fiC^i î(jr\Oi ^ LE trui-i i»OJ A BULLETIN DE RECHERCHES, OBSERVATIONS Eï DÉCOUVERTES SE RAP* PORTANT A l'histoire NATURELLE DU CANADA /3 \/ c- TOME YINGT-GINQUIEME (CINQUIÈME DE LA DEUXIÈME SÉRIE) L'abbé Y. -A. Huard, Directeur-Propriétaire CHÎi:OUTi'Ml Iwpi-imerie de la P<''fefi$é 1898 a.^" OI. XXV a^ (lolaNUesorie) No 1 Janvier IBOrt •^»/il' l-I.:.ETIN IT RECHERCHES, 0BSERVAÏ1JNS ET DI.j ,'^^'St ' TES SE RAPPORTANT A L'HISTOIRE NATURELLE DU CANADA FONDÉ PAR L'ABBE PROVANCHER >Mm CHICOaTIMI PROVINCE DE QUE BEG CAN'ADA ^a«g^iBSrf;|i'fas!TO >-^ SDMMAIRE DE CE NUME.iJ Les Noces d'argent du "Naturaliste" 1 Le Nord de la vallf'e du lac Saint- Jean {Suite) 4 La tuberculose 8 Excursion en Egypte 12 Montpetit, Les poissons d'eau douce du Canada 13 " Promettre et tenir sont deux " .15 Le Naturaliste canadien paraît au commencement de chaque mois, par livraison de 16 à 20 pages in-8o. Le prix de l'abonnement pour le Canada et les Etats-Unis est duN'E PIASTRE ])ar année, — Pour la France et les autres pays de l'Union postale, six francs. Les reçus d'abonnement seront renfermés dans la livrai- son suivant la date où l'on aura payé. On ne peut s'abonner pour moins d'un an. Les person- nes qui souscrivent au journal durant l'année reçoivent les nu- méros parus depuis le commencement du volume, La rédaction entend laisser aux correspondants du journal l'entière responsabilité de leurs écrits. Toutes les communications, relatives à la rédaction ou a l'administration du Naturaliste, doivent être adressées au Di- recteur-Propriétaire, M, l'abbé Y, -A. Huard, Séminaire de Chi- nitiini, 1*, Q. AGENCE DU NATrn^ V_MM. A. Poger & F, C Vugustins, 'E éditeurs, 7, rue -o- ',ER DE SaINT-AnTOIN?. itoijie. 25cts par anii {nioine, Chicoutiini, P y's Canadian Messeî idress : Eev. E. De L& \en er LE 'miiFallili VOL.. XXV (VOL. V DE LA DEUXIEME SERIE) No 1 CliiooutiiXLit Janvier 1898 Directeur-Propriétaire : l'aLbé V.-A. HUAED Les Noces d'argent du ** Naturaliste " Le Naturaliste canadien atteint anjounrhui sa vingt- cinquième année d'existence. Ce n'est pas sans émotion que je me vois la plume en main pour signaler au public cet évé- nement qui l'intéressera un moment. Il n'y a pas beaucoup de publications qui en ce pays ar- rivent à leur quart de siècle. Que les hommes de mon âge se rappellent la multitude de journaux et de revues, politi- ques, littéraires, scientifiques ou religieux, qu'ils ont vus naî- tre et mourir depuis vingt-cinq ans. Un petit nombre seu- lement parvient à échapper à toutes les causes de mala- die et de mort qui sont semée-! partout sur la route. Parfois, dans une famille, c'est l'enfant le plus maladif et le plus débile qui, trompant toutes les prévisions, passe vic- torieusement à trarers l'adolescence et l'âge mûr, pour arri- ver même à la vieillesse. C'est un peu l'histoire du Natura- liste, à qui il a même fallu trente années pour atteindre le quart de siècle. Car c'est en décembre 1868 que parut le premier numé- ro du Naturaliste. Oh ! je m'en souviens ! J'étais alors élève de Belles-Let- tres. Mon condisciple et ami Philippe Massou — le futur journaliste de VOiivrier catholique et du Courrier de l'Ouest — souscrivit aussitôt à la nouvelle revue. Qu'on ne me de- mande pas à l'aide de quels irrésistibles arguments il réussit 1— Janvier 1898. 2 LE NATURALISTE CANADIEN à obtenir de ses parents les deux dollars qu'il fallait payer d'avance pour prendre cet abonnement : je n'en sais rien. Je sais seulement que la Providence a toutes sortes de voies pour faire tourner les choses comme Elle veut. Car c'était Masson qui était abonné à la revue scientifique, et ce fut moi, à qui il en communiquait chaque livraison, qui y gagnai la passion de l'histoire naturelle. Et je ne fus pas pris à moitié ! Je dévorais chaque numéro, à mesure qu'il en paraissait un. Aujourd'hui encore, à feuilleter le premier volume du Natura- liste, ;]% retrouve avec toute leur fraîcheur, me semble-t-il, les impressions d'enthousiasme que j'éprouvais alors à la lecture de tels et tels articles, sur le " Castor," sur les " Pommes de terre et leur maladie," le " Ténia," le '•' Phoque," etc. Il n'en fallut pas plus pour m'enfiammer du feu sacré, lequel ne s'est guère éteint depuis. Mais il convient, me paraît-il, de donner en cette occa- sion mémorable un aperçu de l'histoire du Naturaliste cana- dien, qui ne manquera pas d'avoir de l'intérêt pour le plus grand nombre des abonnés actuels, lesquels n'ont pas connu la première série de la revue. Cette autobiographie est même d'autant plus facile à exé- cuter queje la trouve toute faite, en grande partie du moins, dans la livraison d'octobre 1883, et faite par l'abbé Provan- cher lui-même. En effet, en cette année 1883, le Naturaliste eut à subir l'une des éclipses qni se sont présentées plusieurs fois dans le cours de son existence. Et, "avant de faire le salut pour dis- paraître," l'abbé Provancher, bien convaincu qu'il parlait à ses lecteurs pour la dernière fois, voulut raconter brièvement l'histoire du Naturaliste. Je n'ai qu'à reproduire ici des ex- traits de ce récit, où les anciens reconnaîtront l'allure pitto- -resque que notre Linnée canadien savait donner à son style. Le narrateur expose d'abord que, grâce à l'attrait de la nouveauté qui lui avait amené beaucoup de '•' patrons ", le Naturaliste " put d'abord se soutenir par lui-même ; deux ans, trois ans s'écoulèrent ainsi. Mais le défilé des retrai- tants était déjà commencé dès la deuxième année, et allant LES NOCES d'argent DU " NATURALISTE " 3 toujours en augmentant, il nous fallut rçcourir au gouverne- ment pour en obtenir un octroi suffisant pour compenser la perte des abonnements qu'on retirait. M. Chauveau, qui était alors premier ministre et surintendant de l'Éducation, com- prit, en homme éclairé, qu'une telle publication a /ait des droits à l'appui du gouvernement, et lui fit voter une aide de $200. Deux ans plus tard, les abonnements allant toujours diminuant, le même M. Chauveau porta l'allocation à $400. '■' A M. Chauveau succéda M. G. Ouiraet, le Surintendant actuel de l'Education, qui nous accorda sans peine ses sym- pathies et maintint l'allocation, " M. Ouimet fut remplacé par M. De Boucherville. Nous étions sûr d'avance des dispositions de ce nouveau premier ministre et surintendant de l'Éducation, car nous connaissions déjà M. De Boucherville pour un homme d'étude, un amateur éclairé, qui suit assidûment le progrès scientifique. Aussi M. De Bouf^herville, secondé par ses collègues MM. Ross, Gar- neau, Angers, etc., non seulement ne nous marchanda pas l'allocation, mais forma le projet d'établir au département de l'Agriculture un musée de toutes les productions naturelles du pays. . ." Comme on le sait, le projet de l'honorable M. De Boucherville s'est réalisé. Il y a, au Palais législatif, un musée d'histoire naturelle déjà fort considérable et d'une très grande valeur scientifique. " Cependant, poursuit M. Provancher, certains nuages politiques qu'on voyait déjà à l'horizon s'assombrirent tout à coup et éclatèrent soudainement en orage. On sait comment M. Letellier, alors lieutenant-gouverneur, sut se défaire de M. De Boucherville pour le remplacer par M. Joly. " M. Joly était souscripteur au Naturaliste depuis son origine et s'était plu, plus d'une fois, à nous en faire des louanges. Cependant nous n'étions pas sans crainte. . .Aus- si, malgré les assurances du premier ministre, qui avait pris le pouvoir en mars, on vint nous dire en septembre que l'allG- cation au Naturaliste était supprimée. " On nous a assuré qu'en 1878 comme en 1888, c'est M. Mercier qui a joué de la pelle pour creuser notre fosse. Noua 4 LE NATURALISTE CANADIEN regrettons beaucoup que le grand prêtre ne fût pas encore le même, et que ce soit M. Mousseau qui, cette année, ait pris le goupillon. " A M. Joly succéda M. Chapleau. M. Chapleau est un beau parleur, tout le monde l'admet, aussi préfère-t-il de beaucoup la tribune au cabinet. Il n'est pas éloigné de pren- dre eu pitié ceux qui se laissent pâlir sur les livres pour ac- quérir des connaissances, et le progrès des sciences est le der- nier de ses soucis. " Nous étions mort ; il fallait nous ressusciter. Nous croyions la chose des plus faciles ; nous étions dans l'erreur. Si quelques grosses têtes du parti ne lui eussent montré les dents, c'en était fait de nous, nous étions condamné à pour- rir dans la tombe. " Cependant le premier ministre s'exécuta à la fin. Sans trop remarquer la grimace que cet effort lui coûta, nous nous remîmes courageusement à l'ouvrage, nous promettant enco- re de longues années de vie, . . . lorsqu'on vint nous avertir que nos jours étaient menacés de nouveau. {A suivre) L'abbé Huard. Le Nord de la vallée du lac St=Jean LA RIVIÈRE MANOUAN (Continué de la page 186 du volume XXIV) Arrêtons-nous, un instant, au confluent de ces deux ri- vières, pour étudier le pourquoi de leur rencontre à cet en- droit. Car, après tout, il faut se rendre compte, chemin fai- sant, de tout ce qui nous paraît surprenant et inexplicable, et chercher de suite une solution satisfaisante, qu'elle soit vraie LE NORD DE LA VALLÉE DU LAC SAINT-JEAN 5 OU seulement vraisemblable. Autrement, nous restons paraly- sé sur place, incapable de faire un pas de plus, anéanti du coup, sous une démonstration boiteuse d'un grand problème que nous voulions résoudre. Car, après tout, si nous avons énoncé une proposition qui n'est pas dans l'ordre du jour, qui a paru fort extravagante, c'est une raison de plus pour nous de scruter de pas en pas, étudier de point en point le champ inconnu que nous ti'aversons, pour y découvrir la preuve que cette proposition n'est pas hasardée. Voici un corollaire qui nous rend témoignage : Si cette baie du Grand Lac i^ui se trouvait ici, encaissée dans un cercle de montagnes considérables, n'eût pas eu, par aventure, un coin de son lit entamé par la fissure, qu'eu se- rait-il résulté ? Eh bien, tout naturellement ceci : Le Saguenay s'étant ouvert, comme la chose est conve- nue, le Grand Lac s'est vidé, et la baie du nord aussi, au moins jusqu'au niveau des plus bas sommets des plus profon- des coupes de ses rivages. Si ces sommets et coupes, trop élevés, comme ils le sont en effet, n'eussent pas permis son égout complet, cette baie se serait changée en lac. . .et ce lac existerait encore. Donc, si les eaux de ce lac ne baignent plus ses bas-fonds irréguliers, ne clapotent plus sur ses ber- ges rocheuses et dentelées qui les emprisonnaient de tous cô- tés, c'est que quelque chose de mystérieux s'en est mêlé, — quelque chose dont la nature n'était pas maîtresse de se servir, parce qu'elle ne le pouvait pas, — qui a asséché, subito, ce coin du pays,si bien que l'on ne se doute pas même qu'il fût submergé un jour. Donc,encore une fois, le cataclys- me survenant, la fissure aidant, la baie fut vidée. Est-ce comme 3ela ? Si oui, eh bien, nous terminerons bientôt la solution. Si non, nous chercherons encore à vous convain- cre, et nous y arriverons. D'abord, avant le cataclysme, avant l'ouverture de cette fissure extraordinaire où coule paisiblement la rivière Péribonca, dont les miroitements ne reflètent 6 LE NATURALISTE CANADIEN que des murailles, de la verdure et de légers nuages, ce pays ne présentait pas à l'œil la même physionomie, le mê- me aspect ni les mêmes lignes qu'aujourd'hui. Dire qu'une chaîne de montagnes, sur un parcours de 100 milles, est partout de hauteur uniforme, de compacité ab- solue et de symétrie parfaite, c'est peu connaître la forma- tion accidentée, désordonnée et irrégulière des Laurentides, comme du reste celle de toutes chaînes de montagnes géné- ralement. Il se trouve, n'est-ce pas ? sur ces vastes espaces, des fonds perdus ici et là, formant des lacs, des rivières, des val- lées, des savanes, des plaines même, dominés, entourés de mamelons, de coteaux, de rochers escarpés et de vraies mon- tagnes, qui se succèdent et se multiplient à l'infini, tout com- me le jeu des vagues d'uae mer en furie. Vous conviendrez donc avec nous que les eaux de la mer saguenéenne, qui se nivelaient alors, au moins 800 pieds au-dessus du lac Saint-Jean actuel, devaient naturellement s'introduire partout, envahir tout l'espace qui se trouvait au- dessous de ce niveau dans les limites du Grand Bassin. Val- lées, savanes, coupes profondes, rochers, coteaux, etc., l'eau re- couvrait tout, cachant les écueils et formant autant d'îles des nombreux monticules à fleur d'eau ou escarpés qu'elle ne pouvait submerger. Eh bien, aux Grandes Fourches, les eaux du Grand Lac, introduites dans l'intérieur par des "passes, des coupes, de vrais détroits, arrivèrent jusqu'ici du sud-ouest, et formèrent une baie profonde dans l'espace compris entre la rivière Pé- ribonca à l'ouest et la Manouan à l'est, couverte d'îles (que celle du L%on dominait), se succédant bien loin au nord ; tan- dis qu'au nord-ouest un bras de mer recouvrait toutes les chutes de Péribonca situées à plus de quinze milles en amont. C'est dans cette passe ou détroit, allant au sud-ouest, mais à sec, que l'on voit une parcelle intacte du vrai fond de l'ancien Grand Lac. Une fois la fameuse fissure ouverte, les eaux qui formaient cette grande baie oii nous sommes dans le moment, s'y précipitèrent avec une furie sans pareil- LE NORD DE LA VALLÉE DU LAC SAINT-JEAN 1 le, lavant partout les dépôts qui surgissaient à chaque ins- tant à leur niveau, jusqu'à ce que ce grand réservoir fut épuisé jusqu'au fond sans retour. La rivière des Ours (gros ruisseau) qui s'est emparée de la passe en question, n'a pu laver qu'une miette de la masse de dépôts accumulés là depuis des âges. Aussi, voyez ces imposantes terrasses d'alluvium, s'élevant graduellement en lignes horizontales à une grande hauteur, fermant complète- ment la passe, comme une immense chaussée, élevée par des géants pour irriguer une vaste contrée aride. Car sans la révolution opérée par le fameux soubresaut, il serait difficile d'expliquer autrement cet amoncellement extraordinaire de sable diluvien, fin ctjmme de la poussière d'émeri; qui n'a pas sa raison d'être dans l'endroit où il exis- te aujourd'hui, tant il a l'air dépaysé et contre nature. Si ces terrasses faisaient face au sud, comme celles qui longent la rivière des Sables, près de Sotogama, que nous a- vons oublié de mentionner en par^sant, tout s'expliquerait le plus naturellement du monde. Nous serions passé à côté en les indiquant peut-être. Mais, du moment qu'elles présen- tent la saillie de leur masse à la fureur des courants qui des- cendaient en cataracte des trois points principaux du nord, il a bien fallu s'y arrêter un instant pour scruter la chose et l'expliquer plus ou moins justement. C'est grâce à l'abîme ouvert à côté, si elles sont restées intactes. Autrement, les eaux sortant de la baie par la passe étroite qui joignait cel- le-ci au Grand Lac,le torrent l'aurait lavée jusqu'au fond dans le temps de le dire, engloutissant dans un tourbillon ces su- perbes plateaux nivelés entre les monts, et qu'on aurait cru inexpugnables, tant ils étaient protégés. Cette nappe d'eau qui formait la grande baie, que nous venons de voir disparaître tout d'un coup dans l'abîme, ayant une profondeur de 300 pieds au moins, formait jadis la par- tie nord du grand lac silurien. Depuis Sotogama nous n'a- 8 LE NATURALISTE CANADIEN vions pas songé à le rejoindre. Les chaînes de montagnes dominant partout le vaste bassin de près de 1000 pieds au- dessus des eaux, nous ne soupçonnions pas qu'elles pouvaient, au bout de quarante milles, s'abaisser au point de se laisser submerger par elles à une telle distance, et même pé- nétrer encore aussi loin, au nord-ouest, par ce bras de mer déjà mentionné, où débouchait la vraie rivière Péribonca des premiers âges. C'est bien à 125 milles du lac St-Jean ac- tuel que se trouvait l'embouchure de cette rivière, avant le cataclysme. C'est en suivant son cours vers le nord, pour plusieurs cents milles encore, que nous avons remarqué la grande diffé- rence qui existe entre la partie supérieure de ce noble cours d'eau, des milliers de fois séculaire, et la partie inférieure, toute récente, eu bas de Sotogama. {A suivre) P. -H. DUMAIS. La Tuberculose en Canada La tuberculose, la consomption, la phtisie aésignent la même maladie, l'une des plus terribles qui s'attaquent à la ra- ce humaine. Malgré les études et les recherches les plus ac- tivement poursuivies, l'on ne connaît encore aucun moyen certain et pratique, pour la généralité des cas, de guérir les personnes affectées de cette maladie. Le grand public ignore encore que cette maladie s'atta- que aussi à la plupart des animaux domestiques ou sauvages. Et comme il est reconnu que ce mal est contagieux et se com- munique aisément des animaux à l'homme et réciproquement, on voit qu'il y a là pour le législateur, chargé de pourvoir à tous les intérêts ae la société, un sujet de la plus grave im- portance, et dont il semble que l'on ne s'est peut-être pas oc- cupé jusqu'ici avec assez d'attention. Que l'on songe bien que LA TUBERCULOSE 9 Ja maladie peut se transmettre par le lait, le beurre, ie froma- ge, la viande ! Une personne prédisposée par l'hérédité, par la faiblesse de sa santé, par son jeune âoje ou son âge avancé, court évidemment plus de risques en faisant usage d'aliments ainsi infectés. Les bêtes à cornes, les cochons, les volailles, les chèvres et les lièvres sont particulièrement susceptibles de contrac- ter et de transmettre la tuberculose. Chez l'homme comme chez l'animal, cette maladie est due à la présence, dans l'organisme, du même germe, le Ba- cillus tuhercidosis. Voici quelques détails sur les ravages de ce germe, que nous reproduisons d'un bulletin publié l'année dernière par le ministère de l'Agriculture, et préparé par M. D. McEachran, inspecteur vétérinaire en chef du Canada. " Les germes (bacilli) qui sont des organismes vivants d'une grosseur très microscopique, lorsqu'ils atteignent et s'attachent à un tissu, produisent une irritation locale et la formation de petits points rougeâtres infiltrés de fluide et de cellules. Ce sont là les tubercules. A mesure qu'ils vieillis- et grossissent, leur couleur devient grisâtre ou jaune suivant les changements qui s'opèrent à l'intérieur, causant éventuel- lement là la destruction des tissus centrais. En apparence et consistance ils ressemblent au fromage. " Ces nodules peuvent varier en grosseur de la tête d'une épingle à une noix de cocao et souvent elles deviennent aussi dures que la pierre due aux sels de chaux qu'elles contien- nent. Ces tubercules peuvent se trouver renfermés que dans un organe ou tissu du corps, dans la glande lymphatique, par exemple, du mésentère, du thorax ou de la gorge, etc., ou ils peuvent être répandus généralement dans tout le système, les germes suivant le courant de la circulation artérielle. . . L'entrée du bacillus vivant dans le système d'un animal s'ef- fectue ordinairement par les organes digestives (ingestion), par les organes respiratoires(inhalation.). . .Sans l'entrée d'un bacillus vivant dans le système, la tuberculose ne peut pas s'y développer. Le tubercule bacillus est la semence d'où elle croit, et il est aussi essentiel à son développement que l'avoine, 2— Janvier 1898. 10 LE NATURALISTE CANADIEN les pois ou les pommes de terre le sont à reproduire leurs es - pèces individuelles. " (Remarquons, en passant, que du style et de l'orthogra- phe comme il y en a dans cette citation, c'est propre à rendre malade toute une population ! Le gouvernement fédéral du Canada devrait avoir honte de faire imprimer et de lancer dans le public un charabia, qui est d'une illégalité flagrante ; en effet, nous avons droit à l'usage officiel de la langue fran- çaise. Mais cela n'est pas du français !) Il y a quelques années, un Allemand, le Dr Koch, fît une préparation qu'un moment, dans le monde civilisé, on espéra être enfin le remède si longtemps cherché pour la guérison de la tuberculose. Ces belles espérances ne se réalisèrent pas, malheureusement. Cependant la découverte du Prof. Koch ne laisse pas d'être d'une importance très considérable. Car la tuherculi- ne — c'est le nom du produit qu'il a inventé, — permet de re- connaître d'une façon à peu près infaillible la présence de la tuberculose chez l'homme ou chez les animaux. En effet, des injections de cette substance chez des sujets même légère- ment tuberculeux produisent toujours une élévation do tem- pérature. Il y a eu des cas où, sur cette si:;ule indication, on a abattu des animaux .jui paraissaient en excellente santé, mangeant bien et engraissant même : et l'examen des viscè- res démontrait la présence de la tuberculose. Nous avons lu quelque part, nous ne savons plus où,qu'en Angleterre les trois-quarts des bestiaux sont tuberculeux. En de telles conditions, il n'y a plus rien à faire, évidemment. Nous avons lu aussi, cjue, dans les Etats-Unis, certains Etats offrent une largo diffusion de la maladie, tandis que certains autres en sont à peu près indemnes. Pour ce qui est du Canada, il nous semble avoir vu der- nièrement, dans quelque publication officielle d'Ottawa, que durant l'une des dernières années on n'avait eu connaissance que d'une quinzaine de cas dans tout le Dominion. Nous avons lieu de croire, cependant, que la tuberculose des ani- maux est bien autrement répandue en Canada. LA TUBERCULOSE 11 Et ce qui vient de se passer sur la ferme du séminaire de Chicoutimi indique bien que le mal doit êlre beaucoup plus grand que l'on n'imagine. La lecture du bulletin sur la Tuberculose, dont nous a- vons parlé plus haut, commença par donner l'éveil. Divers symptômes indiquaient que plusieurs bêtes à cornes de cette ferme étaient probablement attaquées de la tuberculose. On abattit l'un des animaux qui paraissaient les plus malades ; et à la seule inspection des poumons, il fut aisé de voir que c'é- tait un cas avancé de tuberculose. Le ministère de l'Agricul- ture d'Ottawa fut alors prévenu, et envoya un inspecteur vé- térinaire qui soumit tout le troupeau de la ferme à l'épreuve de la tuberculine. Eh bien, totit le troupeau, qui se compose d'une quarantaine de têtes de bétail,a été reconnu atteint de la maladie,que l'on a aussi constatée chez les cochoiis,les moutons et les volailles. Il va falloir abattre tout ce troupeau que l'on avait com))Osé à grands fiais, et ce sera une perte considérable pour le séminaire de Chicoutimi. En attendant, les étables de la ferme ont été mises en quarantaine par autorité du gouver- nement fédéral. Eh bien, nous disons ceci. Puisque tout d'un coup l'on trouve dans la province de Québec tout un troupeau infecté de tuberculose, cela veut du-e que la maladie doit être fort répan- due au moins dans cette partie du Canada. Et il est du de- voir de nos gouvernants de prendre sans retard toutes les me- sures possibles pour constater l'étendue du fléau, et surtout pour l'enrayer, s*ii en est encore temps. Il y va des intérêts les plus graves : celui, d'abord, de la santé publique, qui est le premier des biens temporels d'une nation. Il suftit d'indi- quer, en second lieu, les risques qu'une épidémie un peu gé- néralisée de tuberculose ferait courir à l'industrie laitière et à notre commerce d'exportation des viandes. Nous souhaitons que la grande presse du pays,se rendant bien compte de la situation, jette le cri d'alarme et force la main aux autorités gouvernementales. L'époque de la session LE NATURALISTE CANADIEN des Chambres fédérales est tout indiquée pour qu'on s'occupe attentivement d'une question de telle importance. EXCURSION EN EGYPTE DE MARSEILLE A ALEXANDRIE Nous quittons Marseille le onze mars par un très beau temps, nous passons près des Iles de Pomerynes et de Bato- ueau, puis nous apercevons la petite ville de Cassis, dont les en\^irous fournissent de très bons vins blancs ; et un peu plus loin ia Ciotat, où sont les chantiers de construction des pa- quebots des messageries maritimes ; le Pelu», sur lequel nous nous trouvons, sort de ces ateliers. Après la Ciotat, nous avons aperçu la rade de Saint- Nazaire ; doublé le cap Sicié et vu un peu plus loin l'entrée de la rade de Toulon ; avec une lunette nous distinguions très-bien les forts qui la dominent. Nous longeons de très près les îles d'Hyères, Porquerolles et Port-Cros. La nuit est venue peu après, mais il faisait un si beau clair-de-lune que nous distinguions encore de temps en temps les côtes de France, et, à dix heures, quand nous avons quitté le pont, nous voyions très distinctement le feu du fort de Saint-Tropez. Le 12 mars, le matin dès six heures, nous nous sommes hâtés de monter sur le pont, le navire doublait le cap Corse, et pendant deux heures nous voyons les côtes de ITle de Cor- se, et dans le lointain la ville de Bastia. Au même moment, nous passons auprès de l'Ile de Capraja ; puis l'Ile d'Elbe nous apparaît, nous ne voyons que les hautes montagnes qui la dominent, formées principalement de granit et de serpen- tine. Elle est partif^ulièrement importante sous le rapport de ses richesses minéralogique, dont la principale consiste dans l'excellent fer oligiste qu'elle produit et qui était déjà utilisé par les Romains. {A suivre) E. Gasnault. MONTPETIT, LES POISSONS D'EAU DOUCE DU CANADA 13 riontpetit, LES POISSONS D'EAU DOUCE DU CANADA Nous nous félicitons grandement, aujourd'hui, d'avoir été forcé de remettre de mois en mois, depuis l'automne, le compte rendu détaillé que nous voulions faire du livre de M. Montpetit, sur Les poissons d'eau douce du Canada. Car rien ne nous ennuierait à présent comme de songer que, du moins pour une partie not.ible du volume, nous aurions ap- précié et louange un autre ouvnige, le dictionnaire irititulé La 'pêche et les ^loissoiis, par H. de la Blanchère, ouvrage en faveur duquel nous n'avims aucun sujet de nous mettre en frais d'écriture. C'est la Vérité, de Québec, qui a découvert le pot aux roses. Ce n'est pas la première fois que notre confrère en dé- couvre, des pots aux roses ! Donc, dans ses numéros du 22 et du 29 janvier, la Vérité affirme que beaucoup de pages d\\ livre de M. Montpetit out été copiées textuellement du dictionnaire de lVI. de 'a Blanchè- re. Elle indique un passage de 75 pages qui en a été extrait tout Kind ; elle dénonce le " copiage " dès la page 2 du volu- me, et dit qu'il y en a de même à perte de vue. Nous n'avons pas à Chicoutimi le diclionnairo qui a rendu tant de services à M. Montpetit et ne pouvons juger par nous- même de l'accusation portée par la Vérité. Mais nous n'a- vons pas à le regretter, puisque, connaissant bien M. Tardivel pour un homme qui n'affirme rien à la légère, nous sommes aussi certain de ce qu'il dit avoir constaté que si nous l'avions constaté uous-même. Il n'y a pas beaucoup de choses qui nous révoltent autant que le plagiat. Aussi, nous protestons avec la plus grande énergie contre l'action de M. Montpetit, Nous étions si content de voir notre littérature scientifi- que, encore bien pauvre dans la province de Québec, s'enrichir d'un si beau volume sur les poissons du Canada ! Nous avions appris avec tant de satisfaction que le gouvernement 14 LE NATURALISTE CANADIEN provincial, qui n'est jamais animé d'un zèle dévorant pour ai- der ceux qui se dévouent à la science, s'était cette fois montré très empressé de récompenser notre compatriote de ses tra- vaux ! Et aujourd'hui nous avons même honte de dire, dans les pages de notre revue, ce qui en est de cet ouvrage, parce qu'on lira à l'étranger ce que nous en écrivons, et que l'impression qui restera de cette affaire ne seia guère honorable pour la science canadienne. Nous nous abstiendrons, en conséquence, d'appuyer davantage sur cet incident. Mais, avant de laisser là cet ouvrage pour n'y plus reve- nir, nous ferons de brèves remarques sur deux passages du li- vre. Dans les pages 501 et 502, l'auteur remercie les anglais des Etats-Unis et du Canada d'avoir '• été excessivement ga- lants à l'endroit des Canadiens-Français en les gratifiant de leur orthographe dans l'épellation du nom " ouananiche," Les Canadiens-Français donnaient au poisson dont il s'agit le nom de WanamsJi : c'était l'orthographe usitée dans le Saguenay depuis longtemps, et l'abbé Provancher s'en servit dans le Naturaliste de l'année 187G (Vol. VIII, p. 69). Kt nous som- mes d'avis qu'on aurait dû conserver cette façon, d'une allure si sauvage, d'écrire le nom français du Salmo omethistus. Quant à l'orthographe huananiche que propose et qu'emploie. M. Montpetit, nous croyons qu'elle ne sortira pas de sou li- vre. " Ouananiche " est déjà trop entré dans l'usage courant pour être remplacé par une autre manière dédire. A la page 500, M. Montpetit raconte ce qui se passait en fait de pêche, au Saguenay, avant l'ouverture du chemin de fer du lac St-Oean. Et il dit, au miheu de son récit :" M. le curé Auclair se plaisait, lui, à pêcher le magnifique éperlan du lac Kinogami tout en courtisant le huananiche du lac Saint-Jean. " Si le vénérable M. Auclair, curé de Québec, était eneore de ce monde, il ne ferait pas bon de l'accuser ainsi de s'être amusé à pêcher l'éperlan ! Il lui aurait suffi d'un mot, original et énergique, pour fermer la bouche à i'impru- " PROMETTRE ET TENIR SONT DEUX " 16 dent conteur qui aurait entamé de la sorto sa réputation de sporstrnan. Ce n'était pas l'éperlan, mais la truite, de si gran- de renommée, du lac Kinogami que le vieux pêcheur venait poursuivre de son art savant, un mois entier de chaque autom- ne. E'„ nous (^ui, durant ces périodes de vil égiature au Sa- guenay, avons vécu dans son inUaiité, noui avons l'obligation de venger sa mémoire d'une inculpation si injurieuse ! PROMETTRE ET TENIR SONT DEUX " Il a raison, ce proverbe-là ; et il n'y a pas à ajouter plus de foi aux pro- messes du NafMralUte qu'à celles de n'importe ([ui. Comme s'il était difficile d'annoncer que l'on fera de telle et telle fai^on ! " Dans chaque livraison du Natiiivxlinta il y aura la continuation de la biograpiiie de l'ablju Provanciier ! Il y aura en supplément huit pages du Traité de Zoologie ! " — Et, comme on le voit, le présent numéro ne contient rien de tout cela. C'est qu'en toute chose il faut compter avec la condition misérable de l'humaine nature. . . .Deux semaines de maladie, suivies d'un congé nécessaire d'une quinzaine de jours, ont mis le désarroi dans les affaires du directeur du Naturaliste, au point qu'il rétracte toutes ses promesses. Il ne s'engage plus qu'à faire de son mieux et tout ce qu'il pourra, certain qu'il eat de trouver chez ses fidèles abonnés une indulgence qui ne se démentira pas. Avec le temps, tout se fera ; la publication du NaturalÀsfe redeviendra parfaitement régulière Mais ne recommencions pas le jeu des promesses ! — Noua remercions cordialement nos confrères de la (dé- funte) Minerve, du Gourrier du Canada, de la Vérité, du Spectateur, de la Sentinelle, du Gourrier de Saint-Jean, du Trifiii/vien, du Progrès du Ss plantes gras^ses 29 Remerciements " Revue de la presse ' 30 Publications reçues 31 Le Naturaliste canadiew ]iaraît au commencement de vhaqne niois, par livraison de 16 a 20 pages in-So. Le ■|)rix de l'abonnement ponr le Cana'la et les Etats-Unis e>-t di'N'E PiASTiîE ])ar année. — Ponr la France et les antres . pays d(i l'Union postale, SIX FiiANG'S. Les reciis d'abonnement seront renfermés dans la livrai- son suivant la date où l'on aura payé. On ne pei;t s'abonner pour moins d'un an. Les person- nes qui souscrivent an journal durant l'année reçoivent les nu- méros parus depuis le connnencement du volume. La rédaction entend laisser aux correspondants du journal l'entière responsabilité de leurs écrits. Tontes les connnunications, relatives à la rédaction ou à l'administration du NatuilVLISTE, doivent être adressées au Di- rectenr-Propriétaire, M. l'abljé V.-A. Huard, Séminaire de Clii- coutiuii, P. Q. AGENCE DU NAT[JRAISTE Paris. — MM. A. lloger & F. Cher no viz. Editeurs, 7, rue des Grands-Augustins, Le Messager i»e Saint-Antoine, bnlU^tin mensuel de la dévotion à S, Antoine. 2.3cts }>ar année, A Ircsser : Le Mes- sager rie Saint-Antoine, Cliicoutimi, P. Q. St. x\^■THOls\''s Canadian Messengeu, monthly review. ôOcts per year. Address : liev. V]. De Laiiiarre, (Jhicoutinii,P Q le: Mafhiipmll^-^t^ VOL. XXV (VOL. V DE LA DEUXIEME SERIE) No Q> Cliicoutiiïii» Février 1898 Directeur-Propriétaire : l'alhé V.-A. HUAED Les Noces d'argent du *' Naturaliste " (Continué de la page 4) " Nous avions bien vu M. Chapleau passer son sceptre entre le smains de M. Mousseau ; mais nous ne voyions là au- cun motif de crainte. Nous étions même parfaitement rassuré, lorsque nous vîmes l'allocation au Naturaliste portée sur le budget du nouveau gouvernement. " Mais nous comptions sans la faiblesse et l'indifférence pour le progrès des sciences de ceux qui tenaient les rênes du pouvoir, et sans aussi le mauvais vouloir de ceux qui à tout propos leur suscitaient des entraves. " Ce budget que les ministres avaient arrêté entre eux après discussion, ils n'ont pas même le courage de le défen- dre devant la Chambre. On le lit item par item ; vient le suivant : "$400 pour aide au Naturaliste canadien." — Dépen- se inutile, proclame M. Mercier, qu'on retranche cet item. — A'men, disent les ministres ; amen, répètent tous les mem- bres. Et l'affaire est faite ! " Sur 65 députés, qu'on doit supposer être la tête du pays, sa partie la plus intelligente, il ne s'en trouve pas un seul pour réclamer les droits de la science, soutenir le pro- grès intellectuel. Et ministres et députés semblent oublier que les progrès matériels, qu'ils veulent seuls avocasser, ne 3— Février 1898. 18 LE NATURALISTE CANADIEN peuvent avoir de base que dans les données de la science. . . . Et qu'on n'aille pas prétexter l'économie ; on ne donnera le change à personne sur cet article. Si nous voulions entrer ici dans des détails, nous montrerions une foule de cas où l'on prodigue les piastres par milliers, pour des fins dont la Pro- vince n'aura certainement à retirer aucun profit." Sans doute, depuis 1883, on en trouverait encore, de -ces cas où l'on a fait des dépenses peu justifiées. Quoi qu'il en soit, l'abbé Provancher conduisait, de la fa- çon que l'on vient de voir, le deuil du Naturaliste en octobre 1883. Et le volume XIV de la revue ne se composa que de trois livraisons, celles de janvier, de février et d'octobre. Il faut croire toutefois que la mort n'était qu'apparente puisque deux années plus tard, en juillet 1885, le Naturaliste, sortait de son tombeau en meilleure santé que jamais, et pourvu d'une toilette presque luxueuse. Ce fut le gouverne- ment Ross qui opéra cette merveille,et il faut lui en tenir bon compte. En 1886,1e ministère Mercier arriva au pouvoir,et la sub- vention ordinaire n'en continua pas moins à soutenir le iV^ctlu- Taliste(\\x\ parvint sans encombre jusqu'à l'âge de dix -neuf ans. Mais, cette année-là, 1890, une pierre d'achoppemeut se ren- contra sur la route : on avait voté " sous condition " la som- me destinée au Naturaliste. Or l'abbé Provancher, toujours insatiable desavoir, eut la curiosité de connaître ce qu'il y avait au fond de cette expression. En attendant d'être ren- seigné sur la nature de la " condition " que l'on voulait im- poser au maintien de la revue, il retarda la publication des premiers numéros du vingtième volume. Au bout de trois mois, c'est-à-dire en septembre, le premier ministre, M. Mer- cier, fit annoncer au directeur du Naturaliste que la subven- tion ordinaire serait supprimée à la fin de l'année fiscale cou- rante (1890-91.) Et au mois de juin 1891 l'abbé Provancher s'adressa pour la dernière fois aux abonnés du Naturaliste. J'ai raconté ailleurs ce qui se passa ensuite. Rappe- lons-en néanmoins, mais brièvement, le souvenir. LES NOCES d'argent DU "NATURALISTE" 19 L'abbé Provancher, ayant perdu tout espoir de voir res- susciter sa chère revue, m'engagea à tenter moi-même l'aven- ture. Effectivement, je me mis aussitôt en rapport avec le secretaire provincial, et j'acquis la qnasi-certitude de pou- voir relever le journal avec l'aide du gouvernement. Mais la tourmente politique qui éclata le même autom- ne vint ruiner de fond en comble mes beaux châteaux d'Es- pagne. Quelques mois plus tard l'abbé Provancher partait pour nu monde meilleur, et de son lit de mort me confiait de nou- veau la continuation de son œuvre. On sait le reste. J'ai osé, en 1894, reprendre la publi- cation du Naturaliste à mes risques et périls. Les divers ministères qui se sont succédés au gouvernement de Québec ont été d'avis que la Province est trop pauvre pour aider de quelques centaines de piastres, annuellement, une revue des- tinée à l'étude de notre histoire naturelle. Il faut croire que je suis bien plus riche que la province de Québec, moi, puisque je pourvois tout seul à sa publication ! Pour ne parler que de la première série du Naturaliste, sous prétexte d'économie, on a empêché M. Provancher d'en publier trois ou quatre volumes de plus. Croit-on que les finances de la Province se portent beaucoup mieux parce qu'on a économisé, durant autant d'années, la subvention or- dinaire fournie à cette revue ? Par contre, il y a quelque cho- se qui ne s'est certes pas enrichi pendant ces époques de mesquinerie : c'est notre littérature scientifique que l'on a privée, et sans retour possible, de plusieurs ouvrages de no- tre grand naturaliste sur la faune canadienne. Pense-t-on que cette perte soit compensée par le millier de piastres qui est resté, du fait de cette fausse économie, dans le trésor provin- cial ? Il faut être en rapport, comme je le suis, avec la plu- part de nos naturalistes amateurs, pour savoir combien sou- vent ils se voient arrêtés dans leurs études, parce que la des- cription de la faune canadienne n'a pas été poussée plus loin. — Quand donc reverrons-nous à Québec un premier ministre 20 LE NATURALISTE CANADIEN OU un secrétaire provincial qui comprendra nettement ces intérêts scientifiques ! L'y trouverions-nous dès maintenant ? Nous le saurons probablement dans quelques mois .... Le Naturaliste canadien restera comme un monument élevé à la gloire de son Fondateur qui, durant un quart de siècle, n'a épargné aucun effort pour promouvoir l'étude des sciences naturelles en ce pays. Le nom de Provancher sera connu tant qu'il y aura des naturalistes dans l'univers. La coUlection du Naturaliste sera longtemps encore, sinon tou- jours, indispensable à tous ceux qui voudront étudier l'his- toire naturelle du Canada. De tels faits suffisent pour éta- blir l'utilité d'une carrière, et personne ne dira que celle du Naturaliste a été sans profit pour le pays. II continuera, le Naturaliste, à remplir sa mission, celle de répandre le goût des sciences naturelles chez le peuple ; il la continuera même dans ses conditions présentes de détresse. Que ne puis-je lui rendre son volume d'autrefois ! Que ne puis-je, n'ayant plus à gagner sa vie par des travaux étran- gers, lui donner tout mon temps et toutes mes études ! I) aurait fallu, n'est-ce pas ? célébrer ces NOCES d' AR- GENT par quelque chose d'extraordinaire. Je m'étais bien proposé de publier à cette occasion une livraison de grand luxe typographique, pour lequel j'aurais fait appel à la plu- me de tous les collaborateurs, anciens et nouveaux, du Natu- raliste. Mais c'étaient là sans doute de vains projets. Don- ne-t-on jamais, chez les pauvres gens, des fêtes brillantes ? S'il ne jouit pas même de l'^aurea mediocritas,"du moins le Naturaliste compte un grand nombre d'amis sincères. Il est l'objet de chaudes sympathies, et mon regret le plus vif est de ne pas pouvoir mieux répondre à la bienveillance qu'on lui témoigne de bien des côtés. Et la presse ? La plus grande partie de la presse fran- çaise de la Province, et, — Dieu merci ! — la partie la plus saine, veut bien s'intéresser vivement à l'œuvre du Naturaliste, et en parler souvent à ses lecteurs, sachant bien qu'il n'est pas question ici — au contraire — d'une affaire de spéculation. Ces LES NOCES d'argent DU "NATURALISTE"- 21 confrères du journalisme, à qui je renouvelle ici l'expression de ma reconnaissance, en agissent ainsi par pur dévouement à une cause patriotique et catholique. Par contre, il y a un groupe de journaux qui ignorent toujours le Naturaliste. Je ne m'en inquiète pas autrement. — Mais, est-ce curieux ? Crc.irait-on que je pourrais, seule- ment à voir la façon dont on se comporte vis-à-vis le Naturalùte, partager, au point de vue des princi- pes, nos journaux et nos revues en deux classes dis- tinctes, dont l'une — sympathique au Naturaliste — com- prend presque exclusivement tout ce que nous avons de res- pectables publications ; dans l'autre, — celle pour qui lé Na- turaliste n'existe pas — , il y a les journalistes qui courent surtout après l'argent, les indifférents en matières de princi- pes, les juifs et les libres-penseurs. Et ce qui peut paraître tout d'abord étrange, c'est que les écrivains de cette dernière classe, qui tout le long de l'année font étalage d'un inunense dévouement à la cause " sacrée " de l'instruction publicjue, n'ont pas l'air de s'apercevoir que le Naturaliste est pourtant une œuvre d'instruction publique. — Je sais, du reste, ce qu'il me faudrait faire pour forcei' la renommée au milieu de ce monde-là. Mais plutôt que d'y condescendre, nous resterons toujours, \q Naturaliste et mo% de petites gens ! En terminant ce long article, je dis aux fidèl(;s abonnés de cette revue ; Faisons-en sorte, chacun dans la mesure de nos moyens, que le Naturaliste canadien fournisse, du- rant son deuxième quari de siècle, une carrière fructueuse, utile à la patrie, digne enfin de son hononblt; passé, L'abbé Huard. 22 LE NATURALISTE CANADIEN Le Nord de la vallée du lac St=Jean LA RIVIÈRE MANOUAN (Continué de la page 8) Vraiment, nou^ avons été frappé de la tournure majes- tueuse, imposante, parfaite, que présente cette antique riviè- re. Elle apparaît comme un lar^e ruban, en replis harmo- nieux, se déroulant fièrement, à perte de vue, jusqu'au faîte des hauteurs. Ces rives élevées et planes forment deux li- sières de riches terrains tout le lon^ de son cours, beaucoup plus profond et plus large que celui de cette même rivière en approchant le lac Saint-Jean. Il est coupé, à de loags inter- valles, par des rapides de peu d'importance qui ne changent pas sa physionomie. Elle égoutte,df^puis la création des Lau- rentides tous les hauts plat aux qui dominent au nord, ainsi que les vastes espaces qui l'encadrent des deux côtés, éraail- lés partout de milliers de lacs, qui alimentent à leur tour ses nombreux tributaires. Avant les grands feux qui ont détruit les forêts couron- nant les hauteurs et tapissant les vallées de ce vaste territoi- re, les bois étaient magnifiques, si les lisières épargnées ir^i et là nous renseignent bien sur la valeur et l'essence de la forêt primitive. Le bois y poussait gros et long, clairsemé. L'é- pinette blanche dominait partout les vastes espaces qui s'é- tendent de la rivière aux montagnes ; entremêlée de tama- racs, de sapins, de bouleaux et déjeunes plantes. Tous les animaux sortis de VArehe, qui vivent dans la province de Québec au-dessus du 49e parallèle, ont élu do- micile dans ce charmant pays. Peu fréquenté par leurs en- nemis, ils s'y plaisent à toutes saisons et s'y multiplient à l'envi, suivant le précepte. LI WORD DE LA VALLIÉK DU LAC SAINT-JEAN 23 Les poissons, qui sillonnent en tous sens les eaux de ce beau fleuve et de ses lacs limpides, sont d'une antique lignée et de belles proportions. Ils y vivent en famille, dans ces mystérieux méandres reliant de profonds réservoirs, pleins de secrets conduits et d'asiles discrets, qu'ils n'ont jamais déser- tés depuis .qu'ils y sont nés, ce qu'ils ne feront pas, s'ils veu- lent y trépasser comme l'ont fait leurs aînés : car une fois sortis de ces eaux cristallines et froides, il n'y a plus de re- tour possible pour eux. Un cahot affreux, reproduit rare- ment ailleurs, les sépare pour jamais de leur cher pays, les condamne pour toujours à l'isolement, ou les force à chercher, au fil de l'eau, un ^ja^/.s hospitalier où ils oublient le passé: ce qu'ils trouvent facilement. Les oiseaux se trouvent dans les proportions et les variétés ordinaires sous cette latitude. Depuis l'aigle à la tète blanche jusqu'à l'oiseau-mouche ; ilepuis le héron bien jusqu'à l'a- louette à hranlequeiie ; depuis le cygne cana'iien jusqu'à la poule d'eau, il y a des nuances et des physionomies à définir pour chaque espèce : chose que nous ne voulons pas entre[)rendre. Aussi nous nous garderons bien d'entrer dans le domaine cher aux ornithologistes, quand bien raêmp nous aurions la clef exprès pour cela. Les perdrix blanches, grises et brunes, bien entendu, font bandes à paît ; elles habitent le pays tout le long de l'année, bien contentes de voir fuir vers le sud, à l'ap- proche de l'hiver, ces méchants oiseaux de proie qui font taut de victimes dans leurs rangs, et contre lesquels elies ne pour- ront de sitôt se protéger. La rivière Manouan, tout en formant aujourd'hui par- tie intégrante de la Péribonca, n'a pas toujours contribué, dans le passé, à entretenir le cours déjà fort important de cette ri vière. Elle avait une autre direction avant l'époque qui nous intéresse. C'est ce que nous démontrerons dans un ins tant, lorsque nous serons arrivé au bord de la vallée qu'elle ruivait jadis pour alimenter le lac Pipemakan, un des grands réservoirs de la rivière Betsiaiaiits. En partant de la Grande-Fourche pour nous diriger 24 LE NATURALISTE CANADIEN vers le nord, nous entrons de nouveau dans la fissure, que les eaux remplissent à pleins bords, submergeant, de plus,une tranche de la baie qui s'est* trouvée isolée de ce côté, au mo- ment de la catastrophe. Aussi, on voit dans cette expansion de la rivière un bon nombre de petites îles qui sont autant de têtes de rochers,ou de débris accumulés là par les courants et les remous, qui devaient être très puissants ici au début de l'évacuation subite de ce grand réservoir. A deux milles en avant, la fissure sort de la baie pour s'enfoncer dans la masse granitique qui la bonle à l'est, et puis PU ressortir quinze milles plus loin, pour entailler de nouveau cette même baie, aux rivages capricieux, jusqu'à sa plus grande limite nord, une égale distance encore dans cette direction. Ici, une chaîne de montagnes courant du sud-est au norJ-ouest forme une imposante barrière infranchissable de 1500 à 2000 pieds de hauteur,entre le bassindu lacSt-Jean et celui de la rivière Betsiamits. Elle a bien trois milles de largeur à sa base, et dans sa course vers le nord va frap- per à 100 milles dans cette direction le lac Manouan qu'el- le contourne au sud et à l'ouest, pour aller se perdre vers le nord-est à la source du Manicouagan. Tandis que vers le sud, elle se sépare en deux chaînons, dont l'un va vers le lac Pipemakan d'un côté, et l'autre vers le lac Pamouscachou. Ça n'empêche pas que cette fissure impitoyable continua son chemin droit, passant sans fléchir à travers cette barrière, comme si de rien n'eût été ; coupant en deux, disloquant d'un coup terrible cette immense nervure de granit, si régulière- ment et si profondément, qu,un lac s'est formé entre ces deux gigantesques parois, dont l'aspect, la hardiesse et le? propor- tions suffiraient à convaincre les plus sceptiques que l'éro- sion n'a eu rien à faire dans cette circonstance, que le tra- vail parfait dans cette partie des Laurentides, l'a été grâce au même procédé, à l'extrêriie énergie déployée avec tant d,e puissance et d'éclat, dans les autres parties, le long de la Péri- bonca et du Sagiienay, que nous avons déjà étudiées et dé- crites. Prouvant, une fois de plus, que la nature, déroutée LI VORD DE LÀ VALLÈS DU LÀC IÀINT-/SAW 35 dans ses œuvres admirables et patientes, n'a été que le té- moin inconscient de cette révolution géologique, dont elle n'a- vait préposé, ni hâté le dénouement, si intempestivement hostile à la science écrite, aux données surannées et infailli- bles qu'elle proclame. Le lac Duhamel, — ainsi nommé en mémoire de cet intelli- gent commissaire des Terres de la Couronne, si vite dis])aru,qui eut la bonne idée de nous faire explorer cette vaste contrée, tout en nous blâmant, doucement, d'y avoir pénétré trop avant — que la terre lui soit légère ! — ce lae, dis-je, n'est qu'u- ne élargissure de la rivière taillée au cœur même de la monta- gne, à l'abri des éboulis et des couches sédimentaires, qui ont eavahi et transformé certaines parties de la fissure, comme cel- les que nous venons de côtoyer, à deux reprises, en partant de la Grande-Fourche. Il mesure les trois milles que la montagne embrasse dans cette partie si nettement fracturée de sa base, laissant la riviè- re reprendre son cours régulier, de l'autre côté de la chaîne, comme si rien n'était venu révolutionner le pays eu corrigeant son orographii' primitive et en chiiM-e^mt 1.- cours originel de S'S eaux. Avant que cette fraetme, qui ne peut être réduite, se fut subitement pri lute dans a uio itag i -, 1 s flancs escari^'s le celie-ci étaient subui rgé-. h |i,u^ieuis c-nts pieds de hauteur, de chaque côté, par la Oraud'-Baie que nous avon- traversée à l'ouest d'icelle, et par un lac considérable, baignant à lest one vaste dépression, qui se limitait de ce côté à une autre chaîne de montagne, parallèle à celle que nous venons de fran- chir, et qui court au sud, se ranger le long de la berge orienta- le de QMt inlet remarquab'e, qui termine au nord le lac Pipe- makan, et où débouchaient les eaux de la Manouan, dont le nom antédiluvien nous échappe. Du moment que ce lac inconnu se fut égoutté jusqu'au fond, par l'entaille profonde pratiquée d'un grand coup du sommet à la base de la montagne, la Manouan de»cendit la rampe que 4— Février 1898. Î6 LE NATURALISTE CANADIEN les eaux fuyantes l'obligeaient de suivre pour arriver au plus creux. Elle se lava ensuite, dans ces bas-fonds boueux et irré- guliers, un pa^-age, d'abord sinueux et uni, jusqu'à son point à quelques milles au nord de Pipemakan,où, son niveau s'étant trop abaissé pour enfiler dans l'avenue qui la conduisait vers' ce lac, elle rebroussa cheiniu. Tournant à l'ouest, et puis for- mant une chute qui l'entraîne au nord sur une déclivité du terrain, elle descend graduellement plusieurs cents pieds, jus- qu'au niveau du lac Dubamel, qu'elle rejoint à angle droit après un détour à l'ouest d'un demi-mille au plus. {La lin au prochain numéro.) P.-H. DUMAIS. Le^Concilium Bibliographicum" international Dans le Naturaliste de janvier 1896, sous le titre un peu étrange " A propos de fiches," nous donnions quelques dé- tails sur le système Dewey, adopté par le congrès bibliogra phique international de Bruxelles pour la classification des ouvrages publiés dans tous les pays du monde. Et nous ajou- tions : " En ce moment même commence à fonctionner à Zu- rich, Suisse, un Bureau bibliographique international pour les diverses branches de la Zoologie. On fait appel aux écri- vains de tous les pays, qui publient quelque chose concernant la Zoologie sous quelque rapport que ce soit, d'en informer le Bureau. Celui-ci publiera à mesure tous ces renseignements sur (les fiches spéciales (de 5 pouces sur 3) qui seront en- voyées à tous les souscripteurs. . . L'ensemble de ces fiches constituera l'index bibliographique de tout ce qui aura été publié en 1896, dans le monde entier, sur les mammifères, les oiseaux, les poissons, les insectes et les autres divisions du règne animal." LE " CONCILIUM BIBLIOGRAPHICUM " INTERNATIONAL tX. Les collaborateurs du Naturaliste, disions-nous en note, n'ont plus à se préoccuper du soin de leur célébrité : car nous expédions notre revue au bureau de Zurich. Depuis deux ans, nous n'avions plus entendu parler de ce Bureau bibliographique, et nous étions porté à croire que l'entreprise avait été abandonnée. Et nous allions bientôt in- former nos dévoués collaborateurs de ne plus se fier sur les gens de Zurich pour passer à la postérité, après avoir fixé l'attention des contemporains. Eh bien, nous avons le plaisir d'apprendre aux intéres- sés que l'entreprise continue d'exister et réalise le program- me de ses promoteurs. Car nous venons de recevoir, du Bu- reau de Zurich, un certain nombre des fiches qu'il a publiées concernant la Zoologie universelle. Parmi ces cartons que l'on a eu l'amabilité de nous envoyer, il y a ceux où sont ins- crits tous les travaux publiés dans le Naturaliste, depuis quatre ans, sur l'entomologie canadienne, par MM. l'abbé P.- A. Bégin, G. Beaulieu, G. Chagnon et nous-même. Nous re- produisons ici, pour donner une idée de la chose, le contenu de l'une de ces fiches : Bégin, P. A. 57-8(7 i.4) 1896. Lépidoptères de La ville et des environs de Sherbrooke. Natural. Canad., Vol. 23 (3) No 3—5 p. 39—42, 53—60, 75 — 76. [Liste des A^ocluina, Geoni' trina, Ft/ralidina, Tortrici- na, Tineina.^ - Les chiff'res 57.8 (71.4), placés à droite et au-dessus du texte, indiquent dans quelles division, subdivision et catégo- rie des casiers doit être placée la fiche en question. Comme on le voit, avec un pareil système, rien n'est plus facile que de se renseigner sur-tout ce qui a été publié concernant un sujet quelconque dans le monde entier. Cette œuvre est de la plus grande importance principa- lement pour l'entomologie, qui nous semble bien être la scien- ce où règne le chaos le plus complet. En effet, il existe des centaines de revues entomologiques où chacun inscrit à son gré \:: résultat de ses études. Il faudrait être abonné à tou- tes ces revues pour se tenir au coui-ant de la nomenclature 28 LE NATURALISTE CANADIEN qui se modifie sans cesse. Et il n'y a personne pour centra- liser tous ces travaux et permettre de se retrouver dans ce dédale qui devient chaque jour plus inextricable. — Heureu- sement, le Concilium Bibiiographicum va combler désor- mais cette lacune, et fournir le moyeu d'utiliser les travaux qui se poursuivent partout. Toutefois les entomologistes canadiens ne seront pas à même, avant longtemps, de profiter d'aussi grands secours. Car l'acquisition des séries de fiches publiées à Zurich n'est guère à la portée des simples particuliers ; seules, ou à peu près, les bibliothèques des gouvernements et des grandes institutions seraient en mesure de se procurer ces collections bibliographiques. Or, il n'est pas téméraire, nous semble-t- il, d'aflBrmer que le Naturaliste a été le seul, en Canada, à s'occuper de cette publication d'une valeur inappréciable, et qu'aucune bibliothèque canadienne ne s'est mise en peine d'entrer à cet égard dans le mouvement international. Un jour, sans doute, dans une vingtaine d'années peut-être, on regrettera cette fâcheuse abstention ; mais il est à craindre qu'il ne soit plus possible alors de se procurer, à aucun prix, la collection complète de ces fiches bibliographiques. — Depuis que nous avons écrit ce qui précède, une let- tre de M. le Directeur du " Concilium Bibiiographicum " de Zurich-est venue corroborer entièrement l'assertion que nous avons faite ci-dessus avec l'espoir de nous tromper. " Sa- vez-vous ? (nous écrit cet honorable correspondant) il n'y a pas au Canada un seul abonné à la série des fiches zoologi- ques. Cela semble impossible, mais je ne dis que la vérité : pas un seul. " Eh bien, voilà qui démontre que le Canada occupe un rang distingué sur le terrain de la science ! Encore, s'il ne s'agissait que de la pauvre province de Québec, dont il est de bon ton en certains quartiers de dire tout le long de l'année qu'elle est " à la queue de la Confédération." Mais non, il s'agit bien en cette aflfaire de tout le Canada, — y compris cet- te " supérieure " province d'Ontario que l'on nous présente REMERCIEMENTS 29 comme un modèle extraordinaire en fait d'encouragement à l'instruction publique. De la dessiccation des plantes grasses Nous voyons dans le Bulletin de la Société linnéenne du Nord de la France, sous la signature de M. G. Malinvaud, l'indication d'un moyen très facile de préparer les plantes grasses pour l'herbier. Comme le savent bien tous ceux qui se sont occupés de la confection d'un herbier, c'est tout un problème que d'obtenir en de bonnes conditions la dessicca- tion de ces plantes grasses. Eh bien, d'après M. Malinvaud, il suffit pour y réussir parfaitement de laisser séjourner, pen- dant quelques heures, ces sortes de plantes dans du vinaigre ordinaire, après quoi on les soumet " à la dessication habi- tuelle sous pression modérée." C'est par malentendu que notre dernière livraison contenait le com- mencement du récit d'une "Excursion en Egypte" que M. Gasnault, ce vieil ami du Naturaliste, du château de Luynes, France, a bien voulu rédiger pour nos lecteur». Nous devons différer cette publication d'un ou deux mois en- core ; et alors nous donnerons de nouveau le commencement, déjà publié, de cet intéressant récit de voyage. Remerciements Nous désirons exprimer ici notre reconnaissance aux confrères qui ont bien voulu saluer le 25e anniversaire de no- tre revue. En voici la liste (qui n'est probablement pas complète) : L'Indépendant (Fall River), la Vérité, la Défen- se, le Pionnier, la Cloche du Dimanche, le Couvent, VEnsei- 30 LE NATURALISTE CANADIEN gnemenf primaire, le Spectateur, le Trifluvien, le Courrier du Canada, le Protecteur du Saguenay et le Saint -Lau- rent. Ces quatre derniers ont même voulu ajouter à leurs vœux des considérations élogieuses que nous ne méritons pas sans doute, et dont nous ne voulons retenir que le témoignage d'une sympathie qui nous est précieuse. Nous sommes heureux aussi d'ajouter le Mouvement ca- tholique,le Spectateur, V Avant-Garde et l'Avenir d,u Nord à la liste des publications qui veulent bien publier le som- maire de nos livraisons. REVUE DE LA PRESSE — Le Pionnier, de Sherbrooke, a commencé à publier un supplément in-4o intitulé Les Gantona de VEa, qui recuefllera pour l'histoire de sa région beau- coup de renseignements d'un grand intérêt. Nous félicitons notre confrère de la bonne idée qu'il réalise. — Le Protecteur du Saguenay paraît maintenant trois fois la semaine A quand le journal quotidien à Chicoutimi ? — 'L'Echo de Charlevoix (hebdomadaire, $L00 par an ; Baie Saint-Paul (Charlevoix), P. Q. )remplace le Courrier de Charlevoix sous un format agran- di. Rédaction soignée ; excellent esprit. Nos meilleurs souhaits de succès ! — Le Lac Saint-Jean (hebdomadaire, 50 cts par an ; Roberval, Lac St- Jean.) Rédigé par notre ami et collaborateur M. H. Tielemans. S'occupera de "colonisation, agriculture, rapatriement." Interrompu depuis le 14 jan- vier, mais reparaîtra bientôt. Longue vie et prospérité ! — ha. Défense (hebdomadaire, $1.00 par année ; Chicoutimi, P.Q.)Program- me, principes, style, tout est excellent dans ce nouveau journal chicoutimien. Nous savons qu'il est déjà, de près comme de loin, haut coté dans l'opinion saine et éclairée. Félicitations et bons souhaits à son jeune et brillant direc- teur, M. Uld. Tremblay, qui sixrement "fera sa marque" dans notre journa- lisme. — Le Travailleur du Lac Mét/anfic (hebd., 75 cts par an ; Agnès (Beau- ce), P. Q. ) Encore un nouveau journal dont le programme estbon,et qui sera l'organe ds cet intéressant district de la Beauce. Nos meilleurs vœux de succès. — Le Mouvement catholique (revue hebdomadaire, 32 pages gd in-8o ; $L00 par année ; P.- V. Ayotte, éditeur, Trois-Rivières, P. Q.) Vaillance dans le combat, fermeté des convictions, siireté dans la doctrine : voilà ce PUBLICATIONS REÇUES 31 que l'on a accoutumé rie voir Tenir des Trois- Rivières, et cette nouvelle pu- blication ne fait que confirmer se que nous attendions. Son programme est vaste et comprend tout ce qui peut intéresser un catholique sincère.- — On y traite toutes les questions d'actualité. C'est bien pensé, bien écrit et d'un phénoménal bon marché : 1600 pages par année pour §1.00. — L'infatigable M. P.-G. Roy, de Levis, vient de fonder la Bildiolhèqua cfinaditnae, revue-livre mensuelle, petit format, qui met à la portée de tous les travaux remarquables de nos compatriotes. Les deux livraisons déjà pu- bliées ont pour titre : Le Frère Louis, par l'abbé Chs Trudelle, et Bertrand rfe ^a 7'o«>-, par P.-J.-O. Chauveau. (.'$1.12 par an ; la livraison, 15 cts. — Levis, P. Q.) {A suivre) PUBLICATIONS REÇUES — Lt Canada ecclésiastique pour 1898. (Montréal. En vente chez tous le» libraires. ) C'est la douzième année que MM. Cadieux & Derome publient cet almanach-annuaire du clergé canadien, dont l'utilité est recounue de tous : en effet, cet in-douze de près de 300 pages renferme tous les renseigne- ments que l'on peut désirer «ur le clergé régulier et séculier, et toutes les communautés religieuses du Canada. — Hoffmann's Catholic Directory, Vol. XIII, No. 1. -Ce directoire officiel du clergé des Etats-Unis, àx\ Canada et de Terre-Neuve, est une sorte de li- vre-revue, qui paraît quatre fois l'an, et se tient ainsi au courant des chan- gements qui se produisent. Ne coûte que 50 ctp par année. (M. H. Wiltzius & Co., 429 et 431 East Water street, Milwaukee, Wis., U. S.) — Oficial Handbook of the Dominion of Caivxda. Publié par le Ministre de l'Intérieur, en août 1897. Splendide volume, de belle typographie, et joli- ment illustré, rempli de coûtes sortes de renseignements sur toutes les pro- vinces du Canada. — Les Funérailles de V Amour, par P.-P. Paradis, 2e éd.,Chicoutimi. Sans rechercher si le défunt 'U':l: Vol XXV '.V de ia nouveiie série) No 3 MARS 1898 *^i^'%j^'A* BULLETIN DE RECHERCHES, OBSERVA riONS ET DÊCOL" ''^ " VERTES SE RAPPORTANT A L'HL^Tï TRE NATUREL- LE DU CANADA Fondé par lAbté PROVANCHER CHICOUTIMI PROVINCE DE QUÉBEC canada'" ^éX::|S}jS3 SOMMAIRE DE CE NUMÉRO L'abbé Provancher, V.-A. H. {Suite). 34 Le Nord de la vallée du lac St-Jean ^Suitc et fin) 38 A propos de... rien, l'Abbé Huard 42 Chasses hâtives 45 Préparation de l'herbier " " La richesse faunique de la Normandie " 46 Revue de la presse " Publications reçues 47 Le Naturaliste canadien paraît au commencement de chaque mois, par livraison de 16 à 20 pages in-8o. Le prix de l'abonnement pour le Canada et les États- l' l's et d'UNE PIASTRE par année.— Pour la France et les iiuires pays de l'Union postale, SIX FRANCS. Les reçus d'abonnement seront renfermés dans la li- vraison suivant la date où l'on aura payé. On ne peut s'abonner pour moins d'un an. Les person- nes qui souscrivent au journal durant l'année reçoivent les numéros parus depuis le commencement du volume. La rédaction entend laisser aux correspondants du jour- nal l'entière responsabilité de leurs écrits. Toutes les communications, relatives à la rédaction ou à l'administration du NATURALISTE, doivent être adressées au Directeur- Propriétaire, M. l'abbé V.-A. Huard, Séminaire de Chicoutimi, P. O. AGENCE DU ** NATURALISTE " Paris.— MM. A. Roger & F. Chernoviz, Editeurs, 7, rue des Grands Augustins. Le Messager de Saint-Antoine, bulletin mensuel de la dé- votion à S. Antoine, 25cts par année. Adresser : LE MESSAGER DE SAINT-ANTOINE, Chicoutimi, P. Q. St. Anthony's Canadian Messenger, monthly re- view. 50 cts per year. AiDKEs^ : Rev. E. De LAMARRE, Chicoutimi, jP. Q. LE VOL. XXY (VOL. V DE LA DEUXIÈME SÉRIE) fJQ, 3 GWcoatinii, Mars 1898 Directeur-Propriétaire: Tabbe V.-A. Huard Quelques-uns de nos confrères adressent leurs journaux au Naturalisme ca>iadicn, appellation contre laquelle nous de- vons protester, bien que, assurément, il ne faille voir là qu'une faute typographique laissée sur les listes d'envoi. A moins que, par une très délicate attention, on n'ait voulu commettre cette " coquille ", à notre adresse, pour indiquer à quel point l'on est sympathique à l'œuvre que nous poursuivons dans l'intérêt de l'histoire naturelle ! Certes, ce serait donner à la courtoisie une forme par trop malacologique. Le mot " naturaliste, " dans l'un de ses sens, s'appli- que bien au partisan du "naturalisme." Mais de cette dé- nomination, entendue de la sorte en opposition avec le sur- naturel, nous ne voulons aucunement pour nous. Car, à part les raisons théologiques et philosophiques qui démontrent la fausseté du naturalisme, il serait particulièrement difficile, pour quelqu'un qui étudie le monde matériel, de ne pas trou- ver à chaque pas des preuves de l'existence d'un ordre de choses absolument supérieur. En effet, suivant le mot de saint Athanase, " les choses créées soiit disposées et ordon- nées de telle sorte qu'elles indiquent et proclament, comme par une sorte d'écriture, leur Maître et leur Créateur." Avant lui, le païen Platon avait dit que " la beauté des choses créées 5 — Mars 1898. 34 LE NATURALISTE CANADIEN révèlent à l'instant l'admirable beauté de la nature divine. "(i) Dieu merci, il n'y a guère de rationalistes, espérons-nous, parmi nos compatriotes. S'il n'y a non plus de " natura- lisme" que sur l'adresse de certains journaux qui échangent avec nous : il sera facile de l'en déloger ! L'AEEE PSOVAMCHEB, (Continué du volume précédent, page 182) M. Provancher ne dut recevoir que vers la fin du mois de janvier 1865 le document, émanant des autorités francis- caines de Rome, qui l'autorisait à organiser comme il le dési- rait le Tiers-Ordre dans sa paroisse. Et il se mit sans doute à l'œuvre sans tarder puisque, dès le 23 avril suivant, le con- seil de la Fabrique décidait de permettre aux Tertiaires de se servir du grenier de la sacristie pour s'en faire une cha- pelle. D'après les annales de la Fraternité, on voit que le pre- mier Discrétoire, ou conseil de direction, fut élu le 16 décem- bre 1866. Évidemment, il avait fallu attendre, pour donner à la pieuse confrérie son entière organisation, qu'il y eût assez de membres ayant fait l'année complète du noviciat et ad- mis à la profession, aptes par conséquent à devenir les offi- ciers en charge. Car les choses se faisaient sérieusement, l'abbé Provancher étant homme à maintenir dans sa rigueur la discipline qu'il fallait dans une association de ce genre. C'est ainsi que je pourrais citer telle année où le Discrétoire condamna une Tertiaire professe à l'admonition faite en pu- blic, et une novice à voir retardée la date de sa profession, l^arce que l'une et l'autre avaient, dans une noce, pris part à la danse. (i)— Cités par l'abbé L.-A. Paquet, De Dca Uno et Trino, p. 29. l'abbé provancher 35 A la fin de l'année 1866, on avait déjà dépensé au delà de trente-six louis pour la chapelle. Le 9 mars suivant, M, Provancher bénit le petit sanctuaire franciscain, qu'il plaça naturellement sous le vocable de Saint-François d'Assise. Deux jours après, il procéda, dans l'église paroissiale, à la bénédic- tion d'une statue de saint François dont-il avait fait don à la Fraternité. La cérémonie ne manqua pas de solennité. M. N. Bellenger, curé de Deschambault, fit un sermon approprié à la circonstance. On'Vansporta processionnellement, de l'égli- se à la chapelle franciscaine, la statue du saint Fondateur, au chant des litanies des Saints des trois Ordres établis par le patriarche d'Assise. Dans les registres] de la Fraternité, on voit que, le 6 décembre 1868, le nombre des professes s'élevait à 41, Il y avait, en outre, 3 novices et 38 membres agrégés. Ces der- niers étaient des personnes étrangères à la paroisse et qui ne ; pouvaient par conséquent faire partie, au même titre que les autres, de la communauté de Portneuf. Il y avait des agré- gés de Québec, de Montréal, de Stanfold, de Lotbinière, et surtout des paroisses voisines du siège de l'association. La plupart de ces membres du Tiers-Ordre apparte naient au sexe dévot qui, dans tous les pays du monde, re- vendique toujours l'honneur de marcher en avant dans les voies de la piété. Cependant, pour sauvegarder les droits de la vérité, il ne faut pas omettre de dire qu'il y avait aussi quelques Frères revêtus des livrées de saint François d'As- sise. Je ne saurais mieux terminer ce récit de la fondation du Tiers-Ordre à Portneuf, qu'en citant ici ce que la sœur secré- taire écrivit dans les annales de la Fraterriité,en octobre 1869, à l'occasion du départ de M. Provancher de la cure de Port- neuf : " La Congrégation, dit-elle, a eu la douleur de perdre cette'année son directeur et fondateur, le révérend M. Léon Provancher, que des raisons de santé ont forcé à se retirer ^6 LE NATURALISTE CANADIEN de l'exercice du saint ministère. En outre de son zèle à* maintenir la règle et l'esprit de ferveur dans la Congrégation^ on lui était encore redevable de plusieurs dons faits pour l'ornementation de la chapelle, sans compter la large part qu'il avait prise dans sa construction. La statue de saint François, un surplis, le poêle de la chapelle, etc., etc., sont dus à sa libéralité. " Les Sœurs ont regardé comme un devoir pour elles de témoigner à celui qui leur avait procuré de si douces joies en leur faisant connaître le Tiers-Ordre, et qui leur avait fait' connaître avec tant de sollicitude l'esprit d'une si sainte insti- tution, toute leur reconnaissance pour tant de soins, en mê- me temps que l'expression de leurs regrets de le voir s'éloi- gûer d'elles. C'est ce qu'elles ont fait dans une adresse qu'el- les lui ont présentée dans la sacristie le 13 octobre 1869. Le révérend monsieur leur a fait une réponse des plus touchan- tes, et a bien voulu les assurer de se souvenir de sa chère Congrégation au saint autel." Ou'est-il advenu, après le départ de son fondateur, de l'institution franciscaine de Portneuf ? Le 8 juin 1870, c'est-à-dire moins d'un an après ce dé- part, les Tertiaires, sur l'ordre de l'archevêque de Québec, firent don à la Fabrique de Portneuf de tout ce que possé- dait la Fraternité. Ces biens étaient estimés à la valeur de trente-et-un louis, dix chelins et six deniers. La Congréga- tion fut-elle en même temps dissoute ? Cela me semble pro- bable. En tout cas, il est certain qu'elle cessa d'exister du- rant un certain temps, puisque, par les soins du curé actuel de Portneuf, M. l'abbé N. Cinq-Mars, la Fraternité fut re- constituée vers 1890. Il serait même plus exact de dire qu'il y a maintenant deux fraternités distinctes, celle des hom- mes et celle des femmes. Les Franciscains de Montréal diri- gent de loin ces deux congrégations. Je viens de mentionner le nom des révérends Pères Franciscains de Montréal ; et, à ce propos, je crois utile de l'abbé provancher 37 noter ici que,l)ien des années avant que les fils de saint François d'Assise soient revenus se fixer dans notre pays, l'abbé Provancher avait souhaité ce retour, et avait même fait part de ce désir aux supérieurs de l'Ordre. J'en trouve la preuve dans une lettre, datée du 21 février 1866, que lui ■ écrivit de Rome le P. Raphaël, Ministre général, et dont je citerai ce passage : " Je loue hautement votre désir de voir fonder une mission franciscaine dans le Canada ; mais, pour le moment, nous ne pouvons pas y penser. L'Ordre a déjà un grand nombre de missions auxquelles il faut fournir des religieux missionnaires. L'oppression qui fait gémir les reli- gieux en Italie n'est nullement favorable aux missions. La suppression n'est pas générale ; quelques couvents seulement ont été fermés, mais les religieux se retirent dans d'autres couvents pour ne pas les perdre. La défense d'admettre des novices, qui existe depuis plusieurs années, est cause que le nombre des religieux est beaucoup diminué ; et à peine y a- t-il assez de sujets pour occuper les couvents qui ne sont pas supprimés." La persécution n'a guère diminué en Italie, depuis l'an- née 1866. Cependant la Providence a permis à M. Provan- cher de voir, avant de mourir, ses vœux réalisés par l'éta- blissement de couvents de saint François aux Trois-Riviè- res, à Ottawa et à Montréal. En tout cas, pour revenir une dernière fois sur ce sujet du Tiers-Ordre à Portneuf, voilà une fondation de l'abbé Provancher,puissante pour le bien, qui dure encore et durera sans doute indéfiniment. D'autres œuvres qu'il a créées, par exemple la Se7>iainc religieuse de Quebec et le Naturaliste canadien, sont aussi debout et montrent que la carrière de leur fondateur se poursuit même après sa mort. Mais il ne faut pas anticiper sur l'ordre des événements dans ce travail biographique. {^A suivre^ V.-A. H. 38 LE NATURALISTE CANADIEN LE NORD DE LA VALLÉE DU LAC ST-JEAN LA RIVIERE MANOUAN (Continué de la page 26) Au confluent de ces deux nouvelles branches,nous avons" été indécis de quel côté diriger nos pas. Aucun plan ne nous renseignait sur la direction à suivre; aucune affiche ne nous indi- quait la branche de la Manouan, que nous étions chargé de reconnaître jusqu'au bout. Après examen, nous avons pris, à tout risque, la bran- che de droite : sa mine nous souriait, sans compter d'autres indices plus ou moins certains nous invitant dans cette direc- tion. Mais après un parcours d'une demi-lieue, comme cette branche s'étendait au sud, et que nous n'apercevions en avant aucun signe qu'elle allait retourner au nord ; son vo- lume d'eau paraissant faible, ses rapides à proximité, et ses chutes, dont le bruit sourd et saccadé se faisait entendre en avant, nous annonçant des difficultés imprévues, et le doute aidant, nous décidâmes de retourner en arrière pour explorer ' l'autre branche. Rentrant alofs dans la coupe profonde qui s'aligne au nord avec le lac Duhamel, nous pénétrons quelques milles dans cette direction : mais plus nous avançons, moins nous sommes rassuré. Sondant la rivière, estimant son volume d'eau, nous le trouvâmes inférieur à celui de l'autre branche. Nous hésitâmes de nouveau. Tournant nos regards vers le , sud, pour juger, en tout cas, la distance qu'il nous faudrait refaire en arrière, le profil hardi et fier des deux immenses murailles surplombant les eaux assoupies du lac Duhamel nous apparut comme à mi-chemin. Pendant que nous contemplions cette belle perspec- tivcdont nous ne pouvions détacher notre vue, un Indien sortit - subitement du bois tout près de nous. Plus étonné que LE NORD DE LA VALLÉE DU LAC ST-JEAN 39 nous ne le fûmes, de se voir ainsi à djcauvcr,; à l'-nii roviste,il resta 7?^6^ sur place. " Bonjour, Bonjour, camarade !" lui dis-je, pour le ras- surer.— " Koucik ! Koueih ! " s'empressa-t-il de répondre en nous tendant la main. — " Voyons, mon brave, es-tu capable de nous dire si nous sommes ici sur la rivière Manouan, ou non?" Le sourire d'épanouissement qui souleva tout à coup ses pommettes déjà saillantes et mit à découvert ses blanches dents coupant en deux sa figure bronzée, nous en disait plus long que son " Maiv'ats " (non) tout court. Précédé de C2 guide improvisé, nous laissâmes la rivière des Taillis — tel était son nom, — et sans la moindre teinte de respect humiin, nous retournPmies sur nos pas camper au pied des rapides de la vraie Manouan, dont la course suspec- te vers le sud nous avait désorienté. Ce sauvage appartenait à la tribu montagnaise de la mission de Betsiamits. Son terrain de chasse s'étendait dans cette coupe profonde, allant vers le nord et au bout de la- quelle se termine la fissure que nous venons de parcourir de- puis le cap cà l'Est. Il co.mprenait aussi tous les cours d'eau qui tombent en chute d'un cjté e. de l'autre de cette "bles- sure effroyable", jusqu'au Grand lac Manouan, où ses vesti- ges cicatriciels se confondent, dans le voisinage, avec les on- dulations naturelles que ces hauts plateaux représentent à l'est et au nord de cette vaste nappe d'eau. — "Un beau pays de pêche et de chasse ! Mais, tiens! pas gros comme ça de co-coucJi-oui-asJr (de lardl,nous disait-il en pointant un cornic'non qu'il s'apprêtait à se mettre sous la dent. Après s'être réconforté avec d'appétissantes victuailles françaises^ suivant son expression, il nous fit une si pittores- que description de tout ce pays et de son étrange formation, — qu'il avait hiin observée, mais qu'il ne pouvait compren- dre,— que nous ne mîmes pas un instant en doute sa véracité; 40 LE NATURALISTE CANADIEN au contraire. C'étaitbien dans ce genre-là que nous nous l'étions imaginé : "Un grand chemin droit, bordé de montagnes qui diminuent de hauteur petit à petit, au fond duquel serpen- te un cours d'eau, sans chute, avec un lac de temps en temps, ensuite, pas d'eau du tout, et qui finit à rien, à cinq jours de marche au nord d'ici." Le lendemain matin, après s'être ^^;//7é^ de "co-couch-oui- ash" à discrétion, il se faufila sans bruit hors de la tente et disparut comme il était venu. Nous n'irons pas plus loin, aujourd'hui, dans cette direc- tion, laissant de vastes espaces à parcourir qui nous entraîne- raient trop loin du sujet que nous venons de traiter, résumant la théorie du cataclysme : sujet qui doit être suffisamment épuisé au gré de vos bienveillants lecteurs. Cependant, avant de nous croiser les bras, nous allons vous indiquer une dernière fois, vous montrer du doigt une preuve, tangible celle-là, frappante de vérité, indéniable, inat- taquable et ineffaçable, qui repousse toutes objections, qui anéantit tout compromis, et qui confond sans retour l'obsti- nation bienveillante et charitable qu'on a daigné parfois éta- ler discrètement sur notre chemin, pour nous arrêter tout court, comme si nous courions un danger. Pour un bon nombre, les preuves données remplissent la mesure, le problème est résolu, le doute n'est plus permis, la chose est arrivée ; bien ! Pour d'autres, qui n'ont pas vu et qui ne verront pas non plus, la différence qui existe en- tre le cours des rivières Mistassini et Métabetchouan, Mistas- sibi et Ouiatchouan, etc., etc., et puis celui du Saguenay, de Péribonca et de Manouan, n'a rien d'étonnant ni d'extra- vagant. Si ces derniers sont escarpés, profonds et réguliers dans LE NORD DE LA VALLÉE DU LAC ST-JEAN 4I leur ensemble, et que les autres soient tout le contraire, c'est que la nature, d'après eux, capricieuse ou bonne enfant, l'a voulu ou ne l'a pas voulu. Maîtresse de sa volonté, tout comme nous le sommes, elle ferait autant d'écarts que nous, dans un temps dit, qu'elle n'en serait pas moins parfaite dans ses œuvres, en fin de compte, que celles-ci le proclament vi- siblement partout, sans le secours de ces efforts supposés, de ces commotions bien intentionnées, ni de cataclysmes quel- conques ; comme les hommes sont tous faits plus ou moins se ressemblant, ainsi les rivières le sont mêmement plus ou moins. Vous ne serez pas surpris, si nous nous objectons à cet- te manière de voir.D'abord, nous constatons que, de toutes les rivières que nous connaissons, il n'y a que le Saguenay et les tronço)is de Péribonca et de la Manouan — qui coupent en deux les Laurentidcs, en inondant la fissure — qui puissent se Jlattcr à! ^.\o\r leurs fonds exempts de rochers. S'ils possèdent un lit qu'aucun écueil solide ne défigure, qu'aucune uchte n'entrave pour des centaines de milles, dont aucune chaîne de montagnes ne barre complètement le cours, — comme on en voit tant de ces rivières, de même volume, qui sont semées partout d'obstructions, égouttant des pays montagneux comme le Saguenay, soit dans cet hémisphère, soit dans l'autre, — c'est que la nature, malgré les règles établies par le Créateur, n'a pu résister aux chocs imprévus et renversants, qui bouleversèrent sans merci ses œuvres cent f«is séculaires, qu'elles fussent ca- pricieusement élaborées, ou qu'elles le fussent patiemment et régulièrement. Si ces rivières ne se fussent pas formées comme nous l'a- vons suffisamment démontré, si ces rivières eussent eu la même origine et eussent subi le même procédé que celles qui les avoi- sinent, pensez-vous que sur un espace de près de 300 milles, à travers un pays de montagnes de 1 503 à 3000 pieds au-dessus du niveau de la mer, elles pouvaient s'ouvrir un passage, sans laisser par endroit des indices certains que ce sont les 42 LE NATURALISTE CANADIEN eaux et les courants seuls qui ont miné cette pierre compacte et dure ? sans laisser sur ce passage, qui mesure en moyen- ne lOOO pieds de profondeur dans le cœur des Laurcntides, l'apparence d'une chute, le soupçon d'un rapide ? Pensez-vous que ces rivières pouvaient exister sans laisser la preu- ve certaine qu'elles ne se sont pas ouvertes d'un seul coup, pour assécher les sommets baignés de lacs et d'étangs, ou pour changer, sans avis, le cours de la rivière voisine qui égouttait sans répit, depuis des temps indéfinis, de vastes solitudes ? Nous n'en doutons pas le moins du mondet Aussi, concluons-nous en affirmant que le travail opéré- sur ce long parcours que nous venons de franchir, est le fait d'un choc épouvantable, d'une secousse intérieure extraordi- naire et d'une force incommensurable, qui s'est jouée de l'en- veloppe de la terre, tout comme un tendre poussin se joue de la coque qui l'enserre. Ce n'était pas plus malin que cela, peut-être bien moins comparativement. Voilà tout le mystère ! P.-H. DUMAIS. Le Signal^ de Montréal, n'a pas trouvé de son goût le passage de la dernière livraison du Naturaliste où je disais que, dans la presse ca- nadienne, les journaux les plus respectables montrent beaucoup de sympathie pour le Naturaliste, tandis que les autres l'ignorent abso- lument. Eh bien, on va voir que ce propos a inspiré au Signal une ampli- fication fort réussie. " Confrères, lisons le Naturaliste V s'écrie-t-il en giiise de titre. Puis, son imagination s'élance comme suit, la bride sur le cou : Car ceux qui ne le connaissent pas sont des Juifs, des libres penseurs, etc.^ etc. Au contraire, ceux qui en font leurs délices méritent un bon certificat. Vous croyez que je badine. Détrompez-vous : c'est écrit en toutes lettres au Naturaliste canadien, vol. 25, No 2, p. 21, et afin qu'il n'y ait pas d'équivoque, je cite : Le confrère reproduit ensuite tout l'avant-dernier aliéna de l'arti- cle "Les Noces d'argent au. Naturaliste- " publié dans le dernier nu- A PROPOS DE... RIEN ,43 méro, où je faisais remarquer que, dans la classe des journaux pour qui le A^itura/iste n çxxstc pas, "il y a les journalistes qui courent sur- tout après l'argent, les indifférents en matières de principes, bs juifs et les libres penseurs." Puis le Signal se livre aux réflexions que voici : Il est bien vrai que le Mifuraliste est une œuvre utile, nous nous plaisons à le reconnaître. Il est bien vrai que cette revue nous vient de Chicoutimi : " C'est du Nord, aujourd'hui, que nous vient la lumière." Mais ces raisons ne sont pas suffisantes pour tourner la tête à son rédacteur. M. l'abbé Huard verse dans le défaut de plusieurs membres du cleigé : il se préjuge trop vite. Parce que, sur les questions libres, une certaine partie de la presse se per- met d'avoir des idées sans le consulter, parce que ses confrères ne sont pas tous portés à brfder de l'encens sur l'autel de l'histoire naturelle, le confrère en con- clut au mépris, non pas de la science qu'il cultive danss.'s loisirs, mais de la re- ligion que le prêtre professe. Non, la religion et l'abbé Huard, tout respectable que nous le tenions, sont deux choses bien distinctes. La religion chrétienne est toute de paix ; elle cherche les voies qui concilient et non celles qui détruisent ; elle présume le bien tandis que le rédacteur du Aa- turaliste présume le mal. La presse canadienne, M. l'abbé, n'est pas ce que vous dites, elle n'est ni juive ni libre penseuse ; elle appartient à la grande Église universelle et non à la petite coterie dont vous êtes malheureusement, avec tant d'autres de vos con-- frères, les pauvres instruments. Je m'arrête, on pourrait croire que je suis en train de " forcer la renom- mée " en faveur du Naturaliste. Que de bruit pour rien ! D'abord le Signal n'avait pas à prendre les armes, puisqu'il n'é- tait pas question de lui en cette affaire. Car il n'a pas ignoré le Na-^ iuralistc, lui ; au contraire, il s'est passé la fantaisie de lui décocher à l'occasion quelques jolis traits, qui n'étaient certes pas mortels. Même, de ce chef, je me trouvais à le ranger jusqu'à un certain point dans la classe des journaux respectables, malgré les fortes restrictions qu'il y aurait à foire sur son honorabilité : témoin les déclarations fort ris- (^uées qu'il s'est permises de temps en temps sur les questions d'édu- cation et autres. (Voir les citations du Mouvement catholique à.\x 2,'^ mars, pages 378 et 379, passages que'j'avais aussi remarqués dans le temps, et qui ne sont pas, je crois, les seuls sujets à caution dans la littérature du Sigiiàl. ) ( i ) Alors, le A>>-'/(i'/ prétend que j'ai tort de d're que " les journalis- tes qui courent surtout après l'argent, les indifférents en matières de principes, les juifs et les libres penseurs " n'ont seulement jamais nom- mé le Naturaliste ? Point du tout, le Signal ne nie pas qu'il en soit ainsi. S'il l'admet comme moi, qu'a-t-il donc à me faire des repro- ches ? Car il n'y a là qu'une question de fait ; et les plus beaux raison- nements ne peuvent rien contre un fait certain. Par exemple, si le confrère niait mon affirmation, j'avoue que je ne pourrais donner ici des noms. Car si j'allais désigner nommément les journalistes que je (qualifiais de la sorte, les actions de vingt-cinq ou trente mille piastres (i) Le retard apporté à la publication de la présente livraison me met à mê- me d'appeler aussi en témoign.ige la "Véii.é " du 9 avril, pages 2 et 3. 44 LE NATURALISTE CANADIEN pleuvraient sur ce pauvre Naturaliste et compromettraient probalile- ment la modeste aisance dont il jouit. — Du reste, pourvu que je n'en meure point, je ne me refuse pas à donner mes preuves. Tenez, mes- sieurs du Signal, quand vous ferez, durant la belle saison, votre voya- ge du Saguenay, accordez — je vous y invite cordialement — accordez au Naturaliste l'honneur de votre visite. Et alors, entre quatre yeux, on vous en donnera, des noms. Et " du Nord vous sera venue la lu- mière." Négligeant donc la question de fait, qui était pourtant la seule à considérer, le .Si^/w/ juge à propos de me prêter les intentions qu'il veut, et s'attache ensuite à les réprouver. C'est cela ! On se façonne un ennemi à sa guise, puis on le combat avec vigueur. Le procédé est bien connu des gamins, qui, durant nos beaux hivers canadiens, dé- ploient souvent la méAlenrefuria francese contre les bonshommes de neige qu'ils avaient élevés à grands frais. — Et, après tout cela, on af- firme "que le rédacteur du Naturaliste présume le mal !" C'est ainsi qu'il paraît que, du fait qu'en certains quartiers on n*a- dore pas le Naturaliste, je " conclus au mépris de la religion que je professe." Cela est faux, pourtant, puisque je n'ai exprimé aucune conclusion de ce genre. Je laisse aux logiciens du Signal le soin de prouver que si, par exemple, des journalistes préoccupés avant tout de s'enrichir négligent de s'occuper du Naturaliste, cela peut être dû au mépris qu'ils font de la religion. " La presse canadienne, M. l'abbé, n'est pas ce que vous dites, elle n'est ni juive ni libre penseuse." Voyons ! Quand ai-je commis le crime d'une pareille affirmation au sujet de "la presse canadienne "? Les trois ou quatre journaux auxquels j'ai fait allusion sont-ils toute ' ' la presse canadienne ?" — Ces messieurs ont vraiment la vue un peu troublée ; un voyage vers " le Nord d'où vient la lumière " est donc tout indiqué pour les guérir. " La presse canadienne appartient à la grande Eglise universel- le." Et moi, j'appartiens, je suppose, à la religion de Bouddha, de Confucius ou seulement du Loyson que l'on sait ? Mais non, j'appar- tiens "à la petite coterie dont je suis malheureusement, avec tant d'autres de mes confrères, les pauvres instruments " {sic.) J'avoue ne pas comprendre. Car je ne me suis jamais aperçu que je fusse l'ins- trument d'une coterie quelconque. Le Signal, qui ne me connaît que par le Naturaliste, sait bien, lui, à quelle coterie j'appartiens, et le dira peut-être. Quel malheur, s'il allait affirmer que je suis " castor !" — Seulement, je l'avertis qu'il est trop enclin à laisser son imagination aller à l'aventure, et je le prie de ne plus me prêter gratuitement tou- tes les intentions qu'il lui plaira de m'attribuer. En tout cas, il suffit d'avoir mentionné les fortes exagérations que le Signal s'est permises à mon sujet, pour décider lequel, de lui ou de moi, a le plus " présumé le mal." On trouvera probablement que j'ai consacré trop d'espace à cette discussion, qui n'a quedes rapports très indirects avecl'histoire naturel- le. Et l'on aura sans doute raison. — ^Moi qui m'étais proposé de par- ler un peu, en cette livraison, du " San José Scale " qui menace d'en- vahir le Canada, et à qui dernièrement la Chambre des Communes, le Sénat et même le Gouverneur général ont d'avance déclaré la guerre ! L'abbé Huard. PRÉPARATION DE L'HERBIER 45 Chasses hâtives L'un de nos correspondants de Montréal a trouvé en abondance, le 26 mars, le Blapstinus ntetallicus^ Fab., et, le 27 mars, V Ips fasciatus en quantité aussi. Dans l'est de la Province, surtout dans notre région du Nord, il n'est pas question d'insectes en plein air durant le mois de mars. Il en résulte que nos amis de Montréal jouis- sent d'une saison entomologique beaucoup plus longue que la nôtre. Préparation de l'herbier Nous inspirant d'un article du Bollettino del Naturalista^ de Sienne (Italie), nous allons donner quelques conseils sur la préparation des plantes destinées à l'herbier. On doit avoir grand soin de changer tous les jours les ma- telas de papier, entre lesquels on ne doit pas non plus met- tre trop de plantes. Eviter aussi de mettre trop près les unes des autres des plantes qui seraient à des degrés différents de dessiccation. Un trop gros paquet de matelas se piesse mal et irré- gulièrement. La pression doit être uniforme, et augmentée progressivement. Mais une pression trop forte aplatirait les échantillons, ce qu'il faut éviter. La dissiccation est plus rapide et les couleurs se con- servent mieux par l'usage du fer chaud. Ce procédé consiste à placer l'échantillon entre deux matelas de papier, et à pas- ser et repasser un fer chaud, durant dix minutes environ, sur chaque face extérieure du paquet. On renouvelle la ma- nœuvre tous les jours. Enfin, pour les échantillons rares et délicats, le procédé du sable chaud est recommandable. Cela se fait en plaçant la plante sur un lit de sable fin et à l'en recouvrir totplement, en ayant soin de faire pénétrer ce sable partout également, même dans la gorge des grandes corolles. Puis on expose ce sable au soleil, et on laisse se dessécher la plante qui con- serve sa couleur et sa souplesse. En cas d'absence du soleil, on peut mettre la machine ensablée sur un feu doux ou dans un four peu chauffé. Il paraît qu'on obtient, par cette méthode, des résultats merveilleux. 4'6 LE NATURALISTE CANADIEN "La richesse faunique de la Normandie" Notre ami, M. Alf. Poussier, de Rouen, nous envoie une petite brochure de ce titre, par M. H. Gadeau de Kerville. Nous y voyons estimé à tnngt nulle environ le nombre des espèces animales que l'on peut rencontrer dans la Norman- die. Les insectes fournissent plus de la moitié de ce nombre total. Reinie de la presse — Nos remerciements au Courrier de V Ouest qui veut bien publier le sommaire de nos livraisons. — Nos bons souhaits au Sténographe canadien, de Mont- réal, qui vient de commencer sa dixième année. — Voilà une revue dont nous ne lisons jamais que la moitié, ....le reste étant en écriture sténographique, — \J Enseigjienient primaire est maintenant une grande revue mensuelle de 64 pages, ornée de gravures. La rédac- tion en est très soignée et très variée. Nous aimons à croire que le gouvernement actuel continue à cette excellente re- vue l'aide qu'elle recevait des ministères précédents : car, plus que jamais, c'est une œuvre dont l'utilité est manifeste. ($1.00 par année ; C.-J. Magnan, B. P. 1094, Haute-Ville, Québec.) — Le Courrier du Livre ($2.00 par année ; R. Renault, B. P. 142, Québec.) est devenu l'organe de la Société litté- raire et historique de Québec, et se publie maintenant en anglais et en français. L'existence de cette intéressante revue nous paraît bien assurée, et nous nous en réjouissons. — ^^ Birds'" est toujours la splendide revue dont nous avons parlé plusieurs fois. Nombreuses gravures coloriées, d'une rare perfection. En juillet de cette année, on commen- cera un volume d'" ^;«V;/^/y ", et plus tard on s'occupera de ^' Lloiuers" , etc. ($1.50 a year ; 15 cts a copy. — Nature Study Publ. Co., Ludington Building, 521 Wabash Avenue,^ Chicago, m., U. S.) — T/ic American Monthly Microscopical Journal rem^\2ice et continue The Microscope^ comme nous l'avons déjà dit. 16 PUBLICATIONS REÇUES 47" pages par mois. S'occupe exclusivement de tout ce qui a rap- port à la microscopic. Du reste, intéressant pour tout le monde. ($2.00 par année, $1 si l'on paye d'avance. Chs. W Smiley, Washington, D. C, U. S.) — UAvicula est une revue ornithologique italienne, pu- bliée depuis un an à Sienne, Italie. Paraît tous les deux mois par fascicules de 24 à 32 pages in-80. (S. Brogi, via Baldassarre Peruzzi, 28, Sienne, Italie.) PUBLICATIONS REÇUES — Assises scù-ntifiqucs, littéraires et artistiques. Compte rendu de la 2e session tenue à Rouen, en juin 1896. Rouen, 1897. — Volume in- 80 de 438 pages comprenant un grand nombre de mémoires sur les sciences, les lettres et les arts. — ■Annuaire statistique du Canada^ 1896. Des multitudes de chif- fres, en colonnes serrées, qui en disent long sur notre pays. — Discours et Ccmférences, par Ths Chapais, Québec, 1898. Tout le monde s'accorde à dire que ce volume (337 pages ih-8o) de notre- honorable confrère du Courrier du Canada est l'un des plus beaux spécimens de la littérature canadienne-française. Richesse et couleur du style, remarf|uable érudition, irréprochable goût littéraire, convic- tions fortes et sûres, continuité d'une éloquence toujours vibrante et chrétienne : voilà les beaux dons de M. Chapais. Le patriotisme et la religion, voilà les belles causes au service desquelles notre... " M. de Mun " canadien, comme celui de France, consacre, sans compter, son talent d'orateur et d'écrivain. (En vente, au prix d'une piastre, chez Ï..-J. Deniers et Frère, 30, rue de la Fabrique, Québec.) — A getieral revieiv of the principal results of Smcdish research in- to grain rust^ by Prof. J. Eriksson, Chicago, 1898. — Shfine of Our Lady of Perpetual Help in the Mission Churchy Boston, Mass. Cette pieuse brochure, publiée par les RR. PP. Ré- demptoristes de Boston, ne coûte que 5 cts I'ex. (Mission Church, 1545 Tremont St., Boston, Mass.) — Claude- Charles Le Roy de la Potheric, par |.-E. Roy, de Levis. Ce mémoire, — intéressant, et savant, et bien écrit, comme tout ce que publie îvL Roy, — a été fait pour la Société royale du Canada, dont l'auteur fait partie. — La foi caJholique dans ses rapports avec la raison et la volonté^ par l'abbé E.-J. Auclair, D. D. C'est une jolie brochure de 53 pages, qui contient deux conférences données, durant l'hiver dernier, à l'U- niversité Laval de Montréal, dont M. l'abbé Awclair est l'un des pro- fesseurs. Forte science théologique et philosophique, style correct, élégant et plein de vie : voilà le jugement que Pon porte après avoir . lu ces conférences. - ' 48 LE NATURALISTE CANADIEN VIENT DE PARAITRE "LABRADOR ET ANTICOSTI" PAR L'ABBE HUARD Volume de XV-505 pages in-80, format et caractères du A^aturahste. Impres- sion de luxe. Illustré de 45 portraits et autres gravures, et d'une carte du golfe Saint-Laurent dressée expressément pour cet ouvrage. [Journal de voyage — Historique et état présent de tous les postes de la Côte Nord, depuis Betsiamis jusqu'au Blanc-Sablon, et de l'Anticosti — Mœurs et usa- fes des Montagnais — Pécheurs canadiens et acadiens — Cométiques et chiens du 7^ MAI I8S8 .M-r-^ "& !!^i :.*^ \1?-M?WTS / »l 1 1^ O rvO Q rn\nre'îX7 î' BULLETIN DE RECHERCHES, OBSERVATIONS ET DÉCOU- VERTES SE RAPPORTANT A L'HISTOIRE NATURELLE DU CANADA Fondé par l'Abbé PROVANCHER CHICOUTIMI PROVINCE DE QUÉBEC CANADA sommaire.de ce numéro La Cigale de 17 ans "*' 65 Comment les plantes se défendent (H, Coupin) 6^ Excursion en Egypte (E. Gasnault) 72 Géologie du Saguenay 7^ Les ennemis du Saumon " Le Pou de San-José 7^ Publications reçues 79 Le Naturaliste canadien paraît au commencement de. chaque mois,par livraison de 16 ou 20 pages in-80. Le prix de l'abonnement pour le Canada et les Etats- Unis est d'UNE PIASTRE par année. — Pour la France et les autres pays de l'Union postale, SIX FRANCS. Les reçus d'abonnement seront renfermés dans la li- : ■••aison suivant la d^':c o\x l'on aura payé. \ G) ne ],'0' L s'abonner po.ir nT^i'T^ d'un an. Les person- i n:js qui souscri\-c::t a", journal o ;r.; 1: l'année reço.-.-ent les ;■ nurncros paru-; dv?puisle coiVxinenccment du ^'olum^. i La rédaction entend laisser aix: correspondants du jour- \ na! l'entièi-e res;)onsabilité de leurs écrits. I Toutes les communications, relatives à la rédaction ou à I radnrinistration du NATURALISTE, doivent être adressées au I Directeur-Propri.'tair:;, M. l'abbé V.-A. Huard, Séminaire de I Chico :timi, P. Q. I ■ AGENCE DU "NATURALISTE" I Paris.— MM. .\. Roger & F. Chernoviz, Editeurs, 7, I rue des GrandsAii£[';istins. 13 l/IOSSagJr il SainUnîûiiLS buUetin mensuel de la dé- votion à S. Antoine, 2 5cts par année. Adresser : LE MESSAGER DE SAINT-ANTOINE, Chicbutim^ P. Q. St. Anthony's Canadian Messenger, monthly re- view. CO cts per year. Address : Rev. E. De LÀMAKîlE, Chico iiti mi, P. (). IrE VOL. XXV (^'^I^- ^' ^^^ I A DEUXIÈME SÉRIE) fJQ g Gl^icolitin^i, Mai 1898 Directeur-Propriétaire: Tabbe V.-A, Huard LA CIGALE DE il ANS Nous avons reçu de M. Howard, entomologiste du mi- nistère de l'Agriculture des Etats-Unis, une circulaire, adres- sée aussi sans doute à tous les correspondants de la "Division?, of Entomology," par laquelle on nous prie de faire rapport, s'il y a lieu, sur l'occurrence de la Cigale périodique ou de 17 ans, Cicada septcuidcciui^ Lin. Comme son nom l'indique, cette Cigale ne paraît era quantité notable qu'après de? périodes régulières de \'j ans^, du moins depuis le V/isconsin jusqu'à l'Etat de New- York ; dans la région du Mississipi et de la Louisiane, ces périodes; sont de 13 années seulement. Or, dans la région de l'es;:, la dernière apparition de cet insecte ayant eu lieu en iSSr, om s'attend qu'il y aura une nouvelle apparition cette année. Il est maintenant reconnu que cette espèce de Cigale ne cause pas de dommage aux moissons. Elle s'attaque seu- lement aux arbres des forêts et des vergers, et encore elle ne fait que transpercer ou couper l'extrémité des rameaux ; iï 7- Mai 1898. 66 LE NATURALISTE CANADIEN en résulte seulement que le développement des branches sera moins considérable l'année suivante. On lit dans Provancher {Hcniiptères^ qu'après leur éclo- sion les larves de la C. septeindccùii s'enfoncent dans le sol et y restent durant 17 ans avant de passer à l'état ailé. Voilà une retraite qui en vaut la peine ! C'est donc, cette année, grande fête dans le monde en- tomologique ! D'après la circulaire dont nous avons parlé, l'Etat de New-York serait la limite, du côté de l'est, de la région où l'on rencontre la Cigale de 17 ans. Cela veut simplement dire qu'elle n'apparaît pas en grand nombre dans les endroits situés plus à l'est. L'abbé Provancher n'en a capturé qu'un spéci- men à Québec, et un autre au Cap-Rouge. Quant à nous, nous n'avons jamais rencontré cette espèce, qui peut être regardée comme très rare en Canada. C'est la plus grande de nos Ci- gales canadiennes. Nous invitons nos collectionneurs de la Province à diri- ger leur attention de ce côté, durant cette saison. Et si l'on capturait quelque spécimen de cette Cigale, nous serions heureux d'en être informé, afin de pouvoir fournir au bureau -de Washington notre quote-part de cette grande enquête que l'on se prépare à faire, cette année, sur l'apparition d'une espèce entomologique si intéressante. L'année 1898 comptera dans l'histoire de l'Amérique du Nord. Il y a eu d'abord la fièvre du Kloudyke. Ensuite est venue la guerre hispano-américaine. Maintenant, c'est la Ci- gale de 17 ans. Et nous ne sommes pas encore à la moitié de l'année - . . . COMMENT LES PLANTES SE DÉFENDENT 6/ Gomment les plantes se défendent''^ Vois comme les sorts sont différents : Je reste, tu t'en vas, disait la rose au papillon céleste. Et de fait l'existence des plantes, par suite de leur impossibilité de se déplacer, paraît bien misérable. Il semble que, si un jour une guerre à ou- trance éclatait entre les animaux et les végétaux, ceux-ci dussent périr jusqu'au dernier, anéantis par la dent des her- bivores. Il ne faudrait pas croire cependant que les plantes soient complètement dénuées de moyens de défense ; ceux- ci, bien que peu connus, n'en existent pas moins et sont même très efficaces. Il y a d'ailleurs, sur cette question, un grand nombre de questions à élucider : les expériences sont, en somme, très faciles à exécuter, et chacun peut se livrer à ce genre d'études, surtout en ce moment où les plantes vont abonder dans les champs et les bois. Parmi les moyens de défense, les plus connus et les plus manifestes, sont certainement les aiguillons ou les pi- quants qui garnissent les tiges ou les feuilles et auxquels il est difficile de ne pas reconnaître une fonction protectrice. Jamais on ne verra un mouton ou un cheval devant un Ajonc, une Épine-Vinette ou une Ronce, parce qu'il en cui- rait trop à leur palais. Ces piquants protègent même la plante contre l'homme. Combien de personnes renoncent à faire un bouquet de Prunellier dans la crainte d'être piquées I Mais tous les végétaux ne peuvent pas se payer le luxe de se barricader avec de formidables piquants ; ceux-ci ab- sorbent, en effet, une masse relativement considérable du corps de la plante, sans servir à la nutrition. La Bourrache, (i) Nous croyons être agréable à nos abonnés en leur faisant lire un article, emprunté du A^attira liste, de Paris, où il est démontré encore une fois combien Ja Providence a su marquer son œuvre au coin d'une prévoyance et d'une sa- gesse qui ne se démentent jamais, même dans les plus petits détails. Réd. 68 LE NATURALISTE CANADIEN la Grande-Consoude, la Vipérine et bien d'autres ont trouvé- plus économique de se recouvrir de poils acérés, véritable cuirasse hérissée qui les recouvre entièrement. Quand on cherche à les cueillir, on se pique les doigts de la belle fa- çon et souvent on y renonce. Lorsque ces plantes se ren- contrent dans un champ où passent les bestiaux, on les voit rester intactes, alors même que l'herbe qui les entoure a été dévorée, montrant ainsi que leur cuirasse les a protégées^ d'une manière efficace. Quelquefois les poils sont moins abondants, mais alors; dirigés vers le bas, de manière à empêcher les fourmis et au- tres insectes de grimper : ces chevaux de frise se rencon- trent, par exemple, chez la Scabieuse, au-dessous de la fleur,, l'organe le plus important à protéger. D'autres fois, les poils protecteurs deviennent encore plus méchants, ils se remplissent d'un liquide corrosif qui est projeté dans le corps de l'animal qui vient à les toucher. C'est le cas des Orties dont tout le monde connaît les piqû- res brûlantes. Grâce à cette propriété, elles ont pu prendre l'extension qui leur a permis de devenir l'une des espèces les plus communes de notre flore. Le poil de l'Ortie est une véritable merveille de construction. Son extrémité présente un petit bouton arrondi extrêmement fragile ; il se casse au moindre attouchement et de telle sorte que la partie qui res- te est taillée en biseau comme l'aiguille d'une seringue de Pravaz. Dès que le bouton terminal est brisé, le poil pénè- tre dans la plaie et y injecte son liquide urticant. Les Sauges et plusieurs autres plantes de nos prés arrê- tent les insectes à l'aide d'un liquide gluant dont elles 'sont revêtues. Les malheureuses bestioles qui cherchent à les escalader s'empêtrent les pattes et ne peuvent plus se sau- ver.— Le Dipsacus ou Miroir de Vénus airive au môme ré- sultat d'une manière encore plus curieuse. Les feuilles qui ■se font vis-à-vis sont soudées de manière à constituer un pe- tit godet où s'accumule l'eau de pluie. Ce lac empêche tota- COMMENT LES PLANTES SE DÉFENDENT 6q ïement l'accès des fleurs aux insectes non ailés. L'eau y est si abondante que les petits oiseaux y viennent boire vo- lontiers : le Dipsacus est d'ailleurs appelé vulgairement le cabaret des oiseaux. La nature a-t-elle créé ces lacs suspen- dus contre les insectes ou pour les moineaux ? Chi lo sa ? Tous ces moyens de défense sont bien manifestes. Pas l)esoin d'être un botaniste exercé pour s'en rendre compte. Ceux dont nous allons parler maintenant sont plus difficiles à chercher. Examinez comment, dans un jardin, les limaces et les escargots dont les ravages sont trop connus, se com- portent à l'égard des différentes plantes. Ils dévorent certai- nes d'entre elles et laissent les autres absolument indemnes. Parfois on voit un escargot chercher à manger une de ces dernières, mais s'éloigner bien vite, dès les premiers coups de dents, comme pris de dégoût. Or, quand on examine les plantes ainsi mises à l'abri, on ne trouve à l'extérieur aucun moyen de défense, ni épines, ni poils, ni hquide corrosif. Le protecteur ne réside pas, en effet, à l'extérieur de la plante, mais à ^on intérieur. Pour s'en convaincre on prend un fragment d'une plante que les limaces, même affamées, refusent, et on le laisse ma- cérer dans l'alcool. Au bout de quelques jours, on le retire et on le lave à grande eau de manière à enlever le liquide spiritueux. Le fragment ainsi traité est donné ensuite à des limaces qui le dévorent immédiatement. Conclusion : la plante vivante contient une matière soluble dans l'alcool, qui déplaît souverainement aux limaces et la protège de leurs attaques. Ces substances protectrices internes sont extrêmement nombreuses. L'une des plus fréquentes est le tanin que l'on trouve presque toujours chez les plantes, en plus ou moins grande abondance. Une expérience simple peut nous mon- trer cette action. Prenons des fragments de carottes des- séchées au four et imbibons-les ensuite de solution à i p. 7oo» ^ P- % ^t ï P- %• Qfîroris ces morceau>: à une limace ; 70 LE NATURALISTE CANADIEN elle dévorera les morceaux sortant de la solution au milliè- me, touchera à peine à ceux de la solution ^ yl P- % et res- pectera la formule de la troisième solution. C'est pour cela que le trèfle n'est jamais mangé par les escargots ; mais la proportion de son tanin n'est pas assez forte pour Is proté- ger contre la dent des bestiaux. Ceux-ci au contraire res- pectent les feuilles d'un certain nombre d'arbres, parce qu'elles sont riches en tanin. On sait combien les " essences " sont fréquentes chez les plantes de nos champs et de nos bois. C'est même pour cela que beaucoup d'entre elles, les "simples" comme on les appelait jadis, servent de médicaments ou sont utilisées comme aromates . Comme la nature n'a sans doute pas mis ces produits-là dans le seul biit de nous être agréable, il est probable qu'ils jouent un rôle dans la vie de la plante. Ce rôle serait d e les protéger de leurs ennemis, les halidres. Ain- si les limaces ne mangent jamais la menthe, li rue, le géia- nium, le dictame, mais les dévorent après leur traitement par l'alcool, c'est-à-dire après qu'on les a débarrassés de leurs huiles essentielles. Enfin, pour ne pas allonger indéfiniment cet aperçu, il nous reste à signaler la présence, dans plusieurs plantes, de petits cristaux d'oxalate de chaux. Ces cristaux, très nom- breux, ont des formes variées, le plus souvent ils se présen- tent sous formes d'aiguilles terminées en pointe aux deux bouts. On comprend qu'un escargot qui rencontre un corps de cette nature sous sa dent n'y revient pas à deux fo's-. D'ailleurs l'expérience montre qu'un escargot ne mnnge pas les feuilles à^Anun viacidatiim fraîches ; mais, si nous les tri- turons dans un mortier, c'est-à-dire si on détruit les cristaux, ou si on les traite par l'acide chlorhydrique étendu, qui dis-- sout les raphides, les limaces et les escargots les dévorent. Tels sont, dans leurs grandes lignes, les moyens de dé- fense, biologiques, anatomiques, chimiques et mécaniques' EXCCURSION EN EGYPTE 8/ orientales. A la grande surprise des naturalistes, on en découvrit une petite espèce aux environs de Tanger (Pa7is- S7IS Favicri); l'insecte a été trouvé depuis en Algérie, dans l'Espagne méridionale et en Provence. Une espèce voisine est en Grèce et en Anatolie. Un type bien caractéristique, le plus gros des Carabes, les Procères {Procerus scabrosns, etc.) sont en Grèce, en Turquie, en Syrie, dans l'Asie mi- neure et en Crimée. Une espèce {P. gig^s) se trouve à l'orient de l'Adriatique, dans la Carniole et l'Illyrie. " Il faut, de même que des oiseaux, toujours se défier des Lépidoptères, qui ont des ailes capables de les transpor- ter au loin ; cependant voici les Thaïs qui demeurent atta- chés à la région méditerranéenne. La plus commune (Thais rumina) se rencontre sur le littoral de l'Afrique et dans l'Es- pagne, la Provence, la Grèce, la Crimée. Une autre espèce {T. ccrisyi), ainsi qu'un type très particulier (Z^t^r/Z/j- appoliua), demeure exclusivement dans les contrées orientales, la Grèce, l'Archipel, la Syrie, l'Asie mineure, le Bas-Danube." {Coiuptus rendus^ t. CXIII, 1047, de l'Ac. des Sciences. j Tels sont les faits dont M. Blanchard a conclu que, sur l'immense périmètre de la Méditerranée, la faune comme la flore offrent un même caractère général, tandis qu'à fai'ole distance, dès les premiers reliefs du sol, ce caractère cesse d'exister. Il s'ensuit que si la Méditerranée n'existait pas, un naturaliste observateur passerait de l'Afrique en Europe sans s'en apercevoir. Car si quelques différences dans la flore et dans la faune se manifestent dans le sens de la longi- tude quand on va de l'ouest à l'est, ces différences cessent ou sont peu sensibles dans le sens de la latitude du sud au nord. Or comme, d'une part, des obstacles très médiocres s'op- posent à la dissémination d'une foule de végétaux et d'ani- maux, et que, d'autre part, la ^Méditerranée constitue un obstacle absolument infranchissable pour la plupart des êtres, il est donc permis de tirer, des considérations qui précès dent sur la faune et la flore de la région méditerranéenne, la 88 LE NATURALISTE CANADIEN preuve irrécusable que la Méditerranée s'est ouverte dans l'âge actuel de la terre, les animaux et les plantes que nous observons sur ses rivages étant dans les mêmes conditions que celles oi^i ils se trouvent de nos jours. Ces conclusions de M. Blanchard trouvent une éclatante confirmation dans les découvertes faites pendant la campagne du Trai'aiHcnr. Ces découvertes ont démontré que la Méditerranée est pauvre- ment habitée dans les abîmes. D'après M. Blanchard, cette misère de la faune peut être attribuée aux conditions d'exis- tence uniformes ou ingrates ; mais il est reconnu que la Mé- diterranée, dans ses profondeurs, n'a pas d'espèces qui lui soient propres ; celles qu'on y rencontre sont toutes venues de l'Océan. Il est de la plus grande probabilité que la faune littorale sera l'objet d'une remarque analogue, le jour où des investigations seront poursuivies sur les côtes du Maroc, du Portugal et de l'Espagne. Les cétacés qui fréquentent la Méditerranée abondent dans l'Atlantique. M. Blanchard conclut ainsi : " Durant les âges géologi- ques, il y eut certainement une mer intérieure qui, selon tou- te apparence, s'ouvrait du côté de l'orient ; cette mer a dis- paru. Pendant la période actuelle du monde, à une date an- cienne, selon l'histoire des hommes, récente selon l'histoire du globe, par suite d'un affaissement du sol, un vaste bassin s'est constitué et, du côté de l'occident, les eaux de l'Atlan- tique y ont fait irruption." Ces conclusions ont amené une discussion fort intéres- sante, une sorte de tournoi scientifique. MM. A. Milne Edwards, Daubrée et Flebert sont successivem.ent entrés dans la lice, les uns pour appuyer ou expliquer, un autre pour combattre les idées de M. Blanchard. Il en ressort que la Méditerranée n'a pas toujours été ce qu'elle est de nos jours. Dès l'époque jurassique, une mer occupait cet emplacement. On la retrouve à la période cré- tacée et dans les temps tertipircs. Mais comme à cette der- nière époque on voit des dépôts saumâtres et lacustres bien EXCURSION EN EGYPTE 89 caractérisés succéder à des formations marines, on est bien forcé d'admettre un exhaussement lent et progressif du bas- sin méditerranéen. Il y a mieux. A ces couches lacustres ont succédé des argiles, des graviers et des conglomérats où se trouvent ces débris de mammifèr* dont M. Albert Gaudry a rétabli les types enfouis en Grèce, à Pikermi et au mont Leberon, dans le département de Vaucluse. C'est parmi ces mammifères que vivait l'Hipparion que les évolutionnistes considèrent comme l'ancêtre immédiat du cheval. L'Hipparion se dis- tinguait par ses membres terminés par trois doigts, et non par un seul comme notre solipède. Il est probable qu'à cette époque une notable partie de la mer Méditerranée était émergée. Puis est survenue la mér pliocène avec ses dépôts marins au-dessus desquels se sont déposés plus tard des conglomé- rats à galets roulés, dans lesquels abondent les mastodontes et \ EU plias incridionalis. C'est donc encore une nouvelle faune terrestre qui, à son tour, a été ruinée par la mer qua- ternaire dont les sédiments ont recouvert le terrain pliocè- ne. L'histoire de la Méditerranée possède donc un intérêt réel. La campagne de l'aviso le Travaillcjir, à laquelle j'ai fait allusion plus haut, a été entreprise en 1881, dans le but d'explorer le fond de la Méditerranée au point de vue des êtres vivants qui peuplent ses couches profondes. 16 MARS. — Le beau temps continue, aussi les heures passent vite. Un des passagers, qui habite depuis plusieurs années le Caire, a causé longuement avec nous ce matin, et nous a donné bien des renseignements intéressants et qui peuvent nous être utiles. Les officiers du bord sont tou- jours très complaisants et nous donnent tous les détails sur la marche du navire et sur les contrées du Levant que nous devons visiter. Nous avons aussi fait la connaissance d'un naturaliste anglais, M. FI. -A. Flurst, esq., qui a déjà fait plu- 90 LE NATURALISTE CANADIEN sieurs voyages en Egypte, et a étudie le pays au point de vue botanique ; il a eu la bonté de me donner un exemplai- re de son ouvrage, publié en 1878 et 1880, et je compte bien l'utiliser pendant mon séjour en Egypte. Nous arrivons devant Alexandrie. Il est onze heures du soir ; mais comme les passes de l'entrét du port sont diffici- les, nous ne pourrons y entrer que demain matin. 17 MARS. — Nous pénétrons dans le port sur les six heures, après avoir louvoyé une partie de la nuit aux alen- tours de la passe qui est fort dangereuse, et qu'il n'est per- mis d'aborder qu'en plein jour avec l'aide d'un pilote du pays. La côte d'Egypte se présente sous l'aspect d'une lon- gue bande de sable qui dépasse à peine la surface des flots. Peu à peu le décor se dessine, sur un fond orange et pour- pre,dans le plus beau lever de soleil qu'il soit possible de voir. On distingue d'abord le phare, puis le palais de Raz- el-Tia, résidence d'été du vicc-roi,puis la masse du palais ruiné d'Abbas-Pacha, puis la colonne de Pompée, enfin une rangée de moulins à vent. Sauf quelques palmiers, ce spectacle n'a rien de très oriental. Une quantité de barques s'approchent du navire, montées par des équipages dans tous les costumes et portant sur leur peau les nuances les plus variées, depuis le blanc jusqu'au noir d'ébène. Chaque passager, chaque bagage, est saisi par qua- rante mains à la fois ; ce sont des cris, des hurlements, des disputes, des gourmades à donner le vertige. Pîeureusement prévenus par l'un de nos compatriotes, qui a fait plusieurs fois ce voyage, nous laissâmes, mon ami et moi, nos bagages dans nos cabines ; et ce ne fut que lorsque ce tumulte se fut calmé parle départ du plus grand nombre des passagers, que nous nous rendîmes tranquillement à terre sur une barque restée près du navire, et à sept heures nous étions à l'hôtel de l'Isthme-de-Suez. {A suivre.) E. Gasnaut. GÉOLOGIE DU SAGUENAY 9I Géologie du Saguenay Isle Ste-Hélène, Lac St-Jean, 14 juin 1898. Monsieur le Directeur, J'ai à satisfaire le désir d'un lecteur du Naturaliste^ qui signe Un Oiriciix, nous demandant de "vouloir bien préciser l'époque géologique pendant laquelle s'est produite la gigan- tesque fissure du Saguenay". Pour ne pas donner à sa curiosité bien légitime une trop forte tension, laissons un instant les mancherons de la charrue pour lui faire savoir par votre entremise, mon cher Directeur, que la réponse à cette question se trouve, pour ainsi dire, en toutes lettres dans les notes mêmes sur le cataclysme saguenayen qui a été la cause de cette fissure dont parle monsieur. Ces notes ont été publiées dans le Naturaliste canadien, Vol. XXIII, Nos i& 2, pages 4, 5, 6, 7, 8 et 17,18,19, janv. et fév. 1896. " Je me figure", dit-il, "que la réponse à cette question doit être plus facile que de prouver l'existence de la houille dans le bassin du lac St-Jean." Quant à cette "figuration",c'est bien elle qui l'induit en erreur : car l'existence de la houille dans la vallée du lac St-Jean y a été constatée il y a plus d'un quart de siècle ; et les échantillons qui l'ont révélée alors étaient fort admirés, et se passaient de mains en mains, d'une concession à l'autre, pour satisfaire les plus curieux. A cette époque, monsieur n'était pas du Saguenay, je présume, P. -H. DuMAis. P. S. — Après mes semailles, j'aurai plus de loisir pour reprendre notre étude du bassin du lac St-Jean, toucher à 92 LE NATURALISTE CANADIEN sa géologie à notre point de vue, bien entendu, et voir si les ressources que nous y entrevoyons, malgré tout, peuvent, sans i)icoiignntl\ s'y trouver et en valeur appréciable. P.-H. D. Nouvelles du '' Goncilium Blbllograpiilcum " Dans notre livraison du moi^ de février nous avons pu- blié un article sur le Bureau bibliographique de Zurich (Suisse).. Une erreur commise dans cet article nous a valu la communication suivante de M. le directeur de ce Bureau, que nous publions avec grand plaisir. Zurich-Oberstrass, 2 avril 1898. Monsieur le Directeur, Je viens de recevoir votre article sur le "Concilium" et je vous prie d'agréer mes remerciements bien sincères pour les vœux que vous faites à notre égard. Je prends la liberté pourtant de vous signaler une petite erreur qui s'est glissée dans vos observations. Vous écrivez : "l'acquisition des séries de fiches n'est guère à la portée des simples par- ticuliers". Ce renseignement est sans doute exact, en ce qui concerne la série entière ; mais nous avons des combinai- sons qui se vendent à partir de 50 centimes. Les fiches pu- bliées jusqu'ici sur les Hyménoptères coûtent près de $1.65; ce groupe est une bonne moyenne. Les Coléoptères coûtent davantage. Les Orthoptères moins. — Je vous adresserai, un de ces jours-ci, un exemplaire de notre table de classifica- tion qui va paraître. Avec des salutations à l'occasion de vos "Noces d'ar- gent." Votre tout dévoué, Herbert Haviland Field. Nous avons effectivement reçu, depuis, le Conspec- LES PIQURES d'abeilles 93 tiLS incthodiais des séries de fiches qui ont été publiées jus- qu'à présent. Elles comprennent la Paléontologie, la Zoolo- gie générale, la Distribution géographique, les Invertébrés et les Vertébrés. Et nous constatons que l'on peut ne sous- crire qu'à l'une des séries de fiches, comprenant tout ce qui en est paru sur un sujet déterminé, ou bien ce qui en est publié dans une seule année. Cela est tout à l'avanta- ge des spécialistes, et leur permet de se renseigner sur les seules publications qui se rapportent à leurs études. Pour nous, nous nous incrivons — le premier en Canada — comme souscripteur du Bureau bibliographique, pour les séries de fiches relatives aux Mollusques, aux Diptères et aux Lépidoptères, qui d'ici à quelques années attireront da- vantage notre attention. REMEDE PRATIQUE CONTRE LES CHENILLES DU GROSEILLIER ET DU 6ADELLIER " Un horticulteur anglais indique, dans le Cottage Gar- dening^ le procédé suivant qu'il a adopté et dont il est satis- fait. Il consiste tout simplement à saupoudrer les parties infé- rieures des arbustes avec un mélange de suie et de chaux en lançant la poudre de bas en haut ; on emploie la chaux et la suie en quantités égales. L'opération doit se faire à une ou deux reprises." (Du Journal d' Agriculture et d' Horticulture) . LES P1Q0RE5 D'ABEILLES L'an dernier nous avons publié quelques communica- 94 LE NATURALISTE CANADIEN tions de certains de nos lecteurs, qui témoignaient avoir ac- quis l'immunité contre le venin des moustiques. Voici maintenant que l'on peut s'habituer au venin des abeilles ! Nous en voyons la nouvelle dans le Costnos du 2i mai dernier, où l'on donne [d'après la Nature^ de Londres] les résultats d'une enquête à laquelle s'est livré, sur ce su- jet, le Dr Lauger. Une courte citation renseignera suffi- samment là-dessus : " 144 apiculteurs se déclarent réfractaires au venin de l'abeille ; dans le nombre, il y en a 9 chez lesquels cette im- munité est naturelle. 26 n'ont jamais pu l'acquérir. " Quand on ne possède pas naturellement l'immunité, le nombre de piqûres à la suite desquelles on l'obtient varie considérablement ; trente suffisent quelquefois, tandis que, pour d'autres personnes, il en faut jusqu'à cent pour accou- tumer l'organisme au poison." Après tout cela, on peut se demander s'il est possible d'acquérir l'immunité contre les piqûres des parasites hu- mains : poux, puces, punaises. Seulement, personne n'osera dire au public son expérience personnelle. Il faudra, pour le savoir, qu'un entomologiste se dévoue pour la science. On demande des gens capables d'héroïsme ! PUBLICATIONS REÇUES — Anales ciel Musco Nacional de Montevideo, Tomo II, Fasc. 8, Cette livraison contient les six premières familles de la Flore de V Uruguay^ par le Prof. Arechavaleta, direc- teur du Musée. — Guide officiel du Klondike, Ogilvie, Toronto, 1898. Grand in-80 de 164 pages, illustré d'un grand nombre de photogravures et d'une carte du Canada occidental. PUBLICATIONS REÇUES 95 — Transactions of the Canadian Institntc, Vol. V, Part 2. Très bien illustré, ce volume renferme de précieux mémoi- res sur divers sujets scientifiques concernant l'Amérique. — Bibliography of the more important contributions to ame- rican Economic Entomology. Part VI. 1898. Brochure de 274 pages, où l'on trouve indiqués, par ordre alphabétique des noms d'auteurs et par une seconde liste alphabétique des sujets, les plus importants ouvrages et mémoires, pu- bliés séparément ou dans les diverses revues, de juin 1888 à déc. 1896. Il est inutile de signaler l'intérêt et l'utilité d'une telle publication pour les entomologistes d'Amérique. — Smithsonian Report. U. S. National iMnsenm, i8ç^. Gros volume de plus de mille pages, abondamment illustre, consacré principalement à l'ethnologie américaine. — ^. E.le cardinal Taschercan, par Mgr H. Têtu. Jolie brochure de 118 pages, qui raconte dans un style élégant les principaux événements de la vie du premier cardinal ca- nadien. — M. C.-J. Magnan, directeur de V Enseignement primai- re^ fait imprimer en ce moment A travers les Beanx-Arts, vo- lume d'une centaine de pages, qui se vendra 75 cts l'exem- plaire. S'adresser à V Enseignement primaire^ Boîte postale 1094, H.-V., Québec. — L'un de nos échanges, le Boletin de la Câmara Agri- cola de Tortosa, a publié, le ler mai, une livraison spéciale, de considéiable valeur, à l'occasion d'un Concours agricole te- nu à Barcelone, Espagne. Nos félicitations à notre confrère de là-bas. g6 LE NATURALISTE CANADIEN " LABRADOR ET ANTICOSTI " PAR L'ABBE HUARD Volume de XV-505 pages in-80, formatât caractères du A (?///;-(7//Vt'. Impres- sion de luxe. Illustré de 45 portraits et autres gravures, et d'une carte du golfe Saint-Laurent dressée expressément jiour cet ouvrage. Qournal de voyage — Historique et état présent de tous les postes de la Côte Nord, de]:>uis Betsiamis jusqu'au Blanc-Sablon, et de l'Anticosti — Mœurs et usa- ges des Montagnais — Pécheurs canadiens et acadiens — Cométiques et chiens du Labrador — Détails complets sur la chasse au loup marin, et la grande pèche au saumon, au hareng, à la morue — La vérité sur l'Anticosti ; renseignements iné- dits ; l'entreprise Menier.] Prix : $1.50. Par la poste : $1.60 pour le Canada ; $1.70 pour les États-Unis et l'Union postale. En vente au bureau du Nd/itra/isft-, et chez les libraires de Québec et de Montréal. — A Paris, ait prix de 10 fn/iics, chez A. Roger et F. 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TATLEY, Agent général, Montréal JOS.-EP SA¥ARD Agent pour Chicoutimi et Lac St-Tean. - . - - THICOUTIM. ■^<|f^* BULLETIN DE R^Ç^ÇM^H^^É^i^^î^ l^^^S^^ ^3 ^^*- ....... .^ T^APPOE/rAKTAL'HISTOJI^E NAttiRfeLLE <^. Imprimerie de la DEFENSE, Chicoutimi. DE CE Une station biologique 97' La vengeance du mollusque '. 98 Excursion en Egypte (E. Gasnault) loi Géologie du Saguenay (P.-H. Dumais) 104 La vérité sur l'Evolution 109 M. James Fletcher 1 10 Publications reçues iii Le Naturaliste canadien paraît au commencement de chaque mois,par livraison de 16 ou 20 pages in-80. Le prix de l'abonnement pour le Canada et les Etats- Unis est d'UNE PIASTRE par année. — Pour la France et les autres pays de l'Union postale, SIX FRANCS. Les reçus d'abonnement seront renfermés dans la li- vraison suivant la date où l'on aura payé. On ne peut s'abonner pour moins d'un an. Les person- nes qui souscrivent au journal durant l'année reçoivent les numéros parus depuis le commencement du volume. La rédaction entend laisser aux correspondants du jour- nal l'entière responsabilité de leurs écrits. Toutes les communications, relatives à la rédaction ou à l'administration du NATURALISTE, doivent être adressées au Directeur-Propriétaire, M. l'abbé V. -A. Iluard, Séminaire de Chicoutimi, P. Q. AGENCE DU "NATURALISTE" Paris. — MM. A. Roger & F. Chernoviz, Editeurs, 7, rue des Grands-Augustins. Le Messager de Saint-Antoine, bulletin mensuel de la dé- votion à S. Antoine, 25cts par année. Adresser : LE MESSAGER DE SAINT-ANTOINE, Chicoutimi, P. Q. St. Anthony^s Canadian Messenger, monthly re- view. 50 cts per year. Address : Rev. E. De LAMARRE, Cliicoutiuii, iP. Q. LE NJUDiMi^TH mmm VOL. XXV (VOI^- ^' DE LA l)El]XIÈ3IE SÉRIE) ^Q 7 Gl^icoiitiiQi, juillet 1898 Directeur-Propriétaire: Fabbe V.-A. Huard ONE STATION BIOLOGIQUE Il s'agit de la Station biologique que le gouvernement d'Ottawa a décidé d'établir au golfe Saint-Laurent. On se rappelle peut-être qu'un crédit important a été vot<; par le parlement en faveur de cette œuvre. Nos gouvernements se sont montrés jusqu'ici d'un zèle si léger pour aider au progrès des sciences naturelles dans notre pays, que notre surprise égale notre satisfaction cha- que fois que nous les voyons faire quelque chose dans cette direction. C'est ainsi que, l'an dernier, nous apprenions avec grande joie que le gouvernement Flynn avait donné un se- cours très considérable à feu M. A.-N. Montpetit, peur l'ai- der à publier son ouvrage Les Poissons d' caii douce du Cana- da^— quelque opinion que l'on entretienne d'ailleurs sur la valeur de ce livre. Aujourd'hui, nous félicitons chaleureuse- ment le ministère Laurier d'avoir pris l'initiative d'une œu- vre qui aura sans doute les plus beaux résultats, au point de vue de l'histoire naturelle du Canada. Nous regrettons de ne pouvoir encore donner aucun 9— Juillet 1898. 9H LE NATURALISTE CANADIEN renseignement sur la Station biologique que l'on va bientôt organiser sur un point du golfe Saint-Laurent. L'objet de cette fondation, croyons-nous, sera l'étude, à tous points de vue, du règne animal marin sur les côtes canadiennes de r Atlantique. En tout cas, l'université Laval, de Québec, ayant fait au directeur du Naturaliste ca)iadiciiV\\owx\ç.\xx dele déléguer comme son représentant dans le bureau de direction de la Sta- tion biologique, nous croyons pouvoir promettre à nos lec- teurs que nous les tiendrons parfaitement au courant de Tœuvrc scientifique qui se prépare. • La ueDgçaoce dd moîîùsqùe L'huître n'est certainement pas regardée comme le symbole de l'intelligence. Ce pauvre mollusque sert bien plutôt de commode euphémisme pour désigner une personne qui manque beaucoup de finesse. C'est, en un mot, r...oie du monde des mollusques. Dès lors, qu'y a-t-il à redouter d'un animal dont l'ingéniosité laisse vraiment à .désirer ? D'autant que l'huître ne court guère les chemins, pour s'em- busquer au coin de la forêt et dévaliser les gens. Au contraire, l'huître vivrait et mourrait volontiers sur les fonds marins oia elle est née. On l'en retire cependant, pour lui faire parcourir de longs espaces, au bout desquels une cruelle immolation l'attend sur la table des gourmets. Mais, là encore, la pauvre bête fait bien tout son possible pour rester chez elle ; si bien que, dans ces sortes de repas que l'on décore — sans aucune espèce de malice — du nom de " fête aux huîtres," l'habile ouvreur d'huîtres acquiert une gloire qui, pour le moment, vaut celle d'un preneur de vil- le*. Donc, il n'y a pas à se mettre sur le pied de guerre pour défendre sa patrie contre les incursions des huîtres. Et LA VENGEANCE DU MOLLUSQUE 99 •cet animal est beaucoup trop stupide pour essayer de nuire de façon quelconque au Roi de la création. Eh bien, " nous avons changé tout cela !" Qu'heureux furent nos ancêtres, qui passèrent leur vie sans éprouver d'angoisses à la vue d'un plat d'huîtres ! Il est vrai que, sans le savoir, quelques-uns furent peut-être les victimes de ce terrible ennemi qu'est devenue l'huître à notre époque. Car — à qui se fier, maintenant ? — il est aujourd'hui scientifiquement démontré que l'huître est un agent trop effi- cace de transmission des maladies microbiennes, choléra, fiè- vre typhoïde, etc. Comme on le sait, ces maladies sont dues à l'envahisse- ment de l'organisme animal par des germes particuliers, mi- crobes, bacilles, bactéries, qui se multiplient avec une extrê- me rapidité et souvent amènent la mort de l'animal ainsi af- fecté. Il peut arriver que, entre autres, l'organisme humain réagisse victorieusement contre l'invasion du microscopique ennemi, l'expulse ou le détruise sur place ; mais c'est là une heureuse éventualité qu'il ne faut pas trop escompterd'avance. Le plus sûr est de ne pas s'exposer au risque d'être attaqué. Notre confrère de V American MontJily Microscopical Journal, de Washington, citait, en sa livraison du mois de mai dernier, un bon nombre de cas, arrivés depuis moins de vingt ans et dûment contrôlés, oia des individus furent pris du choléra ou de la typhoïde après avoir mangé des huîtres. Par exemple, "en 1894, vingt-six étudiants, à Middletown, Conn., qui avaient mangé des huîtres crues de Fair Haven, une semaine auparavant, eurent les fièvres typhoïdes, et plu- sieurs en moururent. L'anse de Fair Haven recevait l'eau d'un égoût en communication avec une résidence où il y avait alors des cas de cette maladie." Ailleurs, à Dunkerque, on constate une occurrence extraordinaire de cas de diarrhée et de colique, dont l'origine est retracée jusqu'à la consom- mation de l'huître de Normandie. Il est scientifiquement certain, d'une part, que les ger- lOO LE NATURALISTE CANADIEN mes du choléra et de la fièvre typhoïde conservent, dans - l'eau de la mer, leur virulence durant deux mois, et que, d'autre part, les mollusques sont sujets à subir l'infection de ces germes. Si maintenant l'on absorbe des mollusques (crus ou cuits, le danger est le même) infectés de ces germes morbides, il est évident que l'on introduit l'ennemi dans son propre organisme. Notre confrère de Washington, déjà cité, démontre tous ces faits de façon sérieuse. Les faits qu'il rapporte sont arrivés aux Etats-Unis, en Angleterre, en Ecosse, en France. Avons-nous lieu de craindre que les huîtres du Canada soient de la sorte sujettes à caution ? A coup sûr, si les huîtres consommées dans notre pays provenaient de bancs d'huîtres qui existeraient le long des quais de Québec ou de Montréal, nous dirions : " L'huître, , voilà l'ennemie !" En effet, le voisinage de l'arrivée des tu- yaux d'égoûts des grandes villes ne paraît pas, d'après ce que ' nous avons dit plus haut, l'endroit idéal pour recueillir des ■ mollusques comestibles. Mais les huîtrières qui approvisionnent le marché cana- dien, situées sur les côtes des provinces maritimes de l'Est, nous paraissent (quoique non de connaissance personnelle) bien à l'abri de toutes les causes de contamination. Et l'ex- périence, qui a bien son mot à dire en de telles affaires, . corrobore absolument cette opinion. En effet, il arrive bien que, après une " fête aux huîtres," l'un se plaint de leur effet laxatif, tandis que l'autre les trouve d'une digestion quelque peu pénible ; il arrive même à quelque convive d'avoir après le festin la tête un peu lourde, surtout dans le cas où, sous prétexte que rien n'est plus naturel aux mollusques que l'élé- ment liquide, il s'est montré trop généreux à les arroser des perfides liqueurs qui scintillaient dans son verre... Mais ces phénomènes ne relèvent guère de la microbiologie. Et jamais encore, que nous sachions, personne n'a souffert ici du cho- léra ou des fièvres typhoïdes pour avoir mangé des huîtres. EXCURSION EN EGYPTE lOI Vivent donc les huîtres du Canada ! Et s'il ne manquait que ce point de l'innocuité de nos huîtres pour démontrer que le Canada est presque un paradis terrestre, nous pou- vons, en cette matière aussi, être fiers d'être Canadiens ! Seulement, quand on voyagera aux Etats-Unis, en An- gleterre, en Ecosse ou ailleurs, on fera bien, avant d'accep- ter des huîtres, d'exiger un certificat de quelque bactériolo- giste qui témoignera qu'elles se sont abstenues de toutes re- lations avec les bacilles suspects. Excursion en Eg^ypte (Continué de la page 90) Alexandrie— Le Caire Alexandrie est une ville de trois cent mille âmes, elle ( en compta plus d'un million sous les Ptolémée. C'est une des plus belles et des plus commerçantes villes du monde. Elle est l'entrepôt de l'Egypte avec l'Europe, le port de re- lâche de l'Europe et de l'Asie. Sa situation admirable, à portée du canal de Suez, à quelques heures de la grande vil- . le du Caire, la rend comme inévitable aux vaisseaux de tou- tes les parties du monde. De neuf heures à midi, montés sur des ânes, nous la . parcourons bien à la hâte. Ses rues sont larges, bien alignées, et bordées de belles constructions. La grande place, o\x s'élève la statue équestre de Méhémet-Ali, est entourée de palais magnifiques ; la circulation des gens et des voitures est très animée. Le port est l'un des plus beaux du monde, malgré son chenal hérissé de brisants, malgré ses passes dan- gereuses ; la jetée s'avance audacieusemcnt très loin dans la , mer. C'est à l'extrémité de cette digue, et sur l'emplace- I02 LE NATURALISTE CANADIEN ment du fort moderne, que s'élevait la fameuse tour qui pas- sait pour l'une des sept merveilles du monde, et qui devait son nom de phare à sa position dans l'île de Pharos. Admi- rablement construite en belles pierres blanches, elle se com- posait de nombreux étages et éclairait au loin les naviga- teurs. Elle avait eu pour architecte Sostrate de Cnide. En- core debout au XlVe siècle de notre ère, elle était renver- sée au XVe, et remplacée alors par un autre phare de di- mension moindre, qui lui-même de nos jours l'a été par celui que Méhémet-Ali fit bâtir à l'entrée du port Vieux, le seul qui soit fréquenté depuis l'abandon du port Neuf. A côté du nouveau phare s'élèvent les constructions blanches de la ré- sidence d'été du Khédive, du palais de Raz-el-Tin. Malgré leurs vastes et magnifiques magasins, les rueS' commerçantes des quartiers européens nous lassent vite. Nous visitons avec plus d'intérêt les quartiers de la cité ara- be. Nous passons près de la colonne de Pompée, le seul monument antique qui reste encore de l'ancienne ville. Cet- te colonne. composée de quatre énormes morceaux de gra- nit, piédestal, base, fût et chapiteau, mesure une hauteur de vingt-huit mètres soixante-quinze centimètres. Elle s'élève sur un tertre factice assez considérable, parsemé de débris divers, et entre autres de fragments de sphinx et de statues, ce qui peut faire penser qu'elle appartenait à un vaste édifi- ce qui selon quelques-uns était le Sérapéum. Dominant au loin tous les environs, elle sert en mer de reconnaissance aux navires qui passent, et se détache admirablement sur l'azur d'un ciel sans tache. Une inscription grecque, qu'on pouvait lire il y a quelques années encore sur la face occidentale de la base, et qui est presque entièrement effacée, nous appre- nait qu'un certain Pompée, éparque ou préfet d'Egypte, avait érigé cette colonne en l'honneur du très glorieux Dioclétien empereur. La statue de ce prince devait couron- ner le sommet du monument. Nous visitons le jardin du Khédive, puis les rives du EXCURSION EN EGYPTE 103 canal Mahmoudicch. Sur ses bords s'élèvcni; de belles villas, et de magnifiques jardins sont plantés de palmiers, de bana- niers, d'orangers et de plantes rares. C'est maintenant l'une des promenades favorites des habitants d'Alexandrie. Mon ami, comme médecin, désirant visiter les hôpitaux, nous nous rendîmes après déjeuner à l'hôpital Européen. Cet établissement est dit européen, parce qu'il est soutenu à la fois par la France, l'Italie et l'Autriche. Mais comme la majorité des Sœurs est française, comme aussi depuis sa fondation la supérieure a toujours été une Française, on l'appelle souvent l'hôpital français, pour le distinguer de l'hôpital grec et de l'hôpital prussien. Nous le visitons dans ses moindres détails, en compa- gnie de la bonne sœur Peyramond qui, depuis trente et des années qu'elle est supérieure, y multiplie les preuves de sa haute compétence et de son inépuisable dévouement. Elle nous donne en outre quelques renseignements sur les maladies les plus répandues parmi les indigènes : la pes- te, jadis si terrible, a cessé de sévir sur les populations égyptiennes ; le choléra n'exerce périodiquement ses ravages que dans une faible partie de la contrée ; mais l'anémie, cau- sée par l'insuffisance de nourriture, sévit partout en Egypte en frappant de préférence sur les enfants. Il n'est pas de pays au monde où les aveugles et les borgnes soient plus nombreux. En débarquant sur les quais d'Alexandrie, l'é- tranger remarque aussitôt les effets de l'ophtalmie contagieu- se dans la foule qui se presse autour de lui ; et ses observa- tions subséquentes, appuyées par la statistique (la proportion des personnes atteintes d'ophtalmie dans la population égyp- tien;ie étant de dix-sep.t pour cent, d'après Amici) confirment cette première impression. La pauvreté du sang, la réver- bération de la lumière siir les murs blancs et sv.v les eaux du fleuve, les alternatives brusques de température, et surtout la poussière saline et nitreusc qui se forme par la décomposi- tion du limon nilotique et que le vent soulève en tourbillons. I04 LE NATURALISTE CANADIEN sont les causes auxquelles on doit attribuer ces dangereuses ophtalmies. Néanmoins les Bédouins du désert ont presque tous une vue excellente. Les mouches, la plaie de l'Egypte, contribuent certainement à entretenir et envenimer les oph- talmies. C'est pitié de voir les petits enfants autour desquels -les mouches tournoient en essaims ; ils n'ont même plus la force de chasser les insectes qui se posent sur leurs yeux malades ; et tristes, sans mouvements, ils attendent que le sommeil vienne interrompre leurs souffrances. La lèpre, moins commune en Egypte qu'en Syrie, n'a malheureuse- .ment pas disparu. .L'espèce de fièvre gastrique connue en Orient sous le nom de Dengue est assez commune. L'éléphan- tiasis des Arabes atteint fréquemment les indigènes, surtout dans le Delta. Une autre maladie de peau, le Bouton du Nil, analogue à la Datte de Bagdad et au Bouton d'Alep et de Biskra, est endémique en Egypte, et la plupart des habi- tants et des étrangers ont à souffrir de cet ulcère, une fois pendant leur vie ou leur séjour, le plus souvent sous une forme bénigne. (E, Reclus). (^A suivre.) E. Gasnault. GEOLOGIE DU SAGUENAY IMonsieur le Directeur, Nous avons entendu de la bouche d'un savant, d'un vrai géologue, que le charbon de terre ne pouvait exister dans le bassin du lac Saint-Jean ; que la formation de ce pays se refusait à laisser entretenir le moindre doute sur son exclusion ; qu'il serait absurde de se faire une opinion con- traire, quand tout démontre l'impossibilité d'arriver à prou- ver l'existence de la houille dans les conditions qui se réali- sent ici ; que la science était là, au guet, pour protester so- Icnnelkment contre les imprudents qui se hasarderaient à em- GÉOLOGIE DU SAGUENAY IO5 piéter ainsi, aveuglément, sur ses prérogatives ; et que ses dogmes, écrits en caractères éternels, étant immuables et hors de la portée des non-initiés, quels qu'ils soient, il fallait se tenir à l'écart et ne dire mot. Nous eûmes l'imprudence d'oser exprimer un semblant d'opposition, assez pour faire supposer à notre eminent in- terlocuteur que nous n'étions point tout à fait convaincu. C'est alors que nous vîmes s'épanouir, à notre adresse, un inoubliable sourire qui nous en disait plus que des paro- les, et qui, cette fois-là, nous fit entrevoir la mesure juste de l'espèce d'abîme qui nous séparait. Bien entendu, nous restâmes confondu. Nonobstant, reprenant notre aplomb un peu fort ébranlé, nous lui exposâmes, sans ambiguïté, les quelques notions que nous croyions posséder sur cet important sujet. Bien pauvre bagage, malheureusement, pour plaider en faveur d'une théorie impossible, contre un maître de la scien- ce qui ne transige pas, soyez en sûr... P. -H. DUMAIS. QUELQUES APERÇUS SUR LA GÉOLOGIE DU SAGUENAY Nous sommes sérieusement intimidé à la pensée d'en- tt éprendre l'étude géologique du bassin saguenayen. Quand on pense aux savants géologues qui l'ont traversé sans dai- gner y mordre franchement ; se contentant d'en effleurer, tout au plus à la course, les quelques points saillants qui leur barraient le chemin ! Comptant sur la grande somme d'indulgence dont ont fait preuve jusqu'ici les bienveillants lecteurs du NATURA- LISTE, nous entrons en matière à tout risque. Disons donc que la géologie du Saguenay, pour une personne non-initiée, apparaît, tout de même, sous un jour lumineux et sans ombre»; étalant ostensiblement et sans ap- parat ses grandes lignes si bien accentuées, qu'elles sont re- I06 LE NATURALISTE CANADIEN connaissables au premier abord. C'est pour cela qu'elle s'explique clairement d'elle-même, ne demande pas d'études profondes, ni d'efforts de génie pour en décrire les premières notions, qui sont bien, disons-le, l'a b c de cette science. Sans entrer dans les détails, en supputant la durée des choses, ou en analysant les éléments qui donnèrent corps et vie à notre planète, nous pouvons dïv-e, sans hésiter, que la terre a eu un commencement : /;/ prijicipio^ nous dit la Ge- nèse. Quand ? Dieu seul le sait. Ce que nous savons, nous, c'est que la terre, le globe que nous habitons, est sortie d'un astre, d'un soleil refroidi, qui a dû jouer lui aussi, il y a des milliards de siècles, un rôle aussi important que celui de l'astre radieux qui, dans le mo- ment, féconde si bien la terre en tempérant plus ou moins l'atmosphère qui l'entoure, et qui maintient aussi, dans les limites circonscrites et immuables, tout notre système plané- taire : un atome dans l'espace infini. En se refroidissant, la matière a pris corps. Cette matiè- re— résidu d'une combustion incandescente et active poussée à la dernière limite pendant des temps indéfinis — ne donnant plus d'aliment à l'élément, au feu, qui l'avait formée, elle prit consistance et, se trouvant cuite à point, elle se figea insensi- blem.ent, et puis forma cette croûte mince qui entoure notre globe d'un blindage plus ou moins solide et sous lequel dort, en se morfondant, l'immense foyer qui s'y trouve emprison- né. L'eau et la vapeur activèrent ce refroidissement malgré leur haute température, et cela pendant des siècles de nuits qui ne peuvent se compter. Le limon qu'elles déposèrent à la longue sur cette croûte ébauchée, forma les premiers lits de sédiments, — dihivijtvis ^ pleins de sève et d'énergie, qui, une fois les eaux écoulées, se transformèrent de suite en une immense couche cliaude o'l toutes *1g3 plantes, sorties du sol au troisième jour de la création, s'accrurent indéfiniment GÉOLOGIE DU SAGUENAY IO7 comme par enchantement. Ces plantes herbacées s'épanouissant sans contretemps possible dans cette atmosphère ambiante, humide et chaude, qui enveloppait alors le globe tout entier, couvrirent bientôt d'un épais tapis, moelleux et incolore, toutes les terres vier- ges qui émergeaient pour la première fois du sein de la mer immense. Les joncs, les prêles, les fougères, etc., toutes ces plantes y poussèrent et s'y multiplièrent avec une vigueur et une énergie sans pareille, pendant cette nuit quasi éternelle qui régnait alors, et prirent, dans ce milieu si bien agencé par le Créateur, un développement et des proportions si extraordi- naires qu'ils confondent et paralysent l'imagination. Elles couroimaient partout de leurs tiges élancées et * festonnées les sommets sombres laissant deviner à peine les assises des montagnes et le relief des continents ; envahis- saient les plaines et les vallées à demi submergées, pour se confondre dans les brouillards ténébreux qui enveloppaient les mers, encore chaudes et sans reflets, refluant sans cesse au plus profond des abîmes. Il ne faut pas perdre de vue que les hauteurs qui do- minent au nord et protègent aujourd'hui la grande vallée du fleuve Saint-Laurent, depuis son embouchure jusqu'à sa source, et que nous connaissons sous le nom de " Lauren- tides," furent pour ainsi dire les premières terres qui se sé- parèrent des eaux à cette époque primitive. Elles étaient recouvertes, bien entendu, de profondes couches d'alluviums prêtes à recevoir la semence des plan- tes que Dieu leur destinait, et qui, de fait, recouvrirent d'une forte et luxuriante végétation ce nouveau monde en em- bryon, comme d'un épais et soyeux duvet protecteur, qui se renouvela des milliers de fois jusqu'à l'approche de l'épo- I08 LE NATURALISTE CANADIEN que glaciaire, et, chaque fois, laissa un lit de débris végé- taux s'accumuler sur le sol, le nivelant et le fertilisant tout le temps. Imaginez- vous, maintenant, quels immenses dépôts de végétaux ces plantes ont dû fournir pendant des siècles et entasser sans relâche partout sur ces vastes ondulations qui formèrent les Laurentides, ces belles montagnes du Nord qui dominaient alors la mer brumeuse et qui dominent encore aujourd'hui l'un des plus beaux pays du monde? Que sont-ils devenus, tous ces végétaux ? Où sont allés ces amas prodigieux de plantes qui utilisèrent et absorbèrent si à propos l'humidité de la terre, et sa chaleur surtout, à dé- faut de celle du soleil ? Sont-ils encore visibles après tant de milliers de siècles écoulés ? ou sont-ils disparus comme tant d'autres choses qui ont existé ? On peut répondre à ces interrogations, que, si ces énor- mes amoncellements de végétaux sont disparus, ils ont lais- sé au moins sur leur passage des résidus substantiels qui constituent en partie, aujourd'hui, l'essence, l'humus, le sel de la terre, là surtout où ils ont pu résister aux déborde- ments des éléments déchaînés dont les époques subséquen- tes furent témoins, et qui contribuèrent par leurs évolutions successives à solidifier la surface du globe, en équilibrant une dernière fois ses vastes et profondes assises, pour en fai- re un monde habitable et habité. On peut répondre aussi, que, s'ils existent encore, le chaos qui bouleversa tout à cette époque — défigura,nt la face de la terre et lui replâtrant une autre physionomie — n'a pu quand même tenir cachées à l'homms c es profondes couches végétales, disparues dans le tourbillon et envelop- pées dans les replis imprimés sans art à sa surface à demi refroidie. Et puis celle-ci, s'étant contractée de plus en plus, y scella dans les replis des montagnes q ui se reformaient, sous le sol des vallées et des plaines qui se reconstituait, isous le fond de la mer qui reprenait son empire sur un nou- LA VÉRITÉ SUR L'ÉVOLUTION IO9 veau lit, y scella, dis-je, comme dans de gigantesques incuba- teurs^ toutes les matières premières pour les métamorphoser en ces précieuses substances que l'on nomme le gaz, l'huile et le charbon. * * * C est durant ce bouleversement général, sur le déclin de ce règne végétal sous les parallèles septentrionaux, que s'effondra cette partie des Laurentides que nous avons ja- lonnée jadis en décrivant le bassin saguenayen, " et qui cir- conscrit si nettement la grande vallée du lac Saint-Jean qu'on la dirait faite à l'emporte-pièce." Cette dépression remarquable — ce semblant de cratè- re— imprimée tout à coup au beau milieu des vagues pétri- fiées des Laurentides en voie de se raff'ermir , fut longtemps submergée par la mer salée après qu'y fut engloutie la végé- tation abondante et serrée d'un territoire d'une superficie de plus de cinq mille lieues. Cette mer salée se changera un jour en eaux douces, qui à leur tour — disons qu'il y a trois mille ans — furent té- moins inconscients du Cataclysme^ et en même temps lui ai- dèrent si bien dans son œuvre désobstruante qu'elles se sont épuisées à la peine, ne laissant au milieu de cette profonde dépression qu'un fac-similé bien réduit des vastes dimen- sions de leurs limites primitives, [A suivre.) * P.-H. DUMAIS. La vérité sur l'évolution Nous traduisons, fort librement, d'un article de la Re- vicw (St. Louis, Mo.) signé J.-F. M., le petit extrait suivant qui nous paraît être,dans les conditions actuelles de la science, no LE NATURALISTE CANADIEN le seul exposé raisonnable de la théorie de l'Evolution des espèces : " Comme Dieu peut faire originer une espèce d'être d'une autre espèce inférieure, la théorie de l'évolution, étant donné la puissance de Dieu, n'est ni impossible, ni contraire à la Foi. Mais- la réalité de cette théorie n'a pas encore été démontrée ; et tant que l'expérience n'aura pas prouvé qu'il y a eu passage réel d'une espèce à une autre, l'évolution — même appuyée sur la puissance de Dieu — reste à l'état de fantôme, et ses fauteurs sont des gens qui ne s'appuient sur rien." M. James Fletchçp Dans la dernière livraison du Canadian Bee Journal^ on reproduisait une notice biographique, publiée d'abord par le Canadian Entomologist, de M. J. Fletcher. Nous en extray- ons les quelques notes suivantes au sujet de cet honorable collaborateur de notre revue. Né en Angleterre, M. Fletcher vint au Canada dans sa jeunesse et fut d'abord employé de la Bank of British N. A., et commença dès lors à s'occuper d'entomologie et de bota- nique. Il passa de là à un emploi d'assistant à la bibliothèque du Parlement d'Ottawa. Il est aujourd'hui ce que nous pou- vons appeler botaniste et entomologiste d'Etat, étant atta- ché à la Ferme expérimentale centrale d'Ottawa. M. Fletcher est aujourd'hui l'un des plus forts entomo- gistes de l'Amérique. Il a publié de nombreuses études sur l'entomologie américaine. C'est à lui qu'on doit la fondation de la très importante " Association of Economie Entomolo- gists of North America." Il s'occupe d'entomologie et de bo- tanique plutôt au point de vue utilitaire qu'au point de vue purement technique. PUBLICATIONS REÇUES 1 1 I PUBLICATIONS REÇUES — V.H. Lowe, Cottojiwood leaf Beetle. Green Arsenitc. — Inspection of nurseries and treatment of infested mirsery stock. — Plant lice : descriptions, enemies and treatment. Nos remerciements, pour l'envoi de ces trois savants mémoires, à leur auteur M. Lowe, l'un des entomologistes de la New York Agricultural Experiment Station, de Geneva, N. Y. — Conseils pratiques sur la conduite des arbres et arbustes fruitiers en vergers, ■^^^xXç.s RR. PP. Trappistes d'Oka, 1898. Le département de l'Agriculture, Québec, a certainement été très bien inspiré en publiant ce bulletin, qui rendra de grands services. — The Calendar of the University of Ottawa, Academic year 1898-99. Belle publication qui fait bien voir l'impor- tance de l'œuvre de haut enseignement que dirigent, à Ottawa, les RR. PP. Oblats. — Annibal, par Nap. Legendre, dernière livraison de la Bibliothèque canadienne, publiée par M. P. -G. Roy, 9, rue Wolfe, Levis. L'ex., 15 cts. — Hoffmann's Catholic Directory (publié en 4 livraisons, par M. H. Wiltzius & Co., Milwaukee, Wis., E.-U. 50 cts par année.) Livraison No 3, du ler juillet. o Nos bons souhaits à l'excellent Moniteur acadicn, de Shédiac, N.-B., qui vient d'entrer dans sa 32e année. o Nous recevons des États-Unis le numéro prospectus d'une nouvelle revue, " Research," dont l'abonnement est gratuit : mérite, on en conviendra, d'une grande originalité. On y arbore fièrement cette devise : Nihil cognoscibUe a no- bis alienum putamus. Très belle typographie. 112 LE NATURALISTE CANADIEN " LABRADOR ET ANTICOSTI " PAR L'ABBE HUARD Volume de XV-505 pages in-80, format et caractères à\\ A^trttiralisie. Impres- bion de luxe. Illustré de 45 portraits et autres gravures, et d'une carte du golfe Saint-Laurent dressée expressément pour cet ouvrage. [Journal de voyage — Historique et état présent de tous les postes de la Côte Nord, depuis Betsiamis jusqu'au Blanc-Sablon, et de l'Anticosti — Mœurs et usa- ges des Montagnais — Pécheurs canadiens et acadiens — Cométiques et chiens du Labrador — Détails complets sur la chasse au loup marin, et la grande pêche au saumon, au hareng, à la morue — La vérité sur l'Anticosti ; renseignements iné- dits ; l'entreprise jMenier.] Prix : $1.50. Par la poste : $1.60 pour le Canada ; $1.70 pour les États-Unis et l'Union postale. En vente au bureau du jVafiiralisfe, et chez les libraires de Québec et de Montréal. — A Paris, an prix de \q francs, chez A. Roger et F. Chernoviz, Edi- teurs, 7, rue des Grands- August ins ■ LIVERPOOL, LONDON & GLOBE Compagnie d'assurance contre le j^eil Gt SIU* lîl Yi© La plus puissante Compagnie du monde entier FONDS INVESTIS : $53,213,000 INVESTIS EN CANADA : $1,300,000 ASSURANCES PRISES AUX PLUS BAS TAUX Églises, presbytères, collèges, couvents, maisons privées et fermes, assurés pour 3 ans au taux de 2 primes annuelles Wm. M. MacPHERSON, Agent, Quebec Jos. -Ed. SaVardjI'^i'e Racine, Chicoutlmi Solliciteur pour Chicoutimiet Lac St-Jean. PUnFNIY A^^IIRANPF ^^^^ affaire au Canada depuis 1804 CAPITAL : $,3.444,c°o COMPANY OF LONDON Tous nos contrats d'assurance sont garantis par près de $20,000,000 de sûretés. PATERSON & SON, Agents généraux, Montreal JOS.-ED. SA YARD, Agent pour Chîcoutimi et Lac Saint-Jean, Chicoutimi T A "R rt"V A T.T! 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Le prix de l'abonnement pour le Canada et les Etats- Unis est d'UNE PIASTRE par année.— Pour la France et les autres pays de l'Union postale, SIX FRANCS. Les reçus d'abonnement seront renfermés dans la li- vraison suivant la date où l'on 'aura payé. On ne peut s'abonner pour moins d'un an. Les person- nes qui souscrivent au journal durant l'année reçoivent les numéros parus depuis le commencement du volume. La rédaction entend laisser aux correspondants du jour- nal l'entière responsabilité de leurs écrits. Toutes les communications, relatives à la rédaction ou à l'administration du NATURALISTE, doivent être adressées au Directeur-Propriétaire, M. l'abbé V.-A. Huard, Séminaire de Chicoutimi, P. O. AGENCE DU "NATURALISTE" Paris.— MM. A. Roger & F. Chernoviz, Editeurs, 7, rue des Grands- Augustins. îger de Sainî-AntOine, bulletin mensuel de la dé votion à s. Antoine, 25cts par année. Adresser : LE MESSAGER DE SAINT- ANTOINE, Chicoutimi, P. Q. St. Anthony^s Canadian Messenger, monthly re- view. 50 cts per year. Address : Rer, E. De LAMARRE, Chicoutimi, iP. Q. LE wîUBMfeiïi mnm VOL XXV O'OI^- V DE LA DEUXIÈME SÉRIE) ^Q g Gl7icobtiiï]i, Aoiit 1898 Directeur-Propriétaire: Tabbe V.-A. Huard lin spectacle féerique à Québec " Au Canada, dans les environs de Québec, on pêche l'anguille le soir, sur des barques à l'avant desquelles on dis- pose un fanal. L'anguille, poisson nocturne, qui aime les coins sombres et fuit la lumière du jour, se trouve attirée, fascinée par cette clarté artificielle et insolite ; elle s'appro- che des barques, sort sa tête de l'eau, et immédiatement le pêcheur qui la guette la gratifie d'un coup de dard en fomie de harpon, qui l'arrache toute palpitante à son élément. Rien n'est féerique comme le spectacle, par une nuit noire, de tous ces flambeaux rangés en longues files scintillantes ; et le nombre des anguilles capturées par ce procédé de pêche est incalculable." C'est dans le Cosmos du i6 juillet que nous lisons cette belle description, sous la signature de l'un des savants juste- ment célèbres de France, M. A. Acloque. Nos amis de Québec, par exemple, vont être fortement ennuyés d'apprendre de Paris qu'il se passe, à leur insu et dans les environs de leur séjour, de si belles choses qu'ils 10 — Août 1898. 114 LE NATURALISTE CANADIEN ignorent absolument. Mais ils finiront par se réjouir de l'in- formation et sauront en tirer parti. En dehors des époques où l'on peut faire des excursions au clair de la lune sur le beau fleuve, il y aura des exciirsions dans les ténèbres^ oij, en fumant des cigarettes sur le pont des vapeurs, on jouira du ^' spectacle féerique de tous ces flambeaux rangés en lon- gues files scintillantes." Il viendra tant de Yankees pour voir comme c'est beau, qu'il faudra prochainement ajouter trois ou quatre étages au Château-Frontenac pour les recevoir. — Et les Canadiens qui savaient cela et qui n'en parlaient pas ! Nous qui avons résidé à Québec durant vingt-cinq ans, nous devons avouer que nous n'y avons jamais entendu par- ler delà pêche à l'anguille qui se pratiquerait dans les envi- rons de la ville sur une si grande échelle. Et nous nous deman- dons où M. Acloque, qui est un savant très sérieux, a pu re- cueillir des renseignements aussi fantaisistes. ..Sans doute de quelque voyageur, retour d'Amérique, qui voulait épater son monde sur les choses extraordinaires qu'un Européen peut contempler en notre continent. A moins que ledit vo- 3^ageur, à la vue de l'incomparable spectacle de l'éclairage électrique de Québec, n'ait pris "ces longues files scintillan- tes" pour celles d'innombrables fanaux de barques occupées à pêcher l'anguille... sur le sommet du cap Diamant. Après tout, il est sûr que, sans que cela revête des pro- portions le moindrement grandioses, on pratique un peu pai- tout, dans nos fleuves et rivières, la pêche au flambeau. Icj même, vis-à-vis Chicoutimi, dans les chaudes nuits du prin- temps, nous apercevons parfois deux ou trois flambeaux allumés pour attirer les anguilles au bord de la rivière. II en est de même, sans doute, en beaucoup d'autres localités de la Province. S'il y a là un grain de pittoresque, le féerique y manque déplorablement. Et voilà un nouvel exemple du grossissement que su- bissent les moindres choses, vues d'un continent à l'autre, au lieu du rapetissement auquel on se serait plutôt attendu. l'abbé provancher 115 L'ABBÉ FROVANCKER (Continué de la page 86) D'après une note que je retrouve, et dont je tiens le contenu de la bouche de M. Provancher lui-même, il fit con- naissance en 186 1 avec l'abbé L.-O. Brunet, professeur de botanique à l'université Laval, et ce fut en sa compagnie qu'il visita, en cette même année, la région du Saguenay et du lac Saint-Jean. Le voyage du Haut-Canada, dont j'ai aus- si parlé dans l'article précédent, eut lieu en 1862, et fut fait de même par les deux botanistes amis, qui allèrent herbori- ser à Niagara, Kingston, Hamilton, Toronto, Buffalo, etc. Cependant, pour enrichir la littérature nationale d'une œuvre nouvelle, il ne suffisait pas alors, pas plus qu'aujour- d'hui,d'en avoir réuni les matériaux, soit à l'aide des ouvrages de même genre, soit d'après ses études personnelles; il ne suffisait pas d'agencer tous ces matériaux, ni même deles re- vêtir d'une rédaction plus ou moins parfaite. Quand on s'en va trouver l'imprimeur et qu'on le prie de vouloir bien nous imprimer, il ne manque pas, Je le sais, comme a dit Bossuet, de nous répondre : "Quelles sont vos conditions de paiement? ' C'est là la pierre d'échoppement sur laquelle les auteurs ca- nadiens viennent donner du pied. En Europe, c'est tout dif- férent. Le ciel, clément aux écrivains, y fait trouver à chaque pas des éditeurs, lesquels, si vous êtes le moindrement con- nu, s'arrachent votre manuscrit et vous supplient, chacun à son tour, de leur accorder l'honneur d'imprimer votre livre, honneur qu'ils vous payeront en beaux ecus sonnants. Oh ! Que l'on entend bien les choses en ces pays-là ! Au contraire, le ciel canadien est tout de glace pour les pauvres gens qui veulent jouer de la plume, et rien n'est plus rare ici qu'un édi- teur qui consente à se ruiner pour cultiver leur gloire. Aussi, parmi nous, qui dit auteur dit éditeur, c'est-à-dire que la con- dition essentielle pour publier un livre au Canada, c'est d'à- Il6 LE NATURALISTE CANADIEN voir de l'argent pour en payer les frais d'impression. Puis on' lance sa marchandise sur le marché ; et il arrive parfois que- l'on rentre dans ses déboursés. L'abbé Provancher devait donc songer aux moyens de supporter la forte dépense de publication d'un volume de huit à neuf cents pages ; et il y songea en effet de bonne heure. Cela prouve qu'il était fort "pratique," comme d'ailleurs j'ai toujours trouvé qu'il était. Cela donne à penser que, il y a trois quarts de siècle, les collèges du Bas-Canada donnaient une éducation pratique \ S'il en était ainsi, on aurait bien dû em- pêcher de se perdre le secret de la méthode qu'ils suivaient... Car, aujourd'hui, comme on sait, dès là qu'on a mis le pied dans un collège classique, on n'est plus capable, en une affai- re quelconque, de joindre les deux bouts ensemble. — Pour moi, sur ces questions assez controversées de notre temps, je prends la liberté de croire que l'on naît poète, orateur, ar- tiste, mathématicien, et de même homme d'affaires. Et je tiens que l'abbé Provancher, sans être un financier ou un adminis- trateur de premier ordre, sut faire voguer sa barque d'une façon assez entendue sur l'océan des affaires de ce monde. C'est le 15 septembre 1859, comme on l'a vu, que la bonne Mère Saint-Cyprien pressait notre auteur de ne pas oublier la Flore canadienne qu'il avait quasi promis de pu- blier, une année auparavant. Eh bien depuis le mois d'avril (1^59)» il y avait en haut lieu une mesure de prise qui apla- nissait singulièrement les voies. Car à cette époque, comme en la nôtre, on croyait que le gouvernement devait aider aux entreprises d'utilité publique, de quelque nature qu'elles soient ; et, tout simplement, l'abbé Provancher avait fait mouvoir les ficelles qu'il fallait pour amener le gouverne- ment du Canada à s'occuper de. ..botanique. J'ignore tout à fait quelles démarches furent nécessaires pour atteindre le but que l'on voulait. Mais la lettre suivante démontre que l'un de nos hommes d'Etat canadiens-français, Sir N.-F. Bel- leau, qui faisait partie du ministère Cartier-Mc Donald, joua l'abbé provancher 117 Ile rôle principal en cetre affaire, et que les botanistes cana- diens lui doivent de la reconnaissance. Toronto, Samedi, 9 avril 1859. Monsieur, Depuis ma dernière, j'ai trouvé l'occasion de m'occuper de votre demande d'une aide pour la publication de la Flore canadienne. Je n'ai pas obtenu la somme que vous désiriez; jnais celle que mentionne la résolution sous ce pli est un commencement satisfaisant. En passant cette résolution à votre éditeur (i), il pourra retirer les $600 y mentionnées. 'Cette résolution vaut de l'argent pour ce montant... J'ai l'honneur d'être votre serviteur N.-F. Belleau. Quant à la " résolution " dont parlait M. Belleau, la voici dans toute sa saveur parlementaire : 8th April, 1859. In Committee on the Library of Parliament. Resolved. That three hundred copies of the proposed publication of the Revd. M. Provancher, on the Flora of Ca- nada, be subscribed for, at the rate of two dollars per copy ; the same to be paid on the delivery of the work to the Li- brarians. Truly extracted from the Minutes of the Library Committee. Alpheus Todd, Secretary. Voilà qui est propre à réconcilier un peu avec le régime de l'Union des Canadas. Quel succès aurait-on, aujourd'hui, si l'on s'en allait frapper à la porte du gouvernement d'Otta- wa, pour demander un secours de six cents piastres pour la publication, disons d'un ouvrage sur les " Mousses du Ca- nada ?" Il est plus que probable qu'on aurait pour seule ré- ponse que cette demande " est prise en sérieuse considéra- lion ;" et la " sérieuse considération " n'arriverait sans dou- te jamais à aboutir. (l) C'est imprimeur qu'il faut sans doute lire ici. Il8 LE NATURALISTE CANADIEN Cette subvention accordée à l'abbé Provancher n'était pas à titre gracieux, et il fallait livrer trois cents volumes pour y avoir droit. Mais l'affaire ne cessait pas d'être bon- ne, malgré tout : car de trouver à vendre, tout d'un coup et d'avance, environ le quart d'une édition, cela est doux à un auteur-éditeur, surtout en ce pays, et j'en connais qui s'ac- commoderaient fort de la méthode de 1859. Par exemple, l'honorable M. Belleau donnait fort dans l'optimisme, je pense, quand il semblait croire que la " réso- lution " du comité de la Bibliothèque était immédiatement négociable. Il ne faut pas oublier, en effet, que la souscrip- tion était déclarée payable " on the delivery of the work to the Librarians." Or, l'ouvrage ne devait pas sortir de l'im- primerie avant trois ou quatres années ! Dans l'intervalle, il pouvait se passer bien des événements. Et il s'en passa aussi. Quand la Flore fut publiée, ve -s le commencement de" 1863, ce n'était plus Toronto qui était le siège du gouver- nement du Canada, mais Québec, en attendant que l'on transférât à Ottawa toute la machine parlementaire. -Surtout, ce n'était plus le ministère Cartier-McDonald qui présidait aux destinées du pays : il s'était démis du pouvoir le 21 mai 1862. Ce changement d'administration dut remplir d'in- quiétude M. Provancher sur le sort de la subvention qu'on lui avait promise pour la publication de son ouvrage. En effet, précisément à l'époque de la chute du ministè- tère conservateur, M. Provancher était en instance auprès du comité de la Bibliothèque, pour obtenir, je suppose, de faire revivre la " résolution " du 8 avril 1859, laquelle depuis trois ans avait eu le temps de mourir. Car il ne faut pas croire que les gouvernements ont la mémoire bien fidèle, quand il s'agit de promesses d'argent ! {A suivre^ V.-A. H. EXCURSION EN EGYPTE 119 Excursion en ESg*ypte (Continué de la page 104) La bonne sœur Peyramond, qui nous fît si gracieuse- ment les honneurs de son établissement, montra le courage le plus héroïque pendant les événements qui furent si funes- tes à l'Egypte et principalement à Alexandrie en 1882. Pres- sée avec instance et à plusieurs reprises, avant le bombarde» ment, de se réfugier avec ses sœurs sur les navires qui étaient en rade, elle répondit noblement en leur nom : " Si nous nous "retirons sur la mer pour fuir le danger, qui soignera nos pau- "vres malades, dont quelques-uns sont à toute extrémité et "ne peuvent être transportés de la couche où ils. reposent ? "Que ferons-nous aussi de nos petits orphelins et de nos en- "fants trouvés, dont quelques-uns ont à peine quelques mois ? "Privés de nos soins, ils succomberont infailliblement. Oti les "transférer, où fuir avec tant d'innocentes créatures ? Nous "avons d'ailleurs toutes fait le sacrifice de notre vie, et s'il "faut mourir, nous voulons mourir auprès de nos malades et "de nos'enfants." Quinze sœurs de Charité, la plupart fran- çaises,n'ont donc pas, malgré les prières réitérées qui leur ont été adressées, consenti à déserter cet hôpital, et elles sont restées fidèlement groupées autour de leur vénérable supé- rieure. Quelques hommes de cœur se joignirent à elles et sol- licitèrent l'honneur de s'enfermer dans leur établissement pour les défendre. Mais ils conviennent eux-mêmes que la sœur Peyramond les dépassa tous par son calme courage, sa présence d'esprit et l'énergie extraordinaire qu'elle déploya constamment. Pendant tout le temps du bombardement qui fut effroyable, et surtout pendant les quarante-huit heures qui suivirent et qui furent bien plus mortelles encore, au mi- lieu des cris furibonds des Arabes qui brûlaient, pillaient, massacraient tout, elle ordonne à ses sœurs de n'interrompre aucun des exercices ordinaires de la communauté : visites I20 LE NATURALISTE CANADIEN régulières des malades, soins qui leurs étaient prodigués, ain- si qu'aux orphelins et aux enfants trouvés, exercices reli- gieux : tout fut continué comme en pleine paix, avec une sérénité et une ponctualité admirables. (M. Victor Guérin.) Voulant récompenser la conduite de cette digne supé- rieure qui, dans ces terribles circonstances, avait tant con- tribué à jeter un nouvel éclat sur le nom de la France, le gouvernement français, quelques années plus tard, plaça sur sa poitrine la croix de la Légion d'honneur. Les sœurs de Charité ont à Alexandrie trois autres mai- sons que nous eûmes le regret de ne pouvoir visiter. Voici sur chacunes d'elles quelques renseignements empruntés, comme la page précédente, à l'ouvrage de M. Victor Gué- rin, La France catholique efi Egypte : La Grande-Maison, dite de la Miséricorde, dont la fon- dation remonte à 1846 et coincide avec celle de la mission des Lazaristes. Aujourd'hui son dispensaire reçoit tous les jours en moyenne cinq cents Arabes, ce qui au bout de l'an- née forme, comme on le voit, un chiffre énorme de malheu- reux, de malades ou d'infirmes qui viennent réclamer les soins, les médicaments et les conseils des Sœurs. L'une d'en- tre elles, âgée de quatre-vingt-deux ans, remplit depuis qua- rante ans à Alexandrie, avec un zèle que la vieillesse n'a point ralenti, ce pieux et pénible ministère. Dans ce même établissement, l'école compte 907 élèves se décomposant de la manière suivante : 130 demi-pension- naires, 125 externes payantes, 522 externes gratuites et 130 orphelines entièrement entretenues par la maison. Ce sont les élèves payantes qui, au moyen de la faible rétribution qui leur est demandée, peuvent permettre aux religieuses de re- cevoir un aussi grand nombre d'élèves gratuites. Toutes les religions et toutes les nationalités qui sont agglomérées à Alexandrie sont représentées parmi les élèves de la maison, Klles y vivent dans l'union et la fraternité la plus complète sous la main douce et expérimentée des Sœurs. Celles-ci sont EXCURSION EN EGYPTE 121 au nombre de 30, dont 17 Françaises ; les autres sont des Italiennes, Suisses, Allemandes et Syriennes. La supérieure depuis la fondation a toujours été une Française. La troisième établissement est l'orphelinat fondé au mois d'octobre i860. Le but de l'œuvre est de recevoir, de pré- server et d'élever de jeunes garçons qui, pour une cause ou une autre, ont perdu l'appui de leurs parents et sont aban- donnés à eux-mêmes. La quatrième maison des filles de la Charité à Alexan- drie est celle des enfants trouvés, ou asile Saint-Joseph. Cet- te œuvre a commencé à la Grande-Maison de la Miséricor- de. Depuis quelques années, avec l'accroissement de la po- pulation, s'est augmenté aussi le nombre des enfants aban- donnés. Là sont nourris, croissent et s'ébattent joyeusement 140 enfants, filles et garçons, les uns allaités par des nourri- ces que paye l'établissement, les autres un peu plus grands recevant les soins et la nourriture de la main des Sœurs. Quand les petits garçons atteignent l'âge de sept ans, ils sont transférés dans l'orphelinat de leur sexe dout j'ai parlé plus haut. En quittant l'hôpital, nous prenons le chemin de fer de Rosette et nous allons à Ramleh, petite ville de bains de mer, à trois lieues d'Alexandrie, que l'on a créée depuis quelques années seulement sur un terrain sablonneux, d'où le nom de Ramleh qui veut dire sable, donné à cette localité qui autrefois s'appelait Nicopolis. En nous y rendant nous traversons, en sortant d'Alexandrie, les retranchements dits les lignes françaises ou travaux de fortification exécutés en 1799, P^^ ^^^ Français, pour protéger la ville contre les An- glais. Puis nous laissons à gauche le palais de Mustapha Pa cha qui, quoique de date récente, est en partie ruiné ; au le- vant de ce palais on voit les ruines d'un camp romain. C'est sur les hauteurs voisines que se donna la bataille sanglante du 13 mars 1801, entre l'armée française et l'armée anglo- turque. On sait également que c'est sur cette côte qu'Octa- 122 LE NATURALISTE CANADIEN ve-Auguste défit les partisans d'Antoine ; de là le nom de Nicopolis ou de cité de la victoire donné à la ville qu'il fonda en ce lieu. Ramleh est une charmante bourgade ou plutôt une série de villages parsemés de villas qui, comme à Alexandrie, sont entourées de jardins délicieux plantés de palmiers, d'orangers, de citronniers, etc. Nous entrons dans l'église catholique, qui fut pillée par les Arabes ainsi que le presbytère en 1882, et rétablie l'année suivante ; sans être élégante elle est propre et bien tenue. t'.' De Ramleh, nous apercevons la pointe d'Aboukir qui ferme à l'ouest la rade du même nom ; sur la presqu'ile d'A- boukir se voient les ruines de Canope. Cette bourgade est deux fois célèbre pour nous. Le ler août 1798, Nelson dé- truisit dans la rade d'Aboukir la flotte française de l'amiral Brueys, qui n'avait pas eu la prudence de chercher à temps un abri dans le port d'Alexandrie. Le 25 juillet 1793, Bona- parte détruisit, à son tour, une armée turque que l'escadre anglo-ottomanne venait de débarquer dans l'isthme. Le lac d'Aboukir est aujourd'hui desséché. Aboukir est est un petit port situé à dix-huit kilomètres d'Alexandrie. C'est là que fut martyrisé saint Cyr, médecin distingué. Abou- kir s'appela désormais Abbou-Kuros, du nom du père Cyr, le jour où le pieux médecin y fut mis à mort. Puis nous descendons sur le rivage où je détachai quel- ques échantillons des rochers qui le bordent. La veille de notre débarquement à Alexandrie, pour pouvoir me rendre compte à mon arrivée de h position de la ville et de la nature du sol sur lequel elle est construite, j'avais relu des notes prises dans le premier volume des le- çons de géologie de M. Elie de Beaumont, et j'ai pu sur tes points que j'ai parcourus en constater l'exactitude. En voici quelques fragments. " Entre les lacs Maréotis et Madieh d'une part, et la " mer de l'autre, court du sud-ouest au nord-est une chaîne " continue de rochers calcaires, espèce de digue naturelle LA DÉCAPITATION CHEZ LES INSECTES 123 qui est le prolongement de la côte d'Afrique et qu'il ne faut pas confondre avec le sol d'alluvion qui forme les au- tres parties saillantes du rivage. Elle[s'étend sur deux myria- mètres au nord-est d'Alexandrie, jusqu'au port d'Abou- kir, devant lequel est l'îlot qui termine cette chaîne. Vers l'extrémité de cette presqu'île florissait la ville de Canope, bien des siècles avant le temps d'Alexandrie et même avant celui d'Homère... Cette bande de rochers calcaires est presque constamment battue par les vents régnants du nor4 et de l'ouest. L'action des vagues contre cette côte en occasionne la destruction. On trouve, en la parcourant au sud-ouest d'Alexandrie, les vestiges d'anciens ouvra- ges creusés dans le roc, parmi lesquels on distingue celui que les voyageurs ont désigné sous le nom de Bains-de- Cléopâtre, et les catacombes pratiquées sous l'ancien quartier d'Alexandrie, appelé Nécropolis. (A sîiivrc.) E. Gasnault. LA DÉCAPITATION CHEZ LES INSECTES Les cœurs sensibles s'émeuvent, au récit de l'exécution des suppliciés, lorsqu'ils entendent raconter que certaines agitations des membres ou de la tête se sont produites après la décollation ou le foudroîment électrique. L'émotion du public aurait pourtant une bien autre intensité si la guilloti- ne, en particulier, servait à appliquer la peine de mort chez les insectes, — comme il paraît qu'à certaines époques de l'histoire il y eut des condamnations à mort prononcées et exécutées contre des animaux domestiques reconnus coupa- bles de graves offenses. Car si la vie s'éteint très vite, et parfois instantanément, chez les hommes pendus ou électrocu- tés, et surtout chez les décapités qui perdent tout de suite 124 LE NATURALISTE CANADIEN connaissance, elle persiste au contraire plus ou moins long- temps chez les insectes même gravement mutilés. Nous en avons eu un exemple ces jours derniers. Aper- cevant sur notre table de travail un superbe spécimen du Thalessa Norto?ii^ Cress., grand hyménoptère dont la tarière seule a près de trois pouces de longueur, et qui était venu là nous ne savons par quelle aventure, nous le prîmes par le milieu du thorax avec des pinces. Mais il arriva que l'insec- ■te saisit, avec ses mandibules et ses pattes antérieures, cer- tain objet qui se trouvait à sa portée, et s'y accrocha avec tant de force, que son thorax se fendit obliquement et nous ne retirâmes qu'une partie de son corps : la tête et la moitié du thorax, avec les deux pattes antérieures, restèrent fixées ;sur l'objet. Eh bien, cet hyménoptère mutilé, comprenant l'autre moitié du thorax et l'abdomen, a continué de vivre durant trois jours entiers ! Comment expliquer qu'un homme ou un animal verté- bré meure aussitôt qu'il est privé de sa tête, tandis qu'un in- secte décapité continue à vivre aussi longtemps ? Cela tient uniquement aux différences d'organisation très profondes qui existent entre les vertébrés et les invertébrés. Chez le vertébré, le cerveau est comme le centre de la vie ; c'est à coup sûr le centre de l'action nerveuse qui pré- side à toute la vie sensitive. Or l'activité du cerveau dépend, à chaque instant, de la nutrition qui est si bien sa condition essentielle que, dès l'arrêt de la circulation du sang — qui lui fournit les éléments nutritifs, — elle cesse aussitôt. Quant au corps du décapité, le système nerveux, — séparé de son cen- tre, le cerveau, — cesse aussi de fonctionner, par conséquent de produire les mouvements du cœur ; et par là-même s'ar- rête la circulation du sang, lequel d'ailleurs s'échappe par les vaisseaux qu'a ouverts l'instrument tranchant. Les choses se passent tout autrement chez l'insecte dé- capité. D'abord, malgré l'ablation de la tête, la respiration dans le corps de l'insecte continue de s'opérer comme au- NOTRE FLORE SEPTENTRIONALE 12 5: paravant, c'est-à-dire par les stigmates, petites ouvertures qui existent pour cet objet le long de ses flancs. La circulation du sang, qui est peu active, se continue aussi, actionnée qu'elle est par un vaisseau dorsal qui est son organe de pro- pulsion. Et celui-ci poursuit son action, du moins durant un certain temps, sous l'influence du système nerveux, dont au moins une partie considérable reste intacte et conserve son activité propre. Car il n'y a pas de cerveau, ou centre ner- veux unique, chez l'insecte. Ou plutôt, peut-être pourrait-on dire qu'il y a autant de cerveaux que de ganglions nerveux distribués dans tout le corps et qui sont, comme dit très bien Provancher, "autant de centres indépendants, d'où s'échap- pent les nerfs propres aux organes qui les avoisinent." Et voilà pourquoi le corps de cette femelle de Thalcssa Nortoui, Cress., a pu vivre trois jours après la terrible muti- lation qu'elle avait subie. Quant à dire pourquoi sa vie n'a pas persisté plus longuement, et même durant la durée norma- le, c'est autre chose. Il aurait fallu soumettre ce cas à un jury d'experts en médecine cntomologique, lequel aurait indiqué, comme causes prochaines de la mort, le choc nerveux produit par la mutilation elle-même, la fièvre résul- tant de l'horrible blessure, les troubles organiques ayant ori- gine de l'exposition à l'air des organes intérieurs, et d'autres motifs non moins scientifiques et vraisemblables, où il n'y a que l'embarras du choix. Noîrç îlore septenfrionalç — Le Saguenay, comme on le sait, n'est guère propice à la culture des pommiers, pruniers, cerisiers, etc. Aussi nous croyons devoir signaler, presque a l'égal d'un événe- ment, que le 31 juillet nous avons vu des guignes ou cerises dQ Y rdiace {Ccrasus avinvi,!). C.) qui avaient parfaitement 126 LE NATURALISTE CANADIEN mûri sur les terrains du séminaire de Chicoutimî, dans un endroit d'ailleurs particulièrement favorable. C'est peut-être la première fois que l'on récolte de ces fruits dans notre ré- gion. — Nous avons été bien surpris, le 8 août, de rencontrer un très beau spécimen de Marronnier d'Inde {^^sci/hes liippo- castamnn, L.), dans le jardin du presbytère de Saint-Irénée (Charlevoix.) Etant donné que cet arbre ne croît pas sans difficulté même à Québec, nous ne nous attendions pas à le rencontrer dans un endroit situé encore plus vers le nord. Et, qui plus est, cet arbre était chargé de fruits. — Il y a donc, en Canada, plus d'endroits que nous ne pensions où il peut être question de... tirer^ les marrons du feu, aux dépens du prochain ou non. Les Longicornes à Montréal On nous écrivait de Montréal, il y a quelque temps : " Notre île est très riche en espèces (de coléoptères), même rares. Dans ma dernière chasse, par exemple, j'ai capturé : 12 Toxotus villigcr ; 2 T. cliauviii ; 12 Gaurotes cyanipennis ; 40 Leptura pjibera ; 7 Oherca 3 - punctata ; 2 Leptiira zcbra ; 2 Sapcrda vestita ; 2 5. lateralis, etc., pour ne parler que des Longicornes. C'est magnifique, n'est-ce pas ?" Nous plaignons sincèrement ceu.x de nos lecteurs qui, à la vue de cette seule enumeration, ne se sentiront pas en- vahis par l'enthousiasmeientomoligique le plus intense. Car ce n'est pas partout que l'on peut faire des chasses aussi fruc- tueuses. PUBLICATIONS REÇUES — Rapport anmiel, poiir 18 ç^, de la Counnission géologi- que du Canada, avec cartes. Une grande partie de ce volume est consacrée au rap- port de M. A.-P. Low sur les explorations qu'il a faites, de PUBLICATIONS REÇUES 12/ 1892 à 1895, de la péninsule du Labrador. Une superbe car- te du Labrador, en quatre feuilles, accompagne ce rapport, que terminent des listes des mammifères, oiseaux, poissons, in- sectes et plantes rencontrés dans cette région. Cette étude du Labrador, dont une grande partie appartient à notre Pro- vince, et qui a tout l'attrait d'une terre encore inconnue, est d'une importance considérable ; et nous aurons probablement l'occasion d'en dire quelque chose à nos lecteurs. — Annuaire de P université Laval, 1898-99. La partie la plus intéressante du volume est le compte rendu de la séan- ce de clôture d'^ la dernière année scolaire, laquelle fut aca- démique dans le sens complet du mot. Un appendice de 50 pages, consacré au séminaire de Québec, termine l'Annuaire de l'L^niversité. — Catalogue of St. Viateur s College (Bourbonnais, 111.), 1898-99. Publication qui donne une excellente idée du col- lège de Bourbonnais. Très belle typographie, nombreuses gravures supérieurement exécutées. — Dr E. Gélineau, Traitement des névroses et en particu- lier de répilepsie. Sceaux (Seine). On annonce la publication prochaine du premier volu- me (Légende hagiographique) de l'ouvrage Les trois légen- des de madame Saincte Anne, par le P. P.-V. Charland. Le prix de la souscription est de $1.50 pour ce premier volu- me, plus 25 cts pour les frais d'envoi. S'adresser au R. P. P.-V. Charland, chez les Dominicains, Lewiston, Me. — Nos félicitations à la Vérité, qui vient de commen- cer sa dix-huitième année. — Le Journal d' Agriculture et d'Horticulture, en entrant dans sa deuxième année, nouvelle série, a été l'objet d'heu- reuses améliorations : format agrandi, caractères plus favora- bles à tous les yeux. Nous nous réjouissons de ces change- ments, qui lui permettront d'exercer encore plus d'utile in- fluence dans la classe agricole. 128 LE NATURALISTE CANADIEN " LABRADOR ET ANTIGOSTI ' PAR L'ABBE HUARD Volume de XV-505 pages in-80, format et caractères d\\ A'a^ura/is/e. Impres- sion de luxe. Illustré de 45 portraits et autres gravures, et d'une carte du golfe Saint-Laurent dressée expressément pour cet ouvrage. [Journal de voyage — Historique et état présent de tous les postes de la Côte Nord, depuis Betsiamis jusqu'au Blanc-Sablon, et de l'Anticosti — Mœurs et usa- ger des Montagnais — Pécheurs canadiens et acadiens — Cométiques et chiens du Labrador — Détails complets sur la chasse au loup marin, et la grande pêche au saumon, au hareng, à la morue — La vérité sur l'Anticosti ; renseignements iné- dits ; l'entreprise Menier.] Prix: $1.50. Par la poste : $1.60 pour le Canada ; $1.70 pour les États-Unis et l'Union ]iostale. En vente au bureau du N'aturaliste, et chez les libraires de Québec' et de Montréal. — A Paris, an prix de \o fnvus, chez A. Roger et F. Chernoviz, Édi- teurs, 7, rue des Grands- Augustins. 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TATLEY, Agent général, Montréal JOS.-EP SAVARD Agent pour Chicoutimi et Lac St-Tean. ... - PHICOUTIMI Vol. XXV (V de la nouvelle série) No 9 SEPÎEMSF.E 1838 1 — 'L-'vj N'DE recherches, OLbERVATlONS ET DÉCOU 'hrstoire naturelle DU CAXnAjA Fondé par l'Abbé PROVANCHER CHICOUTIIvil PROVINCE DE QUÉBEC Cx\NADA . Imprimerie de la DEFENSE, Chicoutimi. SOMMAIRE DE CE NUMÉRO La question de l'anguille 129 L'abbé Provancher ('^/«/^^ 133 Quelques aperçus sur la géologie du Saguenay 137 Des fleurs pour l'hiver 140 Journaux et revues 141 Publications reçues 142 Le Naturaliste canadien paraît au commencement de chaque mois.par livraison de 16 ou 20 pages in-80. Le prix de l'abonnement pour le Canada et les États- Unis est d'UNE PIASTRE par année. — Pour la France et les autres pays de l'Union postale, SIX FRANCS. Les reçus d'abonnement seront renfermés dans la li- vraison suivant la date où l'on aura payé. On ne peut s'abonner pour moins d'un an. Les person- nes qui souscrivent au journal durant l'année reçoivent les numéros parus depuis le commencement du volume. La rédaction entend laisser aux correspondants du jour- nal l'entière responsabilité de leurs écrits. Toutes les communications, relatives à la rédaction ou à l'administration du NATURALISTE, doivent être adressées au Directeur-Propriétaire, M. l'abbé V.-A. Huard, Séminaire de Chicoutimi, P. Q. AGENCE DU "NATURALISTE" Paris. — MM. A. Rog«r & F. Chernoviz, Editeurs, 7, rue des Grands- Augustins. Le Messager de Saint-Antoine, buuetin mensuel de la dé- votion à S. Antoine, 25cts par année. Adresser : LE MESSAGER DE SAINT-ANTOINE, Chicoutimi, P. Q. St. Anthony's Canadian Messenger, monthly re- view. 50 cts per year. Address : Eer. E. De LiJUBBE, Chicoutiini, IP. Q. IrE VOL XXV (VOI" ^ DE LA DEUXIÈME SÉRIE) fJO 9 Gl^icoUtin^i, S^Pten^bre 1898 Directeur-Propriétaire: Tabbe V.-A. Huard LA QUESTION DE L'ANGUILLE En parlant de l'anguille, dans notre dernière livraison, il nous était venu à la pensée de profiter de l'occasion pour disposer d'une interrogation qu'on nous a adressée il y a quel- que temps. Le manque d'espace nous a forcé pourtant de re- mettre au présent numéro ce que nous avons à dire de cette affaire. — Cette demande de renseigne- ment concernait le mode de reproduction de l'an- guille. Et c'est là ce qu'on entendait, dans ces dernières années, par la qiicstioii de raiigiiUk^ laquelle, pour avoir moins passionné les gens que la question des Ecoles du Ma- nitoba ou celle de la prononciation du latin, n'en était pas moins très intéressante. On disait donc que jamais l'on n'avait trouvé d'anguille portant des œufs, comme cela arrive si fréquemment pour bien d'autres poissons. D'où la question : Comment se repro- duit l'anguille ? Nous avons suivi attentivement, depuis trois ou quatre ans, ce qui s'est écrit sur ce sujet, dont la solution nous sem- ble aujourd'hui assez complètement obtenue. II — Septembre 1898. 130 LE NATURALISTE CANADIEN Voici les indications que nous avons recueillies dans nos lectures, depuis 1894, sur la question dont il s'agit. Le 1er juillet 1894, le Naturaliste (de Paris) publiait un article de M. Acloque sur l'anguille (avec lequel l'article pu- blié parle même auteur dans le Cosmos du 1 8 juil'et a beaucoup de traits de ressemblance, chose du reste qui ne doit effa- roucher personne : car il faut au moins admettre qu'un écri- vain a droit de se plagier lui-même). " L'anguille, disait alors M. Acloque, ne se reproduit pas dans sa forme... (L'anguil- le est) une condition transitoire, et sa forme correspond à la période larvaire d'une évolution dont on ne connaît ni le point ce départ ni le terme ; elle est à ce terme, sur lequel l'incertitude plane encore, ce que la chenille est au papillon. Que devient-elle, après avoir quitté la rivière ou l'étang et s'être perdue dans la mer? Se change-t-elle, ainsi qu'on l'a supposé, en congre (i)? La question est encore à résoudre." Le 16 mai 1895, nous lisions dans le défunt Coîwrier de Oiarlevoix un article — dont la provenance n'était pas indi- quée— consacré à l'anguille. " On vient, y était-il dit, de signaler à la Société d'Acclimatation de France un fait inté- ressant : c'est celui de la capture en pleine mer d'une anguil- le femelle, portant des œufs à maturité. Ainsi se trouve cor- roborée la découverte analogue faite en 1892 par un navire anglais, à 15 milles au large d'Eddystone... L'anguille fraie donc comme le plus ordinaire des poissons, mais dans la mer seulement et à une profondeur qui la met le plus souvent à l'abri des filets." Une ann.j2 plus tard, la question fit un nouveau pas. En effet, le 18 juillet 1896, s'appuyant sur la Revue seientiji- que, le Cosmos émettait l'avis que l'anguille ne se reprodui- sait pas exclusivement à la mer. Des anguilles, poursuit-il, introduites dans un lac des Alpes, ont prospéré, car bien qu'on ait cessé d'en ajouter depuis 1887, on trouve mainte- (i) Grand poisson de mer, de la famille des Murénides, qui est aussi celle de l'anguille. KÉn. LA QUESTION DE L'ANGUILLE 131 nant dans ce lac de jeunes anguilles. " Le lac dont il s'agit est à 1000 mètres au-dessus de la mer ; il ne donne naissan- ce à aucun ruisseau par où il communiquerait avec des riviè- res et des fleuves ; il est alimenté presque exclusivement par des sources souterraines. Les probabilités d'une origine exté- rieure sont très faibles, et il semble à peu près certain que les jeunes sont nées sur place." Le Cosmos du 20 mars 1897 publiait un nouvel article de M. Acloque, où ce savant avait la satisfaction de pouvoir donner la confirmation de l'assertion, relative à la métamor- phose de l'anguille, qu'il avait faite trois années auparavant dans le Naturaliste. Voici un extrait de son article, qui con- tient la solution du problème dont les naturalistes se préoc- cupaient depviis l'époque d'Aristote : " D'après les recherches de M. Grassi, qui vient d'en publier un résumé dans les Proceedings of the Royal Society de Londres, l'anguille, qui passe la plus grande partie de son existence dans l'eau douce, ne saurait se reproduire que dans la mer, et seulement à une profondeur considérable, qui ne peut être inférieure à 500 mètres. C'est là qu'elle pond ses oeufs, dont l'éclosion produit, non la forme définitive sous la- quelle nous la connaissons, mais un être transitoire, une con- dition larvaire dont l'adulte sortira plus tard par un mécanis- me analogue à celui qui fait naître la grenouille du têtard. La larve de l'anguille est connue depuis longtemps des na- turalistes, qui, la considérant comme une forme définitive, lui avaient attribué, avec un nom particulier, une valeur spé- cifique indépendante. • " Cette larve est un leptocéphale, genre de poisson qu'on avait cependant établi avec un certain doute, en raison de ses caractères mal définis, incomplets, laissant deviner la possibilité d'une évolution ultérieure, mais dont on n'avait pas soupçonné jusqu'à ce jour les véritables relations. M. Grassi, mis sur la voie par l'analogie de la structure anatomi- que du leptocéphale et de l'anguille, a voulu chercher une confirmation de son hypothèse dans la réalisation directe et expérimentale des faits qui s'accomplissent librement au sein de la mer, et a réussi à voir la transformation du leptocé- 132 LE NATURALISTE CANADIEN phale — La larve de l'anguille portait dans la nomenclature le nom de Leptoccpliahis brevirostrisy Et si l'on objecte qu'en certain cas on a trouvé de jeu- nes anguilles dans quelque lac apparemment à l'abri de tout peuplement d'une origine extérieure, la Revue scientifique (ci- tée par le Cosmos du 23 octobre 1897) répond ceci : " Il est à noter que des observateurs superficiels déclarent bien que l'anguille se reproduit dans l'eau douce, mais qu'ils n'ont ja- mais apporté, à l'appui de leur dire, de femelles œuvées, et ils n'ont jamais même fourni de jeunes." Dans son compte rendu de la séance du 16 mai 189S de l'Académie des Sciences, le Cosmos du 28 mai rapporte que l'anguille commune a été retirée de l'estomac d'un ca- chalot, péché par le prince Albert de Monaco, qui, comme ©n le sait, dirige de grandes explorations sous-marines dans l'Atlantique. Puis le confrère ajoute : " Cette capture, dans de telles circonstances, non seule- ment confirme le fait incontesté que l'anguille descend à la mer, mais encore montre que, dans certains cas, elle s'y avance assez loin pour devenir la proie d'animaux qui ne vivent qu'au large, comme les grands cétacés... En raison de l'obscurité qui entoure encore le mode de reproduction de cette espèce, le fait mérite de fixer l'attention, car on n'en a pas cité, je crois, d'analogue, la présence des anguilles dans leur migration annuelle n'ayant été constatée jusqu'ici, en eau salée, qu'à l'embouchure des cours d'eau et dans les ré- gions absolument littorales, jamais en pleine mer." — Quand le confrère parle de " l'obscurité qui entoure encore le mode de reproduction " dé* l'anguille, il oublie évidemment les études et les expériences de M. Grassi, dont il a rendu comp- te dans sa livraison du 20 mars 1897. D'autant plus que dans l'article de M. Acloque, publié par le Cosmos du 16 juillet, nous trouvons la phrase suivante, très affirmative, à propos de la montée des anguilles, qui se fait au printemps, dans les fleuves et les rivières : " A cette époque, d'innombrables individus, ayant dépouillé la forme larvaire qu'ils présentent au sortir de l'œuf et quitté les profondeurs où s'est opéré leur premier développement, pénètrent dans les fleuves," etc. l'abbé provancher 133 Si nos lecteurs nous ont suivi jusqu'ici, ils- savent main- tenant tout ce que nous savons nous-même sur le mode de multiplication de l'anguille. Et l'on ne s'étonnera plus du fait que l'on ne trouve jamais d'oeufs dans les anguilles, com- me cela se rencontre dans les harengs, les truites, etc. L'ABBE PROVANCHER (Continué de la page 118) La lettre suivante, écrite au sujet de cette affaire par M. Gérin-Lajoie, deux jours avant la chute du ministère Cartier- McDonald, est intéressante à bien des titres : Québec, 19 mai 1862. Mon cher Monsieur, Le comité de la Bibliothèque s'est assemblé aujourd'hui et a pris votre requête en considération ; mais ils n'ont pu s'entendre, et la discussion a été remise à la prochaine séan- ce, qui n'aura probablement pas lieu avant la semaine pro- chaine. On semble trouver la somme demandée trop élevée ; c'est la principale objection qu'on fait à la requête. Une au- tre objection que font les membres anglais, c'est que n'étant pas eux-mêmes des hommes de science, on devrait leur don- ner l'opinion de quelques hommes compétents sur le mérite de l'ouvrage. Cette objection est assez embarrassante, car les botanistes sont rares parmi nous. Je me suis consulté avec M. Ferlandet il ne sait trop lui-même ce que je dois faire. M. Turcotte vous est bien favorable et il se promet àç. faire le diable à la prochaine séance du Comité ; mais je crains beaucoup que la majorité des membres ne partage pas son sentiment. On prendra, je suppose, un certain nombre d^exemplaires, mais pas autant que vous le désireriez. Pour- tant, il pourrait se faire qu'il }' aurait un revirement ; le Col. Taché n'était pas en ville aujourd'hui et n'a pu par consé- quent assister à la séance ; s'il se joignait à M. Turcotte, vous pourriez encore espérer réussir. 134 LE NATURALISTE CANADIEN Aussitôt, que le Comité aura décidé quelque chose, je vous en informerai. Tout à vous A. G.-Lajoie. P. S. Je fais bien ce que je peux ; j'ai traduit votre re- quête en anglais pour qu'elle fût comprise des membres an- glais. Mais il existe malheureusement parmi nos hommes politiques une indifférence vraiment décourageante pour tout ce qui concerne l'histoire naturelle du pays. Si vous aviez le temps, je vous conseillerais d'écrire une lettre privée à l'honorable Sir N.-F. Belleau, qui a été nom- mé président du Comité ; quand même elle serait toute cour- te, cela pourrait avoir un bon effet. — J'aurais aimé à le voir moi-même à votre sujet ; mais les ministres sont sur un vol- can dans, ce moment-ci. Ils s'attendent à être icnversés ce soir ou demain, et personne ne peut les aborder. A. G.-L. Par ces lignes de l'auteur d'f')/ Canadien errant^ on voit quels peuvent êt'e les dessov.s d'une affaire aussi minime que l'octroi de quelques centaines de piastres en faveur de la publi- cation d'un ouvrage scientifique. Que doit-il donc se passer, quand il s'agit d'obtenir le vote de plus ou moins de millions pour quelque entreprise du plus grand intérêt public ! Sans doute le récit complet des démarches, des promesses, des menaces et même des intrigues mises en jeu dans une telle circonstance, ne nécessiterait pas un moindre talent que ne ferait la narration de la guerre de Cent Ans. Donc, le 19 mai 1862, le ministère Cartier-McDonald était sur un volcan. Et de fait, deux jours après, ce minis- tère dut se démettre de ses fonctions. — Et le comité de la Bibliothèque qui n'avait pas encore pris de décision concer- nant le secours pécuniaire demandé pour la Flore canadienne ! On comprend bien que ce changement d'administration dut, comme je l'ai dit plus haut, remplir d'inquiétude le botaniste de Saint-Joachim. Et même l'abbé Provancher pensa bien que c'en était fini du secours sur lequel il avait compté pour la publication de son ouvrage. l'abbé provancher 135 Eh bien, ces appréhensions ne se réalisèrent pas, fort heureusement. Au contraire, les chos-^^s n'en prirent qu'une bien meilleure tournure. D'abord, notre auteur apprit de M. Gérin-Lajoie que M. J.-E. Turcotte, député des Trois-Rivières et président de l'Assemblée législative, avait signé, au moment — je suppo- se— de la chute du ministère, un chèque de trois cents pias- tres en faveur de la Flore du Canada. C'était seulement la moitié de la somme qui avait été votée le 8 avril 1859 et que M. Provancher avait de nouveau demandée. Mais il est sans doute fort agréable d'être à demi exaucé, quand on a sujet de craindre de ne pas l'être du tout. Il y a sans doute des gens qui, après un demi-succès si inattendu, n'aurait plus osé remuer un doigt, et se seraient montrés satisfaits d'avoir pu vendre 150 exemplaires d'un ouvrage encore sous presse, au prix de deux piastres l'un, payables sur livraison. L'abbé Provancher fit autrement, et il fit bien. Par exemple, je croirais voloiitiers que, s'il usa de nouveau du droit, que possède tout sujet britannique, de pé- tition au Parlement, ce dut être à l'instigation de certains membres du monde parlementaire, bien au fait du parti que l'on peut tirer des circonstances, émus d'ailleurs des doléan- ces que notre auteur leur avait probablement exprimées sur la perte de $300 qui avait signalé, pour lui, l'arrivée au pou- voir du ministère McDonald-Sicotte. Toujours est-il que, dans les premiers mois de l'année 1863, le comité de la Bibliothèque eut encore à s'occuper de la Flore canadicn)u\ et l'on va voir avec quel résultat à la lecture de la lettre que voici, encore de Gérin-Lajoie, le bi- bliothécaire de la Législature. Québec, 5 mars 1863. Cher Monsieur, Le comité de la Bibliothèque s'est réuni aujourd'hui pour prendre votre requête en considération. Après une 136 LE NATURALISTE CANADIEN assez longue discussion, il a décidé de vous offrir une aide de cinq cents piastres, en n'exigeant que trente exemplaires de votre ouvrage. Ces trente exemplaires seront envoyés par nous aux législatures des différents Etats de l'Union, ce qui servira à faire connaître votre travail. On s'est accordé à fai- re les plus grands éloges de votre livre ; et la raison qu'on a donnée pour ne pas accorder plus, c'est que l'état des finan- ces ne le permettait pas. Aussitôt que le rapport du Comité aura reçu la sanction de la Chambre, vous recevrez une communication officielle à cet effet. Tout à vous A. G.-Lajoie. C'est ainsi que le remplacement du ministère Cartier- TMcDonald par le ministère McDonald-Sicotte, du gouverne- ment conservateur par le gouvernement libéral, servit fort bien les intérêts de la science en notre pays, et surtout ceux de l'abbé Provancher. Sans les événements politiques qui étaient surv^ius, notre auteur aurait dû probablement se contenter d'une subvention de $600, au plus, pour la publi- cation de sa Flore. N'ayant reçu que la moitié de cette somme sur laquelle il avait eu sujet de compter, il osa de- mander au nouveau gouvernement le vote du plein montant de la subvention que le ministère conservateur lui avait d'a- bord accordée. Il croyait sans doute que le meilleur moyen d'obtenir trois cents piastres, c'était d'en demander six cents ! Et sa stupéfaction dut être grande, quand il vit qu'on avait consenti à lui en accorder jusqu'à cinq cents, et d'une façon beaucoup moins onéreuse, puisqu'il n'avait à donner en échange que trente exemplaires de son livre. En définitive, il avait remis au gouvernement 180 exemplaires, en tout, •de la Flore canadienne^ et il en reçut $800. Cela représentait à peu près les dépenses d'impression de l'ouvrage, et l'on doit reconnaître que le gouvernement du Canada a favorisé d'une aide raisonnable la publication du premier ouvrage consacré aux plantes canadiennes. {A suivre.) V.-A. H. QUELQUES APERÇUS SUR LA GÉOLOGIE DU SAGUENAY I37 Quelques aperçus sur la géologie du Saguenay (Continué de la page 109) Vous voyez que nous n'y allons pas par quatre che- mins : n'en connaissant qu'un, à peine frayé, nous n'avons pas eu l'embarras du choix. De plus, il nous a été impossible — et pour cause — de suivre les sentiers battus par des géologues qui, souventes fois, se tiennent bras dessous ou se suivent de l'œil, pour ne pas se fausser route et pouvoir arriver ainsi, avec plus d'au- torité et d'aplomb, à la même conclusion ou à peu près. Si les choses se sont passées comme nous venons de le démontrer, — Quel est celui qui peut nous prouver le con- traire ? — nous ne pouvons donc ne pas supposer qu'il ne se trouve de la houille dans le bassin du lac Saint-Jean. Disons donc que, la houille s'étant formée des résidus ac- cumulés des plantes, et ces plantes ayant pris racine à la surface de la terre, ce furent naturellement les premières ter- res séparées des eaux qui eurent la faveur de jouir de ces prémices. Celles qui formèrent les Laurentides sont, nous disent les savants, les plus anciennes du globe. Conséquemment elles ont dû être aussi les premières à se montrer actives, à laisser croître avec profusion les plantes que le Créateur se- mait à dessein, sur ce sol préparé de longue main. Les voilà donc, ces belles grandes masses laurentiennes, toutes nues et toutes ruisselantes, qui se couvrent pour la première fois d'un épais et soyeux gazon, lequel bientôt de- vra prendre les vastes proportions de nos plus sombres et de nos plus luxuriantes forêts. Une fois le travail de reproduction commencé, il se continuera indéfiniment, tant que les principes vitaux qui lui donnent l'élan pourront se maintenir dans les mêmes condi- tions favorables. 138 LE NATURALISTE CANADIEN Il n'est pas douteux que ce règne fut long. N'importe, il eut toujours bien le temps de recouvrir d'un lourd man- teau végétal toute l'étendue de la croûte laurentienne. Oui ! toutes les Laurentides. Pourquoi pas ? N'étaient-elles pas le champ le plus propice pour expérimenter la première se- mence que Dieu destinait à la terre ? Elles n'ont donc pas été mises de côté ! Cet Esprit infiniment parfait n'a pas de caprices: quand même son génie ^créateur Le pressait d'ac- complir ses œuvres pour en admirer au plus tôt les belles perfections — que ce fût sur les Laurentides ou sur d'autres formations, Il ne s'inquiétait pas sur quel continent — : Il de- vait expérimenter ! Pour Lui, le premier pied-à-terre venu rencontrait ses vues. Il sema donc, à plein ciel, dans cet immense parterre qui couronnait notre hémisphère, toutes les graines qu'il crut bonnes, et qui remplirent à merveille l'objet qu'il désirait. Cela n'empêche pas que toutes les autres terres qui exis- taient à cette époque primitive aient été toutes également productives ; la végétation s'y épanouissait d'un pôle à l'au- tre, sous la même haute température, et cela aussi longtemps- que l'immense couche chaude y activa, sans obstacle, le dé- veloppement tt la maturation des plantes. Mais quand celle-là se refroidit, ce fut la fin pour cel- les-ci. Ce refroidissement amenant la contraction du sous-sol, celui-ci se souleva ou s'enfonça, se fendit et s'entr'ouviit, se plia et se replia, s'ouvrit ou se resserra, s'engloutit ou se re- troussa, etc., etc. Ce va-et-vient ne se fit pas sans que les eaux de la mer, qui étaient encore dans le voisinage, n'en fussent troublées. De fait, ces soulèvements renvoyaient, et les enfoncements ramenaient ces éléments, qui se jouaient sur la croûte de la terre, comme sous l'effort d'une machine à laver, dépouillant le sol de la végétation abondante qui le recouvrait, pour la renverser dans les dépressions qui se for- maient à côté ; lavant bien nettes toutes les bosses qui se QUELQUES APERÇUS SUR LA GÉOLOGIE DU SAGUENAV 139 profilaient à la surface, et enfouissant tous les détritus dans ces trous profonds, comme de vastes silos, où ils se pressè- rent, s'échauffèrent et se transformèrent — disons-le — en char- bon de terre. Il a dû se conserver sûrement jusqu'à ce jour, ce charbon ! Car tout resta figé solidement depuis cette épo- que, et le silo bien fermé. S'il y eut soulèvement ou enfoncement dans la suite, du moins l'ensemble du système laurentien n'a pas changé de physionomie, si ce n'est par accident, lors du cataclysme. Une entaille à la terre ruina le grand lac Silurien, et la ci- catrice, encore bien visible, lui burina, en V accentuant grave- ment, un grain de beauté qui est à voir. Nous défions, par exemple, qui que ce soit, de nous contredire sur ce dernier point. * -K- * Si les Laurentides eussent été formées après la longue saison des plantes, il faudrait bien dire en chœur, avec nos contradicteurs, que la houille n'existe pas sur cette forma- tion-là. Dessous ? Peut-être. Dans ce cas-ci, elle est trop loin pour que nous puissions jamais l'atteindre. Mais, comme il n'y a pas de doute que le contraire a eu lieu, on peut, sans témérité, entretenir l'espoir d'y arriver. Il ne faut pas, bien entendu, se croiser les bras et at- tendre qu'un nouveau cataclysme vienne, un jour, retourner le sous-sol jusqu'au fond de son assiette, pour nous y dé- montrer à découvert les secrets de l'âge carbonifère. Ce serait trop présumer de nous-même si nous comp- tions un tel événement comme gage de notre ardent désir de contempler ces trésors, quand nous n'avons pas même frap- pé coup ; quand nous n'avons pas pensé, non plus, à ces en- courageantes paroles, qui s'adressent, dans une autre sphère, aux gens inquiets comme à tout le monde : Cherchez, vous trouverez. Frappez, on vous ouvrira. * * * Il y a plus de vingt-cinq ans, on trouva sur les bords du I40 LE NATURALISTE CANADIEN lac à la Croix, dans le milieu du canton Caron, de vrais fragments de charbon de terre. C'est en creusant une cave pDur y mettre des légumes, qu'un nommé Laprise fit cette découverte : trouvaille qui excita fort la curiosité des jeunes colons d'Hébertville dans le temps, et attira beaucoup l'at- tention des vieux. (A suivre.) P. H. DUMAIS. Dçs îletirs poiir Thiuçr La belle saison d'été s'en va bien vite. La verdure déjà s'est as- sombrie, en attendant que les sucs nourriciers lui manquent peu à peu, et que les feuilles desséchées et jaunies viennent joncher le sol de leurs débris attristants. Cela, c'est ce qui arrivera dans quelques semaines à peine. L'amateur voit venir les jours où le jardin ne lui offrira plus de charmes. Plus de ces longues visites aux plates bandes où s'épanouis- saient les Rosiers, les Dahlias, les Œillets, les Asters,etc., que la gelée précoce aura tués sans retour. Heureusement, il n'est pas question d'attendre huit longs mois pour revoir des fleurs. En effet, peu de familles s'enferment pour l'hi- ver sans offrir dans la maison, à plus ou moins de représentants du rè- gne végétal, une hospitalité très attentive et qu'elles jugent bien pa- yée par les jouissances que leur procurent des hôtes aussi charmants. Et voici qu'est arrivée l'époque où l'on fait choLx des pensionnaires fort accommodants que l'on installera dans les fenêtres ensoleillées, à l'abri du froid, non loin du calorifère bienfaisant. Nous résistons au désir de parler ici des plantes assez générale- ment cultivées, l'hiver, dans les appartements. Il y en a partout, de ces plantes : géranium, fuchsia, rosier, coleus, etc. Et rien n'est plus facile que de s'en procurer des boutures que l'on fera reprendre le plus aisément du monde, Mais nous voulons appeler l'attention sur les bulbes à fleurs, que l'on ne connaît pas assez en ce pays, dont la culture est pourtant si fa- cile et dont l'acquisition est loin de coûter cher. Ainsi, l'hiver der- nier, entre autres de ces plantes, nous avions une tulipe vraiment splendide, dont nous ne nous lassions pas d'admirer les riches cou- leurs et dont nous jouirons encore toute notre vie par le souvenir : eh bien, tout ce bonheur nous a coûté cinq sous ! Pour les " commençants," nous conseillons les jacinthes, les narcisses, les crocus, les Allium neapolitanum, dont le succès est cer- tain même avec les gens les moins entendus. Qu'on attende d'avoir acquis un peu d'expérience avant de se lancer dans la culture des tu- lipes, muguets, freesias, anémones, lys, etc., qui exigent des soins plus délicats. JOURNAUX ET REVUES I4I Rappelons en deux mots un grand principe, le seul principe es- sentiel, dont il ne faut pas s'écarter dans la culture de la plupart des bulbes d'hiver. Pour assurer le succès en cette culture, il faut que les racines poussent d' abord, les feuilles et la tige florale ensuite. Tout est là ! Si l'on veut faire pousser tout cela ensemble — et ces plantes ne demanderaient pas mieux — , on compromettra fort la floraison. Pour empêcher la végétation des parties vertes, il faut avoir l'énergie de reléguer dans un enàroxt frais et oâseur les vases où l'on aura planté ces bulbes ; on les y laissera au moins un mois, et même davantage, si c'est possible. Dans ces conditions, les racines seulement se dévelop- pent, et sont en état de suffire à la croissance des feuilles, sans ruiner la vigueur des bulbes, quand ensuite on ,met ces derniers à la chaleur et à la lumière. Où se procurer de ces bulbes à fleurs ? Pour le savoir, demandez les catalogue^illustrés de bulbes à l'une ou à l'autre des maisons sui- vantes : T/ie Steele, Briggs Seed Co., Toronto, Ont. — James Vicks Sons, Rochester, A^. V. — John Lezuis Child s. Floral Park, N. Y. Nous enregistrons avec beaucoup de regret la mort de M. E.-A. Barnard, directeur du Journal iV Agriadture et (l' Horticulture. M. Barnard a été véritablement l'apôtre de tous les pro- grès agricoles qui se sont opérés, depuis vingt-cinq ans, dans la province de Québec. Son Mamicl tV Agriculture , publié en 1895, est une œuvre vraiment remarquable ; il y avait con- signé, pour ainsi dire, tous les résultats de ses études et de sa longue expérience des choses agricoles. La mort de pareils hommes est pour un pays un vérita- ble deuil national. JoUri^aUx et rcVUes — Le Progrès du Sagucna)\ de Chicoutimi, vient d'en- trer dans sa 12e année, et, à cette occasion, nous le prions d'agréer nos félicitations et nos bons souhaits. Tout l'éloge que nous lui voulons adresser, c'est qu'il justifie parfaitement son titre, lequel était tout un programme. Ce programme s'accomplit visiblement de jour en jour, dans notre région du Saguenay, et il n'est que juste de reconnaître le rôle très important que notre confrère a su tenir en ces développe- ments. — La Semaine religieuse de Québec commençait dernière- 142 LE NATURALISTE CANADIEN ment sa lie année, et nous lui adressons avec plaisir nos complirrents de cet heureux anniversaire. Cette revue se distingue par la variété des sujets qu'elle traite, et surtout — comme il convient — par la sagesse de ses appréciations. Nous lui souhaitons longue vie et prospérité suffisante. — \^ç. JouTiial of Applied Microscopy paraît depuis le mois de janvier 1898. Belle revue mensuelle illustrée, qui possè- de une véritable armée de collaborateurs. ($1.00 par année. Adresse : Publication Department, Bausch & Lomb Opti- cal Co., Rochester, N. Y.) — Nous attirons l'attention de nos lecteurs^ur l'annonce du Prœco Latinus que nous publions sur la couverture du journal. Cette revue, qui achève sa quatrième année, travail- le à populariser la langue et la littérature latine. Mais il ne semble pas que le Canada ait beaucoup de part dans le suc- cès qu'a rencontré cette publication. Car, nous écrivait son Directeur le 15 août dernier, "jam vix est in Canada sacer- dos reverendus catholicus cui specimina missa non sint ; hactenus tamen ne unicum quidem nomen nobis datum est, ita ut lingua latina apud vos plane dépérisse videatur. Nul- lusne apud vos latino callet ? Quo devenistis ?" 11 y a pour- tant parmi nous bien des gens qui savent le latin, et qui auraient beaucoup de plaisir à suivre cette fort intéressante revue. Publications reçues — Bulletin of the Geological Institution of the University of Upsala. Vol III, p. 2, No. 6. — Mamicl de prières et de cantiques à C usage de la jeunes- se^ par un prêtre de la congrégation des Frères de Saint-Vin- cent de Paul. Québec, 1897. Se vend 25cts, au Patronage St-V. de P., à Québec. Petit volume cartonné de 300 pages, qui contient une quantité de prières, exercices pieux, direc- tions pratiques, et 119 cantiques. — L Art dédire^ par Adj. Rivard, avocat, professeur agrégé d'élocution à l'université Laval. Québec, 1898. PUBLICATIONS REÇUES 143 On dit que les Canadiens-Français ont peu de rivaux, dans l'univers, pour l'incroyable facilité avec laquelle ils font partout des discours, à temps et à contretemps. Si le propos est vrai, l'ouvrage de notre ami M. Rivard est assuré de beaucoup d'éditions rapidement enlevées, — à moins que nos compatriotes ne jugent qu'ils n'ont aucunement besoin de règles pour guider leur irrépressible faconde. Pourtant, il suf- fit de feuilleter le manuel nouvellement publié pour consta- ter combien l'art de dire est difficile, et combien il y a de gens qui trouveraient profit, surtout pour leurs auditeurs, à étudier ce volume. La publication de cet ouvrage a ceci de particulier, que le nom de l'auteur est tout d'abord une forte recommandation de l'œuvre. On sait en effet que M. Rivard est l'un de nos écrivains les plus délicats, les plus élégants, les plus artistes enfin. Et surtout il est connu, d'un bout à l'autre de la Pro- vince, pour l'un de nos diseurs les plus parfaits, si même il n'est pas le plus parfait de tous. Cela suffit pour que l'on attende beaucoup d'un tel auteur discourant sur son art fa- vori. Or, bien que nous ne soyons guère du métier, il nous paraît que personne ne sera déçu dans son attente. Il aurait été facile à l'auteur de développer beaucoup sa matière, et de céder au charme d'écrire tout ce qu'il sait de son art. Il a préféré ne dire partout que ce qu'il fallait pour instruire ceux qui voudront apprendre de lui la pratique de ['elocution. Cette sobriété voulue, jointe à une langue très claire et d'une parfaite correction, fait du volume dont nous parlons un manuel de grand mérite. C'est une œuvre qui tiendra bon rang dans notre littérature didactique. Ce traité se divise en trois parties principales : Diction, Mimique, et Morceaux choisis. Nous ajouterons que X Art de dire çst d'une lecture très intéressante même pour les gens qui ne font pas profession, à un titre quelconque, de la parole publique. La typographie de cet in douze, qui compte près de 300 pages, est excellente, et recommande beaucoup l'impri- merie H. Chassé, de Québec, qui l'a exécutée. Le livre se \-end, broché, 50cts, et, en jolie reliure toile, 75cts, che-: l'Auteur (7, rue Hamel, Québec) et chez les li- braires. 144 LE NATURALISTE CANADIEN " LABRADOR ET ANTIGOSTI " PAR L'ABBE HUARD Volume de XV-505 pages in-80, format et caractères du A^^/«;77//j'/^. Impres- sion de luxe. Illustré de 45 portraits et autres gravures, et d'une carte du golfe Saint-Laurent dressée expressément pour cet ouvrage. [Journal de voyage — Historique et état présent de tous les postes de la Côte Nord, depuis Betsiamis jusqu'au Blanc-Sablon, et de l'Anticosti — Mœurs et usa- ges des Montagnais — Pécheurs canadiens et acadiens — Cométiques et chiens du Labrador — Détails complets sur la chasse au loup marin, et la grande pêche au saumon, au hareng, à la morue — La vérité sur l'Anticosti ; renseignements iné- dits ; l'entreprise Menier.] Prix: $1.50. Par la poste : $1.60 pour le Canada ; $1.70 pour les États-Unis et l'Union postale. En vente au bureau du Naturaliste, et chez les libraires de Québec et de Montréal. — A Paris, an prix de 10 francs, chez A. Roger et F. Chernoviz, Édi- teurs, 7, rue des Grands-Augustins. 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TATLEY, Agent général, Montréal JOS.-EP SAYARD Agent pour Chicoutimi et Lac St-Jean. - - - - CHICOUTIMI ,jt •' »wvr^r ■»->'■ Tpc OL. XXV (V de la nouvelle séries No 10 OCTOBRE 1898 ;»* BULLETIN DE RECHERCHES, OBSERVATIONS ET DÉCOU- %'! fQ VERTES SE RAPPORTANT A L'histoire î^aturelle DU CANADA Fondé par l'Abbé PROVANCHER 'y' ^,. ^ftolfe f-^lM' "t CHICOUTIMI PROVINCE DE QUÉBEC CANADA ^l|k. . ra Imprimerie de ia DEFENSE^ Chicoutlmi. DE CE Exposition provinciale de Québec 145 Exposition régionale de Cliicoutimi ,. 148 Excursion en Egypte (Suif e) r- 151 Les Bulbes comme fleurs d'hiver eti'^ 1898 Directeur-Propriétaire: Fabbe V.-A. Huard Là station liloiogiqye du pife Mmm\ Nous avons trouve, au sujet de la créalion d'une station biologique en Canada, quelques renseignements dans le Compte rendu officiel des Débats de la Chambre des Communes^ séance du lO juin dernier. Nous citons textuellement cet ex- trait de la discussion et du vote du budget supplémentaire. Pour pourvoir à l'ctablissemcnt d'une station de l^iologie dans le Jgolfe Sa'nt-Laurent $7,000 LE MINISTRE DE LA MARINE ET DES PÊ- CHERIES : C'est l'Association Britannique pour l'avance- ment des sciences qui a d'abord insisté sur la nécessité de cette station. Il y a peu de temps, j'ai reçu, avec le ministre de la Milice et de la Défense (M. Borden), une deputation de toutes les universités du Canada demandant qu'on prît des mesures pour l'établissement de cette station. On exposa la nécessité de cette institution, en faisant remarquer que le Canada était le seul pays ci\ ilisc qui n'en fût pas doté. On a suggéré que ce ne soit pas une institution gouvernementa- le, que nous ne fassions pas la nomination des employés et que nous n'ayons pas à nous occuper du fonctionnement ; mais on nous a dit que si nous voulions voter $5,ooo,ils four- niraient une station de biologie flottante et nommeraient leur 13 — Novembre 1898. l62 LE NATURALISTE CANADIEN propre surveillant. Ils nous ont ditque $2,000 par année suf- firaient au fonctionnement. M. FOSTER : Sous le contrôle d'un comité des uni- \'ersités ? LE MINISTRE DE LA MARINE ET DES PÊ- CHERIES : Oui, avec un représentant du bureau de la Ma- rine. J'ai l'intention de nommer M. le commissaire Prince. M. POSTER : C'est bien. UN INCIDENT Nous ne croyons pas devoir laisser ignorer à nos lec- teurs un incident fort désagréable dans lequel nous nous sommes trouvé engagé bien malgré nous. Nos lecteurs se rappellent-ils ce petit article, intitulé Un spectacle féerique à Québec^ que nous avons publié dans notre livraison du mois d'août ? De façon très légère et pour dé- rider un peu les gens, nous nous étonnions de voir un grave savant, comme M. Acloque, décrire dans le Cosmos le spec- tacle féerique que présente, dans les environs de Québec, la poche de l'anguille aux flambeaux, lorsqu'en réalité il ne se pratique rien de tel à Québec. — Or, quelle n'a pas été notre surprise de lire,dans le Cosmos du 24 septembre, l'article que voici, où nous sommes tout simplement taxé d'injustice ! "A PROPOS DE LA PÊCHE DE L' ANGUILLE "Le numéro d'août du Naturaliste canadien, de Chicou- tinii, m'arrive, et j'y vois, comme article de rédaction, un écrit intitulé : Un spectacle féerique à Québec. L'auteur de cet article semble surpris de ce que rapporte M. A. Aclo- que dans le Cosmos, numéro du 16 juillet, à propos de la pè- che à l'anguille dans les environs de Québec. Je n'ai pas l'avantage de recevoir le Cosmos, et n'ai conséquemment pu lire en entier l'article de votre savant collaborateur. Mais Ja critique que l'on a faite, dans le Naturaliste canadien. UN INCIDENT 163 de l'extrait de cet article de M. Acloque, me semble un peu «évère et un peu injuste. Sans doute, pour nous, Canadiens, habitués à ces scènes d'une pêche au flambeau, nous n'y voyons peut-être pas grand'chose de féerique, quoique, je l'avoue, j'aie passé bien des heures à rêver, sur mon balcon, au scintillement des étoiles, là-haut, et des flambeaux des pêcheurs, là- bas, sur le lac des Deux-Montagnes. "Ce qui a semblé choquer le critique de M. A. Acloque, c'est que celui ci dise que cette pêche se fait dans les envi- rons de Québec. Je comprends que pour M. Acloque, séparé qu'il est de nous de plus de 1800 lieues, 40 ou 60 kilomè- tres(i) soient peu, et que, par le mot environs ^A ait entendu dési- gner la contrée avoisinant Québec. Alors, il a certainement raison. Dans le bassin de Gaspé, la pêche aux flambeaux se fait, comme dit notre critique (2), sur une assez grande échel- le ; aussi dans les environs (3) de Montréal, sur le lac des Deux-Montagnes, sur le lac Saint-Pierre, etc., etc. "Cette pêche, très agréable, est bien simple. A la lueur ■de la torche, placée à l'arrière (4) de l'embarcation, les an- guilles qui descendent le courant s'arrêtent. Le pêcheur, ar- mé de son dard, n'a qu'à bien viser, et le poisson est retenu captif. Ce dard, fixé au bout d'une perche légère mesurant de 10 à 12 pieds, consiste en une broche d'acier, bien aiguë, fixée au manche entre deux pièces faisant ressort ; ces der- nières servent à retenir le poisson une fois embroché. Le pe- tit dessin ci contre vous fera mieux comprendre l'opéra- tion (5). (i) — On remarquer.! le procédé de M.Bcaulieu qui, joliment brouillé avec la mensuration géographique, double presque la distance de Québec à Paris, tandis qu'il diminue de près des trois quarts les distances ^canadiennes qu'il mentionne. {Le Naturaliste canadien.) {2) — Nous n'avons pas même écrit le nom de Gaspé. C'est de Chicoutimi que nous avons parlé. {N. C.) (3) — Quand il s'agit de Québec, ses environs s'étendent jusqu'au "bassin de Gaspé." Mais, pour Montréal, le mot revient un peu à son sens véritable, qui est, d'après Littré, "les lieux circonvoisins. " (A^. C.) (4)— M. Acloque avait dit qu'on dispose le flambeau "à l'avant" des bar- ques. Voilà donc M. Beaulieu qui, lui aussi, rectifie une assertion du savant français.. .à qui nous sommes bien tenté d'offrir, à notre tour, l'expression de nos "sympathies." (A^. C.) (5) — Nous regrettons de ne pouvoir, faute de graveurs "dans les environs" de Chicoutimi, reproduire le dessin dont il est ici question. (.V. C.) l64 LE NATURALISTE CANADIEN "Et maintenant,voici la raison pour laquelle je viens con- firmer les faits avancés par M. A. Acloque : On n'a pas assez le respect dû aux savants de nos jours ; au lieu de se confier en leur bonne foi et en leurs désirs d'agrandir le champ si vaste des connaissances, on les suspecte sans rai- son, on les injurie souvent et l'on n'a que cette phrase à op- poser à leur dévouement : A beau mentir qui vient de loin ! M. Acloque n'a dit que la vérité. Pour nous peut-être a-t-il semblé exagérer ; il n'a certainement pa-^ exagéré pour les Européens, Je m'explique. Pauvres mortels, habitués que nous sommées à ne juger que par nos impressions du mo- ment, nous voyons d'un œil bien différent les choses qui frappent nos regards pour la première fois et cel- les que nous avons constamment sous les yeux. On s'excla- me à celles-là ; celles-ci nous laissent indifférents. L'Europé- en qui, pour la première fois, s'arrête à considérer le cours rapide de l'immense fleuve Saint-Laurent, ne peut s'empê- cher de manifester son admiration : c'est une merveille ! Et cette merveille du Canada, croyez-vous qu'elle frappe l'es- prit du paysan canadien ? non, mais le paysan canadien s'é- bahira devant votre tour Eiffel, laquelle est chose ancienne chez vous .... "C'est le tort des choses et des hommes, de vieillir! "J'ai cru pouvoir vous intéresser en vou- donnant ces quelques détails, et réparer envers M. Acloque l'injustice qu'on lui a faite. Je sympathise d'autant plus avec votre distingué collaborateur que je sens en lui le penchant qui me domine: l'étude de l'harmonieuse nature. Montrêa'. GERMAIN BeAULIEU." Nous avons pensé qvi'il ne fallait pas laisser le Natu- talistc canadien sous le coup d'une accusation si injuste- ment portée contre lui. Et nous avons adressé au Cosmos la réplique suivante, qu'il a dû publier dans l'un de ses derniers numéros. "UNE QUERELLE D'ALLEMAND "Je n'ai lu qu'aujourd'hui, 19 octobre, le Cosmos du 24 septembre, où j'ai trouvé, avec la plus grande des surprises, une attaque dirigée contre le Naturaliste canadien, par un jeune Montréalais, M. Beaulieu. Me permettra-t-on de don- UN INCIDENT 1 65 ner le démenti à ce correspondant dans le Cosmos lui-même ? Je serai, certes, désolé de remplir même une seule colonne de cette revue d'une discussion dénuée de tout intérêt, scien- tifique ou autre. Mais comment pourrais-je, sans protester, souffrir qu'on vienne, mettant à profit la grande autorité dont jouit le Cosmos, dénoncer au monde savant de tous les pays mon pauvre Naturaliste canadien comme coupable d'injustice, presque de calomnie ? C'est contre M. Acloque que je suis accusé d'avoir eu tort à ce degré, contre M. Aclo- que que j'apprécie au point d'acheter tous ses ouvrages, à mesure qu'ils sont annoncés, et dé tenir une sorte de registre de tous ses articles de revue dont j'ai connaissance. Par exemple mon contradicteur a été assez prudent pour ne pas citer une seule ligne de ce que j'ai écrit ! Cela, à vrai dire, pourrait simplifier beaucoup ma tâche : puisqu'on m'accuse sans rien prouver, je n'aurais qu'à nier absolument, et tout serait dit. "Toutefois,comme vos lecteurs auront sûrement oublié, quand ils prendront connaissance de cette lettre, ce qui fai- sait le sujet du débat, je vais résumer très brièvement le. . . grave objet de cette lutte transatlantique. "Le Cosmos à.\x 16 juillet dernier contenait un intéressant article de M; Acloque où il était question de la pêche de l'an- guille. "Au Canada (y lisait-on),dans les environs de Québec, "on pêche l'anguille le soir,sur des barques à l'avant desquelles "on dispose un fanal. ..Rien n'est féerique comme le specta- "cle, par une nuit noire, de tous ces flambeaux rangés en "longues files scintillantes." Moi qui suis Québecquois, moi qui ai vécu à Québec tout près de vingt-cinq ans, je trouvai très piquant d'apprendre par voie de Paris qu'il y a près de ma ville natale, où je fais encore quatre ou cinq séjours par année, un "spectacle féerique" que je n'y ai jamais vu, dont je n'ai jamais entendu parler, qui d'ailleurs n'y existe pas. Et j'écrivis là-dessus une sorte de boutade humoristique pour railler un peu mes amis de Québec, qui ne savaient seulement pas qu'il se passe chez eux de si belles choses. Du reste, je convenais bien que la pêche aux flambeaux se pratique "n peu partout dans nos fleuves et rivières, sans y voir, par exemple, rien de féerique. "Et veut-on savoir comment j'ai traité M. Acloque en tout cela ? Je l'ai nommé deux fois dans mon petit article, en l66 LE NATURALISTE CANADIEN le désignant, la première fois, comme " l'un des savants jus- "tement célèbres de France" ; et,la seconde fois, comme "un "savant très sérieux". Cela ne me semble pas si injuste ! Et puis, j'ai eu bien soin de dégager sa responsabilité : "nous "nous demandons (ai-je écrit) où M. Acloque, qui est un sa- "vant très sérieux, a pu recueillir des renseignements aussi "fantaisistes. ..Sans doute de quelque voyageur, retour d'A- "mérique," etc. J'avais fini mon article par cette phrase : "Et "voilà un nouvel exemple du grossissement que subissent les "moindres choses, vues d'un continent à l'autre, au lieu du "rapetissement auquel on se serait plutôt attendu". Voilà pourtant les forfaits que j'ai commis, et dont l'horreur n'a pas laissé de repos à M. Beaulieu, qu'il n'ait pris la plume pour exprimer la "sympathie" qu'il éprouve à l'égard de M. Aclo- que (dont il n'a peut-être appris le nom que dans le Naîîira- liste canadieii) et "réparer envers lui l'injustice qu'on lui a "faite". Voilà ce qui a provoqué à mon adresse, de la part de M. Beaulieu, d'étonnantes réflexions comme celles-ci : "On n'a pas assez le respect dû aux savants, de nos jours ; . . . on les suspecte sans raison, on les injurie souvent et l'on n'a que cette phrase à opposer à leur dévouement : A beau mentir qui vient de loin ! M. Acloque n'a dit que la vérité." "C'est que, en effet, mon contradicteur s'est mis en frais de faire croire à la réalité d\x spectacLféer:vie qu'of re "dans "les environs de Québec" la pêche aux fiambeaux. Il lui a suffi pour cela d'imaginer que M. Acloque a voulu desi- gner, par le mot environs, "la contrée avoisinant Québec". Et cette "contrée avo''i'-inant Québec", c'est, d'après M. Beaulieu : le lac Saint Pierre, le lac des Ueux-Montagncs, le bassin de Gaspé, qui sont pourtant situés respectivement à des distances de Québec d'à peu près .10 lieues, 70 lieues, 100 lici.es (distances qu'il remplace tone bonn.ement dans sa lettre ;iu Cosmos^^^^r celles de "40 ou 60 kilomètres", c'est-à- dire wAr. dizaine ou une quinzaine de lieues.) C'est à peu près comn e si, considérant Paris même d'aussi loin que les anti- podes, en plaçait Bruxelles, Metz, Lyon, dans les "environs" de Paris. "Encore une fois,je regrette vivement d'avoir été obligé d'entretenir le Cosmos (dont la bonne foi a été évidemment surprise) d'une affaire de si m.inime importance. C'est même parce que je la jugeais de la sorte, que je me suis abstenu de UN INCIDENT 167 communiquer à la direction de cette revue le petit article que j'avais écrit plutôt pour amuser mes lecteurs, que pour rectifier l'assertion erronée de M. Acloque, laquelle n'était pas assurément de nature à faire dévier le genre humain de la grande route oi^i il poursuit ses destinées. L'abbé Victor-A. Huard Directeur du Naturaliste canadien^ Chicoiithni, P. Q. Comme on l'a vu, par la correspondance reproduite du Cosmos, M. Beaulieu avoue que le spectacle de la pêche de l'anguille aux flambeaux n'est pas, pour lui, ce qu'il y a au mon- de déplus féerique ! Et puis, pour justifier à tout prix las- sertion de M. Acloque, il est obligé de soutenir que le sa- vant français a voulu donner au mot environs un autre sensr- que celui déterminé par l'usage ! — Mais laissons là cette futile discussion. Ce que nous voulons surtout signaler ici, c'est l'incor- rection du procédé de M. Beaulieu. Il était colUboratcur attitré du Natni alistc canadien ; il était de la maison, par con- séquent. Et s'il avait à nous corrger, c'est ici qu'il le devait faire, au lieu d'aller dénoncer au delà de l'Atlantique le jour- nal dont il faisait partie. En outre, il s'est proposé de "réparer envers I\î. Aclo- que l'injustice qu'on lui a faite. "Or, pour accomplir cette ré - paraticn, il va se servir du Cosmos, dont une dizaine de lec- teurs peut-être ont eu connaissance du fait qu'on nous repro- che, et. laisse de côté la presque totalité des gens qui ont vi-j l'article incriminé: c'est-à-dire les lectcr.rs du Natnraliste ca- nadien, et ceux de la Vérité, de Québec, qui a reproduit no- tre écrit. — Une pareille façon d'agir n'est pas facile à com- prendre, ni à ju-;tifier. Nous devons, encore ce mois-ci, renvo}'cr \^ lîibliograr- phie au numéro suivant. l68 LE NATURALISTE CANADIEN L'ABBÉ PKOVANCHER (Co-'.'riié de la page 136) L'abbé Pro\ ,inc.:.ci avait annoncé dès 1858 son inten- tion de publier une F.\':\' du Canada. En avril 1859,1e gouver- nement du Canada s)rit I.i première décision d'aider à la pu- blication de cet ouvrage ; et, comme on vient de le voir, ce fut le 5 mars 1863 que le comité de la Bibliothèque s'occupa pour la dernière fois, et de la façon heureuse que l'on se rap- pelle, du secours à donner à cette entreprise. A quelle date précise l'ouvrage fut-il donc livré au public ? C'est l'année 1862 que l'on voit indiquée au frontispice âes deux volumes. La préface est elle-même datée de "Port- neuf, novembre, 1862." D'autre part, l'annonce de l'enregis* trement de l'ouvrage "au bureau du Régistrateur provin- cial" imprimé au verso de la page du titre, est du mois de janvier 1863. En effet, ce fut dans les derniers jours de ce anois que l'ouvrage fut livré au public. J'en vois la preuve dans le fait que la correspondance de M. Provancher ne con- tient.daté du mois de janvier 1863, aucun accusé de réception des volumes qu'il offrit en "hommage d'auteur" à des amis «ou à des gens qui lui avaient rendu service lors de la prépa- ration ou de la publication de son livre. La première lettre >de remerciements qui se trouve dans cette correspon- dance, est de M. Ed. Glackmeyer (i), de Québec, dont, l'an- ;riée précédente, notre auteur avait utilisé les services, à pro- pos, .-en :L!r-t-il, delà siibveution qu'il s'agis-ait d'obtenir du ■gouvctiiement. Cette lettre, datée du 4 février, contient deux renseignements non dépourvus d'intérêt. Le premier, c'est ■ que, ce jour-là, il faisait à Québec un froid de 32° Fahr. au- •dessous de zéro ; et je li\ rc ce fait à la publicité dans l'inté- rêt de la météorologie, qui est bien la science la plus indi- (i) M. (jlackmeycr, (ils d'un chef de musique de régiment, était notaire, et s'occupait lui-inème bjaucoup de musique. Il était flûtiste, et pendant longtemps il fut président du Septett Club, de Québec. Il mourut, à l'Hôtel- Dieu du Sacré-CiKur, à l'agi de 86 ans. (Renseignements reçus de M. Ern. Ga- nnon, l'artiste et l'érudit bien connu). l'abbé provancher 169 gente de toutes, et qui est aussi de toutes la plus éloignée de connaître parfaitement les lois qui la régissent. Le second détail qu'il importe de noter, c'est que les journaux cana- diens avaient déjà annoncé la publication de la Flore cana- dienne^ mais de façon trop froide, au dire du bon notaire Glackmeyer. "Si cet ouvrage avait été publié en Europe, écrit-il à l'abbé Provancher, nos journaux n'auraient pas eu assez de termes flatteurs pour en parler, tandis qu'à peine ont-ils dit quelque chose de votre ouvrage qui me paraît, à moi, ne rien laissera désirer". Voilà des paroles qui ne sau- raient déplaire à un écrivain. Qui sait même si elles ne fu- rent pas la cause prochaine d'une tentation qui se présenta, et à laquelle notre auteur fit bon accueil, ainsi que m'oblige à l'avouer l'implacable devoir de l'historien ? Du moins, c'est ce qu'il faut inférer d'une lettre du 14 février, dans la- quelle ce même correspondant écrit qu'il consent à publier sous sa propre s'gnature un article qu'il a reçu de M. Pro- vancher sur ses ouvrages de botanique. . . Qu'on ne jette pas ici les hauts cris ! Ce n'est pas l'abbé Provaicher qui est l'inventeur du procédé, et après lui le secret ne s'en est pas perdu. Où est-il l'auteur ià ce qu'oti dit) qui du moins ne dé- blaye pas un peu le chemin par laquelle la Gloire doit arriver ■chez lui, — lorsque même il ne l'envoie pas chercher en voi- ture pour qu'elle vienne plus vite ! Ce sont là trucs du mé- tier, et l'on n'y a recours, évidemment, qu'avec la noble in- tention d'empêcher les contemporains de commettre des in- justices dont abuserait la postérité pour les traiter plus sé- vèrement qu'il ne faudrait . . • En fait d'appréciations de la Flore canadienne par la presse du Bas-Canada, je n'ai pu retrouver que les deux suivantes, qui sont du Courrier du Canada, de Québec, et de V Ordre, qui se publiait à Montréal. Le premier, en son numéro du 6 février 1863, après avoir accusé réception de l'ouvrage et en avoir donné le titre et quelque description, ajouta les considérations que voici : " Il nous est impossible 170 LE NATURALISTE. CANADIEN de porter un jugement sur le mérite intrinsèque de ce livre ; mais en le parcourant et en jetant un coup d'œil sur le vocabu- laire, la liste des auteurs cités, la table alphabétique des ma- tières, etc., nous sommes restés sous l'impression que c'est là une œuvre consciencieuse, fruit de longs labeurs, d'obser- vat"ions continuelles et de patientes recherches. Nous lais- sons d'ailleurs aux hommes du métier le soin de l'apprécier comme il convient." L'(9/v/;r, du ii février, reproduisit une partie du long titre de l'ouvrage, et dit ensuite : "Ce travail important, qui mérite d'être placé à côté de X Histoire du Canada à laquelle il se rattache, d'ailleurs, par plus d'un point, a coûté à son auteur de longues années d'étude, de travail, de recherches et d'observations ; et ce n'est qu'après bien des hésitations que M. Provancher s'est résolu à courir les risques d'une publication aussi considéra- ble pour offrir à ses compatriotes le fruit de son expérience et de ses laborieuses études. — La Fiorù canadienne a sa place marquée dans nos bibliothèques publiques et privées, et nous considérons comme un devoir pour nous de la recom- mander atout le monde." J'ai sous les yeux les lettres de remerciements qu'a- dressèrent à l'auteur plusieurs personnages, à qui il avait fait hommage d'un exemplaire de son ouvrage. Voici des ex- traits de quelques-unes. Sir James M. LeMoine, l'auteur de l'Ornithologiedu Cana- da et de bien d'autres ouvrages, écrivait à l'abbé Provancher, le 5 février 1863:. .."Je n'ai pas encore eu e temps d'examiner ce travail : mais ce que j'en vois me porte à croire qu'il doit représenter une somme de labeur énorme, et le coût d'une telle entreprise doit être fort élevé : le tout pour la gloire. Car non seulement ceux qui se mêlent de publier des livres en Canada y sont pour leur travail, mais encore pour leur argent", (i) (i) M. LeMoine annonce à M. Provancher, en cette mime lettre, qu'un- travail sur les Fécherits du Canada "vient d'absorl)er trois mois de ses loisirs." l'abbé provancher 171 Le 8 février, c'est l'abbé Ferland, le célèbre historien, qui écrit à notre auteur : " Je vous offre mes sincères remer- ciements pour les deux beaux volumes que vous m'avez fait remettre. Ils me paraissent très propres à guider l'amateur dans la recherche des plantes du pays, et à inspirer aux élè- ves de nos collèges le goût d'une science utile et en même temps fort agréable — Votre ouvrage me donne presque l'envie de me remettre à parcourir les bois et à suivre les grèves pour renouveler connaissance, au moyen de votre clef analytique, avec les plantes canadiennes que j'ai perdues de vue depuis plusieurs années", (i) Un fervent botaniste, le juge D. Roy, qui administrait la justice dans le district de Saguenay, écrit à son tour, de la Malbaie (Charlevoix), le 19 février, l'intéressante lettre que voici : "De retour de Chicoutimi, avant-hier, j'ai trouvé sur ma table vos deux volumes de la Flore canadienne. J'ai de suite oublié toutes les tracasseries d'un voyage à travers les Laurentides, je ne me su's plus senti fatigué. Je me suis mis à découper si bien les feuilles de ces deux volumes que j'ai pu parcourir toutes les pages la nuit même de mon arri- vée. Vous ne sauriez croire le plaisir que cela m'a procuré, et combien je vous dois de la reconnaissance. J'ai retrouvé là toutes les plantes qui m'étaient si chères en 1830, lorsque je parcourais les environs de Québec. Je crois qu'on ne peut pas faire mieux que vous avez fait ; et vous avez très certainement rendu service à la science. Une chose cepen- dant me fait peine : c'est que vous avez cru devoir mention- ner le faible service que je vous ai rendu en vous transmet- tant une liste faite à la hâte et qui ne méritait certainement pas la mention que vous en avez faite. — J'ai dit que vous (i)Dans le premier volume du Foyer canadien, se trouve (pages 367-374), sous la signature de feu l'abbé Ov. Brunet, professeur de botanii^ue à l'universi- té Laval, de Québec, des Notes sur les plantes recueillies par AI. Vabhé Ferland sur les Côtes, de Labrador, baignées par les eaux du Saint- Laurent, en j8j8. 172 LE NATURALISTE CANADIEN aviez rendu un vrai service à la science. En effet, à présent et avec vos volumes, combien il sera facile aux botanistes futurs de faire des flores locales ou de comté, seulement en donnant le nom des plantes et en référant à vos volumes pour la description. J'ai presque le dessein de donner l'exem- ple en faisant une flore du comté de Charlevoix, si toutefois mes occupations judiciaires m'en laissent le loisir. — Permet- tez-moi, monsieur, de vous remercier de nouveau et de vous féléciter sur votre œuvre. J'ose croire que cette première édition sera promptement épuisée". (A suivre.) V.-A. H. Quelques aperçus sur la géologie du Saguenay (Le passage suivant, omis par nous ne savons quel malentendu, fait suite k la page 109 (livraison de juillet) et doit précéder l'article publié au mois de septembre, page 137). Aussi, c'est grâce à cet étrange procédé si nous avons pu constater que sous les épaisses couches de sédiments déposées pendant des âges au fond de cette mer intérieure, que nous pouvons palper maintenant que celle-ci est dispa- rue, il existait d'immenses dépôts de végétaux que la pério- de des plantes y avait accumulés avant le refroidisse- ment et, surtout, que les eaux, précipitées des som- mets rehaussés tout à coup, y entraînèrent en désordre et y juxtaposèrent en un tout compact : représentant justement ces matières premières que nous venons d'entrevoir sous scellés, il y a un instant, en train de faire des merveilles, sinon la preuve que c'était bien là au moins leur destinée. Vous voyez que nous n'y allons pas etc. (Continué de la page 140) Un peu plus tard, on en trouva aussi des parcelles dans le canton Jonquière, sur les lots de Tiburce Tremblay, au pied des éboulis de la grande coulée qui entament ce terrain. QUELQUES APERÇUS SUR LA GÉOLOGIE DU SAGUENAY 173 Ce cultivateur eut même des offres alléchantes, pour sa propriété, d'un ingénieur bien connu au Saguenay. Mais dans cette circonstance, on soupçonna un commencement de spé- culation mis en œuvre par des motifs inavouables, disait-on ; pourtant, tous ces soupçons n'existaient que dans l'imagina- tion. Les recherches, qui se firent à la suite de cette décou- verte, n'aboutirent à aucun résultat. Rien de surprenant, si l'on considère la méthode suivie dans le temps. Les gens se contentaient de piocher ici et là, au hasard ; de faire un trou de leur hauteur, ou bien moindre, si l'eau se mettait de la partie ; et puis, si quelques parcelles de charbon brillaient enfin au bout de leur labeur, ça ne valait pas la peine, di-. saient-ils, de se morfondre pour si peu. Elles ne comprenaient pas, ces bonnes gens, que le fait seul d'avoir trouvé quelques parcelles de houille, suffisait pour éveiller l'attention des géologues,qui,toujours au guet, doivent savoir, eux, que du moment que la chose est prouvée, cette chose existe en plus ou moins grande quantité. L'es- sentiel, c'est de localiser le dépôt, de savoir dans quelle par- tie de la vallée du lac St-Jean est enfouie la masse de ces végétaux carbonisés qui nous intéressent. Est-ce au pied des montagnes qui l'entourent de toutes parts ? Est-ce au beau milieu de la vallée ? ou bien sous la double assiette schisteuse, formée sous les eaux de ce lac, que se trouve ces trésors ? Il n'y a pas de doute que, lors du cataclysme, l'entaille qui se fit à la face de la terre, coupant en deux la vallée du lac St-Jean, ou plutôt, le grand lac Silurien qui submergeait alors cette vallée, a dû, à coup sûr, entamer la soute au cliarbon^ si celle-ci y existe. Ne serait-ce pas la preuve que cette malheureuse en- taille y a pénétré tout de bon, la vue de ces échantillons, 174 LE NATURALISTE CANADIEN tout frais extraits, trouvés égrenés ici et là sur ses lèvres en- tr'ouvertes — représentées par les rivages du lac à la Croix, et par tous les autres lacs qui se trouvent sur la même ligne vers la baie des Ha ! Ha ! — blessure inguérissable, qui, encore une fois, nous donne une bonne idée du coup porté là. C'est lui, ce coup, qui, en séparant en deux les dépôts enfouis dans cette vaste dépresssion, fit détacher des parois du gouf- fre ces particules de charbon ; et puis le travail des eaux qui envahirent ces profondeurs subitement créées, a dû aussi éroder, avec énergie, ces escarpements encore tout émus des tiraillements qui les séparèrent, et leur enlever cet- te liviaille intéressante qui trahit, sans dessein, le secret de leur formation. Ce sont ces mêmes parcelles, ainsi détachées par les torrents et les remous, qui remontèrent de force à la sur- face, dans le tourbillon, et qui furent déposées là où on les a trouvées il y a vingt-cinq ans. On pourrait dire, sans être sérieux, que le lac à la Croix et son voisin, le lac de la Tête de Mort, sont juchés sur le sommet même de cette uiine que l'on ne veut pas reconnaî- tre,vu que ce sont les seuls lacs, sur toute cette étroite lisière de St- Alphonse à St-Jérôme — (et il s'en trouve un bon nom- bre)— ,qui soient situés presque au niveau du plateau de la vallée, tandis que tous les autres sont, au moins, à cinquante et soixante pieds au-dessous. Ou bien le gouffre a eu ici un haut-le-cœur qui lui a re- monté dans la gorge une masse quelconque, sans spécifier quoi. Une autre indication qu'il y a quelque chose d'étrange dans le voisinage, et qui a une certaine analogie avec ce que nous venons de dire, c'est l'odeur suspecte qui s'exhale en- tre les deux lacs susmentionnés. Il faut vous dire que, il y a trente à quarante ans, celui qui voulait se rendre, en hiver, d'Hébertville au lac St- ■QUELQUES APERÇUS SUR LA GÉOLOGIE DU SAGUENAV 175 Jean, passait par le chemin des Chiens (i) :il n'y en avait pas d'autres. — Ce chemin enfilait précisément sur la glace du lac à la Croix et de son voisin à l'ouest. Entre ces deux lacs — distants seulement de quelques arpents, — il y a une coulée qu'il fallait franchir : elle court du sud-est au nord-ouest, tout étroite et profonde. Au fond serpente, à la gêne, un gros ruisseau. Ces deux lacs n'ont pas de décharge et ne communiquent pas, non plus, avec le ruisseau, bien que celui-ci soit à quarante pieds, au moins, au- dessous de leur niveau ; avec peu de travail, cependant, ils s'y videraient, s'il le fallait. Savez- vous comment on appelait ce cours d'eau-là, dans le bon vieux temps ? Non. Eh, bien passez-y une fois, et vous le saurez. . . En descendant la coulée, son nom est écrit dans l'air ; en traversant son petit pont de bois rond, vous trouvez qu'il remplit l'atmosphère ; et lorsqie vous re- montez de l'autre côté, vous le dites involontairement : C'est le ruisseau Puant. Sans badinage, l'odeur qui vous suffoque en sautant la coulée, vous l'avez trouvée justement dans les usines à gaz, si vous y êtes jamais allé. Et, le plus intéressant, c'est qu'en amont du riiisseau, au sud du lac à la Croix, vous ne sen- tez rien d'étrange; mais vis-à-vis de celui-ci, et en aval, pour quelque distance, vous êtes cjuasi-asphyxié. Ne dirait-on pas que cette mauvaise odeur vient directement de dessous le lac ? que le pot aux roses n'y est pas à cent lieues ? que le soupirail de la mine pourrait bien s'y trouver aussi ? Si nous avons tenu à faire ces quelques remarques, c'est que nous voulons ne rien laisser dans l'ombre, surtout à cet endroit-ci, qui a éveillé le premier notre attention. (A suivre.) P.-H.DUMALS. (l) Vieille relique du passé que ce portage tracé jadis par les premiers mis- sionnaires qui pénétrèrent au lac St-Jean, et qui leur servait de chemin d'hi- ver pour atteindre la mission de Chicoutimi. La Compagnie française pour la traite des pelleteries et ]ilus tard' celle de la Baie d'IIudson l'utilisèrent pour le transi:ort de leurs marchandises et de leurs munitions, (jui se faisait avec des chiens et toboganes — depuis le jioste de Chicoutimi jus(|u'aux jiostes de Méta- betchouan, Chamouchouan et Nékaulja. 176 I,E NATURALISTE CANADIEN " LABRADOR ET ANTIGOSTI " PAR L'ABBE HUARD Volume de XV-505 pages in-80, format et caractères du Art/«rrt/w/i?. Impres- sion de luxe. Illustré de 45 portraits et autres gravures, et d'une carte du golfe Saint-Laurent dressée expressément pour cet ouvrage. [Journal de voyage — Historique et état présent de tous les postes de la Côte Nord, depuis Betsiamis jusqu'au Blanc-Sablon, et de l'Anticosti — Mœurs et usa- ges des Montagnais— Pécheurs canadiens et acadiens — Cométiques et chiens du Labrador — Détails complets sur laj^jsse au loup marin, et la grande pêche au saumon, au hareng, à la morue — La vérité sur r.Vnticosti ; renseignements iné- dits ; l'entreprise Menier.] Prix : $1.50. Par la poste : $1.60 pour le Canada ; $1.70 pour les États-Unis et l'Union pcstale. En vente au bureau du NaUfralisfe, et chez les libraires de Québec et de Montréal. — A Paris, an prix de 10 francs, chez A. Roger et Y. Chernoviz, Edi- teurs, 7, rué des Grands- Augustins. 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TATLEY, Agent général, Montréal JOS.-ED SAYARD Agent pour Chicoutimi et Lac St-Jean. ... - THICOUTIMI, /ûL XXV (V de !a nouvelle série) No !2 mmmî im '51 >■ ''^ 1 -- \J<<1 ^ (51 an (M rn\ n r?ô/7 ^ - 0,éé^ ^fnOHIAH OKP ■iL^i' BULLETIN DE RECIiERCiiEs, OBSERVATIONS ET DÉCOU- " ■^'*^ ' VERTES SE RAPPORTANT A L'HISTOIRE NATU KÏLIE^ ' YC^S ■■', DU CAN Al) A Fondé par l'Abbé PRCVANCHER Wi îk^M CHiCOUTIMI NCE DE QUÉBEC CANADA e^f II '«^ . /iî Imprimerie de la DEFENSE^ Chicoutmi. SOMMAIRE DE CE NUMÉRO Les anguilles 177 L'abbé Frovancher (SuiU) 183 L'épilogue d'un incident 187 Le Congrès de Colonisation 189 Le météore du 7 décembre " Un événement ichtyologiqut; , " La presse canadienne 190 Publications reçues 191 Le Naturaliste canadien paraît au commencement de chaque mois, par livraison de 16 ou 20 pages in-8o. Le prix de l'abonnement pour le Canada et les États- Unis es^ d'UNE PIASTRE par année.— Pour la France et les autres pays de l'Union postale, SIX FRANCS. Les reçus d'abonnement seront renfermés dans la li- vraison suivant la date où l'on aura payé. On ne peut s'abonner pour moins d'un an. Les person- nes qui souscrivent au journal durant l'année reçoivent les numéros parus depuis le commencement du volume. La rédaction enter;d laisser aux correspondants du jour- nal l'entière responsabilité de leurs écrits. Toutes les communications, relatives à la rédaction ou à l'administration du NATURALISTE, doivent être adressées au Directeur-Propriétaire, M. l'abbé V.-A. Huard, Séminaire de Chicoutimi, P. Q. AGENCE DU "NATURALISTE" Paris. — MM. A. Roger & F. Chernoviz, Editeurs, 7, rue des Grands- Augustins. Le Messager de Saint-Antoine, bulletin mensuel de la dé- votion à S. Antoine, 25cts par année. Adresser : LE MESSAGER DE SAINT-ANTOINE, Chicoutimi, P. Q. Sl Anthony^s Canadian Messenger, monthly re- view, 50 cts per year. Address : Rev. E. De LAMARRE, Chicoutimi, P. Q. LE VOL XXV (^'^^' ^ 1>K I-^ DELXIÈ3IE SÉRli:) Nq |2 Gllicodtin^i, Deccii^bre 1898 Directeur-Propriétaire: Fabbe V»-A. Huard Lçs angdillçs L'article du Xatui alistc canadiLii^ public dans le No de septembre dernier, ne me convainc nullement que l'anguille ne se reproduit que dans la mer sous la forme transitoire de larve, comme la grenouille du têtard. Il me semble certain au contraire que l'anguille va déposer ses œufs dans le haut des rivières, comme la plupart des poissons. Il est bien certain qu'elle se rend à la mer, puisqu'il s'en pêche beau- coup dans le golfe Saint-Laurent, à l'eau salée. Mais il est certain également qu'elle remonte les rivières, le printemps et au commencement de l'été, et qu'elle redescend durant l'été. Tous les pêcheurs de nos rivières connaissent cette double migration, et en profitent pour prendre l'anguille en quantité prodigieuse lorsqu'elle redescend. Ainsi, à Saint Jean, sur le Richelieu, les pêcheurs font des chaînes de ro- ches qui barrent presque la rivière ; cette chaîne forme un angle ou des angles, en descendant, où ils mettent des boi- tes, et l'anguille qui descend s'amasse par centaines chaque nuit dans ces boîtes. Que va faire l'anguille dans le haut des rivières ? Bien 14 — Décembre 1898. 178 LE NATURALISTE CANADIEN sûr qu'elle ne se promène pas uniquement pour voir du pays. D'ailleurs elle commence sa course ascendante avant ■que ne s'ouvre la saison des touristes ; dès les premiers jours de mai, on la prend dans les environs de Montréal, la nuit, lorsqu'elle remonte le fleuve. Le fait que le prince de Monaco a péché un cachalot de l'estomac duquel on a retiré une anguille ne prouve •qu'une chose ; c'est que l'anguille vit dans la mer. Le fait était indiscutable. De ce -qu'on a péché en pleine mer une anguille œuvée, on peut conclure qu'on a trouvé une anguil- le œuvée en pleine mer, mais rien de plus. On pêche bien des poissons femelles œuvées dans toutes les parties du fleu- ve, quoique ces poissons aillent ordinairement déposer leurs œufs dans le haut des rivières. Les poissons s'égarent par- tout ; on trouve des retardataires chez tous les êtres animés ; et je ne doute pas que la plupart de ces poissons, en retard donneraient une bonne explication de leur conduite s'ils . écri^'aient dans les gazettes. Le Cosmos du 16 juillet 1896 constate un fait impor- tant que je suis en état de corroborer, c'est que des anguil- les déposées dans un lac des Alpes, alimenté seulement par des sources, se sont reproduites ; on y a trouvé des jeunes anguilles. J'ai constaté la môme chose en 1887 ou 1888, en haut de la chute Shawcnegan.sur le Saint-Maurice. C'était durant les examens du barreau, dans la première semaine de juillet. On a bâti à gauche de la chute une descente en bois, avec "une déclivité très forte, dans laquelle les troncs d'arbres sont iancés sur une épaisseur d'un pied d'eau à peu près. Cette sli -Il\ comme la chute, est haute, je suppose, d'environ 150 pieds, et l'eau descend avec une force extraordinaire. A la tête de cette descente, nous avons trouvé une grande quan- tité de petites anguilles, sur le bord et dans l'herbe, qui avaient de 6 à 9 pouces de longueur, et minces comme des fils,d'unc ligne à deux d'épaisseur. On a cru d'abord que c'é- LES ANGUILLES 1/9 tiaîent de petits serpents; mais non, c'étaient bien de jeunes an- -g^idUes. D'où venaient-elles ? Bien certain que ce n'était pas aïe ia mer ; jamais elles n'auraient pu remonter la chute, mê- /saae sur ses bords ; je doute même que les grosses anguilles j>ïa£ssent le faire. Mais on sait que les anguilles traversent des (.espaces considérables, à travers bois, pour aller d'une rivière .^ifautre. Les vieilles anguilles ont pu voyager ainsi,pour aller ddéposer leurs œufs dans le haut du Saint-Maurice. Quoi qu'il &xt soit, les jeunes anguilles étaient là, en haut des chutes, cher- ^c'hant une voie pour descendre ; et n'osant se risquer dans ^ette descente artificielle, elles paraissaient tenir conseil sur :iZ£S bords humides. Voilà le fait qui,ajouté à celui du lac des Alpes, démon- ërc clairement que l'anguille ne se reproduit pas au fond delà 3raer, ni sous forme de larve qui se transforme en anguille au J^nd de la mer. Cette transformation est possible ; mais Pavancé de M. Acloque me paraît une pure théorie sans base scientifique, -isans un seul fait pour l'appuyer. C'est le même M. Acloque qui avait admis la montée -«Je? anguilles dans les fleuves. Il affirme que c'est après avoir «dépouillé la forme larvaire. C'est une pure supposition. Ja- r^aais on n'a vu d'aussi petites anguilles que celles du Saint- 3faurice monter le fleuve ; mais on les voit descendre. Pour le satisfaire, il faudrait prendre une anguille œu- •wée dans une rivière. Je ne doute pas qu'on en trouvera si Ton se donne la peine de chercher, à moins que les anguilles -sie forment leurs petits en elles-mêmes, comme les couleuvres. Si quelques personnes donnent le mot à leurs cuisinières, te fait s'éclaircira facilement. Les recherches devront avoir lien sur les anguilles prises au printemps. Un ancien avocat. RED. — Voilà des anguilles qui deviennent encombran- tes! Quand en finirons-nous avec ces poissons ? — C'est ce la bonté d'en recommander l'usage, dans l'occasion. Quelque peu importants que soient les changements faits aux anciens paratonnerres, ils le snnt toujours assez pour nous autorisera préconiser le nouveau. Avant lui, nous étions obli- gés de recourir à l'étranger, pour le moyen de nous garantir des effets de la fou- dre ; maintenant nous pouvons nous suffire à noits mêmes, sous ce rapport au moins. Si l'effet de ce nouvel instrument justifie l'espérance qu'il fait concevoir, à l'aide des principes, il fera honneur aux Canadiens. C'est ainsi que, en nous ■occupant de l'histoire chronologique, de l'histoire naturelle, des arts et des sciences fixes, nous ferons au Canada français un nom, une réputation de sa- voir et de littérature, qui pourront porter les hommes justes ej: sans préju- gés à le comparer, sous ce rapport comme sous plusieurs autres, aux anciens pays". Ces derniers mots du Dr Meilleur font honneur à son patriotisme. l'abbë provancher 185 parv'cnir au prince Napoléon un exemplaire dont il voulait lui faire hommage. Dans sa réponse, le consul de France prie M. Provancher de mettre à sa disposition un autre ex- emplaire de la Flore caiiadiciiiie, qu'il ferait parvenir — en même temps qu'il expédierait le premier à "S. A. Impéria- le"— au président de la Société impériale d'Acclimatation de Paris Qu'est-il résulté, ou est-il résulté quelque chose de ces démarches ? Je l'ignore absolument, (i) Il serait temps, je crois, de parler un peu de la F/orc elle-même, et de dire ce qu'est cet ouvrage, non pas certes pour rien apprendre aux amateurs de botanique du Cana- da, qui le connaissent bien, mais pour en donner du moins quelque idée au grand nombre de mes lecteurs qui n'ont pas eu occasion de se renseigner par eux-mêmes sur ce livre. Et, d'abord, donnons-en le titre au complet, ce qui dé- jà simplifiera notablement le dessein que je viens d'énon- cer : " Flore canadienne ou Dcscript'uvi de toutes les plan- tes des forets, cJiajups, jardins et eaux du Canada, donnant le nom botanique de chacune, ses noms vulgaires français et an- glais, indiquant son parcours géographique, les propriétés qui la distinguent, le mode de culture qui lui convient, etc. Accompa- gnée d'un vocabulaire des cernu^s tecJiniqucs, et de clefs analyti- ques permettant de rapporter promptemcnt chaque plante à la famille, au genre et à l'espèce qui la déterminent. Ornée de plus de quatre cents gravures sur bois. Par V Abbé L. Provancher, (i) Le baron Gauldrée-Boilleau ne voulait pas se contenter cj'envoyer la J'Yore cauadiciiiir à la Société d'Acclimatation ; il se proposait aussi "de rendre compte'' de l'ouvrage à Cette société, ainsi qu'il l'écrivait le 25 mars 1863^ l'abbé Provancher. Et il désiiait faire plus encore, comme on le verra par cet extrait de la lettre qu'il avait adressée, le 30 janvier, au curé de Portneuf : "Je jjrofiterai de cette occasion pour vous dire que, si vous aviez des graines ou des plants de plantes canadiennes cpii pussent être avantageusement introduites en France, je les enverrais très voloniiersà la .Société d'.Acclimatation, en lui fai- sant savoir que c'est à votre oljligeance que je les dois. Entre autres plantes, je citerai la Sarraccnia purpurea ou "Indian Cup'", la Saiiguiuaria Canadensis ou Canadian blood root", VAsilepias ou "Silk Cotton'", la capillaire, etc." 1 86 LE NATURALISTE CANADIEN curé de Portnaif. Québec : Joseph Darvcau^ Irnprinie7ir-Edi^ teur, No, 8, rue Lamoutagne, Basse- Ville. 1862." Assurément, un titre pareil, que le goût du jour n'admet- trait plus, vaut une préface, et suppléerait même à un compte rendu. Kn tout cas, on peut dire que c'est un titre plein de promesses, qui ne sont pas toutes également réalisées dans l'ouvrage. Par exemple, il n'est sans doute pas absolument exact que "toutes les plantes du Canada" y soient décrites. Ce sont les Cryptogames (mousses, champignons, algues, etc.) qui offrent surtout des lacunes, lesquelles sont bien justi- fiables. En effet l'étude de ces végétaux ne peut être poussée bien loin que par des spécialistes, tant elle est difficile, et tant les espèces y sont nombreuses ; et je crois que la scien- ce attend encore le Canadien qui consacrera sa vie à une monographie de ces plantes inférieures. Je ferai aussi remarquer que par le mot "Canada" l'au- teur n'a pu vouloir désigner que ce qui forme à présent les provinces de Québec et d'Ontario, c'est-à-dire ce que l'on nommait alors Bas-Canada et Haut-Canada. Le titre de la Flore es:, donc devenu inexact jusqu'à un certain point de- puis 1867, date d'origine de la confédération des provinces qui composent aujourd'hui le "Dominion" du Canada. Sans doute, la plupart des plantes dont il est fait mention dans l'ouvrage de l'abbé Provancher se trouvent dans toutes les provinces canadiennes ; mais il n'est pas moins certain que, vu la grande variété des terrains et des climats qui règnenî: de l'Atlantique au Pacifique, et du 45e parallèle jusqu'au pôle Nord, il doit y avoir au Canada nombred'espèces végétales qui n'existent pas dans nos provinces de Québec et d'Ontario, et dont par conséquent il n'est pas question dans la Flore cana- dienne^ bien que ces plantes aient droit absolument au titre de canadiennes. La Flore fut publiée en deux volumes, dont le premier, de' 474 pages, comprend les Dicotylédones polypétales et mono- pétales, et le secondjde 369 pages,contient la description des" l'épilogue d'un incident 187 Dicotylédones apétales, des Monocotylédones, et des Cryp- togames : le tout selon la méthode de DeCandolle. Des Clefs analytiques (i), placées au commencement de l'ouvrage, per- mettent de trouver facilement et rapidement \^. famille d'une plante quelconque dont l'on possède au moins un rameau pourvu de feuilles et de fleurs. D'autres Clefs, placées dans le corps de l'ouvrage, conduisent l'étudiant à tel ou tel genre de chaque famille. Il n'y a plus ensuite qu'à parcourir la description des différentes espèces, pour s'arrêter à celle qui convient au spécimen que l'on étudie. Tout cela paraît fa- cile, à première vue ; mais, en pratique, il s'y rencontre des difficultés et des incertitudes, parce que l'on est exposé trop souvent, pour n'avoir pas su apprécier correctement tel caractère, à partir sur une fausse piste qui nous conduira à des résultats invraisemblables. En règle générale, à moins d'être fort entendu, rien ne vaut, pour la détermination des espèces, la décision d'un spécialiste ou la comparaison avec les plantes d'un herbier fait par un spécialiste. (i) Il est peut-être utile de rappeler ici que l'tibbé Provancher a ]iul)lié de nouveau et avec les corrections nécessaires, à la fm de son Trailè êU'inciitairc de Botanique, 2e édition, ces Clefs analytiques qui, dans la Flore, renfermaient plusieurs inexactitudes bien propres à embarrasser ceux fpii voulaient s'en ser- vir. {A suivre.) V.-A. H. L'EPILOGOE D'yPI INCIDENT Le Cosmos du 19 novembre a publié notre réplique à M. Beaulieu, et l'a fait suivre de la note suivante, signée par M. Acloque. " Le Cosmos, impartial, ayant publié la lettre de M. Beaulieu, doit faire le même accueil à la réponse de M. l'ab- bé Huard. Nous espérons que l'incident sera clos, quand nous aurons dit que le fait avancé dans notre article ressort I 88 LE NATURALISTE CANADIEN d'un chapitre du livre de M. Montpetit "Les poissons d'eau douce du Canada", publié à Montréal (p. 281, La pcchc à r anguille en amont de Québec'). — N'ayant pas le loisir d'aller voir sur les lieux comment les choses se passent, nous ne saurions trancher le débat qui divise M. Beaulieu et M. l'abbé Huard, et nous ne pouvons qu'abandonner la ques- tion aux gens du pays. A. ACLOQUE." En effet, du chapitre indiqué, il ressort que depuis Lot- binière jusqu'à Montréal et au delà, on pratique la pêche de l'anguille aux flambeaux^ durant les nuits sombres ; et d'a- près la description faite par M. Montpetit, ce n'est assuré- ment pas sans motif que M. Acloque a qualifié le spectacle de "féerique." Quant à la question de savoir sj l'auteur des Poissons d'ean douce du Canada n'a pas un peu sacrifié à la poésie dans sa description, nous n'en connaissons rien person- lement. Nous sommes seulement surpris, si le spectacle est si beau, de n'en avoir jamais entendu parler. Nous avons bien quelquefois fait par bateau le trajet de Québec à Mont- réal : mais nous n'avons pas vu ces "longues files scintil- lantes'' des barques occupées à la pêche de l'anguille. Cela ne prouve rien sans dcutc, sinon que ces nuits-là on ne fai- sait pas la pêche. Il n'y a pas d'ailleurs de chicane à faire sur le plus ou moins de beauté d'un spectacle. De gustibus non est dispiitanduni. Comme nous l'avons dit plus haut, M. Montpetit indi- que que c'est "depuis Lotbinière," et en montant, que se pratique cette pêche aux flambeaux. Lotbinière est situé à une quarantaine de milles de Québec. Cela suffit pour justifier notre assertion, que l'on ne pêche pas de cette fa- çon dans les "environs" de Québec : car il ne nous semble pas que les environs — c'est-à-dire : "les lieux circonvoisins" (Littré) — d'une ville s'étendent sur un rayon aussi considé- rable. C'était là, on s'en souvient, le fond de ce débat, d'une absolue insignifiance, soulevé par une intervention très in» tcmpestive. UN ÉVÉNEMENT ICHTYOLOGIQUE 1 89 Le Coii2:rès de (colonisation Nous remercions la Société de Colonisation de Mont- réal de la gracieuse invitation qu'elle nous a faite, d'assister au Congrès de Colonisation qui s'est tenu à Montréal à la fin du mois dernier, et dont les importantes décisions au- ront, espérons-nous, les meilleurs résultats pour l'avenir de notre Province. Le météore dû 7 décçERbrç Le 7 de ce mois, exactement à ii h. 25m. de la nuit.par une fenê- tre faisant face au N.-N.-E., nous aperçûmes soudainement, dans la direction du nord-est, un faisceau lumineux qui s'étendait jusqu'à environ 45" au-dessus de l'horizon, et d'une largeur qui nous parut bien moindre. Cela tranchait nettement sur le reste de l'atmosphère, qui resta obscure. x\ce moment et dans cette direction, le ciel était découvert ; il y avait seulement quelques stratus vers le nord. Le phénomène ne dura qu'une fraction de seconde.et l'on com- prend que nous n'ayons pu prendre de notes, séance tenante, sur son apparence exacte. Rien n'égale, on peut le croire, la surprise, unpen mêlée de frayeur, que l'on éprouve à l'apparition inattendue d'un tel spectacle. Nous voyons par les journaux quel'on a aussi vu le phénomène en d'autres endroits de la province de Québec II paraît même qu'à Québec et à Drummondville il aurait été accompagné d'une détonation. Il s'agirait donc d'un aholitlic, qui, autant que nous en avons pu juger, serait tombé quelque part dans les plaines intérieures du Labrador. Un événemennchtyologique Comme on doit bien le deviner, il s'agit encore de l'anguil- le.— Il n'y a plus que cela, l'anguille ! Nous étions donc à terminer la copie requise pour la présente livraison, lorsque nous reçûmes une lettre de M. l'abbé Amb. Ivi- fard, V. F., curé de la Baie Saint-Paul (Charlevoix) qui nous racon- tait avoir non seulement vu, mais mangé des œufs d'anguille ! Voi- ci un extrait de cette lettre : ... "Je prenais mon dîner en compagnie de mon vicaire, (^ui était alors M.Rouillard.Comme il n'y avait pas de lecteur pour nous faire la lec- ture au réfectoire, nous n'étions pas tenus au silence et nous pouvions parler science, littérature, etc. Or, en coupant artistement l'anguillc par le beau milieu du corps pour servir mon commensal et moi-mê- me, je fis remarquer à mon vicaire que cette anguille était rem- plie d'œufs. Je lui servis donc un beau boi't d'anguille avec ses igq LE NATURALISTE CANADIEN ceufs, et en mis un semblable également rempli d'œufs dans ma pro- pre assiette. Nous mangeâmes tous deux chacun notre portion et trouvâmes les œiifs d'anguille excellents. "Comme ce fait est déjà vieux d'au moins i8 mois, il a eu lieu avant la discussion du Naturaliste sur ce sujet. Mais comme je savais que cette question était en litige parmi les savants, je pris la peine de faire remarquer la chose à mon vicaire, en lui disant que ce qu'il ve- nait de voir et de manger était une réponse victorieuse qu'il pour- rait tenir à la disposition des maîtres de la science, qui pourraient avoir plus tard l'audace de refuser à l'anguille ce qu'ils accordent aux autres poissons. "Et n'allez pas dire que nous avons eu la berlue ; — ce que nous avons vu et mangé était une belle masse d'œufs de poisson, aussi re- c^nnaissable qu'une masse d'œufs de hareng frais." Ainsi que nous le disions en septembre dernier, ce n'est qu'en 1892 qi'on a trouvé pour la première lois une anguille œuvée, cap- turée dans la Manche, près de la côte de l'Angleterre. Quant au fait raconté par M. l'abbé Fafard, il est sans doute le premier que l'on constate en Amérique. De plus les anguilles œuvées dont il a été question jusqu'ici dans le monde scientifique, nous paraissent avoir été prises seulement dans la mer ; et nous croyons que l'anguille dont parle notre honorable correspondant est le premier spécimen, portant des œufs, que l'on rencontre dans l'intérieur des terres, et à une telle distance de l'océan (environ 700 milles marins). L'événe- ment est donc très considérable, au point de vue scientifique. Bien qu'on ne nous le dise pas, il est évident que cette anguille •œuvée a été capturée à la Baie Saint -Paul même, ou dans les envi- rons, où la pêche de ce poisson se pratique en grand. Toutefois cette capture, faite dans le Saint- Laurent, à 700 milles marins de son em- bouchure, ne dérange en rien l'opinion, aujourd'hui admise, que l'anguille ne dépose pas ses œufs en eau douce. Car, à la Baie Saint- Paul, l'eau est encore très salée. Tant que l'on n'aura pas rencontré des anguilles œuvées dans le haut des rivières d'eau douce, nous se- rons d'avis que le cas isolé de la Baie Saint-Paul ne s'est produit que par accident. Il n'y a même pas besoin d'être anguille pour trouver que le bas Saint-Laurent est un océan ! Du reste, rien ne prouve que l'anguille dont il s'agit ne s'en retournait pas à la mer, lors de sa cap- ture, pour y faire sa ponte. Il est sans doute à regretter que, avant de la faire cuire, la cuisinière du presbytère de la Baie Saint-Paul ait oublié de s'enquérir de ses intentions à cet égard. -^ La presse canadienne (Octobre, novembre et décembre) — Nos compliments au Pionnier, de Sherbrooke, à l'occasion de sotv 33e anniversaire. PUBLICATIONS REÇUES 19I — Le Protccteidr du Saguenay a commencé dernièrement sa troi- sième année d'existence, et a signalé cet événement par d'heureuses améliorations. Nos félicitations. — Après une interruption de quelques mois, le Colonisateut ca- nid:tn nous est revenu plein de vigueur. Ce journal bimensuel, or- lanedela Société générale de Colonisation et de Rapatriement, vient de commencer sa dixième année. — Nous regrettons de n'avoir pu signaler plus tôt le 20e anni- versaire At\ Enseignement primaire^ de Québec. Cette "revue illus- trée de l'école et de la famille" jouit du rare privilège de ne susciter partout que de l'admiration et des éloges, qui sont les mieux mérités du monde. Nous en félicitons cordialement son Directeur, notre ani M. C.-J. iMagnan. — Le Courrier du Livte publiait, en septembre, une livraison de grand mérite, au point de vue littéraire et typographique, à l'occa- sion des fêtes que Québec a consacrées à son fondateur Champlain. — Le Rosaire àw mois d'octoL)re est un splendide numéro-souve nir, destiné à rappeler le 25e anniversaire de l'arrivée des Domini- cains en Canada. Fond et forme : omne tulit piinctu)n. —Le Trifluvien entrait, au commencement de ce mois, dans sa onzième année, et nous lui en faisons nos compliments. Ce journal est sans conteste l'un des meilleurs journaux catholiques du pays. — The Progressive 6'/;/«'f«/ (Wallace College, Quebec. Published quirterly. 25 cts. per annum.) Joli petit journal, du format del'O/- seau-Mouche , Publications reçues — Pour 1899 ; Almanack agricole^ commercial et historique, jje édition ; — Almanack des Familles, 22e édition ; — Calendriet de la Puissance du Canada. Ces trois publications annuelles de la maison J.-B. Rolland & Fils, Montréal, sont en vente chez les principaux marchands, au prix de 5 cts chacune. — Le Code catholique ou Commentaire du catéchisme de Québec, par l'abbé D. Gosselin. Cette nouvelle édition, entièrement refondue, est beaiicoup plus abrégée que les précédentes, tout en étant aussi complète. On y voit l'explication littérale, souvent mot à mot, de chacune des réponses du catéchisme, et en un langage assez clair et assez simple pour être compris des enfants eux-mêmes. Ce petit volu- me de 234 pages devrait donc se trouver dans toutes les familles et entre les mains de toutes les institutrices : il permettra d'expliquer, avec une suffisante exactitude, la lettre du catéchisme. ($17 le cent, ou 25 cts l'exemplaire, chez M. l'abbé Gosselin, Cap-Santé (Port- neuf), P. Q. — Pluralité des mondes habités, considérée au poitit de vue néga- tifs par l'abbé F.-X. Burque, curé de Fort Kent, Me. Nous espérons pouvoir, dans un prochain numéro, dire ce qu'il faut de cet impor- tant ouvrage, qui est en vente, au prix d'une piastre, chez Cadieux & Derome, Libraires, à Montréal. {A suivre.) 192 LE NATURALISTE CANADIEN ''LABRADOR ET A^TICOSTl", par Tal^bé Iluard Beau \ulume iilustie, de 520 p. in-80. En vente au bureau du A'a//t!;i//s/f canadien. $1.50 ; franco, %\.bo : E.-U. et U.P. $1.70. — A Paris, (/// //v.r (/<.• 10 francs, chez A. l-loger et F. Chernoviz, Éditeurs, 7, rue des Granels-Augusiins. WEBSTER'S INTERNATIONAL DICTIONARY BliMI^^MiSiÉi, A Dictionary oî ENGLISH, Biography, Geography, Fiction, etc. It ciiceb ia the case with which t'.ic eye finds the ■word Goug'iit;, in accuracy c? dofinitior. ; ii cfl'cct- iive mcthocis of indicating pron[:;">ciation ; i.i t;'iT>c t.mX comprehensive stutements of facta iind in practicid inc ns ti T.'orhing' dictionary. Hon. D.J, Brewer, f tssticc 01 U. S. Supreme Cotii't, say;: s "I cnrnmer.fl it to all r.". the cnc ;-rcat staiidaril aulhovit^'." It is the Standard Authority of the U. C. Guprerae Coiiit, ali th.e State r>uprcr.io Court"., the IJ. S. Government Priut- injr Offîro, and of nearly all the Sc-hoolljool:s. Vfarniiy eommenàed by Stato Lîuperi'.;te!idents of Schools, and other Kdncatorn iilniort -svitiior.t r.u'.rJxir. Z*y" i^pczimc.i i-'':gc3 rent on application. G. & C. MERRIAM CO., Publishers, Spîing&îd, Mass, Fait affaire au Canada depuis 1804 CAPITAL : $13,444,000 Tous nos contrats d'assurance sont garanti;; par près de $20,000,000 de sûretés. PATERSON & SON, Agents généraux, Montreal JOS.-ED. SAVARD, Agent pour Chicoutimi et Lac Saint-Jean, Chicoutimî. aJaAi bBb%i\# JL AAdJJbi d'Assurance d'Angleterre CAPITAL : $10,000,000.— VEPSEMENTS : $42,000,000 Surplus (le Factif sur le passif : La plus considérable de toutes les conlpagnif s d'assurance contre le T'TJÏX WM, TATLEY, Agent général, Montréal JOS.-EP SA YARD Agent pour Chicoutimi et Lac St-Tean. - - - - CHICOUTIMI. TABLE DES MATIERES Pages Les Noces d'argent du A'd/ura/is/c- 1.17 Le Nord de la vallée du lac St-Jean (P. -H. Dumais) La rivière Manouan 4, 22, 38 La Tuberculose en Canada 8 Excursion en Egypte (E. Gasnault) De Marseille à Alexandrie 12, 2g, 56, 72,86 Alexandrie ; Le Caire loi, 119, 151 Bibliographie. — Montpetit, Les poissons if eau douce du Canada, 13.— /-'■• Canada ecclésiastique^ 31. — Hoffmann's Catholic Directo- ''}'•, 31? ^'3- m- — Officiai Handbook of the Dominion of Canada ; V .-Y . Paradis, Les funérailles de F Amour ; Principes de la culture payante : 2,^. — Gadcau de Kerville, Im richesse fauniquc de la A'ormandie^ 46. — Assises scientifiques, lit libraires et artistiques ; Annuaire statistique du Canada, iSg6 ; Chapais, Dis- cours et Conférences ; Eriksson, Swedish Research into grain riist ; Shrine of Our Lady of Perpetual Help, Boston ; Roy, CI. - C. Le Roy de la Potherie ; Abbé E.-J. Auclair, Z(ï/f;/ catholique : 47. — Proc. of the U. S. Nati-onal Museum, 17 et 19 ; Missouri Botatii.al Garden ; Tt ans. of the Kansas Acad, of Science ; The Soils of Tennessee ; Abbé Baillairgé, La 2e année de géographie ■ 63. — Ann. de la Soc. entom. de Belgique, "jçj.-^Proc, of the Acad, of Nat. Se. of Philadelphia, 79. — Agric. Experiment Station of the Univ. of Tennessee; Denault, Essai sur la mu- tualité ; Petit mois du Sacré Cceur : 79. — Anales del Musco Nac. de Montevideo, 94. — Guide officiel du K Ion dyke, 94. — Trans, of the Canadian Institute, 95. — Bibliography of the American Economic lîntoinology ; Smithsonian Report, [/. S. Nat. Museum, 1895 ; Mgr Têtu, .S". E. le card. Taschereau: 95. — Lowe, Cottonii'ood leaf Beetle ; Inspection of nurseries ,; Plant lice ; Arbres et arbustes fruitiers en vergers ; Calendar of the University of Ottawa ; Bibliothèque canadienne : in. — Rapport (1895) de la Commission géologique du Ca- nada, ï26.-—Annuaire de runii'crsité lM7>al ; Catalogue of St. l'iateur s .College ; R. P. Charland, J-.es trois légendes de madn»};- S-'iinct-c .Anne .■ iih. — Pullstin of the Geolni^ical Insi. 194 I'E NATURALISTE CANADIEN of the uiiiver. of Upsala, III ; A. Rivard, IS Art de dh'e^ 142. -Burque, La pluralité des inondes habités, 159, 191. -Les -//- ntanachs et Calendrier Rolland ; Gosselin, Le code catholique, 191. "Promettre et tenir sont deux" , 15 Nos confrères de la presse, 15, 29, 30, 46, 62, 63, 79, 95, III, 127, 141, 190 Le "Concilium Bibliographicum" international 26, 92 De la dessiccation des plantes grasses 29 Naturaliste et naturalisine 32 L'abbé Provancher — Dans le ministère paroissial (Suite) 34, 52, 82, 115, 133, 168, 183 A propos de . . . rien 42 Chasses hâtives 45 Préparation de l'herbier " Les Hémiptères au Parlement du Canada 49 La géologie du Saguenay 60, 76, 91, 104 Le fléau des chenilles au Saguenay 61 La cigale de 1 7 ans 65 Comment les plantes se défendent (H. Coupin) 67 Les ennemis du saumon : 76 Mort de M. J.-A. Lintner 78 Le pou de San-José ' ' Forêts et vergers 81 Destruction des chenilles du groseillier et du gadellier 93 Les piqûres d'abeilles " Station biologique du golfe St- Laurent 97, 161 La vengeance du mollusque 98 Quelques aperçus sur la géologie du Saguenay (P. -H. Da- mais) 105, 137, 172 La vérité sur l'évolution 109 M. Tînmes Fletcher 110 Un spectacle féerique à Québec 113 La décapitation chez les insectes 123 Notre flore septentrionale 125 Les Longicornes à Montréal 126 La question de l'anguille 129 Des fleurs pour l'hiver 140 Feu E. -A. Barnard -..*.... 141 Exposition pr niaciale de Québec Î47 Expoaiîiou r^ijionale de Chicoutimi 14S TABLE t)ES MATIÈRES Î95 Les Bulbes comme lleurs d'hiver et de printemps {Un ama- teur) Livres d'entomologie Un incident Les anguilles L'épilogue d'un incident Le congrès de Colonisation Le météore du 7 décembre Un événement ichtyologique 156 159 162 177 187 189 TABLE ALPHABETIQUE Des principaux noms de FAMILLES, GENRES i:t ESPÈ- CES MENTIONNÉS DANS CE VOLUME. .l'^sculus hippocastanum 126 Helix hortensis 71 Alligator lucus 147 Anguilla vulgaris 183 Antheucus sacer 75 Hemidactylus verrucatus . . . 74 Ips fasciatus 45 Julodis onopordi 75 Arum maculatum 70 Leptocephaïus hrevirostris Asclepias 18^3 Aspidiotus nerii 52 " perniciosus. ... 50, 78 *' pomorum 52 Bacillus tuberculosis 9 Blapstinus metallicus, Fab. . . 45 Brachycerus 3egyptiacus,algi- rus, transversus 75 Calcarina baetica 74 Cerasus avium, D. C 125 Cicada septemdecim 65 Cicindela luctuosa 75 Sanguinaria Canadensis 185 maura Clisiocampa americana. . . 61, 81 Conger niger i8i Doritis appolina. . . , 87 Elephas meridionalis 89 Emys pulchella, Schw 149 Gaurotes cyanipennis 126 Glaudina algira 74 Helix acutus 71 13-. 182 Leptura pubera 126 '' zebra " Megacephala euphratica .... 75 Melanopsiscuriosa 74 " Dufouri Oberca 3-punctata 126 Paussus Favieri 87 Platydactylus mauritanicus. . 74 Procerus gigas 87 " scabrosus '• Saperda lateralis 126 " vestita " Sarracenia purpurea 185 Telphusa fluviatilis 74 Thais cerisyi 87 " rumina Thalessa Norton i, Cress 124 Toxotus chaumii 126 " villiszer " ERRATA Pafi^e 14, ligne 23e, Û^ 30 A. .10 A. .'.",?, A. .00 P. r^TJKBKCS KT BH L, AC5 ST- JFS aW oMMKNçAXT Samedi 2 orroERp; ls!)7 lr.s tr.xins voyaof-ront commk suit : DEPART Î)K C'HIf'OUTIMT, POUR ROP.ERVAL ET (iU'''BEC M. — Lundi, mercredi et vendredi, arrivant à Roberval à 10.40 A.M. et il Québec à 8.40 P M. DEPART DE ROBERVAL M. — Pour Cliicoiititni, le iimaiiclie sf ulement. arrivant à 3.20 A. M. M. — l'nur Qiiébef, lundi, mercredi et ve diedi arrivant, à ->A0 i.'. il. iM. — Pour C;hieoutimi. mardi et jendi. nrriiant à 9 10 P. M. DEPART DE QUEBEC POUR ROBERVAI. ET CHICOUTIMI .30 A. M — Mardi et jeudi, arrivant à R'jbeival à 6.55 P. M. et à ('hicoutimi à 9.10 P.M. 00 P. M. — Samedi s-enlement.arrivant à Eoberval à 6.05 le dimanche matin et à Ohicontimi à 8.20 A. M. Excellentes terres à vendrepar le Gouveraemeut dans la vallée du Lac aint-.Tean à des prix nominaux. Le chemin de fer trau.sportera les nouveaux colons et leurs familles, et une nantité limitée de leurs effets de ménage, (IRATIS. Avantages spéciaux oflerts à ceux qui é'iblisseut des moulins ou autres idu^tries. A LEX. HARDY J.-G. SCOTT. .genttJén.F. et P. Secrétaire et Gérant, uiébec, 1er octobre 18fl7. L'APUTK^' !)IJSM;n^^4V (Bio^-ohU-deMgrD. Hadne) PAR L'ABBE V.-A. 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M. — Pour Chicoutimi, mardi et jeudi arrivant à 9. 10 P. M. DEPART DE QUÉBEC POUR ROBERVAL ET CHICOUTIMI 7.30 A. M. — Mardi et jeudi, arrivant à Roberval à 6,55 P. M. et à Chicoutimi à 9.30 P. M. 7.00 ?. yi. — Snnedi seulement, arrivant àRoberval à 6,05 le dimanche matin ;t à Chicottimi à 8.20 .\. M. Exc-ll..-nti-; t.vres àv ri.lrj yn • 1 : ri.T.ivernemen': dans la vallée du Lac Saint-'eanà 1-^ •■■'x ncni'îaax. L; ch.-min d.- fj.- tra-i'-"!0;-t '.-a I •■• :ioavcaux C >lo-is "t leurs familles, et une ([uantite limitéj d.- leurs eff -ts d • mena'.:,; GRATIS .\-,'a:-iU\g.: ■ '■■'"•;; o'T-"-; à c ; ! ; " ; .■' " >'i;.'.nt de; moulins ou autres indu-.triDS. ALEX. H'\ROY,AgiTit Gé 1. F. et L'. J.-3. 333TT, Secrétaire et Gérant. Québic. teroctcr.-- tS'j?. • Ï.'AFDT.H,13 DU 3A^UEMâ.Y 150 pag.?- in-3o, 3-; édition, i.-.i'Tes';ion de luxe, avecgra- S'ad-est^er à l'auteu:-. an S ! ni laire de Chicoutimi. 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Pour Roberval, les jours que le bateau à vapeur de la Cie du Ri- chelieit arrive à Chicoutimi. 12.40 T. M. Pour Roberval et Québec tous les jours excepté le Jimanche. I.15 P. M. — Pour Roberval et Québec le dimanche seulement. DEPART DE ROUERVAL 2.00 P. M. — Pour Québec tous les jours, excepté le samedi et le dimanche. 3.10 P. M. — Pour Chicoutimi tous les jourr, excepté le dimanche. 7.30 P. M. — Pour Chicoutimi, les jours que le bateau à vapeur de la Cie du Ri- chelieu part de Quéliec. DEl'ART DE QUÉBEC POUR R'315ERVAL F,T CHICOUTIMI 8.40 A. M. — Pour Roberval et Chicoutimi, tous les jours excepté le dmanche. Excellentes terres à vendre par le Gouvernement dans la vallée du Lac Saint-Jean à des prix nominaux. Le chemin de fer transportera les nouveaux Colons et leurs familles, et une quantité limitée de leurs effets de ménage GRATIS- Avantages spéciaux offerts à ceux qui établissent des moulins ou autres industries. ALEX, HARDY,Agent Gén. F. et P. J.-G. 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GossELm, CODE CATHOLIQUE OU COM- ÂŒNTAIRE DU CATECHISME PROVINCIAL, in-i8^ de 709 pages. 4e édition. Prix, franc de port : broché, 55 cts ; relié, 75cts. Chez le s libraires de Québec et de Montréal. Pour prix de gros, s'a- dresser à l'auteur, Cap-Santé (Portneuf). P. Q.— Aussi, DIREC- TOIRE DU SERVANT DE MESSE, 25cts la doz. — PBAEGO LÂÏIIUSi folia gentium laîina menstrua litteraria ac critica, ad propagandum sermonem latinum, necnon ad fovendum itteras latinas. ($1.50 par année.— 1328 Spring Garden street, Phi- ladelphia, Pa., U.S.) 9, U QUEBEC . Lanctot ORNEMENTS ET BRONZES D'ÉGLISE : Dernières nouveautés des grandes manufactures d'Europe. VASES SACRÉS de $15 à $200 OSTENSOIRS ET RELIQUAIRES. SOIERIES ET PASSEMENTERIES de toutes sortes. DRAPS MORTUAIRES, BANNIÈRES ET DRAPEAUX, CHEMINS DE CROIX ET STATUES De 'toutes grandeurs et de tous les prix. ]\^ÉRINOS A SOUTANE. COLS EN IVOIRINE. BARRETTES, CEINTURES LAINE OU SOIE. HUILE D'OLIVE, ENCENS, CPIAREON, Etc. 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