toujours sé- parés, et une distribution tres semblable des masses médullai- res (1) et des principales branches du système nerveux. “En examinant de plus près chacune des parties de cette grande série d animaux,on y trouve toujours quelque analogie, même dans les espèces les plus éloignées l'une de l’autre, et l'on peut suivre les dégradations d'un même plan depuis l'homme jusqu’au dernier des poissons. GERMAIN BEAULIEU, (A suivre) (1) Médullaire : qui a rapport à la moélle. D 7—Mars 1894. POLE ats, > 4 t eS é ; Fig. 3.—Le saumon commun. UNE NOUVELLE ESPECZ DE TRUITE ’ ne us On sait. que la famille des Salmonides est richement re- ' présentée, dans la faune de notre Province, par le saumon, la | truite, l’'éperlan, le poisson -blanc, le capelan. À Le premier genre, SALMO, comprend le saumon et les di- s verses espèce de truite, au nombre desquelles est la fameuse 5 Ouananiche, nommée en quelques endroits “Truite à queue 1 fourchue.” Scientifiquement parlant, voici la liste des espèces À de ce genre (Nat. Can. VIII, pg. 66- 70) : ; Salmo salar, Lin., saumon commun, (Fiy, 2.) A Salmo canadensis, Smith, saumon du Canada (truite du à Canada). d Salmo fontinalis, Mitchill, saumon de fontaine (truite commune), Salmo confinis, Dekay, saumon voisin (truite saumonée), Salmo amethistus, Mitchill, saumon améthiste (ouanani- L che (*), (*) M. Provancher écrivait Wananish, (Nat? Can., VIII, p. 69) comme aussi | . feu Mgr D. Racine, qui avait pris ce mot pour nom de guerre dans le fameux “Con- : grès de la Baie Saint -Paul.’’ Dans ces dernières années, les journaux ont fait pré- valoir ouananiche. Fig. 5.—Salmo salar, Lin., Saumon commun, que l’on peut considérer comme è le type du genre Salmo, auquel appartient la truite. UNE NOUVELLE ESPÈCE DE TRUITE 47 Les Etats-Unis possèdent encore d’autres espèces que celles- la, senles mentionnées comme appartenant à notre faune. Mais, l'été dernier, nous apprenions la déeouverte d’une autre espèce de truite, nouvelle non senlement pour la faune canadienne, mais même pour la science. C’est dans le Lac-de-Marbre, comté d'Ottawa, que l’on a capturé plusieurs spécimens de cette truite, décrite sous le nom de Salmo marstoni, saumon de Marston (dédiée à M. R.-B. Marston, rédacteur de la Fishing Gazette de Londres, un An- olais excellcmment disposé, paraît-il, pour tout ce qui a rap- port “au poisson, à la pêche et à l'Amérique”) Elle a été ainsi nommée et décrite par le Prof. $. Garman, de Cambridge, Mass., dans Je Forest and Stream. Nous avons sous les yeux cette description, et nous croyons devoir en donner ici quel- ques traits qui pourront servir à l’occasion et permettre de re- connaître sile S. marstoni, Garm., se rencontre en d’autres en- droits de la Proviuce de Quéhec, Formule pterygiale 8. a 12.5 D.; 15; AMIS EVE SN A ER — Oh ! que voila de belles choses! Mais, comment com- prendre cette algèbre ?...... —Il n'y a pas ici d'aleèbre; et rien n’est plus simple que cette formule,......quand on la comprend, ce qui est aussi le cas pour bien d’autres choses. Voici en deux mots ce dont il s’agit, Tout le monde connaît ce que sont les nageoires, organes loco- moteurs des poissons: des replis de la peau, que soutiennent des os mobiles appelés rayons. Ces nagcoires variaut beaucoup, suivant les espèces de poissons, quant à leur structure, leur po- sition et leur forme, fournissent des indications précieuses pour Ja distinction et la détermination précise des différentes espèces. La “formule ptérygiale” (de ptérua, aile) n’est que la description très abréuée des nageoires, par l'indication du ncmbre des rayons qui les traversent, Il faut done lire comme suit la formule précédente : B(ranchiostèges) ou rayons des ouïes (braichies), au nombre de 11 à 12; LE NATURALISTE CANADIEN D(orsale) ou nageoire dorsale, à 13 rayons ; A(nale), nageoire anale, à 13 rayons ; V(entrale), nageoire ventrale, à 9 rayons; P(ectorales), nagcoires pectorales, à 14 rayons. Pour en finir avec les nageoires, disons que dans cette nouyelle espèce de truite, les pectorales et la ventrale sont pe- tites et que celle-ci est placée non pas vis-à-vis la dorsale mais un peu en arrière. Quant à la (nageoire) caudale (manière très scientifique de désigner la queue dés poissons), elle est très profondément échancrée, et même il n'y aurait en Amé- rique que l'espèce Salmo numayeush qui l'emporterait en ce point sur le S. marstont. Les écailles qui recouvrent la peau sont tres petites.—Le spécimen-type, cest-à dire au moyen duquel on a fait la des- cription de l'espèce, n'a guère plus que 12 pes de longueur : mais on a capturé des individus d'environ 18 pes, si maigres et grêles toutefois qu'ils ne pesaient qu’une livre et quart. Le dos est brun-foncé, avec teinte bleuâtre iridescente» sans taches. La couleur sombre du dos devient blanchatre sur les flanes avec une teinte de rose sous la ligne latérale _ (ligne formée d’écailles différentes des autres, qui court le long des côtés). Le ventre est blane. A certains indices, on croit qne cette truite doit avoir quelques taches rougcâtres ou jaunâtres le long de la ligne latérale.-—La chair est rose. Cette truite se tient dans les eaux profondes. Par la beanté de son coloris et la grace de ses formes, on dit qu’elle tient le premier rang chez le peuple des truites. D'après sa description, cette espèce se rapproche évidem- ment des S. cwnudensis et fontinalis. On les distinguerait _ par les clefs analytiques qui suivent : Côtés avec taches blanches oculées d'un point rouge au MP es cove eee re Sonics vue nos dotane S. CONROENRIS Côtés tachetés de rouge et de jaune......... .fontinulis. Côtés non ou très peu tachetés; caudale très profondé- _- ment échancrée..... owe. tieto0ce ira ee Cha veld ative s NCGTACOTGS Maintenant, tout n'est pas dit: il faut savoir si le S. 1 x LE CATACLYSME DU SAGUENAY 49 _marstoni ne se rencontre pas en d’autres endroits de la Pro- vince que le comté d'Ottawa. C'est aux amateurs de pêche à nous renseigner sur ce sujet. (1 est évident que chaque fois qu'ils tireront une truite de l’eau, iis devront se rendre comp- te de sa “formule ptérygiale” pour voir si ce n'est pas le S. marstont qui s’est bénévolement accroché à leur ligne. Un \ . grand nombre de ces sportmen ont certainement le temps, dune capture À l'autre, de se livrer à des études très profon- des....#Æt qu'ils ne se plaignent pas de l'obligation qui leur incombe d'aider la science. Comment ! Nous leur donnons une nouvelle espèce de truite, et ils ne se croiront tenus a aucune gratitude ! | LE CATACLYSME DU SAGUENAY L'aspect de la rivière Saguenay a quelque chose d’étran- ge: “Gouffre subitement taillé en plein granit, blessure effroya- “ble portée d'un seul coup au sein d'énormes entassements de “montagnes, et qui a conservé toute son horreur primitive, qui “est restée béante depuis des milliers d’années.” (Buies.) Le touriste vognant entre ces murailles perpendiculaires qui en- caissent le “mystérieux” Saguenay, et sur ces eaux sombres qu'on lui donne comme prodigieusement profondes, ne manque pas de se demander comment une rivière a pu s'ouvrir un pas- sage à travers ces montagnes granitiques...... En 1880, M. Buies a répondu à ces préoccupations du voyageur par le chapitre XII de son ouvrage Le Saguenay et la vallée du Lac Saint-Jean, chapitre intitulé : HYPOTHÈSE Du CATACLYSME. Cette description, très “hypothctique” en effet, Re MT ee EN & 1 : ; me} 50 LE NATURALISTE CANADIEN ‘a aaa ms où l’écrivain a mis à contribution toutes les ressources de son ME: oa merveilleux talent, a été fort remarquée dans le temps. i En janvier 1886, Mer Laflamme donna, à une séance de ? 4 ie la Société de Géographie de Québee, une conférence dont le i 4 sujet était une étude de la géographie physique du Saguenay. > L'une des parties de cette conférence, qui a été publiée en bro- By chure, est consacrée à la réfutarion de l'hypothèse du “cata- A clysme.” Au mois de mars, de la même année, Monsieur P.- a Horace Dumais, Arpenteur, qui réside maintenant à Cham- 4 bord, Lac Saint-Jean, rédigea une défense du. “cataclysme”, en …_ réponse au travail de Mgr Laflamme: mais cet ouvrage est y resté inédit. # " Ayant appris l'existence de ce travail de M. Dumais, nous à Be avons fini par le décider à consentir à sa publication dans Je Bis. r NATURALISTE. Nous commencerons, dans notre numéro suivant, de om 4 à publier cet crit, que nous abi¢gerons probablement, quand à" À il sera possible : car il est d’une longueur assez considérable. ( Nous l’accompagnerons de quelques gravures destinées à facili- i. me, ter sur certains points l'intellisence du texte. Il serait utile, 0 pour ceux qui veulent bien se rendre compte des faits et des : théories qui feront l’objet de la discussion, d’en suivre les déve- a loppements en consultant au besoin la carte régionnale de la a la Province de Québec, publiée par le Département des Terres ‘1 de la Couronne, dont une partie représente le territoire du Sa- 0 guenay. 16 M. Dumais désire que nous retranchions de son travail oe tout ce qui concerne Mgr Laflamme. Mais, tout en donnant yen EN crédit à notre correspondant de son profond respect pour le Te 4 distingué prélat, nous connaissons assez Mgr Laflamme pour : 4 savoir qu'il n'est aucunement de ceux qui ne souffrest pas la bi contradiction de leurs idées. En véritable savant quil est, il entend ay contraire que toute liberté soit laissée à la dis- cussion scientifique. eo La discussion d’un événement géologique comme celui-ci, est intéressante, Si,d’un côté, nous voyons le géologue le plus autorisé de la Province, il y a, de l’autre, un homme qui NOUVELLE SÉRIE GA “possède bien son Sagnenay,”et qui, pendant un grand nombre d'années, en a scruté tous les coins et recoins. Les deux dis- cutants sont,on le voit,des autorités,chacun à son point de vue. Voici donc que le genre humain va se partager encore en deux groupes. On va être pour le cataclysme ou contre le cataclysme, comme on est, par exemple, pour ou contre la protection ou le libre-échange. Il y avait pourtant déjà assez de divisions politiques ou autres. Quant au NATURALISTE, il va se contenter de communi- quer à ses lecteurs les pièces du procès géologique, et il lais- sera à chacun le soin de juger comme il l'entendra. | MERCI! Le Courrier du Canadu et Y Ottawa Naturalist ont salué la réapparition du NATURALISTE CANADIEN d’une facon extré- mement sympathique. Nous prions nos confrères d'agréer nos sincères remerciements. Nous remercions encore le Progrès, de Windsor, Ont.,qui lui aussi,a bien voulu signaler la résurrection de notre Revue. A « CODES + ee ——— comen ROUVELELE SERIE Un honorable correspondant nous éerit : Il y a une chose que j'aurais désirée, —et que tous ceux qui n’ont pas les volu- mes précédents auraient aussi désirée, —c'est que vous auriez commencé une série LE NATURALIST (ES _ nouv ele: : Le NATURALISME CANADIEN, SÉRIE NOUVELLE, you. I, ce qui faisait un ouvrage qui aurait été pour ainsi dire complet. Mais, allez done, dans votre bi- … bliothèque, i installer un ouvrage en commençant par le you. XXI. Où sont les au- di tres? Ça n’a pas de mine ! Qu'en pensez-vous ? Nous nous rendons avec plaisir à ces observations, qui sont de la plus grande justesse. Nous avouons que, dans no- oe tre désir de conserver au NATURALISTE son caractère d’autre- fois, nous n'avions pas assez réfléchi aux intérêts des nou- * veaux abonnés, que nous ne prévoyions pas devoir être si nombreux. Ajoutons qu'il n'y à peut-être pas cent collec- _ tions complètes de l’ancien NATURALISTE, dans la Province. En tout cas, comme on le voit à l'en-tête de ce numéro, L ‘ nous concilions les intérêts des ancieus abonnés et des nou- EE en nous servant d’une double numération. Rien n’em- i _ péchera les nouveaux abonnés, quand ils feront relier la Re- vue, d'employer la désignation : NOUVELLE SÉRIE, VoL. I, etc. et de mettre ainsi de leur bibliothèque un ouvrage com- _ plet à certain point de vue. Nous ne pensions pas qu'il fût aussi difficile de publier une revue à 16 pages! Nous n’y réussissons pas davantage, en ce troisième numéro, qui en compte encore VINGT. Da res- Me te, notre porte-monnaie est le seul qui protest. Si nos iec- Be) teurs veulent dire comme nous, nous l’empêcherons de se mé- ler de cette affaire..... = Ia Nat uralis s a ae t U Gas. is Ss ie Canadien VOL, XXI. (VOL.I DE LA DEUXIEME SERIE) Not cos Avril 1894 - Rédastzur- TE ropriétai re: PAbbé V.-A. HUARD ee L ABBE PROVANCHER | “3 _ Continué de la ane A) pat + ‘568 J'ignore si le jeune Provancher donna lieu, de cette fa- es gon, de prévoir qu'il se consacrerait un jour au service des { autels. Mais, du moins, sa vocation d2 naturaliste se mani- i ay festa dès son jeune age. “ Dès mon enfance, écrivait-il en 5 1890, je me suis senti un goût tout particulier pour les cho- ses de la nature. Né et élevé au milieu des champs, le spec- _tacle de tout ce qui m’environnait avait pour moi des char- mes. Je n’envisageais jamais les prés verdoyants, les mois- sons dorées, les forêts silencieuses, sans éprouver un senti- (1) A la page 41, j’ai dit qu’on ne trouve pas, dans le Répertoire genéral du _ clergé canadien, Tanguay, le nom de Vabbé Jamtel, qui donna le saint baptême à . Léon Provancher. M. l'abbé Geo -P. Côté, curé de Sainte-Croix (Lotbinière), et M. le notaire A. Désilets, de Bécancour, ont la bonté de m’informer que le nom de ce prêtre est Francois Le Jamtel, qui fut curé de Bécancour jusqu’en 1835.--On trou- ve facilement ce nom, orthographié de cette manière, dans le ÆRépertoire Tanguay. M. Désilets ajoute les renseignements suivants: ‘Notre paroisse porte le nom de l’un de ses anciens seigneurs, le baron de Bécancourts, qui a joué un rôle de : i | quelque importance dans les premiers temps de la colonie, accompagnant Lefebvre de LaBarre, gouverneur du Canada, dans une expédition contre les sauvages de la _ Nouvelle-York, aujourd’hui Etat de New-York. “Lorsque M. Provancher demeurait à Bécancourt, on écrivait ‘‘Bécancour’’ ; i ee mais aujourd’hui on écrit ici ‘‘Bécancourt.”’ , 8—Avril 1894 LE NATURALISTE CANADIEN a . ment de satisfaction qui me rendait heureux. Et que de ré- ves pour l’avenir ne formais-je pas dès lors...... Si le spec- tacle de la nature avait des charmes particuliers pour attirer mon attention dès mon jeune âge, de mon côté j’entretenais toujours un grand désir de pénétrer dans la connaissance de ses mystères, “ Tout enfant je connaissais les noms vulgaires de tous res arbres et arbrisseaux de nos forêts et savais les distinguer : les foins de nos prairies et les mauvaises her bes des nae ne m étaient pas non plus inconnus. “Je me rappelle encore l'impression qu'avait produite sur moi la vue de fossiles bien distincts qu’on venait de ti- rer d'un terrain d’alluvion en creusant un puits à l’écoie que je fréquentais ; comme je me creusai le cerveau pour avoir Ja solution de ce problème, et comme j’interrogeai en vain les ouvriers et tous ceux à qui je pus exhiber (ces fossiles)” (1) On voit assez, par ces détails intéressants, que l'esprit d’ob- servation et le zèle dans la poursuite de l'inconnu se mani- festerent de bonne heure chez notre futur naturaliste. Cette école que fréquentait l'enfant étaiv tenue par le notaire Paul Pépin, un ancien séminariste. Il y eut pour condisciples Nérée Desilets et un jeune Dubois, qui plus tard devinrent médecins, et commença avec eux l'étude du latin. Léon avait quatorze ans. Le temps était venu pour lui d'entrer au college. Malheureusement, sa famille était trop peu fortunée pour l'y envoyer et pour s'engager dans cette voie des dépenses nécessitées par un cours d Bien qu’en notre pays ces frais de l'éducation supérieure soient bien moindres que dans plusieurs autres, ils ne laissent pas d'être bien lourds pour la plupart de nos familles de cultivateurs, et il faut admirer le zèle de ces braves gens à pousser aux études, à force de sacrifices, ceux de leurs fils chez qui le curé ou l’instituteur ont remarqué d’heureuses dispositions. C’est au point que, de certains quartiers, s’est élevé un reproche : (1) Une excursion aux climats tropieaux. * ae ay am M mn: À, Ù A a v a de. ANS ae 4 “> ie!’ © ened MAC, à Û A yi agis * FEAR at ee d'A: Ode ‘ beaucoup trop d'enfants, a-t-on dit, étudient dans les collè- L'ABBÉ PROVANCHER RE) 4 . . \ t . 22 , ges classiques ; il y a là presque un danger national.” Repon- dons à ces critiques qu'en moyenne il n’y a peut-étre pas deux enfants par -paroisse qui font des cours complets d'études ; est-ce vraiment trop? Et aux gens qui représentent les Cana- diens-Frangais comme arriérés, aussi bien qu'à ceux qui accu- sent l'Eglise de tenir les peuples dans l'ignorance, montrons nos dix-sept collèges classiques, fondés et dotés, en presque: totale partie, et dirigés par notre clergé. Cependant, je l’ai dit, le jeune Provancher n'avait pas d'espoir, du côté de sa famille, de pouvoir participer aux bien- faits de cette culture intellectuelle qu’assure l'éducation clas- sique. Cest donc en vain que Dieu l’a doué de remarqua- ble talents ; tout le pousse à la poursuite de l'inconnu ; mais aussi tout l’éloigne de cette voie de la’ science où il se sent appelé.—Non, la Providence ne lui fait pas éprouver en vain ces aspirations vers le savoir ; zu moment opportun, elle saura rendre possible ce qui semble irréalisable. Que de fois on voit ainsi saplanir, devant un enfant qui promet, les difficultés qui semblaient rendre impossible la poursuite de ses études ! Quand on connaît un peu la clientele de nos collèges, on s’é- tonne du nombre relativement considérable d'élèves dont les familles sont peu à l'aise, et qui réussissent pourtant à par- courir le cycle entier des classes de grammaire, de littérature et de sciences. Le bon Dieu, qui voit bien que son Eglise a besoin d’apôtres, et qu'il faut des chefs capables à la petite nation canadienne-française, sait tout arranger à temps : par son inspiration, un bon curé prélèvera quelque chose sur ses “ richesses colossales ” (1); un brave rentier l’aidera ; le collè- ge fera une réduction sur le prix de la pension. Et le tour est joué! L'enfant fait ses études. Cela arrive tous les jours. Pour le jeune Provancher, voici comment les choses se passèrent. D'abord, le curé de Bécancour, M. Chs Dion (qui ft plus tard procureur et supérieur du Séminaire de Nicolet) le prit à son presbytère : l'enfant devait travailler aux réper- (1) Dans le diocèse de Chicoutimi, le revenu moyen des membres du clergé est | à peine de sam par année : les appointements d’un tout petit employé civil. we seri.’ LE NATURALISTE CANADIEN | toires des régistres paroissiaux, et faire la lecture... . durant Jes repas. Car à cette époque reculée, —c'était en 18 341 hy- . | giène ne régnait pas encore beam: et l’on pouvait impuné- AG ment, tout en vivant jusqu'à un Âge avancé, se permettre bien | _ des choses que nous ne pourrions. a ire aujourd'hui sans cou- vir le risque de faire répandre irréparablement ja coupe de nos jours ! Ceci soit dit, à ia vérité, sans vouloir blesser cette respectable science, dont je suis, au moins Pole un ‘4 partisan fanatique, et qui peut léjà inscrire à son actif tant de hauts faits accomplis pour le bien de l'humanité. Toujours est-il qu'aujourd'hui, quand durant ses dix ans de collège on a écouté, en luttant avec courage contre le bruit de la faïen- ce et de la coutellerie, Ja lecture de maints beaux livres, on ju- ge qu'on a payé sa dette à l'amour du savoir. Et, faisant en | ce point bon accueil aux préceptes d'une facile hygiène, on s'amuse le plus possible durant ses repas ; et, trop souvent, le … seul commerce que désormais l’on se permette avec les livres a de sa bibiiotheque, c’est d’en lire quelquefois les titres qui s’é- ‘talent, en caractères dorés, sur leurs dos revétus d'un veau ou id un mouton artistement disposé I « Or, pour laisser lA cette critique bien i pbeInpesulye des RO à mœurs coutemporaines, très peu de temps après l'entrée de CSSS À _ Léon dans la résidence euriale, il iui fut annoncé qu'il pou- ne Bs vait aller au collège. Comment cela se faisait-il!M. F: “angols- AN Joseph Deguise, vicaire général, décédé à Varennes en 1835, a 4 … avait vendu au Collège de Nicolet une terre payable en pen- sions d'élèves. Il y avait quelque parenté entre les familles i … Deguise et Provancher,et c'est en raison de cette parenté qu'on appelait l'enfant à bénéficier de cette bourse. Il en fut le der- uier bénéficiaire : ses études finies, il ne restait plus de la _ pension que pour un espace de trois mois. Ce fut done au Séminaire de Nicolet que Léon Pro:an- cher fit son cours d'études. A cette époque, et depuis lo ig- … ten ps, on avait déjà vu commencer cette floraison d établisse- _ ments d'éducation supérieure, qui ont surgi de tous côtés dans le Bas-Canada, et qui donnent à notre petit pays un rang dis- Li | L ABBE PROVANCHER __ tingué parmi les nations les plus zélées pour la haute culture intellectuelle. Il y avait alors de ces maisons à Québec, Montréal, Nicolet, Saint-Hyacinthe, Sainte-Thérèse, Sainte- Anne, l’Assomption. Fondé en 1803, le College de Nicolet avait déjà pris des développements considérables en 1834 ; on habitait depuis quelques années de nouveaux édifices, qui abritent aujourd’hui encore les représentants actuels de la nombreuse famille nicolétaine. Comme tout le monde le sait, les ans n’ont fait qu'ajouter à la gloire de Nicolet; et, si je veux pas faire ici le panégyrique de cette puissante insti- tution, je puis dire, au moins, et cet éloge suifit, qu'il n'est personne de ses fils qui ne se glorifie Justement d’avoir comp- té au nombre de ses élèves. On pourrait aussi se contenter, pour témoigner en sa faveur, d'énumérer les hommes distin- gués qu’elle a donnés à l'Eglise et à l'Etat. Grâce à la préparation qu'il avait faite à Bécancour, le nouvel élève (1) fut placé dans lu classe de Quatrième, dési- gnée à Nicolet sous le nom de Méthode, dont le professeur était l'abbé G. Nadeau, alors simple séminariste, et qui mou- rut à Sainte-Luce (Rimouski) en 1869. Il n’y avait alors que deux prêtres au Collége,dont l’un était M.J.-0. Leprohon. — —A la fin de cette première année d’étude, il était 8e sur l'Ordo de la classe, qui se composait de vingt-quatre élèves. Sept de ses confrères “ sauterent” la Troisième et passèrent dans ia classe de Belles-Lettres. Qant à Lon, il n'avait pas encore acquis assez de force sur les matières d'enseignement pour qu'il pat suivre ses heureux compagnons, et il entra en Troisième. Le professeur de cette classe était M. Frs De- saul_iers, sous-diacre, qui se refusa toujours, par humilité et par timidité, à se laisser ordonner prêtre. (1) M. Vabbé J.-A.-I. Douville, du Séminaire de Nicolet, nous donne les noms d’un certain nombre de ceux qui entrèrent au Collège la même année que M. Pro- — _ yancher. C’étuient les abbés Alexander McDonald, Elie Desaulniers, Moise Duguay ; les avocats George et Edward Carter, Pierre-R. Lafrenaye, F.-S. Beauchemin, le juge T.-J.-J. Loranger, les Drs Nérée Désilets, L.-L.-L. Desaulniers (aujourd’hui . à Inspecteur des prisons, ] Elie Lacerte, Alexis Milette, le notaire Pierre Milot, etc. Les seuls survivants sont MM. L.-L.-L. Desauiniers, E. Lacerte et P. Milot. LE NATURALISTE | #4 ‘à + [ ‘ r Léon Provancher continua de faire une classe par année. Son ardeur à l'étude et le départ des sept confrères dont j'ai parlé, firent qu'il fut toujours dans la suite à la tête de la classe. (A suivre) Ne-AÎSEL. (Continué de la page 45) “ Dans la deuxième catégorie, il n'y a point de squelette; . les muscles sont attachés seulement à la peau qui forme une _ enveloppe molle, contractile en divers sens, dans laquelle s’en- gendrent en beaucoup d'espèces des plaques pierreuses appe- lées coquilles, dont la position et la production sont analogues a à celles des corps muqueux ; des quatre sens propres on ne dis- By tingue plus que celui du goût et celui de la vue : encore ces , _ derniers manquent-ils souvent. Du reste, il y a toujours un _ système complet de circulation, et des organes particuliers pour ) hi la respiration. Ceux de Ja digestion et des sécrétions sont à peu près aussi compliqués que les animaux vertébrés. “ Nous appellerons ces animaux de la seconde forme, + ANIMAUX MOLLUSQUES (animalia mollusca). Quoique le plan général de leur organisation ne soit pas aussi uniforme, quant à la configuration extérieure des parties, que celni des animaux vertébrés, il y a toujours entre ces parties une ressemblance au . moius du même degré dans la structure et dans les fonctions. “ La troisième forme est celle que l’on observe dans les Res les vers, ete. Lenr système nerveux consiste en deux _ ongs cordons régnant le long du ventre, renflés d'espace en es- 4 ive COURS D'ENTOMOLOGIE POPULAIRE — 59 * y pace en nœnds ou ganglions. Lenveloppe de leur tronc est divisée par des plis transverses en un certain nombre d’anneaux dont les téguments sont tantôt durs, tantôt mous, mais où les muscles sont toujours attachés à l’intérieur. Le tronc porte souvent à ses côtés des membres articulés, mais souvent aussi il en est dépourvu. Nous donnerons à ces animaux le nom d’ANIMAUX ARTI- CULÉS (animalia articulu). Les organes du goût et de la vue sont les plus distincts chez eux; leurs mâchoires, quand ils en ont, sont toujours latérales. “ Enfin la quatrième forme, qui embrasse tous les animaux connus sous le nom de Zoophytes, peut aussi porter le nom d’ANIMAUX RAYONNES (animalia radiata). Dans tous les _ précédents, les organes du mouvement et des sens étaient dis- posés symétriquement aux deux côtés d’un axe. Dans ceux- ci, ils le sont comme des rayons autour d’un centre, et cela est vrai même lorsqu'il n’y en a que deux séries, car alors les deux | faces sont semblables, au lieu que chez les premiers il y a une face postérieure, et une antérieure dissemblable, ze “Ils approchent de l’homogénéité des plantes ; on ne leur voit ni système nerveus bien distinct, ni organes de sens par- ticuliers : à peine aperçoit-on, dans quelques-uns, des organes de circulation ; leurs organes respiratoires sont presque tou- eh jours à la surface de leur corps...” Voici donc en résumé la elassification de Cuvier : [ae I. VERTEBRES (animalia vertebrata). ~ eo he ye _ UL. MOrLUSQUES (animalia mollusca), Li cy” - LIL ARTICULÉS (animalia articuluta). ees IV. RAYONNÉS (animalia radiata). CAL La science moderne a, comme je l'ai dit, quelque peu modifié cette classification, surtout dans les deux derniers em- branchements ; et voici comment, aujourd’hui, la généralité | des savants divisent le règne animal : LE NATURALIST Class. de Cuvier | IL VERTÉBRÉS 10 Vertébrés (Mammifères,o OÏSAUX POISSONS, Na MOLLUSQUES 20 Mollusques(Limaçons, huîtres) reptiles) 30 Arthropodes (Insectes, araignées, écre- te RE | 4o Annelés (Vers) [visses) Ae Echinodermes (Etoiles-de-mer, oursins- IV. Rayoynés. 60 Cœlentherés (Coraux,éponges) [de-mer) U7 70 Protozouires (Infusoires) CHAPITRE DEUXIEME ROLE DES INSECTES DANS LA NATURE Dieu n’a rien fait inutile et n’a pas laissé, comme le P , prétendent les matérialistes de nos jours, un hasard aveugle ‘présider à l’œuvre admirable de la ercation. Tout, dans l’uni- ae. ma Sy s a a hi Vers, a sa raison d’être, tout a son utilité, depuis l’homme qui — Mn - Ht AU commande en roi jusqu'à linsecte qui se cache sous le brin Xd Sata i Wherbe, depuis le noble érable qui secoue au vent son feuillage (4 TT peuplé de nics jusqu’à Vhamble fleurette qui orne nos parterres, 7 à depuis le grand fleuve déroulant avec majesté ses eaux limpi- pe F . 7 des jusqu'au plus petit ruisseau perdu dans les hautes herbes By F i + … de la prairie. Enfin, comme le dit le poète en son harmonieux AIN langage. kg : 2 Dans l’univers, chaque être a son rôle et sa fin : BY Levez les yeux, voyez, lisez dans la nature: va Dieu dit au papillon : Plane sur la verdure”, LA A l'étoile : ‘*’Rayonne au regard du marin ;’’ vas 4 Il dit aux rêves d'or : ‘‘Endormez la souffrance, ”? i f A Voiseau: ‘‘Peuple l’arbre ot ton nid se balance......’’(1) ‘ a \ ’ a L L’insecte lui-même a done son utilité. Il forme le monde de ù Ms. 9 : : 2 ; “Fr : ae _ des infiniment petits, ilest vrai, mais il est doué d’une puis- 4% ! : 1 À: ag sance redoutable. Retranchez-le du livre de la création, et cet = équilibre admirable qui constitue la présence de la vie et sans ~ laquelle la vie ne saurait être, cet équilibre est aussitôt rompu à jamais. Oui, ils sont indispensables À notre existence ces infini- (1) L'abbé A. Gingras : Au foyer de mon Presbytère. | COURS D'ENTOMOLOGIE POPULAIRE 61 È LR Mee DE ment petits que nous écrasons, chaque jour,par milliers sous nos pas. La moindre observation attentive suffit À nous le démon- _ trer. Ceux-ci servent à la nourriture des oiseaux qui, sans eux, se jetteraient avidement sur nos champs et en dévoreraient, en un jour, les moissons dorées et abondantes. C'est une pature fa- cile qui leur est donnée afin de prévenir leurs dégâts ; et c'est _ ainsi que sont inoffensifs pour uous ces chantres de la création, qui nous ravissent par leurs concerts ininterrompus. » ti Ceux-là fournissent sans repos nitrève un mets délicat et recherche. eg Bien plus, ils donnent à l'humanité l'exemple du travail et lui enseignent comment et par quels moyens une nation peut pros- h pérer : par un labeur assidu, par Ja simplicité des mœurs, par l'union fraternelle qui fait Ja force. par exemple les abeilles intelligentes —nous (A suivre) GERMAIN BEAULIEU. Je prends la liberté de m'inscrire au nombre de ceux qui ue partagent pas tout à fait les idées, les opinions de M, l'ab- bé Laflamme sur les théories savamment illustrées dans son Essai de Geographie Physique, Le Saguenay, touchanc la véritable origine de la vallée intéressante du Lac Saint-Jean, de celle surtout extraordinaire de l'espèce dabime où ce Lac _ singulier va confondre ses eaux avec celles du Saint-Laurent, et sur lesquelles théories l'éminent géologue se prononce fina- lement et d’une maniere irrévocable. | Pour décider cette question géologique avec autant _ d'autorité, pour se prononcer ainsi en dernier ressort et sans 9—Avril 1894 A D TRE AA AA A QE og TER LE NATURALISTE CANADIEN At retour sur le mérite de ses propres convictions touchant cet important sujet, il aurait peut-être été plus prudent,plus pra- tique, plus satisfaisant pour le savant auteur,tout en scrutant le passé des milliers de siècles du passé, de pénétrer un peu plus avant dans la mystérieuse vallée, et même d’en faire le tour, d'étudier sa configuration physique en détail ; de mesu- rer ses hauteurs, ses échancrures, etc. enfin d’en dresser une carte orographique complète, puisqu'il n'en existe pas pour Jui ; patrivcant, en même temps, le cours des rivières qui lui ont paru inexactes sur les plans déjà dressés. Cette sage pré- caution aurait été de la dernière importance et conclusive pour le publie intelligent, pour le Département des terres, mais surtout pour ces touristes privilégiés amateurs des scien- ces aux thèses connues et bien comprises. Il aurait découvert, alors,le secret,la clef de l’énigme,qu'il : n'a pu malheureusement soupçonner du sommet du cran Sainte-Catherine, —ce rocher isolé qui ne dépasse pas le ni- veau général de la vallée du Lae Saint-Jean,—et du haut du- quel il contemplait, avec admiration, ce vaste et magnifique panorama se déroulant devant lui à perte de vue : découver- te qui aurait bien étonné, peut-être désappointé, mais, tout de même, qui n'aurait pas manqué d’entrainer ses savantes conclusions dans le champ plus accessible des choses possi- bles.’ # # * Pour cette nouvelle ercursion que Je veux vous faire faire dans le grand Bassin du Saguenay, je me permettrai de me servir de l'itinéraire que M. l'abbé Laflamme a suivi, à peu près, pour étudier sérieusement la géographie physique de cettte partie de notre Province : me réservant, bien entendu, te droit de revoir quelques-unes de ses descriptions et aussi d'y ajouter quelques détails indispensables à l'intelligence de mon exposé. En partant de Tadoussac après le coucher du soleil, —ce qui se fait presque toujo rs avec laligne de navigation du St-Laurent,-ne vous attendez pas à satisfaire complètement FORMATION DU SAGUENAY 63 votre légitime curiosité, excitée qu’elle est déjà par les des- _criptions variées que vous avez dû lire de cette étrange rivie- re. Si la pleine lune apparaît au-dessus des hautes murail- les en répandant sa douce et sympathique clarté sur la na- ture sombre qui vous entoure, vous pouvez rêver à votre ai- se en vous promenant sur le pont du bateau, tout en respirant lair tiède du Saguenay pour vous préparer au sommeil ; ensuite, lorsque vous serez arrivé à Saint-Al- phonse, ou à Chicoutimi, il sera temps de vous éveiller. Je ne veux pas dire quil n'y a rien à voir, rien d'intéressant à contempler par une nuit clai- re eb étoilée, non: mais pour mieux saisir les choses que nous voulons décrire, pour ne pas procéder à tâtons, il est in- dispensable d'attendre le grand jour ; ce qui ne manquera pas de vous arriver, si au lieu de monter le Saguenay, com- me nous disons, vous le descendez avec le bateau jusqu'à Tadoussac. Si vous contemplez alors pour la premiere fois les contre- forts immenses des Laurentides, vous restez confondu devant ce sublime travail ; si vous longez ces murailles gigantesques, taillées sans règle et sans art dans le plus vif de leurs œu- _vres, vous ressentez je ne sais quoi d’étrange, d’inquiétant, d'indéfini, surtout au moment où le bateau les rasant dans sa course ralentie, elles surplombent hardies et superbes au-des- sus de votre tête. Si vous en mesurez les hauteurs, si vous en sondez les profondeurs, vous restez anéanti devant la har- diesse de cette nature sauvage, étrange : mais si vous songez an travail que le grand épousseltorr des vents et des tempêtes opère incessamment depuis des siècles sur leurs flancs polis ou anguleux, vous comprenez de suite qu’il n’y a rien d’éton- nant que la végétation y soit maigre et chétie. Mais si vous pénétrez dans ces coupes, dans ces gorges profondes et mystérieuses ; si vous franchissez ces immenses lèvres et planez au-dessus des hauteurs,vous voyez là une vé- gétation des plus luxuriantes et des plus variées; des pins géants, des merisiers, des bouleaux au tronc lie ; ud ‘7 L 1e! De ANRT EAN taf i > LE NATURAMISTE CANAD EN superbe, des épinettes de cent pieds, des sapins cher- chant à les égaler ; en un mot, vous y découvrez un des plus riches domaines de ia Province, exploité depuis quarante ans au moins, et qui, cependant, ne s’épuise pas encore. Vous pouvez aussi entrevoir les établissements de I’ Anse de-la-Trinité, de la Descente-des-femmes, du Tableau, de lAnse Saint-Jean, qui forme une belle paroisse dans le bassin asséché d’un lac défoncé, qui se dessine si bien devant vous, frappant de vérité, comme pris sur le fait ; ceux du Petit-Sa- guenay, de la rivière Sainte-Marguerite, de lAnse Saint- Etienne, etc., où autant de traces géologiques, bien visibles dans les parties voisines de cette gigantesque déchirure, s’é- talent au grand Jour ; sans mentionner les Iles Saint-Louis, Tadoussac, la Rivière à Baude, les battures aux Alouettes,aux Vaches, l’île Kouge, ete. —qui rendent un témoignage non moins éclatant et incontestable. Les plus hauts sommets de ce pété de montagnes qui sé- pare le Saint-Laurent de la Grande-Baie, la où commence le grand bassin alluvial du Saquenay, dépasse 2000 d altitude au-dessus de la mer, surtout près du Cap Trinité, où la ligne perpendiculaire seule de ce bloc en mesure 1800, dit-on. FT + * Maintenant que nous avons entrevu à vol d'oiseau cette fissure béante, immense, qui servit de décharge, d’égoût aux eaux de cette mer intérieure recouvrant jadis la plus grande partie du territoire du Haut-Saguenay, suivons, contournons le rivage de ce grand Bassin alluvial, ainsi asséché à l’impro- viste, pour en connaître les secrets, en étudier la physionomie et en mesurer létendue. En partant du Cap à-lEst au pied de la Baie des Ha! Ha! les hauteurs granitiques, qui bordent au sud la rivière Sague- nay, longeant la rive gauche de la Grande-Baie, ne se conti- nuent pas à l’intérieur en ligne à peu près directe, suivant M. abbé Laflamme, mais elles s'enfoncent au’sud à une grande distance-—on les voit bleues dans le lointain. C’est dans ce plateau qui s'étend jusqu’au pied de ces hauteurs reculées ip-\, : Adie > X ¢ Seren ehh es Oe ty Lad «ted, ENCOURAGEMENTS TRÈS PRATIQUES ay que vous entrevoyez pour la première fois, et qu'il est impor- tant de mentionner ici, que se sont creusées dans des allu- vions de deux cents à six cents pieds de profon leur, les riviè- } ves Ha! Ha! et à-Mars qui se déchargent à Saint-Alexis et ee mets à Saint-Alphonse au fond de cette baie si bien nommée Hart tes Ha !” (A suivre) P.-H. DUMAIS: ENCOURAGEMENTS TRES PRATIQUES Un certain nombre d'abonnés se sontempressés de nousre- mettre le prix de leur abonnement au NATURALISTE, et nous 4 Jeur sommes bien reconnaissants. Mais, en ce moment, nous voulons parler d’un autre genre d'encouragement, très prie | aussi, et qui nous a été donné sans que nous l’attendions. Nig s’agit d’envois de livres scientifiques. ie C’est ainsi que, il y a quelques semaines, nous recevions ~ + de M. A.-D. Decelles, L. D., Conservateur de la Bibliothèque 1 du Parlement d'Ottawa, A à volumes de la Revue de Bo- ee. tanique de Toulouse,—Et, plus récemment, M.le Comte L.- Lan G. Baillairgé, de Québec, nous faisait remettre six volumes du 4 Cabinet du jeune naturuliste, et des Mémoires pour sercir à l'Histoire des insectes, De Réaumur, (Amsterdam, 1740). 1 . Ces témoignages d'intérêt en faveur de notre œuvre nous i ) ont profondément touché, et nous prions encore une fois ces — at généreux donateurs d’agréer nos remerciements. Eloigné, comme nous Je sommes, des grands centres, nous a ne pouvons guère compter que sur nos propres ressources, en à fait d'ouvrages de sciences et de spécimens d'histoire naturelle, |, ‘4 ee ‘14 a 4 "a (a hi: Em autant qu'il a sera possible, nous ne ene en - nous accordant un accès facile à leurs trésors. Mais, à la distance où nous sommes de Québec, nous ne pourrons pro- fiter souvent de leurs bienveillantes dispositions. Tl faudrait done que le NATURALISTE non seulement payat ses dépenses d'impression, etc., mais encore nous permit de … nous tenir au courant de tout ce qui se publie d’important sur Tes sciences naturelles, sans compter l'acquisition des ouvrages de fonds, sur toutes les branches de l’histoire naturelle, Ll ya là presque une question de vie ou de mort pour notre publica- tion. —Nous avons pourtant tenté l'aventure, sans vouloir trop penser à son issue, confiants dans ie concours du public. Nous ne serions pas surpris outre mesure si notre confiance était à la fin justilice. UNE PUNAISE ASSASSINE En janvier dernier, plusieurs de nos journaux, sans doute = dans le but bien louable d'évayer un peu leurs lecteurs assom- A à bris par les iniquités politiques et autres de ce temps, ont re- … produit l’étonnante dépêche suivante expédiée de l'Indiana, ) = ee. Uy ae “Tl y a quelques jours mourait Samuel, fils de John Lennox. Il avait sept ans. Les symptômes de la maladie caustrent beaucoup de surprise, aux médecins qui y a _ perdirent leur latin. On résolut de faire l'autopsie après le décès. On trouva que le cœur avait été rongé par une punaise. On dit qu'il y a un an l’enfant avala cet insecte pendant qu'il était à Hartford City avec ses parents. Les médecins Ci- sent que la punaise s’est fait un chemin Atravers les parois dn cœur, causart une _ hémorragie fatale.” I n’y a pas de raison qui nous empêche de croire que, si 4 "UNE PUNAISE ASSASSINE l’enfant n’était pas mort sitôt, la punaise aurait pu le dévorer tout entier. Quand une punaise est en appétit, il faut s'atten- _ dre à tout. Parents! veillez, veillez sur vos enfants ! Les punaises appartiennent à l'ordre des HÉMIPTÈRES, in- sectes à quatre ailes, dont les deux supéricures sont très souvent coriaces à la base et membraneuses dans le reste. La pu- naise des lits, la cigale, et ces insectes que les cueilleurs de ! framboises conuaissent bien, appartiennent à cet ordre, Les Hémiptères ne sont pas des rongeurs, mais des suceurs, Et encore, ils ne peuvent exercer une vraiesuccion, puisque, comme l’a dit Provancher, ne respirant point par la bouche, ils ne peuvent faire le vide. Probablement, ajoute-t-il, ce sont les soies du bec qui, par des mouvements propres, font monter le liquide jusqu’au gosier, après que la plante ou l'animal a été piqué. Cela suffit pour montrer l’absurdité de la nouvelle précitée. Pour la réfuter, le rédacteur de l'Entomological News, de Phila- delphie, ne s'est même pas mis en frais quelconques de science. Après avoir reproduit la dépêche, il s’est contenté de dire : “This is undoubtedly a species of bug we have had occasion to refer to before in the News—humbug.” Cela ne peut malheureusement _ se traduire, et les gens qui n’entendent pas l'anglais n’ont qua ï verser des larmes sur leur infortune, BIBLIOGRAPHIE Nous aceusons réception des Bulletins Nos 8 et 9 de la bibliothèque et du muséedu vi . Collège Saint-Laurent, près Montréal. Ces brochures, très intéressantes, contien- _ nent la liste des dons de tout genre destinés à la bibliothèque et au musée de cette institution, et partie du Catalogue des diverses collections d’histoire Hata que 19 Vonya à formées. Nous croyons que ce Collège tient la téte,parmi nos collèges clas- | siques, pour la richesse de ces collections. — Histoire physiologique et chimique d'un flambeau ou bougie de cire.C’est le texte _ d’une conférence faite à Montréal, par le R. P. J.-C. Carrrier, C. 8. C., Professeur — © | de Sciences Naturelles au Collège Saint- Lane Nous félicitons le distingué et Savant conférencier d’avoir fait imprimer cette étude qui est du plus vif intérêt : bien plus de personnes sont ainsi en mesure d’en profiter. On y trouve l’explica- tion scientifique, mise à la portée de tous, de divers phénomènes dont on ne cher- 4 che pas assez à se rendre compte, sans doute parce qu’on les rencontre tous les jours. Nos remerciements au Ryd P. Carrier pour l’envoi de ces publications. — —Cataloque général de graines de fleurs et de léqumes,d'arbres et arbustes,de bulbes _ete.,pour 1894, publié par Jacques Verret, Marchand-Grainier et lee Charles- bourg, Québec. Nous avons un plaisir considérable à accuser LR de ce joli Catalogue et à recommander à nos lecteurs de se le procurer. Dans ces 80 pages bien imprimées et sllustrées par la maison Darveau, de Québec, il y a des renseignements très utiles : sur les diverses plantes de jardin, de verger et MOT : et c’est en français ! a c’est l’œuvre d'une maison canadienne-frangaise ! Nos compatriotes aiment assez la culture des fleurs et des légumes, que la mai- ï son Verret peut compter sûrement sur une elientèle de plus en plus considérable. Son Catalogue rédigé en langue française, et la facilité plus grande des communi- À - cations, lui permettront de soutenir avantageusement la concurrence avec les gran- des maisons des Etats-Unis. —Nes sincères remerciements au Franco-Canadien, de Saint-Jean d’Iberville, qui a dit des choses tout à fait aimables au sujet du NatukrALISTE ; au Courrier du | Canada et à la Croix de Montréal, qui lui ont renouvelé l’expression de leurs sym- _ pathies. a —Dans l'Ænseignement Primaire du 16 avril, M. J.-B. Cloutier, un vieil ami de à l'abbé Provancher, Jui consacre un article ému que nous voudrions bien reproduire, si nous n’étions empêché par le manque d'espace. M. Cloutier applaudit au projet, — que nous réalisons en ce moment, d’un essai biographique sur le fondateur du Naru- |. RALISTE. Naturalis te C anadi VOL. XXI (VOL. I DE LA DEUXIEME SERIE) Nob Chicoutimi Mai Eve Rédacteur-Fropriétaire : l'Abbé V.-A, HUARD PETITE CAUSERIE Î On lit, dans les con litions indiquées sur la couverture, que le NATURALISTE est publié à seize pages. Cependant nos lecteurs ont constaté que jusqu'à présent chaque livraison a été d’au moins vingt pages. Nous n'avons pu en effet nous résoudre à publier seulement seize pages : et même nous trou- vons que c'est bien peu qu'une vingtaine de pages par mois, quand on a devant soi le champ immense de l’histoire natu- relle. Aussi nous faisons des vœux ardents pour voir arriver le moment où nous serons en position de donner à notre pu- blication l'étendue qu'elle avait autrefois. En attendant, saus nous y obliger absolument, nous nous proposons bien de continuer à donner vingt pages par mois, surtout si l’encou- ragement reçu jusqu'à présent se continue. ... * * * L'incertitude que nous venons d'exprimer peut paraître étrange ; mais elle est bien réelle, Nous arrivons à la moitié du volume de l’année, et nous ne savons pas encore sur quel nombre d'abonnés nous pouvons compter ! Il y a des gens qui n'ont pas fini de délibérer sur la question de savoir si, oui ou non, ils vont prêter leur concours à la résurrection et au maintien du NATURALISTE CANADIEN. Attendre au qua- 10—Mai 1894 t 1 \ £l ANNE th RU ART AURA a { ALTAR RY WAAAY TN CA, trieme ou au cinquième numéro. lune revue mensuelle pour ‘a ia cela n'est-il pas prendre trop Son temps ? Le NATURALISTE n’est pas une œuvre de spéculation, et nous ne nous sommes point fait illusion au point de penser a qu ‘il allait nous créer des rentes. Notre ambition, c’est qu'il ait les ressources nécessaires pour subsister. Mais éncore … faut-il qu'il les ait !—Tout ceia, c'est une entrée en matière. Et la matière en question, la voici. Nous sommes déjà un ne peu endetté envers notre imprimeur. ...,et nous serions bien …_ réjoui si, parmi les abonnés de re revue, il s'en trouvait encore un certain nombre qui, au milieu de l’apathie dont | _ souffre ce siecle, auraient le courage d'aveindre leur porte- _ monnaie, d'en retirer un billet d UNE PIASTRE, et-—menant “ jusqu'au bout leur héroïque entreprise —de nous l’expédier, en profitant pour cela de l'admirable organisation postale dont ‘nous jouissons dans les temps modernes. * * ok ‘ Nous avons, en cours de publication, plusieurs travaux - de longue haleine. Nous croyons que c'est propre à nuire, a en une certaine mesure, à l'intérêt du journal. Aussi, en | 4 … chaque numéro, nous interromprons lun de ces ouvrages, ee yui laissera de l’espace pour une plus grande variété de ‘4 sujets. Nous commençons cette réforme dès aujourd'hui. * * * Nos sincères remerciements au Courrier du Canada qui veut bien publier le sommaire de chacune de nos livraisons. D’autre part, nous dirons plus tard ce que nous pensons de attitude d’une certaine partie de la presse à l'égard du NATURALISTE CANADIEN. ——_—_..—_ D — 7 —— RSR TR à EAU i CAMPAGNE | ENTRONS EN ENTRONS EN CAMPAGNE! _ Voici arrivée l’époque des grandes jouissances pour le naturaliste. Pour personne autant que pour lui, le réveil de — la nature n'est plein de promesses. Tl ne peut plus faire un pas en dehors de sa denieure, sans voir à chaque instant l'in- térét croître autour de lui. Voici la multitude des plantes de tontes espèces, dont chacune sollicite son attention, pendant que de tous côtés, dans l'air, sur les feuillages, sur le sol, le peuple insecte, dans soi: infinie variété, offre à son étude des . objets toujours nouveaux. Le chant des oiseaux, leurs habi- tudes de vie, la guerre qu'ils font aux ennemis des nos récol- tes ou les ravages que plusieurs d’entre exercent eux-mé- mes dans les vergers où les champs, voila encore autant de sujets d'observation. Dans le domaine des caux, le natura- liste, voit le royaume des poissons, des mollusques, ete., où sa curiosité est également mise en éveil. Le sol lui présente ses richesses minéralogiques et géologiques, pendant que la voû- te des cieux lui offre les merveilles de la Toute-Puissance di- vine sous une forme encore plus saisissante. A cette saison, nous devons cesser, en une certaine me- sure, d'être des naturalistes du coin du feu, pour devenir ce que les Anglais nomment des “ field-naturalists.” C’est l’his- toire naturelle vivante qu'il nous faut maintenant étudier, et c'est autrement intéressant que les études faites en chambre. Quelque considérables que soient nos connaissances, quelque riches que soient nos collections, nous trouverons toujours à apprendre et à collectionner encore, Profitons donc de cette courte période de temps. Chaque fait nouveau que nous constaterons, il le faut enregistrer aussitôt. Telle petite note inscrite aujourd'hui sur notre carnet, pourra nous être fort utile plus tard. Et puis, la chasse aux spécimens, c'est notre grande affaire, chacun dans la spécialité que nous étudions. Parmi nos lecteurs, il y en a sûrement un bon nombre _ qui voudraieut se livrer à l'étude de l’histoire naturelle. Eh RARE 4 HaiNS ) i) Du rome ff VE" OU) NRA APE pat, St LE NATURALISTE CANADIEN bien, que ceux-là ne laissent pas s'évanouir un goût si pré- …_ cieux. Qu'ils commencent seulement ! non pas au mois pro- chain, non pas demain, mais aujourd'hui. Qu'ils se fassent une collection! Toute collection commence par UN spécimen : qu'ils se procurent donc ce spécimen, auxquels les autres s'a- jouteront rapidement, augmentant le trésor de jour en jour. Les débuts sont un peu ennuyeux, nous le savons. Mais qu’on ne se décourage pas dès le commencement, et l’on verra bientôt son goût se transformer en une véritable passion, dont les jouissances sont aussi douces qu’elles sont saines pour l’es- prit. Ah !si l’on savait quelles sont les joies du naturaliste! Pour nous, nous sommes à la disposition des débutants, et disposé à les aider en tout dans la mesure quil nous sera possible, pour tous les renseignements qui leur seraient utiles. . Nous serions si heureux de pouvoir assurer à notre Province même un seul naturaliste de plas par année! eme me — MER ~ ewe > ARTE Ee ee y : LA POSTE ET L'HISTOIRE NATURELLE 3 Jusqu’à présent, les amateurs et collectionneurs des divers pays profitaient du service des postes pour l'échange des spécimens d'histoire naturelle, auxquels on appliquait le tarif Du tres favorable des échantillons de marchandise. Mais cet état M de choses était plutôt toléré qwautorisé. Or, il y a quelque temps, le Ministère des Postes des Etats-Unis adressa, aux “pays faisant partie de l’Union Postale. La proposition de recon- … naître formellement ce tarif réduit pour la transmission des ar- ticles d'histoire naturelle ; mais, fait extrèmement regrettable, “ la majorité de ces pays a repoussé la proposition, Voici les noms a de ces gouvernements qui se refusent à un très léver sacrifice 4 ; pour l’encouragement des sciences : Allemagne, Autriche, Bo- a livie, CANADA, Espagne, Grande-Bretagne, Guatemala, Hon- : grie, Indes Anglaises, Japon, Norvège, Portugal, Russie, Sue- de, Tunis, Uruguay et Vénécuéla. Nous regrettons beaucoup LL LA POSTE ET LHISTOIRE NATURELLE 18 de voir le nom de notre pays dans cette liste qui est loin d’être honorable. Appliquer à l'expédition des spécimens d'histoire naturel- le le tarif des lettres quiest dix fois plus considtrable,c'est telle- ment esorbitant qu'en pratique cette expédition devient qua- si impossible. Vous voulez, par exemple, envoyer à quelque entomologiste de l’étranger une boîte d'insectes a identifier, pe- sant 8 onces, pour laquelle jusqu’à présent vous n’auriez eu à payer que 8 cts pour l’aller et le retour ; or, si l’on vous fait payer suivant le tarif des lettres, à 5 ets par $ oz., votre envoi vous coûtera 80 cts, et $1.60 pour l'envoi et le retour.—Il est vrai que dans l’intérieu1 du pays, de telles expéditions s a nos forces, leurs ressources À nos ressources, leur habileté à notre habileté, nous | tronverons que dans la voie da grandiose et du sublime, les i sectes nous ont devancés et de loin !’...... (A suivre) } FORMAT! ON | DU SAGUENAY (Continné de la page 65) A dix milles à l'ouest de la Grande-Buaie, près de Later rière, ces hauteurs, que nous avions pie que ot daes de vue apparaissent de nouveau apres avoir fait un grand détour a sud-ouest, et reprennent leur “ronib-de-vent” si brasquement changé à Saint-Alexis. Elles s ‘élèvent maduellement jaa au lac Kénogami, côtoyent ce lac à gauche en s’échancrant à Pi- coba, passent au sul da fic Vert et du lac Sec, fléchissent au sud-ouest une petite demi-heue,eë là forment un entonnoir d’o) sort la Belle-Rivière. Continuant à l’ouest, elles s'échancren: encore fortement à deux endroits pour livrer passage aux Lise vières Koushepegamiche et Métabetchouan, et viennent frap- per le rivage du lac Saint-Jean à un mille à l'ouest de ectte dernière rivière. De la, courant au sud-ouest, elles s’ 'abais- 11—Mai 1894 LE NATURALISTE CANADIEN \4 ir sent de moitié pour s’èxhausser de nouveau en approchant la iviere Ouiatchouan, où la chute de ce nom, d’une hauteur de 236 pieds, les franchit d'un bond à un mille au sud du ae. Elles se pro'ongent ensuite dans l'ouest plusieurs milles enco- re, c.-à-d. jusqu'à leur rencontre avec la vallée étroite de la riviere Ouiatchouaniche ; elles tournent alors au sud et sui- vent la rive gauche de ectte rivière en la remontant vers sa Source. Après avoir marché six milles dans cette direction, rrétez-vous et regardez à l'ouest. Que voyez-vous ? On aper- vit la rive ouest de cette rivière, et, dans les hautes terres qui ab dominent, on voit une large issue, une porte toute grande ouverte, pour ainsi dire, qui nous invite de ce côté. Vous avan- eZ, vous mont2z insensiblement le léger plateau qui forme e seul de cette porte, vous voila sur la hauteur des terres ; terrain s'inclinant alors au sud-ouest, l'eau coule vers le aint-Maurice.—Vous venez de franchir le grand bassin al- uvial du Saguenay, vous avez devant vous lu rivière Croche, ancienne décharge du lac Saint-Jean vers le Saint-Laurent. Bo vous n êtes pas à 1,000 pieds au-dessus de la mer, c'est-à- dire vous êtes bien au-dessous du sommet du cap Trinité Fe t de toutes les hauteurs qui bordent la rivière Saguenay … dépuis le Cap-à-l'Est jusqu'à Tadoussac. Maintenant, reutrons de nouveau dans notre domaine, dans ce bassin dont nous venons de découvrir un des secrets mportants, et continuons notre exploration en longeant les hauteurs qui en bornent les contours opposés à l’ouest, au ord et à l’est. Laissant la rivière Ouiatchouaniehe à droite, vous vous irigez vers le nord-ouest, passant en arrière des cantons Ro- … berval, Ouiatchouan, Ashuapmo xchouan, Desmeules, Dufferin, et vous venez frapper la rivière Chamouchouan à un mille en 4 ‘arrière de l'angle sud-ouest du canton Normandin, Dans ce long trajet, vous avez traversé les rivières Iroquois, à l'Ours | ét aux Saumons qui coulent au nord-est : les deux dernières | se déchargeut dans la rivière Chamouchouan. Traversant cette dernière rivière au pied des grandes ry e 4 a 1] à FORMATION DU SAGUENAY 79 chutes, vous continuez au nord-ouest et rencontrez bientôt les sources de la rivière Ticouabé, ainsi qu'une file de laes que vous suivez jusqu à leur décharge dans la rivière Mikouacha. Vous dirigeant ensuite vers le nord, jusqu'à la jonction de cette dernière avec la rivière Wassiamska, vaus suivez celle- ei quelques milles et, la laissant à droite,vous traversez la pé- ninsule qui la sépare de la rivière Mistassini dont elle est tri- bulaire. Changeant votre course au nord-est, vous laissez Mistas- sini en arrière et traversez bientôt les rivières au Foin, aux Rats, avee son lac, la belle rivière Mistassibi en bas des gran- des fourches,le petit Péribonca jusqu'à sa tête (à 50 milles en- viron du lac Saint-Jean,)la rivière Alex à sa source, le Grand Péribonca à 75 milles de son embouchure. Tournant au sud- est, vous revenez pres du Grand Péribonea au lae Sotogama en contournant la montagne de la Fucterie que vous suivez jusqu'aux sources de la rivière à l’Ours du nord ; vous fran- chissez alors Shipshaw avee sa large échancrure à gauche (au N.-E.) les rivières des Vases, Valin et Caribou (ces dernières prennent leurs sources dans les monts Sainte-Marguerite que nous ecdtoyous dans le moment). Tournant enfin au sud, vous venez frapper le Cap-a-l’Est, à la sortie du Bras de Chicouti- mi dans le Saguenay, notre point de départ. Dans ce long circuit que nous venons de parcourir à la hate, nous n'avons fait que jalonner les grandes lignes qui des- sinent bien clairement les limites certaines du grand bassin a D alluvial, laissant de côté tout ce qu'il renferme d'important, d'intéressant et d'instructif, n ais nous réservant le droit d'y revenir, Lorsque nous l'uurons fuil sortir un bon jeur du seiu «le lu mer. Vous reconnaitrez de suite, en jetant la vue sur la carte, cette chaîne de montagnes que vous venez de côtoyer en fai- sant avee nous le grand tour du Bassin, dont les dimensions définies assez exactement vous donnent une superficie d’envi- ron deux mille cing cents lieuss carrées. (2,500) Maintenant, faites entrer les eaux de Ja mer dans ce vaste my AN ADIEN ,à une hauteur assez if pa ée oat que les plus bas NA des montagnes qui l'entourent en soient submergés, tel que le déerit exactement mn l'abbé Laflamme, en créant l'océan saguenayen, “cette Méditerranée ” des premiers âges géologiques. Ce ne sera ca une one eae aa aura ue 3 tout HE un | détroit où Les eaux salées de po a bassin hy panes actuel 6 a ee un aere de bins, pas un pied de moins ; he Na effet de ce m ainage était tout à fait nul; une goutte d'eau dans la mer, pas plus. “ Plus tard,” dit M. l'abbé, “un léger mouvement ascen- ‘sionnel se produisit dans l'Amérique éozoïque. L’océan ‘atlantique cessa de mêler directement ses eaux à celles que ‘Jes rivières de l'intérieur apportaient constamment dans le ‘bassin du Jac. Celui-ci de salé devint d'abord saumätre, à “ puis complètement doux, et prit peu à peu l'apparence qu'il a maintenant, sauf les dimensions qui restèrent peut-être 4 beaucoup plus grandes ; l'ouverture par laguelie s s'écoulait le + “ trop-plein de ses ondes Er usée,creusée petit à petit par les “courants, et cela d'autant plus profondément que la masse à “eau étaitplus considérable et que son EE au même en- droit fut plus prolongé. Et comme il n’y a aucune raison de “dire que le lac Saint-Jean silurien ne se déchargeait pas par ‘la même rivière que le lac contemporain, nous devons croire “ que la rivière Saguenay existe depuis les époques géologi- “ ques les plus anciennes.” (A suivre) P.-H. DuMats. / LE CAMÉLÉON- BIJOU. Lx et ibe t RUE / ‘ hong LE Q&SMELFON-BIJOU 68 —“Ah ! Ciel ! Quelle horreur !... Cette bête sur votre épaule, mademoiselle ! Ah !....je vais m’évanouir.... El — De grâce, chère madame, reprenez vos esprits. Qu'y Mu a-t-il donc ? Avez-vous peur de ce joli animal que voici ? > Cest la première fois que vous en voyez ? En effet, cela ne … fait que d'arriver; mais, dans quelques jours, ce sera très porté. v —Comment, ce sera porté ? —Mais oui, madame ! Ces messieurs les fixent à leur cra- . vate ou sur leur chapeau, à l’aide du petit collier et de la _ chaînette que vous voyez ; nous, nous les attachons au corsa- ge ou sur la chevelure, et c'est d’un gracieux, oh !—Les jour- … naux en ont bien parlé, et ça va être la mode. ets —Dites done, ma chére,comment est-ce que ce'a s’appelle ? mea — C'est un caméléon, madame. — Et croyez-vous que je pourrais n’en procurer un quel- que part ? ) — Il est bien tard. Hier, soir, ils étaient presque tous io.) vendus. an Ah! quel malheur, si je ne puis en avoir ! ” Nous navons pas assisté au dialogue ; mais il a dû se … tenir plus d’une fois, en ces derniers mois, si les Journaux ne nous ont pas trompés. C’est a Chicago, paraît-il, que la _ niode a commencé en Amérique, et la vente des caméléons y a a 14 aurait été considérable durant | Exposition, pour se continuer . ” ensuite en d’autres villes des Etats-Unis et du Canada. Mais, en plusieurs endreits des E.-U., on a fait cesser ce commerce. Bl A Montréal même, en février dernier, la “Société protectrice des animaux” a demandé l'arrestation des marchands de nn caméléons, en soutenant que ces reptiles sont des animaux domestiques. Le tribunal, après étude de la question, s’est …_ refusé à les considérer comme tels et a renvoyé l'action. Il ne nu! suf5t pas, en effet, pour avoir rang d'animal domestique, de __… figurer, trés oecasionnellement, au cou de ces messieurs ou de ces dames! Si la magistrature s ¢tait méprise au point de l’ad- mettre, croyez-vous que les souris et les mouches, par | KI 2 “ f Le _exemple,qui habitent constamment nos demeures,ne se seraient ‘ pus prévalues de ce précédent pour intenter force procès aux __ chats et aux ménagères, leurs ennemis déclarés ? En outre, _ ncus ne voyons pas bien quelle plus grande barbarie il y a à mettre une chaîne d’or au cou d'un Caméléon, qu'une chaîne de fer au cou d'un chien.—Mais on les porte sur soi comme ai is % + 52 LE NATURALISTE CANADIEN ornement...—La grande cruauté ! Si les pauvres chats n'étaient jamais soumis à pires traitements, ils auraient la vie douce | Done, tout ce qu'il y a à dire de cette mode de porter des caméléons vivants, cest qu'elle est plus ou moins ridicu- le. Ce n'est pas, du reste, le seul exemple quil y ait de ces procédés de décoration. Dans l'Amérique du Sud, dit-on, les dames ornent leur toilette de soirée de ces beaux insectes lu- ciferes que l’on trouve dans ces riches climats. | Par exemple, ce qui ne manque pas d'être original, c'est A de voir les dames se familiariser à tel point avec des reptiles, eiles que la simple annonce d’une souris errant dans les envi- rons,ou la rencontre d'une jolie chenille verte sur une feuille de 4 chou, remplit Pune alarin : folle oa d’une indicible horreur. — Voilà bien les contradictions de la vie, et, d'autre part, Vin- fluence de la mode, Or, nous sommes devenu dernièrement, par aventure, possesseur de Pan de ces caméléons, dont nous ne nous pro- posons certes point d'ornementer notre costume, mais qui, par contre, nous offre un intéressant sujet d'étude. Le premier résultat de nos observations, c'est que ce ca- { méléon n'en est pas un! Cest déjà une grave affaire È Nous avions commencé à douter en lisant ces mots Imprimeés | L sur la boîte dans laquelle on les livre à l'acheteur ; LIVE CHA- | | MELEONS ! FROM FLORIDA Curto Co. Il est bien connu, eu Mais il y a encore biend’au- tres raisons qui démontre ntlu ) supercherie. Que | loncompare 4! A A iS 5 seulement ces prétendus camé- Fe léons avec la ha OT av Ware que 4 , nous donnonsei- | Sy . A. | contre de l'une 4 Fig. 4.—Le Caméléon. des espèces du 4 vrai caméléon, et l’on verra que la ressemblance est loin d’é- tre frappante. Grosse tête, occiput relevé en pyramide, dos =" ve es ~ LE CAMELEON-BIJOU ABS à forme comme tranchante, queue volubile, chacun des deux faisceaux de doigts réuni par une membrane qui va jusqu'aux ongles, poumon d'un tres fort volume et qui permet à lani- mal de se gonfler d'air à volonté, mouvements de grande len- teur, langue d’une longueur considérable: voilà les princi- paux caractères du caméléon. Or le reptile dont ii a tant été question sur les Journaux, dans ces derniers temps, n'a aucun de ces caracteres. I] est d’une apparence tout à fait élégante et gracieuse, au lieu d'être le laid personnage que représente notre gravure, et qui n'est pourtant pas aussi disgracié sous ce rapport que d’autres espèces caméléontennes. Tout ce que notre reptile a de commun avec le caméléon véritable, ¢ est d’appartenir, lui aussi, à l'Ordre des SAURIENS. Nous avons d'abord pensé que le petit animal était de la famille des Lacertiens,et n était autre qu'un “Lézard” (qu’il ne faut pas confondre avec les salamandres de notre pays que Yon désigne à tort par ce nom de lézard). Mais sa langue peu extensible et non divisée en deux filets nous a empêché de le ranger dans cette fainille, et nous croyons ne pas nous tromper -en disant qu'il appartient à celle des IGUANIENS; la forn.e parsiculiére de ses doigts nous le fait rapporter au genre Ano- lius. Le manque d'ouvrages sur la faune américaine ne nous permet pas de reconnattre à quelle espèce d’Anolis nous avons affaire. Plusieurs espèces d’Anolis, comme cela se voit aussi chez les réprésentants d’autres familles de Sauriens, n'ont pas moins que le caméléon la faculté de faire varier la couleur de leur peau. Celui que nous pos-édons est habituellement d'un beau vert tendre ; le ventre est blanchâtre ; sur le dos, une ligne longitudinale vioiette. La première nuit, nous l'avons laissé dans la boîte de carton bleu-foncé dans laquelle le marchand les livre aux acheteuis ; et, le lendemain matin, le reptile était devenu brun. Nous le transportâmes alors sur des plautes de fenêtre ; il y passa plus d’une heure sans varier de coloration, excepté une ou deux petites taches vertes que lon voyait au bout de ce temps. Mais, étant revenu le voir, une dizaine de minutes après, nous fûmes surpris de le trouver devenu tout vert. Nous avons voulu renouveler Vexpérience, mais sans succès : après une nouvelle nuit passée dans la même boîte, notre hôte conservait sa coloration verte ordinaire (*)Un autre (*) Dans Vavant-derniére nuit avant le tirage de notre joarnal,nous avons fa't l’intéressante observation que voici: à 93 hrs, dans l'obscurité, le reptile, qui cor- mait sur l’héliotrope où il se plaît à demeurer, était de couleur brune ; à minuit, 4a lampe éclairant depuis plus de deve heures, il avait repris sa couleur verte ordinai- re, qu’il a conservée pendant la nuit suivante. jour, nous l'avons mai ntenu, durant six heures, sur une surface d’un rouge très vif: mais cela nela pas amené à rougir le moins du monde (ce qui pronve, suivant le point de vue où You se place, ou bien qu’il est d’une eflronterie consommée, où que ses convictions conservatrices sont d’une rare solidité.) Ces expériences suffisent pour. démontrer la fausseté de la croyance vulgaire que ces animaux prennent la couleur des ob- jets qui les entourent. On admet plutôt aujourdhui que ces changements de coloration sont dus aux passions de crainte, de colère, etc., qu'éprouve le reptile. (C'était aussi l'avis de Buffon. Et, si lon veut savoir comment se produisent ces va- riations, il faut n’y voir que le jeu du pigment (matière ceclo- rante de la peau): suivant que cette substance rentre complète- ment dans le derme, ou se montre, en tout ou en partie, à la. surface de cette couche de la peau et paraît alors entre elle et M l’épiderme, la peau devient golorce de telle ou telle nuance. | Les frais de pension de notre Anolis sont modiques : il boit chaque jour une ou deux gouttes d'eau, et preud quelques petits erains de poudre de sucre,ce que même il ne fait pas tous les jours. On aurait tort de s’alarmer à la vue de ces dépen- ses : il n'y a pas de quoi mettre en péril l'existence du Natu- 'ALISTE. BIBLIOGRAPHIE C— — Canadian Uroceridæ, by W. Hague Harrington, President of the Entomologi- cal Society of Ontario. 1893. C’est une monographie complète d’un ordre d'hyménoptères bien intéressants ; il n’y est question que de la faune canadienne,mais la plupart des espèces américai- nes se rencontrent dans notre pays. Cette publication rendra les plus grands services À nos entomologistes, et nous en félicitons le distingué Président de la Soc. Entom. ‘ d’Ont. Pe: Nos remerciements pour l’envoi d'un exemplaire. 4 \ * 7) LS Go Lee UC BS ea as ign ot > | t +2 A Chicoutimi,on a trouvé en fleurs une Viola tricolor, L. (Pensées) le 11 avril; | View et le Varaxacum dens-leonis, Desf. (Pissenlit), le 30 avril. & + ‘ Dy, % 4 + . LS (100 cr © À AT 1 À, PQ | Awe Naturalis sie Canadien 7 VOL. XXI (VOL. 1 DE LA DEUXIÈME SERIE) EE ER De we AU Chacouti mig sai LS OA: Rédacteur-Fropriétaire : l'Abbé V.-A. HUARD LABBE PROVANCHER Oe de la page 58) Eu Belles-Lettres et en brique, il eut pour profes; i seur l'abbé P.-H. Harkin, qui n’était pas encore prêtre à cette. i époque et qui fut plus tard curé de Sillery, près Québec. a La philosophie s'enseignait alors en une. seule. M BY: année, Quand M. Provancher suivit cette classe, c'était 4 abbé Frs Desaulniers quien était le professeur, | Le même ï M. Desaulniers était aussi chargé d'enseigner les sciences : _ Be. inais On ne donnait pas non plus à ces cours scientifiques le RE même développement qu'aujourd'hui. Tout s’est en effet re-— 204 * nouvelé dans nos maisons d'éducation classique, depuis un — fl demi-siècle, dans les méthodes, comme dans la variété des — a." branches de l’enseignement ; un écolier de 1840 qui, Sans ae transition, se verrait transporté dans nos cours actuels, ne | À | recunnaitrait plus rien. Et l’on a bien osé, dans ces derniè- res années, adresser aux collèges le reproche d’être toujours … au même point, alors que tout marche autour d’eux! La.vé- — § rité, c'est que tout marche aussi dans les colleges : sciences, i ae littérature, tenue des livres, système de banque, dessin, dé- | clamation, musique, télégraphie, clavigraphie, calligraphie, ” gymnastique, sport,que sais-je? tout cela,et d'autres choses en- core, se dispute le tcmps des élèves. C'est au point que des 12—Juin 1894. LE NATURALISTE CANADIEN gens sérieux trouvent que l’on a dépassé la vraie me: ure, et a Fs tient que l’on allège un peu la tâche de la jeunesse a’ai- a … jourd’hui, % & Quelle sorte d'écolier était Léon Provancher ? Je ne puis _ faire là-dessus que des conjectures, évidemment. Néanmoins, Be quand on sait qu'il a obtenu, durant son cours d’études, les a su_ces que J'ai mentionnés, quand on l'a vu plus tard trouver sou bonheur dans le travau plus opiniitre, il n'y a aucune ‘are > + oh invraisemblance à croire qu’il fut un é eve tres studieux. En “ récréation, il ne devait pas souvent non plus tirer de l'arriè- j | re : la vivacité, l'intrépidité de son caractère, devaient se ma- 70 nifester, dès sa jeunesse, avec toute la fougue d’une nature ‘à | non encore assouplie, qui d'ailleurs ne le fut jamais complète- _ ment. Sans doute, il ne faisait pas bon, à cette époque, de (ie Jui marcher sur les talons, ni de le contredire, et ses condisci- que trop taquins ont dis s’'applaudir plus d'une fois que la nature l’etit doué d'une taille qui n'avait rien de gigantesque. de Par exemple, si le champ de bataille était purement “ verbal,’ notre personnage, leste à la réplique comme nous | avons …_ connu, ne devait pas facilement étre réduit à composition.— a _Veut-on savoir quel sobriquet on lui avait appliqué chez le ; RRerD le écolier ? Cet Age est sans pitié, a-t-on dit ; il est aussi sams aucun respect Gunite les délicatesses du langage di- LT ne sont point son affaire. Aussi, quand il veut > donner un nom à quelqu'ün ou à quelque chose, il y va carré- “nent, et le nom choisi rendra l'idée quil s'est faite de la per- . sonrie ou de l’objet, on peut en être sûr. On sait que les sau- 4 i vages, y AY i ces grands enfants, comme on les appelle—ne proce- FA pas autremert. Eh bien done, les malins confrères de _ Léon Provancher l'avaient surnommé P'#it José Mille-hom- … mes! Cette longue dénomination (on n'était pas pressé, à cette époque, et, l'encombrement des programmes étant enco- ye inconnu, on avait le temps de dire les choses), assurément, est frappée au coin d'une vulgarité très prononcée ; mais, par contre, elle fait entendre béaucolii sur le caractère de notre écolier. N’est-elle pas comme le résumé du portrait que j'en + J. 4 RE OO fe à, LE à S Were: h L hy Sle NOR RL L’ABBÉ PROVANCHER ai tracé en m’appuyant sur des conjectures plus où moins fortes ? pers Mais, qu'est devenne chez Léon Provancher cette cuiosi- té des choses de la nature que nous avons remarquée chez lu, dès son enfance ? Ici encore nous avons sou propre témoigna- ge. “An collège de Nicolet, écrivit-il plus tard, le terrain né- tant pas ménagé à la campagne, nous nous associlons par qua-. tre pour cultiver un carré de jardin qu'on mettait à notre dis- prix pour succès en horticulture, Je me plaisais surtout à sui- vre le développement des plante: étrangères ‘lont notre direc- teur, le bon et paternel M. Leprohon, nous fournissait des plants et des graines.” Voilà les débuts en horticulture du futur au- teur du Verger canadien. Ce goût pour la culture-des plan- tes de jardin et d'appartement ne l’abandonna jamais, et se ra- viva même dans ses dernières années, comme nous le verrons plus tard.—Plusieurs collèges ont ainsi fourni à leurs éièves l'occasion de s'initier à ces soins agréables du jardinage qui, en même temps, sont un exercice salutaire pour les bras du jeune - homme et une récréation du genre le plus sain. Les anciens élèves de Chicoutimi et de Sainte-Anne, notamment, se rappel- lent les heureux moments que leur assurai!, chaque printemps, la préparation des parterres dont le soin leur était confié. Cet- te étude, tuute pratique, du règne végetal est done chose excel- lente ; parfois, il n’en faut pas plus pour donner le goût de l’histoire naturelle, Si l’on me permet d'entrer moi-même en scène, c'est Pheureux succès du bouturage d’un petit rameau de Pelargonium zonale, Willd, qui, dès mes hwsanités, m’ins- pira pour la botanique une passion vraiment insatiable, Du moins, quand je voulus associer à l'étude de la Poétique de Lefrane, des Odes d'Horace et delZiade, celle non moins pas- sionnante de la vie végétale, je tron vai aussitôt un ouvrage pré- eis et d'intelligence facile, le Traité élémentarre de botunique de l'abbé Provancher lui-même ; mais l’écolier de Nicolet n’a- vait pas ecu la partie si belle. Ecoutons-le nous racon- ter l'échec de ses aspirations scientifiques : position : je réussis 2 avoir presque chaque année le premier | b) 7 tf LE NATURALISTE CAN ADIEN “Un livre traitant incidemment de botanique m'étant tombé sous Ja main, je voulus dès lors m'initier à cette scien- ce. Mais comme dans ce livre d'horticulture il n a avait ni classification ni même d'’ exposition des principes de cette science, je ne pus parvenir à en saisir les éléments, et, le croi- rait-on ? parmi tous les professeurs, je ne pus en trouver un seul capable de me donner les clefs de cette science, aucun en état de me faire retrouver dans des plantes diverses les par- ties diversement conforméés de la fleur, pistil, étamines, cali- ce, -corolle, anthères, ete. ~. * Plus dun peut-être de ceux qui me liront, qui ont subi Te surmenage actuel des programmes d'étude de nos collèges, » souriront de pitié devant cette ignorance ; tel était cependant - l'état des études classiques il y a un demi-siècle, Les profes- …Seurs pourtant étaient des hommes de talect et bien doués, “cétaient : MM. F. Desaulniers, Pelletier, Harkin, Routhier, Nadeau, ete., mais on n'allait pas plus loin alors en fut de _ sciences. 4 | a . “ Force me fut done de renoncer à mes travaux scientifiques. MU «Ce ne fut que dix ans plus tard, lorsque j'étais curé, que je pus me procurer les livres nécessaires pour reprendre . l'étude des plantes.”(*) | 3 YAS As (A suivre) ~~ ——— / FORMATION DU SAGUENAY (Continué de la page 80) Voilà le problème à résoudre dans le moment : De quel _ côté, dans quelle direction la mer saguenayenne s’est-elle .. écoulée en sortant de son bassin par l'effet de ce léger mouve- _ ment ascensionnel, dont parle M. l'abbé, et qui souleva si bien (#) Une exeursion aux elimats tropicaux. + | FORMATION DU SAGUENAY Gay J'ai fl } a Tes bases des Laurentides submergées depuis la création, que celles- Cl demeurèrent à sec ? Si nous vous prouvons maintenant que les bords du grand bassin en question sont beaucoup plus élevés du côté _ de Tadoussae, où ils dépassent 2,000 pieds d'altitude, qu'ils le sont du côté du Saint-Maurice où ils natteignent,tout au plus, _ que 1,009 pieds au-dessus de la mer, vous devrez. infaillible- ment conclure avec nous que l'érosion par l’eau n'a pas agi à l’est vers Tadoussac, mais bien à l’ouest vers le Saint-Mau- rice, que le bassin s’est déversé naturellement dans cette di- rection. Vous avez reconnu avec nous, en faisant le tour de ce bassin, que cette issue, cette porte ouverte vers le Saint- vi Maurice, par l’entremise de la rivière Croche, où nous som- … me; parvenus sans effort et sans nous:en apercevoir, en sui- - vant des terrains peu accidentés et légèrement onduleux jus- . qu'à la hanteur des terres, n’est qu'à une vingtaine de milles nt: seulement de la rive ouest du las Saint-Jean, tandis que Ta- doussac est séparé de la Grande-Baie par soixante milles de LA a ; montagnes. de 2 à 3,000 pieds d’élévation, dont les nom- _ hreuses chaînes se croisent en tous sens et forment à mi-che- min les plus hauts sommets, | Ÿ : 4 Pourquoi faire tant de travail pour essayer de briser cet ‘144 obstacle insurmontable, tandis que de l'autre côté rien ne 4 " s oppose à l'écoulement des eaux dela mer saguenayenne ? - le travail est fait, parfait depuis longtemps, c’est pourquoi la rivière Croche et le Saint-Maurice ont écoulé pendant des … âges les eaux du lac Saint-Jean quise mélaient alors plus I P i 40 4 £ _ “intimement ”, aux Trois-Rivières, à celles du Saint- Laurent * ‘2 qu'elles ne le D maintenant à Tadoussac. . ie Entre parenthèse, nous devons dire ici que les eaux de _ l'océan saguenayen se sont écoulées non seulement vers le Saint-Maurice, (puisque le Saint-Maurice, l'Ottawa et tout l'ouest jusqu'aux Montagnes Rocheuses faisaient partie de cet océan,) mais aussi par l'échancrement de la rivière Picob& qui communique avec le lac Jacques-Cartier ‘et la rivière dé ce nom à mi-chemin du Saint-Laurent. Les hauts plateaux fh a LE NATURALISTE CANADIEN . de sable eb de gravier qui s'élèvent entre ce lac et Picoba n'ont pas d'autre origine ; situés À la hauteur des terres, i n'y aque les eaux ‘le, la mer qui ont pu les niveler 1A pour : toujours, à 1,400 pieds au moins au-dessus du fleuve. La coupe de la rivière Ouiatehouan a aussi aidé à Pécou- Jement des eaux de cette mer intérieure vers le Saint-Maurice, par l'entremise de la rivière Bostonnais,parce que la plus gran- le élévation dans cette direction ne dépasse guère 1300 pieds au-dessus du Saint-Laurent. A proprement parler, l’ancien Jac Saint-Jem appartenait corps ef Gina à la vallée du Saint- Maurice, et il n'y à rien que le brusque remuement de la base des Laurentides, qui forme son assiette, qui a pu détourner ain- si subitement les épanchements naturels de ce lac vers le sud- ouest, et changer c'tte nappe d'eau superbe et profonle en Pi- cougar où lac plat. Tous ees bras de mer, dont nous venons de parler, ont dt, dans les bons vieux temps géologiques, former un vérita- ble archipel au sud de la mer saguenayenne. Vous devez être convaincu maintenant que les monta- ges Trinité et Eternité, ces premiers échelons du massif des Laurentides, dominent toujours de plus en plus le niveau de cette mer intérieure et que jamais érosion n'a pu lécher leur front. C'est un fait connu que le grand bassin saguenayen,n'ayant plus la mer & boire, se changea peu à peu en lac d'eau douce. Son niveau sabaissa alors de 400 & 500 pieds à peu près au- dessous de celui des rivages salés, si les indices que nous avons remaraués à la source du Petit Péribouka sont bien à. la hauteur que nous les estimions alors ; dans tous les cas la «différence est peu de chose, | Cet écoulement des eaux, abaissant ainsi les niveaux par centaines de pieds, devait retarder indéfiniment la solation du probleme de “ l’Eternité ” ; cette montagne qui dominait la ner intérieure d'au moins 500 pieds, la voilà exhaussée, gran- die du coup à 1,000 pieds : nous craigaons que ce coutretemps nous force d'abandonner, pour le présent du moins, tout tra- b. | à (2 a à PAL RE + . APS VO RE TR Rare, ue ‘A FORMATION DU SAGUENAY vail d'excavation, d'érosion, dans la direction de Tadoussac. * Le rio Colorado, le Nebraska, le Bighorn, l Arkansas, ces _ artères des golfes américains, dont parle M. Pabbé Laflamme, _ ont été mieux servis que notre cher Saguenay. a Ces fleuves imposants, ces rivières capricieuses ont vw ‘4 _ des monts superbes, des rochers de marhre “ s'éorener,” s’a- n baisser humblement au niveau de leurs eaux écumantes, se _ désagréger per à peu penaant des siècles, pour creuser à ces _ torrents nnpétueux un lié sans fond à l'abri des tempêtes : mais jamais nos palais flottants, ces léviathans des mers, ne _ daigneront pointer leur proue majestueuse ct fiére À l'entrée _ de ces défilés abruptes, quelque soit le spectacle sublime qui tes attend: la mer recevant dans son sein le tribut de à leurs eaux ne daigne pas même leur faire sentir la moindre | influence deson flux et reflux. | a Les monts saguenayens sont de meilleure trempe ; la M croûte primitive forme leurs larges assises, leurs hautes et … épaisses murailles ; leur antique origine, les millions de Ius- Be tres qui couronnent leurs sommets altiers, les montrent fiers, - i superbes, audacieux. Ils plongeroat bien leur pied dans les S abies de la mer : mais leur tête, leur sommet ? alions done ! _ ils ont été créés pour planer dans les nuages et jamais éro- sion n'y hurinera d'empreintes. Ilsse fendront en quatre _ jusqu'au centre de la terre plutôt que de subir pareil affront, …._ pareil supplice ! aussi, Cest à ce parti qu'ils en sont arrivés Bee, tin jour. 4 ‘a Le Dean Inlet, le Portland Inlet et les autres Inlets de la - Colombie Anglaise, sans compter ses sounds, ses channels in- __ nombrables qui bordent en dentelles immenses les rivages du re ptt 5 ‘ se + \ _ Pacifique ; le Lyse Fiord et les cents autres Fiords de la Norvè- ve, fue simile reproduit sur lautre hémisphère ; toutes ces gorges profondes en nn mot ont bien leur raison d'être puis- qwelles existent : nous ne troublerions pas l'accord qui existe aussi entre {ous les géologues ax sujet de leur formation par la LE NATURALISTE CANADIEN double action de l’eau et des glaciers, si nous avions une fyi con- vaincue en leurs théories. \ S'il y avait cinq, dix, vingt Saguenay analogues sur les edtes du Saint-Laurent (pourquoi n’existent-ils pas ?), ayant les mêmes caractères, les mêmes inclinations que leurs frères eolombiens et norvégiens, nous serions peut-être plas a portée : de les étudier, de seruter leur passé, de les reconnaître, sinon, de les contempler en silence comme des merveilles de la créa- tion Asséchez les mers, Geseendez au fond de leurs abîmes, vous serez surpris d'y voir de ces milliers d’Inlets, de Fiords qui dentellent ainsi partout les bases des continents, des archi- pels et des îles. Les courants d'eau’ douce, les glaciers des montagnes ont-ils mordu, tn jour, les formes lisses et arrondies de ces contreforts sous-marins qui supportent la terre ferme ? moulés qu'ils sont ainsi depuis des millions d’années, sous les vagues polies et onduleuses de la mer, quiles a vus naitre,pren- dre corps et refroidir, tout comme ces immenses tubes d’airain, jetés en moule et polis avee art sous la main habile de nos ma- chinistes. “an ANS STE ER Le Saguenay est unique dans notre Province ; aussi nous tenons à ne pas confondre son origine avec celles de tous les Inlets et de tous les Fiords du monde,si ces derniers ont l'ori- gine que leur prêtent tous les géologues réunis d'un commun aecord ; d'autre part, s'ils ressemblent en tout point a notre Saguenay, ces bons géologues se sont certainement donné la main pour nous mystifier. N’anticipons pas, cependant, sur les événements qui doi- vent en se déroulant nous amener, petit à petit, à la seule eonclusion possible sur ce point géologique si tntéressant pour nous. ARS (A suivre) P.-H. Dumais i“ wae NOS AMIES LES MOUCHES (*) Quand je dis : les mouches, il faut entendre : les mou- ches strictiori sensu, et non pas tout ce qui vele, à part les oiseaux et les voleurs. Car, il faut bien Vavouer, beaucoup de Canadiens donnent ce nom de mouches à tous les insectes, à toutes les “ petites bêtes ,” comme ils disent; par exemple qui ne sait que l’on désigne partout la Chrysomèle qui satta- que à la pomme de terre par le mot de mouche à patate ? Quelle erreur ! quelle hérésie scientifique ! “ Vous ne voyez donc pas, mon cher ami, que cette chrysomèle est pourvue de : quatre ailes ?”——Oui.... et après ?—Apres ?.... Mais, mal- heureux,les mouches appartiennent (jusqu’à Littré qui le dit) à l'ordre des dipteres !—Je ne vois pas bien comment....— Justement ; depuis que nos grands réformateurs médisent du grec, on ne veut plus le savoir, et l'on va jusqu'à ignorer que diptère veut dire : qui a deux ailes. Voyez-vous ! DEUX AILES. Maintenant, comptez les quatre ailes de la Chrys)mèle,et dites encore que c'est une MOUCHE, C'est-à-dire un diptere.’”—TI] ne faut donc pas espérer passer pour des mouches, si lon a plus que deux ailes (comme les abeilles,les hbellules,les papillons),et encore moins si l’on n’en a pas du tout, comme c'est le cas pour vous et moi; pauvres aptères que nous sommes, x * Quand on a dit, d'un animal quelconque : c’est un qua- drupède, on n’a pas dit grand'chose encore, et l’on ne sait s'il est question du lion altier, du colossal éléphant ou de la ini- nime souris. De même, chez les diptères, i: y a bien du monde, et je proclame tout de suite que je ne veux parler (*) Nous croyons qu’il faudrait presque demander pardon À nos lecteurs du _ ton léger de cette étude. Notre excuse est que nous l’avions préparée, l’autormne dernier, pour une revue littéraire, où il n’aurait pas été de mise de faire de la science trop technique. Un ami nous donna alors le sage conseil de garder ce tra- vail pour le NaruraLisTe ; et le voici tel quel. 13—Juin 1894. fy 94 LE NATURALISTE CANADIEN aujourd'hui ni des Tipules, ni des Taons, ni des Thlypsomyzes, “ni des Brachypalpes, ni de cent autres genres de dipteres qui pourtant seraient des sujets du plus vif intérêt. Mais il faut “ savoir se borner ” si l'on veut un peu “savoir écrire ” ; et nous nous occuperons seulement, en ce travail, des mouches, des vraies mouches, des mouches domestiques. * * * Combien les mouches ont-elles de pattes 7—Posez cette question dans une réunion de gens quelconques, et vous ver- ‘a rez combien peu répondront avec assurance qu'elles en ont À six, comme tous les insectes. Ilne s'agit pas ici d'êtres que l'on voit bien rarement, puisque, durant une bonne partie de l'année, les mouches vivent en notre compagnie beaucoup plus que nous ne voudriuns. Mais telle est lignorauce générale, en histoire naturelle, que l'on n’en possède pas même les uotions les plus élémentaires. Et nous verrons les type-writers ins- tallés Gans toutes les écoles primaires bien avant d'y trou- ver -e moindre noyau d'un herbier ou d'une collection d’in- sectes. Etudions donc un peu l'aspect de la mouche si commu- ne dans toutes les maisons. La moindre loupe nous révele- ra des détails que nous ne soupçonnions certainement pas. La tête d’abord, qui n’est. pas fixe comme chez beaucoup . d’autres insectes, mais peut se ‘tourner facilement de côté et d'autre ; ceci, à vrai dire, peut nous faire croire que la mou- che inanque beaucoup de sérieux; or,observez; et vous consta- terez qu'à part le temps de la toilette, elle ne tourne pas la tête à droite ou à gauche, mais qu’elle la tient toujours droite. Ceci est à dire aux enfants, aux enfants de tous les âges. La plus grande partie de la tête des mouches est occupée par les yeux, mais des yeux d'une grosseur inouie ! S'il ny à pas moyen de voir clair avec des yeux de ce volume, ce se- rait du temps perdu pour les inventeurs que de chercher un système de lunettes qui puissent servir aux mouches, —A l'ai- . . eee EUtsS asa AMIES LES MOU e d'une bonne loupe, il est facile de constater que ces yeux si développés, toujours grand ouverts, d’une belle couleur Fig. 5.—Coupe de l'œil d’une mouche (d’après Hickson.) rougeatrs, sont partagés, en un grand nombre de très petites facettes distinctes, dont chacune est l'extrémité d’un cône; et chaque œil contient environ 4,000 de ces cônes juxtaposés ! Si } . ce chiffre paraît bien extraordinaire, comment oser dire que 0 l'œil de la Libellule (ou Demoiselle) en a 20,000 ?—On a bien raison d'appeler yeux composés ceux dont nous nous OCEUPONS. Mais quel est le degré de vision pratique des mouches pourvues d'organes de cette sorte? On n'est pas encore fixé sur ce point ; les auteurs les plus sérieux ne Saccordent pas entre 4 eux, et discuteront longtemps encore, avant d'arriver à la certitude en cette importante matière. 1 ~ h À Fig. 5—Le haut de la gravure, en demi-cercle, représente la partie extérieu- re de l’œil, comprenant les facettes qui correspondent aux cônes. l Sir John Lubbock conne, au bas de cette méme gravure, les détails suivants que nous reproduisons ‘‘à l’usage des amateurs.’’ Cm, membrane basilaire ;—e, cuticule ;—cop, ganglion épioptique ;—ne, no- _ yaux ;—nes, gaine des cellules nerveuses ;—N/f, décussation des fibres nerveuses ae _ op, ganglion optique ;—pe, pseudocône ;—yg, cellules pigmentaires;—pop, gan- | glion périoptique j—r, rétinule ;—Fh, baguette ;—7, trachée ;—ta,anastomose ters) minale ;—Z', trachée ;—ti, vésicule terminale. ‘ Pour nous, des yeux composés, montons......sur le front de notre mouche, et arrétons-nous à trois petits points bril- lants, disposés en triangle, que nous y rencontrons.—En trian- | ele ? dites-vous ; les mouches seraient affihées à la satanique franc-maçonnerie !—Rassurez-vous ; dans tout l'univers vi- vant, on ne trouve que chez l'espèce humaine des révoltés contre le Créateur. Ces trois points brillants,ce sont des yeux, encore des yeux dont les mouches sont pourvues. Ceux-ci, nommés ocelles, sont des yeux simples, probablement ana- _logues aux nôtres, c'est-à-dire percevant des images renver- _sées, tandis que les yeux composés donnent, probablement en- core, l'image directe. Je ne suis pas obligé, et j'en suis très aise, de comprendre ni d'expliquer comment les mouches se servent de ces divers appareils visuels. Il y a assez d’autres sujets d'inquiétude en ce monde, dira ici quelque mauvais plaisant, sans que nous embarrassions encore de celui-là.fl est pourtant bien vrai que lorsque les savants pourront nous ren- seigner exactement là dessus,ce sera fort intéressant.Ces mes- sieurs, pour le moment, pensent que les yeux composés servent à voir les objets éloignés, en les grossissant,tandis que les ocel- les sont surtout utilisés pour la vision dans l’obscurité et pour celle des objets rapprochés : en deux mots, un télescope et un . microscope, sans compter la lampe. C'est du luxe! Entre les deux grands yeux dont j'ai parlé d’abord, ce qui reste du visage de la mouche est d'une richesse orientale : c'est doré, c’est argenté, a votre volonté, c’est-à-dire suivant l'angle sous lequel vous regardez. Dans cet espace si bril- lamment décoré, sont attachés les antennes, filaments assez petits chez la mouche, mais très allongés chez beaucoup d'au- tres insectes et que l'on désigne alors très improprement par le nom de “ cornes ”. À quoi servent les antennes ? I] n'y a encore ici que des probabilités ; mais, jusqu'à nouvel ordre,on - est porté à croire que les antennes sont des organes du tou- cher, de l’odorat et de Pouie, rien que cela !—Remarquons ceci, en passant. Si nous remplacions notre loupe par un bon microscope, si nous avions beaucoup de loisirs et la bosse de SOUVENIRS DE CH 974 ASSES EN NORMANDIE , la patience très développée, il nous serait .oisible de compter 17,000 perforations sur l'antenne dela mouche & viande ;nous constaterions encore d'autres détails qui nous étonneraient de plis en plus et nous rendraient tout à fait perplexes sur le rôle probable de ces organes dans la vie de l'inse.te. Voyez ~ combien il reste encore de problèmes à élucider. Et pendant | Cr que, sur terre, tant de choses restent à découvrir, il y à des hommes qui passent leur vie à scruter le domaine des as- | tres! Pendant que tant de questions appellent sans cesse l'attention et l'étude, il y a toujours des gens qui s'occupent à faire la cour aux princesses ou aux ber gères, à faire des ci- © crarettes ou de la politique, quand encore ils ne trouvent pas | moyen de faire de tout cela en méme temps. Mais nous voici loin de nos mouches. Une autre partie | intéressante de leur tête, c’est leur bouche qui, comme chez tous les diptères, est une frompe, composée d'une gaine et. d'un suçoir. Cette trompe se replie sur elle-même et disparaît même lorsqu'elle n'est pas en opération, comme il est facile | de le constater à l'examen de la première mouche venue. On a voit que les mouches ne peuvent pas mordre ; leur trompe — n’est pas noc plus propre à percer quoi que ce soit. Que suit- € il de à ? Il suit de là qu'on se rend coupable de la plus noire calomnie lorsque l'on sécrie: “Quelle mouche te pique 2”? _ Non, les mouches ne piquent pas ; disons-le bien haut, et que chacun fasse son possible pour déraciner l'odieux préjugé dont elles sont victimes et qu'elles souffrent avec un silence | touchant. (La fin au prochain numéro) ER a SOUVENIRS DE CHASSES EN NORMANDIE — J'ai habité longtemps Rouen, et j'en ai exploré les envi- rons avec soin pour la récolte des colioptères et aussi des lé- pidoptères ; mais 12 meilleur résultat obtenu a été certaine- ment mes chasses en Curubus. Pensant que les quelques ren- seignements que j'ai acquis de la sorte pourront servir à mes collègues du Canada, je les donne ici ; Us résultent de nom- liveuses recherches. Les Carabus hivernent comme chacun le sait ; en Nor- mandie, leur habitat durant Vhiver est localisé. On les trou- ve, suivant les espèces, sous les pierres, dans le trone des ar- bres pourris, sous l'écorce et DE PRÉFÉRENCE au pied des ar- bres de certaines forêts des environs de Rouen. La chasse en forêt a lieu de septembre à mars: le meilleur moment est décembre et janvier, au moment où le sol est bien gelé, et les _ bêtes endormies. Une pioche courte et solide est tout ce qu’il faut. Hi . Tl suffit de piocher au pied des hétres et des chênes qui abondent dans nos forêts, en Normandie, pour y trouver par- fois au pied d’un seul arbre jusqu'à cinq ou six Carabus, J'ai - remarqué que les gros arbres sont les plus favorables. faut aussi choisir ceux qui sont couverts de mousse sur le tronc et à la base. Les insectes, au commencement de l'hiver et au … premier printemps, se trouvent sous cette mousse : et ce n’est qu'à mesure, que le froid devient de plus en plus rigoureux _ qu'ils senterrent plus profondément, J'ai pris de cette façon en quelques heures, dans une - seule journée, pres de deux cents Curabus, alors qu'en été je n'en trouvais que deux ou trois courant dans les chemins, : Ces espèces sont nocturnes pour la plupart. . _ Voici la liste des espèces recueillies dans une forêt et dans une seule chasse : Curabus intricatus, purpurascens, urvensis et nombreuses variétés, cancellatus, nemoralis, co- riuceus, curonitens, auratus, et en outre bien d'autres espè- ces, telles que: Cychrus rostratus, attenuatus, Platysma oblongopunctatu, et autres dont la liste serait trop longue ; aussi, dans les prairies, dans le tronc des saules pourris, le Curabus granulatus fréquemment. Je serai heureux si, avec ces quelques notes, mes collegues du Canada peuvent obtenir des résultats analogues. (*) (*) Notre correspondant nous dit être disposé à échanger, contre de bons ex- emplaires canadiens, les espèces qu'il mentionne et beaucoup d’autres, Æéd, | ILest bon de faire remarquer que ces résultats ont été. obtenus à la suite de patientes recherches. Car, dans une forêt > parfois très grande, il n’est pas facile de trouver une localité propice. ‘a —Dimanche passé, jour de Pâques, j'ai vu pour la pre- — mière fois ici des Zhais, espèce essentiellement alpine. Mais comme je n'avais pas de filet, je n'ai pu les capturer. J'espère bien que ce ne sera que partie remise. : : | L. ROSSIGNOL, Omeona, Piémont (Haute Tealie). k ‘ [à] LE PSEUDO-CAMELEON Un de nos abonnés nous a communiqué un extrait du Washington Star, qui rapporte un interview du Dr Steinger, M erpétologiste de la Smithsonian Institution, concernant l'es — pèce de reptile dont nous avons parlé sur notre dernier numé- M ro. Le Dr Steinger est d'avis, lui aussi, qu'il est, non pas du M genre Caméléon, mais du genre Anolis. Cette confirmation du résultat de notre propre examen nous a fait le plus grand plaisir. En effet, il est toujours difficile d'identifier un spéci- — men en ne se servant que des descriptions données par les au- _ teurs ; mais la difficulté, et le risque de faire erreur, étaient MM encore plus grands pour nous, qui n'avions que peu de docu- — ae ments pour nous guider. ae . Il est done absolument certain que le reatile|.en question est un ANOLIS. Celui que nous possé: dons continue, dans le plus grand 4 j' caline, le cours de son existence. Nous lui avons enlevé la. a petite chaine quile retenait, et il use loyalement de sa liberté | relative pour passer d'une plante à l'autre dans la fenêtre où Wie il réside. Sa coloration varie du vert tendre au brun de’ rouille. Il prend surtout cette dernière nuance quand il est _ sur un “ Rainbow cactus”, ou bien durant la nuit. Et sis nr LE NATURALISTE CANADIEN nuits sont longues : car c'est un inbrépice dormeur, dont le . sommeil est très profond. Telles fois, nous l'avons vu dor- mir, fixé le long d'une targette de fer où d’une assez grosse ficelle qui se trouvent sa portée, depuis le milieu de Papres* _ midi jusqu'à une heure avancée du matin suivant. Voila qui s'appelle se reposer. Sil survient du nouveau dans son genre de vie, fort HMS à présent, nous en dou compte ici. Car il n’arrivera pas souvent que nous pourrons, dans « ce pays, étu- à dier les mœurs des Anolis. BIBLIOGRAPHIE --Exrplosive gas generated within the hot water pipes house heating apparatus. —Natural history observations, Nova Scotia, 1892. Ces deux mémoires ont pour auteur M. A.-H. Mackay, de la Société Royale, | le second surtout, nous a vivement intéressé, —Technical education of the people in untechnical language, by C. Baillargé, M.R,S. C. : En d’autres termes, c'est un plaidoyer en faveur de la vulgarisation de toutes Jes connaissances. Cette thèse nous plaît beaucoup et nous en poursuivons la réali- sation dans notre journal. En outre, M. Baillargé joint l’exemple au précepte, et … trace Je programme à suivre pour l’enseignement vulgarisé de toutes les connaissan- à des humaines, en faisant large place à l'instruction religieuse, ce dont nous le félici- tons beaucoup,—Ne publiera-t-il pas une édition francaise de ce beau travail? Il nous senible, en effet, que nos compatriotes ont plus besoin que les autres d’en pren- connaissance. fi | Merci aux deux auteurs pour leurs gracieux envois. 4 Le Progrès du Saguenay et la Semaine Politique publient le sommaire de notre Revue ; le Couvent recommande aux gens de s'abonner au Narurazisre. Nos re- inerciements à ces aimables confrères. ot. XXI (VO I DE-LA DEUXIEME SERIE) ic eng ues Le 39 4 Rédacteur Propriétaire : l'Abbé VA, HUARD N.-B.— Avec ce numéro, le NATURALISTE entre dans: lo, seconde moitié de la ! présente année. Nous croyons donc pou- voir, sans manquer à la loi ni awbon sens, ne plus accepter les RENVOIS que l’on fera peut-être encore de notre journal, apres l'avoir reçu, sans le refuser, durant six mois. LABBE PROVANCHER (Continué de la page 88) M. Provancher était probablement en belles-lettres ou en rhétorique lorsqu'il fit cet effort infructieux pour se livrer à _ l'étude de la botanique. Et le livre dont il s'agit avait pour titre Le chemin du désert ; ily était question de tout, archi- Mciure, botanique, ete., mais l'ouvrage ne contenait aucune | gravure. Notre aspirant naturaliste y trouva des notions sur les végétaux, et chercha à reconnaitre sur des fleurs les ren- 4 SE qu'il avait lus. Tout alla bien pour les polypé- tales. Mais les monopétales le déroutèrent absolument ; et comme il ne rencontra personne qui fût en état de lui donner des éclaireissements, il ne poussa pas plus loin ses investiga- Ui tions.. | Cependant Léon Peoyateber finissait son cours d’études, avec six compagnons de classe (au nombre desquels étaient — 4 | l4—Juillet 1894 a LAS N. Doucet, qui a plus tard uré Ge la Malbaie, vicaire ging ral de Chicoutimi et Protonotaire Ppospolique:, Charest, qui mourut dans la paroisse de Beauport, ot il pratiquait la mé- decine; J, Bailey, mort curé de Saint-Pierre-les-Beequets.) Parmi tes personnages les plus remarquables qui étudièrent au Collège de Nicolet à la même époque que lui, on peut citer les vénérables évêques NN. SS. Lafléche et Moreau, et le juge Ths Loranger. _ Ce fut en 1840 qu'il laissa la tunique d’écolier. Eut-il alors quelques velléités d’embrasser une profession séculière quelconque ? je n'ai aucun renseignement là-dessus ; mais il me semble que s’il eût éprouvé des aspirations de ce genre, je l'aurais appris de lui, dans les nombreuses occasions où il m’entretint de son passé. Je crois bien plutôt que sa voca- tion à l’état ecclésiastique se dessina de bonne heure, et qu'elle fut constamment pour lui comme le but entrevu pen- dant tout le cours d’études.—Quand nous voyons de ces Jeunes gens, heureusement doués sous le rapport moral et intellectu- el, devant qui s’aplanissent comme providentie}lement les sbs- tacles qui semblaient leur barrer le chemin dela haute cul- ture, nous nous disons volontiers : celui-là, il est appelé ! c'est un élu de Notre- Seigneur Jésus-Christ ! Et quand à des signes de cette sorte, négatifs apres tout, il s’en ajoute de positifs : tout doute est enlevé. Qu'on écarte les rangs ! Jaissez-le s'a- vancer : les portes du sanctuaire s'ouvrent devant lui.—C'est là, sans doute, ce que dut penser et dire le directeur du jeune Provancher. Voiià donc notre écolicr fixé sur la route qu'il doit suivre. Dès l’année où il finit ses classes, en 1840, 11 endossa la sou- tane, au même College de Nicolet ; et, d'élève qu'il était hier, il est installé dans la chaire du professorat.— Encore aujour- d’hui, dans nos collèges, on voit un certain nombre de sémi- naristes employés comme professeurs ou comme régents au- près des élèves. Les autorités comprennent bien pourtant que cet état de choses nuit en une certaine mesure aux études spéciales des jeunes ecclésiastiques ; mais, en cela comme en \ + É PROVANCHER Ni . : pe d'autres choses, elles ne peuvent pas toujours réaliser ce qu'elles désireraient tant : confier à des prêtres tous les emplois dans les séminaires. H.: effet, tantôt l’évêque ne pourrait _ réunir dans son séminaire tant de prêtres, sans nuire considé- F À | rablement à à l'exercice du ministère paroissial, tantôt il lui est ig impossible de trouver dans son clergé assez de sujets qui aient ae la vocation de se livrer à la rude tâche de enseignement. Qu'on veuille bien le remarquer, j'ai dit :“ la vocation.” Fo au dévouement et au désintéressement yas pour cette ca _rière (et qui ne doivent pas être minimes, j'en sais An chose), Dieu merci, l'évêque est pe ean sûr d’en trouver tant qu'il en veut autour de lui. Mais il convient d'ajouter que si le jeune ecclésiastique professeur étudie un peu moins de théologie (lacune qu'il lui sera d’ailleurs facile de combler dès les premières anuées de prétrise), l'inconvénient n’est pas sans quelques compensa- tions. En effet, ces fonctions de professeur et de régent sont un excellent apprentissage du maniement des hommes: il: nest pas toujours plus difficile de bien régir une a que de gouverner sagement une salle ou une ce d'élèves. Ht puis, le jeune professeur qui enseigne de la grammaire, de i larithmétique, du latin, du grec, ne le fait pas sans en retirer quelque profit intellectuel ; ajoutons qu'il gagne sa pension et _ de légers émoluments, ce qui n’est pas une petite affaire pour la plupart de ces jeunes gens dont les parents, rarement mil- n_ lionnaires, épuisés plus ou moins par les dépenses du cours ; d'études, sont fort heureux de les voir à peu près se suffire Bi, maintenant a eux-mémes. D Puisque l'occasion se rencontre, il saut autant épuiser Lu. le sujet tout de suite. On n’a pas manqué, quelque part, de s'écrier : “Hier, sur les banes de la classe ; aujourd’hui, dans la chaire du profes | _ seur ! Ces maîtres sont incompétents !” et quelques-uns ont ag même parlé de brevet de capacité—Le brevet de capacité ! _ Mais il existe déjà, et pas en petite mesure, encore.-—Ces + maîtres qu’on appelle improvisés, voilà dix ans que deux ou LE NATURALISTE CANADIEN trois fois par année ils ont € u Asubir des examens sérieux de façon satisfaisante ; en outre, ils ont dû sortir victorieux des épreuves des barealaur al ès lettres et ès sciences. Est- ce que tout cela n’est pas au moins équivalenta un examen quelconque subi devant un bureau quelconque institué par l'Etat ? Eh bien, on n'arrive pas au Grand Séminaire, dans la Province, sans avoir levé tous ces obstacles ; et encore les directeurs des colièges, qui ne sont pas plus _sots que des manufacturiers ou des marchands, choisissent leurs professeurs parmi les sujets les plus capables, parce que, pour ne pas parler d’autres motifs d'ordre bien plus relevé, i est de leur intérêt, dans cette époque de concurrence, de don- ner à leurs élèves l’enseignement le plus valable qu'il se peut. —Mais ces jeunes gens manquent d'expérience.-—Sans doute ; etc’est pour cela que le préfet des études est constamment occupé à les faire bénéficier de la sienne. En tout cas, ils en ont toujours bien autantà vingt ans et au sortir du cours des longues études classiques,que ces fillettes de seize ans à qui, légalement, l'on va pouvoir confier désormais dés écoles à di- rigen. . Vingt ans, c'était bien lage du j jeune abbé Provancher, _ Jorsque ses supérieurs l'ap] velérent au professorat. Ce n’est que très exceptionnellement que l’on confie à ces débutants la direction des classes supérieures ; presque toujours ils font leurs premières armes auprès des plus Jeunes élèves, par- ce qu'ils sont mieux préparés à l'enseignement des matières élémentaires. Ce fut par la classe de Syntuxe que M. Pro- vancher commença son professorat, en 1840-41 ; et, dans le cours de‘ses quatre années de grand séminaire, il occupa suc- cessivement les chaires de la Méthode, de la Troisième, de la Belles-Lettres et de Rhétorique. Dans cette dernière classe, il succédait à l'abbé L.-F. Laflèche, qui devait plus tard don- ner tant d'éclat au siège épiscopal des Trois-Rivières. (A suivre) VAE tif (Continué de la page 77) CHAPITRE TRIISIEMES CLASSIFICATION DES INSECTES Nous voilà entrés définitivement dans le monde puissant des insectes : nous pouvons maiatenant nous attendre à toutes les surprises, car bien des merveilles frapperont nos esprits, " comme bien des mystères nargueront nos intelligences. Pour ma part, je‘ n’ai jamais pu réfléchir à c2tte diversité "M mdéfinie de petits êtres qui réunissent en eux toutes les for- . mes, toutes les nuances, tous les instincts, toutes les ocsupa- — 4 tions, tous les contrastes) sans me sentir trans- i porté d'une admiration profonde, et sans penser en moi- | : même: Si l’on juge du génie d’un peintre par la richesse de couleur de sa palette, par la précision des détails de son tableau, par la beauté de l'ensemble, par l'harmonie qui y règne, quelle ne doit pas être la grandeur du divin Peintre ? D’une parole, dun seul acte de sa volonté, il a fait surgir du néant ce tableau ), sublime des infiniment petits et em a orn l’œuvre almirable de la création !...... Etudions done, sans nous lasser ni nous décourager, ce ta- bleau grandiose et vivant, dans chacun de ses détails. Nous avons vu plus haut que les insectes font partie du. troisième embranchement du règne anima), c'est-à-dire les Ar- thropodes. Cet embranchement se divise en quatre classes, savoir: lo les INSECTES, 20 les ARACHNIDES, 30 les MYRIAPODES, et 4o les CRUSTACES. _ Voici comment on distingue chacune de ces quatre clas- Trois paires de pattes, une téte, un thorax {NE _ {cette partie à laquelle les ailes et les aie | _ sont attachées) et un abdomen..….. NACRE INSECTES. LE NATURALISTE CANADIEN Ags Quatre paires de pattes, une tête confon- due avec le thorax, abdomen ordinairement PPO A OTOUS re wianieie ies mondes Goes neue caes ARACHNIDES, . Vingt-quatre paires de pattes ou plus, pas de thorax distinct, une tête, un abdomen; on _ les appelle généralement betes à mille pattes... MYRIAPODES. Cinq ou sept paires de pattes, tête, thorax et abdomen distincts ; généralement aquatiques et respirant à l’aide de branchies ; on les dési- gne presque tous sous le nom vulgaire d’écre- CRUSTACÉS. sé le règne en embranchements,l'embranchement en classes, la’ classe en ordres, l’ordre en familles, la famille en genres, et le genre en espèces, lesquelles sont formées par les individus. Je ment sons le nom de barbeau et qui remplace pour nous le han- _ neton d'Europe; c’est le Lachnosterne brun, “Lachnosterna fus- ca’des naturalistes(Fig.6,p.108). Brun est la désignation de l'es- pèce: lachnosterne, celle du genre ; cet insecte est de la famille des Scarabéides, laquelle appartient à l’ordre des coléoptères ; les coléoptères sont de la classe des insectes, et cette classe, comme nous venons de le voir, est la première des Arthropo- - des, troisième embranchement du règne animal. i Et tout est ainsi classé, dansla nature. L'utilité de ce mode de procéder, pour la désignation des _ êtres que l'on veut connaître ou faire connaître, se conçoit % facilement : “ Nous voulons, écrit notre Linnée canadien, M. l'abbé Provancher, nous voulons vous faire connaitre le _ Héron. Or, sans recourir aux méthodes de classification, il nous faudra vous en donner une définition des plus exactes, et, avant de vous former une juste ilée de l'animal dont nous voulons vous entretenir, il vous faudra comparer la description ainsi donnée avec celle _ de plus de cent mille animaux différents, ce qui serait pres- que impossible. Mais si l’on vous dit que cet animal est un ver- ils pier nae aie) LA nt Cia | COURS D'ENTOMOLOGIE POPULAIRE i ’ tébréde la classe des oiseaux,de l'ordre des échassiers, du genre Héron,Ardea,dès lors vos termes de comparaison se trouvent ex- — trémement réduits. En effet par le mot verlébré,vous counaissez de suite que l’animal ne peut être ni un insecte, ni un mollus- que, ni aucun autre animal sans squelette ‘intérieur. Par le — mot oiseau, vous excluez de la comparaison tous les mammi- fères, tous les poissons,et tous les reptiles. Par le mot échus- sier, vous distinguez aussitot votre animal des neuf dixi- — a i èmes des autres oiseaux ; et enfin, par le genre Héron, Vous) il Me | _ m'avez a faire la comparason qu'entre les quelques espèces qa ti EL x appartiennent à ce genre. ‘4 Maintenant, allons dans les champs faire une petite pro- | ee menade d'un quart d’heure et tâchons de capturer tous les. a, insectes que nous rencuntrerons sur notre route. Puis , de re- tour à la thaison, examinons un peu ces petits êtres Ste sants. Tout de suite, nous sommes frappés de la grande dis- | semblance qui existe entre eux. Celui-ci, à la tête, a en for ig ) me de tenailles d'énormes mandibules qui lui dennent un air | AG redoutable et menaçant : “ Quel terrible barbeau !” se dit-on 1 a _ instinctivement. Celui-la a les jambes postérieures confor- ie À A _ mées de telle sorte que, dun bond, il se met hors de notre 4 4 4 portée : “ Tiens ! une sauterelle ” s'écrie-t-on avec joie. Cet. a à De autre étale avec orgueil ses quatre ailes diaphanes, et, rapide | Re comme lhirondelle,il s'élance joyeux dans les airs : Oh! M D. HAE ne demoiselle !” pensons-nous en nous-mêmes. Puis — mn ne: c'est un autre qui, "pendant que nous l’examinons, fait en- | ey tendre son cri strident et prolongé : c'est lacigale du bon bs à vieux Lafontaine ; puis un autre, le brillant papillon, Qui 0 4 d'un mouvement fle et régulier, soulève et abaisse ses ques iy | 4 ai tres ailes parsemées des dessins les plus charmants" comme 1 # les plus bizarres ; ; puis c'est la guépe furicuse qui bourdoune 1 | aa en sa colère et cherche à piquer de son dard aigu ; puis € vest 4 ae la mouche volage et inconsciente qui, pendant ce travail d'ob- a servation, s'obstine à nous chatouiller la figure et cherche à à a 5 a oan nous faire perdre patience. OPE NAN ok 4 Chacun de ses insectes a sa conformation propre qui le Be _ distingue parfaitement des autres. Chacun forme un groupe, EUR ons auquel tous viennent se rattacher ; et du moment que l’on connaît bien la conformation de cet insecte typique, l'in est certain de ne pas se tromper en disant, à la vue de ” tel ou tel insecte, qu'il appartient à tel ou tel groupe, tel ou » tel ordre, C'est ainsi que l'on divise en huit ordres la classe nom- _ breuse des insectes. Ces huit ordres sont : lo Les COLÉOPTÈRES (de koleos, étui, et pteron, aile), dont _ les ailes supérieures généralement très dures, opaques et de : ' couleur métallique, servent d'étuis sous lesqueïs les ailes inférieures viennent se renfermer, repliées en travers. Ces deux étuis portent le nom delytres et sont toujours impropres au vol On désigne vulgairement les représentants de cet ordre sous le nom de barbeawr, en francais, et de beetles, en anglais. Ce sont les Lachnosternes (Fig. 6), les Doriphores, les Coccinelles, ete. 26 Les ORTHOPTÈRES (de orthos,droit, et pteron, aile), dont les ailes supérieu- _ Fig.6-Lachnosterna fusen, Frühl. T'ES sont, elles aussi, coriaces, mais très 1 _distinctement sillonnées de nervures ; sous ces premières ailes wi appelées, pour cet ordre, tegmina, ou se ranger les ailes inférieures pliées en éventail dans toute leur longueur,au lieu de l'être en travers, comme chez les coléoptères. À cet ordre appartiennent les Saute- relles, les Criquets, ete. Le = (A suivre) Fig.7—Un Orthoptère. GERMAIN BEAULIEU, LES MICROBES LES. MICROBES Depuis quelques années, ce nom de “ Microbes” est deve- nu familier à tout le monde. On sait assez qu'il s’agit d’ani- malcules, impossibles à voir sans le secours du microscope,qui » peuvent vivre et se multiplier dans le corps des animaux, et nn y produire les effets les plus désastreux. Mais se rend-on bien compte de la forme de ces petits êtres ? Nous avons pen- 4 _ sé qu'il serait intéressant pour nos lecteurs de faire connais- à sance, au moins (et même seulement !) par lx gravure, avec Es les espèces principales de ces animalcules, nous voulons ‘0 dire : avec celles que l’on rencontre le plus communément,sur- , tout dans certaines maladies plus fréquentes. Voila en effet le point capital : lorsque ces petits êtres By: ! semparent pour ainsi dire d’un organisme vivant et s’y mul- … tiplient en une certaine mesure, il en résulte des désordres Be plus ou moins graves dans la s: inté, et trop souvent la mort, 1 Les anciens ne soupgonnaient même pas l'existence de ce monde des infiniment petits. Il n’y a pas beaucoup plus que + deux siècles que les Infusoires sont connus, et c'est & mesure Nr. que le microscope s’est perfectionné que leur étude s’est déve- ____leppée. Dans notre siècle, les investigations ont été poussées _ assez loin dans ce monde inconnu, e6 i faut retenir, comme b_ ceux de véritables Colombs, les noms du Prussien Ehrenberg SS et des deux Français Dujardin et Pasteur. Ce dernier vit ne: encore, et travaille encore. Ses recherches ont démontré com- me l'unique cause de certaines maladies contagieuses la pré- sence d’animalcules microscopiques dans l'organisme. Lillus- 1 3 tre savant s’est attaqué surtout aux terribles affections du ae charbon et de la rage ; il a trouvé non seulement le moyen D: de les guérir dans bien des cas, mais aussi celui de les préve- a nir par une sorte de vaccination. nr: On dit : il faut le secours du microscope pour aperce- M: voir ces tout petits animaux. Oui, mais ce n’est pas avec le ee premier inicroscope venu qu’on les verra. (Ceux, par exem- Be ple, que représentent la gravure de la page suivante, sont dune telle exiguité de taille, que seuls les instruments de la plus grande puissance en révéleront la présence, et encore faudra-t-il y joindre l'usage de teintures et d’autres secours encore. Si l'on ajoute, à ces difficultés, celles des fréquentes métamorphoses des microbes, dont plusieurs changent conti- _nuellement de formes, il ne faut pas trop s ‘étonner si l’on ne sait encore rien ou presque rien Sur. peur structure et leurs *15—Juillet 1894. (Le 110 LE NATURALISTE CANADIEN À 3 a re . moyens de locomotion. Est-il même certain que tes Vibrio-. niens, classe de microbes que l'on x plus étudiée, appartien- nent au règne animal, plutôt qu'au règne végétal ? Comme on le voit, les naturalistes ne s int pas près d'avoir épuisé la matière de leurs investigations. Que pensent nos lecteurs de cette question : où la puis- sance infinie du Créateur se montre-t-elle plus admirable, dans la constitution et dans les mouvements des corps énor- mes de Ja voûte céleste, ou dans ce monde des animaleules microscopiques, dont nous sommes probablement encore loin de soupçonner l'étendue ? Les Infusoires sont divisés en deux grandes classes : les Systolides ou Rotateurs, et les Infusoires proprement dits ou Microbes. Cette dernière classe comprend cing ordres, dont le principal est formé de la famille des VIBRIONIENS. Les quatre principaux genres de Vibrioniens sont: les Vibrions, qui ont l'apparence de fils déliés ; les Spirilles, pareils à des filaments enroulés en hélice ; les Bactéries et les Buctéridies, qui ont la forme de courts bâtonnets. Les vingt gravures suivantes (dont notre ami M. Chs 7 LES MICROBES : RU niquer le cliché) représentent diverses espèces de Bactéries que l'on regarde comme la cause des maladies indiquées ei- dessous. No 1— Bacillus her lose Diamètre : un cent-milliè- me ae ie CONSOMPTION. o 2—Bucillus hlebs- lofjier. Un quarante-millième de pee. Cte No 3—Micrococcus pneumonia. Un trente-cinq-milliè- me de pce. PNEUMONIE. No 4—Lepra bacillus. Un cent-millième de pce. LÈPRE. 4 No 5—Micrococeus des plaies purulentes. 1 “À No 6— Bucillus eberth-gaffky. Un quarante-millième de. | pee. FIÈVREMYPHOIDE. | DA: No 7—Streptococeus pyogenes. Un trente-cinq-milliéme ne. de pee. FIÈVRE SCARLATINE. HE [TES No 8—Spirillum cholerw. Un soixante-milliéme de pee. ‘i . CHOLERA. | No 9—Bucillus anthracis, Epaisseur : un vi ingt-cinq- millième de p3e. ANTHRAX (espèce de furonele pius étendu. ap . que le clou ordinaire). 14 No 10—Spirochete oberinaicrr. Spirilles du sang. Re- By chute de fièvre (Relapsing fever). 040 De : No 1i—INFLUENZA (Grippe). Diamètre : un cent-dix- a millieme de pce. ae No 12—Staphylococcus pyogenes aureus. Un trente- — 1 cinq millième de pce. Se trouve dans le PUS. n No 13—Champignon de la levure ou ferment de la bie- BE re (Yeast fungus) Un trois-millième de pce. if No 14—BacMus mallei. Un soixante-millième de pee. ita i Morve du cheval. No 15—Pneumococcus friedlander, (Capsulated micro- cocci). PNEUMONIE. pe. No 16—CoNSOMPTION. —Tubereule contenant des spores ie ou germes. à a No 17—Fikvre TYPHOIDE. Bacilles contenant des spo- Le res. Den. No 18—Bacilles du sang. Anthrax malin ou CHARBON. Na No 19—SaLiveE. Diverses formes trouvées dans la bou- Vu" che. No 20—CHOLERA ASIATIQUE. Microbes dont les uns sont filiformes, et les autres en forme d’S. de Nous voila bien renseignés sur le nom ef l'apparence de ces ennemis ; et quand nous rençontrerons par exemple un Streptococcus pyogenes où un Bacillus eberth-gaufhy, nous ne inanquerons pas de nous efforeer de l'occire. Il est tout a fait sûr qu'un coup de poing suffirait pour cet objet ; mais ce moyen est fort peu pratique, avec des gens aussi invisibles à l'œil nu. Si la tactique militaire avoue son incapacité abso- Ine à lutter contre ces troupes mieroscopiques, l'hygiène nous renseigne sur les conditions de la guerre offensive et dé- fensive que chaque individu doit faire incessamment contre ces animalcules. En l'état actuel de la science, on peut dire que les mala- dies contagieuses se communiguent quand les microbes qui les déterminent passent de l'individu affecté dans un autre individu. Eh bien, l'hygiène nous fait connaître dans quelles conditions s'opère cette transmission, et comment on peut l'empêcher. Par exemple, dit notre confrère du Microscope, _ nous savons que la personne malade de Consomption a dans _ sa salive des millions de microbes propres à cette maladie ; qne,si elle crache sur les planchers.ete.le liquide sèche rapide- ment ; et a ors les germes desséchés s’en vont flottant dans l'atmosphère, et sont bieut3t intro luits, par la respiration, dans les poumons des passants. Si l'indivilu qui les reçoit ainsi est dans un état de santé assez robuste, il n'en éprouve- ra pas de dommage ; mais lorsque le gerine trouve un ter- rain propice dans les poumons, ilsy multiplie indéfiniment, jusqu’à la mort où jusqu'à la guérison de la personne. Que chaque “ consomptif ” recueille et brûle ses expectorations, et _la consomption disparaîtra bientôt de la terre. On voit assez, par ce qui précède, quel cas il faut faire des prescriptions d’une sage hygiene, survout lorsqu'on est en présence d'une maladie contagieuse. NOS AMIES LES MOUCIIES Nous renvoyons au mois prochain l’étude commencée, en juin dernier, sous ce titre, et la remplagons en ce numéro par un article sur Les Microbes, parce que nous devons renvoyer bientôt à son propriétaire le cliché de la gravure reproduite dans la page 110. Heureusement, si l’on n’a rien à lire sur les mouches, les occasions ne manquent pas, à cette époque de l’année, de faire connaissance personnelle, aussi complète que l'on voudra, avec ces hôtes très empressés de nos demeures. " EST JS oe . ee PAR ete LAL GUERRE AURUINSECTES 113 ok i OA CUBR RE AGAINSE OTE CONTRE LES MOUSTIQUES, ETC. i On connaît la plante nommé Palma-Christi, Custor-oil- plant, Ricinus africanus, Hort. I y en a dans beaucoup de Jardins,et cette plante d'or- des plates-bandes. ‘Bh vo nement y fait toujours bel D. effet, par sa grande taille, i! par sa forme agréable, par rt Z « . . fi la'coloration de ses feuil- } * 4 les. By | 118 Eh bien, qu’on sache 4 ; | que ce beau végétal éloigne |} 10 les taupes et les fourmis — Ce n’est pas tout. * Un journal des Indes anglaises 4 ‘ recommande encore le Ri- ‘4 cin comme propre à éloi-. 4 4 ener les moustiques ; quel à ie ques pieds en pot dans la ag maison, affirme-t-il, suffi- 71 Fig. 8.—Ricinus africanus albidus. sent pour faire fuir ces en- 4 q nemis de la paix individuelle. #4 . Ne vous plaignez donc plus, mon ami, d'être incommodé a par les moustiques ;vous n'avez qu’à porter toujours, dans cha- que main, par exemple le Ricinus borboniensis arboreus (15 pieds de hauteur). Le soleil et les mouches vous témoigneront un égal respect. LA MOUCHE DES CORNES La mouche des cornes (Cattle Horn Fiy), Hematobia | i serrata, R. Desv., fait encore, cette année, des ravages dans la _ _ Province, nous dit-on. Bien qu’elle ait été signalée au Lac Saint-Jean dès l'été dernier,nous ne croyons pas qu’elle soit en- — core arrivée dans le comté de Chicoutimi. | M. Fletcher, de la Ferme expérimentale d'Ottawa, indiquait, en septembre dernier, les moyens suivants de COURS core ennemi. D'abord, l'empêcher de se multiplier, en épandant deux fois par semaine les bouses semi-liquides, dans les pâturages. Appliquer sur les bestiaux une émuision préparée comme suit : Lait sûr, 1 partie ; huile de charbon, 2 parties ; mêler parfaitement ces deux liquides ; puis ajouter 17 parties d’ean. Une substance graisseuse quelconque, additionnée dun peu d'acide phénique, tend à guérir les plaies qui peuvent s ‘ê- tre formées. Il est consolant de savoir que les ravages de cct insecte diminuent beaucoup après quelques années. 0 ED ot À NOS COR! RESPONDAN NES ME. Voudnez-vous ‘me nd dee en passant, le nom scienti- fique de ce que nous appel ons Queue- de-renard, et aussi le nom de la fameuse Hrable à Giguere !—Kt la Viola, dont parle le NATURALISTE (de mai), serait-ce, par hasard, ’hemble viol:t- heya L'abbé J.P, —Trois plantes portent le nom vulgaire de Queue-de- renard : 10, le Mélampyre des prés, Melampyrum pratense, L., à fleurs blanchâtres ou jaunâ- tres ; 20, l’Amarante à queue, Amarantus caudatus, L,, à fleurs en épis rouges ; on les nomme plus souvent : roupies de coq d'Inde ; 30, la Préle des champs, Æquisetum arvense, L, tige cylindrique de 6 à 8 pouces, formée d’articles s'emboîtant les uns dans les autres, les feuilles étant représentées par une gai- ne dentée qui couronne le som- met de chaque article. Nous pensons que c’est de cette espèce Fig. 9.—Equisetum sylvatiemn, L. QUE notre correspondant veut ‘ du , . AA ET ET _ parler, Nous donnens la gravure d'une espèce voisine et de A NOS CORRESPONDANTS ses organes fructifères, d'après la Flore Provancher (p. 727.) —Le nom scientifique de lPErable à Giguère est: Acer negundo, L., (érable négondo), ou Rea nao Jraxzinifoliune, Nutt.,(négondo à feuilles de frêne). —La Viola dont nous avons parlé (p. 84) est la Violu tricolor, L., et porte le nom vulgaire de “ Pensée,” comme nous lavions inne Cest bien une Violette, mais ce n'est pas l'espèce désignée sous le nom de “humble violette,” qui croît spontanéinent dans les prés, dont la fleur très petite se révele surtout par le suive parfum qu'elle exhale, ce .....Désirant profiter de lavantage des instructions que vous vous engagez bien généreusement à donner aux dé- | butants dans l'étude de l'histoire naturelle, permettez-moi de solliciter le concours de vos conseils par rapport à la conser- vation d’une collection de plantes ou d'insectes. En même temps, veuillez, s'il vous plaît, m'indiquer où je pourrais me procurer les meilleurs traités de botanique et de zoologie. ”—- JD: — Nous croyons que le plus grand danger que puissent courir les herbiers, c’est l'humidité. Aussi vous ferez bien de À 5 « Ë “ie ë | ) donner beaucoup d'attention a ce point. Il y a bien aussi quel- que chose à redouter des insectes ; inais, au moins d’après no- tre expérience, ces insectes sont de taille si petite et d’occur- rence si peu fréquente, qu'il ny a pas à s'en préoccuper. Si l'on préfère eu préserver absolument ses plantes, on peut les plonger dans de l'alcool contenant de l'acide arsénieux, après quoi on les met sécher entre des feuilles de papier collé. (L'al- cool arsénieux se vend 5 ou 6 franes le litre chez Deyrolle, 46, rue du Bac, Paris.) Quant aux collections d'insectes, il faut Jes mettre au- tant que possible à l'abri de la poussière, et, du même coup, on empêche de s’y introduire surtout les petites Tinéides qui peuvent y faire tant de ravages. Il s'agit de tout petits pa- _pillons que l’on voit voltiger dans les appartements et qui aa + ‘ ay). Le ; LE NATURALISTE CANADIEN sattaquent aussi aux fourrures et aux lainages. Un peu de _ camphre ou mieux de naphtaline les empéchera d'en appro- cher. Quand on s'aperçoit qu’un spécimen est rongé par une | larve de ces parasites, on l’'imbibe d'alcool et tout est dit. Nous venions d'écrire ce qui précéde,lorsque,sur la couver- D. ture du VNaturaliste de Paris, nous voyons, annoncées par la maison Deyrolle, des “Boules de naphtaline concentrée montés sur épingle,” que l’on pique dans dans les cartons d'insectes. ette disposition nous paraît parfaite. On vend de ces petites oules chez nos marchands, mais sans épingle. — Pour ce quiest des Traités de botanique, s'il s’agit ’ovvrages élémentaires, nous pouvons indiquer ceux de l'abbé ; ce dernier fait suite au ma- uel de | Ar et de pa. de cet auteur. On 4 se a Gone an Pr ee bis Zoologie, nous dirions Un qu'aucun ne vaut celui que nous publions en supplément du NATURALISTE ! Mais il ne sera pas terminé avant bien des ‘mois encore. Il y a un si grand nombre d'ouvrages de cette sorte pu- bliés en France, que nous ne pouvoLs entreprendre d’en don- ner la liste. Que notre correspondant nous indique seulement quel prix à peu près et quel degré de développement Jui con- … viennent le mieux, et nous lui procurerons promptement ce qu'il désire. Nos félicitations à notre collaborateur dévoué, M, G. Beaulieu, de Montréal, qui vient de subir avec distinction les _ sévères examens d'admission à la pratique du droit. le Es Naturalis te Canadien VOL. XXI (VOL.I DE LA DEUXIEME SERIE) Nos D Chicoutimi Aout 1894 Rédacteur-Propriétaire : l'Abbé V.-A. HUARD COURS DENTOMOLOGIE POPULAIRE (Continué de la page 108) 30 Les HÉMIPTÈRES (de hémi,demi,et pteron, aile),variant assez dans la conformation de leurs ailes, quelques espèces ayant les supérieures coriaces, mais à leur base seulement’ (d’où le nom d'hé- maiptère), d'autres espèces les ayant tou- tes membraneuses ; par exception, quel- ques-unes même en étant tout à fait dé- ; pourvues. Dans les deux ordres précé- Fig. 10.—Un Hémip- : ne dents, les insectes ont une bouche mu- nie de mâchoires et de mandibules ; dans cet ordre, au con- traire, c’est un suçoir composé de deux soies. Les insectes de cet ordre sont généralement appelés pundises en français et bugs en anglais. C’est maintenant que l’on sait à quel ordre ‘appartient la redoutable Punaise des lits. 40 Les NÉVROPTÈRES (de newron, nervure, et pteron, ai- 16—Août 1894. \ Fee ur PU ie A UE OU CU OMAN A AN UCR ER dE Pre a a y | ime VEN 118 LE NATURALISTE CANADIEN le), insectes pourvus de quatre ailes toutes membraneuses, Fig. 11.—Un Névroptère. : hyalines, diaphanes et traversées de nervures fines, irrégulié- res et trés nombreuses. La bouche est composée de mandibu- les et de mâchoires. Cet ordre est représenté par la Libellule, vulgairement appelée demoiselle, (Fig. 11). | 50 Les HYMÉNOPTÈRES (de hymen, membrane, et pteron, | aile), caractérisés par quatre ailes membraneuses, le plus souvent hyalines, et un ab - -,domen joint au thorax par un mince pédoncule. Dans cet ordre entrent les Abeil- les, les Guépes, les Bourdons, etc. Fig. 12.—Un Hyménoptère. 60 Les LÉPIDOPTÈRES (de lepis, écaille, et pteron, aile), qui forment un des ordres le plus faciles à reconnaitre, puisqu'il est représenté par ce splendide insecte aux vi- ves couleurs, que les poètes ont appelé : la fleur de l'air, c'est-à-dire, le brillant pa- Fig. 13.—Un Lépidoptère. pillon. Les Lépidoptères COURS D’ENTOMOLOGIE POPULAIRE 119 ont quatre ailes toutes de mème consistance et couvertes d’u- ne poussière écailleuse (lepis) qui leur donne un aspect velou- té. Leur bouche est formée d'une trompe, quelquefois très kn sue, enroulée en spirale. 7o Les DIPTÈRES (de dis, deux, et pteron, aile), comme le mot l'indique, n'ont que deux ai- les ; ce sont presque tous des in- sectes nuisibles où du moins fort détestables ; enfin, cet ordre est représenté par la Mouche, ce qui est assez dire. So Les APTÈRES (de a priva- Fig. 14.—Un Diptère. tif, et pteron, aile), insectes dépour- vus d'ailes et ayant une bouche formé d'un sugoir diverse- ment conformé. Qui n’a jamais entendu parler de Poux, ni de Puces, les représentants abhorrés de cet ordre, heureusement fort restreint ?.. Ces caractères saillants et ces exemples que j'ai donnés d'insectes très connus de tous, suffisent amplement pour rap- porter un spécimer quelconque à l’ordre auquel il appartient. Que l'on parle maintenant d’entomologie, que l'on décrive un insecte, on saura sûrement à quoi s'en tenir et l'on ne pren- dra plus pour du grec les éléments d’ane science ayant pour objet des êtres qui nous environnent sans cesse, nous suivent partout et qui, comme dit l’autre en parlant des mouches, APCE se croient partout chez elles Sous prétexte que Dieu leur a donné des ailes ! Enfin, ce tableau ci-dessous permettra de saisir,d’un seul coup d'œil, les différences qui distinguent les ordres les uns des autres, et facilitera, pour l'amateur, le travail de la com- paraison : in Fa E CANADIEN We ( {Les supérieures sia aa. ‘| riaces, de couleur : ; | | métallique ; les in- | COLÉOPTÈRES. - | férieures pliées en | Rtraverse Lee J de consis- | Les inférieures pli- : à : ées en éventail sur > ORTHOPTÈRES. EE | tangs ere longueur.......... à | o - æ . Salts oa Les supérieures de- | mi-nembraneuses ; lement; un bec replié sousla | y,, poitrine et composé | Ea généralement de 3 | j quatre ailes ! (ou 4 articles........... | { A nervures multiples - sans ordre ni symé- +-NÉVROPTÈRES. | ol bon A HE es Insectes A nervures veinées, de consis- | symétriques ; abdo- men attaché autho- | HyMÉNOPTÈRES. | tance é-4rax par un na) pédicule:.. 2... gale A poussière écail- leuse formant com- me un velours ; une Hu ne | | | | | langue enroulée en (spirale... | (Deux Wailess.. ER rer EDI TERE. | | | | is | | | non-ailés toujours...............… 2 RAR DE DA oO DORA APTÈRES. CHAPITRE QUATRIEME 4 DES DIFFÉRENTES PHASES DE LA VIE DES INSECTES L'oiseau, au sortir de l'œuf, a la figure d’un oiseau ; figure qui n'est plus susceptible que d’accroissement et que l'oiseau gardera jusqu’à sa mort. Il n’en est pas ainsi chez l’insecte. Avant d'atteindre à la forme qui distingue son espèce de celle des autres, il Jui faut passer par une série de phases que l’on ap- hi pelle la métamorphose de l nsecte. Ces phases sont lo celle me. de l'œuf, 20 celle de la lurve, 30 celle de la nymphe ou chrysali- TL "4 de, et 4o celle de linsecte purfait. La métamorphose est dite À … complète ou purtielle selon que l’insecte, avant d'arriver à l’état ar parfait, passe par toutes ces phases ou ne passe que par quel- < ae ae ques-unes seulement. CANON RE PATENT y FORMATION DU SAGUENAY 121 Étudions ces différentes phases les unes après les autres. Tous les insectes sont ovipares ; il n'ya pas d'exception à cette règle générale, Cependant, chez les Pucerons, certaines Punaises, etc., l’éclosion des œufs a lieu avant qu’ils soient pon- dus, ce qui a fait croire longtemps à cette erreur que certaines espèces sont vivipares. Ces œufs n’ont pas de forme régulière ; ils varient presque pour chaque espèce ; il en est de toutes les formeset même des plats, des carrés, des coniques et des linéaires. Quel- ques-uns, non encore conformés parfaitement, pren- nent de l'accroissement même après la ponte: c'est ce qui explique le fait que quelques œufs de Four- mis sont aussi gros que les Fourmis elles-mêmes ; d'autres sont renfermés au nombre de 16 à 18 dans des capsules sub-ovoïdes. Les œufs sont toujours déposés—et c'est ici qu’il convient d'admirer l'instinct dont la Providen- ce a doué ces êtres minuscules—dans un endroit ou la jeune larve, au moment de l’éclosion, pourra trou- ver aussitôt la nourriture qui lui convient. (A suivre) GERMAIN BEAULIEU. FORMATION DU SAGUENAY (Continué de la page 92) Nous nous sommes convaincus que le bassin saguenayen, que le lac Saint-Jean, par wa léger mouvement ascensionnel produit dans l'Amérique éozoique s'était complètement isolé de la mer ; que les plus fortes “ échancrures,” que les plus bas sommets de sa vaste enceinte s'étaient prêtés mutuellement et puissammnent à l'évacuation finale de ses eaux amères ; qu'en- Fig. 15.—-Œaofs du Clisiocampa americana, Harris, (lépidoptère représenté dans la Fig. 13, page 118.) OT LT TS dr TR HS À | Vy \ A \ OUEN VIT ANG ig MAN hod t Pitt as ; dé wit 1 PO AM ‘ 122 LE NATURALISTE GANADIEN fin, les eaux de ce lac laissées A elles-mêmes, ont dû natnrelle- ment suivre la pente que les courants salés leur avaient indi- quée, si elles tenaient à rejoindre cette mer fugitive pour s'y confondre encore une fois comme par le passé. Cette coupe profonde, cette large issue que nous avons entrevue, à l’ouest, en jalonnant certain contour du grand bas- sin alluvial, existait alors comme elle existe aujourd'hui ; elle s'ouvrait, comme nous l'avons vu, en face de la vallée du Saint- Maurice dans la partie la plus basse du cercle de montagnes qui l'entoure, et qui ressemble si bien à ces immenses cratères que l'on distingue à la surface de la lune; c'est par cette ou- verture que les eaux de la mer ont passé; parla aussi vont couler les eaux encore saumâtres du lac Saint-Jean, que ses nombreux tributaires, rallongés tout à coup, vont adoucir peu à peuen lui apportant toujours leurs masses liquides. L'ANCIENNE DÉCHARGE : “ LA RIVIÈRE CROCHE ” VERS LE SAINT-MAURICE Suivons, sur un certain parcours, cette décharge improvi- sée, qui déborde par-ci par-là en coulant paisibiement vers l'ouest sur un fond uni et sablonneux, entre deux rangées de coteaux plus où moins rapprochés, Sur un espace de cinq milles, elle est large et peu profonde, avec de petits îles ici et là ; puis, changeant sa course au sud-ouest, elle se rétréeit de moitié et coule plus rapide et plus profonde, A droite, nous passons un bras de rivière qui vient du nord : c’est la future rivière Croche que nous venons de reconnaitre. Laissant la rivière Croche en arrière, nous continuons au sud-ouest pour cinq milles encore, nous sautons le premier ra- pide d’un seul bond, et nous tournons quelques degrés au sud un demi-mille plus bas. Ici, la décharge s'élargit en avant de nous et forme un lac allongé de plus de dix milles, qui se termine par un grand ra- pide de deux milles de long, où nous sommes entraînés à tire- Vaile ; grâce à une manœuvre habile nous arrivons, sans acci- dent, au pied du courant, IND viene Nyt Sie tas BAI.) 1 DEA pe tad À \ i «! FORMATION DU SAGUENAY 123 Trois milles plus loin, nouveau rapide, moins long, mais plus difficile à sauter ; il est séparé en deux courants par une grande île. Nous passons à droite, suivant le fil du courant qui nous semble le plns favorable, mais au détour subit d'une pointe élevée de rocher, le courant tourne brusquement au sud et se précipite avec fureur dans une tranchée étroite et profonde, bordée, des deux côtés, de falaises per- pendiculaires hautes de plus de cent pieds. Impossible de s'arrêter là ; la masse des eaux, resserrée entre ces deux mu- railles, nous entraine malgré nous dans cet entonnoir insonda- ble avec la rapidité de P’éclair: en un instant, nous avons fran- chi deux milles : les cascades de U Echelle, C'est ici que devait commencer, dans ces temps-là, la belle navigation, Les navires de Jacques Cartier auraient fort bien | pu venir jeter l'ancre au pied de cette cascade, dans le beau bassin quis’y trouve, sice fameux capitaiie eût existé des milliers de siècles plus tôt. Il n'y avait pas de Tadoussac, ni de Cap Diamant, à cette époque. Le Saint-Maurice se serait trouvé le premier fleuve important sur la route de sa petite flottille, venant de la haute mer. Ilse serait empressé de le reconnaître, en amont, aussi luin que possible : quarante lieues n'étaient rien pour lui après la traversée qu'il venait de faire. Il n'aurait pas manqué d'admirer, nous en sommes convaincu, le cours majestueux de ce fleuve inconnu ; ses beaux rivages couverts de verdure, parsemés de milliers de pins de haute taille, s’élevant jusqu'aux sommets des collines qu’ils couron- naient partout de leurs rameaux, Il aurait prisé, surtout, à son vrai mérite, la sécurité parfaite que ce fleuve solitaire offrait aux marins de l’autre hémisphére. Pas d’écueils possi- bles sur tout son parcours ; une caille pointue aux trois quarts de so 1 cours navigable, la Tuque, voilà tout. Dix lieues plus loin au pied des terres rompucs, au pied de l'Échele, il aurait ancréses navires en sûreté, dans le bassin qui s’y trouve, à l’a- bri de tous les vents. 124 LE NATURALISTE CANADIEN ‘ Si nous sommes convaineus maintenant “que le luc Saint- Jean silurien ” ne “ se déchargeait” pas “par lu même ri- vière que le lac ie nous devons croire que la ri- viere Saguenay ” n’“ existait ” pas “ aux premières époques géologiques.” Nous avons démontré, aussi clairement que possible, qu'u- ne barrière énorme, infranchissable, s’opposait de toute sa hau- teur—500 pieds au moins—a l'écoulement des eaux de la mer saguenayenne du côté où penche, avec tant de conviction, M. ] abbé Laflamme, c'est-à-dire dans la direction Est du côté de Tadoussac. < Il faudra bien risquer le cataclysme, tout de bon, si nous voulons y arriver ; ou bien, avouer que c’est l’œuvre des Ti- tans. ; | Du moment que les initiés eux-mêmes s’y trompent, com- ment voulez-vous ee les imprudents aux visions d'i neg nations voleaniques s'en retirent avec honneur ? L'ÉROSION PAR L'EAU Supposons, maintenant, que le grand bassin saguenayen au lieu de s'ineliner à l’ouest, comme il le fait, se déverse à l'est vers Tadoussac ; par ce procédé, nous pourrons peut-être suivre le raisonnemeut de M. l'abbé, et étudier jusqu’au fond sa thèse favorite de l'érosion lente de l’eau. Le parcours des soixante milles’ de pays que les eaux du grand lac saguenayen ont à franchir dans ce cas, pour rejoin- dre presque en ligne droite le Saint-Laurent à Tadoussac, ne sont pas un obstacle insurmontable, du moment que la confi- guration du terrain le permet, c’est-à-dire, que les chaînes de montagnes, qui s'y trouvent, au lieu de s'élever en travers de la marche projetée de l’eau, s’alignent d’elles-mémes sur le rumb de vent qu'elle doit suivre : elles auront, ces eaux entre- prenantes, assez de travail à faire pendant des milliers de siè- cles pour atteindre une profondeur de 3 à 4000 fpieds, qu'il NOS AMIES LES MOUCHES 125 serait injuste, cruel même, de leur créer d’autres embarras. Mais si, après mûr examen, la configuration du pays, que l'on veut canaliser, ne permet pas à l'eau de suivre une ligne presque droite ; si, péchant contre le savoir-vivre, les chiînes de montagnes refusent ‘le se ranger respectueusement de cha- que côté de la voie que cette eau prétend suivre, et qu'elles s’obstinent à lui fermer complètement toute issue en s’exhaus- sant de plus en plus en avant de sa course : il faudra bien dire adieu au Tableau ! au cap Trinité! à Tadoussac ! Vous n'avez pas d’objection, je suppose, à ce que nous fassions une petite expérience de la chose ? Essayons-en quelques milles d'abord, pour savoir si tout se passera comme le présume la science bien étudiée, (À suivre) P.-H. Dumas ENTOMOLOGIE PITTORESQUE NOS AMIES LES MOUCHES (Continué de la page 97) Hélas ! Il faudrait un volume pour décrire complète- ment l’organisation de la mouche ! Ne disons donc rien des deux ailes de la mouche, ailes parcourues en tous sens par des nervures qui leur donnent de la solidité, ailes criblées de petites ondu'ations qui les font ressembler à la surface d’un lac doucement caressé par un souffle léger, ailes revêtues des riches couleurs de l’arc-en- ciel! Ne disons rien de tout ce corps à l'aspect brillant et donnant lui aussi des reflets chatoyants ; voyons seulement comme il est hérissé de longs poils noirs ! Et ici, réjouissez- vous, messieurs les tailleurs ; car vous l’avez échappé belle ! Si notre “système pilaire” était developpé dans des propor- 17— Août 1894. LE ne N pl fxs Ca, + tions semblables, en d'autres termes, si nous ress>mblions à, des étalages de manches à bala, je vous demande, Messie urs ‘4 les ciseaux et de la machine : à coudre, à quels efforts de gé- ie il yous faudrait rerourir pour que vos clients, au sortir.de Vos mains, ne ressemblent jas trop aux tentes d’un campe- nent militaire ! | Ine faut pourtant pas quitter l'examen anatomique des houches sans accorder un moment d'attention aux balanciers dont elles sont pourvues, ct aux pieds qui terminent leurs 00 Lipattes. Be Les EE ce sont deux petits organes en forme de massue, insérés au-dessous de chaque aile : un filet délié ter- Re ‘qniné par un petit bouton. C'est trop petit pour étre vu dis- ~ tinetement sans le secours, de la loupe. Provancher dit quon voit souvent les diptères “ ut)! ces appendices avec une à _ grande vivacité dans le repos.” A quoi servent ces organes ? Hicks a trouvé que la massue terminale reçoit le nerf le plus | gros de l’insecte, apres le nerf optique. On en conclut que ey ces organes sont tres probablement le siege d'un sens quel- a conque. Les uns sont d'avis que ces balauoters appelés aus- ee haltères, concourent à l’action du vol ; d’autres y trouvent un appareil olfactif et même auditif. Voilà done encore ici ‘4 Beaucoup d'insectes peuvent marcher sur les surfaces 4 perpendiculaires, même assez lisses, en saidant des petites +14 griffes dont leurs pattes sont munies. Mais les mouches sont … des artistes en ce genre : elles peuvent se maintenir eb mar- cher, le pius aisément du monde, dans n'importe quelle situa- > tion et sur les surfaces les plus polies, Comment s'explique cette remarquable faculté, qui s'exerce même en dépié des lois de l'attraction universelle, comme lorsque nos insectes se promènent au plafond d'un appartement ? Il serait en effet bien facile de prouver, en vertu de la plus splendide des for- _ mules de la physique, qualorsla mouche est attirée par la ‘ fe terre 4 proportiognellement à sa masse et en raison inverse AUS A AL Yan Mt : À 1 NOS AMIES LES MOUCHES LISTE du carré des distances.” Quelque forte que soit ici la tenta- _ tion de nous récréer un peu par la démonstration rigoureuse de ce théorème admirabie, sauvons du temps et de l'espace, et admettons-en d priori la force probante. Eh bien, commen chacun sait, les mouches semblent souvent faire fi de Newton « et des lois qu'il a découvertes.—Il ne faudrait pas, encore ici, s'unaginer que si lés mouches font des choses aussi extraordi- naires, c'est affnire d'hypnotisme, d’occultisme, de luciférianis- a me. Point du tout, et le phénomène se comprend aisément, _ et de façon fort naturelle, quand on examine des “ pattes des moucüe, ” Observez un peu, eb Vous verrez en dessous de leurs pieds, un petit conssin de poils serrés qui fait fort avan tageusement l'office de ventouse. Dès lors, nul besoin d'être sorcier pour romprendre que la mouche profite ici de la pres- 1% sion de l'air. Si notre planète comme tant d'autres, n’avait— pas datmosphere, la mouche serait obligée de faire comme nous, et de respecter davantage les lois de la pesanteur. Et, à ce propos, quel lecteur ne‘s'étonnera pas que les inventeuns,/- après s'être inspiré même des ailes d’oiseau pour construire certains appareils de navigation aérienne, n'ont pas encore. a pensé à quelque machine ressemblant aux engins oh toires de la mouche, qui nous permit, à nous aussi, de mar- cher sur les murailles et sur les plafonds! Siles Américains M s'en occupent,on verra un jour les gens monter pédestrement à l'extrémité des poteaux de télégraphe “pour voir passer la’ procession” ou pour y prendre la fraiche en fumant un ciga- re dune Havane quelconque. ee Il convient de dire maintenant quelques mots de la view a des inouches. | La première période de leur axis stence n’est pas brillante, ‘2 il faut bien l'avouer. Maleré les sages conseils des traités de littérature sur là Dieu et la grâce du langage, disons ré- M solument qu'elles naissent dans les fumiers et ibe matières ani- males en putréfaction. A peine éclose du petit œuf, le petit an) ver blanc se met à croître avec une rapidité vertigineuse. Un ~ ri LE NATURALISTE CANADIEN savant auteur a calculé que le ver ou mieux la larve de la mouche de la viande, en vingt-quatre heures, double son poids de 72,000 fois ; mais personne ne sera conlunié aux galè- res pour avoir doëté de la vérité de cette assertion, Après uu certain temps, notre Jarve ne fait pas comme celles de presque tous les insectes, qui changent de peau plu- sieurs fois avant d'arriver à la perfection. Non, la larve de la mouche reste dans sa pean, mais celle-ci se durcit notable- ment et devient une coque suffisamment solide. Là dedans, le petit être se recueille, se transforme absolument, et, un bon jour, achevant de “ dépouiller le vieil homme,” il sort de sa prison et s'élance triomphalement dans les airs. Trois fois heureux Jes chrétiens et les chrétiennes qui, ayant considéré quel faible changement de vie a été pour eux le fruit de tant de retraites spirituelles, pourront encore porter le front haut en présence des mouches ! | Le genre d’existence de la mouche parvenue à l’état ailé n'est ignoré de personne. Une espèce surtout, appelée jus- tement la mouche domestique, partage avec nous nos résiden- ces. Quoi de plus gracieux que ces gentils volatiles, qui don- nent tant de vie à la solitude de nos appartements en les parcourant sans cesse de leur vol capricieux ! Il faut à la mouche la compagnie de l’homme; durant la nuit, comme nous, elles se reposent ; et,le matin, comme nous elles re- prennent leur activité. Elles semblent être pour nous des amies. Mais il y a un revers à la médaille, et ces amies sont vraiment importunes, Avant nous, elles dégustent nos ali- ments ; encore, si elles ne poussaient pas l'indélicatesse au point de prendre des bains dans la soupe, dans ie lait, dans les sirops ! Que de fois elles se laissent enfermer dans le su- crier ! Et puis, pourquoi ces promenades qu'elles se per- mettent de faire sur notre visage, comme sur le square le plus public ? Ces visites inattendues qu'elles nous font sont loin d être désintéressées : savez-vous bien que souvent elles viennent s'abreuver à la sueur de votre front ? Et savez-vous que par là elles peuvent parfois nous inoculer la terrible ma- ve es! as À ae SS de un, : 7 1 NOS AMIES LES MOUCHES 129 ladie du charbon ?—Enfin,il y a un autre méfait.. ..dont elles ne se corrigeront jamais! Comment exprimer cela en fran- Gais, Sans violenter les principes du bon goût ? Enfin, on me comprendra bien'si je dis que voilà la cause yui—hien indirec- tement—remplit nos maisons d'un mortel ennui, tout l'été ! Des jalousies, d'épais rideaux protègent les verres des fené- tres, où les traces du désastre prendraient en effet des pro- portions plus lamentables ; les lustres, les gravures, tout cela disparaît sous les draperies d’une gaze aj'stée avec grand soin: jasqu’aux poêles que l’on habille, jusqu'aux tuyaux que l’on revêt (6 bienfaits de la presse !) des gazettes les plus diverses ! On se croirait en pleine nuit dans les salons ; et, cher Mon- sieur, quand vous entrez ou sortez, de grâce, je vous en pre, soyez prompt à refermer la porte! Car, si, par malheur, il fal- lait qu'une mouche entrât au salon, je ne sais si l’on n’appel- lerait pas les sergents de ville. A tout le moins, le personnel de la maison serait requis à l'instant. Puer, abige muscas ! et l'on n'aurait de 1epos que si Von réussissait à expulser le monstre ! Aussi, si les mouches nous poursuivent de leurs atten- tions trop intéressées, voilà une amitié qui n’est guère payée de retour. On dirait que le genre humain a d'instinct la haine de la mouche. Dès l’école, les mouches sont de précieux mo- yens de distraction, distraction souvent bien féroce. Que de Nérons en herbe on y voit, pour qui la décapitation, l'écartel- lement, l'empalement des mouches sont des ressources ordinai- res pour égayer un peu l’aridité de la grammaire et de l'arith- métique.—Tout le monde connaît les procédés auxquels on a recours, dans toutes les familles, pour faire passer de vie à tré- pas les mouches qui ont résisté aux décrets d'expulsion et à leur mise à exécution. Qui n’a assisté, l'œil sans larmes et le cœur sans soupir, à l'agonie de mouches sans nombre trattren- sement capturées sur des papiers gluants ou dans de jolis piè- ges en toile métallique que l’on plonge ensuite dans l’eau bouil- lante ! Pour moi, je dois confesser que je n'ai pas non plus la conscience hien nette à ce propos. Kt voici co:n:nent, “ Von \ 0 a i « 7 oy MALE NATUR: 1 k . 7 A Mg E BY ; { a ning À Les araignées, ce n'est pastdu mouvean, n’épargnent rien — + de : j ‘ 5 ( i ‘pour débarrasser la terre des mouches, et tendent partout leurs toiles soyeuses où'la proie désirée vient se prendre elle-même, — Quand une mouche a seulement touché l’un de ces fils presque | invisibles, elle peut faire son testament! Plus elle fait d'efforts ‘pour se dégager; plus ses liens se resserrent. D'ailleurs Parai-~ ence n’est pas lénte à venir voir, et l'affaire se termine promp- tement.—--Done, je vis dernièrement qu’une araignée avait élu: domicile entre les châssis extérieurs et intérieurs d’une fené- tre de mon appartement : j’onvris les intérieurs, et cinquan- te mouches au moins se précipitèrent dans Vonverture que Je fermai ensuite, Quelle aubaine pour Varaignée ! Venez voir maintenant ces cadavres desséchés qui racontent assez la fin de Vhistoire ! Je livre la recatte, A titre gracieux, pour Pavantage du cenre humain tout entier. Quant à Varaignée dont je 5 : RARE parle, elle a trouvé l'endroit si bon, elle s’est même prise d’un tel enthousiasme qu'elle a résolu de fonder là une colonie. Dans l'angle d’une vitre, elle a fabriqué un nid de la plus blanche soie, dans lequel on aperçoit des œufs en bon nombre, que le soleil fera bientôt éclore, Et, avant longtemps, j'aurai Ja un joli troupeau d’araignées, dont je cèderai quelques in- - dividus à des conditions vraiment avantageuses, Quand vient l’automne, les mouches qui ont échappé jus- . qu'alors au trépas, ne résistent pas aux premières froidures, La plupart succombent entièrement. Quelques-unes seulement tombent en Iéthargie et pourront saluer le retour du prin- temps. | * * Mais j'entends les artistes me questionner sur l'appareil vocal de la mouche.—-A proprement parler, la mouche n’a pas — d’organe vocal, Le bourdonnement qu'elle fait entendre est dû à la vibration de ses ailes et à l'expuision violente de l'air, pendant le vol, à travers les petites ouvertures de ses flancs qui sevvent surtout à la respiration, À ery. Fox DA “Mon VU AS a Fi 4 ral , Le” PL «À wie, HA PRESSE) BIBLIOGRAPHIE Nous aceusons réception, avec beaucoup deire connaissan- ee, des publications suivantes : HE x Anales del Museo Nacional de Montevideo, 1, Montevi- | deo, 1894, (Intvoduection—Mémoire géologique sur la forma- ‘Ur tion du Riode la Plata—Hémiptères. hétéropteres nou- Bi: — veaux-—Graminées de l’'Urugnay.) ‘14 Ripports annuels de la“ Fait Growers’ Association | et de la Société Entomologique dOnturio.18 393. Torouto, 1894, _ # A.-L. Montandon, Hémiptères de lu S. Fam des Platas- Lu. pinide récoltés par M. L, Feu ens rune et régions voist= È nes. Genova, 1894. DAT” Annuaire de l'Université Laval pour l'année 1894-95. 4 Annuwairedw Collège de Lévis pour l'année 1893-94 11 5 Pe EE En D LA PRESSE (*) o t nn. : —Nos meilleurs souhaits au Journal d'hygiène populuire, parvenu ‘M à sa onzième année. Cette revue remplit un rôle de première utilité parmi nous, +16 et nous voudrions que le public l’appréciat à son mérite. 5 La vaillante petite Croix de Montréal, à peine entrée dans sa deuxième an- | RU née, s’est mise à eroitre ; et la voilà devenue un journal de grant, format : La Be ee du Canada. Elle est remarquablement rédigée, et fait beancoup de bien, un tant par elle-mémé que par ses œuyres annexes. Nos vœux les plus ardents pour ) que le succès réponde de plus en plus à ses efforts. UT —Recu.le premier numéro de La Sentinelle, de Nosbonsing, Ont., publiée, par Mies Mir Jin A. Lévesque. Son programme est excellent, et nous lui souhaitons le plus ; grand succès. $1.00 par année ; hebdomadaire. —Notre confrère de Chicoutimi, Le Progrés du Saguenay, signale le commen— ecment de sa huitième année en doublant son format et en faisant toilette neuve. ne '~ Nous le prions d’agréer nos félicitations ct nos bons souhaits ! : | WE —En son numéro du 23 juin, L'Ænseignement Primaire à donné le sommaire de notre livraison du même mois, Nos sincères remererements, pour sa bienveillance, à Vexcellente revue, qui fait honneur à la classe enseignante de Québec. —Nous avons beaucoup de choses à dire, en peu de mots, de la Vérité. Elle est entrée, remplie de vigueur, dans sa .quatorzième année. Condamnée dans un Von = procès de presse, que les catholiques comptaient devoir se terminer autrement, elle + PA verra bientôt, espérons- -le, cette défaite —léjà glorieuse—se changer en victoire ! { Enfin, quant à ce qui nous,concerne, elle veut bien ajonter, aux marques d'intérêt qu'elle a déjà données à notre Revue, celle de publier le sommaire de nos livraisons. Nous lui offrons eo de grand cœur, nos félicitations, nos:vives sympathies et nos remerciements sincères. “4 (*)Nous avions préparé la plus grande partie de cet article pour notre dernier nu- _ Rs mais le nee d'espace nous a cinpéché de Vy publier. LE NATURALISTE CANADIEN En vente chez Mme Vve Ed. André : partics séparées de BICLOGIA CENTRALI-AMERICANA PUBLIÉE SOUS LA DIRECTION DE MM.SALVIN ET GODMAN Cette splendide publication, qui comprend toute la zoolo- vie de l'Amérique centrale, forme un ouvrage considérable, pa- raissant par livraisons in-4 avec de nombreuses plauches, la plupart coloriées, et ne se trouve pas en détail dans le com- merce, Aves, tome 1, par SALVIN et GopMAN, 1 vol. in-4 de 512 pages avec 35 planches (complet). Prix,........ seccsepeveseeee «- 160 fr, Aves, tome II (en cours de publication), . . Reptilia, par A. GUNTHER (en cours de publication.) Amphibia-Pisces, par A, GUNTHER (en préparation). Mollusca, par E.. MARTENS (en cours de publication). Crustacea, par-'"(en préparation). Arachnida Araneidea, par OP. CAMBRIDGE (en cours de pu- blication). Coleoptera Serricornia(moins les Buprestridæ), par WATHER- HOUSE (en cours de publication). Voleopteru Erotylidæ, ete., par GORHAM (en cours de publica- tion). Coleoptera Rhincophora, par SHARP (en cours de publication). Neuroptera, par M Lachlan (en cours). Urihoptera, par H. de Sausswre et DE BORMANS (en cours). Diptera, pur von Osten Sacken et VAN DER WULP (en cours de publication). Annelida, Vermer, ete. (en préparation nF Le prix des parties en cours de publication où en prépa- ration est payable, au fur et à mesure des envois, à raison de 1 fr, 50 par feuille d'impression et de 2 francs par planche.— Port et recommandation en sus, S'adresser à MME Veuve EDMOND ANDRÉ, 21, boulevard Bretonnière, à Beaune (Côte-d'Or), France, LE raliste Canadien Natu À VOL. X XI (VOB.I DE LA DEUXIEME SERIE) a Chicoutimi Septembre 1894 a Rédactour-Propriétaire : l'Abbé V-A. HOARD D HR 4 UN PROBLEMS & a ; Les mathématiques n’ont pas droit de cité dans le Natu- RALISTE CANADIEN. Pour une fois, cependant, nous les y al- AGN mettons. Voici ce dont il s’agit. Avec cette neuvième livraison, notre revue complète les {rois-quarts de son année, OR, il n’y à guère plus que le tiers de nos abonnés quiont payé le | montant de leur abonnement. ON DEMANDE comment nous = allons faire pour solder les comptes d’impression, de gravure, — #4 etc. des Nos 5, 6, 7, 8 et 9 ? De | Nous invitons tous nos abonnés retardataires à concourir $ Ay efficacement à la solution du diffizile probléme, par lenvoi on 1 f prochain du prix dz la souscription. —Et il ne sera plus né- 4 cessaire ensuite de se livrer à de vilains calculs, comme en cette livraison. 18—Septembre 1894. 134 LE NATURALISTE CANADIEN L'ABBE PROVANCHER (Continué de la page 104) , Mais à cette époque—-et jusqu'à 1552,—Nicolet apparte- nait encore au diocèse de Québee, et c'est à Québec méme que: A: le séminariste, après avoir terminé son cours de théologie, alla recevoir la consécration sacerdotale des mains de Mer P.-F. Turgeon, coadjuteur de Mgr Siguay. Il s'était préparé, en suivant la retraite ecclésiastique du diocèse, à ce grand événement, le plus mémorable de tous ceux de la vie d’un prêtre. Une grand’messe termina ces pieux exercices qui, de nos jours encore, sont suivis avec un égal À empressement par les membres du corps ecclésiastique, et ce ms fut à cette grand’messe que se fit ordination, le 12 septembre (1844). Quatre autres lévites reçurent, en même temps que M. Provancher, Vonction sacerdotale : c'étaient MM. J.-H. Dorion (décédé à Sainte-Anne d’Yamachiche, 1889), J.-P.-F.- L. Langevin (le futur évêque de Rimouski, où il mourut en 1892), W.-W. Moylan (entra chez les jésuites, et mourut à Fordham, N.-Y., 1891), et A. Racine (qui décéda, en 1893, évêque de Sherbrooke), Comme on le voit, les cinq nouveaux prêtres devaient se suivre d'assez pres au tribunal du Souve- rain Juge, puisquils quitterent ce monde tous les cing de 1889 à 1893. Aucun ne devait céléorer ses noces d'or sacerdo- tules, dont la date se serait trouvée cette année même, 1894 Le 12 septembre 1844, on était sans doute tout à la joie du présent, et l'on s'occupait bien peu du lointain aveuir. La cérémonie, que présida ce jour-là Migr le coadjuteur de Qué- bec, dut être assez belle pour absorber toute l'attention. Je ue sais rien de plus touchant, dans notre culte catholique où le cœar asi belle paré, que la premiere communion des en- fants d'une paroisse, ordination dun prêtre et la clôture d'une retraite ecclésiastique. Eh bien, cette fois, ces deux der- nières cérémonies se trouvaient réunies en une seule,et une double émotion devait mettre des larmes bien douces aux L’ABBE PROVANCHER yeux des heureux témoins de la solennité. Quels moments, solennels et impressionnants, que ceux ot l’on vit environ cent-vinot prêtres imposer les mains à la suite du pontife, sur la tête des orJinands, et ensuite, Avec lui, tenant la droite e élevée vers le ciel et à la fois inclinée vers ces jeunes élus du ._ Seigneur, appeler sur eux les bénédictions célestes, les grâces du Saint Esprit ! . i. ; DANS L3 MIN-STSRG PAROI:SIAU a Aujourd hui, après VorJination d'un nouveau prêtre, on se demande s'il va se consacrer à l’exercice du saint ministère, ou bien à l’éducation de la jeunesse dans quelque collège. En A c 2. # A ; LA __ ‘effet, grâce au nombre relativement élevé des colleges ecclé- siastiques que l’on a fondés dans les diverses parties de la % Province, l'enseignement est devenn une carrière pour le cler- a _ gé, au même titre que le service paroissial ; et je ne sais pas Le si l'on pourrait trouver que l’une de ces vocations l’emporte ‘a str l'autre : si toutes deux exigent de l'abnégation, du désin- Is téressement, du dévouement, je crois que la pratique de ces aa vertus est plus difficile dans la vie d’un prêtre de collège. » S'ilest question de la noblesse des fonctions, il y a long- 4 temps que saint Grégoire le Grand a dit du ministère pasto- ” ral: Ars arlium regimen animarunm ; mais on peut aussi appliquer cette sentence à l'office de linstituteur, et encore ‘Ni mieux sil est revêtu du sacerdoce et chargé plus spéciale- of} ment comme tel de former les jeunes âmes suivant le modèle du Divin Maitre. Enfin, si la mission du pasteur, qui dirigs vers le ciel le groupe de fidèles qui lui est confié, est vraiment Be sublime, celle du prétre chargé de préparer, de longue main, Re les chefs futurs du peuple chrétien et la partie dirigeante de … la nation, est-eile de moindre importance ?—Il n'y a donc pas _ lieu de s’étonner si le nouveau ministre de Jésus-Christ, qu'il __ soit appelé au service des paroisses ou bien à l'œuvre de la formation de la jeunesse dans les colleges, trouve que l'une ou l’autre de ces vocations répond également à ses aspirations de i LE NATURALISTE CANADIEN dévouement et ‘le sacrifice : dans le jardin comme dans la plaine, c’est partout la vigue du Seigneur. En 1844, il y avait pew de maisons d'éducation supérieu- re; les étudiants aussi étaient en petit nombre, comparative- ment à ce que nous voyons aujourd'hui. Par conséquent le personnel enseignant était fort restreint et ne se renouvelait ou n° s'ausmentait, dans chaque diocèse, que de loin en loin. Il n'y eut Roe pas sujet, pour notre jeune abbé, d’être fort surpris de se voir appelé, peu de temps sans doute après son ordination, à l'exercice du saint ministère. Ce fut à Bécancour même, sa paroisse natale, qu'il vint faire ses premières armes,sous la direction de M. Charles Dion, qui en était curé depuis 1829. C'était encore ce même bon curé qui, on se le rappelle peut-être, avait appelé sous le toit du presbytère le jeune Léon Provancher, quelque temps avant son entrée au collège, pour l'aider dans ses travaux d'écritu- re. Il n’y a guère plus que dix ans de cela, et l'enfant d’au- trefois lui revient en qualité de frère dans le saeerdoce et de collaborateur dans l’œuvre sublime de Ja direction des âmes. I n’y avait que huit mois que M. Provancher avait été envoyé à Bécancour, lorsqu'il reçut l’ordre de revenir à Qué- bee, appelé au vicariat de la paroisse de Saint-Roch. Toute- fois, arrivé à la ville, il reçut une nouvelle destination : c'est à Saint-François de la Beauce, dont le curé était alors M. Louis-Edouard Bois (décédé en 1889 à Maskinongé ; bien connu comme érudit en histoire du Canada et collectionneur émérite de documents précieux), qu'il dut se rendre. Il lais- sa Québec, pour la Beauce, queïques heures seulement avant que se déclarât l'incendie que l'en désigne encore aujourd'hui sous le nom de “Grand feu de Saint-Roch ”, et qui réduisit en cendres presque tous les édifices de cette importante paroisse (28 mai 1845). Dans ce vicariat de Saint-François, outre le service de la paroisse où il résidait, le jeune prêtre était enco- re chargé de la desserte de Saint-Georges. Au bout de qua- tre mois, il lui fallut de nouveau changer de poste. Cette fois, ses supérieurs lui ordonnent de se rendre à + FORMATION DU SAGUENAY | 137 Sainte-Marie, dans la Beauce encore, comme vicaire de M. Michel Forgues (décédé en 1882 a Saint-Laurent, Ile d'Orléans). Mais, deux ans apres, M. Forgues devenait assis- tant-procureur au Séminaire de Québec, remplacé à Sainte- | Marie par M. Joseph Auclair, le futur curé de Qnébec (1851- : 87). Quant à M. Provancher, en cette année 1847, il fut, | comme tant d'autres de ses confrères dans le sacerdoce, con- | vié à affronter un champ de bataille d'un nouveau genre, où le danger était grand, où les fatigues aussi devaient offrir une ample moisson de mérites. (A suivre) VAE FORMATION DU SAGUENAY (Continué de la page 125) Le léger mouvement ascensionnel de l'Amérique éozoïque, dont nous avons déjà parlé, est prèt à s’opérer encore pour la circonstance. he +4 Cette fois-ci, la mer se retire vers l’est, le niveau s’abaisse | dans le grand bassin, le lac saguenayen est à la rasade, une j a coupe quelconque lui sert de décharge, les eaux s’écoulent en ae avant sans relâche ; elles efileurent les sommets, descendent i les plateaux, pénètient dans les ravins, exhaussent les lacs, ee franchissent les coupes à leur niveau, forment des Niagaias ici Re. et la, tourbillonnent dans une direction, se tranquillisent dans une autre ; gonflent de nouveaux Jacs, sautent de nouvelles À coupes : si bien, que les jalons figurant avec précision les gran- a aie -des lignes extérieures du canal silvrien en contemplation, ne _ servent plus du tout à guider ces eaux déchainées : on les voit bien loin au sud, à 7 ou 800 pieds au-dessus des flots écu- mants, qui, en sautant d'un abime à l’autre, ont perdu leur chemin. Continuons toujours ; peut-être rejoindrons-nous bientôt ces points de repère que notre itinéraire a indiqués d'avance comme ligne de conduite à ces eaux indomptées. Mais non, c’est impossible, Les torrents tourbillonnent en descendant une pente inclinée. Cette pente est dirigée vers le nord-est, — ce n’est pas la bonne direction, —et les eaux débouehent dans une longue vallée qui s'étend au sud-est ; une rivière y coule _ du même côté : e’est la Riv.S.-Marguerite qu'elles ont enfin re- _ jointe par la Descente-des-femmes, où tout naturellement elles étaient entrainées. Pour pénétrer ainsi à la Riv. S.-Marguerite,qu'elles vien- nent d’envahir en si peu de temps, les eaux dw grand bassin ont dû franchir l'espace d'une quinzaine de milles, au moins, - de montagnes, de ravins, de précipices et d'abîmes. A présens elles peuvent poursuivre sans trop d'accidents le cours régulier _ de la vallée qui les conduit À la mer. Elles rencontrent sur Jeur chemin la branche nord-est, la branche snd-onest qui dé- © chargeait alors le Petit-Saguenay, la rivière de lAnse Saint- Jean et son lac qui occupait bien la partie la plus importante de cette vallée,et dont les eaux rejoignaient la Riv.S.-Marguerite justement par la coupe où cette dernière se jette actuellement dans le Saguenay. Un autre Bras, un peu plus bas, écoulait _ les eaux du lac Saint-Etienne et l’anse de ce nom. Et puis,enän, _elles se mélérent à celles de la mer dans le profond ravin dont la rivière à Baude a hérité depuis. En disant adieu à Tadoussac au commencement de leur course, les eaux du Jac saguenayen étaient loin de s'attendre à arriver si près du futur amphithéatre où il trôneaujourd'hui. Comme nous l’avons dit déjà, Tadoussac était sous l’eau à _ cette époque reculée. Pressentait-il alors les commotions ter- ribles qui devaient présider un jour à sa sortie des eaux ? Ce n'est pas probable, Nous le voyons : l'expérience que nous avons voulu ten- ter, par sympathie pour le savant professeur, en faveur de l'érosion infaillible par l’eau courant? pour effectuer le creu- L 2 FORMATION DU SAGUENAY sement du Saguenay à l'endroit où 1l coule aujourd'hui, n'a pu réussir. Il a été impossible pour nous d’obliger cet éié- maication que nous avions établie après tant d'études et de soins, et nous sommes forcés de revenir à la conclusion, que les nombreux et puissants obstacles rencontrés et qui existent malheureusement sur la plus grande partie de la ligne proje- tée, sont insurmontables, et même inattaquables, tant ils sont A: à l'abri de l'action érosive de l'eau, si ce n’est de celle qui leur > tombe des nuages. ee Les chaines d MU oh À A \ 115 es chaines de montagnes ne se prêtant pas au succès de notre thèse, nous sommes forcément obligé de Vabandonner maloré la bonne volonté que nous avions de l'établir. | Il est bien constaté, maintenant, que le résultat que nous De. ‘ venons d'obtenir parle travail supposé, l'influence érosive de » l’eau, est plutôt dû uniquement à Pinciinaison naturelle (*), à _ la configuration particulière des couches extérieures soumi- _ ses à son action. Pour donner une occasion à chacun de pouvoir juger, par Jui-même, de l'impossibilité qu'il y a d'arriver à une 2onclu- sion irrévocable sur la formation du Saguenay, sans invoquer le fait d'un cataclysme quelconque, nous allons essayer de prouver la théorie contraire, en supposant d’abord aux monta- gnes saguenayennes une altitude moins considérab'e à l’est du grand bassin, vers Tadoussac, qu'à l’ouest d'icelui, vers le Saint-Maurice, et supposer aux chaînes multiples, qu'elles for- ment en tous sens, une direction uniforme, de l'ouest à l'est, - jusqu'au Saint-Laurent. Dans cette position inclinée vers le fleuve, le grand lac Saint-Jean va sedécharger librement,en déversant le trop-plein _ de ceseaux sur cette inclinaison du plateau, ainsi s’affaissant _ insensiblement vers Tadoussac, vers la mer où la différence de niveau | appelle. mit } | (#) ‘à une pente superficielle plus marquée dans sa direction.” (L'abbé La- _ flamme.) L ment à ronger, à perforer les montagnes, dans la ligne de dé- 140 LE NATURALISTE CANADIEN à En prouvant le contraire du cataclysme, c’est-à-dire, en prouvant que la vertu érosive de leau.le tra ail énorme qu’el- le peut faire avec le temps, a été le principal agent mis en ac- tion pour opérer la canalisation des Laurentides à leur plus grande élévation et sur un parcours d'environ soixante milles, largeur qu'elles mesurent en cet endroit (ce qui représente une tranchée de vingt lieues de longueur sur un mille de lar- geur, et de 3000 pieds en moyenne de profondeur dans le granit, la première croûte qui s'est formée à la surface de la terre), nous arriverons à la même conclusion que M. l'abbé Laflamme, si, apres avoir suivi pas à pas le savant géologue, après avoir avec lui tout observé, mesuré, calculé au prix de longues et pénibles recherches, si, dis-je... noustombons enfin d'accord. Afin d'abréger le travail de l’eau par l’érosion, nous avons supposé aux Laurentides une direction et une inclinai- son favorables vers Tadoussac ; de cette manière, nous arri- vons de suite, sans calculer le nombre de millions d'années, à nous creuser une rivière dont le fond est enfin au niveau de celui du Saint-Laurent dont elle est tributaire. Du moment que le flux et le reflux de la mer se sont fait sentir à plus de 25 lieues dans l’intérieur des terres, it est rai- s mnable de supposer que le travail de l'érosion fut arrêté et que le fond de la rivière, dans cette’partie,resta dans les mêmes conditions que celui d’un lac ou d'un bras de mer; qu'au lieu de se creuser davantage, c'est le contraire qui a dû arriver. Ce n’est pas ainsi, cependant, que le travail s’est fait, puisque le Saguenay, au lieu de se creuser au niveau du fond du Saint-Laurent, a enfoui beaucoup plus avant, à une gran- de profondeur, le lit où il coule, et cela sur presque. tout le parcours des 25 lieues plus haut mentionnées, (A suivre) P.-H Dumais. LE THÉ. BOTANIQUE MEDICALE © LE TEE a De toutes les plantes employées à l'alimentation, une de i celles les plus universellement connues est Je thé. Tout a la > fois plante médicinale et boisson journalière dans un grand nom- + bre de pays le thé comme le café est susceptible de contrindi- i? cations dans une grande quantité d'états morbides. ‘A Le thé est la feuille desséchée du “ Theu sinensis” de la ‘4 famille des Camelliucées, qui croît en Chine et = au Japon, en Cochinchine, dans l'Inde, à Ja- De. va, à Ceylan, et dans plusieurs autres cou- ‘a trées de l'Asie méridionale. pot Cet arbrisseau est rameux, toujours | vert, d’une hauteur moyenne de 1 mètre 50, 7 à feuilles alternes, elliptiques, aiguës, den- L: tées et assez fermes, glabres, luisantes, d'un M vert intense, longues de cinq à huit centi- Res mètres, larves de trois. 1 Les fleurs sont blanches, assez grandes, Re couitement pédoneulées, solitaires ou réunie : 5 en petit nombre à l’aisselle des feuilles su- 4 périeures. k +4 Fig. 16.—Thea sinensis Le thé se divise en deux catégories : et coupe de la feuille vue au microscope. Les thés noirs. Les thé: verts. (*) Nous sommes heureux de présenter à nos lecteurs un nouveau collaberateur du Narurausre, M. le Dr Jéhin-Prume, de Paris, dont nous publions aujourd’hui _ de premier article. 19—Septembre 1894. i th pga à Me FE TH NE POP PERTE AS DE ENCE a ASEM EN feu! 1 ue LE NATURALISTE, CANADIEN THES NOIRS I. Le thé Pekoë : C’est le plus fin, le plus aromatique et le meilleur de tous les thés. Les feuilles, très allongées, sont dun noir argenté et couvertes d'un léger duvet blane et soyeux, leurs extrémités sont tachées de noir, de gris et de blanc. Les Chi- nois augmententson arôme en y mêlant quelques fleurs de l'Olea flagrans. Son infusion est d’un beau jaune doré, II. Le thé Pekoë d’Assam, ou thé à Pcintes blanches, ex- cellent, mais inférieur au Pekoë chinois. III. Le thé Pekoë orangé, très menu, d'un noir foncé mé- 16 d'orange, odeur très fine ; c'est le thé que les Anglais aftec- tionnent, melangé avec le Congo. II porte le nom de Howgua- mixture, IV. Thé Congo ou Hoanefoo, feuilles 1iinces et courtes, d'un noir orisâtre ; infusion claire, mais très agréable, V. Thé Paou-Chang, feuilles larges, longues, bien roulées, contenant une assez grande quantités de pétioles, odeur suave, infusion verte un peu ambrée. VI. Thé Souchong on Séaou-Schong, feuilles larges, min- ces, un peu concassées, infusion claire durée d’une saveur dou- ce ; c'est te plus fort des thés noirs. VII. Le thé Bohéa de Fokien. VIII. Thé Bohéa de Canton. Ces deux thés sont un assemblage de toutes sortes de feuilles de toutes couleurs et de toutes provenances, fortement mélan- vé de pétioles ; ces deux qualités sont très inférieures. Tus VERTS I. Thé Hyson, ou He-Chun, feuilles longues, étroites, charnues, bien tournées en spirale d’un vert grisâtre, fortement roulées, odeur très aromatique et suave, infusion jaune citron ;. c'est le plus prisé de tous les thés verts. IT, Thé Chovu-Cha, ou poudre à canon, gun-powder des Anglais, même qualité que le précédent, roulé en grains très serrés ; de Jà son nom; infusion limpide d'un vert doré, très aromatique, JR LA . nait lise 3 RTE te jé IIL. Thé Impérial ou thé perlé, gros grains d’un vert ar- genté, saveur très agréable, ä IV. Thé Schoulang, n’est autre que le thé Hyson mélangé avec des fleurs de ?Olea flagrans ; suave odeur. V. Thé Yu-Isen ; feuiiles petites bien crispées, d’un vert jaunâtre, parfum très doux ressemblant un peu à celui de la violette. VI. Thé Houkay, feuilles larges mal roulées, odeur forte, saveur âpre, infusion jaune foncée. VII. Thé Hyson-Skin, feuilles d'un jaune brun, peu rou- lies, mélangées de graines, o leur nulle ; c'est le Bohéa des thés ia verts, c'est-à-dire le résilu des fabriques. , "2 VIII. Thé Impérial on thé Pékin ; je n’en parle que pour co mémoire, car il est fabriqué uniquement pour la cour de Pékin, ‘4 et ne se trouve pas dans le commerce. 1 Les mêmes thés se cultivent à Java et se subdivisent de % la même facon. Te Crime nn 7 a Ri . Voici quelle est la composition des thés de Chine et de a Java, établie sur deux de leurs qualités les plus estimées, sur 4 100 parties. Ru: RUE i Thés de Chine Thé de Java “a8 Hyson — Congo Hyson — Congo _ Huileessentielle | 079 0.60 0.98 0.65 Chlorophylle 222 1.84 3.24 1.28 | Cire 0:28 0.28 0.32 0.32 Résine 2,22 3.64 1.64 2.44 Gomme 8.56 7.28 12:20 Nue Tannin 17.80 Mit2.88 17.56 14,80 Théine 0.43 0.46 0.60 0.65 Matitre extractive 20.80 |. 20,60 21.68 18.66 (A suivre) Docteur Jéhin-Prume, Parish } LE NATURALISTE CANADIEN A “LA PePRIE” Le 25 août dernier, la Putrie exprimait son méconten- tement de la sympathique démonstration dont M. Tardivel venait d'être l'objet, de la part dune élite de catholiques. bit parlant des curés qui avaient mis leur nom sur la liste de souscription. elle ajoutait : “Québec fournit la majorité, ayant en tête l'abbé Laflamme, qui n’a jamais pardouné à ses con- frères de ne pas encourager son Natwraliste, mort-né.” I s’agit ici, évidemment, de notre NATURALISTE, puis- qu'il n'y en à jamais eu d'autre dans la Province. Eh bien, — après le Courrier du Canada, la Croix du Canada et la Vé- rité,—nous avons ie plaisir d'informer la Patrie que le Na- TURALISTE CANADIEN n'a pas été malade depuis sa réappari- tion, qu'il n'est pas mort, et que, d’après les apparences, il en a pour longtemps encore à vivre. Car il jouit déjà d’une jo- lie circulation, à Montréal non mains que dans les autres par- ties de la Province. Le cURE que la Putrie appelle “l'abbé Laflamme”, n’est autre que Monseigneur Laflanime, Protonotaire Apostoligue, Recteur de l'Université Laval, aneien Président de la Société Royale du Canada, ete. Il n'a jamais été connu que Mgr La- flame ait eu même l'intention de publier un Nuturaliste. Par exemple, nous pouvons bien dire que le distingué savant nous a encouragé, avec insistance, à reprendre la publication du NATURALISTE CANADIEN et nous à bienveillamment assuré de sa collaboration future, | ac ....qui n'a jamais pardonné à ses confrères de ne pas encourager son Natwraliste.” Nous n’avons-pas à nous plain- re de la façon dont une grande partie de la presse a accueil-_ li notre œuvre ; loin de la. La plupart des journaux à aui nous nous sommes adressé nous ont répondu par les plus sym- pathiques encouragements,ou du moins par le bienveillant pro- cédé de l'échange.Quelaues autres, il est vrai, “qui, comme dit \ A LA MPADRIE) F45 Ve hien justement la Vérité, affichent sans cesse leur amour de la science et du progrès,” ont cru devoir nous refuser même la simple mention de la réapparition du NATURALISTE. Mais nous n'avons pas à leur pardonner leur peu de géaérosité : nous n'avons pas considéré que l'imsorrection de cette manie- a re dagir nous atteignait en aucune facon. C’est, non pas de la a colère et de la rancune, mais de la tristesse et de la pitié qu'ils nous ont fait éprouver. D Des publications d'Europe et de tous les points des Etats- > . Unis ont de bonnes paroles pour notre revue ; un publiciste Re _ de Washington, avee qui nous n'avions jamais eu aucuns rap- 4 ports, nous offre de nous communiquer ses clichés de gravu- ae res, en nous priant méme de ne pas faire mention de son obli- : 404 geance ; l’un des savants les plus en renom du Canada, de ua- tionalité anglaise et citoyen d'Ontario (race et province sur ‘10 le fanatisme desquels, en certains quartiers, on n'a pas assez _ 1e des douze mois de l’année pour écrire avec l’amertume la plus accentrée), avec qui non plus nous n'avions aucunes relations, x: nous offre ses services avec la plus grande générosité. Et voiei que dans notre propre Province, des confrères, > qui ont grand soin d'informer lenrs lecteurs qu’hier un cheval 6 s'est cassé une patte, qu'un vagabond a été trouvé ivre-mort a la nuit derniére, ne croient pas devoir leur apprendre que, ae dans leur pays, un compatriote a fait revivre l'unique publi- cation d’histoire naturelle de la Province, la seule publiée en 4 langue française sur le continent américain ! N'est-ce pas que - c'est beaucoup plus triste que fdchant ? ‘ “Serait-ce, par hasard, (demande la Vérité dans article pe déjà cité,) parce que c’est un prêtre qui dirige cette revue 7” S’il en était ainsi, ee serait encore beaucoup plus affligeant. Le directeur du NATURALISTE est bien persuadé qu'il a envoyé à lu Patrie les premiers numéros desa Revue : natu- reliement, il a cessé de lui adresser ses livraisons quand il s’est aperçu qu'on ne voulait absolument tenir aucun compte de son œuvre. De ce que le NATURAIISTE ne se présente plus dans - LE NATURALISTE CANADIEN ces bureaux inhospitaliers, conclure qu'il a passé de vie à tré- _ pas, C’est d'une logique qui ne sautera aux yeux de personne. ¥ —_— —__ & —— CORRESPONDANCE Dr J.-N. B.; Somerset, P. Q.—-Notreami M. J. Fletcher, d'Ottawa, a bien voulu identifier pour nous la plante dessé- chée que vous nous avez envoyée. C’est la Chimaphila win- bellata, Nutt., nommée vuleairement Herbe à lu clef, Princes Pine, et par les Indiens : Pipsissiwa. Fleurs roses. “When in flower, it is very beautiful,” ajoute M. Fletcher. “On dit que c'est un astrii gent très puissant; elle est aussi diurétique.” (Provancher.) OS MERCI! La Vérité met le comble à la bienveillance qu’elle nous a montrée jusqu'ici, en publiant, dans son No du ler septembre, un article de grande valeur en faveur du NATURALISTE, Nous en remercions, de teut cœur, notre bon confrère. ‘ 0 ¥ UNE VOIX D’OUTRE-MER On lit dans le Naturalists’ Journal, (livraison de juil- _ let), de Londres, Angleterre : : “We have received Le Naturaliste Canadien which 1s now in its 21st volume and under the able editorship of ]’Ab- _hé V. A. Huard is very interesting reading and, we doubt not, well appreciated by the French speaking naturalists of lower Canada.” | Nous remercions le confrère européen du bon aceueil qu'il nous a fait. d'a Dr gy. BIBLIOGRAPHIE —(uide du colon, Québec, 1894. Nos remerciements à l'honorable M. E.-J. Flynn, Commissaire des Terres de la Cou- ronne, pour l'envoi d’un exemplaire de cet important ouvra- BIBLIOGRAPHIE ge préparé sous sa direction, La presse de toutes les nuances a déjà félicité l'honorable Commissaire sur l’abondance et lheureuse disposition des renseignements que l’on trouve dans ce volume. Ajoutons que la forme de l'ouvrage est tout aussi remarquable que le fond. Rarement nous avons vuune aussi jolie publication officielle, | — Nouveau mois de septembre à saint Michel Archange et aux saints Anges.—C’est un “ Hommage de la Voix du Précieux Sang”, et nous en remercions beaucoup le pieux confrère, C’est œuvre bonne, de rappeler le surnaturel aux A naturalistes. —Nos meilleurs souhaits à la Semaine Religieuse de __ Québec, qui vient de commencer sa septième année. Puisse-t- i _ elle en commencer et en finir un grand nombre d'autres ! Fon- el dée, elle aussi, par l'abbé Provancher, cette revue devintbien- ae tôt la propriété de M. l'abbé D. Gosselin : ce prêtre instruit | ct dévoué à l'Eglise n’a rien épargné pour rendre la Semaine utile et attrayante, et le succès a répondu à ses efforts, —Autant nous avions regretté la disparition de la Revue Commerciale de Québec, que dirigeait M. N. LeVasseur, au- tant nous nous réjouissons de la voir revivre, pour ainsi dire, sous le nom de Semaine Commerciale, dirigée par M. U. Barthe. Les numéros déjà publiés sont très intéressants, et nous souhaitons au confrère les meilleurs succès. Un organe de ce genre est nécessaire à Québec. —L Enseignement Primaire est entrée dans sa seizième année. Nous prions cet excellent coufrère d'agréer nos félici- tations et bons souhaits. La classe enseignante possède en (17 À lui un organe qui lui rend de grands services, — Nous craignons que la Semaine Politique n'ait défini- tivement cessé de paraitre, Le NATURALISTE ne peut que * garder un bien bon souvenir de ce journal. L ) AW À ha \ à HO , Fes PARENT RIN h i Pg EN PRC Ane CAM EU CE à LAE hace (MANY Wis EMAIL DUMB Un OUI LSA LE NATURALISTE CANADIEN En vente chez Mme Vve Ed. André : parties séparées de ‘ BIOLOGIA ENTRALLAMERICANA | PUBLIÉE SOUS LA DIRECTION DE MM.SALVIN ET GODMAN Cette splendide publication, qui comprend tonte la zoolo- cie de l'Amérique centrale, forme un ouvrage cousidérable, pa- raissant par livraisons in-4 avec de nombreüses planches, la plupart coloriées, et ne se trouve pas en détail dans le com- merce, Aves, tome 1, par SALVIN et Gone 1 vol. in-4 de 512 pages avee 35 planches (complet). Prix.........ssecccereeoeeee « 165 fr. Aves, tome II (en cours de publication). Reptilia, par A, GUNTHER (en cours de publication.) Amphibia-Pisces, par A, GUNTHER (en préparation). Mollusca, par E. MARTENS (en cours de publication). Crustacea, pare**(en préparation). Arachnida Araneidea, par O. P. CAMBRIDGE (en cours de pu- blication). Coleoptera Serricornia(moins les Buprestridcæ), par WaTHER- __ HOUSE (en cours de publication). Coleoptera Erotylide, ete., par GORHAM (en cours de publica- tion). Coleoptera Rhincophora, par SHARP (en cours de publication): Neuroptera, par M Lachlan (en cours). Orthoptera, par H. de Sausswre et DE BORMANS (en cours). Diptera, par von Osten Sacken et VAN DER wae (en cours de publication). Annelida, Vermer, ete. (en préparation). Le prix des parties en cours de publication où en prépa- ration est payable, au fur et à mesure des env is, à raison de 1 fr. 50 par feuille d'impression et de 2 francs par planche.— Port et recommandation en sus, S’adresser à Mur Veuve EpMoND ANDRÉ, 21, boulevard Bretonnière, à Beaune (Côte-d'Or), France. bals y de née ee Pa eee ee cha. era ei ru RE à DS ar LAON MSA a EE: Nratwraltate C: Naturaliste Ca 5 NC VOL. XXI (VOL.I DE LA DEUXIEME SERIE) Chicoutimi: Octobre 1894 Rédactaur-Propriétaire : l'Abbé V.-A, HUARD Nous remercions les abonnés qui ont bien voulu concourir, par l’envoi du prix de l’abonnemen:, à la solution du problème que nous leur avons soumis en septembre. Toutefois, le coneours reste ouvert, et pour cause. Car il s’en faut que l’x soit même à moitié dégagé des ténèbres de l’inconnu. Les retarda- taires ont donc toute chance de recevoir encore un accueil excellent, et d’ap- Î porter une aide plus que jamais utile pour notre œuvre. M en ¥ Mi L'ABBE PROVANCHER | (Continué de la page 137) Cette année 1847 restera inscrite en caractères Funèbres dans l’histoire de la race irlandaise. Uue horrible famine accom- pagnée de maladies épidémiques, décimait la population. de a l'Irlande; et l’on pensa qu’une émigration considérable pou- à vait seule rémédier à de si grands maux. Le Canada fut choisi comme lieu de refuge pour ces pauvres émigrés, qui ut s’y rendirent au nombre de cent mille. On devine bien dans quelles conditions d’encombrement et de privations se fit le transport de cette foule, entassée à l’envi sur des navires à voiles. La traversée de ces vaisseaux dura plus que cing jours ! et nos malheureux Irlandais n'étaient pas précisément passagers de Première ! Le typhus devint le compagnon de 20—Octobre 1894. 150 LE NATURALISTE CANADIEN voyage de ces infortunés, dont un grand nombre furent dé- barqués à la station de quarantaine de la Grosse-Isle ; pres de trois mille suecomberent en cet endroit à la terrible épidé- mie, Il fallait des secours religieux à ces pauvres malades, et le dévouement du clergé canadien de l’époque leur en pro- cura d’abondants. Ce ministère, laborieux non moins que périlleux, épui- sait rapidement les forces, et il fallait relever sans trop de délai les prêtres quis’y dévouaient : aussi, quarante-denx missionnaires se succédèrent à la Grosse-Isie, cette année-là, durant la saison de navigation. L'abbé Provancher eut l’hon- neur d’être l’un des prêtres appelés à risquer leur vie dans ce ministère de sublime charité. Il n'y » pas d'exagération a parler ici de danger, puisque pres de la moitié des mission- naires contracterent l'épidémie ; quatre en monrurent, mar- tyzs de leur dévouement. On sait que l'abbé E.-A. Tasche- reau, qui devait être an jour le premier Canadien revêtu de la pourpre cardinalice, fut lui aussi l’un des missionnaires de la Grosse-Isle, en cette année de désolation, et qu'il faillit suceomber, victune de sa charité, aux atteintes de la ma- ladie. M. Provancher n’eut à récolter que des fatigues dans ce champ des malales et des morts. S'il y avait trouvé la mort, comme quelques-uns de ses confrères, on n'aurait même ja- mais su quelle perte ¢’aurait été pour la science canadienne : car, à cette époque, on ne pouvait encore beaucoup prévoir quels services il devait plus tard lui rendre. Il est vrai que Yauréole du martyr vaut bien le renom du savant, et que, dans la balance de l'Eternelle Justice, celle dont nous de- vons avant tout avoir souci, le moindre acte de charité l’em- porte de beaucoup sur les plus beaux traités de botanique où dentomologie ! A son retour de la Grosse-Isle, l'abbé Provancher fut nommé au vicariat de Saint-Gervais de Bellechasse, paroisse qui avait pour curé M. Antoine Montminy ; il y resta un an. L'année suivante (1848), 11 se vit assigner ur nouveau aol = L’ABBE PROVANCHER Por poste : Saint-Henri de Lauzon. Mais il n'eut pas même à se rendre à cette paroisse, l'autorité ecclésiastique ayant jugé à propos de lui confier la nouvelle paroisse de Saint-Victor de Tring, dans la Beauce, dont il fut le premier curé. C’est à la prière de M. N. Lec'erc, curé de Lambton, que se fit cette nomination : ce prêtre se trouvant trop isolé, dans cette par- tie du pays qui était loin d’avoir acquis les développements que nous lui avons vu prendre depuis, désirait vivement avoir un confrère dans le voisinage. Nous verrons plus tard ces deux amis, forcés par une santé compromise de mettre fin à une carrière curiale bien remplie, se fixer dans la même localité, Suint-Félix du Cap-Rouge, et passer, dans ce séjour enchanteur, les années de leur vieillesse, occupés encore de se rendre utiles à leurs concitoyens. Voici done M. Provancher en charge d’une paroisse. Le curé de campagne : que de belles pages n’a-t-on pas écrites pour célébrer ses mérites et ses vertus, pour exalter la gran- deur de sa mission! Quand ce curé de campagne est le curé canadien, c'est quelque chose de plus: car le curé canadien nest pas seulement le chef spirituel de ses paroissiens, i} est. aussi, la plupart du temps, leur guide même dans les affaires temporelles. Nos orateurs et nos publicistes ont dit bien des fois quel a été le rôle important da clergé dans la formation de la nationalité canadienne-frangaise. Mais sans interroger l’histoire sur ce qui s’est fait dans le passé, il suffit de voir ce qui se passe sous nos yeux, et de considérer quelle part prin- cipale prennent aujourd'hui nos évêques et nos prêtres dans ce grand mouvement, auquel nous assistons, qui se fait dans tout le pays pour promouvoir les intérêts agricoles et pousser la colonisation des cantons nouveaux. La colonisation : c’est le curé des paroiïsses nouvellement établies qui s’y intéresse davantage. (C’est lui qui, en géné- ral, est seul en état de donner la direction nécessaire à la jeune colonie, où la vigueur ne manque pas aux bras, ni le courage aux cœurs, mais qui a besoin aussi d’une tête diri- geante. Les gens de profession, les notabilités du grand com- =r 4 PAR Qi LE NATURALISTE C M we Lx Ml fe merce ou de la haute finance sont rarement là pour travailler eS. à la prospérité du nouvel établissement. Il faut que le curé ae tienne la place de tous ces personnages ; et, ordinairement, le rôle n’est pas trop mal tenu. Les ministres, les fonctionnaires . de certains départements, et surtout les députés, ont sujet, je …__ crois, de connaître parfaitement l'intérêt que prennent à la cause de la colonisation les curés des cantons nouveaux.—Par . exemple, les revenus sont médiocres ; la dime n’est pas con- sidérable, il s’en faut, et la gêne serait souvent extrême sans i l'aide fournie par la Propagation de la Foi; le logement et Vameublement sont fort modestes; et, avec tout cela, l'on a 7 les dettes contractées pour son installation au presbytère, La iq position, enfin, est loin d'être brillante. Mais c'est la même À chose chez les colons ; le pasteur partage le sort de ses pa- 1 roissiens, et sa parole n'en est que mieux accueillie, lors- qu'elle les console et les soutient. coutons ici l'abbé Pro- vancher, rappelant, au déclin de sa vie, les souvenirs qu'il gardait de sa première cure : ; “ Jai été le premier curé d’une nouvelle paroisse durant quatre ans ; tout le monde était pauvre, mais tous laborieux, pleins de courage ct bons chrétiens. On n’avait qu'une nour- riture grossière, du pain blé et avoine et du lard, on manquait : souvent d'ameublement. Et cependant, je n'ai jamais vu 7 peuple plus heureux ; cette nourriture grossiére, on avait un assaisonnement précieux pour la faire trouver excellente, la + faim excitée par un dur travail, Les terres étaient excellen- tes, on était pauvre alors, mais on voyait venir l’aisance par le travail et l’économie. Et quelle consolation pour 2e brave père de famille, lorsque arrivé à sa cabane de bois rond le soir, apres un rude labeur, il trouvait la table mise et la fem- a me qui compatissait à ses fatigues, lorsqu'elle n'avait été elle- | même au champ pour les partager ; ses enfants tout joyeux 4 de revoir leur père pour lui témoigner leur attachement ! Le | pain grossier était trouvé délicieux, le lard excellent, et la santé se fortifiant par le travail, on hâtait le lendemain pour “ exercer ses forces encore davantage. EL ‘# (A suivre) V.-A°H, 4 q 4 ne 4 a VA A : ig #4 a * 0 “= a COURS D'ENTOMOLOGIE POPULAIRE 153 | COURS D'ENTOMOLOGIE POPULAIRE ; \ (Continué de la page 121) L ; c | Chaque espèce varie beaucoup dans le nombre d'œufs que pondent les femelles. Ce nombre est ordinairement très considé- rable et s'élève même jusqu'à quatre on cinq cents: il n’y a donc pas à s'étonner de la rapide reproduction de ce monde innombra- ne ble. Ce qu'il y a de plus étonnant, sans doute, c'est qu’il n'ait a tout dévasté, tout détruit ; mais le Créateur veille sans cesse sur Mt 4 son œuvre et harmonise tontes choses : au trop grand nombre 4 d'insectes, il n'a simplement qu'à opposer quelques petits oi- 1 seaux ! d Lorsque l'enveloppe de l'œufs'est brisée, il en éclot, sous la forme de ver aux diverses couleurs ou sous celle de chenil- 5 Ë le aux formes variées, un insecte dégoûtant que l'on nomme a Larve, nom qui signitie masque, et qui lui a été donné par le savant Linné, fort surpris en constatant, le premier, que de la chenille lourde et repoussante pro- vient le papillon léger et ravissant. L’é- mi HE He Une met (bat ce larve est done le second dans l'existence de l’insecte et c'est en eet état que les espèces nui- A sibles le sont généralement le plus : c’est la larve de la Chry- oa somele surtout qui dévaste nos champs de patates ; c'est la i. larve du Luchnosterne (hanneton) qui coupe la racine de nos A plantes ; c’est la larve de la Superde qui perfore le tronc de nos pommiers et de nos pruniers ; ce sont les innombrables 4 larves des Mémutes, qui rongent avec une voracité surpre- ; nante les feuilles de nos groseilliers et de nos gadelliers. SS PO ER NET Quand l'espèce est à métamorphose complete, il existe — i) toujours une grande dissemblance entre la larve et Vinsecte parfait. Que l’on examine la larve de la Piéride, cette che nille glauque qui se traine paresseusement sur les larges EL: feuilles du chou qu’elle ronge dans lesilence des nuits comme dans les bruits du jour, et ce joli patit papillon aux ailes LE NATURALISTE CANADIEN | hanches ou jaune-pâle tachetées de noir, qui, dans son vol capricieux, s'aventure même jusqu'au centre de nos grandes villes ; que lon compare ce gros ver blanc (Wig. 16) à tête brunâtre que la charrue du laboureur à tout instant tire à la surface du sol, à cet insecte nocturne qui vient, au printemps, bourdonner dans nos appartements à la lueur des lampes et jeter la terreur dans l'âme des jeunes filles,lesquel- les se suuvent toutes tremblantes devant ce terrible hanne- ton (Fig 6, pg. 108), si toutefois elles ne s’évanouissent pas, et l’on aura peine à croire que ce’ soit là le même individu à des phases différentes de son existence ! Si, au contraire, la métamorphose est partielle, la larve, au moment même de l'é- closion, a-—moins cependant les ailes et la grosseur,—la même forme que l’insecte parfait et passe à l’état adulte sans dis- continuer de prendre de la nourriture et sans être assujettie à l’état de nymphe que nous étudierons tout à l'heure. Les Coléoptères, les Hyménoptères et les Dipteres sont tous à métamorphose complète ; les Orthoptères et les Hémip- teres sont à métamorphose incomplete. Les Névropteres sont pour une partie à métamorphose complete, et pour l’autre a métamorphose partielle. Enfin,les Apteres ne subissent, à pro- prement parler, aucune métamarphose : étant dépourvus d’ai- les, ils ont, au sortir de Pœuf, moins la taille, la même forme qu'ils conserveront toujours. Un très grand nombre d'espèces, qui, à l’état parfait ne vivent que quelques jours ou encore ce que vivent les ‘roses, L'espace d'un matin, demeurent cependant à l’état de larve pendant des mois, des années entières. Ainsi, les Æphémères que, bien avant les na- turalistes. les poètes ont nommées ainsi à cause de la briève- té de leur vie aérienne, ne jouissent de leurs ailes que deux fois vingt-quatre heures au plus, bien que, larves, elles aient - rampé, une année, deux années même, dans la vase des ma- rais et des étangs, D'autres espèces, au contraire, et les Four- “ris sont du nombre, passeront en quelques semaines à l’état COURS D'ENTOMOLOGIE POPULAIRE adulte pour y vivre et travailler pendant deux ou trois lon- EC gues années. Comme on le voit, la durée de la vie, chez l'in- secte, à état de larve n'est au:unem3abpronortionnée à la MO durée de la vie à l'ébat parfait. | Pourquoi cela? Oren peut ‘1 supposer la raison, peut-être : mais que d'hypothèses plus où .. moins sérieuses on a faites pour s’expliquer les mystères sans / —_— nombre contre lesquels vont se heurter nos inballigones trop » faibleset notre orgaeil trop grant! Cuert2s, les) reshsrehes N - des savants sont louables, elles soat-dignes d’almiratioa,pour D: va toitefois que, pe: roch 22e, ley series essayent pas, com.ne de nos jours un trop grant nombre malheureuse- | nent, à soulever le voile dont se couvre, dans son anguste pu majesté, Celui quia donné à l'insècte un instinct morve ae — __ leux, plus grand, peut-être, que la vaste intellignce dont s’en - orgneillit l’homme. Pendant la période à l’état de larve, l’insecte, surtout ch2z ceux à métamorphose complete, ne s'est note en rien de D: la forme qu'il aura à l’état parfait. Chenille ou ver, il est res- 7 té chenille ou ver, sans subir d'autre changement que eelui d'une croissance souvent fort rapide. C'est à l'état de nyim- a se faire. Dr > Lorsque, grosse et repléte, la larve est arrivée à cette épa- _qne de transformation, elle se choisit nn eu lroit retiré et la, se * file, le plus souvent, un cocon dout elle s’enveloppe entière- 3% ment. C’est de l'ombre et du silence qu'il lui faut, et, noyée mt d’ombre et de silence, elle s’est plongée dans une imimobilité i’ complète, Que se passe-t-il alors ? Quel travail s’accomplira- t-il done pour que, dans quelques jours,elle ressort: de son en- mystère devant lequel il faut courbsr nos fronts, Li nature, dirant les imatériahstes, le Créateur, disons-nous, nous qu'ani- me la foi, a accompli dans Pu:nbrs son travail mrveilleux : nal wa vu ce qui s'est pissé. L'insecte était tmmobile, informe veloppe, toute glorieuse et toute régénérée ? C’est encore ici un. D phe ou chrysalide que cette métanorphase extraordinure va — 156 LE NATURALISTE CANADIEN et comme mort, et voilà que, tout à conp, de catt2 mort appa- rente, il ressuscite parfait, beau, brillant, joyeux et fort, et s'en va bourdonner dans l’air son hymne de reconnaissance, La nymphe la plus curieuse à étudier est sans contrelit celle du papillon. Vous rencontrez un jour, par hasard, une magnifique chenille vert-pâle, parsemée de points rouges, qui se traîne lourdement sur le sol où le vent laura rejetée de la feuille qu’elle rongeait en silence. Vous la ramassez et la mettez sous verre. Allez vaquer à vos occupations, et revenez, une heure après, voir votre captive. Vous la trouvez gran- dement occupée : déjà elle a tout tapissé de fil le fond du ver- re ; déjà elle disparaît complètement sous le riche manteau de soie dans lequel elle s’enroule ; déjà vous ne voyez plus qu’u- ne petite boule faite d’un tissu admirable que le silence de la mort semble avoir envahie. Revenez demain. Même silence, même mort apparente. Enlevez alors ce cocon léger, prenez des ciseaux et coupez-en le tissu. Qu’y trouverez-vous ? la chenille ? non ; de la che- - nille verte, forme, couleurs, mouvements, tout est disparu : c’est maintenant la chrysalide ovoïde et, dans quelques jours, ce sera le papillon étincelant. Et ce cocon dont s’enveloppe la chenille, ce sera aussi le tissu dont se revêt le pontife à l’antel et le roi sur son trône, Car nul n’ignore que c’est là le fil dont on tisse la soie, Souvent aussi, la larve passe à l’état de nymphe sans se revêtir d'un cocon. Dans l’un et l’autre cas, sa peau se durcit,prend une tein- te brunâtre plus ou moins foncée, et lorsque le travail de la ré- génération est tout à fait accompli, l’insecte brise cette enve- loppe crustacée, sa livrée de naguère. (A suivre) GERMAIN BEAULIEU, iy HISTOIRE. NATURELLE À a EXPOSITION DE QUEBEC Loe “HISTOIRE NATURELLE A EXPOSITION DE QUEBEC La récente exposition de Québec a été un beau suoces, tout le monde se plaît à le proclamer. Mais ce résultat est plutôt dû À la bonne volonté des exposants et a la valeur in- contestable des produits exhibés, qu'à l'organisation qui a présie dé aux détails, car tout le monde s'accorde aussi à proclamer cette organisation comme très défectueuse, Nous voulons bien croire qu’il y a eu bonne volonté et ze- le de toute part, mais soit manque d'expérience de la part des officiers et des employés, ou toute autre cause, l’organisation péchait en plus d’un point, et cela lorsqu'il eat été très facile en plus d’une circonstance de parer aux inconvénients dont on avait à se plaindre. f —Eh bien, (vont dire nos lecteurs,) en voila encore un qui se plaint, Il ne manquait plus que le NATURALISTE pour compléter le chœur des mécontents qui ont à peine fini d’énon- cer tous leurs griefs contre la Compagnie de l’exposition. Hatons-nous de le dire : les deux premiers paragraphes du présent article ne sont pas de nous, et n’ont pas été écrits pour la dernière exposition ! Pourtant, on l'avouera, ils sont bien dans la note des appréciations que l’on a lues dans beau- coup de journaux, depuis un mois, On croirait vraiment, à écouter tous ces critiques, qu'il n’y à jamais eu d’exposition si mal organisée que celie du mois dernier. Eh bien, pour montrer qu'en septembre dernier les choses n’ont peut-être pas été plus mal qu'auparavant, nous avons reproduit mot pour mot le titre et le commencement de l’article consacré à l’expositin de 1887, par l’abbé Provancher. (*) Cette citation pourra sans doute servir encore, à la suite des expositions de l'avenir. Les reproches sont venus de tant de côtés, qu’il doit y avoir eu assez à reprendre en effet dans les détails de l’or- (*) Naturaliste Canadien, Vol. XVII, p. 33. 21—Octobre 1894, = : É q “ ‘ ganisation. Mais il nous paraît qu'il y aurait beaucoup d'exa- eération à conclure de tout cela que la réputation de Québec est perdue à tout jamais, qu'aucune organisation n’a jamais donné prise à tant de justes plaintes, ete. Qu’on relise donc la citation que nous venons de faire ; qu’on se rappelle aussi les plaintes que l’on a entendues l’année dernière concernant l'ex- position de Chicago. Nous sommes d'avis qu’il faut montrer de l'indulgence envers les directeurs de si vastes organisations, toujours faites à la hate et révies par des personnes plus ou moins inexpéri- mentées : il y a là deux causes de défectuosité que l’on ren- contrera dans presque toutes les expositions. Cela dit, nous voulons examiner seulement s’il y a eu quelque chose d’intéressant l’histoire naturelle, à la dernière exposition. En 1887, l’ornithologie, l'entomologie, la botanique étaient fort bien représentées, et ce n’était pas d’un léger intérêt, pour les visiteurs, de voir réunis tant d'objets de la faune et de la flore de la Province. Le NATURALISTE n'ayant pas en part dans la distribution des programmes de l'exposition, nous ne pouvons constater sil y avait, cette année, une classe spéciale pour l’histoire natu- relle. Nous croyons pourtant, d'après le vague souvenir que nous avons de J’avoir lu sur les journaux de l'été dernier, qu'il y avait une classe de ce genre,—sur le programme, bien en- tendu : car, dans l’expositiun elle-même, il n’y avait aucune collection d'histoire naturelle. Ceci n’est pas imputable aux directeurs de l'exposition, évidemment, mais à l'abstention des exposants. Nous regrettons cette abstention, sans doute, mais nous nous l’expliquons facilement. D'abord, les objets de tel- les collections étant bien souvent très fragiles, le transport en est toujours fort périlleux : ce risque très réel éliminait à peu près tous les expnsants qui résident à quelque distance de Qué- bec. Quant aux particuliers ou aux institutions de la ville ou des environs, eur exposition aurait sans doute été presque en- L'HISTOIRE NATURELLE A L'EXPOSITION DE QUÉBEC 159 tièrement la même qu’en 1887, et l'on aura jugé inutile de se déranger pour ne présenter que peu de nouveau : qu'on ne croie pas, en effet, que c’est une petite affaire aue de préparer et d’emballer des collections d'insectes, de mollusques, etc., de les disposer au lieu désiuné, de les emballer de nouveau pour le retour, et de les ranger encore chez soi, Mais voicile grand inconvénient. Les collectionneurs n’ont pas d’ennemi plus redoutable que la poussière, qui pénè- tre fort bien dans les vitrines et les tiroirs les mieux fermés ; rien n’abîme autant les spécimens, dont le nettoyage est à peu près impraticable. Eh bien, il faut avoir vu les épais nuages de poussière qui s’élevaient dans le palais de l'industrie, où l’on aurait sans doute placé les collections d'histoire naturelle, pour comprendre à quel point elles auraient été gitées, comme ont di l'être beaucoup d'objets dart, broderies, tissus, dessins, etc., qui étaient là. Pour nous, nous sommes bien décidé à ne jamais exposer nos collections à semblables périls,à moins qu’on ne prenne des dispositions spéciales pour les éviter. Par exemple il devrait être facile de réunir, dans une mé- me salle, de dimensions assez restreintes, tous les objets d’art et les collections d'histoire naturelle ; et l’on pourrait aisément, une couple de fois par jour, en faire un nettoyage qui consiste- rat non pas à remettre la poussière en circulation, mais à l’en- lever à peu près entièrement. —Il est vrai qu’il est bien de bonne heure pour parler d’une future exposition à Québec, d'autant plus que, s’il failait en croire certains journaux, une exposition n’est plus possible en cette ville avant longtemps. * Quoiqu'il en soit, nous voulons signaler ici au moins ce qui nous a paru de nature à intéresser un peu les naturalistes, à la dernière exposition, puisqu'il n’y avait aucune collection d'objets se rapportant, de facon spéciale, à l’histoire naturelle, RÈGNE ANIMAL—Nous ne dirons rien de l'exposition des. divers animaux de races chevaline, bovine, etc., ni des volatiles de basse-cour, dont le nombre etla variété étaient considéra- bles : c'est question d'élevage et non d'histoire naturelle, Citons mn LE NATURALISTE CANADIEN seulement, à titre de phénomène, un tout petit mouton pourvu de nous ne savons plus combien de pattes, sept ou neuf, cro- yons-nous, exposé dans le musée Lapoiute. Nous aurions pour- tant préféré voir cet animal avant qu'il eût passé par les mains du taxidermiste, tant il faut se défier à notre époque de contre- facon. Cela soit dit sans vouloir aucunement mettre en dou- te la bonne foi du propriétaire de ce monton-phénomène. —“Seulement 10 cts, Mesdames, Messieurs, pour contem- pler “ The horse wonder Edison, this greatest of all wonders! ” —L’ Edison dont il s’agit est un beau cheval gris blanc, du comté de Queens, N.-B. Il est, nous dit son girdien, âgé de huit ans ; sa crinière est longue de 6 pds 6 pes ; et sa queue, de sept pieds. L'une et l’autre traînent à terre, s’allongeant encore de deux pouces chaque mois, paraît-il. Si cette crois. sance continue, dans dix ans Æ lison suifiva pour éloigner les mouches de tout un régiment de cavalerie ! Voici de l’ichtyologie, de l'histoire naturelle pour de bon. C'est la Compagnie du chemin de fer Québec et Lac Saint- Jean qui expose un certain nombre de poissons empaillés. Nous . voyons là une ouananiche (Sulmo amethystus, Mitchill.) du | poids de huit livres ; une Truite (S. fontinalis, Mitchill.) de cinq livres; ete. RÈGNE vickTaL—Le naturaliste trouvait ici un peu plus de sujets d'étude, bien que, à vrai dire, la plupart des richesses végétales qui s’offraient à sa vue intéressassent moins la bota- nique proprement dite que l’agriculture, l’horticulture et lin- dustrie. Les produits agricoles étaient en abondance. Les divers territoires de colonisation de la Province avaient chacune leur exposition à part, et offraient ainsi d’utiles sujets de comparai- son, La Compagnie du Pacifique exposait aussi les belles pro- | ductions de l'Ouest ; notre Province pourtant soutenait avan- tageusement la comparaison. La Ferme expérimentale d'Ot- tawa avait une superbe collection, très artistement disposée, de céréales, graines, fruits, légumes, et une grande variété de su- perbes raisins. « L'HISTOIRE NATURELLE À L'EXPOSITION DE QUÉBEC 161 ' A propos deraisins, nous avous eu le plaisir d'en voir + quelques spécimens récoltés à Roberval, Lac Saint-Jean; ces fruits n'étaient pas tout à fait mûrs, mais ils auraient proba- _, blement eu le temps d'arriver à maturité avant les gelées, Bien _ qu'il ne faille pas s'attendre à faire du Saguenay un pays vini- ole,des essais de ee genre sont très intéressants (*), et nous at- tenons avee hâte les résultats des expériences que tenteront les Trappistes à Mistassini, pour la culture des fruits dans ce —_ territoire si reculé. —A signaler aussi un plateau rempli de __ ‘fraises cueillies, ex seconde récolte, à Roherval. Re La division de lhorticulture était bien fournie. Les mai- Gy _ sons J. Verret, de Charlesbourg, Evans et Ewing & Co. de Montréal, avaient de superbes collections de graines, de pro- 118 ductions horticoles et d'instruments de culture. Mention- » nons spécialement la collection de cactus de M. J. Verret, les " - prunes exposées par M. A. Dupuis, de Saint-Roch des Aul- nets, ot Jes plantes d’ernement de MM. A. Sinclair et T. Todd _ qui se sent partagés presque tous les prix offerts daus cette … classe). a MM. F.-H. Andrews & Sen, de Québec, avaient dans deur “ exhibit ” un Arbre à caoutchoue, d'une douzaine de 4 pieds de hauteur. Comme nous n'avions pas sous la main « des Flores de l'Asie, de l'Afrique et de l'Amérique Méridiona- .. de, nous n’avons pu reconnaître ses genre et espèce. Très curieuse l'exposition faite par Phenorakle H.-G. Jo- ly, de Letbinière : on avait là de véritables leçons de choses. Ainsi, pour la taille des arbres: six échantillons faisaient voir les résultats de l'opération mal faite, huit échantillons, dages gradués jusqu'à la cicatrisation complète de la coupu- re, démontraient l'importance d’une opération bien exécutée. En outre, une série de jeunes arbres provenant de semis per- mettaient par leur disposition d'apprécier leur croissance an- _ nuelle, - TE (*) On nous dit que M. J.-B. Petit, de la maison Tessier et Petit, a récol- _ té à Chicoutimi, cette année, du raisin suffisamment mir des variétés Dela- | avare et Niagara. 162 LE NATURALISTE CANADIEN Le Département des Terres de la Couronne exposait une collection de nos bois canadiens, qui attirait à juste titre lat- tention de tous les visiteurs, dont la plupart ne sont guère au fait de nos richesses forestières. Un officier du département, M. W. C. O. Hall, était là donnant à ceux qui le désiraient tous les renseignements utiles.—Si la faune et les autres par- ties de la flore de la Province avaient été représentées de la sorte, comme ie public y aurait pris intérêt ! M, Provancher a bien recommandé, dans la mesure de ses forces, la formation d'un musée provincial, et il avait bien raison. Comme on le sait, ce musée est en excellente voie d'exécution, par les soins du Département de l'Instruction publique et sous la direction de M. N. Saint-Cyr, un collaborateur distingué de lancien NATURALISTE,—qui recevrait des lecteurs du nouveau Natu- RALISTE un accueil non moins empressé, Ne nous éloignons pas de cette collection de nos essences forestières sans examiner une curiosité végétale qui a son in- térét. Sur une bûchette de Sapin,nous lisons l’écriteau suivant : “ Morceau d'arbre plaqué (Sapin) coupé en 1893 par l’arpen- teur Geo. Bignell, dans la ligne de vérification entre les can- tons Ireland et Colraine, arpentée par F.-L. Poudrier, en 1867.—L'échantillon indique le plaqué tel que fait par la ha- ehe du bûcheron en 1867, et la biessure guérie et complete- ment recouverte par les vingt-six anneaux concentriques de pousse annuelle qui ont eu lieu depuis ce temps.” C'est un exemple remarquable de la persistance d’une cicatrice : le bois qui s’ost formé sur la blessure conserve encore, en 1893, l'image très exacte de l’entaille faite par la hache en 1867. Voici M. F. Baril, de Warwick, propriétaire de l'unique manufacture de boutons qui existe dans la Province : il nous : explique par quels procédés les cornes et les sabots se conver- tissent en boutons de toute taille, de toute forme et de toute couleur : c’est de la zoologie industrielle. Mais la botanique s'en mêle aussi, et concourt à fournir au genre humain les boutons requis par la civilisation présente. Nous voulons par- ler de l’ivoire végétal, qui est le fruit d'un Palmier de |’Amé- ee, eo Méridionale, Phytelephas macrocurpa. Le spécimen f que nous possédons, de forme triangulaire, est long de 2 pes, | épais d’un pouce et quart ; à l'exception d’un petit enfoncement pu. à l'une des extrémités, qui contient l'embryon, le reste (pé- risperme) est une substance blanche et dure, que l’on scie par tranches, dans lesquelles on découpe ensuite maints et maints. boutons, qni arriveront à l'état eee après quelques autres opérations. RÈGNE MINERAT-—II n'y a ici que peu d'articles intéres- sant l'hstoire naturelle. Nous mentionnerons seulement les ~ _ échantilions de Phosphate de Buckingham et de minérais de euivre de Gapalton, exhibés pu le Nichol’s Chemical Co, - et les divers produits manufacturés avec l’asbeste. 100 Comme en peut en juger par ce qui précède, bien qu'il ny eût pas à l'exposition de collections proprement dites d'his- À toire naturelle le naturaliste pouvait pourtant y rencontrer beaucoup d’utiles sujets d'observation. 5: a tae 0 —— | i Nous renvoyons au prochain numéro la suite de Pétude ‘4 de BOTANIQUE MÉDICALE de M. le Dr Jéhin-Prume, de Paris D. COMMENT DETRUIRE LES INSECTES BANS 4 LES FOURRURES Méler par moitié du camphre et de la poudre de pyrè- thre, et répandre ce mélange dans le fond de la boite qui con- tient les fourrures —On denne ce moyen comme certain. ESS CONSERVATION DES FRUITS EN HIVER Nous voyons, dans la Revue horticole des Roûches-du- fthone, l'annonce d'un procédé, fondé sur la théorie de l'acide carbonique, pour la conservation à l’état absolument frais des raisins, pêches, fraises, etc. jusqu'au printemps,—En envoyant 1 fr. 50 à M. Lebrun, 8, rue Victor-Massé, Paris, on recevra la recette nécessaire. 1 è via Ru \ A ay Te i LE NATURALISTE CANADIEN BIBLIOGRAPHIE Nos remerciements à M.C.-J. Magnan, pour l'envot d’un Exemplaire de la brochure qu'il vient de publier, Polémi- que à propos d'enseignement, et qui contient les articles de la Péd'é et de FÆnscè nement Primaire dont on se rappelle l'intéressante discussion du printemps dernier. —Nous accusons aussi réception, avec reconnaissance. des publications suivantes : Vick's illustrated catalogue of hardy bulis and plants, James Vick’s Sous, seedsmen, Rochester, N.Y.— Rare tropical plants and bulbs R. D. Hoyt, American exotic nurseries, Se- ven Oaks, Florida. __ Succès et longue vie au Bouquineur, journal mensuel de bibliographie, publié par la Librairie Saint-Michel, 32,rue Saint-Gabriel, Montréal. 25 cts par année. Ae) NOS CONFRERES Nos bons souhaits au Pionuier de Sherbrooke, à l'oc- gasion du 29e anniversaire de sa fondation. —Nous offrons nos sincères remerciements au Courrier de Saint-Hyacinthe et au Franco-Canadien, qui veulent bien, eux aussi, publier le sommaire de nos livraisons ; au Journal de VInstruction publique, au Trifluvien et au Bouw- quineur, pour leurs trop bienveillantes appréciations de no- tre Revue. Ces témoignages de sympathie qui nous, viennent sou- vent, de façon si spontanée, nous touchent beaucoup et nous encouragent puissamment à poursuivre l’œuvre que nous avons entreprise. ) Par suite de circonstances incontrôlables nous sommes bien en retard avec les eorrespondants qui nous ont envoyé des insectes pour identification. Nous comptons pouvoir les sa- tisfaire tout prochainement, : * ( 6 L | jh | L EM raliste Canadien VOL. XXI (OL.I DE LA DEUXIEME SERIE) Noll Chicoutimi Novembre 1894. Rédacteur-Propriétaire : l'Abbé V,-A, HUARD —_—— ————— eet COURS D’ENTOMOLOGIE POPULAIRE eee | (Continué de la page 156) Nous avons vu que les Orthoptères, les Hémiptères et une partie des Névroptères ne passent pas par une métamor- phose complète. La larve, qui, au sortir de l'œuf, a une certai- ne ressemblance avec Finsecte adulte,croit et en acquiert pro- gressivement la complète organisation. Déjà se dessinent les ailes sous cette enveloppe temporaire qui la recouvre, et, bientôt, un beau matin, la peau, élargie outre mesure par la pression intérieure, s’ouvre brusquement et donne passage à l'insecte parfait. Enfin, celui-ci n’a plus de changements à subir. Il est arrivé à la, dernière période de son existence, période généra- lement très courte et qui ne dure pour lui que le temps de travailler à la reproduction de l'espèce. Car, dans la plupart | des espèces, le mâle meurt peu de temps après l’accouplement, et la femelle ne survit guère à la ponte de ses œufs, auxquels même souvent son corps sert d’abri contre les intempéries de la saison, L’unique fin de l’insecte à l’état parfait semble être la reproduction de lespèce : le rôle qu’il a à jouer dans l’ordre de-la création, c’est généralement à l'état de larve qu'il le joue : c’est à l’état de larve qu’il fourmille dans le détritus, c'est à l’état de larve qu'il exerce ses ravages dans la végéta- tion, c’est à l’état de larve qu'il est ou le plus nuisible ou le plus utile. I ya, bien entendu, un grand nombre d'exceptions à cette règle : c’est l’abeille adulte qui construit le gâteau délicieux ; c'est la fourmi adulte qui élève ses admirables constructions, ete. Mais ce qui rend évidente cette fin de l'insecte a l’état parfait, c’est que souvent il est dépourvu de bouche et incapable, par conséquent,de prendre aucune nour- riture. 22—Novembre 1894, LL À RAT | LE NATURALISTE CANADIEN CHAPITRE CINQUIEME NOTIONS SUCCINCTES SUR L’ANATOMIE DES INSECTES Ces notions sont de toute utilité, puisque, pour la dis- tinction des familles, des genres et des espèces, l'on se base toujours sur quelques différences anatomiques. A l’âge adulte, l'insecte est revêtu de téguments inerus- tés d’une matière dure et cornée, connue sous le nom de chi- tine. C'est le squelette extérieur auquel, en dedans comme au dehors, sont suspendus tous les organes. | La tête est faite d’une seule pièce, boîte percée de six: ouvertures. El- Tête le est munie d'antennes (Fig. 17,a)—filets. articulés et mo- biles situés près des yeux—dont la forme varie beaucoup. Très sensibles,ces an- eo 2 tennes servent (URLS au sens du tou- cher et,quelque- fois, à l'odorat. Les yeux, gé- néralement au nombre de Fig. 17. deux, sont in- capables de mouvements et formés par la réunion d’un grand nombre de petites facettes appelées cornéules. Lceil de la 1 Fig. 17.—Les parties du corps d’un criquet séparées : la TÊTE, portant les. antennes a; le THORAX et ses trois parties, qui sont le prothorax b, portant les pattes antérieures, le mésothorax c, portant les pattes intermédiaires et les ély- tres, le métathorax d, portant les pattes postérieures et les ailes ; e, la CUISSE ;: f, la JAMBE ; 9, le TARSE (les mêmes divisions se trouvent aussi dans les au- tres paires de pattes). CAN : Wey COURS D'ENTOMOLOGIE POPULAIRE EG 4 RTE > mouche, dit-on, n'en contient pas moins de 4,000 ; celui de la libellule, 12,500, et celui du papillon, 17,300. Mais de.tous les organes de la tête, c’est la bouche qui présente le plus grand intérêt. Conformée de différentes ma- niéres selon le mode de nourriture de Vinsecte, elle lui per- met soit de broyer, soit de sucer ses aliments. De là cette divi- sion de la classe en insectes broyeurs comprenant les Coléop- teres, les Orthoptères et les Névropteres,et en insectes suceurs comprenant les autres ordres. Nous n’étudierons pas, dans tous leurs détails, les par- ties qui composent la bouche des broyeurs ou des suçeurs ; qu'il nous suffise de mentionner les mandibules, pièces très dures, sortes de tenailles, placées en avant des deux mâchoires et quelquefois immédiatement en dessus.Elles sont destinées à saisir les proies ou à triturer les aliments. Les méchoires, qui viennent soit au-dessous, soit en arrière des mandibu- les, se meuvent horizontalement et servent à compléter la trituration commencée par l’action des mandibules. Aux mâ- choires et à la lèvre sont adaptées deux paires de petits ap- pendices, en forme d'antennes, que l’on nomme palpes maæil- lLaires et palpes labiaux ; ceux-ci semblent être les organes du goût. Ils ont d'ailleurs pour fouction de présenter les aliments au jeu des machoires pendant la mastication: c’est — ce qui explique qu'ils ne peuvent se mouvoir que dans le sens des mandibules, quoique articulés à la manière des antennes. Tout cet outillage, indispensable aux broyeurs, se re- trouve néanmoins, pièce à pièce, chez les suçeurs, mais avec des molifications déterminées par le mode d’alimentation. Chez ceux-ci, les mâchoires se sont soudées l’une à l’autre pour former une trompe ou suçoir ; les mandibules et le labre rendus parfaitement inutiles ne sont plus représentés que par une petite écaille. N Vient ensuite le thorax (Fig. 17), composé de trois an- neaux, auxquels sont attachées les pattes, en dessous, et les ailes, en dessus. Ces anneaux sont ordinairement soudés les uns aux autres et, vus de dos, n’en forment qu’un seul, On 168 LE NATURALISTE CANADIEN appelle prothoraæ le premier anneau, celui qui porte la pre- mière paire de pattes, molhoraæ, celui qui porte les pattes intermédiaires, et méluthorazx celui auquel est attachée la troisième paire de pattes a Les ailes sont généralement au nombre de quatre ; il n’y gr | a que chez les Dipteres où elles sont au nombre de deux,et que 4 chez les Aptères où elles sont tout à fait nulles. Par excep- tion, cependant, la seconde paire d'ailes fait défaut chez cer- tains Coléopteres, certains Orthoptères et certains Hyménop- | teres. La première paire est portée par le mésothorax, et la seconde par le métathorax ; chez les Diptères, l’unique paire d'ailes est attachée au mésothorax. Les ailes fournissent un grand nombre de caractères très saillants pour la classification. Et même, chez les Hyménop- tères et les Diptères, pour la distinction d’un certain usmbre d’espères, on se base uniquement sur les nervures de Paile. (A suivre) GERMAIN BEAULIEU. FORMATION DU SAGUENAY (Continué dela page 140) Concernant la largeur de la riviere Saguenay, il est a propos de faire ici une remarquie qui a son importance. Par notre calcul nous ne pouvons donner au Saguenay une largeur plus grande que celle requise par le volume d’eau qui sortait de son bassin : car pour se creuser ainsi, dans le granit, un lit d’une telle profondeur, ie courant a dû se pres- ser compact dans un étroit chenal, tel que la décharge actuel- le du lac Saint-Jean le démontre. La largeur du Saguenay n'indique pas cependant que tel a été le principe suivi Di | sons que cette largeur soit en moyenne de 5,000 pieds, c'est bien cinq fois trop pour égoutter toutes les eaux de la vallée ni. du Saguenay, compris le lac Saint-Jean présent et passé. Ae Car c’est toujours le même volume d’eau qui en sort aujour- GA pe ima ” A LAS MAMMEORMATION DU è y SAGUENAY | 169 hui, et qui en sortait autrefois par le Saguenay. Que le bassin soit submergé ou qu’il ne le soit pas, le même réservoir existe toujours ; seulement, il est dfoncé, voilà tout. Aujour- d’hui l’eau s'écoule par le fond, tandis quautrefvis elle s’é- chappait par les hauts bords du bassin. Voyez le Sauint-Laureit, depuis Québec en le remontant. I] n’est pas beaucoup plus large que le Saguenay ; cependant son volume d'eau est au moins dix fois plus considérable, et le terrain qu'il traverse est bien plus facile à creuser. L’Ottawa, le Saint-Maurice sont deux rivières, la pre- mière surtout, aussi puissantes que le Saguenay ; cependant il n’y a pas de comparaison possible à faire entre elles et lui. Si le Saguenay est un Fiord-de la Norvége, un Inlet de la Colombie, pourquoi Ottawa supérieur, la décharge du lac Témiseamingue, de formation silurienne lui aussi, n'en est-il pas un ? Le Saint-Maurice,qui entrelace ses branches avec celles du Saguenay et s’alimente à la même source, prasque aussi puissant que lui,pourquoi n’a-t-il pas une profondeur au moins proportionnelle à la sienne ? Cependant,le volume d’eau de 1 Ot- tawaet du Saint-M iurice est bsaucoup plus considérable que celui des rivières qui ont formé, dit-on, les Fiords et les In- lets : ne sont-ce pas plutôt ces derniers qui attirèrent dans leurs profondes “ échancrures” les eaux des hauteurs ? et non celles-ei qui les formerent en s’y précipitant ? De fait ces baies étroites et profondes, ces gorges insondables existaient bien avant la formation des rivières, c’est-à-dire, bien avant qu'il y eût besoin d'irrigation. | | Le Saint-Laurent, au moins, devrait être navigable jus- qu'au lac Supérieur, sil n’en avait tenu qu’au volume énorme | de ses eaux et au travail de l'érosion pour le creuser aussi rofonlément que le Saguenay, puisque leur existence, à tous in 8 : ? . des deux, date de centaines de milliers de siècles, pour la par- tie supérieure surtout. La chûte Niagara et les rapides du Saint-Laurent n’au- raient jamais existé, si ces deux fleuves avaient eu la même origine. Peut-on dire que le Saguenay se creusait un lit de 170 LE NATURALISTE CAN ADIEN | 100 à 200 brasses au-dessous de celui du Saint- Laurent, par le seul travail des égoûts de son bassin hydrographique, tan- dis que ce fleuve d’une capacité, d’une vigueur dix fois plus grande, restait, pour ainsi dire, les bras croisés, et n’a pas mê- me la force de tenir partout son ehenal à la même profondeur sans le secours des dragueurs du Gouvernement Fédéral ? | Tes obstacles n° étaient rien pourtant, pour ce fleuve géant, un des plus grands, des plus puissants du monde. Ce- pendant rien, rien ne s’est fait, pas même le nettoyage de ce fond d'argile qui nuit tant à sa navigation. I] remplit même, par son inertie, l'embouchure de la rivière Saguenay... . Vons pourriez objecter, peut-être, à ce que nous venons de dire au sujet de Porigine du Saint-Laurent et du Sague- nay, que ce dernier est de beaucoup plus ancien que le pre- mier, puisqu'on prétend qu'il date de milliers d’années avant l'existence du Saint-Laurent. | Je ne crois pas à cette différence d'ancienneté, maloré Pat: firmation que l’on en fait. | Si la mer entrait dans le bassin saguenayen, naturelle- ment elle devait aussi entrer dans le bassin du Saint-Lau- rent, puisque ces deux vallées sont à peu près au même ni- veau général. Lécculement des eaux était done nul dune vallée à l’antre : ainsi, A cette époque, pas d'érosion, pas de décharge, pas de Saguenay. Par le mouvement ascensionnel vous renvoyez au large toutes les eaux qui recouvrent le pays ; par conséquent tou- tes les terros se découvrent en même temps, soit dans la val- lée du Saguenay, soit dans celle du Saint-Laurent. .Les eaux qui s’écoulent alors vers la mer qui vient dese retirer, com- mencent également partout leur travail érosif, dans lune comme dans l’autre vallée. } En mettant de edté I “ échancrure ” importante que nous . avons découverte dans le contour ouest des hauteurs du grand bassin saguenayen, dont nous avons déjà parlé, nous disions que l'érosion avait commencé son œuvre du côté est, c’est-a~ — dire à 2,000 pieds au-dessus du niveau actuel du Saint-Lau- rent, en se creus ane une large et profonde tranchée vers Ta- doussac. L'ancien lac ut. Jean se trouvait donc élevé ain- 4 si à 1400 pieds au-dessus du niveau du lac Supérieur, puisque Bi). le niveau decelui-ei est à 600 pieds au-dessus de la mer. Be En s’écoulant du lac saguenayen, les eaux devaient done. miner, éroder 1400 pieds d'épaisseur de granit pour arrtver au } niveau de celles dn Jac Supérieur. Mais vous ne direz pas que l'érosion était assez active et assez puissante, sur le par- cours des soixante milles à creuser, pour permettre au susdit lac de se maintenir, tout le temps,pre sque au niveau de l'océan qui baissait de’ plus en plus ? car, toujours au méme niveau, le travail aurait été nul. re Supposens un quart de degré di inelinaison vers Tadous- sac : nous arriverons, à c2t en lroif, ¢ à l'efflaurement du lac Su-, : périeur. Cette pente,presque imperceptible, sera-t-elle suffisante ag pour donner au courant la force de polir un petit peu le lit du a canal qu'il prétend se creuser ? Ii faut le croire. a (A swavre) | in ie , | P.-H. Duals. à D È BOTANIQUE MEDICALE DE. Wee i XContinué de la page 143) PREPARA TION DU THE |. Aprés avoir cueilli les feuilles, ce qui dure dans l'Inde de. da fin de mars où du commencement d'avril à Ja fin d'actobre, ‘on expose les feuilles au soleil jusqu’à ce qu’elles soient flétries; | ; puis on les chauffe sur des plaques métalliques où elles com- eh _ mencent a se crisper, et où on les retourne sans cesse avec la x moin ; ensuite on les roule avec les mains sur des tables; on les LE NATURALISTE CANADIEN chauffe le nouveau, puis on les roule encore, en faisant alter= ner ces deux opérations jusqu'à ce que les feuilles soient com- plètement roulées sur elles-mêmes, en ayant bien soin de ne pas les briser, On soumet ensuite les feuilles à la fermentation pendant quelques heures, de quatre à six heures, suivant la température ; pour cela on les dispose en tas et on les recouvre avec des tapis ou des nattes. Il fant surveiller attentivement la fermentation ; car,si elle n’est ÿas assez prolongée, on obtient un thé trop astringent, et, si elle est trop prolongée, le thé peut perdre son parfum et même acquérir une odeur de sou- ris. à | THÉRAPEUTIQUE Le thé est un stimulant du système nerveux, un tonique cardiaque, un diurétique, un stimulant de Pactivité cérébrale. Son principe actif,-la /héine, est employé en médecine comme stimulant et comme contre-poison des narcotiques. L'abus du thé conduit à un état qui a reçu le nom de théisme, qui se si- gnale par une excitation générale du système nerveux, man- que de sommeil et enfin une prostration généraie de l'orga- nisme. . En médecine,le thé se donné à la dose de 75 à 150 grains en infusion dans de l'eau bouillante, ou sous forme de théine à la dose de 1 à 15 grains. ie Tl est évident que le thé donné à des doses excessives peut produire des effets désastreux chez les sujets nerveux ; mais il en est de eette boisson comme du café et du tabac. Yexagération seule est nuisible. Au contraire,la personne qui en prendra d'une façon mcdérée y trouvera un excellent sti- mulant de son système général. FALSIFICATION La falsification a pour but tantôt la coloration artificiel- le ou la substitution de feuilles étrangeres. Le thé vert est généralement le plus falsifié. Les commerçants colorent des feuilles quelconques en vert avec des sels de cuivre, et en noir avee les bois de campéche. ; © Pour reconnaître si un thé a été falsifié avec des me sels de cuivre, il suffit de verser dans une infusion de ce thé un peu d’ammoniaque étendue d'eau : le liquide se colore en bleu s’il y a réellement falsification. Si le thé est norei au campéche, le liquide prendra une colora- tion rouge sous l’influence de quelques gouttes d'acide ‘4 sulfurique. i CONSOMMATION PAR ANNEE | US On ne se doute pas du chiffre qu'atteint la consom- | a mation du thé ; voici une moyenne par contrée et qui Be est, bien en dessous de la vérité. } à PRES AN. amen? Pen Mo A 875 Kilogr. AL Aneletenrenti ni tach.) RL nS5 974217 ER ICAU N OMNES eect Males sles ss OE 40,587,832 a i Mlemasne tete... ete 4,887,689 re Be Dana cee Or ae ame Beas Ses 2,341,464 “ 14 Hollande ete... CR 1,450,630 fe . HAN SR Nes he CE ait st 1,280,230 i SRE a era) ed NE eg SO 430,502 s Béleique ent. ease. 6 «samen s 129,369 PICHIA VTC. covet cee Ul. «damm os 118,983 << a TSR OU ior ce net uses... a mimaelars 30,440 es a tate ah ON acre ele, oc MIN 22,508 & om Autriche...... Mecca alae + see CR 18,450 11008 L'Espagne et le Portugal n’en consomment que com- Mg me produits pharmaceatiques. DocTEUR JÉHIN-PRUME, ‘1 Paris. Sik UN CETACE A IDENTIFIER Un matin du mois d’ ‘octobre 1892,un Cétacé fut trou- vé échoué sur le rivage, vis-à-vis ma propriété située à environ quatre milles en aval de la Pointe-au- -Père, c'est à-dire en face du village de Sainte-Luce. Son souffle i puissant, régulier, qui se faisait entendre à plusieurs ar- pents à la ronde—car il était vivant, très vivant, ainsi qu'on le verra dans linstant—ayait attiré tous les villa: 1000 23—Novembre 1894. 174 LE NATURALISTE CANADIEN geois. La nouvelle s’en étant répandue rapidement, une bonne partie de la population de la paroisse accourut — pour voir l'étrange visiteur. C'est un fait reconnu que les populations des campa- gnes ont des connaissances plus étendues en histoire na- turelle que celles des villes, surtout en botanique pour les campagnards généralement, en ichtyologie,conchylio- logie, etc., pour les riverains des grands fleuves. Ce fait n’a point besoin de démonstration. Cependant personne ne put identifier Ja grosse béle. “ Des baleines, des jubartes, des gibbars, des mar- souins, des cachalots, des narvals, je connais bien çà,” di- sait un vieux loup de mer qui avait parcouru le Sauint- Laurent en tous sens ; “ mais pour cet individu-là,berni- que ! connais pas.” Enfin, à quel genre et à quelle espèce appartenait ce représentant de la famille ou ordre des cétacés ? Htait-ce un baleinoptère dont les naturalistes ne reconnaissent qu’une seule espéce,le gibbar des Basques? À ppartenait-il au genre dauphin ? Car je ne crois pas qu'on puisse le ranger ail- leurs que dans l'un ou l’autre deces deux genres. Voi- là ce dont je n’ai jamais pu m'assurer d’une manière exacte,et le directeur du NATURALISTE serait bien aimable gs il voulait m’édifier là-dessus. Voici la description aussi exacte que possible de l'individu en question: tête petite, ronde, terminée par un museau aplati ressemblant à un bec d’ole ; yeux très petits et intelligents ; bouche édentée ; les évents réunis _ en un seul orifice sur le sommet de la tête ; une nageoi- re dorsale, deux pectorales petites, de forme plutôt trapé- zoide que triangulaire ; sa caudale, légèrement échancrée, mesurait six pieds d'envergure ; vingt-deux pieds de longueur sur quatorze de circonférence ; peau nue d'un brun foncé sur les parties dorsales et latérales, d’un blanc sale sous le ventre, qui était lisse. Ses formes étaient beaucoup plus agréables à la vue que celles des autres Cétacés qui fréquentent d'ordinaire les eaux du Saint- Laurent. Le sens du toucher était d’une extrême sensi- bilité ; la plus légère pression du doigt sur n'importe quelle partie du corps le faisait frémir par tout son être. Le fait suivant fera juger de sa force de vitalité : quoi- qu'il eût passé toute la basse-marée complètement à sec, UN CÉTACÉ A IDENTIFIER qu'on lui eût enfoncé avec force une pierre dans l’orifice » de sesévents et une pièce de bois dans la bouche, après avoir reçu plusieurs balles dans ses parties vitales, quand le flot l’atteignit on le vit faire de violents efforts pour gagner Ja haute mer, et s’il n’eüt été retenu solidement au rivage au moyen d'un fort cable et où une dizaine d'hommes le tiraient à mesure que le flot montait, il eat réussi à s'échapper. Il mourut asphyxié, après une ago- nie qui dura près d’une heure. J.-W. MILLER. + TS ANNEE { " Nous publions avec le plus grand plaisir la commu- nication de notre correspondant, mais nous regrettons de ne pouvoir lui donner une réponse qui le satisfasse . complètement. Il est presque toujours difficile @identi- fier une espèce à l’aide des descriptions données parles auteurs; dans le cas présent,où i] faut nous contenter des caractères indiqués dans l'écrit de M. Miller, la chose devient encore moins praticable. En outre, le fait que le Cétacé en question était absolument inconnu dece “vieux loup de mer” qui connaissait bien les animaux qui’ fréquentent le Saint-Laurent, donne à penser qu'il s'a-! gissait d'un animal des mers étrangères égaré dans nos eaux. Dès lors, on ne peut plus chercher à reconnaitre le visiteur seulement d’après les écrits des auteurs, c’est- à-dire de l’abbé Provancher et de M. Saint-Cyr, qui ont traité de nos animaux marins ; et le champ d’investiga- tion s’élargit au point qu’il faudrait parcourir les des- criptions des grands animaux de toutes les mers. Et nous devons constater avec regret que notre bibliothè- que n’est pas assez riche pour nous permeitre un pareil luxe d'examen. Nous allons pourtant présenter à notre correspondant quelque observations, qui, ajoutées au souvenir qu'il a conservé du Cétacé dont il a pu examiner la conformation, l’aideront à s'assurer à peu près du rang qu'il doit occu- per parmi les Mammifères. 176 LE NATURALISTE CANADIEN Les Cétacés sont en effet des mammifères, quelques différences de conformation qu'ils aient avec les autres ordres de cette classe : leur charpente intérieure osseuse, leurrespiration pulmonaire et surtout--évidemment !-leur état de mammifere, ne laissent aucun doute a cet égard.— ‘Ces animaux respirent par des évents : on désigne par ce nom les ouvertures extérieures de leurs narines, qui sont placées, non pas à l’extrémité du museau, mais sur le dessus de la tête. . Les naturalistes partagent les Cétacés de l’époque actuelle en deux groupes : le premier (Baleinoides) com- prend les Cétacés à tête énorme en proportion du reste du corps, et pourvus de deux évents (BALEINES et BALEI- NOPTÈRES). Les Cétacés à tête ordinaire, n’ayant qu'un évent, forment le second groupe (Delphinoïdes). Voilà que nous pouvons dès maintenant répondre à notre correspondant, qui demande si le Cétacé de Sainte- Luce était un baleinoptère ou un dauphin: ce n’était si- rement pas un Baleinoptère (gibbar, rorqual), puisqu'il n'avait qu'un seul évent. Mais il n’y a aucun risque à le placer dans le groupe des DELPHINOÏDES. Les Delphinoïdes se subdivisent en six familles, qui sont les Ziphiidées, les Bélugidées, les Orcalées, les Delphi- nidées, les Platanistidées et les Physéléridées. La famille des DELPHINIDÉES étant la seule qui offre cette particularité d'un museau aplati en forme de bee, il n’y a pas à douter que le Cétacé dont nous nous occupons en fasse partie. Soixante à soixante-dix espèces ont été décrites dans cette famille. L'étude que nous possédons sur les Cétacés, (de M. W.-N. Lockington), qui fait partie du grand ouvrage: The Standard Natural His- lory by the leading american authorities, bien qu’assez éten- due, se tient trop dans les généralités, excepté concer- nant les principales espéces, pour que nous puissions dé- terminer A quel genre appartient le spécimen de Sainte- Luce. D’ailleurs l’absence de dents, mentionnée par M. “ DULCES MORIENS REMINISCITUR ARGOS ” tt Miller, n’est pas sans nous dérouter joliment : les Del- phinidées en ont au contraire de nombreuses dans les deux machoires. Nous ne voyons indiquée comme ‘ éden- tée ” que la femelle du Z'phius nove-zælandiæ, et encore ses dents existent, mais elles sont recouvertes par la chair des gencives ; ajoutons que cette espèce appartient à la famille des Z1 idées —A-t-on constaté, hors de tout doute, ce manque de dents, dans le spécimen que nous dé- crit M. Miller ? “DULCES MORIENS R SMINISCETUR ARGOS” Ceux qui n’entendent pas le latin devront aller con- sulter le voisin s'ils veulent savoir ce que signifie cette : te] belle citation de Virgile. Car nous n’allons pas nous amu- ser à faire ici dela traduction latine.Quant aux autres,qui ont fréquenté les anciens en temps et lieu, ils savent déjà —l’admirable chose que des’étre assis autrefois sur les bancs du collège !—que nous n’avons pas à les entrete- nir d’un sujet bien réjouissant ; ils s’attendent que nous allons leur communiquer quelque chose de particulière- ment triste. Il va en être ainsi, hélas ! Il y a longtemps que nous n'avons parlé de |’ Anolis dont nous sommes devenu le propriétaire. En juin der- nier, nous avons constaté qu'il était doué de remarqua- bles aptitudes dormitives. Les chaleurs de l'été, rappe- lant un peu la température de son pays d’origine, lui ont rendu l’agilité propre à son espèce. Comme nous devions faire plusieurs voyages assez longs durant les vacances, et que nous craignions qu'il ne manquat des soins convenables en notre absence, nous | acceptâries avec empressement l'offre de s'en charger que nous fit une famille de nos amis ; et, durant trois mois, le gracieux reptile reçut la une hospitalité généreuse. Mais tandis que nous n'avions pas cru pourvoir réussir à le faire manger et boire autrement qu'en lui présentant, chaque j jour,le sucre et l’eau au iaoyen d’ustensiles appro- — priés, ses nouveaux hôtes le laissérent se tirer d'affaire comme il pouvait, en mettant à sa portée de l'eau et du sucre en poudre: et il sut fort bien profiter de la table ou- 178, *LE NATURALISTE CANADIEN À verte qui était constamment à sadisposition. Habituelle- ment il se tenait dans un Herre qui,partant de la fenétre qu'il habitait, tapissait de ses courants presque tout le plafond dela chambre. Mais on le perdait souvent de vue dans cette verdure, et l’on était des semaines sans le voir. Enfin, comme toutes choses ici-bas, cette villégiature prit — fin, et l'animal nous revint, dans les derniers jours de septembre. Une fenêtre, encombrée de plantes diverses,de livres, etc., lui fut assignée pour domicile ; les aliments accou- tumés y furent étalés, et nous laissames lAnolis y conti- | nuer le cours de son existence monotone.- Dans les pre- miers jours, nous le revimes une couple de fois; et ce fut tout : il resta ensuite invisible. Nous n’en fames pas alarmé : il iui était si facile de se dissimuler sous une feuille ou autrement. Toutefois, la longueur inusitée de l'éclipse nous parut étrange à la fin. Le seul moyen de savoir à quoi s'en tenir étant une descente sur les lieux, il fut décidé de faire une battue générale dans la forêt en miniature qu'il y avait là. L’ enquête ne fut pas longue : en dérangeant un Oxalis, nous aperçûmes le cadavre de notre pauvre petit reptile. C’est le 25 octobre que nous fimes cette lugubre découverte. Depuis quelques jours déjà, sans doute, il avait trépassé, bien loin des lieux qui le virent naître, ‘Juin de sa Floride ensoleillée. Dulces mo- riens, etc. Quelle est la cause de cette mort? Faut-il} attribuer à la température, dont l'animal n'aurait pu supporter la fraîcheur croissante ? Nous pensons plutôt qu'il faut voir dans le fait suivant l'explication de l'accident Nous avions récemment fait percer une muraille, dans notre appartement, et, comme bien l’on pense, une couche épaisse de très fine poussière de mortier s'était répandue sur tous les objets. Le reptile—adversaire endurei. du “Système Kneip”—n'avait aucun moyen de se dé- barrasser de cette poudre qui le recouvrait aussi, et qui, en empêchant l’exhalation cutanée, ada lui causer des troubles fonctionnels auxquels sa frêle constitution n'a pu résister.....S? non à néro Quoiqu'il en soit, ce trépas nous permettait d’enri- chir nos collections d’une pièce intéressante. Nous nous disposions donc, plusieurs jours après, à evleirer notre Anolis dans un bocal rempli d’alcooi, lorsque nous re- LES BULBES A FLEURS “NES ji \ ae mes que le cadavre avait encore de la souplesse : sur sa peau d'un brun sale, apparaissait encore quelque _ trace de la coloration verte qu'il >7ait habituellement. Vu _ nos principes bien établis sur les inhumations précipitées, nous résolumes de surseoir à l’opération, et d'attendre les By) événements. Or, aujourd'hui, près d’un mois après sa ae mort,le reptile conserve tcujours la même apparence; la ri- Ki gidité cadavérique est peu prononcée. ea | S'il n'y avait là que mort apparente ou léthargie, état - dans lequel les Reptiles passent ordinairement la mauvai- “+ se saison, et si un jour la reviviscence se produit, nous ne manquerons pas d’en informer l'univers par la voie du NATURALISTE. Il ne nous avait pas été possiblede reconnaitre à quel- le espèce appartenait ce faux caméléon. Nous avons enfin _ trouvé son nom spécifique dans un journal de modes (jus- 4 #8 Door les naturalistes ne poussent-ils pas leurs recher- | ches !) publié, croyons-nous, aux Etats-Unis. Au milieu de gravures représentant des * Misses’ jacket basque,” des re, Ladies’ circular cape wrap,” et autres chefs-d'œuvre du costume féminin, on y lisait un article intitulé Her Lady- … ship's Lizard, dont nous allons citer la première phrase, au Le: j 14 risque de déplaire un peu à quelques-unes de nos lectri- . ces, quiont peut-être sacrifié “a la mode du caméléon” men guise de parure, l'hiver dernier : Cr ‘1 “ The infliction under which large numbers of the young women of thistown are at present suffering is scientifically known as the Axolis principalis, and the ex- . perience of a few months has shown that in this climate it is terribly infectious.” à Combien de ces dames s’en sont douté seulement, que . C'était un Anolis principalis ? LES BULBES A FLEURS Nous nous proposions de consacrer quelques pages de _cette livraison à une étude sur les bulbes à floraison d’hi- ‘ ver. Le d'faut d'espace nous empéche de le faire, et nous n'avons que quelques ligues à notre disposition pour trai- _ter ce sujet. Nous allons ‘donc piquer au plus court. Si vous voulez vous procurer le plus de jouissances FA à MA L 5 hey WRAY 180 LE NATURALISTE CANADIEN moyennant une légère dépense d’argent, cultivez en chambre, cet hiver, quelques bulbes choisis, Jacinthes, — Tulipes,Narcisses, Alliums, etc. | La Jacinthe et le Chinese sacred lily réussissent bien « placés sur des flacons remplis d'eau; on peut aussilescul- tiver, comme les autres genres, dans des vases remplis de Ferre: UN GRAND PRINCIPE: dès qu'on a disposé ces bulbes sur l’eau ou dans la terre,il faut les reléguer dans une care © fraiche et obscure. C’est tout le secret pour réussir. Pen- dant cette retraite forcée, ils pousseront leurs racines, ce _ qui prendra cing ou six semaines. Ensuite, on leur rend Ja lumière et la chaleur—une chaleur modérée—; les feuil- ‘4 les se mettent à sortir, et bientôt les fleurs. Nous disons à nos lecteurs: il est déjà tard. Envoyez sans délai 50cts. $1.00 ou plus à M. J. Verret. fleuriste, à 4 Charlesbourg. P. Q., et vous recevrez un choix de bulbes que vous cultiverez avec le plus grand plaisir. -0!—— PETITES NOTE —Nos bons souhaits au Trifluvien, qui vient d’entrer dans sa septième année. —Nous avons vu sur plusieurs journaux du Canada et des Etats-Unis lum de nos articles, dont on aurait bien dû indiquer la provenance. C'est le pre- mier emprunteur, sans doute, qui est le seul coupable de l’onussioa. — Une revue mensuelle illustrée, dont l’abounement coûte 10 ets par an- ‘née ! Elle se nomme Out of doors for women, et s'occupe de la culture des fleurs. Publiée à Oreutt, Californie, E.-U. F Publications reçues : Catalogue de la collection de coltoptères de Lethierry et de livres d'histoire naturelle, qui serout vendus à Paris en décembre. Maison E, Deyxoile, 46 rue du Buc, Paris. —- Proceedings of the Boston Society of Natural History, Vol. XX V, parts 3 & 4 ; Vol. XX VI,parts 1. 2, 3,1892-93-94. —Cireuluines relatives à la formation d’une colonie catholique,que l’on est en train de fonder daus le comié de Kern, en Californie. S’adresser au Père J.-J Fortier, 198 Ontario st., Chicago, I. Nos remerciements pour l’envoi de ces publications. —La maison Deyro!le aunouce des épingles entomelogiques en nickel. Nous en reparlerons. a a SS ‘A NOS CORRESPONDANTS yi M. l'abbé J.-R.-L.H., Québec.—L'hémiptère que vous nous avez transmis est Je Ceresa bubatus, Fabr., Cerese t wreau. Le nom n’est pas d’un atticisme cen- sommé ; mais aussi, quelle forme étrange d’insecte ! = M. l'abbé E.-k., à Lévis, P. Q.—Nous achevons d’identifier vos insectes, et vous les enverrons ces jours-ci. M. G. B., Montréal.— Vous nous demandez une étude sur Zola, parce qu’it est de ‘l’école naturaliste.” (émissons, mon ami, de ce qu’on ait détourné si tristement, de son sens propre, uotre beau qualificatif de naturaliste. LME Natu raliste Cana dien VOL. XXI (a. 1 DE LA DEUXIEME SERIE) Chicoutimi: Decembre 1894 Rédacteur-Propriétaire : l'Abbé V.A. HUARD se : 2 Bi UN MOT DE L'ADMINISTRATION à a Nous adressons cette livraison à un certain nombre ag 4 personnes dont nous voudrions bien inscrire les noms sur nos Be: listes, Mais nous ne sommes pas partisan de l'abonnement 30 “ obligatoire ”; et nous prions ceux qui ne jugeront pas à pro= . ‘14 Bes de s ae à notre publication de vouloir bien remettre — 14 à la poste ce numéro, avec leur nom et le mot REFUSÉ. Autre- % ment, nous continuerons à leur faire l'envoi du journal, etles … Rg considèrerons légitimement FRE à abonnés. | Be On verra, par la table des matières traitées durant l’an- À ag née et qui est jointe a cette livraison, de quelle variété de su- a jets nous avons entretenu nos lecteurs ; et nous avons tâché Re; de le faire de façon à être compris de tous, ce que nous nous ‘4 proposons bien de continuer. | ‘a iB Nous pouvons encore fournir, à ceux qui le désireraient, BS un certain nombre de séries complètes des numéros de l'an- née, au prix de l'abonnement, Malheureusement, l’une des x vraisons sera bientôt épuisée ; et alors le volume deviendra une rareté bibliographique, qu il sera fort difficile de se pr ni curer, 24—Décembre 1894. = = a =: re L'ARRE PROVANCHER ae (Continué de la page 152) “ Arrivait-il un accident à quelqu’ un, tout le monde y mettait Ja main, et dans un clin d'œil da perte était réparée. parce qu'on savait se soumettre à son sort, et Ra avait un capital à gros intérêts dans le champ qui poussait, le troupeau ui croissait et la forêt qui attendait la hache te qu vigou- pour le he ; des habits on mais on savait s’en con- nter, les trouvant 4 propres pour résister aux travaux sait souvent couler en ae da’ one le cima du haut _ de la chaire sacrée, je,pouvais dire à tons, car nul ne manquait ‘ ux offices : Courage, mes frères, vous faites la volonté de “A Jieu ; vous êtes pauvres, réjouissez-vous, vous êtes plus rap- Bohés de Jésus-Christ, quin’avait seulement pas une pierre ur appuyer sa tête ; vous travaillez dur, mais Jésus-Christ, le maitre du monde, a travaillé comme vous pendant trente ‘années de sa vie. Celui quia Dieu de son côté est toujours 1 che, toujours heureux. Est-il dans le succès, il en remercie leu et sollicite de nouvelles faveurs ; est-il dans'l épreuve, il 1 remercie encore Dieu, parec que les peines et les souffran- | ces sont des arrhes pour le ciel. ‘ 410 “ Aussi je pouvais voir rayonner la joie sur toutes les | figures, Gy) \ i M. Provancher resta quatre années à Saint-Victor de A ty ring, durant lesquelles il commenca l’organisation d'un nou- vel établissement, Saint-Ephrem, quiest aujourd’hui une | | . paroisse dont la population est peut-être même plus considérable que celle de la paroisse-mére, Saint-Victor, } \ (*) NATURALISTE CANADIEN, XX, pg. 108-109. L'ABBÉ PROVANCHER Pendant son séjour dans cette paroisse, M. Provancher, ne ; manqua pas de s’oecuper d’ horticulture, comme on Vimagine “bien, Son goût inné pour les choses de la nature, les connais- de) _Chères fleurs, que de jouissances,—et combien vives ! et com=\ bien sereines |—vous procurez à ceux qui vous aiment ! Que d’autres recherchent i faveurs de la SAG) ce! Tout belle n’est rien pour P =, A qui épie les lents pro- — erés d’un bouton de rose d’une variété nouvelle, qui surveill l'épanouissement d’une tulipe qui manquait encore à sa colle tion : voilà ce qui ae. ! Que PP auprès de cela, les affa | re caressé d’une floraison attendue : quel mal. 1 % heur accablant ce serait ! 1 Tont le monde ne pense pas ni cette facon. Il en est d En. Vhorticulture comme de l’histoire naturelle: un grand nombre ' de personnes ne peuvent comprendre qu'il y ait plaisir si vif cultiver lécumes et plantes d'ornement, pas plus qu’elles ne s'expliquent la conduite de gens, pourtant sérieux, qui consa erent leurs loisirs à l'étude des monches, des pierres, des mol- lusques, etc. Pourtant, si l’on voulait s’y mettre un peu, et constater par soi-même tout ce qu'il y a de passionnant dan ces occupations, le nombre des amateurs fleuristes, botanistes, À entomologistes, ete,, deviendrait {considérable : et non seul ment le NATURALISTE CANADIEN Gonnaîtrait enfin ce que c’ e que la prospérité, mais il se verrait accompagné d’une dizaine de revues semblables, qui lui aideraient À exploiter le vaste champ de la nature dans notre pays. : Quelque fût le zèle hortigole qui animait l’abbé Frowa, PC ee RE ee ea Me Bilt | 184 LE NATURALISTE CANADIEN cher, pendant son séjour à Saint-Victor de Tring, aucun fait d'importance, en ce genre d’occupations, ne s'offre ici à son bio- graphe. Je ne dois pas omettre, toutefois, de noter les essais auxquels il se livra dans l'art de la greffe. Son esprit chercheur et avide de nouveau dans les sciences naturelles, dut en effet le porter à tenter l'expérience de ce qu’il avait lu ou entendu dire de cette manière intéressante d'obtenir ou de propager de belles variétés de fruits. Du reste, il faut ajouter que ces essais _ furent couronnés de brillants insuccès, comme il en avait été de ses premières tentatives en botanique, à Nicolet. Ces ta- tonnements, si peu fertiles en résultats, ne manquent pas pour- tant d'intérêt : ce sont les indices d’une vocation encore indé- _ cise. Quand ces aspirations scientifiques pourront enfin se don- ner libre carrière, nous verrons une Ame, toujours insatiable de savoir, se lancer, sans repos et de tous les côtés, à la poursuite de l'inconnu. En 1852, M. Provancher fut transféré de la cure de Saint- Victor de Tring à celle de l’Isle-Verte (comté de Témiscouata). ‘ly trouva beaucoup de besogne. Il eut À continuer la cons- _ truction d’une église paroissiale, dont les travaux étaient in- _ terrompus depuis deux ans, par suite de certaines difficultés eroire qu'il retira quelque profit de ce séjour dans le bas du fleuve, L’Isle-Verte est encore loin de l'océan, sans doute ; cependant sa faune maritime, en particulier, diffère notablement de celle du haut du fleuve : l’eau salée et l’eau douce n’ont pas en général les mêmes habitants. IL est done à croire que l’abbé _ Provancher, quand il eut plus tard à traiter des poissons et des mollusques de la Province, utilisa non seulement les écrits de ses devauciers, mais anssi ses connaissances personuelles, rela- tivement à la faune du golfe Saint-Laurent. Si la faune de cette partie du pays offre des dif- férences avec celle du reste de la Province, le climat n'y est à L’ABBE PROVANCHER Ss pas non plus le même. Tair y est plus “fort” que dans Vinté- rieur des terres, Et il se trouva que cette température un peu rude incommodait l'abbé Provancher, ee qui donne à penser que dès cette époque il éprouvait cette faiblesse de poitrine qui le rendit plus tard incapable d’exercer ie ministère parois- _ sial. I] ne passa done que deux années à PIsle-Verte, et lais- _sa cette paroisse, en 1854, pour prendre charge de la cure de … Saint-Joachim (comté de Montmoreney). Assurément, si le elimat de l’Isle-Verte était trop fort,celui de Saint-Joachim n’cffrait pas cet inconvénient. La côte de 4 _ Beaupré, en effet, que cette paroisse termine du côté de Vest, . estremarquable par son agréable température autant que par le pittoresque de ses paysages. La chaîne des Laurentides } commence au Cap Tourmente à s'éloigner un peu du fleuve ; _ et les belles paroisses qui, depuis longtemps, se sont emparé de _ cette lisière de terrain qui longe les flancs de la montagne, sont = à l'abri des vents impétueux du nord. Elles reçoivent avec Re abondance les chauds rayons du soleil ; aussi les vergers de ces riches localités ont du renom.— Du côté sud, court, tout le long de la Côte, l’Isle d'Orléans, incomparable corbeille de ver- dure, émeraude précieuse qu’enchissent gracieusement les eaux _argentées de notre beau Saint-Laurent : ses côteaux élevés re- posent agréablement les regards, mais surtout iis arrêtent les _souffles qui, du midi, tenteraient par hasard de troubler le cal- me du vallon priviléoié de la nature,-—et de la grâce, puisque _ c'est là que la Bonne sainte Anne s'est choisi nn endroit de _ prédilection devenu le pèlerinage national des Canadiens-Fran- çais ; la, plus qu’en aucun lieu de la terre, sainte Anne récom- _ pense par des faveurs innombrables ses dévots pèlerins. Sainte- Anne d’Auray—digons-le tout bas,pour ne pas afiliger nos frères | de Bretagne— voit sa gloire éclipsée par celle de sa fille Sam- 4 _ te-Anne de Beaupré. 14 (A suivre) V.-A, H. © LE NATURALISTE CANADIEN FORMATION DU SAGUENAY (Continué de la page 171) Supposons que, par le mouvement ascensionnel, la erohte terrestre s'élevait,disons,un pied par année ; la mer devait done baisser d’autant. De suite voilà un pied de niveau entre le lag saguenayen et l'océan. Mais ce lac va-t-il se creuser une dé- . charge de pres d’un mille de largeur avec un pied de‘profondeur, — dans le granit, durant le cours de cette année-lA? Ce nest pas possible, n’est-ce pas ? Mais disons, pour étre de composition facile, qu'il réussit 4 aceomplir ce prodige. Par ee procédé nous arrivons, à la fin de Ja 1400e année, au niveau du lac Supérieur. Ensuite, qu'arrivera-t-il, si vous continuez, sur la méme échelle, À ¢cloizner l'océan et à creuser les rivières ? Naturellement, le lac saguenayen et le lac Supérieur étant enfin arrivés au même niveau, et ayant la même capacité et le même volume d’eau, leurs décharges vont se creuser également de largeur et à un pied de profondeur par année, puisque la chose est décidée, ce qui fera encore 600 ans travailler , pour atteindre le niveau de la mer. Si le lac saguenayen a commencé son travail quatorze — siècles plus tôt, c’est parcequ'’il avait 1400 pieds à creuser … dans la croûte laurentienne pour s’abaisser au niveau de son confrère qui dormuit encore, pendant ce temps, au fin fond la mer. Mais pa qu’ils travaillent de concert, pourquoi e lac Supérieur n’a-t-il pas imité le le lac Saint-Jean, en se D Je lui aussi uve décharge égale & celle de ce dernier, puisqu'il avait le même volume d’eau à déverser dans la mer, qui se retirait aussi vite de l’un comme de l'autre ? Pourquoi l’'Ottawa, le Saint-Maurice et les rivières Bet- — siamits, Manicouagan, Aux-Ontardes,qui avoisinent le Saguenay © et qui coulent toutes des hauteurs de la méme chatne des Lau- — rentides, et presque aussi considérables que lui, pourquoi, dis-je, ces rivièremne se sont-elles pas creusées,elles aussi, dans les mê-" FORMATION DU s AGUEN ax que celles du Sa- Le soulèvement de la croûte laurentienne n'a done agi que Bas les limites du Royaume de Saguenay, puisque la somme a” de travail opéré dans le bassin saguenayen est infiniment supé- | 4 rieure à celle que l’on constate dans les parties qui l'entourent ? no Pourquoi toutes ces rivières de ia. Province de Québec ie sont-elles pas arrivées au même résultat que celui obtenu par les rivières de la Colombie Anglaise et des côtes norvé- _ giennes, puisqu'elles se trouvent toutes dans le même cas, pa- reillement exposées aux mêmes phénomènes , géologiques et … sous la pression de glaciers aussi puissants ? > Il faut donc croire que la révolution ne s’est pas opérée de cette manière, puisque le résultat que nous en attendions nest pas venu démontrer la justesse de nos calculs. Au con- | traire, toutes nos prévisions ont été complètement renversé _ anéanties, nous laissant dans l'alternative ou de supposer un . phénomène plus vraisemblable, ou de n'en pas supposer du: tout. Ce dernier parti serait le plus sage aux yeux des ini- … tiés ; mais pour ceux qui ne le sont pas, il faut que le pro- Mine subisse sa démonstration pro hac vice, en mettant a impossible en jeu pour arriver à prouver le possible. Nous dirons us A ce soulevement de la croûte ter- BC us le domuine a es ae mense pivot à Rene fie sa a Joueur, © ne que la partie nord de la Province future de Québec s'élevait au- des ssus des eaux de la mer, tandis que ceile encore inconnue Ontario s i us ait de 500 brass2s : ee come les a a 4] CL x ime une lune dans son plein. Cela explique clairement ourquoi ds travail d'érosion a été si prodigieux dans le Sa- 188 LE NATURALISTE CANADIEN guenay, et démontre, d’un UE côté, l'impossibilité pour la rivière Sainte-Marie, la future décharge du lac Supérieur, Ven faire autant, étant constaté que cette immension impré- vue et indéterminée paralysait indéfiniment tout son système érosif. En soulevant ainsi la Province de Québec et en abais- sant celle d’Ontario, nous avons, sans dessein, fait passer une partie de l'océan Atlantique dans l’océan Pacifique, inondant sans préméditation les grandes plaines de l'Ouest, causant un vrai déluge de cette partie de l'Amérique Septentrionale. ‘à - Et dire que tout ce bouleversement sest fait pour per- _ mettre au Saguenay de se creuser un lit somptueux, un che- nal sans jx el,dans un pays impossible, en mettant en jeu les moyens bien simples que la science a su découvrir, qui dé- montrent elairement que lq 7 vière Saguenay n'est que le ré- ÿ sultat des agents physiques ordinaires, traduisant leur ae- a tion d'une manière tout à fuit régulière ! Comme de raison, oe la science n’a pas voulu recourir aux causés extraordinaires, d'accord en cela avec la saine logique qui les exclue lorsque — leur intervention west pas évidenvment démontrée. — a Nous venons de voir que le plateau de Québec s’est élevé @au moins 3000 pieds au-dessus du niveau de la mer ; il ‘the faut exoire qu'il n’était pas encore rendu a sa dernière limite Be ascensionnelle, puisqu’a cette hauteur il n’y a pas encore de 4 | neiges éternelles. 1. sera nécessaire qu’il s'élève à 10,000 nr. pieds encore, et peut-être plus, lorsqu'il faudra entrer, bon i gré mal gré, dans l’époque glaciaire. On peut, dès maintenant, entrevoir ce qui arriverait sim fallait, tout de bon, en passer par là. is ME Arvivons done tout de suite à 12,000 pieds au-dessus ae la ! mer, et supposons que la neige et la glace s'y entassent, l'été comme l'hiver, à une épaisseur de dix pieds par année. Nous … voilà rendus, à la fin du 20esiècle au-dessus des nuages,c-à-d.à l'épreuve de la neige et de la glace. La mesure étant comble,” le balancement de bas en haut va s’arréter pour reprendrg) insensiblement sa descente de haut en bas. À © UNE PUNAISE DU FAR WEST 189 1 = Le mouvement va s’accélérer, je présume, si l’on compte | pour quelque chose le poids énorme amoncelé, 2006 années du- 4 rant, sur le plateau de Québec. Vous te devrez done pas être ‘4 strpris, si je vous apprends que, de fait, il s'accéléra de plus | a en plus, d'année en année, si bien qu'il arriva, un jour, que le aa D fond du plateau de Québec s'arrêta brusquement sur l'axe di a . dela terre, ni plus, mi moins. Le choc imprévu qu’il en ressen- | 4 tit fit décoller le glacier de son assiette ; sa position penchée ee vers l'est Ventraina dans cette direction, aidé des eaux de la q mer a} le recouvrait presque tout entier. oe “ Mais quelle a di étre l'action du glacier sur le chenal du à 4 _ Saguenay en particulier ? ” ee 4 Cette espèce de quille de glace, soudée à la base du 4 glacier et moulée tout entière dans le lit du Saguenay, b dans toute sa longueur, sa largeur et sa profondeur, a Be fait l'effet d'une immense rape, d'un bouvet gigantes- i a que, enlevant aux parois du gouffre une énorme couche a de la matière qui les compo-ait; les unissant,les polissant a sous l'effet du poids incalculable aidé de la force entrai- pe a nante et irrésistible que le glacier devait lui imprimer, “ si la poussée de cette masse glacéela fil s'écouler lentement vers LE ; Dest. , a Mais si c’est vers le sud, comme le dit M. l’abbé La- oe 4 flamme, que le glacier fut entrainé, son action sur le che- By presque nulle. (À suivre) P.-H, DuMats, qe — ee Nous avons reçu une intéressante communication a de M. l'abbé E.-B. Gauyreau, de Beardsley, Bigstone Co., 25—Décembre 1894. UNE PUNAISE DU FAR WEST AS nal du Saguenay en particulier a dt être insignifiante ou — i 90 LE NATURALISTE CANADIEN Minnesota. Nous en reproduisons ici la plus grande partie. “Je me permets de vous expédier une petite bou- teille contenant plusieurs insectes, qui seront un Sujet de curiosité peut-être pour quelques lecteurs. ‘“ Ces insectes viennent de faire leur apparition au Minnesota. ‘La première fois que je les aperçus, ils étaient en nombre incalculable, massés en grappe. sur les feuilles sèches, le long des trottoirs et se chauflant au soleil du midi. “ Les petits sont rouges comme des so/dats anglaïs. L’insecte parfait porte habit noir bordé de rouge, plus un joli chevron rouge sur le dos. « L'arrivée ex abrupto de ces insectes et leur rapide multiplication ont jeté l'alarme parmi les fermiers. Ils redoutent un nouveau fléau. l ‘ Généralement ces mangeurs de moisson arivent en automne, se mettent en terre, et y font lu préparation éloignée pour mieux détruire la récolte de l’année qui vient. * J'ai étudié, consulté, observé ; et j'ose vous en- voyer le résultat de mon travail et de mes observations. “Vu l'été exceptionnellement chaud et sec dans le Minnesota, cet iasecte s’est multiplié, comme je viens de le dire, en si grande quantité, qu'en plusieurs endroits on a été très effrayé, et l’on a essayé de le détruire sans trop savoir ce que c'était. “Les Américains d'ici l’appellent Tree-bug, et dans le Sud ils le nomment Cotton Slainer. “Tl est né dans les Etats du Sud. “Il vit sur plusieurs arbres différents, mais parait ‘à affectionner spécialement le box elder, comme on l'appel- 1a le dans le pays. 4 “Il appert par sa trompe qu'il prend sa nourriture à par succion et, en grand nombre, j'ai constaté qu'il avait : causé d'immenses dommages au feuillage du susdit box-_ 7 elder. : 4 “Au froid actuel du soir et du matin,il demeure sous k. feuille et sous terre ; c’est vers dix heures du matin que . commence le va-et-vient. Son vol est pesant. Cependant, 4 comme ces bêtes sont stupides, on peut les saisir et les ' } | oo ns AU MINT TRE De) We set UNE PUNAISE DU FAR WEST 191 tuer aisément, sur le tronc des arbres, où on les trouve toujours en grand nombre. “Qu'en adviendra-t-il ? Je n’en sais rien. “Tout ce que je sais,c’est que plusieurs d’entre elles vous parviendront, et que vous saurez bien nous dire leur principium quod, leur principium quo, et surtout leur cut bono. “ Joublie d’ajouter qu’elles vivent dans la maison comme les mouches, mais ne semblent y causer aucun dommage. Actuellement, j'en trouve une dans ma man- che qui ne me cause aucune répugnance. Je les accep- terais volontiers en échange des mouches, surtout des “ mouches collantes.” “ Vous m'en direz plus long ; et je serai heureux de renseigner les fermiers et les jardiniers de ma paroisse, surtout si vous décidez que ces insectes ne peuvent nuire sérieusement. ” Les détails qu'on vient de lire montrent que notre cor- respondant est bon observateur, et nous souhaitons vrai- ment de le voir se livrer sérieusement à l'étude de l’his- toire naturelle. Les insectes annoncés nous sont arrivés en bon état, et encore pleins de vie pour la plupart. Cet insecte, de l'ordre des punaises, est un Hémip- tère appartenant à la famille des Coréides. Sa longueur est d’un demi-pouce. Il est de couleur noire, avec des lignes rouges sur le côté extérieur des élytres (ailes supé- rieures),ainsi qu à leur extrémité (coin) interne.Le protho- rax porte aussi trois lignes rouges longitudinales, l’une au milieu et les autres au bord externe, ei c'est ce carac- tère qui a valu à l’insecte son nom spécifique de Leptoco- ris trivittatus, Say. Parmi les larves reçues, les unes étaient rouges, et les autres presque entièrement noires, différences qui proviennent, supposons-nous, de ce qu’elles étaient à di- vers degrés de leur m‘tamorphose. Les plus petites ont une certaine ressemblance avec les punaises des lits (Cimezx lectularius, Lin.) 192 LE NATURALISTE CANADIEN Ce n'est pas cet insecte que l’on nomme “ Cotton Stainer ” aux Etats-Unis : c'est le Dysdercus suturellus, ap- pelé aussi “ Red Bug,” et dont la coloration diffère assez de celle du Leptocoris. Quant à ce dernier, au sujet duquel nous sommes consulté, son nom vulgaire est Box-elder bug, c'est-à-dire punaise du Négondo, dénomination qui lui vient de ce qu'il'‘parait affectionner spécialement le box-elder, com- me dit notre correspondant. ‘“ Box-elder ” est le nom an- glais de l’Erable à Giguière, Negundo uceroides. Mais il se tient aussi en grand nombre sur le tronc d'autres ar- bres, quoique ce soit de préférence sur le Négondo qu'il se multiplie. Il s'attaque aux fruits, prunes, péches,pom- mes et raisins, qu'il abime en en sugant le jus. C’est quand ces insectes sont rassemblés sur le tronc des arbres, qu'il est le plus facile de les combattre, ce que l’on peut faire en les écrasant avec une brosse ou un ba- lai de raideur suflisante ; on les détruit également avec de l’eau chaude, iaais encore mieux par l'application d’u- ne émulsion de kéroséne ou essence de pétrole. Oa doit se hater de les combattre, au printemps, pour prévenir leur multiplication, qui est rapide. : Nous avons vu signaler la présence de cet insecte dans le Kansas, l'Utah, le Nébraska, le Dacota Nord et D. Sud, et le Minnesota. —Oatario ni Québec n'ont enco- re reçu sa visite ; mais peut-être l’aurons-nous plus tard, surtout si la culture de l’Érable à Giguière prend quel- que extension. L’insecte est déjà sujet canadien : ilest ‘assez commun, nous écrivait M. Fletcher, dans tout le Manitoba et le Nord-Ouest sur l'Erable à Giguiére (Ve- gundo aceroides).. Je l'ai trouvé en abondance à Regina et aux environs de Winnipeg. ” ® INEXACTITUDES - 193 ORIGINALITES SCIENTIFIQUES yx *y Les vers à soie vont bientôt recevoir permission de retourner à la vie sauvage, leur utilité ayant cessé. Car on fabrique maintenant de la soie avec la pulpe de bois, soumise à une série d'opérations dont la plus inté- ressante est celle-ci: la masse visqueuse obtenue est poussée avec force dans un tube percé d’une infinité de petits trous, d’où elle sort en fils si fins qu'il en faut ré- unir six pour avoir un fil utilisable pour le tissu. #*%x Le miroir chez les poissons ! Ce n’est pas toute- fois comme article de toilette qu'on va offrir cet ustensi- le aux habitants des eaux, mais plutôt comme un nouvel engin de guerre dirigé contre eux. Voici donc ce que propose M. W.-R. Lamb, du Rhode-Island. Attachez un petit miroir auprès de l’hameçon. Le poisson qui vien- dra mordre à l’appât, voyant son image, croira qu’un au- tre poisson se dirige aussi vers la proie. Il s’élance- ra alors pour devancer son rival, s’embrochera, et à la sauce blan-blan-blanche il sera mangé !—Ce ne sera pas le premier méfait du miroir. ——— (} ee INEXACTITUDES —%La Presse du 17 novembre, citant sans doute quel- que autre journal disait que deux enfants se sont empoi- sonnés et mangeant ‘ des panais sauvages, communé- ment appelés “ Carotte-a-Moreau”. Le Panais, Pastinaca sativa, L., n'est pas vénéneux; la Carotte-a-Moreau, Cicuta maculata, L., c’est la fameuse Cigué, dont la racine est un violent poison. Socrate serait mort de vieillesse, si son _bourreau n’ayait pas été plus fort botaniste que Je repor- ter coupable de l’erreur que nous relevons ! —Sur la Patrie du 19 nov., ‘un conservateur” parle de M. Joncas Ventomologiste (piscalor) canadien. Uy a dans % h de 4. i f ra Le 194 LE NATURALISTE CANADIEN cette parenthèse un exemple de traduction assurément très large. la sience et le conservatisme du correspon- dant paraissent également laisser à désirer. Nous sommes forcé de renvoyer au prochain numé- ro de jolies esquisses zoologiques,que nous avons reçues de M. H. Tielemans, instituteur au Manitoba. EXTRAIT DE LA CORRESPONDANCE “Ce n’est pas sans émotion et sans grand plaisir que j'ai vu renaître le NATURALISTE CANADIEN qui avait déjà disparu un moment, du temps de son savant et si regretté fondateur que j'appelais le Buffon du Canada, et pour lequel j'avais autant d'amitié que de vénération. Nous avons été, en eflet, en relations suivies pendant de nombreuses années et il m’a fait le plaisir de venir pas- ser quelques jours à la maison au retour de son second voyage à Jérusalem.........Cette bonne visite m'avait per- mis de mieux le connaître et l’apprécier, et je lui étais très attaché. En outre, je lui avais une très vive et très profonde reconnaissance pour toutes les gracieusetés qu'il avait eues à mon égard......... “D'après tout cela, vous devez comprendre combien j'ai été heureux de voir revivre son œuvre et de voir que vous aviez pensé à m'envoyer les premiers Nos. Je les ac- cepte de grand cœur et je vous prie de me considérer au nombre de vos abonnés et de vos lecteurs. Je sais, du res- te, que cette publication est en bonnes mains.......-. “Je suis tout a votre disposition pour les renseigne- ments ou échantillons que je pourrais vous procurer. Et même, si, parmi vos jeunes abonnés, il se trouvait des dé- butants desirant des insectes ou des coquilles de Fran- ce, surtout de ma région, Je serais enchanté de leur en envoyer et de recevoir des insectes —Coléoptères surtout—de vos pays (notamment des Cicindéles,Carabes, Calosoma, Longicornes et Phytophages), ainsi que des coquilles d’eau douce de vos fleuves et riviéres,telles que les Unios et les Anodontes ou autres bivalves dont j'ai encore bien peu d'espèces. Si quelque collègue veut me faire un envoi cece genre et me signaler ce qu'il dési- BIBLIOGRAPHIE 195 re, je le lui enverrai dans la même boîte: ce mode d’échan- ges est facile et peu coûteux par la poste. Il en serait de: même pour les timbres. Veuillez, Monsieur le Directeur, agréer,avec tout mon respect, l'assurance de mes meilleurs sentiments de bonne confraternité. HENRI MIOT, Juge d’Instruction, Officier de l’Instruction Publique, Chevalier du Mérite Agricole, etc. Beaune (Côte-d'Or), France. (qe BIBLIOGRAPHIE Nous accusons réception,avec reconnaissance,des pu- blications suivantes : — L'Album Industriel (revue hebdomadaire illustrée ; $2.50; 71a,rue St-Jacques, Montréal). Belle grande revue il- lustrée, 16 pages in-4o,remplie de renseignements sur les divers sujets industriels, agricoles, scientifiques. Nousespérons qu'elle recevra]’encouragement du public. —La dévotion à saint Antoine de Padoue, par M. Vab- bé E. DeLamarre, du Séminaire de Chicoutimi. Gracieux et pieux opuscule qui vient à son heure, et qui devra ob- tenir grand succès, en ce moment où la dévotion à N. An- toine prend une extension nouvelle, En vente a Québec et à Chicoutimi. — L'Essai, revue des jeunes (revue bi-mensuelle, il- lustrée ; $1.50 ; 316 et 318 rue St-Charles-Borromée,Mon- tréal). Publication de 12 pages in-4o. La jeunesse instrui- te devrait avoir à cœur d'assurer le succès de cette œu- vre fondée dans ses intérêts. “On n’y trouvera jamais un mot, ni une pensée répréhensible,” dit le prospectus : ex- cellente promesse, qu'il faudra absolument remplir.— Nos bons souhaits. — Les formes expérimentales, Rapports pour 1893, Otta- wa. Volume de grande valeur pour l'agriculture, l’horti- culture et l'élevage Le rapport de M. Fletcher, sur l'en- Se ee LE NATURALISTE CANADIEN tomologie et la botanique, nous a particulièrement inté- ressé. —16th Annual Report of the Fraser Institute, 1893- Montréal. L'exémplaire regu était adressé à feu l'abbé Provancher. —The Grip Printing & Publ. Co. Toronto: spéci- mens de gravure par divers procédés. Travail d’une grande perfection. — Les ORCHIDEES et M. Geo. Mantin, Paris, 1894. Jolie plaquette, avec portrait. M. Mantin est peut-étre le plus grand orchidophile de l'univers. Ses collections sont très considérables, et il prépare de nombreuses pu- blications sur l'intéressante famille des Orchidées,entre au- tres une revue mensuelle, Les Orchidées, qui a peut-être déjà paru en ce moment. S’adresser à M. G. Mantin, 54, Quai de Billy, Paris. 0 ——— —— STUDER'’S BIRDS OF NORTH AMERICA New-York, 1888 Nous avons rarement vu un plus beau vo- lume que cet ‘“in-quarto Impérial” publié sous les auspices de la Natural Science Association of Ameri- ca. C’est un véritable monument élevé à l’ornithologie, l’une des branches les plus agréables de l’histoire natu- relle ; on peut dire que c’est une bibliothèque consacrée ala description des oiseaux, et de plus: une galerie de peinture. On y voit, en effet, dans 119 planches coloriées d’après nature, la représentation de plus de 700 espè- ces d'oiseaux, c’est-à-dire presque tous ceux de l’Améri- que du Nord. Ce grand ouvrage se vend $40 ou 45, suivant la ri- chesse de lareliure que l’on désire ; mais les naturalistes peuvent obtenir une importante réduction de ces prix. Se à la Nat. Sc. Ass. 114 Fifth Avenue, New- York. if a i, ‘4 L : a 4 ‘ \ | j i ay a as ee a, ie de... dat à TPE Er r fi =< ee a art aan A TABLE DES MATIERES Pages Peeve cut NATURALIST Ra. ......5.auaueadseh ue a sae 1 INGER GD PROSTATE wi As. A nie snes eae shel 4 Appel4la collaboration. 2.02.2... .0captdetedsassdepececoseseracahens 9 Nos confrères de la presse 10, 22, 51, 68, 70, 100, 131, 146, | 147, 164, 180 A qui nous adressons le NATURALISTR.........ssscee. sccecnecscees 11 Monseigneur Laflamme, Prot, Apost..................…............. 12 Bhtomologie, médicale 2... ANR NU 13, 24 Le dernier écrit de l'abbé Provancher (Culture des plantes CORRECTE A cess nee ce 0 LL RARE PARENT REA PER CaR 17 Expériences originales............ ...... So nadés DORE EeL Rae rg Bon accueil fait au NATURALISTE sec soseee ee 021 A quoi sert l'étude de l’histoire naturelle............. SRE Une 23 Cours d’entomologie populaire (G. Beaulieu)—Introduction.... 26 Chapitre I—Divisions de l’histoire naturelle 42, 58 Chapitre II—Rôle des insectes dans la nature 60, 74 Chapitre ITI—Classification des insectes 105, 117 Chapitre IV-—Différentes phases de la vie des insec- tes. SN se 120, 153; 165 Chapitre V—Anatomie des insectes. …................ 166 TR ALINEAIOL ONES EE Rene E de ve ee Ne ES Chasse aux insectes ........,............ Ann NS Gt due drone NP Pr Les grainetiers des Etats-Unis................+. PERCE RE PANNE Un jardin dans une citrouille ......... = BETA ie a arene 32 La conservation des œufs................. LA RP ER ES AE 33 POU MENGE, delta LANG 5... 0eme ne al NT EE Bibliographie.—L.-A. Paquet, De Creatione, 34.—24th An- nual Report of the Entom. Soc. of Ontario, 35.—Règle- ments du Conseil d'hygiène, 1891, 35.— Etat des comp- tes publics de la Prov, de Québec, 1891, 35.— Statistiques vitales et mortuaires dela Province, 1889-90, 35.—Mo natsschrift fur Kakteenkunde, 36.— Bulletins de la bibl. et du musée du Collège St-Laurent, 67.—R. P. Carrier, Histoire phys. et chimique d'une bougie, 68.—Catalogue de graines, J. Verret, 68.—W. H, Harrington, Canadian Uroceridæ, 84.—A. H. Mackay, Explosive gas generated within the hot water pipes house heating apparatus, Na- tural history observations, 100.—C. Baillairgé, Technical education of the people in untechnical language, 100 —* Ans 5 del Museo Nacional de Montevideo,131 ; Rapports Ss ee aa ee et ee ers ee Se LL der FN TT IT eT et EEE 198 ? LE NATURALISTE CANADIEN de la Fruit Growers’ Assoc. et de la Soc. Entom. d'Ont., 151. A.-L, Montandon,, Hémipières de la Birmanie, etc., 131.— Annuaires de l’Université Laval et du Collé- ge de Lévis, 131— Guide du colon 146.— Nouv, mois de septembre à 8. Michel et aux SS. Anges, 147.— Polé- mique à propos d'enseignement, 164.— Vick's illustrated catalogue of bulbs, 164.—Rare tropical plants and bulbs, 164. — Catalogue de la collection de coléoptères de Lethierry, 180.—Proceedings of the Boston Soc. of Nat. History,180.—Fondation d’une colonie cath. dans la Ca- lifornie, 180.—Z Album Industriel, 195.—DeLamarre, La dévotion à saint Antoine de Padoue, 195.—-L’ Essai, 195.—Les fermes expérimentales, 1893, 195.—16th An- nual Report vf the Fraser Institute, 1893- 94, 196.—The Grip Pr. & Publ. Co., 196.—Les Orcumérs et M. G. Mantin, 196. __Studer’s Birds Orly. A 1196. | L'abbé Provaacher— Notice biographique ........ OR SR ENS Dans la famille ; au séminaire...41, 53, 85, 101, 134 Dans le ministère paroissial................ 7185, 149, 182 Aine nouvelle espèce de Truite}... sense ee Menataciysme du Saguenay... le RER e RES Nouvelle série (du NATURALISTR ENT... lance ne Un ARCS Formation du Saguenay (P.-H. ae ds ANS ee ata 88, 121 L'ancienne décharne en, Eee L'érosion par l'eau... Rbaseaesiese et let LOS NEED Encouragements très pratiques. Le SRB ARC CNE 5 Une punaise assassine................ PACS 0 SAN ee ER VAN 5 PJCC CTOAUSOTIO sss. ouétas 0 set e ve euN ee EN RER EST UE RS ue te sg Sat cet 400 La chasse aux spécimens................ BEERS AG EAA SCAB TE Ma pose El nistoire nitarelle PR ER Cr TE MVC MU GIIAIGOD-DIJOW . secon 5 s-cssn -'edgeneee ee celtes bu sw's.edpoate rte NOM NGS AMMEN OS (moches... MP asc 0 Lael Souvenirs de chasses en Normandie (L. Rossigavl).............. 97 Le pseudo-caméléon......... ........ LE A EE tt ime 6 BOER NEA do] 1 ARR ys secs +p cua caer Pasar aietircns AR PAR sad een nw Ca € EE Palma-Christi contre les moustiques, fourmis, taupes............ 115 Mumonche des Corne... onaiee ha RNB ells karin CES éteinte LE LS Queue de-Renard—ÆErable-à- Giguére—Pensée. dia Weaaaams te Mis a te ee Wonservation des COLECHIONS, Re RL. AR ke Traités de botanique et de pum oa a Dips ade sise ete ele e RUE Biologia centralr-americand,...sce.srercaverssenssscsceregvorievsceess 132 PIPED ICING! .\ sinvisv cee LOU A D ARR 133, 149 Botanique médicale—Le thé (Dr Jéhin-Prume).......... 141, 171 Aa Ee 9 [ga OL URAL CAMERAS ARR UT Paar Gi 1 Herbe D NOLES NE wins des NA ae de exe A RUS L'histoire naturelle à l'Exposicion de Québec... ........ LOT Comment détruire ies insectes dans les fourrures... 165 TABLE DES MATIÈRES 199 Condervanon des fonitsenu hiver... swans aod es ES Un cétacé aidentifier (JW. Miller) 242:2:082,......1.....0e..,.0. LES ‘“Dulces moriens reminiscitur Argos”.............. ME RNA age Iba steve antennes CU, AMEN NO RO SR ed 0) model OA GIMIMESCEALION ... OMR EN oe OPS Miner pansise van Hart... AMAR SE ERA eRe Onetraltés screntifiqnes. 2... MMM ne DIS DEEP RE AU Gr Vos JA REA RSR à EO RO me RQ PTS Extrait de la Rec CH aa ene dSecjases denn seb NOE TABLE LE ALPHABETIQUE Des principaux noms de fumilles, genr es et espèces mentionnés dins ce volume. CEL MERON Eee. Amarantus caudatus, L........ Anolis principalis.......83, 99, Bacillus anthracis eberth-gaftky. Se LEM Sb OTHER Enr SR AT TER MAR tava, oY) oleh AMAUUDETOUIOSIS 202200 1326 ra 1 (AM ENT OS Box-pider bug. ere Carabus arvensis.............5 DETENTE Rib ln Sian IS SAI SOMO MELE SE Rae. SoM GATICE | AUS. El lerele e SSI COV IA COIS re le EME ele ee à ORAN LA UEIS OCs aol eat pol à SMM MEMLTTE ALU ES de Oa 7, USE CMEMOTUIS!: Liaise) cisisiein © (oe MUG Ura SCENE Wiehe led à Ceresa, bubalus, Fabr.:.:2.,...1 (HE EE TRE A SE SE iw cle a} « Chimaphila umbellata, Nutt.... Cieutamaculaae De yee sists Cimex lectularius, Lin, ....... Clisiocampa americana, Harris.. Coreoni SIREN SANTO, Cychrus attenuatus..........., , Me did OSUEAUUS 25s el e,cheiss/o\c\ oes « DEmaAtODIen Eee Eten 216, DOrIDHORC EAN TEASER se Dysdercus suturellus........... Equisetum arvense, L.......... CR SA No) date LAON ACARES “esse Krable à Giguére:..........114, Hiematobia serrata, R. Desv.... Her beraqla-clef ee ge ee Lachnosterna tusca, Frohl...... ME RAM ACU NOR TONI ER AIEEER Leptocoris trivittatus, Say MG zig Tt RS à are slaty alle à 115 114 179 111 «6 74 192 114 “ 192 113 146 106 111 191 83 ) Melampyrum pratense, L.,..,.. Micrococcus pneumonia........ 114 111 Ge ae aceroides este UE “ fraxinifolium, Nutt.... 115 DVO GUN] LA een AIS AN AE mane Ole A GTANnS ASS NS ANR ENTER PARA Crist 3 sidsspelsiueh esis cael Pastimacalsativay (ci) era Pelargonium zonale, Willd..... -87 Phytelephas macrocarpa....... Platysma oblongopunctata....... 98 Pneumococcus friedlander..... Préle des champs: sara PURGES Pane). AUS Mens Purnaisey des NES Sn ANR ae Queue-derenard a ova eras Ricinus africanus, Hort...:.... ‘$ borboniensis arboreus.. “ Salamanders gil ME UE PNA Sa'mo amethistus, Mitchill.. 46, 160 «canadensis, Smith,....... 461 PARC OR NE) RAP ON NAN ‘ fontinalis, Mitchill.....46, 160 “ Marstoni, Garman........ 47 TAN AVCUS NA, RMAs) ORAN aan, db) TRS NRA PAULO TEE.) 0e ASE NAN SOU Cholere Ne ne I NIE Spirochæte obermaicri.......... Staphylococcus ryogenes aureus. “ Streptococcus pyogenes.... ....1 6 Taraxacuin dens-leonis, Desf.... 84 CHANGIN eas) NE ee EN iene AGE ERMEMISISy S LME: 200 serene marae ERNEST RP aiuna EE A Te Ta cis), NEA G Tocen de Ant Cr CLR MERE NAME Oo lon, LIU RTC RES AENUINE Aiphius novæ-zælandisæe, (4220177 D LR AN a ATS ht Blé MERS ERRATA sage 8, ligne 21, retranchez y. 15, 1, au lieu de paycholosique,lisez : psychologique. ‘30, dernière ligne, au hien de levé, lisez : élevé. ven MOT F Ace ‘est à peine de $400, Lisez : _ m'atteint pas $500. Be”, Page 72, ligne 24, au lieu de La, lisez: Ja ( SS oy aS oy to as Pelargonium zonale, Willd, «sez : Geranium maculosum, I. Page 100, ligne 24, au lie de pren- lisez : prendre. PANDA done, VD, Sh aa UP abe, BULLETIN DE RECHERCHES, OBSERVATIONS ET DÉCOUVERTES SE ar al RAPPORTANT A L'HISTOIRE NATURELLE DU CANADA 7 TOME VINGT-DEUXIEME a . EU (DEUXIÈME DE LA DEUXIÈME SÉRIE) ; * L’ABBE V.-A. HUARD, DIRECTEUR-PROPRIETAIRE .CHICOUTIMI Imprimerie du “ Progrès du Saguenay ” 1895 nt i Sai ne ve Le 4 Naturaliste Canadi Naturaliste Canad! | oro XXII (OL. II DE LA DEUXIEME SERIE) No 1 Chicoutimi, Janvier 1895 Rédacteur-Fropriétaire : l'abbé V,-A, HUARD LA VINGT-DEUXIEME ANNEE du Naturaliste canadien Non seulement le NATURALISTE a réussi à compléter son vingt-uniéme volume, mais il commence aujourd’hui, avec confiance, le vingt-deuxième, qui est ie Vol. II de la nouvelle série. Nous pouvons dire qu’à certains points de vue notre entreprise a été couronnée d’un succès fort satisfaisant. La circulation du journal a été précisément ce que nous avions prévu, bien que notre attente eût été jugée bien ambitieuse par quelques-uns de nos amis. Présen- tement, le nombre des abonnés au NATURALISTE est envi- ron trois fois plus considérable qu’à l’époque de sa sus- pension, en 1891. Cette situation n'est-elle pas assez fa- vorable et encourageante ? Aa point de vue financier—non le moins important —, la position nous cause moins d’enthousiasme. Loin que nous ayions retiré un seul sou de bénéfice (ce que, d’ailleurs, nous ne recherchons aucunement) pour l’im- mense travail que nous avons accompli, le volume que nous avons terminé en décembre nous laisse un déficit considérable à combler. Plus de la moitié de ceux qui ont reçu le NATURALISTE ont négligé jusqu'ici d’en payer l'abonnement! Chacun de ces retardataires, faisant abs- traction des autres, se dit que sa dette n’est toujours bien que d’une piastre, et que le journal ne périra pas faute d'un montant si léger. Mais quand des centaines d’a- 1—Janvier 1895. 4 2 LE NATURALISTE CANADIEN bonnés tiennent ce langage, le propriétaire du journal se trouve bien embarrassé pour faire face à ses obligations. Il est donc évident que si nous voulions agir en homme d'affaires, nous devrions laisser là le NATURALISTE, ne plus seulement songer aux intérêts des sciences naturel- les en ce pays, et poursuivre en paix nos études person- nelles. Mais nous ne l'entendons pas ainsi, et nous ne re- noncerons pas si facilement à une entreprise que nous regardons comme intéressant fortement l'honneur natio- nal. Quelque soit le peu de valeur de notre petite re- vue, par elle le Canada français a une voix, quoique fai- ble, dans le grand concert scientifique qui s'élève de tous les pays du monde ; et cette voixtentera encore de se faire entendre. Nous comptons que les arrérages quinous sont dus vont peu à peu nous être payés, et nous osons porrsuivre notre œuvre sans trop regarder en avant, espérant tou- jours ne pas aboutir à un désastre! Notre race, si renommée pour sa culture littéraire, est bien en arrière des autres pour les études scientifi- ques. Ilse manifeste pourtant un certain réveil à cet égard ; et, de bien des côtés, comme nous sommes en me- sure de le constater, surgissent de nouveaux adeptes de l’histoire naturelle. Le moyen d’attacher à la science ces jeunes disciples, comme de lui en gagner de nou- veaux, ce n’est pas de suspendre la publication de la seu- ? ‘ le revue des sciences naturelles qui paraît ici. Ah! sans doute, le NATURALISTE n’est pas la perfec- tion! Si l’on feuillette le volume que nous venons de terminer,on verra qu’il y a un nombre considérable de su- jets que nous n’avons pas traités. Que pouvons-nous fai- re, avec seize ou vingt pages par mois, dans l’immensité du domaine que nous exploitons ? Tels et tels lecteurs regrettent certainement de n’avoir rien trouvé encore sur tel point qui les intéresserait davantage. Nous compre- nons leurs désirs ; mais le manque d'espace, de temps, de matériaux, de ressources, nous apporte de tels obsta- cles à surmonter, que nous croyons avoir quelque titre à l’indulgence. Quant à notre bonne volonté, elle est en- tière, et nous voulons faire notre possible pour être utile au plus grand nombre. LA VINGT-DEUXIÈME ANNÉE 3 Nous ne travaillons point, en effet, pour les savants, mais pour le public en général. Ce programme nous pa- rait d’ailleurs le seul praticable actuellement. Quand les naturalistes seront parmi nous relativement aussi nombreux que dans les Etats-Unis, par exemple, il sera possible et utile de publier alors des revues purement techniques. En attendant, il s’agit d’intéresser le plus de gens qu'il se peut aux études scientifiques, et de pré- parer ainsi une clientèle aux publications spéciales de l'avenir. Nous continuerons donc à faire œuvre de vulgarisa- tion. Et dans l'intérêt des amateurs, en même temps que pour répondre à un désir que l’on nous a exprimé, nous nous proposons, entre autres choses, de donner de temps en temps des conseils sur la recherche et la prépa- ration des spécimens de collections. Notre dévoué colla- borateur, M. Beaulieu, dira ce qu’il faut pour ce qui con- cerne les collections d’insectes, dans un chapitre spécial du traité d’entomologie qu'il publie dans le NATURALIS- TE. Nous nous occuperons nous-même de ce qui a rap- port aux collections d’autres objets d'histoire naturelle. Nous terminerons dans ce volume le mémoire de M. Dumais sur les origines géologiques du Saguenay. Nous savons que ce travail, bien qu'il y manque un peu de méthode, intéresse vivement un bon nombre de nos lec- teurs. On nous a demandé quand nous continuerons l’ou- vrage de l’abbé Provancher sur les Mollusques de la Pro- vince. I] nous faut bien, avant d'entreprendre ce tra- vail, achever notre Traité de Zoologie. Les choses iraient beaucoup plus vite, si nous consacrions, en chaque li- vraison, plus d'espace, par exemple huit pages, à ces tra- vaux de science pure. Mais ce n’est pas possible, dans les conditions de format restreint où nous devons main- tenir la Revue. Il nous tarde beaucoup à nous-même de continuer les travaux de M. Provancher sur la faune de la Province,.... et.... nous suivons attentivement l’œu- vre de réparation financière que poursuit le gouverne- ment de Québec, dans l'espérance de voir enfin briller, même de loin, l’annonce du secours qui permettra au NATURALISTE de reprendre son ancien format et son allu- re d'autrefois. t | | 4, LE NATURALISTE CANADIEN Dans le cours de l’année nous publierons probable- ment une étude sur la question de la Sardine du Saint- Laurent, sujet pour lequel le public a manifesté de l'in- térêt il y a quelque temps. Car nous ne considérons pas encore la question comme réglée, malgré les autorités que l’on a fait intervenir. Nous voulons en avoir le cœur net, et nous nous efforçons actuellement d'obtenir les ma- tériaux et les renseignements qui nous mettront en de- meure de nous faire une conviction solidement appuyée. Mais voici encore du nouveau. L’un de nos colle- gues du Séminaire de Chicoutimi,.M. l'abbé E. Poirier (ex-Missionnaire agricole du diocèse de Québec), qui fait de la Photographie non seulement un art, mais aussi une science, veut bien se charger de faire pour le NATURALIS- TE une petite chronique mensuelle sur la PHOTOGRAPHIE, où il enregistrera le: principaux développements et pro- grès de l'art photographique. Aucune publication du paysnes’est encore occupée expressément de cetart agréa- ble, dont les procédés rendus maintenant si faciles lui ont conquis partout des amateurs passionnés. Amateurs et photographes de profession formeront donc désormais une clientèle spéciale du NaTURALISTE —Quelques-uns de nos amis s’étonneront probablement de ce caractère nouveau donné à notre Revue. Nous les prions de con- sidérer les points suivants : lo Le maintien du NATURA- LISTE dépend entièrement du public. Nous blamera-t- on de chercher à intéresser le plus grand nombre possi- ble d'abonnés ? 2e La photographie se rattache évidem- ment aux sciences physiques, et dès lors tient un peu à l'histoire naturelle entendue dans son sens le plus lar- ge.—Il y a évidemment ici une limite à conserver, et nous n’avons pas l'intention d'admettre dans nos pages des études sur l’art de modeler habilement les contours d'une fine chaussure ou d'un gant fashionable, sous pré- texte que les cuirs relèvent de la Zoologie......80 Le Na- turaliste, revue illustrée des sciences naturelles, publié à Pa- ris, nous donne l’exemple. (Chacun de ses numéros se- mi-mensuels contient quelque article sur la photogra- phie. Les naturalistes du Canada ne sauraient être plus intransigeants que leurs collègues de France. 40 Nous donnons bien chaque mois quatre pages de plus que ce que nous avions promis, et cela fait, au bout de l’an, une MERCI ! 5 trouée assez sérieuse dans notre pauvre escarcelle. Eh bien, qu'on nous permette de distraire une ou deux de ces pages en faveur des gens qui trouvent leur bonheur dans la savante exploitation des rayons lumineux.—La cause est gagnée, croyons-nous, si la logique et la rhéto- rique ont encore ici-bas quelque pourvoir. Ces quatre pages surnuméraires, dont nous venons de parler, nous comptons bien continuer à les donner dans chaque livraison, tant que nous croirons avoir les ressources suffisantes pour cette dépense. Enfin, travail, argent, santé, nous mettons tout ce que nous pouvons au ee. du drapeau que notre tou- jours regretté Maitre et ami, sentant les approches de la mort, remit un jour en nos faibles mains. Nous croirions manquer à un devoir si nous ne témoignions pas ici notre reconnaissance à ceux qui ont tant contribué au succès :elatif de notre entr2- prise. La presse du Canada et de l’étranger nous a très bien accueilli, et mêre plusieurs journaux, non des moins importants du pays, ont montré un vrai dé- vouement à notre cause. Un certain nombre de confrères ont poussé la bien- veillance jusqu’à mettre sous les yeux de leurs lecteurs, chaque mois, les sum- maires de nos livraisons. Nous avons à remercier de cette grande faveur: le Courrier du Canada (qui a donné l'exemple de ce procédé si sympathique), la Vérité, le Progrès du Saguenay, la Semaine Politique, Enseignement Primaire, le Trifluvien, le Courrier de Saint-Hyacinthe, le Franco-Canadien, que nous avions déjà mentionnés à ce titre, durant l’année, à l’exception du Trifluvien (qui nous pardonnera bien cette omission, espérons-nous). Tous ces témoignages d’inté- rét, en faveur du NATURALISTE, ont été complètement spontanés de la part de ses confrères ; ils n’en ont que plus grande valeur, et nous y trouvons de puis- sants motifs d'encouragement à persister dans notre tâche. Ils démontrent aussi qu'une bonne partie de notre presse n’a pas pour unique objectif la préoc. cupatiou de faire de l’argent ; on y sait travailler en faveur d’une “idée”,quand même “cela ne paye pas.” C’est consolant ! Nous devons aussi reconnaître, avec gratitude, l’appui que nous a donné le clergé, surtout celui dela Province de Québec et les prêtres canadiens-français des Etats-Unis Notre liste d’abounés contient les noms d’un grand nombre de nos confrères dans le sacerdoce. Pourtant il n’y a certainement pas cing — pour cent d’entre eux qui s'occupent persounellement d'histoire naturelle. Ici LE NATURALISTE CANADIEN encore on s’est dit : voilà une œuvre à encourager et à maintenir; donnons-Ini notre concours ! Aussi nous pouvons dire que le NATURALISTE n’aurait pas vé- cu quatre mois, sans l’appui de ce clergé que l’on ose bien parfois, en certains quartiers, désigner comme ennemi de la science !—Nous ne pouvons pas ne pas faire mention spéciale de nos confrères du diocèse de Chicoutimi et de la Préfecture du golfe Saint-Laurent, qui presque toussont abonnés à notre pu- blication ; et plusieurs d’entre eux, nous le savons, ne peuvent nous donner ce témoignage de sympathie qu'aux dépens de ressources déjà insuffisantes ! Nous ne saurions dire à quel point nous sommes touché d’un pareil dévouement à no- tre cause. Nos collaborateurs ont droit aussi à nos remerciements. Nous n’espérions - certainement pas que notre appel à toutes les bonnes volontés aurait autant d’écho, en divers endroits. On nous a prêté une aide très efficace, et nous croyons pouvoir compter que l’on continuera de concourir au succès de l’œuvre commune. Le temps nous manque absolument pour répondre, comme il le faudrait, à tant de lettres qui nous arrivent remplies de choses aimables pour notre Re- vue. Nous profitons de la présente occasion pour dire à ces correspondants qu'ils ont part très importante dans ces remerciements que nous adressons, du fond du cœur, à tous ceux qui ont montré de l'intérêt pour le NATURALISTE. SR GP En PAUVRES CHENILLES ! (*) Il y a deschenilles bien maiheureuses, je vous l’as- sure ! | On a tort de croire que, dans ce genre de vie, tout est rose. Non, il y a du noir aussi, et je le vais prouver. Ah! s’il ne s'agissait que d’éclore, un beau midi, dans une pomme de chou, ou sur quelque rameau fleuri, et d'y trouver sans cesse frais ombrage et nourriture choisie ; s’il ne s'agissait que de se laisser vivre dans ce gîte verdoyant, de recevoir de la nature, à diverses repri- (*) On nous a prié, de divers côtés, de reproduire dans le NATURALISTE les deux articles que nous avions écrits pour La Kermesse de 1892-93. Nous donnons aujourd’hui la première de ces études, qui prendra la place du “Cours d’entomologie populaire,” dont le courrier ne nous a pas encore appor- té les feuillets destinés à cette livraison. Cet article sur les Chenilles fut reproduit, dans le temps, par des publica- tions du Canada et de France. Il est probable pourtant qu’il aura encore ie mérite de la nouveauté pour beaucoup de nos lecteurs. Sy ER? Ke Ma tal oe fe en ST SE Le rT a eg EG RE I, ANR a Tete UN RE D D ER PUR Se ee, ou ED Ae eee DU ie PAUVRES CHENILLES ! ses, un nouveau et riche vêtement pour remplacer celui qui est devenu trop étroit ;, puis, un bon jour, de s’en- dormir d'un sommeil profond, dont on se réveille, glo- rieux papillon, pour s’élancer dans les airs, voltiger de fleurs en fleurs et n’avoir plus besoin, bien souvent, que d’air et de lumière pour soutenir une vie si douce: s'il ne s'agissait que de cela, ce serait fort agréable, assuré- ment ! Mais les choses se passent trop souvent de bien au- tre facon. N’est pas papillon qui veut. De même qu'il y a loin, parfois, de la coupe aux lèvres, il n’y a pas tou- jours proche entre l’éclosion de l’ceuf et la sortie de la chrysalide ! Sans parler des variations de la températu- re, ni même des maladies qui peuvent mettre un terme inattendu à l’existence de la chenille, il lui faut compter d’abord avec le genre humain. En effet, le roi de la cré- ation fait peu d’eflorts pour lui rendre la vie aimable ; sans scrupule et sans remords, il l’écrase de son pied dé- daigneux, il la poursuit de toutes les préparations insec- ticides qu'il peut inventer. Vous n’imaginez pas, je sup- pose, que nous allons, à grands frais, planter des choux, des groseilliers et des pommiers pour le plus grand bon- heur des chenilles ! Mais tout cela c’est peu de chose, en somme ; et si l’on n'avait à craindre que le soleil, la pluie, les micro- bes propres à certaines maladies, et tout l'arsenal des substances insecticides, on pourrait encore couler des jours heureux sur la feuille, agréablement bercée par le moindre souffle, où l’on a toujours table mise et séjour bien aménagé. Le danger terrible et constant, c’est l’oi- seau ! “ L'oiseau, voilà l'ennemi,” suivant la formule gambettiste. Il y a des gens—j’en connais—qui éprouvent grand plaisir aux concerts des charmants hôtes de nos bocages. Ces mélodies incomparables, dont il y a plein les airs, en été, la chenille n’y tient pas du tout, soit qu’elle n’ait pas d'oreilles pour les entendre (c'est déjà une raison qui en vaut la peine), soit parce que cette musique, si elle l’en- tend, est l'annonce du péril qu’elie va courir. Pourtant la Providence a pris soin de la protéger; souvent, en ef- fet, la chenille échappe à la vue de ses ennemis, grâce à * 4 "I ï iy Wy $e pO eee ei a ee ee 8 LE NATURALISTE CANADIEN la couleur de sa robe, verte chez les espèces qui vivent sur les parties herbacées des plantes, grise ou brune chez telle autre espèce qui habite les ramedux ligneux, etc. Mais cela n'empêche pas qu'un nombre immense de che- nilles servent à la subsistance quotidienne de bien des nichées : au moment où elle y pense le moins, la chenil- le se sent empoignée par des sortes de pinces qui l’étrei- gnent violemment, et emportée dans les airs avec une vi- tesse dont elle n'avait pas d@idée. Vous voyez, dans ce nid, ces larges bouches toujours ouvertes et qui appel- lent toujours la becquée ? notre pauvre chenille trouve- ra là son tombeau. | Nous en avons fini, sans doute, avec les dangers qui menacent les chenilles ? Pas du tout. Leurs plus trai- tres ennemis, ce sont des insectes ! C’est ainsi que l’hom- me n’a pas de plus cruel ennemi que son semblable. J'ai l'honneur de vous présenter...... un cadavre de chenille. Je le trouvai, un jour, tout desséché et fixé par une toile soyeuse le long d’une clôture. De son vivant, elle était assez jolie cette chenille, recouverte d’un fin duvet jaune et brun, et por- tant fièrement trois longs plumets de poils noirs qui lui donnaient un air point trop commun. Mais en quel tris- te état la voici! Il ne reste plus que des vestiges de sa belle fourrure ; ellea tout le dos criblé d’une foule de petites ouvertures, semblables à des piqüres de fortes épingles. De quelle étrange maladie est-elle trépassée, je” vous le demande ? Il n’y a pas ici de mystère, et voici ce que découvrirait un corps de jurés quelconque. Il est ar- rivé, quelque jour, qu'un tout petit insecte hyménoptère, à la recherche d’un endroit propice pour y déposer ses œufs, avisa notre paisible chenille, qui rongeait tranquil- lement un coin de feuille, sans vouloir de mal à person- ne, sans s’occuper de la question d'Orient ni de la future élection présidentielle aux Etats-Unis. L’hyménoptére, en vrai monstre qu'il était, forme et exécute à l'instant un noir projet : cette chenille, ce sera le nid confortable de ses petits. Il la perce de la lancette qu'il porte ex- près pour cela, et il pond ses œufs dans le corps de la chenille, qui en appelle vainement au droit des gens! En voilà un sans-gêne d’hyménoptére! Les œufs éclo- sent, et une multitude de tout petits vers, ayant hérité PAUVRES CHENILLES ! 9 du sans-façon maternel, se mettent à ronger les parties graisseuses de la chenille, mais sans attaquer ses organes vitaux. La malheureuse chenille n’y peut pourtant tenir longtemps ; elle meurt bientôt, et son enveloppe sert en- core d'habitation à ses assassins, qui tranquillement y subissent leurs mues, s’y fabriquent de jolis cocons de soie, d’où ils éclosent enfin munis de leurs quatre ailes diaphanes. Chacun alors s'ouvre un passage à travers le dos de la victime, puis s’élance dans les airs. Et le cadavre de la chenilie reste là, criblé de piqüres béantes, monument de la perfidie la plus monstrueuse ! Je termine pat un autre exemple de déloyauté insec- tile. En septembre 1891, on m’apporta une belle chenil- le que l’on venait de capturer sur l’un des boulevards de Chicoutimi. L'insecte était brun, et portait deux taches à couleurs vives, que l’on aurait pris volontiers pour des yeux, et des yeux d’une beauté rare. Je reçus avec em- pressement l'hôte qui m’arrivait. M'étant résolu à l’hé- berger, je lui assignai pour demeure un beau verre ren- versé, et lui offris une feuille appétissante pour son re- pas du soir. Mais elle dédaigna absolument toute nour- riture. C’est que d’autres soins la préoccupaient. En effet, quelques heures après, elle avait tapissé les parois du verre d’un assemblage de fils très délicats Puis, grimpant vers la partie supérieure du verre et s’y fixant par des attaches soyeuses, elle se dépouilla de son der- nier vêtement de chenille, et passa à l’état de chrysali- de. Enchanté de l'aventure, je fis part de mon bonheur à tout venant. J’annonçai avec assurance que l’éclosion aurait lieu vers le mois de janvier ; j'aurais alors un bel échantillon pour ma collection, un grand papillon jaune et noir, suivant mes prévisions. Cependant le globe terrestre ne laissa pas que de continuer ses deux mouve- ments de rotation ; les semaines et les moisse passèrent, et savez-vous ce qui est éclos, vers le printemps ? Il n’est rien éclos du tout. Un matin, je trouvai ma chrysalide transpercée et supportant, par un long fil blanchatre,une autre chrysalide, bien plus petite et de forme ovoide,d’ou sortira une mouche quelconque ! Comme on le voit, la chenille avait conservé encore assez de vigueur malgré la présence de cet ennemi, qui à la fin l'avait empéchée de subir sa dernière transformation, et s'était lui-même 2—Janvier 1895. 10 LE NATURALISTE CANADIEN préparé tranquillement à prendre l’état ailé. Pour ce qui est de cet assassin, que le struggle for life avait conduit jusqu’au crime, le public apprendra avec satisfaction qu'il a été bien puni : il est mort en cet état de chrysa- 2 lide ; et la justice distributive a retrouvé son équilibre parfait. Voila donc le peu de sécurité que l'on a Icrsqu’on est chenille! Mais il ne faut pas que les bonnes âmes se laissent trop attendrir par des infortunes si lamentables. Qu’elles réfléchissent à ceci : si tous les œufs de papillons produi- saient des chenilles, et si toutes les chenilles arrivaient à bon port, il n’y aurait bientôt plus de végétation sur la terre, et ce serait la fin du monde à courte échéance. Nous serions bien avancés ! Bénissons donc la Providen- ce, qui maintient l'harmonie parmi tous les êtres de la création, de telle sorte qu'aucun ne puisse empêcher la réalisation du plan divin.’ Mesdames et Messieurs, la morale de mon histoire, la voici. On a comparé assez justement notre vie terres- | tre à l’état de la chrysalide; une transformation mer- a veilleuse nous attend aussi. Délivrés de notre enveloppe mortelle, notre destinée est d’être un jour les élus du paradis. C’est fort bien ; seulement, faisons bonne garde i. autour de notre âme, pour n'y laisser entrer aucun germe peruicieux, qui pourrait empêcher notre glorieuse et triomphante éclosion. V.-A. H. —_———_— —I)——-—— —_—— : LES DESHERITES LE CRAPAUD Il est des êtres sur terre qui, quoi qu'ils fassent, quelque bons qu'ils soient, quelques services qu'ils ren- dent, auront toujours sur eux le stigmate de l’aversion publique. Tel le crapaud. - Pauvre Fail errant de te et de nos campa- -gnes, il est accablé de toutes les vilenies ; son nom don- ne le frisson, son aspect les nausées, son ‘cadavre même une insnrmontable horreur. Et pourtant, pas de meil- leur jardinier, pas de besogneux si dur à l'ouvrage ; pas d’ouvrier ayant plus à cœur les intérêts de son maître ! Aux premières lueurs du jour, il se met en route, gravement et lentement, comme il sied à des gens sur is qui repose un labeur important : d’un bond, il a saisi le + ver de terre dont la trempe infatigable détruit les ra- fs _Cines, jeune espoir de plantes fructueuses ; ici, ildéniche a l’insidieuse chenille cachée dans les feuilles de chou ; là, a. - il gobe le puceron qui ronge les bourgeons et les folioles; ‘14 voyez-le continuer bravement son chemin, croquant à eo droite, avalant à gauche, détruisant partout la foule des DS) insectes que le soleil levant a mis en émoi. 7% Dans les rayons roses d’un beau soleil d'été, son dos. Be fauve reluit d’étranges clartés; mais il n’en a cure, ‘4 - acharné qu'il est à son travail de bénédictin ; il peine fa: oe sans relâche, marche, bondit, revient sans tréve, jusqu’a De. ce que le soir, déployant sur la terre ses ailes sombres, lui 00 apporte un repos qu'il a certes bien gagné. Et pour tout … : salaire à cet ouvrier qui jamais ne fait grève, à ce robes M ay te échenilleur de nos carrés et de nos plantations, quoi ? a Des insultes et des calomnies toujours, des pierres sou- D venf, laimort ‘parfois!......... 4 Dame ! les femmes s’effraient à la vue de ce hideux M Re. preneur de vers; et vous comprenez, mieux vaut l'agréa- 1 ble que l’utile ! mieux vaut, quand vient la récolte au & potager, se plaindre du nombre toujours croissant d’in- | D. sectes, que de tolérer, au milieu des plates-bandes, ce pe- pie ee ete ce eux d'où nous vient tant.…......de ien ! Mais voilà que, non content de jouer au jardinier, de, se promenant à travers champs, faire aux insectes une guerre acharnée et toujours heureuse, voilà que le crapaud, cet excrément de laterre, s’est mis en frais de — rendre vraie la fameuse boutade : “ Avaler un crapaud ” " et s’en vient réclamer, sur nos tables,une place que tenait jusqu'ici ia grenouille ! i a Un brave missionnaire français, le Père. Guerlach, — ny 42 LE NATURALISTE CANADIEN affirme que certaines peuplades de l’Indo-Chine s'offrent, avec le crapaud, un festin de roi ! Et pourquoi non ? On mangeait du rat, au siège de Paris, et, à mon sens, le crapaud vaut le rat ! Ah! le bon temps,quand devant nos demoiselles, tant épeurées aujourd’hui à la vue du crapaud, on en servira le râble et les cuisses, bien dépouillés de leur peau, na- geant dans le beurre, au milieu d’un odoriférant bouquet de cerfeuil et de persil ! Ce sera le triomphe du crapaud, la revanche du laid sur le beau! Victor Hugo l'avait dit : ‘ Le beau c'est le laid !.........” Un bon mouvement, mesdemoiselles, laissez-vous fléchir ! Quand, dans vos excursions a travers champs ou dans vos promenades autour de vos jardins, vous aper- cevrez la fauve silhouette d’un mélancolique crapaud, de grace,retenez vos exclamations de dégoût et vos clameurs de mort! Laissez déambuler,a travers carrés et plates-ban- des, cet humble besogneux qui ne demande qu’à vitre pour nettoyer vos fraises et vos légumes ! Regardez-le al- ler lourdement, de droite à gauche, de gauche à droite, se gavant de chenilles et de vers : il grossit, il engraisse ; et bientôt, sur vos tables finement servies, il viendra ré- jouir vos délicats odorats de l’arôme exquis de ses cuis- ses rissolées dans le beurre, au milieu d’un bouquet odoriférant de certeuil et de persil ! (A suivre) HENRY TIELEMANS. ee ——— 0 LA NEIGE ROUGE La neige passe A bon droit pour étre de couleur blanche, et les Canadiens, entre autres peuples, ont les plus grandes facilités pour s’en assurer. Il est pourtant bien vrai qu'on a vu de la neige rouge. Nous ne croyons pas qu'on ait encore observé ce phénomène dans notre pays ; mais comme il n’est pas impossible qu'il se pré- sente un jour ou l’autre, donnons-en d'avance l’explica- tion pour obvier, autant qu'il se peut faire, aux graves ve LA NEIGE ROUGE 13 perturbations qu'un pareil événement pourrait causer dans notre atmosphère politique. Qui n'a pas remarqué quelquefois cette coloration verte qui recouvre des parties de clôture, des pierres, des troncs d’ar- bre, ete. lorsque ces objets sont à l'humidité et à l’abri des ra- yons solaires ? Eh bien, qu’on suppose que c'est rouge au lieu d’être vert, Fig. 1—La neige rouge vue au microscope. [*] et l'on a l’appa- rence que présente la neige rouge. Maintenant, si vous êtes muni d’un fort microscope (il faudrait toujours avoir un microscope dans sa poche, pour centrôler les apparen- ces des choses), et que vous examiniez cette substance à l’aide de la lentille, vous verrez ce que représenie la vi- gnette ci-jointe. Ordinairement, cette coloration de la neige est due à une plante cryptogamique de taille fort petite,]’ Uredo niva- lis, Bauer ; plus rarement, a des algues, nullement gigan. tesques non plus, comme l|’Hematococcus nivalis, ou enco- re aux œufs d’infusoires, qui ont le nom de Philodina roseol«. Il ne semble pas que jusqu'à présent on ait observé ce phénomène ailleurs que dans les Alpes et les régions arctiques. Mais tout est possible, même en Canada, sous des circonstances favorables ; et peut-être, quelque ma- tin d'hiver, on ne verra partout que du rouge. Le phé- nomène durera plus ou moins longtemps, selon le bon plaisir du soleil et les tendances, ascendantes ou descen- dantes, du thermométre......... SSS, LA DIPHTERING LACERTE La diphtérie est une maladie bien redoutable, et il n’y a pas beaucoup de (*) Nous sommes redevable, pour la communication du cliché de cette gravure, à Vobligeance de M. Cas W. Smiley, rédacteur du Microscope, Washington, D. C. DS) SAR WAT oe CERRO PE LÉ NATURALISTE CANADIEN familles où elle n’ait exercé quelqne ravage. Aussi quand on annonça de Pa- ris, il y a quelques mois, la découverte d'un traitement qui donnait de sérieux moyeus de lutte contre le terrib e mal, ce fat une véritable joie dans tout le monde civilisé, où la nouvelle se répaudit avec la rapilité de l’éclair. Déjà, un peu partout, le fameux remède a sauvé des victimes de Ja maladie, et l’on orga- nise en bien des endroits des établissements pour la production du séram anti- diphtévique. Le Dr Roux, qui a donné cs bienfaitau genre humain, voit déjà son nom entouré d’une auréole de gloire. Pendant qu'en décembre dernier nous suivions avec grand intérêt tout ce que le télézraphe et les journaux nous dis tient de la sérumthérapie, voilà que le Moniteur nous arrive un jour avec une lettre du Dr N. Lacerte, de Lévis, qui, tont en rendant hommage à la méthode du D: Roux, revendique pour un trai- tement de sa propre invention des résul ats beaucoup plus complets. La sé- rumthéranie, en effet, diminue la mortalité @environ 60 pour cent à 26 pour cent, tandis que Ja Diphtérine Lacerte la réduit à 3 pour cent : sur 200 cas trai- tés à Lévis par ce remède, un seul u’a pas été guéri. IL y à quinze ans que ce médecin guérit ainsi la terrible maladie, et personne ne le savais ! La presse universelle s’oceupe de la sérumthérapie, depuis trois mois que ce nouveau traitement est découvert ; les gouvernements, les cités, les parti-! culieis n'épargnént aucune dépense pour la diffusion de ce traitement, qui ne guérit pourtant que le quart des malades. D'autre part, on annonce un autre procédé qui guérit tous les cas à peu près, et personne ne dit mot! Il y a un mois, la lettre de M. Lacerte a été regro- duite par les journaux de Québec et de Montréal —parce que, sans doute, il les a priés de la publier—, et tout est fini. Mais si le Dr Lacsrte dit vrai, il faudrait faire beau tapage; il faudrait faire en sorte de ne plus laisser la diphtérie emporter aucun de nos petits Cana- diens ! Il est difficile d’admettre que ce médecin vienne ainsi tromper le publie. Tl est done véridique, on doit l’admettre, quand il prétend n’avoir eu ‘qu'un seul insuccès sur au delà de 209 cas traités et guéris pendant 15 ans” dans trois importantes communautés de Lévis. Eh bien. la chose ne vaut-elle pas qu’on s’en occupe ? est-il difficile de con- trôler les assertions du Dr Lacerte ? pourquoi n’expérimente-t-on pas le traite- qnent qu'il annonce, avant de recourir à grands frais au système du Dr Roux ? Tl est à remarquer, aussi, que la sérumthérapie n'est applicable que dans les grandes villes, qui seules pourront se pourvoir d'un laboratoire de bactériolo- gie, où l’on décidera s’il y x livu, dans tel cas de diphtérie, de recourir à l'em- ploi du sérum antitoxique. Mais on ne fera rien, sans doute, Ils’agit d’un compatriote! Vraiment il serait bien téméraire pour l’un des nôtres d'inventer quelque chose d’impor- tant; de quoi se mêlerait-il ! em Quant à nous, nous n’entendons rien en la matière, et tout ce que nous pouvons dire de la Diphtérine, le voici : nous connaissons une famille qui s’est servi avec succès de la Diphtérine, et qui fait le plus grand cas de ce remède. Mais nous sommes frappé de ce fait, l’un des plus incomp:éheusibles, pour nous, d'un temps si fécond en choses étranges : on remue ciel et terre pour un remède qui sauve les trois quarts des cas, et l'on n’accorde aucune attention à un autre rec: qui les guérit tous ! Le NATURALISTE, qui n’a pas reçu la communication du Dr Lacerte, ne s'occupe de ce sujet que de façon assurément bien uésintéressée, on peut le croi- re. Et nous ne savons même comment lé médecin lévisien prendra cette in- tervention, que nous avons regardé comme un devoir d'exécuter. En tout cas, nous mettons volontiers a la dispositiou du Dr Lacerte les pages de notre Re- vue, s'il jugeait à propos d'exposer sa méthode, et les résultats obteuus jusqu’à présent, à l'élite intellectuelle dont se compose la clientèle du NATURALISTE, et parmi laquelle il y à en grand nombre des membres de a profession médicale. PHOTOGRAPHIE PHOTOGRAPHIE À la d2 nial: ds l’estimé rédacteur du NATURALISTE, je commence une série d’articles ou de notes sur la pho- tographie, et, particulièrement, sur son application aux sciences naturelles. Ce n’est pas sans hésitation que j’entreprends cette tâche, car je me voudrais d’autres connaissances encore et une autre expérience pour m'adresser à ceux de ses lecteurs qui sont photographes de profession ou amateurs- photographes. Mais comme on m’a représenté que mes études et mes recherches en cette matière pourraient in- téresser, et induire quelques-uns des savants abonnés à faire eux-mêmes d’autres travaux pouvant profiter aux progrès des sciences, je me suis décidé. D'aillsurs l'accueil qu'on fera à ces petites commu- cations mé dira si je dois continuer ou cesser d'écrire sur ce sujet. Le botaniste surtout se procurera beaucoup d'utilité et d'agrément en s’aidant de la photographie. Par la | combinaison ingénietise de son appareil avec un micros- cope, il pourra photographier tout ce qu'il voit dans ce dernier instrument. C’est ce qu’on appelle faire de la pho- tomicrographie. Vous voyez qu'il pourra par là faire profiter nombre de gens d'observations et de découvertes qui, autrement, ne seraient connues peut-être que de lui seul. Nous décrirons plus tard le moyen pratique d’y parvenir. Aujourd’hui,contentons-nous de signaler un procédé bien utile et bien facile en même temps, puisqu'il peut dispenser des volumineux herbiers et permet de Gath) senter sams appareil photographique les plantes ave leurs fleurs, leurs feuilles et leurs tiges, et cela d’une ma- niére plus parfaite. LA PHOTOGRAPHIE SANS APPAREIL Ayez un châssis-presse, que vous pouvez faire faire chez un menuisier ou vous procurer chez un marchand de matériel photographique pour une somme très modi- que. Mettez au fond une vitre, et placez dessus la plan- ni, An F . 1 1 PAU ng \ At! TN ee CASA LR OA RM À sr A AE ARS Cia: SE ABS 16 LE NATURALISTE CANADIEN te à photographier, les feuilles et les fleurs ayant la face — tournée vers vous. Si la plante est fraiche, mettez-la au- paravant entre des feuilles de papier brouillard jusqu’à ce quelle ne tache plus le papier. Appliquez ensuite dessus une feuille de papier sensibilisé quelconque, soit albuminé, soit aristotype, ou autre ; prenez le châssis et exposez au soleil. Vous pouvez en surveiller la venue comme pour une épreuve ordinaire, et quand vous la ju- gez suflisamment foncée, vous la retirez. L'objet sera imprimé sur fond brun ou noir avec une extrême préci- sion de détails dans ses parties les plus fines et les plus délicates. Essayez, et vous serez peut-être surpris du ré- sultat. Par l'emploi d'un bain combiné de virage-fixage dont nous donnerons la formule au prochain numéro, nous avons obtenu des teintes différentes se rapprochant plus ou moins de la couleur naturelle de certaines fleurs. L'abbé E. P. — me ee ere eee A LA CONVENTION POMOLOGIQUE DE QUEBEC “Le Rév. Thomas Fyles, de Lévis, a mis devant la convention un très inté- ressant travail sur les études entomologiques accompagné de magnifiques échantillons d’insectes comme démonstration. Il nous a fait plaisir de lui en- tendre rappeler la mémoire de feu l’abbé Provancher, cont les travaux sout consignés aujourd’hui dans les ouvrages entomologiques des Etats-Unis et d'Europe. ” (Extrait du Courrier du Canada, 13 déc. 1894) A NOS CORRESPONDANTS —M. L'ABBÉ P.-A. B., SHERBROOKE—Le No 3 de votre dernier envoi de Coléoptères, est le Cyehrus viduus, Dej. Cette espèce n’est pas mentionnée dans la Faune de Vabbé Provancher ; elle manque dans la collection de l’Université Laval et dans la collection Provancher. Donc, insecte très rare, que nous de- crirons quelque jour dans le NaATuRaLISTE. Le No 64 est l’Anthophylax attenua- tus, Hald., un beau Cérambycide qui n’est pas commun non plus. —R.P...., LA TRAPPE DE MISTAssINI—Le beau papillon que vous nous en- voyez, et qui a éclos, cet hiver, dans une cellule de Trappiste (où peut-on mieux se placer pour arriver à l’“état parfait” ? ) est le Vanessa Progne, Cram. —Nous avons ici, en ce moment même, uu exemplaire vivant de l’Attacus Poly- phemus, L. , l’un de nos vers à soie d'Amérique, éc os dans le bureau du NaTU- RALISTE, ce qui prouve que l’on peut arriver partout à la perfection, ‘‘ en posant yes conditions requises. ” —Nos remerciements au correspondant Em.-B. G. pour les bonnes choses qu’il dit de notre Reyue dans le Canadien (St-Paul, Minn, ) du 17 janvier. ee Ent ee ie l'E Naturaliste Canadien Les es — =, ‘ A Chicoutimi Fevrier 1895 Rédacteur-Propriétaire : l'abbé V.-A, HUARD a | ‘ Beaucoup de nos abonnés nous ont envoyé le prix de leur. abonnement, et nous les en remercions de tout cœur. 4 —Ainsi qu'il est dit dans les conditions du journal, nous 1 expédions ordinairement les quittances avec la livraison qua suit la date où l’on a payé. Cette pratique nous permet d'é- conomiser sur les frais d'administration ; et l’économie, comme on s'en doute bien un peu, n’est pas pour nous chose 4 indifférente, dans les conditions présentes. RE À COLLABORATION De divers côtés, on nous fait part de l'intention que l’on . a de fournir des travaux au NATURALISTE. Nous nous en 4 réjouissons vivement, parce que rien n’est plus propre à ac- croître la valeur de notre revue. Cela démontre en même temps que les études scientifiques reçoivent plus d'attention, 4 et que les horizons intellectuels s’élargissent. Tous les Cana- hi diens ne sont pas nés pour De de la politique, de l'histoire i et du roman ! Nous présentons aujourd’hui & nos lecteurs un nouveau naturelle au Séminaire de Sherbrooke. Nous savons que M. Bégin fait une œuvre scientifique considérable dans l'institu- 3—Février 1895. VOL. XXII (OL. II DE LA DEUXIEME SERIE) No 2 collaborateur : M. l'abbé P.-A. Bégin, professeur d'histoire | NAN { 18 LE NATURALISTE CANADIEN tion qui bénéficie de ses talents,‘et nous sommes particulière- ‘ment heureux de le voir travailler dans ce territoire encore , peu étudié dés Cantons de l'Est, où ila déjà fait de Aes) ses trouvailles entomologiques. 102 —_ Mais si la famille des collaborateurs croît ainsi, De mai- Son sera bientôt trop petite !. Wi Firs - Eh bien, nous nous presserons un peu plus! Et, s'il le faut nous'aviserons aux moyens d'ajouter quelques: pièces à la demeure. . Après tout, cela nous regarde, et nous prions les collaborateurs de ne s’en point inquiéter., Qu'ils vien nent seulement: “après çà, nous verrons !” 1 \: a —— L ABBE PROVANCHER nT 1. ts (Continué de la page 185 du volume précédent.) Saint-Joachim est situé entre Sainte-Anne et le Cap Tourmente. Quels ravissants paysages s'offrent ici à la vue, de toutes parts ! Du côté du nord, c’est la montagne devenant abrupte à mesure qu’elleapproche du Cap Tourmente qui sem- ble la.terminer,a l’est,et dont la base est baignée par le flot du Saint-Laurent. Du côté sud, l'extrémité de l'Isle d'Orléans borne la vue,quià lest,s’étend au loin sur le beau fleuve dont la largeur paraît la s’être subitement plus que doublée. . En- an, en plein milieu de la paroisse, s'élève tuut à coup, mer- veilleux îlot de verdure, le Petit-Cap, promontoire circulaire qui domine toute la plaine d’alentour et semble avoir été fa- gonné parla nature comme unbijou précieux et peut-être uni- que en son genre. -La forêt, croirait-on, le couronne de tou- tes parts ; mais engagez-Vous dans cette large route qui s’en- fonce sous. le bois touffu, et sou‘lainement sur le sommet vous verrez les grands arbres s’écarter et laisser vide un espace suf- fisant pour enclore un antique château et une chapelle en pierre : c’est la maison de campagne des Messieurs du Sémi- {a c N L'ABBÉ PROVANCHER 19 1 SA PRET naire de Québec; qui passent leurs vacances dans ce séjour délicieux, où sont aussi admis séminaristes et écoliers.: Quel : inoubliable souvenir que celui des vacances passées & Saint- Joachim, pour ceux qui ont eu quelquefois le bonheur - aller s'y reposer des labeurs de l’année scolaire ! Le Séminaire de Québec, qui reçut de son fondateur, le Vénérable Mer dé Laval, il y a plus de deux. siècles, la sei- gneurie de Beaupré, possède une bonne partie de la paroisse | de Saint-Joachim. Dès lan 1700, l'établissement agricole que Mer de Laval y avait fondé, était déjà fort considérable, puisque, au témoignage de M. de la Potherie (1), on y voyait. une lieve de terre labourable, un château de pierre oe taille long de 150 pieds, et 250 bêtes à cornes. Mais le térritoire confié à la sollicitude tastowale de M. Provancher ne se bornait pas à ce qui forme actuellement la paroisse de Saint-Joachim ; car sa lettre de mission (9 sep- tembre 1854) lui donnait aussi juridiction sur “ tous les éta- blissements déja formés ou qui se formeront.... depüis la paroisse de Saint-Féréol jusqu'à celle de la. Petite- Rivière c’est-à-dire qu’à cette époque la paroisse de Saint-J oachim comprenait aussi tout ce territoire, situé sur les hauteurs, qui en a été détaché depuis pour former la paroisse de Saint- Tite des Caps. C’était done un ministère assez laborieux et assez pénible que le nouveau curé de Saint-Joachim allait avoir à exercer. | M. Provancher passa huit années comme ne de Saint- Joachim, de 18544 1862. C’est durant cette période de sa vie quil commença à s'occuper sérieusement d'histoire natu- relle et qu'il publia ses premiers ouvrages scientifiques, Mais pour ne pas trop mêler le sacré au profane, donnons d'abord ~ un aperçu de ses œuvres curiales, après quoi nous étudierons, avec quelque étendue, les premiers travaux du naturaliste eb du publiciste. Le nouveau curé débuta par faire changer le mode de concession des banes de l’église paroissiale. Auparavant, com- (1) Cité par M. l'abbé A. Gosselin, Vie.de Mgr de Laval, Vol, IL, p. 431, 0 “ ‘4 ‘i 1” 20 LE NATURALISTE CANADIEN me c’était aussi le cas dans d’autres paroisses et comme il y en a encore maintenant quelques exemples, les bancs étaient vendus pour une somme fixe, qui en assurait la possession au concessionnaire durant toute sa vie eb sans nouveau paie- ment. Cette façon d'agir, très avantageuse aux particuliers, l'était beaucoup moins pour la fabrique, qui ne pouvait plus beaucoup profiter de l'augmentation de valeur qui se produi- sait, à mesure que la population devenait plus nombreuse et que la concurrence devait se faire plus grande pour la pos- session des bancs. Or, la concession des bancs sur le paie- ment d’une rente payable annuellement peut être une abon- dante source de revenus pour les fabriques, qui du reste sont exhortées (1) par l'autorité religieuse à adopter ce mode.Seu- lement il faut le consentement des franzs-tenanciers pour effectuer le changement, et la mesure n’est pas d’elle-même très populaire, puisqu'elle n’est pas toujours daccord avec les intérêts personnels. Enfin, les paroissiens de Saint-Joachim ne durent toujours pas opposer une résistance bien vive à la proposition de leur curé, puisqu'il la fit adopter dès les pre- miers temps de son séjour parmi eux. Le même automne vit encore inaugurer à Saint-Joachim une pratique qui n’est certes pas d’une importance capitale au point de vue du droit, mais qui du moins ne manque pas Pan certain intérêt histcrique: l’introduction des poêles dans l'église. Comment! On ne chauffait pas les églises, autre- fois ? Non, on ne les chauffait pas, et personne, je présume, n’en est mort. Je dois bien avouer pourtant que je préfère de beaucoup rappeler ce détail historique, que d’avoir été à même d'apprécier personnellement sur ce point l’ancien régi- me ; et mes lecteurs, de leur côté, sont aussi d’avis sans doute qu'il est plus agréable d’en prendre connaissance par la seule narration. L'amour du bien-être allant sans cesse croissant, nos petits-neveux comprendront encore moins que nous l’an- cien état de choses. Ce n’était pourtant pas le combustible qui faisait défaut autrefois, alors que la forét était encore 1) Appendice au Rituel, Québec. Pp L'ABBÉ PROVANCHER 21 bien moins éloignée qu'aujourd'hui des endroits habités! Mais on n’imaginait pas,je suppose,qu’il fût possible ou convenable de faire du feu dans les églises. Du reste, les premiers colons n'avaient dû que suivre en cela l'usage de France, quoiqu'il y ait une bonne différence entre le climat de la mère patrie et le nôtre. Et il n’est pas surprenant que l'ancienne pratique se soit conservée silongtemps à Saint-Joachim,qui est bien lune de nos paroisses canadiennes quia gardé avec le plus de persé- vérance les mœurs patriarcales et les traditions de nos ancé- tres. Toujours est-il qu'en l'hiver de 1854-55, grâce à l'abbé Provancher, les poêles furent autorisés à pénétrer dans l’égli- se de Saint-Joachim ; et là, comme dans les autres édifices publics du pays, quand ils s'en voient exclus, ce n’est que pour céder la place à des modes de chauifage encore plus effi- caces. En 1855, outre des travaux de réparation assez considé- rabies faits à la sacristie et au presbytère, il y à encore à si- gnaler, au crédit de M. Provancher, l'introduction d’une nou- velle mesure : l'assurance des édifices paroissiaux. Aujour- @hui il y a peu de propriétaires qui pourraient goûter les dou- ceurs du sommeil si leurs propriétés passaient seulement vingt-quatre heures sans être assurées ; mais, pour cette pra- tique comme pour beaucoup d'autres, il n’en a pas toujours été ainsi. Et sans doute l’histoire nous fournirait une quan- tité d'exemples de gens qui dormaient parfaitement, nonobs- tant le risque qu’ils couraient de voir leurs valeurs détruites, un jour ou l’autre, par les flammes de l'incendie. Cela n’em- pêche pas que les systèmes d'assurances sont une fort bonne chose et que, toutes choses égales d’ailleurs, on se trouve bien à l’occasion, en face des cendres fumantes d'un immeuble, de recevoir la somme d’argent qui en représente, ou à peu pres, la valeur. A Saint-Joachim, en 1855, on se montra docile à ces conseils de la prudence, et l’on fit assurer les édifices re- ligieux dela paroisse dans |’ Association d'assurance mutuel- le des fabriques des dioceses de Québec et des Trois-Rivières.” Cette association, composée des fabriques des deux diocèses 29 LE NATURALISTE CANADIEN --- n'avait reçu son existence civile que deux années auparavant, en 1853, en méme temps qu’une association du même genre pour les diocèses de Montréal et de Saint-Hyacinthe : tout le Bas-Canada, où il n’y avait alors que ces quatre diocèses, ‘se trouvait done à bénéficier de ce sage système de protection. Ah! l'organisation religieuse de notre pays peut servir de modèle à celle ‘de bien d’autres pays plus anciens ! Si on tais- sait partout à l'Eglise ses coudées franches, on verrait par- tout de belles choses !—Pour en finir avec cette question d’as- surance, les associations que je viens de mentionner, ne peu: vent prendre de risques que sur les églises, sacristies, presby- teres et dépendances. L'un de ces édifices vient-il à être dé- truit par le feu’? on prélèv2 sur chacune des fabriques: for- mant partie de l'association une somme proportionnelle au montant pour lequel elle est elle-même assurée, de façon à formerla somme nécessaire pour indemniser la fabrique ‘qu'il s’agit de secourir. ' Ajoutons que beaucoup de fabriques pré- fèrent assurer leurs propriétés dans les sociétés. ordinaires d'assurance. Ce n’est pas ici le lieu d'examiner si l’on y trou- ve plus ou moins d'avantages. (A suèvre) NA — ———0 FORMATION DU SAGUENAY . (Continué de la page 189 du volume précédent) Nous disions done, pour revenir à notre problème résolu suivant la théorie de M. l'abbé Laflamme, que le Saguenay s'était non seulement creusé un lit au niveau de. celui «du: Saint-Laurent, mais encore un abime très profond au-dessous de cette limite ; il sera done facile pour nous de naviguer sur cette rivière, sans craindre les écueils et, surtout, aidés par la marée qui,doit se faire sentir jusqu’au lac Saint-Jean. Sur son parcours jusqu’à la Baie des Ha! Ha! rien n’a Whe) oN tt sf ep - fa) Wd fest dite fica re tee ee ap Ht ! | ‘| QUE 24 ’ LE NATURALISTE CANADIEN été changé , il est tel que nous l’avons vu à notre premier voy- age ; seulement nous n'avons pas remarqué alors les îies Saint-Louis et Saint-Barthélemy, situées à quelques milles en amont de la rivière Sainte-Marguerite. Pourquoi Vile Saint-Louis, haute de plusieurs cents pieds, se trouve t-elle ainsi isolée au milieu du Saguenay ? Voilà un petit Jopin de terre qui nous intrigue beaucoup. Si les rivages de certe intéressante rivière étaient formés de dépôts d’argile,de sable et d’alluvion ou de toute autre formation, au lieu de gra- nit, nous passerions outre. Mais puisque c'est l'eau qui a mi- né ce lit profond daus la pierre la plus dure, pourquoi n’a-t-el- le pas, tout de même, enlevé cet obstacle, cet îlot inutile au beau milieu de son cours ? Formé qu'il est de la même matière que le reste, il était beaucoup plus facile pour elle de le faire disparaître, en le minant comme le reste, que de le conserver intact pour qu'il serve de nuisance perpétuelle à son laborieux travail, Et dire que cette île appuie sa base à une profondeur de plus de 1000 pieds ! Nous ne comprenons pas la raison de Vimpuissance de l’eau à cet endroit, ni la théorie suivie en cette circonstance pour se creuser, en haut comme en bas de l'île, un lit d’égale profondeur malgré cet obstacle qui aurait dû modifier considérablement son ‘travail surtout en amont. Le glacier n’a pas su jouer son rôle non plus, en ne tran— chant pas la question, en ne culbutant pas en dehors de sa voie, comme une roche perdue, cette pyramide de 1500 pieds de hauteur, qui devait lui chalouwiller un peu fort la plante des pieds. RL N'importe, remontons à la Baie des Ha! Ha!; mais non, dans ces temps-là, la Grande-Baie n’existait pas, ou plus tot la rivière se continuait sans interruption jusqu'au lac Saint-Jean en passant par le lae Kinogami. Poursuivons done notre course par cette partie inconnue de la rivière Saguenay qui existait alors. Elle est toujonrs profonde eette rivière, mais son aspect change. Au lieu de bords escarpés de 1500 a 2000 pieds de hauteur, vous voyez maintenant des écores formant des plateaux élevés de 400 à 500 pieds,composés d'argile et re- couverts de sable. Plus haut, au Portage-des-Roches, vous re- trouvez les escarpements de granit—les futurs rivages du lac Kinogami—s’élevant à droite à 500 pieds, eta gauche à plus de 1000. i? HTH SS RE nM en ea ae LA nt : ' pis y NATH ÿ FORMATION DU SAGUENAY Portage-ds-Rochas (formation primitive) 4—Février 1895, 25 x "ie RES i, 26 LE NATURALISTE CANADIEN Mais ici, encore, un obstacle imprévu se dresse droit de- vant vous. Un bloc énorme de rocher, appuyant sa base sur les deux lèvres ouvertes de l’abîme,.est suspendu entre le ciel et l’eau et forine une voûte gigantesque de granit dépoli, sous laquelle vous passez en vous courbant, fier de votre hardiesse. Spectacle étrange et terrifiant que ce rocher monstre s’équili- brant ainsi dans wne telle position. Ce n’est pourtant rien qu’une miniature de ce que vous auriez entrevu, si, en face de Pile Saint-Louis, le Saguenay se fût trouvé à sec. Vous passez le futur lac Kinogami, 18 milles de lon- gueur, et vous distinguez encore le rocher mystérieux com- me un pont géant au-dessus de l’abîme. Au Beau-Portage, les écores argileuses reparaissent de méme hauteur que les premieres.A Koushpaganish elles ehan- gent d’aspect : ce n'est plus l'argile, ni le granit, c’est le cal- caire qui apparait ici, en lits horizontaux et superposés, for- més de masses compactes de fossiles d’une infinie variété, mesurant plus de 200 pieds de hauteur au-dessus de l’eau. Vous arrivez enfin, entre ces deux murailles, au terme de votre exploration. En face de vous sont des rapides qui vous arrêtent ; le caleaire disparaît, le granit recommence. Vous avez traversé toutle fond du grand bassin alluvial du Saguenay depuis la Baie des Ha! Ha ! jusqu’à la tête de la rivière Ticouabé : pasle moindre indice du lac Saint-Jean sur tout ce parcours, pas plus que devant Québec. Vous avez bien vu des chutes extraordinaires en remon- tant la rivière, soit d’un côté, soit de l’autre, comme on en voit encore, d’un petit volume, si vous voulez, et d’une gran- de hauteur, en descendant à Tadoussac ; mais non cette nap- pe d’eau à perte de vue, que vous aviez hâte de contempler et de mesurer. Le lac Saint-Jean est disparu, il s’est écoulé jusqu’au fond de son lit par la profondetranchée que ses eaux Ini ont creusée. Il ne reste plus que le Saguenay, qui, après avoir vidé le grand bassin, n’en continue pas moins à recevoir sur Ban parcours toutes les eaux des rivières qui alimentaient au- trefois le tae. Ce résultat n’a rien de surprenant, puisque, l’érosion lente et continue de l’eau lui ayant ouvert un passage à travers les montagnes eranitiques du Saguenay à une profondeur de plus de 1000 pieds au-dessous du lit général du lac, elle n'a- vait plus qu'à miner sans effort son fond d’argile et de caleai- re pour compléter son œuvre, tout comme le plus petit étang se vide et s’asséche, du moment qu’ un fossé d'égoût pénètre jusqu'au niveau de son lit. _ Voiià tout le secret du procédé mis en action par M. abbé Laflamme, bien avant l'époque glaciaire, pour résoudre le problème saguenayen, pour creuser ce fleuve légendaire, le Fiord canadien, Je partagerais, de grand cceur, les convictions profondes et si bien exprimées du savant edologue, si la malheureuse incti- naison, imprévue mais frappante et irrémédiable, de la chaîne des Laurentides vers le Saint-Maurice, vers l’ouest, ne venait pas menacer inopinément d'un vrai cataclysme, cette fois, ce brillant échafaudage si laborieusement élevé...... Je serais accusé de conspiration et même de complicité avec M. l'abbé, si je es s’introduire, sans protestation, cette nouvelle doctrine qui montre sous un faux jour, à mon sens, la dernière évolution géologique qui présida à la forma- tion du Saguenay, tel que nous le voyons aujourd’hui. (A suivre) + 2.) DUMAIS: DE LA COLORATION CHU LES LEPIDIPTERES Quelle est l'influence de la température sur la couleur des ailes des Lépidoptères ? A cette GEO on ne peut enco- re répondre rien de positif, malgré les expériences et les ob- servations que les entomologistes ont multiplites dans le but d’en obtenir la solution, Par la présente note je ne viens pas donner aux lecteurs du “ Naturaliste canadien ” le dernier mot sur ce sujet. Mon intention est de signaler seulement deux faits qui pourront peut-être y jeter quelque lumière. Le premier de ces faits, c’est que les individus d’une mé- me espèce qui habitent les régions froides du nord tendent à se parer de teintes plus foncées que ceux qui vivent dans les pays plus favorisés par la chaleur, [ls suivent la loi du mimé- _tisme, en empruntant en quelque sorte les couleurs sombfes _des lichens noiratres qui couvrent les nombreux rochers des contrées avoisinant la zône glaciale. L’extrait suivant d’un ar- (! DE LA COLORATION CHEZ LES LÉPIDOPTÈRES 2G | 28 LE NATURALISTE CANADIEN ticle du Prof. C, H. Fernald, ’éminent entomologiste de l'Etat du Massachusetts, en fait foi, (Ent. News, Vol. V, p. 132).— Ti s'agit d’un certain nombre de Microlép doptères capturés à McCormick Bay, dans le nord du Grocnlard, à la latitude 77042’ nord, entre :e 25 juillet et le ler août 1891.—“Une des plus intéressantes choses à remarquer, dit-il, dans cette pe- tite collection est Ja couleur très foncée des insectes. Les spé- cimens appartenant aux espèces Laodamia fusca et Pyrausta torvalis sont beaucoup plus noirs que tousceux que j'ai vus jusqu'aujourd'hui, tant ceux qui proviennent de la Nouvelle- Angleteire que ceux qui ont été} ris au Labrador.”—M. Geo. D. Hulst fait une remarque semblable dans le No 1 du Voi.VI de cette même très intéressante revue. Le climat semble done avoir quelque influence sur Ja couleur des Lépidoptères. Et aux endroits où la température moyenne annuelle est plus basse, la couleur de ces insectes tend vers le noir. Le second fait }rovient d’une observation personnelle. — Au cours d’une de mes chasses entomologiques, le 30 octobre dernier, je capturai deux magnifiques spécimens de lespéce Colias philodice, un mâle et une femelle, —Les papillons, dans notre province de Québec, commencent à se faire rares à une date aussi avancée.—Je constatai alors avec surprise que les ailes de ces deux insectes étaient dans l’ensemble d’une teinte plus sombre que celles de tous les autres individus de cette même espèce que j'avais capturés en grande quantité du- rant tout l'été. On sait que la couleur des ailes de ce Colias est généralement d’un beau jaune-clair,quelquefois,quoique assez rarement, dun biane presque pur. La base des deux paires d’ai- les est lévèérement estompée de noir, avec leur bord postérieur également marginé de noir. Chez les femelles la bordure des primaires est un peu plus large etrenferme une rangée de pe- tites taches jaunâtres. Je trouvai sur mes spécimens la même disposition des couleurs et des taches ; mais le janne-clair était remplacé par un jaune-verdatre assez foncé, et le noir des ba- ses des ailes était plus étendu et plus prononcé, Ce mélanisme serait-il dû au froid de J’automne qui aurait agi de quelque manière sur les chrysalides de ces deux Colias ? C'est possible, mais il est difficile de l’affirmer. Il y a parfois une si grande différence entre les individus d’une méme espéce, pris à divers endroits d’une même contrée où le climat est pra- tiquement le même, qu'il serait téméraire d'attribuer ce phéno- mène à la différence de la température, plutôt qu'à tout autre VIT PAS LES DÉSHÉRITÉS 29 facteur ou agent qui pourrait se trouver dans le voisinage de l’insecte. C’est par l'accumulation des faits et des expériences que l’on parviendra à élucider ce point obscur, ainsi que mille au- tres du même genre que l’entomologiste rencontre à chaque pas dans l'étude si merveilleuse et si attrayante des infiniment petits. L'abbé P.-A. BÉGin. Qj LES DESHERITES (Suite) LE LEZARD Après le crapaud, le lézard. _ Deux grands incompris, deux grands déshérités pour qui dame Nature s’est montrée marâtre, pour qui l'humanité ré- serve toute sa cruauté. Et pourtant, nous avons vu le crapaud, vaillant destruc- teur de vers, échenilleur modeste mais assidu de nos planta- tions, rendre à nos jardins et à nos champs des services sans nombre ; et pourtant, nous pouvons voir le lézard—le beau lézard aux éblouissantes couleurs—partager, avec le crapaud, la tâche ardue de purger nos carrés et nos plates-bandes des pygmées dévastateurs qui y pullulent. A l’inverse du crapaud, le lézard n’est pas matineux : sa nature frileuse s’accommode mal des fraîcheurs de l'aube ; il préfère attendre que le soleil, déjà haut sur Vhorizon, ait, de ses regards irradiants,séché la rosée qui constellait, de ses gout telettes diaprées, les feuilles des arbres et des fleurs. ! Mais s’il ne lui arrive pas d’être matinal, il sait bien rattra- per le temps perdu. Dans un soleil radieux, il est à la fête : il offre d’abord aux caresses lumineuses son dos verdâtre et son ventre jaune ; sa queue frétille de plaisir et impatience ; ses petites pattes sont continuellement en mouvement et la joie inonde ses yeux qui brilent du plus vif éclat. Et puis en chasse ! Malheur à la mouche folâtre qui joue, insouciante, dans un rayon de soleil: son bourdonnement de bonheur se change vite en une plainte funèbre! Malheur au À A à AS MS 30 LE NATURALISTE CANADIEN j puceron imprudent qui, de ses attouchements immondes,souille nos roses et nos lys : le lézard sait le surprendre à terre et venger les fleurs ! Malheur à tous ces petits tyrans aux trom- pes finement ravageuses, aux pinces délicatement dévastatri- ces : le lézard ne fait que passer, ils ne sont d'jà plus!...... Mais à la plus belle même des chasses, il est une fin. Re- pu de veimine, harassé de sa course à travers racines et bran- ches, le lézard se prépare à faire sa sieste. Amant de la lumie- re et de la chaleur, il ira, le long d’un vieux mur ensoleillé, chercher le repos qu’il a bien gagné. Voyez-le paresseusement étendu dans un déhcieux rayon de soleil, offrir aux baise rsln- mineux son ventre jaune qui reluit comme ior; ses. yeux mi- clos sont pourtant attentifs et à la moindre alerte, prompt com- me l'éclair, le lézard disparaîtra derrière une touffe de feuilles vertes, pour revenir, le danger passé, refaire sa cour à la lu- mière, à Ja chaleur ! Va, cher petit lézard, dans les rayons irradiants des beaux soleils, mettre, au milieu de la verdure, ta tache fauve ; com- me le crapaud—ton ami d’infortune, ton compagnon de persé- cution—passe gaiment à travers nos jardins et nos champs ; darde ta langue rose et fine dans les innombrables cohortes d'insectes malfaisants ; et si alors, il s’en tronve d'assez in- grats pour dire de toi un mal que tu ne mérites point, venge- toi en faisant aux brigands multipodes de nos plantations une guerre plus acharnée encore ; puis, dans les flots lumineux des ardents soleils, tu iras étaler, le long d’un vieux mur en ruines, Vémeraude de ton dos verdâtre et l’or de ton ventre jaune ! HENRY TIELEMANS, Instituteur Fort Ellice, Man. O=— —— — LES ICHNEUMONIDES DE PROVANCHER Le prof. G. C. Davis, du “ Michigan Agricultural College,” vient de pu- blier dans les *‘ Proceedings of the Academy of Natural Sciences of Philadel- phia,” pages 184-190 du volume de 1894, un mémoire intitulé Some Notes from a Study of the Provancher Collection of Ichneumonidæ. Les espèces que M. Davis a trouvées dans la collection (achetéé par la Province et installée dans trois pièces de l'Hôtel du Parlement, à Québec) ont été de sa part l'objet d’un examen soigneux, et il publie ses commentaires sous la forme d’une liste synonymique. Beaucoup de types n’ont pas été examinés, mais il y a assez de renseignements dans ce mémoire pour justifier amplement sa pu- LE CRAPAUD COMESTIBLE ol blication. Provancher a tellement travaillé tout seul, que beaucoup de ses nombreuses espèces seront reconnues comme synonymes ; et il est vraiment bon de savoir que sa collection se conserve dans une localité aussi accessible que Québec, et sous les soins d’un curateur aussi attentif que M. Saussure (*). : La collection fut offerte au National Museum de Washington, mais on manquait de fonds pour l'acheter. (Traduit de l'INSEOT Lirs, sept. 1894.) [0 & CRAPAUD COMESTIBLE Nous lisons ce qui suit dans la Vérité du 16 février, où il est question de notre livraison de janvier : ‘A propos de l’article de-M. Henri Tielemans sur le crapaud, nous y avons remarqué une phrase qui nous a grandement étonné. La voici: ‘“Regardez-le (le crapaud) aller lourdement, de droite à gauche, de gauche ‘à droite, se gavant de chenilles et de vers : il grossit, il engraisse ; et bientôt, “sur vos tables finement servies, il viendra réjouir vos délicats odorats de l’a- “rome exquis de ses cuisses rissolées dans le beurre, au milieu d’un bouquet _“ odoriférant de cerfeuil et de persil. ?? “ Nous avons mangé, en France, des cuisses de grenouille, et elles sont dé- licieuses ; mais C’est la première fois que nous entendons dire que les cuisses de crapaud sont comestibles. Ne serait-ce pas un lapsus calami ? ?? S'il y a quelque part un lapsus calami, ce ne peut être que dans le rapport. du Père Guerlach, cité par notre correspondant, qui ‘affirme que certaines peuplades de l’Indo-Chine s'offrent, avec le crapaud, un festin de roi.” Par exemple, M Tielemans est d’avis que nous devrions vaincre à cet égard nos répugnances, et la fin de son plaidoyer, reproduite par notre estimab'e confrère, n’est pas autre chose qu’un tableau des jouissances gastronomiques qu'il pro- met, comme un appat, aux gourmets fé inins à qui il s’adresse. C’est la première fois que, nous aussi, nous entendons dire que les cuisses de crapaud sont comestibles. Mais il y a peu de choses qui puissent nous éton- ner en cette matière, depuis que nous avons vu, à Trinidad, une jeune fille re- cueillir soigneusement les énormes vers blancs du Calandra palmarum, Fabr., pour en faire une fricassée quelconque ! On sait que le fimeux Lalande préfé- rait le guût de l’araignée a celui des insectes qu’il avait précédemment essayés, Une friture de cuisses de crapaud nous irait encore mieux que tout cela ! [*] Il s’agit ici, évidemment, de M. D.-N. Saint-Cyr, conservateur du Mu- sée de I’ Instruction Publique de Québec. Il nous est agréable de noter ici que M. le Prof. Davis, en nous annonçant l'envoi d’un exemplaire de son Mémoire, nous fait les offres de services les obligeantes. Nous aurons sans doute plus d’une fois l’occasion de recourir à ses hautes connaissances scientifiques. —Nots ferons remarquer à notre savant confrère de }’Znseet Life que l’abbé Provancher n’a pas travaillé si isolément qu’il le croit. C’est ainsi qu’il di- sait en janvier 1877 (Nav. CAN., IX, p. 6) avoir soumis tous ses Ichneumonides à M. E. T. Cresson, Il avait aussi des relations suivies avec plusieurs autres autorités de la science entomologique aux Etats-Unis. 32 LE NATURALISTE CANADIEN LA PRESSE Nos remerciements les plus sincères à la Minerve, la Croix du Canada, le Trifluvien, la Vérité, le Courrier du Canada, l Enseignement primaire, et le Cour- < ner de Saint-Hyacinthe, qui ont publié le sommaire du premier numéro de notre 4 vingt-deuxième volume. Piusieurs de ces confrères ont parlé aussi de notre e revue d’une façon très bienveillante. (Op een re LA PHTHISIE On écrit, de Paris, que l’on a grand espoir d'arriver enfin, cette année, à la guérison de la phthisie. Les expériences nécessaires se font actuellement,dans les sphères officielles, avec le ‘ vaccin ?’ nouvellement découvert.—Le succès de ces expériences signifiera la diminution de la mortalité d'un cinquième, chez les nations civilisées, et la conservation des peuples sauvages, qui sont particulièrement ravagés par la terrible maladie. —_— — — — — 0 — — — AUX CONCHYLIOLOGISTES M. Caziot, chef d’escadron d'artillerie, 17 rue Pradier, Nimes (Gard), Fran- ce, demande des corraspondants pour échanges de coquilles. —————— —0——- -— —.— — LA COMMISSION GEOLOGIQUE DU CANADA oe ——— Le Dr Selwyn s’est retiré dela direction de la Commission géologique, poste qu’il occupait depuis 1870. Son remplaçant est le Dr G. M. Dawson, fils de Sir William Dawson. Le Dr Dawson, qui fait partie de la Commission depuis une vingtaine d’années, est bien connu par ses nombreux travaux scien- tifiques. — ———— () — -— Nous croyons devoir, ce mois-ci, remplacer par d'autre matière la continuation de notre “ Traité de Zoologig. ”? PHOTOGRAPHIE 33 PHOTOGRAPHIE BAIN COMBINÉ DE VIRAGE-FIXAGE Le virage (toning) est une des opérations les plus Aéli- cates et les plus difficiles de la photographie. Les hommes exercés au métier depuis plusieurs années éprouvent eux-mé- mes des mécomptes inattendus. Les défauts de fabrication du papier, une légère varia- tion dans la quantité de chlorure d’or, de sels de plomb ou de soude, dans la température du bain employé, peuvent faire qu'on n’obtienne pas exactement la nuance voulue. I] faut compter encore avec les insuccès provenant du séjour trop court ou trop prolongé que font les épreuves dans la solu- tion ou dans l’eau,les bains épuisés, les mains tachées, ete. Cependant il ne faut pas s’exagérer les difficultés ; avec un peu de perséverance on vient à acquérir des connaissances et un tour de main permettant d'obtenir des résultats très satisfaisants. Il existait des préjugés contre l’emploi de bains ecmbi- nés. S'il est encore préférable pour les photographes de pro- fession d'employer un bain séparé pour donner la teinte cher- chée, et un autre pour la fixer, c'est à cause du grand nombre d'épreuves quilsont à traiter à la fois. Toutefois avec un bain assez lent cet inconvénient n’existe plus. Pour les ama- teurs, qui sont pressés, le bain combiné offre une éco- nomie de travail et de temps. Du reste, il paraît bien établi maintenant que lorsqu'on a suivi les indications données, les épreuves virées et fixées en même temps sont aussi durables que d’autres. La formule suivante est donnée par la maison Anthony, de New-York. Hyposulfite de soude 3 onces Nitrate de plomb 60 grains Chlorure d’or Te Gili Eau 24 onces 5—Février 1895. ane 84 LE NATURALISTE CANADIEN Faites dissoudre d’abord l'hyposulfite ; puis faites dis- soudre le nitrate de plomb dans un peu d’eau chaude; ensui- te ajoutez l'or. Brassez et filtrez. Il est recommmandé d'ajouter 8 onces d'alcool afin d’é- viter tout lavage antérieur, mais nous nous sommes trouvé tout aussi bien de l'emploi de deux onces,et même d’un seule- ment. Immergez d’abord le papier impressionné dans le châssis- presse face en bas,puis remettez-le face en haut.Ne mettez qu’u- ne épreuve à la fois,et prenez garde que des gouttes de la solu- tion ne rejaillissent sur le papier; sinon des taches jaunes s’y feront voir. De temps à autre ramenez à la, surface celles qui ont été mises en premier lieu. L'image d’abord devient d’un rouge-brique peu agréa- ble ; puis les tons deviennent plus chauds, passant du rouge- brun au noir ou au gris quelque peu teinté de rouge, Si l’on attendait davantage, on obtiendrait une vilaine teinte bleu d’ardoise. Arrêtez l'opération un peu avant d’avoir obtenu la tein- te que vous voulez conserver, car l’action se continue pen- dant le commencement de l'immersion dans l’eau pure. La température du bain doit être de 590 Far. Si le bain a agi trop rapidement, c’est-à-dire en moins d’une dizaine de minutes, avant de laver, plongez les photo- graphies dans un bain de fixage supplémentaire composé comme suit : Hyposulfite 1 once Eau 20 onces Laissez pendant le temps nécessaire pour compléter le quart d'heure. | Lavez ensuite dans l’eau courante pendant une heure afin d'éliminer l’hyposulfite. Si l’on n'a pas de robinet d’aguedue, il faut renouveler l’eau trois ou quatre fois. —Pour ces diverses opérations, nous avons employé le papier “Aristo” Landon, L'ABBÉE, P. F i + 4 4 | RE SAN RARE RC NOUVEAUX JOURNAUX 95 PUBLICATIONS RECUES — Annales de la Société Entomologique de Belgique, Tome X XX VII, Bruxel- les, 1893. —Fascicule ler du Catalogue de la Bibliothèque, Société linnéenne de Bor- deaux, 1894. —25th Annual Report of the Entomological Society of Ontario, 1891. Ce rap- port, comme les précédents, est rempli de matiéres intéressantes pour les en- tomologistes canadiens. Nous y remarquons surtout une étude intitulée ‘ The butterflies of the eastern provinces of Canada, ” parle Rev. C. J. S. Bethune. —Le Petit Almanach Populaire pour 1895, par Jean des Erables, publié à la ** Maison de la bonne Presse, ” 33 rue St-Gabriel, Montréal. 5 cts l’exemplaire. Plein de choses utiles, sages, drôles, désopilantes. — Rapport du Commissaire des terres de la Couronne de la Prov. de Québec, pour 1893-94. Une belle brochure et qui doit être bien accueillie,surtout par ceux qui prenuent intérêt à la description géographique des nouveaux cantons de la Pro- vince, et à l'étude de nos ressources minières. —La librairie Rolland & Fils, de Montréal, nous envoie un Calendrier à ef- feuiller pour 1895, et uu Agenda, qui sont tous deux bien jolis ; nous les utili- sons volontiers, avec toute la gratitude requise. —Le Canada ecclésiastique pour 1895 ; 25 cts ; Cadieux & Derome, Mont- réal. Belle brochure de près de 300 pages, remplie de renseignements sur l’or- ganisation religieuse du Canada. Les éditeurs méritent l’encouragement du public; pour une œuvre si utile. — Culture des fruits dans la Province de Québec, Par Geo. Moore ; 1892. Cette publication du Ministère de l’agriculture contient des détails de haute importance. On aurait bien dû la faire suivre d’une “table des matiè- res. ”? —Proceedings of the California Academy of sciences, Vol. IV, part 1. Mé- moires de grand intérêt, entre autres celui de M. Uhler sur les Hémiptéres (Hétéroptères) de la Basse Californie. OO NOUVEAUX JOURNAUX —Nos meilleurs souhaits au Journal du Peuple, nouvelle publication heb- domadaire de Montréal, rédigé par Jean des Erables. — Le Rosaire, belle revue mensuelle publiée, depuis janvier, par les Domi- nicains de Saint-Hyacinthe. $1.00 par année.—Forte doctrine sous une forme agréable, gravures artistiques, impression de luxe, voilà ce à quoi les abonnés peuvent s'attendre. Succès au nouveau confrère ! — Bulletin des recherches historiques. Editeur-propriétaire, P.-G. Roy, 9 rue Wolfe, Lévis.—Publication in-80, mensuelle, illustrée ; $2.00 par année. Il nous est particulièrement agréable de saluer la fondation d’une revue 36 LE NATURALISTE CANADIEN de ce genre, dont les deux numéros publiés indiquent déjà importance et l’in- Fi térêt. Nous lui souhaitons le plus grand succès. . — L, Essai, revue hebdomadaire illustrée de la famille ; Montréal, B. B. P. 2174 ; 50 cts par année ; commencera au milieu de mars.—Il nous paraît que cette revue remplacera celle de même nom, fondée en décembre dernier, et dont il n’a paru que trois numéros. —La Croix du Canada est redevenue semi-hebdomadaire. Nous espérons que les difficultés financières, dans lesquelles se débat excellent journal ca- tholique, finiront par disparaître. O EXTRAIT DE LA CORRESPONDANCE Le “Gipsy motu’’— “ Veuillez done me dire quel est le nom scientifique de l’insecte que les Anglais appellent “ Gipsy moth,’ D’après un journal américain, cette peste, comme on la nomme là- bas, au- rait envahi tout un canton de l Etat de Massachusetts, et les pertes causées par ce malheureux individu se chiffreraient déjà par des centaines de mille pias- tres. Introduit 4 Malden, Mass.. par M. Trou velot, alors graveur et qui s’est fait depuis un si grand 10m dans l'astronomie française, le Gipsy moth a agrandi peu à peu son domaine, s’est parfaitement acclimaté aux hivers américains, et il y a lieu de craindre qu'il ne nous arrive un bon jour et ne se montre ici aus- si malfaisant que chez nos amis les Américains. Un mot de votre part serait de nature à signaler le fléau d'avance et à met- tre les autorités sur leurs gardes. En 1890, le gouvernement de Massachusetts a voté 50000 piastres pour couvrir les frais de la guerre à ce terrible insecte.” M......, Québec. OCNERIA DISPAR, L., est le nom scientifique du papillon que l’on désigne aux Etats-Unis sous le nom de ‘‘Gipsy moth.” Ils'attaque au feuillage des pommiers, cer siers, érables, chénes,ete. Il a fallu, au Massachusetts,aller jusqu’à la dépense annuelle d’une centaine de mille piastres pour lutter avantageu- sement contre ce terrible ennemi.—Le public indifférent qui hausse les épaules en nous voyant “ courir après les papillons,” finira peut-être par comprendre que l'étude de l’entomologie n’est pas, après tout, un simple amusement d’en- fant, et que des ennemis qu’il coûte si cher de combattre valent un peu qu’on les étudie. Nous reviendrons sur la question du Gipsy moth, 0 SECRET POUR ASSOUPLIR LES PAPILLONS D&SSECHES Nous trouvons Ce secret dans la revue The Entomogist's Record and Journal of variation [Vol. VI, No 1, p. 23]. Il y est dit, au cours du compte rendu de la séance du 6noy. 1894 de la Société d’entomologie et d’histoire naturelle de Londres : ‘‘Le Dr Sequeira montra des échantillons de naphte de bois, et M. Clark en mit une petite quantité 4 la base des ailes d’un spécimen desséché de Spilosoma lubricipeda, avec ce résultat qu’en moins de cing minutes, le spéci- men était assez assoupli pour être étalé de nouveau.” D’après le Dr Sequeira, il faut employer du “pure Wood Naphtha—“syn” Pyroxylic Spirit.” Sli Naturaliste Canadien VOL. XXII (VOL. It DE LA DEUXIEME re Nos Chicoutimi Mars 1895 Rédacteur- oo i V.A. HUARD FORMATION DU SAGUENAY (Continué dela page 27) L'ÉPOQUE GLACIAIRE Je dirai peu de choses sur cette importante question, qu’il est difficile pour l’homme de résoudre et dont les causes proba- bles ne paraissent pas bien définies. | “ L'époque glaciaire, dit M. l’abbé Laflamme, est venue “ vers la fin des périodes géologiques. Peu de temps avant “apparition de l'homme, une température très basse envahit “ tout à coup les parties septentrionales de l'Amérique du Nord. “ Une précipitation abondante en futle résultat, et tout le Ca- “nada se couvrit d’un immense manteau de neige qui devait “ s’accumuler sur place, des années, des siècles peut-être, sans “se fondre. Bientôt cette neige se changea en glace, et, celle-ci “s’entassant de plus en plus dans les parties septentrionales, la “ poussée de cette masse glacée la fit s’écouler lentement vers “le sud.” S1 j'ai bien saisi l’idée de la cause première du change- ment subit de la température dans cette circonstance, je suis porté à croire qu’un de ces mouvements de bascule, ascendant 6— Mars 1895. 38 LE NATURALISTE CANADIEN cette fois-ci, vient de se faire subitement sentir sous la surface du futur Dominion, mais d’un caractère beaucoup plus pronon- cé et beaucoup plus inquiétant que ceux qui l'ont précédé des milliers de siècles auparavant. Du moment que l’eau se con- géle, que la neige ne se fond plus/nous sommes bien arrivés, sans contredit, à la hanteur des neiges éternelles, e’est-à-dire, à une douzaine de mille pieds au-dessus du niveau de la mer. Pour admettre un pareil exhaussement à une hauteur aussi considérable, il faut, comine de raison, supposer à la croû- te terrestre une capacité d’expansion extraordinaire, une élas- ticité à toute épreuve. Autrement’il faudrait croire que la terre flottant dans les eaux qui la recouvraient aux trois quarts, a pu s’élever ou s’abaisser à volonté ; c’est-à-dire que lorsqu’el- le se soulevait au-dessus des eaux à telle latitude, elle s’y en- foncait tout simplement aux antipodes ; ou bien il faut en ve- nir directement à la rupture de l’enveloppe du globe, qui per- mit ainsi à certaine partie de sa croûte de se soulever, en se séparant, pour laisser échapper et se répandre à sa surface les matières en fusion qu’elle ne pouvait plus contenir, tant leur pression était forte et levis efforts puissants : c’est cette nou- velle formation qui servit de ligament à la terre en cicatrisant ses immenses déchirures, que le géologue étudie aujourd’hui avec tant d'intérêt. | Ne pourrait-on pas aussi bien supposer un mouvement de bascule descendant ? ce qui exigerait bien moins d'efforts intérieurs avec tout autant d'effets extérieurs. Disons done qu'un mouvement d’enfoncement sous le Dominion permit à l'océan glacial d’envahir l'Amérique sep- _ tentrionale, tandis qu'une légère ondulation en sens contraire soulevait en méine temps le cercle polaire. Qu’en est-il re- sulté ? Ni plus, ni moins qu’un déplacement de tons les gla- ciers flottants du pôle nord vers le sud, causé par la force irré- sistible des courants se précipitant sur cette déclivité subite- ment imprimée à la croûte de la terre. Ces banquises, circon- voisines du pôle, comme une immense seine de cristal, entrai- FORMATION DU SAGUENAY 40 LE NATURALISTE CANADIEN naient devant elles, vers de plus basses latitudes, tous les monstres marins de l’océan glacial, et venaient.se ranger en masses serrées le long des remparts septentrionaux les plus élevés des Laurentides qui leur fermaient le passage, De fait, ces glaces insondables, et ces courants violents qui les décollent du fond de la mer et les dirigent aujourd'hui sur les côtes du Labrador et de Terreneuve, et sur les grands Banes de cette île, n'étaient pas retardés, cette fois-là, par les baies, les détroits, les bas-fonds, par les vents, ni la marée ; non, aucun obstacle ne s'élevait devant eux. Du reste, rien n'aurait pu résister à l’effrayante impulsion qui les faisaits’abi- mer ainsi sur la partie nord du continent que nous habitons. Il n’y avait que les hautes chaînes des Laurentides,restées solides et fermes au-dessus de cette mer de glace en furie, qui fusseut capables d’opposer leurs invinc‘bles contre-forts à cette épou- vantable avalanche d’un monde contre un autre monde. Le haut rivage est et sud-est du grand lac Saint-Jean, de la mer saguenayenne d'alors, fut la dernière étape de ces en- vahisseurs polaires ; c’est là que les premières banquises, qui en guidaient des multitudes, s’arrétérent ; c’est là aussi quwelles se fonüirent après avoir traîné, frotté, “usé leurs se- melles ” en tous sens, pendant des années, sur les bas-fonds bosselés et polis de cette mer inconnue. Les plus élevées de ces montagnes de glace ne pouvant franchir les plus hauts écueils sous-marins, s’entre-choquaient au plus profond du lac, râpant,égrenant, par leurs mouvements lents et pesants, les couches supérieures de son lit de calcaire, pulvérisant ses,bancs de schistes et burinant de striures irré- gulières les parties submergées de ses parois moulées et lisses depuis leur création. | Cette ondulation de la partie nord du continent a peut-être originé sous l’action rentrant», aplatissante des pôles, que la rotation de la terre, suivant les lois de la physique, imprimait à sa croûte alors maniable et flexibie. Les immenses plaines du Nord-Ouest depuis les sources FORMATION DU SAGUENAY 4l du Mississipi et de la rivière Rouge jusqu'aux confins nord des terrains argileux ; depuis les rivages ouest du lac des Bois jusqu’au pied des Montagnes Rocheuses, formant le territoire le plus beau et le plus riche de lAmérique septentrionale, furent recouvertes elles aussi de millions de glaces flottantes, que les lames, les vagues gigantesques de cette mer chassée de son lit, tirent atterrir, pêle-mêle, sur ces hauts plateaux lors- qu’elles se déroulaient, précipitées vers le sud, en flots intermi- nables. Il vint un temps cependant où, la mer retournant à son ancien lit par un nouveau phénomène géologique, ces vastes — plaines avec leurs légères ondulations ressemblaient à une bat- ture sans fin que le reflux a laissé à sec et où se sont échouées des milliers de banquises de toutes les dimensions ; tel qu’on peut le voir, en miniature-si vous voulez, tous les hivers, à marée basse, sur les battures vaseuses de Kamouraska, de l'Isle-Verte, de Rimouski, etz., où des centaines de grosses glaces s’échouent et s’enfoncent plus ou moins dans la vase suivant leur pesanteur. Il serait difficile d'expliquer autrement la formation de ces centaines de milliers de petits lacs, marais, étangs, épar- pillés sur presque toute la surface du pays, même sur les pla- teaux supérieurs ou montagnes,comme les Métis les désignent, Si tous ces réservoirs, dans le Manitoba surtout, se vi- daient tout à coup en se nivelant au niveau général de la prairie, Winnipeg et tous les fonds plats de cette province, jusqu’au seuil de Brandon, seraient inévitablement submer- gés tous les printemps, par l'apport considérable que ces eaux captives et stagnantes fourniraient, et qui gonflerait d'autant les rivières Rouge, Assiniboine et leurs tributaires, n’égout- tant, à l'heure présente, qu’une bien étroite lisière le long de leur cours. Ces millions de trous d’eau qui défigurent ainsi la plaine, les plateaux,les montagnes, n’ont pas d'égoût : l'éva- poration seule les assèche ou baisse plus ou moins leur niveau. (A suivre) P.-H. DuMats. Le, 42 | LE NATURALISTE CANADIEN © OUR INSECT FRIENDS AND INSECT PUBS par le REV. THOMAS W. FYLES, F. LS. SOUTH QUEBEC (Traduction) CLASSIFICATION DES INSECTES Les Annelés, ANNULOSA, qui forment l’une des provinces du vaste royaume animal, se partagent en déux classes ou groupes, dont l’un porte te nom d’Insectes, Znsecta, ce qui veut dire découpés ou partagés en segments. On divise les insectes, à leur tour, en Hewapodes (pourvus de six pattes) et en Myriapodes (à beaucoup de pattes). Parmi les insec- tes à six pattes, les uns ont des ailes, les autres n'en ont pas. Les naturalistes s'accordent généralement à reconnaître sept ordres chez les insectes ailés. On désigne ces ordres, d'après les particularités de leurs ailes, par des mots tirés des racines grecques : I, Coléoptères ; IT Orthoptères ; HI. Hémipte- res; IV. Névroptères ; V. Lépidoptères ; VI. Hyménopteres ; VIL. Diptères—termes qui signifient : munis d'ailes (1) re- (1) Nos lecteurs se réjouiront avec nous du concours que le Rév. M. Fyles, de Lévis,veut bien apporter à l’œuvre du NATURALISTE. M. Fyles,qui tient un rang distingué parmi les entomologistes du Canada, est l’un des rédacteurs du Canadian Entomologist, de London, Ont. La série d'articles qu’il nous annon- ce, et dont nous commençons aujourd’hui la publication, seront une bonne for- tune pour ceux de nos lecteurs qui désirent se livrer à l’étude des insectes. —Nous apportons le plus de soin possible 4 la traduction de ces travaux. Nous désirons pourtant déclarer que, si l’on y trouve quelque incorrection ou quelque manque de précision, ces défauts doivent nous être attribués) à nous seul, et non à l’auteur qui écrit un anglais tout à fait précis et élégant.—Rép. | : La , 1 PORT Le ENUF, a da ia A UR ici ac CIN lbs ld a , “OUR INSECT FRIENDS AND INSECT FOES ” 43 couvertes ; (2) droites ; (8) & moitié recouvertes ; (4) & ner- vures ; (5) à écailles ; (6) membraneuses, et (7) au nombre de deux. : Les Lépidopteres surpassent en beauté tous les autres in- sectes ailés. Voici de quelle façon charmante W. Wood, l’au- teur de plusieurs travaux sur l’histoire naturelle, en fait la description : “Il y a tant d'élégance dans l'aspect des Lépidoptères, “tant de perfection dans leurs formes, qu’ils ont droit au “premier rang dans la ciasse d’insectes—nombreuse et de “ grande étendue—dont ils font partie. Telle est leur beauté “ouilya tant de variété, telle est la douceur des teintes “ dans leurs nuances diverses, que l’on serait tenté “de les prendre pour des êtres célestes qui, en traversant les “ espaces infinis, ont baigné leurs ailes dans Jes couleurs de “ Pare-en-ciel.” Cet ordre splendide des Lépidopteres se partage en deux sous-ordres, les Rhopalocéres (ayant les antennes en massue) et les Hélérocères (à antennes différemment conformées), ou autrement : les Papillons et les Nocturnes (moths). Les différents Ordres se composent de familles, de gen- res et d'espèces. L'espèce est l'unité dans la classification. C’est Linné, le grand naturaliste suédois, qui a posé les bases de notre système actuel de classification. NOMENCLATURE DES INSECTES Il y avait beaucoup de fantaisie dans le système de Linné. C’est ainsi qu'il donna à un groupe de Papillons le nom de Chevaliers (Zquites), qu’il subdivisa en Grecs (Achi- vi) et Troyens (Troës). D'autres naturalistes l’ont suivi dans cette voie ; et beaucoup d’espèces ont été désignées par le nom de personnages de l’histoire ancienne et de la mytholo- gie paienne. Par exemple, dans le monde des insectes, nous retrou- vons Pan, Protée et Vulcain, Cybele, Bellone et Diane. La PNEUS HN BLN bed: with ak A ais een Bea fe i sig INR PE NRA ÿ 44, LE NATURALISTE CANADIEN déesse de Sidon a deux homonymes, Astarté et Astaroth. Aphrodite, Paphia et Idalie ont charge de conserver le sou- venir de la déesse de l'amour. Les Gra es y sont toutes trois, Euphrosine, Aglaia et Thalia. Vitellius représente les em- pereurs. Quant aux rois, ils sont en nombre : Daunus, Artaxercès, Numitor, Montézuma, Agésilas, etc. Les reines y viennent avec la noble Antiope et la gracieuse Cussiopée. Parmi les gens d’épée, on voit Ajax et Marcellus. Ily a tout un essaim de gens de plume Cadmus, Arion et Catulle, Juvénal de satirique mémoire, et Marcellinus l'historien, etc. Machaon et Codalirius représentent la Faculté. Les jolis garçons ont leur place avec Adonis, et Phaon, et “ Bal- der le beau,” tandis que les monstres sont représentés par Polyphème et Chiron. Nous avons encore le perfide Sinon et l’honnête Cincinnatus, Dorcus, retour de l'empire des morts, et Atropos qui coupe le fil de la vie. On a donné des noms sauvages à quelques-unes de nos espèces de l'Amérique du Nord, comme, par exemple: Mas- sasoit, Pocohontas et Metacomet. D'autres espèces ont été nommées d'après certaines particularités de leur coloration, comme Flavofasciata, à téguments jaunes ; Znterrogationis— ainsi appelées du “ point et virgule” d'or ou point d'in- terrogation grec que l’on voit sur leurs ailes postérieures. Il y a des espèces désignées, à titre d'honneur, par le nom de naturalistes distingués ou des personnes qui les ont décou- vertes ou décrites, comme : Boisduvallii, Lecontei, Provan- cheri. D’autres encore reçoivert le nom des plantes où leurs larves trouvent nourriture : Celtis, Betulæ, Quercus, ete. En- fin, quelques espèces sont nommées d’après d’autres insectes avec lesquels ils ont quelque ressemblance ; ainsi: Apifor- mis, Tipuliforme, Ichneumoniforme, Culiciforme, désignées respectivement d’après l'abeille, la tipule, l'ichneumon et le cousin. LA DIPHTÉRINE LACERTE 45 LA DIPHTERINE LACERTE () Monsieur le rédacteur, Lorsque le Moniteur publia ma correspondance, dans le mois de décembre dernier, j'étais loin de m’attendre à un ac- cueil aussi cordial de votre part,parce que je suis habitué de- puis longtemps à constater que l’on refuse de s'occuper de ce que j’avance, et même qu'un bon nombre méprisent ce que J énonce de temps à autre au sujet de mon traitement de la diphtérie. Mais comme vous m'offrez si bienveillamment de me servir de votre intéressante publication scientifique, le NATURALISTE CANADIEN, j'accepte avec reconnaissance l’hos- pitalité de ses pages, pour dire à vos lecteurs comment je traite et guéris cette maladie. Dans les cas de diphtérie, je fais prendre ma prépara- tion,qui a nom Diphtérine, (une à trois cuilerées à thé) com- me gargarisme toutes les heures, la nuit comme le jour, sans égard au sommeil. Les enfants trop jeunes pour se servir d’un gargarisme, doivent, bon gré mal gré, en avaler une cuillerée à thé toutes les heures ; et ceux d’au-dessous de deux ans, une demi-cuillerée a thé. Lorsqu'il y a écoulement du nez, je fais injecter dans les narines une ou deux cuillerées à thé de ce liquide toutes les deux heures, en alternant avec les doses données par la bouche. Ces injections nasales, qui constituent aussi le traitement le plus sûr de tous les ca- tarrhes du nez, peuvent être faites avec un siphon ou une seringue. Si l'on a affaire à des enfants qui ne peuvent se gargari- ser, on doit aussi toucher l'éruption toutes les deux heures, autant que possible, avec une petite “ lavette,” ou mieux avec un pinceau de poils de chameau imbibé de ce remède, en al- ternant encore avec les doses avalées. Le vomissement, qui se rencontre parfois au début, est [1] Voir le NATURALISTE de janvier, page 13, 7— Mars 1895, res Eh AM ONE Ca A Le LU D AN MURAT NA EAN RE 46 LE NATURALISTE CANADIEN promptement soulagé par l’usage de la glace, et en donnant d'heure en heure une cuillerée à thé de lait avec autant d’eau de chaux, mais toujours dix ou quinze minutes après l'usage du remède. Ma diphtérine n’est pas incompatible avec le sérum im- munisé du Dr Roux. Quant à la diète, je fais prendre aux malades autant de lait que possible, du gruau, du corns-tarch et des bouillons.Je tiens surtout à l'usage du lait parce que c’est un aliment complet. Voila mon traitement ae la diphtérie, qui m’a valu un si beau succès dans les trois important2s maisons dont j'ai par- lé. Dans ma pratique privée, mes prescriptions ont été inva- riablement les mêmes ; mais, pour diverses causes que je ne pouvais contrôler, j'ai perdu dix-neuf à vingt pour cent de mes malades. Ce sont probablement ces insuccès, plus tôt connus que les guérisons, qui ont empêché un certain nom- bre de confrères de faire un essai judicieux de mon traite- ment, et ont par là même enrayé sa vulgarisation. Dr N. LACERTE. Lévis, 16 février 1895, NOTE DE LA RÉDACTION.—Nous n’avons aucune compétence en la question, et ne pouvons par conséquent exprimer d'opinion autorisée sur la valeur de la Diphtérine. Cependant, il nous semble que, lorsqu'un médecin honorable ex- pose des faits sous sa signature, et lorsque ces faits peuvent être facilement contrôlés, on ne saurait refuser de donner quelque attention à ce qu’il affirme ; la négation pure et simple n’est pas toujours une réponse victorieuse ! —Depuis que nous avons écrit ce qui précède, un ami nous communique Ja Presse du 23 février, où nous lisons, avec un véritable plaisir, une lettre du Dr A. Ge Martigny, précisément rédigée en réponse à la correspondance adres- sée à divers journaux, en décembre dernier, par le Dr Lacerte. Nous reprodui- sons ici cette lettre, datée de Paris [où M. de Martigny étudiait la méthode Roux par mission du gouvernement de Québec], afin de mettre nos lecteurs au courant de la question. Ils y verront que ce médecin distingué se propo- sait de s'occuper de la Diphtérine dès son retour au Canada, ce qui n’est pas pour déplaire au Dr Lacerte, croyons-nous, niau public qui serait content de voir sa méthode soumise à un contrôle sérieux. Paris, le 29 janvier 1895. Mossieur ie rédacteur, L’ “Electeur”’, dans son numéro du 20 décembre 1894, id Le A AU EN A SE AE Be aa LA DIPHTERINE LACERTE 47 publie une correspondance de mon honorable confrère, M. le docteur Lacerte. Au cours de sa correspondânce, M. le docteur Lacerte ac- cuse la méthode employée par le docteur Roux dans le traite- ment de la diphtérie, de donner des résultats peu satisfaisants, si on les compare à ceux qu'il a obtenus, lui, avec un médica- ment à lui connu et de sa composition. “La mortalité, écrit-il, est de 24 à 26 pour cent, avec la méthode du docteur Roux, tandis que je n’ai eu qu’un seul insuccès sur deux cents cas que j'ai traités.” Chargé d'étudier la méthode du docteur Roux, j’ai à cœur de réfuter l'attaque de mon honorable confrère. Je tiens à affirmer que je ne le voudrais blesser en rien. Je crois M. le docteur Lacerte de bonne foi dans tout ce qu’il avance. S'il a commis quelques erreurs, je suis convaincu qu’elles ont été involontaires, Mais, d'autre part, je crois de mon devoir de démontrer que la méthode employée par le docteur Roux, dans le traitement de la dipthérie, a bien mérité l’attention que le monde civilisé lui a accordée, et la haute admiration qe ses merveiileux effets ont inspirée à la profession médicale en- tener: | C’est vous dire, M. le rédacteur, combien je vous serais reconnaissant d'insérer ma réponse. Comptant sur vôtre bien- veillante hospitalité, je vous en remercie d’avance sincére- ment. Je ne discuterai donc pas la valeur du traitement préco- nisé par mon honorable confrère, contre la diphtérie. Je lui ferai seulement remarquer combien il est hasardeux et peu dans les mœurs scientifiques de notre époque, d’opposer à la méthode de traitement du docteur Roux, un moyen de guéri- son inconnu, n’ayant subi aucun contrôle médical, et n’ayant, jusqu'alors, guéri que des cas dont le diagnostic bactériologi- que n’a pas été fait, et dont la nature diphtérique ne peut être scientifiquement affirmée. Car la méthode du docteur Roux est décrite et connue 48 LE NATURALISTE CANADIEN dans tous ses détails, Les statistiques citées ont subi un con- trôle sérieux de la part du corps médical. De plus, de 26 4 pour cent qu’elle était au début, (alors que les parents faisaient traiter leurs enfants trop tard), la mortalité est tombée à 13 pour cent seulement. | Nous sommes en droit d'espérer que, bientôt, les parents | ê soumettront leurs enfants au traitement dès le début de la ma- | ladie, et que nous verrons la mortalité devenir presque nulle. | Car elle n’est actuellement que de un pour cent chez les en- fants traités dès le premier jour. BY N’est-il pas, au moins, téméraire d’opposer à une métho- de qui présente de telles garanties scientifiques, un traitement _ absolument empyrique ? ‘3 Je répète que je n’ai pas absolument l'intention de bles- ser mon honorable confrère, au contraire. Mais je ne puis m'empêcher de lui faire remarquer que, dans une telle compa- . raison, il est absolument nécessaire de mettre les deux termes dans les mêmes conditions. Pourquoi le docteur Lacerte n'of- fre-t-il pas son moyen de traitement au contrôle médical ? Je - déclare que, pour ma part, je serais heureux de lui accorder toute mon attention lors de mon très prochain retour au Canada. Agréez, monsieur le rédacteur, l'assurance de ma haute considération. nu vai Dr ADELSTAN de MARTIGNY, Paris. a a REMERCIEMENTS Le directeur du Natwraliste canadien offre ses remer- __ ciements sincères à la “Société d’horticulture et de botanique de Marseille”, qui lui a fait l’honneur de l'admettre au nom- bre de ses Membres correspondants. CE QUE L'ON DIT DU “ NATURALISTE ” 49 I] y avait déjà un Canadien sur la liste des Membres correspondants de cette association : M. J.-A. Guignard, de la Ferme expérimentale d'Ottawa. Nous y trouvons aussi le nom de Mer Boyer, évêque de Clermont-Ferrand, France. a a 2 CE QUE LON DIT DU “ NATURALISTS” La SEMAINE RELIGIEUSE DE QuEBEC—‘‘ Nos meilleurs souhaits à cette ex- cellente publication qui commence sa vingt-deuxiéme année d’ existence. “S’il suffisait d’intéresser pour faire dépouiller le vieil homme aux abonnés retardataires, le Naturaliste canadien v’en compterait aucun.” LA GAZETTE DES CAMPAGNES—‘‘Nos félicitations au Naturaliste canadien, publié à Chicoutimi, par le savant abbé M. Huard, digne successeur de feu A1. l'abbé L. Provancher, qui, avec son numéro de janvier, est entré dans sa vingt-deuxième année d'existence, Cette importante publication serait de na- ture à rendre d'importantsservices aux cultivateurs, si au moins chaque cer- ele agricole en recevait un exemplaire. Si les agronomes trouvent de puissants motifs à encourager cette publication, le cultivateur est aussi intéressé à la recevoir, car il y puiscra de nombreux renseignements qui lui indiqueront les moyens de reconnaître quels sont les insectes utiles ou nuisibles à Vagricultu- re. C’est à ce point de vue la surtout que le *‘ Naturalisté canadien ” a ren- du et rend encore de grands services à notre agriculture canadienne. “Nous ne saurions donc trop conseiller aux cultivateurs de s’abonner à cet- te revue, car tout en s’instruisant ils encourageront, une œuvre d’un grand mérite.” Nous sommes bien reconnaissants à nos deux confrères de leurs paroles aimables, beaucoup trop flatteuses pour nous. La Gazette des campagnes dit tout à fait bien quels ser- vices une publication comme la nôtre pourrait rendre à la cause agricole. La botanique et l’entomologie, même étudiées au point de vue strictement théorique, sont d’indispeusables auxiliaires de l’agriculture : c’est de toute évidence, puisqne la culture des plantes utiles, la lutte contre les plantes et les insectes nuisibles sont pour le cultivateur des occupations journalières. Si les vœux de notre bienveillant confrère de Sainte-Anne de la Pocatière se réalisaient, si les cercles agri- coles et les cultivateurs eux-mêmes accordaient au NATURA- Fe 50 LE NATURALISTE CANADIEN LISTE l'encouragement qu'il propose, cela nous mettrait en mesure de leur rendre d'importants services, en nous permet- tant de nous consacrer exclusivement à cette œuvre, d’aug- menter beaucoup le nombre de nos, pages, et de faire pro- fiter nos lecteurs, chaque mois, des utiles renseignements qui sont le résultat des études que poursuivent, dans le pays et à l'étranger, de nombreux. naturalistes. Aux Etats-Unis, on comprend si bien le rôle de la science dans l’agriculture, que le gouvernement lui-même maintient sur pied une véritable armée de spécialistes en histoire naturelle, publie à ses frais des revues scieutifiques où sont consignés les rapports de leurs travaux, et les répand gratuitement dans tout le pays. A ee J — ———— PHOTOGRAPHIE DÉBOUCHAGE DES FLACONS A L'ÉMERI Un certain nombre de produits employés en photograyhie demandent à être conservés dans des flacons hermétiquement fermés. Le mode le plus sûr est d'employer des flacons en verre avec bouchons usés à l’émeri. L’inconvénient de ce gen- re de bouchage est la facilité avec laquelle le bouchon adhère au flacon, défiant tous les efforts pour le sortir : le contenu qui se trouve pour une raison quelconque emprisonné entre le bou- chon et le col, y sèche et forme souvent un enduit très adhé- rent. Dans ce cas, il ne faut jamais essayer de déboucher le flacon en le soumettant à un grand effort, car il pourrait arri- ver que le col se brise et s’en aille avec ie bouchon. Comme les flacons de ce genre sont assez coûteux, il n’est pas indiffé- rent de prendre des précautions pour éviter ces accidents, Quelques moyens de vaincre cette difficulté sont bien connus, Une méthode consiste à frapper doucement un côté du bouchon avec un petit morceau de bois, en le poussant de Au OLIMAR PUN, ES Ps ALL ed PHOTOGRAPHIE 51 bas en haut par l’autre côté. En continuant pendant quelque temps cette opération, en frappant tantôt d’un côté, tantôt de l’autre, on parvient généralement à le faire sortir. Si l’on ne réussit pas, on essaie le procédé de la dilatation : une bande d’étof- fe est plongée dans l’eau chaude, puis enroulée rapidement au- tour du col: celui-ci se dilate, et le bouchon sort.—On peut également enrouler une corde autour du col, en fixer une ex- trémité à une attache solide, puis faire glisser rapidement le flacon, par un mouvement de va-et-vient, de fagon à échauffer le col par friction. Mais voici un autre moyen. On met une ou deux gouttes d'huile de parafline entre le bouchon et le col. Cette huile s’introduit peu à peu entre les deux surfaces, jusqu'au point adhérent. Pendant ce temps, on prépare deux morceaux de bois dur d’environ 8 pouces de long, 1 pouce de large, et # pouce d'épaisseur, qu’on réunit à un bout par une charnière de cuir, Ona ainsi un instrument analogue à un casse-noiset- te. On saisit le bouchon avec cet instrument, on donne un tour dans un sens et dans un autre, lentement et fermement, le bouchon se décolle infailliblement. Mieux vaut prévenir que guérir: aussi est-il préférable d’enduire tous les bouchons de verre d’un peu de vaseline avant de les mettre en place. En évitant l'excès, on n'aura à craindre aucune action de celle-ci sur le contenu du flacon. LE NEZ EN PHOTOGRAPHIE On lit dans la Photo-Gazette : S'il veut s'exercer à faire quelques portraits, il n’y aura pas de mal pour l’amateur à vi- ser à l’habileté, tout comme le professionnel, bien au contraire. Tl devra done le mieux qu’il pourra tirer parti du nez beau ou vilain de son modèle pour que son épreuve soit la plus agréable possible. Pour les nez camus, ceux dont l’extrémité se relève en montrant d’une facon désagréable les trous béants des narines, on les rend acceptables en prenant le point de vue haut. On 52: LE NATURALISTE CANADIEN relève l’instrament et on s’4ide de la bascule. Avec les gens au nez aquilin ou crochu, en forme de bee d’aigle, on prendra un point de vue bas. Pour les nez longs et gros, enfin, il faut faire la mise au point à peu près en avant de la pointe du nez. Les autres cas se greffent sur ces trois principaux. L’ABBÉ E, P. ere (en A PROPOS DE CETACE J’ailuavee un grand plaisir votre intéressante et savante disserta- tion (1) en rapport avec le dauphin qui est venn visiter nos parages dans l’av- tomne de 1892, et qui a reçu une si triste réception, comme vous savez,. Cependant il est un détail que vous semblez avoir oublié: cest que les dents varient beaucoup dans les diverses espèces de dauphin, et tombent d'assez donne heure. C’est du moins ce qu'avance l'un des savants collaborateurs du “Dictionnaire de la Conversation,” M. N. Ciérmont. Si,à ce détail, l’on ajou- te cet autre détail que j’avais oublié de mentionner : que le spécimen en ques- tion était une femelle, alors il n’y a pas de doute que vous ayiez eu parfaite- ment raison en le rangeant parmi les Ziphius (ou sciphius) nove-zelandix. Mais ou devra avouer que le visiteur venait de loin—du moins sa famille.’’ J.-W. MILLER, Sainte-Luce (Rimouski). O0 — Le Courrier de Saint-Hyacinthe est entré, il y a quelque temps, dans sa trentième année. Nos félicitations et bons souhaits. —La Revue bleue, littéraire, scientifique, Seize pages in-40, paraissant tous les mois ; 60 cts par année ; 97, rue Saint-Jacques, Montréal.—C'est soigné de forme et de fond. Succès au nouveau confrère. — La Semaine, revue de la presse ; publication de 16 pages in-4o, dirigée par M. R. Renault ; $2.00 par année ; publiés par M. L. Brousseau, 11 & 13, rue Buade, Québec. Programme tout à fait alléchant, et que l’on saura remplir, eroyons-nous. Puissent de nombreux abonnés assurer le maintien de cette belle revue ! —Le Courrier de Charlevoix, journal hebdomadaire, publié à la Baie Saint- Paul (Charlevoix), par M. Elz. Dallaire ; $1.00 par année. Nos meilleurs sou- haits de prospérité à ce journal, qui rendra de grands services à la population de Charlevoix. — Les Petites lectures canadiennes, 37 rue Saint-Gabriel, Montréal. 25 cts par année. Gracieuse petite revue illustrée, semi-mensuelle. Rédigée par Jean des Erables et Jean Lefranc. Grand succès ! O C’est à M. J. P. Muteh, de Hornsey Road, que l’on doit le procédé de la | “rectified wood naphtha” pour ramollir les insectes desséchés, —dit |’ Entomolo- gist 8 Reeord, de Londres. ee O Au prochain numéro : la liste des ‘‘ Publications reçues.” {1] Le NATURALISTE CANADIEN, Vol. XXI, p. 173. 4 L LS É Vatu "à | es: Rim IN 4 | Ve Ws WY LAS (AU A, VOL. XXII (VOL. II DE LA DEUXIEME SERIE) No 4 Chicoutimi Avril 1895 Rédacteur-Propriétaire : l'abbé V..A. HUARD Nous expédions avec ce numéro des comptes d'abonne- ment pour l'année 1894 aux personnes qui ne nous ont pas encore payé celte petite dette. Nous espérons que l'on meéttræ de la bonne volonté à les solder tout de suite. — Nous avons regu un mandat-poste de $1.50 pour le “Naturaliste et l’Oiseau-Mouche,”daté de Montréal le 14 mars ; mais aucune lettre qui nous indiquât l'auteur de cet envoi. Prière à celte personne de nous donner son nom. a L'ABBE PROVANCHER (Continué dela page 22) Mais l'administration temporelle de Saint-Joachim n’est pas seulement redevable à M. Provancher des innovations que je viens de rappeler, et qui n'étaient que des mesu- res dictées par la prudence et la prévoyance. Il présida aussi à des travaux de grande importance. De 1858 à 1860, on ai- longea l'église, devenue insuffisante pour loger la population : de la paroisse; en même temps on construisit un nouveau clocher sur l’édifice. En 1859, nous voyons M. Provancher faire l'achat de magnifiques ornements en drap d'argent, destinés à relever l'éclat des grandes solennités du culte. Aujourd’hui encore ces ornements sont de toute beauté. 8—Avril 1895. 54 LE NATURALISTE CANADIEN Enfin, ce qui prouve que le curé de Saint-Joachim tenait à porter en tout son esprit d’ordre et de progrès, en 1861, c’est-à-dire une année avant son départ de cette paroisse, il s’occupa de ia construction de diverses dépendances de la maison curiale. C'est aussi en cette année 1861 que le biographe de M. Provancher aurait à placer la narration de certain différend quis éleva entre le Séminaire de Québec et le curé de Saint- Joachim, relativement au banc seigneurial. Jusqu'alors, le Séminaire, à titre de seigneur du lieu, possédait deux bancs d'honneur à l'église paroissiale ; mais le curé prétendait qu’il n'avait droit qu'à un seul bane. Les tribunaux du pays ont eu à entendre maintes contestations au sujet de ces banes seigneuriaux dins les évlises de la campagne. On n’alla pas si loin à Saint-Joachim, et le curé finit par se désister de son opposition au droit du Séminaire. Je n'ai pas à me prononcer ici sur le mérite de la question en litige ; j'ai voulu seule- ment, en narrateur exact, ne pas omettre d’indiquer à sa date un fait qui dans le temps dut attirer quelque peu lattention. Voyons maintenant un autre aspect de la vie de M. Pro- vancher pendant qu’il fut euré de Saint-Joachim. C'était un laborieux, et même un bourreau de travail, comme l’on dit quelquefois. Cette passion du travail, il Va gardée jusqu’à la fin de sa vie, ainsi que nous le verrons. Or, dans cette paroisse de Saint-Joachim, dont la population était peu considérable, les occupations du saint ministère n'offraient pas à son activité un aliment suflisant ; même les soins de l'administration curiale et les travaux de construction ou de réparation des édifices paroissiaux ne l’«bsorbaient pas encore . assez, C’est alors qu’il revint à l'histoire naturelle, d’une ma- nière sérieuse cette fois, et pour ne plus y renoncer. Les circonstances font ordinairement beaucoup : elles sus- citent des idées, révèlent un goût particulier qui sommeillait dans l’âme, impriment à notre conduite une direction aupara- vant imprévue. | Certes, après ce que nous avons vu des inclinations de LA L’'ABBÉ PROVANCHER 55 M: Provancher durant son enfance et sa jeunesse, il n’y a pas lieu de s'étonner qwilait donné tantde sa vie aVétude des sciences naturelles. Mais, à la suite de plusieurs tentatives in- fructueuses, il avait toujours bien renoncé à s’en occuper de façon suivie ; et, sans Jes circonstances qui se présenterent, c'est-à-dire que Dieu ménagea en ce sens, il n’y serait proba- blement jamais revenu. Quelles furent donc les circonstances qui amenèrent un effet si heureux ? Un livre et un ami. Le livre, c'était le Bon Jardinier, un ouvrage où l’on ne regardait pas l’horticulteur comme parvenu à l'idéal de la perfection quand il possède l’art d’amézager convenablement une couche-chaude ou celui, encore plus difficile, de diriger la croissance de la succulente laitue ou de la fève aventureuse. Nou, l’auteur du Bon Jurdinier supposait avec infiniment de raison qu'on ne saurait, en horticulture comme en agriculture, se passer de certaines notions sur l’organisation et la vie des plantes, et même de quelque connaissance du monde des in- sectes. C’est à ces conditions que la culture devient un art ; et il est tout à fait permis de penser que plus on s’y connaît, en un art quelconque, plus aussi, toutes choses égales d’ailleurs, on a chance d'y réussir. Quant à l’ami, e’était M. Prisque Gariépy, curé de Sainte- Anne de Beaupré de 1849 à 1867.—J’ai connu l’abbé Gariépy, dont je fus l'hôte d’un jour. Peut-être l'épisode vaut-il que je le raconte, quoique les liens quile rattachent à mon sujet ne soient très facilement aperçus ; ilrappelleradu moins quels pro- grès se sont accomplis sur la côte de Beaupré depuis trente ans. C'était vers l’année 1865, un peu plus tôt, un peu plus tard, J'étais tout petit écolier, et j'avais passé quelques semai- nes de vacances à Saint-Joachim, Il s'agissait, au mois d'août, de retourner à Québec. En ce temps-là, sur la côte de Beaupré, il n’était pas question de ligne de bateaux à vapeur, encore moins de chemin de fer, Pour être exact, il y avait un service i WV uy N à 1 À vet awit Wan AR POD TR NUE vy , À (AMEN "y RUN + 56 LE NATURALISTE CANADIEN de vapeurs, mais une fois par année, seulement, le jour de la Bonne Sainte-Anne ; on en débarquait, vis-à-vis l’église, de la façon la plus pittoresque qui se puisse imaginer : une chaloupe vous prenait à bord, et vous rapprochait le plus possible de la rive ; des charrettes “a foin” qui s'étaient rendues le plus au large qu’il se pouvait, vous recevaient ensuite et vous trans- portaient, à travers les eaux, les jones et la boue, jusqu’au ri- vage. Tant pis pour ceux qui tombaient à l’eau! Tout cela prenait un certain temps, quand il y avait des centaines et des centaines de pèlerins à débarquer. | Mais je ne pouvais compter sur un bateau à vapeur qui viendrait me prendre à Saint-Joachim. J'aurais pu sans doute requérir la voiture d’un villageois quelconque pour me rame- ner à la ville: mais g¢’aurait été une bien forte dépense ! Le plus pratique était de prendre passage sur l’un de ces petits bateaux à voiles qui, alors comme aujourd’hui encore, font le commerce de cabotage entre Québec et les paroisses riveraines d’amont ou d’aval. Done, un vendredi soir, je m’embarquai sur un paquebot de cette façon, et je fus reconduit à bord par mon alter ego Philippe Masson—aujourd’hui, et depuis longtemps, journaliste lui aussi—, qui devait passer encore quelque temps a Saint-Joachim : ce n’était pas une petite affaire, cette navi- gation de neuf lieués que j'allais entreprendre, et nous nous fimes de solennels adieux. De grand matin, le samedi, on dé- marra le navire, on déploya la grande voile carrée, et nous sorttmes de la Blondelle, gracieuse petite rivière qui traverse le village de Saint-Joachim, Et vogue la galère! Mais la vo- gue ne fut pas merveilleuse : car le samedi soir, après douze heures, nous n’étions rendus que vis-à-vis Sainte-Anne, c’est- à-dire que nohs n'avions fait que trois lieues de route à peine: nous avions vent debout ! Les autorités du vaisseau décidèrent de relâcher à Sainte- Anne. Une fois l’ancre bien assujettie, l'équipage descendit à terre, moins le mousse que j'étais, et qui déjà était pris d’une affection singulière pour l'existence du marin. D'ailleurs je LES DÉSHÉRITÉS 57 pensais qu’à la marée suivante nous reprendrions la mer. On nie laissa donc seul et j2 pris le commandement du navire. Il ne vint pas de pirates pour m’enlever et me réduire en escla- vage ; et le dimanche matin arriva sans encombre d’aueune sorte. (À suivre) NE AGE LES DESHERITES® } (Suite) L'ARAIGNÉE La maisonnée est en émoi : la mère, le grand balai a Ia main, l'œil attentif, n’a de revards que pour le coin du grand mur blanchi ; les enfants—cet âge est sans pitié —armés qui de brosses, qui de bâtons, mancenvrent sous la direction de ce général improvisé. Des cris de joie, de colère, de dégoût ; des exclamations de bonheur, d'horreur, de triomphe ! la mère a le visage ra- dieux, tandis que les enfants s’acharnent, dans un coin de la salle, sur l’ennemi qu’une savante stratégie a mis à bas. Qu'est-ce donc qui a provoqué l’émoi ? Pourqnoi cette excitation, ce plan de bataille, ces clameurs de triomphe ?...... (1) Fort Ellice P. C., Man., 2 mars 1895. Mon cher Directeur, Vous avez bien voulu, dans votre charmante revue, accorder l'hospitalité à mes faibles essais ‘naturalistes’’; j'en profite pour récidiver et vous envoyer le no 3 de mes Déshérités, ; ; Je fais des veux en même temps pour la censervation et l’agrandisse- ment de wotre Revue et je vous prie, le cas échéant,de vouloirbien comptersur Votre bien dévoué, Henry TIELEMANS, Instituteur. a { 58 LE NATURALISTE CANADIEN Maman, tout à ses travaux de couture, assise à la fenêtre de la cuisine, regardait parfois sa petite famille dont les ébats joyeux remplissaient de bruit les quelques parterres et les trois pas de sentier qu'on appelait le jardin, quand soudain, levant Jes yeux vers l’horlose au tic tac monotone, elle apereut—hor- rewr des horreurs !—une vilaine araignée qui s’acheminait,à jas comptés, vers le coin, à l’angle des deux murs, où sans doute une toile grisâtre lui servait de retraite. Imaginer un plan de bataille, appeler les enfants ‘à la rescousse, distribuer des armes aux combattants, fut pour la bonne dame l'affaire d’un moment ; attaquer l’ennemie, après Yavoir cernée, fut l'affaire d’une autre seconde, et bientôt des eris de joie saluercnt l’annonce de ce nouvel Austerlitz ! Car, je vous le demande, de quel droit cette araignée, hor-. rible, noire, courtaude, de quel droit,oui, avait-elle osé élire do- micile dans le sanctuaire trois fois saint des marmites et des plats ? De quel droit ? La question était restée sans réponse et pour cause: la pauvre araignée n'avait œuëre eu le temps même de crier gare _etelle aurait fort probablement objecté que ayant ni feu ni lieu, elle était obligée de choisir quelque part quelque coin re- tiré, asile gratuit, n'ayant pas les moyens de payer loyer ou de se construire une habitation... Et pourtant quelle habitation vaut cette humble toile, ca- chée dans un coin ignoré ? Quel palais a des merveilles com- parables à ce léger abri auquel l’araignée-—point fière—confie sa fortune et sa vie ? Et quelle ouvrière a, jamais—pâlissant sur.le méticr—réussi à filer châle plus solide et plus léger ? Quelle apprentie ès arts, membre depuis de longues années de corporations célèbres, à jamais pu apporter au jugement de la maîtrise tissu plus habilement fiçonné, trame plus rapidement ourdie ? Oncques n’en vit de pareille ! Point de duchesse, aux temps glorieux du moyen âze, dans tout l'éclat des fêtes et des tournois, qui jamais porta voile plus riche! Point de reine, se LES DÉSHÉRITÉS 59 après une conquête, qui éclipsa ses rivales par Pélégance d'u- ne parure plus somptueuse ! Regardez-la cette fileuse incomparable, qui—son domicile une fcis élu.—se met au travail pour produire un chef-d'œx- vre, armure et demeure à la fois. Car c’est 1a que, retirée au centre de son castel léger, elle vivra des jours souvent bien courts, hélas ! eb que, attentive, aux aguets toujours, elle épie- ra la venue de l’ennemi qui, croyant le donjon sans défense, foncera sur lui sans réfléchir ! Ah! l’imprudent ! Tandis qu'il éntonne un chant de triomphe, croyant la place enlevée, la haute et honnête dame veillait et le téméraire agresseur, em- barrassé dans des pièges sans cesse renaissants, expie, avec la vie, son hasardeux projet ! x ; Ah! je vous l'accorde ! Dame araignée n’a pas les mœurs tendres et son caractère n'a rien d’attrayant. Mais le moyen de ne pas s’aigrir quand on est exposée à tant d’em- bûches ! L’ennemi l'entoure de tous côtés : des malfaiteurs ailés épient sans cesse une proie sans défense ; ils ont à leur service des armes à côté desquelles les inventions homicides de notre fin de siècle ne sont que des jouets; balais eb bâtons à leur tour se mettent du jeu et la légère demeure—le palais de fils, cette merveille de suprême et superbe talent—n’est bientôt plus que poussière qu'emporte le vent ! Ht puis l’araignée est noire, sale, gourmande ! Son hideux corps velu ternit la blan- cheur de nos murs immaculés ; sa toile—tissée partout—est un réceptacle de poussière ; et Sir John Lubbock prouve su- rabondamment qu’elle mange beaucoup trop! | Une faim daraignée, alors ? Parfaitement ! Mais que ce- lui qui jamais ne mangea trop lui jette la première pierre |... Eh !laissez-la done, cette pauvre petite bête, vaquer tran- quillement à son train-train ordinaire! Plus que tous vos in- secticides et vos poudres plus ou moins efficaces, elle vous purgera vos maisons des mouches et des autres petits fléaux, — qui sont les plus beaux ornements de ses adroits filets ! n ry 5 \ NO = LE NATURALISTE CANADIEN Et sile souci du décorum vous tient tantau cœur,dans vo- tre cuisine où ne rentre jamais personne d’étranger,vous pour- rez régulièrement balayer cette toile qui vous offusque tant. L'araignée n’est pas rancuneuse et les chefs-d’œuvre ne lui coûtent guère : quelque temps après, une nouvelle toile aura remplacé celle que vous venez de briser, et de nouveau—em- busquée dans ses filets, attentive, aux aguets toujours —dame araignée sera prête pour une autre hécatombe de mouches et d'insectes ! HENRY TIELEMANS. ; 0-—-——_—_ — DECRITE PAR FEU L’ABBE PROVANCHER (1) Cette espèce nouvelle, décrite par l'abbé Provancher, ap- partient a Ja famille des EPEIRIDES, l’une des plus brillantes de l'Ordre des Arachnides. Les deux premières paires de pattes, dans cette famille, sont plus longues que les autres. Ces araignées tendent des toiles circulaires, composées de fils aboutissant à un point central d’où ils rayonnent et qui sont croisés d'un autre fil formant une spirale à partir du centre. Les deux sexes diffèrent tellement de taille; chez ces arai- gnées, qu'un auteur estime que la même proportion appliquée à l'espèce humaine donnerait, à un mari, d'une taille de 6 pieds et d'un poids de 150 livres, une femme haute de 70 à 90 a, pieds et pesant 200.000 livres. Voici la description de cette nouvelle espeéce.: (1) Parmi les manuscrits laissés par M. Provancher, et qui sont en notre _ posses ion, hous avons trouvé une quarantaine de descriptions inédites d'espè- ces nouve Iles, d'Hyménoptères principalement. Nous les publierons succes- sivement dans le NATURALISTE, commençant aujourd'hui par une Araignée du genre Epeira. Quant à la question de priorité de ces descriptions, l'abbé Provancher étant mort en mars 1892, il convient au moins de leur assigner cette daté de LE TRAITEMENT DE LA PHTISIE PAR LE GAIACOL 61 Gen. Eperre. Eperra. Walckenaër. E peira a ka nov. sp., Epeire argentée, Long. .70 pee ; le céphalothora 2.80 MEME céphalothorax de forme elliptique, ek couvert, de même que la partie antérieure de l'abdomen, d’un duvet argenté brillant ; deux lignes de points transverses, de la même cou- leur, se voient aussi sur la partie postérieure de l'ab- domen, la première avec 3 points plus gros, la 2e avec 2, sur un fond brun-cannelle velouté. La par Sk postéricure du cé- phalothorax est dénudée en demi-cercle pour le j jeu de l’abdo- men lor squ il se redresse. L'abdomen est tronqué à son ex- trémité ‘et porte une forte projecans de chaque côté, avec les angles postérieurs aussi saillants, ce qui lui donne une ap- parence anguleuse. Les 4 yeux aa milieu sont en carré, et les latéraux sont réunis. La 83e paire de pattes est beaucoup plus courte que les autres, la 4e étant la plus longue, Ces pattes sont brunes, annelées de testacé pâle. —Trinidud. Il est difficile, penson3-nous, de trouver araignées avec parure plus riche, car elle paraît couverte de plaques d'argent de pur métal, ———-0 LE TRAITEMENT DE LA PHTISIE PAR LE En février dernier, nous annoncions la découverte ré- cente, faite a Paris, d’un phtisie. Peut-être s'agit-il de cette nouvelle méthode dans l'article suivant du Cosinos (16 mars 1895) : LAS jaccin” pour la guérison de la ‘ En attendant le moment où la sérothérapie sera applicable À la tubercu- lose comme à la diphtérie, les médications Contre cette aff ction se multiplient. “ En outre de la suralimentation et de la cure d'air qui donneut les meil- lenrs résultats, c’est à la créosote que l’on a le plus souvent recours comme mé- dicament. La créosote est formée pour près de 90 ojo de gaïacol, et plusieurs médecins tendent à substituer le gaiacol à la créosote administrée par les voies digestives ou pur injections sous-cutanées. ‘M. Letanueur donne, dans le Journal de médecine de Paris, le résultat de application de cette méthode, Voici quelques extraits de sou article: ‘ # Notre formule au début du traitement est celle employée par M. le Dr © Picot, de Bordeaux, soit 5 centigramimes de gaïacol et 1 centigramme d’ todu- ae fom par centimètre cube d'huile. —Avril 1895, 62 LE NATURALISTE CANADIEN | : Nous commençons par injecter un centimètre cube tous les deux jours, “ puis deux, puis trois, de deux en deux jours également, en suivant, pourcstte “graduation, le degré de sensibilité da malade au médicament, point très im- “portant pour les résultats à obtenir ; nous avons été rarement obligés de dé- “ passer cette dose,les résultats obtenus étant très satisfaisants.” ” M. Letanneur expose ensuite ces résultats obtenus, qui \ . - . o '. sont en effet très satisfaisants ; puis il ajoute : “ “ Indiquons, en terminant, comment se comporte d’une façon générale la “ maladie lorsque l'on applique ce traitement. “ ‘* Dès le début, le phénomène invariable et qne nous n'avons jamais vu “ manquer, e’est le retour très sensible des forces et la diminution de la tonx : “vient ensuite la cessation des suenrs et la diminution des Crachats ; ie retour “de lappétit se fait un peu plus tard, mais arrive sans faute. “““Ordinairement, dès la cinquième ou sixième pigûre [ou injection], les “ forces reviennent et l'engraissement conmance pour se continuer si le mala- ** de suit docilement le traitement jusqu’au retour à la santé.” ” —— —__ 9 —__ —___ ENCORE LE CRAPAUD COMESTIBLE Sous ce titre, Album industriel du 30 mars publie ce qui suit: “ Le Pere Guerlach, missionnaire francais chez les peu- plades sauvages de l'Indo-Chine, nous présente, dans son jour- nal de voyage, lc crapaud sous un tout autre aspect que ce- Jui d'animal répugnant par excellence. “ Certains mdividus, .“ dit-ii, en parlant de la peuplade des Sedang,mourraient plu- “tot de faim que d’avaler un crapaud, qui est cependant, je vous prie de me croire, une excellente nourriture. Quand je peux in’en procurer, je me paie un festin soigné. En France, les préjugés vous empêchent de connaître ce qui est bon et d’en user.” “ Le missionnaire n’a peut-être pas tort. Nous tenons d'un pêcheur de grenouilles retiré des affaires que les profes- sionnels de cette pêche à qui il arrive de predre des crapauds n ont garde de les rejeter à l’eau. Ils les “ parent” à l'instar des grenouilles et affirment que le rable et les cuisses d’un beau crapaud, soigneusement dépouillés de leur peau, cela va sans dire font aussi bonne figure à l’étalage du marchand et cc cc = € 6 © EXTRAITS DE LACORRESPONDANCE 63 sur l'assiette d'un consommateur que ceux de la plus belle grenouille.” I] résulte de là que lursque l'on a mangé de la grenouille, on peut fort bien avoir mangé du crapaud. CG ——— — EXTRAITS DE LA CORRESPONDANCE LE Surssm.—" J'ai une Histoire naturelle extraite de Buffon et de Lacépè- de ; elle ne fait pas mention de ce petit quadrupède que nous appelons suisse ; est-ce bien son nom véritable ?”” F-X,. L.,' Ste-Claire, P. Q. (Suisse est le L2 nom vulgaire du Tamia quadrivittata, Less.—Sciurus quadrivittatus, Say, qui appartient à la famille des Kcureuils). ” CHASSE AUX Dytisques EN HIVER.—‘‘Durant le mois de janvier 1895, j'ai capturé une centaine de Dytisques et de Colymbetes pleius de force et de vie ;voi- ci comment. Nos élèves se sont fait Un rond pour patiner, avec de l'eau qu'ils ont prise sous une couche de glace de six à sept pouces d'épaisseur. Il faut vous dire que c'était de l’eau stagnante. J'ai ainsi capturé des individus de toutes les espèces de Dytisques, excepté le Dytiscus confluens, Say. J'ai aussi capture un Dytisque de la longueur du Dytiscus fasciventris, Say, et ayant les mêmes caractèr s, excepté ceux-ci : point de tache frontale. Ecusson entière- Inent noir. Bosdure marginale des élytres distinctes jusqu’à la su ure, au sommet. Ventre entièrement uoir.’—J.-C. O., C. S. V., Mile End, P. Q. (Cette belle trouvaille déiuoutre bien, eu effet, que ces insectes passent l'hiver sous la glace). | SALAMANDRA GLUTINOSA, GREEN.— “ J'ai dans un bocal, depuis la mi-sep- tenbre, quatre mois enviroa, une salamaudre vivante, dont le nom spécifique in’ est incennu,et qui n'a certainem-nt pas pris de nourriture depuis le com- mencement de sa captivité. Je me contente de lui donner de l’eau fraîche assez fréquemment. Elle à eucore toute son agilité primitive; le ventre lui a blanchi et le corps a diminué ua peu de volume. Çà me parait un peu extraordinaire qu'un animal demeure si longiempys sans manger, touten conservant sa vigueur et sans prendre l’état léthargique, cornme le prenneut plusieurs espèces anima- les pendant l'hiver. Je ne sais pas si je pourrais trouver. son nom spécifique dans ie “Naturaliste.”” (a me paraît une espèce assez rare. Sa longueur est de 5 pes env. ; ie dos est noir, et le ventre gris, avec de grandes taches blan- ches ;sur les côtés on voit une rangée de points nombreux, petits, blauchatres et confus. Je connais trois ou quatre espéess de Salamandres ; c'est la première que je vois avèc cette disposition de taches et de couleurs.” 21 jauvier 1895. “Le nom de la Salamandre dont je vous ai fuit connaître, dans une précé- dente lettre, le long jeûne—depuis la mi-septembre jasqu’aujourd’ hui,—est S. glutinosa, Green. La cou'eur générale, 1-s points jaunâtres du ventre et des côtés. et le pli transversal +o is la gorge ms fout rapporter cette espèce à celle décrite par l’abbé Provanch :r (Nat. Can., vol. VII, p. 70). Cette pauvre petite bête est encore pleine de vigueur.” 21 mars 1895. L'abbé P.-A. B., Sherbrooke. FA RENTE TT UN NI, D A EE LS \ 64 LE NATURALISTE CANADIEN LE MICROSCOPE “EXCELSIOR ” Il y a longtemps que nous désirions avoir une loupe “qui se tint toute seule en l'air”, et nous laissit l'usage de nos deux mains pour manier le spécimen & examiner. Nous avons pu à la fin nous procurer cet instrument, grace à I’o- bligeance de notre ami M. Smiley, Directeur du Microscope. Désireux d'offrir à nos lecteurs le même avantage, nous voulous leur décrire l'instrument, et leur dire comment ils peuvent en faire l'acquisition. Voyez-vous cette jolie petite boîte en noyer, 3 pes de lon- gueur, 1} pee de largeur ? On enlève le couvercle qui est à coulisse, puis on le retourne et on le remet à l'envers dans sa coulisse. Sur sa face inférieure, qui est maintenant en des- sus, se trouve, couchée dans une rainure, une tige de fer ‘po- li que l’on relève à angle droit et qu’un ressort maintient ver- ticale. A cette tige, élevée de 4 pes, vous pouvez fixer: lo une loupe, munie d’un diaphragme, à trois tentilles qui don- nent à volonté un grossissement de cinq à trente diamètres ; 20 un petit plateau de verre où l’on peut placer l'objet à étu- dier ; ce verre est fixé sur un cadre de gutta-percha qui, d'un cité, forme une cavité où l'on peut mettre par exemple un li- quide contenant des animalcules que l’on désire examiner ; 30 un petit écran pour empêcher, sion le juge utile, l’objet d'étude d’être éclairé en dessus par le miroir: car miroir il y a, au fond de la machine! Il ya même deux petites ai- euilles emmanchées, utiles dans la dissection.—Voilà l'ins- trument, et nous sommes d'avis que les amateurs de botani- que, d’entomologie, etc, en 1etireront grande utilité. Comment se le procurer ? Ce “ microscope ” ou cette loupe montée se vend $2.75. Mais il faut savoir qu’en envoyant cette somme à “M.Chs W. Smiley, Directeur du Microscope, Washington, D: C., E.- U.,” on reçoit l'instrument et de plus on a une année d'abonnement au Microscope, très intéressante publica- LA PRESSE ET LE “ NATURALISTE ” 65 tion mensuelle consacrée à la vulgarisation des études mi- croscopiques ($1.00 par an), et qui, depuis janvier, décrit pré- cisément des objets que l’on peut étudier avec le “ Microsco- pe Excelsior.” —— ss O La presse et le NATURALISTE Si nous n’écoutions que notre reconnaissance, chacune de nos livraisons diraient & nos confrères de la presse combien nous les remercions du zèle dont ils font preuve en faveur de notre œuvre. Mais à la longue nos lecteurs trouveraient sans doute le procédé fastidieux. Du moins, nous pouvons as- surer à nos confrères que leur grande bonne volonté nons touche profondément,et nousencourage beaucoup à travailler et à lutter contre les obstacles qui rendent difficile la tâche que nous avons acceptée. Aujourd'hui, nous avons à ajouter le Journal du Peuple à la liste des journaux qui publient le sommaire de nos liveai- sons. . Nos remerciements au Moniteur, de Lévis, au Franco- Cunadien,et à la Sentinelle, de Mattawa, qui, a leur tour, ont salué le 22e anniversaire de notre journal. Nous croyons de- voir reproduire l'article extrêmement sympathique que nous a consacré notre confrère de Mattawa, et qui fera plaisir, pen- sons-nous, à tous ceux qui portent intérêt au NATURALISTE. “Notre excellent confrère de Chicoutimi, si savamment rédigé par M. l'abbé V.-A. Huard, est entré le premier janvier dernier dans sa vingt-deuxie- me année d'existence. “Comme toutes les œuvres vraiment utiles,le Naturaliste x eu à subirtoutes sortes d'épreuves. Ce n’est qu'au prix des plus grands sacrifices de la part de son propriétaire et de quelque’ anis dévoués, que notre confrère réussit à nous conserver la seule revue scientifique du genre que nous ayons en Canada. ‘« Le confrère avoue même que le volume qu'il vient de terminer lui laisse un déficit considérable à combler. Toujours la même histoire ; ‘ Plus de Ja moi- tié de ceux qui ont reçu le Naturaliste ont négligé jusqu'ici d'en payer l’abon- nement.” “ IL nous semble pourtant que le gouvernement de Québec a assez à cœur nu aan la AY SA HS a 66 LE NATURALISTE CANADIEN ay Vintérét et la bonne renommée de la Province pour trouver un moyen queleon-, ; \ que d'aider au soutien de la seule revue scientifique française donnant le dé- menti à ceux qui nous traitent d’éteignoirs. 1. “On trouve facilement des milliers de piastres pour subventionner des che- } mins de fr. qui ne rapportent souvent que des dettes à leurs actionnaires ; ne À pourrait-on pas sacrifier au moins quelques sous, pour prouver au monde en- tier que, même au point de vue scientifique, nous faisons de louables efforts + pour ahs tenira la hauteur du progrés moderne ? “Tl nous semble quela suggestion vaut la peine d'être considérée, et pour l'honneur du nom canadien-français, uous Ja soumettons humblement à qui de droit.” LES JOURNAUX es , ~ —Nous saluens avec grand plaisir la résurr:ction de La Sentinelle, excellent journal catholique que nous croyious dée. sdé à jamais, mais dont la publication n'était que suspendue, par suite d'une grave maladie de son Directeur, M. J.-A. Lév-:sque. Heblomadaire ; $1.00 par année ; Mattawa, Ont. — Le Sténographe Canadien (B. P. 1587, Montréal ; mensuel ; £1.00 par an) est entré récemment dans sa septième année, et tout indique qu’il fera longue vie. Nous le lui souhaitons d+ grand cœur, car nous apprésions fort son rôle utile. Si quelque bonne fée nous offrait sesservices :après avoir pourvu aux néces-ités financières du Natura/iste, nous demanderions sans doute la science infuse de la sténographie, qui nous épargnerait bien du temps. Donc, prospérité au Sténographe, et vive reconuaissance pour l’aimable façou dont il nous a recommandé à son public, dans son numéro de mars ! — L'Ouvrier catholique [hebdomadaire, $1.00 par année, Biddeford, Me.} Ce journal, dès ses débuts, est très bien fait, fon‘ et forme, et tout à fait dans la note catholique. Nos félicitations et bons souhaits à son Rédacteur, M. Ph. Masson, notre ami et ancien condisciple. — Le Journal du peuple (37, rue St-Gabriel, Montréal) fera merveille sous Ja direction de MM. J. Suint-Elme et J, des Erables. Très dévoué,lui aussi,aux intérêts catholiques. Succès ! — Le Journal de V Instruction publique, de Montréal, a publié en février une bien belle livraison qui contient le compte rendu de la 1008 conférence des ù instituteurs montréalais. Novs y avons particulièrement remarqué le discours de M. l’abbé Bourassa sur M. Chauveau et l Idée nationale. L 4 4 re) BIBLIOGRAPHIE Nong aceusons réception, avec reconnaissance, des publications suivantes : —Bu letin of the Geological Institution of the University of Upsala, Vol. I [1892- t 4 BIBLIOGRAPHIE 67 93], Upsala, Suède. Très belle publication illustrée, qui commence bien la sé- rie que l’on annonce, et dans laquelle les langues française, allemande où an- glaise seront seules autorisées. — Experiment Station Record. Vols IV, V, et VI [eu cours de publication]. Cette revue, qui est comme le compte rendu mensuel des progrès agricoles aux Etats-Unis, fait honneur, non mainsque l’Insect Life, au ministère de l’Agri- cu ture de Washington. | — Carte régionale des comtés @ Ottawa, d'Argenteuil. de Terrebonne, ete., jusqu'au Sain!-Maurice, Québec, 1894. On sait déjà, par les cartes régionales des autres parties de la Province, combien cette œuvre du commissariat des Terres de la Couronne a de valeur. — Bulletin of the Ess-a Institute, Vol. 26, pg. 65-139; Salem, Mass. Avec gran- de Carte géologique du comté d\Essex, Mass. —Cataloque général de graines et plantes pour 1895, Jacques Verret, Charles- bourg, Québec. Brochure illustrée de 80 pages, avee couverture en chromoli- thographie. Comme nous l'avons déjà fait, nous attirons l'attention de nos lec- teurs sur cette mai-on canadienne-française, la seule du genre qu’il y ait dans la Province. Depuis plusieurs semaines, nous avons ici, en pleine floraison, des buibes d’hiver qui nous viennent de chez M. Verret, et ils nele cèdent en rien, au contraire! à ceux que nous avons achetés aux Etats-Unis.—Qu’on demande ce Catalogue. rempli de renseignements sur l'horticulture, l’arboriculture, et même l’apiculture. — Vick's Floral Guide, 1895. Nous recevons ce catalogue annuel depuis vingt-cinq ans; mais quelles différences entre le catalogue de 1870 et celui de 1595 ! Celui-ci est un volume de 112 p. de grand luxe, tout rempli de gravures noires ou coloriées, et de renseignements sur la culture des légumes et des plantes d’ornement.—10 cts. J. Vick's Sons, Rochester, N. Y. — The Missouri Botanical Garden, 1890. Ce beau volume est presque tout con- sacré à la mémoire de Henry Shaw, fondateur du jardin botanique de Saint Louis. —Prof. G.C. Davis, du Michigan Agric. College, Monographgof the tribe BASSINI ;—Some notes from a study of the Provancher collection of Ichneumonide [1594]. Nous tacherons de publier ce mémoire dans le NATUBALISTE, —Spécimens de photogravure de l'Imprimerie C. Darveau, Québec. C’est la waison Duryeau qui imprima toute la première série du NATUBALISTE, et nous applaudissons de grand cœur àses succès. _ —La dévotion à S. Antoine de Padoue, par Vabbé E. DeLamarre, 2e édition. Joli petit volume qui obtient un succès mérité, En vente chez les principaux libraires, à 15 cts l’ex., $1.50 la doz., $10 le cent. — Lettre pastorale de Mgr l'évéque des Trois-Rivières concernant les dangers aux- quels la foi des catholiques est exposée en ce pays. Grave document dont le titre suffit à indiquer l'importance. Nous souhaitons que les sages conseils du grand évéqne, du philosophe renommé, du dévoué patriote trouvent chez nos compa- triotes toute l'attention qui leur est due. LME MUR P 68 LE NATURALISTE CANADIEN PHOTOGRAPHIE Notre collaborateur, M. l'abbé Poirier, empêché par un deuil de famille bien douloureux, pour lequel neus lui offrons nus sincères condol$ances, n'a pu nous donner pour ce numé- ro son article habituel sur la photographie. En la prochaine livraison, il rendra compte d’une expérience fort intéressante et qu'il a dû être le premier, croyous-nous,a tenter en ce pays. Une gravure demi-teinte montrera avec quel succès il la fait. f —— OQ © —-—_—— - ! - QU'EN PENSENT NOS ABONNES ? Nous sommes forcé de remettre aux livraisons prochaines plusieurs articles que nous avonsen mains (entre autres un intéressant Mémoire de M. l'Engénienr C. Baillairgé, M. S. R. C.,ete., sur le détournement projeté du Saint-Laurent par les Etats-Unis). Nous mettons souvent du caractère solide et même du petit texte, et cela à frais extra, bien entendu. Mais ce n’est pas encore assez. Une augmentation du nombre de pages s'impose évideminent ; Mais nous n’y pouvons songer avec nos seules ressources : nous donnons déja tout notre tra- vail pour rien, et ne pouvons vraiment faire plus.—Stinous por- | tious le nombre de payes à 24,c’-a-d. aux trois quarts de l’ancien format, nos abonnés consentiraient-ils à donner 50 cts de plus par année ! À eux la réponse. [ls auront presque tous l'occa- sion de communiquer avec nous, durant l’année : eh bien, nous les prions de nous donner leur avis sur Pauginentation propo- sée, qui ne prendrait effet qu'en 1896. Car nous ne voulons pas avancer sans être sûr d’être suivi. Mieux vaut un Narura- LISTE de 16 à 20 pages, que pas de NATURALISTE ! LUE laturaliste € VOL. XXII (VOL. Il DE LA DEUXIEME SERIE) Nod Chicoutimi Mai 1895 Rédacteur-Propriétaire : ?abhé V.-A, HUARD Un bon nombre d'abonnés ont soldé le compte d'abonnement, pour l’année 1894, que nous leur avons expédié avec la précédente livraison, et nous les en remercions vivement. Plusieurs ont jugé que l’occasion était bonne pour payer en même temps l'abonnement du présent volume: nous sommes tout à fait de leur avis, pour d'excellentes raisons. Nous pourrions même mention- ner un vénérable curé qui s’est imposé une amende de 50 cts, pour avoir re- tardé de s'acquitter pour l’année dernière, et qui, de plus, nous envoie $1.50 pour 1895, afin de nou; prouver son adhésion à notre projet de publier le NATU- RALISTE à vingt-quatre pages ! De telles marques d'intérêt pour notre œuvre, et tant de lettres sympathiques qu'on nous adresse bien souvent, sont pour nous un encouragement du plus grand prix. Certes, tout n’est pas rose dans la vie du journaliste ; et nous entendions tout récemment l’un de nos plus dis- tingués publicistes s’écrier : ‘‘Dire que j’en ai encore pour trente ans,peut-être, de cette carrière !’’ Mais il y a des compensations ; et il suffit qu’on nous témoi- gne un peu de bienveillance,pour nous faire oublier en un instant toute l’indif- férence et même les procédés indélicats qui se rencontrent trop souvent sur la ‘route que nous suivons.—Rien n’encourage Comme...... les encouragements ! ——— — (0) — ON VEUT NOUS YOLEN L LE SAINT-LAURENT! Québec, ler avril 1895, M. le Rédacteur du NATURALISTE CANADIEN, Un sujet qui doit avoir pour nous de l'actualité et pour vos lecteurs, en changeant ainsi la face du pays, est le pro- jet, aujourd'hui devant le Sénat américain, de vastes canaux de déviation de nos eaux des grands lacs, vers le golfe du Mexique et la rivière Hudson. Déjà, comme je l’ai fait voir en janvier dernier, Chicago est à l’œuvre sous sanction du Congrès des Etats-Unis, dans 10—Mai 1895 x 4) 70 LE NATURALISTE CANADIEN le creusement d’un canal de 300 pieds de largeur avec un ti- rant d'eau de 20 pieds, et qui va prendre au Saint-Laurent, je disais un trentième de ses eaux—600,000 pieds cubes par minute ; mais que d’autres ingénieurs estiment à 30,000 pieds par seconde : soit un dixième de celles qui d'Ontario se déver- sent de ce côté. D'ailleurs, si ce dernier chiffre est exagéré pour le mo- ment, il pourra bien devenir réel d’ici à peu années ; car Chicago, dont la population est aujourd’hui de près de deux millions d’Ames, pourra bien dans dix ans atteindre le triple de ce chiffre ; et son drainage, s’accentuant dans l'intervalle, demandera pour le diluer une prise d’eau dans le lac Michi- gan, d'autant plus considérable. Le motivé de ce canal de 40 milles de longueur, qui de Chicago, longeant la rivière Des Plaines, se dirigera sur Joliet pour mêler ses eaux à celles de l'Illinois qui par le Mis- sissippi se dirige vers le golfe, est celui de faire cesser la pollution de son aquedue äéjà rendu à quatre milles sous le lit du lac où il prend sa source, par les égoûts de la ville qui même à cette distance au large font sentir leurs effets désas- treux, et de diriger ces égoûts en sens contraire ou vers le Mississippi. Mais pour rendre le projet acceptable aux riverains qui sémenvent eux aussi de voir diriger ce drainage de leur côté, la pilule sera dorée en faisant en même temps de ce canal une voie maritime et commerciale vers l'Atlantique. 39 con- tracteurs avec chacun un mille à creuser sont à l'ouvrage, et le canal à la fin de 1896 sera une œuvre accomplie. Si cette déviation des eaux d'alimentation du Saint-Laurent devait en rester la, ce serait peut-être un demi-mal ou même un avantage pour Québec, en diminuant encore la profondeur, le tirant d’eau du lac Saint-Pierre, au point de forcer les va- peurs océaniques de ne pas aller au delà de l’ancienne capita- le; mais voici que se forme, au moment où j'écris ceci, une compagnie puissante au capital de 150 millions de piastres pour construire pour des fins commerciales plus d’un canal ON VEUT NOUS VOLER LE SAINT-LAURENT 71 additionnel devant encore s’alimenter de nos eaux en desti- nation pour |’ Hudson. Le trafic sur les grands lacs est de beaucoup plus im- portant qu'on ne saurait le croire. Pour en donner une idée, je dirai, basé sur les chiffres du Major Gray, Ing. Civ., dans une remarquable étude du commerce de ces lacs (voir le No de mars du “ Canadian Engineer ” de Toronto), que pendant que le mouvement moyen du tonnage par le canal de Suez ouvert l’année durante est de 6,983.000 tonnes, celui du ca- ‘nal du Sault Sainte-Marie entre les lacs Supérieur et Hu- ron et qui n’est ouvert que durant 220 jours sur les 365, est de 6,821,000 tonneaux ; et le fait que ce qui eût coûté de transport par chemin de fer 143 millions de piastres n’a été que de 23 millions par voies d’eau est plus que suffisant pour faire comprendre limmense intérêt que peut avoir la nou- velle compagnie à se pourvoir de canaux à cet effet. Ce qui empêche de s’émouvoir nos gouvernants en en- tendant parler de ces projets de canalisation est sans nul doute que l’étendue, la superficie collective de nos lacs ait l'air si immense en rapport avec les prises d’eau qu'on se propose d'y faire. Ces surfaces telles que données par le Major Gray dans l'article suscité, sont comme suit : Versant d'eau des RR nr: Nomenclature” PANE, des Dace en "Tues en milles Paris uni EE io OATES Ss ea PRE EM TEM A Le RE A Lac Supérieur jie 31-200 51,600 82,800 Riv. Sainte-Marie 150 800 950 Lac Michigan 29 450 37,700 60,150 Lac Huron et Baie Géorgienne 23,800 31,700 55,500 Riv. Sainte-Claire 25 3,800 3,825 Lac Sainte-Claire 410 3,400 3,810 Riv. Détroit 25 1,200 1224 Lac Erié 9960 22,700 32,660 Riv. Niagara i 300 ole Lac Ontario 7240 21,600 28,840 95,275 174,800 270,075 72 LE NATURALISTE CANADIEN Le lac Ontario est à 246.6 pieds au-dessus du niveau de la mer, celui du lac Erié à 572.9 pds; les lacs Huron et Mi- chigan à 581.3 pieds, et le lac Supérieur à 601.8 pieds au-des- sus du même niveau ; les 20} pieds de différence entre le Supérieur et le Huron étant rachetés comme on le sait par le canal du Sault Sainte-Marie ; pendant que la différence de 8.4 pds entre le Huron et l'Erié se trouve surtout sur le parcours de la rivière Ditroit, et les 326 pieds entre Erié et Ontario sont formés des 169 de la chut2 Niagara, des 50 pds de rapides au-dessus de la chute, des 110 entre Lewiston et le pied de la chute et des 6 pieds dans la partie supérieu- re de la riv, Niagara. Mais tout vaste que soit l'étendue collective des lacs, le Supérieur ne déverse dans les Michigan et Huron que 86,000 pieds cubes d’eau par seconde ; ces derniers 225,000 p.c. dans l'Erié ; l'Erié dans l'Ontario 265,000 p. c. et enfin l’Ontario dans le Saint-Laurent 300,000 p. ¢. comme je l'ai déjà dit. , Pendant que les lacs sont sujets, comme l’océan, & une marée, mais qui varie de 1 à 3 pouces, les fluctuations de niveau par les pluies et neiges fondues de ces 270,000 milles carrés de surface, varient beaucoup plus et ces fluctuations saccentuent avec le déboisement du pays. Or les saignées qu'on se propose d’y faire, ne les feront point varier davan- tage puisque pour cz qui est des lacs eux-mêmes il est indif- férent que le surplus des eaux se déverse vers le sud plutôt que vers l’est ; et c'est précisément cela qui dissimule aux yeux de nos législateurs, de nos ingénieurs, l’étendue du mal qui menace de réduire le cours du Saint-Laurent—notre seule voie maritime—de toute la quantité d’eau (bientôt, peut-être, plus que la moitié de celle) qui saute aujourd'hui Niagara, et donne naissance au fleuve pour la diriger en sens contraire, Les conséquences de ce faire peuvent être incalculables, et telles qu'aucune indemnité nationale ne saurait compenser. Et dire que la masse de ces eaux viennent de nous, sont les nôtres puisque le pays s'incline vers le golfe du Mexique, et ON VEUT NOUS VOLER LE SAINT-LAURENT yas: que ces eaux nous viennent du nord; et nos gouvernements nous les laisseraient ainsi distraire sans invoquer le droit des nations pendant que les droits de simples riverains ne veu- lent point qu'un individu fasse dévier le ecurs d’un ruisseau audtriment de son voisin. Réveillors-nous !—Et qui sait si nos aimables voisins d’au delà de la ligne 45, un coup que le goût leur en serait acquis, ne finiraient pas par tout prendre, lais- sant la Niagara à sec et réduisant ainsi le Saint-Laurent au seul drainage de Ja vallée de l'Ontario et des rivières qui sy déversent, l'Outaouais, la Saint-Maurice, la Richelieu et au- tres. Il est vrai que même dans ce cas il:nous reste la marée pour combler jusqu’à un certain point, à haute marée, le défi- cit, et cela jusqu'aux Trois-Rivières à peine ; tandis qu'à marée basse pour nous &t durant les 24 heures en amont de Québec, notre cours d'eau diminué de plus de moitié rendrait inutiles une foule de nos embarcations actuelles et nécessite- rait d'en construire de nouvelles d’un moindre tirant d’eau et, partant, d un tonnage diminué, au dommage incalculalile de notre commerce maritime et de cabotage, puisqu'il fau- drait alors attendre la marée potr permettre aux vapeurs d'arriver a Québec et sans possibilité d’aller au delà. Encore une fois, je le dis,réveillons-nous ! Cus BAILLAIRGÉ, Membre de la Société d’Ingénieurs du Canada Québec, 11 avril 1895. M. le Rédacteur, | Depuis que je vous ai écrit, Ja Compagnie, voyant lim- portance de centres de commerce comme Toronto, Ottawa, Kingston, Montréal et pour desservir l’est d’Ontario, l'ouest — de la Province de Québec et le nord de l'Etat de New-York, a modifié son projet en décidant de partir son canal, non pas de Buffalo, sur le lac Erié, mais du lac Saint-François sur le Saint-Laurent au-dessus de Montréal. Ce projet sied à Mon- 74 LE NATURALISTE CANADIEN tréal et à tous les endroits en amont de cette ville, ear il Jui est évidemment indifférent que ses vapeurs océaniques lui arrivent par le Saint-Laurent ou par New-York, la rivière Hudson, le lac Champlain et le canal proposé entre ee der- nier lac et le lac Saint-François ; mais le Saint-Laurent en aval de Montréal n'en verra pas moins diminuer ses eaux non seulement de tout ce que va lui enlever Chicago par son canal en voie pour le golfe du Mexique, pour les rivières Des Plaines, Illinois, et Mississippi ; mais de tout ce qu’il faudra pour alimenter le canal en voie pour l’Atlantique par les dits lacs Saint-François et Champlain, et il y aura encore en toute justice compensation à payer par le Gouvernement fédéral,si- non par la Compagnie, pour le dommage à tous ies riverains et au pays en général en aval de Montréal à cause des désa- vantages d’un moindre tirant d'eau. C. BAILLAIRGÉ. LEPIDOPTERES DE SHERBROOKE ET DU VUNSI- NAGE DE CETTE VILLE De tous les insectes qui habitent la ville et les alentours de Sherbrooke, les Névroptères, les Diptères, spécialement ceux qui appartiennent à la famille des Tipulides, et les Lé- pidoptères paraissent être dans un degré relatif les plus nom- breux en individus et en espèces. Pour ne parler que des Lépidoptères, Sherbrooke est un endroit favorable à leur propagation. Les nombreuses essen- ces ligneuses et les diverses autres plantes qui couvrent les lieux circonvoisins et même certains quartiers de la ville fournissent aux chenilles une nourriture abondante et variée, Le climat, en outre, permet à ces dernières de subir leurs mé- LÉPIDOPTÈRES DE SHERBROOKE 45 tamorphoses sans qu'une température un peu trop rigoureuse y mette obstacle. La liste qui suit renferme les noms des espèces que j'ai capturées durant les années 1892-93 et surtout 1894, dans les limites de la ville et dans les campagnes avoisinantes, sur un territoire formant un cerele de 15 milles de rayon avec Sherbrooke pour centre, Cette liste est loin d’être complete. De nouvelles chasses viendront l’augmenter, je n’en doute Bas, parce qu il y a quant au nombre des individus chez plu- sieurs espèces des diminutions et des accroissements avec les- quels il faut compter. Une année, certaines espèces sont abondantes, d’autres plus rares ; l’année suivante, c’est le contraire, une ample provision des secondes peut être faite, tandis que les premières ne sont plus rencontrées, au point que quelquefois, malgré les recherches les plus minutieuses, pas même un seul individu n’est capturé. Si à cette première cause nous ajoutons les deux faits qu’un certain nombre d’es- pèces n'apparaissent qu'à des dates fixes et pendant un temps court, et que plusieurs d’entre elles ne volent que le soir et la nuit, nous pouvons dire qu’une. collection complète, même lo- ae des Lépidopter es ne peut être que l’œuvre des années. Dans la préparation de ma liste j'ai suivi, pour les noms génériques et spécifiques, ainsi que pour l’ordre des familles le Catalogue publié en 1891 par M. John B. Smith (List of Lepidoptera of Boreal America). Tl me faut la diviser en deux parties, à cause de sa lon- gueur. La première qui vient ci-après renferme les Rhopa- locera et les Heterocera jasqu’aux Nocturna exclusivement. La seconde comprendra les Noctuina, les Geometrina, les Py- ralidina, les Tortricina et les Tineina,et sera mise dans un No subséquent. Je suis redevable de l'identification de presque la totalité des espèces à M. John B, Smith, de New Brunswick, N. J,au Rév. Thomas W. Fyles, de Lévis, et à M. et sae C. H. Fer- nald, de Amherst, Mass, MNF Ne ney 76 _ LE NATURALISTE CANADIEN RHOPALOCERA : Fam. NYMPHALIDA Sous-Fam. Nymphalinæ Argynnis cybele, Fabr.—Sherbrooke, juin 1894. Argynnis aphrodite, Fabr.—Sherbrooke, juin 1894. Argynnis atlantis, Edw.— Montjoie” (1), juin 1894. Argynnis myrina, Cram.—Sherbrooke, mai, juin et septembre 1894 ; “Montjoie”, juin et août 1894; Brompton, septembre 1894 ; Orford, juin 1894. | Argynnis bellona, Fabr.—S herbrooke, mai et juin 1894 ; Brompton, septembre 1894 ; Orford, juin 1894, Melitæa phaeton, Dru.—Sherbrooke, juin 1894 ; Orford, juin 1894, Melitæa harrisii, Seudder,—Sherbrooke, juin 1894 ; Or- ford, juin 1894, Phyciodes tharos, Dru,—Sherbrooke, juin 1894 ; “Mont- joie”, juin et août 1894 ; Orford, juin 1894, » Grapta gracilis, Grote et Robinson.—Sherbrooke, sep- tembre 1894 ; “ Montjoie ”, septembre 1894, Grapta progne, Cram.—Sherbrooke, mai et juin 1894. Grapta J-album, Bd.-Lec.—Sherbrooke, septembre 1894, Vanessa antiopa, Linn.—Sherbrooke, mai et juin 1894, Vanessa milbertii, Gdt.—Windsor Mills, juillet 1894 ; Sherbrooke, août et octobre 1894, | Pyrameis huntera, Fabr.—Sherbrooke, 22 octobre 1894, Limenitis arthemis, Dru.—“* Montjoie ”, juin 1894 ; Or- ford, juin 1894, Limenitis disippus,Gdt.—Sherbrooke, juin 1894 ;“Mont- joie,” juin 1894. Sous-Fam. Satyrine Neonympha canthus, Bd.-Lec.—Sherbrooke, juin 1894 ; “ Montjoie ”, juin 1894 ; Orford, juin 1894, (1) Maison de campagne du Séminaire Saint-Charles-Borromée, située pris d’un joli petit lac, à une distance d’environ 11 milles à l’ouest de Sherbrooke. + ROAR AR Dr USE a D A AE A AA A oN SE] Cia LÉPIDOPTÈRES DE SHERBROOKE 77 Satyrus nephele, Kirby.—Sherbrooke, juin, juillet et août 1894, Fam. LYCÆNIDÆ Sous-Fam. Lycæninc Feniseca tarquinius, Fabr.—* Montjoie ”, août 1894. Chrysophanus hypophlwas, Bdv.—Sherbrooke, mai et juin 1894 ; “ Montjoie ””, juin et auût 1894. Lycena pseudargiolus, Bd.-Lec., var. violacea, Edw.— Sherbrooke, mai 1894, Fam. PAPILIONIDA Sous-Fam. Pierinæ Pieris napi, Esp., var. frigida, Scudd.—Sherbrooke, mai 1894. Pieris rape, Linn.—Sherbrooke, juillet, août et septem- bre 1894 ; “ Montjoie”,aotit 1894 ; Brompton, septembre 1894. Colias philodice, G 1t.—$S herbrooke, juin, août et 30 oc- tobre 1894 ; “ Montjoie ’’, août 1894. Sous-Fam, Papilioninæ Papilio turnus, Linn.—Sherbrooke, mai et juin 1894 ; “ Montjoie ”, juin 1894. Fam. HESPERIDÆ Pamphila zabulon, Bd.-Lec.—Sherbrooke, mai et juin 1894, Pamphila peckius, Kirby.—Sherbrooke, juin 1894; “ Montjoie ”, juin 1894 ; Orford, juin 1894. Pamphila mystic, Scud.—sherbrooke, juin 1894; “Mont- joie”, juin 1894. Amblyscirtes vialis, Edw.—Sherbrooke, mai 1894, Eudamus pylades, Scud.Sherbrooke, juillet 1893 et juin 1894 ; “ Montjoie”’, juin 1894. (A suivre) L'ABBÉ P.-A, BEGIN, 11—Mai 1895 78 LE NATURALISTE CANADIEN LA CHASSE AUX INSECTES Les lieux qui promettent davantage au chasseur d’insec- tes sont les jardins, les champs, les bords des bois et des ruis- seaux, les broussailles qui bordent lescheminset les grèves des rivieres et des étangs ; les foréts épaisses et étendues, de mé- me que les brûlés ou savanes, sont d’urdinaire tres pauvres en insectes. Muni des instruments que nous venons de faire connaitre, c'est-à-dire, filet à la main, boites et fioles dans la poche, pelote à la boutonnière, vous attendez d’ordi- naire vers 8 ou 9 heures, c’est-à-dire que 1a rosée soit disparue, pour vous mettre à l'œuvre. Vous fau- chez a l’aveugle les prés et les buissons pour les diptères, hémiptères, orthoptères, ete., vous guettez les papillons sur les fleurs, vous soulevez les pierres, enlevez les vieilles écorces et inspectez les trones d'arbres pour des coléoptères ; des os frais ou des débris d'animaux vous offri- ront des staphylins, des silphes, ete. les pierres des ruisseaux vous découvriront, en les remuant, des bélostomes, des cori- ses, des dytisques, &c., la sève découlant des souches d’éra- bles,bouleaux,etc. qu'on aura abattus au printemps,vous offri- ra des histers, des nitidules, des chrysomèles, ete. ete. ; et à chaque prise que vous faites, vous la mettez de suite en sû- reté ; si c’est un coléoptere ou un hémiptère, vous le faites en- trer de suite dans votre fiole ; si c’est un diptère où un hymé- noptère, vous le piquez de suite, prenant la précaution pour ces derniers de les piquer à travers les mailles du filet pour vous mettre à l'abri de leur aiguillon, ou bien les saisissant avec les brucelles qu'on aura emportées pour cette fin; si c'est un papillon, vous évitez de le prendre par les ailes pour ne pas les dépouiller de leurs écailles, mais le saisissant par le corps en dessous des ailes, vous le pressez fortement et vous le piquez dans votre boîte, le disposant de manière qu’il ne puisse se déchirer les ailes sur ses voisins ou les bords de la boîte. (NAT. can. Vol. I, p. 187.) bell RARE LE APR M yrs N té QUE LES DERNIÈRES DESCRIPTIONS DE L’ABBÉ PROVANCHER 79 LES DERNIERES DESCRIPTIONS DE L'ABBI PROVANCHER ORDRE DES NEVROPTERES Fam. VI. ÆSCHNIDÆ Ancazc maritime. Anax muritimus, n. sp. 3 —Long. 2.50 pes; expansion des ailes : 3.50 pes. D’un beau jaune brunatre, si 1bmétallique ; : la face blanchâtre avec une bande brune transverse au-dessus du chaperon et une tache poe en forme de T sur le vertex, velue. Le . thora avec 2 lignes pales obliques sur les côtés non ds Le marquées. Ailes hyalines, le stigma jaune, non très allongé, la membrane médiocre brunà bre, blanche à la base Abdomen portant de chaque côté une carène interrompue aux sutures, assez grêle, mais renflé à la base qui porte une villosité blan- châtre, le 2e segment non auriculé, mais portant à son milieu une petite bande transverse jaune bordée de noir interrom- pue au milieu ; les segments terminaux sont plus ou moins tachés de jaune à leur sommet. Appendices supérieurs noirs, velus, Han ovales, terminés en pointe au sommet, les inférieurs tres courts. Pattes d’un roux brunâtre avec les épines noires. Tout le dessous du corps a villosité blancha- tre. i Pris un seul exemplaire d' aux Iles-de-la-Madeleine, malheureusement tout frais éclos, de sorte que sa coloration n'était pas encore très nettement prononcée, suffisammen ce- pendant pour faire reconnaître que c'était une espèce diffé- rente de celles déjà décrites.(*) (GPL ae ORDRE DES HYMENOPTÈRES Fam. I. TENTHREDINIDÆ / , ha + Némate à-4-yeux. Nemutus tetraopsis, n. sp. P— Long. .31 pce. Jaune-miel avec taches noires. La face jaune avec deux points enfoncés noirs en avant des antennes (*) Le spécimen-type se trouve au Musée du Parlement, Québec. _ 80 LE NATURALISTE CANADIEN et deux autres ea arrière, l'extrémité des mandibules, avec une tache sur le vertex à l'endroit des ocelles, et Jes anten- nes, noir, celles-ci aussi longues que le thorax avec les ar- ticles 1, 2 et 3 presque Végale longueur. Le dos de chacun des lobes du mésothorax, le métathorax avec les sutures de ses flancs, la pointe de l'écusson, une tache au-dessus des hanches antérieures, une autre au-dessus des postérieures sur les flancs du métathorax, noir ; les quatre trochantins posté- rieurs blancs. Ailes hyalines, légèrement enfumées, les nervu- res noires, le stigma jaune entouré d’une ligne noire. Pattes de la couleur du corps, les tarses postérieurs légèrement obs- curcis à l’extrémité. Abdomen jaune-miel, sans aucune tache. —Los Angeles (Coquillett). Var. Sans tache noire au-dessus des hanches antérieu- res. Voisin du s. pomum, Walsh, du mendicans, Walsh, mais s’en distinguant surtout par les gros points noirs de sa face,et son abdomen sans aucune tache (*). X # ™ Monophadne pieds-piles: Monophadnus pallipes, n.sp. 2—Long. .16 pce. Tête noire,sans autre tache que le cha- peron transversal qui est blanc. Antennes courtes. Thorax noir, le prothorax, les bords des lobes du mésothorax, les écailles alaires avec les flancs, jaune pâle, les sutures des flancs du métathorax, avec une tache à la poitrine, noir. Ailes _ hyalines, les nervures brunes, le stigma jaune ; les ailes - postérieures avec une seule ceilule discoïdale. Pattes _ - Jaune pâle, les cuisses postérieures avec une strie noire en de- dans, les tarses plus ou moins obscurs. Abdomen ai- longé, cylindrique, noir en dessus, blanc en dessous, le blanc remontant sur les côtés de manière à denticuler chaque seg- ment, l'anus blanc, les valves de la tarière noires—Los An- geles (Coquillett). d—N'ayant que les côtés de abdomen blancs, les pattes plus ou moins obscurcies, les hanches noires tachées de blanc. (**) (À suivre) (*) Le type se trouve au Musée du Pariement, Québec. (**) Nous avons vu aussi un spécimen de cette espèce au Musée du Parlement de Québec sans remarquer si c'était le J ou la 9.—Rép. PHOTOGRAPHIE 81 JAMES D. DANA Le Prof. Dana est mort le 14 avril dernier, âgé de 82 ans. C’était l’un des plus gr bee savants de l'Amérique. Les principales sociétés scientifiques € ces deux continents tenaient à honneur de le compter au nombre de leurs membres. Ses ouvrages sur la minéralogie et la gévlogie sont devenus clas- siques chez les peuples de langue anglaise. En voici les ti- tres : System of Mineralogy : Manual of Mineralogy ;— Manual of Geoloy yy ;— Text Book of Geology ;—Origin of Co- val Reefs and Islands. PHOTOGRAPHIE UNE APPLICATION DE L'ELECTRICITÉ A LA PHGTOGRAPHIE Il ne s’agit pas, cette fois, de l'éclairage de l’atclier de pose par des lampes électriques et des miroirs condensateurs, ni de la photographie sous-marine par l’éclairage à l’électri- cité du fund de la mer. C’est une toute autre chose : il est question de photographies obtenues dans le eabinet noir & la lueur de la lanterne rouge, au moyen de l'électricité dynami- que, sans production de lumière. Photographier sans lumiè- re aucune, par la seule influence du courant électrique, est-ce encore de la photographie ? Appelez cela comame vous vou- drez, mais il est bien certain qu'on peut par ce mcyen obte- nir des images photographiques satisfaisantes. Voici comment on procède, Montez une pile au bichro- : mate de Bunsen de 4 ou 6 éléments suivant leur grosseur ; fai- tes passer le courant dans une bobine de Ruhmkorff pouvant donner des étincelles d'un demi-pouce environ à Yair libre; placez ensuite sur une table une feuille &’étain, reliée par un fil à lun des pôles de la bobine, posez dessus 82 LE NATURALISTE CANADIEN une plaque sensible face en dessus, et sur la couche sensible: appliquez simplement l’objet à photographier, médaille, mon- naie,ete.,et reliez ensuite celui-ciavec l’autre pôle de la hobine. Maintenant faites mouvoir le commutatenr de Ja machine de manière à établir le circuit pendant une couple de secondes, puis interrompez le courant, et l'opération est faite. Maintenant les opérations à faire subir. au eliché sont: les mêmes que pour un négatif ordinaire, c'est-à-dire déve- loppement, fixrge, ete. La figure ei-join- te represente une des images que nous avons obte- nues par ce procé- dé. Sur ia médaille: photugraphiée se trouvait reprodui- te en relief l’église de Saint-Joachim, de Rome (présen- tée à Léon XIIE par les catholiques dle l'univers à l'oc- ‘asion de son jubi- Fis. 5 [*] lé épiscopal), aveu l'inscription suivante : “ Chiesa di S. Gioachimo—Roma ”— (“Eglise de &.-Joachim, Rome.”) La photographie de ‘l'autre côté de la médaille a repro- duit fidèlement le portrait du Saint-Pere. Il n'est pas nécessaire que l’objet à photographier tou- che Ja plaque sensible. Ainsi, dans une expérience suivante, une feuille d’étain ayant Sté placée avec une eleetrode sur des pièces de monnaie, le tout fut reproduit ; mais le négatif re] Cette vignette n'est pas très distinete,d’ abord parce que le procédé dont Ml est question ne raurait rivaliser 4vee@ la methode ordinaire de photographie 5 et ensuite, les gravures half-tone, comme eclle-ci, ne s'uupriment bieu que sur du papicr glacé très supérieur à celui du journal, VOIX DU LOINTAIN 83 a été imparfait parece que le courant s'était trop affaibli dans Pintervalle. Il n’y aura qu'à recommencer. Cependant un fait curieux à noter dans ce cas, c’est que, cette fois, la direc- tion du courant étant oblique, plusieurs images se sont pro- jetées obliquement les unes sur les autres. En enfermant l'objet et la plaque sensible dans une boi- te obscure placée surle condensateur inférieur, on obtiert encore une lnage fidèle. D'autres poenee nous permettent d'espérer que nous pourrons réussir à obtenir des images aussi nettes en emplo- yant une machine d'électricité statique, et une dynamo, Nous en reparlerons. | (A suivre) L'ABB£ E. Porrter. HEUREUSES NOMINATIONS Nous présentons nos sincères félicitations à nos honerables confrères. M. ‘Ths Chapais. Directeur du Courrtr du Canada,et M.B.de la Bruère,ex-Directeur du Courrier de Saint-Hyacinthe, recenmenut nommés, le premier, “Président au Conseil Légistatif,’’ et, le second, “ Surintendant de I’Instruction publique? Ces nom'nations ent été accueillies avec la plus grande satisfaction, et le *NATURALISTE est henrenx d’unir son humble voix aux suffrages qui de par- tout ont honoré les nouveaux titulaires. i a ———— VOIX DU LOINTAIN —La Sentinelle (Mattawa, Ont) du 26 avril, revient sur ja question du NATURALISTE avec une sympathie nouvelle, et insiste encore pour que son existence soit assurée. Elle an- nonce son intention de publier désormais le soumaire de nos livraisons.—Que pourrions-nous dire, pour remercier digne- ment notre excellent confrère du zelé qu'il met à promouvoir notre cause ! — Voici encore un confrère qui traite royalement le Na- TURALISTE : c'est l'Ouvrier catholique (Biddeford, Me). Le 26 avril, Jui aussi, il fait de notre ceuvre les appréciations les plus bienveillantes,et la donne comme “solennel et irréfutable démenti aux accusations qu’une envieuse et chagrine igno- rance porte contre l'instruction du clergé canadien.” Ah! Liappui unanime de la presse franchement catholi- que ne nous a toujours pas manqué, jusqu'ici ! 84. LE NATURALISTE CANADIEN PUBLICATIONS RECUES Nous aceusons réception avec reconnaissance,des ouvrag?s suivants : : — Mgr de Forbin-Junson, sa vie, son œuvre en Canada, par N.-E. Dionne, M. S. R. C.—Joli volume de 196 pages, consacré à une mémoire qui doit être chère au peuple canadieu. M. Dionne, dont ka plume féconde enrichit souvent notre littérature d'œuvres historiques du plus grand intérêt, commence,avee cet ou- vrage, une galerie historique, qui recevra du public le meilleur aceueil, nous l’espérons. Travailleur iufatigable, écrivain érudit et consciencieux, notre ami occupe déjà à juste titre un rang distingué parmi nos historiens. —Son Exc. L. de G. Buillairgé, comte romain,ete., par G.-F. Baillairgé. Nous connaissions bien M. le comte Buaillairgé comme le bienfaiteur d’une foule d’ceuvres de toute sorte ; et le Naturaliste lui-méme est au nombre de ses obli- gés. Mais nous étions loin de soupçonner, avant d’avoir parcouru ce volume, le rôle important qu'a joué cet homme distingué, durant une longue carrière, et jusqu’à quel point il a mis ses ressources à contribution pour tant de pieu- ses fondations. L'ouvrage contient aussi une foule de notes historiques, sur divers sujets, qui nous ont vivement intéressé. — Annales de la Société entomologique de Belgique, Tome XXXVIII. Volu- -ine de plus de 700 pages, rempli de mémoire: en français, anglais, latin, alle- mand, sur le monde des insectes. —Spring Cataleg of choice Flower Seeds. Bulbs and Plants, Ben Hains, New- Albany, Ind.— Book on Summer Gardening, 1895, J.J. Bell, Binghamton, N. Y. Gravures à profusion, conseils autorisés puur la culture, voilà ce qui remplit ees deux brochures. ‘ 0 . DEMANDE D’ECHANGES Monsieur H. Miet, Juge d'instruction, Beaune [Côte d’or), France, serait. heureux de recevoir des coquilles de Mollusques terrestres et fluviatiles du Ca- nada étdes pays étrangers, «t des Coléoptères (surtout cicindèles, carabes,calo- * somes, Lamellicornes, Longicorneset Phytophages) ; en retour, ik offre des Insectes et des Mollusques de France et d'Afrique. ee LE SEUL QUE RESTE ! Nous ne connaissons plus qu’un seul exemplaire complet de la prenrière série AUNATURALISTE CANADIEN, qui soit à vendre ;20 volumes brochés. Prix = $38, S’adresser au Directeur du ‘ Naturaliste”. : Q—_-—---— —— VIENT DE PARAITRE: L’APOTRE DS SAGUENAY, 3e édition, par Vabbé V.-A. Huard. Volume in- 80 illustré, de grand luxe typographique, et qui fait l’eloge de Imp. L. Brovsseau, de Québec. C’est la biographie de few Mgr D. Racine, premier évé~ que de Chicoutimi. Un beau portrait demi-teinte, deux vues de Chicoutimi, en 1858 et 1542, et une vignette représentant la vieille chapelle des Jésuites aw Poste de Chicoutimi. — En vente, au prix de 50 cts, chez l’auteur, au Séminaire de Chicoutimi ; et chez MM. Langlais & Fils, et Filteau, à Québec. — 0 Nos compliments au Speetuteur, de Hull, qui vient d’en- trer duns sa septième année. —kRemis au prochain numéro, qui paraîtra dans quinze jours, une très intéressante chronique de M. Fletcher, de la Ferme expérimentale d'Ottawa. — Mass dis Be VOL. XXII (VOL. Il DE LA DEUXIEME SERIE) No6& Chicoutimi Juin 1895 ; Rédacteur-Propriétaire : l'abbé V.-A, HUARD Le numéro suivant (juillet) du NATURALISTE ne paraîtra probablement pas avant le milieu du mois d'août. Accusé du délit d’excès de travail et condamné de ce chef à deux ou trois mois de repos complet, nous emploierons ce temps à parcourir la côte nord du Saint-Laurent, depuis Betsiamis jusqu’à Natash- quan. Naturellement, nous nous proposons de faire ample connaissance avec la faune et la flore de cette partie du pays, et nous en dirons probablement quel- que chose à nos lecteurs, un jour ou l’autre.—Nos correspondants voudront bien contiauer à uous adresser leurs lettres à Chicoutimi, d’où elles nous se- rmt réexpédiées. Seulement, ce serait s exposer à une déception certaine, que de s'attendre à recevoir la réponse par retour du courrier. a — —— LE REVELL DU PRINTEMPS A OTTAWA Nul moment dans toute l’année n’est plus joyeux que les premiers jours du printemps, alors que tout ce quia vie se Yranime apres son long sommeil de lPhiver. Ceci est surtout vrai pour le naturaliste dont la clef d’or du savoir a ouvert les yeux, et qui peut ainsi reconnaître ses vieux amis à mesu- re qu'ils réapparaissent,—oiseaux revenant de leur long voya- gé au midi vers des pays plus chauds, insectes sortant de leurs retraites d'hiver, fleurs prenant la place des frimas. (1) Nous n'avons pas besoin de faire remarquer’ à nos lecteurs quelle bon-, ne fortune c'est, pour le NATURALISTE, de compter M. Fletcher, Entomologiste et Botaniste de la Ferme expérimentale d'Ottawa, au nombre de ses collabora- ‘ . 40. re 2 . . + » . . teurs. Félicitons seulement le savant écrivain d'avoir acquis une aussi par- faite connaissance de notre langue. Comme on le sait, M. Fletcher, lorsqu'il assiste 4 quelque conveution agricole dans notre Province, tient à donner en français ses intéressantes causeries coran —Rzp. 12—Juin 1895: Qi RE su TN Le pl 86 LE NATURALISTE CANADIEN C'est avec un plaisir toujours aussi vif que l’ami de la nature cherche d'année en année à s'assurer de la date où arrivent les différents oiseaux, et où bourgeons et boutons déploient leurs trésors de feuilles et de fleurs. Cette année-cile printemps a été tardif, lent et irrégulier à venir; il a paru l'être d’autant plus après le printemps re- marquablement hâtif de l’année dernière. Dans le courant de l’hiver nous avons observé peu de nos petits amis emplu- més. En janvier on pouvait voir quelques Corneilles sur les tas de fumier des fermes, ou volant le soir vers leurs asiles de nuit dans les bois épais ; et on apercevait à l'occasion par la ville une Pie-griéche boréale, visiteur peu bienvenu parmi les bandes de Moineaux d'Europe ; bon nombre de ces petits émigrants batailleurs deviennent la proie de ses ongles acé- rés et de son bec cruel. Plus tard se sont fait voir des trou- pes de Jaseurs de Bohème et de Gros-becs des pins se repais- sant des baies rouges du Sorbier des oiseleurs,arbre planté en beaucoup d’endroits pour ornement. Le premier émigrant à nous revenir est toujours |’ Alou- ette des prairies (Prairie horned lark, Otocoris alpestris pra- ticola), qui cette année a fait sa premiere apparition le 6 mars : on pouvait la voir le long des routes, ou l’entendre ré- péter sa courte chanson, posée sur quelque motte de terre ou quelque espace de terrain dénudé de neige. Il y a toutefois encore bien des jours froids, bien des tempêtes à éprouver avant que ne se montrent d’autres émigrants printaniers, et, en général, c’est seulement le 28 mars que le chant réjouis- sant du Rossignol du Canada nous annonce que le printemps est vraiment près d'arriver. Cette année-ei ce bienvenu pe- tit messager n’a été observé que le 2 avril, et en somme l’an- née a été plus irrégulière qu'aucune autre depuis quinze ans que je prends note de mes observations. Plus d’un oiseau n'a pas du tout été aperçu, et de toutes les espèces il y a eu un nombre remarquablement faible d’in- dividus. Qa été particulièrement le cas pour le Pinson à poitrine blanche et, l'Oiseau bleu,ou Rouge-gorge bleu,comiune NO a EAE Me RR a TANT DR MRIPA AA PET ETS LE RÉVEIL DU PRINTEMPS A OTTAWA 87 on l'appelle quelquefois : au lieu d'arriver comme d'ordinaire vers leler avril,le premier ne s’est fait entendre que vers la finda mois,-tle second le 10avril seulement. Cette absencedes oiseaux a été remarquée par plusieurs, et le professeur Macoun, natu- raliste de la Commission géologique du Canada, a supposé que la cause pouvait en être du temps froid plus au midi, qui aurait interrompu la migration vers le nord. J’indiquerai maintenant les dates de la première apparition à Ottawa,cet- te année, de quelques-uns des oiseaux les mieux connus. Le ler avril, le seul oiseau qu’on pût trouver dans les bois était l'Alcrte, petit visiteur d'hiver, la Mésange à tête noire, activement occupée à chercher sur les arbres des arai- gnées et d’autres insectes printaniers, - Le 3 avril se mon- trèrent les premiers Rouges-gorges, puis, quelques jours plus tard, un petit nombre de plus ; mais maintenant encore ces oiseaux favoris de tous sont moins nombreux que d'ordinaire. L'Oiseau bleu vole en général en avril par troupes d’un po- teau à l’autre devant le promeneur, le long des routes et che- mins, déployant ses charmantes ailes bleues et sa poitrine rouge tout en laissant échapper quelques notes de son chant doux et étrange ; cette année ila été remarquablement ra- re : je n’en ai vu qu’un seul couple le 10 avril. Le 4 du mois, nous arrivaient de dessus les touffes de jones dans les marais, les notes désagréables de |’ Etourneau aux ailes rouges, et des troupes de Mainates pourpres, en pas- sant en vol rapide dans les airs, faisaient entendre leur cri non moins discordant, En délicieux contraste avec ces sons, une mélodie ravissante s'échappait dans les bois du gosier de nom- breux représentants de l’Oiseau rouge, à mon avis, le roi des chantres ailés, Aucun autre de nos oiseaux sauvages du Ca- nada ne s’apprivoise aussi facilement, ni n’est si heureux en réclusion, que ce charmant chanteur. La femelle peut chanter, mais c’est le mâle qui sait faire couler un flot moüulé de mélo- die continue. Le mâle a trois chants distincts: l’un est un eri sauvage, inquiet, qu’il pousse quand il appelle sa compagne ou qu’il est surpris par une intrusion ; le second est un chant 88 LE NATURALISTE CANADIEN heureux, joyeux, qu'il fait entendre debont, la tête élevée, posé sur le plus haut rameau d’un jeune sapin, près d’où sa compa- ene a construit son nid; c’est perché au repos sur une bran- che parmi le feuillage, qu’il murmure son troisième chant, ruis- selant, flûté, paisible, délicieusement doux, qui ne s’entend qu’à quelques verges au plus. Ce bel oiseau semble par un jour venteux avoir une prédilection particulière à essayer par ses accents enchanteurs de l’emporter sur le vent qui siffle autour de lui. | Le 5 avril, des troupes de Lizerins et de Becs-croisés d'Amérique se firent voir dans un marais d’épinettes ronges. Le 12, la petite note plaintive du Chardonneret frappa mon oreille pour la première fois, et le 15, par une brillante matinée ensoleillée, tonte la campagne résonnait du chant joyeux du Rossignol des guérets. A partirdu 17, date moyenne habi- tuelle du retour des Hirondelles, j'épiai soigneusement l’arrivée de ces oiseaux ; mais c’est le 20 seulement que je vis quelques Hirondelles bleues et deux ou trois Hirondelles à ventre blanc. Ces quelques-unes toutefois paraissent avoir disparu, et le mois s’est terminé sans que le grand corps d'armée de ces vo- yageurs soit encore arrivé. Le 22 avril, les trois jolis Pinsons—le Pinson fauve, le Pinson à couronne blanche et Je Pinson des montagnes —se sont montrés en petit nombre, volant bas le long du pied des haies et faisant ententire leurs doux chants. L’Oiseau oris et le Pinson des savanes n’est paru que le 26, quinze jours ‘plus - tard que l’époque urdinaire. Le 27 avril, jour brillant et chaud, a ajouté à notre liste le Pe-wit, et dans les bois le court cri dis- cordant du Nuthatch du Canada a été entendu pour la premiè- re fois. L'Ortoian du Canada, oiseau plutôt plus grand et à cou- leurs plutôt plus vives que l’Alouette des prairies, s’est fait voir en troupes nombreuses, et avec eux se trouvaient quelques spécimens du Bruant de Laponie. Dimanche, 28 avril, j'ai aperçu deux actifs Grimpereaux communs qui couraient en haut un orme, examinant chaque crevasse à la recherche des s - 89 “OUR INSECT FRIENDS AND INSECT FOES ” insectes ; et le dernier j jour Vavril a été celui ds l'arrivée du Bingen a poitrine blanche, : 0074 | | Les notes sur les plantes qui ont fleuri se résument à quel: mots. L’Aulne n’a développé ses chatons que le 17 avril; le 19, me. le Tremble et le Coudrier (Corylus rostrata) étaient en fae le d 20,la Plaine blanche ; le 27 la Plaine rouge, 1’ Hipatique à trois a lobes et le Sang-dragon ; et le 28, le Bois de plomb a épanont | a ses bontons noirs poilus et déployé ses fleurs jaunes. ; JAMES FLETCHER, LOT a ee — ae — | a d ms CAV IN | oo “OUR. NSKCT FRIENDS AND INSECT ae ; : | par] le REV. THOMAS W. FYLES, F. LS. À ” SoutH QuEeEe | HE Ss ÿ [Continué de la page 44] # STRUCTURE DES INSECTES L'insecte parfait est très distiuctement partagé en trois À parties : : (A) la Tete, .(B) le Thorax, et {C) a : (A)—A la TÊTE sont attachées les “ cornes ” ou antennes Brace qui different suivant les espèces. Elles sont : en forme de | | massue ; ciliées, frangées de poils ; Jiliformes, ayant la même N épaisseur dans toute leur longueur, comme un fil ; fusiformes, en forme de fusean ; moniliformes, composées d’articles dis- À 4 tincts ressemblant a à des grains de collier ; pectinées, en forme ‘4 de peigne ; ete. On voit encore, fixés à la tête, les palpes (au nombre de deux, quatre ou six), les mandibules (pinces) et les muxillui- res ( mâchoires) des insectes qui mordent, et le proboscis ou la trompe de ceux qui se nourrissent par succion, Ce dernier or- 90 \ LE NATURALISTE CANADIEN gane, dans un certain nombre de Lépidoptères, est très allongé, et, quand l’insecte ne s’en sert pas, i1 est enroulé comme un ressort de montre et protégé par les palpes. Il y a aussi, dans la tête, les yeux qui sont à facettes et immobiles. Ces facettes sont hexagonales, comme les cellules d’un rayon de miel. On en a compté 12,500 dans l’œil de la Libellule ; 4,000 dans l’œil de la Mouche domestique, et 17,000 dans celui du Papillon, Chacune de ces facettes peut donner une image distincte ; mais comme toutes les images produites sont projetées ensemble sur un même centre ner- veux, elles ne donnent qu’une seule perception de ce qui est dans le champ visuel.— Beaucoup d’espèees, en’ plus de ces grands yeux composés qui sont si apparents, ont aussi trois petits yeux, nommés ocelles, placés en triangle sur le sommet de la tête. (B)—Les pattes sont fixées an THORAX. Elles sont au nombre de six, quoique, dans certaines espèces, la première paire ne serve pas pour ia marche. Les parties articulées des pattes sont les suivantes : la coæale tout près du corps, puis le trochantin, et ensuite, suc- cessivement, le fémur ou la cuisse, le tibia ou la jambe, et le tarse ou pied. Le tarse est divisé en cinq articles, dont le der- nier se termine par denx crochets, sous lesquels se trouve un petit coussinet nommé pulvillus. Le thorax porte encore ies ailes qui sont au nombre de deux ou de quatre et dont, comme nous l’avons vu, la structu- re ct l’apparence varient considérablement. Chez quelques Lépidoptères, les quatre ailes sont dressées, dans le repos ; mais chez quelques-uns des “Sauteurs” (skippers), famille des Hesperidæ,les ailes an‘érieures seules prennent cette posi- tion. Dans un grand nombre des nocturnes (moths), les ailes au repos semblent former comme un toit qui abrite le corps, et, dans ce cas, les ailes postérieures (secondaires) sont ordi- nairement recouvertes par les antérieures (primaires); et sous vent ces ailes de dessous ont des couleurs plus éclatantes que les autres. MOT DES SAONE CUVE NE RORY TN TENTE nu PA NON ENNEMI “ OUR INSECT FRIENDS AND INSECT FOES ” 91 Les ailes des “barbeaux” (coléoptéres), dans la position de repos, sont proprement repliées sous les dytres ou téguments de consistance cornée qui les recouvre ; et il est intéressant de voir par quel procédé méthodique un de ces insectes, en s’abat- taut sur une surface, arrange ses ailes, Le Staphylin, notam- ment, dont les élytres sont très petites, est obligé, pour instal- ler dessous ses ailes membraneuses, de se livrer à des contor- sions qui rappellent les efforts d’une petite enfant qui veut attacher sa robe par derrière, Les Diptères, comme l'indique assez leur nom, ont seule- ment deux ailes. Les ailes postérieurés, dans ces insectes, sont remplacées par deux appendices terminés par un petit bouton, que l’on nomme balanciers (halteres). La réticulation des ailes, c’est-à-dire la disposition des nervures sur leur surface, est de grande importance pour la dé- termination des genres et des espèces, chez beaucoup d'in- sectes. (C)—L’ABDOMEN, qui est ordinairement la partie la plus considérable de l’insecte, est pourvue quelquefois d’un aiguil- lon acéré qui joue le rôle d’arme défensive, et, d’autres fois, d’une tarière qui, comme le fait voir une observation attentive, se compose d’un ovipositeur et de sa gatne. Cette gatne, chez un Ichneumon que l’on conserve dans une collection, s'ouvre dans sa longueur, et l’on croirmt alors que l’un de ces insectes, desséch', a trois queues. Les insectes 1espirent par des ouvertures appelés stigma- tes, qui d'ordinaire sont au nombre de 18: neuf de chaque côté du corps. Le cœur est constitué par une sorte de long tu- be ; le cerveau est disséminé dans des ganglions où centres nerveux, placés le long du dos, Et cela explique précisément ce fait, qu’une portion du corps d’un insecte, détachée du res- te, conserve sa vitalité et continue à remplir ses fonctions par- ticulières durant un si long espace de temps.Le petit vilain qui avait coupé en deux une grosse guépe, fut bien surpris d’en voir la tête et la “ poitrine ” s’en aller sur les pattes ; il apprit \ Se = ¥ . y 47 Mw 2 -garnement, son arriére-train continue. à se balancer, de façon fort comique, ee. NAG One MLA i res ty ; ‘ Avi Uta) 4 AL RURAL ar et f / à dr ae TE Me i MM Nd TE | i? My 4 al ÿ LÉ x ‘ a ih Did: v } xe ; PAU 4 he, ¢ ; v i 3 Û ’ Te | | Bs Mee saa 10) Ue , 92 - LE NATURALISTE CANADIEN DEA i i aussi, à ses dépens, que l'abdomen n’avait pas perdu sun’ pou- voir de piquer. Au dire de Carpenter,a la page 358 de son ou- vrage intitulé “Animal. Physiology, quand la “Mante religieu- se’est soumise au même traitement que la guépe de ce mauvais sur ses quatre pattes et résiste fort bien aux tentatives que l’on fait pour le renverser. ey : , ‘ J - + ate NU Ne Re LEPIDOPTE URES Di Ni DE TE À LR PRET de la pag ge Wes: HETEROCERA D PO Pom: Soper pa Sous-Fam. Macrog glossinæ À Hemaris th; ysbe, Fabr. , Var. ruficaudis, ‘Kirby — Mont- joie”, in 1894. : 2 Sous-Fam. Churrocam pince Amphion nessus, Cram. Lien A mai et j juin 1894. Deilephila ¢ gallit, Rott. —Sherbrooke, 1302.5 20) . Sous-Fam. Sphinginæ Sphinx Kalmiæ, S. et A.—Sherbrooke, juillet 1804. Sphinx chersis, Hbn.— Sherbrooke ejuillet 1892. Sphinx canadensis, Bdv.—Sherbrooke, juillet 1892. ~~ . :Ceratomia amyntor, Hbn. Sherbrooke, 189800 : Ceratomia wndulosa, Walk. Sherbrooke, je ee } 7 | Fam. AG ARISTIDE : Alypia langtanii, Coup.—“ Montjvie”, j juin ‘1894. . ‘ _ La A AE a eA ES AAA er TY st EAN LA da à \ } } LEPIDOPTERES DE SHERBROOKE 93 Fam. SYNTOMIDÆ Lycomorpha pholus, Dru.—“ Montjoie ”, 1894. Fam. CTENUCHIDE | Ctenucha virginica, Charp.—Sherbrooke, Juillet 1892 et juin 1894 ; “ Montjoie”, juin et juillet 1894. Fam. LITHOsIIDz Euphanessa mendica, Walk.—Sherbrooke, juillet 1893 et juillet 1894 ; “ Montjoie ”, juin 1894, | Fam. ARCTIIDE Sous-Fam. Arctiinæ Euprepia caia, Linn.—Sherbrooke, juillet et août 1894, Euprepia caia, Linn. var. americana, Harr.--Sherbroo- ke, 1892. Arctia parthenice, Kirby.—Sherbrooke, juillet 1892. Pyrrharctia isabella, S. et A.—Sherbrooke, juillet 1892 ; “ Montjoie ”, 1894. Phragmatobia rubricosa, Harr.—Sherbrooke, juillet 1892. Spilosoma virginica, Fabr.—Sherbrooke, juillet 1892, . Mai et juin 1894, Hyphantria cunea, Dru.—Sherbrooke, juin 1894. Halisidota tessellata, S. et A.—Sherbrooke, juillet 1892. Halisidota carye, Harr.—Sherbrooke, février 1895, * (1) Halisidota maculata, Harr.—Sherbrooke, 5 décembre 1894, * Fam, LIPARIDÆ Orgyia antiqua, Linn.—“ Montjoie ”, août 1894. Orgyia definita, Pack.—Sherbrooke, septembre 1894. Parorgyia clintonii, G. & R.—Sherbrooke, juin 1894, Fam. Limaconnæ Heterogenea schurtlefii, Pack. var. cesonia, Grt.—Sher- brooke, juin 1894, [1] Une date affectée de ce signe * est celle de l’éclosion de la chrysalide provenant d’une chenille capturée dans le cours de l’été ou de V’automne pré- cédent et élevée dans une cage ad hoc. 13—Juin 1895 wa ac d'insectes ! Heureusement que le froid, en Canada, et les arai- LE NATURALISTE CANADIEN Tortricidia testacea, Pack.— Sherbrooke, mai et juin 1894. Fam. NOTODONTIDÆ Datana ministra, Dru.—Sherbrooke, juin 1894. Œdemasia concinna, S. & A.—Sherbrooke, juin 1894, Schizura ipomeæ, Doub.—Sherbrooke, juin 1894. Schizura unicornis, 8, & A.—Sherbooke, août 1894. Heterocumpa biundata, Walk.—Sherbrooke, juin 1894. 2 ; Cerura borealis, Bdv.—Sherbrooke, juillet 1892. seg a Fam. SATURNIDÆ : Sous-Fam. Aftucinæ Attacus cecropia, Linn.—Sherbrooke, mai et juin 1894. Sous-Fam, SATURNIINÆ Telea polyphemus, Cram.—Sherbrooke, juin 1894. (A suivre) L'ABBé P..A. Bein, ere} LA MULTIPLICATION DES MOUCHES Sous ce titre, on lit dans Le Sténographe canadien du mois d'avril : | “Tl est admis que la mouche peut produire six générations par an ; la moyenne est de 80 œufs par ponte. Il faut comp- ter que la moitié de chaque ponte donne naissance à des su- jets femelles, c’est-à-dire 40, qui, à la première couvée, don- nent naissance à 3,200 mouches dont 1,600 femelles. En con- tinuant le calcul, on trouve que, d’une année à l’autre, une seule mouche a une descendance de 8 milliards 112 millions enées en font mourir une grande partie. Dans les pays chauds, on trouve une quantité colossale de mouches, ce qui n’a rien d’extraordinaire, étant donné ces explications.” Ii s’agit ici, sans doute, de la Mouche domestique.-—Nous avons passé six semaines aux Petites Antilles, dans les pays « ~ Hive | NA REP ed) IX WAC ATEN D AN GA A iro AS LS at & A A Le OS US MAM) UN A AAR ù Mt A VERA d'est EU ; LES DERNIÈRES DESCRIPTIONS DE L'ABBÉ PROVANCHER 95 > chauds, par conséquent ; et loin d’y avoir trouvé “une quan- tité colossale de mouches,” nous n’en avons vu que très peu. C'était en avril et mai, et il se peut qu'en d’autres saisons on en voie davan‘age. Du reste, les autres insectes étaient aussi en très petite quantité. Quant aux oiseaux, ils étaient encore plus rares. Dans nos climats tempérés, nous sommes un peu vâtés : la belle saison est chez nous de courte durée, et les vo- latiles de tout genre paraissent presque tous en «même temps, dans l’espace de quelques mois. pp en ne LES DERNIERES DESCRIPTIONS DE L'ABBE PROVANCHERC eC ORDRE DES HYMENOPTERES FAM. I. TENTHREDINIDA : [Continué de la page 80] M acrophye pieds-blancs, Macrophya albipes, n. sp. | ?—Long. .25 pce. Noire, les palpes excepté le dernier | arbicle, les écailles alaires, une ligne en avant, l’écusson, un point de chaque côté sur le métathorax, l'extrémité de l’abdo- men, avec les pattes, blanc ou jaune-pale. Chaperon briliant, ponctué ; antennes courtes, sans taches. Ailes hyalines, les nervures noires, le stigma jaune bordé d’une ligne noire, pattes blanches, les hanches excepté à l'extrémité, une ligne en de- dans des cuisses, l'extrémité des 4 cuisses postérieures avec le sommet de leurs tarses, noir. Abdomen robuste, noir avec l’extrémité jaune, rl d'—Avec les côtés de l'abdomen blancs, chaque segment | (1) Contrairement à ce que nous avons dit à la page 60, le droit de priori- té des descriptions dépend de la date où ces descriptions sont publiées. Il pour rait donc se faire que quelques-unes de ces espèces nouvelles aient été decri tes en d'autres publications, depuis la mort de l'abbé Provancher (1892.) Mais la chose est peu probable, les spécimens d’espèces nouvelles étant ordinaire ment des uniques. ' by ‘ wee RFA ANNE y, FA Vu wv) TYR te aM tam if [A ff yee ne (A 96 . LE NATURALISTE CANADIEN dorsal étant aussi marginé de blanc aux côtés, les pattes avec une ligne noire en dedans des cuisses et des jambes, Var. S—N’ayant que l'extrémité de l'abdomen noire, les pattes en partie noires, n’ayant de blancqu’à l'extrémité des cuisses et au milieu des jambes en dehors.—Los Angeles (Co- quillett.) (*) FAM. IV. ICHNEUMONIDÆ Pezomachus niger, Prov., Al p. 362. Var. Tout le tho- rax brun-roussâtre, la tête et les antennes brun-roussâtre plus ou moins foncé, | FAM. V. BRACONIDÆ Agathis téte-noire, Agathis nigriceps, n. sp. Q — Long. .25 pce. Rouge brun avec la tête noire. Tête po- lie, brillante, le roStre allongé, antennes noires, plus courtes que le corps. Thorax rouge avec une tache noire sur le métatho- rax, Celui-ci rugueux avec une petite carène au sommet ac- compagnée d'un petit sillon de chaque côté,écailles alaires noi- res. Ailes fortement enfumées avec une tache hyaline vers la base du stigma, la 2e cubitale petite, en triangle pédiculé. Pat- tes noires avec les cuisses postérieures rouges. Abdomen fort, poli, brillant, le segment basilaire canaliculé au milieu, le 2e avec une pointe à sa base au milieu et une impression créne- lée, semi-circulaire en avant de son milieu, la suture entre le 2e et le 3e droite et crénelée ; tarière aussi longue que l’abdo- men et le thorax pris ensemble.—Los Angeles (Coquillett). Espèce bien remarquable par ses cuisses postérieures rousses et l’impression semi-circulaire de son 2e segment ab- dominal. (*) FAM. ODONTOMACHIDÆ Gen. ODONTOMACHE, Odontomachus, Lund. Tête grande, plus large en avant. Mandibules insérées contigués l’une à l’autre, très longues, étroites, presque cylin- driques, recourbées intérieurement à leur extrémité. Protho- rax arrondi et rétréci en cou en avant. Mésothorax plan en (*) Type au Musée du Parlement, Québec. AL) CN URI ert ead 171 DU PES OR A A PHOTOGRAPHIE 97 dessus ; métathorax subeylindrique en avant. Pétiole avec une écaille à profil triangulaire vue de côté et portant une longue épine à son sommet. Abdomen fusiforme, pointu à l'extrémité. Ailes avec3 cellules cubitales et 2 discoidales. Insectes bien remarquables par la forme defleurs mandi- bales. Odontomache soyeux, Odontomachus sericeus, n. sp. 2—Long. .48 pce. Noir; la tête et le thorax à reflets soyeux, l’abdomen poli, brillant ; les antennes avec les pattes d’un brun-roussâtre. Epistome petit, triangulaire, s’avancant entre les antennes ;, un sillon part en dehors de l'insertion des antennes de chaque côté pour s’unir vers le milieu de la face à l'endroit où une petite pièce triangulaire porte les ocelles, et continuer ensuite jésqu’à l'occiput qu’il divise en deux lobes arrondis. Prothorax finement aciculé transversalement ; mé- sothorax à dos uni, très finement soyeux; métathorax aussi aciculé transversalement avec une protubérance lisse et brillante sur chaque angle postérieur. Ailes passable- ment enfumnées, avec 3 cubitales et 2 discoidales. Les jam- bes à couleur plus claire que le reste des pattes. Pétiole à écaille surmontée d’une épine longue et aiguë, le reste de l’ab- domen en ovale atténué en pointe à l'extrémité, noir avec poiis épars blanchatres. Pris une © de ce singulier genre à l’île de Trinidad. (*) {A suivre) PHOTOGRAPHIE UNE APPLICATION DE L’ELECTRICITE A LA PHOTOGRAPHIE Les expériences que nous avons pu faire jusqu'ici avec la bobine de Ruhmkorff prouvent qu’il faut laisser agir le cou- rant électrique pendant quelques secondes seulement, s’il est fort, et pendant plusieurs minutes, jusqu’à dix ou quinze, s’il est faible, Dans quelques cas des effluves lumineuses ont paru s’in- (*) Type au Musée du Parlement, Québec, r 2 EH LE NATURALISTE CANADIEN | troduire sous les pièces métalliques par des points de leurs bords où il n’y avait pas contact immédiat avec la couche gé- latine, et le résultat a été qu’au développement rien ou pres- que rien de distinct n’est apparu ; ceci, joint au fait que des images se sont produites sans production de lumiére,nous sem- ble prouver sûrement que c’est bien l’action chimique de lé- lectricité sur les sels d'argent quia causé les effets obtenus. Un autre fait qui confirme cet avancé, c’est qu’une ¢tincelle de la machine électro-statique ayant plusieurs pouces de longueur n’a pas impressionné une plaque de rapidité moyenne, tandis que toutes celles qui se sont produites directement sur la cou- che sensible ont été vues sur le négatif, tantôt droites, tantôt en ziyzag, selon la manière dont elles étaient apparues. La machine électro-statique peut remplacer la bobine de toutes manières, bien qu’elle n2 soit pas toujours aussi: commode pour cette fin. Avec celle-ci, un phénomène curieux est le suivant, Pre- nez une plaque ordinaire de verre, appliquez dessus une pièce de monnaie; puis, au moyen de Vexcitateur, faites partir sur cette pièce quelques fortes étincelles ; d’abord vous ne verrez rien, mais projetez l’haleine surla plaque, et vous verrez apparaître l’image ; et il est évident qu’elle s’y sera imprimée, car vous aurez quelque peine à Ja faire disparaître, Nous n’avons pas réussi à obtenir de résultats satisfai- sants avec la dynamo. II est vrai que la seule machine à no- tre disposition était très petite. De tont ce qui précède, ne ressort-il pas clairement qu’on peut photographier dans l’obscurité absolue avec les ondes émises par une machine électrique ? Ona peu travaillé jus- qu'ici dans cette direction, et on n’en est encore qu’à la pério- de des tâtonnements, mais il y a 1 un vaste champ à explorer, et il ne serait pas surprenant qu’on entendtt bientôt parler de nouvelles découvertes et de nouvelles applications utiles de l'électricité, dues à ce procédé de photographie. L'ABB£ E. Porrter, PETITES NOTES PETITES NOTES —M, C.-E. Dionne, Conservateur au Musée de l’Univer- sité Laval, possède une perdrix de montagnes (Bonasa um- bellus, Steph.) presque complètement blanche. —On nous a consulté sur le projet de tenter l'élevage du Castor. Voila une expérience que uvus suivrons avec grand intérêt, si elle se réalise. —Le Muséum d'histoire naturelle de Paris vient de re- cevoir en cadeau une collection d'oiseaux, comprenant 25,000 spécimens, réunis par un M. Boucard. Il n’y a pas besoin de dire que la collection ornithologique du Jardin des Pian- tes, qui était déjà très considérable, l’emporterafdésormais sur celles de tous les musées de l’univers. —Au Couvent des Sœurs de Sainte-Croix, à Saint-Lau- rent, près Montréal, on a réuni déjà pres de 1209 spécimens de plantes diverses, tous nommés et classifiés. Voilà un bel exemple ! | —Il n’y a, dit-on, qu'un dixième des$plantes connues qui exhale une odeur. —LES PUCES ET POUX DU BÉTAIL.—Ces hôtes incommo- des sont détruits si l’on frotte les animaux avec de l'huile de lin, à l'aide d’une brosse. Si ce moyen ne réussit pas entiè- rement, on donne aux animaux, tous les deux jours, une cuil- lerée de fleur de soufre (aux jeunes, une seule). Ce moyen est infaiilible. On peut aussi mélanger la-fleur de soufre à l'huile de lin pour en frotter animal. (Cosmos.) 0 Le Colonisateur canadien (50 cts par année : Boîte 2167. B. P., Montréal) a commencé sa neuvième année, Nos félicita- tions et bons souhaits à cet intéressant journal qui se dévoueà ~ la grande cause de la colonisation, PAS a ui 100 LE NATURALISTE CANADIEN Le Moniteur (hebd., $1 par an, Lévis) est entré dans sa troisième année. Prospérité et longue vie à cette feuille, dont la rédaction est vraiment remarquable, ————0 EIBLIOGRAPHIE Nos remerciements aux auteurs des ouvrages suivants, pour le gracieux . . envoi d’un exemplaire : : —Impreasions de voyage: De Québec à Rome,par l'abbé H. Cimon, Québec,1895. (L’ex. 25 cts, chez l’auteur, à Chicoutimi,et chez les libraires de Québec.) Ilya bien des récits de ‘‘ voyage en Europe ”: celui-ci a le mérite d’être court. C’est déjà quelque chose ! Et puis la note édifiante n’y manque pas. Il y a done plaisir et profit à suivre M. l’abbé Cimon dans son voyage jusqu’à Rome, en attendant qu'il nous communique aussi ses souvenirs de Terre Sainte. _ —La fin dumonde, par P.-P. Paradis, Chicoutimi, 1895 [25 cts l’ex., chez l’auteur, cultivateur de Chicoutimi.] Vingt-deux pages d’alexandrins, dont bon nombre se portent vraiment bien. L’auteur termine ainsi son Prologue : Je le sais, je ne suis qu’un rustique poéte ; Ma lyre est paysane, et son habit de féte : : —D’étoffe du pays—teint de sombres couleurs Attire la critique et non pas les flatteurs. Nous ne voulons étre ni critique ni flatteur. Nous désirons seulement ap- peler l’attention sur un écrivain qui recherche les bonnes grâces d’ Apollon et de Cérès en même temps, et qui fit des vers longtemps avant de savoir la grammaire, , 2 SS oe LE SEUL QUI RESTE ! Nous ne connaissons plus à vendre qu’un seul exemplaire complet de la première série du NATURALISTE CANADIEN; 20 volumes brochés. Prix $38. S’adresser au Directeur du ‘‘ Naturaliste ”. VIENT DE PARAITRE : L’APOTRE DU SAGUENAY, 3e édition, par l'abbé V.-A. Huard. Volume in- 80 illustré, de grand luxe typographique. C’est la biographie de feu Mgr D. Racine, premier évêque de Chicoutimi. Un beau portrait demi-teinte, deux vues de Chicoutimi en 1858 et 1892, et une vignette représentant la vieille cha- pelle des Jésuites au Poste de Chicoutimi.—En vente, au prix de 50 cts, chez l’auteur, au Séminaire de Chicoutimi; et chez MM. Langlais & Fils, et Filteau, à Québec. LES Naturaliste Canadier \atUrallste Vvanaalen VOL. XXII (vou. 1 DE LA DRUXIEME SERIE) No 7 Chicoutimi Juillet 1895 Rédacteur-Propriétaire : Pabhé V.-A, HUARD PROPOS DE RETOUR Il y a bien des semaines que le NATURALISTE parait soumeiller. Le voici qui revient aujourd’hui à sa tâche. Nous ne donnons pourtant à ce numéro de juillet que seize pages, pour ne pas retarder encore sa publication de tout le temps que nous mettrions à rédiger le supplément consacré à la Zoologie ; c'est-à-dire que cette livraison n’a que le nombre de pages auquel nous sommes tenu.— Nous espérons publier le numéro d’août dans une quinzaine de jours, et nous pour- rons ensuite reprendre la publication réguliére du journal. Cette longue absence de nos bureaux a causé des ennuis à plusieurs de nos correspondants, nous le savons. Nous le regrettons et nous nous efforgous depuis notre retour de met- tre au point notre correspondance. De méme, nous ne savons rien de la littérature scientiti- que de ces trois derniers mois, et il se peut que cette: iguv- rance involontaire soit la cause de certaines lacunes dans la composition de quelques-unes de nos prochaines livraisons. Ici encore, nous ferons notre possible pour reprendre le temps perdu. — À jouterons-nous que nous sommes prêt à faire gentil accucil à tous les envois d’argent qui nous viendront ? Nous souffrons bien d’être toujours si arriéré dans nos paiements. Le NATURALISTE, par le fait de beaucoüp de ses abonnés, est fort mal noté dans l'esprit de ses créanciers... 14—Juillet 1895. 102 LE NATURALISTE CANADIEN AU GOLFE SAINT-LAURENT Je. suis OP d’un voyage sur la côte nord du fleuve Saint-Laurent et à l’île d’Anticosti, avec un fort bagage de notes et renseignements divers sur ceterritoire si aca à bien des points de vue, des autres parties de la Province ; et je me proposais d’abord de rédiger ces matériaux pour le Na: TURALISTE. Mais le format du journal est si restreint, et il poursuit déjà la publication de tant de travaux de longue ha- leine, que je devrai chercher ailleurs un gîte hospitalier pour ces souvenirs d’un voyage en un pays totalement inconnu— on peut dire ainsi sans exagération—de presque tous nos compatriotes. Je ne veux donner ici que des notions absolument géné- rales sur l’histoire naturelle de la côte du golfe. I] ne faut pas s attendre à à. trouver sur cette côte, cons- tituée presque exclusivement par du sable et des rochers, une végétation comparable à celle des autres endroits du pays si- tués à l’ouest et au sud. Toutefois le botaniste y rencon- trera bien des plantes intéressantes, dont plusieurs même se- ront pour lui des nouveautés. —La forêt ne présente. guère que de petits arbres, appartenant presque tous aux Coniféres_ et aux Bétulacées —Benucoup de mousses de diverses espèces, et de plantes de marécages, surtout l'Zris versicolor, L, que jai vu partout en grande abondance. L’entomologiste n’y fera pes fortune, du moins sous le rapport de la quantité des pote Il est vrai que l'été commençait à peine quand j'ai parcouru ces régions. Les. Névroptères et les Diptères m’ont paru les ordres les mieux représentés, même en faisant abstraction des moustiques qui forment là une nation extrêmement florissante. Parmi les Coléoptères, ce sont les Staphylinides et les Silphides que j'ai rencontrés le plus fréquemment, surtout le Silpha lapponica, Herbst., que les gens appellent “bête à morue.” Ils désignent aussi du même nom d’autres Coléoptères, et même un eeu per. PR NA tay Aly Te * jé i ut AU GOLFE SAINT-LAURENT 103 Crustacé qu'ils trouvent parfois dans leurs barques de pêche. On ne s’étcnnera pas de voir ici pèrticulièrement les Silphi- des : ces insectes, vivant de matières animales en décomposi- tion, ont ce qu’il leur faut dans les déchets de poisson qui ne sont pas précisément rares dans un tel pays. Je n’ai rencon- tré presque aucun représentant des Hyménopteres et des Hé- miptères, peut-être parce que la saison était encore trop peu avancée. Sur l'ile d’Anticosti, dont je n’ai visité que l’extrémité occidentale, la flore rappelle beaucoup celle des meilleurs en- droits de la Province, quoique la forêt ressemble bien à celle de la rôte nord. J’ai vu là, notamment,des Berces (Heracleum lanatum, L.) de très belle venue. Il m'a paru aussi que la faune entomologique y est bien plus riche qu'au nord (tou- jours sans parler des moustiques, dont j'aurais trop à dire, si je m’y mettais, et pour cause). Ces différences s’expliquent par la nature du sol de la grande ile, qui n’est pas du sable pur comme sur le nord du fleuve. Les habitants de la mer,Cétacés, Poissons, Mollusques, etc. offrent en ces endroits un vaste champ d’étude at naturaliste ; de même les plantes marines que le flot apporte souvent au ri- vage ; et les multitudes d’Oiseaux de mer que l’on voit sans cesse tournoyer sur les vagues pour y fairé la pêche, eux aussi, ou s’ébattre en troupes innombrables au-dessus des îlots où ils nichent, remplissant toujours les airs, même la nuit, de leurs cris aigus, tout cela fera le bonheur de l’ornithôlogiste. A terre, par contre, les oiseaux chanteurs m/’ont pars moins abondants que dans nos pays. | Quant aux charmes de ces grands horizons où le ciel et l’eau se confondent sans ligne précise de déinärcation, de cet- te mer tantôt paisible comme la surface d’un beau lac, tantôt fouettée par les vents de tempête, d’une navi- gation toute faite d’imprévus, où l’on ne peut jamais prévoir à coup sûr quand l’on partira, ni surtout quand l’on arrivera, tout cela est plein de saveur pour un habitant de l'intérieur des terres. Et je comprends aujourd’hui quelle est Virrésis- 104 LE NATURALISTE CANADIEN tible attraction de la Mer pour ceux qui vivent d’elle de quel- que façon. Un pêcheur ou un marin qui se voient forcés de s'erpatrier de l'océan, ne seront toujours et partout que des exilés. LE MUSÉE DE BETSIAMIS C’est certainement une surprise pour le naturaliste en voyage, que de trouver un important musée d'histoire natu- relle sur cette côte nord du Saint-Laurent, et surtout de le trouver dans une bourgade de Montagnais, à Betsiamis. Il y avait longtemps que j'avais entendu parler de cette collection, mais j'étais loin de penser qu’elle fût aussi consi- dérable. Beaucoup d'institutions renommées, beaucoup de villes même, ne possèdent rien de comparable. L'établissement de ce musée remonte à année 1868. Le séjour à Betsiamis du célèbre naturaliste-voyageur, M. Alf. Lechevalier, qui y passa l'automne et une partie de l'hiver suivant, chez les Pères Oblats, fournit au R. P. Arnaud l’oc« casion de commencer cette collection. M. Lechevalier venait d'arriver en Amérique dans le but de se procurer des spécimens d'histoire naturelle pour les mu- sées de l'Europe, et il n'a pas cessé depuis de se hvrer aux mêmes recherches dans divers endroits de l'Amérique. En 1873, nous le trouvons à Montréal, faisant le commerce d’ob- jets de musée ; il y passa plusieurs années, faisant Je temps à autre des excursions en Floride, pour remonter son fonds de magasin. Il alla se fixer dans le sud des Etats-Unis en 1879 ou peu après. C'était un ami de labbé Provancher, et le NATURALISTE a publié autrefois plusicurs cemmunications qu’il lui adressa.—Je le croyais mort depuis plusieurs années; mais J'ai appris du P. Arnaud qu’il en x regu des nouvelles chaque année jusqu'en 1893. A cette dernière époque, il était au Pérou, et avait perdu une main par suite d’un accident. Le P. Arnaud ne manqua done pas de profiter des diffé- rents séjours que fit M. Lechevalier à Betsiamis, pour com- mencer et continuer ses collections d'histoire naturelle. C'é- AU GOLFE SAINT-LAURENT 105 tait un habile taxidermiste, et le Pere apprit de lui à lever la peau des Oiseaux. Un autre Français, M. Grosjean, qui était alors à l'emploi des Oblats, et qui l’est encore, travailla avec M. Lechevalier et devint lui-même un fort taxidermiste. An- cien soldat d'Afrique, et ayant servi plus tard dans les ar- mé?s du Nord, durant la guerre civile des Etats-Unis, M. Grosjean est un type très original. Il est pour ainsi dire le curateur du musée de Betsiamis, et il m'en a fait les hon- neurs avec une parfaite courtoisie, en vrai Parisien qu’il est. Ce musée est contenu dans l'édifice qui fut le premier presbytère de Betsiamis. Un portique assez curieux en dé- core l'entrée : il est fait de deux os de baleine, longs de vingt-deux pieds, et réunis pur Fune de leurs extrémités de façon à former une ogive. Tout auprès sont des vertèbres de baleine, disposés en sorte de fauteuils, qu’ils imitent assez bien. Tout cela, c’est de la couleur locale, assurément, C’est l’ornithologie qui est la mieux représentée dans le musée ; c'était aussi la branche favorite de M. Lechevalier. ‘La plupart des spécimens sont des Oiseaux canadiens ; ais il y a aussi des pièces de l'étranger, comme la Cigogne blan- che, de Hollande, etc. L’une des vitrines qui attire le plus d'attention est celle qui contient une imitation de rocher d'assez grandes dimensions, recouvert de mousse et de li- chens : là-dessus sont placés en diverses positions les Oiseanx de mer que l’on rencontre entre Mingan, et la Pointe-aux- Esquimaux. Ce groupe, qui reproduit fidèlement la nature, est signé : À. Lechevalier, décembre 1868, et ferait excellente fisure dans n’importe quel musée.—Une. collection d'œufs renferme aussi bon nombre de spécimens.—Cette poule que vous voyez là, c’est le premier spécimen qui fut monté pour le musée : c’est bien vrai que tous les musées du monde ont commencé par UN spécimen ! Avis aux débutants. Queiques Poissons, quelques Mollusques, plusieurs Rep- tiles, parini lesquels je remarque Alligator floridanus, un Boa long d’une quinzaine de pieds, un Serpent à sonnettes de grande stature, et une tortue de cing pieds et demi, com- 106 LE NATURALISTE CANADIEN nr le reste du musée avec un bon nombre de Mammife- res: Lionne, Ours noir de la côte nord, Sanglier A France, Castor, Loup, ete. Le département ethnologique renferme des objets fort intéressants, par exemple un superbe cométique esquimau : on sait que le cométique est le traîneau auquel on attelle les chiens, au Labrador. Ce sont les seules voitures en usage sur la côte nord. Il y a aussi des attelages et des fouets, et surtout des costumes esquimaux en earibou et en loup-ma- rin, dont la facture témoigne d’une pee habileté et même d’un goût remarquable. | Parmi les objets artificiels, il faut bien mentionner aussi un Orang-outang de forte stature, fabriqué de toutes he. New-York, me dit-on. On estime la valeur de ce musée à $4000, et ce chiffre est loin d’être exagéré, à mon sens, Voilà l’œuvre du P. Arnaud ! Quelques-uns, dans le pu- blie, epapconnent les mérites de sa vie de missionnaire, qui embrasse près d’un demi-siècle ; mais presque personne ne sait ce qu’il a fait pour la science. Sans doute, le séjour que font plusieurs centaines de sauvages à Betsiamis, chaque été, et les courses apostoliques de ces infatigables Oblats à tra- vers les immenses territoires du Nord, lui ont donné des fa- cilités spéciales pour former cette collection. Maisily a tant de gens, à qui les facilités de faire quelque chose ne manquent pas, et qui pourtant ne font rien ! En tout cas, je ne me considère pas quitte, par ce qui pr: “envers le P, Arnaud, et je trouverai Poccasion, j’espère, de mettre un peu en lumière cette longue existence qui est restée bien à l'abri des vanités de la aisée humaine, mais ae aura été si méri- toire aux yeux de Dieu. Lappé HuaARD. ey (} EM lth A AA AA LUN) js He hk Ss FORMATION DU SAGUENAY 1 FORMATION DU SAGUENAY — L'ÉPOQUE GLACIAIRE _ (Continué dela page 41) C’est là qu’est le séjour de prédilection de presque tous les gibiers du continent, depuis l’alouette matinale, qui affec- tionne le voisinage des homesteads, jusqu'au cygne superbe, cherchant dans les vastes plaines liquides la solitude qu’il lui faut, un séjour inabordable et sûr, vi les herbes gigantesques au vert pâle dérobeat au chasseur intrépide la blancheur de son plumage ; c’est là le rendez-vous favori de tous nos oiseaux aquatiques, qui y pondent et couvent plusieurs fois pendant les huit-mois de séjour annuel qu’ils y font. ' (Dans les pages suivantes de son travail, l’Auteur donne, de l’époque gla- ciaire, une explication appuyée sur le livre de la Genèse. Ces considérations sont assurément très intéressantes ; mais comme elles nous semblent n étre qu'une digression, nous les omettons, quoique à regret, pour sauver de l’es- pace.—RED. ) LE CATACLYSME Après donque glaciaire, le règne végétal se ranima com- me.par enchantement, sous l'influence de la. douce et bienfai- sante chaleur que les rayons du soleil répandaient enfin pour la première fois, sur la surface de la terre, orâce à l’atmosphè- re pur qui l'enveloppait depuis la fin de cette époque. Les plantes crurent à profusion et des espèces les plus variées (mais moins élancées que jadis), à fur et à mesure que la surface du sol se découvrait du linceuel génant ct glacé, sous lequel elle était ensevelie depuis des âges. Les bords du grand bassin saguenayen qui avaient, eux aussi, subi le sort commun des autres contrées sous les mêmes latitudes, se couvrirent, à leur tour, de toutes les essences de bois que l’on voit encore aujourd’hui, sur les hauteurs et dans 108 LE NATURALISTE CANADIEN la vallée du lac Saint-Jean. Mais cette future vallée est encore à 200 brasses sous les ondes salé:s qui baiznent ses rivages. Visitons-la en imagination, cette Méditerranée disparue heureusement pour nous ; transportons-nous par la pensée sur ces rivages que nous avons déjà entrevus au commencement de cette étude, pour les contempler une dernière fois. Venez, M. Pabbé, venez avec moi jeter un dernier regard sur le passé mystérieux de cette partie intéressante de notre pays. Embarquons-nous sur cette vaste mer dont ni barque, ni nautonier n'ont encore cfleuré les ondes amères, qui vont se confondie à i occident avec l'horizon sans borne. Notre vaisseau est la au bord de la falaise, au pied des monts Sainte-Marguerite, qui limitent à l’est l’océan sague- nayen, et qui forment les plus hauts sommets de toutes les Laurentides, | La mer monte encore, mais le courant est nul. Nos avi- rons à la main, nous poussons au large. Le temps est beau et calme ; la surface de l’eau est comme une glace polie ; le ciel bleu et serein s’y mine avec éclat ; de l'horizon au zénith, la nature se repose. Nous tournons le dos à ce haut rivage qui borde à lorient la mer intérieure du Saguenay. Ces montagnes aux contours har- monieax, couvertes de forêts d’un vert sombre,’s’estompent da- vantave au lever du soleil, que nous ne voyons pas encore, mais dont les fenx naissants dorent déjà les sommets des hauteurs. Au détonr d’une longue pointe nous traversons une baie one] Ene ' à , PRC Ae . , \ i 2s profonde bordée de prairies qui s’avancent à une bonne distance du rivage. Des légions d'oiseaux aquatiques, des Cygnes, des Outardes, des Canards de toutes les variétés y prennent leur re- pas du matin ; ils nagent en famille, s'élèvent à fleur d’ean ou dans les airs, sans s'inquiéter de hous ; ils se séparent en deux rangs pour laisser wn passage libre à notre ern bar cation, qui file toujours vers l’ouest, poussée par le jeu de nos 'avirons. Le concert qui s'élève en notes variées de cette troupe im- mense ne saurait être imaginé, ni imité. Les huards, plus au lar- Dre nes ed D LA a a A Baa PpaItt she À ‘i (A MAN INSECTES DES AGES DISPARUS 109 ge, dominer tous les tons par leurs cris à gamme descendante, que les échos des montagnes répètent en les affaiblissant, Plus au large, les Marsouins, les Loups-marins apparaissent à la surface de l’eau et disparaissenttour à tour en soufflant bru- yamment, Le soleil,sortant des hautes terres et s’élevant dans l’espace, répand sur la mer des flots de lumière qui retouchent le tableau en lui donnant plus d'éclat. La marée, qui était presque étale à notre départ, double la vitesse de notre vaisseau depuis plus d’une heure qu’elle reflue. Des ras de marée en avant de nous, un peu au nord, nous font incliner au sud-ouest pour les éviter. Les courants augmentant de plus en plus, les écueils sur- gissant partout en avant de nous, rendent la navigation diffi- cile et même dangereuse, (A suivre) P.-H, Dumais. ee INSECTES DES AGES DISPARUS Un jour d’avril dernier, étant entré par hasard chez un cultivateur, à quelques milles de la ville de Winnipeg, pour m’y reposer apres une longue course dans la prairie à la re- cherche de quelques canards sauvages, on me montra une su- perbe pétrification, un vrai trésor surtout pour un entomolo- giste. Datant probablement du miocène, cette pièce, à peu près de forme triangulaire, montrait sur une de ses faces trois Coléoptères dont les formes étaient restées à un haut degré de conservation. La texture des élytres de deux de ces in- sectes me rappelait le genre Microrhopala actuel de la famil- le des Chrysomélides ; et, par les formes générales de lau- tre, je crus reconnaître un représentant du genre Coccinella. Mes hôtes me direut que cette curieuse pièce, vestige des ages passés,leur avait été apportée par un membre de leur fa- 15 —Juillet 1895. 110 LE NATURALISTE CANADIEN mille, de Vancouver, Colombie Anglaise. L'offre de quelques pièces d'argent ne put décider la. mère à s’en dessaisir ; ©é- tait tout ce qu’elle possédait d’un fils depuis longtemps parti pour tenter Ja fortune quelque part. Durant les époques primitives comme actuellement, les insectes ont toujours fourni le principal contingent du règne animal ; et malgré la fragilité de leur organisation, il nous est arrivé un si grand nombre d’espèces des différentes cou- ches géologiques qu'il ne peut y avoir de doute à cet égard, C’est en frappant les terrains primaires que le marteau du géologue mità jour les premiers insectes ; les Orthoptères, Névroptères, Hémiptères, inférieurs en organisation aux Co- léoptères, Hyménoptères, Lépidopteres,semblent être les seuls représentants de ces âges. La faune se multiplie rapidement pendant l’époque secondaire et se développe vers les espèces plus parfaites. De la période j1rassique, Oswald Heer, céle- bre naturaliste, a mis & jour en Suisse seulement deux mille spécimens représentant 143 espèces, les Coléoptères y comp- tant pour la grande majorité Les Hyménoptères s’y rencon- trent rarement, mais deviennent plus nombreux dans l’époque tertiaire qui semble être le berceau du Lépidoptère ; on en a retiré quelques espèces seulement. Gus. CHAGNON. —— —0 LES DERNIERES DESCRIPTIONS DE L'ABPE PROVANCHER ORDRE DES HYMENOPTERES FAM XI MUTILLIDÆ SPHEROPHTHALME ALVÉOLÉE, Sphærophthalma alveolata, nN. Sp. ‘ à ®— Long. .20 pce. D’un roux testacé, les yeux avec l’ex- A an TATOO TENNANT Aa PEN A PLAN ty Ci) oe IPR TEN LES DERNIÈRES DESCRIPTIONS DE L'ABBE PROVANCHER 111 trémité des mandibules et des antennes, noirs. Téte plus lar- ge que le thorax finement ponctué, se rétrécissant un peu en arrière des yeux; l’occiput légerement excavé et arrondi,mais se dessinant sur les côtés en une crête se terminant en avant par une épine ou mucron. Thorax anguleux en avant, régu- lerement arrondi en arrière et tout couvert sur le métatho- rax de ponctuations profondes se traduisant en petites alvéo- les. La tête et le thorax, à part une courte pubescence blan- che peu dense, portent de plus longs poils blancs épars ; le vertex porte une bande brune entre les yeux. Pattes roux- testacé, avec poils blancs, l’extrémité des cuisses et des jam- bes postérieures plus ou moins obscure, leurs tarses jaune- pâle. Abdomen en ovale conique ; le segment basilaire non resserré à son sommet et portant près de son insertion une petite épine de chaque côté ; son bord postérieur est marginé de brun ; le 2e segment finement ponctué est plus où moins largement brun à son sommet ; les autres sont tous d’un roux brunâtre avec poils blancs ciliés au sommet d’une frange des mémes poils plus longs et plus denses.—Cap- Rouge. (*) Peut-être la canudensis de Blake que nous n'avons point vue ; mais M. Blake ne mentionne pas les épines du dessous de la tête ni de la base de l’abdomen, et ne parle pas non plus des réticulations si «pparentes du métathorax. PAM: XI Se EGI DÆ AMMOPHILE A-NEZ-POINTU, Ammophila nasalis, n. sp. d'— Long. .72 pce. Noir avec abdomen roux. ‘La tête et le thorax avec poils blancs, la tête excepté sur le vertex et le thorax excepté sur le dos, couverts d’un duvet argenté brillant, le chaperon se prolongeant en triangle aigu en avant avec la pointe un peu relevée. Antennes entièrement noires. Le métathorax avec fines stries transversales. Ailes hyalines, les nervures noires. Pattes noires, les tarses avec les jambes antérieures brun-roussâtre, Abdomen avec le ler article du pédicuie noir, le 2e roux avec une ligne noire sur le dos, tout le reste roux avéc une tache noire sur le dos des segments I, 3 et 4, et quetynefois aussi sur le 5e.—Los Ange- les (Coquillett). (*) BAM. XIV. POMPILIDÆ: POMPILE TRAPU, Pompilus compactus, n. sp.— Leng,” (*) Type au Musée du Parlement, Québec. ily LE NATURALI:TE CANADIEN 40 pce. Noir, l'abdomen fort et brillant avec une obs- cure rcflexion de pourpre, la face none sans aucune tache, le chaperon légèrement arrondi, antennes assez courtes À pubes- cence grisâtre à l'extrémité, Bord postérieur du prothorax anguleux, métathorax arrondi. Ailes fortement enfumées à reflets violacés,à 8e cubitale pédiculée, la 2e arrondie antérieu- rement, Abdomen poli, luisant, fusiforme, saus taches —Van- cou ver. Voisin du scelestus, Cress., mais en différant par l’absence de sillon sur le métathorax et par la nervation de ses ailes dont la 3e cubitale est pédiculée. (*) (À suivre) —_—_O————“—“—“q“~« MOUCHE-DES-CORNES Nos remerciements à M. L.-A. Bernard, pharmacien-chi- miste (1882, rue Sainte-Catherine, Montréal), pour jenvoi d'un échantillon d’une préparation “infaillible pour la des- truction «le la Mouche-des-cornes.” Nous allons tâcher d’en faire l'expérience. Mais chacun peut aussi demander, à l’a- dresse indiquée, des échantillons que Pon enverra gratis. © POUR'/LATPANATE Nous avons eu la bonne fortune de lire, en épreuves, les cinquante premières pages du roman “Pour la patrie ”, par M. J.-P. Tardivel, dont on annonce la publication prochaine : et nous avons hâte vraiment de voir la suite du livre. On ne devra pas s’étonner de lire la signature du Direc- teur de la Vérité sous le titre d’un roman ; car l’auteur nous explique que, à exemple de quelques autres écrivains, il a es2 péré faire servir ce genre littéraire à la défense de la religion catholique et de la race canadienne-francaise : deux nobles cau- ses dont il est l’un des plus habiles et des plus dévoués cham- pions. Nous reparlerons de ce livre quand il sera publié. Enat- endant, nous souhaitons que le public lui fasse bon accueil ; (*} Type au Musée du Parlement, Québec. 1 | | LE HOMARD 113 et ce souhait, nous le formulons surtout 4 cause du but que se propose l’auteur, et que nous voudrions bien voir pleinement atteint. 0) Xle CONGRES INTERNATIONAL DES AMERICANISTES \ Nous recevons le programme de ce Congrès et une invita- tion à y assister ; nous en remercions le Comité d’organisa- tion. Le but principal de ce Congrès (dont le 10e s’est réuni à Stockholm en 1894) est “d'aider au progrès des études eth- nographiques, linguistiques et historiques qui se rapportent aux deux Amériques, spécialement pour ce qui touche à l’épo- que ancienne, avant la Découverte” Le Congrès seréunira à Mexico, du 15 au 20 octobre de cette année.—S’adresser à M. le Premier secrétaire, Mexico. D, F,—Bibliothèque nationale. _ - - —- 0 — — — —— LE HOMARD Un correspondant de Montréal nous demande “ si les Ho- mards pourraient vivre et se reproduire dans un lac d’eau dou- ce, et si semblable expérience a déjà été faite.” Le Homard d'Amérique, Homarus americanus, qui est la seule espèce vivant de ce cété-ci de l'Atlantique, se trouve dans la mer depuis le Labrador jusqu’au New Jersey, et ne se rencontre sûrement jamais dans l’eau douce ; ily en a aussi dans le fleuve Saint-Laurent, même jusqu’à la baie de Mille- vaches, mais toujours dans l’eau salée.—Bien que nous ne nous rappelions pas avoir lu aucun auteur qui traitât de la question particulière qui nous est proposée, nous croyons pou- voir y répondre, sans crainte de nous tromper, que le Homard placé dans l’eau douce succomberait dans un temps assez court. Les Ecrevisses sont les formes d’eau douce de la famille des ASTACINÉES ; les Homards sont les formes d’eau salée de la même famille de Crustacés. On cultive le Homard, en plusieurs endroits, dans des sortes de viviers qui, sans doute, sont alimentés par l’eau de mer, 114 LE NATURALISTE CANADIEN Certains poissons, comme le Saumon et l’Anvuille, vivent alternativement dans l’eau salée et dans l’eau douce ; mais le Homard ne s’aventure jamais en dehors de Peau salée, ce qui doit signifier qu’il ne s’accommoderait pas d’un séjour dans l’eau douce. (Qo ee PHOTOGRAPHIE POUR REPOSER LA VUE Si l’on pouvait, dans le moment où l’on se fait photogra- phier, oublier complètement que l’on est chez le photographe et devant l'objectif, ce serait l’idéal : l’expression de la figu- re serait naturelle, on n'aurait pas lair guindé ; et les yeux ne sembleraient pas préts & sortir de leurs orbites, comme il arrive quelquefois. Certains photographes, pour arriver à un résultat satis- faisant, placent, à une certaine distance, une image que le su- jet doit regarder pendant l'opération. Mais çà ne réussit pas toujours, les yeux prennent souvent alors une fixité étrange. Il se rencontre des personnes qui ne peuvent fixer un point donné sans que leur vue ne paraisse forcée et que leurs yeux ne clignotent d’une façon tout à fait désagréable. Un moyen de reposer agréablement là vue est de placer deux images ou deux portraits, l’un à côté de l’autre, sur un écran, et, quand tout est prêt pour la pose, de prier notre ami ou notre client, suivant le cas, de regarder alternativement lPu- ne et l’autre image. Si relles-ci sont placées à une distance convenable, le mouvement des yeux est imperceptible, et l’ef- fet désiré est obtenu, On peut aussi, comme le font nombre d’éminents prati- ciens, remplacer ces écrans par la main qu’on tient à la hau- teur voulue, et qu'on meut légèrement pendant la durée de l’opération. ERREUR FATALE Ne vous est-il pas arrivé, au cours de vos excursions d’a- mateur, de gâter un négatif et de perdre deux beaux paysa- ges parce que vous ne vous êtes pas rappelé,en exposant une plaque, qu’elle avait été exposée une fois déjà ? A MED aia HN JE ar A a Jade om HU TASH Th OE ON en Vii Sa acti et } f hee NOS CONFRERES DE LA PRESSE 115 Les chiffres et les lettres sur les châssis à plaques (plate- holders) servent beaucoup à éviter cette erreur toujours re- grettable ; mais le moyen le plus sûr, malgré sa grande sim- plicité, consiste à prendre des bandes gommées, comme celles qui entourent les timbres- -poste, et à en appliquer une sur cha- que côté du châssis, de manière qu'elle touche le bord du ca- dre et la planchette mobile. Tant que cette bande n’a pas été cassée, on est certain que la planchette n’a pas été tirée et que la plaque n’a pas servi. L'ABB£ E. PorrIEr. ~————— 0 NOS CONFRERES DE LA PRESSE —La Croix du Canada a cessé de paraitre,il y a quel- que temps. Nous avions vivement désiré la fondation d’un journal de ce genre, et, duraat son existence, nous avons plus d'une fois exprimé l'estime que nous avions pour ce vaillant organe catholique. Les regrets que sa disparition nous fait éprouver sont donc bien sincères. —L’ Album industriel publié à Montréal,est disparu, lui aussi, depuis notre dernier numéro. Cette revue était bien faite et très intéressante. Il est bien difficile, en notre cher pays, de maintenir une publication strictement scientifique. —Le Messager de Saint-Antoine, bulletin mensuel de la dévotion à saint Antoine de Padoue et de l'Œuvre du pain, publié à l’'Hôtel-Dieu Saint-Vallier de Chicoutimi. 25 cts par année. L'expansion merveilleuse que prend chaque jour la dévotion à saint Antoine rendait nécessaire une publica: tion de ce genre, que nous croyons appelée à un grand succès. —La Vérité vient d'entrer dans sa quinzième année.Nous la complimentons de la santé vigoureuse dont elle fait preu- ve et qui lui assure, espérons-nous, de très nombreuses an- nées d’existence.—Avec tous les catholiques sincères, nous déplorons l'issue malheureuse du procès que notre confrère avait porté en cour d’appel, et que nous comptions devoir se terminer autrement dans l'intérêt de la religion et de la presse honnête, —Le Canada, d'Ottawa, et l'Ouvrier catholique, de Bid- deford, Me, nous font la faveur de publier le sommaire de no- tre revue. Nos remerciements à ces bienveillants confrères. 116 LE NATURALISTE CANADIEN PHILOLOGIE ENTOMOLOGIQUE Quelle différence y a-t-il entre un moustique, un brülot et un maringouin ? demande le correspondant A. dans le nu- méro d'août du Bulletin des recherches historiques. Il s’agit ici moins de Diptérologie (étude des Diptères ou mouches) que de linguistique. Consultons donc Littré, l’arbi- tre souverain. Et d’abord, procédons par élimination : puis- que ce philologue nous apprend lo que “ maringouin” est le nom vulgaire de diverses espèces de cousins, et que 20 les cousins sont des “ moustiques ”, il en faut conclure que mous- tique et maringouin sont des synonymes. Le premier ter- me est de style noble ; le second, de langage vulgaire. Mais en dehors des livres, dans la cruelle pratique, en Canada surtout, voici ce qui en est, d’après l’expérience des voyageurs. Le MOUSTIQUE est une petite mouche, toute petite, qui cherche bien à se nourrir à vos dépens, mais en vous déran- geant le moins possible: pas de bourdonnement, piqûre sans douleur. Mais piqûre il y a! Et comme l’insecte ne fait pas de pansement, la plaie reste béante, et le sang coule sans que vous vous en aperceviez. Le BRULOT est une mouche encore plus minuscule, quel- que chose d’à peine visible, quelque chose de presque méta- physique. Or ce quelque chose d’idéal vous arrive traîtreu- sement, s’introduit même à travers cheveux ou barbe, vous pique, et verse du plomb fondu dans Ja blessure. Son nom est bien justifié. Le MARINGOUIN, qui est le vrai cousin, est une mouche de 2 à 3 lignes de longueur, à côté de laquelle on frappe tou- jours quand on cherche à l’écraser. C’est l’un des insectes les plus parfaitement organisés ; sa trompe, particulièrement, est d’une délicatesse inouïe. Voilà qui est bien propre à nous réconcilier avec ce brave insecte qui, avant de nous attaquer, prend soin de nous avertir par son chant de guerre. Sa pi- gûre, par exemple, est bien douloureuse, irritée par les sucs vénéneux qu'il y a déposés. Mais il faut lui pardon- ner : c’est sa façon de faire du “struggle for life” Chacun gagne comme sa vie comme il peut, © OO —— — — —— Nous sommes forcé, par manque d'espace, de renvoyer au prochain numéro notre compte rendu bibliographique. n'a | | A Vaturaliste Canadie AL JA as ) WU) © \ PF EU AR QE) WLAL EE y SS VOL. XXII (VOL. Il DE LA DEUXIEME SERIE) Nos Dhicoutimi Aout 1895 Rédacteur-Propriétaire : l’abhé V.-A. HUARD L ABBE PROVANCHER [Continué de la page 57] Cependant le curé de Sainte-Anne, M. Cet voilà ce qui rattache ce récit à mon sujet !—avait appris qu'un pe- tit écolier se trouvait à bord de l’un des bateaux ancrés de- vant le village. Le brave homme s’empressa de m'envoyer chercher, et me procura ainsi Pavantage de satisfaire au pré- cepte dominical. Et je reçus au presbytère une hospitalité que je n’oublierai jamais. Je n’oublierai jamais non plus l'énorme esturgeon que j'avais vu capturer, la veille au soir, près da rivage, et dont je fus charmé de trouver un succulent morceau sur la table du curé : car on 1avait pas manqué d'offrir une part de la prise au vénérable pasteur de la paroisse. Puisque me voici revenu au sujet, c'est-à-dire à lami qui exerça une si heureuse influence sur l’abbé Provancher, i] se- rait assurément raisonnabie de ne plus m’en éloigner. Mais il ne l’est pas moins de continuer la digression, afin de prou- ver aux jeunes gens d'aujourd'hui que les facilités de conimu- nication dont nous jouissons à présent n'existent pas depuis le commencement du monde. S'iln'en avait tenu qu’à moi, J'aurais suivi s le sa- voir, d’ailleurs—}l’exemple d’Annibal, non pas oN Ae la conquête de l'Espagne, ni dans la belle stratégie dont il fit preuve à la bataille He Cannes, mais. ..dans sa résolution de 16—Août 1895. A A A ANT As fe NG, 118 LE NATURALISTE CANADIEN séjourner à Capoue, parce qu'il s’y trouvait bien. Un mes- sage de mes navigateurs vint soudain me rappeler dans le do- maine des réalités de la vie. Nous embarquâmes-nous le dimanche soir ou le lundi matin ? Quel vent faisait-il au départ? Hélas! J’ai beau fu- reter dans tous Jes recoins de mamémoire; je n’y trouve au- cun souvenir qui me permette de renseigner la-dessus mon lecteur, et je regrette amèrement de me voir dans l’impossi- bilité de résoudre ces graves problènes. Tout ce que je puis dire, c’est que le lundi se passa enccre à louvoyer ; c’est que la marée du mardi matin nous laissa encore à deux milles de Québec, vis-a-vis l’église de Beauport. Il fallut passer là, à l'ancre, toute la journée, sous un soleil brûlant. Le soir, seu- lement, nous arrivâmes aux quais du Palais, quatre jours apres notre départ de Saint-Joachim. Voila comment, il y a trente ans, on faisait un trajet de neuf lieues, par un vent contraire, trajet que l’on peut faire aujourd’hui en une heu- re, de quelque côté qu’ vente. Que l’on méprise encore 1’é- poque où nous vivons! Les quelques heures que je passai sous le toit de lPabbé Gariépy n’ont pas eu, que je sache, l’effet d’attirer mon atten- tion sur les études scientifiques. Même, si je fus émerveillé à laïvue du gros esturgeon dont j'ai parlé, ce fut moins par inté- rét ichthyologique qu’à titre de gourmet. M. Provancher, lui, voyait souvent son voisin M. Garié- py, qui était un fervent amateur d’arboriculture et s’adon- nait avec ardeur à cet art agréable et utile. On causait sou- vent de ce sujet tres pratique, ce qui n’était certes pas pour déplaire & M. Provancher, qui autrefois avait mis tant de zèle, sans grand résultat, à l'étude de la vie vegetale. De plus, sous la direction de son ami, il reprit tes essais infructueux qu'il avait faits à Saint-Victor de Tring pour se rendre mai- tre des procédés, pourtant faciles, de la greffe, et cette fois le succès couronna ses efforts. Ce fut M. Gariépy qui le mit en possession du fa- meux livre Le bon Jardinier. Dans le but, probablement, de L'ABBÉ PROVANCHER 119 pouvoir rémettre sans trop de #délar le. livre oa: om propriétaire (grand exemple pour tant de pirates de bi- bliothèque, qui semblent croire qre,lorsqu’il s'agit de “livres,” il n’y a pas à se gêner, et que, s'il y a des gens pour les ache- ter, il en faut d’autres pour les emprunter et les garder), tout en se mettant en mesure de se passer de cet ouvrage, il en ti- ra un abrévé des principes de la botanique. Il eut ensuite oc- casion de faire voir ces notes à M. Ed. Richard, alors curé de Saint-Féréol (le 1854 à 1861) et par conséquent aussi un autre de ses voisins. Celui-ci avait autrefois enseigné la bota- nique au College de Sainte-Anne et devait s’y connaître fort bien. Le travail de M. Provancher lui parut avoir ‘lu mérite, et il ’engagea à le faire imprimer. Toutefois, avant de livrer ses notes à l’impression, l’auteur les revit et les augmenta même, en se servant de quelques auteurs des Etats-Unis, Wood, Gray, ete. Enfin, —ce fut en 1858,—le premier ouvra- ge de l'abbé Provancher ouvrit cette carrière de publiciste qui fut longue et féconde. Il avait pour titre : Traité elémentaire de Botanique à l'usage des maisons d'éducation et des ama- teurs qui voudraient se livrer à V étude de cette science sans le secours d'un maître—Ouvrage ulustré de plus de 80 gra- vures sur bois—par l'abbé L. Provancher, curé de St. Joa- chim, Montmorency. Sous le titre, il y avait en épigraphe ce verset du livre de l’Ecclésiastique : “Multa abscondita sunt majora his : pauca enim vidinius opera ejus.’Ce petit volume, du format in-12,était de 118 pages,et sortait “de l'imprimerie de St. Michel et Darveau, 11, rue Lamontagne, Basse-Ville Québec.—1858.” L'ouvrage fut tiré à quinze cents exemplai- res, et se vendit bien, quoique l'édition fût assez longtemps sans s’épuiser, Les “ quatre-vingts gravurés sur bois” avaient coûté à l'auteur la somme de $100, prix que nous trouverions assez élevé aujourd’hui, où les progrès desarts ont nus à notre service bien des procédés de gravure que Fonne soupçonnait pas alors et qui ont joliment détrôné Part du burin. Ce Traité de botanique est devenu presque une rareté bibliographique, et peu de mes lecteurs out dû le voir. On 120 LE NATURALISTE CANADIEN sera content, me semble-t-il, d’en lire ici la PRÉFACE. Le mor- ceau est assez étendu; mais on aura plaisir à voir l’abbé Pro vancher commencer dès lors la série des nombreux appels qu'il adressa,durant plus de trente années, à ses compatriotes en faveur de l’étude des sciences naturelles ; on y constatera que, à l’époque où il écrivait, ces études n'étaient guère ré- pandues encore ; en outre, on verra que, chez lui, le natura- liste était doubié du chrétien. Ce dernier point de vue est à noter, surtout à notre époque où la plupart des savants, qui trouvent tant de choses au bout de leur lurette ou de leur scalpel, n’ont pas l’idée d’y découvrir seulement l'indice des perfections du Créateur ! Lisons donc la Préface du premier traité de botanique publié au Canada : “ Depuis quelques années, le goût pour l'étude des scien- ces naturelles semble prendre une expansion toute particu- lière dans notre Canada. Il est si naturel aussi, pour tout homme accoutumé tant soit peu à réfléchir, de se demander compte des phénomènes qui se passent sous ses yeux, dont il sait souvent tirer parti, et que quelquefois même il peut con- trôler jusqu’à un certain point. “ L'étude de la nature est aussi ancienne que le monde même. Car du moment que notre premier père fut mis hors de cet Eden où l'avait placé PEternel, il dut réfléchir sur le parti qu'il pourraittirer des différents êtres qui l’entouraient, pour la sustentation de sa malheureuse vie, aux besoins de laquelle il devait dès lors pourvoir. Il dut de suite tourner ses yeux vers la terre, car la foudroyante condamnation de Etre Suprême retentissait encore à son oreille : comedes herbam terre. L'expérience, et peut-être aussi une lumière particulière, car Dieu n'oublie jamais sa miséricorde, même en exerçant sa justice, lui firent donc bien vite connaître les plantes qui pourraient lui fournir des aliments, celles dont il tirerait ses vêtements, ses outils, ses meubles, ete., le mode de croissance de chacune de ces plantes, le terrain qui lui con- vient davantage,ete.,2t dès lors les bases de cette science que nous app2lons aujourdhui Botanique furent posées. Car c'est la résumer en deux mots, cette science, que de dire qu'elle consiste dans |’étude des plantes. (A suivre) VA B FORMATION DU SAGUENAY Mol FORMATION DU SAGUENAY LE CATACLYSME ee (Continué de la page 109) Il fut résolu de prendre terre le plus vite possible ; ce que v an \ er , . . rons fimes apres beaucoup de diffieultés, mais sans accident, grâce au sang-froid et à Vhabileté de mon compagnon qui, ayant grande hâte de toucher la terre ferme, avait visé, de- puis quelque temps, un endroit propice, d’abord facile. (Ce compagnon, on l’a deviné, c’est Mgr Liflamme, l'adversaire de M. Dumais sur cette question de Cataclysme ; tous deux, suivant l’ailégorie de l’Auteur, dont nous abrégeons de beaucoup le développement, vont assister au fameux bouleversement du territoire siguenéen. Ils s’apercoivent d'abord que la marée baisse de façon exceptionnellement considérable; puis une sorte de préoccupation indéfinissable les avertit qu’il se prépare dans la nature quelque chose de terrible. Rép.) “ Ne trouvez-vous pas, vous aussi, me dit-il, qu'il y a quelque chose dans-la nature qui ne va pas ? qui va mal ? L'air se raréfie, je le sens. Ce calme effrayant qui nous entoure,comme si la vie était partout suspendue, me fait pré- sager une réaction terrible! “ Regardez le soleil, il “se violète”; ses rayons se perdent en chemin ; ne dirait-on pas qu’il s’éloigne de la terre ? “ Le ciel se plombe de tous côtés; pas un nuage cependant à l'horizon, si ce n’est ces nuées d’oiseaux qui ne cessent de fuir vers le couchant, comme si leur salut était là. “ Fuyons donc, nous aussi, dans cette direction ! “ Ce sol me brûle les pieds ; mon front glacé s’humecte ; un pressentiment affreux pèse sur ma poitrine ! Je me sens nerveux ; mes bras sont forts; je ne sens plus les fatigues du matin... Embarquons-nous, si vous le voulez, et à la grâce de Dieu ! yee eee rss se dose cn nes se nm H ewww nn so ns “ Attendons-nous à des événements qui vont changer, 129 LE NATURALISTE CANADIEN dans un instant peut-être, toute la face du pays. Puisque déjà la mer laisse son lit, comme jadis, aux époques reculées, il faut forcément en conclure que la terre se remue, que sa croûte se soulève. Qui nous dit que le poids incalculable de cette mer immense, qui équilibre et maintient les assises du monde,une fois refoulée,renversée sur d’autres rivages, ne dé- terminera pas un de ces cataclysmes épouvantables, par Pim- pulsion subite donnée ainsi a cette puissance incommensura- le qui agit sous la surtace ? . “Un mouvement d’exhaussement aussi prononcé et aussi saisissant, voilà ce qui me confond, “ De fait.on doit s'attendre à tout,croyez-moi ; il n’y a de sûreté nulle part ; d’un moment à l’autre c’est la fin qui nous arrive. “ Je voulais partir, suivre les oiseaux qui fuient.—Folie ! Chimère ! Sentez vous déjà le sol qui frémit ? Voyez la mer ; le courant est arrêté, on dirait qu’il se cabre......cest af- freux !......La montagne s’ébranle.........Regardez cette va- gue monstre, immense, qui s'élève se... 1” D’un bond je m’élance vers le canot qui est menacé, le charge sur mes épaules, monte la rampe et vais le déposer sous les arbres en arrière de mon compagnon, qui se tient toujours immobile à la lisière du bois, mais cette fois trans- figuré, les yeux à fleur de tête, fixes, glacés ; son bras tendu vers l’est attire mes regards. Malgré mon trouble et l’étour- dissement causé par l'effort que je viens de faire pour sauver notre embarcation, je ne puis retenir un cri d'horreur. Un jet immense de vapeur s'élève au-dessus de la mer comme une colonne gigantesque ; sortant de ses abimes, elle se rapproche de nous en se déroulant comme un cyclone destructeur. A éclat épouvantable des cent tonnerres qui semblent sortir des entrailles de la terre, aux chocs effrayants des va- gues profondes qui se précipitent vers nous, noyant la rampe de leurs flots d’écume, se mêle un grincement inoui, affreux, qui sort de la forêt comme un râle de suprême agonie. Les ar- bres, depuis le pin géant jusqu’au faible arbrisseau, s’ébran- en ds 4 Te Cataclysme—Fo nation le la Baie des Ha! Ha! 124 LE NATURALISTE CANADIEN lent, s’entre-choquent dans toutes les directions, se croisent, s’enlacent, s’entre-déchirent pour ainsi dire, oscillant comme les vagnes de la mer, comme un champ de froment sous les coups de la tourmente. Nous-mêmes, nous tenons à peine sur nos jambes, nous nous protégeons mutuellement en nous appuyant lun contre l’autre. Nous n’entendons plus nos voix, ou les sons sétranglent dans notre gorge ; nous tremblons comme des feuilles au vent, nos dents s entre-choquent à se fendre ; c’est un frisson qui nous disloque jusqu’à la moelle des os. Un ébranlement sans pareil, sans nom, nous abîme sur le sol et nous rejette au loin ; ma tête tourne dans l’espace ; je vois pins,sapins, cypres, se renverser sur eux-mêmes, comme sous la faux puissante d’un cyclope ; une vapeur lourde, pé- nétrante, dérobe enfin à ma vue tout ce qui existe encore ; mon sang se fige, mon cœur s'arrête ; quelque chose de surbu- main ébranle tout mon être, mon âme même s’évanouit, je tombe... ss... eo ree eee eeee eeeeee ee oe ee ets Cee HHH EERO HEHE HOH sue La nuit est noire, froide, lugubre. Soudain des éclairs aux mille dards étincelants déchirent la nue et enflamment l'atmosphère pour faire place a des ténèbres plus profondes encore ; les éclats du tonnerre résonnent de tous côtés, sur ma tête, sous mes pieds, comme mille canons ensemble ; le sol tremble jusqu'au centre de la terre; les montagnes s’ébran- lent sur leurs bases ; la mer, par un dernier effort, bondit de ses abimes, et des torrents déchainés se précipitent des cata- ractes du ciel comme pour la secourir dans ses derniers mo- ments. Ce vacarme effrayant, ce tintamarre épouvantable, capa- ble de mettre les morts en fuite, me tirent enfin de la profon- de léthargie où j'étais tomhé. Mes idées revieannent avec la mémoire du jour terrible qui a précédé cette nuit plus terrible encore. Le souvenir de mon compagnon me ramène enfin à la réalité. (A suivre) P.-H. Dumais. AS DTA RNS tr SAP LE SUISSE ] LE SUISSE) ho Or Ce jour-là, mon père m'avait apporté, de la campagne, un gentil écureuil, que j'avais soigneusement encagé dans une superbe demeure multicolore—présent de ma grand'mère—et que je ne me lassais pas de regarder. Je le trouvais si joli, avec ses yeux luisants, son doux pelage et le soyeux panache dont il ombrageait sa tête fine! Tl était si agile, ses bonds étaient si gracieux, ses poses si pleines de grâce ! Il vécut, hélas ! bien peu de temps, malgré les tendres soins que je lui proliguai, les nombreuses noisettes que je lui présentai, le bout de branche dont je l'avais gratifié et qui de- vait lui rappeler la forêt natale ! IL vécut, hélas ! bien peu de temps et sa mort mit un long regret dans mon cœur d'enfant! Mais tout passe ici-bas! D’autres soucis s’en vinrent m'occuper et mon gentil écureuil fut oublié !..... * x * Ce matin, pourtant, dans le bois où le printemps mettait ses parfums et sa verdure, Je me suis rappelé mon écureuil et j'ai revu en un moment sa gracieuse agilité, son pelage si doux, son ceil de feu et son soyeux panache! Sur un tas de branches mortes, posté sur ses pattes de derrière, un “suisse” me regar- dait : À “Sciurus quadrivittatus,” disent les gros livres des sa- vants, ; “ sasdkawabiskus”’, prononcent les sauvages, tout en mangeant sa chair blanche et tendre ; “ gopher,” répondent bru- talement les Anglais, tandis qu’un certain patois franco-indien l'appelle pisân ” ! Mais la palme revient sans contredit à l’appellation “ suisse ” et c’est le nom vulgaire sous lequel ce petit écureuil est connu dans le Canada entier. Pourquoi “ suisse ”? Est-ce par allusion à ce personnage empressé et toujours vigilant qui, dans nos temples saints, a pour mission de faire respecter la 17—Août 1895. 126. LE NATURALISTE CANADIEN majesté du lieu ? Ou encore cette dénomination étrange vient- elle d'Europe, à la couronne de laquelle la Suisse est une des plus belles perles ? Je ne sais, et ne veux point décider le litige; quelle que soit l’origine du nom, j'aime mieux constater que le suisse est parfaitement connu ici et que, dans certaines provinces, 1l pul- lule, au point que sa présence menace d’être considérée comme un fléau public! # * * Ce matin done, je le regardais qui trônait sur son tas de branches mortes. Posté sur ses pattes de derrière, la queue en panache relevée sur le dos, l'œil fixe, les oreilles dressées, il me regardait fixement. De temps en temps, quand une ébauche de geste de ma part lui semblait être une menace, il poussait “un petit cri aigu et ses babines se gonflaient; ses yeux luisants avaient comme un éelair : on aurait dit que la colère, mêlée a. une certaine peur, le possédait : Alors il essayait de se sauver: il bondissait parmi les branches sèches, s’enfonçait sous elles, revenait, disparaissait, revenait encore, jusqu’à ce qu’un mouvement de ma part le ramenait à son poste. Je me plaisais à remarquer la beauté étrange de son pe- lage barré, l’agilité de ses gestes, la finesse et l'intelligence de ses/petits yeux ardents, tandis que sa queue en panache—aus- si longue qüe son corps—allait et venait, en brusques mouve- ments ! Je m’approchai : il disparut ; je m’arrétai, il reparut ; je fis un geste, il eut un cri étranglé de colère angoissée ; je refis un autre pas, d’un bond il quitta son tas de branches sèches, et vif, comme l'éclair, il eut vite fait de gagner un trou dans la terre, au pied d’ux grand érable. Je m’y postai : par deux fois, à l’orifice de cet abri sou- terrain, il vint me montrer son museau de rat, mais au moin- dre mouvement, avee une rapidité étonnante, il s'enfonçait dans sa cachette et pendant que je le gucttais encore, jenten- LE SUISSE | 127 triom- dis soudain à quelques pas plus loin son petit eri aigu phant, cette fois, mêlé d’une certaine intonation moqueuse !— C’en était trop! je bouchai les deux trous et j’attendis, non sans satisfaction, car je croyais l’avoir emprisonné pour toujours ! J'attendis et—étonnement des étonnements—, au bout de quelque temps, je vis mon suisse sortir de ‘terre, non loin de 1A, par un autre trou qu'il s’était creusé de ses griffes pointues ! * * * Ah ! ilest vaillant, le petit suisse ! S7il s’enfuit devant l’homme, il lui arrive souvent de tenir tête au chat, au chien, même au blaireau, son plus cruel ennemi! Naturellement, presque toujours, la raison du plus fort est la meilleure, mais le suisse ne meurt peint sans défense !... Travailleur, il l’est sans doute et plus d’un, qui le voit flâner à travers champ, se trompera en croyant que le beau soleil et l’amour du dolce far- niente seuls iy amènent ! Car c’est dans ces excursions nom- breuses et sans cesse renouvelées que le “ pisân ” se ramasse, t pour lui et pour sa nombreuse famille, les provisions d’nn hi- : ver toujours long et rigoureux! Dans l'endroit le plus retiré de sa galerie souterraine, il dépose son butin et c’est là que, dans les jours de neige et de gel, la famille entière, après un bon somme, trouvera de quoi apaiser sa faim ! > Mais c’est là aussi que le blaireau sait trouver le suisse ; il conniat sa manière de vivre, il sait qu’au fond de la maison du petit écureuil, i! trouvera du pain et de la viande, et incon- tinent, de ses grosses pattes terriblement armées, il se met à gratter la terre jusqu’à ce qu’il arrive an gîte : l'entrée de la chambre à coucher du suisse est impitoyablement violée et après une lutte acharnée, mais courte, la famille entière passe dans l'estomac du blaireau, qui met à sac aussi les nombreuses provisions ! # % * Ah! ce n’est certes pus la mort que le suisse avai rêvée ! 128 LE NATURALISTE CANADIEN Dans un beau rayon de soleil, qu’il aime tant, il aurait voulu s’éteindre, le long d’une touffe d'herbes vertes, ruisselantes de rosée ! Le gazouillement des oiseaux, cachés dans les branches, aurait, pour la dernière fois, retenti à ses oreilles encore atten- tives, tandis que la mort serait venue, donce et sans secousses, le faire passer dans un monde meilleur, loin des blaireaux aux oriffes puissantes, loin des chats hypocrites, des chiens énor- mes et des hommes trompeurs ! * * * Pauvre suisse ! Et comme si ce n’était assez de tou- tes ces misères,d'autres choses plus terribles encore viennent tronbler sa quiétude ! Les journaux agricoles ont découvert que le “ pisân ” osait souvent, dans les champs de blé, commettre des maraudages sans nombre! Les ministres d’agriculture ont répété les cris d'alarme des journalistes en quête de la mé- daille du Mérite agricole ; et les municipalités rurales —farou- ches gardiennes des terres et des cultures—ont délivré à tous les fermiers des bouteilles remplies de poison ! De par la loi, on fait au suisse une guerre atroce : le poi- son est jeté partout; et le pauvre écureuil, qui se croit au mi- heu des plus grandes délices, boit et mange sa mort ! Le brin d'herbe dont il suce les gouttes de rosée pour étancher sa soif, le jeune blé tendre qu’il mange pour apaiser sa faim, tout pour lui est poison ; et bientôt on le voit, se trainant à peine, venir mourir, étendu sur le dos, les pattes en l'air, dans le sentier dans lequel peu de temps auparavant il trottinait gaiment !(*%) * * * La mort seule est capable de lui faire expier ses forfaits ! Et, en toute conscience, le suisse souvent mérite la mort, car il n’est point d’ennemi plus terrible pour les cultures. II se (*) Le Suisse, Tamia quadrivittata, Less., ne paraît causer aucun dommage sérieux dans nos campagues de la Province de Québec ; aussi ce n’est pas notre Code dont. Tielemans signale les rigueurs à l'égard du charmant petit qua- drupéue.—Ré£p, LES DERNIÈRES DESCRIPTIONS DE L'ABBÉ PROVANCHER 129 multiplie tellement vite que,sans la guerre acharnée qu'on lui fait, il serait bientôt une calamité pour la région qu'il habi- te! C’est la onzième plaie d’ Exypte ; comme le cheval d’At- tila, le terrible roi des Huns, partout où il passe, l'herbe ne Et pourtant, il est si joli, avec ses yeux luisants, son doux pelage barré, sa queue en panache dont il ombrage sa tête tine! J'aime tant l’agilité de ses mouvements, la finesse et l’intelligence de ses petits yeux de feu, la grâce sans riva- le de ses bonds et de ses poses! Qiand, posté sur ses pattes de derrière, sur un tas de branches, dans le bois où le prin- temps metsa verdure et ses parfums, ilme regarde fixement: il me rappelle—doux souvenir de mon enfance blonde—le gentil écureuil que m'avait apporté mon père et qui mourut si vite dans la superbe cage multicolore, malgré le bout de branche qui devait lui rappeler la forêt natale!.... HENRI TIELEMANS. — OO — LES DERNIERES DESCRIPTIONS DE L'ABB, PROVANCHER ORDRE DES HYMENOPTERES Fam. XVL—LARRIDA Larre à pieds roux. Larra rufipes, n. sp. Q—Long. .42 pce, Noire avec abdomen roux,la tête et le thorax avec efflorescence argentée. La face argentée, le chaperon poli, brillant, peu ponctué, marginé d’une ligne rousse en avant ; mandibules rousses, excepté à l'extrémité ; le scape aussi taché de roux en dessous. Thorax très finement pone- tué, le métathorax avec poils blancs sur ses côtés et pres de l'insertion de l'abdomen. ÆEcailles alaires testacées. Ailes Es 130 LE NATURALISTE CANADIEN hyalines,.à nervures brunes. Pattes rousses, tarses antérieurs frangés de longs poils roux et raides, les hanches ; les 4 cuisses antérieures, avec l'extrémité des tarses, soir ou brun foncé ; les cuisses intermédiaires plus ou moins rousses en dessous. Abdo- men conique, roux saus aucune tache, les 3 seuments basilai- res avec une ceinture apicale plus au moins argentée ; le ter- minal triangulaire, caréné sur ses côtés ; tarière distincte, rous- se.— [Los Angeles (Coquillett), Belle espèce bien distincte par sa coloration. (*) Liris magnifique. Liris magnifica, n. sp. d—Long. .55 pee. Noire tachée de jaune; toute la face, Vextrémité des mandibules exceptée, ia base des antennes en dessous, le scape entièrement, une grande tache en croissant sur le vertex, les joues, le prothorax, les écailles alaires avec 2 taches au-dessous, une grande tache sur les flanes, quatre lignes sur le dos du mésothorax, les 2 intérieures s’approchant de l’écusson, une tache sur l’écusson disjointe au milieu, une petite ligne oblique de chaque côté en avant, le post-écusson avec une line sur les angles du métathorax et une grande tache sur les côtés à la base, jaune. Ailes enfumées-roussâtres. Pat- tes jaunes avec les trochantins,le dessus des hanches et la base des cuisses,noir. Abdomen fortement ponctué excepté à l’ex- trémité, les sutures noires et fortement enfoncées, celle à la Suite du ler segment plus fortement que les autres, la base de celui-ci noir, tout le reste jaune.—Los Angeles (Coquil- lett). (*) iris wragucuse. Loris rugosa, n. sp. fg —Long. .50 pce. Noire, tachée de jaune, ponctuée-ru- gueuse très densément sur le vertex et le thorax, moins pres- sées sur l’abdomen, la face entièrement, la base des antennes, uue tache en arrière des yeux, le prothorax, les écailles alaires, Jes tubercules avec une tache en arrière, le post-écusson, jaune citron; les mandibules noires portant à leur base une toutfe de poils-roussâtres. La base du métathorax avec poils blancs. (*) Type au Musée du Parlement, Québec. \ | AN ati date oa SARTO iQ BIBLIOGRAPHIE 131 Ailes hyalines jaunâtres avec les nervures brun jaunâtre, le = stigma jaune, la 1ère cubitale aussrlongue que les 2 autres : réunies. Pattes jaunes avec les hanches noires, les cuisses à la base roussâtres, quelquefois tachées de noir. Abdomen avec une bande jaune très fortement ponctuée sur tous les segments, , ne laissant que les sutures et les marges noires ; dessous noir. —£os Angeles (Coquillett). (*) A part la brunneipes que Cresson donne comme douteu- se, ce sont les deux premières espèces américaines décrites. 0 (ai LE PROGRES DU SAGUENAY | } Nos compliments et bons souhaits & notre confrere de Chicoutimi, qui vient d’entrer dans sa Je année. Ce journal ‘| rend de grands services à la région du Saguenay, par la fa- con intelligente dont il pousse, en cette partie du pays, les intérêts de l’agriculture et en particulier de l’industrie laitié- re. ne — () — BIBLIOGRAPHIE Nous accusons réception, avec reconnaissance, des ou- vrages suivants : A —Oraison funèbre du Cle de Frontenac, prononcée à Ry, Québec par le P. Ol. Goyer en 1698 publiée pour la première | fois en son entier. Les bibliophiles sauront gré à M. P.-G. Roy, Directeur du Bulletin des recherches nus de cet- te intéressante publication. — La vallée dela Matapédia, par pees Buies, Québec, 1895. Belle brochure de 52 pages qui contient |’historique et la description des points les plus intéressants de la Mata- pédia, récemment ouverte à la colonisation. Bon nombre de ) photogravures viennent au secours du texte ; et le texte,c’est du Buies ! ce qui est bien assez dire. ‘À (*) Type au Musée du Parlement, Québec. 152 LE NATURALISTE CANADIEN — Pour la Patrie, roman du XXe siècle, par J.-P. Tardi- vel, Directeur de la Vérité, Montréal, 1895. La partie typo- graphique de ce volume fait vraiment honneur à la maison Cadieux & Derome, qui l’a édité. Que dire de l'ouvrage lui- mème, avec le peu d'espace dont nous pouvons disposer ici... Livre d’une lecture très attachante ; livre si catholique et si canadien-français ; livre qu’il importe de répandre à profu- sion, à cause du bien qu'il fera, en particulier parmi la jeu- nesse instruite. Nous engageons instamment nos lecteurs à le demander à Cadieux & Derome, Montréal (80 cts franco). —Le fort et le château Saint-Louis, par Ernest Gagnow Québec, 1895. Que de noms propres, de dates et de cita- tions il y a là! Cela signifie que ce beau volume a coûté beaucoup à son auteur, mais non que la lecture en est aride ; au contraire ! M. Gagnon est à la fois l’un des plus érudits de nos compatriotes, et l’un de nos lettrés les plus délicats et les plus spirituels.—A joutons que,sans en avoir l’air,son ouvra- ge est, en réalité, une histoire du Canada. Nous ne nous en plaignons certes pas. — Bulletin of the Geological Institution of the Univer- sity of Upsala (Suède), Vol. I, Part 1, 1894, No: — Proceedings of the Academy of Natural Sciencss of Philadelphia, part 1, 1895. | — Proceedings of the California Academy of Sciences, Vol. IV, part 2, 1895. — Actes de la Société Linnéenne de Bordeaux, 5e série, Tome VI, 1893. Missouri Botanical Garden, sixth Annual Report, 1895. — Agricultural Investigations at Rothamsted, En- gland, during a period of fifty years, U.S. Dept of Agric. 1895. = = EF Nous n'avons pu recevoir à temps la chronique sur la PHOTOGRAPHIE, destinée à ce numéro. Au mois prochain ! be Ee Naturaliste Canadien { j VOL. XXII (VOL. Il DE LA DEUXIEME SERIE) Noo Chicoutimi Septembre 1895 Rédacteur-Propriétaire : l'abbé V.-A. HUARD L ABBE PROVANCHER '[Continué de la page 120] “ Mais de méme qu’on peut élever des aumailles, dresser et conduire des bêtes de somme, etc., sans être naturaliste ; de même aussi on peut faire croître des céréales, fabriquer des toiles, planter des vergers, etc., sans être botaniste. La Bota- nique donc ne consiste pas tant dans la connaissance qu’on peut avoir des avantages qu’on peut retirer de telle ou telle plante en particulier, que dans la connaissance des lois qui ré- gissent les plantes en général, dans le but de pouvoir se ren- dre compte de leur organisation, et de leur trouver-de nouvel- les applications, ou, du moins, de perfectionner et de rendre plus profitables les applications qu’on est habitué à en faire. La Botanique est done tout à la fois une science d'utilité et d’agré- ment. D’utilité, en ce que nous appliquons ses connaissances aux ressources directes que nous offrent les plantes pour les divers be- soins de la vie. D’agrément, en ce que nous renfermant dans les bornes de la science même, abstraction faite de toute ap- plication, nous recherchons les lois posées par l'Eternel à la vie des végétaux, nous admirons sa sagesse, sa puissance, sa providence, qui ne sont pas moins grandes dans l’organisation d’un brin de mousse ou d’une tête de champignon que dans l’ensemble des lois qui régissent ces globes lumineux, ces au- tres mondes qui se promènent dans l’espace au-dessus de nos têtes, et dont l’astronome sait dicter le mouvement et prédire les révolutions. “ Nous venons de dire que le goût pour l'étude des scien- ces naturelles se manifeste de plus en plus dans notre pays. Ce serait méconnaitre l'avenir de notre jeune patrie et lui re« 18—Septembre 1895, A ROR ae OD © ae LER ? | qu a 134 LE NATURALISTE CANADIEN trancher des sources de prospérité et de grandeur, que de ne pas favoriser ce penchant pour l'étude d’une branche des con- naissances humaines trop peu encouragée jusqu'à présent dans nos maisons d'éducation, même dans celles de la première classe, Et nul doute que la manifestation de ce nouveau pen- chant ne vient que de ce que quelques personnes se sont déjà appliquées à faire ressortir ce vide dans nos cours d’études, et de ce que aussi la population, laisance, la richesse se multi- pliant dans notre pays, invitent un plus grand nombre de per- sonnes à s'occuper d'études qui ne tendent pas directement ou nécessairement à assurer l'existence de ceux quis’y consacrent. “ Nous croyons done remplir une lacune dans la biblio- graphie de notre pays en offrant au publie le présent traité. L'é- lève du coliève, de l’école normale, Vinstituteur et lamateur y trouveront dans un résumé de quelques pages seulement les principes d’une science infiniment attrayante sous bien des pens et qui devra bientôt, sile moment n’en est pas enco- e arrivé, faire partie de toute bonne éducation. Nos voisins i l'Union Américaine enous ont déjà devancés dans l’étude de cette science, et ils en poursuivent le cours à pas de géants. C’est à tel point que des traités élémentaires de Botanique, ti- rés jusqu'à 16,000 exemplaires, se sont rendus en moins de ‘douze ans, jusqu’à leur quarantième édition, La science qu à immortalisé les Linné, les Tournefort, les Jussieu, les De Can- dolle, les Richard, les Lindley, ete,, a déjà trouvé, nous. Je sa- vons, grand nombre d’admirateurs dans notre pays ; mais Pétu- de en était difficile, Les rares traitésqu'on en importait de temps à autres n'étaient pas destinés à des personnes qui na- vaieut die eu lavantage de recueillirles rudiments de cette science de la bouche d’un maître, et les exemples qu'on'y . ¢l- tait pour faciiiter l'intelligence des préceptes, étaient le plus souvent choisis parmi des plantes que nous ne possédons pas, ou que da moins nous ne savons pas encore assez dis- tinguer., Nous nous sommes done efforcé de parer à tous ces in- convénients. L’amateur, sans autre guide que notre traité à la main, se rendra compte sans peine de la description de toute plante quelconque et pourra s s'initier lui-même à da connais- sance de toutes ies lois qui révissent la vie des végétaux. Des uravures exécutées avee précision lui faciiiteront l intelligence du texte, et les exemples cités auront toujours rapport aux plautes les plus communes et les mieux connues. “La langue botanique est un sérieux obstacle à l'étude L'ABBÉ PROVANCHER 15 de cette science pour ceux qui n’ont aucune connaissance de la langue grecque ou latine ; dans le but d’obvier autant que possible à cet obstacle, nous avons indiqué entre parenthèses: les racines d’où dérive ehaque mot technique, chaque fois que nous l’avons employé pour la première fois. Comme ces racines ne sont pas très nombreuses, et sont souvent répétées, le lec- teur en les remarquant bien dès les premières fois pourra en ès peu de temps se les rendre familières. Les noms de nom- bre grecs avec cinq ou six prépositions des plus usitées en for- ment presque tout le fond. “ Peu de pays, pensons-nous, sont aussi pauvres que le Canada en fuit de connaissances en Botanique. C'est à tel point que les personnes même les plus instruites ignorent jus- qu'aux noms des plantes les plus communes, de celles que nous ne pouvons nous empêcher de fouler aux pieds en fesant seule- ment un pas dans la Campagne, Beaucoup de ces plantes n’ont pas même de nom vulgaire, Le Gonet, (Arum), lEri- throne, le Gaillet, (Galium), la Berce, (Heracleum), la Benot- , (Geum), le Pigamon, (Thalictrum), ete.,sont de ce nombre, Sans doute qu’on ne s’attend pas à pouvoir trouver les noms de toutes les plantes qu’on pourra rencontrer au moyen du présent traité, car autre chose est un recueil de préceptes de Botanique, et autre chose une flore ou catalogue des- eripuf des plantes. Mais eût-on entre les mains la flore la plus compiète, si on ne possède pas bien les principes de la science, on ne pourra jamais recounaitre les plantes qui y seront dé- crites, Qu’on commence done par se mettre bien au fait des préceptes de la Botanique et alors au moyen d’une flore on pourra trouver les noms de toutes les plantes qu’on pourra rencontrer ; les caractères particuliers qui les distinguent, et les clefs analytiques qu’on a lmaginées, permettent de les identifier facilement, “ Si nos nono nous permettaient de consacrer plus de temps à l’ésude que nous avons entreprise des plantes de notre pays, peut-être pourrions-nous assez prochainement pu- blier le résultat de nos recherches en jetant les bases d’une Flore Canadienne. “ Nous estimerons toutefois heureux si en livrant au pu- blic aujourd’hui le résultat de nos ésudes favorites, nous par- venons à faire partager notre goût, par la jeunesse de notre pays, pour une science à laquelle ja médecine, Vin- dustrie et les arts en général sontsi redevables, et qu’on 136 LE NATURALISTE CANADIEN ne peut étudier sans se sentir porté à chaque instant à admi- rer et à remercier cette providence infinie qui n’accorle pas une moindre attention à la reproduction du plus petit être or- ganisé, qu'à la conservation de ces milliers de mondes qu’elle a créés d'un mot, St. Joachim, Septembre, 1858. ” (À suivre) N:-A° EE — — OO UNE ENQUETE SUR LE SERPENT DE MSR I] ne reste plus guère que le NATURALISTE et les revues de piété qui n’ont pas parlé du Serpent de mer. Pour une fois, faisons trève à la gravité scientifique que l’on doit remar- quer. en une vieille Revue comme la nôtre, et parlons du Ser- pent de mer. Avant de présenter à nos lecteurs le spécimen encore “inédit” qui se promena un jour dans le bas Saint-Laurent, faisons un peu l'historique de la question. Quand un sujet touche à l'histoire par quelque côté, il est souvent utile de rechercher si les annales du passé n’ont pas quelque lumière à projeter sur le présent. C’est tout à fait le cas pour la ma- tière dont nous entreprenons l'étude. Il ne paraît pas que les naturalistes de lantiquité, ni ceux du moyen âge, ni ceux de l’âge moderne, avant le siècle où nous sommes, aient connu le Serpent de mer. I était ré- servéà nos contemporains de le découvrir ; et ce fut un journal de Paris, le Constitutionnel, qui le fit connaître à son pu- blie en 1843. L'invention fit fortune ; beaucoup de gens, qui ne trouvent jamais les miracles assez prouvés, furent sans peine convaincus de l'existence du fameux animal, et dès lors on se mit à rencontrer des Serpents de mer un peu partout. Ce fut une précieuse ressource pour les chroniqueurs des jour- naux, qui ne se firent pas faute d’exploiter la veine, Tout poisson de grande taille, dont on ignorait le nom, devint un Serpent de mer ; et, en avant la chronique ! Si la confession UNE ENQUÊTE SUR LE SERPENT DE MER 137 publique était obligatoire, nous devrions nous-même avouer que nous avons sur la conscience certaine peccadille de cette sorte, à propos d’un Cétacé quelconque qui s'était aventuré jusqu’à la Baie des Ha ! Ha lil y a déjà nombre d'années, et qui nous fournit la matière d’un article de rédaction assez peu scientifique. Ilest sûr que beaucoup de ces histoires de Serpent de mer ne valent pas davantage. Nous avons eu l’idée de compuiser nos Serap-Books scien- tifiques, qui renferment tout ce que nous avons trouvé, en fait de science, sur les journaux, depuis 1861 jusqu'à 1895, et de rechercher à quelle époque la “ maladie” du Serpent de mer à commer cé à prendre, dans notre presse, les alarman- tes proportions qu’elle à aujourd’hui. Voici le résultat de cette enquête. D'abord, de 1861 à 1880, nous ne trouvons absolument aucune mention du fameux Serpent. Il est vrai que durant ce laps de temps nous n'avions qu’un petit nombre de jour- naux à notre disposition, pour la confection de nos Scrap- Books. Cela indique: bien tout de même qu’on ne parlait guère, à cette époque, du monstre marin. 1880 —Le premier Serpent de mer que nous trouvons mentionné est un fossile. Le Canadien du 21 septembre 1880 en parle d'après les Journaux anglais, à ce qu'il dit. “On a souvent parlé du serpent de mer; mais, maloré tout ce que Pon a publié au sujet de ce monstre, bien des gens doutent de son existence. Néanmoins, ceux qui connais- sent le mieux le passé de notre planète sont peut-être plus enclins que les autres à croire à l'existence de ce géant des mers. 1ls reconnaissent qu'il est probable qu'un grand ser- pent habite actuellement nos océans, où il est le dernier re- présentant de la période crétacée ou de quelque autre pério- de moins ancienne. “Tl est certain qu'ila existé autrefois des serpents de mer gigantesques, et le fait est prouvé par la récente découverte du professeur Mudge, qui a trouvé ces serpents à l’état de 138 LE NATURALISTE CANADIEN fossiles dans les couches de sable du Kansas et du Colorado, et les a fait déposer au Musée d'histoire naturelle de New- York .... Les plus grands serpents fossiles ont été découverts près de Canon City dans le Colorado, et les os des vertèbres qui se sont conservés prouvent qu'un (de ces) animaux de- vait atteindre une longueur de deux cents pieds. En traver- sant un jour à cheval les mauvaises terres du Colorado, M. Mudge ne découvrit pas moins de dix squelettes gigantes- ques qui blanchissaient dans ces plaines.” Eh bien ! qu’en dit-on ? La preuve est-elle assez forte ? Puisque le Serpent de mer a existé dans les Ages. précédant le nôtre, pourquoi n’existerait-il plus aujourd’hui ?—D’autre part, si nous n’avons affaire ici qu'à un fumiste, il a remporté la palme du genre, et son “record” n’a pas été battu depuis, où l’on a rien inventé d'aussi original. En tout cas, puisque ces fossiles ont été déposés au Musée d'histoire naturelle de New-York, ils doivent s’y trouver encore. Beaucoup de nos gens vont se promener à New-York, chaque année, et quel- qu'un devrait bien prendre la peine d'aller voir à ce Musée si ies fossiles intéressants, découverts par M. Mudge, s’y trou- vent vraiment. 1881—C’est encore le Canadien qui nous fournit une nouvelle contribution à l’histoire du Serpent de mer. En son numéro du ler avril, on nous y raconte qu’un capitaine de goélette a vu dans ie fleuve Saint-Laurent, entre la Mal- baie et Kamouraska, un énorme poisson qui “paraissait avoir cinquante pieds de long, avec une tête semblable à celle d’un requin et de longues arêtes sur le dos.” On ne dit pas formel- lement, il est vrai, que c’est le Serpent de mer ; mais il n’im- porte ; la chose paraît assez. Le 2 avril, le journal constate l'intérêt que le Chronicle a pris à la question, et classe le monstre dont il a parlé dans la famille des “poissons d'avril ! Le 4, il enregistre, pour l’histoire, que le Nouvelliste, ? Evéne-. ment, le Courrier de Montréal et le Daily Telegraph ont donné dans le piege.—Infligeons ici un blâme solennel à la mémoire du Canadien, qui osa faire de la fantaisie dans un PA Le ine oo ta) Sade TNT), UNE ENQUETE SUR LE SERPENT DE MER 139 si grave sujet. Le journal est décédé, depuis cette époque. Il ne l’a pas volé. On ne se moque pas impunément de la Science. —Le Quotidien du 9 août cite le Moniteur acacdien. Sur terre, près du Cap Pelé, deux hommes rencontrent un serpent noir, de 15 à 18 pieds de longueur, gros co nme un tuyau de poêle ; “la gueule béante laissait sortir deux dards d'environ six pouces de longueur. ” Brrr! “On suppose (ajoute-t on avec beaucoup d’a-propos) que ce monstre séjour- ne habituellement dans un petit lac situé tout près, et d’où Yon entend la nuit un bruit singulier qu’on ne savait à quoi attribuer avant la découverte que nous venons de relat:r” Cet amphibie n’est pas encore tout à fait le Serpent de mer ; il y a une nuance, puisqu'il habiterait l’eau douce. Concilions tous les intérêts en disant que c’est un Serpent de lac, une variété de l'espèce principale. — Voici qwiin’y à plus à rire. Quand on déerit un objet, c’est que cet objet existe, n'est-ce pas ? C’est élémentaire. Eh bien, la Vérité du 3 novembre 1881 reproduisait, sous le titre : “Est-ce un canard ?” la description d’un Serpent de mer, “ vu et dessiné par M. C. Renard, de Paris, ccrrespondant du Mon- de illustré, à bord du steamer The Don ” “ Le monstre paraît mesurer entre quarante et cinquan- te mètres de la tête à la queue, autant que ses nombreux re- plis peuvent permettre une appréciation approximative. Le corps semble couvert, à partir de de dorsale jusqu’a mi- ventre, de plusieurs rangées d’écailles ou de peau rugucuse comme cel'e des requins, mais cependant formant des écailles par couches super: posées. Le dos est très foncé et va en tein- tes dégradées jusqu'au ventre, qui est d’un gris sale. Tout le corps est strié de bandes transversales alternées, vert fon- cé, marron et gris ; la queue semble s’amincir en lance, com- me celle des aaguilies. “ La tête n’est pas ovale et légèrement pointue, comme dans la plupart des serpents ; elle forme au crâne une grosse masse à contours rugueux et irréguliers. A partir de locei- put, elle est garnie d’une crête rigide, mobile, et dont les pointes parals sent très acérées : ; cette crête peut se coucher sur la nuque eb le cou, de manière à devenir invisible. La NAIL VAL TA tha pm yey AL fire NES 140 LE NATURALISTE CANADIEN | mâchoire inférieure avance ; la partie supérieure se recourbe, au bout, sur elle-même, et elle est garnie d’une cavité sombre ; on dirait une narine ; la partie inférieure plus pointue, pré- sente au-dessous des lignes concaves et convexes, indiquées comme poches, pour la déglutition, sans doute. Les dents sont pointues, énormes et très blanches. Du fond de la gorge, et d’une espèce de bourrelet, émerge une langue rigide, pointue, garnie de ventouses apparentes et jetant des reflets à la fois bleutés comme l'acier et phosphorescents comme la mer à certaines heures ; l’œil est rond, très lumineux, très mobile, et paraît doué de la faculté de voir en arrière, tant les évo- Jutions de Panimal sont rapides et bien combinées ; l'orbite est entouré d’un cercle plus clair et semble abrité sous une arcade sourcilière garnie de poils ou de piquants. “La face, depuis le mufle jusqu’au cou, présente une li- gne latérale oblique, grise, sur laquelle viennent se greffer de chaque côté trois autres lignes semblables, “Le déplacement de l'animal, dans Peau, ne semble pro- duire aucun bruit, mais un remous ondulé, suivi d’un léger clapotement. “Il rend une odeur d’une fétidité telle, que c’est à en être malade >” etc. Remettons à un prochain numéro la suite de cette en- quête, qui prend des proportions que nous ne prévoyions pas. (À suivre) Ce rer oO LES DERNIERES DESCRIPTIONS DE L'ABBE PROVANCHER ORDRE DES HYMENOPTERES — (Continué de la page 131) Fam, XVII NYSSONIDÆ Gorytes taché, Gorytes maculatus, n. sp. ?—Long. 30 pce. Noir, densément ponctué: le vertex en- tièrement noir, le chaperon, 2 courtes lignes orbitales au-dessus, LES DERNIÈRES DESCRIPTIONS DE L’ABBÉ PROVANCHER 141 le labre, les mandibules excepté à l'extrémité, le scape avec 4 ou 5 articles des antennes en dessous, le collier, les tubereules, une tache en arrière, une antre en dessus à l'insertion des ai- les, une ligne sur l’écusson, une tache sur les angles du méta- thorax, jaune-citron, Ailes hyalines avec une tache brune couvrant la radiale, Pattes jaunes, les hanches, excepté une petite tache en dehors, la base des cuisses avec l’extrémité des jambes et des tarses postérieurs, noir. Le dos du métathorax fortement strié, les parties à la suite grossièrement ponctuées. Abdomen avec une bande jaune au sommet de tous les seg- ments excepté le terminal, ces bandes élargies sur les côtés. — Los Angeles (Coquillett). (*) | Hoplise étroit. JJoplisus angustus, n. sp. 9—Long. .35 pce. Noir avec taches jaunes. Le chape- ron, les mandibules excepté à l'extrémité, ane tache au milieu au-dessus du chaperon, les côtés de la face jusqu’au-dessus des antennes, le seape de celles-ci, le collier, les tubercules, une ta- che en arrière le post-écusson, une tache sur les bords du mé- tathorax, avec les pattes et une bande au sommet de tous les segments abdominaux, excepté le dernier, jaune ; écailles alai- res testacées avec une petite tache jaune en avant et une au- tre en dedans. Métathorax sillonné longitudinalement dans l’espace renfermé et lisse en dehors. Ailes hyalines jaunà- tres, les nervures brunes, le stigma jaune, Pattes jaunes, les hanches, excepté au sommet, une ligne en dessus des cuisses avec les jambes postérieures excepté en dessous, noir ; l’extré- mité des tarses postérieurs aussi noire, Abdomen cylindri- que, allongé, étroit, la bande jaune des trois segments basilai- res plus ou moins échancrée au milieu antérieurement, —Los Angeles (Coquillett). (*) Fam, XVIII—CRABRONIDÆ Anacrabro resserre. Anacrabro constrictus, n.sp. £—Long. .15 pee. Noir, le chaperon avec un duvet ar- genté, les mandibules blanches, la téte plus large que le tho- (*) Type au Musée du Parlement, Québec, 19—Septembre 1893, LE NATURALISTÉ CANADIEN | EE DE |, CAN ES À : i ‘ whe | rax, lévèrement rétrécie en arrière. Le métathorax avec un Bi, . petit sillon au milieu. Ailes hyalines, les nervures etle stig- © | Hume, noir ; ; la lere cellule discoïdale plus are ae la 2e. Pat- po. et ies ee ‘paths Abdomen eee sis ye dé, déprimé, ovalaire, étranglé aux sutures, son extrémité brus- + LA “AS quement atténuée et rabattue. —Los Angeles (Coquillett). (ih) si hi ; Espèce bien remarquable par son abdomen resserré aux _ 17) sutures, i Anmacrabro lisse. Anacrabro levis, n. sp. _ $—Long. .10 pee. Noir poli, lisse, les mandibules blan- ebes avec l’extrémité noire, le chaperon avec une proéminence - globulense nue, noire au milieu, ses côtés avec duvet argenté. | Thorax sans aucune tache, le métathorax avec un petit sillon ur le dos, Ailes hyalines ; les nervures et le stigma, noir; les. écailles alaires aussi noires. Pattes noires avec les en pa-. les. Abdomen sessile, poli, brillant, convexe, à peine resserré aux sutures, terminé en pointe droise,—Les Angeles (Coquil- Bien distinct du précédent par sa plus*petite taille et la … forme de son abdomen, ae .: L'ARBE PI PROVA ANCHER La dernière livraison (No. 7) de ’ Entomological News, ey de Philadelphie, contient un excellent portrait demi-ton de l'abbé Provancher, et l'accompagne d'une sympathique notice de ; t a * biographique, que nous reproduisons iei avec plaisir. ; | es (TRADUCTION) “ Feu l’abbé Provancher, dont nous sommes heureux de présenter le portrait à nos lecteurs, en cette livraison, naquit a. LE ‘ id VS . en 1820 à Bécanconr, Québec. Son principal ouvrage d’ento- À _ mologie est la “ Faune entomolouique du Canada’, en tris vo- a3 { - lumes, traitant des Co‘éoptères, Orthoptères, Névroptères, Hy- _ ménoptéres et Hémiptères, Cet ouvrage, commencé en 1874, # (*) Type au Musée du Parlement, Québec. a; à I Hi a BONNE CHASSE | fat terminé en 1890. On comprend mieux ce que cette œuvre de a de colossal, lorsque l’on est au fait des désavantages au mi-_ | leu desquels t travaillait l’auteur, éloigné des bibliothèques et. pu 4 des collections indispensables, et privé de l’aide de collèvues Ro Br, cultivant le même ch: es de l’entomologie. Malgré ces condi- M RU tions défavorables, il se lanca bravement À l'assaut, et anjour- 00 @hui l’œuvre qu’il a accomplie est comme le monument de sa K | persévérance, Sans doute il commit des erreurs—nous en "MN 4 commettons tous—; il a subi les atteintes de la critique : critis oh que peut-être trop sévère, quand on considère les obstacles ! nt ‘ qu’il ce à surmonter, Il dirigea la revue “Le Naturaliste ca: LM : nadien ”, dont la publication fut interrompue, fante d’encoura- i Si a un peu avant sa mort ; vingt volumes en furent pus Beet bliés, de 1869 à 1890. Ses travaux farent loin de se borner à $ Fentomologie, puisqu’ila publié un ouvrage sur la Flore du | Canada, des traités sur l’agriculture et des récits de voya ; | son dernier ouvrage a pour titre: “ Les Mollusques de ia Pro- i vince de Québec.” Il mourut en 1892, à Vaye de soixante- douze ans.” HR \ 4 ee LE CANAL DE CHICAGO = / t ¥ | Par deux lettres, adressées au NATURALISTE CANADIEN ‘" 1e et que nous avons publiées en mai dernier, M. ©. Baillairgé, W de la Société des ingenieurs du Canada,tentait d’intéresser ae Y public a cette question du grand canal quela ville de Chicago : N construit en ce moment entre le lac Michigan et la rivière. 4 Ohio, en guise d’égoût, et aussi pour se mettre en communi- li . A] Liga ie cation directe avec le golfe du Mexique. Nous voyons par ‘ à les journaux que, dans les sphères officielles, on a fini par $é- I À J q } i 1 4 mouvoir du danger qui menace, par Bute de la diminution — at a prévue du niveau des grands lacs, presque tout le système | 1 maritime du centre del Amérique du Nord. En effet, non ~ pa seulement l’honorable M. Costigan, ministre de la Marine du 2 Canada, mais aussi le secrétaire de la Guerre, aux Etats-Unis, q font étudier la question par des hommes compétents. 04 ‘ j À 0 & AT AT I \ ‘ BONNE CHASSE | Durant mes vacances, j ‘al beaucoup chassé et en méme Bi : temps j'ai été très heureux :j’ai NL de splendides captures. my , mei \ pt Ne peat an ; At TNA A \ ER | tea 144 LE NATURALISTE CANADIEN J'ai pris deux spécimens de la Saperda puncticollis, Say, qui n’est pas décrite dans le livre de l'abbé Provancher. Cette belle capture a été faite à Outremont, au pied de la monta- gne de Montréal. J’ai pris aussi une autre Saperde que je n’a pas pu déterminer sûrement. En somme, je suis bien content du résultat de mes chasses cette année. J.-C. O., (Mile-End, Montr‘al.) LA PROPRETE DES POTS A FLEURS Les pots à fleurs placés soit dans les serres, soit en plei- ne terre,se recouvrent fréquemment de végétations eryptoga- miques qui deviennent le refuge d’insectes, de germes de ma- ladies. Depuis quelque temps on essaie, en Europe, de sulfa- ter les pots à fleurs et cette opération paraît avoir donné d'excellents résultats, La pratique consiste à immerger, une fois par an, les pots à fleurs dans une solution de sulfate de cuivre au 17500e. Il à été fait usage de pareils pots pour le rempotage des fleurs et l’essai à donné les meilleurs résultats, les pots restent complètement indemnes de végétations. On sait, du reste, que le sulfate de cuivre est le plus grand destructeur des micro-organismes. 0 LA PHOTOGRAPHIE DE L'INVISIBLE (EXTRAIT DE LA PHOTO-REVUE) Un grand journal quotidien donne le fait divers suivant dont il nous demande l'explication : “Un des principaux photographes de Londres vit arri- ver un beau jour dans ses ateliers une demoiselle du meilleur monde, accompagnée de son père. “ L'opérateur fait®un cliché, mais quelle n’est pas sa stu- péfaction lorsque, arrivé dans sa chambre noire, il aperçoit très nettement dessinée, sur le front de la jeune fille, une tête de mort ! Il fait un nouveau cliché, sous prétexte que le pre- mier n'était pas bon. Pour la deuxième fois, la grimaçante tête de mort s'étale sur le front virginal de la belle enfant. L'employé, interloqué, appelle son patron ; celui-ei opère lui- même, et toujours le même résultat est obtenu. Le photo- graphe prie le père de venir un instant dans son cabinet et lui explique le cas. Le père, prévoyant une espièglerie, n’en parut pas très surpris. Ii s’adressa à sa fille qui, aux pre- miers mots, éclata de rire. TARA PT LA PHOTOGRAPHIE DE L’INVISIBLE 145 “ Pour jouer un tour au photographe, elle avait dessiné sur son front une tête de mort avec une solution de quinine. “ Ce liquide a la singulière propriété de produire sur la peau, des lignes invisibles à l'œil nu, mais qui apparaissent sur les plaques photographiques. Tout s expliqua, le père paya la pose, mais le photographe était vexé. ’ Notre correspondant aurait trouvé dans l'ouvrage de Bergeret et Drouin : les Récréutions photographiques (1), la raison de ce phénomène qui étonnait tant l'opérateur dont il est question, Nous résumons le chapitre où il en est traité. On sait que ies rayons qui impresionnent le mieux les préparations photographiques sont ceux qui appartiennent a l'extrémité violette du spectre solaire ; même l’action photo- génique se continue bien au dela de la limite visible du spectre. I s'ensuit que l’on peut photographier des objets éclairés par des rayons uitra-violets, invisibles pour l’ceil,mais perceptibles pour la plaque au gélatino-bromure. Pour mettre en évidence cette remarquable particularité, on pourrait utiliser la propriété que possèdent certaines substances—et en particulier largent en couche mince— d’absorber tous les rayons visibles, en ne laissant passer que Pultra-violet. Si, par exemple, on éclaire un buste en plâtre blanc au moyen de rayons solaires ayant traversé une lame de verre argenté, ce buste, invisible pour lPœæil, pour- ra être photographié avec une pose d’un quart d'heure. Il ‘a sans dire que l’on met au point en éclairant d’abord avec la lumière ordinaire. On peut ranger dans la même catégorie de phénomènes ces photographies sur lesquelles on découvre des détails qui étaient invisibles à l’œil sur le modèle, Un exemple curieux a été cité par Vogel d’une dame qui se faisait photographier et dont le cliché, plusieurs fois recommencé, était toujours cri- blé de points noirs dans le visage: peu de temps après, cette dame mourait de la petite vérole. La signification de ce fait aurait mérité d’être contrôlée, et peut-être, dans cer- tains cas d’épidémie, pourrait-on en tirer parti. On peut enfin réaliser des expériences intéressantes en reproduisant à la chambre noire de l'écriture ou des dessins invisibles, comme ceux tracés par exemple avec une solution saturée de sulfate de quinine. Ce produit possède, en effet, une magnifique fluorescence, c'est-à-dire qu’il convertit les rayons violets et ultra-violets, les plus photogéniques, en rayons bleus, qui le sont beaucoup moins, et qui affectent moins énergiquement les préparations photographiques. (1) Ch. Mendel, éditeur, 118, rue d’Assas, Paris, broché 6 francs. . de faire revivre des écritures disparues, effacées par le temps: 4 2 146 LE NATURALISTE CANADIEN Si done l’on écrit sur un papier bristol blane avec une LEA dissolution saturée de sulfate acide de quinine, et que l’on photographie, le fond blane du bristol viendra sur le cliché plus foncé que les traits de l’écriture, et dans l’éprenve positive, 7 LA l'écriture se produira plus foncée que le fond (bien qu'eile soit invisible à l'œil sur l’original). a L'historiette du journal est done en somme très vraisem- blable, et il ne tiendrait qu’à nos lecteurs de la reproduire. Cet article nous paraïtrait incomplet si nous n’appelions pas l’attention de nos lecteurs sur une application plus inté- ressante de cette propriété des reproductions photographiques nous voulons parler de la reconstitution des manuscrits, dont eae la copie photographique peut, non seulement donner un fac- el simile exact de l'écriture, mais peut même, habilement diri- a gée, servir d’ instrument de restauration. “ Pour s'expliquer ce résultat extraordinaire, écrit l’émi- pent auteur des Merveilles de la Science, il faut considérer que sur les vieux parchemins, l’encre altérée par le temps prend une teinte jaunâtre, souvent identique à la teinte neu- tre du parchemin, ce qui en rend la lecture très difficile. Or il arrive, pendant la reproduction photographique, que les par | ties brillantes et polies du parchemin réfléchissent beaucoup mienx la lumière que celles où a été déposée l’encre, qui est Ê mate et sans reflet. Si faible et si décolorée en apparence que soit la nuance de cette encre, elle n’en a pas moins conservé : ses qualités antiphotogéniques, opposées aux qualités photogé- niques de la surface du parchemin. Grâce aceite opposition, on peut obtenir sur la surface sensible des caractères parfaitement noirs et se détachant biensur un fond légèrement teinté, tandis que l'original ne présentait plus qu une écriture pâle sur un, fond très foncé et de même ene 2 BIELIOGRAPHIE Nos remerciements pour l’envoi des publications signalées ci-après : —<«L’histoire du Canada est fort difficile à mettre en ma- nuel élémentaire. Ce quile prouve, c’est le nombre, assez grand déjà,des tentatives que l’on a faites pour y réussir. L’essai le plus récent en ce genre paraît s’étre bien approché du but, si même il ne l’a pas atteint, Il a pour titre: Précis d'Histoi- BIBLIOGRAPHIE _ re du Canada à l'usage des écoles primaires, par À. Leblond de Brumath. Le récit des événements y est fait avec tant de clar- té et de juste mesure, qu’il plaña aux enfants, petits et grands. La maison Cadieux et Derome, qui a édité cet in-12, en a fait un “ bijou de livre d'école.” L'ex., 25cts; la dz., $2.50. —R, P. J.-C. Carrier, C. S. CO, Histoire physiologique et à chimique de l'air qu'on respire ;— La Congrégation de Sainte: Croix en Canada. Le Rév. Père Carrier est l’un de nos hommes de science ;: a” nous voudrions quil prit la plume encore bien plus souvent, i et cela dans l'intérêt même de la cause qui nous est chère. se —Nous avons appris avec beaucoup de regret que I’ Zasect Life, excellente revue entomologique publiée par le ministère de PAgriculture des Etats-Unis, cesse de paraître. Sept volu- mes du plus grand intérêt en ont été publiés. Deux séries de bulletins remplaceront cette revue : l’une d’un genre technique, l’autre concernant surtout l'entomologie économique... Le No 1 de ja première série, que nous venons : ' recevoir, est intitulé : Revision of the Aphelincæ of N. A. subfamily of hymenopterous parasites of the family Clan dide, by L. O. Howaril. —_—- ————— CHRONIQUE DES REVUES ji Eure Sen ruine religieuse de Québec a commencé sa : 8e année, et nous lui faisons nos meilleurs souhaits à cette occasion, en même temps que nos compliments pour l’aspect \ soigné ct même artistique qu'elle a maintenant. Elle est à. présent imprimée et administrée par les “ Franciscaines Mis- sionnaires ” de Québec (180, Grande-Allée). Quant à la ré- daction, elle continue d’étre fort remarquable, et l’on tient compte, dans la presse, des jugements qu’elle porte quand elle s'occupe des questions. politico- religieuses de nôtre temps. —L Enseignement primavre ’entrait récemment dans 4 sa 17e année, et nous le félicitons de ce bel âge. Les institu- VEN pi teurs du dis ae de Québec peuvent être fiers ae leur organe, qui est excellemment rédigé ; il n’en peut d’ailleurs être au- trement pour une revue dirigée par MM. J.-B. Cloutier et C.-J. Magnan. Nous n’en parlons pas sans la connaître, puis- qu il n’y à pas une iivraison de ses seize volumes que nous n’ayons lue. —Le Sténographe canadien, de Montré al, a publié une livraison spéciale très intéressante et. tres soignée, à l'occa- — 148 LE NATURALISTE CANADIEN sion de l'Exposition provinciale qui s’est tenue dernièrement à Montréal. . —La Revue canadienne(Montréal, 256, rue Saint-Paul), dont nous n’avons pas encore parlé, s'impose de plus en plus à l'attention des amis des lettres et des beaux-arts, par la haute valeur littéraire et le cachetartistique qui la distinguent. L’excellent esprit de sa rédaction est digne de l’encourage- ment des gens de bien. N. B.—Tout cela n’est, il est vrai, guère entomologique, minéralogique, etc. Mais ceci soit dit une fois pour toutes : Pouvant disposer de quelque publicité, ncus voulons y faire au moins une petite part à la bonne presse. On fait tant de zèle, ailleurs, pour la diffusion des imprimés “ neutres ? ou “ hostiles ”, que les éditeurs catholiques ont pour devoir, nous semble-t-il, de signaler à leur public les publications qui mé- ritent ses faveurs. M. Germain Beaulieu (97, rue Saint-Jacques, Montréal) nous prie d'informer les débutants dans l'étude de l’histoire paturelle qu’il se fera un plaisir de classer les spécimens qu’ils lui soumettront, por (ee ‘LA REVUE NATIONALE ” SOMMAIRE DU No DE SEPTEMBRE — Les Sept-Les, par M. A.-N. Monpetit.—Ethnographie mexicaine (suite et fin), par M.Alphonse Gagnon.—Les patriotes du Nord, par M. L.-0. David.—Un coin de rue, le dimanche, à Montréal,par M. J. Germano.—En Afrique, un duel de soldats, par un Ancien légionnaire.—Notre langue, poésie, par M. W. Chapman.—Chants et Plaintes du matelot, par M. Faucher de Saint-Maurice.—Souvenirs d’Ecole militaire, par M. Ch. des Ecorres.—L' Etranger (suite et fin), nouvelle, par M. Adolphe Poisson.— Chronique, par M. Arthur Buies.—Un accident, par M. J.-D. Chartrand.—Les roses de Saadi, chanson nouvelle, par M. Ernest Lavigne.—Modes et Monde, par Françoise. — Illustrations : Portraits et dessins dans le texte et hors texte. 0 Pour LA PATRIE, roman du XXe siècle, par J.-P. Tardivel, Directeur de la Vérité—1 volume in-12 de 450 pg. Prix, 75 cts; 80cts franco par la poste, chez Cadieux & Derome, Edi- teurs,rue Notre-Dame, Montréal. Le a Lyrvoc rN a Natura. liste Cana VOL. XXII (VOL. II DE LA DEUXIEME SERIE) No10O Chicoutimi Octobre 1895 Rédacteur-Propriétaire : l’aLhé V,-A, HUARD FORMATION DU SAGUENAY LE CATACLYSME (Continué de la page 124) L’aurore, que nous désespérions de revoir après un pa- reil effondrement, que les échos assourdissants de Pabîme ré- percutent encore à l’infini,apparaît enfin au-dessus des monts, comme un rayon d'espérance, comme un aperçu du ciel. “ Tl est done vrai (dis-je à mon compagnon) que la terre existe encore! qu’elle se retourne comme toujours sous les yeux vivifiants de notre beau soleil ! “La blessure terrible, qu’elle vient de recevoir du- rant cette nuit d’épouvant: et de destruction, va bientôt apparaître dans toute sa sublime horreur. Cette lumière dou- ce et consolante que nous entrevoyous à l'horizon, grandis- sante et splendide, nous présage un heuréux jour, ‘nous fait renaître à l’espérance. “ Nous l’apercevons, enfin, cette entaille immense, cette brèche profonde qu’une volonté toute-puissante a imprimée à la face de notre hémisphère, comme une marque de posses- sion, estampée, burinée par la main du Grand Maitre. “ Dieu,dans sa sagesse infinie, entrevoyant l’avenir,créa le Saguenay, fit sortir subitement des eaux cette plaine humide % 9 —Ociobre 1895, An Ki DA ? beaucoup mieux la page suivante. ‘LE NATU RALISTE CANADIEN qui relut devant nos yeux dans toute sa nudité............ “Je comprentis que ça dépasse imagination, que ça ré- veille de sombres idées, ce nouveau mode d'opérer à l’encon- tre (semblerait-il) de la saine logique que vous savez. Mais, croyez-moi, 1] faut en prendre son parti après un témoigna- ge aussi renversart que celui qui vient de nous être donné. Vous êtes étonré, je le conçois ; on le serait à moins. Mais, enfin, il y a des théories qui ont subi des chocs plus renver- sants encore, et qui, cependant, n’ont pas détruit la renom- mée des savants, ni leur science, ni leur prestige ;—ce n'est rien, d'effacer une page toute fraîche écrite, dans un moment d'enthousiasme, lorsque l’on peut, après mûre réflexion, faire v — Assez, mon ami, me dit-il, je ne me rappelle plus rien de ce que j’ai écrit. Ce que je vois dans le moment, suffit Npour me convaincre que nos idées sont quelquefois le jouet de nos réveries, et que, une fois formées, nous y attachons - trop de prix. “Tl y aurait bien des choses à refaire, si l’on pouvait re- cevoir tous les jours une leçon comme celle-ci. La science en profiterait d'autant plus, qu’elle se trouverait parfaite- ment comprise et expliquée, en dehors de toutes suppositions et sans égard aux comparaisons trouvées ou à chercher. “ Souxentes fois, des théories nous font faire fausse route, Hy}: A ie 7 . . à notre insu, par la confiance sans borne que nous ont ins- pirée les savants qui les ont exposées, dans un langage et avec une logique irrésistible, suivant nous, be parce qu’elles tournent dans le cercle où rayonnent aussi les nôtres. ere d’abord, ce rocher énorme renversé là devant nous, qui s’appuie sur les deux lèvres monstres de cette plaie béante que je n'ose regarder. Eh bien, j’ai toujours cru que c'était un double dépôt d’argile, qu’une banquise isolée, dans Vancien lit du Saguenay, à l’époque glaciaire, avait amoncelé là dans sa descente vers Tadoussac, qu’elle n'a pu malheu- reusement atteindre. Je l'ai écrit même, quelque part, pour \ expliquer le changement de direction des eaux du lac Kéno- _gami et même du lac Saint-Jean. i X . . \ i “Je Pai vu, ce rocher, celui près duquel nous passions com hier, emportés par cette marée baissante qui ne finissait plus. Je l’ai vu se cubrer, pour ainsi dire, sous le choc des éléments déchainés, se renverser en arrière ens’abimant dans le gouffre comme une avalanche de montages. “ J'ai perdu l'équilibre comme vous dans ce terrible mo- J eer ment, mais j'ai pu réussir à maintenir mon corps et mon es- prit sains et saufs et dans un état conscient pendant ces lon- gues heures de terreur et d’épouvante. On dit qu’à la mort nous voyons tout d’un autre œil. “Je le crois facilement, car j'ai. vu des choses ici que je n'aurais jamais imaginées, ni soupçonnées même, si je n'a- SMS 112271 FORMATION DU SAGUENAY LE ë 5 RUES d è ir ae vais pas accepté votre invitation, qui im’a permis d'assister au spectacle de cette nature en convulsion, ea délire,et auquel — j'étais loin de m’attendre. € “les montagnes se fendirent sous l’action de quelque terri- | ble force intérieure et toute cette mer de 90 lieues de tour se a précipita dans la fissure béwnte,’ et le rest: Je confesse qu'il n’a ébloui un peu avec sa description fantastique du Cataclysme. J'aurais dû pourtant me, tenir sur mes gardes, | tout le temps, pour ne pas tomber si naivement dans son jeu ; | car cet homme-là a toujours des mots qui lui sont propres _ x son sujet, tout part à la course ; sil veut je faire courir, il est déjà hors de vue possible. A vrai dire, c’est dans sa natu- J dr re, dans ses habitudes. Voyez-le en mouvement, tousses mus- cles sont en jeu, ses nerfs pareilleinent. On croit qu’il s’en va, tout le temps il revient ;son cil 4 tout vu avant d’être rendu à son but. Il n’a pas vu, croyez bien, il à cru voir, il)» i est bien plus satisfait de cette tagon que si l’objet lui eût M. Buies n'a impressionné trop fortement peut-être | lorsque je lisais son écrit sur le Cataclysme, où il est dit que — our exprimer ses idées, Du moment qu'il veut faire marcher — | touché le nez.—Il est libre vie le décrire ensuite à sa fantaisie, sans le moindre scrupule, convaincu qu'il est, s'il sort de la’ HAN LE NATURALISTE CANADIEN vérité, que sa résponsabilité, au moins, n’est pas en jeu ou qu’elle est fort bien à l’abri. “ Je puis mieux comprendre maintenant la marche probable des événements qui se sont succédés en si court temps,avec les résultats étonnants que nous constatons d’un moment à l’au- 3 tre, lesquels n'auraient pas été les mêmes si- tout s'était con- ) duit suivant l'impulsion imprimée aux éléments, au début de la catastrophe, par M. Buies lui-même.” ». (À suivre) P.-H: Dumars. < face 4h UNE ENQUETE SUR LE SERPENT DE MER [Con*inué de la page 140] 1882—Le premier Serpent de mer, dont il est fait men- * tion en cette année, appurtient....an règiue végétal! Voilà une constatation qui n’est pas banale. C’est le Journal de + Québec du 9 février qui raconte le fait d’après le Madras Mail. Celui-ci le tient d’un capitaine de navire. “Mon na- vire étant un jour à Table Bay, dit ce dernier,on crut voir sou- dain un monstre énorme qui paraissait s’avancer en roulant sur lui-même à fleur d’eau vers Grew Point, à l’intérieur de la baie. Cet objet semblait long de plus de 80 mètres et s'agi- tait avec un mouvement ondulatoire, semblable à celui d’un serpent.” Bref, on fusille copieusement le monstre, puis l’on s’en approche en canot pour le prendre et l’empailler, lorsqu’on s'aperçoit “qu’on avait eu affaire à un magnifique échantil- = AT, Pr te lon de “l'herbe géante” de mer, dont les ondulations étaient causées par l'agitation des vagues.” —Le 18 octobre, le même Journal de Québec reproduit du Monde l'histoire de la capture, au Coteau Landing,d’un pe- tit serpent aquatique de quatre pieds de longueur, d’un dia- mètre de quatre à cinq pouces. N’en parlons pas, parce que Parum pro nihilo reputatur. dr UNE ENQUÊTE SUR LE SERPENT DE MER 153 1883-— Nous ne trouvons, cette année, qu’une seule men- tion du Serpent de mer, mais elle est remarquable. Elle est du Journal d'Indre-et-Loire, cité par l'Etendard du 18 juil- let. C’est le capitaine Howes, de Baltimore, qui, dans une lettre du°13 février précédent, donne Ja description des Ser- pents qu'il a rencontrés lui-même,en 1875, au nombre de trois à la fois. Et il est à remarquer que, en 1882, le Capt. R. Platt (dit toujours le même journal)apercut un Serpent identi- que aux individus décrits par le Capt. Howes. Voici done la lettre de celui-ci : “ J’ai fini par retrouver mon livre de loch, sur lequel J'avais tracé le croquis des “ serpents de mer ” que j'ai vus le 12 avril 1875. Ils étaient trois, deux grands et un petit : ton- te la famille était sortie ce jour- la! ay animanx étaient diffe rents de tous ceux que j'avais rencontrés jusque-là, et cepen- dant j'avais doublé deux fois le Cap Horn pour naviguer dans le Pacifique. Jamais je n’oublierai cette apparition, mais je voulais retrouver mon livre, pensant bien que j'avais dû y tra- cer quelque note capable de me rafraîchir ia mémoire. “Les deux grands laïssaient voir une partie de leur corps mesurant environ 15 pieds de longueur et se dressaient au-dessus de l’eau à une hauteur de six pieds. J'estimai que Ja tête pouvait avoir 12 à 15 pouces de diamètre, et que le corps, augmentant graduellement de volume jusqu’à la ligne de l’eau, mesurait en ce point 24 pieds à 3 pieds de diamè ètre. Ils nageaient très vite , dans une direction opposée à la nôtre, Nous nous trouvions en ce moment à environ 2 milles du phare du cap Cod. “Ces animaux ressemblaient à des serpents d’une ma- nière saisissante. La tête était aplatie ; et lorsqu'ils se trou- vèrent en pleine lumière, à 250 ou 300 pieds de distance, le petit ayant levé la tête en nous faisant face, comme ma lunet- te était justement braquée sur eux, je remarquai que le des- sous de la mâchoire était également aplati, et qu'une sorte de rebord marquait la jonction des lèvres, comme chez les ser- pents et les batraciens. “ En se dressant, leur corps faisait, avec la surface de la mer, un angle de 15 à 20°. Sur le dos était une nageoire longue et mince, projetant en avant un angle de 20° et me- LE NATURALISTE CANADIEN surant, à ce que j’estimai, 6 à 6 piels de long. Cette nageoi- re vibrait d’une manière très sensible. Le dos était de con- leur ardoise, se dégradant insensiblement sur les côtés, pour, se fondre en une couleur de eréme en dessous. © “Une autre chose dont je fis la remarque, c’est que css animaux ne se courbèrent pointau moment de disparaître, mais s’enfoncerent tout droit et avec lenteur. “Je pense, à en juger par lapparence:, que c'était bien des serpents de mer. Beaucoup de mes officiers et Ce mes passagers les virent comme moi ; le capitaine d’un des stea- mers qui font le service de P hiladetphic à Boston, qui avait doublé le cap Cod un peu avant moi, passa plus près d’eux, et il en a donné une description qui, d'après ce que me rapporte mon ami, était entièrement conforme à la mienne, pas comme le jvge Bond, qui dit “qu’il fallait que je fusse bien malade pour en avoir vu trois, au lieu de me contenter d’un seul.” La seule réflexion quil y ait à faire après ce récit, c'est que, sil est inventé de toutes pièces, I’ auteur y amis au moins beaucoup d’ingéniosité. 1884— D'après le Journal de Québec et le Courrier du Janada du 16 août, l'équipage du Str Silksworth vit près des côtes de Gaspé un Serpent qui s’éleva sur l’eau à la hau- teur du mât de misaine ; sa couleur était celle d’an maque- reau ; sa tête ressembl ta celle du requin. il convient d’a- Jouter que cette rencontre eut lieu la nuit; par exemple, il faisait clair de lune. 1885— Cette année, il y eut éclipse totale du Serpent de mur, et la science erpctologique, divison des Ophidiens, resta absolument à l’état stationnaire. 1886—Le Canadien des 3 et 6 septembre parle d'un Serpent que des capitaiies et plusieurs autres personnes ont vu, à plus d’une reprise, dans les eaux de la rivière Hudson, et dans celles du Massachusetts. “ Le monstre portait la tête _ élevée de six pieds au-dessus de l’eau et avait une longueur totuic de plus de cent cinquante pieds. La gorge était d’un blanc grisâtre ; et ce qu’on voyait du dos, au-dessus du ni- veau de l'eau, était bigarré de brun clair et de brun foncé. Le Li UNE ENQUETE SUR LE SERPENT DE MER 159 _ dos était hérissé d’une membrane eartilagineuse, semblable à une nageoire, qui s’étendait sur toute sa longueur.” Dans son numéro du 22 septembre, le même journal rap- porte les dires du lieutenant Foster, du Minnesota, qui, le 10 de ce mois, apercut d’une jetée de New-York, encore dans la rivière Hudson, un Serpent qui remontait la rivière. “D’a- près le lieutenant Foster, le Serpent de mer est d’une cou- leur ardoise sale et ressemble à une gigantesque anguille. Le heutenant évalue la longueur du monstre de soixante à qua- tre-vingts pieds, et son épaisseur de dix-huit à vingt pouces”? 1887—Encore d’après le Canadien, (du 18 janvier), et encore dans lP'Hudson, nouvelle apparition du Serpent de mer. Cette fois le monstre brisait la glace qui recouvrait le fleuve, à la grande frayeur du pêcheur qui le contemplait. Il y a huit ans de cela, et pas une compagnie ne s’est organisée, du- rant ce temps, pour s'emparer d’un Serpent de mer et l’em- ployer à tenir la navigation ouverte sur les fleuves et les ri- vieres pendant la saison d'hiver. Avouons que,a notre époque, on m'est pas si entreprenant qu’on le proclame. Le 30 juillet, dit le Canadien, sur l'autorité du HMoni- teur acadien et de l Advance, de Miramichi, on vit le Ser- pent de mer pres des côtes du comté de Bonaventure. Il avait une grande nageoire hors de l’eau, à dix ou quinze pieds de la tête, Nous terminons ici cette enquête: Car toutes ces appa- ritions du prétendu Serpent de mer sont assez semblables, et . il faudrait encore bien des pages pour enregistrer toutes les mentions quien ont été faites par les journaux depuis 1887 On sait combien il y a eu de ces récits à sensation, surtout D: en ces dernières années. Mais aucune de ces narrations ne : vaut celle que nous venons de lire dans une revue des Etats- , Unis, et qui est signée par plusieurs hommes de la barque | anglaise Pauline, A peu près à mi-chemin entre | Afrique a et le Brésil, ce navire rencontra trois grosses baleines dont l’une se débattait sous l’étreinte d’un énorme Serpent, qui ~ andl : 156 LE NATURALISTE CANADIEN l’entourait de deux tours complets, et dont la tête et la queue, en dehors de ces deux replis, avaient environ trente pieds de longueur ; son diamètre était d'environ trois pieds.—Apres cela,.si lon ne “tire pas l’échelle,’ nous ne savons ce qui ad- viendra! Les petites mésaventures de l’été dernier ont dû joli- ment guérir le crédule publie de la manie du Serpent de mer. Ce fut d’abord, le 30 juillet, la capture, dans la baie de New- York, d'un Serpent de vingt-cinq pieds de longueur, d'un pied de diamètre. L'animal était mort, et on put l’étudier a son aise. Les grands journaux de New-York firent étalage de science, et l’on finit par décider que c'était “a baby sea-ser- pent.” L'arrivée immédiate du steamer anglais Macduff dé- rangea tout cela ; on avait pris à bord. de Singapour, un ‘boa constrictor’, pour un fournisseur de ménagerie, L'animal mou- rut lorsqu'on approchait des côtes d'Amérique ; on le jeta à la mer ; le flot l’apporta près de New-York, et l’on en fit un jeune Serpent de mer : Un mois plus tard, le 25 août, trois Montréalais, en ex- cursion de pêche au Sault au Recollet, voient un monstre ma- rin d’étrance allure ; l’un d’eux lui fracasse la tête d’une bal- Te ; ou amène à terre le reptile qui a trente-deux pieds et de- mi de longueur, et trois pieds neuf pouces de diamètre. Le dos est très poli ; les nageoires, rougeatres ; dents très aigues. On se rappelle si les journaux s’en sont donné ! Il est finale- ment statué que le monstre est un Hydrophis, venu, on ne sait comment, des régions équatoriales de locéan Pacifique. On exhiba l’exotique reptile à Montréal, et les gros sous affluè- rent, jusqu'à ee qu'il fut constaté que le Serpent en question avait ¢té fabriqué de toutes pièces, de vulgaire peau de vache, et bourré de sciure de bois. Nous donnerons, en notre prochain numéro, le récit d’un pêcheur du Labrador qui a vu, lui aussi,un monstre marin très différent de tous les habitants de la mer qu’il avait précédem- ment rencontrés. 4 j AUS MILAN TL LES DERNIÈRES DESCRIPTIONS DE L'ABBÉ PROVANCHER 157 LES DERNIERES DESCRIPTIONS DE L'ABB: PROVANCHER ORDRE DES HYMENOPTERES (Continué de la page 142) Fam. XIX- EUMENIDÆ Pay mère roebusie. Odynerus robustus, n. sp. P—Long..72 pce. Noir avec ornements jaunes. Le cha- peron, les mandibules, le scape en dessous, une tache frontale, des lignes orbitales jusque dans l’échancrure des yeux, une grande tache en arrière de ceux-ci, jaune ; le front fortement ponctué, à pubescence jaune courte et peu apparente. ‘Tho- rax retréci en avant et en arrière, tronqué en avant et sub- anguleux ; le prothorax, les écailles alaires ocellées d’un eros point testacé, deux taches sur les flancs, deux taches sur l’écusson, le post-écusson avec le métathorax excepté au mi- lieu, jaune ; le mésothorax fortement ponctué, le métathorax à angles arrondis. Ailes obscurcies de roussâtre, le stigma fauve. Pattes jaunes, les hanches excepté en dehors avec la base des cuisses, noir. Abdomen robuste, conique, légére- ment plus étroit à la base, tous les segments avec une large bande jaune au sommet, cette bande sur les segments 1 et 2 dilatée aux côtés avec des pointes se refermant de manière à ne laisser qu’une tache centrale noire sur le premier et une tache en forme d’X sur le second.—Los Angeles (Coquil- lett). (*) Bien remarquable par sa coloration. Odymêère à 2-taclhes. Odynerus bimaculatus, n. SUR) 2—Long. .52 pce. Noir, non brillant, avec pubescence blanchâtre, le chaperon, une tache sur les mandibules, le sca- pe en dessous, une petite tache orbitale en avant, une plus grande en arrière, une autre petite au milieu du front au- dessus de l’insertion des antennes, le bord antérieur du pro- thorax subinterrompu au milieu, une grande tache sur les lances, les écailles alaires excepté une tache roussâtre au mi- lieu, une tache de chaque côté de l’écusson, le post-écusson (*) Type au Musée du Parlement, Québec. 21—Octobre 1895. 158 LE NATURALISTE CANADIEN une tache sur les angles du métathorax, les pattes en partie avec une bande à tous les segments de abdomen, jaune.Cha- peron subtridenté en avant ; extrémité des mandibules rous- sâtre ; tête et thorax fortement ponctués. Ailes hyalines roussâtres, plus ou moins obscurcies à la côte et à l’extrémi- té, le stigma testacé-roussâtre. Pattes d’un jaune roussâtre, les hanches, les cuisses, excepté à l'extrémité, avec une tache en arrière des jambes, noir, Abdomen en ovale, robuste, court, aussi large que le thorax, tous les segments avec une bande jaune au sommet, cette bande sur les segments 2, 3, 4 et 5 avec une échancrure en forme de point de chaque côté en avant, les segments 1 et 2 avec une tache sur les côtés à la base, celles du premier unies & la bande du Sommet, celles du 2e totalement isolées ; l’anus noir. 3 —Avec les antennes simples, sans crochet à l’extrémi- té, le chaperon tronqué en avant et à peine échancré ; même coloration que dans la 9. Ses antennes simples et sa forme trapue le rangent dans la section des Pachodynerus. Œiynère tricolore. Odynerus tricolor, n. Sp. S—Long. .20 pce. Noir et rouge, avec ornements blancs, fortement ponctué, sans pubescence, mais non brillant. Cha- peron blanc, plus large au milieu, avee 2 petites dents très rapprochées en avant, une ligne blanche sur le scape en des- sous, l'extrémité des antennes roussâtre en dessous, la’ face avec une tache de duvet argenté au-dessus de chaque antenne allant jusque dans l’échancrure des yeux. Une ligne sur le bord du prothorax interrompue au milieu avec les écailles alaires, blanc, le reste noir avec le métathorax roux-ferrugi- neux, celui-ci excavé en arriére, et portant une épine de cha- que côté pres de l’insertion de abdomen. Pattes noires, les Jambes et les tarses, surtout les antérieurs, brun plus ou moins foncé. Abdomen court, avec le premier segment rouge, le reste noir, tous les segments avec une étroite marge blanche au sommet, le premier en forme de coupe, à peine plus étroit que le 2e, celui-ci très long, fortement ponctué au sommet. —Los Angeles (Coquillett). (*) | Les trois couleurs de cette petite espèce la rendent très reconnaissable. Odymère-à-chaperon tronqué. Odynerus trun- cdtus, n. sp. : S—Long. .42 pce. Noir, densément ponctué avec pu- (*) Type au Musée du Parlement, Québec. AU. à PORN DEEE ET TANT , UD PAIE AL FRS MU DEUX MORTS ILLUSTRES 159 bescence blanchâtre, peu abondante et presaue nulle sur le thorax ; le chaperon, les mandibules excepté à l’extrémité, le scape entièrement, une tache entre les antennes, les orbites antérieurs jusque dans l’échancrure des yeux, les postérieurs, tout le dessus du prothorax, 2 grandes taches sur les flancs en avant, les écailles alaires, une bande snr l’écusson inter- ronipue au milieu, le post-écusson, une grande tache sur les angles postérieurs du métathorax, les pattes entierement,avec une bande à tous les segments de l’abdomen, jaune. Chape- ron © tronqué et à peine échancré en avant,un peu plus long que large. Antennes simples à l'extrémité, noires en dessus et rouges en dessous. Prothorax coupé carrément en avant et épiueux aux angles antérieurs, Ailes enfumées roussatres, le stigma jaune. Métathorax tronqué et excavé postérieure- ment, sans pointes aux angles. Pattes jaunes, les hanches en dessus avec la base des cuisses, noir. Abdomen en ovale tous les segments largement marginés de jaune au sommet, cette bande fortement ponctuée et dilatée aux côtés de manière à toucher le seginent précédent, excepté sur le 2e.—Los Ange- les (Coquil lett). (5) Voisin du Guadulpensis, Sauss., mais s’en distingue sur- tout par sa tache double au-dessous des ailes et ses bandes abdominales beaucoup plus larges, rendant tous les côtés et le ventre jaunes excepté à Ja base du 2e segment. ee —— 0 DEUX MORTS ILLUSTRES Louis PASTEUR (1822-1895) est mort le 28 septembre dernier. Son nom était populaire dans le monde entier. Au- cun savant, en effet, n’a peut-être rendu à l'humanité des ser- \ices plus importants. Rappelons seulement, ici, ses études sur les maladies des vers à soie, sur la fermentation des vins, des bières et des vinaigres. I] a donné le coup de grâce à la fameuse théorie des générations spontanées chez les Infusoi- res. Sa découverte de l’atténuation des virus a transformé la médecine et la chirurgie ; le charbon, la rage et, depuis peu de temps, la diphtérie, ne sont plus, grâce à Pasteur, des ma- ladies incurables, (*) Type au Musée du Parlement, Québec. PHO: LE NATURALISTE CANADIEN Pasteur a été comblé d’honneurs et de gloire. Tout cela serait vain pour lui, aujourd'hui, s’il n'avait pas été aussi un chrétien sincère et pratiquant. CHARLES VALENTINE RILEY (1843-1895), décédé à Wa- shington le 14 septembre, était le prince des entomologistes américains ; et même, pour ce qui concerne l’entomologie éco- nomique, aucun savant du monde entier ne l’a égaié. Son ceuvre est considérable et sauvera son nom de Poubli. Les bons rapports que le Prof. Riley entretenait avec le fondateur du NATURALISTE CANADIEN se sont continués avec le directeur actuel de la revue ; et, il n’y a encore que peu de mois, nous etimes recours à sa bienveillance pour un service important, et il mit beaucoup d’empressemert à nous être utile. C’est donc pour nous un devoir de témoigner, en face de cette tombe prématurément ouverte, de notre reconnais- sance et de nos regrets sincères. 0 LA; VENDANGE) A CHICODUTIM! Le défaut d’espace, en notre livraison de septembre, nous a empêché de signaler la vendange qui se faisait à Chicouti- mi, à cette date. Les vignobles sont encore peu nombreux, ici, il est vrai ; mais enfin, l'expérience est faite. La vigne a été cultivée a Chicoutimi et elle a parfaitement mûri des rai- sins en plein air. Nous en avons eu la preuve, en recevant de belles grappes dela part des Révérendes Dames del’ Hôtel-Dieu Saint-Vallier et de M. J.-B. Petit, négociant de Chicoutimi. Celui-ci à aussi cultivé, avec un égal succès, la vigne sauvage. Après ces heureuses tentatives, si l’on continue à calom- nier le climat du Saguenay, c’est qu'on y mettra de la mau- vaise volonté. a PHOTOGRAPHIE LA PHOTOGRAPHIE ARTISTIQUE La photographie peut étre artistique dans le sens vrai de ce mot ; elle possede pour cela les éléments requis. 1 y PHOTOGRAPHIE 161 Lartiste a deux genres de matériaux : d’une part tout ce que contient son laboratoire et son bagage, de l’autre tous les objets répandus sur la surface infinie de Ja nature. Les montagnes, les rivières, les plaines et tous les objets qui sy meuvent, les arbros, les fleurs et toute la lumière qui les en- vironne, sont tout autant les matériaux du photographe que les acides ou les alealis, les objectifs, les plaques ou le papier. Le photographe reçoit de la nature certaines sensations de plaisir, des idéss, des sentiments, et il remarque qu’ils sont produits par l’arrangement de certaines forines et leurs degrés dillumination. Alors il cherche à reproluire ces sensations, cos idées, en employant, dans ce but, tout ce que la chimie a is à sa disposition, mais en se servant, d'autre part, des ob- jets, des formes, de la lumière que la nature lui donne comme matériaux. La nature est belle par elle-même, mais, pour être bien comprise, sa beauté dépend de lintelligence et de l’imagina- tion de celuiqui la contemple, deceluien qui l’ordre, la forme, la lumière, la couleur éveillent les sensations de plaisir qui lui font dire : “ que c’est beau!” La nature est une sorte de vaste entrepôt de matériaux, et nous en employons ceux que notre Jugement nous fait choisir; c’est un grand clavier dans lequel nous choisissons ces touches ou ces notes qui compo- sent l’accord harmonieux ;—ou bien, si l’on aime mieux, c'est un livre inépuisable dans lequel nous pouvons choisir les mots et les phrases de façon à exprimer des idées et senti- ments qui représentent ce que nous avons compris et éprouvé en le parcourant. Mais le livre est écrit dans une langue que tous n’ont pas appris à lire, et c’est ainsi que la fonction de l'artiste est celle d’un traducteur. La plupart des œuvres souffrent la traduc- tion : il y a de bons traducteurs, il y en a de mauvais. Le meilleur est celui qui a la connaissance la plus complète de l'original et qui a le plus d’amour pour son travail ; mais qu'on le remarque, il ne se glorifie pas autant de montrer son adresse dans la phrase ou sa connaissance du dictionnaire 16021, LE NATURALISTE CANADIEN que de chercher à faire une traduction dans laquelle le lee- teur retrouve l’esprit et le sentiment de l'original. L’artiste est né pour choisir, cueillir et grouper ses élé- ments de telle sorte que le résultat soit beau :—le peintre ne se contente pas de faire une copie servile d'objets quelcon- ques, le musicien ne fait pas sortir indifféremment de son instrument toute la kyrielle des notes de manière à écraser et noyer la mélodie. Si à cette heure, ce jour, cette semaine où l’on se trouve devant tel site, les choses ne sont pas comme on le désire, il ne faut pas condamner incessamment la scène comme ne pouvant convenir, et la photographie comme anti-artistique. Que l’on sache sacrifier un peu de temps et d’aises, et l’on verra comment chaque scene change d’aspect. Le jugement, le bon goût et l4 patience, voilà donc au- tant d'éléments indispensables à quiconque veut être artiste. (À suivre) L’ABBf E. POIRIER. a — — —— n O BIBLIOGRAPHIE —Philéas Gagnon, Essai de bibliographie canadienne, Québec, 1895. Rarement nous avons entrepris avec plus de plaisir, qu'à propos de cet ouvrage, la tâche d'un compte rendu bibliographique. En effet, si vous sommes un fervent de l'histoire naturelle, rous ne le sommes pas moins de la bibliographie ; et cela nous met à méme de comprendre les jouissances qu'a éprouvées M. Ph. Ga- gnon ex formant et augmentant de jour en jour sa précieuse collection. Quand un profane contemple une collection d'insectes, de monnaies, de manuscrits, etc., il dit à l'amateur : ‘ Ah! quel pénible travail vous avez fait! Moi, je n’au- 1ais jamais tant de courage !” Onne voudra done jamais croire que le collec- tionneur d'objets d'histoire naturelle, de livres, ete., est le plus heurcux des hommes, et que s'occuper de sa ® collection ” re lui paraît jamais être un la- beur, mais plutôt une récréation !—Nous savons trop ce qui en est, pour plain- dre M. Gagnou de l’immense travail qu’il a dû en effet s'imposer pour préparer le gros in-octavo dont nous parlons ; il est sûr qu’il n’y a trouvé que du plaisir. Comme sous-titre de l'ouvrage on lit ceci : ‘“ Inventaire d’une bibliothèque comprenent imprimés, manuscrits, estampes, etc. relatifs à l’histoire du Cana- da eb des pays adjacents, avec des notes bibliographiques.” Cette phrase donne un aperçu complet de ce volume de sept cents pages. En effet, après un remar- quable Avant-propos, où l’Auteur fait les considérations les plus intéressantes sur la bibliographie canadienne et la méthode qu'il a adoptée pour l'exécution de son œuvre, il nous donne réellement l'inventaire de ses riches collections. 1)'abord,-les livres, brochures, journaux, etc. ; ces imprimés sont au nombre de 3747. Les autographes et autres manuscrits comprennent les Nos 3748 à 4406. Enfin, les cartes, plans, portraits, etc., sont catalogués du No 4407 au No 5015. Et tout cela se rapporte de plus ou moins près à l’histoire du Canada. En outre,une cinquantaine de fac-similés de titres de vieux ouvrages d’autographes, REVUE DE LA PRESSE 165 de portraits et d'ex-libris, ajoutent au livre un intérêt de plus. Car il est intéres- sant,ce livre.qui est loin d'être un simple catalogue. L’Auteur a tenu la promes- se du titre de son ouvrage, et de nomoreuses “ notes bibliographiques.” répan- dues dans tout le cours du livre, décrivent un volume où un document, don- nent un renseignement historique, ou font un peu connaître l'écrivain dont il s'agit. Certaines de ces notes couvrent plusieurs pages petit texte, notamment celle où l’Auteur discute l’époque où l’on a ‘imprimé ” pour la première fois en ce pays. Nous en avons dit assez, croyons-nous, pour montrer combien cet ouvrage a de valeur. Nous félicitons M. Gagnon de la belle collection de publications canadiennes, l’une des plus précieuses qu'il y ait dans la Province, qu’il a su réunir. Les bibliophiles lui sauront gré d’avoir bien voulu leur faire connai- tre toutes ses richesses. Nos remerciements pour le gracieux envoi d'un exemplaire de ce volume. —L'éditeur des “PETITES LECTURES CANADIENNES” vient de nous en- voyer son ALMANACH CATHOLIQUE pour 1896 C’est un beau petit recueil de 95 pages dont nous recommandons volontiers la lecture à nos abonnés. Le pcix est minime : 5 cts pour un exemplaire ; 50 ets pour 12 exemplaires ; $3.00 pour 100 exemplaires. ADRESSE : 98, RUE SAINT-GABRIEL, Montréal. — Adresse de bienvenue par M. Baillairgé à la Section de Montréal des Architec- tes du Canada, à Québec , le 2 octobre 1895, Plaidoyer en faveur de la conser- vation du français en Canada ; plaidoyer en faveur de Québec, qui n’a pas dit son dernier mot comme port de mer, comme centre industriel. L’orateur a bien mérité de tous ceux qui s'intéressent à l’avenir de la Province. Le petit article “La propreté des pots à fleurs,” publié en notre dernière livraison, était extrait du Sténographe canadien, de Montréal. © © ————— ———— REVUE DE LA PRESSE — The Owl, la remarquable revue mensuelle publiée par les élèves de l’U- niversité d'Ottawa, a reproduit en anglais notre article du mois de juillet sur “Le Musée de Betsiamis. ’’ — I} Indépendance canadienne, dont le numéro-prospectus avait paru il ya plusieurs mois, a commencé dernièrement sa publication régulière. Journal d'une rédaction très originale, dont le nom ditle programme, Celui-ci nous agréerait bien, pourvu que l’on ajoutât le mot “frangaise’’ à celui-là. Publié aux Trois-Rivières, $1.00.—L’ Administration du journal se félicite de compter 9444 souscripteurs sur ses listes. Si, comme il semble, ce nombre est seule- ment celui des gens qui n’ont pas refusé le uuméro-prospectus, on aura des dé- ceptions ! Depuis que nous avons fait revivre le NATURALISTS, en janvier 1894, iln’y a pas eu un seul mois où nous n’ayons reçu des renvois du journal. Le plus récent de ces renvois est daté du 23 octobre courant, et nous vient d’un médecin de Montréal. L'on a ainsi reçu le journal durant six mois, quinze mois, vingt mois, et on le refuse, un bon jour, sans s'occuper même de la ques- tion de paiement. Done, à l'Indépendance canadienne, que l'on ne compte pas trop sur les ‘9444 souscripteurs,” dont un certain nombre pourraient bien re- vendiquer leur ‘‘ indépendance ’’ contre le gré de l’ Administration. —The Voice of the Precious Blood, édition anglaise dela pieuse revue fondée à Saint-Hyacinthe, en avril 1894, par les Sœurs du Précieux Sang. $1.00 par an- née. — Le Journal d'Agriculture illustré, qui parle avec tant d'autorité de tout ce qui concerne les choses agricoles, a bien voulu recommander le NATURALISTE 4 l'attention des ‘‘cultivateurs amis de l'étude, et désireux d'acquérir des no- tions scientifiques sur une foule de sujets intéressants.” En outre, comme d’au- tres bienveillants confrères, il publie le sommaire de nos livraisons. Qu'il agrée nos remerciements ! 6 ite LE NATURALISTE CANADIEN — Notre confrère de Sherbrooke, le Pionnier, a commencé dernièrement la 30e année de sa publication. Nous lui adressons nos félicitations et mos bons souhaits...sans réticence : car c’est un bon journal, celui-là, bien digne de l’en- couragement des familles catholiques de sa région. —Le Microscope, de Washington, a recommandé, lui aussi, le NATURALISTE aux jeunes gens des E.-U: quelque peu familiers avec le français et l’histoire naturelle. Nous en remercions bien ! “ Le Naturaliste canadien [ajoute le con- frire] is a 16 paged monthly,by M.Vabbé V.-A.Huard,who lives in a locality far north of Quebec on a tributary of the St.Lawrence. A railroad reaches Chicou- timi, but a train runs up there only twice per week ! and yet, this is said to be the only scientific periodical of its kind in Canada.” Tout cela est vrai, excep- té ce qui concerne la fréquence des trains du chemin de fer Q. & I. St-J. qui n’a été telle que décrite que dams les plus mauvais jours de l'hiver dernier. Si nos amis les Yankees venaiert, l'hiver comme l'été, prendre le frais dans le ‘* far-famed Saguenay,” (Chicoutimi jouirait toute l’année du service quoti- dien de la voie ferrée ! 1] n’en serait pas moins étennart encore, par exemple, qu'il n’y ait au Canada qu'une seule revue d'histoire naturelle générale. ma + mm & LA REVUE NATIONALE ” SOMMAIRE DU NUMÉRO D'OCTOBRE —Jeanne d'Arc, la vocation, (1ère partie,) par le Révd Père Lacoste, O. M. L, Professeur de Théologie à l'Université d’Ottawa.—Tolle, Lege, simple nouvelle, par Hermance.— Chants et plaintes du matelot, (suite), par M. Faucher de Saint-Maurice.—Souvenirs d’Ecole Militaire, par M. Ch. des Ecorres.—La mer, (poésie), par M. Nérée Beauchemin.—Le marché aux légumes à Montréal, par M. J. Germano.—La fille de Kondiaronk, nouvelle historique, par M. G.-A. Drolet. — Le directeur de Revue, (fantaisie), par M. J.-D. Chartrand. — Chronique, par M. Arthur Buies.—Chronique de l’étran- ger, par M. R. de la Pignière.—Consolation, Chanson, avec musique inédite, par M. le Dr. G. Paradis.—Mcdes et Monde, par Françoise.—Notes sur le Théâtre-Français.—7{lustra- tions : Portraits et dessins dans le texte et hors texte. 7 —————- POUR LA PATRIE, roman du XXe siecle, par J.-P. Tardi- vel, Directeur de la Vérité—1 volume in-12 de 450 pg. Prix, 75 ets ; 80cts franco par la poste, chez Cadieux & Derome, Editeurs, rue Notre-Dame, Montréal. : Au bureau du Nuturaliste canadien on peut se proeu- eurer les ouvrages suivants : W.A. Stearns, NOTES ON THE NATURAL History oF La- BRADOR, $1.00. W. A. Stearns, BiRD Lire IN LABRADOR, $1.00. L'abbé Huard, L’APÔTRE DU SAGUENAY, 50 cts Naturalist te Canadien VOL. XXII (VOL. II DE LA DEUXIEME SERIE) Noll Chicoutimi Novembre 1895 Rédacteur-Propriétaire : l’abhé V,-A, HUARD FORMATION DU SAGUENAY LE CATACLYSME (Continué de la page 152) “ Cette fissure profonde, et si vaste que je la croyais im- possible, s’est ouverte avec effort mais sans précipitation, in- perceptiblement. Du moment qu’elle s’est faite, on aurait dit les deux portes d’une écluse qui s'ouvrent mécanique- ment ; et l’eau s’y précipita pressée comme dans le jeu d’u- ne turbine. “Un remous immense se forma en ligne droite, en cou- rant de l’est à l’ouest, et puis s'effaça peu à peu, à mesure que l'ouverture se remplissait. Celle-ci s’élargissant davan- tage, le vides y nivelait sans effort et sans commotion ex- traordinaire, comme par l’action de la marée. “ Vers le milieu de cette vaste nappe d’eau, le courant semblait agir plus rapidement de l’ouest à l'est, formant de grandes vagues qui se déroulaient de plus en plus, à perte de vue, dans la direction du Cap à l'Est où probablement se trouve le vide, ‘ Des écueils surgirent lentement et en nombre infini de- puis ce pont gigantesque que vous voyez là, jusqu’au pied de 22—Novembre 1895. 166 LE NATURALISTE CANADIEN cette montagne qui s'enfonce à l’horizon en face de nous. Les eaux baissant plus vite en aval qu’en amont, des écueils, des cascades s’y formerent bientôt d’un bout à l’autre, comme une vaste chaussée, coupant en diagonale tout le fond du grand bassin. “ Je comprends, maintenant, qu'une grande partie de cet- te mer, ayant franchi, au début de la catastrophe, les bords moins élevés du bassin à l’ouest, son volume d’eau se trouva bien réduit de moitié ; que celui-ci ne trouvant qu’une issue étroite, par la fissure qui s’élargissait insensiblement, la mas- se des eaux ne fut presque pas troublée dans son ensemble : il n’y a qu'au Cap à l Est, où se trouve le véritable entonnoir (que J'ai déjà soupçonné il y a un instant) que le travail se fit en grand, sous leffort puissant, inouï, des courants irré- sistibles qui s’y précipitaient. “ J'entendais, malgré la fureur des éléments, le bruit sourd et lointain de ce Niagara d’un jour. “ Voyez-vous, à l’est, cette profonde échancrure que lon distingue dans la chaîne des Laurentides qui borde le grand Bassin ? Eh bien ! c’est là ! Elle n'existait pas hier, à cette heure-ci. “ Voyez, dans la même direction, ce grand courant qui traverse du sud au nord, et qui remplit la crevasse de dépôts de toutes sortes. Ce sont des bas-fonds, au sud de la baie des Ha! Ha !, d’une étendue considérable, qui s’assèchent, à leur tour, pour toujours. Ce courant nivelle, dans ce mo- ment, ce qui plus tard formera les plateaux du Grand-Brülé. “ Je m'explique, maintenant, pourquoi le lac Saint-Jean s’est creusé une nouvelle décharge, au lieu de suivre cette crevasse profonde, qui pénètre jusqu’au fond de son lit. “ Le lac actuel s’est reconstitué en petit, avec de nou- veaux rivages et une nouvelle décharge, après la sortie des eaux de la mer. Ces eaux que rien n'arrêtait, nivelèrent par- ci par-la le cahot créé par le soulèvement et l'ouverture du so) dans les parties argileuses et sablonneuses que la crevas- se avait traversées, depuis le Beau Portage jusqu’à Couche- FORMATION | U SAGUENAY 167 peganiche, fermant ainsi toutes issues aux eaux du lac, qui sans cela se serait vidé jusqu’au fond sans retour ; tandis que dans les parties granitiques et labradoritiques, de Ta- doussac,azla baie des Ha! Ha!, et du Portage des Roches au Beau Portage, la crevasse est restée ouverte dans toute sa largeur ; seulement, sa profondeur n’est plus la méme: des bloes de rochers, dont quelques-uns forment des iles, se déta- cherent de ses lèvres tremblantes et s’engouff: érent pêle-mêle; mais, sous l’eau, chacun de ces blocs s’étagea suivant sa gros- seur—les plus petits au fond, et les autres en remontant, pro- portionnellement à l'ouverture progressive de langle aigu que formaient ies deux flancs de la crevasse, en s’élançant de ’abime. “ Lorsque je faisais écouler ies eaux de la mer saguenayen- ne vers l'Atlantique, par notre prétendu Fiord canadien, 1l ne n’est pas venu à la pensée que cette mer, ense retirant pro- gressivement vers l'est, devait se créer, à l’ouest, au fur et à mesure, des rivages nouveaux, surtout durant les tempêtes de nord-est, qui sont si remarquables dans le Saguenay. Ce- pendant pas le moindre indice qui prouve que telle a été la marche suivie. “Tl est bien certain pourtant que, la nuit dernière, pen- dant ce déchainemeut sans pareil des éléments, les eaux, bais- sées comme elles étaient, ont dû se dérouler en vagues im- menses sur ces nouveaux rivages, eb y imprimer des reliefs assez remarquables pour qu’il soit facile de constater un jour « leur existence. v “Je présume que les rivières, en cherchant à rejoindre — cette mer vagabonde, ont pris les devants, sans souci de Va- M venir, Aussi, voyez comme elles se_creusent, par endroits, … des lits capricieux, sans regarder si °lles couleront paisibles, — une fois le travail fait, ou si elles écumeront toujours. ; “Je n’ai pas réfléchi à cela lorsque J'écrivais que la pluie … seule avait creusé cette surface meuble et plastique en mille petits ravins. Je vois que le meuble est en grande partie disparu avec le courant ; la couche l’ararie que l’on voit ici 4 if 3) Rial. COR ee eee ee 168 LE NATURALISTE CANADIEN et 1A est bien dure et compacte comme cette terre glaise de nos battures, il faut d’autre chose que la pluie pour la miner par ravins de deux à trois cents pieds de profondeur. “ Une erreur que j'ai faite, et que je ne puis m’expliquer, c'est d'a oir vidé le lac Kénogami en même temps que je fai- sais retirer la mer saguenayenne : car du moment que lamer le laissait en arrière, elle le laissait plein, à ras bords ; son niveau n'avait pas besoin de s'élever petit a petit pour se dé- verser par les rivières aux Sables et Chicoutimi ; l’apport des eaux de ses tributaires retournait naturellement tout de sui- te à ses deux décharges sans hausser le niveau du lac. “ Je suis convaincu maintenant que les glaciers n ont pas franchi les Laurentides de ce côté-ci, parce que. au-dessus du niveau de cette mer disparue, la roche n’est ni polie ni striée par leur action. Il n’y a de polies, arrondies ou mou- tonnées, que celles qui se sont formées et qui existaient au- dessous de son niveau. —Je vous demande pardon...Vous avez dit, M. Pabbé, que l’eau creuse les roches en place, mais ne les arrondit ja- mais ? “ Dans votre traité de minéralogie et géologie, vous citez les ouvrages à consulter de M. L. Figuier ; ce savant ne dit- il pas que le glacier faconne, use, strie les cailloux, tandis que l’eau ne les strie pas ; elle les polit, elle les arrondit, elle en efface méme les stries naturelles ? “ Probablement, vous avez voulu parler de l’eau de pluie ? Oui, c’est cela. Si le glacier a recouvert le bassin du Saguenay, il y est, certainement, resté enfermé. Appuyé sur sa vaste base, il s’est maintenu en équilibre pendant toute l’époque glaciaire, sans effort et sans mouvement, au moins apparent. Les bancs de schistes, de calcaires qui forment encore une partie des rivages et toute l’assiette du lac Saint- Jean actuel, étaient ensevelis, à cette époque, sous une épais- se couche de terre argileuse et glaiseuse qui les protégea de l'action destructrice du glacier. (A suivre) P.-H. Duals, CAN RS dar nt és Là UN SERPENT DE MER “ INÉDIT ” 169 UN SERPENT DE MER “INEDIT” Au commencement de juin dernier, pendant un séjour que nous fimes aux [ets Caribou (Côte Nord du Saint-Lau- rent), nous entendimes raconter à quelques pêcheurs les ren- contres qu’ils avaient faites à plusieurs reprises, d’un “ Serpent de mer” dans les environs de la Pointe des Monts (endroit de _a Côte Nord qui fait face, à peu près, à Matane, Cite Sud). Nous n’avons pas besoin de dire si nous fûmes intéressé par ces récits. L'un de es heureux mortels, qui ont fait connaissance avec le fameux monstre marin, est M. P.-Z. Comeau, frère du fameux trappeur d'autrefois, M. N.-Alex. Comeau, qui rési- de maintenant à Godbout. Cet homme, très intelligent et qui possède une certaine instruction, est l’un des citoyens les plus en vue des Ilets Caribou. A notre prière, il a bien vou- lu mettre par écrit la narration qu’il nous avait faite. Nous publions ici ce rapport, avec ses quelques incorrections de style : car M. Comeau n’a pas eu beaucoup, dans sa vie de labeur, le loisir de s'exercer aux choses littéraires, et la cri- tique lui sera clémente ! Ilets Caribou, 9 août 1895. A la demande que vous m’en avez faite, je me permets de vous transmettre le détail au sujet du serpent de mer que jai eu occasion de voir à diverses reprises. En 1884, le 19 décembre, un nommé David Picard et son fils me firent rapport qu’ils avaient vu un poisson d’une lon- gueur d'à peu près une centaine de pieds, et environ quatre pieds de large. Nous crûmes à une farce et personne n’en tint compte, lorsqu’en 1885, en hiver encore, le même David Picard accompagné d’un nommé Thomas Jourdain virent en- core le même monstre, mais toujours à une distance trop éloignée pour en donner une description très exacte. Le mé- me hiver, en Janvier, le 26, à ma grande satisfaction, j'ai pu 170 LE NATURALISTE CANADIEN me convaincre par moi-même de la véracité de ces rapports. J’ai vu ce monstre à une distance de 300 verges, il se tenait dans une mare d’eau entourée de glace, dormant sur eau, paraissant se réchauffer au soleil, car le temps était excep- tionnellement beau pour la saison. A peu près 40 pieds de l'animal flottait à la surface de l’eau, et probablement beaucoup plus long n’était pas visible. Voici la position dans laquelle j’aperçus ce poisson extraordinaire (*),n’apercevant ni tête ni queue, mais seulement ces deux bosses. Je lai exa- miné là pendant une couple d’heures, regrettant beaucoup de ne pouvoir l’approcher en raison des glaces, que je ne pouvais passer, étant en petit canot d’une douzaine de pieds : vaisseau dont on se sert en hiver, dans les glaces, pour chasser le pho- que, ou loup-marin, tel qu’on le nomme iei. En février, la même année, je l’ai vu de nouveau, et plusieurs aussi Font vu comme moi. Il faisait des bonds hors de l’eau droit en Yair, la tête montant à une cinquantaine de pieds de haut, quittant à l’eau on ne sait quelle longueur. Il fit quatre sauts de cette manière, montant droit hors de l’eau et se laissant abattre à plat sur l’eau. En mars nous l’avons vu plusieurs. Enfin, le 14 avril, la dernière fois que je le vis, il pa- raissait encore dormir sur l’eau dans la même position où je le vis la première fois. Le temps étant beau, calme et doux, très favorable à mon projet, je résolus de l’approcher et de lui décharger quelques balles. Nous partimes deux çcanots, lorsque, rendus à 300 verges, les gens montant le canot qui m'accompagnait, pris de peur, retournèrent en arrière. Je l’ap- prochai à une distance de trente pieds, sans qu’il ne bougea ; rendu 1a, animal commença à se plonger, la queue la premiè- re, Jusqu'à ce qu’il ne resta sur l'eau qu’une partie de la tête, c’est-à-dire la mâchoire d’en haut, gueule ouverte d’au moins dix pieds de haut ; la mâchoire d'en bas, je ne l’ai point vue. Ce que j’ai trouvé de plus monstrueux et horrible, c’est œil [*] M. Comeau a figuré, en cet endroit de sa lettre, les deux replis du monstre qu’il a vus en dehors de l’eau, UN SERPENT DE MER “ INÉDIT ” 171 qui m’a paru d’une grosseur énorme et d’une malice à faire trembler. Je m'apprêtais à tirer, lorsqu'il prit une position menacante, et, ne cédant pas un pouce de terrain,se tint ainsi la gueule ouverte, paraissant attendre ce que nous allions fai- re. Alors j'ai cru plus prudent de ne pas l’attaquer, n'étant pas équipé pour une pareille chasse. Nous nous sommes éloignés et il est disparu, et n’a plus été revu. La peau était d’une couleur noire, l’écaille paraissant dure ; la queue d’une baleine, plate sur le sens de l’eau. C’est le détail que je puis vous donner à ma meilleure connaissance. Veuillez excuser ce griffonnage et cette description, exacte mais insuffisante... PIERRE-Z. COMEAU. —Mais, écrivimes-nous à M. Comeau, c’est durant l’hi- ver de 1884-85 que vous avez fait rencontre de votre Serpent de mer, tandis que lee MM. Jourdain, des Ilets Caribou, nous ont parlé d’un Serpent qu'ils ont vu il n’y a que quatre ans, à la Pointe des Monts. Suivant leur rapport, ce monstre était long d’une centaine de pieds, et de la grosseur d’une tonne. Ce n’est pas le même animal que vous avez vu ? Notre correspondant nous répondit ce qui suit, le 22 aofit . dernier : -“ Voici explication de ce qui paraît être une inexactitu- de dans les dates. Ce qu'ont vu les frères Jourdain, ct que j'ai vu moi-même, pouvait fort bien être le Serpent ; mais je n’ai pas voulu en faire mention dans mon rapport, parce que ja ne le tiens pas pour assez certain. Il y a quatre ans, en effet, nous avons remarqué un poisson extraordinaire, mais À une si grande distance qu’on n’en pouvait pas distinguer l'espèce ; je crois autant, moi, que nous avions affaire à une baleine ; cela me paraissait trop gros et massif pour un Serpent ; dans tous les cas, je n’en tins aucun compte.” Sur un numéro prochain nous interrogerons madame la Science, et la prierons de nous dire franchement ce qu’elle pense de tous ces récits d'apparition du Serpent de mer. 172 LE NATURALISTE CANADIEN LES DERNIÈRES DESCRIPTIONS DE L'ABBE PROVANCHER ORDRE DES HYMENOPTERES [Continué de la page 159] Fam. XXI—ANDRENIDA Anthophore-à 5-bandes. Anthophora 5-fascia- ta, 1. Sp. d'—Long..45 pce. Noire avec pubescence blanche, plus longue sur la tête et plus dense sur le thorax ; le chayeron, le labre, les mandibules excepté à l'extrémité, avec le scape, en dessous, jaune ; le chaperon marginé d’une ligne noire en avant et portant un point noir de chaque côté en arrière. Antennes plus courtes que le thorax, celui-ci à pubescence cachant les técuments, le métathorax très finement ponctué en arrière et portant une ligne enfoncée ; écailles alaires brun-roussâtre. Ailes hyalines, à nervures fortes et brunes, la radiale arrondie au sommetet dépassant à peine la 3e cubitale. Pattes noires, les postérieures avec les cuisses et les jambes renflées, leurs tar- ses roux-testacé, Abdomen robuste, recourbé, avec la marge apicale blanche et une (tache ?) sur les 5 premiers segnients, la base et le sommet avec poils blancs.—Los Angeles (Coquil- lett). (*) Difière de la Subglobulosa, Prov., par ses mandibules jau- nes, ses marges des segments abdominaux blanches sans pubes- cence, etc. Anthophore-a-ceintures-moires.— Anthophora nigrocincta, n. sp. d'—Long. .35 pce. Noire avec pubescence jaune-ochracé ; le chaperon, le labre, les mandibules excepté à l’extrémité, une ligne transversale au-dessus du chaperon, le scape en dessous, blane ou jaune pale ; le chaperon avec pubescence plus pale et plus longue et portant en arrière une grande tache noire de chaque côté du milieu. Antennes courtes, noires. Thorax en carré à pubescence cachant les téguments, les écailles alaires testacé-brunâtre. Ailes hyalines, les nervures noires. Pat- tes avec les tarses testacés, les jambes et le premier article des (*) Type au Musée du Parlement, Québec. 1ES DERNIÈRES DESCRIPTIONS DE L'ABBÉ PROVANCHER 173 varses avec pubescence blanchâtre en dehors, courte et très dense. Abdomen avec une large ceinture jaune au sommet de tous les segments, cette ceinture s’élargissant sur les côtés de manière à les couvrir complètement ; le lur segment for- tement pubescent.—Los Angeles (Coquillett). (*) Espèce bien remarquable par son abdomen où la couleur jaune emporte sur la noire. Anthophore courte. Anthophora curta, n. sp. P— Long. .32 pce. Noire, forme courte et trapue, à pu- bescence blanchâtre, le sommet de Ja tête et le thorax avec poils blanes entremélés de noirs. La partie antérieure du cha- peron, le labre moins wn point allongé brunâtre à sa base de chaque côté, les mandioules excepté à Pextrémité, blanc jauna- tre ; la face à pubescence soyeuse assez longue, Antennes noires. Ailes hyalines, à nervures noires. Pattes noires avec une ligne pâle en dehors sur les jambes à longs poils blancs, tarses noirs, l’article terminal ferrugineux. Abdomen noir, la base du ler segment avec longs poils blancs, le sommet et ce- lui de tous les autres avec une bande cendrée blanchâtre, cou- vrant presque entièrement les terminaux ; la plaque triangu- laire de l'extrémité, noire; le ventre aveu une frange termina- le au sommet de tous les segments.——Los Angeles, Cal. (Co- quillett). (*) Amdréne moire. Andrena nigra, n. sp. P— Long. .42 pce. Noire, sans aucune tache, avec pu- bescence noire.Le chaperon denstmen ponctué avec une petite ligne lisse au milieu. Les écailles alaires noires, La pubes- cence du thorax cachant les téguments. Ailes enfumées-rous- sâtres, les nervures noires, Pattes noires avee pubescence noi- re. Abdomen en ovale, poli, brillant, avec pubescence noire. —Los Angeles (Coquillett). Espèce bien remarquable par le noir qui règne de toute part. Andrène à-pivdsenoirs. Andrena nigripes, n.Sp. ?—Long. .40 pce. Noire avec pubescence noire ; le cha- peron à ponctuations peu denses. Antennes courtes. Les sil- lous en dedans des yeux couverts d’un duvet argenté, Tho- rax couvert sur le dos d'une pubescence jaune- ochraci dense, les côtés noirs. Pattes entièrement noires, y compris les tarses. (*) Type au Musé> du Parlement, Québec. 23—Novembre 1895. 174 LE NATURALISTE CANADIEN Abdomen poli, brillant, plus rétréci à sa base que dans la nigra.—Los Angeles (Coquillett). f Se distingue surtout de la nigra par le manteau ochracé de son thorax, (*) (A suivre) 0 ————_ LE CHIEN DE PRAIRIE Ce chien de prairie n’est pas un chien,puisqu’il appartient à la famille des marmottes, et son vrai nom serait cynomis- Je sais bien que vous allez me dire: cynomis vient du grec et a comme racine le mot hellénique qui signifie chien ! Je vous l'accorde, mais cependant le eynomis, qui se moque bien du grec, n’est pas un chien ! La belle affaire ! Les savants ne s'inquiètent guère de nommer bien des choses et peu leur importe, pourvu qu’une délicieuse appellation à tournure latine Ou grecque vienne enrichir le dictionnaire que l’Académie française, réunie depuis bientôt trois cents ans, n'a pas encore réussi à parachever...... Mais je m’égare dans des sentiers prohibés et m’amuse à lancer des pierres dans le jardin de ces pauvres Quarante. qu’on n’appelle Immortels que parce qu’ils meurent comme le com- mun des humains...... Et revenons à nos moutons, ou plutôt à nos cynomis, qui n’ont du chien que l'appellation grecque... Dans les Etats-Unis, an sein de j’immense territoire que berdent, d’un côté, la frontière mexieaine, et, de l’autre, ’énor- me Meschacébé, le voyageur rencontre, presque à chaque pas, des monticules de terre assez élevés et éparpillés dans ia plai- ne avec une régularité surprenante ; les cynomis semblent connaître la théorie des lignes parallèles, et leurs cases sont rangées avec une harmonie géométrique qui aurait fait la joie d’Euctide et d'Archimède, Ces côues, espacés par centaines, constituent des villages, où vivent en société ces cynomis, qui ne sont point des chiens, mais se rapprochent de l’écureuil. : * *, * Voyons, la soirée est belle, la rivière roule ses flots d’ar- [*] Nous n'avons pas été en mesure de constater si les types de ces deux espèces d’ Andrena se trouvent ou non au Musée provincial de Québec.—REp. e se EC PAT AT LE CHIEN DE PRAIRIE 175 gent à travers la verdure des prés, le soleil à son déclin traîne ses rayons comme un rateau d'or sur la cime onduleuse des moissons, la brise est douce et caressante, allons faire un tour (oi au village des cynomis. Nous irons sans prévenir, ear ces pe- tites bêtes-là ont la prétention de ne recevoir aucune visite ; leur misanthropie—dirai-je leur misoeynomie ? —s’accommode mal d’une société autre que celle de leurs semblables et ils s’effarouchent aisément. Que voulez-vous ? il y a de ces phi- losophies ; et, au fond, sont-ce les moins bonnes ? Doucement, nous y voila! Voyez ces innombrables pe- tits cônes, où nous descendrons bientôt ; voyez ces nombreux eynomis, grands comme un lapin, brouter l'herbe fraîche ou eravement se poster, assis comme pour tenir une sérieuse as- semblée ; puis regardez ces espèces de sentin: les qui surveil- lent le camp......Ah ! nous sommes découverts ; entendez ces glapissements aigus, regardez cette fuite désordonnée dans, les orifices les plus prochains !..:.… Maiutenant,nous allons forcer une de ces demeures! Ne crai- gnez rien, le cynomis a beau prendre ses grands airs d’audace et de fureur, il est inoffensif. De l’orifice du terrier, un couloir _ descend à plusieurs pieds, perpeudiculairement : 14 il forme un coude, se prolonge en pente douce et finit en cellule ronde et proprette. Le cynomis se contente de peu: une chambre lui sert pour tous usages ; son appartement, il le tapisse d’un bon et solide yaillasson d’herbes sèches fortement tressées ; un étroit conduit, bien propre, part de la cellule et s’en vient à la surface du sol, servant ainsi de fenêtre à l'hwüble logis. C’est 14 que vit le cynomis avec sa familie ; c'est la qu'il passe l’hiver, dans un complet engourdissement. Dès que la bise hivernale balaie dé son souffle puissant la plaine refroidie, le cynomis ferme porte et fenétre, se recommande au Maître de lunivers et s'endort Sur sa couchette tressée. Pour lui, - plus de vent glacial, plus de neige, plus de maux, plus de dan- gers, plus de faim, plus de soif : il a résolu la question sociale par le sommeil. Heureux cynomis ! Bien des humains vou- n> BS Ai A Tan iM eT i ss DORE de pou ufr et Ed 176 LE NATURALISTE CANADIEN draient être cynomis sous ce rapport !—Je ne sais si, dans les villages des cynomis, la politique promène ses ravages ; si la monarchie ou la république régissent ces humbles Etats ; j'in- cline plutôt à penser qu’un communisme éclairé préside aux destinées de la nation des cynomis et je voudrais —oserai-je en parler dans une revue de sciences naturelles ?—qu’on y accli- mate les socialistes. L'instinct d'association qui guide cette intéressante tribu de la famille des marmottes pourrait servir de leçon à nos grands hommes de la sociale; et les mœurs douces et inoffensives des cynomis, leur bonne entente réci- proque, leur nature paisible, serviratent aisément de modèle à plus d’un gouvernement humain ! “ L'empire, c’est la paix ! ” Les cynomis n’ont pas attendu cette fameuse déclaration,hélas si mensongère ! pour réaliser le programme qu’elle contient ; depuis près de six mille ans, au sein de l'immense territoire que bordent la frontière mexicaine et le Père des Eaux, par- mi leurs tertres désespérément bien alignés, les cynomis, ces chiens de prairie qui n’en sont pas, vivent en paix, sous l'œil de Dieu ! Henri TIELEMANS. —_———_———_ O UNE APPRECIATION Nous n’avons pas été peu surpris de lire, dans la livraison de novembre de la Revue nationale, de Montréal, une très bienveillante mention du NATURALISTE CANADIEN,et cela,sous la plume de M. Buies,le fin chroniqueur que l’on sait. Une reeom- mandation de cette sorte, dans un tel endroit et signée de ce nom, c’est une faveur bien précieus2 pour notre modeste re- vue ; et nous avons pu constater déjà qu’elle n’a pas été sans résultats. Le travail de notre collaborateur, M. Dumais, sur la for- ination du Saguenay, reçoit du même écrivain, en la même oc- casion, ‘les éloges mérités. Nous offrons à M. Buies les sincères remerciements de notre collaborateur et les nôtres. VARIÉTÉS SCIENTIFIQUES 177 EST-CE DE LA MEDECINE ? On nous dit : “Mais vous traitez de médecine, dans le Naturaliste !’ C’est du supplément consacré à la Zoologie que l'on veut parler. Eh bien! l’erreur est lourde. Parce que les médecins s’oecupent de chimie et de botanique, dira-t-on que ceux qui traitent de ces sciences font de la médecine ? Les médecins, il est vrai, étudient l'anatomie et la physiologie, mais c’est d’une façon cent fois plus détaillée et plus complète que nous, qui ne faisons guère que donner les grandes lignes de ces branches d’études ; en outre, nous ne nous bornons pas, com- me eux, à l'étude de l’homme ; nous nous occupons aussi, en bonne mesure, de toute la série animale. D’ailleurs,nous nous contentons, peu près,de développer le programme de la Zoologie tel qu’il est rédigé pour le bac- calauréat, à l’Université Laval, non pas dans la faculté de médecine, mais dans la faculté es arts. RER ee a VARIETES SCIENTIFIQUES UN SAVANT LABORIEUx— Le Prof. Riley,dont nous avons dernièrement annoncé le décès, a publié plus de deux mille cinq cents ouvrages, mémoires ou articles scientifiques. Peu de savants, sans doute, ont autant fourni à la littérature scientifique. Cette abondance pourrait ne pas étonner s’il s’a- gissait d’un littérateur ; mais si l’on y réfléchit,si l’on se rend compte de la somme de travail requise pour la composition d'un écrit sur les sciences, on comprendra que le regretté M. Riley n'était pas un oisif. UX INSECTICIDE NOUVEAU—On recommande l’eau chau- de pour détruire les pucerons verts des plantes d’apparte- ment. Ilne s’agit pas de prendre délicatement ces petits in- sectes un par un, et de les plonger dans un bain d’eau bouil- lante. Le moyen serait efficace ; mais qu’il faudrait avoir de lcisirs ! Ce que l’on conseille, c'est d’enfoncer la plante, la téte en bas, dans une cuvette d’eau chaude. Le plus difh- LE NATURALISTE CANADIEN cile, c’est de donner au liquide une température telle que les | pucerons seulement, et non la plante, y trouveront le trépas. Il faudra done, pour réussir en cet art, de la pratique et, quoiqu’on fasse, de... .l’eau pas trop de LE CANAL DE Cutcaco—N ous disions, en septembre, que le secrétaire de la Guerre, aux Etats-Unis, faisait étudier les conséquences du canal en question. Les ingénieurs, chargés de cette étude, ont fait rapport : 10, que cette entreprise ne peut échapper à la juridiction du gouvernement fédéral des Etats- ‘Unis ; 20,que cette saignée faite aux grands iacs affectera leur niveau. On calcule, en effet, que ce canal enlèvera au lac Mi- chigan 600,000 pieds cubes par minute, et que le niveau de tous les grands lacs, moins le lac Supérieur, en souffriront dans les facilités qu'ils offrent pour la navigation.—Dans tout cela, il n’est pas question du Canada, qui pourtant de- vrait avoir son mot à dire la-dessus. Cette année, en particu- lier, où les eaux ont été si basses, dans quelles conditions se serait faite la navigation au-dessus de Québec, si le Saint- Laurent avait reçu des grands lacs un volume d’eau encore moindre qu’il n’a été ? UNE RIVIÈRE INCONNUE—Qui aurait pensé qu’il y a en- core des rivières à découvrir en Canada ? Le Prof. Bell, de NE la Commission géologique du Canada, en a toujours bien dé- % couvert une, dernièrement, qui est longue de 500 milles, et pis! dont personne ne soupgonnait l’existence. C’est dans les Me pays de la baie d'Hudson que se trouve ce beau cours d’eau. su Sil y a des gens en peine de leurs loisirs,qwils se mettent a la à recherche de nouvelles rivières ! Voilà au moins une carrière qui n’est guère encombrée encore. 3 Poa LP TOUp % LIVRES ET JOURNAUX Nous avons reçu les publications suivantes — Handbook und Catalogue of the Meteorite Collection, by Oliver C. Farrington, Fielt Columbian Museum, Chicago, if 1895. 4 ACTE ¥ i ma —< | UN MASKINONGE REMARQUABLE ; pe À 4 L'extrait suivant, d’une lettre (23 nov. 1895) que nous s avons reçue du College de Jolictte, intéressera vivement nos : i ; f 5 lecteurs. Son signataire, le Rvd Père Desrochers, C. 8. V., est un de nos rares naturalistes de la Province. …Cette semaine notre économe à acheté sur le marché de Joliette un Maskinon gé pesant 42 Ibs, lorg de 43% pieds et mesurant 22) pouces de cireonférence. Ce magnifique poisson avait été pris dans les iles du las Saint-Pierre. Nous avons préparé sa dépouille pour notre musée. En Vouvrant, nous avons trouvé une masse d'œufs pesant 4} lbs. J'ai eu la curiosité de les compter approximative- ment ; mes calculs m'ont donné pres de 260000 (deux cent Soixante mille.) Mais le plus extraordinaire, et que j'use à peine. racon- ter, c'est que ce poissou en contenait un autre dont la tête et la moitié antérieure du corps étaient en partie digéréesa lex- ception des os toutefois, ce quim'a permis de le wesurer exactement. IL avait une longueur de 241 pouces | Il rem- plissuit l'abdomen dans toute sa longueur: Je crois que c'était une grosse carpe. Ce qui explique la possibilité du faib, c'est (*) Type au Musée dujPurlemeat, Québec. grande tache en demi-lane au milieu de celui-ci à là base, une es ST LMD = le 5 to ee ee Le à SE 192 LE NATURALISTE CANADIEN que Pestomac du Maskinongé (Esox estor, Gill.) s'étend dans toute la longueur de l'abdomen, et qu’il n'y a pas, pour ainsi dire, d’œsophage. Ou s’il y en a un, il est aussi large que la bouche et Vestomac. *De sorte que la proie saisie peut être avalée directement sans être broyée parles dents. Mais quelle puissance de digestion faut-il pour fondre ou dissoudre des aliments absorbés dans de telles conditions ! ! ; Ce poisson a été capturé sans difficulté dans un filet. L'eau froide, peut-être aussi l'énorme travail de digestion à opérer, l'avaient un peu engourdi. J.-E. DESROCHERS, C. 8, V. College de Joliette. 0———- —— DOMMAGES CAUSES PAR LES INSECTES Le Vicks Illust. Monthly Magazine, du mois octobre, citait ce qui suit du Public Opinion : “On peut se faire quel- que idée des énormes dommages que subit le genre humain de la part des insectes, par le fait que,en 1884,dans les Etats- Unis seulement, on en évalue le montant à $400,000,000. En 1891, la perte aurait été de $300,000,000, et diminuerait mé- me d'année en année au rapport de “scientistes” allemands.” On voit par la que les insectes nuisibles ne sont pas une quantité négligeable en agriculture, arboriculture et horticul - ture. Mais il y a plus: la diminution des ravages qu’ils oc- easionnent, aux Etats-Unis, démontre que ce n’est pas en vain que l’on y a dépensé, chaque année, de fortes sommes pour étudier et combattre ces ennemis. Car il n’y a pas un pays, croyons-nous, où l'Etat s’est autant intéressé, qu'aux Etats-Unis, à cette Stude et à cette lutte. ~ — ——0 LA RAGE ———— Il estmaintenant reconnu que la rage ne nait junais spontanément chez la race canine ; il faut un germe pour la RES a Tr 2 PHOTOGRAPHIE 195 produire, Le chien ne devient enragé que parce qu'il a reçu, par morsure ou autrement, les orgauismes qui sont les agents a LA génération spontanée de la terrible maladie. —En un mob, la g est une erreur de plus en plus évidente. — © —— ) ——— PHOTOGRAPHIE LA PHOTOGRAPHIE ARTISTIQUE (Continué de la page 162) Au point de vue esthétique, ce ne sont pas les obiets re- produits, mais bien leur interprétation ou leur traduction qui frappent. Deux photographes, ayant des connaissances éga- les, peuvent se mettre à l’œuvre au même endroit ; leur choix du sujet peut différer considérablement, et, une fois leur tra- vail complété, on pourra admirer une œuvre dart chez lun et non pas chez l’autre. Celui-la aura résolu d'employer cer- tains objets, non pour en avoir une copie servile on les repro- duire mathématiquement, mais pour les faire servir à donner au spectateur la sensation agréable que prodnit le choix ju- dicieux de la disposition des objets, et Parrangement heureux des lumières et des ombres. Tel paysage paraît sans vie, uniforme, n’a pas de relief parce que le soleil l’éclairait en plein, votre ombre étant pro- jetée devant vous sur le sol ; tournez-vous à droite ou à gau- che, et vous verrez graduellement les ombres s’aecuser plus fortement, les premiers plans se détacher avec vigueur des loiutains reculés. Tel visage paraîtra inanimé et plat, presque difforme, étane éclairé directement : faites arriver les rayons lumineux plus obliquement, de manière à produire des omLres et des demi-lumieres, et l'expression naturelle reviendra vous au- rez le sentiment de la vie. 194 LE NATURALISTE CANADIEN En faisant des exercices répétés de cette étude d'ombre et de lumière vous raisonnerez mieux les conditions favora- bles de Popération, et vous verrez des tableaux inimitables là où vos yeux ne voyaient auparavant que des choses bana- les. La re‘ouche du portrait est regardée comine nne des opérations les plus artistiques de Part photographique ; elle peut l'être en effet, mais il y a un écueil dans lequel bon nombre sont exposés à tomber, c’est celui d’altérer notable- ment les traits de la figure, particulièrement de la bouche, ou de donner une expression toute autre que celle de la nature, afin de complaire aux clients exigeants. (D'après le Bulletin belge et d’autres revues). L'abbé E. POIRIER. N. B.—Comme nous aurons plus de loisirs, à partir du mois prochain, nous reprendrons les expériences personnelles qu'il nous à fallu interrompre. Pourvu que chacun des abon- nés y mette du sien et, ce qui est encore plas parfait, amène des recrues, sil en a Poccasion, Padministration du journal fera la dépense nécessaire pour reproduire, par des gravures, quelques photographies d'objets vus au. microscope. L'abbé E. P. —— ———— — — 0—_ —_—_ ——— BIZLIOGRAPHIE — Le livre des cercles agricoles— Manuel d'agriculture, par Ed.-A. Barnard, Montréal, 1895.—Tous les journaux de la Province ont déjà fait l'éloge de ce livre ; ct, d’après le ra- pide examen que nous venons nous-méme d’en faire, nous trouvons qu’on en n’a pas trop dit, si méme onen a dit assez. I y a la 500 pages bien remplies de tous les sujets qui peu- vent être utiles au cultivateur ; non seulement les principes de la science agricole y sont exposés, mais on y trouve aussi le” plus sages conseils d'économie domestique. M. Barnard, LA BIBLIOGRAPHIE 195 aui est le bienfaiteur insigne de Pagriculture canadienne, en a fait comme le résumé des études et des expériences qu'il a poursuivies depuis quarante années. Une typographie soi- gnée, de nombreuses et belles gravures ajoutent encore du -prix à ce beau volume, qui à été publié par le gouvernement de la Province—Nous prions lhonorable commissaire de ’Aoriculture d’agréer nos remerciements r l'envoi d’ l’'Acricult Vag ements pour l’envoi d’un exemplaire. — L'éditeur du “ Sténographe canadien ” nous envoie un exemplaire du Tubleuu dela Sténographie Duployé, à Vusa- ge des écoles de la Province de Québec, et nous len remer- cions. Ce tableau, parfaitement imprimé sur beau papier, est destiné à être fixé au mur de la classe,et permettra aux élèves d'avoir constamment sous les yeux l'alphabet sténographique et les principes essentiels de l'écriture abrégée. C'est, il nous semble, le moyen le plus pratique de vulgariser la con- naissance de la sténographie, art que tous voudraient possé- Fa) der en en voyant les avantages, et que beaucoup regrettent de n'avoir pas appris pendant leur séjour à l’école. Nous fé- licitous sincèrement notre confrère du Sténographe canadien d’avoir publié cet excellent tabieau, qui à été revu par labbé Duployé lui-même, et qui a reçu l’approbation du Conseil de PInstraction publique. Ll serait bien à désirer que tous les petits Canadiens fussent initiés aux faciles secrets de Part abréviatif. —La Revue canadienne, dont nous publions ailleurs l'annonce, réluit à $2.00 le prix d'abonnement. Nous espé- rons que cette réduction lui vaudra le concours de beaucoup d'abonnés nouveaux. Cette excellente publication, si catholi- ? que et si canadienne, alimentée par nos meilleurs écrivains— _ Dom Benoit, LeMay, Routhier, Dionne, l’abbé Bourassa, l'ab- bé Degagué, Leclaire, Royal, ete.—, mérite assurément les succès qu’elle remporte et dont nous nous réjouissons. — Nous remarquons, dans l'excellent Journal d Agricul- DE Mans" D. a: ae ses TES ae 196 LE NATURALISTE CANADIEN : ture illustré, un for; utile travail de M. J.-C. Chapais, sur les «Plantes qui ont de l’influence sur la vache et le lait.” — Nos rivières et nos lacs : Chasse et pêche dans la Pro- vince de Québec. C’est uue jolie plaquette de 80 pages, que nous avons reçue du Département des terres de la Couronne. On y voit, par un simple coup d’ceil, quelles sont les ressour- ces de notre Province, en fait de poissons et d’animaux ou gibiers de chasse. D’utiles et intéressants détails sur les clubs de pêche, les lois concernant l’affermage des rivières et des lacs, des statistiques, ete., remplissent ce coquet petit volume. Mais le sportsman qui le lirait durant les époques de “prohi- bition” serait bien imprudent. ...Ce serait s’expôser à la ter- rible tentation de désobéir aux lois qui protègent les hôtes des bois et des eaux. —— ee “LA REVUE NATIONALE ” SOMMAIRE DU NUMERO DE DECEMBRE 1895 —La Finance, théorie du dépôt, par M. Edmond-J. Bar- beau.—Les Sociétés de Bienfaisanee, (1ère partie), par M. L.- +. Robillard.—Le port de Montréal, par M. J. Germano.—La Reine bicyclette, fantaisie, par M. Camille Derouet.—Une tragédie sous les tropiques, (souvenir de Panama), par M. Léon Famelart.—Course de taureaux, par M. Ch. des Ecorres. —Violetta, nouvelle, par M. Alexandre Girard.—Le Vieux Château ou le Château de Ramesay,(1ère partie),par M. A -N. Montpetit.—Les femmes dans la politique, par M. Gabriel Marchand.—Souvenirs d Afrique, combat de Chellala, par un ancien légionnaire.—Au Monument National, par M. L.-I. Boivin, président du Conseil des Arts et Manufactures de la Proviuce de Québee.—Chronique de Pétranger, par M. J.-D. Chartrand.—Duo, pour violon seul, sans accompagnement,par M. Oscar Martel.—Modes et Monde, par Françoise. —Z{lustra- tions : Portraits et déssins dans le texte et hors texte. [e) EF Les frais d'impression du titre et de l'index du vo- lume nous empêchent de donner, ce mois-ci, la continuation du Traité de Zoologie. — > ——_ 0 —— ——— ———_ POUR LA PATRIE, roman du XXe siecle, par J.-P. Tardi- vel, Directeur de la Vérité—1 volume in-12 de 450 pg. Prix, 75 cts ; 8Octs franco par la poste, chez Cadieux & Derome Editeurs, rue Notre-Dame, Montréal. TABLE DES MATIERES P. ges La vingt-deuziéme année du N'ATURALISTE. ee ses ee se sos o eucos on ee 1 Re ne ne TA Lee AR LE Dee SCO SPORE ES 5 Range chenilles Hot" Re een die cleaners 6 Le: désh ritée.—Le crap: paud (Hi Pielentame Ne. lacks os a 10 2 DEUST E UE 257 Coot NUE MORE AU 2 Le CRU A ¢.-03csinees 12 La diphté ine Lee A Pay ch a aeen see 13, 45 Li pho'ogra; hie sans apparcil (L’abbé EH. Poirier)...........006 oe Rév. T. Fyles fait l'éloge de l’abbé Pruvancher...... ........000 16 Anos COLES PON ants... soc scs0-0ssecapeoseane ec cen enCE Coren Sates si ihe Wala fa tr Co) Assocs hare ccs EEE AVC NUL ne AURONT 17 L'abbé ER a D ne le ministère parois: ial, 18955; 116, 133,181 Formation du Sagueuay (P.-H. Dumais)—L’ érosion par l’eau 22 L'époque glaciaire, 37, 107 Le oataclysme, 121,149,165 De la coloration chez les Lépidopté:es (L’abl é P.-A. B-gin)... 27 Les « éshérité:—le lézar i (H. T.clemans s) ++ DAME ET TA lets ARTE 7 Les Zchneumonides de Provancher.......:.......... ER LE 30 Le crapaud ee ean sad Uden REPORT ade ASUS 31 Wea prenie. ess 32, 30,02; 66))8a,, 99" La 13 147, 163; 179 1 LASTER 3) aL aT) I Pei ty San oar On LE Ci nae UNE ah ac A a ain 32 Dr G. M. Dawson, nouveau di:ecteur dela Commission géclo- gique du Dada 0 A Ses UE iA Photeg.— Buin combiné de virage-fixage (L’abb: EH. Poirier).. 33 Biblicgraphie.—25/h Annual Report of the Entom. Soc. of Ont., 35.—Le Petit Almanach poprlaire, 35.— Rapport du Comm. des Terres de la Cour., Québec, 1893-94, 35.— Canada eccl, 1895, 35.—Moore, Culture des fruits dans la Prov. de Québec, 35.—Proc. of the California Acad. of sciences, Vol. iv, p. 1.,35.—Bulletin of the Gevl. Inst.of the Univ. of Upsala, 66.— Experiment Station Record,6T. —-Bulletin of the Fssex Inst., 67.— Catalogue de graines et plantes, Verret, 67.— Vick’s Floral Guide, 67.— The Missouri Botanical Garden, 67.—D.vis, Prov. collection of Ichn. ; The tribe Bassini, 67.— DeLamarr:, Dévotion à S. Ant., 67.-—Lettre pastorale de Mgr Laflèche,67.—Dion- ne, Mgr de Forbin-Jan:on, 84.--G.F. Baiilairgé, Son Exec. L.-G. Baillairgé, 84.—Annales de la Soc. entom. de B lgique, §4,—Huard, Lapétre du Saguenay, 84.—Oi- mou, Impressions de voyage, 100.—Paradis, La fin du monde, 100.—Tardivel, Pour la patrie, 1 112, 132.— Orat- son fr nèbre du Cte de Fr ontenac, 131,—Bu es, La valiée 2€—Décembre 1895. PRET TE ee Ce. 2 + DS M i { 198 LE NATURALISTE CANADIEN de la Métapédia, 181.—E. Gagnon, Le fort et le château Saint-Louis, 131.—Leblond de Brumath, Précis d’ Histoi- re du Canada, 146.—R. P. Carrier, C. 8. C., Histoire de l'air qu'on respire ;—La Congrégation de Sainte-Croix en Canada, 147.—Jnsect Life, 147.—P. Gagnon, Essai de bibliographie canadienne, 162 .—Almanach catholique, 163.—Adresse de bienvenue aux Architectes Baillai: g6,163. — Handbook and Catalogue of the Meteorite Collection, Field Columbian Museum, 178.— Bulletin de la Soc. ike sciences hist, et naturelles de Semur, 179.—Buies, Le che- min defer du Lac Saint Jean, 179.—Proc. of the Boston Soc. of Natural History, 179.—Ed.-A. Barnard, Manuel -d’ Agriculture, 194.— Tableau de la Sténographie Du- plyé, 195 —La Revue canadienne, 195.— Chasse et pêche ead la Prov. de Québec, 196. om uke assouplir | 8 papil ‘lons desaéchés sites 0108 Our insect friends and insect foes (Rev. T. W. “Fyles) Classification des insectes.................... whioipictete 42 Nomenel .ture BE a A SE CE NE OA Structure EU or we cb re eT eres Were etn si) La Soo. d‘hurticulture et de botanique de Marseille.............. 48 Ce que l’on it du Natwraliste........cseccceserscscossosserssaneres 49 Photog.— Débouchags des flacons à l’émeri.—Le nez en a photo graphie (Lie bbé E. eee PACE MSNM ÉCRAN 1 A propos de gétacé .….…. aid hes ea CENT RS VEN ONE Les déshérités—L’ araignée (H. Tielemans). By Cote at ee ce 57 Une Araiguée nouvelle, de Trinidad (Provaneher) DUREE VERT 60 Braitemeut ds la phthisie par Le giïfacol.. .................... = OL Encore le erspand come:tible....., ...................... COTES 62 Le Suisse (F:-X, Di.).suitisss dersstetsessses NS PS ATEN "2108 Chasse aux Dytisques en hiver (J.-C. O.)...................... AS oe al q Long jeû e d’une Salamandre (L’abbé P.-A. B.)...............…. . | Le uiicroscope Excelsior... sscecesscsaceenscsdecet oes es ataese 2e 3e 64 La presse et le À aturaliste.....c.csessscnseevee sescescscececoncens cs £208 Augmentation p:ojetée du n: ombre de pages Nahe Sales le MNT TRE os On veut nous vo er le Saint-Laurent (C Buillairgé)............. 69 Lépidoptères da Sherbrooks et des environs (L’abbé P.-A. Big). ARENA eet UT DNA SL SSD NT 74, 92 La chasse aux inse:tes (Provaucher)...........+ o éisatees So NS Dernières descriptions d- Piévandher- Névrüptäres.. NT MST 79 Hyménoptères, 79, 95,110, 129, 140, 157, 172, 189 James D. Dana... i band REP ATEN CA EEE PER RECRUE 81 Photoz.—Applicition de l'électricité à la photographie (L’ abbé E. Poir. OR te: MANN Give Ac iste, TOR eel 81, 97 Heurédtéd moiiitnaonas ss iicss. ishssstss ete thes HER ee 8 OB La iéveil du printemps à Ottawa (J. Fletcher)........,.,..,.... 85 pi A ae PS TABLE DES MATIÈRES 199 La multiplication : des muches.. 4. Miss issssrs, eves | 94 PiGhibes MOLES: ct ent ns Rae nn etude dote one Pour détruire les puces et poux MNT et Propos me TetQuprs ri isa ee ea. SL en = OE Au golfe BAT ARR ee nh eee Wied nae 108 Le musée de Betsismis................ Reed ebes fascism cece +) LO Insectes des âges dispirus (G. Chagnon)........cssesscsceeeesecssee 109 Préparation-Bernard contre la mouche-des-cornes.......00....0066 112 XIe Congrès international des Américanistes..….................. 113 Le homard........ Bate seks. Se ack a's PP RTE CHA ÈEE APR Nr OST “ Photog.— Pour reposer la vue.— Erreur fatale(L’abbe E. Poirier) 114 Phi clog GhEMCOMPlO PIQUE! s<. 0.2465 ca scecuscessectobwndceoed's puce iiser 116 Le Suisse (H. Tielemans)...... Ace dapadenn aa teites to ARS RSA 125 Une enquête sur le serpent de mer....... tisse detre LOO. Tae L'abbé Provancher, d’aprés alae News Bahasa dg Tie Gatal deo Chic: gore its. acne AN steak 143, 178 Bonne chasse ..... ..... BRE RARE Seg cP PE ARS UNS sc ase 145 La propreté des pots à fleurs.. PRE SATA MAP EN AU een Linas La photographie de Vinvisible (Photo ee EE ee VPN it ka Pasteur, Ri Benne nerse nes en sn neneenseneee crseseercssees averseee 159 La vendange à Chicoutimiss essence siedeewcactvdsteaueruaeli. LOO La photographie artistique (l’abbé E. Poirier). nie 100) 198 Un serpent de mer ‘“ inédit”....... HALL EE PAPER EP ARE CE ER ANR AT Le ch en de praiïiie (H. Tielemans)........ A ERP ES rt ny eae Une apprévinbian: sn er Re oe ve EN su el 46 MUS CR HE la hrdedine nes TT HR Tant MEBODCUR sco sde AR M RL cell nant 6 Un inse ticide nouveau...... .... Tai OUR Eee use dette cte ATEN NE Ape Une 1ivière nouvelle......... Sidi t a pus wanda: ARR AU Va des des ini RS Que it ls science du serpent de mer... 185 Un maskinongé remarquab e..............…. PRET OC Une Le a. à LOL Dommages causés par les ingectes..........., ....,....... crescccsaes. E92 PERE ONE VAN TRE AR A EP DO AA CLEAN EE EPL RPEIINL TABLE ALPHABETIQUE DES PRINCIPAUX NOMS DE familles, genres ET espèces MENTION- NÉS DANS CE VOLUME. Hindi. 09, Andrenidæ. >: ee NT oe LS Agaristide..... ado ne babe . 92) Anthophora curta, Prayer ot ih as Agathis nigriceps, Prov. otecese 96 Ÿ nigrocincta, Prov... 172 Alligator foridanuss: 22000 Der UE “ 5-fasciata, Prov.... Ammophila nasalis, Prov... ++. I11} Anthophylax attsnuatus, Hald.. 16 Anacrabro constrictus, Prov... 141] Aretiidæ, ._............ TO “ VISA Er OV A sant ae oF 142) AEB eM EN igre ats) UNS : 93 ATAX Waritimius, Proves. ere 719 AStACIHER.:1.,..: 42. ES Androna migra PTO. went. 220 UT TN ACIACENEE Ne TA TU UE 94 UN migripes; PrOV 1087 0. CP AtEA CUS Poly phemus, LD A EU AIR LATE no »Ctenuchida... 200 Braconide... SSA OR See Ceratina acantha, Prov....... Chiamydoselachus anguineus... CGhœæ1ocampine NRA sie srs ColiasiphWOdicersr sve psc. Eee Se Colletes californica, Prov..... Corylus rosata eee, one Crabronidæ Le, es sos. se is. ee twee Gychruswiduus DE) 0156 0 010s ote Dytiscus confluens, Say....... te TASCIVEN EIS, SAP. Lee Epeira argentata, Prov......., Epeiride.... ee see Epeoius superbus, Prov........ Héoxeston) Gull cee ol) ea ak) PBT INE TUNES unes, Gorytes maculatus, Prov...... Halictus coriaceus, Say....... Mematococcus nivalis......... Heracleum Janatum, L........ Heriades albicinctum, Prov... Hlespenidæ. es. Homarus americanus........- Hoplisus angustus, Prov...... Ichneumonid2.',....... Iris versicolur, L.... MaOdanIe TSCA... vis10c) eos e ATTA TUL Des POV .c LEE LR HERO ES AN.) 5 eleiol ac (bie Limacodide,. .... Liparide...... Ane Liris magnifica, Prov......... “ rugosa, Prov... Hithosiidz....... BWSR NUCL le ava oe. eee nee Maciog ossinæ AUS Macrophya albipes, Prov...... Moro; hadnus pallipes, Prov... Mutiliide:.... Neinatus tetraopsis, Prov...... Notodontide... sors. ss... ss per eee us... >... wate ee re 96 190 187 92 28 189 89 141 93 16 63 te LE NATURALISTE CANADIEN Nymphalde een ee TEL eee anti Nymph lie eee LU SERLEREERA RIRE MYSSONITE He cise spite em ST RIAL) Ocneriatispar eh: dasha ae RG Odontomachidæ. 7.2.0 96 Odontomachus sericeus, Prov.. 97 Odynerus bi-maculatus, Prov.. 157 “ robustus, Prov....... 7 “ MITCOLON, "PYOV RE (eos 3 truncatus, Prov....... Me QOTredOrCay. nae sia RE ER SRE aL Om Otocoris alpestris praticola..... 86 Panurgus fimbriatus, Puov...., 189 Papillon RCE ECRE RCE tt PAPINONLNE ANNEE RME EPS se, Pezomachus niger, Prov....... 96 Pibilodinasr ose ot. een Pins Heh Lt pee he tints ee ese nn Pompuidae seen uowivies ten IL Pompilus compactus, Proy.... Ke Pyrausta torvalis....essscoe-.. 28 Regalecus glesne 21000 7 0186 Salamandra glutinosa, Green., 63 Saperda puncticollis, Say...... 144 Saturne Lens ee ofan ence DA LUNA ca ce ER SE Le SaCyITRRe ent Me EEE ee 76 Sciurus 4-vittatus, Say......... 63 Silpha lapponica, Herbst...... 102 Sphaerophthalma alveolata,Prov. 110 Sphesidaes cee cv iciieiee mare cis Dan Sphinpidat,... essences. 1 TOs SMI OIG PER EE ERP EEE se Spilosoma lubricipeda......... 36 SYATO MISE PERMANENTE LUE RER DRE ‘Tamia 4-vittata, Less.........0% 63 Penthredinidacs,.s.\-\s cease) 9) 90 Trachypterus rex salmonorum. 186 Uredo mivahsaMBauer outre 13 Vanessa Progne, Cram...-.... Ziphius nove-zelandiaz......... 52 OES) OSES ay ad ERRATA Page 55, l'gne 27, lisez : soient pas très facilem. ut aperçus. ? 66 106 fe PAT [As ’ 24, lisez : dessous aw liew de dessus, précède *! if }T. 16 , panes _ | ra : “ v ¢: } ; VW 4 # La es NL LA ; RAMAAIRM SDS GLY UO BON BULLETIN DE RECHERCHES, OBSERVATIONS ET DECOUVER- | TESSE RAPPORTANT A L'HISTOIRE NATURELLE PR à DU CANADA & Fonpé par L ABBE PROVANCHER LA Bee CHICOUTIMI an POP . PROVINCE DE QUEBEC . :: CANAD#. Un Empr'mcrie du Progrès pu Saguenay, Chicoutimi © SOMMAIRE DE CE NUMERO —————— Le réveil du NATURALISTE.......esceeees RE AE DEP AFS Notre PrOglAMME.. ee... sers. RD iris it. 1-4 A nos confrères de la Presse............…. HUE TES pa sown begun 10 A qui adressons-nous le NATURALISTE.......... RU NC ME ite Monseigneur Laflamme..................... pCO ag Tes com 12 Entomologie médicale. ..... esse... ss een 13 Le dernier écrit de l'abbé Provancher...... mee Teer ites mer Expériences originales.............,........ USD ye RO 12 SuPPLEMENT—Traité de zoologie....................., Nea dae ot chek ‘ LE NATURALISTE CANADIEN paraît au commencement de. chaque mois, par livraison de 16 pages in-80. Le prix de l'abonnement pour le Canada et les Etats-Unis est d’UNE PIASTRE par année.—Pour la France et les autres pays de l’Union Postale, six FRANCS. Les reçus d'abonnement seront renfermés dans la livrai- son suivant la date où l’on aura payé, On ne peut s'abonner pour moins d’un an. Les person- nes qui souscrivent au journal durant l’année, recoivent les nu- méros parus depuis le commencement du volume, La rédaction entend laisser aux correspondants du journal l'entière responsabilité de leurs écrits. Toutes les communications, relatives à la rédaction ou à l'administration du NATURALISTE, doivent être adressées au Ré- dacteur-Propriétaire, M. l'abbé V:-A. Huard, Séminaire de Chi- coutimi, P. Q. = AGENCES DU NATURALISTE Quésec.--M. J.-M. Aubry, Marchand d'Orn. d’Eglise, 9, rue Buade, Haute-Ville. MM. J.-A. Langlais & Fils, Libraires, 123, rue Saint-Jo- seph, Saint-Roch. : Paris._-MM. A. Roger & F. ese ail Editeurs, 7, rue des Grands-Augustins, OL LLL LLL TTC, Volt EN SE NAS A to: by - + a fe; as i ik V Vol: XXI Fevrier 1894 M ON À HNN? AY MAIS AS LU Ü BDS BULLETIN DE RECHERCHES, OBSERVATIONS ET DECOUVER- TES SE RAPPORTANT A L’HISTOIRE NATURELLE DU CANADA Fowpé Par LABBE PROVANCHER CHICOUTIMI ‘PROVINCE DE QUEBEC CANADA D Imprimerie du ProGrÈs pu Saguenay, Chicoutimi SOMMAIRE DE CE NUMERO Bon accueil fait au NATURALISTE.............. NC Na ARCA Al Soi A quoi sert l’étude de l’histoire naturelle... , 23 Entomologie médicale (Suite et fin).…...............…. ulucel . 24 Cours dentomologie populaires. 4444.50. lt. 02 The Nidiologist........ Laos lee ea auenine pianos PISE Meh GUE ISNePEel 29 Chasseur onsecteg.. LC UC RER APS rt 30 Les grainetiers des E.-U................…. RAA LORS Le AS AAA à Unijardin-dans une citrouille Pete AMEL 92 La conservation des œufs... DAS bp ya te gk EN ARS LUE EURE DER 33 L'influence de la Lune—Bibliographie............... AOR a Iai SurPPL.--Traité de zoologie....... SIA A Et à isha tear PRIE LE NATURALISTE CANADIEN paraît au commencement de chaque mois, par livraison de 16 pages in-80. Le prix de l'abonnement pour le Canada et les Etats- Unis est d’UNE PIASTRE par année.—Pour la France et les autres pays de l'Union Postale, six FRANCS. Les reçus d’abonnement seront renfermés dans la livrai- son suivant la date où l’on aura payé. On ne peut s’abonner pour moins d’un an. Les person- nes qui souscrivent au journal durant l’année, reçoivent les nu- méros parus depuis le commencement du volume. La rédaction entend laisser aux correspondants du por el l'entière responsabilité de leurs écrits. Toutes les communications, relatives à la ne ou à l'administration du NATURALISTE, doivent être adressées au Ré- dacteur-Propriétaire, M. l'abbé V.-A. Huard, Séminaire de Chi- coutimi, P. Q. AGENCES DU NATURALISTE CHICOUTIMI.—Au bureau du PROGRÈS DU SAGUENAY. Quégec.—M. J.-M. Aubry, Marchand d’Orn, d’Eglise, 9, rue Buade, Haute- Ville. MM. J.-A. Langlais & Fils, Libraires, 123, rue Saint-Jo- seph, Saint-Roch. Paris,--MM, A. Roger & F. Chernoviz, Editeurs, 7, rue des Grands-Augustins, AANA ANRNM RAGIN CU SUN BULLETIN DE RECHERCHES, OBSERVATIONS ET DÉCOUVER- TESSE RAPPORTANT A L'HISTOIRE NATURELLE DU CANADA 4 FoNDÉ par VABBE PROVANCHER CHICOUTIMI PROVINCE DE QUEBEC CANAD Ay, ta ian du ProGrès pu Saguenay, Chicoutimi L 0 NOMMAIRE DE CE NUMERO Portrait de l'abbé Provancher........4..... de lene shee ee Lt Biographie ...... ea ee van ee VAUT SP RNCS caine SE En de 4 Cours d'entomologie populaire (Sunte)- 2.752707 42 Une nouvelle espèce de truite...... SANTE AE SM PTS A EUR Le cataclysme du Saguenay...... NC AE RUES d ace 49 Merci !—Nouvelle série,........ k ET | SUPPL,—Traité de Zoblagie LIEU PAST ES desta en LE NATURALISTE CANADIEN paraît au commencement de chaque mois, par li vraison de 16 pages in-8o. Le 3a de labonnement pour le Canada et les Etats-Unis est d’UNE PIASTRE par année.—Pour la France et les. autres pays de l'Union Postale, SIX FRANCS, Les reçus d'abonnement seront renfermés dans la livrai- son suivant la date où l’onaura payé. On ne peut s’abonner pour moins d’un an. Les person- nes qui souscrivent au journal durant l’année, recoivent les nu- méros parus depuis le commencement du volume. La rédaction entend lais.er aux correspondants du jour an) l'entière responsabilité de leurs écrits. Toutes les communications, relatives à la rédaction ou à Yadministration du NATURALISTE, doivent être adressées au Ré- dacteur-Propriétaire, M. l'abbé V.-A. Huard, Séminaire de Chi- coutimi, P, Q. LA AGENCES DU NATURALISTE CHICOUTIMI. —Au bureau du PROGRÈS DU SAGUENAY. QUÉBEC.-—-M. J.-M. Aubry, Marchand @’Orn, d’Eglise, 9, rue Buade, Haute-Ville, MM. J.-A. Langlais & Fils, Libraires, 123, rue Saint-Jo- seph, Saint-Roch. Paris.--MM. A. Roger & F. Chernoviz, Editeurs, 7, rue des Grands-Augustins, OE SE LT A EE TE ET OS EAL NE LAS re eS 233 I, BMAY 8 : \ Dy PE ~ Ke LLL LLL EI ETT LL OT ST LT A AT TE ES TS “ mo f | PR Ah Vo LA en Gi aeanten le a wae ie ie Neral ah es La . ! I de la Nlle'serie)-No 12 Deccmbre 189 wr \\ 7 hi \ | TESSE RAPPORTANT A L’HISTOIRE NATURELLE DU CANADA FoxpÉ par LABBE PROVANCHER CHICOU MI PEOVINCE DE QUEBEC CANADA Imprimerie du Progrès pw Sacuunay, Chicoutimi, PUR HAT A ANAT W Ee SOMMAIRE DE CE NUMERO Uni mot de.) Administration)... ese hus Omer L'abbé Provancher (Swit). MAR Ant OR La formation du Saguenay, P.-H. Dumais (Suite) … 186 Une punaise du Far West........ ...... LRU ee RORNSRONRERE rieinalizes scientifiques... islioML enter PUNEMRAUE PME XACTADIECES 002 LEE sen ea ean AR es cat nmaaE Extrait de la correspondance (H. Miot)................55 194 Pomp te CeO 28 SPAIN SAP ANR CR A MU Co UNE Me SUPPE-lrarte de Loologie (Suite)l.4) 5h RS SE RAS Le NATURALISTE CANADIEN paraît au commencement de chaque mois, par livraison de 16 à 20 pages in-80. Le prix de l'abonnement pour le Canada et les Etats. Unis est d’UNE PIASTRE par année.—Pour la France et les autres pays de l’Union Postale, six FRANCS, Les reçus d'abonnement seront renfermés eee la livrai- son suivant la date où l’on aura payé. On ne peut s’abonner pour moins d’un an. Les person- nes qui souscrivent au journal durant l’année, reçoivent les nu- méros parus depuis le commencement du volume. La rédaction entend laisser aux correspondants du journal l'entière responsabilité de leurs écrits. Toutes les communications, relatives à la rédaction ou à [administration du NATURALISTE, doivent être adressées au Ré- dacteur-Propriétaire, M. l'abbé V.-A. Huard, Séminaire de Chi- coutimi, P, Q. N. B.—S’adresser au bureaudu NATURALISTE pour série, volumes ou numéros de l’ancien NATURALISTE, et pour autres ouvrages de l’abbé Provancher. f AGENCES DU NATURALISTE CHicouriImMi.—Au bureau du PROGRÈS DU SAGUENAY. QUÉBEC.--M. J.-M. Aubry, Marchand d’Orn, d’Eglise, 9, rue Buade, Haute- Ville. MM. J.-A. Langlais & Fils, Libraires, 123, rue Saint-Jo- seph, £aint-Roch. Paris.--MM, A. Roger & F. Chernoviz, Editeurs, 7, rue des Grands-Augustins, A A ER ES A AS CA SERRE CE s ij ta la Nile serie)-No Janvier 1895 | ‘ 4 AANA mT 5 SON DUE | > BULLETIN DE RECHERCHES, OBSERVATIONS ET DECOUVER- a 07 : TES SE RAPPORTANT A L’HISTOIRE NATURELLE Aa = ! DU CANADA é FowDÉ par LABBE PROVANCHER y\ LF BY fre 7 £ œù ‘Was ie i NSE ae One 0 LR FAR CHICOUTIMI PROVINCE DE QUEBEC CANADA ¥; LE MN) na D as £ F [Hi sas 1 | ; + he Sal WMA MUI mr LILI VE PY: Ld i 6, de k ) à i Chae A ASTD Imprimerie du Procrès bu Saguenay, Chicoutimi, q SOMMAIRE DE CE NUMERO La vingt-deuxiéme année du NATURALISTE............. 1 AU LES a Ce MARGE RER CNE D SU" ois) dese Oe RSA Pauvres chenilles !............ Dec à Dee au Colékioue e CLÉ ASTON MURS Les déshérités—Le crapaud (H. Tielemans)..........…... 10 ia NeW roue... DA bgt DAS tn ora eaten 12 La Diphtérine Lacerte.............. VASES NOOR CMR DUNC seat PTT 15 Photographie {L'abbé E. P.)...... AA STE NN eReee | VAE A la convention pomologique de Québec... 16 A'NoNobrrespondantsiiii gi) 0 dav vad CNE SUPPL.— Traité de Znologie (Suite). .....,,:, suisse 49 LE NATURALISTE CANADIEN paraît au commencement de chaque mois, par livraison de 16 à 20 pages in-80. Le prix de l'abonnement pour le Canada et les Etats-Unis est d’UNE PIASTRE par année,—Pour la France et les autres pays de l’Union Postale, six FRANCS. Les recus d'abonnement seront renfermés dans la livrai- son suivant la date où l’on aura payé. On ne peut s’abonner pour moins d’un an. Les person- nes qui souscrivent au journal durant l’année, recoivent les nu- méros parus depuis le commencement du volume. La rédaction entend laisser aux correspondants du journal l'entière responsabilité de leurs éerits. Toutes les communications, relatives à la rédaction ou à l'administration du NATURALISTE, doivent être adressées au Ré- dacteur-Propriétaire, M. l'abbé V.-A. Huard, Séminaire de Chi- coutimi, P, Q. AGENCES DU NATURALISTE CuicouTimI,—Au bureau du PROGRÈS DU SAGUENAY. QufpEc.——M. J.-M. Aubry, Marchand d’Orn, d’Eglise, 9, rue Buade, Haute- Ville. MM. J.-A. Langlais & Fils, Libraires, 123, rue Saint-Jo- seph, £aint-Roch. Paris._-_MM, A. Roger & F. Chernoviz, Editeurs, 7, rue des Grands-Augustins. | IREM J DA i . LUE ye a Nile serie)—No 2 Fovvicr 189} | PGR AS AU A NN Mie haa MOANMNARIRM LL SOS COSY BU + BULLETIN DE RECHERCHES, OBSERVATIONS ET DÉCOUVER- TES SE RAPPORTANT A L'HISTOIRE NATURELLE F DU CANADA FoNDé par LABBE PROVANCHER TA à aft ware a #/ a < > < ‘CHICOUTIMI ea 8 PROVINCE DE QUEBEC CANADA 2 ‘Ge Imprimerie du Progrès pu SaauEenay, Chicoutimi. A ASE SEE ME MT ERA “SOMMAIRE DE CE NUMERO me Dollaboration 50.0. NS WUNOEN Sire AR RARES L'abbé Provancher (Suite)... Lie een ES Formation du Saguenay, P.-H. Dumais (Suite)... 22 De la coloration chez les Lépidoptères, l'abbé P.-A.Bégin 27 Les déshérités—Le lézard, H. Tielemans................. 29 Les Ichneumonides de Provancher...….................……. 80 Le crapaud comestible.........,................, se... ANUS NL La presse—La phthisie...... nv. COO e ee FFE OHH TET SOES see 82 Commission géologique du Canada... Photographie: Bain combiné de virage-fixage, l'abbé E.P. 33 PHDIIGATIONS recues uses Sen acts ts MCE MOURIR RARE Lee te LT AE NEN iy 310 Comment assouplir les papillons desséchés............ Le NATURALISTE CANADIEN paraît au commencement de chaque mois, par livraison de 16 à 20 pages in-6o. Le prix de ’abonnement pour le Canada et les Etats-Unis est d’UNE PIASTRE par année.—Pour la France et les autres pays de l’Union Postale, SIX FRANCS. Les recus d'abonnement seront renfermés dans la livrai- son suivant la date où l’on aura payé. ; On ne peut s’abonner pour moins d’un an. Les person- nes qui souscrivent au journal durant l’année, reçoivent les nu- méros parus depuis le commencement du volume. La rédaction entend laisser aux correspondants du journal l'entière responsabilité de leurs écrits. Toutes les communications, relatives à la rédaction ou à l'administration du NATURALISTE, doivent être adressées au Ré- dacteur-Propriétaire, M. l'abbé V.-A. Huard, Séminaire de Chi- coutimi, P, Q. AGENCES DU NATURALISTE CHICOUTIMI— Au bureau du PROGRÈS DU SAGUENAY. , Quégec.—M. J.-M. Aubry, Marchand d’Orn. d’Eglise, 9, rue Buade, Haute-Ville. MM. J.-A. Langlais & Fils, Libraires, 123, rue Saint-Jo- seph, ~aint-Roch. Paris._-MM, A. Roger & F. Chernoviz, Editeurs, 7, rue des Grands-Augustins, À BULLETIN DE RECHERCHES, OBSERVATIONS ET DÉCOUVER- TESSE RAPPORTANT A L'HISTOIRE NATURSLLE DU CANADA Kowpé par LABBE PROVANCHER CHICOUTIMI PROVINCE DE QUEBEC CANADA Imprimerie du Progrès pu SaguzNay, Chicoutimi. fs CGMMAIRE DE CE NUMERO Formation du Saguenay, P.-H. Dumais (Suite)... 37 Our insect friends and insect foes, Rev. T. W. Fyles 42 La Diphtérine Lacerte......._ A aN a ARE AE ce IRGTHETCIOMICN ES 600. utile ee Ce que l'on dit du “ Naturaliste ”......5.........:1:2.7) 49 Photographie : Débouchage des flacons ; Le nez en photographie ; l'abbé E. P........ ni Re DUR Ne MEE Alaropos de cétace..s ie TNA ENRR RSS Hépresse. Le sive clea seman USE En OS Rte Pour ramollir lesinsectes desséchés...... 1008 Suppi.—Traité de Znologie (Suite)... OO LE NATURALISTE CANADIEN paraît au commencement de chaque mois, par livraison de 16 à 20 pages in-8o. Le prix de l'abonnement pour le Canada et les Etats- Unis est d'UNE PIASTRE par année.—Pour la France et les autres pays de l’Union Postale, SIX FRANCS. Les recus d'abonnement seront renfermés dans la livrai- son suivant la date où lonaura payé. On ne peut s'abonner pour moins d’un an. Les person- nes qui souscrivent au journal durant l’année, reçoivent les nu- méros parus depuis le commencement du volume, La rédaction entend laisser aux correspondants du journal l'entière responsabilité de leurs écrits. Toutes les communications, relatives à la rédaction ou à l'administration du NATURALISTE, doivent être adressées au Ré- dacteur-Propriétaire, M. l'abbé V.-A. Huard, Séminaire de Chi- coutimi, P. Q. AGENCES DU NATURALISTE Cuicourimi.—Au bureau du PROGRÈS DU SAGUENAY. Quésec.—-M. J.-M. Aubry, Un d’Orn, d'Eglise, 9, rue Buade, Haute-Ville, MM. J.-A. Langlais & Fils, Libraires, 123, rue Saint-Jo- seph, £aint-Roch. Paris._-MM. A. Roger & F. Chernoviz, Editeurs, 7, rue des Grands-Augustins. fe W mt) oP AP 2 CRE er WS wena SON Mit ey ; A XII ar Ge chu Ne Le NO sa ; Avril 1895 BRAUN, A VDREN BULLETIN DE RECHERCHES, OBSERVATIONS ET DECOUVER- TESSE RAPPORTANT A L'HISTOIRE NATURELLE DU CANADA KoNDÉ par L ABBE PROVANCHER CHICOU TIMI PROVINCE DE QUEBEC CANADA Me Imprimerie du Progrès pu Saguenay, Chicoutimi, | | 4 SOMMAIRE DE CE NUMERO eme ee ones Labbe Provancher (Suite) uve. v.acveseoonesusnenaeas ln SEE Les Déshérités—L'Araignée (H. Tielemans)............ 57 Une espèce nouvelle d’Araignée (Provancher)....... Pa 0) Traitement de la phtisie par le gaïacol...........,........ 61 Encore le crapaud comestible... ...... ...... PEUT AS 62 Extraits de la correspondance......... EAN LR AIRE (2! 10 Le microscope “Excelsior”... DRE AT LE Dites OS Harpresse et le. Natiiralisteiss.ece 0) Pa 65 PDO FADELA ues dew deleucnanen meen mney 66 Perrin he eM RRC AMA MU ee LAL) 68 Augmenterons-nous le nombre de pages du Nat. ?.. “ SuprL.—Traité de Z ASOlOMIe (Suited Les AO iene ume ahs ON LE NATURALISTE CANADIEN paraft au commencement de chaque mois, par livraison de 16 à 20 pages in-8o. Le prix de l'abonnement pour le Canada et les Etats-Unis est d’UNE PIASTRE par année.—Pour la France et les autres pays de l'Union Postale, SIX FRANCS, Les reçus d'abonnement seront renfermés dans la livrai- son suivant la date où l’on aura payé On ne pett s’abonner pour moins d’un an. Les person- nes qui souscrivent au journal durant l’année, reçoivent les nu- méros parus depuis le commencement du voiume. La rédaction entend laisser aux correspondants du- journal l'entière responsabilité de leurs écrits. Toutes les communications, relatives à la rédaction ou à l'administration du NATURALISTE, doivent être adressées au Ré- dacteur-Propriétaire, M, l'abbé V.-A. Huard, Séminaire de Chi- coutimi, P. Q: AGENCES DU NATURALISTE CHICOUTIMI.—Au bureau du PROGRÈS DU SAGUENAY. Quésec.--M. J.-M. Aubry, Marchand d’Orn, d’Eglise, 9, rue Buade, Haute-Ville. MM. J.-A. Langlais & Fils, Libraires, 123, rue Saint-Jo- seph, — «int-Roch. Paris._-MM. A. Roger & F. Chernoviz, Editeurs, 7, rue des Grands-Augustins. "VOL: XXII UT de la Nile serie)—No 5 Mai 1895 mM MC ue ; oe BULLETIN DE RECHERCHES, OBSERVATIONS ET DECOUVER- TESSE RAPPORTANT A L’HISTOIRE NATURELLE DU CANADA Fowpé par L- ABBE PROVANCHER CHICOUTIMI PROVINCE DE QUEBEC CANADA Imprimesie da Pacends pu Saauarar, Chicewtins. PC EP EC CEE SOMMAIRE DE CE NUMERO On veut nous voler le Saint-Laurent ! (C. Baillairgé) 69 Lépidoptères de Sherbrooke (L'abbé P.-A. Bégin).…… 74 La chasse aux insectes.................. à Ma: LE Les dernières descriptions de l’abbé Provancher...... 79 James D Dana... titi (abat ne OUT SLA REC 81 Photographie à l'électricité (L’abbé E. Poirier)........ ey Heureuses nominations—Voix du lointain.......... os 108 Hublications repues../., peste RCE inte seer eames 84 SUPPL.— Traité de Zoologie (Suite)... . ssc gap ah 61 LE NATURALISTE CANADIEN paratt au commencement de chaque mois, par livraison de 16 à 20 pages in-8o0. Le prix de ’abonnement pour le Canada et les Etats-Unis est d’UNE PIASTRE par année.—Pour la France et les autres pays de l’Union Postale, six FRANCS. Les recus d’abonnement seront renfermés dans la livrai- son suivant la date où l’onaura payé. On ne peut s’abonner pour moins d’un an. Les person- nes qui souscrivent au journal durant l’année, recoivent les nu- méros parus depuis le commencement du volume. La rédaction entend laisser aux correspondants du journal l'entière responsabilité de leurs écrits. Toutes les communications, relatives à la rédaction ou à l'administration du NATURALISTE, doivent être adressées au Ré- dacteur-Propriétaire, M. l'abbé V.-A. Huard, Séminaire de Chi- coutimi, P, Q. AGENCES DU NATURALISTE CHicoUTIMI.—Au bureau du PROGRÈS DU SAGUENAY. | Quésec.—M. J.-M. Aubry, Marchand d’Orn, d’Eglise, 9, rue Buade, Haute-Ville. MM. J.-A. Langlais & Fils, Libraires, 123, rue SaintJo- saph, «int-Roch. Paris.——MM. A. Roger & F. Chernoviz, Editeurs, 7; rue des Grands-Augustins, DATA ANR ER 1 Sa AE NL RAT CN AS ELA SN Idela Nlle erie\—No 6 AN fi pr DEN MF Juin 1895 TESSE RAPPORTANT A L'HISTOIRE NATURELLE DU CANADA FoxDéÉ park LABBE PROVANCHER re + - 43e. STB ae j 1? CHICOUTIMI 1 PROVINCE DE QUEBEC. CANADA g hugrimeric dm Pacewks pv Sacuayar, Chieewimi. SOMMAIRE DE CE NUMERO Le réveil du printemps à Ottawa (J. Fletcher)......... 85 “Our insect friends and insect foes” (Rev.T.W.Fyles) 89 Lépidoptères de Sherbrooke (L'abbé P.-A. Bégin)...... 92 La multiplication ‘des mouchess,..):0cthesessbecweeracuree 94 Les dernières descriptions de l’abbé Provancher...... 95 Une application de l'électricité à la photographie (L'abbé E. Poirier)... cr came Raia PRE 97 CHILES Otes. ie. ohn A Ls nee DURE ET AUS CLR 99 BUMS rap Tes) ia nu NAN Ras tes O0 SuPPL.—Traité de Zoologie (Suite)... se-ssesseseseees 65 Le NATURALISTE CANADIEN paraît au commencement de chaque mois, par livraison de 16 à 20 pages in-8o. Le prix de.l’abonnement pour le Canada et les Etats-Unis est d’UNE PIASTRE par année.—Pour la France et les autres pays de l’Union Postale, SIX FRANCS. Les reçus d'abonnement seront renfermés dans la livrai- son suivant la date où l’on aura payé. On ne peut s’abonner pour moins d’un an. Les person- nes qui souscrivent au journal durant l’année, reçoivent les nu- méros parus depuis le commencement du volume. La rédaction entend laisser aux correspondants du journal l'entière responsabilité de leurs écrits. Toutes les communications, relatives à la rédaction ou à l'administration du NaTURALISTE, doivent être adressées au Ré- dacteur-Propriétaire, M. l'abbé V.-A. Huard, Séminaire de Chi- coutimi, P. Q. AGENCES DU NATURALISTE CHicOUTIMI.—Au bureau du PROGRÈS DU SAGUENAY. Qufprc.—M. J.-M. Aubry, Marchand d’Orn, d'Eglise, 9, rue Buade, Haute-Ville. MM. J.-A. Langlais & Fils, Libraires, 123, rue Saint-Jo- saph, £aint-Roch. Paris.—MM. A. Roger & F. Chernovis, Editeurs, 7, rue des Grands-Augustins. D TT LT RE A ATEN ic TOO RARE AUOT OL LE A \ VOL: XXII (II de la Nlle serie) -No7 Juillet 1895 nm AMAMNNRPE ON A DO EN BULLETIN DE RECHERCHES, OBSERVATIONS ET DÉCOUVER- TESSE RAPPORTANT A L’HISTOIRE NATURELLE DU CANADA FoNpé par LABBE PROVANCHER CHICOUTIMI PROVINCE LE QUEBEC CANADA si Emprimeme du Puowxhs pu Basvuxar, Chisoutimi, UEMATSU gC RAR ANT aR TaN EA : SOMMAIRE DE CE NUMERO Propos deiTOTONT. 50602) 6 Sua ARR MN SPAM Adioolte Saint-Laurent. NIMES Lemusée de) Betsiamis..;.21/0102em00 ne te loam Formation du Saguenay, P.-H. Dumais (suite)... 407 Insectes des âges disparus, G. Chagnon.........;..... 109 Dernières descriptions, feu l'abbé Provancher.......... 110 Mouchesdés-cornes oe oscil devon eye SUN A MORE te ied a mourn matrte, bardiwel oo Le PA Len Ca Ras A a XIe Congrès international des Américanistes............ 118 Le Homard.. eISSN Barna a Ba eB be Byte i Phot ographie, ‘Tabke E. Poitier oan Wes ede hoe ner MER BOSS (OUTIL AUK «sais Un NU NN ES Patiologic entoniologig he... Clo ESA SRE LE NATURALISTE CANADIEN parait au commencement de chaque mois, pes livraison de 16 à 20 pages in-8o. Le prix de l'abonnement pour le Canada et les Etats- Unis est d’UNE PIASTRE par année.—Pour la France et les autres pays de l'Union Postale, SIX FRANCS. Les recus d'abonnement seront renfermés dans la livrai- son suivant la date où l’on aura payé. One peut s'abonner pour moins d’un an. Les person- nes qui Souscrivent au journal durant l’année, recoivent les nu- m(ros parus depuis le commencement du volume. La rédaction entend laisser aux correspondants du journal l'entière responsabilité de leurs écrits. Toutes les communications, relatives à la rédaction où à l'administration du NATURALISTE, doivent être adressées au Ré- dacteur-Propriétaire, M. l'abbé V.-A, Huard, Séminaire de Chi- coutimi, P, Q. AGENCES DU NATURALISTE CHICOUTIMI.— Au bureau du PROGRÈS DU SAGUENAY. QUÉBEC.—-M. J.-M. Aubry, Marchand d’Orn, d’Eglise, 9, rue Buade, Haute- Ville. MM. J.-A. Langlais & Fils, Libraires, 123, rue Saint-Jo- seph, Laint-Roch. Paris.--MM. A. Roger & F. Chernoviz, Editeurs, 7, rue des Grands-Augustins, re DW ‘+ A Loy i 5199 {AQut 1895 1/4 DIS HT, i ee | as | 6 ui coh BULLETIN DE RECHERCHES, OBSERVATIONS ET DECOUYER- TES SE RAPPORTANT A L HISTOIRE NATURSLLE pU CANADA Fonpfé pan LABBE PROVANCHER CHICOUTIMI PROVINCE DE QUEBEC CANADA Jor mh be UE UE Impri noie du Jrccale ru Facvenay, Chicoutimi, RC ED AA CO LL MAT CONTAIN DE CH NUMERO abbé Provancher, V.-A. HY (pgitel.4.::0...1 esta Formation du Saguenay, P.-H.Dumais. (Suite)......... 121 ie eSnisses Henri Tielemansi 40e ten enn Dernières descriptions, feu l'abbé Provancher......... 129 BD TAPIE seen ep vices tneca's Rite de rte se EME SuPPL. - Traité de Zoologie. (Suite)... 1 69 # ————— LE NATURALISTE CANADIEN parait au commencement de chaque mois, par livraison de 16 à 20 payes in-60. Le prix de l’abonnenient pour le Canada et les Etats-Unis est d’UNE PIASTRE par année.—Pour la France et les autres pays de l'Union Postale, Six FRANCS. Les recus d'abonnement seront renfermés dans la livrai-’ son suivant la date où l’on aura payé On ne peut s’abonner pour moins d’un ‘an. Les person- nes qui souscrivent an journal d wrant année, recoivent les nu- méros parus depuis le commencement du volume. La rédaction entend laisser aux correspondants du journal Ventière responsabilité de leurs cerits. Toutes les communications, relatives à la rédaction ou a Vadministration du NAYURALISTE, doivent être adressées au Di- recteur- Propriétaire, M. labké V.-A. Huard, Séminaire de Chi- coutimi, P. Q . AGENCES DU NATURALISTE CHICOUTIML— Au burean du PROGRÈS DU SAGUENAY. Qu£sec.z=M. J.-M. Aubry, Marchand d'Orn. d’Eghise, 9, ruc Buade, Haute-Ville, ; MM. J.-A, Langlais & Fils, Libraires, 123, rue Saint-Jo--| seph, . «int-Roch. J'auis.-= MM. A. Rover & F. Chernoviz, Editeurs, 7, rue des Cronds-Argtstins. 1) Septembre 1895. (CH OL XXII GI dela Ale sore NO m1 ye ED TR > AR SB FI TEE D + Se à 7 HU TR MS SANADIEN BULLETIN DE RECHERCHES, OBSERVATIONS ET DECOUVER- TESSE RAPPORTANT A L’ HISTOIRE NATURELLE DU CANADA Fowpé par LABBE PROVANCHER CHICOUTIMI PROVINCE DE QUEBEC CANADA Imprimerie du Progris pu Saguenay, Chicoutimi. SOMMAIRE DE CE NUMERO abbé Provancher, V.-A FH (suite)... lene Une enquête sur le Serpent de mer....,... ......... 186 Dernières descriptions de l’abbé Provancher (Suite) 140 De l'Æntomological. News:s.:.20r 5 MN NS RE RCE bees Me canalide Chicago... 0,10 Na nt nn ns BONE CHASSE ere DA PAU AP PORT RE RE tae La propreté des pots à fleurs 1.0, de LA photographie del'invistblestL0.L.henns te RAS ME BiDHOBTADhIE.. sen. nee AE Chronique des revues... DA RUE RE nen SuPPL.- Traité de Zoologie. (Suite)......,................. 18 LE NATURALISTE CANADIEN paraît au commencement de chaque mois, par livraison de 16 à 20 pages in-80. Le prix de l'abonnement pour le Canada et les Etats- Unis est d’UNE PIASTRE par année.—Pour la France et les autres pays de l’Union Postale, SIX FRANCS, Les recus d’abonnement seront renfermés dans la livrai- son suivant la date où Ponaura payé. On ne peut s’abonner pour moins d’un an, Les person- nes qui souscrivent au journal durant l’année, reçoivent les nu- méros parus depuis le commencement du volume. La rédaction entend laisser aux correspondants du journal Ventiére responsabilité de leurs écrits. Toutes les communications, relatives à la rédaction ou a l'administration du NATURALISTE, doivent être adressées au Di- recteur-Proprictaire, M, l'abbé V.-A. Huard, Séminaire de Chi- coutimi, P. Q. AGENCES DU NATURALISTE CHICcouTIMI,—Au bureau du PROGRÈS DU SAGUENAY. Qufprc.——-M. J.-M. Aubry, Marchand d’Orn, d’Kglise, 9, rue Buade, Haute-Ville. | MM. J.-A. Langlais & Fils, Libraires, 123, rue Saint-Jo- seph, £aint-Roch. Paris.--MM. A. Roger & F. Chernoviz, Editeurs, 7, rue des Grands-Augustins. AL A at A SY tn A Ns AE a atobre 139% | praca ao Ne IPR Ne AT ANNE 2 a à BULLETIN DE RECHERCHES, OBSERVATIONS ET DÉCOUVER- ii fay TESSE RAPPORTANT A L'HISTOIRE NATURELLE A DU CANADA Vonpé PAR LABBE PROVANCHER OHICOUTIME PROVINCE DE QUEBEC CANADA by 4 Nn WY € ; Soak : a PI ER à ry ACTE pie En pcimorie du Peogsks pg Baxumar, Chicoatimi. | ni NR AU do dc 4 M Peet ty REV » PURE, + " “COMMATRE DE CE NUMERO x | Formation du Saguenay, P.-H. Dumais............... 149. Une enquéte sur le Serpent: de mer... 1482 Dernières descriptions de l’abbé Provancher (Suite) 157 Deux morts illustres.........-....: A EPP RER ge Re La vendange à Chicoutimits...) As uen rs La photographie artistique................ RO ET DO STAP DIC: sacetbs sn A AE Eee nes NAS Revucdelatpressel. das. un SUR DRE NE À puePu Traité de Zoologie (Suite) 40 eee LE NATURALISTE CANADIEN paraît au commencement de chaque mois, par livraison de 16 à 20 pages in-80. Le prix de l'abonnement pour le Canada et les Etats-Unis est d’UNE PIASTRE par année,—Pour la France et les autres pays de l’Union Postale, six FRANCS. Les reçus d'abonnement seront renfermés dans la livrai- sonsuivant la date où l’onaura payé. On ne petit s’abonner pour moins d’un an. Les person- nes qui souscrivent au journal durant l’année, reçoivent les nu- méros parus depuis le commencement du volume. La rédaction entend laisser aux correspondants du journal l'entière responsabilité de leurs écrits. Toutes les communications, relatives à la rédaction ou à l'administration du NATURALISTE, doivent être adressées au Di- recteur-Propri¢taire, M, l'abbé V.-A. Huard, Séminaire de Chi- coutimi, P, Q. AGENCES DU NATURALISTE CHicourIMi—Au bureau du PROGRES DU SAGUENAY. Qu£épec.—M. J.-M. Aubry, Marchand d’Orn, d’Eglise, 9, rue Buade, Haute-Ville, MM. J.-A. Langlais & Fils, Libraires, 123, rue Saint-Jo- seph, Laint-Roch. Paris.--MM. A. Roger & F. Chernoviz, Editenms, 7, rue des Grands-Augustins. TESSE RAPPORTANT A L'HISTOIRE NATURELLE DU CANADA KoNDÉ PAR LABBE PROVANCHER RTS = —- See =< CHICOUTIMI PROVINCE DE QUEBEC CANADA Se TT ON D 7 4 Nery La Ta a Tinprimerie du Paoarts oo Sazuanay, Chicoatimi. te ‘1 ' A 3 y { 1 Cr DE: Lh NC cb ARR AA LE AU LAC GUN EN Es A] LL a SOMMAIRE DE CE NUMERO Formation du Saguenay, P.-H. Dumais (Swite)...... 166 ur serpent de mer inedit sch 00m San sit ctwats, AO Dernières descriptions de l’abbé Provancher (Suite) 172 Le chién de prairie, H Tielemans... 41e setup Une appréciation....... RO A EU MO A A © Mistecesdecta médécine ei ids keris ue NN Pre Varietés scientifiques... ets nt en Rennes iyres él | OULMAUR sc sa CU go) NAN eee eS SUPPL Traité de Zoologie (Suite)... 4e oss Om Lr NATURALISTE CANADIEN paraît au commencement de chaque mois, par livraison de 16 à 20 pages in-80. Le prix de l'abonnement pour le Canada et les Etats- Unis est d’UNE PIASTRE par année. —Pour la France et les autres pays de l’Union Postale, six FRANCS, Les reçus d'abonnement seront renfermés dans la livrai- sonsuivant la €: où l’onaura payé. On ne peut s’abonner pour moins d’un an. Les person- nes qui souscrivent au journal durant l’année, recoivent les nu- méros parus depuis le commencement du volume. La rédaction entend laisser aux correspondants du journal l’entière responsabilité de leurs écrits. Toutes les communications, relatives à la rédaction ou à l'administration du NATURALISTE, doivent être adressées au Di- recteur-Propriétaire, M. l'abbé V.-A. Huard, Séminaire de Chi- coutimi, P, Q. AGENCES DU NATURALISTE CHICOUTIMI.—Au bureau du PROGRÈS DU SAGUENAY, Qufpec.—M. J.-M. Aubry, Marchand d’Orn, d’Eglise, 9, rue Buade, Haute- Ville. MM. J.-A. Langlais & Fils, Libraires, 123, rue Saint-Jo- seph, Laint-Roch. Paris.——MM. A. Roger & F. Chernoviz, Editeurs, 7, rue des Grands-Augustins. CANADIEN ? 1 ’ LA BULLETIN DE RECHERCHES, OBSERVATIONS ET DECOUVER- & TESSE RAPPORTANT A L HISTOIRE NATURELLE DU CANADA - Fonpé par LABBE PROVANCHER CHICOUTIMI PROVINCE DE QUEBEC CANADA L'abhé Pro } yeh xy i (Suite) Uiaia; dave Sie Peo secese ease 9 © conde 181 Que dit la science du ‘rent de mer‘! 1185 Dernières ni da ds l'abbé Provancher (Suite) , 189 Un maskinongé reraurqua ne | RD ERA QE 0 IL D, Dommages causés par les insictes.................24.. 192 DA tR re sees. nt Ne an if À La ee artistique (L'abbé E. Poirier)... 193 à Pe DUO SWE DITO. ANA li WLW R nee | Dire ethinder du NOR beak UK art AURA | 7 Le NATURALISTE CANADIEN parait au commencement de he chaque mois, jar livraison de 16 à 20 pages in-8o. | Le prix de l'abonnement pour le Canada et 1. Etats Unis | i est @’UNE PIASTRE par année.—Pour la Fiance et Jos autres pays de l’Union Postale, six FRANCS, Les reçus Vabennement seront renfermés ( :,: la livrai- sonsuivant la date où l’onaura payé. On ne peut s'abonner jour moins d’un an, 14: Derson- nes qui souserivent au journal durant l'année, rego st les nue | méros parus depuis le commencement du volume. La rédaction entend laisser aux correspondants de ourust À: Ventiére responsabilité de leurs écrits. Toutes les communications, relatives à la rédaction où x Padministration du NATURALISTE, doivent être adressées recteur-Propriétaire, M, Vabbé V.-A, Huard, Séminai coutimi, P. Q. AGENCE 2 DU NATURALISTE (HICOUTI Au bureau du PROGRÈS DU SAGUENAY. QUÉBEC.--M, J.-M, Aubry, Marchand d'Orn. d’Eglise, 9, rue Luade, Haute-Ville, MM. J.-A. Langlais & Fils, Libraires, 123, rue Saint-Jo- seph, £aint-Roch. | Paris,--MM, A. Roger & F. Chernoviz, Editeurs, 7, rue des Grands-Augustins, ' gene Site CF Re JU AAA EU TES Le © / pv PTGS ah AAO aL RA v WOM ' AAC v NOY er eGo à, TS Ne CIN : AEA AS NGO COU en À TT ed de UE RER Oe eS NIRS VA 5 à nv NUS NASI IT AAC NG ON NG À À Ny all ~ AUS ASS | Ww: Diy Be EN ig De WIS esd ei UNS Soe Guy Gl Wwe HY RER LE 4 y v A x iw % PEN y A”! ñ es ey OAS SP nS, 7. RS Bet OS L'ART ere : } : mae - ae SAN : SNA x a ‘ may MAP AIS i v PAA RS Ua iid Se En, VE CE MAC AS ; 2 Eh ay RA ag OU Pr AIR RE NT A LE QT ES RS SET TEL EU LA MATOS AE GUN GNT v4 2 aga SALE Wg! UNE Yd SRSA vy CAS: RASE A " Xv ts AS alee ass NW ON 5 F WS ME RARE te À eae uote “ Nee eae Bier A VE: SOUS ET AS WOE MURS MMM Ve AMEN POST AUS NA EN VAE reste ig b Pal" RTL = Le PSN OL LE A MOGs QU ANT OCR D ART RE RACE PE ER UNSS F5 Ee GINS I QU UN ENTER 9 É RO NOUS EN OS VY US YOU WN We Cee. JIE woe wb Wiley wy V Wiy/V.: ww ball ATA pdt LOLS pee’ JS ¥ AE MAN VV ww VY Ù it AA" _ À is + J ji ; À 4